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101
p. 349-356
Lettre de M. Constance au Roy, [titre d'après la table]
Début :
Je n'ay pas crû vous devoir dire ce que contient la [...]
Mots clefs :
Constantin Phaulkon, Roi, Lettre, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Constance au Roy, [titre d'après la table]
Je n'ay pas crú vous devoir
dire ce que contient la
Lettre
des Amb. de Siam.
333
Lettre de Monfieur Conſtance,
lors que je vous ay marqué
que le premier Ambaſſadeur
l'avoit rendue au Roy , parce
que j'aurois interrompu cette
Relation dans un endroit qui
devoit eſtre ſuivy. Voicy le
ſujet de cette Lettre , avec
une partie des propres termes
qu'elle contient. Monſieur
Conftance marque au
Roy , Qu'ily a déja pluſieurs an
nées qu'il admire la gloire im
mortelle que Sa Majesté s'est acquiſe
par la grandeur de ſes Vertus
, &par la force deſes Armes
Ildit que cela luy a causé longa
temps une extréme impatience de
Ec
1
334 Suite du Voyage
de
trouver occafion de montrer à ce
Monarque & à tout l'Univers l'eftime
qu'il fait de la Nation Françoise
, &fon attachement inviotable
pour Sa Majesté ;& aprés
avoir parlé fort modeſtement
luy-meſme , il employe les.
termes qui ſuivent. faycrûque
jedevous me contenter d'entretenir
dans toutes les occafions le Roymon
Maistre , des belles actions de Vôtre
Majesté , & de ses grandes
qualitez dont l'éclat s'est repandu ,
dont la reputation s'est fait
connoistre parmy tous les peuples
les plus reculezdes Indes. Comme
le Roy mon Maistre , estoit déja
affez porté de luy- mesme à recher
des Amb. de Siam.
33-
cher l'amitié Royale de Vostre Ma
jeſté, je ne pouvois luy donner plus
de plaisir, ny luy faire mieux ma
cour qu'en luy parlant ſouvent de
toutes ces choses ; & ie puis affeurer
Vostre Maieste, que ç'a esté là un
des moyens les plus efficaces pour
me mettre bien dansson esprit,
m'introduire dans ſes bonnesgraces,
de la maniere dont on fait que
Sa Majesté m'honore.
Il conclut de- là qu'il eſt
obligé au Roy , & regarde
comme des bien-faits de Sa
Majesté , ce que le recit qu'il
a fait de ſes grandes actions
luy a procuré d'eſtime du
Roy ſon Maiſtre. Il dit en-
Ecija
336 Suite du Voyage
ſuite en continuant l'éloge du
Roy,Que Sa Majestén'entreprend
rien dont Elle ne vienne àbout,fur
tout quand il est queſtion de faire
du bien &de fefaire aimer ,
qu'Elle a bien veulu le luyfairefentir
par les honneurs qu'ils a recens
defa part de Mr le Chevalier de
Chaumontſon Ambaſſadeur , quoy
qu'il s'en reconnoiffe indigne.Aprés
en avoir encore exprimé ſa reconnoiffance
par quelques li
gnes, il finit par ces paroles:
je coniure Vôtre Majesté avec tou
te forte deſoûmiſſion,d'en vouloir
estre bien persuadée , & qu'il n'ya
perſonne au monde qui soubaite
avec plus de paſſion de contribuer
à la gloire de votre Majesté ,
des Amb. de Siam. 337
que celuy qui fera toute sa vie
avec un tres - profond respect
( SIRE ) de Vêtre Majesté le
tres - humble & tres - obeiſſant
Serviteur ,
Conſtance de Phaulcon.
Louvo , 14. Decembre 1685.
L'eſprit de ce Miniſtre , ſa
prudence , ſa conduite , & la
grande intelligence qu'il a
pour toutes fortes d'affaires ,
ayant caufé de l'étonnement
à tous ceux qui en ont entendu
parler , ont eſté cauſe
que quelques-uns ont marqué
1
338 suite du Voyage
dans leurs Relations manufcrites
( ce qui a eſté ſuivi dans
les imprimées ) que fes premiers
emplois ont eſté fort
bas , croyant faire par là plus
d'honneur à fon eſprit. Cependant
comme il faut toû
jours rendre juſtice à la Verité
, je dois dire icy que je
ſçay d'une Perſonne digne de
foy , & qui le connoiſt parfaitement
, que quoy que fon
merite & fon eſprit l'ayent
mis dans la haute fortune où
il eſt élevé , il n'a jamais
eu dans aucun Vaiſſeau
les emplois dont on a parlé.
Au reſte on peut juger par
des Amb. de Siam.
339
le difcernement du Roy de
Siam , combien il faut que ce
Miniſtre ait d'excellentes
qualitez , pour avoir autant
de part qu'il en a à la faveur
de ce Monarque , & à toutes
les affaires de ſon Eftat. Je
fuis ,&c.
AParis , oe 30.Novemb. 1686.
dire ce que contient la
Lettre
des Amb. de Siam.
333
Lettre de Monfieur Conſtance,
lors que je vous ay marqué
que le premier Ambaſſadeur
l'avoit rendue au Roy , parce
que j'aurois interrompu cette
Relation dans un endroit qui
devoit eſtre ſuivy. Voicy le
ſujet de cette Lettre , avec
une partie des propres termes
qu'elle contient. Monſieur
Conftance marque au
Roy , Qu'ily a déja pluſieurs an
nées qu'il admire la gloire im
mortelle que Sa Majesté s'est acquiſe
par la grandeur de ſes Vertus
, &par la force deſes Armes
Ildit que cela luy a causé longa
temps une extréme impatience de
Ec
1
334 Suite du Voyage
de
trouver occafion de montrer à ce
Monarque & à tout l'Univers l'eftime
qu'il fait de la Nation Françoise
, &fon attachement inviotable
pour Sa Majesté ;& aprés
avoir parlé fort modeſtement
luy-meſme , il employe les.
termes qui ſuivent. faycrûque
jedevous me contenter d'entretenir
dans toutes les occafions le Roymon
Maistre , des belles actions de Vôtre
Majesté , & de ses grandes
qualitez dont l'éclat s'est repandu ,
dont la reputation s'est fait
connoistre parmy tous les peuples
les plus reculezdes Indes. Comme
le Roy mon Maistre , estoit déja
affez porté de luy- mesme à recher
des Amb. de Siam.
33-
cher l'amitié Royale de Vostre Ma
jeſté, je ne pouvois luy donner plus
de plaisir, ny luy faire mieux ma
cour qu'en luy parlant ſouvent de
toutes ces choses ; & ie puis affeurer
Vostre Maieste, que ç'a esté là un
des moyens les plus efficaces pour
me mettre bien dansson esprit,
m'introduire dans ſes bonnesgraces,
de la maniere dont on fait que
Sa Majesté m'honore.
Il conclut de- là qu'il eſt
obligé au Roy , & regarde
comme des bien-faits de Sa
Majesté , ce que le recit qu'il
a fait de ſes grandes actions
luy a procuré d'eſtime du
Roy ſon Maiſtre. Il dit en-
Ecija
336 Suite du Voyage
ſuite en continuant l'éloge du
Roy,Que Sa Majestén'entreprend
rien dont Elle ne vienne àbout,fur
tout quand il est queſtion de faire
du bien &de fefaire aimer ,
qu'Elle a bien veulu le luyfairefentir
par les honneurs qu'ils a recens
defa part de Mr le Chevalier de
Chaumontſon Ambaſſadeur , quoy
qu'il s'en reconnoiffe indigne.Aprés
en avoir encore exprimé ſa reconnoiffance
par quelques li
gnes, il finit par ces paroles:
je coniure Vôtre Majesté avec tou
te forte deſoûmiſſion,d'en vouloir
estre bien persuadée , & qu'il n'ya
perſonne au monde qui soubaite
avec plus de paſſion de contribuer
à la gloire de votre Majesté ,
des Amb. de Siam. 337
que celuy qui fera toute sa vie
avec un tres - profond respect
( SIRE ) de Vêtre Majesté le
tres - humble & tres - obeiſſant
Serviteur ,
Conſtance de Phaulcon.
Louvo , 14. Decembre 1685.
L'eſprit de ce Miniſtre , ſa
prudence , ſa conduite , & la
grande intelligence qu'il a
pour toutes fortes d'affaires ,
ayant caufé de l'étonnement
à tous ceux qui en ont entendu
parler , ont eſté cauſe
que quelques-uns ont marqué
1
338 suite du Voyage
dans leurs Relations manufcrites
( ce qui a eſté ſuivi dans
les imprimées ) que fes premiers
emplois ont eſté fort
bas , croyant faire par là plus
d'honneur à fon eſprit. Cependant
comme il faut toû
jours rendre juſtice à la Verité
, je dois dire icy que je
ſçay d'une Perſonne digne de
foy , & qui le connoiſt parfaitement
, que quoy que fon
merite & fon eſprit l'ayent
mis dans la haute fortune où
il eſt élevé , il n'a jamais
eu dans aucun Vaiſſeau
les emplois dont on a parlé.
Au reſte on peut juger par
des Amb. de Siam.
339
le difcernement du Roy de
Siam , combien il faut que ce
Miniſtre ait d'excellentes
qualitez , pour avoir autant
de part qu'il en a à la faveur
de ce Monarque , & à toutes
les affaires de ſon Eftat. Je
fuis ,&c.
AParis , oe 30.Novemb. 1686.
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Résumé : Lettre de M. Constance au Roy, [titre d'après la table]
Dans une lettre datée du 14 décembre 1685, Monsieur Constance adresse au roi de France des louanges pour sa gloire et ses vertus, exprimant son attachement à la nation française. Il mentionne avoir vanté les actions et qualités du roi auprès du roi de Siam, ce qui lui a valu la faveur de ce dernier. Constance conclut en affirmant sa dévotion et son désir de servir la gloire du roi. Le narrateur du texte souligne les qualités de Constance, notamment sa prudence, sa conduite et son intelligence. Il dément les rumeurs selon lesquelles Constance aurait occupé des postes subalternes, affirmant qu'il n'a jamais eu de tels emplois. Le narrateur souligne également la faveur dont jouit Constance auprès du roi de Siam, témoignant de ses excellentes qualités. Le texte se termine par la date du 30 novembre 1686.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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102
p. 356-[357]
Trosne de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Début :
Je croyois vous envoyer une Planche où je fais graver le Trône du [...]
Mots clefs :
Trône du roi, Roi, Planche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Trosne de Sa Majesté, [titre d'après la table]
E croyois vous envoyer une Planche
où je fais graver le Trônedu Roy ,
avec les places marquées de tous
ceux qui avoient rangà la premiere
Audiance que Sa Majesté donna aux
Ambassadeursde Siam; mais cette
Planche n'ayantpû estre achevée,je
vous l'envoyray dans ma troiſiéme
Lettre on Journalde cette Ambassa
de. Vous y verrez toutes les Figures
qui accompagnoient ou pluſtoſt qui
formoient ce ſuperbe Trône , & qui
s'étendoient de chaque costébeaucoup
par de-là des neufmarches qu'ilfal.
loit monterpour approcher du Roy.
où je fais graver le Trônedu Roy ,
avec les places marquées de tous
ceux qui avoient rangà la premiere
Audiance que Sa Majesté donna aux
Ambassadeursde Siam; mais cette
Planche n'ayantpû estre achevée,je
vous l'envoyray dans ma troiſiéme
Lettre on Journalde cette Ambassa
de. Vous y verrez toutes les Figures
qui accompagnoient ou pluſtoſt qui
formoient ce ſuperbe Trône , & qui
s'étendoient de chaque costébeaucoup
par de-là des neufmarches qu'ilfal.
loit monterpour approcher du Roy.
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Résumé : Trosne de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Une gravure représentant le trône du roi, avec les places des ambassadeurs de Siam, devait être envoyée mais n'a pas été achevée à temps. Le trône est décrit comme grand et s'étendant au-delà des neuf marches. Sa magnificence est accentuée par les figures l'accompagnant. La gravure sera envoyée ultérieurement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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103
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
La troisiéme Partie du Voyage des Ambassadeurs de Siam en [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs, Description, Roi, Voyage, Siam, Public, Esprit, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU LECTEUR
.
L
A troisième Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France vient d'eftre donnée au Public
avec ce Volume . Elle a pour
Fitre , Troifiéme Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France, contenant la fuite de la
Defcription de Verfailles , celle
des Chevaux qui font dans les
deux Ecuries du Roy , ce qui
s'eft paffe dans les Vifites qui
leur ont efté rendues , les experiences
de la pefanteur de l'Air
faites devant eux, la Defcription
de la Galerie de Sceaux , & les
á ij
AU LECTEUR .
Receptions avec les Harangues
'qu'on leur a faites dans plufieurs
Villes de Flandres. Versailles
s'eftant trouvé décrit avec beaucoup
d'exactitude dans leVolume qui
précedé celuy- cy , & le Public ayant
fouhaité que ce qui manquoit à cette
Defcription , fe trouvaft dans cette
troifiéme Partie avec la mefme regularité
, on a fatisfait à fon em
preffement. On a mefme fait plus,
puis qu'en décrivant les Ecuries ,
qui font l'étonnement de tous ceux
qui les voyent, & particulierement
des Eirangers , on a fait voir ce
qu'elles contiennent de Chevaux , de
quels pays ils viennent , & à quels
ufages ils font employez Il y a
long- temps qu'on afpiroit aprés une
Relation entiere de Versailles , mais
te grand nombre de chofes qu'il y
AU LECTEUR.
avoit à décrire étonnoit ; cependant
en voila une que ceux qui auront
les deux Volumes qui en parlent ,
pourront fe vanter d'avoir entiere.
On peut dire que c'est aux Ambaffadeurs
de Siam à qui le Public
doit cet Ouvrage , puis que la ma-.
niere curicufe avec laquelle ils regardent,
mefurent toutes chofes,&
les éclairciffemens qu'ils demandent,
ont fait que l'on a appris ce qu'il
auroit efte dificile de fçavoir , à
caufe du grand nombre de differentes
perfonnes qui peuvent donner
ces explications. On ne dit rien des
autres chofes curieufes que cette
mefme Partie contient , mais feulement
que les Ambaffadeurs n'ont
jamais fait voir tant d'efprit que
dans le Voyage de Flandres , qu'on
* trouvera décrit. On fçait déja
AU LECTEUR .
que les Mots qu'ils ont donnez , lors
que les Gouverneurs & les Majors.
des Places font venus prendre Lor
dre d'eux , ont efté admirez de toute
la Cour , qui a voulu les fçavoir 3,
mais s'ils ont efte trouvez fi beaux
fans eftre accompagnez des raifons
qui les ont obligez à les donner , &
qu'on trouvera dans la Defcription,
de leur Voyrge , que ne doivent- ils
point paroiftre alors à ceux qui examineront
avec quelle justeffe , &
quelle prudence ils les ont donnez !
On croit avoir efté aſſez bien informé
de ce qu'ils ont dit , pour n'avoir
rien oublié de tout ce qui cft
digne d'eftre remarqué , & l'on a pris
ce foin , parce que la plupart de
ces chofes tombent fur le Roy, &
que les louanges de cette nature font
moins fufpectes , qus celles que le
AU LECTEUR .
avec
zele d'un Sujet fait donner. On
voit outre cela dans cette Relation
plufieurs Harangues qui ont efté
faites aux Ambassadeurs
leurs réponſes , & une Defcription
hiftorique de toutes les Villes où ils
ontpaffe On avertit que
Pon trouvera
dans ce Volume une Eftampe qui
reprefente le Trofne du Roy, de lamanere
qu'il eftoit le jour que les Ambaffadeurs
curent leur premiere Audience
de Sa Majesté . On en voit
beaucoup d'autres qui n'approchent
en aucune chofe de la verité ; au
lieu que celle- cy a efté deſſinée d'aprés
le Trofne mefme. Il y a plus
ony voit les rangs de tous les Princes
, & de tous les Grands Officiers
qui estoient aux coftez & derriere le
Roy , ainfi que ceux des Ambaffa
deurs , & des perfonnes qui les ac
RADORKM
AU LECTEUR.
compagnoient ; & comme la confu
fion empefcheroit de les diftinguer
s'ily avoit tant de Figures dans une
Planche , & mefme que l'explica
tion qui marque la raison de la pluf
·part de ces rangs n'y pourroit entrer,
on s'eft fervy d'un Alphabet ,
& de plufieurs chiffres , pour donner
une parfaite intelligence de toutes
ces choſes.
.
L
A troisième Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France vient d'eftre donnée au Public
avec ce Volume . Elle a pour
Fitre , Troifiéme Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France, contenant la fuite de la
Defcription de Verfailles , celle
des Chevaux qui font dans les
deux Ecuries du Roy , ce qui
s'eft paffe dans les Vifites qui
leur ont efté rendues , les experiences
de la pefanteur de l'Air
faites devant eux, la Defcription
de la Galerie de Sceaux , & les
á ij
AU LECTEUR .
Receptions avec les Harangues
'qu'on leur a faites dans plufieurs
Villes de Flandres. Versailles
s'eftant trouvé décrit avec beaucoup
d'exactitude dans leVolume qui
précedé celuy- cy , & le Public ayant
fouhaité que ce qui manquoit à cette
Defcription , fe trouvaft dans cette
troifiéme Partie avec la mefme regularité
, on a fatisfait à fon em
preffement. On a mefme fait plus,
puis qu'en décrivant les Ecuries ,
qui font l'étonnement de tous ceux
qui les voyent, & particulierement
des Eirangers , on a fait voir ce
qu'elles contiennent de Chevaux , de
quels pays ils viennent , & à quels
ufages ils font employez Il y a
long- temps qu'on afpiroit aprés une
Relation entiere de Versailles , mais
te grand nombre de chofes qu'il y
AU LECTEUR.
avoit à décrire étonnoit ; cependant
en voila une que ceux qui auront
les deux Volumes qui en parlent ,
pourront fe vanter d'avoir entiere.
On peut dire que c'est aux Ambaffadeurs
de Siam à qui le Public
doit cet Ouvrage , puis que la ma-.
niere curicufe avec laquelle ils regardent,
mefurent toutes chofes,&
les éclairciffemens qu'ils demandent,
ont fait que l'on a appris ce qu'il
auroit efte dificile de fçavoir , à
caufe du grand nombre de differentes
perfonnes qui peuvent donner
ces explications. On ne dit rien des
autres chofes curieufes que cette
mefme Partie contient , mais feulement
que les Ambaffadeurs n'ont
jamais fait voir tant d'efprit que
dans le Voyage de Flandres , qu'on
* trouvera décrit. On fçait déja
AU LECTEUR .
que les Mots qu'ils ont donnez , lors
que les Gouverneurs & les Majors.
des Places font venus prendre Lor
dre d'eux , ont efté admirez de toute
la Cour , qui a voulu les fçavoir 3,
mais s'ils ont efte trouvez fi beaux
fans eftre accompagnez des raifons
qui les ont obligez à les donner , &
qu'on trouvera dans la Defcription,
de leur Voyrge , que ne doivent- ils
point paroiftre alors à ceux qui examineront
avec quelle justeffe , &
quelle prudence ils les ont donnez !
On croit avoir efté aſſez bien informé
de ce qu'ils ont dit , pour n'avoir
rien oublié de tout ce qui cft
digne d'eftre remarqué , & l'on a pris
ce foin , parce que la plupart de
ces chofes tombent fur le Roy, &
que les louanges de cette nature font
moins fufpectes , qus celles que le
AU LECTEUR .
avec
zele d'un Sujet fait donner. On
voit outre cela dans cette Relation
plufieurs Harangues qui ont efté
faites aux Ambassadeurs
leurs réponſes , & une Defcription
hiftorique de toutes les Villes où ils
ontpaffe On avertit que
Pon trouvera
dans ce Volume une Eftampe qui
reprefente le Trofne du Roy, de lamanere
qu'il eftoit le jour que les Ambaffadeurs
curent leur premiere Audience
de Sa Majesté . On en voit
beaucoup d'autres qui n'approchent
en aucune chofe de la verité ; au
lieu que celle- cy a efté deſſinée d'aprés
le Trofne mefme. Il y a plus
ony voit les rangs de tous les Princes
, & de tous les Grands Officiers
qui estoient aux coftez & derriere le
Roy , ainfi que ceux des Ambaffa
deurs , & des perfonnes qui les ac
RADORKM
AU LECTEUR.
compagnoient ; & comme la confu
fion empefcheroit de les diftinguer
s'ily avoit tant de Figures dans une
Planche , & mefme que l'explica
tion qui marque la raison de la pluf
·part de ces rangs n'y pourroit entrer,
on s'eft fervy d'un Alphabet ,
& de plufieurs chiffres , pour donner
une parfaite intelligence de toutes
ces choſes.
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Résumé : AU LECTEUR.
Le texte décrit la troisième partie du récit du voyage des ambassadeurs de Siam en France. Il inclut des descriptions détaillées de Versailles, des écuries royales et des chevaux qu'elles contiennent, ainsi que leurs origines et usages. Les visites rendues aux ambassadeurs et les expériences de la pesanteur de l'air réalisées en leur présence sont également relatées. Le volume mentionne les réceptions et les harangues faites aux ambassadeurs dans plusieurs villes de Flandres. Versailles est décrit avec précision, répondant aux attentes du public. La curiosité et les questions des ambassadeurs ont permis de recueillir des informations détaillées. Leur esprit et leur prudence sont soulignés lors de leur voyage en Flandres. Le texte inclut plusieurs harangues et réponses des ambassadeurs, ainsi qu'une description historique des villes visitées. Une estampe représente le trône du roi lors de la première audience des ambassadeurs, avec les rangs des princes et des grands officiers. Un alphabet et des chiffres clarifient les positions des personnes présentes.
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104
s. p.
A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
Début :
MONSEIGNEUR, S'il n'y a rien de plus difficile [...]
Mots clefs :
Monseigneur, Roi, Siège, Prince, Ennemis, Place, Vie, Temps, Ordres, Âge, Lieux, Monarque, Places, Guerre, Troupes, Combat, Reine, Admiration, Actions, Attaque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
ASON ALTESSE ROYALE
201
و
MONSEIGNEUR
:
0
LE DUC
D'ORLEANS
FRERE UNIQUE DU ROY
M ONSEIGNEUR,
م
S'il n'y a rien de plus
difficile àfaire que les EpiEPISTRE
.
Stres de la nature de celle
que j'ofe entreprendre ,
c'eſt ſur tout lors qu'onse
propose de donner quelque
idée d'une Vie toute glorieuse
, & qui s'est formée
Sur un Modelle où les
plushautes Vertus se trouvent
dans leur plus brillant
éclat. Quoy que les
bonnes inclinations qu'un
Prince fait voir si - toft
qu'il fort de l'Enfance ,
Semblent devoir faire croire
que la ſuite répondra à de Mon
EPISTRE .
fi beaux commencemens ,
'Histoire ne laiſſe pas de
nous fournir de grands
exemples du contrairs.
Mais , MONSEIGNEUR ,
on n'a pas douté un moment
que le temps ne donnaft
de la force aux vertus
naiſſantes deVoftreAlteffe
Royale , quand on vous a
veu pour la feuë Reyne vostre
Mere un respect 15
une tendreffe qui caufoient
de la joye & de l'admiration
à tous ceux qui avoient
EPISTRE.
P'honneur de vous aprocher.
V. A. R. n'estoit jamais
plus contente , que lors qu'-
Elle estoit avec cette Princeffe.
Vous quittiez fouvent
les plaiſirs qui ont accoutumé
d'attacher les Per-
Sonnes d'un age peu avancé
, pour ſuivre cette vertueuse
Reyne dans les lieux
où sa pieté la conduiſoit..
Vostre chagrin paroiſſoit
fenſible, lors que vous croyiez
luy avoir déplû en quelque
chofe ; & dés queV. A. R.
EPISTRE .
eut remarqué que cettefage
Princeffe fouhaitoit que
vous vous attachaßiez au
Roy, ces voeux furent außitoſt
remplis ; mais , MONSEIGNEUR
, comme vous ne
faites en cela que ſuivre
voſtre penchant naturel , il
a toûjours paru depuis ce
temps-là que rien ne pouvoit
alterer la reſpectueuse
amitié que vous aviez pour
un Monarque quieft devenu
les delices defes Peuples,
& l'admiration de toute la
EPISTRE.
Terre ; le temps n'a fait
qu'augmenter cette union ,
& la tendreſſe vous ayant
joint au Roy ainfi que le
Sang, tout a marqué la
parfaite intelligence dans
laquelle vous vivez. Lors
qu'il s'estagy des divertiffemens
que l'age autorise , &
des Spectacles qu'unSouverain
doit donner pour la
gloire deſon Etat , & pour
occuper la plus vive Feuneſſe
de fa Cour, qui ſans
ces plaisirs neceſſaires auroit
EPISTRE.
pû en chercher d'autres
moins permis on vous a vûs
briller enfemble , &vous
faire reconnoiſtre par voſtre
bonne grace & par vostre
bon air, toutes les fois que
l'usage observé dans ces
fortes de Spectacles demandoit
que vous fußiez caché.
