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1
p. 261-263
Mort de M. de Sainte Beuve. [titre d'après la table]
Début :
Quoy que la mort soit une Image funeste, il faut vous la [...]
Mots clefs :
Sainte Beuve, Médaille
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texteReconnaissance textuelle : Mort de M. de Sainte Beuve. [titre d'après la table]
Quoy que la mort ſoit une Image funeſte , il faut vous la Hij
176 LE MERCVRE
laiſſer encor un moment pour vous apprendre que ces mêmes morts ſubites qui nous ont ofté M. Leſeau, nous ont fait perdre auffi deux grands Hommesdans ce meſme Mois. L'un eſt M. de
Sainte Beuve , & l'autre M. Neuré. Le premier eftoit Do- cteur & Profeſſeur de Sorbonne, Homme d'une tres - pro fonde érudition , aimé non ſeu- lement de tous ceux qui le con- noiſſoient , mais encor de tous
ceux qui avoient entendu par- ler de fon merite. Le Clergé de France avoit une eſtime
toute particuliere pour luy , &
luy donnoit penſion. Il regloit un nombre infiny de confcien- ces , & il euft eſté mal-aiſé de
trouver un plus habile Caſuiſte.
Quoy qu'il n'ait jamais voulu permettre qu'on ait fait fon
GALANT. 177
Portrait pendant ſa vie , nous ne laiſſons pas de l'avoir par le talent merveilleux de M. Berthinet , qui a eſté Payeur des
Rentes de l'Hoſtel de Ville de
Paris. Il a l'imagination fi vive,
que ſur le ſouvenir qu'il a con- fervé de ſes traits , il en a fait la
Medaille en cire apres ſa mort,
avec l'admiration & l'étonnement de tous ceux qui l'ont connu. On dit qu'ilen a fait
une de bronze du Roy , par cette meſme force d'imagina- tion , dont Sa Majesté a eſté tres - fatisfaite. Beaucoup de Perſonnes de la premiere Qua- lité qui ont veu cette Medaille,
en parlent comme d'une merveille.
176 LE MERCVRE
laiſſer encor un moment pour vous apprendre que ces mêmes morts ſubites qui nous ont ofté M. Leſeau, nous ont fait perdre auffi deux grands Hommesdans ce meſme Mois. L'un eſt M. de
Sainte Beuve , & l'autre M. Neuré. Le premier eftoit Do- cteur & Profeſſeur de Sorbonne, Homme d'une tres - pro fonde érudition , aimé non ſeu- lement de tous ceux qui le con- noiſſoient , mais encor de tous
ceux qui avoient entendu par- ler de fon merite. Le Clergé de France avoit une eſtime
toute particuliere pour luy , &
luy donnoit penſion. Il regloit un nombre infiny de confcien- ces , & il euft eſté mal-aiſé de
trouver un plus habile Caſuiſte.
Quoy qu'il n'ait jamais voulu permettre qu'on ait fait fon
GALANT. 177
Portrait pendant ſa vie , nous ne laiſſons pas de l'avoir par le talent merveilleux de M. Berthinet , qui a eſté Payeur des
Rentes de l'Hoſtel de Ville de
Paris. Il a l'imagination fi vive,
que ſur le ſouvenir qu'il a con- fervé de ſes traits , il en a fait la
Medaille en cire apres ſa mort,
avec l'admiration & l'étonnement de tous ceux qui l'ont connu. On dit qu'ilen a fait
une de bronze du Roy , par cette meſme force d'imagina- tion , dont Sa Majesté a eſté tres - fatisfaite. Beaucoup de Perſonnes de la premiere Qua- lité qui ont veu cette Medaille,
en parlent comme d'une merveille.
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Résumé : Mort de M. de Sainte Beuve. [titre d'après la table]
Le texte évoque la mort de deux personnalités françaises au cours du même mois. La première est M. de Sainte Beuve, docteur et professeur à la Sorbonne, reconnu pour son érudition et apprécié par tous. Le clergé français lui accordait une pension et le considérait comme un casuiste compétent, régissant de nombreuses confessions. Bien qu'il ait refusé de poser pour un portrait de son vivant, M. Berthinet, payeur des rentes de l'Hôtel de Ville de Paris, a créé une médaille en cire de Sainte Beuve après sa mort, suscitant admiration et étonnement. Berthinet a également réalisé une médaille de bronze du roi, très appréciée par Sa Majesté et par de nombreuses personnes de haut rang.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 242-254
SONGE D'ARISTE. A PHILEMON. Sur le Projet de la Médaille de BEL ESPRIT.
Début :
Je ne me souviens point Philemon, d'avoir fait de Songe [...]
Mots clefs :
Duc, Songe, Dames, Maison de campagne, Nature, Savants, Tragédie, Bel esprit, Âme, Émotions, Coeur, Auteurs, Médaille, Ouvrages, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : SONGE D'ARISTE. A PHILEMON. Sur le Projet de la Médaille de BEL ESPRIT.
SONGE D'ARISTE .
I
A PHILEMON.
Sur le Projet de la Médaille de
- BEL ESPRIT.
E ne me fouviens point Philemon
, d'avoir fait de Songe
plus agréable , que celuy que je
fis l'année derniere à .... Mai.
fon de Plaisance de M' le Duc
de .... éloignée de Paris de cinq
lieuës . Le recit en a paru fi nouveau
& fi fingulier , que je me fuis
trouvé engagé d'en faire plufieurs
Copies , pour fatisfaire les
Dames fçavantes que vous connoiffez.
du Mercure Galant.
243
La Saifon ne pouvoit eftre alors
plus agréable pour paffer quelque
temps à la Campagne , ny
le lieu où je me trouvois plus délicieux
pour en joüir. La Maifon
de ce Duc eft baftie fur une
éminence. Il y a des Jardins, des
Bois , des Plaines & des Colines,
& cette forte de décoration ne
peut eftre plus belle , parce qu'
elle ne peut eftre plus diverfifiée.
Elle prefente tantoft toutes ces
chofes enſemble à la veuë &
tantoft en particulier , & avec
tant de plaifir , que la veuë mef
me en demeure quelquefois confuſe
, ne fçachant de quelle maniere
elle doit fe divertir le plus .
Entre les beautez de cette Maifon
, on compte de tres- grandes
décentes d'efcalier , ornées de
X ij
244
Extraordinaire
baluftres , qui fe détachant ma
jeftueufement de ce Bâtiment fuperbe
, par un double rang , dé
cendent par une grande longueur
de chemin , prefque jufqu'au
bord de la Seine , qui en
ferpentant doucement , s'écoule
dans la Plaine , & par une fuite
affez lente , & par plufieurs détours
va agréablement chercher
fon lit. Comme il y a plufieurs
terraffes les unes fur les autres , les
veuës y font fi belles & fi étéduës,
que plufieurs fois elles font au
delà de la portée de la veuë même
& les dernieres femblent toûjours
eftre plus agreables & plus
charmantes que les premieres.
C'eft dans ce fejour enchanté que
j'ay fait le Songe dont vous allez
lire le recit.
du Mercure Galant.
245
peut
Je m'imaginay entendre plu
fieurs Sçavans qui difputoient enfemble
fur la connoiffance des
veritables beautez de la Tragedie.
On difoit
que ce n'eftoit pas affez
que la Tragédie fe fervift des avantures
les plus touchantes , & les
plus terribles que l'Histoire
fournir , pour exciter dans le
coeur les mouvemens qu'elle prétend
, afin de guerir l'efprit des
vaines frayeurs , qui font capables
de le troubler , & des fottes
compaffions qui le peuvent amolir.
Il faut encore , difoit on,
que le Poëte mette en ufage ces
grands objets de terreur & de pitié
, comme les deux plus puiffans
refforts qu'ait l'Art pour pro
duire le plaifir que peut donner
la Tragedie , & ce plaifir qui eft
"
X iij
246
Extraordinaire
proprement celuy de l'efprit ,
confifte dans l'agitation de l'ame
émeuë par les paffions . La Tragédie
ne devient agréable au
Spectateur , que parce qu'il de.
vient luy-mefme fenfible à tout
ce qu'on luy repréfente ; qu'il entre
dans tous les differens fentimens
des Acteurs ; qu'il s'intereſ
fe dans leurs avantures ; qu'il
craint & qu'il efpére ; qu'il s'afflige
, & qu'il fe réjoüit avec eux .
Le Theatre eft froid & languiffant
dés qu'il ceffe de produire
ces mouvemens dans l'ame des
Spectateurs , mais comme de toutes
les paffions la crainte & la pitié
font celles qui font de plus
grandes impreffions fur le coeur
de l'Homme , par la difpofition
naturelle qu'il à à s'épouvanter
du Mercure Galant. 247
> & à s'attendrir Ariftote les a
choifies entre les autres pour tou
cher davantage les efprits , par
ces fentimens tendres qu'elles
caufent quand le coeur s'en laiffe
penétrer. En effet , dés que l'ame
eft ébranlée par des mouvemens
fi naturels & fi humains,
toutes les impreffions qu'elle reffent
luy deviennent agréables.
Son trouble luy plaift , & ce qu'-
elle.reffent d'émotion , eft pour
elle une espéce de charme qui la
jette dans une douce & profonde
réverie , & qui la fait entrer infenfiblement
dans tous les intérefts
qui jouent fur le Theatre.
C'est alors que le coeur s'abandonne
à tous les objets qu'on luy
propofe , que toutes les Images
le frappent , qu'il époufe tous les
X iiij
248
Extraordinaire
fentimens de tous ceux qui parlent
, & qu'il devient fufceptible
de toutes les paffions qu'on luy
montre , parce qu'il eft émeu , &
c'eſt dans cette émotion que confifte
tout le plaifir qu'on eft capable
de recevoir en voyant repréfenter
une Tragédie , car l'efprit
de l'Homme fe plaift aux mouvemens
differens que luy caufent
les differens objets , & les diver-
Les paffions qu'on luy expofe.
C'eſt par cét Art admirable que
L'Oedipe de Sophocle ( dont Ariftote
parle toûjours comme du
modelle le plus achevé de la Tragedie
) faifoit de fi grands effets
fur le Peuple d'Athénes lors
qu'on le repréfentoit , & ce n'eft
pas fans raifon que.... Ces régles
& ces remarques font fort juſtes,
du Mercure Galant. 249
1
;
mais
interrompit quelqu'un de la
Compagnie , & l'exemple d'Oe.
dipe eft tout à fait beau
tout le Monde ne peut pas porter
la gloire de la compofition auffi
haut que les illuftres Corneilles
& Racine. Il eft quantité de jeu
nes. Autheurs & de Plumes naiffantes
, qui n'afpirent pas à la
gloire de Virgile ny d'Horace ,
mais cependant chacun d'eux a
fon talent different , & fon merite
particulier , & quoy que plu .
Leurs.Perfonnes n'ayent pas l'efprit
tout à fait fublime , ny du
premier ordre , ils ne laiffent
pas
de prétendre aux honneurs du
Parnaffe à proportion de ce
qu'on les eftime . On dit à ce fujet
que quelques Académies d'Italie
ont étably un Ordre , qui eft une
250 Extraordinaire
certaine marque d'honneur qu'on
appelle Médaille de Bel Efprit. Elle
eft d'or. Il y a d'un coſté le
Portrait du Prince , & de l'autre
la Devife de l'Académie de la
Ville . On la donne , ou l'on permet
d'en acheter à ceux , qui de
temps en temps ont fait part au
Public de quelques Ouvrages en
Vers ou en Profe ; les Dames mefme
n'en font point excluës . On
porte cette Médaille avec un
Cordon bleu paffé en Baudrier
entre leJufte-au- corps & laVeſte,
& ceux qui ont moins de vanité
la portent feulement attachée à
une
boutonniere du Jufte-aucorps
, & les Dames à l'endroit
où elles mettent ordinairement
la Croix de Diamants. On la reçoit
des mains du Protecteur de
du Mercure Galant. 251
l'Académie , avec les Lettres Patentes
qui donnent permiffion de
la porter publiquement .
Cette Médaille a de grands
priviléges d'honneur . Elle fert
de paffe -port pour l'entrée libre
dans toutes les Maifons des Princes
aux cerémonies , & aux feftes.
publiques . On doit remarquer
qu'il faut que les ajuſtemens des
habits foient d'une telle propretė
ou régularité , qu'ils ne faffent
point de tort aux Chevaliers du
Mont Parnaffe ; car nous fommes
dans un Siecle où les Sçavans qui
paroiffent indigens , n'ont pas un
accez fort facile dans la Maifon
des Princes.
Cette marque d'honneur
n'eſt
point heréditaire
, & ne peut fervir
qu'à celuy qui a merité de la
2.5,2
Extraordinaire
porter pendant la vie . Parla fuite
des temps , on peut avoir place
dans l'Académie , & l'on eft
choififans qu'il foit néceſſaire de
briguer , ny de s'expliquer fur ce
deffein . On ne connoift la pluf
part des Autheurs que de nom
& par leurs Ouvrages , & leur
viſage eft fouvent inconnu ; mais
cette glorieuſe marque de diftination
les fait reconnoiftre de tout
le monde , envier de quelques-
& eftimer des autres . Cela
fert d'émulation
à pluſieurs pour
meriter cette récompenfe
de
merite.Il feroit à fouhaiter, reprit
un autre , que cette glorieuſe Intitution
paffaft jufqu'en France.
On ne prétendroit pas tourner la
chofe en artifice , pour ufurper le
droit que plufieurs Perfonnes ont
uns ,
du Mercure Galant. 253
de porter des marques de leur
- qualité , & les Médailles de Bel
Esprit feroient formées de telle
maniere , qu'elles feroient aifément
reconnues de tout le Monde
pour ce qu'on prétendroit feulement
qu'elles fignifiaffent.
Chacun parut approuver ce
deffein , & délibera de la maniere
de dreffer un élegant Placet pour
préfenter au Roy.
Uue Etoille brillante , qui porta
fa lumiere fur mes yeux , m'éveilla
dans ce moment , & depuis
j'ay conté mon Songe à bien
des Gens qui ne defefperent pas
de la réüffite du projet , pourveu
que les beaux Efprits qui font
en faveur , y prennent part . En
effet, Philemon , l'expérience fait
voir que les chofes qui flattent
254
Extraordinaire
& la vanité , l'amour propre
troduifent aifément.
C. D. S.
I
A PHILEMON.
Sur le Projet de la Médaille de
- BEL ESPRIT.
E ne me fouviens point Philemon
, d'avoir fait de Songe
plus agréable , que celuy que je
fis l'année derniere à .... Mai.
fon de Plaisance de M' le Duc
de .... éloignée de Paris de cinq
lieuës . Le recit en a paru fi nouveau
& fi fingulier , que je me fuis
trouvé engagé d'en faire plufieurs
Copies , pour fatisfaire les
Dames fçavantes que vous connoiffez.
du Mercure Galant.
243
La Saifon ne pouvoit eftre alors
plus agréable pour paffer quelque
temps à la Campagne , ny
le lieu où je me trouvois plus délicieux
pour en joüir. La Maifon
de ce Duc eft baftie fur une
éminence. Il y a des Jardins, des
Bois , des Plaines & des Colines,
& cette forte de décoration ne
peut eftre plus belle , parce qu'
elle ne peut eftre plus diverfifiée.
Elle prefente tantoft toutes ces
chofes enſemble à la veuë &
tantoft en particulier , & avec
tant de plaifir , que la veuë mef
me en demeure quelquefois confuſe
, ne fçachant de quelle maniere
elle doit fe divertir le plus .
Entre les beautez de cette Maifon
, on compte de tres- grandes
décentes d'efcalier , ornées de
X ij
244
Extraordinaire
baluftres , qui fe détachant ma
jeftueufement de ce Bâtiment fuperbe
, par un double rang , dé
cendent par une grande longueur
de chemin , prefque jufqu'au
bord de la Seine , qui en
ferpentant doucement , s'écoule
dans la Plaine , & par une fuite
affez lente , & par plufieurs détours
va agréablement chercher
fon lit. Comme il y a plufieurs
terraffes les unes fur les autres , les
veuës y font fi belles & fi étéduës,
que plufieurs fois elles font au
delà de la portée de la veuë même
& les dernieres femblent toûjours
eftre plus agreables & plus
charmantes que les premieres.
C'eft dans ce fejour enchanté que
j'ay fait le Songe dont vous allez
lire le recit.
du Mercure Galant.
245
peut
Je m'imaginay entendre plu
fieurs Sçavans qui difputoient enfemble
fur la connoiffance des
veritables beautez de la Tragedie.
On difoit
que ce n'eftoit pas affez
que la Tragédie fe fervift des avantures
les plus touchantes , & les
plus terribles que l'Histoire
fournir , pour exciter dans le
coeur les mouvemens qu'elle prétend
, afin de guerir l'efprit des
vaines frayeurs , qui font capables
de le troubler , & des fottes
compaffions qui le peuvent amolir.
Il faut encore , difoit on,
que le Poëte mette en ufage ces
grands objets de terreur & de pitié
, comme les deux plus puiffans
refforts qu'ait l'Art pour pro
duire le plaifir que peut donner
la Tragedie , & ce plaifir qui eft
"
X iij
246
Extraordinaire
proprement celuy de l'efprit ,
confifte dans l'agitation de l'ame
émeuë par les paffions . La Tragédie
ne devient agréable au
Spectateur , que parce qu'il de.
vient luy-mefme fenfible à tout
ce qu'on luy repréfente ; qu'il entre
dans tous les differens fentimens
des Acteurs ; qu'il s'intereſ
fe dans leurs avantures ; qu'il
craint & qu'il efpére ; qu'il s'afflige
, & qu'il fe réjoüit avec eux .
Le Theatre eft froid & languiffant
dés qu'il ceffe de produire
ces mouvemens dans l'ame des
Spectateurs , mais comme de toutes
les paffions la crainte & la pitié
font celles qui font de plus
grandes impreffions fur le coeur
de l'Homme , par la difpofition
naturelle qu'il à à s'épouvanter
du Mercure Galant. 247
> & à s'attendrir Ariftote les a
choifies entre les autres pour tou
cher davantage les efprits , par
ces fentimens tendres qu'elles
caufent quand le coeur s'en laiffe
penétrer. En effet , dés que l'ame
eft ébranlée par des mouvemens
fi naturels & fi humains,
toutes les impreffions qu'elle reffent
luy deviennent agréables.
Son trouble luy plaift , & ce qu'-
elle.reffent d'émotion , eft pour
elle une espéce de charme qui la
jette dans une douce & profonde
réverie , & qui la fait entrer infenfiblement
dans tous les intérefts
qui jouent fur le Theatre.
C'est alors que le coeur s'abandonne
à tous les objets qu'on luy
propofe , que toutes les Images
le frappent , qu'il époufe tous les
X iiij
248
Extraordinaire
fentimens de tous ceux qui parlent
, & qu'il devient fufceptible
de toutes les paffions qu'on luy
montre , parce qu'il eft émeu , &
c'eſt dans cette émotion que confifte
tout le plaifir qu'on eft capable
de recevoir en voyant repréfenter
une Tragédie , car l'efprit
de l'Homme fe plaift aux mouvemens
differens que luy caufent
les differens objets , & les diver-
Les paffions qu'on luy expofe.
C'eſt par cét Art admirable que
L'Oedipe de Sophocle ( dont Ariftote
parle toûjours comme du
modelle le plus achevé de la Tragedie
) faifoit de fi grands effets
fur le Peuple d'Athénes lors
qu'on le repréfentoit , & ce n'eft
pas fans raifon que.... Ces régles
& ces remarques font fort juſtes,
du Mercure Galant. 249
1
;
mais
interrompit quelqu'un de la
Compagnie , & l'exemple d'Oe.
dipe eft tout à fait beau
tout le Monde ne peut pas porter
la gloire de la compofition auffi
haut que les illuftres Corneilles
& Racine. Il eft quantité de jeu
nes. Autheurs & de Plumes naiffantes
, qui n'afpirent pas à la
gloire de Virgile ny d'Horace ,
mais cependant chacun d'eux a
fon talent different , & fon merite
particulier , & quoy que plu .
Leurs.Perfonnes n'ayent pas l'efprit
tout à fait fublime , ny du
premier ordre , ils ne laiffent
pas
de prétendre aux honneurs du
Parnaffe à proportion de ce
qu'on les eftime . On dit à ce fujet
que quelques Académies d'Italie
ont étably un Ordre , qui eft une
250 Extraordinaire
certaine marque d'honneur qu'on
appelle Médaille de Bel Efprit. Elle
eft d'or. Il y a d'un coſté le
Portrait du Prince , & de l'autre
la Devife de l'Académie de la
Ville . On la donne , ou l'on permet
d'en acheter à ceux , qui de
temps en temps ont fait part au
Public de quelques Ouvrages en
Vers ou en Profe ; les Dames mefme
n'en font point excluës . On
porte cette Médaille avec un
Cordon bleu paffé en Baudrier
entre leJufte-au- corps & laVeſte,
& ceux qui ont moins de vanité
la portent feulement attachée à
une
boutonniere du Jufte-aucorps
, & les Dames à l'endroit
où elles mettent ordinairement
la Croix de Diamants. On la reçoit
des mains du Protecteur de
du Mercure Galant. 251
l'Académie , avec les Lettres Patentes
qui donnent permiffion de
la porter publiquement .
Cette Médaille a de grands
priviléges d'honneur . Elle fert
de paffe -port pour l'entrée libre
dans toutes les Maifons des Princes
aux cerémonies , & aux feftes.
publiques . On doit remarquer
qu'il faut que les ajuſtemens des
habits foient d'une telle propretė
ou régularité , qu'ils ne faffent
point de tort aux Chevaliers du
Mont Parnaffe ; car nous fommes
dans un Siecle où les Sçavans qui
paroiffent indigens , n'ont pas un
accez fort facile dans la Maifon
des Princes.
Cette marque d'honneur
n'eſt
point heréditaire
, & ne peut fervir
qu'à celuy qui a merité de la
2.5,2
Extraordinaire
porter pendant la vie . Parla fuite
des temps , on peut avoir place
dans l'Académie , & l'on eft
choififans qu'il foit néceſſaire de
briguer , ny de s'expliquer fur ce
deffein . On ne connoift la pluf
part des Autheurs que de nom
& par leurs Ouvrages , & leur
viſage eft fouvent inconnu ; mais
cette glorieuſe marque de diftination
les fait reconnoiftre de tout
le monde , envier de quelques-
& eftimer des autres . Cela
fert d'émulation
à pluſieurs pour
meriter cette récompenfe
de
merite.Il feroit à fouhaiter, reprit
un autre , que cette glorieuſe Intitution
paffaft jufqu'en France.
On ne prétendroit pas tourner la
chofe en artifice , pour ufurper le
droit que plufieurs Perfonnes ont
uns ,
du Mercure Galant. 253
de porter des marques de leur
- qualité , & les Médailles de Bel
Esprit feroient formées de telle
maniere , qu'elles feroient aifément
reconnues de tout le Monde
pour ce qu'on prétendroit feulement
qu'elles fignifiaffent.
Chacun parut approuver ce
deffein , & délibera de la maniere
de dreffer un élegant Placet pour
préfenter au Roy.
Uue Etoille brillante , qui porta
fa lumiere fur mes yeux , m'éveilla
dans ce moment , & depuis
j'ay conté mon Songe à bien
des Gens qui ne defefperent pas
de la réüffite du projet , pourveu
que les beaux Efprits qui font
en faveur , y prennent part . En
effet, Philemon , l'expérience fait
voir que les chofes qui flattent
254
Extraordinaire
& la vanité , l'amour propre
troduifent aifément.
C. D. S.
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Résumé : SONGE D'ARISTE. A PHILEMON. Sur le Projet de la Médaille de BEL ESPRIT.
Le texte 'SONGE D'ARISTE' est une lettre adressée à Philemon, dans laquelle l'auteur décrit un rêve agréable qu'il a fait à la campagne, dans la maison du Duc de..., située à cinq lieues de Paris. Cette demeure, construite sur une éminence, offre une vue diversifiée et agréable sur les jardins, bois, plaines et collines. Elle est également ornée de grandes descentes d'escalier avec des balustres, menant jusqu'à la Seine. Dans ce rêve, l'auteur assiste à une dispute entre savants sur les beautés de la tragédie. Les savants discutent de l'importance des mouvements du cœur et des passions, notamment la crainte et la pitié, pour rendre une tragédie agréable. Selon Aristote, ces passions touchent davantage les esprits et causent des impressions agréables sur l'âme. La conversation aborde également la diversité des talents et des mérites des auteurs. Elle mentionne la 'Médaille de Bel Esprit', décernée par certaines académies italiennes pour récompenser les œuvres en vers ou en prose. Cette médaille, portée avec fierté, offre des privilèges d'honneur et n'est pas héréditaire. Elle stimule l'émulation parmi les auteurs. L'auteur exprime le souhait que cette institution soit adoptée en France afin de reconnaître et honorer les beaux esprits. Un éclair le réveille, et il partage son rêve avec plusieurs personnes, espérant que les beaux esprits en faveur soutiendront le projet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 8-98
Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
C'est le dessein d'une These pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Louis le Grand, Roi, Louis XIV, Thèse, Monarques, Monarque, Ouvrage, Actions, Paix, 1684, 1685, Médaille, Mots, Ordre, France, Royaume, 1677, Villes, Parler, Histoire, Marquer, Détail, Événements, Paroles, Armes, Clémence, Couronne, Thèses, Conduite, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
C'est le des.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
Fermer
4
p. 161-162
Médaille gravée à la gloire de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
La Médaille que vous trouverez icy gravée, vous doit estre [...]
Mots clefs :
Prince, Duc, Médaille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Médaille gravée à la gloire de ce Prince. [titre d'après la table]
I*a Médaille ^uc vous trou^
verez icy gravée , vous doit*
estre un present fort agrea
ble y puisque la face droite.
vous fera voir le Portrait de.'
ce grand Prince. 11 est à che
val dans le Revers , où Yom
ranvier ifâf. Q;
ifè MF.RCUR1
voit urt Arc. de Triomphe
qu'il a de'ja paíïe. On remar
que qu'il en montre le chemin
à Monsieur le Prince son
Fikqui est presque deíïòus^
& qui le montre luy-mefme
à Monsieur le Duc dont il
est suivy. On y lit ces paro
les , Filtre iviam monfimnte»
verez icy gravée , vous doit*
estre un present fort agrea
ble y puisque la face droite.
vous fera voir le Portrait de.'
ce grand Prince. 11 est à che
val dans le Revers , où Yom
ranvier ifâf. Q;
ifè MF.RCUR1
voit urt Arc. de Triomphe
qu'il a de'ja paíïe. On remar
que qu'il en montre le chemin
à Monsieur le Prince son
Fikqui est presque deíïòus^
& qui le montre luy-mefme
à Monsieur le Duc dont il
est suivy. On y lit ces paro
les , Filtre iviam monfimnte»
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5
p. 34-58
Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 13. ils partirent pour aller coucher à Cambray, [...]
Mots clefs :
Cambrai, Ville, Comte de Monbron, Roi, Citadelle, Place, Médaille, Peuples, Harangue, Ambassadeurs, Archevêque, Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Le lendemain 13. ils partirentpour
aller coucher àCambray
, & leur fortie fut auffi
éclatante qu'avoit eſté leur en
des Amb. de Siam. 35
:
trée. Cambray eſt une des plus
fortes Villes de l'Europe. Elle
eſt grande , belle , bien bâtie
, & fituée fur l'Elcaut qui
la traverſe d'un coſté. Elle
a double Citadelle. L'Egliſe
Metropolitaine de Notre-
Dame eſt tres - magnifique .
Son Chapitre eft compoſé de
48. Chanoines , & de 95. Eccleſiaſtiques
qui fervent dans
cette Eglife. L'Eveſché qui
avoit efté uny à celuy d'Arras
juſqu'à l'an 1095. fut erigé en
Archeveſché en 1559. par le
Pape Paul II. On tient que
Clodion conquit cette Villa
36 IV. P. du Voyage
en 445. Apres avoir eſté le
partage de Charles le Chauve
en 843. elle devint le ſujet de
la Guerre entre les Rois de
France , les Empereurs & les
Comtes de Flandre. Baudoüin
I. Comte de Flandre , l'ayant
prife & donnée à fon Fils Raoul
, les Empereurs ne laiſſerent
point de la declarer Cité
libre , fans que les François
cedaffent leurs droits . Charles
Quint ne voulut point s'en
tenir à la neutralité que le Roy
François I. luy avoit accordée.
Cet Empereur la prit en 1543 .
&fit bâtir une Citadelle aux
des Amb de Siam. 37
dépens des Habitans , auf
quels il fit croire que c'eſtoit
pour empêcher que les François
ne s'en emparaffent. Le
Duc d'Alençon Frere du Roy
Henry III . ayant eſté fait
Comte de Flandre, fut auffi
Maiſtre de Cambray. Il remit
cette Place à Jean de Montluc
Seigneur de Balagny , qui
prit le party de la ligue , &
fit enſuite ſa Paix avec le Roy
Henry IV. qui le fit Prince de
Cambray , & Marefchal de
France. Ce fut fur luy que les
Eſpagnols ſurprirent cette
Ville en 1595. Ils la fortifie38
IV. P. du Voyage
:
rent , y entretinrentunegroffe
Garnifon , & elle paffoit
pour une Place imprenable ,
mais elle ne l'a pas efté
pour LOUIS LE GRAND ,
qui apres avoir pris la Ville en
peu de jours, força laCitadelleà
ſe rendre le 16. Mars 1677.
La grande Citadelle qui eſt ſur
un lieu éminent , commande
toute la Ville , & a ſes foſſez
taillez dans le roc. Ceux qui
entourent les murailles de la
Ville ſont profonds & larges,
& ces murailles ſont reveſtuës
de bons Baſtions . Cambray
eſt defendu par un Fort du
des Amb. de Siam. 39
côté de la Riviere , & comme
la Ville eſt dans un Pays afſez
bas de ce côté-là , on en
pourroit inonder les environs
eny lâchant les Ecluſes ; les
autres Forts ſont auſſi tresimportans
. De grandes & belles
ruës aboutiſſent à la Place
où eſt la Maiſon de Ville .
C'eſt un magnifique Bâtiment
orné d'une Horloge tres-curieuſe
, que les Eſtrangers y
vont admirer. Male Comte
de Monbron , Gouverneur de
cette Place, envoya la Cavale.
rie au devant des Ambaffadeurs
juſques à moitié che
40 IV . P. du Voyage
mın de Valencienues. Ils trou
verent en approchant de la
Ville une fort grande quantité
de Peuple , & M. le Comte
de Monbron qui les attendoit
à la porte. Ils entreren
au bruit du Canon , & au tra
vers de l'Infanterie de laGar
nifon qui formoit deux haye
juſqu'à leur logis , au devan
duquel toute cette Infanterie
fit une décharge fi-tôt qu'ils
y furent arrivés. Ma le Comte
de Monbron s'y rendit peu
de temps aprés , & leur preſenta
Mdu Magiftrat , &
M Defgruſeliers , premier
Confeiller
des Amb. de Siam. 41
Conſeiller Penfionnaire , en
Robe , & Bonnet de velours
noir , qui leur fit le diſcours
fuivant.
MESSEIGNEURS,
L'honneur que la France vient
de recevoir par l' Ambaffade que le
trés-puiffantRoy de Siam a envoyée
à nostre invincible Monarque, fait
bien voir que l'éclat de fes Vertus
héroïques a prévalufur celuy defes
trésors & de ses finances. En effet,
la charmante conduite que Sa Ma
jefté tient pour gouvernerses peuples
, donne de l'admiration à toute
la terre , & ce n'est pas fans fujet
que le Roy vostre Maistre a voulu
Sefaire instruire de fes belles maxi-
D
42 IV. P. du Voyage
mes pour s'en fervir à l'égard de
fes Sujets , & les rendre heureux
par l'administration de la Iustice.
Cette Ambaſſade, Meßeigneurs, eft
d'autant plus celebre qu'elle s'eft
faite de la part du plus puiſſant
Roy de l'orient , au plus glorieux
Monarque de l'Europe ; &fi l'on
confulte l'Histoire , il ne s'est rien
vû de pareil depuis plusieurs fiecles,
fi ce n'est lorſque Charlemagne
, premier Empereur du Nom
François , ayant humilié l'infolence
l'impieté des Lombards, &affeuré
le Souverain Pontife Adrien I.
dansfon Pontificat, receut de luy la
Couronne Imperiale,&peu de temps
aprés les Ambaſſades des Rois de
Perse & de Fez , Celle que vos
Excellences viennent de faire , s'a
dreſſe à Louis le Grand, digne he-
7
des Amb. de Siam. 43.
ritier des Vertas de ce faint Empereur
, pour avoir donné la paixó
le repos à toute la Chreftienté , &
chaßé de ses Estats les Heresies de
Luther & de Calvin .
Heureux les Peuples qui vivent
Sous cette agreable domination ,
plus heureux encore ceux du grand
Roy de Siam , si profitant des travaux
& des lumieres que vos Excellences
leur donneront, ils parviennent
àla connoiſſance du grandRoy
du Ciel & de la Terre, &joüiffent
du bonheur d'estre gouvernez avec
La mefme douceur, que la bonté de
nostre grand Roy fait goûter àses
fidelles Sujets. C'est à cette fin que
nous leur adreſſons leſouhait duPoëte,
Vivite fælices, quibus eſt fortuna peracta,
Vobis parta quics eft, nullum jam æquor arang
dum,
/
Di
44 IV. P. du Voyage
Loüiffez , Peuples de Siam, de la
douceur du repos, puisque vos illuftres
Ambassadeurs vont repaffer les
mers pourvous porter les belles maximes
d'y parvenir & vous rendre
keureux dans la fuite de tous les
temps. C'est leſouhait que font avec
beaucoup de respect &de tendreſſe,
à vos Excellences , le Magistrat &
Peuple de la Ville de Cambray.
Cette harangue fut ſuivie
du preſent d'une Medaille
d'or du poids de vingt-ſept
piſtoles , dont la face droite
repreſente le Roy avec ces
mots Ludovico Victore
Pacis datore. La Ville de Cambray
paroift au revers avec
د
desAmb. de Siam. 45
ces paroles dulcius vivimus.
Toutes ces Lettres font numerales
hormis la lettre S , &
font enſemble l'an 1678. qui
fuit celle de la reduction de
cette Place en l'obeïſſance du
Roy , & dans laquelle ces
Peuples comencerent à reſſentir
les douceurs du Gouvernement
de Sa Majesté , ainſi
qu'ils le publient par le revers
de la Medaille qu'ils ont
eux-meſmes fait frapper.Cette
Medaille avoit eſté preſentée
au Roy en 1678. au
nom de la Ville de Cambray
par M Defgrufeliers , qui
r
46 IH. P. du Voyage
bien qu'il en ſoit l'Autheur ,
n'a cherché qu'à exprimer les
fentiments du Peuple. Lors
qu'ik la preſenta aux Ambaffadeurs
, il leur dit que cette
Medaille fervoit de preuve incontestable
de la fatisfaction que
Le Peuple de Cambray avoit
d'eftre au nombre des Sujets du
Roy, & qu'ils souhaitoient que
tous les Peuples du Monde en
puffent estre informés.
Le Diſtique ſuivant eſtoit
dansl'envelope de laMedaille.
Vicifti , Princeps , Vrbi pacemque dediſti
Qui Rex &Pater es , dulcius eße dabis.
des Amb. de Siam. 47
,
On preſenta enfuite aux
Ambaſſadeurs trois pieces de
toile tres-fine , de la fabrique
de Cambray & nommée
dans le Commerce , Toile de
Cambray depuis pluſieurs Siecles.
L'Ambaſſadeur répondit
que le Roy leur avoit fait
rendre de grands honneurs , en
les faiſant recevoir magnifiquement
dans tous les lieux où ils
avoient paffé ; qu'on leur avoit
montré par fon ordre toutes ses
Maiſons Royales , & tout ce
que ce Monarque a de plus curieux
; qu'on leur avoit fait voir
une partie de ſes Conquestes , où
48 IV . P. du Voyage
l'on n'avoit rien oublié pour leur
marquer l'estime qu'on a pour
le Roy leur Maître , à qui ils
feroient à leur retour un recit
fidelle de tous les honneurs qu'ils
avoient receus , & qu'ils n'oublieroient
pas de luy remettre entre
les mains la Medaille repre-
Sentant Sa Majesté, &la Ville
de Cambray , afin que la memoire
en fûtconfervée chez eux
pendant tous les Siecles à venir.
Ils ajoûterent qu'ils eftimoient
cette Medaille plus d'un million,
&aprés avoir remercié Ms
duMagiftrat, de l'exactitude
avec laquelle ils leur rendoier
tant
des Amb. de Siam. 49
d'honneurs , le premier Ambaffadeur
demanda une Co
pie de la harangue qui leur
venoit d'eſtre faite , afin , ditil
, qu'ils la puſſent admirer avec
reflexion . M l'Archevef
que de Cambray les vint
voir le meſme ſoir , ils en témoignerent
beaucoup de
joye , parce qu'ils avoient
oüy parler de ſon grand merite
, & qu'ils ont beaucoup
de confideration pour les perſonnes
de ſon caractere. Ils
avoient avec eux deux Interpretes,
dont l'un s'eſt mis depuis
pluſieurs années dans la
E
So IV. P. du Voyage
Miffion qui s'eſt établie à
Siam ; il eſt déja dans les
Ordres ; il parle bien François
, & encore mieux Latin
&ſe nomme M Antoine.M
l'Archeveſque de Cambray
qui en avoit oüy dire beaucoup
de bien, l'émena ſouper
avec luy,&le fit coucher dans
l'Archeveſché. Il luy demanda
quantité de choſes touchant
le Royaume de Siam,
&fut tres-content de ſes réponſes
. Ce Prélat luy donna
un Chapelet avec des Medailles
d'or.
Aprés qu'il eut quitté les
des Amb. de Siam. st
Ambaſſadeurs, M¹ le Comte
de Monbron leur demanda
l'ordre , & ils donnerent
pour mot , Fidelle à fon
choix , ce qui marque que
ce Comte fert le Roy avec
beaucoup d'ardeur & de
fidelité , & qu'il ne dément
point la bonne opinion que
Sa Majefté a euë de luy, en
commençant à reconnoiſtre
ſon merite& ſes ſervices, dans
un âge ou beaucoup d'autres
ne font pas en eſtat de recevoir
ſi- toſt de ſi glorieuſes
recompenfes . Il ſoupa le foir
avec les Ambaſſadeurs , &
Eij
52 IV. P. duVoyage
quoy que toute la Ville fou
haitaſt de les voir manger , la
curioſité des Dames fut ſeule
fatisfaite.
Le lendemain matin , M
le Comte de Monbron leur
envoya quatre Carroffes. Ils
ſe mirent dedans. Lorſqu'ils
furent fortis de la Ville, ils
trouverent des Chevaux que
ce même Comte leur avoit
fait tenir preſts. Ils monterent
deſſus, &viſirerent les
Fortifications avec M de
Monbron & l'Ingenieur qui
tenoit le Plan. On leur fie
voir toutes les Fortifications,
desAmb. de Siam. 53
tous les ouvrages avancez, &
meſme ceux qui n'eſtoient
que commencez. Ils ſe recrierent
de nouveau ſur la grandeur
du Roy , ayant vû non
ſeulement des Ouvriers par
tout , mais auffi en grand
nombre , & travaillant à de
grands ouvrages. Ils remonterent
enfuite en carroffe , &
allerent à la Citadelle, où M
duTilleul qui en eſt Gouverneur
, les attendoit avec les
Officiers majors. Ils y furent
receus comme ils l'avoient
eſté dans les autres Citadelles.
La Compagnie des Cadets
r
E iij
34 IV. P. duVoyage
eſtoit en bataille . L'Ambaf
fadeur qui avoit déja pris
beaucoup de plaifir à en voir
en d'autres Villes , dit que fi
Le Roy estoit plus grand en puiffance
que les autres Monarques,
il l'estoit auſſi en vertu ; qu'il
donnoit du pain à la jeuneNobleſſe
dés l'enfance , & qu'il en
donnoit à ceux qui devenoient
des , foit par de groſſes re
compenses ,foit par des places
dans le lieu qu'il avoit étably
pour les loger ; & qu'ainsi ils
estoient affeurez d'avoir dequoy
vivre, &dans leur jeunesse, &
dans leur vieilleffe. Ils firent le
:
des Amb. de Siam. 55
tour de la Citadelle, & admirerent
la hauteur & la profondeur
des Bastions, ne pouvant
comprendre comment
on avoit pû ſe rendre maiftre
d'une Place fi forte. Le
premier Ambaſſadeur dit que
s'il estoit dans une Place pareille
avec des Troupes Françoiſes,
il ne croyoit pas qu'onfongeast
àl'attaquer. Pendant qu'ils eftoient
ſur les ramparts de la
Citadelle, on fit venir ſur l'EC
planade qui eſt entre la Ville
& la Citadelle , une Compagnie
de Cadets . Ils firent l'exercice;
mais comme le jour
E iiij
56 IV. P. du Voyage
commençoit à finir , & qu'ils
avoient refolu d'aller voir
M l'Archeveſque , l'Ambaffadeur
dit qu'il estoit accoutumé
à voir de la Noblesse &des
Troupes , mais qu'il ne verroit
pas par tout des Archevesques
comme celuy de Cambray. Ils
allerent dans fon Eglife , où
ils le trouverent à la teſte de
ſon Chapitre. Aprés le compliment
de ce Corps, lesAmbaſſadeurs
ne voulurent point
avancer que M'l'Archevefque
ne paſſaſt devant eux, &
luy dirent qu'ils avoient oüy
parlerdefa pieté&desagran
des Amb. de Siam. 57
deur, de toutes manieres. Ce Prélat
leur fit voir tout ce qu'il
y avoit de plus curieux dans
fon Eglife , & leur en fit entendre
la Muſique & les Orgues.
Il voulut enfuire les reconduire
juſques à la porte,
quoyque les Ambaſſadeurs
s'efforçaſſent de ren empefcher
, ne croyant pas qu'il ſe
dûſt donner ces ſoins.Quand
ils furent de retour chez eux,
le Major alla prendre le mot
& on luy donna , Il achevera
fon Ouvrage. Ce mot regarde
le Roy & Me le Comte de
Monbron; & ce n'eft pas à
58 IV. P. du Voyage
moy à raiſonner là- deſſus .
aller coucher àCambray
, & leur fortie fut auffi
éclatante qu'avoit eſté leur en
des Amb. de Siam. 35
:
trée. Cambray eſt une des plus
fortes Villes de l'Europe. Elle
eſt grande , belle , bien bâtie
, & fituée fur l'Elcaut qui
la traverſe d'un coſté. Elle
a double Citadelle. L'Egliſe
Metropolitaine de Notre-
Dame eſt tres - magnifique .
Son Chapitre eft compoſé de
48. Chanoines , & de 95. Eccleſiaſtiques
qui fervent dans
cette Eglife. L'Eveſché qui
avoit efté uny à celuy d'Arras
juſqu'à l'an 1095. fut erigé en
Archeveſché en 1559. par le
Pape Paul II. On tient que
Clodion conquit cette Villa
36 IV. P. du Voyage
en 445. Apres avoir eſté le
partage de Charles le Chauve
en 843. elle devint le ſujet de
la Guerre entre les Rois de
France , les Empereurs & les
Comtes de Flandre. Baudoüin
I. Comte de Flandre , l'ayant
prife & donnée à fon Fils Raoul
, les Empereurs ne laiſſerent
point de la declarer Cité
libre , fans que les François
cedaffent leurs droits . Charles
Quint ne voulut point s'en
tenir à la neutralité que le Roy
François I. luy avoit accordée.
Cet Empereur la prit en 1543 .
&fit bâtir une Citadelle aux
des Amb de Siam. 37
dépens des Habitans , auf
quels il fit croire que c'eſtoit
pour empêcher que les François
ne s'en emparaffent. Le
Duc d'Alençon Frere du Roy
Henry III . ayant eſté fait
Comte de Flandre, fut auffi
Maiſtre de Cambray. Il remit
cette Place à Jean de Montluc
Seigneur de Balagny , qui
prit le party de la ligue , &
fit enſuite ſa Paix avec le Roy
Henry IV. qui le fit Prince de
Cambray , & Marefchal de
France. Ce fut fur luy que les
Eſpagnols ſurprirent cette
Ville en 1595. Ils la fortifie38
IV. P. du Voyage
:
rent , y entretinrentunegroffe
Garnifon , & elle paffoit
pour une Place imprenable ,
mais elle ne l'a pas efté
pour LOUIS LE GRAND ,
qui apres avoir pris la Ville en
peu de jours, força laCitadelleà
ſe rendre le 16. Mars 1677.
La grande Citadelle qui eſt ſur
un lieu éminent , commande
toute la Ville , & a ſes foſſez
taillez dans le roc. Ceux qui
entourent les murailles de la
Ville ſont profonds & larges,
& ces murailles ſont reveſtuës
de bons Baſtions . Cambray
eſt defendu par un Fort du
des Amb. de Siam. 39
côté de la Riviere , & comme
la Ville eſt dans un Pays afſez
bas de ce côté-là , on en
pourroit inonder les environs
eny lâchant les Ecluſes ; les
autres Forts ſont auſſi tresimportans
. De grandes & belles
ruës aboutiſſent à la Place
où eſt la Maiſon de Ville .
C'eſt un magnifique Bâtiment
orné d'une Horloge tres-curieuſe
, que les Eſtrangers y
vont admirer. Male Comte
de Monbron , Gouverneur de
cette Place, envoya la Cavale.
rie au devant des Ambaffadeurs
juſques à moitié che
40 IV . P. du Voyage
mın de Valencienues. Ils trou
verent en approchant de la
Ville une fort grande quantité
de Peuple , & M. le Comte
de Monbron qui les attendoit
à la porte. Ils entreren
au bruit du Canon , & au tra
vers de l'Infanterie de laGar
nifon qui formoit deux haye
juſqu'à leur logis , au devan
duquel toute cette Infanterie
fit une décharge fi-tôt qu'ils
y furent arrivés. Ma le Comte
de Monbron s'y rendit peu
de temps aprés , & leur preſenta
Mdu Magiftrat , &
M Defgruſeliers , premier
Confeiller
des Amb. de Siam. 41
Conſeiller Penfionnaire , en
Robe , & Bonnet de velours
noir , qui leur fit le diſcours
fuivant.
MESSEIGNEURS,
L'honneur que la France vient
de recevoir par l' Ambaffade que le
trés-puiffantRoy de Siam a envoyée
à nostre invincible Monarque, fait
bien voir que l'éclat de fes Vertus
héroïques a prévalufur celuy defes
trésors & de ses finances. En effet,
la charmante conduite que Sa Ma
jefté tient pour gouvernerses peuples
, donne de l'admiration à toute
la terre , & ce n'est pas fans fujet
que le Roy vostre Maistre a voulu
Sefaire instruire de fes belles maxi-
D
42 IV. P. du Voyage
mes pour s'en fervir à l'égard de
fes Sujets , & les rendre heureux
par l'administration de la Iustice.
Cette Ambaſſade, Meßeigneurs, eft
d'autant plus celebre qu'elle s'eft
faite de la part du plus puiſſant
Roy de l'orient , au plus glorieux
Monarque de l'Europe ; &fi l'on
confulte l'Histoire , il ne s'est rien
vû de pareil depuis plusieurs fiecles,
fi ce n'est lorſque Charlemagne
, premier Empereur du Nom
François , ayant humilié l'infolence
l'impieté des Lombards, &affeuré
le Souverain Pontife Adrien I.
dansfon Pontificat, receut de luy la
Couronne Imperiale,&peu de temps
aprés les Ambaſſades des Rois de
Perse & de Fez , Celle que vos
Excellences viennent de faire , s'a
dreſſe à Louis le Grand, digne he-
7
des Amb. de Siam. 43.
ritier des Vertas de ce faint Empereur
, pour avoir donné la paixó
le repos à toute la Chreftienté , &
chaßé de ses Estats les Heresies de
Luther & de Calvin .
Heureux les Peuples qui vivent
Sous cette agreable domination ,
plus heureux encore ceux du grand
Roy de Siam , si profitant des travaux
& des lumieres que vos Excellences
leur donneront, ils parviennent
àla connoiſſance du grandRoy
du Ciel & de la Terre, &joüiffent
du bonheur d'estre gouvernez avec
La mefme douceur, que la bonté de
nostre grand Roy fait goûter àses
fidelles Sujets. C'est à cette fin que
nous leur adreſſons leſouhait duPoëte,
Vivite fælices, quibus eſt fortuna peracta,
Vobis parta quics eft, nullum jam æquor arang
dum,
/
Di
44 IV. P. du Voyage
Loüiffez , Peuples de Siam, de la
douceur du repos, puisque vos illuftres
Ambassadeurs vont repaffer les
mers pourvous porter les belles maximes
d'y parvenir & vous rendre
keureux dans la fuite de tous les
temps. C'est leſouhait que font avec
beaucoup de respect &de tendreſſe,
à vos Excellences , le Magistrat &
Peuple de la Ville de Cambray.
Cette harangue fut ſuivie
du preſent d'une Medaille
d'or du poids de vingt-ſept
piſtoles , dont la face droite
repreſente le Roy avec ces
mots Ludovico Victore
Pacis datore. La Ville de Cambray
paroift au revers avec
د
desAmb. de Siam. 45
ces paroles dulcius vivimus.
Toutes ces Lettres font numerales
hormis la lettre S , &
font enſemble l'an 1678. qui
fuit celle de la reduction de
cette Place en l'obeïſſance du
Roy , & dans laquelle ces
Peuples comencerent à reſſentir
les douceurs du Gouvernement
de Sa Majesté , ainſi
qu'ils le publient par le revers
de la Medaille qu'ils ont
eux-meſmes fait frapper.Cette
Medaille avoit eſté preſentée
au Roy en 1678. au
nom de la Ville de Cambray
par M Defgrufeliers , qui
r
46 IH. P. du Voyage
bien qu'il en ſoit l'Autheur ,
n'a cherché qu'à exprimer les
fentiments du Peuple. Lors
qu'ik la preſenta aux Ambaffadeurs
, il leur dit que cette
Medaille fervoit de preuve incontestable
de la fatisfaction que
Le Peuple de Cambray avoit
d'eftre au nombre des Sujets du
Roy, & qu'ils souhaitoient que
tous les Peuples du Monde en
puffent estre informés.
Le Diſtique ſuivant eſtoit
dansl'envelope de laMedaille.
Vicifti , Princeps , Vrbi pacemque dediſti
Qui Rex &Pater es , dulcius eße dabis.
des Amb. de Siam. 47
,
On preſenta enfuite aux
Ambaſſadeurs trois pieces de
toile tres-fine , de la fabrique
de Cambray & nommée
dans le Commerce , Toile de
Cambray depuis pluſieurs Siecles.
L'Ambaſſadeur répondit
que le Roy leur avoit fait
rendre de grands honneurs , en
les faiſant recevoir magnifiquement
dans tous les lieux où ils
avoient paffé ; qu'on leur avoit
montré par fon ordre toutes ses
Maiſons Royales , & tout ce
que ce Monarque a de plus curieux
; qu'on leur avoit fait voir
une partie de ſes Conquestes , où
48 IV . P. du Voyage
l'on n'avoit rien oublié pour leur
marquer l'estime qu'on a pour
le Roy leur Maître , à qui ils
feroient à leur retour un recit
fidelle de tous les honneurs qu'ils
avoient receus , & qu'ils n'oublieroient
pas de luy remettre entre
les mains la Medaille repre-
Sentant Sa Majesté, &la Ville
de Cambray , afin que la memoire
en fûtconfervée chez eux
pendant tous les Siecles à venir.
Ils ajoûterent qu'ils eftimoient
cette Medaille plus d'un million,
&aprés avoir remercié Ms
duMagiftrat, de l'exactitude
avec laquelle ils leur rendoier
tant
des Amb. de Siam. 49
d'honneurs , le premier Ambaffadeur
demanda une Co
pie de la harangue qui leur
venoit d'eſtre faite , afin , ditil
, qu'ils la puſſent admirer avec
reflexion . M l'Archevef
que de Cambray les vint
voir le meſme ſoir , ils en témoignerent
beaucoup de
joye , parce qu'ils avoient
oüy parler de ſon grand merite
, & qu'ils ont beaucoup
de confideration pour les perſonnes
de ſon caractere. Ils
avoient avec eux deux Interpretes,
dont l'un s'eſt mis depuis
pluſieurs années dans la
E
So IV. P. du Voyage
Miffion qui s'eſt établie à
Siam ; il eſt déja dans les
Ordres ; il parle bien François
, & encore mieux Latin
&ſe nomme M Antoine.M
l'Archeveſque de Cambray
qui en avoit oüy dire beaucoup
de bien, l'émena ſouper
avec luy,&le fit coucher dans
l'Archeveſché. Il luy demanda
quantité de choſes touchant
le Royaume de Siam,
&fut tres-content de ſes réponſes
. Ce Prélat luy donna
un Chapelet avec des Medailles
d'or.
Aprés qu'il eut quitté les
des Amb. de Siam. st
Ambaſſadeurs, M¹ le Comte
de Monbron leur demanda
l'ordre , & ils donnerent
pour mot , Fidelle à fon
choix , ce qui marque que
ce Comte fert le Roy avec
beaucoup d'ardeur & de
fidelité , & qu'il ne dément
point la bonne opinion que
Sa Majefté a euë de luy, en
commençant à reconnoiſtre
ſon merite& ſes ſervices, dans
un âge ou beaucoup d'autres
ne font pas en eſtat de recevoir
ſi- toſt de ſi glorieuſes
recompenfes . Il ſoupa le foir
avec les Ambaſſadeurs , &
Eij
52 IV. P. duVoyage
quoy que toute la Ville fou
haitaſt de les voir manger , la
curioſité des Dames fut ſeule
fatisfaite.
Le lendemain matin , M
le Comte de Monbron leur
envoya quatre Carroffes. Ils
ſe mirent dedans. Lorſqu'ils
furent fortis de la Ville, ils
trouverent des Chevaux que
ce même Comte leur avoit
fait tenir preſts. Ils monterent
deſſus, &viſirerent les
Fortifications avec M de
Monbron & l'Ingenieur qui
tenoit le Plan. On leur fie
voir toutes les Fortifications,
desAmb. de Siam. 53
tous les ouvrages avancez, &
meſme ceux qui n'eſtoient
que commencez. Ils ſe recrierent
de nouveau ſur la grandeur
du Roy , ayant vû non
ſeulement des Ouvriers par
tout , mais auffi en grand
nombre , & travaillant à de
grands ouvrages. Ils remonterent
enfuite en carroffe , &
allerent à la Citadelle, où M
duTilleul qui en eſt Gouverneur
, les attendoit avec les
Officiers majors. Ils y furent
receus comme ils l'avoient
eſté dans les autres Citadelles.
La Compagnie des Cadets
r
E iij
34 IV. P. duVoyage
eſtoit en bataille . L'Ambaf
fadeur qui avoit déja pris
beaucoup de plaifir à en voir
en d'autres Villes , dit que fi
Le Roy estoit plus grand en puiffance
que les autres Monarques,
il l'estoit auſſi en vertu ; qu'il
donnoit du pain à la jeuneNobleſſe
dés l'enfance , & qu'il en
donnoit à ceux qui devenoient
des , foit par de groſſes re
compenses ,foit par des places
dans le lieu qu'il avoit étably
pour les loger ; & qu'ainsi ils
estoient affeurez d'avoir dequoy
vivre, &dans leur jeunesse, &
dans leur vieilleffe. Ils firent le
:
des Amb. de Siam. 55
tour de la Citadelle, & admirerent
la hauteur & la profondeur
des Bastions, ne pouvant
comprendre comment
on avoit pû ſe rendre maiftre
d'une Place fi forte. Le
premier Ambaſſadeur dit que
s'il estoit dans une Place pareille
avec des Troupes Françoiſes,
il ne croyoit pas qu'onfongeast
àl'attaquer. Pendant qu'ils eftoient
ſur les ramparts de la
Citadelle, on fit venir ſur l'EC
planade qui eſt entre la Ville
& la Citadelle , une Compagnie
de Cadets . Ils firent l'exercice;
mais comme le jour
E iiij
56 IV. P. du Voyage
commençoit à finir , & qu'ils
avoient refolu d'aller voir
M l'Archeveſque , l'Ambaffadeur
dit qu'il estoit accoutumé
à voir de la Noblesse &des
Troupes , mais qu'il ne verroit
pas par tout des Archevesques
comme celuy de Cambray. Ils
allerent dans fon Eglife , où
ils le trouverent à la teſte de
ſon Chapitre. Aprés le compliment
de ce Corps, lesAmbaſſadeurs
ne voulurent point
avancer que M'l'Archevefque
ne paſſaſt devant eux, &
luy dirent qu'ils avoient oüy
parlerdefa pieté&desagran
des Amb. de Siam. 57
deur, de toutes manieres. Ce Prélat
leur fit voir tout ce qu'il
y avoit de plus curieux dans
fon Eglife , & leur en fit entendre
la Muſique & les Orgues.
