Résultats : 41 texte(s)
Accéder à la liste des genres littéraires.
Détail
Liste
1
p. 11-20
LA LIBERTÉ. Cantate nouvelle.
Début :
De l'Or & de l'Argent le charme insurmontable [...]
Mots clefs :
Liberté, Charme, Ardeur , Plaisirs, Désir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA LIBERTÉ. Cantate nouvelle.
LALIBERTE.
Cantate nouvelle.
DEl'Or & de l'Argent le
charme insurmontable
Fait que tout retentit de
leur prix trop vanté:
Mais je pretens chanterun
bien plus estimable,
C'est l'innocente Liberté.
A ce projet tout m'écoute,
Tout s'accorde àmes desirs,
Et pour m'ouvrir une
route
Je vois voler les plaisirs.
0 douce liberté, qui peut
goûter tes charmes,
Ne voir point d'autre objet
digne de son ardeur,
Son coeur n'est point touché
du foin de la grandeur
Il sçait , en l'évitant s'épargner
mille allarmes.
Rien ne peut troubler son
bonheur, Jamaisen disputant un
chimérique honneur
;Un rival préferé ne fit
couler seslarmes.
0 douce liberté, qui peut
goûtertes charmes ,
Ne voit point d'autre objet
digne de son ardeur.
Dansunétattoûjours
tranquile
Il voit, sans se livrer à leurs
indignes fers,
La basse flatterie; & la
crainte servile
Prendresoin d'avilir les
coeurs de l'univers.
Sur la plus terrible des
Mers
Il voit à tout nôtre art la
fortune indocile
Nous presenter ses bords
de naufrages couverts,
Et son indépendance est
comme un sûr azile
Quile met à l'abri des plus
<fam»eux rev-ers. C'estcequ'ennos bois
l'oyseau chante
En fuyant la captivité,
Liberté, liberté.
Sans la liberté qui m'enchante
Un coeurest toûjoursagité.
Est-ce le bien qui nous
contente,
Et vaut-il tous les soins
dont ilest acheté?
Liberté, liberté.
C'est ce qu'en nos bois
l'oyseau chante.
Jusqu'où la liberté portet-
elle ses droits ?
A table qui suit d'autres
loix
Languira dans le plaisir
même,
Quoiqu'on trouve à s'y
trvoêirmune deou,ceur «x-
Un repas n'a rien de charmanc
Quand on s'y contraint
un moment.
Fuyez
,
fuyez tendre eI:J
clavage;
Pour mieux ressentir l'avantage
De se trouver en liberté,
Il fautêtre échapé du funeste
naufrage
Que l'on fait en suivant
une ingrate beauté.
Mais ô present du Ciel,
que même l'innocence
Ne peut nous assûrer dans
la jeune saison!
Toutt'attaque à la fois,
le sçavoir,l'ignorance,
Les moeurs, les préjugez,
les sens &la raison
Tout s'empresse à l'en,vy
de nous donner un
Maître;
Sile faux honneur ne peut
l'être,
Le plaisirsnoussoûmet
morce, -
L'interest avec plus de
force
Asservit nos coeurs pour
jamais.
La liberté qui nous appelle
Ne s'offrepoint sans les
plaisirs:
Mais on n'y peut courir
sans elle
Qu'ilsn'échappent à nos
desirs.
Sous le nom du devoir que
d'égards sur la terre
Nous rendent l'un de l'autre
esclaves malheureux!
L'opinion nous livre une.
éternelle guerre,
Et de tous nos liens c'est
le plus rigoureux.
Que d'écüeils,que de naufrages
Menacent la liberté!
Mais regagnons les rivages
Laissonsgronder les orages,
Dont je me vis agité :
Que les autres rendus sages"
Par ce bien que j'ai chanté
Connoissent les avantages
D'en jouir en fiîreré.
Cantate nouvelle.
DEl'Or & de l'Argent le
charme insurmontable
Fait que tout retentit de
leur prix trop vanté:
Mais je pretens chanterun
bien plus estimable,
C'est l'innocente Liberté.
A ce projet tout m'écoute,
Tout s'accorde àmes desirs,
Et pour m'ouvrir une
route
Je vois voler les plaisirs.
0 douce liberté, qui peut
goûter tes charmes,
Ne voir point d'autre objet
digne de son ardeur,
Son coeur n'est point touché
du foin de la grandeur
Il sçait , en l'évitant s'épargner
mille allarmes.
Rien ne peut troubler son
bonheur, Jamaisen disputant un
chimérique honneur
;Un rival préferé ne fit
couler seslarmes.
0 douce liberté, qui peut
goûtertes charmes ,
Ne voit point d'autre objet
digne de son ardeur.
Dansunétattoûjours
tranquile
Il voit, sans se livrer à leurs
indignes fers,
La basse flatterie; & la
crainte servile
Prendresoin d'avilir les
coeurs de l'univers.
Sur la plus terrible des
Mers
Il voit à tout nôtre art la
fortune indocile
Nous presenter ses bords
de naufrages couverts,
Et son indépendance est
comme un sûr azile
Quile met à l'abri des plus
<fam»eux rev-ers. C'estcequ'ennos bois
l'oyseau chante
En fuyant la captivité,
Liberté, liberté.
Sans la liberté qui m'enchante
Un coeurest toûjoursagité.
Est-ce le bien qui nous
contente,
Et vaut-il tous les soins
dont ilest acheté?
Liberté, liberté.
C'est ce qu'en nos bois
l'oyseau chante.
Jusqu'où la liberté portet-
elle ses droits ?
A table qui suit d'autres
loix
Languira dans le plaisir
même,
Quoiqu'on trouve à s'y
trvoêirmune deou,ceur «x-
Un repas n'a rien de charmanc
Quand on s'y contraint
un moment.
Fuyez
,
fuyez tendre eI:J
clavage;
Pour mieux ressentir l'avantage
De se trouver en liberté,
Il fautêtre échapé du funeste
naufrage
Que l'on fait en suivant
une ingrate beauté.
Mais ô present du Ciel,
que même l'innocence
Ne peut nous assûrer dans
la jeune saison!
Toutt'attaque à la fois,
le sçavoir,l'ignorance,
Les moeurs, les préjugez,
les sens &la raison
Tout s'empresse à l'en,vy
de nous donner un
Maître;
Sile faux honneur ne peut
l'être,
Le plaisirsnoussoûmet
morce, -
L'interest avec plus de
force
Asservit nos coeurs pour
jamais.
La liberté qui nous appelle
Ne s'offrepoint sans les
plaisirs:
Mais on n'y peut courir
sans elle
Qu'ilsn'échappent à nos
desirs.
Sous le nom du devoir que
d'égards sur la terre
Nous rendent l'un de l'autre
esclaves malheureux!
L'opinion nous livre une.
éternelle guerre,
Et de tous nos liens c'est
le plus rigoureux.
Que d'écüeils,que de naufrages
Menacent la liberté!
Mais regagnons les rivages
Laissonsgronder les orages,
Dont je me vis agité :
Que les autres rendus sages"
Par ce bien que j'ai chanté
Connoissent les avantages
D'en jouir en fiîreré.
Fermer
Résumé : LA LIBERTÉ. Cantate nouvelle.
La cantate 'LALIBERTE' célèbre la liberté comme un bien supérieur à l'or et à l'argent. L'auteur exalte la liberté, la décrivant comme un état où le cœur est apaisé, loin des soucis de grandeur et des disputes pour des honneurs chimériques. La liberté permet d'éviter la flatterie, la crainte servile et les dangers des mers, offrant un refuge sûr contre les revers. Elle est comparée à un oiseau chantant dans les bois, symbolisant la fuite de la captivité. Sans liberté, le cœur reste agité. La liberté est associée au plaisir et à la tranquillité, contrastant avec les contraintes et les souffrances de l'esclavage. Le texte met en garde contre diverses menaces à la liberté, telles que le savoir, l'ignorance, les mœurs, les préjugés, les sens et la raison, qui peuvent asservir les cœurs. Il critique également les faux honneurs, les plaisirs, l'intérêt et l'opinion, qui rendent les hommes esclaves les uns des autres. Malgré les dangers, l'auteur encourage à regagner les rivages de la liberté et à profiter de ses avantages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 5-14
THETIS, Cantate. Sur le recouvrement de la santé de Monseigneur le Comte de Toulouse.
Début :
Nereïdes, plaignez ma peine ; [...]
Mots clefs :
Cantate, Santé, Douleur, Rétablissement, Comte de Toulouse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : THETIS, Cantate. Sur le recouvrement de la santé de Monseigneur le Comte de Toulouse.
THETIS,
Cantate.
Sur lerecouvrement delasanté
de Monseigneur le Comte
deToulouse.
THETIS.
Nercïdes, plaignez ma. pei
ne ;
Pleurez, pleurez
;
Soeurs
, mes
Cet aimable Héros, si cher
ànostre Reine
Est livré par le Sort aux plus
vives douleurs.
Plaignez ma tendresse
inutile
Qui n'a pû du Destin desar
mer les rigueurs;
Helas les maux même
d'Achile
Ne m'ont pas coûté plus
de pleurs.
Chœur des Nerti'des.
Messons nos soupirs
à ses
larmes,
Frapons l'air de nos cris
;
Denos vives alarmes
Queles rochers soient at
tendris.
THETIS.
**
Qu'avec plaisir en luy je re
voyois les charmes
Et le courage de mon fils.
* Les Nereïdes.
Menonsnossoupirsà ses lar
mes
Frapons l'air de nos cris.
THE TI S.
O Sort.injuste Sort épuise
tutes armes
:':JSur tout ce qui plaistà
Thetis ?
Les Nereïdes,
Denosvives alarmes
Que les rochers soient ac
rendris.-i 11
Symphonie.
;
THETIS..
Quelle clarté penetre en ces
grottes profondes?
Cetéclat du Soleil m'annon
ce le retour,
Ce Dieu qui rentre fous
:
les ondes
Va sur ce queje crains éclair
cir monamour.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Decfle
THETIS.
Vous avez vû dans vôtre
cours
Cet aimableHeros pour qui
je m'interesse.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Deesse,
Vous n'avez rien à crain
dre pour ses jours:
La Parque avoit sur luy levé
son bras perfide.
Je l'ay vû sans fremir regar
der le trépas;
Auseinde la douleuril estoit
intrepide,
Et plus Héros encore qu'au
milieu des combats.
Mais la Parque n'a fairqu'u
ne menace vaine,
Un des fis d Esculape a dé
tourné sescoups,
Et pour vostre Heros force
encorl'inhumaine
De filer les jours les plus
doux.
D'un nom celebre, ou d'un
bonheur durable
Achille jadiseue 1-e
choix,-M>iis au Fils de Louis le
Sort plusfavorable
Veut les accorder à la
fois
TH
ETIS.
Ociel ! aprés un troubleex
trême
Qjie le calmea d'attraits!
Le Destin me rend ce que
j'aime;
Je pardonne au Destin tous
lesmauxqu'il m'afaits.
Venez
, bruyans Tritons ,
venez, tendres sirencs,
Apprenez par vos chants
mon bonheur auxZephirs,
Vous partagiez mes pei
nes,
Partagezmesplaisirs.
Chœur.
Apprenons par nos chants
son bonheur aux Zephirs
,
,
Nous partagions ses pei
nes
Partageons ses plaisirs.
Cette Piece qui est de M
de la Morhe, a esté miseen
Musique par Mr de Ville
neuve
, &a esté executée le
4.Janvier par la Musiquede
Monsieur le Comte de Tou
louse, en presence de Mada
me la Duchesse d Orléans.
Il en plus rare de trouver
des Achilles de fang froid
dans l'accablement d'une
maladie cruelle ,
qu'au mi
lieu des combats, où l'am
bition & lagloire nous fou
tiennent
; l'yvresse de ces,
deuxpassions en nous étour
dissantnous cache lamoitié
du peril. Un Guerrier est
animé par l'exemple de ceux
qui l'environnent, tous ces
grands appareils de guerre
inspirentquelquefoisducou
rage à ceux même quin'en
ont point; mais le triste ap
pareilqu'étale la Chirurgie
fait souvent trembler ceux
qu'on a vûs intrepides dans
les combats
; je prefertrois
peut estre
à l'intrepidiré
guerriere cette fermeté d'a
me qui fait supporter sans
sourciller les douleurs les
plus violences; mais je n'ay
pas besoin lCY de l'art des
Panegiristes qui élevent tou
jours au-dessus des autres
vertus celle qui dominedans
le Heros du jour, puisque le
Prince dont
il s'agir icy pos
sede à un degré égal& la
fermeté d'ame & la valeur
& la bonté du cœur, sans
laquelle toutes les autres ver
tus ne meritent point de ve
ritables loüanges
Cantate.
Sur lerecouvrement delasanté
de Monseigneur le Comte
deToulouse.
THETIS.
Nercïdes, plaignez ma. pei
ne ;
Pleurez, pleurez
;
Soeurs
, mes
Cet aimable Héros, si cher
ànostre Reine
Est livré par le Sort aux plus
vives douleurs.
Plaignez ma tendresse
inutile
Qui n'a pû du Destin desar
mer les rigueurs;
Helas les maux même
d'Achile
Ne m'ont pas coûté plus
de pleurs.
Chœur des Nerti'des.
Messons nos soupirs
à ses
larmes,
Frapons l'air de nos cris
;
Denos vives alarmes
Queles rochers soient at
tendris.
THETIS.
**
Qu'avec plaisir en luy je re
voyois les charmes
Et le courage de mon fils.
* Les Nereïdes.
Menonsnossoupirsà ses lar
mes
Frapons l'air de nos cris.
THE TI S.
O Sort.injuste Sort épuise
tutes armes
:':JSur tout ce qui plaistà
Thetis ?
Les Nereïdes,
Denosvives alarmes
Que les rochers soient ac
rendris.-i 11
Symphonie.
;
THETIS..
Quelle clarté penetre en ces
grottes profondes?
Cetéclat du Soleil m'annon
ce le retour,
Ce Dieu qui rentre fous
:
les ondes
Va sur ce queje crains éclair
cir monamour.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Decfle
THETIS.
Vous avez vû dans vôtre
cours
Cet aimableHeros pour qui
je m'interesse.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Deesse,
Vous n'avez rien à crain
dre pour ses jours:
La Parque avoit sur luy levé
son bras perfide.
Je l'ay vû sans fremir regar
der le trépas;
Auseinde la douleuril estoit
intrepide,
Et plus Héros encore qu'au
milieu des combats.
Mais la Parque n'a fairqu'u
ne menace vaine,
Un des fis d Esculape a dé
tourné sescoups,
Et pour vostre Heros force
encorl'inhumaine
De filer les jours les plus
doux.
D'un nom celebre, ou d'un
bonheur durable
Achille jadiseue 1-e
choix,-M>iis au Fils de Louis le
Sort plusfavorable
Veut les accorder à la
fois
TH
ETIS.
Ociel ! aprés un troubleex
trême
Qjie le calmea d'attraits!
Le Destin me rend ce que
j'aime;
Je pardonne au Destin tous
lesmauxqu'il m'afaits.
Venez
, bruyans Tritons ,
venez, tendres sirencs,
Apprenez par vos chants
mon bonheur auxZephirs,
Vous partagiez mes pei
nes,
Partagezmesplaisirs.
Chœur.
Apprenons par nos chants
son bonheur aux Zephirs
,
,
Nous partagions ses pei
nes
Partageons ses plaisirs.
Cette Piece qui est de M
de la Morhe, a esté miseen
Musique par Mr de Ville
neuve
, &a esté executée le
4.Janvier par la Musiquede
Monsieur le Comte de Tou
louse, en presence de Mada
me la Duchesse d Orléans.
Il en plus rare de trouver
des Achilles de fang froid
dans l'accablement d'une
maladie cruelle ,
qu'au mi
lieu des combats, où l'am
bition & lagloire nous fou
tiennent
; l'yvresse de ces,
deuxpassions en nous étour
dissantnous cache lamoitié
du peril. Un Guerrier est
animé par l'exemple de ceux
qui l'environnent, tous ces
grands appareils de guerre
inspirentquelquefoisducou
rage à ceux même quin'en
ont point; mais le triste ap
pareilqu'étale la Chirurgie
fait souvent trembler ceux
qu'on a vûs intrepides dans
les combats
; je prefertrois
peut estre
à l'intrepidiré
guerriere cette fermeté d'a
me qui fait supporter sans
sourciller les douleurs les
plus violences; mais je n'ay
pas besoin lCY de l'art des
Panegiristes qui élevent tou
jours au-dessus des autres
vertus celle qui dominedans
le Heros du jour, puisque le
Prince dont
il s'agir icy pos
sede à un degré égal& la
fermeté d'ame & la valeur
& la bonté du cœur, sans
laquelle toutes les autres ver
tus ne meritent point de ve
ritables loüanges
Fermer
Résumé : THETIS, Cantate. Sur le recouvrement de la santé de Monseigneur le Comte de Toulouse.
La cantate 'Thétis' célèbre la guérison du Comte de Toulouse. Thétis, mère d'Achille, exprime sa douleur face aux souffrances de son fils, comparant ses maux à ceux d'Achille. Les Néréides partagent sa peine. Une lumière annonce le retour d'Apollon, qui révèle que le Comte a surmonté une menace de mort grâce à un fils d'Esculape. Apollon compare le destin favorable du Comte à celui d'Achille, soulignant que le Comte bénéficie d'un nom célèbre et d'un bonheur durable. Thétis, apaisée, exprime sa joie et invite les Tritons et les sirènes à célébrer ce bonheur. La pièce, écrite par M. de La Morlière et mise en musique par M. de Villeneuve, a été exécutée le 4 janvier en présence de Madame la Duchesse d'Orléans. Le texte loue le Comte de Toulouse pour sa fermeté, sa valeur et sa bonté de cœur, soulignant la rareté des héros intrépides face à la maladie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 212-217
LE TEMPLE de l'Effronterie. Cantate nouvelle. Par Mr AUBOUYN.
Début :
Je me jette, en tremblant au pied de tes autels, [...]
Mots clefs :
Effronterie, Autels, Temple, Fortune
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TEMPLE de l'Effronterie. Cantate nouvelle. Par Mr AUBOUYN.
LE TEMPLE
de l'Effronteric.
Cantate nouvelle.
Par Mr AUBOUYN.
JEmejette, en tremblanı,
sau pied de tes autels ,
Seule reffource des mor
tels ,
Reine de ces climats , utile
EFFRONTERIE :
Je tevouëaujourd'huy mes
foins & mon ardeur >
Mais c'eſt en vain que je te
prie ,
On ne t'approche point ;
GALANT. 213
conduit par la pudeur.
Quel mortel icy fe prefente ,
Quel abord bruyant , quel
éclat !
La voix haute , l'ame coutente ...
Je le reconnois , c'eſt un
fat.
Suivons - le , j'entre , quels
myftetes ,
Quels fecrets inconnus fe
revelent à moy !
Sageffe , modeftic , au bonheur fi contraires ,
214 MERCURE
Loin de moy , loin vertus
vulgaires ;
On ne vous fouffre point
aux lieux où je me voy.
Une extreme confiance
Y regne dans les efprits :
L'orgueil & la fuffilance
A tout y donnent le prix.
La vanité fait le langage ,
Qu'on y debite avec hauteur :
On n'yvoit point d'obſcur
autheur ,
On n'y lit point de foible
ouvrage ;
Le plus fol's'y donne pour
fage,
GALANT. 2i5
Le poltron pour homme
de cœur,
La fortune,aveugle Déeffe,
Eft affife au milieu de ce
peuple impofteur :
De fon culte inconftant ,
fouveraine Preftreffe ,
L'Impudence , luy fçait
faire agréer fans ceffe
Quelque nouvel adorateur.
Rarement le merite au
premier rang s'efleve ,
De trop de retenuë on lë
voit combattu ;
Atout moment l'audace
216 MERCURE
enleve
Ce l'on doitàla vertu.
que
Par quels détours , quelle
baffeffe
Obtient- on ces honneurs ,
dont nos yeux font
déçus ?
Il faut fe déguifer fans
ceffe ,
Devorer mille affronts ,
effuyer cent refus :
Dans le mépris , cacher le
dépit qui nous preffe ...
Mais tu fremis, mon cœur,
au feul nom de mépris ,
Et tu ne voudrois pas du
bonheur
GALANT. 217
bonheur à ce prix.
Modeftie, ô vertu , qu'un
moment j'ay quittée
Pour ce vain éclat , que je
haïs,
La Fortune avec ces bienfaits
Par tant de lafchetez feroit
trop achetée ,
Dans mon obſcurité je
rentre pour jamais
de l'Effronteric.
Cantate nouvelle.
Par Mr AUBOUYN.
JEmejette, en tremblanı,
sau pied de tes autels ,
Seule reffource des mor
tels ,
Reine de ces climats , utile
EFFRONTERIE :
Je tevouëaujourd'huy mes
foins & mon ardeur >
Mais c'eſt en vain que je te
prie ,
On ne t'approche point ;
GALANT. 213
conduit par la pudeur.
Quel mortel icy fe prefente ,
Quel abord bruyant , quel
éclat !
La voix haute , l'ame coutente ...
Je le reconnois , c'eſt un
fat.
Suivons - le , j'entre , quels
myftetes ,
Quels fecrets inconnus fe
revelent à moy !
Sageffe , modeftic , au bonheur fi contraires ,
214 MERCURE
Loin de moy , loin vertus
vulgaires ;
On ne vous fouffre point
aux lieux où je me voy.
Une extreme confiance
Y regne dans les efprits :
L'orgueil & la fuffilance
A tout y donnent le prix.
La vanité fait le langage ,
Qu'on y debite avec hauteur :
On n'yvoit point d'obſcur
autheur ,
On n'y lit point de foible
ouvrage ;
Le plus fol's'y donne pour
fage,
GALANT. 2i5
Le poltron pour homme
de cœur,
La fortune,aveugle Déeffe,
Eft affife au milieu de ce
peuple impofteur :
De fon culte inconftant ,
fouveraine Preftreffe ,
L'Impudence , luy fçait
faire agréer fans ceffe
Quelque nouvel adorateur.
Rarement le merite au
premier rang s'efleve ,
De trop de retenuë on lë
voit combattu ;
Atout moment l'audace
216 MERCURE
enleve
Ce l'on doitàla vertu.
que
Par quels détours , quelle
baffeffe
Obtient- on ces honneurs ,
dont nos yeux font
déçus ?
Il faut fe déguifer fans
ceffe ,
Devorer mille affronts ,
effuyer cent refus :
Dans le mépris , cacher le
dépit qui nous preffe ...
Mais tu fremis, mon cœur,
au feul nom de mépris ,
Et tu ne voudrois pas du
bonheur
GALANT. 217
bonheur à ce prix.
Modeftie, ô vertu , qu'un
moment j'ay quittée
Pour ce vain éclat , que je
haïs,
La Fortune avec ces bienfaits
Par tant de lafchetez feroit
trop achetée ,
Dans mon obſcurité je
rentre pour jamais
Fermer
Résumé : LE TEMPLE de l'Effronterie. Cantate nouvelle. Par Mr AUBOUYN.
La cantate 'Le Temple de l'Effronterie' de Mr Aubouyn célèbre l'Effronterie comme la ressource ultime des mortels. Le narrateur souhaite lui rendre hommage mais reconnaît son inaccessibilité, car elle est guidée par la pudeur. Un personnage arrogant, qualifié de fat, pénètre dans le temple où règnent l'orgueil, la suffisance et la vanité. La sagesse et la modestie y sont absentes, et la fortune y est aveugle. L'impudence y est couronnée, et l'audace éclipse souvent le mérite. Obtenir des honneurs nécessite de supporter des affronts et des refus. Le narrateur exprime son dégoût pour ce système et préfère la modestie, choisissant de rester dans l'obscurité plutôt que d'accepter un bonheur acquis par l'effronterie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 35-38
ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
Début :
Ariane adoroit le volage Thesée ; [...]
Mots clefs :
Bacchus, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
ARIANE, ET BACCHUS,
CANTATE.
Riane adoroitle volage Thesée;
. Il répondit lt>ng.temps' â ses foins afc.
íídus:
ïííaìs d'un amour 17 doux , fa constance est lassées
- H l'abandonne feule en des lieux inconnus i
Pans son cruel dépit , certe amante abusée ,
Exprime par ces mots ses regrets superflus , '
Implorant, mais en vain , la tendresse passée^
#un amant qui la fuit , & ne l'écoute plus* '
m
Plus' cruel que le íìinotaiire', .
Tu ris , ingrat ,de mes douleurs t'
Tu me trahis , & je t'adore ,
Tu m'abandonnes , & je meurst
Je n'exige plus que tu m'aimes ,
La haine est trop forte en ton coeur :
Ah ! pour prix de mes feux extrêmes ,'
Viens., prends pitié dé mon malheur.
MERCURE DE FRANCEPlus
crueí, &c.
Oui , dans mon desespoir , le seul [bien qui me
reste
Cestvous ,ô mort , je vole au.devant de vos'
coups ;
Venez mè délivrer du jour que je deteste',
ies malheureux humains né redoutent que
VOUS}'
Mais l'amour a rendu mon destin si funeste ,'
Qne le plus grand des maux me semblera trbpí
doux.
as.
Mais quel Dieu fait fremir les ondes ?
Quel éclat embellit les mers ?
Jusques dans leurs grottes profondes,'
lies Tritons font charmés par les plus doux
concerts,
Sur ces bords écartés Bacchus descend luimême;
les ris & les amours' volent devant ses pas ^
Ariane , quel est votre bonheur extrême !
Pour vous feule les Dieux visitent ces climats.
Regnez , adorable mortelle
Vous
JANVIER i7i?. w
Vous triomphez du plus. charmant des Dieux j
Rendez graces à l'iníidellc
Qui vous assure un fort íi glorieux.
m
Lorsqu'un mortd vous abandonne,
Vous enchaînez le coeur des immortels j
Si vous perdez une couronne
Tout l'univers vous dresse des autel»,
r . . ... . *
m
&egnex, &c.
X'amour de la plus douce chaîne ,
Unit ces illustres amans.,
Bacchus changea la plus affreuse peine
En des plaisirs durables & charmans.
Atiane jouit d'une gloire immortelle,
Sa couronne à l'instant s'éleve jusqu'aux cieuxt
Elle y brille à jamais d'une clarté nouvelle ,
JMonument éternel d'uníqrt si glorieux.
m
Si vos amans brisent leurs chaînes,
Beautez , n'implorez que Bacchus j
Courez , courez , noyez v.os peines ,
Pans les flots charmans de ion jus.
3i MERCURE DE FRANCE.
m
.L'amour toujours rempli d'aUarmes,
Tourmente les plus tendres coeurs j
Bacchus lui prête mille charmes^
Ou console de ses rigueursm
Si vos amans , &c.
Par M. P....
CANTATE.
Riane adoroitle volage Thesée;
. Il répondit lt>ng.temps' â ses foins afc.
íídus:
ïííaìs d'un amour 17 doux , fa constance est lassées
- H l'abandonne feule en des lieux inconnus i
Pans son cruel dépit , certe amante abusée ,
Exprime par ces mots ses regrets superflus , '
Implorant, mais en vain , la tendresse passée^
#un amant qui la fuit , & ne l'écoute plus* '
m
Plus' cruel que le íìinotaiire', .
Tu ris , ingrat ,de mes douleurs t'
Tu me trahis , & je t'adore ,
Tu m'abandonnes , & je meurst
Je n'exige plus que tu m'aimes ,
La haine est trop forte en ton coeur :
Ah ! pour prix de mes feux extrêmes ,'
Viens., prends pitié dé mon malheur.
MERCURE DE FRANCEPlus
crueí, &c.
Oui , dans mon desespoir , le seul [bien qui me
reste
Cestvous ,ô mort , je vole au.devant de vos'
coups ;
Venez mè délivrer du jour que je deteste',
ies malheureux humains né redoutent que
VOUS}'
Mais l'amour a rendu mon destin si funeste ,'
Qne le plus grand des maux me semblera trbpí
doux.
as.
Mais quel Dieu fait fremir les ondes ?
Quel éclat embellit les mers ?
Jusques dans leurs grottes profondes,'
lies Tritons font charmés par les plus doux
concerts,
Sur ces bords écartés Bacchus descend luimême;
les ris & les amours' volent devant ses pas ^
Ariane , quel est votre bonheur extrême !
Pour vous feule les Dieux visitent ces climats.
Regnez , adorable mortelle
Vous
JANVIER i7i?. w
Vous triomphez du plus. charmant des Dieux j
Rendez graces à l'iníidellc
Qui vous assure un fort íi glorieux.
m
Lorsqu'un mortd vous abandonne,
Vous enchaînez le coeur des immortels j
Si vous perdez une couronne
Tout l'univers vous dresse des autel»,
r . . ... . *
m
&egnex, &c.
X'amour de la plus douce chaîne ,
Unit ces illustres amans.,
Bacchus changea la plus affreuse peine
En des plaisirs durables & charmans.
Atiane jouit d'une gloire immortelle,
Sa couronne à l'instant s'éleve jusqu'aux cieuxt
Elle y brille à jamais d'une clarté nouvelle ,
JMonument éternel d'uníqrt si glorieux.
m
Si vos amans brisent leurs chaînes,
Beautez , n'implorez que Bacchus j
Courez , courez , noyez v.os peines ,
Pans les flots charmans de ion jus.
3i MERCURE DE FRANCE.
m
.L'amour toujours rempli d'aUarmes,
Tourmente les plus tendres coeurs j
Bacchus lui prête mille charmes^
Ou console de ses rigueursm
Si vos amans , &c.
Par M. P....
Fermer
Résumé : ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
La cantate 'Ariane, et Bacchus' relate la douleur et le désespoir d'Ariane, abandonnée par Thésée. Elle souhaite la mort pour échapper à sa souffrance. Bacchus apparaît alors et lui manifeste son amour, transformant sa peine en bonheur et lui offrant une gloire immortelle. Ariane, adorée par un dieu, voit sa couronne s'élever jusqu'aux cieux, symbolisant sa nouvelle vie glorieuse et éternelle. La cantate se conclut par un conseil aux beautés abandonnées de se tourner vers Bacchus pour noyer leurs peines dans son vin et trouver consolation dans ses plaisirs. L'amour, bien que tourmentant, peut être adouci par les charmes de Bacchus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 67-69
LE SONGE. CANTATE à voix seule, mise en Musique par le sieur Bordier.
Début :
Je goûtois du sommeil les attraits gracieux. [...]
Mots clefs :
Amour, Songe, Sommeil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SONGE. CANTATE à voix seule, mise en Musique par le sieur Bordier.
LE S O N G E.
.ÇANTATE à voix seule # w>//è f«
Musique par le peur Bordicr* .
ÏE goûtais du sommeil les attraits gracier
Ses tranquilles pavots suspendoient met '
allarmes ,
Lorsqu'un Songe enchanteur vint offrir ì
mes yeux ,
,Iris , l'aimable Iris, dent j'adore les chármes.
Etok.il fous le Ciel un mortel plus heureux!
Je lui parlois d* amour , elle daignoit m'en j
tendre^
A mes empreísemens elle sembloit se rendre' ,
.Et par ces mots flateurs , elle approuvoií
mes feux.
Tircis, je cede à ta constance.
Tu triomphes de ma fierté;
. Il est temps que je récompeníe, .,
Tes foins , & ta fidelité.
.C'est assez éprouver ta flamme ,
Je connois u sincere ardeur ,
. Dij L'a
Ht MERCURE DE FRANCE;
L'amour qui regne sur ton ame ,
S'ell rendu maître de mon coeuç.
A cet aveu si doux de la jeune $eigere ,
Que je m'applaudiflçis ! qUe je fus enchantés
Non , non , le fort du Iljeu qui lance te
Tonnerre,
N'étoit pas comparable à ma felicité !
s
Illusion douce & trompeuíç,
Pourquoi flattes.tu mes desirs }
Helas ! à mon ame amoureuíe ,
Que tu vas couter de soupirs !
Pour ce 'délicieux mensonge ^
sommeil , tes mqmens sont trop courju«
Je ne puis voir Iris qu'en songe ,
Ah ! laisse.moi rêver toujours.
Mais déja c'en est fait , Morphée inexorable ,
Va bien.tôt dissiper les douceurs que je fensi
Il dérobe à mes yeux 4e Fantôme adorable ^
De l'objet qui charme mes sens.
Un songe qu'amour fait pajofae ,
Peut
JANVIER; tjxj. es
î*eut offrir un plaifir charmant 5
Mais pour n'être heureux qu'un moment
H vaudroit mieux ne le pais être.
lorsqu'on droit voir une inhumaine
Répondre à notre vive ardeur ,
L'instant qui chaste notre erreur a!
Sert à redoubler notre peine.
Le Maire.
.ÇANTATE à voix seule # w>//è f«
Musique par le peur Bordicr* .
ÏE goûtais du sommeil les attraits gracier
Ses tranquilles pavots suspendoient met '
allarmes ,
Lorsqu'un Songe enchanteur vint offrir ì
mes yeux ,
,Iris , l'aimable Iris, dent j'adore les chármes.
Etok.il fous le Ciel un mortel plus heureux!
Je lui parlois d* amour , elle daignoit m'en j
tendre^
A mes empreísemens elle sembloit se rendre' ,
.Et par ces mots flateurs , elle approuvoií
mes feux.
Tircis, je cede à ta constance.
Tu triomphes de ma fierté;
. Il est temps que je récompeníe, .,
Tes foins , & ta fidelité.
.C'est assez éprouver ta flamme ,
Je connois u sincere ardeur ,
. Dij L'a
Ht MERCURE DE FRANCE;
L'amour qui regne sur ton ame ,
S'ell rendu maître de mon coeuç.
A cet aveu si doux de la jeune $eigere ,
Que je m'applaudiflçis ! qUe je fus enchantés
Non , non , le fort du Iljeu qui lance te
Tonnerre,
N'étoit pas comparable à ma felicité !
s
Illusion douce & trompeuíç,
Pourquoi flattes.tu mes desirs }
Helas ! à mon ame amoureuíe ,
Que tu vas couter de soupirs !
Pour ce 'délicieux mensonge ^
sommeil , tes mqmens sont trop courju«
Je ne puis voir Iris qu'en songe ,
Ah ! laisse.moi rêver toujours.
Mais déja c'en est fait , Morphée inexorable ,
Va bien.tôt dissiper les douceurs que je fensi
Il dérobe à mes yeux 4e Fantôme adorable ^
De l'objet qui charme mes sens.
Un songe qu'amour fait pajofae ,
Peut
JANVIER; tjxj. es
î*eut offrir un plaifir charmant 5
Mais pour n'être heureux qu'un moment
H vaudroit mieux ne le pais être.
lorsqu'on droit voir une inhumaine
Répondre à notre vive ardeur ,
L'instant qui chaste notre erreur a!
Sert à redoubler notre peine.
Le Maire.
Fermer
Résumé : LE SONGE. CANTATE à voix seule, mise en Musique par le sieur Bordier.
Dans un rêve, le narrateur voit Iris, une personne qu'il aime, qui répond favorablement à ses avances amoureuses. Iris déclare céder à sa constance et reconnaître son amour sincère, ce qui procure au narrateur une grande joie et félicité. Cependant, il prend conscience que ce bonheur est une illusion et que le réveil sera douloureux. Il regrette la brièveté des moments agréables du rêve et la rapidité avec laquelle Morphée, le dieu du sommeil, dissipe ces douceurs. Le narrateur exprime son désir de continuer à rêver pour voir Iris, mais reconnaît que ces songes ne font qu'accroître sa peine lorsqu'il se réveille et doit affronter la réalité de son amour non partagé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 250-252
L'INJUSTE SOUPÇON, CANTATE.
Début :
Sur ces steriles bords que parcourt la Durance, [...]
Mots clefs :
Coeur, Berger, Amant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'INJUSTE SOUPÇON, CANTATE.
L'INJUSTE SOUPÇON.
CANTATE.
n3 rance ,
iEucharis attendoit le Berger Lidamantj
Lidamant > fobjet de mes feux ,
Ici m'a promis de se rendre ,
J'y fuis depuis long- tems ; helas ! j'ai beau
l'attendre ,
II ne vient point encor > quel tourment rigou
reux !
Dieux ! un fatal soupçon vient s'offrir à moa
ame;
L'ingrat ennuyé de mes fers ,
Çst touché des appas de quelqu'autre Bergère*
Et pour avoir trop fçû lui plaire ,
Pour l'avoir trop aimé > Juste Çiel ! je le pers.
Eucharis tu devois te montrer inhumaine ,
désister plus long-tems à ses preffans désirs »
Tu le favorisas , tu mis fin à fa peine ,
£t ce malheureux jour mit fin à ses plaisirs*
Surprise avec raison de son retardement ,
EHe exprimoit ainsi sa triste impatience.
Ornement
TEVR1ER. 1730. 15*
^Ornement de nos lieux, adorables Bergères»
Vous perdiez bientôt vos Amans»
.Si vous cessez d'être sévères ,
Si vous soulagez leurs tourment.
Venez , fierté , jalouse rage *
Venez éteindre mon ardeur ;
Rendons outrage pour outrage ,
Qhaiíons Lidamant de mon coeur.
Torrent impétueux . témoin de mes allirmes,
Daigne arrêter ton cours $
Sois sensible à mes larmes >
ït contre cet ingrat prête- moi ton secours.
S'il venoit fur tes bords déplorer un tour*
ment >
Que pourroit lui causer une flamme nouvelles
D u rance , tes eaux, à l'instant,
Doivent engloutir l'Iníidelle >
Mon coeur de ses transports ne peut être le
maître}
Le cruel n'a que trop mérité mon courroux...
Mais j'apperçois quelqu'un , Ciel : je le vois
paroí tre s
C'elè lui , je4n'abusois <i»ns mes soupçons ja
loux.
L'heureux íetger arrive ; helas .' excuse moi,
3« venois , lui dit.il> mais disgrâce imprévue !
C Belle
45î MERCURE DE FRANCE.
Beíle Eucharis , un Loup s'est offert à nu
vûë ,
Jl m'enlevoit l'Agneau , le gage de ta foi j
Je cours • à fa dent je m'expofe ;
Un Amant craint-il quelque chose ì
Enfin de ce combat je sors victorieux ;
Mais la plus grande gloire en est duë à tes
yeux.
Toi feule excitois mon courage }
Sans un espoir flatteur j'eusse en vain com?
battu ,
Bientôt victime de fa rage
L' animal m'auroir abbatu.
Beautés qui fjavez tout charmer ,
ïaut-il qu'à yos soupçons votre coeur s'a
bandonne;
Souvent l'Amant que l'on soupçonne
Est celui qui sçait mieux aimer*
: - f
l'impatience
Voit tromper ses désirs ;
La moindre absence
Arrache des soupirs j
Sï le retardement de ce berger fidelle
Donne de son amour une preuve nouvelle,
Quel excès de plaisirs ?
f*r M. V. d'Aix.