Quandde cesfeux on apaffé
à quelque divertiſſement
Martial , on vous a veus
dans ces Festes guerrieres
dans ces Carrousels commander
l'un l'autre les
EPISTRE .
premieres Quadrilles.Enfin
lors qu'il s'estagy de veritables
fatigues , & de perils
eff ctifs, on peut dire,MONSEIGNEUR
, que vous n'avez
pas feulement accom
pagnéleRoy, mais que vous
avez toujours esté ſonOm
bre,s'ilm' eftpermisdeparler
ainsi, à moins que V.A.R.
n'ait quitté cet Augufte
Frere pour aller vaincre
fes Ennemis en prenant
des Places, ou en gagnant
des Batailles. Le doy parler
EPISTRE.
de cette union , puis que d'e
toutes les merveilles de ce
floriffantEtat, c'est ceque le
Roy deSiam ale plus admiré.
Les Relations conviennent
toutes que lors que ce
Monarque l'eut apprise, il
ditqu'il nes'étonnoitplusdes
prosperitez de la France ,
ny du malheur de quelques
Roisfes voifins, dont la di
viſion de la Famille Royale
avoit cauſe laruine. Enfin
ce Prince en parla d'une
maniere quifit paroiſtre que
EPISTRE.
cestoit la seule chose qui
manquoit au bonheur deSa
Vie , esque s'il euſt eu quelques
Souhaits à former , ils
ne pouvoient estre quesur
une choſe dans laquelle il
faisoit confifter leſouverain
bonheurd'unEtat. LesAmbaffadeurs
de ce Monarque
ne luy diront pas seulement
ce qu'ils ont veu de cetteunion;
mais aprés luy avoir
confirmé tout ce que la Renommée
a prisſoin de luy aprendre
des merveilles de la
i
Vie
EPISTRE.
Viedu Roy , ils parleront de
V. A. R. Ils enfont charmez
, & voicy la troiſiéme
Relation , où l'on peut voir
de quelle maniere ils ont expliqué
ce qu'ils en penſent.
Vostre bonté , MONSEIGNEUR,
leur a paru dans
les choses obligeantes queV.
AR a bien voulu leur dire,
Vostre magnificence a brillé
à leurs yeux dans vos Palais
&&dans vos Festes , &
ils ont paßé pendant leur
Voyage de Flandre dans
EPISTRE.
quelques - uns des lieux où
V. A. R. a fait marcher la
Victoireàses coſtez. Mais
comme ils n'ont vũ qu'une
partie de ce que vous avez
conquis pour le Roy , je ne
Sçaurois m'empescher de
marquer icy tout ce que vous
avez fait lors que vous avez
commandé en Chef les
Armées d'un FrereAuguste
qui vous est plus cher que
vous- même. QuandceMonarque
entreprit la glorieu-
Se Guerre qui vangea tant
EPISTRE.
de Rois , en humiliant une
Puissance inferieure à ces
Souverains , & qui s'en di-
Soit lArbitre. SaMajesté
commença pardesEntrepri-
Ses dont tous les Siecles paf-
Sezne luy fourniffoient aucun
exemple. Elle ouvrit la
Campagne par quatre Sieges
àla fois , &vous euftes
Pavantage , MONSEL
GNEUR, de triompher le
premier en forçant la Ville
d'Orsoy de ſe rendre à dif
cretion ; de forte qu'on ne
Tij
EPISTRE .
1
peut s'entretenir de cette fameuse
Guerre qu'aprés avoir
admiré le Roy dans
tout ce qu'il a fait pour la
Soûtenir außi glorieusement
qu'il l'avoit commencée , on
ne paſſe aux Actions du
Prince à qui est deuë la
conqueste de cette Place.Elle
couta peu de temps & peu
d'hommes ; & cependant ,
MONSEIGNEUR , le Roy ,
&V. A.R toûjours inſepables
, ſur tout dans le
peril , vous courustes risque
EPISTRE .
L
de la Vie. Sa Majestévoulant
tout voir , & donner
par ttoouuttſeess ordres elle-mefme
, alloit tantoft àun Siege
& tantoſt à l'autre. Ainfi
on peut dire qu' Ellé estoiten
meſme temps devant les
quatre Places aßiegées. Ce
Monarque estant un jour
venu dans vostre Camp ,
vous allaſtes enſemble voir
quelques attaques . Vous
bravaſtes le peril , & demeuraſtes
quelque tempsen
un lieu où M. le Chevalier
EPISTRE .
preff aftes
d Arquin,qui vousſuivoit,
fut tué d'un coup de Canon
avant que vous fußiezhors
deſa portée. Ce Siege fut
bien-toft finy, mais la maniere
dont vous preffaftes
cette Place , & voſtre inébranlable
fermetéfirent connoiſtre
que vous eſtiez capable
des plus hautes entreprifes.
Le Roy enfut bien per
Suadé, puis qu'aprés cette
conqueſte il choisit V. A. R.
pour faire le Siege de Zutphen,
Placeforte , & Capi
EPISTRE .
tale d'une Province. L'impatiente
ardeur que vous
fiftes alors paroistre fut une
preuve incontestable es de
voſtre valeur , & du desir
que vous aviez d'acquerir
de la gloire. Vous partiſtes
à trois heures du matin , &
demeurastes quatorze heures
àcheval. Enfin , MONSEIGNEUR,
vous n'arrestates
qu'àla veuë de laPlace,
où vous deviez cueillir des
Lauriers, &fi elle avoit esté
plus éloignée, l'ardeur quié
EPSSTRE .
chaufoit votre courage,vous
auroit empeſché desentirles
fatiques ausquelles l'homme
le plus robuſte auroit dûfuccomber
Vous allastes reconnoiſtre
la Place jusqu'à la
portée du Mousquet. Vous
marquâtes l'endroit où vous
vouliez que la Tranchée
fust ouverte , es les lieux
où l'on devoit drefferles Bateries
; vous poursuiviſtes le
Siege avec vigueur ,
triomphant &des ruſes que
les Ennemis mirent en ufaEPISTRE.
ام
ge, &de toute la valeur
qu'ils firent paroiſtre , vous
réduiistes ſous l'obeiffance
du Roy unePlace forte par
elle-mesme,&par une nombreuse
Garnison , &munie
de tout ce qui pouvoitfervir
àune longue défense;mais
vostre pieté vous empefcha
d'y entrer , avant que d'y
avoir rétably le culte des
Autels , eny faisant celebrer
laMeffe.
L'année ſuivante le Roy
ayant aßiegeMastric, donEPISTRE.
naà V. A. R. l'attaque dis
Fort de Veich. Ce ne devoit
estre qu'unefaufſe Attaque,
mais vous la poufſfaſtes avec
tant de chaleur le jour que
vos Troupes donnerent pour
favorifer la veritable , que
vousfiſtesrompre les Palif-
Sades,&emporterla Demylune
; deforte quefi on eust
préparé des échelles , on se
Seroit rendu Maistre de la
Place par escalade , tant
vous ſcavez inſpirer d'ardeur
aux Troupes qui com-
د.
EPISTRE.
battent ſous vos ordres .
Pendant le cours de cette
Guerre , V. A. R. prit encore
deux Places importantes,
5gagna une Bataille qui
en afſeura beaucoup autres.
Bouchain fut la premiere
qui connut que vous n'attaquezjamais
fans triompher.
Aprés avoir reconnu
vous- mefmes les endroits les
plus avantageux , vous ré-
Solûtes d'ataquer deux Baſtions
. L'un estoit convert
par un Ouvrage à corne,
>
EPISTRE .
LaCourtine qui estoit entre
ces deux Bastions estoitaußi
couverte d'une Demy-lune ,
&pour diviſerle feu desAffiegezpar
une diverſion neceffaire,
&faciliterles Travaux
de cette attaque qui
embrafſoit plusieurs grands
Ouvrages , V. A. R. jugea
àpropos d'en faire commencer
une du costé de la baffe-
Ville.
Vous estiez appliqué à
ce Siege , lors que le Roy
vous envoya avertir, fuivant
EPISTRE.
vant la parole qu'il vous
avoit donnée , Qu'il voyoit
quelque apparence deBataille
,& qu'il croyoit que
le Prince d'Orange expoſeroit
plûtoſt cinquante
mille hommes, que d'eſtre
témoin de la priſe de Bouchain.
Vous marchastes
außi- toft,laiſſant vos ordres
pour la continuation du Siege.
Vous trouvaſtes leRoy
en Bataille en presence des
Ennemis, &vous vousmi
tes àla teſte de l'aifle gauche
ū
EPISTRE .
que vous deviez commander.
Le Prince d'Orange
ayant évitéle Combat, vous
retournaſtes au Camp , 5
tout remply encore de l'ardeur
dont vous eſtiez animé
, vous ordonnaſtes qu'on
emportaft tous les Dehors
de Bouchain l'épée à la
main, ce qui fut executé,
laPlace ſe rendit bien- toft
aprés. Tant que ce Siege
dura, V. A. R. paffa toutes
les nuits à cheval. Elle viſitoit
les Attaques , les BateEPISTRE.
ries , & les Gardes des Lignes.
Elle entroit dans tous
les détails , & envoyoit
fans ceffe des rafraichiffemens
aux Soldats pour les
encourager au travail.
Fedeurois parlericy d'une
Conqueſte bien plus importante
, &dire ce que V. A.
R. fit devant Saint Omer
mais comme on en peut jugerpar
les Sieges des Places
que vous avez prifes ,dont
Je viens d'ébaucher quelques
Actions, je ne parleray
EPISTRE.
plus que de la Bataille de
Caffel ; elle est remplie de
trop de circonstances glorieuses
àV. A. R. pourn'en
marquerpas au moins quelques-
unes . L'Armée ennemie
estoit plus forte que celle
du Roy,elle estoit postée dans
des lieux naturellementfortifiez.
Des hayes vives &
des foſſez pleins d'eau luy
fervoient de rempart, elle
n'estoit point obligée de di
viſerſes forces comme vous,
MONSEIGNEUR , qui de
EPISTRE .
viez laiffer des Troupes
dans la Tranchée de Saint-
Omer,& dans les postes que
que vous aviez gagnez autour
de cette Place. Cependant
voyant la neceßité , ou
de combattre , ou d'eſtre contraint
à lever le Siege que
vous aviez ſi heureuſement
commencé, vous ne balançastes
point,quoy que leConfeildeGuerre
euft de lapeine
àSerefoudre au Combat,
dites, Que vous ne vouliez
pas eſtre obligé à lever le
EPISTRE.
Siege , & que fous voſtre
Commandement les Armes
du Roy receuffent un
affront qui ne leur eſtoit
point encorearrivé depuis
le commencement de la
Guerre. Vous vous avançaftes
enfuitepour reconnoiſtre
les Ennemis , & donnastes
des ordres pour les
aller attaquer. Ce fut - là
que vous remplistes les devoirs
& d'un brave Capitaine
, & d'un General experimenté
Vous exhortaftes
EPISTRE.
les Soldats, vous leur inspiraſtes
de l'ardeur , & vous
les menaſtes à la charge.
Ainsi vostre esprit esvostre
coeur n'agirent pas moins
que vostre bras. Dés que les
Ennemis faisoient quelque
mouvement , vous donniez
de nouveaux ordres , & vous
fuftes toûjours defangfroid
au milieu des dangers ,Sans
paroiſtre un seul moment
embaraßé. Lefeu des Ennemis
ne vous étonna point;
vous vistes pluſieurs de vos
A
EPISTRE.
Officiers bleffez autour de
vous ; vous eustes mesme un
cheval bleßé , & receustes
un coup de Mousquet dans
vos Armes. Tout cela ne
vous empécha point de chargerſouvent
à la teste des
EscadronsedesBataillons,
d'estre toûjours au plus fort
de la mêlée , & de remener
vous-mesme au Combat,des
Troupes qui avoient plié.
Le lendemain la douceur
ayant pris la place du feu
qui brilloit dans vos yeux
EPISTRE..
ود
le jour du Combat ,le foin
que vous fiftes prendre des
Bleſſez,vous rendit l'amour
des Vaincus dont vous
aviez esté la terreur , comme
vous devinſtes l'admiration
des Vainqueurs..
Mais, MONSEIGNEUR, ce
n'est pas affez , qu'aprés a
voir fait voir voſtre ſage
conduite dans un âge où la
prudence eft fi peu ordinatre
àla jeunesse , jaye fait une
legere peinture d'une partie
de vos éclatantes Actions ;
aa
EPISTRE.
Jedois ajoûter icy que nousne
voyons point de Souverains
, meſmeparmy les plus
puiſſans Monarques , qui
ayent porté la magnificence
außi loin que V. A. R. Vos
Superbes Bastimens , vos
Meubles magnifiques, &la
riche abondance de vosPierrerits
, tout marque le Sang
dont vous fortez. Cependant,
MONSEIGNEUR,tant
dechoſes n'empeſchent point
que la Nobleffe infortunée
ne trouve un azile auprés
EPSSTRE.
de vous , es que beaucoup
d'illustres Malheureux ne
foient tous les ans vangez
par vos bienfaits des injuſtices
de la fortune. Si l'on
joint à toutes ces dépenses
les grandes &galantes Feſtes
que vous donnez ſouvent
, on connoistra, MONSEIGNEUR
, que vous fçavezfoûtenir
de toutes manieres
l'éclat de vostre augufterang;
außı perſonne n'en
connoift-il mieux la grandeur
,&les droits queV.A
EPISTRE .
R. Maisquoy que vous les
Coûteniez ſi dignement ,
vous avez une bonté naturelle
, qui ſans vous faire
defcendre de vostre rang
vous attire tous les coeurs.
Iusqu où ne va- t- elle point
pour les auguſtes Perfonnes
qui vous touchent ? Quels
Soins ne prenez - vous pas
de l'éducation d'un Prince,
dont l'efprit a brillé avant
l'âge , &à qui vous donnez
ſi ſouvent d'utiles leçons.?
Quelle tendreffe n'avez-
VOUS
EPISTRE.
C
pas pour la Reyne d'Eſpagne
, & pour Madame la
DucheffeRoyalede Savoye,
vos augustes Filles ! On en
peut juger par l'empreſſo
ment que vous avez à leur
apprendre de vos nouvelles ,
& à recevoir des leurs , &
par les Preſens que vous
leur faites continuellement;
de forte que si elles ne tenoient
point la vie de vous ,
vous paroiftriez peut- estre
trop galant à leur égard.
Mais , MONSEIGNEUR
ee
EPISTRE.
on peut dire quesi l'avan
tage eft grandde vous avoir
pour Pere , il y en a außi
beaucoup à vous avoir pour
Maistre. Ceux qui ont
I'honneur de vous fervir ,
trouvent unProtecteurdans
V. A. R. Vous avez la
bonté d'entrer jusque dans
le détail de leurs affaires.
S'ils ont des proces que vous
trouviez juftes , vous les
faites recommander ; &sit
faut obtenir du Roy quetque
grace en leur faveur .
EPISTR E.
V. A. R. ne dédaigne
point de parler pour eux.
Enfin ,MONSEIGNEUR ,
-Si on vous rend quelque
Service diftingué , vous
accablez de bienfaits ceux
dont vous le recevez .Mais,
MONSEIGNEUR , je
voy qu'il faut que je finiffe
malgré l'abondance de
la matiere qui me reste ,
& que pour ne point pas-
Ser tes bornes d'une Epiſtre
, j'ajoûteſeulement icy
EPISTRE.
que je suis avec le plus profond
respect,
MONSEIGNEUR,
De Voſtre Alteſſe Royale
Le tres -humble & tres
obeïllant Serviteur
DEVIZE .
201
و
MONSEIGNEUR
:
0
LE DUC
D'ORLEANS
FRERE UNIQUE DU ROY
M ONSEIGNEUR,
م
S'il n'y a rien de plus
difficile àfaire que les EpiEPISTRE
.
Stres de la nature de celle
que j'ofe entreprendre ,
c'eſt ſur tout lors qu'onse
propose de donner quelque
idée d'une Vie toute glorieuse
, & qui s'est formée
Sur un Modelle où les
plushautes Vertus se trouvent
dans leur plus brillant
éclat. Quoy que les
bonnes inclinations qu'un
Prince fait voir si - toft
qu'il fort de l'Enfance ,
Semblent devoir faire croire
que la ſuite répondra à de Mon
EPISTRE .
fi beaux commencemens ,
'Histoire ne laiſſe pas de
nous fournir de grands
exemples du contrairs.
Mais , MONSEIGNEUR ,
on n'a pas douté un moment
que le temps ne donnaft
de la force aux vertus
naiſſantes deVoftreAlteffe
Royale , quand on vous a
veu pour la feuë Reyne vostre
Mere un respect 15
une tendreffe qui caufoient
de la joye & de l'admiration
à tous ceux qui avoient
EPISTRE.
P'honneur de vous aprocher.
V. A. R. n'estoit jamais
plus contente , que lors qu'-
Elle estoit avec cette Princeffe.
Vous quittiez fouvent
les plaiſirs qui ont accoutumé
d'attacher les Per-
Sonnes d'un age peu avancé
, pour ſuivre cette vertueuse
Reyne dans les lieux
où sa pieté la conduiſoit..
Vostre chagrin paroiſſoit
fenſible, lors que vous croyiez
luy avoir déplû en quelque
chofe ; & dés queV. A. R.
EPISTRE .
eut remarqué que cettefage
Princeffe fouhaitoit que
vous vous attachaßiez au
Roy, ces voeux furent außitoſt
remplis ; mais , MONSEIGNEUR
, comme vous ne
faites en cela que ſuivre
voſtre penchant naturel , il
a toûjours paru depuis ce
temps-là que rien ne pouvoit
alterer la reſpectueuse
amitié que vous aviez pour
un Monarque quieft devenu
les delices defes Peuples,
& l'admiration de toute la
EPISTRE.
Terre ; le temps n'a fait
qu'augmenter cette union ,
& la tendreſſe vous ayant
joint au Roy ainfi que le
Sang, tout a marqué la
parfaite intelligence dans
laquelle vous vivez. Lors
qu'il s'estagy des divertiffemens
que l'age autorise , &
des Spectacles qu'unSouverain
doit donner pour la
gloire deſon Etat , & pour
occuper la plus vive Feuneſſe
de fa Cour, qui ſans
ces plaisirs neceſſaires auroit
EPISTRE.
pû en chercher d'autres
moins permis on vous a vûs
briller enfemble , &vous
faire reconnoiſtre par voſtre
bonne grace & par vostre
bon air, toutes les fois que
l'usage observé dans ces
fortes de Spectacles demandoit
que vous fußiez caché.
Quandde cesfeux on apaffé
à quelque divertiſſement
Martial , on vous a veus
dans ces Festes guerrieres
dans ces Carrousels commander
l'un l'autre les
EPISTRE .
premieres Quadrilles.Enfin
lors qu'il s'estagy de veritables
fatigues , & de perils
eff ctifs, on peut dire,MONSEIGNEUR
, que vous n'avez
pas feulement accom
pagnéleRoy, mais que vous
avez toujours esté ſonOm
bre,s'ilm' eftpermisdeparler
ainsi, à moins que V.A.R.
n'ait quitté cet Augufte
Frere pour aller vaincre
fes Ennemis en prenant
des Places, ou en gagnant
des Batailles. Le doy parler
EPISTRE.
de cette union , puis que d'e
toutes les merveilles de ce
floriffantEtat, c'est ceque le
Roy deSiam ale plus admiré.
Les Relations conviennent
toutes que lors que ce
Monarque l'eut apprise, il
ditqu'il nes'étonnoitplusdes
prosperitez de la France ,
ny du malheur de quelques
Roisfes voifins, dont la di
viſion de la Famille Royale
avoit cauſe laruine. Enfin
ce Prince en parla d'une
maniere quifit paroiſtre que
EPISTRE.
cestoit la seule chose qui
manquoit au bonheur deSa
Vie , esque s'il euſt eu quelques
Souhaits à former , ils
ne pouvoient estre quesur
une choſe dans laquelle il
faisoit confifter leſouverain
bonheurd'unEtat. LesAmbaffadeurs
de ce Monarque
ne luy diront pas seulement
ce qu'ils ont veu de cetteunion;
mais aprés luy avoir
confirmé tout ce que la Renommée
a prisſoin de luy aprendre
des merveilles de la
i
Vie
EPISTRE.
Viedu Roy , ils parleront de
V. A. R. Ils enfont charmez
, & voicy la troiſiéme
Relation , où l'on peut voir
de quelle maniere ils ont expliqué
ce qu'ils en penſent.
Vostre bonté , MONSEIGNEUR,
leur a paru dans
les choses obligeantes queV.
AR a bien voulu leur dire,
Vostre magnificence a brillé
à leurs yeux dans vos Palais
&&dans vos Festes , &
ils ont paßé pendant leur
Voyage de Flandre dans
EPISTRE.
quelques - uns des lieux où
V. A. R. a fait marcher la
Victoireàses coſtez. Mais
comme ils n'ont vũ qu'une
partie de ce que vous avez
conquis pour le Roy , je ne
Sçaurois m'empescher de
marquer icy tout ce que vous
avez fait lors que vous avez
commandé en Chef les
Armées d'un FrereAuguste
qui vous est plus cher que
vous- même. QuandceMonarque
entreprit la glorieu-
Se Guerre qui vangea tant
EPISTRE.
de Rois , en humiliant une
Puissance inferieure à ces
Souverains , & qui s'en di-
Soit lArbitre. SaMajesté
commença pardesEntrepri-
Ses dont tous les Siecles paf-
Sezne luy fourniffoient aucun
exemple. Elle ouvrit la
Campagne par quatre Sieges
àla fois , &vous euftes
Pavantage , MONSEL
GNEUR, de triompher le
premier en forçant la Ville
d'Orsoy de ſe rendre à dif
cretion ; de forte qu'on ne
Tij
EPISTRE .
1
peut s'entretenir de cette fameuse
Guerre qu'aprés avoir
admiré le Roy dans
tout ce qu'il a fait pour la
Soûtenir außi glorieusement
qu'il l'avoit commencée , on
ne paſſe aux Actions du
Prince à qui est deuë la
conqueste de cette Place.Elle
couta peu de temps & peu
d'hommes ; & cependant ,
MONSEIGNEUR , le Roy ,
&V. A.R toûjours inſepables
, ſur tout dans le
peril , vous courustes risque
EPISTRE .
L
de la Vie. Sa Majestévoulant
tout voir , & donner
par ttoouuttſeess ordres elle-mefme
, alloit tantoft àun Siege
& tantoſt à l'autre. Ainfi
on peut dire qu' Ellé estoiten
meſme temps devant les
quatre Places aßiegées. Ce
Monarque estant un jour
venu dans vostre Camp ,
vous allaſtes enſemble voir
quelques attaques . Vous
bravaſtes le peril , & demeuraſtes
quelque tempsen
un lieu où M. le Chevalier
EPISTRE .
preff aftes
d Arquin,qui vousſuivoit,
fut tué d'un coup de Canon
avant que vous fußiezhors
deſa portée. Ce Siege fut
bien-toft finy, mais la maniere
dont vous preffaftes
cette Place , & voſtre inébranlable
fermetéfirent connoiſtre
que vous eſtiez capable
des plus hautes entreprifes.
Le Roy enfut bien per
Suadé, puis qu'aprés cette
conqueſte il choisit V. A. R.
pour faire le Siege de Zutphen,
Placeforte , & Capi
EPISTRE .
tale d'une Province. L'impatiente
ardeur que vous
fiftes alors paroistre fut une
preuve incontestable es de
voſtre valeur , & du desir
que vous aviez d'acquerir
de la gloire. Vous partiſtes
à trois heures du matin , &
demeurastes quatorze heures
àcheval. Enfin , MONSEIGNEUR,
vous n'arrestates
qu'àla veuë de laPlace,
où vous deviez cueillir des
Lauriers, &fi elle avoit esté
plus éloignée, l'ardeur quié
EPSSTRE .
chaufoit votre courage,vous
auroit empeſché desentirles
fatiques ausquelles l'homme
le plus robuſte auroit dûfuccomber
Vous allastes reconnoiſtre
la Place jusqu'à la
portée du Mousquet. Vous
marquâtes l'endroit où vous
vouliez que la Tranchée
fust ouverte , es les lieux
où l'on devoit drefferles Bateries
; vous poursuiviſtes le
Siege avec vigueur ,
triomphant &des ruſes que
les Ennemis mirent en ufaEPISTRE.
ام
ge, &de toute la valeur
qu'ils firent paroiſtre , vous
réduiistes ſous l'obeiffance
du Roy unePlace forte par
elle-mesme,&par une nombreuse
Garnison , &munie
de tout ce qui pouvoitfervir
àune longue défense;mais
vostre pieté vous empefcha
d'y entrer , avant que d'y
avoir rétably le culte des
Autels , eny faisant celebrer
laMeffe.
L'année ſuivante le Roy
ayant aßiegeMastric, donEPISTRE.
naà V. A. R. l'attaque dis
Fort de Veich. Ce ne devoit
estre qu'unefaufſe Attaque,
mais vous la poufſfaſtes avec
tant de chaleur le jour que
vos Troupes donnerent pour
favorifer la veritable , que
vousfiſtesrompre les Palif-
Sades,&emporterla Demylune
; deforte quefi on eust
préparé des échelles , on se
Seroit rendu Maistre de la
Place par escalade , tant
vous ſcavez inſpirer d'ardeur
aux Troupes qui com-
د.
EPISTRE.
battent ſous vos ordres .
Pendant le cours de cette
Guerre , V. A. R. prit encore
deux Places importantes,
5gagna une Bataille qui
en afſeura beaucoup autres.
