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401
p. 81-84
Cornaline antique. [titre d'après la table]
Début :
C'est dans cet esprit que Mr de M.... a fait [...]
Mots clefs :
Orphée, Cornaline, Bacchus, Hymnes
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texteReconnaissance textuelle : Cornaline antique. [titre d'après la table]
C'est dans cet esprit:
que Mr de M.a fait
une Dissertation sur l'Estampe
d'une Cornaline
antique du Cabinet du
Roy, gravée par le lieur;
Monbart.
Je n'ay point lu ce que
les Mémoires de Trevoux
en ont dit dans le
mois de Juin dernier.
Ceux qui ne sont point
curieux de graveures antiques
peuvent aussi ne
pointlire lacourte réponse
que Mr deM. fait
icy. C'est luy qui va parler;
ce n'est plus moy.
On a ajouté au nom d'A..
lAmAS, le titre de Roy de
Thcbes
,
& ce n'est point
en cette qualité que je l'ay
cité; mais feulement comme
Mary d'Ino
, parce que
ce fut à l'un & à l'autre que
Mercure confia la premiere
éducation de Bacchus, selon
Apollodore.
On prétend que je devois
dire Qnomacrite au lieu d'Orphée
en parlant de ses
Hymnes. Je réponds que
ces Hymnes ont toujours
paru fous le nom d'Orphée;
que les Anciens confondoient
Bacchus avec Apollon
ou le Soleil. C'est le
sentiment de ce même Or.
phéedans sesHymnes,d Euripide
, de Virgile & Servius,
Lucain, Microbe &
autres.
On pretend que Pirgotelle
Graveur d'Alexandre
a esté l'Ouvrier de la Cornaline
en question;cette opinion
ne paroist pas vraysemblable,
J'ay fait voir dans ma
Dissertation le rapport que
peut avoir la figure du Pescheur
avec une Idille de
Theocrite.
que Mr de M.a fait
une Dissertation sur l'Estampe
d'une Cornaline
antique du Cabinet du
Roy, gravée par le lieur;
Monbart.
Je n'ay point lu ce que
les Mémoires de Trevoux
en ont dit dans le
mois de Juin dernier.
Ceux qui ne sont point
curieux de graveures antiques
peuvent aussi ne
pointlire lacourte réponse
que Mr deM. fait
icy. C'est luy qui va parler;
ce n'est plus moy.
On a ajouté au nom d'A..
lAmAS, le titre de Roy de
Thcbes
,
& ce n'est point
en cette qualité que je l'ay
cité; mais feulement comme
Mary d'Ino
, parce que
ce fut à l'un & à l'autre que
Mercure confia la premiere
éducation de Bacchus, selon
Apollodore.
On prétend que je devois
dire Qnomacrite au lieu d'Orphée
en parlant de ses
Hymnes. Je réponds que
ces Hymnes ont toujours
paru fous le nom d'Orphée;
que les Anciens confondoient
Bacchus avec Apollon
ou le Soleil. C'est le
sentiment de ce même Or.
phéedans sesHymnes,d Euripide
, de Virgile & Servius,
Lucain, Microbe &
autres.
On pretend que Pirgotelle
Graveur d'Alexandre
a esté l'Ouvrier de la Cornaline
en question;cette opinion
ne paroist pas vraysemblable,
J'ay fait voir dans ma
Dissertation le rapport que
peut avoir la figure du Pescheur
avec une Idille de
Theocrite.
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Résumé : Cornaline antique. [titre d'après la table]
Le texte discute d'une dissertation de Monsieur de M. portant sur une estampe d'une cornaline antique du Cabinet du Roy, gravée par Monbart. L'auteur n'a pas consulté les commentaires des Mémoires de Trevoux sur ce sujet et précise que ceux désintéressés par les gravures antiques peuvent ignorer sa réponse. Il clarifie une citation concernant Amasis, roi de Thèbes, en le mentionnant comme mari d'Ino, selon Apollodore. L'auteur répond à une critique sur l'utilisation du nom d'Orphée plutôt que Qnomacrite pour les Hymnes, en expliquant que les Anciens confondaient souvent Bacchus avec Apollon ou le Soleil, une confusion soutenue par plusieurs auteurs anciens. Il rejette également l'opinion selon laquelle Pirgotelle, graveur d'Alexandre, serait l'auteur de la cornaline. Enfin, l'auteur mentionne avoir établi un lien entre la figure du Pêcheur et une Idylle de Théocrite dans sa dissertation.
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402
p. 85
Transitions. [titre d'après la table]
Début :
[...] car j'ay besoin d'une Transition pour passer à [...]
Mots clefs :
Théocrite, Ode, Idylle
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texteReconnaissance textuelle : Transitions. [titre d'après la table]
Je ne fuis point assez
clairvoyant dans les tenebres
de l'Antiquité
pour decider si cette if--
gure du Pescheur a du
rapport avec une Idille
de Theocrite ; mais je
souhaiterois que cette
Idille fust une Ode,U.
que Theocrite fût Anacreon
, car j'ay besoin
d'une Transition pour
passer à une Ode Ana..
creontique que je veux
placer icy. Cherchons
donc une autre Transi- tion. Il nem'en viens point. Tant mieux;
c'est une occasion de
déclarer que quand il
ne me viendra point de
Transitions naturelles
> plutost que d'enfaire de
forcées, je m'enpassexay.
clairvoyant dans les tenebres
de l'Antiquité
pour decider si cette if--
gure du Pescheur a du
rapport avec une Idille
de Theocrite ; mais je
souhaiterois que cette
Idille fust une Ode,U.
que Theocrite fût Anacreon
, car j'ay besoin
d'une Transition pour
passer à une Ode Ana..
creontique que je veux
placer icy. Cherchons
donc une autre Transi- tion. Il nem'en viens point. Tant mieux;
c'est une occasion de
déclarer que quand il
ne me viendra point de
Transitions naturelles
> plutost que d'enfaire de
forcées, je m'enpassexay.
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Résumé : Transitions. [titre d'après la table]
L'auteur cherche une transition pour une ode anacréontique, évoquant une figure du Pêcheur et une idylle de Théocrite. Il souhaite que cette idylle soit une ode et que Théocrite soit Anacréon. Ne trouvant pas de transition naturelle, il choisit de s'en passer.
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403
p. 92-93
Monseigneur le Duc de Bourgogne. [titre d'après la table]
Début :
Pour faire connoistre quel est l'objet de mon émulation, [...]
Mots clefs :
Esprits, Émulation, Duc de Bourgogne
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texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Duc de Bourgogne. [titre d'après la table]
Quelqueagrément
que je puissejetter dans
mon Livre par des Poësies
galantes& badines)
on me dira qu'il faut des
Pieces solides pour contenter
les esprits solides.
Je ne le sçay que trop;
mon unique ambition
serois d'amuser par quelque
ouvrage sublime cet
esprit véritablement solide
dont la pénétration
& l'étendue nese fait
qu'un Jeu des Sciences
les plus profondes.
Pour faire connoistre
quel estl'objet de mon
émulation
)
il n'est pas
neccessaire que je prononce
son grand nom. On
fait qu'il est entre les
esprits du premier ordre,
ce qu'il est entre les Princes
du premier rang.
Quoy donc, parce que
je n'ay rien icy qui merite
l'attention de ce grand
Piiiice, n'honorera -t - il
point mes Bagatelles
'(j'un coup d'oeil. Ce seul
coupd'oeil feroit la fortune
de mon Livre, 6C
donneroit à l'Auteur
tant d'émulation qù-il,
seroit à coup feur son sécond
Livre plus solide,
que le premier.
que je puissejetter dans
mon Livre par des Poësies
galantes& badines)
on me dira qu'il faut des
Pieces solides pour contenter
les esprits solides.
Je ne le sçay que trop;
mon unique ambition
serois d'amuser par quelque
ouvrage sublime cet
esprit véritablement solide
dont la pénétration
& l'étendue nese fait
qu'un Jeu des Sciences
les plus profondes.
Pour faire connoistre
quel estl'objet de mon
émulation
)
il n'est pas
neccessaire que je prononce
son grand nom. On
fait qu'il est entre les
esprits du premier ordre,
ce qu'il est entre les Princes
du premier rang.
Quoy donc, parce que
je n'ay rien icy qui merite
l'attention de ce grand
Piiiice, n'honorera -t - il
point mes Bagatelles
'(j'un coup d'oeil. Ce seul
coupd'oeil feroit la fortune
de mon Livre, 6C
donneroit à l'Auteur
tant d'émulation qù-il,
seroit à coup feur son sécond
Livre plus solide,
que le premier.
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Résumé : Monseigneur le Duc de Bourgogne. [titre d'après la table]
L'auteur souhaite créer des œuvres littéraires pour des esprits exigeants. Il aspire à produire un ouvrage sublime et solide. Il espère l'attention d'une figure illustre, dont un simple regard suffirait à valoriser son livre et l'encourager à écrire un second ouvrage.
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404
p. 95-100
Repas d'excuses, de souhaits, & de promesses. [titre d'après la table]
Début :
On doit estre content de moy ; je promets beaucoup ; je souhaite [...]
Mots clefs :
Excuses, Repas, Bonne volonté, Applaudissements publics
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Repas d'excuses, de souhaits, & de promesses. [titre d'après la table]
Icy viendroit bien à
propos quelque Dissertation
savante ; mais je
l'ay déjà dit,ilme faut
plusieurs mois pour faire
un fond. Le fond me
manque,je ne puis vous
donner que du verbiage.
Je n'aimepoint à parler
surrien: excusezdonc si
je n'ay plus rien à vous
dire.
Si j'avois au moins
quelque Extrait curieux,
quelque Lettre sçavante,
quelque Dialogue Comique;
c'est ce que je
vous promets, comptez
là-dessus, je vous en promets.
le vous promets encore
des Critiques, des
Voyages, des Portraits,
& mille autres choses
quand il m'en viendra.
Je souhaite qu'il m'en
vienne; plus au Ciel
qu'il m'en fût venu.
On doit être content
de Inoy; je promets beaucoup;
je souhaite de bon
coeur, & mes excuses
sont bonnes. Cela me
fait souvenir d'un Repas
qu'on nous donnal'autre
jour.
Celuy qui nous 1reg
loit estoit homme de
bonne volonté. Il COln
mença son Repas par des
excusesavec une soupe
simple, naturelle, point
mal faisante, son ordi
naire enfin
,
qu'ilnous
donna, comme je vous
donne le mien.
Une Salade d'herbes
nouvelles nous annonçoit
un Rost solide. Le
Rost ne parut point y
mais on nous promit
pourcet hiver force Gibier
quon attendoit de
Province.
Nostre honlrne) honteux
de n'avoir ni entremets
ni fruit, voulut au
moins redoubler le vin;
c'estoit du vin de son cru
dont il eut bien voulu
nous enyvrer & dont il
s'enyvroit lui-même. Il
avaloit sa honte en soupirant
& faisoit des souhaits
à chaque coup qu'il
beuvoit. Plus au Ciel!
disoit-il, que vous fussiez
contents de ma bonne
volonté.Enfin, il but
jusqu'à devenir *sincere;
il nous avoua qu'il estoit
pauvre, & que s'il nous
avoit mal regalez, c'est
qu'il n'avoit ni fond ni
credit.
Moy
,
je n'ay point
encore établi mon crédit,
c'est-à-dire mes cor
respondances) ainsi je
n'ay pû vous donner que
des excuses, des promesses
&dessouhaits.
Je ne sçay si ce Repas
d'excuses. de promesses.,
& de souhaits ne pourroit
point faire le sujet
d'un petit Conte. Si
quelqu'un de ceux à qui
je le donne en Prose me
le pouvoit rendre en
Vers pour le premier
mois, je l'en ferois remercier
par des applaudissements
publics, supposé
qu'ilslesméritait.
C'est quelque
C'est quelque chose
que les applaudissements
publics. Je les propose
comme un Prix. Ce Prix
est bon à gagner ; ne
donnera-t-il point d'émulation?
Non
:J
les Poètes
font à present difficiles
à émouvoir.
Du temps des
propos quelque Dissertation
savante ; mais je
l'ay déjà dit,ilme faut
plusieurs mois pour faire
un fond. Le fond me
manque,je ne puis vous
donner que du verbiage.
Je n'aimepoint à parler
surrien: excusezdonc si
je n'ay plus rien à vous
dire.
Si j'avois au moins
quelque Extrait curieux,
quelque Lettre sçavante,
quelque Dialogue Comique;
c'est ce que je
vous promets, comptez
là-dessus, je vous en promets.
le vous promets encore
des Critiques, des
Voyages, des Portraits,
& mille autres choses
quand il m'en viendra.
Je souhaite qu'il m'en
vienne; plus au Ciel
qu'il m'en fût venu.
On doit être content
de Inoy; je promets beaucoup;
je souhaite de bon
coeur, & mes excuses
sont bonnes. Cela me
fait souvenir d'un Repas
qu'on nous donnal'autre
jour.
Celuy qui nous 1reg
loit estoit homme de
bonne volonté. Il COln
mença son Repas par des
excusesavec une soupe
simple, naturelle, point
mal faisante, son ordi
naire enfin
,
qu'ilnous
donna, comme je vous
donne le mien.
Une Salade d'herbes
nouvelles nous annonçoit
un Rost solide. Le
Rost ne parut point y
mais on nous promit
pourcet hiver force Gibier
quon attendoit de
Province.
Nostre honlrne) honteux
de n'avoir ni entremets
ni fruit, voulut au
moins redoubler le vin;
c'estoit du vin de son cru
dont il eut bien voulu
nous enyvrer & dont il
s'enyvroit lui-même. Il
avaloit sa honte en soupirant
& faisoit des souhaits
à chaque coup qu'il
beuvoit. Plus au Ciel!
disoit-il, que vous fussiez
contents de ma bonne
volonté.Enfin, il but
jusqu'à devenir *sincere;
il nous avoua qu'il estoit
pauvre, & que s'il nous
avoit mal regalez, c'est
qu'il n'avoit ni fond ni
credit.
Moy
,
je n'ay point
encore établi mon crédit,
c'est-à-dire mes cor
respondances) ainsi je
n'ay pû vous donner que
des excuses, des promesses
&dessouhaits.
Je ne sçay si ce Repas
d'excuses. de promesses.,
& de souhaits ne pourroit
point faire le sujet
d'un petit Conte. Si
quelqu'un de ceux à qui
je le donne en Prose me
le pouvoit rendre en
Vers pour le premier
mois, je l'en ferois remercier
par des applaudissements
publics, supposé
qu'ilslesméritait.
C'est quelque
C'est quelque chose
que les applaudissements
publics. Je les propose
comme un Prix. Ce Prix
est bon à gagner ; ne
donnera-t-il point d'émulation?
Non
:J
les Poètes
font à present difficiles
à émouvoir.
Du temps des
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Résumé : Repas d'excuses, de souhaits, & de promesses. [titre d'après la table]
Dans une lettre, l'auteur s'excuse de ne pouvoir fournir une dissertation savante en raison de l'absence de fond. Il regrette de n'offrir que des paroles vides et espère disposer de matériaux plus substantiels, tels que des extraits curieux, des lettres savantes ou des dialogues comiques. Il promet divers contenus futurs, comme des critiques, des voyages, des portraits et d'autres sujets, en espérant recevoir les matériaux nécessaires. L'auteur compare sa situation à celle d'un hôte bien intentionné mais pauvre, qui sert une soupe simple et promet du gibier pour l'hiver, compensant l'absence de plats principaux et de desserts par un surplus de vin. Il avoue sa pauvreté et son manque de crédit. Se comparant à cet hôte, l'auteur explique qu'il n'a pas encore établi ses correspondances et ne peut offrir que des excuses, des promesses et des souhaits. Il suggère que cette situation pourrait être le sujet d'un conte et propose des applaudissements publics comme prix pour une version en vers de ce conte, bien qu'il doute que les poètes actuels soient motivés par ce prix.
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405
p. 100-103
Auteurs. [titre d'après la table]
Début :
Du temps des Voitures ou des Benserades, j'aurois eu [...]
Mots clefs :
Auteurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Auteurs. [titre d'après la table]
Du temps des Voitures
ou des Benserades,j'auroiseu
cent moyens faciles
de m'attirer de petits
Ouvrages. La Troupe
du Parnasse estoit en haleine
; toujours alerte.
A peine avoit-on lâché
des Bouts-rimezqu'ils
estoient remplis. A peine
avoit-on proposé une
Question Galante ou
curieuse que tout Paris
estoit en rumeur. La
moindre petite nouveauté
jettéeaumilieu du
Peuple Gallant, estoit
une Pomme de discorde
qui excitoit de vives disputes;
&c l'on a vû entre
les Umniste, & les Jobelinsspour
deux Sonnets
, une guerre plus
opiniâtrequ'on ne la
vit jadis en Italie entre les
Guelphes & les Gibelins.
Ne resterait-il point
encore quelque éteincelle
de ce feu guerrier dans
l'imagination de nos
Poëtes. Voyons; je vais
donner feulement des
rimes pour trois Quatrains.
Je crains bien
que personne ne s'empresse
de remplir mes
Bouts - rimez. Qu'importe
,
j'en feray quitte
pour les remplir moymêAme.
ou des Benserades,j'auroiseu
cent moyens faciles
de m'attirer de petits
Ouvrages. La Troupe
du Parnasse estoit en haleine
; toujours alerte.
A peine avoit-on lâché
des Bouts-rimezqu'ils
estoient remplis. A peine
avoit-on proposé une
Question Galante ou
curieuse que tout Paris
estoit en rumeur. La
moindre petite nouveauté
jettéeaumilieu du
Peuple Gallant, estoit
une Pomme de discorde
qui excitoit de vives disputes;
&c l'on a vû entre
les Umniste, & les Jobelinsspour
deux Sonnets
, une guerre plus
opiniâtrequ'on ne la
vit jadis en Italie entre les
Guelphes & les Gibelins.
Ne resterait-il point
encore quelque éteincelle
de ce feu guerrier dans
l'imagination de nos
Poëtes. Voyons; je vais
donner feulement des
rimes pour trois Quatrains.
Je crains bien
que personne ne s'empresse
de remplir mes
Bouts - rimez. Qu'importe
,
j'en feray quitte
pour les remplir moymêAme.
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Résumé : Auteurs. [titre d'après la table]
À une époque, les poètes étaient très actifs et compétitifs. La troupe du Parnasse répondait à divers défis littéraires. Les nouveautés suscitaient des débats passionnés, comme la guerre entre les Umnistes et les Jobelins. L'auteur souhaite raviver cet esprit guerrier et propose des rimes pour trois quatrains, qu'il complétera lui-même si nécessaire.
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406
p. 109-116
Auteurs. [titre d'après la table]
Début :
Je fais de mon mieux (comme on voit) pour animer [...]
Mots clefs :
Auteurs, Chagriner
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Auteurs. [titre d'après la table]
Je fais de mon mieux
( comme on voit) pour
animer les Auteurs. Tant
que j'auray de leurs ouvrages
,
j'en mettray
peu des miens dans mon
Livre. Nef1:-il pas julle
que jefasse les honneurs
de chez moy ?
Ouy, je feray toûjours
civilement les honneurs
de mon Livre; mais je
ne, poufferay pas la politesse
jusqu'afaire l'éloge
des Pieces que j'y placeray.
Je me fuis déjà déclaré
sur les louanges.
Il n'y a rien à gagner
en nous louant nous autres
Auteurs, celuyqu'-
on loüe croit que c'est
une dette qu'on luypaye:
nulle reconnoissance de
sa part, & vous vous
brouillez à coup sûravec
ses Confreres car chacun
,
--.,"'- roitqu'on luy détodo,&
leslouanges
qu'on ne luy donne pas,
& celles qu'on donne
aux autres. Pour me ménager
avec tous je feray
neutre. Nulle preference.
Mais,dira-t-on, placer
un ouvrage dans vostre
Recueil, c'est le préférer
àceluy que vous n'y placez
pas?
Consequence mal tirée,
mon choix prouvera
seulement que l'un
conviendra mieux que
l'autre aux sujets que
j'auray commence a traiter
dans le moment que
je recevray l'ouvrage.
Mais, dira-t-on,c'est à
vous de vous assujettir à
ce qu'on vous donne &
l'on entrevoit que vous
cherchez de mauvaises
exeuses pour refuser certains
ouvrages, sans ea
chagriner les Auteurs.
L'excuse peut estre
mauvaise,mais il est loüable
d'enchercher pour
ne chagriner personne.
N'approfondissez point
mes inrentions. Je prometsde
placer les bons
ouvrages, 6C je souhaite
que ceux qui en feront
de mauvais puissent se
flater que je les placeray
quand Foccadon s'en prefentera.
Dans le fond il se pourra
faire que les meilleurs ouvrages
ferontquelquefois
les moins convenables à
mon arrangement. Ils
seront ou trop longs ou
trop courts, ou trop gays
ou trop sérieux
5 peutêtre
même trop beaux
pour faire un bon effet
avec mes bagatelles. Je
pourray les placer une
autrefois dans un plus
beau jour.
Joignez à cela, que je
puis avoir des raisons particulières,
pour ne point
parler de quelque chose
ou de quelqu'un dans
certains endroits par rapport
à certainescirconstances.
Enunmotjepuis
avoir mille bonnes raisons
pour refuser une
bonne chose;mais je prévois
qu'un seul refus
pourra souvent me faire
plusieurs ennemis; c'est
le malheur de mon employ.
Ceux qui en ont
de plus grands ne peuvent
pas contenter tout
le monde, & je prouveray
sans sortir de ma petite
Sphere, qu'on ne
scauroitconcourir au
bien public sans chagriner
plusieurs particuliers.
( comme on voit) pour
animer les Auteurs. Tant
que j'auray de leurs ouvrages
,
j'en mettray
peu des miens dans mon
Livre. Nef1:-il pas julle
que jefasse les honneurs
de chez moy ?
Ouy, je feray toûjours
civilement les honneurs
de mon Livre; mais je
ne, poufferay pas la politesse
jusqu'afaire l'éloge
des Pieces que j'y placeray.
Je me fuis déjà déclaré
sur les louanges.
Il n'y a rien à gagner
en nous louant nous autres
Auteurs, celuyqu'-
on loüe croit que c'est
une dette qu'on luypaye:
nulle reconnoissance de
sa part, & vous vous
brouillez à coup sûravec
ses Confreres car chacun
,
--.,"'- roitqu'on luy détodo,&
leslouanges
qu'on ne luy donne pas,
& celles qu'on donne
aux autres. Pour me ménager
avec tous je feray
neutre. Nulle preference.
Mais,dira-t-on, placer
un ouvrage dans vostre
Recueil, c'est le préférer
àceluy que vous n'y placez
pas?
Consequence mal tirée,
mon choix prouvera
seulement que l'un
conviendra mieux que
l'autre aux sujets que
j'auray commence a traiter
dans le moment que
je recevray l'ouvrage.
Mais, dira-t-on,c'est à
vous de vous assujettir à
ce qu'on vous donne &
l'on entrevoit que vous
cherchez de mauvaises
exeuses pour refuser certains
ouvrages, sans ea
chagriner les Auteurs.
L'excuse peut estre
mauvaise,mais il est loüable
d'enchercher pour
ne chagriner personne.
N'approfondissez point
mes inrentions. Je prometsde
placer les bons
ouvrages, 6C je souhaite
que ceux qui en feront
de mauvais puissent se
flater que je les placeray
quand Foccadon s'en prefentera.
Dans le fond il se pourra
faire que les meilleurs ouvrages
ferontquelquefois
les moins convenables à
mon arrangement. Ils
seront ou trop longs ou
trop courts, ou trop gays
ou trop sérieux
5 peutêtre
même trop beaux
pour faire un bon effet
avec mes bagatelles. Je
pourray les placer une
autrefois dans un plus
beau jour.
Joignez à cela, que je
puis avoir des raisons particulières,
pour ne point
parler de quelque chose
ou de quelqu'un dans
certains endroits par rapport
à certainescirconstances.
Enunmotjepuis
avoir mille bonnes raisons
pour refuser une
bonne chose;mais je prévois
qu'un seul refus
pourra souvent me faire
plusieurs ennemis; c'est
le malheur de mon employ.
Ceux qui en ont
de plus grands ne peuvent
pas contenter tout
le monde, & je prouveray
sans sortir de ma petite
Sphere, qu'on ne
scauroitconcourir au
bien public sans chagriner
plusieurs particuliers.
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Résumé : Auteurs. [titre d'après la table]
Un auteur compile des œuvres d'autres écrivains dans son livre. Il s'engage à inclure les ouvrages des auteurs tout en restant neutre et sans préférence pour éviter les rivalités. Il explique que les louanges créent des dettes et des conflits, préférant ainsi ne pas en faire. Le choix des œuvres dépendra de leur pertinence par rapport aux sujets traités. Il reconnaît que refuser certains ouvrages peut chagriner les auteurs, mais il cherchera à atténuer ce désagrément par des excuses. Il espère que les auteurs de mauvais ouvrages comprendront ses refus. Des raisons particulières peuvent l'empêcher de traiter certains sujets ou personnes. Malgré ses efforts, il anticipe que des refus pourraient lui créer des ennemis, soulignant que même les tâches modestes peuvent susciter des mécontentements.
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407
p. 116-120
Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Début :
J'ay bien affaire du Vitriol, dira cely qui n'aime [...]
Mots clefs :
Vitriol, Vitriol blanc, Physicien, Fermentation, Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Nouvelle Expériencesur
le Vitriol.
J'ay bien affaire du Vitriol.
dira ccluy qui n'aime
que les ouvrages Galants
? J'ay bien affaire de
Galanterie, dira ce vieux
Physicien ?
Moy je dis que j'ay ai:
faire de tout, parce que
je travaille pour tout le
monde. Cecy ferasi vous
voulez pour le Physicien
seul; c'est à luy qu'il faut
demander si cette Expérience
méritéd'être don.
née au Public. Il vous dira
avec raison que les
moindres Expériences en
Physique sont des chemins
ouverts pour arriver
aux plus importantes
découvertes;ainsi il fuffit
pour moy qu'une Expérience
soit vraye ,
&C
qu'elle soit nouvelle : je
tienscelle-ci de Mr Lemery
,
Medecin. Il est
de l' Academie Royale
des Sciences. deVitriolmêlé avec
lefer après une fermentation
mcdiocre
3
produit un Vitriol
vert fmblable au Vitriol naturels
mais quand au lieu dEsprisde
Vitriol onJeJertde l'huile
de VItriol, quieflU partie la
plusacide duVitriol, ilJefait
d'abord une petitefermentation
qui cejfc bien-tofl,quiaprès
quelques jotlrs se renouvelle
fous la forme de fusées blanches
qui s'¡/c'fIent jusques a la
jurjact du liquide3 &toute U
Truffe du fer devient une bouillie
ire.blanche, çy qui al'odeur
de soufre commun. Enfin quand
lafermentationeftcefféej lefer,
au lieu de devenirVitriol verd
comme dans l'opération précédentejdevient
tout d'un coup
Vitriol blanc; &on trouve à
sa surface une poussiere noire
dontilsemble s'être dépoüilJé,
& qui vray-semblablement
l'auroit rendu verd: carquand
on brouille ensemble le Vitriol
blanc&cette poussiere, il acquiert
une teinte de verd.
Ily a pluficurs remarquesa
fairefurceteopération^entrautres
la double fermentation
qui arrive, & dont l'une succedeà
l'autre;& en fécond lieu;)
de ce que par unefeule opération
onfait tout d'un coup du Vitriol
blanc, car onsçait que pour en
avoir, ilfaut calciner le Vitriol
'lJerd, &ensuite le drjJoudre, le
filtrer &faire évaporer la liqueur.
Nous passons ici les raifomemens
pbyfiques, & nous
nous contentons du faitqui est
remarquable.
le Vitriol.
J'ay bien affaire du Vitriol.
dira ccluy qui n'aime
que les ouvrages Galants
? J'ay bien affaire de
Galanterie, dira ce vieux
Physicien ?
Moy je dis que j'ay ai:
faire de tout, parce que
je travaille pour tout le
monde. Cecy ferasi vous
voulez pour le Physicien
seul; c'est à luy qu'il faut
demander si cette Expérience
méritéd'être don.
née au Public. Il vous dira
avec raison que les
moindres Expériences en
Physique sont des chemins
ouverts pour arriver
aux plus importantes
découvertes;ainsi il fuffit
pour moy qu'une Expérience
soit vraye ,
&C
qu'elle soit nouvelle : je
tienscelle-ci de Mr Lemery
,
Medecin. Il est
de l' Academie Royale
des Sciences. deVitriolmêlé avec
lefer après une fermentation
mcdiocre
3
produit un Vitriol
vert fmblable au Vitriol naturels
mais quand au lieu dEsprisde
Vitriol onJeJertde l'huile
de VItriol, quieflU partie la
plusacide duVitriol, ilJefait
d'abord une petitefermentation
qui cejfc bien-tofl,quiaprès
quelques jotlrs se renouvelle
fous la forme de fusées blanches
qui s'¡/c'fIent jusques a la
jurjact du liquide3 &toute U
Truffe du fer devient une bouillie
ire.blanche, çy qui al'odeur
de soufre commun. Enfin quand
lafermentationeftcefféej lefer,
au lieu de devenirVitriol verd
comme dans l'opération précédentejdevient
tout d'un coup
Vitriol blanc; &on trouve à
sa surface une poussiere noire
dontilsemble s'être dépoüilJé,
& qui vray-semblablement
l'auroit rendu verd: carquand
on brouille ensemble le Vitriol
blanc&cette poussiere, il acquiert
une teinte de verd.
Ily a pluficurs remarquesa
fairefurceteopération^entrautres
la double fermentation
qui arrive, & dont l'une succedeà
l'autre;& en fécond lieu;)
de ce que par unefeule opération
onfait tout d'un coup du Vitriol
blanc, car onsçait que pour en
avoir, ilfaut calciner le Vitriol
'lJerd, &ensuite le drjJoudre, le
filtrer &faire évaporer la liqueur.
Nous passons ici les raifomemens
pbyfiques, & nous
nous contentons du faitqui est
remarquable.
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Résumé : Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Le texte décrit une expérience impliquant le vitriol, un composé chimique, réalisée par Monsieur Lemery, médecin membre de l'Académie Royale des Sciences. L'expérience consiste à mélanger du vitriol avec du fer, produisant un vitriol vert similaire au vitriol naturel. En utilisant de l'huile de vitriol, la partie la plus acide, une double fermentation se produit. Initialement, une petite fermentation apparaît, suivie de fusées blanches s'élevant à la surface. Le fer se transforme en une bouillie blanche à l'odeur de soufre. Une fois la fermentation terminée, le fer devient du vitriol blanc, avec une poussière noire à la surface qui, mélangée au vitriol blanc, lui donne une teinte verte. L'auteur met en évidence la double fermentation et la transformation rapide du fer en vitriol blanc, un processus habituellement long et complexe. Le texte se concentre sur la description du phénomène observé sans entrer dans les explications physiques détaillées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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408
p. 141-144
« Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...] »
Début :
Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...]
Mots clefs :
Chansons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...] »
Quoyqueje lois en
quelque façonobligéà
nemettre dans un Recueil
de Nouvelles que.
des Ouvrages nouveaux,
je me serviray
de l'occasion pour donner
de mois en mois
quelques-unes de mes
Chansons que j'avois
dessein de faire imprimer
en un seul volume
: vous aurez dans
celuy-cy huitcouplets
qui ont couru il y a
déja quelques années.
Afin qu'on ne me
chicane point sur leur
ancienneté, j'ajouste
quatre Couplets nouveaux.
Peutestremesme
que la correction
des premiers vous fera
nouvelle, car n'ayant
jamais donné à personne
mes Chansons, que
j'ay faites seulement
pour le plaisir de les
faire & de les chanter,
on ne les a retenues
qu'à moitié& c'est
une espece de nouveauté
qu'un original dont
on n a jamais vu que
des copies estropiées.
quelque façonobligéà
nemettre dans un Recueil
de Nouvelles que.
des Ouvrages nouveaux,
je me serviray
de l'occasion pour donner
de mois en mois
quelques-unes de mes
Chansons que j'avois
dessein de faire imprimer
en un seul volume
: vous aurez dans
celuy-cy huitcouplets
qui ont couru il y a
déja quelques années.
Afin qu'on ne me
chicane point sur leur
ancienneté, j'ajouste
quatre Couplets nouveaux.
Peutestremesme
que la correction
des premiers vous fera
nouvelle, car n'ayant
jamais donné à personne
mes Chansons, que
j'ay faites seulement
pour le plaisir de les
faire & de les chanter,
on ne les a retenues
qu'à moitié& c'est
une espece de nouveauté
qu'un original dont
on n a jamais vu que
des copies estropiées.
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Résumé : « Quoyque je sois en quelque façon obligé à ne mettre [...] »
L'auteur publie huit couplets anciens et quatre nouveaux dans un recueil de nouvelles. Il ajoute des couplets récents pour éviter les critiques sur l'ancienneté des autres. Les chansons, jamais partagées, semblent nouvelles après correction. Voir l'original après des copies erronées est une nouveauté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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409
p. 181-185
Dates. [titre d'après la table]
Début :
Je m'apperçois icy d'une suite de dates du [...]
Mots clefs :
Dates, Époque, Exactitude
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dates. [titre d'après la table]
Je mapperçois icy
d'une fuite de dates du
25. qui font un, effet af
fez ridiculeàlavûë. Ce(jt
une exactitude outréede
l'Imprimeur, à qui j'ay
recommandé de repeter
plutost vingt dates inutiles
que d'en obmettre
une necessaire.
On ne trouve ordinairement
dans les Gazettes
que les dates du jour
qu'on reçoit les Nouvelles
, c'est la date des
faits où je mattacheray
avec soin, & qui fera
une singularité utile dans
mon Journal.
Les dates sont plus
utiles qu'on ne pense.
C'est pour plusieurs personnes
une Memoire locale
qui les fait souvenir
de la pluspart des actions
de leur vie. Par
exemple
,
le jour qu'un
tel estentré en Charge,
peut servir d'Epoque à la
ruine d'une Famille,ouà
l'élévation d'une autre.
Un Pere avare ce/Te
de vivre: c'est l'Epoque
ou commence la pra
digalité du Fils.
DamonSc Dorimene
s'épouserent le 15. Décembre.
Ils se dévisagerent
le 18. De ces Epoquesl'on
en voit assez.
Le même jour où Belife
fut inconstante, son
Amant fidele mourut de
desespoir. De ces Epoques
,
l'on n'en voit
plus.
Vous voyez que les
dates font bonnes à mille
choses
,
sans compter
l'honneur que l'exactitude
des dates fait aux
Nouvellistes : c'est leur
erudition
,
cest aussi la
ressource de quelques
beaux esprits, que les dates
anciennes & sçavan-
* tes font briller dans les
Conventions comme
une Table exacte brille à
la fin d'un Livre.
d'une fuite de dates du
25. qui font un, effet af
fez ridiculeàlavûë. Ce(jt
une exactitude outréede
l'Imprimeur, à qui j'ay
recommandé de repeter
plutost vingt dates inutiles
que d'en obmettre
une necessaire.
On ne trouve ordinairement
dans les Gazettes
que les dates du jour
qu'on reçoit les Nouvelles
, c'est la date des
faits où je mattacheray
avec soin, & qui fera
une singularité utile dans
mon Journal.
Les dates sont plus
utiles qu'on ne pense.
C'est pour plusieurs personnes
une Memoire locale
qui les fait souvenir
de la pluspart des actions
de leur vie. Par
exemple
,
le jour qu'un
tel estentré en Charge,
peut servir d'Epoque à la
ruine d'une Famille,ouà
l'élévation d'une autre.
Un Pere avare ce/Te
de vivre: c'est l'Epoque
ou commence la pra
digalité du Fils.
DamonSc Dorimene
s'épouserent le 15. Décembre.
Ils se dévisagerent
le 18. De ces Epoquesl'on
en voit assez.
Le même jour où Belife
fut inconstante, son
Amant fidele mourut de
desespoir. De ces Epoques
,
l'on n'en voit
plus.
Vous voyez que les
dates font bonnes à mille
choses
,
sans compter
l'honneur que l'exactitude
des dates fait aux
Nouvellistes : c'est leur
erudition
,
cest aussi la
ressource de quelques
beaux esprits, que les dates
anciennes & sçavan-
* tes font briller dans les
Conventions comme
une Table exacte brille à
la fin d'un Livre.
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Résumé : Dates. [titre d'après la table]
Le texte aborde l'importance des dates dans les journaux et les gazettes. L'auteur critique une erreur de date dans un document et insiste sur la nécessité de précision. Il observe que les gazettes indiquent souvent les dates de réception des nouvelles plutôt que celles des événements eux-mêmes. Pour se distinguer, l'auteur décide de privilégier les dates des faits dans son journal. Les dates sont présentées comme des repères mémoriels essentiels pour les actions importantes de la vie, telles que l'entrée en charge d'une personne, qui peut marquer la ruine ou l'élévation d'une famille, ou le début de la prodigalité d'un fils après la mort d'un père avare. Le texte mentionne également des événements personnels, comme le mariage et la séparation de Damon et Dorimène, ou la mort d'un amant fidèle après l'inconstance de son amante. Enfin, l'auteur souligne que les dates sont cruciales pour l'honneur des nouvellistes, constituant leur érudition et une ressource pour les beaux esprits dans les conventions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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410
p. 186-195
Clergé. [titre d'après la table]
Début :
De Versailles le 25. Juillet. LE 20. JUIN Messieurs [...]
Mots clefs :
Dieu, Harangue, Évêque de Troyes, Clergé, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Clergé. [titre d'après la table]
DeVerfailles le 2J.
Juillet.
LE 20. JUIN Messieurs
les Deputez de l'Assemblée
generale du Clergé,qui a
commencéle 10. Mars, eurent
audiance du Roy. Ils
furent accompagnez par Mr
le Comte de Pontchartrain
Secretaire d'Etat, & conduits
par Mr Desgranges,
Maistre des Ceremonies.
Je n'ay pu mettre cet
Articleà son rang , parce
que j'attendois la Harangue
pour en faire
un Extrait.
Afin qu'il ne m'arrive
plus de pareils dérangemens,
j'ay imaginé de
mettre à la fin de chaque
Mercure, un Supplément
détaché, pour
y placer tout ce qui me
viendra trop tard, &; qui
pourroit retarder l'impression.
J'avertis en même
temps que je n'ay pu
parler des Familles de
cette derniere Nomination
de Juillet, faute de
loisir pour m'eninformer.
Cette faute de loisir
m'arrivera souvent,
à moins que le Public
ne me foulage en m'envoyant
des Mémoires.
Voicy l'Extrait de la
Harangue.
Mr l'Evêque de Troyes
fit une Harangue, dont
je rapporteray seulement
icy quelques endroits.
Il exposa d'abord le
respect & le dévouement
du Clergé, pour celuy
dont le Trône representele
Trône de Dieu
même; &: continua en
ces termes:
Nous voyons que le régné
de Dieu eflle modele
que V. M. fèpropofc
pour former le Jîen.Sageffi
à qui rienn-échape ;
application sans relâche
a tout connoifire & à
tout régler: Zele de la
jujiice j amour de la vérité
s fermeté toujours
égaleJgrandeur d'ame
qu'aucun evenement ne
peuttroublersquelspuifi
sans motifs de noftte pro.
fonde vénération! -)
-: Il s'étendit ensuite sur
le sujet de l'Assemblée
du Clergé: sur son ardeur
& sur sonzele à secourir
l'Etat dans une
guerre entreprise pour la
défense de la Justice&
de la Religion.
Vostreamour, continua-
t-il, pour l'Eglisè
9
est le principal motifqui
raffimble & qui arme
tantdePeuplessilsnefont
animcZoJ que contre le
Dejfruéfeur de l'Herifiç
qu'ilspoudroientrelever,
& contre le Dejfen/eur
de la Majejfé Royale
& l'unique ajjle des
Rois perjecutc pour la
Foy.
Mrl'Evêque de Troyes
fit sur la fin plusieurs
souhaits pour le bonheur
de la France; les voicy.
Que Dieu, qui difPosi
du coeur des Princes
aussi bien que de la Victoi- re. insPire à tous les
Princesliguez* des pensées
dejuflice&depaix..
& que l'abondanceprête
a succeder à une assette
fsiannsseexxeemmppllee,,rreennddee au
Royaumefin repos &sa
filicitl.
Ces souhaits, prononcez
au nom de l'Eglise,
dont les paroles font des
Oracles, me parurent
des prédictionsplutost
que des souhaits.
Plaije à Dieu, poursuivit-
il
,
d'ajoûter aux
années que vous aveZ
passées, un grand nombre
d'annéesheureuses
que nous ne cesserons de
luy demanderpourVotre
Aîajeflé.PuiJJieZj-vous
goûter le platfir de vous
voir revivre dans une
Po[terltémultipliéeSuivant
les bénédictions de
rEcriture.
EtpuijJent vos Sujets
•
combleZ.J chaquejour de
nouveauxtélnonagesd
vofirebonté3jo*uir dans
le calme & dans lajoye,
du plus precieux de tous
les biens, qui est, S [ R E)
de possèder long-temps le
plusgrand &le meilleur
des Rois.
Mre Denis-François
le Bouthillier de Chavigny,
Evêque de Troyes,
qui prononça cette Harangue
,
est fils de Mre
Armand- Léon le Bouthillier
j
aîné du nom j
Comte de Chavigny &c
de Pont - sur
- Seine,Se
d'Elisabeth Bossuet.
Juillet.
LE 20. JUIN Messieurs
les Deputez de l'Assemblée
generale du Clergé,qui a
commencéle 10. Mars, eurent
audiance du Roy. Ils
furent accompagnez par Mr
le Comte de Pontchartrain
Secretaire d'Etat, & conduits
par Mr Desgranges,
Maistre des Ceremonies.
Je n'ay pu mettre cet
Articleà son rang , parce
que j'attendois la Harangue
pour en faire
un Extrait.
Afin qu'il ne m'arrive
plus de pareils dérangemens,
j'ay imaginé de
mettre à la fin de chaque
Mercure, un Supplément
détaché, pour
y placer tout ce qui me
viendra trop tard, &; qui
pourroit retarder l'impression.
J'avertis en même
temps que je n'ay pu
parler des Familles de
cette derniere Nomination
de Juillet, faute de
loisir pour m'eninformer.
Cette faute de loisir
m'arrivera souvent,
à moins que le Public
ne me foulage en m'envoyant
des Mémoires.
Voicy l'Extrait de la
Harangue.
Mr l'Evêque de Troyes
fit une Harangue, dont
je rapporteray seulement
icy quelques endroits.
Il exposa d'abord le
respect & le dévouement
du Clergé, pour celuy
dont le Trône representele
Trône de Dieu
même; &: continua en
ces termes:
Nous voyons que le régné
de Dieu eflle modele
que V. M. fèpropofc
pour former le Jîen.Sageffi
à qui rienn-échape ;
application sans relâche
a tout connoifire & à
tout régler: Zele de la
jujiice j amour de la vérité
s fermeté toujours
égaleJgrandeur d'ame
qu'aucun evenement ne
peuttroublersquelspuifi
sans motifs de noftte pro.
fonde vénération! -)
-: Il s'étendit ensuite sur
le sujet de l'Assemblée
du Clergé: sur son ardeur
& sur sonzele à secourir
l'Etat dans une
guerre entreprise pour la
défense de la Justice&
de la Religion.
Vostreamour, continua-
t-il, pour l'Eglisè
9
est le principal motifqui
raffimble & qui arme
tantdePeuplessilsnefont
animcZoJ que contre le
Dejfruéfeur de l'Herifiç
qu'ilspoudroientrelever,
& contre le Dejfen/eur
de la Majejfé Royale
& l'unique ajjle des
Rois perjecutc pour la
Foy.