CANTATE.
n3 rance ,
iEucharis attendoit le Berger Lidamantj
Lidamant > fobjet de mes feux ,
Ici m'a promis de se rendre ,
J'y fuis depuis long- tems ; helas ! j'ai beau
l'attendre ,
II ne vient point encor > quel tourment rigou
reux !
Dieux ! un fatal soupçon vient s'offrir à moa
ame;
L'ingrat ennuyé de mes fers ,
Çst touché des appas de quelqu'autre Bergère*
Et pour avoir trop fçû lui plaire ,
Pour l'avoir trop aimé > Juste Çiel ! je le pers.
Eucharis tu devois te montrer inhumaine ,
désister plus long-tems à ses preffans désirs »
Tu le favorisas , tu mis fin à fa peine ,
£t ce malheureux jour mit fin à ses plaisirs*
Surprise avec raison de son retardement ,
EHe exprimoit ainsi sa triste impatience.
Ornement
TEVR1ER. 1730. 15*
^Ornement de nos lieux, adorables Bergères»
Vous perdiez bientôt vos Amans»
.Si vous cessez d'être sévères ,
Si vous soulagez leurs tourment.
Venez , fierté , jalouse rage *
Venez éteindre mon ardeur ;
Rendons outrage pour outrage ,
Qhaiíons Lidamant de mon coeur.
Torrent impétueux . témoin de mes allirmes,
Daigne arrêter ton cours $
Sois sensible à mes larmes >
ït contre cet ingrat prête- moi ton secours.
S'il venoit fur tes bords déplorer un tour*
ment >
Que pourroit lui causer une flamme nouvelles
D u rance , tes eaux, à l'instant,
Doivent engloutir l'Iníidelle >
Mon coeur de ses transports ne peut être le
maître}
Le cruel n'a que trop mérité mon courroux...
Mais j'apperçois quelqu'un , Ciel : je le vois
paroí tre s
C'elè lui , je4n'abusois <i»ns mes soupçons ja
loux.
L'heureux íetger arrive ; helas .' excuse moi,
3« venois , lui dit.il> mais disgrâce imprévue !
C Belle
45î MERCURE DE FRANCE.
Beíle Eucharis , un Loup s'est offert à nu
vûë ,
Jl m'enlevoit l'Agneau , le gage de ta foi j
Je cours • à fa dent je m'expofe ;
Un Amant craint-il quelque chose ì
Enfin de ce combat je sors victorieux ;
Mais la plus grande gloire en est duë à tes
yeux.
Toi feule excitois mon courage }
Sans un espoir flatteur j'eusse en vain com?
battu ,
Bientôt victime de fa rage
L' animal m'auroir abbatu.
Beautés qui fjavez tout charmer ,
ïaut-il qu'à yos soupçons votre coeur s'a
bandonne;
Souvent l'Amant que l'on soupçonne
Est celui qui sçait mieux aimer*
: - f
l'impatience
Voit tromper ses désirs ;
La moindre absence
Arrache des soupirs j
Sï le retardement de ce berger fidelle
Donne de son amour une preuve nouvelle,
Quel excès de plaisirs ?
f*r M. V. d'Aix.
Fermer
Résumé : L'INJUSTE SOUPÇON, CANTATE.
Dans la cantate 'L'injuste soupçon', Eucharis, une bergère, attend Lidamant, son amant. Elle exprime son tourment et son impatience face à son retard, suspectant qu'il pourrait être attiré par une autre bergère. Elle se reproche d'avoir trop cherché à lui plaire et d'avoir trop aimé. Eucharis imagine Lidamant lui reprochant son inhumanité et son refus prolongé de ses désirs. Elle exprime sa tristesse et sa colère, souhaitant que les eaux de la Durance engloutissent Lidamant s'il venait déplorer un nouveau tourment. Soudain, elle aperçoit quelqu'un et apprend que Lidamant a combattu un loup pour sauver un agneau, symbole de sa fidélité. Lidamant raconte son combat victorieux, attribuant sa victoire à l'espoir et au soutien d'Eucharis. Il met en garde contre les soupçons injustifiés, affirmant que l'amour véritable sait mieux aimer et que l'absence peut tromper les désirs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 425-428
LE DESESPOIR AMOUREUX. CANTATE.
Début :
Tandis que nos Bergers rassemblez dans la Plaine, [...]
Mots clefs :
Bergère, Berger, Amoureux, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE DESESPOIR AMOUREUX. CANTATE.
LE DESESPOIR AMOUREUX ,
T
CANTATE.
Andis que nos Bergers raffemblez
dans la Plaine ,
Danfoient au fon des Chalumeaux
,
Sur un affreux Rocher le fils du vieux Silene ,
Tircis , le beau Tircis , l'honneur de nos Hameaux
,
Se plaignoit des rigueurs de l'ingrate Climene.
A ij II
426 MERCURE DE FRANCE ;
Il s'adreffoit , mais vainement ,
Aux Zéphirs , aux Echos , à l'Onde fugitive ,
Et d'une voix douce & plaintive ;
Il leur contoit ainfi fon amoureux tourment
Ruiffeaux , ceffez votre murmure ;
Ceffez de foupirer , Zéphirs ;
Laiffez aux peines que j'endure ,
L'ennui , les plaintes , les foupirs ;
Le doux penchant de la Nature ,
Vous mene au gré de vos defirs ;
Ces Champs , ces Fleurs , cette Verdure
Ne vous offrent que des plaifirs.
Ruiffeaux , ceffez votre murmure ,
Ceffez de foupirer , Zéphirs .
Laiffez , &c.
J'aime une Bergere inflexible ;
Mes maux ne peuvent la toucher ?
Son coeur paroît plus infenfible ,
Plus dur que le plus dur Rocher.
Le foin d'accroître mon martire ,
Eft pour elle un plaifir charmants
Plus je languis , plus je foupire ,
Plus elle rit de mon tourment.
Ruiffeaux , ceffez votre murmure
Ceffez de foupirer , Zéphirs ,
Laiffez , & c.
Non
MARS. 1730. 427
Accablé du poids de ma chaîne ,
Non,non, je ne vis point, je ne fais que languit.
Trop aimable Climene ,
Ou foulage ma peine ,
Ou laiffe-moi mourir .
Climene étoit alors dans le prochain Bocage 1
Elle vient au récit des peines du Berger ,
Et bien loin de les foulager ,
Par des fourirs mocqueurs les accroît davan
tage.
Pour ce Berger trop amoureux ,
Ah !quel chagrin ! quel tourment douloureux !
Il gémit , il fe meurt aux pieds de la Bergere ,
Dont la froideur le defefpere.
Son coeur , fon triſte coeur ,
De fi cruels mépris , de tant d'indifference ,
Ne peut plus fupporter la barbare rigueur.
Et fon ame livrée à fa vive douleur ,
Sent enfin fuccomber fa force & fa conſtance,
Ses maux étoient fi vifs & fi preffants ,
Qu'il en marqua la violence ,
Par ces triftes accents:
Defefpoir funefte ,
Viens à mon fecours ;
Acheve le reſte ,
De mes triſtes jours.
Climene détefte ,
Mes tendres amours;
A iij
Dea
428 MERCURE DE FRANCE.
Defefpoir funefte ,
Viens , & c.
Tout à coup agité d'un tranfport furieux ,
Il court au bord d'un affreux précipice ;
Y porte fes regards , puis les fixant aux Cieux ,
S'écrie: ah ! c'en eft fait ! paffons aux fombres
lieux ;
Caron , fois moi propice ;
Et toi , funefte Amour , reçois ce facrifice.
A ces mots , de la Roche il alloit ſe jetter s
Mais quand il vit que la Bergere ,
Ne venoit point l'arrêter ;
Il s'affit doucement fur la tendre fougeres
Non , lui dit-il , ne preffe point tes pas
Raffure-toi , Climene ,
Ta frayeur eſt vaine ;
Je renonces au Trepas .
On oublie en mourant fon amour & fa peine s
Et moi , je veux porter ta chaîne ;
Je veux vivre & fouffrir pour ne t'oublier pas
Raffure - toi , Climene ,
Ta frayeur eft vaine
Je renonce au trépas .
La Bergere fe mit à rire ,
Et le Berger auffi,
Le deſeſpoir dans l'amoureux Empire ,
Finit toûjours ainfi.
Par M. Palmary de Cabors.
T
CANTATE.
Andis que nos Bergers raffemblez
dans la Plaine ,
Danfoient au fon des Chalumeaux
,
Sur un affreux Rocher le fils du vieux Silene ,
Tircis , le beau Tircis , l'honneur de nos Hameaux
,
Se plaignoit des rigueurs de l'ingrate Climene.
A ij II
426 MERCURE DE FRANCE ;
Il s'adreffoit , mais vainement ,
Aux Zéphirs , aux Echos , à l'Onde fugitive ,
Et d'une voix douce & plaintive ;
Il leur contoit ainfi fon amoureux tourment
Ruiffeaux , ceffez votre murmure ;
Ceffez de foupirer , Zéphirs ;
Laiffez aux peines que j'endure ,
L'ennui , les plaintes , les foupirs ;
Le doux penchant de la Nature ,
Vous mene au gré de vos defirs ;
Ces Champs , ces Fleurs , cette Verdure
Ne vous offrent que des plaifirs.
Ruiffeaux , ceffez votre murmure ,
Ceffez de foupirer , Zéphirs .
Laiffez , &c.
J'aime une Bergere inflexible ;
Mes maux ne peuvent la toucher ?
Son coeur paroît plus infenfible ,
Plus dur que le plus dur Rocher.
Le foin d'accroître mon martire ,
Eft pour elle un plaifir charmants
Plus je languis , plus je foupire ,
Plus elle rit de mon tourment.
Ruiffeaux , ceffez votre murmure
Ceffez de foupirer , Zéphirs ,
Laiffez , & c.
Non
MARS. 1730. 427
Accablé du poids de ma chaîne ,
Non,non, je ne vis point, je ne fais que languit.
Trop aimable Climene ,
Ou foulage ma peine ,
Ou laiffe-moi mourir .
Climene étoit alors dans le prochain Bocage 1
Elle vient au récit des peines du Berger ,
Et bien loin de les foulager ,
Par des fourirs mocqueurs les accroît davan
tage.
Pour ce Berger trop amoureux ,
Ah !quel chagrin ! quel tourment douloureux !
Il gémit , il fe meurt aux pieds de la Bergere ,
Dont la froideur le defefpere.
Son coeur , fon triſte coeur ,
De fi cruels mépris , de tant d'indifference ,
Ne peut plus fupporter la barbare rigueur.
Et fon ame livrée à fa vive douleur ,
Sent enfin fuccomber fa force & fa conſtance,
Ses maux étoient fi vifs & fi preffants ,
Qu'il en marqua la violence ,
Par ces triftes accents:
Defefpoir funefte ,
Viens à mon fecours ;
Acheve le reſte ,
De mes triſtes jours.
Climene détefte ,
Mes tendres amours;
A iij
Dea
428 MERCURE DE FRANCE.
Defefpoir funefte ,
Viens , & c.
Tout à coup agité d'un tranfport furieux ,
Il court au bord d'un affreux précipice ;
Y porte fes regards , puis les fixant aux Cieux ,
S'écrie: ah ! c'en eft fait ! paffons aux fombres
lieux ;
Caron , fois moi propice ;
Et toi , funefte Amour , reçois ce facrifice.
A ces mots , de la Roche il alloit ſe jetter s
Mais quand il vit que la Bergere ,
Ne venoit point l'arrêter ;
Il s'affit doucement fur la tendre fougeres
Non , lui dit-il , ne preffe point tes pas
Raffure-toi , Climene ,
Ta frayeur eſt vaine ;
Je renonces au Trepas .
On oublie en mourant fon amour & fa peine s
Et moi , je veux porter ta chaîne ;
Je veux vivre & fouffrir pour ne t'oublier pas
Raffure - toi , Climene ,
Ta frayeur eft vaine
Je renonce au trépas .
La Bergere fe mit à rire ,
Et le Berger auffi,
Le deſeſpoir dans l'amoureux Empire ,
Finit toûjours ainfi.
Par M. Palmary de Cabors.
Fermer
Résumé : LE DESESPOIR AMOUREUX. CANTATE.
Le texte 'Le Désespoir Amoureux' est une cantate qui relate la souffrance du berger Tircis, fils de Silène, épris de la bergère Climène. Tircis exprime sa douleur aux éléments naturels, sans trouver de réconfort. Il se plaint de l'insensibilité de Climène, dont le cœur semble se réjouir de ses tourments. Accablé, Tircis implore Climène de soulager sa souffrance ou de le laisser mourir. Cependant, Climène, présente dans un bocage voisin, accentue ses tourments par des soupirs moqueurs. Désespéré, Tircis envisage de se jeter dans un précipice, mais change d'avis en constatant que Climène ne vient pas l'arrêter. Il décide de vivre pour continuer à souffrir et à se souvenir de son amour. La cantate se conclut par le rire de Climène et Tircis, soulignant que le désespoir amoureux finit toujours de manière similaire. L'auteur de cette cantate est M. Palmary de Cabors.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 650-654
L'AMANT FIDELE Et malheureux. CANTATE. Mise en Musique par M. Bouvard, & dediée à Madame F...
Début :
N'étoit-ce point assez d'une si longue absence ? [...]
Mots clefs :
Amour, Coeur, Coeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMANT FIDELE Et malheureux. CANTATE. Mise en Musique par M. Bouvard, & dediée à Madame F...
L'AMANT FIDELE
Et malheureux.
CANT AT E.
Mife en Mufique par M. Bouvard , &
dediée à Madame F ...
N'étoit- ce point affez d'une fi longue abſences
Falloit-il , inhumaine , y joindre le filence,
,
Tandis que Cupidon , fidele Meffager
Fendant les vaftes airs de fes rapides afles ,
Et fans ceffe chargé de tes cheres nouvelles ,
Dans ma vive douleur devoit me foulager.
Pour
AVRIL 1730. 653
Pour adoucir la violence
Des peines que caufe l'abſence
De la pointe de ſes traits ,
L'Amour traçant l'art d'écrire,
Aux Sujets de fon Empire ,
En apprit les premiers traits.
Par une magie innocente ,
Des Lettres la vertu puiſſante
Semble rapprocher deux coeurs ,
Et fait entrer ; à la place
Des noirs chagrins qu'elle chaffe,
Les plus flateufes douceurs.
Ingrate , je le vois , un feu de tant d'années
A ton coeur inconftant a paru trop
durer ,
Mais apprends
que l'amour
dans les ames bien
nées
S'affermit Par le tems au lieu de s'alterer.
Coulez , coulez avec viteffe ,
Triomphez , rapides jours
De la honteufe foibleffe
De la plupart des Amours ;
Vous ne fçauriez dans votre cours
Que faire honneur à ma tendreffe
Qui vous refiftera toujours ..
Quand
652 MERCURE DE FRANCE.
Quand fuivant une humeur changeante
Notre coeur laiffe éteindre une flamme innocente,
Orgueilleufe raifon , chimérique vertu ,
ous vous vantez alors d'avoir bien combattu ;
Mais quand l'amour ne fait que naître ,
Tandis qu'il plaît encor , quel eft votre pouvoir ?
Vous n'avez le fecret de vous faire valoir ,
Que lorfque de lui-même il vient à difparoître
Par un goût pour la nouveauté ,
Par la propre fragilité.
Amans délicats & finceres ,
Ah ! que vous êtes malheureux
Lorfque vous confacrez vos feux
A des coeurs legers & vulgaires ;
Aux moindres revers fâcheux ,
Auffi bien qu'à la moindre abfence ,
Vous voyez bientôt fous le nom
Du fcrupule , de la raiſon ,
Du devoir , de la bienféance
Paroître leur inconftance.
Mais malgré cette ingratitude ,
Amans dignes d'un fort plus doux ,
Vous fuivez vos premiers goûts ;
La conftance fait votre étude ;
Helas ! je fais comme vous
J'aime toujours une infidele ,
ร่
Dont
AVRIL.
1730. 653
Dont je hais le perfide coeur ;
Au feul fouvenir de l'ardeur
Dont je brulai d'abord pour elle ,
Cette ardeur fe renouvelle.
Ceffe , Berger , de gémir
Loin d'entretenir
Des peines cruelles ,
Il faut plutôt bannir
Le fouvenir
De toutes les Belles,
L'Amour a des aîles
Afin qu'avec elles
Il puiffe finir
Avec plus de viteffe
L'affreufe trifteffe
Et mieux courir
Au devant du plaifir,
D'un efpoir frivole
S'il nourrit nos ardeurs ;
S'il nous immole
Aux chagrins , aux langueurs ,
Et nous défole
Par mille rigueurs ,
Qu'à jamais il s'envole
Loin de nos coeurs ,
Que fa gloire s'éteigne
Aink
54 MERCURE DE FRANCE C
Ainfi que fon flambeau ,
Et qu'à fon tour il baigne
De pleurs fon bandeau.
Par M. Moraine.
Et malheureux.
CANT AT E.
Mife en Mufique par M. Bouvard , &
dediée à Madame F ...
N'étoit- ce point affez d'une fi longue abſences
Falloit-il , inhumaine , y joindre le filence,
,
Tandis que Cupidon , fidele Meffager
Fendant les vaftes airs de fes rapides afles ,
Et fans ceffe chargé de tes cheres nouvelles ,
Dans ma vive douleur devoit me foulager.
Pour
AVRIL 1730. 653
Pour adoucir la violence
Des peines que caufe l'abſence
De la pointe de ſes traits ,
L'Amour traçant l'art d'écrire,
Aux Sujets de fon Empire ,
En apprit les premiers traits.
Par une magie innocente ,
Des Lettres la vertu puiſſante
Semble rapprocher deux coeurs ,
Et fait entrer ; à la place
Des noirs chagrins qu'elle chaffe,
Les plus flateufes douceurs.
Ingrate , je le vois , un feu de tant d'années
A ton coeur inconftant a paru trop
durer ,
Mais apprends
que l'amour
dans les ames bien
nées
S'affermit Par le tems au lieu de s'alterer.
Coulez , coulez avec viteffe ,
Triomphez , rapides jours
De la honteufe foibleffe
De la plupart des Amours ;
Vous ne fçauriez dans votre cours
Que faire honneur à ma tendreffe
Qui vous refiftera toujours ..
Quand
652 MERCURE DE FRANCE.
Quand fuivant une humeur changeante
Notre coeur laiffe éteindre une flamme innocente,
Orgueilleufe raifon , chimérique vertu ,
ous vous vantez alors d'avoir bien combattu ;
Mais quand l'amour ne fait que naître ,
Tandis qu'il plaît encor , quel eft votre pouvoir ?
Vous n'avez le fecret de vous faire valoir ,
Que lorfque de lui-même il vient à difparoître
Par un goût pour la nouveauté ,
Par la propre fragilité.
Amans délicats & finceres ,
Ah ! que vous êtes malheureux
Lorfque vous confacrez vos feux
A des coeurs legers & vulgaires ;
Aux moindres revers fâcheux ,
Auffi bien qu'à la moindre abfence ,
Vous voyez bientôt fous le nom
Du fcrupule , de la raiſon ,
Du devoir , de la bienféance
Paroître leur inconftance.
Mais malgré cette ingratitude ,
Amans dignes d'un fort plus doux ,
Vous fuivez vos premiers goûts ;
La conftance fait votre étude ;
Helas ! je fais comme vous
J'aime toujours une infidele ,
ร่
Dont
AVRIL.
1730. 653
Dont je hais le perfide coeur ;
Au feul fouvenir de l'ardeur
Dont je brulai d'abord pour elle ,
Cette ardeur fe renouvelle.
Ceffe , Berger , de gémir
Loin d'entretenir
Des peines cruelles ,
Il faut plutôt bannir
Le fouvenir
De toutes les Belles,
L'Amour a des aîles
Afin qu'avec elles
Il puiffe finir
Avec plus de viteffe
L'affreufe trifteffe
Et mieux courir
Au devant du plaifir,
D'un efpoir frivole
S'il nourrit nos ardeurs ;
S'il nous immole
Aux chagrins , aux langueurs ,
Et nous défole
Par mille rigueurs ,
Qu'à jamais il s'envole
Loin de nos coeurs ,
Que fa gloire s'éteigne
Aink
54 MERCURE DE FRANCE C
Ainfi que fon flambeau ,
Et qu'à fon tour il baigne
De pleurs fon bandeau.
Par M. Moraine.
Fermer
Résumé : L'AMANT FIDELE Et malheureux. CANTATE. Mise en Musique par M. Bouvard, & dediée à Madame F...
Le poème 'L'Amant Fidèle', publié en avril 1730 dans le Mercure de France, explore les tourments d'un amant fidèle mais malheureux en raison de l'absence et du silence de sa bien-aimée. L'auteur exprime sa douleur et son espoir que Cupidon lui apporte des nouvelles, soulignant le pouvoir des lettres pour rapprocher les cœurs éloignés. Il déplore l'ingratitude de sa bien-aimée, dont l'amour semble s'affaiblir avec le temps, et affirme que l'amour véritable s'affermit avec les années. Le texte critique la raison et la vertu qui combattent l'amour naissant mais montrent leur pouvoir seulement lorsque l'amour disparaît. Le poème met en garde contre les cœurs légers et volatils, inconstants aux premiers revers ou absences. Malgré l'ingratitude, les amants fidèles restent constants. L'auteur avoue aimer une infidèle dont il hait le cœur perfide, mais dont le souvenir ravive son ardeur. Enfin, il conseille de bannir les souvenirs douloureux des amours passées pour éviter les chagrins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 2202-2205
L'OMBRE DE PETRARQUE OU LA SORGUE CANTATE. Présentée à Madame la Princesse de Conti, à son arrivée dans le Comtat.
Début :
Dans ces agréables Vallons [...]
Mots clefs :
Nymphes, Pétrarque, Princesse de Conti, Sorgue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'OMBRE DE PETRARQUE OU LA SORGUE CANTATE. Présentée à Madame la Princesse de Conti, à son arrivée dans le Comtat.
L'OMBRE DE PETRARQUE
OU LA SORGUE
2
CANTATE.
Préfentée à Madame la Princeffe de Conti
à fon arrivée dans le Comtat:
DAAns ces agréables Vallons
Où de Laure l'Amant fidele
Reveilloit les échos par les tendres chanfons
Que lui dictoit l'Amour pour toucher cette Bellé
Jous un antre à couvert des rigueurs des Saiſons,
Le chef- d'oeuvre de la Nature ,
Sur un lit de gazon , au doux chant des Oiseaux,
Enfin à l'aimable murmure
Qu'en retombant faifoient fes eaux ;
La Sorgue jouiffoit d'un paifible repos :
Quel bruit vient fraper fon oreille !
Quel fpectacle nouveau tout à coup la reveille !
Elle voit à grands cris , fortant de leurs rofeaux ,
Par le plus vif éclat fes Nymphes éblouies ,
Accourir fur ces bords d'étonnement ſaiſies ;
Elles l'appellent par ces mots :
Quelle
OCTOBRE . 1730. 2203
Quelle Divinité nouvelle
Paroît fur ce bord enchanté !
Tant d'éclat , tant de majesté
N'eft pas d'une fimple mortelle .
Jufqu'aux Cieux pouffons nos Concerts
Accourez , notre aimable Reine ;
Voyez fi c'eft la Souveraine
Des Cieux , de la Terre ou des Mers.
Quelle Divinité nouvelle &c .
Elle accourt , elle voit ... quelle furpriſe extrême
A ce divin afpect la faifit à fon tour !
Nymphes , cette Beauté fuprême ,
des Dieux reçût le
Vous ne vous trompez pas ,
jour ,
Dit- elle , elle eft du fang du grand Jupiter même,
Pour loüer fes vertus n'employons point nos
chants ;
Empruntons , s'il fe peut , de plus dignes accens
Toi , qui fur mes aimables rives
Echauffant Pétrarque autrefois ,
Aux tendres accens de fa voix
Rendois mes Nymphes attentives ,
Amour , ranime fes accords ;
Va le chercher aux fombres bords ,
Lui feul peut de cette Déeffe
Chanter dignement les attraits :
Cours ; que Pluton même s'empreffe
A remplir mes juftes fouhaits.
Ain
2204 MERCURE DE FRANCE
'Ainfi parle la Sorgue , & du Royaume fombre
De Petrarque bientôt elle voit fortir l'ombre.
Nymphe , dit- il , à qui j'ai tant de fois
Confié mes tendres allarmes ,
Qui tant de fois fus témoin de mes larmés ,
Pluton dans les Enfers vient d'entendre ta voix ,
Et pour feconder ton attente ,
Il veut bien m'arracher d'auprès de mon Amante.
Mais où fuis-je ! que vois- je ! eh quoy ? dans ces
climats
Auroit- elle fuivi ures pas ?
Que dis-je ? ce n'eft point Laure qui ſe préſente!
Laure brilloit de moins d'appas ;
Jamais rien de fi beau ne s'offrit à ma vûë ;
Jamais rien de fi beau n'a paru fur ces bords.
Nymphe , pour moi ton ame eft envain préve
nue ;
Pour
la louer
mes chants
ne font pas
affez forts ,
Et je fens expirer mes timides accords.
J'avois crû que les Dieux à Laure
Avoient prodigué leurs bienfaits ,
Et
que du Couchant à l'Aurore
Nulle autre n'uniroit jamais
Tant de vertus à tant d'attraits.
Pour rendre fa gloire immortelle
Ma Lyre épuifa fes accords ;
Mais pour cette Beauté nouvelle
Encore ..
OCTOBRE . 1730. 2205
Encore plus parfaite qu'elle
Je tenterois de vains efforts .
Laiffons aux Cignes de la Seine
Le foin de louer tant d'appas ;
C'eft des Chantres de ces climats
Qu'Apollon échauffe la veine.
Laiffons aux Cignes de la Seine
Le foin de louer tant d'appas.
Par M. de Morand , d'Arles en Provence
OU LA SORGUE
2
CANTATE.
Préfentée à Madame la Princeffe de Conti
à fon arrivée dans le Comtat:
DAAns ces agréables Vallons
Où de Laure l'Amant fidele
Reveilloit les échos par les tendres chanfons
Que lui dictoit l'Amour pour toucher cette Bellé
Jous un antre à couvert des rigueurs des Saiſons,
Le chef- d'oeuvre de la Nature ,
Sur un lit de gazon , au doux chant des Oiseaux,
Enfin à l'aimable murmure
Qu'en retombant faifoient fes eaux ;
La Sorgue jouiffoit d'un paifible repos :
Quel bruit vient fraper fon oreille !
Quel fpectacle nouveau tout à coup la reveille !
Elle voit à grands cris , fortant de leurs rofeaux ,
Par le plus vif éclat fes Nymphes éblouies ,
Accourir fur ces bords d'étonnement ſaiſies ;
Elles l'appellent par ces mots :
Quelle
OCTOBRE . 1730. 2203
Quelle Divinité nouvelle
Paroît fur ce bord enchanté !
Tant d'éclat , tant de majesté
N'eft pas d'une fimple mortelle .
Jufqu'aux Cieux pouffons nos Concerts
Accourez , notre aimable Reine ;
Voyez fi c'eft la Souveraine
Des Cieux , de la Terre ou des Mers.
Quelle Divinité nouvelle &c .
Elle accourt , elle voit ... quelle furpriſe extrême
A ce divin afpect la faifit à fon tour !
Nymphes , cette Beauté fuprême ,
des Dieux reçût le
Vous ne vous trompez pas ,
jour ,
Dit- elle , elle eft du fang du grand Jupiter même,
Pour loüer fes vertus n'employons point nos
chants ;
Empruntons , s'il fe peut , de plus dignes accens
Toi , qui fur mes aimables rives
Echauffant Pétrarque autrefois ,
Aux tendres accens de fa voix
Rendois mes Nymphes attentives ,
Amour , ranime fes accords ;
Va le chercher aux fombres bords ,
Lui feul peut de cette Déeffe
Chanter dignement les attraits :
Cours ; que Pluton même s'empreffe
A remplir mes juftes fouhaits.
Ain
2204 MERCURE DE FRANCE
'Ainfi parle la Sorgue , & du Royaume fombre
De Petrarque bientôt elle voit fortir l'ombre.
Nymphe , dit- il , à qui j'ai tant de fois
Confié mes tendres allarmes ,
Qui tant de fois fus témoin de mes larmés ,
Pluton dans les Enfers vient d'entendre ta voix ,
Et pour feconder ton attente ,
Il veut bien m'arracher d'auprès de mon Amante.
Mais où fuis-je ! que vois- je ! eh quoy ? dans ces
climats
Auroit- elle fuivi ures pas ?
Que dis-je ? ce n'eft point Laure qui ſe préſente!
Laure brilloit de moins d'appas ;
Jamais rien de fi beau ne s'offrit à ma vûë ;
Jamais rien de fi beau n'a paru fur ces bords.
Nymphe , pour moi ton ame eft envain préve
nue ;
Pour
la louer
mes chants
ne font pas
affez forts ,
Et je fens expirer mes timides accords.
J'avois crû que les Dieux à Laure
Avoient prodigué leurs bienfaits ,
Et
que du Couchant à l'Aurore
Nulle autre n'uniroit jamais
Tant de vertus à tant d'attraits.
Pour rendre fa gloire immortelle
Ma Lyre épuifa fes accords ;
Mais pour cette Beauté nouvelle
Encore ..
OCTOBRE . 1730. 2205
Encore plus parfaite qu'elle
Je tenterois de vains efforts .
Laiffons aux Cignes de la Seine
Le foin de louer tant d'appas ;
C'eft des Chantres de ces climats
Qu'Apollon échauffe la veine.
Laiffons aux Cignes de la Seine
Le foin de louer tant d'appas.
Par M. de Morand , d'Arles en Provence
Fermer
Résumé : L'OMBRE DE PETRARQUE OU LA SORGUE CANTATE. Présentée à Madame la Princesse de Conti, à son arrivée dans le Comtat.
Le texte 'L'ombre de Pétrarque ou La Sorgue' est une cantate présentée à la Princesse de Conti lors de son arrivée dans le Comtat. La Sorgue, une rivière paisible dans un vallon agréable, est comparée à l'endroit où Pétrarque chantait son amour pour Laure. Des nymphes, émerveillées par une nouvelle divinité, accourent et invitent Pétrarque à chanter les louanges de la Princesse. Pétrarque, appelé par Pluton, apparaît et est stupéfait par la beauté de la Princesse, qu'il trouve plus parfaite que Laure. Incapable de louer dignement cette nouvelle beauté, il laisse cette tâche aux chanteurs locaux, reconnaissant que sa lyre ne suffit pas à exprimer tant de perfections.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. [2551]-2554
ARIANE ET THESÉE. CANTATE.
Début :
Dans l'Isle de Naxos quel bruit vien-je d'entendre ? [...]
Mots clefs :
Amour, Amant, Amante
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARIANE ET THESÉE. CANTATE.
ARTANE ET THESE'E.
D
CANTATE.
Ans l'Ile de Naxos quel bruit vienje
d'entendre ?
Quel tumulte agite les flots ?
Sur les bords de la Mer , quel mortel va ſe rendre
?
C'eft le Grec qu'a fuivi la fille de Minos.
Ce Héros qui lui doit tout l'éclat de fa gloire
1. Vela AN Va
2552 MERCURE DE FRANCE
Và payer en ce jour
Le plus fidele amour
Far la cruauté la plus noires
語
Fuyez l'amour , jeunes coeurs ;
Quoiqu'il préfente des charmes
De fes plaifirs impofteurs ,
Coule une fource de larmes.
Sous fes pas naiffent des Aeurs ,
Qui furprennent notre vûë ;
De leurs mortelles odeurs
S'exhale un venin qui tuë.
Fayez l'amour , &c.
W
Je le vois ce perfide amant ,
Sur un Rocher affreux conduire fon amante ,
Infenfible à fes pleurs , à fa voix gémiffante
Il s'enyvre à longs traits de fon cruel tourment ;
Envain pour l'arêter Ariane abuſée ,
Par fes embraffemens , veut amolir fon coeur ,
L'Ingrat en s'échapant fe rit de fa langueur,
Elle ne verra plus Thefée.
Un facile amour déplaît,
Un Rigoureux nous engage ,
1. Vol.
DECEMBRE. 1730. 2553
Un coeur trop tôt fatisfait ,
Vous méprife ou vous outrage,
Pour conferver un amant
Marquez de l'indifference ,
En amour , le plus content
A moins de reconnoiffance,
Un facile , & c.
Sur la rive agitée , en détournant les yeux
Ariane du coeur cherche encor l'infidelle ; ·
Mais il ne paroit plus . A fa douleur mortelle
Succedent des tranfports tendres & furieux ,
Non , à mon lâche coeur , tu n'es pas odieux
Hélas ! & malgré ton parjure ,
Barbare ,je t'appele , &je voudrois te voir...
Approche ... ses regards hâtent mon defefpoir
,
Et je fens terminer les tourmens que fendure
Elle dit , & foudain à la clarté des Cieux ,
Ferme fa paupiere mourante ,
En laiffant par l'ordre des Dieux ,
Cet unique Tableau d'une fidelle amante.
Non , on ne voit plus aimer
Avec tant de violence ;
Iv Val. Aviij
On
2554 MERCURE DE FRANCE
On confent de fe charmer
Sans fe piquer de conftance.
Le plaifir eft de changer;
Se fixer eft efclavage :
L'amant veut fe dégager,
Et l'amante fe dégage.
Non , on ne , &c.
Le Chevalier DE MONTADOR.
D
CANTATE.
Ans l'Ile de Naxos quel bruit vienje
d'entendre ?
Quel tumulte agite les flots ?
Sur les bords de la Mer , quel mortel va ſe rendre
?
C'eft le Grec qu'a fuivi la fille de Minos.
Ce Héros qui lui doit tout l'éclat de fa gloire
1. Vela AN Va
2552 MERCURE DE FRANCE
Và payer en ce jour
Le plus fidele amour
Far la cruauté la plus noires
語
Fuyez l'amour , jeunes coeurs ;
Quoiqu'il préfente des charmes
De fes plaifirs impofteurs ,
Coule une fource de larmes.
Sous fes pas naiffent des Aeurs ,
Qui furprennent notre vûë ;
De leurs mortelles odeurs
S'exhale un venin qui tuë.
Fayez l'amour , &c.
W
Je le vois ce perfide amant ,
Sur un Rocher affreux conduire fon amante ,
Infenfible à fes pleurs , à fa voix gémiffante
Il s'enyvre à longs traits de fon cruel tourment ;
Envain pour l'arêter Ariane abuſée ,
Par fes embraffemens , veut amolir fon coeur ,
L'Ingrat en s'échapant fe rit de fa langueur,
Elle ne verra plus Thefée.
Un facile amour déplaît,
Un Rigoureux nous engage ,
1. Vol.
DECEMBRE. 1730. 2553
Un coeur trop tôt fatisfait ,
Vous méprife ou vous outrage,
Pour conferver un amant
Marquez de l'indifference ,
En amour , le plus content
A moins de reconnoiffance,
Un facile , & c.
Sur la rive agitée , en détournant les yeux
Ariane du coeur cherche encor l'infidelle ; ·
Mais il ne paroit plus . A fa douleur mortelle
Succedent des tranfports tendres & furieux ,
Non , à mon lâche coeur , tu n'es pas odieux
Hélas ! & malgré ton parjure ,
Barbare ,je t'appele , &je voudrois te voir...
Approche ... ses regards hâtent mon defefpoir
,
Et je fens terminer les tourmens que fendure
Elle dit , & foudain à la clarté des Cieux ,
Ferme fa paupiere mourante ,
En laiffant par l'ordre des Dieux ,
Cet unique Tableau d'une fidelle amante.
Non , on ne voit plus aimer
Avec tant de violence ;
Iv Val. Aviij
On
2554 MERCURE DE FRANCE
On confent de fe charmer
Sans fe piquer de conftance.
Le plaifir eft de changer;
Se fixer eft efclavage :
L'amant veut fe dégager,
Et l'amante fe dégage.
Non , on ne , &c.
Le Chevalier DE MONTADOR.
Fermer
Résumé : ARIANE ET THESÉE. CANTATE.
La cantate 'Artane et Thésée', publiée dans le Mercure de France en décembre 1730, se déroule sur l'île de Naxos. Thésée, après avoir fui, abandonne Ariane, qui se retrouve seule et désespérée. Malgré sa douleur, Ariane exprime encore son amour pour Thésée, qu'elle qualifie de 'perfide amant'. Thésée, insensible à ses pleurs et supplications, se réjouit de son tourment. Ariane, dans sa souffrance, appelle Thésée et souhaite le voir une dernière fois avant de succomber à sa douleur. Le texte se conclut par la mort d'Ariane, illustrant son amour fidèle. La cantate explore également les dangers de l'amour, mettant en garde contre ses charmes trompeurs et ses conséquences mortelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 2801-2803
VERTUMNE ET POMONE, CANTATE.
Début :
Dans les charmans Vergers qu'embellit sa presence, [...]
Mots clefs :
Coeur, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERTUMNE ET POMONE, CANTATE.
VERTUMNE ET POMONE .
CANTATE.
Ans les charmans Vergers qu'embellit fa
D prefence ,
Pomone , peu fenfible au pouvoir de fes yeux ,
Affure par ces mots fa paifible innocence
Contre les Traits victorieux ,
Que l'Enfant de Cithere fance
Vous faites ma felicité ,
Bois épais , agréable ombrage ;
Sous votre aimable obfcurité ,
Je fais l'amoureux efclavage ,
Je fais gloire de ma fierté ,
A l'abri de votre feüillage.
Si nos coeurs vouloient réfifter ,
L'Amour n'auroit point de victoire
Nous lui cedons fans difputer ;
Notre foibleffe fait fa gloire.
Quelles féduifantes erreurs !
Accable de maux neceffaires ,
On peut ménager fes douleurs
On en cherche de volontaires,
Si nos coeurs , &c.
>
II.Vol. B vį Malgré
2802 MERCURE DE FRANCE
Malgré l'excès de fa rigueur ,
Vertumne , dès long- temps languiffant fous fa
chaine ,
Suit les traces de l'Inhumaine ,
#
Qu'il veut perfuader de fa fincere ardeur,
Et pour fléchir l'objet de fa tendreffe ,
Il emprunte foudain par un prompt changement ;
Le vifage de la Vieilleffe .
Vainement vous bravez le plus puissant des
Dieux ,
Dit-il en l'abordant , ceffex , jeune Pomone ,
De refufer des foins qu'exigent vos beaux yeux;
Au coeur que Vertumne vous donne .
N'oppofez plus de regards dédaigneux ;
La fincerité de fes feux ,
Mérite qu'àjamais votre ardeur les couronne.