Il voulut enfuire les reconduire
juſques à la porte,
quoyque les Ambaſſadeurs
s'efforçaſſent de ren empefcher
, ne croyant pas qu'il ſe
dûſt donner ces ſoins.Quand
ils furent de retour chez eux,
le Major alla prendre le mot
& on luy donna , Il achevera
fon Ouvrage. Ce mot regarde
le Roy & Me le Comte de
Monbron; & ce n'eft pas à
58 IV. P. du Voyage
moy à raiſonner là- deſſus .
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Résumé : Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Le 13, les ambassadeurs quittèrent Cambray après une entrée triomphale. Cambray, une des villes les plus fortes d'Europe, est située sur l'Escaut et possède une double citadelle. L'église métropolitaine de Notre-Dame est majestueuse, avec un chapitre composé de 48 chanoines et 95 ecclésiastiques. L'archevêché, autrefois uni à celui d'Arras jusqu'en 1095, fut érigé en 1559 par le pape Paul IV. La ville a une histoire riche et mouvementée. Elle fut conquise par Clodion en 445 et devint un enjeu de conflits entre les rois de France, les empereurs et les comtes de Flandre. Baudouin Ier de Flandre la prit et la donna à son fils Raoul, mais les empereurs la déclarèrent cité libre. Charles Quint la conquit en 1543 et y fit construire une citadelle. Le duc d'Alençon, frère du roi Henri III, fut maître de Cambray et la remit à Jean de Montluc, qui prit le parti de la Ligue avant de faire la paix avec Henri IV. Les Espagnols surprirent la ville en 1595 et la fortifièrent. Louis XIV la conquit en 1677, forçant la citadelle à se rendre le 16 mars. Cambray est défendue par des fortifications impressionnantes, y compris des fossés taillés dans le roc et des bastions. La ville accueillit les ambassadeurs de Siam avec une grande cérémonie, incluant un discours et des présents, comme une médaille d'or et de la toile fine. Les ambassadeurs visitèrent les fortifications et exprimèrent leur admiration pour la puissance et la vertu du roi de France. Ils rencontrèrent également l'archevêque de Cambray, qui leur montra les curiosités de son église.
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6
p. 323-324
Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Comte de la Feüillade les vint voir la veïlle [...]
Mots clefs :
Comte de la Feuillade, François III d'Aubusson, Médaille, Ambassadeurs, Roi de Siam, Livre, Velours, Broderie, Couvert, Portrait du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
M le Comte de la Feüil
lade les vint voir la veille
deleurdépart ,& apporta de
la part de M le Marechal fon
Pere , une grande Medaille
d'or que ce Duc a fait frap
per. Le Portrait du Roy eft
d'un cofté & de l'autre la
figure qu'il a fait élever à la
gloire de Sa Majefté. Cette
Medaille étoit dans une boët
te fort propre , & accompa
gnée d'un Livre couvert do
velours enrichy d'une tresbelle
broderie , ce Livre con-
د
324 IV. P. du Voyage
tient l'explication de fa figu
re ,& les infcriptions qui font
au tour, tout cela eſtoit pour
le Roy de Siam.
Il donna au premier Am
baſſadeur la même Medaille
و
en argent avec un femblable
Livre , dont la broderie
n'eſtoit pas tout-à-fait fibelle
. Et le ſecond , & le troifiéme
curent auſſi chacunune
Medaille de la même gran
deur, & un Livre couvert de
velours , mais fans eftre brodé.
lade les vint voir la veille
deleurdépart ,& apporta de
la part de M le Marechal fon
Pere , une grande Medaille
d'or que ce Duc a fait frap
per. Le Portrait du Roy eft
d'un cofté & de l'autre la
figure qu'il a fait élever à la
gloire de Sa Majefté. Cette
Medaille étoit dans une boët
te fort propre , & accompa
gnée d'un Livre couvert do
velours enrichy d'une tresbelle
broderie , ce Livre con-
د
324 IV. P. du Voyage
tient l'explication de fa figu
re ,& les infcriptions qui font
au tour, tout cela eſtoit pour
le Roy de Siam.
Il donna au premier Am
baſſadeur la même Medaille
و
en argent avec un femblable
Livre , dont la broderie
n'eſtoit pas tout-à-fait fibelle
. Et le ſecond , & le troifiéme
curent auſſi chacunune
Medaille de la même gran
deur, & un Livre couvert de
velours , mais fans eftre brodé.
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Résumé : Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Le Comte de la Feüil remit aux ambassadeurs des médailles et des livres. Le roi de Siam reçut une médaille d'or avec son portrait et une figure représentant sa gloire. Les ambassadeurs reçurent des médailles en argent ou de même taille, accompagnées de livres en velours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 57-63
DEVISES.
Début :
La Province de Bourgogne ayant coûtume de faire fraper des [...]
Mots clefs :
Bourgogne, Jetons, Emblèmes, Devises, Médaille, Gouverneur, Saisons, Audience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEVISES.
DEVISES.
La Province de Bourgogne
ayant coûtume de
faire fraper des jettons tous
les trois ans, a presque toûjours
rempli le revers d'emblêmes
ou de devises, dont
les unes rendoienttémoignage
de son zele pour le
service du Roy;les autres
faisoient connoîtrel'avantage
que cette Province recevoit
de la protection de
l'illustreMaison de Condé:
enfin quelques unes par
des allegories ingenieuses
marquant les principaux
évenemens arrivez dans le
Royaume pendant latriennalité,
il ne peut rien arri- , ver de plus considerable à
cette Province
, que l'en-.
trée de Son Altesse Serenissimepour
la premiere
fois dans son Gouverne
ment, d'autant plus remarquable,
que Monseigneur
le Duc est le cinquiéme
Prince de pere en fils qui
a eu cette place.
C'est ce qui a donné l'idée
d'en fraper une medaille
à deux revers. Dans
l'un le Prince paroîtra à
cheval, vêtu à la Romaine,
sans étriers, couronné de
laurier, suivi de gardes à
pied, & faisant son entrée
dans la Capitale de la Province
, avec ce mot dans
l-'exergue:Adventus.
Et pour legende:
- Burgundis felicia Jk-c-U
propagat.
Dans l'autre revers le bonheur
public y fera repre"
senté par quatre petits ensans
qui designeront les
quatre saisons. Le Printem
ps portera des fleurs,
l'Estéunefaucille, l'Automne
des fruits & un lievre,
& l'Hyver tiendra d'unemainuninstrumentpour
prendre des oiseaux, &des
l'autre les oiseaux qu'ila
pris.
Pour legende :
Condiades quintus genus AltfXJ
à sanguineRegum.
Et dans l'exergue:
Burgundioe Comitia.
Burgundis feliciaoecla
propagat.
Condiades genus alto à
sanguine Regum.
Le 10. Juin1713. les Deputez
des Etats de Bourgogne,
qui font M.l'Abbé de
Roquette pour le Clergé,
le Marquis de Lassé pour laNoblesse,&M. de laForêt,
Maire de Montbart,
pour le tiers état, eurent
audience du Roy, étant presentez
par Son Altesse Serenissime
Monseigneur le
Duc, Gouverneur de Ian
Province, & par Monsieur
le Marquis de laVrilliere,
Ministre & Secretaire d'Etat;
étant conduits pan
Monsieur le Marquis de:
Dreux, grand Maître des
Ceremonies, & par Monsieur
Desgranges Maitres
des Ceremonies; & TAbbee
Roquecte porta la parole
II y a plusieurs mariages
de con fideratiotm
done on n'a point parle
cemois-ci, parce quo'
n'a pas eu le loisir de
s'informer des circonstances
necessaires ; en
en parlera dans le niois
prochain.
La Province de Bourgogne
ayant coûtume de
faire fraper des jettons tous
les trois ans, a presque toûjours
rempli le revers d'emblêmes
ou de devises, dont
les unes rendoienttémoignage
de son zele pour le
service du Roy;les autres
faisoient connoîtrel'avantage
que cette Province recevoit
de la protection de
l'illustreMaison de Condé:
enfin quelques unes par
des allegories ingenieuses
marquant les principaux
évenemens arrivez dans le
Royaume pendant latriennalité,
il ne peut rien arri- , ver de plus considerable à
cette Province
, que l'en-.
trée de Son Altesse Serenissimepour
la premiere
fois dans son Gouverne
ment, d'autant plus remarquable,
que Monseigneur
le Duc est le cinquiéme
Prince de pere en fils qui
a eu cette place.
C'est ce qui a donné l'idée
d'en fraper une medaille
à deux revers. Dans
l'un le Prince paroîtra à
cheval, vêtu à la Romaine,
sans étriers, couronné de
laurier, suivi de gardes à
pied, & faisant son entrée
dans la Capitale de la Province
, avec ce mot dans
l-'exergue:Adventus.
Et pour legende:
- Burgundis felicia Jk-c-U
propagat.
Dans l'autre revers le bonheur
public y fera repre"
senté par quatre petits ensans
qui designeront les
quatre saisons. Le Printem
ps portera des fleurs,
l'Estéunefaucille, l'Automne
des fruits & un lievre,
& l'Hyver tiendra d'unemainuninstrumentpour
prendre des oiseaux, &des
l'autre les oiseaux qu'ila
pris.
Pour legende :
Condiades quintus genus AltfXJ
à sanguineRegum.
Et dans l'exergue:
Burgundioe Comitia.
Burgundis feliciaoecla
propagat.
Condiades genus alto à
sanguine Regum.
Le 10. Juin1713. les Deputez
des Etats de Bourgogne,
qui font M.l'Abbé de
Roquette pour le Clergé,
le Marquis de Lassé pour laNoblesse,&M. de laForêt,
Maire de Montbart,
pour le tiers état, eurent
audience du Roy, étant presentez
par Son Altesse Serenissime
Monseigneur le
Duc, Gouverneur de Ian
Province, & par Monsieur
le Marquis de laVrilliere,
Ministre & Secretaire d'Etat;
étant conduits pan
Monsieur le Marquis de:
Dreux, grand Maître des
Ceremonies, & par Monsieur
Desgranges Maitres
des Ceremonies; & TAbbee
Roquecte porta la parole
II y a plusieurs mariages
de con fideratiotm
done on n'a point parle
cemois-ci, parce quo'
n'a pas eu le loisir de
s'informer des circonstances
necessaires ; en
en parlera dans le niois
prochain.
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Résumé : DEVISES.
La Province de Bourgogne frappait des jettons tous les trois ans, souvent ornés d'emblèmes ou de devises. Ces devises reflétaient le zèle de la province pour le service du roi, les avantages tirés de la protection de la Maison de Condé, ou les principaux événements survenus dans le royaume. Un événement notable fut l'entrée du Duc de Bourgogne dans son gouvernement de la province, marqué par la frappe d'une médaille à deux revers. Sur le premier revers, le prince apparaît à cheval, vêtu à la romaine, couronné de laurier, suivi de gardes à pied, avec l'inscription 'Adventus' et la légende 'Burgundis felicia Jk-c-U propagat'. Sur le second revers, le bonheur public est représenté par quatre enfants symbolisant les quatre saisons, avec la légende 'Condiades quintus genus AltfXJ à sanguine Regum' et l'exergue 'Burgundioe Comitia'. Le 10 juin 1713, les députés des États de Bourgogne, représentant le clergé, la noblesse et le tiers état, eurent audience du roi en présence du Duc de Bourgogne et du Marquis de la Vrilliere. L'Abbé de Roquette porta la parole au nom des députés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 111-118
Nouvelles d'Angleterre.
Début :
On écrit de Londres que le General Evans partit le [...]
Mots clefs :
Londres, Duc d'Aumont, Escadre, Reine, Parlement, Paix, Ministres, Médaille
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre.
Nouvelles d'Angleterre.
On écrit de Londres que
le GeneralEvans partit le
20. Juillet pour aller à Douvres
casser les regimens de
Pocock, de Nevvton 8c
d'Evans, qui doivent y être
arrivez de Flandres; que
le 24. tous les artificiers avoient
été envoyez à Vvol
vvich pour charger de*
bombes, & preparer d'autres
artifices pour l'escadre
qui est vers l'embouchure
de la Tamise
,
qui devoit
partir incessamment pour
aller joindre une escadre
Hollandoise,& faire ensemble
voile vers la mer Baltique,
afin d'obliger les Puissances
du Nord à faire la
paix; quenéanmoins les
Ministres des Etats,garans
des traitez de Vvestphalie,
de Travvendal & de Raenstadt,
travailloient à engager
les parties interessées à
un
en accommodement à l'amiable,
ou à les y contraindre
par la force;quele 17.
la Reine, qui joüit d'une
parfaite santé, étoit reve.,
nuë de Kensington au Palais
de saint James, d'où
elle alla à la Chambre des
Pairs ; que les Communes
s'y étant rendues
3
elle donna
son confenremenr à
l'acte pour faire circuler
douze mille livressterlin de
billets de l'Echiquier, 6c
pour lever cinq cent mille
livres sterlin destinées à
payer les dettes de la liste
civile, & à plusieurs autres
actes ;qu'ensuite elle avoic
fait une harangue aux deux
Chambres, dans laquelle
elle avoit declaré qu'elle
étoit venuë pour terminer
cette seance
;
qu'elle les
avoit remerciez des subsides
qu'ils lui avoient cidevant
accordez,&qui lui
avoient fourni les moyens
de soûtenir la guerre & de
conclure une paix avantageuse
;
qu'elle leur avoit
recommandé de faire connoître
à toute la nation les
biens qui lui en reviennent
& de tâcher de détruire les
divisionsfomentées avec
tant d'artifice, qu'il étoit
necessaire de faire voir
l'amour qu'on avoir pour la
patrie, en se réunissant
pour prévenir la malice
des personnes mal intentionnées,
& détrompant
ceux qui étoient abuiez
j
que rien ne pouvoir maintenir
la paix, que de s'attacher
fermement au gouvernement
dans l'Eglise &
dans l'Etat; qu'on ne pouvoir
faire fond que sur ceux
qui ont ces sentimens:
qu'elle esperoit trouver
l'hyver prochain son Parlement
resolu d'agir dans
les mêmes principes. Aprés
quoy Sa Majesté Britannique
retourna en chaise au
Palais de saint James. Elle
étoit suivie par ses Dames
d'honneur dans son carosse
de parade, attelé de six des
beaux chevaux dont le Duc
d'Aumont lui a fait present.
Son Excellence, accompagnée
de plusieurs Gentilshommes
de [a. fuite ,
suivoit avec deux de ses
magnifiquescarosses. La
Reine a fait distribuer aux -
membres des deux Chambres
des medailles d'or,
qu'elle avoir fait fraper
pour la paix, du poids de
trois guinées & demie chacune.
Milord Compton,Evêque
de Londres, mourut le
18. Juillet, après quelques
jours de maladie, âgé de
quatre-vingt-un an.
La Comtesse Doüairiere
de Salisbury mourut le 19.
au soir.
• Le 25.le Duc d'Aumont
donna un grand bal aux
Seigneurs & aux Dames de
la Cour, & autres personnes
de distinction
;
il fit
distribuer pour les masques
deux mille billets, dont il
envoya cinquante à Milord
Maire pour en disposer.
On y servit des rafraîchissemens
en abondance, &
tout se passa avec beaucoup
d'ordre & de magnificence.
On écrit de Londres que
le GeneralEvans partit le
20. Juillet pour aller à Douvres
casser les regimens de
Pocock, de Nevvton 8c
d'Evans, qui doivent y être
arrivez de Flandres; que
le 24. tous les artificiers avoient
été envoyez à Vvol
vvich pour charger de*
bombes, & preparer d'autres
artifices pour l'escadre
qui est vers l'embouchure
de la Tamise
,
qui devoit
partir incessamment pour
aller joindre une escadre
Hollandoise,& faire ensemble
voile vers la mer Baltique,
afin d'obliger les Puissances
du Nord à faire la
paix; quenéanmoins les
Ministres des Etats,garans
des traitez de Vvestphalie,
de Travvendal & de Raenstadt,
travailloient à engager
les parties interessées à
un
en accommodement à l'amiable,
ou à les y contraindre
par la force;quele 17.
la Reine, qui joüit d'une
parfaite santé, étoit reve.,
nuë de Kensington au Palais
de saint James, d'où
elle alla à la Chambre des
Pairs ; que les Communes
s'y étant rendues
3
elle donna
son confenremenr à
l'acte pour faire circuler
douze mille livressterlin de
billets de l'Echiquier, 6c
pour lever cinq cent mille
livres sterlin destinées à
payer les dettes de la liste
civile, & à plusieurs autres
actes ;qu'ensuite elle avoic
fait une harangue aux deux
Chambres, dans laquelle
elle avoit declaré qu'elle
étoit venuë pour terminer
cette seance
;
qu'elle les
avoit remerciez des subsides
qu'ils lui avoient cidevant
accordez,&qui lui
avoient fourni les moyens
de soûtenir la guerre & de
conclure une paix avantageuse
;
qu'elle leur avoit
recommandé de faire connoître
à toute la nation les
biens qui lui en reviennent
& de tâcher de détruire les
divisionsfomentées avec
tant d'artifice, qu'il étoit
necessaire de faire voir
l'amour qu'on avoir pour la
patrie, en se réunissant
pour prévenir la malice
des personnes mal intentionnées,
& détrompant
ceux qui étoient abuiez
j
que rien ne pouvoir maintenir
la paix, que de s'attacher
fermement au gouvernement
dans l'Eglise &
dans l'Etat; qu'on ne pouvoir
faire fond que sur ceux
qui ont ces sentimens:
qu'elle esperoit trouver
l'hyver prochain son Parlement
resolu d'agir dans
les mêmes principes. Aprés
quoy Sa Majesté Britannique
retourna en chaise au
Palais de saint James. Elle
étoit suivie par ses Dames
d'honneur dans son carosse
de parade, attelé de six des
beaux chevaux dont le Duc
d'Aumont lui a fait present.
Son Excellence, accompagnée
de plusieurs Gentilshommes
de [a. fuite ,
suivoit avec deux de ses
magnifiquescarosses. La
Reine a fait distribuer aux -
membres des deux Chambres
des medailles d'or,
qu'elle avoir fait fraper
pour la paix, du poids de
trois guinées & demie chacune.
Milord Compton,Evêque
de Londres, mourut le
18. Juillet, après quelques
jours de maladie, âgé de
quatre-vingt-un an.
La Comtesse Doüairiere
de Salisbury mourut le 19.
au soir.
• Le 25.le Duc d'Aumont
donna un grand bal aux
Seigneurs & aux Dames de
la Cour, & autres personnes
de distinction
;
il fit
distribuer pour les masques
deux mille billets, dont il
envoya cinquante à Milord
Maire pour en disposer.
On y servit des rafraîchissemens
en abondance, &
tout se passa avec beaucoup
d'ordre & de magnificence.
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Résumé : Nouvelles d'Angleterre.
Le texte décrit des événements récents en Angleterre. Le général Evans a quitté Londres le 20 juillet pour Douvres afin de disperser les régiments de Pocock, Newton et Evans, arrivés de Flandres. Le 24 juillet, des artificiers ont été envoyés à Woolwich pour préparer des bombes et autres artifices pour une escadre près de l'embouchure de la Tamise. Cette escadre devait rejoindre une escadre hollandaise pour se diriger vers la mer Baltique et forcer les puissances du Nord à faire la paix. Cependant, les ministres des États garants des traités de Westphalie, Travendal et Raenstadt travaillent à un accommodement à l'amiable ou par la force. Le 17 juillet, la Reine, en parfaite santé, s'est rendue du palais de Kensington au palais de Saint James. Elle a donné son consentement à plusieurs actes, dont un pour émettre des billets de l'Échiquier et lever des fonds pour payer les dettes civiles. Elle a ensuite harangué les deux Chambres, les remerciant pour les subsides accordés et les encourageant à unir la nation pour maintenir la paix et soutenir le gouvernement. La Reine a distribué des médailles d'or aux membres des deux Chambres pour célébrer la paix. Milord Compton, évêque de Londres, est décédé le 18 juillet à l'âge de quatre-vingt-un ans après une courte maladie. La comtesse douairière de Salisbury est décédée le 19 juillet au soir. Le 25 juillet, le duc d'Aumont a organisé un grand bal à la cour, distribuant des billets pour les masques et offrant des rafraîchissements en abondance.
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10
p. 69-80
EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
Début :
C'est une tradition dans ce Pays qu'Orange a été fondée en même temps [...]
Mots clefs :
Orange, Colonie, Mars, Empereur, Romains, Médaille, Hercule, Théâtre
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
EXTRAIT esune Lettre écrite par
M. Jean Frederic Guib , DoEleur h
Droits i a M. le Marquis de .. . fur
l'origine & les Antie/uiteT^dc la Pille
d'Orange.
C'Est une tradition dans ce Pays qù'O.
' range a été- fondée en même temps
qu'Avignon , 8c que ces deux Villes doi
vent leur origine aux Phocéens ou Grecs
Asiatiques ; mais c'est une chose bien dif
ficile , pour ne pas dire impossible , que
de vouloir aujourd'hui marquer précisé
ment letemps auquel elles ont été fon
dées. Pline le Naturaliste , livre j. chap.
5'. en parlant des Villes de l'Italie qui lui
D iij de
70 MERCURE DE FRANCË.
de voit être un païs très.connu, puisque'
c' étoit la pártie'du monde la plus polie 8e
la plus éclairée, & danslaquelle même if
étoit né , avojie néanmoins qu'il lui sera;
très.difficile de fixer la situation des Vil
les d'Italie sic de marquer leur origine y.
Nec Jitus origine/que persequi facile esi..
Si un Ecrivain de cette importance con-'
feslè une telle chose à l'égard des Villes
de l'Italie, comment sera.t-il poslible au-'
jourd'hui qu'il s'est écoulé ún si grand
nombre de siecles, de pouvoir désigner le
tems de la fondation de la plupart des an
ciennes Villes- de ces Provinces habitées
par des Peuples qui n'a voient aucun soiiv
d'écrire les évenemens dignes d'être tranCrriìs
à la posterité.
Tout ce donc qu'on peut dire rest qu'en.
l'année (a ) six cens avant la nailîàncer
de notre Seigneur Jeíùs.Çhrist , des Habitans
de Phocée , ville de l'Ionie dans l'A
sie Mineure , étant sortis de leur Patrie,
vinrent fonder la ville de Marseille, &
que dans la fuite d'autres Phocéens étant
également venus à Marseille , ils sorti
rent de cette Ville , qui étoit déja extrê
mement peuplée & fonderent les Villes
de Nice, d'Antibes , d'Agde, & peutêtre
même la Ville d'Orange , &c. Mais
( a ) Cette année concourt avec la premiere
année de la 4j- Oiimpiade.
y A N V I E R tin. f t 7t
fòit que ces Phocéens en ayent été les
fondateurs ou qu'ils y ayent seulement en
voyé Une Colonie , on peut aíîurer qu'O
range n'a commencée d'être opulente Se
renommée que depuis qu'elle fut assu
jettie à la domination Romaine > car envi
ron ans avant l'Ere vulgaire , cet
te Ville n'étoit encore qu'un Bourg. Je
me fonde íurce que Tite.Live parlant du
pais que nous habitons a écrit dans le Li
vre li. chap. 28. que dans ce tems-là les
Gaulois de la Rite gauche du Rhône ,
habitoient dans les Bourgs. La Ville d'O
range qui par fa situation ne se trouve
éloignée du Rhône que d'une lieùë , ne
pou voit pas être , íuivant les apparences ,
ni plus puissante , ni d'une plus vaste
étendue que les habitations des peuples
du voisinage.
Environ cent vingt.quatre ans avant la
riaiíïànce de notre Sauveur , les Romains
étant sollicitez par les Marfeillois de leur
envoyer des Troupes pour les secourir ,
ils profiterent habilement de cette occa
sion , & ayant eu le bonheur. de battre les
ennemis dans deux grandes 8c celebres
batailles , la conquête de la^rovence , du
Languedoc , de la Savoye & du Dauphiné,
fût à peu . près le fruit de leurs vic
toires. Le Territoire de cette Ville ayant
été le Théatre fur lequel ces mémorables
* biii) se
7i MERCURE DÉ FRANCE'.
& glorieuses actions s'étoient paslées , lô$
Romains pour éterniser des faits si con
siderables y firent construire notre Arc de
Triomphe , comme je l'ai prouvé dans la
Diísertation qui a été inserée dans le Mer
cure de Paris du- mois de Decembre 17 1 iJ.
page 1 8c fui v. Voilà l'origine de cette
particuliere prédilection & de ce tendre
attachement que ces- superbes Vainqueurs
ont toujours depuis ce tems-là cherement
conservé pour cette Ville.
Elle est devenue Colonie Romaine en1.
viron 4 5. ans avant k naissance de Jesus1.
Christ par le ministere de Tibere Neron
Pere de l'Empereur Tibere ; car ce fut
fous les auspices de ce grand Homme
que des soldats de la seconde legion
vinrent dans cette Ville , de lui' procure'.
lent par.là le nom à'Araitfio Secunda^
normn:
L'an (Í4.0U environ de l'Ere vulgaire
les Romains auraient envoyé une seconde
Colonie dansicette Ville, si ce que Goltzius
a écrit étoit veritable. Cet antiquaire
assure dans son Trésor des Medailles qu'if
y a une Medaille de l'Empereur Neron
sûr laquelle op lit ces paroles íuivantes .•
Colonia 'Araufìo Secnndanornm cohortis
55. viluntariomm.. Ce qui signifierait
que sous le regne de cet Empereur on
envoya dans cette Ville une Colonie pri*
J A NV 1ER 1724.. 73
se des soldats de la cohorte }}. de la ( a )
íeconde legion. Mais comme Pillustre
M. de Peirescn'a jamais pu deterrer une
semblable Medaille , quelques recherches
qu'il ait faites , au rapport de Gaiîèndi in
vita Peiresk.it, f*g. 4.5. il y a lieu de
soupçonner que Goltzius ne s'est pas ex
primé avec l'exactitude convenable. Ce
pendant je ne voudrois pas assurer que
cette Medaille n'ait jamais existé, il peut
bien être que M. de Peireíc arec toutes
ses recherches , n'aura pas trouvé ce qu'un
heureux hazard pouîroit procurer à un;
Curieux de Medailles. Geui qui ont cette
paflìon doivent ^enflammer d'une nou
velle ardeur pour tâcher de découvrir'
une piece d'une si grande rareté , Se ilsr
seroient bien pavez de leurs peines &de
leurs foins par le plaisir de posseder une
Medaille qui auroit été inconnue à une
personne d'un merite auísi distingué que
M. dePeirefo
Quoiqu'il en soit les Romains ayant ho
noré cette Ville d'une Colonie Militaire,
ils lui accorderent les privileges & les'
prérogatives qui y étoient attachez. Au-'
lu.gelíe,au livre 1 6. chap. ij. de Ces
Nuits Attiques , a judicieusement remar
qué que les Colonies étoient en petit une
( a ) La Legion n'étoh ordinairement divi
sée qu'en dix cohortes.
D v image
74 MERCURE DE FRANCE.
image & une representation de la. ma
jesté & de l'opulence dela ville de Rome^
Amplimdinem, Majestatemque Populi Ro
mani Colonie quasi effigies parva ,
jìmulacraque ejfe qu&iam "jidentur. Pair
consequent Orange avoit des Pontifes
ponr regler toutes les affaires concer
nant la Religion , des AugureS qui observoient
le tems favorable pour com
mencer quelque affaire > íoit par le vol ,
chant , ou le manger des oiíeaux , des
Aruspices pour predire l'avenir en re
gardant les entrailles des Victimes, dejf
Ceníeurs , pour regler les moeurs , re
trancher les abus , faite le dénombre
ment des Citoyens & leur assigner un
rang à proportion de leur revenu y des
Quêteurs ou Trésoriers pour exiger Se
avoir foin des deniers publics > des Ediles
pour veiller à la conservation des Edifices
publics tant Saints que Profanes , pour
avoir l'oeil à l'entretien des grands che
mins , des Ponts , des Bains publics, des
Aqueducs , &c pour taxer les Denrées
qui íè vendoient dans les places publi
ques , pour punir ceux qui usoient de.
faux poids & de faussés meíùres , &c.
Les Romains en relevant de cette ma
nière la gloire de cette Ville par la créa
tion de ses dignitez , n'oublierent pas auffi
de l'embellir par un grand nombre de
íôm
/ Â tftf ï' É R 1724. 7 f
íomptueux Bâtimens , des Temples dé
diez à Mars (a) , Diane , Hercule , &c.
furent des preuves de leur zele pour le
culte de ces fausses Divinitez ; des sbains
publics & particuliers , des pavez à la
Mosaïque , des Arenes , un Capitole, urt
Champ de Mars , un Théatre & des
Aqueducs , furent des marques de leur
luxe ou de leur magnificence. Ce qui
nous reste aujourd'hui de ces ouvrages ,
ne nous fait pas moins admirer la somp
tuosité du Bâtiment que l'excellent genie
de ceux qui précedoient à la construction
de ces travaux si utiles 8c si necessaires
aux peuples qui étoient soumis à leur
domination.'
Je passerois de beaucoup les bornes
que je me fuis prescrites dans cet abregé,
íî je parlois avec l'étenduë necessaire de
tous ces divers Edifices ; cependant je ne
fìjaurois m'empêcher d'en dire quelque
chose , quand ce ne seroit que pour indi
ques l'état dans lequel on les voit pré
sentement.
Les Temples de Mars , de Diane &
d'Hercule sont àpreíènt entierement dé
truits. Les Uns assurent que le Temple
de Diane étoit situé à l'endroit où est au-
(a) Il y a des gens qui croyent que les Tem
ples de Mars , & d'Hercule furent bâtis avant
qu'Orange devint Colonie Romaine. .
76. MERCURE DE FRANCE.
jourd'hui l'Eglise Cathedrale ; les autres
disent qu'il étoit fur le derriere du logis
des trois Oranges ; mais d'autres préten
dent qu'en ce dernier endroit l'on voyoit
les Temples de Mars , & d'Hercule , 8c
que dehors la Ville , à la plaine appellée
Martignan , il y a voit un autre Temple
coníàcré au Dieu Mars.
Les Bains publics se trouvent mainte
nant éloignez d'environ 250. pas de la
Porte de Tourre. Ce n'est presque plus
des mazures r nommées vulgairement la
Tour. Ronde.
Les Arenes iônt entierement détruites;.
elles étoient placées dans une Terre à eni
viron 460. pas de la Porte de Saint Mar
tin. C'ëtoit là que les Gladiateurs se battoient
avant. la construction de notre
Theatre. .
Le Capitole , qui étoit ainsi appelle ,
parce qu'il étoit situé dans un lieu le
plus. élevé de la Ville , étoit placé íùr
notre Montagne , ca r Orange étoit four
lors située partie fur la Montagne & par
tie dans la plaine. C'est dáns cet endroit
que deux Magistrats appeliez' Diiumvirs
rendoient la Justice ; oh les éliïòit ctu
corps des Decurions qui étoient à peu
près ce que font à present nos Coníeil
lers politiques. If qui non fit Deciino
JDmmviraut , vd aliis honoribus fungl
non.
JANVIER 17*4. 77.
non potest. liv, 7. $. 2. íF. de Dccurion. SS
filiis eorum. Decuriones , dit le Jurifcon-.
fuite Pomponius au §. 5. de la loi 239^
du Titre du Digeste de verbor. fignif..
Quidam diílos aiunt ex eo , quod initio ^
cum coloni» deduceretur , decima part
eorum , qui' dncerenturconfilii' publici gra-'
ri* y conscribi solita fit.
Le Champ de Mars étoit situé dans l'en-'
droit où est aujourd'hui le Couvent des
Religieux Capucins -, qui étroit autrefois'
le Fau xbourg Saint Florent, & aupara
vant le Bourg de la Clastre. C'étoitdans'
ce champ qu'on s'éxerçoit à la course, à'
la lutte, à tirer de l'arc 3 &c. qu'on bruloit
les corps y Sec.
Notre Théatre appelle communément'
le Cirque servait pour les courses des'
chariots , les combats des Gladiateurs &
des bêtes feroces , & poiír donner les'
naumachies pr ie moyen de l'eau que:
l'on' y faiíòit venir en abondance , toutes'
l«s fois qu'on le fouhaittoit , erî ouvrant
des conduits destinez à cet usage. lia 108.' .
pieds de hauteur & 124. de largeur. Je
dirai ailleurs qu'il a été bâti sous le re
gne de l'Empereur Adrien , environ 121,
ans après la naissance de notre di via
Sauveur.
L'Aqueduc avort son origine à quel
ques lieues de cette Ville dans le Terxoir
f* MERCURE DE FRANCE.
roir de Malauslenne , petite Ville dit
Gomtat. Il íerroit à conduire l'eau qui
étoit nécessaire pour les bains 8c pour les
naumachíes , &c. Oh en voit encore des
débris assez considerables.
Si à tous ces' precieux restes ont joint
les bas.reliefs., les pavez à la Moíàïque ,
Sec. qui se voient chez diyers particu
liers, on'J conviendra facilement qu'O
range devoit être une Ville bien magni
fique & bien opulente. Quelle perte
n'est.ce pas pour la" Republique des Let
tres , n quelque Auteur ancien avoit
entrepris une Deícription exacte & fi
dele de cette Ville dans le tems qu'elle
étoit dans íà íplendeur , qu'un tel Ou
vrage ne soit pas parvenu juíqu'à nous ?
Combien de Coutumes & de ceremonies,
tant íàcrées que prophaites , qui étoient
usitées parmi les Romains , & qui nous
sont à present inconnues , n'apprendrions-.
rtous pas par' la lecture d'un semblable
Ouvrage? Plus l'Auteur auroit été judi
cieux ,& plus nous y découvririons des
faits curieux & interessons, La perle de'
Cleopatre qui fut mise aux oreilles de
la Statue de la Déesse Venus, ou la cassette
ornée de pierreries dans laquelle Alexan
dre le Grand mettoit les Ouvrages d'Homere
, ne seroient pas capable de payer
an tel Livre. Si on étoit assez heureux
.:u* pour
JANVÍER ^724. ff
jjoíseder une semblable production , on
auroic le plaisir de voir d'une maniere
claire & convaincante que les Sorligers ,
les Saumajflès , les Menage, les Spon ,
les Voíïïus les Spanheim , les Dacier ,
& en un mot, que la plupart de ceux
qui se sont attachez à expliquer les Antiquitez
Romaines , ont heureuíement ren
contre la verité , & nous ne serions plus
dans l'incertitude s'ils se sont quelque.,
fois trompez dans leurs raisonnemens,
ou dans leurs conjectures..
Les autres Anciens qui ont parlé d'O
range l'ont fait d!une maniere si succinte,
que cela ne donne pas de grands éclaireiflèmens
à ceux qui font une étude par
ticuliere de l'Histoire ancienne de cette
Ville. On en powrra juger , si on lit ce
que les Auteurs suivans en ont dit.
Strabon , celebre Geographe , qui vi-
Voit sous les regnes des Empereurs Au
guste & Tibere , est le plus ancien Au
teur qui ait fait mention d'Orange.
Pomponius Mela qui vivoit.íôus le
regne de l'empereur Claude a aussi par.r
lé de cette Ville.
Pline le Naturaliste en a également
parlé. Il vivoit fous le regne de l'Empe
reur Vespaíîen.
Pcolemée , le Prince des Astronomes
qui fleurissoit sous le regne de l'Empe
reur
U MERCURE- DE FRANCE.
reur Adrien a pareillement sait mention
de cette Ville , de même que l'Itinéraire
que l'on attribuè' à l'Empereur Anto.,
nin , &c.
Peut.être ne íèroit-if pas inutile avant
que de finir de donner l'étimologie du
nomà'Orange. Je le ferois avec plaisir,
íì je ne croyois qu'il y a trop d'incertitu
de dans cette science , pour pouvoir s'y
arrêter avec quelque fondement. Une
rencontre , un rien sont quelquefois les
motifs du nom que l'on donne à une.
Ville ; qu'on aille après cela donner une
raison de ce qui est un pur effet du hazard.
Ainsi ,. Monsieur , j'aime mieux
employer le peu d'espace qui me reste à
vous supplier très.humblement de me
pardonner la liberté que j'ai priíê de
mettre vôtre illustre nom à la tête de
cet Écrit,. &c. ;
A Orange >.cé r. Septembre. ìjì jì
M. Jean Frederic Guib , DoEleur h
Droits i a M. le Marquis de .. . fur
l'origine & les Antie/uiteT^dc la Pille
d'Orange.
C'Est une tradition dans ce Pays qù'O.
' range a été- fondée en même temps
qu'Avignon , 8c que ces deux Villes doi
vent leur origine aux Phocéens ou Grecs
Asiatiques ; mais c'est une chose bien dif
ficile , pour ne pas dire impossible , que
de vouloir aujourd'hui marquer précisé
ment letemps auquel elles ont été fon
dées. Pline le Naturaliste , livre j. chap.
5'. en parlant des Villes de l'Italie qui lui
D iij de
70 MERCURE DE FRANCË.
de voit être un païs très.connu, puisque'
c' étoit la pártie'du monde la plus polie 8e
la plus éclairée, & danslaquelle même if
étoit né , avojie néanmoins qu'il lui sera;
très.difficile de fixer la situation des Vil
les d'Italie sic de marquer leur origine y.
Nec Jitus origine/que persequi facile esi..
Si un Ecrivain de cette importance con-'
feslè une telle chose à l'égard des Villes
de l'Italie, comment sera.t-il poslible au-'
jourd'hui qu'il s'est écoulé ún si grand
nombre de siecles, de pouvoir désigner le
tems de la fondation de la plupart des an
ciennes Villes- de ces Provinces habitées
par des Peuples qui n'a voient aucun soiiv
d'écrire les évenemens dignes d'être tranCrriìs
à la posterité.
Tout ce donc qu'on peut dire rest qu'en.
l'année (a ) six cens avant la nailîàncer
de notre Seigneur Jeíùs.Çhrist , des Habitans
de Phocée , ville de l'Ionie dans l'A
sie Mineure , étant sortis de leur Patrie,
vinrent fonder la ville de Marseille, &
que dans la fuite d'autres Phocéens étant
également venus à Marseille , ils sorti
rent de cette Ville , qui étoit déja extrê
mement peuplée & fonderent les Villes
de Nice, d'Antibes , d'Agde, & peutêtre
même la Ville d'Orange , &c. Mais
( a ) Cette année concourt avec la premiere
année de la 4j- Oiimpiade.
y A N V I E R tin. f t 7t
fòit que ces Phocéens en ayent été les
fondateurs ou qu'ils y ayent seulement en
voyé Une Colonie , on peut aíîurer qu'O
range n'a commencée d'être opulente Se
renommée que depuis qu'elle fut assu
jettie à la domination Romaine > car envi
ron ans avant l'Ere vulgaire , cet
te Ville n'étoit encore qu'un Bourg. Je
me fonde íurce que Tite.Live parlant du
pais que nous habitons a écrit dans le Li
vre li. chap. 28. que dans ce tems-là les
Gaulois de la Rite gauche du Rhône ,
habitoient dans les Bourgs. La Ville d'O
range qui par fa situation ne se trouve
éloignée du Rhône que d'une lieùë , ne
pou voit pas être , íuivant les apparences ,
ni plus puissante , ni d'une plus vaste
étendue que les habitations des peuples
du voisinage.
Environ cent vingt.quatre ans avant la
riaiíïànce de notre Sauveur , les Romains
étant sollicitez par les Marfeillois de leur
envoyer des Troupes pour les secourir ,
ils profiterent habilement de cette occa
sion , & ayant eu le bonheur. de battre les
ennemis dans deux grandes 8c celebres
batailles , la conquête de la^rovence , du
Languedoc , de la Savoye & du Dauphiné,
fût à peu . près le fruit de leurs vic
toires. Le Territoire de cette Ville ayant
été le Théatre fur lequel ces mémorables
* biii) se
7i MERCURE DÉ FRANCE'.
& glorieuses actions s'étoient paslées , lô$
Romains pour éterniser des faits si con
siderables y firent construire notre Arc de
Triomphe , comme je l'ai prouvé dans la
Diísertation qui a été inserée dans le Mer
cure de Paris du- mois de Decembre 17 1 iJ.
page 1 8c fui v. Voilà l'origine de cette
particuliere prédilection & de ce tendre
attachement que ces- superbes Vainqueurs
ont toujours depuis ce tems-là cherement
conservé pour cette Ville.
Elle est devenue Colonie Romaine en1.
viron 4 5. ans avant k naissance de Jesus1.
Christ par le ministere de Tibere Neron
Pere de l'Empereur Tibere ; car ce fut
fous les auspices de ce grand Homme
que des soldats de la seconde legion
vinrent dans cette Ville , de lui' procure'.
lent par.là le nom à'Araitfio Secunda^
normn:
L'an (Í4.0U environ de l'Ere vulgaire
les Romains auraient envoyé une seconde
Colonie dansicette Ville, si ce que Goltzius
a écrit étoit veritable. Cet antiquaire
assure dans son Trésor des Medailles qu'if
y a une Medaille de l'Empereur Neron
sûr laquelle op lit ces paroles íuivantes .•
Colonia 'Araufìo Secnndanornm cohortis
55. viluntariomm.. Ce qui signifierait
que sous le regne de cet Empereur on
envoya dans cette Ville une Colonie pri*
J A NV 1ER 1724.. 73
se des soldats de la cohorte }}. de la ( a )
íeconde legion. Mais comme Pillustre
M. de Peirescn'a jamais pu deterrer une
semblable Medaille , quelques recherches
qu'il ait faites , au rapport de Gaiîèndi in
vita Peiresk.it, f*g. 4.5. il y a lieu de
soupçonner que Goltzius ne s'est pas ex
primé avec l'exactitude convenable. Ce
pendant je ne voudrois pas assurer que
cette Medaille n'ait jamais existé, il peut
bien être que M. de Peireíc arec toutes
ses recherches , n'aura pas trouvé ce qu'un
heureux hazard pouîroit procurer à un;
Curieux de Medailles. Geui qui ont cette
paflìon doivent ^enflammer d'une nou
velle ardeur pour tâcher de découvrir'
une piece d'une si grande rareté , Se ilsr
seroient bien pavez de leurs peines &de
leurs foins par le plaisir de posseder une
Medaille qui auroit été inconnue à une
personne d'un merite auísi distingué que
M. dePeirefo
Quoiqu'il en soit les Romains ayant ho
noré cette Ville d'une Colonie Militaire,
ils lui accorderent les privileges & les'
prérogatives qui y étoient attachez. Au-'
lu.gelíe,au livre 1 6. chap. ij. de Ces
Nuits Attiques , a judicieusement remar
qué que les Colonies étoient en petit une
( a ) La Legion n'étoh ordinairement divi
sée qu'en dix cohortes.
D v image
74 MERCURE DE FRANCE.
image & une representation de la. ma
jesté & de l'opulence dela ville de Rome^
Amplimdinem, Majestatemque Populi Ro
mani Colonie quasi effigies parva ,
jìmulacraque ejfe qu&iam "jidentur. Pair
consequent Orange avoit des Pontifes
ponr regler toutes les affaires concer
nant la Religion , des AugureS qui observoient
le tems favorable pour com
mencer quelque affaire > íoit par le vol ,
chant , ou le manger des oiíeaux , des
Aruspices pour predire l'avenir en re
gardant les entrailles des Victimes, dejf
Ceníeurs , pour regler les moeurs , re
trancher les abus , faite le dénombre
ment des Citoyens & leur assigner un
rang à proportion de leur revenu y des
Quêteurs ou Trésoriers pour exiger Se
avoir foin des deniers publics > des Ediles
pour veiller à la conservation des Edifices
publics tant Saints que Profanes , pour
avoir l'oeil à l'entretien des grands che
mins , des Ponts , des Bains publics, des
Aqueducs , &c pour taxer les Denrées
qui íè vendoient dans les places publi
ques , pour punir ceux qui usoient de.
faux poids & de faussés meíùres , &c.
Les Romains en relevant de cette ma
nière la gloire de cette Ville par la créa
tion de ses dignitez , n'oublierent pas auffi
de l'embellir par un grand nombre de
íôm
/ Â tftf ï' É R 1724. 7 f
íomptueux Bâtimens , des Temples dé
diez à Mars (a) , Diane , Hercule , &c.
furent des preuves de leur zele pour le
culte de ces fausses Divinitez ; des sbains
publics & particuliers , des pavez à la
Mosaïque , des Arenes , un Capitole, urt
Champ de Mars , un Théatre & des
Aqueducs , furent des marques de leur
luxe ou de leur magnificence. Ce qui
nous reste aujourd'hui de ces ouvrages ,
ne nous fait pas moins admirer la somp
tuosité du Bâtiment que l'excellent genie
de ceux qui précedoient à la construction
de ces travaux si utiles 8c si necessaires
aux peuples qui étoient soumis à leur
domination.'
Je passerois de beaucoup les bornes
que je me fuis prescrites dans cet abregé,
íî je parlois avec l'étenduë necessaire de
tous ces divers Edifices ; cependant je ne
fìjaurois m'empêcher d'en dire quelque
chose , quand ce ne seroit que pour indi
ques l'état dans lequel on les voit pré
sentement.
Les Temples de Mars , de Diane &
d'Hercule sont àpreíènt entierement dé
truits. Les Uns assurent que le Temple
de Diane étoit situé à l'endroit où est au-
(a) Il y a des gens qui croyent que les Tem
ples de Mars , & d'Hercule furent bâtis avant
qu'Orange devint Colonie Romaine. .
76. MERCURE DE FRANCE.
jourd'hui l'Eglise Cathedrale ; les autres
disent qu'il étoit fur le derriere du logis
des trois Oranges ; mais d'autres préten
dent qu'en ce dernier endroit l'on voyoit
les Temples de Mars , & d'Hercule , 8c
que dehors la Ville , à la plaine appellée
Martignan , il y a voit un autre Temple
coníàcré au Dieu Mars.
Les Bains publics se trouvent mainte
nant éloignez d'environ 250. pas de la
Porte de Tourre. Ce n'est presque plus
des mazures r nommées vulgairement la
Tour. Ronde.
Les Arenes iônt entierement détruites;.
elles étoient placées dans une Terre à eni
viron 460. pas de la Porte de Saint Mar
tin. C'ëtoit là que les Gladiateurs se battoient
avant. la construction de notre
Theatre. .
Le Capitole , qui étoit ainsi appelle ,
parce qu'il étoit situé dans un lieu le
plus. élevé de la Ville , étoit placé íùr
notre Montagne , ca r Orange étoit four
lors située partie fur la Montagne & par
tie dans la plaine. C'est dáns cet endroit
que deux Magistrats appeliez' Diiumvirs
rendoient la Justice ; oh les éliïòit ctu
corps des Decurions qui étoient à peu
près ce que font à present nos Coníeil
lers politiques. If qui non fit Deciino
JDmmviraut , vd aliis honoribus fungl
non.
JANVIER 17*4. 77.
non potest. liv, 7. $. 2. íF. de Dccurion. SS
filiis eorum. Decuriones , dit le Jurifcon-.
fuite Pomponius au §. 5. de la loi 239^
du Titre du Digeste de verbor. fignif..
Quidam diílos aiunt ex eo , quod initio ^
cum coloni» deduceretur , decima part
eorum , qui' dncerenturconfilii' publici gra-'
ri* y conscribi solita fit.
Le Champ de Mars étoit situé dans l'en-'
droit où est aujourd'hui le Couvent des
Religieux Capucins -, qui étroit autrefois'
le Fau xbourg Saint Florent, & aupara
vant le Bourg de la Clastre. C'étoitdans'
ce champ qu'on s'éxerçoit à la course, à'
la lutte, à tirer de l'arc 3 &c. qu'on bruloit
les corps y Sec.
Notre Théatre appelle communément'
le Cirque servait pour les courses des'
chariots , les combats des Gladiateurs &
des bêtes feroces , & poiír donner les'
naumachies pr ie moyen de l'eau que:
l'on' y faiíòit venir en abondance , toutes'
l«s fois qu'on le fouhaittoit , erî ouvrant
des conduits destinez à cet usage. lia 108.' .
pieds de hauteur & 124. de largeur. Je
dirai ailleurs qu'il a été bâti sous le re
gne de l'Empereur Adrien , environ 121,
ans après la naissance de notre di via
Sauveur.
L'Aqueduc avort son origine à quel
ques lieues de cette Ville dans le Terxoir
f* MERCURE DE FRANCE.
roir de Malauslenne , petite Ville dit
Gomtat. Il íerroit à conduire l'eau qui
étoit nécessaire pour les bains 8c pour les
naumachíes , &c. Oh en voit encore des
débris assez considerables.
Si à tous ces' precieux restes ont joint
les bas.reliefs., les pavez à la Moíàïque ,
Sec. qui se voient chez diyers particu
liers, on'J conviendra facilement qu'O
range devoit être une Ville bien magni
fique & bien opulente. Quelle perte
n'est.ce pas pour la" Republique des Let
tres , n quelque Auteur ancien avoit
entrepris une Deícription exacte & fi
dele de cette Ville dans le tems qu'elle
étoit dans íà íplendeur , qu'un tel Ou
vrage ne soit pas parvenu juíqu'à nous ?
Combien de Coutumes & de ceremonies,
tant íàcrées que prophaites , qui étoient
usitées parmi les Romains , & qui nous
sont à present inconnues , n'apprendrions-.
rtous pas par' la lecture d'un semblable
Ouvrage? Plus l'Auteur auroit été judi
cieux ,& plus nous y découvririons des
faits curieux & interessons, La perle de'
Cleopatre qui fut mise aux oreilles de
la Statue de la Déesse Venus, ou la cassette
ornée de pierreries dans laquelle Alexan
dre le Grand mettoit les Ouvrages d'Homere
, ne seroient pas capable de payer
an tel Livre. Si on étoit assez heureux
.:u* pour
JANVÍER ^724. ff
jjoíseder une semblable production , on
auroic le plaisir de voir d'une maniere
claire & convaincante que les Sorligers ,
les Saumajflès , les Menage, les Spon ,
les Voíïïus les Spanheim , les Dacier ,
& en un mot, que la plupart de ceux
qui se sont attachez à expliquer les Antiquitez
Romaines , ont heureuíement ren
contre la verité , & nous ne serions plus
dans l'incertitude s'ils se sont quelque.,
fois trompez dans leurs raisonnemens,
ou dans leurs conjectures..
Les autres Anciens qui ont parlé d'O
range l'ont fait d!une maniere si succinte,
que cela ne donne pas de grands éclaireiflèmens
à ceux qui font une étude par
ticuliere de l'Histoire ancienne de cette
Ville. On en powrra juger , si on lit ce
que les Auteurs suivans en ont dit.
Strabon , celebre Geographe , qui vi-
Voit sous les regnes des Empereurs Au
guste & Tibere , est le plus ancien Au
teur qui ait fait mention d'Orange.
Pomponius Mela qui vivoit.íôus le
regne de l'empereur Claude a aussi par.r
lé de cette Ville.
Pline le Naturaliste en a également
parlé. Il vivoit fous le regne de l'Empe
reur Vespaíîen.
Pcolemée , le Prince des Astronomes
qui fleurissoit sous le regne de l'Empe
reur
U MERCURE- DE FRANCE.
reur Adrien a pareillement sait mention
de cette Ville , de même que l'Itinéraire
que l'on attribuè' à l'Empereur Anto.,
nin , &c.
Peut.être ne íèroit-if pas inutile avant
que de finir de donner l'étimologie du
nomà'Orange. Je le ferois avec plaisir,
íì je ne croyois qu'il y a trop d'incertitu
de dans cette science , pour pouvoir s'y
arrêter avec quelque fondement. Une
rencontre , un rien sont quelquefois les
motifs du nom que l'on donne à une.
Ville ; qu'on aille après cela donner une
raison de ce qui est un pur effet du hazard.
Ainsi ,. Monsieur , j'aime mieux
employer le peu d'espace qui me reste à
vous supplier très.humblement de me
pardonner la liberté que j'ai priíê de
mettre vôtre illustre nom à la tête de
cet Écrit,. &c. ;
A Orange >.cé r. Septembre. ìjì jì
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
La lettre de M. Jean Frédéric Guib explore l'origine et les antécédents de la ville d'Orange. Selon une tradition locale, Orange et Avignon auraient été fondées simultanément par les Phocéens, des Grecs asiatiques. Cependant, la date exacte de leur fondation reste incertaine. Pline le Naturaliste, bien que familier avec l'Italie, reconnaissait la difficulté de déterminer l'origine des villes italiennes, rendant la datation des villes provençales encore plus complexe. En 600 avant J.-C., des habitants de Phocée fondèrent Marseille, et d'autres Phocéens établirent ensuite Nice, Antibes, Agde, et peut-être Orange. Orange ne devint prospère et renommée qu'après être passée sous domination romaine. Environ 124 ans avant J.-C., les Romains, sollicités par les Marseillais, battirent les ennemis et conquirent la Provence, le Languedoc, la Savoie et le Dauphiné. Orange, située près du Rhône, était alors un simple bourg. Les Romains construisirent un arc de triomphe à Orange pour commémorer leurs victoires. La ville devint une colonie romaine environ 45 ans avant J.-C., sous le règne de Tibère Néron. Les Romains y envoyèrent des soldats de la seconde légion, lui donnant le nom de Colonia Arausio Secunda. Une médaille de Néron mentionnerait une seconde colonie, mais son authenticité est douteuse. Orange bénéficia de privilèges et de dignités romaines, incluant des pontifes, augures, aruspices, censeurs, questeurs, et édiles. Les Romains embellirent la ville avec des temples, des bains, des arènes, un théâtre, et des aqueducs. Aujourd'hui, plusieurs de ces structures sont détruites ou en ruine, mais des vestiges subsistent, témoignant de la grandeur passée d'Orange. Les auteurs anciens comme Strabon, Pomponius Mela, et Pline le Naturaliste ont mentionné Orange, mais leurs descriptions sont succinctes et ne fournissent que peu d'éclairages sur l'histoire ancienne de la ville. Le texte mentionne également Ptolémée, décrit comme le 'Prince des Astronomes' vivant sous le règne d'un empereur non nommé, ainsi qu'Adrien et un itinéraire attribué à l'empereur Antonin. L'auteur exprime son intention de donner l'étymologie du nom 'Orange', mais il hésite en raison des incertitudes dans cette science. Il conclut en s'excusant pour la liberté prise de mentionner le nom illustre d'une personne à la tête de son écrit. Le texte est daté du 21 septembre et provient d'Orange.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 503-524
EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
Début :
MILORD, L'amour que vous avez pour l'Histoire & surtout pour les nouvelles découvertes [...]
Mots clefs :
Carausius, Auguste, Médailles, Médaille, Cohortes, Empereur, Gloire, Légion, Taureaux, Bretagne, Cabinet, Bélier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
EXPLICATION des Médailles qui font
mention des Cohortes & des differentes
Legions de Caraufius , par où l'on peut
fixer à peu près le nombre des Troupes
que cet Empereur des anciens Bretons
entretenoit. Adreffée à fon Excellence
Milord Carteret , Vice-Roy d'Irlande ,
&c. Par M. Genebrier , Docteur en
Medecine , Medecin ordinaire de la
Cour d'Angleterre & premier Medecin
du Vice- Roi d'Irlande.
M.
ILORD ,
L'amour que vous avez pour l'Hiftoire
& furtout pour les nouvelles découvertes
qui peuvent intereffer la gloire de votre
Nation , m'ayant fait entreprendre l'Hiftoire
Metallique de Caraufius , un des
plus grands Conquerans que l'Angleterre
ait jamais eu , j'ai crû que pour concou-.
rir à vos vûës , il ne fuffifoit pas de relever
la gloire de ce Heros , fi je ne tâchois
en même - temps de celebrer les Inftrumens
de fes victoires : Je veux dire
fi je ne parlois des Legions, qui ont combattu
fous fes Etendarts , & qui lui ont acquis
tant de gloire. C'est ce que j'ai tâ-
D v ché
"
304 MERCURE DE FRANCE:
ché de faire en recueillant autant que j'ai
pû , les Médailles qui font mention de
ces Legions ou de ces Cohortes Prétoriennes.
Ces Monumens ferviront , au défaut
de l'Hiftoire qui n'en parle point ,
à fixer à peu près le nombre des Troupes
de cet Empereur. Et ces Legions ainfi
raffemblées , formeront , pour ainſi dire
un Corps d'armée glorieux , dont le dénombrement,
après tant de fiécles , ne peut
que faire plaifir à Votre Excellence.
