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1
p. 78-79
DE LA CIGALE, ET DE LA FOURMY. FABLE. RONDEAU.
Début :
Le temps n'est plus de la belle saison, [...]
Mots clefs :
Temps, Dîner, Moisson
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texteReconnaissance textuelle : DE LA CIGALE, ET DE LA FOURMY. FABLE. RONDEAU.
DE LA CIGALE,
ССКОЯ
L
ET DE LA FOVRMY.
FABLE
RONDEAU.
Etemps n'est plus de la bellefaiſon L'Hyverapproche,&Neige
flocon
àgros
Tombe du Ciel , Cigale verdelette ,
Nechanteplus, autreſoin l'inquiette,
C'est de diſner dont il est question,
Mais où diſner ? car de provision Il n'en estpoint , point de précaution ,
D'aller aux Champs fuccer la tendre
berbette,
Le tempsn'estplus.
Elle va droit à l'Habitation
Dela Fourmy, belle reception
*
A
GALANT. ST Mais rien de plus , ilfautfaire diette;
Quand on est vieux , c'est trop tard qu'on regrette Les joursperdus , &defaire moiffon
Letempsn'est plus.
ССКОЯ
L
ET DE LA FOVRMY.
FABLE
RONDEAU.
Etemps n'est plus de la bellefaiſon L'Hyverapproche,&Neige
flocon
àgros
Tombe du Ciel , Cigale verdelette ,
Nechanteplus, autreſoin l'inquiette,
C'est de diſner dont il est question,
Mais où diſner ? car de provision Il n'en estpoint , point de précaution ,
D'aller aux Champs fuccer la tendre
berbette,
Le tempsn'estplus.
Elle va droit à l'Habitation
Dela Fourmy, belle reception
*
A
GALANT. ST Mais rien de plus , ilfautfaire diette;
Quand on est vieux , c'est trop tard qu'on regrette Les joursperdus , &defaire moiffon
Letempsn'est plus.
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Résumé : DE LA CIGALE, ET DE LA FOURMY. FABLE. RONDEAU.
La fable 'De la Cigale et de la Fourmi' raconte comment une cigale, sans provisions en hiver, regrette de ne pas avoir fait de réserves. Elle demande de l'aide à la fourmi, qui refuse, soulignant qu'il est trop tard pour regretter les jours perdus. Le thème central est l'importance de la prévoyance.
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2
p. 43
Ils disnent à Ennebon. [titre d'après la table]
Début :
Le 12 ils disnerent à Ennebon, où on leur donna [...]
Mots clefs :
Dîner, Hennebont, Morbihan
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texteReconnaissance textuelle : Ils disnent à Ennebon. [titre d'après la table]
Le 12 ils diſnerent à Ennebon
, où on leur donna
le Bal , & coucherent à
Auray , petite Ville de
Bretagne fur un Golfe ou
bras de Mer , qu'on appelle
Morbihan.
, où on leur donna
le Bal , & coucherent à
Auray , petite Ville de
Bretagne fur un Golfe ou
bras de Mer , qu'on appelle
Morbihan.
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3
p. 269-272
Les Ambassadeurs vont au Diner du Roy ; & ce qui s'y passe, [titre d'après la table]
Début :
On les mena le lendemain au Dîner du Roy, où ils eurent [...]
Mots clefs :
Dîner du roi, Roi, Dîner, Bonté, Hardiesse, Compliment
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs vont au Diner du Roy ; & ce qui s'y passe, [titre d'après la table]
On les mena le lendemain
au Diner du Roy, où ils curent
toûjours les mains jointes
& élevées. Comme il leur
fut permis de le voir pendant
tour leRepas, ce qu'ils tinrent
à grande faveur , ils le regarderent
avec une attention
curicufe,mais toûjours rem
plie du plus profond reſpect.
Les mapieres deace. Monar
que ueles les charmerenttellement,
qu'un des Mandarins nomdes
Amb. de siam .
259
mé Racan , ſe ſentant tout
@remply de ce grand Prince ,
& tout penetré d'amour &
d'admiration , dit à Me l'Abbé
de Lionne : Si je sçavois
parler François, je luy parlerois ;
carsa bonté me paroist fi grande ,
que je croy qu'elle le feroit encore
plus que ma bardieffe. Le
grand nombre des Inſtru
mens qui joüoient pendant
ce repas , obligeal le Roy à leur
faire dire que ce bruit eſtoit
ecauſe qu'il ne leur parleroit
qu'aprés le Dîner : ce que Sa
Majefté fit auffi-tôt qu'Elle
fut fortie de table. L'Ambaſſadeur
ſe ſervit de cette
10
260 Suite du Voyage
occaſion pour donner au Roy
une Lettre de Me Conſtance.
Il dit : Que ce Ministre avoit
eu la bardieffe de faire de petits
Preſens à Sa Majesté , mais qu'il
efperoit que sa bonté seroit affez
grande pour la luy pardonner.
Le Roy reçût ce Compliment
d'une maniere ſi agreable ,
& l'air dont il leur parla les
charma fi fort , qu'auffi- tôt
qu'ils farent hors de la prefence
de ce Prince , l'Ambaffadeur
dit , Que c'estoit à pre-
Sent qu'ils connoiſſoient qu'ils
avoient beaucoup plus de force
4
qu'ils n'avoient crû , puisqu'ils
avoient efté capables de foûtenir
les
7
des Amb. de Siam. 261
M
les grandes bontez du Roy.
au Diner du Roy, où ils curent
toûjours les mains jointes
& élevées. Comme il leur
fut permis de le voir pendant
tour leRepas, ce qu'ils tinrent
à grande faveur , ils le regarderent
avec une attention
curicufe,mais toûjours rem
plie du plus profond reſpect.
Les mapieres deace. Monar
que ueles les charmerenttellement,
qu'un des Mandarins nomdes
Amb. de siam .
259
mé Racan , ſe ſentant tout
@remply de ce grand Prince ,
& tout penetré d'amour &
d'admiration , dit à Me l'Abbé
de Lionne : Si je sçavois
parler François, je luy parlerois ;
carsa bonté me paroist fi grande ,
que je croy qu'elle le feroit encore
plus que ma bardieffe. Le
grand nombre des Inſtru
mens qui joüoient pendant
ce repas , obligeal le Roy à leur
faire dire que ce bruit eſtoit
ecauſe qu'il ne leur parleroit
qu'aprés le Dîner : ce que Sa
Majefté fit auffi-tôt qu'Elle
fut fortie de table. L'Ambaſſadeur
ſe ſervit de cette
10
260 Suite du Voyage
occaſion pour donner au Roy
une Lettre de Me Conſtance.
Il dit : Que ce Ministre avoit
eu la bardieffe de faire de petits
Preſens à Sa Majesté , mais qu'il
efperoit que sa bonté seroit affez
grande pour la luy pardonner.
Le Roy reçût ce Compliment
d'une maniere ſi agreable ,
& l'air dont il leur parla les
charma fi fort , qu'auffi- tôt
qu'ils farent hors de la prefence
de ce Prince , l'Ambaffadeur
dit , Que c'estoit à pre-
Sent qu'ils connoiſſoient qu'ils
avoient beaucoup plus de force
4
qu'ils n'avoient crû , puisqu'ils
avoient efté capables de foûtenir
les
7
des Amb. de Siam. 261
M
les grandes bontez du Roy.
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Résumé : Les Ambassadeurs vont au Diner du Roy ; & ce qui s'y passe, [titre d'après la table]
Lors d'un dîner royal, des ambassadeurs de Siam furent présents, les mains jointes et élevées en signe de respect. Ils observèrent attentivement et avec admiration le roi tout au long du repas, accompagné par des musiciens. Le roi annonça qu'il s'adresserait aux ambassadeurs après le dîner. À la fin du repas, l'ambassadeur de Siam remit une lettre du ministre Constance au roi, mentionnant que ce ministre avait offert de petits présents et espérait que le roi les pardonnerait. Le roi accepta ce compliment avec agrément, charmant ainsi les ambassadeurs. Une fois sortis de la présence royale, l'ambassadeur exprima leur satisfaction d'avoir soutenu le regard du roi et d'avoir apprécié ses grandes bontés.
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4
p. 215-217
Gravelines. [titre d'après la table]
Début :
Aprés avoir séjourné le 27. à Calais, ils en partirent le [...]
Mots clefs :
Gravelines, Calais, Dîner, Places, Place
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texteReconnaissance textuelle : Gravelines. [titre d'après la table]
Aprés avoir féjourné le 27.
