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1
p. 107-112
Description de la Ménagerie, de son Bâtiment & de toutes ses Cours, [titre d'après la table]
Mots clefs :
Ménagerie, Cour, Animaux, Salon, Grotte, Cours, Dôme, Grille de fer, Figure d'octogone
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texteReconnaissance textuelle : Description de la Ménagerie, de son Bâtiment & de toutes ses Cours, [titre d'après la table]
Quoy que la Ménagerie
ne foit qu'un lieu pour entretenir
des Animaux , comme
le porte fon nom , elle ne
laiffe pas d'avoir beaucoup
d'air d'un magnifique Palais ,
& de preſenter d'abord à la
veuë quatre Pavillons , & un
Dôme. On y entre par une
grande avenue d'arbres . On
trouve d'abord une court ferméed'une
grille de fer , d'où
I iij
96 Suite du Voyagersh
l'on entre dans une autre , au
fond de laquelle eſt un Dôme
de figure octogone , qui
fait un Salon de pareille forme
, où l'on monte par une
Rampe de quelques degrez ,
qui conduit à un Veſtibule.
On entre delà dans ce Salon ,
autour duquel ſont pluſieurs
chambres . C'eſt dans le milieu
du meſme Salon que
mange quelquefois le Roy,
lors qu'il va ſe promener
à la Ménagerie. Au deſſous
eſt une grote qui en occupe
tout le terrain & au milieu
de cette Grote il y a un jet
d'eau tournant , qui s'étend
د
des Amb. de siam.
97
د
danstout le tour de la Grote ,
- & du plancher , qui eſt tout
remply de petits trous , d'où
s'éleve une pluye d'eau. Le
Salon eſt entouré d'une court
qui eſt auſſi de figure octogone.
Elle est fermée d'une
grille de fer qui regne
tout au tour , & d'eſpace' en
eſpace on trouve des portes
grillées . Il y en a juſques à
ſept , par leſquelles on entre
dans ſept autres Courts. Les
unes ſont pour les Ecuries
& les autres pour les Bergeries
& pour les Etables. Les
Oiſeaux qu'on ne peut garder
que dans des Cages , ou
د
I iiij
98 Suite du Voyage
dans une Voliere , en ont une
tres belle dans une de ces
courts . Il y a dans une autre
un Reſervoir remply de Poiffons
pour les Pelicans , & autres
Oiseaux auſquels le Poiffon
fert de nourriture. Du
coſté, droit de cette court
font des endroits fermez de
grilles , où font les Animaux,
qui n'ayant pas beſoin d'eftre
enfermez , peuvent paſſer
entre les grilles , pour entrer
&fortir de ce lieu- là. Sur la
gauche de la meſme court
font les Animaux farouches .
Les Beſtes qui ſervent à labourer
, font dans une autre
des Amb. de Siam .
99
court , au fortir de laquelle
( on trouvre des Volailles de
toutes fortes d'eſpeces Enfin
l'on peut dire que l'on voit
dans ces ſept courts tout ce
qu'il y a de plus rare fur la
terre , ſoit pour les Animaux,
foit pour les Oifſeaux d'air , &
pour ceux d'eau , & qu'iln'y
a rien de commun. Les Ambaſſadeurs
furent ſurpris d'en
voir quelques - uns de leur
Païs , & d'autres endroits
qu'ils connoiſſoient. Ils le
furent auſſi de voir en peinture
tout ce qu'il y a eu de
plus curieux dans ce lieu ,
mais rien ne leur parut plus
HEQUE DELA
LYON
ے ہ
LE
Iv
100 Suite du Voyage
digne d'eſtre remarqué que
le grand ordre qu'ils trouverent
dans tout ce qu'ils virent
, & quoy qu'ils attribuaffent
tout au Roy , ils ne
laiſſoient pas de donner des
loüanges à ceux qui ſçavoient
fi bien répondre aux
intentions de Sa Majefté.
ne foit qu'un lieu pour entretenir
des Animaux , comme
le porte fon nom , elle ne
laiffe pas d'avoir beaucoup
d'air d'un magnifique Palais ,
& de preſenter d'abord à la
veuë quatre Pavillons , & un
Dôme. On y entre par une
grande avenue d'arbres . On
trouve d'abord une court ferméed'une
grille de fer , d'où
I iij
96 Suite du Voyagersh
l'on entre dans une autre , au
fond de laquelle eſt un Dôme
de figure octogone , qui
fait un Salon de pareille forme
, où l'on monte par une
Rampe de quelques degrez ,
qui conduit à un Veſtibule.
On entre delà dans ce Salon ,
autour duquel ſont pluſieurs
chambres . C'eſt dans le milieu
du meſme Salon que
mange quelquefois le Roy,
lors qu'il va ſe promener
à la Ménagerie. Au deſſous
eſt une grote qui en occupe
tout le terrain & au milieu
de cette Grote il y a un jet
d'eau tournant , qui s'étend
د
des Amb. de siam.
97
د
danstout le tour de la Grote ,
- & du plancher , qui eſt tout
remply de petits trous , d'où
s'éleve une pluye d'eau. Le
Salon eſt entouré d'une court
qui eſt auſſi de figure octogone.
Elle est fermée d'une
grille de fer qui regne
tout au tour , & d'eſpace' en
eſpace on trouve des portes
grillées . Il y en a juſques à
ſept , par leſquelles on entre
dans ſept autres Courts. Les
unes ſont pour les Ecuries
& les autres pour les Bergeries
& pour les Etables. Les
Oiſeaux qu'on ne peut garder
que dans des Cages , ou
د
I iiij
98 Suite du Voyage
dans une Voliere , en ont une
tres belle dans une de ces
courts . Il y a dans une autre
un Reſervoir remply de Poiffons
pour les Pelicans , & autres
Oiseaux auſquels le Poiffon
fert de nourriture. Du
coſté, droit de cette court
font des endroits fermez de
grilles , où font les Animaux,
qui n'ayant pas beſoin d'eftre
enfermez , peuvent paſſer
entre les grilles , pour entrer
&fortir de ce lieu- là. Sur la
gauche de la meſme court
font les Animaux farouches .
Les Beſtes qui ſervent à labourer
, font dans une autre
des Amb. de Siam .
99
court , au fortir de laquelle
( on trouvre des Volailles de
toutes fortes d'eſpeces Enfin
l'on peut dire que l'on voit
dans ces ſept courts tout ce
qu'il y a de plus rare fur la
terre , ſoit pour les Animaux,
foit pour les Oifſeaux d'air , &
pour ceux d'eau , & qu'iln'y
a rien de commun. Les Ambaſſadeurs
furent ſurpris d'en
voir quelques - uns de leur
Païs , & d'autres endroits
qu'ils connoiſſoient. Ils le
furent auſſi de voir en peinture
tout ce qu'il y a eu de
plus curieux dans ce lieu ,
mais rien ne leur parut plus
HEQUE DELA
LYON
ے ہ
LE
Iv
100 Suite du Voyage
digne d'eſtre remarqué que
le grand ordre qu'ils trouverent
dans tout ce qu'ils virent
, & quoy qu'ils attribuaffent
tout au Roy , ils ne
laiſſoient pas de donner des
loüanges à ceux qui ſçavoient
fi bien répondre aux
intentions de Sa Majefté.
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Résumé : Description de la Ménagerie, de son Bâtiment & de toutes ses Cours, [titre d'après la table]
La Ménagerie est un lieu destiné à l'entretien des animaux, présentant l'apparence d'un palais. L'entrée se fait par une grande avenue d'arbres menant à une cour fermée par une grille de fer. Au fond de cette cour se trouve un dôme octogonal formant un salon, accessible par une rampe et un vestibule. Ce salon, où le roi mange parfois, est entouré de plusieurs chambres. Sous le salon se trouve une grotte avec un jet d'eau tournant et une pluie d'eau s'élevant de trous dans le plancher. Le salon est entouré d'une cour octogonale fermée par une grille de fer, avec plusieurs portes grillagées menant à sept autres cours. Ces cours abritent des écuries, des bergeries, des étables, une volière, un réservoir pour les poissons destinés aux pélicans, et des enclos pour divers animaux. Les animaux sauvages sont logés à gauche de la cour, tandis que ceux utilisés pour le labour se trouvent dans une autre cour. Les ambassadeurs furent impressionnés par la diversité des animaux et des oiseaux, ainsi que par les peintures représentant les curiosités du lieu. Ils louèrent l'ordre et la gestion exemplaire de la Ménagerie, attribuant cela au roi et à ceux qui savaient répondre à ses intentions.
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2
p. 11-18
Description du Chenil. [titre d'après la table]
Début :
On les mena au Chenil qui sert de Logement au [...]
Mots clefs :
Chenil, Grand veneur, Cour, Cours, Corps de logis, Jardin, Cour octogone, Bâtiment, Balustrade, Chiens
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texteReconnaissance textuelle : Description du Chenil. [titre d'après la table]
Veneur.
Ce Baſtiment eſt diffiçile
à décrire parce que tour
yeſt extraordinaire , & qu'au
lieu d'avoir ſa principale por
12 III. P. du Voyage
te en face du Baftiment , on
y entre par les coſtez . Ainſi
je dois prendre pour vous le
décrire une maniere toute
opoſée à celle qu'on a coûtume
de ſuivre dans ces fortes
de Deſcriptions. Il eſt ſitué
devant le Manege , derriere
la grande Ecurie. Cependant
il n'y a point d'entrée
de ce coſtélà, mais au devant
du principal Corps de Logis ,
on voit un Jardin fermé d'une
Balustrade , & qui occupant
toute la face du Baſtiment ,
retourne des deux coſtez fur
les aifles où il s'étend. Ce
L des Amb.de Siam. 13
Corps de Logis eſt d'environ
30. toifes de longueur ,
fur huit d'épaiſſeur. Il eſt
compoſé d'un étage au rez
de Chauffée , & d'un autre
au deſſus en Attique ſans
comble apparent, mais cou
ronnéd'une Balustrade avec
des Vaſes. Comme cette face
de derriere regarde le Château
de Versailles , & que ce
Baſtiment eſt ſitué entre
deux allées d'arbres , on n'a
qu'à ſuivre des deux coſtez
le mur du Jardin , le long de
ces Arbres , dont chaque
rang eſt dans une avenue
14 III. P. du Voyage
differente de Versailles , &
l'on trouve deux Portes qui
donnent dans deux petites
Courts , par leſquelles on entre
dans la grande. Elle eſt
octogone , & a huit pans ,
ſçavoir quatre grands , &
quatre petits ; des quatre
grands l'un eſt occupé par le
grand Corps de Logis dont
je viens de vous parler , &
celuy qui luy eſt opoſé par
une grille , du milieu de laquelle
on entre dans une
court dont je parleray dans
la fuite. Le long des deux autres
grands pans font deux
des Amb. de Siam. 15
moyennes courts dont je
vous ay déja parlé , & par
leſquelles on paſſe pour entrer
dans cette court octogone
, dont les quatre petits
pans ſont percez de quatre
portes ceintrées en ance de
panier , par deux deſquelles
on entre dans le Jardin , &
par les deux autres dans deux
autres courts qui ſe communiquent
à deux autres par
deſſus deux aiſles de Bafti
ment qui les ſeparent , & qui
regnent le long de la court ,
dans laquelle je vous ay dit
qu'on entroit par le pande
16 III.P. duVoyage
la court octogone , qui eſt
vis à vis la façade du Baſti.
ment . Cette court a une fortie
pour les Chiens , & cette
ſortie qui eſt en face du
Corps de Logis auroit pû
ſervir de principale entrée ,
s'il y avoit un chemin de ce
coſté là. Ces cinq courts qui
font les dernieres , & qui ſeroient
les premieres , fi la
grande entrée avoit eſté par
là , ont pluſieurs de leurs
coſtez remplis de Baſtimens
qui renferment les Logemens
des Officiers de la Venerie
, les Ecuries pour les
des Amb. de Siam 17
Coureurs , & les Chenils
pour les differentes Meutes
de Chiens du Roy. Rien n'eſt
plus extraordinaire ny mieux
entendu que tout ce qui regarde
cet Hoſtel , dont l'en .
clos, outre tous les Bâtimens,
contient huit courts & un
Jardin , & ce qu'il y a d'a
greable , c'eſt que tout ſe
voit du milieu de la court
octogone, & qu'eſtant percée
dans ſes huit pans , on n'a
qu'à choiſir l'endroit où l'on
veut aller , pour s'y trouver
bien-toft. Le genie d'un Architecte
paroiſt beaucoup en
B
18 III. P. duVoyage
ces fortes de chofes , & qui
conque les peut inventer fait
voir qu'il a un grand gouft
d'Architecture .
Ce Baſtiment eſt diffiçile
à décrire parce que tour
yeſt extraordinaire , & qu'au
lieu d'avoir ſa principale por
12 III. P. du Voyage
te en face du Baftiment , on
y entre par les coſtez . Ainſi
je dois prendre pour vous le
décrire une maniere toute
opoſée à celle qu'on a coûtume
de ſuivre dans ces fortes
de Deſcriptions. Il eſt ſitué
devant le Manege , derriere
la grande Ecurie. Cependant
il n'y a point d'entrée
de ce coſtélà, mais au devant
du principal Corps de Logis ,
on voit un Jardin fermé d'une
Balustrade , & qui occupant
toute la face du Baſtiment ,
retourne des deux coſtez fur
les aifles où il s'étend. Ce
L des Amb.de Siam. 13
Corps de Logis eſt d'environ
30. toifes de longueur ,
fur huit d'épaiſſeur. Il eſt
compoſé d'un étage au rez
de Chauffée , & d'un autre
au deſſus en Attique ſans
comble apparent, mais cou
ronnéd'une Balustrade avec
des Vaſes. Comme cette face
de derriere regarde le Château
de Versailles , & que ce
Baſtiment eſt ſitué entre
deux allées d'arbres , on n'a
qu'à ſuivre des deux coſtez
le mur du Jardin , le long de
ces Arbres , dont chaque
rang eſt dans une avenue
14 III. P. du Voyage
differente de Versailles , &
l'on trouve deux Portes qui
donnent dans deux petites
Courts , par leſquelles on entre
dans la grande. Elle eſt
octogone , & a huit pans ,
ſçavoir quatre grands , &
quatre petits ; des quatre
grands l'un eſt occupé par le
grand Corps de Logis dont
je viens de vous parler , &
celuy qui luy eſt opoſé par
une grille , du milieu de laquelle
on entre dans une
court dont je parleray dans
la fuite. Le long des deux autres
grands pans font deux
des Amb. de Siam. 15
moyennes courts dont je
vous ay déja parlé , & par
leſquelles on paſſe pour entrer
dans cette court octogone
, dont les quatre petits
pans ſont percez de quatre
portes ceintrées en ance de
panier , par deux deſquelles
on entre dans le Jardin , &
par les deux autres dans deux
autres courts qui ſe communiquent
à deux autres par
deſſus deux aiſles de Bafti
ment qui les ſeparent , & qui
regnent le long de la court ,
dans laquelle je vous ay dit
qu'on entroit par le pande
16 III.P. duVoyage
la court octogone , qui eſt
vis à vis la façade du Baſti.
ment . Cette court a une fortie
pour les Chiens , & cette
ſortie qui eſt en face du
Corps de Logis auroit pû
ſervir de principale entrée ,
s'il y avoit un chemin de ce
coſté là. Ces cinq courts qui
font les dernieres , & qui ſeroient
les premieres , fi la
grande entrée avoit eſté par
là , ont pluſieurs de leurs
coſtez remplis de Baſtimens
qui renferment les Logemens
des Officiers de la Venerie
, les Ecuries pour les
des Amb. de Siam 17
Coureurs , & les Chenils
pour les differentes Meutes
de Chiens du Roy. Rien n'eſt
plus extraordinaire ny mieux
entendu que tout ce qui regarde
cet Hoſtel , dont l'en .
clos, outre tous les Bâtimens,
contient huit courts & un
Jardin , & ce qu'il y a d'a
greable , c'eſt que tout ſe
voit du milieu de la court
octogone, & qu'eſtant percée
dans ſes huit pans , on n'a
qu'à choiſir l'endroit où l'on
veut aller , pour s'y trouver
bien-toft. Le genie d'un Architecte
paroiſt beaucoup en
B
18 III. P. duVoyage
ces fortes de chofes , & qui
conque les peut inventer fait
voir qu'il a un grand gouft
d'Architecture .
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Résumé : Description du Chenil. [titre d'après la table]
Le bâtiment du Veneur à Versailles se situe entre le Manège et la grande écurie. L'accès se fait par les côtés plutôt que par la façade principale. Le bâtiment principal mesure environ 30 toises de long et 8 de large, avec un rez-de-chaussée et un étage en attique couronné d'une balustrade ornée de vases. Le jardin, fermé par une balustrade, s'étend sur toute la face du bâtiment et les ailes. L'entrée principale se fait par deux petites cours menant à une cour octogonale à huit pans. Quatre grands pans sont occupés par le bâtiment principal, une grille et deux moyennes cours d'accès. Les quatre petits pans comportent des portes menant au jardin et à d'autres cours. Ces cours abritent des bâtiments pour les logements des officiers de la vénerie, des écuries pour les coureurs et des chenils pour les meutes du roi. L'ensemble comprend huit cours et un jardin, tous visibles depuis le centre de la cour octogonale. L'organisation et la fonctionnalité des espaces témoignent du génie architectural du site.
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3
p. 165-177
LES GRANDES EAUX. IDILLE.
Début :
La Sône, si tranquille autrefois dans sa course, [...]
Mots clefs :
Eaux , Âme, Temps, Amour, Saône, Berger, Fleuve, Cours
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texteReconnaissance textuelle : LES GRANDES EAUX. IDILLE.
LES GRANDES EAUX.
14
IDILL E.
A Sône, fi tranquille autrefois
dans fa course ,
Répand avec fes eaux l'épouvante
&l'horreur.
Les Peuples voifins defa fource
Ont àfon cœurpaiſible inſpiré leur
fureur.
Son énorme étenduë excitant la terreur
Du Deluge à nosyeux réveille les
idées >
Et vomit àflots écumans
Surnos campagnes inondées
La colere des Allemans.
On voit enfewelir les herbes
166 MERCURE
Sous un obfcur limon de leur beauté
jaloux,
Et l'humble Flore aux Nayades
Superbes
Demande retraite à
genoux.
Zephir le doux Zephir , toujours
tendre &fidelle
Fait pour la fecourir un effort impuiſſant ;
Des cruels Aquilons le couroux fremiant
Luy livre uneguerre mortelle ,
Il fuccombe , & contraint d'abandonnerfa Belle >
Ilfe retire en gemiſſant .
S
Ces arbres , autrefois l'ornement de
la plaine ,
Quifur leur taille de Geant
Fondoient leur efperance vaine,
A nos yeux étonnez font reduits
au neant.
GALANT. 167
-Leur teftes d'écumefouillées
Aux Aftres pluvieux prefentent triftement ,
Au lieu de bras , leurs branches
dépouillées ,
Miferablejouet des ondes &du vent
Nes timides Bergers, dont l'ignorance
obfcure
Oppose un nuage à leurs yeux s
Prennent le cours de la nature
Pour une vangeance des Dieux,
Et fatiguant les airs par
vœux ,
d'inutiles
S'imaginent qu'au Ciel ils ont fait
quelque injure ,
Et qu'il leur fait l'honneur d'eftre
irrité contre eux.
Leur ame par l'effroy,Servilement contrainte ,
Aux emplois de l'amour n'ofe plus
s'exercer.
168 MERCURE
Apeine leur tremblante crainte
Laiffe échaperce nom fi doux à pro
noncer ;
Ou s'ils rifquent encor dans leur douleur profonde
D'invoquer ce Dieu reveré,
C'est pour le conjurer de préserver le
monde
Du Cabos dont il l'a tiré.
S
Pendant que tout ce qui refpire
Attend dans fa retraite un temps
plus adoucy ,
Achantefeul, preßé defon martire,
Anos rivages fourds va conter fon
foucy.
Le retour defiré de l'aimable Climene
Par ce ravage affreux ſo trouve retardé
Et le trifte Berger pour soulager fa
peine,
Par
GALANT. 169
•
Par fon feul defefpoirguidé ,
Sans crainte d'attirer fa haine,
Chaque jour la reproche au Fleuve
débordé.
S
-Va , dit-il, tn n'es plus cette paifiblesône
De qui les bords delicieux 2.
Meritoient de porter le Trône
Du plus agreable des Dieux.
Qu'eft devenue, helas , cette pudeur
modefte
Qui referroit tes eaux dans ton
étroit canal ?
D'où te vient le defirfunefte
D'affecter la grandeur qui te convientfi mal?