Quand l'Amour nous fait languir ,
C'eft l'effet de ſa vengeance ;
Cédons lui fans réſiſtance ,
Ou redoutons de l'aigrir .
Loin la fiere indifference:
Un coeur en eft le martir ;
'Aimons , & loin de punir ,
Le petit Dieu récompenfe.
Quand l'Amour , &c
dl. Vol
DECEMBRE. 1730. 2803
Il parle un baiſer plein de flamme ,
Suit auffi -tôt fon diſcours enchanteur ,
L'Amour qui conſume ſon ame ,
A
Des levres de Pomone a coulé jufqu'au coeur ,
Il découvre ſes traits : la Belle qu'il enflamme ,
Pour le dédommager de fa longue rigueur ;
Entre fes bras tombe en langueur ;
Dans les doux tranſports qui la pâme ,
Le tendre Amant affure ſon bonheur
Elle eft forcée à chérir fon erreur.
Un coeur qui peut fe contraindre ,
Tôt ou tard fe fait aimer ;
Amans , fi vous fçavez feindre ;
Soyez certains de charmer..
Aimez-vous une Rebelle ?"
Confultez le tendre Amour ;
Il fe déguiſe auprès d'elle ,
Pour l'enchaîner à ſon tour
Un coeur , &c .
"
Le Chevalier de Montador
CANTATE.
Ans les charmans Vergers qu'embellit fa
D prefence ,
Pomone , peu fenfible au pouvoir de fes yeux ,
Affure par ces mots fa paifible innocence
Contre les Traits victorieux ,
Que l'Enfant de Cithere fance
Vous faites ma felicité ,
Bois épais , agréable ombrage ;
Sous votre aimable obfcurité ,
Je fais l'amoureux efclavage ,
Je fais gloire de ma fierté ,
A l'abri de votre feüillage.
Si nos coeurs vouloient réfifter ,
L'Amour n'auroit point de victoire
Nous lui cedons fans difputer ;
Notre foibleffe fait fa gloire.
Quelles féduifantes erreurs !
Accable de maux neceffaires ,
On peut ménager fes douleurs
On en cherche de volontaires,
Si nos coeurs , &c.
>
II.Vol. B vį Malgré
2802 MERCURE DE FRANCE
Malgré l'excès de fa rigueur ,
Vertumne , dès long- temps languiffant fous fa
chaine ,
Suit les traces de l'Inhumaine ,
#
Qu'il veut perfuader de fa fincere ardeur,
Et pour fléchir l'objet de fa tendreffe ,
Il emprunte foudain par un prompt changement ;
Le vifage de la Vieilleffe .
Vainement vous bravez le plus puissant des
Dieux ,
Dit-il en l'abordant , ceffex , jeune Pomone ,
De refufer des foins qu'exigent vos beaux yeux;
Au coeur que Vertumne vous donne .
N'oppofez plus de regards dédaigneux ;
La fincerité de fes feux ,
Mérite qu'àjamais votre ardeur les couronne.
Quand l'Amour nous fait languir ,
C'eft l'effet de ſa vengeance ;
Cédons lui fans réſiſtance ,
Ou redoutons de l'aigrir .
Loin la fiere indifference:
Un coeur en eft le martir ;
'Aimons , & loin de punir ,
Le petit Dieu récompenfe.
Quand l'Amour , &c
dl. Vol
DECEMBRE. 1730. 2803
Il parle un baiſer plein de flamme ,
Suit auffi -tôt fon diſcours enchanteur ,
L'Amour qui conſume ſon ame ,
A
Des levres de Pomone a coulé jufqu'au coeur ,
Il découvre ſes traits : la Belle qu'il enflamme ,
Pour le dédommager de fa longue rigueur ;
Entre fes bras tombe en langueur ;
Dans les doux tranſports qui la pâme ,
Le tendre Amant affure ſon bonheur
Elle eft forcée à chérir fon erreur.
Un coeur qui peut fe contraindre ,
Tôt ou tard fe fait aimer ;
Amans , fi vous fçavez feindre ;
Soyez certains de charmer..
Aimez-vous une Rebelle ?"
Confultez le tendre Amour ;
Il fe déguiſe auprès d'elle ,
Pour l'enchaîner à ſon tour
Un coeur , &c .
"
Le Chevalier de Montador
Fermer
Résumé : VERTUMNE ET POMONE, CANTATE.
Le texte décrit la cantate 'Vertumne et Pomone'. Pomone, déesse des fruits, exprime son bonheur et sa soumission à l'amour sous la protection des bois. Elle reconnaît la puissance de l'amour, auquel elle finit par céder malgré sa résistance initiale. Vertumne, dieu des saisons et des cultures, est amoureux de Pomone mais est repoussé par elle. Pour la convaincre, il se déguise en vieille femme et lui parle avec sincérité, l'exhortant à ne pas résister à l'amour. Il l'embrasse passionnément, révélant ainsi son véritable visage. Touché par ce geste, Pomone finit par succomber à l'amour de Vertumne. Le texte souligne que la résistance à l'amour est vaine et que feindre l'indifférence ne fait que renforcer la puissance de l'amour. Il conseille aux amants de consulter l'amour pour charmer une personne rebelle, car l'amour sait se déguiser pour conquérir les cœurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 679-682
L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
Début :
Prés d'un Temple fameux par son antiquité, [...]
Mots clefs :
Vénus, Amour, Cythère, Temple, Chants, Zéphyrs, Beautés, Maître, Cantate
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
L'AMOUR MUSICIEN ,
CANTAT E.
PRés d'un Temple fameux par son antiquité ,
Où les Mortels qui veulent plaire
A la Déesse de Cythere
Vont offrir leur encens à sa Divinité ,
Est une Forêt solitaire ,
Qu'environne une sombre et sainte obscurité :
C'est là qu'aux bords d'une Fontaine
Dans les bras du sommeil j'oubliois mes soucis
Lorsque Venus avec son fils
Vint par sa présence soudaine
Troubler l'heureux repos que goutoient mes esprits.
C iiij Les
680 MERCURE DE FRANCE
Les Ris , les Jeux suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces climats.
Leur donnoit de nouvelles graces.
Dans ces Bois sombres et charmans
A Venus tout rendoit hommage' ;
Les Oiseaux mêmes du Bocage
A l'envi redoubloient leurs Chants.
Les Jeux , les Ris suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces Climats
Leur donnoit de nouvelles graces.
Je veux me dit alors la Mere des Amours ; >
Que par tes soins mon fils apprene
Cet Art qui d'Arion a conservé les jours ,
Et du Chantre de Thrace a soulagé la peine."
Flatté du choix de Venus ,
Je chantai le combat de Pan et de Phoebus ,
Et Pallas d'Arachné punissant l'arrogance ;
Mais l'Amour dégouté de ces chants ennuyeux
! Chanta d'un ton harmonieux
Les Dieux et les Mortels soumis à fa puiffance.
Fixês
AVRIL:
1731 . 681
Fixés par ces accens ,
Les Zéphirs moins volages
Laifferent
pour un tems
Reposer les feuillages ,
Les hôtes de ces Bois
Devenus moins sauvages
Aux charmes de sa voix
Joignirent leurs ramages ;
Cachés sous les ombrages ,
Les échos d'alentour
Repetent aux Boccages
Les accens de l'amour.
Touché comme eux des chants de l'enfant de
Cypris ,
Je demeurai frappé de toutes ces merveilles ,
Confus , immobile , furpris ,
A peine en crus - je alors mes yeux et mes oreilles,
Et sans me rappeller les airs que je chantois ,
Je devins Ecolier de Maître que j'étois.
Jeunes Beautés , l'Amour est un grand Maître ,
Ce Dieu sçait tout sans avoir rien appris ;
Courez à lui , vous pourrez tout connoître ;
Rien n'eft caché pour un coeur bien épris.
Les autres Dieux ont chacun leur partage ,
Mars eft Guerrier , Phoebus eft Dieu des Vers;
Cv Le
882 MERCURE DE FRANCE.
Le feul Amour par un rare aſſemblage
Unit en lui tous leurs talens divers.
Jeunes Beautez &c.
CANTAT E.
PRés d'un Temple fameux par son antiquité ,
Où les Mortels qui veulent plaire
A la Déesse de Cythere
Vont offrir leur encens à sa Divinité ,
Est une Forêt solitaire ,
Qu'environne une sombre et sainte obscurité :
C'est là qu'aux bords d'une Fontaine
Dans les bras du sommeil j'oubliois mes soucis
Lorsque Venus avec son fils
Vint par sa présence soudaine
Troubler l'heureux repos que goutoient mes esprits.
C iiij Les
680 MERCURE DE FRANCE
Les Ris , les Jeux suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces climats.
Leur donnoit de nouvelles graces.
Dans ces Bois sombres et charmans
A Venus tout rendoit hommage' ;
Les Oiseaux mêmes du Bocage
A l'envi redoubloient leurs Chants.
Les Jeux , les Ris suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces Climats
Leur donnoit de nouvelles graces.
Je veux me dit alors la Mere des Amours ; >
Que par tes soins mon fils apprene
Cet Art qui d'Arion a conservé les jours ,
Et du Chantre de Thrace a soulagé la peine."
Flatté du choix de Venus ,
Je chantai le combat de Pan et de Phoebus ,
Et Pallas d'Arachné punissant l'arrogance ;
Mais l'Amour dégouté de ces chants ennuyeux
! Chanta d'un ton harmonieux
Les Dieux et les Mortels soumis à fa puiffance.
Fixês
AVRIL:
1731 . 681
Fixés par ces accens ,
Les Zéphirs moins volages
Laifferent
pour un tems
Reposer les feuillages ,
Les hôtes de ces Bois
Devenus moins sauvages
Aux charmes de sa voix
Joignirent leurs ramages ;
Cachés sous les ombrages ,
Les échos d'alentour
Repetent aux Boccages
Les accens de l'amour.
Touché comme eux des chants de l'enfant de
Cypris ,
Je demeurai frappé de toutes ces merveilles ,
Confus , immobile , furpris ,
A peine en crus - je alors mes yeux et mes oreilles,
Et sans me rappeller les airs que je chantois ,
Je devins Ecolier de Maître que j'étois.
Jeunes Beautés , l'Amour est un grand Maître ,
Ce Dieu sçait tout sans avoir rien appris ;
Courez à lui , vous pourrez tout connoître ;
Rien n'eft caché pour un coeur bien épris.
Les autres Dieux ont chacun leur partage ,
Mars eft Guerrier , Phoebus eft Dieu des Vers;
Cv Le
882 MERCURE DE FRANCE.
Le feul Amour par un rare aſſemblage
Unit en lui tous leurs talens divers.
Jeunes Beautez &c.
Fermer
Résumé : L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
Le texte 'L'AMOUR MUSICIEN' relate une scène près d'un temple antique dédié à Vénus. Le narrateur, endormi au bord d'une fontaine, est réveillé par la déesse et son fils, l'Amour. La forêt sombre et mystérieuse se transforme en un lieu de célébration à leur arrivée. Les jeux, les rires et les amours suivent leurs pas, et les oiseaux redoublent leurs chants en hommage à Vénus. Vénus demande au narrateur d'enseigner à l'Amour l'art de la musique. Le narrateur chante des récits mythologiques, mais l'Amour préfère chanter les dieux et les mortels soumis à sa puissance. Les zéphyrs, les oiseaux et les échos répètent les chants de l'Amour, touchant profondément le narrateur. Émerveillé, le narrateur devient l'élève de l'Amour, reconnaissant la supériorité de ce dieu qui unit en lui les talents de tous les autres dieux. Le texte se conclut par une invitation aux jeunes beautés à se tourner vers l'Amour pour connaître toutes les merveilles du monde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 989-991
LE JOUR, CANTATE.
Début :
La Fable qui fournit ordinairement les sujets de Cantate, ne fait point [...]
Mots clefs :
Cantate, Éclore, Nature, Déesse, Sagesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE JOUR, CANTATE.
Lies sujets de Cantate , ne fait point
celui de celle cy. Une simple peinture
des situations du Jour naturel dans les
trois aspects , ausquels on peut se réduire ,
étoit d'abord l'objet de l'Auteur. Ce partage
, qui est aussi celui des Cantates , lui
a donné l'idée d'en faire une qui s'est
trouvée achevée au moyen de trois Ariet
tes qu'il y a ajoûtées.
Morte
LE
JOUR ,
CANTATE.
L'AURORE.
Ortels , c'est trop languir dans les bras diz
sommeil ,
Le Jour va commencer d'éclore ,
Venez, sortez , qu'un prompt réveil ,
Dissipant les erreurs qui vous troublent encore ,
Presente à vos regards le pompeux appareil ,
De la naissance de l'Aurore.
Lir. Tendre Philomele , chantez ;
Eveillez toute la Nature.
Vous
90 MERCURE DE FRANCE
Vous , divine Aurore , arrêtez ;
C'est Flore qui vous en conjure.
Mais , hélas ! déja vous partez !
Tendre Amour , avec moi soyez d'intelligence ,
Déesse brillante , arrêtez !
Cephale dans ces lieux s'avance.
Tendre Philomene , chantez , &
LE MIDT.
Le Dieu dont la sagesse , ainsi que la puissance,
Anime et regle l'Univers ,
Phébus est de retour , et du milieu des airs,
Il verse en tous lieux l'abondance.
Que sur le Mont Sacré ses heureux nourrissons ,
Chantent les biens dont ils jouissent
Que les Peuples se réjouissent ,
1 leur a préparé les plus riches moissons.
Venez , Bacchus , avec Pomone ,
Embellir les Jeux des Mortels !
Celebrez le Fils de Latone ,
C'est le soutien de vos Autels.
Et toi , vole Amour dans nos Fêtes ,
Apollon même fait tes Loix ;
Son exemple dans nos Bois
Favo
AVRIL. 1731. 991
Favorise tes conquêtes.
Venez , Bacchus , avec Pomone , &ç
LE SOIR.
L'Astre qui nous éclaire a dans le sein de l'Onde
Eteint la moitié de ses feux.
Déja la nuit traînant ses voiles ténebreux ,
Partage l'Empire du Monde ;
Et bien-tôt des Oiseaux la troupe vagabonde ;
Va finir ses chants amoureux.
C'est dans ces doux instans , dans ces momen
paisibles ,
Que vous goutez le fruit de vos travaux pénibles,
Bergers heureux , rentrez , et que dans vos Ha
meaux .
La fin du jour s'annonce au son des Chalumeaux }
Air.
Hesperus brille , et dans la Plaine
Les dociles Agneaux ,
Descendus des Côteaux ,
Suivent le Pasteur qui les mene
Heureux s'il les a sauvez tous
De la dent cruelle des Loups !
Mais plus heureux encore
Si celle qu'il adore ,
Le récompense à son retour ,
De ses soins et de son amour !
celui de celle cy. Une simple peinture
des situations du Jour naturel dans les
trois aspects , ausquels on peut se réduire ,
étoit d'abord l'objet de l'Auteur. Ce partage
, qui est aussi celui des Cantates , lui
a donné l'idée d'en faire une qui s'est
trouvée achevée au moyen de trois Ariet
tes qu'il y a ajoûtées.
Morte
LE
JOUR ,
CANTATE.
L'AURORE.
Ortels , c'est trop languir dans les bras diz
sommeil ,
Le Jour va commencer d'éclore ,
Venez, sortez , qu'un prompt réveil ,
Dissipant les erreurs qui vous troublent encore ,
Presente à vos regards le pompeux appareil ,
De la naissance de l'Aurore.
Lir. Tendre Philomele , chantez ;
Eveillez toute la Nature.
Vous
90 MERCURE DE FRANCE
Vous , divine Aurore , arrêtez ;
C'est Flore qui vous en conjure.
Mais , hélas ! déja vous partez !
Tendre Amour , avec moi soyez d'intelligence ,
Déesse brillante , arrêtez !
Cephale dans ces lieux s'avance.
Tendre Philomene , chantez , &
LE MIDT.
Le Dieu dont la sagesse , ainsi que la puissance,
Anime et regle l'Univers ,
Phébus est de retour , et du milieu des airs,
Il verse en tous lieux l'abondance.
Que sur le Mont Sacré ses heureux nourrissons ,
Chantent les biens dont ils jouissent
Que les Peuples se réjouissent ,
1 leur a préparé les plus riches moissons.
Venez , Bacchus , avec Pomone ,
Embellir les Jeux des Mortels !
Celebrez le Fils de Latone ,
C'est le soutien de vos Autels.
Et toi , vole Amour dans nos Fêtes ,
Apollon même fait tes Loix ;
Son exemple dans nos Bois
Favo
AVRIL. 1731. 991
Favorise tes conquêtes.
Venez , Bacchus , avec Pomone , &ç
LE SOIR.
L'Astre qui nous éclaire a dans le sein de l'Onde
Eteint la moitié de ses feux.
Déja la nuit traînant ses voiles ténebreux ,
Partage l'Empire du Monde ;
Et bien-tôt des Oiseaux la troupe vagabonde ;
Va finir ses chants amoureux.
C'est dans ces doux instans , dans ces momen
paisibles ,
Que vous goutez le fruit de vos travaux pénibles,
Bergers heureux , rentrez , et que dans vos Ha
meaux .
La fin du jour s'annonce au son des Chalumeaux }
Air.
Hesperus brille , et dans la Plaine
Les dociles Agneaux ,
Descendus des Côteaux ,
Suivent le Pasteur qui les mene
Heureux s'il les a sauvez tous
De la dent cruelle des Loups !
Mais plus heureux encore
Si celle qu'il adore ,
Le récompense à son retour ,
De ses soins et de son amour !
Fermer
Résumé : LE JOUR, CANTATE.
Le texte décrit une cantate structurée en trois arietts, chacune représentant un moment de la journée. La première ariet, 'L'Aurore', invite à se réveiller pour accueillir l'Aurore. Philomèle est appelée à chanter pour éveiller la nature, tandis que Flore tente de retenir l'Aurore sans succès. Amour et Philomèle sont également sollicités pour chanter. La deuxième ariet, 'Le Midi', célèbre le retour du soleil, Phébus, qui apporte abondance et richesse. Les peuples sont invités à se réjouir des moissons et des biens dont ils jouissent. Bacchus et Pomone sont appelés à embellir les jeux des mortels, et Apollon est reconnu comme le soutien des autels. La troisième ariet, 'Le Soir', décrit le coucher du soleil et l'arrivée de la nuit. Les bergers sont invités à rentrer chez eux et à savourer le fruit de leurs travaux. Hesperus brille, et les agneaux suivent le pasteur. Le pasteur est heureux s'il a sauvé tous ses agneaux des loups, mais encore plus heureux s'il est récompensé par l'amour de celle qu'il adore.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 1071-1073
VULCAIN VANGÉ. CANTATE.
Début :
Au Dieu qui forge le Tonnere [...]
Mots clefs :
Cantate, Hymen, Olympe , Amour, Coeurs, Imprudence , Vulcain, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VULCAIN VANGÉ. CANTATE.
VULCAIN VANGE.
Αν
CANTATE.
U Dieu qui forge le Tonnere
L'Hymen avoit uni la Déesse Cypris ,
Et Vulcain de l'Olympe éxilé sur la Terre
Esperoit dans ses bras oublier ses soucis ;
Mais l'Amour indigné que l'hymen témeraire
Sans consulter son choix eût formé ces liens ,
S'abandonne aux transports d'une juste colere ,
t frappe de ces cris les bois Idaliens . E
Si désormais , usurpant ma puissance
Le seul hymen enchaîne tous les coeurs ;
Où sont mes droits ? qui de mes traits vain
queurs
Voudra sentir la douce violence
Ainsi qu'aux Dieux , inutile aux Mortels
Je chérirois une lâche indolence !
Non; par
Rétablissons
l'honneur
de nos Autels...
Si désormais
, usurpant
ma puissance.
Le seulhymen enchaîne
tous les Cours ;,
l'éclat d'une illustre vangeance
D V Oth
1072 MERCURE DE FRANCE
Où sont mes droits ? qui de mes traits vainqueurs
Voudra sentir la douce violence ?
Il exale en ces mots la douleur qui le presse ,
Et de son Isle abandonnant les bords.
Il vole vers les lieux où l'aimable Déesse
De son nouvel époux secondoit les transports.
Mais pour le frere de Bellone
Bientôt la fille de Dione
Brûle par les soins de l'Amour ,
Et Mars qui ne se plaît qu'au milieu des allarmes,
Oubliant sa fureur dans ses yeux pleins de char- mes
>
L'assure d'un tendre retour..
'Alors l'Amour vangé comtemplant son ouvrage
Au Dieu de l'hymenée adresse ce langage.
Que cet exemple t'apprenne
Qu'aux coeurs rangés sous tes Loix
Hymen , ta faveur est vaine
Si je n'approuve leur choix.
De ta coupable imprudence
Vois les funestes effets ;
Vois échouer ta puissance
Contre
MAY. 1731 1073 .
Contre l'effort de mes traits.
Que cet exemple t'apprenne
Qu'aux coeurs rangés sous tes Loix,
Hymen , ta faveur est vaine
Si je n'approuve leur choix.
Tandis que l'Enfant de Cythere
De l'hymen impuissant irritoit les douleurs ,
Vulcain entre sans bruit dans le bois solitaire ,
Où Venus au Dieu Mars prodiguoit ses faveurs
Que ne peut inspirer la noire jalousie !
Pour vanger cet affront employant l'industrie
Vulcain dans ses filets tendus de toutes parts
Enveloppe à la fois l'Amour , Venus , et Mars.
Que la paix de retour
Régne enfin sur la terre.
Pour enchaîner l'Amour
Vulcain cesse en ce jour
L'Ouvrage du Tonnerre ,
Et le Dieu de la Guerre
Est Captif à son tour,
Que la paix de retour
Régne enfin sur la Terre
Αν
CANTATE.
U Dieu qui forge le Tonnere
L'Hymen avoit uni la Déesse Cypris ,
Et Vulcain de l'Olympe éxilé sur la Terre
Esperoit dans ses bras oublier ses soucis ;
Mais l'Amour indigné que l'hymen témeraire
Sans consulter son choix eût formé ces liens ,
S'abandonne aux transports d'une juste colere ,
t frappe de ces cris les bois Idaliens . E
Si désormais , usurpant ma puissance
Le seul hymen enchaîne tous les coeurs ;
Où sont mes droits ? qui de mes traits vain
queurs
Voudra sentir la douce violence
Ainsi qu'aux Dieux , inutile aux Mortels
Je chérirois une lâche indolence !
Non; par
Rétablissons
l'honneur
de nos Autels...
Si désormais
, usurpant
ma puissance.
Le seulhymen enchaîne
tous les Cours ;,
l'éclat d'une illustre vangeance
D V Oth
1072 MERCURE DE FRANCE
Où sont mes droits ? qui de mes traits vainqueurs
Voudra sentir la douce violence ?
Il exale en ces mots la douleur qui le presse ,
Et de son Isle abandonnant les bords.
Il vole vers les lieux où l'aimable Déesse
De son nouvel époux secondoit les transports.
Mais pour le frere de Bellone
Bientôt la fille de Dione
Brûle par les soins de l'Amour ,
Et Mars qui ne se plaît qu'au milieu des allarmes,
Oubliant sa fureur dans ses yeux pleins de char- mes
>
L'assure d'un tendre retour..
'Alors l'Amour vangé comtemplant son ouvrage
Au Dieu de l'hymenée adresse ce langage.
Que cet exemple t'apprenne
Qu'aux coeurs rangés sous tes Loix
Hymen , ta faveur est vaine
Si je n'approuve leur choix.
De ta coupable imprudence
Vois les funestes effets ;
Vois échouer ta puissance
Contre
MAY. 1731 1073 .
Contre l'effort de mes traits.
Que cet exemple t'apprenne
Qu'aux coeurs rangés sous tes Loix,
Hymen , ta faveur est vaine
Si je n'approuve leur choix.
Tandis que l'Enfant de Cythere
De l'hymen impuissant irritoit les douleurs ,
Vulcain entre sans bruit dans le bois solitaire ,
Où Venus au Dieu Mars prodiguoit ses faveurs
Que ne peut inspirer la noire jalousie !
Pour vanger cet affront employant l'industrie
Vulcain dans ses filets tendus de toutes parts
Enveloppe à la fois l'Amour , Venus , et Mars.
Que la paix de retour
Régne enfin sur la terre.
Pour enchaîner l'Amour
Vulcain cesse en ce jour
L'Ouvrage du Tonnerre ,
Et le Dieu de la Guerre
Est Captif à son tour,
Que la paix de retour
Régne enfin sur la Terre
Fermer
Résumé : VULCAIN VANGÉ. CANTATE.
Le texte raconte une histoire mythologique impliquant Vulcain, l'Amour et l'Hymen. Vulcain, exilé sur Terre après son union avec la déesse Cypris (Vénus), est tourmenté par l'Amour, qui s'indigne de ce mariage non consenti. L'Amour décide de rétablir l'honneur de ses autels en se rendant auprès de Vénus et de Mars, devenus amants. Mars, dieu de la guerre, oublie sa fureur en contemplant Vénus. L'Amour, vengé, informe l'Hymen que sa faveur est vaine sans son approbation. Parallèlement, Vulcain, jaloux, tend un piège à Vénus et Mars dans un bois solitaire et les capture avec l'Amour dans ses filets. Pour se venger, Vulcain utilise son habileté. Finalement, Vulcain cesse de forger le tonnerre, et Mars est captif. La paix revient sur Terre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 1650-1653
LES CHARMES DU SOMMEIL, CANTATE.
Début :
Cessez, aimables jeux, cessez, charmants plaisirs, [...]
Mots clefs :
Aimable, Bonheur, Sommeil, Repos, Triomphe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES CHARMES DU SOMMEIL, CANTATE.
LES CHARMES DU SOMMEIL ,
CANTAT E.
Essez, aimables jeux , cessez ,charmants plaisirs
,
De vouloir dissiper l'ennui qui me dévore :
Vos soins flatteurs irritent mes soupirs,
Le sort m'a separé de l'objet que j'adore ,
Vos appas ne sçauroient exciter mes desirs :
C'est bien assés que je respire encore.
1
Toi qui sçais , par un songe aimable ,
Du sort adoucir la rigueur >
Et par une erreur agréable ,
Donner l'image du bonheur ,
Sommeil , fais à mon triste coeur
Goûter ce repos désirable.
1
Pour réparer les maux affreux
Dont toujours m'accable l'absence ;
Fais-moi jouir de la présence
De l'Objet de mes tendres voeux :
Viens m'assurer que sa constance
Egale celle de mes feux !
Toi
JUILLET.
1731. 1651
Toi qui sçais , par un songe aimable &c.
Tu m'entens ? tes Pavots se glissent dans mes
veines !
Eh quoy ? j'oublie en cet instant mes
peines !
Quel bonheur imprevu vient calmer mes tourmens
?
Où suis- je ? à mes regards Delphire se présente
Qu'elle a d'attraits , de graces , d'agré
ments ? 靠
Venus sortant des Eaux n'étoit pas si brillante
A tant de charmes ravissants
Si jusqu'ici mon coeur avoit été rebelle
Ah ! qu'il lui seroit doux , en cet heureux moment
,
De voler au devant d'une chaîne si belle
Sur ses pas , les fleurs et les fruits
S'empressent , à l'envi , d'éclore
De même qu'à l'aspect de Flore ,
Ou de Pomone , ils sont produits .
Les graces , les ris , la jeunesse ,
Qui la prennent pour leur Déesse ;
Par leurs danses , et par leurs jeux ,
Célebrent son retour heureux ,
Sur ces pas , les fleurs et les fruits &c .
Bij Elle
1652 MERCURE DE FRANCE
Elle approche , Bergers, du son de vos Musettes,
Ne faites plus retentir ces retraittes ;
Rossignols , cessez vôtre chant ;
Ruisseaux , murmurés doucement ;
Zephirs , n'agitez plus les fleurs de ces prairies !
Que tout respecte mon sommeil :
Qu'on ne m'enleve point , par un triste reveil ,'
Les douceurs infinies ,
Que me procure un précieux moment.
Helas ! mon aimable Sylvandre
Me dit-elle , sur moi , jettant un regard tendre ;
souffres pas seul un rigoureux tourment :
Depuis que le Destin barbare
Tu ne
Si cruellement nous sépare
Mes yeux n'ont pas cessé de répandre des pleurs
Loin d'apprendre tes maux avec indifference ,
Ton prompt retour et ta présence
Pourront seuls finir mes douleurs.
Triomphe, ta gloire est extrême:
Sommeil , que tes plaisirs sont doux?
L'amour doit en être jaloux ,
Il n'est pas plus charmant lui-même ;
Si tes biens durent peu d'instants,
S'ils ne sont qu'un flatteur mensonge;
Ceux d'amour passent comme un songe,
Et ne durent pas plus longtems.
TriomJUILLET.
1853
1731 .
Triomphe , ta gloire est extrême,
Lors même que ses injustices
Nous accablent de maux affreux ;
Malgré lui , malgré ses caprices ,
Tu peux encore nous rendre heureux,
Triomphe, ta gloire est extrême &c,
Par M. de Morand : mise en Musique
par M. la Combe Desroziers , Maître de
Musique de l'Académie d'Arles .
CANTAT E.
Essez, aimables jeux , cessez ,charmants plaisirs
,
De vouloir dissiper l'ennui qui me dévore :
Vos soins flatteurs irritent mes soupirs,
Le sort m'a separé de l'objet que j'adore ,
Vos appas ne sçauroient exciter mes desirs :
C'est bien assés que je respire encore.
1
Toi qui sçais , par un songe aimable ,
Du sort adoucir la rigueur >
Et par une erreur agréable ,
Donner l'image du bonheur ,
Sommeil , fais à mon triste coeur
Goûter ce repos désirable.
1
Pour réparer les maux affreux
Dont toujours m'accable l'absence ;
Fais-moi jouir de la présence
De l'Objet de mes tendres voeux :
Viens m'assurer que sa constance
Egale celle de mes feux !
Toi
JUILLET.
1731. 1651
Toi qui sçais , par un songe aimable &c.
Tu m'entens ? tes Pavots se glissent dans mes
veines !
Eh quoy ? j'oublie en cet instant mes
peines !
Quel bonheur imprevu vient calmer mes tourmens
?
Où suis- je ? à mes regards Delphire se présente
Qu'elle a d'attraits , de graces , d'agré
ments ? 靠
Venus sortant des Eaux n'étoit pas si brillante
A tant de charmes ravissants
Si jusqu'ici mon coeur avoit été rebelle
Ah ! qu'il lui seroit doux , en cet heureux moment
,
De voler au devant d'une chaîne si belle
Sur ses pas , les fleurs et les fruits
S'empressent , à l'envi , d'éclore
De même qu'à l'aspect de Flore ,
Ou de Pomone , ils sont produits .
Les graces , les ris , la jeunesse ,
Qui la prennent pour leur Déesse ;
Par leurs danses , et par leurs jeux ,
Célebrent son retour heureux ,
Sur ces pas , les fleurs et les fruits &c .
Bij Elle
1652 MERCURE DE FRANCE
Elle approche , Bergers, du son de vos Musettes,
Ne faites plus retentir ces retraittes ;
Rossignols , cessez vôtre chant ;
Ruisseaux , murmurés doucement ;
Zephirs , n'agitez plus les fleurs de ces prairies !
Que tout respecte mon sommeil :
Qu'on ne m'enleve point , par un triste reveil ,'
Les douceurs infinies ,
Que me procure un précieux moment.
Helas ! mon aimable Sylvandre
Me dit-elle , sur moi , jettant un regard tendre ;
souffres pas seul un rigoureux tourment :
Depuis que le Destin barbare
Tu ne
Si cruellement nous sépare
Mes yeux n'ont pas cessé de répandre des pleurs
Loin d'apprendre tes maux avec indifference ,
Ton prompt retour et ta présence
Pourront seuls finir mes douleurs.
Triomphe, ta gloire est extrême:
Sommeil , que tes plaisirs sont doux?
L'amour doit en être jaloux ,
Il n'est pas plus charmant lui-même ;
Si tes biens durent peu d'instants,
S'ils ne sont qu'un flatteur mensonge;
Ceux d'amour passent comme un songe,
Et ne durent pas plus longtems.
TriomJUILLET.
1853
1731 .
Triomphe , ta gloire est extrême,
Lors même que ses injustices
Nous accablent de maux affreux ;
Malgré lui , malgré ses caprices ,
Tu peux encore nous rendre heureux,
Triomphe, ta gloire est extrême &c,
Par M. de Morand : mise en Musique
par M. la Combe Desroziers , Maître de
Musique de l'Académie d'Arles .
Fermer
Résumé : LES CHARMES DU SOMMEIL, CANTATE.
Le texte 'Les Charmes du Sommeil' est une œuvre poétique exprimant le désir de l'auteur de trouver du repos et du réconfort dans le sommeil. L'auteur rejette les plaisirs et les jeux, car il est séparé de l'être aimé. Il invoque le sommeil pour adoucir sa souffrance et lui offrir un songe agréable où il pourrait jouir de la présence de Delphire, l'être aimé. Dans ce songe, Delphire apparaît resplendissante de charmes et de grâce. L'auteur imagine un monde où les fleurs et les fruits s'épanouissent à son approche, célébrant son retour. Delphire exprime son tourment et son désir de revoir l'auteur, affirmant que seul son retour pourra finir ses douleurs. Le texte oppose les plaisirs éphémères du sommeil à ceux de l'amour, soulignant que les biens du sommeil, bien que doux, ne durent qu'un instant. Cependant, le sommeil est présenté comme une source de triomphe et de bonheur, capable de rendre heureux malgré les injustices et les caprices de l'amour. L'œuvre est mise en musique par M. la Combe Desroziers, Maître de Musique de l'Académie d'Arles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 1870-1873
L'AMANT FUGITIF, CANTATE.
Début :
L'Amour joignoit Medor à l'aimable Amarille ; [...]
Mots clefs :
Amour, Amant fugitif, Jaloux, Tendresse, Navire, Foudre, Monstres maritimes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMANT FUGITIF, CANTATE.
L'AMANT FUGITIF
CANTAT E.
L'Amour joignoitMedor à l'aimableAmarille j
Jaloux de leur état tranquille ,
Le rigoureux Destin les voulut séparer ,
L'Amant surpris à sa sombre tristesse ,
Redoutant d'affliger l'objet de sa tendresse ,
Lui cache sa douleur et tâche à l'éviter ,
In differens desseins il se laisse égarer ,
Dans le trouble affreux qui l'agite
Un Navire s'offre à sa fuite.
Aprenez, sensible coeur,
Que si l'Amour vous anime ,
Toute l'Onde Maritime ,
· N'éteindra point votre ardeur¿
Em
A O UST. 1731 . 1871
d'Alcide ,
En vain sur les pas
Jusques au Rivage humide ,
Vous traversez les deux Mers §
C'est traîner par tout les fers ,
Du Dieu malin qui vous guide ,
Et l'apprendre à l'Univers.
r
Quel bruit inopiné nous annonce l'orage
Dieux ! que vois- je ? l'humide plage
Flance en bouillonnant ses flots tumultueux ;
Le bruyant Aquilon , frissonne dans nos voiles
L'air d'une fausse nuit ne cache les Etoilles ,
Que pour nous éblouir par de sinistres feux ;
Le Tonnerre en grondant fend le cercle des Cieus
La Foudre va bien- tôt éclater sur nos têtes , os
Medor que ses malheurs ont rendu furieux ,
Invoque par ces mots de nouvelles tempêtes -
Superbe Eleinent ,
Ouvre tes abîmes ,
Monstres Maritimes ;
Sortez promtement ,
Vagues mutinées ,
Cachez-nous les Airs ,
Et dans les Nuées ,
Joignez les Eclairs
La seule Amarille »
Bvj Pout
1872 MERCURE DE FRANCE
Peut troubler mon coeur ,
Votre Onde en fureur
Me laisse tranquille..
>
Le Dieu dont l'Ocean fait respecter la Loy
Sort à ces mots du sein des Ondes ,
D'un souffle il fait rentrer dans leurs prisons
profondes ,
Les vents qui causoient notre effroy ;
La nuit n'ose laisser tomber d'épaisses voiles ,
Sur la Voute Atherée où brillent les Etoilles ,
Favorables aux Matelots ;
Le terrible Trident calme l'humide Plaine
Je vois sillonner l'Onde au gré de la Baleine ,
Le nid de l'Alcion est porté sur les flots.
De l'un à l'autre Hemisphere ,
L'on peut braver le danger,
Mais vers l'lfle de Cythere ,
Redoutons de voyager.
Une Planette chérie
Du Nocher épouvanté
Souvent calme la furie
De l'Ocean irrité.
Mais dans l'amoureux voyage ;
A O UST. 17310 1873
Si le coeur est agité ,
Il est rare que l'orage .
Cede à la tranquillité.
L. C. D. N. D. M
CANTAT E.
L'Amour joignoitMedor à l'aimableAmarille j
Jaloux de leur état tranquille ,
Le rigoureux Destin les voulut séparer ,
L'Amant surpris à sa sombre tristesse ,
Redoutant d'affliger l'objet de sa tendresse ,
Lui cache sa douleur et tâche à l'éviter ,
In differens desseins il se laisse égarer ,
Dans le trouble affreux qui l'agite
Un Navire s'offre à sa fuite.
Aprenez, sensible coeur,
Que si l'Amour vous anime ,
Toute l'Onde Maritime ,
· N'éteindra point votre ardeur¿
Em
A O UST. 1731 . 1871
d'Alcide ,
En vain sur les pas
Jusques au Rivage humide ,
Vous traversez les deux Mers §
C'est traîner par tout les fers ,
Du Dieu malin qui vous guide ,
Et l'apprendre à l'Univers.
r
Quel bruit inopiné nous annonce l'orage
Dieux ! que vois- je ? l'humide plage
Flance en bouillonnant ses flots tumultueux ;
Le bruyant Aquilon , frissonne dans nos voiles
L'air d'une fausse nuit ne cache les Etoilles ,
Que pour nous éblouir par de sinistres feux ;
Le Tonnerre en grondant fend le cercle des Cieus
La Foudre va bien- tôt éclater sur nos têtes , os
Medor que ses malheurs ont rendu furieux ,
Invoque par ces mots de nouvelles tempêtes -
Superbe Eleinent ,
Ouvre tes abîmes ,
Monstres Maritimes ;
Sortez promtement ,
Vagues mutinées ,
Cachez-nous les Airs ,
Et dans les Nuées ,
Joignez les Eclairs
La seule Amarille »
Bvj Pout
1872 MERCURE DE FRANCE
Peut troubler mon coeur ,
Votre Onde en fureur
Me laisse tranquille..
