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1
p. 226-239
Plusieurs avantages remportez sur Mer en divers endroits par les Vaisseaux de France, depuis le commencement de la Campagne, avec les Noms de tous ceux qui se sont distinguez. [titre d'après la table]
Début :
Retournons à la Guerre, rien n'arreste les François quand il [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Capitaine, Hollandais, Combat, Guerre, Mer, Corsaire, Port, Bateau
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texteReconnaissance textuelle : Plusieurs avantages remportez sur Mer en divers endroits par les Vaisseaux de France, depuis le commencement de la Campagne, avec les Noms de tous ceux qui se sont distinguez. [titre d'après la table]
Retournons à la Guerre ,
1 rien n'arreſte les François quand il s'agit de ſervir leur Prince , &d'acquerir de la ré- putation. Vous venez de voir
combattre fur Terre , voyez à
preſent combattre ſur Mer.
Nous y avons remporté des avantages dont ceux qui ne ſontpasaccoûtumez àvaincre touslesjours par tout , feroient plus de bruit que nous n'en faifons.
Le Capitaine Tobias fort eſtimé chez les Hollandois ,
158 LE MERCVRE 1
éprouva il y a quelque temps combien les Armes du Roy fontàcraindre. Il revenoit de
Smirne , & commandoit une
Flote compoſée de trois gros Vaiſſeaux de guerre ,de cinq Navires , & de huit grandes Fluftes , le tout extraordinaire- ment riche. Le Vaiſſeauqu'il montoit eſtoit de foixante &
fix Pieces de Canon, & chaque Naviredequarante. Il fut rencontré dans la Manche à
la hauteur d'Oüeſſant , par M. le Chevalier de Chasteaure- naut Chefd'Efcadre, qui croi- foit de ce coſté-là, Quoy qu'il n'euſt que quatre Vaiſſeaux de guerre& trois legeres Fré- gates , cette inégalité ne l'em- pefcha pas de prendre la ré- folution de lattaquer. LesEn- nemis l'attendirent en bon
ordre,
GALANT. 159
-
ce qu'il
ordre , & voyant leurs forces beaucoup au deſſus de celles desAttaquans , ils ſe prépare- rent à les recevoir avec une
confiance qui ne leur permet- toit point de douter de la Vi- ctoire. Leurs huit Baſtimens
s'eſtant mis en ligne , & les ☐ Fluſtes ſous le vent , M. de
Chaſteaurenaut arriva fur eux
à la petitepointedujour. Il fit tout cequ'il put pour aborder Commandant , qui évita fix fois l'abordage. Le Combat fut long&opiniâtre. NosFré- gates prirent quatre grandes Fluftes chargées d'Huile , de Tabac , & d'indigo , & deux Vaiſſeaux Hollandois coulerent à fond , avec del'Argent
en barre , & plufieurs mar- chandifes de grand prix. Leurs autres Vaiſſeaux ont eſte fort
Tome VI.
le
160 LE MERCVRE
mal traitez. Ils s'échaperent à
la faveur d'une brune qui empeſcha M. le Chevalier de
Chaſteaurenaut de les ſuivre.
Chacun ſçait qu'on ne peut avoir plus de cœur qu'il en fait paroiſtre , que le peril ne l'é- tonne point , &qu'il n'est pas ſeulement bon Soldat & bon
Capitaine , mais encor bon Homme de Mer , & fort intelligentdans tout ce qui regarde l'employ qu'on luy a donné.
Meſſieurs les Comtes de Sourdis&de Rofmadec , & M. Foran Capitaines de Vaiſſeaux ,
ſe ſont extraordinairementdiſtinguez. Meſſieurs Huet du Rueaux , de Banville , & de Maiſon-neuve , ont donné des
marques de leur courage tant que le Combat a duré. M. le Baron d'Audengervat , Mef-
GALANT. 161
LYCA
ſieurs de Moran- Boiſamis &
de Sancé Lieutenans , deBoncour &de Courbon Enfeignes,
de la Haudiniere &de la Robiniere Volontaires , &deBel- limont Garde de la Marine,
ont eſté bleſſez en ſe ſignalant.
Les Ennemis ont perdu beau- coup de monde , & il ne nous en a couſté que M. Mercadet Enſeigne , qu'ils notus ont Cét avantage n'eſt pas le ſeul que nous ayons eu ur
Mer. M. leChevalierde Bre
teüil qui commande l'Efcadre desGaleres Françoiſes enRof- fillon , a enlevé deux Barques d'un Convoy qui venoit aux Eſpagnols , & dont tout le feu de laMouſqueterie des Enne- mis ne pût empeſcher la prife.
Il pourſuivit les autres juſques fous le Canon de la Tour de
O ij
162 LE MERCVRE
Palmos aux Coſtes de Catalogne. M. le Chevalier deBour- feville ſe rendit maître d'une
troiſieme , &on ne peut trop eſtimer les marques d'intrépi- dité & de valeur que tous les
deux ont données.
Il ne faut qu'eftre François pour porter la terreur en pre- nant les armes. Un Marchand
duHavre s'eſtant plaintqu'un Corſaire nommé,le Capitaine Mauvel, venoitde luy enlever une Barque affez confiderable , avec le Pilote qu'il avoit deffus , Monfieur le Duc de S.
Aignan détacha fans perdre temps fix Soldats par Compa- gnies , &les faiſant prompte- ment embarquer das des Cha- loupes,&quelques autresdans un Bateau qui ſert à porter le Bois , afin qu'on les pûft pren-
GALANT. 163 dre pour des Marchands , ils allerent joindre le Corſaire qui eftoit encor à l'ancre. M. de
Brevedent Capitaine de Fré- gate legere , & M.du Buiffon Enſeigne du Port , ſe trouve- rent à cette attaque , il y eut un Combat de Mouſquererie qui ſe fit preſque à bout tou- chant, &qui étonna tellement le Corſaire , qu'il prit la fuite.
aprés la décharge de quatre Pieces de Canon dont il eſtoit
armé. Son Pilote fut tué ,trois
de ſes Matelots demeurerent
fur la Place , & il fut bleffé
luy-meſme. Il n'y eutde l'au- tre coſté qu'un ſeul Soldat bleffé jambe , & le Maſt
de l'une des Chaloupes en- dommagé d'un coup de Ca- non. La Barque fut repriſe.. Elle eſt eſtimée à prés de mil
Oiij
164 LE MERCVRE Ecus, &c'eſt duPilote duMarchand qui estoit avec le Cor- faire pendant le Combat , &
qu'il a relâché depuis , qu'on a ſçeu ces particularitez.
Je nevous parle point d'un petit Corfaire de Saint Mało ,
armé de fix pieces de Canon ,
qui s'eſtant rendu maiſtre de trois grandes Fluftes de Dan.
nemarc chargées de Froment,
de Seigle , & de Pluſieurs au- tres chofes, les a menées dans ce Port. Ces fortes de priſes y
font ordinaires , un autre Cor- faire ayant amené preſque en -meſme temps un Hollandois ;
&deux autres , un Biſcayen chargé de diverſes marchan- difes.
Vous voyez , Madame, que le Roy triomphe de tous cô- tez fur Mer , comme il triom
GALANT. 165 phe par tout fur Terre. Il eſt vray qu'on nous imputoit une diſgrace qui donnoit grande joye à nos Ennemis. On pré- tendoit que toutes nos Gale- res avoient eſté conſommées à
Civitavechia par un Incendie dont on n'avoit pû arreſter la violence. Le bruit en courut à
Naples ; & dans le temps que cette nouvelle s'y debitoit , el- les parurent à l Iſle de Pont,
où elles prirent trois gros Vaif- ſeaux àla veuë meſme de cet.
te Ville.
1 rien n'arreſte les François quand il s'agit de ſervir leur Prince , &d'acquerir de la ré- putation. Vous venez de voir
combattre fur Terre , voyez à
preſent combattre ſur Mer.
Nous y avons remporté des avantages dont ceux qui ne ſontpasaccoûtumez àvaincre touslesjours par tout , feroient plus de bruit que nous n'en faifons.
Le Capitaine Tobias fort eſtimé chez les Hollandois ,
158 LE MERCVRE 1
éprouva il y a quelque temps combien les Armes du Roy fontàcraindre. Il revenoit de
Smirne , & commandoit une
Flote compoſée de trois gros Vaiſſeaux de guerre ,de cinq Navires , & de huit grandes Fluftes , le tout extraordinaire- ment riche. Le Vaiſſeauqu'il montoit eſtoit de foixante &
fix Pieces de Canon, & chaque Naviredequarante. Il fut rencontré dans la Manche à
la hauteur d'Oüeſſant , par M. le Chevalier de Chasteaure- naut Chefd'Efcadre, qui croi- foit de ce coſté-là, Quoy qu'il n'euſt que quatre Vaiſſeaux de guerre& trois legeres Fré- gates , cette inégalité ne l'em- pefcha pas de prendre la ré- folution de lattaquer. LesEn- nemis l'attendirent en bon
ordre,
GALANT. 159
-
ce qu'il
ordre , & voyant leurs forces beaucoup au deſſus de celles desAttaquans , ils ſe prépare- rent à les recevoir avec une
confiance qui ne leur permet- toit point de douter de la Vi- ctoire. Leurs huit Baſtimens
s'eſtant mis en ligne , & les ☐ Fluſtes ſous le vent , M. de
Chaſteaurenaut arriva fur eux
à la petitepointedujour. Il fit tout cequ'il put pour aborder Commandant , qui évita fix fois l'abordage. Le Combat fut long&opiniâtre. NosFré- gates prirent quatre grandes Fluftes chargées d'Huile , de Tabac , & d'indigo , & deux Vaiſſeaux Hollandois coulerent à fond , avec del'Argent
en barre , & plufieurs mar- chandifes de grand prix. Leurs autres Vaiſſeaux ont eſte fort
Tome VI.
le
160 LE MERCVRE
mal traitez. Ils s'échaperent à
la faveur d'une brune qui empeſcha M. le Chevalier de
Chaſteaurenaut de les ſuivre.
Chacun ſçait qu'on ne peut avoir plus de cœur qu'il en fait paroiſtre , que le peril ne l'é- tonne point , &qu'il n'est pas ſeulement bon Soldat & bon
Capitaine , mais encor bon Homme de Mer , & fort intelligentdans tout ce qui regarde l'employ qu'on luy a donné.
Meſſieurs les Comtes de Sourdis&de Rofmadec , & M. Foran Capitaines de Vaiſſeaux ,
ſe ſont extraordinairementdiſtinguez. Meſſieurs Huet du Rueaux , de Banville , & de Maiſon-neuve , ont donné des
marques de leur courage tant que le Combat a duré. M. le Baron d'Audengervat , Mef-
GALANT. 161
LYCA
ſieurs de Moran- Boiſamis &
de Sancé Lieutenans , deBoncour &de Courbon Enfeignes,
de la Haudiniere &de la Robiniere Volontaires , &deBel- limont Garde de la Marine,
ont eſté bleſſez en ſe ſignalant.
Les Ennemis ont perdu beau- coup de monde , & il ne nous en a couſté que M. Mercadet Enſeigne , qu'ils notus ont Cét avantage n'eſt pas le ſeul que nous ayons eu ur
Mer. M. leChevalierde Bre
teüil qui commande l'Efcadre desGaleres Françoiſes enRof- fillon , a enlevé deux Barques d'un Convoy qui venoit aux Eſpagnols , & dont tout le feu de laMouſqueterie des Enne- mis ne pût empeſcher la prife.
Il pourſuivit les autres juſques fous le Canon de la Tour de
O ij
162 LE MERCVRE
Palmos aux Coſtes de Catalogne. M. le Chevalier deBour- feville ſe rendit maître d'une
troiſieme , &on ne peut trop eſtimer les marques d'intrépi- dité & de valeur que tous les
deux ont données.
Il ne faut qu'eftre François pour porter la terreur en pre- nant les armes. Un Marchand
duHavre s'eſtant plaintqu'un Corſaire nommé,le Capitaine Mauvel, venoitde luy enlever une Barque affez confiderable , avec le Pilote qu'il avoit deffus , Monfieur le Duc de S.
Aignan détacha fans perdre temps fix Soldats par Compa- gnies , &les faiſant prompte- ment embarquer das des Cha- loupes,&quelques autresdans un Bateau qui ſert à porter le Bois , afin qu'on les pûft pren-
GALANT. 163 dre pour des Marchands , ils allerent joindre le Corſaire qui eftoit encor à l'ancre. M. de
Brevedent Capitaine de Fré- gate legere , & M.du Buiffon Enſeigne du Port , ſe trouve- rent à cette attaque , il y eut un Combat de Mouſquererie qui ſe fit preſque à bout tou- chant, &qui étonna tellement le Corſaire , qu'il prit la fuite.
aprés la décharge de quatre Pieces de Canon dont il eſtoit
armé. Son Pilote fut tué ,trois
de ſes Matelots demeurerent
fur la Place , & il fut bleffé
luy-meſme. Il n'y eutde l'au- tre coſté qu'un ſeul Soldat bleffé jambe , & le Maſt
de l'une des Chaloupes en- dommagé d'un coup de Ca- non. La Barque fut repriſe.. Elle eſt eſtimée à prés de mil
Oiij
164 LE MERCVRE Ecus, &c'eſt duPilote duMarchand qui estoit avec le Cor- faire pendant le Combat , &
qu'il a relâché depuis , qu'on a ſçeu ces particularitez.
Je nevous parle point d'un petit Corfaire de Saint Mało ,
armé de fix pieces de Canon ,
qui s'eſtant rendu maiſtre de trois grandes Fluftes de Dan.
nemarc chargées de Froment,
de Seigle , & de Pluſieurs au- tres chofes, les a menées dans ce Port. Ces fortes de priſes y
font ordinaires , un autre Cor- faire ayant amené preſque en -meſme temps un Hollandois ;
&deux autres , un Biſcayen chargé de diverſes marchan- difes.
Vous voyez , Madame, que le Roy triomphe de tous cô- tez fur Mer , comme il triom
GALANT. 165 phe par tout fur Terre. Il eſt vray qu'on nous imputoit une diſgrace qui donnoit grande joye à nos Ennemis. On pré- tendoit que toutes nos Gale- res avoient eſté conſommées à
Civitavechia par un Incendie dont on n'avoit pû arreſter la violence. Le bruit en courut à
Naples ; & dans le temps que cette nouvelle s'y debitoit , el- les parurent à l Iſle de Pont,
où elles prirent trois gros Vaif- ſeaux àla veuë meſme de cet.
te Ville.
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Résumé : Plusieurs avantages remportez sur Mer en divers endroits par les Vaisseaux de France, depuis le commencement de la Campagne, avec les Noms de tous ceux qui se sont distinguez. [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs victoires navales françaises. Le Chevalier de Chasteaurenaut, malgré une infériorité numérique, attaque et défait une flotte hollandaise commandée par le Capitaine Tobias près d'Ouessant. Cette bataille permet aux Français de capturer plusieurs navires ennemis et d'en couler deux. Parmi les blessés français figurent plusieurs officiers et volontaires. Par ailleurs, le Chevalier de Breteuil et le Chevalier de Bourseville capturent des barques espagnoles près des côtes catalanes. Un marchand du Havre, avec l'aide de soldats et d'officiers français, repousse un corsaire qui avait enlevé sa barque. De plus, des corsaires français capturent plusieurs navires danois et biscayens chargés de marchandises. Le texte mentionne également que les galères françaises, contrairement aux rumeurs d'un incendie à Civitavecchia, apparaissent à l'île de Pont et capturent trois gros vaisseaux sous les yeux de Naples. Ces succès navals démontrent la supériorité française sur mer, complétant les victoires terrestres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 221-238
A Siam le 28. Novembre 1683.
Début :
Je me suis informé des Habillemens qu'on vous a dit que les [...]
Mots clefs :
Roi, Siam, Chinois, Pays, Terre, Prince, Gouverneur, Japon, Étrangers, Peine, Navires, Port, Ville, Empereur, Empire, Portugais, Langue, Chine, Cheveux, Vêtements
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texteReconnaissance textuelle : A Siam le 28. Novembre 1683.
A Siam le 28. Novembre 1683 .
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
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Résumé : A Siam le 28. Novembre 1683.
Le document est une lettre datée du 28 novembre 1683 à Siam, traitant des habits des soldats japonais et des difficultés de commerce avec le Japon. L'auteur note que les soldats japonais portent des vêtements similaires à ceux des Chinois, résistants aux armes à feu, mais il n'a pas pu obtenir de détails précis. Il souligne les restrictions imposées aux étrangers, notamment les Hollandais, qui sont surveillés et limités dans leurs mouvements. Le gouverneur de Nangazaqui contrôle strictement le commerce, forçant les navires étrangers à vendre leurs marchandises à des prix imposés. La Compagnie hollandaise envisage d'abandonner ce commerce en raison des vexations subies. La loge des Hollandais est située sur une île isolée, et les Japonais interdisent toute communication non autorisée. Les navires étrangers doivent quitter le port immédiatement après avoir récupéré leurs armes et poudre. La Compagnie hollandaise change annuellement ses chefs pour éviter qu'ils ne s'imprègnent de la langue ou des coutumes locales. La mort de l'empereur japonais n'a pas modifié les restrictions contre les chrétiens. Les Portugais prévoient d'envoyer une frégate pour rétablir les relations, mais cela semble peu probable. Le document mentionne également des événements en Chine, où les Tartares contrôlent les provinces, et en Cochinchine, connue pour la valeur de ses peuples et la progression de l'Évangile. L'auteur a reçu des honneurs du roi de Siam, qui admire la puissance et la magnificence du monarque français. Le roi de Siam prépare une maison pour recevoir des ambassadeurs français et construit des églises pour les missionnaires français.
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3
p. 207-215
Calais. [titre d'après la table]
Début :
Ils dînerent à Regouge qui est un petit Village sur [...]
Mots clefs :
Calais, Fort, Ville, Roi, Place, Port, Porte, Ambassadeurs, Canon, Citadelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Calais. [titre d'après la table]
Ils dînerent à
Regouge qui est un petit Vi
208 III. P du Voyage
lage ſur le chemin de Calais ,
&arriverent le ſoir à la Ville
de ce nom. C'eſt un Port de
Mer dans la partie de la Picardie,
appellée Païs reconquis.
La Ville eſt bien bâtie & beaucoup
peuplée , & a de fort belles
ruës. Ily en a une qui commence
à la Porte de Terce, &
qui traverſant la grande Place
où eſt la Maiſon de Ville , aboutit
au Port. C'eſt la plus
confiderable . On voit dans
Calais le Palais de l'Auditoire
la Tour du Guet , de magnifiques
Eglifes , plufieurs Monafteres
, & divers Forts . Edes
Anb. de Siam. 209
doüard III. Roy d'Angleterre
emporta cette Ville ſur les
François en 1347. aprés un
Siege de plus de dix mois. Les
Anglois la conſerverent jufques
en 1558. que le Duc de
Guiſe l'affiegea , & la prit dix
jours apres . L'Archiduc Albert
d'Autriche que le Roy
d'Eſpagne avoit fait Gouverneur
des Pays -bas , la reptit en
1596. & deux ans aprés , elle
fut renduë au Roy Henry IV.
par le Traité de Vervins . Depuis
ce temps-là , elle a eſté
fortifiée tres - regulierement ,
& eſt devenue une des plus
S
210 III. P. du Voyage
importantes Places du Royaume.
Les Ambaſſadeurs y furent
receus au bruit du Canon
& le Major qui commandoit
les Troupes , leur fit compliment
à la porte. Ils paſſerent
àtravers pour ſe rendre aulogis
qui leur avoit efté preparé
, &trouverent à la porte de
leur logement une Compagnie
de so. Hommes , avec unCapitaine
, un Lieutenant , & un
Enſeigne. Apres que Mrs du
Magiſtrat ſe furent acquitez
de leur compliment , en leur
offrant les Preſens de la Ville,
leMajor leur vint demander le
desAmb. de Siam . 211
mot , & celuy qu'il receut
fut , où la valeur reſiſte , la ruſe
fuccombe , parce qu'ils avoient
ſceu qu'on avoit tenté pluſieurs
fois de ſurprendre cette
Place , & que de telles entrepriſes
avoient toûjours
manqué de fuccez .
La pluye qui tomba le
lendemain en abondance, ne
les empeſcha point de viſiter
toutes les Fortifications de la
Ville, avec l'Ingenieur qui en
avoit le Plan , & de l'examiner
en meſme temps. Ils s'attacherent
fort à confiderer le
glacis qui regardeGravelines,
S ij
212 III. P. du Voyage
qu'ils trouverent tres-beau ,
ainſi que celuy d'où l'on peut
voir les Châteaux de Douvres
& les Dunes. Le Port leur parut
également beau &grand...
Il eſt fort feur & feparé en
deux bras pour recevoir les
Vaiſſeaux qu'on y voit toû--
jours en fort grand nombre.
Ils font deffendus par unFort
nommé le Fort de Risban, qui
eft à gauche du Port, & que
les Ambaſſadeurs examinerent
avec grand foin. Ils allerent
auffi à la Citadelle à
laquelle le Roy a fait beaucoup
travailler. Elle est fort
des Amb.de Siam. 213
grande & entourée de foſſez
profonds , & de marais qui
font tous remplis de l'eaude
la mer. Toutes les commoditez
qu'on peut ſouhaiter dans
une Place de guerre, font dans
cette Citadelle , & l'on peut
dire que cette Ville - là tire
encore beaucoup de force du
zéle & de la valeur de fes
Habitans, qui ont donné fort
ſouvent des marques de leur
affection pour la France. Les
Ambaſſadeurs qui avoient
efté receus au bruit du canon
du Fort par M. Vignon
qui en eſt Gouverneur , &
214 III . P. du Voyage
qui leur avoit rendu tous les
honneurs qu'ils pouvoient
attendre , ne le furent pas
moins bien à la Citadelle par
M. de Bouteville Lieutenant
de Roy , & tout s'y paſſa pour
les honneurs & pour l'examen
de la Place, comme dans
les autres Citadelles dont je
vous ay déja parlé. Lorſqu'ils
pafferent devant la Maiſon
de Ville , on tira du canon
qui estoit devant le Corps de
garde de la Place. Ils donnerent
ce foir-là pour mot , il
eſt revenu pour triompher, parce
que le Roy avoit eſté fort
des Amb . de Siam. 215
malade à Calais , & qu'il a
toujours triomphé depuis cette
maladie.
Regouge qui est un petit Vi
208 III. P du Voyage
lage ſur le chemin de Calais ,
&arriverent le ſoir à la Ville
de ce nom. C'eſt un Port de
Mer dans la partie de la Picardie,
appellée Païs reconquis.
La Ville eſt bien bâtie & beaucoup
peuplée , & a de fort belles
ruës. Ily en a une qui commence
à la Porte de Terce, &
qui traverſant la grande Place
où eſt la Maiſon de Ville , aboutit
au Port. C'eſt la plus
confiderable . On voit dans
Calais le Palais de l'Auditoire
la Tour du Guet , de magnifiques
Eglifes , plufieurs Monafteres
, & divers Forts . Edes
Anb. de Siam. 209
doüard III. Roy d'Angleterre
emporta cette Ville ſur les
François en 1347. aprés un
Siege de plus de dix mois. Les
Anglois la conſerverent jufques
en 1558. que le Duc de
Guiſe l'affiegea , & la prit dix
jours apres . L'Archiduc Albert
d'Autriche que le Roy
d'Eſpagne avoit fait Gouverneur
des Pays -bas , la reptit en
1596. & deux ans aprés , elle
fut renduë au Roy Henry IV.
par le Traité de Vervins . Depuis
ce temps-là , elle a eſté
fortifiée tres - regulierement ,
& eſt devenue une des plus
S
210 III. P. du Voyage
importantes Places du Royaume.
Les Ambaſſadeurs y furent
receus au bruit du Canon
& le Major qui commandoit
les Troupes , leur fit compliment
à la porte. Ils paſſerent
àtravers pour ſe rendre aulogis
qui leur avoit efté preparé
, &trouverent à la porte de
leur logement une Compagnie
de so. Hommes , avec unCapitaine
, un Lieutenant , & un
Enſeigne. Apres que Mrs du
Magiſtrat ſe furent acquitez
de leur compliment , en leur
offrant les Preſens de la Ville,
leMajor leur vint demander le
desAmb. de Siam . 211
mot , & celuy qu'il receut
fut , où la valeur reſiſte , la ruſe
fuccombe , parce qu'ils avoient
ſceu qu'on avoit tenté pluſieurs
fois de ſurprendre cette
Place , & que de telles entrepriſes
avoient toûjours
manqué de fuccez .
La pluye qui tomba le
lendemain en abondance, ne
les empeſcha point de viſiter
toutes les Fortifications de la
Ville, avec l'Ingenieur qui en
avoit le Plan , & de l'examiner
en meſme temps. Ils s'attacherent
fort à confiderer le
glacis qui regardeGravelines,
S ij
212 III. P. du Voyage
qu'ils trouverent tres-beau ,
ainſi que celuy d'où l'on peut
voir les Châteaux de Douvres
& les Dunes. Le Port leur parut
également beau &grand...
Il eſt fort feur & feparé en
deux bras pour recevoir les
Vaiſſeaux qu'on y voit toû--
jours en fort grand nombre.