Mrl'Evêque de Troyes
fit sur la fin plusieurs
souhaits pour le bonheur
de la France; les voicy.
Que Dieu, qui difPosi
du coeur des Princes
aussi bien que de la Victoi- re. insPire à tous les
Princesliguez* des pensées
dejuflice&depaix..
& que l'abondanceprête
a succeder à une assette
fsiannsseexxeemmppllee,,rreennddee au
Royaumefin repos &sa
filicitl.
Ces souhaits, prononcez
au nom de l'Eglise,
dont les paroles font des
Oracles, me parurent
des prédictionsplutost
que des souhaits.
Plaije à Dieu, poursuivit-
il
,
d'ajoûter aux
années que vous aveZ
passées, un grand nombre
d'annéesheureuses
que nous ne cesserons de
luy demanderpourVotre
Aîajeflé.PuiJJieZj-vous
goûter le platfir de vous
voir revivre dans une
Po[terltémultipliéeSuivant
les bénédictions de
rEcriture.
EtpuijJent vos Sujets
•
combleZ.J chaquejour de
nouveauxtélnonagesd
vofirebonté3jo*uir dans
le calme & dans lajoye,
du plus precieux de tous
les biens, qui est, S [ R E)
de possèder long-temps le
plusgrand &le meilleur
des Rois.
Mre Denis-François
le Bouthillier de Chavigny,
Evêque de Troyes,
qui prononça cette Harangue
,
est fils de Mre
Armand- Léon le Bouthillier
j
aîné du nom j
Comte de Chavigny &c
de Pont - sur
- Seine,Se
d'Elisabeth Bossuet.
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Résumé : Clergé. [titre d'après la table]
Le 20 juin, les députés de l'Assemblée générale du Clergé, débutée le 10 mars, furent reçus par le roi en présence du Comte de Pontchartrain et de Desgranges. L'auteur du texte n'a pas pu inclure cet événement initialement, faute de la harangue complète. Pour éviter de tels problèmes à l'avenir, il prévoit de publier un supplément à la fin de chaque Mercure pour les informations tardives. Il mentionne également son manque d'informations sur les familles de la dernière nomination de juillet et invite le public à lui envoyer des mémoires. L'extrait de la harangue de l'Évêque de Troyes, Denis-François Le Bouthillier de Chavigny, exprime le respect et le dévouement du Clergé envers le roi. L'Évêque compare le règne de Dieu à celui du roi, soulignant ses qualités de sagesse, de justice, de vérité, de fermeté et de grandeur d'âme. Il parle de l'Assemblée du Clergé, de son ardeur à secourir l'État dans une guerre pour la défense de la justice et de la religion. L'Église est présentée comme le principal motif rassemblant et armant les peuples contre les ennemis de la Majesté Royale. L'Évêque exprime des souhaits pour le bonheur de la France, espérant la justice et la paix, et prie pour de nombreuses années heureuses pour le roi et ses sujets.
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411
p. 196-198
AVIS QU'ON ME DONNE.
Début :
Je vous donne avis, Monsieur, pour le débit de vostre [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Titre, Maximes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS QU'ON ME DONNE.
AVIS
QU'ON ME DONNE.
te
vous donne avis,
J\donJieur> pour le débit
de vostre Livre que vous
deveZj en corriger le Titre,
& retrancher le mot
de Galanr. C'efl un mot
suranné qui ne donne que
de vieilles idees du tcmps
C'ejldutemps pre-
Jent que vojlre Journal
çloitfairel'Hiftopre. Ne
l'appeleZj>doncplus Mercure
Galant) car si vous
riy parJepoint de Galanteriervoftre
Titre fera,
faux. Si pour le Juftiftcr
vous nous donneZ des
Peintures gracieuses, &
des Maximes delicates
sur cette Galanterie qui
regnoit au temps de
la Princesse de Cltves.
Pour qui vou!ez,-vous
donc écrire ? de qui prétendez'S-
vous ejfre lû ?
Nosjeunes Cavaliers ne
voudrontpoint lire leur
condamnation dans vos
Maximes Galantes, &
un Livregalantfera aussi
mal reçu des Dames que
lefiroitMr de Nemours
luy-mêmesilavoitveilly
jufqua preflnt avecfin
Amour rejpeéfueuxJfis
fleurettes
, fisPoints de
Venifl & fis Reingrd,
ves.
QU'ON ME DONNE.
te
vous donne avis,
J\donJieur> pour le débit
de vostre Livre que vous
deveZj en corriger le Titre,
& retrancher le mot
de Galanr. C'efl un mot
suranné qui ne donne que
de vieilles idees du tcmps
C'ejldutemps pre-
Jent que vojlre Journal
çloitfairel'Hiftopre. Ne
l'appeleZj>doncplus Mercure
Galant) car si vous
riy parJepoint de Galanteriervoftre
Titre fera,
faux. Si pour le Juftiftcr
vous nous donneZ des
Peintures gracieuses, &
des Maximes delicates
sur cette Galanterie qui
regnoit au temps de
la Princesse de Cltves.
Pour qui vou!ez,-vous
donc écrire ? de qui prétendez'S-
vous ejfre lû ?
Nosjeunes Cavaliers ne
voudrontpoint lire leur
condamnation dans vos
Maximes Galantes, &
un Livregalantfera aussi
mal reçu des Dames que
lefiroitMr de Nemours
luy-mêmesilavoitveilly
jufqua preflnt avecfin
Amour rejpeéfueuxJfis
fleurettes
, fisPoints de
Venifl & fis Reingrd,
ves.
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Résumé : AVIS QU'ON ME DONNE.
L'auteur demande de modifier le titre du livre en supprimant le mot 'Galant', jugé désuet. Il estime que 'Mercure Galant' est trompeur. Le journal contient des descriptions élégantes et des maximes sur la galanterie de l'époque de la Princesse de Clèves. Il souligne l'importance de définir le public cible, car les jeunes cavaliers et les dames pourraient mal accueillir ce type de contenu.
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412
p. 209-212
« Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Début :
Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...]
Mots clefs :
Mercure, Amour, Campagne, Ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Si tous les Poëtes qui
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
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Résumé : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Le texte aborde la sensibilité des poètes et l'impact du bonheur sur leur écriture. L'auteur souhaite que les poètes, s'ils cessent de ressentir des émotions, ne soient jamais rendus heureux, car cela pourrait rendre leurs œuvres froides et languissantes, nuisant ainsi à la qualité de son périodique, le 'Mercure'. Il souligne l'importance et son attachement personnel à ce périodique. L'auteur compare également les différentes sources d'inspiration poétique, regrettant l'absence de poésies tendres inspirées par l'amour de cour, et envisageant plutôt des satires et des madrigaux basés sur le contraste entre l'amour champêtre et l'amour de cour. Il exprime le désir que la cour, la ville et la campagne contribuent à enrichir le 'Mercure'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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413
p. 236-240
« Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...] »
Début :
Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...]
Mots clefs :
Énigme, Savants, Deviner, Rêver, Savoir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...] »
Je n'ay plus rien à
vous donner.Mon porte-
feuilleestvuide, &
ma disette est 11 grande
dans ces commencements-
cy ,que je n ay
pas seulement reçu une
Enigme. C'est l'essentiel
pourtant ; c est une V
piece fondamentale.
Depuis trente ans l'E.
nigmeest le sel atique
du MercureGalant, &
le genre Enigmatique
tient lieude sublimeà
bien des gens.
Les vrais sçàvants
aiment à sçavoir : les
demi-scavants aiment
à deviner,& se croyent
plus savants parce
qu'ils devinent., que
les autres ne le font
parce qu'ils sçavent.
Ils n'ont pas tant do
tort qu'on croit. Il y a
tant de sciences,(sans
compter la Medecine, )
où sçavoir& deviner,
c'est à peu prés la mesme
chose!
Revenons à l'Enigme
: comment pourrois-
jem'en passericy ?
J'ay oiii dire à une Provincialle
excessivement
spirituelle,qu'un
Mercure jans brngme
cessoitunÀlmanachsans
pridiffionssunPlaidoyer
Jans citations latines, &
une conversation sans équrvoques.
J'ay cru l'Enigme si
necessaire
, que n'en
ayant point reçu de
Province,j'ay tasché
à en faire une moymesme.
C'est la premiere
de ma vie: elle n'en
fera pas meilleure. Je
ne me sens pas grand
talent pour ces fortes
de productions obscures.
Je n'aime ni à resver
beaucoup ni à faire
trop resver les autres;
voicy mon Enigme tel
qu'elle est.
vous donner.Mon porte-
feuilleestvuide, &
ma disette est 11 grande
dans ces commencements-
cy ,que je n ay
pas seulement reçu une
Enigme. C'est l'essentiel
pourtant ; c est une V
piece fondamentale.
Depuis trente ans l'E.
nigmeest le sel atique
du MercureGalant, &
le genre Enigmatique
tient lieude sublimeà
bien des gens.
Les vrais sçàvants
aiment à sçavoir : les
demi-scavants aiment
à deviner,& se croyent
plus savants parce
qu'ils devinent., que
les autres ne le font
parce qu'ils sçavent.
Ils n'ont pas tant do
tort qu'on croit. Il y a
tant de sciences,(sans
compter la Medecine, )
où sçavoir& deviner,
c'est à peu prés la mesme
chose!
Revenons à l'Enigme
: comment pourrois-
jem'en passericy ?
J'ay oiii dire à une Provincialle
excessivement
spirituelle,qu'un
Mercure jans brngme
cessoitunÀlmanachsans
pridiffionssunPlaidoyer
Jans citations latines, &
une conversation sans équrvoques.
J'ay cru l'Enigme si
necessaire
, que n'en
ayant point reçu de
Province,j'ay tasché
à en faire une moymesme.
C'est la premiere
de ma vie: elle n'en
fera pas meilleure. Je
ne me sens pas grand
talent pour ces fortes
de productions obscures.
Je n'aime ni à resver
beaucoup ni à faire
trop resver les autres;
voicy mon Enigme tel
qu'elle est.
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Résumé : « Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...] »
Le texte évoque la difficulté de l'auteur à fournir une énigme en raison de ses ressources limitées. Les énigmes sont présentées comme un élément essentiel du Mercure Galant depuis trente ans, appréciées par ceux qui aiment deviner. L'auteur distingue les vrais savants, qui aiment savoir, des demi-savants, qui préfèrent deviner et se croient plus savants. Il reconnaît que dans certaines sciences, savoir et deviner sont presque équivalents. Une provinciale spirituelle a décrit le Mercure Galant comme un almanach sans prédictions, un plaidoyer sans citations latines, et une conversation sans équivoques. Ne recevant pas d'énigme de province, l'auteur a tenté d'en créer une lui-même, bien qu'il ne se considère pas doué pour ce type de production. Il présente finalement son énigme sans prétention, avouant ne pas aimer trop rêver ni faire rêver les autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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414
p. 57-66
CONSEIL qu'on me donne dans une des Lettre Critiques qui ont couru sur mon Mercure.
Début :
Je conseille à l'Auteur de se défaire au plutost d'un [...]
Mots clefs :
Critiques, Sérieux, Style, Plaire, Plaisanterie, Réjouir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CONSEIL qu'on me donne dans une des Lettre Critiques qui ont couru sur mon Mercure.
CONSEIL
Qu'on me donne dans
une des Lettre Critiques
qui ont couru
sur mon Mercure.
Je conseille ÀPAutsurde
se défaire auplutost d'un
certain air de gayeté &
de plaisanterie dont son
stile est injecre,Il a réjouy
d'abord;maisacoupseur
il déplaira dans la suite:
le Publicse lasse bien-tost
deplaisanterie, &c. 4
Cette critique est tressensée
, car on se lassede
tout.Ainsi dés que je m'apercevray
qu'on se lasse
ra de mon stile, j'en changeray
promptement ; &
au lieu que je ne suis sericux
que dans les endroits
où il le faut estre,
je le seray par tout; je
prendray un stilesi serieusement
uniforme qu'il
m'ennuyra moy-même,
& j'en seray bien fâché.
Plût auCiel que je fusse
toujours en humeur de
me réjouïr , car il faut être
réjouy le premier pour
pouvoir réjouïr les autres.
Ouy,je fouhaiterois pouvoir
joindre à mon stile
celuy des Lettres Provinciales,
de Rablais, de Moliere.
En un mot je souhaite
de réjoüir tout le
monde,excepté ceux qui
font malignement chagrins
de voir que lesautres
se réjoüissent..
Lapluspart de ces critiques
atrabilaires ne ju.
gent de lasolidité d'un
ouvragequepar le degrq
de serieux qu'ils y trouvent,
désqu'une maxime
solide est plaisament
travestie
,
ils la méconnoissent,
mais qu'unemaxime
petite ou fausse se
presente pour ainsi dire
en habitserieux,ils la respectent.
Tout serieux
leur paroistgrand; tout
badinage leur paroist petit
: ils n'y sçavent autre
chose.Cen'est point à ces
Messieurs là que je veux
plaire
, un Livretelqu'ils
le veulent ne plairoitqu'a
eux seuls,,&jeveux plaire
à la meilleure partie,
ne pouvant plaire à tout
le monde.
Ces Critiques austeres
veulent être plus fages
que la Nature qui atache
presque toujours un goût
agreable aux nourritures
les plus solides
qu'elles produit pour les
hommes. Je veux nourrir
les esprits le plus agreablementque
jepourray.
Le serieux instruit,
j'en conviens; mais le
badinage peut instruire
réjouir: je le prefere,
& je ne prétens pas
mesme m'abstenirabsolument
de cette espece
de plaisanterie qui ne fait
queréjouïr sans instruire;
n'est-ce donc rien
que de réjouir-
Ceux qui tâchent de
suspendre par leurgayété.
les ennuis &les chagrins
dont l'esprit humain est
accablé
.> ne sont
-
ils pas
plus utiles à la societé
que ces Pleureurs de prosession
qui vous entretiennent
dans latristesse,
en vous representant vos
maux encore plus grands
qu'ils ne sont?
Examinons sérieusement
combien il est utile
de répandre la joye dans
le Public; voyez ce qu'en
'm
adit là- dessus feu Mrde
Pelisson
,
l'un des plus
beaux esprits de nostre
siecle.
Les plus grands Législateurs
en fondant des Républiques,
onteu pour but general que
les Citoyenspussent 'vivre
ensemblevertueusement, paisiblement,
c- agreablement.
Ces trois choses font donc
necessaires
, & tout ce qui
contribuë à la derniere sans
nuire aux deux autres ,
bien
loin de s'écarter de l'utilitépublique,
yvaquelquefoisparle
chemin le plusdroite&leplus
court. Par Qtemple les écrits
d'un célébréJurisconsultesont
utiles, qui le peut nier? Ils
instruisentl'Avocat pour bien
deffendre sa cause ; l'Avocat
bien instruit fait que le Juge
prononce justement; LeJuge en
rendantjustice met lesJCitoyent
en repos. Mais on voit fouirent
que les différentes mains
de tant de diversArtisans détournent
l'Art de son intention
naturelle
, & il en aryvt
comme de ces Machines belles
&bien inventéesenapparence,
qui pour estre composées de frofi
depieces, dontquelqu'unevient
toûjoursàmanquer, s'arrêtent à
toute heure,&renversent quelquefois
ce qu'elles devoientporterAu
contraire ces autres écrits
qu'on traite communement de
Bagatelles, quand ils ne serviroientpas
à reglerlesmoeurs,
ou àéclairer l'esprit, comme ils
le peuvent , comme ils le doivent,
comme ilsfontd'ordinaire
directement ou indirectement;
pour le moinssans avoir besoin
qued'euxmêmes, ils plaisent,
ils divertissent, ilssement&ils
répandentpar tout lajoye, qui
est aprés la vertu leplusgrand
de tous les tiens,
Qu'on me donne dans
une des Lettre Critiques
qui ont couru
sur mon Mercure.
Je conseille ÀPAutsurde
se défaire auplutost d'un
certain air de gayeté &
de plaisanterie dont son
stile est injecre,Il a réjouy
d'abord;maisacoupseur
il déplaira dans la suite:
le Publicse lasse bien-tost
deplaisanterie, &c. 4
Cette critique est tressensée
, car on se lassede
tout.Ainsi dés que je m'apercevray
qu'on se lasse
ra de mon stile, j'en changeray
promptement ; &
au lieu que je ne suis sericux
que dans les endroits
où il le faut estre,
je le seray par tout; je
prendray un stilesi serieusement
uniforme qu'il
m'ennuyra moy-même,
& j'en seray bien fâché.
Plût auCiel que je fusse
toujours en humeur de
me réjouïr , car il faut être
réjouy le premier pour
pouvoir réjouïr les autres.
Ouy,je fouhaiterois pouvoir
joindre à mon stile
celuy des Lettres Provinciales,
de Rablais, de Moliere.
En un mot je souhaite
de réjoüir tout le
monde,excepté ceux qui
font malignement chagrins
de voir que lesautres
se réjoüissent..
Lapluspart de ces critiques
atrabilaires ne ju.
gent de lasolidité d'un
ouvragequepar le degrq
de serieux qu'ils y trouvent,
désqu'une maxime
solide est plaisament
travestie
,
ils la méconnoissent,
mais qu'unemaxime
petite ou fausse se
presente pour ainsi dire
en habitserieux,ils la respectent.
Tout serieux
leur paroistgrand; tout
badinage leur paroist petit
: ils n'y sçavent autre
chose.Cen'est point à ces
Messieurs là que je veux
plaire
, un Livretelqu'ils
le veulent ne plairoitqu'a
eux seuls,,&jeveux plaire
à la meilleure partie,
ne pouvant plaire à tout
le monde.
Ces Critiques austeres
veulent être plus fages
que la Nature qui atache
presque toujours un goût
agreable aux nourritures
les plus solides
qu'elles produit pour les
hommes. Je veux nourrir
les esprits le plus agreablementque
jepourray.
Le serieux instruit,
j'en conviens; mais le
badinage peut instruire
réjouir: je le prefere,
& je ne prétens pas
mesme m'abstenirabsolument
de cette espece
de plaisanterie qui ne fait
queréjouïr sans instruire;
n'est-ce donc rien
que de réjouir-
Ceux qui tâchent de
suspendre par leurgayété.
les ennuis &les chagrins
dont l'esprit humain est
accablé
.> ne sont
-
ils pas
plus utiles à la societé
que ces Pleureurs de prosession
qui vous entretiennent
dans latristesse,
en vous representant vos
maux encore plus grands
qu'ils ne sont?
Examinons sérieusement
combien il est utile
de répandre la joye dans
le Public; voyez ce qu'en
'm
adit là- dessus feu Mrde
Pelisson
,
l'un des plus
beaux esprits de nostre
siecle.
Les plus grands Législateurs
en fondant des Républiques,
onteu pour but general que
les Citoyenspussent 'vivre
ensemblevertueusement, paisiblement,
c- agreablement.
Ces trois choses font donc
necessaires
, & tout ce qui
contribuë à la derniere sans
nuire aux deux autres ,
bien
loin de s'écarter de l'utilitépublique,
yvaquelquefoisparle
chemin le plusdroite&leplus
court. Par Qtemple les écrits
d'un célébréJurisconsultesont
utiles, qui le peut nier? Ils
instruisentl'Avocat pour bien
deffendre sa cause ; l'Avocat
bien instruit fait que le Juge
prononce justement; LeJuge en
rendantjustice met lesJCitoyent
en repos. Mais on voit fouirent
que les différentes mains
de tant de diversArtisans détournent
l'Art de son intention
naturelle
, & il en aryvt
comme de ces Machines belles
&bien inventéesenapparence,
qui pour estre composées de frofi
depieces, dontquelqu'unevient
toûjoursàmanquer, s'arrêtent à
toute heure,&renversent quelquefois
ce qu'elles devoientporterAu
contraire ces autres écrits
qu'on traite communement de
Bagatelles, quand ils ne serviroientpas
à reglerlesmoeurs,
ou àéclairer l'esprit, comme ils
le peuvent , comme ils le doivent,
comme ilsfontd'ordinaire
directement ou indirectement;
pour le moinssans avoir besoin
qued'euxmêmes, ils plaisent,
ils divertissent, ilssement&ils
répandentpar tout lajoye, qui
est aprés la vertu leplusgrand
de tous les tiens,
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Résumé : CONSEIL qu'on me donne dans une des Lettre Critiques qui ont couru sur mon Mercure.
L'auteur réfléchit sur le style d'écriture et la critique littéraire après avoir reçu une critique lui suggérant de renoncer à son ton gai et plaisantin. Il reconnaît la pertinence de cette critique et est prêt à adapter son style s'il observe une lassitude chez ses lecteurs. Il aspire à un style sérieux et uniforme, bien qu'il regrette de ne pas pouvoir toujours se réjouir et réjouir les autres. Il admire les styles des 'Lettres Provinciales', de Rabelais et de Molière, et souhaite réjouir tout le monde sauf ceux qui se réjouissent malicieusement du chagrin des autres. L'auteur critique les lecteurs austères qui jugent la solidité d'un ouvrage par son sérieux et méconnaissent les maximes solides travesties plaisamment. Il souhaite plaire à la 'meilleure partie' du public, pas seulement aux critiques austères. Il compare son désir de nourrir les esprits agréablement à la nature qui attache un goût agréable aux nourritures solides. Il préfère le badinage qui peut instruire et réjouir, estimant que ceux qui suspendent les ennuis par leur gaieté sont plus utiles à la société que ceux qui entretiennent la tristesse. L'auteur cite feu Monsieur de Pelisson pour souligner l'utilité de répandre la joie dans le public. Il rappelle que les grands législateurs visent à ce que les citoyens vivent vertueusement, paisiblement et agréablement. Il compare les écrits sérieux, comme ceux des jurisconsultes, aux écrits plaisants, qui peuvent directement ou indirectement plaire, divertir et répandre la joie, considérée après la vertu comme le plus grand des biens.
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415
p. 67-72
CHAPITRE où je voudrois bien réjoüir.
Début :
Ce seroit un tresor qu'un Chapitre comique qui suspendroit [...]
Mots clefs :
Comique, Jeux de mots, Chapitre, Bas comique, Quinquina
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHAPITRE où je voudrois bien réjoüir.
CHAPITRE
','
oùje voudrois bien P'
1:' réjoüir.
Ce feroit un tresor qu'-
un.Chapirre comique
qui suspendroit à coup
seur le chagrin, comme
le Quinquina suspend la
fièvre. Je vous composeray
pour le mois prochain
une prisede ce Quinquina
pour les chagrins;mais
afin qu'il puisse faire effet
sur tous les temperamens,
il faut faire entrer dans
cette composition toutes
fortes de drogues. Il y entrera
des boufonneries,
des équivoques; des jeux
de mots ; & peut-être du
bas Comique ; du Burlesque
; des Trivelinades;
des Arlequinades.
Il faut de tout cela quelques-
fois pour épanoüir
la Rate, Se le bon comique
ne fait rire que l'efprit.
Le premier Chapitre
de bas comique que je
vous donneray fera peutestre
extrait des plus ferieux
Auteurs Grecs &
Latins; on m'en a promis
bon nombre de traits
& j'enay déjà quelques.
uns,
Ceux d'entre ces Auteurs
anciens quiontdeliberé
des jeux de mots
dans leurs ouvrages, ne
dédaignoient pas apparemment
d'enrire.
Socrate rioit quelquefoisdes
plaisantes injures
que sa femme vomissoit
contre luy, & j'ay connu
un Socrate moderne, qui
par maniere de recreation
estimoit sa femme
jusqu'à l'irriter, parce
qu'elle avoit la colerecomique,
comme certains
yvrognes ont le coeur
gay.
Aprés avoir fait l'Apalogie
du bas comique, je
devrois vous en donner
icy tout du meilleur ;
mais jen'ay rien à present
dans ce genre-là, si ce
n'est une Lettre de jeux
de mots que je n'eusse jamais
osé placer dans un
Livre aussi grave qu'on
prétend que doit estre le
Mercure Galant; mais
je puis tout mettre dans
ce Chapitre-cy., car il est
privilegié: j'y proteste
contre la Critique.
11) Pour autoriser le stile
de la Lettre qui fuit,citons
icy un jeu deiiiotî,
Grec traduit d'un Au-
,
teur grave. Voicy la tra- j
duction dans ces quatre
Vers.
L'Escamoteur Doc/es"
un jourjetta la vûe
SuruneCouped'orqu'avoitLisimacus,
Aujfl-tojl que Docles
l'eutvue,
Lisimacus ne la vitplus..
','
oùje voudrois bien P'
1:' réjoüir.
Ce feroit un tresor qu'-
un.Chapirre comique
qui suspendroit à coup
seur le chagrin, comme
le Quinquina suspend la
fièvre. Je vous composeray
pour le mois prochain
une prisede ce Quinquina
pour les chagrins;mais
afin qu'il puisse faire effet
sur tous les temperamens,
il faut faire entrer dans
cette composition toutes
fortes de drogues. Il y entrera
des boufonneries,
des équivoques; des jeux
de mots ; & peut-être du
bas Comique ; du Burlesque
; des Trivelinades;
des Arlequinades.
Il faut de tout cela quelques-
fois pour épanoüir
la Rate, Se le bon comique
ne fait rire que l'efprit.
Le premier Chapitre
de bas comique que je
vous donneray fera peutestre
extrait des plus ferieux
Auteurs Grecs &
Latins; on m'en a promis
bon nombre de traits
& j'enay déjà quelques.
uns,
Ceux d'entre ces Auteurs
anciens quiontdeliberé
des jeux de mots
dans leurs ouvrages, ne
dédaignoient pas apparemment
d'enrire.
Socrate rioit quelquefoisdes
plaisantes injures
que sa femme vomissoit
contre luy, & j'ay connu
un Socrate moderne, qui
par maniere de recreation
estimoit sa femme
jusqu'à l'irriter, parce
qu'elle avoit la colerecomique,
comme certains
yvrognes ont le coeur
gay.
Aprés avoir fait l'Apalogie
du bas comique, je
devrois vous en donner
icy tout du meilleur ;
mais jen'ay rien à present
dans ce genre-là, si ce
n'est une Lettre de jeux
de mots que je n'eusse jamais
osé placer dans un
Livre aussi grave qu'on
prétend que doit estre le
Mercure Galant; mais
je puis tout mettre dans
ce Chapitre-cy., car il est
privilegié: j'y proteste
contre la Critique.
11) Pour autoriser le stile
de la Lettre qui fuit,citons
icy un jeu deiiiotî,
Grec traduit d'un Au-
,
teur grave. Voicy la tra- j
duction dans ces quatre
Vers.
L'Escamoteur Doc/es"
un jourjetta la vûe
SuruneCouped'orqu'avoitLisimacus,
Aujfl-tojl que Docles
l'eutvue,
Lisimacus ne la vitplus..
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Résumé : CHAPITRE où je voudrois bien réjoüir.
Le texte traite de la création d'un chapitre comique visant à apaiser le chagrin, similaire à l'effet du quinquina sur la fièvre. L'auteur prévoit d'y inclure diverses formes de comique, telles que des bouffonneries, des équivoques, des jeux de mots, du bas comique, du burlesque, des trivelinades et des arlequinades, afin de toucher tous les tempéraments. Le premier chapitre pourrait puiser des traits humoristiques chez les auteurs grecs et latins, qui utilisaient fréquemment des jeux de mots. Par exemple, Socrate riait des injures de sa femme, et un 'Socrate moderne' trouvait du divertissement à irriter sa femme colérique. L'auteur possède une lettre contenant des jeux de mots qu'il pourrait inclure, bien qu'il n'ait pas d'exemple de bas comique à offrir actuellement. Il cite un jeu de mots grec traduit pour justifier le style de cette lettre.
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416
p. [73]-76
LETTRE CRITIQUE d'un Maistre de Paulme, sur mon premier Mercure.
Début :
MONSIEUR, Vous avez assez bien peloté en attendant partie ; mais [...]
Mots clefs :
Balle, Jeu de paume, Main
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE CRITIQUE d'un Maistre de Paulme, sur mon premier Mercure.
LETTRE CRITIQUE
d'un MaitredePaulme
sur , monpremierMercure.
MONSIEUR,
Vous avez assez bien peloté
en attendant partie;
mais on dit que vostreJeu
est trop vif, & qu'au lieu
d'atendre la Balle au bond,
vous prenez tout de Volée.
En effet, avec vous la Balle
ne tombe pas à terre. Les
bons Critiques vous promenent
de coin en coin: ne
relevez point leurs coups.: *
remarquez les chasses &
vous les gagnerez en jouant
bien. A l'égard despetits
Joüeurs qui font fâchez de
vous voir la Balle à la main,
forcez au dedans; ils craignent
laBalle:ilsbaisseront
la tesse & perdront quinze.
Il y en a d'autres, qui faute
desçavoirjuger la Balle,
prennent vos coups coupez
entrebond & volée,&leurs
raisonnements se perdent
dans les filets. Défiez-vous
de cctix qui vousferventsur
.J
les deux toits; ils feignent
leur jeu en flattant le coup :
mais ils vous attaqueront
par. bricole, & prendront le
défaut, car vous ne pouvez
pas être par tout. On dit
que quelques enfants de la
Balle prennent l'avantage
sur vous quand il y a faute;
mais attendez qu'ils ayent la
Raquette à la main, ils
mettront dessous, & vous
ferez à deux de Jeu, quoy
qu'ils ayent pris leur Bisque.
Enfin Monsieur, si l'on
vous chicane trop, faites
demander fous. la Gallerie
à, ceux qui ont bien vû le
coup,ils jugeront tous que
vostre Mercure a porté, &
que vous avez gagné une
chasse au premier; mais
tirez droit au second si vous
voulez gagner la partie.
Nous mettrons tous argent
fous corde, & le public
payera les frais.
d'un MaitredePaulme
sur , monpremierMercure.
MONSIEUR,
Vous avez assez bien peloté
en attendant partie;
mais on dit que vostreJeu
est trop vif, & qu'au lieu
d'atendre la Balle au bond,
vous prenez tout de Volée.
En effet, avec vous la Balle
ne tombe pas à terre. Les
bons Critiques vous promenent
de coin en coin: ne
relevez point leurs coups.: *
remarquez les chasses &
vous les gagnerez en jouant
bien. A l'égard despetits
Joüeurs qui font fâchez de
vous voir la Balle à la main,
forcez au dedans; ils craignent
laBalle:ilsbaisseront
la tesse & perdront quinze.
Il y en a d'autres, qui faute
desçavoirjuger la Balle,
prennent vos coups coupez
entrebond & volée,&leurs
raisonnements se perdent
dans les filets. Défiez-vous
de cctix qui vousferventsur
.J
les deux toits; ils feignent
leur jeu en flattant le coup :
mais ils vous attaqueront
par. bricole, & prendront le
défaut, car vous ne pouvez
pas être par tout. On dit
que quelques enfants de la
Balle prennent l'avantage
sur vous quand il y a faute;
mais attendez qu'ils ayent la
Raquette à la main, ils
mettront dessous, & vous
ferez à deux de Jeu, quoy
qu'ils ayent pris leur Bisque.
Enfin Monsieur, si l'on
vous chicane trop, faites
demander fous. la Gallerie
à, ceux qui ont bien vû le
coup,ils jugeront tous que
vostre Mercure a porté, &
que vous avez gagné une
chasse au premier; mais
tirez droit au second si vous
voulez gagner la partie.
Nous mettrons tous argent
fous corde, & le public
payera les frais.
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Résumé : LETTRE CRITIQUE d'un Maistre de Paulme, sur mon premier Mercure.
Dans une lettre critique, un maître de Paulme compare la pratique du jeu de paume à la critique littéraire et offre des conseils stratégiques à un joueur. L'auteur loue le jeu vif et direct du destinataire, qui ne laisse pas la balle tomber à terre. Il recommande de ne pas relever les coups des bons critiques mais de bien observer les chasses pour les gagner. Contre les petits joueurs, il suggère de forcer au dedan pour les intimider. Certains adversaires, incapables de juger correctement la balle, perdent leurs raisonnements dans les filets. L'auteur met en garde contre ceux qui feignent leur jeu en flattant le coup, car ils peuvent attaquer par surprise. Il note également que certains enfants de la balle profitent des fautes pour prendre l'avantage, mais conseille d'attendre qu'ils aient la raquette à la main pour égaliser le jeu. Enfin, si les critiques sont trop sévères, il recommande de demander l'avis de ceux qui ont bien vu le coup, assurant que le public reconnaîtra la justesse du jeu et paiera les frais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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417
p. 100-110
Avis donné à l'Autheur, &c. [titre d'après la table]
Début :
On m'a averti sur l'article d'Aglaé dans mon premier [...]
Mots clefs :
Esclaves, Porteur, Valet, Servus
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texteReconnaissance textuelle : Avis donné à l'Autheur, &c. [titre d'après la table]
Onm'aaverti sur l'article
d'Aglaé dans monpremier
Mercure, que l'Intendant
de cette Dame Romaine
nes'appelloic pas Bonaventure
; mais Boniface ; on
a eu raison
,
& j'ai tort de
n'avoir pas verifié les Mémoiresoùj'ay
pris aussi les
soixante Intendans que j'ay
donnez àAglaé Loind'être
fâché qu'on me reprenne de
pareilles fautes, j'en serois
exprés si j'estois feur que
chacune m'attirât uneLettre
aussi pleine d'érudition celledeMrl'AbbéH**q*ue
:
Voicy les remarquesqu'il fait
sur les soixante Intendants
d'Aglaé,DamèRomaine.
Les Intendans estoient une
forte d'Esclaves. On les
nommoit jéclores servi; les
Economes des familles, des
mai sons,des biens.
Il y avoit autant d'Esclaves
que d'occupations dans
les maisons des Grands; on
en comptoit jucqu'à cinquante.
Actorservus, l'Intendant
d'une Maison.
Atrienfis servus, Concierge;
c'estoit le plus considerabledes
Esclaves ; ilavoit
tout en garde.
Procuratoservus, qui vacquoit
aux affaires pour les
Procès.
Négociatorservus, qui negocioit
pour son Maistre.
Libripensservus, Treforier.
Dispensator servus, qui
achetoit & payoit.
Capsarius servus,qui donnoit
l'argent à interest
, un
espece d'Agioteur
,
d'Usuner.
Calculatorservus, qui calculoit
& supputoit.
Strvus ab Epijhiisy qui
écrivoit les Lettres.
Librariusservus
,
qui écrivoit
des Livres par notes
abregées, dont on se fervoit
avant l'Imprimerie.
Servus ab Ephemeridé, qui
avertissoit des Calendes, des
Nones & des Ides, des Fêtes
& des autres jours du
mois, sur tout de celui que
les Romains nommoient
dies Ater,ledeuxièmeJanvier,
& de celui duPatricide,le 15.
Mars,mort de Cesar.
Cubiculariusservus, Valet
de Chambre ou Camerier.
Vertipicus Servus,Valet
de Garderobbe.
UnÛorfervus.qnx frotoit
le corps d'huile de (encoure
le parfumoit aux Bains.
Balncator servus
,
Baigneur.
Fornacator servus
3
qui
allumoit le fourneau des
Bains.
MedicusSefvns, Medecin.
Admissionalisservus
,
Introducteur
pour admettre
aux Audiences particulières
ou publiques.
Silentiarinsservus, quifaisoit
faire silence dans la
Chambre ou dans les Salles.
Procope dit qu'ils estoient
établis pour tenir les A(G&
tans dans le respect.
jinte ambulo servus, qui
marchoit devant pour faire
faire place.
Salutigerulus servus , qui
porroit le bon jour.
Nutritifsprvits avoit
soindd'élever les enfans,Precepteur,
InflruâcLr.
Structor servus
,
Mâiftrv
d'Hostel.
Pocillatorservus,Echansom
Cellarius servus, qui gardoit
les vins, d'où le Celerier
est venu.
Proegqjïatarfervtts
,
qui
faisoitl'essay du vin avant
qu'on le presentât à boire.
Obcoenator servus, qui
achetoitles vivres.
Vocator servus
,
qui alloit
convier a mander.
Dioetariusservus, qui avoit
foin d'orner la Salle des Festins.
^rjdlefiaJervtts3 qui ramarrait
les restes destables,
Esclaved'oeconomie.
Poeniculusservus, qui netroyoit
les tables avec uncéponge.
Cursor servus, qui portoit
des nouvellesverbales.
Tabellariusservus , Porteur
de lettres.
Calator servus, uicon.
voquoit les Assemblées.
Nomenclator servus, qui
nommoit ceux qui briguoient
les Charges de la
Republique. Il falloit 2 5.
ans pour estre Quæsteur
,
30. pour estre Tribun,37.
pour estre Edile, 39. pour
cttrcPrxteur~ 43. pour
estreConsul
,
selon Julie*
Lipse.
Villicus fernsus> qui avoit
foin des biens de la Campagne.
Viridariusservus
,
Jardinier.
Topiariusservus,qui tondoit
les Parterres & les Arbusses,
VenatorServus, Chasseur.
Salvariusservus, Garde
de bois.
Pastor Servus, Berger.
Pijlor servus, qui battoit
le bled pour en tirer la farineavant
l'u(1ge des Moulins.
Ostiarius servus Portier.
Servus à pedibiis Valet
de pied, Laquais.
-4quarlusfervus Porteur
d'eau.
Scoparius servus, quibalayoit
lesmaisons.
Lecticariusservus, Porteur
de chaises.
Polinctor servus, qui lavoit
les corps, & les embaumoit
après le deccds.
Designatorservus, Maître
des Ceremonies, & l'OrdonnateurdesPompes
funebres.
Ulpren raporte que
sa fonction estoit considerable.
Il marchoit accompagné
de deux Licteurs;
Horace & Tertulien enfont
mention.
Emissarius/?ro/#jJntrigant
pour lesplaisirs deson Maître.
d'Aglaé dans monpremier
Mercure, que l'Intendant
de cette Dame Romaine
nes'appelloic pas Bonaventure
; mais Boniface ; on
a eu raison
,
& j'ai tort de
n'avoir pas verifié les Mémoiresoùj'ay
pris aussi les
soixante Intendans que j'ay
donnez àAglaé Loind'être
fâché qu'on me reprenne de
pareilles fautes, j'en serois
exprés si j'estois feur que
chacune m'attirât uneLettre
aussi pleine d'érudition celledeMrl'AbbéH**q*ue
:
Voicy les remarquesqu'il fait
sur les soixante Intendants
d'Aglaé,DamèRomaine.
Les Intendans estoient une
forte d'Esclaves. On les
nommoit jéclores servi; les
Economes des familles, des
mai sons,des biens.
Il y avoit autant d'Esclaves
que d'occupations dans
les maisons des Grands; on
en comptoit jucqu'à cinquante.
Actorservus, l'Intendant
d'une Maison.
Atrienfis servus, Concierge;
c'estoit le plus considerabledes
Esclaves ; ilavoit
tout en garde.
Procuratoservus, qui vacquoit
aux affaires pour les
Procès.
Négociatorservus, qui negocioit
pour son Maistre.
Libripensservus, Treforier.
Dispensator servus, qui
achetoit & payoit.
Capsarius servus,qui donnoit
l'argent à interest
, un
espece d'Agioteur
,
d'Usuner.
Calculatorservus, qui calculoit
& supputoit.
Strvus ab Epijhiisy qui
écrivoit les Lettres.
Librariusservus
,
qui écrivoit
des Livres par notes
abregées, dont on se fervoit
avant l'Imprimerie.
Servus ab Ephemeridé, qui
avertissoit des Calendes, des
Nones & des Ides, des Fêtes
& des autres jours du
mois, sur tout de celui que
les Romains nommoient
dies Ater,ledeuxièmeJanvier,
& de celui duPatricide,le 15.
Mars,mort de Cesar.
Cubiculariusservus, Valet
de Chambre ou Camerier.
Vertipicus Servus,Valet
de Garderobbe.
UnÛorfervus.qnx frotoit
le corps d'huile de (encoure
le parfumoit aux Bains.
Balncator servus
,
Baigneur.
Fornacator servus
3
qui
allumoit le fourneau des
Bains.
MedicusSefvns, Medecin.
Admissionalisservus
,
Introducteur
pour admettre
aux Audiences particulières
ou publiques.
Silentiarinsservus, quifaisoit
faire silence dans la
Chambre ou dans les Salles.
Procope dit qu'ils estoient
établis pour tenir les A(G&
tans dans le respect.
jinte ambulo servus, qui
marchoit devant pour faire
faire place.
Salutigerulus servus , qui
porroit le bon jour.
Nutritifsprvits avoit
soindd'élever les enfans,Precepteur,
InflruâcLr.
Structor servus
,
Mâiftrv
d'Hostel.
Pocillatorservus,Echansom
Cellarius servus, qui gardoit
les vins, d'où le Celerier
est venu.
Proegqjïatarfervtts
,
qui
faisoitl'essay du vin avant
qu'on le presentât à boire.
Obcoenator servus, qui
achetoitles vivres.
Vocator servus
,
qui alloit
convier a mander.
Dioetariusservus, qui avoit
foin d'orner la Salle des Festins.
^rjdlefiaJervtts3 qui ramarrait
les restes destables,
Esclaved'oeconomie.
Poeniculusservus, qui netroyoit
les tables avec uncéponge.
Cursor servus, qui portoit
des nouvellesverbales.
Tabellariusservus , Porteur
de lettres.
Calator servus, uicon.
voquoit les Assemblées.
Nomenclator servus, qui
nommoit ceux qui briguoient
les Charges de la
Republique. Il falloit 2 5.
ans pour estre Quæsteur
,
30. pour estre Tribun,37.
pour estre Edile, 39. pour
cttrcPrxteur~ 43. pour
estreConsul
,
selon Julie*
Lipse.
Villicus fernsus> qui avoit
foin des biens de la Campagne.
Viridariusservus
,
Jardinier.
Topiariusservus,qui tondoit
les Parterres & les Arbusses,
VenatorServus, Chasseur.
Salvariusservus, Garde
de bois.
Pastor Servus, Berger.
Pijlor servus, qui battoit
le bled pour en tirer la farineavant
l'u(1ge des Moulins.
Ostiarius servus Portier.
Servus à pedibiis Valet
de pied, Laquais.
-4quarlusfervus Porteur
d'eau.
Scoparius servus, quibalayoit
lesmaisons.
Lecticariusservus, Porteur
de chaises.
Polinctor servus, qui lavoit
les corps, & les embaumoit
après le deccds.
Designatorservus, Maître
des Ceremonies, & l'OrdonnateurdesPompes
funebres.
Ulpren raporte que
sa fonction estoit considerable.
Il marchoit accompagné
de deux Licteurs;
Horace & Tertulien enfont
mention.
Emissarius/?ro/#jJntrigant
pour lesplaisirs deson Maître.
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Résumé : Avis donné à l'Autheur, &c. [titre d'après la table]
Le texte traite d'une correction apportée à un article précédent concernant l'intendant d'une dame romaine. L'erreur initiale identifiait l'intendant sous le nom de Bonaventure, alors qu'il s'agit en réalité de Boniface. L'auteur exprime sa reconnaissance pour une lettre éducative de l'abbé H**q*ue, qui fournit des informations détaillées sur les soixante intendants d'Aglaé, une dame romaine. Ces intendants étaient des esclaves ayant diverses fonctions dans les maisons des grands. Parmi les rôles mentionnés, on trouve l'actor servus, qui est l'intendant de maison, l'atriensis servus, le concierge, le procurator servus, le gestionnaire des procès, et le negotiator servus, le négociateur. D'autres fonctions incluent le libripens servus, le trésorier, le dispensator servus, l'acheteur et payeur, et le capsarius servus, le prêteur d'argent. Le texte énumère également des rôles spécifiques comme le calculator servus, le calculateur, le strvus ab Epistulis, le secrétaire, et le librarius servus, le copiste. Des fonctions plus domestiques sont également mentionnées, telles que le cubicularius servus, le valet de chambre, le balneator servus, le baigneur, et le medicus servus, le médecin. Enfin, le texte liste d'autres esclaves et leurs fonctions, comme le villicus servus, le gérant des biens campagnards, et le pastor servus, le berger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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418
p. 193-210
Lettre du P. l'E. J. [titre d'après la table]
Début :
Messieurs de Trevoux doivent mettre dans leur Journal du mois [...]