>
Le Dieu dont l'Ocean fait respecter la Loy
Sort à ces mots du sein des Ondes ,
D'un souffle il fait rentrer dans leurs prisons
profondes ,
Les vents qui causoient notre effroy ;
La nuit n'ose laisser tomber d'épaisses voiles ,
Sur la Voute Atherée où brillent les Etoilles ,
Favorables aux Matelots ;
Le terrible Trident calme l'humide Plaine
Je vois sillonner l'Onde au gré de la Baleine ,
Le nid de l'Alcion est porté sur les flots.
De l'un à l'autre Hemisphere ,
L'on peut braver le danger,
Mais vers l'lfle de Cythere ,
Redoutons de voyager.
Une Planette chérie
Du Nocher épouvanté
Souvent calme la furie
De l'Ocean irrité.
Mais dans l'amoureux voyage ;
A O UST. 17310 1873
Si le coeur est agité ,
Il est rare que l'orage .
Cede à la tranquillité.
L. C. D. N. D. M
Fermer
Résumé : L'AMANT FUGITIF, CANTATE.
'L'Amant Fugitif' narre l'histoire de Medor et Amarille, deux amants séparés par le destin. Medor, jaloux de leur bonheur, cache sa tristesse à Amarille et décide de fuir en mer, espérant que la distance éteindra son amour. Cependant, il découvre que l'amour persiste malgré les obstacles. Durant sa fuite, Medor affronte une tempête en mer et invoque de nouvelles tempêtes pour apaiser son cœur tourmenté. Le dieu de l'océan apparaît alors et calme la tempête, soulignant la puissance de l'amour. Le texte met en garde contre les dangers de voyager vers l'île de Cythère, associée à l'amour, et souligne la difficulté d'apaiser les tempêtes intérieures liées à l'amour agité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 1916-1919
LA JEUNESSE. CANTATE.
Début :
Dans un songe flateur une jeune Déesse, [...]
Mots clefs :
Jeunesse, Cantate, Déesse, Amours, Cœurs rebelles, Alarmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA JEUNESSE. CANTATE.
LA JEUNESSE.
CANT AT E.
Dans un songe flateur une jeune Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plus doux attraits ;
A son air vif , brillant et frais ,
Je reconnois bien- tôt l'agreable Jeunesse.
Autourd'Hebé voloient mille petits Amours
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le Tems sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et l'aimable Printems , soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toujours nouvelles.
Choisis , medit Hebé , d'un air doux , gracieux ,
Tandis que des beaux jours pour toi j'ourdis la
trame ,
De
A O UST . 1917 1731
De mes dons précieux ;
Celui qui maintenant flate le plus ton ame
Aimable fille de Junon ,
Sans qui jamais l'on ne peut plaire ,
Commande aux Enfans de Cithere ,
De triompher de ma raison.
Que les plaisirs suivis des charmes
Que tu dispenses aux Amours ,
Fassent sans trouble , sans allarmes ,,
Couler les plus beaux de mes jours,-
Aimable fille de Junon , &c.
Mais des Nymphes d'Hebé qu'elle troupe brill
lante ,
Se présente à mes yeux , me ravit et m'enchanse
Dans mon coeur agité , grands Dieux , quels
mouvemens !
Dans quel transport , dans quel delire ,
Tombai-je en ces heureux momens
Mon ame à peine peut suffire ,
Au doux plaisir que je ressens.
Mais , Hebé, quelle indifference
Succede à mes brulans desirs à
Le moment de la jouissance
Est-il le terme des plaisirse
Je
1918 MERCURE DE FRANCE
Je t'entens , dit Hebé ; dans la Forêt prochaine ,
Regarde ces Chasseurs que
Diane
ramene
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf, à le mettre aux abois,
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent..
Ranime le zele ,
Tandis que le Cerfà ce bruit,
Tremble , s'épouvante , s'enfuit ;
Le Sanglier craint la lumiere ,
Dans les bois il cherche un réduit
Et dans sa Taniere
Le Lion frémir.
.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde
Et la nuit ramenant le repos dans le monde
Vient terminer trop-tôt d'agreables travaux .
Vien , Bacchus , vien par ta présence ,
Ecarter loin de moi les ennuyeux Pavots ,
Serait- ce profiter du temps qu'Hebé dispense
Que le passer dans le repos, 2
C'est par tou , Dieu de l'alegresse ,
Que l'Amour même est désarmé
Et
AOUST.
17318 1919
Er que mon coeur n'est enflammé ,
Que des feux d'une douce yvresse
Beuvons , amis , et que la joye ,
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que le noir chagrin se noye
Dans les torrens de ce bon vine
Je sens mille vapeurs legeres ...
Je vois les Faunes assemblées . . .-
A mes regards déja troublez ,,
Bacchus dévoile ses Mysteres.
Ce fut ainsi qu'Hebé dans une illusion ,
De mes jeunes ardeurs me retraça l'image ;
Je crus en m'éveillant être encor au bel âge
Helas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
Mortel , qui commencez à peine votre cours
D'un utile conseil je vous dois le secours ;
Ma jeunesse trop vive a passé comme un songs ;
Hebé qui vous promet un siecle de beauxjours s
Ne vous berge que d'un mensonge..
Cavalies , Avocat à Montpellier.
CANT AT E.
Dans un songe flateur une jeune Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plus doux attraits ;
A son air vif , brillant et frais ,
Je reconnois bien- tôt l'agreable Jeunesse.
Autourd'Hebé voloient mille petits Amours
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le Tems sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et l'aimable Printems , soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toujours nouvelles.
Choisis , medit Hebé , d'un air doux , gracieux ,
Tandis que des beaux jours pour toi j'ourdis la
trame ,
De
A O UST . 1917 1731
De mes dons précieux ;
Celui qui maintenant flate le plus ton ame
Aimable fille de Junon ,
Sans qui jamais l'on ne peut plaire ,
Commande aux Enfans de Cithere ,
De triompher de ma raison.
Que les plaisirs suivis des charmes
Que tu dispenses aux Amours ,
Fassent sans trouble , sans allarmes ,,
Couler les plus beaux de mes jours,-
Aimable fille de Junon , &c.
Mais des Nymphes d'Hebé qu'elle troupe brill
lante ,
Se présente à mes yeux , me ravit et m'enchanse
Dans mon coeur agité , grands Dieux , quels
mouvemens !
Dans quel transport , dans quel delire ,
Tombai-je en ces heureux momens
Mon ame à peine peut suffire ,
Au doux plaisir que je ressens.
Mais , Hebé, quelle indifference
Succede à mes brulans desirs à
Le moment de la jouissance
Est-il le terme des plaisirse
Je
1918 MERCURE DE FRANCE
Je t'entens , dit Hebé ; dans la Forêt prochaine ,
Regarde ces Chasseurs que
Diane
ramene
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf, à le mettre aux abois,
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent..
Ranime le zele ,
Tandis que le Cerfà ce bruit,
Tremble , s'épouvante , s'enfuit ;
Le Sanglier craint la lumiere ,
Dans les bois il cherche un réduit
Et dans sa Taniere
Le Lion frémir.
.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde
Et la nuit ramenant le repos dans le monde
Vient terminer trop-tôt d'agreables travaux .
Vien , Bacchus , vien par ta présence ,
Ecarter loin de moi les ennuyeux Pavots ,
Serait- ce profiter du temps qu'Hebé dispense
Que le passer dans le repos, 2
C'est par tou , Dieu de l'alegresse ,
Que l'Amour même est désarmé
Et
AOUST.
17318 1919
Er que mon coeur n'est enflammé ,
Que des feux d'une douce yvresse
Beuvons , amis , et que la joye ,
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que le noir chagrin se noye
Dans les torrens de ce bon vine
Je sens mille vapeurs legeres ...
Je vois les Faunes assemblées . . .-
A mes regards déja troublez ,,
Bacchus dévoile ses Mysteres.
Ce fut ainsi qu'Hebé dans une illusion ,
De mes jeunes ardeurs me retraça l'image ;
Je crus en m'éveillant être encor au bel âge
Helas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
Mortel , qui commencez à peine votre cours
D'un utile conseil je vous dois le secours ;
Ma jeunesse trop vive a passé comme un songs ;
Hebé qui vous promet un siecle de beauxjours s
Ne vous berge que d'un mensonge..
Cavalies , Avocat à Montpellier.
Fermer
Résumé : LA JEUNESSE. CANTATE.
Dans un rêve, le narrateur est séduit par la déesse Jeunesse (Hébé), accompagnée de petits Amours, du Temps et du Printemps. Hébé offre ses dons précieux et commande aux enfants de Cythère de triompher de la raison du narrateur. Après un moment de plaisir intense, une indifférence succède à ses désirs ardents. Hébé conseille alors au narrateur de chasser avec Diane pour ranimer son zèle. À la tombée de la nuit, Bacchus est invoqué pour écarter l'ennui et permettre de profiter des plaisirs de la vie. À son réveil, le narrateur réalise que la déesse a disparu et met en garde les jeunes gens sur la fugacité de la jeunesse, comparée à un songe éphémère.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 2083-2085
LE TRIOMPHE D' AMPHITRITE, CANTATE.
Mots clefs :
Hymen, Regard languissant, Soupir doux, Vainqueurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TRIOMPHE D' AMPHITRITE, CANTATE.
LE
TRIOMPHE
D' AMPHITRITE ,
CANTATE.
Depuis le jour qu'aux yeux d'une brillant
Cour ,
Venus parut et si fiere et si belle ,
Lorsque l'Hymen de concert avec ellt ,
La menoit à Cythere établir son séjour ,
Amphitrite rêveuse , inquiéte et jalouse ,
Des honneurs qu'on rendoit à la nouvelle épouse,
Pressoit le Dieu des Eaux de vouloir à son tour ,
Attacher à son Char l'Hymenée et l'Amour ;
Un regard languissant, un soupir doux et tendre
Qui s'échappoit à tout moment ,
De ses souhaits instruisoit son Amant ,
Et Neptune amoureux , ne pouvant se deffendrej
Contre un si juste empressement,
Ne différa plus de s'y rendre.
Que ne peuvent point sur nos coeurs ,
Les appas riants et flatteurs ,
D'une Nymphe jeune et charmante ?
Ce sont de trop puissans vainqueurs ,
Tout nous séduit , tout nous enchante.
B. vj Hymen
2084 MERCURE DE FRANCE
Hymen , que ton joug est charmant ,
Quand c'est la Maîtresse et l'Amant
Qui s'y sont engagez sans peine ;
Mais il n'est heureux qu'un moment ;
Si l'Amour n'en serre la chaîne .
Que ne peuvent point , &c .
'Amphitrite paroît sur la face des Eaux ,
Là, brille de son Char , la pompe triomphale ;
1
Les Nymphes quittent leurs Roseaux ,
Pour venir de Venus honorer la Rivale ;
Les Tritons , tous les Dieux des Mèrs ,
S'assemblent pour la voir des bouts de l'Univers;
Eblouis , charmez de sa gloire.
Leurs cris de joye éclattent jusqu'aux Cieux,
Tous à l'envi celebrent sa victoire ,
Par ce Concert mélodieux.
Triomphez , aimable Déesse ;
Joüissez des plus grands bienfaits,
Qu'a mérité votre tendresse ,
Et qui sont dus à vos attraits.
De l'Element le plus terrible ;
Les Jeux , les Ris et les Amours >
Ont fait un séjour si paisible ,
Que le calme y regne toûjours.
Triomphez , aimable Déesse , &c.
Cc's
SEPTEMBRE. 1731. 2005
Ces transports , ces chants d'allegresse ,
Qu'on entend redoubler sans cesse
Ce triomphe éclatant , ce superbe appareil ,.
Troublent l'Aurore à son réveil ,-
SEt
les brulants coursiers du Dieu de la lumiere:
Sortant de l'humide Element ,
Apeine ouvrent-ils leur paupiere ;
Qu'ils sont saisis d'étonnement.
Les Aquilons retiennent leur haleine
Ravis de cet enchantement ;
1 disparut , helas ! et la liquide Plaine ,
Ne redonna jamais ce spectable charmant.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire ;
Eût-il mille fois plus d'appas ;
Confus , il s'envole à Cythere ,,
L'Amour ne se commande pas
Les plaisirs d'une amour nouvelle
Sont des plaisirs plus ravissants ,
Chaque Printemps les renouvelle ,
Ceux de l'Hymen sont languissants.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire , &Co
TRIOMPHE
D' AMPHITRITE ,
CANTATE.
Depuis le jour qu'aux yeux d'une brillant
Cour ,
Venus parut et si fiere et si belle ,
Lorsque l'Hymen de concert avec ellt ,
La menoit à Cythere établir son séjour ,
Amphitrite rêveuse , inquiéte et jalouse ,
Des honneurs qu'on rendoit à la nouvelle épouse,
Pressoit le Dieu des Eaux de vouloir à son tour ,
Attacher à son Char l'Hymenée et l'Amour ;
Un regard languissant, un soupir doux et tendre
Qui s'échappoit à tout moment ,
De ses souhaits instruisoit son Amant ,
Et Neptune amoureux , ne pouvant se deffendrej
Contre un si juste empressement,
Ne différa plus de s'y rendre.
Que ne peuvent point sur nos coeurs ,
Les appas riants et flatteurs ,
D'une Nymphe jeune et charmante ?
Ce sont de trop puissans vainqueurs ,
Tout nous séduit , tout nous enchante.
B. vj Hymen
2084 MERCURE DE FRANCE
Hymen , que ton joug est charmant ,
Quand c'est la Maîtresse et l'Amant
Qui s'y sont engagez sans peine ;
Mais il n'est heureux qu'un moment ;
Si l'Amour n'en serre la chaîne .
Que ne peuvent point , &c .
'Amphitrite paroît sur la face des Eaux ,
Là, brille de son Char , la pompe triomphale ;
1
Les Nymphes quittent leurs Roseaux ,
Pour venir de Venus honorer la Rivale ;
Les Tritons , tous les Dieux des Mèrs ,
S'assemblent pour la voir des bouts de l'Univers;
Eblouis , charmez de sa gloire.
Leurs cris de joye éclattent jusqu'aux Cieux,
Tous à l'envi celebrent sa victoire ,
Par ce Concert mélodieux.
Triomphez , aimable Déesse ;
Joüissez des plus grands bienfaits,
Qu'a mérité votre tendresse ,
Et qui sont dus à vos attraits.
De l'Element le plus terrible ;
Les Jeux , les Ris et les Amours >
Ont fait un séjour si paisible ,
Que le calme y regne toûjours.
Triomphez , aimable Déesse , &c.
Cc's
SEPTEMBRE. 1731. 2005
Ces transports , ces chants d'allegresse ,
Qu'on entend redoubler sans cesse
Ce triomphe éclatant , ce superbe appareil ,.
Troublent l'Aurore à son réveil ,-
SEt
les brulants coursiers du Dieu de la lumiere:
Sortant de l'humide Element ,
Apeine ouvrent-ils leur paupiere ;
Qu'ils sont saisis d'étonnement.
Les Aquilons retiennent leur haleine
Ravis de cet enchantement ;
1 disparut , helas ! et la liquide Plaine ,
Ne redonna jamais ce spectable charmant.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire ;
Eût-il mille fois plus d'appas ;
Confus , il s'envole à Cythere ,,
L'Amour ne se commande pas
Les plaisirs d'une amour nouvelle
Sont des plaisirs plus ravissants ,
Chaque Printemps les renouvelle ,
Ceux de l'Hymen sont languissants.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire , &Co
Fermer
Résumé : LE TRIOMPHE D' AMPHITRITE, CANTATE.
Le texte présente la cantate 'Le Triomphe d'Amphitrite'. Amphitrite, jalouse des honneurs rendus à Vénus lors de son mariage, souhaite que Neptune célèbre leur union. Ému par ses regards et soupirs, Neptune accepte. La cantate célèbre ensuite le triomphe d'Amphitrite, qui apparaît sur les eaux avec une pompe triomphale, accompagnée des nymphes, des tritons et des dieux des mers. Tous célèbrent sa victoire et la paix qu'elle apporte. Cependant, le texte souligne que l'amour forcé ne peut plaire et que les plaisirs d'un nouvel amour sont plus ravissants que ceux de l'Hymen. L'Amour est décrit comme incontrôlable et les plaisirs de l'Hymen comme languissants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 2780-2783
LA COQUETTE, CANTATE. Mise en Musique par M. Clerambault ; Organiste de S. Sulpice.
Début :
Dans un miroir flatteur consultant ses attraits, [...]
Mots clefs :
Coquette, Miroir, Chimère, Jaloux, Courroux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA COQUETTE, CANTATE. Mise en Musique par M. Clerambault ; Organiste de S. Sulpice.
LA COQUETTE,
CANTAT E.
'Mise en Musique par M. Clerambault ;
Organiste de S. Sulpice.
DANSAns un miroir flateur consultant ses attraits,
Dorine , artistement parée ,
Croyoit avoir de Cytherée ,
Get éclat que les ans ne ternissent jamais
Illusion ! vaine chimere !
De la volage Deïté ,
Elle a toute l'humeur et rien de la beauté
Que l'amour progre lui suggere,
Venez admirer mès appas ;
Jeunes coeurs , volez sur mes pas :
Une autre Venus vous appelle,
Sans vous , sans les heureux momens ;
Que produit une Cour d'Amans ,
Que me serviroit d'être belle
1. Vol
D'un
DECEMBRE. 1737. 278€
D'un Alcide vif et jaloux ,
J'ai l'Art d'appaiser le couroux ,
Par un souris de préference ;
It d'ua Adonis languissant ,
Je sçai d'un coup d'oeil caressant
Flater la timide esperance.
De Dorine en ces mots se dévoile le coeut j
Quand Lisandre jaloux de fixer l'inconstante
L'aborde contre son attente ,
>
lui déclare ainsi son amoureuse ardeur. -
D'un Amant qui cherche à vous plaire .
Dorine , recevez les voeux ;
Pour la Déesse de Cythere ,
Mars n'eut jamais un coeur plus amoureux,
Des Adorateurs que vous faites ,
Ilne troublera point la Cour.
Partagez leur vos amourettes ;
Mais à lui seul accordez votre amour.
Il dit sous les dehors de la délicatesse ,
Dorine assez long- temps scut contraindre
feux :
Enfin l'Amant devint heureux;
Les mêmes soins alors et la même tendresse ;
J. Vola
Sent
4781 MERCURE DE FRANCE
Sembloient les animer tous deux ;
Mais l'Amante bien-tôt se lafla de ses noeuds,
Qui peut d'une Coquette attendre un coeur fidele
L'esprit et la discretion ,
Ont de foibles attraits pour elle ;
Lisandre se douta d'une intrigue nouvelle
Et n'eut qu'un pas à faire à la conviction,
La Coquette vole sans cesse ,
Où l'appelle la nouveauté.
L'instant même de sa tendresse
N'est pas sans infidelité.
Jamais la jalousie,
Ne réveille ses desirs ;
Sans effort elle oublie
Amans, faveurs, et plaisirs
Sa fiere indifference ,
N'est qu'une bienseance
Que dément sa passion ;
Trouvez-la dans le silence ,
Bien-tôt elle vous dispense .
Della déclaration.
Telle est une Enigme ambiguë ::
Elle amuse notre loisir
Vol Mais
DECEMBRE 1731 2782
Mais souvent lorsqu'elle est connuë ,,
Le dégout succede au plaisir.
P. F. M ***** de Blois:
CANTAT E.
'Mise en Musique par M. Clerambault ;
Organiste de S. Sulpice.
DANSAns un miroir flateur consultant ses attraits,
Dorine , artistement parée ,
Croyoit avoir de Cytherée ,
Get éclat que les ans ne ternissent jamais
Illusion ! vaine chimere !
De la volage Deïté ,
Elle a toute l'humeur et rien de la beauté
Que l'amour progre lui suggere,
Venez admirer mès appas ;
Jeunes coeurs , volez sur mes pas :
Une autre Venus vous appelle,
Sans vous , sans les heureux momens ;
Que produit une Cour d'Amans ,
Que me serviroit d'être belle
1. Vol
D'un
DECEMBRE. 1737. 278€
D'un Alcide vif et jaloux ,
J'ai l'Art d'appaiser le couroux ,
Par un souris de préference ;
It d'ua Adonis languissant ,
Je sçai d'un coup d'oeil caressant
Flater la timide esperance.
De Dorine en ces mots se dévoile le coeut j
Quand Lisandre jaloux de fixer l'inconstante
L'aborde contre son attente ,
>
lui déclare ainsi son amoureuse ardeur. -
D'un Amant qui cherche à vous plaire .
Dorine , recevez les voeux ;
Pour la Déesse de Cythere ,
Mars n'eut jamais un coeur plus amoureux,
Des Adorateurs que vous faites ,
Ilne troublera point la Cour.
Partagez leur vos amourettes ;
Mais à lui seul accordez votre amour.
Il dit sous les dehors de la délicatesse ,
Dorine assez long- temps scut contraindre
feux :
Enfin l'Amant devint heureux;
Les mêmes soins alors et la même tendresse ;
J. Vola
Sent
4781 MERCURE DE FRANCE
Sembloient les animer tous deux ;
Mais l'Amante bien-tôt se lafla de ses noeuds,
Qui peut d'une Coquette attendre un coeur fidele
L'esprit et la discretion ,
Ont de foibles attraits pour elle ;
Lisandre se douta d'une intrigue nouvelle
Et n'eut qu'un pas à faire à la conviction,
La Coquette vole sans cesse ,
Où l'appelle la nouveauté.
L'instant même de sa tendresse
N'est pas sans infidelité.
Jamais la jalousie,
Ne réveille ses desirs ;
Sans effort elle oublie
Amans, faveurs, et plaisirs
Sa fiere indifference ,
N'est qu'une bienseance
Que dément sa passion ;
Trouvez-la dans le silence ,
Bien-tôt elle vous dispense .
Della déclaration.
Telle est une Enigme ambiguë ::
Elle amuse notre loisir
Vol Mais
DECEMBRE 1731 2782
Mais souvent lorsqu'elle est connuë ,,
Le dégout succede au plaisir.
P. F. M ***** de Blois:
Fermer
Résumé : LA COQUETTE, CANTATE. Mise en Musique par M. Clerambault ; Organiste de S. Sulpice.
Le texte décrit une pièce intitulée 'La Coquette', composée par M. Clerambault, organiste de Saint-Sulpice. L'intrigue se concentre sur Dorine, une jeune femme convaincue de sa beauté éternelle après s'être observée dans un miroir flatteur. Elle se compare à Vénus et invite les jeunes cœurs à l'admirer, tout en reconnaissant que son charme est éphémère et dépend de l'amour. Dorine se vante de pouvoir apaiser la jalousie d'Alcide et flatter l'espoir d'Adonis. Lisandre lui déclare son amour et lui demande son cœur exclusif. Après une résistance initiale, Dorine finit par céder, mais se lasse rapidement de ses engagements amoureux. Sa nature inconstante et son attirance pour la nouveauté la poussent à oublier facilement ses amants et les plaisirs passés. Sa fière indifférence cache une passion qu'elle révèle seulement dans le silence, la rendant énigmatique et souvent décevante pour ceux qui la connaissent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. [2915]-2921
LA JEUNESSE, CHANTATE,
Début :
Dans un songe flatteur, une jeune Déesse, [...]
Mots clefs :
Jeunesse, Déesse, Plaisir, Bacchus, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA JEUNESSE, CHANTATE,
LA JEUNESSE,
D
CHANTATE ,
Par M. Cavalies , Avocat.
Ans un songe flateur , une jeune
Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plàs
doux attraits.
A son air vif, brillant et frais,
Je reconnus bientôt l'agréable Jeunesse.
Autour d'Hébé voloient mille petits Amours ,
11. Vol. A ij Qui
C
2916 MERCURE DE FRANCE
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le temps sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et le Printemps soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toûjours nou
velles ;
Les Graces dévançoient la fille de Junon ,
Ou s'arrêtoient sur son visage ;
Les folâtres plaisirs , le galant badinage ,
Par son ordre enchaînoient la severe Raison.
La Troupe immortelle,
Du plus haut des Cieux ,
Répandoit sur elle ,
Ses dons précieux.
Mars épris des charmes
Dont brilloient ses yeux ,
Lui donnoit ses armes ;
Venus , sa douceur ,
Le fils de Seméle ,
Plein de sa liqueur ,
L'offroit à la Belle,
La Reine des Bois ,
Son Arc , son Carquois,
Pour toi des plus beaux jours je vois ourdir la
trame ,
1. Vola Choisis
DECEMBRE . 1731. 2917
Choisis , me dit Hébé , d'un air doux, gracieux >
Des présens des Dieux',
Gelui qui maintenant flate le plus ton ame.
Veux-tu dans les combats à la suite de Mars ,
Affronter les hazards ?'
Tu verras bien- tôt la victoire ,
Rendre de tes Exploits tout l'Univers témoin ,,
Et prendre également le soin ,
Et de tes jours et de ta gloire :
J'obéïs , et je cours au milieu des combats ;
Mille foudres d'airain tournent contre ma tête
Une affreuse tempête ;
Le plomb vole , avec lui vole encor le trépas ;
Mais en vain ; la fureur pousse , anime mon bras;
Par mille cruautez j'exerce mon courage ;
Mais enfin fatigué de sang et de carnage ,
De mes cruels transports je reconnois l'horreur ››
Et j'ay honte de ma fureur.
Aimable Jeunesse ,
Regle mes plaisirs ;
Mais vers la tendresse ,
Tourne mes desirs.
Que loin des allarmes ,
Le paisible Amour ,
Na Vol .
A iij Par
2918 MER CURE DE FRANCE
Par de plus doux charmes,
M'occupe à son tour.
Aimable Jeunesse , &c. ,
Mais des Nymphes d'Hebé , quelle Troupe bril .
lante ,
Se presente à mes yeux , me ravit et m'enchante
Venus leur prête encor ses plus vifs agrémens ;
Dans mon coeur agité , grands Dieux ! quels
mouvemens !
Les Nymphes de ma Cour, dit la jeune Déesse ,
Brulent de t'engager sous leurs aimables Loix ;
Leur égale beauté , leur égale tendresse ,
Ne laissent à ton coeur que l'embarras du choix,
Ebloui par l'éclat de sa bonne fortune ,
Mon coeur chancelle quelque tems ;
Mais il se rend enfin aux attraits d'une Brune ,
A l'air vif , aux yeux perçans.
Quels transports , hélas ! quelle joye ,
Dans ces heureux commencemens !
Les douceurs , les plaisirs où mon ame se noye¸¸
Sont autant de ravissemens ;
Je lui jure cent fois une amour éternelle ,
Et de sa bonté naturelle ,
".
J'obtiens bien- tôt mille bienfaits ;
Amour en ma faveur dévoilant ses attraits ,
II. Vol.
Allume
DECEMBRE 1731. 29·19.
Allume dans nos coeurs une'ardeur mutuelle ;
Mais en comblant mes désirs ,
Il m'enleve mes plaisirs.
Un peu trop de perseverance ,.
Pousse un Amant à bout ;
Mais une foible résistance ,.
Apporte le dégout .
`Je t'entends , dit Hebé , dans la Forêt prochaine
Kegarde les Chasseurs que Diane ramene ;
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf , à le mettre aux abois ¿
C'est elle-même qui s'avance ,
Et perce des traits qu'elle lance ,
Les plus fiers habitans des Bois.
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent ,
Ranime le zele ;
Mais le Cerf timide , à ce bruit ,
Tremble , s'épouvante , s'enfuits-
Dans les Bois la Louve en colere ,
Va chercher un sombre réduit ;
Et dans sa Taniere ,
Le Renard frémit.
En vain l'impatiente Aurore ,
Se hâte de rouvrir la barriere du jour ,
...
II. Vol A iiij Plus
29.20 MERCURE DE FRANCE
Plus impatient encore ,
Je devance son retour.
Diane secondant ma vigilante audace ,
Je traverse aisément les plus vastes Guerets ;
Je suis la Déesse à la trace ;
Les Cerfs , les Sangliers sont percez de mes traits;
L'été n'a point de feux , l'hiver n'a point de glaçe
Qui puisse garantir les Hôtes des Forêts.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde ,
Et la Nuit déployant ses plus sombres drapeaux
Vient donner le repos au Monde ,
Et terminer trop tôt d'agréables travaux.
Vien , Bacchus , vien par ta presence ,
Hearter loin de moi ses ennuyeux Pavots ;
Seroit-ce profiter du temps qu'Hébé dispense ,,
Que le passer dans le repos ?
Tandis que l'Univers sommeille ,
Quel agréable son vient frapper mon oreille ?
Est-ce Arion-sauvé de la fureur des flots
Non, c'est Bacchus qui me réveille ,
Au bruit des flacons et des pots.
Beuvons , amis que l'allegresse , ;
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que chacun de nous s'empresse ,
De contenter le Dieu du vin.
II. Vol.
Versez
DECEMBRE 1731. 2921
Versez , amis , versez sans cesse ,
De ce Nectar délicieux ,
Vien me saisir , charmante yvresse ,
Tu vas me rendre égal aux Dieux.
Cen est fait de mes sens , Bacchus se rend te
Maître ;
Amis , secondez mon transport ,
Versez et redoublez .... versez .... un coup?
encor ....
Et ma raison va disparoître.
Ce fut ainsi qu'Hebé par une illusion ,
De mes jeunes ar deurs me retraça l'image ;` ,
Je crus en m'éveillant être encore au
Hélas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
bel âge.,
Mortels , qui commencez à peine votre cours
Ma jeunesse en effet a passé comme un songe ; ;
Hebé vous offre de beaux jours ;
Craignez un semblable mensonge
D
CHANTATE ,
Par M. Cavalies , Avocat.
Ans un songe flateur , une jeune
Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plàs
doux attraits.
A son air vif, brillant et frais,
Je reconnus bientôt l'agréable Jeunesse.
Autour d'Hébé voloient mille petits Amours ,
11. Vol. A ij Qui
C
2916 MERCURE DE FRANCE
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le temps sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et le Printemps soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toûjours nou
velles ;
Les Graces dévançoient la fille de Junon ,
Ou s'arrêtoient sur son visage ;
Les folâtres plaisirs , le galant badinage ,
Par son ordre enchaînoient la severe Raison.
La Troupe immortelle,
Du plus haut des Cieux ,
Répandoit sur elle ,
Ses dons précieux.
Mars épris des charmes
Dont brilloient ses yeux ,
Lui donnoit ses armes ;
Venus , sa douceur ,
Le fils de Seméle ,
Plein de sa liqueur ,
L'offroit à la Belle,
La Reine des Bois ,
Son Arc , son Carquois,
Pour toi des plus beaux jours je vois ourdir la
trame ,
1. Vola Choisis
DECEMBRE . 1731. 2917
Choisis , me dit Hébé , d'un air doux, gracieux >
Des présens des Dieux',
Gelui qui maintenant flate le plus ton ame.
Veux-tu dans les combats à la suite de Mars ,
Affronter les hazards ?'
Tu verras bien- tôt la victoire ,
Rendre de tes Exploits tout l'Univers témoin ,,
Et prendre également le soin ,
Et de tes jours et de ta gloire :
J'obéïs , et je cours au milieu des combats ;
Mille foudres d'airain tournent contre ma tête
Une affreuse tempête ;
Le plomb vole , avec lui vole encor le trépas ;
Mais en vain ; la fureur pousse , anime mon bras;
Par mille cruautez j'exerce mon courage ;
Mais enfin fatigué de sang et de carnage ,
De mes cruels transports je reconnois l'horreur ››
Et j'ay honte de ma fureur.
Aimable Jeunesse ,
Regle mes plaisirs ;
Mais vers la tendresse ,
Tourne mes desirs.
Que loin des allarmes ,
Le paisible Amour ,
Na Vol .
A iij Par
2918 MER CURE DE FRANCE
Par de plus doux charmes,
M'occupe à son tour.
Aimable Jeunesse , &c. ,
Mais des Nymphes d'Hebé , quelle Troupe bril .
lante ,
Se presente à mes yeux , me ravit et m'enchante
Venus leur prête encor ses plus vifs agrémens ;
Dans mon coeur agité , grands Dieux ! quels
mouvemens !
Les Nymphes de ma Cour, dit la jeune Déesse ,
Brulent de t'engager sous leurs aimables Loix ;
Leur égale beauté , leur égale tendresse ,
Ne laissent à ton coeur que l'embarras du choix,
Ebloui par l'éclat de sa bonne fortune ,
Mon coeur chancelle quelque tems ;
Mais il se rend enfin aux attraits d'une Brune ,
A l'air vif , aux yeux perçans.
Quels transports , hélas ! quelle joye ,
Dans ces heureux commencemens !
Les douceurs , les plaisirs où mon ame se noye¸¸
Sont autant de ravissemens ;
Je lui jure cent fois une amour éternelle ,
Et de sa bonté naturelle ,
".
J'obtiens bien- tôt mille bienfaits ;
Amour en ma faveur dévoilant ses attraits ,
II. Vol.
Allume
DECEMBRE 1731. 29·19.
Allume dans nos coeurs une'ardeur mutuelle ;
Mais en comblant mes désirs ,
Il m'enleve mes plaisirs.
Un peu trop de perseverance ,.
Pousse un Amant à bout ;
Mais une foible résistance ,.
Apporte le dégout .
`Je t'entends , dit Hebé , dans la Forêt prochaine
Kegarde les Chasseurs que Diane ramene ;
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf , à le mettre aux abois ¿
C'est elle-même qui s'avance ,
Et perce des traits qu'elle lance ,
Les plus fiers habitans des Bois.
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent ,
Ranime le zele ;
Mais le Cerf timide , à ce bruit ,
Tremble , s'épouvante , s'enfuits-
Dans les Bois la Louve en colere ,
Va chercher un sombre réduit ;
Et dans sa Taniere ,
Le Renard frémit.
En vain l'impatiente Aurore ,
Se hâte de rouvrir la barriere du jour ,
...
II. Vol A iiij Plus
29.20 MERCURE DE FRANCE
Plus impatient encore ,
Je devance son retour.
Diane secondant ma vigilante audace ,
Je traverse aisément les plus vastes Guerets ;
Je suis la Déesse à la trace ;
Les Cerfs , les Sangliers sont percez de mes traits;
L'été n'a point de feux , l'hiver n'a point de glaçe
Qui puisse garantir les Hôtes des Forêts.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde ,
Et la Nuit déployant ses plus sombres drapeaux
Vient donner le repos au Monde ,
Et terminer trop tôt d'agréables travaux.
Vien , Bacchus , vien par ta presence ,
Hearter loin de moi ses ennuyeux Pavots ;
Seroit-ce profiter du temps qu'Hébé dispense ,,
Que le passer dans le repos ?
Tandis que l'Univers sommeille ,
Quel agréable son vient frapper mon oreille ?
Est-ce Arion-sauvé de la fureur des flots
Non, c'est Bacchus qui me réveille ,
Au bruit des flacons et des pots.
Beuvons , amis que l'allegresse , ;
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que chacun de nous s'empresse ,
De contenter le Dieu du vin.
II. Vol.
Versez
DECEMBRE 1731. 2921
Versez , amis , versez sans cesse ,
De ce Nectar délicieux ,
Vien me saisir , charmante yvresse ,
Tu vas me rendre égal aux Dieux.
Cen est fait de mes sens , Bacchus se rend te
Maître ;
Amis , secondez mon transport ,
Versez et redoublez .... versez .... un coup?
encor ....
Et ma raison va disparoître.
Ce fut ainsi qu'Hebé par une illusion ,
De mes jeunes ar deurs me retraça l'image ;` ,
Je crus en m'éveillant être encore au
Hélas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
bel âge.,
Mortels , qui commencez à peine votre cours
Ma jeunesse en effet a passé comme un songe ; ;
Hebé vous offre de beaux jours ;
Craignez un semblable mensonge
Fermer
Résumé : LA JEUNESSE, CHANTATE,
Le poème 'La Jeunesse' de M. Cavalies, avocat, relate une vision onirique où la déesse Jeunesse, Hébé, apparaît au narrateur. Hébé est entourée de petits Amours et accompagnée par le Temps, le Printemps, les Grâces et les plaisirs. Mars, Vénus, Apollon et Diane offrent chacun leurs dons à la Jeunesse. Hébé propose au narrateur de choisir parmi ces présents celui qui flatte le plus son âme. Initialement attiré par les combats de Mars, le narrateur se lasse rapidement de la violence. Il se tourne ensuite vers l'amour, charmé par une jeune femme brune, mais l'amour devient monotone et le déçoit. Hébé le dirige alors vers la chasse avec Diane, où il montre son adresse. À la nuit tombée, il se tourne vers Bacchus pour éviter l'ennui, s'enivre et perd la raison. À son réveil, la vision de la Jeunesse disparaît, et il réalise que sa jeunesse a passé comme un songe. Le poème se conclut par une mise en garde aux mortels de profiter des beaux jours offerts par Hébé sans se laisser tromper par l'illusion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 59-61
CANTATE.
Début :
Le Printemps couronné de fleurs, [...]
Mots clefs :
Printemps, Plaisirs, Zéphyr, Amant, Charmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CANTATE.
CANTAT E.
E Printemps couronné de fleurs ,
Ramenoit les plaisirs dans notre solitude ,
Quand dans un Bois épais pour trouver ses dous
ceurs ,
Je portai mon inquiétude :
Mais , hélas ! que je fus surpris !
Quel objet ! je trouvai la cruelle Climene
Quidormoit à l'ombre d'un Chêne :
Dij Elle
60 MERCURE DE FRANCE
Elle me paroissoit plus belle que Cypris.
Je restai long-temps immobile,
Charmé de son aspect , ébloui de ses traits :
Helas ! dis-je , comment peut- elle être tranquille
Après m'avoir ôté les douceurs de la paix ?
Zephirs, retenez vos haleines ;
Taisez- vous, aimables Oiseaux ;
Ne coulez plus, claires Fontaines ;
Climene dort sous ces Ormeaux.
Toi , Soleil arrêre ta course
Pour admirer ses doux attraits ;
Fleuve , remonte vers ta sourse
Nimphes , sortez de vos Forêts.
Zephirs , retenez vos haleines ,
Taisez-vous , aimables Oiseaux ,
Ne coulez plus , claires Fontaines
Climene dort sous ces Ormeaux.
Je m'exprimois ainsi , quand près de ma Bergere
Je vis le rédoutable amour
Ce petit Dieu lui fait la Cour ;
Sans doute qu'il la prend pour sa charmante Mere,
Molle
JANVIER. 1732.
Mollement étendu sur un gazon naissant ,
Aux Pavots de Morphée il se livre près d'elle ;
Mon cœur à son aspect cede au desir pressant
D'oser par son secours attendrir la cruelle.
Son Arc et son Carquois rempli de mille traits
Dont la blessure cause une éternelle peine ,
Et qu'il avoit forgés aux beaux yeux de Climene,,
Pendoient à ces Arbres épais.