Ils font deffendus par unFort
nommé le Fort de Risban, qui
eft à gauche du Port, & que
les Ambaſſadeurs examinerent
avec grand foin. Ils allerent
auffi à la Citadelle à
laquelle le Roy a fait beaucoup
travailler. Elle est fort
des Amb.de Siam. 213
grande & entourée de foſſez
profonds , & de marais qui
font tous remplis de l'eaude
la mer. Toutes les commoditez
qu'on peut ſouhaiter dans
une Place de guerre, font dans
cette Citadelle , & l'on peut
dire que cette Ville - là tire
encore beaucoup de force du
zéle & de la valeur de fes
Habitans, qui ont donné fort
ſouvent des marques de leur
affection pour la France. Les
Ambaſſadeurs qui avoient
efté receus au bruit du canon
du Fort par M. Vignon
qui en eſt Gouverneur , &
214 III . P. du Voyage
qui leur avoit rendu tous les
honneurs qu'ils pouvoient
attendre , ne le furent pas
moins bien à la Citadelle par
M. de Bouteville Lieutenant
de Roy , & tout s'y paſſa pour
les honneurs & pour l'examen
de la Place, comme dans
les autres Citadelles dont je
vous ay déja parlé. Lorſqu'ils
pafferent devant la Maiſon
de Ville , on tira du canon
qui estoit devant le Corps de
garde de la Place. Ils donnerent
ce foir-là pour mot , il
eſt revenu pour triompher, parce
que le Roy avoit eſté fort
des Amb . de Siam. 215
malade à Calais , & qu'il a
toujours triomphé depuis cette
maladie.
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Résumé : Calais. [titre d'après la table]
Le texte relate un voyage vers Calais, une ville portuaire en Picardie, célèbre pour ses rues et ses fortifications. Calais a été conquise par Édouard III d'Angleterre en 1347 après un siège de dix mois et est restée sous contrôle anglais jusqu'en 1558, date à laquelle le Duc de Guise la reprit. L'Archiduc Albert d'Autriche la reconquit en 1596, mais elle fut rendue à Henri IV par le Traité de Vervins en 1598. Depuis, Calais a été régulièrement fortifiée et est devenue une place stratégique du royaume. Les ambassadeurs de Siam y furent reçus avec des honneurs militaires, notamment des salves de canon. Ils visitèrent les fortifications, examinant le glacis vers Gravelines, les Châteaux de Douvres, le Port et le Fort de Risban. La Citadelle, renforcée par le roi, est entourée de fossés et de marais marins et est bien équipée pour la défense. Les habitants de Calais sont reconnus pour leur zèle et leur valeur. Les ambassadeurs reçurent également des honneurs à la Citadelle et passèrent devant la Maison de Ville, où des salves de canon furent tirées. Leur mot du jour fut 'il est revenu pour triompher', en référence à la guérison du roi après une maladie à Calais.
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4
p. 169-208
Journal du Voyage des Ambassadeurs de Siam, depuis Brest jusques au Cap de Bonne-Esperance, avec ce qui s'est passé pendant le sejour qu'ils ont fait au Cap. [titre d'après la table]
Début :
Je vous manday le mois passé des Nouvelles de l'arrivée [...]
Mots clefs :
Journal, Voyage, Ambassadeurs de Siam, Brest, Cap de Bonne-Espérance, Officiers, Lieues, Mr Masurier, Vent, Hauteur, Capitaine, Lieutenant, Escadre, Le Gaillard, Vaisseau, Matelots, Pilotes, Gouverneur, Rade, Vaisseaux, Siam, Loire, Le Dromadaire, Mr de Farges, Îles, Degrés, Moutons, Frégate La Maligne, Port, Enseignes, Le Cap
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Journal du Voyage des Ambassadeurs de Siam, depuis Brest jusques au Cap de Bonne-Esperance, avec ce qui s'est passé pendant le sejour qu'ils ont fait au Cap. [titre d'après la table]
Je vous manday le mois
paffé des Nouvelles de l'arrivée
au Cap de Bonne- Efperance,
des fix Vaiffeaux qui
Novembre 1687. P
170 MERCURE
reconduifent à Siam les Am
baffadeurs de ce , Royaumelà
, qui estoient venus en
France. Je vous appris en
mefme temps le débarquement
des Ambaffadeurs &
des Troupes , & ce qui s'eftoit
paflé à ce débarquement
, ainfi que le bon traitement
qui avoit efté fait
aux François par les Hollan
dois. Je reprens aujourd'huy
de plus haut ce qui regarde
ce Voyage , & vous en envoye
un Journal tres - curieux
qui commence au
jour que la Flote partit de
GALANI . 171
4
Breft , & finit à celuy du
rembarquement au Cap de
Bonne-Efperance . Ce Journal
a efté envoyé par M ' Mafurier,
Gentilhomme
Lionnois ,
qui eft allé à Siam avec M²
de Farges , & qui fait connoiſtre
fon efprit par les remarques
judicieufes
qu'il a
faites , & fon
intelligence
dans la
Marine , par la maniere
dont il
s'explique fur
toutes les chofes qui la
regardent. Voicy comme
il parle dans la Defcription
qu'il a envoyée de ce
Voyage.
Pij
172 MERCURE
A
Prés
avoir
demeuré
24- jours
dans dans
la Rade
de
Breft , nous fommes enfin partis
le premier jour de Mars ,
1657. fur les onze heures du
matin pour faire le voyage.
de Siam . Noftre Efcadre eftoit
compofee de fix Vaiffeaux ,
dont le moindre eftoit la Maligne,
cette Fregate legere du
port de cent cinquante tonneaux
, qui y alla avec M
le Chevalier de Chaumont ,
le plus grand eftoit le Gaillard
, noftre commandant , du
port de quatre cens foixante
GALANT. 173
des Officiers
tonneaux. Voicy le nom de ces
fix Vaiffeaux
en chef qui les commandoient.
Le Gaillard , l'Oifcau , la
Loire, la Normande , le Dromadaire
& la Maligne . Le
Gaillard estoit commandé par
M de Vaudricourt , cornmandant
l'Efcadre , fon fecond
Capitaine eftoit M de
Saint-Clerc fon Lieutenant
M de la Leine ; fes En-
Mrs Chamau-
L'Oifeignes
reau Lombut.
&
feau eftoit commandé par M
du Quefne ; fes Lieutenans
eftoient M Defcartes &
2
P iij
174 MERCURE
ان
Mde Bonneuil ; fes Enfeignes
, Mde Tiva , &
M de Freterville . La Loire
commandée
commandée par M²
eftoit
de Foyenfe ; fon Lieutenant ,
M de la Croifferiere , fon
Enfeigne M de Chiftery.
La Normande eftoit commandée
par M de Courfel ;
fons Lieutenant &Ms du Farsate
sufons Enfeignes M² de la
Machefoliere. Les Dromadaire
eftoit commandé par Mª
d'Endeve fon Lieutenant ,
M de Marillys ,infon Enfeigne
, M de Vieuchant.
La Maligne eftoit commandée
SGALANT. 175
par M de Perriere , fon Lieutenant
M de la Lié fervant
de Lieutenant , de premier Pilote
d'Enfeignes (0 )
Doux
nous
Le lendemain fecond jour du
mois de Mars , nous mifmes à la
voile & partifnies de Camarreft ,
qui est une petite rade à
trois dieues de Brest ,
-avions mouillé le foir precedent
pour attendre la Maligne qui
- fortit feulement ce jour-là du
Port de Breft , & nous pouffâmes
au large avec un vent ar
riere qui nous fit bien- toft perdre
la terre de vue . Le Mardy
3. vers une heure aprés Midy ,
Piiij
176 MERCURE
nous rencontrames une Flutte
Holandoife qui paffa fans nous
falüer , parce qu'elle n'avoit
point de Canon . Le Vendredy 6..
nous nous trouvâmes à la hauteur
du Cap de Finifierre &
-avions fait felon l'estime du
Pilote cent vingt ou cent trente
lieuës . Le mefme jour fur les
dix heures du matin , nous rencontrâmes
une Flutte Angloife
qui ne fit que paffer fort prés de
nous & nousfalüer en mettant
fon pavillon , à quoy nous répondifmes
de même en mettant
le noftre,
Le Samedy 7. nous eufmes un
GALANT. 177
vent de Nord-Nord- est qui
nous donna un tres -gros temps ,
jufqu'au Lundy au foir , ce qui
naus fit perdre la Loire, une de
nos Flûte fans fçavoir ce qu'elle
eftoit devenue . Le 13. nous fifmes
rencontre d'une Barque Angloife
, dans laquelle il n'y avoit
quefix ou fept hommes , elle nous
aborda fur les trois heures du
foir , comme fi elle nous avoit
voulu parler , ce qu'elle fit effectivement,
& nous apprit qu'elle
eftoit partie depuis quinze jours
jours de Brifco en Irlande , &
s'en alloit aux Ifles de Madere
chargée de harang & de bega
178 MERCURE
Salé. Elle fut deux jours à noftre
route, jufqu'à ce qu'ellefe trouva
à la hauteur de ces Ifles . Le is.
nous decouvrifmes une Ifle nommée
Porto Santo , qui est une
Ille deferte , &fans autres animaux
que des Canards & des
Lapins , nous ne l'approchâ–
mes que de trois lieuës . Le 17. Il
nous mourut un Matelot . Le 18 .
Nous découvrifmes une des Ifles
desCanaries nomméel Ifle de Salvago
ce fut environ fur les
fept heures du matins en eftant
encore éloignez de neuf à dix
lieües. Le 29. environ à la même
heure , nous apperçûmes à noftre
GALANT. 179
horifon deux bastimens que nous
crûmes Corfaires Saltins . Nous
nous feparames auffi- toft de noftre
Efcadre pour en aller recon-
`n i tre un; mais aprés avoir couru
quelque temps deffus , noftre Capitaine
aima mieux continuer fa
route , fit auffi- toft revirer de
bord,fans avoirefté affez prés de
ce bastimentpour l'avoirpû feurement
reconnoistre mais comme
il venoit en dépendant fur nous
il vint paffer cinq ou fix heures
aprés yfortproche de noftre Vaiffeau
avec le pavillon d'Angle-
-verre , & it
luy donnaffions aucunes marques
Tatáns cque
nous
180 MERCURE
de ce que nous eftions . Le 10.
nous nous trouvâmes entre l'Ifle
de Palme & l'Ile de Gomorre
, eftant à la hauteur de vingtbuit
degrez & àprés de cinq cens
lieuës de Breft. L'Ile de Palme
est une fortgrande Ifles , dont les
terres font fertiles & abondantes
en toutes fortes de danrées ,
habitée en plufieurs endroitspar
les Espagnols à qui elle eft . Le
mefme jourfort tard , nous reconnufmes
à quelques lieuës de
là l'ifle de Fer ; il y avoit deux
jours que nous estions dans les
vents Alifez quifont des vents
qui ne manquent jamais de reGALANT.
181
gner en une pareille faifon dans
ces paffages- là . Ils continuerent
à venter fi beau & bon frais ,
qu'ils nous faifoient
faire juf
qu'à quatre lieues par heure . Le
22. nous paſſâmeș
leTropique
&
le 24. nostre Capitaine
fit mettre
la Chaloupe
dehors , pour aller
à bord du Gaillard
, à deffein de
demander
au Commandant
s'il
pouvoitfaire de l'eau au Capvert,
à la hauteur duquel nous nous
trouvions
pour lors , craignant
de n'en avoir pas fuffisamment
pourarriver
juſqu' auCap de bonne
Esperance
; mais comme il
vouloit profiterdu vent favora182
MERCURE
ble que nous avions , il ne luy
permit point d'y moüiller. Quatre
jours aprés nous eûmes un calme
qui nous tint cinq jours.
Pendant ce temps- là nous vifmes
differents poiffons fans en
pouvoirprendre aucun.Ñous vtmes
encore dans ces mefmes
parages quantité de poiffons
volans , & mesme il y en
eut quelques - uns qui donnerent
dans nos voiles . Ce
font des poiffons de la groffeur
d'un Harang, n'ayant que deux
nageoires affez grandes , qui leur
fervent à nager dans l'eau , &
à voler dehors , pour éviter Iss
GALANT. 183
Bonnittes & les Requains , qui
les pourfuivent , & s'en nour
riffent. Ces Requains furent les
poiffons que nous vifmes le plus
fouvent. Ils font fort grands ,
extrémement dangereux pour
ceux qui malheureusement fe
laiffent tomber à la Mer ,
estant bien plus avides de la
chair humaine , que de toute autre
forte d'apast , & bien fouvent
ils emportent une jambe
ou la moitié du corps a un homme,
lors qu'ils les trouvent dans
Peau , vif ou mort. Le 29. noftre
Capitaine fe fervant de l'occafion
que luy donnoit le calmes
4
184 MERCURE
envoya la Chaloupe à bord du
Dromadaire
,
pour porter des
Lettres à quelques- uns des Officiers
, qui nous apprirent dans
leurs réponses la maladie de
trente ou quarante des leurs ,
tant Matelots que Soldats , &
de deux Matelots qui la
perte
fe noyerent en manoeuvrant ,·
d'un grand coup de vent , que
nous avions eu le 8. du mefme
mois.
Comme il eft fort rare dans
un endroit comme celuy- cy , de
s'acquitter des Offices ordinaires
que l'on dit dans nos Paroiffes
pendant la Semainefainte, d'une
GALANT. 185
maniere auffi édifianie qu'on le
fit dans noftre Bords, & que
les Officiers les plus anciens dans
·la Marine , affurent ne l'avoir
pas veu depuis qu'ils navigent,
je croy qu'il ne fera pas hors de
propos d'en dire icy quelque chofe
. Il est vray que nous attribuames
la plus grande partie de
la gloire qui fut renduë à Dieu
dans ce faint temps , auxfoins
particuliers , & aux peines que
fe donnerent avec un zele ardent
les PeresJefuites , que nous
eufmes le bonheur d'avoir dans
nostre Bord. Pendant toute cette
Semaine , nous eûmes exacte-
Novembre 1687.
V
186 MERCURE
ment tous les jours Sermon , &
les Offices ordinaires de ce ter temps
yfurent regulierement obfervez.
Le Mercredy , Jeudy & Vendredy
faint nous chantafmes
Tenebres ; du feudy au Vendredy
le Saint Sacrement fut exposé
pendant vingt-quatre heures
le lendemain Vendredy
nous exfmes le Sermon fur la
Paffion par un de ces Peres, avec
l'applaudiffement de tous ceux
du Vaiffeau , & le Samedy, &
le Dimanche de Pafques , il y
eut grand' Meßse avec la fimphonie
des Violons , des Haut-
Flûtes doutes. bois ,
ПGALANT. 187
5
Le premier d'Avril nous nous
trouvaſmes à la hauteur de buit
•degrez quarante minutes & le
calme nous tint dans ce mefme
endroit pendant quinze jours.
Le 2. nous eufmes vifite des Officiers
du Dromadaire, & le 3.
M. de Farges General des Trovpesqui
vont à Siam , vint difner
staa noftre Bord. On l'y recent avec
toute la propreté & toute la magnificence
poffible dans un endroit
comme celuy.cy. L'aprésmidy
fe paffa aujeu de la Baffette.
Le s. nous prifmes deux
fort gros Requains, fur lefquels
nous trouvions des poiffons atta-
Q ij
188 MERCURE
les Marins appellent > chez
que
Suffets
. Ils
font
de la groffeur
d'une
Sardine
, &
ne
quittent
point
cet
animal
qu'il
ne
foit
mort
. Depuis
le s . jusqu'au
7.
nous
nous
trouvafmes
à pic
du
Soleil
, c'est
à dire
, qu'il
eftoit
fi
perpendiculairemennt fur nous ..
qu'il nousfut impoffible de prendre
hauteur pendant ces deux
jours , parce qu'à midy , qui eft
l'heure où l'on prend hauteur, le
Soleil ne faifoit aucune ombre ,
ce qui nous fit fentir de tresgrandes
chaleurs. Tout l'Equipage
en fouffrit ,par la foif qu'il
reffentoit de ces grandes chaleurs .
GALANT. 189
Le s.il nous vint un peu de vent,
qui nous fit trouver le lendemain
à deux degrez une minute du
pic. Le 9. nous harponnafmes des
Marfoins , qui font de fort gros
poiffons. Cet animal eft à peu
prés de la figure d'un cochon ,
ceux que nous prenions eftoient
de deux trois cens pefant. Il
a le fang chaud, & il n'y aguere
de difference de fa chair à celle
d'un Bauf. Le lendemain nous
prifmes une Dorade , qui eft un
poiffon tout doré , & prefque de
mefme figure que l'Alofe. Ieft
tres-bon à manger. Le 11. nous
découvrifmes à noftre horifon un
190 MERCURE
Vaiffeau que les cal nes nous empefcherent
de pouvoir reconnoifire,
& tous les vents que nous
avions dans ces endroits- cy, ne
venoient que par coups , & nous
obligeoient à ferrer generalement
toutes nos wiles.nalisqun !
Le 19. nous nous trouva/mes
fous la Ligne , & Mrs les Marins
ne manquerent pas à garder
les ceremonies qu'ils ont accoutumé
d'obferver toutes les fois
fois qu'ils la paffent, à l'égard de
ceux qui ne l'ont pas encore pafsée
, de mefme qu'ils le font au
Tropique . à certains Ďétroits.
C'est une Ceremonie profane &
t
C
GALANT
. 191
euxso
༣
ridicule , mais inviolable parmy
Chaque Nation la prati
que diverfement
, & mesme les
Equipages d'une mefme Nation
ne la pratiquent pas tous d'une
mefme maniere. Les François
l'appellent Baptefme, & woicy
la maniere dont elle s'obferva
duns noftre Bord. On rangea
~tant a Bas- bord qu'à Scribord ,
qui font les deux coftez du Vaif-
Jeau , des Bailles & des Curvertes
pleines d'eau de Mer, &
bordez par des Matelots rangez
en haye , chacun unfeau
plein d'eau en main . Ce premier
appareil n'eft que pour l'Equi192
MERCURE
page , c'est à dire , Pilotes, Soldats
, & Matelots
, & comme
tous ceux qui n'ont point
paffe la Ligne font obligez
fans
aucune
referve
de recevoir
ce
Baptefme
les uns aprés les autres
; ce qu'ils font en effuyant
tous ces fceaux
d'eau fur leur
corps ; il y eut une maniere
de
le donner
proportionnée
& convenable
aux perfonnes
de diftinction
quife trouverent
dans.
noftre
bord
comme
eftoient
Meffieurs
les Envoyez
, Offficiers
de Vaiffeau
, Officiers
ر
d'Infanterie
, & autres Paffagers.
Ceux
GALANT 193
و
Ceux qui font ordinairement
commis pour exercer cette forte
de Comedie ,font quatre des premiers
Pilotes , fuivis de buit ou
dix Matelots. Aprés s'eftre barbouillez
revestus de cables ,
capots autres fortes de hardespropres
à les rendre ridicules ,
le premier Pilote tenant en main
quelque livre de marine ou de pilotage
, fait presterfur ce livre.
ferment à tous ceux qui reçoivent
le Baptême , & jurer hautement
qu'autant de fois que l'occafion
fe prefentera d'en baptifer d'au
tres , ils le feront avec les mefmes
ceremonies que l'on obferve
Novembre 1687 . R
194 MERCURE
&
>
pour eux ; mais comme leur intention
n'est autre que de faire
une certainefomme d'argent, onfe
rachette de ces rafraifchiffemens
,
"& on reçoit le Baptême
enfe lavant
feulement
les mains dans
un baſſin.Ainfi l'on preste leferment
l'on pave en mefme
temps chacun felon fon pouvoir.
-On commença
par Meffieurs
les
Ambasadeurs
, mais ce fut chacun
dans leur chambre , & non
pas au pied dugrand maſt comme
tous les autres.Les
Pilotesfirent
prés de vingt piftoles de cerachat
deceremonie
. Le 22.nous harponnames
unfort grosMarfoin
, dans
GALANT. 195
lequel nous trouvâmes un jeune
marfonneau . Nous allons du
vent de Nord eft depuis cinq
jours, à trois lieues & trois lieues
& demie par heure.
LeJudy premierjour deMay,
nous nous trouvâmes par 13. degrez
33 minutes.Le lendemain le
vent devintfrais extraordinairement
en nous portant toûjours à
noftre route , ce qui nous donnoit
à tous une grande joye par
l'envie que nous avions d'arri
ver au Cap . Le 10. noftre Cap?-
taine avec quelques uns de nos
Officiers s'en allerent à bord du
Gaillard , pour jouer à la baf-
Rij
196 MERCURE
fette , & rapporterent cent cinquante
écus de gain . Le mefme
jour le Pere Tachard avec quelques
Jefuites vinrent du Gailfard
rendre vifite à Monfieur
Ambaffadeur. Le len
demain , onzième du mesme
mois,nous eufmes une Eclypfe de
Soleil , & ilfut cachéfeulement
d'un tiers. Le 13. j'allay au Gail
lard pour voir Meffieurs les Ambaffadeurs
Siamois , par l'ordre
de Monfieur de laLoubere noftre
Ambaffadeur. Fe revins dans
noftre chaloupe avec M¹ de
Farges General des troupes ,
quatre Officiers, tant du Bord
C
GALANT. 197
å
que des troupes, qui vinrent difner
avec noftre Capitaine ; on
les traita magnifiquement
. L'aprés
midy fe paffa à jouër à la
baffette, & noftre Capitaine y fit
un gain fort confiderable . Le 16 .
un vent du Sud un quart de Sud
nous donna pendant deux fois
vingt- quatre heures un fort gros
temps qui nous fit perdre laNormande
pour deux jours feulement.
Le 18. Fefte de la Pentecofte
, nous nous trouvâmes par
les 33. degrez moins 3. minuttes ,
600. lieües feulement éloignez
du Cap de Bonne -Efperance
. Ce mefme jour nous eufmes.
Riij.
198 MERCURE
grande Meffe dans noftre Bord
avec la Simphonie des violons ,
Monfieur Sebret rendit le
·Pain benit , ayant cu le chanteau
du jour de Pafques , ce
qu'il fit d'une maniere fort propre.
Le 19.il nous mourut un Soldat.
Les Pilotes ne nous faisant
plus qu'à quatre cens lieuës du
Cap , le ventfe mit àl'Ouest &
fi frais , qu'il nous faifoit faire
prés de trois lieues & demie par
heure . Le 10. de Juin prefque
tous nos Pilotes fe trouverent
terre , nous ne la découvrions
point encore ; mais le 11.
fur le Midy, nous commençâmes
à
1
GALANT.. 199
, י
à la voir , & ce fut pour nous
un fujet de joye inconcevable,
ayant efté depuis cent troisjours
à la voile fans toucher terre
& quatre- vingt- dix jours fans
la voir. Enfin le mefme jourfur
les quatre heures , nous mouillâ
mes dans la rade du Cap de
Bonne-Esperance , & le lendemain
nous faluames la Fortereffe
de fept coups de Canons ;
elle nous rendit le falut coup
par coup. Le Gouverneur nous
y a fait mille honneftetez, avec
des prefens de boeufs , moutons ,
herbages , & autres fortes de
rufraifchiffemens , dont il a fait
Riiij
200 MERCURE
prefent à Meffieurs nos Envoyez,
& à quelques - uns des.
Capitaines de noftre Efcadre . Le
15. Meffieurs les Ambassadeurs
Siamois allerent à terre pour voir
Monfieur le Gouverneur du Fort
en fortant de leur Bord , ils
furent faluez par chaque Vaiffeau
de noftre Efcadre de ref
coups de Canon . Le 18. ils
vinrent difner à noßre Bord
lors qu'ils fortirent fur les
trois heures aprés Midy , nous
les faluâmes de neufcoups de
Canon.
Quoy que cette Relation
air efté envoyée entiere , il
GALANT 201
eft aifé de voir que M Mafurier
l'a écrite à mesure que
les chofes fe font pallées. En
voicy la fuite qui a eſté faite
fur le point du rembarque
ment au Cap de Bonne -Efperance
.
Comme je vous envoye fekument
une Relation de noftre
Voyage , ilferoit inutile de repeter
icy bien des choſes en voulant
vous apprendre ce qui s'eft
paffé depuis noftre départ de
Breft. Noftre navigation a efté
la plus heureufe du monde ,
nos Pilotes fe font trouvez fi
justes à leur point , que toute
ع و س
202 MERCURE
crois
où
leur erreur n'a pas efté de plus
de vingt ou trente lieuës , ce qui
eft fort rare. Le 11. de Juin
nous arrivafmes à la Rade du
Cap de Bonne-Efperance ,
nous mouillafmes le mefme jour
fur les quatre heures du foir. Je
que vous fçavez que ce
font les Hollandois qui font
Maiftres de cet endroit. Ils fu→
rent un peufurpris de nous voir
arriver fix Vaiffeaux , n'eftant
pas accoûtumez à en voir un fi
grand nombre à la fois , ce qui
les a tenus inquiets & fur leurs.
gardes tout le temps que nous
avons efté. Mr le Gouverneur
GALANT. 203 '
dont
nous y a receus fort honneftement.