à Calais , ils en partirent le
lendemain pour aller dîner à
Gravelines . Cette Ville eſt
ſituée prés de la Mer ſur la
Riviere d'Aa , entre Calais
& Dunkerque. Charles-
Quint y fit bâtir un fort
Château en 1528. C'eſt aujourd'huy
une des plus fortes
& des plus regulieres Places
de l'Europe . Elle a eſté cedée
aux François par la Paix
des Pyrenées. Ils l'avoient
216 III. P. du Voyage
priſe en 1658. Quoy que les
Ambaſſadeurs ne dûfſſent s'y
arrêter que pour dîner ſeulement
, ils ne laifferent pas
d'y eſtre reçûs avec les mêmes
honneurs que dans toutes
les autres Villes où ils avoient
couché. Toutes les
Trcupes qui compoſent la
Garniſon eftoient ſous les Armes
, & ils trouverent une
Garde poſée à la porte de leur
Logis. Ils ne pûrent voir la
Place qu'en entrant , & en
ſortant ; mais ils envoyerent
plufieurs Mandarins pour en
viſiter les endroits qu'ils ne
pûrent
des Amb. de Siam. 217
pûrent voir. Pendant qu'ils
en examinerent le Plan avec
l'Ingenieur de la Place , ils
On
demanderent, s'ils ne verroient
plus d'auffi belles Places.
leur répondit , qu'ils jugeroient
eux-mefmes ſi celles qu'on avoit
encore à leur faire voir, estoient
auffi belles .
à Calais , ils en partirent le
lendemain pour aller dîner à
Gravelines . Cette Ville eſt
ſituée prés de la Mer ſur la
Riviere d'Aa , entre Calais
& Dunkerque. Charles-
Quint y fit bâtir un fort
Château en 1528. C'eſt aujourd'huy
une des plus fortes
& des plus regulieres Places
de l'Europe . Elle a eſté cedée
aux François par la Paix
des Pyrenées. Ils l'avoient
216 III. P. du Voyage
priſe en 1658. Quoy que les
Ambaſſadeurs ne dûfſſent s'y
arrêter que pour dîner ſeulement
, ils ne laifferent pas
d'y eſtre reçûs avec les mêmes
honneurs que dans toutes
les autres Villes où ils avoient
couché. Toutes les
Trcupes qui compoſent la
Garniſon eftoient ſous les Armes
, & ils trouverent une
Garde poſée à la porte de leur
Logis. Ils ne pûrent voir la
Place qu'en entrant , & en
ſortant ; mais ils envoyerent
plufieurs Mandarins pour en
viſiter les endroits qu'ils ne
pûrent
des Amb. de Siam. 217
pûrent voir. Pendant qu'ils
en examinerent le Plan avec
l'Ingenieur de la Place , ils
On
demanderent, s'ils ne verroient
plus d'auffi belles Places.
leur répondit , qu'ils jugeroient
eux-mefmes ſi celles qu'on avoit
encore à leur faire voir, estoient
auffi belles .
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Résumé : Gravelines. [titre d'après la table]
Le 27, les ambassadeurs séjournèrent à Calais avant de partir pour Gravelines, située près de la mer sur la rivière d'Aa, entre Calais et Dunkerque. Charles Quint y fit construire un fort château en 1528. Gravelines est aujourd'hui l'une des places les plus fortes et régulières d'Europe. Elle fut cédée aux Français par la Paix des Pyrénées après avoir été prise en 1658. Bien que les ambassadeurs ne devaient s'y arrêter que pour dîner, ils furent reçus avec les mêmes honneurs que dans les autres villes. Toutes les troupes de la garnison étaient sous les armes, et une garde était postée à la porte de leur logis. Les ambassadeurs ne purent voir la place qu'en entrant et en sortant, mais ils envoyèrent plusieurs mandarins pour en visiter les endroits qu'ils ne purent voir. Pendant qu'ils examinaient le plan avec l'ingénieur de la place, ils demandèrent s'ils verraient d'autres places aussi belles. On leur répondit qu'ils jugeraient eux-mêmes si les places qu'on leur ferait encore voir étaient aussi belles.
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5
p. 180-191
LETTRE sur le Passage de Don Carlos par la Provence.
Début :
L'Infant entra en Provence le 5. Decembre dernier, et [...]
Mots clefs :
Infant, Don Carlos, Provence, Officiers, Dîner, Monsieur le Bret, Portrait
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur le Passage de Don Carlos par la Provence.
LETTRE sur le Passage de Don Carlos
par la Provence.
'Infant entra en Provence le 5 Decembre dernier , et se rendit de Nismes à
Tarascon en traversant le Rhône sur le
Pont de Beaucaite.
M.le Brer , Conseiller d'Etat , Premier
Presi-
JANVIER. 1732. 181
President du Parlement d'Aix , Intendant et Commandant en chef de la Pro
vince , s'y étoit rendu deux jours auparavant avec un détachement de la Compagnie des Gardes du Gouverneur de la
Province , et un détachement de la Maréchaussée , commandé par M. d'Escra
gnolle , Prévôt Général. Le Marquis de
Graveson , et MM. Pazery de Thoraine,
Assesseur , et de Thomassin de la Garde
Consuls d'Aix , Procureurs du pays ou
Syndics Généraux de la Province, accom "
pagnez du Trésorier des Etats , de l'Ingenieur et des autres Officiers de la Province , avoient suivi M. l'Intendant sui
vant l'usage.
M. le Bret et les Procureurs du Pays
accompagnez du Comte de Marignane ,
Lieutenant General des Armées du Roi et
de 200 Gentilhommes ou Officiers des
premieres Maisons de la Province
n'ayant pu recevoir S. A. R. à la descente du Pont,à cause d'une grande pluie , se
rendirent à l'Hôtel qui avoit été préparé
pour le logement du Prince , et eurent
l'honneur de le recevoir à la porte, et de
lui présenter les respects de la Province;
M. Pazery de Thoraine, Assesseur, en chaperon, ainsi que ses Collegues , lui adressa
un Discours au nom de la Province , qui
fut très aplaudi.
I iiij Les
182 MERCURE DE FRANCE
Les Consuls de Tarascon en chaperon ,
à la tête des Gentilhommes et des Bourgeois de cette Ville , avoient déja eu
l'honneur de recevoir et de haranguer le
Prince à la Porte de la Ville qui étoit ornée d'un Arc de Triomphe , le Prince fut
salué en y entrant par une triple salve de
Boëtes qui avoient été placées sur les remparts , et passa au milieu d'une double haye de Milice Bourgeoise fort leste.
S. A. R. reçut après son dîner les respects du Chapitre Royal de sainte Marthe, fondé par le Roi Louis XI. M. l'Abbé de Fenelon qui en est le Doyen porta la parole ; le Corps de Ville eut aussi le même honneur.
M. Buon del Monti , Florentin, ViceLegat d'Avignon, qui s'étoit rendu à Tarascon avec tous les Officiers de la Legation et une nombreuse suite , eut aussi
l'honneur de saluer l'Infant qui le reçut
très gracieusement.
Le 6 S. A. R. arriva à Salon et logea
dans le Château qui appartient à l'Arche
vêque d'Arles qui l'avoit fait meubler
magnifiquement. Il y eut séjour à Salon
le 7 et le 8 , le Prince arriva à Aix le 9
à deux heures après midy.
Les Consuls haranguerent le Prince à
la Porte de la Ville où il y avoit une Garde
JANVIER. 17321 182
de bourgeoise sous les armes ; de- là , Dom
Carlos se rendit en la Maison de M. Maurel , l'une des plus belles du Cours , où il
devoit loger ; il y eut une autre Garde à
la porte composée de 150 hommes du Regiment de Flandres, commandés par deux
Capitaines avec un Drapeau , le reste des
neuf Compagnies étoient en bataille de
vant l'Hôtel du Prince ; toutes les Mai
sons du Cours étoient ornées en dehors
de Tapisseries , ce qui formoit un coupd'eil magnifique.
M. le Bret , à la tête de la Noblesse de
la Ville , reçut le Prince à la descente du
Carosse, et lui donna là main pour mon
ter dans son Appartement.
Après le diner , l'Infant s'amusa à tirer
des Lapins et des Pigeons qu'on avoit fait
mettre dans le Jardin.
Sur les cinq heures, les Députez du Par
lement , au nombre de 38 , ayant à leur
tête le Premier President , six autres Presidents , deux Avocats Generaux et 30
Conseillers,eurent l'honneur de haranguer
le Prince , M. le Bret portant la paroles
la Chambre des Comptes , Aydes et Finances , M. Albertas Premier President à
la tête , les Trésoriers de France , l'Université et la Senechaussée eurent aussi le
même honneur , ainsi que l'Archevêque
I iiij d'Aix
184 MERCURE DE FRANCE
d'Aix à la tête du Chapitre de l'Eglise
Metropolitaine de S. Sauveur , sa harangue fut fort pathetique, et il n'oublia pas
les graces quela Maison de Brancas a reçues duRoi d'Espagne , tous ces differens
Corps furent présentez au Prince par M.