Perçons le cœur de cette Belle ,
Dis-je alors , forçons-la de m'aimer en ce jour;;
Faisons-lui ressentir une atteinte mortelle
Armons-nous des traits de l'Amour.
Que cette inhumaine
Ressente la peine
Qu'on souffre en aimant
Qu'une même chaîne
Unisse Climent
Et son tendre Amant.
Fapproche , non sans peur , de ces terribles ar
mes ;
Je choisis un trait bien aigu
Et l'ajustant sur l'Arc tendu ,
J'en blesse rudement cet objet plein de charmes,
Helas ce coup me rend plus malheureux ex
cor ;
✪ de mon artifice esperance trop vaine !
Au lieu de m'armer d'un trait d'or ,
Je pris un trait de plomb, qui redoubla sa haine."
Diij MORT
E Printemps couronné de fleurs ,
Ramenoit les plaisirs dans notre solitude ,
Quand dans un Bois épais pour trouver ses dous
ceurs ,
Je portai mon inquiétude :
Mais , hélas ! que je fus surpris !
Quel objet ! je trouvai la cruelle Climene
Quidormoit à l'ombre d'un Chêne :
Dij Elle
60 MERCURE DE FRANCE
Elle me paroissoit plus belle que Cypris.
Je restai long-temps immobile,
Charmé de son aspect , ébloui de ses traits :
Helas ! dis-je , comment peut- elle être tranquille
Après m'avoir ôté les douceurs de la paix ?
Zephirs, retenez vos haleines ;
Taisez- vous, aimables Oiseaux ;
Ne coulez plus, claires Fontaines ;
Climene dort sous ces Ormeaux.
Toi , Soleil arrêre ta course
Pour admirer ses doux attraits ;
Fleuve , remonte vers ta sourse
Nimphes , sortez de vos Forêts.
Zephirs , retenez vos haleines ,
Taisez-vous , aimables Oiseaux ,
Ne coulez plus , claires Fontaines
Climene dort sous ces Ormeaux.
Je m'exprimois ainsi , quand près de ma Bergere
Je vis le rédoutable amour
Ce petit Dieu lui fait la Cour ;
Sans doute qu'il la prend pour sa charmante Mere,
Molle
JANVIER. 1732.
Mollement étendu sur un gazon naissant ,
Aux Pavots de Morphée il se livre près d'elle ;
Mon cœur à son aspect cede au desir pressant
D'oser par son secours attendrir la cruelle.
Son Arc et son Carquois rempli de mille traits
Dont la blessure cause une éternelle peine ,
Et qu'il avoit forgés aux beaux yeux de Climene,,
Pendoient à ces Arbres épais.
Perçons le cœur de cette Belle ,
Dis-je alors , forçons-la de m'aimer en ce jour;;
Faisons-lui ressentir une atteinte mortelle
Armons-nous des traits de l'Amour.
Que cette inhumaine
Ressente la peine
Qu'on souffre en aimant
Qu'une même chaîne
Unisse Climent
Et son tendre Amant.
Fapproche , non sans peur , de ces terribles ar
mes ;
Je choisis un trait bien aigu
Et l'ajustant sur l'Arc tendu ,
J'en blesse rudement cet objet plein de charmes,
Helas ce coup me rend plus malheureux ex
cor ;
✪ de mon artifice esperance trop vaine !
Au lieu de m'armer d'un trait d'or ,
Je pris un trait de plomb, qui redoubla sa haine."
Diij MORT
Fermer
Résumé : CANTATE.
Le poème 'Cantate E' relate une scène printanière où le narrateur, en quête de solitude, découvre Climène endormie sous un chêne. Ébloui par sa beauté, il est désarçonné par son indifférence. Il demande à la nature de se taire pour ne pas la réveiller. Il remarque ensuite le dieu Amour endormi près d'elle et décide d'utiliser ses flèches pour attendrir Climène. Cependant, en choisissant une flèche de plomb plutôt qu'une flèche d'or, il ne fait qu'accroître la haine de Climène à son égard, augmentant ainsi son propre malheur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 212-215
PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
Début :
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux, [...]
Mots clefs :
Amour, Pluton, Hymen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
PLUTON AMOUREUX,
CANTATE.
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux ;
L'Amour voulut tenter des conquêtes nouvelles
Et perçant des Enfers les voutes éternelles ,
Porter au sein des Morts ses Traits victorieux :
Ce Projet n'a rien qui l'étonne ;
Il quitte le séjour de l'aimable Paphos ,
Et volant vers les bords que l'Erebe environne,
De l'éternelle nuit il perce le cahos ;
Là bientôt par ses soins le Dieu des sombres Rives ,
Trouble par ces clameurs plaintives ,
Des Manes effrayés l'immuable repos.
L'Amour a triomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles Humains ¿→
Je ne regne plus sur moi- même.
Je n'ose recouvrer ma liberté ravie ;
L'aimable erreur qui me séduit ,
Fait
FEVRIER. 1732 213
Fait seule ma plus douce envie ;
Loin de fuir l'esclavage où je me vois réduit
J'aime la chaîne qui me lie.
L'Amour, atriomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,-
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles humains
Je ne regne plus sur moi- même.
Idit , et Cupidon fait naître dans son cœur
D'un Hymen fortuné les desirs légitimes ,
Et docile à la voix de ce tendre vainqueur,
De la Terre entr'ouverte il franchit les abîmes ;
Bien- tôt laissant les Bords , où le Pere du jour
Répand ses feux féconds sur tout ce qui respire
Il atteint le sommet du Celeste séjour ,
Où Jupiter exerce un souverain Empire ,
Et ne connoît de Loix que celles de l'Amour.'
Il arrive ; on se tait , on l'écoute , il soupire ;
Et déclare en ces mots ce que son cœur desire.
Lorsque l'Hymen , d'une main liberale ›
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs ?
Maitre
214 MERCURE DE FRANCE
Maître des Dieux , que ta bonté propice ,/
Consente enfin à ma felicité ;
Ou si tu veux prolonger mon supplice ,
Délivre-moi de l'immortalité.
Lorsque l'Hymen d'une main liberale ,
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs ,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs. "
Le Dieu qui lance le Tonnere ,
De son frere amoureux approuve les projets 3
Pluton vole et des Cieux descendu sur la Terre,
Il penetre soudain Pasile de Cerés ;
Proserpine d'abord se présente à sa vûë;
I hésite , il approche ; elle fuit éperduë ;
La peur la précipite à travers les Forêts;
C'est en vain qu'elle espere éviter sa furie , ›
Il la suit , il l'attend , il l'enleve , elle crië ; ·
Mais , ô cris ! ô pleurs superflus !
Elle part, et déja Cerés ne l'entend plus.
L'Amour veut nous attendrir;
Ne tardons pas à nous rendre ;
S'est s'exposer à souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Mais
FEVRIER. 1732. 215
Mais quand on suit la douceur ,
Du penchant qui nous entraîne ,
On sçait tirer son bonheur ,
Du sein même de sa peine.
L'Amour veut nous attendrir ,
Ne tardons pas a nous rendre ;
C'est s'exposer àતે souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Par J. M. GAULTIER , Auteur de Valsain Vangé , Cantate , inserée dans le Mer
cure de May 1731%
CANTATE.
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux ;
L'Amour voulut tenter des conquêtes nouvelles
Et perçant des Enfers les voutes éternelles ,
Porter au sein des Morts ses Traits victorieux :
Ce Projet n'a rien qui l'étonne ;
Il quitte le séjour de l'aimable Paphos ,
Et volant vers les bords que l'Erebe environne,
De l'éternelle nuit il perce le cahos ;
Là bientôt par ses soins le Dieu des sombres Rives ,
Trouble par ces clameurs plaintives ,
Des Manes effrayés l'immuable repos.
L'Amour a triomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles Humains ¿→
Je ne regne plus sur moi- même.
Je n'ose recouvrer ma liberté ravie ;
L'aimable erreur qui me séduit ,
Fait
FEVRIER. 1732 213
Fait seule ma plus douce envie ;
Loin de fuir l'esclavage où je me vois réduit
J'aime la chaîne qui me lie.
L'Amour, atriomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,-
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles humains
Je ne regne plus sur moi- même.
Idit , et Cupidon fait naître dans son cœur
D'un Hymen fortuné les desirs légitimes ,
Et docile à la voix de ce tendre vainqueur,
De la Terre entr'ouverte il franchit les abîmes ;
Bien- tôt laissant les Bords , où le Pere du jour
Répand ses feux féconds sur tout ce qui respire
Il atteint le sommet du Celeste séjour ,
Où Jupiter exerce un souverain Empire ,
Et ne connoît de Loix que celles de l'Amour.'
Il arrive ; on se tait , on l'écoute , il soupire ;
Et déclare en ces mots ce que son cœur desire.
Lorsque l'Hymen , d'une main liberale ›
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs ?
Maitre
214 MERCURE DE FRANCE
Maître des Dieux , que ta bonté propice ,/
Consente enfin à ma felicité ;
Ou si tu veux prolonger mon supplice ,
Délivre-moi de l'immortalité.
Lorsque l'Hymen d'une main liberale ,
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs ,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs. "
Le Dieu qui lance le Tonnere ,
De son frere amoureux approuve les projets 3
Pluton vole et des Cieux descendu sur la Terre,
Il penetre soudain Pasile de Cerés ;
Proserpine d'abord se présente à sa vûë;
I hésite , il approche ; elle fuit éperduë ;
La peur la précipite à travers les Forêts;
C'est en vain qu'elle espere éviter sa furie , ›
Il la suit , il l'attend , il l'enleve , elle crië ; ·
Mais , ô cris ! ô pleurs superflus !
Elle part, et déja Cerés ne l'entend plus.
L'Amour veut nous attendrir;
Ne tardons pas à nous rendre ;
S'est s'exposer à souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Mais
FEVRIER. 1732. 215
Mais quand on suit la douceur ,
Du penchant qui nous entraîne ,
On sçait tirer son bonheur ,
Du sein même de sa peine.
L'Amour veut nous attendrir ,
Ne tardons pas a nous rendre ;
C'est s'exposer àતે souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Par J. M. GAULTIER , Auteur de Valsain Vangé , Cantate , inserée dans le Mer
cure de May 1731%
Fermer
Résumé : PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
La cantate 'Pluton Amoureux' narre la décision de l'Amour de conquérir les Enfers. L'Amour perturbe le repos des âmes et provoque Pluton, le dieu des Enfers, qui ressent alors des désirs légitimes de mariage. Vaincu par l'Amour, Pluton se rend sur Terre et enlève Proserpine, la fille de Cérès, malgré ses tentatives de fuite. La cantate explore les sentiments de Pluton, prêt à abandonner son pouvoir suprême et son immortalité pour connaître les douceurs de l'Hymen, comme les autres dieux. Jupiter, le maître des dieux, approuve les projets amoureux de Pluton. Le texte se conclut par une réflexion sur la nature de l'amour, soulignant qu'il est préférable de se rendre à ses charmes plutôt que de tenter de s'en défendre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 684-686
ARIANE. CANTATE.
Début :
L'Infidèle Thésée, épris de nouveaux charmes; [...]
Mots clefs :
Ariane , Thésée, Amour, Nouvelles faveurs, Inconstance, Venger
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARIANE. CANTATE.
ARIAN E
CANTATE
L'Infidele Thésée , épris de nouveaux charmes ;
Avoit laissé la fille de Minos
Exposée aux fureurs des Monstres de Naxos
Şans espoir de tarir la source de ses larmes ;
La trifte Ariane en ces mots ,
Aux Echos d'alentour annonçoit ses allarmes,
Le souvenir odieux
Del'ingrat qui m'abandonne‚¨
M'est un tourment plus affreux
Que la mort qui m'environne,
Quand de més jaloux transports
Je suis la seule victime ,*
Mon perfide sans remords,
Goute les fruits de son crime
Mais que mille objets divers ;
Pour prix de son inconstance
Dédaignent , les vœux offerts ,
Du volage qui m'offense.
Lex
AVRIL. 1732. 685
Le souvenir odieux
De l'ingrat qui m'abandonne ,
M'est un tourment plus affreux
Que la mort qui m'environne.
Tandis qu'Ariane outragée ,
Aux Rochers attendris racontoit ses malheurs
Foibles soulagemens à ses vives douleurs !
L'amour pour consoler cette amante affligée
De la perte du fils d'Egée ,
7
Soumet Bacchus à ses attraits
Et ce fier. Dieu , blessé de mille traits,
Vient ainsi rendre hommage à sa beauté vangée.
Lorsqu'à chasser vos déplaisirs
Un Dieu lui - même s'y interesse
Pour un ingrat qui vous délaisse
Osez-vous pousser des soupirs ?
Laisserez-vous , belle Ariane,
Ternir l'éclat de vos appas
Dans l'obscurité du trépas •
です
Où votre douleur les condamnes ??
Mortelle , oubliez les mortels ,
Un Dieu que l'Univers adore ,
A votre douleur qu'il implore ,
Dresse lui-même des Autels.
Qui
686 MERCURE DE FRANCE
Qui l'eût cru! pour bruler d'une flame nouvelle
L'Amante de Thésée éteint ses premiers feux ;
Mais malgré les efforts de Bacchus amoureux
A sa premiere ardeur Ariane fidelle ,
N'auroit pas ressenti cet heureux changement ;
Si l'amour qui veilloit à leur contentement
N'avoit effacé de son ame
L'injurieux oubli dont son perfide amant™
Avoit payé l'ardeur de la plus belle flame.
*
Jeunes Beautez , si quelque amant ve
lage ,
De votre joug dédaigne lès douceurs ,
L'Amour,soigneux devanger cet outrage,
Vous comblera de nouvelles faveurs.
A ses desseins rendez-vous favorables ,
Il tarira la source de vos pleurs ,
Brulez de nouveaux feux , et ces feux plus du-- rables ,
Vous feront oublier l'objet de vos douleurs.
Jeunes Beautéz , si quelque Amant volage ,
Dé votre joug dédaigne les douceurs ,
L'Amour, soigneux de vanger cet outrage ,
Vous comblera de nouvelles faveurs.
J. M. GAULT DE R. $
REMAR
CANTATE
L'Infidele Thésée , épris de nouveaux charmes ;
Avoit laissé la fille de Minos
Exposée aux fureurs des Monstres de Naxos
Şans espoir de tarir la source de ses larmes ;
La trifte Ariane en ces mots ,
Aux Echos d'alentour annonçoit ses allarmes,
Le souvenir odieux
Del'ingrat qui m'abandonne‚¨
M'est un tourment plus affreux
Que la mort qui m'environne,
Quand de més jaloux transports
Je suis la seule victime ,*
Mon perfide sans remords,
Goute les fruits de son crime
Mais que mille objets divers ;
Pour prix de son inconstance
Dédaignent , les vœux offerts ,
Du volage qui m'offense.
Lex
AVRIL. 1732. 685
Le souvenir odieux
De l'ingrat qui m'abandonne ,
M'est un tourment plus affreux
Que la mort qui m'environne.
Tandis qu'Ariane outragée ,
Aux Rochers attendris racontoit ses malheurs
Foibles soulagemens à ses vives douleurs !
L'amour pour consoler cette amante affligée
De la perte du fils d'Egée ,
7
Soumet Bacchus à ses attraits
Et ce fier. Dieu , blessé de mille traits,
Vient ainsi rendre hommage à sa beauté vangée.
Lorsqu'à chasser vos déplaisirs
Un Dieu lui - même s'y interesse
Pour un ingrat qui vous délaisse
Osez-vous pousser des soupirs ?
Laisserez-vous , belle Ariane,
Ternir l'éclat de vos appas
Dans l'obscurité du trépas •
です
Où votre douleur les condamnes ??
Mortelle , oubliez les mortels ,
Un Dieu que l'Univers adore ,
A votre douleur qu'il implore ,
Dresse lui-même des Autels.
Qui
686 MERCURE DE FRANCE
Qui l'eût cru! pour bruler d'une flame nouvelle
L'Amante de Thésée éteint ses premiers feux ;
Mais malgré les efforts de Bacchus amoureux
A sa premiere ardeur Ariane fidelle ,
N'auroit pas ressenti cet heureux changement ;
Si l'amour qui veilloit à leur contentement
N'avoit effacé de son ame
L'injurieux oubli dont son perfide amant™
Avoit payé l'ardeur de la plus belle flame.
*
Jeunes Beautez , si quelque amant ve
lage ,
De votre joug dédaigne lès douceurs ,
L'Amour,soigneux devanger cet outrage,
Vous comblera de nouvelles faveurs.
A ses desseins rendez-vous favorables ,
Il tarira la source de vos pleurs ,
Brulez de nouveaux feux , et ces feux plus du-- rables ,
Vous feront oublier l'objet de vos douleurs.
Jeunes Beautéz , si quelque Amant volage ,
Dé votre joug dédaigne les douceurs ,
L'Amour, soigneux de vanger cet outrage ,
Vous comblera de nouvelles faveurs.
J. M. GAULT DE R. $
REMAR
Fermer
Résumé : ARIANE. CANTATE.
Le texte narre la tragédie d'Ariane, abandonnée par Thésée sur l'île de Naxos. Ariane exprime sa douleur et son désespoir face à l'ingratitude de Thésée, comparant sa souffrance à une mort environnante. Elle se remémore amèrement l'homme qui l'a laissée seule face aux monstres de l'île. Malgré ses malheurs, elle trouve un certain soulagement en partageant ses douleurs avec les rochers. Bacchus, ému par sa souffrance, lui offre son amour pour consoler sa perte. Il la persuade de ne pas se laisser abattre par la trahison de Thésée et de reconnaître la valeur de l'amour divin qu'il lui porte. Ariane, initialement fidèle à Thésée, finit par accepter l'amour de Bacchus, effaçant ainsi le souvenir douloureux de son premier amour. Le texte se conclut par un conseil aux jeunes beautés : si un amant volage les dédaigne, l'amour saura les venger en leur offrant de nouvelles faveurs et en tarissant la source de leurs pleurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 899-902
HIPERMNESTRE. CANTATE. Par Mlle DE MALCRAIS DE LA VIGNE, du Croisic en Bretagne.
Début :
Filles cruellement fidelles, [...]
Mots clefs :
Époux, Père, Danaüs, Danaïdes, Hymen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HIPERMNESTRE. CANTATE. Par Mlle DE MALCRAIS DE LA VIGNE, du Croisic en Bretagne.
HIPERMNESTRE..
CANTATE.
Par Mile DE MALCRAIS DE LA VIGNE
du Croisic en Bretagne.
UNa de multis face nuptiali ,
Digna perjurum fuit in Parentem,
Splendide mendax , et in omne Virgo ,
Nobilis ovum.
Hor. liv. 3. Od. II.
Filles cruellement fidelles ,
A leur Pere , aveuglé d'un perfide couroux...
Les Danaïdes criminelles ,
Dans les bras du sommeil , immoloient leurs
Epoux.
La seule Amante de Lincée ,
Ecoutoit son amour , et consultoit sa foy ,'
Mais Danaus , Vengeur , s'offrant à sa pensée ,
En excitant son bras , la remplissoit d'effroi.
Pour moi , pour mes sœurs , au Tar rare ,
Hymen , allumas- tu tes feux ? .
Qu'a
338173
900 MERCURE DE FRANCE
Qu'a fait mon Epoux , sort barbare
Qui mérite un trépas affreux ?-
Soleil , demeure au sein de l'Onde ;
Frémis d'éclairer nos forfaits ;
Epargne ce spectable au monde ;
Eteins tes rayons pour jamais..
Pour moi , pour mes sœurs , au Tar♣
tare ,
Hymen, allumas- tu tes feux ?.
Qu'a fait mon Epoux , sort barbare,
Qui mérite un trépas affreux ?
Sa main pour le percer , trois fois est suspen duë ;
Trois fois ne sçachant où frapper ,
Sa main d'elle- même abbattuë ,
Laisse le Poignard s'échapper.
Pâle , tremblante , irrésoluë ,
Retombant sur son lit , qu'elle arrose de pleurs
Elle addresse ces mots à l'objet qui la tuë,
Auprès d'elle endormi , sans prévoir ses mal- heurs.
Tendre Epoux ? moitié trop chérie
Quelle:
MA Y. 1732. 901
Quelle est la rigueur de mon sort ?
Je meurs , si j'épargne ta vie ,
Où je mourrai du regret de ta mort..
Ah ! plutôt , infléxible Pere ,
De cent coups , ouvre moi le flanc ;;
Que seule au moins je dégénere
De ta fureur, à t'abreuver de
>
sang.
Tendre Epoux ? moitié trop chérie ,
Quelle est la rigueur de mon sort è;
Je meurs , si j'épargne ta vie ,
Où je mourrai du regret de ta mort.
Mais ôtransport , dit-elle , & discours inutile
Que je tarde à délibérer !
Ouvre les yeux , fuis , cours ,
quelque azyle ,
cherche au loin
Profite de la nuit tranquille ;
Nous nous perdons tous deux à différer ,
Devançant le retour de la rapide Aurore ,
Mon Pere furieux et mes parjures sœurs ,
Viendront des crimes que j'abhorre ;
Consommer dans ton sang les infames noir ceurs. 1
Qu'attens, tu , cher Epoux adieu , reçois en core
Cet
902 MERCURE DE FRANCE
Ces avides baisers. , ces trop courtes douceurs.››
Pars donc , et pour faveur derniere ,
Pour prix de t'avoir conservé ,
Souviens- toi d'une Epouse à toy seul toute end tiere ,
Qui s'expose au péril dont elle t'a sauvé.
Hymen , combien ta puissance
Produit de nobles effets ;
Quand l'Amour d'intelligence ,.,
Serre les noeuds que tu fais !
Mais quand dans tes nœuds coupa bles ,
Le cœur ne suit pas la main ,
A quels crimes effroiables
N'ouvres-tu pas le chemin !
Hymen , combien ta puissance ,
Produit de nobles effets ?
Quand l'Amour d'intelligence.
Serre les noeuds que tu fais
CANTATE.
Par Mile DE MALCRAIS DE LA VIGNE
du Croisic en Bretagne.
UNa de multis face nuptiali ,
Digna perjurum fuit in Parentem,
Splendide mendax , et in omne Virgo ,
Nobilis ovum.
Hor. liv. 3. Od. II.
Filles cruellement fidelles ,
A leur Pere , aveuglé d'un perfide couroux...
Les Danaïdes criminelles ,
Dans les bras du sommeil , immoloient leurs
Epoux.
La seule Amante de Lincée ,
Ecoutoit son amour , et consultoit sa foy ,'
Mais Danaus , Vengeur , s'offrant à sa pensée ,
En excitant son bras , la remplissoit d'effroi.
Pour moi , pour mes sœurs , au Tar rare ,
Hymen , allumas- tu tes feux ? .
Qu'a
338173
900 MERCURE DE FRANCE
Qu'a fait mon Epoux , sort barbare
Qui mérite un trépas affreux ?-
Soleil , demeure au sein de l'Onde ;
Frémis d'éclairer nos forfaits ;
Epargne ce spectable au monde ;
Eteins tes rayons pour jamais..
Pour moi , pour mes sœurs , au Tar♣
tare ,
Hymen, allumas- tu tes feux ?.
Qu'a fait mon Epoux , sort barbare,
Qui mérite un trépas affreux ?
Sa main pour le percer , trois fois est suspen duë ;
Trois fois ne sçachant où frapper ,
Sa main d'elle- même abbattuë ,
Laisse le Poignard s'échapper.
Pâle , tremblante , irrésoluë ,
Retombant sur son lit , qu'elle arrose de pleurs
Elle addresse ces mots à l'objet qui la tuë,
Auprès d'elle endormi , sans prévoir ses mal- heurs.
Tendre Epoux ? moitié trop chérie
Quelle:
MA Y. 1732. 901
Quelle est la rigueur de mon sort ?
Je meurs , si j'épargne ta vie ,
Où je mourrai du regret de ta mort..
Ah ! plutôt , infléxible Pere ,
De cent coups , ouvre moi le flanc ;;
Que seule au moins je dégénere
De ta fureur, à t'abreuver de
>
sang.
Tendre Epoux ? moitié trop chérie ,
Quelle est la rigueur de mon sort è;
Je meurs , si j'épargne ta vie ,
Où je mourrai du regret de ta mort.
Mais ôtransport , dit-elle , & discours inutile
Que je tarde à délibérer !
Ouvre les yeux , fuis , cours ,
quelque azyle ,
cherche au loin
Profite de la nuit tranquille ;
Nous nous perdons tous deux à différer ,
Devançant le retour de la rapide Aurore ,
Mon Pere furieux et mes parjures sœurs ,
Viendront des crimes que j'abhorre ;
Consommer dans ton sang les infames noir ceurs. 1
Qu'attens, tu , cher Epoux adieu , reçois en core
Cet
902 MERCURE DE FRANCE
Ces avides baisers. , ces trop courtes douceurs.››
Pars donc , et pour faveur derniere ,
Pour prix de t'avoir conservé ,
Souviens- toi d'une Epouse à toy seul toute end tiere ,
Qui s'expose au péril dont elle t'a sauvé.
Hymen , combien ta puissance
Produit de nobles effets ;
Quand l'Amour d'intelligence ,.,
Serre les noeuds que tu fais !
Mais quand dans tes nœuds coupa bles ,
Le cœur ne suit pas la main ,
A quels crimes effroiables
N'ouvres-tu pas le chemin !
Hymen , combien ta puissance ,
Produit de nobles effets ?
Quand l'Amour d'intelligence.
Serre les noeuds que tu fais
Fermer
Résumé : HIPERMNESTRE. CANTATE. Par Mlle DE MALCRAIS DE LA VIGNE, du Croisic en Bretagne.
La cantate 'HIPERMNESTRE' de Mile de Malcrais de La Vigne raconte l'histoire d'Hypermnestre, une Danaïde qui épargne son époux Lyncée contrairement à ses sœurs. Hypermnestre est confrontée à un dilemme : obéir à son père Danaus, qui ordonne de tuer son mari, ou suivre son cœur. Elle lutte entre son amour pour Lyncée et sa peur du père vengeur. Après réflexion, elle décide de sauver Lyncée et l'incite à fuir pour éviter la vengeance de Danaus et de ses sœurs. La cantate met en lumière la puissance de l'Hymen et de l'Amour, soulignant leurs effets nobles lorsqu'ils sont en harmonie et les crimes effroyables lorsqu'ils sont absents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 1126-1128
PROSERPINE, ET LE FLEUVE D'OUBLI. CANTATE.
Début :
Loin des bords de Sicile et de sa tendre Mere, [...]
Mots clefs :
Fleuve, Oubli, Proserpine, Époux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROSERPINE, ET LE FLEUVE D'OUBLI. CANTATE.
PROSERPINE,
ET LE FLEUVE D'OUBLI.
CANTATE.
Loin des bords de Sicile et de sa tendre Mere .
Proserpine entrainée au ténebreux séjour ,
Dans ces gouffres affreux où le Pere du jour ,
Ne fit percer jamais sa charmante Lumiere ,
Près du Fleuve d'Oubli , promenoit sa douleur.
A Combien de regrets s'abandonne son cœur !
Cette image opposée à celle des Prairies ,
Des Jardins enchantés , des Côteaux verdoyans ;
Où la suivoientjadis ses Compagnes chéries ,
Arrache à sa douleur ces lugubres accens.
Malheureux sort , cruelle destinée !
Le même instant me ravit mon honneur ;
M'ôte le jour , Cerès , et mon bonheur ;
Forme les nœuds d'un indigne Hymenée.
Unjeune cœur est fait pour les plaisirs ;
Le mien , helas ! se consume en soupirs .
Dieux tout-puissans , auteurs de mon supplice
Si mes forfaits arment votre courroux ;
Sans murmurer j'attens votre justice.
Tonnez , frappez , Mars , changez mon Epoux.
1. Vol.
Sur
JUIN. 1732 1127
Sur les bords du Lethé, les yeux baignez de larmes ,
Proserpine exprimoit son Martyre en ces mots ;
Le Dieu du Fleuve , ébloui de ses charmes ,
Laisse couler plus lentement ses flots ;
Sensible à ses regrets , doucement il l'appelle.
Venez, belle Déesse , approchez de mes Eaux ,
Elles peuvent calmer vos soucis et vos maux ;
Agréez aujourd'hui ce gage de mon zele ;
Cessez d'accuser les Destins ,
Buvez , oubliez vos chagrins.
Cette Liqueur puissante,
Dissipe les langueurs ,
Efface des malheurs ,
La memoire affligeante.
Le Tyran des Enfers ,
Aux Cieux , aux vastes Mers ,
Prêfera son empire ,
Dès qu'il en eut goûté.
Elle rend la gayeté ,
A tout cœur qui soupire.
Il dit , et l'Immortelle approchant de ses Bords ,
Boit à longs traits de cette Onde divine ,"
Mais Cieux ! quels changemens ! est- ce ici Pro
serpine
Elle n'abhorre plus la Région des Morts ,
I. Vol. D v Son
1128 MERCURE DE FRANCE
Son cœur aux plaisirs s'abandonne ;
Ses noirs soucis font place aux ris , auxjeux
Elle adore l'Epoux que le Destin lui donne
"
Et répond à ses tendres feux.
Epoux , si vos Belles ,
Font trop les rebelles ,
Au Fleuve Lethé ,
Menez ces cruelles ;;
Malgré sa fierté ,
L'austere Beauté ,
Bientôt sympatise ,,
Bientôt s'humanise,,
Perd sa cruauté.
ET LE FLEUVE D'OUBLI.
CANTATE.
Loin des bords de Sicile et de sa tendre Mere .
Proserpine entrainée au ténebreux séjour ,
Dans ces gouffres affreux où le Pere du jour ,
Ne fit percer jamais sa charmante Lumiere ,
Près du Fleuve d'Oubli , promenoit sa douleur.
A Combien de regrets s'abandonne son cœur !
Cette image opposée à celle des Prairies ,
Des Jardins enchantés , des Côteaux verdoyans ;
Où la suivoientjadis ses Compagnes chéries ,
Arrache à sa douleur ces lugubres accens.
Malheureux sort , cruelle destinée !
Le même instant me ravit mon honneur ;
M'ôte le jour , Cerès , et mon bonheur ;
Forme les nœuds d'un indigne Hymenée.
Unjeune cœur est fait pour les plaisirs ;
Le mien , helas ! se consume en soupirs .
Dieux tout-puissans , auteurs de mon supplice
Si mes forfaits arment votre courroux ;
Sans murmurer j'attens votre justice.
Tonnez , frappez , Mars , changez mon Epoux.
1. Vol.
Sur
JUIN. 1732 1127
Sur les bords du Lethé, les yeux baignez de larmes ,
Proserpine exprimoit son Martyre en ces mots ;
Le Dieu du Fleuve , ébloui de ses charmes ,
Laisse couler plus lentement ses flots ;
Sensible à ses regrets , doucement il l'appelle.
Venez, belle Déesse , approchez de mes Eaux ,
Elles peuvent calmer vos soucis et vos maux ;
Agréez aujourd'hui ce gage de mon zele ;
Cessez d'accuser les Destins ,
Buvez , oubliez vos chagrins.
Cette Liqueur puissante,
Dissipe les langueurs ,
Efface des malheurs ,
La memoire affligeante.
Le Tyran des Enfers ,
Aux Cieux , aux vastes Mers ,
Prêfera son empire ,
Dès qu'il en eut goûté.
Elle rend la gayeté ,
A tout cœur qui soupire.
Il dit , et l'Immortelle approchant de ses Bords ,
Boit à longs traits de cette Onde divine ,"
Mais Cieux ! quels changemens ! est- ce ici Pro
serpine
Elle n'abhorre plus la Région des Morts ,
I. Vol. D v Son
1128 MERCURE DE FRANCE
Son cœur aux plaisirs s'abandonne ;
Ses noirs soucis font place aux ris , auxjeux
Elle adore l'Epoux que le Destin lui donne
"
Et répond à ses tendres feux.
Epoux , si vos Belles ,
Font trop les rebelles ,
Au Fleuve Lethé ,
Menez ces cruelles ;;
Malgré sa fierté ,
L'austere Beauté ,
Bientôt sympatise ,,
Bientôt s'humanise,,
Perd sa cruauté.
Fermer
Résumé : PROSERPINE, ET LE FLEUVE D'OUBLI. CANTATE.
La cantate 'Proserpine, et le Fleuve d'Oubli' relate l'enlèvement de Proserpine en Enfer, loin de sa mère et de la Sicile. Proserpine exprime sa douleur près du Fleuve d'Oubli, regrettant les lieux où elle se promenait avec ses compagnes. Elle déplore son sort cruel, qui lui a ravi son honneur, la lumière et son bonheur, la forçant à un mariage indigne. Son cœur, fait pour les plaisirs, se consume en soupirs. Elle accepte la justice divine et implore les dieux de changer son époux. Sur les bords du Lethé, Proserpine pleure son martyre. Le dieu du Fleuve, charmé par ses larmes, lui offre de boire de ses eaux pour apaiser ses soucis. Proserpine accepte et, après avoir bu, elle oublie ses chagrins. Son cœur s'abandonne aux plaisirs, et elle adore l'époux que le destin lui a donné. Elle conseille de mener les femmes rebelles au Fleuve Lethé pour les rendre plus douces.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 1291-1294
LA FAUSSE INCONSTANCE, mise en Musique, par M. de Brie. CANTATE, à voix seule.
Début :
Le Berger Palemon en proïe à sa douleur, [...]
Mots clefs :
Tristes, Berger, Palemon, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FAUSSE INCONSTANCE, mise en Musique, par M. de Brie. CANTATE, à voix seule.
LA FAUSSE INCONSTANCE,
mise en Musique , par M. de Brie.
CANTATE, à voix seule.
LE Berger Palemon en proïe à sadouleur ,
Par ses Discours plaintifs , exprimoit son mal- heur.
Ovous à qui mes cris pourront se faire entendre ,
Apprenez , apprenez , trop crédules amantes
Que mes tristes regrets et mes gemissemens›
Sont les fruits d'un amour trop tendre
H. Vol. Bvj, Que
1292 MERCURE DE FRANCE
Que l'exemple d'un malheureux
Puisse vous garentir des tourmens amoureux !
Amants , amants, brisez vos chaînes ,
Eteignez de folles ardeurs ;
De l'amour les fausses douceurs ,
Causent de veritables peines,
粥
C'est pour enflammer nos cœurs
Qu'avec vous il badine ;
De lui n'attendez point de fleurs ,
Qui ne vous cachent quelque épine :
De lui n'attendez point de fleurs ,
Que vous n'arrosiez de vos pleurs.
M
Par son mérite et sa tendresse ,
La jeune Amarillis avoit sçu me charmer
Mais cette infidele maîtresse ,
S'est lassée enfin de m'aimer.
Depuis son changement , je languis , je m'af
flige ,
Et mon troupeau que je néglige
N'entend plus mes tendres Chansons :
Je dors bien moins que je ne veille ;
Et ma Musette à mon oreille ,
Ne rend plus que de tristes , sons..
II.Vol. No
JUIN. 1732. 1293
Ne vous plaignez plus que vos belles
Refusent de vous soulager ;
Ha ! ne vaut - il pas mieux les éprouver cruelles ,
Que de les voir changer.
Vous avez au moins l'esperance ,
De les attendrir quelque jour ;
Mais j'ai perdu toute assurance
De recouvrer jamais l'objet de mon amou
M
Tandis que par ces tristes plaintes ,
Le Berger Palemon aux Bergers d'alentour ,
Du Dieu que l'on appelle Amour
Inspire les plus vives craintes ,
Quel objet vient s'offrir à ses regards surpris
C'est la charmante Amarillis.
Il reconnoit cette Bergere ·
Qu'il accusoit d'être legere :
Mais elle n'avoit feint un si prompt changement ,
Que pour éprouver son amant,
De Palémon elle couronne
La rare fidelité.
Bien-tôt le Berger lui pardonne ,
Et consent d'oublier son infidelité.
C'est une galante industrie
11. Köl. Que
1294 MERCURE DE FRANCE
De sçavoir à propos irriter un Amant :
Une petite broüillerie ,
Procure le plaisir du racommodement.
P .... r.
mise en Musique , par M. de Brie.
CANTATE, à voix seule.
LE Berger Palemon en proïe à sadouleur ,
Par ses Discours plaintifs , exprimoit son mal- heur.
Ovous à qui mes cris pourront se faire entendre ,
Apprenez , apprenez , trop crédules amantes
Que mes tristes regrets et mes gemissemens›
Sont les fruits d'un amour trop tendre
H. Vol. Bvj, Que
1292 MERCURE DE FRANCE
Que l'exemple d'un malheureux
Puisse vous garentir des tourmens amoureux !
Amants , amants, brisez vos chaînes ,
Eteignez de folles ardeurs ;
De l'amour les fausses douceurs ,
Causent de veritables peines,
粥
C'est pour enflammer nos cœurs
Qu'avec vous il badine ;
De lui n'attendez point de fleurs ,
Qui ne vous cachent quelque épine :
De lui n'attendez point de fleurs ,
Que vous n'arrosiez de vos pleurs.
M
Par son mérite et sa tendresse ,
La jeune Amarillis avoit sçu me charmer
Mais cette infidele maîtresse ,
S'est lassée enfin de m'aimer.
Depuis son changement , je languis , je m'af
flige ,
Et mon troupeau que je néglige
N'entend plus mes tendres Chansons :
Je dors bien moins que je ne veille ;
Et ma Musette à mon oreille ,
Ne rend plus que de tristes , sons..
II.Vol. No
JUIN. 1732. 1293
Ne vous plaignez plus que vos belles
Refusent de vous soulager ;
Ha ! ne vaut - il pas mieux les éprouver cruelles ,
Que de les voir changer.
Vous avez au moins l'esperance ,
De les attendrir quelque jour ;
Mais j'ai perdu toute assurance
De recouvrer jamais l'objet de mon amou
M
Tandis que par ces tristes plaintes ,
Le Berger Palemon aux Bergers d'alentour ,
Du Dieu que l'on appelle Amour
Inspire les plus vives craintes ,
Quel objet vient s'offrir à ses regards surpris
C'est la charmante Amarillis.
Il reconnoit cette Bergere ·
Qu'il accusoit d'être legere :
Mais elle n'avoit feint un si prompt changement ,
Que pour éprouver son amant,
De Palémon elle couronne
La rare fidelité.
Bien-tôt le Berger lui pardonne ,
Et consent d'oublier son infidelité.
C'est une galante industrie
11. Köl. Que
1294 MERCURE DE FRANCE
De sçavoir à propos irriter un Amant :
Une petite broüillerie ,
Procure le plaisir du racommodement.
P .... r.
Fermer
Résumé : LA FAUSSE INCONSTANCE, mise en Musique, par M. de Brie. CANTATE, à voix seule.
