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1
p. 78-95
Saint-Quentin. [titre d'après la table]
Début :
C'est une Ville sur la Somme, Capitale du Pays de [...]
Mots clefs :
Saint-Quentin, Ville, Roi, Gouverneur, Chevaliers de la couronne, Ambassadeurs, Abancourt, Bourgeois, Décharge, Carrosse, Place, France, Pradel, Arquebuses, Fenêtres, Cavalerie, Somme, Vermandois
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texteReconnaissance textuelle : Saint-Quentin. [titre d'après la table]
C'eſt une Ville ſur
la Somme , Capitale du Pays
de Vermandois en Picardie.
Elle eft grande & bien peuplée
, & on y fait diverſes
Manufactures . Elle a eſté aux
Comtes de Vermandois , &
le Roy Philippe Auguſte
l'ayant réünie à la Couronne
, elle fut depuis engagée
aux Ducs de Bourgogne;
mais elle en a toûjours eſté
retirée avec les autres Villes
fur la Somme, Philibert Ema
des Amb. de Siam. 79
nuel Duc de Savoye , Gouverneur
des Pays-bas, l'ayant
affiegée pour Philippe II.
Roy d'Eſpagne, le Conneſtable
de Montmorency y jetta
quelque ſecours. Il fut attaqué
dans ſa retraite , & fait
prifonnier avec les Ducs de
Montpenfier & de Longueville
, Loüis de Gonzague,
depuis Duc de Nevers , le
Maréchal de S. André , dix
Chevaliers de l'Ordre, & trois
cens Gentilshommes. Cette
Bataille qui fut donnée le 10.
Aouſt 1557. coûta beaucoup
de fang aux François. Jean
Giiij
80 IV. P.du Voyage
de Bourbon, Duc d'Anguien,
fut trouvé parmy les morts.
Les Ennemis , ſans fonger à
profiter de l'avantage qu'ils
venoient de remporter, s'arrefterent
au Siege de Saint-
Quentin, où le Roy Philippes
vint le 27. d'Aouſt. L'Amiral
Coligny qui deffendoit cette
Place , ayant trop tardé à
capituler , la fit ſauter par
cinq bréches , & fut fait prifonnier.
Elle fut rendue à
la France en 1559. par la Paix
de Cateau - Cambreſis . M
d'Abancourt , Lieutenant de
Roy de cette Ville , en fit
r
des Amb. de Siam . 81
les honneurs, en l'absence de
M le Marquis de Pradel ,
Lieutenant general des Armées
du Roy , qui en eft
Gouverneur. Il fortit de Saint
Quentin , dans un Carroſſe
precedé d'une partie des Gardes
de M. de Pradel , tous
bien montez , ainſi que les
Chevaliers de la Couronne,
& de la Jeuneffe , qui l'accompagnoient.
Ils avoient
des Plumes blanches, & eftoient
tous fort leſtement
veſtus , & conduits par leurs
Capitaines. Il y avoit auffi
plus de deux cens notables
82 IV . P. du Voyage
Bourgeois , qui avoient en
teſte Mfs Boutillier &Tabary
, anciens Mayeurs de la
Ville. Ils allerent plus de deux
lieuës au devant des Ambaffadeurs
. M d'Abancourt defcendit
de carroſſe dés qu'il
les eut apperceus , ainſi que
Mt Ainet , Roy de la Couronne
. Cette Compagnie &
celle de la Jeuneſſe , font
composées des jeunes gens
de la Ville , qui s'accoutumant
de bonne heure dans
les Exercices guerriers, ſe difputent
ſouvent des Prix les
uns aux autres , & ces Prix
des Amb. de Siam. 83
font donnez à ceux qui font
voir le plus d'adreſſe. Toutes
ces Troupes, ainſi que les Archers
de la Maréchauffée, faluërent
les Ambaſſadeurs par
une décharge de leurs piftolets,
puis les Chevaliers de la
Couronne environerent leur
Carroſſe l'épée à la main.
Celuy de M d'Abancourt
alloit devant, & eſtoit précedé
de la Maréchauffée. Lors
qu'on fut arrivé à la Porte
de la Ville, le canon des ramparts
ſalüa , comme il avoit
fait par tout ailleurs. LesAmbaſſadeurs
paſſerent au tra
84 III. P. du Voyage
vers d'une double haye de
Bourgeois , dont les ruës eftoient
bordées depuis les
premieres maiſons du Fauxbourg
juſqu'au lieu qui leur
avoit eſté préparé pour leur
logement, & qui estoit gardé
par les deux Compagnies des
Canonniers & Arquebufiers.
Ce logis eftoit fort ſpatieux,
& M de Ville avoient pris
foin de le faire meubler. Ils
avoient fait mettre au deſſus
de la Porte les Armes du Roy
de Siam , qui brilloient extrémement
par les ornemens
dont elles eftoient environ
des Amb. de Siam. 85
nées . LesAmbaſſadeurs eſtant
arrivez à la porte de ce logis,
on fit une décharge de quarante
Arquebuſes à croc , qui
eſtoient aux feneſtres de la
Maiſon de Ville, vis-à-vis de
l'Hoſtel qu'on avoit fait préparer
pour eux ; de forte qu'ils
les entendirent & les virent
de leurs feneftres . Peu de
temps aprés les Mayeur &
Eſchevins en Corps, précedez
de leurs quatre Huiffiers à
longues robbes , & fuivis de
huit autres de robbe courte,
qui portoient lesVins de prefent,
vinrent les complimen
86 IV. P. du Voyage
r
ter. La parole fut portée par
M Rohart , Advocat , &
Mayeur de la Ville. L'Ambaſſadeur
répondit qu'ils eftoient
fort redevables àM*s de
Saint-Quentin des honnestetez
qu'ils leur faisoient,&de l'esti
me qu'ils marquoient pour le
Roy de Siam: Qu'ils auroient
voulu avoir occafion de fervir
la Ville , en revanche de l'honneur
qu'ils en recevoient ; &
qu'ils s'eſtonnoient de voir de ſi
belle Cavalerie , & de fi belle
Infanterie , dans une Place où
il n'y avoit point de Garnison.
L'Infanterie ayant enſuite
des Amb. de Siam. 87
paffé devant leur logis , où
elle fit une décharge, lesAmbaſſadeurs
prierent Mas de
Ville de la renvoyer , & leur
firent de nouveaux remercîmens.
Enſuite le Chapitre
Royal de Saint-Quentin les
vint ſaluër en Corps , & leur
fit auſſi ſes Preſens en particulier
; ce qui merite d'eftre
remarqué , puiſque ce n'eſt
pas une choſe ordinaire aux
Chapitres. M. l'Abbé Gobinet
, Eſcolaſtre & Docteur
en Theologie , parla en l'abfence
de M. de Maupeou,
Doyen , nommé à l'Eveſché
88 IV. P. du Voyage
de Caſtre . L'Ambaſſadeur ré
pondit , qu'ils estoient fort obli
gezà cette Compagnie des honneſtetez
qu'elle venoit leurfaire
; qu'ils sçavoient de quelle
importance estoit le Chapitre de
Saint-Quentin , puiſqu'il avoit
l'honneur d'avoir un des plus
grands Rois de la terre pourfon
premier Chanoine , & qu'il eftoit
Gardien depuis pluſieurs fiecles
du Corps d'un glorieux
Martyr , & qui avoit tant
fouffert; que la modeſtie qu'il
voyoit paroiſtre ſur le visage de
tous les Chanoines , leur estoit
une preuve évidente de la bondes
Amb . de Siam. 89
téde laReligion Chreftienne; que
le Roy de Siam leur Maistre,
qui avoit une eſtime trés-particuliere
pour le Roy de France,
confideroit tous ceux de ſa Religion,
protegeoit dasfonRoyaume
, les Evesques , les Prestres,
les Miffionnaires, pour lefquels
il avoit fait bastir des
Eglifes. Il leur demanda qu'ils
vouluſſent bien prier pour le
Peuple de Siam ; & tous les
Chanoines eſtant enſuite pafſez
devant luy , il les falia
tous chacun en particulier.