Mots clefs :
Empire, Capitale, Monuments, Inscription, Peuples, Opinion, Antiquité
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texteReconnaissance textuelle : Lettre du P. l'E. J. [titre d'après la table]
Messieurs de Trevoux
doivent mettre
dans leur Journal du
mois prochain une
Dissertation en forme
de Lettre dont je vais
vous donner l'extrait,
sur lafoyque j'ay du
bon choix qu'ils sçavent
faire des Pieces
,
car je n'ay par moymesme
nulleérudition
sur les Monuments ,&
sur les InfcriptiowKantiques.
Cette Lettre cft
du P.fE.J.
-.
J'ay V€U.,Monjteurxles
Monuments etantiquitéde la
capitale desLeuquois, qu'on a
trouvez prés de Leucey dans
le pays des anciens Leucois ou
Leuciens ; & à' ce nom de
Leucey
3
je vous avoue que
j'ay cru avoir trouvé la capi.
tale decepeupleGaulois qu'on
cherche encore AUjourd'huy
Pour rendre mon systême
probable, aprés avoir
avoüé que Toul étoit la premiere
Ville de Leuciens du
temps dePtolemée 3je montrerois
quellen'est devenuë leur
capitale que par laruine d'une
Villeplusancienne qui portoit
leur nom.
N'est-ce pasainsi que nous
prouvons que Treves étoit la
capitale du pays Trevois ?
Met!{j de celuy quon nom-
tnoit Mediomatrices;
Reims, des Rémois, Soisson),
des Sucssonnois ,
Amiens
,
des Ambianois
, Chartres,des Carnutes, Le
Mans
,
des Cenomans, Pa-
- ris,desParisiens,Sens
,
des
Senonois, & Langres, des
Lingonois? Toutes les capitales,
disons-nous, ont pris le
nom de leurs Peuples,excepté
celles de la Province Romaine.
& les Villes voisines (font les
Romains avoientfixéou changé
le nom, comme Aquæ
Sextiæ, Lugdunum, Vesontio
,
Augustodunum.
Puisdonc que noustrouvons
au milieu du Peuple appellé
anciennementLeuci un lieu
nommé Leucey , ne devonsnous
doncpascroire que le Lieu
quiporte le nom du Peuple qui
l'environne
, en estla capitale
?
Le P. l£ refuteenfuite
l'opinion de feu
Mrl'AbbéRiquet.
Ilavoitdonné, dit-il,aux
Leuquois une Capitale qui
n'étoitpas mesmede leur Pays,
car si noussuivons la division
des anciens Dioceses qui a esté faite Sur Ii division
des anciens Peuples del'Empire
,
Gran devoit estre du
Pays de Langres, parce qu'-
elle a esté long-temps du mesme
Diocese.
Gardez-vous bien de croire
ne nmoins, Monsieur, que le
donnedans cette illusion; ou--*
tre que les Capitales n'ont pris
le norll de leurs Peuples que
quand leurs Tyrans leur ont
oste le leurpropre,& en un
temps où elles ne pouvoient
tftre ni connues aux Geographes,
ni mesme aux Geographes
du bas Empire ,
fuis
qu'elles ont gardé leur nom
jtiféJu'à ce temps-là.
L'Auteur soutient
ensuite le caractere
d'un veritable Sçavant,
qui ne refute
point l'opinion des autres
par l'envied'établir
les siennes.
Je n'aime point
,
dit-il
, à changer les bornes que nos
peres ont posées; re puisque
Toul a toûjours esle la Capitale
des Lo ucois, je ne luy disputeray
point ce nom. Je
conviendray que ma regle n'cft
pasgenerale,&que les Mandubiens
,
les Nerviens
,
les
Menapiens, &plusieurs autres
Peuples avoient des Capitales
à qui ils n'ont paslaissé
leur nom; que l'Analogie du
nom est une preuvelegere lorsquellerieftpasappuyéed-
'ail*
leurs; & qu'enfin quand on
auroit trouvé à Lucey mesme
les Monuments d'antiquité
qu'on a trovuez auxenvirons,
je ne prétendrons point me signaler
par une nouvelle OPInion
capable de m'attirer tous
les Antiquairessur les bras.
LeP.l'E.propose
sansopiniastreté une
opinion nouvelle;c'est
ce qui la rend plus
probable. Un Sçavant
qui n'est point aveuglé
par ses préventions.,
voit plus clairqu'un
autre.
Il rassure ensuite un
de ses Amis sur un
doute qu'il a.
Vous craigne^ fort, luy
dit-il
, que les Monuments
qu'on a trouvez cbek vous ne
soientpasantiques,parce qu'il
ne vous paroist pas que certaines
Lettres qu'on voitsur une
petite Urne lachrymale qui
fait une partie de ces Monuments,
soient de la beauté que
font ordinairement les Lettre.s.-
Romaines dans les Inscriptions
antiques Pensez-vous
quil n'y paiffi avoir d'Inscription
antique si elle n'efi bien
écrite?
Je vous avoüeray que j'ay
estémoy-mesme en cette erreur.
Lapremierefois que je vissur
les Medailles d'Albin des A.
qui navoient pasla simplicité
ordinaire aux Lettres Ramai.
nes ,
j'enfussurpris.A la vûe
d'une Inscription sur Bronze
pour la Déesse du Peuple Bi - bractin,laquelleestconservée
dans le Cabinet de Mr Moreau
de Mautour, où je remarquay
de pareilles Lettres.
Je doutay de l'antiquité de i'Jnjcriptwn; mais lorsquej'eus
prisgarde que nous avionsplusieurs
MedaillesConsulaires
dont les Legendes n'estoientpas
si bien écrites que celles des
Medailles du haut Empire
fr compris qu'une Inscription
pourvoitestre antique & malécrite
tout ensemble, & que
souventmesme la difformité de
ces Lettres étoit une marque
dune plusgrande antiquité.
Maislorsque je vis les
Tombeaux des Soldats de lahuitième
Legion qui furent
trouvez àStrasbourgen1663.
e,,,7 dontBebel fait la description
,
je connus qu'une Inscription
pouvoit estre mal écrite
~& avoir estéfaite dans le
haut Empire, c'est-à-dire, au
temps qui nous a laissé les pltiè
telles Inscriptions
, car enfin
voilà lesEpitaphes dont ils*a*
gif.-
On lit sur les trois
premiers Tombeaux.
LEG. VIII. AVG.
Sur le quatriéme
Tombeau.
LEG.VIII. AG.
L'Impression n'a pû
imiter icy les Caracteres
malformez de ces
InscriptionsJe suisfasché
de diminuer en cela
le
-
plaisir des Curieux,
plaisir que j'approuve
,puisque la curiositéantique
est une
espece de joüissancedu
tempspassé. Si quelqu'un
deces Sçavants
a citationsGrecques &C
Latines
,
blasme l'incertitude
qu'on voit
chez les Antiquaires,
je luy répondrais volontiers:
Des Livres Grecsoriginaux
Vous croyez, concevoir les
objcurespensées
Mais souvert elles sont
encorpluseffacées
Que les Inscriptionsqu'on
trouve aux vieux Tombeaux.
L'Auteur prouve enfuite
que ces Inlcrip-^
tiens quoyque mal
écrites, sont neanmoins
du temps de la
plus belle Antiquité.
Premierement , dit - il,
elles Ifr-sontpointdu bas EriJpire,
car il n'yavoit en ce
tempslà que deux Legions
d'August
,
l'une en Thrace
> &l'autre dans [Jllllirie
, encore
partoit-elle le nom de Pre-
~torienne,d''Etrangère,
nomque celle-cyneporte pas.
Elles sont donc du hau-
Empire jCT mesme du comt
mencement del'Empire,carce
riefîoit qu'en ce temps-là qu'il
y avoit une huitième Legion
qui porta le nom d'Auguste.
Nous la voyons en quartier
sur le bord duRhin dans le
Pays des Vangions & des
Tribocces t1
,
pendant l'Empire
de Tibere,& nous Ij voyons
encore sousl'Empire d'Antoninaurapport
de Ptolemée,
aprés que L'histoire n'en parle plus.
Les Soldats de cette Legion
furent donc enterrez à Strasbourg,
bourg, ou sous l'Empire de
Tibere ousous l'Empire d'An-:
tonin. Desçavoir precisement
le temps de leur sepulture
,
je
crois que ce riefl pas une chose
aisée.
LesInscriptions de la Republique
ancienne oudu bas
Empiresontmalécrites parce
qu'au temps de Republique l'écriture
Romainen'avoit pas
encoresa perfection
, &qu'au
temps du bas Empire, elle l'avoit
perduë C'estainsi
que les Medaillesd'Albinfrapées
dans les Gaules ont des
A. Gaulois : que l'Inscription
de la Déeffi de Bibraaé., a
des R. &des T Gaulois, &
que lesEpitaphes de Strasbourg
dont nous venons de parler
,
ont des Lettres toutes Gauloises.
Nevoyons-nouspas encore
aujourd'huy que les Allemands
qui ont retenu quelques-unes
des manieresGauloisesnesçauroientformerune
Lettre Romainesans
en alterer lasimplicité.
Ils nepeuventse resoudre
àfaireunI. qui estlaplussimple
de toutes les Lettres,sans
y ajouster quelque ornement.
Je suis,Monsieur
,
vostre ,
Cm,r.
doivent mettre
dans leur Journal du
mois prochain une
Dissertation en forme
de Lettre dont je vais
vous donner l'extrait,
sur lafoyque j'ay du
bon choix qu'ils sçavent
faire des Pieces
,
car je n'ay par moymesme
nulleérudition
sur les Monuments ,&
sur les InfcriptiowKantiques.
Cette Lettre cft
du P.fE.J.
-.
J'ay V€U.,Monjteurxles
Monuments etantiquitéde la
capitale desLeuquois, qu'on a
trouvez prés de Leucey dans
le pays des anciens Leucois ou
Leuciens ; & à' ce nom de
Leucey
3
je vous avoue que
j'ay cru avoir trouvé la capi.
tale decepeupleGaulois qu'on
cherche encore AUjourd'huy
Pour rendre mon systême
probable, aprés avoir
avoüé que Toul étoit la premiere
Ville de Leuciens du
temps dePtolemée 3je montrerois
quellen'est devenuë leur
capitale que par laruine d'une
Villeplusancienne qui portoit
leur nom.
N'est-ce pasainsi que nous
prouvons que Treves étoit la
capitale du pays Trevois ?
Met!{j de celuy quon nom-
tnoit Mediomatrices;
Reims, des Rémois, Soisson),
des Sucssonnois ,
Amiens
,
des Ambianois
, Chartres,des Carnutes, Le
Mans
,
des Cenomans, Pa-
- ris,desParisiens,Sens
,
des
Senonois, & Langres, des
Lingonois? Toutes les capitales,
disons-nous, ont pris le
nom de leurs Peuples,excepté
celles de la Province Romaine.
& les Villes voisines (font les
Romains avoientfixéou changé
le nom, comme Aquæ
Sextiæ, Lugdunum, Vesontio
,
Augustodunum.
Puisdonc que noustrouvons
au milieu du Peuple appellé
anciennementLeuci un lieu
nommé Leucey , ne devonsnous
doncpascroire que le Lieu
quiporte le nom du Peuple qui
l'environne
, en estla capitale
?
Le P. l£ refuteenfuite
l'opinion de feu
Mrl'AbbéRiquet.
Ilavoitdonné, dit-il,aux
Leuquois une Capitale qui
n'étoitpas mesmede leur Pays,
car si noussuivons la division
des anciens Dioceses qui a esté faite Sur Ii division
des anciens Peuples del'Empire
,
Gran devoit estre du
Pays de Langres, parce qu'-
elle a esté long-temps du mesme
Diocese.
Gardez-vous bien de croire
ne nmoins, Monsieur, que le
donnedans cette illusion; ou--*
tre que les Capitales n'ont pris
le norll de leurs Peuples que
quand leurs Tyrans leur ont
oste le leurpropre,& en un
temps où elles ne pouvoient
tftre ni connues aux Geographes,
ni mesme aux Geographes
du bas Empire ,
fuis
qu'elles ont gardé leur nom
jtiféJu'à ce temps-là.
L'Auteur soutient
ensuite le caractere
d'un veritable Sçavant,
qui ne refute
point l'opinion des autres
par l'envied'établir
les siennes.
Je n'aime point
,
dit-il
, à changer les bornes que nos
peres ont posées; re puisque
Toul a toûjours esle la Capitale
des Lo ucois, je ne luy disputeray
point ce nom. Je
conviendray que ma regle n'cft
pasgenerale,&que les Mandubiens
,
les Nerviens
,
les
Menapiens, &plusieurs autres
Peuples avoient des Capitales
à qui ils n'ont paslaissé
leur nom; que l'Analogie du
nom est une preuvelegere lorsquellerieftpasappuyéed-
'ail*
leurs; & qu'enfin quand on
auroit trouvé à Lucey mesme
les Monuments d'antiquité
qu'on a trovuez auxenvirons,
je ne prétendrons point me signaler
par une nouvelle OPInion
capable de m'attirer tous
les Antiquairessur les bras.
LeP.l'E.propose
sansopiniastreté une
opinion nouvelle;c'est
ce qui la rend plus
probable. Un Sçavant
qui n'est point aveuglé
par ses préventions.,
voit plus clairqu'un
autre.
Il rassure ensuite un
de ses Amis sur un
doute qu'il a.
Vous craigne^ fort, luy
dit-il
, que les Monuments
qu'on a trouvez cbek vous ne
soientpasantiques,parce qu'il
ne vous paroist pas que certaines
Lettres qu'on voitsur une
petite Urne lachrymale qui
fait une partie de ces Monuments,
soient de la beauté que
font ordinairement les Lettre.s.-
Romaines dans les Inscriptions
antiques Pensez-vous
quil n'y paiffi avoir d'Inscription
antique si elle n'efi bien
écrite?
Je vous avoüeray que j'ay
estémoy-mesme en cette erreur.
Lapremierefois que je vissur
les Medailles d'Albin des A.
qui navoient pasla simplicité
ordinaire aux Lettres Ramai.
nes ,
j'enfussurpris.A la vûe
d'une Inscription sur Bronze
pour la Déesse du Peuple Bi - bractin,laquelleestconservée
dans le Cabinet de Mr Moreau
de Mautour, où je remarquay
de pareilles Lettres.
Je doutay de l'antiquité de i'Jnjcriptwn; mais lorsquej'eus
prisgarde que nous avionsplusieurs
MedaillesConsulaires
dont les Legendes n'estoientpas
si bien écrites que celles des
Medailles du haut Empire
fr compris qu'une Inscription
pourvoitestre antique & malécrite
tout ensemble, & que
souventmesme la difformité de
ces Lettres étoit une marque
dune plusgrande antiquité.
Maislorsque je vis les
Tombeaux des Soldats de lahuitième
Legion qui furent
trouvez àStrasbourgen1663.
e,,,7 dontBebel fait la description
,
je connus qu'une Inscription
pouvoit estre mal écrite
~& avoir estéfaite dans le
haut Empire, c'est-à-dire, au
temps qui nous a laissé les pltiè
telles Inscriptions
, car enfin
voilà lesEpitaphes dont ils*a*
gif.-
On lit sur les trois
premiers Tombeaux.
LEG. VIII. AVG.
Sur le quatriéme
Tombeau.
LEG.VIII. AG.
L'Impression n'a pû
imiter icy les Caracteres
malformez de ces
InscriptionsJe suisfasché
de diminuer en cela
le
-
plaisir des Curieux,
plaisir que j'approuve
,puisque la curiositéantique
est une
espece de joüissancedu
tempspassé. Si quelqu'un
deces Sçavants
a citationsGrecques &C
Latines
,
blasme l'incertitude
qu'on voit
chez les Antiquaires,
je luy répondrais volontiers:
Des Livres Grecsoriginaux
Vous croyez, concevoir les
objcurespensées
Mais souvert elles sont
encorpluseffacées
Que les Inscriptionsqu'on
trouve aux vieux Tombeaux.
L'Auteur prouve enfuite
que ces Inlcrip-^
tiens quoyque mal
écrites, sont neanmoins
du temps de la
plus belle Antiquité.
Premierement , dit - il,
elles Ifr-sontpointdu bas EriJpire,
car il n'yavoit en ce
tempslà que deux Legions
d'August
,
l'une en Thrace
> &l'autre dans [Jllllirie
, encore
partoit-elle le nom de Pre-
~torienne,d''Etrangère,
nomque celle-cyneporte pas.
Elles sont donc du hau-
Empire jCT mesme du comt
mencement del'Empire,carce
riefîoit qu'en ce temps-là qu'il
y avoit une huitième Legion
qui porta le nom d'Auguste.
Nous la voyons en quartier
sur le bord duRhin dans le
Pays des Vangions & des
Tribocces t1
,
pendant l'Empire
de Tibere,& nous Ij voyons
encore sousl'Empire d'Antoninaurapport
de Ptolemée,
aprés que L'histoire n'en parle plus.
Les Soldats de cette Legion
furent donc enterrez à Strasbourg,
bourg, ou sous l'Empire de
Tibere ousous l'Empire d'An-:
tonin. Desçavoir precisement
le temps de leur sepulture
,
je
crois que ce riefl pas une chose
aisée.
LesInscriptions de la Republique
ancienne oudu bas
Empiresontmalécrites parce
qu'au temps de Republique l'écriture
Romainen'avoit pas
encoresa perfection
, &qu'au
temps du bas Empire, elle l'avoit
perduë C'estainsi
que les Medaillesd'Albinfrapées
dans les Gaules ont des
A. Gaulois : que l'Inscription
de la Déeffi de Bibraaé., a
des R. &des T Gaulois, &
que lesEpitaphes de Strasbourg
dont nous venons de parler
,
ont des Lettres toutes Gauloises.
Nevoyons-nouspas encore
aujourd'huy que les Allemands
qui ont retenu quelques-unes
des manieresGauloisesnesçauroientformerune
Lettre Romainesans
en alterer lasimplicité.
Ils nepeuventse resoudre
àfaireunI. qui estlaplussimple
de toutes les Lettres,sans
y ajouster quelque ornement.
Je suis,Monsieur
,
vostre ,
Cm,r.
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Résumé : Lettre du P. l'E. J. [titre d'après la table]
Dans une lettre adressée aux Messieurs de Trevoux, l'auteur, le P. l'E.J., sollicite la publication d'une dissertation dans leur journal. Ne possédant pas d'érudition personnelle sur les monuments et inscriptions antiques, il propose une hypothèse sur la capitale des Leuquois, un peuple gaulois. Selon lui, Leucey, un lieu où des monuments antiques ont été découverts, pourrait être cette capitale. Pour étayer cette théorie, il compare avec d'autres capitales gauloises dont les noms correspondent à ceux de leurs peuples respectifs. L'auteur conteste ensuite l'opinion de l'abbé Riquet, qui situait la capitale des Leuquois en dehors de leur territoire. Il explique que les capitales gauloises portaient souvent le nom de leurs peuples, à l'exception de celles des provinces romaines. Il reconnaît cependant que cette règle n'est pas universelle et que certains peuples avaient des capitales sans lien nominal avec leur nom. L'auteur introduit une opinion nouvelle concernant les inscriptions antiques. Il affirme que ces inscriptions peuvent être mal écrites mais authentiques. Il cite des exemples de médailles et inscriptions anciennes mal orthographiées, comme celles des tombeaux des soldats de la huitième légion trouvés à Strasbourg. Il conclut que ces inscriptions datent du haut Empire romain, une période où l'écriture romaine n'était pas encore parfaitement standardisée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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419
p. 219-221
CHANSONS.
Début :
J'avois prévû que quelqu'un me chicaneroit sur l'ancienneté [...]
Mots clefs :
Chansons, Goût
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSONS.
CHANSONS.
J'avois prévû que
quelqu'un me chicaneroit
sur l'ancienneté
de mes Chansons, sans
me sçavoirgré des
Nouvelles que j'y
joins; mais le goust de
quelques particuliers
quine cherchent dans
les Ouvrages que la
nouveauté seule, ne
l'emportera pas sur le
goust du Publie. Il y a
long-temps quon s'attendàvoirun
Recueil
demes Chansons caracterisez
, comme l'Opéra
,le Tabac, les Cloches,
les Siflets,&c.. Je
les donneray toutes en
détail à deux par mois.
Je prie ceux qui les
souhaitteroient toutes
à la fois
,
de prendre
patience : ceux qui
n'en voudroient point
du tout, prendront
patience aussi, car j'en
ay provision pour deux
années.
J'avois prévû que
quelqu'un me chicaneroit
sur l'ancienneté
de mes Chansons, sans
me sçavoirgré des
Nouvelles que j'y
joins; mais le goust de
quelques particuliers
quine cherchent dans
les Ouvrages que la
nouveauté seule, ne
l'emportera pas sur le
goust du Publie. Il y a
long-temps quon s'attendàvoirun
Recueil
demes Chansons caracterisez
, comme l'Opéra
,le Tabac, les Cloches,
les Siflets,&c.. Je
les donneray toutes en
détail à deux par mois.
Je prie ceux qui les
souhaitteroient toutes
à la fois
,
de prendre
patience : ceux qui
n'en voudroient point
du tout, prendront
patience aussi, car j'en
ay provision pour deux
années.
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Résumé : CHANSONS.
L'auteur anticipe des critiques sur l'ancienneté de ses chansons, mais certains amateurs préfèrent la qualité à la nouveauté. Il prévoit de publier une compilation de ses chansons, couvrant des thèmes variés comme l'Opéra, le Tabac, les Cloches et les Siflets. Il publiera deux chansons par mois pendant deux ans. Il demande aux lecteurs impatients de patienter, assurant avoir suffisamment de matériel pour cette période.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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420
p. 250-259
Mr l'Evesque de Metz prend seance à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Début :
Henry Charles du Cambout, Evesque de Metz, Commandeur de l'ordre [...]
Mots clefs :
Évêque de Metz, Académie française, Coislin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mr l'Evesque de Metz prend seance à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Cambout,
Evesque de Metz,
Commandeur de l'ordre
du Saint - Esprit, & premier
Aumosnier de 5a
Majesté,qui vient d'estre
reçu à l'Académie FrançQi*
fe à la place de feu Me
leDucde Coislin son frere.
Il y vint prendre seance
le Jeudy 25. Septembre,&
prononça un Discours , dont aychoisi quelques
endroits, non comme les
plus beaux. Les autres ne le
font pas moins;mais ceuxcy
marquent les obliga-,
tions de l'Académie Françoife
envers MrsdeCoislin
donc ilell: question dans
cet Article. Mr de Merz
commença ainsi Ton Di£
cours.
.A,iefFeurs
, en maccordant
Cette place
, a laqu île je rianroisesépretendre
demememe
y ne craignez-vous point
qu onpuiUe vous accuser d'avAr
trop écouté les grands
motos qui vous parlent en ma
faveurf Mevous reprocherat'on
pas que vous avekvoulu
mefaire un merite de celuy de
mes Amètres 3 & que voué
a''V(':{ conjiderécomme un th..,
voir à leur égardJ ce qui nefioit
qu'un excès etindulgence
pour moy.,,
Grâces avos bontéz j'occupeunepUce
dans cette Assemblée
où residetcfyrit d)Armand
mon grand oncle ; de ce
Cardinal, quifousle plusjujje
des Rotsy médita vojlre irzjlitutions
régla vos Statuts
dirigea , vos Exercices
)
fondât
ce Tribunal où l'Eloquence et
la Poëjie doivent couronner à
jamaisles Sages, les Sçavants, et les Heros. Projet digne
d'untelMinistre
y
moins pour
sa propregloire que pour celle
4efin Roy et desa patrie ;
moins pour leregnesous lequel
il a vescu3 que pour tous les
régnés àvenir
Mr de Metz parla enfuite
du Chancelier Seguier
son Ayeul3 & du
Duc de Coislin son pere.
Monfrere,continua-t'il,
leur a succedé
3
jesuccede a
mon frère. Unesigrande proximité
,
le fowvenirdouloureux
desaperte,mempeschent
defuture l'usage qui mobli*
'geroitalouer mon predeces
feur. Vous le loüez njous-mef
nie
3
Afejjieurs, &son éloge.
-
fcd mieux dansnjoflrebouche
- que danslamienne. w
Cela donna lieu à Mr
l'Abbé de Choisi de rendre
justice à Mrs de Coislin
dans la réponse qu'il fitenfuite
comme Directeur. Il
peignit le caractere des
deux Neveux dans le Cardinal
de Coislin leur oncle
,
dont la dignitééminente,
dit-il
,
n'avoit point changé
la situation naturelle,& dont
la vertu toujours aimable,
toujours pure ,
toujours dans
/'innocence, riavait pû estre
alterée par la contagion du
monde ni par les charmes de la
Cour. Ony remarquera particulierement
le caraÛere des
Coiflins, -hautssansorgueilJ
fjoltssans baJJeffe
,
aujji attentifs
a ce qu'ils denjoientaux
autres qu'a ce qu'ils se de.
voient a eux-mesmes.
Achevons de mar- cCujieierlreJecacraarac&reerree,ddeess
Coiflins par ce zele
pour le Roy qui leur
cft naturel, &quianime
icy le Discours de
Mrde Metz; ç'eftdônç
Mr de Metz qui va
par ler.
Comblé des bienfaitsdu
Roy,
Roy, attachésans ce[je auprès
d'un si grand Maistre
,
j'ay
toujours offert à mongloire les
plus parfaites idées de gloire,
de grandeur, de Religion
,
de
bonté,desagésse
, &depieté;
mais ou mon 'Zcle prendra-t'il
destraits etdes couleurs qui
puissènt le representer.
O vous
Richelieu,
o vous
Seguier, dontjevois les Images
auprès de celle de cegrand
R<y,vous qui avez ouvert
cette Carriere immortelle ou
ses vertus doivent estre à jamais
celebrées3 quand Vostre
Presenceanime icy mon comage
, que ne minjpire%-'V0H$
aussivostregenie ? Seray-je
réduitadesimples voeux et
peut-on enfaire pour luy qui
ne soient en mesmetemps pour
toussessujets, &formezpar
tousses Sujets
Finissons cet Arti-;
cle, par un trait qui
finit le Discours de Mr
l'Abbé deChoisy.
FasseleCiel, dit-il, que
nouspuissions bientostemployer
nos talents àcelebreruneheureusepaix,
que cegrandPrin-
Il noflrePereaussi- bien que
nostre Roy
,
desire avec tant
d'ardeur, nonpour une gloire
mondaine dontil a esté rassasie
tant de fois; mais uniquement
pour nostrebonheur,& pour
la tranquiliteuniverjelle
Evesque de Metz,
Commandeur de l'ordre
du Saint - Esprit, & premier
Aumosnier de 5a
Majesté,qui vient d'estre
reçu à l'Académie FrançQi*
fe à la place de feu Me
leDucde Coislin son frere.
Il y vint prendre seance
le Jeudy 25. Septembre,&
prononça un Discours , dont aychoisi quelques
endroits, non comme les
plus beaux. Les autres ne le
font pas moins;mais ceuxcy
marquent les obliga-,
tions de l'Académie Françoife
envers MrsdeCoislin
donc ilell: question dans
cet Article. Mr de Merz
commença ainsi Ton Di£
cours.
.A,iefFeurs
, en maccordant
Cette place
, a laqu île je rianroisesépretendre
demememe
y ne craignez-vous point
qu onpuiUe vous accuser d'avAr
trop écouté les grands
motos qui vous parlent en ma
faveurf Mevous reprocherat'on
pas que vous avekvoulu
mefaire un merite de celuy de
mes Amètres 3 & que voué
a''V(':{ conjiderécomme un th..,
voir à leur égardJ ce qui nefioit
qu'un excès etindulgence
pour moy.,,
Grâces avos bontéz j'occupeunepUce
dans cette Assemblée
où residetcfyrit d)Armand
mon grand oncle ; de ce
Cardinal, quifousle plusjujje
des Rotsy médita vojlre irzjlitutions
régla vos Statuts
dirigea , vos Exercices
)
fondât
ce Tribunal où l'Eloquence et
la Poëjie doivent couronner à
jamaisles Sages, les Sçavants, et les Heros. Projet digne
d'untelMinistre
y
moins pour
sa propregloire que pour celle
4efin Roy et desa patrie ;
moins pour leregnesous lequel
il a vescu3 que pour tous les
régnés àvenir
Mr de Metz parla enfuite
du Chancelier Seguier
son Ayeul3 & du
Duc de Coislin son pere.
Monfrere,continua-t'il,
leur a succedé
3
jesuccede a
mon frère. Unesigrande proximité
,
le fowvenirdouloureux
desaperte,mempeschent
defuture l'usage qui mobli*
'geroitalouer mon predeces
feur. Vous le loüez njous-mef
nie
3
Afejjieurs, &son éloge.
-
fcd mieux dansnjoflrebouche
- que danslamienne. w
Cela donna lieu à Mr
l'Abbé de Choisi de rendre
justice à Mrs de Coislin
dans la réponse qu'il fitenfuite
comme Directeur. Il
peignit le caractere des
deux Neveux dans le Cardinal
de Coislin leur oncle
,
dont la dignitééminente,
dit-il
,
n'avoit point changé
la situation naturelle,& dont
la vertu toujours aimable,
toujours pure ,
toujours dans
/'innocence, riavait pû estre
alterée par la contagion du
monde ni par les charmes de la
Cour. Ony remarquera particulierement
le caraÛere des
Coiflins, -hautssansorgueilJ
fjoltssans baJJeffe
,
aujji attentifs
a ce qu'ils denjoientaux
autres qu'a ce qu'ils se de.
voient a eux-mesmes.
Achevons de mar- cCujieierlreJecacraarac&reerree,ddeess
Coiflins par ce zele
pour le Roy qui leur
cft naturel, &quianime
icy le Discours de
Mrde Metz; ç'eftdônç
Mr de Metz qui va
par ler.
Comblé des bienfaitsdu
Roy,
Roy, attachésans ce[je auprès
d'un si grand Maistre
,
j'ay
toujours offert à mongloire les
plus parfaites idées de gloire,
de grandeur, de Religion
,
de
bonté,desagésse
, &depieté;
mais ou mon 'Zcle prendra-t'il
destraits etdes couleurs qui
puissènt le representer.
O vous
Richelieu,
o vous
Seguier, dontjevois les Images
auprès de celle de cegrand
R<y,vous qui avez ouvert
cette Carriere immortelle ou
ses vertus doivent estre à jamais
celebrées3 quand Vostre
Presenceanime icy mon comage
, que ne minjpire%-'V0H$
aussivostregenie ? Seray-je
réduitadesimples voeux et
peut-on enfaire pour luy qui
ne soient en mesmetemps pour
toussessujets, &formezpar
tousses Sujets
Finissons cet Arti-;
cle, par un trait qui
finit le Discours de Mr
l'Abbé deChoisy.
FasseleCiel, dit-il, que
nouspuissions bientostemployer
nos talents àcelebreruneheureusepaix,
que cegrandPrin-
Il noflrePereaussi- bien que
nostre Roy
,
desire avec tant
d'ardeur, nonpour une gloire
mondaine dontil a esté rassasie
tant de fois; mais uniquement
pour nostrebonheur,& pour
la tranquiliteuniverjelle
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Résumé : Mr l'Evesque de Metz prend seance à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'admission de Cambout, évêque de Metz, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit et premier aumônier du roi, à l'Académie Française. Il succède à son frère, le duc de Coislin, le jeudi 25 septembre. Dans son discours, Cambout exprime sa gratitude et évoque les obligations de l'Académie envers la famille Coislin. Il mentionne ses ancêtres illustres, notamment le cardinal Armand de Richelieu, fondateur de l'Académie, et le chancelier Seguier, son aïeul. Cambout souligne la proximité et la succession au sein de sa famille, soulignant la difficulté de louer son prédécesseur. L'abbé de Choisy, en réponse, rend hommage aux Coislin, soulignant leur caractère noble et leur dévouement au roi. Cambout conclut en exprimant son désir de célébrer les vertus du roi et en espérant une paix heureuse pour le bonheur universel.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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421
p. 259-271
Nouveau Bouclier. [titre d'après la table]
Début :
A la fin de la seance on pria Mr de la Motte [...]
Mots clefs :
Bouclier, Figures, La Motte, Homère, Académie française, Bouclier d'Achille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveau Bouclier. [titre d'après la table]
A la findela seance
on pria Mr de la Motte
de faire part à l'Assemblée
de quelqu'un de
ses Ouvrages. Il recita
l'un des Livres de l'Iliade
qu'il a depuis peu
traduite en Vers, si
pourtant on peutappeller
Traduction un
Ouvrage où ila beaiw
coupmis Julien. M
-IIlla'arreenndduupplluussvviiffss
les endroits où bonm
dormitat Homerm
>
&
abrégé les endroits où
Homerene dort point,
mais où les digressions
allongées pourroient
endormir ceux qui ne
se piquenr point d'estre
gavants.
L'Assemblée ne fut
pas toute,si contente
de Monsieur delaMotte
qu'elle le parut,car
quelques-uns murmurerent
tout bas de l'au.
dace d'unModerne qui
ose changer toute l'oe;
conomie d'un Bouclier
dont la description
tient tant de place dans
le chef-d'oeuvre du
PrincedesPoëtes. En
effet ceftunc témérité
Ínoüie; Mr de la Motte
l'a euë pourtant. Il na
paslaisse dans ses descriptionsnouvellesune
feule Figure de la graveure
Grecque.
Voilà donc un Bouclier
moderne tout different
de l'ancien.Faifons
en peu demotsle
paralelle de ces deux
Boucliers, & chacun
en jugera selon qu'il
fera plus ou moins prévenu-
oupour les Ânciens
ou pour les Modernes.
-
Le Poëte ancien fait
graver par un Dieu sur
le Bouclier d'un guerrier
terrible & irrité,
des Dances de Villas
geois& de Villageoises
; des Avocats qui
plaident, &: cent autres
su jets aussi peu
convenables à l'actionpresente
,
ëe au caractere
du Héros.
Le Poëte moderne
asupposé queVulcainforgeant
un Bouclier
ex piés pourAchille&
pour la guerre de
Troyes, dévoiey graver
des su jets ouieussent
rapport à cette
guerre.
Les noces de Thetis
&C de Pelée troublées
par la Discorde qui
tient en main la Pomme
d'Or.
Le
Le JugementdeParis
qui attire la colere
de Junon sur les
Troyens.
L'Enlevement d'Helene
par Pâris qui fut si
fatal à Troye.
Nostre Poëte modernes'estcontenté
de
faire parler les expressions
Lr les attitudes
des Figures gravées
dans le Bouclier d'Achille.
Homere y met des
Figures vrayeraient
parlantes. Il rapporte
leurs conversations en
Dialogue, & cela suppose
qu'on voyoit fortir
dela bouche de chaque
Figuregravée de
longs Rouleaux de papier
où leurs conversations
estoient écrites,
comme on voit dans
nos Tapisseries Gothiques.
Homcre fait plus,
il nous peint jusquau
son des voix & des
Harpes. La graveurs
des Anciensrepresentoit
donc les sons;c'est
dommagequ'un sibeau
secret sesoit perdu.
Une chose m'estonne
encore dans leBoucher
ancien. J'ay calculé à
peu prés combien pouvoient
tenir de place
toutes les Figures dont
Homere compole ses
Groupes. En donnant
à ses Figuresfeulement
un pouce de hauteur,ce
Bouclier devoit avoir
plus de trois toises de
largeur.
Le Bouclier de Mr
de la Mothe est moins
chargé d'ouvràge, &
les Figures n'y changent
point de place ni
d'attitude comme dans
Homere, qui fait du
Bouclier d'Achille un
Tableau changeant
comme ceux qu on
montre à la Foire.
NostrePoëte n'a mis
dans sa description que
ce qui pouvoitvraysemblablement
estre
gravé surun Bouclier,
en supposantmême les
Figures assez grandes,
pour estre veuës par les
Compagnonsd'Achille
; que la reprefentation
(par exemple) de
l'enlevement d'Helene
devoit exciter à la yen*
geance.
De tous les Vers que
Mr de la Motte recita ,
je n ay pu retenir exactement
queles sederniers.
Par cet Ouvrage ainsi VuFcainfait
éclater
Lagrandeur du Heros qui le
devoit porter; De sa gloire prochaine illuy
donne l'augure
Et pressi la vengeance en retrançantl'injure.
C'eut estépeu pour luy de futprendre
lesyeux,
Le beau,s'iln'est utile, est
indigne des D ieux.
on pria Mr de la Motte
de faire part à l'Assemblée
de quelqu'un de
ses Ouvrages. Il recita
l'un des Livres de l'Iliade
qu'il a depuis peu
traduite en Vers, si
pourtant on peutappeller
Traduction un
Ouvrage où ila beaiw
coupmis Julien. M
-IIlla'arreenndduupplluussvviiffss
les endroits où bonm
dormitat Homerm
>
&
abrégé les endroits où
Homerene dort point,
mais où les digressions
allongées pourroient
endormir ceux qui ne
se piquenr point d'estre
gavants.
L'Assemblée ne fut
pas toute,si contente
de Monsieur delaMotte
qu'elle le parut,car
quelques-uns murmurerent
tout bas de l'au.
dace d'unModerne qui
ose changer toute l'oe;
conomie d'un Bouclier
dont la description
tient tant de place dans
le chef-d'oeuvre du
PrincedesPoëtes. En
effet ceftunc témérité
Ínoüie; Mr de la Motte
l'a euë pourtant. Il na
paslaisse dans ses descriptionsnouvellesune
feule Figure de la graveure
Grecque.
Voilà donc un Bouclier
moderne tout different
de l'ancien.Faifons
en peu demotsle
paralelle de ces deux
Boucliers, & chacun
en jugera selon qu'il
fera plus ou moins prévenu-
oupour les Ânciens
ou pour les Modernes.
-
Le Poëte ancien fait
graver par un Dieu sur
le Bouclier d'un guerrier
terrible & irrité,
des Dances de Villas
geois& de Villageoises
; des Avocats qui
plaident, &: cent autres
su jets aussi peu
convenables à l'actionpresente
,
ëe au caractere
du Héros.
Le Poëte moderne
asupposé queVulcainforgeant
un Bouclier
ex piés pourAchille&
pour la guerre de
Troyes, dévoiey graver
des su jets ouieussent
rapport à cette
guerre.
Les noces de Thetis
&C de Pelée troublées
par la Discorde qui
tient en main la Pomme
d'Or.
Le
Le JugementdeParis
qui attire la colere
de Junon sur les
Troyens.
L'Enlevement d'Helene
par Pâris qui fut si
fatal à Troye.
Nostre Poëte modernes'estcontenté
de
faire parler les expressions
Lr les attitudes
des Figures gravées
dans le Bouclier d'Achille.
Homere y met des
Figures vrayeraient
parlantes. Il rapporte
leurs conversations en
Dialogue, & cela suppose
qu'on voyoit fortir
dela bouche de chaque
Figuregravée de
longs Rouleaux de papier
où leurs conversations
estoient écrites,
comme on voit dans
nos Tapisseries Gothiques.
Homcre fait plus,
il nous peint jusquau
son des voix & des
Harpes. La graveurs
des Anciensrepresentoit
donc les sons;c'est
dommagequ'un sibeau
secret sesoit perdu.
Une chose m'estonne
encore dans leBoucher
ancien. J'ay calculé à
peu prés combien pouvoient
tenir de place
toutes les Figures dont
Homere compole ses
Groupes. En donnant
à ses Figuresfeulement
un pouce de hauteur,ce
Bouclier devoit avoir
plus de trois toises de
largeur.
Le Bouclier de Mr
de la Mothe est moins
chargé d'ouvràge, &
les Figures n'y changent
point de place ni
d'attitude comme dans
Homere, qui fait du
Bouclier d'Achille un
Tableau changeant
comme ceux qu on
montre à la Foire.
NostrePoëte n'a mis
dans sa description que
ce qui pouvoitvraysemblablement
estre
gravé surun Bouclier,
en supposantmême les
Figures assez grandes,
pour estre veuës par les
Compagnonsd'Achille
; que la reprefentation
(par exemple) de
l'enlevement d'Helene
devoit exciter à la yen*
geance.
De tous les Vers que
Mr de la Motte recita ,
je n ay pu retenir exactement
queles sederniers.
Par cet Ouvrage ainsi VuFcainfait
éclater
Lagrandeur du Heros qui le
devoit porter; De sa gloire prochaine illuy
donne l'augure
Et pressi la vengeance en retrançantl'injure.
C'eut estépeu pour luy de futprendre
lesyeux,
Le beau,s'iln'est utile, est
indigne des D ieux.
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Résumé : Nouveau Bouclier. [titre d'après la table]
M. de la Motte a présenté une traduction en vers de l'Iliade à l'Assemblée, mais celle-ci a été critiquée pour les modifications apportées au texte original d'Homère. Il avait supprimé les passages où Homère s'endormait et abrégé les digressions longues, tout en ajoutant des éléments modernes. La description du bouclier d'Achille, un élément central du poème, a particulièrement suscité des murmures. M. de la Motte avait créé un bouclier moderne, supprimant plusieurs figures de la gravure grecque. Le bouclier ancien comportait des scènes incongrues comme des danses de villageois et des avocats plaidant, tandis que le bouclier moderne incluait des scènes pertinentes à la guerre de Troie, telles que les noces de Thétis et Pélée, le jugement de Pâris et l'enlèvement d'Hélène. Homère décrivait des figures parlantes sur le bouclier, avec des dialogues et des sons, alors que M. de la Motte se contentait de décrire les expressions et les attitudes des figures gravées. Le bouclier d'Homère était extrêmement chargé et changeant, tandis que celui de M. de la Motte était plus sobre et réaliste. Les derniers vers récités soulignaient la grandeur du héros et la vengeance à venir.
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422
p. 3-12
EPITRE aux Anonimes.
Début :
J'ay receu les vostres sur mes premiers Mercures, c'est-à-dire [...]
Mots clefs :
Anonymes, Public, Réponse, Mercure, Article, Portrait, Lettres, Amant
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE aux Anonimes.
EPITRE
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
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Résumé : EPITRE aux Anonimes.
L'auteur de l'épître a reçu plus de six cents lettres anonymes en trois mois, mais ne peut répondre à toutes. Il décide de publier ses réponses dans un article intitulé 'Réponses aux Anonimes' à la fin de chaque volume, permettant aux correspondants de se reconnaître par des noms supposés et des références à leurs lettres. Il exprime sa gratitude et son respect pour tous les correspondants, y compris une personne de haut rang ayant répondu incognito. Parmi les réponses, l'auteur s'adresse à 'L'Amant Poëte', suggérant de retravailler son portrait en vers pour toucher un public plus large. Il mentionne également 'L'Inconnu de Lyon', qui a envoyé des mémoires sur un procès impliquant une fille ayant deux mères, sans détailler les circonstances pour éviter toute indiscrétion. L'auteur reconnaît que certaines réponses peuvent sembler obscures, mais demande de les excuser au nom de ceux qui travaillent pour le public. Il espère que chacun trouvera dans le livre un passage compensant l'ennui éventuel ressenti.
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423
p. 13-15
ACADEMIE Royale des Sciences.
Début :
Le Mécredy 12. Novembre Messieurs de l'Academie Royale des [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Discours, Araignées, Réaumur, Cassini
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texteReconnaissance textuelle : ACADEMIE Royale des Sciences.