Desgranges, Maître des Ceremonies , qui
presenta aussi au Prince et au Comte de
Sant-Estevan les Présens de la Ville &c.
Le soir il y eut des feux de joie devant
les portes de toutes les Maisons de la Ville et des illuminations aux fenêtres , cequi avoit été ordonné par le Parlement.
Le neufle Prince arriva à S. Maximin,
et logea dans le Monastere des Religieux
Dominiquains Réformez.
Le ro à Brignolle où S. A. R. fut obligée de rester à cause des neges , elle y reçut les complimens de la Ville, de la Se
nechaussée &c.
Le 11 le Prince arriva au Luc , et logea
au Château du Comte du Luc , Chevalierdes Ordres du Roi qui l'avoit fait meubler magnifiquement , tous les Officiers
et Seigneurs de sa suite y furent logez
aussi,et trouverent dans une belle Maison
toutes les commoditez possibles ; ce Prince y séjourna le 12, 13 et 14 , à cause des
pluyes et des neges qui avoient inondé
la plaine.
L.
JANVIER 1732.
189
Le 15 , le Prince alla dîner au Muy où
le Seigneur de ce lieu avoit fait préparer
uneAlte aussi splendide que délicate,pour
S. A. R. et pour sa suite. Le Marquis du
Muyaprès avoir fait les honneurs de chez
lui , alla lui- même reconnoître les chemins extrêmement remplis par les pluyes,
et sur son raport l'Infant continua sa route , et arriva le soir à Frejus ; il fut recu
à la porte de la Ville par les Consuls ,
avec les ceremonies ordinaires, et logea à
l'Evêché.
Le 16 S. A. R. arriva à Cannes et logea chez M. de Rioufe , Chevalier de
f'Ordre de S. Michel et Subdelegué de
l'Intendant de Provence , il y eut une
garde de jeunes gens fort lestement vétus
à la porte du Prince ; il y eut aussi une
danse de Matelots à la manière du pays
qui divertit Beaucoup le Prince. Il soupa
dans son lit à cause d'une indisposition
de rhume. ·
Le 17, le Chevalier d'Orleans arrivá
à Cannes , et se rendit chez le Prince ,
accompagné du Comte de Sant- Estevan ,
de M. le Brét et de M. Desgranges , il fit
un compliment au Prince de la part du
Roi auquel S. A. R. parut fort sensible.
L'Infant partit le même jour de Cannés et arriva à Antibes à midy , il fut Iv salué
186 MERCURE DE FRANCE
salué en passant devant les Isles sainte
Marguerite de tout le canon de cette Citadelle.
M. de Montesquiou Commandant ,
accompagné de l'Etat Major , reçut le
Prince à la Porte Royale , au bruit de
toute l'Artillerie de la Place , des Forts ,
et des neuf Galeres qui étoient dans le
Port, le Regiment de Luxembourg étoit
en haye depuis la porte de la Ville jusqu'au Château où logea le Prince , il y
avoit aussi une Garde de 150 hommes du
même Regiment avec un Drapeau.
Le Grand-Prieur , les Procureurs du
pays , M. le Bret , M. Desgranges , l'Etat
Major de la Place et la Noblesse du pays
reçurent le Prince à la porte du Château,
et l'accompagnerent dans son Apparte
ment. S. A. R. y trouva Don Miguel
Reggio , Sicilien , Chevalier de Malthe
Commandant les six Galeres d'Espagne
avec tous les autres Officiers des Galeres,
tous en habits uniformes de drap bleu
galonés d'or , M. de Marescotti , Commandeur des trois Galeres du Grand Duc
avec tous les Officiers et plusieurs autres
Seigneurs Florentins , dont la plûpart
étoient revétus de l'Ordre de S. Etienne,
en habits uniformes de drap écarlate galonés d'argent , et M. de Chateaufort ,
Ma-
.JANVIER. 1732 187
Maréchal de Camp des Armées du Roi
d'Espagne , avec le Commandant d'une
Frégate Espagnole qui étoit dans le Port
d'Antibes. Tous ces Seigneurs et Officiers
Espagnols et Italiens eurent l'honneur de
baiser la main au Prince. M. le Bret présenta ensuite à S. A. R. tous les Officiers
de la Garnison.
Le Prince fut fort incommodé d'un thume les premiers jours qu'il séjourna à
Antibes , et fut obligé de rester au lit
pendant trois jours , ce qui l'empêcha de
prendre le divertissement qu'on lui avoit
préparé. S. A. R. reçut des mains du
Grand Prieur une Epée enrichie de diamans que le Roi envoyoit au: Prince
comme un nouveâu gage de son amitié ;
l'Infant la reçut avec de grandes démonstrations de joie , il a gardé cette Epée pendant deux jours entiers aux pieds'
de son lit , pour la faire voir à tous les
Seigneurs et Officiers qui venoient lui
faire leur Cour.
Pendant le séjour d'Antibes , le Général
des Galeres Espagnoles donna sur la Réale un splendide dîner à M. le GrandPrieur , aux principaux Seigneurs François , Espagnols et Italiens qui se trouvoient à la suite du Prince ; M. le Breg
ne put pas se trouver à ce repas , étant
I vj oblige
188 MERCURE DE FRANCE
obligé de faire les honneurs de la table
qu'il a tenue à Antibes pour les autres Sei-,
gneurs qui y étoient Les santés de leurs,
Majestés très Chrétienne et Catholique ,,
de S. A. R , du Grand- Prieur , des Commandans , &c. furent célébré, s au bruic
du Canon , et pendant tout le repas il y
eut Concert d'Instrumens.
3.
Le Comte de San Severino , Envoyé
de Parme à la Cour de France , se rendit
aussi à Antibes pour faire sa cour à son
nouveau Souverain ; enfin cette Ville a
toûjours été remplie d'une infinité d'Etrangers et de toute la Noblesse de la
Province qui n'a rien oublié pourtémoigner le plaisir qu'elle avoit de voir et de
faire sa cour à un Prince issu du sang de ses Maîtres.
La Princesse de Monaco envoya aussi
un de ses Gentilhommes pour compli
menter le Prince.
Le 23 , S. A. R. s'embarqua sur la
Réale , à dix heures du matin , cette Galere étoit richement ornée , et tous les
Forçats en habits neufs.
Le Grand- Prieur , M.le Bret , M. Desgranges , les Procureurs du Pays , le
Marquis de Montesquiou , Commandant
de la Place , l'Etat Major , le Marquis de
Brancas Ceireste , fils de M. de Brancas ,
Grand
JANVIER. 1732. 189
$
Grand d'Espagne et Lieutenant General
de la Province qui sert dans la Marine et
qui s'étoit rendu à la suite du Prince pour
lui faire sa Cour , et enfin un nombre infini de Gentilhommes et d'Officiers François , se trouverent sur le Quay du Port
et à bord de la Galere pour recevoir le
Prince , et pour lui souhaiter un heureux
voyage , et lui témoigner en même tems
leurs regrets et leurs inquiétudes à cause
de la rigueur de la saison. La Garnison for
moit une double haye depuis le Château
jusqu'à la Porte Marine. Le Prince fut
salué en y passant de toute l'Artillerie de
la Ville et des Förts , et en entrant dans
la Gale e , par le canon de neuf Galeres.
S. A. R. entra d'abord dans la Chambre
de poupe pour écrire avant son départ au
Roy et à la Reine d'Espagne.
Malgré les tems affreux qui ont régné
en Provence pendant la route du Prince ,
M. le Bret dont le zele pour le service du
Roi est connudepuis longtems, avoit don
né de si bons ordres que tout ce qui étoit
necessaire pour la subsistance et les com
moditez de la vie, s'est trouvé par tout en
abondance; toutela suite et les équipages
nombreux du Prince ont été commodé
ment logez , les chemins avoient été réparez autant que la saison et le peu de
tems
rgo MERCURE DE FRANCE
tems qu'on a eu pour y travailler , l'ont
pu permettre ; plus de mille Ouvriers y
ont été employez , et travailloient nuit
et jour sous les ordres de Messieurs les
Procureurs du Pays et du sieur Vallon ,
Ingenieur de la Province , lesquels n'ont
rien oublié pour donner des marques de leur zele et de leur attachement : enfin
toute la Provence a témoigné tant de
zele et d'attachement , qu'elle ne s'est
point démentie de l'amour et de la fidélité qu'elle a toûjours porté à l'Auguste
Sang de BOURBON.