Aprés cela ils receurent les
complimens de Mts du Bail
H
90 IV. P. du Voyage
lage , de la Prevoſté, de l'Election
& du Grenier à Sel,
qui tous enſemble ne firent
qu'un Corps. Ces complimens
eſtant achevez, Mª d'Abancourt
leur demanda l'ordre,
& l'Ambaſſadeur donna
pour mot, Plus chargé de lauriers
que d'années, faiſant alluſion
aux grands ſervices de
M. le Marquis de Pradel ,
Gouverneur de S. Quentin,
qui a receu beaucoup de
bleſſeures pendant les Campagnes
qu'il a faites. Mrs de
Ville firent illuminer le ſoir
les feneftres de leur Hoſtel,
r
desAmb. de Siam. gr
qui donnoient vis-à-vis de
celuy où les Ambaſſadeurs
eſtoient logez ; ce qui éclairoit
la grande Place, qui eft
une des plus ſpacieuſes , des
plus regulieres & des plus
belles de France. Toute la
Ville fut auffi illuminée , les
ordres ayant eſté donnez de
mettre des lanternes à toutes
les feneftres .On foupa à l'ordinaire.
L'Afſſemblée fut remarquable
, & les Ambaſſadeurs
trouverentque le nombre
des Dames eſtoit grand
à S. Quentin , & qu'il y en
avoir beaucoup de belles,
Hij
92 IV. P. du Voyage
On leur donna les Violons
aprés foupé, & quand ils eurent
joüé longtemps , ils ſe
mêlerent aux Trompettes des
Chevaliers de la Couronne,
avec lesquels ils s'eſtoient
concertez ; & les plaiſirs de
cette ſoirée finirent par le
bruit de la décharge d'un
grand nombre d'Arquebuſes
à croc , qui estoient à l'Hoftel
de Ville. Le lendemain 17.
quelques Mandarins &quelques
Secretaires allerent par
ordre des Ambaſſadeurs, à la
grande Eglife , afin de leur
faire rapport de ce qu'ils ver
des Amb de Siam. 93
1
roient pour l'écrire enfuite,
comme ils ont fait dans tous
les lieux où ils ont eſté. Ils
trouverent cetre Eglife trésbelle
, tant pour ſa grandeur
que pour ſa conſtruction. Sur
les neuf heures du matin les
Ambaſſadeurs ayant achevé
de déjeuner , les Mayeur &
Eſchevins leur vinrent encore
faire compliment par
la bouche de M Rochart.
L'Ambaſladeur leur marqua
avec les termes les plus ohligeans
& les plus forts, qu'on
ne pouvoit eſtre plus content
qu'ils l'eſtoient de la
94 IV. P. du Voyage
Ville & de luy. Comme ils
avoient defiré d'entendre les
Cloches de la grande Eglife
avant leur départ, ils ſe mirent
à la feneſtre , & on les
fit ſonner à volée, & enſuite
carillonner. Ils furent aprés
falüez des Arquebuſes de
'Hoſtel de Ville , qu'ils avoient
déja veuës & entenduës
avec plaifir, & partirent
precedez des Chevaliers de la
Couronne avec leurs Etendarts
, leurs Trompettes , &
tout ce qui peut marquer des
Troupes reglées , dont ils avoient
l'air. Il y avoit auffi
desAmb. de Siam. 95
plus de deux cens Bourgeois
à cheval', & toute cette Cavalerie
eſtant jointe à la mareſchauffée
, paroiſſoit fort
nombreuſe. Ils pafferent entre
deux hayés de Bourgeois
ſous les armes , ainſi qu'ils
avoient fait en entrant. Le
canon tira à leur fortie , &
la Cavalerie qui les accompagnoit
, ne les quitta qu'à
plus de deux lieuës de laVil-
Ie.
la Somme , Capitale du Pays
de Vermandois en Picardie.
Elle eft grande & bien peuplée
, & on y fait diverſes
Manufactures . Elle a eſté aux
Comtes de Vermandois , &
le Roy Philippe Auguſte
l'ayant réünie à la Couronne
, elle fut depuis engagée
aux Ducs de Bourgogne;
mais elle en a toûjours eſté
retirée avec les autres Villes
fur la Somme, Philibert Ema
des Amb. de Siam. 79
nuel Duc de Savoye , Gouverneur
des Pays-bas, l'ayant
affiegée pour Philippe II.
Roy d'Eſpagne, le Conneſtable
de Montmorency y jetta
quelque ſecours. Il fut attaqué
dans ſa retraite , & fait
prifonnier avec les Ducs de
Montpenfier & de Longueville
, Loüis de Gonzague,
depuis Duc de Nevers , le
Maréchal de S. André , dix
Chevaliers de l'Ordre, & trois
cens Gentilshommes. Cette
Bataille qui fut donnée le 10.
Aouſt 1557. coûta beaucoup
de fang aux François. Jean
Giiij
80 IV. P.du Voyage
de Bourbon, Duc d'Anguien,
fut trouvé parmy les morts.
Les Ennemis , ſans fonger à
profiter de l'avantage qu'ils
venoient de remporter, s'arrefterent
au Siege de Saint-
Quentin, où le Roy Philippes
vint le 27. d'Aouſt. L'Amiral
Coligny qui deffendoit cette
Place , ayant trop tardé à
capituler , la fit ſauter par
cinq bréches , & fut fait prifonnier.
Elle fut rendue à
la France en 1559. par la Paix
de Cateau - Cambreſis . M
d'Abancourt , Lieutenant de
Roy de cette Ville , en fit
r
des Amb. de Siam . 81
les honneurs, en l'absence de
M le Marquis de Pradel ,
Lieutenant general des Armées
du Roy , qui en eft
Gouverneur. Il fortit de Saint
Quentin , dans un Carroſſe
precedé d'une partie des Gardes
de M. de Pradel , tous
bien montez , ainſi que les
Chevaliers de la Couronne,
& de la Jeuneffe , qui l'accompagnoient.
Ils avoient
des Plumes blanches, & eftoient
tous fort leſtement
veſtus , & conduits par leurs
Capitaines. Il y avoit auffi
plus de deux cens notables
82 IV . P. du Voyage
Bourgeois , qui avoient en
teſte Mfs Boutillier &Tabary
, anciens Mayeurs de la
Ville. Ils allerent plus de deux
lieuës au devant des Ambaffadeurs
. M d'Abancourt defcendit
de carroſſe dés qu'il
les eut apperceus , ainſi que
Mt Ainet , Roy de la Couronne
. Cette Compagnie &
celle de la Jeuneſſe , font
composées des jeunes gens
de la Ville , qui s'accoutumant
de bonne heure dans
les Exercices guerriers, ſe difputent
ſouvent des Prix les
uns aux autres , & ces Prix
des Amb. de Siam. 83
font donnez à ceux qui font
voir le plus d'adreſſe. Toutes
ces Troupes, ainſi que les Archers
de la Maréchauffée, faluërent
les Ambaſſadeurs par
une décharge de leurs piftolets,
puis les Chevaliers de la
Couronne environerent leur
Carroſſe l'épée à la main.
Celuy de M d'Abancourt
alloit devant, & eſtoit précedé
de la Maréchauffée. Lors
qu'on fut arrivé à la Porte
de la Ville, le canon des ramparts
ſalüa , comme il avoit
fait par tout ailleurs. LesAmbaſſadeurs
paſſerent au tra
84 III. P. du Voyage
vers d'une double haye de
Bourgeois , dont les ruës eftoient
bordées depuis les
premieres maiſons du Fauxbourg
juſqu'au lieu qui leur
avoit eſté préparé pour leur
logement, & qui estoit gardé
par les deux Compagnies des
Canonniers & Arquebufiers.
Ce logis eftoit fort ſpatieux,
& M de Ville avoient pris
foin de le faire meubler. Ils
avoient fait mettre au deſſus
de la Porte les Armes du Roy
de Siam , qui brilloient extrémement
par les ornemens
dont elles eftoient environ
des Amb. de Siam. 85
nées . LesAmbaſſadeurs eſtant
arrivez à la porte de ce logis,
on fit une décharge de quarante
Arquebuſes à croc , qui
eſtoient aux feneſtres de la
Maiſon de Ville, vis-à-vis de
l'Hoſtel qu'on avoit fait préparer
pour eux ; de forte qu'ils
les entendirent & les virent
de leurs feneftres . Peu de
temps aprés les Mayeur &
Eſchevins en Corps, précedez
de leurs quatre Huiffiers à
longues robbes , & fuivis de
huit autres de robbe courte,
qui portoient lesVins de prefent,
vinrent les complimen
86 IV. P. du Voyage
r
ter. La parole fut portée par
M Rohart , Advocat , &
Mayeur de la Ville. L'Ambaſſadeur
répondit qu'ils eftoient
fort redevables àM*s de
Saint-Quentin des honnestetez
qu'ils leur faisoient,&de l'esti
me qu'ils marquoient pour le
Roy de Siam: Qu'ils auroient
voulu avoir occafion de fervir
la Ville , en revanche de l'honneur
qu'ils en recevoient ; &
qu'ils s'eſtonnoient de voir de ſi
belle Cavalerie , & de fi belle
Infanterie , dans une Place où
il n'y avoit point de Garnison.