Nous y avons trouvé d'affez
hons rafraichiſemens
, &
au delà de ce que nous nous ef
tions proposé , tant en herbages,
qu'en beufs & moutons ,
M. le Gouverneur a fait de
fort gros prefens , & entre autres
a nofire feul Bord , de trois
boeufs & dix- huit moutons, &
buit grandes corbeilles d'herba
ges. Le reste qui nous a esté
neceffaire , nous l'avons acheté,
& fort cherement.La defcription
de cet endroit peut fe faire en
peu de mots. Ce n'est qu'un Village
affez petit, dont les maifons
204 MERCURE
font fort baffes & fort foibles ,
bafties feulement de brique . La
plupart des Habitansfont Hol
Landois , & le refte des Negres,
A quelque distance de là , dans
une espece de prairie , font les
premiers Habitans de ce lieu ,
qu'on nomme Outantos, qui eft,
je crois . la Nation du monde la
plus infame. Ce font gens extremement
noirs , qui n'ont pour
veftement qu'une peau de mouton
, & pourmaison qu'une cabane
dejonc , où ils vivent confusément
hommes , femmes , &
enfans , ne mangeant que de la
viande des Animaux qu'ils trouGALANT.
205
went morts d'eux- mefmes. Le
Mary pour se rendre agreable
àfa Femme fe graiffe de vieille
ordure , & fur tout du fang de
quelque animal. Ils laiffent coler
fecher cefangfur eux. Leurs
cheveux , qui font pareils aux
cheveux des Maures , font fro
tez d'une certaine compofition
de noir avec de la graiffe , & its
y pendent quantité de coquilla
ges, de cloux , & de pieces d'ai
rain .Les Femmes , outre les mefmes
ornemens des hommes , ont
cela de plus , qu'elles sentcurent
les bras les jambes des boyaux
des moutons qu'ils mangent,pour
206 MERCURE
s'en fervir de nourriture lors
qu'elles fe trouvent engagées
dans les deferts.
Fay oublié de vous dire qu'en
arrivant à la rade du Cap ;
nous y trouvafmes la Loire ,
cette Flutte que nous avions perdue
dans le coup de vent que
nous eufmes par le travers du
Cap - verd il y avoit feulement
trois jours qu'elle eftoit
mouillée dans la rade , lorsque
nous y arrivafmes.
Pendant le temps que nous
avons efté icy , it's'eftfait quelque
chaffe avec les fils de M™
de Farges , General des trouGALANT
207
pes ; il y eft auffi venu
luy-mefme. Nous avons tué
quantité de gibier , parce qu'il
s'en trouve extraordinairement
dans les endroits où M le
Gouverneur du Cap nous faifoit
menerpar des tireurs de volée
qu'il nous donnoit . Le gibier
que nous y trouvions eftoit des
Chevreuils & des Gafelles , qui
font des animaux plus gros que
Aes Chevreuils , mais de mefme
qualité , des Faifans , Perdrix,
& Cocqs de Bruieres en tresgrand
nombre. A la derniere
chaffe que nous fifmes avec
M de Farges . nous y
208 MERCURE
prifmes fix Chevreuils & trente
cinq pieces de gibier , tant
en Perdrix , qu'en Faifans ou
Coigs de bruieres.
paffé des Nouvelles de l'arrivée
au Cap de Bonne- Efperance,
des fix Vaiffeaux qui
Novembre 1687. P
170 MERCURE
reconduifent à Siam les Am
baffadeurs de ce , Royaumelà
, qui estoient venus en
France. Je vous appris en
mefme temps le débarquement
des Ambaffadeurs &
des Troupes , & ce qui s'eftoit
paflé à ce débarquement
, ainfi que le bon traitement
qui avoit efté fait
aux François par les Hollan
dois. Je reprens aujourd'huy
de plus haut ce qui regarde
ce Voyage , & vous en envoye
un Journal tres - curieux
qui commence au
jour que la Flote partit de
GALANI . 171
4
Breft , & finit à celuy du
rembarquement au Cap de
Bonne-Efperance . Ce Journal
a efté envoyé par M ' Mafurier,
Gentilhomme
Lionnois ,
qui eft allé à Siam avec M²
de Farges , & qui fait connoiſtre
fon efprit par les remarques
judicieufes
qu'il a
faites , & fon
intelligence
dans la
Marine , par la maniere
dont il
s'explique fur
toutes les chofes qui la
regardent. Voicy comme
il parle dans la Defcription
qu'il a envoyée de ce
Voyage.
Pij
172 MERCURE
A
Prés
avoir
demeuré
24- jours
dans dans
la Rade
de
Breft , nous fommes enfin partis
le premier jour de Mars ,
1657. fur les onze heures du
matin pour faire le voyage.
de Siam . Noftre Efcadre eftoit
compofee de fix Vaiffeaux ,
dont le moindre eftoit la Maligne,
cette Fregate legere du
port de cent cinquante tonneaux
, qui y alla avec M
le Chevalier de Chaumont ,
le plus grand eftoit le Gaillard
, noftre commandant , du
port de quatre cens foixante
GALANT. 173
des Officiers
tonneaux. Voicy le nom de ces
fix Vaiffeaux
en chef qui les commandoient.
Le Gaillard , l'Oifcau , la
Loire, la Normande , le Dromadaire
& la Maligne . Le
Gaillard estoit commandé par
M de Vaudricourt , cornmandant
l'Efcadre , fon fecond
Capitaine eftoit M de
Saint-Clerc fon Lieutenant
M de la Leine ; fes En-
Mrs Chamau-
L'Oifeignes
reau Lombut.
&
feau eftoit commandé par M
du Quefne ; fes Lieutenans
eftoient M Defcartes &
2
P iij
174 MERCURE
ان
Mde Bonneuil ; fes Enfeignes
, Mde Tiva , &
M de Freterville . La Loire
commandée
commandée par M²
eftoit
de Foyenfe ; fon Lieutenant ,
M de la Croifferiere , fon
Enfeigne M de Chiftery.
La Normande eftoit commandée
par M de Courfel ;
fons Lieutenant &Ms du Farsate
sufons Enfeignes M² de la
Machefoliere. Les Dromadaire
eftoit commandé par Mª
d'Endeve fon Lieutenant ,
M de Marillys ,infon Enfeigne
, M de Vieuchant.
La Maligne eftoit commandée
SGALANT. 175
par M de Perriere , fon Lieutenant
M de la Lié fervant
de Lieutenant , de premier Pilote
d'Enfeignes (0 )
Doux
nous
Le lendemain fecond jour du
mois de Mars , nous mifmes à la
voile & partifnies de Camarreft ,
qui est une petite rade à
trois dieues de Brest ,
-avions mouillé le foir precedent
pour attendre la Maligne qui
- fortit feulement ce jour-là du
Port de Breft , & nous pouffâmes
au large avec un vent ar
riere qui nous fit bien- toft perdre
la terre de vue . Le Mardy
3. vers une heure aprés Midy ,
Piiij
176 MERCURE
nous rencontrames une Flutte
Holandoife qui paffa fans nous
falüer , parce qu'elle n'avoit
point de Canon . Le Vendredy 6..
nous nous trouvâmes à la hauteur
du Cap de Finifierre &
-avions fait felon l'estime du
Pilote cent vingt ou cent trente
lieuës . Le mefme jour fur les
dix heures du matin , nous rencontrâmes
une Flutte Angloife
qui ne fit que paffer fort prés de
nous & nousfalüer en mettant
fon pavillon , à quoy nous répondifmes
de même en mettant
le noftre,
Le Samedy 7. nous eufmes un
GALANT. 177
vent de Nord-Nord- est qui
nous donna un tres -gros temps ,
jufqu'au Lundy au foir , ce qui
naus fit perdre la Loire, une de
nos Flûte fans fçavoir ce qu'elle
eftoit devenue . Le 13. nous fifmes
rencontre d'une Barque Angloife
, dans laquelle il n'y avoit
quefix ou fept hommes , elle nous
aborda fur les trois heures du
foir , comme fi elle nous avoit
voulu parler , ce qu'elle fit effectivement,
& nous apprit qu'elle
eftoit partie depuis quinze jours
jours de Brifco en Irlande , &
s'en alloit aux Ifles de Madere
chargée de harang & de bega
178 MERCURE
Salé. Elle fut deux jours à noftre
route, jufqu'à ce qu'ellefe trouva
à la hauteur de ces Ifles . Le is.
nous decouvrifmes une Ifle nommée
Porto Santo , qui est une
Ille deferte , &fans autres animaux
que des Canards & des
Lapins , nous ne l'approchâ–
mes que de trois lieuës . Le 17. Il
nous mourut un Matelot . Le 18 .
Nous découvrifmes une des Ifles
desCanaries nomméel Ifle de Salvago
ce fut environ fur les
fept heures du matins en eftant
encore éloignez de neuf à dix
lieües. Le 29. environ à la même
heure , nous apperçûmes à noftre
GALANT. 179
horifon deux bastimens que nous
crûmes Corfaires Saltins . Nous
nous feparames auffi- toft de noftre
Efcadre pour en aller recon-
`n i tre un; mais aprés avoir couru
quelque temps deffus , noftre Capitaine
aima mieux continuer fa
route , fit auffi- toft revirer de
bord,fans avoirefté affez prés de
ce bastimentpour l'avoirpû feurement
reconnoistre mais comme
il venoit en dépendant fur nous
il vint paffer cinq ou fix heures
aprés yfortproche de noftre Vaiffeau
avec le pavillon d'Angle-
-verre , & it
luy donnaffions aucunes marques
Tatáns cque
nous
180 MERCURE
de ce que nous eftions . Le 10.
nous nous trouvâmes entre l'Ifle
de Palme & l'Ile de Gomorre
, eftant à la hauteur de vingtbuit
degrez & àprés de cinq cens
lieuës de Breft. L'Ile de Palme
est une fortgrande Ifles , dont les
terres font fertiles & abondantes
en toutes fortes de danrées ,
habitée en plufieurs endroitspar
les Espagnols à qui elle eft . Le
mefme jourfort tard , nous reconnufmes
à quelques lieuës de
là l'ifle de Fer ; il y avoit deux
jours que nous estions dans les
vents Alifez quifont des vents
qui ne manquent jamais de reGALANT.
181
gner en une pareille faifon dans
ces paffages- là . Ils continuerent
à venter fi beau & bon frais ,
qu'ils nous faifoient
faire juf
qu'à quatre lieues par heure . Le
22. nous paſſâmeș
leTropique
&
le 24. nostre Capitaine
fit mettre
la Chaloupe
dehors , pour aller
à bord du Gaillard
, à deffein de
demander
au Commandant
s'il
pouvoitfaire de l'eau au Capvert,
à la hauteur duquel nous nous
trouvions
pour lors , craignant
de n'en avoir pas fuffisamment
pourarriver
juſqu' auCap de bonne
Esperance
; mais comme il
vouloit profiterdu vent favora182
MERCURE
ble que nous avions , il ne luy
permit point d'y moüiller. Quatre
jours aprés nous eûmes un calme
qui nous tint cinq jours.
Pendant ce temps- là nous vifmes
differents poiffons fans en
pouvoirprendre aucun.Ñous vtmes
encore dans ces mefmes
parages quantité de poiffons
volans , & mesme il y en
eut quelques - uns qui donnerent
dans nos voiles . Ce
font des poiffons de la groffeur
d'un Harang, n'ayant que deux
nageoires affez grandes , qui leur
fervent à nager dans l'eau , &
à voler dehors , pour éviter Iss
GALANT. 183
Bonnittes & les Requains , qui
les pourfuivent , & s'en nour
riffent. Ces Requains furent les
poiffons que nous vifmes le plus
fouvent. Ils font fort grands ,
extrémement dangereux pour
ceux qui malheureusement fe
laiffent tomber à la Mer ,
estant bien plus avides de la
chair humaine , que de toute autre
forte d'apast , & bien fouvent
ils emportent une jambe
ou la moitié du corps a un homme,
lors qu'ils les trouvent dans
Peau , vif ou mort. Le 29. noftre
Capitaine fe fervant de l'occafion
que luy donnoit le calmes
4
184 MERCURE
envoya la Chaloupe à bord du
Dromadaire
,
pour porter des
Lettres à quelques- uns des Officiers
, qui nous apprirent dans
leurs réponses la maladie de
trente ou quarante des leurs ,
tant Matelots que Soldats , &
de deux Matelots qui la
perte
fe noyerent en manoeuvrant ,·
d'un grand coup de vent , que
nous avions eu le 8. du mefme
mois.
Comme il eft fort rare dans
un endroit comme celuy- cy , de
s'acquitter des Offices ordinaires
que l'on dit dans nos Paroiffes
pendant la Semainefainte, d'une
GALANT. 185
maniere auffi édifianie qu'on le
fit dans noftre Bords, & que
les Officiers les plus anciens dans
·la Marine , affurent ne l'avoir
pas veu depuis qu'ils navigent,
je croy qu'il ne fera pas hors de
propos d'en dire icy quelque chofe
. Il est vray que nous attribuames
la plus grande partie de
la gloire qui fut renduë à Dieu
dans ce faint temps , auxfoins
particuliers , & aux peines que
fe donnerent avec un zele ardent
les PeresJefuites , que nous
eufmes le bonheur d'avoir dans
nostre Bord. Pendant toute cette
Semaine , nous eûmes exacte-
Novembre 1687.
V
186 MERCURE
ment tous les jours Sermon , &
les Offices ordinaires de ce ter temps
yfurent regulierement obfervez.
Le Mercredy , Jeudy & Vendredy
faint nous chantafmes
Tenebres ; du feudy au Vendredy
le Saint Sacrement fut exposé
pendant vingt-quatre heures
le lendemain Vendredy
nous exfmes le Sermon fur la
Paffion par un de ces Peres, avec
l'applaudiffement de tous ceux
du Vaiffeau , & le Samedy, &
le Dimanche de Pafques , il y
eut grand' Meßse avec la fimphonie
des Violons , des Haut-
Flûtes doutes. bois ,
ПGALANT. 187
5
Le premier d'Avril nous nous
trouvaſmes à la hauteur de buit
•degrez quarante minutes & le
calme nous tint dans ce mefme
endroit pendant quinze jours.
Le 2. nous eufmes vifite des Officiers
du Dromadaire, & le 3.
M. de Farges General des Trovpesqui
vont à Siam , vint difner
staa noftre Bord. On l'y recent avec
toute la propreté & toute la magnificence
poffible dans un endroit
comme celuy.cy. L'aprésmidy
fe paffa aujeu de la Baffette.
Le s. nous prifmes deux
fort gros Requains, fur lefquels
nous trouvions des poiffons atta-
Q ij
188 MERCURE
les Marins appellent > chez
que
Suffets
. Ils
font
de la groffeur
d'une
Sardine
, &
ne
quittent
point
cet
animal
qu'il
ne
foit
mort
. Depuis
le s . jusqu'au
7.
nous
nous
trouvafmes
à pic
du
Soleil
, c'est
à dire
, qu'il
eftoit
fi
perpendiculairemennt fur nous ..
qu'il nousfut impoffible de prendre
hauteur pendant ces deux
jours , parce qu'à midy , qui eft
l'heure où l'on prend hauteur, le
Soleil ne faifoit aucune ombre ,
ce qui nous fit fentir de tresgrandes
chaleurs. Tout l'Equipage
en fouffrit ,par la foif qu'il
reffentoit de ces grandes chaleurs .
GALANT. 189
Le s.il nous vint un peu de vent,
qui nous fit trouver le lendemain
à deux degrez une minute du
pic. Le 9. nous harponnafmes des
Marfoins , qui font de fort gros
poiffons. Cet animal eft à peu
prés de la figure d'un cochon ,
ceux que nous prenions eftoient
de deux trois cens pefant. Il
a le fang chaud, & il n'y aguere
de difference de fa chair à celle
d'un Bauf. Le lendemain nous
prifmes une Dorade , qui eft un
poiffon tout doré , & prefque de
mefme figure que l'Alofe. Ieft
tres-bon à manger. Le 11. nous
découvrifmes à noftre horifon un
190 MERCURE
Vaiffeau que les cal nes nous empefcherent
de pouvoir reconnoifire,
& tous les vents que nous
avions dans ces endroits- cy, ne
venoient que par coups , & nous
obligeoient à ferrer generalement
toutes nos wiles.nalisqun !
Le 19. nous nous trouva/mes
fous la Ligne , & Mrs les Marins
ne manquerent pas à garder
les ceremonies qu'ils ont accoutumé
d'obferver toutes les fois
fois qu'ils la paffent, à l'égard de
ceux qui ne l'ont pas encore pafsée
, de mefme qu'ils le font au
Tropique . à certains Ďétroits.
C'est une Ceremonie profane &
t
C
GALANT
. 191
euxso
༣
ridicule , mais inviolable parmy
Chaque Nation la prati
que diverfement
, & mesme les
Equipages d'une mefme Nation
ne la pratiquent pas tous d'une
mefme maniere. Les François
l'appellent Baptefme, & woicy
la maniere dont elle s'obferva
duns noftre Bord. On rangea
~tant a Bas- bord qu'à Scribord ,
qui font les deux coftez du Vaif-
Jeau , des Bailles & des Curvertes
pleines d'eau de Mer, &
bordez par des Matelots rangez
en haye , chacun unfeau
plein d'eau en main . Ce premier
appareil n'eft que pour l'Equi192
MERCURE
page , c'est à dire , Pilotes, Soldats
, & Matelots
, & comme
tous ceux qui n'ont point
paffe la Ligne font obligez
fans
aucune
referve
de recevoir
ce
Baptefme
les uns aprés les autres
; ce qu'ils font en effuyant
tous ces fceaux
d'eau fur leur
corps ; il y eut une maniere
de
le donner
proportionnée
& convenable
aux perfonnes
de diftinction
quife trouverent
dans.
noftre
bord
comme
eftoient
Meffieurs
les Envoyez
, Offficiers
de Vaiffeau
, Officiers
ر
d'Infanterie
, & autres Paffagers.
Ceux
GALANT 193
و
Ceux qui font ordinairement
commis pour exercer cette forte
de Comedie ,font quatre des premiers
Pilotes , fuivis de buit ou
dix Matelots. Aprés s'eftre barbouillez
revestus de cables ,
capots autres fortes de hardespropres
à les rendre ridicules ,
le premier Pilote tenant en main
quelque livre de marine ou de pilotage
, fait presterfur ce livre.
ferment à tous ceux qui reçoivent
le Baptême , & jurer hautement
qu'autant de fois que l'occafion
fe prefentera d'en baptifer d'au
tres , ils le feront avec les mefmes
ceremonies que l'on obferve
Novembre 1687 . R
194 MERCURE
&
>
pour eux ; mais comme leur intention
n'est autre que de faire
une certainefomme d'argent, onfe
rachette de ces rafraifchiffemens
,
"& on reçoit le Baptême
enfe lavant
feulement
les mains dans
un baſſin.Ainfi l'on preste leferment
l'on pave en mefme
temps chacun felon fon pouvoir.
-On commença
par Meffieurs
les
Ambasadeurs
, mais ce fut chacun
dans leur chambre , & non
pas au pied dugrand maſt comme
tous les autres.Les
Pilotesfirent
prés de vingt piftoles de cerachat
deceremonie
. Le 22.nous harponnames
unfort grosMarfoin
, dans
GALANT. 195
lequel nous trouvâmes un jeune
marfonneau . Nous allons du
vent de Nord eft depuis cinq
jours, à trois lieues & trois lieues
& demie par heure.
LeJudy premierjour deMay,
nous nous trouvâmes par 13. degrez
33 minutes.Le lendemain le
vent devintfrais extraordinairement
en nous portant toûjours à
noftre route , ce qui nous donnoit
à tous une grande joye par
l'envie que nous avions d'arri
ver au Cap . Le 10. noftre Cap?-
taine avec quelques uns de nos
Officiers s'en allerent à bord du
Gaillard , pour jouer à la baf-
Rij
196 MERCURE
fette , & rapporterent cent cinquante
écus de gain . Le mefme
jour le Pere Tachard avec quelques
Jefuites vinrent du Gailfard
rendre vifite à Monfieur
Ambaffadeur. Le len
demain , onzième du mesme
mois,nous eufmes une Eclypfe de
Soleil , & ilfut cachéfeulement
d'un tiers. Le 13. j'allay au Gail
lard pour voir Meffieurs les Ambaffadeurs
Siamois , par l'ordre
de Monfieur de laLoubere noftre
Ambaffadeur. Fe revins dans
noftre chaloupe avec M¹ de
Farges General des troupes ,
quatre Officiers, tant du Bord
C
GALANT. 197
å
que des troupes, qui vinrent difner
avec noftre Capitaine ; on
les traita magnifiquement
. L'aprés
midy fe paffa à jouër à la
baffette, & noftre Capitaine y fit
un gain fort confiderable . Le 16 .
un vent du Sud un quart de Sud
nous donna pendant deux fois
vingt- quatre heures un fort gros
temps qui nous fit perdre laNormande
pour deux jours feulement.
Le 18. Fefte de la Pentecofte
, nous nous trouvâmes par
les 33. degrez moins 3. minuttes ,
600. lieües feulement éloignez
du Cap de Bonne -Efperance
. Ce mefme jour nous eufmes.
Riij.
198 MERCURE
grande Meffe dans noftre Bord
avec la Simphonie des violons ,
Monfieur Sebret rendit le
·Pain benit , ayant cu le chanteau
du jour de Pafques , ce
qu'il fit d'une maniere fort propre.
Le 19.il nous mourut un Soldat.
Les Pilotes ne nous faisant
plus qu'à quatre cens lieuës du
Cap , le ventfe mit àl'Ouest &
fi frais , qu'il nous faifoit faire
prés de trois lieues & demie par
heure . Le 10. de Juin prefque
tous nos Pilotes fe trouverent
terre , nous ne la découvrions
point encore ; mais le 11.
fur le Midy, nous commençâmes
à
1
GALANT.. 199
, י
à la voir , & ce fut pour nous
un fujet de joye inconcevable,
ayant efté depuis cent troisjours
à la voile fans toucher terre
& quatre- vingt- dix jours fans
la voir. Enfin le mefme jourfur
les quatre heures , nous mouillâ
mes dans la rade du Cap de
Bonne-Esperance , & le lendemain
nous faluames la Fortereffe
de fept coups de Canons ;
elle nous rendit le falut coup
par coup. Le Gouverneur nous
y a fait mille honneftetez, avec
des prefens de boeufs , moutons ,
herbages , & autres fortes de
rufraifchiffemens , dont il a fait
Riiij
200 MERCURE
prefent à Meffieurs nos Envoyez,
& à quelques - uns des.
Capitaines de noftre Efcadre . Le
15. Meffieurs les Ambassadeurs
Siamois allerent à terre pour voir
Monfieur le Gouverneur du Fort
en fortant de leur Bord , ils
furent faluez par chaque Vaiffeau
de noftre Efcadre de ref
coups de Canon . Le 18. ils
vinrent difner à noßre Bord
lors qu'ils fortirent fur les
trois heures aprés Midy , nous
les faluâmes de neufcoups de
Canon.
Quoy que cette Relation
air efté envoyée entiere , il
GALANT 201
eft aifé de voir que M Mafurier
l'a écrite à mesure que
les chofes fe font pallées. En
voicy la fuite qui a eſté faite
fur le point du rembarque
ment au Cap de Bonne -Efperance
.
Comme je vous envoye fekument
une Relation de noftre
Voyage , ilferoit inutile de repeter
icy bien des choſes en voulant
vous apprendre ce qui s'eft
paffé depuis noftre départ de
Breft. Noftre navigation a efté
la plus heureufe du monde ,
nos Pilotes fe font trouvez fi
justes à leur point , que toute
ع و س
202 MERCURE
crois
où
leur erreur n'a pas efté de plus
de vingt ou trente lieuës , ce qui
eft fort rare. Le 11. de Juin
nous arrivafmes à la Rade du
Cap de Bonne-Efperance ,
nous mouillafmes le mefme jour
fur les quatre heures du foir. Je
que vous fçavez que ce
font les Hollandois qui font
Maiftres de cet endroit. Ils fu→
rent un peufurpris de nous voir
arriver fix Vaiffeaux , n'eftant
pas accoûtumez à en voir un fi
grand nombre à la fois , ce qui
les a tenus inquiets & fur leurs.
gardes tout le temps que nous
avons efté. Mr le Gouverneur
GALANT. 203 '
dont
nous y a receus fort honneftement.
Nous y avons trouvé d'affez
hons rafraichiſemens
, &
au delà de ce que nous nous ef
tions proposé , tant en herbages,
qu'en beufs & moutons ,
M. le Gouverneur a fait de
fort gros prefens , & entre autres
a nofire feul Bord , de trois
boeufs & dix- huit moutons, &
buit grandes corbeilles d'herba
ges. Le reste qui nous a esté
neceffaire , nous l'avons acheté,
& fort cherement.La defcription
de cet endroit peut fe faire en
peu de mots. Ce n'est qu'un Village
affez petit, dont les maifons
204 MERCURE
font fort baffes & fort foibles ,
bafties feulement de brique . La
plupart des Habitansfont Hol
Landois , & le refte des Negres,
A quelque distance de là , dans
une espece de prairie , font les
premiers Habitans de ce lieu ,
qu'on nomme Outantos, qui eft,
je crois . la Nation du monde la
plus infame. Ce font gens extremement
noirs , qui n'ont pour
veftement qu'une peau de mouton
, & pourmaison qu'une cabane
dejonc , où ils vivent confusément
hommes , femmes , &
enfans , ne mangeant que de la
viande des Animaux qu'ils trouGALANT.