Onpeut ajouter ici avec raison que M.
le Bret a toujours fait sa cour au Prince,
avec une assiduité sans égale , et qu'il est
allé au- devant de tout ce qui pouvoit lui
être agreable , qu'il a eu chez lui pendant
tout le tems que ce Prince a voyagé ou
resté danssonDépartement, deux grandes
tables et quelquefois trois , le matin et le
soir , servies avec autant de profusion que
de délicatesse, où les Seigneurs Espagnols
et Italiens ont toujours mangé. Ce Magistrat s'étant aperçu que l'Infant aimoit
beaucoup les Ortholans qui sont d'un gout exquis en Provence , il a eu soin de lui en
fournir pendant tout le tems qu'il y aresté
malgré la rareté de ces oiseaux dans cette
saison. Ainsi le Prince et le Comte de San
Estevan
JANVIER. 17327 198
Estevan et tous les Seigneurs dela suite fui
ont donné en partant les marques les plus
flateuses de leur satisfaction et de leur estime. M. le Bret ayant enfin témoigné à
S. A. R. l'inquietude que son Rhume lui
causoit , elle eut la bonte de lui répondre
qu'elle n'avoit point pris ce Rhume dans
sa Province.
Ce Prince avoit donné des marques de
sa liberalité avant son départ. Il a fait present de son portrait enrichi de diamans
au Grand- Prieur, à M.le Bret d'un diamant
de prix , et à M. Desgranges un diamant
et une montre d'or d'un travail exquis. Il
a fait aussi donner une gratification à la
Maréchaussée qui avoit escorté sesEquipages et le Trésor On a appris ce que Prince
après avoir été obligé de relâcher à Monaco à cause du mauvais tems , en repartit le 25. et est heureusement arrivé à Livourne. On ajoute que ce Prince a essuyé
Ia tempête avec une grande fermeté. Il
est d'uncaractere le plus aimable et le plus
égal , d'une humeur fort enjouée , extremementvifet avectout l'esprit du monde.
par la Provence.
'Infant entra en Provence le 5 Decembre dernier , et se rendit de Nismes à
Tarascon en traversant le Rhône sur le
Pont de Beaucaite.
M.le Brer , Conseiller d'Etat , Premier
Presi-
JANVIER. 1732. 181
President du Parlement d'Aix , Intendant et Commandant en chef de la Pro
vince , s'y étoit rendu deux jours auparavant avec un détachement de la Compagnie des Gardes du Gouverneur de la
Province , et un détachement de la Maréchaussée , commandé par M. d'Escra
gnolle , Prévôt Général. Le Marquis de
Graveson , et MM. Pazery de Thoraine,
Assesseur , et de Thomassin de la Garde
Consuls d'Aix , Procureurs du pays ou
Syndics Généraux de la Province, accom "
pagnez du Trésorier des Etats , de l'Ingenieur et des autres Officiers de la Province , avoient suivi M. l'Intendant sui
vant l'usage.
M. le Bret et les Procureurs du Pays
accompagnez du Comte de Marignane ,
Lieutenant General des Armées du Roi et
de 200 Gentilhommes ou Officiers des
premieres Maisons de la Province
n'ayant pu recevoir S. A. R. à la descente du Pont,à cause d'une grande pluie , se
rendirent à l'Hôtel qui avoit été préparé
pour le logement du Prince , et eurent
l'honneur de le recevoir à la porte, et de
lui présenter les respects de la Province;
M. Pazery de Thoraine, Assesseur, en chaperon, ainsi que ses Collegues , lui adressa
un Discours au nom de la Province , qui
fut très aplaudi.
I iiij Les
182 MERCURE DE FRANCE
Les Consuls de Tarascon en chaperon ,
à la tête des Gentilhommes et des Bourgeois de cette Ville , avoient déja eu
l'honneur de recevoir et de haranguer le
Prince à la Porte de la Ville qui étoit ornée d'un Arc de Triomphe , le Prince fut
salué en y entrant par une triple salve de
Boëtes qui avoient été placées sur les remparts , et passa au milieu d'une double haye de Milice Bourgeoise fort leste.
S. A. R. reçut après son dîner les respects du Chapitre Royal de sainte Marthe, fondé par le Roi Louis XI. M. l'Abbé de Fenelon qui en est le Doyen porta la parole ; le Corps de Ville eut aussi le même honneur.
M. Buon del Monti , Florentin, ViceLegat d'Avignon, qui s'étoit rendu à Tarascon avec tous les Officiers de la Legation et une nombreuse suite , eut aussi
l'honneur de saluer l'Infant qui le reçut
très gracieusement.
Le 6 S. A. R. arriva à Salon et logea
dans le Château qui appartient à l'Arche
vêque d'Arles qui l'avoit fait meubler
magnifiquement. Il y eut séjour à Salon
le 7 et le 8 , le Prince arriva à Aix le 9
à deux heures après midy.
Les Consuls haranguerent le Prince à
la Porte de la Ville où il y avoit une Garde
JANVIER. 17321 182
de bourgeoise sous les armes ; de- là , Dom
Carlos se rendit en la Maison de M. Maurel , l'une des plus belles du Cours , où il
devoit loger ; il y eut une autre Garde à
la porte composée de 150 hommes du Regiment de Flandres, commandés par deux
Capitaines avec un Drapeau , le reste des
neuf Compagnies étoient en bataille de
vant l'Hôtel du Prince ; toutes les Mai
sons du Cours étoient ornées en dehors
de Tapisseries , ce qui formoit un coupd'eil magnifique.
M. le Bret , à la tête de la Noblesse de
la Ville , reçut le Prince à la descente du
Carosse, et lui donna là main pour mon
ter dans son Appartement.
Après le diner , l'Infant s'amusa à tirer
des Lapins et des Pigeons qu'on avoit fait
mettre dans le Jardin.
Sur les cinq heures, les Députez du Par
lement , au nombre de 38 , ayant à leur
tête le Premier President , six autres Presidents , deux Avocats Generaux et 30
Conseillers,eurent l'honneur de haranguer
le Prince , M. le Bret portant la paroles
la Chambre des Comptes , Aydes et Finances , M. Albertas Premier President à
la tête , les Trésoriers de France , l'Université et la Senechaussée eurent aussi le
même honneur , ainsi que l'Archevêque
I iiij d'Aix
184 MERCURE DE FRANCE
d'Aix à la tête du Chapitre de l'Eglise
Metropolitaine de S. Sauveur , sa harangue fut fort pathetique, et il n'oublia pas
les graces quela Maison de Brancas a reçues duRoi d'Espagne , tous ces differens
Corps furent présentez au Prince par M.
Desgranges, Maître des Ceremonies , qui
presenta aussi au Prince et au Comte de
Sant-Estevan les Présens de la Ville &c.
Le soir il y eut des feux de joie devant
les portes de toutes les Maisons de la Ville et des illuminations aux fenêtres , cequi avoit été ordonné par le Parlement.
Le neufle Prince arriva à S. Maximin,
et logea dans le Monastere des Religieux
Dominiquains Réformez.
Le ro à Brignolle où S. A. R. fut obligée de rester à cause des neges , elle y reçut les complimens de la Ville, de la Se
nechaussée &c.
Le 11 le Prince arriva au Luc , et logea
au Château du Comte du Luc , Chevalierdes Ordres du Roi qui l'avoit fait meubler magnifiquement , tous les Officiers
et Seigneurs de sa suite y furent logez
aussi,et trouverent dans une belle Maison
toutes les commoditez possibles ; ce Prince y séjourna le 12, 13 et 14 , à cause des
pluyes et des neges qui avoient inondé
la plaine.
L.
JANVIER 1732.
189
Le 15 , le Prince alla dîner au Muy où
le Seigneur de ce lieu avoit fait préparer
uneAlte aussi splendide que délicate,pour
S. A. R. et pour sa suite. Le Marquis du
Muyaprès avoir fait les honneurs de chez
lui , alla lui- même reconnoître les chemins extrêmement remplis par les pluyes,
et sur son raport l'Infant continua sa route , et arriva le soir à Frejus ; il fut recu
à la porte de la Ville par les Consuls ,
avec les ceremonies ordinaires, et logea à
l'Evêché.
Le 16 S. A. R. arriva à Cannes et logea chez M. de Rioufe , Chevalier de
f'Ordre de S. Michel et Subdelegué de
l'Intendant de Provence , il y eut une
garde de jeunes gens fort lestement vétus
à la porte du Prince ; il y eut aussi une
danse de Matelots à la manière du pays
qui divertit Beaucoup le Prince. Il soupa
dans son lit à cause d'une indisposition
de rhume. ·
Le 17, le Chevalier d'Orleans arrivá
à Cannes , et se rendit chez le Prince ,
accompagné du Comte de Sant- Estevan ,
de M. le Brét et de M. Desgranges , il fit
un compliment au Prince de la part du
Roi auquel S. A. R. parut fort sensible.
L'Infant partit le même jour de Cannés et arriva à Antibes à midy , il fut Iv salué
186 MERCURE DE FRANCE
salué en passant devant les Isles sainte
Marguerite de tout le canon de cette Citadelle.