Bouchain fut la premiere
qui connut que vous n'attaquezjamais
fans triompher.
Aprés avoir reconnu
vous- mefmes les endroits les
plus avantageux , vous ré-
Solûtes d'ataquer deux Baſtions
. L'un estoit convert
par un Ouvrage à corne,
>
EPISTRE .
LaCourtine qui estoit entre
ces deux Bastions estoitaußi
couverte d'une Demy-lune ,
&pour diviſerle feu desAffiegezpar
une diverſion neceffaire,
&faciliterles Travaux
de cette attaque qui
embrafſoit plusieurs grands
Ouvrages , V. A. R. jugea
àpropos d'en faire commencer
une du costé de la baffe-
Ville.
Vous estiez appliqué à
ce Siege , lors que le Roy
vous envoya avertir, fuivant
EPISTRE.
vant la parole qu'il vous
avoit donnée , Qu'il voyoit
quelque apparence deBataille
,& qu'il croyoit que
le Prince d'Orange expoſeroit
plûtoſt cinquante
mille hommes, que d'eſtre
témoin de la priſe de Bouchain.
Vous marchastes
außi- toft,laiſſant vos ordres
pour la continuation du Siege.
Vous trouvaſtes leRoy
en Bataille en presence des
Ennemis, &vous vousmi
tes àla teſte de l'aifle gauche
ū
EPISTRE .
que vous deviez commander.
Le Prince d'Orange
ayant évitéle Combat, vous
retournaſtes au Camp , 5
tout remply encore de l'ardeur
dont vous eſtiez animé
, vous ordonnaſtes qu'on
emportaft tous les Dehors
de Bouchain l'épée à la
main, ce qui fut executé,
laPlace ſe rendit bien- toft
aprés. Tant que ce Siege
dura, V. A. R. paffa toutes
les nuits à cheval. Elle viſitoit
les Attaques , les BateEPISTRE.
ries , & les Gardes des Lignes.
Elle entroit dans tous
les détails , & envoyoit
fans ceffe des rafraichiffemens
aux Soldats pour les
encourager au travail.
Fedeurois parlericy d'une
Conqueſte bien plus importante
, &dire ce que V. A.
R. fit devant Saint Omer
mais comme on en peut jugerpar
les Sieges des Places
que vous avez prifes ,dont
Je viens d'ébaucher quelques
Actions, je ne parleray
EPISTRE.
plus que de la Bataille de
Caffel ; elle est remplie de
trop de circonstances glorieuses
àV. A. R. pourn'en
marquerpas au moins quelques-
unes . L'Armée ennemie
estoit plus forte que celle
du Roy,elle estoit postée dans
des lieux naturellementfortifiez.
Des hayes vives &
des foſſez pleins d'eau luy
fervoient de rempart, elle
n'estoit point obligée de di
viſerſes forces comme vous,
MONSEIGNEUR , qui de
EPISTRE .
viez laiffer des Troupes
dans la Tranchée de Saint-
Omer,& dans les postes que
que vous aviez gagnez autour
de cette Place. Cependant
voyant la neceßité , ou
de combattre , ou d'eſtre contraint
à lever le Siege que
vous aviez ſi heureuſement
commencé, vous ne balançastes
point,quoy que leConfeildeGuerre
euft de lapeine
àSerefoudre au Combat,
dites, Que vous ne vouliez
pas eſtre obligé à lever le
EPISTRE.
Siege , & que fous voſtre
Commandement les Armes
du Roy receuffent un
affront qui ne leur eſtoit
point encorearrivé depuis
le commencement de la
Guerre. Vous vous avançaftes
enfuitepour reconnoiſtre
les Ennemis , & donnastes
des ordres pour les
aller attaquer. Ce fut - là
que vous remplistes les devoirs
& d'un brave Capitaine
, & d'un General experimenté
Vous exhortaftes
EPISTRE.
les Soldats, vous leur inspiraſtes
de l'ardeur , & vous
les menaſtes à la charge.
Ainsi vostre esprit esvostre
coeur n'agirent pas moins
que vostre bras. Dés que les
Ennemis faisoient quelque
mouvement , vous donniez
de nouveaux ordres , & vous
fuftes toûjours defangfroid
au milieu des dangers ,Sans
paroiſtre un seul moment
embaraßé. Lefeu des Ennemis
ne vous étonna point;
vous vistes pluſieurs de vos
A
EPISTRE.
Officiers bleffez autour de
vous ; vous eustes mesme un
cheval bleßé , & receustes
un coup de Mousquet dans
vos Armes. Tout cela ne
vous empécha point de chargerſouvent
à la teste des
EscadronsedesBataillons,
d'estre toûjours au plus fort
de la mêlée , & de remener
vous-mesme au Combat,des
Troupes qui avoient plié.
Le lendemain la douceur
ayant pris la place du feu
qui brilloit dans vos yeux
EPISTRE..
ود
le jour du Combat ,le foin
que vous fiftes prendre des
Bleſſez,vous rendit l'amour
des Vaincus dont vous
aviez esté la terreur , comme
vous devinſtes l'admiration
des Vainqueurs..
Mais, MONSEIGNEUR, ce
n'est pas affez , qu'aprés a
voir fait voir voſtre ſage
conduite dans un âge où la
prudence eft fi peu ordinatre
àla jeunesse , jaye fait une
legere peinture d'une partie
de vos éclatantes Actions ;
aa
EPISTRE.
Jedois ajoûter icy que nousne
voyons point de Souverains
, meſmeparmy les plus
puiſſans Monarques , qui
ayent porté la magnificence
außi loin que V. A. R. Vos
Superbes Bastimens , vos
Meubles magnifiques, &la
riche abondance de vosPierrerits
, tout marque le Sang
dont vous fortez. Cependant,
MONSEIGNEUR,tant
dechoſes n'empeſchent point
que la Nobleffe infortunée
ne trouve un azile auprés
EPSSTRE.
de vous , es que beaucoup
d'illustres Malheureux ne
foient tous les ans vangez
par vos bienfaits des injuſtices
de la fortune. Si l'on
joint à toutes ces dépenses
les grandes &galantes Feſtes
que vous donnez ſouvent
, on connoistra, MONSEIGNEUR
, que vous fçavezfoûtenir
de toutes manieres
l'éclat de vostre augufterang;
außı perſonne n'en
connoift-il mieux la grandeur
,&les droits queV.A
EPISTRE .
R. Maisquoy que vous les
Coûteniez ſi dignement ,
vous avez une bonté naturelle
, qui ſans vous faire
defcendre de vostre rang
vous attire tous les coeurs.
Iusqu où ne va- t- elle point
pour les auguſtes Perfonnes
qui vous touchent ? Quels
Soins ne prenez - vous pas
de l'éducation d'un Prince,
dont l'efprit a brillé avant
l'âge , &à qui vous donnez
ſi ſouvent d'utiles leçons.?
Quelle tendreffe n'avez-
VOUS
EPISTRE.
C
pas pour la Reyne d'Eſpagne
, & pour Madame la
DucheffeRoyalede Savoye,
vos augustes Filles ! On en
peut juger par l'empreſſo
ment que vous avez à leur
apprendre de vos nouvelles ,
& à recevoir des leurs , &
par les Preſens que vous
leur faites continuellement;
de forte que si elles ne tenoient
point la vie de vous ,
vous paroiftriez peut- estre
trop galant à leur égard.
Mais , MONSEIGNEUR
ee
EPISTRE.
on peut dire quesi l'avan
tage eft grandde vous avoir
pour Pere , il y en a außi
beaucoup à vous avoir pour
Maistre. Ceux qui ont
I'honneur de vous fervir ,
trouvent unProtecteurdans
V. A. R. Vous avez la
bonté d'entrer jusque dans
le détail de leurs affaires.
S'ils ont des proces que vous
trouviez juftes , vous les
faites recommander ; &sit
faut obtenir du Roy quetque
grace en leur faveur .
EPISTR E.
V. A. R. ne dédaigne
point de parler pour eux.
Enfin ,MONSEIGNEUR ,
-Si on vous rend quelque
Service diftingué , vous
accablez de bienfaits ceux
dont vous le recevez .Mais,
MONSEIGNEUR , je
voy qu'il faut que je finiffe
malgré l'abondance de
la matiere qui me reste ,
& que pour ne point pas-
Ser tes bornes d'une Epiſtre
, j'ajoûteſeulement icy
EPISTRE.
que je suis avec le plus profond
respect,
MONSEIGNEUR,
De Voſtre Alteſſe Royale
Le tres -humble & tres
obeïllant Serviteur
DEVIZE .
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Résumé : A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
L'épître est adressée à Monseigneur le Duc d'Orléans, frère unique du roi, et met en lumière les vertus et les exploits du Duc. L'auteur reconnaît la difficulté de décrire une vie aussi glorieuse et vertueuse, tout en soulignant que les bonnes inclinations d'un prince peuvent se manifester dès l'enfance, bien que l'histoire offre des exemples contraires. Le Duc d'Orléans est loué pour son respect et sa tendresse envers la reine, sa mère, ainsi que pour son attachement au roi. Il a souvent préféré la compagnie de la reine aux plaisirs habituels de son âge, et son chagrin était visible lorsqu'il croyait lui avoir déplu. La reine souhaitait qu'il se rapproche du roi, ce qui fut réalisé. Leur relation est marquée par une respectueuse amitié et une parfaite intelligence, renforcée par des divertissements et des spectacles où ils brillaient ensemble. Lors des divertissements martiaux, le Duc et le roi se distinguaient dans les carrousels et les fêtes guerrières. Leur union a été admirée par le roi de Siam, qui y voyait une clé du bonheur et de la prospérité de l'État français. L'épître détaille également les exploits militaires du Duc, notamment lors de la guerre contre une puissance inférieure. Le Duc a joué un rôle crucial dans la prise de plusieurs places fortes, comme Orsoy, Zutphen, et Bouchain, montrant un courage et une détermination exceptionnels, souvent au péril de sa vie. Il a également participé à la bataille de Cassel, où il a mené les troupes avec ardeur et stratégie. Sa conduite sage et brave a été saluée par tous. Enfin, l'épître souligne la magnificence du Duc, visible dans ses bâtiments superbes, ses meubles magnifiques, et la richesse de ses pierreries, tout en notant que ces richesses n'entravent pas sa noblesse et sa générosité.
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105
p. 4-6
Mr de Seignelay fait voir aux Ambassadeurs les Pierreries du Roy, & ce qu'ils en disent. [titre d'après la table]
Début :
Cependant leur étonnement redoubla lors que Mr de Seignelay [...]
Mots clefs :
Pierreries, Roi, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, Perles, Indes
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texteReconnaissance textuelle : Mr de Seignelay fait voir aux Ambassadeurs les Pierreries du Roy, & ce qu'ils en disent. [titre d'après la table]
Cependant leur étonnement
redoubla lors que M' de Seignelay
leur montra les Pierreries
de Sa Majefté- Ils dirent
à l'égard des Perles,Qu'il
yen avoit d'auſſi belles aux Indes,
mais ils ajoûterent qu'ils avoient
veu ce qu'ily avoit de plus belles
Pierrerie en la Chine, auJapon,
preſque dans toutes les Indes ,
qu'excepté celles du Mogol,
qu'ils n'avoientpas venës,& qui
n'estoient peut- estre pas fibelles ,
ils n'en avoient point veu de la
des Amb. de Siam. s
grandeur , de l'épaisseur , de la
netteté , & de la perfection de
celles du Roy, ny enfi grandnom
bre ; mais que comme les Pierreries
ſontune des principales parties
de la magnificence d'un grand Roy ,
elles ne pouvoient manquer à un
Prince que le Cielavoit prisplaifir
à combler de toutes fortes de
grandeurs. Outre les Pierreries
que Mª de Seignelay leur
montra , il y en avoit un fort
grand nombre ſur l'habit que
le Roy avoit mis ce jour- là,
entre leſquelles eſtoient foixante
& dix gros Diamans
hors de prix. Il ſeroit difficile
A iij
6 III. P. du Voyage
de pouvoir marquer pour
combien de millions il y en
a dans la Maiſon Royale.
Monseigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine , qui
en avoient déja beaucoup ,
ont eu celles de la feuëReine,
&Monfieur, qui eſt lePrince
du monde le plus magnifique
en Pierreries , & qui s'y connoiſt
parfaitement, a herité
de toutes celles de la feuë
Reine Mere , le Roy ne s'ef
tant refervé queles Perles.
redoubla lors que M' de Seignelay
leur montra les Pierreries
de Sa Majefté- Ils dirent
à l'égard des Perles,Qu'il
yen avoit d'auſſi belles aux Indes,
mais ils ajoûterent qu'ils avoient
veu ce qu'ily avoit de plus belles
Pierrerie en la Chine, auJapon,
preſque dans toutes les Indes ,
qu'excepté celles du Mogol,
qu'ils n'avoientpas venës,& qui
n'estoient peut- estre pas fibelles ,
ils n'en avoient point veu de la
des Amb. de Siam. s
grandeur , de l'épaisseur , de la
netteté , & de la perfection de
celles du Roy, ny enfi grandnom
bre ; mais que comme les Pierreries
ſontune des principales parties
de la magnificence d'un grand Roy ,
elles ne pouvoient manquer à un
Prince que le Cielavoit prisplaifir
à combler de toutes fortes de
grandeurs. Outre les Pierreries
que Mª de Seignelay leur
montra , il y en avoit un fort
grand nombre ſur l'habit que
le Roy avoit mis ce jour- là,
entre leſquelles eſtoient foixante
& dix gros Diamans
hors de prix. Il ſeroit difficile
A iij
6 III. P. du Voyage
de pouvoir marquer pour
combien de millions il y en
a dans la Maiſon Royale.
Monseigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine , qui
en avoient déja beaucoup ,
ont eu celles de la feuëReine,
&Monfieur, qui eſt lePrince
du monde le plus magnifique
en Pierreries , & qui s'y connoiſt
parfaitement, a herité
de toutes celles de la feuë
Reine Mere , le Roy ne s'ef
tant refervé queles Perles.
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Résumé : Mr de Seignelay fait voir aux Ambassadeurs les Pierreries du Roy, & ce qu'ils en disent. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam ont exprimé leur admiration pour les pierreries du roi de France. Ils ont reconnu la beauté des perles, comparables à celles des Indes, mais ont souligné la supériorité des joyaux français en termes de grandeur, épaisseur, netteté et perfection. Les pierreries du roi étaient nombreuses et faisaient partie de sa magnificence royale. Outre celles présentées par M. de Seignelay, le roi portait soixante-dix gros diamants précieux sur son habit. La valeur des pierreries dans la Maison Royale était immense et difficile à estimer. Le Dauphin, la Dauphine et Monsieur possédaient également de nombreuses pierreries, tandis que le roi s'était réservé les perles.
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106
p. 6-11
Description du grand Commun du Roy. [titre d'après la table]
Début :
Il y a tant de choses surprenantes à voir à Versailles, [...]
Mots clefs :
Grand commun, Roi, Étage, Étages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description du grand Commun du Roy. [titre d'après la table]
Il y a tant de choſes furprenantes
à voiràVersailles,
qu'on ne mena point les
des Amb. de Siam. 7
Ambaſſadeurs dans le grand
Commun ,mais ce Bâtiment
eſt ſi vaſte , ſi élevé , & fe
fait remarquer de tant d'endroits,
qu'ils ne laiſſerent pas
de le voir en paſſant , & fans
y entrer,& ce qui leur en parut
leur fit dire , Qu'il y avoit
un fort grand nombre de puiſſans
Souverains dont les Palais estoient
beaucoup moins vaſtes , &moins
apparens. On l'appelle grand
Commun, parce que bien qu'il
enferme un grand nombre
d'Offices & de Cuiſines pour
les Officiers qui ont bouche
à Cour , ce que l'on appelle
A iiij
8 III.P.du Voyage
le petit Commun n'y eſt point
compris , non plus que la
Bouche du Roy , laquelle n'eſt
jamais hors du lieu où loge
Sa Majefté. Le grand Commun
eſt derriere l'aifle en
entrant à gauche de l'avantcourt
, & vis- à- vis la grande
aifle. C'eſt un grand corps de
Baſtiment iſolé , & quarré
long par fon plan d'environ
quarante-huit toiſes de long
fur cinquante toiſes de large,
quirenferme une court prefque
quarrée. L'étage au rezde
chauffée eſt voûté, & renferme
les Cuiſines, Dépenſes
1
des Amb. de Siam. 9
!
& Offices, & au deſſus le premier
étage ſe communique
par un Balcon de pierre en
faillie au pourtour de la court.
Ce Balcon eft fermé par une
Balustrade de fer. Il y a def
ſus un grand étage quarré,
en forte que ce Baftiment a
trois étages couronnez de
ſon Entablement dans le
comble qui eſt brifé. Il y a
trois étages en Galetas. Tout
ce Baſtiment eſt double d'u
ne toiſe d'épaiſſeur dans toute
ſon étenduë , & renferme
plus de fix cens pieces fermant
à clef , en y compre10
III . P. du Voyage
nant les Entre foles . La décoration
eft deBoffages & de
Tables de brique , & les milieux
de chaque face , tant
dedans que dehors, font marquez
parun avant- corps couronné
d'un fronton avec les
Armes du Roy. Au deſſous
de chaque fronton font des
bas-reliefs qui reprefentent
les quatre Saiſons de l'année,
fous quatre Divinitez qui
tiennent des fruits & des
fleurs que produifent les Saifons.
On doit demeurer d'accord
que tout ce qui marque
des Amb.de Siam. 11
la grandeur du Roy à Verfailles
, doit eſtre d'une gran
de magnificence , puiſqu'on
ne met pas le grand Commun
au rang des chofes
qu'on faitvoir aux Etrangers ,
quoy que les Ambaſſadeurs ,
comme je viens de vous le
marquer , l'ayent trouvé
plus beau que les Palais de
beaucoup de Souverains.
à voiràVersailles,
qu'on ne mena point les
des Amb. de Siam. 7
Ambaſſadeurs dans le grand
Commun ,mais ce Bâtiment
eſt ſi vaſte , ſi élevé , & fe
fait remarquer de tant d'endroits,
qu'ils ne laiſſerent pas
de le voir en paſſant , & fans
y entrer,& ce qui leur en parut
leur fit dire , Qu'il y avoit
un fort grand nombre de puiſſans
Souverains dont les Palais estoient
beaucoup moins vaſtes , &moins
apparens. On l'appelle grand
Commun, parce que bien qu'il
enferme un grand nombre
d'Offices & de Cuiſines pour
les Officiers qui ont bouche
à Cour , ce que l'on appelle
A iiij
8 III.P.du Voyage
le petit Commun n'y eſt point
compris , non plus que la
Bouche du Roy , laquelle n'eſt
jamais hors du lieu où loge
Sa Majefté. Le grand Commun
eſt derriere l'aifle en
entrant à gauche de l'avantcourt
, & vis- à- vis la grande
aifle. C'eſt un grand corps de
Baſtiment iſolé , & quarré
long par fon plan d'environ
quarante-huit toiſes de long
fur cinquante toiſes de large,
quirenferme une court prefque
quarrée. L'étage au rezde
chauffée eſt voûté, & renferme
les Cuiſines, Dépenſes
1
des Amb. de Siam. 9
!
& Offices, & au deſſus le premier
étage ſe communique
par un Balcon de pierre en
faillie au pourtour de la court.
Ce Balcon eft fermé par une
Balustrade de fer. Il y a def
ſus un grand étage quarré,
en forte que ce Baftiment a
trois étages couronnez de
ſon Entablement dans le
comble qui eſt brifé. Il y a
trois étages en Galetas. Tout
ce Baſtiment eſt double d'u
ne toiſe d'épaiſſeur dans toute
ſon étenduë , & renferme
plus de fix cens pieces fermant
à clef , en y compre10
III . P. du Voyage
nant les Entre foles . La décoration
eft deBoffages & de
Tables de brique , & les milieux
de chaque face , tant
dedans que dehors, font marquez
parun avant- corps couronné
d'un fronton avec les
Armes du Roy. Au deſſous
de chaque fronton font des
bas-reliefs qui reprefentent
les quatre Saiſons de l'année,
fous quatre Divinitez qui
tiennent des fruits & des
fleurs que produifent les Saifons.
On doit demeurer d'accord
que tout ce qui marque
des Amb.de Siam. 11
la grandeur du Roy à Verfailles
, doit eſtre d'une gran
de magnificence , puiſqu'on
ne met pas le grand Commun
au rang des chofes
qu'on faitvoir aux Etrangers ,
quoy que les Ambaſſadeurs ,
comme je viens de vous le
marquer , l'ayent trouvé
plus beau que les Palais de
beaucoup de Souverains.
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Résumé : Description du grand Commun du Roy. [titre d'après la table]
Lors de leur visite à Versailles, les ambassadeurs de Siam ont été impressionnés par le grand Commun, bien qu'il ne leur ait pas été spécifiquement montré. Ils ont noté que ce bâtiment, isolé et carré, mesurait environ quarante-huit toises de long sur cinquante toises de large et abritait une cour presque carrée. Il comportait trois étages principaux et trois étages en galetas, totalisant plus de six cents pièces fermées à clé. La décoration comprenait des boiseries, des tables de brique, des avant-corps avec des frontons et des armes royales, ainsi que des bas-reliefs représentant les quatre saisons sous des divinités tenant des fruits et des fleurs. Malgré son importance, le grand Commun n'est pas habituellement présenté aux étrangers. Cependant, les ambassadeurs de Siam l'ont trouvé plus beau que les palais de nombreux souverains.
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107
p. 20-23
Reception faite par Mr le Duc de la Rochefoucault aux Ambassadeurs, les Chevaux & les Chiens qu'ils virent au Chenil, & la Curée faite devant eux. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Duc de la Roche foucaut estoit accompagné de la [...]
Mots clefs :
François VII de La Rochefoucauld, Roi, Chiens, Curée, Chevaux, Chasse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception faite par Mr le Duc de la Rochefoucault aux Ambassadeurs, les Chevaux & les Chiens qu'ils virent au Chenil, & la Curée faite devant eux. [titre d'après la table]
M² le Duc de
la Roche foucaut eſtoit accompagné
de la plus grande
partie de cette Nobleſſe , lors
qu'il receut lesAmbaſſadeurs
à la porte de ſon Logement.
Ils y entrerent , & en admirerent
la magnificence & le
bon ordre. Ils remarquerent
une Tapifſſerie qui repreſente
'Hiſtoire de Leandre & de
Hero , & la trouverent fort
belle . Mª de la Roche- foucaut
leur fit voir enſuite les
Equipages du Roy , & les
Ecuries où la propreté avec
laquelle on tient cent cin.
des Amb de Siam. 21
quante Chevaux qui ne font
que pour la Chaſſe du Cerf,
leur fit donner de grandes
loüanges à ceux qui en ont
le ſoin. De la ils entrerent
dans la court où ſont les Loges
des Chiens , dont ils virentdeux
à trois cens ſur de
la paille fraiſche. Ils examinerent
la fimetrie des Baftimens
, & dirent , Qu'à tous
momens ils voyoient de nouveaux
miracles , & que l'homme ſeul
ne pouvoit concevoir la moitié de
ce qu'ils avoient veu. Mr. de la
Rochefoucaut fit fortir les
chiens ,& on leur fit faire la
22 III.P. du Voyage.
curée devant les Ambaffadeurs
, pour leſquels on apporta
des Fauteüils , où ils ſe
mirent. Ce Duc avoit fait
auffi aprêter une magnifique
Colation. Elle fut accompa
gnée de toutes fortes de liqueurs
, dont ils bûrent ſeulement.
Comme ils avoient
ſceu ſa naiſſance , le rang
confiderable de ſa Charge, &
l'eſtime particuliere dont le
Roy l'honore, ils dirent qu'ils
connoiffoient bien l'amitié & la
confideration qu'on avoir pour le
Roy de Siam , puis qu'un auſſi
grand Seigneur que M² de la
des Amb de Siam. 23
Rochefoucaut , distingué par tant
d'endroits , ſe donnoit la peine de
leur montrer luy- mesme tout ce
qu'il avoit eu la bonté de leur
faire voir. Ils joignirent à cela
de grands remerciemens de
la maniere dumonde la plus
honneſte.
la Roche foucaut eſtoit accompagné
de la plus grande
partie de cette Nobleſſe , lors
qu'il receut lesAmbaſſadeurs
à la porte de ſon Logement.
Ils y entrerent , & en admirerent
la magnificence & le
bon ordre. Ils remarquerent
une Tapifſſerie qui repreſente
'Hiſtoire de Leandre & de
Hero , & la trouverent fort
belle . Mª de la Roche- foucaut
leur fit voir enſuite les
Equipages du Roy , & les
Ecuries où la propreté avec
laquelle on tient cent cin.
des Amb de Siam. 21
quante Chevaux qui ne font
que pour la Chaſſe du Cerf,
leur fit donner de grandes
loüanges à ceux qui en ont
le ſoin. De la ils entrerent
dans la court où ſont les Loges
des Chiens , dont ils virentdeux
à trois cens ſur de
la paille fraiſche. Ils examinerent
la fimetrie des Baftimens
, & dirent , Qu'à tous
momens ils voyoient de nouveaux
miracles , & que l'homme ſeul
ne pouvoit concevoir la moitié de
ce qu'ils avoient veu. Mr. de la
Rochefoucaut fit fortir les
chiens ,& on leur fit faire la
22 III.P. du Voyage.
curée devant les Ambaffadeurs
, pour leſquels on apporta
des Fauteüils , où ils ſe
mirent. Ce Duc avoit fait
auffi aprêter une magnifique
Colation. Elle fut accompa
gnée de toutes fortes de liqueurs
, dont ils bûrent ſeulement.