ACADEMIE
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées.
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées.
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Résumé : ACADEMIE Royale des Sciences.
Le 12 novembre, l'Académie Royale des Sciences tint son assemblée annuelle. Monsieur Cassini parla du flux et reflux marin. Monsieur de Reaumur découvrit la fiole des araignées. Monsieur Mery discuta des moules des rivières et étangs. Monsieur Homberg conclut sur la végétation des métaux. Les discours seront publiés prochainement.
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424
p. 15-27
EXTRAIT de la dissertation sur l'utilité de la soye des Araignées, par Mr Bon, Associé Honoraire de la Societé Royale des Sciences, & Premier President en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier.
Début :
On sera surpris d'apprendre que les Araignées font une [...]
Mots clefs :
Vers à soie, Araignées, Bon, Découverte, Soie, Manufactures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la dissertation sur l'utilité de la soye des Araignées, par Mr Bon, Associé Honoraire de la Societé Royale des Sciences, & Premier President en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier.
EXTRAIT
de la dissertationsurl'utilitédelasoye
des Araignées,
par Mr Bon,
AssociéHonorairede
la Société Royale des
Sciences , & Premier
President ensurvivance
de la Cour des Comptes
deMontpellier.
On fera surpris d'apprendre
que les Araignées
font une soye aussi belle,
aussi forte, & aussi luArec
que la soyc ordinaire. La
prévention ou l'on est contre
un Insecte aussi commun
que meprisé
,
est cause que
le Publica ignoré jusqu'icy
toute l'utilité qu'on pouvoir
en tirer ; & comment l'auroit-
il feulement soupçonné.
Celle de la foye si
considerable, a demeuré inconnuë
& négligée longtemps
après sa découverte.
Ce fut dans l'Isle de Cos que
Pamphilia,fille dePlatis,trouVa
la première l'invention delamertreenoeuvre;cette
;. découverte fut bientost
connuë chez les Romains.
On leur aporta de la soye
du Pays des Seres, où les vers
qui la font croissent naturellement.
Bienloin de profiter
d'une nouveauté si utile
ils ne purent jamais se persuader
queces vers produisissent
des filsaussi beaux &:
aussi pretieux, &tirerent sur
cela mille conjectures chimériques.
Leur ignorance
jointe à ieurparede, rendit
pend ant plusieurs siecles la
foye d'une rareté & d'une
chereté siextraordinaire,
qu'on la vendoit au poids
de l'or. Vopiscus assure que
l'Empereur Aurelicn refusa
par cette raison à l'Imperatrice
sa femme, un habit
de soye qu'elle lui demandoit
avec beaucoup
d'empressement. Cette rareté
dura fort longtemps,
& nous devons la maniere
d'élever les vers à soye à
desMoines qui en aporterent
des oeufs en Grecc fous le
Regne de rEmpcreurJufUnien.
Nous l'apprenons de
Godefroy dans ses Notes
sur laLoy premièreauCode
Livre quatriéme. Quoe res
venire nonpossunt, &la Loy
Emptori 37.d'Uipien paragraphe
premier au 21. Livre
du Dlgdle, assure que le
prix de la foye estoit égal
àcelui des Perles.
La France n'aprofité que
bien tard de cette découverte
, puisqu'HenryII,
porta aux Noces de sa fille
&desa soeur, les premiers
bas de soye qu'on eut veu
dans le Royaume. C'est à
ses soins & à ceux de ses
Successeurs que nous devons
l'ecabtinement des Manufactures
de Tours & de
Lyon, qui ont rendu les
Etoffes de foye si com- munes.&c
Ensuite Mr Bon fait observerque
lesmoindres découvertes
avoient souvent
donné lieu à des établissements
considerables
, par
exemple, dit-il. -
L'ingenieusefable d'Arachné,
ne fait elle pas bien
voirque cestaux Araignées
àqui l'on doit les premie- rsidées d'ourdir les toiles,
-& de tendre des Filets aux
animauxiaiiiifl'utilitéconftante
que j'assure qu'on en
peut tirer, les fera sans doute
regarder dans la suite
f comme les Vers à foye &
j
les Abeilles, qui sont de
tous les Insectes les plus necessaires
& les plus admirables
dans leurs ouvrages.
Mr Bon fait ensuite plusieursObservations
sur les
différentes efpcces d'Arai-
- gnées,& dit qu'on lesdistingue
par lenombre&par
l'arangement de leurs yeux,
t les unes en ayant [IX, lesautres
huit,les autres dix,
rangez differemment sur le
sommetde la teste;&qu'on
voit ces yeux sans aucun secours;
mais beaucoupmieux
avec celui de la Loupe.
En parlant desMamellons
de ces Insectes,ilfait obferver
une Mechanique fort
singuliere dont lesAraignées
se serventlorsqu'elles veulentpasser
d'un lieu à un aurre.
Elles se pendent perpendiculairement
à un fil; tournant
ensuite la teste du côté
du vent, elles en lancent
plusieurs de leurs-Anus., qui
partent comme destraits,
& si par hazard le vent qui
les allonge les cole contre
quelque corps solide ,ce
quelles sentent par. la resistance
qu'elles trouvent en
les tirant de temps en temps
avee leurs pattes,elles se fervent
decette espece de pont
pour alleràl'endroit où ces
fils se trouvent attachez ;
mais si ces fils ne rencontrent
rien à quoy ils puissent
se prendre, ellescontinuent
toûjours à les cacher jusqu'àce
que leur grande Ion..
gueur ,& la force avec U*
quelle le ventles pousse &
les agite, furmonrant l'équilibrede
leurscorps,elles
se sentent fortement tirer.
Alors rompant le premier
fil qui les tenoit suspendues,
elles se laissent emporter au
gré du vent, & voltigent
sur le dos,les pattesétendues;
c'est de ces - deux; manieres
qu'elles traversent les chemins
,
les rues & les plus
grandes Rivieres, &c.
Il s'étend en suite sur la ,
qualité des soyes & sur la
maniere de les fabriquer; il
conclud
conclud que les Araignées
fournissent beaucoup plus
queles Vers à foye;marque
-toutes les experiences qu'il
afaites,tant pourleurnourriture
, que pour l'oecono-
- - mic du fruit qu'on en pour-
, ra tirer.
- Ilajointàcela l'execution;
il aenvoyé des mitaines
& des basà l'Academie
- Royale des Sciences qui les
vit avec plaisir. Comme elle
cherche d'abord dans les
nouvelles découvertes cc
qui peut contribuer à l'utilité
publique, elle chargea
Mr de Reaumur de taire les
Observations làdessus,non
pas sur la possibilité de l'etablissement
;MrBon J'avoit
démontré d'une maniere
aussi certaine quecurieuse
; mais pour examiner si
les frais des Manufactures
n'emporteroient pas le profit
qu'on en tiretoiten un
mot pour compenser & pefer
en touteschoses si l'on
devoit préferer lesAraignées
aux Vers à soye.
Mr de Reaumur,après avoir
donné à Mr Bon tous
les éloges que les vrais Sçavantssedevroient
toûjours
donner les uns aux autres,
continua le discours donc
je vais vous donner un Extrait.
de la dissertationsurl'utilitédelasoye
des Araignées,
par Mr Bon,
AssociéHonorairede
la Société Royale des
Sciences , & Premier
President ensurvivance
de la Cour des Comptes
deMontpellier.
On fera surpris d'apprendre
que les Araignées
font une soye aussi belle,
aussi forte, & aussi luArec
que la soyc ordinaire. La
prévention ou l'on est contre
un Insecte aussi commun
que meprisé
,
est cause que
le Publica ignoré jusqu'icy
toute l'utilité qu'on pouvoir
en tirer ; & comment l'auroit-
il feulement soupçonné.
Celle de la foye si
considerable, a demeuré inconnuë
& négligée longtemps
après sa découverte.
Ce fut dans l'Isle de Cos que
Pamphilia,fille dePlatis,trouVa
la première l'invention delamertreenoeuvre;cette
;. découverte fut bientost
connuë chez les Romains.
On leur aporta de la soye
du Pays des Seres, où les vers
qui la font croissent naturellement.
Bienloin de profiter
d'une nouveauté si utile
ils ne purent jamais se persuader
queces vers produisissent
des filsaussi beaux &:
aussi pretieux, &tirerent sur
cela mille conjectures chimériques.
Leur ignorance
jointe à ieurparede, rendit
pend ant plusieurs siecles la
foye d'une rareté & d'une
chereté siextraordinaire,
qu'on la vendoit au poids
de l'or. Vopiscus assure que
l'Empereur Aurelicn refusa
par cette raison à l'Imperatrice
sa femme, un habit
de soye qu'elle lui demandoit
avec beaucoup
d'empressement. Cette rareté
dura fort longtemps,
& nous devons la maniere
d'élever les vers à soye à
desMoines qui en aporterent
des oeufs en Grecc fous le
Regne de rEmpcreurJufUnien.
Nous l'apprenons de
Godefroy dans ses Notes
sur laLoy premièreauCode
Livre quatriéme. Quoe res
venire nonpossunt, &la Loy
Emptori 37.d'Uipien paragraphe
premier au 21. Livre
du Dlgdle, assure que le
prix de la foye estoit égal
àcelui des Perles.
La France n'aprofité que
bien tard de cette découverte
, puisqu'HenryII,
porta aux Noces de sa fille
&desa soeur, les premiers
bas de soye qu'on eut veu
dans le Royaume. C'est à
ses soins & à ceux de ses
Successeurs que nous devons
l'ecabtinement des Manufactures
de Tours & de
Lyon, qui ont rendu les
Etoffes de foye si com- munes.&c
Ensuite Mr Bon fait observerque
lesmoindres découvertes
avoient souvent
donné lieu à des établissements
considerables
, par
exemple, dit-il. -
L'ingenieusefable d'Arachné,
ne fait elle pas bien
voirque cestaux Araignées
àqui l'on doit les premie- rsidées d'ourdir les toiles,
-& de tendre des Filets aux
animauxiaiiiifl'utilitéconftante
que j'assure qu'on en
peut tirer, les fera sans doute
regarder dans la suite
f comme les Vers à foye &
j
les Abeilles, qui sont de
tous les Insectes les plus necessaires
& les plus admirables
dans leurs ouvrages.
Mr Bon fait ensuite plusieursObservations
sur les
différentes efpcces d'Arai-
- gnées,& dit qu'on lesdistingue
par lenombre&par
l'arangement de leurs yeux,
t les unes en ayant [IX, lesautres
huit,les autres dix,
rangez differemment sur le
sommetde la teste;&qu'on
voit ces yeux sans aucun secours;
mais beaucoupmieux
avec celui de la Loupe.
En parlant desMamellons
de ces Insectes,ilfait obferver
une Mechanique fort
singuliere dont lesAraignées
se serventlorsqu'elles veulentpasser
d'un lieu à un aurre.
Elles se pendent perpendiculairement
à un fil; tournant
ensuite la teste du côté
du vent, elles en lancent
plusieurs de leurs-Anus., qui
partent comme destraits,
& si par hazard le vent qui
les allonge les cole contre
quelque corps solide ,ce
quelles sentent par. la resistance
qu'elles trouvent en
les tirant de temps en temps
avee leurs pattes,elles se fervent
decette espece de pont
pour alleràl'endroit où ces
fils se trouvent attachez ;
mais si ces fils ne rencontrent
rien à quoy ils puissent
se prendre, ellescontinuent
toûjours à les cacher jusqu'àce
que leur grande Ion..
gueur ,& la force avec U*
quelle le ventles pousse &
les agite, furmonrant l'équilibrede
leurscorps,elles
se sentent fortement tirer.
Alors rompant le premier
fil qui les tenoit suspendues,
elles se laissent emporter au
gré du vent, & voltigent
sur le dos,les pattesétendues;
c'est de ces - deux; manieres
qu'elles traversent les chemins
,
les rues & les plus
grandes Rivieres, &c.
Il s'étend en suite sur la ,
qualité des soyes & sur la
maniere de les fabriquer; il
conclud
conclud que les Araignées
fournissent beaucoup plus
queles Vers à foye;marque
-toutes les experiences qu'il
afaites,tant pourleurnourriture
, que pour l'oecono-
- - mic du fruit qu'on en pour-
, ra tirer.
- Ilajointàcela l'execution;
il aenvoyé des mitaines
& des basà l'Academie
- Royale des Sciences qui les
vit avec plaisir. Comme elle
cherche d'abord dans les
nouvelles découvertes cc
qui peut contribuer à l'utilité
publique, elle chargea
Mr de Reaumur de taire les
Observations làdessus,non
pas sur la possibilité de l'etablissement
;MrBon J'avoit
démontré d'une maniere
aussi certaine quecurieuse
; mais pour examiner si
les frais des Manufactures
n'emporteroient pas le profit
qu'on en tiretoiten un
mot pour compenser & pefer
en touteschoses si l'on
devoit préferer lesAraignées
aux Vers à soye.
Mr de Reaumur,après avoir
donné à Mr Bon tous
les éloges que les vrais Sçavantssedevroient
toûjours
donner les uns aux autres,
continua le discours donc
je vais vous donner un Extrait.
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Résumé : EXTRAIT de la dissertation sur l'utilité de la soye des Araignées, par Mr Bon, Associé Honoraire de la Societé Royale des Sciences, & Premier President en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier.
Le texte de Monsieur Bon, Associé Honoraire de la Société Royale des Sciences et Premier Président en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier, examine l'utilité de la soie produite par les araignées. Monsieur Bon note que, malgré ses qualités esthétiques et sa solidité, la soie d'araignée est peu connue en raison des préjugés contre cet insecte. Il compare cette situation à l'ignorance initiale des Romains concernant la production de soie par les vers à soie, qui étaient perçus comme précieux et rares. La découverte de la soie par les Romains est attribuée à Pamphilia, fille de Platis, sur l'île de Cos. Les Romains, bien que conscients de la soie, ne comprenaient pas sa production et la considéraient comme extrêmement rare et chère. Cette rareté persista jusqu'à ce que des moines apportent des œufs de vers à soie en Grèce sous le règne de l'empereur Justinien. En France, l'utilisation de la soie se développa tardivement. Henri II introduisit les premiers bas de soie lors des noces de sa fille et de sa sœur. Les manufactures de Tours et de Lyon, encouragées par Henri II et ses successeurs, rendirent les étoffes de soie courantes. Monsieur Bon souligne que les araignées, comme les vers à soie et les abeilles, sont des insectes admirables et nécessaires. Il décrit les différentes espèces d'araignées et leurs mécanismes de déplacement, utilisant des fils de soie pour se déplacer. Il affirme que les araignées produisent une quantité de soie supérieure à celle des vers à soie et présente des expériences pour prouver cette affirmation. L'Académie Royale des Sciences, intéressée par ces découvertes, chargea Monsieur de Reaumur d'examiner la viabilité économique de l'exploitation de la soie d'araignée. Monsieur de Reaumur, après avoir loué les travaux de Monsieur Bon, poursuivit les observations pour évaluer les coûts et les bénéfices potentiels.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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425
p. 27-87
EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Début :
Il convient d'abord avec Mr Bon, que la nourriture [...]
Mots clefs :
Araignées, Soie, Vers à soie, Coques, Fils, Oeufs, Nourriture, Mamelons, Insectes, Espèces, Toiles, Réaumur, Bon
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
EXTRAIT
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
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Résumé : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Le discours de Réaumur aborde les défis liés à l'alimentation et à l'élevage des araignées pour la production de soie. Il observe que les mouches, bien que constituant la nourriture ordinaire des araignées, sont insuffisantes en quantité pour nourrir un grand nombre d'araignées. Réaumur propose d'utiliser des vers de terre, abondants et faciles à collecter, comme alternative. Après des expériences réussies, il constate que les araignées se nourrissent bien de morceaux de vers et conservent leur vitalité. Cependant, les araignées, par nature féroces, se mangent mutuellement, compliquant ainsi leur élevage en groupe. Réaumur tente également d'autres types de nourriture, comme des substances molles trouvées dans les plumes des jeunes oiseaux, mais constate que les araignées préfèrent les proies vivantes. Réaumur explore ensuite les défis pratiques de l'élevage des araignées, notamment leur tendance à se dévorer entre elles et la nécessité de les loger séparément, ce qui augmente les coûts. Il compare la fécondité des araignées à celle des vers, soulignant que les vers sont plus faciles à élever en grande quantité. Enfin, il mentionne la nécessité d'examiner les avantages potentiels de la soie d'araignée par rapport à celle des vers, en termes de beauté, de force et de quantité. Mr Bon avait classé les araignées en deux catégories principales : celles à jambes longues et celles à jambes courtes, ces dernières fournissant la nouvelle soie. Réaumur a détaillé les différentes espèces d'araignées, expliquant celles qui produisent de la soie et celles qui n'en produisent pas. Il a également décrit la manière dont chaque espèce d'araignée fabrique ses cocons, mentionnant que les cocons d'araignées peuvent avoir diverses couleurs naturelles, contrairement à la soie des vers qui est toujours aurore ou blanche. Réaumur a observé que les araignées produisent de la soie à différents moments de l'année, pas seulement en août et septembre comme le pensait Mr Bon. Il a également noté que les araignées filent deux types de fils : ceux utilisés pour les toiles et ceux pour envelopper leurs œufs. Ces fils diffèrent par leur force et sont produits par des mamelons situés près de l'anus de l'araignée. Le texte compare la force des fils d'araignées avec ceux des vers à soie. Les fils de cocons d'araignées sont plus forts que ceux des toiles mais plus faibles que ceux des cocons de vers. La structure des fils d'araignées, composée de nombreux brins, rend les tissus moins lustres que ceux fabriqués à partir de la soie des vers. Enfin, Réaumur a pesé les cocons d'araignées et de vers pour comparer la quantité de soie produite. Il a conclu qu'il faudrait environ 55 296 araignées pour produire une livre de soie, ce qui rend la production de soie d'araignée beaucoup plus coûteuse que celle des vers à soie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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426
p. 113-116
ARTICLE Burlesque.
Début :
Le sçavant Hipocrates a dit, dit-on, car ce n'est [...]
Mots clefs :
Hippocrate, Burlesque, Raison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE Burlesque.
ARTICLE
Burlefque»
Le sçavant Hipocrates
a dit,dit-on,car-ce n'est
que par oüi-dire que je
sçai ce qu'Hipocrates a
dit, suposez donc qu'Hipocrates
ait dit qu'on
doit une fois le mois s'enyvrer
pour la santédu
corps; un sage Philosophe
ne pourroit-il point
dire aussi, que pour la
santé de l'esprit il faut
extravaguer une fois par
mois. Non,l'on ne doit
jamais perdre la raison de
vue; maisonpeutlalaisfer
reposer. Elle a besoin
derepos, & chez les Sa--
ges sur tout; plus l'on cft
fage
,
plus la raison travaille,
plus elle fatigue.
Je crois que rien n'est
meilleur pour procurer
du repos à la raison que
le Burlesque,car elle ne
se mesle point de cette
façon de penser.Tâchons
donc de rire un peu pendant
que la raison repose;
mais rions innocemment
, la se peut. Il y
a des plaisanteries qui ne
blessent point les moeurs
quoi qu'elles blessent le
bon sens. Je voudrois
bien en pouvoir écrire
de celles-là
, car j'en ay
promis un Chapitre tous
les mois; mais contentez
vous d'une chanson
dans ce genre là, car je
n'ay eu que huitjours de
temps pour remplir ma
tâche.
Burlefque»
Le sçavant Hipocrates
a dit,dit-on,car-ce n'est
que par oüi-dire que je
sçai ce qu'Hipocrates a
dit, suposez donc qu'Hipocrates
ait dit qu'on
doit une fois le mois s'enyvrer
pour la santédu
corps; un sage Philosophe
ne pourroit-il point
dire aussi, que pour la
santé de l'esprit il faut
extravaguer une fois par
mois. Non,l'on ne doit
jamais perdre la raison de
vue; maisonpeutlalaisfer
reposer. Elle a besoin
derepos, & chez les Sa--
ges sur tout; plus l'on cft
fage
,
plus la raison travaille,
plus elle fatigue.
Je crois que rien n'est
meilleur pour procurer
du repos à la raison que
le Burlesque,car elle ne
se mesle point de cette
façon de penser.Tâchons
donc de rire un peu pendant
que la raison repose;
mais rions innocemment
, la se peut. Il y
a des plaisanteries qui ne
blessent point les moeurs
quoi qu'elles blessent le
bon sens. Je voudrois
bien en pouvoir écrire
de celles-là
, car j'en ay
promis un Chapitre tous
les mois; mais contentez
vous d'une chanson
dans ce genre là, car je
n'ay eu que huitjours de
temps pour remplir ma
tâche.
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Résumé : ARTICLE Burlesque.
Le texte aborde la nécessité de repos pour l'esprit, similaire au repos physique recommandé par Hippocrate. L'auteur souligne que, bien que la raison ne doive jamais être perdue, elle a besoin de repos, particulièrement chez les sages. Il propose que le burlesque, une forme de divertissement, puisse offrir ce repos à la raison sans la compromettre. L'auteur souhaite écrire des plaisanteries innocentes qui ne blessent pas les mœurs. Cependant, n'ayant eu que huit jours pour accomplir sa tâche, il se contente de présenter une chanson dans ce style.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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427
p. 131-144
LIVRES NOUVEAUX.
Début :
Il paroist un Livre intitulé Histoire du Dauphiné, où se [...]
Mots clefs :
Jésus, Concile, Peuple de Dieu, Grands hommes, Ecclésiastique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRES NOUVEAUX.
LIVRES NOUVEAUX.
Il paroist un Livre intitulé
Histoire du Dauphiné, ouse
trouve l'Histoiredes
Dauphins,&plusieurs faits
Historiques; diverses particularitez
sur les usages
duDruphiné & sur les
familles,tirez des Originaux
, avec les Généalogies
des plusillustres Maisons de
ce Pays-là, & une Carte
Géographique;orné de figures.
Par Mr de Valbonnay
,
premier Presidenc dela
Chambre des Comptes'
de Grenoble.
1. Ce Livre estin folio,&se
vend à Paris, chez Imbertde
Bats, ruë S. Jacques, à limage
S. Benoilt ; le prix est de
15 livres relié en veau.
Il paroistaussi depuis peu
un Livre intitulé, Paragrrase
sur leLivre de l'Ecclesiastique,
par MonsieurMénard Prieur
d'Aubort.
Pour donner quelque idée
de ce Livre
,
je vais ra pporter
icy quelques endroits de
la Préfacé.
L'Ecclesiastique a esté déclaré
Livre canonique del'EcritureSainte.
Le troisiéme
Concile de Carthage, dans
le Canon 41. le decret d'Eugene
IV. dans l'instruction
donnée aux Arméniens à
Florence aussi toit aprés; le
le Concile où se fit J'union
des Grecs
, reçu de toute
l'Eglise unanimement; le
Concile de Trente dans la
quatrième Session
, en onc
fait par leur décision un Article
de Foy, &c. 1
On ne doute point maintenant
que Jesus
,
fils de
Sirach, n'en foit l'Auteur,&
que ce ne foit celuy qui
estoie petit fils ouarrière
petit fils de Jesus ou de Josue
souverainPontifedesJuifs,j quirevint delacaptivitédeI
Babylone avec Zorobabel. 1
Quelques uns ont voulu
¡]ire que ce Jesus estoit un
des septante- deux Interpretés
que Ptolomée philadelphe
Roy d'Egypte fit venir
de Jerusalem à Alexandrie
pour traduire en Grec la
Bible Hebraïque) & en faire
un des plus beaux ornemens
de cette fameuse Bibliote-
,que, qui félon Aulugelle
estoie composée de sept
cents mille Volumes ; du
moins il est feur qu'il vivoic
en ce temps là.) & que son
nom se trouve parmi ceux
de cesillustres Traducteurs,
Quoi qu'il en loïc il composa
ce Livre en Hébreu,
-
qui estoitsa langue naturelle.
S. Jerôme assure,dans
laPréface du Livre des Proverbes
de Salomon, qu'il en
a veu un exemplaire; mais
cet exemplairene se trouve
plus, & nous l'avons seulement
en grec& en latin,&c.
Quoi que le stile de ce Livre
loit dur, les sujetsqui
y font traitez
,
font d'une
utilité merveilleuse ; cest
une Morale complette; on
y apprend tous les principes
de la veritablesagesse,
tous les devoirs de la Religion
j & tous ceux de la
vie civile; tout ce qu'on
doit à Dieu; tout çe qu'on
doit à son prochain; tout
ce qu'on se doit à foy même.
La pratique de toutes les
vertus depuis les plus grandes
jusqu'aux plus petites,
depuis celles qui nous portent
à Dieu & qui contribuent
à nofirc salut, jusqu'à
celles qui ne font que
purement politiques ou
ceconomiqucs.
- On y voit par tout des
i Sentences qui renferment.
en peu de mots tour ce qu'il
y a de plus essentiel dans la
Doctrine des moeurs ; des
exhortations qui pressent le
LeaeurJ qui le touchent &
qui le persuadent;des exemples
qui l'animent, ou qui
le confondent
,
& de ces
vrais éloges qui font les récompcnfcs
de la vertu ,
&
qui le persuadent. &c.
Comme cet Auteur ne
se contente pas de donner
les preceptes de sagesse à
1 ceux qu'it instruit
,
& qu'il
veut encore leur fournir des
exemples pour leur faire fuivre
par une sainte émulation
les règles qu'il leur prefcrir;
il en tired'excellens de l'Ecriture
sainteil leur propose
les plus grands hommes du
Peuple de Dieu pour modèles
,
& en lesleur proposant
il en sait le Panegyrique avec
tant d'éloqence, que jamais
ces Patriarches & ces
Prophetes si renommez dans
l'ancienne Loy, ne furent
louez plus magnifiquement-,
ni plus véritablementqu'ils
le sont icy. Ce sont des
Porrraits en grand, mais ce
sonc des Portraits fidcles ;
leurs vertus y sont mises
dans tout leur jour;
leur Religion y en:rcprcsensée
avec tour l'éclat de
leur zele; leur courage avec
tout la fermetéde leur coeur;
leur magnificence avec tout
ce quelle avoit de plus pompeux
& de plus riche; & leur
qualitcz héroïques avec toutes
les circonstances qui peuvent
relever la beauté de
leurs grandes avions. Il y
ramene ces fameux conducteurs
du Peuple de Dieu,
ces illustres deffenseurs d'ïsraël
, ces grands Sacrificateurs
du Seigneur. Ilyfait
- voitles grâces que ces grands
Hommes&ceserandsSaints
ontrcceus du Ciel. &c.
Voicy quelques unes des
Maximes dont cc Livre est
rempli.
Le caractère de la vraie
charité c'est d'cfûe vive &,,
prevenante; mais quoi
qu'elle doiveestre prompte
ellene doit pas êtreaveuglée;
il ne faut pas qu'elle se condusse
seulement par les lumières
de la foy ; mais encore
par celles de la rai son; il
faut qu'elle pese, qu'elle
consulte
,
qu'elle examine
ordinairement ce qu'ellefait,
de peur de favoriser le crime
au préjudice de l'innocence.
Le faux ami est plus vif
que *le verita ble
, car l'intcrest
qu'il a de tromper l'anime
plus que la simpleai-nitié
n'anime ordinairemenr.
Humiliez-vous, mais ne
ne vousavilissez pas; l'humilité
prudente & moderée
, nous éleve en nous
abaissantjmais celui qui s'abaisseplus
bas qu'il ne doit,
s'attire du mépris & le mérité.
Ne cachez point par
cet excèsd'humilité les talens
que vous avez receus ;
quand on peut estre urileaux
autres, il ne faut pas par
paresse se persuader qu'on
n'estbonàrien.
Si quelque grand Seigneurvousconvie
à sa table
, ne soyez nitrop libre.,
ni trop retenu; trop de liberté
marque peu de refpeét,
mais trop de retenue
marque peude confiance. Un
juste milieu vous fera aimer
des Grands; c'est à dire de
ceux qui ont l'ame grande
& le don du discernement.
Le mensonge est le premier
de tous les desordres
& le plus grand de tous les
maux,puisqu'il est opposé
directement a la venté) qui
eu le souverain bien.
Celui quiments'anéantir
,,.- carrien ne subsiste que par la
verité; & qui détruir la vérité
, se détruit soi-même
puisque l'homme n'existe y en
Dieu qu'autant qu'il est
vray ;c'està-dire qu'autant
qu'il aime laverité.
>
Ce Livre est in OCIAVO, 3C
se vend a Paris, chez Daniel
Jollet, au bout du Pont S.
Michel, du costé du Marché
neuf
, au Livre Royal
le prix estde 3. liv. 10. foisy
I.c:liécn veau.
Il paroist un Livre intitulé
Histoire du Dauphiné, ouse
trouve l'Histoiredes
Dauphins,&plusieurs faits
Historiques; diverses particularitez
sur les usages
duDruphiné & sur les
familles,tirez des Originaux
, avec les Généalogies
des plusillustres Maisons de
ce Pays-là, & une Carte
Géographique;orné de figures.
Par Mr de Valbonnay
,
premier Presidenc dela
Chambre des Comptes'
de Grenoble.
1. Ce Livre estin folio,&se
vend à Paris, chez Imbertde
Bats, ruë S. Jacques, à limage
S. Benoilt ; le prix est de
15 livres relié en veau.
Il paroistaussi depuis peu
un Livre intitulé, Paragrrase
sur leLivre de l'Ecclesiastique,
par MonsieurMénard Prieur
d'Aubort.
Pour donner quelque idée
de ce Livre
,
je vais ra pporter
icy quelques endroits de
la Préfacé.
L'Ecclesiastique a esté déclaré
Livre canonique del'EcritureSainte.
Le troisiéme
Concile de Carthage, dans
le Canon 41. le decret d'Eugene
IV. dans l'instruction
donnée aux Arméniens à
Florence aussi toit aprés; le
le Concile où se fit J'union
des Grecs
, reçu de toute
l'Eglise unanimement; le
Concile de Trente dans la
quatrième Session
, en onc
fait par leur décision un Article
de Foy, &c. 1
On ne doute point maintenant
que Jesus
,
fils de
Sirach, n'en foit l'Auteur,&
que ce ne foit celuy qui
estoie petit fils ouarrière
petit fils de Jesus ou de Josue
souverainPontifedesJuifs,j quirevint delacaptivitédeI
Babylone avec Zorobabel. 1
Quelques uns ont voulu
¡]ire que ce Jesus estoit un
des septante- deux Interpretés
que Ptolomée philadelphe
Roy d'Egypte fit venir
de Jerusalem à Alexandrie
pour traduire en Grec la
Bible Hebraïque) & en faire
un des plus beaux ornemens
de cette fameuse Bibliote-
,que, qui félon Aulugelle
estoie composée de sept
cents mille Volumes ; du
moins il est feur qu'il vivoic
en ce temps là.) & que son
nom se trouve parmi ceux
de cesillustres Traducteurs,
Quoi qu'il en loïc il composa
ce Livre en Hébreu,
-
qui estoitsa langue naturelle.
S. Jerôme assure,dans
laPréface du Livre des Proverbes
de Salomon, qu'il en
a veu un exemplaire; mais
cet exemplairene se trouve
plus, & nous l'avons seulement
en grec& en latin,&c.
Quoi que le stile de ce Livre
loit dur, les sujetsqui
y font traitez
,
font d'une
utilité merveilleuse ; cest
une Morale complette; on
y apprend tous les principes
de la veritablesagesse,
tous les devoirs de la Religion
j & tous ceux de la
vie civile; tout ce qu'on
doit à Dieu; tout çe qu'on
doit à son prochain; tout
ce qu'on se doit à foy même.
La pratique de toutes les
vertus depuis les plus grandes
jusqu'aux plus petites,
depuis celles qui nous portent
à Dieu & qui contribuent
à nofirc salut, jusqu'à
celles qui ne font que
purement politiques ou
ceconomiqucs.
- On y voit par tout des
i Sentences qui renferment.
en peu de mots tour ce qu'il
y a de plus essentiel dans la
Doctrine des moeurs ; des
exhortations qui pressent le
LeaeurJ qui le touchent &
qui le persuadent;des exemples
qui l'animent, ou qui
le confondent
,
& de ces
vrais éloges qui font les récompcnfcs
de la vertu ,
&
qui le persuadent. &c.
Comme cet Auteur ne
se contente pas de donner
les preceptes de sagesse à
1 ceux qu'it instruit
,
& qu'il
veut encore leur fournir des
exemples pour leur faire fuivre
par une sainte émulation
les règles qu'il leur prefcrir;
il en tired'excellens de l'Ecriture
sainteil leur propose
les plus grands hommes du
Peuple de Dieu pour modèles
,
& en lesleur proposant
il en sait le Panegyrique avec
tant d'éloqence, que jamais
ces Patriarches & ces
Prophetes si renommez dans
l'ancienne Loy, ne furent
louez plus magnifiquement-,
ni plus véritablementqu'ils
le sont icy. Ce sont des
Porrraits en grand, mais ce
sonc des Portraits fidcles ;
leurs vertus y sont mises
dans tout leur jour;
leur Religion y en:rcprcsensée
avec tour l'éclat de
leur zele; leur courage avec
tout la fermetéde leur coeur;
leur magnificence avec tout
ce quelle avoit de plus pompeux
& de plus riche; & leur
qualitcz héroïques avec toutes
les circonstances qui peuvent
relever la beauté de
leurs grandes avions. Il y
ramene ces fameux conducteurs
du Peuple de Dieu,
ces illustres deffenseurs d'ïsraël
, ces grands Sacrificateurs
du Seigneur. Ilyfait
- voitles grâces que ces grands
Hommes&ceserandsSaints
ontrcceus du Ciel. &c.
Voicy quelques unes des
Maximes dont cc Livre est
rempli.
Le caractère de la vraie
charité c'est d'cfûe vive &,,
prevenante; mais quoi
qu'elle doiveestre prompte
ellene doit pas êtreaveuglée;
il ne faut pas qu'elle se condusse
seulement par les lumières
de la foy ; mais encore
par celles de la rai son; il
faut qu'elle pese, qu'elle
consulte
,
qu'elle examine
ordinairement ce qu'ellefait,
de peur de favoriser le crime
au préjudice de l'innocence.
Le faux ami est plus vif
que *le verita ble
, car l'intcrest
qu'il a de tromper l'anime
plus que la simpleai-nitié
n'anime ordinairemenr.
Humiliez-vous, mais ne
ne vousavilissez pas; l'humilité
prudente & moderée
, nous éleve en nous
abaissantjmais celui qui s'abaisseplus
bas qu'il ne doit,
s'attire du mépris & le mérité.
Ne cachez point par
cet excèsd'humilité les talens
que vous avez receus ;
quand on peut estre urileaux
autres, il ne faut pas par
paresse se persuader qu'on
n'estbonàrien.
Si quelque grand Seigneurvousconvie
à sa table
, ne soyez nitrop libre.,
ni trop retenu; trop de liberté
marque peu de refpeét,
mais trop de retenue
marque peude confiance. Un
juste milieu vous fera aimer
des Grands; c'est à dire de
ceux qui ont l'ame grande
& le don du discernement.
Le mensonge est le premier
de tous les desordres
& le plus grand de tous les
maux,puisqu'il est opposé
directement a la venté) qui
eu le souverain bien.
Celui quiments'anéantir
,,.- carrien ne subsiste que par la
verité; & qui détruir la vérité
, se détruit soi-même
puisque l'homme n'existe y en
Dieu qu'autant qu'il est
vray ;c'està-dire qu'autant
qu'il aime laverité.
>
Ce Livre est in OCIAVO, 3C
se vend a Paris, chez Daniel
Jollet, au bout du Pont S.
Michel, du costé du Marché
neuf
, au Livre Royal
le prix estde 3. liv. 10. foisy
I.c:liécn veau.
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Résumé : LIVRES NOUVEAUX.
Le texte présente deux ouvrages récents. Le premier, 'Histoire du Dauphiné', est rédigé par Monsieur de Valbonnay, premier président de la Chambre des Comptes de Grenoble. Cet ouvrage couvre l'histoire des dauphins, divers faits historiques, les particularités des usages du Dauphiné, ainsi que les généalogies des familles illustres de cette région. Il inclut également une carte géographique. Le livre est en format folio et se vend à Paris chez Imbert de Bats, rue Saint-Jacques, à l'image Saint-Benoît, au prix de 15 livres relié en veau. Le second ouvrage est une 'Paraphrase sur le Livre de l'Ecclésiastique' par Monsieur Ménard, prieur d'Aubort. Ce livre, en format octavo, se vend à Paris chez Daniel Jollet, au bout du Pont Saint-Michel, au prix de 3 livres 10 sols relié en veau. L'Ecclésiastique est reconnu comme un livre canonique de l'Écriture Sainte, attribué à Jésus, fils de Sirach, petit-fils ou arrière-petit-fils de Jésus ou Josué, souverain pontife des Juifs. Le texte mentionne la traduction de la Bible hébraïque en grec par Ptolémée Philadelphe et indique que l'ouvrage est écrit en hébreu, bien que des exemplaires en grec et en latin existent. Le style du livre est dur, mais son contenu est d'une utilité morale complète. Il couvre les principes de la vraie sagesse, les devoirs religieux et civils, et la pratique des vertus. L'ouvrage contient des sentences, des exhortations, des exemples et des éloges qui encouragent la vertu. L'auteur utilise des exemples tirés de l'Écriture Sainte pour illustrer ses préceptes, louant les patriarches et prophètes avec éloquence. Le livre est rempli de maximes sur la charité, l'amitié, l'humilité, le comportement en société et la vérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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428
p. 203-204
ACADÉMIE Royale des Médailles & Inscriptions.
Début :
Le Vendredy 14. Messieurs de l'Académie Royale des Médailles [...]
Mots clefs :
Abbé de Boissy, Académie royale des médailles et inscriptions
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texteReconnaissance textuelle : ACADÉMIE Royale des Médailles & Inscriptions.
ACADEMIE
*RoyaledesMédailles1
1G*3Inscriptïons. 1 j LeVendredy
14.
Meilleurs de l'Académie
Royale des Médaijles
& Inscriptions
tinrent leurAssemblée
publique à l'ordinaire
dans la Semaine de la
S. Martin.
Mrl'AbbédeBoissy
ouvrit l'Assemblée pas,
la lectureciun Discours
sur les Expiations.
Mr l'Abbé Couture
en lut ensuite un sur
le Souper des Romains.
EtMrl'AbbéSimod
en lut un sur les Présa-
* ges.
*RoyaledesMédailles1
1G*3Inscriptïons. 1 j LeVendredy
14.
Meilleurs de l'Académie
Royale des Médaijles
& Inscriptions
tinrent leurAssemblée
publique à l'ordinaire
dans la Semaine de la
S. Martin.
Mrl'AbbédeBoissy
ouvrit l'Assemblée pas,
la lectureciun Discours
sur les Expiations.
Mr l'Abbé Couture
en lut ensuite un sur
le Souper des Romains.
EtMrl'AbbéSimod
en lut un sur les Présa-
* ges.
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429
p. 11-31
LIVRE Nouveau.
Début :
Il paroist depuis peu un livre intitulé, Regles pour former [...]
Mots clefs :
Règles, Droit, Avocat, Éloquence, Génies, Barreau, Justice
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texteReconnaissance textuelle : LIVRE Nouveau.
LIVRE
Nouveau
Il paroist depuis peuun
Livre intitulé,, Réglés
pourformer un Avocat,
tirées des plusfameux
Auteurs , tant Anciens
que Modernes.
Dans le premier Chapitre
,
l'Auteur parle de
l'Eloquence en général.,
& montre que lanature
seule, toute éloquente
qu'elle est, ne suffit pas
pour former un parfait
Orateur.
Au second Chapitre,
de la noblesse &prérogative
de laproffession d'A..-
avocat,ilrapporte que
parmi les Grecs & les
Romains
,
les Conque.
rans même descendant
du char de leur triomphe
,
venoient immoler
aux pieds de la Justice,
l'ambition de perdre les
hommes
? pour suivre
celle de les deffendre.
C'estainsi que le Roya
rravaillé luy même à former
ce Chef- d'oeuvre de
nouvelles Ordonnances:
monument immortel de
la Ggcife & dela justice
de Louis LE GRAND.
Apres avoir parlé de
l'Eloquence en général.,
l'Auteur traite à fond celle
du Barreau, qui est
son objet particulier.
Je fais consister,dit il
l'Eloquence du Barreau dans
quatre principales choses.
La premiere ,
Sciencedan.s la
La seconde,à bien Composer.
nLaotroinsiémce,eà biren.proLaquatrième&
dernière,
à possederles vertus que
doit avoir un Avocar.
Sur chaque partie je rapporteray
les Regles qui y
conviennent
,
& voila tout
mon dessein.
L'Auteur marque enfuite
les differens carac.
teres de l'Eloquence
,
que chaque Avocat peut
chofir par rapport à ses
talens naturels, & à l'étenduë
de son esprit. Il
marque à ce propos les
differens genies de quelques
Orateurs anciens.
Cefary parloir avec force
&. vehemence.
Celius, se faisoit admirer
dans ses discours parunge
nietoutsingulier.
Calledus, estoit subtil dans
ses raisonnemens.
Brutus,avoit de la gravi
té en parlant en Public.
Sulpicius, avoir des poin
ces trésagréables.
Casseus,plaidoit avec
chaleur.
Pollion, composoit avc
majesté.
Calvus, avec scrupule &
circonspection.
Seneque, avoit la secondite
en partage.
Africain, l'énergie.
- Crispus) l'agrément.
Tracallus
, une belle déclamation.
Secundus, l'élegance.
Demosthene )cnlporroit la
piéce ( si on peut se sevir
de ce mot)
Ciceron, semble avoir luy;
fqculutouarels icetseémzine.ntes,¡
i,
Ensuite l'Auteuraprés
avoir établi plusieurs Regles
generales pour devenir
excellent Avocat,
convient que la grande
difficulté, est de mettre
ces Regles enusage.
Il faut, dit il, à un Avocat
un esprit profond pour
penecrerle fond des Regles,
son discernement les distingue,&
les compare,sa Justice
n'y voit que ce qu'il y
faut voir, sa droiture les
prend toûjours par le bon
costé,& sa délicatesse apperçoit
celles qui patoissent
imperceptibles ; tout cela
fait qu'on ne peut donner
pour l'usage
,
des Regles
fixes ôc immuables,
Eneffet les Regles generales
sont des écueils
pour les petits genies qui
les suivent à la lettre, les
genies fauxméprisent les
Regles- parce qu'ils n'en
sentent pas la justesse,&
les grands genies s'élevent
au-dessus des Regles,
parce qu'ils sçavent
- plus que les Regles.
Tout le reste du Livre
est conformement à son
titre,unreceüil avec ordre
de Regles, de Maximes
& de Conseils:
j'en rapporterai quelques
traits en abregé sans les
choisir, plutost pour
vous donner une idée
generale du Livre, que
pour vous en citer les plus
beaux endroits.
Le sublime & les ornemens
ne sont pas bons dans
toutes sortes de caures; il
fauttraiter les petits sujets
d&'un aircsimp.le& naturel,
, Vous allez voir une ma-
- xime qui paroist d'abord
un peu obscure,l'Auteur
la développe tres-sinement
& tres - nette..
ment; mais ce qu'il en
dit est trop étendu pour
estreplacé icy; clïofesexcellenteilsy^daodieist
on ne peut faite l'exerait
sans en diminuer la beauté
,
voici la maxime.
Il y a de l'art à paroistre
quelques fois douter de ce
que nous disons pour mieux
persuader la verité,&c.
Undes cas ou l'Avocat
peut utilement paroistre
douter de la bonté
de sa cause
,
c'est
quand il s'agit de prouver
aux Juges qu'il ne la
soûtient point paropiniâtreté,
& qu'il n'estpoint
aveuglé par la prévennon,.