M. de Montesquiou Commandant ,
accompagné de l'Etat Major , reçut le
Prince à la Porte Royale , au bruit de
toute l'Artillerie de la Place , des Forts ,
et des neuf Galeres qui étoient dans le
Port, le Regiment de Luxembourg étoit
en haye depuis la porte de la Ville jusqu'au Château où logea le Prince , il y
avoit aussi une Garde de 150 hommes du
même Regiment avec un Drapeau.
Le Grand-Prieur , les Procureurs du
pays , M. le Bret , M. Desgranges , l'Etat
Major de la Place et la Noblesse du pays
reçurent le Prince à la porte du Château,
et l'accompagnerent dans son Apparte
ment. S. A. R. y trouva Don Miguel
Reggio , Sicilien , Chevalier de Malthe
Commandant les six Galeres d'Espagne
avec tous les autres Officiers des Galeres,
tous en habits uniformes de drap bleu
galonés d'or , M. de Marescotti , Commandeur des trois Galeres du Grand Duc
avec tous les Officiers et plusieurs autres
Seigneurs Florentins , dont la plûpart
étoient revétus de l'Ordre de S. Etienne,
en habits uniformes de drap écarlate galonés d'argent , et M. de Chateaufort ,
Ma-
.JANVIER. 1732 187
Maréchal de Camp des Armées du Roi
d'Espagne , avec le Commandant d'une
Frégate Espagnole qui étoit dans le Port
d'Antibes. Tous ces Seigneurs et Officiers
Espagnols et Italiens eurent l'honneur de
baiser la main au Prince. M. le Bret présenta ensuite à S. A. R. tous les Officiers
de la Garnison.
Le Prince fut fort incommodé d'un thume les premiers jours qu'il séjourna à
Antibes , et fut obligé de rester au lit
pendant trois jours , ce qui l'empêcha de
prendre le divertissement qu'on lui avoit
préparé. S. A. R. reçut des mains du
Grand Prieur une Epée enrichie de diamans que le Roi envoyoit au: Prince
comme un nouveâu gage de son amitié ;
l'Infant la reçut avec de grandes démonstrations de joie , il a gardé cette Epée pendant deux jours entiers aux pieds'
de son lit , pour la faire voir à tous les
Seigneurs et Officiers qui venoient lui
faire leur Cour.
Pendant le séjour d'Antibes , le Général
des Galeres Espagnoles donna sur la Réale un splendide dîner à M. le GrandPrieur , aux principaux Seigneurs François , Espagnols et Italiens qui se trouvoient à la suite du Prince ; M. le Breg
ne put pas se trouver à ce repas , étant
I vj oblige
188 MERCURE DE FRANCE
obligé de faire les honneurs de la table
qu'il a tenue à Antibes pour les autres Sei-,
gneurs qui y étoient Les santés de leurs,
Majestés très Chrétienne et Catholique ,,
de S. A. R , du Grand- Prieur , des Commandans , &c. furent célébré, s au bruic
du Canon , et pendant tout le repas il y
eut Concert d'Instrumens.
3.
Le Comte de San Severino , Envoyé
de Parme à la Cour de France , se rendit
aussi à Antibes pour faire sa cour à son
nouveau Souverain ; enfin cette Ville a
toûjours été remplie d'une infinité d'Etrangers et de toute la Noblesse de la
Province qui n'a rien oublié pourtémoigner le plaisir qu'elle avoit de voir et de
faire sa cour à un Prince issu du sang de ses Maîtres.
La Princesse de Monaco envoya aussi
un de ses Gentilhommes pour compli
menter le Prince.
Le 23 , S. A. R. s'embarqua sur la
Réale , à dix heures du matin , cette Galere étoit richement ornée , et tous les
Forçats en habits neufs.
Le Grand- Prieur , M.le Bret , M. Desgranges , les Procureurs du Pays , le
Marquis de Montesquiou , Commandant
de la Place , l'Etat Major , le Marquis de
Brancas Ceireste , fils de M. de Brancas ,
Grand
JANVIER. 1732. 189
$
Grand d'Espagne et Lieutenant General
de la Province qui sert dans la Marine et
qui s'étoit rendu à la suite du Prince pour
lui faire sa Cour , et enfin un nombre infini de Gentilhommes et d'Officiers François , se trouverent sur le Quay du Port
et à bord de la Galere pour recevoir le
Prince , et pour lui souhaiter un heureux
voyage , et lui témoigner en même tems
leurs regrets et leurs inquiétudes à cause
de la rigueur de la saison. La Garnison for
moit une double haye depuis le Château
jusqu'à la Porte Marine. Le Prince fut
salué en y passant de toute l'Artillerie de
la Ville et des Förts , et en entrant dans
la Gale e , par le canon de neuf Galeres.
S. A. R. entra d'abord dans la Chambre
de poupe pour écrire avant son départ au
Roy et à la Reine d'Espagne.
Malgré les tems affreux qui ont régné
en Provence pendant la route du Prince ,
M. le Bret dont le zele pour le service du
Roi est connudepuis longtems, avoit don
né de si bons ordres que tout ce qui étoit
necessaire pour la subsistance et les com
moditez de la vie, s'est trouvé par tout en
abondance; toutela suite et les équipages
nombreux du Prince ont été commodé
ment logez , les chemins avoient été réparez autant que la saison et le peu de
tems
rgo MERCURE DE FRANCE
tems qu'on a eu pour y travailler , l'ont
pu permettre ; plus de mille Ouvriers y
ont été employez , et travailloient nuit
et jour sous les ordres de Messieurs les
Procureurs du Pays et du sieur Vallon ,
Ingenieur de la Province , lesquels n'ont
rien oublié pour donner des marques de leur zele et de leur attachement : enfin
toute la Provence a témoigné tant de
zele et d'attachement , qu'elle ne s'est
point démentie de l'amour et de la fidélité qu'elle a toûjours porté à l'Auguste
Sang de BOURBON.
Onpeut ajouter ici avec raison que M.
le Bret a toujours fait sa cour au Prince,
avec une assiduité sans égale , et qu'il est
allé au- devant de tout ce qui pouvoit lui
être agreable , qu'il a eu chez lui pendant
tout le tems que ce Prince a voyagé ou
resté danssonDépartement, deux grandes
tables et quelquefois trois , le matin et le
soir , servies avec autant de profusion que
de délicatesse, où les Seigneurs Espagnols
et Italiens ont toujours mangé. Ce Magistrat s'étant aperçu que l'Infant aimoit
beaucoup les Ortholans qui sont d'un gout exquis en Provence , il a eu soin de lui en
fournir pendant tout le tems qu'il y aresté
malgré la rareté de ces oiseaux dans cette
saison. Ainsi le Prince et le Comte de San
Estevan
JANVIER. 17327 198
Estevan et tous les Seigneurs dela suite fui
ont donné en partant les marques les plus
flateuses de leur satisfaction et de leur estime. M. le Bret ayant enfin témoigné à
S. A. R. l'inquietude que son Rhume lui
causoit , elle eut la bonte de lui répondre
qu'elle n'avoit point pris ce Rhume dans
sa Province.
Ce Prince avoit donné des marques de
sa liberalité avant son départ. Il a fait present de son portrait enrichi de diamans
au Grand- Prieur, à M.le Bret d'un diamant
de prix , et à M. Desgranges un diamant
et une montre d'or d'un travail exquis. Il
a fait aussi donner une gratification à la
Maréchaussée qui avoit escorté sesEquipages et le Trésor On a appris ce que Prince
après avoir été obligé de relâcher à Monaco à cause du mauvais tems , en repartit le 25. et est heureusement arrivé à Livourne. On ajoute que ce Prince a essuyé
Ia tempête avec une grande fermeté. Il
est d'uncaractere le plus aimable et le plus
égal , d'une humeur fort enjouée , extremementvifet avectout l'esprit du monde.
Fermer
Résumé : LETTRE sur le Passage de Don Carlos par la Provence.