Voici, Milord, ces Legions, fuivant l'ordre
de leur découverte.
Legion I.
IMP . C. Caraufius P.F. Aug. L'Empe
reur Cefar Caraufius , Pieux, Heureux , Augufte
, fa tête couronnée de Lauriers.
LEG . VIII . AUG. Legio octava Augufta..
Pour Type un Taureau . Cette huitiéme
Legion , furnommée Auguftale , dont Caraufius
a voulu par cette Médaille éternifer
la valeur & la fidelité , eft une des plus
anciennes Legions de l'Empire ; elle fut
formée par Augufte même , qui lui donna
fon nom & le rang de huitiéme Auguftale.
Il l'envoya d'abord en Pannonie,
où elle refta jufqu'à l'Empereur Claude ,
qui la fit paffer en Moefie, où Galba trouva
à propos de la laiffer. Mais Septime
Severe la fit revenir , & la plaça dans la
haute
MARS. 1730.
505
haute Germanie. Il y a apparence qu'elle
y refta pour deffendre les Frontieres de
l'Empire , jufqu'au temps de Caraufius.
Que ce fut entr'autres avec cette Legion,
qu'il défit les Germains en plufieurs rencontres
; qu'il remporta fur eux plufieurs
Victoires fignalées , & qu'il mérita enfin
le titre glorieux de très - grand Germanique
, Germanicus Maximus , que les Médailles
lui donnent. Je ne ferois pas non
plus fort éloigné de croire que ce fût cette
fiére Legion qui fe déclara la premiere
pour Caraufius ; qui le fuivit enAngleterre ,
& que le Panegyrifte Eumenius femble
nous défigner par ces termes , occupara
Legione Romanâ , en parlant du paffage.
de Caraufius dans la Grande - Bretagne.
Nous avons auffi cette même Legion
dans une Médaille d'argent de Septime
Severe , auquel on peut croire qu'elle
n'avoit pas rendu des fervices moins importans
que ceux qu'elle rendit depuis à
Caraufius. Mais au lieu d'un Taureau qui
eft fur la Médaille de ce dernier , il y a
dans celle de Severe , l'Aigle Legionaire
entre deux Signes Militaires. Je trouve
encore le même Taureau & la même Legion
, dans Gallien , que dans Caraufius .
Nous ne parlerons point ici des autres
Legions qui ont auffi été furnommées Au
guftales , nous dirons feulement , que la
Dvj feconde
506 ME RCURE DE FRANCE
feconde Legion Auguftale étoit en quar
tier d'hyver dans la Haute-Bretagne . Quand
Xiphilin même ne nous en auroit pas donné
de preuves , comme il a fait dans la
Vie d'Augufte , le fragment de Brique
qui eft dans le Cabinet du Docteur Woodward
, où j'ai lû , LEG . II . AUG . en
feroit une preuve affez autentique . Cette
Infcription nous fait croire que la feconde
Legion Auguftale pouvoit avoir été employée
à quelques travaux publics dont
elle vouloit fe faire honneur dans la pofterité.
Je n'affurerai point que ce Monument
foit du temps de Septime Severe
qui fit , comme on l'a dit ailleurs , conftruire
plufieurs Edifices publics dans la
Grande-Bretagne. Cependant , comme ce
fragment a été trouvé proche d'York , &
que SeptimeSevere y avoit établi fa demeu
re & fait de cette Ville fon Siege Imperial;
il y a apparence que ce débris eft , pour aing
dire , encore un témoin de fa gloire , auffi
bien que cet autre fragment que j'ai vû
à Londres , où le mot de SEVERI fe lit
en gros caractere fur une Brique d'une
épaiffeur pareille à la premiere , au - delfous
d'une Tête en forme de Soleil . Cette
feconde Legion Auguftale fe trouve auffi
dans les Médailles de Septime Severe ,
LEG. II. AUG . avec deux Signes Militaires
, & au milieu l'Aigle Legionaire ,
MARS. 17307 507
ce qui confirmeroit notre conjecture. Il
eft encore fait mention de la feconde
Legion Auguftale , auffi - bien auffi- bien que de
la huitiéme Legion Auguftale , dans un
fragment d'une ancienne Colonne à Rome
, que je ne rapporterai point ici , parce
qu'elle fe trouve dans Gruter & dans plufeurs
autres Antiquaires .
14 Nous lifons dans les Colonies de Vail
lant , qu'Augufte avoit envoyé à Beryte
une Colonie des Veterans de la huitiéme
Legion Auguftale . Une autre partie fut
envoyée à Fréjus , dans nos Gaules , &
l'autre à Heliopolis.
J'ai vû cette Médaille d'argent dans leCabinet
du Duc de Dewonshire , à Londres.
Legion II.
Imp. Caraufius , P. F. Aug. fa tête
couronnée de Rayons. LEG . VII CL
ML . Legio feptima Claudia . La ſeptiéme
Legion Claudienne . Je lis Claudia , &
non pas Claffica , comme a fait Gutherius,
dans fon Traité De Jure Manium , page
48. Il a été trompé par le mor Claffica,
qui fe trouve dans une Médaille de Marc
Antoine , jointe à la dixiéme Legion.
LEG. XVII. CLASSICA. Cette
Legion eft bien differente de la nôtre
& d'ailleurs le mot de Claudia fe
trouve auffi écrit tout au long dans plufieurs
Infcriptions antiques . Spon , dans
ג
Les
1
508 MERCURE DE FRANCE.
fes Mélanges d'Antiquitez , page 254-
nous en fournit une que voici .
Q SERTORIUS L. F.
POB. FESTUS
CENTUR LIG . XI.
CLAUDIAE PIAE FIDELIS .
La feptiéme Legion de notre Médaille
a pour Type un Taureau comme la précedente
. Elle fut appellée Claudienne, du
nom de l'Empereur Claude , parce qu'elle
lui avoit été fidele étant dans la Moëfie,
& qu'elle avoit vivement foutenu fon parti
contre Scribonien , Gouverneur de la
Dace. Cette Legion n'avoit d'abord aucun
furnom qui la diftinguât des autres que
le rang de fon ancienneté ; & c'eft pour
cela même que Jules - Cefar , dans fon
quatriéme Livre de la Guerre des Gaules ,
ne fait point de difficulté de l'appeller
une des plus illuftres & des plus anciennes
Legions de l'Empire Veterrima Legio .
Auffi la fit- il paffer avec lui dans la Grande-
Bretagne , comme une de celles qu'il
jugeoit des plus capables de feconder fes
grands deffeins pour la conquête ou pour
l'expedition de ce nouveau Monde. Au
revers il y a un Taureau , comme dans la
precedente , ce qui nous apprend que ces
Legions avoient été formées des Colonies
Romaines. Le Taureau étant le Symbole
d'une
MARS. 1730. so gi
d'une Colonie , parce que c'étoit un ufage
chez les Romains, quand on vouloit bâtie
une Ville , d'en marquer l'enceinte avec
le Soc de la Charruë , fuivant ce fragment:
de Caton , mos fuit defignandi urbes aratro.
Soit , au refte , que cette feptiéme
Legion Claudienne qui étoit autrefois en
la haute Moëfie, fût déja dans la Grande-
Bretagne lorfque Caraufius y aborda ; ſoir
qu'elle y fût conduite avec la huitiéme
Legion Auguftale , dont nous avons parlé
; foit enfin qu'elle ne ſe rangeât fous les
Etendarts de Caraufius , qu'après qu'il eur
défait l'armeé Romaine qui tenoit encore
dans cette Ifle pour Diocletien & pour
Maximien : Caraufius ne pouvoit mieux
faire pour ſe la rendre fidele ou pour la
récompenfer de fa valeur, qu'en confacrant
fon nom à l'immortalité , avec les autres
Legions dont il avoit reconnu le zele &
l'attachement , & dont il fit auffi graver
les noms fur les Médailles que nous expliquons.
Gruter rapporte une Infcrip
tion de lafeptiéme Legion Claudienne.
P. ÆLIO P. F. PP . MARCELLO
VE . PP . EX PREF. LEG . VII .
CL. ET I. ADJUT . SUB. PRINC
IPE PEREGRINORUM .
La feptiéme Legion Claudienne fe trou
ve auffi fur les Médailles de Septime See
vere & fur celles de Gallien,
310 MERCURE DE FRANCE.
La feptiéme Legion Claudierne étoft
encore dans la haute Moëfie , fous Gordien
Pie , qui envoya les Veterans de la
feptiéme & de la quatriéme Legion à Vi
minacium , Colonie de cette Province ,
comme nous l'apprend une Médaille du
Cabinet de M. le Prefident de Maifons.
Il y a d'un côté , Imp. Gordianus pius fel
Aug. Sa tête couronnée de Rayons .
Et au Revers , P. M. S. COL . VIM .
AN IIII. Provincia Moefia Superioris
Colonia Viminacium. Anno quarto. La
figure d'une femme debout tient de la
main droite un Signe Militaire , où eft le
nombre VII. & de la main gauche un
autre Signe Militaire , où eſt le nombre
IIII. & à fes pieds , au côté droit , un Taureau
, & au côté gauche un Lion , qui.
font les Symboles de ces deux Legions ,
pour marquer que les Veterans de la feptiéme
Legion Claudienne & ceux de la
quatriéme ,y avoient été envoyez pour peupler
cette Ville & la deffendre contre les
infultes des Barbares .
Dion, Livre 55 page 564. ne laiffe aucun
lieu de douter que ce ne foit la 7
Legion Claudienne qui eft fur la Médaille
de Gordien Pie , quoique le nom de Claudia
n'y foit point. Il nous apprend que
c'eft la même qui étoit en quartier d'hyver
dans la haute Moëfie . Septimia in Mifia
LibMARS,
1730% 511
fuperiori, Claudiana præcipue nuncupata .
M.l'Abbé de Rothelin a auffi la feptiéme
Legion Claudienne dans Gallien avec le
même Taureau .
J'ai vu cette Médaille de petit Bronze
dans le Cabinet de Milord Pembrok , en
Angleterre ; & à Paris , chez le P. Chamillard
, qui l'a , dit - il, trouvée à Pontoiſe
Legion 111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. Sa tête couronnée
de Rayons , pour Type un Taureau
. LEG . VIIII . GE ML . Legio nona
Gemina. La neuviéme Legion Gemelle.
Cette 9º Legion , dont Caraufius voulut
auffi celebrer la valeur , étoit auffi appellée
Gemina ou Gemelle , parce quelle
avoit été formée de deux Legions qui n'en
compofoient plus qu'une , comme Dion
ou Xiphilin fon Compilateur nous l'apprend
dans la Vie d'Augufte , page 183. Le
Revers de cette Médaille porte le même
Type que les deux précedentes . C'eſt un
Taureau qui eft le ſymbole ordinaire des
Veterans d'une Colonie . Le Taureau étoit
fous la protection de la Déeffe de Cythere.
Taurum Cytherea tuetur , dit le PoëteManilius
. Il eſt fait mention dans le frag
ment d'une ancienne Colomne , de la feptiéme
Legion Gemina , on Gemelle , ce
qui
311 MERCURE DE FRANCE:
qui fait voir que le mot G E, fe doit rend
dre en latin par celui de Gemina , puiſqu'il
fe trouve écrit tout du long ſur les anciennes
Infcriptions. Quant aux Lettres
ML qui fe trouvent dans l'Exergue de
ces Médailles , nous aurons lieu d'en dire
notre fentiment dans un Chapitre particulier
, où nous tâcherons de découvrir ce
ce que les Monetaires de ces temps - là ont
voulu nous donner à entendre par ces
Lettres & autres femblables.
CetteMédaille de petit Bronze , eft dans
le Cabinet du Duc de Dewonshire.
Legion 1111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête cou
tonnée de Laurier . LEG . IIII. FL. Dans
Exergue , R. S. R. Legio quarta Flavia,
la 4 Legion Flavienne . Cette quatriéme
Legion fut ainfi furnommée par Vefpafien,
qui voulut qu'elle prit le furnom de fa Famille
appellée Flavia . Il plaça cette Legion
dans la Syrie pour contenir les peuples
dans leur devoir . Quarta Flavia in
Syria commorata eft , ſelon Dion , p . 272.
qui rapporte qu'elle étoit encore en Syrie
fous le regne d'Alexandre Severe.
Cette Legion porte pour enfeigne un
Lyon , fimbole ordinaire de la force . Septime
Severe s'étoit auffi fait gloire de celebrer
MARS. 17300 $ 13
lebrer la valeur de la même Legion , avee
la même Legende ; mais le Type eft fort
different de la Médaille de Caraufius , il
y a fur celle de Severe deux Signes Militaires
avec l'Aigle Legionnaire ; au lieu
que dans la Médaille de Caraufius il n'y
a qu'un Lion feul. J'ai auffi obfervé ailleurs
la mêmeLegende que dans Caraufius ;
mais au lieu d'un Lion , il y en à deux
entre lefquels on voit une tête cafquée.
J'ai vu à Londres dans le Cabinet
de Milord Pembrock , ce même Type fur
une Médaille d'or de Victorin , où cette
Legion prend le furnom de Pia Felix.
Legio IIII. Flavia P. F.
Vaillant nous affure que de toutes les
Legions qui reftoient fous Gallien , la
quatriéme Legion Flavienne étoit la feule
qui portât un Lion pour Enfeigne , & les .
Médailles que nous venons de rapporter.
en dernier lieu , font voir que cette Legion
fubfifta encore quelque temps après
Gallien , puifque Victorin s'eft fait honneur
de faire graver encore le nom de
la même Legion fur fes Médailles ..
Elle avoit été auffi fort celebre fous plufieurs
autres Princes , comme on le peut
voir dans les Colonies de Vaillant. La
Médaille qu'il rapporte du jeune Philippe
, me paroît fur tout digne de remarque.
On voit d'un côté la tête de ce Prince ; &
21
314 MERCURE DE FRANCE.
au revers ces quatre Lettres initiales G.
F. P. D. qui fignifient Colonia Flavia
Pacenfis Deultana , parce que cette Colonie
avoit été formée des Veterans de
cette quatriéme Legion Flavienne .
Il eft auffi fait mention de la quatriéme
Legion Flavienne dans une Infcription
antique , trouvée à Pezaro , rapportée
,
, page 148. dans le Traité des Regions
Suburbicaires , où il eft fait mention entr'autres
du Tribun de la quatriéme Legion
Flavienne , qui étoit auf le Patron
des Colonies de Pezaro & de Feneſte .
TRIB . LATICL . LEG. IIII. FLAV
PATRONUS COLONIARUM .
PISAURI ET FANEST .
A l'égard de Pezaro , il eft bon de re
marquer en paffant que c'eft - là , où les
defcendans de Caraufius fe retirerent dans
des temps difficiles , fuivant le Comte de
Zabarella , * dans la Genealogie qu'il fait
des Pezari de Venife , intitulée : Il Carau
fio Overo Regia & Augufta Fameglia
di Pezari di Venetia ; Famille que cet
Auteur fait defcendre en ligne directe de
Caraufius , Empereur de la Grande - Bretagne
. Cette Médaille , qui eſt d'argent ,
eft à Londres dans le Cabinet du Duc de
Dewonshire .
* Le Livre du Comte de Zabarella , que j'avois
cherché long- temps , m'a été donné par M. Duvau
, Ecuyer , ancien Capitoul de Toulouse.
MAR S. 1730. SIS
Legion V.
Imp. Caraufius, P. F. Aug. Sa tête cou
ronnée de Rayons.
LEG . VIII... IN . ML . Legio octava ..
IN... cette Legion a pour Type un Belier.
La huitéme Legion furnommée ... IN ..
peut être invicta , l'invincible. C'eſt ainſi
que je crois qu'on peut interpreter le mot
abregé ... IN ... à moins que dans la
Médaille en queſtion il n'y ait MIN . au
lieu de N. ce qui feroir pour lors MINERVIA
Qu MINERVINA car il fe
pourroit bien faire que la Médaille n'étant
pas affez nette ni affez confervée en
cet endroit , on auroit pû lire IN , au lieu
de MIN.
Cette Médaille eft d'autant plus finguliere
que
fa Legende & fon Type font
encore inconnus fur les Médailles des autres
Empereurs. Quant au Type du revers,
ne pourroit - on point dire qu'il nous
défigne une Legion particuliere des Bagaudes
? On fçait que les Auteurs les appelloient
Agreftes ou Rufticanos & qu'ils
avoient quitté le foin de leurs Troupeaux
pour courir après une liberté chimerique
en prenant les armes fous la conduite.
d'Amandus , leur Empereur . Suivant ce
trait hiftorique, que nous avons rapporté
ailleurs ; ne pourroit- on pas dire que ces
Bagaudes ayant pris les armes , choifirent
pour
$ 16 MERCURE DE FRANCE.
pour le figne de leur liberté le Belier ,
pour marquer qu'ils n'avoient point perdu
de vûë leur premier état , & que s'ils
avoient pris les armes , ce n'étoit que pour
deffendre leur ancien Domaine ? Ce qui
pourroit fortifier d'ailleurs cette conjecture
, c'est que le Belier étoit confacré à
Pallas , Déefle de la Guerre ( Déeffe qui
fe voit fi fouvent fur les Médailles de
Caraufius ) Manilius nous en fournit une
preuve autentique dansfon deuxièmeLivre.
Lanigerum Pallas , Taurum Cytherea tuetur,
Le même Auteur parle encore du Belier
en des termes qui femblent parfaitement
juftifier le choix que nos anciens Gaulois
auroient pû faire du Belier pour enfeigne
d'une Legion qui fe feroit déclarée de nouveau
pour la liberté de la Patrie fous un fi
grand Capitaine.
Sed Princeps aries toto fulgebit in orbe,
Ainfi le furnom & le fymbole que prend
cette Legion conviendroit parfaitement
au temps dont nous parlons , & à un
Prince, qui prenoit à juste titre, le furnom
d'invincible , comme fes Médailles , avec
le titre d'Invictus , le confirment.
Il est bon de remarquer ici , qu'on por
toit quelquefois le Belier parmi les Enfeignes
Romaines. Mais fur tout quand
on
**ཟེ
MARS
.
1730.
SIY
en vouloit déclarer la guerre. Pour lors
un Herault d'Armes , tiré de l'illuftre Corps
des Faciales , marchoit à la tête portant
le figne du Belier , qu'il devoit lancer
fur les premieres Terres des Ennemis ,
pour montrer qu'ils n'avoient pris les
armes contre eux que pour le venger
des outrages qu'ils en avoient reçûs les
premiers , felon quelques Auteurs ; ou
plutôt felon Pierius dans fes Hyerogli
phes , pour donner à entendre par - là qu'ils
étoient déja , pour ainsi dire , en poffeffion
des Terres de leurs Ennemis . Ce qui étant
pris en ces deux fens , ne laifferoit pas
d'avoir fon application dans Caraufius qui
prétendoit avoir été infulté le premier
par Maximien , & qui s'empara bientôt
de l'ifle la plus belle , la plus grande & la
plus fertile du monde en pâturages , &c,
Legion VI
.....
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête couzonnée
de rayons.
LEG...... Legio Légion,
Dans l'Exergue M L. pour Type ,
la figure du Capricorne tourné du côté
droit . Les Legions dont nous venons de
parler m'étoient connuës fous trois Types
differens ; trois avoient le Type d'un
Taureau , une fous le Type d'un Belier ,
une autre fous le Type d'un Lion ; mais
celle- ci a un Type different , & on ne
l'avoit
418 MERCURE DE FRANCE .
f'avoit point encore vû fur aucune Médaille
de Caraufius ; il feroit à fouhaiter
que le nom de la Legion ne fut pas effacé,
Peut -être que le tems nous en fera dé
couvrir quelque femblable mieux confervée.
Il y a eu fept Legions de Gallien avec
le même Signe du Capricorne , & Vaillant
les rapporte dans fon Livre des Médailles
Impériales ; fçavoir , la Legion
premiere , Adjutrix. La premiere Italica,
la quatorziéme Gemina , la trentiéme Ulpia
, la vingt- deuxième , furnommée Primigenia
, au rapport de Spartien , dans la
vie de Didius Julianus . La dix- huitiéme
& la vingt- fixiéme fans nom particulier.
Ainfi on pourroit croire que celle de Ca
raufius , dont je parle ici , feroit une de ces
Legions , parcequ'elles ont toutes le même
fimbole que note Médaille.
La feconde Legion Auguftale pourroit
auffi être de ce nombre . On a trouvé dans
la Grande Bretagne une Infcription Antique
conçûë en ces termes , & avec le
même Type du Capricorne .
IMP.
AVG .
ANTONINO
Pio.
LE G.
I I.
A V G.
F. P. III. CC L XX II.
1
Cette
MARS. 1730: 519
Cette Infcription nous apprend que la
deuxième Legion Auguftale avoit continué
le mur d'Antonin Pie ,qui eft au Nord
d'Ecoffe , pendant l'efpace de trois mille
deux cent foixante & douze pas. Cette
Infcription eft fur une pierre qui reprefente
dans le haut , la figure d'un Capricorne
que je prens pour le figne de cette
Legion , & non pas le Griffon qui eſt au
bas. A l'égard du furnom Augufta , nous
avons déja remarqué qu'Augufte donna
fon nom à plufieurs Legions , & cette
Infcription nous fait voir que celle- ci
avoit non- feulement le nom d'Augufte ,
mais qu'elle en avoit auffi pris le fimbole
pour préfage de bonheur : le Signe
du Capricorne ayant toujours été regardé
comme tel par cet Empereur. Et parcequ'il
avoit été Conful pour la premiere fois ,
& qu'il avoit aufli gagné la Bataille d'Actium
dans le mois d'Août , il lui donna
fon nom . C'est ce qui me feroit croire
que c'eft cette feconde Legion qui nous
eft marquée fur notre Médaille de Caraufius
. Dion rapporte que la feconde Legion
Auguftale étoit de fon tems dans la
haute Bretagne , & les Infcriptions qu'on
Y découvre tous les jours en donnent des
preuves inconteftables. C'eſt cette feconde
Legion qui donna fon nom & la naiffance
à la Ville de Caer-leon , appellée dans l'IE
tineraire
520 MERCURE DE FRANCE.
tineraire d'Antonin , ISCA LEG. II. AUGUSTA.
Cette Legion étoit fans doute
encore dans la Grande Bretagne au tems
de Caraufius , puifque peu d'années avant
qu'il y allât , Pofthume , Empereur dans
les Gaules , avoit dans cette Ville un
Corps d'Armée. C'est ce que je trouve
confirmé par une Médaille de ce dernier
Empereur ; elle a d'un côté le nom de ce
Prince , & la tête couronnée de rayons.
IMP CM CASS LAT. Pofthumus Aug.
& de l'autre côté , on voit à cheval l'Em
pereur qui harangue les Troupes , & autour
EXERCITUS YSCanicus , l'AEmée
de Caer- Leon .Cette Armée de Pofthu .
me fut nommée Armée Tfcanique d'Yíca,
parceque cette Legion qui prêta ferment
de fidelité à Pofthume dans la Grande
Bretagne , étoit placée fur la Riviere de
PUske, qu'on appelloit Yſca - Silurum , &
non pas Silulorum , comme l'a écrit Vaillant
, qui rapporte cette Médaille . Cette
Ville n'eft plus aujourd'hui qu'un petit
Village , portant le nom de Caer-Leon, par
corruption de Cefaris Legio ; & c'eſt là
que les Hiftoriens Anglois avoient placé
la Cour de leur grand Roi Artus &
où ils prétendent qu'il y avoit un College
de deux cens Philofophes établis pour
Ay obferver le cours des Aftres . Cette Médaille
de petit bronze eft en Angleterre ,
dans le Cabinet du Docteur Sloane.
"
MARS. 1730. 521
*
COHORTES PRETORIENNES.
Imp. Caraufius. P. F. Aug. La tête
couronnée de Rayons.
COHH .... ML. Cohortes ... Les
Cohortes ... M L. COHORTES. Ce font
fans doute les Cohortes Prétoriennes qui
formoient la garde de Caraufius , dont cet
Empereur voulut éternifer la mémoire &
la fidelité aufli bien que celle des Legions
dont nous venons de parler. Je n'entrerai
point ici dans la queftion de fçavoir de
combien étoit compofée la Legion . Les
Auteurs font pleins de ces fortes de détails.
J'ajouterai cependant qu'il y avoit
fous Augufte neuf Cohortes Prétoriennes
pour la garde du Prince , & que Galba
y en ajoûta trois nouvelles. Ainfi il y eut
douze Cohortes de Gardes Prétoriennes,
qui fubfiftoient encore du tems de Septime
Severe , au rapport de Dion. Je ne
fçai fi le nombre de ces Cohortes étoit le
même du tems de Diocletien & de Maximien
; mais ce qu'on peut affurer , fuivant
le témoignage de cette Médaille unique
de Caraufius , c'eft que la garde de
ce Prince étoit compofée de quatre mille
hommes. C'eft ainfi que je crois qu'on
doit expliquer les quatre fignes militaires
qui font au revers de fa Médaille . En effer
chaque Cohorte ayant fon enfeigne
militaire , & chaque Cohorte étant com
- E ij poléc
322 MERCURE DE FRANCE :
pofée de mille hommes , fuivant le témoi
gnage de la plupart des Auteurs ,
quatre enfeignes militaires nous défignent
que la Garde de cet Empereur des Bretons
étoit compofée de quatre Cohortes
Prétoriennes . A quoi fi nous ajoûrons le
nombre de dix ou de douze mille hommes
, dont chaque Legion pouvoit être
compofée , en y comprenant les Troupes
auxiliaires , il fe trouvera que Caraufius ,
fuivant ces Médailles, avoit du moins une
armée de foixante & quatre mille hommes,
fans y comprendre les forces maritimes.
Ce font là les Cohortes Prétoriennes & les
fix Legions principales qui compofoient
l'Armée de notre Conquerant , & dont
les Auteurs ne parlent point. Elles métitoient
bien , après lui avoir acquis tant
de gloire , d'en partager avec lui une por
tion , & de revivre un jour dans la mémoire
des hommes par ce témoignage autentique
de fa reconnoiffance , ayant été
les compagnes fideles de fes travaux guerriers
, & ayant verſé fi librement leur fang
dans plufieurs occafions pour l'élever fur
le Trône de la Grande Bretagne,
Dans cette occafion , comme dans bien
d'autres, nous pourrions nous plaindre du
filence des Hiftoriens qui ne nous difent
rien de toutes ces circonftances , & qui
ne font mention que d'une Legion Romaine
MAR 9. 1730. 523
1
maine dont ils ont même affecté de nous
cacher le nom ; mais nous devons nous
confoler ayant des Monumens plus fûrs
& moins fujets à être alterés , & qui fe
font heureuſement dérobés aux injures
des tems & de l'envie . Après tout nous
ne ferions peut-être pas obligés de nous
plaindre fi fort du filence de ces Hiftoriens
, fi le fecond Livre que nous avons
de Zozime fur la vie des Empereurs de
ces tems, nous étoit refté dans fon entier ,
mais cet Auteur fe trouve tronqué immédiatement
après la vie de Probus , & ce
qui fuit ne recommence qu'à l'Hiftoire de
Conftantin le Grand . De forte que ce qui
nous manque de cet Auteur ne comprend
gueres moins que les Vies de fept à huit
Empereurs , qui font Carus , Ĉarinus
Numerianus , Diocletianus Maximianus
Herculius , Caraufius , Conftantius
Chlorus & Gal. Maximianus , dont l'Hiftoire
ou les évenemens étant neceffairement
liés avec ce qui s'eft paffé du tems
de Caraufius n'auroient pas laiffé de nous
donner des lumieres pour expliquer bien
des faits particuliers , où les conjet&cures
ne fçauroient atteindre.
>
Ne feroit- ce point là un effet moins du
hazard que de l'envie ou de la politique
Romaine , qui jaloufe de la gloire de ce
Prince auroit fupprimé à deffein les
E iij
>
Mc124
MERCURE DE FRANCE.
Mémoires les plus confiderables de fon
tems , qui ne pouvoient être qu'à la gloire
de ce Heros qui avoit fi fort abbatu
leurs forces & leur puiffance. Cette Médaille
de petit bronze eft dans le Cabinet
de l'Auteur..
Voilà , Milord , ce que j'avois à obferver
de plus remarquable au fujet des Cohortes
& des Legions dont les noms nous
font confervés fur les Médailles de Caraufius
, & fans lefquelles les fervices
qu'elles lui avoient rendus feroient reſtez
dans un oubli éternel . Ce font là ces fieres
Legions & ces Cohortes fideles qui fua
rent les témoins de fes travaux guerriers ,
qui fe firent honneur de combatre fous fes
Etendarts , & avec qui il fit tant d'actions
heroïques & tant d'exploits glorieux ,
qu'il fut enfin élevé aux acclammations
des Peuples fur le Trône de la Grande
Bretagne Je fuis avec un profond reſpect
& c .
IMITATION
mention des Cohortes & des differentes
Legions de Caraufius , par où l'on peut
fixer à peu près le nombre des Troupes
que cet Empereur des anciens Bretons
entretenoit. Adreffée à fon Excellence
Milord Carteret , Vice-Roy d'Irlande ,
&c. Par M. Genebrier , Docteur en
Medecine , Medecin ordinaire de la
Cour d'Angleterre & premier Medecin
du Vice- Roi d'Irlande.
M.
ILORD ,
L'amour que vous avez pour l'Hiftoire
& furtout pour les nouvelles découvertes
qui peuvent intereffer la gloire de votre
Nation , m'ayant fait entreprendre l'Hiftoire
Metallique de Caraufius , un des
plus grands Conquerans que l'Angleterre
ait jamais eu , j'ai crû que pour concou-.
rir à vos vûës , il ne fuffifoit pas de relever
la gloire de ce Heros , fi je ne tâchois
en même - temps de celebrer les Inftrumens
de fes victoires : Je veux dire
fi je ne parlois des Legions, qui ont combattu
fous fes Etendarts , & qui lui ont acquis
tant de gloire. C'est ce que j'ai tâ-
D v ché
"
304 MERCURE DE FRANCE:
ché de faire en recueillant autant que j'ai
pû , les Médailles qui font mention de
ces Legions ou de ces Cohortes Prétoriennes.
Ces Monumens ferviront , au défaut
de l'Hiftoire qui n'en parle point ,
à fixer à peu près le nombre des Troupes
de cet Empereur. Et ces Legions ainfi
raffemblées , formeront , pour ainſi dire
un Corps d'armée glorieux , dont le dénombrement,
après tant de fiécles , ne peut
que faire plaifir à Votre Excellence.
Voici, Milord, ces Legions, fuivant l'ordre
de leur découverte.
Legion I.
IMP . C. Caraufius P.F. Aug. L'Empe
reur Cefar Caraufius , Pieux, Heureux , Augufte
, fa tête couronnée de Lauriers.
LEG . VIII . AUG. Legio octava Augufta..
Pour Type un Taureau . Cette huitiéme
Legion , furnommée Auguftale , dont Caraufius
a voulu par cette Médaille éternifer
la valeur & la fidelité , eft une des plus
anciennes Legions de l'Empire ; elle fut
formée par Augufte même , qui lui donna
fon nom & le rang de huitiéme Auguftale.
Il l'envoya d'abord en Pannonie,
où elle refta jufqu'à l'Empereur Claude ,
qui la fit paffer en Moefie, où Galba trouva
à propos de la laiffer. Mais Septime
Severe la fit revenir , & la plaça dans la
haute
MARS. 1730.
505
haute Germanie. Il y a apparence qu'elle
y refta pour deffendre les Frontieres de
l'Empire , jufqu'au temps de Caraufius.
Que ce fut entr'autres avec cette Legion,
qu'il défit les Germains en plufieurs rencontres
; qu'il remporta fur eux plufieurs
Victoires fignalées , & qu'il mérita enfin
le titre glorieux de très - grand Germanique
, Germanicus Maximus , que les Médailles
lui donnent. Je ne ferois pas non
plus fort éloigné de croire que ce fût cette
fiére Legion qui fe déclara la premiere
pour Caraufius ; qui le fuivit enAngleterre ,
& que le Panegyrifte Eumenius femble
nous défigner par ces termes , occupara
Legione Romanâ , en parlant du paffage.
de Caraufius dans la Grande - Bretagne.
Nous avons auffi cette même Legion
dans une Médaille d'argent de Septime
Severe , auquel on peut croire qu'elle
n'avoit pas rendu des fervices moins importans
que ceux qu'elle rendit depuis à
Caraufius. Mais au lieu d'un Taureau qui
eft fur la Médaille de ce dernier , il y a
dans celle de Severe , l'Aigle Legionaire
entre deux Signes Militaires. Je trouve
encore le même Taureau & la même Legion
, dans Gallien , que dans Caraufius .
Nous ne parlerons point ici des autres
Legions qui ont auffi été furnommées Au
guftales , nous dirons feulement , que la
Dvj feconde
506 ME RCURE DE FRANCE
feconde Legion Auguftale étoit en quar
tier d'hyver dans la Haute-Bretagne . Quand
Xiphilin même ne nous en auroit pas donné
de preuves , comme il a fait dans la
Vie d'Augufte , le fragment de Brique
qui eft dans le Cabinet du Docteur Woodward
, où j'ai lû , LEG . II . AUG . en
feroit une preuve affez autentique . Cette
Infcription nous fait croire que la feconde
Legion Auguftale pouvoit avoir été employée
à quelques travaux publics dont
elle vouloit fe faire honneur dans la pofterité.
Je n'affurerai point que ce Monument
foit du temps de Septime Severe
qui fit , comme on l'a dit ailleurs , conftruire
plufieurs Edifices publics dans la
Grande-Bretagne. Cependant , comme ce
fragment a été trouvé proche d'York , &
que SeptimeSevere y avoit établi fa demeu
re & fait de cette Ville fon Siege Imperial;
il y a apparence que ce débris eft , pour aing
dire , encore un témoin de fa gloire , auffi
bien que cet autre fragment que j'ai vû
à Londres , où le mot de SEVERI fe lit
en gros caractere fur une Brique d'une
épaiffeur pareille à la premiere , au - delfous
d'une Tête en forme de Soleil . Cette
feconde Legion Auguftale fe trouve auffi
dans les Médailles de Septime Severe ,
LEG. II. AUG . avec deux Signes Militaires
, & au milieu l'Aigle Legionaire ,
MARS. 17307 507
ce qui confirmeroit notre conjecture. Il
eft encore fait mention de la feconde
Legion Auguftale , auffi - bien auffi- bien que de
la huitiéme Legion Auguftale , dans un
fragment d'une ancienne Colonne à Rome
, que je ne rapporterai point ici , parce
qu'elle fe trouve dans Gruter & dans plufeurs
autres Antiquaires .
14 Nous lifons dans les Colonies de Vail
lant , qu'Augufte avoit envoyé à Beryte
une Colonie des Veterans de la huitiéme
Legion Auguftale . Une autre partie fut
envoyée à Fréjus , dans nos Gaules , &
l'autre à Heliopolis.
J'ai vû cette Médaille d'argent dans leCabinet
du Duc de Dewonshire , à Londres.
Legion II.
Imp. Caraufius , P. F. Aug. fa tête
couronnée de Rayons. LEG . VII CL
ML . Legio feptima Claudia . La ſeptiéme
Legion Claudienne . Je lis Claudia , &
non pas Claffica , comme a fait Gutherius,
dans fon Traité De Jure Manium , page
48. Il a été trompé par le mor Claffica,
qui fe trouve dans une Médaille de Marc
Antoine , jointe à la dixiéme Legion.
LEG. XVII. CLASSICA. Cette
Legion eft bien differente de la nôtre
& d'ailleurs le mot de Claudia fe
trouve auffi écrit tout au long dans plufieurs
Infcriptions antiques . Spon , dans
ג
Les
1
508 MERCURE DE FRANCE.
fes Mélanges d'Antiquitez , page 254-
nous en fournit une que voici .
Q SERTORIUS L. F.
POB. FESTUS
CENTUR LIG . XI.
CLAUDIAE PIAE FIDELIS .
La feptiéme Legion de notre Médaille
a pour Type un Taureau comme la précedente
. Elle fut appellée Claudienne, du
nom de l'Empereur Claude , parce qu'elle
lui avoit été fidele étant dans la Moëfie,
& qu'elle avoit vivement foutenu fon parti
contre Scribonien , Gouverneur de la
Dace. Cette Legion n'avoit d'abord aucun
furnom qui la diftinguât des autres que
le rang de fon ancienneté ; & c'eft pour
cela même que Jules - Cefar , dans fon
quatriéme Livre de la Guerre des Gaules ,
ne fait point de difficulté de l'appeller
une des plus illuftres & des plus anciennes
Legions de l'Empire Veterrima Legio .
Auffi la fit- il paffer avec lui dans la Grande-
Bretagne , comme une de celles qu'il
jugeoit des plus capables de feconder fes
grands deffeins pour la conquête ou pour
l'expedition de ce nouveau Monde. Au
revers il y a un Taureau , comme dans la
precedente , ce qui nous apprend que ces
Legions avoient été formées des Colonies
Romaines. Le Taureau étant le Symbole
d'une
MARS. 1730. so gi
d'une Colonie , parce que c'étoit un ufage
chez les Romains, quand on vouloit bâtie
une Ville , d'en marquer l'enceinte avec
le Soc de la Charruë , fuivant ce fragment:
de Caton , mos fuit defignandi urbes aratro.
Soit , au refte , que cette feptiéme
Legion Claudienne qui étoit autrefois en
la haute Moëfie, fût déja dans la Grande-
Bretagne lorfque Caraufius y aborda ; ſoir
qu'elle y fût conduite avec la huitiéme
Legion Auguftale , dont nous avons parlé
; foit enfin qu'elle ne ſe rangeât fous les
Etendarts de Caraufius , qu'après qu'il eur
défait l'armeé Romaine qui tenoit encore
dans cette Ifle pour Diocletien & pour
Maximien : Caraufius ne pouvoit mieux
faire pour ſe la rendre fidele ou pour la
récompenfer de fa valeur, qu'en confacrant
fon nom à l'immortalité , avec les autres
Legions dont il avoit reconnu le zele &
l'attachement , & dont il fit auffi graver
les noms fur les Médailles que nous expliquons.
Gruter rapporte une Infcrip
tion de lafeptiéme Legion Claudienne.
P. ÆLIO P. F. PP . MARCELLO
VE . PP . EX PREF. LEG . VII .
CL. ET I. ADJUT . SUB. PRINC
IPE PEREGRINORUM .
La feptiéme Legion Claudienne fe trou
ve auffi fur les Médailles de Septime See
vere & fur celles de Gallien,
310 MERCURE DE FRANCE.
La feptiéme Legion Claudierne étoft
encore dans la haute Moëfie , fous Gordien
Pie , qui envoya les Veterans de la
feptiéme & de la quatriéme Legion à Vi
minacium , Colonie de cette Province ,
comme nous l'apprend une Médaille du
Cabinet de M. le Prefident de Maifons.
Il y a d'un côté , Imp. Gordianus pius fel
Aug. Sa tête couronnée de Rayons .
Et au Revers , P. M. S. COL . VIM .
AN IIII. Provincia Moefia Superioris
Colonia Viminacium. Anno quarto. La
figure d'une femme debout tient de la
main droite un Signe Militaire , où eft le
nombre VII. & de la main gauche un
autre Signe Militaire , où eſt le nombre
IIII. & à fes pieds , au côté droit , un Taureau
, & au côté gauche un Lion , qui.
font les Symboles de ces deux Legions ,
pour marquer que les Veterans de la feptiéme
Legion Claudienne & ceux de la
quatriéme ,y avoient été envoyez pour peupler
cette Ville & la deffendre contre les
infultes des Barbares .
Dion, Livre 55 page 564. ne laiffe aucun
lieu de douter que ce ne foit la 7
Legion Claudienne qui eft fur la Médaille
de Gordien Pie , quoique le nom de Claudia
n'y foit point. Il nous apprend que
c'eft la même qui étoit en quartier d'hyver
dans la haute Moëfie . Septimia in Mifia
LibMARS,
1730% 511
fuperiori, Claudiana præcipue nuncupata .
M.l'Abbé de Rothelin a auffi la feptiéme
Legion Claudienne dans Gallien avec le
même Taureau .
J'ai vu cette Médaille de petit Bronze
dans le Cabinet de Milord Pembrok , en
Angleterre ; & à Paris , chez le P. Chamillard
, qui l'a , dit - il, trouvée à Pontoiſe
Legion 111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. Sa tête couronnée
de Rayons , pour Type un Taureau
. LEG . VIIII . GE ML . Legio nona
Gemina. La neuviéme Legion Gemelle.
Cette 9º Legion , dont Caraufius voulut
auffi celebrer la valeur , étoit auffi appellée
Gemina ou Gemelle , parce quelle
avoit été formée de deux Legions qui n'en
compofoient plus qu'une , comme Dion
ou Xiphilin fon Compilateur nous l'apprend
dans la Vie d'Augufte , page 183. Le
Revers de cette Médaille porte le même
Type que les deux précedentes . C'eſt un
Taureau qui eft le ſymbole ordinaire des
Veterans d'une Colonie . Le Taureau étoit
fous la protection de la Déeffe de Cythere.
Taurum Cytherea tuetur , dit le PoëteManilius
. Il eſt fait mention dans le frag
ment d'une ancienne Colomne , de la feptiéme
Legion Gemina , on Gemelle , ce
qui
311 MERCURE DE FRANCE:
qui fait voir que le mot G E, fe doit rend
dre en latin par celui de Gemina , puiſqu'il
fe trouve écrit tout du long ſur les anciennes
Infcriptions. Quant aux Lettres
ML qui fe trouvent dans l'Exergue de
ces Médailles , nous aurons lieu d'en dire
notre fentiment dans un Chapitre particulier
, où nous tâcherons de découvrir ce
ce que les Monetaires de ces temps - là ont
voulu nous donner à entendre par ces
Lettres & autres femblables.
CetteMédaille de petit Bronze , eft dans
le Cabinet du Duc de Dewonshire.
Legion 1111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête cou
tonnée de Laurier . LEG . IIII. FL. Dans
Exergue , R. S. R. Legio quarta Flavia,
la 4 Legion Flavienne . Cette quatriéme
Legion fut ainfi furnommée par Vefpafien,
qui voulut qu'elle prit le furnom de fa Famille
appellée Flavia . Il plaça cette Legion
dans la Syrie pour contenir les peuples
dans leur devoir . Quarta Flavia in
Syria commorata eft , ſelon Dion , p . 272.
qui rapporte qu'elle étoit encore en Syrie
fous le regne d'Alexandre Severe.
Cette Legion porte pour enfeigne un
Lyon , fimbole ordinaire de la force . Septime
Severe s'étoit auffi fait gloire de celebrer
MARS. 17300 $ 13
lebrer la valeur de la même Legion , avee
la même Legende ; mais le Type eft fort
different de la Médaille de Caraufius , il
y a fur celle de Severe deux Signes Militaires
avec l'Aigle Legionnaire ; au lieu
que dans la Médaille de Caraufius il n'y
a qu'un Lion feul. J'ai auffi obfervé ailleurs
la mêmeLegende que dans Caraufius ;
mais au lieu d'un Lion , il y en à deux
entre lefquels on voit une tête cafquée.
J'ai vu à Londres dans le Cabinet
de Milord Pembrock , ce même Type fur
une Médaille d'or de Victorin , où cette
Legion prend le furnom de Pia Felix.
Legio IIII. Flavia P. F.
Vaillant nous affure que de toutes les
Legions qui reftoient fous Gallien , la
quatriéme Legion Flavienne étoit la feule
qui portât un Lion pour Enfeigne , & les .
Médailles que nous venons de rapporter.
en dernier lieu , font voir que cette Legion
fubfifta encore quelque temps après
Gallien , puifque Victorin s'eft fait honneur
de faire graver encore le nom de
la même Legion fur fes Médailles ..
Elle avoit été auffi fort celebre fous plufieurs
autres Princes , comme on le peut
voir dans les Colonies de Vaillant. La
Médaille qu'il rapporte du jeune Philippe
, me paroît fur tout digne de remarque.
On voit d'un côté la tête de ce Prince ; &
21
314 MERCURE DE FRANCE.
au revers ces quatre Lettres initiales G.
F. P. D. qui fignifient Colonia Flavia
Pacenfis Deultana , parce que cette Colonie
avoit été formée des Veterans de
cette quatriéme Legion Flavienne .
Il eft auffi fait mention de la quatriéme
Legion Flavienne dans une Infcription
antique , trouvée à Pezaro , rapportée
,
, page 148. dans le Traité des Regions
Suburbicaires , où il eft fait mention entr'autres
du Tribun de la quatriéme Legion
Flavienne , qui étoit auf le Patron
des Colonies de Pezaro & de Feneſte .
TRIB . LATICL . LEG. IIII. FLAV
PATRONUS COLONIARUM .
PISAURI ET FANEST .
A l'égard de Pezaro , il eft bon de re
marquer en paffant que c'eft - là , où les
defcendans de Caraufius fe retirerent dans
des temps difficiles , fuivant le Comte de
Zabarella , * dans la Genealogie qu'il fait
des Pezari de Venife , intitulée : Il Carau
fio Overo Regia & Augufta Fameglia
di Pezari di Venetia ; Famille que cet
Auteur fait defcendre en ligne directe de
Caraufius , Empereur de la Grande - Bretagne
. Cette Médaille , qui eſt d'argent ,
eft à Londres dans le Cabinet du Duc de
Dewonshire .
* Le Livre du Comte de Zabarella , que j'avois
cherché long- temps , m'a été donné par M. Duvau
, Ecuyer , ancien Capitoul de Toulouse.
MAR S. 1730. SIS
Legion V.
Imp. Caraufius, P. F. Aug. Sa tête cou
ronnée de Rayons.
LEG . VIII... IN . ML . Legio octava ..
IN... cette Legion a pour Type un Belier.
La huitéme Legion furnommée ... IN ..
peut être invicta , l'invincible. C'eſt ainſi
que je crois qu'on peut interpreter le mot
abregé ... IN ... à moins que dans la
Médaille en queſtion il n'y ait MIN . au
lieu de N. ce qui feroir pour lors MINERVIA
Qu MINERVINA car il fe
pourroit bien faire que la Médaille n'étant
pas affez nette ni affez confervée en
cet endroit , on auroit pû lire IN , au lieu
de MIN.
Cette Médaille eft d'autant plus finguliere
que
fa Legende & fon Type font
encore inconnus fur les Médailles des autres
Empereurs. Quant au Type du revers,
ne pourroit - on point dire qu'il nous
défigne une Legion particuliere des Bagaudes
? On fçait que les Auteurs les appelloient
Agreftes ou Rufticanos & qu'ils
avoient quitté le foin de leurs Troupeaux
pour courir après une liberté chimerique
en prenant les armes fous la conduite.
d'Amandus , leur Empereur . Suivant ce
trait hiftorique, que nous avons rapporté
ailleurs ; ne pourroit- on pas dire que ces
Bagaudes ayant pris les armes , choifirent
pour
$ 16 MERCURE DE FRANCE.
pour le figne de leur liberté le Belier ,
pour marquer qu'ils n'avoient point perdu
de vûë leur premier état , & que s'ils
avoient pris les armes , ce n'étoit que pour
deffendre leur ancien Domaine ? Ce qui
pourroit fortifier d'ailleurs cette conjecture
, c'est que le Belier étoit confacré à
Pallas , Déefle de la Guerre ( Déeffe qui
fe voit fi fouvent fur les Médailles de
Caraufius ) Manilius nous en fournit une
preuve autentique dansfon deuxièmeLivre.
Lanigerum Pallas , Taurum Cytherea tuetur,
Le même Auteur parle encore du Belier
en des termes qui femblent parfaitement
juftifier le choix que nos anciens Gaulois
auroient pû faire du Belier pour enfeigne
d'une Legion qui fe feroit déclarée de nouveau
pour la liberté de la Patrie fous un fi
grand Capitaine.
Sed Princeps aries toto fulgebit in orbe,
Ainfi le furnom & le fymbole que prend
cette Legion conviendroit parfaitement
au temps dont nous parlons , & à un
Prince, qui prenoit à juste titre, le furnom
d'invincible , comme fes Médailles , avec
le titre d'Invictus , le confirment.
Il est bon de remarquer ici , qu'on por
toit quelquefois le Belier parmi les Enfeignes
Romaines. Mais fur tout quand
on
**ཟེ
MARS
.
1730.
SIY
en vouloit déclarer la guerre. Pour lors
un Herault d'Armes , tiré de l'illuftre Corps
des Faciales , marchoit à la tête portant
le figne du Belier , qu'il devoit lancer
fur les premieres Terres des Ennemis ,
pour montrer qu'ils n'avoient pris les
armes contre eux que pour le venger
des outrages qu'ils en avoient reçûs les
premiers , felon quelques Auteurs ; ou
plutôt felon Pierius dans fes Hyerogli
phes , pour donner à entendre par - là qu'ils
étoient déja , pour ainsi dire , en poffeffion
des Terres de leurs Ennemis . Ce qui étant
pris en ces deux fens , ne laifferoit pas
d'avoir fon application dans Caraufius qui
prétendoit avoir été infulté le premier
par Maximien , & qui s'empara bientôt
de l'ifle la plus belle , la plus grande & la
plus fertile du monde en pâturages , &c,
Legion VI
.....
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête couzonnée
de rayons.
LEG...... Legio Légion,
Dans l'Exergue M L. pour Type ,
la figure du Capricorne tourné du côté
droit . Les Legions dont nous venons de
parler m'étoient connuës fous trois Types
differens ; trois avoient le Type d'un
Taureau , une fous le Type d'un Belier ,
une autre fous le Type d'un Lion ; mais
celle- ci a un Type different , & on ne
l'avoit
418 MERCURE DE FRANCE .
f'avoit point encore vû fur aucune Médaille
de Caraufius ; il feroit à fouhaiter
que le nom de la Legion ne fut pas effacé,
Peut -être que le tems nous en fera dé
couvrir quelque femblable mieux confervée.
Il y a eu fept Legions de Gallien avec
le même Signe du Capricorne , & Vaillant
les rapporte dans fon Livre des Médailles
Impériales ; fçavoir , la Legion
premiere , Adjutrix. La premiere Italica,
la quatorziéme Gemina , la trentiéme Ulpia
, la vingt- deuxième , furnommée Primigenia
, au rapport de Spartien , dans la
vie de Didius Julianus . La dix- huitiéme
& la vingt- fixiéme fans nom particulier.
Ainfi on pourroit croire que celle de Ca
raufius , dont je parle ici , feroit une de ces
Legions , parcequ'elles ont toutes le même
fimbole que note Médaille.
La feconde Legion Auguftale pourroit
auffi être de ce nombre . On a trouvé dans
la Grande Bretagne une Infcription Antique
conçûë en ces termes , & avec le
même Type du Capricorne .
IMP.
AVG .
ANTONINO
Pio.
LE G.
I I.
A V G.
F. P. III. CC L XX II.
1
Cette
MARS. 1730: 519
Cette Infcription nous apprend que la
deuxième Legion Auguftale avoit continué
le mur d'Antonin Pie ,qui eft au Nord
d'Ecoffe , pendant l'efpace de trois mille
deux cent foixante & douze pas. Cette
Infcription eft fur une pierre qui reprefente
dans le haut , la figure d'un Capricorne
que je prens pour le figne de cette
Legion , & non pas le Griffon qui eſt au
bas. A l'égard du furnom Augufta , nous
avons déja remarqué qu'Augufte donna
fon nom à plufieurs Legions , & cette
Infcription nous fait voir que celle- ci
avoit non- feulement le nom d'Augufte ,
mais qu'elle en avoit auffi pris le fimbole
pour préfage de bonheur : le Signe
du Capricorne ayant toujours été regardé
comme tel par cet Empereur. Et parcequ'il
avoit été Conful pour la premiere fois ,
& qu'il avoit aufli gagné la Bataille d'Actium
dans le mois d'Août , il lui donna
fon nom . C'est ce qui me feroit croire
que c'eft cette feconde Legion qui nous
eft marquée fur notre Médaille de Caraufius
. Dion rapporte que la feconde Legion
Auguftale étoit de fon tems dans la
haute Bretagne , & les Infcriptions qu'on
Y découvre tous les jours en donnent des
preuves inconteftables. C'eſt cette feconde
Legion qui donna fon nom & la naiffance
à la Ville de Caer-leon , appellée dans l'IE
tineraire
520 MERCURE DE FRANCE.
tineraire d'Antonin , ISCA LEG. II. AUGUSTA.
Cette Legion étoit fans doute
encore dans la Grande Bretagne au tems
de Caraufius , puifque peu d'années avant
qu'il y allât , Pofthume , Empereur dans
les Gaules , avoit dans cette Ville un
Corps d'Armée. C'est ce que je trouve
confirmé par une Médaille de ce dernier
Empereur ; elle a d'un côté le nom de ce
Prince , & la tête couronnée de rayons.
IMP CM CASS LAT. Pofthumus Aug.
& de l'autre côté , on voit à cheval l'Em
pereur qui harangue les Troupes , & autour
EXERCITUS YSCanicus , l'AEmée
de Caer- Leon .Cette Armée de Pofthu .
me fut nommée Armée Tfcanique d'Yíca,
parceque cette Legion qui prêta ferment
de fidelité à Pofthume dans la Grande
Bretagne , étoit placée fur la Riviere de
PUske, qu'on appelloit Yſca - Silurum , &
non pas Silulorum , comme l'a écrit Vaillant
, qui rapporte cette Médaille . Cette
Ville n'eft plus aujourd'hui qu'un petit
Village , portant le nom de Caer-Leon, par
corruption de Cefaris Legio ; & c'eſt là
que les Hiftoriens Anglois avoient placé
la Cour de leur grand Roi Artus &
où ils prétendent qu'il y avoit un College
de deux cens Philofophes établis pour
Ay obferver le cours des Aftres . Cette Médaille
de petit bronze eft en Angleterre ,
dans le Cabinet du Docteur Sloane.
"
MARS. 1730. 521
*
COHORTES PRETORIENNES.
Imp. Caraufius. P. F. Aug. La tête
couronnée de Rayons.
COHH .... ML. Cohortes ... Les
Cohortes ... M L. COHORTES. Ce font
fans doute les Cohortes Prétoriennes qui
formoient la garde de Caraufius , dont cet
Empereur voulut éternifer la mémoire &
la fidelité aufli bien que celle des Legions
dont nous venons de parler. Je n'entrerai
point ici dans la queftion de fçavoir de
combien étoit compofée la Legion . Les
Auteurs font pleins de ces fortes de détails.
J'ajouterai cependant qu'il y avoit
fous Augufte neuf Cohortes Prétoriennes
pour la garde du Prince , & que Galba
y en ajoûta trois nouvelles. Ainfi il y eut
douze Cohortes de Gardes Prétoriennes,
qui fubfiftoient encore du tems de Septime
Severe , au rapport de Dion. Je ne
fçai fi le nombre de ces Cohortes étoit le
même du tems de Diocletien & de Maximien
; mais ce qu'on peut affurer , fuivant
le témoignage de cette Médaille unique
de Caraufius , c'eft que la garde de
ce Prince étoit compofée de quatre mille
hommes. C'eft ainfi que je crois qu'on
doit expliquer les quatre fignes militaires
qui font au revers de fa Médaille . En effer
chaque Cohorte ayant fon enfeigne
militaire , & chaque Cohorte étant com
- E ij poléc
322 MERCURE DE FRANCE :
pofée de mille hommes , fuivant le témoi
gnage de la plupart des Auteurs ,
quatre enfeignes militaires nous défignent
que la Garde de cet Empereur des Bretons
étoit compofée de quatre Cohortes
Prétoriennes . A quoi fi nous ajoûrons le
nombre de dix ou de douze mille hommes
, dont chaque Legion pouvoit être
compofée , en y comprenant les Troupes
auxiliaires , il fe trouvera que Caraufius ,
fuivant ces Médailles, avoit du moins une
armée de foixante & quatre mille hommes,
fans y comprendre les forces maritimes.