Comme ils avoient
ſceu ſa naiſſance , le rang
confiderable de ſa Charge, &
l'eſtime particuliere dont le
Roy l'honore, ils dirent qu'ils
connoiffoient bien l'amitié & la
confideration qu'on avoir pour le
Roy de Siam , puis qu'un auſſi
grand Seigneur que M² de la
des Amb de Siam. 23
Rochefoucaut , distingué par tant
d'endroits , ſe donnoit la peine de
leur montrer luy- mesme tout ce
qu'il avoit eu la bonté de leur
faire voir. Ils joignirent à cela
de grands remerciemens de
la maniere dumonde la plus
honneſte.
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Résumé : Reception faite par Mr le Duc de la Rochefoucault aux Ambassadeurs, les Chevaux & les Chiens qu'ils virent au Chenil, & la Curée faite devant eux. [titre d'après la table]
Le Duc de la Rochefoucault reçut les ambassadeurs de Siam à l'entrée de son logement, entouré de nombreux nobles. Les ambassadeurs furent impressionnés par la magnificence et l'ordre des lieux, notant particulièrement une tapisserie illustrant l'histoire de Léandre et Héro. Le Duc leur fit visiter les équipages du roi et les écuries, où ils découvrirent cent cinquante chevaux destinés à la chasse au cerf. Ils apprécièrent la propreté des lieux et la qualité des soins apportés aux animaux. Ils visitèrent également les loges des chiens, où deux à trois cents chiens reposaient sur de la paille fraîche. Les ambassadeurs exprimèrent leur admiration pour la fierté des bâtiments et les miracles observés. Le Duc organisa une curée de chiens à leur intention, et ils assistèrent à la scène depuis des fauteuils. Une collation somptueuse fut servie, accompagnée de diverses liqueurs. Connaissant la naissance et le rang élevé du Duc, ainsi que l'estime du roi à son égard, les ambassadeurs reconnurent l'amitié et la considération portées au roi de Siam et exprimèrent leur gratitude de manière honnête.
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108
p. 32-36
Les Ambassadeurs receus à la Petite Ecurie par Mr le Marquis de Beringhen, avec le nombre & le Pays de tous les Chevaux qu'ils y ont veu. [titre d'après la table]
Mots clefs :
Chevaux, Ambassadeurs, Poil, Jacques-Louis de Beringhen, Roi, Rang, Perle, Rubans, Tête, Chevaux de carrosse, Petite écurie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs receus à la Petite Ecurie par Mr le Marquis de Beringhen, avec le nombre & le Pays de tous les Chevaux qu'ils y ont veu. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs ont eſté
voir ces Ecuries. Ils entrerent
dans la Petite par la grille, &
furent receus à la porte de
l'Ecurie par Male Marquis de
Beringhen, Premier Ecuyer
du Roy, receu en ſurvivance.
Il eſtoit ſuivy de M. de Ca
des Amb. de Siam.
3.3
banac , & de deux autres Efcuyers
, du Gouverneur des
Pages , avec la plus grande
partie de cette Nobleffe , le
reſte eſtant au rendez-vous
de Chaſſe de Monſeigneur
Il y avoit auſſi beaucoup de
Valets- de- pied , & un nombre
preſque infiny de perſonnes
de Livrée , quoyqu'il
en fuſt demeuré plufieurs
dans tous les rangs .
Aprés que les Ambaſſadeurs
& M de Beringhen ſe furent
ſaluez , & que les complimens
de civilité eurent eſté
faits , on entra dans le dou
34 III. P. du Voyage
ble rang, où l'on fit voir d'abord
aux Ambaſſadeurs cinq
Attelages à dix Chcvaux, entre
leſquels ils remarquerent,
Ceux d'Eſpagne , de poil
noir.
Les Brandebourgs , de poil
bay, qui viennent de la Pruffe
Ducale,&dont M l'Electeur
de Brandebourg fit prefent
au Roy il y a environ cinq
ans .
Les gris de perle , qui font
de trés-nobles Chevaux, fortis
du haras du Comte d'Oldembourg.
Les Tygres , qui viennent
des Amb de Siam. 35
du coſté de Pologne.
Les feüilles-mortes, qui font
d'un poil trés - rare & tresbeaux
, & qui viennent du
meſme pays que les gris de
perle.
Les Ambaſſadeurs n'admirerent
pas ſeulement la fierté
de tous ces Chevaux , mais
encore la beauté & la diver
ſité de leur poil. Ils pafferent
de là au rang des Montures
de Monſeigneur , où ils virent
un fort grand nombre
de trés-beaux Chevaux, tant
de France , que d'Angleterre.
Ils eftoient tous en bridons
36 III . P. du Voyage
blancs, avec des rubans couleur
de feu à la teſte , ainſi
que les Chevaux de carroſſe,
qu'ils avoient déja vûs , &
dont les queuës eſtoient pareillement
garnies de rubans.
Ceux qu'ils virent aprés cela
en avoient auſſi , j'entens les
Chevaux de carroſſe, les autres
n'en ayant qu'à la teſte.
voir ces Ecuries. Ils entrerent
dans la Petite par la grille, &
furent receus à la porte de
l'Ecurie par Male Marquis de
Beringhen, Premier Ecuyer
du Roy, receu en ſurvivance.
Il eſtoit ſuivy de M. de Ca
des Amb. de Siam.
3.3
banac , & de deux autres Efcuyers
, du Gouverneur des
Pages , avec la plus grande
partie de cette Nobleffe , le
reſte eſtant au rendez-vous
de Chaſſe de Monſeigneur
Il y avoit auſſi beaucoup de
Valets- de- pied , & un nombre
preſque infiny de perſonnes
de Livrée , quoyqu'il
en fuſt demeuré plufieurs
dans tous les rangs .
Aprés que les Ambaſſadeurs
& M de Beringhen ſe furent
ſaluez , & que les complimens
de civilité eurent eſté
faits , on entra dans le dou
34 III. P. du Voyage
ble rang, où l'on fit voir d'abord
aux Ambaſſadeurs cinq
Attelages à dix Chcvaux, entre
leſquels ils remarquerent,
Ceux d'Eſpagne , de poil
noir.
Les Brandebourgs , de poil
bay, qui viennent de la Pruffe
Ducale,&dont M l'Electeur
de Brandebourg fit prefent
au Roy il y a environ cinq
ans .
Les gris de perle , qui font
de trés-nobles Chevaux, fortis
du haras du Comte d'Oldembourg.
Les Tygres , qui viennent
des Amb de Siam. 35
du coſté de Pologne.
Les feüilles-mortes, qui font
d'un poil trés - rare & tresbeaux
, & qui viennent du
meſme pays que les gris de
perle.
Les Ambaſſadeurs n'admirerent
pas ſeulement la fierté
de tous ces Chevaux , mais
encore la beauté & la diver
ſité de leur poil. Ils pafferent
de là au rang des Montures
de Monſeigneur , où ils virent
un fort grand nombre
de trés-beaux Chevaux, tant
de France , que d'Angleterre.
Ils eftoient tous en bridons
36 III . P. du Voyage
blancs, avec des rubans couleur
de feu à la teſte , ainſi
que les Chevaux de carroſſe,
qu'ils avoient déja vûs , &
dont les queuës eſtoient pareillement
garnies de rubans.
Ceux qu'ils virent aprés cela
en avoient auſſi , j'entens les
Chevaux de carroſſe, les autres
n'en ayant qu'à la teſte.
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Résumé : Les Ambassadeurs receus à la Petite Ecurie par Mr le Marquis de Beringhen, avec le nombre & le Pays de tous les Chevaux qu'ils y ont veu. [titre d'après la table]
Les Ambassadeurs de Siam visitèrent les écuries royales, accueillis par le Marquis de Beringhen, Premier Écuyer du Roi, et d'autres Écuyers ainsi que la noblesse. La visite fut marquée par la présence de nombreux valets et personnes en livrée. Après les salutations, les Ambassadeurs admirèrent cinq attelages de dix chevaux chacun, incluant des chevaux d'Espagne, des Brandebourgs de Prusse, des gris de perle du Comte d'Oldembourg, des Tygres de Pologne et des feuilles-mortes du même Comte. Ils notèrent la fierté, la beauté et la diversité des chevaux. Ensuite, ils furent conduits au rang des montures de Monseigneur, où ils virent des chevaux français et anglais ornés de bridons blancs et de rubans rouges, ainsi que des chevaux de carrosse garnis de rubans aux queues.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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109
p. 46-48
Autres particularitez concernant la mesme Ecurie. [titre d'après la table]
Début :
On compte plus de six cens Chevaux, dans tous les [...]
Mots clefs :
Petite écurie, Calèches, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Autres particularitez concernant la mesme Ecurie. [titre d'après la table]
On
compte plus de fix cens Chevaux,
dans tous les lieux qui
forment la petite Ecurie. Le
nombre des Carroſſes , Calefches
& Souflets , & Calefches
nommées Diligentes à cauſe
de leur viteſſe , eſt grand à
proportion , & tout cela eft
fort riche. Il y en a pour
le Roy , pour Monſeigneur ,
pourMonseigneur le Duc de
ourgogne& pour leur fuite.
des Amb. de Siam. 47
Entre lesCaleſches, on envoit
une pour le Roy àtrois bancs,
dans laquelle il y a place pour
ſeize perſonnes. Ily a aufli un
Carroſſe de parade pour Sa
Majesté , d'une magnificence
extraordinaire,toutbrodé dedans
& dehors, dont le train
eſt trés- beau , & les harnois
extrémement riches. Elle
a encore beaucoup d'autres
Carroffes en divers endroits
, & particulierement
dans les Remiſes de Paris & de
Vincennes . Les Ambaſſadeurs
aprés avoir écouté avec attention
tout ce qu'on leur dit
48 III P. du Voyage
ſur la petite Ecurie , & s'eſtre
informez de pluſieurs chofes,
fortirent en admirant toûjours
la grandeur du Roy . Ils
remercierent en fortant Me le
Marquis de Beringhen, de la
peine qu'il s'eſtoit donnée, &
luy firent de grandes honnê .
tetez.
compte plus de fix cens Chevaux,
dans tous les lieux qui
forment la petite Ecurie. Le
nombre des Carroſſes , Calefches
& Souflets , & Calefches
nommées Diligentes à cauſe
de leur viteſſe , eſt grand à
proportion , & tout cela eft
fort riche. Il y en a pour
le Roy , pour Monſeigneur ,
pourMonseigneur le Duc de
ourgogne& pour leur fuite.
des Amb. de Siam. 47
Entre lesCaleſches, on envoit
une pour le Roy àtrois bancs,
dans laquelle il y a place pour
ſeize perſonnes. Ily a aufli un
Carroſſe de parade pour Sa
Majesté , d'une magnificence
extraordinaire,toutbrodé dedans
& dehors, dont le train
eſt trés- beau , & les harnois
extrémement riches. Elle
a encore beaucoup d'autres
Carroffes en divers endroits
, & particulierement
dans les Remiſes de Paris & de
Vincennes . Les Ambaſſadeurs
aprés avoir écouté avec attention
tout ce qu'on leur dit
48 III P. du Voyage
ſur la petite Ecurie , & s'eſtre
informez de pluſieurs chofes,
fortirent en admirant toûjours
la grandeur du Roy . Ils
remercierent en fortant Me le
Marquis de Beringhen, de la
peine qu'il s'eſtoit donnée, &
luy firent de grandes honnê .
tetez.
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Résumé : Autres particularitez concernant la mesme Ecurie. [titre d'après la table]
Le texte présente la petite écurie royale, qui abrite plus de six cents chevaux répartis dans divers lieux. Elle possède également un grand nombre de carrosses, calèches et soufflets, dont des 'diligentes' rapides. Ces véhicules sont destinés au roi, à Monseigneur, au Duc de Bourgogne, à leur suite et aux ambassadeurs de Siam. Parmi les calèches, une est envoyée au roi avec trois bancs, pouvant accueillir seize personnes. Un carrosse de parade pour Sa Majesté est remarquable par sa magnificence et ses ornements brodés, ainsi que par son train et ses harnais extrêmement riches. D'autres carrosses sont dispersés dans les remises de Paris et de Vincennes. Les ambassadeurs, après avoir écouté les explications sur la petite écurie et s'être informés de plusieurs détails, quittèrent les lieux en admirant la grandeur du roi. Ils remercièrent le Marquis de Beringhen pour ses efforts et lui témoignèrent de grandes marques de respect.
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110
p. 59-62
Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain ils allerent accompagnez des Mandarins, à la Maison [...]
Mots clefs :
Mont-Louis, Jésuites, Pères, Père de La Chaise, Roi, Plaisir, Évêque de Beauvais
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Le lendemain ils allerent
accompagnez des Mandarins,
à la Maiſon des Peres Jeſuïtes,
dite Monloüis, ſituée ſur
une hauteur au de-là du Fau
60 III . P. du Voyage
bourg S.Antoine ; & aprés s'y
eſtre promenez pendant quelque
temps , on leur fervit un
dîner fi bien entendu & fi
magnifique, qu'ils dirent que
l'on ne pouvoit traiter avec
plus de magnificence & de
propreté. Le R. Pere de la
Chaife , Confefleur du Roy,
faifoit les honneurs de la
Maiſon. Il y eut concert de
Voix & d'Inftrumens pendant
le repas. Comme ils eftoient
dans un lieu fort élevé
au deſſus de Paris, ils prirent
beaucoup de plaifir à
regarder cette grande Ville,
des Amb. de Siam. 61
qui forme de ce coſté là un
des plus beaux aſpects qu'on
ſe puiffe imaginer ; & ayant
beaucoup de memoire, & l'imagination
tres-forte, ils remarquerent
la pluſpart des
lieux où ils avoient eſté . Mr
l'Eveſque de Beauvais, qui ſe
trouva ce jour là au ineſme
lieu , ſe fit un plaifir de leur
converſation. Ils remonterent
en carroſſe ſur les cinq
heures du ſoir , aprés avoir
fait au R. Pere de la Chaiſe,
&aux autres Peres qui l'accompagnoient,
beaucoup de
remercîmens de la reception
62 III. P. du Voyage
qu'ils leur avoient faite : &
ces Peres marquerent de leur
coſté, qu'il leur eſtoit impof
fible de faire affez de chofes
qui leur fuſſent agreables,
pour bien reconnoiftre les
bontez toutes fingulieres que
le Roy de Siam & fes Minif
tres ont pour les Miſſionnaires
de leur Compagnie.
accompagnez des Mandarins,
à la Maiſon des Peres Jeſuïtes,
dite Monloüis, ſituée ſur
une hauteur au de-là du Fau
60 III . P. du Voyage
bourg S.Antoine ; & aprés s'y
eſtre promenez pendant quelque
temps , on leur fervit un
dîner fi bien entendu & fi
magnifique, qu'ils dirent que
l'on ne pouvoit traiter avec
plus de magnificence & de
propreté. Le R. Pere de la
Chaife , Confefleur du Roy,
faifoit les honneurs de la
Maiſon. Il y eut concert de
Voix & d'Inftrumens pendant
le repas. Comme ils eftoient
dans un lieu fort élevé
au deſſus de Paris, ils prirent
beaucoup de plaifir à
regarder cette grande Ville,
des Amb. de Siam. 61
qui forme de ce coſté là un
des plus beaux aſpects qu'on
ſe puiffe imaginer ; & ayant
beaucoup de memoire, & l'imagination
tres-forte, ils remarquerent
la pluſpart des
lieux où ils avoient eſté . Mr
l'Eveſque de Beauvais, qui ſe
trouva ce jour là au ineſme
lieu , ſe fit un plaifir de leur
converſation. Ils remonterent
en carroſſe ſur les cinq
heures du ſoir , aprés avoir
fait au R. Pere de la Chaiſe,
&aux autres Peres qui l'accompagnoient,
beaucoup de
remercîmens de la reception
62 III. P. du Voyage
qu'ils leur avoient faite : &
ces Peres marquerent de leur
coſté, qu'il leur eſtoit impof
fible de faire affez de chofes
qui leur fuſſent agreables,
pour bien reconnoiftre les
bontez toutes fingulieres que
le Roy de Siam & fes Minif
tres ont pour les Miſſionnaires
de leur Compagnie.
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Résumé : Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Le lendemain, les ambassadeurs de Siam, accompagnés de mandarins, se rendirent à la Maison des Pères Jésuites, appelée Monloüis, située au-delà du bourg Saint-Antoine. Après une promenade, ils furent invités à un dîner somptueux, qu'ils jugèrent d'une magnificence et d'une propreté inégalables. Le Père de La Chaise, confesseur du roi, les accueillit et leur fit visiter les lieux. Un concert de voix et d'instruments anima le repas. Les ambassadeurs admirèrent Paris depuis la hauteur du lieu, appréciant sa beauté et ses aspects mémorables. L'évêque de Beauvais, présent ce jour-là, prit plaisir à converser avec eux. Vers cinq heures du soir, après avoir remercié le Père de La Chaise et les autres Pères pour leur accueil, les ambassadeurs remontèrent en carrosse. Les Pères Jésuites exprimèrent leur désir de faire plaisir aux ambassadeurs pour reconnaître les bonnes dispositions du roi de Siam et de ses ministres envers les missionnaires de leur Compagnie.
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111
p. 94-97
Presens portés aux Ambassadeurs par Mr de Lagny fils, & ce qui se passe en cette occasion, avec les honnestetés qu'ils luy font ainsi qu'à Mr le Brun. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain, qui estoit la veille de leur départ pour [...]
Mots clefs :
Lagny fils, Charles Le Brun, Roi, Fontainebleau, Présents
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texteReconnaissance textuelle : Presens portés aux Ambassadeurs par Mr de Lagny fils, & ce qui se passe en cette occasion, avec les honnestetés qu'ils luy font ainsi qu'à Mr le Brun. [titre d'après la table]
Le lendemain , qui estoit
la veille de leur départ pour
Flandres , Me de Lagnyle Fils,
dont les foins & l'habileté
font fi utilles à Mas de la
Compagnie d'Orient , porta
des Amb. de Siam. 95
de la part du Roy aux trois
Ambaſſadeurs fix longuesVeftes,
les unes de brocart d'or,
& les autres d'argent , avec
autant de Bonnets , de maniere
que chaque Amballa
deur avoit deux Bonners &
deux Veſtes , l'une doublée
d'Hermine , & l'autre de Marthe.
Ily avoit auſſi des Man
chons , & meſme des rubans
pour les pendre. Ce prefent
eſtoit pour les garantir du
froid pendant le voyage qu'ils
alloient faire . Les Ambaffadeurs
demanderent où eftoit
alors le Roy, on leur répondit
96 III . P. du Voyage
que Sa Majesté estoit à Fontainebleau
. Ils s'informerent de
quel coſté eſtoit Fontainebleau
, & ils ne l'eurent pas
plûtoſt appris , qu'ils ſe tournerent
du côté qu'on venoit
de leur marquer , & firent
trois profondes inclinations
les mains jointes , comme
pour remercier le Roy de ce
preſent. Ils firent enfuite de
grandes honnefterez à M de
Lagny , qu'ils retinrent à dif
ner , ainſi qu'à M le Brun
qu'ils firent ausſi diner avec
cux en luy donnant toû-
و
jours de grandes loüanges, &
l'appellant
des Amb. de Siam. 97
し
l'appellant le Roy des Peintres
, & le Pere des Arts.
la veille de leur départ pour
Flandres , Me de Lagnyle Fils,
dont les foins & l'habileté
font fi utilles à Mas de la
Compagnie d'Orient , porta
des Amb. de Siam. 95
de la part du Roy aux trois
Ambaſſadeurs fix longuesVeftes,
les unes de brocart d'or,
& les autres d'argent , avec
autant de Bonnets , de maniere
que chaque Amballa
deur avoit deux Bonners &
deux Veſtes , l'une doublée
d'Hermine , & l'autre de Marthe.
Ily avoit auſſi des Man
chons , & meſme des rubans
pour les pendre. Ce prefent
eſtoit pour les garantir du
froid pendant le voyage qu'ils
alloient faire . Les Ambaffadeurs
demanderent où eftoit
alors le Roy, on leur répondit
96 III . P. du Voyage
que Sa Majesté estoit à Fontainebleau
. Ils s'informerent de
quel coſté eſtoit Fontainebleau
, & ils ne l'eurent pas
plûtoſt appris , qu'ils ſe tournerent
du côté qu'on venoit
de leur marquer , & firent
trois profondes inclinations
les mains jointes , comme
pour remercier le Roy de ce
preſent. Ils firent enfuite de
grandes honnefterez à M de
Lagny , qu'ils retinrent à dif
ner , ainſi qu'à M le Brun
qu'ils firent ausſi diner avec
cux en luy donnant toû-
و
jours de grandes loüanges, &
l'appellant
des Amb. de Siam. 97
し
l'appellant le Roy des Peintres
, & le Pere des Arts.
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Résumé : Presens portés aux Ambassadeurs par Mr de Lagny fils, & ce qui se passe en cette occasion, avec les honnestetés qu'ils luy font ainsi qu'à Mr le Brun. [titre d'après la table]
La veille du départ des ambassadeurs pour la Flandre, Monsieur de Lagny, fils, remit des présents du roi aux trois ambassadeurs de Siam. Ces présents incluaient des vêtements longs en brocart d'or et d'argent, des bonnets, des manchons et des rubans. Chaque ambassadeur reçut deux bonnets et deux vestes, l'une doublée d'hermine et l'autre de martre, pour les protéger du froid. Les ambassadeurs demandèrent où se trouvait le roi et apprirent qu'il était à Fontainebleau. Ils se tournèrent dans cette direction et firent trois profondes inclinations pour le remercier. Ils rendirent ensuite hommage à Monsieur de Lagny et à Monsieur Le Brun, qu'ils invitèrent à dîner. Ils louèrent abondamment Monsieur Le Brun, le qualifiant de 'Roi des Peintres' et de 'Père des Arts'.
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112
p. 97-104
Depart des Ambassadeurs pour Flandre, & ce qui se passe à Saint Denis. [titre d'après la table]
Début :
Ils partirent le Lundy 14. d'Octobre, & allerent disner à S. [...]
Mots clefs :
Flandre, Saint-Denis, Roi, Abbaye, Corps, Bénédictins, Ouverture, Ambassadeurs, Tombeaux, Pierreries
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texteReconnaissance textuelle : Depart des Ambassadeurs pour Flandre, & ce qui se passe à Saint Denis. [titre d'après la table]
Ils partirent le Lundy 14. d'Otobre
,& allerent diſner à S.
Denis,Ville de l'Iſle de France
à deux lieuës de Paris . Vous
ſçavez qu'elle eſt tres-confiderable
par une Abbaye de
Benedictins , qui eſt le lieu de
la Sepulture de nos Rois. Il
y a pluſieurs autres Eglifes
dans laVille , Paroiffes&Monaſteres.
Le Roy Henry I. y
fit aſſembler un grand nom
bredePrelats en 1053. pour ſe
trouver à l'ouverture de la
Chaſſe de S. Denys , fur ce
I
98 III. P. du Voyage
qu'il s'eſtoir émeu quelque
temps auparavant une fameuſe
diſpure , entre les Religieux
de cette Abbaye , & ceux de
S. Himmeran de Ratisbonne.
Ces derniers avoient fait
courir le bruit qu'ils avoient
le Corps de S. Denys Arcopagire
, & qu'il leur avoit été
donné par le Roy Arnoul.
L'ouverture de la Chaffe du
Saint ayant eſté faite en prefence
de ces Prelats affemblez
, on y trouva fon Corps
tout entier , à la referve d'un
bras , que le Pape Estienne
III. avoit emporté à Rome!)
I
1
des Amb.de Siam. 99
Quoy que les Ambaſſadeurs
ne deuſſent s'arreſter à
S. Denis que pour y diſner ,
ils ne laifferent pas de voir le
Trefor & les Tombeaux de
ceux de nos Rois , dont les
Corps ſont dans l'Egliſe de
l'Abbaye. Je ne vous repete
point ce que c'eſt que leTrefor
; il y a peu de perſonnes
enFrance qui ne l'ayentveu,
&d'ailleurs on a fait imprimer
pluſieurs Livres , qui ne
font remplis que de ce qu'il
contient. Les Ambaſſadeurs
s'attacherent particulierement
à regarder les Pierreries. Ils
Fij
100 III . P. du Voyage
en examinerent pluſieurs ,&
mirent meſme de la lumiere
derriere quelques-unes , qui
eftoient enchaſſées de maniere
qu'elles pouvoient eſtre
veuës des deux coſtez , & ils
en trouverent une que la lumiere
ainſi miſe faiſoit paroiſtre
d'une autre couleur.