L'Infanterie ayant enſuite
des Amb. de Siam. 87
paffé devant leur logis , où
elle fit une décharge, lesAmbaſſadeurs
prierent Mas de
Ville de la renvoyer , & leur
firent de nouveaux remercîmens.
Enſuite le Chapitre
Royal de Saint-Quentin les
vint ſaluër en Corps , & leur
fit auſſi ſes Preſens en particulier
; ce qui merite d'eftre
remarqué , puiſque ce n'eſt
pas une choſe ordinaire aux
Chapitres. M. l'Abbé Gobinet
, Eſcolaſtre & Docteur
en Theologie , parla en l'abfence
de M. de Maupeou,
Doyen , nommé à l'Eveſché
88 IV. P. du Voyage
de Caſtre . L'Ambaſſadeur ré
pondit , qu'ils estoient fort obli
gezà cette Compagnie des honneſtetez
qu'elle venoit leurfaire
; qu'ils sçavoient de quelle
importance estoit le Chapitre de
Saint-Quentin , puiſqu'il avoit
l'honneur d'avoir un des plus
grands Rois de la terre pourfon
premier Chanoine , & qu'il eftoit
Gardien depuis pluſieurs fiecles
du Corps d'un glorieux
Martyr , & qui avoit tant
fouffert; que la modeſtie qu'il
voyoit paroiſtre ſur le visage de
tous les Chanoines , leur estoit
une preuve évidente de la bondes
Amb . de Siam. 89
téde laReligion Chreftienne; que
le Roy de Siam leur Maistre,
qui avoit une eſtime trés-particuliere
pour le Roy de France,
confideroit tous ceux de ſa Religion,
protegeoit dasfonRoyaume
, les Evesques , les Prestres,
les Miffionnaires, pour lefquels
il avoit fait bastir des
Eglifes. Il leur demanda qu'ils
vouluſſent bien prier pour le
Peuple de Siam ; & tous les
Chanoines eſtant enſuite pafſez
devant luy , il les falia
tous chacun en particulier.
Aprés cela ils receurent les
complimens de Mts du Bail
H
90 IV. P. du Voyage
lage , de la Prevoſté, de l'Election
& du Grenier à Sel,
qui tous enſemble ne firent
qu'un Corps. Ces complimens
eſtant achevez, Mª d'Abancourt
leur demanda l'ordre,
& l'Ambaſſadeur donna
pour mot, Plus chargé de lauriers
que d'années, faiſant alluſion
aux grands ſervices de
M. le Marquis de Pradel ,
Gouverneur de S. Quentin,
qui a receu beaucoup de
bleſſeures pendant les Campagnes
qu'il a faites. Mrs de
Ville firent illuminer le ſoir
les feneftres de leur Hoſtel,
r
desAmb. de Siam. gr
qui donnoient vis-à-vis de
celuy où les Ambaſſadeurs
eſtoient logez ; ce qui éclairoit
la grande Place, qui eft
une des plus ſpacieuſes , des
plus regulieres & des plus
belles de France. Toute la
Ville fut auffi illuminée , les
ordres ayant eſté donnez de
mettre des lanternes à toutes
les feneftres .On foupa à l'ordinaire.
L'Afſſemblée fut remarquable
, & les Ambaſſadeurs
trouverentque le nombre
des Dames eſtoit grand
à S. Quentin , & qu'il y en
avoir beaucoup de belles,
Hij
92 IV. P. du Voyage
On leur donna les Violons
aprés foupé, & quand ils eurent
joüé longtemps , ils ſe
mêlerent aux Trompettes des
Chevaliers de la Couronne,
avec lesquels ils s'eſtoient
concertez ; & les plaiſirs de
cette ſoirée finirent par le
bruit de la décharge d'un
grand nombre d'Arquebuſes
à croc , qui estoient à l'Hoftel
de Ville. Le lendemain 17.
quelques Mandarins &quelques
Secretaires allerent par
ordre des Ambaſſadeurs, à la
grande Eglife , afin de leur
faire rapport de ce qu'ils ver
des Amb de Siam. 93
1
roient pour l'écrire enfuite,
comme ils ont fait dans tous
les lieux où ils ont eſté. Ils
trouverent cetre Eglife trésbelle
, tant pour ſa grandeur
que pour ſa conſtruction. Sur
les neuf heures du matin les
Ambaſſadeurs ayant achevé
de déjeuner , les Mayeur &
Eſchevins leur vinrent encore
faire compliment par
la bouche de M Rochart.
L'Ambaſladeur leur marqua
avec les termes les plus ohligeans
& les plus forts, qu'on
ne pouvoit eſtre plus content
qu'ils l'eſtoient de la
94 IV. P. du Voyage
Ville & de luy. Comme ils
avoient defiré d'entendre les
Cloches de la grande Eglife
avant leur départ, ils ſe mirent
à la feneſtre , & on les
fit ſonner à volée, & enſuite
carillonner. Ils furent aprés
falüez des Arquebuſes de
'Hoſtel de Ville , qu'ils avoient
déja veuës & entenduës
avec plaifir, & partirent
precedez des Chevaliers de la
Couronne avec leurs Etendarts
, leurs Trompettes , &
tout ce qui peut marquer des
Troupes reglées , dont ils avoient
l'air. Il y avoit auffi
desAmb. de Siam. 95
plus de deux cens Bourgeois
à cheval', & toute cette Cavalerie
eſtant jointe à la mareſchauffée
, paroiſſoit fort
nombreuſe. Ils pafferent entre
deux hayés de Bourgeois
ſous les armes , ainſi qu'ils
avoient fait en entrant. Le
canon tira à leur fortie , &
la Cavalerie qui les accompagnoit
, ne les quitta qu'à
plus de deux lieuës de laVil-
Ie.
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Résumé : Saint-Quentin. [titre d'après la table]
Le texte présente la ville de Saint-Quentin, située sur la Somme et capitale du Pays de Vermandois en Picardie. Cette ville est notable pour sa taille, sa population et ses diverses manufactures. Historiquement, Saint-Quentin a appartenu aux Comtes de Vermandois avant d'être intégrée à la Couronne par le roi Philippe Auguste. Par la suite, elle a été engagée aux Ducs de Bourgogne. En 1557, la ville a été assiégée par Philibert Emmanuel, Duc de Savoie, agissant pour le compte de Philippe II, roi d'Espagne. Lors de la bataille du 10 août 1557, plusieurs nobles français, dont le Connétable de Montmorency, furent capturés. Saint-Quentin fut restituée à la France en 1559 par la Paix de Cateau-Cambrésis. Le texte mentionne également la visite des ambassadeurs de Siam à Saint-Quentin. La ville leur réserva un accueil solennel, avec des honneurs militaires et des réceptions officielles. Les ambassadeurs furent impressionnés par la beauté et l'organisation de la ville. Ils reçurent des compliments du maire, des échevins et du chapitre royal de Saint-Quentin. La ville fut illuminée en leur honneur, et une assemblée remarquable eut lieu, suivie de musique et de salves d'arquebuses. Le lendemain, les ambassadeurs visitèrent la grande église de la ville avant de partir, escortés par une cavalerie nombreuse et des troupes régulières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 49-69
Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Début :
Les auteurs qui ont parlé de la preuve de la Multiplication [...]
Mots clefs :
Preuve, Produit, Somme, Chiffres, Multiplication, Compensation, Tranche, Double
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Nouvelle preuve de lA Multiplication,
e nouvelle
maniéré de faire la D/i;/-
sion,plus courtequ'aucune
qui ait paruë jusques ici.
LEs auteurs'quiont parlé
de la preuve de la Multiplication
par ( 9 ) ont eu raison
de la traiter de défectueuse,
en ce qu'elle peut paroître
bonne, quoique la Multiplication
soit fausse
: mais
t il me paroîtqu'ils nont pû
la regarder comme une
preuve moralement bonne;
puis qu'à l'égard d'un calculateur,
qui de deux Multiplicationns
qu'il feroit,
commettroit toujours une
faute en une des deux, la
preuve de 9 devroit de 32,
coups contre 1 paroître bonnc
quoique la Multiplication
fùt fausse: ce qui est
bien éloigné d'être moralement
bonne;car dans ceux
qui ne calculent pas souvent
il en est peu qui ne
fassent une faute en 1 o
coups.Or à l'égard de ceuxlà,
la preuve de 9 doit être
fallacieuse de 160 coups contre
,parce que pour que
cette preuve devienne
fallacieuse,
il faut dans la même
Multiplication faire une
seconde faute qui releve la
premiere ; & pour cela il
faut 20 coups par la supposition,
& en chaque coup
il y a neuf chiffres à poser,
dont il n'yen a qu'un qui
doive faire la compensation,
contre huit qui ne la
feront pas; ce qui fait huit
fois
,
2.0 coups,ou160contre
un : ce qui ne peut point
encore établir une preuve
morale. Pour rendre donc
cette preuve plus fidelle du
double, en forte qu'il faille
3 2o coups contre un, moralement
parlant, pour qu'-
elle puisse paroîtreinfidelle,
je me sers de la preuve de
11 en cette forte.
Soit le nombre (73904) à
multiplier par ( 50871 ) la
multiplication étant faite,
je trouve. pour produit (3759570384. ) Or pour m'as
furer par la preuve de 9 que
ce produit est le veritable,
tout le monde sçait qu'il
faut faire une somme des
chiffres de chacun de ces
trois nombres, rejettant 9
toujours dés qu'on y arrive,
ou qu'on passe 9 ; ce qui
donne trois restes,sçavoir
5 pour le premier, 5 pour
le second
,
& 6 pour le troisiéme.
Je multiplie donc les
deux premiers restes, 5 &
3, l'un par l'autre j ce qui
donne 15 :
d'où ôtant 9, il
reste 6, qu'on appelle la
preuve des produifans. Or
cette preuve est égale au ref.
te 6 du produit 3759570384, (qu'on appelle aussi la preuve
du produit)comme elle
le doit toujours être lorsque
laMultiplicationest bonne
comme ici : mais il se pourroit
faire, sans grand miracle,
quela Multiplication
étant fausse, ces deux preuves
du produisant &du produit
feroient cependant
égales; comme il nveft arrivea
moy-même, la premiere
fois que j'ai voulu en
faire épreuve. C'est pourquoy
je fais encore la preuve
par 11, & pour cela je
tranche tous les chiffres des
lieux pairs, tant des multiplicateurs
que du produit
*
en commençant à droite,
&je mets en leur place leur
différence à n. Ainsi en
73904 je tranche le 3, & je
mets un 8 en la place, ou
au-dessus;en50871 jetranche
7y & je mets 4 en la
place & en 3759570 84 je
tranche 8,5,5,3,& je mets
3,6,6j8 en leur place. Ce
preparatif étant fait, j'achève
la preuve par 11, comme
par 9, ajoûtant tous les
chiffres des trois nombres
préparez, (78904) (50841)
( 8769670334 ) & rejettant
toujours II,àchaque fois
qu'il vient 11 ou plus
y ce
qui donne pour les restes
des deux premiers 6&7;
pour le reste ou la preuve
,
du dernier (9.) Multipliant
donc lesdeux premiers restes
6, & 7 entr'eux, le produit
est 41 ;
d'où ôtant tous
les II, il reste 9 pour la
preuve des produisans, laquelle
est aussi égale à celle
du produit, commeelle le
doit, puisque la Multiplication
est juste;&je dis que
la certitude de sa bonté est
précisément double de ce
qu'elle seroit, si je ntavois.
fait que la regle de 9, c'est
à dire moralement de 310
coups contre un..
Maintenant, pour la demonstration
de ces deux
preuves, il ne faut que considerer
que quand on ôte,
de quelque nombre de dixaines
que ce soit, comme
de 80,les 9, autant qu'on
le peut, leleste est le chiffre
8, même de 80-r parce
qu'otant9 de 10,le resteest
de 1. De même ôtant tous
les 9 r
de quelque nombre
de centaines que ce soit,
comme de 700, le reste est
le y, même de 700 ; parce
qu'ôtant tous les 9 de ioo,
(ou 99 ) le refle est 1. On
trouve la même chose en
ôtant tous les 9 desnombres
de looo>de lOOOO, de
100000, &c. comme de
2.000, de 3oooo,de 400000,
&c. C'est précisément la
même chose pour 11 que
pour 9, à l'égard des lieux
impairs feulement,sçavoir
des centaines
>
des dix mil ,
des millions, &c. comme
de 400 y
de 5°000, de
éoooooo, à cause que ( 99)
( 9999 ) C99|999) fone auÍfltbien
des multiples de Il
que de 9,comme on peut
le voir aisémentendivisànt
ces nombres par 11.
Maisà
l'égard des lieux pairs qui
contiennent les centaines,
les 10000, les 100000, &c.
lorsqu'on en ôte tous les
11 »
il reste la différence de
leurs chiffres à II. Ainsi
ocanc les u de 30, il reste8
y qui est la différence de 11
au chiffre
5
de 50,& cela à
cause que II surpasse 10 de
i ; car il fuit de là que 3$
doit surpasser30 de 3, &
que par consequent 30 doit
surpasser 22 de 8 : difference
dde Il a y DDe mAême"ôtant,
tous les ir de 4000, il reste
7, qui êlt la difference de
JI à 4, chiffre de 4000, &
cela à cause que r001 qui
est un multiple de II, surpasse
1000 de
1 :
d'où il suit
que 1ooo doit surpasser un
multiple de
1 r, de la différence
de II. à I ,
& de même
des autres lieux pairs
lOOOOO', 10000000, &c.
qui sont toujours suivis immédiatement
des multiples
de r1 ; ravoir
, icoooi 10000001, &c. comme on
peut aisément le voir en divisant
ces nombres par 11.
Il fuit de là que pour avoir
le reste des dixaines, des
IOOOJ des ioooco, &c.apres
en avoir ôté tous les JI,
comme par exemple le reste
de 70, de 80, de 3000,
de 500000 ,
de 50000000,
de 3000000000, (qui sont
renfermez dans les trois
nombres de la question) il
faut ôter tous les chiffres,
7, 8>3> 5,& mettre en
leur place leur différence à
II; sçavoir 4,3,8,6, com-
- me nous avons fait dans la
pratique ci-dessus. A l'égard
des zéro, il est inutile
d'yavoir égard, parce que ç'est.limême qui est leur
différence à II, & qu'il faut
rejetter II dans l'addition
de tous les chiffres, comme
on l'a dit. Donc aprés
cette correction, la somme
de tous les chiffres de chaque
nombre proposé fera
(on reste, après en avoir
ôtè tous les 115 de même
qu'après en avoir ôtétous
les 9, puisque le premier
chiffre à droite peut toûjours
eêrtrree regardeé comme
un reste , étant toujours
moindre que II, & au plus
9. On doit donc regarder
chacun des trois nombres
proposez (apres le préparatiffait
pour II ) comme une
somme de 9 ou de II, plus
un reste,lequel reste soit la
somme de ses c hiffres,aprés
avoir ôté de cette somme
tous les 9 ou tous les II. On
a donc pour les deux multiplicateurs
une somme de
9 ou de II, plus un reste,
5 ou 6 à multiplier par une
somme de 9 ou de II ,
plus
un reste, 3 ou7 ; ce qui
doit donner trois especes de
produits; sçavoir, celui du
premier reste par le second,
c'est à dire de 5 par 3, qui
est 15 ; ou de 6 par 7, qui
est 42. Ensuite le produit de
la premiere somme de 9 ou
de II par 3 ou 7, & reciproquement
celui de 5 ou
6 par la seconde somme de
9 ou de fI; & pour la troisième
espece le produit de
la premiere somme par la
feconde. Or ces trois derniers
produits ne sonttoûjours
que des sommes de 9
ou de II, comme il est évident.
dent. Donc tous les 9 ou
tous les
11 étant rejettez du
produit proposé 3759570384,
il ne reste que le produit 15.
ou 41 des restes 5 & 3ou
6 & 7 ;c'est pourquoy si
l'on ôte encore de ces deux
produits tous les 9 ou tous
les 11, il restera la même
chose, que si l'on avoit ôté
du produit 3759570384 tous
les 9 ou tous les 11 ) autant
de fois qu'il est possible;
sçavoir, 6 ou 9. Or prenant
la somme des chiffres
( 3759, &C. ) corrigez pour
il en rejettant toujours9
ou ii, on trouve les mêmes
restes 6 ou 9. De mêmeprenant
lasomme des chiffres
des produifans
,
corrigez
pour 11, en rejettant toujours
les 9 ou les II,on trouve
les reltes 5 ôc 3,ou 6 &-
7, comme on l'a démontré
ci- dessus. Donc la preuve
des produifansdoit être é.-
gale à celle du produit'
quand laMultiplication est;
bonne.
Il est maintenant évident
que si les deux fautesqu'oa
sùppose avoir faites tombent
sur des lieux pairs tour
tesdeux,outoutes deux sur
des lieux impairs, savoir
l'une en plus, & l'autre en
moins,(comme la preuve
le demande pour faire compensation
) on aura auni
compensation dans la preuve
deII. A l'égard des lieux:
pairs , la chose est toute
ciaire ; & pour les impairs,
il ne faut que considerer
que la faute en plus deviendra
une faute en mOIns, ôc
celle en moins une en plus,
après le preparatif fait; le
tout comme la compensa.
don le demande:mais la
secondè faute peut tomber
sur un lieu de diiïërenieeîL
pece,du lieu de la premiere
aussitôt que sur un lieu de
mêmeespece,c'est à dire:
sur un impair , quand la.
premiere tombe sur un
pair, ou tout au contraire.
Alors aprés la correction
faire , les deux fautes seroient
toutes deux en plus,,
ou toutes deux en moins;
ce qui ne produiroit pas de
compensation seroitparoître
la preuve fausse, de
même que la Multiplication.
Ce qui demande evidemment
deux fois plus de
coups pour faire paroîtrela
preuve de 11 fallacieuse,
comprise celle de 9, que
pour celle de 9 ou de Il toute
feule
y
& ce qui par con.
sequens affure la certitude
de ces deux preuves du double
de ce qu'elleest,lors.
qu'elles sont separées..
Ceci servira pour nousacquitter
de la promesse
que nous avons faite sur la
preuve de (9) dans le sécond
tome de nos Recherc
hes ou Essais
)
première
édition.
e nouvelle
maniéré de faire la D/i;/-
sion,plus courtequ'aucune
qui ait paruë jusques ici.
LEs auteurs'quiont parlé
de la preuve de la Multiplication
par ( 9 ) ont eu raison
de la traiter de défectueuse,
en ce qu'elle peut paroître
bonne, quoique la Multiplication
soit fausse
: mais
t il me paroîtqu'ils nont pû
la regarder comme une
preuve moralement bonne;
puis qu'à l'égard d'un calculateur,
qui de deux Multiplicationns
qu'il feroit,
commettroit toujours une
faute en une des deux, la
preuve de 9 devroit de 32,
coups contre 1 paroître bonnc
quoique la Multiplication
fùt fausse: ce qui est
bien éloigné d'être moralement
bonne;car dans ceux
qui ne calculent pas souvent
il en est peu qui ne
fassent une faute en 1 o
coups.Or à l'égard de ceuxlà,
la preuve de 9 doit être
fallacieuse de 160 coups contre
,parce que pour que
cette preuve devienne
fallacieuse,
il faut dans la même
Multiplication faire une
seconde faute qui releve la
premiere ; & pour cela il
faut 20 coups par la supposition,
& en chaque coup
il y a neuf chiffres à poser,
dont il n'yen a qu'un qui
doive faire la compensation,
contre huit qui ne la
feront pas; ce qui fait huit
fois
,
2.0 coups,ou160contre
un : ce qui ne peut point
encore établir une preuve
morale. Pour rendre donc
cette preuve plus fidelle du
double, en forte qu'il faille
3 2o coups contre un, moralement
parlant, pour qu'-
elle puisse paroîtreinfidelle,
je me sers de la preuve de
11 en cette forte.
Soit le nombre (73904) à
multiplier par ( 50871 ) la
multiplication étant faite,
je trouve. pour produit (3759570384. ) Or pour m'as
furer par la preuve de 9 que
ce produit est le veritable,
tout le monde sçait qu'il
faut faire une somme des
chiffres de chacun de ces
trois nombres, rejettant 9
toujours dés qu'on y arrive,
ou qu'on passe 9 ; ce qui
donne trois restes,sçavoir
5 pour le premier, 5 pour
le second
,
& 6 pour le troisiéme.
Je multiplie donc les
deux premiers restes, 5 &
3, l'un par l'autre j ce qui
donne 15 :
d'où ôtant 9, il
reste 6, qu'on appelle la
preuve des produifans. Or
cette preuve est égale au ref.
te 6 du produit 3759570384, (qu'on appelle aussi la preuve
du produit)comme elle
le doit toujours être lorsque
laMultiplicationest bonne
comme ici : mais il se pourroit
faire, sans grand miracle,
quela Multiplication
étant fausse, ces deux preuves
du produisant &du produit
feroient cependant
égales; comme il nveft arrivea
moy-même, la premiere
fois que j'ai voulu en
faire épreuve. C'est pourquoy
je fais encore la preuve
par 11, & pour cela je
tranche tous les chiffres des
lieux pairs, tant des multiplicateurs
que du produit
*
en commençant à droite,
&je mets en leur place leur
différence à n. Ainsi en
73904 je tranche le 3, & je
mets un 8 en la place, ou
au-dessus;en50871 jetranche
7y & je mets 4 en la
place & en 3759570 84 je
tranche 8,5,5,3,& je mets
3,6,6j8 en leur place. Ce
preparatif étant fait, j'achève
la preuve par 11, comme
par 9, ajoûtant tous les
chiffres des trois nombres
préparez, (78904) (50841)
( 8769670334 ) & rejettant
toujours II,àchaque fois
qu'il vient 11 ou plus
y ce
qui donne pour les restes
des deux premiers 6&7;
pour le reste ou la preuve
,
du dernier (9.) Multipliant
donc lesdeux premiers restes
6, & 7 entr'eux, le produit
est 41 ;
d'où ôtant tous
les II, il reste 9 pour la
preuve des produisans, laquelle
est aussi égale à celle
du produit, commeelle le
doit, puisque la Multiplication
est juste;&je dis que
la certitude de sa bonté est
précisément double de ce
qu'elle seroit, si je ntavois.
fait que la regle de 9, c'est
à dire moralement de 310
coups contre un..
Maintenant, pour la demonstration
de ces deux
preuves, il ne faut que considerer
que quand on ôte,
de quelque nombre de dixaines
que ce soit, comme
de 80,les 9, autant qu'on
le peut, leleste est le chiffre
8, même de 80-r parce
qu'otant9 de 10,le resteest
de 1. De même ôtant tous
les 9 r
de quelque nombre
de centaines que ce soit,
comme de 700, le reste est
le y, même de 700 ; parce
qu'ôtant tous les 9 de ioo,
(ou 99 ) le refle est 1. On
trouve la même chose en
ôtant tous les 9 desnombres
de looo>de lOOOO, de
100000, &c. comme de
2.000, de 3oooo,de 400000,
&c. C'est précisément la
même chose pour 11 que
pour 9, à l'égard des lieux
impairs feulement,sçavoir
des centaines
>
des dix mil ,
des millions, &c. comme
de 400 y
de 5°000, de
éoooooo, à cause que ( 99)
( 9999 ) C99|999) fone auÍfltbien
des multiples de Il
que de 9,comme on peut
le voir aisémentendivisànt
ces nombres par 11.
Maisà
l'égard des lieux pairs qui
contiennent les centaines,
les 10000, les 100000, &c.
lorsqu'on en ôte tous les
11 »
il reste la différence de
leurs chiffres à II. Ainsi
ocanc les u de 30, il reste8
y qui est la différence de 11
au chiffre
5
de 50,& cela à
cause que II surpasse 10 de
i ; car il fuit de là que 3$
doit surpasser30 de 3, &
que par consequent 30 doit
surpasser 22 de 8 : difference
dde Il a y DDe mAême"ôtant,
tous les ir de 4000, il reste
7, qui êlt la difference de
JI à 4, chiffre de 4000, &
cela à cause que r001 qui
est un multiple de II, surpasse
1000 de
1 :
d'où il suit
que 1ooo doit surpasser un
multiple de
1 r, de la différence
de II. à I ,
& de même
des autres lieux pairs
lOOOOO', 10000000, &c.
qui sont toujours suivis immédiatement
des multiples
de r1 ; ravoir
, icoooi 10000001, &c. comme on
peut aisément le voir en divisant
ces nombres par 11.
Il fuit de là que pour avoir
le reste des dixaines, des
IOOOJ des ioooco, &c.apres
en avoir ôté tous les JI,
comme par exemple le reste
de 70, de 80, de 3000,
de 500000 ,
de 50000000,
de 3000000000, (qui sont
renfermez dans les trois
nombres de la question) il
faut ôter tous les chiffres,
7, 8>3> 5,& mettre en
leur place leur différence à
II; sçavoir 4,3,8,6, com-
- me nous avons fait dans la
pratique ci-dessus. A l'égard
des zéro, il est inutile
d'yavoir égard, parce que ç'est.limême qui est leur
différence à II, & qu'il faut
rejetter II dans l'addition
de tous les chiffres, comme
on l'a dit. Donc aprés
cette correction, la somme
de tous les chiffres de chaque
nombre proposé fera
(on reste, après en avoir
ôtè tous les 115 de même
qu'après en avoir ôtétous
les 9, puisque le premier
chiffre à droite peut toûjours
eêrtrree regardeé comme
un reste , étant toujours
moindre que II, & au plus
9. On doit donc regarder
chacun des trois nombres
proposez (apres le préparatiffait
pour II ) comme une
somme de 9 ou de II, plus
un reste,lequel reste soit la
somme de ses c hiffres,aprés
avoir ôté de cette somme
tous les 9 ou tous les II. On
a donc pour les deux multiplicateurs
une somme de
9 ou de II, plus un reste,
5 ou 6 à multiplier par une
somme de 9 ou de II ,
plus
un reste, 3 ou7 ; ce qui
doit donner trois especes de
produits; sçavoir, celui du
premier reste par le second,
c'est à dire de 5 par 3, qui
est 15 ; ou de 6 par 7, qui
est 42. Ensuite le produit de
la premiere somme de 9 ou
de II par 3 ou 7, & reciproquement
celui de 5 ou
6 par la seconde somme de
9 ou de fI; & pour la troisième
espece le produit de
la premiere somme par la
feconde. Or ces trois derniers
produits ne sonttoûjours
que des sommes de 9
ou de II, comme il est évident.
dent. Donc tous les 9 ou
tous les
11 étant rejettez du
produit proposé 3759570384,
il ne reste que le produit 15.
ou 41 des restes 5 & 3ou
6 & 7 ;c'est pourquoy si
l'on ôte encore de ces deux
produits tous les 9 ou tous
les 11, il restera la même
chose, que si l'on avoit ôté
du produit 3759570384 tous
les 9 ou tous les 11 ) autant
de fois qu'il est possible;
sçavoir, 6 ou 9. Or prenant
la somme des chiffres
( 3759, &C. ) corrigez pour
il en rejettant toujours9
ou ii, on trouve les mêmes
restes 6 ou 9. De mêmeprenant
lasomme des chiffres
des produifans
,
corrigez
pour 11, en rejettant toujours
les 9 ou les II,on trouve
les reltes 5 ôc 3,ou 6 &-
7, comme on l'a démontré
ci- dessus. Donc la preuve
des produifansdoit être é.-
gale à celle du produit'
quand laMultiplication est;
bonne.
Il est maintenant évident
que si les deux fautesqu'oa
sùppose avoir faites tombent
sur des lieux pairs tour
tesdeux,outoutes deux sur
des lieux impairs, savoir
l'une en plus, & l'autre en
moins,(comme la preuve
le demande pour faire compensation
) on aura auni
compensation dans la preuve
deII. A l'égard des lieux:
pairs , la chose est toute
ciaire ; & pour les impairs,
il ne faut que considerer
que la faute en plus deviendra
une faute en mOIns, ôc
celle en moins une en plus,
après le preparatif fait; le
tout comme la compensa.
don le demande:mais la
secondè faute peut tomber
sur un lieu de diiïërenieeîL
pece,du lieu de la premiere
aussitôt que sur un lieu de
mêmeespece,c'est à dire:
sur un impair , quand la.
premiere tombe sur un
pair, ou tout au contraire.
Alors aprés la correction
faire , les deux fautes seroient
toutes deux en plus,,
ou toutes deux en moins;
ce qui ne produiroit pas de
compensation seroitparoître
la preuve fausse, de
même que la Multiplication.
Ce qui demande evidemment
deux fois plus de
coups pour faire paroîtrela
preuve de 11 fallacieuse,
comprise celle de 9, que
pour celle de 9 ou de Il toute
feule
y
& ce qui par con.
sequens affure la certitude
de ces deux preuves du double
de ce qu'elleest,lors.
qu'elles sont separées..
Ceci servira pour nousacquitter
de la promesse
que nous avons faite sur la
preuve de (9) dans le sécond
tome de nos Recherc
hes ou Essais
)
première
édition.
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Résumé : Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Le texte expose une nouvelle méthode pour vérifier la validité d'une multiplication en utilisant les preuves de 9 et de 11. Les auteurs précédents ont critiqué la preuve de 9 pour sa fiabilité, car elle peut sembler correcte même si la multiplication est fausse. La preuve de 9 est jugée moralement insuffisante, surtout pour ceux qui ne calculent pas fréquemment, car elle peut donner une impression de justesse même en cas d'erreur. Pour améliorer la fiabilité, l'auteur propose d'utiliser la preuve de 11 en complément de celle de 9. Il illustre cette méthode avec un exemple de multiplication : 73904 multiplié par 50871, donnant le produit 3759570384. La preuve de 9 consiste à sommer les chiffres de chaque nombre, en rejetant les multiples de 9, et à vérifier que les restes des multiplicateurs et du produit sont égaux. Cependant, cette méthode peut être trompeuse. L'auteur introduit donc la preuve de 11, qui consiste à tronquer les chiffres des lieux pairs et à remplacer chaque chiffre par sa différence avec 11. Ensuite, il somme les chiffres des trois nombres ainsi modifiés et rejette les multiples de 11. La preuve de 11 permet de doubler la certitude de la preuve de 9, car elle nécessite deux fois plus de fautes pour apparaître fausse. Le texte conclut en expliquant que la preuve de 11 est particulièrement utile pour détecter les erreurs dans les lieux pairs et impairs, et qu'elle assure une vérification plus fiable de la multiplication.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1757-1759
DEMOSTHENE ET LAIS. CONTE.
Début :
Corinthe vit une Jeune Beauté, [...]
Mots clefs :
Démosthène, Laïs, Amant, Financier, Somme, Corinthe, Avare, Talent, Orateur
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texteReconnaissance textuelle : DEMOSTHENE ET LAIS. CONTE.
DEMOSTHENE ET LAIS.
CONTE.
Corinthe vit une Jeune Beauté ,
Dont les appas faisoient bruit dans la Grece
Chez elle alloit la brillante Jeunesse ;
Plus d'un Amant en étoit enchanté ;
Pour peu qu'on eût le gousset argenté,
Qu'à pleines mains on jettât la richesse ,
Tenez pour sûr qu'on étoit écouté ;
Mais un Amant avare ou sans finance
Ne Lecevoit gracieuse audiance ,
Point de faveurs ; il étoit rebuté
Il avoit beau vaater son éloquence,
Son
1758 MERCURE DE FRANCE
Son bel esprit , ou bien sa qualité ,
On le traitoit avec sévérité ;
Car rien pour rien, en Grecé comme en France ,
C'est de tout temps un Proverbe usité ;
Un petit Maître en vain contoit fleurette ,
S'il n'ajoûtoit encor quelque bijou ;
De passemens s'il ne faisoit emplette ,
On le laissit morfondre tout son sou ;
Bref, telle étoit l'humeur de la Donzelle ;
Argent et dous faisoient tout son attrait ,
Le demeurant n'étoit que bagatelle ;
Qu'un Financier cût bien été son fait !
Un Financier admis chez une Belle ,
D'une faveur paye au double le prix ;
Il ne connoît ni dédains ni mépris ;
On le prévient , jamais sujet de plainte ,
Il est toujours chéri de son Aminthe ;
Trois fois heureux , mais il n'est pas permis ,
A tout Mortel d'arriver à Corinthe ;
On dit pourant que Démosthène épris ,
Des yeux vainqueurs de la jeune Laïs ,
C'étoit le nom de notre belle Infante )
Lui présenta requête suppliante ,
Pour ce qu'en France on paye en beaux Louis,
Or sçavez-vous ce que pour son offrande ,
Elle exigea de son illustre Amant ?
Vous donnerez , lui dit- elle , un talent ;
Un seul talent ! la somme n'est pas grande ;
Et
AOUST. 1733 : 1759
; Et je devrois vous en demander deux
Mais votre nom mérite quelque grace ;
Vous jugez bien que la somme embarrasse
Notre Rhéteur qui n'est pécunieux ;
Fournir ne peut à si grande largesse ;
Et renonçant au frivole plaisir ,
Non , répond- t-il à l'avare Maîtresse ,
Un Orateur nourri dans la sagesse ,
N'achepte pas si cher un repentir.
PIERRE DEFRASNA
CONTE.
Corinthe vit une Jeune Beauté ,
Dont les appas faisoient bruit dans la Grece
Chez elle alloit la brillante Jeunesse ;
Plus d'un Amant en étoit enchanté ;
Pour peu qu'on eût le gousset argenté,
Qu'à pleines mains on jettât la richesse ,
Tenez pour sûr qu'on étoit écouté ;
Mais un Amant avare ou sans finance
Ne Lecevoit gracieuse audiance ,
Point de faveurs ; il étoit rebuté
Il avoit beau vaater son éloquence,
Son
1758 MERCURE DE FRANCE
Son bel esprit , ou bien sa qualité ,
On le traitoit avec sévérité ;
Car rien pour rien, en Grecé comme en France ,
C'est de tout temps un Proverbe usité ;
Un petit Maître en vain contoit fleurette ,
S'il n'ajoûtoit encor quelque bijou ;
De passemens s'il ne faisoit emplette ,
On le laissit morfondre tout son sou ;
Bref, telle étoit l'humeur de la Donzelle ;
Argent et dous faisoient tout son attrait ,
Le demeurant n'étoit que bagatelle ;
Qu'un Financier cût bien été son fait !
Un Financier admis chez une Belle ,
D'une faveur paye au double le prix ;
Il ne connoît ni dédains ni mépris ;
On le prévient , jamais sujet de plainte ,
Il est toujours chéri de son Aminthe ;
Trois fois heureux , mais il n'est pas permis ,
A tout Mortel d'arriver à Corinthe ;
On dit pourant que Démosthène épris ,
Des yeux vainqueurs de la jeune Laïs ,
C'étoit le nom de notre belle Infante )
Lui présenta requête suppliante ,
Pour ce qu'en France on paye en beaux Louis,
Or sçavez-vous ce que pour son offrande ,
Elle exigea de son illustre Amant ?
Vous donnerez , lui dit- elle , un talent ;
Un seul talent ! la somme n'est pas grande ;
Et
AOUST. 1733 : 1759
; Et je devrois vous en demander deux
Mais votre nom mérite quelque grace ;
Vous jugez bien que la somme embarrasse
Notre Rhéteur qui n'est pécunieux ;
Fournir ne peut à si grande largesse ;
Et renonçant au frivole plaisir ,
Non , répond- t-il à l'avare Maîtresse ,
Un Orateur nourri dans la sagesse ,
N'achepte pas si cher un repentir.
PIERRE DEFRASNA
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Résumé : DEMOSTHENE ET LAIS. CONTE.
Le texte raconte l'histoire d'une jeune femme de Corinthe, Laïs, connue pour sa beauté et ses exigences financières. Elle accordait ses faveurs uniquement aux hommes riches et généreux, rejetant les autres malgré leurs qualités. Laïs demandait des présents coûteux en échange de son affection. Un financier, par exemple, devait payer cher pour obtenir ses faveurs et était toujours bien accueilli. Démosthène, un célèbre orateur, tomba amoureux de Laïs et lui fit une demande. Elle exigea un talent (une somme d'argent) en échange de ses faveurs. Démosthène, incapable de payer une telle somme, refusa, déclarant qu'un orateur sage ne devrait pas acheter un repentir à un tel prix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 201-202
De Hambourg, le 30 Décembre.
Début :
Le 25 de ce mois le Vaisseau Anglois le Biddeford, de 22 pieces de canon, [...]
Mots clefs :
Vaisseaux anglais, Canon, Elbe, Somme, Roi de Prusse
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texteReconnaissance textuelle : De Hambourg, le 30 Décembre.
De Hambourgte 30 Décembre. **
Le 25 de ce mois le Vaiffeau Anglois le Bidderford
, de 22 pieces de canon , entra dans l'Elbe.
Il avoit à bord forxante mille livres Sterlings que
PAngleterre envoye au Roi de Pruffe . Cette fom
me a été remife à des Commillaires Pruffiensis
Ty
202 MERCURE DE FRANCE.
qui l'ont fait tranſporter fur le champ vers le
Brandebourg.
On affure que les Troupes Pruffiennes aux ordres
du Général d'Itzemplitz , fe font avancées
du côté d'Eichsfeld & d'Erfurt.
Le 25 de ce mois le Vaiffeau Anglois le Bidderford
, de 22 pieces de canon , entra dans l'Elbe.
Il avoit à bord forxante mille livres Sterlings que
PAngleterre envoye au Roi de Pruffe . Cette fom
me a été remife à des Commillaires Pruffiensis
Ty
202 MERCURE DE FRANCE.
qui l'ont fait tranſporter fur le champ vers le
Brandebourg.
On affure que les Troupes Pruffiennes aux ordres
du Général d'Itzemplitz , fe font avancées
du côté d'Eichsfeld & d'Erfurt.
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5
p. 201-202
DE LEIPSICK, le 10 Janvier.
Début :
Le 5 de ce mois l'Officier Prussien qui commande ici, donna ordre à vingt-six de nos [...]
Mots clefs :
Officier, Négociants, Roi de Prusse, Prisonniers, Somme, Travaux forcés, Dresde
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texteReconnaissance textuelle : DE LEIPSICK, le 10 Janvier.
DE LEIPSICk , le 10 Janvier:
Le de ce mois l'Officier Pruffien qui com
mande ici , donna ordre à vingt- fix de nos prin
cipaux Négocians de fe rendre a l'Hôtel - de-Ville.
On leur fignifia que le Roi de Prulle avoit ordonné
de les conftituer Prifonniers , fi dans:24 heures
ils ne payoient pas les trois cent mille écus exige
1.4 .
202 MERCURE DE FRANCE.
depuis longtemps par S. M. Pruffienne. Ces Négocians
repréfenterent qu'il leur étoit impoffible
de fournir une fomme auffi exorbitante . Sur cette
réponſe on les fit enfermer dans un cachot où ils
refterent toute la nuitfuivante , & où ils effuyerent
toutes fortes de mauvais traitemens de la part des
Soldats qui les gardoient . Le lendemain le Commandant
les fit fortir du cachot : il leur montra
l'ordre qu'il avoit reçu de leur faire mettre les
fers aux pieds & aux mains , de les faire tranfporter
dans cet état à Magdebourg , pour y être
condamnés aux travaux des forçats , de faire abattre
leurs maifons , & de faire vendre leurs marchandiſes
à l'enchere.
On les enferma dans l'Hôtel-de-Ville d'où ils
ne fortirent que le 7 au foir , après qu'on les eur
forcés de figner chacun en particulier , une obligation
de fournir une partie de la fomme , le 8 ,
plufieurs autres Négocians ont été arrêtés & foumis
au même traitement.
Du 17.
On eft à Drefde dans de grandes inquiétudes au
fujet des progrès que les Croates & les Pandours
Autrichiens ont fait depuis peu dans la Saxe.
Le de ce mois l'Officier Pruffien qui com
mande ici , donna ordre à vingt- fix de nos prin
cipaux Négocians de fe rendre a l'Hôtel - de-Ville.
On leur fignifia que le Roi de Prulle avoit ordonné
de les conftituer Prifonniers , fi dans:24 heures
ils ne payoient pas les trois cent mille écus exige
1.4 .
202 MERCURE DE FRANCE.
depuis longtemps par S. M. Pruffienne. Ces Négocians
repréfenterent qu'il leur étoit impoffible
de fournir une fomme auffi exorbitante . Sur cette
réponſe on les fit enfermer dans un cachot où ils
refterent toute la nuitfuivante , & où ils effuyerent
toutes fortes de mauvais traitemens de la part des
Soldats qui les gardoient . Le lendemain le Commandant
les fit fortir du cachot : il leur montra
l'ordre qu'il avoit reçu de leur faire mettre les
fers aux pieds & aux mains , de les faire tranfporter
dans cet état à Magdebourg , pour y être
condamnés aux travaux des forçats , de faire abattre
leurs maifons , & de faire vendre leurs marchandiſes
à l'enchere.
On les enferma dans l'Hôtel-de-Ville d'où ils
ne fortirent que le 7 au foir , après qu'on les eur
forcés de figner chacun en particulier , une obligation
de fournir une partie de la fomme , le 8 ,
plufieurs autres Négocians ont été arrêtés & foumis
au même traitement.
Du 17.
On eft à Drefde dans de grandes inquiétudes au
fujet des progrès que les Croates & les Pandours
Autrichiens ont fait depuis peu dans la Saxe.
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Résumé : DE LEIPSICK, le 10 Janvier.
Le 10 janvier à Leipsick, un officier prussien convoqua vingt-six négociants locaux à l'Hôtel de Ville et exigea le paiement de trois cent mille écus, une somme réclamée depuis longtemps par la monarchie prussienne. Incapables de réunir cette somme, les négociants furent emprisonnés et maltraités toute la nuit. Le lendemain, ils furent menacés de fers et de travaux forcés à Magdebourg, ainsi que de la destruction de leurs biens. Ils furent libérés le 7 février après avoir accepté de payer une partie de la somme. D'autres négociants subirent le même traitement. Parallèlement, à Dresde, des préoccupations croissantes émergèrent concernant l'avancée des Croates et des Pandours autrichiens en Saxe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 10-11
NOTES.
Début :
( a ) Quand un Ecclésiastique est assez heureux, après vingt ans de travaux, de miséres, [...]
Mots clefs :
Ecclésiastique, Fortune, Somme, Curé, Curés
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texteReconnaissance textuelle : NOTES.
NO TE S.
་
( a ) Quand un Eccléfiaftique eft affez heureux
, après vingt ans de travaux , de miſéres ,
pour obtenir une petite Cure de quatre à cinq
cens livres , il peut regarder la fortune comme
faite , & , tout en prenant poffeffion de fon Eglife ,
marquer dans le Cimetiere , en qualité de premier
pauvre de la Paroiffe , la place de fa fépul
eft celui de tous les fubalternes
ture. Ce partage
dans les divers états de la vie .
Le Vigneron , dont l'art heureux
Fair mûrir ce fruit délectable ,
Qui mit , dans les temps fabuleux ,
Son inventeur au rang des Dieux ,
S'abreuve d'un cidre impotable..
Le Laboureur infatigable ,
Qui fur de raboteux guerèts
Séme & cueille avec tant de peine
Les dons utiles de Cérès
Ne le paît que d'orge & d'avoine.
Le Soldat , fier enfant de Mars ,
Qu'on vit vingt fois fur des murailles ,
A la tranchée , en des batailles ,
Braver les plus affreux hafards ;
Si , furvivant à fon audace ,
Il ne tombe pas fur la place
Atteint d'un perfide métal ,
!
MAL. 1763.
II
S'en va , lorfque l'âge décline ,
Couvert de gloire & de vermine ,
Pourrir au fond d'un Hôpital.
(b ) De 250 Cures environ , dont eft compofé
le Diocèle de N .... ( je crois qu'il en eft
de même de tous les autres ) ,il y en a pour le
moins un tiers franc , où les Titulaires n'ont que la
portion congrue ,
dont la manfe eft fixée à la
fomme de 300 liv. Sur cette fomme prenez
so liv. pour les décimes , taux auquel on peut les
impofer ; autant pour l'entretien de la Chaumiere
Paftorale , toujours prête à tomber ; le double
pour la nourriture & le falaire d'un domestique ;
car enfin il faut quelqu'un qui fafle bouillir la
marmite du Curé pendant qu'il dit la Meffe ;
refte pour la table , fon ameublement & fon
veftiaire , la fomme de 100 liv . c'eft - à dire , `s fo
ƒ den. par jour . Je ne fais point mention du
cafuel ; un Curé n'a garde d'attendre le plus
léger honoraire d'une troupe de milérables qui
n'ont pas fouvent un mauvais linceul pour les
enfevelir : il eft trop heureux ,
Lorfque , d'un défunt qu'on lui porte
Pour le gîter au monument ,
La veuve , après l'enterrement ,
Ne vient pas , traînant une eſcorte
De marmots qui crévent de faim ,
Affiéger le feuil de fa porte ,
Et reclamer pour eux du pain.
་
( a ) Quand un Eccléfiaftique eft affez heureux
, après vingt ans de travaux , de miſéres ,
pour obtenir une petite Cure de quatre à cinq
cens livres , il peut regarder la fortune comme
faite , & , tout en prenant poffeffion de fon Eglife ,
marquer dans le Cimetiere , en qualité de premier
pauvre de la Paroiffe , la place de fa fépul
eft celui de tous les fubalternes
ture. Ce partage
dans les divers états de la vie .
Le Vigneron , dont l'art heureux
Fair mûrir ce fruit délectable ,
Qui mit , dans les temps fabuleux ,
Son inventeur au rang des Dieux ,
S'abreuve d'un cidre impotable..
Le Laboureur infatigable ,
Qui fur de raboteux guerèts
Séme & cueille avec tant de peine
Les dons utiles de Cérès
Ne le paît que d'orge & d'avoine.
Le Soldat , fier enfant de Mars ,
Qu'on vit vingt fois fur des murailles ,
A la tranchée , en des batailles ,
Braver les plus affreux hafards ;
Si , furvivant à fon audace ,
Il ne tombe pas fur la place
Atteint d'un perfide métal ,
!
MAL. 1763.
II
S'en va , lorfque l'âge décline ,
Couvert de gloire & de vermine ,
Pourrir au fond d'un Hôpital.
(b ) De 250 Cures environ , dont eft compofé
le Diocèle de N .... ( je crois qu'il en eft
de même de tous les autres ) ,il y en a pour le
moins un tiers franc , où les Titulaires n'ont que la
portion congrue ,
dont la manfe eft fixée à la
fomme de 300 liv. Sur cette fomme prenez
so liv. pour les décimes , taux auquel on peut les
impofer ; autant pour l'entretien de la Chaumiere
Paftorale , toujours prête à tomber ; le double
pour la nourriture & le falaire d'un domestique ;
car enfin il faut quelqu'un qui fafle bouillir la
marmite du Curé pendant qu'il dit la Meffe ;
refte pour la table , fon ameublement & fon
veftiaire , la fomme de 100 liv . c'eft - à dire , `s fo
ƒ den. par jour . Je ne fais point mention du
cafuel ; un Curé n'a garde d'attendre le plus
léger honoraire d'une troupe de milérables qui
n'ont pas fouvent un mauvais linceul pour les
enfevelir : il eft trop heureux ,
Lorfque , d'un défunt qu'on lui porte
Pour le gîter au monument ,
La veuve , après l'enterrement ,
Ne vient pas , traînant une eſcorte
De marmots qui crévent de faim ,
Affiéger le feuil de fa porte ,
Et reclamer pour eux du pain.
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Résumé : NOTES.
Au XVIIIe siècle en France, les ecclésiastiques et d'autres professions connaissaient une situation économique difficile. Un ecclésiastique pouvait obtenir une petite cure de quatre à cinq cents livres après vingt ans de travail, le plaçant parmi les plus pauvres de la paroisse. Le texte compare cette situation à celle d'autres métiers : le vigneron buvait un cidre imbuvable, le laboureur se nourrissait d'orge et d'avoine, et le soldat, après avoir bravé les dangers de la guerre, finissait souvent dans un hôpital, couvert de gloire mais aussi de vermine. Dans le diocèse de N..., sur environ 250 cures, un tiers étaient franches, où les titulaires ne recevaient que la portion congrue, fixée à 300 livres par an. Après déduction des décimes, de l'entretien de la chaumière pastorale et du salaire d'un domestique, il restait seulement 100 livres par an pour la table, l'ameublement et le vêtement du curé, soit environ 5 sous par jour. Le curé ne pouvait pas compter sur des honoraires pour les enterrements et devait souvent faire face à des veuves et des enfants affamés réclamant du pain.
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