La cantate 'La Fausse Inconstance' de M. de Brie narre l'histoire de Palémon, un berger qui exprime sa douleur et son malheur face à l'infidélité apparente de sa bien-aimée, Amarillis. Palémon met en garde contre les tourments de l'amour et exhorte les amantes crédules à briser leurs chaînes. Charmé par le mérite et la tendresse d'Amarillis, il souffre de son infidélité supposée, négligeant son troupeau et trouvant plus de réconfort dans sa musette. Il partage sa douleur avec les bergers alentour, inspirant la crainte de l'amour. Amarillis réapparaît et révèle qu'elle avait feint son infidélité pour tester la fidélité de Palémon. Reconnaissant sa fidélité, elle le couronne et lui pardonne. Palémon pardonne à son tour son infidélité. La cantate conclut que provoquer une petite brouille peut procurer le plaisir du raccommodement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 1526-1528
LA DISGRACE D'HÉBÉ. CANTATE A mettre en Musique.
Début :
Récitatif. Dans le Palais charmant, de la voute celeste, [...]
Mots clefs :
Disgrâce d'Hébé, Amour, Musique, Voûte céleste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA DISGRACE D'HÉBÉ. CANTATE A mettre en Musique.
LA DISGRACE D'HE' BE'.
CANTATE
Amettre en Musique.
Récitatif.
D
Ans le Palais charmant
Voute celeste ,
> de la
Sous ces lambris sacrez , où Jupint tient sa Cour,
La jeune Hébé , plus brillante, et plus leste ,
Que la Messagere du jour ,
Enyvroit tous les Dieux de Nectar , et d'amour.
Chaque jour lui donnoit quelque grace nouvelle,
Tout cedoit au pouvoir de ses attraits naissants
Et
JUILLET. 1732. 1527
Et Venus à regret , auprès de cette Belle ,
Voyoit ses charmes impuissants.
Air. Quelle douceur , quelle victoire ,
De charger ainsi de fers ,
Les Maîtres de l'Univers ?
C'est des Héros de l'histoire,
Egaler les travaux divers.
Quel triomphe , quelle gloire
De ravir de tendres cœurs ,
A leurs premiers vainqueurs !
C'est voler au Temple demémoire ,
Par les plaisirs les plus flateurs.
Recitatif. Mais du destin leger, le caprice volage,
De la jeune Déesse abbatit les autels ,
Dans le moment qu'aux immortels
Elle offroit le divin breuvage.
Le pied glisse à la Belle, et malgré tous ses soins
Devant ces augustes témoins
Elle chancelle , elle tombe par terre !
"
Funeste chute , évenement fatal ,
Qui dégageant le Maître du tonnerre
En la place d'Hébé , éleve son rival.
Air. Que vos faveurs soient mesurées ,
Beautez, ne les prodiguez pas ,
2
Il
r528 MERCURE DE FRANCE
Il ne faut souvent qu'un faux pas ,
Pour renverser tous les Trophées ,
Qu'on érigeoit à vos appas.
Que vos faveurs soient mesurées ,
Beautez , ne les prodiguez pas..
Récitatif. Quel spectacle cruel ! l'orgueilloux Ga
nimede ,
Triomphe insolemment de la faveur des Dieux !
Eclatez , vains.soupirs , volez , percez les Cieux. -
Eternisez d'Hébé les malheurs sans remede.
Et vous,
Air.
Jeunes Beautez , fieres de notre encens
Justruisez vous à ses dépens,
L'Amour est un Dieu sauvage
Que nourrissent les soupirs.
Qui sçait picquer ses desirs
Sçait l'enflammer davantage.
Se promet-il des plaisirs ?
Il chérit son esclavage.
Les goûte-t'il il se dégage ,..
Plus leger que les Zéphirs ;
Et inalgré son doux langage,
C'est au port qu'il fait nauffrage,
CANTATE
Amettre en Musique.
Récitatif.
D
Ans le Palais charmant
Voute celeste ,
> de la
Sous ces lambris sacrez , où Jupint tient sa Cour,
La jeune Hébé , plus brillante, et plus leste ,
Que la Messagere du jour ,
Enyvroit tous les Dieux de Nectar , et d'amour.
Chaque jour lui donnoit quelque grace nouvelle,
Tout cedoit au pouvoir de ses attraits naissants
Et
JUILLET. 1732. 1527
Et Venus à regret , auprès de cette Belle ,
Voyoit ses charmes impuissants.
Air. Quelle douceur , quelle victoire ,
De charger ainsi de fers ,
Les Maîtres de l'Univers ?
C'est des Héros de l'histoire,
Egaler les travaux divers.
Quel triomphe , quelle gloire
De ravir de tendres cœurs ,
A leurs premiers vainqueurs !
C'est voler au Temple demémoire ,
Par les plaisirs les plus flateurs.
Recitatif. Mais du destin leger, le caprice volage,
De la jeune Déesse abbatit les autels ,
Dans le moment qu'aux immortels
Elle offroit le divin breuvage.
Le pied glisse à la Belle, et malgré tous ses soins
Devant ces augustes témoins
Elle chancelle , elle tombe par terre !
"
Funeste chute , évenement fatal ,
Qui dégageant le Maître du tonnerre
En la place d'Hébé , éleve son rival.
Air. Que vos faveurs soient mesurées ,
Beautez, ne les prodiguez pas ,
2
Il
r528 MERCURE DE FRANCE
Il ne faut souvent qu'un faux pas ,
Pour renverser tous les Trophées ,
Qu'on érigeoit à vos appas.
Que vos faveurs soient mesurées ,
Beautez , ne les prodiguez pas..
Récitatif. Quel spectacle cruel ! l'orgueilloux Ga
nimede ,
Triomphe insolemment de la faveur des Dieux !
Eclatez , vains.soupirs , volez , percez les Cieux. -
Eternisez d'Hébé les malheurs sans remede.
Et vous,
Air.
Jeunes Beautez , fieres de notre encens
Justruisez vous à ses dépens,
L'Amour est un Dieu sauvage
Que nourrissent les soupirs.
Qui sçait picquer ses desirs
Sçait l'enflammer davantage.
Se promet-il des plaisirs ?
Il chérit son esclavage.
Les goûte-t'il il se dégage ,..
Plus leger que les Zéphirs ;
Et inalgré son doux langage,
C'est au port qu'il fait nauffrage,
Fermer
Résumé : LA DISGRACE D'HÉBÉ. CANTATE A mettre en Musique.
La cantate 'La Disgrâce d'Hébé' relate la chute d'Hébé, la déesse chargée de servir le nectar aux dieux sur l'Olympe. Initialement admirée pour sa beauté et ses grâces, Hébé est reconnue même par Vénus. Cependant, une chute accidentelle lors du service entraîne sa disgrâce, permettant à Ganymède de prendre sa place auprès de Jupiter. La cantate met en garde contre l'arrogance et l'excès de confiance, soulignant la fragilité des faveurs divines. Ganymède, profitant de la situation, triomphe insolemment, tandis que les jeunes beautés sont invitées à tirer des leçons de la déchéance d'Hébé. La cantate se conclut par une réflexion sur la nature capricieuse de l'amour, qui peut à la fois enchaîner et libérer ceux qui en sont les esclaves.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 1760-1762
LA JEUNESSE. CANTATE.
Début :
Quel objet vient frapper mes yeux ? [...]
Mots clefs :
Jeunesse, Plaisirs, Agrément, Printemps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA JEUNESSE. CANTATE.
LA JEUNESSE.
CANTATE.
Quel objet vient frapper mes yeux ?
Quel éclat ! quelle grace extreme !
Ses regards enchanteurs , son souris gracieux ,
Soumettent tous les cœurs à son pouvoir su
prême.
Est-ce le Dieu qui fait qu'on aime,
Qui daigne descendre des Cieux ?
Non , c'est la Jeunesse elle- même ,
Que je vois paroître en ces lieux.
Les Ris , les Amours et les Graces ,
Suivent ses charmes divins ,
On voit folâtrer sur ses traces ,
Les Jeux enjouez et badins.
Regnez sur nous , douce Jeunesse,
Reine des plus tendres desirs ,
Sans vous tout languit de tristesse ;
Vous êtes l'ame des plaisirs.
Vous enchantez toute la Terre ,
Chacun adore vos attraits ,
On seroit toujours sûr de plaire ,
Si l'on ne vous perdoit jamais,
2
Heureus
AOUST. 1732. 1761
Heureux qui fixeroit votre course volage !
Seroit- il des trésors plus grands , plus précieux ?
Les fragiles Mortels égaleroient les Dieux ,
S'ils jouissoient toujours des douceurs du bel
âge :
En possedant des biens si vifs et si charmans ,
On ne peut exprimer les plaisirs qu'on éprouve ,
Mais hélas ! on vous perd , Jeunesse , en peu de
temps ,
Et jamais on ne vous retrouve.
L'Aigle avec moins de vîtesse ,
Fend l'air d'un rapide cours ,
Que ne s'envole la Jeunesse ,
Et l'éclat de nos beaux jours.
Ainsi que la Rose brillante ,
Elle ne dure qu'un matin ;
Pourquoi ne peut- elle être exempte ,
Des loix qu'impose le Destin ?
Déesse , répondez à mon ardente envie :
Favorisez mes plus tendres souhaits ,
Faites long- temps le bonheur de ma vie ,
Ou plutôt , s'il se peut , ne me quittez jamais,
Mais que me sert cette frivole attente ?
Mes vœux sont des vœux superflus ;
Lesmomens que je passe à flater l'inconstante ,
Şont autant de momens psrdus.
Vou
1762 MERCURE DE FRANCE
Vous qui possedez en partage,
•
La Jeunesse et ses agrémens
Faites- en un aimable usage ,
Employez bien tous ses instans.
Mais lorsquelle , vous abandonne ,
Pour moins regretter vos beaux ans
Renouvellez dans votre Automne,
Les plaisirs de votre Printemps.
LE MAIRE.
CANTATE.
Quel objet vient frapper mes yeux ?
Quel éclat ! quelle grace extreme !
Ses regards enchanteurs , son souris gracieux ,
Soumettent tous les cœurs à son pouvoir su
prême.
Est-ce le Dieu qui fait qu'on aime,
Qui daigne descendre des Cieux ?
Non , c'est la Jeunesse elle- même ,
Que je vois paroître en ces lieux.
Les Ris , les Amours et les Graces ,
Suivent ses charmes divins ,
On voit folâtrer sur ses traces ,
Les Jeux enjouez et badins.
Regnez sur nous , douce Jeunesse,
Reine des plus tendres desirs ,
Sans vous tout languit de tristesse ;
Vous êtes l'ame des plaisirs.
Vous enchantez toute la Terre ,
Chacun adore vos attraits ,
On seroit toujours sûr de plaire ,
Si l'on ne vous perdoit jamais,
2
Heureus
AOUST. 1732. 1761
Heureux qui fixeroit votre course volage !
Seroit- il des trésors plus grands , plus précieux ?
Les fragiles Mortels égaleroient les Dieux ,
S'ils jouissoient toujours des douceurs du bel
âge :
En possedant des biens si vifs et si charmans ,
On ne peut exprimer les plaisirs qu'on éprouve ,
Mais hélas ! on vous perd , Jeunesse , en peu de
temps ,
Et jamais on ne vous retrouve.
L'Aigle avec moins de vîtesse ,
Fend l'air d'un rapide cours ,
Que ne s'envole la Jeunesse ,
Et l'éclat de nos beaux jours.
Ainsi que la Rose brillante ,
Elle ne dure qu'un matin ;
Pourquoi ne peut- elle être exempte ,
Des loix qu'impose le Destin ?
Déesse , répondez à mon ardente envie :
Favorisez mes plus tendres souhaits ,
Faites long- temps le bonheur de ma vie ,
Ou plutôt , s'il se peut , ne me quittez jamais,
Mais que me sert cette frivole attente ?
Mes vœux sont des vœux superflus ;
Lesmomens que je passe à flater l'inconstante ,
Şont autant de momens psrdus.
Vou
1762 MERCURE DE FRANCE
Vous qui possedez en partage,
•
La Jeunesse et ses agrémens
Faites- en un aimable usage ,
Employez bien tous ses instans.
Mais lorsquelle , vous abandonne ,
Pour moins regretter vos beaux ans
Renouvellez dans votre Automne,
Les plaisirs de votre Printemps.
LE MAIRE.
Fermer
Résumé : LA JEUNESSE. CANTATE.
La cantate 'La Jeunesse' célèbre les attraits et les vertus de la jeunesse, présentée comme une déesse qui charme et conquiert les cœurs par sa grâce et son éclat. Elle est entourée des Rires, des Amours, des Grâces et des Jeux enjoués, incarnant la source des désirs les plus tendres et des plaisirs terrestres. Cependant, l'auteur exprime une tristesse face à la brièveté de la jeunesse, comparant sa fugacité à la rapidité de l'aigle ou à la durée éphémère d'une rose. Il souhaite ardemment que la jeunesse puisse durer éternellement, mais reconnaît l'inévitable passage du temps. Le texte se conclut par un conseil aux jeunes de profiter pleinement de leur jeunesse et de renouveler leurs plaisirs même lorsque la jeunesse les abandonne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 2573-2577
CANTATE. SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
Début :
La Fille du grand Roi que Bethléem vit naître, [...]
Mots clefs :
Naissance de Jésus-Christ, Puissance, Enfant, Univers, Adorer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CANTATE. SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
CANTAT E.
SUR LA NAISSANCE
DE JESUS- CHRIST.
LA Fille du grand Roi que Betlhéem vit naître
La fille de David , Pere de tant de Rois ,
Dans sa propre Patrie en vain se fait connoître ,
P
I. Vol. Citij L'in
2574 MERCURE DE FRANCE
L'ingrate Betlhéem se rend sourde à sa voix.
Tandis que l'Etranger chez l'Etranger tranquile ,
Ygoûte les douceurs d'un paisible repos ,
La Mere de celui qui vient finir nos maux ,
Erre loin de ses murs , pour chercher un azile ;
Un voile tenebreux lui cache l'Univers.
Lejour depuis long-tems se reposoit dans l'Onde,
A ses pas égarez une Grote profonde ,
Où regnent les sombres Hyvers ,
Parmi de vils Troupeaux offre un triste réfuge :
C'est-là qu'un Dieu Sauveur oubliant qu'il est
Juge ,
Oubliant nos forfaits , et son juste courroux ,
Vient de naître et commence à
s'immoler pour
•
nous.
Air.
Volez, Zéphirs , que votre haleine ,
Dans cet Antre profond ramene ,
La douce chaleur du Printemps.
Pere du jour , avant le temps ,
Recommencez votre carriere ,
Chassez les ombres de la nuit ;
L'Univers étonné languit ,
Dans l'attente de la lumiere :
Chassez les ombres de la nuit.
Quels prodiges divers ! la terre est agitée ,
Elle tremble et frémit d'allegresse et d'effroi :
1. Vol.
La
DECEMBRE. 1732. 2575
La Mer, comme autrefois, craintive, épouvantée,
Suspend ses flots bruyans , pour adorer son Roi ,
Dans un Enfant plein de foiblesse.
Le jour , le plus beau jour à paroître s'empresse :
Dévoilez , cher Enfant , l'éternelle beauté ;
Trop long- temps votre Mere a souffert de vos larmes :
Montrez-vous , soulagez ses mortelles allarmes.
Vous , qui de cet Enfant craignez la Majesté ,
Et qui vous nourissez dans le Ciel de ses charmes,
Heureux Esprits , chantez , découvrez- nous l'amour
Qui l'anime pour nous en cet affreux séjour.
Ecoutons ; le Ciel s'ouvre , un Chœur d'Anges
s'apprête
Acelebrer dans les airs une Fête.
Air.
Le Verbe s'est fait chair pour sauver les Mortels;
Dans ses abaissemens éternisons sa gloire :
Il triomphe des cœurs, pour prix de sa victoire,
Il se verra sans cesse élever des Autels ;
Toujours de sa bonté durera la memoire.
Heureux Mortels , recevez les bienfaits ,
Qu'il vient répandre sur la Terre ;
Déja sa main écarte le Tonnerre ;
Il pleure vos forfaits ,
Il vous offre la paix ,
Et replonge aux Enfers l'impitoyable guerre.
I. Vol CY .Heu-
2576 MERCURE DE FRANCE
Heureux Mortels, recevez les bienfaits
Qu'il vient répandre sur la Terre.
On mêle à ces Concerts de rust ques accens ;
De vigilans Bergers accourus vers l'Etable ,
Y portent des cœurs innocens ,
Et forment au Sauveur la Cour la plus aimable ;'
Tandis que pleins d'amour ils pleurent ses dou- leurs ,
L'un d'eux forme ces sons , qu'interrompent
ses pleurs.
Air.
Foible Enfant, Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime.
Vous soulagez tous nos besoins ,
Tout m'annonce vos tendres soins ,
Et vous vous oubliez vous- même
Vous êtes plus pauvre que nous ,
Et tout l'Univers est à vous
Foible Enfant, Puissance suprême
Je vous adore et je vous aime.
Votre main soutient l'Univers.
Elle transporte les Montagnes ;
Elle fait naître en nos Campagnes ,
Et nourrit mille fruits divers.
Votre voix ramene l'Aurore ,
Qui nous éclaire chaque jour ,
1. Vol. Et
DECEMBRE. 1732. 2577
Et les fleurs qu'elle fait éclore ,
Sont les présens de votre amour.
Foible Enfant , Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime
SUR LA NAISSANCE
DE JESUS- CHRIST.
LA Fille du grand Roi que Betlhéem vit naître
La fille de David , Pere de tant de Rois ,
Dans sa propre Patrie en vain se fait connoître ,
P
I. Vol. Citij L'in
2574 MERCURE DE FRANCE
L'ingrate Betlhéem se rend sourde à sa voix.
Tandis que l'Etranger chez l'Etranger tranquile ,
Ygoûte les douceurs d'un paisible repos ,
La Mere de celui qui vient finir nos maux ,
Erre loin de ses murs , pour chercher un azile ;
Un voile tenebreux lui cache l'Univers.
Lejour depuis long-tems se reposoit dans l'Onde,
A ses pas égarez une Grote profonde ,
Où regnent les sombres Hyvers ,
Parmi de vils Troupeaux offre un triste réfuge :
C'est-là qu'un Dieu Sauveur oubliant qu'il est
Juge ,
Oubliant nos forfaits , et son juste courroux ,
Vient de naître et commence à
s'immoler pour
•
nous.
Air.
Volez, Zéphirs , que votre haleine ,
Dans cet Antre profond ramene ,
La douce chaleur du Printemps.
Pere du jour , avant le temps ,
Recommencez votre carriere ,
Chassez les ombres de la nuit ;
L'Univers étonné languit ,
Dans l'attente de la lumiere :
Chassez les ombres de la nuit.
Quels prodiges divers ! la terre est agitée ,
Elle tremble et frémit d'allegresse et d'effroi :
1. Vol.
La
DECEMBRE. 1732. 2575
La Mer, comme autrefois, craintive, épouvantée,
Suspend ses flots bruyans , pour adorer son Roi ,
Dans un Enfant plein de foiblesse.
Le jour , le plus beau jour à paroître s'empresse :
Dévoilez , cher Enfant , l'éternelle beauté ;
Trop long- temps votre Mere a souffert de vos larmes :
Montrez-vous , soulagez ses mortelles allarmes.
Vous , qui de cet Enfant craignez la Majesté ,
Et qui vous nourissez dans le Ciel de ses charmes,
Heureux Esprits , chantez , découvrez- nous l'amour
Qui l'anime pour nous en cet affreux séjour.
Ecoutons ; le Ciel s'ouvre , un Chœur d'Anges
s'apprête
Acelebrer dans les airs une Fête.
Air.
Le Verbe s'est fait chair pour sauver les Mortels;
Dans ses abaissemens éternisons sa gloire :
Il triomphe des cœurs, pour prix de sa victoire,
Il se verra sans cesse élever des Autels ;
Toujours de sa bonté durera la memoire.
Heureux Mortels , recevez les bienfaits ,
Qu'il vient répandre sur la Terre ;
Déja sa main écarte le Tonnerre ;
Il pleure vos forfaits ,
Il vous offre la paix ,
Et replonge aux Enfers l'impitoyable guerre.
I. Vol CY .Heu-
2576 MERCURE DE FRANCE
Heureux Mortels, recevez les bienfaits
Qu'il vient répandre sur la Terre.
On mêle à ces Concerts de rust ques accens ;
De vigilans Bergers accourus vers l'Etable ,
Y portent des cœurs innocens ,
Et forment au Sauveur la Cour la plus aimable ;'
Tandis que pleins d'amour ils pleurent ses dou- leurs ,
L'un d'eux forme ces sons , qu'interrompent
ses pleurs.
Air.
Foible Enfant, Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime.
Vous soulagez tous nos besoins ,
Tout m'annonce vos tendres soins ,
Et vous vous oubliez vous- même
Vous êtes plus pauvre que nous ,
Et tout l'Univers est à vous
Foible Enfant, Puissance suprême
Je vous adore et je vous aime.
Votre main soutient l'Univers.
Elle transporte les Montagnes ;
Elle fait naître en nos Campagnes ,
Et nourrit mille fruits divers.
Votre voix ramene l'Aurore ,
Qui nous éclaire chaque jour ,
1. Vol. Et
DECEMBRE. 1732. 2577
Et les fleurs qu'elle fait éclore ,
Sont les présens de votre amour.
Foible Enfant , Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime
Fermer
Résumé : CANTATE. SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
Le poème relate la naissance de Jésus-Christ à Bethléem, la ville natale du roi David. Marie, sa mère, cherche un refuge et trouve abri dans une grotte sombre. Jésus, un Dieu Sauveur, naît en oubliant ses pouvoirs pour se sacrifier pour l'humanité. La terre tremble de joie et la mer suspend ses flots pour adorer le nouveau roi. Le jour le plus beau se hâte d'apparaître, et les anges célèbrent cet événement dans les airs. Le Verbe s'est fait chair pour sauver les mortels, et sa bonté durera éternellement. Les bergers, pleins d'amour, accourent vers l'étable pour adorer le Sauveur. Un berger exprime son admiration et son amour pour cet enfant puissant et humble, reconnaissant que sa main soutient l'univers et qu'il est l'auteur de toutes les bénédictions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 2724-2727
LES SAISONS, CANTATE A mettre en Musique.
Début :
Quand l'Air, le Feu; la Terre et l'Onde, [...]
Mots clefs :
Saisons, Musique, Récitatif, Hiver, Chaos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES SAISONS, CANTATE A mettre en Musique.
LES SAISONS ,
CANT ATE
A mettre en Musique. ·
Quand l'Air , le Feu ; la Terre et l'Onde , -
Furent débrouillez du cahos ;
Vertumne regna seul dans l'Empire du Monde ,
Durant cet âge heureux du premier des Métaux.
Mais lorsque le Dieu du Tonnerre ,
Eat détrôné son pere , on lui ravit ses droits.
Cérés , Bacchus , l'Hyver , par une horrible =
guerre ,
Renverserent toutes ses Loix.
Et bien-tôt ses couleurs ne parerent la Terre ,
Qu'en ce temps où l'Amour vient vuider son
Carquois.
I.Vol
DECEMBRE. 1732. 2725
Air.
Ah ! sans ce malheur déplorable ,
Que les Mortels seroient heureux !
Le doux Printemps seroit durable ,
L'Amour n'éteindroit point ses feux ;
Du Dieu que chante Philoméle ,
Dans ses mélodieux Concerts ,
Tous les cœurs pourroient ainsi qu'elle ,
Jusqu'au tombeau porter les fers..
Ah ! &c. .
Récitatif.
Mais quoi ! Vertumine fuit,le tendre Amour s'enga vole ;
Philoméle gémit en traversant les Airs ,
Et les brulans Sujets d'Eole ,
Embrasent déja l'Univers ,
L'abondante Cérés regne dans les Campagnes;
De ses dons précieux l'or brille en nos Vallons ,
Et l'espoir d'en jouir , de l'Hôte des Montagnes s
Va faire celui des Sillons.
Air..
Imitons sa sage prudence ,
Après les plaisirs du Printemps,
Pensons à ceux de l'abondance ;
S'ils sont moins doux , ils sont constans.
Que tout encense la Déesse ,
1. Vol. Qui
2726 MERCURE DE FRANCE
Qui vient nous donner de beaux jours ,
Quand a disparu la jeunesse ,
Sur l'aîle des tendres Amours.
Imitons , &c.
Récitatif.
Dieux ! quel nouveau spectacle à mes yeux se
présente !
Je vois tous les Côteaux de la Pourpre couverts ;
Cérés fait place au Dieu dont la Liqueur char mante,
Fait les plaisirs de l'Univers.
Pomone vient mêler ses fruits à la vendange ;
Tout charme l'espoir des Buveurs ;
Le Thyrre est triomphant , et le vainqueur
Gange ,
Reçoit aussi l'encens des cœurs.
Aire
Livrons-nous à la douce yvresse,
De son agréable boisson ;
Elle éteint le mal qui nous presse ,
En submergeant notre raison.
Dans cette Liqueur immortelle,
On trouve la felicité,
L'Amour est perfide , infidelle ;
Bacchus seul est la verité.
Livrons , &c.
1. Vol.
Rici
DECEMBRE. 1732. 2727.
Récitatif.
Mais hélas ! l'Hyver vient ravager la Nature ,
Sur un Trône éclatant de nege et de glaçons ,
It déja nos Forêts ont perdu leur parure ,
Par le souffle des Aquillons.
Tout tremble à son aspect terrible ;
Les seuls plaisirs n'en sont point allarmez ;
Plus sa rigueur devient sensible ,
Plus des Mortels ils sont aimez.
Air.
L'Hyver,quoiqu'un Dieu redoutable,
Brille à mes yeux de mille attraits ,
En ce qu'il est inséparable ,
Des Jeux , des Ris et de la Paix ;
Son regne est celui des délices ;
·
Chacun peut sans soins , sans travaux ;
Avoir part aux doux sacrifices ,
Qu'il exige de ses Rivaux.
L'Hyver , &c.
CANT ATE
A mettre en Musique. ·
Quand l'Air , le Feu ; la Terre et l'Onde , -
Furent débrouillez du cahos ;
Vertumne regna seul dans l'Empire du Monde ,
Durant cet âge heureux du premier des Métaux.
Mais lorsque le Dieu du Tonnerre ,
Eat détrôné son pere , on lui ravit ses droits.
Cérés , Bacchus , l'Hyver , par une horrible =
guerre ,
Renverserent toutes ses Loix.
Et bien-tôt ses couleurs ne parerent la Terre ,
Qu'en ce temps où l'Amour vient vuider son
Carquois.
I.Vol
DECEMBRE. 1732. 2725
Air.
Ah ! sans ce malheur déplorable ,
Que les Mortels seroient heureux !
Le doux Printemps seroit durable ,
L'Amour n'éteindroit point ses feux ;
Du Dieu que chante Philoméle ,
Dans ses mélodieux Concerts ,
Tous les cœurs pourroient ainsi qu'elle ,
Jusqu'au tombeau porter les fers..
Ah ! &c. .
Récitatif.
Mais quoi ! Vertumine fuit,le tendre Amour s'enga vole ;
Philoméle gémit en traversant les Airs ,
Et les brulans Sujets d'Eole ,
Embrasent déja l'Univers ,
L'abondante Cérés regne dans les Campagnes;
De ses dons précieux l'or brille en nos Vallons ,
Et l'espoir d'en jouir , de l'Hôte des Montagnes s
Va faire celui des Sillons.
Air..
Imitons sa sage prudence ,
Après les plaisirs du Printemps,
Pensons à ceux de l'abondance ;
S'ils sont moins doux , ils sont constans.
Que tout encense la Déesse ,
1. Vol. Qui
2726 MERCURE DE FRANCE
Qui vient nous donner de beaux jours ,
Quand a disparu la jeunesse ,
Sur l'aîle des tendres Amours.
Imitons , &c.
Récitatif.
Dieux ! quel nouveau spectacle à mes yeux se
présente !
Je vois tous les Côteaux de la Pourpre couverts ;
Cérés fait place au Dieu dont la Liqueur char mante,
Fait les plaisirs de l'Univers.
Pomone vient mêler ses fruits à la vendange ;
Tout charme l'espoir des Buveurs ;
Le Thyrre est triomphant , et le vainqueur
Gange ,
Reçoit aussi l'encens des cœurs.
Aire
Livrons-nous à la douce yvresse,
De son agréable boisson ;
Elle éteint le mal qui nous presse ,
En submergeant notre raison.
Dans cette Liqueur immortelle,
On trouve la felicité,
L'Amour est perfide , infidelle ;
Bacchus seul est la verité.
Livrons , &c.
1. Vol.
Rici
DECEMBRE. 1732. 2727.
Récitatif.
Mais hélas ! l'Hyver vient ravager la Nature ,
Sur un Trône éclatant de nege et de glaçons ,
It déja nos Forêts ont perdu leur parure ,
Par le souffle des Aquillons.
Tout tremble à son aspect terrible ;
Les seuls plaisirs n'en sont point allarmez ;
Plus sa rigueur devient sensible ,
Plus des Mortels ils sont aimez.
Air.
L'Hyver,quoiqu'un Dieu redoutable,
Brille à mes yeux de mille attraits ,
En ce qu'il est inséparable ,
Des Jeux , des Ris et de la Paix ;
Son regne est celui des délices ;
·
Chacun peut sans soins , sans travaux ;
Avoir part aux doux sacrifices ,
Qu'il exige de ses Rivaux.
L'Hyver , &c.
Fermer
Résumé : LES SAISONS, CANTATE A mettre en Musique.
Le texte 'Les Saisons' est une œuvre poétique destinée à être mise en musique, décrivant les différentes saisons et leurs influences sur le monde. Initialement, Vertumne, dieu de la Terre, régnait seul durant l'âge d'or. Après son détrônement par le dieu du Tonnerre, Cérès, Bacchus et l'Hiver renversèrent ses lois, marquant les saisons par des conflits et des changements. Le texte commence par un air regrettant la perte de l'âge d'or, où le printemps serait durable et l'amour éternel. Un récitatif décrit la fuite de Vertumne et l'arrivée de l'amour, symbolisée par Philomèle. L'abondance de Cérès est célébrée, et les plaisirs de l'abondance sont encouragés après ceux du printemps. Un nouveau récitatif introduit l'arrivée de Bacchus, dont la liqueur charmante remplace les dons de Cérès. Pomone mêle ses fruits à la vendange, et l'ivresse de Bacchus est louée comme source de félicité. Enfin, l'hiver est décrit comme un dieu redoutable mais apportant des délices et des plaisirs, malgré sa rigueur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 1-4
LES QUATRE AGES. CANTATE A mettre en Musique.
Début :
Heureux siécle de l'innocence, [...]
Mots clefs :
Terre, Âge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES QUATRE AGES. CANTATE A mettre en Musique.
LES QUATRE’ AGES.
CANTATE '
A mettre en Musique.‘ _
_ av.
grw. . g Eurcux sxéclc de Piunocence,‘
r o i _
‘ ' -v Beaux purs de PAgc d’or qwêtaæ?
vous devenus 3
0L‘: sont ces tcms où l'abat-ï
dance,
N’c'toit pas 1c vil finit des iravanx assidus il
" M
a- MEIÏCURE m; FRANCE
La Nature a.l\ors libérale v ‘ ‘- "
' Prodiguoit de son sein les trésors précieux g
q Jamais mere ne fur plus tendre, et plus égale. .
Ses cnfans joiiissoient des délices des Cieux.
i Air.
Le lait serpentoit dans les Plaines ,
Le nziel couloir dans les Jardins.
Les seuls Zéphirs par leurs baleines ,
Faisoient respirer les humains.
De Pl-lyver, les filles de Flore
Ne connoissoicnr pas les rigueurs , ,
De conCCrt Vertumne, et I.’Aurore
Immorralisoienr leurs couleurs.
L'innocence servait de guide _‘__
Au Dieu qui donne 3. tout des Loir,‘
Et jamais d’aucun trait perfide
Il ne remplissait son Carquois.
Le lait. . _ “
p ‘ RécitatifÏ
Biais bien-tôt les Mortels , de la» divine A54
rrée ,
Ne mériterenr pluslcs dons-ni les faveurs:
Elle quitta la Terre, c: fut dans Pfiinpirée
Qmnd elle vit changerles coeurs. ‘
p Airÿ
@’on verse deslannes !
On perd pour‘ jamais
‘La
JANVIER. x7333 3
La douceur des charmes
Qxc produit la Paix.
Du Dieu de la Guerre
Ifiinjuste fureur
Répond sur la terre ’
La, haine et Phorrcur.
Ëa Nature avare
Garde ses trésors ,
Et l’Amour prépare
A mille remords. ’
Récitattf.
Grands Dîcuit l quel thangcment funeste!
Les plaisirs innocens ne sont plus de saison ;
Le vice cst triomphant : c: le courroux cé-e‘
lcstc i
Lui laisse enchaîner 1a raison.
Tbémis fait place â Pinjusticc ,
UOtphelin gémit opprimé ,
Et PUnivcrs entier n’€St qu’un vaste édifice
941i mérite d’êtte abîmé.
-_ Air.
C'est a‘. kfiseulc molesse
Qÿon élcvc des Autels 5
Tout ce qui n’cst pas foihlcsse
Est indigne des Mortcls.
Ils ne connaissent de chaînes
Qxe
g‘ MERCURE ne FRANCE
Que celles des doux plaisirs 5
Et se font même des peines
D’avoir de trop longs désirs.‘
C’esr. . . . _
Récitatif.
lnfin PAge de fer , auteur de mille crimes;
.,Vient enclor augmenter Pcxcès de leurs mal-j
heurs :
Il creuse sous leurs pas OEelfroyables abîmes a
Qui leur semblent couverts de fleurs.
Air
Les mains homicides‘
Des trois Eumënides
Dans tout PUnivcrn
Porteur les Enfers;
Le sang par le crimi
Seul est répandu , a
Et prend pour victime
Toujours la vertu.
Morale.
Mortel: ,'voila‘n de votre vie
La vive Image et le Tableau ; ’
Plus tard elle vous est ravie ,
l: plus vous descende: criminels au Tombeaux;
CANTATE '
A mettre en Musique.‘ _
_ av.
grw. . g Eurcux sxéclc de Piunocence,‘
r o i _
‘ ' -v Beaux purs de PAgc d’or qwêtaæ?
vous devenus 3
0L‘: sont ces tcms où l'abat-ï
dance,
N’c'toit pas 1c vil finit des iravanx assidus il
" M
a- MEIÏCURE m; FRANCE
La Nature a.l\ors libérale v ‘ ‘- "
' Prodiguoit de son sein les trésors précieux g
q Jamais mere ne fur plus tendre, et plus égale. .
Ses cnfans joiiissoient des délices des Cieux.
i Air.
Le lait serpentoit dans les Plaines ,
Le nziel couloir dans les Jardins.
Les seuls Zéphirs par leurs baleines ,
Faisoient respirer les humains.
De Pl-lyver, les filles de Flore
Ne connoissoicnr pas les rigueurs , ,
De conCCrt Vertumne, et I.’Aurore
Immorralisoienr leurs couleurs.
L'innocence servait de guide _‘__
Au Dieu qui donne 3. tout des Loir,‘
Et jamais d’aucun trait perfide
Il ne remplissait son Carquois.
Le lait. . _ “
p ‘ RécitatifÏ
Biais bien-tôt les Mortels , de la» divine A54
rrée ,
Ne mériterenr pluslcs dons-ni les faveurs:
Elle quitta la Terre, c: fut dans Pfiinpirée
Qmnd elle vit changerles coeurs. ‘
p Airÿ
@’on verse deslannes !
On perd pour‘ jamais
‘La
JANVIER. x7333 3
La douceur des charmes
Qxc produit la Paix.
Du Dieu de la Guerre
Ifiinjuste fureur
Répond sur la terre ’
La, haine et Phorrcur.
Ëa Nature avare
Garde ses trésors ,
Et l’Amour prépare
A mille remords. ’
Récitattf.
Grands Dîcuit l quel thangcment funeste!
Les plaisirs innocens ne sont plus de saison ;
Le vice cst triomphant : c: le courroux cé-e‘
lcstc i
Lui laisse enchaîner 1a raison.
Tbémis fait place â Pinjusticc ,
UOtphelin gémit opprimé ,
Et PUnivcrs entier n’€St qu’un vaste édifice
941i mérite d’êtte abîmé.
-_ Air.
C'est a‘. kfiseulc molesse
Qÿon élcvc des Autels 5
Tout ce qui n’cst pas foihlcsse
Est indigne des Mortcls.
Ils ne connaissent de chaînes
Qxe
g‘ MERCURE ne FRANCE
Que celles des doux plaisirs 5
Et se font même des peines
D’avoir de trop longs désirs.‘
C’esr. . . . _
Récitatif.
lnfin PAge de fer , auteur de mille crimes;
.,Vient enclor augmenter Pcxcès de leurs mal-j
heurs :
Il creuse sous leurs pas OEelfroyables abîmes a
Qui leur semblent couverts de fleurs.
Air
Les mains homicides‘
Des trois Eumënides
Dans tout PUnivcrn
Porteur les Enfers;
Le sang par le crimi
Seul est répandu , a
Et prend pour victime
Toujours la vertu.
Morale.
Mortel: ,'voila‘n de votre vie
La vive Image et le Tableau ; ’
Plus tard elle vous est ravie ,
l: plus vous descende: criminels au Tombeaux;
Fermer
Résumé : LES QUATRE AGES. CANTATE A mettre en Musique.
Le texte 'Les Quatre Âges' décrit les époques de l'humanité à travers des cantates et des récitatifs. L'âge d'or est marqué par une nature généreuse et tendre, offrant des trésors précieux. Les humains jouissent de délices célestes dans un environnement pur et idyllique, guidés par l'innocence et la paix. Cependant, la corruption des cœurs entraîne la perte des faveurs divines. La douceur et la paix disparaissent, remplacées par la haine et l'horreur. La nature devient avare, et l'amour engendre des remords. Le vice triomphe, et la raison est enchaînée, laissant place à l'injustice. L'âge de fer, caractérisé par des crimes et des abîmes cachés sous des apparences florissantes, aggrave les malheurs humains. Les Euménides, déesses de la vengeance, répandent le sang et la violence, prenant toujours la vertu pour victime. Le texte se conclut par une morale rappelant aux mortels que leur vie est une image de ces âges, et que plus ils tardent à se repentir, plus ils descendent vers la criminalité et la tombe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 50-53
LES NOCES DE PLUTUS, CANTATE.
Début :
Travaillant nuit et jour, et calculant sans cesse, [...]
Mots clefs :
Dieu, Plutus, Coeur, Vieillard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES NOCES DE PLUTUS, CANTATE.