Le 5 décembre, Don Carlos, l'Infant d'Espagne, entra en Provence et traversa le Rhône sur le Pont de Beaucaire. Le 7 décembre, il fut accueilli à Tarascon par M. le Bret, Conseiller d'État et Premier Président du Parlement d'Aix, ainsi que par divers dignitaires et officiers. Le Prince reçut des honneurs militaires et des discours de bienvenue. Il séjourna à Salon les 7 et 8 décembre, puis arriva à Aix le 9 décembre, où il fut accueilli par les Consuls et la noblesse locale. À Aix, il logea chez M. Maurel et reçut les hommages de divers corps et dignitaires, dont l'Archevêque d'Aix. Le même jour, il se rendit à Saint-Maximin et logea au monastère des Dominicains. Le 10 décembre, il resta à Brignoles en raison des neiges. Le 11 décembre, il arriva au Luc et y séjourna jusqu'au 14 décembre à cause des pluies et des neiges. Le 15 décembre, il dîna au Muy avant de se rendre à Fréjus, où il logea à l'Évêché. Le 16 décembre, il arriva à Cannes et logea chez M. de Rioufe. Le 17 décembre, le Chevalier d'Orléans lui rendit visite. Le même jour, l'Infant se rendit à Antibes, où il fut accueilli par M. de Montesquiou et divers dignitaires. Il y resta plusieurs jours en raison d'un rhume et reçut une épée enrichie de diamants du Roi d'Espagne. Le 23 décembre, il s'embarqua sur la Réale à Antibes, accompagné de nombreux dignitaires et officiers. Malgré les conditions météorologiques difficiles, M. le Bret avait pris des mesures pour assurer le confort et la subsistance de la suite du Prince. La Provence témoigna de son zèle et de son attachement envers le Prince, qui quitta la région en exprimant sa satisfaction. Par ailleurs, le texte mentionne que le prince, après avoir été contraint de s'arrêter à Monaco en raison de mauvaises conditions météorologiques, a repris la mer le 25 et est parvenu à Livourne sans encombre. Il est souligné que le prince a affronté la tempête avec une grande fermeté. Le prince est décrit comme ayant un caractère aimable et égal, une humeur enjouée, ainsi qu'une grande vivacité et beaucoup d'esprit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2071-2074
FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
Début :
Le Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une grace considerable, en accordant à un fils [...]
Mots clefs :
Provence, Fête, Pavillon, Maison, Eaux jaillissantes, Coups de canon, Tambours, Spectacle, Dîner
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
FESTE donnée an Pavillon , Maison de
Plaisance près de la Ville d'Aix. Ex--
trait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
L
E Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une ·
grace considerable , en accordant à un fils
aîné, encore assez jeune , la survivance et l'éxercice des Charges de Commissaire Provincial des
Troupes en Provence , et d'Intendant de la
Garnison Françoise de la Principauté de Monaco que M. De Lenfant pere remplit depuis plusieurs années avec approbation.
Le Pavillon est une fort belle Maison qui leur
appartient , située dans un des plus beaux lieux
de la Provence , fréquentée presque toute l'année
par beaucoup de personnes de condition de l'un
et de l'autre sexe , qui aiment à goûter pendant
quelque tems la tranquillité d'une agréable solitude , et à respirci un air plus pur que celui des
Villes.
La Maison est assez vaste , bien distribuée , et
d'une agréable Architecture. Le plus précieux
meuble qu'on y trouve est une Bibliotheque de
Livres choisis , commencée et très- augmentée
par M. de Lenfant pere , qui ne se lasse point de
T'enrichir. Son goût particulier pour la Peinture
paroît aussi par quantité de Tableaux des meil
leurs Auteurs Italiens , François et Flamands
qui ornent les Salons , avec un grand nombre
d'Estampes des plus habiles Maîtres,
Les dehors présentent différens agrémens , sans
parler de la vue charmante des Paysages des environs , &c. On arrive au Pavillon par deux gran- >
2072 MERCURE DE FRANCE
grandes Allées des plus beaux Maroniers. Entre
ces Allées il y en a une autre , plantée de diffe
rens Arbres choisis , et propres à recevoir par
la taille toutes les formes qu'on veut leur don
ner. On y voit avec plaisir les quatre Saisons en
grandes Statues , Mercure prêt à voler , -Bellone'
avec ses Attributs et plusieurs autres Sujets de P'Histoire fabuleuse.
Les eaux jaillissantes contribuent encore à em
bellir ces dehors. La Piéce la plus confi térable
est au bout de l'Allée du milieu , en face du På→
villon: c'est une Statue colossalle d'Hercule , qui avec sa Massuë , abbat les têtes de l'Hydre , d'ou
sortent autant de jets d'eau , lesquels en tombant
forment une grande nape d'eau. On ne dit rient de plusieurs autres jets d'eau distribuez en divers
endroits , pour ne pas oublier deux belles Cascades qui forment devant le Pavillon un grand Réservoir , où l'on nourrit des Poissons.
Le Parterre est des mieux entendus pour le
dessein général , et des plus heureusement éxécu
tez par la varieté et par le goût des compartimens.
Oncroira sans peine que les plus beaux Orangers,
les Citroniers et les plus belles fleurs du Pays
abondent dans ce Parterre , et qu'on y trouve un
Printems presque continuel.
C'est dans un si agréable Lieu qu'a été célebrée
la Fête en question. Elle commença le 24. Août
au soir , veille de S. Louis, dès qu'on cut reçu
Pagréable nouvelle dont on a parlé.
M. de Lenfant , fils aîné , qui y étoit le plus
interessé , fit d'abord dresser les appareils d'un
grand Feu au bout de l'Allée de la Bibliotheque ;
on l'orna de Banderoles , de Guidons armoriez
et de plusieurs Panaches de diverses couleurs. A
Pentrée de la nuit il fut allumé par M. de Len
fant
SEPTEMBRE. 1732 2073
fant pere , et par M. l'Abbé , son frere , avec des
flambeaux qui leur furent présentez en cérémonie
par les jeunes Mrs de Lenfant. On tira en mê→
me-tems plusieurs coups de Canon , on entendir
le son des Tambours et des Fifres , et la joye
éclata encore par un grand nombre de Fusées ,
et de Serpentaux , qui furent tirez par les Domes
tiques,
* Il n'en fallut pas davantage ; ce fut un signal pour attirer au Pavillon une Assemblée nombreuse de Dames et de Cavaliers. Ce fut aussi un
signal pour attirer tout ce qu'il y avoit aux envi
Lons de Jeunesse d'élite , la plus vive et la plus experte en Danses Provençales. Il se forma en
peu de tems plusieurs Bandes de Bergeres et de Bergers , qui danserent toute la nuit en différens
endroits , et le Spectacle n'étoit pas indifférent.
Au déclin du Feu , on servit un grand Soupé ,
dont la gayete fut un des meilleurs mets ; et on
n'oublia pas de faire donner en abondance des ra- fraichissemens aux Amateurs de la Danse et à
tous les Spectateurs. Ce ne fut là que le prélude de la Fête,
Elle commença le lendemain jour de S. Louis,
par la célébration de plusieurs Messes à la Chapelle de la Maison , extraordinairement ornée et
illuminée. On chanta ensuite une grande Messe
en Musique, composée par M Pellegrin, si connų
par ses belles compositions. A l'Elevation , la pe tite Artillerie se fit entendre.
On servit là dîner , sur deux Tables , dressées
dans l'Orangerie ; la délicatesse égala la profusion. On en étoit aux Liqueurs les plus exquises
et sur la fin du repas , quand les Tambours et les
Hautbois de la Ville , envoyez pour contribuer à
la joie de cette journée,en redoublerent la gayeté,
On
2074 MERCURE DE FRANCE
On s'amusa après ledîner à plusieurs parties de
Jeu et à la Danse jusqu'à l'heure de Vespres , qui furent chantées en grande Symphonie ; et après
le Service , les mêmes Musiciens de la Ville , qui
- avoient pris la peine de venir en grand nombre,
› donnerent un- Concert , où l'on exécuta les Piéces les mieux choisies.
Après le Concert il y eut une double Danse
sçavoir , des Dames & des Messieurs au son des
violons , et des Bergeres et Bergers au son des
Tambourins , des Flutes et des Fifres.
A l'entrée de la nuit , on fit une grande décharge de Boëtes , ce qui servit de signal pour
illuminer le Vaisseau qui est dans la grande
Piece d'Eau. Il ne manque à ce Vaisseau , qu'on
peut dire un ouvrage parfait , rien de ce qui se
trouve aux plus grands Bâtimens de mer , cordages, agrets &c. où toutes les parties étant artistement éclairées , on ne pouvoit rien voir en
son genre de plus agréable et de plus frapant
C'étoit une imitation et un abrégé de ces illuminations brillantes et ingénieuses que l'on voit à Marseille sur les Galeres du Roi en certaines
grandes occafions.
On fe mit à table pour le fouper au bruit des
Boëtes qui se firent encore entendre en beuvant la santé de M. Lebret , Conseiller d'Etat , Premier Président , Intendant de la Province & du
Commerce , & Commandant en Chef en Provence. La Fête finit par des acclamations & par
les voeux les plus ardens ponr la continuation de
la santé du Roi , de la Reine et de toute la Famille Auguste.
Plaisance près de la Ville d'Aix. Ex--
trait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
L
E Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une ·
grace considerable , en accordant à un fils
aîné, encore assez jeune , la survivance et l'éxercice des Charges de Commissaire Provincial des
Troupes en Provence , et d'Intendant de la
Garnison Françoise de la Principauté de Monaco que M. De Lenfant pere remplit depuis plusieurs années avec approbation.