Il y a quantité de choſes dans
ce Treſor que nous ſommes
obligez de reverer , & que la
Religion nous rend precieufes
, mais comme elles ne devoient
pas les toucher , on
peut dire qu'ils en virent
quantité , auſquelles ils ne
des Amb. de Siam. 101
s'arrêterent pas. On remarqua
même qu'encore que le beau
travail , l'or & les pierreries ,
les attachaffent beaucoup , ils
font tellement frappez de
tout ce qui a du raport au
Roy , qu'ils regarderent avec
beaucoup plus d'attention ,
& de plaifir les Ornemens
Royaux qui ſont conſervez
dans le meſme lieu qui enferme
le Trefor. Les figures
qui ornent les Tombeaux des
Rois , leur parurent merveilleuſes.
Ils en trouverent les
Bas- reliefs fort beaux , mais
fur toutceux qui font autour
I iij
102 111. P. du Voyage
du Tombeau de François I.
où l'on voit pluſieurs Batailles.
Cet ouvrage qui a des
beautez pour toutes les perſonnes
qui le voyent , en a
beaucoup davantage pour
ceux qui ont une parfaite
connoiſſance des beaux Arts .
Ils confidererent attentivement
le Tombeau de feu
Mr de Turenne & quoy
qu'il leur parût par luy-même
tres-digne de leur curiofité,
ils en admirerent encore
moins la magnificence qu'ils
ne firent la reconnoiffance
du Roy qui paroiffoit avec
des Amb.de Siam. 103
tant d'éclat pour un illuftre
Sujet, dans ce monumentque
Sa Majefté avoit fait élever à
ſes dépens. Ils dirent , que ce
Monarque prenoit tant de plaifor
à faire du bien , & à bonorer
le vray merite , qu'il n'épar
gnoit rien pour faire vivre la
memoire de ceux qui n'avoient
point épargnéleursang pour luy,
que cette maniere d'agir excitant
l'ardeur de tous fes braves
Sujets , il eſtoit impoffible qu'il
ne fût toujours vainqueur. Ils
examinerent la hauteur , la
longueur , & la largeur de
l'Eglife , & fortirent apres
I iiij
104 III. P. duVoyage
avoir remercié les Peres Benedictins
qui avoient pris
ſoin de leur faire voir toutes
ces chofes
,& allerent diſner à S.
Denis,Ville de l'Iſle de France
à deux lieuës de Paris . Vous
ſçavez qu'elle eſt tres-confiderable
par une Abbaye de
Benedictins , qui eſt le lieu de
la Sepulture de nos Rois. Il
y a pluſieurs autres Eglifes
dans laVille , Paroiffes&Monaſteres.
Le Roy Henry I. y
fit aſſembler un grand nom
bredePrelats en 1053. pour ſe
trouver à l'ouverture de la
Chaſſe de S. Denys , fur ce
I
98 III. P. du Voyage
qu'il s'eſtoir émeu quelque
temps auparavant une fameuſe
diſpure , entre les Religieux
de cette Abbaye , & ceux de
S. Himmeran de Ratisbonne.
Ces derniers avoient fait
courir le bruit qu'ils avoient
le Corps de S. Denys Arcopagire
, & qu'il leur avoit été
donné par le Roy Arnoul.
L'ouverture de la Chaffe du
Saint ayant eſté faite en prefence
de ces Prelats affemblez
, on y trouva fon Corps
tout entier , à la referve d'un
bras , que le Pape Estienne
III. avoit emporté à Rome!)
I
1
des Amb.de Siam. 99
Quoy que les Ambaſſadeurs
ne deuſſent s'arreſter à
S. Denis que pour y diſner ,
ils ne laifferent pas de voir le
Trefor & les Tombeaux de
ceux de nos Rois , dont les
Corps ſont dans l'Egliſe de
l'Abbaye. Je ne vous repete
point ce que c'eſt que leTrefor
; il y a peu de perſonnes
enFrance qui ne l'ayentveu,
&d'ailleurs on a fait imprimer
pluſieurs Livres , qui ne
font remplis que de ce qu'il
contient. Les Ambaſſadeurs
s'attacherent particulierement
à regarder les Pierreries. Ils
Fij
100 III . P. du Voyage
en examinerent pluſieurs ,&
mirent meſme de la lumiere
derriere quelques-unes , qui
eftoient enchaſſées de maniere
qu'elles pouvoient eſtre
veuës des deux coſtez , & ils
en trouverent une que la lumiere
ainſi miſe faiſoit paroiſtre
d'une autre couleur.
Il y a quantité de choſes dans
ce Treſor que nous ſommes
obligez de reverer , & que la
Religion nous rend precieufes
, mais comme elles ne devoient
pas les toucher , on
peut dire qu'ils en virent
quantité , auſquelles ils ne
des Amb. de Siam. 101
s'arrêterent pas. On remarqua
même qu'encore que le beau
travail , l'or & les pierreries ,
les attachaffent beaucoup , ils
font tellement frappez de
tout ce qui a du raport au
Roy , qu'ils regarderent avec
beaucoup plus d'attention ,
& de plaifir les Ornemens
Royaux qui ſont conſervez
dans le meſme lieu qui enferme
le Trefor. Les figures
qui ornent les Tombeaux des
Rois , leur parurent merveilleuſes.
Ils en trouverent les
Bas- reliefs fort beaux , mais
fur toutceux qui font autour
I iij
102 111. P. du Voyage
du Tombeau de François I.
où l'on voit pluſieurs Batailles.
Cet ouvrage qui a des
beautez pour toutes les perſonnes
qui le voyent , en a
beaucoup davantage pour
ceux qui ont une parfaite
connoiſſance des beaux Arts .
Ils confidererent attentivement
le Tombeau de feu
Mr de Turenne & quoy
qu'il leur parût par luy-même
tres-digne de leur curiofité,
ils en admirerent encore
moins la magnificence qu'ils
ne firent la reconnoiffance
du Roy qui paroiffoit avec
des Amb.de Siam. 103
tant d'éclat pour un illuftre
Sujet, dans ce monumentque
Sa Majefté avoit fait élever à
ſes dépens. Ils dirent , que ce
Monarque prenoit tant de plaifor
à faire du bien , & à bonorer
le vray merite , qu'il n'épar
gnoit rien pour faire vivre la
memoire de ceux qui n'avoient
point épargnéleursang pour luy,
que cette maniere d'agir excitant
l'ardeur de tous fes braves
Sujets , il eſtoit impoffible qu'il
ne fût toujours vainqueur. Ils
examinerent la hauteur , la
longueur , & la largeur de
l'Eglife , & fortirent apres
I iiij
104 III. P. duVoyage
avoir remercié les Peres Benedictins
qui avoient pris
ſoin de leur faire voir toutes
ces chofes
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Résumé : Depart des Ambassadeurs pour Flandre, & ce qui se passe à Saint Denis. [titre d'après la table]
Le 14 octobre, des voyageurs se rendirent à Saint-Denis, ville de l'Île-de-France située à deux lieues de Paris. Saint-Denis est connue pour son abbaye bénédictine, lieu de sépulture des rois de France, ainsi que pour ses nombreuses églises, paroisses et monastères. En 1053, le roi Henri Ier y convoqua des prélats pour ouvrir la châsse de Saint Denis et résoudre une dispute entre les religieux de cette abbaye et ceux de Saint Emmeran de Ratisbonne concernant la possession du corps de Saint Denis. Lors de leur visite, les ambassadeurs du Siam, initialement prévus pour déjeuner, explorèrent le trésor et les tombeaux royaux de l'abbaye. Ils admirèrent les pierreries, les ornements royaux, les figures et les bas-reliefs des tombeaux, notamment celui de François Ier, représentant plusieurs batailles. Ils examinèrent aussi le tombeau du maréchal de Turenne, appréciant la reconnaissance royale manifestée par ce monument. Les ambassadeurs notèrent la grandeur de l'église et remercièrent les pères bénédictins pour leur accueil.
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113
p. 118-121
Breteuïl. [titre d'après la table]
Début :
Ils partirent ce jour là pour aller coucher à Breteüil, & [...]
Mots clefs :
Breteuil, Roi, Ville, Normandie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Breteuïl. [titre d'après la table]
Ils partirent ce jour là pour
aller coucher à Breteüil , &
ils y furent receus ſuivant la
grandeur du lieu. Je croy que
pour parler de ces fortes de
receptions, il fuffit de louer
des Amb. de Siam. 119
le zéle des Habitans. Breteüil
eſt une petite Ville dans la
haute Normandie , fur la riviere
d'Iton , entre l'Aigle,
Evreux&Verneuil. Henry II .
Duc de Normandie & Roy
d'Angleterre, l'ayant donnée
àRobert de Montfort,Amicie
ſa Soeur la vendit en 1210,
àPhilippes Auguſte , Roy de
France. Charles Roy de Navarre
, dont cette Ville eſtoir
devenue le partage, la ceda
en 1410. au Roy Charles VI.
qui luy donna d'autres terres.
Le divertiſſement que prirent
en ce lieu là lesAmbaf
120 III. P du Voyage
ſadeurs, fut de jetter des Gre
nades qu'ils avoient apportées
de Beauvais , où ils les
demanderent lorſqu'ils virent
faire l'Exercice anx Grenadiers.
Le dix - ſeptiéme ils dînerent
dans un Château , qui
appartient à M Deſcerteaux
Gendre de Me la Nourrice
du Roy, &qur eft fur le chemin
qui conduit à Amiens.
Ce lieu leur parut fort agreable.
Ils tirerent au Blanc dans
le Jardin , avec des Fufils &
des Piſtolets . La Nobleffe
des Environs vint les voir di
ner,
1
des Amb de Siam. 121
ner , & en reçût beauccup
d'honneſtetez .
aller coucher à Breteüil , &
ils y furent receus ſuivant la
grandeur du lieu. Je croy que
pour parler de ces fortes de
receptions, il fuffit de louer
des Amb. de Siam. 119
le zéle des Habitans. Breteüil
eſt une petite Ville dans la
haute Normandie , fur la riviere
d'Iton , entre l'Aigle,
Evreux&Verneuil. Henry II .
Duc de Normandie & Roy
d'Angleterre, l'ayant donnée
àRobert de Montfort,Amicie
ſa Soeur la vendit en 1210,
àPhilippes Auguſte , Roy de
France. Charles Roy de Navarre
, dont cette Ville eſtoir
devenue le partage, la ceda
en 1410. au Roy Charles VI.
qui luy donna d'autres terres.
Le divertiſſement que prirent
en ce lieu là lesAmbaf
120 III. P du Voyage
ſadeurs, fut de jetter des Gre
nades qu'ils avoient apportées
de Beauvais , où ils les
demanderent lorſqu'ils virent
faire l'Exercice anx Grenadiers.
Le dix - ſeptiéme ils dînerent
dans un Château , qui
appartient à M Deſcerteaux
Gendre de Me la Nourrice
du Roy, &qur eft fur le chemin
qui conduit à Amiens.
Ce lieu leur parut fort agreable.
Ils tirerent au Blanc dans
le Jardin , avec des Fufils &
des Piſtolets . La Nobleffe
des Environs vint les voir di
ner,
1
des Amb de Siam. 121
ner , & en reçût beauccup
d'honneſtetez .
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Résumé : Breteuïl. [titre d'après la table]
Le texte décrit un voyage d'ambassadeurs de Siam en France, notamment à Breteuil, une petite ville de Haute-Normandie située sur la rivière d'Iton, entre L'Aigle, Évreux et Verneuil. Breteuil possède une histoire riche : Henry II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, l'avait donnée à Robert de Montfort, et Amicie, sa sœur, la vendit en 1210 à Philippe Auguste, roi de France. En 1410, Charles, roi de Navarre, céda la ville au roi Charles VI en échange d'autres terres. Lors de leur séjour, les ambassadeurs furent accueillis avec enthousiasme par les habitants. Ils se divertirent en lançant des grenades apportées de Beauvais. Le 17, ils dînèrent dans un château appartenant à M. Descerteaux, gendre de la nourrice du roi, situé sur le chemin d'Amiens. Ils apprécièrent ce lieu et tirèrent au blanc dans le jardin avec des fusils et des pistolets. La noblesse locale vint les voir dîner et leur montra de nombreuses marques de respect.
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114
p. 121-131
Amiens. [titre d'après la table]
Début :
Ils arriverent à Amiens le soir de ce même jour, & ils [...]
Mots clefs :
Amiens, Ville, Roi, Armes, Canon, Coups, Porte, Évêché, Église cathédrale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Amiens. [titre d'après la table]
Ils arriverent à Amiens le
ſoir de ce même jour , & ils
y trouverent la Bourgeoifie
fous les Armes. Ils furent
receus au bruit de 20 volées
de Canon . C'eſt le nombre
de coups qui eſtoit porté par
les ordres du Roy. Ainfi
quand je parleray du Canon
qu'on a tiré dans toutes les
Villes où ils ont paffé , vous
vous ſouviendrez que l'on a
toûjours tiré 20 coups , ſoit
en entrant , ſoit en fortant.
C'eſt un uſage étably , &
L
122 III. P. du Voyage
toutes les fois que des Am
baſſadeurs entrent dans des
Citadelles , ou qu'ils en fortent
, on tire ce même nombre
de coups , les Citadelles
ayant eſté miſes fur le pied
des Places dont elles portent
le nom.
Amiens eft la Capitale de
Picardie. C'eſt une Ville
confiderable & fort ancienne
fur la Riviere de Somme.
Pluſieurs Empereurs , ſçavoir
Conftantin , Conftans , Julien,
Valentinien, Valens,Gratien
& Theodofe, la choifirent
pour le lieu de leur ſe
des Amb. de Siam. 123.
jour dans les Gaules. Cefar
y avoit fait auparavant un
Magaſin pour ſon Armée , &
Antonin le Debonnaire &
Marc Aurele fon fils avoient
contribué à l'orner. Edoüard
III . Roy d'Angleterre, y rendit
hommage au Roy Philippes
de Valois le fixieme Juin
1329. pour le Duché de
Guyenne & le Comté de
Ponthieu , en prefence des
Roys d'Aragon , de Navarre,
de Boheme & de Majorque.
Les Eſpagnols la furprirent
par ſtratagême en 1597. &
Henry IV. qui la reprit peu
Lij
124 III. P. du Voyage
de temps aprés , y fit bâtir
une Citadelle, qui paffe pour
une des plus regulieres de
l'Europe . La Ville eſt fort
renommée, a de grandes ruës,
de belles Maiſons, & des Places
qu'on eftime , parmy lefquelles
font celles des Fleurs,
& du grand Marché. Les
Ramparts y font une promenade
agreable , à cauſe des
allées d'Arbres qu'on y a plantez
. Il y a Generalité , Prefidial
& Bailliage . L'Evêché
eft fuffragant de Reims . L'Egliſe
Cathedrale de Noftre-
Dame eſt une des plus belles
des Amb. de Siam. 125
& des mieux ornées du
Royaume. On y conferve
le Chef de faint Jean-Baptiste .
Vvalon de Sarton Gentilhomme
de Picardie , qui s'étoit
croisé pour le voyage
d'Outre-mer , s'eſtant trouvé
en 1204. à la priſe de Conſtantinople,
en remporta cette
précieuſe Relique , qu'il
donna à l'Egliſe d'Amiens,
où il avoit un Frere Chanoine.
Ily a encore dans la Ville
d'autres belles Eglifes , avec
diverſes Maiſons Ecclefiaftiques
& Religieufes , & un
College de Jefuites.
Liij
126 III. P. du Voyage
Les Bourgeois , qui comme
je viens de vous marquer
eftoient ſous les Armes , conduifirent
les Ambaſſadeurs
Tambour battant juſqu'à la
porte du lieu qui avoit eſté
deſtiné pour leur logement.
On y poſa une Garde peu de
temps aprés. M. Fournier
Premier d'Amiens , accompagné
des Echevins , precedez
&ſuivis de tous les Officiers
de la Ville , leur vint faire
compliment , & offrir les
Prefens ordinaires . Il fit d'abord
un éloge du Roy de
Siam, & dit qu'ils refpectoient
des Amb. de Siam. 127
ce Monarque dans la perſonne
de ſes Ambassadeurs , & que le
bon accücil que Sa Majesté leur
avoit fait fuffiſoit pour leurfaire
connoiſtre la grandeur de leur
merite , dont ils avoient déja
oüy parler si avantageuſement.
Ilparla enfuite de l'abondance
de biens que le Commerce
produit , & fouhaita une longue
& heureuſe vie au Roy
de Siam , beaucoup de profperité
à tout fon Eftat , & la
joye d'un heureux retour à
leurs Excellences. Les Ambaſſadeurs
les remercierent avec
l'eſprit &l'honneſteté qui
Liiij
128 III. P. du Voyage
leur eſt ordinaire , & mar
querent qu'ils ſe ſouviendroient
de leur bonne reception.
Je vous ay dit que Mle
Premier d'Amiens porta la
parole. Ce nom de Premier
peut vous être nouveau. Nous
diſons icy Prevoſt des Marchands
; en d'autres Villes on
dit Premier , en d'autres
Mayeur, & il y en a qui employent
encore d'autres noms,
pour marquer la premiere dignité
de leur Ville. Ainſi
ſous quelques noms que je
vous parle de ceux qui au
des Amb. de Siam. 129
ront porté la parole , vous
devez croire qu'elle aura eſté
portée par celuy qui eſt à la
tête du Corps de Ville , à
moins que par quelques raifons
particulieres la Ville n'en
nomme d'autres ; ce qui arrive
quelquefois dans les Païs d'Eftats,
& ce qui ſe fit à Arras,
comme vous le verrez dans
la fuite.
Le lendemain 18. les
Compagnies deBourgeois ef
tant encore ſous les Armes ,
conduifirent les Ambaffadeurs
à l'Egliſe Cathedrale ,
afin d'arrêter une foule ing
130 III P. du Voyage
croyable de Peuple qui s'empreſſoit
pour les voir. Tout
leClergé les reçût, & les conduifit
juſqu'au Choeur, aprés
leur avoir fait compliment.
Lors qu'ils eurent conſideré
l'admirable ſtructure de cette
Eglife , ils pafferent à l'Evêché,
dont ils traverſerent tous
les Appartemens accompagnez
de Me l'Evêque , quiles
entretint toûjours avec l'efprit
dont il a ſi ſouvent don.
né d'éclatantes marques , &
par ſes diſcours publics , &
par ſes Ouvrages imprimez ,
Au fortir de l'Evêché les Am,
des Amb . de Siam. 131
baſſadeurs voulurent retourner
à l'Eglife , afin d'en examiner
encore toutes les beautez
, & fur tout la hauteur &
la delicateſſe de la Voûte ;
& ils dirent , que c'estoit une
des plus belles choses qu'ils euffent
veuës en France. Ils monterent
enfuite en Carroffe, &
fortirent de la Ville au bruit
du Canon des Ramparts , &
de celuy de la Citadelle.
ſoir de ce même jour , & ils
y trouverent la Bourgeoifie
fous les Armes. Ils furent
receus au bruit de 20 volées
de Canon . C'eſt le nombre
de coups qui eſtoit porté par
les ordres du Roy. Ainfi
quand je parleray du Canon
qu'on a tiré dans toutes les
Villes où ils ont paffé , vous
vous ſouviendrez que l'on a
toûjours tiré 20 coups , ſoit
en entrant , ſoit en fortant.
C'eſt un uſage étably , &
L
122 III. P. du Voyage
toutes les fois que des Am
baſſadeurs entrent dans des
Citadelles , ou qu'ils en fortent
, on tire ce même nombre
de coups , les Citadelles
ayant eſté miſes fur le pied
des Places dont elles portent
le nom.
Amiens eft la Capitale de
Picardie. C'eſt une Ville
confiderable & fort ancienne
fur la Riviere de Somme.
Pluſieurs Empereurs , ſçavoir
Conftantin , Conftans , Julien,
Valentinien, Valens,Gratien
& Theodofe, la choifirent
pour le lieu de leur ſe
des Amb. de Siam. 123.
jour dans les Gaules. Cefar
y avoit fait auparavant un
Magaſin pour ſon Armée , &
Antonin le Debonnaire &
Marc Aurele fon fils avoient
contribué à l'orner. Edoüard
III . Roy d'Angleterre, y rendit
hommage au Roy Philippes
de Valois le fixieme Juin
1329. pour le Duché de
Guyenne & le Comté de
Ponthieu , en prefence des
Roys d'Aragon , de Navarre,
de Boheme & de Majorque.
Les Eſpagnols la furprirent
par ſtratagême en 1597. &
Henry IV. qui la reprit peu
Lij
124 III. P. du Voyage
de temps aprés , y fit bâtir
une Citadelle, qui paffe pour
une des plus regulieres de
l'Europe . La Ville eſt fort
renommée, a de grandes ruës,
de belles Maiſons, & des Places
qu'on eftime , parmy lefquelles
font celles des Fleurs,
& du grand Marché. Les
Ramparts y font une promenade
agreable , à cauſe des
allées d'Arbres qu'on y a plantez
. Il y a Generalité , Prefidial
& Bailliage . L'Evêché
eft fuffragant de Reims . L'Egliſe
Cathedrale de Noftre-
Dame eſt une des plus belles
des Amb. de Siam. 125
& des mieux ornées du
Royaume. On y conferve
le Chef de faint Jean-Baptiste .
Vvalon de Sarton Gentilhomme
de Picardie , qui s'étoit
croisé pour le voyage
d'Outre-mer , s'eſtant trouvé
en 1204. à la priſe de Conſtantinople,
en remporta cette
précieuſe Relique , qu'il
donna à l'Egliſe d'Amiens,
où il avoit un Frere Chanoine.
Ily a encore dans la Ville
d'autres belles Eglifes , avec
diverſes Maiſons Ecclefiaftiques
& Religieufes , & un
College de Jefuites.
Liij
126 III. P. du Voyage
Les Bourgeois , qui comme
je viens de vous marquer
eftoient ſous les Armes , conduifirent
les Ambaſſadeurs
Tambour battant juſqu'à la
porte du lieu qui avoit eſté
deſtiné pour leur logement.
On y poſa une Garde peu de
temps aprés. M. Fournier
Premier d'Amiens , accompagné
des Echevins , precedez
&ſuivis de tous les Officiers
de la Ville , leur vint faire
compliment , & offrir les
Prefens ordinaires . Il fit d'abord
un éloge du Roy de
Siam, & dit qu'ils refpectoient
des Amb. de Siam. 127
ce Monarque dans la perſonne
de ſes Ambassadeurs , & que le
bon accücil que Sa Majesté leur
avoit fait fuffiſoit pour leurfaire
connoiſtre la grandeur de leur
merite , dont ils avoient déja
oüy parler si avantageuſement.
Ilparla enfuite de l'abondance
de biens que le Commerce
produit , & fouhaita une longue
& heureuſe vie au Roy
de Siam , beaucoup de profperité
à tout fon Eftat , & la
joye d'un heureux retour à
leurs Excellences. Les Ambaſſadeurs
les remercierent avec
l'eſprit &l'honneſteté qui
Liiij
128 III. P. du Voyage
leur eſt ordinaire , & mar
querent qu'ils ſe ſouviendroient
de leur bonne reception.
Je vous ay dit que Mle
Premier d'Amiens porta la
parole. Ce nom de Premier
peut vous être nouveau. Nous
diſons icy Prevoſt des Marchands
; en d'autres Villes on
dit Premier , en d'autres
Mayeur, & il y en a qui employent
encore d'autres noms,
pour marquer la premiere dignité
de leur Ville. Ainſi
ſous quelques noms que je
vous parle de ceux qui au
des Amb. de Siam. 129
ront porté la parole , vous
devez croire qu'elle aura eſté
portée par celuy qui eſt à la
tête du Corps de Ville , à
moins que par quelques raifons
particulieres la Ville n'en
nomme d'autres ; ce qui arrive
quelquefois dans les Païs d'Eftats,
& ce qui ſe fit à Arras,
comme vous le verrez dans
la fuite.
Le lendemain 18. les
Compagnies deBourgeois ef
tant encore ſous les Armes ,
conduifirent les Ambaffadeurs
à l'Egliſe Cathedrale ,
afin d'arrêter une foule ing
130 III P. du Voyage
croyable de Peuple qui s'empreſſoit
pour les voir. Tout
leClergé les reçût, & les conduifit
juſqu'au Choeur, aprés
leur avoir fait compliment.
Lors qu'ils eurent conſideré
l'admirable ſtructure de cette
Eglife , ils pafferent à l'Evêché,
dont ils traverſerent tous
les Appartemens accompagnez
de Me l'Evêque , quiles
entretint toûjours avec l'efprit
dont il a ſi ſouvent don.
né d'éclatantes marques , &
par ſes diſcours publics , &
par ſes Ouvrages imprimez ,
Au fortir de l'Evêché les Am,
des Amb . de Siam. 131
baſſadeurs voulurent retourner
à l'Eglife , afin d'en examiner
encore toutes les beautez
, & fur tout la hauteur &
la delicateſſe de la Voûte ;
& ils dirent , que c'estoit une
des plus belles choses qu'ils euffent
veuës en France. Ils monterent
enfuite en Carroffe, &
fortirent de la Ville au bruit
du Canon des Ramparts , &
de celuy de la Citadelle.