Voy de combien de mauxton orgueil
eft coupable,
Tu fais dans leur naiſſance avorter
nos Moiffons ,
Novembre 1690. P
170 MERCURE
< Tu couvres les herbes de fable ,
Au fommet des Ormeaux tuguindes
les Poiffons ,
Tu fais ceffer nos jeux , &nos tendres chansons ,
Tu bannis nos Tronpeaux de la fertile plaine ,
Tu dégarnis tes bords de leur plus
doux espoir,
Cesjeunes arbriffeaux que ton couroux entraine ,
3
Et pour te dire enfin ton crime le
plus noir,
Tu t'oppoles , cruelle , au retour de
Climene.
Oufçait affez lefujet de ta haine;
Il me fouvient du temps où fur tes
riches bords
Cette Eeauté dont mon ame eft
ravie ,
Etaloit fes brillans trefors
GALANT: 171
Qui te faifoient fecher d'envie.
On te voyoit alors au travers des
rofeaux
D'un œiljaloux, d'un airfauvage,
Examiner en vain les traits defon
vifaga,
Etcourir de honte & de rage
Te cacher dans le fond des eaux.
C'est l'offense qui i'a pouẞée.
Ace zerrible emportement ,
Et le chagrin d'eftre effacée
Ne fe pardonne point chez le sexe
charmant.
Ehbien ; pourfignaler cette illuftre
vangeance,
Porte , porte en tous lieux le ravage
&l'horreur,
Cours, & va dire à la Provence
Que tufurpasses en fureur
Le Drac, la Drome & la Durance,
Tandis qu'aux Echos d'alentour
Pij
172 MERCURE
A cris perçans ma trifte voix declare
Que tu peux difputer l'honneur
d'eftre barbare
Aux Fleuves fanspitié de l'infernal
Sejour.
Ecoute-moy , Cefar , s'il peut refter
aux Ombres
Des chofes de la terre un curieux
Soucy s
Ouy, fi l'on doute encor dans les
Royaumesfombres ,
D'un ancien embarras tu vas eftre
éclaircy.
Tu doutois où le cours de la Sône
l'entraine >
Lors que tu remarquois fi peu de
mouvement
Aux claires eaux qu'elle promene.
Helas ! tout eft changé , Cefar, pour
mon tourment
GALANT. 173
<
Elle court s'opposer à mon contentement,
Elle court empefcher le retour de
Climene.
Une vaine oftentation,
Ne fait point qu'à grands pas elle
quitte fa fource,
Pour montrer les tresors , amaffez
dans fa courſe ,
Au farouche mary qui l'attend à
Lyon.
Ce n'eftpoint pour s'unir d'une immortelle chaîne
Afon impetueux Amant ,
Qu'elle court fi rapidement ;
Elle court éloigner un bien-heureux
moment,
Elle court prolonger l'absence de Climene.
Tout ce que nous a raconté
La fabuleuse Antiquité ,
Piij
174 MERCURE
Des Dieux qui dans les Eaux exerçoient leur empire ,
N'eft qu'une purefiction,
Que controuva pour nousfeduire
La vaine fuperftition.
Qu'on ne mecite point le conte ridicule
D'Alphée à qui tant de detours,
Livrerent à la fin l'objet de fes
Amours ,
Non plus qu'Achelous écorné
Hercule.
Ah! d'aucune divinité
par
Lefonddes Eaux n'eft habité,
Ou s'il en eft parmi les ondes,
Jamais l'Amour, pour mon mal- heur,
Nefit dans leurs grottes profon- des ,
De fes feux bien-faifants penetrer
la chaleur?
GALANT. 175
2
ل
De cesfantafques Dieux la poitrine
glacée
L'inexorable cœur ( foit dit fans
blafphemer. )
L'ame de couroux herißée,
Sont un fujet peu propre à s'enflamer.
La Sone me le fait comprendre ,
Par l'outrageant excés de fes débordemens.
Helas ! quand on a le cœur tendre,
on eftfavorable aux Amans.
Rentrez dans votre lit, orgueilleufe
Riviere ,
Après tant defoupirs fi vainement
pouffez,
Climene reviendra fur vos bords
délaiffez
De fes beaux yeux répandre la
lumiere.
Piiij
176 MERCURE
Que vousaurez d'Autels, Divinité
trop fiere ,
Que d'encens fi vous nous rendez
Cette prefencefi cherie !
Le bizarre plaifir de noyer la Prairie
Vaut-il les biens que vous per
dez ?
Ainfi le malheureux Achante
Mêle aux plaintes qu'il fait mille
tendres foupirs.
Des larmes qu'il répand l'amas des
caux s'augmente ,
Luy-mefme innocemment retardefes
plaifirs.
L'Amour l'entend, le plaint , &
partage la nuë
D'un trait de fes feux éclatans,
Et la face des Cieux fe montrant
toute nuë,
GALANT. 177
S
·
Luy fait efperer du beau temps.
14
IDILL E.
A Sône, fi tranquille autrefois
dans fa course ,
Répand avec fes eaux l'épouvante
&l'horreur.
Les Peuples voifins defa fource
Ont àfon cœurpaiſible inſpiré leur
fureur.
Son énorme étenduë excitant la terreur
Du Deluge à nosyeux réveille les
idées >
Et vomit àflots écumans
Surnos campagnes inondées
La colere des Allemans.
On voit enfewelir les herbes
166 MERCURE
Sous un obfcur limon de leur beauté
jaloux,
Et l'humble Flore aux Nayades
Superbes
Demande retraite à
genoux.
Zephir le doux Zephir , toujours
tendre &fidelle
Fait pour la fecourir un effort impuiſſant ;
Des cruels Aquilons le couroux fremiant
Luy livre uneguerre mortelle ,
Il fuccombe , & contraint d'abandonnerfa Belle >
Ilfe retire en gemiſſant .
S
Ces arbres , autrefois l'ornement de
la plaine ,
Quifur leur taille de Geant
Fondoient leur efperance vaine,
A nos yeux étonnez font reduits
au neant.
GALANT. 167
-Leur teftes d'écumefouillées
Aux Aftres pluvieux prefentent triftement ,
Au lieu de bras , leurs branches
dépouillées ,
Miferablejouet des ondes &du vent
Nes timides Bergers, dont l'ignorance
obfcure
Oppose un nuage à leurs yeux s
Prennent le cours de la nature
Pour une vangeance des Dieux,
Et fatiguant les airs par
vœux ,
d'inutiles
S'imaginent qu'au Ciel ils ont fait
quelque injure ,
Et qu'il leur fait l'honneur d'eftre
irrité contre eux.
Leur ame par l'effroy,Servilement contrainte ,
Aux emplois de l'amour n'ofe plus
s'exercer.
168 MERCURE
Apeine leur tremblante crainte
Laiffe échaperce nom fi doux à pro
noncer ;
Ou s'ils rifquent encor dans leur douleur profonde
D'invoquer ce Dieu reveré,
C'est pour le conjurer de préserver le
monde
Du Cabos dont il l'a tiré.
S
Pendant que tout ce qui refpire
Attend dans fa retraite un temps
plus adoucy ,
Achantefeul, preßé defon martire,
Anos rivages fourds va conter fon
foucy.
Le retour defiré de l'aimable Climene
Par ce ravage affreux ſo trouve retardé
Et le trifte Berger pour soulager fa
peine,
Par
GALANT. 169
•
Par fon feul defefpoirguidé ,
Sans crainte d'attirer fa haine,
Chaque jour la reproche au Fleuve
débordé.
S
-Va , dit-il, tn n'es plus cette paifiblesône
De qui les bords delicieux 2.
Meritoient de porter le Trône
Du plus agreable des Dieux.
Qu'eft devenue, helas , cette pudeur
modefte
Qui referroit tes eaux dans ton
étroit canal ?
D'où te vient le defirfunefte
D'affecter la grandeur qui te convientfi mal?
Voy de combien de mauxton orgueil
eft coupable,
Tu fais dans leur naiſſance avorter
nos Moiffons ,
Novembre 1690. P
170 MERCURE
< Tu couvres les herbes de fable ,
Au fommet des Ormeaux tuguindes
les Poiffons ,
Tu fais ceffer nos jeux , &nos tendres chansons ,
Tu bannis nos Tronpeaux de la fertile plaine ,
Tu dégarnis tes bords de leur plus
doux espoir,
Cesjeunes arbriffeaux que ton couroux entraine ,
3
Et pour te dire enfin ton crime le
plus noir,
Tu t'oppoles , cruelle , au retour de
Climene.
Oufçait affez lefujet de ta haine;
Il me fouvient du temps où fur tes
riches bords
Cette Eeauté dont mon ame eft
ravie ,
Etaloit fes brillans trefors
GALANT: 171
Qui te faifoient fecher d'envie.
On te voyoit alors au travers des
rofeaux
D'un œiljaloux, d'un airfauvage,
Examiner en vain les traits defon
vifaga,
Etcourir de honte & de rage
Te cacher dans le fond des eaux.
C'est l'offense qui i'a pouẞée.
Ace zerrible emportement ,
Et le chagrin d'eftre effacée
Ne fe pardonne point chez le sexe
charmant.
Ehbien ; pourfignaler cette illuftre
vangeance,
Porte , porte en tous lieux le ravage
&l'horreur,
Cours, & va dire à la Provence
Que tufurpasses en fureur
Le Drac, la Drome & la Durance,
Tandis qu'aux Echos d'alentour
Pij
172 MERCURE
A cris perçans ma trifte voix declare
Que tu peux difputer l'honneur
d'eftre barbare
Aux Fleuves fanspitié de l'infernal
Sejour.
Ecoute-moy , Cefar , s'il peut refter
aux Ombres
Des chofes de la terre un curieux
Soucy s
Ouy, fi l'on doute encor dans les
Royaumesfombres ,
D'un ancien embarras tu vas eftre
éclaircy.
Tu doutois où le cours de la Sône
l'entraine >
Lors que tu remarquois fi peu de
mouvement
Aux claires eaux qu'elle promene.
Helas ! tout eft changé , Cefar, pour
mon tourment
GALANT. 173
<
Elle court s'opposer à mon contentement,
Elle court empefcher le retour de
Climene.
Une vaine oftentation,
Ne fait point qu'à grands pas elle
quitte fa fource,
Pour montrer les tresors , amaffez
dans fa courſe ,
Au farouche mary qui l'attend à
Lyon.
Ce n'eftpoint pour s'unir d'une immortelle chaîne
Afon impetueux Amant ,
Qu'elle court fi rapidement ;
Elle court éloigner un bien-heureux
moment,
Elle court prolonger l'absence de Climene.
Tout ce que nous a raconté
La fabuleuse Antiquité ,
Piij
174 MERCURE
Des Dieux qui dans les Eaux exerçoient leur empire ,
N'eft qu'une purefiction,
Que controuva pour nousfeduire
La vaine fuperftition.
Qu'on ne mecite point le conte ridicule
D'Alphée à qui tant de detours,
Livrerent à la fin l'objet de fes
Amours ,
Non plus qu'Achelous écorné
Hercule.
Ah! d'aucune divinité
par
Lefonddes Eaux n'eft habité,
Ou s'il en eft parmi les ondes,
Jamais l'Amour, pour mon mal- heur,
Nefit dans leurs grottes profon- des ,
De fes feux bien-faifants penetrer
la chaleur?
GALANT. 175
2
ل
De cesfantafques Dieux la poitrine
glacée
L'inexorable cœur ( foit dit fans
blafphemer. )
L'ame de couroux herißée,
Sont un fujet peu propre à s'enflamer.
La Sone me le fait comprendre ,
Par l'outrageant excés de fes débordemens.
Helas ! quand on a le cœur tendre,
on eftfavorable aux Amans.
Rentrez dans votre lit, orgueilleufe
Riviere ,
Après tant defoupirs fi vainement
pouffez,
Climene reviendra fur vos bords
délaiffez
De fes beaux yeux répandre la
lumiere.
Piiij
176 MERCURE
Que vousaurez d'Autels, Divinité
trop fiere ,
Que d'encens fi vous nous rendez
Cette prefencefi cherie !
Le bizarre plaifir de noyer la Prairie
Vaut-il les biens que vous per
dez ?
Ainfi le malheureux Achante
Mêle aux plaintes qu'il fait mille
tendres foupirs.
Des larmes qu'il répand l'amas des
caux s'augmente ,
Luy-mefme innocemment retardefes
plaifirs.
L'Amour l'entend, le plaint , &
partage la nuë
D'un trait de fes feux éclatans,
Et la face des Cieux fe montrant
toute nuë,
GALANT. 177
S
·
Luy fait efperer du beau temps.
Fermer
Résumé : LES GRANDES EAUX. IDILLE.
Le texte relate les conséquences désastreuses de la crue de la rivière Sône, autrefois tranquille. Les eaux en furie sèment la terreur et la colère parmi les populations voisines, rappelant le Déluge. La nature est sévèrement touchée : les herbes sont recouvertes de limon, la végétation est en détresse, et les arbres sont réduits à l'état de débris. Les bergers, effrayés, voient dans cette catastrophe une vengeance divine. Achante, un berger, déplore le retard du retour de Climène en raison des inondations. Il reproche à la rivière son comportement furieux et son orgueil. La Sône est comparée à d'autres fleuves dévastateurs tels que le Drac, la Drome et la Durance. Le texte critique les légendes antiques sur les dieux des eaux, affirmant que ces divinités n'existent pas et ne peuvent pas secourir les amants. Achante supplie la rivière de se calmer pour permettre le retour de Climène et espère que l'amour interviendra pour améliorer la situation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 107-112
Cours des Sciences, &c. [titre d'après la table]
Début :
LE COUR DES SCIENCES par le Pere Buffier, se distribue [...]
Mots clefs :
Sciences, Cours, Traité, Principes, Discours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cours des Sciences, &c. [titre d'après la table]
LE COUR DES SCIENCES par le Pere
Buffier , se distribue présentement au public , nous en avons indiqué le dessein selon le plan de l'Auteur avant l'impression
Depuis que l'ouvrage paroît , le titre de
CoursdesSciences sur des Principes nouveaux
simples , se justifie très bien . Chacun
des Traités des Sciences n'est , pour ainsi
dire , que
le développement
d'une
propo
sition
qui
se fait
sentir
d'elle
même
, et qui
sert
de
principe
: par
exemple
, le
principe
general
de
la Grammaire
, est
qu'il
faut
parler
selon
l'usage
établi
dans
la Nation
de
chaque
pays
; et que
dans
les
langues
de
toutes
les
nations
il se
trouve
quelque
chose
qui
leur
est
commun
, sçavoir
. 1 ,
Un
sujet
dont
on
énonce
quelque
chose
( ce
qui
s'appelle
nom
. ) 2 ° . Ce
qu'on
énonce
de
ce sujet
, ( ce qui
s'appelle
Verbe
)
3 °. La
maniere
ou
les
particularitez
du
su
fet
et
de
ce
qu'on
en
énonce
; ce
que
le
Pere
Buffier
appelle
modificatif
. Mais
ces
trois
chefs
se
diversifient
dans
chaque
Langue
en
tant
de
façons
par
la bizarerie
de
l'usage
, que
c'est
ce
qui
fait
la difficulté
d'apprendre
les
Langues
. D'ailleurs
comme
une
Langue
se fait
entendre
à l'oreille
et
qu'un
livre
ne
se fait
entendre
qu'aux
yeux
, la Grammaire
imprimée
d'une
Lan
gue
est
toujours
un
peu
épineuse
à apFij
prendre
08 MERCURE DE FRANCE
prendre, mais en recompense , en l'appre
nant comme on la donne ici , elle est la
semence des auttes Sciences en faisant conzoître et discerner la valeur des mots qui
sont les images de nos pensées.
LePrincipe dansle traité del'Eloquence,
est encore plus simple ; sçavoir , qu'elle
consiste , non , dans les regles , mais dans
le talent d'inspirer aux autres les sentimens que nous prétendons ; de sorte que
pour y réussir , il faut bien moins d'étu
de que du talent naturel et de l'usage acquis par l'exercice et par les exemples.
La simplicité des principes dans les
Sciences de l'entendement est encore
plus sensible et plus importante. Dans la
Metaphisique on reduit la premiere source de nos connoissances et des premieres
veritez au sens.commun répandu, non pas
dans la plupart des hommes , mais dans le
plus grand nombre des hommes , réunis
dans une même opinion.
Ce principe appliqué , à ce qui est veritablementbeau , fait découvrir une chose singuliere ; c'est quebien qu'il se trouve
beaucoup plus de personnes laides que de
belles, cependant il n'est point de conforation de visage plus commune que celle
qui fait la beauté. Sur une centaine de
acz me , par exemple , il n'y en aura que
vingt
JANVIER. 1732. 1 !
و
vingt de bien faits ; mais qui seront sur le
ême modele au lieu que des quatro
vingt autres malfaits , il s'en trouvera à
peine quatre our cinq sur le mêmemodele
de difformité : Cette pensée de l'Auteur
dans un point de Metaphisique pourroit
amuser ceuxqui sont le moins capables de
Metaphisique etde reflexions abstraites.
Le principe de la Logique en ce cours des
Sciences semble congedier toutes les regles
fatigantes qu'on enseigne depuis si longtéms dans les Ecoles ; la Logique ayant
pour but essentiel , de tirer une conséquence juste d'une connoissance anterieure, ( appellée principe par rapport à la conséquence , le Pere Buffier donne pour uni
que regle,qu'on ait bien presente à l'espri
cette connoissance anterieure ou principe. Si j'ai , dit-il , bien présente à l'esprit
Ta connoissance ou l'idée du noir , il sera
impossible d'en conclure que c'est du blanc
ou du rouge ; un homme vous avertit de
ne le pas toucherparce que vous le casseriez..
Vous croyez que cet homme raisonne en
fou , et il raisonne très-juste , et la consé
quence deson principe est très - legitime :c'est qu'il se croit de verre ; posé
ee principe qui , ( à la verité est fou) la
conséquence est raisonnable que vous pour
riez le. casser. Certainement les Sciences
E iij ex
110 MERCURE DE FRANCE
exposées sous ce jour peuvent servir à la
curiosité de l'esprit , quand elles ne serviroient pas à sa justesse erà sa solidité.
Le principe du traité de la Societé Civile est aussi facile et encore plus interessant,
le voici : Je veux être heureux ; mais vi◄
vant avec des hommes qui veulent être heureux chacun de leur côté , je dois cherchermon
bonheur sans nuire en rien à celui des autres;
voilà le fondement de toute la vertu moralé et humaine. Telle est la simplicité et
la nouveauté des principes. que l'Auteur
donne aux Sciences , il les traite sous un
jour qui n'ôte rien à la clarté et à la sensibilité des principes.
Ontrouve ici des notes critiques sur des .
Ouvrages renommez d'Ecrivains anciens
et modernes qui ont traité les mêmes
Sciences. L'Auteur y ajoute des éclaircissemens aux difficultez proposées contre
certains endroits de ses ouvrages , telles
que nous en avons inseré il y a quelques.
années dans notre Mercure.
Un Discours particulier touchant l'étude et la methode des Sciences contient encore des reflexions utiles et nouvelles ; on
y montre l'abus de vouloir donner unemethode generale pour acquerir les Sciences : il ne se trouvera qu'à peine deux esprits dit le Pere Buffier , qui ayent acquis
JANVIER. 1737. TFU
quis la mêine sorte de Science par la mê
me methode , chacunse fait et se doit faire
la sienne selon le caractere particulier de
son genie , de son goût , de son état et de
ses besoins. On indique en ce discours divers exercices qui peuvent abreger ou faciliter l'étude des Sciences. On recommande
de s'attacher d'abord dans l'étude des Langues à interpreter beaucoup plus qu'à composer. Dans l'exercice de la Rhetorique et
de l'éloquence, à faire l'analise de Discours
excellens , et de tâcher au bout d'un tems.
à le remplir soi - même pour le comparer
avec son modele: dans l'exercice de la Poësie, de ne s'y point arrêter quand on ne s'y
trouve pas un talent singulier ; dans la Mc--
thaphysique et la Logique de choisir un
maître qui forme sesEleves à n'admetre que
ce qu'ils conçoivent nettement et indépen
damment des mots et des expressions, &c.
Le volume finit par plusieurs petits Trai
tez ou Dissertations sur differents dujets ,
pour examiner 1 °. En quoi consiste la nature du goût : 2 si nous sommes en état
de bien juger des défauts d'Homere : 3º ..
si quelques gens d'esprit ont eu raison de
décrier le vers de Lucain , victrix causa,,
&c. Les Dieux sont pourCésar , mais Caton suit Pompée, &c. 4° . Si les regles et les
beautés de la Musique sont arbitraires ou E iiij. ex-
·
AE MERCURE DE FRANCE
réelles à cette occasion l'Autheur insere
un petit Traité de Musique intelligible à
ceux même qui n'en auroient jamais rien
appris. On expose encore une question
qu'on n'auroit peut- être pas attendue dans
un cours des Sciences, mais elle sert à montrer ici combien elles contribuent à éclaircir des choses dont on entend parler trèscommunément sans les entendre , et qui
deviennent très claires par la maniere de
les exposer , avec le secours des Sciences.
Cette question est celle où l'on demande
quel est le mobile quifait hausser ou baisserce
qui s'appelle le change parmi les commerçans
de l'Europe , dont les Gazettes parlent continuellement.
Buffier , se distribue présentement au public , nous en avons indiqué le dessein selon le plan de l'Auteur avant l'impression
Depuis que l'ouvrage paroît , le titre de
CoursdesSciences sur des Principes nouveaux
simples , se justifie très bien . Chacun
des Traités des Sciences n'est , pour ainsi
dire , que
le développement
d'une
propo
sition
qui
se fait
sentir
d'elle
même
, et qui
sert
de
principe
: par
exemple
, le
principe
general
de
la Grammaire
, est
qu'il
faut
parler
selon
l'usage
établi
dans
la Nation
de
chaque
pays
; et que
dans
les
langues
de
toutes
les
nations
il se
trouve
quelque
chose
qui
leur
est
commun
, sçavoir
. 1 ,
Un
sujet
dont
on
énonce
quelque
chose
( ce
qui
s'appelle
nom
. ) 2 ° . Ce
qu'on
énonce
de
ce sujet
, ( ce qui
s'appelle
Verbe
)
3 °. La
maniere
ou
les
particularitez
du
su
fet
et
de
ce
qu'on
en
énonce
; ce
que
le
Pere
Buffier
appelle
modificatif
. Mais
ces
trois
chefs
se
diversifient
dans
chaque
Langue
en
tant
de
façons
par
la bizarerie
de
l'usage
, que
c'est
ce
qui
fait
la difficulté
d'apprendre
les
Langues
. D'ailleurs
comme
une
Langue
se fait
entendre
à l'oreille
et
qu'un
livre
ne
se fait
entendre
qu'aux
yeux
, la Grammaire
imprimée
d'une
Lan
gue
est
toujours
un
peu
épineuse
à apFij
prendre
08 MERCURE DE FRANCE
prendre, mais en recompense , en l'appre
nant comme on la donne ici , elle est la
semence des auttes Sciences en faisant conzoître et discerner la valeur des mots qui
sont les images de nos pensées.
LePrincipe dansle traité del'Eloquence,
est encore plus simple ; sçavoir , qu'elle
consiste , non , dans les regles , mais dans
le talent d'inspirer aux autres les sentimens que nous prétendons ; de sorte que
pour y réussir , il faut bien moins d'étu
de que du talent naturel et de l'usage acquis par l'exercice et par les exemples.
La simplicité des principes dans les
Sciences de l'entendement est encore
plus sensible et plus importante. Dans la
Metaphisique on reduit la premiere source de nos connoissances et des premieres
veritez au sens.commun répandu, non pas
dans la plupart des hommes , mais dans le
plus grand nombre des hommes , réunis
dans une même opinion.
Ce principe appliqué , à ce qui est veritablementbeau , fait découvrir une chose singuliere ; c'est quebien qu'il se trouve
beaucoup plus de personnes laides que de
belles, cependant il n'est point de conforation de visage plus commune que celle
qui fait la beauté. Sur une centaine de
acz me , par exemple , il n'y en aura que
vingt
JANVIER. 1732. 1 !
و
vingt de bien faits ; mais qui seront sur le
ême modele au lieu que des quatro
vingt autres malfaits , il s'en trouvera à
peine quatre our cinq sur le mêmemodele
de difformité : Cette pensée de l'Auteur
dans un point de Metaphisique pourroit
amuser ceuxqui sont le moins capables de
Metaphisique etde reflexions abstraites.
Le principe de la Logique en ce cours des
Sciences semble congedier toutes les regles
fatigantes qu'on enseigne depuis si longtéms dans les Ecoles ; la Logique ayant
pour but essentiel , de tirer une conséquence juste d'une connoissance anterieure, ( appellée principe par rapport à la conséquence , le Pere Buffier donne pour uni
que regle,qu'on ait bien presente à l'espri
cette connoissance anterieure ou principe. Si j'ai , dit-il , bien présente à l'esprit
Ta connoissance ou l'idée du noir , il sera
impossible d'en conclure que c'est du blanc
ou du rouge ; un homme vous avertit de
ne le pas toucherparce que vous le casseriez..
Vous croyez que cet homme raisonne en
fou , et il raisonne très-juste , et la consé
quence deson principe est très - legitime :c'est qu'il se croit de verre ; posé
ee principe qui , ( à la verité est fou) la
conséquence est raisonnable que vous pour
riez le. casser. Certainement les Sciences
E iij ex
110 MERCURE DE FRANCE
exposées sous ce jour peuvent servir à la
curiosité de l'esprit , quand elles ne serviroient pas à sa justesse erà sa solidité.
Le principe du traité de la Societé Civile est aussi facile et encore plus interessant,
le voici : Je veux être heureux ; mais vi◄
vant avec des hommes qui veulent être heureux chacun de leur côté , je dois cherchermon
bonheur sans nuire en rien à celui des autres;
voilà le fondement de toute la vertu moralé et humaine. Telle est la simplicité et
la nouveauté des principes. que l'Auteur
donne aux Sciences , il les traite sous un
jour qui n'ôte rien à la clarté et à la sensibilité des principes.
Ontrouve ici des notes critiques sur des .
Ouvrages renommez d'Ecrivains anciens
et modernes qui ont traité les mêmes
Sciences. L'Auteur y ajoute des éclaircissemens aux difficultez proposées contre
certains endroits de ses ouvrages , telles
que nous en avons inseré il y a quelques.
années dans notre Mercure.
Un Discours particulier touchant l'étude et la methode des Sciences contient encore des reflexions utiles et nouvelles ; on
y montre l'abus de vouloir donner unemethode generale pour acquerir les Sciences : il ne se trouvera qu'à peine deux esprits dit le Pere Buffier , qui ayent acquis
JANVIER. 1737. TFU
quis la mêine sorte de Science par la mê
me methode , chacunse fait et se doit faire
la sienne selon le caractere particulier de
son genie , de son goût , de son état et de
ses besoins. On indique en ce discours divers exercices qui peuvent abreger ou faciliter l'étude des Sciences. On recommande
de s'attacher d'abord dans l'étude des Langues à interpreter beaucoup plus qu'à composer. Dans l'exercice de la Rhetorique et
de l'éloquence, à faire l'analise de Discours
excellens , et de tâcher au bout d'un tems.
à le remplir soi - même pour le comparer
avec son modele: dans l'exercice de la Poësie, de ne s'y point arrêter quand on ne s'y
trouve pas un talent singulier ; dans la Mc--
thaphysique et la Logique de choisir un
maître qui forme sesEleves à n'admetre que
ce qu'ils conçoivent nettement et indépen
damment des mots et des expressions, &c.
Le volume finit par plusieurs petits Trai
tez ou Dissertations sur differents dujets ,
pour examiner 1 °. En quoi consiste la nature du goût : 2 si nous sommes en état
de bien juger des défauts d'Homere : 3º ..
si quelques gens d'esprit ont eu raison de
décrier le vers de Lucain , victrix causa,,
&c. Les Dieux sont pourCésar , mais Caton suit Pompée, &c. 4° . Si les regles et les
beautés de la Musique sont arbitraires ou E iiij. ex-
·
AE MERCURE DE FRANCE
réelles à cette occasion l'Autheur insere
un petit Traité de Musique intelligible à
ceux même qui n'en auroient jamais rien
appris. On expose encore une question
qu'on n'auroit peut- être pas attendue dans
un cours des Sciences, mais elle sert à montrer ici combien elles contribuent à éclaircir des choses dont on entend parler trèscommunément sans les entendre , et qui
deviennent très claires par la maniere de
les exposer , avec le secours des Sciences.
Cette question est celle où l'on demande
quel est le mobile quifait hausser ou baisserce
qui s'appelle le change parmi les commerçans
de l'Europe , dont les Gazettes parlent continuellement.
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Résumé : Cours des Sciences, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente le 'Cours des Sciences' du Père Buffier, un ouvrage caractérisé par la simplicité et la clarté de ses principes. Chaque traité de science est structuré autour d'une proposition fondamentale. En grammaire, le principe général est de parler selon l'usage établi dans chaque nation, tout en reconnaissant des éléments communs à toutes les langues, tels que le nom, le verbe et le modificatif. La grammaire imprimée, bien que difficile à apprendre, est essentielle pour comprendre les autres sciences en discernant la valeur des mots. En éloquence, le principe est que cette discipline repose davantage sur le talent naturel et l'usage acquis par l'exercice que sur les règles. En métaphysique, les connaissances et les vérités premières sont réduites au sens commun répandu parmi le plus grand nombre des hommes. La logique est simplifiée en se concentrant sur la clarté des connaissances antérieures. Le traité sur la société civile repose sur le principe de chercher son bonheur sans nuire à celui des autres, fondement de la vertu morale et humaine. L'ouvrage inclut également des notes critiques sur des ouvrages renommés et des éclaircissements sur les difficultés proposées. Un discours particulier sur l'étude et la méthode des sciences met en garde contre l'abus de vouloir imposer une méthode générale, chaque individu devant adapter son approche selon son génie et ses besoins. Le volume se termine par des dissertations sur divers sujets, tels que la nature du goût, les défauts d'Homère, les vers de Lucain, les règles de la musique, et le mobile du change parmi les commerçants européens. Ces sujets montrent comment les sciences peuvent éclaircir des questions couramment discutées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1736-1755
TRADUCTION d'une Relation Turque, sur ce qui s'est passé dans les Conferences teuuës pour la Paix entre les Turcs et les Persans, à l'Armée du Grand-Seigneur, près d'Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse, et ceux de Chah Thamas, Roy de Perse.
Début :
Achmet-Pacha, Seraskier ou General de l'Armée Otomane, et [...]
Mots clefs :
Traduction, Achmet Pacha, Sérasker, Province de Babylone, Conférences, Paix, Turques, Persans, Plénipotentiaires, Empires, Royaume de Perse, Moscovites, Cours, Gratitude, Dieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION d'une Relation Turque, sur ce qui s'est passé dans les Conferences teuuës pour la Paix entre les Turcs et les Persans, à l'Armée du Grand-Seigneur, près d'Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse, et ceux de Chah Thamas, Roy de Perse.
TRADUCTION d'une Relation Turque,
sur ce qui s'est passé dans les Conferences tennës pour la Paix entre les Turcs et les
Persans , à l'Armée du Grand- Seigneur,
près d' Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse , et ceux de ChabThamas , Roy de Perse.
Chmer- Pacha, Seraskier ou General
Adel'armée Otomane, et BeylerBey,
( c'est-à- dire Gouverneur ) de la Province de Babylone , en vertu des pleins
pouvoirs que le G. S. lui envoit envoyez pour faire la paix avec les Persans,
ayant nommé Achmet- Pacha , Beylerbey
de Rika, (1) Abdi- Pacha-Zadé- Ali- Bey,
Salahor ( 2 ) de S. H. Kassim- Effendi ,
Defterdar ( 3 ) de l'Armée , et Raghib
Effendi , Defterdar de Bagdat , pour PleB
( 1) Rika , est un des 17. Beylerbeys ou
Grand - Gouvernemens d'Asie , qu'on appelle
Hassilez. Voyez Ricaut , et le 3. du Diarbekir ,
consideré seulement comme l'ancienne Mesopotamie , renfermée entre le Tygre et l'Euphrate.
(2) Salahor, Ecuyer Cavalcadour , qui exerceet travaille les Chevaux du G. S. il y en a″12.
( 3 ) Defterdar , Intendant des Finances et Trésorier. 1
nipo
A O UST. 1732. 1737
nipotentiaires de la Poste > et ChahThamas , ayant choisi pour les siens ,
Mehemet-Riza-Khan , ( 1 ) _ Kouroudgi
Bachi, et Mustapha Khan. Tous ces Ministres se rendirent au quartier du Beylerbey de Rika , où ils s'assemblerent
sous sa Tente , le premier de Janvier de
la présente année 1732.
PREMIERE CONFERENCE.
Après que les Plenipotentiaires respectifs se furent fait les complimens et les
politesses d'usage en pareille occasion .
ceux de la Porte ouvrant la Conférence
dirent à ceux du Roy de Perse.
7
Le Seraskier Achmet-Pacha , nous. a
donné pouvoir d'entrer avec vos Excellences , dans une négociation dont le
succès ne peut être que très- avantageux
à la Perse. Nous sommes disposez de notre part à travailler si éfficacement a la
paix qu'il ne dependra certainement pas
de ncs foins que nous n'en voyions bientôt une heureuse conclusion. Ainsi c'est
à vos Excellences à nous faire connoître
jusqu'à quel point elles sont autorisées de
(1 ) Khan , est la même chose en Perse qu'un Pacha ou un Gouverneur de Province en Turquie, et Kouroudgi Bachi , y fait l'équivalent da
Janissaire Aga chez les Turcs.
leur
1738 MERCURE DE FRANCE
leur Maître , et quelles sont leurs pré- tentions.
Les Plenipotentiaires de Perse, prenant
alors la parole , répondirent que de tout
temps l'illustre Maison des Rois de Perse
avoit été liée d'amitié avec l'illustreMaison
Otomane , et que cette amitié n'avoit jamais été interrompuë que par la fatalité
du destin , qui avoit quelquefois produit
des évenemens surnaturels , suivis de la
discorde , et contre toute attente. Mais
ajoûterent- ils , nous desirons aujourd'hui
avec ardeur de faire revivre entre nous une
union si intime, qu'elle puisse rétablir
une tranquillité inalterable entre ces deux
Empires.
C'est aussi le même motif qui nous
anime, répliquerent les Ministres Turcs ;
mais pour parvenir au but que nous nous
proposons tous, il faut commencer par
convenir de certains points fondamentaux
qui puissent servir de base au Traité qui
nous assemble , et il est necessaire pour
cela que vous nous découvriez d'abord
sans détour, vos véritables intentions, afin
qu'après en avoir informé le très heureux
Seraskier , nous puissions , sur les ordres
que nous en recevrons , donner quelque
forme à la Négociation que nous enta
mons aujourd'hui.
Puisque
1
A O UST. 1732. 1739
Puisque vos Excellences souhaitent
que nous nous expliquions nettement ,
reprirent les Ministres de Perse , nous
demandons que generalement tous les
Pays que vous nous avez prís nous soient
restituez , et que la Paix et nos Frontieres avec l'EmpireOtoman soient reglées
sur le même pied qu'elles le furent sous
le Regne du Sultan Soliman , ( 1 ) de
glorieuse memoire.
Ce discours a de quoi nous surprendre,
répartirent les Turcs , et vous nous faiteslà une proposition des plus nouvelles. Il
a toûjours été d'usage , lorsque des Princes ennemis font la paix ensemble , que
non-seulement le vainqueur conserve les
conquêtes dont il est en possession , mais
que le vaincu lui fasse encore des avantages. C'est le cours ordinaire ; les Histoires , tant anciennes que modernes ,
en fournissent mille exemples , et nous
nedoutons pas que vous ne sçachiez tout
cela comme nous. D'ailleurs dans la Paix
que vous nous citez , qui fut concluë entre nos devanciers et les vôtres sous l'Emperéur Soliman , on y convint pour Préliminaires , que les Provinces de Tchildir , ( 2 ) de Cars , ( 3 ) de Van , ( 4 ) et
(1) Soliman II. prit et pilla Tauris en 1535
( 2 ) Tchildir est le ye Gouvernement d'Asie ,
plu-
1740 MERCURE DE FRANCE
plusieurs autres lieux resteroient à la Porte ; et vous , bien loin de nous offrir au
moins quelques Places au- delà des Pays
que le sort des armes a mis entre nos mains , vous demandez que nous vous
rendions ces mêmes Pays , qui subis
sent nos Loix depuis long - temps et
dont la conquête nous a coûté des trésors immenses et des torrens de notre
sang.
Vous avez raison , dirent les Persans ;
` nous convenons de la justesse de vos rai
sonnemens, mais un Empire aussi puissant et d'une aussi prodigieuse érenduë
que le vôtre , ne doit pas s'attacher , ni
même daigner faire attention à quelques
coins de terre si ruinez , qu'ils sont devenus plus propres à servir de retraite à
de tristes Hiboux , que de demeure à
de valeureux Soldats comme les- Otomans. Neanmoins quoique ces contrées
désolées ne puissent êtte considerées
1
que
de ceux qu'on appelle Hasilé. Il est sur les Frontieres de la Georgie.
(3) Cars , Ville de la grande Armenie , dans
cette partie qu'on appelle aujourd'hui Iran , ou
Carabag , entre l'Araxe et le Cyrus.
(4) Van , Ville de la même contrée que Cars,
et située sur un Lac du même nom , que l'on
appelle la Mer de Van ou d'Armenie , à cause
de son extréme grandeur... comme
A O UST. 1732. 1740
.
comme un rien pour votre Empire il est
pourtant vrai qu'elles sont un objet fort
considerable pour le nôtre , et que nous
en regarderons la restitution comme une
grace singuliere , purement émanée de
la clémence du G. S. que nous osons implorer aujourd'hui ; au surplus vous êtes
les Maîtres et nous nous en remettons
à vous avec une entiere confiance.
II. CONFERENCE, tenu le lendemais
entre les mêmes Ministres et au même
endroit.
Les Plénipotentiaires Turcs adressant
la parole à ceux de Perse , leur dirent :
si vous êtes effectivement dans le dessein
de finir la guerre , ( 1 ) ne vous amusez pas,
comme vous fites hier , à battre le fer
froid. Mais au lieu de vous entretenir
dans la vaine idée de la pouvoir terminer sur le même plan que nos Ancêtres
suivirent sous Soliman , songez plutôt à
joindre à nos conquêtes quelques Pro
vinces qui puissent nous convenir , ainsi
que les vaincus en ont toûjours agi envers leurs vainqueurs.
Et que nous reste-t'il , pour vous don
ner de nouvelles Provinces , se récrierent
(1 )Proverbe Arabe , qui revient au nôtre , il
faut battre le fer tandis qu'il est chaud,
les
1742 MERCURE DE FRANCE
les Persans ? Nous venons humblement
vous demander grace ; nous reclamons
la misericorde de la Porte ; notre intention n'est pas de marchander ni de chicaner avec vous ; nous connoissons.trop
l'état d'humiliation où l'enchainement de
nos malheurs nous a réduits , pour avoir
la présomption de vous rien contester
mais si la décadence de nos affaires , arrivée par le concours de mille fâcheux évenemens , a été cause que vous nous avez
traitez de la maniere la plus cruelle, pourriez vous laisser échapper la belle occasion que le Ciel vous offre aujourd'hui de
réparer nos maux , en faisant autant de
bien à notre Monarque , que vous lui
-avez porté de préjudice ? non , au lieu
de lui rien demander davantage , réta
blissez-le sur son Trône , avec autant de
puissance et de splendeur qu'y brillerent
autrefois ses illustres Ayeux , et persua
dez- vous que la gloire de votre Empire.
et de votre Empereur y est interessée. Du
reste, à notre égard, nous serons toujours
satisfaits de tout ce que feront vos Excellences.
Nous voulons bien le croire ainsi , répondirent les Plénipotentiaires de la
Porte , et votre modestie nous confirme
dans l'opinion que nous avions déja conçuë
A O UST. 1732. 1743
çue de votre prudence et ' de votre capacité. C'est pourquoi nous vous déclarons de la part de l'Empereur notre Maî
tre, que par un excès de bonté pour vous,
il veut bien , non- seulement vous accorder la Paix et se désister des justes prétentions qu'il auroit comme victorieux
d'exiger de nouveaux Païs qui seroient
à sa bienseance , outre ceux qu'il a conquis sur vous , il veut encore faire plus
en votre faveur , et pour vous marquer
jusqu'où va son extrême generosité , il
vous donne le choix entre les derniers
Pays que ses Armes lui ont acquis en
deçà de l'Araxe , et à l'exception de la
Province de Tauris , ( ) vous n'avez qu'à
demander , tout vous sera accordé.
Nous vous avons exposé ce que nous
desirions , répliquerent les Persans , et
sans varier dans l'unique point- de- vûë
qu'il nous est permis d'avoir , nous continuons à vous prier de rétablir notre Roy
dans tous ses Etats. Faites cependant ce
que vous jugerez de plus digne de vous
et de la gloire de votre Empire. Mais
comme nous nous app rcevons que nos
instances les plus vives ne produisent pas
(1) Tauris ou Tebris , grande Ville et Provin- ce enclavée dans l'Airbeitzan ou Edzerbaijan
qui fait partie de l'ancienne Médie,
sur
1744 MERCURE DE FRANCE
sur vos Excellences l'effet que nous avions
crû pouvoir nous en promettre , qu'elles
nous donnent , s'il leur plaît le reste du
jour pour consulter entre nous , et demain matin Mustapha Khan (. ) viendra
vous rendre compte de la résolution que
nous aurons prise.
III. CONFERENCE , où il n'y ent
que Mustapha - Khan , de la part de Chah-Thamas.
Le lendemain , ainsi que les Plénipotentiaires Persans l'avoient promis , Mustapha- Kan se rendit au lieu de l'Assemblée et dit aux Ministres Turcs qui l'y
attendoient. A la verité jusqu'à present
nous avions été obligez , Mehemet RizaKhan et moi , de nous en tenir , conformement à nos instructions , à vous
prier de restituer generalement à notre
Souverain tous les Pays que la Porte lui
a enlevez , mais ayant reconnu combien
vos Excellences étoient éloignées de remplir nos souhaits à cet égard , nous hous
sommes retranchez à les supplier d'agréer
une des deux propositions que je vais
avoir l'honneur de leur faire. La premie-
*
(1) N. B. c'étoir Mehemet Riza Khan , qui
tomme Premier Plénipotentiaire , portoit la parolc.
A O UST. 17327 1745
re, que la Perse payera annuellement à
la sublime Porte une certaine somme
dont on conviendra , moyennant quoi
les limites des deux Empires seront bor :
nées par les Rivieres d'Arpatchaï ( 1 ) et :
de Karct-Kalkan , et vous nous restituerez tous les Etats que vous avez conquis .
sur nous. La seconde , qui vous sera peutêtre plus agréable , que les Provinces de
Tiflis ( 2 ) d'Herdelan, resteront sous votre
domination , et que vous nous ferez la
grace de laisser rentrer le reste sous celle
de notre Roy.
Ni l'une ni l'autre de ces propositions
n'est acceptable , répondirent les Plenipotentiaires de Turquie , et il nous paroît si hors de propos , que vous fassiez
la moindre ouverture sur les Pays audelà del'Araxe qu'il ne nous convient ›
même pas d'ouvrir la bouche pour vous
répondre sur cet article. En verité , continua le Pacha de Rika , qui comme le
premier entre ses Collegues parloit pour
tous , il est bien étrange , que dans le
temps même qu'également touchez de
11) Ces deux Rivieres sont en Géorgie.
(2) Tiflis , ou Téffis , Capitaine du Gurgistan,
qui est la Géorgie , proprement dite. Elle est si- tuée sur le bord du Kur , anciennement le Cyrus.
Herdelan est dans le même Pays.
D YOS
1746 MERCURE DE FRANCE
vos malheurs et de vos prieres , nous
consentons , non- seulement à renoncer
en faveur de la Paix aux Provinces que
nous serions en droit d'exiger par- dessusnos conquêtes , mais que notre complaisance pour vous s'étend jusqu'à vous of→
frir de vous en rendre de celles que nous
venons d'acquerir ; il est bien étrange ,
dis-je , que vous nous fassiez sérieusement
des propositions si éloignées de toute raison. Vous voulez ceci , vous ne vou
lez pas cela , et vous prétendez disposer
des Pays qui sont entre nos mains, comme
si vous en étiez encore les paisibles possesseurs.N'avez vous donc pas de honte d'ê
tre si peu judicieux ? Le Pacha s'emporta
en proferant ces dernieres paroles , ou
du moins fit semblant de s'emporter ,
car il se radoucit bien- tôt , quand Mustapha l'interrompant d'un air humble et
flateur , s'exprima en ces termes : Nous
sommes venus implorer la générosité de
la sublime Porte , à laquelle nous nous
abandonnons sans réserve , et dont la
puissance s'étend d'un bout du Pole à l'au
tre; vous nous voyez accablez de revers,
sans appui , sans secours; nous ne possedons plus rien qui mérite de porter le
nom de Païs et de Provinces ; il n'est pas
étonnant que dans des circonstances si
affligeantes,
A O UST. 1732. 1747
affligeantes , nous vous fassions des demandes qui vous paroissent inconsiderées , mais vous ne devez pas nous en
sçavoir mauvais gré , et quelque extraordinaires que vous semblent nos prétentions , l'état violent où nous sommes,
doit les excuser auprès de vos Excellences.
Pourquoi , reprirent les Turcs , faites-vous tant les miserables ? Est- ce que
le Royaume de Perse est renfermé seulement dans les conquêtes que nous y
avons faites ? et peut-on appeller pauvre
un Souverain qui possede Ispaham , le
Guilhan , ( 1 ) Chiras , ( 2 ) le Korassan , (3)
et tant d'autres Contrées , qui forment
encore un vaste Empire ?
De tous les Etats , dont vous venez de
faire l'énumération , repartit Mustapha ,
en soupirant , une partie a passé sous les
Loix des Infideles Moscovites , et l'autre
est , pour ainsi dire , totalement boule-
(i) Le Guilhan ou Kilan , est le long de la
Mer Caspienne , et compose avec le Mazandran ,
l'ancienne Hyrcanie.
(2 ) Chiras ou Schiras , Ville sur le Kur, dans
le Farsistan ou la Perse proprement dite.
(3) Le Korassan , Corasan , ou Chorasan ,
comprend l'anciene Ariane , partie de la Bactriane , et du Païs des Parthes , c'est une des plus
Considerables Contrées de la Perse.
Dij versée
1748 MERCURE DE FRANCE
1
versée par les ravages et les désordres
qu'y ont faits , ou qu'y ont attirez les
cruels ( 1 ) Esghans. De sorte qu'à proprement parler , nous n'avons plus frien
de quelque conséquence que Coni ( 2 ) ,
Kiachan ( 3 ), et ( 4 ) Ispaham.
Mais si votre situation , repliquerent
les Turcs , est aussi déplorable que vous
nous la dépeignez ; si outre cela vous affectez dans toutes les occasions de vous
dire , nos Freres , de vous vanter d'être
avec nous dans la même unité de Religion, et si vous avez d'ailleurs tant d'embarras et d'ennemis sur les bras, d'où vient
ne vous pas appliquer à vous en délivrer?
Pourquoi vous acharner particulierement
contre nous , comme vous faites ? Car s'il
en faut juger par toutes vos démarches ,
il n'y a que nous seuls qui vous occu-
( 1 ) Esghans , Eughans , ou Aguans , Peuples
du Candahar , qui fait partie du Sablustan , autrefois le Paropamisus.
(2 ) Com , ou Kom , Ville dans l'Hierak ou
Yerak- Agemi , partie de l'ancien Royaume des
Parthes.
( 3 ) Kiachan ou Cachan, grande Ville du même Pais.
( 4 ) Ispaham , Spahan , ou Spahon , comme prononcent les Persans , est aussi dans le même
Païs. Les uns croient que cette Capitale de toute
la Perse , a été bârie sur les ruines d'HécatomPylos , et d'autres sur celles d'Aspa.
pions ;
AOUST. 1732. 1749
}
pions ; vos divisions , vos disputes , vos
guerres,votre empressement pour la Paix,
tout semble en vous n'avoir que Nous
pour unique objet.
C'est aussi , dit Mustapha , l'affaire qui
nous interesse le plus , et que nous prenons le plus à cœur. Vous êtes l'ennemi
le plus redoutable que nous ayions en tête;
si nous pouvons parvenir à cimenter avec
vous une Paix solide , nous nous démêlerons facilement de nos autres ennemis ;
et s'il plaît à Dieu, nous vérifierons bientôt le Proverbe Arabe, qui dit que l'hommese releve où il est tombé.
Mais enfin , continua- t-il , si les Otomans nous ont fait éprouver la fureur de
leurs armes , et s'ils nous ont maltraitez
au delà de ce que nous pouvions jamais
prévoir , nous esperons qu'à tant de calamitez qu'ils nous ont fait souffrir , ils feront succeder des dédommagemens qui
Ies égaleront. C'est uniquement dans cet
esprit, que nous venons négocier avec
vous, et non pour disputer sur le plus ou
le moins de Pais à prétendre et à ceder.
Nous vous retraçons au naturel l'image
de nos infortunes ; nos prieres y sont relatives ; c'est à vos Excellences , comme
nous leur avons déja dit, de prendre une
détermination à notre égard , qui distinDiij gue
1750 MERCURE DE FRANCE
gue d'une façon glorieuse , la grandeur et
la dignité de votre Empire.
Tout cela est excellent , répondirent les
Ministres Turcs , et vous avez raison de
vous attendre à recevoir des faveurs de la
Porte ; mais votre attente, pour être bien
fondée , ne doit pas être sans mesure , et
nous voyons avec peine , qu'au lieu de
resserrer vos désirs dans de justes bornes,
vous n'avez fait , jusqu'icy , que vous répandre en demandes indiscretes , qui
loin de nous approcher du but , nous en
écartent. Ainsi comme vous n'avancerez
jamais rien avec nous , si vous ne prenez
une autre route , nous voulons bien encore vous donner le loisir de réfléchir de
nouveau plus murement , sur vos véri
tables intérêts, et nous les discuterons vo
lontiers plus en détail dans la Conféren
ce que nous tiendrons demain.
IV. CONFERENCE , où tous les Ple
nipotentiaires des deux Cours assisterent.
Le 4 dudit mois de Janvier , les Ministres de la Porte , parlant toujours les
premiers , dirent à ceux de Perse : Nous
nous étions persuadez , qu'en agitant une
affaire d'aussi grande importance que celle.
de la Paix , nous ne devions rien négliger
pour la porter à son point de perfectionle
AOUST. 1732. 1791 8
le plutôt qu'il se pourroit ; et nous nous
étions flatez de trouver dans vos Excellences , des dispositions conformes aux
nôtres en cela. Mais nous reconnoissons ,
à regret , que nous avions mal pénétré
leurs intentions , puisqu'il paroît clairement , qu'elles ne cherchent qu'à éluder
les nôtres, et qu'à gagner du temps, pour
faire échouer la négociation à force de la
tirer en longueur. En effet , si ce n'étoit
pas là votre vûë, pourriez- vous vous opiniatrer , comme vous faites , à former des
prétentions , ausqu'elles vous sçavez bien
vous-même qu'il ne nous est pas possible
de souscrire ?
Nous sommes pleinement convaincus
de notre impuissance, répondirent les Persans, et que nous ne pourrons secoüer le
joug qu'il vous plaira de nous imposer.
Vous possedez tout, nous sommes privez
de tout ; c'est à vous d'ordonner,èt à nous
d'obéïr.
S'il étoit vrai , comme vous le dites, reprirent les Turcs , qu'il ne dépendit que
de nous d'achever heureusement cette
négociation , vous ne nous feriez pas des
demandes si peu mesurées , et toutes nos
prétentions réciproques seroient reglées
dans un moment. Il faut être équitable,
et que vos Excellences se restraignent à ce
Diiij qu'on
1752 MERCURE DE FRANCE
qu'on peut raisonnablement leur accorder. Ainsi, sans perdre davantage le temps
en discours specieux , qui ne conduisent
à rien de décisif, parlez- nous une bonne
fois positivement ; nous vous réïterons ,
que vous nous trouverez toujours disposez à nous prêter à tout ce que vous nous
proposerez de faisable. Mais nous devons
vous prévenir auparavant , qu'il ne faut
plus nous contester la possession des Païs
au-delà de l'Araxe , ni que vous insistiez
de nouveau sur la restitution de Tauris ,
qui est en deçà de ce Fleuve. Hors ces
deux articles , vous pouvez tout esperer
du désir sincere que nous avons de faire
tenaître entre les deux Empires une harmonie inalterable.
qui
Vous êtes les maîtres , encore un coup,
repliquerent les Persans ; nous continuons d'avouer que tout vous appartient chez nous ; mais dès que vous rejetteż la priere que nous vous faisons , de
-nous rendre nos Etats au delà de l'Araxe,
set la Province de Tauris en deçà ; surquoi
voulez-vous que roulent nos Conféren-
´ces, puisque tout ce qui nous reste de notre Monarchie , ne vaut pas seulement la
peine qu'on en fasse mention ?
Comment , s'écrierent les Plénipotentiaires de la Porte; n'y at- il pas encore
( 1)
A OUST. 1732. 1753
(1 ) Amadan , avec son vaste territoire ?
et si nous vous le rendons , ne devez- vous
pas être satisfaits ?
-
Nous avions toujours esperé , repartirent ceux de Perse , que vous fériez rentrer Chah Tahmas dans les Païs d'audelà de l'Araxe , et toute la faveur que
vous voulez lui faire , consiste à lui rendre Amadan , qui est en deçà. Dès que
vous montrez si peu d'égard à nos humbles et constantes supplications , nous ne
sçavons plus que vous proposer , et votre infléxibilité nous rend muets.
Que nous dites- vous-là , reprirent les
Turcs; avez- vous oublié , que lors même
que votre Maître se vantoit de nous avoir
battus , il envoïa à la Porte (2) Riza Kouli Khan et Méhémet-Veli - Khan, qui dans
leurs conférences, avec nos Ministres , cederent tous ces Païs Surquoi , s'il vous
plaît , aujourd'hui que vous vous confessez vaincus, pouvez appuïer votre obs
tination à les répéter ?
>
Nous convenons de ce fait , replique-
( 1 ) Hamadan , Ville des plus considérables de
Perse. Elle est dans l'Yerax - Agemi , qui est l'ancienne region des Parthes.
( 2 )Ils firent leur entrée à Constantinople le
18 Juin 1730. Riza- Kouli-Khan , qui étoit le
chef de l'ambassade , eut la tête tranchée peu
après son retour en Perse.
D v rent
1754 MERCURE DE FRANCE
rent les Persans ; mais peut-être feignezvous d'ignorer , que ce fut par l'habileté
et les adroites insinuations de vos négociateurs , que les nôtres consentirent im
prudemmentàce que ces Païs vous restassent ,en quoi ayant excedé leur pouvoir,
ils furent fort désaprouvez de notre Souverain. Aussi pouvons- nous dire , que ce
fut la source de tous les malheurs qui nous
ont accablez depuis ! Mais ne nous rapellez plus des temps funestes , que nous
voudrions pouvoir ensevelir dans un éternel oubli ; rappellez vous seulement que
l'infortuné Chah Tahmas a recours à la
clémence de la sublime Porte , et qu'il remet entierementson sort entre vos mains.
C'est sur ce principe que vous devez raisonner , et vous résoudre ensuite au parti
qui vous paroîtra le plus glorieux à votre
Empire.
>
N'est ce donc pas une grande grace de
notre part , dirent les Ministres Turcs
que tout ce que nous vous offrons ? Il est
vtai , répondirent ceux de Perse , qu'à ne
considerer , que la ruine presqu'universelle où notre Royaume est tombé , ce qué
vous voulez bien nous rendre , peut passer pour une faveur signalée , mais cette
faveur,toute rare qu'elle est , ne répond
pas encore ni à notre état , ni à nos prieres
AOUST. 17320 1755
res ; daignez - y faire plus d'attention , et
vous conviendrez que la Porte qui nous a
tant fait de maux , depuis l'inondation
des Esghans sur nos terres , est en quelque façon obligée pour son honneur de
réparer, autant qu'il est en elle, les dommages infinis qu'elle nous a causez , et que
la compassion qu'elle aura pour nous,doit
être au moins proportionnée à la reconnoissance que nous en conserverons éternellement. Nous osons même ajouter ,
que si votre tres-magnifique Empereur
reconnoit ,comme il le doit , que ses Vic.
toires et le bonheur de ses armes,sont des
bien faits qu'il a reçus de la Providence s
il est de sa piété d'en témoigner à Dieu
sa gratitude d'une maniere extraordinaire. Hé! comment peut-il mieux s'en acquitter , qu'en nous faisant ressentir de si
grands effets de sa magnanimité, que tous
les Monarques de la terre, surpris, soient
forcez deconvenir qu'ils n'ont jamais rien
vû , ni entendu parler de semblable ?
On donnera la suite dans le prochain
Mercure.
sur ce qui s'est passé dans les Conferences tennës pour la Paix entre les Turcs et les
Persans , à l'Armée du Grand- Seigneur,
près d' Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse , et ceux de ChabThamas , Roy de Perse.
Chmer- Pacha, Seraskier ou General
Adel'armée Otomane, et BeylerBey,
( c'est-à- dire Gouverneur ) de la Province de Babylone , en vertu des pleins
pouvoirs que le G. S. lui envoit envoyez pour faire la paix avec les Persans,
ayant nommé Achmet- Pacha , Beylerbey
de Rika, (1) Abdi- Pacha-Zadé- Ali- Bey,
Salahor ( 2 ) de S. H. Kassim- Effendi ,
Defterdar ( 3 ) de l'Armée , et Raghib
Effendi , Defterdar de Bagdat , pour PleB
( 1) Rika , est un des 17. Beylerbeys ou
Grand - Gouvernemens d'Asie , qu'on appelle
Hassilez. Voyez Ricaut , et le 3. du Diarbekir ,
consideré seulement comme l'ancienne Mesopotamie , renfermée entre le Tygre et l'Euphrate.
(2) Salahor, Ecuyer Cavalcadour , qui exerceet travaille les Chevaux du G. S. il y en a″12.
( 3 ) Defterdar , Intendant des Finances et Trésorier. 1
nipo
A O UST. 1732. 1737
nipotentiaires de la Poste > et ChahThamas , ayant choisi pour les siens ,
Mehemet-Riza-Khan , ( 1 ) _ Kouroudgi
Bachi, et Mustapha Khan. Tous ces Ministres se rendirent au quartier du Beylerbey de Rika , où ils s'assemblerent
sous sa Tente , le premier de Janvier de
la présente année 1732.
PREMIERE CONFERENCE.
Après que les Plenipotentiaires respectifs se furent fait les complimens et les
politesses d'usage en pareille occasion .
ceux de la Porte ouvrant la Conférence
dirent à ceux du Roy de Perse.
7
Le Seraskier Achmet-Pacha , nous. a
donné pouvoir d'entrer avec vos Excellences , dans une négociation dont le
succès ne peut être que très- avantageux
à la Perse. Nous sommes disposez de notre part à travailler si éfficacement a la
paix qu'il ne dependra certainement pas
de ncs foins que nous n'en voyions bientôt une heureuse conclusion. Ainsi c'est
à vos Excellences à nous faire connoître
jusqu'à quel point elles sont autorisées de
(1 ) Khan , est la même chose en Perse qu'un Pacha ou un Gouverneur de Province en Turquie, et Kouroudgi Bachi , y fait l'équivalent da
Janissaire Aga chez les Turcs.
leur
1738 MERCURE DE FRANCE
leur Maître , et quelles sont leurs pré- tentions.
Les Plenipotentiaires de Perse, prenant
alors la parole , répondirent que de tout
temps l'illustre Maison des Rois de Perse
avoit été liée d'amitié avec l'illustreMaison
Otomane , et que cette amitié n'avoit jamais été interrompuë que par la fatalité
du destin , qui avoit quelquefois produit
des évenemens surnaturels , suivis de la
discorde , et contre toute attente. Mais
ajoûterent- ils , nous desirons aujourd'hui
avec ardeur de faire revivre entre nous une
union si intime, qu'elle puisse rétablir
une tranquillité inalterable entre ces deux
Empires.
C'est aussi le même motif qui nous
anime, répliquerent les Ministres Turcs ;
mais pour parvenir au but que nous nous
proposons tous, il faut commencer par
convenir de certains points fondamentaux
qui puissent servir de base au Traité qui
nous assemble , et il est necessaire pour
cela que vous nous découvriez d'abord
sans détour, vos véritables intentions, afin
qu'après en avoir informé le très heureux
Seraskier , nous puissions , sur les ordres
que nous en recevrons , donner quelque
forme à la Négociation que nous enta
mons aujourd'hui.
Puisque
1
A O UST. 1732. 1739
Puisque vos Excellences souhaitent
que nous nous expliquions nettement ,
reprirent les Ministres de Perse , nous
demandons que generalement tous les
Pays que vous nous avez prís nous soient
restituez , et que la Paix et nos Frontieres avec l'EmpireOtoman soient reglées
sur le même pied qu'elles le furent sous
le Regne du Sultan Soliman , ( 1 ) de
glorieuse memoire.
Ce discours a de quoi nous surprendre,
répartirent les Turcs , et vous nous faiteslà une proposition des plus nouvelles. Il
a toûjours été d'usage , lorsque des Princes ennemis font la paix ensemble , que
non-seulement le vainqueur conserve les
conquêtes dont il est en possession , mais
que le vaincu lui fasse encore des avantages. C'est le cours ordinaire ; les Histoires , tant anciennes que modernes ,
en fournissent mille exemples , et nous
nedoutons pas que vous ne sçachiez tout
cela comme nous. D'ailleurs dans la Paix
que vous nous citez , qui fut concluë entre nos devanciers et les vôtres sous l'Emperéur Soliman , on y convint pour Préliminaires , que les Provinces de Tchildir , ( 2 ) de Cars , ( 3 ) de Van , ( 4 ) et
(1) Soliman II. prit et pilla Tauris en 1535
( 2 ) Tchildir est le ye Gouvernement d'Asie ,
plu-
1740 MERCURE DE FRANCE
plusieurs autres lieux resteroient à la Porte ; et vous , bien loin de nous offrir au
moins quelques Places au- delà des Pays
que le sort des armes a mis entre nos mains , vous demandez que nous vous
rendions ces mêmes Pays , qui subis
sent nos Loix depuis long - temps et
dont la conquête nous a coûté des trésors immenses et des torrens de notre
sang.
Vous avez raison , dirent les Persans ;
` nous convenons de la justesse de vos rai
sonnemens, mais un Empire aussi puissant et d'une aussi prodigieuse érenduë
que le vôtre , ne doit pas s'attacher , ni
même daigner faire attention à quelques
coins de terre si ruinez , qu'ils sont devenus plus propres à servir de retraite à
de tristes Hiboux , que de demeure à
de valeureux Soldats comme les- Otomans. Neanmoins quoique ces contrées
désolées ne puissent êtte considerées
1
que
de ceux qu'on appelle Hasilé. Il est sur les Frontieres de la Georgie.
(3) Cars , Ville de la grande Armenie , dans
cette partie qu'on appelle aujourd'hui Iran , ou
Carabag , entre l'Araxe et le Cyrus.
(4) Van , Ville de la même contrée que Cars,
et située sur un Lac du même nom , que l'on
appelle la Mer de Van ou d'Armenie , à cause
de son extréme grandeur... comme
A O UST. 1732. 1740
.
comme un rien pour votre Empire il est
pourtant vrai qu'elles sont un objet fort
considerable pour le nôtre , et que nous
en regarderons la restitution comme une
grace singuliere , purement émanée de
la clémence du G. S. que nous osons implorer aujourd'hui ; au surplus vous êtes
les Maîtres et nous nous en remettons
à vous avec une entiere confiance.
II. CONFERENCE, tenu le lendemais
entre les mêmes Ministres et au même
endroit.
Les Plénipotentiaires Turcs adressant
la parole à ceux de Perse , leur dirent :
si vous êtes effectivement dans le dessein
de finir la guerre , ( 1 ) ne vous amusez pas,
comme vous fites hier , à battre le fer
froid. Mais au lieu de vous entretenir
dans la vaine idée de la pouvoir terminer sur le même plan que nos Ancêtres
suivirent sous Soliman , songez plutôt à
joindre à nos conquêtes quelques Pro
vinces qui puissent nous convenir , ainsi
que les vaincus en ont toûjours agi envers leurs vainqueurs.
Et que nous reste-t'il , pour vous don
ner de nouvelles Provinces , se récrierent
(1 )Proverbe Arabe , qui revient au nôtre , il
faut battre le fer tandis qu'il est chaud,
les
1742 MERCURE DE FRANCE
les Persans ? Nous venons humblement
vous demander grace ; nous reclamons
la misericorde de la Porte ; notre intention n'est pas de marchander ni de chicaner avec vous ; nous connoissons.trop
l'état d'humiliation où l'enchainement de
nos malheurs nous a réduits , pour avoir
la présomption de vous rien contester
mais si la décadence de nos affaires , arrivée par le concours de mille fâcheux évenemens , a été cause que vous nous avez
traitez de la maniere la plus cruelle, pourriez vous laisser échapper la belle occasion que le Ciel vous offre aujourd'hui de
réparer nos maux , en faisant autant de
bien à notre Monarque , que vous lui
-avez porté de préjudice ? non , au lieu
de lui rien demander davantage , réta
blissez-le sur son Trône , avec autant de
puissance et de splendeur qu'y brillerent
autrefois ses illustres Ayeux , et persua
dez- vous que la gloire de votre Empire.
et de votre Empereur y est interessée. Du
reste, à notre égard, nous serons toujours
satisfaits de tout ce que feront vos Excellences.
Nous voulons bien le croire ainsi , répondirent les Plénipotentiaires de la
Porte , et votre modestie nous confirme
dans l'opinion que nous avions déja conçuë
A O UST. 1732. 1743
çue de votre prudence et ' de votre capacité. C'est pourquoi nous vous déclarons de la part de l'Empereur notre Maî
tre, que par un excès de bonté pour vous,
il veut bien , non- seulement vous accorder la Paix et se désister des justes prétentions qu'il auroit comme victorieux
d'exiger de nouveaux Païs qui seroient
à sa bienseance , outre ceux qu'il a conquis sur vous , il veut encore faire plus
en votre faveur , et pour vous marquer
jusqu'où va son extrême generosité , il
vous donne le choix entre les derniers
Pays que ses Armes lui ont acquis en
deçà de l'Araxe , et à l'exception de la
Province de Tauris , ( ) vous n'avez qu'à
demander , tout vous sera accordé.
Nous vous avons exposé ce que nous
desirions , répliquerent les Persans , et
sans varier dans l'unique point- de- vûë
qu'il nous est permis d'avoir , nous continuons à vous prier de rétablir notre Roy
dans tous ses Etats. Faites cependant ce
que vous jugerez de plus digne de vous
et de la gloire de votre Empire. Mais
comme nous nous app rcevons que nos
instances les plus vives ne produisent pas
(1) Tauris ou Tebris , grande Ville et Provin- ce enclavée dans l'Airbeitzan ou Edzerbaijan
qui fait partie de l'ancienne Médie,
sur
1744 MERCURE DE FRANCE
sur vos Excellences l'effet que nous avions
crû pouvoir nous en promettre , qu'elles
nous donnent , s'il leur plaît le reste du
jour pour consulter entre nous , et demain matin Mustapha Khan (. ) viendra
vous rendre compte de la résolution que
nous aurons prise.
III. CONFERENCE , où il n'y ent
que Mustapha - Khan , de la part de Chah-Thamas.
Le lendemain , ainsi que les Plénipotentiaires Persans l'avoient promis , Mustapha- Kan se rendit au lieu de l'Assemblée et dit aux Ministres Turcs qui l'y
attendoient. A la verité jusqu'à present
nous avions été obligez , Mehemet RizaKhan et moi , de nous en tenir , conformement à nos instructions , à vous
prier de restituer generalement à notre
Souverain tous les Pays que la Porte lui
a enlevez , mais ayant reconnu combien
vos Excellences étoient éloignées de remplir nos souhaits à cet égard , nous hous
sommes retranchez à les supplier d'agréer
une des deux propositions que je vais
avoir l'honneur de leur faire. La premie-
*
(1) N. B. c'étoir Mehemet Riza Khan , qui
tomme Premier Plénipotentiaire , portoit la parolc.
A O UST. 17327 1745
re, que la Perse payera annuellement à
la sublime Porte une certaine somme
dont on conviendra , moyennant quoi
les limites des deux Empires seront bor :
nées par les Rivieres d'Arpatchaï ( 1 ) et :
de Karct-Kalkan , et vous nous restituerez tous les Etats que vous avez conquis .
sur nous. La seconde , qui vous sera peutêtre plus agréable , que les Provinces de
Tiflis ( 2 ) d'Herdelan, resteront sous votre
domination , et que vous nous ferez la
grace de laisser rentrer le reste sous celle
de notre Roy.
Ni l'une ni l'autre de ces propositions
n'est acceptable , répondirent les Plenipotentiaires de Turquie , et il nous paroît si hors de propos , que vous fassiez
la moindre ouverture sur les Pays audelà del'Araxe qu'il ne nous convient ›
même pas d'ouvrir la bouche pour vous
répondre sur cet article. En verité , continua le Pacha de Rika , qui comme le
premier entre ses Collegues parloit pour
tous , il est bien étrange , que dans le
temps même qu'également touchez de
11) Ces deux Rivieres sont en Géorgie.
(2) Tiflis , ou Téffis , Capitaine du Gurgistan,
qui est la Géorgie , proprement dite. Elle est si- tuée sur le bord du Kur , anciennement le Cyrus.
Herdelan est dans le même Pays.
D YOS
1746 MERCURE DE FRANCE
vos malheurs et de vos prieres , nous
consentons , non- seulement à renoncer
en faveur de la Paix aux Provinces que
nous serions en droit d'exiger par- dessusnos conquêtes , mais que notre complaisance pour vous s'étend jusqu'à vous of→
frir de vous en rendre de celles que nous
venons d'acquerir ; il est bien étrange ,
dis-je , que vous nous fassiez sérieusement
des propositions si éloignées de toute raison. Vous voulez ceci , vous ne vou
lez pas cela , et vous prétendez disposer
des Pays qui sont entre nos mains, comme
si vous en étiez encore les paisibles possesseurs.N'avez vous donc pas de honte d'ê
tre si peu judicieux ? Le Pacha s'emporta
en proferant ces dernieres paroles , ou
du moins fit semblant de s'emporter ,
car il se radoucit bien- tôt , quand Mustapha l'interrompant d'un air humble et
flateur , s'exprima en ces termes : Nous
sommes venus implorer la générosité de
la sublime Porte , à laquelle nous nous
abandonnons sans réserve , et dont la
puissance s'étend d'un bout du Pole à l'au
tre; vous nous voyez accablez de revers,
sans appui , sans secours; nous ne possedons plus rien qui mérite de porter le
nom de Païs et de Provinces ; il n'est pas
étonnant que dans des circonstances si
affligeantes,
A O UST. 1732. 1747
affligeantes , nous vous fassions des demandes qui vous paroissent inconsiderées , mais vous ne devez pas nous en
sçavoir mauvais gré , et quelque extraordinaires que vous semblent nos prétentions , l'état violent où nous sommes,
doit les excuser auprès de vos Excellences.
Pourquoi , reprirent les Turcs , faites-vous tant les miserables ? Est- ce que
le Royaume de Perse est renfermé seulement dans les conquêtes que nous y
avons faites ? et peut-on appeller pauvre
un Souverain qui possede Ispaham , le
Guilhan , ( 1 ) Chiras , ( 2 ) le Korassan , (3)
et tant d'autres Contrées , qui forment
encore un vaste Empire ?
De tous les Etats , dont vous venez de
faire l'énumération , repartit Mustapha ,
en soupirant , une partie a passé sous les
Loix des Infideles Moscovites , et l'autre
est , pour ainsi dire , totalement boule-
(i) Le Guilhan ou Kilan , est le long de la
Mer Caspienne , et compose avec le Mazandran ,
l'ancienne Hyrcanie.
(2 ) Chiras ou Schiras , Ville sur le Kur, dans
le Farsistan ou la Perse proprement dite.
(3) Le Korassan , Corasan , ou Chorasan ,
comprend l'anciene Ariane , partie de la Bactriane , et du Païs des Parthes , c'est une des plus
Considerables Contrées de la Perse.
Dij versée
1748 MERCURE DE FRANCE
1
versée par les ravages et les désordres
qu'y ont faits , ou qu'y ont attirez les
cruels ( 1 ) Esghans. De sorte qu'à proprement parler , nous n'avons plus frien
de quelque conséquence que Coni ( 2 ) ,
Kiachan ( 3 ), et ( 4 ) Ispaham.
Mais si votre situation , repliquerent
les Turcs , est aussi déplorable que vous
nous la dépeignez ; si outre cela vous affectez dans toutes les occasions de vous
dire , nos Freres , de vous vanter d'être
avec nous dans la même unité de Religion, et si vous avez d'ailleurs tant d'embarras et d'ennemis sur les bras, d'où vient
ne vous pas appliquer à vous en délivrer?
Pourquoi vous acharner particulierement
contre nous , comme vous faites ? Car s'il
en faut juger par toutes vos démarches ,
il n'y a que nous seuls qui vous occu-
( 1 ) Esghans , Eughans , ou Aguans , Peuples
du Candahar , qui fait partie du Sablustan , autrefois le Paropamisus.
(2 ) Com , ou Kom , Ville dans l'Hierak ou
Yerak- Agemi , partie de l'ancien Royaume des
Parthes.
( 3 ) Kiachan ou Cachan, grande Ville du même Pais.
( 4 ) Ispaham , Spahan , ou Spahon , comme prononcent les Persans , est aussi dans le même
Païs. Les uns croient que cette Capitale de toute
la Perse , a été bârie sur les ruines d'HécatomPylos , et d'autres sur celles d'Aspa.
pions ;
AOUST. 1732. 1749
}
pions ; vos divisions , vos disputes , vos
guerres,votre empressement pour la Paix,
tout semble en vous n'avoir que Nous
pour unique objet.
C'est aussi , dit Mustapha , l'affaire qui
nous interesse le plus , et que nous prenons le plus à cœur. Vous êtes l'ennemi
le plus redoutable que nous ayions en tête;
si nous pouvons parvenir à cimenter avec
vous une Paix solide , nous nous démêlerons facilement de nos autres ennemis ;
et s'il plaît à Dieu, nous vérifierons bientôt le Proverbe Arabe, qui dit que l'hommese releve où il est tombé.
Mais enfin , continua- t-il , si les Otomans nous ont fait éprouver la fureur de
leurs armes , et s'ils nous ont maltraitez
au delà de ce que nous pouvions jamais
prévoir , nous esperons qu'à tant de calamitez qu'ils nous ont fait souffrir , ils feront succeder des dédommagemens qui
Ies égaleront. C'est uniquement dans cet
esprit, que nous venons négocier avec
vous, et non pour disputer sur le plus ou
le moins de Pais à prétendre et à ceder.
Nous vous retraçons au naturel l'image
de nos infortunes ; nos prieres y sont relatives ; c'est à vos Excellences , comme
nous leur avons déja dit, de prendre une
détermination à notre égard , qui distinDiij gue
1750 MERCURE DE FRANCE
gue d'une façon glorieuse , la grandeur et
la dignité de votre Empire.
Tout cela est excellent , répondirent les
Ministres Turcs , et vous avez raison de
vous attendre à recevoir des faveurs de la
Porte ; mais votre attente, pour être bien
fondée , ne doit pas être sans mesure , et
nous voyons avec peine , qu'au lieu de
resserrer vos désirs dans de justes bornes,
vous n'avez fait , jusqu'icy , que vous répandre en demandes indiscretes , qui
loin de nous approcher du but , nous en
écartent. Ainsi comme vous n'avancerez
jamais rien avec nous , si vous ne prenez
une autre route , nous voulons bien encore vous donner le loisir de réfléchir de
nouveau plus murement , sur vos véri
tables intérêts, et nous les discuterons vo
lontiers plus en détail dans la Conféren
ce que nous tiendrons demain.
IV. CONFERENCE , où tous les Ple
nipotentiaires des deux Cours assisterent.
Le 4 dudit mois de Janvier , les Ministres de la Porte , parlant toujours les
premiers , dirent à ceux de Perse : Nous
nous étions persuadez , qu'en agitant une
affaire d'aussi grande importance que celle.
de la Paix , nous ne devions rien négliger
pour la porter à son point de perfectionle
AOUST. 1732. 1791 8
le plutôt qu'il se pourroit ; et nous nous
étions flatez de trouver dans vos Excellences , des dispositions conformes aux
nôtres en cela. Mais nous reconnoissons ,
à regret , que nous avions mal pénétré
leurs intentions , puisqu'il paroît clairement , qu'elles ne cherchent qu'à éluder
les nôtres, et qu'à gagner du temps, pour
faire échouer la négociation à force de la
tirer en longueur. En effet , si ce n'étoit
pas là votre vûë, pourriez- vous vous opiniatrer , comme vous faites , à former des
prétentions , ausqu'elles vous sçavez bien
vous-même qu'il ne nous est pas possible
de souscrire ?
Nous sommes pleinement convaincus
de notre impuissance, répondirent les Persans, et que nous ne pourrons secoüer le
joug qu'il vous plaira de nous imposer.
Vous possedez tout, nous sommes privez
de tout ; c'est à vous d'ordonner,èt à nous
d'obéïr.
S'il étoit vrai , comme vous le dites, reprirent les Turcs , qu'il ne dépendit que
de nous d'achever heureusement cette
négociation , vous ne nous feriez pas des
demandes si peu mesurées , et toutes nos
prétentions réciproques seroient reglées
dans un moment. Il faut être équitable,
et que vos Excellences se restraignent à ce
Diiij qu'on
1752 MERCURE DE FRANCE
qu'on peut raisonnablement leur accorder. Ainsi, sans perdre davantage le temps
en discours specieux , qui ne conduisent
à rien de décisif, parlez- nous une bonne
fois positivement ; nous vous réïterons ,
que vous nous trouverez toujours disposez à nous prêter à tout ce que vous nous
proposerez de faisable. Mais nous devons
vous prévenir auparavant , qu'il ne faut
plus nous contester la possession des Païs
au-delà de l'Araxe , ni que vous insistiez
de nouveau sur la restitution de Tauris ,
qui est en deçà de ce Fleuve. Hors ces
deux articles , vous pouvez tout esperer
du désir sincere que nous avons de faire
tenaître entre les deux Empires une harmonie inalterable.
qui
Vous êtes les maîtres , encore un coup,
repliquerent les Persans ; nous continuons d'avouer que tout vous appartient chez nous ; mais dès que vous rejetteż la priere que nous vous faisons , de
-nous rendre nos Etats au delà de l'Araxe,
set la Province de Tauris en deçà ; surquoi
voulez-vous que roulent nos Conféren-
´ces, puisque tout ce qui nous reste de notre Monarchie , ne vaut pas seulement la
peine qu'on en fasse mention ?
Comment , s'écrierent les Plénipotentiaires de la Porte; n'y at- il pas encore
( 1)
A OUST. 1732. 1753
(1 ) Amadan , avec son vaste territoire ?
et si nous vous le rendons , ne devez- vous
pas être satisfaits ?
-
Nous avions toujours esperé , repartirent ceux de Perse , que vous fériez rentrer Chah Tahmas dans les Païs d'audelà de l'Araxe , et toute la faveur que
vous voulez lui faire , consiste à lui rendre Amadan , qui est en deçà. Dès que
vous montrez si peu d'égard à nos humbles et constantes supplications , nous ne
sçavons plus que vous proposer , et votre infléxibilité nous rend muets.
Que nous dites- vous-là , reprirent les
Turcs; avez- vous oublié , que lors même
que votre Maître se vantoit de nous avoir
battus , il envoïa à la Porte (2) Riza Kouli Khan et Méhémet-Veli - Khan, qui dans
leurs conférences, avec nos Ministres , cederent tous ces Païs Surquoi , s'il vous
plaît , aujourd'hui que vous vous confessez vaincus, pouvez appuïer votre obs
tination à les répéter ?
>
Nous convenons de ce fait , replique-
( 1 ) Hamadan , Ville des plus considérables de
Perse. Elle est dans l'Yerax - Agemi , qui est l'ancienne region des Parthes.
( 2 )Ils firent leur entrée à Constantinople le
18 Juin 1730. Riza- Kouli-Khan , qui étoit le
chef de l'ambassade , eut la tête tranchée peu
après son retour en Perse.
D v rent
1754 MERCURE DE FRANCE
rent les Persans ; mais peut-être feignezvous d'ignorer , que ce fut par l'habileté
et les adroites insinuations de vos négociateurs , que les nôtres consentirent im
prudemmentàce que ces Païs vous restassent ,en quoi ayant excedé leur pouvoir,
ils furent fort désaprouvez de notre Souverain. Aussi pouvons- nous dire , que ce
fut la source de tous les malheurs qui nous
ont accablez depuis ! Mais ne nous rapellez plus des temps funestes , que nous
voudrions pouvoir ensevelir dans un éternel oubli ; rappellez vous seulement que
l'infortuné Chah Tahmas a recours à la
clémence de la sublime Porte , et qu'il remet entierementson sort entre vos mains.
C'est sur ce principe que vous devez raisonner , et vous résoudre ensuite au parti
qui vous paroîtra le plus glorieux à votre
Empire.
>
N'est ce donc pas une grande grace de
notre part , dirent les Ministres Turcs
que tout ce que nous vous offrons ? Il est
vtai , répondirent ceux de Perse , qu'à ne
considerer , que la ruine presqu'universelle où notre Royaume est tombé , ce qué
vous voulez bien nous rendre , peut passer pour une faveur signalée , mais cette
faveur,toute rare qu'elle est , ne répond
pas encore ni à notre état , ni à nos prieres
AOUST. 17320 1755
res ; daignez - y faire plus d'attention , et
vous conviendrez que la Porte qui nous a
tant fait de maux , depuis l'inondation
des Esghans sur nos terres , est en quelque façon obligée pour son honneur de
réparer, autant qu'il est en elle, les dommages infinis qu'elle nous a causez , et que
la compassion qu'elle aura pour nous,doit
être au moins proportionnée à la reconnoissance que nous en conserverons éternellement. Nous osons même ajouter ,
que si votre tres-magnifique Empereur
reconnoit ,comme il le doit , que ses Vic.
toires et le bonheur de ses armes,sont des
bien faits qu'il a reçus de la Providence s
il est de sa piété d'en témoigner à Dieu
sa gratitude d'une maniere extraordinaire. Hé! comment peut-il mieux s'en acquitter , qu'en nous faisant ressentir de si
grands effets de sa magnanimité, que tous
les Monarques de la terre, surpris, soient
forcez deconvenir qu'ils n'ont jamais rien
vû , ni entendu parler de semblable ?
On donnera la suite dans le prochain
Mercure.
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Résumé : TRADUCTION d'une Relation Turque, sur ce qui s'est passé dans les Conferences teuuës pour la Paix entre les Turcs et les Persans, à l'Armée du Grand-Seigneur, près d'Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse, et ceux de Chah Thamas, Roy de Perse.
En 1732, des conférences de paix entre les Turcs et les Persans se tinrent près d'Hamadan. Du côté ottoman, Chmer-Pacha, gouverneur de Babylone, nomma plusieurs plénipotentiaires, dont Achmet-Pacha et Salahor. Du côté persan, Chah-Thamas choisit Mehemet-Riza-Khan et Mustapha Khan. Lors de la première conférence, les Turcs exprimèrent leur volonté de paix, tandis que les Persans souhaitaient rétablir une union intime entre les deux empires. Les Persans demandèrent la restitution des territoires conquis par les Turcs et la régulation des frontières comme sous le règne de Soliman II, ce que les Turcs refusèrent, arguant que les vainqueurs conservent généralement leurs conquêtes. Lors de la deuxième conférence, les Turcs insistèrent sur la nécessité de conclure la paix sans revenir aux conditions de Soliman II. Les Persans, reconnaissant leur état d'humiliation, demandèrent miséricorde et la restauration de leur roi sur son trône. Les Turcs offrirent aux Persans de choisir entre les derniers pays conquis, à l'exception de la province de Tauris. Lors de la troisième conférence, Mustapha Khan proposa deux solutions : un paiement annuel à la Porte ottomane ou la rétention des provinces de Tiflis et d'Herdelan par les Turcs. Les Turcs rejetèrent ces propositions, trouvant inappropriées les demandes persanes concernant les territoires au-delà de l'Araxe. En août 1732, les Persans demandèrent aux Turcs de considérer leurs prétentions malgré des circonstances affligeantes. Les Turcs rappelèrent que le Royaume de Perse possédait encore des territoires importants, mais Mustapha Khan expliqua que ces territoires étaient soit sous contrôle des Moscovites, soit ravagés par les Esghans. Les Turcs, sceptiques, interrogèrent la stratégie perse de les considérer comme frères tout en étant en conflit. Lors de la conférence du 4 janvier, les Turcs accusèrent les Perses de vouloir gagner du temps. Les Perses, reconnaissant leur impuissance, acceptèrent de se soumettre aux décisions turques. Les Turcs proposèrent de ne plus contester la possession des territoires au-delà de l'Araxe et la restitution de Tauris. Les Persans insistèrent sur la restitution de leurs États et se dirent prêts à accepter toute décision turque. Les Turcs rappelèrent la cession des territoires lors des négociations précédentes et la désapprobation du souverain perse. Les Persans demandèrent clémence et remirent leur sort entre les mains des Turcs, mais les Turcs trouvèrent les Persans ingrats et insistèrent sur la réparation des dommages causés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 133-136
RÉPONSE à la Lettre de Clermont en Auvergne, sur le Systême du Bureau Typographique.
Début :
Quand il seroit vrai, M. que l'éducation des Enfans se réduiroit à faire le cours ordinaire [...]
Mots clefs :
Classes, Système du bureau typographique, Enfants, Enfant, Savoir, Article, Exercices, Cours, Première enfance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à la Lettre de Clermont en Auvergne, sur le Systême du Bureau Typographique.
REPONSE à la Lettre de Clermont
en Auvergne , sur le Systême du Burens
Typographique.
Q
Uand il seroit vrai , M. que l'éducation
des Enfans se réduiroit à faire le cours ordinaire
des Classes et à sçavoir un peu le Latin
et de Grec , il ne s'ensuivroit pas qu'il fût inutile
G iij
de
134 MERCURE DE FRANCE
commencer de bonne heure l'institution de la
premiere enfance . Je vous prie de lire dans le
premier volume de la Bibliotheque des Enfans ,
Particle premier et l'article second ; qui traitent
cette question . Les préparatifs et les dépenses
que l'on fait de bons Sujets aux Régens des basses
Classes , influent , n'en doutez pas , dans les
plus hautes , dans tous les exercices et dans toute
la vie . Ne contez - vous pour rien , M. de pouvoir
briller parmi ses Camarades , de pouvoir
remporter les premiers Prix , d'obtenir les premieres
places , et d'avoir ensuite du goût pour
tout ce que l'on fait ? Or un enfant qui aura
appris de bonne heure les élemens des Lettres par
le Systême du Bureau Typographique , cet enfant
sera plutôt en état d'acquerir ce goût , il sera
moins exposé à l'ennui et au dégoût de la plupart
des autres Ecoliers enseignez d'abord par la
Méthode ordinaire , cet enfant instruit de bonne
heure et jeune , sera en état , si les parens les
souhaitent , de doubler quelques Classes pour se
rendre encore plus fort dans tous ses exercices.
On pourra pour lors s'appliquer à bien d'autres
choses qu'à son Latin , et il n'y a point de parens
qui n'en soient bien aises.
Un Ecolier fort et diligent , trouve dans les
basses Classes le temps d'apprendre à écrire et
P'Arithmetique ; dans d'autres Classes le Dessein
le Blason et la Géographie viennent à propos
pour perfectionner l'étude de l'Histoire et de la
Chronologie , qu'on fera dans toutes les Classes ;
les Méchaniques et la Physique experimentale ,
pourront instruire et amuser les enfans, il ne s'agit
que de choisir à propos le temps et les matieres.
Dans le cours de Philosophie le moral conduic
au Droit des Gens et au Droit Public ; l'on trou-
C
20
V
E
ye
JANVIER.
135
1734.
Semaine
ve sur ces matieres et sur les interêts des Princes, >
des Textes Latins et François , propres à occuper,
à instruire et à former un jeune homme pendant
dix ans de College . Vous verrez , M. dans
le premier volume , article XIV . pag. 119.
qu'une Gazette de France , préparée par
est le meilleur Texte François que l'on puisse
donner à un jeune Seigneur. Ce Texte vivant est
le plus instructif , le plus varié et le plus agrable
que l'on puisse trouver pour la réunion et la
complication des idées philosophiques . On passe
peu à peu à la Gazette d'Hollande , au Mercure
Historique , au Mercure de France , au Journal de
Verdun , au Journal des Sçavans , et à tous les
Ouvrages périodiques , que l'on apprendra à par
courir chaque mois , afin que le jeune homme, se
fortifiant peu à peu sur cet exercice , se mette on
état d'en tirer avantage pour toute sa vie . Il est
vrai que puur lors en élevant les enfans on leur
donneroit les premieres notions des Arts et des
Sciences et vous convenez , M. en ce cas là de
toute la bonté du Systême Typographique. Vous
pourrez voir plus au long dans l'article XI. du
premier vol . p . 91. le détail des avantages du
Systême Typographique , vous y trouverez N°.
38. que l'enfant du Bureau Typographique est
mis en état d'aller plutôt et plus sçavant au College
, et parconsequent d'entrer plutôt à l'Académie
pour y faire tous ses exercices ; avantage
considerable pour la jeunesse destinée et appellée
au noble et glorieux métier des Armes. Ce seul
motifpourra déterminer les gens de guerre en fa
veur du nouveau Systême. J'ajoûterai que si les
Ecoles , comme vous le dites , ne visent proprement
.qu'au Latin , et qu'on néglige quasi tout le
reste dans les meilleurs Colleges , on ne doit pas
G iiij être
136 MERCURE DE FRANCE
être surpris de trouver si peu de science et de sçavoir
dans le grand nombre des Etudians , mais à
qui en est la faute ? N'est - ce pas le préjugé de la
Méthode vulgaire qui cause ce malheur ? Il seroit
donc mieux de faire étudier un peu plus les,
choses en faisant étudier les mois , et nous sommes
encore d'accord là - dessus .
A l'égard des Princes et des grands Seigneurs ,
on peut dire qu'ils sentent aujourd'hui plus que
jamais , l'importance de la premieré éducation .
L'esprit méthodique et philosophique a ses Partisans
à la Cour et à la Ville , l'on n'attend plus
l'âge de sept ans pour apprendre aux jeunes Princes
les premiers élemens des Lettres et de l'Histoire
. Il reste au surplus une question importante
à examiner , sçavoir si le choix d'un Précep
teur pour la premiere enfance jusqu'à l'âge de
à 14. 15. ans, est de plus grande importance que
le choix d'un Gouverneur pour unjeune homme
de Is. à 20. ans ; je vous prie d'agréer que ce
soit pour une autre fois, et de me croire avec, & c.
en Auvergne , sur le Systême du Burens
Typographique.
Q
Uand il seroit vrai , M. que l'éducation
des Enfans se réduiroit à faire le cours ordinaire
des Classes et à sçavoir un peu le Latin
et de Grec , il ne s'ensuivroit pas qu'il fût inutile
G iij
de
134 MERCURE DE FRANCE
commencer de bonne heure l'institution de la
premiere enfance . Je vous prie de lire dans le
premier volume de la Bibliotheque des Enfans ,
Particle premier et l'article second ; qui traitent
cette question . Les préparatifs et les dépenses
que l'on fait de bons Sujets aux Régens des basses
Classes , influent , n'en doutez pas , dans les
plus hautes , dans tous les exercices et dans toute
la vie . Ne contez - vous pour rien , M. de pouvoir
briller parmi ses Camarades , de pouvoir
remporter les premiers Prix , d'obtenir les premieres
places , et d'avoir ensuite du goût pour
tout ce que l'on fait ? Or un enfant qui aura
appris de bonne heure les élemens des Lettres par
le Systême du Bureau Typographique , cet enfant
sera plutôt en état d'acquerir ce goût , il sera
moins exposé à l'ennui et au dégoût de la plupart
des autres Ecoliers enseignez d'abord par la
Méthode ordinaire , cet enfant instruit de bonne
heure et jeune , sera en état , si les parens les
souhaitent , de doubler quelques Classes pour se
rendre encore plus fort dans tous ses exercices.
On pourra pour lors s'appliquer à bien d'autres
choses qu'à son Latin , et il n'y a point de parens
qui n'en soient bien aises.
Un Ecolier fort et diligent , trouve dans les
basses Classes le temps d'apprendre à écrire et
P'Arithmetique ; dans d'autres Classes le Dessein
le Blason et la Géographie viennent à propos
pour perfectionner l'étude de l'Histoire et de la
Chronologie , qu'on fera dans toutes les Classes ;
les Méchaniques et la Physique experimentale ,
pourront instruire et amuser les enfans, il ne s'agit
que de choisir à propos le temps et les matieres.
Dans le cours de Philosophie le moral conduic
au Droit des Gens et au Droit Public ; l'on trou-
C
20
V
E
ye
JANVIER.
135
1734.
Semaine
ve sur ces matieres et sur les interêts des Princes, >
des Textes Latins et François , propres à occuper,
à instruire et à former un jeune homme pendant
dix ans de College . Vous verrez , M. dans
le premier volume , article XIV . pag. 119.
qu'une Gazette de France , préparée par
est le meilleur Texte François que l'on puisse
donner à un jeune Seigneur. Ce Texte vivant est
le plus instructif , le plus varié et le plus agrable
que l'on puisse trouver pour la réunion et la
complication des idées philosophiques . On passe
peu à peu à la Gazette d'Hollande , au Mercure
Historique , au Mercure de France , au Journal de
Verdun , au Journal des Sçavans , et à tous les
Ouvrages périodiques , que l'on apprendra à par
courir chaque mois , afin que le jeune homme, se
fortifiant peu à peu sur cet exercice , se mette on
état d'en tirer avantage pour toute sa vie . Il est
vrai que puur lors en élevant les enfans on leur
donneroit les premieres notions des Arts et des
Sciences et vous convenez , M. en ce cas là de
toute la bonté du Systême Typographique. Vous
pourrez voir plus au long dans l'article XI. du
premier vol . p . 91. le détail des avantages du
Systême Typographique , vous y trouverez N°.
38. que l'enfant du Bureau Typographique est
mis en état d'aller plutôt et plus sçavant au College
, et parconsequent d'entrer plutôt à l'Académie
pour y faire tous ses exercices ; avantage
considerable pour la jeunesse destinée et appellée
au noble et glorieux métier des Armes. Ce seul
motifpourra déterminer les gens de guerre en fa
veur du nouveau Systême. J'ajoûterai que si les
Ecoles , comme vous le dites , ne visent proprement
.qu'au Latin , et qu'on néglige quasi tout le
reste dans les meilleurs Colleges , on ne doit pas
G iiij être
136 MERCURE DE FRANCE
être surpris de trouver si peu de science et de sçavoir
dans le grand nombre des Etudians , mais à
qui en est la faute ? N'est - ce pas le préjugé de la
Méthode vulgaire qui cause ce malheur ? Il seroit
donc mieux de faire étudier un peu plus les,
choses en faisant étudier les mois , et nous sommes
encore d'accord là - dessus .
A l'égard des Princes et des grands Seigneurs ,
on peut dire qu'ils sentent aujourd'hui plus que
jamais , l'importance de la premieré éducation .
L'esprit méthodique et philosophique a ses Partisans
à la Cour et à la Ville , l'on n'attend plus
l'âge de sept ans pour apprendre aux jeunes Princes
les premiers élemens des Lettres et de l'Histoire
. Il reste au surplus une question importante
à examiner , sçavoir si le choix d'un Précep
teur pour la premiere enfance jusqu'à l'âge de
à 14. 15. ans, est de plus grande importance que
le choix d'un Gouverneur pour unjeune homme
de Is. à 20. ans ; je vous prie d'agréer que ce
soit pour une autre fois, et de me croire avec, & c.
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Résumé : RÉPONSE à la Lettre de Clermont en Auvergne, sur le Systême du Bureau Typographique.
Le texte est une réponse à une lettre discutant de l'éducation des enfants et de l'utilité du système du Bureau Typographique. L'auteur affirme que l'éducation des enfants ne doit pas se limiter à l'apprentissage du latin et du grec, mais doit commencer dès le plus jeune âge. Il recommande de consulter la 'Bibliothèque des Enfants' pour des arguments détaillés. Les préparatifs et les dépenses pour les régents des classes inférieures influencent les performances ultérieures des élèves. L'auteur souligne que les enfants instruits tôt par le système typographique acquièrent un goût pour l'apprentissage, évitent l'ennui, et peuvent doubler des classes pour progresser plus rapidement. Un écolier diligent peut ainsi apprendre à écrire, l'arithmétique, le dessin, la géographie, les mécaniques, et la physique expérimentale, en fonction des classes. Dans le cours de philosophie, les matières morales conduisent au droit des gens et au droit public. L'auteur suggère d'utiliser des textes latins et français, comme la Gazette de France, pour instruire et former les jeunes pendant dix ans de collège. Il passe ensuite à d'autres journaux et ouvrages périodiques pour renforcer les compétences des élèves. L'auteur conclut que le système typographique permet aux enfants d'entrer plus tôt à l'Académie et de se préparer au métier des armes. Il critique la méthode vulgaire qui néglige les sciences et les arts, et note que les princes et grands seigneurs reconnaissent aujourd'hui l'importance de la première éducation. Une question importante reste à examiner : l'importance du choix d'un précepteur pour la première enfance par rapport à celle d'un gouverneur pour un jeune homme.
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7
p. 1288-1290
Nouveaux Termometres, &c. [titre d'après la table]
Début :
Nous croyons faire pla[i]sir au Public, en profitant de cette occasion, pour lui [...]
Mots clefs :
Abbé Nollet, Expériences, Cours, Thermomètres
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texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Termometres, &c. [titre d'après la table]
Nous croyons faire plassir au Public ,
en profitant de cette occasion › pour lui
apprendre que M. l'Abbé Nollet , qui
demeure rue du Mouton près la Gréve ,
vis- à- vis les Pilliers du S. Esprit , s'est
chargé de faire des Thermométres de
toutes grandeurs sur les principes de
M. de Reaumur. Personne n'étoit plus
propre que lui à leur donner toute la
précision qu'ils doivent avoir ; la dexterité
et le génie de M. l'Abbé Nollet sont déja
connus par les Globes d'un pied de
diamétre qu'il a fait graver,et qu'il débite
depuis peu. Outre qu'ils sont les plus
exacts de tous ceux qui ont paru jusques
ici , ils sont vernis avec un goût et une
II Vo!. enJUIN.
1734. 1289
entente qui ne servent pas seulement à
les embellir ; les vernis colorez bien menagez
font paroître les Etoiles sur le
Globe céleste comme elles paroissent dans
le Ciel : les constellations ne s'y trouvent
marquées qu'autant qu'il faut pour ne
pas empêcher de bien voir les positions
des Etoiles. Enfin M. l'Abbé Nollet
exécute avec beaucoup d'art toutes les
Machines et les Instrumens qui peuvent
servir aux plus curieuses expériences de
Physique, comme les Machines Pneumatiques
, les Microscopes &c . Aussi depuis
que M. Pitot est devenu Pensionnaire de
l'Académie , c'est M. l'Abbé Nollet qui
travaille dans le Laboratoire de l'Acadé .
mie aux recherches et aux expériences
qui lui sont prescrites par M. de Reaumur.
Ceux qui aiment la Physique seront
encore bien aíses d'apprendre que M. l'Abbé
Nollet fait chez lui des cours d'expériences
comme on en fait en Angleterre
et en Hollande . Dans 18 à 20 séances il
fait les expériences les plus singulieres et
les plus propres à expliquer les principaux
Phénoménes de la nature . Il commence
un cours pour sept à huit Auditeurs
et il est bien aise de n'en avoir pas
davantage à chaque cours , afin que les
II. Vol.
B v
expé1290
MERCURE DE FRANCE
expériences puissent être mieux vuës et ›
mieux entendues par ceux aux yeux desquels
on les expose.
en profitant de cette occasion › pour lui
apprendre que M. l'Abbé Nollet , qui
demeure rue du Mouton près la Gréve ,
vis- à- vis les Pilliers du S. Esprit , s'est
chargé de faire des Thermométres de
toutes grandeurs sur les principes de
M. de Reaumur. Personne n'étoit plus
propre que lui à leur donner toute la
précision qu'ils doivent avoir ; la dexterité
et le génie de M. l'Abbé Nollet sont déja
connus par les Globes d'un pied de
diamétre qu'il a fait graver,et qu'il débite
depuis peu. Outre qu'ils sont les plus
exacts de tous ceux qui ont paru jusques
ici , ils sont vernis avec un goût et une
II Vo!. enJUIN.
1734. 1289
entente qui ne servent pas seulement à
les embellir ; les vernis colorez bien menagez
font paroître les Etoiles sur le
Globe céleste comme elles paroissent dans
le Ciel : les constellations ne s'y trouvent
marquées qu'autant qu'il faut pour ne
pas empêcher de bien voir les positions
des Etoiles. Enfin M. l'Abbé Nollet
exécute avec beaucoup d'art toutes les
Machines et les Instrumens qui peuvent
servir aux plus curieuses expériences de
Physique, comme les Machines Pneumatiques
, les Microscopes &c . Aussi depuis
que M. Pitot est devenu Pensionnaire de
l'Académie , c'est M. l'Abbé Nollet qui
travaille dans le Laboratoire de l'Acadé .
mie aux recherches et aux expériences
qui lui sont prescrites par M. de Reaumur.
Ceux qui aiment la Physique seront
encore bien aíses d'apprendre que M. l'Abbé
Nollet fait chez lui des cours d'expériences
comme on en fait en Angleterre
et en Hollande . Dans 18 à 20 séances il
fait les expériences les plus singulieres et
les plus propres à expliquer les principaux
Phénoménes de la nature . Il commence
un cours pour sept à huit Auditeurs
et il est bien aise de n'en avoir pas
davantage à chaque cours , afin que les
II. Vol.
B v
expé1290
MERCURE DE FRANCE
expériences puissent être mieux vuës et ›
mieux entendues par ceux aux yeux desquels
on les expose.
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Résumé : Nouveaux Termometres, &c. [titre d'après la table]
L'Abbé Nollet, résidant rue du Mouton près la Grève, fabrique des thermomètres de toutes tailles selon les principes de M. de Reaumur. Il est renommé pour sa précision et son génie, notamment à travers les globes célestes qu'il grave et vend. Ces globes sont les plus exacts et sont vernis pour faire apparaître les étoiles comme dans le ciel réel. L'Abbé Nollet construit également divers instruments de physique, tels que des machines pneumatiques et des microscopes. Depuis que M. Pitot est devenu pensionnaire de l'Académie, l'Abbé Nollet travaille dans le laboratoire de l'Académie pour M. de Reaumur. De plus, il propose des cours d'expériences physiques chez lui, similaires à ceux donnés en Angleterre et en Hollande. Chaque cours, limité à sept ou huit auditeurs, comprend 18 à 20 séances présentant des expériences singulières et explicatives des phénomènes naturels.
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8
p. 212-214
AUTRE.
Début :
Dans le mois de Décembre dernier, M. Philippe a ouvert un cours d'histoire [...]
Mots clefs :
Cours, Histoire, Premiers peuples, Grands Empires, Lectures, Vies des princes, Éducation à la citoyenneté, Bien public, Royaume de France
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
DANS le mois de Décembre dernier , M. Philippe
a ouvert un cours d'hiftoire qu'il a diviſé en
deux parties. L'hiftoire ancienne & la moderne ' ;
la premiere l'a occupé jufqu'au mois de Septembre
de cette année . Il y a fuivi le développement
des premiers peuples , dès l'origine & la décadence
des quatre grands empires , celui des Babyloniens
, des Perfes , des Grecs , & enfin celui des
DECEMBRE . 1758. 213
Bomains. Que de chofes à apprendre que de
réflexions à faire ! fauffement le perfuaderoit- on
que de bonnes lectures fuffifent pour apprendre
l'hiftoire . Après des lectures immenfes , on n'a
aucune idée nette ; la mémoire eft chargée de
beaucoup de faits , & on les confond. I eft
donc néceffaire d'être conduit par un Mentor
fage & éclairé , qui fcache préfenter des époques
fixes à l'efprit de fon éleve. Pour aller fans gui
de , il faudroit lire les différentes hiftoires du
même fiecle toute à la fois ; les mémoires , les
gazettes , les relations , les vies des Princes , des
particuliers , iroient de pair avec les faites les
plus authentiques . Eh ! qui pouvoit entreprendre
une étude aufli pénible , auffi rebutante.
La feconde partie de ce cours dont le projet
mérite les éloges qu'on peut donner à un bon
Citoyen , & dont l'exécution doit attirer les regards
de ceux qui s'intéreffent le plus au bien public
, commencera le 19 Novembre à 10 heures;
du matin , chez M. Philippe , rue de la Harpe
vis -à - vis la rue des Deux - Portes. Il y traitera
l'hiftoire moderne , les incurfions des Barbares
defcendus du Nord , la Religion de Mahomet
qui , comme un torrent , s'eft répandue fur l'Europe
, l'Afie & l'Afrique ; le démembrement total
de l'Empire Romain l'occuperont quelque temps.
Puis parcourant l'hiftoire de tous les Peuples exiftans
, il s'arrêtera fur celle du Royaume de Fran ,
ce. Que de chofes n'aura-t'il pas à dire ? Nos
moeurs , hos ufages anciens , de religion , de gou
vernement , de fociété , la perfection des Arts , les
grands Hommes en tout genre .... Quelle mul
titude étonnante de faits , de victoires , de vertus
n'aura-t'il pas à raconter ? Heureux s'il pouvoit
paffer fous filence l'entrevue du pont de Monte
r14 MERCURE DE FRANCE.
reau , les duels , le traité de Madrid , la paix de
Cambrai , la Ligue , la S. Barthelemi , la Fronde ,
&c. & c.
DANS le mois de Décembre dernier , M. Philippe
a ouvert un cours d'hiftoire qu'il a diviſé en
deux parties. L'hiftoire ancienne & la moderne ' ;
la premiere l'a occupé jufqu'au mois de Septembre
de cette année . Il y a fuivi le développement
des premiers peuples , dès l'origine & la décadence
des quatre grands empires , celui des Babyloniens
, des Perfes , des Grecs , & enfin celui des
DECEMBRE . 1758. 213
Bomains. Que de chofes à apprendre que de
réflexions à faire ! fauffement le perfuaderoit- on
que de bonnes lectures fuffifent pour apprendre
l'hiftoire . Après des lectures immenfes , on n'a
aucune idée nette ; la mémoire eft chargée de
beaucoup de faits , & on les confond. I eft
donc néceffaire d'être conduit par un Mentor
fage & éclairé , qui fcache préfenter des époques
fixes à l'efprit de fon éleve. Pour aller fans gui
de , il faudroit lire les différentes hiftoires du
même fiecle toute à la fois ; les mémoires , les
gazettes , les relations , les vies des Princes , des
particuliers , iroient de pair avec les faites les
plus authentiques . Eh ! qui pouvoit entreprendre
une étude aufli pénible , auffi rebutante.
La feconde partie de ce cours dont le projet
mérite les éloges qu'on peut donner à un bon
Citoyen , & dont l'exécution doit attirer les regards
de ceux qui s'intéreffent le plus au bien public
, commencera le 19 Novembre à 10 heures;
du matin , chez M. Philippe , rue de la Harpe
vis -à - vis la rue des Deux - Portes. Il y traitera
l'hiftoire moderne , les incurfions des Barbares
defcendus du Nord , la Religion de Mahomet
qui , comme un torrent , s'eft répandue fur l'Europe
, l'Afie & l'Afrique ; le démembrement total
de l'Empire Romain l'occuperont quelque temps.
Puis parcourant l'hiftoire de tous les Peuples exiftans
, il s'arrêtera fur celle du Royaume de Fran ,
ce. Que de chofes n'aura-t'il pas à dire ? Nos
moeurs , hos ufages anciens , de religion , de gou
vernement , de fociété , la perfection des Arts , les
grands Hommes en tout genre .... Quelle mul
titude étonnante de faits , de victoires , de vertus
n'aura-t'il pas à raconter ? Heureux s'il pouvoit
paffer fous filence l'entrevue du pont de Monte
r14 MERCURE DE FRANCE.
reau , les duels , le traité de Madrid , la paix de
Cambrai , la Ligue , la S. Barthelemi , la Fronde ,
&c. & c.
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Résumé : AUTRE.
En décembre dernier, M. Philippe a lancé un cours d'histoire en deux parties. La première partie, terminée en septembre, a traité des premiers peuples et de la décadence des empires babylonien, perse, grec et romain. M. Philippe a insisté sur la nécessité d'un guide pour structurer l'apprentissage historique, les lectures seules étant souvent confuses et inefficaces. La seconde partie débutera le 19 novembre à 10 heures chez M. Philippe, rue de la Harpe. Elle se concentrera sur l'histoire moderne, couvrant les invasions des Barbares, la religion de Mahomet, le démembrement de l'Empire Romain et l'histoire des peuples existants, avec un accent sur le Royaume de France. Le cours abordera les mœurs, les usages anciens, les aspects religieux, gouvernementaux et sociaux, ainsi que les arts et les grands hommes. M. Philippe évitera les sujets controversés tels que l'entrevue du pont de Montereau, les duels, le traité de Madrid, la paix de Cambrai, la Ligue, la Saint-Barthélemy et la Fronde.
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9
p. 202-203
DE LA HAYE, le 8 Avril.
Début :
On se flatte que la Pacification générale n'est pas aussi éloignée qu'on en pourroit juger, [...]
Mots clefs :
Pacification, Préparatifs , États-généraux, Congrès, Traités, Cours, Souverains d'Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 8 Avril.
De LA HAYE , le 8 Avril..
On fe fatte que la Pacification générale n'eft
pas auffi éloignée qu'on en pourroit juger , par les
grands préparatifs le guerre qui fe font partout.
Les Etats- Généraux i oublient rien pour contribuer
à la réuflite de cette Pacification. Ils ont offert
, pour la tenue d'un Congrès , la Ville de
Bre la , qui leur paroît très- convenable par les
' différens Traités qui y ont été déjà heureuſemem
négociés & conclus.
Le bruit fe répand que les Cours de Verfailles
, de Vienne , & de Pétersbourg , ne font point
éloignées d'acquiefcer au Congrès. Mais elles
M A I. 1760. 203
ont demandé que les Cours de Suéde & de Saxe ,
y foient auffi invitées par les Rois d'Angleterre &
de Pruffe.
On fe fatte que la Pacification générale n'eft
pas auffi éloignée qu'on en pourroit juger , par les
grands préparatifs le guerre qui fe font partout.
Les Etats- Généraux i oublient rien pour contribuer
à la réuflite de cette Pacification. Ils ont offert
, pour la tenue d'un Congrès , la Ville de
Bre la , qui leur paroît très- convenable par les
' différens Traités qui y ont été déjà heureuſemem
négociés & conclus.
Le bruit fe répand que les Cours de Verfailles
, de Vienne , & de Pétersbourg , ne font point
éloignées d'acquiefcer au Congrès. Mais elles
M A I. 1760. 203
ont demandé que les Cours de Suéde & de Saxe ,
y foient auffi invitées par les Rois d'Angleterre &
de Pruffe.
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Résumé : DE LA HAYE, le 8 Avril.
Le 8 avril 1760, les États-Généraux des Provinces-Unies cherchent à pacifier la région malgré les préparatifs de guerre. Ils proposent Breda pour un congrès. Les cours de Versailles, Vienne et Pétersbourg pourraient accepter, à condition que les cours de Suède et de Saxe soient invitées par les rois d'Angleterre et de Prusse.
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10
p. 206
« M. Maclot commencera le 16 Novembre 1760, à trois heures après-midi, un nouveau [...] »
Début :
M. Maclot commencera le 16 Novembre 1760, à trois heures après-midi, un nouveau [...]
Mots clefs :
Cours, Géographie, Tout public, Gratuité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. Maclot commencera le 16 Novembre 1760, à trois heures après-midi, un nouveau [...] »
M. MACLOT commencera le 16 Novembre
1760 , à trois heures après-midi , un nouveau
Cours de Géographie public & gratuit , qu'il continuera
Fêtes & Dimanches depuis pareille heure
jufqu'à celle de quatre & demie. Sa demeure actuelle
eft au Caffé du Fort , qui fait le coin des
rues de la Verrerie & des Arcis , & face à celle des
Lombards. Il fe fervira pour ces Leçons des Inftitutions
abrégées de Géographie qu'il a données au
Public l'année derniere , & dont nous avons dans
le temps rendu compte. Il donne des Leçons particuliéres
, tant de Géographie que de Mathémati
ques. Les Inftitutions abrégées de Géographie fe
trouvent à Paris , chez Vincent , rue & vis- à- vis.
Saint Severin , àl'Ange.
1760 , à trois heures après-midi , un nouveau
Cours de Géographie public & gratuit , qu'il continuera
Fêtes & Dimanches depuis pareille heure
jufqu'à celle de quatre & demie. Sa demeure actuelle
eft au Caffé du Fort , qui fait le coin des
rues de la Verrerie & des Arcis , & face à celle des
Lombards. Il fe fervira pour ces Leçons des Inftitutions
abrégées de Géographie qu'il a données au
Public l'année derniere , & dont nous avons dans
le temps rendu compte. Il donne des Leçons particuliéres
, tant de Géographie que de Mathémati
ques. Les Inftitutions abrégées de Géographie fe
trouvent à Paris , chez Vincent , rue & vis- à- vis.
Saint Severin , àl'Ange.
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Résumé : « M. Maclot commencera le 16 Novembre 1760, à trois heures après-midi, un nouveau [...] »
M. Maclot lancera un cours de géographie gratuit le 16 novembre 1760 à 15 heures, les jours fériés et dimanches jusqu'à 16h30. Il réside au Café du Fort et utilise ses 'Institutions abrégées de Géographie'. Il propose aussi des leçons particulières en géographie et mathématiques. Son ouvrage est disponible chez Vincent, rue Saint-Séverin.
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11
p. 205-208
COURS DE GEOGRAPHIE, contenant des Principes généraux, Mathématiques & Physiques, sur cette Science. Par M. BONNE, Maitre de Mathématiques, & de la Société Littéraire-Militaire.
Début :
Ce Cours a été donné pour la premiere fois, dans le mois de Juin & de [...]
Mots clefs :
Géographie, Cours, Éducation, Terre, Ciel, Soleil, Mouvement des astres, Rotation de la terre, Couches terrestres, Matières, Cartes géographiques, Navigation, Capitales, États, Séances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COURS DE GEOGRAPHIE, contenant des Principes généraux, Mathématiques & Physiques, sur cette Science. Par M. BONNE, Maitre de Mathématiques, & de la Société Littéraire-Militaire.
COURS DE GEOGRAPHIE , contenant des Principes
généraux , Mathématiques & Physiques ,
fur cette Science . Par M. BONNE , Maitre de
Mathématiques , & de la Société Littéraire-
Militaire.
Ce Cours a été donné pour la premiere fois ,
dans le mois de Juin & de Juillet dernier . L'accueil
favorable qu'il a reçu , engage à l'annoncer
de nouveau dans un temps où beaucoup de monde
eſt toujours hors de la Capitale , il a été
rempli bien au- delà de l'attente de l'Auteur ; &
depuis on le fait entrer dans l'éducation de plufeurs
jeunes perfonnes de l'un & de l'autre fexe.
Ainfi l'Auteur ne peut que fe féliciter de ce qu'il
s'eft occupé d'objets que le Public trouve agréa
bles & intéreffans .
La premiere Leçon de ce Cours , ſera remplie
par des Obfervations générales fur les principaux
objets de la furface de la Terre , afin de reconnoître
ces mêmes objets , qui doivent fournir la
matière de nos entretiens . Nous nous occuperons
enfuite de la figure qu'on a dû attribuer à la
Terre , & de fa fituation par rapport au Ciel ;
puis il fera traité des mouvemens du Soleil &
des mouvemens de la Lune , de même que ceux
des autres Corps Céleftes. En un mot , aucun
principe utile de la Sphère , relativement à la
Géographie , ne fera oublié.
Après avoir expofé les mouvemens des Aſtres,
tels que les apparences nous les montrent, nous
ferons voir qu'ils s'expliquent avec beaucoup de
facilité , dans le fyftême qui fait mouvoir la Terre
autour du Soleil en un an , & fur elle -même en
vingt - quatre heures. Cette hypothèſe , ſi ç'en eſt
ane,paroît contenir levrai Méchanifme des moi
206 MERCURE DE FRANCE.
vemens Céleftes ; ainfi elle nous occupera d'une
manière intérellante & avantageufe. D'ailleurs ,
nous aurons recours par la fuite aux mouvemens
de notre globe,pour expliquer fon applatiſſement.
La Géographie Phyfique commencera par un
examen réfléchi des couches de la terre & de leur
nature , des Coquillages & des autres corps étrangers
renfermés dans ces couches. Enfuite nous
nous occuperons des montagnes & des vallées,
des carriéres & des mines , de l'origine des fontaines
& du mouvement des eaux des fleuves : puis
fuivra le détail des principaux effets que les eaux
courantes produiſent ſur la ſurface de la terre .
Après ces chofes , l'enchaînement des matiéres
demande que nous nous entretenions des lacs , de
même que les eaux de la mer & de leur nature.
Avant que d'abandonner ce fujet , nous explique
rons comment l'action de la Lune & celle du Soleil
, produifent le flux & le reflux de la mer . Les
courans , les vents réglés , les vents variables , les
ouragans , &c , feront auffi un des objets de nos
Leçons. Et comme les Vents influent confidérablement
fur la température des climats , ils nous
donneront occafion d'expliquer les cauſes des dif
férences qui fe font reffentir dans le froid , en
divers endroits fitués fur le même parallèle. Enfuite
nous décrirons les principales altérations
que les mouvemens de la Mer & les vents produifent
fur notre globe. De là nous pafférons aux
effets des Volcans & à leur caufe : puis il fera
parlé des tremblemens de Terre fur lefquels
nous expoferons les différentes explications que
les Phyficiens donnent de ces terribles agitations,
qui femblent vouloir détruire notre séjour.
Nous développerons enfuite la caufe des diverfes
longueurs du Pendule aux différentes latisudes.
Après viendra la détermination des die
DECEMBRE. 1760. 207
menfions de la Tèrre , tant par le raiſonnement
que d'après les mefures . La diminution des de
grés des parallèles , aux différentes latitudes , fera
auffi donnée , de même que les inégalités des
degrés des Méridiens , qui fur un globe exact ,
feroient tous égaux entr'eux .
La Leçon précédente nous conduira avec ordre
à la manière de dreffer les Cartes ; chacun fe ferr
de ces repréſentations des Contrées de la Terre ,
& peu de perfonnes foupçonnent l'art avec lequel
elles font faites. L'avantage des Cartes dont les
Parallèles font des Courbes , qui coupent les Mé
ridiens perpendiculairement , fera mis dans tout
fon jour. La projection des Mappemondes que
nous expliquerons , fera celle où les degrés des
Méridiens & ceux des parallèles , font partout
exactement dans le rapport qu'ils ont fur le globe.
Enfin , la manière de dreffer les Cartes Marines
ou réduites , ne fera pas oubliée.
Avec la folution des Problèmes du pilotage ,
qui entre naturellement dans le plan de ce Cours ;
feront exposés fuccinctement & clairement , les
divers moyens que les Marins employent pour fe
conduire fur l'Elément liquide , prèſque auffi fûrement
que s'ils voyageoient fur la Terre. L'art de
fe diriger en Mer nous fera parler de la Bouffole
de la déclinaifon de l'aiguille aimantée , & de fon
inclinaison : ce qui donnera lieu d'expliquer com
ment on peut avec cet inftrument , trouver àpeu-
près les longitudes fur Mer.
Ce Cours fera terminé par une Analyfe de la
Géographie Politique , qui contiendra les Capi
tales des principaux Etats , les moeurs des habitans
de chaque contrée , les principales produc
tions qui s'y trouvent , & le commerce qu'on y
Fait. On arrête ordinairement fur ce fujet feul
qui nous occupera quelques jours , les jeunes gens
208 MERCURE DE FRANCE.
plufieurs mois de fuite. Pour cela , on les oblige
de retenir quantité de noms de lieux peu contidérables
, qu'ils oublient prèſque auffitôt , & on
s'amufe à leur expliquer nombre de chofes , qui
pour les bien entendre , exigent à peine d'être
lues. Il nous a paru qu'il fuftifoit dans ce cas
d'avoir l'intelligence de la matière & la manière
de l'étudier. C'eft au defir de fçavoir , joint à la
lecture de quelques bons ouvrages fur la Géographie
, & furtout à celle des Voyageurs & des
Hiftoriens , qu'il faut laiffer faire le refte.
Dans l'explication des différens effets de la Nature
,qui feront l'objet de ces Leçons , nous n'embrafferons
aucun fyftême , & il ne fera employé ,
que des raifonnemens familiers , palpables , & à
fa portée de tout le monde. Les faits connus ,
analyfés & difcutés , feront les feuls guides que
nous nous permettrons de fuivre ; ainfi nos entretiens
feront plus vrais que brillants , plus utiles
que merveilleux. La peine des calculs , lorfque la
matière l'a exigée , n'a point été épargnée : comme
ils pourroient n'être point à la portée des Auditeurs
, nous n'en donnerons que les réfultats ,
en laiffant voir les principes fur lesquels ils font
fondés ; ce qui mettra en état de jouir du fruit de
ces Calculs , fans avoir eu la peine d'en effuyer
les difficultés.
Ce Cours fera compofé de vingt féances , qui
fe tiendront les Mardi , Jeudi & Samedi de chaque
femaine. Nous prendrons l'heure la plus
commode au plus grand nombre de Soufcripreurs.
L'ouverture s'en fera le Jeudi 8 Janvier
1761 , & il continuera jufqu'au 24 ou 26 Fevrier.
Il en coûtera 48 livres pour chaque perfonne ,
On fe fera infcrire avant que le Cours commence
, chez M. BONNE , Maître en Mathémariques
, rue Mazarine , près la rue Guénégaud
à'Hôtel Saint Jofeph,
généraux , Mathématiques & Physiques ,
fur cette Science . Par M. BONNE , Maitre de
Mathématiques , & de la Société Littéraire-
Militaire.
Ce Cours a été donné pour la premiere fois ,
dans le mois de Juin & de Juillet dernier . L'accueil
favorable qu'il a reçu , engage à l'annoncer
de nouveau dans un temps où beaucoup de monde
eſt toujours hors de la Capitale , il a été
rempli bien au- delà de l'attente de l'Auteur ; &
depuis on le fait entrer dans l'éducation de plufeurs
jeunes perfonnes de l'un & de l'autre fexe.
Ainfi l'Auteur ne peut que fe féliciter de ce qu'il
s'eft occupé d'objets que le Public trouve agréa
bles & intéreffans .
La premiere Leçon de ce Cours , ſera remplie
par des Obfervations générales fur les principaux
objets de la furface de la Terre , afin de reconnoître
ces mêmes objets , qui doivent fournir la
matière de nos entretiens . Nous nous occuperons
enfuite de la figure qu'on a dû attribuer à la
Terre , & de fa fituation par rapport au Ciel ;
puis il fera traité des mouvemens du Soleil &
des mouvemens de la Lune , de même que ceux
des autres Corps Céleftes. En un mot , aucun
principe utile de la Sphère , relativement à la
Géographie , ne fera oublié.
Après avoir expofé les mouvemens des Aſtres,
tels que les apparences nous les montrent, nous
ferons voir qu'ils s'expliquent avec beaucoup de
facilité , dans le fyftême qui fait mouvoir la Terre
autour du Soleil en un an , & fur elle -même en
vingt - quatre heures. Cette hypothèſe , ſi ç'en eſt
ane,paroît contenir levrai Méchanifme des moi
206 MERCURE DE FRANCE.
vemens Céleftes ; ainfi elle nous occupera d'une
manière intérellante & avantageufe. D'ailleurs ,
nous aurons recours par la fuite aux mouvemens
de notre globe,pour expliquer fon applatiſſement.
La Géographie Phyfique commencera par un
examen réfléchi des couches de la terre & de leur
nature , des Coquillages & des autres corps étrangers
renfermés dans ces couches. Enfuite nous
nous occuperons des montagnes & des vallées,
des carriéres & des mines , de l'origine des fontaines
& du mouvement des eaux des fleuves : puis
fuivra le détail des principaux effets que les eaux
courantes produiſent ſur la ſurface de la terre .
Après ces chofes , l'enchaînement des matiéres
demande que nous nous entretenions des lacs , de
même que les eaux de la mer & de leur nature.
Avant que d'abandonner ce fujet , nous explique
rons comment l'action de la Lune & celle du Soleil
, produifent le flux & le reflux de la mer . Les
courans , les vents réglés , les vents variables , les
ouragans , &c , feront auffi un des objets de nos
Leçons. Et comme les Vents influent confidérablement
fur la température des climats , ils nous
donneront occafion d'expliquer les cauſes des dif
férences qui fe font reffentir dans le froid , en
divers endroits fitués fur le même parallèle. Enfuite
nous décrirons les principales altérations
que les mouvemens de la Mer & les vents produifent
fur notre globe. De là nous pafférons aux
effets des Volcans & à leur caufe : puis il fera
parlé des tremblemens de Terre fur lefquels
nous expoferons les différentes explications que
les Phyficiens donnent de ces terribles agitations,
qui femblent vouloir détruire notre séjour.
Nous développerons enfuite la caufe des diverfes
longueurs du Pendule aux différentes latisudes.
Après viendra la détermination des die
DECEMBRE. 1760. 207
menfions de la Tèrre , tant par le raiſonnement
que d'après les mefures . La diminution des de
grés des parallèles , aux différentes latitudes , fera
auffi donnée , de même que les inégalités des
degrés des Méridiens , qui fur un globe exact ,
feroient tous égaux entr'eux .
La Leçon précédente nous conduira avec ordre
à la manière de dreffer les Cartes ; chacun fe ferr
de ces repréſentations des Contrées de la Terre ,
& peu de perfonnes foupçonnent l'art avec lequel
elles font faites. L'avantage des Cartes dont les
Parallèles font des Courbes , qui coupent les Mé
ridiens perpendiculairement , fera mis dans tout
fon jour. La projection des Mappemondes que
nous expliquerons , fera celle où les degrés des
Méridiens & ceux des parallèles , font partout
exactement dans le rapport qu'ils ont fur le globe.
Enfin , la manière de dreffer les Cartes Marines
ou réduites , ne fera pas oubliée.
Avec la folution des Problèmes du pilotage ,
qui entre naturellement dans le plan de ce Cours ;
feront exposés fuccinctement & clairement , les
divers moyens que les Marins employent pour fe
conduire fur l'Elément liquide , prèſque auffi fûrement
que s'ils voyageoient fur la Terre. L'art de
fe diriger en Mer nous fera parler de la Bouffole
de la déclinaifon de l'aiguille aimantée , & de fon
inclinaison : ce qui donnera lieu d'expliquer com
ment on peut avec cet inftrument , trouver àpeu-
près les longitudes fur Mer.
Ce Cours fera terminé par une Analyfe de la
Géographie Politique , qui contiendra les Capi
tales des principaux Etats , les moeurs des habitans
de chaque contrée , les principales produc
tions qui s'y trouvent , & le commerce qu'on y
Fait. On arrête ordinairement fur ce fujet feul
qui nous occupera quelques jours , les jeunes gens
208 MERCURE DE FRANCE.
plufieurs mois de fuite. Pour cela , on les oblige
de retenir quantité de noms de lieux peu contidérables
, qu'ils oublient prèſque auffitôt , & on
s'amufe à leur expliquer nombre de chofes , qui
pour les bien entendre , exigent à peine d'être
lues. Il nous a paru qu'il fuftifoit dans ce cas
d'avoir l'intelligence de la matière & la manière
de l'étudier. C'eft au defir de fçavoir , joint à la
lecture de quelques bons ouvrages fur la Géographie
, & furtout à celle des Voyageurs & des
Hiftoriens , qu'il faut laiffer faire le refte.
Dans l'explication des différens effets de la Nature
,qui feront l'objet de ces Leçons , nous n'embrafferons
aucun fyftême , & il ne fera employé ,
que des raifonnemens familiers , palpables , & à
fa portée de tout le monde. Les faits connus ,
analyfés & difcutés , feront les feuls guides que
nous nous permettrons de fuivre ; ainfi nos entretiens
feront plus vrais que brillants , plus utiles
que merveilleux. La peine des calculs , lorfque la
matière l'a exigée , n'a point été épargnée : comme
ils pourroient n'être point à la portée des Auditeurs
, nous n'en donnerons que les réfultats ,
en laiffant voir les principes fur lesquels ils font
fondés ; ce qui mettra en état de jouir du fruit de
ces Calculs , fans avoir eu la peine d'en effuyer
les difficultés.
Ce Cours fera compofé de vingt féances , qui
fe tiendront les Mardi , Jeudi & Samedi de chaque
femaine. Nous prendrons l'heure la plus
commode au plus grand nombre de Soufcripreurs.
L'ouverture s'en fera le Jeudi 8 Janvier
1761 , & il continuera jufqu'au 24 ou 26 Fevrier.
Il en coûtera 48 livres pour chaque perfonne ,
On fe fera infcrire avant que le Cours commence
, chez M. BONNE , Maître en Mathémariques
, rue Mazarine , près la rue Guénégaud
à'Hôtel Saint Jofeph,
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Résumé : COURS DE GEOGRAPHIE, contenant des Principes généraux, Mathématiques & Physiques, sur cette Science. Par M. BONNE, Maitre de Mathématiques, & de la Société Littéraire-Militaire.
Le texte présente un cours de géographie intitulé 'COURS DE GEOGRAPHIE, contenant des Principes généraux, Mathématiques & Physiques', dispensé par M. Bonne, maître de mathématiques et membre de la Société Littéraire-Militaire. Ce cours a été bien accueilli et intégré à l'éducation de plusieurs jeunes personnes. La première leçon couvre les observations générales sur la surface terrestre, la figure et la situation de la Terre par rapport au ciel, ainsi que les mouvements des astres. Le cours explique ensuite les mouvements des astres dans le système où la Terre tourne autour du Soleil et sur elle-même. La géographie physique examine les couches de la terre, les montagnes, les vallées, les carrières, les mines, les fontaines, et les mouvements des eaux. Il traite également des lacs, des eaux de la mer, du flux et reflux, des courants, des vents, et des effets des volcans et des tremblements de terre. Le cours aborde ensuite la détermination des dimensions de la Terre, la manière de dresser les cartes, et l'art de se diriger en mer. Il se termine par une analyse de la géographie politique, incluant les capitales des principaux États, les mœurs des habitants, les productions, et le commerce. Le cours est composé de vingt séances, se tenant les mardi, jeudi et samedi, à partir du 8 janvier 1761 jusqu'au 24 ou 26 février 1761, au coût de 48 livres par personne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 172-174
De VERSAILLES, le 8 Décembre 1762.
Début :
LES Cours de Madrid & de Londres ayant ratifié les Articles préliminaires de la Paix qui ont été [...]
Mots clefs :
Cours, Ambassadeur, Famille royale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 8 Décembre 1762.
De VERSAILLES , le 8 Décembre 1762 .
LES
Es Cours de Madrid & de Londres ayant ratifié
les Articles préliminaires de la Paix qui ont été
fignés à Fontainebleau le 3 du mois dernier , l'échange
des ratifications s'eft faire ici le 22 dans
la forme ordinaire .
Le 23 , le Lord , Duc de Bedford , Ambaſſadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa Majefté
Britannique , eut une audience particuliére du
Roi , dans laquelle il remit fes lettres de créance
à Sa Majesté. Il fut conduit à cette audience ,
ainfi qu'à celles de la Reine , de Mgr le Dauphin
, de Madame la Dauphine , de Mgr le Duc
de Berry , de Mgr le Comte de Provence , de
Mgr le Comte d'Artois, de Madame , de Madame
Adélaïde , & de Meſdames Victoire , Sophie &
Louiſe , par le fieur de la Live , Introducteur des
Ambaſſadeurs. &
Le Prince de Condé eft arrivé le 23 à la
Cour , & il a fait les révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le 26 , Sa Majesté a accordé au Duc de Praflin,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le Département
des Affaires Etrangeres , la charge de
de Lieutenant Général en Bretagne , vacante
par la mort du Duc de Chatillon . Le même jour
Sa Majefté a difpofé du Gouvernement de Vanne
& Auray en Bretagne , en faveur du Marquis de
JANVIER. 1763 . 173
Montclare , fecond fils du Duc d'Ayen , Chevalier
des Ordres du Roi , & Capitaine d'une des
Compagnie de fes Gardes.
Le 28 Leurs Majeftés , ainſi que la Famille
Royale , fignerent les contrats de mariage du
Marquis Dupleffy- Grénédant avec Demoiſelle de
Maillé ; & du Marquis de Levy avec Demoiselle
de la Reyniere .
Le 30 la Ducheffe de Bedfort , épouse de l'Amballadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa
Majefté Britannique , a été préſentée au Roi , à la
Reine & à la Famille Royale , avec les cérémonies
accoutumées.
Le 3 de ce mois le Comte d'Affry , ci- devant .
Ambaſſadeur du Roi près les Etats Généraux des
Provinces-Unies , & Lieutenant - Colonel des Gardes
Suiffes , a été préſenté à Sa Majesté par le
Duc de Praflin , comme Miniftre des Affaires
étrangeres , & par le Duc de Choiſeul , comme
Colonel Général des Suiffes .
Le 4 le Maréchal d'Eftrées eſt arrivé à la Cour.
Il a été préfenté le même jour à Leurs Majeſtés ,
ainfi qu'à la Famille Royale.
>
Le 6 on a célébré dans l'Eglife Paroiffiale de
Notre-Dame de Versailles un Service pour le
repos de l'ame de Louife-Elifabeth de France ,
Ducheffe de Parme. La Reine y a aſſiſté , ainſi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame Adelaïde , & Mefdames Victoire,
Sophie & Louiſe.
Le Marquis de Montclare , fecond fils du Duc
d'Ayen , a pris , avec l'agrément du Roi , le
nom de Marquis de Noailles.
Le Duc de la Roche - Guyon , petit - fils du Due
de la Rochefoucault , a obtenu auffi l'agrément
du Roi pour prendre le nom de Duc de la Roche-
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
foucault ; & fon contrat de mariage avec la Demoiſelle
de Gand a été figné le 7 par Leurs Majeftés
& par la Famille Royale.
Le Roi a difpofé de l'Archevêché de Reims en
faveur de l'Archevêque de Narbonne , Grand-
Aumônier de France. L'Archevêché de Narbonne
a été donné à l'Archevêque de Toulouſe.
Sa Majesté a accordé l'Abbaye de Saint Jean
des Vignes , Ordre de S. Auguftin , Diocèfe &
Ville de Soiffons , au Bailli de Solàr de Breille ,
Ambaffadeur du Roi de Sardaigne à la Cour de
France .
Et l'Abbaye de Ronceray , Ordre de Saint Benoît
, Diocèle d'Angers , à la Dame d'Aubeterre.
Sa Majefté , toujours attentive à protéger le
mérite & à encourager le zèle de ſes Sujets , a fait
préfent d'une épée au Capitaine Simon , Commandant
ci- devant la Frégate la Modefte , de
Marſeille, Ce Capitaine s'eft particulièrement
diftingué dans les courfes à la côte d'Afrique , où
il a troublé efficacement le commerce des ennemis
pour la traite des Négres.
LES
Es Cours de Madrid & de Londres ayant ratifié
les Articles préliminaires de la Paix qui ont été
fignés à Fontainebleau le 3 du mois dernier , l'échange
des ratifications s'eft faire ici le 22 dans
la forme ordinaire .
Le 23 , le Lord , Duc de Bedford , Ambaſſadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa Majefté
Britannique , eut une audience particuliére du
Roi , dans laquelle il remit fes lettres de créance
à Sa Majesté. Il fut conduit à cette audience ,
ainfi qu'à celles de la Reine , de Mgr le Dauphin
, de Madame la Dauphine , de Mgr le Duc
de Berry , de Mgr le Comte de Provence , de
Mgr le Comte d'Artois, de Madame , de Madame
Adélaïde , & de Meſdames Victoire , Sophie &
Louiſe , par le fieur de la Live , Introducteur des
Ambaſſadeurs. &
Le Prince de Condé eft arrivé le 23 à la
Cour , & il a fait les révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le 26 , Sa Majesté a accordé au Duc de Praflin,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le Département
des Affaires Etrangeres , la charge de
de Lieutenant Général en Bretagne , vacante
par la mort du Duc de Chatillon . Le même jour
Sa Majefté a difpofé du Gouvernement de Vanne
& Auray en Bretagne , en faveur du Marquis de
JANVIER. 1763 . 173
Montclare , fecond fils du Duc d'Ayen , Chevalier
des Ordres du Roi , & Capitaine d'une des
Compagnie de fes Gardes.
Le 28 Leurs Majeftés , ainſi que la Famille
Royale , fignerent les contrats de mariage du
Marquis Dupleffy- Grénédant avec Demoiſelle de
Maillé ; & du Marquis de Levy avec Demoiselle
de la Reyniere .
Le 30 la Ducheffe de Bedfort , épouse de l'Amballadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa
Majefté Britannique , a été préſentée au Roi , à la
Reine & à la Famille Royale , avec les cérémonies
accoutumées.
Le 3 de ce mois le Comte d'Affry , ci- devant .
Ambaſſadeur du Roi près les Etats Généraux des
Provinces-Unies , & Lieutenant - Colonel des Gardes
Suiffes , a été préſenté à Sa Majesté par le
Duc de Praflin , comme Miniftre des Affaires
étrangeres , & par le Duc de Choiſeul , comme
Colonel Général des Suiffes .
Le 4 le Maréchal d'Eftrées eſt arrivé à la Cour.
Il a été préfenté le même jour à Leurs Majeſtés ,
ainfi qu'à la Famille Royale.
>
Le 6 on a célébré dans l'Eglife Paroiffiale de
Notre-Dame de Versailles un Service pour le
repos de l'ame de Louife-Elifabeth de France ,
Ducheffe de Parme. La Reine y a aſſiſté , ainſi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame Adelaïde , & Mefdames Victoire,
Sophie & Louiſe.
Le Marquis de Montclare , fecond fils du Duc
d'Ayen , a pris , avec l'agrément du Roi , le
nom de Marquis de Noailles.
Le Duc de la Roche - Guyon , petit - fils du Due
de la Rochefoucault , a obtenu auffi l'agrément
du Roi pour prendre le nom de Duc de la Roche-
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
foucault ; & fon contrat de mariage avec la Demoiſelle
de Gand a été figné le 7 par Leurs Majeftés
& par la Famille Royale.
Le Roi a difpofé de l'Archevêché de Reims en
faveur de l'Archevêque de Narbonne , Grand-
Aumônier de France. L'Archevêché de Narbonne
a été donné à l'Archevêque de Toulouſe.
Sa Majesté a accordé l'Abbaye de Saint Jean
des Vignes , Ordre de S. Auguftin , Diocèfe &
Ville de Soiffons , au Bailli de Solàr de Breille ,
Ambaffadeur du Roi de Sardaigne à la Cour de
France .
Et l'Abbaye de Ronceray , Ordre de Saint Benoît
, Diocèle d'Angers , à la Dame d'Aubeterre.
Sa Majefté , toujours attentive à protéger le
mérite & à encourager le zèle de ſes Sujets , a fait
préfent d'une épée au Capitaine Simon , Commandant
ci- devant la Frégate la Modefte , de
Marſeille, Ce Capitaine s'eft particulièrement
diftingué dans les courfes à la côte d'Afrique , où
il a troublé efficacement le commerce des ennemis
pour la traite des Négres.
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Résumé : De VERSAILLES, le 8 Décembre 1762.
En décembre 1762, les cours de Madrid et de Londres ont ratifié les articles préliminaires de la paix signés à Fontainebleau le 3 décembre. Les ratifications ont été échangées le 22 décembre. Le Lord Duc de Bedford a présenté ses lettres de créance le 23 décembre, ainsi que le Prince de Condé. Le Duc de Praslin a été nommé Lieutenant Général en Bretagne et le Marquis de Montclare a reçu le gouvernement de Vannes et Auray. Le 28 décembre, des contrats de mariage ont été signés par le Roi et la famille royale. Le 30 décembre, la Duchesse de Bedford a été présentée au Roi et à la Reine. En janvier 1763, le Comte d'Affry et le Maréchal d'Estrées ont été présentés au Roi. Un service religieux a été célébré pour Louise-Élisabeth de France, Duchesse de Parme. Le Marquis de Montclare a obtenu l'autorisation de porter le nom de Marquis de Noailles, et le Duc de la Roche-Guyon celui de Duc de la Rochefoucault. Le Roi a nommé de nouveaux archevêques et accordé des abbayes. Le Capitaine Simon a été récompensé pour ses actions contre le commerce des esclaves.
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13
p. 200
DE MADRID, le 8 Février 1763.
Début :
L'Impératrice de Russie a remis au Marquis d'Almodovar, Ministre Plénipotentiaire de Sa Majesté [...]
Mots clefs :
Impératrice de Russie, Marquis, Ministre plénipotentiaire, Roi Très-Chrétien, Cours, Usages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MADRID, le 8 Février 1763.
DE MADRID , le 8 Février 1763.
L'Impératrice de Ruffie a remis au Marquis
d'Almodovar , Miniftre Plénipotentiaire de Sa
Majefté Catholique auprès de la Perfonne , une
réverfale femblable à celle qu'Elle avoit donnée au
Roi Très- Chrétien , lorfque ce Monarque accorda
le même titre d'Impératrice à cette Princeffe , fous
la condition que cela n'apporteroit aucun chan
gement au cérémonial ufité entre les deux Cours.
L'Impératrice de Ruffie a remis au Marquis
d'Almodovar , Miniftre Plénipotentiaire de Sa
Majefté Catholique auprès de la Perfonne , une
réverfale femblable à celle qu'Elle avoit donnée au
Roi Très- Chrétien , lorfque ce Monarque accorda
le même titre d'Impératrice à cette Princeffe , fous
la condition que cela n'apporteroit aucun chan
gement au cérémonial ufité entre les deux Cours.
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