Le Pavillon est une fort belle Maison qui leur
appartient , située dans un des plus beaux lieux
de la Provence , fréquentée presque toute l'année
par beaucoup de personnes de condition de l'un
et de l'autre sexe , qui aiment à goûter pendant
quelque tems la tranquillité d'une agréable solitude , et à respirci un air plus pur que celui des
Villes.
La Maison est assez vaste , bien distribuée , et
d'une agréable Architecture. Le plus précieux
meuble qu'on y trouve est une Bibliotheque de
Livres choisis , commencée et très- augmentée
par M. de Lenfant pere , qui ne se lasse point de
T'enrichir. Son goût particulier pour la Peinture
paroît aussi par quantité de Tableaux des meil
leurs Auteurs Italiens , François et Flamands
qui ornent les Salons , avec un grand nombre
d'Estampes des plus habiles Maîtres,
Les dehors présentent différens agrémens , sans
parler de la vue charmante des Paysages des environs , &c. On arrive au Pavillon par deux gran- >
2072 MERCURE DE FRANCE
grandes Allées des plus beaux Maroniers. Entre
ces Allées il y en a une autre , plantée de diffe
rens Arbres choisis , et propres à recevoir par
la taille toutes les formes qu'on veut leur don
ner. On y voit avec plaisir les quatre Saisons en
grandes Statues , Mercure prêt à voler , -Bellone'
avec ses Attributs et plusieurs autres Sujets de P'Histoire fabuleuse.
Les eaux jaillissantes contribuent encore à em
bellir ces dehors. La Piéce la plus confi térable
est au bout de l'Allée du milieu , en face du På→
villon: c'est une Statue colossalle d'Hercule , qui avec sa Massuë , abbat les têtes de l'Hydre , d'ou
sortent autant de jets d'eau , lesquels en tombant
forment une grande nape d'eau. On ne dit rient de plusieurs autres jets d'eau distribuez en divers
endroits , pour ne pas oublier deux belles Cascades qui forment devant le Pavillon un grand Réservoir , où l'on nourrit des Poissons.
Le Parterre est des mieux entendus pour le
dessein général , et des plus heureusement éxécu
tez par la varieté et par le goût des compartimens.
Oncroira sans peine que les plus beaux Orangers,
les Citroniers et les plus belles fleurs du Pays
abondent dans ce Parterre , et qu'on y trouve un
Printems presque continuel.
C'est dans un si agréable Lieu qu'a été célebrée
la Fête en question. Elle commença le 24. Août
au soir , veille de S. Louis, dès qu'on cut reçu
Pagréable nouvelle dont on a parlé.
M. de Lenfant , fils aîné , qui y étoit le plus
interessé , fit d'abord dresser les appareils d'un
grand Feu au bout de l'Allée de la Bibliotheque ;
on l'orna de Banderoles , de Guidons armoriez
et de plusieurs Panaches de diverses couleurs. A
Pentrée de la nuit il fut allumé par M. de Len
fant
SEPTEMBRE. 1732 2073
fant pere , et par M. l'Abbé , son frere , avec des
flambeaux qui leur furent présentez en cérémonie
par les jeunes Mrs de Lenfant. On tira en mê→
me-tems plusieurs coups de Canon , on entendir
le son des Tambours et des Fifres , et la joye
éclata encore par un grand nombre de Fusées ,
et de Serpentaux , qui furent tirez par les Domes
tiques,
* Il n'en fallut pas davantage ; ce fut un signal pour attirer au Pavillon une Assemblée nombreuse de Dames et de Cavaliers. Ce fut aussi un
signal pour attirer tout ce qu'il y avoit aux envi
Lons de Jeunesse d'élite , la plus vive et la plus experte en Danses Provençales. Il se forma en
peu de tems plusieurs Bandes de Bergeres et de Bergers , qui danserent toute la nuit en différens
endroits , et le Spectacle n'étoit pas indifférent.
Au déclin du Feu , on servit un grand Soupé ,
dont la gayete fut un des meilleurs mets ; et on
n'oublia pas de faire donner en abondance des ra- fraichissemens aux Amateurs de la Danse et à
tous les Spectateurs. Ce ne fut là que le prélude de la Fête,
Elle commença le lendemain jour de S. Louis,
par la célébration de plusieurs Messes à la Chapelle de la Maison , extraordinairement ornée et
illuminée. On chanta ensuite une grande Messe
en Musique, composée par M Pellegrin, si connų
par ses belles compositions. A l'Elevation , la pe tite Artillerie se fit entendre.
On servit là dîner , sur deux Tables , dressées
dans l'Orangerie ; la délicatesse égala la profusion. On en étoit aux Liqueurs les plus exquises
et sur la fin du repas , quand les Tambours et les
Hautbois de la Ville , envoyez pour contribuer à
la joie de cette journée,en redoublerent la gayeté,
On
2074 MERCURE DE FRANCE
On s'amusa après ledîner à plusieurs parties de
Jeu et à la Danse jusqu'à l'heure de Vespres , qui furent chantées en grande Symphonie ; et après
le Service , les mêmes Musiciens de la Ville , qui
- avoient pris la peine de venir en grand nombre,
› donnerent un- Concert , où l'on exécuta les Piéces les mieux choisies.
Après le Concert il y eut une double Danse
sçavoir , des Dames & des Messieurs au son des
violons , et des Bergeres et Bergers au son des
Tambourins , des Flutes et des Fifres.
A l'entrée de la nuit , on fit une grande décharge de Boëtes , ce qui servit de signal pour
illuminer le Vaisseau qui est dans la grande
Piece d'Eau. Il ne manque à ce Vaisseau , qu'on
peut dire un ouvrage parfait , rien de ce qui se
trouve aux plus grands Bâtimens de mer , cordages, agrets &c. où toutes les parties étant artistement éclairées , on ne pouvoit rien voir en
son genre de plus agréable et de plus frapant
C'étoit une imitation et un abrégé de ces illuminations brillantes et ingénieuses que l'on voit à Marseille sur les Galeres du Roi en certaines
grandes occafions.
On fe mit à table pour le fouper au bruit des
Boëtes qui se firent encore entendre en beuvant la santé de M. Lebret , Conseiller d'Etat , Premier Président , Intendant de la Province & du
Commerce , & Commandant en Chef en Provence. La Fête finit par des acclamations & par
les voeux les plus ardens ponr la continuation de
la santé du Roi , de la Reine et de toute la Famille Auguste.
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Résumé : FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
Le texte relate une fête organisée au Pavillon, une résidence de la famille de Lenfant située près d'Aix. Cette célébration marquait l'octroi d'une grâce royale à un fils aîné de la famille, qui avait reçu la survivance et l'exercice des charges de Commissaire Provincial des Troupes en Provence et d'Intendant de la Garnison Française de Monaco, fonctions exercées par son père depuis plusieurs années. Le Pavillon est décrit comme une vaste et agréable maison, renommée pour sa bibliothèque riche en livres choisis et sa collection de tableaux et d'estampes. Les jardins offrent divers agréments, avec des allées bordées de marronniers et d'autres arbres, des statues représentant les saisons et des figures mythologiques, ainsi que des jets d'eau et des cascades. Le parterre est orné d'orangers, de citronniers et de fleurs, créant un printemps presque continuel. La fête a débuté le 24 août au soir avec des feux d'artifice, des coups de canon et des danses provençales. Le lendemain, jour de la Saint-Louis, des messes ont été célébrées, suivies d'un dîner somptueux dans l'orangerie. La journée s'est poursuivie avec des jeux, des danses et un concert. La soirée s'est terminée par l'illumination d'un vaisseau dans la pièce d'eau, imitant les illuminations des galères royales à Marseille. La fête s'est conclue par des acclamations en l'honneur du Roi, de la Reine et de la famille royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1229-1231
« Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...] »
Début :
Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...]
Mots clefs :
Dauphin, Collège d'Harcourt, Prince, Écoliers, Congé, Dîner, Collège Louis le Grand
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texteReconnaissance textuelle : « Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...] »
Le Lundy 15 Juin , jour de grande Fête
dans l'Université , à cause du Lendi, dont
on peut voir l'origine dans son Histoire
et ailleurs , auquel tous les Ecoliers ont
un Congé extraordinaire , et vont ordinairement
se promener aux environs de
Paris , un nombre d'élite des plus jeunes
de ceux du College d'Harcourt , choisirent
le Château de Meudon , pour avoir
l'honneur de voir Monseigneur le Dau
phin , et de faire leur Cour. Ce Prince
les reçut avec beaucoup de graces et de
bonté; et leur ayant donné sa main à
baiser , leur fit plusieurs questions sur
leurs noms , leurs études , leurs divertis
1. Vol. semcas
1130 MERCURE DE FRANCE
semens, &c. il les écouta avec une attention
et un discernement au dessus de son
âge. Il voulut sur tout être informé du
sujet de leur voyage , de la Fête qui y
donnoit lieu , et qui dispensoit les Ecoliers
de travailler ce jour - là , ajoûtant
agréablement , qu'il chomeroit aussi cette
Fête et qu'il ne travailleroit pas non
plus dans la journée. Le Prince attentif à
tout , trouva qu'un de ces Mrs ne portoit
pas bien son Epée , et qu'il falloit l'élever
davantage à son côté ; ce qui donna occasion
à l'Ecolier de répondre que s'il ne
portoit pas bien l'Epée , il sçauroit bien
s'en servir un jour pour le service du
Roy. Tout cela se passa dans la Promenade
que fit M. le Dauphin dans le Parc
un peu après son lever. La promenade
finie , le Prince ordonna que les mêmes
Ecoliers d'Harcourt se trouvassent à son
diner , ce qui fut exécuté , et cela donna
lieu à de nouvelles marques de bonté et
à d'autres questions ingénieuses.