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Résumé : Amiens. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs arrivèrent à Amiens le soir même de leur départ et furent accueillis par la bourgeoisie armée. Leur entrée fut marquée par 20 coups de canon, une tradition pour l'arrivée ou le départ des ambassadeurs dans les citadelles. Amiens, capitale de la Picardie, est une ville ancienne et importante située sur la rivière Somme. Plusieurs empereurs romains et rois, comme Édouard III, y ont séjourné ou rendu hommage. En 1597, la ville fut surprise par les Espagnols avant d'être reprise par Henri IV, qui y fit construire une citadelle. Amiens est célèbre pour ses grandes rues, ses belles maisons et ses places, notamment celles des Fleurs et du Grand Marché. La cathédrale Notre-Dame, où est conservé le chef de saint Jean-Baptiste, est particulièrement remarquable. Les bourgeois, dirigés par M. Fournier, Premier d'Amiens, offrirent des présents aux ambassadeurs et les complimentèrent sur la grandeur de leur monarque. Le lendemain, les ambassadeurs visitèrent la cathédrale et l'évêché, admirant l'architecture et étant reçus par le clergé et l'évêque. Ils quittèrent la ville au son du canon des remparts et de la citadelle.
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115
p. 131-136
Doulens. [titre d'après la table]
Début :
Suivant la route qui avoit esté arrêtée, on devoit aller [...]
Mots clefs :
Doullens, Roi, Ville, Ambassadeurs, Voyage, Citadelle
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texteReconnaissance textuelle : Doulens. [titre d'après la table]
Suivant la route qui avoit
eſté arrêtée , on devoit aller
coucher d'Amiens à Arras ;
mais le temps ſe trouva fi
132 III P.duVoyage
mauvais & les chemins fi
د
rompus , qu'on jugea à propos
d'aller dîner & coucher à
Dourlans. Ainſi quand cette
Ville- là ne ſe ſeroit pas fi
bien acquittée de ſon devoir
que les autres , on n'auroit pas
fujet de s'en plaindre. Čependant
les Ambaſſadeurs ont
eu tout lieu d'en eſtre contens.
Dourlans eſt une Place
forte en Picardie vers les Frontieres
d'Artois, fur la Riviere
d'Authie. Elle fut autrefois
aux Comtes de Ponthieu .
Guillaume II . marié en 1195.
àAlix de France, fille duRoy
des Amb. de Siam. 133
-
Loüis VII . eut Marie Comteſſe
de Ponthieu, qui donna
fon droit ſur Dourlans au
Roy Loüis VIII. Charles VII .
Paliena à Philippes le Bon
Duc de Bourgogne , par le
Traité d'Arras de l'an 1435..
& il fut racheté en 1463. Antoine
de Bayencourt ayant eu
- la Ville de Dourlans en Don,
le Procureur du Roy la fit
faifir en 1559. & enfuite réünir
à la Couronne , comme
eſtant du Domaine Royal .
Les Ambaſſadeurs en arrivant
virent d'abord un gros Efcadron
, que M Sero Lieuter
134 III. P.duVoyage
nant de Roy fit aller au de
vant d'eux. On les receut
au bruit du Canon ; la Garde
ſe trouva poſtée devant leur
Logis , & ils furent complimentez
au nom de la Ville,
qui leur envoya les Prefens
accoûtumez . Ils donnerent
ce foir là pour mot , Profperité
de Voyage. Ce mot convenoit
bien, en ce que cette
Ville eſtant la premierePlace
forte où ils avoient trouvé
Garniſon , il ſembloit que
leur Voyage commençaſt par
là. Ils auroient autrefois trouvé
Amiens bien remply de
1
des Amb. de Siam. 135
Troupes ; mais depuis que les
Conquestes du Roy ont reculé
ſes Frontieres , ce Monarque
a l'avantage d'avoir
mis preſque dans le coeur de
fon Royaume des Places fortes
, leſquelles par cette raifon
n'ont plus beſoin d'eftre
gardées . Les Ambaffadeurs
viſiterent les Ramparts
avec beaucoup d'exactitude ,
auffi-bien que la Citadelle.
Ils marquerent toute la con.
fideration poffible pour Me
la Lieutenante de Roy, dont
le Mary ſoupa avec eux , &
firent aux Dames qui les vi
136 III. P. du Voyage
rent manger, les civilitez qui
leur ont acquis tant de bienveillance
par tout où ils ont
paſſé.
eſté arrêtée , on devoit aller
coucher d'Amiens à Arras ;
mais le temps ſe trouva fi
132 III P.duVoyage
mauvais & les chemins fi
د
rompus , qu'on jugea à propos
d'aller dîner & coucher à
Dourlans. Ainſi quand cette
Ville- là ne ſe ſeroit pas fi
bien acquittée de ſon devoir
que les autres , on n'auroit pas
fujet de s'en plaindre. Čependant
les Ambaſſadeurs ont
eu tout lieu d'en eſtre contens.
Dourlans eſt une Place
forte en Picardie vers les Frontieres
d'Artois, fur la Riviere
d'Authie. Elle fut autrefois
aux Comtes de Ponthieu .
Guillaume II . marié en 1195.
àAlix de France, fille duRoy
des Amb. de Siam. 133
-
Loüis VII . eut Marie Comteſſe
de Ponthieu, qui donna
fon droit ſur Dourlans au
Roy Loüis VIII. Charles VII .
Paliena à Philippes le Bon
Duc de Bourgogne , par le
Traité d'Arras de l'an 1435..
& il fut racheté en 1463. Antoine
de Bayencourt ayant eu
- la Ville de Dourlans en Don,
le Procureur du Roy la fit
faifir en 1559. & enfuite réünir
à la Couronne , comme
eſtant du Domaine Royal .
Les Ambaſſadeurs en arrivant
virent d'abord un gros Efcadron
, que M Sero Lieuter
134 III. P.duVoyage
nant de Roy fit aller au de
vant d'eux. On les receut
au bruit du Canon ; la Garde
ſe trouva poſtée devant leur
Logis , & ils furent complimentez
au nom de la Ville,
qui leur envoya les Prefens
accoûtumez . Ils donnerent
ce foir là pour mot , Profperité
de Voyage. Ce mot convenoit
bien, en ce que cette
Ville eſtant la premierePlace
forte où ils avoient trouvé
Garniſon , il ſembloit que
leur Voyage commençaſt par
là. Ils auroient autrefois trouvé
Amiens bien remply de
1
des Amb. de Siam. 135
Troupes ; mais depuis que les
Conquestes du Roy ont reculé
ſes Frontieres , ce Monarque
a l'avantage d'avoir
mis preſque dans le coeur de
fon Royaume des Places fortes
, leſquelles par cette raifon
n'ont plus beſoin d'eftre
gardées . Les Ambaffadeurs
viſiterent les Ramparts
avec beaucoup d'exactitude ,
auffi-bien que la Citadelle.
Ils marquerent toute la con.
fideration poffible pour Me
la Lieutenante de Roy, dont
le Mary ſoupa avec eux , &
firent aux Dames qui les vi
136 III. P. du Voyage
rent manger, les civilitez qui
leur ont acquis tant de bienveillance
par tout où ils ont
paſſé.
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Résumé : Doulens. [titre d'après la table]
Le texte relate le voyage d'ambassadeurs qui, en raison de mauvaises conditions météorologiques et de chemins détériorés, se dirigèrent vers Dourlans plutôt qu'Arras. Dourlans, une place forte en Picardie située près des frontières de l'Artois sur la rivière Authie, possède une histoire riche. Elle appartenait autrefois aux Comtes de Ponthieu et passa ensuite à divers rois et ducs, notamment Louis VII, Louis VIII et Charles VII. En 1435, elle fut cédée au Duc de Bourgogne par le Traité d'Arras, puis rachetée en 1463. Antoine de Bayencourt en reçut la ville en don, mais elle fut réintégrée au domaine royal en 1559. À leur arrivée, les ambassadeurs furent accueillis par un escadron de cavalerie, des salves de canon et une garde postée devant leur logis. Ils reçurent des présents et des compliments de la ville. Ils visitèrent les remparts et la citadelle avec attention et montrèrent respect et civilité envers les autorités locales et les dames présentes.
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116
p. 136-185
Arras [titre d'après la table]
Début :
Le 19. ils disnerent à Sarbret, & ce qu'il y a de surprenant, [...]
Mots clefs :
Arras, Ville, Roi, Ambassadeurs, Comté, France, Dames, Ambassadeur, L'Arbret, Aix-Noulette, Temps, Église cathédrale, Place, Officiers, Actions, Armes, Magnificence, Fortifications, Régiment, Villeneuve, Gloire, Guerre, Prince, Citadelle, Mains, Lieutenant, Honneurs, Capitaine, Monarque, Merveilles
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texteReconnaissance textuelle : Arras [titre d'après la table]
Le 19. ils difnerent à Sarbret
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
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Résumé : Arras [titre d'après la table]
Le 19, les ambassadeurs de Siam arrivèrent à Sarbret, où ils furent reçus avec magnificence malgré l'absence de commodités. Ils se dirigèrent ensuite vers Arras, capitale de l'Artois, située sur la rivière de Scarpe. Arras est une ville ancienne, ayant été donnée en dot par Charles le Chauve à Judith, épouse de Baudouin Bras de Fer en 863, et réunie à la France en 1180 par le mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut. La ville possède des fortifications régulières et plusieurs édifices religieux notables, dont la cathédrale Notre-Dame et l'abbaye de Saint-Vaast. Les ambassadeurs furent accueillis par une cavalerie composée de douze compagnies du régiment de Conigsmark et reçus par le comte de Villeneuve, lieutenant du roi d'Arras. Ils entrèrent dans la ville au bruit du canon et au travers d'une haie d'infanterie. Les magistrats de la ville leur adressèrent un discours, soulignant la loyauté d'Arras envers le roi de France et l'estime portée aux ambassadeurs. Ces derniers répondirent en exprimant leur gratitude et en soulignant que leur visite n'avait pas de but diplomatique, mais visait à honorer le roi de France. Les ambassadeurs visitèrent la citadelle d'Arras, où ils assistèrent à un exercice militaire et reçurent une collation. Ils se rendirent également à la cathédrale Notre-Dame, où ils furent accueillis par le chapitre. Leur séjour à Arras fut marqué par des réceptions et des visites officielles, témoignant de l'importance accordée à leur mission. Les ambassadeurs assistèrent à un concert à Arras, accueillis par Madame de Préfontaine, épouse du Président du Conseil d'Artois, et les principales dames de la ville. Malgré les mesures pour éviter la foule, une grande affluence se rassembla dans la salle. Les ambassadeurs apprécièrent le concert et exprimèrent leur satisfaction à Madame de Préfontaine. De retour chez eux, ils trouvèrent une compagnie suisse en garde à leur porte. Le Major Bissetz leur apporta un plan de la ville, que le premier ambassadeur examina avec intérêt, démontrant ses connaissances en fortifications. Bissetz demanda le mot de passe, et les ambassadeurs mentionnèrent les actions militaires remarquables lors des sièges d'Arras. Le lendemain, les ambassadeurs furent salués par le Lieutenant du Roi et les officiers majors avant de quitter Arras en carrosse, escortés par les troupes et accompagnés par le canon et le carillon de la ville. Ils se rendirent à Aisse pour dîner.
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117
p. 185-193
Bethune. [titre d'après la table]
Début :
Aprés un Repas aussi magnifique qu'on l'eût pû faire [...]
Mots clefs :
Béthune, Régiment, Ville, Fort, Lieutenant, Capitaine, Place, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Bethune. [titre d'après la table]
Aprés un Repas auffi magnifique
qu'on l'eût pû faire
dans la plus grande &la plus
abondante Ville du Royaume
, ils partirent pour aller
coucher à Bethune. C'eſt
une Place du Pays - Bas dans
186 III . P. du Voyage
l'Artois , affez bien fortifiée.
Elle eſt ſur la petite Riviere
de Biette. Les François la
prirent en 1645. & elle leur
fut cedée en 1659. par leTraité
de la Paix des Pyrenées.
Elle a eu des Seigneurs particuliers
. Robert VII. Seigneur
de Bethune & deTenremonde
, maria Mahaud fa
Fille unique avec Guy de
Dampierre , Comte de Flandres
, dont elle cut Robert
VIII. dit de Bethune , Comte
de Flandres. Le Regiment
de Cavalerie de Chartres qui
eſtoit enGarniſon àBethune,
des Amb. de Siam. 187
fit un détachement pour aller
au devant des Ambafladeurs
, & le refte eſtant demeuré
en bataille ſur la Contreſcarpe,
les falua l'épée à la
main lorſqu'ils pafferent. Mr
de Limbeuf Lieutenant de
Roy de cette Place , les reçut
à la Porte de la Ville. Le
Regiment de Baffigny d'Infanterie
commandé par M
de Chanterene Lieutenant
Colonel, en l'absence de M
le Comte de Mailly qui en
eft Colonel , formoit deux
hayes juſqu'au Château où ils
logerent. M² de Chanter
12
r
Qij
188 III . P. du Voyage
3
rene tenoit la droite du pre
mier rang , & le premier Capitaine
la gauche. LesAmbaſſadeurs
qui en furent
falüez , ainſi que de tous
les autres Capitaines , trouverent
à la porte de leur Logis
une Garde du même Regiment
, avec un Capitaine,
un Lieutenant, un Enſeigne,
& deux Sergens. Auffi-tôt
qu'ils furent arrivez , ils reçûrent
les complimens de la
Ville , & les Prefens ordinaites
. Ils fortirent enfuite à
pied , pour voir le Regiment
que je vous ay dit qui s'eſtoit
e
desAmb. de Siam. 189
mis en bataille fur la Place ,
& demanderent qu'on luy
fiſt faire l'exercice au Tambour
; ce qui fut aufli - tôt
executé. Ils témoignerent
en eſtre fort fatisfaits , & aprés
pluſieurs queſtions qu'ils
firent , ils voulurent ſavoir
de combien d'Hommes ce
Regiment estoit compofé.
Onles fatisfit fur toutes leurs
demandes, & ils loüerent la
propreté de ce Regiment qui
eſtoit fort leſte. Tous lesSoldats
avoient des Chapeaux
neufs , & bordez d'or. Leurs
Bandolieres , Ceinturons , &
190 III. P. du Voyage
cordons de Poires , eſtoient
auffi fort propres ; le tour
garny de force Rubans, couleur
de feu & blancs . Leurs
Epées eſtoient toutes de même
maniere , & tous les Officiers
avoient des Habits fort
riches , & également ornez .
Aprés cela les Ambaſſadeurs
allerent fur les ramparts, dont
ils firent le tour à pied , &
aprés en avoir examiné toutes
les Fortifications , ils rentrerent
au Château où ils eftoient
logez. Ils en fortirent,
quelque temps aprés pour en
faire le tour ſur la Terraffe,
des Amb. de Siam. 191
Σ
r
& admirerent la ſituation de
laVille, qu'ils trouverent trésbelle
& fort à leur gré. M
de Limbeuf alla enfuite prendre
le mot , & ils donnerent
la valeur & la vigilance, parcequ'ils
avoient fceu que M
le Mareſchal de Crequy eftoit
Gouverneur de la Ville ,
& qu'il avoit pris des Places
importantes en commandant
en chef les Armées du Roy ;
ce qui ne ſe peut faire fans
vigilance & fans valeur. Ils
arreſterent le ſoir M de
Chanterene à ſouper, avec le
Capitaine qui commandoit
192 III . P. duVoyage
la Garde devant leur logis.
M de Chanterene fit venir
des Violons qui joüerent
pendant tout le Repas.
Quantité de Dames qui s'y
trouverent , & dont beaucoup
leur parurent belles, en
reçûrent autant de loüanges
que de Fruits & de Confitures
. On leur fit le lendemain
à leur départ les mêmes honneurs
qu'on leur avoit faits à
leur arrivée , & ils fortirent
de la Ville au bruit du Canon
comme ils y estoient entrez,
aprés avoir remercié avec les
termes obligeans qui leur font
des Amb . de Siam. 193
finaturels , M'le Lieutenant
de Roy , & les Officiers des
Troupes.
qu'on l'eût pû faire
dans la plus grande &la plus
abondante Ville du Royaume
, ils partirent pour aller
coucher à Bethune. C'eſt
une Place du Pays - Bas dans
186 III . P. du Voyage
l'Artois , affez bien fortifiée.
Elle eſt ſur la petite Riviere
de Biette. Les François la
prirent en 1645. & elle leur
fut cedée en 1659. par leTraité
de la Paix des Pyrenées.
Elle a eu des Seigneurs particuliers
. Robert VII. Seigneur
de Bethune & deTenremonde
, maria Mahaud fa
Fille unique avec Guy de
Dampierre , Comte de Flandres
, dont elle cut Robert
VIII. dit de Bethune , Comte
de Flandres. Le Regiment
de Cavalerie de Chartres qui
eſtoit enGarniſon àBethune,
des Amb. de Siam. 187
fit un détachement pour aller
au devant des Ambafladeurs
, & le refte eſtant demeuré
en bataille ſur la Contreſcarpe,
les falua l'épée à la
main lorſqu'ils pafferent. Mr
de Limbeuf Lieutenant de
Roy de cette Place , les reçut
à la Porte de la Ville. Le
Regiment de Baffigny d'Infanterie
commandé par M
de Chanterene Lieutenant
Colonel, en l'absence de M
le Comte de Mailly qui en
eft Colonel , formoit deux
hayes juſqu'au Château où ils
logerent. M² de Chanter
12
r
Qij
188 III . P. du Voyage
3
rene tenoit la droite du pre
mier rang , & le premier Capitaine
la gauche. LesAmbaſſadeurs
qui en furent
falüez , ainſi que de tous
les autres Capitaines , trouverent
à la porte de leur Logis
une Garde du même Regiment
, avec un Capitaine,
un Lieutenant, un Enſeigne,
& deux Sergens. Auffi-tôt
qu'ils furent arrivez , ils reçûrent
les complimens de la
Ville , & les Prefens ordinaites
. Ils fortirent enfuite à
pied , pour voir le Regiment
que je vous ay dit qui s'eſtoit
e
desAmb. de Siam. 189
mis en bataille fur la Place ,
& demanderent qu'on luy
fiſt faire l'exercice au Tambour
; ce qui fut aufli - tôt
executé. Ils témoignerent
en eſtre fort fatisfaits , & aprés
pluſieurs queſtions qu'ils
firent , ils voulurent ſavoir
de combien d'Hommes ce
Regiment estoit compofé.
Onles fatisfit fur toutes leurs
demandes, & ils loüerent la
propreté de ce Regiment qui
eſtoit fort leſte. Tous lesSoldats
avoient des Chapeaux
neufs , & bordez d'or. Leurs
Bandolieres , Ceinturons , &
190 III. P. du Voyage
cordons de Poires , eſtoient
auffi fort propres ; le tour
garny de force Rubans, couleur
de feu & blancs . Leurs
Epées eſtoient toutes de même
maniere , & tous les Officiers
avoient des Habits fort
riches , & également ornez .
Aprés cela les Ambaſſadeurs
allerent fur les ramparts, dont
ils firent le tour à pied , &
aprés en avoir examiné toutes
les Fortifications , ils rentrerent
au Château où ils eftoient
logez. Ils en fortirent,
quelque temps aprés pour en
faire le tour ſur la Terraffe,
des Amb. de Siam. 191
Σ
r
& admirerent la ſituation de
laVille, qu'ils trouverent trésbelle
& fort à leur gré. M
de Limbeuf alla enfuite prendre
le mot , & ils donnerent
la valeur & la vigilance, parcequ'ils
avoient fceu que M
le Mareſchal de Crequy eftoit
Gouverneur de la Ville ,
& qu'il avoit pris des Places
importantes en commandant
en chef les Armées du Roy ;
ce qui ne ſe peut faire fans
vigilance & fans valeur. Ils
arreſterent le ſoir M de
Chanterene à ſouper, avec le
Capitaine qui commandoit
192 III . P. duVoyage
la Garde devant leur logis.
M de Chanterene fit venir
des Violons qui joüerent
pendant tout le Repas.
Quantité de Dames qui s'y
trouverent , & dont beaucoup
leur parurent belles, en
reçûrent autant de loüanges
que de Fruits & de Confitures
. On leur fit le lendemain
à leur départ les mêmes honneurs
qu'on leur avoit faits à
leur arrivée , & ils fortirent
de la Ville au bruit du Canon
comme ils y estoient entrez,
aprés avoir remercié avec les
termes obligeans qui leur font
des Amb . de Siam. 193
finaturels , M'le Lieutenant
de Roy , & les Officiers des
Troupes.
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Résumé : Bethune. [titre d'après la table]
Après un repas somptueux, les ambassadeurs se rendirent à Béthune, une ville fortifiée de l'Artois située sur la rivière de Biette. Les Français s'emparèrent de Béthune en 1645 et elle leur fut cédée en 1659 par le traité des Pyrénées. La ville eut des seigneurs particuliers, dont Robert VII de Béthune, qui maria sa fille unique à Guy de Dampierre, Comte de Flandres. À leur arrivée, les ambassadeurs furent accueillis par le régiment de cavalerie de Chartres et le régiment d'infanterie de Bassigny, commandé par M. de Chanterene. Ils furent logés au château et reçurent des honneurs militaires, incluant une démonstration de l'exercice du régiment. Les ambassadeurs admirèrent la propreté et la discipline des soldats, ainsi que la richesse de leurs uniformes. Ils visitèrent également les fortifications de la ville et apprécièrent sa situation. Le soir, ils invitèrent M. de Chanterene et le capitaine de la garde à souper, accompagné de musique et de la présence de nombreuses dames. Le lendemain, ils quittèrent Béthune avec les mêmes honneurs qu'à leur arrivée, remerciant les officiers des troupes.
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118
p. 199-207
S. Omer. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le 24. coucher à S. Omer. Il est en Artois sur [...]
Mots clefs :
Saint-Omer, Ville, Évêque, Raouffet, Roi, Bataille, Compliment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : S. Omer. [titre d'après la table]
Ils allerent le 24. coucher
à S. Omer. Il eſt en Artois fur
la Riviere de l'Aa que la Ville
a d'un côté avee des Marais .
Elle a de l'autre un Côteau ,
défendu par un Château avec
de bons Baſtions , & des foffez
fort profonds & larges.
Monfieur la prit en 1677. aprés
avoir gagné la Bataille deCaffel.
S. Omer , l'Evêque de
R iiij
200 III P. du Voyage
Theroüane la fit bâtir en 660.
& Baudoüin II . dit le Chauve ,
Comte de Flandre , acheva de
l'entourer de murailles en902 .
ce que Fouques , Abbé de S.
Bertin , avoit commencé de
faire en 880. On démolit Theroüane
dans le dernier Siécle,
& on en fonda deux Evêchez,
celuy de Bologne , & celuy de
S. Omer. Ce dernier eſt Suffragant
deCambray. M² de Marcin
, Lieutenant Colonel des
Cravates du Roy , alla au devant
des Ambaſſadeurs avec
deux Efcadrons , & en approchant
de la Ville , ils trouvedes
Amb. de Siam. 20t
د
rent hors la porte M Raouffet
, Lieutenant de Roy de la
Place , qui les reçût ,& leur fit
compliment. Ils entrerent au
bruit du Canon , & au travers
de la Garniſon ſous les
armes & allerent à l'Hôtel
de Ville que M Raouffet avoit
fait meubler magnifiquement
, & dans lequel ils devoient
loger. Ils y receurent
les complimens , & les Prefens
de la Ville , & de pluſieurs
Corps , apres quoy ils
virent defiler toutes les Troupes
tant Cavalerie qu'Infanterie
, qu'ils trouverent magni
202 III. P. du Voyage
fiques , & qui leur parurent
tres bonnes. M Raouffet leur
demanda enfuite le Mot , &
ils donnerent , à l'action on connoiſt
le ſang , par raport à la
Bataille de Caffel gagnée par
Monfieur , & à la priſe de S.
Omer par ce meſme Prince ,
dont ils s'étoient entretenus
dans le Caroſſe avec M Torf,
preſque depuis Aire juſqu'à S.
Omer.Comme ils avoient conceu
une haute eſtime pour
Monfieur , & que les manieres
obligeantes & affables leur
avoient penetré le coeur , ils
lui donnerent de grands éloges.
1
des Amb. de Siam. 203
&dirent qu'il étoit égalemet magnifique
, galant , & brave , &
qu'ilſembloit que le Roy eût pris
plaisir àfefervir de fa grandour,
pour donner moyen àson Alteſſe
Royale , d'acquerir de la gloire ,
en luy envoyant des Troupes ,
comme Sa Majesté avoit fait ,
afin qu'il triomphât des Ennemis
de l'Etat.
Le coucours des Dames fur
grand le foir à leur ſoupé. La
Ville envoya des Violons qui
joüerent pendant tout le Repas
,& il y eût Bal ſi toſt que
l'on fut forty de table. Me l'Evêque
deS. Omer les vintvoic
204 III. P. du Voyage
le lendemain accompagné de
M l'Evêque d'Ipres. Ils furent
ravis de l'honneur qu'ils recevoient
de la viſite d'un home
de ce caractere. Ils eurent auffi
quantité de viſites des principales
perſonnes dela Ville. On
leur propoſa d'aller voir l'Egliſe
Cathedrale. L'Ambaffadeur
demanda fi elle estoit belle. On
luy repondit que c'eſtoit une
Eglife ancienne qui n'avoit rien
d'extraordinaire. Il s'informa fi
M l'Evêque yseroit. M Torf
luy répondit qu'il ne manque.
roit aſſurement pas des'y trouver
, s'il eſtoit aſſuré qu'il y
des Amb. de Siam 205
dût aller. I'y veux bien aller ,
répondit l'Ambaſſadeur , &fi
Mr l'Evêque s'y trouve, l'Eglise
me paroiſtra belle. Il y alla , &
y fut receu par tout le Clergé
en Corps , & par ce Prelat.