205
went morts d'eux- mefmes. Le
Mary pour se rendre agreable
àfa Femme fe graiffe de vieille
ordure , & fur tout du fang de
quelque animal. Ils laiffent coler
fecher cefangfur eux. Leurs
cheveux , qui font pareils aux
cheveux des Maures , font fro
tez d'une certaine compofition
de noir avec de la graiffe , & its
y pendent quantité de coquilla
ges, de cloux , & de pieces d'ai
rain .Les Femmes , outre les mefmes
ornemens des hommes , ont
cela de plus , qu'elles sentcurent
les bras les jambes des boyaux
des moutons qu'ils mangent,pour
206 MERCURE
s'en fervir de nourriture lors
qu'elles fe trouvent engagées
dans les deferts.
Fay oublié de vous dire qu'en
arrivant à la rade du Cap ;
nous y trouvafmes la Loire ,
cette Flutte que nous avions perdue
dans le coup de vent que
nous eufmes par le travers du
Cap - verd il y avoit feulement
trois jours qu'elle eftoit
mouillée dans la rade , lorsque
nous y arrivafmes.
Pendant le temps que nous
avons efté icy , it's'eftfait quelque
chaffe avec les fils de M™
de Farges , General des trouGALANT
207
pes ; il y eft auffi venu
luy-mefme. Nous avons tué
quantité de gibier , parce qu'il
s'en trouve extraordinairement
dans les endroits où M le
Gouverneur du Cap nous faifoit
menerpar des tireurs de volée
qu'il nous donnoit . Le gibier
que nous y trouvions eftoit des
Chevreuils & des Gafelles , qui
font des animaux plus gros que
Aes Chevreuils , mais de mefme
qualité , des Faifans , Perdrix,
& Cocqs de Bruieres en tresgrand
nombre. A la derniere
chaffe que nous fifmes avec
M de Farges . nous y
208 MERCURE
prifmes fix Chevreuils & trente
cinq pieces de gibier , tant
en Perdrix , qu'en Faifans ou
Coigs de bruieres.
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5
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
Il y a lieu de croire qu'on ne lit plus l'Avis qui a [...]
Mots clefs :
Caractères lisibles, Port
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texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AULECTEUR.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuistantd'années.
aucommencement de chaque
Volume du Mercure , puifque malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quifetrouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on níglige de le faire , ce qui eft
caufe qu'il y en a quantité
A ij
AULECTEUR
dedéfigurez, etant impoffible
dedevinerlenom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tous lesbonsOuvrages àleur
tour , pourvu qu'ils ne defobligent perfonne , &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent leport
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuistantd'années.
aucommencement de chaque
Volume du Mercure , puifque malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quifetrouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on níglige de le faire , ce qui eft
caufe qu'il y en a quantité
A ij
AULECTEUR
dedéfigurez, etant impoffible
dedevinerlenom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tous lesbonsOuvrages àleur
tour , pourvu qu'ils ne defobligent perfonne , &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent leport
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Résumé : AU LECTEUR.
L'éditeur du Mercure déplore la mauvaise habitude de ne pas écrire les noms propres de manière lisible dans les mémoires envoyés. Il rappelle l'importance de bien orthographier les noms pour éviter toute confusion. Le Mercure ne rémunère pas les mémoires reçus et publie tous les bons ouvrages à condition qu'ils ne nuisent à personne et que les auteurs en assument les frais d'envoi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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Il y a lieu de croire qu'on ne lit plus l'Avis qui a [...]
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Lisible, Deviner, Envoyer, Port
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AULECTEUR.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuis tantd'années
aucommencement dechaque
Volume du Mercure , puif
que malgré les prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quife trouvent dans
le's Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on néglige de le faire , ce qui eft
cause qu'ily en a quantité
1
A ij
AU LECTEUR
dedéfigurez, étant impoffible
de devinerle nom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'onneprend
aucun argent pour ces Memoires,& quel'onemployera
tous les bons Ouvrages aleur
tour , pourvu qu'ils ne def
obligent perfonne, & que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent le port
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuis tantd'années
aucommencement dechaque
Volume du Mercure , puif
que malgré les prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quife trouvent dans
le's Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on néglige de le faire , ce qui eft
cause qu'ily en a quantité
1
A ij
AU LECTEUR
dedéfigurez, étant impoffible
de devinerle nom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'onneprend
aucun argent pour ces Memoires,& quel'onemployera
tous les bons Ouvrages aleur
tour , pourvu qu'ils ne def
obligent perfonne, & que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent le port
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Résumé : AU LECTEUR.
Le Mercure demande aux contributeurs d'écrire les noms propres de manière lisible et orthographiée correctement pour éviter les erreurs d'identification. La publication refuse tout paiement pour les mémoires soumis et les affranchit elle-même. Les contributions doivent être exemptes de contraintes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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Il y a lieu de croire qu'on ne lit plus l'Avis qui a [...]
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ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuis tant d'années
aucommencement dechaque
Volume duMercure , puif
que malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quife trouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on néglige de le faire , ce qui eft
cauſe qu'il y en a quantité
A ij
AU LECTEUR
dedéfigurez étant impoffible
dedeviner le nom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tousles bons Ouvrages àleur
tour , pourvû qu'ils ne def
obligent perfonne, &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent le port.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuis tant d'années
aucommencement dechaque
Volume duMercure , puif
que malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quife trouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on néglige de le faire , ce qui eft
cauſe qu'il y en a quantité
A ij
AU LECTEUR
dedéfigurez étant impoffible
dedeviner le nom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tousles bons Ouvrages àleur
tour , pourvû qu'ils ne def
obligent perfonne, &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent le port.
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Résumé : AU LECTEUR.
L'éditeur du Mercure déplore la mauvaise lisibilité des noms propres dans les mémoires soumis, rendant difficile l'identification des lieux et familles. Il demande une orthographe correcte et précise que la publication est gratuite et accepte tous les ouvrages, à condition qu'ils soient affranchis et respectueux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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AU LECTEUR.
Début :
Il y a lieu de croire qu'on ne lit plus l'Avis qui a [...]
Mots clefs :
Port, Caractères lisibles
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texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit iiplus i
n
jivis â qui a
esté mis depuistant d'années
au commencement de chaque
Volume du Mercure, fUi.(
que malgréles prieres réiterées qu'onafaitesd'écrire en
caracteres lisibles les Noms
propres quise trouvent dans
lesMemoires
pourestre employez,, on néglige de le faire
9
ce qui est
cIJufè qu'il y en a
quantité
de défigurezjetantimpossible
de devinerle nom d'une Tm
re, ou d'une Famille
,
s'ià
n'ejf bien écrit. On prie dù
nouveau ceux qui en envoyent dj prendre garde
s'ils veulent que les nomi\
propres soientcorrects. 0/s
avertit encore qu'on neprenez
aucunargent pour ces Ain
moires,&quel'onemployera
J^is{esbons Ouvrages à le14À
four, pourvuqu'ils ne défi
obligent personne, & qui%
ceux qui les envoyeront ll\'
affranchirent le port.
ne lit iiplus i
n
jivis â qui a
esté mis depuistant d'années
au commencement de chaque
Volume du Mercure, fUi.(
que malgréles prieres réiterées qu'onafaitesd'écrire en
caracteres lisibles les Noms
propres quise trouvent dans
lesMemoires
pourestre employez,, on néglige de le faire
9
ce qui est
cIJufè qu'il y en a
quantité
de défigurezjetantimpossible
de devinerle nom d'une Tm
re, ou d'une Famille
,
s'ià
n'ejf bien écrit. On prie dù
nouveau ceux qui en envoyent dj prendre garde
s'ils veulent que les nomi\
propres soientcorrects. 0/s
avertit encore qu'on neprenez
aucunargent pour ces Ain
moires,&quel'onemployera
J^is{esbons Ouvrages à le14À
four, pourvuqu'ils ne défi
obligent personne, & qui%
ceux qui les envoyeront ll\'
affranchirent le port.
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Le texte souligne des problèmes de lisibilité des noms propres dans les volumes du Mercure de France, malgré des demandes répétées. Ces erreurs rendent impossible l'identification des personnes ou des familles mentionnées. Il insiste sur l'importance d'écrire correctement les noms propres. Les mémoires ne sont pas rémunérés et seuls les bons ouvrages seront utilisés, à condition d'être envoyés affranchis et sans contrainte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 223-224
Extrait d'une autre Lettre. [titre d'après la table]
Début :
Le reste des 600. hommes se sauva au Fort qui est [...]
Mots clefs :
Frégate, Fort, Ennemis, Port
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une autre Lettre. [titre d'après la table]
Ce qui fuit eji extrait
,>
dune autre Relation.
Le reste des 600. hommes
se sauva au Fort qui est
au bout du Mole d'où les
ennemis faisoient ungrand
feu. Ils estoient fouftenus
par le canon d'une Fregate
qui estoit dans le port costé
en travers, & de plusieurs
vaisseaux.
L'Artillerie estant arrivée
, on en fit trois batteries
y
& après avoir fait
quelques décharges qui
chasserent la Fregate du
port, les Grenadiers commandez
par Mr d'Auzé,
Capitaine au Regiment
d'Artois, & soustenu par
Mrde Planque,s'avancerent
lelong duMole, &
escaladerent le Fort où ils
firent prisonniers deuxOfficiers&
soixante & dix
soldats.
On fit ensuite avancer à
l'extremité du village une
batterie qui obligea les ennemis
à s'éloigner, & le
30. Juillet ils sirentvoile
vers leLevant.
,>
dune autre Relation.
Le reste des 600. hommes
se sauva au Fort qui est
au bout du Mole d'où les
ennemis faisoient ungrand
feu. Ils estoient fouftenus
par le canon d'une Fregate
qui estoit dans le port costé
en travers, & de plusieurs
vaisseaux.
L'Artillerie estant arrivée
, on en fit trois batteries
y
& après avoir fait
quelques décharges qui
chasserent la Fregate du
port, les Grenadiers commandez
par Mr d'Auzé,
Capitaine au Regiment
d'Artois, & soustenu par
Mrde Planque,s'avancerent
lelong duMole, &
escaladerent le Fort où ils
firent prisonniers deuxOfficiers&
soixante & dix
soldats.
On fit ensuite avancer à
l'extremité du village une
batterie qui obligea les ennemis
à s'éloigner, & le
30. Juillet ils sirentvoile
vers leLevant.
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Résumé : Extrait d'une autre Lettre. [titre d'après la table]
Une bataille opposa 600 hommes retranchés dans un fort à l'extrémité d'un môle, soutenus par une frégate et des vaisseaux. L'artillerie créa trois batteries, chassant la frégate. Les grenadiers, dirigés par Monsieur d'Auzé, capturèrent deux officiers et soixante-dix soldats. Les ennemis se retirèrent et levèrent l'ancre le 30 juillet.
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10
p. 102-108
Nouvelles de Marine, [titre d'après la table]
Début :
Le sieur Févre, Commandant la Fregate le S. François de [...]
Mots clefs :
Bayonne, Le Havre, Calais, Dunkerque, Port, Capitaine, Roi, Navires, Commandant
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Marine, [titre d'après la table]
DeBayonne le 17. Decembre
1 7 10.
Le sieur Févre, Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo,a
pris ujn Vaisseau Port*ugais,
venantdu Bresil
d'environ600. Ton-,
neaux ,
qu'il a conduit à
Castres.
Du Havre leDécembre1710.
Deux prises Angloises,
l'unede120 Tonneaux,
& l'autre de 80. conduite
ce Port par la Frégate
laCouronne de S. Malo,
estimées 200000. livrçs.
r- 'y
f
DeCalais le 11. Décembre1710.
.-
Le Capitaine Marc-
Teste, Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouse,amené en ce
Port, une prise de 60.
l
Tonneaux , chargée de
t Beurre.
De Dunkerque le 7.y.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauss, a
conduit en ce Port,uné
priie Angloise,& a tire
d'une prise Portugaise,
faisant partie de la flotte
du Bresîl, 600. Caisses
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere, a pris un
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port.
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoyé Monsieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adressée pour
vous; je profite de cette occasion,
pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Saufs, Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite; il commande le Vad:"
seau l'Auguste, Mr Battement
le Blakoal,& Mr Pomet
le Prothée, &il s'estoit
joint à eux trois Corsaires
deCalais; ils ont rencontré
11.Navires Anglois venant
de la Virginie,escortez par
deux Vaisseaux de Guerre
de 36 , &40 Canons Mr
Saufs ayant fait signal d'abordage
, les convois ont
pris la'- suite avec 4 Navires
Marchands
,
dont deux fo
sont échouez & bruslez ;
quatorze ont ésté pris. Il
est aussi arrivé à Calaisquatreautres
prises faites par
des Corsaires de ce Port
chargées , de différentes Marchandises
,
dans lesquelles
Mr Sauffa part.
Mrsde la Jaillecommandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne&du Bois dela
Mothe commandant l'Argonaute,
ont pris trois Navires
Anglois. venant de la
nouvefter>York,chargez de
bled, farine & biscuirs;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venise
chargé de saumon & floc-J
fich,& un autre venant de
Ligourne, chargé debled ôc
de rit.
On a appris de Malthe
que le Commandeur de S
Aulaire, dela Maison de
Beaupoil,Capitaine de Vaisseau
du Roy, Secretaire des
Commandemens & Grand
Maistre pour les affaires de
France, son Grand Ecuyer,
& Gouverneur de cette Ville,
aesté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
1 7 10.
Le sieur Févre, Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo,a
pris ujn Vaisseau Port*ugais,
venantdu Bresil
d'environ600. Ton-,
neaux ,
qu'il a conduit à
Castres.
Du Havre leDécembre1710.
Deux prises Angloises,
l'unede120 Tonneaux,
& l'autre de 80. conduite
ce Port par la Frégate
laCouronne de S. Malo,
estimées 200000. livrçs.
r- 'y
f
DeCalais le 11. Décembre1710.
.-
Le Capitaine Marc-
Teste, Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouse,amené en ce
Port, une prise de 60.
l
Tonneaux , chargée de
t Beurre.
De Dunkerque le 7.y.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauss, a
conduit en ce Port,uné
priie Angloise,& a tire
d'une prise Portugaise,
faisant partie de la flotte
du Bresîl, 600. Caisses
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere, a pris un
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port.
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoyé Monsieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adressée pour
vous; je profite de cette occasion,
pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Saufs, Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite; il commande le Vad:"
seau l'Auguste, Mr Battement
le Blakoal,& Mr Pomet
le Prothée, &il s'estoit
joint à eux trois Corsaires
deCalais; ils ont rencontré
11.Navires Anglois venant
de la Virginie,escortez par
deux Vaisseaux de Guerre
de 36 , &40 Canons Mr
Saufs ayant fait signal d'abordage
, les convois ont
pris la'- suite avec 4 Navires
Marchands
,
dont deux fo
sont échouez & bruslez ;
quatorze ont ésté pris. Il
est aussi arrivé à Calaisquatreautres
prises faites par
des Corsaires de ce Port
chargées , de différentes Marchandises
,
dans lesquelles
Mr Sauffa part.
Mrsde la Jaillecommandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne&du Bois dela
Mothe commandant l'Argonaute,
ont pris trois Navires
Anglois. venant de la
nouvefter>York,chargez de
bled, farine & biscuirs;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venise
chargé de saumon & floc-J
fich,& un autre venant de
Ligourne, chargé debled ôc
de rit.
On a appris de Malthe
que le Commandeur de S
Aulaire, dela Maison de
Beaupoil,Capitaine de Vaisseau
du Roy, Secretaire des
Commandemens & Grand
Maistre pour les affaires de
France, son Grand Ecuyer,
& Gouverneur de cette Ville,
aesté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
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Résumé : Nouvelles de Marine, [titre d'après la table]
En décembre 1710 et janvier 1711, plusieurs captures de navires ont été réalisées par des commandants français. Le sieur Févre, à bord du Saint-François de Saint-Malo, a capturé un vaisseau portugais de 600 tonneaux venant du Brésil, conduit à Castres. Au Havre, la Couronne de Saint-Malo a amené deux prises anglaises, d'une valeur estimée à 200 000 livres. À Calais, le capitaine Marc-Teste a capturé un navire de 60 tonneaux chargé de beurre. À Dunkerque, le capitaine Sauss a conduit une prise anglaise et a récupéré 600 caisses de sucre blanc et 25 livres de poudre d'or d'une prise portugaise. Le chevalier de Rochepiere a capturé un pinck vide. En janvier 1711, à Calais, le capitaine Saufs a capturé onze navires anglais venant de Virginie, escortés par deux vaisseaux de guerre. Quatre autres prises ont été faites par des corsaires de Calais. Les commandants de la Jaille et du Bois de la Mothe ont capturé plusieurs navires anglais chargés de blé, farine, biscuits, saumon et autres marchandises. Par ailleurs, le commandeur de Saulxure a été nommé Grand Croix et Maréchal de l'Ordre de Malte.
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11
p. 217-248
Tres-humble Adresse presentée à la Reine de la Grande Bretagne par le Deputé du Magistrat de Dunkerque auprés de sa Majesté.
Début :
MADAME, Le sieur TUGGHE Deputé du Magistrat de Dunkerque auprés [...]
Mots clefs :
Reine, Grande-Bretagne, Dunkerque, Député, Démolition, Port, Miséricorde, Majesté, Commerce, Travaux, Familles, Subsistance, Pêche, Conserver , Clémence
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texteReconnaissance textuelle : Tres-humble Adresse presentée à la Reine de la Grande Bretagne par le Deputé du Magistrat de Dunkerque auprés de sa Majesté.
Très-humbleAdreffi presentée à
la Reine de la Grande Bretagnepar
le Députédu Milgistrat
de Dunkerqueauprés
deSaMajesté.
MADAME,
Le sieur T U G G H E Deputé
du Magistrat de Dunkerque
auprès de Vôtre Majiltc
, pour implorerVotre
Clemence au fuictd, la Démolition
resoluë de cettc
Ville & de son Port, avoit
cfperé que par les tres soumises
representations qu'il
avoit osé faire,touchant la
misereextrême où cette Demolition
va reduire dix- huit
mille Familles dont cette
Ville cft composée, la misericorde
de Votre Majesté
auroir pû être ébranlée, &
que suivant sa tres re spectucufedemande
il auroit pû
en obtenir Ja conservation
des seulesJetées de ce Porr.
Mais My Lord Vicomte de
Bolingbrockevotre Secrétaire
dEtat vient de le fraper
d'un coup de foudre, en lui
annonçant que Votre Majesté
n'apas trouve à propos
de rienchanger dans la Seno
tence terrible qu'elle a prononcéecontrecetteVille,
ÔC
qu'elle veut que cette Sentence
soit exécutée dans toute
son éccnduë. Etourdi de ce
coup, le sieur Tugghe ne
laisse pas de s'approcher encore
une fois de votre Tiône
redoutable, rassuré en
cela par les bienfaits que vo- treClemenceen ftic découler
sur tous les Peuples de la
Terre. Et de representer en
tremblant à Votre Majesté,
qu'il ne demande point que
les Travaux qui peuvent servir
à Dunkerque soit pour
sonattaque, soit pour sa défence
soient conservez, ni
du côté de la Terre, ni du
côté de la Mer. La magnificence
de ces Travaux, la
terreur qu'ilspouvoient inspirer
à tous ceux qui les
voyoient, ne touchent plus
ses malheureux Habitans. Il
ne demande que la confervarion
des feules jetées qui
forment & qui entretiennent
son Port, pour pouvoir par
là conserver à son Peuple
une subsistance seulement
nécessaire, en le mettant en
état de continuer sa Pêche
du Harang
, & quelqueautres
petits Commerces le
Jong de la Côte.
Votre Majesté pleine d'une
Clemence naturelle
J
&
d'uneCharité Chrétienne
dont toutes les Nations ressentent
les effets, ne veut
point le mal pour le mal,
4c elle ne l'admet dans fcs réfolurions
qu'autant qu'ilest
indispensable & necessaire
selon ses vûës politiques&.
suivant le bien de ses propres
Sujets. Le sieurTuggheosera
sure observer à Votre Ma;
jette, que lacon conservation du
Port de Dunkerque, dans
l'etatnud où il vient d'être
representé, ne fera non seulement
pascontraire, niaux
vûës politiques de l'Angleterre
, ni au bien des Sujets
de la Grande Bretagne, mais
quelle fera même favorable
l, &' 1, aun à l'autre.
Dunkerque à eu le malheur
de devenir l'objetdelà
colere de la Grande Bretagne
,
soit par ses armemens
que le Roi y a faits, &qui
ont pû pendant les dernières
Guerres, traverser la tranquilité
de vos Royaumes, &
retarder l'éxecutiondes projets
de Votre Mjjcitc
,
soit
aussi par la course qu'ont faite
ses Habitans
,
laquelle à
souvent interrompu,& sou.
vant endommagé le commerce
de vos Sujets. Mais
dans l'état où le Suppliant
demande que son Port soit
réduit,c'est à dire, dépouillé
de tous ses Travaux
,
&
confervé dans les feules jetées
, il ne pourra plus, quelque
Guerre qui survienne
( , ce qu'il plaise à Dieu dedetourner)
ni former dobstacleaux
projets deVotre Majesté,
ni interrompre lecommerce
de vos Sujets, puisqu'alors
se sera une Ville toute
ouverte du côté de la Terre
& de la Mer; abandonnée
au premier occupant; sans défense pour celui qui
l'ocupera; & où toute Nation
Ennemie pourra entrer
par Mer & par Terre pour y
brûler, & les Vaissauxqu'on
pourroit y armer,&la Ville
& le Port même. Ainsi
danscet état, Dunkerquene
fera plus contraire
, & ne
pourra plus 1 être,ni aux vuës
politiquesde Votre Majesté
ni au bien de ses Sujets.
La conservation c'u Port
de Dunkerque sans Travaux
& sans défenses
) pourra être
dans les suites) également
utile, & devenir même abfolument
nécessaire & aux
vûës politiquesde Votre Majesté,
& au bien de ses Su jets.
Les vûësPolitiquesdeVotre
Majesté, sur tout en tems
de Paix, se renferment toutes
dans l'augmentation du
commerce de ses Sujets,
comme le bien de ses Sujets
cHtôur réarmedans laug-
- tmncennrtaattiioonn dauu ccoommmmeerrccee..
AJnfi en prouvant que laCol-bi
/crvaiionilu Port de Dunkerque
fera, non seulement
âvantageuse, mais aussi nécessaire
au commerce des
Peuplesrde la Grande Bretagnejle
Suppliant prouvera
tout ce qui est contenu dans
sa seconde proposition
i°. Dunkerque n'est devenu
l'objet de la jalousie des
Hollandais,& les Hollandois
n'ont desiré sa destruction
j que dans la vûë des'atribucr
à eux seuls tous le
commerce du PAYS- Bas AUU
trichien
,
& roue celuide
l'Allemagne;&ils ontcraint
que cesdeux commerces ne
fussent partagez avec eux par
lesautresNations, si le Port
-
de cette Ville étoit confervé
; parce que ce Port là ca
le seul de la Côte depuis OC.
tende en tirant à tOu.st
,
par où les Marchandises des
autres Pays Etrangers puissent
être introduites dans ces
Pays-là
,
qu'ils veulent entourer
comme d'une Mer
d'Airain pour s'enconserver
toute la consommation par
l'Escaut, par la Lys, & par
le Rhin. Er comme il importe
infiniment à l'Angleterre
de nêtre pas exclue de ces
deux commerces, il luiimporte
beaucoup aussi de conserver
le Port de Dunkerque,
quiest la feulevoye par
ou elle puisse s'y maintenir.
2.
°. Supposé que les Sujets
de VotreMajestépussent
malgré , les vûës des Hollandois
,
continuer leur commerce
dans le Pays Bas Autrichien
par les Ports d'Ostende
& de Nieuport, ils ne
pourront pas l'y soûtenir
Jung tems en concurence a..
Vec eux ,
à cause des fdCili",
tez &de la moindre dépense
que les premiers trouveront -
en faisant le leur par l Escaut
& par la Lys, & des grands
détours que les autres seront
obligez de prendre. Au lieu
qu'en conservant le Port de
Dunkerque,les Anglois trouveront
par cette voye des
facilitez presqueégalesàcelles
qu'auront les Hol landais,
liir. tout si Votre Majcfté
vouloît,comme elle le peut
aisement, obtenir du Roi
un Tranfic libre. & exempt
detous droits pour les Mar.
chandises d' Angleterre, depuis
Dunkerque jusques dans
le Pays Bas Autricien, par
Lille & par Drii>y.
3
°. Si l'on comble,ainsi
que Votre Majesté l'aresolu
,
le Port de Dunkerque, vos
Sujets setrouveront par là,
non seulement exclus du
commerce du Pays Bas Austric
hien, maisaussi de celui
de la Flandre Françoise, du
Hinaut, de l'Artois, &
d'une partie de la Picardie,
pucequilsn'auront plusde
Porc sur toute cette Côte
pour introduite leurs Marchandises
dans ces quatre
Provinces, celui de Calais ne
pouvant pas servir à ce commerce.