Ce n'est pas peu dans
l'Eloquence de bien sçavoir
ce qui doit estre negligé,
&ce qui nele doit
pas estre.
Laveritable Eloquen
• ce doit estre proportionnée
à la capacité de ceux
à qui elle parle.
Que vostre stile foit pur
sans estre énervé parune
exactitude scrupuleuse.,
Lacomposition de l'AvocatDemandeur
doit
estredifférente decelle
du Dessendeur. Le premier
doit établir simplement
Ca.demande ; le second
est toûjours en action
,
il nie, il refute
,
il
excuse, il supplie, il adoucit
& diminuë. Atout
prendre il est bien plus
difficile de soûtenir le
Deffendeur, que le Demandeur.
:
Si Vous plaidezpour
unaccusateur,vostre
composition doit estre
1-iardic, feyerc.,&:vigoareuse,
reuse, parce que vous avez
à combattre la douceur
& la clemence des
Juges; sivous desfendez
un accusé, vostre composition
doit exciter &
soûtenir par sa douceur,
la clemence de ces mêmes
Juges combatuë par
la feyerité des Loix.
UnPlaidoyerqui manque
d'art doit se soûtenir
par l'assemblage deses
forces, par le poids &
par les secousses redoublées
des raisonnemens,
& des preuves.
Un Avocat doit si
bien ménager son Eloquence
qu'onimpute à
la bonté de sa cause, les
traits que son habileté
luy fournit..
Pour bien exprimer les
choses, le tour le plus
~~re!. çlt-J Jeplus cliffir
cile àtrouverà ceux qui
le cherchent, ceux qui
le trouvent sansle cherçker,
jfoAt ..prçjÇjqs les
seuls qui le trouvent. >u
Ce n'est pasassezàun.
Orateur d'estre Eloquent;
il doitconformer
son Eloquenceau goût
de (on siécle.
- La mode n'est. pas à
negliger dans leschofès*
où il est essentiel deplaire
au plus grand nombre.
Il cft dangereux de faire
voir les Factums aux Juges,
avant qu'on ait plaidé-la cause,
car se flatantqu'ils fçaventparavance
tout ceqi*±
on leur peut dire sur l'affaite,
ilsn'écouteront point
l'Avocat avec attention,&
vous perdrez le fruit de certains
traits d'éloquence, qui
touchent & qui émeuvent
les Juges; quand on les prononce
, & qui font peu d'esset
dans la lecture.
Le dernier conseil que
l'Auteur donneà unfameux
Avocat, c'efi; de
se retrancherauCabinet
quand il commence à
moins briller au Barreau,
Il cite là-dessusAsser, le
plus celcbre Orateur de
son siécle, qui à quatrevingt
ans, croyoit plaider
aussi bien qu'à trente;
on disoit de luy qu'il
aimoit mieux renoncerà
sa réputation
,
qu'à sa
profession. Cet exemple
doit rendre Cage les Auteurs
,
dont le feu & la
délicatesse commence à
s'émousser par le grand
âge, car la malignité se
plaist à juger d'un Auteur
par ses derniers 0Uf
vrages , ou par ses premiers
quelle injustice?
de condamner un bel et
prit par des essais qui luy
sont échappez en fortant
du College ; il est
moins injustedeblâmer
celuy qui ne peut se resoudre
à cesser d'êtreAuteur,
car il est plus pardonnable
à un jeune étourdy
de commencer
trop tost
,
qu'à unhomme
censé de finir trop
tard*
Il se vend à. Paris, chez
Daniel Joller, sur le Pont S.
Michel, ducosté du Marché-
Neuf, au Livre Royal.
Nouveau
Il paroist depuis peuun
Livre intitulé,, Réglés
pourformer un Avocat,
tirées des plusfameux
Auteurs , tant Anciens
que Modernes.
Dans le premier Chapitre
,
l'Auteur parle de
l'Eloquence en général.,
& montre que lanature
seule, toute éloquente
qu'elle est, ne suffit pas
pour former un parfait
Orateur.
Au second Chapitre,
de la noblesse &prérogative
de laproffession d'A..-
avocat,ilrapporte que
parmi les Grecs & les
Romains
,
les Conque.
rans même descendant
du char de leur triomphe
,
venoient immoler
aux pieds de la Justice,
l'ambition de perdre les
hommes
? pour suivre
celle de les deffendre.
C'estainsi que le Roya
rravaillé luy même à former
ce Chef- d'oeuvre de
nouvelles Ordonnances:
monument immortel de
la Ggcife & dela justice
de Louis LE GRAND.
Apres avoir parlé de
l'Eloquence en général.,
l'Auteur traite à fond celle
du Barreau, qui est
son objet particulier.
Je fais consister,dit il
l'Eloquence du Barreau dans
quatre principales choses.
La premiere ,
Sciencedan.s la
La seconde,à bien Composer.
nLaotroinsiémce,eà biren.proLaquatrième&
dernière,
à possederles vertus que
doit avoir un Avocar.
Sur chaque partie je rapporteray
les Regles qui y
conviennent
,
& voila tout
mon dessein.
L'Auteur marque enfuite
les differens carac.
teres de l'Eloquence
,
que chaque Avocat peut
chofir par rapport à ses
talens naturels, & à l'étenduë
de son esprit. Il
marque à ce propos les
differens genies de quelques
Orateurs anciens.
Cefary parloir avec force
&. vehemence.
Celius, se faisoit admirer
dans ses discours parunge
nietoutsingulier.
Calledus, estoit subtil dans
ses raisonnemens.
Brutus,avoit de la gravi
té en parlant en Public.
Sulpicius, avoir des poin
ces trésagréables.
Casseus,plaidoit avec
chaleur.
Pollion, composoit avc
majesté.
Calvus, avec scrupule &
circonspection.
Seneque, avoit la secondite
en partage.
Africain, l'énergie.
- Crispus) l'agrément.
Tracallus
, une belle déclamation.
Secundus, l'élegance.
Demosthene )cnlporroit la
piéce ( si on peut se sevir
de ce mot)
Ciceron, semble avoir luy;
fqculutouarels icetseémzine.ntes,¡
i,
Ensuite l'Auteuraprés
avoir établi plusieurs Regles
generales pour devenir
excellent Avocat,
convient que la grande
difficulté, est de mettre
ces Regles enusage.
Il faut, dit il, à un Avocat
un esprit profond pour
penecrerle fond des Regles,
son discernement les distingue,&
les compare,sa Justice
n'y voit que ce qu'il y
faut voir, sa droiture les
prend toûjours par le bon
costé,& sa délicatesse apperçoit
celles qui patoissent
imperceptibles ; tout cela
fait qu'on ne peut donner
pour l'usage
,
des Regles
fixes ôc immuables,
Eneffet les Regles generales
sont des écueils
pour les petits genies qui
les suivent à la lettre, les
genies fauxméprisent les
Regles- parce qu'ils n'en
sentent pas la justesse,&
les grands genies s'élevent
au-dessus des Regles,
parce qu'ils sçavent
- plus que les Regles.
Tout le reste du Livre
est conformement à son
titre,unreceüil avec ordre
de Regles, de Maximes
& de Conseils:
j'en rapporterai quelques
traits en abregé sans les
choisir, plutost pour
vous donner une idée
generale du Livre, que
pour vous en citer les plus
beaux endroits.
Le sublime & les ornemens
ne sont pas bons dans
toutes sortes de caures; il
fauttraiter les petits sujets
d&'un aircsimp.le& naturel,
, Vous allez voir une ma-
- xime qui paroist d'abord
un peu obscure,l'Auteur
la développe tres-sinement
& tres - nette..
ment; mais ce qu'il en
dit est trop étendu pour
estreplacé icy; clïofesexcellenteilsy^daodieist
on ne peut faite l'exerait
sans en diminuer la beauté
,
voici la maxime.
Il y a de l'art à paroistre
quelques fois douter de ce
que nous disons pour mieux
persuader la verité,&c.
Undes cas ou l'Avocat
peut utilement paroistre
douter de la bonté
de sa cause
,
c'est
quand il s'agit de prouver
aux Juges qu'il ne la
soûtient point paropiniâtreté,
& qu'il n'estpoint
aveuglé par la prévennon,.
Ce n'est pas peu dans
l'Eloquence de bien sçavoir
ce qui doit estre negligé,
&ce qui nele doit
pas estre.
Laveritable Eloquen
• ce doit estre proportionnée
à la capacité de ceux
à qui elle parle.
Que vostre stile foit pur
sans estre énervé parune
exactitude scrupuleuse.,
Lacomposition de l'AvocatDemandeur
doit
estredifférente decelle
du Dessendeur. Le premier
doit établir simplement
Ca.demande ; le second
est toûjours en action
,
il nie, il refute
,
il
excuse, il supplie, il adoucit
& diminuë. Atout
prendre il est bien plus
difficile de soûtenir le
Deffendeur, que le Demandeur.
:
Si Vous plaidezpour
unaccusateur,vostre
composition doit estre
1-iardic, feyerc.,&:vigoareuse,
reuse, parce que vous avez
à combattre la douceur
& la clemence des
Juges; sivous desfendez
un accusé, vostre composition
doit exciter &
soûtenir par sa douceur,
la clemence de ces mêmes
Juges combatuë par
la feyerité des Loix.
UnPlaidoyerqui manque
d'art doit se soûtenir
par l'assemblage deses
forces, par le poids &
par les secousses redoublées
des raisonnemens,
& des preuves.
Un Avocat doit si
bien ménager son Eloquence
qu'onimpute à
la bonté de sa cause, les
traits que son habileté
luy fournit..
Pour bien exprimer les
choses, le tour le plus
~~re!. çlt-J Jeplus cliffir
cile àtrouverà ceux qui
le cherchent, ceux qui
le trouvent sansle cherçker,
jfoAt ..prçjÇjqs les
seuls qui le trouvent. >u
Ce n'est pasassezàun.
Orateur d'estre Eloquent;
il doitconformer
son Eloquenceau goût
de (on siécle.
- La mode n'est. pas à
negliger dans leschofès*
où il est essentiel deplaire
au plus grand nombre.
Il cft dangereux de faire
voir les Factums aux Juges,
avant qu'on ait plaidé-la cause,
car se flatantqu'ils fçaventparavance
tout ceqi*±
on leur peut dire sur l'affaite,
ilsn'écouteront point
l'Avocat avec attention,&
vous perdrez le fruit de certains
traits d'éloquence, qui
touchent & qui émeuvent
les Juges; quand on les prononce
, & qui font peu d'esset
dans la lecture.
Le dernier conseil que
l'Auteur donneà unfameux
Avocat, c'efi; de
se retrancherauCabinet
quand il commence à
moins briller au Barreau,
Il cite là-dessusAsser, le
plus celcbre Orateur de
son siécle, qui à quatrevingt
ans, croyoit plaider
aussi bien qu'à trente;
on disoit de luy qu'il
aimoit mieux renoncerà
sa réputation
,
qu'à sa
profession. Cet exemple
doit rendre Cage les Auteurs
,
dont le feu & la
délicatesse commence à
s'émousser par le grand
âge, car la malignité se
plaist à juger d'un Auteur
par ses derniers 0Uf
vrages , ou par ses premiers
quelle injustice?
de condamner un bel et
prit par des essais qui luy
sont échappez en fortant
du College ; il est
moins injustedeblâmer
celuy qui ne peut se resoudre
à cesser d'êtreAuteur,
car il est plus pardonnable
à un jeune étourdy
de commencer
trop tost
,
qu'à unhomme
censé de finir trop
tard*
Il se vend à. Paris, chez
Daniel Joller, sur le Pont S.
Michel, ducosté du Marché-
Neuf, au Livre Royal.
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Résumé : LIVRE Nouveau.
Le livre 'Règles pour former un Avocat' compile des conseils d'auteurs anciens et modernes pour former des avocats. Il commence par discuter de l'éloquence, soulignant que la nature seule ne suffit pas pour créer un orateur parfait. Le texte aborde ensuite la noblesse et les prérogatives de la profession d'avocat, en citant des exemples de Grecs et de Romains qui vénéraient la justice. L'auteur divise l'éloquence du barreau en quatre éléments principaux : la science, la composition, la prononciation et les vertus nécessaires à un avocat. Il décrit divers caractères d'éloquence que chaque avocat peut adopter selon ses talents naturels. Le livre établit également des règles générales pour devenir un excellent avocat, tout en reconnaissant la difficulté de les appliquer. Le texte mentionne plusieurs maximes et conseils pratiques pour les avocats. Il insiste sur l'importance de douter parfois pour persuader, de proportionner l'éloquence à l'audience, et de différencier la composition du demandeur de celle du défendeur. Il conclut par un conseil à un avocat célèbre de se retirer au cabinet lorsqu'il commence à moins briller, illustré par l'exemple d'Asser, un orateur célèbre qui préférait renoncer à sa réputation plutôt qu'à sa profession.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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430
p. 49-101
EXTRAIT Du Discours de M. l'Abbé Simon, dans la derniere Assemblée de l'Academie des Medailles & Inscriptions. SUR LES PRESAGES.
Début :
Ordre & Division du Discours. L'origine & les causes de [...]
Mots clefs :
Présages, Abbé Simon, Signe, Maison, Augure, Hommes, Mort, Dieux, Voix, Temps, Grecs, Chute, Superstition, Signes, Volonté, Académie royale des médailles et inscriptions
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT Du Discours de M. l'Abbé Simon, dans la derniere Assemblée de l'Academie des Medailles & Inscriptions. SUR LES PRESAGES.
EXTRAIT
DuDiscoursdeM.l'Abbé
Simon, dans la derniere
Assemblée de
l'Academie des Medailles
& lnscriptions.
SVRLESPRESAGES.
Ordre & Division du <
Discours. L'origine & les causes de
l'oblervation des Presages,
les diverses Efpcces
,
les
occasions ausquelles on y
avoit 1ccours & ce qui
estoit necessaire pour les
faire valoir ou pour les détruire.
Mr l'Abbé Simon trouve
la premiere Origine
de la superstition des Présages
dans la foiblesse de 0l'homme, dont la curiosité
veut penetrer l'avenir
, & dont l'orgüeil
veut abaisser jusques à
luy l'Estre suprême à qui
rien n'est caché.
Les Philosophes rcconnoi{
fJot uneintelligence suprême,
infinimentdistante
de la leur, luy subordonnerent
des Divinitecz éclairées
immediatement de ses
lumieres, qu'elles répandoienc
sur d'autres génies.
jnferieurs placez au -
dessous
d'elles dans tous les élemens ;
ceux-cy plus à portée d'entretenir
commerce avec les
hommes se plaisoient, disoient-
ils, à leurcommuniquer
ce qu'ilssçavoient de
l'avenir, & à leur donner
des pressentiments de ce qui
devoit leur arriver,&c.
La science des Presages
est apparemment aussi an
cienne que l'Idolâtrie ; cc
qu'il y a de certain c'est que
les anciens ~ha bitans de la
Palestine en estoient infectez
dés le temps de Moyse,qui
sir ~daffensc aux Israëlites de
suivre l'exemple des Nations,
dont ils alloient posseder
le pays, qui écoutoient,
dit-il, les Augures
& les Devins.
Mrl'AbbéSimon distingue
icy la confiance
du peupledeDieu en ses
Prophetes, d'avec la credulité
superstitieuse des
peuples idolâtres pour les
Presages. Il marqueainsi
le caractere des derniers.
Lorsque la prudence humaine
estl en défaut
,
elle a
recours à une intelligence
superieure capable de fixer
sonincertitude & de relever
son courage dans les occafions
embarasantes & dans:
les périlspressants.
AinsiUlisse ne sçachant si
tes Dieux qui l'avoient perfccuté
si long-temps sur
terre & sur mer, approuvoient
enfin son retour en
sa patrie & le dessein hasardeux
qu'il méditoit, prie Jupiter
de luy faire connoître
sa volonté par la voix de
quelqu'un de ceux qui veilloientalors
dans la maison,
& par un prodige au dehors.
Un cou p de tonnerre qui
éclata en même temps le
remplit de joye &fa crainte
se dissipa entierement, entendant
une femme qui
bluttoit de la farine
,
& qui
rebutée de ce travail souhaitoit
que le festin qu'on préparoit
aux Amans de Penclope,
fust le dernier de leur
vie. Ces imprécations luy
parurent un Presagecertain
de la fin malheureuse de ses
ennemis & du succés de sa
vangeance.
Des signes semblables
que le hasard faisoit quelquefois
paroître comme à
point nommé aux voeux
des Suppliants, les convainquirent
de la vigilance des
Dieux toûjours attentifs à
répondre à leurs constations,
& engagez pour ainsi
dire, par le devoir de leur
ministére à leur donner des
pressentiments de ce qui devoit
leur arriver.
Cette persuasion lesobligea
à observer plus religieusement
toutce qu'ils entendoient
& ce qui se presentoit
à eux dans le moment qu'ils
formoient quelque entreprise,&
leursespritsremplis
de leurs projets n'avaient
pas de peine à découvrir
dans tout ce qui paroissoit
des marques évidentes de
l'évenement dont ils vouloient
estre éclaircis; semblablcs
à ceux qui regardent
attentivement des nuages&
quiy voyent tout ce que
leur imagination leur represente.
Cependant pour s'assurer
de leurs conjectures ils ne
manquoient pas quand les
choses estoient arrivées de
confronter les évenements
avec les prognostics, & de
tâcher de les concilier en semble,
lors que la fortune ne
ses faisoit pas quadrcr assez
juste. En cette maniere on
interprétoit les Oracles ,
& encore au jourd'huy des
gens prévenus en faveur de
certaines pretendues Propheties
,
s'imaginent entrevoir
dans leur obscurité
affectée toutes les grandes
révolutions qui arrivent
dans le monde.
Je paffe icy une fuite
de Remarques judicieuses
, par où l'on voit l'é.
tablissement des Presages
dont les Egyptiens
ont fait un Art oùils
ontexcellé,&: qu'ils ont
transmis aux Grecs, 6c
qui a elle soutenu en.
suite par l'autorité des
hommes les plus graves
& les plus éclairez, qui
en faisoient un des articles
de leur religion. Pithagore
& ses Disciples,
Socrate , Platon, Xeno- phon,&c.
Ensuite les Hetrusques
ont appris cet Arc
aux Romains,&c.
Aprés avoir marque
l'origine & l'établissement
des Presages, Mr
l'Abbé Simon en explique
les especes. La necessité
d'abréger m'oblige
à ne dire qu'un
mot de chacune.
La première espece de
Presage se tiroit des paroles,
les voix qu'onentendoit
Anî sçavoir d'où elles venoient,
passoient pour divines,
telle sur celle qui arresta
leContul Mancinus,
prest de s'embarquer pour
l'expedition de Numance où iléchoüa. honteusement,.
On peut mettre au même
rang ces voix effroyantes &
ces cris lugubres qu'on
entendoit dans les bois,
on les attribuoit aux Faunes,
& l'on croyoit qu'elles annonçoient
des accidents funestes.
On prenoit aussi pour
présages les voix de ceux
qu'onrencontroit en sortant
des mai sons, & sur
des mots prononcez par
hasard, on prenoit quelque
fois des resolutions tresimportantes.
Le Sénat Romainle
détermina a retablir Rome
brûlépar les Gaulois, sur
la voix d'un Centurion qui
crioit à l'Enseigne de sa
Compagnie,de planter le
Drapeau,& de rester, où il
estoit, quoy que cette voix
n'eut qu'un rapport imaginaire
au sujet dont il s'agilfoir.
Les Grecs nettoient pas
moins attachez à cette manie
que les Romains. Il y
avoit dans l'Achaïe un Temple
de Mercure où on le
consultoit d'une maniere
assez singuliere. Celuy qui
desiroitestre éclairci de son
fort
,
sapprochoit de la
Statue. de ce Dieu, & luy
disoit tout bas à l'oreille
ce qu'il vouloir fqavolr>
bouchant les siennes avec
ses doigts.Il sortoit du
Temple en la même posture,
& ne débouchait ses oreilles
que lors qu'il estoit au milieu
de la grande Place publique.
Alors il prenoic
pour la réponse de Mercure
les premieres paroles qu'il
entendoit.
Une autre espece de presage
étoit les tressaillemens
du coeur, des yeux & des
sourcils, qu'on appelloit
SaflifJauo.!
Les Pal pitations de coeur
spassoiiengt pounr unemauv.ais
Les tressaillemens de
l'oeil droit, estoient au
contraire un signe heureux.
-
L'engourdissement du petit
doigt de la main droite
ou letressaillement du pouce
de la main gauche, ne
signifioit au contraire rien
de favorable.
Les teintemens d'oreilles
& les bruits qu'on s'imaginoit
entendre , estoient P,¡..
reillement desprésagesassez
ordinaires. Les Anciens
disoient, comme le Peuple
le dit encoreaujourd'huy
,
que des personnes absentes
partaient d'eux.
Mais les éternuëmens
estoient des presages encore
plus anciens & plus autorisez.
Penelope entendant
son fils éternuer dans le
temps qu'elle disoit que son
Mari estant de retour sçauroit
bien tirer vengeance
des desordres que ses Amants
interessezfaisoient
dans sa maison
, en conçut
une esperance certaine de
l'accomplissement de ses
desirs.C'estoit alors un
sïgne toûjours avantageux.
C'est pourquoy les Grecs
l'appelloient l'oy seau ou
l'augure de Jupiter
,
s'imaginant
qu'il en estoit l'Auteur
,
& qu'ils devoient luy
en rendre graces dans
l'instant.
Ils tenoientmême l'éternuëment
pour un Dieu ou
une chose divine
,
suivant
Aristote. La raison que ce
Philosophe en apporte, cest
qu'ilest produit par lemouvement
ducerveau, & qu'il
est la marque de la sante de
cette partie la plus excellente
qui soit dans l'homme,
le siege de l'ame & de la
raison. Cependant leScholiaste
de Theocrite prétend
que l'éternuëment estoitun
presage. équivoque, qui
pouvoit estre bon & mauvais.
C'est pourquoy les
assistans avoient coûtume
de saluer la personne qui
éternuoit en faisant des Cou'"
haits pour sa conservation,
afindedétourner ce qu'il
pouroit y avoir de fâcheux.
Les Grecs se servoient de lar
formule
, que Jupiter HJOUÏ
conserve,comme nous disons
Dieu vous assiste.
En cff.[ les éternuëmens
du matin; c'etf à dire depuis
minuit jusqu'à midy
,
n'êtoient
pas avantageux; ita
devenoient meilleurs lereste
du jour. Entre les éternucmens,
on estimoit davantage
ceux qui venoient du
côté droic ; mais l'Amour
les rendoit toujours favorables
aux Amants de quelque
costé qu'ils vinssent, si
l'on en croit Catulle.
L'Esprit familier de Socrate
se servoit de cc presage
en diverses manieres
pour luy donner de bons
conseils. Quand un autre
éternuoit à sa droite,c'étoit
un figne qu'il dévoit
agit, & une deffense de le
faire quand on éternuoit à
sa gauche, &c.
Il n'est pas trop seur que
Socrate setoittoûjours bien
trouvé de suivre ces présages
; mais il paroist que cc
n'estoit pas unsigneinfaillible
pour tous les autres:
témoin ce mary donc il cff
fait mention dans une ancienne
Epigrame de l'Anthologie,
qui se plaint qu'-
ayant éternué prés d'un
Tombeau, plein d'esperance
d'apprendre bien-tost la
mort de sa femme, les vents
avoient emporté le présage.
On peut joindre aux
éternuëmens des accidents
aussi naturels & aussi ordinaires
, sçavoir les chutes
imprévues, foit des hommes
,soit des choses inanimées
sur lesquelles on faisoie
des prognostics. Un
des plus remarquables fut
celle de Camille, aprés la
prise de Veïes; voyant la
grande quantité de butin
qu'on avoir ramassé, il pria
les Dieux que si sa bonne
fortune & celle du peuple
Romain leur paroissoit excessive
,
de vouloir bien
adoucir la jalousie qu'elle
pouvoir causer en leur envoyant
quelque legere disgrace
,
s'estant tourné en
même temps pour faire son
adoration, il tomba, & l'onprit
la fuite de cetaccident
comme un presage de son
exil & de la prise de Rome,
qui arrivérent peu de temps
aprés.
La chute de Neron, en
recitant en public ces Vers
de l'Oedipe
, ma Femme ,
ma Mere, mon Pere
m'obligent de périr ,
,
fut
remarquée comme le signal
fatal de sa mort. On fit
lemême jugement durenversement
de statuës de ses
Dieux domestiquesqu'on
trouva par terre le premier
jour de Janvier. Ces presages
qui comprenoient la
chute
chute du tonnerre,&dautres
chosessemblables,s'appeloient
caduca auspicia.
C'en estoit un de pareille
nature de heurter le pied
contre le feiïil de laporte en
forçant; de rompre les cordons
de ses souliers, & de
se sentir retenu par sa robbc
en voulant se lever de son
siege; tout cela étoit pris à
mauvais augure. On remarque
quele jour que Tiberius
Gracchus futtué, il
s'estoit fort blessée au pied
au sortir de sa Inaifon,
ensorte que son soulier en
fut tout ensanglanté.
Larencontre decertaines
personnes &de certains animaux,
ne faisoit pas moins
d'impression sur les esprits
foibles & super sticieux. Un
, Ethiopien, un Eunuque, un
Nain,unhomme contrefait
qu'ils trouvoient le matin au
sortir de leur maison, les
effrayoit. & les faisoit rc:n.
trer. Auguste ne pouvoit
dissimuler l'horreur qu'il
, avoit pour ces monstres de
nature.
Les animaux qui porroient
bonheur estoient le liôfti
les fourmis, les abeilles, &e. Les animaux qui
présageoient des malheurs
estoient les serpens, les crocodilles
,
les renards, les
chiens, les chats, les singes,
les rats, les souris, belettes, "'le. Il y avoit àussi des
noms heureux & malheureux
, &c.
Pompée se sauvant en
Egypte apréslaBataille de
Pharsale
,
vit de loin en
abordant à Paphos dans
l'isle de Chypre,un grand
édifice dont il demanda le
nom au Pilote;ayant appris
que ion nom signifoit
- lemauvaisRoy,ilen détourna
les yeux avec douleur, consterné
d'un si triste presage.
Auguste tout au contraire,
en eut un qui le remplit
d'esperance d'une prochaine
victoire
,
s'avançant
vers Actium avec son
Année) il rencontra un
homme nommé Eutychus,
c'est à dire heureux, qui
conduisoit un Asne nommé
Nicon
,
c'est à dire victorieux.
Après le gain de la
Batailleil fit representer l'un
tz l'autre en bronze dansle
Temple qu'il fit bâtir sur le
lieu oùil avoit campé & où
il avoit fait cette heurcufc
rencontre.
On peut joindre aux noms
les couleurs qui avoient leurs
significations & leurs prefages.
Le blanc estoit le
symbole de la joyc, de la selicité
,
de l'innocence; le
noir estoit un signe de mort,
de chagrin ,de malheur; la
pourpre estoit la marque de
l'Empire & de la souveraiue
Puissance.
L'observation de la lumiere
de lampe n'estoit pas moins
frivole:onen tiroit des prog-
Donies,tant des changemens
de temps que de divers accidents.
C'estoitunsignede
pluye &de quelque agréable
avanture lors qu'elle étincelloit,
&qu'il se formoit autour
de la méche des manieres
de champignons; c'est
pourquoy on mêloit quelquefois
un peu de vin avec
l'huile pour la faire pétiller.
Non seulement les Femmes
& les Amants s'amusoient
à ces badineries; mais Tibere
même, au rapport de
Suetone
, quoy que dailleurs
il eût peu de Religion,
hafardoit sans balancer le
combat, lors qu'estans à la
teste d'une Armée & travaillant
la nuit dans sa Tente,
la lampe venoit à s'éteindre
tout à coup, ayant
éprouvé, disoit-il
, que ce
presagequiestoit particulier
pour sa Maison
,
luy avoir
toûjours esté favorable aussi
bien qu'à ses Ancestres.
Il y avoit une espece de
Jeu dont les Amants se fervoient
pour éprouver s'ils
estoient aimez de leurs Maîtresses
; c'estoit de faire claquer
des feüilles dans leurs
mains. Si le son qu'elles rendoient
estoit clair & perçant
ils auguroient bien de
leurs amours. Ils estoient
aussi fort contens lors qu'en
pressant des pepins de pommes
entre leurs doigts
,
ils,
les faisoientsauter jusqu'au
plafond de la chambre.
Le bruit que faisoit le
laurierjetté sur un foyer sacréestoit
pareillement un
heureux presage.
:
Voyons maintenant les,
occasions qui exigeoient une
attention particuliere aux
présages.
La mort estant si redoutable
à tous les hommes, ils
ne pouvoient pasestretranquilles
sur ce qui sembloit
la leur annoncer. Ily avoit
peu de gens qui ne s'imaginassent
en avoir des pressentimens
;mais celles des Princes
& des hommes illustres
interessant tout l'Etat, on
étudioit avec foin toutcequi
la précedoit,&l'on ne manquoit
pas de découvrir des
signes funebres qui en passoient
pour les avant - coureurs.
Tels qu'estoient des
Comètes& semblablesPheflomenes)
des Hiboux entendus
dans leurs Appartemens,
l'ouverture subite de
leurs tombeaux, ou des voix
plaintives qui en sortoienr,
les appellant par leur nom,
la rencontre imprévuë de
victimes lugubres échapées
des mains du Sacrificateur
qui les couvroit de sang,
leurs Palais, leurs Statuës, &
autres Monumens Publics
frapez de la foudre; quelques
discours faisant mention
de leur mort ou de leur
derniere volonté, ou de leur
successeur. Ainsi Neton faisant
réciter dans le Senat
une Harangue qu'il avoit
faire contre Vindex & les
conjurez,qui finissoit par ces
mots que les scelerats porteroient
la peine de leurs crimes,
& seroient bien tost une fin
tragique. Les Senateurs voulant
luy applaudir,&l'exciter
à la vengeance, secrierent,
faites Seigneur. Il accomplit
la Prophetie & périt
peu de temps après comme
il avoit vêcu.
Le Confu! Petilius sur aussi
sans y penser le Prophete
de son malheur,exhortant
les Soldats à s'emparer d'une
hauteur dont le nom êtoit
équivoqueà celuy de la
mort,leur dit qu'il estoitresolu
à la gagner avant la fin
du jour. L'événement confirma
le présage
,
ayantesté
tué à l'attaque de ce Posse;c;
Toutes ces especes de présages
dont les uns annonçoient
des choses agréa bles
èc avantageuses, les autres
des accidens trisses & funestes
estant des signes qu'on
croyoit envoyez aux hommes
de la part des Dieux
pour les avertir de ce qu'ils
devoient esperer ou craindre,
paroissoient inutiles à
moins qu'ils ne les observassent
& ne s'en fissent l'aplication
necessaire.
-
C'est aussi à quoy ils ne
manquoient pas lorsque le
présagerépondoit à leurs
voeux. Ils l'acceptoient sur
le champ avec joye & en
rendoient graces aux Dieux
qu'ils en croyoient les Auteurs
,les suppliant de vouloir
accomplir ce qu'ils avoientla
bonté de leur promettre
, & pour s'assurer
davantage de leur bonne
volonté ils leurendemandoient
de nouveaux qui
confirmassent les premiers.
Ils estoient au defcfpoir
lorsque dans le temps qu'il
leur apparoissoit un signe
favorable, on faisoit quelque
chose qui en détruisist
le bon-heur, ce qu'on appeloit
vituperare omen.
Au contraire, s'il arri-
Voit quelque accident qui
leur fit de la peine, & leur
parût de mauvaifc augure
ils en rejettoient l'idée avec
horreur; & prioient les
Dieux de détourner le malheur
dont ils estoient menacez
, ou de les faire retomber
sur la teste de leurs
ennemis; mais ils n'estoient
en droitde le faireque lorsque
le présage s'estoit presenté
à eux,ce qu'onappelloit
omen oblatium
,
s'ils
l'avoient demandé, il falloit
se soûmettre avec résignation
à la volonté divine.
Ceux qui dans le fond
du coeeur reconnoissoient la
vanité de toutes ces observations,
ne pouvoient cependant
se difpenfcr de suivre
l'usage comme les autrès.
Tout ceque la prudence
pouvoit leur permettre
estoit de donner un tour favorable
aux accidens sâcheux
qui leur arrivoient
pour empêcher les mauvailes
impressionsqu'ils pouvoient
eau fer dans l'esprit
de ceux qui en estoienttémoins.
Ainsi Jules Cesar
estant tombé en descendant
duVaisseauqui l'avoit
porté en Affrique
,
où il
alloit faire la guerre au reste
du party de Pompée,&apprehendant
que sa chute
Dallarmjic ses Soldats,eût
assez de presenced'esprit
pour tirer avantage de ce
mauvais augure ;
il embrassa
la terre, en disant, je te
tiens
,
Affrique,LaVistoire
qu'il yremporta fitconnoître
que tous ces signes funestes
n'estoient efficaces
que pour ceuxqui avoient
la foiblesse de les craindre.
Il y en avoit donc on tâchoit
d'arrester la malignite
par des remedes aussi ridicules.
Lorfquc deux amis 1
se promenoient ensemble,
une pierre quitomboitentredeux,
un enfant ou un
chien qui les separoit, estoit
un prognostic de la rupturede
leuramitié.
Pour empêcher l'effet,ils
marchoient sur la pierre,
frappoient le chien, ou donnoient
un soufflet à l'en- fant. On remedioit à peu prés
de la même maniere à la
malédiction pretenduë qu'
une Belette laissoit dans un
chemin qu'elle avoit traversé.
Les Gens superstitieux
qui lavoient apperçû Ce
donnoient bien de garde de
paner les premiers par cet
endroit qu'ils nenstent jetté
au delà trois pierres pour
renvoyer par ce, nombre
misterieux sur ce maudit animal
le malheur, qu'il leur
annonçoit, C'est dans cette
mêmevueque l'on attachoitaux
portes des Maisonslesoiseaux
de mau--
vais augure que l'on pouvoit
attrapper
C'estoit une coutume
observée à Rome de nerien
dire que d'agreable le premier
jour de Janvier, de
se saluer les uns les autres
avec des souhaits obligeants
de se faire de petits presens,
sur tout de miel & d'autres
douceurs, non seulement
comme des rélTIoignageSt
d'amitié&de politesse ; mais
aussi comme d'heureux présages
qui annonçoient le
bon- heur & la douceur de
la vie dont on joüiroit le
reste de l'année. La pensée
où ils estoient qu'on la
continuëroit comme on
l'avoit commencée
,
estoit
cause que la solemnité de
la feste qui devoit faire
cesser toute forte de travail
3< n'empêchoit pas que chaoun
ne fit quelque légere
fonébon de son emploi
pouréviter le préjugé honteux
de paresse &doisiveté
&c.#
- De peur de faire un extrait
trop long, j'obmet
icy plusieurs détails sçavans
& agréables sur la
superstition ancienne des
Sacrificateurs, des Magistrats&
des Généraux
dJArlnéè; par exemple.
Le Consul Paulus en
rentrant dans sa maison au
sortir du Senat où l'on avoit
résolu la guerre contre Persée
dernier Roi de Macedoine,
une petite fille qu'il avoit
vint au devant de luy les
larmes aux yeux;luy ayant
demandé lesujet de sa tristesse
, mon pere ,
dit-elle,
c'en est fait de Persa, c'estoit
le nom de sa petite chienne
qui venoit de mourir, alors
embrassant tendrement cet
ensant, ma chere fille, luy
ditil, j'accepte le Présage,
fècC»•••«*••••#«
Si les Anciens ont observé
religieusement les presages
dans lesaffaires publiques,ils
n'y ont pas esté moins attachez
dans les particulières
comme la naissance des ensans,
les mariages,les voyages
,
le lever, les repas ,
&
la pluspart des actions importantes
de leur vie,&c.
Livie estant grosse de
Tibère
,
après diverses autres
experiences, fit éclorrc
un oeuf dans sa main ,il en
sortitun poussin ayant une
très-belle crête ; qui fut
ensuite le prognostique de
l'Empire qui luy efloie
destiné. Géra vint apporter
à l'Imperatrice Julie sa
mercj un oeuf couleur de
Pourpre, qu'on disoit clîre
nouvellement pondu dans
le Palais. Cette couleur
estant la livrée del'Empire,
sembloit le promettre au
nouveau Prince; c'estoit
aussi l'intention de ceuxqui
l'avaient presenté,&l'Impératrice
l'avoir accepté
dans ce même sens. Mais
Caracalle encore enfant
ayant pris cet oeuf,&l'ayant
caúé
,
Julies'écria, quoyqu'enriant,
mauditparricide
tu as tuëtonfrere On prétend
que Severe, qui estoit present
>
fort adonné aux Présages,
fut plus vivement
touché de ces paroles - ,
qu'aucun des assistans qui
n'en firent l'application, &
peut estre le récit que lorsque
Géra eut esté tue pas
son frere.
Mr l'Abbé Simon fait
ensuite le détail des superstitions
anciennes sur
les Mariages ; on peut
tous les presages heureux
, & que les Devins
habiles prédisoient plus
de malheur aux époux
que de bonheur
,
afin
queleur prédictions sur.
sent plus seurement accomplies
Voici quelques maximes
qu'on suivoit dans les repas,
par exemple de ne point parler
d'incendies, de ne point
laisser la table vuide ou sans
sel, prendre garde de ne le
point répandre ( superstition
qui ricflpas tricote abolie)de
ne point balayer la table
lorsque quelqu'un des conviez
se leveroit de table, &:
de ne point défervir lorsqu'il
buvoit, de regler le
nombre des Conviez, &
des coups quel'on buvoic
à trois ou à neuf en l'honneur
des Graces &des Muses
; mais cette rcglc n'é-
,.toit pas sans exception. Il
cfl: constant que les Romains
estoient souvent douze
à une même table, mais
ils ne pouvoient y estre gueres
davantage sans incommodité
; c'est peur estre l'arigine
de la fatalité qu'on
attribue encore aujourdhuy
au nombre de
1 3. &c.
Je passe pour abreger
sur les présages qu'ils
croyoient leur annoncer
la mort, lesCommettes
les Hiboux.
Ensuite Mr l'AbbéSimon
explique la manière
dont ils acceptaient
les bons présages,& celle
dont ils se servoient
pour détourner les maiw
vais, & finit en observant
que la superstition
des présàges ayant cessé
par letabliflement de la
Religion chrétienne,il
reste pourtant encore
parmy le Peuple, des vestiges
de ces observations
fuperftitieulcs
, qui étoient
en usage dans
l'Antiquité.
DuDiscoursdeM.l'Abbé
Simon, dans la derniere
Assemblée de
l'Academie des Medailles
& lnscriptions.
SVRLESPRESAGES.
Ordre & Division du <
Discours. L'origine & les causes de
l'oblervation des Presages,
les diverses Efpcces
,
les
occasions ausquelles on y
avoit 1ccours & ce qui
estoit necessaire pour les
faire valoir ou pour les détruire.
Mr l'Abbé Simon trouve
la premiere Origine
de la superstition des Présages
dans la foiblesse de 0l'homme, dont la curiosité
veut penetrer l'avenir
, & dont l'orgüeil
veut abaisser jusques à
luy l'Estre suprême à qui
rien n'est caché.
Les Philosophes rcconnoi{
fJot uneintelligence suprême,
infinimentdistante
de la leur, luy subordonnerent
des Divinitecz éclairées
immediatement de ses
lumieres, qu'elles répandoienc
sur d'autres génies.
jnferieurs placez au -
dessous
d'elles dans tous les élemens ;
ceux-cy plus à portée d'entretenir
commerce avec les
hommes se plaisoient, disoient-
ils, à leurcommuniquer
ce qu'ilssçavoient de
l'avenir, & à leur donner
des pressentiments de ce qui
devoit leur arriver,&c.
La science des Presages
est apparemment aussi an
cienne que l'Idolâtrie ; cc
qu'il y a de certain c'est que
les anciens ~ha bitans de la
Palestine en estoient infectez
dés le temps de Moyse,qui
sir ~daffensc aux Israëlites de
suivre l'exemple des Nations,
dont ils alloient posseder
le pays, qui écoutoient,
dit-il, les Augures
& les Devins.
Mrl'AbbéSimon distingue
icy la confiance
du peupledeDieu en ses
Prophetes, d'avec la credulité
superstitieuse des
peuples idolâtres pour les
Presages. Il marqueainsi
le caractere des derniers.
Lorsque la prudence humaine
estl en défaut
,
elle a
recours à une intelligence
superieure capable de fixer
sonincertitude & de relever
son courage dans les occafions
embarasantes & dans:
les périlspressants.
AinsiUlisse ne sçachant si
tes Dieux qui l'avoient perfccuté
si long-temps sur
terre & sur mer, approuvoient
enfin son retour en
sa patrie & le dessein hasardeux
qu'il méditoit, prie Jupiter
de luy faire connoître
sa volonté par la voix de
quelqu'un de ceux qui veilloientalors
dans la maison,
& par un prodige au dehors.
Un cou p de tonnerre qui
éclata en même temps le
remplit de joye &fa crainte
se dissipa entierement, entendant
une femme qui
bluttoit de la farine
,
& qui
rebutée de ce travail souhaitoit
que le festin qu'on préparoit
aux Amans de Penclope,
fust le dernier de leur
vie. Ces imprécations luy
parurent un Presagecertain
de la fin malheureuse de ses
ennemis & du succés de sa
vangeance.
Des signes semblables
que le hasard faisoit quelquefois
paroître comme à
point nommé aux voeux
des Suppliants, les convainquirent
de la vigilance des
Dieux toûjours attentifs à
répondre à leurs constations,
& engagez pour ainsi
dire, par le devoir de leur
ministére à leur donner des
pressentiments de ce qui devoit
leur arriver.
Cette persuasion lesobligea
à observer plus religieusement
toutce qu'ils entendoient
& ce qui se presentoit
à eux dans le moment qu'ils
formoient quelque entreprise,&
leursespritsremplis
de leurs projets n'avaient
pas de peine à découvrir
dans tout ce qui paroissoit
des marques évidentes de
l'évenement dont ils vouloient
estre éclaircis; semblablcs
à ceux qui regardent
attentivement des nuages&
quiy voyent tout ce que
leur imagination leur represente.
Cependant pour s'assurer
de leurs conjectures ils ne
manquoient pas quand les
choses estoient arrivées de
confronter les évenements
avec les prognostics, & de
tâcher de les concilier en semble,
lors que la fortune ne
ses faisoit pas quadrcr assez
juste. En cette maniere on
interprétoit les Oracles ,
& encore au jourd'huy des
gens prévenus en faveur de
certaines pretendues Propheties
,
s'imaginent entrevoir
dans leur obscurité
affectée toutes les grandes
révolutions qui arrivent
dans le monde.
Je paffe icy une fuite
de Remarques judicieuses
, par où l'on voit l'é.
tablissement des Presages
dont les Egyptiens
ont fait un Art oùils
ontexcellé,&: qu'ils ont
transmis aux Grecs, 6c
qui a elle soutenu en.
suite par l'autorité des
hommes les plus graves
& les plus éclairez, qui
en faisoient un des articles
de leur religion. Pithagore
& ses Disciples,
Socrate , Platon, Xeno- phon,&c.
Ensuite les Hetrusques
ont appris cet Arc
aux Romains,&c.
Aprés avoir marque
l'origine & l'établissement
des Presages, Mr
l'Abbé Simon en explique
les especes. La necessité
d'abréger m'oblige
à ne dire qu'un
mot de chacune.