Après le dîner , les Ecoliers , tant du
College d'Harcourt que de quelques autres
Colleges qui s'y trouverent , propo-.
serent , sous le bon plaisir de MONSEIGNEUR
, une Partie de Ballon , qui fut
parfaitement bien jouée , et qui divertit
beaucoup le Prince. Pour marque de son
1. Vol. conJUIN.
1733
1231
contentement de tout ce qui s'étoit passé
, il leur accorda quatre jours de congé
; surquoi il y eut des Billets expédiez ,
signez de Madame la Duchesse de Ventadour
; et dans cette expédition le Marquis
Doria , Ecolier , Pensionnaire d'Harcourt
, fut particulierement distingué.
Douze Ecoliers choisis , du College de
LOUIS LE GRAND , vinrent aussi , après le
dîner , faire leur cour à M. le Dauphin ,
qui les reçut avec les mêmes bontez.
M. Gérard , Ecolier de cinquième , porta
la parole et fit , avec grace , un petit
Discours , qui fut écouté avec plaisir. Le
Prince leur donna aussi sa main à baiser, et
voulut qu'ils participassent à la mêmẹ
faveur des jours de congé.
dans l'Université , à cause du Lendi, dont
on peut voir l'origine dans son Histoire
et ailleurs , auquel tous les Ecoliers ont
un Congé extraordinaire , et vont ordinairement
se promener aux environs de
Paris , un nombre d'élite des plus jeunes
de ceux du College d'Harcourt , choisirent
le Château de Meudon , pour avoir
l'honneur de voir Monseigneur le Dau
phin , et de faire leur Cour. Ce Prince
les reçut avec beaucoup de graces et de
bonté; et leur ayant donné sa main à
baiser , leur fit plusieurs questions sur
leurs noms , leurs études , leurs divertis
1. Vol. semcas
1130 MERCURE DE FRANCE
semens, &c. il les écouta avec une attention
et un discernement au dessus de son
âge. Il voulut sur tout être informé du
sujet de leur voyage , de la Fête qui y
donnoit lieu , et qui dispensoit les Ecoliers
de travailler ce jour - là , ajoûtant
agréablement , qu'il chomeroit aussi cette
Fête et qu'il ne travailleroit pas non
plus dans la journée. Le Prince attentif à
tout , trouva qu'un de ces Mrs ne portoit
pas bien son Epée , et qu'il falloit l'élever
davantage à son côté ; ce qui donna occasion
à l'Ecolier de répondre que s'il ne
portoit pas bien l'Epée , il sçauroit bien
s'en servir un jour pour le service du
Roy. Tout cela se passa dans la Promenade
que fit M. le Dauphin dans le Parc
un peu après son lever. La promenade
finie , le Prince ordonna que les mêmes
Ecoliers d'Harcourt se trouvassent à son
diner , ce qui fut exécuté , et cela donna
lieu à de nouvelles marques de bonté et
à d'autres questions ingénieuses.
Après le dîner , les Ecoliers , tant du
College d'Harcourt que de quelques autres
Colleges qui s'y trouverent , propo-.
serent , sous le bon plaisir de MONSEIGNEUR
, une Partie de Ballon , qui fut
parfaitement bien jouée , et qui divertit
beaucoup le Prince. Pour marque de son
1. Vol. conJUIN.
1733
1231
contentement de tout ce qui s'étoit passé
, il leur accorda quatre jours de congé
; surquoi il y eut des Billets expédiez ,
signez de Madame la Duchesse de Ventadour
; et dans cette expédition le Marquis
Doria , Ecolier , Pensionnaire d'Harcourt
, fut particulierement distingué.
Douze Ecoliers choisis , du College de
LOUIS LE GRAND , vinrent aussi , après le
dîner , faire leur cour à M. le Dauphin ,
qui les reçut avec les mêmes bontez.
M. Gérard , Ecolier de cinquième , porta
la parole et fit , avec grace , un petit
Discours , qui fut écouté avec plaisir. Le
Prince leur donna aussi sa main à baiser, et
voulut qu'ils participassent à la mêmẹ
faveur des jours de congé.
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Résumé : « Le Lundy 15 Juin, jour de grande Fête dans l'Université, à cause du Lendi, dont [...] »
Le lundi 15 juin, à l'occasion du Lendi, les écoliers bénéficiaient d'un congé extraordinaire. Un groupe d'élèves du Collège d'Harcourt se rendit au Château de Meudon pour voir le Dauphin. Le prince les accueillit avec grâce et bonté, s'intéressant à leurs noms, études et divertissements. Il nota qu'un écolier ne portait pas bien son épée et écouta une réponse engageante sur le service du roi. Après une promenade dans le parc, le Dauphin invita les écoliers à dîner et continua de leur montrer de la bonté. Une partie de ballon divertit beaucoup le prince, qui leur accorda quatre jours de congé, notifiés par des billets signés par Madame la Duchesse de Ventadour. Le Marquis Doria fut particulièrement distingué. Douze écoliers du Collège Louis-le-Grand vinrent également rendre visite au Dauphin, qui les reçut avec la même bonté. M. Gérard prononça un discours gracieux, et le prince leur accorda également des jours de congé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 187-203
Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Début :
L'Opera que l'on représenta, est composé de trois Actes ; il est intitulé [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Hymen, Dieux, Querelles, Humanité, Destin, Campagne, Mer, Nymphe, Conseils, Magnificence, Enchantements, Merveilles, Fête, Noblesse, Ministres étrangers, Comte, Dîner, Marquis, Cérémonie, Mariage, Escadrons, Église, Décorations, Cortège, Ornements, Argent, Or, Étoffes, Arcades, Nef, Lumières, Sanctuaire, Hallebardiers, Chevaux, Capitaine, Carosse, Anneaux, Salle, Repas, Plats, Palais, Union, Temple, Jardins, Colonnes, Pyramides, Beauté, Clémence, Fécondité, Douceur, Figures, Dignité, Intelligence, Fontaines, Illuminations, Feu d'artifice, Guirlandes, Fleurs, Bal, Archiduchesse, Officiers, Chevaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Suite de la Relation de tout ce qui s'eft
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
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200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
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200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
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Résumé : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Le texte relate les festivités entourant le mariage des Altesses Royales, notamment Madame l'Archiduchesse à Parme. Les célébrations incluent la représentation de l'opéra 'Les Fêtes de l'Hymen', composé de trois actes indépendants précédés d'un prologue intitulé 'Le Triomphe de l'Amour'. Ce prologue met en scène une querelle entre les dieux et l'Amour, qui obtient leur pardon pour l'union de la vertu et de la beauté. Les trois actes de l'opéra sont 'Aris', 'Sapho' et 'Eglé', chacun racontant des histoires d'amour et d'interventions divines. Les festivités comprennent des réceptions et des dîners offerts par des nobles tels que le Prince de Liechtenstein et le Comte de Rochechouart, avec des représentations d'opéra et des danses. La cérémonie de mariage à la cathédrale est décrite avec une décoration somptueuse et une procession ordonnée. Les troupes et les gardes assurent la sécurité, et la cérémonie religieuse suit le rituel ordinaire avec quelques adaptations spécifiques. Après la cérémonie, les princes retournent au palais dans le même ordre qu'à l'arrivée. Les événements incluent également un feu d'artifice et une illumination dans le jardin du palais, représentant l'union de l'Amour et de l'Hymen, suivi d'un bal masqué au théâtre. Madame l'Archiduchesse ouvre le bal avec le Prince François. Le lendemain, le Prince de Liechtenstein prend congé selon les cérémonies protocolaires. Les festivités se poursuivent avec des audiences et des repas officiels. Le 11 octobre, divers corps de l'État rendent hommage à Madame l'Archiduchesse. Le 13 octobre, elle quitte pour Casalmaggiore, escortée par des troupes et des dignitaires, et arrive à midi. Elle prévoit de s'arrêter à Casalmaggiore et à Mantoue pour saluer les députés et la noblesse.
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