4° Si la démolition du
Port de Dunkerque ne rebute
pas les SujetsdeVotre
Majesté du commerce de la
Flandre Françoise
,
du Hainaut,
de l'Artois, & d'une
partie de la Picar die, &
qu'ilsentreprennent d'y sup-
.pîérV p ar les Ports d'Octende
& de Nieuport seront ce
commerce avec des incommoditez
infinies, & rendront
par cettevoye kuis Marchandises
incommerçable
par les frais de voiture qa
seront triplez, & par les triplesdroitsqu'elles
auroient
payées, sçavoit à la Maison
d'Autriche en entrant dans
fcs Ports, aux Hollandois
en passant par Furnes, par
Ipres
, par M;.-nin ,& autres
Villes de leur Domination,
& au Roi en entrant
dans son Pays. Aulieu qu'en
passent par Dunkerque dans
ces quatre Provinces, Icurt
frais de voiture seront légers,
à cause de la commodité des
Canaux,&ils ne payeront
que le seul droit d'entrée au
Roi.
ParleTraité de commerce
établi entre Votre Majesté
&famaieflé TresChretienne,
le Tarif de 1671. a été
conservé au Pays conquis. Ce
Tarif est beaucoup plus favorable
que celui de 1664.
qui doit être suivi dans tous
les autres Ports de la Côte de
Ponanr; & par consequent
la conservation du Port de
Dunkerque importe beaucoup
au commerce- de vos
Sujets
J.
puisque ce Port la
les fera jouïr de ce Tarif pour
toutes les Marchandées qui
feront par eux destinéespour
la consommation des Provinces
de Flandre
3
d'Artois.
& du Hainaut, au lieu qu'en
passant par les autres Ports,
ces mêmes Marchandises
payeront les droits suivans
le Tarif de 1664.
6". Pour confirmer à Votre
Majesté l'avantage que
trouve le commerce de ses
Sujets par le Port de Duo.,
kerque, le sieur Tugghca
l'honneur de lui presentes
une Liste de deux cens dix:
huit Vaisseaux Anglois, qui
depuis le 16.ou 17. Août
1712. jusqu'au12.ou ij*
May ïyi font venus dans
cePort-là,&yont déchargé
des Carguaifons montant à
plus de deux millions de livres
tournois ; en lui faisant
en mê/4.'me tems cLbsrerver. ï~
Que comme la France étoit
pendant ces neuf mois làen
Guerre;-avec la Hollande,
fcês Marchandées ne peuvent
point avoir passé dans
les Provinces Auftnchiennes
qu'elles o£cllpoic:)' qtfVlles
n'ont pûêtre consommées
que dans les provinces Françoises
de la Flandre, du
Hainaut & de l'Artois, &
qu'en tems de Paix cette consommation
& par con sequent
le commerce de l'Angleterreseront
bien plus
forts. 2° Quecomme Dunkerque
n'a pû fournir en
retour des Marchandises
qu'il a reçû pendant ces neuf
mois, ni Manufacture, ni
denrées de son crû
J parce
qu'il n'en a pointil a fallu
qu'il les ait entièrement
payées en argent, & qu'il
faudra qu'il les paye toujours
de illême) ce qui eu
un avantage tres-considerable
dans toutes sortes de
commerces.
7° Comme il n'est pas
impossible que dans ses suites
il arrive quelque rupture
cnrre l'Angleterre & la Hollande
, l'Angleterre pendant
ces tems, qu'il plaise à Dieu
de détour ner,se trouvera absolument
privée du commerce
de laFlandreFrançoise,
du Hamaut, de l'Artois, &
d'une partie de la Picardie,
puisqu'alors elle ne pourra
plus le faire par les eor4
oOucnde ni de Nieuport
avecmême toutes les difficultez&
toutes les depenses
ausquelles ces deux Ports les
assujetiroient naturellement
Parce que ces Marchandises
ne pourroient de ces deux
Porc là ècre transportées
dans les Provinces Françoises
qu'en passant dans les
places ocupées par les Hollandois
, qui vrai- semblablement
ne leurouvriroient
pas leurs portes. Ainsi dans
ce tems làaumoins,laconservarion
du Port de Dunkerque
fc trouvera nécessaire
au commerce des Sujets de
Votre Majesté.
.il 8° La franchise du Port
& de la Ville de Dunkerque,
si Votre Majesté veut bien
laisser flechir laresolution fevere
qu'elle a prise contre
ses Jetées, mettra vos Sujets
en état de faire leur commerce
avec plus de commo-
- dité qu'aucuneautreNation
dans les Provinces de ssandre;
du Hainaut, & du Brabanc
Autrichien
,
dans les
Provinces Françoises de la
«
Flandre, du Hunaut
tde
l'Artçns., de la Picardie ôc
dans l'Allemagne même ,
par les Magazins de dépôt
qu'ils pourrontyavoir, &
qui leur donneront la commodité
de faire leurs envois
en tous ces Pays là à point
nommé & dans les lems propres. 2°Suppose que les contradictions
qu'ont trouvées
-
dans la Chambredes Communes
du Parlement de votre
Royaume, le 8. &!J. Articles
du Traité de commerce
conclu par Votre Majesté
avec la France
,
eussent lieu,
& qu'elles détruisissent
-
les
raisons
raisons ci dessus alleguées en
faveur du commerce d'Angleterre
par Dun kerque dans
les Provinces Françoises, cellesalléguées
en faveur de ce
v. o
même commerce par Dunkrque
dans le Pays-Bas Austrichien
, & en Allemagne
au moyen d'un Transirlibre
& exempt de tous droits subsisteroient
tou jours, &fj/flriront
pour faire voir
LVotte
Majesté, que la conservanon
de ce Port dans ses seules
J tées dénuées de toutes désfenses,
fera non seulement
d'une utilitétrès-avantn^euse,
mais même dune necessité
absolue au commerce
de l'A ngleterre,
JOU Tous ceux qui ont
quelque connoissance de la
Navigation, sçavent que les
Vaisseaux qui sont à lajvfer,
De sauroient jamais avoir fous
le Vent assez de lieux de retraire,
soit pour s'y mettre
à l'abri des Tempêtes, lorsqu'ils
en sont accueillis, foie
pour s'y rajuster après les avoir
soutenües sans naufrage.
Le Port de Dunkerque
cft une de ces retraites desirables
pour les Vaisseaux qui
font leur route pour aller
dans le Non, oupour
en revernit. Et quoi que
l'Angleterre ait sur sa Côte
quantité de lieux de relâche,
il pourra néanmoins souvent
arriver aprésladémolition
des Jetéespourlesquelles ont
demande grace à Vostre
Majesté, que le Vaisseaux de
les Sujets se trouvent Affalez
à la cosse de Dunker quc
par de tels vents, que ne
peuvent gagnct la leur, ils
feront réduits à regretir inutilement,
comme routes les
autres Nations commerçant
tes dans le Nort, ce Port de
Salut dont on les aura privez,
& que la seule pitié
due aux périls des Navigateurs,
auroit dû, fuivanr les
sentimens les plus ordinaires
de l humanité, leur faite
confetver.
Pour toutes ces raisons,
c'est à dire, pour le peu de
dommage que pourra faire
aux Sujets de Vostre Majesté,
ni à ceux de sesAlli 2,
le Port de Dunkerque dépouillé
de toutes ses démolitions,
tant du cosse de la
Mer,que du costé de 1*
Terre; pour l'utilité que le
Commerce d'Angleterre
trouvera dans la conservation
de cc même Porc en
l'étatci-dessusexpliqué, &
par la perte inutilement ruïneuse
que souffriront de sa
démolition les malheureux
Habitans decette Ville. Le
Magistrat de Dunkerque, &;
le sieur Tugghe son Deputé,
esperent que Vostre Majesté
voudra bien revoquer une
partie de sa Sentence, en
faisant tomber sa foudre sur
les seulstravaux de guerre
qui ont pu attirer fan indigna
ion, & en lassant subfilJcr
ses seules Jetées, qui
nuës comme elles feront rOC
pourront plus estre qu'un
objet de pitié. Elles feront
même un monumentéternel
de vostre gloire, puis qu'en
rapellanr sans cesse le souvenir
des ornemeus redoutales
dont vostre feule volonté les
aura dépouillées elles rappelleront
en même tems un éternel
souvenit de vostre clemence
qui les aura conserveés
aux larmes & aux gemissemens
des Peuples de cette
Ville, abîmée dans la douleur.
C'tll par ces larmes &
par ces gemissemens,que ce
Magistrat & son Deputé
prosternez aux pieds de
vostreTrône, également
clement & redoutable, vous
demandant la conservationde
leur Port. Et supphant
vostre Majesté de vouloir
bien tourner ses regards piroiables,
sur dix huit mille
Familles qui vont estre errantes
& dispersées, si par
l'execution entiere & severe
de vos Odres, elles sont obligées
d'abandonner leurs
Foyers, pour aller chercher,
ou flûcoc mandier, le pain
que vous leur aurez ossé.
Que vostre main toûjours
bien faisante, ne soit pas
l'instrument de leur misere
& de leur dispertion. Er que
le Peuple de Dunkerque ne
soit pas le seul Peuple du
monde qui puisse Ce plaindre
derigeur d'une REINE,
donc toutela terre adore, &
la sagesse, & la clémence.
la Reine de la Grande Bretagnepar
le Députédu Milgistrat
de Dunkerqueauprés
deSaMajesté.
MADAME,
Le sieur T U G G H E Deputé
du Magistrat de Dunkerque
auprès de Vôtre Majiltc
, pour implorerVotre
Clemence au fuictd, la Démolition
resoluë de cettc
Ville & de son Port, avoit
cfperé que par les tres soumises
representations qu'il
avoit osé faire,touchant la
misereextrême où cette Demolition
va reduire dix- huit
mille Familles dont cette
Ville cft composée, la misericorde
de Votre Majesté
auroir pû être ébranlée, &
que suivant sa tres re spectucufedemande
il auroit pû
en obtenir Ja conservation
des seulesJetées de ce Porr.
Mais My Lord Vicomte de
Bolingbrockevotre Secrétaire
dEtat vient de le fraper
d'un coup de foudre, en lui
annonçant que Votre Majesté
n'apas trouve à propos
de rienchanger dans la Seno
tence terrible qu'elle a prononcéecontrecetteVille,
ÔC
qu'elle veut que cette Sentence
soit exécutée dans toute
son éccnduë. Etourdi de ce
coup, le sieur Tugghe ne
laisse pas de s'approcher encore
une fois de votre Tiône
redoutable, rassuré en
cela par les bienfaits que vo- treClemenceen ftic découler
sur tous les Peuples de la
Terre. Et de representer en
tremblant à Votre Majesté,
qu'il ne demande point que
les Travaux qui peuvent servir
à Dunkerque soit pour
sonattaque, soit pour sa défence
soient conservez, ni
du côté de la Terre, ni du
côté de la Mer. La magnificence
de ces Travaux, la
terreur qu'ilspouvoient inspirer
à tous ceux qui les
voyoient, ne touchent plus
ses malheureux Habitans. Il
ne demande que la confervarion
des feules jetées qui
forment & qui entretiennent
son Port, pour pouvoir par
là conserver à son Peuple
une subsistance seulement
nécessaire, en le mettant en
état de continuer sa Pêche
du Harang
, & quelqueautres
petits Commerces le
Jong de la Côte.
Votre Majesté pleine d'une
Clemence naturelle
J
&
d'uneCharité Chrétienne
dont toutes les Nations ressentent
les effets, ne veut
point le mal pour le mal,
4c elle ne l'admet dans fcs réfolurions
qu'autant qu'ilest
indispensable & necessaire
selon ses vûës politiques&.
suivant le bien de ses propres
Sujets. Le sieurTuggheosera
sure observer à Votre Ma;
jette, que lacon conservation du
Port de Dunkerque, dans
l'etatnud où il vient d'être
representé, ne fera non seulement
pascontraire, niaux
vûës politiques de l'Angleterre
, ni au bien des Sujets
de la Grande Bretagne, mais
quelle fera même favorable
l, &' 1, aun à l'autre.
Dunkerque à eu le malheur
de devenir l'objetdelà
colere de la Grande Bretagne
,
soit par ses armemens
que le Roi y a faits, &qui
ont pû pendant les dernières
Guerres, traverser la tranquilité
de vos Royaumes, &
retarder l'éxecutiondes projets
de Votre Mjjcitc
,
soit
aussi par la course qu'ont faite
ses Habitans
,
laquelle à
souvent interrompu,& sou.
vant endommagé le commerce
de vos Sujets. Mais
dans l'état où le Suppliant
demande que son Port soit
réduit,c'est à dire, dépouillé
de tous ses Travaux
,
&
confervé dans les feules jetées
, il ne pourra plus, quelque
Guerre qui survienne
( , ce qu'il plaise à Dieu dedetourner)
ni former dobstacleaux
projets deVotre Majesté,
ni interrompre lecommerce
de vos Sujets, puisqu'alors
se sera une Ville toute
ouverte du côté de la Terre
& de la Mer; abandonnée
au premier occupant; sans défense pour celui qui
l'ocupera; & où toute Nation
Ennemie pourra entrer
par Mer & par Terre pour y
brûler, & les Vaissauxqu'on
pourroit y armer,&la Ville
& le Port même. Ainsi
danscet état, Dunkerquene
fera plus contraire
, & ne
pourra plus 1 être,ni aux vuës
politiquesde Votre Majesté
ni au bien de ses Sujets.
La conservation c'u Port
de Dunkerque sans Travaux
& sans défenses
) pourra être
dans les suites) également
utile, & devenir même abfolument
nécessaire & aux
vûës politiquesde Votre Majesté,
& au bien de ses Su jets.
Les vûësPolitiquesdeVotre
Majesté, sur tout en tems
de Paix, se renferment toutes
dans l'augmentation du
commerce de ses Sujets,
comme le bien de ses Sujets
cHtôur réarmedans laug-
- tmncennrtaattiioonn dauu ccoommmmeerrccee..
AJnfi en prouvant que laCol-bi
/crvaiionilu Port de Dunkerque
fera, non seulement
âvantageuse, mais aussi nécessaire
au commerce des
Peuplesrde la Grande Bretagnejle
Suppliant prouvera
tout ce qui est contenu dans
sa seconde proposition
i°. Dunkerque n'est devenu
l'objet de la jalousie des
Hollandais,& les Hollandois
n'ont desiré sa destruction
j que dans la vûë des'atribucr
à eux seuls tous le
commerce du PAYS- Bas AUU
trichien
,
& roue celuide
l'Allemagne;&ils ontcraint
que cesdeux commerces ne
fussent partagez avec eux par
lesautresNations, si le Port
-
de cette Ville étoit confervé
; parce que ce Port là ca
le seul de la Côte depuis OC.
tende en tirant à tOu.st
,
par où les Marchandises des
autres Pays Etrangers puissent
être introduites dans ces
Pays-là
,
qu'ils veulent entourer
comme d'une Mer
d'Airain pour s'enconserver
toute la consommation par
l'Escaut, par la Lys, & par
le Rhin. Er comme il importe
infiniment à l'Angleterre
de nêtre pas exclue de ces
deux commerces, il luiimporte
beaucoup aussi de conserver
le Port de Dunkerque,
quiest la feulevoye par
ou elle puisse s'y maintenir.
2.
°. Supposé que les Sujets
de VotreMajestépussent
malgré , les vûës des Hollandois
,
continuer leur commerce
dans le Pays Bas Autrichien
par les Ports d'Ostende
& de Nieuport, ils ne
pourront pas l'y soûtenir
Jung tems en concurence a..
Vec eux ,
à cause des fdCili",
tez &de la moindre dépense
que les premiers trouveront -
en faisant le leur par l Escaut
& par la Lys, & des grands
détours que les autres seront
obligez de prendre. Au lieu
qu'en conservant le Port de
Dunkerque,les Anglois trouveront
par cette voye des
facilitez presqueégalesàcelles
qu'auront les Hol landais,
liir. tout si Votre Majcfté
vouloît,comme elle le peut
aisement, obtenir du Roi
un Tranfic libre. & exempt
detous droits pour les Mar.
chandises d' Angleterre, depuis
Dunkerque jusques dans
le Pays Bas Autricien, par
Lille & par Drii>y.
3
°. Si l'on comble,ainsi
que Votre Majesté l'aresolu
,
le Port de Dunkerque, vos
Sujets setrouveront par là,
non seulement exclus du
commerce du Pays Bas Austric
hien, maisaussi de celui
de la Flandre Françoise, du
Hinaut, de l'Artois, &
d'une partie de la Picardie,
pucequilsn'auront plusde
Porc sur toute cette Côte
pour introduite leurs Marchandises
dans ces quatre
Provinces, celui de Calais ne
pouvant pas servir à ce commerce.
4° Si la démolition du
Port de Dunkerque ne rebute
pas les SujetsdeVotre
Majesté du commerce de la
Flandre Françoise
,
du Hainaut,
de l'Artois, & d'une
partie de la Picar die, &
qu'ilsentreprennent d'y sup-
.pîérV p ar les Ports d'Octende
& de Nieuport seront ce
commerce avec des incommoditez
infinies, & rendront
par cettevoye kuis Marchandises
incommerçable
par les frais de voiture qa
seront triplez, & par les triplesdroitsqu'elles
auroient
payées, sçavoit à la Maison
d'Autriche en entrant dans
fcs Ports, aux Hollandois
en passant par Furnes, par
Ipres
, par M;.-nin ,& autres
Villes de leur Domination,
& au Roi en entrant
dans son Pays. Aulieu qu'en
passent par Dunkerque dans
ces quatre Provinces, Icurt
frais de voiture seront légers,
à cause de la commodité des
Canaux,&ils ne payeront
que le seul droit d'entrée au
Roi.
ParleTraité de commerce
établi entre Votre Majesté
&famaieflé TresChretienne,
le Tarif de 1671. a été
conservé au Pays conquis. Ce
Tarif est beaucoup plus favorable
que celui de 1664.
qui doit être suivi dans tous
les autres Ports de la Côte de
Ponanr; & par consequent
la conservation du Port de
Dunkerque importe beaucoup
au commerce- de vos
Sujets
J.
puisque ce Port la
les fera jouïr de ce Tarif pour
toutes les Marchandées qui
feront par eux destinéespour
la consommation des Provinces
de Flandre
3
d'Artois.
& du Hainaut, au lieu qu'en
passant par les autres Ports,
ces mêmes Marchandises
payeront les droits suivans
le Tarif de 1664.
6". Pour confirmer à Votre
Majesté l'avantage que
trouve le commerce de ses
Sujets par le Port de Duo.,
kerque, le sieur Tugghca
l'honneur de lui presentes
une Liste de deux cens dix:
huit Vaisseaux Anglois, qui
depuis le 16.ou 17. Août
1712. jusqu'au12.ou ij*
May ïyi font venus dans
cePort-là,&yont déchargé
des Carguaifons montant à
plus de deux millions de livres
tournois ; en lui faisant
en mê/4.'me tems cLbsrerver. ï~
Que comme la France étoit
pendant ces neuf mois làen
Guerre;-avec la Hollande,
fcês Marchandées ne peuvent
point avoir passé dans
les Provinces Auftnchiennes
qu'elles o£cllpoic:)' qtfVlles
n'ont pûêtre consommées
que dans les provinces Françoises
de la Flandre, du
Hainaut & de l'Artois, &
qu'en tems de Paix cette consommation
& par con sequent
le commerce de l'Angleterreseront
bien plus
forts. 2° Quecomme Dunkerque
n'a pû fournir en
retour des Marchandises
qu'il a reçû pendant ces neuf
mois, ni Manufacture, ni
denrées de son crû
J parce
qu'il n'en a pointil a fallu
qu'il les ait entièrement
payées en argent, & qu'il
faudra qu'il les paye toujours
de illême) ce qui eu
un avantage tres-considerable
dans toutes sortes de
commerces.
7° Comme il n'est pas
impossible que dans ses suites
il arrive quelque rupture
cnrre l'Angleterre & la Hollande
, l'Angleterre pendant
ces tems, qu'il plaise à Dieu
de détour ner,se trouvera absolument
privée du commerce
de laFlandreFrançoise,
du Hamaut, de l'Artois, &
d'une partie de la Picardie,
puisqu'alors elle ne pourra
plus le faire par les eor4
oOucnde ni de Nieuport
avecmême toutes les difficultez&
toutes les depenses
ausquelles ces deux Ports les
assujetiroient naturellement
Parce que ces Marchandises
ne pourroient de ces deux
Porc là ècre transportées
dans les Provinces Françoises
qu'en passant dans les
places ocupées par les Hollandois
, qui vrai- semblablement
ne leurouvriroient
pas leurs portes. Ainsi dans
ce tems làaumoins,laconservarion
du Port de Dunkerque
fc trouvera nécessaire
au commerce des Sujets de
Votre Majesté.
.il 8° La franchise du Port
& de la Ville de Dunkerque,
si Votre Majesté veut bien
laisser flechir laresolution fevere
qu'elle a prise contre
ses Jetées, mettra vos Sujets
en état de faire leur commerce
avec plus de commo-
- dité qu'aucuneautreNation
dans les Provinces de ssandre;
du Hainaut, & du Brabanc
Autrichien
,
dans les
Provinces Françoises de la
«
Flandre, du Hunaut
tde
l'Artçns., de la Picardie ôc
dans l'Allemagne même ,
par les Magazins de dépôt
qu'ils pourrontyavoir, &
qui leur donneront la commodité
de faire leurs envois
en tous ces Pays là à point
nommé & dans les lems propres. 2°Suppose que les contradictions
qu'ont trouvées
-
dans la Chambredes Communes
du Parlement de votre
Royaume, le 8. &!J. Articles
du Traité de commerce
conclu par Votre Majesté
avec la France
,
eussent lieu,
& qu'elles détruisissent
-
les
raisons
raisons ci dessus alleguées en
faveur du commerce d'Angleterre
par Dun kerque dans
les Provinces Françoises, cellesalléguées
en faveur de ce
v. o
même commerce par Dunkrque
dans le Pays-Bas Austrichien
, & en Allemagne
au moyen d'un Transirlibre
& exempt de tous droits subsisteroient
tou jours, &fj/flriront
pour faire voir
LVotte
Majesté, que la conservanon
de ce Port dans ses seules
J tées dénuées de toutes désfenses,
fera non seulement
d'une utilitétrès-avantn^euse,
mais même dune necessité
absolue au commerce
de l'A ngleterre,
JOU Tous ceux qui ont
quelque connoissance de la
Navigation, sçavent que les
Vaisseaux qui sont à lajvfer,
De sauroient jamais avoir fous
le Vent assez de lieux de retraire,
soit pour s'y mettre
à l'abri des Tempêtes, lorsqu'ils
en sont accueillis, foie
pour s'y rajuster après les avoir
soutenües sans naufrage.
Le Port de Dunkerque
cft une de ces retraites desirables
pour les Vaisseaux qui
font leur route pour aller
dans le Non, oupour
en revernit. Et quoi que
l'Angleterre ait sur sa Côte
quantité de lieux de relâche,
il pourra néanmoins souvent
arriver aprésladémolition
des Jetéespourlesquelles ont
demande grace à Vostre
Majesté, que le Vaisseaux de
les Sujets se trouvent Affalez
à la cosse de Dunker quc
par de tels vents, que ne
peuvent gagnct la leur, ils
feront réduits à regretir inutilement,
comme routes les
autres Nations commerçant
tes dans le Nort, ce Port de
Salut dont on les aura privez,
& que la seule pitié
due aux périls des Navigateurs,
auroit dû, fuivanr les
sentimens les plus ordinaires
de l humanité, leur faite
confetver.
Pour toutes ces raisons,
c'est à dire, pour le peu de
dommage que pourra faire
aux Sujets de Vostre Majesté,
ni à ceux de sesAlli 2,
le Port de Dunkerque dépouillé
de toutes ses démolitions,
tant du cosse de la
Mer,que du costé de 1*
Terre; pour l'utilité que le
Commerce d'Angleterre
trouvera dans la conservation
de cc même Porc en
l'étatci-dessusexpliqué, &
par la perte inutilement ruïneuse
que souffriront de sa
démolition les malheureux
Habitans decette Ville. Le
Magistrat de Dunkerque, &;
le sieur Tugghe son Deputé,
esperent que Vostre Majesté
voudra bien revoquer une
partie de sa Sentence, en
faisant tomber sa foudre sur
les seulstravaux de guerre
qui ont pu attirer fan indigna
ion, & en lassant subfilJcr
ses seules Jetées, qui
nuës comme elles feront rOC
pourront plus estre qu'un
objet de pitié. Elles feront
même un monumentéternel
de vostre gloire, puis qu'en
rapellanr sans cesse le souvenir
des ornemeus redoutales
dont vostre feule volonté les
aura dépouillées elles rappelleront
en même tems un éternel
souvenit de vostre clemence
qui les aura conserveés
aux larmes & aux gemissemens
des Peuples de cette
Ville, abîmée dans la douleur.
C'tll par ces larmes &
par ces gemissemens,que ce
Magistrat & son Deputé
prosternez aux pieds de
vostreTrône, également
clement & redoutable, vous
demandant la conservationde
leur Port. Et supphant
vostre Majesté de vouloir
bien tourner ses regards piroiables,
sur dix huit mille
Familles qui vont estre errantes
& dispersées, si par
l'execution entiere & severe
de vos Odres, elles sont obligées
d'abandonner leurs
Foyers, pour aller chercher,
ou flûcoc mandier, le pain
que vous leur aurez ossé.