La première espece de
Presage se tiroit des paroles,
les voix qu'onentendoit
Anî sçavoir d'où elles venoient,
passoient pour divines,
telle sur celle qui arresta
leContul Mancinus,
prest de s'embarquer pour
l'expedition de Numance où iléchoüa. honteusement,.
On peut mettre au même
rang ces voix effroyantes &
ces cris lugubres qu'on
entendoit dans les bois,
on les attribuoit aux Faunes,
& l'on croyoit qu'elles annonçoient
des accidents funestes.
On prenoit aussi pour
présages les voix de ceux
qu'onrencontroit en sortant
des mai sons, & sur
des mots prononcez par
hasard, on prenoit quelque
fois des resolutions tresimportantes.
Le Sénat Romainle
détermina a retablir Rome
brûlépar les Gaulois, sur
la voix d'un Centurion qui
crioit à l'Enseigne de sa
Compagnie,de planter le
Drapeau,& de rester, où il
estoit, quoy que cette voix
n'eut qu'un rapport imaginaire
au sujet dont il s'agilfoir.
Les Grecs nettoient pas
moins attachez à cette manie
que les Romains. Il y
avoit dans l'Achaïe un Temple
de Mercure où on le
consultoit d'une maniere
assez singuliere. Celuy qui
desiroitestre éclairci de son
fort
,
sapprochoit de la
Statue. de ce Dieu, & luy
disoit tout bas à l'oreille
ce qu'il vouloir fqavolr>
bouchant les siennes avec
ses doigts.Il sortoit du
Temple en la même posture,
& ne débouchait ses oreilles
que lors qu'il estoit au milieu
de la grande Place publique.
Alors il prenoic
pour la réponse de Mercure
les premieres paroles qu'il
entendoit.
Une autre espece de presage
étoit les tressaillemens
du coeur, des yeux & des
sourcils, qu'on appelloit
SaflifJauo.!
Les Pal pitations de coeur
spassoiiengt pounr unemauv.ais
Les tressaillemens de
l'oeil droit, estoient au
contraire un signe heureux.
-
L'engourdissement du petit
doigt de la main droite
ou letressaillement du pouce
de la main gauche, ne
signifioit au contraire rien
de favorable.
Les teintemens d'oreilles
& les bruits qu'on s'imaginoit
entendre , estoient P,¡..
reillement desprésagesassez
ordinaires. Les Anciens
disoient, comme le Peuple
le dit encoreaujourd'huy
,
que des personnes absentes
partaient d'eux.
Mais les éternuëmens
estoient des presages encore
plus anciens & plus autorisez.
Penelope entendant
son fils éternuer dans le
temps qu'elle disoit que son
Mari estant de retour sçauroit
bien tirer vengeance
des desordres que ses Amants
interessezfaisoient
dans sa maison
, en conçut
une esperance certaine de
l'accomplissement de ses
desirs.C'estoit alors un
sïgne toûjours avantageux.
C'est pourquoy les Grecs
l'appelloient l'oy seau ou
l'augure de Jupiter
,
s'imaginant
qu'il en estoit l'Auteur
,
& qu'ils devoient luy
en rendre graces dans
l'instant.
Ils tenoientmême l'éternuëment
pour un Dieu ou
une chose divine
,
suivant
Aristote. La raison que ce
Philosophe en apporte, cest
qu'ilest produit par lemouvement
ducerveau, & qu'il
est la marque de la sante de
cette partie la plus excellente
qui soit dans l'homme,
le siege de l'ame & de la
raison. Cependant leScholiaste
de Theocrite prétend
que l'éternuëment estoitun
presage. équivoque, qui
pouvoit estre bon & mauvais.
C'est pourquoy les
assistans avoient coûtume
de saluer la personne qui
éternuoit en faisant des Cou'"
haits pour sa conservation,
afindedétourner ce qu'il
pouroit y avoir de fâcheux.
Les Grecs se servoient de lar
formule
, que Jupiter HJOUÏ
conserve,comme nous disons
Dieu vous assiste.
En cff.[ les éternuëmens
du matin; c'etf à dire depuis
minuit jusqu'à midy
,
n'êtoient
pas avantageux; ita
devenoient meilleurs lereste
du jour. Entre les éternucmens,
on estimoit davantage
ceux qui venoient du
côté droic ; mais l'Amour
les rendoit toujours favorables
aux Amants de quelque
costé qu'ils vinssent, si
l'on en croit Catulle.
L'Esprit familier de Socrate
se servoit de cc presage
en diverses manieres
pour luy donner de bons
conseils. Quand un autre
éternuoit à sa droite,c'étoit
un figne qu'il dévoit
agit, & une deffense de le
faire quand on éternuoit à
sa gauche, &c.
Il n'est pas trop seur que
Socrate setoittoûjours bien
trouvé de suivre ces présages
; mais il paroist que cc
n'estoit pas unsigneinfaillible
pour tous les autres:
témoin ce mary donc il cff
fait mention dans une ancienne
Epigrame de l'Anthologie,
qui se plaint qu'-
ayant éternué prés d'un
Tombeau, plein d'esperance
d'apprendre bien-tost la
mort de sa femme, les vents
avoient emporté le présage.
On peut joindre aux
éternuëmens des accidents
aussi naturels & aussi ordinaires
, sçavoir les chutes
imprévues, foit des hommes
,soit des choses inanimées
sur lesquelles on faisoie
des prognostics. Un
des plus remarquables fut
celle de Camille, aprés la
prise de Veïes; voyant la
grande quantité de butin
qu'on avoir ramassé, il pria
les Dieux que si sa bonne
fortune & celle du peuple
Romain leur paroissoit excessive
,
de vouloir bien
adoucir la jalousie qu'elle
pouvoir causer en leur envoyant
quelque legere disgrace
,
s'estant tourné en
même temps pour faire son
adoration, il tomba, & l'onprit
la fuite de cetaccident
comme un presage de son
exil & de la prise de Rome,
qui arrivérent peu de temps
aprés.
La chute de Neron, en
recitant en public ces Vers
de l'Oedipe
, ma Femme ,
ma Mere, mon Pere
m'obligent de périr ,
,
fut
remarquée comme le signal
fatal de sa mort. On fit
lemême jugement durenversement
de statuës de ses
Dieux domestiquesqu'on
trouva par terre le premier
jour de Janvier. Ces presages
qui comprenoient la
chute
chute du tonnerre,&dautres
chosessemblables,s'appeloient
caduca auspicia.
C'en estoit un de pareille
nature de heurter le pied
contre le feiïil de laporte en
forçant; de rompre les cordons
de ses souliers, & de
se sentir retenu par sa robbc
en voulant se lever de son
siege; tout cela étoit pris à
mauvais augure. On remarque
quele jour que Tiberius
Gracchus futtué, il
s'estoit fort blessée au pied
au sortir de sa Inaifon,
ensorte que son soulier en
fut tout ensanglanté.
Larencontre decertaines
personnes &de certains animaux,
ne faisoit pas moins
d'impression sur les esprits
foibles & super sticieux. Un
, Ethiopien, un Eunuque, un
Nain,unhomme contrefait
qu'ils trouvoient le matin au
sortir de leur maison, les
effrayoit. & les faisoit rc:n.
trer. Auguste ne pouvoit
dissimuler l'horreur qu'il
, avoit pour ces monstres de
nature.
Les animaux qui porroient
bonheur estoient le liôfti
les fourmis, les abeilles, &e. Les animaux qui
présageoient des malheurs
estoient les serpens, les crocodilles
,
les renards, les
chiens, les chats, les singes,
les rats, les souris, belettes, "'le. Il y avoit àussi des
noms heureux & malheureux
, &c.
Pompée se sauvant en
Egypte apréslaBataille de
Pharsale
,
vit de loin en
abordant à Paphos dans
l'isle de Chypre,un grand
édifice dont il demanda le
nom au Pilote;ayant appris
que ion nom signifoit
- lemauvaisRoy,ilen détourna
les yeux avec douleur, consterné
d'un si triste presage.
Auguste tout au contraire,
en eut un qui le remplit
d'esperance d'une prochaine
victoire
,
s'avançant
vers Actium avec son
Année) il rencontra un
homme nommé Eutychus,
c'est à dire heureux, qui
conduisoit un Asne nommé
Nicon
,
c'est à dire victorieux.
Après le gain de la
Batailleil fit representer l'un
tz l'autre en bronze dansle
Temple qu'il fit bâtir sur le
lieu oùil avoit campé & où
il avoit fait cette heurcufc
rencontre.
On peut joindre aux noms
les couleurs qui avoient leurs
significations & leurs prefages.
Le blanc estoit le
symbole de la joyc, de la selicité
,
de l'innocence; le
noir estoit un signe de mort,
de chagrin ,de malheur; la
pourpre estoit la marque de
l'Empire & de la souveraiue
Puissance.
L'observation de la lumiere
de lampe n'estoit pas moins
frivole:onen tiroit des prog-
Donies,tant des changemens
de temps que de divers accidents.
C'estoitunsignede
pluye &de quelque agréable
avanture lors qu'elle étincelloit,
&qu'il se formoit autour
de la méche des manieres
de champignons; c'est
pourquoy on mêloit quelquefois
un peu de vin avec
l'huile pour la faire pétiller.
Non seulement les Femmes
& les Amants s'amusoient
à ces badineries; mais Tibere
même, au rapport de
Suetone
, quoy que dailleurs
il eût peu de Religion,
hafardoit sans balancer le
combat, lors qu'estans à la
teste d'une Armée & travaillant
la nuit dans sa Tente,
la lampe venoit à s'éteindre
tout à coup, ayant
éprouvé, disoit-il
, que ce
presagequiestoit particulier
pour sa Maison
,
luy avoir
toûjours esté favorable aussi
bien qu'à ses Ancestres.
Il y avoit une espece de
Jeu dont les Amants se fervoient
pour éprouver s'ils
estoient aimez de leurs Maîtresses
; c'estoit de faire claquer
des feüilles dans leurs
mains. Si le son qu'elles rendoient
estoit clair & perçant
ils auguroient bien de
leurs amours. Ils estoient
aussi fort contens lors qu'en
pressant des pepins de pommes
entre leurs doigts
,
ils,
les faisoientsauter jusqu'au
plafond de la chambre.
Le bruit que faisoit le
laurierjetté sur un foyer sacréestoit
pareillement un
heureux presage.
:
Voyons maintenant les,
occasions qui exigeoient une
attention particuliere aux
présages.
La mort estant si redoutable
à tous les hommes, ils
ne pouvoient pasestretranquilles
sur ce qui sembloit
la leur annoncer. Ily avoit
peu de gens qui ne s'imaginassent
en avoir des pressentimens
;mais celles des Princes
& des hommes illustres
interessant tout l'Etat, on
étudioit avec foin toutcequi
la précedoit,&l'on ne manquoit
pas de découvrir des
signes funebres qui en passoient
pour les avant - coureurs.
Tels qu'estoient des
Comètes& semblablesPheflomenes)
des Hiboux entendus
dans leurs Appartemens,
l'ouverture subite de
leurs tombeaux, ou des voix
plaintives qui en sortoienr,
les appellant par leur nom,
la rencontre imprévuë de
victimes lugubres échapées
des mains du Sacrificateur
qui les couvroit de sang,
leurs Palais, leurs Statuës, &
autres Monumens Publics
frapez de la foudre; quelques
discours faisant mention
de leur mort ou de leur
derniere volonté, ou de leur
successeur. Ainsi Neton faisant
réciter dans le Senat
une Harangue qu'il avoit
faire contre Vindex & les
conjurez,qui finissoit par ces
mots que les scelerats porteroient
la peine de leurs crimes,
& seroient bien tost une fin
tragique. Les Senateurs voulant
luy applaudir,&l'exciter
à la vengeance, secrierent,
faites Seigneur. Il accomplit
la Prophetie & périt
peu de temps après comme
il avoit vêcu.
Le Confu! Petilius sur aussi
sans y penser le Prophete
de son malheur,exhortant
les Soldats à s'emparer d'une
hauteur dont le nom êtoit
équivoqueà celuy de la
mort,leur dit qu'il estoitresolu
à la gagner avant la fin
du jour. L'événement confirma
le présage
,
ayantesté
tué à l'attaque de ce Posse;c;
Toutes ces especes de présages
dont les uns annonçoient
des choses agréa bles
èc avantageuses, les autres
des accidens trisses & funestes
estant des signes qu'on
croyoit envoyez aux hommes
de la part des Dieux
pour les avertir de ce qu'ils
devoient esperer ou craindre,
paroissoient inutiles à
moins qu'ils ne les observassent
& ne s'en fissent l'aplication
necessaire.
-
C'est aussi à quoy ils ne
manquoient pas lorsque le
présagerépondoit à leurs
voeux. Ils l'acceptoient sur
le champ avec joye & en
rendoient graces aux Dieux
qu'ils en croyoient les Auteurs
,les suppliant de vouloir
accomplir ce qu'ils avoientla
bonté de leur promettre
, & pour s'assurer
davantage de leur bonne
volonté ils leurendemandoient
de nouveaux qui
confirmassent les premiers.
Ils estoient au defcfpoir
lorsque dans le temps qu'il
leur apparoissoit un signe
favorable, on faisoit quelque
chose qui en détruisist
le bon-heur, ce qu'on appeloit
vituperare omen.
Au contraire, s'il arri-
Voit quelque accident qui
leur fit de la peine, & leur
parût de mauvaifc augure
ils en rejettoient l'idée avec
horreur; & prioient les
Dieux de détourner le malheur
dont ils estoient menacez
, ou de les faire retomber
sur la teste de leurs
ennemis; mais ils n'estoient
en droitde le faireque lorsque
le présage s'estoit presenté
à eux,ce qu'onappelloit
omen oblatium
,
s'ils
l'avoient demandé, il falloit
se soûmettre avec résignation
à la volonté divine.
Ceux qui dans le fond
du coeeur reconnoissoient la
vanité de toutes ces observations,
ne pouvoient cependant
se difpenfcr de suivre
l'usage comme les autrès.
Tout ceque la prudence
pouvoit leur permettre
estoit de donner un tour favorable
aux accidens sâcheux
qui leur arrivoient
pour empêcher les mauvailes
impressionsqu'ils pouvoient
eau fer dans l'esprit
de ceux qui en estoienttémoins.
Ainsi Jules Cesar
estant tombé en descendant
duVaisseauqui l'avoit
porté en Affrique
,
où il
alloit faire la guerre au reste
du party de Pompée,&apprehendant
que sa chute
Dallarmjic ses Soldats,eût
assez de presenced'esprit
pour tirer avantage de ce
mauvais augure ;
il embrassa
la terre, en disant, je te
tiens
,
Affrique,LaVistoire
qu'il yremporta fitconnoître
que tous ces signes funestes
n'estoient efficaces
que pour ceuxqui avoient
la foiblesse de les craindre.
Il y en avoit donc on tâchoit
d'arrester la malignite
par des remedes aussi ridicules.
Lorfquc deux amis 1
se promenoient ensemble,
une pierre quitomboitentredeux,
un enfant ou un
chien qui les separoit, estoit
un prognostic de la rupturede
leuramitié.
Pour empêcher l'effet,ils
marchoient sur la pierre,
frappoient le chien, ou donnoient
un soufflet à l'en- fant. On remedioit à peu prés
de la même maniere à la
malédiction pretenduë qu'
une Belette laissoit dans un
chemin qu'elle avoit traversé.
Les Gens superstitieux
qui lavoient apperçû Ce
donnoient bien de garde de
paner les premiers par cet
endroit qu'ils nenstent jetté
au delà trois pierres pour
renvoyer par ce, nombre
misterieux sur ce maudit animal
le malheur, qu'il leur
annonçoit, C'est dans cette
mêmevueque l'on attachoitaux
portes des Maisonslesoiseaux
de mau--
vais augure que l'on pouvoit
attrapper
C'estoit une coutume
observée à Rome de nerien
dire que d'agreable le premier
jour de Janvier, de
se saluer les uns les autres
avec des souhaits obligeants
de se faire de petits presens,
sur tout de miel & d'autres
douceurs, non seulement
comme des rélTIoignageSt
d'amitié&de politesse ; mais
aussi comme d'heureux présages
qui annonçoient le
bon- heur & la douceur de
la vie dont on joüiroit le
reste de l'année. La pensée
où ils estoient qu'on la
continuëroit comme on
l'avoit commencée
,
estoit
cause que la solemnité de
la feste qui devoit faire
cesser toute forte de travail
3< n'empêchoit pas que chaoun
ne fit quelque légere
fonébon de son emploi
pouréviter le préjugé honteux
de paresse &doisiveté
&c.#
- De peur de faire un extrait
trop long, j'obmet
icy plusieurs détails sçavans
& agréables sur la
superstition ancienne des
Sacrificateurs, des Magistrats&
des Généraux
dJArlnéè; par exemple.
Le Consul Paulus en
rentrant dans sa maison au
sortir du Senat où l'on avoit
résolu la guerre contre Persée
dernier Roi de Macedoine,
une petite fille qu'il avoit
vint au devant de luy les
larmes aux yeux;luy ayant
demandé lesujet de sa tristesse
, mon pere ,
dit-elle,
c'en est fait de Persa, c'estoit
le nom de sa petite chienne
qui venoit de mourir, alors
embrassant tendrement cet
ensant, ma chere fille, luy
ditil, j'accepte le Présage,
fècC»•••«*••••#«
Si les Anciens ont observé
religieusement les presages
dans lesaffaires publiques,ils
n'y ont pas esté moins attachez
dans les particulières
comme la naissance des ensans,
les mariages,les voyages
,
le lever, les repas ,
&
la pluspart des actions importantes
de leur vie,&c.
Livie estant grosse de
Tibère
,
après diverses autres
experiences, fit éclorrc
un oeuf dans sa main ,il en
sortitun poussin ayant une
très-belle crête ; qui fut
ensuite le prognostique de
l'Empire qui luy efloie
destiné. Géra vint apporter
à l'Imperatrice Julie sa
mercj un oeuf couleur de
Pourpre, qu'on disoit clîre
nouvellement pondu dans
le Palais. Cette couleur
estant la livrée del'Empire,
sembloit le promettre au
nouveau Prince; c'estoit
aussi l'intention de ceuxqui
l'avaient presenté,&l'Impératrice
l'avoir accepté
dans ce même sens. Mais
Caracalle encore enfant
ayant pris cet oeuf,&l'ayant
caúé
,
Julies'écria, quoyqu'enriant,
mauditparricide
tu as tuëtonfrere On prétend
que Severe, qui estoit present
>
fort adonné aux Présages,
fut plus vivement
touché de ces paroles - ,
qu'aucun des assistans qui
n'en firent l'application, &
peut estre le récit que lorsque
Géra eut esté tue pas
son frere.
Mr l'Abbé Simon fait
ensuite le détail des superstitions
anciennes sur
les Mariages ; on peut
tous les presages heureux
, & que les Devins
habiles prédisoient plus
de malheur aux époux
que de bonheur
,
afin
queleur prédictions sur.
sent plus seurement accomplies
Voici quelques maximes
qu'on suivoit dans les repas,
par exemple de ne point parler
d'incendies, de ne point
laisser la table vuide ou sans
sel, prendre garde de ne le
point répandre ( superstition
qui ricflpas tricote abolie)de
ne point balayer la table
lorsque quelqu'un des conviez
se leveroit de table, &:
de ne point défervir lorsqu'il
buvoit, de regler le
nombre des Conviez, &
des coups quel'on buvoic
à trois ou à neuf en l'honneur
des Graces &des Muses
; mais cette rcglc n'é-
,.toit pas sans exception. Il
cfl: constant que les Romains
estoient souvent douze
à une même table, mais
ils ne pouvoient y estre gueres
davantage sans incommodité
; c'est peur estre l'arigine
de la fatalité qu'on
attribue encore aujourdhuy
au nombre de
1 3. &c.
Je passe pour abreger
sur les présages qu'ils
croyoient leur annoncer
la mort, lesCommettes
les Hiboux.
Ensuite Mr l'AbbéSimon
explique la manière
dont ils acceptaient
les bons présages,& celle
dont ils se servoient
pour détourner les maiw
vais, & finit en observant
que la superstition
des présàges ayant cessé
par letabliflement de la
Religion chrétienne,il
reste pourtant encore
parmy le Peuple, des vestiges
de ces observations
fuperftitieulcs
, qui étoient
en usage dans
l'Antiquité.
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Résumé : EXTRAIT Du Discours de M. l'Abbé Simon, dans la derniere Assemblée de l'Academie des Medailles & Inscriptions. SUR LES PRESAGES.
Dans son discours à l'Académie des Médailles et Inscriptions, l'abbé Simon examine l'origine et les causes de l'observation des présages. Il attribue la superstition des présages à la curiosité et à l'orgueil humains, qui cherchent à pénétrer l'avenir et à abaisser l'Etre suprême. Les philosophes anciens reconnaissaient une intelligence suprême et lui subordonnaient des divinités éclairées, qui communiquaient des pressentiments aux hommes. La science des présages est aussi ancienne que l'idolâtrie. Les anciens habitants de la Palestine étaient déjà infectés par cette croyance du temps de Moïse, qui mettait en garde les Israélites contre les augures et les devins. Simon distingue la confiance des Israélites en leurs prophètes de la crédulité superstitieuse des peuples idolâtres. Les présages étaient souvent interprétés dans des moments de prudence humaine en défaut, comme dans le cas d'Ulysse cherchant des signes divins pour son retour. Les signes naturels ou fortuits, comme des cris ou des chutes, étaient interprétés comme des présages. Les Grecs et les Romains attachaient une grande importance à ces signes, souvent utilisés pour prendre des décisions importantes. Simon mentionne diverses espèces de présages, tels que les paroles entendues sans savoir d'où elles venaient, les tressaillements du corps, les éternuements, et les chutes. Chaque signe avait une interprétation spécifique, souvent liée à des événements futurs. Les animaux, les noms, et les couleurs avaient également des significations particulières dans la divination. Les Romains accordaient une grande importance aux présages dans divers aspects de leur vie, qu'il s'agisse de la mort, des naissances, des mariages, des voyages ou des repas. Certains présages positifs incluaient le bruit clair des feuilles froissées, les pépins de pomme sautant haut, ou le bruit du laurier sur un foyer sacré. En revanche, des signes comme les comètes, les hiboux, ou des voix plaintives étaient perçus comme des mauvais augures. Les princes et les hommes illustres étaient particulièrement attentifs à ces signes, car leur mort affectait l'État entier. Les Romains tentaient de neutraliser les mauvais présages par divers rituels. Par exemple, Jules César, après être tombé en descendant de son vaisseau, embrassa la terre pour contrer le mauvais augure. D'autres superstitions incluaient marcher sur une pierre tombée entre deux amis pour éviter la rupture de leur amitié, ou jeter des pierres sur une belette croisée sur un chemin. Les Romains observaient également des coutumes spécifiques pour attirer la chance, comme échanger des vœux et des présents le premier jour de janvier. Les superstitions étaient également présentes dans les repas, avec des règles strictes sur la manière de se comporter à table. La superstition des présages a diminué avec l'établissement de la religion chrétienne, bien que certains vestiges subsistent encore parmi le peuple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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431
p. 109
CHANSONS.
Début :
De toutes mes Chansons, les deux suivantes sont les seules [...]
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texteReconnaissance textuelle : CHANSONS.
C HA NSONS.
Detoutes mes Chansons,
lesdeux suivantes
sont les feules dont on m'ait derobé e-xa-âement
les airs, comme ils
font imprimez. Il seroit
inutilede les donner icy.
Je -joindray seulement
des paroles nouvelles aux
anciennes;cestainsi
qu'on fait passer le vin
vieux &: usé, en le rajeu-
;ai{Tant avec de la Tocane.
Detoutes mes Chansons,
lesdeux suivantes
sont les feules dont on m'ait derobé e-xa-âement
les airs, comme ils
font imprimez. Il seroit
inutilede les donner icy.
Je -joindray seulement
des paroles nouvelles aux
anciennes;cestainsi
qu'on fait passer le vin
vieux &: usé, en le rajeu-
;ai{Tant avec de la Tocane.
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432
p. 117
LARCHE TURPIN. Lettre de Monsieur N** sur la Comedie de
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texteReconnaissance textuelle : LARCHE TURPIN. Lettre de Monsieur N** sur la Comedie de
LARCHE TURPIN
Lettre de Monsieur N* * sur
la Comedie de
Lettre de Monsieur N* * sur
la Comedie de
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433
p. 117-120
RÉPONSE
Début :
Votre lettre est pleine d'esprit, & si judicieuse [...]
Mots clefs :
Pièces, Critique
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE
RE' P O NS E
Vostre lettre est pleine
d'esprit, & si judicieuse
qu'elle feroit plaisir à
l'Auteurmême de la Comedie
que vous critiquez
;mais enfinc'est
toujours une critique
je me suis déja fait assez
d'ennemis par les piéces
que jay refusé de placer
dans le Mercure, je ne
veut point m'en faire par
les piéces que j'y placeray
,
& avant que d'y
mettre des critiques, je
voudroient qu'elles fussent
approuvées par les-.;
Auteursmêmes. Cescritiques,
me direz-vous, feront
donc.de purs éloges;
point du tout, & j'attens
d'un bon Auteur
tragique une critique sévere
de saTragedie nouvelle,
qu'on verra bientoit,
il m'a promis dei:
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
suivre.
- Un Ancien appelle ceux
qui critiquent lesouvrages,
tonsores, des Barbiers
,
la pluspart des Auteurs
craignent le rasoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on lesrasede
prés, qu'ilsapprennent
donc à se raser eux-mêmes,
car par soy,oupar
les autres encore faut-il
bien qu'on soit tondu.
Vostre lettre est pleine
d'esprit, & si judicieuse
qu'elle feroit plaisir à
l'Auteurmême de la Comedie
que vous critiquez
;mais enfinc'est
toujours une critique
je me suis déja fait assez
d'ennemis par les piéces
que jay refusé de placer
dans le Mercure, je ne
veut point m'en faire par
les piéces que j'y placeray
,
& avant que d'y
mettre des critiques, je
voudroient qu'elles fussent
approuvées par les-.;
Auteursmêmes. Cescritiques,
me direz-vous, feront
donc.de purs éloges;
point du tout, & j'attens
d'un bon Auteur
tragique une critique sévere
de saTragedie nouvelle,
qu'on verra bientoit,
il m'a promis dei:
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
suivre.
- Un Ancien appelle ceux
qui critiquent lesouvrages,
tonsores, des Barbiers
,
la pluspart des Auteurs
craignent le rasoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on lesrasede
prés, qu'ilsapprennent
donc à se raser eux-mêmes,
car par soy,oupar
les autres encore faut-il
bien qu'on soit tondu.
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Résumé : RÉPONSE
L'auteur répond à une critique d'une comédie en reconnaissant sa qualité. Il exprime sa réticence à publier des critiques dans le Mercure sans l'accord des auteurs concernés, afin d'éviter de se créer des ennemis en refusant ou en acceptant des pièces. Il attend une critique sévère d'un auteur tragique sur sa nouvelle tragédie, espérant en faire un exemple. Un ancien compare les critiques à des barbiers, soulignant que les auteurs craignent souvent les critiques comme des rasages douloureux. Il suggère que les auteurs devraient apprendre à se critiquer eux-mêmes ou à accepter les critiques des autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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434
p. 120-122
LA MUSE. Naissante.
Début :
Sans doute il n'y a point au Parnasse de Muse si [...]
Mots clefs :
Muse
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texteReconnaissance textuelle : LA MUSE. Naissante.
Naissante.
Sansdoute oint" il n4y apoint
au Parnllfft de muSesi
jeune que moy ,je riay
que dou;?:.;c ans &demjj
maisvostre Mercurem'a:
inspiré par avance tout
tejpriï
l'espritquej'aurayà tren..
te; si vous continuez ,
Mercure fera plus de
Poëtes qu'Apollon,j'ay
commencé à remplir vos
Bout-Rimez,je vousprie
de les achever pour moy.
Voici les quatre premiers
Vers.
Ma main tropfoible encor
pourceüillir ces
Lauriers
Dont Homerejadis couronna
les Guerriers
Ceüillelesfleursde Prez,
au son de la Musette
je ne suispoint Clio, je
m'appelle Lisette
Sansdoute oint" il n4y apoint
au Parnllfft de muSesi
jeune que moy ,je riay
que dou;?:.;c ans &demjj
maisvostre Mercurem'a:
inspiré par avance tout
tejpriï
l'espritquej'aurayà tren..
te; si vous continuez ,
Mercure fera plus de
Poëtes qu'Apollon,j'ay
commencé à remplir vos
Bout-Rimez,je vousprie
de les achever pour moy.
Voici les quatre premiers
Vers.
Ma main tropfoible encor
pourceüillir ces
Lauriers
Dont Homerejadis couronna
les Guerriers
Ceüillelesfleursde Prez,
au son de la Musette
je ne suispoint Clio, je
m'appelle Lisette
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Résumé : LA MUSE. Naissante.
Lisette, jeune poète, écrit à un destinataire admiré, qu'elle considère comme un guide. Inspirée par lui, elle a commencé à composer des poèmes. Elle demande à compléter ses 'Bout-Rimez' et partage quatre vers exprimant son désir de cueillir des fleurs au son de la musette, tout en reconnaissant son incapacité à atteindre la gloire des anciens héros comme Homère.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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435
p. 123
F. J. G. B.
Début :
A bueno Entendor, Pocas palabras. [...]
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texteReconnaissance textuelle : F. J. G. B.
F. J. G. B.
A bueno Entendor, Pocaspalabras.
A bueno Entendor, Pocaspalabras.
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436
p. 123-125
RÉPONSE.
Début :
Par ce peu de paroles j'entends & j'attends de [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE.
R E P O N SE.
Par ce peu de paroles
j'entends & j'attends de
ve.us mille choses agreables,
que vostrecaractered'esprit
me rend
precieusespar avance.
mais je crains que..parefft
nefoit vostre devise
,
vos couplets, sur ce refrain
sont bons, mais le
sujet n'est pas propre au
Mercure. à buenoentendor
pocaspalabras, vous
qui citez l'Epagnol en
homme qui le sçait,n'auriez
vous point quelque
nouvelle Espagnole à
-
me donner,j'atens vôtre
dissertation, & vos
remarques.
Par ce peu de paroles
j'entends & j'attends de
ve.us mille choses agreables,
que vostrecaractered'esprit
me rend
precieusespar avance.
mais je crains que..parefft
nefoit vostre devise
,
vos couplets, sur ce refrain
sont bons, mais le
sujet n'est pas propre au
Mercure. à buenoentendor
pocaspalabras, vous
qui citez l'Epagnol en
homme qui le sçait,n'auriez
vous point quelque
nouvelle Espagnole à
-
me donner,j'atens vôtre
dissertation, & vos
remarques.
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437
p. 125-126
L'ANONIME Folastre.
Début :
En lisant dans vostre dernier Mercure l'article des Araignées, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ANONIME Folastre.
L'A NON I ME
Folastre.
En lisant dans vostre
dernier Mercure l'article
des Araignées, jefisune
reflection morale,ensuite
vostre article Burlesque
me mit en humeur de
travestir burlesqnement
ma reflectionserieuse , voudriez vous la placer
quelque partfOus le nom
de Caprice Comique
Folastre.
En lisant dans vostre
dernier Mercure l'article
des Araignées, jefisune
reflection morale,ensuite
vostre article Burlesque
me mit en humeur de
travestir burlesqnement
ma reflectionserieuse , voudriez vous la placer
quelque partfOus le nom
de Caprice Comique
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438
p. 126-127
RÉPONSE,
Début :
Tres-volontiers, cher Anonime folastre, vous ferez la planche aux [...]
Mots clefs :
Burlesque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE,
REPONSE,
Tres-volontiers,cher Anonimefolastre,
vous ferez
la planche aux autres,
car je n'eusse jamais ole
placer dans mon article
burlesque la plaisanterie
"d"un bel esprit, de peur
qu'il ne se crut deshonoré
par le titre de burlesque;
mais., puisque vous entendez
raillerie,vostre reflexion
morale sur les Araignées
me tiendra lieu
icy d'article burlesque.
Tres-volontiers,cher Anonimefolastre,
vous ferez
la planche aux autres,
car je n'eusse jamais ole
placer dans mon article
burlesque la plaisanterie
"d"un bel esprit, de peur
qu'il ne se crut deshonoré
par le titre de burlesque;
mais., puisque vous entendez
raillerie,vostre reflexion
morale sur les Araignées
me tiendra lieu
icy d'article burlesque.
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439
p. 127-131
CAPRICE comique.
Début :
On ne sçait pas en ce monde de qui l'on peut [...]
Mots clefs :
Araignées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CAPRICE comique.
CAPRICE
comique.
On ne sçait pas en ce
monde de qui l'on peut
avoir affaire, qui croiroit
que cent mille Araignées
eussent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'étéà
telleDamequi s'évanouit
voyantune Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapissé que les galetas
& les chambres des
Filosophes.Ellestapiseront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprisons plus aucun
Animal en ce monde.
Je le répété, on ne
sçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyantl'utilitéqu'on tire
D'un Insecte debasaloy,
Anulle ame vivante, un
sagenedoit dire,
Je n'aurai pasbesoin de
tOt.
Mais ce nieft pas d'aujourd'hui
,que nous avonsobligation
àArachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oisiveté; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poissons à pleins filets.
Le beausecret que celui
qu'elle apprit a Vulcain.
Cefilet <£Arachné,filet
à prendre mouche,
Strutt de modele à Vul.'
cain9
Pour mailler ce filetd'airain,
QuipritMars &Venus
endormissursa couche
A propos d'Araignecs/'
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramassât
toutes les Araignées
qui estoient dans
Rome pour prouver par
làla grandeur dela Ville,
il ne prouvoit par là que
la petitesse de ses idées ;
on pourroit justifier ce
projet ridicule, en suposant
qu'il vouloit établir
une Manufacture de
foye0-
comique.
On ne sçait pas en ce
monde de qui l'on peut
avoir affaire, qui croiroit
que cent mille Araignées
eussent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'étéà
telleDamequi s'évanouit
voyantune Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapissé que les galetas
& les chambres des
Filosophes.Ellestapiseront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprisons plus aucun
Animal en ce monde.
Je le répété, on ne
sçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyantl'utilitéqu'on tire
D'un Insecte debasaloy,
Anulle ame vivante, un
sagenedoit dire,
Je n'aurai pasbesoin de
tOt.
Mais ce nieft pas d'aujourd'hui
,que nous avonsobligation
àArachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oisiveté; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poissons à pleins filets.
Le beausecret que celui
qu'elle apprit a Vulcain.
Cefilet <£Arachné,filet
à prendre mouche,
Strutt de modele à Vul.'
cain9
Pour mailler ce filetd'airain,
QuipritMars &Venus
endormissursa couche
A propos d'Araignecs/'
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramassât
toutes les Araignées
qui estoient dans
Rome pour prouver par
làla grandeur dela Ville,
il ne prouvoit par là que
la petitesse de ses idées ;
on pourroit justifier ce
projet ridicule, en suposant
qu'il vouloit établir
une Manufacture de
foye0-
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Résumé : CAPRICE comique.
Le texte 'Caprice' explore de manière humoristique l'importance des araignées et leur utilité souvent sous-estimée. Il souligne l'imprévisibilité des interactions humaines et l'importance de ne pas mépriser aucun animal, même les plus modestes. Les araignées, souvent associées à des lieux humbles, pourraient un jour orner les appartements des rois. Le texte met en avant plusieurs utilités des araignées : elles peuvent enseigner le filage aux femmes, les détournant ainsi de l'oisiveté, et aux hommes, l'art de pêcher avec des filets. Il mentionne également le secret du filet d'airain révélé à Vulcain par Arachné, utilisé pour capturer Mars et Vénus. Enfin, le texte critique l'empereur Héliogabale pour avoir ordonné la collecte de toutes les araignées de Rome, non pour prouver la grandeur de la ville, mais pour démontrer la petitesse de ses idées. Ce projet pourrait toutefois être justifié par l'établissement d'une manufacture de soie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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440
p. 143-144
SUITE de Discours Academiques que j'ai promise dans mon dernier Mercure.
Début :
J'ai distribué en trois parties les Discours de l'Academie [...]
Mots clefs :
Discours académiques, Académie royale des médailles et inscriptions
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de Discours Academiques que j'ai promise dans mon dernier Mercure.
SU ITE
de Discours -Académie
ques que j'aipromise
dans mon dernier
.Mercure.
J'ai distribué en trois
parties les Discours de
l'Academie Royale des
Médailles& deslnscriptions
, & ceux del'Academie
Royale des
Sciences
,
qui ontesté
prononcez à la S. Martin;
j'en ai mis une partie
dans le mois passé, je
vais vous en donner une
autre dans ce mois-ci
,
&vous aurez le reste dans
le mois prochainc'est
ainsi que je ferai filer les
pièces solidesqui me tomberont
entre les mains;
pendant le cours de l'année,
afin qu'il y en ait
toûjours quelqu'une dans
chaque mois.
de Discours -Académie
ques que j'aipromise
dans mon dernier
.Mercure.
J'ai distribué en trois
parties les Discours de
l'Academie Royale des
Médailles& deslnscriptions
, & ceux del'Academie
Royale des
Sciences
,
qui ontesté
prononcez à la S. Martin;
j'en ai mis une partie
dans le mois passé, je
vais vous en donner une
autre dans ce mois-ci
,
&vous aurez le reste dans
le mois prochainc'est
ainsi que je ferai filer les
pièces solidesqui me tomberont
entre les mains;
pendant le cours de l'année,
afin qu'il y en ait
toûjours quelqu'une dans
chaque mois.
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Résumé : SUITE de Discours Academiques que j'ai promise dans mon dernier Mercure.
Le texte annonce la publication des discours de l'Académie Royale des Médailles et des Inscriptions ainsi que ceux de l'Académie Royale des Sciences, prononcés lors de la Saint-Martin. Ces discours sont répartis en trois parties. La première partie a été publiée le mois précédent, la deuxième partie est prévue pour le mois en cours, et la troisième partie sera publiée le mois suivant. L'auteur précise qu'il continuera à publier ces pièces au fil de l'année afin qu'il y ait toujours une publication mensuelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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441
p. 145-165
REFLEXIONS sur les Observations du Flux & du Reflux de la Mer, faites à Dunkerque, & au Havre de Grace, avec quelques Regles pour determiner dans ces deux Ports les temps de la haute & pleine Mer.
Début :
Les Observations du Flux & du Reflux de la Mer [...]
Mots clefs :
Flux, Reflux, Marées, Lune, Pleine mer, Haute mer, Pleines lunes, Dunkerque, Le Havre, Mouvement, Ports
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texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS sur les Observations du Flux & du Reflux de la Mer, faites à Dunkerque, & au Havre de Grace, avec quelques Regles pour determiner dans ces deux Ports les temps de la haute & pleine Mer.
REFLEXIONS
sur lesObservations
duFlux e5duReflux
de la Mer,faites à
Dunkerque
,
f5 au
HavredeGrâce, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux Ports les temps
de la haute f5 pleine
Mer,
L
es Observations du
Flux & du Reflux de la
Mer estant d'une grande
importance pourla seureté
de la navigation, & pour
choisirlestemps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de lOcéan, ou
pour en sortir; estantd'ailleurs
avantageuxpour la
Physique de connoistre si
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaison
avec le mouvement de la
Lune, Ôc si elles sont [uc.
ceptibles de quelques Regles
: Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Professeurs d'Hydrographie
d'observer pendant
quelque temps le Flux &le
Reflux de laMer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des observations
pendant plus d'une
année avectoute l'exactitude
possible
,
le premier
à Dunkerque, & le second
au Havre de Grace:ils en
ont dressé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences, qui, par l'examen
qu'elle en a faite, a
trouvé des regles plus exactes
que celles que l'on
avoit eu jusqu'à present
pour déterminer dans ces
deux Ports l'heure de la
- haute ou pleine Mer,& les
- jours des grandes ôc petites
Marées.
On sçait déja que la
Mer monte deux fois Ôc
descend deuxfois chaque
jour ; qu'il est haute Mer
ou pleine Mer lorsquela
Mer cesse de monter ,
ôç
qu'il est basse Mer, lorsqu'elle
cesse de descendre.
On appelle les grandes Marées
celles auxquelles la
Mer monte plus haut qu'à
Msaornéesocredlilneasiraeus,qu&ellpeestsitaes
hauteurest moinsconsîderable.
On suppose aussi com- -
munement qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes,
la- haute ou pleine Mer arrive
dans un mesme Port à
la mesme heure du jour;
& en divers Ports à diverses
heures du jour;
c'est ce que nous avons eu
occasiondeverifieràDun
kerque & au Havre de
Grace; & nous avons trouvé
que le jour des nouvel- ;
les & pleines Lunes, la
',1 pleine Mer arrivoit à Dunkerque
vers le midy,&aiî
Havre sur les neuf heures
& demi du matin. Le tems
dela pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
&pleines Lunes précisément
àlamesmeheure
& minute du jour, mais
il anticipe ou retarde souvent
de plusieurs minutes
de sorte que nous avons
estéobligez d'establir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé à Dunkerque à
11.heures54. minutes, ôc
au Havre à 9. h. 1c. m, du
matin,
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroist dépendre en partie
de la scituation & de la
force desVents,de la disposition
des costes ôc du lit
de la Mer , qui peuvent
contribuer à accclercr ou
retarder le mouvement de
la Mer &: à l'élever a une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou à faire comprimer
les eaux & les faire
descendre au dessous de
leur estat naturel
: mais entre
ces causes dont il seroit
difficile de donner des reglesexactes
, nous attribuons
cet effet,du moins
en partie, à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou lesoir.
Lorsque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy,alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
hauteMer déterminée cydessus
à
11. h. 54. m. &
par consequent le temps
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés lematin,alors la Lune
est déja endecours sur le
midy, & par consequent si
l'on suppose que le mouvement
de la Maréeaquelque
rapport avec la phase
de la Lune, il doit y avoir
ce jour là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Aucontrairelorsque
la nouvelle Lune arrive sur
le foir, la Lune estoit en
croissant dans le temps de
la haute Mer, & par consequens
il doit y avoir par lamesmecauseune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle iD s'accorde aux observations
de forte qu'on les peut concilier
ensemble
,
& connoistre
le mouvement de
la haute Mer assez exa<5tement,
car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
au tems moyen establi cydessus
deux minutes pour
chaque heure,que le temps
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mesme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes , mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auOE le jour des Quadratures
à peu prés à la mesme
heure avec des variations
presque semblables
: de
forte que nous avonsaussi
establi pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé àDunkerque à 5. h. 6. m.
du soir, & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m. du
foir. Nous avons employé
les mesmesregles que cydessus
pour trouver le vray
temps de la pleine Mer au
jour desQuadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures antici.
ene ou retardent à l'égard
dutemps moyen de la
4einc Lune déterminée
cy-dessus par le jour des
Quadratures.
L'intervale qui est entre
le temps de la pleine
Mer au jourdesnouvelles
& pleines Lunes, & le
temps de la pleine Mer au
our des Quadratures est
de
5.
h. 12. m. à Dunkerque,&
de ,,,
h. 14. m. au
1"vre de Grace, c'est-àiire
environ5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
uniformité dans le retardement
des Marées. Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures jusqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jourà l'autre est plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jusqu'aux
Quadratures
, ce
qui se fait par une espece
de progressionreglée
de sorte qu'on , a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles
-& pleines Lunes,& des
Quadratures avec autant
d'exactitude qu'on pouvoit
l'esperer dansunematiere
physique sujetteà des
irregularitez. Cette progression
qui s'est dernierement
observée à Dunkerque
&au Havre de Grace
se trouve aussi uniforme
que les observations faites
:'
en 1679. &1680. par Mrs
de la Hir & Puard à Brest
& à Bayonne, de forte
qu'ily a apparence qu'il y
a à peu prés la mesme dans
tous les Ports de l'Ocean.