On fit voir aux Ambaſſadeurs
ce que cette Eglife contenoit
de plus digne de leur curiofité.
Ils allerent auſſi à la fameuſe
Abbaye de S. Bertin , où le
Prieur leur fit compliment.
La grandeur de ce Monaftere
les ſurprit. C'eſt un des plus
vaſtes Bâtimens qu'on puiſſe
voir de cette nature . Ils firent
le meſme jour le tour de la
206 III . P. du Voyage
Place , & virent les Arcenaux ;
& comme ils trouverent par
tout des Ouvriers , & de nouvaux
travaux , on peut dire
que leur ſurpriſe redoubla par
tout. M Raouſſet leur donna
un dîner fort magnifique , où
il y avoit pluſieurs Dames ; ils
furent tellement fatisfaits de
luy qu'ils luy firent mille proteſtations
d'amitié. Les Jeſuites
leur dõnerent une collation où
la propreté répondit à l'abondance
de tout ce qui yfut fervy
: elle fut accompagnée d'un
grand Concert d'Inſtrumens .
Le Major ayant eſté le ſoir
des Amb. de Siam. 207
leur demander le Mot , ils
donnerent, Magnifique en tout.
L'explication de ce mot n'eſt
pas difficile à trouver aprés la
magnificence du Repas de M
Raouffet , qui d'ailleurs leur avoit
paru d'une maniere à
pouvoir faire croire que ce mot
luy convenoit. Les chofcs ſe
paſſerent à l'ordinaire au Soupé
, il y eut grande affluence
de monde. Le lendemain
grands remerciemens, &grand
bruit d'Artillerie à leur fortie .
La Garniſon ſe trouva encore
ſous les armes.
à S. Omer. Il eſt en Artois fur
la Riviere de l'Aa que la Ville
a d'un côté avee des Marais .
Elle a de l'autre un Côteau ,
défendu par un Château avec
de bons Baſtions , & des foffez
fort profonds & larges.
Monfieur la prit en 1677. aprés
avoir gagné la Bataille deCaffel.
S. Omer , l'Evêque de
R iiij
200 III P. du Voyage
Theroüane la fit bâtir en 660.
& Baudoüin II . dit le Chauve ,
Comte de Flandre , acheva de
l'entourer de murailles en902 .
ce que Fouques , Abbé de S.
Bertin , avoit commencé de
faire en 880. On démolit Theroüane
dans le dernier Siécle,
& on en fonda deux Evêchez,
celuy de Bologne , & celuy de
S. Omer. Ce dernier eſt Suffragant
deCambray. M² de Marcin
, Lieutenant Colonel des
Cravates du Roy , alla au devant
des Ambaſſadeurs avec
deux Efcadrons , & en approchant
de la Ville , ils trouvedes
Amb. de Siam. 20t
د
rent hors la porte M Raouffet
, Lieutenant de Roy de la
Place , qui les reçût ,& leur fit
compliment. Ils entrerent au
bruit du Canon , & au travers
de la Garniſon ſous les
armes & allerent à l'Hôtel
de Ville que M Raouffet avoit
fait meubler magnifiquement
, & dans lequel ils devoient
loger. Ils y receurent
les complimens , & les Prefens
de la Ville , & de pluſieurs
Corps , apres quoy ils
virent defiler toutes les Troupes
tant Cavalerie qu'Infanterie
, qu'ils trouverent magni
202 III. P. du Voyage
fiques , & qui leur parurent
tres bonnes. M Raouffet leur
demanda enfuite le Mot , &
ils donnerent , à l'action on connoiſt
le ſang , par raport à la
Bataille de Caffel gagnée par
Monfieur , & à la priſe de S.
Omer par ce meſme Prince ,
dont ils s'étoient entretenus
dans le Caroſſe avec M Torf,
preſque depuis Aire juſqu'à S.
Omer.Comme ils avoient conceu
une haute eſtime pour
Monfieur , & que les manieres
obligeantes & affables leur
avoient penetré le coeur , ils
lui donnerent de grands éloges.
1
des Amb. de Siam. 203
&dirent qu'il étoit égalemet magnifique
, galant , & brave , &
qu'ilſembloit que le Roy eût pris
plaisir àfefervir de fa grandour,
pour donner moyen àson Alteſſe
Royale , d'acquerir de la gloire ,
en luy envoyant des Troupes ,
comme Sa Majesté avoit fait ,
afin qu'il triomphât des Ennemis
de l'Etat.
Le coucours des Dames fur
grand le foir à leur ſoupé. La
Ville envoya des Violons qui
joüerent pendant tout le Repas
,& il y eût Bal ſi toſt que
l'on fut forty de table. Me l'Evêque
deS. Omer les vintvoic
204 III. P. du Voyage
le lendemain accompagné de
M l'Evêque d'Ipres. Ils furent
ravis de l'honneur qu'ils recevoient
de la viſite d'un home
de ce caractere. Ils eurent auffi
quantité de viſites des principales
perſonnes dela Ville. On
leur propoſa d'aller voir l'Egliſe
Cathedrale. L'Ambaffadeur
demanda fi elle estoit belle. On
luy repondit que c'eſtoit une
Eglife ancienne qui n'avoit rien
d'extraordinaire. Il s'informa fi
M l'Evêque yseroit. M Torf
luy répondit qu'il ne manque.
roit aſſurement pas des'y trouver
, s'il eſtoit aſſuré qu'il y
des Amb. de Siam 205
dût aller. I'y veux bien aller ,
répondit l'Ambaſſadeur , &fi
Mr l'Evêque s'y trouve, l'Eglise
me paroiſtra belle. Il y alla , &
y fut receu par tout le Clergé
en Corps , & par ce Prelat.
On fit voir aux Ambaſſadeurs
ce que cette Eglife contenoit
de plus digne de leur curiofité.
Ils allerent auſſi à la fameuſe
Abbaye de S. Bertin , où le
Prieur leur fit compliment.
La grandeur de ce Monaftere
les ſurprit. C'eſt un des plus
vaſtes Bâtimens qu'on puiſſe
voir de cette nature . Ils firent
le meſme jour le tour de la
206 III . P. du Voyage
Place , & virent les Arcenaux ;
& comme ils trouverent par
tout des Ouvriers , & de nouvaux
travaux , on peut dire
que leur ſurpriſe redoubla par
tout. M Raouſſet leur donna
un dîner fort magnifique , où
il y avoit pluſieurs Dames ; ils
furent tellement fatisfaits de
luy qu'ils luy firent mille proteſtations
d'amitié. Les Jeſuites
leur dõnerent une collation où
la propreté répondit à l'abondance
de tout ce qui yfut fervy
: elle fut accompagnée d'un
grand Concert d'Inſtrumens .
Le Major ayant eſté le ſoir
des Amb. de Siam. 207
leur demander le Mot , ils
donnerent, Magnifique en tout.
L'explication de ce mot n'eſt
pas difficile à trouver aprés la
magnificence du Repas de M
Raouffet , qui d'ailleurs leur avoit
paru d'une maniere à
pouvoir faire croire que ce mot
luy convenoit. Les chofcs ſe
paſſerent à l'ordinaire au Soupé
, il y eut grande affluence
de monde. Le lendemain
grands remerciemens, &grand
bruit d'Artillerie à leur fortie .
La Garniſon ſe trouva encore
ſous les armes.
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Résumé : S. Omer. [titre d'après la table]
En 1677, des ambassadeurs de Siam visitèrent la ville de Saint-Omer, située en Artois sur la rivière de l'Aa. Cette ville est protégée par des marais d'un côté et un coteau défendu par un château fortifié avec des bastions et des fossés. Saint-Omer fut prise par Monsieur après la bataille de Cassel. La ville fut fondée par Théroüane en 660 et entourée de murailles par Baudouin II en 902. Au siècle précédent, Théroüane fut détruite et deux évêchés furent créés, dont celui de Saint-Omer, suffragant de Cambrai. Les ambassadeurs furent accueillis par M. Raouffet, lieutenant du roi, et reçus avec des honneurs militaires. Ils visitèrent l'église cathédrale et l'abbaye de Saint-Bertin, impressionnés par la grandeur des lieux. Ils furent également reçus par l'évêque de Saint-Omer et l'évêque d'Ipres. La visite se conclut par des dîners magnifiques et des concerts, les ambassadeurs exprimant leur satisfaction et leur admiration pour la magnificence et la bravoure de Monsieur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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119
p. 207-215
Calais. [titre d'après la table]
Début :
Ils dînerent à Regouge qui est un petit Village sur [...]
Mots clefs :
Calais, Fort, Ville, Roi, Place, Port, Porte, Ambassadeurs, Canon, Citadelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Calais. [titre d'après la table]
Ils dînerent à
Regouge qui est un petit Vi
208 III. P du Voyage
lage ſur le chemin de Calais ,
&arriverent le ſoir à la Ville
de ce nom. C'eſt un Port de
Mer dans la partie de la Picardie,
appellée Païs reconquis.
La Ville eſt bien bâtie & beaucoup
peuplée , & a de fort belles
ruës. Ily en a une qui commence
à la Porte de Terce, &
qui traverſant la grande Place
où eſt la Maiſon de Ville , aboutit
au Port. C'eſt la plus
confiderable . On voit dans
Calais le Palais de l'Auditoire
la Tour du Guet , de magnifiques
Eglifes , plufieurs Monafteres
, & divers Forts . Edes
Anb. de Siam. 209
doüard III. Roy d'Angleterre
emporta cette Ville ſur les
François en 1347. aprés un
Siege de plus de dix mois. Les
Anglois la conſerverent jufques
en 1558. que le Duc de
Guiſe l'affiegea , & la prit dix
jours apres . L'Archiduc Albert
d'Autriche que le Roy
d'Eſpagne avoit fait Gouverneur
des Pays -bas , la reptit en
1596. & deux ans aprés , elle
fut renduë au Roy Henry IV.
par le Traité de Vervins . Depuis
ce temps-là , elle a eſté
fortifiée tres - regulierement ,
& eſt devenue une des plus
S
210 III. P. du Voyage
importantes Places du Royaume.
Les Ambaſſadeurs y furent
receus au bruit du Canon
& le Major qui commandoit
les Troupes , leur fit compliment
à la porte. Ils paſſerent
àtravers pour ſe rendre aulogis
qui leur avoit efté preparé
, &trouverent à la porte de
leur logement une Compagnie
de so. Hommes , avec unCapitaine
, un Lieutenant , & un
Enſeigne. Apres que Mrs du
Magiſtrat ſe furent acquitez
de leur compliment , en leur
offrant les Preſens de la Ville,
leMajor leur vint demander le
desAmb. de Siam . 211
mot , & celuy qu'il receut
fut , où la valeur reſiſte , la ruſe
fuccombe , parce qu'ils avoient
ſceu qu'on avoit tenté pluſieurs
fois de ſurprendre cette
Place , & que de telles entrepriſes
avoient toûjours
manqué de fuccez .
La pluye qui tomba le
lendemain en abondance, ne
les empeſcha point de viſiter
toutes les Fortifications de la
Ville, avec l'Ingenieur qui en
avoit le Plan , & de l'examiner
en meſme temps. Ils s'attacherent
fort à confiderer le
glacis qui regardeGravelines,
S ij
212 III. P. du Voyage
qu'ils trouverent tres-beau ,
ainſi que celuy d'où l'on peut
voir les Châteaux de Douvres
& les Dunes. Le Port leur parut
également beau &grand...
Il eſt fort feur & feparé en
deux bras pour recevoir les
Vaiſſeaux qu'on y voit toû--
jours en fort grand nombre.
Ils font deffendus par unFort
nommé le Fort de Risban, qui
eft à gauche du Port, & que
les Ambaſſadeurs examinerent
avec grand foin. Ils allerent
auffi à la Citadelle à
laquelle le Roy a fait beaucoup
travailler. Elle est fort
des Amb.de Siam. 213
grande & entourée de foſſez
profonds , & de marais qui
font tous remplis de l'eaude
la mer. Toutes les commoditez
qu'on peut ſouhaiter dans
une Place de guerre, font dans
cette Citadelle , & l'on peut
dire que cette Ville - là tire
encore beaucoup de force du
zéle & de la valeur de fes
Habitans, qui ont donné fort
ſouvent des marques de leur
affection pour la France. Les
Ambaſſadeurs qui avoient
efté receus au bruit du canon
du Fort par M. Vignon
qui en eſt Gouverneur , &
214 III . P. du Voyage
qui leur avoit rendu tous les
honneurs qu'ils pouvoient
attendre , ne le furent pas
moins bien à la Citadelle par
M. de Bouteville Lieutenant
de Roy , & tout s'y paſſa pour
les honneurs & pour l'examen
de la Place, comme dans
les autres Citadelles dont je
vous ay déja parlé. Lorſqu'ils
pafferent devant la Maiſon
de Ville , on tira du canon
qui estoit devant le Corps de
garde de la Place. Ils donnerent
ce foir-là pour mot , il
eſt revenu pour triompher, parce
que le Roy avoit eſté fort
des Amb . de Siam. 215
malade à Calais , & qu'il a
toujours triomphé depuis cette
maladie.
Regouge qui est un petit Vi
208 III. P du Voyage
lage ſur le chemin de Calais ,
&arriverent le ſoir à la Ville
de ce nom. C'eſt un Port de
Mer dans la partie de la Picardie,
appellée Païs reconquis.
La Ville eſt bien bâtie & beaucoup
peuplée , & a de fort belles
ruës. Ily en a une qui commence
à la Porte de Terce, &
qui traverſant la grande Place
où eſt la Maiſon de Ville , aboutit
au Port. C'eſt la plus
confiderable . On voit dans
Calais le Palais de l'Auditoire
la Tour du Guet , de magnifiques
Eglifes , plufieurs Monafteres
, & divers Forts . Edes
Anb. de Siam. 209
doüard III. Roy d'Angleterre
emporta cette Ville ſur les
François en 1347. aprés un
Siege de plus de dix mois. Les
Anglois la conſerverent jufques
en 1558. que le Duc de
Guiſe l'affiegea , & la prit dix
jours apres . L'Archiduc Albert
d'Autriche que le Roy
d'Eſpagne avoit fait Gouverneur
des Pays -bas , la reptit en
1596. & deux ans aprés , elle
fut renduë au Roy Henry IV.
par le Traité de Vervins . Depuis
ce temps-là , elle a eſté
fortifiée tres - regulierement ,
& eſt devenue une des plus
S
210 III. P. du Voyage
importantes Places du Royaume.
Les Ambaſſadeurs y furent
receus au bruit du Canon
& le Major qui commandoit
les Troupes , leur fit compliment
à la porte. Ils paſſerent
àtravers pour ſe rendre aulogis
qui leur avoit efté preparé
, &trouverent à la porte de
leur logement une Compagnie
de so. Hommes , avec unCapitaine
, un Lieutenant , & un
Enſeigne. Apres que Mrs du
Magiſtrat ſe furent acquitez
de leur compliment , en leur
offrant les Preſens de la Ville,
leMajor leur vint demander le
desAmb. de Siam . 211
mot , & celuy qu'il receut
fut , où la valeur reſiſte , la ruſe
fuccombe , parce qu'ils avoient
ſceu qu'on avoit tenté pluſieurs
fois de ſurprendre cette
Place , & que de telles entrepriſes
avoient toûjours
manqué de fuccez .
La pluye qui tomba le
lendemain en abondance, ne
les empeſcha point de viſiter
toutes les Fortifications de la
Ville, avec l'Ingenieur qui en
avoit le Plan , & de l'examiner
en meſme temps. Ils s'attacherent
fort à confiderer le
glacis qui regardeGravelines,
S ij
212 III. P. du Voyage
qu'ils trouverent tres-beau ,
ainſi que celuy d'où l'on peut
voir les Châteaux de Douvres
& les Dunes. Le Port leur parut
également beau &grand...
Il eſt fort feur & feparé en
deux bras pour recevoir les
Vaiſſeaux qu'on y voit toû--
jours en fort grand nombre.
Ils font deffendus par unFort
nommé le Fort de Risban, qui
eft à gauche du Port, & que
les Ambaſſadeurs examinerent
avec grand foin. Ils allerent
auffi à la Citadelle à
laquelle le Roy a fait beaucoup
travailler. Elle est fort
des Amb.de Siam. 213
grande & entourée de foſſez
profonds , & de marais qui
font tous remplis de l'eaude
la mer. Toutes les commoditez
qu'on peut ſouhaiter dans
une Place de guerre, font dans
cette Citadelle , & l'on peut
dire que cette Ville - là tire
encore beaucoup de force du
zéle & de la valeur de fes
Habitans, qui ont donné fort
ſouvent des marques de leur
affection pour la France. Les
Ambaſſadeurs qui avoient
efté receus au bruit du canon
du Fort par M. Vignon
qui en eſt Gouverneur , &
214 III . P. du Voyage
qui leur avoit rendu tous les
honneurs qu'ils pouvoient
attendre , ne le furent pas
moins bien à la Citadelle par
M. de Bouteville Lieutenant
de Roy , & tout s'y paſſa pour
les honneurs & pour l'examen
de la Place, comme dans
les autres Citadelles dont je
vous ay déja parlé. Lorſqu'ils
pafferent devant la Maiſon
de Ville , on tira du canon
qui estoit devant le Corps de
garde de la Place. Ils donnerent
ce foir-là pour mot , il
eſt revenu pour triompher, parce
que le Roy avoit eſté fort
des Amb . de Siam. 215
malade à Calais , & qu'il a
toujours triomphé depuis cette
maladie.
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Résumé : Calais. [titre d'après la table]
Le texte relate un voyage vers Calais, une ville portuaire en Picardie, célèbre pour ses rues et ses fortifications. Calais a été conquise par Édouard III d'Angleterre en 1347 après un siège de dix mois et est restée sous contrôle anglais jusqu'en 1558, date à laquelle le Duc de Guise la reprit. L'Archiduc Albert d'Autriche la reconquit en 1596, mais elle fut rendue à Henri IV par le Traité de Vervins en 1598. Depuis, Calais a été régulièrement fortifiée et est devenue une place stratégique du royaume. Les ambassadeurs de Siam y furent reçus avec des honneurs militaires, notamment des salves de canon. Ils visitèrent les fortifications, examinant le glacis vers Gravelines, les Châteaux de Douvres, le Port et le Fort de Risban. La Citadelle, renforcée par le roi, est entourée de fossés et de marais marins et est bien équipée pour la défense. Les habitants de Calais sont reconnus pour leur zèle et leur valeur. Les ambassadeurs reçurent également des honneurs à la Citadelle et passèrent devant la Maison de Ville, où des salves de canon furent tirées. Leur mot du jour fut 'il est revenu pour triompher', en référence à la guérison du roi après une maladie à Calais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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120
p. 217-234
Dunkerque. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le même jour coucher à Dunkerque, Ville sur [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Place, Intendant, Ville, Roi, Fort, Bergues, Comte, Ambassadeurs, Artillerie, Armes, Folie, Remparts, Du Verger, Mer, Citadelle, Ambassadeur, Mégron
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dunkerque. [titre d'après la table]
Ils allerent le même jour
coucher à Dunkerque , Ville
fur la Mer dans le Comté de
Flandres . Le Comte Baudoüin
III . dit le Jeune, la fit
bâtir en 960. Elle a de fort
bellesRuës, unPort extrémement
frequenté , & des Ha-
T
218 III . P. du Voyage
bitans fort renommez pour
la Navigation. Marie de Luxembourg
, Comteſſe de S.
Paul, Dame de Dunkerque,
Fille unique de Pierre de Luxembourg
& de Marguerite
de Savoye, épouſa François de
Bourbon, Comte de Vendôme
, quatriéme Ayeul paternel
du Roy. C'eſt ſur cela
que font fondées les legitimes
pretentions qu'a Sa Majeſté
ſur la Ville de Dunkerque.
Les François la prirent
en 1558. Le Duc de Parme
la reprit en 1583. Monfieur
le Prince , alors Duc d'An-
1
des Amb. de Siam. 319
guien, s'en rendit Maiſtre en
1646. & les Eſpagnols qui
l'emporterent en 1652. lagarderent
juſqu'en 1658. que
Mr le Maréchal de Turenne
la leur ôta. Elle fut remiſe
aux Anglois , de qui le Roy
la racheta en 1662. La Citadelle
que Sa Majeſté y a fait
faire , eft tres - confiderable ,
auſſi - bien que les Fortifications.
Les Ambaſſadeurs aprés a
voir paſſé entre le Fort du
Bois &le Fort Mardic , qu'ils
confidererent , approcherent
de la Place au bruit d'une
Tij
220 III. P. du Voyage
groffe Artillerie. M Me
gron Major qui y commandoit
, les reçût à la Porte de
la Ville. Toute la Garniſon,
parmy laquelle il y avoit
beaucoup de Compagnies
Suiffes, eſtoit ſous les Armes.
Ils furent logez à l'Hoſtel de
Ville, où ils reçûrent les complimens
des Magiftrats, & les
Preſens ordinaires. Ils furent
auſſi complimentez par
pluſieurs Corps . Le foir tout
'Hoſtel de Ville ſe trouva
éclairé par l'ordre des Magiſtrats.
Ils donnerent ce
foir- là pour Mot , La clef eft
des Amb de Siam . 221
digne de la ferrure , fur ce
qu'on leur avoit dit que Dunkerque
eſt une Clef du
Royaume. Ils furent ravis
de trouver à Dunkerque Madame
la Princeſſe de Bournonville,
Me la Comteffe de
Sore , & Ms les Princes de
Bournonville & de Robec,
qu'ils avoient veus à Berny, &
dont ils avoient reçû de grandeshonnêtetez.
MadamePatoulet,
femmede M² l'Intendant
de la Marine à Dunkerque
, eſtoit de la Compagnie.
M Deſmadrit Intendant
de Juſtice , Police des
Tiij
222 III . P. du Voyage
Troupes , & Finances de Sa
Majesté, & M Patoulet, vinrent
auſſi les ſalüer . M Defmadrit
leur dit , qu'il alloit à
Ypres , où il auroit l'honneur de
les voir , & qu'il eſperoit qu'ils
luy feroient la grace de diſner
chez luy. Ils fouperent à l'ordinaire
en bonne Compagnie.
Le lendemain ils monterent
en Carroſſe pour aller
du côté de la Mer , où ils
trouverent des Chaloupes
fort propres, & virent les Jettées
& les Forts qui ſont def
ſus, qui les ſalüerent de toute
leur Artillerie. Ils meſurerent
desAmb. de Siam, 223
eux-mêmes les épaiſſeurs &
les hauteurs des murailles , les
hauteurs & les profondeurs
des foſſez , & examinerent
tous les ouvrages avancez. Ils
virent fortir à pleines voiles
un affez gros Vaiffeau, chargé
de tout ſon Canon. De là
ils allerent au Rifban , où ils
monterent & deſcendirent
dans tous les endroits qu'ils
jugerent dignes de leur curioſité.
Ils marquerent une
ſurpriſe qui ne ſe peut exprimer
, & crûrent voir une
des premieres merveilles du
Monde. Ils vinrent enſuite
Tiiij
224 III. P. du Voyage
à pied juſqu'à la Jettée, où
l'on ſe rembarqua pour regagner
le Carroffe. Le lendemain
ils allerent à la Citadelle
que le Roy a fait bâtir.
Ils furent receus au bruit du
Canon , & trouverent l'Infanterie
ſous les Armes ; ils
virent les Magaſins & les Arcenaux
, & dirent que non
Seulement cette Fortereffe leur
paroiſſoit imprenable , mais mefme
qu'ils ne croyoient pas que
l'on pût ſonger à l'attaquer ,
parce qu'on n'attaquoit pas ce
qu'on sçavoit qu'il estoit impoffible
de prendre. On tira une
des Amb. de Siam. 225
Coulevrine , appellée la grande
Coulevrine de Nancy. Comme
on leur avoit donné les
Violons , ce qui continua
tant qu'ils ſéjournerent à
Dunkerque , ils avoient demandé
les noms de pluſieurs
Airs , & même la raiſon des
noms qu'on leur avoit dits.
La Folie d'Eſpagne s'eſtant
trouvée de ce nombre , il ne
ſe rencontra perſonne qui
-leur pût apprendre pourquoy
cét Air avoit eu ce nom : ce
qui fut cauſe que M Megron
leur ayant demádé l'Ordre
, ils dirent la Folie d'Ef
r
226 III. P. du Voyage
pagne. M: Torf leur demanda
, pourquoy ils donnoient
ce mot. Ils répondirent, qu'ils
avoient peut- estre plus de raiſon
de le donner , que le Muſicien
n'en avoit eu de nommer
Folie un Air qui paroiffoit tresbeau
, puiſque c'en estoit une tresgrande
que d'avoir laiffé prendre
une Ville comme Dunkerque.
Lejour ſuivant (car ilsſéjournerent
deux jours àDunkerque
) ils firent le tour de
la Place avec M Megron ,
& trouverent les Ramparts
d'une propreté qui paſſe tout
des Amb. de Siam. 227
د
ce qu'on s'en peut imaginer.