Ce font là les Cohortes Prétoriennes & les
fix Legions principales qui compofoient
l'Armée de notre Conquerant , & dont
les Auteurs ne parlent point. Elles métitoient
bien , après lui avoir acquis tant
de gloire , d'en partager avec lui une por
tion , & de revivre un jour dans la mémoire
des hommes par ce témoignage autentique
de fa reconnoiffance , ayant été
les compagnes fideles de fes travaux guerriers
, & ayant verſé fi librement leur fang
dans plufieurs occafions pour l'élever fur
le Trône de la Grande Bretagne,
Dans cette occafion , comme dans bien
d'autres, nous pourrions nous plaindre du
filence des Hiftoriens qui ne nous difent
rien de toutes ces circonftances , & qui
ne font mention que d'une Legion Romaine
MAR 9. 1730. 523
1
maine dont ils ont même affecté de nous
cacher le nom ; mais nous devons nous
confoler ayant des Monumens plus fûrs
& moins fujets à être alterés , & qui fe
font heureuſement dérobés aux injures
des tems & de l'envie . Après tout nous
ne ferions peut-être pas obligés de nous
plaindre fi fort du filence de ces Hiftoriens
, fi le fecond Livre que nous avons
de Zozime fur la vie des Empereurs de
ces tems, nous étoit refté dans fon entier ,
mais cet Auteur fe trouve tronqué immédiatement
après la vie de Probus , & ce
qui fuit ne recommence qu'à l'Hiftoire de
Conftantin le Grand . De forte que ce qui
nous manque de cet Auteur ne comprend
gueres moins que les Vies de fept à huit
Empereurs , qui font Carus , Ĉarinus
Numerianus , Diocletianus Maximianus
Herculius , Caraufius , Conftantius
Chlorus & Gal. Maximianus , dont l'Hiftoire
ou les évenemens étant neceffairement
liés avec ce qui s'eft paffé du tems
de Caraufius n'auroient pas laiffé de nous
donner des lumieres pour expliquer bien
des faits particuliers , où les conjet&cures
ne fçauroient atteindre.
>
Ne feroit- ce point là un effet moins du
hazard que de l'envie ou de la politique
Romaine , qui jaloufe de la gloire de ce
Prince auroit fupprimé à deffein les
E iij
>
Mc124
MERCURE DE FRANCE.
Mémoires les plus confiderables de fon
tems , qui ne pouvoient être qu'à la gloire
de ce Heros qui avoit fi fort abbatu
leurs forces & leur puiffance. Cette Médaille
de petit bronze eft dans le Cabinet
de l'Auteur..
Voilà , Milord , ce que j'avois à obferver
de plus remarquable au fujet des Cohortes
& des Legions dont les noms nous
font confervés fur les Médailles de Caraufius
, & fans lefquelles les fervices
qu'elles lui avoient rendus feroient reſtez
dans un oubli éternel . Ce font là ces fieres
Legions & ces Cohortes fideles qui fua
rent les témoins de fes travaux guerriers ,
qui fe firent honneur de combatre fous fes
Etendarts , & avec qui il fit tant d'actions
heroïques & tant d'exploits glorieux ,
qu'il fut enfin élevé aux acclammations
des Peuples fur le Trône de la Grande
Bretagne Je fuis avec un profond reſpect
& c .
IMITATION
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Résumé : EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
Le texte, rédigé par M. Genebrier, médecin, est une explication des médailles mentionnant les cohortes et les différentes légions de l'empereur Carausius, adressée à Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande. Genebrier, motivé par l'intérêt de Milord Carteret pour l'histoire et les découvertes liées à la gloire de la nation, entreprend de rédiger une histoire métallique de Carausius, l'un des plus grands conquérants de l'Angleterre. Il cherche à célébrer les instruments des victoires de Carausius, notamment les légions qui ont combattu sous ses étendards. Le document liste plusieurs légions et leurs caractéristiques : 1. **Légion I** : Représente l'empereur César Carausius, pieux, heureux et auguste, couronné de lauriers. 2. **Légion VIII Augusta** : Symbolisée par un taureau, elle est l'une des plus anciennes légions, formée par Auguste. Elle a combattu sous Carausius contre les Germains, lui valant le titre de Germanicus Maximus. 3. **Légion II Augusta** : Trouvée dans des fragments de briques et des médailles, elle était en quartier d'hiver en Haute-Bretagne. 4. **Légion VII Claudia** : Appelée Claudienne, elle était fidèle à Claude et a soutenu ses partis contre Scribonien. Elle est symbolisée par un taureau. 5. **Légion IX Gemina** : Formée de deux légions fusionnées, elle est également symbolisée par un taureau. 6. **Légion IV Flavia** : Symbolisée par un lion, elle a été placée en Syrie par Vespasien pour maintenir l'ordre. Ces légions sont mentionnées dans diverses médailles et inscriptions, permettant de fixer le nombre approximatif des troupes de Carausius. Le texte mentionne également des médailles et des fragments trouvés dans divers cabinets et collections, confirmant l'existence et les actions de ces légions. Une médaille rapportée par le jeune Philippe présente sur une face la tête de ce prince et sur l'autre les lettres initiales G.F.P.D., signifiant Colonia Flavia Pacensis Deultana, formée des vétérans de la quatrième Légion Flavienne. Cette légion est également mentionnée dans une inscription antique trouvée à Pesaro, où elle est désignée comme patronne des colonies de Pesaro et de Fano. Le texte évoque également plusieurs légions de Carausius, identifiées par des symboles animaux comme le bélier, le taureau, et le capricorne. La huitième Légion, peut-être invicta, est marquée par un bélier, symbole de liberté et de défense du domaine ancestral. La sixième Légion est représentée par un capricorne, symbole de bonne fortune. Le texte note que sept légions de Gallien portaient le même signe du capricorne, et que la seconde Légion Augusta, stationnée en Bretagne, pourrait être celle représentée sur la médaille de Carausius. Enfin, le texte mentionne les cohortes prétoriennes de Carausius, composées de quatre mille hommes en quatre cohortes, et discute de l'armée de Carausius, estimée à soixante-quatre mille hommes, incluant les troupes auxiliaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
12
p. 1134-1146
REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
Début :
Je croyois, Monsieur, qu'il suffisoit que la Médaille de François I. encore [...]
Mots clefs :
Médaille, Devises, François I, Gouverneur, Symboles, Salamandre, Prince, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
REMARQUES fur la Médaille de
François Duc de Valois , Comte d'Angoulême
&c. dont il eft parlé dans le Mercure
de Juin 1727. Vol. 2. page 1364.
addreffées à M. le Marquis de Pierrepont..
J
5.
E croyois , Monfieur , qu'il fuffifoit
que la Médaille de François I. encore
Enfant , au revers de la Salamandre dont
je conferve l'original , & dont je vous
envoyai le deffein avec ma 2. Lettre fur
le Voyage de Baffe Normandie , eut parû
gravée dans le Mercure pour m'exemter
de faire là -deffus aucune recherche , perfuadé
que vous prendriez foin de nous expliquer
cette efpece d'Enigme , du moins
qu'elle reveilleroit l'attention de quelque
Homme de Lettres qui pourroit inftruire
le Public. Ennuyé de ne rien voir paroître
fur ce fujet , j'ai employé quelque petit
loifir pour l'examiner , & voici à quoi
fe réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on
peut dire fur cette Médaille .
La prévention generale veut que la Salamandre
ne fût le fymbole ou la deviſe
de François I. que depuis que ce Prince
parvint à la Couronne de France ; on
I. Vol voit
JUIN. 1730. 1135
voit effectivement ce fymbole fur la plûpart
des grands Edifices conftruits par fes
ordres durant fon Regne , & fur plufieurs
de fes Médailles . Je ne me fouviens pas
de l'avoir vû employée fur aucun Monument
avant cette Epoque , à l'exception
de notre Médaille frappée en l'année
M. D. IV. qui étoit la ro. de la vie de
ce même Prince , nommé alors François,
Duc de Valois , Comte d'Angoulême.
Le premier Auteur que j'ai confulté
pour fçavoir fi cette prévention étoit bien
fondée , eft Mezeray , & j'ai trouvé qu'elle
ne peut pas fubfifter avec le témoignage
de cet Hiftorien.
» François I. n'étant encore que Duc
» de Valois , dit Mezeray , page 1042. du
» 2. T. le Roi Louis XII . lui donna Ar-
» tus de Gouffier pour fon Gouverneur.
» C'étoit le Seigneur le plus fage & le
>> plus Chrétien de toute la Cour , qui
>> reconnoiffant que le naturel de fon nou
» riffon étoit excellent , mais femblable
>> aux terres franches qui produifent bien-
>> tôt des orties & des chardons fi elles ne
» font cultivées , n'omit aucun foin pour
planter dans un fi bon fonds toutes les
» vertus que doit avoir un grand Prince.
» Or , pour lui faire connoître qu'il de-
» voit appliquer la vivacité de fon génie
aux bonnes chofes , non pas à la vanité,
I. Vol. D iiij
ni
1136 MERCURE DE FRANCE
>> ni à la violence , où elle eût pû ſe por-
» ter auffi bien qu'aux belles actions , il
» lui choifit la Devife de la Salamandre
» qui fe nourrit dans les flammes , mais
» qui tempere fa trop grande activité par
» fa froideur , comme le fignifient ces
» paroles qui l'accompagnent : NOTRISCO
EL BUONO STINGUO ET REO. Au
» refte , il n'eft pas vrai que la Salaman-
» dre cherche le feu pour s'en nourrir
> ni même qu'elle puiffe durer long- tems
dans un grand brafier ; mais il eft conf-
» tant qu'elle eft fi froide , qu'elle peut
éteindre un petit feu .
Mezeray ne fe contente pas de rappor
ter ce fait , il le prouve , & le rend certain
, en rapportant auffi à la fin du Regne
de François I. toutes les Médailles
frappées pour ce grand Prince , qui font
venues à fa connoiffance . Elles font au
nombre de XXVII. la premiere eft juſtement
celle dont il s'agit ici , au revers de
la Salamandre dans le feu , avec une pareille
Legende pour le fens car le graveur
a manqué d'exactitude dans quelques
Lettres , il s'eft beaucoup plus mé
pris dans l'année qui ne peut pas
être
M. CCCC. IIII . comme il le marque ,
mais M. CCCCC. IIII . Au furplus ,
*
* Notrifco e bueno fringe el reo ,M. CCCC.111 .
I. Vol MezeJUIN.
1730. 1137
Mezeray n'a point fait graver la tête du
Prince , alors Duc de Valois , & âgé feulement
de 10. ans , ce qui étoit le plus
curieux. Il n'avoit apparemment pas vû
la Médaille en original. Ainfi , Monfieur,
la mienne qui fert d'ailleurs à corriger
les fautes duGraveur,en devient plus confiderable;
& c'eft , comme vous voyez , la
premiere qui ait été frappée pour ce Prince
, avec le fymbole inventé ( felon Mezeray
) par le Seigneur de Gouffier , plus
de dix ans avant qu'il montât fur le Trône.
Ce n'eft donc pas en qualité de Roi de
France que ce fymbole a été donné d'abord
à François I. Il y a plus. * Paradin
veut qu'il ait appartenu auparavant à
Charles , Comte d'Angoulême fon pere ;
mais il n'en donne aucune preuve. Il me
fouvient , ajoûte- t'il , avoir vû une Médaille
en bronze dudit feu Roi François ,
peint en jeune Adoleſcent , au revers de
laquelle étoit cette Devife de la Salamandre
enflammée , avec ce mot Italien
Nodrifco il buono , & pengo il reo.
Voilà , Monfieur , encore notre Mé--
* La Salamandre avec des flammes de feu 97
étoit la Devise du feu noble & magnifique
Roi François , & auffi auparavant de Charles,
Comte d'Angoulême fon pere. JE NOURRIS ET
FTEINS. Paradin. Devifes Héroïques &c. Paris
1622. in- 8.
I..Vol. D v dáille,
1138 MERCURE
DE FRANCE
daille du jeune Duc de Valois , Comte
de
d'Angoulême , que Paradin ne cite que
mémoire , & dont il rapporte la Devife à
fa maniere. Cette Piéce , comme l'on voit,
étoit déja rare en 1622.tems de l'impreffion
du Livre de cet Auteur , qui cite auffi
une riche tapifferie de Fontainebleau
chargée du même fymbole de la Salamandre
, & accompagnée de ce Diſtique :
Urſus atrox , Aquilæque leves , & tortilis Anguis
Cefferunt flammæ jam , Salamandra , tuæ.
C'eſt une allufion aux expeditions glorieufes
de François I. en Suiffe , en Allemagne
& dans le Milanois. Au refte , Paradin
n'eft pas le feul qui fait remonter
ce fameux fymbole jufqu'au pere de
François I. Jean le Laboureur dans fes
Tombeaux illuftres , après avoir parlé de
la Cerémonie du tranfport du coeur de
ce Prince aux Celeftins de Paris , ajoûte
, le S' d'Hemery d'Amboife lui donne la
Salamandre pour devife , & dit que le Roi
François fon fils la porta après lui.
Le même , le Laboureur en rapportant
auffi ce qui fe paffa le 22. May
1547. lorfque le coeur de ce Monarque
fut pareillement porté aux Celeftins, ob-
* Charles de Valois , Duc d'Orleans , Comte
d'Angouléme.
I. Vol.
ferve
JUIN. 1730 . 1139
1
ferve que fa Devife fut une Salamandre
dans les flammes , avec ce mot , Nutrifco
& extinguo. Quelques - uns l'ont , dit- il ,
interprêté avoir été le fymbole de vertu &
generofité de ce Roi en quelque entreprise que
cefût ; d'autres , entre lesquels eft Paul Jove,
difent que ce fut une Devife amoureuse pour
montrer qu'il brûloit du feu d'amour ..
& qu'il fe nourriffoit du feu de cet amour.
Le même Auteur dit auffi qu'il y ajoûta ce
mot Italien , mi nutriſco .
Il y a lieu d'être furpris que le P. Daniel
qui a pû être inftruit de toutes ces
chofes , qui cite même Paradin fur ce fu-
>
jet , ait
écrit
fi
affirmativement
que
François
I. prit
pour
fymbole
une
Salamandre
avec
ces
mots
de
fon
invention
: NUTRISCO
ET
EXTINGU
O.
Deux
chofes
extrêmement
douteufes
, fçavoir
que
ce
Prince
ait
choifi
lui
- même
ce
fymbole
, &
qu'il
foit
auffi
l'inventeur
de
la
Devife
, comme
le veut
le
P.
Daniel
. La
Médaille
qui
donne
lieu
à mes
Remarques
détruit
abfolument
cette
idée
; elle
eft
frappée
pour
ce
même
Prince
, elle
contient
le
même
fymbole
mais
le
Prince
n'avoit
alors
.
comme
on
l'a
déja
dit
, que
10.
ans
;
il
n'étoit
pas
en
âge
de
fe
choifir
un
fymbole
, encore
moins
d'inventer
là- deffus
des
paroles
convenables
; la
Deviſe
eſt
d'ailleurs
differente
fur
ce
Monument
>
,
I. Vol. D vj
incon1140
MERCURE DE FRANCE
inconteftable de celle dont parle le Pere
Daniel.
Cet Auteur ajoûte qu'il a peine à penetrer
le fens & la finefle des deux mots
de la Devife en queſtion ; il croit cependant
que le Prince vouloit faire comprendre
que comme cet animal , ainſi qu'on le dit
vit au milieu du feu , de même il étoit à l'é
preuve des plus rudes revers de la Fortune..
Enfin le P. Daniel qui avoit vû dans Paradin
ce qui eft dit de la Médaille du jeu
ne Duc de Valois au revers de la Salamandre
, avec la Devife Italienne : No-
2.
DRISCO IL BUONO ET SPENGO IL
REO , explique ainfi cette autre Devife :
Par où il marquoit , dit- il , fa bonté & fon
équité qui le rendoient liberal envers les gens
de bien , & lui faifoient punir les mechans,
Ma ſurpriſe augmente à cette autre interpretation
, qui prouve au moins que
le P. Daniel n'a pas fait attention aux
paroles expreffes de l'Auteur qu'il cite ,
que j'ai rapportées cy-devant , & que je
fuis obligé de repeter ici : Il me fouvient
avoir vu une Médaille en bronze dudit
feu Roi François peint en jeune Adoleſcent,
au revers de laquelle & c. Je vous laiffe ,
Monfieur , juger fi ce jeune Adolefcent ,
dont je vous ai marqué l'âge précis par
ma Médaille , étoit en état de punir les
méchans & de marquer fa liberalité en-
I. Vol.
vers;
JUIN. 1730. 1140
vers les gens de bien . La même raifon veut
qu'il n'étoit pas plus capable alors de don--
ner à cet Emblême une Deviſe Italienne
qu'une Devife Latine . Car le P. Daniel
ajoûte que l'Ame Latine fut apparemment
faite d'après l'Italienne qui fut abbregée
par ce Prince même , ou par quelqu'autre
qui ne fçavoit pas mieux le Latin que lui ;
car le Nutrifco n'est pas un mot Latin.
C'eft , ce me femble , tout ce qu'on peut
accorder là- deffus ; Nutrifco n'eft pas un
mot Latin ; cela eft certain ; mais tout le refte
paroît un peu hazardé. Quoiqu'il en foit ,
il doit du moins refulter de ces Obferva
tions que ce n'eft point François I. foit
comme Duc de Valois , foit comme Roi
de France , qui a inventé le fymbole & la
Devife de la Salamandre , que ce fymbole
paroît pour la premiere fois fur une Médaille
de ce Prince , frappée dans fon bas
âge , & dix ou douze ans avant fon ave
nement à la Couronne & enfin qu'à
moins qu'on ne produife une Médaille
ou quelqu'autre Monument inconteſtablequi
porte le même fymbole , fait pour
Charles de Valois , Comte d'Angoulême ,
ce que Paradin , le Laboureur & Damboife
ont avancé la- deffus fe trouve dénué
* Il faut entendre celle dont parle Paul Jo--
ve , cité par Paradin.
I. vol.
de
1142 MERCURE DE FRANCE
de preuves , & avancé fans fondement.
Dans ces circonftances , je ne vois
Monfieur , aucun inconvenient de nous
en rapporter à Mezeray , Auteur plus
exact , & d'un plus grand poids que les
trois dont je viens de parler , & de donner
l'invention de ce fymbole & des paroles
qui l'accompagnent à Artus de Gouffier,
Gouverneur du Prince , dans l'intention
& par les raifons marquées dans l'Hif
toire. C'eft , fans doute , ce fage Gouverneur
qui a fait frapper la Médaille
je poſſede , dont l'Epoque & l'âge du
Prince démontrent que c'eft la premiere
qui ait été faite pour lui ; elle confirme auffi
mes Remarques fur ce fujet.
que
Il paroît par plufieurs autres Médailles
frappées depuis que ce Prince fut monté
fur le Trône , qu'il aima particulierement
ce fymbole qui lui venoit d'une perfonne
cherie & refpectable . J'en rapporterai
feulement quatre du nombre de celles
que j'ai déja dit avoir été gravées & expliquées
dans Mezeray , fçavoir la 6. fur
le revers de laquelle eft une Salamandre
couronnée dans les flammes , Nutrifco &
extinguo , je m'y nourris & je l'éteins. La
23. une F couronnée , la Salamandre au
pied de cette Lettre , & pour Devife : Opera
Domini magna , frappée par les Echevins
de Paris , en mémoire du Bâtiment
I. Vol. de
JUIN 1730. 1143
24.
de l'Hôtel de Ville. La la Salamandre
dans le feu , & couronnée ; le champ de la
Médaille eft femé de la lettre F & de feurs
de Lys , avec ces mots : Extinguo , nutrior.
Et la 25. la Salamandre couchée au milieu
des flammes , les diffipe ou les amortit
par fon haleine , tournant la tête vers
une Couronne qui eft au - deffus , pour
marquer la grandeur du courage du Roi;
Pour Legende ces deux Vers autour :
Diſcutit hæc flammam ; Francifcus robore men
tis
Omnia pervicit , rerum immerſabilis undis.
Ces quatre Médailles ont été frappées
en or , & fe trouvent encore en certains
Cabinets ; elles prouvent la variation qu'il
y a eu dans l'application du fymbole de
la Salamandre , & dans les paroles qui
Font accompagné , fuivant les tems & les
differentes vûës des perfonnes qui l'ont
employé depuis le premier Inventeur. Aut
furplus , ne faifons point de procès ou
de mauvaiſe chicane à ceux qui ont eftropié
quelque mot Italien, en gravant ou en
imprimant la Devife en queftion , comme
je l'ai remarqué au commencement ?
on n'étoit pas fi exact en ce tems là . Cela
ne fait rien au fond du fujet , & ne diminuë
en rien le mérite du monument
1. Vol. ori144
MERCURE DE FRANCE
original qui eft gravé dans le Mercure.
Peut être , Monfieur , ne ferez-vous pas
fâché qu'en finiffant j'ajoûte un mot en
faveur du perfonnage , à qui Mezeray en
attribue l'invention. Artus de Gouffier ,
Comte d'Estampes & de Caravas , Seigneur
de Boify, &c. étoit iffu d'une illuf
tre & ancienne Maifon de la Province de
Poitou , laquelle a été feconde en grands
Hommes. Il étoit fils de Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Boify , Baron de
Roanés , de Maulevrier, de Bonnivet, &c .
Premier Chambellan du Roy , Gouverneur
de Languedoc & de Touraine , &o .
Gouverneur du Roy Charles VIII . & de
Philippe de Montmorency.
François I. dont il fut Gouverneur , lecombla
de biens & d'honneurs ; il lui donna
la Charge de Grand- Maître de France,
& le Gouvernement de Dauphiné , le fit
fon principal Miniftre , & l'honora de
plufieurs Ambaffades importantes , dont
la principale fût vers les Electeurs de
Empire , après la mort de l'Empereur
Maximilien , pour déterminer leurs fuffrages
en faveur du Roy fon Maître.
Quelque temps auparavant Charles V.
Roy d'Espagne , qui fût depuis Empereur
, ayant propofé un accommodement,
le Roy nomma de fa part , pour Chef de
la Negociation , Artus de Gouffier , & le
I. Vol.. Roi.
JUIN. 1730. 1145
Roy d'Eſpagne Antoine de Crouy , Seigneur
de Chierres , qui avoit auffi été ſon
Gouverneur. Ces Seigneurs s'affemblerent
à Noyon , & firent le Traité qui porte
ce nom dans l'Hiftoire , lequel fut ratifié
par les deux Rois . La France ne profita
pas long- temps du Miniftere d'un homme
fi fage , & Artus de Gouffier n'eut pas
le déplaifir de voir les difgraces de l'Etat.
Il mourut en l'année 1519. laiffant un fils
unique , Claude de Gouffier , qui fut
Duc de Roanés , Pair de France , par
érection de 1566. Comte de Caravas , &c.
Grand-Ecuyer de France , & dont la pofterité
a formé plufieurs branches , & c.
Deux Freres d'Artus de Gouffier ,
Adrien & Guillaume de Gouffier , furent
élevez à des Charges & à des Dignitez
confiderables ; le premier fut Evêque
d'Alby , puis Cardinal , Legat'en France ,
& Grand- Aumônier. Le fecond eft celebre
dans l'Hiftoire fous le nom d'Amiral
de Bonnivet , s'étant fort fignalé par mer
& par terre. Il fut auffi Gouverneur de
Dauphiné & de Guyenne.
Deux autres Freres furent diftinguez
dans l'Eglife , fçavoir Pierre de Gouf-
* Doublet , dit le nouvel Hiftorien de S. Denys,
nous a confervé l'Epitaphe de Pierre de Gouf
fier , mort en 1516. gravée sur une Tombe d'ar
doife , qui fe voyoit autrefois dans le Choeur de
I. Vola S
1146 MERCURE DE FRANCE
fier , Abbé de S. Denys , & de S. Pierre
fur Dive , & Aimar , qui fut Evêque de
Coutances , puis d'Alby , Abbé de Lagny
, & enfin fucceffeur de fon frere en
l'Abbaye de faint Denys .
Un cinquième Frere , Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Bonnivet , puis de
Thois ,par fon fecond mariage fait la Branche
des Seigneurs & Marquis de Bonnivet.
Il fe diftingua dans les guerres d'Italie, &
fut tué à la journée de Pavie en 1524.
Je paffe les autres illuftrations & les
grandes alliances de cette Maifon , qui
fubfifte encore aujourd'huy dans les per
fonnes du Marquis de Thoy , pere du
Marquis de Gouffier , du Comte de Roanés
, & du Marquis de Bonniver. Je ne
diray rien non plus de fes differentes
Branches de Caravas , d'Efpagny , de Brazeux
, de Heilly , &c. me contentant de
remarquer que la Duché de Roanés eft
fortie de cette illuftre Maifon par le mariage
de Charlotte de Gouffier , Ducheffe
de Roanés , qui épouſa en 1667. François
d'Aubuffon de la Feuillade , Pair & Maréchal
de France , & c.
Je fuis , Monfieur , & c.
A Paris , le 2. Fanvier 1729.
8. Denys , avec fes Armes qui font d'or à trois
Jumelles de fable.
Le Marquis de Thoy eft depuis decedé le z
Bars 1729.
François Duc de Valois , Comte d'Angoulême
&c. dont il eft parlé dans le Mercure
de Juin 1727. Vol. 2. page 1364.
addreffées à M. le Marquis de Pierrepont..
J
5.
E croyois , Monfieur , qu'il fuffifoit
que la Médaille de François I. encore
Enfant , au revers de la Salamandre dont
je conferve l'original , & dont je vous
envoyai le deffein avec ma 2. Lettre fur
le Voyage de Baffe Normandie , eut parû
gravée dans le Mercure pour m'exemter
de faire là -deffus aucune recherche , perfuadé
que vous prendriez foin de nous expliquer
cette efpece d'Enigme , du moins
qu'elle reveilleroit l'attention de quelque
Homme de Lettres qui pourroit inftruire
le Public. Ennuyé de ne rien voir paroître
fur ce fujet , j'ai employé quelque petit
loifir pour l'examiner , & voici à quoi
fe réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on
peut dire fur cette Médaille .
La prévention generale veut que la Salamandre
ne fût le fymbole ou la deviſe
de François I. que depuis que ce Prince
parvint à la Couronne de France ; on
I. Vol voit
JUIN. 1730. 1135
voit effectivement ce fymbole fur la plûpart
des grands Edifices conftruits par fes
ordres durant fon Regne , & fur plufieurs
de fes Médailles . Je ne me fouviens pas
de l'avoir vû employée fur aucun Monument
avant cette Epoque , à l'exception
de notre Médaille frappée en l'année
M. D. IV. qui étoit la ro. de la vie de
ce même Prince , nommé alors François,
Duc de Valois , Comte d'Angoulême.
Le premier Auteur que j'ai confulté
pour fçavoir fi cette prévention étoit bien
fondée , eft Mezeray , & j'ai trouvé qu'elle
ne peut pas fubfifter avec le témoignage
de cet Hiftorien.
» François I. n'étant encore que Duc
» de Valois , dit Mezeray , page 1042. du
» 2. T. le Roi Louis XII . lui donna Ar-
» tus de Gouffier pour fon Gouverneur.
» C'étoit le Seigneur le plus fage & le
>> plus Chrétien de toute la Cour , qui
>> reconnoiffant que le naturel de fon nou
» riffon étoit excellent , mais femblable
>> aux terres franches qui produifent bien-
>> tôt des orties & des chardons fi elles ne
» font cultivées , n'omit aucun foin pour
planter dans un fi bon fonds toutes les
» vertus que doit avoir un grand Prince.
» Or , pour lui faire connoître qu'il de-
» voit appliquer la vivacité de fon génie
aux bonnes chofes , non pas à la vanité,
I. Vol. D iiij
ni
1136 MERCURE DE FRANCE
>> ni à la violence , où elle eût pû ſe por-
» ter auffi bien qu'aux belles actions , il
» lui choifit la Devife de la Salamandre
» qui fe nourrit dans les flammes , mais
» qui tempere fa trop grande activité par
» fa froideur , comme le fignifient ces
» paroles qui l'accompagnent : NOTRISCO
EL BUONO STINGUO ET REO. Au
» refte , il n'eft pas vrai que la Salaman-
» dre cherche le feu pour s'en nourrir
> ni même qu'elle puiffe durer long- tems
dans un grand brafier ; mais il eft conf-
» tant qu'elle eft fi froide , qu'elle peut
éteindre un petit feu .
Mezeray ne fe contente pas de rappor
ter ce fait , il le prouve , & le rend certain
, en rapportant auffi à la fin du Regne
de François I. toutes les Médailles
frappées pour ce grand Prince , qui font
venues à fa connoiffance . Elles font au
nombre de XXVII. la premiere eft juſtement
celle dont il s'agit ici , au revers de
la Salamandre dans le feu , avec une pareille
Legende pour le fens car le graveur
a manqué d'exactitude dans quelques
Lettres , il s'eft beaucoup plus mé
pris dans l'année qui ne peut pas
être
M. CCCC. IIII . comme il le marque ,
mais M. CCCCC. IIII . Au furplus ,
*
* Notrifco e bueno fringe el reo ,M. CCCC.111 .
I. Vol MezeJUIN.
1730. 1137
Mezeray n'a point fait graver la tête du
Prince , alors Duc de Valois , & âgé feulement
de 10. ans , ce qui étoit le plus
curieux. Il n'avoit apparemment pas vû
la Médaille en original. Ainfi , Monfieur,
la mienne qui fert d'ailleurs à corriger
les fautes duGraveur,en devient plus confiderable;
& c'eft , comme vous voyez , la
premiere qui ait été frappée pour ce Prince
, avec le fymbole inventé ( felon Mezeray
) par le Seigneur de Gouffier , plus
de dix ans avant qu'il montât fur le Trône.
Ce n'eft donc pas en qualité de Roi de
France que ce fymbole a été donné d'abord
à François I. Il y a plus. * Paradin
veut qu'il ait appartenu auparavant à
Charles , Comte d'Angoulême fon pere ;
mais il n'en donne aucune preuve. Il me
fouvient , ajoûte- t'il , avoir vû une Médaille
en bronze dudit feu Roi François ,
peint en jeune Adoleſcent , au revers de
laquelle étoit cette Devife de la Salamandre
enflammée , avec ce mot Italien
Nodrifco il buono , & pengo il reo.
Voilà , Monfieur , encore notre Mé--
* La Salamandre avec des flammes de feu 97
étoit la Devise du feu noble & magnifique
Roi François , & auffi auparavant de Charles,
Comte d'Angoulême fon pere. JE NOURRIS ET
FTEINS. Paradin. Devifes Héroïques &c. Paris
1622. in- 8.
I..Vol. D v dáille,
1138 MERCURE
DE FRANCE
daille du jeune Duc de Valois , Comte
de
d'Angoulême , que Paradin ne cite que
mémoire , & dont il rapporte la Devife à
fa maniere. Cette Piéce , comme l'on voit,
étoit déja rare en 1622.tems de l'impreffion
du Livre de cet Auteur , qui cite auffi
une riche tapifferie de Fontainebleau
chargée du même fymbole de la Salamandre
, & accompagnée de ce Diſtique :
Urſus atrox , Aquilæque leves , & tortilis Anguis
Cefferunt flammæ jam , Salamandra , tuæ.
C'eſt une allufion aux expeditions glorieufes
de François I. en Suiffe , en Allemagne
& dans le Milanois. Au refte , Paradin
n'eft pas le feul qui fait remonter
ce fameux fymbole jufqu'au pere de
François I. Jean le Laboureur dans fes
Tombeaux illuftres , après avoir parlé de
la Cerémonie du tranfport du coeur de
ce Prince aux Celeftins de Paris , ajoûte
, le S' d'Hemery d'Amboife lui donne la
Salamandre pour devife , & dit que le Roi
François fon fils la porta après lui.
Le même , le Laboureur en rapportant
auffi ce qui fe paffa le 22. May
1547. lorfque le coeur de ce Monarque
fut pareillement porté aux Celeftins, ob-
* Charles de Valois , Duc d'Orleans , Comte
d'Angouléme.
I. Vol.
ferve
JUIN. 1730 . 1139
1
ferve que fa Devife fut une Salamandre
dans les flammes , avec ce mot , Nutrifco
& extinguo. Quelques - uns l'ont , dit- il ,
interprêté avoir été le fymbole de vertu &
generofité de ce Roi en quelque entreprise que
cefût ; d'autres , entre lesquels eft Paul Jove,
difent que ce fut une Devife amoureuse pour
montrer qu'il brûloit du feu d'amour ..
& qu'il fe nourriffoit du feu de cet amour.
Le même Auteur dit auffi qu'il y ajoûta ce
mot Italien , mi nutriſco .
Il y a lieu d'être furpris que le P. Daniel
qui a pû être inftruit de toutes ces
chofes , qui cite même Paradin fur ce fu-
>
jet , ait
écrit
fi
affirmativement
que
François
I. prit
pour
fymbole
une
Salamandre
avec
ces
mots
de
fon
invention
: NUTRISCO
ET
EXTINGU
O.
Deux
chofes
extrêmement
douteufes
, fçavoir
que
ce
Prince
ait
choifi
lui
- même
ce
fymbole
, &
qu'il
foit
auffi
l'inventeur
de
la
Devife
, comme
le veut
le
P.
Daniel
. La
Médaille
qui
donne
lieu
à mes
Remarques
détruit
abfolument
cette
idée
; elle
eft
frappée
pour
ce
même
Prince
, elle
contient
le
même
fymbole
mais
le
Prince
n'avoit
alors
.
comme
on
l'a
déja
dit
, que
10.
ans
;
il
n'étoit
pas
en
âge
de
fe
choifir
un
fymbole
, encore
moins
d'inventer
là- deffus
des
paroles
convenables
; la
Deviſe
eſt
d'ailleurs
differente
fur
ce
Monument
>
,
I. Vol. D vj
incon1140
MERCURE DE FRANCE
inconteftable de celle dont parle le Pere
Daniel.
Cet Auteur ajoûte qu'il a peine à penetrer
le fens & la finefle des deux mots
de la Devife en queſtion ; il croit cependant
que le Prince vouloit faire comprendre
que comme cet animal , ainſi qu'on le dit
vit au milieu du feu , de même il étoit à l'é
preuve des plus rudes revers de la Fortune..
Enfin le P. Daniel qui avoit vû dans Paradin
ce qui eft dit de la Médaille du jeu
ne Duc de Valois au revers de la Salamandre
, avec la Devife Italienne : No-
2.
DRISCO IL BUONO ET SPENGO IL
REO , explique ainfi cette autre Devife :
Par où il marquoit , dit- il , fa bonté & fon
équité qui le rendoient liberal envers les gens
de bien , & lui faifoient punir les mechans,
Ma ſurpriſe augmente à cette autre interpretation
, qui prouve au moins que
le P. Daniel n'a pas fait attention aux
paroles expreffes de l'Auteur qu'il cite ,
que j'ai rapportées cy-devant , & que je
fuis obligé de repeter ici : Il me fouvient
avoir vu une Médaille en bronze dudit
feu Roi François peint en jeune Adoleſcent,
au revers de laquelle & c. Je vous laiffe ,
Monfieur , juger fi ce jeune Adolefcent ,
dont je vous ai marqué l'âge précis par
ma Médaille , étoit en état de punir les
méchans & de marquer fa liberalité en-
I. Vol.
vers;
JUIN. 1730. 1140
vers les gens de bien . La même raifon veut
qu'il n'étoit pas plus capable alors de don--
ner à cet Emblême une Deviſe Italienne
qu'une Devife Latine . Car le P. Daniel
ajoûte que l'Ame Latine fut apparemment
faite d'après l'Italienne qui fut abbregée
par ce Prince même , ou par quelqu'autre
qui ne fçavoit pas mieux le Latin que lui ;
car le Nutrifco n'est pas un mot Latin.
C'eft , ce me femble , tout ce qu'on peut
accorder là- deffus ; Nutrifco n'eft pas un
mot Latin ; cela eft certain ; mais tout le refte
paroît un peu hazardé. Quoiqu'il en foit ,
il doit du moins refulter de ces Obferva
tions que ce n'eft point François I. foit
comme Duc de Valois , foit comme Roi
de France , qui a inventé le fymbole & la
Devife de la Salamandre , que ce fymbole
paroît pour la premiere fois fur une Médaille
de ce Prince , frappée dans fon bas
âge , & dix ou douze ans avant fon ave
nement à la Couronne & enfin qu'à
moins qu'on ne produife une Médaille
ou quelqu'autre Monument inconteſtablequi
porte le même fymbole , fait pour
Charles de Valois , Comte d'Angoulême ,
ce que Paradin , le Laboureur & Damboife
ont avancé la- deffus fe trouve dénué
* Il faut entendre celle dont parle Paul Jo--
ve , cité par Paradin.
I. vol.
de
1142 MERCURE DE FRANCE
de preuves , & avancé fans fondement.
Dans ces circonftances , je ne vois
Monfieur , aucun inconvenient de nous
en rapporter à Mezeray , Auteur plus
exact , & d'un plus grand poids que les
trois dont je viens de parler , & de donner
l'invention de ce fymbole & des paroles
qui l'accompagnent à Artus de Gouffier,
Gouverneur du Prince , dans l'intention
& par les raifons marquées dans l'Hif
toire. C'eft , fans doute , ce fage Gouverneur
qui a fait frapper la Médaille
je poſſede , dont l'Epoque & l'âge du
Prince démontrent que c'eft la premiere
qui ait été faite pour lui ; elle confirme auffi
mes Remarques fur ce fujet.
que
Il paroît par plufieurs autres Médailles
frappées depuis que ce Prince fut monté
fur le Trône , qu'il aima particulierement
ce fymbole qui lui venoit d'une perfonne
cherie & refpectable . J'en rapporterai
feulement quatre du nombre de celles
que j'ai déja dit avoir été gravées & expliquées
dans Mezeray , fçavoir la 6. fur
le revers de laquelle eft une Salamandre
couronnée dans les flammes , Nutrifco &
extinguo , je m'y nourris & je l'éteins. La
23. une F couronnée , la Salamandre au
pied de cette Lettre , & pour Devife : Opera
Domini magna , frappée par les Echevins
de Paris , en mémoire du Bâtiment
I. Vol. de
JUIN 1730. 1143
24.
de l'Hôtel de Ville. La la Salamandre
dans le feu , & couronnée ; le champ de la
Médaille eft femé de la lettre F & de feurs
de Lys , avec ces mots : Extinguo , nutrior.
Et la 25. la Salamandre couchée au milieu
des flammes , les diffipe ou les amortit
par fon haleine , tournant la tête vers
une Couronne qui eft au - deffus , pour
marquer la grandeur du courage du Roi;
Pour Legende ces deux Vers autour :
Diſcutit hæc flammam ; Francifcus robore men
tis
Omnia pervicit , rerum immerſabilis undis.
Ces quatre Médailles ont été frappées
en or , & fe trouvent encore en certains
Cabinets ; elles prouvent la variation qu'il
y a eu dans l'application du fymbole de
la Salamandre , & dans les paroles qui
Font accompagné , fuivant les tems & les
differentes vûës des perfonnes qui l'ont
employé depuis le premier Inventeur. Aut
furplus , ne faifons point de procès ou
de mauvaiſe chicane à ceux qui ont eftropié
quelque mot Italien, en gravant ou en
imprimant la Devife en queftion , comme
je l'ai remarqué au commencement ?
on n'étoit pas fi exact en ce tems là . Cela
ne fait rien au fond du fujet , & ne diminuë
en rien le mérite du monument
1. Vol. ori144
MERCURE DE FRANCE
original qui eft gravé dans le Mercure.
Peut être , Monfieur , ne ferez-vous pas
fâché qu'en finiffant j'ajoûte un mot en
faveur du perfonnage , à qui Mezeray en
attribue l'invention. Artus de Gouffier ,
Comte d'Estampes & de Caravas , Seigneur
de Boify, &c. étoit iffu d'une illuf
tre & ancienne Maifon de la Province de
Poitou , laquelle a été feconde en grands
Hommes. Il étoit fils de Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Boify , Baron de
Roanés , de Maulevrier, de Bonnivet, &c .
Premier Chambellan du Roy , Gouverneur
de Languedoc & de Touraine , &o .
Gouverneur du Roy Charles VIII . & de
Philippe de Montmorency.
François I. dont il fut Gouverneur , lecombla
de biens & d'honneurs ; il lui donna
la Charge de Grand- Maître de France,
& le Gouvernement de Dauphiné , le fit
fon principal Miniftre , & l'honora de
plufieurs Ambaffades importantes , dont
la principale fût vers les Electeurs de
Empire , après la mort de l'Empereur
Maximilien , pour déterminer leurs fuffrages
en faveur du Roy fon Maître.
Quelque temps auparavant Charles V.
Roy d'Espagne , qui fût depuis Empereur
, ayant propofé un accommodement,
le Roy nomma de fa part , pour Chef de
la Negociation , Artus de Gouffier , & le
I. Vol.. Roi.
JUIN. 1730. 1145
Roy d'Eſpagne Antoine de Crouy , Seigneur
de Chierres , qui avoit auffi été ſon
Gouverneur. Ces Seigneurs s'affemblerent
à Noyon , & firent le Traité qui porte
ce nom dans l'Hiftoire , lequel fut ratifié
par les deux Rois . La France ne profita
pas long- temps du Miniftere d'un homme
fi fage , & Artus de Gouffier n'eut pas
le déplaifir de voir les difgraces de l'Etat.
Il mourut en l'année 1519. laiffant un fils
unique , Claude de Gouffier , qui fut
Duc de Roanés , Pair de France , par
érection de 1566. Comte de Caravas , &c.
Grand-Ecuyer de France , & dont la pofterité
a formé plufieurs branches , & c.
Deux Freres d'Artus de Gouffier ,
Adrien & Guillaume de Gouffier , furent
élevez à des Charges & à des Dignitez
confiderables ; le premier fut Evêque
d'Alby , puis Cardinal , Legat'en France ,
& Grand- Aumônier. Le fecond eft celebre
dans l'Hiftoire fous le nom d'Amiral
de Bonnivet , s'étant fort fignalé par mer
& par terre. Il fut auffi Gouverneur de
Dauphiné & de Guyenne.
Deux autres Freres furent diftinguez
dans l'Eglife , fçavoir Pierre de Gouf-
* Doublet , dit le nouvel Hiftorien de S. Denys,
nous a confervé l'Epitaphe de Pierre de Gouf
fier , mort en 1516. gravée sur une Tombe d'ar
doife , qui fe voyoit autrefois dans le Choeur de
I. Vola S
1146 MERCURE DE FRANCE
fier , Abbé de S. Denys , & de S. Pierre
fur Dive , & Aimar , qui fut Evêque de
Coutances , puis d'Alby , Abbé de Lagny
, & enfin fucceffeur de fon frere en
l'Abbaye de faint Denys .
Un cinquième Frere , Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Bonnivet , puis de
Thois ,par fon fecond mariage fait la Branche
des Seigneurs & Marquis de Bonnivet.
Il fe diftingua dans les guerres d'Italie, &
fut tué à la journée de Pavie en 1524.
Je paffe les autres illuftrations & les
grandes alliances de cette Maifon , qui
fubfifte encore aujourd'huy dans les per
fonnes du Marquis de Thoy , pere du
Marquis de Gouffier , du Comte de Roanés
, & du Marquis de Bonniver. Je ne
diray rien non plus de fes differentes
Branches de Caravas , d'Efpagny , de Brazeux
, de Heilly , &c. me contentant de
remarquer que la Duché de Roanés eft
fortie de cette illuftre Maifon par le mariage
de Charlotte de Gouffier , Ducheffe
de Roanés , qui épouſa en 1667. François
d'Aubuffon de la Feuillade , Pair & Maréchal
de France , & c.
Je fuis , Monfieur , & c.
A Paris , le 2. Fanvier 1729.
8. Denys , avec fes Armes qui font d'or à trois
Jumelles de fable.
Le Marquis de Thoy eft depuis decedé le z
Bars 1729.
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Résumé : REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
Le texte aborde la médaille de François I, alors Duc de Valois et Comte d'Angoulême, et son symbole de la salamandre. L'auteur, attendant sa publication dans le Mercure de Juin 1727, a décidé de l'examiner lui-même. Contrairement à la croyance générale, la salamandre était déjà le symbole de François avant son accession au trône, apparaissant sur une médaille frappée en 1504. L'historien Mezeray rapporte que ce symbole a été choisi par Artus de Gouffier, gouverneur de François, pour lui enseigner la modération et l'application de son génie aux bonnes causes. La devise associée, 'Nutrisco et extinguo' (Je nourris et j'éteins), confirme cette origine. Mezeray affirme que cette médaille est la première frappée pour François, avant son règne. D'autres auteurs comme Paradin mentionnent ce symbole, mais sans preuves solides. L'auteur conclut que le symbole et la devise ont été inventés par Gouffier et non par François lui-même, qui n'avait que 10 ans à l'époque. Plusieurs médailles ultérieures montrent des variations de ce symbole et de sa devise. L'auteur souligne l'importance de ne pas juger les erreurs mineures de gravure ou d'impression, car elles n'affectent pas la valeur historique du monument. Le texte traite également de la famille Gouffier et de ses membres influents sous le règne de François I. Artus de Gouffier, Gouverneur de François I, reçut de nombreux honneurs et charges, dont celle de Grand-Maître de France et le Gouvernement de Dauphiné. Il fut également principal ministre et ambassadeur auprès des Électeurs de l'Empire pour influencer leurs suffrages en faveur de François I. Charles V, futur Empereur, proposa un accommodement, et François I nomma Artus de Gouffier et Antoine de Crouy pour négocier le Traité de Noyon. Artus de Gouffier mourut en 1519, laissant un fils unique, Claude de Gouffier, Duc de Roanés et Pair de France. Deux frères d'Artus, Adrien et Guillaume, occupèrent des postes importants : Adrien devint Cardinal et Grand-Aumônier, tandis que Guillaume, connu sous le nom d'Amiral de Bonnivet, se distingua par ses exploits militaires. Deux autres frères, Pierre et Aimar, furent également notables dans l'Église. Guillaume de Gouffier, Seigneur de Bonnivet, fut tué à la bataille de Pavie en 1524. La famille Gouffier subsiste encore aujourd'hui à travers plusieurs branches, dont le Marquis de Thoy, le Comte de Roanés et le Marquis de Bonniver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 1568-1569
EXTRAIT d'une Lettre écrite par le R. P. Tournemine à M. De L. R. au sujet de la Médaille dont il est parlé dans la 5 Lettre du Voyage de Basse-Normandie.
Début :
Tous ceux qui ont vû le dessein de la Médaille que vous m'avez communiqué, [...]
Mots clefs :
Médaille, Basse-Normandie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite par le R. P. Tournemine à M. De L. R. au sujet de la Médaille dont il est parlé dans la 5 Lettre du Voyage de Basse-Normandie.
EXTRAIT d'une Lettre écrite
par
le
R. P. Tournemine à M. De L. R. an
fujet de la Médaille dont il eft parlé dans
las Lettre du Voyage de Baffe - Normandie.
Ous ceux qui ont vû le deffein de la
TMédaille que vous m'avez communiqué
, & qui a paru enfuite gravé dans
le fecond Volume du Mercure de Juin
1728. page 1344. jugent qu'on ne peut
deviner quel eft le perfonage qu'on y voit
reprefenté que par la reffemblance de
quelque Portrait ou de quelque fceau ancien
. Pour moi , je crois qu'on peut parvenir
à cette connoiffance en fuivant quelques
conjectures ; les voici : vous en jugerez
. La forme du bonnet & de la cuiraffe
attachée avec des rubans , les cheveux
coupés , conviennent également au 14 .
&
JUILLET. 1730. 1560
& au 15. fiecle ; mais l'Infcription ne
convient qu'au 15. après la renaiffance des
Belles - Lettres. Je croi donc qu'il faut
chercher en Italie celui qu'on compare à
Cefar & à Scipion ; je croi qu'il le faut
chercher parmi les grands Capitaines qui
fe fignalerent dans ce 15. fiecle. Je panche
encore plus à croire que c'èft Philippe
Marie , Duc de Milan , je n'en ai pû trouver
de Portrait .
La figure d'Hercule tuant le Centaure
qui paroît fur la cuiraffe , m'avoit donné
une autre idée qu'il faut vous propofer ;
cet Emblême convient au General des
Suiffes qui défit Charles le Hardi , Duc
de Bourgogne à la Bataille de Granſon .
Les Suiffes n'avoient point de Cavaleric ;
celle du Duc étoit nombreuſe : c'eſt peutêtre
la feule occafion où depuis plufieurs
fiecles une Armée fans Cavalerie en ait
batu une forte en Cavalerie. Monftrelet
Auteur contemporain , ne nomme pas
le General des Suiffes , & je n'ai pû trouver
fon nom dans les autres Hiftoriens.
Quelque fpecieufe que foit cette conjecture
, j'ai de la peine à l'approuver ; les
Suiffes de ce tems là étoient trop groffiers
pour connoître Cefar & Scipion . J'attens
ce que des Sçavans plus heureux que moi
auront découvert fur cette Médaille finguliere.
par
le
R. P. Tournemine à M. De L. R. an
fujet de la Médaille dont il eft parlé dans
las Lettre du Voyage de Baffe - Normandie.
Ous ceux qui ont vû le deffein de la
TMédaille que vous m'avez communiqué
, & qui a paru enfuite gravé dans
le fecond Volume du Mercure de Juin
1728. page 1344. jugent qu'on ne peut
deviner quel eft le perfonage qu'on y voit
reprefenté que par la reffemblance de
quelque Portrait ou de quelque fceau ancien
. Pour moi , je crois qu'on peut parvenir
à cette connoiffance en fuivant quelques
conjectures ; les voici : vous en jugerez
. La forme du bonnet & de la cuiraffe
attachée avec des rubans , les cheveux
coupés , conviennent également au 14 .
&
JUILLET. 1730. 1560
& au 15. fiecle ; mais l'Infcription ne
convient qu'au 15. après la renaiffance des
Belles - Lettres. Je croi donc qu'il faut
chercher en Italie celui qu'on compare à
Cefar & à Scipion ; je croi qu'il le faut
chercher parmi les grands Capitaines qui
fe fignalerent dans ce 15. fiecle. Je panche
encore plus à croire que c'èft Philippe
Marie , Duc de Milan , je n'en ai pû trouver
de Portrait .
La figure d'Hercule tuant le Centaure
qui paroît fur la cuiraffe , m'avoit donné
une autre idée qu'il faut vous propofer ;
cet Emblême convient au General des
Suiffes qui défit Charles le Hardi , Duc
de Bourgogne à la Bataille de Granſon .
Les Suiffes n'avoient point de Cavaleric ;
celle du Duc étoit nombreuſe : c'eſt peutêtre
la feule occafion où depuis plufieurs
fiecles une Armée fans Cavalerie en ait
batu une forte en Cavalerie. Monftrelet
Auteur contemporain , ne nomme pas
le General des Suiffes , & je n'ai pû trouver
fon nom dans les autres Hiftoriens.
Quelque fpecieufe que foit cette conjecture
, j'ai de la peine à l'approuver ; les
Suiffes de ce tems là étoient trop groffiers
pour connoître Cefar & Scipion . J'attens
ce que des Sçavans plus heureux que moi
auront découvert fur cette Médaille finguliere.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite par le R. P. Tournemine à M. De L. R. au sujet de la Médaille dont il est parlé dans la 5 Lettre du Voyage de Basse-Normandie.
Dans une lettre adressée à M. De L. R., le R. P. Tournemine discute de l'identification d'un personnage représenté sur une médaille. Plusieurs personnes ayant vu le dessin de la médaille, publié dans le Mercure de Juin 1728, ne peuvent deviner l'identité du personnage sans comparaison avec un portrait ou un sceau ancien. Tournemine propose des conjectures basées sur la forme du bonnet, de la cuirasse et la coupe des cheveux, qui correspondent aux styles du 14ème et 15ème siècles. L'inscription sur la médaille suggère une période postérieure à la renaissance des Belles-Lettres, orientant vers le 15ème siècle. Tournemine penche pour Philippe Marie, Duc de Milan, bien qu'il n'ait pas trouvé de portrait de ce dernier. Une autre hypothèse est proposée par l'emblème d'Hercule tuant le Centaure, qui pourrait représenter le général des Suisses ayant défait Charles le Hardi à la bataille de Granson. Cependant, Tournemine rejette cette hypothèse, estimant que les Suisses de l'époque étaient trop grossiers pour connaître César et Scipion. Il attend les découvertes de savants plus éclairés sur cette médaille singulière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 1805-1810
« J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...] »
Début :
J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...]
Mots clefs :
Attila, Roi des Huns, Médaille, Cheval, Légende, Goths, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...] »
J. G. ECCARDI Obfervatio de Nummis
ATTILE Hunnorum Regis . Remarques
de Jean- George Eccard ,fur les Medailles
d'Attila Roi des Huns .
Une Médaille d'Attila rapportée par le
P. Bandouri , Benedictin , dans fon bas Empire
, a donné lieu à M. Eccard , Hiftoriographe
& Bibliotequaire du Roi George
d'Angleterre , Electeur d'Hanover , & c.
de faire les Remarques dont il s'agit ici.
>
•
Il obferve d'abord que c'eft mal à propos
que quelques Auteurs , & furtout les
plus modernes , ont dépeint Attila avec
de noires couleurs ; felon eux ce Conquerant
étoit feroce ,-barbare , & extrê
mement cruel . Un Ecrivain ancien & contemporain
nous le repréfente , au contraire
comme un Prince d'un naturel doux
& de très - bonnes moeurs . Il eft vrai , dit
M. Eccard , que les Romains l'ayant extrêmement
irrité, & lui ayant fouvent tendu
des embuches , Attila mit tout en ufage,
pour le venger & c'eft cette vengeance
pouffée un peu loin qui lui a acquis la mauvaife
réputation dont notre Auteur tâche
de le laver. Il aura peut- être de la peine à
réuffit ; car il faut avouer que le préjugé
eft grand & déja ancien au fujet de ce
Prince. Un habile Hiſtorien ( M. l'Abbé
de Vertot, Hift. de Malte , Liv. VI. ) pour
nous donner une jufte idée du fameux
у
Ta1806
MERCURE DE FRANCE
Tamerlan , dit qu'on peut regarder ce
Conquerant Tartare comme un autre Attila,
comme un fleau de Dieu & c.
Quoiqu'il en foit , cette idée de ferocité
& de barbarie qu'on s'eft faite de la
perfonne d'Attila , a paffé jufques fur fes
Médailles ; ce qui paroît qui paroît principalement
fur celle du Cabinet de Jean André Bofius
, grand bronze , où l'on voit d'un
côté la tête de ce Prince reprefenté vultu
truculento , comme parle notre Auteur , &
la barbe fort longue , avec cette Legen
de, ATTILA REX , & fur le Revers la
Ville d'Aquilée avec fon nom AQUILEIA.
Mais M. Eccard foutient que les meilleurs
Antiquaires ont toujours crû cette
Médaille fauffe & fuppofée.
Il parle enfuite de deux autres Médailles
prétendues d'Attila par J.Jacques Chiflet
, & par lui rapportées , comme ayant
été trouvées dans la terre à Besançon ;
elles font d'argent : d'un côté on voit le
bufte d'un Prince encore jeune , ayant
des aîles aux épaules ; & pour Legende
ATEULA. Au Revers un Cheval, la tête
levée , avec une corne au milieu ; fur le
dos un Bâton augural , & entre les pieds
du Cheval un Pentagone : dans l'Exergue
la Lune dans fon décours , avec ce
mot VLATOS .
Notre Antiquaire fait mention d'une .
troiAOUST.
1730. 1807
rroifiéme Médaille prefque femblable
qui lui a été communiquée par un Sçavant
de fes amis ( Reverendiſſ. Abbas Lucenfis
Gerhardus ) dont la Legende de la
Tête eft AT IU LA, & il n'oublie pas celle
que rapporte le P. Bandouri , dont la Legende
eft ATEUL. ayant fur le Revers
un Cheval fans corne & fans lituus , avec
ce mot , comme à celles de Befançon
VLATOS.
Du Cange & Mezabarbe en ont donné
une autre de bronze , où l'on voit d'un côté
la tête nuë d'un jeune homme avec ce
mot ATILA. Au Revers un Lion , fans.
Legende. Mezabarbe affure en avoir vû
une autre auffi de bronze , où du côté de
la Tête on lifoit ATHIL. au Revers un
Cheval fans Legende.
Si on en croit le P. Bandouri , toutes
ces Médailles font du fameux Attila ; Beger
, au contraire , les attribue à Vlacus .
Ateulus , Prince Celte ; mais fes preuves
ont paru foibles à M. Eccard , qui croit
avec Cambden qu'elles ont été frappées
pour un Prince Breton , fentiment fuivi
Gibſon dans fes Additions à l'Ouvra
de Cambden fur la Grande Bretagne,
& confirmé par de pareilles Médailles qui
ont été trouvées dans le même Pays : outre
que l'argent pur dont -elles font fabriquées
ne convient point au fiecle de
par
gc
barbaric
1808 MERCURE DE FRANCE
barbarie du Vainqueur des Romains
tems auquel on fe fervoit d'une matiere
bien inferieure pour la fabrique des Monnoyes.