On peut attribuer la raison
de cette progression à
ce que les Maréesestant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes, la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune,employe plus
detemps pour surmonter
la hauteur du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jusqu'aux Quadratures, la
Merestant comprimée par
son propre poids descend
avec
avec plus de vitesse
, &
rend par consequent les
intervafes entre les Marées
plus grandes.
Divers Auteurs ont déja
remarqué que les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour desnouvelles &
pleines Lunes, mais pour
l'ordinaire deux jours aprés,
ce quiest vérifié par
les observations faites à
- Dunkerque & au Havre
où nous avons observé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures, mais
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui est des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année, &
que la pluspart supposent
estrecelles qui suivent imme
diatement les Equinoxes
, & dont on s'est efforcé
de donner des raisons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaison de nos
observations qui puisse
conserver cette opinion, &
il paroist assezévident qu'-
elles ne suivent point cette
regle du moins àDunkerque
&au Havre de Grace.
Mais nous avons observé
que dans les grandes Ma-
~rées qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes,la Mer monte plus
haut lorsque la Lune est
dans son Perigée que lorsqu'elle
est dans son Apogée.
On a aussi observé
que dans les petites Marées
qui sont aprés les Quadratures
,
la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
est dans son Perigée que
lorsqu'elle est dans son Apogé1
evdd'ou,r'<1);n peutconjecturer
que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie dela diverse distance
de la Luneàla Terre.
Sur ces observations, on
a establi des regles pour
trouver dans ces deuxPorts
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
avec plus de précisionqu'on
n'avoit fait jusques
a present, & l'on a dressé
dans ce dessein une Table
qui fera inserée dans la
connoissance des tem ps, ôc
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
heures en deux heures, tant
après la nouvelle & pleine
Lune, qu'après les Quadratures.
On pourra examiner, fl
les regles qui conviennent
à Dunkerque&au Havre
de Grâce,peuvent s'appliquer
aux autres Ports de
l'Océan, pourveu qu'on
sçache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes.
& des Quadratures.
Lea par MrCassini le
sur lesObservations
duFlux e5duReflux
de la Mer,faites à
Dunkerque
,
f5 au
HavredeGrâce, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux Ports les temps
de la haute f5 pleine
Mer,
L
es Observations du
Flux & du Reflux de la
Mer estant d'une grande
importance pourla seureté
de la navigation, & pour
choisirlestemps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de lOcéan, ou
pour en sortir; estantd'ailleurs
avantageuxpour la
Physique de connoistre si
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaison
avec le mouvement de la
Lune, Ôc si elles sont [uc.
ceptibles de quelques Regles
: Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Professeurs d'Hydrographie
d'observer pendant
quelque temps le Flux &le
Reflux de laMer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des observations
pendant plus d'une
année avectoute l'exactitude
possible
,
le premier
à Dunkerque, & le second
au Havre de Grace:ils en
ont dressé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences, qui, par l'examen
qu'elle en a faite, a
trouvé des regles plus exactes
que celles que l'on
avoit eu jusqu'à present
pour déterminer dans ces
deux Ports l'heure de la
- haute ou pleine Mer,& les
- jours des grandes ôc petites
Marées.
On sçait déja que la
Mer monte deux fois Ôc
descend deuxfois chaque
jour ; qu'il est haute Mer
ou pleine Mer lorsquela
Mer cesse de monter ,
ôç
qu'il est basse Mer, lorsqu'elle
cesse de descendre.
On appelle les grandes Marées
celles auxquelles la
Mer monte plus haut qu'à
Msaornéesocredlilneasiraeus,qu&ellpeestsitaes
hauteurest moinsconsîderable.
On suppose aussi com- -
munement qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes,
la- haute ou pleine Mer arrive
dans un mesme Port à
la mesme heure du jour;
& en divers Ports à diverses
heures du jour;
c'est ce que nous avons eu
occasiondeverifieràDun
kerque & au Havre de
Grace; & nous avons trouvé
que le jour des nouvel- ;
les & pleines Lunes, la
',1 pleine Mer arrivoit à Dunkerque
vers le midy,&aiî
Havre sur les neuf heures
& demi du matin. Le tems
dela pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
&pleines Lunes précisément
àlamesmeheure
& minute du jour, mais
il anticipe ou retarde souvent
de plusieurs minutes
de sorte que nous avons
estéobligez d'establir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé à Dunkerque à
11.heures54. minutes, ôc
au Havre à 9. h. 1c. m, du
matin,
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroist dépendre en partie
de la scituation & de la
force desVents,de la disposition
des costes ôc du lit
de la Mer , qui peuvent
contribuer à accclercr ou
retarder le mouvement de
la Mer &: à l'élever a une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou à faire comprimer
les eaux & les faire
descendre au dessous de
leur estat naturel
: mais entre
ces causes dont il seroit
difficile de donner des reglesexactes
, nous attribuons
cet effet,du moins
en partie, à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou lesoir.
Lorsque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy,alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
hauteMer déterminée cydessus
à
11. h. 54. m. &
par consequent le temps
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés lematin,alors la Lune
est déja endecours sur le
midy, & par consequent si
l'on suppose que le mouvement
de la Maréeaquelque
rapport avec la phase
de la Lune, il doit y avoir
ce jour là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Aucontrairelorsque
la nouvelle Lune arrive sur
le foir, la Lune estoit en
croissant dans le temps de
la haute Mer, & par consequens
il doit y avoir par lamesmecauseune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle iD s'accorde aux observations
de forte qu'on les peut concilier
ensemble
,
& connoistre
le mouvement de
la haute Mer assez exa<5tement,
car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
au tems moyen establi cydessus
deux minutes pour
chaque heure,que le temps
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mesme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes , mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auOE le jour des Quadratures
à peu prés à la mesme
heure avec des variations
presque semblables
: de
forte que nous avonsaussi
establi pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé àDunkerque à 5. h. 6. m.
du soir, & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m. du
foir. Nous avons employé
les mesmesregles que cydessus
pour trouver le vray
temps de la pleine Mer au
jour desQuadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures antici.
ene ou retardent à l'égard
dutemps moyen de la
4einc Lune déterminée
cy-dessus par le jour des
Quadratures.
L'intervale qui est entre
le temps de la pleine
Mer au jourdesnouvelles
& pleines Lunes, & le
temps de la pleine Mer au
our des Quadratures est
de
5.
h. 12. m. à Dunkerque,&
de ,,,
h. 14. m. au
1"vre de Grace, c'est-àiire
environ5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
uniformité dans le retardement
des Marées. Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures jusqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jourà l'autre est plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jusqu'aux
Quadratures
, ce
qui se fait par une espece
de progressionreglée
de sorte qu'on , a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles
-& pleines Lunes,& des
Quadratures avec autant
d'exactitude qu'on pouvoit
l'esperer dansunematiere
physique sujetteà des
irregularitez. Cette progression
qui s'est dernierement
observée à Dunkerque
&au Havre de Grace
se trouve aussi uniforme
que les observations faites
:'
en 1679. &1680. par Mrs
de la Hir & Puard à Brest
& à Bayonne, de forte
qu'ily a apparence qu'il y
a à peu prés la mesme dans
tous les Ports de l'Ocean.
On peut attribuer la raison
de cette progression à
ce que les Maréesestant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes, la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune,employe plus
detemps pour surmonter
la hauteur du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jusqu'aux Quadratures, la
Merestant comprimée par
son propre poids descend
avec
avec plus de vitesse
, &
rend par consequent les
intervafes entre les Marées
plus grandes.
Divers Auteurs ont déja
remarqué que les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour desnouvelles &
pleines Lunes, mais pour
l'ordinaire deux jours aprés,
ce quiest vérifié par
les observations faites à
- Dunkerque & au Havre
où nous avons observé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures, mais
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui est des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année, &
que la pluspart supposent
estrecelles qui suivent imme
diatement les Equinoxes
, & dont on s'est efforcé
de donner des raisons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaison de nos
observations qui puisse
conserver cette opinion, &
il paroist assezévident qu'-
elles ne suivent point cette
regle du moins àDunkerque
&au Havre de Grace.
Mais nous avons observé
que dans les grandes Ma-
~rées qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes,la Mer monte plus
haut lorsque la Lune est
dans son Perigée que lorsqu'elle
est dans son Apogée.
On a aussi observé
que dans les petites Marées
qui sont aprés les Quadratures
,
la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
est dans son Perigée que
lorsqu'elle est dans son Apogé1
evdd'ou,r'<1);n peutconjecturer
que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie dela diverse distance
de la Luneàla Terre.
Sur ces observations, on
a establi des regles pour
trouver dans ces deuxPorts
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
avec plus de précisionqu'on
n'avoit fait jusques
a present, & l'on a dressé
dans ce dessein une Table
qui fera inserée dans la
connoissance des tem ps, ôc
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
heures en deux heures, tant
après la nouvelle & pleine
Lune, qu'après les Quadratures.
On pourra examiner, fl
les regles qui conviennent
à Dunkerque&au Havre
de Grâce,peuvent s'appliquer
aux autres Ports de
l'Océan, pourveu qu'on
sçache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes.
& des Quadratures.
Lea par MrCassini le
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Résumé : REFLEXIONS sur les Observations du Flux & du Reflux de la Mer, faites à Dunkerque, & au Havre de Grace, avec quelques Regles pour determiner dans ces deux Ports les temps de la haute & pleine Mer.
Le texte 'Réflexions sur les Observations du Flux et du Reflux de la Mer' met en lumière l'importance des observations des marées pour la navigation et la physique. Sous l'ordre du Comte de Ponchartrain, les Professeurs d'Hydrographie ont observé le flux et le reflux de la mer à Dunkerque et au Havre de Grâce pendant plus d'une année. Les observations de Baert et du Bocage ont permis de dresser un journal envoyé à l'Académie des Sciences, qui a établi des règles plus exactes pour déterminer les heures de haute mer et les jours des grandes et petites marées dans ces ports. Les marées montent et descendent deux fois par jour. Les grandes marées se produisent lorsque la mer monte plus haut que d'habitude, tandis que les petites marées ont une hauteur moins considérable. Les observations ont montré que la haute mer arrive à Dunkerque vers midi et au Havre vers neuf heures et demie du matin lors des nouvelles et pleines lunes. Cependant, cette heure peut varier en fonction de divers facteurs, notamment la position et la force des vents, la disposition des côtes et le lit de la mer. Les variations des marées dépendent également de la phase de la lune. Par exemple, si la pleine lune arrive le matin, la haute mer est retardée, tandis que si elle arrive le soir, la haute mer est accélérée. Des règles ont été établies pour ajuster le temps moyen de la haute mer en fonction de l'heure de la nouvelle ou pleine lune. Les observations ont également révélé que la haute mer arrive à la même heure lors des quadratures, avec des variations similaires. Des temps moyens de la haute mer ont été établis pour les jours des quadratures à Dunkerque et au Havre. L'intervalle entre les temps de haute mer lors des nouvelles lunes et des quadratures est d'environ cinq heures et un quart, indiquant une uniformité dans le retardement des marées. Les auteurs ont noté que les grandes marées n'arrivent pas le jour des nouvelles et pleines lunes, mais généralement deux jours après. De même, les petites marées n'arrivent pas le jour des quadratures, mais deux jours après. Les observations ont également montré que la hauteur des marées dépend de la distance de la lune à la Terre, la mer montant plus haut lorsque la lune est dans son périgée. Enfin, des règles et une table ont été établies pour déterminer le temps de la haute mer pour tous les jours de l'année avec plus de précision, et il est suggéré que ces règles pourraient s'appliquer à d'autres ports de l'océan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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442
p. 3-28
Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercure est la base de toute perfection Philosophique, & [...]
Mots clefs :
Nature, Alchimistes, Pierre philosophale, Animaux, Mouvement, Nicolas Flamel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux, [titre d'après la table]
LE Mercure est la
bafe de toute perfection
Philosophique,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
plus grands Autheurs
cette vertu brillante&
solide
,
qui charme éga
lement les Philosophes
& le vulgaire.
Enfin parun heureux
travail je fuis devenu
maistre & possesseur de
l'esprit universel. J
Ce n'est pas moy qui
parle au moins,c'est Ile-J
mon-Lulle&ilne s'agit
pas icy du Mercure Galant;
il s'agit du Mercu
re des Alchymistes,&
<
je cite ce passage à propos
d'un petit Livre nouveau
que je vous annonce.
Ce Livre qui a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimistes sur
la Pierre Philosophale,
prouve par de bonnes
raisons que la Pierre Philosophale
est impossible
d'autres Livres prouveront
lecontraire par des
raisons qui seront peutestre
aussi bonnes; mais
tous ces Livres ensemble
ne prouveront jamaisparfaitement
que l'ignorance
de l'homme sur les
secrets de la nature,C'est
cette ignorance dont j'ay
ma bonne parc, quisuspend
mon jugement sur
la Pierre Philosophale. :
Je vous ex poserai seulement
quelques endroits
d'un manuscrit qui la dcfsend
: ce manuscritqu'on,
m'a envoyé n'estpasd'un
Scavant, mais cette ma-j
tiere est devenuë àla mode
par les nouvelles experiences
que nousen
! voyons, & il est permis
aux femmes mêmes de
parler du Magistere,
d'Hermes, de la Quintessence
harmonique du
MisteredesSages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuscrit.
On cherche depuis longtemps
le Mouvement perpétuel&
la PierrePhilosophale
,& on traite ég;¡-
lement de vifionnaircs ceux <
qui se vantent d'en avoir
fait ladécouverte; à l'égard
du mouvement perpetuel,
l'impossibilité en est démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent,
mais la demonstration n'a
pû mordre encore sur la
Pierre Philosophale
, nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre;ainsi ceux qui en
font entestezn'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent.
Ecoutons à present l'Auteur
du Livre nouveau.
La perfection d'unechosese
connoistpar la cessation du mouvement
qui enfaisoit la nutrition
ou l'augmentation. Cela
paroist dans les végétaux ;
quand legrain de bledestmur,
le mouvement cesse de luyporter
la nourriture.
Tantquunechose estenmouvement
ellen'est que dans la
voye de sa perfection ; car le
mouvemeut est un moyen qui
conduit à une fin qui est te repos.
L'animal memearrivéaun
certaintemps ne passe pas outre,
sa grandeur saforce., é7
enfinsa vie sont bornées.
Quant il est parvenu à cet
estat de consistance
,
il l'si comme
en repos ;je veux dire que
la nature ne fairplusquerepa.
rer autant qu'elle peut les Pertes
qu'ilfait tousles jours.D'où
vient que l'Animal qui dans
l'état de consistance a tout ce
qu'il faut pourfaire une parfaite
digestion,c'està dire qui
estcapable de recevoirplus de
nourriture & d'accroissement
n'en reçoitqu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir dans cet
estat,sans augm station ?C'est
le termeprescrit par l'Auteur
de la Nature, qui a voulu
borner nos jours; C'est, pour
parler avec les Alchimistes, la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux &dans les végétaux
, la Nature borne C
fixe leur mouvement a un certain
estat deperf ctionau de-là
duquel ils ne vont point.
D'ou vient, donc que cette
nature, qu'on dit unique
en tour, ne garde pas la même
renO-Je dans les Métaux ? Voici un endroit du manuscrit
qui répond à peu
présàcettequestion.
Nous ne conoissons que
très-imparfaitement les regles
de la nature, s'il y en a
quelqu'une dont on puisse
estre sûr
,
c'est que la nature
est variée à l'infini,même
dans les Ouvrages qui
nous paroissent les plus semblablcs.
Toutesces propositions
,. la nature n'a qu'un bu. Elle
agittoûjours par les mêmes
voies. La nature est une ; ce
sont autant de Sophismes
que les Alchimistes & ceux
qui les combatcnt peuvent
expliquer chacun selon ion
sistême.
Les Animaux Grr' les Végétaux
(dit l'Auteur du Livre)
neproduisent que leursemblable
&c. Les graincs&les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
estreengendrez&c.leur
productionn'est réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'esprit qui le penetre
,
le dilate &le dispose a
recevoirl'aliment proprequi si
change en la substance, & en
augmente toutes les parties
dans toutes lours dimensions.
Tout cela est vrai,l'Auteurconclut
de là qu'on
ne pourroit produire un
métal,queparlessemences
dece métal. Il a peutestre
raison
, .& que l'or
estantun tout homogene,
ne peut contenir desemences
propres àestre developées.
C'est ce que je ne
sçai point, mais mon manuscrit
dit que toute la
nature n'est composée
que de petites semences
propres à estre animées , quesçait-on si les Parties
qui composent le Mercurene
sont point autant
de petits Animaux,&si
cet esprit universel que
cherchent lesAlchimistes
n'est point composéd'autres
Animaux infiniment
petits, qui font propres
à accrocher ensemble,&
à fixer ceux dont le Mercure
est composé ; les
plus grands Philosophes
ont eu des opinions aussi
visionnaires que celles-là;
ils ont découvert aussi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philosophie n'est qu'un
composé deveritez &de
visions;ainsije conseille à
ceux qui n'ont point d'argent
à risquer de croire la
PierrePhilosophaleimpossible,&
je conseille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaisir,
de préférercelui-là à d'autrès,
puisqu'il peut estre
; utile en découvrant une
infinité de secrets
, que
ê: les Alchimistes trouvent
chemin faisant, &s'ils ne
l trouvent pas cette Quintessence
qui a fait vivre
Artesiusmilleannées. Ils
ont trouvé des essences
qui peuvent guerir des
Rhumatismes.
C'est en cherchant la
PierrePhilosophale qu'on
a trouvé les belles teintures,
& nous avons obligationauxAlchimistes
des mesl anges qui font les
plus belles couleurs pour
les. étoffes Se pour les
Dames.
J'ai eu plusieurs conversations
avce Mr le President
de S. Maurice,sur
cette matiere : il estoit
dans cette incertitude
censée,où l'on doitestreà
l'égard d'une science
obscure, quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette; il a eu
toutes les attentions possibles
pour n'estre point
surpris,&il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or,avecune
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'em pêcher
de faire attention à
cela, c'est toujours unsecret
curieux,il reste à sçavoir
s'ilserautile, &si les
frais de l'opérationn'excederont
pas le profit.
Puisque l'occasion s'en
presente, disons un mot
de Nicolas Flamel& de
son Livre Hieroglifïque,
dont on voit encore quelques
figures aux Charniers
S. Innocent ; tout le
monde sçait cela, mais il
faut bien grossirmon Livre
pour ceux qui veulent
de répaisseur.
Nicolas Flamel Ecrivain
& Habitant de Paris,
en 1599. demeurant
ruë des Ecrivains, prés
la ChapelleS. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux,dont les feuillets é.
toient d'écorces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
•_
lui-même
, trois foissept
feuillets,leseptiéme desquels
estoit toujours sans
écriture, au lieu de laquelle
estoit peint au premierseptiéme
une Vierge
& des Serpents s'engloutißans,
au deuxième septiéme
une croix où estoit
ataché un Serpent, cr.
aux autres septieme JVtoientpeints
des deserts,
au milieu desquels couloient
desfontaines d'où
sortoient plusieursSerpents.
Au premier des feuillets
écrits efloit Abraham
Juif, Prince
,
Prestre
Levite, Astrologue &
Philofopbeala, Nation
des Juifs
, par l'ire de
Dieu dispersezaux Gaules
,
salut,D. apréscela
ilestoit plein de maledictions
aveccemotiiiaranatha
, contre tous ceux
qui le liroit, silrieflûiç
Sacrificateur; ou Scribe,
jecrois qu'il venoit des
Juifs quon avoitchassez,
deParis&c.
1 Au quatrièmefeuillet
estoit peint unjeunehomme
avec des aisles aux talons
, avec un Caducée
dont ilfrappoitun casque
qui lui couvroit la teste,
cestoit Mercure ; contre
lui venoit courant&volant
à asles ouvertes un
grand Vieillardqui avoit
sur sa teste une Horloge
attachée, & enses mains
unefaulx,dontilvouloit
trancher les pieds à Mer.
cure. A un autre feuilletétoit
sur lesommet d'une
Montagne,unePlanteà
tige bleue fleurs blanches
&rougesfeuilles luisantes
comme orfin,&des Dragons
& Griffons autour.
A un autrefeuillet un
Roy
Rozierfleuri appuyécontre
un Chênecreux &
une Fontaine d'eau blancheseprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Royavecungrand coutelas,
quifaisoit tuerpar
ses Soldats, force petits
enfans
, & leurs meres
pleurant, & lesangdes
enfans estoit ramassêpar
d'autres Soldats, & mis
dans un grand Vaisseau
dans lequel le Soleil&lay
Lunesevenoient baigner.
Flamel,ditunautreHistorien
,
avoit une jeune
femme nomméePrenelle,
avec qui il s'afligeoitfort
de ne pouvoir trouver le
vrai sens des Figures du
Livre, qu'un Medecin
nomméMr Anseaume,
commença à lui débrouiller.
Flamelentrepritensuite
un pelerinage
,
Prunelle
fut tres-affligée de le voir
partir, mais illuipromit
de revenir avec le trésor
des trésors
, ce qui lui fit
suporterson absence patiament.
Sur laroutede
sonpelerinage , un Marcrand
de Boulogneluisit
connoistre un Medecin
Juif, nommê Canches,qui
acheva de l'instruire
, il
revint à Paris,oùsachere
Prenellefut tres-joyeuse
de lerevoir, &pourtant
sachée, ne le croyant pas
plus riche que quand il
il estoit parti; mais enfin
aprés quelques années de
travail il accomplit le
grand oeuvre le 17. Janvier
; l'an mil trois, cent
quatre-vingtdeux,enprésence
de Prenelle sa femme>
qui enpensa mourir
dejoye. -'
: Ce Livre se vend à Paris,
chez DANI EL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du costé du Marché Neuf,
au
Livre Royal.
bafe de toute perfection
Philosophique,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
plus grands Autheurs
cette vertu brillante&
solide
,
qui charme éga
lement les Philosophes
& le vulgaire.
Enfin parun heureux
travail je fuis devenu
maistre & possesseur de
l'esprit universel. J
Ce n'est pas moy qui
parle au moins,c'est Ile-J
mon-Lulle&ilne s'agit
pas icy du Mercure Galant;
il s'agit du Mercu
re des Alchymistes,&
<
je cite ce passage à propos
d'un petit Livre nouveau
que je vous annonce.
Ce Livre qui a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimistes sur
la Pierre Philosophale,
prouve par de bonnes
raisons que la Pierre Philosophale
est impossible
d'autres Livres prouveront
lecontraire par des
raisons qui seront peutestre
aussi bonnes; mais
tous ces Livres ensemble
ne prouveront jamaisparfaitement
que l'ignorance
de l'homme sur les
secrets de la nature,C'est
cette ignorance dont j'ay
ma bonne parc, quisuspend
mon jugement sur
la Pierre Philosophale. :
Je vous ex poserai seulement
quelques endroits
d'un manuscrit qui la dcfsend
: ce manuscritqu'on,
m'a envoyé n'estpasd'un
Scavant, mais cette ma-j
tiere est devenuë àla mode
par les nouvelles experiences
que nousen
! voyons, & il est permis
aux femmes mêmes de
parler du Magistere,
d'Hermes, de la Quintessence
harmonique du
MisteredesSages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuscrit.
On cherche depuis longtemps
le Mouvement perpétuel&
la PierrePhilosophale
,& on traite ég;¡-
lement de vifionnaircs ceux <
qui se vantent d'en avoir
fait ladécouverte; à l'égard
du mouvement perpetuel,
l'impossibilité en est démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent,
mais la demonstration n'a
pû mordre encore sur la
Pierre Philosophale
, nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre;ainsi ceux qui en
font entestezn'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent.
Ecoutons à present l'Auteur
du Livre nouveau.
La perfection d'unechosese
connoistpar la cessation du mouvement
qui enfaisoit la nutrition
ou l'augmentation. Cela
paroist dans les végétaux ;
quand legrain de bledestmur,
le mouvement cesse de luyporter
la nourriture.
Tantquunechose estenmouvement
ellen'est que dans la
voye de sa perfection ; car le
mouvemeut est un moyen qui
conduit à une fin qui est te repos.
L'animal memearrivéaun
certaintemps ne passe pas outre,
sa grandeur saforce., é7
enfinsa vie sont bornées.
Quant il est parvenu à cet
estat de consistance
,
il l'si comme
en repos ;je veux dire que
la nature ne fairplusquerepa.
rer autant qu'elle peut les Pertes
qu'ilfait tousles jours.D'où
vient que l'Animal qui dans
l'état de consistance a tout ce
qu'il faut pourfaire une parfaite
digestion,c'està dire qui
estcapable de recevoirplus de
nourriture & d'accroissement
n'en reçoitqu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir dans cet
estat,sans augm station ?C'est
le termeprescrit par l'Auteur
de la Nature, qui a voulu
borner nos jours; C'est, pour
parler avec les Alchimistes, la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux &dans les végétaux
, la Nature borne C
fixe leur mouvement a un certain
estat deperf ctionau de-là
duquel ils ne vont point.
D'ou vient, donc que cette
nature, qu'on dit unique
en tour, ne garde pas la même
renO-Je dans les Métaux ? Voici un endroit du manuscrit
qui répond à peu
présàcettequestion.
Nous ne conoissons que
très-imparfaitement les regles
de la nature, s'il y en a
quelqu'une dont on puisse
estre sûr
,
c'est que la nature
est variée à l'infini,même
dans les Ouvrages qui
nous paroissent les plus semblablcs.
Toutesces propositions
,. la nature n'a qu'un bu. Elle
agittoûjours par les mêmes
voies. La nature est une ; ce
sont autant de Sophismes
que les Alchimistes & ceux
qui les combatcnt peuvent
expliquer chacun selon ion
sistême.
Les Animaux Grr' les Végétaux
(dit l'Auteur du Livre)
neproduisent que leursemblable
&c. Les graincs&les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
estreengendrez&c.leur
productionn'est réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'esprit qui le penetre
,
le dilate &le dispose a
recevoirl'aliment proprequi si
change en la substance, & en
augmente toutes les parties
dans toutes lours dimensions.
Tout cela est vrai,l'Auteurconclut
de là qu'on
ne pourroit produire un
métal,queparlessemences
dece métal. Il a peutestre
raison
, .& que l'or
estantun tout homogene,
ne peut contenir desemences
propres àestre developées.
C'est ce que je ne
sçai point, mais mon manuscrit
dit que toute la
nature n'est composée
que de petites semences
propres à estre animées , quesçait-on si les Parties
qui composent le Mercurene
sont point autant
de petits Animaux,&si
cet esprit universel que
cherchent lesAlchimistes
n'est point composéd'autres
Animaux infiniment
petits, qui font propres
à accrocher ensemble,&
à fixer ceux dont le Mercure
est composé ; les
plus grands Philosophes
ont eu des opinions aussi
visionnaires que celles-là;
ils ont découvert aussi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philosophie n'est qu'un
composé deveritez &de
visions;ainsije conseille à
ceux qui n'ont point d'argent
à risquer de croire la
PierrePhilosophaleimpossible,&
je conseille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaisir,
de préférercelui-là à d'autrès,
puisqu'il peut estre
; utile en découvrant une
infinité de secrets
, que
ê: les Alchimistes trouvent
chemin faisant, &s'ils ne
l trouvent pas cette Quintessence
qui a fait vivre
Artesiusmilleannées. Ils
ont trouvé des essences
qui peuvent guerir des
Rhumatismes.
C'est en cherchant la
PierrePhilosophale qu'on
a trouvé les belles teintures,
& nous avons obligationauxAlchimistes
des mesl anges qui font les
plus belles couleurs pour
les. étoffes Se pour les
Dames.
J'ai eu plusieurs conversations
avce Mr le President
de S. Maurice,sur
cette matiere : il estoit
dans cette incertitude
censée,où l'on doitestreà
l'égard d'une science
obscure, quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette; il a eu
toutes les attentions possibles
pour n'estre point
surpris,&il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or,avecune
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'em pêcher
de faire attention à
cela, c'est toujours unsecret
curieux,il reste à sçavoir
s'ilserautile, &si les
frais de l'opérationn'excederont
pas le profit.
Puisque l'occasion s'en
presente, disons un mot
de Nicolas Flamel& de
son Livre Hieroglifïque,
dont on voit encore quelques
figures aux Charniers
S. Innocent ; tout le
monde sçait cela, mais il
faut bien grossirmon Livre
pour ceux qui veulent
de répaisseur.
Nicolas Flamel Ecrivain
& Habitant de Paris,
en 1599. demeurant
ruë des Ecrivains, prés
la ChapelleS. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux,dont les feuillets é.
toient d'écorces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
•_
lui-même
, trois foissept
feuillets,leseptiéme desquels
estoit toujours sans
écriture, au lieu de laquelle
estoit peint au premierseptiéme
une Vierge
& des Serpents s'engloutißans,
au deuxième septiéme
une croix où estoit
ataché un Serpent, cr.
aux autres septieme JVtoientpeints
des deserts,
au milieu desquels couloient
desfontaines d'où
sortoient plusieursSerpents.
Au premier des feuillets
écrits efloit Abraham
Juif, Prince
,
Prestre
Levite, Astrologue &
Philofopbeala, Nation
des Juifs
, par l'ire de
Dieu dispersezaux Gaules
,
salut,D. apréscela
ilestoit plein de maledictions
aveccemotiiiaranatha
, contre tous ceux
qui le liroit, silrieflûiç
Sacrificateur; ou Scribe,
jecrois qu'il venoit des
Juifs quon avoitchassez,
deParis&c.
1 Au quatrièmefeuillet
estoit peint unjeunehomme
avec des aisles aux talons
, avec un Caducée
dont ilfrappoitun casque
qui lui couvroit la teste,
cestoit Mercure ; contre
lui venoit courant&volant
à asles ouvertes un
grand Vieillardqui avoit
sur sa teste une Horloge
attachée, & enses mains
unefaulx,dontilvouloit
trancher les pieds à Mer.
cure. A un autre feuilletétoit
sur lesommet d'une
Montagne,unePlanteà
tige bleue fleurs blanches
&rougesfeuilles luisantes
comme orfin,&des Dragons
& Griffons autour.
A un autrefeuillet un
Roy
Rozierfleuri appuyécontre
un Chênecreux &
une Fontaine d'eau blancheseprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Royavecungrand coutelas,
quifaisoit tuerpar
ses Soldats, force petits
enfans
, & leurs meres
pleurant, & lesangdes
enfans estoit ramassêpar
d'autres Soldats, & mis
dans un grand Vaisseau
dans lequel le Soleil&lay
Lunesevenoient baigner.
Flamel,ditunautreHistorien
,
avoit une jeune
femme nomméePrenelle,
avec qui il s'afligeoitfort
de ne pouvoir trouver le
vrai sens des Figures du
Livre, qu'un Medecin
nomméMr Anseaume,
commença à lui débrouiller.
Flamelentrepritensuite
un pelerinage
,
Prunelle
fut tres-affligée de le voir
partir, mais illuipromit
de revenir avec le trésor
des trésors
, ce qui lui fit
suporterson absence patiament.
Sur laroutede
sonpelerinage , un Marcrand
de Boulogneluisit
connoistre un Medecin
Juif, nommê Canches,qui
acheva de l'instruire
, il
revint à Paris,oùsachere
Prenellefut tres-joyeuse
de lerevoir, &pourtant
sachée, ne le croyant pas
plus riche que quand il
il estoit parti; mais enfin
aprés quelques années de
travail il accomplit le
grand oeuvre le 17. Janvier
; l'an mil trois, cent
quatre-vingtdeux,enprésence
de Prenelle sa femme>
qui enpensa mourir
dejoye. -'
: Ce Livre se vend à Paris,
chez DANI EL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du costé du Marché Neuf,
au
Livre Royal.
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Résumé : Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Le texte aborde l'alchimie et la quête de la Pierre Philosophale, une substance légendaire capable de transformer les métaux en or et de conférer l'immortalité. L'auteur affirme avoir accompli une œuvre parfaite avec le Mercure, un élément clé en alchimie, et déclare être devenu maître de l'esprit universel. Il discute de la controverse entourant la Pierre Philosophale, notant que certains livres la déclarent impossible tandis que d'autres soutiennent le contraire. Le texte explore également les principes de la nature et de la perfection, illustrés par les cycles de vie des végétaux et des animaux. L'auteur cite un manuscrit qui défend l'existence de la Pierre Philosophale et discute de la variabilité de la nature. Il conclut que la philosophie est un mélange de vérités et de visions. Le texte mentionne des expériences alchimiques, comme la transformation de plomb en or, et rend hommage à Nicolas Flamel, un alchimiste célèbre, en décrivant son livre hiéroglyphique et ses aventures. L'auteur recommande de croire en l'impossibilité de la Pierre Philosophale pour ceux qui n'ont pas d'argent à risquer, tout en encourageant les autres à explorer cette quête pour découvrir des secrets utiles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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443
p. 29-39
DEVISES Des Jettons qu'on a donnez à la Cour au premier jour de l'An.
Début :
Ces Devises ont esté composées par Messieurs de l'Academie [...]
Mots clefs :
Trésor royal, Duchesse de Bourgogne, Ordinaire des guerres, Extraordinaire des guerres, Parties casuelles, Marine, Galères, Bâtiments, Chambre aux deniers, Artillerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEVISES Des Jettons qu'on a donnez à la Cour au premier jour de l'An.
AZ>.EV1sESÏ Desjettons qu'onadonnezà
la Courauprémieurjourdel'An
,.. oCr.es Devisesont esté,
composées par Meilleurs
de l'Académie Royale
des Médailles& Inscriprions;
& l'onya ajouté
des Explications en
Vers François, sans s'attacher
tropscrupuleusement
au sens littéral.
TRESOR ROYAL.
Un ancre de Navire.
Mediis spes. certa,
procellis.
Mgarlgé)ré l,es v.ents, mal- ordge,
L'espoir nous conduit an
-
;
rivage.
., e
MADAME
La Dachesse de Bourgogne.
Un Bouquet de Lis &
deRoses.
Novus ex nexu décor.
Superbe lis! Rose brillante,
C'est par votre union que
votre éclats'augmente.
L'ORDINAIRE
des Guerres.
Vne Troupe de jeunes
Lions.
Bello. lecta cohors.
NOSTRADAMUS.
DefiersLions,
Troupe d'élite;
Quoyquepetite,
Tiendra tête àcentlegions.
L'EXTRAORDINAIRE
des Guerres. -
Herculesmenafçant2$eif sus qui enleveDéjà*
nire.
Et robur &c arma
supersunt.
Partessuccéstu crois tes
projets infaillibles,
Crains mes derniers efforts,
cesontlesplusterribles.
LES PARTIES
Casuelles.
Par rapport à la Polette
,
dont
le payement assure la possession
des Charges.
Un Arcenciel.
Jubet essequietos,
Fe dissipe l'inquiétude,
Moins de richesses, &'
plus de certitude.
a
LAMARINE.
Hercules appuyésur fit
Massuë.
Virtus non fracta quiete.
Commej'agisavecprudence
,
Je repose avec vigilance;
Le courage d'un vrai
Héros,
JEJt à l'épreuve du repos.
a,
LES GALERES.
Des Fleches dans un
Carquois.
Ad juxta paratæ.
Peudeforce, beaucoup
d'adresse,
Commandez,nous irons
au bout de l'Univers ; Etnousfendrons leseaux
avecplus de vitesse,
Que la Fleche nefend les
airs.
LES BATIMENS.
Par rapport à la nouvelle Chapelle
de Versailles.
Un Autel chargéd'encens
& d'offrandesprécieuses.
Non opibus parcit
pietas.
Quandon a toutreceudes
Dieux,
Peut - on rien épargner
poureux,
Les deux Devisessuivantes ne
sontpoint de l'Académie.
LA CHAMBRE
aux. Deniers.
Un Soleil au dessus d'un
Parterre defleurs.
Alit viresque ministrat.
J'entretiens,je fortifie,
Par moy l'on tient à la
,'VIe.
a
L'ARTILLERIE.
Le Mont Etna jettant
peu deflâmes.
Condit quos nonvomit
ignes.
Peude mesfeuxontéclaté
Redoutez, ceux queje renferme
,
Des Titans&de leur
fierté
Par lepouvoir desDieux
je sus jadis le terme.
m
la Courauprémieurjourdel'An
,.. oCr.es Devisesont esté,
composées par Meilleurs
de l'Académie Royale
des Médailles& Inscriprions;
& l'onya ajouté
des Explications en
Vers François, sans s'attacher
tropscrupuleusement
au sens littéral.
TRESOR ROYAL.
Un ancre de Navire.
Mediis spes. certa,
procellis.
Mgarlgé)ré l,es v.ents, mal- ordge,
L'espoir nous conduit an
-
;
rivage.
., e
MADAME
La Dachesse de Bourgogne.
Un Bouquet de Lis &
deRoses.
Novus ex nexu décor.
Superbe lis! Rose brillante,
C'est par votre union que
votre éclats'augmente.
L'ORDINAIRE
des Guerres.
Vne Troupe de jeunes
Lions.
Bello. lecta cohors.
NOSTRADAMUS.
DefiersLions,
Troupe d'élite;
Quoyquepetite,
Tiendra tête àcentlegions.
L'EXTRAORDINAIRE
des Guerres. -
Herculesmenafçant2$eif sus qui enleveDéjà*
nire.
Et robur &c arma
supersunt.
Partessuccéstu crois tes
projets infaillibles,
Crains mes derniers efforts,
cesontlesplusterribles.
LES PARTIES
Casuelles.
Par rapport à la Polette
,
dont
le payement assure la possession
des Charges.
Un Arcenciel.
Jubet essequietos,
Fe dissipe l'inquiétude,
Moins de richesses, &'
plus de certitude.
a
LAMARINE.
Hercules appuyésur fit
Massuë.
Virtus non fracta quiete.
Commej'agisavecprudence
,
Je repose avec vigilance;
Le courage d'un vrai
Héros,
JEJt à l'épreuve du repos.
a,
LES GALERES.
Des Fleches dans un
Carquois.
Ad juxta paratæ.
Peudeforce, beaucoup
d'adresse,
Commandez,nous irons
au bout de l'Univers ; Etnousfendrons leseaux
avecplus de vitesse,
Que la Fleche nefend les
airs.
LES BATIMENS.
Par rapport à la nouvelle Chapelle
de Versailles.
Un Autel chargéd'encens
& d'offrandesprécieuses.
Non opibus parcit
pietas.
Quandon a toutreceudes
Dieux,
Peut - on rien épargner
poureux,
Les deux Devisessuivantes ne
sontpoint de l'Académie.
LA CHAMBRE
aux. Deniers.
Un Soleil au dessus d'un
Parterre defleurs.
Alit viresque ministrat.
J'entretiens,je fortifie,
Par moy l'on tient à la
,'VIe.
a
L'ARTILLERIE.
Le Mont Etna jettant
peu deflâmes.
Condit quos nonvomit
ignes.
Peude mesfeuxontéclaté
Redoutez, ceux queje renferme
,
Des Titans&de leur
fierté
Par lepouvoir desDieux
je sus jadis le terme.
m
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Résumé : DEVISES Des Jettons qu'on a donnez à la Cour au premier jour de l'An.
Le document présente des devises et des explications en vers français, créées par les membres de l'Académie Royale des Médailles et Inscriptions. Chaque devise est associée à une entité ou un thème spécifique. Pour le Trésor Royal, la devise 'Mediis spes certa, procellis' est illustrée par une ancre de navire, symbolisant l'espoir qui guide malgré les tempêtes. La Duchesse de Bourgogne est représentée par un bouquet de lis et de roses, avec la devise 'Novus ex nexu décor', soulignant l'éclat de leur union. L'Ordinnaire des Guerres est symbolisé par des jeunes lions, avec la devise 'Bello lecta cohors', décrivant une troupe d'élite capable de résister à cent légions. L'Extraordinaire des Guerres est illustré par Hercule menaçant un taureau, avec la devise 'Et robur et arma supersunt', avertissant des derniers efforts d'Hercule. Les Parties Casuelles sont représentées par un arc-en-ciel, avec la devise 'Jubet esse quietos', indiquant que la certitude dissipe l'inquiétude. Les Galères sont symbolisées par des flèches dans un carquois, avec la devise 'Ad juxta paratæ', soulignant la rapidité et l'adresse nécessaires pour naviguer. Les Bâtimens sont illustrés par un autel chargé d'offrandes, avec la devise 'Non opibus parcit pietas', indiquant que l'on ne peut rien épargner pour les dieux lorsqu'on reçoit tout d'eux. La Chambre aux Deniers est représentée par un soleil au-dessus de fleurs, avec la devise 'Alit viresque ministrat', soulignant son rôle dans l'entretien et la fortification. L'Artillerie est illustrée par le mont Etna, avec la devise 'Condit quos non vomit ignes', avertissant du pouvoir des feux qu'elle renferme.
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444
p. 43-48
EGLOGUE par Mr H**.
Début :
Dans le temps où nous sommes une Eglogue amoureuse, [...]
Mots clefs :
Églogue, Esprit, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EGLOGUE par Mr H**.
E GL OG U E
par Mr H***.
Dans le temps où nous
sommes une Eglogue amoureuse,
quelque parfaite
qu'elle soit, n'est
goûtéeque de peu de
gens, parce que l'amour
d'Eglogue n'est plus en
usage. Ilfaut avoir aimé
commeon aimoit du
tempsd'Astrée ,pour
bien goûter la délicatesse
dessentimens dont l'Eglogue
de Mr H**est
remplie,comme jela place
icy malgré l'Auteur,il
m'est permis de la louer
aussi malgré lui. -
On la lut l'autre jour
dans une maisond'où elle
me vient, &de quatre
que nous estions,trois en
furent charmez; mais un
quatrièmedemeurafroid
immobile, il ne sourcilla
pas, je ne suis touché
que du parfait dit-il
y
dun air grave & dédaigneux,
& je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut insportable,c'est
qu'il y a trop d'esprit;une
femme qui avoir aussi
trop d'esprit selon nostre
Censeur , lui répondit
d'un air simple,il faut
que ce :soit. un défaut
bien choquant, Monsieur,
queledéfaut;d'avoir
trop d'esprit; car
ceux qui n'ontpoint-ce
défautlasontau desespoir
de le voir aux autres.
1 A proprement parler
il ne peut y avoir rrop
d'esprit dans les Ouvrages
même les plus amples
, pourveu qu'il y
soit si bien mis en oeuvre
, qu'il nen oste ni -
la simplicité,ni le naturel.
; J Le simple devient
puerile, dés que l'esprit
y paroist affecté oster
entierement l'esprit du
simple , c'est faire du
sublime à trop bon marché
; cacher beaucoup
d'esprit dans le simple
>
c'est la difficulté du vrai
Sublime.
Après cela
, on peut
faire cent chicannes sur
la signification
,
Se sur
l'étendue du mot d'esprit,
chacunl'explique
selon le sien;mais je crois,
à propos d'Eglogue
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'esprit dans
les sentimens du coeur'-
& quoi que le coeur seul
doive parler dans un
Dialogue amoureux, il
est certain que le coeur
d'un Berger de l'Astrée
doit s'exprimer plus finement,
que celui d'un
Berger de Village.
par Mr H***.