Que vostre main toûjours
bien faisante, ne soit pas
l'instrument de leur misere
& de leur dispertion. Er que
le Peuple de Dunkerque ne
soit pas le seul Peuple du
monde qui puisse Ce plaindre
derigeur d'une REINE,
donc toutela terre adore, &
la sagesse, & la clémence.
Fermer
Résumé : Tres-humble Adresse presentée à la Reine de la Grande Bretagne par le Deputé du Magistrat de Dunkerque auprés de sa Majesté.
Le député Tugghe, représentant le Magistrat de Dunkerque, adresse une supplique à la Reine de Grande-Bretagne pour éviter la démolition de Dunkerque et de son port. Il souligne que cette décision plongerait 18 000 familles dans la misère. Malgré les interventions de Tugghe, le vicomte de Bolingbroke, secrétaire d'État, a annoncé que la Reine ne reviendrait pas sur sa décision. Tugghe insiste néanmoins pour la conservation des jetées du port, permettant ainsi aux habitants de poursuivre leurs activités de pêche et de commerce. Tugghe argue que la conservation du port de Dunkerque, dépourvu de ses fortifications, ne serait pas contraire aux intérêts politiques de l'Angleterre. Il explique que Dunkerque est devenu un objet de colère en raison de ses armements et des activités de ses habitants, mais que, privé de ses défenses, il ne représenterait plus une menace. Il met en avant l'utilité du port pour le commerce des sujets de la Reine, facilitant l'accès aux marchés du Pays-Bas autrichien, de la Flandre française, du Hainaut, de l'Artois et de la Picardie. Tugghe présente plusieurs arguments économiques et stratégiques. Il mentionne que les sujets de la Reine pourraient bénéficier d'un tarif favorable de 1671, et que la destruction du port les priverait de cette opportunité. Il cite des exemples concrets de navires anglais ayant utilisé le port de Dunkerque et souligne l'importance du port comme refuge pour les vaisseaux en difficulté. Enfin, Tugghe conclut en rappelant que la conservation des jetées du port de Dunkerque serait bénéfique pour le commerce de l'Angleterre et pour la sécurité des navigateurs. Le Magistrat et son député implorent la Reine de ne pas être l'instrument de la misère et de la dispersion des habitants de Dunkerque, afin que le peuple de Dunkerque ne soit pas le seul à se plaindre d'une reine dont la sagesse et la clémence sont admirées par le monde entier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 1541-1549
REMARQUES sur l'Histoire Naturelle, l'Histoire Civile & Ecclesiastique du Comté d'Eu. Par M. Capperon, Ancien Doyen de Saint Maxent, à M. A ... M ...
Début :
Après vous avoir entretenu longtems, Monsieur, sur les sels de l'air [...]
Mots clefs :
Comté d'Eu, Fontaine, Romains, César, Monument, Port, Vaisseaux, Nicolas Capperon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur l'Histoire Naturelle, l'Histoire Civile & Ecclesiastique du Comté d'Eu. Par M. Capperon, Ancien Doyen de Saint Maxent, à M. A ... M ...
REMARQUES fur l'Hiftoire Naturelle
, l'Hiftoire Civile & Ecclefiaftique
du Comté d'Eu. Par M. Capperon , Ancien
Doyen de Saint Maxent , à M.
A ... M ...
A
Près vous avoir entretenu longtems
, Monfieur , fur les fels de l'air'
& fur d'autres matieres de Phyfique , je
croyois que vous me donneriez un peu
de relâche , & que vous ne m'expoferiez
pas à vous écrire fi - tôt fur des fujets contraires
à mes occupations préfentes ; mais
vous me faites bien voir que plus on fçait
& moins s'imagine - t - on fçavoir. Et
comme je n'ai rien tant à coeur que de
vous fatisfaire dans ce que vous me faites
l'honneur de me demander , je vais abandonner
pour un tems l'analyse des Plantes
que j'ai entrepriſe , & vous donner un
Extrait des chofes que j'ai crû les plus
fingulieres , contenues dans l'Hiftoire du
Comté d'Eu , à laquelle j'ai autrefois travaillé.
Je commencerai par l'Hiftoire naturefle
de ce Comté ; la premiere chofe qui m'y
paroît finguliere eft une Fontaine dont la
fource abondante jette en trois gros bouillons
1342
MERCURE DE FRANCE
•
lons affez d'eau pour former dès fon origine
une
médiocre
Riviere , fi elle étoit
fituée ailleurs ; car ce qui fait fa
fingularité
, c'eft que cette
Fontaine fort d'une
Roche qui eft fur le rivage de la mer
laquelle en eft fi proche , qu'elle en eft
couverte deux fois chaque jour , ce qui
n'empêche pas que l'eau n'en foit toûjours
parfaitement douce . Cette
fingularité
donna lieu
autrefois à un Poëte
Normand
de
comparer la Sainte Vierge à cette Fontaine
, qu'il nomme le Miracle de la Normandie.
Cette Vierge
immaculée étant ,
dit-il ,
demeurée pure & fans tache au
milieu de la
corruption de tout le genre
humain , comme l'eau de cette
Fontaine ,
fe
conferve douce au milieu des eaux falées
de la mer. C'eſt ce qui fe trouve exprimé
dans une belle Ode Latine , imprimée
à Rouen en 1644. dans le Recueil des
Piéces qui
avoient
remporté le Prix au
Palinode en cette même année . Cette Fontaine
eft proche d'un
Hameau nommé
Menival , diftant de la Ville d'Eu d'une
bonne lieuë.
La
feconde chofe
finguliere &
remarquable
dans ce Comté, eft le Puits qui eft
au Tréport dans une Maiſon
fituée au
deffus , & proche le Port où entrent les
Vaiffeaux , dans lequel l'eau
defcend
quand la Mer monte , & où elle monte
quand
JUILLET. 1730. 1543
quand la Mer deſcend . *
Il y a une autre fingularité qui fe rend
fenfible dans une partie de la Forêt de ce
même Comté ; fçavoir , dans celle qui est
fur la pente d'une Montagne qui eft du
côté oppofé aux Villages de Bouvaicourt
& de Beauchamp , où toutes les fois qu'il
fait un orage avec pluye pendant l'Eté ,
il s'éleve à trois ou quatre endroits diffe
rens, peu éloignés les uns des autres , une
groffe & épaiffe fumée femblable à celle
d'un four à chaux , & ' dont j'ai été témoin
moi même .
Enfin proche de la Ville d'Eu eft la
Montagne où font les lieux patibulaires,
Jaquelle est très abondante en diverfes
fortes de petrifications ; car c'eft où j'ai
trouvé quantité de coquillages foffiles ,
plufieurs gloffopetres , des cupules de
gland , des morceaux de prefle , de coraline
, des orties de mer & des champignons
, dits veffes de loup , parfaitement
pétrifiés. On trouve de même dans la
terre glaife qui fe tire fur cette Montagne
ce qu'on appelle des Geodes , qui eft une
efpece de pierre d'aigle , comme auffi un
fer imparfait , que ceux qui tirent la terre
* M. Capperon a donné une explication de ce
Phénomene dans le Mercure du mois de Janvier
1725
glaife
1544 MERCURE DE FRANCE
glaife appellent du Feroù. Ce fut fur cette
Montagne que les Bruyeres s'allumerent
d'elles mêmes en Septembre 1726. parce
qu'elle eft remplie de matieres fulphureufes
& métalliques.
Paffons maintenant à l'Hiftoire Civile
du Comté d'Eu . Je trouve deux anciens
Monumens des Romains confervez jufqu'à
nos jours , qui démontrent inconteftablement
que de leur temps la Ville
< d'Eu étoit une Ville importante. Le premier
eft un de leurs Chemins Militaires,
lequel conduit d'Amiens ( même , à ce
qu'on dit , de Soiffons ) directement à
cette Ville , & qui fe fait voir encore aujourd'hui
relevé en forme de Chauffée
dans les lieux où il paffe. L'autre Mo
nument eft une ancienne Porte de la Ville
prefentement murée , accompagnée de
deux groffes Tours , laquelle a toûjours
porté le nom de la Porte de l'Empire ',
comme la rue qui y conduit le porte encore
à prefent ; ayant toutes deux été
ainfi nommées à caufe de ce grand chemin
des Romains qui venoit s'y terminer.
On peut joindre à ces deux Monumens
un ancien Temple qui fubfifte encore dans
, la Ville & d'anciens Tombeaux découverts
dans un lieu peu éloigné de cette
Porte: (a)
(a) Voyez (ur ces anciens Tombeaux,le Mer
curede May 1712.
JUILLET . 1730. 1545
Ces anciens Monumens , & plus parti
culierement le Chemin Militaire , démontrent
fans réplique , que du temps des
Romains la Ville d'Eu & le Tréport , qui :
ne font prefque qu'une même chofe , à
caufe de leur proximité , étoient les lieux
les plus confiderables & le Port de Mer
le plus fameux qu'il y eût alors fur toutes
la Côte depuis Boulogne jufqu'à l'embouchure
de la Seine , & qu'ils regardoient
ce Port comme le plus convenable pour
y embarquer leurs Troupes toutes les fois
qu'ils voudroient les faire paffer en Ane :
gleterre.
1
7
C'étoit auffi ce qu'avoit fait Cefar , lorf
qu'il entreprit la conquête de cette Ifle ;
car il dit lui-même au quatrième Livre :
de fes Commentaires , qu'ayant fait embarquer
fon Infanterie au Port des Mo- :
rins , qui eft Boulogne , felon Samfon , il
envoya fa Cavalerie in ulteriorem portum ,
afin qu'elle s'y embarquât de même ; or
cet ulteriorportus , ce Port qui étoit le plus
éloigné , au fens de Cefar , étoit indubitablement
le Tréport ; car par rapport à
la Gaule Belgique , qui fe terminoit de ce
côté-cy à la Seine , c'étoit fans doute let
Port qui étoit le plus loin , même le der
nier, puifque depuis Boulogne jufqu'à la
Seine dans toute l'Antiquité , à l'excep .
tion du Tréport , on ne peut pas faire
voir
1546 MERCURE DE FRANCE
voir qu'il ait jamais eu aucun port confiderable
, Dieppe n'ayant commencé à
fe former qu'en 1c8o. & S. Vallery n'étant
encore qu'un Defert au VII . fiecle.
On ne peut pas douter , tout au contraire
, que du temps des Romains le
Tréport ne fût un Port très- confiderable,
dont ils faifoient autant d'eftime que de
Boulogne. Samfon nous en fournit la
preuve dans fes Remarques fur la Carte
de l'ancienne Gaule ; car comme il prétend
démontrer par les Chemins Militaires
des Romains qui aboutiffent à Boulogne
, qu'il falloit qu'ils eftimaffent beaucoup
ce Port , il s'enfuit par la même raifon
, qu'ayant également formé leurs Che
mins Militaires pour fe terminer au Tréport
, c'eft une marque certaine qu'ils l'ef
timoient autant que Boulogne , & qu'ils
regardoient ces deux Ports comme leur
étant également neceffaires.
Comme Cefar en fa langue , avoit donné
à ce Port le nom d'Ulterior portus , les :
Romains ne le nommerent plus autrement
: auffi eft- ce le nom Latin qui lui
eft toûjours resté depuis dans tous les Titres
; car pour les Gaulois ils lui en donnoient
un autre que Pontus Heuterus
nous fait connoître dans fon Livre Deuc
terum Belgio , Lib . 11. C. 8. où il dit qu'il·
y'a certainement une faute dans Ptolomée,
fçavoir
›
1
JUILLET. 1739. 1347
fçavoir , qu'au lieu de Gefforiacum navale ,
il faut lire Effuoriacum navale, c'eſt- à- dire
de Port des Euffiens , & voilà quel étoit
le nom que les Gaulois donnoient au Port
que les Romains nommerent depuis Ulterior
Portus , dont les François ont fait
enfuite le Tréport , comme pour dire
l'autre Port , c'eft-à - dire , le fecond Port
après celui des Morins.
Que le Comté d'Eu ait été ces Euffiens
ou ces Effui , dont parle Cefar , non feulement
c'eft le fentiment de Pontus Heterus
, mais c'est encore celui d'un grand:
nombre de Sçavans , tels que Divoens ,
Antiq. Belg. Cap . 11. de Pierre Heins
dans fon Miroir du Monde ; de Charles
Etienne , dans fon Dictionnaire Hiftoriq.
Geog. & de M. de Thou , dans fon Hiftoire
, qui ne donnent pas d'autre nom au
Comté d'Eu . Il s'enfuit donc de tout ce
que je viens de dire , que tous ceux qui
ont traduit les Commentaires de Cefar .
Le font certainement trompez , lorfqu'ils
ont pris l'Ulterior Portus pour un nom generique
, pendant que c'étoit le nom qui
étoit devenu propre depuis les Romains
au Port des Euffiens , autrement au Port.
du Comté d'Eu, lequel étoit alors auffi fameux
que celui des Morins , autrement
Boulogne.
}
Il ne faut pas croire que cet ancien Port :
des
1548 : MERCURE DE FRANCE
des Euffiens , ce Portus Ulterior des Romains
, en un mot , la Ville d'Eu faifant
comme une même chofe avec le Tréport,
ait perdu tout fon éclat , lorſque la puiffance
des Romains s'anéantit dans les
Gaules. Ce Port étoit encore des plus fameux
du temps du Roi Louis XI . puifque
Philippe de Commines , qui étoit de la
Cour de ce Prince ,fait voir combien ceux
de la Ville d'Eu étoient encore alors formidables
fur Mer , en rapportant dans fes
Memoires, Liv. I. Ch. 7. que des Armateurs
de la Ville d'Eu ayant enlevé en
1470. un Vaiffeau appartenant à des Flamans
, Sujets du Duc de Bourgogné , cela
fut caufe , en partie , de la guerre qui fut
déclarée entre le Roi Louis XI. & ce Duc,
cinq ans après , felon le même Auteur
ces Armateurs étoient fi hardis qu'ils alloient
enlever les Vaiffeaux du Roi d'Angleterre
, qui paffoient les Troupes à Calais
, pour venir attaquer la France .
>
Mais ce qui jufques - là avoit fait toute.
leur gloire & foutenu l'avantage qu'on
pouvoit tirer de leur Port , devint en quelque
façon la cauſe de leur malheur , & de
la ruine de leur Ville , car le Roi d'Angleterre
, dans le deffein de le ruiner , &
pour tromper Louis XI. fit courir le bruit
qu'il devoit faire une defcente en Nor
mandie , s'emparer de la Ville d'Eu , & y
paffer
JUILLET. 1730. 1549
1
paffer l'Hyver. Louis XI. tout rufé qu'il
étoit , ayant donné dans le panneau pour
lui en ôter l'envie , ne trouva pas de
moyen plus fur que de la faire lui -même
réduire en cendres , ce qui fut executé le
18. de Juillet 1475. par le Maréchal de
France Joachin Rohaut , Seigneur de Gamaches
, qui s'y rendit par ordre de la
Cour , avec quatre cens Lancés . Le feu
ayant été mis par tout à neuf heures du
matin , le Château & toute la Ville furent
confumez par les flâmes , à l'excep
tion des Eglifes qui furent confervées &
quelques maifons qui furent négligées . Ce
défaftre eft écrit dans les Archives de la
Ville , vol. I. p. 235. Les Villes de Dieppe,
S. Vallery & Abbeville , qui fubfiftoient
alors depuis long- temps , ayant
profité du debris de cette Ville , elle n'a
jamais pû s'en relever non-plus que fon
Port.
Nous donnerons la fuite de ces Remar
ques le mois prochain.
, l'Hiftoire Civile & Ecclefiaftique
du Comté d'Eu. Par M. Capperon , Ancien
Doyen de Saint Maxent , à M.
A ... M ...
A
Près vous avoir entretenu longtems
, Monfieur , fur les fels de l'air'
& fur d'autres matieres de Phyfique , je
croyois que vous me donneriez un peu
de relâche , & que vous ne m'expoferiez
pas à vous écrire fi - tôt fur des fujets contraires
à mes occupations préfentes ; mais
vous me faites bien voir que plus on fçait
& moins s'imagine - t - on fçavoir. Et
comme je n'ai rien tant à coeur que de
vous fatisfaire dans ce que vous me faites
l'honneur de me demander , je vais abandonner
pour un tems l'analyse des Plantes
que j'ai entrepriſe , & vous donner un
Extrait des chofes que j'ai crû les plus
fingulieres , contenues dans l'Hiftoire du
Comté d'Eu , à laquelle j'ai autrefois travaillé.
Je commencerai par l'Hiftoire naturefle
de ce Comté ; la premiere chofe qui m'y
paroît finguliere eft une Fontaine dont la
fource abondante jette en trois gros bouillons
1342
MERCURE DE FRANCE
•
lons affez d'eau pour former dès fon origine
une
médiocre
Riviere , fi elle étoit
fituée ailleurs ; car ce qui fait fa
fingularité
, c'eft que cette
Fontaine fort d'une
Roche qui eft fur le rivage de la mer
laquelle en eft fi proche , qu'elle en eft
couverte deux fois chaque jour , ce qui
n'empêche pas que l'eau n'en foit toûjours
parfaitement douce . Cette
fingularité
donna lieu
autrefois à un Poëte
Normand
de
comparer la Sainte Vierge à cette Fontaine
, qu'il nomme le Miracle de la Normandie.
Cette Vierge
immaculée étant ,
dit-il ,
demeurée pure & fans tache au
milieu de la
corruption de tout le genre
humain , comme l'eau de cette
Fontaine ,
fe
conferve douce au milieu des eaux falées
de la mer. C'eſt ce qui fe trouve exprimé
dans une belle Ode Latine , imprimée
à Rouen en 1644. dans le Recueil des
Piéces qui
avoient
remporté le Prix au
Palinode en cette même année . Cette Fontaine
eft proche d'un
Hameau nommé
Menival , diftant de la Ville d'Eu d'une
bonne lieuë.
La
feconde chofe
finguliere &
remarquable
dans ce Comté, eft le Puits qui eft
au Tréport dans une Maiſon
fituée au
deffus , & proche le Port où entrent les
Vaiffeaux , dans lequel l'eau
defcend
quand la Mer monte , & où elle monte
quand
JUILLET. 1730. 1543
quand la Mer deſcend . *
Il y a une autre fingularité qui fe rend
fenfible dans une partie de la Forêt de ce
même Comté ; fçavoir , dans celle qui est
fur la pente d'une Montagne qui eft du
côté oppofé aux Villages de Bouvaicourt
& de Beauchamp , où toutes les fois qu'il
fait un orage avec pluye pendant l'Eté ,
il s'éleve à trois ou quatre endroits diffe
rens, peu éloignés les uns des autres , une
groffe & épaiffe fumée femblable à celle
d'un four à chaux , & ' dont j'ai été témoin
moi même .
Enfin proche de la Ville d'Eu eft la
Montagne où font les lieux patibulaires,
Jaquelle est très abondante en diverfes
fortes de petrifications ; car c'eft où j'ai
trouvé quantité de coquillages foffiles ,
plufieurs gloffopetres , des cupules de
gland , des morceaux de prefle , de coraline
, des orties de mer & des champignons
, dits veffes de loup , parfaitement
pétrifiés. On trouve de même dans la
terre glaife qui fe tire fur cette Montagne
ce qu'on appelle des Geodes , qui eft une
efpece de pierre d'aigle , comme auffi un
fer imparfait , que ceux qui tirent la terre
* M. Capperon a donné une explication de ce
Phénomene dans le Mercure du mois de Janvier
1725
glaife
1544 MERCURE DE FRANCE
glaife appellent du Feroù. Ce fut fur cette
Montagne que les Bruyeres s'allumerent
d'elles mêmes en Septembre 1726. parce
qu'elle eft remplie de matieres fulphureufes
& métalliques.
Paffons maintenant à l'Hiftoire Civile
du Comté d'Eu . Je trouve deux anciens
Monumens des Romains confervez jufqu'à
nos jours , qui démontrent inconteftablement
que de leur temps la Ville
< d'Eu étoit une Ville importante. Le premier
eft un de leurs Chemins Militaires,
lequel conduit d'Amiens ( même , à ce
qu'on dit , de Soiffons ) directement à
cette Ville , & qui fe fait voir encore aujourd'hui
relevé en forme de Chauffée
dans les lieux où il paffe. L'autre Mo
nument eft une ancienne Porte de la Ville
prefentement murée , accompagnée de
deux groffes Tours , laquelle a toûjours
porté le nom de la Porte de l'Empire ',
comme la rue qui y conduit le porte encore
à prefent ; ayant toutes deux été
ainfi nommées à caufe de ce grand chemin
des Romains qui venoit s'y terminer.
On peut joindre à ces deux Monumens
un ancien Temple qui fubfifte encore dans
, la Ville & d'anciens Tombeaux découverts
dans un lieu peu éloigné de cette
Porte: (a)
(a) Voyez (ur ces anciens Tombeaux,le Mer
curede May 1712.
JUILLET . 1730. 1545
Ces anciens Monumens , & plus parti
culierement le Chemin Militaire , démontrent
fans réplique , que du temps des
Romains la Ville d'Eu & le Tréport , qui :
ne font prefque qu'une même chofe , à
caufe de leur proximité , étoient les lieux
les plus confiderables & le Port de Mer
le plus fameux qu'il y eût alors fur toutes
la Côte depuis Boulogne jufqu'à l'embouchure
de la Seine , & qu'ils regardoient
ce Port comme le plus convenable pour
y embarquer leurs Troupes toutes les fois
qu'ils voudroient les faire paffer en Ane :
gleterre.
1
7
C'étoit auffi ce qu'avoit fait Cefar , lorf
qu'il entreprit la conquête de cette Ifle ;
car il dit lui-même au quatrième Livre :
de fes Commentaires , qu'ayant fait embarquer
fon Infanterie au Port des Mo- :
rins , qui eft Boulogne , felon Samfon , il
envoya fa Cavalerie in ulteriorem portum ,
afin qu'elle s'y embarquât de même ; or
cet ulteriorportus , ce Port qui étoit le plus
éloigné , au fens de Cefar , étoit indubitablement
le Tréport ; car par rapport à
la Gaule Belgique , qui fe terminoit de ce
côté-cy à la Seine , c'étoit fans doute let
Port qui étoit le plus loin , même le der
nier, puifque depuis Boulogne jufqu'à la
Seine dans toute l'Antiquité , à l'excep .
tion du Tréport , on ne peut pas faire
voir
1546 MERCURE DE FRANCE
voir qu'il ait jamais eu aucun port confiderable
, Dieppe n'ayant commencé à
fe former qu'en 1c8o. & S. Vallery n'étant
encore qu'un Defert au VII . fiecle.
On ne peut pas douter , tout au contraire
, que du temps des Romains le
Tréport ne fût un Port très- confiderable,
dont ils faifoient autant d'eftime que de
Boulogne. Samfon nous en fournit la
preuve dans fes Remarques fur la Carte
de l'ancienne Gaule ; car comme il prétend
démontrer par les Chemins Militaires
des Romains qui aboutiffent à Boulogne
, qu'il falloit qu'ils eftimaffent beaucoup
ce Port , il s'enfuit par la même raifon
, qu'ayant également formé leurs Che
mins Militaires pour fe terminer au Tréport
, c'eft une marque certaine qu'ils l'ef
timoient autant que Boulogne , & qu'ils
regardoient ces deux Ports comme leur
étant également neceffaires.
Comme Cefar en fa langue , avoit donné
à ce Port le nom d'Ulterior portus , les :
Romains ne le nommerent plus autrement
: auffi eft- ce le nom Latin qui lui
eft toûjours resté depuis dans tous les Titres
; car pour les Gaulois ils lui en donnoient
un autre que Pontus Heuterus
nous fait connoître dans fon Livre Deuc
terum Belgio , Lib . 11. C. 8. où il dit qu'il·
y'a certainement une faute dans Ptolomée,
fçavoir
›
1
JUILLET. 1739. 1347
fçavoir , qu'au lieu de Gefforiacum navale ,
il faut lire Effuoriacum navale, c'eſt- à- dire
de Port des Euffiens , & voilà quel étoit
le nom que les Gaulois donnoient au Port
que les Romains nommerent depuis Ulterior
Portus , dont les François ont fait
enfuite le Tréport , comme pour dire
l'autre Port , c'eft-à - dire , le fecond Port
après celui des Morins.
Que le Comté d'Eu ait été ces Euffiens
ou ces Effui , dont parle Cefar , non feulement
c'eft le fentiment de Pontus Heterus
, mais c'est encore celui d'un grand:
nombre de Sçavans , tels que Divoens ,
Antiq. Belg. Cap . 11. de Pierre Heins
dans fon Miroir du Monde ; de Charles
Etienne , dans fon Dictionnaire Hiftoriq.
Geog. & de M. de Thou , dans fon Hiftoire
, qui ne donnent pas d'autre nom au
Comté d'Eu . Il s'enfuit donc de tout ce
que je viens de dire , que tous ceux qui
ont traduit les Commentaires de Cefar .
Le font certainement trompez , lorfqu'ils
ont pris l'Ulterior Portus pour un nom generique
, pendant que c'étoit le nom qui
étoit devenu propre depuis les Romains
au Port des Euffiens , autrement au Port.
du Comté d'Eu, lequel étoit alors auffi fameux
que celui des Morins , autrement
Boulogne.
}
Il ne faut pas croire que cet ancien Port :
des
1548 : MERCURE DE FRANCE
des Euffiens , ce Portus Ulterior des Romains
, en un mot , la Ville d'Eu faifant
comme une même chofe avec le Tréport,
ait perdu tout fon éclat , lorſque la puiffance
des Romains s'anéantit dans les
Gaules. Ce Port étoit encore des plus fameux
du temps du Roi Louis XI . puifque
Philippe de Commines , qui étoit de la
Cour de ce Prince ,fait voir combien ceux
de la Ville d'Eu étoient encore alors formidables
fur Mer , en rapportant dans fes
Memoires, Liv. I. Ch. 7. que des Armateurs
de la Ville d'Eu ayant enlevé en
1470. un Vaiffeau appartenant à des Flamans
, Sujets du Duc de Bourgogné , cela
fut caufe , en partie , de la guerre qui fut
déclarée entre le Roi Louis XI. & ce Duc,
cinq ans après , felon le même Auteur
ces Armateurs étoient fi hardis qu'ils alloient
enlever les Vaiffeaux du Roi d'Angleterre
, qui paffoient les Troupes à Calais
, pour venir attaquer la France .
>
Mais ce qui jufques - là avoit fait toute.
leur gloire & foutenu l'avantage qu'on
pouvoit tirer de leur Port , devint en quelque
façon la cauſe de leur malheur , & de
la ruine de leur Ville , car le Roi d'Angleterre
, dans le deffein de le ruiner , &
pour tromper Louis XI. fit courir le bruit
qu'il devoit faire une defcente en Nor
mandie , s'emparer de la Ville d'Eu , & y
paffer
JUILLET. 1730. 1549
1
paffer l'Hyver. Louis XI. tout rufé qu'il
étoit , ayant donné dans le panneau pour
lui en ôter l'envie , ne trouva pas de
moyen plus fur que de la faire lui -même
réduire en cendres , ce qui fut executé le
18. de Juillet 1475. par le Maréchal de
France Joachin Rohaut , Seigneur de Gamaches
, qui s'y rendit par ordre de la
Cour , avec quatre cens Lancés . Le feu
ayant été mis par tout à neuf heures du
matin , le Château & toute la Ville furent
confumez par les flâmes , à l'excep
tion des Eglifes qui furent confervées &
quelques maifons qui furent négligées . Ce
défaftre eft écrit dans les Archives de la
Ville , vol. I. p. 235. Les Villes de Dieppe,
S. Vallery & Abbeville , qui fubfiftoient
alors depuis long- temps , ayant
profité du debris de cette Ville , elle n'a
jamais pû s'en relever non-plus que fon
Port.
Nous donnerons la fuite de ces Remar
ques le mois prochain.
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Résumé : REMARQUES sur l'Histoire Naturelle, l'Histoire Civile & Ecclesiastique du Comté d'Eu. Par M. Capperon, Ancien Doyen de Saint Maxent, à M. A ... M ...
Dans une lettre adressée à M. A... M..., M. Capperon, ancien doyen de Saint Maxent, partage des informations sur l'histoire naturelle, civile et ecclésiastique du comté d'Eu. Capperon commence par décrire des phénomènes naturels singuliers du comté. Il mentionne une fontaine abondante située près de la mer, dont l'eau reste douce malgré les marées, et un puits au Tréport où le niveau de l'eau varie en fonction des marées. Il note également des fumées mystérieuses dans la forêt lors des orages d'été et des pétifications trouvées sur une montagne près d'Eu. Capperon aborde ensuite l'histoire civile du comté. Il souligne la présence de monuments romains, tels qu'un chemin militaire et une ancienne porte de la ville, qui témoignent de l'importance historique d'Eu et du Tréport. Il évoque des textes anciens, comme les Commentaires de César, qui confirment l'importance stratégique de ces ports. Capperon relate également la destruction de la ville d'Eu en 1475 par ordre du roi Louis XI pour empêcher une invasion anglaise, ce qui a conduit à la ruine de la ville et de son port.
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13
s. p.
AVIS.
Début :
L'ADRESSE generale est à Monsieur MOREAU, Commis au Mercure [...]
Mots clefs :
Avis, Paquets, Poste, Port
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texteReconnaissance textuelle : AVIS.
A VIS.
,
'ADRESSE generale eft à
Monfieur MORE AU Commis au
Mercure vis - à - vis la Comedie Françoife
, à Paris. Ceux qui pour leur commodité
voudront remettre leurs Paquets cachetez
aux Libraires qui vendent le Mercure,
à Paris , peuvent fe fervir de cette voye
pour lesfaire tenir.
On prie très- inftamment , quand on adreffe
des Lettres ou Paquets par la Pofte , d'avoir
oin d'en affranchir le Port , comme cela s'eft
oûjours pratiqué , afin d'épargner , à nous
le déplaifir de les rebuter , & à ceux qui
les envoyent , celui , non -feulement de´ne
pas voir paroître leurs Ouvrages , mais
même de les perdre , s'ils n'en ont pas gardé
de copie.
Y
Les Libraires des Provinces & des Pays
Etrangers , ou les Particuliers qui fouhaiteront
avoir le Mercure de France de la
premiere
main , & plus promptement , n'auront
qu'à donner leurs adreffes à M. Moreau ,
qui aura foin de faire leurs Paquets fans
perte de temps, de les faire porter fur
P'heure à la Pofte , ou aux Meffageries qu'on
lui indiquera.
PRIX XX X. SOLS.
,
'ADRESSE generale eft à
Monfieur MORE AU Commis au
Mercure vis - à - vis la Comedie Françoife
, à Paris. Ceux qui pour leur commodité
voudront remettre leurs Paquets cachetez
aux Libraires qui vendent le Mercure,
à Paris , peuvent fe fervir de cette voye
pour lesfaire tenir.
On prie très- inftamment , quand on adreffe
des Lettres ou Paquets par la Pofte , d'avoir
oin d'en affranchir le Port , comme cela s'eft
oûjours pratiqué , afin d'épargner , à nous
le déplaifir de les rebuter , & à ceux qui
les envoyent , celui , non -feulement de´ne
pas voir paroître leurs Ouvrages , mais
même de les perdre , s'ils n'en ont pas gardé
de copie.
Y
Les Libraires des Provinces & des Pays
Etrangers , ou les Particuliers qui fouhaiteront
avoir le Mercure de France de la
premiere
main , & plus promptement , n'auront
qu'à donner leurs adreffes à M. Moreau ,
qui aura foin de faire leurs Paquets fans
perte de temps, de les faire porter fur
P'heure à la Pofte , ou aux Meffageries qu'on
lui indiquera.
PRIX XX X. SOLS.
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Résumé : AVIS.
Le Mercure de France peut être envoyé via l'adresse générale située à Paris, chez Monsieur Moreau, le commis, ou remis aux libraires parisiens qui vendent la publication. Il est conseillé d'affranchir les lettres ou paquets pour éviter leur rejet et la perte des ouvrages. Les libraires des provinces et des pays étrangers, ainsi que les particuliers, doivent fournir leurs adresses à Monsieur Moreau pour recevoir le Mercure de France dès sa parution. Monsieur Moreau se chargera de préparer et d'expédier les paquets par la poste ou les messageries indiquées. Le prix du Mercure de France est de vingt sols.
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14
s. p.
AVIS.
Début :
L'ADRESSE generale est à Monsieur MOREAU, Commis au Mercure [...]
Mots clefs :
Adresse générale, Paquets, Libraires, Poste, Affranchir, Port, Libraires des Provinces et des Pays étrangers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
A VIS.
L
НОМАЯЯ НО
'ADRESSE generale est à
Monfieur MOREAU , Commis an
Mercure vis - à - vis la Comedie Fran
çoife , à Paris. Ceux qui pour leur com
modité voudront remettre leurs Paquets cachetez
aux Libraires qui vendent le Mercure,
à Paris , peuventfe fervir de cette voye
pour lesfaire tenir.
On prie tres - inftamment , quand on adreſſe
des Lettres ou Paquets par la Pofte , d'avoir
foin d'en affranchir le Port , comme cela s'eft
toujours pratiqué , afin d'épargner , à nous
le déplaifir de les rebuter , & à ceux qui
les envoyent , celui , non-feulement de ne
pas voir paroître leurs Ouvrages , mais
même de les perdre , s'ils n'en ont pas gard
de copie.
Les Libraires des Provinces & des Pays.
Etrangers , ou les Particuliers qui fouhaiteront
avoir le Mercure de France de la premiere
main , & plus promptement , n'auront
qu'à donner leurs adreffes à M. Moreau ,
qui aura foin de faire leurs Paquets fans
perte de temps , de les faire pomer fur
theure à la Pofte , on aux Meffageries qu'on
lui indiquera.
I X
PRIX XXX, SOLS.
L
НОМАЯЯ НО
'ADRESSE generale est à
Monfieur MOREAU , Commis an
Mercure vis - à - vis la Comedie Fran
çoife , à Paris. Ceux qui pour leur com
modité voudront remettre leurs Paquets cachetez
aux Libraires qui vendent le Mercure,
à Paris , peuventfe fervir de cette voye
pour lesfaire tenir.
On prie tres - inftamment , quand on adreſſe
des Lettres ou Paquets par la Pofte , d'avoir
foin d'en affranchir le Port , comme cela s'eft
toujours pratiqué , afin d'épargner , à nous
le déplaifir de les rebuter , & à ceux qui
les envoyent , celui , non-feulement de ne
pas voir paroître leurs Ouvrages , mais
même de les perdre , s'ils n'en ont pas gard
de copie.
Les Libraires des Provinces & des Pays.
Etrangers , ou les Particuliers qui fouhaiteront
avoir le Mercure de France de la premiere
main , & plus promptement , n'auront
qu'à donner leurs adreffes à M. Moreau ,
qui aura foin de faire leurs Paquets fans
perte de temps , de les faire pomer fur
theure à la Pofte , on aux Meffageries qu'on
lui indiquera.
I X
PRIX XXX, SOLS.
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Résumé : AVIS.
Le texte décrit les modalités de distribution et d'envoi du 'Mercure'. L'adresse générale pour les correspondances est celle de Monsieur Moreau, commis au Mercure, situé vis-à-vis la Comédie Française à Paris. Les lecteurs peuvent confier leurs paquets cachetés aux libraires parisiens qui vendent le Mercure. Il est conseillé d'affranchir les lettres ou paquets envoyés par la poste pour éviter qu'ils ne soient rejetés. Les libraires des provinces et des pays étrangers, ainsi que les particuliers souhaitant recevoir le Mercure de France rapidement, doivent fournir leurs adresses à Monsieur Moreau. Ce dernier préparera et expédiera les paquets sans délai, soit par la poste, soit par les messageries indiquées. Le prix du Mercure est de trente sols.
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15
p. *110-110
AUTRE.
Début :
A mon aspect, plus d'un mortel [...]
Mots clefs :
Port
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
A Mon aspect , plus d'un mortel
De ses malheurs croit voir le terme ;
Il rend graces aux Dieux , leur dresse maintAutel
Mon nom est assez court , cependant il renferme
>
Un Mets exquis , un Fleave , un Métal adoré
Et ce qui fait plaisir au Buveur altéré .
A Mon aspect , plus d'un mortel
De ses malheurs croit voir le terme ;
Il rend graces aux Dieux , leur dresse maintAutel
Mon nom est assez court , cependant il renferme
>
Un Mets exquis , un Fleave , un Métal adoré
Et ce qui fait plaisir au Buveur altéré .
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16
p. 293
« Le mot de l'Enigme du mois de Janvier est l'Echiquier. Ceux des Logogryphes, [...] »
Début :
Le mot de l'Enigme du mois de Janvier est l'Echiquier. Ceux des Logogryphes, [...]
Mots clefs :
Échiquier, Corde, Orange, Port
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texteReconnaissance textuelle : « Le mot de l'Enigme du mois de Janvier est l'Echiquier. Ceux des Logogryphes, [...] »
Le mot de l'Enigme du mois de Janvier
est l'Echiquier. Ceux des Logogryghes
, sont Corde , Orange , Port. On trouve
dans celui- cy , Rot , Po , Or , Pot ,
et dans le précedent , Guillaume de Nassau
, Ange , Nage , Or , Ane , Oran ,
Organe d'une Flute , &c. Ergo.
est l'Echiquier. Ceux des Logogryghes
, sont Corde , Orange , Port. On trouve
dans celui- cy , Rot , Po , Or , Pot ,
et dans le précedent , Guillaume de Nassau
, Ange , Nage , Or , Ane , Oran ,
Organe d'une Flute , &c. Ergo.
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17
p. 1143-1144
LOGOGRYPHE. Le souhait du Navigateur.
Début :
Je tiens dans mon milieu sa juste récompense ; [...]
Mots clefs :
Port
18
p. 203-204
D'EMBDEN, le premier Janvier.
Début :
Le Roi de Prusse a donné ses ordres pour que l'on armât dans ce Port [...]
Mots clefs :
Roi de Prusse, Port, Armements, Nouveautés, Capitaine, Navires, Anglais
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texteReconnaissance textuelle : D'EMBDEN, le premier Janvier.
D'EMBDEN , le premier Janvier.
Le Roi de Pruffe a donné fes ordres pour que
l'on armât dans ce Port des Bâtimens en courſe.
On n'y avoit jamais connu cette eſpèce d'armement.
On vient d'en faire l'effai fur un navire de
feize canons & de cent trente hommes d'équipage.
Les inftructions données au Capitaine ,
portent de ne croifer que contre les vailleaux
Suédois.
Il arrive journellement ici & à Stade des navires
d'Irlan de chargés de provifions pour les
}
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
troupes Angloifes qui fouffrent une grande difette
dans leurs quartiers.
Le Roi de Pruffe a donné fes ordres pour que
l'on armât dans ce Port des Bâtimens en courſe.
On n'y avoit jamais connu cette eſpèce d'armement.
On vient d'en faire l'effai fur un navire de
feize canons & de cent trente hommes d'équipage.
Les inftructions données au Capitaine ,
portent de ne croifer que contre les vailleaux
Suédois.
Il arrive journellement ici & à Stade des navires
d'Irlan de chargés de provifions pour les
}
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
troupes Angloifes qui fouffrent une grande difette
dans leurs quartiers.
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Résumé : D'EMBDEN, le premier Janvier.
Le 1er janvier, le roi de Prusse a ordonné l'armement de navires de course à Embden. Un navire de seize canons et cent trente hommes a été préparé pour attaquer les vaisseaux suédois. Des navires irlandais ravitaillent les troupes anglaises à Embden et Stade, qui manquent de provisions.
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19
p. 204-207
DE LONDRES, le 14 Janvier.
Début :
L'Escadre qui doit partir pour les Indes Orientales, escortera les Vaisseaux [...]
Mots clefs :
Indes orientales, Escadre, Vaisseaux, Sénégal, Détachement des troupes, New York, Armateur français, Port, Gouvernement, Ministres, Bengale, Lettres, Compagnie des Indes, Attaques, Amiral, Général Forbes, Combats, Fortifications, Résistance, Prisonniers de guerre
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 14 Janvier.
DE LONDRES , le 14 Janvier.
L'Efcadre qui doit partir pour les Indes Orientales
, eſcortera les Vaiffeaux de la Compagnie. On
arme à Portsmouth quinze Vaifieaux de ligne , &
plufieurs autres Bâtimens fur lefquels on fait embarquer
des vivres pour huit mois. Un gros détachement
du corps de l'artillerie , qui a eu ordre
de partir de Wolwich le 8 de ce mois fera employé
fur cette flotte commandée par le Général
Bofcawen. On affure que ce grand armement a
pour objet uue expédition fecrette & étrangere au
plan d'opérations qui a été annoncé.
On a reçu des Lettres du Sénégal fur les côtes
MARS. 1759. 205
d'Afrique ces Lettres portent qu'un détache
ment de nos troupes ayant eu ordre de marcher
contre une Nation du Pays , qui eft fort attachée
aux François , avoit été battu , contraint de prendre
la fuite avec précipitation , après avoir eu
vingt- quatre hommes tués & vingt- fept bleffés ,
& que le Commandant en fecond a été du nombre
des morts.
Nous avons appris par des Lettres de la Nouvelle
York , qu'un Armateur François nommé
Chatileau , a établi fa croiſière le long des côtes
de cette Province , & qu'il s'y eft rendu fi redou
table , que tous les bâtimens fe tiennent renfermés
dans les Ports , par l'impoffibilité d'éviter la
rencontre. En deux mois de temps il a fait vingttrois
prifes confidérables . Le dernier navire dont
i s'eft emparé tranfportoit à Bofton cinquante
foldats avec leurs femmes. Ce Corfaire , après
l'avoir pillé a contraint le Capitaine de lui payer
deux cens livres fterlings de rançon .
Du 19
La Cour reçut dernierement des lettres de la
Haye , dans lesquelles le Général York rend compte.
des conférences qu'il a eues avec quelques Membres
du Gouvernement des Provinces Unies. II
paroît que les conteftations qui fe font élevées
au fujet de l'enlévement des Navires Hollandois
par nos Armateurs , s'aigriffent de plus en plus.
Notre Ministère voudroit bien terminer ce différend
a l'amiable ; mais il perlévére a exiger pour
condition , que les Etats- Généraux interdiront à
leurs Sujets un comm rce auquel il n'eft pas
à
préfumer qu'ils veuillent renoncer.
Les lettres écrites de Bengale en date du mois
de Mars 1758 , nous ont appris que dix vaiffeaux.
François arriverent à la rade de Pondicheri au
mois de Septembre 1757 , & y débarquerent le
206 MERCURE DE FRANCE.
Régiment de Lorraine , & qu'enfuite ces vaiffeaux
retournerent à l'Ile Maurice pour y prendre
d'autres troupes qu'ils y avoient laiffées. On
ajoute dans cette lettre que la fupériorité des
troupes Françoifes dans l'Inde donne beaucoup
à craindre pour nos établiffemens ; qu'on eſt
perfuadé que les François méditent quelque
grande entreprise , d'autant plus qu'à l'arrivée
des vaiffeaux de leur Compagnie des Indes , leur
marine ne fera point inférieure à la nôtre.
Nous avons été informés par des Lettres venues
de Guinée , qu'un Corfaire François avoit
foutenu un combat de quatre heures contre un
de nos vaiffeaux de guerre de 64 canons & une
de nos frégates de 28. Ce bâtiment nommé le
Comte de Saint Florentin , croifoit depuis quelque
temps le long de la Côte de Guinée , à deffein
d'enlever les navires Anglois employés à la traite
des Négres.
L'Amiral Saunders commandera la flotte qui
doit partir incellamment pour l'Amérique Sepsentrionnale.
Cette flotte eft compofée de qua
torze vaiffeaux de ligne & de deux frégates.
Le 20
>
Du 29.
an Courrier arrivé de la Haye apporta
la nouvelle de la mort de la Princelle
Anne , Fille aînée du Roi & Gouvernante des
Provinces- Unies.
Le 20 Décembre dernier on a appris par les
Lettres du Général Forbes , en date du 30 Novembre
1758 , que le
24
du même mois les Indiens
qui faifoient partie de la Garnifon Françoiſe
du Fort du Quefne , avoient pris querelle avec
les autres troupes de cette garnifon , & que leur
mécontentement avoit été fi grand , qu'ils étoient
fortis du Fort pour fe retirer bien avant dans les
terres ; qu'alors les François affoiblis par cette
MARS 1759.
207
déſertion , avoient pris le parti de faire fauter les
ouvrages , d'emmener l'artillerie & les munitions
, & de s'embarquer fur l'Ohio pour ſe rapprocher
des établiffemens qu'ils ont fur le Miffiffipi.
Ces Lettres ajoutent que le Général Forbes
averti de leur retraite , s'avança auffitốt pour
prendre poffeffion de la Place , qu'il en trouva
toutes les fortifications détruites & tous les effets
enlevés ; qu'il détacha quelque cavalerie légère
pour aller à la pourfuite des ennemis ; mais qu'on
ne put jamais les atteindre. Ainfi les François ont
perdu un Fort , & nos troupes n'ont gagné que
des ruines .
Du 3 Février.
Une chaloupe de guerre arrivée le 26. à Portf
mouth , nous a appris le fuccès de l'expédition
du fieur Keppel , Chef d'Eſcadre , fur les côtes
d'Afrique. Dans la route il effuya une tempête
violente qui difperfa fon efcadre , & trois des
navires qui la compofoient firent naufrage fur
les côtes de Barbarie ; mais cet accident ne l'empêcha
point de fuivre fon objet . Il arriva le 28
Décembre avec le refte de fon efcadre à la hauteur
de l'Ile de Gorée . Dès le jour fuiyant il attaqua
les forts occupés dans cette Ille par les
François. La réfiftance fut d'abord affez vive ;
mais l'attaque ayant continué avec ardeur , les
trois cens hommes qui étoient dans l'Ifle furent
contraints de fe rendre prifonniers de guerre.
L'Efcadre qui doit partir pour les Indes Orientales
, eſcortera les Vaiffeaux de la Compagnie. On
arme à Portsmouth quinze Vaifieaux de ligne , &
plufieurs autres Bâtimens fur lefquels on fait embarquer
des vivres pour huit mois. Un gros détachement
du corps de l'artillerie , qui a eu ordre
de partir de Wolwich le 8 de ce mois fera employé
fur cette flotte commandée par le Général
Bofcawen. On affure que ce grand armement a
pour objet uue expédition fecrette & étrangere au
plan d'opérations qui a été annoncé.
On a reçu des Lettres du Sénégal fur les côtes
MARS. 1759. 205
d'Afrique ces Lettres portent qu'un détache
ment de nos troupes ayant eu ordre de marcher
contre une Nation du Pays , qui eft fort attachée
aux François , avoit été battu , contraint de prendre
la fuite avec précipitation , après avoir eu
vingt- quatre hommes tués & vingt- fept bleffés ,
& que le Commandant en fecond a été du nombre
des morts.
Nous avons appris par des Lettres de la Nouvelle
York , qu'un Armateur François nommé
Chatileau , a établi fa croiſière le long des côtes
de cette Province , & qu'il s'y eft rendu fi redou
table , que tous les bâtimens fe tiennent renfermés
dans les Ports , par l'impoffibilité d'éviter la
rencontre. En deux mois de temps il a fait vingttrois
prifes confidérables . Le dernier navire dont
i s'eft emparé tranfportoit à Bofton cinquante
foldats avec leurs femmes. Ce Corfaire , après
l'avoir pillé a contraint le Capitaine de lui payer
deux cens livres fterlings de rançon .
Du 19
La Cour reçut dernierement des lettres de la
Haye , dans lesquelles le Général York rend compte.
des conférences qu'il a eues avec quelques Membres
du Gouvernement des Provinces Unies. II
paroît que les conteftations qui fe font élevées
au fujet de l'enlévement des Navires Hollandois
par nos Armateurs , s'aigriffent de plus en plus.
Notre Ministère voudroit bien terminer ce différend
a l'amiable ; mais il perlévére a exiger pour
condition , que les Etats- Généraux interdiront à
leurs Sujets un comm rce auquel il n'eft pas
à
préfumer qu'ils veuillent renoncer.
Les lettres écrites de Bengale en date du mois
de Mars 1758 , nous ont appris que dix vaiffeaux.
François arriverent à la rade de Pondicheri au
mois de Septembre 1757 , & y débarquerent le
206 MERCURE DE FRANCE.
Régiment de Lorraine , & qu'enfuite ces vaiffeaux
retournerent à l'Ile Maurice pour y prendre
d'autres troupes qu'ils y avoient laiffées. On
ajoute dans cette lettre que la fupériorité des
troupes Françoifes dans l'Inde donne beaucoup
à craindre pour nos établiffemens ; qu'on eſt
perfuadé que les François méditent quelque
grande entreprise , d'autant plus qu'à l'arrivée
des vaiffeaux de leur Compagnie des Indes , leur
marine ne fera point inférieure à la nôtre.
Nous avons été informés par des Lettres venues
de Guinée , qu'un Corfaire François avoit
foutenu un combat de quatre heures contre un
de nos vaiffeaux de guerre de 64 canons & une
de nos frégates de 28. Ce bâtiment nommé le
Comte de Saint Florentin , croifoit depuis quelque
temps le long de la Côte de Guinée , à deffein
d'enlever les navires Anglois employés à la traite
des Négres.
L'Amiral Saunders commandera la flotte qui
doit partir incellamment pour l'Amérique Sepsentrionnale.
Cette flotte eft compofée de qua
torze vaiffeaux de ligne & de deux frégates.
Le 20
>
Du 29.
an Courrier arrivé de la Haye apporta
la nouvelle de la mort de la Princelle
Anne , Fille aînée du Roi & Gouvernante des
Provinces- Unies.
Le 20 Décembre dernier on a appris par les
Lettres du Général Forbes , en date du 30 Novembre
1758 , que le
24
du même mois les Indiens
qui faifoient partie de la Garnifon Françoiſe
du Fort du Quefne , avoient pris querelle avec
les autres troupes de cette garnifon , & que leur
mécontentement avoit été fi grand , qu'ils étoient
fortis du Fort pour fe retirer bien avant dans les
terres ; qu'alors les François affoiblis par cette
MARS 1759.
207
déſertion , avoient pris le parti de faire fauter les
ouvrages , d'emmener l'artillerie & les munitions
, & de s'embarquer fur l'Ohio pour ſe rapprocher
des établiffemens qu'ils ont fur le Miffiffipi.
Ces Lettres ajoutent que le Général Forbes
averti de leur retraite , s'avança auffitốt pour
prendre poffeffion de la Place , qu'il en trouva
toutes les fortifications détruites & tous les effets
enlevés ; qu'il détacha quelque cavalerie légère
pour aller à la pourfuite des ennemis ; mais qu'on
ne put jamais les atteindre. Ainfi les François ont
perdu un Fort , & nos troupes n'ont gagné que
des ruines .
Du 3 Février.
Une chaloupe de guerre arrivée le 26. à Portf
mouth , nous a appris le fuccès de l'expédition
du fieur Keppel , Chef d'Eſcadre , fur les côtes
d'Afrique. Dans la route il effuya une tempête
violente qui difperfa fon efcadre , & trois des
navires qui la compofoient firent naufrage fur
les côtes de Barbarie ; mais cet accident ne l'empêcha
point de fuivre fon objet . Il arriva le 28
Décembre avec le refte de fon efcadre à la hauteur
de l'Ile de Gorée . Dès le jour fuiyant il attaqua
les forts occupés dans cette Ille par les
François. La réfiftance fut d'abord affez vive ;
mais l'attaque ayant continué avec ardeur , les
trois cens hommes qui étoient dans l'Ifle furent
contraints de fe rendre prifonniers de guerre.
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Résumé : DE LONDRES, le 14 Janvier.
Le 14 janvier, une flotte doit partir de Portsmouth pour escorter les vaisseaux de la Compagnie des Indes vers les Indes Orientales. Cette flotte, composée de quinze vaisseaux de ligne et plusieurs autres bâtiments, est armée pour une durée de huit mois. Elle est commandée par le Général Boscawen et rejoint par un détachement de l'artillerie parti de Woolwich le 8 janvier. Cette expédition semble cacher des intentions secrètes. Au Sénégal, un détachement de troupes françaises a été battu lors d'une opération contre une nation alliée des Français, subissant 24 morts et 27 blessés, dont le commandant en second. À New York, le corsaire français Chatileau terrorise les côtes en capturant 23 navires en deux mois, dont un transportant 50 soldats et leurs femmes vers Boston. Des tensions existent entre la France et les Provinces Unies concernant la capture de navires hollandais par des armateurs français. La France souhaite une résolution amiable mais exige que les États-Généraux interdisent ce commerce. En Inde, des lettres de Bengale signalent l'arrivée de dix vaisseaux français à Pondichéry en septembre 1757, débarquant le Régiment de Lorraine. Cette présence française est perçue comme une menace. En Guinée, un corsaire français a combattu pendant quatre heures contre un vaisseau de guerre britannique de 64 canons et une frégate de 28 canons. L'Amiral Saunders doit commander une flotte de 14 vaisseaux de ligne et 2 frégates pour l'Amérique du Nord. Le 29 décembre, un courrier de La Haye annonce la mort de la Princesse Anne, fille aînée du Roi et gouvernante des Provinces-Unies. Le 20 décembre, des lettres du Général Forbes rapportent qu'une mutinerie d'Indiens a forcé les Français à abandonner le Fort Duquesne. Le Général Forbes a pris possession des ruines mais n'a pas pu capturer les fugitifs. Le 3 février, une chaloupe de guerre rapporte le succès de l'expédition du Sieur Keppel en Afrique. Malgré une tempête ayant causé la perte de trois navires, Keppel a capturé l'île de Gorée, prenant 300 prisonniers français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 209
DE GENES, le 12 janvier.
Début :
Un Bâtiment entré dernièrement dans ce Port nous a appris que deux Navires [...]
Mots clefs :
Navires, Port, Corsaires anglais, Attaque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE GENES, le 12 janvier.
DE GENES , le 12 Janvier.
Un Bâtiment entré dernièrement dans ce Fort
nous a appris que deux Navires Maltois avoient
été attaqués par deux Corfaires Anglois ; mais..
que ces derniers avoient été contraints de prendre
la fuite , & de s'échouer fur la Côte où preſque
tout leur équipage avoit été noyé.
Un Bâtiment entré dernièrement dans ce Fort
nous a appris que deux Navires Maltois avoient
été attaqués par deux Corfaires Anglois ; mais..
que ces derniers avoient été contraints de prendre
la fuite , & de s'échouer fur la Côte où preſque
tout leur équipage avoit été noyé.
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21
p. 209-211
De Londres le 18 Avril.
Début :
L'escadre de l'Amiral Cornish, composée de quatre vaisseaux de guerre & de sept [...]
Mots clefs :
Escadre, Amiral, Vaisseaux, Guadeloupe, Port, Équipages, Recrutement, Violences, Députés, Ministres, Corsaires , Armements, Envoyé extraordinaire, Invasion, Général, Parlement, Emprunt
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Londres le 18 Avril.
DE LONDRES le 18 Avril.
L'efcadre de l'Amiral Cornish , compofée de
quatre vaiffeaux de guerre & de fept vaiffeaux de
la Compagnie des Indes , partit le 14 du port de
Sainte-Helene. Nous ignorons abfolument le
fuccès de l'entrepriſe fur la Guadeloupe.
L'Amiral Bofcawen eft parti de Portsmouth
avec fix vaiffeaux de guerre pour le rendre à Plymouth
, où fon efcadre doit fe renforcer de quelques
autres bâtimens. Enfuite il mettra à la voile
& ira établir fa croifiere à la hauteur de Breft ,
pour obferver les mouvemens de la flote nombreufe
que les François arment dans ce port , &
qu'on affure devoir inceffamment mettre en
mer.
Du 20,
La néceffité de completter promptement les équi
pages de nos efcadres , continue de rencontrer de
grandes difficultés , & donne lieu à des violences
anouies. Comme on ne trouve plus perfonne à
enlever fur terre , on a pris le parti de fe jetter fur
tous les navires qui arrivent , pour en prendre de
force les matelots. Cette conduite a déja occafioné
du tumulte en divers endroits...
210 MERCURE DE FRANCE.
Du 4 Mai.
Lés Députés extraordinaires des Etats Généraux
ont de fréquentes conférences avec nos Miniftres.
Ils preffent vivement la reftitution des prifes. Elle
a été promife ; mais elle ne s'effectue point. Il s'eft
formé ici un parti confidérable pour foutenir les
intérêts des Corfaires Anglois , contre les plaintes
& les follicitations des propriétaires des navires,
enlevés à la Hollande.
La fâcheufe nouvelle de la bataille de Berghen ,
nous fut apportée le 24. Elle a répandu ici une
vraie confternation .
On continue à Portsmouth l'armement de la
flotte qui doit agir fur les côtes de France , & dont
l'Amiral Anfon prendra le commandement. C'eſt
fur le Royal-Georges que cet Amiral doit arborer,
fon pavilion . Ce vaiffeau de cent canons n'eft pas
encore tout-à-fait équipé , non - plus que quelques
autres qui feront partie de cette flotte . On efpere
cependant qu'elle fera en état de mettre à la voile
le 20 de ce mois.
Le Baron de Kniphaufen , Envoyé extraordinaire
du Roi de Pruffe , propofa dernierement
aux Miniftres du Roi de faire paffer en Allemagne
douze bataillons de nos troupes pour renforcer
l'armée des Alliés. Mais cette propofition fut rejettée
d'une maniere affez vive , par la raison que
l'Angleterre a befoin de toutes les forces pour les
oppofer aux projets d'invaſion dont elle eft me-
!
nacée.
On mande d'Edimbourg , qu'on y a reçu avis
que le Général Hopfon , après avoir détruit les
fortifications de Baffeterre dans l'Ifle de la Guadeloupe
, avoit fait rembarquer les troupes , & qu'il
fe difpofoit à les ramener en Angleterre.
On affure que le Parlement fera obligé de re
voquer la foufcription qui a été ouverte pour un
JUIN 1759 :
21 f
emprunt de fix millions fix cent mille livres fterlings.
On fe propofe de lui fubftituer un emprunt
રે quatre pour cent d'intérêt.
L'efcadre de l'Amiral Cornish , compofée de
quatre vaiffeaux de guerre & de fept vaiffeaux de
la Compagnie des Indes , partit le 14 du port de
Sainte-Helene. Nous ignorons abfolument le
fuccès de l'entrepriſe fur la Guadeloupe.
L'Amiral Bofcawen eft parti de Portsmouth
avec fix vaiffeaux de guerre pour le rendre à Plymouth
, où fon efcadre doit fe renforcer de quelques
autres bâtimens. Enfuite il mettra à la voile
& ira établir fa croifiere à la hauteur de Breft ,
pour obferver les mouvemens de la flote nombreufe
que les François arment dans ce port , &
qu'on affure devoir inceffamment mettre en
mer.
Du 20,
La néceffité de completter promptement les équi
pages de nos efcadres , continue de rencontrer de
grandes difficultés , & donne lieu à des violences
anouies. Comme on ne trouve plus perfonne à
enlever fur terre , on a pris le parti de fe jetter fur
tous les navires qui arrivent , pour en prendre de
force les matelots. Cette conduite a déja occafioné
du tumulte en divers endroits...
210 MERCURE DE FRANCE.
Du 4 Mai.
Lés Députés extraordinaires des Etats Généraux
ont de fréquentes conférences avec nos Miniftres.
Ils preffent vivement la reftitution des prifes. Elle
a été promife ; mais elle ne s'effectue point. Il s'eft
formé ici un parti confidérable pour foutenir les
intérêts des Corfaires Anglois , contre les plaintes
& les follicitations des propriétaires des navires,
enlevés à la Hollande.
La fâcheufe nouvelle de la bataille de Berghen ,
nous fut apportée le 24. Elle a répandu ici une
vraie confternation .
On continue à Portsmouth l'armement de la
flotte qui doit agir fur les côtes de France , & dont
l'Amiral Anfon prendra le commandement. C'eſt
fur le Royal-Georges que cet Amiral doit arborer,
fon pavilion . Ce vaiffeau de cent canons n'eft pas
encore tout-à-fait équipé , non - plus que quelques
autres qui feront partie de cette flotte . On efpere
cependant qu'elle fera en état de mettre à la voile
le 20 de ce mois.
Le Baron de Kniphaufen , Envoyé extraordinaire
du Roi de Pruffe , propofa dernierement
aux Miniftres du Roi de faire paffer en Allemagne
douze bataillons de nos troupes pour renforcer
l'armée des Alliés. Mais cette propofition fut rejettée
d'une maniere affez vive , par la raison que
l'Angleterre a befoin de toutes les forces pour les
oppofer aux projets d'invaſion dont elle eft me-
!
nacée.
On mande d'Edimbourg , qu'on y a reçu avis
que le Général Hopfon , après avoir détruit les
fortifications de Baffeterre dans l'Ifle de la Guadeloupe
, avoit fait rembarquer les troupes , & qu'il
fe difpofoit à les ramener en Angleterre.
On affure que le Parlement fera obligé de re
voquer la foufcription qui a été ouverte pour un
JUIN 1759 :
21 f
emprunt de fix millions fix cent mille livres fterlings.
On fe propofe de lui fubftituer un emprunt
રે quatre pour cent d'intérêt.
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Résumé : De Londres le 18 Avril.
Le 18 avril, l'escadre de l'Amiral Cornish a quitté Sainte-Hélène pour la Guadeloupe, tandis que l'Amiral Boscawen s'est dirigé vers Plymouth pour renforcer son escadre et surveiller la flotte française au large de Brest. Le 20 avril, des difficultés ont surgi pour compléter les équipages, entraînant des violences et des enlèvements forcés de matelots. Le 4 mai, les députés des États Généraux ont pressé la restitution des prises promises mais non effectuées, et la nouvelle de la bataille de Berghen a causé une consternation générale. À Portsmouth, l'armement de la flotte pour agir sur les côtes de France continue, sous le commandement de l'Amiral Anson à bord du Royal-Georges, avec une date de départ prévue le 20 mai. Le Baron de Kniphausen a proposé de transférer des troupes anglaises en Allemagne, mais cette proposition a été rejetée en raison des besoins de défense nationale. Le Général Hopkins a détruit les fortifications de Basse-Terre en Guadeloupe et se prépare à ramener ses troupes en Angleterre. Enfin, le Parlement envisage de révoquer un emprunt de six millions six cent mille livres sterling pour un emprunt à quatre pour cent d'intérêt.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. *217-217
DE TOULON, le 14 Juin.
Début :
Deux de nos Frégates, la Pleyade & l'Oiseau étant sur le point de rentrer dans [...]
Mots clefs :
Frégates, Port, Vaisseaux, Canon, Blessés et morts, Attaque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE TOULON, le 14 Juin.
DE TOULON , le 14 Juin.
Deux de nos Frégates , la Pleyade & l'Oiseau
étant ſur le point de rentrer dans le Port , furent
arrêtées ces jours paflés par un vent contraire.
Trois Vailleaux Anglois détachés de la Flotte de
l'Amiral Broderick ayant découvert leur embarras
s'approcherent pour les combattre . Les Frégates
firent force de voile pour ſe mettre fous la protection
des Forts qui font à l'entrée de la grande rade.
Les Vailleaux Anglois les pourfuivirent & leur lâcherent
leurs bordées. Mais le canon des Forts &
des Batteries qui bordent le rivage , firent ſur eux
un feu fi vif , que l'un des trois vailleaux fut dé-
: mâté , & un autre eut la poupe fracatlée , ce qui
·les obligea de fe retirer très-promptement. Les
deux Frégates font rentrées dans le Port , n'ayant
eu en tout que neuf hommes tués & cinq
bleflés .
Deux de nos Frégates , la Pleyade & l'Oiseau
étant ſur le point de rentrer dans le Port , furent
arrêtées ces jours paflés par un vent contraire.
Trois Vailleaux Anglois détachés de la Flotte de
l'Amiral Broderick ayant découvert leur embarras
s'approcherent pour les combattre . Les Frégates
firent force de voile pour ſe mettre fous la protection
des Forts qui font à l'entrée de la grande rade.
Les Vailleaux Anglois les pourfuivirent & leur lâcherent
leurs bordées. Mais le canon des Forts &
des Batteries qui bordent le rivage , firent ſur eux
un feu fi vif , que l'un des trois vailleaux fut dé-
: mâté , & un autre eut la poupe fracatlée , ce qui
·les obligea de fe retirer très-promptement. Les
deux Frégates font rentrées dans le Port , n'ayant
eu en tout que neuf hommes tués & cinq
bleflés .
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Résumé : DE TOULON, le 14 Juin.
Le 14 juin, deux frégates françaises, la Pleyade et l'Oiseau, furent immobilisées par un vent contraire près de Toulon. Trois vaisseaux anglais les attaquèrent. Les frégates se réfugièrent sous la protection des forts. Les batteries côtières ripostèrent, endommageant deux vaisseaux anglais. Les frégates rentrèrent au port avec neuf morts et cinq blessés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 198-199
DU HAVRE, le 7 Juillet.
Début :
Le 2 de ce mois on apperçut de cette Ville trois Frégates Angloises. [...]
Mots clefs :
Frégates, Flotte anglaise, Ennemis, Attaques, Bombes, Citadelle, Bateaux, Port, Dégâts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU HAVRE, le 7 Juillet.
DU HAVRE , le 7 Juillet.
Le 2 de ce mois on apperçut de cette Ville
trois Frégates Angloiſes. Le 3 à fix heures du ma-
tin la flotte Angloife parut : les Ennemis tirèrent
cinq bombes pour en effayer la portée. Le 4 ils
s'approchèrent à la pointe du jour avec leurs tro
bombardes , dont l'une fut établie vis-à-vis de la
jettée , & les deux autres en face du Chantier où
Ï'on conftruit les batteaux. Ils commencèrent à
trois heures & demie du matin à jetter des bom-
bes de tous côtés. Plusieurs tombèrent dans la
Ville & dans la Citadelle fans caufer de dom-
mage. Ils tirèrent jufqu'à minuit ; mais pendant
cet intervalle , leur feu fe rallentiffoit de temps
à autre. Ils recommencerent à tirer les à trois
heures du matin : leur feu continua juſqu'à ſept
heures du ſoir. A neuf heures ils appareillerent,
·
A
·
OUST
.
1759
.
199
&
ils
replièrent la
moitié
de
leur
ligne
fur
leur
gauche
.
A
onze
heures
du
foir
ils
recommence-
rent
leur
fen
,
&
ne
jettèrent
pendant
la
nuit
qu'en-
viron
une douzaine de
bombes
,
fans
beaucoup
de
fuccès
.
Leur
feu
cella
entièrement
le
6
au
matin
.
A
midi
on
apperçut
qu'ils
faifoient
beaucoup
de
mouvemens
.
Les
Ennemis
ont gardé
leur
pofi-tion
jufqu'au ſept
à
neuf
heures
du
matin
,
ayane
leur
droite
à
la hauteur
du
Cap
de
la
Have
,
&
fans
jetter
aucune
bombe
.
Les Ouvriers
ont
repris
le
travail
fur
le chantier
,
&
l'on
doit
mettre
l'eau
aujourd'hui
trois
nouveaux
bateaux
calfatés
.
Les
Anglois ont
appareillé à
dix
heures
du
matin
.
Le
vent
fait
juger
qu'ils
tiennent
route
de
départ
.
A
trois
heures
après
midi
ils
étoient
déja
à
quatre
lieues
,
faifant
route
vraisemblablement
pour
ren-
trer
dans
leur
ports
.
Le
dommage
n'a
pas
été
,
à
beauconp
près
,
autfi
confidérable
qu'il
auroit
.
pû
l'être
,
eu égard
à
la
quantité prodigieufe
de
bombes
qu'ils
ont
jettées
.
Le
feu a été
éteint
avec
la
plus
grande promptitude par
les
troupes
&
les
Ouvriers
de
la
Marine
.
On
évalue
à
très
-
peu
de
choſe
la
perte
cauſée
par
le
feu
de l'Enne-
mi
dans
les
chantiers
de
conſtruction
.
Elle
a
été
réparée fur
le
champ
.
Il
eft
à
préfumer que
les
bombardes
des
Ennemis
ont
été
miſes hors
de
combat
,
tant
par
le
feu
qu'elles
ont
effuyé
denos
batteries
,
que
par
les efforts
de
leurs
pro-pres
mortiers
,
qui
étoient
chargés de
trente
à
trente
-
fix livres
de poudre
.
Le 2 de ce mois on apperçut de cette Ville
trois Frégates Angloiſes. Le 3 à fix heures du ma-
tin la flotte Angloife parut : les Ennemis tirèrent
cinq bombes pour en effayer la portée. Le 4 ils
s'approchèrent à la pointe du jour avec leurs tro
bombardes , dont l'une fut établie vis-à-vis de la
jettée , & les deux autres en face du Chantier où
Ï'on conftruit les batteaux. Ils commencèrent à
trois heures & demie du matin à jetter des bom-
bes de tous côtés. Plusieurs tombèrent dans la
Ville & dans la Citadelle fans caufer de dom-
mage. Ils tirèrent jufqu'à minuit ; mais pendant
cet intervalle , leur feu fe rallentiffoit de temps
à autre. Ils recommencerent à tirer les à trois
heures du matin : leur feu continua juſqu'à ſept
heures du ſoir. A neuf heures ils appareillerent,
·
A
·
OUST
.
1759
.
199
&
ils
replièrent la
moitié
de
leur
ligne
fur
leur
gauche
.
A
onze
heures
du
foir
ils
recommence-
rent
leur
fen
,
&
ne
jettèrent
pendant
la
nuit
qu'en-
viron
une douzaine de
bombes
,
fans
beaucoup
de
fuccès
.
Leur
feu
cella
entièrement
le
6
au
matin
.
A
midi
on
apperçut
qu'ils
faifoient
beaucoup
de
mouvemens
.
Les
Ennemis
ont gardé
leur
pofi-tion
jufqu'au ſept
à
neuf
heures
du
matin
,
ayane
leur
droite
à
la hauteur
du
Cap
de
la
Have
,
&
fans
jetter
aucune
bombe
.
Les Ouvriers
ont
repris
le
travail
fur
le chantier
,
&
l'on
doit
mettre
l'eau
aujourd'hui
trois
nouveaux
bateaux
calfatés
.
Les
Anglois ont
appareillé à
dix
heures
du
matin
.
Le
vent
fait
juger
qu'ils
tiennent
route
de
départ
.
A
trois
heures
après
midi
ils
étoient
déja
à
quatre
lieues
,
faifant
route
vraisemblablement
pour
ren-
trer
dans
leur
ports
.
Le
dommage
n'a
pas
été
,
à
beauconp
près
,
autfi
confidérable
qu'il
auroit
.
pû
l'être
,
eu égard
à
la
quantité prodigieufe
de
bombes
qu'ils
ont
jettées
.
Le
feu a été
éteint
avec
la
plus
grande promptitude par
les
troupes
&
les
Ouvriers
de
la
Marine
.
On
évalue
à
très
-
peu
de
choſe
la
perte
cauſée
par
le
feu
de l'Enne-
mi
dans
les
chantiers
de
conſtruction
.
Elle
a
été
réparée fur
le
champ
.
Il
eft
à
préfumer que
les
bombardes
des
Ennemis
ont
été
miſes hors
de
combat
,
tant
par
le
feu
qu'elles
ont
effuyé
denos
batteries
,
que
par
les efforts
de
leurs
pro-pres
mortiers
,
qui
étoient
chargés de
trente
à
trente
-
fix livres
de poudre
.
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Résumé : DU HAVRE, le 7 Juillet.
Du 2 au 7 juillet, Le Havre fut la cible d'attaques navales britanniques. Le 2 juillet, trois frégates anglaises furent repérées. Le 3 juillet, la flotte anglaise apparut et testa ses armes. Le 4 juillet, trois bombardes ennemies commencèrent à bombarder la ville et la citadelle dès 3h30 du matin, avec des pauses intermittentes jusqu'à 19 heures. Les attaques reprirent à 21 heures et 23 heures, sans causer de dommages significatifs. Le 6 juillet, le bombardement cessa. Le 7 juillet, les navires anglais quittèrent la zone. Les dégâts furent minimes, les incendies furent rapidement maîtrisés par les troupes et les ouvriers. Les pertes dans les chantiers de construction furent légères et réparées immédiatement. Les bombardes ennemies furent probablement neutralisées par le feu des batteries françaises et leurs propres mortiers.
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24
p. 212
De ROME, le 2 Mars 1763.
Début :
Hier, le Cardinal Cenci mourut au Port d'Anse, d'une attaque [...]
Mots clefs :
Cardinal, Port, Apoplexie, Pape, Décès, Sacré Collège
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De ROME, le 2 Mars 1763.
De ROME , le 2 Mars 1763.
Hier , le Cardinal Cenci mourut au Port d'Anſe,
d'une attaque d'apopléxie. Il avoit été choiſi
par le Pape pour préſider au deſſéchement des
Marais-Pontins. Cette mort Maiſſe un huitiéme
Chapeau vacant dans le Sacré Čollége .
Hier , le Cardinal Cenci mourut au Port d'Anſe,
d'une attaque d'apopléxie. Il avoit été choiſi
par le Pape pour préſider au deſſéchement des
Marais-Pontins. Cette mort Maiſſe un huitiéme
Chapeau vacant dans le Sacré Čollége .
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25
p. 212
De CIVITA-VECCHIA, le 14 Mars 1763.
Début :
La mort du Cardinal Cenci a ralenti les travaux de desséchement des Marais-Pontins ; [...]
Mots clefs :
Décès, Cardinal Cenci, Travaux, Déssèchement, Marais, Port, Tibre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De CIVITA-VECCHIA, le 14 Mars 1763.
De CIVITAVECCHIA , le 14 Mars 1763 .
La mort du Cardinal Cencia ralenti les travaux
du defféchement des Marais- Pontins ; mais on
vientde former un nouveau plan pour cette entrepriſe
, d'après lequel on fera écouler toutes les
eaux des Marais dans un grand canal qui ſe déchargera
dans le Port d'Antium . Cette opération
indépendamment de ſon utilité pour l'objet qu'on
fe propoſe , donnera en même-temps à ce Port
la profondeur que le ſable du Tibre lui a prèſque
entiérement êtée , & y facilitera par-là l'entrée
des gros Bâtimens.
La mort du Cardinal Cencia ralenti les travaux
du defféchement des Marais- Pontins ; mais on
vientde former un nouveau plan pour cette entrepriſe
, d'après lequel on fera écouler toutes les
eaux des Marais dans un grand canal qui ſe déchargera
dans le Port d'Antium . Cette opération
indépendamment de ſon utilité pour l'objet qu'on
fe propoſe , donnera en même-temps à ce Port
la profondeur que le ſable du Tibre lui a prèſque
entiérement êtée , & y facilitera par-là l'entrée
des gros Bâtimens.
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Résumé : De CIVITA-VECCHIA, le 14 Mars 1763.
Le 14 mars 1763, la mort du Cardinal Cencia a retardé le drainage des Marais Pontins. Un nouveau plan prévoit de diriger les eaux vers un grand canal se jetant dans le port d'Antium. Cela vise à assécher les marais et à restaurer la profondeur du port, obstruée par le sable du Tibre, facilitant ainsi l'accès des grands navires.
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