LES NOCES DEPLUTUS;
CANTATE.
. Ravaillant nuit et jour. et calculant sana
cesse ,
Plutus a quoi quäccablé d’une longue vieil-f
5. lesse, ,
4' grossir ses trésors bornoit tous soe plais,’
strs ;
Insensible aux tendres desirs ,
_ Sans cesse on Pentendoit médite
De PAmour et de son Empire;
-Et PCSprÎt agité d’un orgucillcursouci.
,4 Un jour il ÿexprimoit ainsi_: .
i Perfide Enfant, Dieu de Citherc.
Qii sous les appels séduisans ,
D’unc volupté passagere .
Causes les maux les plus cuisans ,
En vain , ton Sot orgueil sc vante
D’avoir soumis et la Terre ‘e: les Cieux.‘
Je vois d’une ame indiEerentc
Tous res elforts audacieux ;
Mon trésor me plaît et mknchanteg
- De lui seul je suis amoureux, '
Contre moi ta rage imyuissante
r-‘v
' Lance
JANVIER. I735. 51
Lance en vain tes traits dangereux.
Àinsi du fier Plurus la langue satirique
sur PAmour se divertissoit ,
Lorsque ce Dieu ‘qui par hazard passoil
Entcndit son panegyrique; ‘
Vieil insensé , dit-il , transporté de couroux ,
Tu ne braveras pas plus long-tcms ma puise‘
sauce;
Ton coeur percé ale-mille coups
servira de victime à ma juste vengeance.
{l ces mots, dans sa main tenant un trait vaini
queur ,
Çonneis-moi mieux, dit-il , "cède au Dieu d!
_Citherc,
Si tu ne peux Paimer , du moins crains sa co-ë
1ere :
Le trait vole , et soudain il va frapper Il
coeur '
Du vieux Plutus trop témeraire ;
Il ressent tout à coup une amoureuse ara
«leur,
Dont il veut en vain se drfîendre ;
Malgré lui son coeur devient tendre,
Philis par hazard à ses yeux
Présente sa beauté naissante ;
Cette Belle aussi-tôt Penchante,‘
Et ne pouvant résister â ses feux ,
Il implore à son tour , quoique scxagenairç;
Le secours du Dieu de Cithctc , "
Je
3-2 MERCURE DE FRANCE
je te Êéde , dit-il , aimable Dieu dvimour",
Tu m’as soumis à ton Empire 5 ‘ ‘_
Heureux si ce: objet pour qui mon coeur sou
pire _
Me payoit d’un tendre retour !
Vous changez bien-tôt de langage,‘
Dit l’Amour , en riant, vous aimez â votre
âge a
Fi donc! sage Vieillard , fy! vous n’y pensez
pas 5
Vous imaginez-vous que de jeunes apas
‘Puissent devenir le partage
D’un Vieillard décrcpit tel que le Dieu Fine
tus ë
Non , tout Péclat de vos écus
Ne peut ricn sur VolrC Maîtresse ;
i
.
On aimera votre richesse; , .
‘Mais vous serez haï plus que la mort;
Philis sera pourtant unie à votre sort
Par les liens de PHymcnée ,
Mais , malheureux Plutus , quelle est ta destîg‘
née Î’
Je frémis en voyant les sujets de chagrin ,
Q1: pendant ton hymen vont naître dans ton‘
sein. '
Tout vieillard qui se marie ,
S’apprête un cruel ennui;
S’il choisit femme jolie ,
Çe choix n’est pas fait pour lui g
Tout
JANVIER. I733. 5}
Tout â coup la jalousie
Régie tous ses mouvemens 3
Tous les instans de sa vie
Sont des-instans de tourmens.
‘ La vieillesse a‘. la jeunesse
Ne peut jamais convenir ,
Plutus aura sa Maîtresse ,
Mais gare le repentir.
' ‘V. D. G.
CANTATE.
. Ravaillant nuit et jour. et calculant sana
cesse ,
Plutus a quoi quäccablé d’une longue vieil-f
5. lesse, ,
4' grossir ses trésors bornoit tous soe plais,’
strs ;
Insensible aux tendres desirs ,
_ Sans cesse on Pentendoit médite
De PAmour et de son Empire;
-Et PCSprÎt agité d’un orgucillcursouci.
,4 Un jour il ÿexprimoit ainsi_: .
i Perfide Enfant, Dieu de Citherc.
Qii sous les appels séduisans ,
D’unc volupté passagere .
Causes les maux les plus cuisans ,
En vain , ton Sot orgueil sc vante
D’avoir soumis et la Terre ‘e: les Cieux.‘
Je vois d’une ame indiEerentc
Tous res elforts audacieux ;
Mon trésor me plaît et mknchanteg
- De lui seul je suis amoureux, '
Contre moi ta rage imyuissante
r-‘v
' Lance
JANVIER. I735. 51
Lance en vain tes traits dangereux.
Àinsi du fier Plurus la langue satirique
sur PAmour se divertissoit ,
Lorsque ce Dieu ‘qui par hazard passoil
Entcndit son panegyrique; ‘
Vieil insensé , dit-il , transporté de couroux ,
Tu ne braveras pas plus long-tcms ma puise‘
sauce;
Ton coeur percé ale-mille coups
servira de victime à ma juste vengeance.
{l ces mots, dans sa main tenant un trait vaini
queur ,
Çonneis-moi mieux, dit-il , "cède au Dieu d!
_Citherc,
Si tu ne peux Paimer , du moins crains sa co-ë
1ere :
Le trait vole , et soudain il va frapper Il
coeur '
Du vieux Plutus trop témeraire ;
Il ressent tout à coup une amoureuse ara
«leur,
Dont il veut en vain se drfîendre ;
Malgré lui son coeur devient tendre,
Philis par hazard à ses yeux
Présente sa beauté naissante ;
Cette Belle aussi-tôt Penchante,‘
Et ne pouvant résister â ses feux ,
Il implore à son tour , quoique scxagenairç;
Le secours du Dieu de Cithctc , "
Je
3-2 MERCURE DE FRANCE
je te Êéde , dit-il , aimable Dieu dvimour",
Tu m’as soumis à ton Empire 5 ‘ ‘_
Heureux si ce: objet pour qui mon coeur sou
pire _
Me payoit d’un tendre retour !
Vous changez bien-tôt de langage,‘
Dit l’Amour , en riant, vous aimez â votre
âge a
Fi donc! sage Vieillard , fy! vous n’y pensez
pas 5
Vous imaginez-vous que de jeunes apas
‘Puissent devenir le partage
D’un Vieillard décrcpit tel que le Dieu Fine
tus ë
Non , tout Péclat de vos écus
Ne peut ricn sur VolrC Maîtresse ;
i
.
On aimera votre richesse; , .
‘Mais vous serez haï plus que la mort;
Philis sera pourtant unie à votre sort
Par les liens de PHymcnée ,
Mais , malheureux Plutus , quelle est ta destîg‘
née Î’
Je frémis en voyant les sujets de chagrin ,
Q1: pendant ton hymen vont naître dans ton‘
sein. '
Tout vieillard qui se marie ,
S’apprête un cruel ennui;
S’il choisit femme jolie ,
Çe choix n’est pas fait pour lui g
Tout
JANVIER. I733. 5}
Tout â coup la jalousie
Régie tous ses mouvemens 3
Tous les instans de sa vie
Sont des-instans de tourmens.
‘ La vieillesse a‘. la jeunesse
Ne peut jamais convenir ,
Plutus aura sa Maîtresse ,
Mais gare le repentir.
' ‘V. D. G.
Fermer
Résumé : LES NOCES DE PLUTUS, CANTATE.
Le texte 'Les Noces de Plutus' raconte l'histoire de Plutus, le dieu de la richesse, qui méprise l'amour et se consacre à l'accumulation de trésors. L'Amour, offensé par les propos de Plutus, décide de se venger en le rendant amoureux de Philis, une jeune femme. Plutus, malgré son âge avancé, implore l'aide de l'Amour pour conquérir Philis. L'Amour, amusé, lui répond que l'amour des jeunes ne peut être partagé par un vieillard. Philis accepte finalement d'épouser Plutus, mais l'Amour prévient ce dernier des tourments à venir. La jalousie et les tourments régiront sa vie, car la vieillesse et la jeunesse sont incompatibles. Plutus obtiendra sa maîtresse, mais devra affronter le repentir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 246-249
HERO. CANTATE.
Début :
Près des Murs de Sestos, sur cette antique Rive, [...]
Mots clefs :
Fureur, Amant, Héro, Amour, Amante, Mer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HERO. CANTATE.
HER Q
CANTAT E.
PRès des Murs de Sestos , sur cette antique
Rive ,
Que l'Hellespont blanchit de ses Flots écumeux
;*
Héro pâle , tremblante , et d'une voix plaine
tive ,
Déploroit d'un Amant le destin malheureux .
La nuit d'un sombre voile avoit couvert les
Ondes ;
Tous les Vents , échappez de leurs Grottes profondes
;
Sur l'humide Element exerçoient leur fureur ;
Quand cette triste Amante , en faveur de Léandre
,
Au Dieu de la mer fit entendre
Ces lugubres Accens que dictoit sa douleur.
Grand Dieu , si jadis dans ton ame ,
L'amour
FEVRIER:
247
1733-
L'amour alluma ses beaux feux ,
D'un Amant tendre et genereux ,
Seconde l'innocenté flame.
Des Aquilons impétueux
Retiens les bruyantes Haleines ;
Ne permets qu'aux Zéphirs heureux
D'agiter les humides Plaines.
VE
Tandis qu'aux noirs chagrins Héro livre son
coeur ,
Des fiers Enfans de l'Air la Cohorte insolente ,
Jusqu'au Sable profond va porter la terreur ,
Er du centre entr'ouvert de l'Onde turbulente
Eleve jusqu'aux Cieux la vague menaçante.
D'une effroyable nuit l'éclair perce l'horreur ;
L'affreux Tonnere gronde en une épaisse nuë ,
Le Rivage en fremit , la Terre en ést émuë ,
Les Tritons , sous les Eaux vont cacher leur
frayeur.
>
En vain , d'une intrépide ardeur ,
L'audacieux Léandre affronte la Tempête ;
Des Montagnes de Flots, s'écroulent sur sa tête ;
Il périt , et bien- tôt sensible à son malheur ,
Son Amante en ces mots , exhale sa fureur.
D'une agréable chaîne ,
Cij
Au
$48 MERCURE DE FRANCE
Au mépris de mes voeux ,
Ta fureur inhumaine
Vient de rompre les noeuds,
Divinité cruelle ,
Qu'une Amante fidele
De ta haine immortelle ,
Ressente tous les coups.
Tonne , frappe, Barbare ,
Contente ton courroux :
Quand on s'aime , il est doux
De s'unir au Tenare.
Déja le Dieu des Eaux , d'un coup de son Tris
dent ,
Avoit appaisé les orages ;
Dans les Antres profonds le Soleil en naissant,
Avoit précipité tous les sombres nuages ;
Lorsque sur les humides plages ,
Héro porta soudain ses regards amoureux .
Mais quel objet, Cieux ! quel Spectacle affreux
!
Quelle fureur ! quelle nouvelle rage !
Quand sur ce tragique Rivage
Elle apperçoit le corps d'un Amant malheureux.
Elle tremble , fremit , recule , arrête , avance ;
Dieux ennemis , Auteurs de mon tourment
Une victime encor manque à votre vengeance &
Elle
FEVRIER. 1733 . 249
Elle dit , et ses yeux fixez sur son Amant ,
Se jette dans la Mer pour le joindre en mourang
落
Amants intrépides ,
Ennemis du jour`,
Craignez de l'Amour ,
Les traits homicides.
Ses charmes trompeurs ,
Cachent ses rigueurs ,
A ceux qu'il engage ;
Les chagrins , les pleurs ,
Sont des tendres coeurs ,
Le triste partage.
M. HUART , Professeur à Senlisa
CANTAT E.
PRès des Murs de Sestos , sur cette antique
Rive ,
Que l'Hellespont blanchit de ses Flots écumeux
;*
Héro pâle , tremblante , et d'une voix plaine
tive ,
Déploroit d'un Amant le destin malheureux .
La nuit d'un sombre voile avoit couvert les
Ondes ;
Tous les Vents , échappez de leurs Grottes profondes
;
Sur l'humide Element exerçoient leur fureur ;
Quand cette triste Amante , en faveur de Léandre
,
Au Dieu de la mer fit entendre
Ces lugubres Accens que dictoit sa douleur.
Grand Dieu , si jadis dans ton ame ,
L'amour
FEVRIER:
247
1733-
L'amour alluma ses beaux feux ,
D'un Amant tendre et genereux ,
Seconde l'innocenté flame.
Des Aquilons impétueux
Retiens les bruyantes Haleines ;
Ne permets qu'aux Zéphirs heureux
D'agiter les humides Plaines.
VE
Tandis qu'aux noirs chagrins Héro livre son
coeur ,
Des fiers Enfans de l'Air la Cohorte insolente ,
Jusqu'au Sable profond va porter la terreur ,
Er du centre entr'ouvert de l'Onde turbulente
Eleve jusqu'aux Cieux la vague menaçante.
D'une effroyable nuit l'éclair perce l'horreur ;
L'affreux Tonnere gronde en une épaisse nuë ,
Le Rivage en fremit , la Terre en ést émuë ,
Les Tritons , sous les Eaux vont cacher leur
frayeur.
>
En vain , d'une intrépide ardeur ,
L'audacieux Léandre affronte la Tempête ;
Des Montagnes de Flots, s'écroulent sur sa tête ;
Il périt , et bien- tôt sensible à son malheur ,
Son Amante en ces mots , exhale sa fureur.
D'une agréable chaîne ,
Cij
Au
$48 MERCURE DE FRANCE
Au mépris de mes voeux ,
Ta fureur inhumaine
Vient de rompre les noeuds,
Divinité cruelle ,
Qu'une Amante fidele
De ta haine immortelle ,
Ressente tous les coups.
Tonne , frappe, Barbare ,
Contente ton courroux :
Quand on s'aime , il est doux
De s'unir au Tenare.
Déja le Dieu des Eaux , d'un coup de son Tris
dent ,
Avoit appaisé les orages ;
Dans les Antres profonds le Soleil en naissant,
Avoit précipité tous les sombres nuages ;
Lorsque sur les humides plages ,
Héro porta soudain ses regards amoureux .
Mais quel objet, Cieux ! quel Spectacle affreux
!
Quelle fureur ! quelle nouvelle rage !
Quand sur ce tragique Rivage
Elle apperçoit le corps d'un Amant malheureux.
Elle tremble , fremit , recule , arrête , avance ;
Dieux ennemis , Auteurs de mon tourment
Une victime encor manque à votre vengeance &
Elle
FEVRIER. 1733 . 249
Elle dit , et ses yeux fixez sur son Amant ,
Se jette dans la Mer pour le joindre en mourang
落
Amants intrépides ,
Ennemis du jour`,
Craignez de l'Amour ,
Les traits homicides.
Ses charmes trompeurs ,
Cachent ses rigueurs ,
A ceux qu'il engage ;
Les chagrins , les pleurs ,
Sont des tendres coeurs ,
Le triste partage.
M. HUART , Professeur à Senlisa
Fermer
Résumé : HERO. CANTATE.
Le texte narre la tragédie d'Héro et Léandre. Héro, près des murs de Sestos sur la rive de l'Hellespont, déplore le destin malheureux de son amant Léandre. Une nuit orageuse, marquée par des vents furieux et des vagues menaçantes, menace Léandre qui tente de traverser l'Hellespont pour la rejoindre. Héro prie le dieu de la mer de protéger Léandre, mais en vain. Léandre périt sous les flots déchaînés. Désespérée, Héro exprime sa douleur et sa colère contre la cruauté divine. Après l'accalmie, Héro découvre le corps de Léandre sur le rivage et, accablée par le chagrin, se jette à la mer pour le rejoindre dans la mort. Le texte se conclut par une mise en garde sur les dangers de l'amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 657-659
L'AURORE, CANTATE.
Début :
Vous, que dans la nuit on implore, [...]
Mots clefs :
Char, Infidèle, Aurore, Brillante, Coursiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AURORE, CANTATE.
L'AURORE ,
CANTATE.
Vous , que dans la nuit on implore ,
Disparoissez , sombres pavots ;
Cedez à la brillante Aurore ,
Qui sort du vaste sein des flots.
Un Essein de Zéphirs annonce sa venuë
Je vois son Char qui fend les Airs
Les Echos et la nuë ,
;
Retentissent au loin de mille chants divers.
Sa Pourpre éclatante ,
Embellit les Cieux ,
Sa beauté naissante ;
Réjouit les Dieux ;
Pan , Silene , Faune ,
Vertumne , Pomone ,
Quittent les Roseaux ,
La jeune Naïade ,
La chaste Driade ,
Paroît sur les Eaux .
Heureux Coursiers , qui trainez cette Belle ,
Suspendez pour un temps vos pas précipitez ,
Ne nous dérobez pas de si vives clartėz ,
Par une fuite si cruelle
Mais
658 MERCURE DE FRANCE
Mais quel nuage épais obscursit ses Rayons ?
Qu'est devenu l'éclat de sa face brillante ,
Je vois languir son Char sous sa main noncha
lante ,
Et les Renes flotter au gré des Aquilons ;
Elle gémir , elle soupire ,
Elle veut exprimer l'excès de son martyre ,
Je reconnois à ses sanglots ,
Le cruel Auteur de ses maux .
Volez , Coursiers , volez , vers le celeste Em
pire ,
Hâtez - vous d'arriver au lieu de son repos ;
Les Ris et les Graces ,
Qui suivent ses traces ,
Pleurent son malheur
Et Zéphire même ,
La flatte qu'il l'aime ,
Pour calmer son coeur.
Fuvez ; laissez-moi , lui dit - elle ;
Ah ! c'est assez qu'un infidelle ,
Ait trahi mes tendres amours ;
N'esperez pas qu'une chaîne nouvelle ,
Puisse jamais unir nos jours ;
Le perfide Céphale ,
Se rit de mes tourmens
Une fiere Rivale ,
Jouit de ses empressemens.
Ah ! c'est assez qu'un Infidelle , &c.
Quel
A VRIL. 1733. 655
Quel changement ! ô Ciel ;
Quelle vertu divine >
Fertilise des Champs ,
Que l'inutile épine ,
Occupoit au plus beau Printemps ,
Ce sont les larmes de l'Aurore.
Je voi de toutes parts mille brillantes fleurs ,
Sous ses pas s'empresser d'éclore ;
Ah ! tout est précieux , Amour , jusqu'à tes
pleurs.
Par R. B.
CANTATE.
Vous , que dans la nuit on implore ,
Disparoissez , sombres pavots ;
Cedez à la brillante Aurore ,
Qui sort du vaste sein des flots.
Un Essein de Zéphirs annonce sa venuë
Je vois son Char qui fend les Airs
Les Echos et la nuë ,
;
Retentissent au loin de mille chants divers.
Sa Pourpre éclatante ,
Embellit les Cieux ,
Sa beauté naissante ;
Réjouit les Dieux ;
Pan , Silene , Faune ,
Vertumne , Pomone ,
Quittent les Roseaux ,
La jeune Naïade ,
La chaste Driade ,
Paroît sur les Eaux .
Heureux Coursiers , qui trainez cette Belle ,
Suspendez pour un temps vos pas précipitez ,
Ne nous dérobez pas de si vives clartėz ,
Par une fuite si cruelle
Mais
658 MERCURE DE FRANCE
Mais quel nuage épais obscursit ses Rayons ?
Qu'est devenu l'éclat de sa face brillante ,
Je vois languir son Char sous sa main noncha
lante ,
Et les Renes flotter au gré des Aquilons ;
Elle gémir , elle soupire ,
Elle veut exprimer l'excès de son martyre ,
Je reconnois à ses sanglots ,
Le cruel Auteur de ses maux .
Volez , Coursiers , volez , vers le celeste Em
pire ,
Hâtez - vous d'arriver au lieu de son repos ;
Les Ris et les Graces ,
Qui suivent ses traces ,
Pleurent son malheur
Et Zéphire même ,
La flatte qu'il l'aime ,
Pour calmer son coeur.
Fuvez ; laissez-moi , lui dit - elle ;
Ah ! c'est assez qu'un infidelle ,
Ait trahi mes tendres amours ;
N'esperez pas qu'une chaîne nouvelle ,
Puisse jamais unir nos jours ;
Le perfide Céphale ,
Se rit de mes tourmens
Une fiere Rivale ,
Jouit de ses empressemens.
Ah ! c'est assez qu'un Infidelle , &c.
Quel
A VRIL. 1733. 655
Quel changement ! ô Ciel ;
Quelle vertu divine >
Fertilise des Champs ,
Que l'inutile épine ,
Occupoit au plus beau Printemps ,
Ce sont les larmes de l'Aurore.
Je voi de toutes parts mille brillantes fleurs ,
Sous ses pas s'empresser d'éclore ;
Ah ! tout est précieux , Amour , jusqu'à tes
pleurs.
Par R. B.
Fermer
Résumé : L'AURORE, CANTATE.
Le texte est une cantate dédiée à l'Aurore, déesse de l'aube. Elle chasse les ténèbres et les sombres pavots, annonçant son arrivée par un essaim de Zéphyrs et un char qui fend les airs. Les échos et les nuages retentissent de mille chants divers, et sa pourpre éclatante embellit les cieux. La beauté naissante de l'Aurore réjouit les dieux, qui quittent leurs refuges pour l'admirer. Cependant, un nuage épais obscurcit soudain ses rayons. Son char languit, et les rênes flottent au gré des aquilons. L'Aurore gémit et soupire, exprimant son martyre. Elle reconnaît en ses sanglots l'auteur cruel de ses maux. Elle ordonne à ses coursiers de voler vers l'empire céleste pour trouver repos. Les Rires et les Grâces pleurent son malheur, et même Zéphire tente de la flatter pour calmer son cœur. L'Aurore le repousse, évoquant la trahison de ses tendres amours par un infidèle, identifié comme le perfide Céphale, qui se rit de ses tourments et accorde ses faveurs à une rivale. Le texte se termine par une réflexion sur le changement et la vertu divine qui fertilise les champs, remplaçant les épines par des fleurs. Les larmes de l'Aurore font éclore mille brillantes fleurs, soulignant la précieuse beauté des pleurs d'amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 1513-1516
AJAX, FILS D'OILÉE. CANTATE.
Début :
Prêts à renverser pour jamais, [...]
Mots clefs :
Ajax, Dieux, Flots, Fureurs, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AJAX, FILS D'OILÉE. CANTATE.
AJAX , FILS D'OILEE.
CANTATE.
PRêts à renverser pour jamais ,
Ces remparts élevez par des mains immortelles ,
Les vainqueurs d'Ilion n'étoient pas satisfaits ,
Le carnage , la mort , les plus cruels forfaits ,
Pouvoient seals assouvir leurs fureurs criminelles.
C Pour
1514 MERCURE, DE FRANCE
Pour éviter un trépas inhumain ,
Au Temple de Pallas , Cassandre fuit en vain ,
Ajax va l'arracher du sein de la Déesse ,
Et l'Impie enflammé d'un sacrilege amour ,
Deshonore à la fois l'Autel et la Prêtresse .
C'étoit trop peu de lui ravir le jour.
Sans crainte, sans remords , il part ; rien ne l'ar
rêtė ;
Témeraire , oses -tu braver encor les flots?
Voi quels feux devorans s'allunent sur ta tête,
Voi les vents déchaînez menacer tes Vaisseaux.
Les Cieux s'obscurcissent ,
Les flots qui mugissent ,
Agitent les Airs ;
Et l'Onde écumante
Par tout lui présente ,
Cent gouffres ouverts.
Le puissant Nérée ,
Du fougueux Borée ,
Reçoit - il la Loy ?
Quelle horreur extrême ,
Jusqu'aux Tritons même ;
Tout frémit d'effroy.
Les Cieux s'obscurcissent , &c..
Chaque instant redouble l'orage ;
Ajax a déja fait nauffrage;
Tout
10% JUILLET. 1733. 1515
Tout l'art des Matelots n'a pû l'en garantir ;
Les abîmes des, Mers vont bien-tôt l'engloutie.
Tu péris , Monstre affreux , ta force est inutile.
Mais que vois-je ? il surmonte et les vents et les
eaux ,
Un Rocher brise ses Vaisseaux.M
De ce même Rocher il se fait un azile
Et là , bravant la foudre , il éclate en ces mots.
» Ma mort , Dieux impuissants , n'est pas encor
certaine ;
" Aux flots impétueux s'échappe malgré vous;
»Contre le fier Ajax , votre colere est vaine ;
D3
20
Trop heureux que le Ciel, vous dérobe à ses
coups !
Maîtres de l'Univers , un Mortel vous offense ;
» Unissez vos efforts , tâchez de l'accabler ;
Mais n'esperez jamais remplir votre vengeance ,
pour la satisfaire il faut me voir trembler ;
Ma mort , Dieux impuissants , n'est pas encor
certaine
» Si
་་་
Aux flots impetueux j'échappe malgré vous.
$
Jupiter , hate toi de le réduire en poudre ,
La Nature frémit de tant d'impieté.
Mais c'en est fait , Pallas vient d'emprunter la
foudre ,'
Ces dernieres fureurs ont lassé sa bonté.
Ajax , le Ciel enfin écoute sa justice ,
3:1
Tu vas par ton exemple étonner l'Univers;
Ci Meurs
1516 MERCURE DE FRANCE
Meurs ; pour achever ton supplice ,
Alecton t'attend aux Enfers.
Les Dieux épargnent les coupables ;
Pour les forcer au repentir ;
Mais leurs traits sont plus redoutables ;
Quand ils sont plus lents à partir. T
Ils ne nous prennent pour victimes ,
Qu'en gémissant de leurs rigueurs ,
Malheureux ! faut-il que nos crimes ,
Aillent plus loin que leurs fureurs .
Les Dieux , &c.
Par M. P. de Cette en Languedos .
CANTATE.
PRêts à renverser pour jamais ,
Ces remparts élevez par des mains immortelles ,
Les vainqueurs d'Ilion n'étoient pas satisfaits ,
Le carnage , la mort , les plus cruels forfaits ,
Pouvoient seals assouvir leurs fureurs criminelles.
C Pour
1514 MERCURE, DE FRANCE
Pour éviter un trépas inhumain ,
Au Temple de Pallas , Cassandre fuit en vain ,
Ajax va l'arracher du sein de la Déesse ,
Et l'Impie enflammé d'un sacrilege amour ,
Deshonore à la fois l'Autel et la Prêtresse .
C'étoit trop peu de lui ravir le jour.
Sans crainte, sans remords , il part ; rien ne l'ar
rêtė ;
Témeraire , oses -tu braver encor les flots?
Voi quels feux devorans s'allunent sur ta tête,
Voi les vents déchaînez menacer tes Vaisseaux.
Les Cieux s'obscurcissent ,
Les flots qui mugissent ,
Agitent les Airs ;
Et l'Onde écumante
Par tout lui présente ,
Cent gouffres ouverts.
Le puissant Nérée ,
Du fougueux Borée ,
Reçoit - il la Loy ?
Quelle horreur extrême ,
Jusqu'aux Tritons même ;
Tout frémit d'effroy.
Les Cieux s'obscurcissent , &c..
Chaque instant redouble l'orage ;
Ajax a déja fait nauffrage;
Tout
10% JUILLET. 1733. 1515
Tout l'art des Matelots n'a pû l'en garantir ;
Les abîmes des, Mers vont bien-tôt l'engloutie.
Tu péris , Monstre affreux , ta force est inutile.
Mais que vois-je ? il surmonte et les vents et les
eaux ,
Un Rocher brise ses Vaisseaux.M
De ce même Rocher il se fait un azile
Et là , bravant la foudre , il éclate en ces mots.
» Ma mort , Dieux impuissants , n'est pas encor
certaine ;
" Aux flots impétueux s'échappe malgré vous;
»Contre le fier Ajax , votre colere est vaine ;
D3
20
Trop heureux que le Ciel, vous dérobe à ses
coups !
Maîtres de l'Univers , un Mortel vous offense ;
» Unissez vos efforts , tâchez de l'accabler ;
Mais n'esperez jamais remplir votre vengeance ,
pour la satisfaire il faut me voir trembler ;
Ma mort , Dieux impuissants , n'est pas encor
certaine
» Si
་་་
Aux flots impetueux j'échappe malgré vous.
$
Jupiter , hate toi de le réduire en poudre ,
La Nature frémit de tant d'impieté.
Mais c'en est fait , Pallas vient d'emprunter la
foudre ,'
Ces dernieres fureurs ont lassé sa bonté.
Ajax , le Ciel enfin écoute sa justice ,
3:1
Tu vas par ton exemple étonner l'Univers;
Ci Meurs
1516 MERCURE DE FRANCE
Meurs ; pour achever ton supplice ,
Alecton t'attend aux Enfers.
Les Dieux épargnent les coupables ;
Pour les forcer au repentir ;
Mais leurs traits sont plus redoutables ;
Quand ils sont plus lents à partir. T
Ils ne nous prennent pour victimes ,
Qu'en gémissant de leurs rigueurs ,
Malheureux ! faut-il que nos crimes ,
Aillent plus loin que leurs fureurs .
Les Dieux , &c.
Par M. P. de Cette en Languedos .
Fermer
Résumé : AJAX, FILS D'OILÉE. CANTATE.
La cantate 'AJAX, FILS D'OILEE' raconte les événements tragiques impliquant Ajax, un des vainqueurs de Troie. Après la prise de la ville, les Grecs continuent de commettre des atrocités. Ajax, en proie à une folie sacrilège, poursuit Cassandre, une prêtresse d'Athéna, jusqu'à son temple et la déshonore. Malgré les avertissements divins et les tempêtes envoyées par les dieux, Ajax tente de fuir par mer. Son navire est détruit par un rocher, mais il survit et défie les dieux, affirmant que sa mort n'est pas certaine. Pallas Athéna, lassée de ses outrages, décide de le punir. Ajax est condamné à mourir et à être accueilli par Alecton, un des chiens de l'enfer. Le texte met en avant la justice divine qui, bien que lente, finit par punir les criminels impénitents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 1748-1751
L'INDISCRETION. CANTATE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Début :
Reine des Airs, pompeuse Aurore, [...]
Mots clefs :
Échos, Vers, Thémire, Zéphyrs, Lenteur, Coeur, Peindre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'INDISCRETION. CANTATE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
L'INDISCRETION..
CANT ATE.
Par Me de Malcrais de la Vigne ,
du Croisic en Bretagne.
REine Eine des Airs , pompeuse Aurore ,
Que vous restez long- temps au lit d'un vieu
Epoux !!
Sortez du sein des flots ; la Belle que j'adore ,
Thémire en ces Vallons doit paroître avec vous¿
Je vais entre ses bras , en dépit des jaloux ,
Gouter les dons qu'Amour pour moi seul fi☛
éclore
Mömens délicieux , momens trop attendus ,,
Vous voila donc enfin rendus.
Parfumez ces lieux , fleurs brillantes ¿ ›
Badinez avec les Zéphirs ,
Faites sur vos tiges flotantes ,
Le prélude de mes plaisirs. -
Chantez mon bonheur par avance
Atroupez-vous , petits Oiseaux ;;
Ruisseaux , allez en diligence ,
Le dire à mes tristes Rivaux ;
44
Arbres
A O UST. 1733
1745 Arbres, à travers vos rameaux ,
Laissez voir aux Dieux ma victoire
Que tous les témoins de mes maux ,
Le soient aujourd'hui de ma gloire. -
+
L'aimable Lisidor triomphoit en ces mots §.
D'un avant-goût charmant son ame possedée 5 ,
Caressoit sa flateuse idée ; ·
L'espoir tranquillement le berçoit sur ses flots.
Quand l'Aurore à la fin déployant dans la nuë ,,
Des trésors d'Orient le superbe appareil ,
Le surprit, le troubla n'offrant point à sa vûë,
Celle qu'il aimoit mieux revoir que le Soleil.
Ah ! cria-t'il tout haut , que vous tardez , Thé
mire ? ...
Paresseuse arrivez ™, arrivez™, ou j'expire
Auriez-vous à l'Amour préferé le sommeil à ?
Zéphirs , volez vers ma Maîtresse ,,
Peignez-lui l'état de mon coeur , »
Echos , rappellez- la sans cesse , ›
En lui reprochant sa lenteur.
Thémire ne vient point encore ;' ;
Le sommeil s'en est emparé ; ›
Thémire ... ah ! la soif me dévore,,
Quand je devrois m'être enyyré. -
Zephirs, yolez vers ma Maîtrese ,,
Peignez
1750 MERCURE DE FRANCE
Peignez-lui l'état de mon coeur ;
Echos , rappellez - la sans cesse ,
En lui reprochant sa lenteur.
La Bergere arrivoit à travers la Ramée ;
Son nom qui raisonnoit dans l'air ,
Etonna de fort loin son oreille allarmée.
De haine et de dépit cette Amante animée ,
Aux yeux de l'Indiscret s'offrit comme un éclair
Adieu , dit-elle , adieu , montant sur la Colline ,
Et courant à grands pas vers la maison voisine ,
Puisque des biens fondez sur un frivole espoir ,
Ta voix a sçû parler aux Echos du Boccage ,
Perfide , s'ils étoient jamais en ton pouvoir,
Tu l'aurois bien-tôt dit aux Echos du Village.
Amans , sur tout soyez discrets ,
L'Art d'aimer est l'Art de se taire ;
N'apprenez pas même aux Forêts ,
Le nom des ravissans Objets ,
A qui vous vous flattez de plaire,
Les Ruisseaux rouleront
Des Ondes indiscrettes
Les Oiseaux chanteront
Vos douces amourettes
D
Les fleurs , comme autrefois ,
Cessant d'être muettes ,
RetrouA
O UST. 1751 1733
Retrouveront leur voix ,
Pour conter vos fleurettes.
Amans , sur tout soyez discrets , &c.
CANT ATE.
Par Me de Malcrais de la Vigne ,
du Croisic en Bretagne.
REine Eine des Airs , pompeuse Aurore ,
Que vous restez long- temps au lit d'un vieu
Epoux !!
Sortez du sein des flots ; la Belle que j'adore ,
Thémire en ces Vallons doit paroître avec vous¿
Je vais entre ses bras , en dépit des jaloux ,
Gouter les dons qu'Amour pour moi seul fi☛
éclore
Mömens délicieux , momens trop attendus ,,
Vous voila donc enfin rendus.
Parfumez ces lieux , fleurs brillantes ¿ ›
Badinez avec les Zéphirs ,
Faites sur vos tiges flotantes ,
Le prélude de mes plaisirs. -
Chantez mon bonheur par avance
Atroupez-vous , petits Oiseaux ;;
Ruisseaux , allez en diligence ,
Le dire à mes tristes Rivaux ;
44
Arbres
A O UST. 1733
1745 Arbres, à travers vos rameaux ,
Laissez voir aux Dieux ma victoire
Que tous les témoins de mes maux ,
Le soient aujourd'hui de ma gloire. -
+
L'aimable Lisidor triomphoit en ces mots §.
D'un avant-goût charmant son ame possedée 5 ,
Caressoit sa flateuse idée ; ·
L'espoir tranquillement le berçoit sur ses flots.
Quand l'Aurore à la fin déployant dans la nuë ,,
Des trésors d'Orient le superbe appareil ,
Le surprit, le troubla n'offrant point à sa vûë,
Celle qu'il aimoit mieux revoir que le Soleil.
Ah ! cria-t'il tout haut , que vous tardez , Thé
mire ? ...
Paresseuse arrivez ™, arrivez™, ou j'expire
Auriez-vous à l'Amour préferé le sommeil à ?
Zéphirs , volez vers ma Maîtresse ,,
Peignez-lui l'état de mon coeur , »
Echos , rappellez- la sans cesse , ›
En lui reprochant sa lenteur.
Thémire ne vient point encore ;' ;
Le sommeil s'en est emparé ; ›
Thémire ... ah ! la soif me dévore,,
Quand je devrois m'être enyyré. -
Zephirs, yolez vers ma Maîtrese ,,
Peignez
1750 MERCURE DE FRANCE
Peignez-lui l'état de mon coeur ;
Echos , rappellez - la sans cesse ,
En lui reprochant sa lenteur.
La Bergere arrivoit à travers la Ramée ;
Son nom qui raisonnoit dans l'air ,
Etonna de fort loin son oreille allarmée.
De haine et de dépit cette Amante animée ,
Aux yeux de l'Indiscret s'offrit comme un éclair
Adieu , dit-elle , adieu , montant sur la Colline ,
Et courant à grands pas vers la maison voisine ,
Puisque des biens fondez sur un frivole espoir ,
Ta voix a sçû parler aux Echos du Boccage ,
Perfide , s'ils étoient jamais en ton pouvoir,
Tu l'aurois bien-tôt dit aux Echos du Village.
Amans , sur tout soyez discrets ,
L'Art d'aimer est l'Art de se taire ;
N'apprenez pas même aux Forêts ,
Le nom des ravissans Objets ,
A qui vous vous flattez de plaire,
Les Ruisseaux rouleront
Des Ondes indiscrettes
Les Oiseaux chanteront
Vos douces amourettes
D
Les fleurs , comme autrefois ,
Cessant d'être muettes ,
RetrouA
O UST. 1751 1733
Retrouveront leur voix ,
Pour conter vos fleurettes.
Amans , sur tout soyez discrets , &c.
Fermer
Résumé : L'INDISCRETION. CANTATE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Le poème 'L'INDISCRETION' de Me de Malcrais de la Vigne raconte l'histoire de Lisidor, qui attend impatiemment Thémire, la femme qu'il aime. Lisidor invite la nature, les fleurs, les zéphyrs et les oiseaux à célébrer son bonheur imminent. Il imagine déjà les moments délicieux qu'il passera avec Thémire, malgré la jalousie des rivaux. Cependant, à son réveil, Thémire n'est pas là. Désespéré, Lisidor appelle les zéphyrs et les échos pour qu'ils la rappellent. Thémire apparaît finalement, mais furieuse d'avoir été surprise par l'indiscrétion de Lisidor. Elle lui reproche son manque de discrétion et s'enfuit. Le poème se conclut par une mise en garde aux amants : ils doivent être discrets pour éviter que leurs secrets ne soient révélés par la nature elle-même.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 2391-2393
LE PASSAGE DE LA MER ROUGE. CANTATE.
Début :
Seigneur, le Peuple qui t'adore, [...]
Mots clefs :
Mer, Force, Passage de la mer Rouge, Onde, Éternel, Vengeur, Israël, Pharaon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE PASSAGE DE LA MER ROUGE. CANTATE.
LE PASSAGE DE LA MER ROUGE.