Nous ne ferons qu'efleurer les autres
preuves qui concourent à donner ces Médailles
au Prince Breton ; le Pentagone
qu'on y voit êtoit une figure facrée chez
les Celtes , & le fimbole du bonheur
d'où vient qu'encore aujourd'hui dans la
haute Allemagne on appelle cette Figure
mifterieufe Druttenfuſſ. c'eſt- à - dire , Pied
des Druides ou des Prêtres Celtiques. L'épi
qu'on voit fur les Médailles de Cambden
& de Gibfon font un fimbole de la Grande
Bretagne , qui fe trouve auffi fur pluſieurs
Médailles de Cunobellinus , Roi Breton
ainfi que la Lune , autre figne de bonheurs
le Lituus , ou Bâton augural défigne
la Religion , & on trouve le Cheval
prefque fur toutes les Médailles Celtiques
& Britanniques , parcequ'on en nouriffoit
beaucoup dans l'un & dans l'autre Pays.
A l'égard de la Figure aîlée , elle convient
parfaitement , & s'accorde avec la Figure
de la Victoire Britannique VICTORIA
BRITANNICA , fi connue par les Médailles
d'Antonin Pie , de Commode , de
Severe , de Geta & c . Dion dans la Vie de
Neron remarque d'ailleurs que la Victoire
étoit particulierement adorée chez les
Brea
A O UST. 1730. 1809
·
Bretons fous le nom d'Adrafte ; il rapporte
même une Priere addreffée à cette Divinité
par Boodix ou Bundovix , Amazone
* Britannique . Cette derniere preuve
eft fort étendue dans notre Auteur ; mais
en voilà affez pour appuyer un fentiment
qui eft avancé avec beaucoup d'apparence
& de folidité.
M. Eccard après avoir exercé fa critique
fur des Médailles trop legerement
attribuées à Attila , en produit une de ce
Conquerant tirée de fon Cabinet dont il
nous garantit la verité en ces termes :
Attila Numus fi unquamgenuinus extitit ,
nos poffidere certum eft . Elle eft de petit
bronze ; d'un côté ce Prince eft repréfenté
fans barbe avec un air & un regard fort
doux , la tête couverte d'une efpece de
Thiare , qui eft un peu défigurée ſur la
Médaille ; ce qui paroît du corps eft habillé
d'une maniere barbare , corpus paludamento
barbarico veftitum eft ; fur le Re-
* Nous avons employé le terme d'Amazonne
Britannique après M. Eccardo M M. de Lipfic.
Ce terme qui a quelque chofe d'extraordinaire
n'eft point dans le Grec de Dion.ni dans la vers
fion de Xilandre que nous avons confultés; mais
l'Héroïne dont il eft ici queftion le méritoit fans
doute : fon avanture fait un des plus beaux
morceaux de l'Hiftorien Grec
propofons de la prefenter unur à nos Lecteurs
nous nous
F vers
1810 MERCURE DE FRANCE
vers il n'y a autre chofe que ces deux
mots en caracteres fort nets & bien confervés
, A DULA (REX ; ils font enfermés
, auffi bien que la Figure du premier
côté de la Médaille,dans une couronne de
laurier. A bien confiderer l'image & l'ha
billement de ce Prince , on y trouve quelchofe
de reffemblant à Baduila ou Toque
tila , Roi des Goths ; mais cela n'empê
che pas M. Eccard de foûtenir que la Médaille
eft veritablement d'Attilla . Cette
reffemblance , dit- il , vient de l'ufage
dans lequel étoit ce Frince , qui aimoit
les moeurs & la Langue des Goths , de
s'habiller à la Gothique , trouvant cette
manieré plus commode , & fi l'on veut
plus galante , elegantiùs , que celle de fon
Pays , comme les Goths eux - mêmes
avoient emprunté l'habit des Getes après
leur avoir fuccedé , en les chaffant des
Regions qu'ils avoient occupées fur le Danube
, ainfi que M. Eccard s'engage de
le faire voir ailleurs.
ATTILE Hunnorum Regis . Remarques
de Jean- George Eccard ,fur les Medailles
d'Attila Roi des Huns .
Une Médaille d'Attila rapportée par le
P. Bandouri , Benedictin , dans fon bas Empire
, a donné lieu à M. Eccard , Hiftoriographe
& Bibliotequaire du Roi George
d'Angleterre , Electeur d'Hanover , & c.
de faire les Remarques dont il s'agit ici.
>
•
Il obferve d'abord que c'eft mal à propos
que quelques Auteurs , & furtout les
plus modernes , ont dépeint Attila avec
de noires couleurs ; felon eux ce Conquerant
étoit feroce ,-barbare , & extrê
mement cruel . Un Ecrivain ancien & contemporain
nous le repréfente , au contraire
comme un Prince d'un naturel doux
& de très - bonnes moeurs . Il eft vrai , dit
M. Eccard , que les Romains l'ayant extrêmement
irrité, & lui ayant fouvent tendu
des embuches , Attila mit tout en ufage,
pour le venger & c'eft cette vengeance
pouffée un peu loin qui lui a acquis la mauvaife
réputation dont notre Auteur tâche
de le laver. Il aura peut- être de la peine à
réuffit ; car il faut avouer que le préjugé
eft grand & déja ancien au fujet de ce
Prince. Un habile Hiſtorien ( M. l'Abbé
de Vertot, Hift. de Malte , Liv. VI. ) pour
nous donner une jufte idée du fameux
у
Ta1806
MERCURE DE FRANCE
Tamerlan , dit qu'on peut regarder ce
Conquerant Tartare comme un autre Attila,
comme un fleau de Dieu & c.
Quoiqu'il en foit , cette idée de ferocité
& de barbarie qu'on s'eft faite de la
perfonne d'Attila , a paffé jufques fur fes
Médailles ; ce qui paroît qui paroît principalement
fur celle du Cabinet de Jean André Bofius
, grand bronze , où l'on voit d'un
côté la tête de ce Prince reprefenté vultu
truculento , comme parle notre Auteur , &
la barbe fort longue , avec cette Legen
de, ATTILA REX , & fur le Revers la
Ville d'Aquilée avec fon nom AQUILEIA.
Mais M. Eccard foutient que les meilleurs
Antiquaires ont toujours crû cette
Médaille fauffe & fuppofée.
Il parle enfuite de deux autres Médailles
prétendues d'Attila par J.Jacques Chiflet
, & par lui rapportées , comme ayant
été trouvées dans la terre à Besançon ;
elles font d'argent : d'un côté on voit le
bufte d'un Prince encore jeune , ayant
des aîles aux épaules ; & pour Legende
ATEULA. Au Revers un Cheval, la tête
levée , avec une corne au milieu ; fur le
dos un Bâton augural , & entre les pieds
du Cheval un Pentagone : dans l'Exergue
la Lune dans fon décours , avec ce
mot VLATOS .
Notre Antiquaire fait mention d'une .
troiAOUST.
1730. 1807
rroifiéme Médaille prefque femblable
qui lui a été communiquée par un Sçavant
de fes amis ( Reverendiſſ. Abbas Lucenfis
Gerhardus ) dont la Legende de la
Tête eft AT IU LA, & il n'oublie pas celle
que rapporte le P. Bandouri , dont la Legende
eft ATEUL. ayant fur le Revers
un Cheval fans corne & fans lituus , avec
ce mot , comme à celles de Befançon
VLATOS.
Du Cange & Mezabarbe en ont donné
une autre de bronze , où l'on voit d'un côté
la tête nuë d'un jeune homme avec ce
mot ATILA. Au Revers un Lion , fans.
Legende. Mezabarbe affure en avoir vû
une autre auffi de bronze , où du côté de
la Tête on lifoit ATHIL. au Revers un
Cheval fans Legende.
Si on en croit le P. Bandouri , toutes
ces Médailles font du fameux Attila ; Beger
, au contraire , les attribue à Vlacus .
Ateulus , Prince Celte ; mais fes preuves
ont paru foibles à M. Eccard , qui croit
avec Cambden qu'elles ont été frappées
pour un Prince Breton , fentiment fuivi
Gibſon dans fes Additions à l'Ouvra
de Cambden fur la Grande Bretagne,
& confirmé par de pareilles Médailles qui
ont été trouvées dans le même Pays : outre
que l'argent pur dont -elles font fabriquées
ne convient point au fiecle de
par
gc
barbaric
1808 MERCURE DE FRANCE
barbarie du Vainqueur des Romains
tems auquel on fe fervoit d'une matiere
bien inferieure pour la fabrique des Monnoyes.
Nous ne ferons qu'efleurer les autres
preuves qui concourent à donner ces Médailles
au Prince Breton ; le Pentagone
qu'on y voit êtoit une figure facrée chez
les Celtes , & le fimbole du bonheur
d'où vient qu'encore aujourd'hui dans la
haute Allemagne on appelle cette Figure
mifterieufe Druttenfuſſ. c'eſt- à - dire , Pied
des Druides ou des Prêtres Celtiques. L'épi
qu'on voit fur les Médailles de Cambden
& de Gibfon font un fimbole de la Grande
Bretagne , qui fe trouve auffi fur pluſieurs
Médailles de Cunobellinus , Roi Breton
ainfi que la Lune , autre figne de bonheurs
le Lituus , ou Bâton augural défigne
la Religion , & on trouve le Cheval
prefque fur toutes les Médailles Celtiques
& Britanniques , parcequ'on en nouriffoit
beaucoup dans l'un & dans l'autre Pays.
A l'égard de la Figure aîlée , elle convient
parfaitement , & s'accorde avec la Figure
de la Victoire Britannique VICTORIA
BRITANNICA , fi connue par les Médailles
d'Antonin Pie , de Commode , de
Severe , de Geta & c . Dion dans la Vie de
Neron remarque d'ailleurs que la Victoire
étoit particulierement adorée chez les
Brea
A O UST. 1730. 1809
·
Bretons fous le nom d'Adrafte ; il rapporte
même une Priere addreffée à cette Divinité
par Boodix ou Bundovix , Amazone
* Britannique . Cette derniere preuve
eft fort étendue dans notre Auteur ; mais
en voilà affez pour appuyer un fentiment
qui eft avancé avec beaucoup d'apparence
& de folidité.
M. Eccard après avoir exercé fa critique
fur des Médailles trop legerement
attribuées à Attila , en produit une de ce
Conquerant tirée de fon Cabinet dont il
nous garantit la verité en ces termes :
Attila Numus fi unquamgenuinus extitit ,
nos poffidere certum eft . Elle eft de petit
bronze ; d'un côté ce Prince eft repréfenté
fans barbe avec un air & un regard fort
doux , la tête couverte d'une efpece de
Thiare , qui eft un peu défigurée ſur la
Médaille ; ce qui paroît du corps eft habillé
d'une maniere barbare , corpus paludamento
barbarico veftitum eft ; fur le Re-
* Nous avons employé le terme d'Amazonne
Britannique après M. Eccardo M M. de Lipfic.
Ce terme qui a quelque chofe d'extraordinaire
n'eft point dans le Grec de Dion.ni dans la vers
fion de Xilandre que nous avons confultés; mais
l'Héroïne dont il eft ici queftion le méritoit fans
doute : fon avanture fait un des plus beaux
morceaux de l'Hiftorien Grec
propofons de la prefenter unur à nos Lecteurs
nous nous
F vers
1810 MERCURE DE FRANCE
vers il n'y a autre chofe que ces deux
mots en caracteres fort nets & bien confervés
, A DULA (REX ; ils font enfermés
, auffi bien que la Figure du premier
côté de la Médaille,dans une couronne de
laurier. A bien confiderer l'image & l'ha
billement de ce Prince , on y trouve quelchofe
de reffemblant à Baduila ou Toque
tila , Roi des Goths ; mais cela n'empê
che pas M. Eccard de foûtenir que la Médaille
eft veritablement d'Attilla . Cette
reffemblance , dit- il , vient de l'ufage
dans lequel étoit ce Frince , qui aimoit
les moeurs & la Langue des Goths , de
s'habiller à la Gothique , trouvant cette
manieré plus commode , & fi l'on veut
plus galante , elegantiùs , que celle de fon
Pays , comme les Goths eux - mêmes
avoient emprunté l'habit des Getes après
leur avoir fuccedé , en les chaffant des
Regions qu'ils avoient occupées fur le Danube
, ainfi que M. Eccard s'engage de
le faire voir ailleurs.
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Résumé : « J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...] »
Le texte 'Obfervatio de Nummis' de Jean-George Eccard aborde les médailles attribuées à Attila, roi des Huns. Eccard conteste la vision moderne d'Attila comme un conquérant féroce et barbare, préférant suivre les descriptions des écrivains anciens qui le présentent comme un prince doux et de bonnes mœurs. Cette réputation négative serait le résultat de la vengeance d'Attila contre les Romains, qui lui tendaient souvent des pièges. Eccard analyse plusieurs médailles prétendument d'Attila. La première, en bronze, montre Attila avec une barbe longue et est considérée comme fausse par les antiquaires. Deux autres médailles, en argent et trouvées à Besançon, représentent un prince jeune avec des ailes et un cheval avec une corne. D'autres médailles portent des légendes variées comme 'ATEULA' ou 'ATILA'. Le texte discute des attributions de ces médailles, certaines étant attribuées à Vlacus Ateulus, un prince celte, tandis qu'Eccard les attribue à un prince breton. Les symboles sur les médailles, comme le pentagone et le cheval, sont des figures sacrées chez les Celtes. Eccard conclut en présentant une médaille d'Attila en petit bronze, où le roi est représenté sans barbe et avec un regard doux, habillé à la manière gothique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 2923-2924
Médaille du Pape, gravée en taille douce, [titre d'après la table]
Début :
Nous donnons au public, avec plaisir, la premiere Médaille du Pape, qui nous [...]
Mots clefs :
Médaille du pape, Médaille
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texteReconnaissance textuelle : Médaille du Pape, gravée en taille douce, [titre d'après la table]
Nous donnons au public , avec plaifir,
la premiere Médaille du Pape , qui nous
eft tombée entre les mains . Elle eft d'ar
gent.On y voit d'un côté la tête du S.Pere
avec cette Légende : CLEMENS XII .
H. Val. PONT.
2924 MERCURE DE FRANCE
PONT. M. & de l'autre le fymbole
qui convient le plus ; fçavoir , une Charité
Romaine , avec cette Infcription : NON
QUÆRIT QUE SUA SUNT . Les Coins de
cette Médaille ont été faits par Hameranus
, fameux Graveur Romain , qui a
un talent particulier pour donner la reffemblance
& pour animer les figures.
Nous l'avons faite graver ici en Tailledouce
par une bonne main.
plu
Outre cette Médaille , il y en a eu auffi
quelques autres, frappées depuis à Rome,
en or & en argent , pour S. S. dont la
plus diftinguée nous a paru être celle qui
lui fut préfentée en ceremonie le jour de
fa prife de poffeffion de l'Eglife Patriarchale
de S. Jean de Latran. On y voit
d'un côté la tête du Pape avec la même
Légende : CLEMENS XII.PONT.M. &
fur le revers , la Juftice , tenant d'une
main des Balances , & de lautre un Laurier
, avec cette Infcription : R BCTIS
CORDE LÆTITIA & dans l'Exergue ' , M.
DCC. X X X,
la premiere Médaille du Pape , qui nous
eft tombée entre les mains . Elle eft d'ar
gent.On y voit d'un côté la tête du S.Pere
avec cette Légende : CLEMENS XII .
H. Val. PONT.
2924 MERCURE DE FRANCE
PONT. M. & de l'autre le fymbole
qui convient le plus ; fçavoir , une Charité
Romaine , avec cette Infcription : NON
QUÆRIT QUE SUA SUNT . Les Coins de
cette Médaille ont été faits par Hameranus
, fameux Graveur Romain , qui a
un talent particulier pour donner la reffemblance
& pour animer les figures.
Nous l'avons faite graver ici en Tailledouce
par une bonne main.
plu
Outre cette Médaille , il y en a eu auffi
quelques autres, frappées depuis à Rome,
en or & en argent , pour S. S. dont la
plus diftinguée nous a paru être celle qui
lui fut préfentée en ceremonie le jour de
fa prife de poffeffion de l'Eglife Patriarchale
de S. Jean de Latran. On y voit
d'un côté la tête du Pape avec la même
Légende : CLEMENS XII.PONT.M. &
fur le revers , la Juftice , tenant d'une
main des Balances , & de lautre un Laurier
, avec cette Infcription : R BCTIS
CORDE LÆTITIA & dans l'Exergue ' , M.
DCC. X X X,
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Résumé : Médaille du Pape, gravée en taille douce, [titre d'après la table]
Le texte décrit une médaille en argent du pape Clément XII, la première de ce type à être découverte par les auteurs. Cette médaille présente sur une face la tête du pape avec l'inscription 'CLEMENS XII. H. Val. PONT. 2924 MERCURE DE FRANCE PONT. M.' et sur l'autre face une Charité Romaine avec l'inscription 'NON QUÆRIT QUÆ SUA SUNT'. Les coins de la médaille ont été réalisés par Hameranus, un graveur romain renommé pour son talent dans la représentation des figures. La médaille a été gravée en taille-douce par un artiste compétent. D'autres médailles ont également été frappées à Rome en or et en argent pour le pape. La plus notable est celle offerte lors de la cérémonie de prise de possession de l'Église Patriarchale de Saint-Jean-de-Latran. Cette médaille montre la tête du pape avec la même légende et, au revers, la Justice tenant des balances d'une main et un laurier de l'autre, avec l'inscription 'RECTIS CORDE LÆTITIA' et l'année 'M. DCC. X X X' dans l'exergue.
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16
p. 136-138
Médailles frappées à Moscou, [titre d'après la table]
Début :
On a frappé à Moscou une Médaille sur le Couronnement [...]
Mots clefs :
Médaille, Couronnement, Tsarine Anne, Moscou, Pierre le Grand, Iconographie chrétienne
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texteReconnaissance textuelle : Médailles frappées à Moscou, [titre d'après la table]
On a frappé à Moscou une Médaille
sur le Couronnement de la Czarine . On
y voit d'un côté le Buste de cette Prin
cesse, et pour Légende, en langueRussier e;
Anne , par la grace de Dieu , Imperatrice
et Souveraine de toutes les Russies . On voit
sur le revers la figure de la Czarine en
pied , avec trois autres figures de femmes
, representant les trois Vertus Cardinales.
La Foy ; désignée par une Croix
qu'elle tient de la main gauche , remet
le Sceptre à la Czarine . L'Esperance ,
qu'on reconnoît à l'Ancre , lui présente
un Globe , surmonté d'une Croix , sya
bole d'un Empire Chrétien , La Charité;
dont
JANVIER. 1731. -137
dont on a exprimé le caractere par un
Enfant qu'elle allaite , met la Couronne
sur la tête de cette Princesse , et pour
légende : Je tiens l'Empire de Dieu , de ma
Naissance , et de ces Peuples ; et à l'Exerque
, ces mots : Couronnée à Moscon le
28 Avril 1730 .
Nous dirons à cette occasion que le
Czar , Pierre le Grand , étant à Paris en
1721. avoit fait l'honneur à l'Académie
Royale des Sciences d'assister à une de
ses Sceances , et de permettre que son
nom fut inscrit dans ses Registres , au
rang des Académiciens honoraires de
cette illustre Compagnie. Le Czar , son
petit-fils , fit il y a plus de deux ans ,
un tres-beau present à la même Acadé
mie , consistant en 60 Medailles d'or
selon l'intention de son Ayeul , et selon
les dernieres dispositions de la feuë Czarine
son épouse.
La distribution de ces Médailles se fit
le 24 Novembre 1728. à tous les Académiciens.
Elles ont toutes la même fice
et le même revers , mais de plusieurs
grandeurs et de poids different. Celles
des Honoraires , au nombre de dix , ont
30 lignes de diametres , et du poids d'environ
15 Louis d'or ; celles des Pensionnaires
pesent environ to Loüis , et celles
des Associez et Adjoints , 7 .
G iij
Cette
13
8 MERCURE DE FRANCE .
Cette Medaille represente d'un côté
le Buste du feu Czar , avec cette Legende
, en langue et en caracteres Russiens :
Pierre I. par la Grace de Dieu , Empereur
et Souverain de toutes les Russies. Au bas
du Buste est l'année de la naissance de
ce Prince , 1672. sur le revers sont les
principaux Symboles des Sciences et des
Arts , avec une Legende en la même langue
, qui en marque l'établissement et les
progrez dans les Etats du Czar. L'année
1725. en laquelle la Medaille a été frappée
, est marquée dans l'Exergue ,
sur le Couronnement de la Czarine . On
y voit d'un côté le Buste de cette Prin
cesse, et pour Légende, en langueRussier e;
Anne , par la grace de Dieu , Imperatrice
et Souveraine de toutes les Russies . On voit
sur le revers la figure de la Czarine en
pied , avec trois autres figures de femmes
, representant les trois Vertus Cardinales.
La Foy ; désignée par une Croix
qu'elle tient de la main gauche , remet
le Sceptre à la Czarine . L'Esperance ,
qu'on reconnoît à l'Ancre , lui présente
un Globe , surmonté d'une Croix , sya
bole d'un Empire Chrétien , La Charité;
dont
JANVIER. 1731. -137
dont on a exprimé le caractere par un
Enfant qu'elle allaite , met la Couronne
sur la tête de cette Princesse , et pour
légende : Je tiens l'Empire de Dieu , de ma
Naissance , et de ces Peuples ; et à l'Exerque
, ces mots : Couronnée à Moscon le
28 Avril 1730 .
Nous dirons à cette occasion que le
Czar , Pierre le Grand , étant à Paris en
1721. avoit fait l'honneur à l'Académie
Royale des Sciences d'assister à une de
ses Sceances , et de permettre que son
nom fut inscrit dans ses Registres , au
rang des Académiciens honoraires de
cette illustre Compagnie. Le Czar , son
petit-fils , fit il y a plus de deux ans ,
un tres-beau present à la même Acadé
mie , consistant en 60 Medailles d'or
selon l'intention de son Ayeul , et selon
les dernieres dispositions de la feuë Czarine
son épouse.
La distribution de ces Médailles se fit
le 24 Novembre 1728. à tous les Académiciens.
Elles ont toutes la même fice
et le même revers , mais de plusieurs
grandeurs et de poids different. Celles
des Honoraires , au nombre de dix , ont
30 lignes de diametres , et du poids d'environ
15 Louis d'or ; celles des Pensionnaires
pesent environ to Loüis , et celles
des Associez et Adjoints , 7 .
G iij
Cette
13
8 MERCURE DE FRANCE .
Cette Medaille represente d'un côté
le Buste du feu Czar , avec cette Legende
, en langue et en caracteres Russiens :
Pierre I. par la Grace de Dieu , Empereur
et Souverain de toutes les Russies. Au bas
du Buste est l'année de la naissance de
ce Prince , 1672. sur le revers sont les
principaux Symboles des Sciences et des
Arts , avec une Legende en la même langue
, qui en marque l'établissement et les
progrez dans les Etats du Czar. L'année
1725. en laquelle la Medaille a été frappée
, est marquée dans l'Exergue ,
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Résumé : Médailles frappées à Moscou, [titre d'après la table]
Le texte présente deux médailles distinctes frappées en Russie. La première, célébrant le couronnement de la tsarine Anne à Moscou le 28 avril 1730, montre sur une face son buste avec l'inscription « Anne, par la grâce de Dieu, Impératrice et Souveraine de toutes les Russies ». Sur l'autre face, la tsarine est représentée avec trois figures symbolisant les vertus cardinales : la Foi, l'Espérance et la Charité. La légende indique : « Je tiens l'Empire de Dieu, de ma Naissance, et de ces Peuples ». La seconde médaille, offerte par le petit-fils de Pierre le Grand à l'Académie Royale des Sciences en 1728, représente le buste de Pierre le Grand avec l'inscription « Pierre I, par la grâce de Dieu, Empereur et Souverain de toutes les Russies ». Le revers montre les symboles des sciences et des arts, avec l'année 1725 marquée dans l'exergue. Pierre le Grand avait été inscrit comme académicien honoraire lors de sa visite à Paris en 1721.
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17
p. 1986
Médaille du Cardinal de Fleury, [titre d'après la table]
Début :
La Médaille dont nous donnons ici la gravûre, et qui a été frappée depuis peu, mérite une [...]
Mots clefs :
Médaille, Gravure, Cardinal de Fleury
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Médaille du Cardinal de Fleury, [titre d'après la table]
La Médaille dont nous donnons ici la gravûre
, et qui a été frappée depuis peu , mérite une
particuliere attention à toute sorte d'égards . On
y voit d'un côté le Buste de S E. M. le Cardi
nal de Fleury , avec cette Legende ANDREA
HERCULI S. R. E. CARDINALI PRIM . REGI
NÆ ELEMOSINARIO . et sur le Revers une
Colomne élevée sur son pied destal , au dessus.
de laquelle est un Globe chargé de trois fleurs de
Lys , Simbole de la France. Autour de la Colomne
sont representées debout les quatre prin
cipales Vertus , avec les Attributs qui les caracterisent
; pour Legendes VIRTUTES REGNI ADMINISTRA
; et dans l'Exergue M.DCC.XXXI.
Les coins de cette Médaille , dont on ne peut
trop louer le dessein , le goût , et l'exécution ,
ont été gravez par M. Roettiers.
, et qui a été frappée depuis peu , mérite une
particuliere attention à toute sorte d'égards . On
y voit d'un côté le Buste de S E. M. le Cardi
nal de Fleury , avec cette Legende ANDREA
HERCULI S. R. E. CARDINALI PRIM . REGI
NÆ ELEMOSINARIO . et sur le Revers une
Colomne élevée sur son pied destal , au dessus.
de laquelle est un Globe chargé de trois fleurs de
Lys , Simbole de la France. Autour de la Colomne
sont representées debout les quatre prin
cipales Vertus , avec les Attributs qui les caracterisent
; pour Legendes VIRTUTES REGNI ADMINISTRA
; et dans l'Exergue M.DCC.XXXI.
Les coins de cette Médaille , dont on ne peut
trop louer le dessein , le goût , et l'exécution ,
ont été gravez par M. Roettiers.
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Résumé : Médaille du Cardinal de Fleury, [titre d'après la table]
La médaille récemment frappée présente sur l'avers le buste du Cardinal de Fleury avec la légende ANDREA HERCULI S. R. E. CARDINALI PRIM. REGI NÆ ELEMOSINARIO. Le revers montre une colonne avec un globe et des fleurs de lys, symbolisant la France. Autour de la colonne, les quatre vertus principales sont représentées. La légende indique VIRTUTES REGNI ADMINISTRA et l'exergue mentionne l'année M.DCC.XXXI. La médaille a été gravée par M. Roettiers.
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18
p. 2068-2082
EXPLICATION d'une Médaille antique trés- singuliere de CARAUSIUS, Empereur des Anciens Bretons au temps de Diocletien et de Maximien Hercule, adressée à Mylord Comte de Pembrok, Pair d'Angleterre &c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine.
Début :
MYLORD, De toutes les Médailles de l'Empereur Carausius, dont je fais depuis longtemps [...]
Mots clefs :
Neptune, Carausius, Médaille, Médailles, Inscription, Mer, Bretons, Temple, Type, Grande-Bretagne, Flotte, Légende, Trident, Vaisseau, Maximien, Lettres, Cheval, Figure, Abondance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION d'une Médaille antique trés- singuliere de CARAUSIUS, Empereur des Anciens Bretons au temps de Diocletien et de Maximien Hercule, adressée à Mylord Comte de Pembrok, Pair d'Angleterre &c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine.
EXPLICATION d'une Médaille ans
tique trés- singuliere de CARAUSIUS
Empereur des Anciens Bretons au temps
de Diocletien et de Maximien Hercule ,
adressée à Mylord Comte de Pembrok •
Pair d'Angleterre & c. Par M. Genebrier
, Docteur en Medecine,
MYLORD,
De toutes les Médailles de l'Empereur
Carausius , dont je fais depuis long-temps
une récherche très- exacte , et qui sont
venues en assés bon nombre à ma connoissance
, l'une des plus singulieres ,
et qui intéresse le plus le Royaume de
la Grande Bretagne , est celle dont j'ai
entrepris de donner une explication .
Elle ne se trouve que dans votre Cabinet
, où j'ai eu la satisfaction de la voir ,
avec quantité d'autres raretez Litteraires
de toute espece , que vous possedez et
que
THE
NEW
YOR
SUCINC
LIBRAF
ASTOR
, LENOX
AN TILDEN
FOUNDATIO
(K
RY
.
N8.
SEPTEMBRE . 1731 2009
que vous vous faites un plaisir de communiquer
aux Amateurs de l'Antiquité ;
ce qui me suffit pour justifier la liberté
que je prens de faire paroître sous vos
Auspices ce que j'ai écrit au sujet de ce
Monument .
La Médaille est de petit Bronze , nette
et bien conservée ; on y voit d'un côté
la tête de Carausius couronnée de rayons,
et tournée du côté gauche , avec cette
Inscription IMP. CARAUSIUS P. F
AUG.
Au revers pour Type , Neptune , et
Carausius débout qui se donnent la main
droite: Neptune , qui est nud au côté
droit , à la réserve des parties inferieures ,
qui sont à demi couvertes d'un manteau
Aottant , s'appuye de la main gauche sur
son Trident , ayant le pied gauche posé
sur la Proue d'un Vaisseau . Carausius de
l'autre côté en habit de Guerre , la tête
couronnée de Laurier , s'appuye de la
main gauche sur une Pique , la pointe en
haut. Pour Legende VBERITAS AUG. et
dans l'Exergue R. S. R.
•
Les Types qu'on avoit vûs jusqu'ici avec
la Legende Ubertas ou Uberitas se reduisoient
à deux differents , dont le
premier ne commence à se trouver sur
les Médailles Imperiales que sous Trajan
Dece
2070 MERCURE DE FRANCE
Dece. On y voit la figure d'une femme
debout , tenant de la main droite une
Bourse , et de la gauche une Corne d'abondance,
couchée sur le bras. Cette Médaille
étoit du Cabinet de feüe S. A. R.
MADAME , dont la Mémoire me sera toujours
en singuliere véneration .
Le second Type se trouve sur une Médaille
de Quintillus , frere de Claude le
Gothique , à qui il succeda à l'Empire
pour peu de jours. C'est une Femme debout
, le corps un peu panché en devant ,
laquelle tient des deux mains une Corne
d'abondance renversée , d'où sortent des
Pieces d'Or et d'Argent , ayant le pied
droit posé sur un Globe terrestre. Médail
le du Duc Darschot.
Il n'y a rien de semblable sur notre
Médaille de Carausius , le Type en est
tout different. Ce sont , comme je l'ai dit ,
deux figures debout ; celle d'une Divinité
, et celle d'un Heros qui se donnent la
main , et dont les divers attributs paroisgent
n'avoir guere de rapport aux autres
Types que nous venons de décrire.
Cependant à bien examiner le Type
et la Legende de celle-ci , rien de plus ingenieux
ni de plus flatteur.
En effet , que pouvoient imaginer de
plus expressif les Bretons pour donner
ung
SEPTEMBRE. 1731 207
ane juste idée de l'heureuse abondance
dont ils joüissoient sous Carausius , que
de représenter , comme ils ont fait , sur
ces Médailles Neptune qui lui donne la
main , et qui par cette attitude paroît
l'associer à l'Empire de la Mer , et le partager
avec lui ? On diroit qu'aprés la défaite
de la Flotte de Maximien Hercule ;
qui n'étoit point present à ce combat
Naval, les Bretons enflés d'une Victoire si
éclatante , eussent voulu mettre dans la
bouche de leur Protecteur cesVers deVirgi
le qui semblent avoir été faits pour relever
la gloire d'un évenement si mémorable.
Maturatefugam , Regique hac dicite vestro,
Non illi Imperium Pelagi savumque tridentem
و
›
Sed mihi sorte datum.
-On sçait qu'un Souverain qui s'est une
fois rendu le maître de la Mer joüit necessairement
de toutes choses suivant l'ex
pression de ( a ) l'Orateur Romain ; qui
mare teneat , eum necesse rerum potiri. Et si
dans le Continent il n'y a point de Peuples
heureux sans commerce , que feroient
sans ce secours ceux qui sont séparés
du reste des hommes par les Mers
C'est laNavigation et le Commerce qui de
(a) Epit. à Atticus¿
tout
2072 MERCURE DE FRANCE
tout temps ont rendu les Etats Maritimes
si florissans , en y apportant l'abondance.
c'est ce qui a formé en peu de temps les
plus puissantes Républiques de l'Univers.
Carausius ayant néttoyé l'Ocean de
Pirates , en ayant chassé les Flottes de
plusieurs Nations rédoutables , celles des
Francs et des Saxons , ayant enfin mis le
comble à ses travaux de Mer par la Victoire
navale qu'il venoit de remporter sur
la Flotte de Maximien Hercule son
concurrent , que pouvoient faire de
mieux les anciens Bretons pour immor
taliser la mémoire de leur Heros , que
de le représenter ainsi avec Neptune
qui lui donne la main ? Quoy de plus
convenable aux temps , aux lieux et aux
autres circonstances que ce Type et que
cette Legende VBERITAS AVG? puisque
par cette Victoire les Bretons demeuroient
les Maîtres de la Mer , et des
Trésors de l'Ocean. Quelque flatteur
que soit cet Eloge symbolique , il me
paroît bien plus modeste et plus beau que
celui que Pompée se donna lui même en
se disant par une vanité outrée le fils *
* Sextus Pompeius Magni Filius eo stultitia
processit inflammatus rerum maritimarum
felicitate , uutt NNeeppttuunnii se Filium diceret , es
Cyanea veste obduceretur Forph, in Horat.
de
SEPTEMBRE. 1731. 2073
de Neptune . Et cela seulement pour avoir
nettoyé, en 33. jours , la Mer de Sicile de
quelques miserables Esclaves revoltés , ou
des fugitifs des Armées de Sicile et de Capoüe.
Če qui lui suffit pour prendre le titre
que nous venons de dire , et pour se parer
d'une robe bleue cum marifeliciter uteretur,
Neptuni se Filium confessus est. Eumque bobus
auratis , et equo placavit. Aur. Victor .
On ne doit donc point être surpris de
voir Neptune sur les Médailles de Carausius
qui s'étoit rendu si redoutable sur
la Mer , et qui avoit surpassé de beaucoup
les Victoires de Pompée par ses exploits
Maritimes .
Cette Médaille de Carausius avec la
Figure de Neptune , n'est pas le seul
• Monument qui nous reste pour prouver
que les Bretons rendoient un culte particulier
à cette Divinité. On a trouvé depuis
quelque temps une Inscription antique
dans la Grande Bretagne qui merite
d'être rapportée ici , laquelle fait
remonter encore plus haut , le Culte de
Neptune dans cette Isle. Voici cette Inscription
exactement copiée sur l'Original
, gravée avec soin et avec les mêmes
Lacunes qui s'y trouvent par l'injure du
temps , mais que M. Roger Gale a heureusement
rétablies par de petits points
B aux
2074 MERCURE DE FRANCE
aux endroits qui ne sont pas assez visi .
bles et où la pierre est tronquée.
Ce Sçavant conjecture que les premieres
lettres qui manquent au commencement
de la septiéme ligne pouvoient être A
SACR. S. ou SACER . S. ( n'y ayant pas
assez de place pour un plus grand nombre
de lettres) pour dire A SACR is sunt ou
Sacerdotes sunt. Quoiqu'il en soit , cette
Inscription nous apprend qu'il y avoit
dans la grande Bretagne un Temple érigé
sous l'invocation de Neptune et sous celle
de Minerve , pour la conservation de la
Famille Imperiale , exprimée par le ter
me de Divine. DOMŪS DIVINAE.
L'Inscription apprend aussi que ce
Temple fut construit des deniers de la ,
Communauté ou du Corps des Maîtres
Charpentiers : Collegium Fabrorum , et des
autres Personnes qui pouvoient y être
admises , comme Ministres ou sous quelque
autre titre , cequi paroît être exprimé
par ces trois lettres D. S. D. de suo
dedicaverunt. Elle apprend encore que
Pudens , fils de Pudentinus , avoit donné
le fond sur lequel le Temple étoit bâti
Donante Aream Pudente Pudentini filio.
Et enfin que ce même Temple fut édifié
par l'autorité du Roy Cogidubnus , surnommé
Tibere-Claude , du nom de cet
Empereux
SEPTEMBRE. 1731. 2075
Empereur Romain , dont le Roy Breton
se faisoit honneur de prendre aussi la
qualité de Lieutenant ou de Viceroy dans
la Partie de la Grande Bretagne qui étoit
soumise à cet Empereur. Ex authoritate
Tiberii Claudii Cogidubni Regis Legati
Augusti in Britannia. C'est ainsi à peu
près que Cesar avoit établi Cavarinus
Roy des Senons , qui fut ensuite chassé
par les Siens.
Ce précieux Monument de l'Antiquité
Payenne fut trouvé à Chichester en 1723 .
·à quatre pieds sous terre , en creusant pour
faire une Cave dans la maison qui fait
le coin de la ruë de S. Martins- lane , en
tirant vers le Nord. Il est enclavé présentement
dans la muraille , sous une fenêtre
de la même Maison d'où il fut déterré.
C'est un Marbre gris , que M. Gale
croit avoir été tiré des Carrieres de Suffex .
Sa longueur est de six pieds, sur deux pieds
et trois quarts de largeur. Les lettres en
sont très-belles ; celles qui sont dans les
deux premieres lignes ont trois pouces de
longueur , et les autres ont deux pouces
un quart. Le mur du Temple * dont il
* Ily a plusieurs exemples d'un Temple consacré
à deux Divinitez. Jupiter et Minerve
avoient un Temple commun à Athenes près du
Trésor public, lequel leur étoit dédié sous le ritre
de CONSERVATEURS.Pausan,dans ses Atriques , & c.
Bij s'agit
2075 MERCURE DE FRANCE
s'agit et dont les Curieux ont examiné les
fondemens , avoit environ trois pieds
d'épaisseur .
Chichester où cette Inscription a été
trouvée , est une Ville d'Angleterre ,
qui n'est qu'à deux milles de la Mer, dont
un bras pouvoit anciennement arroser ses
Murailles. Elle est située assez près de
la Forêt d'Anderida , et de la Côte Meridionale
de l'Isle Britannique.
Minerve , dont il est parlé dans cette
Inscription , comme Inventrice des Arts,
étoit invoquée par tous les Artisans , selon
Lactance , ce qui donne lieu de
conjecturer qu'il y avoit peut-être auprès
de cette Ville un Arcenal pour la fabrique
des Vaisseaux , et que la Ville peut
avoir été autrefois beaucoup plus considerable
qu'on ne pense . On voit en effet
et aux environs les restes de trois grands
Chemins Romains qui y aboutissoient ,
et qui viennent de Porsthmouth, de Mid-,
surst et d'Arondel .
On
peut voir
l'explication
entiere
que
M.
Gale
a donnée
de cette
Inscription
dans
les
Transactions
Philosophiques
, ou
Journal
Anglois
, de l'Académie
Royale
de Londres
, page
379.
du
31. Octobre
1723.
la même
année
de sa découverte
.
* Instit
. Divin
. L. 1. P. 134,
Cet
SEPTEMBRE . 1731. 2077
Cet habile Académicien a fait là-dessus
plusieurs observations qui ne laissent rien
à desirer.
>
Pour revenir au Type de Neptune ,
qui paroît sur notre Médaille , Hygin
observe que ceux qui vouloient représenter
ce Dieu , lui mettoient ordinairement
un Dauphin à la main , ou sous le pied
croyant que c'étoit de tous les Poissons
celui qui lui étoit le plus agréable. Qui
Neptuno simulachrum faciunt Delphinum
aut in manu , aut sub pede ejus constituere
videmus , quod Neptuno gratissimum arbitrantur.
Cela se trouve conforme à la plûpart
des figures que nous avons de Neptune,
sur les Médailles de plusieurs Empereurs
et sur celles de quelques Villes Maritimes
qui représentent ainsi Neptune . Mais sur
les Médailles de Carausius , au lieu d'un
Dauphin , les Bretons ont affecté de mettre
sous les pieds de Neptune la Proie
d'un Vaisseau , pour montrer qu'ils avoient
mis leurs Vaisseaux et leurs Flottes sous
la protection d'une Divinité , laquelle
selon Diodote de Sicile , Livre s . avoit
trouvé l'Art de la Navigation , et de
mettre en Mer une Flotte entiere. Aussi
les Capitaines de Vaisseaux et les Matelots
, ne manquoient jamais avant que de
B iij mettre
3
2078 MERCURE DE FRANCE
mettre à la voile , d'adresser leurs voeux
et leurs prieres à Neptune , pour lui demander
une heureuse Navigation .
Nous avons dans Seneque , dans Plutarque
et dans Ciceron , là formule d'une
Priere que lui faisoient les Grecs avant
que de s'embarquer. Elle est toute des
plus courtes : Ορθαν αν ναῦν , ἀπαξ θανείν.
Les Latins l'ont tournée de la sorte. Quaaunque
Tempestas veniat , Neptune si averas
Navim sedens ad gubernaculum semper
rectam everte. » Divin Neptune , quelque
Tempête qui nous arrive , si vous
>> voyez que notre Vaisseau soit prêt à
» faire nauffrage ou à renverser , prenez
» vous-même le Gouvernail en main , et
" faites , par votre bonté , que notre Vaisseau
ne puisse jamais tomber que debout.
Aristide , dans un Hymne qu'il a composé
en l'honneur de Neptune , nous ap→
prend que les Fleuves , les Fontaines , et
en general toutes les Eaux étoient reverez
comme les plus grands et les premiers
Dieux de l'Antiquité. C'est pour cela que
le culte de Neptune étoit en grande veneration
chez les Grecs , sur tout dans les
Villes Maritimes. Ils avoient les Posidenies
, qui étoient des Fêtes instituées en
l'honneur de Neptune , dont elles portent
le nom . Ils avoient encore les Thynnées
SEPTEMBRE . 1731. 2079
3
nées , qui étoient des autres jours de Fê
tes où les Pêcheurs lui immoloient des
Thons. Tertullien , dans son Traité des
Spectacles , nous apprend que les Jeux
Isthmiens si celebres dans la Grece ,
( quoique le Victorieux n'y fût couronné
que d'Ache ou de Pin ) étoient
consacrez à Neptune. Ces Jeux tiroient
leur nom de Listhme de Corinthe , où
ils furent d'abord celebrez , selon Pausanias.
A Rome on faisoit la Fête de Neptune
le dixième des Kalendes de Septembre ,
sous le nom de Neptunales , et on lui
immoloit un Taureau , selon Virgile.
Taurum Neptuno , Taurum tibi pulchey
Apollo.
Homere avoit dit la même chose dans
le cinquiéme Livre de l'Odissée.
Cyaneos crines Taurus mactetur habenti.
On voit par ce Vers qu'Homere dis
tingue Neptune des autres Dieux par ses
cheveux bleus.
Arnobe , dans son huitiéme Livre contre
les Gentils , donne des yeux bleus à
Neptune. Neptunus oculis glaucis . En quoi
il est du sentiment de Lucien , mais ce
dernier lui donne des cheveux noirs ,
B iiij
contre
2080 MERCURE DE FRANCE
contre l'autorité d'Homere. Le bleu étoit
aussi la couleur de son Manteau , selon
Phurnutus , Neptuni vestis cyanea .
C'est pour cela que le fils de Pompée
prit une robbe
de cette couleur
après
son Expedition
Maritime
. Ce même General
de la Flotte Romaine
dans le passage
d'Aurelius
Victor
, rapporté
ci- dessus,
lui sacrifia
plusieurs
Taureaux
et un Cheval,
Eumque
bobus auratis et equo placavit.
On sçait que le cheval
étoit consacré
à
Neptune
, comme
à la Divinité
qui l'avoit
fait sortir de la terre d'un coup de
Trident
.
•
Tuque , cui prima frementem
Fudit equum Magno tellus percussa Trie
dente. Virg.
C'est aussi pour cette raison qu'on avoit
placé la Statuë de Neptune dans le Cirque
; mais par malheur Auguste y ayant
fait une espece de nauffrage , il en fit
-ôter la Statue , pour punir , en quelque
maniere , ce Dieu du peu de soin qu'il
avoit pris de sa personne.
•
Nous avons dans les Médailles de Gallien
deux Revers differens qui nous apprennent
que le Cheval Marin et le Ca
pricorne étoient aussi consacrez à Neptune.
Ces deux Types ont la même Lẹ-
gende
SEPTEMBRE. 1731. 208r
gende , NEPTUNO Conservatori AvGusti ;
Legende qui est commune avec la figure
du Cheval Marin . Quatre de ces Animaux
tirent ordinairement son Char sur
les Médailles de quelques autres Empereurs
; mais les Médailles de Gallien avec
Ia figure du Capricorne , sont très- rares
ou plutôt elles n'avoient pas encore été
connuës. M. l'Abbé de Rothelin en a
une, dans son Cabinet , et j'en possede une
autre ; je n'en parle ici que parce que
cette Médaille n'a encore été publiée ,
que je sçache , par aucun Antiquaire.
A l'égard du Trident sur lequel Neptune
s'appuye de la main gauche dans
notre Médaille , c'est , comme l'on sçait
le Sceptre qui lui fut fabriqué par les
Cyclopes , lorsque l'Empire de la Mer
Iui échut en partage.
Commodien , assez mauvais Poëte du
temps de Constantin , dit que Neptune
porte un Trident pour percer les Poissons.
Neptunum facitis Divum ex Saturno pronatum
Et Tridentem gerit , ut Pisces suffigere possit
Mais Prudence pense plus noblement,
forsqu'il dit que le Trident désigne la
triple qualité de l'Eau , qui est d'être liquide
, féconde , et potable. Tridentem
B. v verò
2082 MERCURE DE FRANCE
vero ob hanc rem gerere pingitur, quod aquarum
natura triplici virtute fungatur , id est
liquida , foecunda , potabili.
Je n'entrerai point ici dans un plus
grand détail sur le culte qu'on rendoit à
Neptune , principalement dans la Grece
et dans la Grande Bretagne en particulier..
Je n'ay pas dessein aussi de rapporter tout
ce que les Médailles , les Marbres , les
Pierres gravées , les Statuës et les autres
Monumens antiques , pourroient nous
fournir sur ce sujet. Tout ce que j'ay dit,
Milord , me paroît suffire pour l'explication
de cette Médaille singuliere de Carausius
, qui ne se trouve jusqu'à present
que dans votre Cabinet , et qui fut frappée
au sujet de la défaite de la Flotte de Maximien
Hercules , par le même Carausius.
J'ajoûte que c'est un Monument des plus
glorieux et des plus interessans qui puisse
se trouver pour le Royaume de la Gran
de Bretagne. Je suis avec beaucoup de
Respect , &c.
tique trés- singuliere de CARAUSIUS
Empereur des Anciens Bretons au temps
de Diocletien et de Maximien Hercule ,
adressée à Mylord Comte de Pembrok •
Pair d'Angleterre & c. Par M. Genebrier
, Docteur en Medecine,
MYLORD,
De toutes les Médailles de l'Empereur
Carausius , dont je fais depuis long-temps
une récherche très- exacte , et qui sont
venues en assés bon nombre à ma connoissance
, l'une des plus singulieres ,
et qui intéresse le plus le Royaume de
la Grande Bretagne , est celle dont j'ai
entrepris de donner une explication .
Elle ne se trouve que dans votre Cabinet
, où j'ai eu la satisfaction de la voir ,
avec quantité d'autres raretez Litteraires
de toute espece , que vous possedez et
que
THE
NEW
YOR
SUCINC
LIBRAF
ASTOR
, LENOX
AN TILDEN
FOUNDATIO
(K
RY
.
N8.
SEPTEMBRE . 1731 2009
que vous vous faites un plaisir de communiquer
aux Amateurs de l'Antiquité ;
ce qui me suffit pour justifier la liberté
que je prens de faire paroître sous vos
Auspices ce que j'ai écrit au sujet de ce
Monument .
La Médaille est de petit Bronze , nette
et bien conservée ; on y voit d'un côté
la tête de Carausius couronnée de rayons,
et tournée du côté gauche , avec cette
Inscription IMP. CARAUSIUS P. F
AUG.
Au revers pour Type , Neptune , et
Carausius débout qui se donnent la main
droite: Neptune , qui est nud au côté
droit , à la réserve des parties inferieures ,
qui sont à demi couvertes d'un manteau
Aottant , s'appuye de la main gauche sur
son Trident , ayant le pied gauche posé
sur la Proue d'un Vaisseau . Carausius de
l'autre côté en habit de Guerre , la tête
couronnée de Laurier , s'appuye de la
main gauche sur une Pique , la pointe en
haut. Pour Legende VBERITAS AUG. et
dans l'Exergue R. S. R.
•
Les Types qu'on avoit vûs jusqu'ici avec
la Legende Ubertas ou Uberitas se reduisoient
à deux differents , dont le
premier ne commence à se trouver sur
les Médailles Imperiales que sous Trajan
Dece
2070 MERCURE DE FRANCE
Dece. On y voit la figure d'une femme
debout , tenant de la main droite une
Bourse , et de la gauche une Corne d'abondance,
couchée sur le bras. Cette Médaille
étoit du Cabinet de feüe S. A. R.
MADAME , dont la Mémoire me sera toujours
en singuliere véneration .
Le second Type se trouve sur une Médaille
de Quintillus , frere de Claude le
Gothique , à qui il succeda à l'Empire
pour peu de jours. C'est une Femme debout
, le corps un peu panché en devant ,
laquelle tient des deux mains une Corne
d'abondance renversée , d'où sortent des
Pieces d'Or et d'Argent , ayant le pied
droit posé sur un Globe terrestre. Médail
le du Duc Darschot.
Il n'y a rien de semblable sur notre
Médaille de Carausius , le Type en est
tout different. Ce sont , comme je l'ai dit ,
deux figures debout ; celle d'une Divinité
, et celle d'un Heros qui se donnent la
main , et dont les divers attributs paroisgent
n'avoir guere de rapport aux autres
Types que nous venons de décrire.
Cependant à bien examiner le Type
et la Legende de celle-ci , rien de plus ingenieux
ni de plus flatteur.
En effet , que pouvoient imaginer de
plus expressif les Bretons pour donner
ung
SEPTEMBRE. 1731 207
ane juste idée de l'heureuse abondance
dont ils joüissoient sous Carausius , que
de représenter , comme ils ont fait , sur
ces Médailles Neptune qui lui donne la
main , et qui par cette attitude paroît
l'associer à l'Empire de la Mer , et le partager
avec lui ? On diroit qu'aprés la défaite
de la Flotte de Maximien Hercule ;
qui n'étoit point present à ce combat
Naval, les Bretons enflés d'une Victoire si
éclatante , eussent voulu mettre dans la
bouche de leur Protecteur cesVers deVirgi
le qui semblent avoir été faits pour relever
la gloire d'un évenement si mémorable.
Maturatefugam , Regique hac dicite vestro,
Non illi Imperium Pelagi savumque tridentem
و
›
Sed mihi sorte datum.
-On sçait qu'un Souverain qui s'est une
fois rendu le maître de la Mer joüit necessairement
de toutes choses suivant l'ex
pression de ( a ) l'Orateur Romain ; qui
mare teneat , eum necesse rerum potiri. Et si
dans le Continent il n'y a point de Peuples
heureux sans commerce , que feroient
sans ce secours ceux qui sont séparés
du reste des hommes par les Mers
C'est laNavigation et le Commerce qui de
(a) Epit. à Atticus¿
tout
2072 MERCURE DE FRANCE
tout temps ont rendu les Etats Maritimes
si florissans , en y apportant l'abondance.
c'est ce qui a formé en peu de temps les
plus puissantes Républiques de l'Univers.
Carausius ayant néttoyé l'Ocean de
Pirates , en ayant chassé les Flottes de
plusieurs Nations rédoutables , celles des
Francs et des Saxons , ayant enfin mis le
comble à ses travaux de Mer par la Victoire
navale qu'il venoit de remporter sur
la Flotte de Maximien Hercule son
concurrent , que pouvoient faire de
mieux les anciens Bretons pour immor
taliser la mémoire de leur Heros , que
de le représenter ainsi avec Neptune
qui lui donne la main ? Quoy de plus
convenable aux temps , aux lieux et aux
autres circonstances que ce Type et que
cette Legende VBERITAS AVG? puisque
par cette Victoire les Bretons demeuroient
les Maîtres de la Mer , et des
Trésors de l'Ocean. Quelque flatteur
que soit cet Eloge symbolique , il me
paroît bien plus modeste et plus beau que
celui que Pompée se donna lui même en
se disant par une vanité outrée le fils *
* Sextus Pompeius Magni Filius eo stultitia
processit inflammatus rerum maritimarum
felicitate , uutt NNeeppttuunnii se Filium diceret , es
Cyanea veste obduceretur Forph, in Horat.
de
SEPTEMBRE. 1731. 2073
de Neptune . Et cela seulement pour avoir
nettoyé, en 33. jours , la Mer de Sicile de
quelques miserables Esclaves revoltés , ou
des fugitifs des Armées de Sicile et de Capoüe.
Če qui lui suffit pour prendre le titre
que nous venons de dire , et pour se parer
d'une robe bleue cum marifeliciter uteretur,
Neptuni se Filium confessus est. Eumque bobus
auratis , et equo placavit. Aur. Victor .
On ne doit donc point être surpris de
voir Neptune sur les Médailles de Carausius
qui s'étoit rendu si redoutable sur
la Mer , et qui avoit surpassé de beaucoup
les Victoires de Pompée par ses exploits
Maritimes .
Cette Médaille de Carausius avec la
Figure de Neptune , n'est pas le seul
• Monument qui nous reste pour prouver
que les Bretons rendoient un culte particulier
à cette Divinité. On a trouvé depuis
quelque temps une Inscription antique
dans la Grande Bretagne qui merite
d'être rapportée ici , laquelle fait
remonter encore plus haut , le Culte de
Neptune dans cette Isle. Voici cette Inscription
exactement copiée sur l'Original
, gravée avec soin et avec les mêmes
Lacunes qui s'y trouvent par l'injure du
temps , mais que M. Roger Gale a heureusement
rétablies par de petits points
B aux
2074 MERCURE DE FRANCE
aux endroits qui ne sont pas assez visi .
bles et où la pierre est tronquée.
Ce Sçavant conjecture que les premieres
lettres qui manquent au commencement
de la septiéme ligne pouvoient être A
SACR. S. ou SACER . S. ( n'y ayant pas
assez de place pour un plus grand nombre
de lettres) pour dire A SACR is sunt ou
Sacerdotes sunt. Quoiqu'il en soit , cette
Inscription nous apprend qu'il y avoit
dans la grande Bretagne un Temple érigé
sous l'invocation de Neptune et sous celle
de Minerve , pour la conservation de la
Famille Imperiale , exprimée par le ter
me de Divine. DOMŪS DIVINAE.
L'Inscription apprend aussi que ce
Temple fut construit des deniers de la ,
Communauté ou du Corps des Maîtres
Charpentiers : Collegium Fabrorum , et des
autres Personnes qui pouvoient y être
admises , comme Ministres ou sous quelque
autre titre , cequi paroît être exprimé
par ces trois lettres D. S. D. de suo
dedicaverunt. Elle apprend encore que
Pudens , fils de Pudentinus , avoit donné
le fond sur lequel le Temple étoit bâti
Donante Aream Pudente Pudentini filio.
Et enfin que ce même Temple fut édifié
par l'autorité du Roy Cogidubnus , surnommé
Tibere-Claude , du nom de cet
Empereux
SEPTEMBRE. 1731. 2075
Empereur Romain , dont le Roy Breton
se faisoit honneur de prendre aussi la
qualité de Lieutenant ou de Viceroy dans
la Partie de la Grande Bretagne qui étoit
soumise à cet Empereur. Ex authoritate
Tiberii Claudii Cogidubni Regis Legati
Augusti in Britannia. C'est ainsi à peu
près que Cesar avoit établi Cavarinus
Roy des Senons , qui fut ensuite chassé
par les Siens.
Ce précieux Monument de l'Antiquité
Payenne fut trouvé à Chichester en 1723 .
·à quatre pieds sous terre , en creusant pour
faire une Cave dans la maison qui fait
le coin de la ruë de S. Martins- lane , en
tirant vers le Nord. Il est enclavé présentement
dans la muraille , sous une fenêtre
de la même Maison d'où il fut déterré.
C'est un Marbre gris , que M. Gale
croit avoir été tiré des Carrieres de Suffex .
Sa longueur est de six pieds, sur deux pieds
et trois quarts de largeur. Les lettres en
sont très-belles ; celles qui sont dans les
deux premieres lignes ont trois pouces de
longueur , et les autres ont deux pouces
un quart. Le mur du Temple * dont il
* Ily a plusieurs exemples d'un Temple consacré
à deux Divinitez. Jupiter et Minerve
avoient un Temple commun à Athenes près du
Trésor public, lequel leur étoit dédié sous le ritre
de CONSERVATEURS.Pausan,dans ses Atriques , & c.