Dans le temps où nous
sommes une Eglogue amoureuse,
quelque parfaite
qu'elle soit, n'est
goûtéeque de peu de
gens, parce que l'amour
d'Eglogue n'est plus en
usage. Ilfaut avoir aimé
commeon aimoit du
tempsd'Astrée ,pour
bien goûter la délicatesse
dessentimens dont l'Eglogue
de Mr H**est
remplie,comme jela place
icy malgré l'Auteur,il
m'est permis de la louer
aussi malgré lui. -
On la lut l'autre jour
dans une maisond'où elle
me vient, &de quatre
que nous estions,trois en
furent charmez; mais un
quatrièmedemeurafroid
immobile, il ne sourcilla
pas, je ne suis touché
que du parfait dit-il
y
dun air grave & dédaigneux,
& je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut insportable,c'est
qu'il y a trop d'esprit;une
femme qui avoir aussi
trop d'esprit selon nostre
Censeur , lui répondit
d'un air simple,il faut
que ce :soit. un défaut
bien choquant, Monsieur,
queledéfaut;d'avoir
trop d'esprit; car
ceux qui n'ontpoint-ce
défautlasontau desespoir
de le voir aux autres.
1 A proprement parler
il ne peut y avoir rrop
d'esprit dans les Ouvrages
même les plus amples
, pourveu qu'il y
soit si bien mis en oeuvre
, qu'il nen oste ni -
la simplicité,ni le naturel.
; J Le simple devient
puerile, dés que l'esprit
y paroist affecté oster
entierement l'esprit du
simple , c'est faire du
sublime à trop bon marché
; cacher beaucoup
d'esprit dans le simple
>
c'est la difficulté du vrai
Sublime.
Après cela
, on peut
faire cent chicannes sur
la signification
,
Se sur
l'étendue du mot d'esprit,
chacunl'explique
selon le sien;mais je crois,
à propos d'Eglogue
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'esprit dans
les sentimens du coeur'-
& quoi que le coeur seul
doive parler dans un
Dialogue amoureux, il
est certain que le coeur
d'un Berger de l'Astrée
doit s'exprimer plus finement,
que celui d'un
Berger de Village.
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Résumé : EGLOGUE par Mr H**.
La critique de l'œuvre 'Eglogue' de Mr H*** met en lumière la difficulté d'apprécier les églogues amoureuses contemporaines, car l'amour tel que décrit dans ces œuvres n'est plus en vogue. Pour pleinement apprécier cette œuvre, il faut avoir connu l'amour comme à l'époque de 'L'Astrée'. Lors d'une lecture récente, trois personnes ont été charmées par l'églogue, tandis qu'une quatrième l'a critiquée pour son excès d'esprit. Une femme présente a défendu l'esprit comme une qualité. La critique explore ensuite la notion d'esprit dans les œuvres littéraires, affirmant qu'il ne peut y avoir trop d'esprit s'il est bien intégré et ne nuit ni à la simplicité ni au naturel. L'esprit affecté dans le simple devient puéril, tandis que le cacher entièrement est trop facile. Le véritable sublime réside dans l'intégration subtile de l'esprit dans le simple. Enfin, la critique conclut que l'esprit peut et doit être présent dans les sentiments du cœur, même dans un dialogue amoureux. Le cœur d'un berger de 'L'Astrée' doit s'exprimer plus finement que celui d'un berger de village.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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445
p. [120]
L'ANONIME amoureux.
Début :
La Dame pour qui j'ay fait ces premiers Vers a la passion [...]
Mots clefs :
Anonyme, Amoureux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ANONIME amoureux.
L'ANO NIME
amoureux.
LaDamepourquij'ayfait
ces premiers Vers a la passion
de les voir imprimez&j'ay
cellede la satisfaire, j'en fuis
passionement amoureux,&c.
amoureux.
LaDamepourquij'ayfait
ces premiers Vers a la passion
de les voir imprimez&j'ay
cellede la satisfaire, j'en fuis
passionement amoureux,&c.
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446
p. 122-123
I. F. G. B.
Début :
Je vais faire une tournée en Espagne pour y ramasser [...]
Mots clefs :
Espagne, Miguel de Cervantes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : I. F. G. B.
I. F. G. B.
Je vais faireme tournée
en Espagne pouryramasser
bonne provision
d'Historietes dans legoût
deMiguel de Cervantes,
voussçavez, pour qui, tenez-
moi compte, &c.
Je vais faireme tournée
en Espagne pouryramasser
bonne provision
d'Historietes dans legoût
deMiguel de Cervantes,
voussçavez, pour qui, tenez-
moi compte, &c.
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447
p. 124
LE TONTONIC.
Début :
Si un coup d'essay peut meriter place, &c. [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TONTONIC.
LE TONTONIC.
Si uncoupd'essaypeut
meriterplace, &c.
Si uncoupd'essaypeut
meriterplace, &c.
Fermer
448
p. 129
L'ANONIME que je voudrois bien connoître.
Début :
Monsieur, je vous fais part d'une avanture qui n'est [...]
Mots clefs :
Anonyme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ANONIME que je voudrois bien connoître.
L'A NON I M E
que je voudrois bien
connoîAtre.
, Monsieur,jevousfais
fart d'une avanture qui
ness pas fort plaisante
y mais c'est ce qu'il y a de
plus nouveau,&c.
que je voudrois bien
connoîAtre.
, Monsieur,jevousfais
fart d'une avanture qui
ness pas fort plaisante
y mais c'est ce qu'il y a de
plus nouveau,&c.
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449
p. 131-137
« Le jeune Dorilas plus sage & plus arangé à vingt-cinq [...] »
Début :
Le jeune Dorilas plus sage & plus arangé à vingt-cinq [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le jeune Dorilas plus sage & plus arangé à vingt-cinq [...] »
Le jeune Dorilas plussage
& plus arangé à vingt-cinq
ans,qu'un autre ne l'est à cinquante
,
perdit ily a un anson
pere &sa mere ,
dont lasuccession
,
jointe à celle d'uneparente
,
l'a rendu riche à peu
prés de douze mille livres de
rente;iln'apas pourcela hausséson
train, au contraire il a
vêcu encore plus modestement,
cm cet oeconomie publiée dans
Paris, lui a bientôt procuré
unmariageconsiderable;la veuve
d'unriche Gentilhomme
,
mort depuis quelques années.
avoit deuxfort aimablesfilles,
élevées dans une pieté exemplaire.
La modestie, la pieté&
l'oeconomie du jeune Dorilas
parvinrentjusqu'àsesoreilles,
elle crut ne pouvoir faire un
meilleur choixpoursa fille aînée
; elle conduit les choses
avec tant de prudence que le
jeune Dorilas fut bientôt accordé
avec la Damoiselle
, au
gran d contentement de la mere
qui ne consulta safamille&
les amis que pour leur dire
qu'elle vouloit absolument ce
mariage; la Damoiselle en fille
obeissante
,
modeste
9 & qui
n'ajamais regardé un homme
en face, trouve Dorilas fort
aimable ,parce quesamere l'assure
qu'ils'est,ellel'épouse &
passe dix jours avec lui dans
une union admirable;mais ce
qui est encore plus étonnant, u"au bout de ce temps,&
sans qu'onenpuissepenetrer les
raisons, il a tout d'uncoup disparu;
safemme en sur fortin.
quiette dés le premierjour, le
lendemainson inquietude redoubla
, & le troisiéme jour
elle estoit dans la demiere affliction
, lorsqu'un inconnu lui
rendit un pacquet ,
dont le
dessus estoit de la main de son
mary ; elle en futsi troublée
qu'elle nes'aperceut pas que le
Porteur de cette Lettre disparutdanslemomentsans
qu'elle
put luifaire aucune quetion
, elle ouvre précipitament l'enveloppe
; mais au lieu d'une
lettre qu'elley croit trouver, il
ne s'y rencontre qu'une Procuration
generalefousseing privé
, pour recevoir tous leurs
biens,les transporter, cedder,échanget,
vendre,en un motpour
en faire toutce qu'ellejugera
à propos, &ce ,
pendant l'espace
de 10ansseulement. Voilà
une femme bien étourdie
elle envoye au plus visse chercher
sa mere, à qui jusqu'alors
elle avoit caché son malheur
,
£7* qui en veritable devote ne
s'effraya point de cette nouvelle.
Mafille,lui dit-elle,avec dOU4
ceur ,
c'est une afflictionque
le Ciel vous envoye, & que
vous devez recevoit avecsoumission
; ce qui doit vous consoler,
c'est que vous estesjustifiée
dans le Public
,
&qu'il
paroist que vostre mary nes'est
point éloigné par aucun mécontentement
qu'il ait receu de
vous, puisqu'ilvous addresse
cette procuration comme une
marque de confiance qu'il a en
vostre sagesse ;il est honneste
homme , il faut sans doute
qu'ilait eû des raisons qui vous
funt inconnues, &lorsqu'elles
serontetcessées ,vous trouverez
en lui un mary tendre & fidele;
cesraisons tant bonnesque
mauvaises raffermirent un peu
l'esprit de la jeune mariée; ily
a déja unmois qu'ellevit dans
cette cruelle esperance,fort retirée
du monde, que comme une
autre Penelope
,
elle attend que
ces longuesannéessoient expirees.,
& plus arangé à vingt-cinq
ans,qu'un autre ne l'est à cinquante
,
perdit ily a un anson
pere &sa mere ,
dont lasuccession
,
jointe à celle d'uneparente
,
l'a rendu riche à peu
prés de douze mille livres de
rente;iln'apas pourcela hausséson
train, au contraire il a
vêcu encore plus modestement,
cm cet oeconomie publiée dans
Paris, lui a bientôt procuré
unmariageconsiderable;la veuve
d'unriche Gentilhomme
,
mort depuis quelques années.
avoit deuxfort aimablesfilles,
élevées dans une pieté exemplaire.
La modestie, la pieté&
l'oeconomie du jeune Dorilas
parvinrentjusqu'àsesoreilles,
elle crut ne pouvoir faire un
meilleur choixpoursa fille aînée
; elle conduit les choses
avec tant de prudence que le
jeune Dorilas fut bientôt accordé
avec la Damoiselle
, au
gran d contentement de la mere
qui ne consulta safamille&
les amis que pour leur dire
qu'elle vouloit absolument ce
mariage; la Damoiselle en fille
obeissante
,
modeste
9 & qui
n'ajamais regardé un homme
en face, trouve Dorilas fort
aimable ,parce quesamere l'assure
qu'ils'est,ellel'épouse &
passe dix jours avec lui dans
une union admirable;mais ce
qui est encore plus étonnant, u"au bout de ce temps,&
sans qu'onenpuissepenetrer les
raisons, il a tout d'uncoup disparu;
safemme en sur fortin.
quiette dés le premierjour, le
lendemainson inquietude redoubla
, & le troisiéme jour
elle estoit dans la demiere affliction
, lorsqu'un inconnu lui
rendit un pacquet ,
dont le
dessus estoit de la main de son
mary ; elle en futsi troublée
qu'elle nes'aperceut pas que le
Porteur de cette Lettre disparutdanslemomentsans
qu'elle
put luifaire aucune quetion
, elle ouvre précipitament l'enveloppe
; mais au lieu d'une
lettre qu'elley croit trouver, il
ne s'y rencontre qu'une Procuration
generalefousseing privé
, pour recevoir tous leurs
biens,les transporter, cedder,échanget,
vendre,en un motpour
en faire toutce qu'ellejugera
à propos, &ce ,
pendant l'espace
de 10ansseulement. Voilà
une femme bien étourdie
elle envoye au plus visse chercher
sa mere, à qui jusqu'alors
elle avoit caché son malheur
,
£7* qui en veritable devote ne
s'effraya point de cette nouvelle.
Mafille,lui dit-elle,avec dOU4
ceur ,
c'est une afflictionque
le Ciel vous envoye, & que
vous devez recevoit avecsoumission
; ce qui doit vous consoler,
c'est que vous estesjustifiée
dans le Public
,
&qu'il
paroist que vostre mary nes'est
point éloigné par aucun mécontentement
qu'il ait receu de
vous, puisqu'ilvous addresse
cette procuration comme une
marque de confiance qu'il a en
vostre sagesse ;il est honneste
homme , il faut sans doute
qu'ilait eû des raisons qui vous
funt inconnues, &lorsqu'elles
serontetcessées ,vous trouverez
en lui un mary tendre & fidele;
cesraisons tant bonnesque
mauvaises raffermirent un peu
l'esprit de la jeune mariée; ily
a déja unmois qu'ellevit dans
cette cruelle esperance,fort retirée
du monde, que comme une
autre Penelope
,
elle attend que
ces longuesannéessoient expirees.,
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Résumé : « Le jeune Dorilas plus sage & plus arangé à vingt-cinq [...] »
Dorilas, âgé de vingt-cinq ans, hérite d'une succession de douze mille livres de rente après la perte de ses parents. Malgré sa richesse, il mène une vie modeste, attirant l'attention d'une veuve ayant deux filles pieuses. La veuve voit en Dorilas un bon parti pour sa fille aînée. Grâce à sa modestie, sa piété et son économie, Dorilas est rapidement accepté comme mari. Leur mariage dure dix jours avant que Dorilas ne disparaisse sans explication. Sa femme reçoit une procuration générale pour gérer leurs biens pendant dix ans. La mère de la jeune mariée, une dévote, la console en lui assurant que son mari reviendra. La jeune femme vit dans l'espoir de revoir son mari, retirée du monde, attendant que les raisons de son absence cessent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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450
p. 145-178
EXTRAIT d'un memoire touchant les vegetations artificielles, lû par Mr Hombert dans la derniere assemblée de l'Académie Royale des Sciences.
Début :
Nous avons dans les operations de Chimie beaucoup de productions [...]
Mots clefs :
Eau, Bouteille, Végétations, Végétations artificielles, Sédiment, Métal, Feu
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un memoire touchant les vegetations artificielles, lû par Mr Hombert dans la derniere assemblée de l'Académie Royale des Sciences.
EXTRAIT
d'un memoire touchant
les vegetations
artificielles, lu par
MrHombert dans la
derniereassemblée de
l'Académie Royale
des Sciences.
- Nous
avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
ressemblent en quelque façonàlavegetationdes
plantes
l' ce qui a donné lieu de
lesappeller Vegetations méttaalllliiqquueess,
a,arrbbrreessddeeD[JiÍaannnnee, y &.
J'ay rangé ces sortes de
Vegetations en trois classes
I. Celles quiconsistent
en un métal pur & massif
sans aucun mélange.
2.Celles dont la composition
consiste en un metal
dissous, le dissolvant restant
meslé avec le metal, &
sassant partie de l'arbrisseau
qui en est produit.
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique,
maissimplement des
matieres salines,terreuses
& huileuses ses& huileu[es,
f&.;
Je donneray pourexem.
ples de la première classe
les; productions des trois
opérations suivantes. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin, &
dedix foisautant de Mercure
,ressuscité du Cinabre
broyé; lavez cet amalgame
plusieurs fois dans de
l'eau nette de riviere, jusqu'àce
que l'amalgamene
laisse plus de falleté dans
l'eau. Pour lors sechez vôtre
amalgame, mêlez-le
dans une corne de verre,
distillé au bain de sableà
très petit feu que vous entretiendrez
pendant un
jour ou deux, plus vous
pourrez continuer le feu
sans chasser tout à fait le
Mercure,plus la végétation
fera parfaite. Vous pousserez
le feu à lafin jusques à
faire forcirtout le Mercure,
laissezéteindre le feu,
vous trouverez vostre Mercure
dans le recepient, &
l'orou l'argent qui reliera
dans la cornue,fera doux
& pliant,&de la plusbelle
couleur que ces métaux
peuvent avoir,dont la masse
aura pousse des branches
en forme de petits arbrisfaux
de différentesfigures
& de différentes hauteurs,
que l'on peut tirer de la
cornue
,
les séparer de la
masse du métal qui leur à
servi devase, les faire rougir
au feu, & les garder
tant que l'on veut sans
qu'ils le gâtent.
f»> t. ,b
",.,. Mr Hombert explifque
par ordre chaque
operation, & en devielope
la mécanique avec
tant de netteté & de précision
qu'on ne pourroit
abreger ses explications
sans lesalterer, c'est ce
qui m'adéterminé à ne
prendre de son discours
que l'instruction necessaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique.
Le second exemple de
cette premiere classe des vegétations
articicielesfetire
de l'opération suivante.
Prenez une once ou deux
d'argent finfondez-le dans
un creuset,& pendant qu'il
esten fonte, jettez dessus
par diversesreprises autant
pesant de soufre commun;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer,
& le retirez promptement
du feu,laissezrefondre la
matiere, puis pilez la bien
menue
, remettez la dans
un autre creuset que vous
placerez dans un feu doux
de charbons ou dans. une
soitedigestionou bain de
sable sans fondre la mariere,
le soufre s'évaporera
peu à peu de la masse qui
est dans le creuset, & entraînera
avec luy une partie
de l'argentenforme de
filets fort blancs, brillants
& fort doux, qui tiennent
à la masse du métal d'où ils
sont fortis. J'en ay vu de la
hauteur de trois pouces, &
des lames de deux lignes
de large, &: de l'epaisseur
d'une carte à joüer.
L'opération suivante
donnera nostre troisieme
exemp le. Fondez enssemble
deux onces d'argent de
vaisselle
,
& six onces de
plomb, mêlez ce mélange
dans une counelle de
cendre dessous une mourfle,
donnezle feu qui convient
pour purifier cet argent
à la cou pelle, & dés
que vous verrezla marque
que l'argent est devenu fin,
vous retirerez la cou pelle
promptement du feu,&la
laisserez refroidir. Deux
ou trois minuttesaprésque
vous l'aurez retiré du feu,
il sortira brusquement de
dessus la superficie de cet
argent, un ou plusieurs jets
d'argenr fondu de la grosseur
d'un brinde paille,&
de la hauteur de 7. ou 8.
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils sortiront
de la masse d'argent qui est
dans la coupelle. Ces jets
sont ordinairement creux,
& prennent souvent la figure
de branches de coral.
Ils restent solidement attachez
à la massed'où ils
sont sortis.
Il faut que j'éclaircisse en
quoi consi ste la marque
que l'argent est devenu fin
dans lacou pelle,puis que
c'est lepointquifaitréüssir
l'operation, ou qui la
fait manquer. Cette marque
est lors que dans le
mesme degré de feu où l'argent
a esté en parfaite fusion
pendant tout le tems
du rafinage, sa surface se
fige dans la cou pelle tout
d'un coup en une croûte
dure & brillante,qui tient
fortement attachée par ses
bor ds au corps de la coupelle,
pendant que l'interieure
de cettemasse d'argent
est encore en fusion t
c'est dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu, & la placer dans un
lieu froid.
Cesopérations suffisent
pour établir le caradtere des.
végétations artificielles de
la premiere classe,c'est-àdire,
de celle dont la matière
consiste en un métal
pur,massif& sans aucun
mélange. Pour ce qui est
de celles de la fécondé classe
dont la composition
consiste en un métal difsous,
& où le dissolvant
reste mélé avec le métal.
J'ay lû autrefois dans une
de nos assemblées un mémoire
qui aété imprimé
en 1692.. Ce memoirecontient
plusieurs operations
qui enfeigent différentes
manières de faire des vegétations
artificielles; elles
peuvent toutes servir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la seconde
classe; ainsi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troisiémeclasse toutes les
autres végétations artificielles
qui netiennentrien
de metalique
, nous en
donnerons icy de mesme
trois exemples.Prenez huit
onces de salpestre fixé par
Je charbon à la manière
ordinaire, faites les résoudreà
la cave, ou huile par
défaillance, filtrez la, &
versez dedans peu à peu de
l'huiledevitriol jusques à
parfaite saturation, ou jusques
à ce que l'ébullition
cesse; faites évaporer l'humidité
,il restera une massesaline,
compacte, pure,
tres-blanche, & fort
acre ;pillez la grossierement,
& versez dessus un
demi-septir d'eau froide
de rivière dans une écuelle.
degrais, laissez la pendant
quelques jours surune table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie, & le
sel encore humide commencera
de vegeter en plusieurs
endroits,en pouffant
destouffesen aigrettes qui
partent chacune d'un mesme
centre,&qui se divisent
en diverses branches
pointuës,roides & cassantes
, longues de i-z- à 15.
lignes. Ces aigrettes se forment
ord inairement sur
tout le bord de l'écuelle,&
y composent une espece de
couronnement. Elles cessent
de croi stre quand toute
l'eau a esté évaporée de
l'écuelle
; mais en remettant
de l'eau sur ce scieil
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour second
exemple de cette classe
certaines cristaliations
ou arbrisseaux quej'aitrouvées
produites naturellement
sur le rivage de la
mer d'Espagne
, que l'on
peut
peut imiter facilement par
art , n'étantautre chose
qu'une tige branchuë
quelque plante desseichée
&sans feüilles,qui aété arroséeplusieur
par l'eau
de lamerdont l'humeur
aquesement esté évapofée.)
r-estresté, & s'est
cristallisédessus,encouvrant
toute la plante d'abord
fort legerement; maisayant
esté moüillée plusieursfois
en diversrems,le
sels'yaugmente peuàpeu,
& represente une plantede
sel.J'en ay vû une fort belle
de cette nature dans lecabinet
de feu Mr. de Tournefort,
qui estoit d'environun.
pied, blanchecomme de
la neige. J'en ai fait de semblables
en employant de
l'eau salée. Il faut avoir la
précaution d'osterl'écorce
de la branche quisert de
charpente ou de soutien à
cette cristallisation, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obscuciroit
la blancheur tranfparante
du sel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troisiéme
exemple l'observation
suivante. Dans un temps
dorage accompagné de
beaucoup de pluie&de tonnerre
,je remplisune bouteille
de verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluie qui avoit coulé de
dessus un vieux toit dethuiles
, & qui avoir reposé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
négligemment fermée
d'un bouchon de papier
sur unefenestreexpofée
aumidi, où l'ayantoubliée
ellerestasansestreremuée
environ trois mois,
l'eau ne paroissoit pastrouble
quand je la puisay. Cependant
il s'amassa peu à
peu au fond de la bouteille
un sediment de couleur
verte de l'épaisseur de trois
ou quatre lignes. Il se fit
apparemment une se mentation
dans cette matiere
car elle me parut fort spongieuse
& pleine de petites
bubes d'air,qui selon toutes
les apparences s'étoient
separées du limon qui fai-
:
lOlt le sediment, comme
il arrive toûjours de pareilles
réparations aériennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
'¡ Un jou qu'il saifoitfort
chaud dans le mois de Juillet,
vers les deux heures
aprèsmidi, je passay dan$J
l'endroit ou estoit cette'
bouteille,je 1aregdrday par
hazard,jen' trouvay paine
de limon au fond; mais je
la vis remplie d'une efpcce.
de vegetation d'une trèsbelle
couleur verte, dont
une partie paroissoit tenir
au fond de la bouteilk) ôc
le reste estoit simplement
suspendu comme des fillets
dans l'eau parmi lesquels
il y en avoir qui étoient
élevez jusques à yx
superficie de l'eau, & d'autres
qui estoient restez à
différentes distances de la
superficie,nageant entre
deux eaux, les ramifications
&filetsestoient garnieschacune
d'un grain ou
d'une petite boule qui paroisoit
blanche dans l'eau,
& brillantecomme de l'argent,
&quirepresentoit
commeunfruit sur le sommet
de la planre, en remuant
un peu la bouteille,
, 1\ je m'aperçûs que cette vegétation
n'avoir point de
consistance
; mais qu'elle
estoit soûtenuë par l'cau de
la boureille, & qu'elle flottoit
dans toute la masse de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide.
Le lendemain environvers
les 7. heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avoisparlé je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
& du limon verdrappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vu autrefois,
ce qui me donna la
curiosité de regarder £ou-
C> vent pendant la journée
cette bouteille, pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord surpris. Versles
dix heures du matin,
quiestoit le temps que le
soleil touchoit la fenestre
où estoit posée la bouteille
,
le limon du fond COIn.,
mença de s'enfler, & à mesurequeleau
s'échauffoit
ils'éleva de dessus lasuperficie
ficie de ce limon
, une infinité
de bosses, qui peu à
peu en s'élevant davantage
diminuerent de grosf
ur ,
& produisirent des
filets de la substance du limon
même;de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapissoit le
fond de la bouteille estoit
converty en filets dont
quelques-uns tenoient ensemble
ôc paroissoient sortir
les uns des autres representant
des branchages, &
les autres flottoient comme
de simples filets droits
& tournez selon qu'ilsavoient
été obligez de se détournerpar
les autres qu'ils
avoient rencontrez en
chemin, chacun ayant attaché
a son bout superieur
une perleblanche qui estoient
de differentes grosseurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
resterent dans cette situationpendant
toutletemps
que le Soleil les éclaira;
c'est a' direjusqu'à quatre
heures aprèsmidy. Immediatement
aprés ce tems ,
jevis les filets & les ramifications
retomber peu à peu
au fond de la bouteille, &
en mesme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications, diminuer
peu à peu de grosseur
, &
estantenfin entraisnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ilsrecomposerent la
mesme quantité de sediment
ou de limonverd
que j'avoisobservé en premier
lieu. Le lendemain il
arriva la mesme chose &
aux mesmesheures, ce qui
a continué pendant tout le
reste del'Esté;c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
,
& que le Soleil apû atteindre
la bouteille. Le reste
de l'année, non seulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau; maisle
limon du fond ou le sediment
de la bouteille, qui
pendant les nuits de l'Esté
estoi épais de trois ouquatre
lignes, s'est si fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaisseur,&
les petites bulles
d'air dont ce limon
estoitfort sensiblement.
parsemé en Estéont disparu
entierement pendant
'hyver; de forte qu'on ne
lesvoyoit plus dutout.
J'ay de loin approché
cette phioledu feu pendant
l'hyver, les bulles d'air ont
repara dans le sediment
y &àmesure que l'eau de la
bouteille s'est échauffée,
le sediment s'est gonflé,
les branchages se sont refaits
dans toute la masse
de l'eau comme il estoit
arrivé en Esté par la chaleur
du Soleil, & en éloignant
la bouteille du feu
le sediment s'estremis au
fond de l'eau à t-iieftirz
qu'elles'estrefroidie J'ay
fait cetteexperience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver, qui ont bien réüssy
mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille,
il s'est fait une écumesur
l'eau,ce quin'estoit
jamais arrivé
, & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toutel'eau,
se sont précipitez subitement
au fond de la bouteilleenforme
de limon J
qui ne s'est jamais relevé
depuis en branchages com-
Jlle il faisoit auparavanr.
L'on voit aisémenticy
que les bulles d'air enveloppées
dans le sediment
verd ont esté la cause de
l'élévation de ce sediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
,
& que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits, n'estoient autre
chose que ces mesmes
bulles d'air engagées &
enveloppées en partie dans
le tissu de ce limon ; ces
bulles d'airayant esté dilatées
considerablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu
,
sont devenuës si
legeres en comparaison
d'un pareil volume d'eau,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobstant le
poidsdulimonà quoy
elles estoient attachées
-
de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages quiont formé
cette vegetation.Et comme
la derniere fois que j'ay
presenté la bouteille au
feu, je l'ay trop échauffée,
les bulles d'air ont esté
trop dilatées & ont entraisné
les enveloppes qui les
retenoient & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru sur l'eau de la
bouteille. Aussi depuis ce
t temps le limon ne s'est
plus élevé dans son eau &
il n'y a plus paru de vege- tation.
Quand on observera
bien toutes ces circonstances
que j'ay marquées. En
amassant de l'eau de pluye
oonnrreélïtteerreerraacceetttteeeexxppeernieenn:-.
ce de la même maniere
quand on le voudra. mon
Si la fameuse Palingenisie
estoit verifiée, elle
pourroit servir encore d'exemple
de làtroifiémeelaC.
<
se des végétations artificielles.
d'un memoire touchant
les vegetations
artificielles, lu par
MrHombert dans la
derniereassemblée de
l'Académie Royale
des Sciences.
- Nous
avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
ressemblent en quelque façonàlavegetationdes
plantes
l' ce qui a donné lieu de
lesappeller Vegetations méttaalllliiqquueess,
a,arrbbrreessddeeD[JiÍaannnnee, y &.
J'ay rangé ces sortes de
Vegetations en trois classes
I. Celles quiconsistent
en un métal pur & massif
sans aucun mélange.
2.Celles dont la composition
consiste en un metal
dissous, le dissolvant restant
meslé avec le metal, &
sassant partie de l'arbrisseau
qui en est produit.
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique,
maissimplement des
matieres salines,terreuses
& huileuses ses& huileu[es,
f&.;
Je donneray pourexem.
ples de la première classe
les; productions des trois
opérations suivantes. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin, &
dedix foisautant de Mercure
,ressuscité du Cinabre
broyé; lavez cet amalgame
plusieurs fois dans de
l'eau nette de riviere, jusqu'àce
que l'amalgamene
laisse plus de falleté dans
l'eau. Pour lors sechez vôtre
amalgame, mêlez-le
dans une corne de verre,
distillé au bain de sableà
très petit feu que vous entretiendrez
pendant un
jour ou deux, plus vous
pourrez continuer le feu
sans chasser tout à fait le
Mercure,plus la végétation
fera parfaite. Vous pousserez
le feu à lafin jusques à
faire forcirtout le Mercure,
laissezéteindre le feu,
vous trouverez vostre Mercure
dans le recepient, &
l'orou l'argent qui reliera
dans la cornue,fera doux
& pliant,&de la plusbelle
couleur que ces métaux
peuvent avoir,dont la masse
aura pousse des branches
en forme de petits arbrisfaux
de différentesfigures
& de différentes hauteurs,
que l'on peut tirer de la
cornue
,
les séparer de la
masse du métal qui leur à
servi devase, les faire rougir
au feu, & les garder
tant que l'on veut sans
qu'ils le gâtent.
f»> t. ,b
",.,. Mr Hombert explifque
par ordre chaque
operation, & en devielope
la mécanique avec
tant de netteté & de précision
qu'on ne pourroit
abreger ses explications
sans lesalterer, c'est ce
qui m'adéterminé à ne
prendre de son discours
que l'instruction necessaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique.
Le second exemple de
cette premiere classe des vegétations
articicielesfetire
de l'opération suivante.
Prenez une once ou deux
d'argent finfondez-le dans
un creuset,& pendant qu'il
esten fonte, jettez dessus
par diversesreprises autant
pesant de soufre commun;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer,
& le retirez promptement
du feu,laissezrefondre la
matiere, puis pilez la bien
menue
, remettez la dans
un autre creuset que vous
placerez dans un feu doux
de charbons ou dans. une
soitedigestionou bain de
sable sans fondre la mariere,
le soufre s'évaporera
peu à peu de la masse qui
est dans le creuset, & entraînera
avec luy une partie
de l'argentenforme de
filets fort blancs, brillants
& fort doux, qui tiennent
à la masse du métal d'où ils
sont fortis. J'en ay vu de la
hauteur de trois pouces, &
des lames de deux lignes
de large, &: de l'epaisseur
d'une carte à joüer.
L'opération suivante
donnera nostre troisieme
exemp le. Fondez enssemble
deux onces d'argent de
vaisselle
,
& six onces de
plomb, mêlez ce mélange
dans une counelle de
cendre dessous une mourfle,
donnezle feu qui convient
pour purifier cet argent
à la cou pelle, & dés
que vous verrezla marque
que l'argent est devenu fin,
vous retirerez la cou pelle
promptement du feu,&la
laisserez refroidir. Deux
ou trois minuttesaprésque
vous l'aurez retiré du feu,
il sortira brusquement de
dessus la superficie de cet
argent, un ou plusieurs jets
d'argenr fondu de la grosseur
d'un brinde paille,&
de la hauteur de 7. ou 8.
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils sortiront
de la masse d'argent qui est
dans la coupelle. Ces jets
sont ordinairement creux,
& prennent souvent la figure
de branches de coral.
Ils restent solidement attachez
à la massed'où ils
sont sortis.
Il faut que j'éclaircisse en
quoi consi ste la marque
que l'argent est devenu fin
dans lacou pelle,puis que
c'est lepointquifaitréüssir
l'operation, ou qui la
fait manquer. Cette marque
est lors que dans le
mesme degré de feu où l'argent
a esté en parfaite fusion
pendant tout le tems
du rafinage, sa surface se
fige dans la cou pelle tout
d'un coup en une croûte
dure & brillante,qui tient
fortement attachée par ses
bor ds au corps de la coupelle,
pendant que l'interieure
de cettemasse d'argent
est encore en fusion t
c'est dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu, & la placer dans un
lieu froid.
Cesopérations suffisent
pour établir le caradtere des.
végétations artificielles de
la premiere classe,c'est-àdire,
de celle dont la matière
consiste en un métal
pur,massif& sans aucun
mélange. Pour ce qui est
de celles de la fécondé classe
dont la composition
consiste en un métal difsous,
& où le dissolvant
reste mélé avec le métal.
J'ay lû autrefois dans une
de nos assemblées un mémoire
qui aété imprimé
en 1692.. Ce memoirecontient
plusieurs operations
qui enfeigent différentes
manières de faire des vegétations
artificielles; elles
peuvent toutes servir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la seconde
classe; ainsi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troisiémeclasse toutes les
autres végétations artificielles
qui netiennentrien
de metalique
, nous en
donnerons icy de mesme
trois exemples.Prenez huit
onces de salpestre fixé par
Je charbon à la manière
ordinaire, faites les résoudreà
la cave, ou huile par
défaillance, filtrez la, &
versez dedans peu à peu de
l'huiledevitriol jusques à
parfaite saturation, ou jusques
à ce que l'ébullition
cesse; faites évaporer l'humidité
,il restera une massesaline,
compacte, pure,
tres-blanche, & fort
acre ;pillez la grossierement,
& versez dessus un
demi-septir d'eau froide
de rivière dans une écuelle.
degrais, laissez la pendant
quelques jours surune table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie, & le
sel encore humide commencera
de vegeter en plusieurs
endroits,en pouffant
destouffesen aigrettes qui
partent chacune d'un mesme
centre,&qui se divisent
en diverses branches
pointuës,roides & cassantes
, longues de i-z- à 15.
lignes. Ces aigrettes se forment
ord inairement sur
tout le bord de l'écuelle,&
y composent une espece de
couronnement. Elles cessent
de croi stre quand toute
l'eau a esté évaporée de
l'écuelle
; mais en remettant
de l'eau sur ce scieil
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour second
exemple de cette classe
certaines cristaliations
ou arbrisseaux quej'aitrouvées
produites naturellement
sur le rivage de la
mer d'Espagne
, que l'on
peut
peut imiter facilement par
art , n'étantautre chose
qu'une tige branchuë
quelque plante desseichée
&sans feüilles,qui aété arroséeplusieur
par l'eau
de lamerdont l'humeur
aquesement esté évapofée.)
r-estresté, & s'est
cristallisédessus,encouvrant
toute la plante d'abord
fort legerement; maisayant
esté moüillée plusieursfois
en diversrems,le
sels'yaugmente peuàpeu,
& represente une plantede
sel.J'en ay vû une fort belle
de cette nature dans lecabinet
de feu Mr. de Tournefort,
qui estoit d'environun.
pied, blanchecomme de
la neige. J'en ai fait de semblables
en employant de
l'eau salée. Il faut avoir la
précaution d'osterl'écorce
de la branche quisert de
charpente ou de soutien à
cette cristallisation, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obscuciroit
la blancheur tranfparante
du sel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troisiéme
exemple l'observation
suivante. Dans un temps
dorage accompagné de
beaucoup de pluie&de tonnerre
,je remplisune bouteille
de verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluie qui avoit coulé de
dessus un vieux toit dethuiles
, & qui avoir reposé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
négligemment fermée
d'un bouchon de papier
sur unefenestreexpofée
aumidi, où l'ayantoubliée
ellerestasansestreremuée
environ trois mois,
l'eau ne paroissoit pastrouble
quand je la puisay. Cependant
il s'amassa peu à
peu au fond de la bouteille
un sediment de couleur
verte de l'épaisseur de trois
ou quatre lignes. Il se fit
apparemment une se mentation
dans cette matiere
car elle me parut fort spongieuse
& pleine de petites
bubes d'air,qui selon toutes
les apparences s'étoient
separées du limon qui fai-
:
lOlt le sediment, comme
il arrive toûjours de pareilles
réparations aériennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
'¡ Un jou qu'il saifoitfort
chaud dans le mois de Juillet,
vers les deux heures
aprèsmidi, je passay dan$J
l'endroit ou estoit cette'
bouteille,je 1aregdrday par
hazard,jen' trouvay paine
de limon au fond; mais je
la vis remplie d'une efpcce.
de vegetation d'une trèsbelle
couleur verte, dont
une partie paroissoit tenir
au fond de la bouteilk) ôc
le reste estoit simplement
suspendu comme des fillets
dans l'eau parmi lesquels
il y en avoir qui étoient
élevez jusques à yx
superficie de l'eau, & d'autres
qui estoient restez à
différentes distances de la
superficie,nageant entre
deux eaux, les ramifications
&filetsestoient garnieschacune
d'un grain ou
d'une petite boule qui paroisoit
blanche dans l'eau,
& brillantecomme de l'argent,
&quirepresentoit
commeunfruit sur le sommet
de la planre, en remuant
un peu la bouteille,
, 1\ je m'aperçûs que cette vegétation
n'avoir point de
consistance
; mais qu'elle
estoit soûtenuë par l'cau de
la boureille, & qu'elle flottoit
dans toute la masse de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide.
Le lendemain environvers
les 7. heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avoisparlé je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
& du limon verdrappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vu autrefois,
ce qui me donna la
curiosité de regarder £ou-
C> vent pendant la journée
cette bouteille, pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord surpris. Versles
dix heures du matin,
quiestoit le temps que le
soleil touchoit la fenestre
où estoit posée la bouteille
,
le limon du fond COIn.,
mença de s'enfler, & à mesurequeleau
s'échauffoit
ils'éleva de dessus lasuperficie
ficie de ce limon
, une infinité
de bosses, qui peu à
peu en s'élevant davantage
diminuerent de grosf
ur ,
& produisirent des
filets de la substance du limon
même;de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapissoit le
fond de la bouteille estoit
converty en filets dont
quelques-uns tenoient ensemble
ôc paroissoient sortir
les uns des autres representant
des branchages, &
les autres flottoient comme
de simples filets droits
& tournez selon qu'ilsavoient
été obligez de se détournerpar
les autres qu'ils
avoient rencontrez en
chemin, chacun ayant attaché
a son bout superieur
une perleblanche qui estoient
de differentes grosseurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
resterent dans cette situationpendant
toutletemps
que le Soleil les éclaira;
c'est a' direjusqu'à quatre
heures aprèsmidy. Immediatement
aprés ce tems ,
jevis les filets & les ramifications
retomber peu à peu
au fond de la bouteille, &
en mesme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications, diminuer
peu à peu de grosseur
, &
estantenfin entraisnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ilsrecomposerent la
mesme quantité de sediment
ou de limonverd
que j'avoisobservé en premier
lieu. Le lendemain il
arriva la mesme chose &
aux mesmesheures, ce qui
a continué pendant tout le
reste del'Esté;c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
,
& que le Soleil apû atteindre
la bouteille. Le reste
de l'année, non seulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau; maisle
limon du fond ou le sediment
de la bouteille, qui
pendant les nuits de l'Esté
estoi épais de trois ouquatre
lignes, s'est si fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaisseur,&
les petites bulles
d'air dont ce limon
estoitfort sensiblement.
parsemé en Estéont disparu
entierement pendant
'hyver; de forte qu'on ne
lesvoyoit plus dutout.
J'ay de loin approché
cette phioledu feu pendant
l'hyver, les bulles d'air ont
repara dans le sediment
y &àmesure que l'eau de la
bouteille s'est échauffée,
le sediment s'est gonflé,
les branchages se sont refaits
dans toute la masse
de l'eau comme il estoit
arrivé en Esté par la chaleur
du Soleil, & en éloignant
la bouteille du feu
le sediment s'estremis au
fond de l'eau à t-iieftirz
qu'elles'estrefroidie J'ay
fait cetteexperience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver, qui ont bien réüssy
mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille,
il s'est fait une écumesur
l'eau,ce quin'estoit
jamais arrivé
, & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toutel'eau,
se sont précipitez subitement
au fond de la bouteilleenforme
de limon J
qui ne s'est jamais relevé
depuis en branchages com-
Jlle il faisoit auparavanr.
L'on voit aisémenticy
que les bulles d'air enveloppées
dans le sediment
verd ont esté la cause de
l'élévation de ce sediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
,
& que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits, n'estoient autre
chose que ces mesmes
bulles d'air engagées &
enveloppées en partie dans
le tissu de ce limon ; ces
bulles d'airayant esté dilatées
considerablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu
,
sont devenuës si
legeres en comparaison
d'un pareil volume d'eau,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobstant le
poidsdulimonà quoy
elles estoient attachées
-
de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages quiont formé
cette vegetation.Et comme
la derniere fois que j'ay
presenté la bouteille au
feu, je l'ay trop échauffée,
les bulles d'air ont esté
trop dilatées & ont entraisné
les enveloppes qui les
retenoient & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru sur l'eau de la
bouteille. Aussi depuis ce
t temps le limon ne s'est
plus élevé dans son eau &
il n'y a plus paru de vege- tation.
Quand on observera
bien toutes ces circonstances
que j'ay marquées. En
amassant de l'eau de pluye
oonnrreélïtteerreerraacceetttteeeexxppeernieenn:-.
ce de la même maniere
quand on le voudra. mon
Si la fameuse Palingenisie
estoit verifiée, elle
pourroit servir encore d'exemple
de làtroifiémeelaC.
<
se des végétations artificielles.
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Résumé : EXTRAIT d'un memoire touchant les vegetations artificielles, lû par Mr Hombert dans la derniere assemblée de l'Académie Royale des Sciences.
M. Hombert présente un mémoire à l'Académie Royale des Sciences sur les végétations artificielles en chimie, classées en trois catégories : métaux purs et massifs, métaux dissous et mélangés avec un dissolvant, et matières salines, terreuses et huileuses. Pour la première catégorie, Hombert décrit trois opérations : 1. **Amalgame d'or ou d'argent avec du mercure** : En mélangeant de l'or ou de l'argent avec du mercure, puis en chauffant et en lavant, des structures métalliques semblables à des arbrisseaux se forment. 2. **Fusion d'argent avec du soufre** : En fondant de l'argent et en ajoutant du soufre, des filaments blancs et brillants apparaissent à la surface de l'argent. 3. **Fusion d'argent et de plomb** : En fondant ensemble de l'argent et du plomb, des jets d'argent se forment à la surface, prenant souvent des formes de branches de corail. Pour la troisième catégorie, Hombert donne trois exemples : 1. **Cristallisation de sel** : En dissolvant du salpêtre dans de l'huile et en ajoutant de l'eau, des structures cristallines se forment. 2. **Cristallisation sur des plantes** : En arrosant des plantes avec de l'eau salée, des cristaux de sel se forment sur les branches. 3. **Végétation dans une bouteille d'eau** : En laissant de l'eau de pluie dans une bouteille, des structures végétales se forment et se déforment selon la température, montrant un cycle de formation et de dissolution. Hombert explique chaque opération avec précision, fournissant des instructions détaillées pour reproduire ces phénomènes. Le texte décrit également un phénomène observé dans une bouteille contenant de l'eau et du limon. Initialement, des bulles d'air emprisonnées dans le sédiment verdâtre ont provoqué l'élévation du limon sous forme de filets et de branchages, occupant toute la capacité de la bouteille. Ces bulles, dilatées par la chaleur du Soleil ou du feu, sont devenues plus légères que l'eau, entraînant le limon avec elles et formant une végétation artificielle. Lors d'un échauffement excessif, les bulles se sont trop dilatées, entraînant les enveloppes qui les retenaient et formant une écume à la surface de l'eau. Depuis cet incident, le limon ne s'est plus élevé et aucune végétation n'est réapparue. Le texte suggère que ce phénomène pourrait être reproduit en observant les circonstances décrites et en utilisant de l'eau de pluie. Il mentionne également la possibilité d'utiliser cet exemple pour illustrer la palingenésie, le processus de régénération ou de transformation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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