CANTATE. *
Seigneur , le Peuple qui t'adore ,
Sous le joug de l'Egypte a trop long- tems gémi
Tonne , frappe , poursuis .... une autre playe
encore ,
A presser son départ force son ennemi,
Mais bien- tôt Pharaon sent renaître sa rage ,
Et pour le rendre à l'esclavage ,
* On a composé cette Cantate , pour faire naître
ceux qui peuvent mieux travailler en ce genre ,
l'idée de renoncer enfin à ces sujets frivoles ou dangereux
sur lesquels ils s'exercent, et de choisir parmi
tant de grands sujets qu'offrent les Livres Sacrez ;
le génie et les moeurs y trouveroient également leur
avantage.
I
2392 MERCURE DE FRANCE
Il marche , il passeroit et les Monts et les Mers
Israël poursuivi , ne voit point de retraite ;
Il redouble ses pas , l'Onde s'offre et l'arrête . . .
Ciel , sans ton prompt secours il rentre dans
les fers.
O force puissante
Qui soumet les eaux !
La Mer mugissante ,
Arrête ses flots.
Dans la Plaine humide ,
L'immortelle main ,
A l'Hébreu timide ,
Ouvre un sûr chemin.
O force puissante , &c.
Pharaon le voit trop , et même encore en douto.
Sont- ils donc sans retour sortis de mes liens ?
Ah ! je les poursuivrai par cette même route ;
Il dit , et sur leurs pas il marche avec les siens.
Signale , Ange vengeur , ta droite meurtriere ;
Nuages , cachez la lumiere ;
Brillez , Eclairs ; gronde , Tonnere affreux;
Aquilons , déployez vos fureurs vagabondes ,
Mer , souleve tes Ondes ;
Périssez , Tyrans des Hébreux ....
Quel désespoir ! quel bruit épouventable
De vagues en courroux , de perçantes clameurs ↑
1
NOVEMBRE. 1733 2393
Ils sont tous engloutis dans l'abyme effroyable;
Israël est vengé de ses fiers oppresseurs.
Louons l'Eternel ,
Chantons sa victoire ;
Quel Vainqueur mortel ,
Egale sa gloire ?
Quel ami sensible ,
A rien de si doux ?
Quel vengeur terrible ;
Frappe de tels coups ?
L'Onde coule en vain ;
Son amour l'enchaîne :
Il parle , et soudain ,
Elle sert sa haîne.
Louons l'Eternel , & c.
Par M. l'Abbé S.
CANTATE. *
Seigneur , le Peuple qui t'adore ,
Sous le joug de l'Egypte a trop long- tems gémi
Tonne , frappe , poursuis .... une autre playe
encore ,
A presser son départ force son ennemi,
Mais bien- tôt Pharaon sent renaître sa rage ,
Et pour le rendre à l'esclavage ,
* On a composé cette Cantate , pour faire naître
ceux qui peuvent mieux travailler en ce genre ,
l'idée de renoncer enfin à ces sujets frivoles ou dangereux
sur lesquels ils s'exercent, et de choisir parmi
tant de grands sujets qu'offrent les Livres Sacrez ;
le génie et les moeurs y trouveroient également leur
avantage.
I
2392 MERCURE DE FRANCE
Il marche , il passeroit et les Monts et les Mers
Israël poursuivi , ne voit point de retraite ;
Il redouble ses pas , l'Onde s'offre et l'arrête . . .
Ciel , sans ton prompt secours il rentre dans
les fers.
O force puissante
Qui soumet les eaux !
La Mer mugissante ,
Arrête ses flots.
Dans la Plaine humide ,
L'immortelle main ,
A l'Hébreu timide ,
Ouvre un sûr chemin.
O force puissante , &c.
Pharaon le voit trop , et même encore en douto.
Sont- ils donc sans retour sortis de mes liens ?
Ah ! je les poursuivrai par cette même route ;
Il dit , et sur leurs pas il marche avec les siens.
Signale , Ange vengeur , ta droite meurtriere ;
Nuages , cachez la lumiere ;
Brillez , Eclairs ; gronde , Tonnere affreux;
Aquilons , déployez vos fureurs vagabondes ,
Mer , souleve tes Ondes ;
Périssez , Tyrans des Hébreux ....
Quel désespoir ! quel bruit épouventable
De vagues en courroux , de perçantes clameurs ↑
1
NOVEMBRE. 1733 2393
Ils sont tous engloutis dans l'abyme effroyable;
Israël est vengé de ses fiers oppresseurs.
Louons l'Eternel ,
Chantons sa victoire ;
Quel Vainqueur mortel ,
Egale sa gloire ?
Quel ami sensible ,
A rien de si doux ?
Quel vengeur terrible ;
Frappe de tels coups ?
L'Onde coule en vain ;
Son amour l'enchaîne :
Il parle , et soudain ,
Elle sert sa haîne.
Louons l'Eternel , & c.
Par M. l'Abbé S.
Fermer
Résumé : LE PASSAGE DE LA MER ROUGE. CANTATE.
La cantate 'Le Passage de la Mer Rouge' exhorte les artistes à privilégier des sujets tirés des Livres Sacrés plutôt que des thèmes frivoles ou dangereux. Elle narre l'exode des Israélites hors d'Égypte, poursuivis par Pharaon. Bloqués par la mer, Dieu ouvre un passage à travers les eaux, permettant aux Israélites de traverser. Pharaon, doutant de leur fuite, les poursuit mais est englouti avec son armée par les flots soulevés par Dieu. La cantate célèbre la puissance divine et la délivrance des Hébreux, invitant à louer l'Éternel pour sa victoire et son amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 11-15
ARMIDE, CANTATE.
Début :
Dans les Jardins fleuris des Isles enchantées, [...]
Mots clefs :
Amour, Armes, Armide, Gloire, Combats, Victoire, Coeurs, Amants, Charmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARMIDE, CANTATE.
ARMIDE ,
CANTATE.
Ans les Jardins fleuris des Isles enchantées ,
Armide et son Amant couloient des jours heureux
,
De nul espoir cruel leurs ames tourmentées
Se livroient tendrement aux plaisirs amoureux
.
Dans les bras du repos , au sein de la molesse
Ils goutoient les douceurs de cette aimable
yvresse ;
Que ressentent des coeurs par l'amour animez ;
Leurs yeux étoient baignez de ces heureuses
larmes ,
Que toujours font couler les désirs enflammez ;
L'un de l'autre charmez , ils vivoient sans allarmes,
Bij Er
12 MERCURE DE FRANCE
Et sentoient ces transports, ces doux saisissemens,
Qui font tous les plaisirs des plus tendres
Amans .
L'Amour ne va point sans les charmes
Quand il unit deux jeunes coeurs ;
Lorsque nous lui rendons les armes ,
Il nous prodigue ses faveurs.
Que sert contre ce Dieu terrible
D'armer une vaine rigueur ?
Par tout le titre d'invincible ,
Suit ce redoutable vainqueur,
;
L'Amour ne va point sans les charmes ,
Quand il unit deux jeunes coeurs ;
Lorsque nous lui rendons les armes ,
Il nous prodigue ses faveurs.
Dans cet agréable séjour ,
Des plus vives couleurs la terre est émaillée s
La Reine du Printemps , décemment habillée ,
Y tient sa florissante Cour.
Les Zéphirs réunis sur ce charmant rivage ,
D'un fouffle bienfaisant agitent le feuillage ;
Des Ruisseaux argentez arrosent ces beaux
lieux ;
Instruits par la seule nature
Mille
JANVIER. 1734 13
Mille Oyseaux de leur chants font retentir les
Cieux ;
Des Nymphes de riche Parure ,
Foulent d'un pied léger les verdoyans gazons ;
Et les Ris , et les Jeux, les Plaisirs , et les Graces,
Du Prince de Cythere accompagnant les traces ;
Récitent ces douces Chansons.
Heureux Amans , profitez de la vie ,
Goutez en paix sa tranquile douceur ;
Chérissez-vous ; l'Amour vous y convie ;
Rien ne sçauroit troubler votre bonheur.
Comme un Zéphir la jeunesse s'envole ,
Nos plus beaux jours passent rapidement ;
Les ris fayans comme une ombre frivole
Se font , hélas ! regretter vainement.
Heureux Amans , profitez de la vie ,
Goutez en paix sa tranquile douceur ,
Chérissez-vous ; l'Amour vous y convic ,
Rien ne sçauroit troubler votre bonheur.
Si-tôt que le Soleil eut dissipé les ombres ,
Armide descendit dans les Royaumes sombres ;
Pour exercer ses noirs enchantemens ;
Aux regards du Héros plongé dans la molesse ,
La gloire fait briller ses nobles agrémens ,
Il la voit , et cedant à ses puissans appas ,
B
Π
14 MERCURE DE FRANCE
Il s'éloigne soudain de cette Isle fatale ,
Et rapellant sa valeur sans égale ,
Pour signaler ses coups , il cherche les combats.
Déja la victoire
Vole sur ses pas ;
Guidé par la Gloire ,
Tout cede à son Bras.
L'horreur , le Carnage ,
Suivent ce vainqueur ;
Et par tout sa rage,
Répand la terreur .
Parmi les allarmes ,
Pallas le conduit ;
Jettant bas les armes
L'Ennemi s'enfuit.
Armide cependant revient dans son Boccage ;
Mais bien-tôt la pâleur couvre son beau visage,
Quand elle n'y voit plus son perfide Héros ,
Pleurant sa funeste disgrace ,
Elle gémit , elle menace ,
Et croit le rappeller par ses tristes sanglots,
Inutiles fureurs ! Amante inalheureuse !
Tes plaintes , tes soupirs ne pourront ramener
Celui qui , dédaignant ta beauté généreuse ,
Après tant de bienfaits a pu t'abandonner.
Um
JANVIER. 1734.
Un coeur épris de la gloire ,
D'amour méprise les traits ;
Les Combats et la Victoire ,
Ont pour lui bien plus d'attraits.
Venus offre en vain ses charmes
Aux magnanimes Guerriers ,
Quand le puissant Dieu des Armes ,
Les couronne de Lauriers .
Un coeur épris de la gloire ,
D'Amour méprise les traits ;
Les Combats et la Victoire
Ont pour lui bien plus d'attraits.
AUBRY DE TRUNGY.
CANTATE.
Ans les Jardins fleuris des Isles enchantées ,
Armide et son Amant couloient des jours heureux
,
De nul espoir cruel leurs ames tourmentées
Se livroient tendrement aux plaisirs amoureux
.
Dans les bras du repos , au sein de la molesse
Ils goutoient les douceurs de cette aimable
yvresse ;
Que ressentent des coeurs par l'amour animez ;
Leurs yeux étoient baignez de ces heureuses
larmes ,
Que toujours font couler les désirs enflammez ;
L'un de l'autre charmez , ils vivoient sans allarmes,
Bij Er
12 MERCURE DE FRANCE
Et sentoient ces transports, ces doux saisissemens,
Qui font tous les plaisirs des plus tendres
Amans .
L'Amour ne va point sans les charmes
Quand il unit deux jeunes coeurs ;
Lorsque nous lui rendons les armes ,
Il nous prodigue ses faveurs.
Que sert contre ce Dieu terrible
D'armer une vaine rigueur ?
Par tout le titre d'invincible ,
Suit ce redoutable vainqueur,
;
L'Amour ne va point sans les charmes ,
Quand il unit deux jeunes coeurs ;
Lorsque nous lui rendons les armes ,
Il nous prodigue ses faveurs.
Dans cet agréable séjour ,
Des plus vives couleurs la terre est émaillée s
La Reine du Printemps , décemment habillée ,
Y tient sa florissante Cour.
Les Zéphirs réunis sur ce charmant rivage ,
D'un fouffle bienfaisant agitent le feuillage ;
Des Ruisseaux argentez arrosent ces beaux
lieux ;
Instruits par la seule nature
Mille
JANVIER. 1734 13
Mille Oyseaux de leur chants font retentir les
Cieux ;
Des Nymphes de riche Parure ,
Foulent d'un pied léger les verdoyans gazons ;
Et les Ris , et les Jeux, les Plaisirs , et les Graces,
Du Prince de Cythere accompagnant les traces ;
Récitent ces douces Chansons.
Heureux Amans , profitez de la vie ,
Goutez en paix sa tranquile douceur ;
Chérissez-vous ; l'Amour vous y convie ;
Rien ne sçauroit troubler votre bonheur.
Comme un Zéphir la jeunesse s'envole ,
Nos plus beaux jours passent rapidement ;
Les ris fayans comme une ombre frivole
Se font , hélas ! regretter vainement.
Heureux Amans , profitez de la vie ,
Goutez en paix sa tranquile douceur ,
Chérissez-vous ; l'Amour vous y convic ,
Rien ne sçauroit troubler votre bonheur.
Si-tôt que le Soleil eut dissipé les ombres ,
Armide descendit dans les Royaumes sombres ;
Pour exercer ses noirs enchantemens ;
Aux regards du Héros plongé dans la molesse ,
La gloire fait briller ses nobles agrémens ,
Il la voit , et cedant à ses puissans appas ,
B
Π
14 MERCURE DE FRANCE
Il s'éloigne soudain de cette Isle fatale ,
Et rapellant sa valeur sans égale ,
Pour signaler ses coups , il cherche les combats.
Déja la victoire
Vole sur ses pas ;
Guidé par la Gloire ,
Tout cede à son Bras.
L'horreur , le Carnage ,
Suivent ce vainqueur ;
Et par tout sa rage,
Répand la terreur .
Parmi les allarmes ,
Pallas le conduit ;
Jettant bas les armes
L'Ennemi s'enfuit.
Armide cependant revient dans son Boccage ;
Mais bien-tôt la pâleur couvre son beau visage,
Quand elle n'y voit plus son perfide Héros ,
Pleurant sa funeste disgrace ,
Elle gémit , elle menace ,
Et croit le rappeller par ses tristes sanglots,
Inutiles fureurs ! Amante inalheureuse !
Tes plaintes , tes soupirs ne pourront ramener
Celui qui , dédaignant ta beauté généreuse ,
Après tant de bienfaits a pu t'abandonner.
Um
JANVIER. 1734.
Un coeur épris de la gloire ,
D'amour méprise les traits ;
Les Combats et la Victoire ,
Ont pour lui bien plus d'attraits.
Venus offre en vain ses charmes
Aux magnanimes Guerriers ,
Quand le puissant Dieu des Armes ,
Les couronne de Lauriers .
Un coeur épris de la gloire ,
D'Amour méprise les traits ;
Les Combats et la Victoire
Ont pour lui bien plus d'attraits.
AUBRY DE TRUNGY.
Fermer
Résumé : ARMIDE, CANTATE.
Le texte raconte l'histoire d'Armide et de son amant, qui vivent des jours heureux dans les jardins enchantés des îles. Leur amour les libère des tourments et ils savourent les plaisirs amoureux, décrits comme un dieu invincible prodiguant ses faveurs. Leur séjour est idyllique, avec une nature florissante et des nymphes foulant les gazons. Cependant, la jeunesse et les plaisirs passent rapidement. Un matin, Armide descend dans les royaumes sombres pour exercer ses enchantements. Son amant, rappelé à la gloire, s'éloigne de l'île et cherche les combats. Guidé par la gloire, il remporte des victoires et répand la terreur parmi ses ennemis. De son côté, Armide revient dans son bocage, mais la pâleur couvre son visage lorsqu'elle ne voit plus son héros. Elle pleure et gémit, mais ses plaintes sont inutiles. Un cœur épris de gloire méprise les traits de l'amour et préfère les combats et la victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 482-485
CANTATE. L'AMOUR AMANT.
Début :
Le plus beau des Ruisseaux, l'Amant de nos prairies, [...]
Mots clefs :
Amour, Amant, Aimer, Berger, Roi, Sympathie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CANTATE. L'AMOUR AMANT.
CANTАТЕ.
L'AMOUR AMAN T.
E plus beau des Ruisseaux , l'Amant de nos
LE
Prairies ,
M'attira l'autre jour sur les bords enchantez,
Qui devroient être
respectez
D'un jeune coeur qui craint les douces réverie sz
Pour sa tranquillité le péril est certain ;
Je voulus l'éviter et le voulus envain;
On hésite longtems , et la peine est extrême,
Quand il faut quitter ce qu'on aime.
J'héritai trop l'Amour qui venoit en ces lieux
Me voit .. rit .. et s'approche , il étoit plein
de charmes >
Sans aîles , sans bandeau , sans armes
Hélas ! en cet état qui l'eut crû dangereux ?
Imprudente et foible jeunesse
Fuyez , jusqu'au nom de l'Amour ,
Il n'est point d'état ni de jour
Où le perfide Enfant ne blesse .
Ah ! Berger , me dit-il , je ne suis plus ce Dicu
Si
MARS 1734. 483
Si fier et si craint en tout lieu ;
J'ai fait des malheureux , et pour prix de mon
crime ,
Je souffre le même tourment ;
Le Sacrificateur est enfin la victime ;
J'étois Amour , je suis Amant ;
Baccus dans un repas l'autre jour me fit boire ;
Je pris trop de ce Jus divin ;
Le traître alors .. est - il de trahison plus noire
Choisit dans mon carquois , et me perce le sein .
Vous croyez qu'une douce yvresse
Ne fait qu'éclipser la raison ;
Mais quand d'une vive tendresse
On a gouté le doux poison ,
Son retour n'est qu'une Chanson.
Ensuite à mes regards cet enfant de Cythére ,
Offre le plus beau des Portraits,
Don't la grace et les moindres traits
Effaçoient tous ceux de sa Mere;
C'étoit celui de la Beauté ,
1
Qui captivoit le Dieu dont la douce puissance,
Me ravit à l'instant toute ma liberté
Par son amoureuse imprudence .
De mon trouble aussi-tôt devinant le sujet ,
Il sourit , me regarde , et s'échappe à ma vie
Depuis ce tems mon ame inquiéte, éperduë
Dij
Se
484 MERCURE DE FRANCE
Se remplit trop d'un même objet ;
Je désire la solitude ;
Le silence des bois , et le bruit des ruisseaux
Nourrissent mon inquiétude :
Et je n'ai de plaisir qu'en pensant à mes maux.
Digne et charmant objet de ma tendresse extrême
,
Je vis pour vous aimer et meurs en vous ai
mant ;
Un Berger vous peut - il aimer heureusement ?
Il n'est qu'un Dieu , c'est l'Amour même
Qui vous puisse aimer dignement ,
Se laisser aisément charmer
Est une dangereuse affaire ;
Ce n'est pas un plaisir d'aimer
Quand on n'a pas celui de plaire.
Se laisser aisément charmer
N'est pas une mauvaise affaire ;
Sachez seulement bien aimer ,
Vous s'çaurez bien - tôt l'air de plaire ,
N'allez pas
dans le doux mistére ,
Imprudemment
vous engager ;
Et souvenez-vous qu'un Berger
Ne doit aimer qu'une Bergere,
Allez et dans le doux mistére
CraiMARS
1734. 485
Craignez peu de vous engager ;
Reine peut aimer un Berger
Roy peut aimer une Bergere,
Quand une douce sympathie
Pour deux coeurs n'auroit qu'une Loy ;
De l'Amour toute l'industrie
D'un Berger feroit- il un Roy ?
Quand une douce sympathie
Donne à deux coeurs là même Loy ,
De l'Amour telle est l'industrie ,
Qu'il peut d'un Berger faire un Roy.
L'AMOUR AMAN T.
E plus beau des Ruisseaux , l'Amant de nos
LE
Prairies ,
M'attira l'autre jour sur les bords enchantez,
Qui devroient être
respectez
D'un jeune coeur qui craint les douces réverie sz
Pour sa tranquillité le péril est certain ;
Je voulus l'éviter et le voulus envain;
On hésite longtems , et la peine est extrême,
Quand il faut quitter ce qu'on aime.
J'héritai trop l'Amour qui venoit en ces lieux
Me voit .. rit .. et s'approche , il étoit plein
de charmes >
Sans aîles , sans bandeau , sans armes
Hélas ! en cet état qui l'eut crû dangereux ?
Imprudente et foible jeunesse
Fuyez , jusqu'au nom de l'Amour ,
Il n'est point d'état ni de jour
Où le perfide Enfant ne blesse .
Ah ! Berger , me dit-il , je ne suis plus ce Dicu
Si
MARS 1734. 483
Si fier et si craint en tout lieu ;
J'ai fait des malheureux , et pour prix de mon
crime ,
Je souffre le même tourment ;
Le Sacrificateur est enfin la victime ;
J'étois Amour , je suis Amant ;
Baccus dans un repas l'autre jour me fit boire ;
Je pris trop de ce Jus divin ;
Le traître alors .. est - il de trahison plus noire
Choisit dans mon carquois , et me perce le sein .
Vous croyez qu'une douce yvresse
Ne fait qu'éclipser la raison ;
Mais quand d'une vive tendresse
On a gouté le doux poison ,
Son retour n'est qu'une Chanson.
Ensuite à mes regards cet enfant de Cythére ,
Offre le plus beau des Portraits,
Don't la grace et les moindres traits
Effaçoient tous ceux de sa Mere;
C'étoit celui de la Beauté ,
1
Qui captivoit le Dieu dont la douce puissance,
Me ravit à l'instant toute ma liberté
Par son amoureuse imprudence .
De mon trouble aussi-tôt devinant le sujet ,
Il sourit , me regarde , et s'échappe à ma vie
Depuis ce tems mon ame inquiéte, éperduë
Dij
Se
484 MERCURE DE FRANCE
Se remplit trop d'un même objet ;
Je désire la solitude ;
Le silence des bois , et le bruit des ruisseaux
Nourrissent mon inquiétude :
Et je n'ai de plaisir qu'en pensant à mes maux.
Digne et charmant objet de ma tendresse extrême
,
Je vis pour vous aimer et meurs en vous ai
mant ;
Un Berger vous peut - il aimer heureusement ?
Il n'est qu'un Dieu , c'est l'Amour même
Qui vous puisse aimer dignement ,
Se laisser aisément charmer
Est une dangereuse affaire ;
Ce n'est pas un plaisir d'aimer
Quand on n'a pas celui de plaire.
Se laisser aisément charmer
N'est pas une mauvaise affaire ;
Sachez seulement bien aimer ,
Vous s'çaurez bien - tôt l'air de plaire ,
N'allez pas
dans le doux mistére ,
Imprudemment
vous engager ;
Et souvenez-vous qu'un Berger
Ne doit aimer qu'une Bergere,
Allez et dans le doux mistére
CraiMARS
1734. 485
Craignez peu de vous engager ;
Reine peut aimer un Berger
Roy peut aimer une Bergere,
Quand une douce sympathie
Pour deux coeurs n'auroit qu'une Loy ;
De l'Amour toute l'industrie
D'un Berger feroit- il un Roy ?
Quand une douce sympathie
Donne à deux coeurs là même Loy ,
De l'Amour telle est l'industrie ,
Qu'il peut d'un Berger faire un Roy.
Fermer
Résumé : CANTATE. L'AMOUR AMANT.
La cantate 'L'AMOUR AMANT', datée de mars 1734, raconte la rencontre d'un berger avec l'Amour. Attiré par un ruisseau, le berger découvre l'Amour sous une forme charmante mais dangereuse. L'Amour avoue ses souffrances et ses erreurs passées, expliquant avoir été blessé par une trahison après avoir bu un jus divin. Il montre ensuite au berger le portrait d'une beauté captivante, troublant profondément ce dernier. Depuis cette rencontre, le berger est tourmenté et ne trouve de plaisir qu'en pensant à ses maux. Il exprime son amour extrême pour un objet non nommé, se demandant s'il peut aimer heureusement. Le texte met en garde contre les dangers de l'amour et souligne l'importance de bien aimer pour plaire. Il conclut en affirmant que l'amour peut transcender les différences sociales, rendant un berger digne d'une bergère ou d'une reine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
p. 640-643
TANTALE. Cantate à mettre en Musique.
Début :
Quel honneur éclatant ! quelle gloire immortelle ! [...]
Mots clefs :
Tantale, Crime, Dieux, Sang, Roi, Nature, Horreur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TANTALE. Cantate à mettre en Musique.
TANTA L, E.
Cantate à mettre en Musique.
Uel honneur éclatant ! quelle gloire immortelle
!
Tantale voit les Dieux assemblez dans sa cour :
Et
AVRIL. 641 1734.
Et du grand Jupiter la bonté paternelle ,
Pour lui parle seule en ce jour.
Mais,ô Ciel ! quel forfait ! tremble Roy temé
raire ?
La Nature en ton coeur vient - elle de se taire s
Dans le sang de ton Fils pourquoi te baignes - tu ?
Dieux ! sous cent mets divers vous offrant sa
victime ,
- Il veut voir si vos yeux reconnoissent le crime
masque de la Vertu. Sous le
Déja de sang , et de
carnage ,
Fume le céleste Banquet.
Tout frémit d'horreur , et de
Le crime seul est satisfait .
rage ,
Un Monstre à l'immortelle Troupe
Ose présenter pour Boisson ,
Dans une abominable Coupe ,
Du fiel du sang et du poison;
Mais Jupiter lance la Foudre ,*
Le Banquet se change en Autel.
L'Encens brule , tout est en poudre ,
Il va juger le Criminel.
Le Souverain des Cieux , pour son Fils sacrilége
,
Şent naître dans son coeur la haine et le couroux
;
V ictime de ton propre piège
Barbare, entends ( dit-il) l'arrêt d'un Dieu jaloux.
,
Que ce Roy criminel aille au fond du Tartare
Expier ses forfaits par de nouveaux tourmens ;
Plus un crime est affreux et rare,
Plus il doit recevoir d'inouïs châtimens.
Que la Faim, que la soif au sein de l'abondance,
v Le dévorentd'intelligence,
Ainsi que deux cruels Vautours ;
Qu'il espére sans cesse, et qu'il souffre toujours
Il dit, l'Olimpe entier frémit de son martyre,
Mercure le conduitauténébreux Empire.
Et la Deésse Ailée apprend à l'Univers
Que qui ne craint les Dieux
,
doit craindre lefi
Enfers.
Némesis,Mégère,
Minos, et Cerbére
,
A ce Roy cruel
,
-
Font par les Harpies,
Près des Rois impies
Dresser un Autel.
Tout l'Enfer contemple
Ce nouvel exemple,
De crime et d'horreur j
Et du sein des flames, u
Il entend les ames
Blâmer sa fureur.
Entouré d'une eau vive et pure,
Que n'endurcit jamais la rigueur des Hyvers;
Et qu'un Arbre charmant qu'ignore la Nature,
Couvre sans se lasser de millefruits divers,
Tantale tourmemé par un double supplice,
Ne peut rendre à ses voeux l'Eau, ni l'Arbre
propice;
Tout se refuse à ses douleurs.
Mais quel surcroît de maux ! de lui-même victime
,
Les pleurs que les remords arrachent à son crime
Augmentent encor ses malheurs.
C'est envain qu'aux yeux de la Terre,
Nous pouvons cacher nos forfaits;
Si ceux du séjour du Tonnere
Découvrent jusqu'à nos projets.
Périsse, qui s'ose promettre
De tromper la Divinité,
Ah! peut-elle ignorer un Etre,
Qui sans elle n'eut point été.
C'est envain.
Far M. de S. R.
Cantate à mettre en Musique.
Uel honneur éclatant ! quelle gloire immortelle
!
Tantale voit les Dieux assemblez dans sa cour :
Et
AVRIL. 641 1734.
Et du grand Jupiter la bonté paternelle ,
Pour lui parle seule en ce jour.
Mais,ô Ciel ! quel forfait ! tremble Roy temé
raire ?
La Nature en ton coeur vient - elle de se taire s
Dans le sang de ton Fils pourquoi te baignes - tu ?
Dieux ! sous cent mets divers vous offrant sa
victime ,
- Il veut voir si vos yeux reconnoissent le crime
masque de la Vertu. Sous le
Déja de sang , et de
carnage ,
Fume le céleste Banquet.
Tout frémit d'horreur , et de
Le crime seul est satisfait .
rage ,
Un Monstre à l'immortelle Troupe
Ose présenter pour Boisson ,
Dans une abominable Coupe ,
Du fiel du sang et du poison;
Mais Jupiter lance la Foudre ,*
Le Banquet se change en Autel.
L'Encens brule , tout est en poudre ,
Il va juger le Criminel.
Le Souverain des Cieux , pour son Fils sacrilége
,
Şent naître dans son coeur la haine et le couroux
;
V ictime de ton propre piège
Barbare, entends ( dit-il) l'arrêt d'un Dieu jaloux.
,
Que ce Roy criminel aille au fond du Tartare
Expier ses forfaits par de nouveaux tourmens ;
Plus un crime est affreux et rare,
Plus il doit recevoir d'inouïs châtimens.
Que la Faim, que la soif au sein de l'abondance,
v Le dévorentd'intelligence,
Ainsi que deux cruels Vautours ;
Qu'il espére sans cesse, et qu'il souffre toujours
Il dit, l'Olimpe entier frémit de son martyre,
Mercure le conduitauténébreux Empire.
Et la Deésse Ailée apprend à l'Univers
Que qui ne craint les Dieux
,
doit craindre lefi
Enfers.
Némesis,Mégère,
Minos, et Cerbére
,
A ce Roy cruel
,
-
Font par les Harpies,
Près des Rois impies
Dresser un Autel.
Tout l'Enfer contemple
Ce nouvel exemple,
De crime et d'horreur j
Et du sein des flames, u
Il entend les ames
Blâmer sa fureur.
Entouré d'une eau vive et pure,
Que n'endurcit jamais la rigueur des Hyvers;
Et qu'un Arbre charmant qu'ignore la Nature,
Couvre sans se lasser de millefruits divers,
Tantale tourmemé par un double supplice,
Ne peut rendre à ses voeux l'Eau, ni l'Arbre
propice;
Tout se refuse à ses douleurs.
Mais quel surcroît de maux ! de lui-même victime
,
Les pleurs que les remords arrachent à son crime
Augmentent encor ses malheurs.
C'est envain qu'aux yeux de la Terre,
Nous pouvons cacher nos forfaits;
Si ceux du séjour du Tonnere
Découvrent jusqu'à nos projets.
Périsse, qui s'ose promettre
De tromper la Divinité,
Ah! peut-elle ignorer un Etre,
Qui sans elle n'eut point été.
C'est envain.
Far M. de S. R.
Fermer
Résumé : TANTALE. Cantate à mettre en Musique.
La cantate raconte le châtiment de Tantale, roi ayant sacrifié son propre fils lors d'un banquet divin. Horrifiés, les dieux transforment le banquet en autel et condamnent Tantale. Jupiter, en colère, le condamne à souffrir éternellement dans le Tartare, tourmenté par la faim et la soif malgré la présence d'eau et de fruits inaccessibles. Les dieux soulignent que nul ne peut tromper la divinité et que les crimes seront toujours punis. Le texte se conclut par une mise en garde contre ceux qui tenteraient de tromper les dieux, affirmant que la divinité connaît toujours les projets et les forfaits des hommes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 835-838
ANDROMEDE. CANTATE.
Début :
Sur un affreux Rocher que la Mer irritée, [...]
Mots clefs :
Andromède, Monstre, Rocher, Attraits, Amour, Instant, Mer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ANDROMEDE. CANTATE.
MEDE.
CANTATE.
"
UR un affreux Rocher que la Mer
irritée ,
Battoit de tous côtez de ses flots
écumeux ,
Andromede, étoit enchaînée :
Victime du courroux des Dieux ,
:
Pour expier l'orgueil d'une More insensée ,
A périr sous les coups d'un Monstre furicux ,
A ij
L'Ora
SH.P
836
MERCURE
DE
FRANCE
:
L'Oracle l'avoit condamnée :
Jeune , pleine d'attraits , fille d'un Roy puissane
Sur le point d'allumer les feux de l'himenée ,
Par un revers terrible , elle est en un instant
Seule , proscrite , abandonnée ;
Envain l'air retentit de ses gémissemens ;
Le Ciel s'est déclaré contre elle ;
Rien ne peut adoucir ses Arrêts violents :
En vain par ces tristes accents ,
7
Bile exprime l'excès de sa douleur mortelle ;
Vains attraits , funeste Beauté ,
Objet d'une jalouse envie ,
Qui faisoit ma félicité ,.
Tu fais le malheur de ma vie
C'en est fait , ces traits séduisants ,
Qui bruloient des plus vives flammes
Les coeurs d'une foule d'A
N'ont plus de pouvoir sur leurs ames
Grands Dieux ! quel affreux changement !
Tout me fuit , que dis- je! Phinée ,
Peu touché de ma destinée ,
N'est plus qu'un lâche , un inconstant,
Tandis que sa douleur profonde ,
Porte ses plaintes jusqu'aux Cieux ,
L'air s'obscurcit , la foudre gronde ,
Les vents souflent , le Ciel brille de mille feux ,
La
MAY: 1734 7837
La Mer s'agite, un flot avec force s'élance ,
S'abbaisse tout à coup , vers le Rocher s'avance ,
Et vomit le Monstre à ses yeux .
Déja vers l'aimable Princesse ,
Il marche à pas précipité ,
Il atteint le Rocher ; sa fureur vengeresse ,
Est prête à dévorer cette jeune Beauté ;
Ne craignez ' rien , Princesse infortunée ,
L'Amour s'interesse à vos jours ;
Ce Dieu vous amene Persée ;
Esperez tout avec de tels secours ,
Cet Amant génereux , mieux que l'ingrat Phi
née ,*
Sçaura de vos malheurs faire finir le cours ;
Persée à cet instant s'avance vers la Roche
L'aspect de tant d'appas redouble sa valeur ;
Furieux , du Monstre il s'approche ,
Il l'arrête , et d'un trait il lui perce le cour
Le'Monstre fait des résistances vaines ;
Il perd son sang , il tombe , il meurt ;
Cependant cet Amant vainqueur ,
D'Andromede brise les chaînes ,
Et lui fait un aveu de sa secrette ardeur ;
La Belle ne fut pas insensible à ses peines ,
Un service si grand parloit en sa faveur
L'Amour se mit d'intelligence ;
Une tendre reconnoissance |
La fit ceder bien- tôt à son Liberateur ;
3
A iij Amans ,
838 MERCURE DE FRANCE
Amans , les froideurs de vos Belles ,
Ne doivent point vous dégager
Les plus ficres , les plus cruelles ,
Peuvent en un instant changer.
Soyez tendres , soyez fidelles ,
Et ne vous relâchez jamais ,
Le moindre service pour elles ,
A toûjours de puissants attraits.
Un amour de reconnoissance
Chez le Sexe naît aisément ;
Et souvent plus loin qu'il ne pense ,
Il porte cet engagement.
V. D. G.
CANTATE.
"
UR un affreux Rocher que la Mer
irritée ,
Battoit de tous côtez de ses flots
écumeux ,
Andromede, étoit enchaînée :
Victime du courroux des Dieux ,
:
Pour expier l'orgueil d'une More insensée ,
A périr sous les coups d'un Monstre furicux ,
A ij
L'Ora
SH.P
836
MERCURE
DE
FRANCE
:
L'Oracle l'avoit condamnée :
Jeune , pleine d'attraits , fille d'un Roy puissane
Sur le point d'allumer les feux de l'himenée ,
Par un revers terrible , elle est en un instant
Seule , proscrite , abandonnée ;
Envain l'air retentit de ses gémissemens ;
Le Ciel s'est déclaré contre elle ;
Rien ne peut adoucir ses Arrêts violents :
En vain par ces tristes accents ,
7
Bile exprime l'excès de sa douleur mortelle ;
Vains attraits , funeste Beauté ,
Objet d'une jalouse envie ,
Qui faisoit ma félicité ,.
Tu fais le malheur de ma vie
C'en est fait , ces traits séduisants ,
Qui bruloient des plus vives flammes
Les coeurs d'une foule d'A
N'ont plus de pouvoir sur leurs ames
Grands Dieux ! quel affreux changement !
Tout me fuit , que dis- je! Phinée ,
Peu touché de ma destinée ,
N'est plus qu'un lâche , un inconstant,
Tandis que sa douleur profonde ,
Porte ses plaintes jusqu'aux Cieux ,
L'air s'obscurcit , la foudre gronde ,
Les vents souflent , le Ciel brille de mille feux ,
La
MAY: 1734 7837
La Mer s'agite, un flot avec force s'élance ,
S'abbaisse tout à coup , vers le Rocher s'avance ,
Et vomit le Monstre à ses yeux .
Déja vers l'aimable Princesse ,
Il marche à pas précipité ,
Il atteint le Rocher ; sa fureur vengeresse ,
Est prête à dévorer cette jeune Beauté ;
Ne craignez ' rien , Princesse infortunée ,
L'Amour s'interesse à vos jours ;
Ce Dieu vous amene Persée ;
Esperez tout avec de tels secours ,
Cet Amant génereux , mieux que l'ingrat Phi
née ,*
Sçaura de vos malheurs faire finir le cours ;
Persée à cet instant s'avance vers la Roche
L'aspect de tant d'appas redouble sa valeur ;
Furieux , du Monstre il s'approche ,
Il l'arrête , et d'un trait il lui perce le cour
Le'Monstre fait des résistances vaines ;
Il perd son sang , il tombe , il meurt ;
Cependant cet Amant vainqueur ,
D'Andromede brise les chaînes ,
Et lui fait un aveu de sa secrette ardeur ;
La Belle ne fut pas insensible à ses peines ,
Un service si grand parloit en sa faveur
L'Amour se mit d'intelligence ;
Une tendre reconnoissance |
La fit ceder bien- tôt à son Liberateur ;
3
A iij Amans ,
838 MERCURE DE FRANCE
Amans , les froideurs de vos Belles ,
Ne doivent point vous dégager
Les plus ficres , les plus cruelles ,
Peuvent en un instant changer.
Soyez tendres , soyez fidelles ,
Et ne vous relâchez jamais ,
Le moindre service pour elles ,
A toûjours de puissants attraits.
Un amour de reconnoissance
Chez le Sexe naît aisément ;
Et souvent plus loin qu'il ne pense ,
Il porte cet engagement.
V. D. G.
Fermer
Résumé : ANDROMEDE. CANTATE.
Le texte raconte l'histoire d'Andromède, fille d'un roi puissant, condamnée par un oracle à périr sous les coups d'un monstre en raison de l'orgueil de sa mère. Jeune et belle, elle est sur le point de se marier mais se retrouve seule et abandonnée. Ses appels à l'aide restent vains, y compris auprès de Phinée, son amant. Alors que le monstre approche, Persée, guidé par l'Amour, arrive pour la sauver. Il tue le monstre et libère Andromède, lui avouant son amour. Touchée par son geste, Andromède répond à ses sentiments. Le texte conclut en conseillant aux amants de rester tendres et fidèles, car même les femmes les plus froides peuvent changer et éprouver de la reconnaissance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer