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1
p. 281-2[91]
Description de la Feste de Sceaux. [titre d'après la table]
Début :
Je croy, Madame, que vous estes dans l'impatience de sçavoir [...]
Mots clefs :
Colbert, Fête des Sceaux, Divertir, Faste, Opéra d'Hermione, Plaisirs, Dames, Tables, Feu
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texteReconnaissance textuelle : Description de la Feste de Sceaux. [titre d'après la table]
Je croy, Madame , que vous eftes dans l'impatience de ſça- voir ce qui s'eſt paſſé à la Feſte de Sceaux; il eſt temps de fa- tisfaire voſtre curioſité. Le
Roy voulant faire l'honneur à
M' Colbertd'y aller voir ſa bel- le Maiſon , choiſit le jour de cette Promenade ; & ce ſage Miniſtre en ayant eſté averty ,
ſe prépara àl'y recevoir en ze- léSujet qui attendſon Maître,
&un Maiſtre comme le Roy.
Il ne chercha point àfaire une de cesFeſtes ſomptueuſes dont l'exceſſive dépéſe n'attire ſou- vent que le deſordre,& qui fa- risfont plus l'ambition de ceux qui les donnent , qu'elles ne cauſent de plaisir à ceux pour quionles fait.Laprofufion qui s'y trouve ſemble n'appartenir
GALANT. 203 qu'aux Souverains ; & quand oncherche plus àdivertirqu'à faire bruit par le faſte , on s'at- tache moins à cequi coûte ex- traordinairement , qu'à ce qui doit paroiſtre agreable. C'eſt ceque fitMColbert aveccette prudence qui accompagnė toutes ſes actions. Il ſongea ſeulement à une Reception bienentenduë, &il voulut que la propreté,le bon ordre , &la diverſité des plaiſirs , tinſſent lieu de cette ſomptuoſité ex- traordinaire , qu'il n'eutpûja- mais porter affez loin , s'il l'eut voulu proportionner à la grace que luy faifoit le plus grand Prince duMonde.Cetheureux
jour venu , il fit aſſembler tous les Habitans dés le matin, leur
appris le deſſein que le Roy avoit de venir à Sceaux ; &
204 LE MERCVRE pour augmenter la joye qu'ils luy en firent paroiſtre , & leur donner lieu de garder long- temps le ſouvenirdel'honneur que Sa Majesté luy faiſoit , il leur dit qu'ils devoient payer une année de Taille au Roy ,
mais qu'ils fongeaſſent ſeule- ment à trouver dequoy ſatis- faire aux fix premiers mois , &
qu'ilpayeroitle reſte poureux.
Ils ſe retirerent fort ſatisfaits,
&ſe furent préparer àdonner des marques publiques de la joye qu'ils avoient de voir le Roy. Ce Prince n'en décou- vritpourtantrienaux environs de Sceaux, tout y eſtoit tran- quile , &l'on n'eut pas meſime dit en entrant dans la Maiſon
de M Colbert , qu'on y euſt fait aucuns préparatifs pourla Reception de Leurs Majeſtez.
Elles
GALANT. 205
10
10
후
el
Elles en voulurent voir d'abord les
Apartemens , dont les Ornemens &
les Meubles eſtoient dans cette merveilleuſe propreté , qui n'arreſte pas moins les yeux que l'extraordinaire magnificence. Onſepromenaen ſuite, &ce ne fut pas fans admirerplu- ſieurs endroits particuliers du Iardin.
LaPromenade fut interrompuë par le Divertiſſement du Prologue de l'O- péra d'Hermione , apres lequel on acheva de voir les raretez du Iardin.
LesPlaiſirs ſe rencontrerentpar tout.
D'un coſté il y avoit des Voix , des Inſtrumens de l'autre;&le tout eftant <
YON
court,agreable,dőné à propos,&fans eſtre attendu,divertiſſoitde plus d'une maniere ; point de confufion, &toû- joursnouvelle ſurpriſe.Ie nevous par- le pointdu Souper,tout yestoit digne de celuy qui le donnoit ; on ne peut rien dire de plus fort pour marquer une extreme propreté , jointe à tout ceque lesMets les mieux afſaiſonnez
peuvent avoir dedélicateſſe. M. Col- bert ſervit le Roy & la Reyne ; &
Monſeigneur le Dauphin fut ſervy_
Tome V. S
206 LE MERCVRE
parM leMarquisde Segnelay. Leurs Majeſtez s'eſtant aſſiſes , & aupres d'elles Monſeigneur le Dauphin,Ma- demoiselle d'Orleans , Madame la Grand' Ducheffe,&Mademoiſelle de
Blois; le Roy fit mettre àtable plu- ſieurs Dames , dont je ne m'engage pas àvous dire des noms ſelon leur rang. Ces Dames furent Mademoi- ſelle d'Elbeuf, Madame la Duchefſe
de Richelieu , Madame de Bethune,
Madame deMonteſpan , Madame la Mareſchale de Humieres, Madame la
Cõteffe deGuiche,Mad.de Thiange,
Mad. la Marquiſe de la Ferté , Mad.
d'Eudicour , Mad. Colbert , Mad. la Ducheffe de Chevreuſe , Madame la
Comteffe de S. Aignan , Madame la Marquiſe de Segnelay, & Mademoi- ſelle Colbert. Toutes ces Dames furent ſervies par les Gens de M Col- bert , le Roy n'ayant voulu donner cet ordre à aucun de ſes Officiers. Il
yavoitdeux autres Tablesend'autres Salles , àl'une deſquelles eſtoit M¹ le Duc, & à l'autre Mr le Prince de Conty,Mr de la Rocheſur-Yon fon
GALANT. 207 Frere, &M le Ducde Vermandois,
avec pluſieurs autres Perſonnes des plus qualifiées de la Cour. M le Duc deChevreuſe, &M le Comte de S.
Aignan , firent les honneurs de ces deux Tables. Le Soupé fut ſuivy d'un Feu d'Artifice admirable, qui divertit d'autant plus,que ce beau Lieu'eftant tout remplis d'Echos, le bruit que les Boëtes faifoient eſtoit redoublé de
toutes parts. Ce ne fut pas la ſeule furpriſe que caufa ce Feu ; il n'y avoit point d'apparence qu il y en dust avoirdans le lieu où il parut, & l'étonnement futgrandlors qu'on le vit brûler tout à coup, &qu'il ſe fit entendre. Les Villages eirconvoiſins commencerent alors à donner des
marquesde leurs allegreffe,& l'on en vit fortir enmeſmetemps un nombre infiny de Fuſées Volantes dans toute l'étenduë de l'Horiſon qui peut eftre veuë du Chafteau ; de maniere qu'on euſt dit que le Village de Sceaux ne vouloit pas ſeulement témoigner la joye qu'il reſſentoit de voir un fi grandRoy , mais encor que toute la
{
Sij
208 LE MERCVRE Nature vouloit contribuer à ſes plai
firs.
Le feu fut à peine finy, que toute laCourentradansl'Orangerie,où elle fut de nouveau agreablement ſurpri- ſe. Elle trouva dans le même endroit
où l'on avoit chanté quelques Airs de l'Opéra , un Theatre magnifique,
avecdes enfoncemens admirables. Il
paroifſoit avoir eſté mis là par en- chantement, àcauſe du peu de temps qu'on avoit eu pour le dreffer. M'le Bruny avoitdonné ſes ſoins, &rien n'y manquoit. La Phédre de Mº de Racine y fut repreſentée, &applau- die à fon ordinaire. Cette Fête parût finie avec la Comédie, & M² Colbert eut l'avantage d'entendre dire à Sa Majesté , qu'elle ne s'eſtoit jamais plus agreablement divertie. Apeine fut-elle horsduChâteau, qu'elle trou- vade nouvelles Fêtes,& vit briller de
nouveaux Feux. Tout estoit en joye,
on dançoit d'un coſté,on chantoitde l'autre. Les Hautbois ſe faiſoient entendre parmyles cris de Vive le Roy,
&les Violons ſembloient ſervir d'E-
1
Σ
S
F
di
ار
GALANT. 209
choàtous ces cris d'allegreffe. Iamais on ne vit de Nuit ſi bien éclairée ;
tous les Arbres eſtoient chargez de lumieres , & les Chemins eftoient
couverts de feüillées. Toutes les Paï-.
ſannes dançoient deſſous ; elles n'a- voient rien oublié de tout ce qui les
pouvoit rendre propres ; & quantité de Bourgeoiſes qui vouloient prendre part à la Feſte, s'eſtoient mêlées avec elles. Ce fut ainſi que Mª Colbert di- vertit le Roypar des ſurpriſes agrea- bles ,&des plaiſirs toûjours renaif- fans lesunsdes autres. Ses ordres furent executez avec tant de juſteſſe &
tant d'exactitude , que tout divertit également dans cette Feſte , & qu'il n'y eutpointde confufion. Onpeut dire qu'elle fut ſompcueufe,ſans faſte,
&abondante en toutes choſes , ſans
qu'il y euſt rien de ſuperflu.
Roy voulant faire l'honneur à
M' Colbertd'y aller voir ſa bel- le Maiſon , choiſit le jour de cette Promenade ; & ce ſage Miniſtre en ayant eſté averty ,
ſe prépara àl'y recevoir en ze- léSujet qui attendſon Maître,
&un Maiſtre comme le Roy.
Il ne chercha point àfaire une de cesFeſtes ſomptueuſes dont l'exceſſive dépéſe n'attire ſou- vent que le deſordre,& qui fa- risfont plus l'ambition de ceux qui les donnent , qu'elles ne cauſent de plaisir à ceux pour quionles fait.Laprofufion qui s'y trouve ſemble n'appartenir
GALANT. 203 qu'aux Souverains ; & quand oncherche plus àdivertirqu'à faire bruit par le faſte , on s'at- tache moins à cequi coûte ex- traordinairement , qu'à ce qui doit paroiſtre agreable. C'eſt ceque fitMColbert aveccette prudence qui accompagnė toutes ſes actions. Il ſongea ſeulement à une Reception bienentenduë, &il voulut que la propreté,le bon ordre , &la diverſité des plaiſirs , tinſſent lieu de cette ſomptuoſité ex- traordinaire , qu'il n'eutpûja- mais porter affez loin , s'il l'eut voulu proportionner à la grace que luy faifoit le plus grand Prince duMonde.Cetheureux
jour venu , il fit aſſembler tous les Habitans dés le matin, leur
appris le deſſein que le Roy avoit de venir à Sceaux ; &
204 LE MERCVRE pour augmenter la joye qu'ils luy en firent paroiſtre , & leur donner lieu de garder long- temps le ſouvenirdel'honneur que Sa Majesté luy faiſoit , il leur dit qu'ils devoient payer une année de Taille au Roy ,
mais qu'ils fongeaſſent ſeule- ment à trouver dequoy ſatis- faire aux fix premiers mois , &
qu'ilpayeroitle reſte poureux.
Ils ſe retirerent fort ſatisfaits,
&ſe furent préparer àdonner des marques publiques de la joye qu'ils avoient de voir le Roy. Ce Prince n'en décou- vritpourtantrienaux environs de Sceaux, tout y eſtoit tran- quile , &l'on n'eut pas meſime dit en entrant dans la Maiſon
de M Colbert , qu'on y euſt fait aucuns préparatifs pourla Reception de Leurs Majeſtez.
Elles
GALANT. 205
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10
후
el
Elles en voulurent voir d'abord les
Apartemens , dont les Ornemens &
les Meubles eſtoient dans cette merveilleuſe propreté , qui n'arreſte pas moins les yeux que l'extraordinaire magnificence. Onſepromenaen ſuite, &ce ne fut pas fans admirerplu- ſieurs endroits particuliers du Iardin.
LaPromenade fut interrompuë par le Divertiſſement du Prologue de l'O- péra d'Hermione , apres lequel on acheva de voir les raretez du Iardin.
LesPlaiſirs ſe rencontrerentpar tout.
D'un coſté il y avoit des Voix , des Inſtrumens de l'autre;&le tout eftant <
YON
court,agreable,dőné à propos,&fans eſtre attendu,divertiſſoitde plus d'une maniere ; point de confufion, &toû- joursnouvelle ſurpriſe.Ie nevous par- le pointdu Souper,tout yestoit digne de celuy qui le donnoit ; on ne peut rien dire de plus fort pour marquer une extreme propreté , jointe à tout ceque lesMets les mieux afſaiſonnez
peuvent avoir dedélicateſſe. M. Col- bert ſervit le Roy & la Reyne ; &
Monſeigneur le Dauphin fut ſervy_
Tome V. S
206 LE MERCVRE
parM leMarquisde Segnelay. Leurs Majeſtez s'eſtant aſſiſes , & aupres d'elles Monſeigneur le Dauphin,Ma- demoiselle d'Orleans , Madame la Grand' Ducheffe,&Mademoiſelle de
Blois; le Roy fit mettre àtable plu- ſieurs Dames , dont je ne m'engage pas àvous dire des noms ſelon leur rang. Ces Dames furent Mademoi- ſelle d'Elbeuf, Madame la Duchefſe
de Richelieu , Madame de Bethune,
Madame deMonteſpan , Madame la Mareſchale de Humieres, Madame la
Cõteffe deGuiche,Mad.de Thiange,
Mad. la Marquiſe de la Ferté , Mad.
d'Eudicour , Mad. Colbert , Mad. la Ducheffe de Chevreuſe , Madame la
Comteffe de S. Aignan , Madame la Marquiſe de Segnelay, & Mademoi- ſelle Colbert. Toutes ces Dames furent ſervies par les Gens de M Col- bert , le Roy n'ayant voulu donner cet ordre à aucun de ſes Officiers. Il
yavoitdeux autres Tablesend'autres Salles , àl'une deſquelles eſtoit M¹ le Duc, & à l'autre Mr le Prince de Conty,Mr de la Rocheſur-Yon fon
GALANT. 207 Frere, &M le Ducde Vermandois,
avec pluſieurs autres Perſonnes des plus qualifiées de la Cour. M le Duc deChevreuſe, &M le Comte de S.
Aignan , firent les honneurs de ces deux Tables. Le Soupé fut ſuivy d'un Feu d'Artifice admirable, qui divertit d'autant plus,que ce beau Lieu'eftant tout remplis d'Echos, le bruit que les Boëtes faifoient eſtoit redoublé de
toutes parts. Ce ne fut pas la ſeule furpriſe que caufa ce Feu ; il n'y avoit point d'apparence qu il y en dust avoirdans le lieu où il parut, & l'étonnement futgrandlors qu'on le vit brûler tout à coup, &qu'il ſe fit entendre. Les Villages eirconvoiſins commencerent alors à donner des
marquesde leurs allegreffe,& l'on en vit fortir enmeſmetemps un nombre infiny de Fuſées Volantes dans toute l'étenduë de l'Horiſon qui peut eftre veuë du Chafteau ; de maniere qu'on euſt dit que le Village de Sceaux ne vouloit pas ſeulement témoigner la joye qu'il reſſentoit de voir un fi grandRoy , mais encor que toute la
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208 LE MERCVRE Nature vouloit contribuer à ſes plai
firs.
Le feu fut à peine finy, que toute laCourentradansl'Orangerie,où elle fut de nouveau agreablement ſurpri- ſe. Elle trouva dans le même endroit
où l'on avoit chanté quelques Airs de l'Opéra , un Theatre magnifique,
avecdes enfoncemens admirables. Il
paroifſoit avoir eſté mis là par en- chantement, àcauſe du peu de temps qu'on avoit eu pour le dreffer. M'le Bruny avoitdonné ſes ſoins, &rien n'y manquoit. La Phédre de Mº de Racine y fut repreſentée, &applau- die à fon ordinaire. Cette Fête parût finie avec la Comédie, & M² Colbert eut l'avantage d'entendre dire à Sa Majesté , qu'elle ne s'eſtoit jamais plus agreablement divertie. Apeine fut-elle horsduChâteau, qu'elle trou- vade nouvelles Fêtes,& vit briller de
nouveaux Feux. Tout estoit en joye,
on dançoit d'un coſté,on chantoitde l'autre. Les Hautbois ſe faiſoient entendre parmyles cris de Vive le Roy,
&les Violons ſembloient ſervir d'E-
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GALANT. 209
choàtous ces cris d'allegreffe. Iamais on ne vit de Nuit ſi bien éclairée ;
tous les Arbres eſtoient chargez de lumieres , & les Chemins eftoient
couverts de feüillées. Toutes les Paï-.
ſannes dançoient deſſous ; elles n'a- voient rien oublié de tout ce qui les
pouvoit rendre propres ; & quantité de Bourgeoiſes qui vouloient prendre part à la Feſte, s'eſtoient mêlées avec elles. Ce fut ainſi que Mª Colbert di- vertit le Roypar des ſurpriſes agrea- bles ,&des plaiſirs toûjours renaif- fans lesunsdes autres. Ses ordres furent executez avec tant de juſteſſe &
tant d'exactitude , que tout divertit également dans cette Feſte , & qu'il n'y eutpointde confufion. Onpeut dire qu'elle fut ſompcueufe,ſans faſte,
&abondante en toutes choſes , ſans
qu'il y euſt rien de ſuperflu.
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Résumé : Description de la Feste de Sceaux. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite du roi à la maison de Monsieur Colbert à Sceaux. Colbert, ayant été informé de la visite royale, se prépara en privilégiant la propreté, le bon ordre et la diversité des plaisirs, sans chercher à organiser une fête somptueuse. Le jour de la visite, il rassembla les habitants de Sceaux pour leur annoncer la venue du roi et leur offrir une réduction de la taille pour l'année. La visite du roi et de la reine se déroula sans signe apparent de préparation, mais ils découvrirent une maison et un jardin impeccables. La promenade fut agrémentée de divers divertissements, comme la représentation du prologue de l'opéra 'Hermione' et une visite des jardins. Le souper fut servi par Colbert lui-même, avec une grande propreté et délicatesse. Après le souper, un feu d'artifice impressionnant fut tiré, suivi d'une représentation de 'Phèdre' de Racine dans un théâtre improvisé. La nuit se poursuivit avec des danses, des chants et des illuminations, créant une atmosphère joyeuse et festive. La fête fut marquée par des surprises agréables et des plaisirs continus, sans confusion ni excès.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 162-180
Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours aprés que les Ambassadeurs furent de retour de [...]
Mots clefs :
Monsieur, Madame, Dauphin, Dauphine, Saint-Cloud, Fête, Salon, Chambre, Ambassadeurs, Temps, Heures, Personnes, Collation, Girandoles, Tables, Appartements, Qualité, Lustres, Duchesses, Cour
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours aprés que les
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
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Résumé : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours après le retour des ambassadeurs de Flandre, ceux-ci furent invités à une fête organisée par Monseigneur dans sa maison de Saint-Cloud. La fête se déroula à l'intérieur du château, sous la supervision du Premier Gentilhomme de la Chambre et du Capitaine des Gardes. Le Comte de Tonnerre, Premier Gentilhomme de la Chambre, donna les ordres nécessaires pour éviter toute confusion. Les festivités commencèrent à trois heures de l'après-midi. Le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame accueillirent les invités, qui traversèrent des salles magnifiquement décorées de tapisseries et de meubles récemment arrivés d'Allemagne. Ils se dirigèrent vers le petit Salon de Diane pour un concert, suivi d'une collation de fruits rares. Les appartements furent ensuite éclairés avec des lustres, girandoles, chandeliers et flambeaux en argent. Après le concert, l'assemblée se rendit dans le Salon pour le bal, inauguré par le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame. Les ambassadeurs de Siam, placés près des duchesses, furent invités à se détendre par Monseigneur. Le bal fut suivi d'une collation de fruits, limons, oranges, confitures et pâtisseries. Des tables chargées de porcelaines remplies de chocolat, thé et café furent ensuite apportées. Pendant le bal, des officiers servirent des boissons, et une salle de jeux fut mise à disposition pour ceux qui ne souhaitaient pas danser. Monseigneur joua au reversi. À la fin du bal, l'assemblée se dirigea vers l'orangerie éclairée, puis vers la salle de comédie où fut représentée 'Bajazet' de Racine. Les ambassadeurs apprécièrent la pièce et en discutèrent avec les princes. Après la comédie, les invités traversèrent l'orangerie et le grand Salon pour entrer dans le petit appartement de Madame, où un buffet somptueux fut servi. Les ambassadeurs furent conduits à une table magnifiquement dressée. Tous les invités, y compris les spectateurs, furent splendidement régalés. La fête se termina peu avant minuit, avec une illumination spectaculaire des extérieurs du château. Les ambassadeurs retournèrent à Paris, impressionnés par la magnificence et la grandeur de Monseigneur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 155-157
FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Début :
L'Hôtel destiné pour cette Fête, étoit decoré de 25. Arcades, dont 5. remplissoient [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Arcades, Lampions, Tables, Bal, Roi de Suède, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
f ESTE donnée k Stolkbolvt , par lé
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
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Résumé : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate une fête organisée par le Comte de Castéja, ministre plénipotentiaire de France en Suède, en l'honneur de la naissance du Dauphin. La célébration se déroula dans un hôtel richement décoré d'arcades ornées de lampions et de fenêtres peintes en bleu semé de fleurs de lys. Les appartements étaient somptueusement meublés, avec des salles dédiées aux tables, aux buffets et aux jeux. La première journée de la fête, le 7 décembre, débuta par un dîner auquel étaient conviés des sénateurs, des ministres étrangers, des présidents de collèges et d'autres officiers. Le dîner, servi avec délicatesse et abondance, s'étendit de une heure après midi à six heures du soir. Des toasts furent portés au Roi, à la Reine, au Dauphin, ainsi qu'à des personnalités suédoises et étrangères. Le lendemain, 8 décembre, une seconde fête eut lieu, commençant à six heures du soir par un grand bal ouvert par le ministre d'Angleterre et la fille du Comte de Horn. Le Roi de Suède participa au bal, dansant avec la Reine du bal et la Comtesse de Castéja. Après son départ à neuf heures, des tables furent dressées pour les convives, renouvelées toutes les deux heures. Les tables furent occupées par des dames de la cour, des sénateurs, des ministres étrangers, des généraux et d'autres officiers. La fête se poursuivit toute la nuit, avec des fontaines de vin dans les arcades de l'hôtel. Cette célébration, sans précédent en Suède, rassembla un grand nombre de personnes sans désordre. Aucun feu d'artifice n'eut lieu en raison des risques d'incendie dans la ville de Stockholm, construite en bois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 2057-2066
SUITE du Camp de Mulhberg & Radwitz.
Début :
Le 24. Juin, jour de S. Jean Baptiste, le Roi de Pologne voulut celebrer cette Fête avec [...]
Mots clefs :
Officiers, Chasse, Roi, Tables, Princes, Repas, Infanterie, Armée, Canon, Maréchal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE du Camp de Mulhberg & Radwitz.
SUITE du Camp de Mulhberg
& Radwiz
E 24. Juin , jour de S. Jean Baptifte , le Roi
Lie
fa magnificence ordinaire. Elle commença à 6.
heures du foir par un grand fouper au Quar
tier du Roi , les Feux de joye enfuite , & à neuf
heures les Troupes fortirent de leurs lignes & fe
mirent en bataille à la tête du Camp. Après qu'on
leur cut donné le fignal du Quartier du Roi , on
fit
2058 MERCURE DE FRANCE
fit trois falves confécutives du Canon , fuivie
chaque fois d'un feu de toute la Moufqueterie.
Ce Feu marqua le temps pour allumer l'Illumination
préparée au-delà de l'Elbe , près du Village
de Riffa , vis -à-vis du Château de Premniz.
L. M. monterent auffi- tôt en Caroffe pour fe
rendre à ce Château . L. A. R. les Princes & la
Princeffe , les autres Princes & toutes les autres
perfonnes de diftinction , de l'un & l'autre fexe ,
les fuivirent.
Les deux Rois arrivez à Promniz , & dès qu'ils
parurent dans la Loge , on donna le premier fignal
par 60. pieces de Canon, au bruit des Trompettes
& Timballes. Entre ce premier fignal & le
fecond , qui fe fit de la même maniere , il ſe paſſa
un quart d'heure pour donner aux Spectateurs le
temps de confiderer les beautez de l'Illumination ,
qui , au dire des Connoiffeurs , étoit des mieux
entendues & des plus fuperbes qu'on eut vû en
Allemagne.
On avoit conftruit exprès un vafte Edifice de
charpente , long de 400. pieds , & au milieu où
étoit repréfenté le Temple de la Paix , un de 160.
piés de hauteur, une toile très-fine en couvroit toute
la façade .On y avoit peint l'Illumination & l'on
avoit appliqué fur la pemture un certain Vernis
qui en la rendant tranfparente , donnoit en même
temps aux couleurs une force & un éclat des
plus virs qui réjouiffoit infiniment l'oeil du Spectate
ur.
La Loge Royale étoit dreflée vis- à-vis & à
450. pas de ' Ilumination , compofée de 40000 .
millest ampes ,qui furent allumées en 15. minutes.
Le Temple de laPaix , d'ordre Ionique , en faifoit
le principal fujet. On y voyoit plufieurs Colom
nes & Pilaftres efpacez avec art & des Peintures
SEPTEMBRE. 1730. 2059
tures des mieux entenduûës , enrichies de Lapis ,
&c. avec des Trophées de Marbre blanc & autres
Ornemens ; les Chapiteaux étoient en Bronze , &
le tout enſemble faifoit un effet admirable ; les
autres parties & les dehors du Temple paroiffoient
conftruits de Marbre d'Egypte de differente couleur
, & tout l'Edifice étoit fi bien difpofé , fuivant
les Regles de l'Architecture & de la Perfpective
, qu'on avoit peine à décider lequel on
devoit le plus admirer , de la magnificence, ou de
la fymétrie.
Ďu milieu du Temple , au- deffus du Sanctuaire
s'élevoit une espece de Piedeltal , fur lequel on
voyoit la Déeffe de la Paix , figure gigantefque
de 22.
pieds de hauteur. Mars la tenoit entre
fes bras. Au-deffus de ces Divinitez , on lifoit fur
une table de bronze , l'Infcription fuivante : Sic
fulta manebit On voyoit au-deffus de l'Infcription
un Trophée pofé fur un Piédeſtal avec une
Lyre , deux Cornes d'abondance , des branches de
Palmier & d'Olivier liées enfemble pour reprefenter
l'affluence de tous les biens , fruits précieux
de la Paix.
Aux deux côtez du Sanctuaire étoient des Arcades
féparées par de doubles Pilaftres , ornez de
Trophées de Marbre blanc : au milieu de ces Arcades
on voyoit en perfpective de chaque côté
une Galerie , dont chacune conduifoit à un Salon.
Ces Salons paroiffoient être en deux Pavillons
foutenus par des Colones ifolées : au- deffus des
Corniches il y avoit plufieurs Trophées attachez
à des Palmiers , & de chaque côté des Renommées
fonnant de la Trompette. Enfin un grand Perron
au bas de l'Edifice , contribuoit becaucoup à en
relever la nobleffe.
Un quart d'heure après avoir donné le fecond
fignal & tiré 1100. coups de fufil , on alluma
τους
2060 MERCURE DE FRANCE
tout à la fois quinze Lettres , placées au bas
-de l'Illumination , formant la Devife dont on
vient de parler. Ces Lettres brillerent durant
plufieurs minutes d'un feu blanc & extrémement
vif. On alluma en même temps les feux courans
à terre , & on fit partir 6000. Fuſées jettées en
partie par des Caiffes , & en partie par des Girandoles
, 30. à la fois de chaque Caiffe & 100. de
chaque Girandole : toutes ces Fufées atteignirent
une hauteur très- confiderable , & firent tout l'ef
fet qu'on en pouvoit attendre.
Durant ce feu des Fufées , des Mortiers de 8.
16. 32. & 64. livres de bale , jetterent 100. Boëtes
remplies de feu de pluye, de Fufées à étoiles &
autres de chacune de 12. roues horifontales &
autant de perpendiculaires , fortirent 70. Fufées
d'une autre forte , & on mit le feu à 1200. Cartouches
& 200. Mortiers de nouvelle efpece , qui
n'ont point d'affut , mais pofez fur leur Trépié
: chaque Cartouche étoit rempli de 22. Fuſées
& chaque Mortier de 21. de deux onces chacune,
& d'une grande quantité d'autres Fufées à terre.
Ce fecond Spectacle dura une bonne demie heure
, après quoi on donna un nouveau ſignal , accompagné
de 2000. coups de Moufquets , & on
vit auffi -tôt le feu Gregeois : 200. Cartouches
chargez chacun de 22. Fufées , 200. Rejettons
fimples & doubles , remplis de 60. Fufées de 2. &
3. onces chacune,& 100. Tonneaux , dont les uns
étoient remplis de 60. Cones , & les autres de 30.
Fufées.Tout ce Feu Gregeois fut jetté dans l'eau
par 12. Bateaux fur terre on tira encore 2000.
Fufées de 6. 12. 25. 50. 75. & de 100. liv. pefant,
zo. Boëtes remplies de feu à étoiles & de pluye
chacune remplie d'autres Boetes , furent tirées ·par
des Mortiers de 45. 96. & 121. livres de bale. 24.
Girandes jetterent chacune 200. Fufées à la fois ,
:
&
SEPTEMBRE . 1730. 206 F
& cent Mortiers de la nouvelle invention dont on
a parlé , en jetterent 21. chacun.
Après ce Feu qui dura autant que le précedent
une nouvelle décharge de 60. Pieces de Canon, fut
donné le fignal pour une feconde efpece d'Illumination.
On vit auffi- tôt la Riviere couverte de 48.
Bâtimens éclairez & remplis de Mufique de guerre
; c'étoit des Chaloupes , des Brigantins , des
Frégates & de très -belles Gondoles parmi ces
Bâtimens brilloit principalement le Bucentaure ,
fuperbe & grand Bâtiment Royal , richement
meublé & illuminé par 30000.Lampions , qui attachez
artiſtement, & jufqu'aux Mats & aux Cordages
, formoient diverfes figures.
Après quelque temps on vit ces Bâtimens defcen-
'dre laRiviere les uns après les autres. Ils étoient précedez
par d'autres Bâtimens, dont quelques - uns repréfentant
des Dauphins,une autre une Baleine jettant
du feu , & c . & à mefure que chaque Batiment
paffa devant les deux Rois , il falua L. M. de fon
Canon & de fes Mortiers , & réïtera encore deux
fois ce falut ; l'un en paffant le Pont de Tonneaux
& l'autre en abordant près du Village de Bober-
Jen.Le Bucentaure s'arrêta devant la Loge Royale.'
L'Orchestre du Roy & les Chanteurs de l'Opera
Italien , qui y étoient , firent la clôture de cette
Fête par une très- belle Serenade . Cette Fête ne
finit que lorfque le jour commença à paroître ,
& il y eut abondance de toutes fortes de Rafraichiffemens
, & c.
Le 25. il n'y eut rien de remarquable , mais le
lendemain 26. jour deſtiné pour le Régal que le
Roi vouloit faire à toute l'armée , on fit diftribuer
la veille à tous les Régimens d'Infanterie & de
Cavalerie les Boeufs , le Pain , le Vin & la Biere'
neceffaires : les Boeufs furent coupez & rôtis par
quartiers ; il y avoit outre cela des Repas particu
liers
2062 MERCURE DE FRANCE
liers que les Chefs de chaque Régiment ou Corps
avoient fait préparer pour régaler leurs Officiers .
Vers les 11. heures du matin , on donna le premier
fignal ; fur quoi toute l'Armée fortit du
Camp fur deux lignes & en bon ordre , fans armes
, les Officiers à là tête . On porta devant chaque
Régiment les Viandes rôties , le Pain , le Vin
& la Biere jufqu'à la grande Place d'Armes devant
le Camp , où chaque Régiment fe rangeoit
fur deux lignes , dans le même ordre qu'il étoit
campé ; chaque Compagnie rangeoit devant fon
front les Viandes rôties , &c. qui lui étoient deftinées
& tous s'étant affis par terre , fe mirent
en devoir de prendre un ample & joyeux Repas.
:
Derriere chaque Régiment on avoit creusé la
terre pour y pratiquer des bancs & une longue
table , à laquelle chaque Chef & Colonel fit fervir
à part de très -bons mets à tous fes Officiers
qui après le fignal donné fe mirent à table ; ces
tables étoient difpofées fur deux lignes , à la diftance
de 100. pas l'une de l'autre ; & les Soldats
étoient affis à une égale distance les uns des autres
, ce qui fit un fort beau Spectacle.
Les deux Rois , qui de la hauteur du Quartier
Royal , avoient pu découvrir cet arrange ment,
en partirent avec toute leur fuite & pafferent les
deux lignes devant les tables des Officiers , pour
les voir manger. L. M. furent faluées par les Officiers
, les verres à la main , & les Soldats firent
éclater leur joye par des acclâmations de Vivent
les Rois , jettant leurs chapeaux en l'air , au bruit
des Tambours & au fon de divers Inftrumens de
M ufique.
Pendant cette Promenade des deux Rois & de
leur Suite , on fit fervir au Quartier du Roi , trois
tables , dont l'une qui étoit ovale , au milieu de
deux autres , & fur une élevation , étoit de 20 .
CouSEPTEMBRE
. 1730. 2063
Couverts pour les deux Rois , leur Famille Roya
le & les Princes Etrangers. Les deux autres tables
qui étoient en long , bordoient tout le Parapet de
deux côtez ,èlles étoient de 100. Couverts chacune,
pour tous les Generaux de l'Armée & pour les
Officiers & autres Etrangers qui fe trouvoient au
Camp.
Derriere la table ovale du milieu , fous une
magnifique Tente Turque , on avoit fait dreffer
une quatriéme table , longue de 40. à so. pieds
& large de dix à couze , fur laquelle il Y avoit
un Gâteau de la même grandeur que la table , &
de 36. Quintaux de poids ; ce Gâteau fut diftri→
bué à la fin du Repas à quiconque en fouhaitoit.
Après que les deux Rois eurent paffé les deux
lignes & vû dîner l'Amée , L. M. retournerent
au Quartier Royal & fe mirent à table , de même
que le Velt- Maréchal , les Officiers Generaux ,
les Officiers Etrangers & autres perfonnes de dif
tinction. Pendant le Repas on but plufieurs fois
au bruit des Canons , qui , au nombre de 48.
étoient rangez fur les Terraffes aux deux côtez .
Vers la fin du Repas , le Velt - Maréchal fe leva
& prefenta au Roi de Pruffe une Lettre au nom
& de la part de toute l'Armée , par laquelle elle
remercoit S. M. Pr. de la bonté qu'elle avoit euë
de ſe trouver à ſes Exercices Militaires , en lui
demandant en même temps la grace de la vouloir
congedier. Le Roi de Pruffe y répondit par toutes
fortes d'expreffions de politeffe , & lui accorda
le congé demandé avec tous les témoignages
d'une entiere fatisfaction.
Là-deffus le Velt-Maréchal & tous les Gene
raux de l'Armée fortirent de table & fe rendirent
au Quartier du Velt -Maréchal , ils y trouverent
tous les Officiers de l'Armée affemblez & formez
en bataillon , dont l'Infanterie tenoit le milieu
avec
2064 MERCURE DE FRANCE
avec 12 pelotons à quatre de hauteur , ayant à
chaque afle neuf pelotons de la Cavalerie à trois
de hauteur. Les Capitaines formerent le premier
rang , les Lieutenans le fecond ; les Sous - Lieutenans
le troifiéme , & les Enfeignes le quatrième.
Les Majors fe rangerent comme Caporaux , aux
aîles de leurs pelotons ; les Lieutenans - Colonels ,
comme Sergens , derriere leurs pelotons , & les
Colonels , comme Officiers , devant les pelotons :
les Generaux fe rangerent devant le Bataillon ,
chacun à fa place , felon fon ancienneté , ayant le
Velt-Maréchal à la tête . Les Officiers de l'Infanterie
marchoient avec leurs Efpontons , & ceux
de la Cavalerie , l'épée haute.
Le Bataillon s'étant mis en marche dans cet
ordre , le Velt - Maréchal le mena aux deux Terraffes
devant le Quartier Royal , où il ſe mit en
deux lignes ; la Cavalerie forma la premiere , &
l'Infanterie la feconde : Ils faluerent tous enfemble
les deux Rois ; les deux lignes s'étant enfuite
remifes en marche par pelotons , elles pafferent
en revûë au pied de la premiere Terraffe , où les
deux Rois s'étoient poftez avec toute leur Cour
& faluerent de nouveau L. M.par pelotons.Le Roi
de Pruffe les remercia fort gracieuſement ; &
comme S. M. Pr. pour donner une marque de
fon entiere fatisfaction , buvoit à chaque General
& à chaque Colonel -Commandant des Régimens,
on fit donner à tous les Officiers , à mesure qu'ils
paffoient par pelotons , des verres qu'ils vuiderent
à la fanté du Roi de Pruffe , au bruit de tout
le Canon ; & après avoir jetté les verres , ils pafferent
de cette façon les uns après les autres , &
le Canon ne ceffa de tirer qu'aprés qu'ils furent
tous paffez. C'eft ainfi que l'Armée prit congé
du Roi de Pruffe , qui la congedia.
Les deux Rois avec toute leur Cour , s'embarquerent
SEPTEMBRE . 1730. 2065
querent
fur l'Elbe le 27. & arriverent au Château
de Lichtembourg , où ils coucherent . Le lendemain
28. L. M. accompagnées des Princes leurs
fils , partirent de Lichtembourg avec toute leur
fuite pour fe rendre à l'endroit de la Chauffée
près de Zulhtsdorff , elles y trouverent d'abord
des gens de la Chaffe en habits verds galonaez
d'argent, avec leurs Chiens, rangez en haye. L'endroit
de la Chaffe & fes avenues étoient embellis
par plufieurs grandes & magnifiques Loges ,
conftruites de verdure. On avoit pris toutes les
précautions pour empêcher qu'il n'arrivât aucun
accident par des coups tirez . Le grand Veneur
à la tête du Veneur de la Cour , des Grands - Maî
tres des Forêts , des Gentilshommes & de tous les
autres Officiers qui dépendent de la Chaffe, étoient
auffi en habits verds richement l'odez .
2
Ils reçurent L. M. en defcendant de leur Chaife
, au fon des Cors de Chaffe & des Hautbois .
Il fe préfenta d'abord une Chaife de Chaffe , tirée
par fix Cerfs apprivoifez , & menée avec beau
coup d'adreffe par deux Garçons de Chaffe , ce
que le Roi de Pruffe ne put s'empêcher d'admirer.
On fit enfuite les préparatifs pour commencer
la Chaffe: Les Chevaliers & autres de la fuite
des deux Rois à cheval & munis de Lances , fe
rangerent à droite & à gauche. L. M. & L. A. R.
avec toutes les perfonnes de diftinction de leur
fuite , s'étant partagez , fe pofterent aux deux côtez
pour tirer. Le Grand Veneur rangea en ordre
tous ceux qui dépendent de la Chaffe , & s'étant
mis à la tête , il paffa avec eux devant les
deux Rois , & alors la Chaffe commença au fon
des Cors & des Hautbois. Il fut tué un grand
nombre de toutes fortes de bêtes fauves & autre
gibier , partie avec des Lances & en forçant avec
des Chiens , & partie par des armes à feu. Il fe
trour
2066 MERCURE DE FRANCE
trouva en tout 1124. Pieces; fçavoir, 804. Cerfs,
203. Sangliers , 97. Chevreuils & Dains , 18.
Lievres & 2. Renards , le tout porté à une Place
& rangé en ordre par les Gens de la Chaffe. Ainfi
finit cette grande & fuperbe Chaffe qui fut faite
avec beaucoup d'ordre & fans aucun accident.
On ſe retira enfuite vers les Loges , où les Tables
étoient couvertes & fervies pour le dîner. Il
y avoit trois tables , dont la premiere deſtinée
pour L. M. L. A. R. les Princes & autres perfon-
Tonnes de diftinction , étoit de 24. Couverts ; &
les deux autres de 20. Couverts chacune , pour
les Miniftres & autres Officiers. Il y avoit outre
cela deux autres tables de 48. Couverts chacune
pour les Gens de la Chaffe. La joye generale &
les deux Rois parurent fort contens ; lorfqu'on
fut hors de table , les deux Rois pafferent encore
quelque temps en converfation , après quoi L. M.
s'embrafferent & fe féparerent avec toutes les
marques poffibles de tendreffe. Le Roi de Pruffe
partit pour Poftdam & le Roi de Pologne retourna
au Camp de Radewitz.
& Radwiz
E 24. Juin , jour de S. Jean Baptifte , le Roi
Lie
fa magnificence ordinaire. Elle commença à 6.
heures du foir par un grand fouper au Quar
tier du Roi , les Feux de joye enfuite , & à neuf
heures les Troupes fortirent de leurs lignes & fe
mirent en bataille à la tête du Camp. Après qu'on
leur cut donné le fignal du Quartier du Roi , on
fit
2058 MERCURE DE FRANCE
fit trois falves confécutives du Canon , fuivie
chaque fois d'un feu de toute la Moufqueterie.
Ce Feu marqua le temps pour allumer l'Illumination
préparée au-delà de l'Elbe , près du Village
de Riffa , vis -à-vis du Château de Premniz.
L. M. monterent auffi- tôt en Caroffe pour fe
rendre à ce Château . L. A. R. les Princes & la
Princeffe , les autres Princes & toutes les autres
perfonnes de diftinction , de l'un & l'autre fexe ,
les fuivirent.
Les deux Rois arrivez à Promniz , & dès qu'ils
parurent dans la Loge , on donna le premier fignal
par 60. pieces de Canon, au bruit des Trompettes
& Timballes. Entre ce premier fignal & le
fecond , qui fe fit de la même maniere , il ſe paſſa
un quart d'heure pour donner aux Spectateurs le
temps de confiderer les beautez de l'Illumination ,
qui , au dire des Connoiffeurs , étoit des mieux
entendues & des plus fuperbes qu'on eut vû en
Allemagne.
On avoit conftruit exprès un vafte Edifice de
charpente , long de 400. pieds , & au milieu où
étoit repréfenté le Temple de la Paix , un de 160.
piés de hauteur, une toile très-fine en couvroit toute
la façade .On y avoit peint l'Illumination & l'on
avoit appliqué fur la pemture un certain Vernis
qui en la rendant tranfparente , donnoit en même
temps aux couleurs une force & un éclat des
plus virs qui réjouiffoit infiniment l'oeil du Spectate
ur.
La Loge Royale étoit dreflée vis- à-vis & à
450. pas de ' Ilumination , compofée de 40000 .
millest ampes ,qui furent allumées en 15. minutes.
Le Temple de laPaix , d'ordre Ionique , en faifoit
le principal fujet. On y voyoit plufieurs Colom
nes & Pilaftres efpacez avec art & des Peintures
SEPTEMBRE. 1730. 2059
tures des mieux entenduûës , enrichies de Lapis ,
&c. avec des Trophées de Marbre blanc & autres
Ornemens ; les Chapiteaux étoient en Bronze , &
le tout enſemble faifoit un effet admirable ; les
autres parties & les dehors du Temple paroiffoient
conftruits de Marbre d'Egypte de differente couleur
, & tout l'Edifice étoit fi bien difpofé , fuivant
les Regles de l'Architecture & de la Perfpective
, qu'on avoit peine à décider lequel on
devoit le plus admirer , de la magnificence, ou de
la fymétrie.
Ďu milieu du Temple , au- deffus du Sanctuaire
s'élevoit une espece de Piedeltal , fur lequel on
voyoit la Déeffe de la Paix , figure gigantefque
de 22.
pieds de hauteur. Mars la tenoit entre
fes bras. Au-deffus de ces Divinitez , on lifoit fur
une table de bronze , l'Infcription fuivante : Sic
fulta manebit On voyoit au-deffus de l'Infcription
un Trophée pofé fur un Piédeſtal avec une
Lyre , deux Cornes d'abondance , des branches de
Palmier & d'Olivier liées enfemble pour reprefenter
l'affluence de tous les biens , fruits précieux
de la Paix.
Aux deux côtez du Sanctuaire étoient des Arcades
féparées par de doubles Pilaftres , ornez de
Trophées de Marbre blanc : au milieu de ces Arcades
on voyoit en perfpective de chaque côté
une Galerie , dont chacune conduifoit à un Salon.
Ces Salons paroiffoient être en deux Pavillons
foutenus par des Colones ifolées : au- deffus des
Corniches il y avoit plufieurs Trophées attachez
à des Palmiers , & de chaque côté des Renommées
fonnant de la Trompette. Enfin un grand Perron
au bas de l'Edifice , contribuoit becaucoup à en
relever la nobleffe.
Un quart d'heure après avoir donné le fecond
fignal & tiré 1100. coups de fufil , on alluma
τους
2060 MERCURE DE FRANCE
tout à la fois quinze Lettres , placées au bas
-de l'Illumination , formant la Devife dont on
vient de parler. Ces Lettres brillerent durant
plufieurs minutes d'un feu blanc & extrémement
vif. On alluma en même temps les feux courans
à terre , & on fit partir 6000. Fuſées jettées en
partie par des Caiffes , & en partie par des Girandoles
, 30. à la fois de chaque Caiffe & 100. de
chaque Girandole : toutes ces Fufées atteignirent
une hauteur très- confiderable , & firent tout l'ef
fet qu'on en pouvoit attendre.
Durant ce feu des Fufées , des Mortiers de 8.
16. 32. & 64. livres de bale , jetterent 100. Boëtes
remplies de feu de pluye, de Fufées à étoiles &
autres de chacune de 12. roues horifontales &
autant de perpendiculaires , fortirent 70. Fufées
d'une autre forte , & on mit le feu à 1200. Cartouches
& 200. Mortiers de nouvelle efpece , qui
n'ont point d'affut , mais pofez fur leur Trépié
: chaque Cartouche étoit rempli de 22. Fuſées
& chaque Mortier de 21. de deux onces chacune,
& d'une grande quantité d'autres Fufées à terre.
Ce fecond Spectacle dura une bonne demie heure
, après quoi on donna un nouveau ſignal , accompagné
de 2000. coups de Moufquets , & on
vit auffi -tôt le feu Gregeois : 200. Cartouches
chargez chacun de 22. Fufées , 200. Rejettons
fimples & doubles , remplis de 60. Fufées de 2. &
3. onces chacune,& 100. Tonneaux , dont les uns
étoient remplis de 60. Cones , & les autres de 30.
Fufées.Tout ce Feu Gregeois fut jetté dans l'eau
par 12. Bateaux fur terre on tira encore 2000.
Fufées de 6. 12. 25. 50. 75. & de 100. liv. pefant,
zo. Boëtes remplies de feu à étoiles & de pluye
chacune remplie d'autres Boetes , furent tirées ·par
des Mortiers de 45. 96. & 121. livres de bale. 24.
Girandes jetterent chacune 200. Fufées à la fois ,
:
&
SEPTEMBRE . 1730. 206 F
& cent Mortiers de la nouvelle invention dont on
a parlé , en jetterent 21. chacun.
Après ce Feu qui dura autant que le précedent
une nouvelle décharge de 60. Pieces de Canon, fut
donné le fignal pour une feconde efpece d'Illumination.
On vit auffi- tôt la Riviere couverte de 48.
Bâtimens éclairez & remplis de Mufique de guerre
; c'étoit des Chaloupes , des Brigantins , des
Frégates & de très -belles Gondoles parmi ces
Bâtimens brilloit principalement le Bucentaure ,
fuperbe & grand Bâtiment Royal , richement
meublé & illuminé par 30000.Lampions , qui attachez
artiſtement, & jufqu'aux Mats & aux Cordages
, formoient diverfes figures.
Après quelque temps on vit ces Bâtimens defcen-
'dre laRiviere les uns après les autres. Ils étoient précedez
par d'autres Bâtimens, dont quelques - uns repréfentant
des Dauphins,une autre une Baleine jettant
du feu , & c . & à mefure que chaque Batiment
paffa devant les deux Rois , il falua L. M. de fon
Canon & de fes Mortiers , & réïtera encore deux
fois ce falut ; l'un en paffant le Pont de Tonneaux
& l'autre en abordant près du Village de Bober-
Jen.Le Bucentaure s'arrêta devant la Loge Royale.'
L'Orchestre du Roy & les Chanteurs de l'Opera
Italien , qui y étoient , firent la clôture de cette
Fête par une très- belle Serenade . Cette Fête ne
finit que lorfque le jour commença à paroître ,
& il y eut abondance de toutes fortes de Rafraichiffemens
, & c.
Le 25. il n'y eut rien de remarquable , mais le
lendemain 26. jour deſtiné pour le Régal que le
Roi vouloit faire à toute l'armée , on fit diftribuer
la veille à tous les Régimens d'Infanterie & de
Cavalerie les Boeufs , le Pain , le Vin & la Biere'
neceffaires : les Boeufs furent coupez & rôtis par
quartiers ; il y avoit outre cela des Repas particu
liers
2062 MERCURE DE FRANCE
liers que les Chefs de chaque Régiment ou Corps
avoient fait préparer pour régaler leurs Officiers .
Vers les 11. heures du matin , on donna le premier
fignal ; fur quoi toute l'Armée fortit du
Camp fur deux lignes & en bon ordre , fans armes
, les Officiers à là tête . On porta devant chaque
Régiment les Viandes rôties , le Pain , le Vin
& la Biere jufqu'à la grande Place d'Armes devant
le Camp , où chaque Régiment fe rangeoit
fur deux lignes , dans le même ordre qu'il étoit
campé ; chaque Compagnie rangeoit devant fon
front les Viandes rôties , &c. qui lui étoient deftinées
& tous s'étant affis par terre , fe mirent
en devoir de prendre un ample & joyeux Repas.
:
Derriere chaque Régiment on avoit creusé la
terre pour y pratiquer des bancs & une longue
table , à laquelle chaque Chef & Colonel fit fervir
à part de très -bons mets à tous fes Officiers
qui après le fignal donné fe mirent à table ; ces
tables étoient difpofées fur deux lignes , à la diftance
de 100. pas l'une de l'autre ; & les Soldats
étoient affis à une égale distance les uns des autres
, ce qui fit un fort beau Spectacle.
Les deux Rois , qui de la hauteur du Quartier
Royal , avoient pu découvrir cet arrange ment,
en partirent avec toute leur fuite & pafferent les
deux lignes devant les tables des Officiers , pour
les voir manger. L. M. furent faluées par les Officiers
, les verres à la main , & les Soldats firent
éclater leur joye par des acclâmations de Vivent
les Rois , jettant leurs chapeaux en l'air , au bruit
des Tambours & au fon de divers Inftrumens de
M ufique.
Pendant cette Promenade des deux Rois & de
leur Suite , on fit fervir au Quartier du Roi , trois
tables , dont l'une qui étoit ovale , au milieu de
deux autres , & fur une élevation , étoit de 20 .
CouSEPTEMBRE
. 1730. 2063
Couverts pour les deux Rois , leur Famille Roya
le & les Princes Etrangers. Les deux autres tables
qui étoient en long , bordoient tout le Parapet de
deux côtez ,èlles étoient de 100. Couverts chacune,
pour tous les Generaux de l'Armée & pour les
Officiers & autres Etrangers qui fe trouvoient au
Camp.
Derriere la table ovale du milieu , fous une
magnifique Tente Turque , on avoit fait dreffer
une quatriéme table , longue de 40. à so. pieds
& large de dix à couze , fur laquelle il Y avoit
un Gâteau de la même grandeur que la table , &
de 36. Quintaux de poids ; ce Gâteau fut diftri→
bué à la fin du Repas à quiconque en fouhaitoit.
Après que les deux Rois eurent paffé les deux
lignes & vû dîner l'Amée , L. M. retournerent
au Quartier Royal & fe mirent à table , de même
que le Velt- Maréchal , les Officiers Generaux ,
les Officiers Etrangers & autres perfonnes de dif
tinction. Pendant le Repas on but plufieurs fois
au bruit des Canons , qui , au nombre de 48.
étoient rangez fur les Terraffes aux deux côtez .
Vers la fin du Repas , le Velt - Maréchal fe leva
& prefenta au Roi de Pruffe une Lettre au nom
& de la part de toute l'Armée , par laquelle elle
remercoit S. M. Pr. de la bonté qu'elle avoit euë
de ſe trouver à ſes Exercices Militaires , en lui
demandant en même temps la grace de la vouloir
congedier. Le Roi de Pruffe y répondit par toutes
fortes d'expreffions de politeffe , & lui accorda
le congé demandé avec tous les témoignages
d'une entiere fatisfaction.
Là-deffus le Velt-Maréchal & tous les Gene
raux de l'Armée fortirent de table & fe rendirent
au Quartier du Velt -Maréchal , ils y trouverent
tous les Officiers de l'Armée affemblez & formez
en bataillon , dont l'Infanterie tenoit le milieu
avec
2064 MERCURE DE FRANCE
avec 12 pelotons à quatre de hauteur , ayant à
chaque afle neuf pelotons de la Cavalerie à trois
de hauteur. Les Capitaines formerent le premier
rang , les Lieutenans le fecond ; les Sous - Lieutenans
le troifiéme , & les Enfeignes le quatrième.
Les Majors fe rangerent comme Caporaux , aux
aîles de leurs pelotons ; les Lieutenans - Colonels ,
comme Sergens , derriere leurs pelotons , & les
Colonels , comme Officiers , devant les pelotons :
les Generaux fe rangerent devant le Bataillon ,
chacun à fa place , felon fon ancienneté , ayant le
Velt-Maréchal à la tête . Les Officiers de l'Infanterie
marchoient avec leurs Efpontons , & ceux
de la Cavalerie , l'épée haute.
Le Bataillon s'étant mis en marche dans cet
ordre , le Velt - Maréchal le mena aux deux Terraffes
devant le Quartier Royal , où il ſe mit en
deux lignes ; la Cavalerie forma la premiere , &
l'Infanterie la feconde : Ils faluerent tous enfemble
les deux Rois ; les deux lignes s'étant enfuite
remifes en marche par pelotons , elles pafferent
en revûë au pied de la premiere Terraffe , où les
deux Rois s'étoient poftez avec toute leur Cour
& faluerent de nouveau L. M.par pelotons.Le Roi
de Pruffe les remercia fort gracieuſement ; &
comme S. M. Pr. pour donner une marque de
fon entiere fatisfaction , buvoit à chaque General
& à chaque Colonel -Commandant des Régimens,
on fit donner à tous les Officiers , à mesure qu'ils
paffoient par pelotons , des verres qu'ils vuiderent
à la fanté du Roi de Pruffe , au bruit de tout
le Canon ; & après avoir jetté les verres , ils pafferent
de cette façon les uns après les autres , &
le Canon ne ceffa de tirer qu'aprés qu'ils furent
tous paffez. C'eft ainfi que l'Armée prit congé
du Roi de Pruffe , qui la congedia.
Les deux Rois avec toute leur Cour , s'embarquerent
SEPTEMBRE . 1730. 2065
querent
fur l'Elbe le 27. & arriverent au Château
de Lichtembourg , où ils coucherent . Le lendemain
28. L. M. accompagnées des Princes leurs
fils , partirent de Lichtembourg avec toute leur
fuite pour fe rendre à l'endroit de la Chauffée
près de Zulhtsdorff , elles y trouverent d'abord
des gens de la Chaffe en habits verds galonaez
d'argent, avec leurs Chiens, rangez en haye. L'endroit
de la Chaffe & fes avenues étoient embellis
par plufieurs grandes & magnifiques Loges ,
conftruites de verdure. On avoit pris toutes les
précautions pour empêcher qu'il n'arrivât aucun
accident par des coups tirez . Le grand Veneur
à la tête du Veneur de la Cour , des Grands - Maî
tres des Forêts , des Gentilshommes & de tous les
autres Officiers qui dépendent de la Chaffe, étoient
auffi en habits verds richement l'odez .
2
Ils reçurent L. M. en defcendant de leur Chaife
, au fon des Cors de Chaffe & des Hautbois .
Il fe préfenta d'abord une Chaife de Chaffe , tirée
par fix Cerfs apprivoifez , & menée avec beau
coup d'adreffe par deux Garçons de Chaffe , ce
que le Roi de Pruffe ne put s'empêcher d'admirer.
On fit enfuite les préparatifs pour commencer
la Chaffe: Les Chevaliers & autres de la fuite
des deux Rois à cheval & munis de Lances , fe
rangerent à droite & à gauche. L. M. & L. A. R.
avec toutes les perfonnes de diftinction de leur
fuite , s'étant partagez , fe pofterent aux deux côtez
pour tirer. Le Grand Veneur rangea en ordre
tous ceux qui dépendent de la Chaffe , & s'étant
mis à la tête , il paffa avec eux devant les
deux Rois , & alors la Chaffe commença au fon
des Cors & des Hautbois. Il fut tué un grand
nombre de toutes fortes de bêtes fauves & autre
gibier , partie avec des Lances & en forçant avec
des Chiens , & partie par des armes à feu. Il fe
trour
2066 MERCURE DE FRANCE
trouva en tout 1124. Pieces; fçavoir, 804. Cerfs,
203. Sangliers , 97. Chevreuils & Dains , 18.
Lievres & 2. Renards , le tout porté à une Place
& rangé en ordre par les Gens de la Chaffe. Ainfi
finit cette grande & fuperbe Chaffe qui fut faite
avec beaucoup d'ordre & fans aucun accident.
On ſe retira enfuite vers les Loges , où les Tables
étoient couvertes & fervies pour le dîner. Il
y avoit trois tables , dont la premiere deſtinée
pour L. M. L. A. R. les Princes & autres perfon-
Tonnes de diftinction , étoit de 24. Couverts ; &
les deux autres de 20. Couverts chacune , pour
les Miniftres & autres Officiers. Il y avoit outre
cela deux autres tables de 48. Couverts chacune
pour les Gens de la Chaffe. La joye generale &
les deux Rois parurent fort contens ; lorfqu'on
fut hors de table , les deux Rois pafferent encore
quelque temps en converfation , après quoi L. M.
s'embrafferent & fe féparerent avec toutes les
marques poffibles de tendreffe. Le Roi de Pruffe
partit pour Poftdam & le Roi de Pologne retourna
au Camp de Radewitz.
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Résumé : SUITE du Camp de Mulhberg & Radwitz.
Le 24 juin, à l'occasion de la Saint-Jean-Baptiste, le roi organisa une célébration à Mulhberg et Radwitz. La journée débuta par un grand souper au quartier du roi, suivi de feux de joie et d'une mise en bataille des troupes à 9 heures. Trois salves de canon et des feux de mousqueterie marquèrent le début d'une illumination près du village de Riffa, en face du château de Premniz. Le roi et les princes se rendirent au château où une illumination spectaculaire fut allumée, représentant un temple de la Paix de 400 pieds de long et 160 pieds de haut, orné de peintures et de trophées. L'illumination, composée de 40 000 millest ampes, fut allumée en 15 minutes. Le temple, de style ionique, était richement décoré de colonnes, de pilastres, et de peintures enrichies de lapis. Au centre du temple, une déesse de la Paix, tenue par Mars, surplombait une inscription en latin. Des arcades et des galeries complétaient la scène, avec des trophées et des renommées sonnant de la trompette. Après un quart d'heure, 15 lettres formant une devise furent allumées, accompagnées de feux courants à terre et de 6 000 fusées. Des mortiers tirèrent des boîtes remplies de feux d'artifice, et un feu grégeois fut allumé dans l'eau par des bateaux. Une seconde illumination vit la rivière couverte de 48 bâtiments éclairés et remplis de musique de guerre, incluant le Bucentaure, un grand bâtiment royal illuminé par 30 000 lampions. Le 26 juin, le roi offrit un repas à toute l'armée. Les régiments se rangèrent en ordre, et les viandes rôties, le pain, le vin et la bière furent distribués. Les rois passèrent en revue les troupes, qui les saluèrent avec des acclamations et des musiques. Après le repas, le maréchal présenta une lettre de remerciement au roi de Prusse, qui accorda le congé à l'armée. Les officiers, formés en bataillon, saluèrent les rois avant de se disperser. Les deux rois s'embarquèrent sur l'Elbe le 27 juin et arrivèrent au château de Lichtembourg, où ils passèrent la nuit. Le lendemain, ils se rendirent près de Zulhtsdorff. Le texte décrit également une grande chasse organisée avec une préparation minutieuse pour éviter les accidents. Les participants, vêtus de habits verts galonnés d'argent, incluaient des gens de la Chasse, des chiens, et divers officiers. L'endroit était embelli par des loges magnifiques construites de verdure. La chasse débuta avec une présentation d'une chaise tirée par six cerfs apprivoisés, admirée par le Roi de Prusse. Les préparatifs incluaient des chevaliers et autres cavaliers munis de lances, se rangeant de chaque côté. Les rois et les personnes de distinction se positionnèrent pour tirer. La chasse se déroula avec ordre, au son des cors et des hautbois, et un grand nombre de bêtes fauves et de gibier furent tuées, totalisant 1124 pièces. Après la chasse, un dîner fut servi dans les loges, avec trois tables pour les personnes de distinction et deux autres pour les gens de la Chasse. La joie générale et la satisfaction des rois furent notables. Après le dîner, les rois conversèrent brièvement avant que Leurs Majestés ne s'embrassent et se séparèrent avec tendresse. Le Roi de Prusse partit pour Potsdam, et le Roi de Pologne retourna au camp de Radewitz.
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5
p. 1399-1402
Table Chronologique de l'Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
Début :
TABLES CHRONOLOGIQUES de l'Histoire universelle, par M. l'Abbé Lenglet du [...]
Mots clefs :
Histoire, Tables, Histoire ancienne, Histoire universelle, Nouvelle édition, Histoire profane, Étude de l'histoire
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texteReconnaissance textuelle : Table Chronologique de l'Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
TABLES CHRONOLOGIQUES de l'Histoire
universelle , par M. l'Abbé Lenglet du
Fresnoy , nouvelle Edition. A Paris , ruë
S. Jacques , chez Osmont et Briasson , Libraires.
Ces Tables , au nombre de 4 , qui sonɛ
très- curieuses , et pour l'ordre et pour le
dessein , avoient déja paru en 1729. mais
elles sont fort augmentées dans cette nouvelle
Edition: On y trouve près de 60 articles
essentiels , que M. l'Abbé Lenglet a
joints à son premier travail . On peut
II. Vol. G même
10 MERCURE DE FRANCE
même dire que c'est le plus grand Ouvrage
de Gravûre de Lettres , qui se soit
fait jusqu'à present.
Ces Tables contiennent bien des choses
singulieres , tant pour l'arrangement
qu'elles ont , que pour l'usage qu'on en
peut faire dans l'étude de l'Histoire.Outre
la réunion de tous les sistêmes de
Chronologie , qui s'y trouvent sous un
même point de vûë , on a encore le plai
sir d'y voir l'ancienne Histoire prophane,
débarassée de toutes les difficultés de la
Chronologie , par l'Epoque commune de
la naissance de Jesus Christ.
Comme dans les Histoires modernes on
date après la naissance du Sauveur du
Monde , l'Auteur date dans l'Histoire
ancienne , avant l'an de J. C. ce qui établit
une clarté à laquelle on avoit , à
la verité , pensé , mais on n'y étoit pas encore
arrivé jusqu'à present.
Ainsi , qu'on suive pour l'Histoire sacrée
, tel systême de Chronologie que
l'on voudra , on le trouve rappellé dans
ces Tables. Mais comme les différences
de Textes , Hébreu , Samaritain et des
Septante , ne regardent que l'Histoire
Sainte, M. l'Abbé Lenglet se réduit pour
l'Histoire prophane à l'époque des tems,
avant , ou après Jesus-Christ ; par - là il
II. Vol. tient .
JUIN. 1733. 1401
tient une conduite uniforme , tant pour
l'Histoire ancienne , que pour l'Histoire
moderne .
Une chose qui distingue encore ces
Tables Chronologiques de toutes celles
qui ont paruës jusques icy , est, qu'en suivant
l'ordre dans lequel on a rangé toutes
les Histoires particulieres , on peut
non seulement en former un corps d'Histoire
universelle , mais même les étudier
toutes séparement ; c'est ce qui se peut
faire avec d'autant plus de facilité , que
l'Auteur indique à chaque nature d'His
toire , les Livres essentiels, pour s'en former
de justes idées pour l'Histoire générale
de chaque Nation , et pour les Regnes
les plus brillans , ou les Evenemens
les plus illustres de chaque Histoire particuliere
.
Enfin ces Tables sont conduites jusques
à ces derniers temps , et l'on n'oublie
pas même les Livres les plus modernes
qui en ont parlé ; ainsi elles peuvent
tenir lieu d'une méthode abrégée pour
étudier l'Histoire. Cependant M. l'Abbé
Lenglet ,, ppeeuu content de ce beau point
de vûë , qu'il nous présente , va donner
encore une Explication de ces mêmes Tables
, en un petit livre portatif , qui en
dévelopera le systême. Il y marquera
II. Vol.
Gij
même
1462 MERCURE DE FRANCE
même les endroits où il faut s'arrêter
dans l'étude de l'Histoire ancienne et
moderne. Il en fera connoître l'usage ,
et donnera en même temps des Supplé
mens d'articles considerables , qui n'ont
pû entrer dans ces Tables.
universelle , par M. l'Abbé Lenglet du
Fresnoy , nouvelle Edition. A Paris , ruë
S. Jacques , chez Osmont et Briasson , Libraires.
Ces Tables , au nombre de 4 , qui sonɛ
très- curieuses , et pour l'ordre et pour le
dessein , avoient déja paru en 1729. mais
elles sont fort augmentées dans cette nouvelle
Edition: On y trouve près de 60 articles
essentiels , que M. l'Abbé Lenglet a
joints à son premier travail . On peut
II. Vol. G même
10 MERCURE DE FRANCE
même dire que c'est le plus grand Ouvrage
de Gravûre de Lettres , qui se soit
fait jusqu'à present.
Ces Tables contiennent bien des choses
singulieres , tant pour l'arrangement
qu'elles ont , que pour l'usage qu'on en
peut faire dans l'étude de l'Histoire.Outre
la réunion de tous les sistêmes de
Chronologie , qui s'y trouvent sous un
même point de vûë , on a encore le plai
sir d'y voir l'ancienne Histoire prophane,
débarassée de toutes les difficultés de la
Chronologie , par l'Epoque commune de
la naissance de Jesus Christ.
Comme dans les Histoires modernes on
date après la naissance du Sauveur du
Monde , l'Auteur date dans l'Histoire
ancienne , avant l'an de J. C. ce qui établit
une clarté à laquelle on avoit , à
la verité , pensé , mais on n'y étoit pas encore
arrivé jusqu'à present.
Ainsi , qu'on suive pour l'Histoire sacrée
, tel systême de Chronologie que
l'on voudra , on le trouve rappellé dans
ces Tables. Mais comme les différences
de Textes , Hébreu , Samaritain et des
Septante , ne regardent que l'Histoire
Sainte, M. l'Abbé Lenglet se réduit pour
l'Histoire prophane à l'époque des tems,
avant , ou après Jesus-Christ ; par - là il
II. Vol. tient .
JUIN. 1733. 1401
tient une conduite uniforme , tant pour
l'Histoire ancienne , que pour l'Histoire
moderne .
Une chose qui distingue encore ces
Tables Chronologiques de toutes celles
qui ont paruës jusques icy , est, qu'en suivant
l'ordre dans lequel on a rangé toutes
les Histoires particulieres , on peut
non seulement en former un corps d'Histoire
universelle , mais même les étudier
toutes séparement ; c'est ce qui se peut
faire avec d'autant plus de facilité , que
l'Auteur indique à chaque nature d'His
toire , les Livres essentiels, pour s'en former
de justes idées pour l'Histoire générale
de chaque Nation , et pour les Regnes
les plus brillans , ou les Evenemens
les plus illustres de chaque Histoire particuliere
.
Enfin ces Tables sont conduites jusques
à ces derniers temps , et l'on n'oublie
pas même les Livres les plus modernes
qui en ont parlé ; ainsi elles peuvent
tenir lieu d'une méthode abrégée pour
étudier l'Histoire. Cependant M. l'Abbé
Lenglet ,, ppeeuu content de ce beau point
de vûë , qu'il nous présente , va donner
encore une Explication de ces mêmes Tables
, en un petit livre portatif , qui en
dévelopera le systême. Il y marquera
II. Vol.
Gij
même
1462 MERCURE DE FRANCE
même les endroits où il faut s'arrêter
dans l'étude de l'Histoire ancienne et
moderne. Il en fera connoître l'usage ,
et donnera en même temps des Supplé
mens d'articles considerables , qui n'ont
pû entrer dans ces Tables.
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Résumé : Table Chronologique de l'Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Tables Chronologiques de l'Histoire universelle' de l'Abbé Lenglet du Fresnoy, publié en 1729 et réédité, contient quatre tables notables pour leur ordre et leur utilité. Cette édition inclut près de 60 articles supplémentaires. Les tables sont considérées comme le plus grand ouvrage de gravure de lettres réalisé jusqu'alors. Elles présentent des éléments singuliers par leur arrangement et leur utilité dans l'étude de l'histoire. Elles réunissent tous les systèmes de chronologie sous un même point de vue et utilisent l'époque commune de la naissance de Jésus-Christ pour clarifier l'ancienne histoire profane. Pour l'histoire ancienne, les événements sont datés avant J.-C., tandis que pour les histoires modernes, ils le sont après la naissance du Sauveur. Les tables permettent de suivre divers systèmes de chronologie pour l'histoire sacrée et se concentrent sur l'époque des temps pour l'histoire profane. Elles distinguent les différences de textes hébreux, samaritains et des Septante. Une particularité des tables est qu'elles permettent de former un corps d'histoire universelle ou d'étudier chaque histoire particulière séparément. L'auteur indique les livres essentiels pour chaque nature d'histoire, facilitant ainsi l'étude de l'histoire générale de chaque nation et des règnes ou événements illustres. Les tables sont mises à jour jusqu'aux derniers temps et incluent les livres modernes, servant de méthode abrégée pour étudier l'histoire. L'Abbé Lenglet prévoit également de publier une explication de ces tables dans un petit livre portatif.
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6
p. 485-493
LETTRE du S. de l'Eglise d'Auxerre, à M.... Chanoine de l'Eglise de C. touchant les traditions populaires, au sujet de l'occurrence de la Fête de Pâques, au 25 Avril.
Début :
Vous êtes, sans doute, informé, Monsieur, des Traditions, qui courent [...]
Mots clefs :
Traditions populaires, Fête de Pâques, Dieu, Saint Jean, Tables, Intervalle, Fête-Dieu, Peuple, Litanies, Origine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE du S. de l'Eglise d'Auxerre, à M.... Chanoine de l'Eglise de C. touchant les traditions populaires, au sujet de l'occurrence de la Fête de Pâques, au 25 Avril.
LETTRE du S. de l'Eglise d'Auxerre
à M.... Chanoine de l'Eglise de C.
touchant les traditions populaires, au sujet
de Poccurrence de la Fête de Pâques , an
25 Avril.
V
Ous êtes , sans doute , informé ;;
Monsieur , des Traditions , qui
courent parmi le Peuple , touchant les
années où la Fête de Pâques arrive le 25
Avril , telle que sera l'année prochaine
1734. Il résulte de cette occurrence qu'en
ces années là , la Fête- Dieu se trouve le
24 Juin jour de la Nativité de S. Jean-
D iij
Bap486
MERCURE DE FRANCE
Baptiste , et c'est par rapport à cette .
rencontre qu'il est né un certain Proverbe
touchant la fin du Monde. Pour
en faire voir l'illusion , il me semble qu'il
suffit d'en découvrir l'origine ou plutôt
la
nouveauté.Chacun sçait que la Solemnité
de la Fête Dieu n'a commencé qu'au
treizième siècle . A vant ce tems- là , Pâques
arrivoit quelquefois le 25 Avril, et laNativité
de S. Jean se célébroit le 24 Juin en
son véritable jour sans être transferée . Ce
n'est donc que depuis qu'on a prévû
qu'on seroit obligé de déplacer S. Jean
pour y mettre le Messie dont il a été le
Précurseur , qu'on peut avoir imaginé
une pareille opinion ; et probablement
elle ne s'est formée qu'à la fin du treiziéme
siécle ou durant le quatorziéme,; en effet
comme on fut près de deux cent- cinquante
ans sans voir arriver Pâques le 25
Avril , la rareté de l'éyenement aura pû
porter à inventer quelques dictons làdessus
. Et comme les Tables Pascales
n'étoient point entre les mains de tout
le monde , et qu'on se contentoit d'attacher
chaque année au Cierge Pascal la
Table des Fêtes mobiles de l'année seulement,
peu de personnes étoient en état
de prévoir quand Pâques arriveroit le 23
Avril , et le plus grand nombre ignoroit
comMARS
1734. 487
combien de fois cette Fête étoit arrivée
ce jour -là depuis l'établissement duChristianisme.
Pour mettre donc au fait le
Public de cette connoissance , qu'il étoit
difficile d'avoir communément avant l'origine
de l'Impression , il est bon de
jeter la vue sur les Tables Chronologiques
que nous ont données M. Robert
dans sa Gaule Chrétienne, et M.du Cange
dans son Glossaire de la basse Latinité. Je
les ai examinées, et principalement la nouvelle
Edition qui vient d'être publiée
par deux sçavans Benedictins. Quoiqu'il
y soit resté quelques fautes que l'Imprimeur
n'a pû apparemment éviter dans
une si grande multitude de chiffres et
de Lettres initiales , je ne laisserai
tabler dessus et de représenter combien
de fois la Fête de Pâques est arrivée le
25. Avril depuis l'origine de la Religion
que nous professons . Ces Tables nous
apprennent que cette rencontre s'est déja
trouvée treize fois , et les voicy.
L'an 45. de Jesus- Christ.
pas
de
L'an 140.
L'an 1014.
L'an 1109 .
L'an 387.
L'an 482.
L'an 1204.
L'an 1415.
L'an 577
L'an , 672 .
L'an 1546.
L'an 919. L'an 1666.
Dirij Vous
488 MERCURE DE FRANCE
Vous reconnoîtrez par la vérification
que vous en pouvez faire , que j'ai regardé
avec raison comme des fautes d'impression
dans la derniere Edition de ces
Tables , que Pâques ait été marqué pour
les années 137. et 1022. ans au 25. Avril ,
au lieudu 25. Mars ; c'est ce qui est rendu
sensible par la Lettre Dominicale qui
convient à ces mêmes années ; vous avouerez
aussi qu'à l'année 672. ces mêmes
Tables contiennent une faute toute contraire
, mettant cette Fête au 25. Mars
au licu du 25. Avril . Mais ceci soit dit
en passant. Revenons au fait et instruisons
le vulgaire. On fut depuis l'an 1204.
jusqu'à l'an 1451. sans voir celebrer la
Fête de Pâques le 25. Avril , c'est- àdire
à peu près deux siecles et demi. Environ
dans le tiers de cet intervalle la
Fête- Dieu fut établie dans les Eglises
d'Occident. Alors il n'y avoit personne
sur terre qui pût avoir vû l'an 1204. et
l'on ne prévoyoit point que de long-temps
l'occurrence pût arriver que cette nouvelle
Fête fit cesser celle de S. Jean ; le
Peuple en conclut aisément que ce ne
seroit qu'à la fin du Monde , et il fut
facile d'imaginer des mysticitez sur cette
rencontre, toute fortuite qu'elle est . Telle
est , selon ma pensée , l'origine de l'idée
роры-
MAR S. 1734. 489
populaire sur la concurrence des deux
Fêtes. Quoiqu'il ne soit pas tout- à - fait
si rare de voir arriver Pâques le 24 Avril ,
et parconséquent la Fête Dieu le 23 .
Juin , veille de la S. Jean , les Peuples
n'ont laissé d'inventer aussi un proverbe
à ce sujet , et de dire en ces sortes
de rencontres :
pas
·
Quand Jeanfait jeûner Dieu ,
La Paix regne en tout lieu.
Mais la fausseté de cet axiome vul
gaire a été si palpable de nos jours , qu'on
doit conclure que la Tradition n'est pas
mieux fondée d'un côté que d'un autre.
Qui, en effet, peut assurer qu'on jouissoit
d'une paix universelle l'an 1707. auquel
Jean fit jeûner Dieu , c'est à dire, que la
Fête de S. Jean étant arrivée le second
Vendredi d'après la Pentecôte , il fallut
observer le jeûne ( du moins en certains
Pays ) le jour précedent , qui étoit le
Jeudi de la grande Solemnité de la Fête-
Dieu ? Il est également faux de dire que
la paix regnât en tout lieu l'an 1639.
qui étoit dans le même cas. Et si l'on
vouloit prendre la peine de remonter à
toutes les années où se trouvent de telles
concurrences , pour une qu'on remarqueroit
avoir été paisible en France , on ers
D v trou-
*
490 MERCURE DE FRANCE
trouveroit trois autres qui auroient été
tumultueuses dans le Royaume , ou ailleurs.
Il en est de ces traditions comme
de celle qui courut sur la fin du dixiéme
siécle ; on croyoit alors que lorsque la
Fête de l'Annonciation arriveroit le Vendredy
Saint , le monde finiroit. Richard ,
Abbé de Saint- Benoît sur Loire , ordonna
à Abbon l'un de ses Religieux d'écrire
là - dessus , pour désabuser le Peuple qui
croyoit que dès que l'on compteroit l'an
mille , le Jugement viendroit . Ce fut en
992 que l'Annonciation arriva le Ven
dredy- Saint , et elle étoit déja arrivée le
mêmejour onze ans auparavant.
Si le peuple étoit capable d'entrer dans
des examens de Chronologie , il verroit
que tous les changemens annuels de la
solemnité Pascale sont appuyez sur certaines
révolutions reglées , et sont déterminés
par le cours des astres à un certain
intervalle que l'intervalle ordinaire
entre deux Pâques du 25 Avril est
de 95 ans mais qu'après que cet intervalle
a eu lieu trois fois , il en faut admettre
un de 247 ans , après quoi suit
encore à trois reprises d'intervalle de 95
ans , avant que celui de 247 ans revienne.
C'est ce qui paroît dans l'extrait des
Tables que je vous ai representé ci- dessus.
De
MARS 1734. 491
De l'année 45 de Jesus- Christ à l'année
140 , il y a 95 ans. De l'année 145 à
celle de 387 , il y a 247 ans. De 387 à
482 il y a 95 ans. De 482 à 577 il y a
95 ans, De 577 à 672 il y a pareillement
95 ans. Mais de 672 à 919 il y a 247 ans.
Après cela on compte comme on a déja
fait deux fois ; de 919 à 1014 , il y a 95
ans. De 1014 à 1109 aussi 95 ans ; et de
1109 à 1204 pareille quantité de 95 ans.
Suit le grand intervalle de 247 ans depuis
l'an 1204 jusqu'à l'an 1451. Et enfin
de 1451 à 1546 il y a 95 ans. On auroit
continué encore deux fois 95 ans sans
la réforme du Calendrier qui fût faite à
Rome en 1582 , par laquelle on retrancha
tout à coup dix jours du mois
d'Octobre de cette année- là ; c'est ce qui
fit
que la premiere Pâque du 25 Avril au
lieu de revenir l'an 1641 ar bout de 95
ans , n'est arrivée que 25 ns après ,
c'est-à- dire au bout de 120
is après la
précédente ; et la seconde Pâques du
même 25 Avril , au lieu d'être differée
jusqu'en 1736 au bout de 95 ans reïterez ,
a été fixée à l'an 1734. après lequel temis
je ne sçai en quelle année elle reviendra .
Vous avez dû apprendre par le Journal
des Scavans du présent mois de May à
l'article des Nouvelles Litteraires de
#
D vj
Flo-
༥
492 MERCURE DE FRANCE
Florence ; qu'un Curé du Diocèse de
Pistoye en Italie , ptétend démontrer
dans un nouveau Traité sur la Fête de
Pâques , que la Réformation Grégoriene
a besoin d'être reformée elle -même
à cause des erreurs qu'elle contient par
rapport à la Fête de Pâques . Attendons
que cet Ouvrage soit venu jusqu'à nous
pour juger de ces erreurs , et si le calcul
Grégorien des Clefs de la Fête de
Pâques est sujet à des inconvéniens prévus.
>
Il n'est pas à souhaitter pour la tranquillité
des Rubriquaires Ecclesiastiques
que la Fête de Pâques revienne souvent
le 25 Avril . Vous scavez que c'est un
jour qui a été chargé successivement de
deux différentes cérémonies , toutes les
deux incompatibles avec cette Fête : Premierement
on y établit à Rome une Procession
de pénitence qui a été reçûe dans
presque toutes les Eglises de l'Occident ;
et que depuis ce tems - là on y aussi attaché
la Fête de l'Evangeliste S. Marc. A
l'égard de la premiere , je croi que vous
ne doutez point , non plus. que moi ,
ce que je tiens de feu M. l'Abbé Chastelain
, Chanoine de N. D. de Paris , que
le
25 Avril avoit été consacré cbez les
Payens par des Processions pour les biens
de
de
MARS 1734: 497
de la Terre ; ce qu'ils appelloient les Robigales
ou les Ambarvales , ( circonstarce
ignorée par M. Baillet , ) et qu'en
mémoire de cela on éloigne encore à
Rome le moins qu'il est possible du 25.
Avril les Litanies Chrétiennes qui y ont
été substituées. Je ne puis vous entrete
nir cette fois- cy de la raison qui a fait
tourner l'annonce de cette Procession ,
de la maniere dont elle l'est dans les
Brefs d'Auxerre , que l'on a tâché depuis
quinze ans de rendre les plus curieux et
les plus instructifs de tout le Royaume .
En attendant que je m'étende là - dessus
dans un petit Traité sur les Processions
du Paganisme , observez , s'il vous plaît ,
que c'est avec prudence que , si l'on n'a
pas fixé les Litanies Romaines plus avant
dans l'année que le 25. Avril , c'a été
vrai - semblablement de crainte qu'elles ne
concourussent quelquefois avec les Litaniès
Gallicanes , appellées Rogations , qui
peuvent arriver le 27. 28. et 19. Avril
lorsque Pâques a été le 22. Mars ; et parce
que l'Eglise de Rome a été bien aise
que les Litanies fussent toujours célebrées
les premieres.
Ce 28. May 1733 .
à M.... Chanoine de l'Eglise de C.
touchant les traditions populaires, au sujet
de Poccurrence de la Fête de Pâques , an
25 Avril.
V
Ous êtes , sans doute , informé ;;
Monsieur , des Traditions , qui
courent parmi le Peuple , touchant les
années où la Fête de Pâques arrive le 25
Avril , telle que sera l'année prochaine
1734. Il résulte de cette occurrence qu'en
ces années là , la Fête- Dieu se trouve le
24 Juin jour de la Nativité de S. Jean-
D iij
Bap486
MERCURE DE FRANCE
Baptiste , et c'est par rapport à cette .
rencontre qu'il est né un certain Proverbe
touchant la fin du Monde. Pour
en faire voir l'illusion , il me semble qu'il
suffit d'en découvrir l'origine ou plutôt
la
nouveauté.Chacun sçait que la Solemnité
de la Fête Dieu n'a commencé qu'au
treizième siècle . A vant ce tems- là , Pâques
arrivoit quelquefois le 25 Avril, et laNativité
de S. Jean se célébroit le 24 Juin en
son véritable jour sans être transferée . Ce
n'est donc que depuis qu'on a prévû
qu'on seroit obligé de déplacer S. Jean
pour y mettre le Messie dont il a été le
Précurseur , qu'on peut avoir imaginé
une pareille opinion ; et probablement
elle ne s'est formée qu'à la fin du treiziéme
siécle ou durant le quatorziéme,; en effet
comme on fut près de deux cent- cinquante
ans sans voir arriver Pâques le 25
Avril , la rareté de l'éyenement aura pû
porter à inventer quelques dictons làdessus
. Et comme les Tables Pascales
n'étoient point entre les mains de tout
le monde , et qu'on se contentoit d'attacher
chaque année au Cierge Pascal la
Table des Fêtes mobiles de l'année seulement,
peu de personnes étoient en état
de prévoir quand Pâques arriveroit le 23
Avril , et le plus grand nombre ignoroit
comMARS
1734. 487
combien de fois cette Fête étoit arrivée
ce jour -là depuis l'établissement duChristianisme.
Pour mettre donc au fait le
Public de cette connoissance , qu'il étoit
difficile d'avoir communément avant l'origine
de l'Impression , il est bon de
jeter la vue sur les Tables Chronologiques
que nous ont données M. Robert
dans sa Gaule Chrétienne, et M.du Cange
dans son Glossaire de la basse Latinité. Je
les ai examinées, et principalement la nouvelle
Edition qui vient d'être publiée
par deux sçavans Benedictins. Quoiqu'il
y soit resté quelques fautes que l'Imprimeur
n'a pû apparemment éviter dans
une si grande multitude de chiffres et
de Lettres initiales , je ne laisserai
tabler dessus et de représenter combien
de fois la Fête de Pâques est arrivée le
25. Avril depuis l'origine de la Religion
que nous professons . Ces Tables nous
apprennent que cette rencontre s'est déja
trouvée treize fois , et les voicy.
L'an 45. de Jesus- Christ.
pas
de
L'an 140.
L'an 1014.
L'an 1109 .
L'an 387.
L'an 482.
L'an 1204.
L'an 1415.
L'an 577
L'an , 672 .
L'an 1546.
L'an 919. L'an 1666.
Dirij Vous
488 MERCURE DE FRANCE
Vous reconnoîtrez par la vérification
que vous en pouvez faire , que j'ai regardé
avec raison comme des fautes d'impression
dans la derniere Edition de ces
Tables , que Pâques ait été marqué pour
les années 137. et 1022. ans au 25. Avril ,
au lieudu 25. Mars ; c'est ce qui est rendu
sensible par la Lettre Dominicale qui
convient à ces mêmes années ; vous avouerez
aussi qu'à l'année 672. ces mêmes
Tables contiennent une faute toute contraire
, mettant cette Fête au 25. Mars
au licu du 25. Avril . Mais ceci soit dit
en passant. Revenons au fait et instruisons
le vulgaire. On fut depuis l'an 1204.
jusqu'à l'an 1451. sans voir celebrer la
Fête de Pâques le 25. Avril , c'est- àdire
à peu près deux siecles et demi. Environ
dans le tiers de cet intervalle la
Fête- Dieu fut établie dans les Eglises
d'Occident. Alors il n'y avoit personne
sur terre qui pût avoir vû l'an 1204. et
l'on ne prévoyoit point que de long-temps
l'occurrence pût arriver que cette nouvelle
Fête fit cesser celle de S. Jean ; le
Peuple en conclut aisément que ce ne
seroit qu'à la fin du Monde , et il fut
facile d'imaginer des mysticitez sur cette
rencontre, toute fortuite qu'elle est . Telle
est , selon ma pensée , l'origine de l'idée
роры-
MAR S. 1734. 489
populaire sur la concurrence des deux
Fêtes. Quoiqu'il ne soit pas tout- à - fait
si rare de voir arriver Pâques le 24 Avril ,
et parconséquent la Fête Dieu le 23 .
Juin , veille de la S. Jean , les Peuples
n'ont laissé d'inventer aussi un proverbe
à ce sujet , et de dire en ces sortes
de rencontres :
pas
·
Quand Jeanfait jeûner Dieu ,
La Paix regne en tout lieu.
Mais la fausseté de cet axiome vul
gaire a été si palpable de nos jours , qu'on
doit conclure que la Tradition n'est pas
mieux fondée d'un côté que d'un autre.
Qui, en effet, peut assurer qu'on jouissoit
d'une paix universelle l'an 1707. auquel
Jean fit jeûner Dieu , c'est à dire, que la
Fête de S. Jean étant arrivée le second
Vendredi d'après la Pentecôte , il fallut
observer le jeûne ( du moins en certains
Pays ) le jour précedent , qui étoit le
Jeudi de la grande Solemnité de la Fête-
Dieu ? Il est également faux de dire que
la paix regnât en tout lieu l'an 1639.
qui étoit dans le même cas. Et si l'on
vouloit prendre la peine de remonter à
toutes les années où se trouvent de telles
concurrences , pour une qu'on remarqueroit
avoir été paisible en France , on ers
D v trou-
*
490 MERCURE DE FRANCE
trouveroit trois autres qui auroient été
tumultueuses dans le Royaume , ou ailleurs.
Il en est de ces traditions comme
de celle qui courut sur la fin du dixiéme
siécle ; on croyoit alors que lorsque la
Fête de l'Annonciation arriveroit le Vendredy
Saint , le monde finiroit. Richard ,
Abbé de Saint- Benoît sur Loire , ordonna
à Abbon l'un de ses Religieux d'écrire
là - dessus , pour désabuser le Peuple qui
croyoit que dès que l'on compteroit l'an
mille , le Jugement viendroit . Ce fut en
992 que l'Annonciation arriva le Ven
dredy- Saint , et elle étoit déja arrivée le
mêmejour onze ans auparavant.
Si le peuple étoit capable d'entrer dans
des examens de Chronologie , il verroit
que tous les changemens annuels de la
solemnité Pascale sont appuyez sur certaines
révolutions reglées , et sont déterminés
par le cours des astres à un certain
intervalle que l'intervalle ordinaire
entre deux Pâques du 25 Avril est
de 95 ans mais qu'après que cet intervalle
a eu lieu trois fois , il en faut admettre
un de 247 ans , après quoi suit
encore à trois reprises d'intervalle de 95
ans , avant que celui de 247 ans revienne.
C'est ce qui paroît dans l'extrait des
Tables que je vous ai representé ci- dessus.
De
MARS 1734. 491
De l'année 45 de Jesus- Christ à l'année
140 , il y a 95 ans. De l'année 145 à
celle de 387 , il y a 247 ans. De 387 à
482 il y a 95 ans. De 482 à 577 il y a
95 ans, De 577 à 672 il y a pareillement
95 ans. Mais de 672 à 919 il y a 247 ans.
Après cela on compte comme on a déja
fait deux fois ; de 919 à 1014 , il y a 95
ans. De 1014 à 1109 aussi 95 ans ; et de
1109 à 1204 pareille quantité de 95 ans.
Suit le grand intervalle de 247 ans depuis
l'an 1204 jusqu'à l'an 1451. Et enfin
de 1451 à 1546 il y a 95 ans. On auroit
continué encore deux fois 95 ans sans
la réforme du Calendrier qui fût faite à
Rome en 1582 , par laquelle on retrancha
tout à coup dix jours du mois
d'Octobre de cette année- là ; c'est ce qui
fit
que la premiere Pâque du 25 Avril au
lieu de revenir l'an 1641 ar bout de 95
ans , n'est arrivée que 25 ns après ,
c'est-à- dire au bout de 120
is après la
précédente ; et la seconde Pâques du
même 25 Avril , au lieu d'être differée
jusqu'en 1736 au bout de 95 ans reïterez ,
a été fixée à l'an 1734. après lequel temis
je ne sçai en quelle année elle reviendra .
Vous avez dû apprendre par le Journal
des Scavans du présent mois de May à
l'article des Nouvelles Litteraires de
#
D vj
Flo-
༥
492 MERCURE DE FRANCE
Florence ; qu'un Curé du Diocèse de
Pistoye en Italie , ptétend démontrer
dans un nouveau Traité sur la Fête de
Pâques , que la Réformation Grégoriene
a besoin d'être reformée elle -même
à cause des erreurs qu'elle contient par
rapport à la Fête de Pâques . Attendons
que cet Ouvrage soit venu jusqu'à nous
pour juger de ces erreurs , et si le calcul
Grégorien des Clefs de la Fête de
Pâques est sujet à des inconvéniens prévus.
>
Il n'est pas à souhaitter pour la tranquillité
des Rubriquaires Ecclesiastiques
que la Fête de Pâques revienne souvent
le 25 Avril . Vous scavez que c'est un
jour qui a été chargé successivement de
deux différentes cérémonies , toutes les
deux incompatibles avec cette Fête : Premierement
on y établit à Rome une Procession
de pénitence qui a été reçûe dans
presque toutes les Eglises de l'Occident ;
et que depuis ce tems - là on y aussi attaché
la Fête de l'Evangeliste S. Marc. A
l'égard de la premiere , je croi que vous
ne doutez point , non plus. que moi ,
ce que je tiens de feu M. l'Abbé Chastelain
, Chanoine de N. D. de Paris , que
le
25 Avril avoit été consacré cbez les
Payens par des Processions pour les biens
de
de
MARS 1734: 497
de la Terre ; ce qu'ils appelloient les Robigales
ou les Ambarvales , ( circonstarce
ignorée par M. Baillet , ) et qu'en
mémoire de cela on éloigne encore à
Rome le moins qu'il est possible du 25.
Avril les Litanies Chrétiennes qui y ont
été substituées. Je ne puis vous entrete
nir cette fois- cy de la raison qui a fait
tourner l'annonce de cette Procession ,
de la maniere dont elle l'est dans les
Brefs d'Auxerre , que l'on a tâché depuis
quinze ans de rendre les plus curieux et
les plus instructifs de tout le Royaume .
En attendant que je m'étende là - dessus
dans un petit Traité sur les Processions
du Paganisme , observez , s'il vous plaît ,
que c'est avec prudence que , si l'on n'a
pas fixé les Litanies Romaines plus avant
dans l'année que le 25. Avril , c'a été
vrai - semblablement de crainte qu'elles ne
concourussent quelquefois avec les Litaniès
Gallicanes , appellées Rogations , qui
peuvent arriver le 27. 28. et 19. Avril
lorsque Pâques a été le 22. Mars ; et parce
que l'Eglise de Rome a été bien aise
que les Litanies fussent toujours célebrées
les premieres.
Ce 28. May 1733 .
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Résumé : LETTRE du S. de l'Eglise d'Auxerre, à M.... Chanoine de l'Eglise de C. touchant les traditions populaires, au sujet de l'occurrence de la Fête de Pâques, au 25 Avril.
La lettre du Seigneur de l'Église d'Auxerre, adressée à un chanoine de l'Église de C., traite des traditions populaires liées à la fête de Pâques tombant le 25 avril, comme ce sera le cas en 1734. Cette coïncidence fait que la Fête-Dieu se trouve le 24 juin, jour de la Nativité de Saint Jean-Baptiste, ce qui a donné lieu à un proverbe sur la fin du monde. L'auteur précise que cette croyance est récente, car la Fête-Dieu n'a été instituée qu'au treizième siècle. Avant cette période, Pâques pouvait tomber le 25 avril sans conflit avec la fête de Saint Jean-Baptiste. L'auteur examine les tables chronologiques pour montrer que cette coïncidence s'est produite treize fois depuis l'origine du christianisme. Il mentionne des erreurs dans les tables imprimées et corrige les dates. Il note également que la rareté de cette occurrence a pu encourager la création de dictons populaires. L'auteur souligne que la Fête-Dieu a été établie environ deux siècles et demi après la dernière occurrence de Pâques le 25 avril, ce qui a conduit à des interprétations mystiques. La lettre mentionne également un proverbe lié à la coïncidence entre la Fête-Dieu et la veille de la Saint Jean, mais elle conteste sa validité en citant des exemples de périodes tumultueuses. L'auteur conclut en expliquant les cycles réguliers des dates de Pâques, influencés par les révolutions astrales, et mentionne la réforme du calendrier grégorien qui a modifié ces cycles. Il exprime également son inquiétude concernant les cérémonies incompatibles avec Pâques tombant le 25 avril, comme les processions de pénitence et la fête de Saint Marc.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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