Bij s'agit
2075 MERCURE DE FRANCE
s'agit et dont les Curieux ont examiné les
fondemens , avoit environ trois pieds
d'épaisseur .
Chichester où cette Inscription a été
trouvée , est une Ville d'Angleterre ,
qui n'est qu'à deux milles de la Mer, dont
un bras pouvoit anciennement arroser ses
Murailles. Elle est située assez près de
la Forêt d'Anderida , et de la Côte Meridionale
de l'Isle Britannique.
Minerve , dont il est parlé dans cette
Inscription , comme Inventrice des Arts,
étoit invoquée par tous les Artisans , selon
Lactance , ce qui donne lieu de
conjecturer qu'il y avoit peut-être auprès
de cette Ville un Arcenal pour la fabrique
des Vaisseaux , et que la Ville peut
avoir été autrefois beaucoup plus considerable
qu'on ne pense . On voit en effet
et aux environs les restes de trois grands
Chemins Romains qui y aboutissoient ,
et qui viennent de Porsthmouth, de Mid-,
surst et d'Arondel .
On
peut voir
l'explication
entiere
que
M.
Gale
a donnée
de cette
Inscription
dans
les
Transactions
Philosophiques
, ou
Journal
Anglois
, de l'Académie
Royale
de Londres
, page
379.
du
31. Octobre
1723.
la même
année
de sa découverte
.
* Instit
. Divin
. L. 1. P. 134,
Cet
SEPTEMBRE . 1731. 2077
Cet habile Académicien a fait là-dessus
plusieurs observations qui ne laissent rien
à desirer.
>
Pour revenir au Type de Neptune ,
qui paroît sur notre Médaille , Hygin
observe que ceux qui vouloient représenter
ce Dieu , lui mettoient ordinairement
un Dauphin à la main , ou sous le pied
croyant que c'étoit de tous les Poissons
celui qui lui étoit le plus agréable. Qui
Neptuno simulachrum faciunt Delphinum
aut in manu , aut sub pede ejus constituere
videmus , quod Neptuno gratissimum arbitrantur.
Cela se trouve conforme à la plûpart
des figures que nous avons de Neptune,
sur les Médailles de plusieurs Empereurs
et sur celles de quelques Villes Maritimes
qui représentent ainsi Neptune . Mais sur
les Médailles de Carausius , au lieu d'un
Dauphin , les Bretons ont affecté de mettre
sous les pieds de Neptune la Proie
d'un Vaisseau , pour montrer qu'ils avoient
mis leurs Vaisseaux et leurs Flottes sous
la protection d'une Divinité , laquelle
selon Diodote de Sicile , Livre s . avoit
trouvé l'Art de la Navigation , et de
mettre en Mer une Flotte entiere. Aussi
les Capitaines de Vaisseaux et les Matelots
, ne manquoient jamais avant que de
B iij mettre
3
2078 MERCURE DE FRANCE
mettre à la voile , d'adresser leurs voeux
et leurs prieres à Neptune , pour lui demander
une heureuse Navigation .
Nous avons dans Seneque , dans Plutarque
et dans Ciceron , là formule d'une
Priere que lui faisoient les Grecs avant
que de s'embarquer. Elle est toute des
plus courtes : Ορθαν αν ναῦν , ἀπαξ θανείν.
Les Latins l'ont tournée de la sorte. Quaaunque
Tempestas veniat , Neptune si averas
Navim sedens ad gubernaculum semper
rectam everte. » Divin Neptune , quelque
Tempête qui nous arrive , si vous
>> voyez que notre Vaisseau soit prêt à
» faire nauffrage ou à renverser , prenez
» vous-même le Gouvernail en main , et
" faites , par votre bonté , que notre Vaisseau
ne puisse jamais tomber que debout.
Aristide , dans un Hymne qu'il a composé
en l'honneur de Neptune , nous ap→
prend que les Fleuves , les Fontaines , et
en general toutes les Eaux étoient reverez
comme les plus grands et les premiers
Dieux de l'Antiquité. C'est pour cela que
le culte de Neptune étoit en grande veneration
chez les Grecs , sur tout dans les
Villes Maritimes. Ils avoient les Posidenies
, qui étoient des Fêtes instituées en
l'honneur de Neptune , dont elles portent
le nom . Ils avoient encore les Thynnées
SEPTEMBRE . 1731. 2079
3
nées , qui étoient des autres jours de Fê
tes où les Pêcheurs lui immoloient des
Thons. Tertullien , dans son Traité des
Spectacles , nous apprend que les Jeux
Isthmiens si celebres dans la Grece ,
( quoique le Victorieux n'y fût couronné
que d'Ache ou de Pin ) étoient
consacrez à Neptune. Ces Jeux tiroient
leur nom de Listhme de Corinthe , où
ils furent d'abord celebrez , selon Pausanias.
A Rome on faisoit la Fête de Neptune
le dixième des Kalendes de Septembre ,
sous le nom de Neptunales , et on lui
immoloit un Taureau , selon Virgile.
Taurum Neptuno , Taurum tibi pulchey
Apollo.
Homere avoit dit la même chose dans
le cinquiéme Livre de l'Odissée.
Cyaneos crines Taurus mactetur habenti.
On voit par ce Vers qu'Homere dis
tingue Neptune des autres Dieux par ses
cheveux bleus.
Arnobe , dans son huitiéme Livre contre
les Gentils , donne des yeux bleus à
Neptune. Neptunus oculis glaucis . En quoi
il est du sentiment de Lucien , mais ce
dernier lui donne des cheveux noirs ,
B iiij
contre
2080 MERCURE DE FRANCE
contre l'autorité d'Homere. Le bleu étoit
aussi la couleur de son Manteau , selon
Phurnutus , Neptuni vestis cyanea .
C'est pour cela que le fils de Pompée
prit une robbe
de cette couleur
après
son Expedition
Maritime
. Ce même General
de la Flotte Romaine
dans le passage
d'Aurelius
Victor
, rapporté
ci- dessus,
lui sacrifia
plusieurs
Taureaux
et un Cheval,
Eumque
bobus auratis et equo placavit.
On sçait que le cheval
étoit consacré
à
Neptune
, comme
à la Divinité
qui l'avoit
fait sortir de la terre d'un coup de
Trident
.
•
Tuque , cui prima frementem
Fudit equum Magno tellus percussa Trie
dente. Virg.
C'est aussi pour cette raison qu'on avoit
placé la Statuë de Neptune dans le Cirque
; mais par malheur Auguste y ayant
fait une espece de nauffrage , il en fit
-ôter la Statue , pour punir , en quelque
maniere , ce Dieu du peu de soin qu'il
avoit pris de sa personne.
•
Nous avons dans les Médailles de Gallien
deux Revers differens qui nous apprennent
que le Cheval Marin et le Ca
pricorne étoient aussi consacrez à Neptune.
Ces deux Types ont la même Lẹ-
gende
SEPTEMBRE. 1731. 208r
gende , NEPTUNO Conservatori AvGusti ;
Legende qui est commune avec la figure
du Cheval Marin . Quatre de ces Animaux
tirent ordinairement son Char sur
les Médailles de quelques autres Empereurs
; mais les Médailles de Gallien avec
Ia figure du Capricorne , sont très- rares
ou plutôt elles n'avoient pas encore été
connuës. M. l'Abbé de Rothelin en a
une, dans son Cabinet , et j'en possede une
autre ; je n'en parle ici que parce que
cette Médaille n'a encore été publiée ,
que je sçache , par aucun Antiquaire.
A l'égard du Trident sur lequel Neptune
s'appuye de la main gauche dans
notre Médaille , c'est , comme l'on sçait
le Sceptre qui lui fut fabriqué par les
Cyclopes , lorsque l'Empire de la Mer
Iui échut en partage.
Commodien , assez mauvais Poëte du
temps de Constantin , dit que Neptune
porte un Trident pour percer les Poissons.
Neptunum facitis Divum ex Saturno pronatum
Et Tridentem gerit , ut Pisces suffigere possit
Mais Prudence pense plus noblement,
forsqu'il dit que le Trident désigne la
triple qualité de l'Eau , qui est d'être liquide
, féconde , et potable. Tridentem
B. v verò
2082 MERCURE DE FRANCE
vero ob hanc rem gerere pingitur, quod aquarum
natura triplici virtute fungatur , id est
liquida , foecunda , potabili.
Je n'entrerai point ici dans un plus
grand détail sur le culte qu'on rendoit à
Neptune , principalement dans la Grece
et dans la Grande Bretagne en particulier..
Je n'ay pas dessein aussi de rapporter tout
ce que les Médailles , les Marbres , les
Pierres gravées , les Statuës et les autres
Monumens antiques , pourroient nous
fournir sur ce sujet. Tout ce que j'ay dit,
Milord , me paroît suffire pour l'explication
de cette Médaille singuliere de Carausius
, qui ne se trouve jusqu'à present
que dans votre Cabinet , et qui fut frappée
au sujet de la défaite de la Flotte de Maximien
Hercules , par le même Carausius.
J'ajoûte que c'est un Monument des plus
glorieux et des plus interessans qui puisse
se trouver pour le Royaume de la Gran
de Bretagne. Je suis avec beaucoup de
Respect , &c.
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Résumé : EXPLICATION d'une Médaille antique trés- singuliere de CARAUSIUS, Empereur des Anciens Bretons au temps de Diocletien et de Maximien Hercule, adressée à Mylord Comte de Pembrok, Pair d'Angleterre &c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine.
Le texte présente une médaille antique de l'empereur Carausius, un souverain des anciens Bretons ayant régné à l'époque de Diocletien et de Maximien Hercule. Cette médaille, conservée dans le cabinet de Mylord Comte de Pembrok, est en petit bronze et bien conservée. Elle porte sur une face la tête de Carausius couronnée de rayons, avec l'inscription 'IMP. CARAUSIUS P. F AUG.' Sur l'autre face, on voit Neptune et Carausius se donnant la main, avec Neptune appuyé sur son trident et Carausius sur une pique. La légende indique 'VBERITAS AUG.' et 'R. S. R.' dans l'exergue. Cette médaille se distingue des autres types de médailles impériales, qui représentent généralement une femme tenant une bourse et une corne d'abondance. La représentation de Neptune et Carausius se donnant la main symbolise la maîtrise de la mer et l'abondance apportée par la navigation et le commerce maritime. Cette scène célèbre la victoire navale de Carausius sur la flotte de Maximien Hercule, soulignant son contrôle sur les mers et les richesses océaniques. Le texte mentionne également une inscription antique trouvée à Chichester, en Angleterre, dédiée à Neptune et Minerve. Cette inscription prouve le culte rendu à ces divinités par les anciens Bretons et révèle l'existence d'un temple construit par la communauté des maîtres charpentiers sous l'autorité du roi Cogidubnus. Le culte de Neptune était particulièrement vénéré dans les villes maritimes, et les marins lui adressaient des prières pour une navigation sûre. Les Jeux Isthmiens, célébrés en Grèce en l'honneur de Neptune, étaient couronnés d'ache ou de pin et tiraient leur nom de l'Isthme de Corinthe. À Rome, la fête de Neptune, appelée Neptunales, se déroulait le 21 août et incluait le sacrifice d'un taureau. Homère et Arnobe décrivent Neptune avec des cheveux bleus, tandis que Lucien lui attribue des cheveux noirs. La couleur bleue était également associée à son manteau. Neptune était souvent représenté avec un trident, symbole de son pouvoir sur les mers. Le cheval, sorti de la terre par un coup de trident, était également consacré à Neptune. À Rome, une statue de Neptune était placée dans le Cirque, mais fut retirée après un incident impliquant Auguste. Des médailles, notamment celles de Gallien, montrent Neptune avec un cheval marin ou un capricorne, soulignant son lien avec les mers. Le trident de Neptune, fabriqué par les Cyclopes, symbolisait les trois qualités de l'eau : liquide, féconde et potable.
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19
p. 2329-2331
REMARQUES sur une Médaille de l'Empereur Posthume.
Début :
Dans l'Extrait d'une Lettre écrite d'Auxerre, imprimée dans le Mercure [...]
Mots clefs :
Médaille, Vaisseau, Galère, Yonne, Seine, Loire, Grande-Bretagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur une Médaille de l'Empereur Posthume.
REMARQUES sur une Médaille de
l'Empereur Posthume.
D
>
-
>
Ans l'Extrait d'une Lettre écrite
d'Auxerre , imprimée dans le Mercure
de Juin , premier Volume , page.
1207. concernant des Medailles Antiques
,
découvertes à une lieuë de cette
Ville , en 1730. au Territoire d'un Village
situé au bord de la Riviere d'Yonne
il s'en est trouvé des Empereurs
Adrien , Marc Aurele et autres : mais
sur-tout , beaucoup de Posthume en.
grand Bronze. Une , entr'autres , qui est
la plus conservée , represente au Revers
le Vaisseau Prétorien , Navis Prætoria ,
ou plutôt une Galere avec cette Legende
, Latitia Augusti , laquelle étoit commandée
par l'Empereur lui - même , ou
l'un de ses Generaux , pour une Expedition
Maritime , comme l'on voit parmi
nous la Reale commandée par le General
des Galeres . L'Auteur de la Lettre
demande si cette Medaille n'a point rapport
à quelque Navigation de la Riviere
d'Yonne , à quoi il n'y a aucune appapuisque
cette Riviere n'est d'aence
,
bord
2330 MERCURE DE FRANCE
.
>
bord navigable à Auxerre que pour de
petits Batteaux ou Batteaux Marchands
et ne pourroit supporter la Manoeuvre
d'une Galere. Mais parce que cette Medaille
, comme beaucoup d'autres , qui
avoient cours dans l'étendue de l'Empire
Romain , s'est trouvée sur les bords de
cette Riviere , peut-on présumer qu'elle.
y ait quelque rapport , non plus qu'elle
en auroit à la Seine ou à la Loire , si on
l'avoit découverte sur leurs bords aux en->
virons de Paris ou d'Orleans ? D'ailleurs
pareilles Medailles de Posthume , qui a regné
plusieurs années dans les Gaules , sont
très-communes et citées plusieurs fois avec
le même revers dans les Recueils des Antiquaires
, et sur - tout dans celui des Medailles
du P. Anselme Banduri . Cette
même Medaille a été auparavant rapportée
et expliquée dans Tristan , qui croit
avec raison que le revers , qui est le même
, désigne quelque notable Victoire
ou la Conquête , dit- il , de la Grande-
Bretagne , et la joye que Posthume en
reçût. Ce que Tristan confirme par une
autre Medaille de Posthume fils ; mais :
que l'on doit plutôt attribuer au Pere
suivant les sentimens de Patin et de Vaillant
, elle represente au revers le serment
de fidelité des Soldats de l'Armée , fait àz
l'EmOCTOBRE
. 1731 2331
l'Empereur , avec cette Legende , Exer
citus Iscanicus du nom de la Ville d'Isca
dans la Grande- Bretagne. D'ailleurs , cette
même Galere se trouve dans les Familles
Romaines de Patin , et sur les Legions
de Marc- Antoine , ainsi que sur les Medailles
des Empereurs Adrien de Verus ,
et autres citées par les Antiquaires..
M. D. M.
l'Empereur Posthume.
D
>
-
>
Ans l'Extrait d'une Lettre écrite
d'Auxerre , imprimée dans le Mercure
de Juin , premier Volume , page.
1207. concernant des Medailles Antiques
,
découvertes à une lieuë de cette
Ville , en 1730. au Territoire d'un Village
situé au bord de la Riviere d'Yonne
il s'en est trouvé des Empereurs
Adrien , Marc Aurele et autres : mais
sur-tout , beaucoup de Posthume en.
grand Bronze. Une , entr'autres , qui est
la plus conservée , represente au Revers
le Vaisseau Prétorien , Navis Prætoria ,
ou plutôt une Galere avec cette Legende
, Latitia Augusti , laquelle étoit commandée
par l'Empereur lui - même , ou
l'un de ses Generaux , pour une Expedition
Maritime , comme l'on voit parmi
nous la Reale commandée par le General
des Galeres . L'Auteur de la Lettre
demande si cette Medaille n'a point rapport
à quelque Navigation de la Riviere
d'Yonne , à quoi il n'y a aucune appapuisque
cette Riviere n'est d'aence
,
bord
2330 MERCURE DE FRANCE
.
>
bord navigable à Auxerre que pour de
petits Batteaux ou Batteaux Marchands
et ne pourroit supporter la Manoeuvre
d'une Galere. Mais parce que cette Medaille
, comme beaucoup d'autres , qui
avoient cours dans l'étendue de l'Empire
Romain , s'est trouvée sur les bords de
cette Riviere , peut-on présumer qu'elle.
y ait quelque rapport , non plus qu'elle
en auroit à la Seine ou à la Loire , si on
l'avoit découverte sur leurs bords aux en->
virons de Paris ou d'Orleans ? D'ailleurs
pareilles Medailles de Posthume , qui a regné
plusieurs années dans les Gaules , sont
très-communes et citées plusieurs fois avec
le même revers dans les Recueils des Antiquaires
, et sur - tout dans celui des Medailles
du P. Anselme Banduri . Cette
même Medaille a été auparavant rapportée
et expliquée dans Tristan , qui croit
avec raison que le revers , qui est le même
, désigne quelque notable Victoire
ou la Conquête , dit- il , de la Grande-
Bretagne , et la joye que Posthume en
reçût. Ce que Tristan confirme par une
autre Medaille de Posthume fils ; mais :
que l'on doit plutôt attribuer au Pere
suivant les sentimens de Patin et de Vaillant
, elle represente au revers le serment
de fidelité des Soldats de l'Armée , fait àz
l'EmOCTOBRE
. 1731 2331
l'Empereur , avec cette Legende , Exer
citus Iscanicus du nom de la Ville d'Isca
dans la Grande- Bretagne. D'ailleurs , cette
même Galere se trouve dans les Familles
Romaines de Patin , et sur les Legions
de Marc- Antoine , ainsi que sur les Medailles
des Empereurs Adrien de Verus ,
et autres citées par les Antiquaires..
M. D. M.
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Résumé : REMARQUES sur une Médaille de l'Empereur Posthume.
En 1730, près d'Auxerre, des médailles antiques, dont plusieurs de l'empereur Posthume en grand bronze, furent découvertes. Une médaille bien conservée montre au revers une galère, identifiée comme la Navis Prætoria, avec la légende 'Laetitia Augusti'. Cette galère était utilisée par l'empereur ou un de ses généraux pour une expédition maritime. L'auteur de la lettre se demande si cette médaille pourrait être liée à une navigation sur la rivière d'Yonne, mais cette hypothèse est improbable car la rivière n'est navigable qu'à petits bateaux à Auxerre. La médaille, comme beaucoup d'autres, circulait dans l'Empire romain, et sa découverte près de l'Yonne ne prouve pas un lien direct avec cette rivière. Des médailles similaires de Posthume, qui régna plusieurs années dans les Gaules, sont courantes. Tristan suggère que la médaille commémore une victoire notable ou la conquête de la Grande-Bretagne. Patin et Vaillant attribuent plutôt cette médaille au père de Posthume, indiquant un serment de fidélité des soldats de l'armée à l'empereur, avec la légende 'Exercitus Iscanicus', du nom de la ville d'Isca en Grande-Bretagne. Des représentations similaires de galères se trouvent également dans les familles romaines de Patin, sur les légions de Marc-Antoine, et sur les médailles des empereurs Adrien et Verus.
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20
p. 2762-2765
EXPLICATION de la Médaille frapée en l'honneur de S. E. Monseigneur le Cardinal DE FLEURY, STANCES.
Début :
Vos yeux ne pouvoient voir cet auguste visage, [...]
Mots clefs :
Médaille, Art, Miroir, Vertus, Génie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION de la Médaille frapée en l'honneur de S. E. Monseigneur le Cardinal DE FLEURY, STANCES.
EXPLICATION de la Médaille ( 1`)
frapée en l'honneur de S. E. Monsej
gneur le Cardinal DE FLEURY,
STANCE S.
Vos yeux ne pouvoient voir cet auguste visage
,
Peuples , qu'an sort privé retient loin de la
Cour ;
Un Art ingénieux vous en offre l'image :
Contentez vos regards, contentez votre amours
( 1 ) Il y en a d'Or , d'Argent et de Bronze ,
frapées par l'ordre de Monseigneur le Duc d'An-
1in. Cette Médaille porte le Buste de S. E. avec
cette Légende : Andrea Herculi de Fleury, S.R.E.
Cardinali , Primario Regina Elemosinario. Et au
revers les quatre Vertus Cardinales. La Prudence
tient un Miroir. La Justice , un Balance. La for-
1. Vel. Admirez
1
DECEMBRE . 1721. 2763
Admirez ce maintien doux , tranquile , me
deste ;
Contemplez de ce front la noble gravité ;
Ila je ne sçai-quoi d'aimable et de celeste ,
Qui tient l'oeil attentif , et le coeur enchant
Il consacre avec fruit ses veilles assidues
A la gloire du Prince , au bonheur des Sujets
L'Elite des Vertus icy - bas descenduës
L'accompagne , l'inspire , et guide ses projets.
Voïez-vous ce Miroir ? C'est - là que la PREZ
DENCE
Lui montre le chemin qui conduit au succès ,
Et THEMIS de concert lui montre sa Balance
Pour régler du Public les divers interêts,
*
La FORCE le soutient , par son secours fidelle
Cet HERCUL E nouveau du crime est la te£
reur ;
Il préserve nos Lys d'une Guerre cruelle ;
Du Démon des combats il calme la fureur,
ce , un Lyon sous ses pieds. La Tempérance , un
Mords de bride . Au milieu est un Globe , élevé
sur une Colonne , avec trois Fleurs de Lys , er
eette Légende : Virtutes Regni administra.Voicz
le Mercure d'Aoust 1731 .
1. Vol. Pra
2764 MERCURE DE FRANCE
Par sa voix chaque jour la douce TE-MIRANCE
Modere de LOUIS les sentimens guerriers ;
Et craignant de troubler le repos de la France ,
Szait préférer l'Olive à de sanglans Lauriers.
Sous les yeux de FLEURY , quel astre te
.peut nuire ?
François, que taGrandeur
est solide aujourd'hui
! L'Enfer voudroit envain ébranler un Empire
De qui la Vertu même est le Guide et l'appui.
Poursuis , heureux Génie ; ajoute à ce miracles
;
Jadis , Rome à ta gloire , eut dressé des Autels
Mais lorsque ta Vertu n'y mettra plus d'obstacles
,
La France te rendra des honneurs immortels.
Ce riche Monument , t'en est le doux présage.
A nos tendres désirs D'ANTIN s'est conformé ;
Fécond en grands desseins , il enfante l'ouvrage
Que mille voeux secrets avoient déja formé.
ΕΝΤΟΥ.
Ministre infatigable , et si cher à la France ,
Reçoi ce trait leger de ma Reconnoissance.
1. Vol.
Pardonne
DECEMBRE. 1731.
2763
Fardonne , si mon Chant , dont Toy scul
l'objet ,
Rabaisse la grandeur d'an si noble Sujet.
C'est payer foiblement les glorieux suffrages
Dont tu daignas trois fois honorer mes ou
vrages :
C'est payer foiblement ce Don trop généreux
Que m'adressa ta main , sans attendre mes voeux,
Oh ! si jamais le sort , au gré de mon envie
Tempére ses rigueurs , et prolonge ma vie!
Coulant mes heureux jours dans un docte loisir
[ Ciel tu m'en es témoin ) mon plus charmant
plaisir
Sera de célébrer aux yeux de la Province
Les Vertus du Ministre , et la Gloire du Prince
HEURTAULD , Prêtre , Pro
fesseur en l'Université de Caën.
frapée en l'honneur de S. E. Monsej
gneur le Cardinal DE FLEURY,
STANCE S.
Vos yeux ne pouvoient voir cet auguste visage
,
Peuples , qu'an sort privé retient loin de la
Cour ;
Un Art ingénieux vous en offre l'image :
Contentez vos regards, contentez votre amours
( 1 ) Il y en a d'Or , d'Argent et de Bronze ,
frapées par l'ordre de Monseigneur le Duc d'An-
1in. Cette Médaille porte le Buste de S. E. avec
cette Légende : Andrea Herculi de Fleury, S.R.E.
Cardinali , Primario Regina Elemosinario. Et au
revers les quatre Vertus Cardinales. La Prudence
tient un Miroir. La Justice , un Balance. La for-
1. Vel. Admirez
1
DECEMBRE . 1721. 2763
Admirez ce maintien doux , tranquile , me
deste ;
Contemplez de ce front la noble gravité ;
Ila je ne sçai-quoi d'aimable et de celeste ,
Qui tient l'oeil attentif , et le coeur enchant
Il consacre avec fruit ses veilles assidues
A la gloire du Prince , au bonheur des Sujets
L'Elite des Vertus icy - bas descenduës
L'accompagne , l'inspire , et guide ses projets.
Voïez-vous ce Miroir ? C'est - là que la PREZ
DENCE
Lui montre le chemin qui conduit au succès ,
Et THEMIS de concert lui montre sa Balance
Pour régler du Public les divers interêts,
*
La FORCE le soutient , par son secours fidelle
Cet HERCUL E nouveau du crime est la te£
reur ;
Il préserve nos Lys d'une Guerre cruelle ;
Du Démon des combats il calme la fureur,
ce , un Lyon sous ses pieds. La Tempérance , un
Mords de bride . Au milieu est un Globe , élevé
sur une Colonne , avec trois Fleurs de Lys , er
eette Légende : Virtutes Regni administra.Voicz
le Mercure d'Aoust 1731 .
1. Vol. Pra
2764 MERCURE DE FRANCE
Par sa voix chaque jour la douce TE-MIRANCE
Modere de LOUIS les sentimens guerriers ;
Et craignant de troubler le repos de la France ,
Szait préférer l'Olive à de sanglans Lauriers.
Sous les yeux de FLEURY , quel astre te
.peut nuire ?
François, que taGrandeur
est solide aujourd'hui
! L'Enfer voudroit envain ébranler un Empire
De qui la Vertu même est le Guide et l'appui.
Poursuis , heureux Génie ; ajoute à ce miracles
;
Jadis , Rome à ta gloire , eut dressé des Autels
Mais lorsque ta Vertu n'y mettra plus d'obstacles
,
La France te rendra des honneurs immortels.
Ce riche Monument , t'en est le doux présage.
A nos tendres désirs D'ANTIN s'est conformé ;
Fécond en grands desseins , il enfante l'ouvrage
Que mille voeux secrets avoient déja formé.
ΕΝΤΟΥ.
Ministre infatigable , et si cher à la France ,
Reçoi ce trait leger de ma Reconnoissance.
1. Vol.
Pardonne
DECEMBRE. 1731.
2763
Fardonne , si mon Chant , dont Toy scul
l'objet ,
Rabaisse la grandeur d'an si noble Sujet.
C'est payer foiblement les glorieux suffrages
Dont tu daignas trois fois honorer mes ou
vrages :
C'est payer foiblement ce Don trop généreux
Que m'adressa ta main , sans attendre mes voeux,
Oh ! si jamais le sort , au gré de mon envie
Tempére ses rigueurs , et prolonge ma vie!
Coulant mes heureux jours dans un docte loisir
[ Ciel tu m'en es témoin ) mon plus charmant
plaisir
Sera de célébrer aux yeux de la Province
Les Vertus du Ministre , et la Gloire du Prince
HEURTAULD , Prêtre , Pro
fesseur en l'Université de Caën.
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Résumé : EXPLICATION de la Médaille frapée en l'honneur de S. E. Monseigneur le Cardinal DE FLEURY, STANCES.
Le texte décrit une médaille frappée en l'honneur du Cardinal de Fleury, disponible en or, argent et bronze, commandée par le Duc d'Anjou. Au recto, elle présente le buste du Cardinal avec la légende 'Andrea Herculi de Fleury, S.R.E. Cardinali, Primario Regina Elemosinario'. Au verso, elle représente les quatre vertus cardinales : Prudence, Justice, Force et Tempérance, chacune symbolisée par un attribut spécifique. La légende au revers est 'Virtutes Regni administra'. Le texte met en avant les qualités du Cardinal, telles que son maintien doux et tranquille, sa noble gravité et son dévouement à la gloire du Prince et au bonheur des sujets. Les vertus guident ses projets et actions : la Prudence lui montre le chemin du succès, la Justice régule les intérêts publics, la Force le soutient contre le crime, et la Tempérance modère les sentiments guerriers du roi Louis. Enfin, le texte exprime reconnaissance et admiration envers le Duc d'Anjou pour la réalisation de cette médaille et envers les vertus et actions du Cardinal de Fleury.
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21
p. 1513-1515
LETTRE écrite le 18. Juin 1732. au sujet des Barons de la sainte Ampoule.
Début :
Je satisfais, Monsieur, à la demande que vous faites dans [...]
Mots clefs :
Sainte ampoule, Médaille, Fiole, Barons de la Sainte Ampoule
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite le 18. Juin 1732. au sujet des Barons de la sainte Ampoule.
LETTRE écrite le 18. Juin 1732. an
sujet des Barons de la sainte Ampoule.
JE
E satisfais , Monsieur , à la demande
que vous faites dans votre Mercure du
mois de Mars dernier , page 619. au suje
de l'origine des Barons de la Sainte Ampoule. Tout le monde sçait que l'on appelle la sainte Ampoule une petite phiole
qui est conservée dans l'Eglise de S. Res
my de Rheims , que l'on prétend avoir
été apportée du Ciel , pleine de baume
par une Colombe , au Batême de Clovis ,
premier Roi Chrétien , qui fut baptisé la
veille de Noël l'an 496. par S. Remy ,
Archevêque de Rheims, et l'Apôtre de la
France. Ĉette histoire est rapportée par
l'Auteur de la vie de S. Remy , attribuée
Hincmar , par l'Auteur de la vie de
Sainte Clotilde , femme de Clovis , par
Flodoard , par Aimoin , dans les Annales de S. Bertin , et dans plusieurs autres
Historiens.
Il est vrai qu'il n'en est rien dit dans
l'Histoire de Gregoire de Tours , qui sup
pose au contraire que tout étoit préparé.
quand Clovis entra dans l'Eglise pour y
Ciij rece-
1514 MERCURE DE FRANCE
recevoir le Baptême ; il n'en est rien dit
non plus dans l'ancienne vie de S. Remy ,
abregée par Fortunat , qui vivoit environ
o ans après ce Saint. Le silence de Gregoire de Tours qui ne rapporte point ce
miracle , quoiqu'il soit si éxact à écrire
ceux qui sont venus à sa connoissance
est un fort préjugé qu'il n'étoit pas connu de son tems.
Quoiqu'il en soit , on prétend que Clovis aussi- tôt après son Baptême institua
l'Ordre des Chevaliers , Barons de la sainte Ampoule , en l'honneur de cette sainte
Ampoule , dont nous venons de parler
Favin , dans son Histoire de Navarre , assûre que ces Chevaliers ne sont seulement
qu'au nombre de quatre , et que pour
être reçûs ils doivent posseder les quatre
Baronnies de Terrier , de Belestre , de
Sonastre , et de Louvercy , qui relevent
de l'Abbaye de S. Remy de Rheims , à
laquelle ils rendent foi et hommage ; il
dit qu'ils portoient au Sacre de nos Rois
le Dais sous lequel l'Abbé ou le Prieur de
cette Abbaye porte la sainte Ampoule
dans l'Eglise Cathedrale de Notre- Dame.
Ces quatre Barons étoient revêtus à cette
cérémonie d'un Manteau de taffetas noir ,
sur le côté duquel étoit une Croix anglée,
émaillée d'argent,et chargée d'une Colombe
JUILLET. 1732. ISIS
be,tenant enson bec une phiole, reçûë par
une main mouvante dans une nuée ; et ils
portoient encore au cou une Médaille chargée d'une Croix semblable , pendue à un
ruban noir. Le revers de la Médaille étoir
frappé de l'Image de S. Remy , d'où vient
qu'on appelloit aussi les, Chevaliers de la
Ste Ampoule , les Chevaliers de S. Remy.
Le Pere Helyot prétend cependant que
cet Ordre est supposé , et que son origine
que l'on fait monter au tems de Clovis ,
est certainement chimerique. Voyez ce
qu'il en dit au Chapitre 70. des Ordres
Monastiques. Tome VIII. page 438. et
suivantes. Voyez aussi le Livre intitulé :
Les heureux commencemens de la France
Chrétienne sous l'Apôtre de nos Rois
S. Remy. Par le Pere Ceriziers, imprimé à
Rheims en 1633. Je suis , &c.
sujet des Barons de la sainte Ampoule.
JE
E satisfais , Monsieur , à la demande
que vous faites dans votre Mercure du
mois de Mars dernier , page 619. au suje
de l'origine des Barons de la Sainte Ampoule. Tout le monde sçait que l'on appelle la sainte Ampoule une petite phiole
qui est conservée dans l'Eglise de S. Res
my de Rheims , que l'on prétend avoir
été apportée du Ciel , pleine de baume
par une Colombe , au Batême de Clovis ,
premier Roi Chrétien , qui fut baptisé la
veille de Noël l'an 496. par S. Remy ,
Archevêque de Rheims, et l'Apôtre de la
France. Ĉette histoire est rapportée par
l'Auteur de la vie de S. Remy , attribuée
Hincmar , par l'Auteur de la vie de
Sainte Clotilde , femme de Clovis , par
Flodoard , par Aimoin , dans les Annales de S. Bertin , et dans plusieurs autres
Historiens.
Il est vrai qu'il n'en est rien dit dans
l'Histoire de Gregoire de Tours , qui sup
pose au contraire que tout étoit préparé.
quand Clovis entra dans l'Eglise pour y
Ciij rece-
1514 MERCURE DE FRANCE
recevoir le Baptême ; il n'en est rien dit
non plus dans l'ancienne vie de S. Remy ,
abregée par Fortunat , qui vivoit environ
o ans après ce Saint. Le silence de Gregoire de Tours qui ne rapporte point ce
miracle , quoiqu'il soit si éxact à écrire
ceux qui sont venus à sa connoissance
est un fort préjugé qu'il n'étoit pas connu de son tems.
Quoiqu'il en soit , on prétend que Clovis aussi- tôt après son Baptême institua
l'Ordre des Chevaliers , Barons de la sainte Ampoule , en l'honneur de cette sainte
Ampoule , dont nous venons de parler
Favin , dans son Histoire de Navarre , assûre que ces Chevaliers ne sont seulement
qu'au nombre de quatre , et que pour
être reçûs ils doivent posseder les quatre
Baronnies de Terrier , de Belestre , de
Sonastre , et de Louvercy , qui relevent
de l'Abbaye de S. Remy de Rheims , à
laquelle ils rendent foi et hommage ; il
dit qu'ils portoient au Sacre de nos Rois
le Dais sous lequel l'Abbé ou le Prieur de
cette Abbaye porte la sainte Ampoule
dans l'Eglise Cathedrale de Notre- Dame.
Ces quatre Barons étoient revêtus à cette
cérémonie d'un Manteau de taffetas noir ,
sur le côté duquel étoit une Croix anglée,
émaillée d'argent,et chargée d'une Colombe
JUILLET. 1732. ISIS
be,tenant enson bec une phiole, reçûë par
une main mouvante dans une nuée ; et ils
portoient encore au cou une Médaille chargée d'une Croix semblable , pendue à un
ruban noir. Le revers de la Médaille étoir
frappé de l'Image de S. Remy , d'où vient
qu'on appelloit aussi les, Chevaliers de la
Ste Ampoule , les Chevaliers de S. Remy.
Le Pere Helyot prétend cependant que
cet Ordre est supposé , et que son origine
que l'on fait monter au tems de Clovis ,
est certainement chimerique. Voyez ce
qu'il en dit au Chapitre 70. des Ordres
Monastiques. Tome VIII. page 438. et
suivantes. Voyez aussi le Livre intitulé :
Les heureux commencemens de la France
Chrétienne sous l'Apôtre de nos Rois
S. Remy. Par le Pere Ceriziers, imprimé à
Rheims en 1633. Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE écrite le 18. Juin 1732. au sujet des Barons de la sainte Ampoule.
La lettre du 18 juin 1732 traite de l'origine des Barons de la Sainte Ampoule. La Sainte Ampoule, conservée à l'église de Saint-Remy de Reims, est une phiole supposée apportée par une colombe lors du baptême de Clovis en 496. Plusieurs historiens rapportent cette histoire, bien que Grégoire de Tours et l'ancienne vie de Saint-Remy ne mentionnent pas ce miracle. Selon la tradition, Clovis aurait créé l'Ordre des Chevaliers, Barons de la Sainte Ampoule, après son baptême. Favin affirme que ces Chevaliers, au nombre de quatre, possèdent les baronnies de Terrier, Belestre, Sonastre et Louvercy, relevant de l'abbaye de Saint-Remy. Lors des sacres royaux, ils portaient le dais sous lequel l'abbé apportait la Sainte Ampoule, vêtus d'un manteau noir avec une croix et une colombe, et portant une médaille représentant Saint-Remy. Le Père Helyot conteste l'authenticité de cet ordre, le qualifiant de supposé et d'origine chimérique. La lettre cite également un livre imprimé à Reims en 1633 intitulé 'Les heureux commencements de la France Chrétienne sous l'Apôtre de nos Rois Saint-Remy'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 1637-1643
LETTRE écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet de l'Armement du Roy d'Espagne, et de la Ville d'Oran.
Début :
L'Interêt que vous prenez, Monsieur, au succès des Armes [...]
Mots clefs :
Armement du roi d'Espagne, Conquête d'Oran, Flotte, Chrétienté Maritime, Afrique, Marine, Médaille, Barberousse
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet de l'Armement du Roy d'Espagne, et de la Ville d'Oran.
MORTS,
XXXXX
NAISSANCES,
et Mariage des Pays Etrangers.
E Duc Theodore , Prince Souverain de Sultz- bach, de la Maison Palatine,mourut le 11.
de ce mois à Dinckelspiel , dans la 74e année de
son âge , étant né le 14. Février 1659. Ce Prince
qui avoit épousé le 9. Juin 1692. Marie- Elonore
Amelie de Hesse- Reinfels- Rotembourg , morte
le 19. Janvier 1720. laisse pour heritier de ses
Etats , le Prince Joseph- Charles- Emanuel de Sultzbach , né le 17 Mars 1693. lequel avoit
épousé en 1717. Sophie- Auguste , fille de Charles Philippe Electeur Palatin , qui mourut en
couches le 30. Janvier 1728. duquel Mariage il
reste un Prince né le 15 Juin 1724.
Le 8. Juin , la Duchesse de Brunswick Beve- ren , sœur de l'Imperatrice et Epouse du Duc
Ferdinand Albert de Brunswick , accoucha d'un Prince.
On a appris de Milan, que le General Comte de
Stampa avoit conclu le Mariage du jeune Prince
Eugene de Savoye , avec la Princesse fille unique et heritiere du feu Duc de Massa de Carrara , et
que la celebration de ce Mariage devoit se faire incessamment.
XXXXX
NAISSANCES,
et Mariage des Pays Etrangers.
E Duc Theodore , Prince Souverain de Sultz- bach, de la Maison Palatine,mourut le 11.
de ce mois à Dinckelspiel , dans la 74e année de
son âge , étant né le 14. Février 1659. Ce Prince
qui avoit épousé le 9. Juin 1692. Marie- Elonore
Amelie de Hesse- Reinfels- Rotembourg , morte
le 19. Janvier 1720. laisse pour heritier de ses
Etats , le Prince Joseph- Charles- Emanuel de Sultzbach , né le 17 Mars 1693. lequel avoit
épousé en 1717. Sophie- Auguste , fille de Charles Philippe Electeur Palatin , qui mourut en
couches le 30. Janvier 1728. duquel Mariage il
reste un Prince né le 15 Juin 1724.
Le 8. Juin , la Duchesse de Brunswick Beve- ren , sœur de l'Imperatrice et Epouse du Duc
Ferdinand Albert de Brunswick , accoucha d'un Prince.
On a appris de Milan, que le General Comte de
Stampa avoit conclu le Mariage du jeune Prince
Eugene de Savoye , avec la Princesse fille unique et heritiere du feu Duc de Massa de Carrara , et
que la celebration de ce Mariage devoit se faire incessamment.
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Résumé : LETTRE écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet de l'Armement du Roy d'Espagne, et de la Ville d'Oran.
Le texte évoque plusieurs événements familiaux et décès au sein de la noblesse européenne. Le duc Théodore, prince souverain de Sulzbach, est décédé le 11 du mois à Dinckelspiel à l'âge de 74 ans. Né le 14 février 1659, il avait épousé Marie-Éléonore Amélie de Hesse-Reinfel-Rotembourg le 9 juin 1692, décédée le 19 janvier 1720. Leur héritier, le prince Joseph-Charles-Emanuel de Sulzbach, né le 17 mars 1693, avait épousé en 1717 Sophie-Auguste, fille de Charles Philippe Électeur Palatin, décédée en couches le 30 janvier 1728. De cette union est né un prince le 15 juin 1724. Le 8 juin, la duchesse de Brunswick-Bevern, sœur de l'impératrice et épouse du duc Ferdinand Albert de Brunswick, a accouché d'un prince. À Milan, le général comte de Stampa a arrangé le mariage du jeune prince Eugène de Savoie avec la princesse héritière du défunt duc de Massa de Carrara, dont la célébration devait avoir lieu prochainement.
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23
p. 124-125
PRIX proposé par l'Académie de Chirurgie pour l'année 1733.
Début :
L'Académie de Chirurgie, établie à Paris sous la protection du Roy, desirant [...]
Mots clefs :
Académie de chirurgie, Prix, Médaille, Tentes, Dilatants
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texteReconnaissance textuelle : PRIX proposé par l'Académie de Chirurgie pour l'année 1733.
PRIX proposiparPflcadëmie de Chirmgid
pour Panne} 175 3. "
L’Académie de Chirurgie, établie ï
Paris sous la protection du Roy , de
q sirant contribuer aux progrès de. cet Art,
et â Futilité ublique, repose pour sujet
du ‘Priîc de l'année milpsept cent trente;
U015 , a uestion suivante:
Q5215 20m, selon Je: dzflèrzfl: m: , le!
avantages et les irzconvmien: de l'usage de:
72mm et autre: dilatam. ' '
Ceux qui ‘trfgxvaillerlontjaour le Prix,’
sont invitez a onder eurs raisonnemens
sur des faits de prariquechoisis- et bien
averez ; on les prie d’écrire en François
ou en Latin , autant qu’il se pourra, et
d'avoir attention que leurs Ecrits soient
fort lisibles. . ‘N
Ils mettront à leur Mémoire une mare
que distinctive , comme Sentence, Deà
vise, Paraphe ou Signature; et cette mat.
que sera couvs rre.d’un papier blanc collé
ou cacheté , qui ne sera levé qu’en cas que
la Piece air remporté le Prix. ’
Ils adresseronr leurs Ouvrages francs
duper: , à M. Motafld , Secreraire de PA-c
académie de Chirurgie à Paris, ou les lui
feront remettre entre les mains.
L"?
J A N V I E ‘R. 173;. 12j
. ‘Les Çhirurgiens de tous Pays seront
ladmis à concourir pour le Prix ;- on n’a;
excepte que les Membres de I’Académie.
Le Prix est une Médaille d’or de la va.
leur de deux cent livres, qui sera don
îiée à celui, quihau jugement de l’Acag
demie, aura fait le meilleur Mémoire sur
la. question proposée. '
La .Médaille sera délivrée à l’Auteur
mëine , qui se‘ fera connoître ou au Por
teur d’une Procuration de sa part; l'un
ou l'autre représentant la marque dÎstinC-_
«tive , avec une copie nette du Mémoire.
Les Ouvrages ne seront reçûsque jusé
ques au dernier jour de l'année 173;. in
çlusivement. ' A
Lflflcadémie à son Assemblée publique
de i734. qui se tiendra le Mardi d’aprês
la ‘Trinité , prociamera la Piece qui. aura.
_mcrité le Prix.
pour Panne} 175 3. "
L’Académie de Chirurgie, établie ï
Paris sous la protection du Roy , de
q sirant contribuer aux progrès de. cet Art,
et â Futilité ublique, repose pour sujet
du ‘Priîc de l'année milpsept cent trente;
U015 , a uestion suivante:
Q5215 20m, selon Je: dzflèrzfl: m: , le!
avantages et les irzconvmien: de l'usage de:
72mm et autre: dilatam. ' '
Ceux qui ‘trfgxvaillerlontjaour le Prix,’
sont invitez a onder eurs raisonnemens
sur des faits de prariquechoisis- et bien
averez ; on les prie d’écrire en François
ou en Latin , autant qu’il se pourra, et
d'avoir attention que leurs Ecrits soient
fort lisibles. . ‘N
Ils mettront à leur Mémoire une mare
que distinctive , comme Sentence, Deà
vise, Paraphe ou Signature; et cette mat.
que sera couvs rre.d’un papier blanc collé
ou cacheté , qui ne sera levé qu’en cas que
la Piece air remporté le Prix. ’
Ils adresseronr leurs Ouvrages francs
duper: , à M. Motafld , Secreraire de PA-c
académie de Chirurgie à Paris, ou les lui
feront remettre entre les mains.
L"?
J A N V I E ‘R. 173;. 12j
. ‘Les Çhirurgiens de tous Pays seront
ladmis à concourir pour le Prix ;- on n’a;
excepte que les Membres de I’Académie.
Le Prix est une Médaille d’or de la va.
leur de deux cent livres, qui sera don
îiée à celui, quihau jugement de l’Acag
demie, aura fait le meilleur Mémoire sur
la. question proposée. '
La .Médaille sera délivrée à l’Auteur
mëine , qui se‘ fera connoître ou au Por
teur d’une Procuration de sa part; l'un
ou l'autre représentant la marque dÎstinC-_
«tive , avec une copie nette du Mémoire.
Les Ouvrages ne seront reçûsque jusé
ques au dernier jour de l'année 173;. in
çlusivement. ' A
Lflflcadémie à son Assemblée publique
de i734. qui se tiendra le Mardi d’aprês
la ‘Trinité , prociamera la Piece qui. aura.
_mcrité le Prix.
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Résumé : PRIX proposé par l'Académie de Chirurgie pour l'année 1733.
L'Académie de Chirurgie de Paris, sous la protection royale, a organisé un concours pour l'année 1733. Le sujet porte sur l'évaluation des avantages et des inconvénients de l'usage des sondes et dilatateurs en chirurgie. Les participants doivent soumettre des mémoires en français ou en latin, basés sur des faits de pratique bien choisis. Chaque mémoire doit comporter une marque distinctive cachée sous un papier blanc collé ou cacheté. Les mémoires doivent être envoyés à M. Motafld, secrétaire de l'Académie, avant le 31 décembre 1733. Le prix est une médaille d'or valant deux cents livres, attribuée à l'auteur du meilleur mémoire. Les chirurgiens de tous pays peuvent concourir, sauf les membres de l'Académie. La médaille sera remise à l'auteur ou à son représentant lors de l'assemblée publique de 1734, le mardi suivant la Trinité.
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24
p. 249-258
EXPLICATION D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
Début :
On trouve communément dans Hadrien une Médaille de grand Bronze, [...]
Mots clefs :
Hadrien, Médaille, Hilaritas, Enfants, Femme, Aelius, Empire, Prince, Joie, Adoption
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
EXPLICATION
D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
N trouve communément dans Ha
drien une Médaille de grand Bronze
, où d'un côté est la tête de ce Prince ;
sans Couronne, avec HADRIANUS AUGUS
TUS pour Légende ; et dont le Revers est
chargé d'une femme debout , tenant de
la main droite une longue Palme , apd
Ciij puyés
250 MERCURE DE FRANCE
puyée contre terre , et de la main gauche
une Corne d'abondance ; à ses pieds sont
deux petites figures d'enfans ; la Légende
HILARITAS. P. R.Dans l'Exergue . cos. III .
et dans le Champ de la Médaille , s . c.
Tristan i et Angelloni 2 qui nous ont
donné cette Médaille , l'ont expliquée
diversement,
Le premier , fondé sur un Passage d'Artemidore
, où il est dit que les Palmes
veuës en songe sont des Pronostics
d'une heureuse fécondité , a cru que le
Senat en faisant frapper une Médaille à
Hadrien, avec la Déesse HILARITAS , dont
le Symbole ordinaire est une Palme, avoit
voulu marquer la joie du Peuple Romain
, dans l'esperance où tout l'Empire
étoit que Sabine , femme de ce Prince ,
lui donneroit des Heritiers. Les deux enfans
qu'on voit dans la Médaille , appuyent
ce sentiment ; mais comme cette
Médaille n'est pas du commencement
du Regne d'Hadrien , ce qui se reconnoit
par le titre uni d'HADRIANUS
AUGUSTUS , qu'on y lit , et par la Note
de son troisiéme Consulat pour peu
qu'on fasse d'attention à la maniere dont
1 Comment. Histor. pag. 480. du Tom. 1
La Historia Augusta , pag. 140. de l'Edit. de
Rome, 1631 .
Hadrien
FEVRIER. 1733. 257
Hadrien et Sabine vivoient ensemble , il
n'y a pas beaucoup d'apparence qu'on le
flatat sur ce sujet . Hadrien regardoit Sabine,
comme une femme fâcheuse 1 , dont
l'humeur lui étoit insupportable, et qu'îl
eut répudiée s'il n'eut été que simple particulier.
On prétend même que cette
Princesse ne mourut que du 2 Poison que
son mari lui fit donner. Elle de son côté
lui rendoit bien le change ; on en peut
juger par ce qu'elle disoit elle-même pu
bliquement : 3 Qu'elle avoit toujours fait
tous ses efforts pour n'avoir aucuns, enfans
de son mari , le fruit de pareils embrassemens
ne pouvant être que funeste à
l'Empire. Dans de pareilles conjoncttires
il n'y a pas lieu de croire que le Senat
ait voulu faire frapper une Médaille, qui ,
à l'expliquer comme fait Tristan , auroit
pu passer pour une Satire véritable , ou ,
qui du moins , n'auroit pas manqué d'ap
prêter à rire aux Courtisans assez enclins
déja à la raillerie.
Angelloni n'a gueres mieux réussi . Selon
lui , la Médaille est un monument
dia
I Uxorem etiam ut morosam et asperam
missurus , ut ipse dicebat , si privatusfuisset.Ælius
Spartian. in vita Hadriani .
2 Spartien.
3 Aurel. Victor,
Ciiij de
252 MERCURE DE FRANCE.
de la joie que tout Rome ressentit lorsqu'Hadrien
revint dans cette Ville , après
avoir parcouru toutes les Provinces de
l'Empire. Mais , 1 °.ce retour d'Hadrien est
marqué d'une maniere assez distincte sur
d'autres Médailles . ADVENTUS . AUG . ADVENTUI
AUG. ITALIA , pour ne pas en
chercher des monumens ailleurs . 2 °.Il est
difficile de trouver quelque rapport entre
ces Enfans , gravez sur la Médaille , et
l'arrivée d'un Prince. Angelloni a beau
dire que la joie étant plus particuliere
aux Enfans , on a pu par ce motif les representericy
: Come pure stanno i fanciulli
sempre allegri. Son explication est trop
generale ; et comme elle peut convenir à
tous les succès favorables , elle ne convient
à aucun en particulier.
Pour dire donc quelque chose de plus
précis , je ferai observer qu'HILARITAS ,
avec l'adjonction de P. R. Populi Romani,
ne se trouve que sur les Médailles d'Hadrien
, et sur celles d'Elius - César son
fils adoptif , avec néanmoins quelque
difference dans le Type . La Déesse HILARITAS
, sur les Médailles de ce dernier ,
portant une branche de quelque arbre
au lieu d'une Palme , et n'ayant point
d'Enfans à ses côtez . Cette différence, que
je tâcherai néanmoins d'expliquer , n'a
rapFEVRIER.
1733. 253
rapport qu'à quelques circonstances qui
ne font rien au motif qui a fait frapper
ces Médailles , que je crois toutes les
deux,avoir été pour l'adoption d'Ælius ; er
pour le prouver,je commence par la Médaille
de ce Prince , dont la connoissance
entraînera aisément celle de la Médaille
d'Hadrien.
Les fatigues qu'Hadrien avoit essuiées
dans ses longs voyages , sur tout mar
chant toujours la tête nue dans les saisons
même les plus rigoureuses de l'année
, affoiblirent extrêmement sa santé ;
il tomba dans une maladie , qui diminuant
tous les jours ses forces , le fit
. penser à se choisir un Successeur . Après
avoir jetté les yeux sur plusieurs , que sa
politique lui fit immoler ensuite , lorsque
sa maladie paroissoit moins dangeil
s'arrêta enfin sur Ceionius Com-
´modus , qu'il adoptat , le fit César et lui
changea son nom en celui d'Alius. Ce
dernier ne jouit pas long- temps de ces
écoulé une ne s'étant pas
année depuis son adoption jusqu'à sa
mort ; encore dans ce peu de temps futil
toujours si incommodé , qu'il ne put
pas même remercier Hadrien en plein
Sénat , de l'honneur qu'il lui avoit fait.
Dans un si court espace , ce Prince ma-
Cv Ladif
reuse ,
avantages ,
A
254 MERCURE DE FRANCE
ladif ne put gueres fournir de sujets qui
méritassent d'être consacrez sur les Monnoies.
Aussi toutes celles de ce Prince
ont - elles rapport à son adoption. Qu'y
voit-on en effet , sinon la bonne intelligence
du nouveau César , avec l'Empereur
? CONCORDIA. Son soin à rendre graces
aux Dieux de son élevation ? PIETAS.
TR. L'esperance que les Peuples avoient
conçue de lui , et le bonheur qu'ils attendoient
de son Regne , dans la Médaille
où ces deux Divinitez sont représentées ?
Enfin le Symbole de la Pannonie , Province
dont il avoit eu le Gouvernement,
et qui semble le féliciter sur son avenement
à l'Empire ? PANNONIA . Parmi toutes
ces Médailles , y en a- t-il quelqu'une
qui convienne mieux à son adoption , que
celle où la joie du Peuple Romain est
marquée : HILARITAS. P. R. Les largesses
qu'Hadrien fit à cette occasion au Peuple
et aux Soldats ; les Fêtes qu'il donna dans
le Cirque , en font foy. Dans ces Fêtes ,
dit Spartien , rien ne fut oublié de tout
ce qui pouvoit contribuer à la joie puplique
: Neque quicquam prætermissum quod
posset letitiam publicam frequentare.Ce Passage
semble fait pour la Médaille et fait
connoître , à n'en point douter , que le
motif qui la fit frappér , fut la joie de
tout
FEVRIER. 1733. 255
tout le Peuple Romain pour l'adoption
d'Elius, qui en assurant un Successeur à
l'Empire , assuroit en même temps la
Paix et la tranquillité de ce vaste Corps.
· La Médaille d'Ælius expliquée , celle
d'Hadrien se la trouve aussi; la même occasion
les a fait naître toutes deux , il ne s'a
git que de la difference qui se trouve dans
le Type dont je vais rendre raison .
Hadrien , à son avenement à l'Empire
après la mort de Trajan , fut obligé
avant même de se rendre à Rome,de
que
faire mourir quelques Personnages Consulaires.
Ces éxécutions , quoique justes et
necessaires , indisposerent extrêmement
cette Capitale contre lui. Aussi son premier
soin après s'être rendu au plutôt
dans cette Ville , fut de tâcher par toute
sorte de moyens de dissiper les mauvaises
impressions qu'on avoit conçûës. Pour cet
effet il fit de grandes liberalitez , et entr'autres
Spartien remarque , qu'il augmenta
les sommes que Trajan avoit assi
gnées aux Enfans. Pueris ac puellis quibus
etiam Trajanus alimenta detulerat incrementa
liberalitatis adjecit, Il y a beaucoup d'apparence
, que dans l'adoption d'Elius , où
l'on voit les mêmes Fêtes et les mêmes liberalitez
, Hadrien songea pareillement
aux Enfans , ces largesses étoient nous
Cvj velles
256 MERCURE DE FRANCE
velles , Trajan étoit le premier qui les eut
faites , et elles étoient trop agréables aut
peuple pour les negliger.
Quoi donc de plus naturel , que de fai
re paroître ces Enfans dans une Médaille
frappée pour conserver la mémoire de ces
largesses ? et s'ils ne paroissent point dans
la Médaille d'Ælius , c'est que les largesses
étant faites par Hadrien en vue de ce
Prince , c'étoit à Hadrien que toute la reconnoissance
devoit s'en rapporter ; mais
la joye du Peuple Romain pour l'adoption
d'Ælius éclatoit également en faveur
de ces deux Princes , et devoit par consé
quent paroître également sur les Monnoyes
de l'un et de l'autre , HILARItas.
P. R.
La difference d'un Rameau à une lon
gue palme on branche de quelque arbre ,
ne peut arrêter en aucune maniere ; l'un
et l'autre conviennent parfaitement à la
joye , ainsi qu'on le peut voir par ces
deux Vers , l'un de Rutilius et l'autre de
Juvenal :
Exornent virides communia gaudia Rami į
Ornentur postes , et grandi janua Lauro.
On peut me faire deux Objections aus
quelles je vais répondre.
La
FEVRIER. 1733. 257
La premiere est , qu'il se trouve une
Médaille de Lucille , femme d'Ælius , avec
HILARITAS au revers , qu'on ne peut expliquer
autrement qu'en la rapportant à
la fécondité de cette Princesse , ainsi qu'on
fait de toutes les Médailles des autres impératrices
où cette Legendè se rencontre.
Que l'explication de la Médaille de la
femme emporte l'explication de celle du
mari , et par une conséquence celle d'Hadrien
. Pour répondre à ce raisonnement ,
Outre le que PR qui donne aux Médailles
d'Hadrien et d'Elius quelque chose de
particulier et de relatif entr'elles , ne se
rencontre point sur celles de Lucille , les
Médailles qu'on nous donne pour être
de la femme d'Ælius , sont toutes de Lucille
, femme de L. Vere , ainsi qu'il est
aisé de s'en convaincre si l'on veut se
donner la peine de lire ce que j'ai écrit
sur ce sujet dans le Mercure du mois
d'Août dernier , ainsi l'Objection tombe
d'elle- même.
La seconde Objection est par rapport
à une Médaille d'Hadrien qu'on trouve
gravée dans Oiselius et dans Ant. Augustin
, où l'on voit sous la Legende HILARITAS
. P. R. une femme debout te
nant avec ses deux mains un voile qu'elle
a sur la tête. Ce Type ne peut avoir aus
cune
258 MERCURE DE FRÂNCE
cune convenance avec l'explication que
je donne. Il est vrai que ce revers est extraordinaire
, et que la figure qui y est
représentée , a beaucoup plus de rapport
avec la Pudeur ou la Pieté qu'avec la
Déesse de la Joye ; mais au lieu que cet
emblême peut avoir rapport à quelque
usage , quelque cerémonie qui se pratiquoit
dans les Fêtes publiques , et que
nous ignorons. Il me suffit que la Legende
HILARITAS. P. R. s'y rencontre, puisque
c'est cette joye universelle du Peuple
Romain que j'explique , et non pas toutes
les differentes manieres dont il se servoit
pour la représenter sur ses Monnoyes.
D. P.
A Orleans , ce & Novembre 1732.
D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
N trouve communément dans Ha
drien une Médaille de grand Bronze
, où d'un côté est la tête de ce Prince ;
sans Couronne, avec HADRIANUS AUGUS
TUS pour Légende ; et dont le Revers est
chargé d'une femme debout , tenant de
la main droite une longue Palme , apd
Ciij puyés
250 MERCURE DE FRANCE
puyée contre terre , et de la main gauche
une Corne d'abondance ; à ses pieds sont
deux petites figures d'enfans ; la Légende
HILARITAS. P. R.Dans l'Exergue . cos. III .
et dans le Champ de la Médaille , s . c.
Tristan i et Angelloni 2 qui nous ont
donné cette Médaille , l'ont expliquée
diversement,
Le premier , fondé sur un Passage d'Artemidore
, où il est dit que les Palmes
veuës en songe sont des Pronostics
d'une heureuse fécondité , a cru que le
Senat en faisant frapper une Médaille à
Hadrien, avec la Déesse HILARITAS , dont
le Symbole ordinaire est une Palme, avoit
voulu marquer la joie du Peuple Romain
, dans l'esperance où tout l'Empire
étoit que Sabine , femme de ce Prince ,
lui donneroit des Heritiers. Les deux enfans
qu'on voit dans la Médaille , appuyent
ce sentiment ; mais comme cette
Médaille n'est pas du commencement
du Regne d'Hadrien , ce qui se reconnoit
par le titre uni d'HADRIANUS
AUGUSTUS , qu'on y lit , et par la Note
de son troisiéme Consulat pour peu
qu'on fasse d'attention à la maniere dont
1 Comment. Histor. pag. 480. du Tom. 1
La Historia Augusta , pag. 140. de l'Edit. de
Rome, 1631 .
Hadrien
FEVRIER. 1733. 257
Hadrien et Sabine vivoient ensemble , il
n'y a pas beaucoup d'apparence qu'on le
flatat sur ce sujet . Hadrien regardoit Sabine,
comme une femme fâcheuse 1 , dont
l'humeur lui étoit insupportable, et qu'îl
eut répudiée s'il n'eut été que simple particulier.
On prétend même que cette
Princesse ne mourut que du 2 Poison que
son mari lui fit donner. Elle de son côté
lui rendoit bien le change ; on en peut
juger par ce qu'elle disoit elle-même pu
bliquement : 3 Qu'elle avoit toujours fait
tous ses efforts pour n'avoir aucuns, enfans
de son mari , le fruit de pareils embrassemens
ne pouvant être que funeste à
l'Empire. Dans de pareilles conjoncttires
il n'y a pas lieu de croire que le Senat
ait voulu faire frapper une Médaille, qui ,
à l'expliquer comme fait Tristan , auroit
pu passer pour une Satire véritable , ou ,
qui du moins , n'auroit pas manqué d'ap
prêter à rire aux Courtisans assez enclins
déja à la raillerie.
Angelloni n'a gueres mieux réussi . Selon
lui , la Médaille est un monument
dia
I Uxorem etiam ut morosam et asperam
missurus , ut ipse dicebat , si privatusfuisset.Ælius
Spartian. in vita Hadriani .
2 Spartien.
3 Aurel. Victor,
Ciiij de
252 MERCURE DE FRANCE.
de la joie que tout Rome ressentit lorsqu'Hadrien
revint dans cette Ville , après
avoir parcouru toutes les Provinces de
l'Empire. Mais , 1 °.ce retour d'Hadrien est
marqué d'une maniere assez distincte sur
d'autres Médailles . ADVENTUS . AUG . ADVENTUI
AUG. ITALIA , pour ne pas en
chercher des monumens ailleurs . 2 °.Il est
difficile de trouver quelque rapport entre
ces Enfans , gravez sur la Médaille , et
l'arrivée d'un Prince. Angelloni a beau
dire que la joie étant plus particuliere
aux Enfans , on a pu par ce motif les representericy
: Come pure stanno i fanciulli
sempre allegri. Son explication est trop
generale ; et comme elle peut convenir à
tous les succès favorables , elle ne convient
à aucun en particulier.
Pour dire donc quelque chose de plus
précis , je ferai observer qu'HILARITAS ,
avec l'adjonction de P. R. Populi Romani,
ne se trouve que sur les Médailles d'Hadrien
, et sur celles d'Elius - César son
fils adoptif , avec néanmoins quelque
difference dans le Type . La Déesse HILARITAS
, sur les Médailles de ce dernier ,
portant une branche de quelque arbre
au lieu d'une Palme , et n'ayant point
d'Enfans à ses côtez . Cette différence, que
je tâcherai néanmoins d'expliquer , n'a
rapFEVRIER.
1733. 253
rapport qu'à quelques circonstances qui
ne font rien au motif qui a fait frapper
ces Médailles , que je crois toutes les
deux,avoir été pour l'adoption d'Ælius ; er
pour le prouver,je commence par la Médaille
de ce Prince , dont la connoissance
entraînera aisément celle de la Médaille
d'Hadrien.
Les fatigues qu'Hadrien avoit essuiées
dans ses longs voyages , sur tout mar
chant toujours la tête nue dans les saisons
même les plus rigoureuses de l'année
, affoiblirent extrêmement sa santé ;
il tomba dans une maladie , qui diminuant
tous les jours ses forces , le fit
. penser à se choisir un Successeur . Après
avoir jetté les yeux sur plusieurs , que sa
politique lui fit immoler ensuite , lorsque
sa maladie paroissoit moins dangeil
s'arrêta enfin sur Ceionius Com-
´modus , qu'il adoptat , le fit César et lui
changea son nom en celui d'Alius. Ce
dernier ne jouit pas long- temps de ces
écoulé une ne s'étant pas
année depuis son adoption jusqu'à sa
mort ; encore dans ce peu de temps futil
toujours si incommodé , qu'il ne put
pas même remercier Hadrien en plein
Sénat , de l'honneur qu'il lui avoit fait.
Dans un si court espace , ce Prince ma-
Cv Ladif
reuse ,
avantages ,
A
254 MERCURE DE FRANCE
ladif ne put gueres fournir de sujets qui
méritassent d'être consacrez sur les Monnoies.
Aussi toutes celles de ce Prince
ont - elles rapport à son adoption. Qu'y
voit-on en effet , sinon la bonne intelligence
du nouveau César , avec l'Empereur
? CONCORDIA. Son soin à rendre graces
aux Dieux de son élevation ? PIETAS.
TR. L'esperance que les Peuples avoient
conçue de lui , et le bonheur qu'ils attendoient
de son Regne , dans la Médaille
où ces deux Divinitez sont représentées ?
Enfin le Symbole de la Pannonie , Province
dont il avoit eu le Gouvernement,
et qui semble le féliciter sur son avenement
à l'Empire ? PANNONIA . Parmi toutes
ces Médailles , y en a- t-il quelqu'une
qui convienne mieux à son adoption , que
celle où la joie du Peuple Romain est
marquée : HILARITAS. P. R. Les largesses
qu'Hadrien fit à cette occasion au Peuple
et aux Soldats ; les Fêtes qu'il donna dans
le Cirque , en font foy. Dans ces Fêtes ,
dit Spartien , rien ne fut oublié de tout
ce qui pouvoit contribuer à la joie puplique
: Neque quicquam prætermissum quod
posset letitiam publicam frequentare.Ce Passage
semble fait pour la Médaille et fait
connoître , à n'en point douter , que le
motif qui la fit frappér , fut la joie de
tout
FEVRIER. 1733. 255
tout le Peuple Romain pour l'adoption
d'Elius, qui en assurant un Successeur à
l'Empire , assuroit en même temps la
Paix et la tranquillité de ce vaste Corps.
· La Médaille d'Ælius expliquée , celle
d'Hadrien se la trouve aussi; la même occasion
les a fait naître toutes deux , il ne s'a
git que de la difference qui se trouve dans
le Type dont je vais rendre raison .
Hadrien , à son avenement à l'Empire
après la mort de Trajan , fut obligé
avant même de se rendre à Rome,de
que
faire mourir quelques Personnages Consulaires.
Ces éxécutions , quoique justes et
necessaires , indisposerent extrêmement
cette Capitale contre lui. Aussi son premier
soin après s'être rendu au plutôt
dans cette Ville , fut de tâcher par toute
sorte de moyens de dissiper les mauvaises
impressions qu'on avoit conçûës. Pour cet
effet il fit de grandes liberalitez , et entr'autres
Spartien remarque , qu'il augmenta
les sommes que Trajan avoit assi
gnées aux Enfans. Pueris ac puellis quibus
etiam Trajanus alimenta detulerat incrementa
liberalitatis adjecit, Il y a beaucoup d'apparence
, que dans l'adoption d'Elius , où
l'on voit les mêmes Fêtes et les mêmes liberalitez
, Hadrien songea pareillement
aux Enfans , ces largesses étoient nous
Cvj velles
256 MERCURE DE FRANCE
velles , Trajan étoit le premier qui les eut
faites , et elles étoient trop agréables aut
peuple pour les negliger.
Quoi donc de plus naturel , que de fai
re paroître ces Enfans dans une Médaille
frappée pour conserver la mémoire de ces
largesses ? et s'ils ne paroissent point dans
la Médaille d'Ælius , c'est que les largesses
étant faites par Hadrien en vue de ce
Prince , c'étoit à Hadrien que toute la reconnoissance
devoit s'en rapporter ; mais
la joye du Peuple Romain pour l'adoption
d'Ælius éclatoit également en faveur
de ces deux Princes , et devoit par consé
quent paroître également sur les Monnoyes
de l'un et de l'autre , HILARItas.
P. R.
La difference d'un Rameau à une lon
gue palme on branche de quelque arbre ,
ne peut arrêter en aucune maniere ; l'un
et l'autre conviennent parfaitement à la
joye , ainsi qu'on le peut voir par ces
deux Vers , l'un de Rutilius et l'autre de
Juvenal :
Exornent virides communia gaudia Rami į
Ornentur postes , et grandi janua Lauro.
On peut me faire deux Objections aus
quelles je vais répondre.
La
FEVRIER. 1733. 257
La premiere est , qu'il se trouve une
Médaille de Lucille , femme d'Ælius , avec
HILARITAS au revers , qu'on ne peut expliquer
autrement qu'en la rapportant à
la fécondité de cette Princesse , ainsi qu'on
fait de toutes les Médailles des autres impératrices
où cette Legendè se rencontre.
Que l'explication de la Médaille de la
femme emporte l'explication de celle du
mari , et par une conséquence celle d'Hadrien
. Pour répondre à ce raisonnement ,
Outre le que PR qui donne aux Médailles
d'Hadrien et d'Elius quelque chose de
particulier et de relatif entr'elles , ne se
rencontre point sur celles de Lucille , les
Médailles qu'on nous donne pour être
de la femme d'Ælius , sont toutes de Lucille
, femme de L. Vere , ainsi qu'il est
aisé de s'en convaincre si l'on veut se
donner la peine de lire ce que j'ai écrit
sur ce sujet dans le Mercure du mois
d'Août dernier , ainsi l'Objection tombe
d'elle- même.
La seconde Objection est par rapport
à une Médaille d'Hadrien qu'on trouve
gravée dans Oiselius et dans Ant. Augustin
, où l'on voit sous la Legende HILARITAS
. P. R. une femme debout te
nant avec ses deux mains un voile qu'elle
a sur la tête. Ce Type ne peut avoir aus
cune
258 MERCURE DE FRÂNCE
cune convenance avec l'explication que
je donne. Il est vrai que ce revers est extraordinaire
, et que la figure qui y est
représentée , a beaucoup plus de rapport
avec la Pudeur ou la Pieté qu'avec la
Déesse de la Joye ; mais au lieu que cet
emblême peut avoir rapport à quelque
usage , quelque cerémonie qui se pratiquoit
dans les Fêtes publiques , et que
nous ignorons. Il me suffit que la Legende
HILARITAS. P. R. s'y rencontre, puisque
c'est cette joye universelle du Peuple
Romain que j'explique , et non pas toutes
les differentes manieres dont il se servoit
pour la représenter sur ses Monnoyes.
D. P.
A Orleans , ce & Novembre 1732.
Fermer
Résumé : EXPLICATION D'une Médaille de l'Empereur Hadrien.
Le texte décrit une médaille de bronze de l'empereur Hadrien. Sur une face, la tête d'Hadrien est représentée sans couronne, accompagnée de la légende 'HADRIANUS AUGUSTUS'. Sur l'autre face, une femme debout tient une palme et une corne d'abondance, avec deux enfants à ses pieds. La légende indique 'HILARITAS P. R.' et 'cos. III' dans l'exergue, ainsi que 's. c.' dans le champ. Deux historiens, Tristan et Angelloni, ont proposé des interprétations différentes de cette médaille. Tristan suggère que la médaille célèbre la joie du peuple romain à l'idée que Sabine, femme d'Hadrien, pourrait donner des héritiers à l'empereur. Cependant, cette hypothèse est remise en question par les relations conflictuelles entre Hadrien et Sabine. Angelloni propose que la médaille commémore le retour d'Hadrien à Rome après ses voyages dans les provinces de l'Empire. Toutefois, cette interprétation est également contestée, notamment en raison de la présence des enfants sur la médaille, qui ne semble pas directement liée à un retour triomphal. L'auteur du texte avance une autre explication : la médaille célèbre l'adoption d'Ælius César, fils adoptif d'Hadrien. Cette adoption a suscité une grande joie parmi le peuple romain, car elle assurait la continuité de l'Empire et la paix. Les largesses et les fêtes organisées par Hadrien à cette occasion sont mentionnées comme des éléments de cette célébration. La présence des enfants sur la médaille est justifiée par les libéralités accordées aux enfants par Hadrien, une pratique initiée par Trajan et poursuivie par Hadrien pour renforcer la popularité de son fils adoptif.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 1101-1125
TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
Début :
Vous me marquez, Monsieur, quelque satisfaction des Eclaircissemens contenus dans [...]
Mots clefs :
Marquis de Rosny, Prince, Artillerie, Religion, Duc de Sully, Duc de Savoie, Médaille, Mémoires, Seigneur, Dieu, Corps, Esprit, Enfants, Béthune, Melun
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
TROISIEME LETTRE de M. D. L.
R. écrite à M. A. C. D. S.T.au sujet du
Marquis de Rosny , depuis Duc de Sully
, &c. contenant quelques Remarques
Historiques.
Ous me Monsieur
quelque satisfaction des Eclaircissemens
contenus dans mes deux Lettres
précédentes , sur la premiere Question
que vous m'avez faite , au sujet du
Marquis de Rosny , premier Ministre
du Roi Henri Le Grand. Cela m'engage
de redoubler mes soins pour répondre
avec la même éxactitude et le même succès
aux autres demandes que vous me
faites sur ce sujet.
و
Instruit par P'Histoire de l'ancienneté
et de la Catholicité de la Maison de Bethune
dont le Marquis de Rosny se
trouvoit le Chef , vous êtes surpris que
ce Seigneur n'ait pas persevere dans la
Religion de ses Ancêtres vous me demandez
la cause de ce changement , à
quoi vous ajoutez deux ou trois autres
Questions , dont la Réponse fera tout le
sujet de cette Lettre.:
1. Fol. Cvi Da1102
MERCURE DE FRANCE
D'abord il est bon de vous dire , Monsieur
, que ce n'est pas le Marquis de
Rosny qui fait la premiere cause de cette
variation . Pour en être bien instruit , il
faut remonter jusqu'à Jean de Bethune
IV. du nom son Ayeul , lequel étant
encore assez jeune épousa Anne de Melun
, qui lui apporta en dot la Baronie
de Rosny , &c. Il en eut plusieurs Enfans
, lesquels eurent un double malheur
; le premier de perdre leur Mere
dans leur bas âge , et le second de voir
remarier leur Pere avec une simple Demoiselle
sans biens. Un troisiéme malheur
, suite des premiers , voulut que
Jean de Bethune n'eut ni ordre , ni oeconomie
dans ses affaires , qu'il s'endetta -
beaucoup , et qu'en mourant enfin retiré
au Château de Coucy , après avoir
aliené ses plus beaux Domaines
il ne
laissa presque rien à ses Enfans : de sorte
que François de Bethune son fils aîné ,
dépouillé de tous les grands biens de ses
Ancêtres , et ne jouissant que de ceux
d'Anne de Melun sa Mere , est comparé
par un Historien au Prince * Jean , surnommé
sans Terre , qui étant fils de Roi ,
se trouva presque sans aucune possession
, & c.
D
* Jean , fils de Henri II . Roi d'Angleterre .
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733- 1103
Ce fils aîné épousa en 1557. Charlotte
Dauvet , qui lui donna sept Enfans. Il
s'attacha de bonne heure à Louis de Bourbon
, Prince de Condé , qui étoit alors
le Chef des Huguenots , et fit Profession
de la nouvelle Religion , à l'imitation de
plusieurs Grands Seigneurs , séduits par
les opinions des Novateurs , ou par des
motifs humains. En courant toutes les
fortunes du Prince il se trouva à la Bataille
de Jarnac , où il fut fait Prisonnier ;
j'omets le reste de son histoire pour marquer
seulement qu'en mourant en l'année
1577. il laissa pour Chef de sa Maison
Maximilien de Bethune, son Fils puisné ,
dont il s'agit particulierement ici .
Ce Seigneur suivit les traces de Fran
çois de Bethune son Pere , tant pour la
Religion dans laquelle il étoit né , que
du côté de la Fortune; il pourroit fournir
seul la matière d'une longue Histoire ,
que j'avois eu autrefois dessein d'entreprendre
ce Pere homme vertueux
de bon esprit , et brûlant du
loüable désir de relever sa Maison , avoit
jetté les yeux sur notre Maximilien , le
second des quatre fils qu'il eut de Charlotte
Dauvet.
,
د
Il avoit remarqué en lui non - seulement
une grande vigueur de corps et
I. Vol. d'es
1104 MERCURE DE FRANCE
d'esprit , mais encore une grande inclination
à la vertu , et une forte aversion
pour le vice , ce qui lui ayant fait concevoir
une grande espérance , il le fit appeller
un jour , disent les Mémoires qui
portent son nom , dans sa Chambre de
la Haute Tour , et en la seule présence
de la Durandiere , son Précepteur, il lui
tint un discours que sa briéveté et l'importance
du sujet m'engagent de rappor
ter ici.
» Maximilian , puisque la Coûtume
ne me permet pas de vous faire le prin-
» cipal Héritier de mes biens , je veux en
» récompense essayer de vous enrichir
» de vertus , et par le moyen d'icelles
» comme on me l'a prédit , j'espere que
» vous serez un jour quelque chose . Pré-
» parez- vous donc à supporter avec cou-
» rage , toutes les traverses et difficultez
» que vous rencontrerez dans le monde ,
» ct en les surmontant genereusement ,
acquerez- vous l'estime des gens d'hon-
» neur , et particulierement celle du
» Maître à qui je veux vous donner ; au
Service duquel je vous commande de
» vivre et mourir. Et quand je serai sur
mon partement pour aller à Vendôme
>> trouver la Reine de Navarre , et Mon-
» sieur le Prince son fils , auquel je veux
»
1. Vol. » Yous
JUIN. 1733- 1109
» vous donner , disposez-vous à venir
» avec moi , et vous préparer par une
Harangue à lui offrir votre service
» lors que je lui présenterai votre -Per-
» sonne .
la
Ce Discours pathétique et sensé , écou
té avec attention par un fils né pour
vertu , eut dans les suites tout le succès
que l'affection et la prévoyance d'un sage
Pere pouvoient esperer. Le Pere et le
Fils se rendirent bien-tôt auprès de la
Reine de Navarre , et le jeune Rosny
fut présenté au Prince son Fils , qui étoit
aussi fort jeune.
»
*
» Cela se fit , disent les Auteurs des
» Mémoires , en présence de la Reine sa
mere , avec des protestations que
» vous lui seriez à jamais très - fidele er
n très- obéïssant serviteur : ee que vous.
» lui jurâtes aussi , en si beaux termes
» avec tant de grace et d'assûrance
>> et un ton de voix si agréable , qu'il
conçût dès lors de bonnes espérances de
» vous. Et vous ayant relevé ( car vous
>> étiez à genoux , ) il vous embrassa deux
» fois , et vous dit : qu'il admiroit votre
gentillesse , vû votre âge , qui n'étoit
"
ת
La parole est ici adressée au Marquis de
Rosny , comme dans tout le corps de l'Ouvrage.
I. Vol.
» que
1106 MERCURE DE FRANCE
>>
que de onze années , et que lui aviés
» présenté votre service avec une si gran-
» de facilité , et étiés de si bonne race
» qu'il ne doutoit point qu'un jour vous
» n'en fissiés paroître les effets en vrai
» Gentilhomme . Et aussi vous promit il
» en foi de Prince , qu'en vous recevant
» de fort bon coeur , il vous aimeroit tou-
» jours , et qu'il ne se présenteroit jamais
» occasion de vous faire acquerir du bien
>> et de l'honneur , qu'il ne s'y employât
» de tout son coeur. Tous lesquels dis-
» cours , qui n'étoient lors que par com-
» plimens , ont eu depuis des Evénemens.
» plus avantageux que vous n'aviez ´es-
» péré.
Ces Evénemens que les mêmes Auteurs
ont rapporté fort au long , furent précédez
et mêlez de bien des traversés. La
Religion surtout , dont ce jeune Seigneur
faisoit profession , et qui fait le
principal article de vos demandes , pensa
lui coûter cher , dans la fatale journée
qui vit couler tant de sang François , au
milieu d'une profonde paix. Sa conservation
a quelque chose de singulier et de
merveilleux : elle merite bien que j'en
place ici le petit détail , tiré des mêmes
Mémoires .
» Voici ce que nous vous en avons
1. Vol. » oui
JUIN. 1733. 1107
noui conter : à sçavoir que vous ayant
» fait dessein d'aller faire votre Cour ce
» jour là , vous vous étiés couché la veille
de bonne heure , et que sur les trois
>> heures du matin , vous vous réveillâ-
» tes au bruit de plusieurs cris de peu-
» ples , et des allarmes que l'on sonnoit
» dans tous les Clochers. Le sieur de
» S. Julien , votre Gouverneur , et votre
» Valet de Chambre , ( qui s'étoient aussi
» éveillés au bruit , ) étant sortis de vo-
» tre logis , pour apprendre ce que c'é-
» toit , n'y rentrerent point ; et n'avez-
» vous jamais sçû ce qu'ils étoient deve-
» nus. De sorte qu'étant réduit vous
>> seul dans votre chambre et votre
» Hôte qui étoit de la Religion , vous
» pressant d'aller avec lui à la Messe , afin
» de garantir sa vie et sa maison de sac-
» cagement , vous vous résolûtes d'es-
» sayer à vous sauver dans le College de
Bourgogne.
"3
,
>> Pour ce faire,yous prîtes votre Robbe
>> d'Ecolier , un Livre sous votre bras , et
» vous vous mîtes en chemin . Par les
» ruës vous rencontrâtes trois Corps de
» Garde , l'un à celle de S. Jacques , un
>> autre à celle de la Harpe , et l'autre à
» l'issue du Cloître de S. Benoît. Au pre
» mier ayant été arrêté et rudoyé par
1. Vol. >> ceux
108 MERCURE DE FRANCE
» ceux de la Garde , un d'entr'eux pre
> nant votre Livre , et voyant que , de
» bonheur pour vous , c'étoit de grosses'
» Heures , vous fit passer , ce qui vous
» servit de passeport aux autres. En al-
>> lant vous vîtes enfoncer et piller des
» maisons , massacrer hommes , femmes .
» et enfans , avec les cris de tuë , tuë , ô
»Huguenot , ô Huguenot , ce qui vous
» faisoit souhaiter avec impatience d'être
» arrivé à la porte du College , où enfin
>> Dieu vous accompagna , sans qu'il vous
>> fût arrivé autre mal que la peur.
»
» A l'abord , le Portier vous refusa deux
» fois l'entrée de la porte mais enfin
» moyennant quatre Testons que vous
» lui donnâtes , il alla dire au Principal ,
» nommé la Faye , que vous étiés à la
» porte , et ce que vous demandiez , lequel
aussi- tôt meu de compassion
» étant votre particulier ami , vous vint
» faire entrer , empêché toutefois de ce
» qu'il feroit de vous , à cause de deux
» Ecclésiastiques qui étoient dans sa
» chambre , et qui disoient y avoir des-
» sein formé de tuer tous les Huguenots ,
» jusqu'aux enfans à la mammelle , et ce
à l'exemple des Vêpres Siciliennes .
» Néanmoins , par pitié , ce bon Personnage
vous mit dans une chambre fort
"
I. Vol. ≫ seJUIN.
1733.
1109
» secrette , dans laquelle personne n'en-
» trât que son Valet , qui vous y por-
» toit des vivres , et vous y servît trois
» jours durant , au bout desquels il se
» fit une publication de par le Roi , por-
" tant deffenses de plus tuer ni saccager
>> personne.
» Alors deux Archers de la Garde, Vas-
» saux de M. votre Pere , l'un nommé
» Ferrieres , et l'autre la Vieville , vin-
» rent avec leurs Hocquetons , et Halle-
» bardes à ce College , pour s'enquerir de
» vos nouvelles , et les mander à M. vo-
» tre Pere , qui étoit fort en peine de
» vous , duquel vous reçûtes une Lettre
» trois jours après , par laquelle il vous
mandoit de demeurer à Paris , et d'y
» continuer vos Etudes comme auparavant.
Et pour ce faire il jugeoit bien
qu'il vous faudroit aller à la Messe , à
» quoi il vous falloit résoudre , aussi-
» bien avoit fait votre Maître et beau-
>> coup d'autres : et que sur tout il vou-
» loit que vous courussiez toutes les for-
» tunes de ce Prince jusqu'à la mort
» afin que l'on ne vous pût reprocher de
l'avoir quitté en son adversité : à quoi
» vous vous rendîtes si soigneux , que
» vous en acquires l'estime d'un chacun .
Tout le monde sçait avec quelle exac-
I. Vol. titude
1110 MERCURE DE FRANCE
titude et quelle constante fidelité ce dernier
commandement de courir toutes les
fortunes de ce grand Prince fut éxécuté.
On en peut voir la preuve dans l'Histoire
, et sur tout dans les Mémoires des
Ecrivains que nous avons citez , lesquels
remarquent particulierement qu'au milieu
de toutes ses assiduitez auprès du
Prince , dans ces premiers tems de trouble
et de confusion , le jeune Rosny s'appliquoit
toujours à cultiver son esprit
par des connoissances solides. Ils parlent
en ces termes de cette circonstance ; en
» quelque condition que vous fussiés
» vous preniés toujours le tems de conti-
» nuer vos Etudes , sur tout de l'Histoi
de laquelle vous faisiés déja des Ex-
>> traits , tant pour les moeurs , que pour
» les choses naturelles ; et des Mathéma
>> re ,
tiques , lesquelles occupations fai-
» soient paroître votre inclination à la
>> vertu .
Dans la suite il se présenta une occasion
qui auroit pû , si Dieu l'avoit permis
, servir à éclairer ce jeune Seigneur
et à le faire rentrer dans la Religion de
ses Ancêtres. Il n'avoit qu'environ vingtdeux
ans , lorsqu'en l'année 1581. il lui
prit envie de faire un petit voyage en
Flandres , principalement pour y visiter
la
矍
1
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M•
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HO
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NAHL
FDE
BETHUN
01
SA
SSA
JUIN. 1733 1111
la Comtesse de Mastin sa Tante . Cette
Tante et le Vicomte de Gand son Ayeul
maternel , et son Parrain , l'avoient deshérité
, lui et François de Bethune son-
Pere , à cause de la Religion, Il partit
muni d'un Passe- port du Comte * de
Barlemont , son Parent et se rendit à
la Bassée , où demeuroit cette Dame. Il
en fut accueilli assez froidement , préve
nuë sur son sujet de la maniere que nous
allons le voir,
ར་ ་ .
Le lendemain matin elle mena son Ne
veu dans la grande Eglise de l'Abbaye
qu'elle avoit fondée , pour lui faire voir
les Sépultures de Marbre de ses Ancêtres,
qu'elle y avoit fait construire ; et entre
les autres celles d'Helene de Melun , femme
de Robert d'Artois , d'Hugues de
Melun , son Ayeul , le même qui l'avoit
deshérité , et d'Anne de Melun son Ayeule
, celle enfin qu'elle avoit fait élever
pour elle-même. Elle lui dit alors , ayant
les larmes aux yeux : » hélas ! mon Ne-
» veu , mon ami , que mon Pere votre
» Ayeul , et ma Soeur votre Grand mere,
* Le Comte de Barlemont étoit Président du
Conseil Royal des Finances , Gouverneur de Namur
Chevalier de la Toison d'Or , &c. J'ai
une Médaille de ce Seigneur frapée en 1576. selon
Laquelle il faut lire BERLAYMONT.
>
"
» s'ils
1112 MERCURE DE FRANCE
» s'ils étoient en vie , jetteroient de lar-
>> mes , et ressentiroient de déplaisirs ,
» aussi-bien que moi , de voir en vous
» l'un de leurs Enfans , ne point croire
» en Dieu , ni en sa Messe , et n'adresser
» ses Prieres qu'à l'ennemi d'enfer , qui
» vous renal ennemi des bonnes oeuvres ,
» ainsi que je l'ai entendu dire à nos bons
>> Peres ! & c.
"
•
Le jeune Neveu étrangement surpris ,
s'écria là- dessus : » Vrai Dieu , ma Tan-
» te , que dites - vous ? Jesus ! seroit- il
> bien possible que vous disiés ceci à bon
» escient , et qu'il y ait eu des gens si
pleins d'impostures et de calomnies
» que de vous avoir voulu persuader tel-
» les éxécrations , qui nous rendroient
indignes de vivre sur la terre ? 11 lui fit
ensuite un détail de sa Créance, lui récita
même l'Oraison Dominicale , le Symbole
, &c. Tout cela fait un Dialogue qui
mérite d'être lû dans le 18. Chap. du pre
mier Tome des Mémoires , on en jugera
par la fin , qui est telle. La Dame écou
ta fort attentivement cette récitation
sans rien repondre , tant que le Neveu
ne parla que de Dieu , de Jesus-Christ
et du S. Esprit , mais lorsqu'il dit qui est
né de la Vierge Marie , et ensuite , je crois
Ja Communion des Saints , & c. Elle se mit
JUIN. 1733. 1113
à crier , » hélas ! mon Neveu , mon ami ,
» est- il possible qu'en vos Oraisons vous
» parliés de la bonne Dame , et fassiés
» mention des Saints Bienheureux ? Or
» venez m'embrasser , puisque cela est :
» car je vous aime comme mon bon Ne-
» veu , et me semble en vous voyant , et
" vous oyant parler , que ma pauvre soeur
» est encore en vie : ô que j'ai de déplai-
» sir que mon Neveu votre Parrain et
» moi , vous avons deshérité : vrayement
je veux essayer à rompre tout cela , et
» vous le jure par la Sainte Vierge : les
» effets néanmoins ne suivirent pas les
» paroles , &c.
>>
t
Il faut convenir , Monsieur , qu'une
telle occasion de parler de la nouvelle
Religion , mieux ménagée , auroit pû
produire quelque bon effet sur l'esprit
du jeune Parent , mais ce n'étoit pas le
moyen sans doute de le faire entrer dans
la bonne voye , que d'employer de pareils
argumens , on ne corrige point l'erreur
par
d'autres erreurs .
Quoiqu'il en soit , le Marquis de Rosny
, en quittant la Dame sa Tante prit
le chemin de Bethune , Ville qu'il avoit
toujours souhaité de voir , et où malgré
sa Religion , opposée à la grande Catholicité
de ses Ancêtres , à celle des Fla-
S
I. Vol. mands
1114 MERCURE DE FRANCE
mands en général , et aux circonstances
du tems , il fut parfaitement bien reçû
régalé du vin de Ville , et honoré en plu
sieurs manieres comme descendu de
l'antique Maison des anciens Seigneurs
de Bethune. Il vit tout ce qui étoit à
voir dans cette Ville , et visita principalement
les Eglises où sont les Mausolées
de ces Seigneurs , d'où il revint en droi
ture à Rosny. 7
L'ordre des tems , qui s'accorde avec
celui de vos demandes , me fait passer ,
Monsicur , de la Religion de Maximilien
de Bethune , à laquelle j'aurai occasion
de revenir , à ses grandeurs temporelles
, récompense de son mérite et de
son attachement à la fortune et aux interêts
d'un grand Prince. Vous voulez
sçavoir d'abord quand et comment il fût
pourvû de la Charge de Grand - Maître
de l'Artillerie , et comment il en fût destitué
après la mort de son cher Maître.
Je crois d'abord trouver la premiere
origine de son élévation à cette Charge
dans l'Evénement de la Bataille de Coutras
, donnée le 20 Octobre 1587. entre
l'Armée Royale , ou plutôt de la Ligue ,
commandée par M. de Joyeuse , et celle
du Roi de Navarre , commandée par ce
Prince en personne , accompagné du
I. Vol. Prince
JUI N. 1733 : 1115
·
Prince de Condé , du Comte de Soissons
; et d'un nombre de Seigneurs des
plus qualifiez , qui suivoient sa Religion
et sa fortune . Le Marquis de Rosny
étoit non seulement des premiers
dans ce nombre ; mais le Roy son
Maître lui commit dans cette importante
journée le soin de tout ce qui regardoit
l'Artillerie , quoiqu'il ne fût encore
âgé que de 28 ans .
>>
,
Je n'oublierai pas ici ce que lui dit ce
vaillant Prince , au moment qu'il se sépara
de sa Personne pour aller éxécuter
ses ordres. » Mon ami Rosny ,
» c'est à ce coup qu'il faut faire paroî-
» tre votre esprit et votre diligence , qui
» nous est mille fois plus nécessaire
» qu'elle n'étoit hier , à cause que le
» corps nous presse , et que de l'Artillerie
bien logée , bien munie et bien exploitée
, dépendra en grande partie le
» gain de la bataille , lequelj'attends de
» Dieu , & c. Les Mémoires qui ont conservé
ce trait , marquent aussi de quelle
maniere le Marquis de Rosny éxécuta
les ordres du Roi , ils détaillent particulierement
l'opération de deux Canons et
d'une Coulevrine , placées et employées
» si à propos , qu'elles firent des mer-
» veilles , ne tirant une seule volée
I. Vol. D » qu'ils
1116 MERCURE DE FRANCE
» qu'ils ne fissent des rues dans les Es
» cadrons et Bataillons du Camp ennemi
, qui étoient jonchées de douze
» quinze , vingt , et quelquefois jusqu'à
vingt- cinq corps d'hommes et
» chevaux ; si bien que les ennemis , &c .
Le reste du Narré mene au gain entier
de la Bataille , dû en bonne partie
à cette vigoureuse canonade , ainsi que
le Roi l'avoit prédit.
Les Auteurs en finissant ce Narré
ajoûtent une circonstance qui ne doit
pas être omise , et qui confirme d'ailleurs
ce que je viens de dire au sujet de
l'Artillerie.
39 Si- tôt que vous vîtes les ennemis
» en déroute ( c'est toujours à M、de
» Rosny qu'ils parlent ) et que sans
» doute la Bataille étant gagnée , vous
» n'aviez plus que faire au Canon : Vous
» montâtes sur votre grand Cheval d'Es-
» pagne Bay , lequel M. de Bois- Breuil
>> vous faisoit tenir prêt derriere les Pié-
» ces , pour essayer d'apprendre des
> nouvelles de Mrs vos Freres que vous
cuidiés être avec M. de Joyeuse , er
» sçavoir aussi en quel état le Roy de
» Navarre étoit , lequel vous rencontrâ-
» tes. par- delà la Garenne , l'épée toute
sanglante au poing , poursuivant la
>>
1. Vol.
vicJUIN.
1733. 1117
>
» victoire et si- tôt qu'il vous apper-
» çût , vous cría ; et bien , mon ami
c'est à ce coup que nous ferons per-
»> dre l'opinion que l'on avoit prise
» que les Huguenots ne gagnoient jamais
de Batailles ; car en celle- ci la
» victoire est toute entiere.... et faut
>> confesser qu'à Dieu seul en appar-
" tient la gloire , car ils étoient deux
» fois aussi forts que nous ; et s'il en
» faut attribuer quelque chose aux hom-
» mes , croyez que M. de Clermont
» vous , et Bois du Lys , y devez avoir
» bonne part ; car vos Piéces ont fait
» merveilles aussi vous promets- je que
» je n'oublierai jamais le service que vous
» m'y avez rendu .
C'est ainsi que lui parla ce Prince
incomparable , et on peut dire qu'il
tint magnifiquement sa parole Royale :
car dès qu'il fût Roi de France , ce
qui arriva deux ans après , il eut une
attention particulière sur la fortune
d'un homme qui le servoit si bien , et
qui ne le quitta pas d'un pas , surtout
aux Batailles d'Arques et d'Ivry qui
suivirent , où l'Artillerie fit encore des
merveilles , et où M. de Rosny emporté
par sa valeur , fut percé de coups.
Enfin , le Roi après l'avoir fait suc-
1. Vol. Dij ces
1118 MERCURE DE FRANCE
· ,
>
après
cessivement Grand Voyer de France
Sur Intendant des Finances
avoir érigé la Baronie de Rosny en
Marquisat , lui accorda en l'année 1599.
la Charge de Grand - Maître de l'Artillerie
, sur la démission de M. d'Etrées
avec la qualité d'Officier de la Couronne
, Charge que ce Prince lui ménageoit
depuis long- tems , et dont il y a lieu de
croire que
la journée de Coutras avoit
été comme le gage. Il fut presque en
même- tems pourvû de la Sur- Intendance
des Bâtimens et de celles des Fortifications
, qui furent suivies du Gouverne
ment de la Bastille , de la grande Maîtrise
des Ports et Havres du Royaume
et du Gouvernement de Poictou,
L'Artillerie avoit asşûrément besoin
d'un Grand - Maître aussi entendu et
aussi vigilant , que l'étoit le Marquis
de Rosny. Tout étoit en désordre à cer
égard dans les Provinces , où il fut obligé
de casser près de 500 Officiers , inuti
les ou mal - intentionnez , et l'Arcenal
étoit dénué presque de toutes choses
quand il en prit possession . Le Roi l'y
vint voir quinze jours après. Il reçût ensuite
un pareil honneur de Charles Emanuel
, Duc de Savoye , qui étoit venu
en France pour traiter en pe sonne d'af-
>
faires importantes.
JUIN. 1733 1119
T
Les Mémoires qui font le détail de
cette visite , marquent une circonstance
qui doit avoir icy sa place.
» Comme M. de Savoye fût arrivé à
» l'Arsenac, il vous demanda aussi- tôt où
» étoient toutes vos Armes , Munitions
» et Artilleries; sur quoi vous vous trouvâtes
bien empêché , ayant honte de
» lui faire voir une Maison si pauvre et
» dénuée de toutes ces choses , qu'étoit
» l'Arsenac ; tellement qu'au lieu d'aller
aux Magazins, vous le menates aux At-
» teliers , ausquels vous faisiez ouvrer à
» puissance; et lors voyant quelques qua-
» rante affuts et rouage , ésquels on tra
» vailloit ; vingt Canons , nouvellement
» fondus , et des provisions et préparatifs
pour en fondre encore autant ; il
» vous demanda que c'est que vous vou-
» liez faire de tant d'Artillerie nouvelle-
» ment fonduë ? Vous lui répondites en
» riant : Monsieur , c'est pour prendre
" Mont-Mélian. Lors il vous demanda
y avez vous été ? Non, Monsieur , dit-
» tes-vous ; vraiement je le vois bien , ré-
' pondit- il , car vous ne diriez pas cela ;
>> Mont-Mélian ne se peut prendre. Bien ,
>> bien , Monsieur , dittes - vous , je vous
» en crois , neanmoins ne mettez pas le
» Roy en cette peine ; s'il me l'avoit
I.Vol. Diij >> com1120
MERCURE DE FRANCE
» commandé j'en viendrois bien à bout
>> mais je veux croire qu'il n'en sera point
» besoin, et que le Roy et vous, vous sé-
»parerez bien contens l'un de l'autre, & c. .
M. de Rosny avoit sans doute ses raisons
pour parler ainsi au Duc de Savoye ,
qui n'oublia rien pour le mettre dans ses
interêts. C'est en partie la matiere du 93
chap. dans le second volume des Mémoires
, où l'on voit que si ce Seigneur refusa
, de la part du Prince , une Boëte de
Diamans , et jusqu'à son Portrait , enrichi
de Pierreries , de trop grand prix , il
ne manqua en rien à son égard du côté
des bienséances et de la politesse . Dans le
même jour que se passa ce que je viens
de rapporter ; il eût l'honneur de traiter
splendidement à souper, dans l'Arsenal ,le
Roy , le Duc de Savoye , les Dames et les
Seigneurs les plus qualifiez de la Cour :
mais revenons à l'Artillerie.
Elle changea absolument de face sous
sa conduite , et l'Arsenal cy - devant si
dépourvu, qu'on n'osoit presque le laisser
voir aux Etrangers , devint , pour ainsi
dire , sous le nouveau Grand- Maître , la
terreur des Ennemis de la France , et cela
dans moins d'une année. Le premier
Prince , à qui la vigilance du Marquis de
Rosny devint fatale fut le Duc de Sa-
1. Vol.
voye
JUIN. 1733. 1121
voye même , et ce qui s'étoit dit dans
l'Arsenal entre ce Prince et le Grand
Maître , par maniere d'entretien et de
plaisanterie , au sujet de Mont - Mélian' ,
devint une affaire sérieuse et une verité
dont les circonstances sont marquées
dans l'Histoire.
»
Je n'en rapporterai icy qu'une. Le Duc
de Savoye refufant d'exécuter le Traité
conclu à Paris , le Roy lui déclara la Guerre
, marcha en personne avec deux corps
d'Armée , qui firent des Exploits rapides
dans la Savoye et dans la Bresse; et Montmélian
, Place prétendue imprénable ,
fut prise ; le Marquis de Rosny se signala
en plusieurs manieres dans cette Expedi
tion , et fit plus que le devoir de sa Charge
, en ne s'exposant que trop par tout.
La diligence de Rosny , dit Mezerai ;
» pourvût. si bien aux Munitions et à
» l'Artillerie , les ayant fait charrier par
» les Rivieres,qu'à la fin de Juillet(1600)
» il eût en ce Païs-là 40 Piéces de Canon
>> et de quoi tirer quarante mille coups.
» Aussi n'oublia -t - il rien en cette occa-
»sion pour se montrer digne de la Char-
>> ge de Grand- Maître de l'Artillerie, dont
» le Roy venoit de l'honorer , l'ayant
» même érigée en Charge de la Couron-
» ne. Deux ans auparavant il lui avoit
-
I. Vol.
D iiij » aussi
Î122 MERCURE DE FRANCE
» aussi donné celle de Grand -Voyer, con-
» noissant qu'il étoit Homme d'ordre et
qu'il pourvoiroit soigneusement à la
» réparation et à l'entretenement des
» Chemins, pour la commodité du Char-
» roy , dont en effet il s'acquitta fort
» bien. Entre autres choses , il obligea les
» Particuliers de planter des Ormes de
» distance en distance dans leurs Terres ,
» sur les bords des grands Chemins , pour
» fournir un jour de bois de Charonage
au roulage de l'Artillerie. On appelle
» encore aujourd'hui ces Arbres des
» Rosnys.
>
C'est à cette occasion de la Guerre de
Savoye , que fût frappée une belle Médaille
d'Henri IV. en opposition et pour
répondre à la Médaille satyrique , que les-
Courtisans du Duc de Savoye firent fraper
peu de temps après qu'il se fût emparé
du Marquisat de Saluces , en profitant
des Troubles de la Ligue. Sur celle - cy on
voyoit d'un côté la tête du Prince , avec
cette Légende : CAR . EM. D.G.Dux Sab .
P. PED . Et sur le Revers , un Centaure
qui en décochant une Fléche pose le pied
sur une Couronne renversée ; ce seul mot
OPPORTUNE se lisoit autour ; et dans
l'Exergue M. D. LXXXVIII . Dans la Médaille
du Roy , la face étoit chargée du
>
I.Vol. Buste
JUIN. 1733. 1123
Buste de ce grand Prince , la tête ceinte
de Laurier, et les épaules couvertes d'une
Peau de Lyon , avec cette Inscription :
ALCIDES HIC NOVUS OR BI . Au revers ,
le Roy , armé d'une Massuë , paroît assommer
d'une main le Centaure abbatu ,"
sur lequel est posé l'un des pieds du Vainqueur
, qui de l'autre main releve une
Couronne , avec ce seul mot : OPPORTUNIUS
. Cette Médaille qui n'est chargée.
d'aucune datte , doit avoir été frappée
dans le courant de l'année 1600.ou avant
le Traité de Paix conclu entre les deux
Princes , en l'année 1601.
Le Marquis de Rosny , qui avoit eu tant
de part aux travaux de son Maître dans
cette Guerre , eut aussi part à sa gloire ; car
quelque tems après on lui frappa une Médaille,
où l'on voit d'un côté sonBuste, avec
cette Légende : MAXI. DE BETHUNE , DUC
DE SULLY.G.M.DE L'ART.DE F.Et sur le revers
, une Aigle élevée dans les Airs , la
tête tournée vers le ciel , tenant dans ses
Serres la Foudre de Jupiter , dont ilsemble
attendre les ordres pour la lancer
avec ces mots : Quo JUSSA Jovis . Dans
l'Exergue M. DC. VII. Cette Devise semble
faire allusion à ce que notre Grand
Maître répondit au Duc de Savoye , au
sujet de Mont-Mélian : Si le Roy m'avoit
1.Vol DY
Ccm1124
MERCURE DE FRANCE
commandé de le prendre,j'en viendrois bien- '
tôt à bout , &c. L'Evenement justifia cette
réponse.» Le Gouverneur de cette Place,
» dit Mezeray , triompha d'abord en pa-
» roles , parce qu'il ne croyoit pas.qu'on
put dresser des Batteries pour l'attaquer;
» mais quand Rosny eut trouvé moyen
» d'en planter à cinq ou six endroits (car
que ne peuvent l'argent et le travail ) sa
» fierté s'amollit tout d'un coup ; il per-
» mit que sa femme nouât conversation
avec celle de Rosny , et ses craintes
» s'augmentant d'heure en heure , il ca-
» pitula le 14 Octobre , &c.
»
Maximilien de Bethune .est qualifié
Duc de Sully sur cette Médaille , parce
qu'en l'année précédente 1606. le Roy
avoit érigé la Baronie de Sully en Duché
et Pairie ; sa reception fut des plus magnifiques
, le Roy ayant assisté au Festin ,
qui fut donné à l'Arsenal , &c. Ce Grand-
Prince lui donna aussi la même année , la
Charge de Capitaine - Lieutenant de deux
cent Hommes d'Armes de la Reine.
Comme la Médaille de ce premier Duc
'de Sully , Grand- Maître de l'Artillerie ,
&c. est assez rare , je vous envoïe la gra
vure , que j'en ai fait faire par une ha-
* Anne de Courtenay , Epouse du Marquis de
Rosny , qui l'avoit suivi dans cette Guerre.
I.Vol bile
JUIN. 1733. 1125
bile main , sur l'Original du Cabinet de
M. le Duc de Sully , que ce Seigneur a
bien voulu me communiquer. Cet Original
est des mieux conservez , et si beau
que je le crois de Germain Dupré , cxcellent
Graveur de ce temps-là , dont
nous avons de tres - belles Médailles. Les
deux autres Médailles dont je viens de
vous parler,de Henry le Grand et du Duc
de Savoye , sont dans mon Cabinet .Vous
pourrez les voir quand vous viendrez à
Paris.
Je suis forcé de renvoyer à une autre
Lettre ce qui me reste à vous dire pour
satisfaire pleinement à toutes vos demandes
, et pour ne point allonger celle - ci
lavantage. Je suis toujours , Monsieur ,
& c .
A Paris , le 25 Avril 1733 .
R. écrite à M. A. C. D. S.T.au sujet du
Marquis de Rosny , depuis Duc de Sully
, &c. contenant quelques Remarques
Historiques.
Ous me Monsieur
quelque satisfaction des Eclaircissemens
contenus dans mes deux Lettres
précédentes , sur la premiere Question
que vous m'avez faite , au sujet du
Marquis de Rosny , premier Ministre
du Roi Henri Le Grand. Cela m'engage
de redoubler mes soins pour répondre
avec la même éxactitude et le même succès
aux autres demandes que vous me
faites sur ce sujet.
و
Instruit par P'Histoire de l'ancienneté
et de la Catholicité de la Maison de Bethune
dont le Marquis de Rosny se
trouvoit le Chef , vous êtes surpris que
ce Seigneur n'ait pas persevere dans la
Religion de ses Ancêtres vous me demandez
la cause de ce changement , à
quoi vous ajoutez deux ou trois autres
Questions , dont la Réponse fera tout le
sujet de cette Lettre.:
1. Fol. Cvi Da1102
MERCURE DE FRANCE
D'abord il est bon de vous dire , Monsieur
, que ce n'est pas le Marquis de
Rosny qui fait la premiere cause de cette
variation . Pour en être bien instruit , il
faut remonter jusqu'à Jean de Bethune
IV. du nom son Ayeul , lequel étant
encore assez jeune épousa Anne de Melun
, qui lui apporta en dot la Baronie
de Rosny , &c. Il en eut plusieurs Enfans
, lesquels eurent un double malheur
; le premier de perdre leur Mere
dans leur bas âge , et le second de voir
remarier leur Pere avec une simple Demoiselle
sans biens. Un troisiéme malheur
, suite des premiers , voulut que
Jean de Bethune n'eut ni ordre , ni oeconomie
dans ses affaires , qu'il s'endetta -
beaucoup , et qu'en mourant enfin retiré
au Château de Coucy , après avoir
aliené ses plus beaux Domaines
il ne
laissa presque rien à ses Enfans : de sorte
que François de Bethune son fils aîné ,
dépouillé de tous les grands biens de ses
Ancêtres , et ne jouissant que de ceux
d'Anne de Melun sa Mere , est comparé
par un Historien au Prince * Jean , surnommé
sans Terre , qui étant fils de Roi ,
se trouva presque sans aucune possession
, & c.
D
* Jean , fils de Henri II . Roi d'Angleterre .
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733- 1103
Ce fils aîné épousa en 1557. Charlotte
Dauvet , qui lui donna sept Enfans. Il
s'attacha de bonne heure à Louis de Bourbon
, Prince de Condé , qui étoit alors
le Chef des Huguenots , et fit Profession
de la nouvelle Religion , à l'imitation de
plusieurs Grands Seigneurs , séduits par
les opinions des Novateurs , ou par des
motifs humains. En courant toutes les
fortunes du Prince il se trouva à la Bataille
de Jarnac , où il fut fait Prisonnier ;
j'omets le reste de son histoire pour marquer
seulement qu'en mourant en l'année
1577. il laissa pour Chef de sa Maison
Maximilien de Bethune, son Fils puisné ,
dont il s'agit particulierement ici .
Ce Seigneur suivit les traces de Fran
çois de Bethune son Pere , tant pour la
Religion dans laquelle il étoit né , que
du côté de la Fortune; il pourroit fournir
seul la matière d'une longue Histoire ,
que j'avois eu autrefois dessein d'entreprendre
ce Pere homme vertueux
de bon esprit , et brûlant du
loüable désir de relever sa Maison , avoit
jetté les yeux sur notre Maximilien , le
second des quatre fils qu'il eut de Charlotte
Dauvet.
,
د
Il avoit remarqué en lui non - seulement
une grande vigueur de corps et
I. Vol. d'es
1104 MERCURE DE FRANCE
d'esprit , mais encore une grande inclination
à la vertu , et une forte aversion
pour le vice , ce qui lui ayant fait concevoir
une grande espérance , il le fit appeller
un jour , disent les Mémoires qui
portent son nom , dans sa Chambre de
la Haute Tour , et en la seule présence
de la Durandiere , son Précepteur, il lui
tint un discours que sa briéveté et l'importance
du sujet m'engagent de rappor
ter ici.
» Maximilian , puisque la Coûtume
ne me permet pas de vous faire le prin-
» cipal Héritier de mes biens , je veux en
» récompense essayer de vous enrichir
» de vertus , et par le moyen d'icelles
» comme on me l'a prédit , j'espere que
» vous serez un jour quelque chose . Pré-
» parez- vous donc à supporter avec cou-
» rage , toutes les traverses et difficultez
» que vous rencontrerez dans le monde ,
» ct en les surmontant genereusement ,
acquerez- vous l'estime des gens d'hon-
» neur , et particulierement celle du
» Maître à qui je veux vous donner ; au
Service duquel je vous commande de
» vivre et mourir. Et quand je serai sur
mon partement pour aller à Vendôme
>> trouver la Reine de Navarre , et Mon-
» sieur le Prince son fils , auquel je veux
»
1. Vol. » Yous
JUIN. 1733- 1109
» vous donner , disposez-vous à venir
» avec moi , et vous préparer par une
Harangue à lui offrir votre service
» lors que je lui présenterai votre -Per-
» sonne .
la
Ce Discours pathétique et sensé , écou
té avec attention par un fils né pour
vertu , eut dans les suites tout le succès
que l'affection et la prévoyance d'un sage
Pere pouvoient esperer. Le Pere et le
Fils se rendirent bien-tôt auprès de la
Reine de Navarre , et le jeune Rosny
fut présenté au Prince son Fils , qui étoit
aussi fort jeune.
»
*
» Cela se fit , disent les Auteurs des
» Mémoires , en présence de la Reine sa
mere , avec des protestations que
» vous lui seriez à jamais très - fidele er
n très- obéïssant serviteur : ee que vous.
» lui jurâtes aussi , en si beaux termes
» avec tant de grace et d'assûrance
>> et un ton de voix si agréable , qu'il
conçût dès lors de bonnes espérances de
» vous. Et vous ayant relevé ( car vous
>> étiez à genoux , ) il vous embrassa deux
» fois , et vous dit : qu'il admiroit votre
gentillesse , vû votre âge , qui n'étoit
"
ת
La parole est ici adressée au Marquis de
Rosny , comme dans tout le corps de l'Ouvrage.
I. Vol.
» que
1106 MERCURE DE FRANCE
>>
que de onze années , et que lui aviés
» présenté votre service avec une si gran-
» de facilité , et étiés de si bonne race
» qu'il ne doutoit point qu'un jour vous
» n'en fissiés paroître les effets en vrai
» Gentilhomme . Et aussi vous promit il
» en foi de Prince , qu'en vous recevant
» de fort bon coeur , il vous aimeroit tou-
» jours , et qu'il ne se présenteroit jamais
» occasion de vous faire acquerir du bien
>> et de l'honneur , qu'il ne s'y employât
» de tout son coeur. Tous lesquels dis-
» cours , qui n'étoient lors que par com-
» plimens , ont eu depuis des Evénemens.
» plus avantageux que vous n'aviez ´es-
» péré.
Ces Evénemens que les mêmes Auteurs
ont rapporté fort au long , furent précédez
et mêlez de bien des traversés. La
Religion surtout , dont ce jeune Seigneur
faisoit profession , et qui fait le
principal article de vos demandes , pensa
lui coûter cher , dans la fatale journée
qui vit couler tant de sang François , au
milieu d'une profonde paix. Sa conservation
a quelque chose de singulier et de
merveilleux : elle merite bien que j'en
place ici le petit détail , tiré des mêmes
Mémoires .
» Voici ce que nous vous en avons
1. Vol. » oui
JUIN. 1733. 1107
noui conter : à sçavoir que vous ayant
» fait dessein d'aller faire votre Cour ce
» jour là , vous vous étiés couché la veille
de bonne heure , et que sur les trois
>> heures du matin , vous vous réveillâ-
» tes au bruit de plusieurs cris de peu-
» ples , et des allarmes que l'on sonnoit
» dans tous les Clochers. Le sieur de
» S. Julien , votre Gouverneur , et votre
» Valet de Chambre , ( qui s'étoient aussi
» éveillés au bruit , ) étant sortis de vo-
» tre logis , pour apprendre ce que c'é-
» toit , n'y rentrerent point ; et n'avez-
» vous jamais sçû ce qu'ils étoient deve-
» nus. De sorte qu'étant réduit vous
>> seul dans votre chambre et votre
» Hôte qui étoit de la Religion , vous
» pressant d'aller avec lui à la Messe , afin
» de garantir sa vie et sa maison de sac-
» cagement , vous vous résolûtes d'es-
» sayer à vous sauver dans le College de
Bourgogne.
"3
,
>> Pour ce faire,yous prîtes votre Robbe
>> d'Ecolier , un Livre sous votre bras , et
» vous vous mîtes en chemin . Par les
» ruës vous rencontrâtes trois Corps de
» Garde , l'un à celle de S. Jacques , un
>> autre à celle de la Harpe , et l'autre à
» l'issue du Cloître de S. Benoît. Au pre
» mier ayant été arrêté et rudoyé par
1. Vol. >> ceux
108 MERCURE DE FRANCE
» ceux de la Garde , un d'entr'eux pre
> nant votre Livre , et voyant que , de
» bonheur pour vous , c'étoit de grosses'
» Heures , vous fit passer , ce qui vous
» servit de passeport aux autres. En al-
>> lant vous vîtes enfoncer et piller des
» maisons , massacrer hommes , femmes .
» et enfans , avec les cris de tuë , tuë , ô
»Huguenot , ô Huguenot , ce qui vous
» faisoit souhaiter avec impatience d'être
» arrivé à la porte du College , où enfin
>> Dieu vous accompagna , sans qu'il vous
>> fût arrivé autre mal que la peur.
»
» A l'abord , le Portier vous refusa deux
» fois l'entrée de la porte mais enfin
» moyennant quatre Testons que vous
» lui donnâtes , il alla dire au Principal ,
» nommé la Faye , que vous étiés à la
» porte , et ce que vous demandiez , lequel
aussi- tôt meu de compassion
» étant votre particulier ami , vous vint
» faire entrer , empêché toutefois de ce
» qu'il feroit de vous , à cause de deux
» Ecclésiastiques qui étoient dans sa
» chambre , et qui disoient y avoir des-
» sein formé de tuer tous les Huguenots ,
» jusqu'aux enfans à la mammelle , et ce
à l'exemple des Vêpres Siciliennes .
» Néanmoins , par pitié , ce bon Personnage
vous mit dans une chambre fort
"
I. Vol. ≫ seJUIN.
1733.
1109
» secrette , dans laquelle personne n'en-
» trât que son Valet , qui vous y por-
» toit des vivres , et vous y servît trois
» jours durant , au bout desquels il se
» fit une publication de par le Roi , por-
" tant deffenses de plus tuer ni saccager
>> personne.
» Alors deux Archers de la Garde, Vas-
» saux de M. votre Pere , l'un nommé
» Ferrieres , et l'autre la Vieville , vin-
» rent avec leurs Hocquetons , et Halle-
» bardes à ce College , pour s'enquerir de
» vos nouvelles , et les mander à M. vo-
» tre Pere , qui étoit fort en peine de
» vous , duquel vous reçûtes une Lettre
» trois jours après , par laquelle il vous
mandoit de demeurer à Paris , et d'y
» continuer vos Etudes comme auparavant.
Et pour ce faire il jugeoit bien
qu'il vous faudroit aller à la Messe , à
» quoi il vous falloit résoudre , aussi-
» bien avoit fait votre Maître et beau-
>> coup d'autres : et que sur tout il vou-
» loit que vous courussiez toutes les for-
» tunes de ce Prince jusqu'à la mort
» afin que l'on ne vous pût reprocher de
l'avoir quitté en son adversité : à quoi
» vous vous rendîtes si soigneux , que
» vous en acquires l'estime d'un chacun .
Tout le monde sçait avec quelle exac-
I. Vol. titude
1110 MERCURE DE FRANCE
titude et quelle constante fidelité ce dernier
commandement de courir toutes les
fortunes de ce grand Prince fut éxécuté.
On en peut voir la preuve dans l'Histoire
, et sur tout dans les Mémoires des
Ecrivains que nous avons citez , lesquels
remarquent particulierement qu'au milieu
de toutes ses assiduitez auprès du
Prince , dans ces premiers tems de trouble
et de confusion , le jeune Rosny s'appliquoit
toujours à cultiver son esprit
par des connoissances solides. Ils parlent
en ces termes de cette circonstance ; en
» quelque condition que vous fussiés
» vous preniés toujours le tems de conti-
» nuer vos Etudes , sur tout de l'Histoi
de laquelle vous faisiés déja des Ex-
>> traits , tant pour les moeurs , que pour
» les choses naturelles ; et des Mathéma
>> re ,
tiques , lesquelles occupations fai-
» soient paroître votre inclination à la
>> vertu .
Dans la suite il se présenta une occasion
qui auroit pû , si Dieu l'avoit permis
, servir à éclairer ce jeune Seigneur
et à le faire rentrer dans la Religion de
ses Ancêtres. Il n'avoit qu'environ vingtdeux
ans , lorsqu'en l'année 1581. il lui
prit envie de faire un petit voyage en
Flandres , principalement pour y visiter
la
矍
1
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M•
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BETHUN
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JUIN. 1733 1111
la Comtesse de Mastin sa Tante . Cette
Tante et le Vicomte de Gand son Ayeul
maternel , et son Parrain , l'avoient deshérité
, lui et François de Bethune son-
Pere , à cause de la Religion, Il partit
muni d'un Passe- port du Comte * de
Barlemont , son Parent et se rendit à
la Bassée , où demeuroit cette Dame. Il
en fut accueilli assez froidement , préve
nuë sur son sujet de la maniere que nous
allons le voir,
ར་ ་ .
Le lendemain matin elle mena son Ne
veu dans la grande Eglise de l'Abbaye
qu'elle avoit fondée , pour lui faire voir
les Sépultures de Marbre de ses Ancêtres,
qu'elle y avoit fait construire ; et entre
les autres celles d'Helene de Melun , femme
de Robert d'Artois , d'Hugues de
Melun , son Ayeul , le même qui l'avoit
deshérité , et d'Anne de Melun son Ayeule
, celle enfin qu'elle avoit fait élever
pour elle-même. Elle lui dit alors , ayant
les larmes aux yeux : » hélas ! mon Ne-
» veu , mon ami , que mon Pere votre
» Ayeul , et ma Soeur votre Grand mere,
* Le Comte de Barlemont étoit Président du
Conseil Royal des Finances , Gouverneur de Namur
Chevalier de la Toison d'Or , &c. J'ai
une Médaille de ce Seigneur frapée en 1576. selon
Laquelle il faut lire BERLAYMONT.
>
"
» s'ils
1112 MERCURE DE FRANCE
» s'ils étoient en vie , jetteroient de lar-
>> mes , et ressentiroient de déplaisirs ,
» aussi-bien que moi , de voir en vous
» l'un de leurs Enfans , ne point croire
» en Dieu , ni en sa Messe , et n'adresser
» ses Prieres qu'à l'ennemi d'enfer , qui
» vous renal ennemi des bonnes oeuvres ,
» ainsi que je l'ai entendu dire à nos bons
>> Peres ! & c.
"
•
Le jeune Neveu étrangement surpris ,
s'écria là- dessus : » Vrai Dieu , ma Tan-
» te , que dites - vous ? Jesus ! seroit- il
> bien possible que vous disiés ceci à bon
» escient , et qu'il y ait eu des gens si
pleins d'impostures et de calomnies
» que de vous avoir voulu persuader tel-
» les éxécrations , qui nous rendroient
indignes de vivre sur la terre ? 11 lui fit
ensuite un détail de sa Créance, lui récita
même l'Oraison Dominicale , le Symbole
, &c. Tout cela fait un Dialogue qui
mérite d'être lû dans le 18. Chap. du pre
mier Tome des Mémoires , on en jugera
par la fin , qui est telle. La Dame écou
ta fort attentivement cette récitation
sans rien repondre , tant que le Neveu
ne parla que de Dieu , de Jesus-Christ
et du S. Esprit , mais lorsqu'il dit qui est
né de la Vierge Marie , et ensuite , je crois
Ja Communion des Saints , & c. Elle se mit
JUIN. 1733. 1113
à crier , » hélas ! mon Neveu , mon ami ,
» est- il possible qu'en vos Oraisons vous
» parliés de la bonne Dame , et fassiés
» mention des Saints Bienheureux ? Or
» venez m'embrasser , puisque cela est :
» car je vous aime comme mon bon Ne-
» veu , et me semble en vous voyant , et
" vous oyant parler , que ma pauvre soeur
» est encore en vie : ô que j'ai de déplai-
» sir que mon Neveu votre Parrain et
» moi , vous avons deshérité : vrayement
je veux essayer à rompre tout cela , et
» vous le jure par la Sainte Vierge : les
» effets néanmoins ne suivirent pas les
» paroles , &c.
>>
t
Il faut convenir , Monsieur , qu'une
telle occasion de parler de la nouvelle
Religion , mieux ménagée , auroit pû
produire quelque bon effet sur l'esprit
du jeune Parent , mais ce n'étoit pas le
moyen sans doute de le faire entrer dans
la bonne voye , que d'employer de pareils
argumens , on ne corrige point l'erreur
par
d'autres erreurs .
Quoiqu'il en soit , le Marquis de Rosny
, en quittant la Dame sa Tante prit
le chemin de Bethune , Ville qu'il avoit
toujours souhaité de voir , et où malgré
sa Religion , opposée à la grande Catholicité
de ses Ancêtres , à celle des Fla-
S
I. Vol. mands
1114 MERCURE DE FRANCE
mands en général , et aux circonstances
du tems , il fut parfaitement bien reçû
régalé du vin de Ville , et honoré en plu
sieurs manieres comme descendu de
l'antique Maison des anciens Seigneurs
de Bethune. Il vit tout ce qui étoit à
voir dans cette Ville , et visita principalement
les Eglises où sont les Mausolées
de ces Seigneurs , d'où il revint en droi
ture à Rosny. 7
L'ordre des tems , qui s'accorde avec
celui de vos demandes , me fait passer ,
Monsicur , de la Religion de Maximilien
de Bethune , à laquelle j'aurai occasion
de revenir , à ses grandeurs temporelles
, récompense de son mérite et de
son attachement à la fortune et aux interêts
d'un grand Prince. Vous voulez
sçavoir d'abord quand et comment il fût
pourvû de la Charge de Grand - Maître
de l'Artillerie , et comment il en fût destitué
après la mort de son cher Maître.
Je crois d'abord trouver la premiere
origine de son élévation à cette Charge
dans l'Evénement de la Bataille de Coutras
, donnée le 20 Octobre 1587. entre
l'Armée Royale , ou plutôt de la Ligue ,
commandée par M. de Joyeuse , et celle
du Roi de Navarre , commandée par ce
Prince en personne , accompagné du
I. Vol. Prince
JUI N. 1733 : 1115
·
Prince de Condé , du Comte de Soissons
; et d'un nombre de Seigneurs des
plus qualifiez , qui suivoient sa Religion
et sa fortune . Le Marquis de Rosny
étoit non seulement des premiers
dans ce nombre ; mais le Roy son
Maître lui commit dans cette importante
journée le soin de tout ce qui regardoit
l'Artillerie , quoiqu'il ne fût encore
âgé que de 28 ans .
>>
,
Je n'oublierai pas ici ce que lui dit ce
vaillant Prince , au moment qu'il se sépara
de sa Personne pour aller éxécuter
ses ordres. » Mon ami Rosny ,
» c'est à ce coup qu'il faut faire paroî-
» tre votre esprit et votre diligence , qui
» nous est mille fois plus nécessaire
» qu'elle n'étoit hier , à cause que le
» corps nous presse , et que de l'Artillerie
bien logée , bien munie et bien exploitée
, dépendra en grande partie le
» gain de la bataille , lequelj'attends de
» Dieu , & c. Les Mémoires qui ont conservé
ce trait , marquent aussi de quelle
maniere le Marquis de Rosny éxécuta
les ordres du Roi , ils détaillent particulierement
l'opération de deux Canons et
d'une Coulevrine , placées et employées
» si à propos , qu'elles firent des mer-
» veilles , ne tirant une seule volée
I. Vol. D » qu'ils
1116 MERCURE DE FRANCE
» qu'ils ne fissent des rues dans les Es
» cadrons et Bataillons du Camp ennemi
, qui étoient jonchées de douze
» quinze , vingt , et quelquefois jusqu'à
vingt- cinq corps d'hommes et
» chevaux ; si bien que les ennemis , &c .
Le reste du Narré mene au gain entier
de la Bataille , dû en bonne partie
à cette vigoureuse canonade , ainsi que
le Roi l'avoit prédit.
Les Auteurs en finissant ce Narré
ajoûtent une circonstance qui ne doit
pas être omise , et qui confirme d'ailleurs
ce que je viens de dire au sujet de
l'Artillerie.
39 Si- tôt que vous vîtes les ennemis
» en déroute ( c'est toujours à M、de
» Rosny qu'ils parlent ) et que sans
» doute la Bataille étant gagnée , vous
» n'aviez plus que faire au Canon : Vous
» montâtes sur votre grand Cheval d'Es-
» pagne Bay , lequel M. de Bois- Breuil
>> vous faisoit tenir prêt derriere les Pié-
» ces , pour essayer d'apprendre des
> nouvelles de Mrs vos Freres que vous
cuidiés être avec M. de Joyeuse , er
» sçavoir aussi en quel état le Roy de
» Navarre étoit , lequel vous rencontrâ-
» tes. par- delà la Garenne , l'épée toute
sanglante au poing , poursuivant la
>>
1. Vol.
vicJUIN.
1733. 1117
>
» victoire et si- tôt qu'il vous apper-
» çût , vous cría ; et bien , mon ami
c'est à ce coup que nous ferons per-
»> dre l'opinion que l'on avoit prise
» que les Huguenots ne gagnoient jamais
de Batailles ; car en celle- ci la
» victoire est toute entiere.... et faut
>> confesser qu'à Dieu seul en appar-
" tient la gloire , car ils étoient deux
» fois aussi forts que nous ; et s'il en
» faut attribuer quelque chose aux hom-
» mes , croyez que M. de Clermont
» vous , et Bois du Lys , y devez avoir
» bonne part ; car vos Piéces ont fait
» merveilles aussi vous promets- je que
» je n'oublierai jamais le service que vous
» m'y avez rendu .
C'est ainsi que lui parla ce Prince
incomparable , et on peut dire qu'il
tint magnifiquement sa parole Royale :
car dès qu'il fût Roi de France , ce
qui arriva deux ans après , il eut une
attention particulière sur la fortune
d'un homme qui le servoit si bien , et
qui ne le quitta pas d'un pas , surtout
aux Batailles d'Arques et d'Ivry qui
suivirent , où l'Artillerie fit encore des
merveilles , et où M. de Rosny emporté
par sa valeur , fut percé de coups.
Enfin , le Roi après l'avoir fait suc-
1. Vol. Dij ces
1118 MERCURE DE FRANCE
· ,
>
après
cessivement Grand Voyer de France
Sur Intendant des Finances
avoir érigé la Baronie de Rosny en
Marquisat , lui accorda en l'année 1599.
la Charge de Grand - Maître de l'Artillerie
, sur la démission de M. d'Etrées
avec la qualité d'Officier de la Couronne
, Charge que ce Prince lui ménageoit
depuis long- tems , et dont il y a lieu de
croire que
la journée de Coutras avoit
été comme le gage. Il fut presque en
même- tems pourvû de la Sur- Intendance
des Bâtimens et de celles des Fortifications
, qui furent suivies du Gouverne
ment de la Bastille , de la grande Maîtrise
des Ports et Havres du Royaume
et du Gouvernement de Poictou,
L'Artillerie avoit asşûrément besoin
d'un Grand - Maître aussi entendu et
aussi vigilant , que l'étoit le Marquis
de Rosny. Tout étoit en désordre à cer
égard dans les Provinces , où il fut obligé
de casser près de 500 Officiers , inuti
les ou mal - intentionnez , et l'Arcenal
étoit dénué presque de toutes choses
quand il en prit possession . Le Roi l'y
vint voir quinze jours après. Il reçût ensuite
un pareil honneur de Charles Emanuel
, Duc de Savoye , qui étoit venu
en France pour traiter en pe sonne d'af-
>
faires importantes.
JUIN. 1733 1119
T
Les Mémoires qui font le détail de
cette visite , marquent une circonstance
qui doit avoir icy sa place.
» Comme M. de Savoye fût arrivé à
» l'Arsenac, il vous demanda aussi- tôt où
» étoient toutes vos Armes , Munitions
» et Artilleries; sur quoi vous vous trouvâtes
bien empêché , ayant honte de
» lui faire voir une Maison si pauvre et
» dénuée de toutes ces choses , qu'étoit
» l'Arsenac ; tellement qu'au lieu d'aller
aux Magazins, vous le menates aux At-
» teliers , ausquels vous faisiez ouvrer à
» puissance; et lors voyant quelques qua-
» rante affuts et rouage , ésquels on tra
» vailloit ; vingt Canons , nouvellement
» fondus , et des provisions et préparatifs
pour en fondre encore autant ; il
» vous demanda que c'est que vous vou-
» liez faire de tant d'Artillerie nouvelle-
» ment fonduë ? Vous lui répondites en
» riant : Monsieur , c'est pour prendre
" Mont-Mélian. Lors il vous demanda
y avez vous été ? Non, Monsieur , dit-
» tes-vous ; vraiement je le vois bien , ré-
' pondit- il , car vous ne diriez pas cela ;
>> Mont-Mélian ne se peut prendre. Bien ,
>> bien , Monsieur , dittes - vous , je vous
» en crois , neanmoins ne mettez pas le
» Roy en cette peine ; s'il me l'avoit
I.Vol. Diij >> com1120
MERCURE DE FRANCE
» commandé j'en viendrois bien à bout
>> mais je veux croire qu'il n'en sera point
» besoin, et que le Roy et vous, vous sé-
»parerez bien contens l'un de l'autre, & c. .
M. de Rosny avoit sans doute ses raisons
pour parler ainsi au Duc de Savoye ,
qui n'oublia rien pour le mettre dans ses
interêts. C'est en partie la matiere du 93
chap. dans le second volume des Mémoires
, où l'on voit que si ce Seigneur refusa
, de la part du Prince , une Boëte de
Diamans , et jusqu'à son Portrait , enrichi
de Pierreries , de trop grand prix , il
ne manqua en rien à son égard du côté
des bienséances et de la politesse . Dans le
même jour que se passa ce que je viens
de rapporter ; il eût l'honneur de traiter
splendidement à souper, dans l'Arsenal ,le
Roy , le Duc de Savoye , les Dames et les
Seigneurs les plus qualifiez de la Cour :
mais revenons à l'Artillerie.
Elle changea absolument de face sous
sa conduite , et l'Arsenal cy - devant si
dépourvu, qu'on n'osoit presque le laisser
voir aux Etrangers , devint , pour ainsi
dire , sous le nouveau Grand- Maître , la
terreur des Ennemis de la France , et cela
dans moins d'une année. Le premier
Prince , à qui la vigilance du Marquis de
Rosny devint fatale fut le Duc de Sa-
1. Vol.
voye
JUIN. 1733. 1121
voye même , et ce qui s'étoit dit dans
l'Arsenal entre ce Prince et le Grand
Maître , par maniere d'entretien et de
plaisanterie , au sujet de Mont - Mélian' ,
devint une affaire sérieuse et une verité
dont les circonstances sont marquées
dans l'Histoire.
»
Je n'en rapporterai icy qu'une. Le Duc
de Savoye refufant d'exécuter le Traité
conclu à Paris , le Roy lui déclara la Guerre
, marcha en personne avec deux corps
d'Armée , qui firent des Exploits rapides
dans la Savoye et dans la Bresse; et Montmélian
, Place prétendue imprénable ,
fut prise ; le Marquis de Rosny se signala
en plusieurs manieres dans cette Expedi
tion , et fit plus que le devoir de sa Charge
, en ne s'exposant que trop par tout.
La diligence de Rosny , dit Mezerai ;
» pourvût. si bien aux Munitions et à
» l'Artillerie , les ayant fait charrier par
» les Rivieres,qu'à la fin de Juillet(1600)
» il eût en ce Païs-là 40 Piéces de Canon
>> et de quoi tirer quarante mille coups.
» Aussi n'oublia -t - il rien en cette occa-
»sion pour se montrer digne de la Char-
>> ge de Grand- Maître de l'Artillerie, dont
» le Roy venoit de l'honorer , l'ayant
» même érigée en Charge de la Couron-
» ne. Deux ans auparavant il lui avoit
-
I. Vol.
D iiij » aussi
Î122 MERCURE DE FRANCE
» aussi donné celle de Grand -Voyer, con-
» noissant qu'il étoit Homme d'ordre et
qu'il pourvoiroit soigneusement à la
» réparation et à l'entretenement des
» Chemins, pour la commodité du Char-
» roy , dont en effet il s'acquitta fort
» bien. Entre autres choses , il obligea les
» Particuliers de planter des Ormes de
» distance en distance dans leurs Terres ,
» sur les bords des grands Chemins , pour
» fournir un jour de bois de Charonage
au roulage de l'Artillerie. On appelle
» encore aujourd'hui ces Arbres des
» Rosnys.
>
C'est à cette occasion de la Guerre de
Savoye , que fût frappée une belle Médaille
d'Henri IV. en opposition et pour
répondre à la Médaille satyrique , que les-
Courtisans du Duc de Savoye firent fraper
peu de temps après qu'il se fût emparé
du Marquisat de Saluces , en profitant
des Troubles de la Ligue. Sur celle - cy on
voyoit d'un côté la tête du Prince , avec
cette Légende : CAR . EM. D.G.Dux Sab .
P. PED . Et sur le Revers , un Centaure
qui en décochant une Fléche pose le pied
sur une Couronne renversée ; ce seul mot
OPPORTUNE se lisoit autour ; et dans
l'Exergue M. D. LXXXVIII . Dans la Médaille
du Roy , la face étoit chargée du
>
I.Vol. Buste
JUIN. 1733. 1123
Buste de ce grand Prince , la tête ceinte
de Laurier, et les épaules couvertes d'une
Peau de Lyon , avec cette Inscription :
ALCIDES HIC NOVUS OR BI . Au revers ,
le Roy , armé d'une Massuë , paroît assommer
d'une main le Centaure abbatu ,"
sur lequel est posé l'un des pieds du Vainqueur
, qui de l'autre main releve une
Couronne , avec ce seul mot : OPPORTUNIUS
. Cette Médaille qui n'est chargée.
d'aucune datte , doit avoir été frappée
dans le courant de l'année 1600.ou avant
le Traité de Paix conclu entre les deux
Princes , en l'année 1601.
Le Marquis de Rosny , qui avoit eu tant
de part aux travaux de son Maître dans
cette Guerre , eut aussi part à sa gloire ; car
quelque tems après on lui frappa une Médaille,
où l'on voit d'un côté sonBuste, avec
cette Légende : MAXI. DE BETHUNE , DUC
DE SULLY.G.M.DE L'ART.DE F.Et sur le revers
, une Aigle élevée dans les Airs , la
tête tournée vers le ciel , tenant dans ses
Serres la Foudre de Jupiter , dont ilsemble
attendre les ordres pour la lancer
avec ces mots : Quo JUSSA Jovis . Dans
l'Exergue M. DC. VII. Cette Devise semble
faire allusion à ce que notre Grand
Maître répondit au Duc de Savoye , au
sujet de Mont-Mélian : Si le Roy m'avoit
1.Vol DY
Ccm1124
MERCURE DE FRANCE
commandé de le prendre,j'en viendrois bien- '
tôt à bout , &c. L'Evenement justifia cette
réponse.» Le Gouverneur de cette Place,
» dit Mezeray , triompha d'abord en pa-
» roles , parce qu'il ne croyoit pas.qu'on
put dresser des Batteries pour l'attaquer;
» mais quand Rosny eut trouvé moyen
» d'en planter à cinq ou six endroits (car
que ne peuvent l'argent et le travail ) sa
» fierté s'amollit tout d'un coup ; il per-
» mit que sa femme nouât conversation
avec celle de Rosny , et ses craintes
» s'augmentant d'heure en heure , il ca-
» pitula le 14 Octobre , &c.
»
Maximilien de Bethune .est qualifié
Duc de Sully sur cette Médaille , parce
qu'en l'année précédente 1606. le Roy
avoit érigé la Baronie de Sully en Duché
et Pairie ; sa reception fut des plus magnifiques
, le Roy ayant assisté au Festin ,
qui fut donné à l'Arsenal , &c. Ce Grand-
Prince lui donna aussi la même année , la
Charge de Capitaine - Lieutenant de deux
cent Hommes d'Armes de la Reine.
Comme la Médaille de ce premier Duc
'de Sully , Grand- Maître de l'Artillerie ,
&c. est assez rare , je vous envoïe la gra
vure , que j'en ai fait faire par une ha-
* Anne de Courtenay , Epouse du Marquis de
Rosny , qui l'avoit suivi dans cette Guerre.
I.Vol bile
JUIN. 1733. 1125
bile main , sur l'Original du Cabinet de
M. le Duc de Sully , que ce Seigneur a
bien voulu me communiquer. Cet Original
est des mieux conservez , et si beau
que je le crois de Germain Dupré , cxcellent
Graveur de ce temps-là , dont
nous avons de tres - belles Médailles. Les
deux autres Médailles dont je viens de
vous parler,de Henry le Grand et du Duc
de Savoye , sont dans mon Cabinet .Vous
pourrez les voir quand vous viendrez à
Paris.
Je suis forcé de renvoyer à une autre
Lettre ce qui me reste à vous dire pour
satisfaire pleinement à toutes vos demandes
, et pour ne point allonger celle - ci
lavantage. Je suis toujours , Monsieur ,
& c .
A Paris , le 25 Avril 1733 .
Fermer
Résumé : TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
La troisième lettre de M. D. L. à M. A. C. D. S. T. traite de la vie et de la conversion religieuse du Marquis de Rosny, devenu Duc de Sully. L'auteur répond à des questions sur les raisons de cette conversion et sur l'histoire de la famille Bethune. Jean de Bethune IV, ancêtre de Rosny, avait épousé Anne de Melun, apportant ainsi la Baronie de Rosny en dot. Après la mort de sa première épouse, il se remaria et dilapida ses biens, laissant ses enfants dans une situation précaire. François de Bethune, fils aîné de Jean, épousa Charlotte Dauvet et eut sept enfants. Il s'attacha au Prince de Condé et adopta la religion protestante. Son fils Maximilien, futur Marquis de Rosny, suivit ses traces. François, conscient des qualités de Maximilien, le prépara à servir le Prince de Condé, futur Henri IV. Maximilien fut présenté au Prince et jura fidélité, débutant ainsi une carrière marquée par la fidélité et l'excellence. Lors du massacre de la Saint-Barthélemy, Maximilien échappa à la mort en se déguisant et en se réfugiant au Collège de Bourgogne. Il continua ses études et servit fidèlement Henri IV, cultivant son esprit par des connaissances solides en histoire et en mathématiques. En 1581, il visita sa tante en Flandres, mais celle-ci, en raison de sa religion, l'accueillit froidement. Malgré les tentatives de retour à la foi catholique, Maximilien resta protestant et continua à servir Henri IV avec dévouement. La carrière militaire de Rosny fut marquée par des événements cruciaux, notamment la bataille de Coutras en 1587, où il dirigea l'artillerie pour le Roi de Navarre. Cette victoire fut en grande partie due à l'efficacité de l'artillerie dirigée par Rosny. Après la bataille, le Roi de Navarre exprima sa gratitude et reconnut l'importance de Rosny dans la victoire. Rosny reçut plusieurs charges et honneurs, notamment celle de Grand Maître de l'Artillerie en 1599, après avoir été successivement Grand Voyer de France et Surintendant des Finances. Il réorganisa l'artillerie, cassa des officiers inutiles ou mal intentionnés, et modernisa l'arsenal. Sa gestion fut si efficace que l'arsenal devint une terreur pour les ennemis de la France. Lors de la guerre contre le Duc de Savoie, Rosny joua un rôle clé en assurant les munitions et l'artillerie, contribuant à la prise de Montmélian. Sa diligence et son organisation furent saluées par Mezeray. Rosny avait également été chargé de la réparation et de l'entretien des chemins, obligeant les particuliers à planter des ormes pour le charroi de l'artillerie. Ces arbres sont encore appelés 'les Rosnys' de nos jours. Maximilien de Bethune fut élevé au rang de Duc de Sully en 1606, et reçut la charge de Capitaine-Lieutenant de deux cents hommes d'armes de la Reine la même année.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 5-11
MEDAILLES de l'Empereur Gratien, sur lesquelles il est nommé AVGG AVG.
Début :
Tout le monde sçait les differentes explications que les Antiquaires [...]
Mots clefs :
Gratien, Médailles, Fils, Empereur, Prince, Famille, Temps, Médaille, Constantin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEDAILLES de l'Empereur Gratien, sur lesquelles il est nommé AVGG AVG.
MEDAILLES de l'Empereur Gratien
surlesquelles il estnommé AVGG AVG.
Out le monde sçait les differentes
Texplications que les Antiquaires
ont données aux Médailles de Gratien
qui ont pour Legende du côté de la tête
D. N GRATIANVS AVGG AVG. aussi sans
vouloir les repeter ici , je me contenterai
de dire que ceux qui ont expliqué les
Lettres AVGG AVG. qui su vent le nom du
Prince , par AVGVSTORVM AVGVSTVS.
me paroissent avoir donné dans la verible
leçon .
En effet cette explication se presente
d'elle- même la premiere à l'esprit , par
la
MERCURE DE FRANCE
la conformité qu'elle a avec l'usage constant
des Antiquaires , qui ont toujours
rendu l'AVGG des monumens anciens par
le plurier du mot AVGVSTVS . quand les
deux GG sont suivis , ainsi qu'ils le sont
dans les Médailles de Gratien ; car ceux
qui les ont crû separez se sont trompeż,
et ont pris pour des points certaines petites
queües , ou cedilles attachées à ces G
en cette maniere Ç . c'est ainsi du moins
qu'ils sont formez sur la Médaille de
Gratien que j'ai parmi les miennes .
1
Ces & à queue, pour le dire en passant,
ne sont pas rares sur les Monumens anciens
, on les y rencontre dans tous les
temps. J'ai une Médaille d'argent d'Auguste
, avec le Capricorne au revers où
le & du mot AVGVSTVS qui en fait la Légende
est de cette façon ; et l'on en voit
un pareil sur un poids du temps d'Honorius
qui étoit à M. Foucault , * enfin
ils sont ordinaires sur les Monnoyes Gottiques
, si l'on s'en rapporte à l'Alphabet
que Bouteroüe nous a donné dans ses
Recherches curieuses des Monnoyes de France.
Mais en approuvant qu'on lise sur la
Médaille de Gratien , Augustorum Augustus
, je ne sçaurois être du sentiment de
L'Antiquité du P. Montfaucon. Planche XIV.
du Tome III.
ceux
JANVIER 1734. 7
ceux qui expliquent ces termes par Augus
te qui domine sur d'autres Augustes , cela par
rapport à Valentinien le jeune et à
Théodose , dont Gratien avoit genereusement
consenti à recevoir le premier
pour Collegue et s'étoit associé le second.
Ce n'est pas qu'on ne rencontre assez
souvent des dénominations semblables.
prises dans le sens qu'on donne à celle
que j'examine ici ; et sans en chercher des
preuves ailleurs que dans les Médailles ,
quelques Rois des Parthes , d'Armenie
et du Bosphore sont appellez sur leurs
Médailles , Rois des Rois . BAZIA ENE
و
ΒΑΣΙΛΕΩΝ . ΑΡΣΑΚΟΥ . ΤΙΓΡΑΝΟΥΣ ,
APNAKOY . Mais ces titres fastueux , en
longtems avant eux et qui subsistent enusage
core aujourd'hui parmi les Rois de
l'Orient, ne conviennent gueres à un Prince
sage et modeste , tel
l'Histoire
que
nous represente Gratien ; aussi de toutes
les Explications de la Médaille de ce
Prince , celle - ci a été la moins suivie.
Je ne sçai si je me trompe , mais il
me semble que pour donner un sens convenable
à Augustorum Augustus , il ne
faut que sous-entendre le mot de Filius
ce qui voudra dire alors que Gratien Auguste
lui-même est fils de Peres Augustes.Les
noms de Parenté et d'alliance , comme
chacun
MERCURE DE FRANCE
chacun çait , sont assez souvent negli
gez sur les Médailles . Témoins ces exemples
ΚΑΙΣΑΡ . ΣΕΒΑΣΤΟΣ ΣΕΒΑΣΤΟΥ.
·
DOMITIA . AVGVSTA . IMP. DOMIT. CLEOPATRAE,
REGINAE REGVM FILIORVM REGVM.
où les noms de Fils, de Femme et de Mere
sont sous -entendus.
Ceci posé , il s'agit d'examiner ce qui
peut avoir engagé Gratien à prendre un
titre pareil. Ce Prince étoit fils d'un
Empereur , mais d'une famille nouvelle.
Son Grand- pere étoit un Soldat de fortune
qui s'étoit élevé par son mérite jusqu'à
commander les Armées d'Angleterre
, et avoit par ses emplois applani
à Valentinien son fils le chemin de l'Empire
, où il parvint après la mort de
Jovien. Quelque brillante que soit la
pourpre,Gratien en épousant Constantia ,
fille posthume de l'Empereur Constantius,
et la derniere de la maison de Constantin
sembloit encore en rehausser
l'éclat. La famille des Flaves étoit alors
ce qu'avoient été autrefois celles des Cesars
et des Antonins ; aimée , respectée ,
adorée même , le nom en étoit précieux,
aussi le premier soin de Jovien après
avoir été revêtu de la pourpre , fut de se
donner le nom de Flavius , pour persuader
en quelque maniere qu'il étoit de
?
cette
JANVIER 1734.
cette famille , à laquelle cependant il étoit
étranger ; son exemple fut suivi par Valentinien
son successeur ; et Gratien , રે
leur exemple , se trouve avec le même
nom dans quelques Inscriptions qu'on
peut voir dans les Mélanges de Spon . Les
Empereurs suivans encherirent encore
sur cet usage , en ajoutant à leur nom
celui de Constantin . D. N. HERACLIO.
CONST.
Gratien par son mariage justifioit le
nom de Flavius qu'il avoit pris ; il lui
devenoit propre ; et son alliance l'attachant
à tout ce que Rome reconnoissoit
alors de plus grand , il étoit naturel de
publier ces avantages. Pouvoit- il donc le
faire d'une maniere plus noble, plus juste,
er en même temps plus convenable au
Monument que nous examinons , qu'en
s'appellant par une espece d'antonomase
Fils des Augustes. Cette façon indeterminée
de s'exprimer avoit encore cela de
propre , qu'elle sembloit égaler la famille
de Gratien à celle de Constantin , et en
confondre , pour ainsi dire , la Noblesse
AVGG. AVG .
C'est donc à ce Mariage de Gratien
avec Constantia qu'il faut fixer l'époque
de la Médaille , l'an 375. de J. C. immédiatement
après la mort de Valentinien
B avant
MERCURE DE FRANCE.
avant que Gratien eut consenti à parta
ger l'Empire avec son Frere , et long
temps avant qu'il songeât à Théodose .
Dans cette Hypothese , il est aisé de
donner l'explication des revers qu'on
trouve aux Medailles de Gratien où il est
appellé AVGG. AVG. Ce Prince , quoique
déja Auguste , commence un nouveau
Regne à la mort de son Pere ; ce nouveau
Kegne reçoit un éclat considerable par
l'alliance que l'Empereur vient de contracter
, GLORIA. NOVI . SAECVLI . la gloire
en rejaillit sur les peuples , charmez de
voir , pour ainsi dire , renaître la famille
de Constantin, et les commander GLORIA
ROMANORVM. Rien n'assure davantage la
tranquillité des Etats , que les Enfans qui
naissent à ceux qui les gouvernent ; on
en espere de la nouvelle Imperatrice
SECVRITAS REIPVBLICAE. Enfin la Ville
de Rome comme la Capitale de l'Empire,
congratule son Empereur sur cet évenement
, VRBS ROMA.
On me demandera peut -être pourquoi
Gratien ne s'appella pas toujours Augustorum
Augustus , je réponds que ce titre
une fois connu devenoit inutile dans la
suite. Outre que Gratien ayant peu de
temps après consenti à recevoir pour
Collégué son jeune Frere , il ne devoit
plus
JANVIER . 1734. 17
plus y avoir de différence dans les titres
de ces deux Augustes , qui devant être
égaux , ne pouvoient en prendre aucun
de distingué, quelque légitime qu'il fut,
qui ne devint en quelque façon injurieux
à l'autre.
A Orleans , ce 30.
Avril 1733 .
surlesquelles il estnommé AVGG AVG.
Out le monde sçait les differentes
Texplications que les Antiquaires
ont données aux Médailles de Gratien
qui ont pour Legende du côté de la tête
D. N GRATIANVS AVGG AVG. aussi sans
vouloir les repeter ici , je me contenterai
de dire que ceux qui ont expliqué les
Lettres AVGG AVG. qui su vent le nom du
Prince , par AVGVSTORVM AVGVSTVS.
me paroissent avoir donné dans la verible
leçon .
En effet cette explication se presente
d'elle- même la premiere à l'esprit , par
la
MERCURE DE FRANCE
la conformité qu'elle a avec l'usage constant
des Antiquaires , qui ont toujours
rendu l'AVGG des monumens anciens par
le plurier du mot AVGVSTVS . quand les
deux GG sont suivis , ainsi qu'ils le sont
dans les Médailles de Gratien ; car ceux
qui les ont crû separez se sont trompeż,
et ont pris pour des points certaines petites
queües , ou cedilles attachées à ces G
en cette maniere Ç . c'est ainsi du moins
qu'ils sont formez sur la Médaille de
Gratien que j'ai parmi les miennes .
1
Ces & à queue, pour le dire en passant,
ne sont pas rares sur les Monumens anciens
, on les y rencontre dans tous les
temps. J'ai une Médaille d'argent d'Auguste
, avec le Capricorne au revers où
le & du mot AVGVSTVS qui en fait la Légende
est de cette façon ; et l'on en voit
un pareil sur un poids du temps d'Honorius
qui étoit à M. Foucault , * enfin
ils sont ordinaires sur les Monnoyes Gottiques
, si l'on s'en rapporte à l'Alphabet
que Bouteroüe nous a donné dans ses
Recherches curieuses des Monnoyes de France.
Mais en approuvant qu'on lise sur la
Médaille de Gratien , Augustorum Augustus
, je ne sçaurois être du sentiment de
L'Antiquité du P. Montfaucon. Planche XIV.
du Tome III.
ceux
JANVIER 1734. 7
ceux qui expliquent ces termes par Augus
te qui domine sur d'autres Augustes , cela par
rapport à Valentinien le jeune et à
Théodose , dont Gratien avoit genereusement
consenti à recevoir le premier
pour Collegue et s'étoit associé le second.
Ce n'est pas qu'on ne rencontre assez
souvent des dénominations semblables.
prises dans le sens qu'on donne à celle
que j'examine ici ; et sans en chercher des
preuves ailleurs que dans les Médailles ,
quelques Rois des Parthes , d'Armenie
et du Bosphore sont appellez sur leurs
Médailles , Rois des Rois . BAZIA ENE
و
ΒΑΣΙΛΕΩΝ . ΑΡΣΑΚΟΥ . ΤΙΓΡΑΝΟΥΣ ,
APNAKOY . Mais ces titres fastueux , en
longtems avant eux et qui subsistent enusage
core aujourd'hui parmi les Rois de
l'Orient, ne conviennent gueres à un Prince
sage et modeste , tel
l'Histoire
que
nous represente Gratien ; aussi de toutes
les Explications de la Médaille de ce
Prince , celle - ci a été la moins suivie.
Je ne sçai si je me trompe , mais il
me semble que pour donner un sens convenable
à Augustorum Augustus , il ne
faut que sous-entendre le mot de Filius
ce qui voudra dire alors que Gratien Auguste
lui-même est fils de Peres Augustes.Les
noms de Parenté et d'alliance , comme
chacun
MERCURE DE FRANCE
chacun çait , sont assez souvent negli
gez sur les Médailles . Témoins ces exemples
ΚΑΙΣΑΡ . ΣΕΒΑΣΤΟΣ ΣΕΒΑΣΤΟΥ.
·
DOMITIA . AVGVSTA . IMP. DOMIT. CLEOPATRAE,
REGINAE REGVM FILIORVM REGVM.
où les noms de Fils, de Femme et de Mere
sont sous -entendus.
Ceci posé , il s'agit d'examiner ce qui
peut avoir engagé Gratien à prendre un
titre pareil. Ce Prince étoit fils d'un
Empereur , mais d'une famille nouvelle.
Son Grand- pere étoit un Soldat de fortune
qui s'étoit élevé par son mérite jusqu'à
commander les Armées d'Angleterre
, et avoit par ses emplois applani
à Valentinien son fils le chemin de l'Empire
, où il parvint après la mort de
Jovien. Quelque brillante que soit la
pourpre,Gratien en épousant Constantia ,
fille posthume de l'Empereur Constantius,
et la derniere de la maison de Constantin
sembloit encore en rehausser
l'éclat. La famille des Flaves étoit alors
ce qu'avoient été autrefois celles des Cesars
et des Antonins ; aimée , respectée ,
adorée même , le nom en étoit précieux,
aussi le premier soin de Jovien après
avoir été revêtu de la pourpre , fut de se
donner le nom de Flavius , pour persuader
en quelque maniere qu'il étoit de
?
cette
JANVIER 1734.
cette famille , à laquelle cependant il étoit
étranger ; son exemple fut suivi par Valentinien
son successeur ; et Gratien , રે
leur exemple , se trouve avec le même
nom dans quelques Inscriptions qu'on
peut voir dans les Mélanges de Spon . Les
Empereurs suivans encherirent encore
sur cet usage , en ajoutant à leur nom
celui de Constantin . D. N. HERACLIO.
CONST.
Gratien par son mariage justifioit le
nom de Flavius qu'il avoit pris ; il lui
devenoit propre ; et son alliance l'attachant
à tout ce que Rome reconnoissoit
alors de plus grand , il étoit naturel de
publier ces avantages. Pouvoit- il donc le
faire d'une maniere plus noble, plus juste,
er en même temps plus convenable au
Monument que nous examinons , qu'en
s'appellant par une espece d'antonomase
Fils des Augustes. Cette façon indeterminée
de s'exprimer avoit encore cela de
propre , qu'elle sembloit égaler la famille
de Gratien à celle de Constantin , et en
confondre , pour ainsi dire , la Noblesse
AVGG. AVG .
C'est donc à ce Mariage de Gratien
avec Constantia qu'il faut fixer l'époque
de la Médaille , l'an 375. de J. C. immédiatement
après la mort de Valentinien
B avant
MERCURE DE FRANCE.
avant que Gratien eut consenti à parta
ger l'Empire avec son Frere , et long
temps avant qu'il songeât à Théodose .
Dans cette Hypothese , il est aisé de
donner l'explication des revers qu'on
trouve aux Medailles de Gratien où il est
appellé AVGG. AVG. Ce Prince , quoique
déja Auguste , commence un nouveau
Regne à la mort de son Pere ; ce nouveau
Kegne reçoit un éclat considerable par
l'alliance que l'Empereur vient de contracter
, GLORIA. NOVI . SAECVLI . la gloire
en rejaillit sur les peuples , charmez de
voir , pour ainsi dire , renaître la famille
de Constantin, et les commander GLORIA
ROMANORVM. Rien n'assure davantage la
tranquillité des Etats , que les Enfans qui
naissent à ceux qui les gouvernent ; on
en espere de la nouvelle Imperatrice
SECVRITAS REIPVBLICAE. Enfin la Ville
de Rome comme la Capitale de l'Empire,
congratule son Empereur sur cet évenement
, VRBS ROMA.
On me demandera peut -être pourquoi
Gratien ne s'appella pas toujours Augustorum
Augustus , je réponds que ce titre
une fois connu devenoit inutile dans la
suite. Outre que Gratien ayant peu de
temps après consenti à recevoir pour
Collégué son jeune Frere , il ne devoit
plus
JANVIER . 1734. 17
plus y avoir de différence dans les titres
de ces deux Augustes , qui devant être
égaux , ne pouvoient en prendre aucun
de distingué, quelque légitime qu'il fut,
qui ne devint en quelque façon injurieux
à l'autre.
A Orleans , ce 30.
Avril 1733 .
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Résumé : MEDAILLES de l'Empereur Gratien, sur lesquelles il est nommé AVGG AVG.
Le texte examine les médailles de l'empereur Gratien, sur lesquelles il est désigné par la légende AVGG AVG. L'auteur explore diverses interprétations proposées par les antiquaires et conclut que la meilleure explication est 'Augustorum Augustus', signifiant 'Auguste des Augustes'. Cette interprétation est soutenue par l'usage constant des antiquaires de rendre AVGG par le pluriel du mot AVGVSTVS. Certaines interprétations erronées considèrent les lettres GG comme des points ou des cedilles, mais l'auteur fournit des exemples de médailles anciennes où ces caractères sont présents. Il rejette l'idée que Gratien se proclame dominant sur d'autres Augustes, comme Valentinien le Jeune et Théodose, car cela ne correspond pas à son caractère modeste. L'auteur propose que 'Augustorum Augustus' signifie que Gratien est le fils d'Augustes, soulignant que les noms de parenté sont souvent sous-entendus sur les médailles. Il explique que Gratien, issu d'une famille nouvelle, a épousé Constantia, fille de Constantin, ce qui a rehaussé son éclat. La famille des Flaves, à laquelle Gratien appartenait par mariage, était respectée et adorée. L'époque de la médaille est fixée à l'année 375, juste après la mort de Valentinien et avant que Gratien ne partage l'Empire avec son frère. Les revers des médailles de Gratien, où il est appelé AVGG AVG, marquent le début d'un nouveau règne caractérisé par l'alliance avec Constantia, apportant gloire et sécurité à l'Empire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 129-131
PRIX proposés par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de BESANÇON, pour l'année 1763.
Début :
L'ACADÉMIE des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de Besançon, distribuera le [...]
Mots clefs :
Prix, Académie, Médaille, Arts, Sujet, Valeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIX proposés par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de BESANÇON, pour l'année 1763.
PRIX propofés par l'Académie des
Sciences , Belles - Lettres , & Arts de
BESANÇON , pour l'année 1763. ,
L'ACADÉMIE 'ACADÉMIE des Sciences , Belles-
Lettres , & Arts de Befançon , diftribuera
le 24 Août 1763 trois Prix différens.
Le premier Prix , fondé par feu M. le
Duc de Tallard , eft deſtiné pour l'Eloquence
; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de trois cens cinquante
ivres. Le Sujet du Difcours fera :
Fv
130 MERCURE DE FRANCE.
•
Combien les moeurs donnent de luftre
aux talens ?
Le Difcours doit être à-peu-près d'u
ne demi- heure de lecture. L'Académie
ayant réfervé le Prix de 1762 , en aura
deux de la même efpéce à diftribuer en
1763.
Le fecond Prix , également fondé par
feu M. le Duc de Tallard , eſt deſtiné
pour l'Erudition ; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de deux cens
cinquante livres . Le Sujet de la Differtation
fera :
Comment fe font établis les Comtes
héréditaires de Bourgogne ; quelle fut
d'abord leur autorité , & de quelle nature
étoit leur Domaine ?
La Differtation doit être à- peu près
de trois quarts d'heure de lecture , fans
y comprendre le chapitre de preuves ,
qui devra être placé à la fin de l'Ouvrage.
Les Auteurs qui auront à produire
des Chartres non encore imprimées ,
font priés de les tranfcrire en entier ,
pour mettre l'Académie à portée de
mieux apprécier les preuves qui en réfulteront.
Le troifiéme Prix , fondé par la V
AVRIL 1763
131
12
de Besançon , eft deftiné pour les Arts ;
il confifte en une Médaille d'or de la
valeur de deux cens livres, Le Sujet du
Mémoire fera :
Quelle eft la nature des maladies épidémiques
qui attaquent le plus fouvent
les bêtes à cornes ; quelles en font les
caufes & les fymptômes , & quels font
les moyens de les prévenir ou de les
guérir?
Les Auteurs ne mettront point leurs
noms à leurs ouvrages , mais feulement
une devife ou fentence à leur choix
ils la répéteront dans un billet cacheté
dans lequel ils écriront leurs noms &
leurs adreffes . Ils enverront leurs ouvrages
francs de port , au fieur Daclin,
Imprimeur de l'Académie , avant le premier
du mois de Mai prochain.
Les ouvrages de ceux qui fe feront
connoître par eux-mêmes , ou par leurs
amis , feront exclus du concours..
Sciences , Belles - Lettres , & Arts de
BESANÇON , pour l'année 1763. ,
L'ACADÉMIE 'ACADÉMIE des Sciences , Belles-
Lettres , & Arts de Befançon , diftribuera
le 24 Août 1763 trois Prix différens.
Le premier Prix , fondé par feu M. le
Duc de Tallard , eft deſtiné pour l'Eloquence
; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de trois cens cinquante
ivres. Le Sujet du Difcours fera :
Fv
130 MERCURE DE FRANCE.
•
Combien les moeurs donnent de luftre
aux talens ?
Le Difcours doit être à-peu-près d'u
ne demi- heure de lecture. L'Académie
ayant réfervé le Prix de 1762 , en aura
deux de la même efpéce à diftribuer en
1763.
Le fecond Prix , également fondé par
feu M. le Duc de Tallard , eſt deſtiné
pour l'Erudition ; il confifte en une Médaille
d'or de la valeur de deux cens
cinquante livres . Le Sujet de la Differtation
fera :
Comment fe font établis les Comtes
héréditaires de Bourgogne ; quelle fut
d'abord leur autorité , & de quelle nature
étoit leur Domaine ?
La Differtation doit être à- peu près
de trois quarts d'heure de lecture , fans
y comprendre le chapitre de preuves ,
qui devra être placé à la fin de l'Ouvrage.
Les Auteurs qui auront à produire
des Chartres non encore imprimées ,
font priés de les tranfcrire en entier ,
pour mettre l'Académie à portée de
mieux apprécier les preuves qui en réfulteront.
Le troifiéme Prix , fondé par la V
AVRIL 1763
131
12
de Besançon , eft deftiné pour les Arts ;
il confifte en une Médaille d'or de la
valeur de deux cens livres, Le Sujet du
Mémoire fera :
Quelle eft la nature des maladies épidémiques
qui attaquent le plus fouvent
les bêtes à cornes ; quelles en font les
caufes & les fymptômes , & quels font
les moyens de les prévenir ou de les
guérir?
Les Auteurs ne mettront point leurs
noms à leurs ouvrages , mais feulement
une devife ou fentence à leur choix
ils la répéteront dans un billet cacheté
dans lequel ils écriront leurs noms &
leurs adreffes . Ils enverront leurs ouvrages
francs de port , au fieur Daclin,
Imprimeur de l'Académie , avant le premier
du mois de Mai prochain.
Les ouvrages de ceux qui fe feront
connoître par eux-mêmes , ou par leurs
amis , feront exclus du concours..
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Résumé : PRIX proposés par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, & Arts de BESANÇON, pour l'année 1763.
L'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon attribuera trois prix le 24 août 1763. Le premier prix, doté d'une médaille d'or valant 350 livres, récompense l'éloquence sur le sujet 'Combien les mœurs donnent de lustre aux talents'. Le discours doit durer environ une demi-heure. Deux prix seront distribués en 1763, car celui de 1762 a été réservé. Le second prix, fondé par le Duc de Tallard et valant 250 livres, est destiné à l'érudition et porte sur les comtes héréditaires de Bourgogne, leur autorité et leur domaine. La dissertation doit durer environ trois quarts d'heure, sans compter le chapitre des preuves. Le troisième prix, doté d'une médaille d'or valant 200 livres, est destiné aux arts et traite des maladies épidémiques des bêtes à cornes, leurs causes, symptômes et moyens de prévention ou de guérison. Les œuvres doivent être soumises anonymement, accompagnées d'une devise ou sentence, avant le 1er mai 1763. Les candidatures révélées par les auteurs ou leurs amis seront exclues.
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29
p. 206
SUPPLÉMENT à la Lettre insérée dans le Mercure de Novembre, sur feu M. LECLAIR, premier Symphoniste du Roi.
Début :
On a oublié de dire que M. Leclair avoit eu la Médaille de Lyon, [...]
Mots clefs :
Médaille, Ambassadeur extraordinaire, Composition, Concert
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLÉMENT à la Lettre insérée dans le Mercure de Novembre, sur feu M. LECLAIR, premier Symphoniste du Roi.
SUPPLÉMENT à la Lettre inférée dans
le Mercure de Novembre , furfeu M.
LE CLAIR , premier Symphonifie
du Roi.
Na oublié de dire que M. Leclairavoit
eu la Médaille de Lyon , que l'on
donne aux Ambaffadeurs Extraordinaires
, & que l'Infant Don Philippe l'avoir
demandé pour fon Concert.
M. Leclair laiffe un Eléve , nommé-
Geoffroy , à qui il a montré à jouer du
violon , & la compofition , lequel marche
à grands pas fur les traces de fon
Maître. Il appartient à M. le Duc de
Gramont depuis bien des années. Il fera
paroître ce mois - ci l'Ariette du Loup
de fa compofition.
le Mercure de Novembre , furfeu M.
LE CLAIR , premier Symphonifie
du Roi.
Na oublié de dire que M. Leclairavoit
eu la Médaille de Lyon , que l'on
donne aux Ambaffadeurs Extraordinaires
, & que l'Infant Don Philippe l'avoir
demandé pour fon Concert.
M. Leclair laiffe un Eléve , nommé-
Geoffroy , à qui il a montré à jouer du
violon , & la compofition , lequel marche
à grands pas fur les traces de fon
Maître. Il appartient à M. le Duc de
Gramont depuis bien des années. Il fera
paroître ce mois - ci l'Ariette du Loup
de fa compofition.
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Résumé : SUPPLÉMENT à la Lettre insérée dans le Mercure de Novembre, sur feu M. LECLAIR, premier Symphoniste du Roi.
Le document, supplément à une lettre du Mercure de Novembre, mentionne Jean-Baptiste Leclair, premier symphoniste du Roi, qui a reçu la Médaille de Lyon grâce à l'Infant Don Philippe. Leclair a un élève, Geoffroy, qu'il forme au violon et à la composition. Geoffroy, appartenant à M. le Duc de Gramont, publiera bientôt l'ariette du Loup.
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