On n'y voit aucune ordure
de quelque nature qu'elle
puiſſe eſtre , & les Jardins les
plus propres & les mieux entretenus
du Prince le plus curieux
ne pourroient qu'à
peine approcher de ce qu'ils
virent. Cela fait connoiftre
que Me Megron ſçaitbien ſe
faire obeïr , & qui fe fait obefr,
doit eſtre du nombre
des meilleurs Officiers . M du
Verger Ingenieur de la Place,
en fit le tour avec les Ambaſſadeurs.
Illeur apprit tout
cequ'ils ſouhaiterent ſçavoir
228 III. P. du Voyage
&répondit ſi bien à toutes
leurs queſtions , qu'ils conçûrentbeaucoup
d'eftime, &
prirent même quelque forte
d'amitié pour luy. Ils dirent,
que le Roy de Siam n'épargneroit
rien pour avoir un auffi habile
Homme qu'il eſtoit , & le
prierent de vouloir bien les accompagner
jusqu'à Bergues, par
où ils devoientpaffer pour aller à
Ypres. Enfin ils luy dirent ,
qu'il s'expliquoit si bien , que
tout marquoit en luy ce qu'il
vouloit dire , & que ceux àqui
il parloit n'avoient que faire de
fçavoirfa langue , pour concedes
Amb. de Siam. 229
voir ce qu'il vouloit faire entendre.
Ils ne quitterent les Ramparts
que pour aller voir l'Arcenal,
où ils ne laiſſerent rien
à viſiter : de forte qu'eſtant
tous remplis de la beauté de
la Place , &de la grandeur du
Roy , ils fortirent en difant,
qu'ils voyoient par tout des chofes
inoüies. M Patoulet Intendant
de Marine , ayant
fait charger pluſieurs Ecluſes,
vint ſur le ſoir les prier d'en
voir l'effet , & leur dit , que
cela ne dureroit qu'un instant.
Ils demanderent, fi leRoy les
avoit fait faire comme le reste.
230 III . P. du Voyage
On leur dit que oüy. Ils repartirent
auffi -toſt , qu'ils ne
doutoient pas que cela ne répon
diſt à la magnificence de Sa Majesté
, &qu'ilsypaſſeroient non
pas un instant , mais la nuit
entiere. Ils monterent dans le
Carroffe de Me l'Intendant,
qui en avoit fait amener
d'autres pour leur Suite. Dés
qu'ils furent arrivez , on ouvrit
les Ecluſes, qui firent les
effets qu'on en attendoit.
L'Ambaſſadeur dit qu'il estoit
caution de la netteté du Port,
tant qu'on entretiendroit cesEclufes-
là. Ils virent le nouveau
L
des Amb. de Siam. 231
Baffin pour les Vaiſſeaux du
Roy , qui eſt encore un des
Ouvrages qui répond le plus
à la grandeur de Sa Majefté.
On leur montra auſſi plufieurs
Vaiſſeaux fur le chantier.
Si je voulois vous faire
un détail entier de tout ce
que les Ambaſſadeurs ont vû
& dit à Dunkerque , & de la
maniere dont le Roy y eſt
ſervy, j'avoue qu'il me feroit
difficile de trouver la fin de
certe Relation . L'Ambaſſadeur
donna ce ſoir-là pour
mot , Nous triomphons par fa
victoire, & dit que c'eſtoit une
234 III . P. du Voyage
verité , puiſque l'état où ef
toit la Ville , depuis qu'elle
avoit eſté conquiſe par Sa
Majesté , & l'opulence des
Peuples , faifoient voir qu'ils
triomphoient par la victoire
de ce
de ce grand Monarque.
Aprés avoir ſejourné à
Dunkerque le 29. & le 30. ils
en partirent avec des honneurs
qui ne peuvent eſtre
comparez qu'à ceux qu'ils avoient
receus en y entrant.
Ils s'embarquerent dés ſept
heures du matin, ſur le canal
de Bergues , qui eſt hors la
Ville, dans un batteau coudes
Amb. de Siam. 233
vert bien meublé & vîtré,
que M Deſmadrit leur avoit
fait préparer. Ils avoient prié
de trop bonne grace M du
Verger de venir avec eux jufques
à Bergues , pour en eſtre
refufez. Il les accompagna
juſque- là, & ils parlerent pendant
tout le chemin de Fortifications
& des inondations
de Siam. L'Ambaſſadeur luy
dit qu'il croyoit qu'il estoit un
homme univerſel. Ils trouverent
fur le chemin de Dunkerque
à Bergues, le long du
Canal, le Fort Louis, & le Fort
S. François , qui font deux
V
234 III. P.du Voyage
Forts Royaux , & quelques
Redoutes . Ils en furent falüez
, & les Garniſons parurent
en bataille ſur les ramparts
. Eftant arrivez à Bergues
, Mª du Verger les quit
ta , dont ils témoignerent du
regret. Ils trouverent leurs
Carroffes , dans lesquels ils
monterent pour continuër
leur route. Ils furent falüez
par l'Artillerie de Bergues , &
trouverent la Garnifon fous
les armes , depuis une Porte
juſques à l'autre. Ils furent
meſme haranguez , & receurent
les Prefens de la Ville.
coucher à Dunkerque , Ville
fur la Mer dans le Comté de
Flandres . Le Comte Baudoüin
III . dit le Jeune, la fit
bâtir en 960. Elle a de fort
bellesRuës, unPort extrémement
frequenté , & des Ha-
T
218 III . P. du Voyage
bitans fort renommez pour
la Navigation. Marie de Luxembourg
, Comteſſe de S.
Paul, Dame de Dunkerque,
Fille unique de Pierre de Luxembourg
& de Marguerite
de Savoye, épouſa François de
Bourbon, Comte de Vendôme
, quatriéme Ayeul paternel
du Roy. C'eſt ſur cela
que font fondées les legitimes
pretentions qu'a Sa Majeſté
ſur la Ville de Dunkerque.
Les François la prirent
en 1558. Le Duc de Parme
la reprit en 1583. Monfieur
le Prince , alors Duc d'An-
1
des Amb. de Siam. 319
guien, s'en rendit Maiſtre en
1646. & les Eſpagnols qui
l'emporterent en 1652. lagarderent
juſqu'en 1658. que
Mr le Maréchal de Turenne
la leur ôta. Elle fut remiſe
aux Anglois , de qui le Roy
la racheta en 1662. La Citadelle
que Sa Majeſté y a fait
faire , eft tres - confiderable ,
auſſi - bien que les Fortifications.
Les Ambaſſadeurs aprés a
voir paſſé entre le Fort du
Bois &le Fort Mardic , qu'ils
confidererent , approcherent
de la Place au bruit d'une
Tij
220 III. P. du Voyage
groffe Artillerie. M Me
gron Major qui y commandoit
, les reçût à la Porte de
la Ville. Toute la Garniſon,
parmy laquelle il y avoit
beaucoup de Compagnies
Suiffes, eſtoit ſous les Armes.
Ils furent logez à l'Hoſtel de
Ville, où ils reçûrent les complimens
des Magiftrats, & les
Preſens ordinaires. Ils furent
auſſi complimentez par
pluſieurs Corps . Le foir tout
'Hoſtel de Ville ſe trouva
éclairé par l'ordre des Magiſtrats.
Ils donnerent ce
foir- là pour Mot , La clef eft
des Amb de Siam . 221
digne de la ferrure , fur ce
qu'on leur avoit dit que Dunkerque
eſt une Clef du
Royaume. Ils furent ravis
de trouver à Dunkerque Madame
la Princeſſe de Bournonville,
Me la Comteffe de
Sore , & Ms les Princes de
Bournonville & de Robec,
qu'ils avoient veus à Berny, &
dont ils avoient reçû de grandeshonnêtetez.
MadamePatoulet,
femmede M² l'Intendant
de la Marine à Dunkerque
, eſtoit de la Compagnie.
M Deſmadrit Intendant
de Juſtice , Police des
Tiij
222 III . P. du Voyage
Troupes , & Finances de Sa
Majesté, & M Patoulet, vinrent
auſſi les ſalüer . M Defmadrit
leur dit , qu'il alloit à
Ypres , où il auroit l'honneur de
les voir , & qu'il eſperoit qu'ils
luy feroient la grace de diſner
chez luy. Ils fouperent à l'ordinaire
en bonne Compagnie.
Le lendemain ils monterent
en Carroſſe pour aller
du côté de la Mer , où ils
trouverent des Chaloupes
fort propres, & virent les Jettées
& les Forts qui ſont def
ſus, qui les ſalüerent de toute
leur Artillerie. Ils meſurerent
desAmb. de Siam, 223
eux-mêmes les épaiſſeurs &
les hauteurs des murailles , les
hauteurs & les profondeurs
des foſſez , & examinerent
tous les ouvrages avancez. Ils
virent fortir à pleines voiles
un affez gros Vaiffeau, chargé
de tout ſon Canon. De là
ils allerent au Rifban , où ils
monterent & deſcendirent
dans tous les endroits qu'ils
jugerent dignes de leur curioſité.
Ils marquerent une
ſurpriſe qui ne ſe peut exprimer
, & crûrent voir une
des premieres merveilles du
Monde. Ils vinrent enſuite
Tiiij
224 III. P. du Voyage
à pied juſqu'à la Jettée, où
l'on ſe rembarqua pour regagner
le Carroffe. Le lendemain
ils allerent à la Citadelle
que le Roy a fait bâtir.
Ils furent receus au bruit du
Canon , & trouverent l'Infanterie
ſous les Armes ; ils
virent les Magaſins & les Arcenaux
, & dirent que non
Seulement cette Fortereffe leur
paroiſſoit imprenable , mais mefme
qu'ils ne croyoient pas que
l'on pût ſonger à l'attaquer ,
parce qu'on n'attaquoit pas ce
qu'on sçavoit qu'il estoit impoffible
de prendre. On tira une
des Amb. de Siam. 225
Coulevrine , appellée la grande
Coulevrine de Nancy. Comme
on leur avoit donné les
Violons , ce qui continua
tant qu'ils ſéjournerent à
Dunkerque , ils avoient demandé
les noms de pluſieurs
Airs , & même la raiſon des
noms qu'on leur avoit dits.
La Folie d'Eſpagne s'eſtant
trouvée de ce nombre , il ne
ſe rencontra perſonne qui
-leur pût apprendre pourquoy
cét Air avoit eu ce nom : ce
qui fut cauſe que M Megron
leur ayant demádé l'Ordre
, ils dirent la Folie d'Ef
r
226 III. P. du Voyage
pagne. M: Torf leur demanda
, pourquoy ils donnoient
ce mot. Ils répondirent, qu'ils
avoient peut- estre plus de raiſon
de le donner , que le Muſicien
n'en avoit eu de nommer
Folie un Air qui paroiffoit tresbeau
, puiſque c'en estoit une tresgrande
que d'avoir laiffé prendre
une Ville comme Dunkerque.
Lejour ſuivant (car ilsſéjournerent
deux jours àDunkerque
) ils firent le tour de
la Place avec M Megron ,
& trouverent les Ramparts
d'une propreté qui paſſe tout
des Amb. de Siam. 227
د
ce qu'on s'en peut imaginer.
On n'y voit aucune ordure
de quelque nature qu'elle
puiſſe eſtre , & les Jardins les
plus propres & les mieux entretenus
du Prince le plus curieux
ne pourroient qu'à
peine approcher de ce qu'ils
virent. Cela fait connoiftre
que Me Megron ſçaitbien ſe
faire obeïr , & qui fe fait obefr,
doit eſtre du nombre
des meilleurs Officiers . M du
Verger Ingenieur de la Place,
en fit le tour avec les Ambaſſadeurs.
Illeur apprit tout
cequ'ils ſouhaiterent ſçavoir
228 III. P. du Voyage
&répondit ſi bien à toutes
leurs queſtions , qu'ils conçûrentbeaucoup
d'eftime, &
prirent même quelque forte
d'amitié pour luy. Ils dirent,
que le Roy de Siam n'épargneroit
rien pour avoir un auffi habile
Homme qu'il eſtoit , & le
prierent de vouloir bien les accompagner
jusqu'à Bergues, par
où ils devoientpaffer pour aller à
Ypres. Enfin ils luy dirent ,
qu'il s'expliquoit si bien , que
tout marquoit en luy ce qu'il
vouloit dire , & que ceux àqui
il parloit n'avoient que faire de
fçavoirfa langue , pour concedes
Amb. de Siam. 229
voir ce qu'il vouloit faire entendre.
Ils ne quitterent les Ramparts
que pour aller voir l'Arcenal,
où ils ne laiſſerent rien
à viſiter : de forte qu'eſtant
tous remplis de la beauté de
la Place , &de la grandeur du
Roy , ils fortirent en difant,
qu'ils voyoient par tout des chofes
inoüies. M Patoulet Intendant
de Marine , ayant
fait charger pluſieurs Ecluſes,
vint ſur le ſoir les prier d'en
voir l'effet , & leur dit , que
cela ne dureroit qu'un instant.
Ils demanderent, fi leRoy les
avoit fait faire comme le reste.
230 III . P. du Voyage
On leur dit que oüy. Ils repartirent
auffi -toſt , qu'ils ne
doutoient pas que cela ne répon
diſt à la magnificence de Sa Majesté
, &qu'ilsypaſſeroient non
pas un instant , mais la nuit
entiere. Ils monterent dans le
Carroffe de Me l'Intendant,
qui en avoit fait amener
d'autres pour leur Suite. Dés
qu'ils furent arrivez , on ouvrit
les Ecluſes, qui firent les
effets qu'on en attendoit.
L'Ambaſſadeur dit qu'il estoit
caution de la netteté du Port,
tant qu'on entretiendroit cesEclufes-
là. Ils virent le nouveau
L
des Amb. de Siam. 231
Baffin pour les Vaiſſeaux du
Roy , qui eſt encore un des
Ouvrages qui répond le plus
à la grandeur de Sa Majefté.
On leur montra auſſi plufieurs
Vaiſſeaux fur le chantier.
Si je voulois vous faire
un détail entier de tout ce
que les Ambaſſadeurs ont vû
& dit à Dunkerque , & de la
maniere dont le Roy y eſt
ſervy, j'avoue qu'il me feroit
difficile de trouver la fin de
certe Relation . L'Ambaſſadeur
donna ce ſoir-là pour
mot , Nous triomphons par fa
victoire, & dit que c'eſtoit une
234 III . P. du Voyage
verité , puiſque l'état où ef
toit la Ville , depuis qu'elle
avoit eſté conquiſe par Sa
Majesté , & l'opulence des
Peuples , faifoient voir qu'ils
triomphoient par la victoire
de ce
de ce grand Monarque.
Aprés avoir ſejourné à
Dunkerque le 29. & le 30. ils
en partirent avec des honneurs
qui ne peuvent eſtre
comparez qu'à ceux qu'ils avoient
receus en y entrant.
Ils s'embarquerent dés ſept
heures du matin, ſur le canal
de Bergues , qui eſt hors la
Ville, dans un batteau coudes
Amb. de Siam. 233
vert bien meublé & vîtré,
que M Deſmadrit leur avoit
fait préparer. Ils avoient prié
de trop bonne grace M du
Verger de venir avec eux jufques
à Bergues , pour en eſtre
refufez. Il les accompagna
juſque- là, & ils parlerent pendant
tout le chemin de Fortifications
& des inondations
de Siam. L'Ambaſſadeur luy
dit qu'il croyoit qu'il estoit un
homme univerſel. Ils trouverent
fur le chemin de Dunkerque
à Bergues, le long du
Canal, le Fort Louis, & le Fort
S. François , qui font deux
V
234 III. P.du Voyage
Forts Royaux , & quelques
Redoutes . Ils en furent falüez
, & les Garniſons parurent
en bataille ſur les ramparts
. Eftant arrivez à Bergues
, Mª du Verger les quit
ta , dont ils témoignerent du
regret. Ils trouverent leurs
Carroffes , dans lesquels ils
monterent pour continuër
leur route. Ils furent falüez
par l'Artillerie de Bergues , &
trouverent la Garnifon fous
les armes , depuis une Porte
juſques à l'autre. Ils furent
meſme haranguez , & receurent
les Prefens de la Ville.
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Résumé : Dunkerque. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam à Dunkerque, une ville située en Flandres, fondée en 960 par le Comte Baudouin III. Dunkerque est réputée pour ses rues pittoresques, son port actif et ses habitants experts en navigation. Marie de Luxembourg, Comtesse de Saint-Pol et Dame de Dunkerque, a épousé François de Bourbon, Comte de Vendôme, ancêtre du roi de France, ce qui a justifié les prétentions royales sur la ville. Dunkerque a connu plusieurs changements de mains au fil des siècles. Elle a été prise par les Français en 1558, reprise par les Espagnols en 1583, conquise par le Duc d'Anjou en 1646, puis de nouveau par les Espagnols en 1652, avant d'être finalement rachetée par le roi de France en 1662. La citadelle et les fortifications de Dunkerque sont particulièrement remarquables. Lors de leur visite, les ambassadeurs de Siam ont été accueillis avec des honneurs militaires et civils. Ils ont été logés à l'Hôtel de Ville et ont reçu des présents. Ils ont visité les fortifications, les jetées et les forts, et ont été impressionnés par la propreté et la discipline des lieux. Ils ont également assisté à des démonstrations de l'artillerie et des écluses, exprimant leur admiration pour les ouvrages et la grandeur du roi. Après deux jours à Dunkerque, ils ont quitté la ville en bateau, accompagnés par des salves d'artillerie et des honneurs militaires.
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121
p. 235-242
Ipres. [titre d'après la table]
Début :
Aprés l'avoir traversée, ils allerent dîner à Rosbruck, qui [...]
Mots clefs :
Ypres, Roesbrugge, Ville, Fort, Roi, La Neuville, Ambassadeurs, Place, Canon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ipres. [titre d'après la table]
Aprés l'avoir traversée , ils allerent
dîner à Rolbruck , qui
eſt un Bourg ſur le chemin
d'Ipre , où ils coucherent
le 3r. Ipre eſt une Ville
fort riche & qui a pluſieurs
belles Eglifes, dont S. Martin
eft la Cathedrale. Paul IV. y
eftablit un Eveſché en 1550.
ſous la Jurisdiction de l'Archeveſché
de Malines. On y
voit de beaux Edifiors , des
Palais&diverſes Places, entre
leſquelles celle de la Seigneurie
eft confiderable. CerteVille
a foutenu pluſieurs Sieges,
&fut foumiſe à laFrance par
Vij
236 III. P. du Voyage
celuy qu'y mit le Roy en
1678. aprés la priſe de Gand.
M de la Neuville, Lieutenant
de Roy, qui commande dans
la Place , receut les Ambaſſadeurs
à leur arrivée , & leur
marqua qu'il executoit avec
plaifir les ordres qu'il en avoit
eus de Sa Majefté. Le canon
ſe fit entendre,& la Garnifon
leur parut auffi belle que
nombreuſe . Ils allerent defcendre
à la Châtellenie , que
la Ville avoit deſtinée pour
leur logement, &qu'elle avoit
pris ſoin de faire meubler.
Aprés que M de Ville les
desAmb de Siam. 237
eurent complimentez avec la
ceremonie ordinaire des Prefens
, M de la Neuville demanda
le mot. Le premier
Ambaſſadeur donna mauvais
voisin , parceque ceste Ville
eſt proche de Gand & de Bruges,&
que le Roy eſt un dangereux
voiſin quand on l'offenſe
. Le lendemain ils virent
en dehors le corps de la Place,
& tous les Travaux, où ils
trouverent une grande quantité
de Perdrix ; ce qui leur
donna beaucoup de plaifir,
& les obligea de dire qu'il
faloit que Mr de la Neuville
238 III. P. du Voyage
fust un homme d'un grand ordre,
puiſqu'il pouvoit venir à bout
de faire conſerver tout ce Gibier.
Les foffez eſtoient auſſi remplis
de Canards & de Sercelles,&
de toute forte de Gibier
ſauvage. Ils virent un trésgrand
nombre d'Ouvriers qui
travailloient en pluſieurs endroits,
& cela fut cauſe qu'ils
parlerent beaucoup de la
grandeur & de la puiſſance
du Roy , & de l'amour qu'il
avoit pour ſes Sujets , puifqu'il
faifoit tant de dépenſe
pour les mettre en ſeureté.
On dîna chez M Deſmadrit
1
N
des Amb. de Siam. 239
le repas fut propre , magnifique
& grand , & accompagné
de quantité d'inſtrumens ,
ainſi que de pluſieurs fortes
de Liqueurs , dont il y avoit
en abondance. On ſe mit enfuite
dans un bateau fort
propre pour aller voir les éclufes
qui font à une lieuë de S.
Omer . Il y avoit dans ce bateau
un grand nombre de
trompettes qui joüoient alternativement
, & fe repondoient
les uns aux autres. On
arriva aux Ecluſes, où l'on fit
monter deux bateaux chargez
de pierres , ce qui furprit
240 III. P. du Voyage
fort les Ambaſſadeurs , hors
le ſecond qui dit qu'il en avoit
vû de même à la Chine. Ils
prierent qu'on leur fiſt voir
juſques à la moindre partie
de ces écluſes ; on leur donna
cette fatisfaction , ce qui
fut cauſe qu'on rentra fort
tard ; le bruit des Inftrumens
annonça le retour des Ambaſſadeurs
. Ils donnerent ce
foir là pour mot , ſi l'on m'attaque
je rongeray mon bras ,
parce que M de la Neuville
Commandant de la Place chez
د
qui ils alloient ſouper eft
manchot. On ne peut rien
ajouter
des Amb. de Siam. 241
ajoûter à la propreté , & à la
magnificence de ce repas . On
y but la Santé de l'Alliance
Royale , & celle des deux
Rois avec un fi grand bruit
de Canon , que beaucoup de
vitres ſe reſſentirent de cette
grande joye. Ainſi les Ambaſſadeurs
qui chaque jour
eſtoient de plus en plus remplis
de la grandeur de Sa Majeſté
, s'en retournerent charmez
de la bonne reception
que ſes Sujets luy faifoient
par tout. Ils partirent le lendemain
2. deNovembre aprés
avoir fait de grands remer-
4
X
242 III. P. du Voyage
ciemens à ces Ms qui les a
voient fi magnifiquement regalez
, & ne s'éloignerent du
bruit du Canon qui les ſalua
à leur fortie , que pour aller
entendre celuy de Menin.
dîner à Rolbruck , qui
eſt un Bourg ſur le chemin
d'Ipre , où ils coucherent
le 3r. Ipre eſt une Ville
fort riche & qui a pluſieurs
belles Eglifes, dont S. Martin
eft la Cathedrale. Paul IV. y
eftablit un Eveſché en 1550.
ſous la Jurisdiction de l'Archeveſché
de Malines. On y
voit de beaux Edifiors , des
Palais&diverſes Places, entre
leſquelles celle de la Seigneurie
eft confiderable. CerteVille
a foutenu pluſieurs Sieges,
&fut foumiſe à laFrance par
Vij
236 III. P. du Voyage
celuy qu'y mit le Roy en
1678. aprés la priſe de Gand.
M de la Neuville, Lieutenant
de Roy, qui commande dans
la Place , receut les Ambaſſadeurs
à leur arrivée , & leur
marqua qu'il executoit avec
plaifir les ordres qu'il en avoit
eus de Sa Majefté. Le canon
ſe fit entendre,& la Garnifon
leur parut auffi belle que
nombreuſe . Ils allerent defcendre
à la Châtellenie , que
la Ville avoit deſtinée pour
leur logement, &qu'elle avoit
pris ſoin de faire meubler.
Aprés que M de Ville les
desAmb de Siam. 237
eurent complimentez avec la
ceremonie ordinaire des Prefens
, M de la Neuville demanda
le mot. Le premier
Ambaſſadeur donna mauvais
voisin , parceque ceste Ville
eſt proche de Gand & de Bruges,&
que le Roy eſt un dangereux
voiſin quand on l'offenſe
. Le lendemain ils virent
en dehors le corps de la Place,
& tous les Travaux, où ils
trouverent une grande quantité
de Perdrix ; ce qui leur
donna beaucoup de plaifir,
& les obligea de dire qu'il
faloit que Mr de la Neuville
238 III. P. du Voyage
fust un homme d'un grand ordre,
puiſqu'il pouvoit venir à bout
de faire conſerver tout ce Gibier.
Les foffez eſtoient auſſi remplis
de Canards & de Sercelles,&
de toute forte de Gibier
ſauvage. Ils virent un trésgrand
nombre d'Ouvriers qui
travailloient en pluſieurs endroits,
& cela fut cauſe qu'ils
parlerent beaucoup de la
grandeur & de la puiſſance
du Roy , & de l'amour qu'il
avoit pour ſes Sujets , puifqu'il
faifoit tant de dépenſe
pour les mettre en ſeureté.
On dîna chez M Deſmadrit
1
N
des Amb. de Siam. 239
le repas fut propre , magnifique
& grand , & accompagné
de quantité d'inſtrumens ,
ainſi que de pluſieurs fortes
de Liqueurs , dont il y avoit
en abondance. On ſe mit enfuite
dans un bateau fort
propre pour aller voir les éclufes
qui font à une lieuë de S.
Omer . Il y avoit dans ce bateau
un grand nombre de
trompettes qui joüoient alternativement
, & fe repondoient
les uns aux autres. On
arriva aux Ecluſes, où l'on fit
monter deux bateaux chargez
de pierres , ce qui furprit
240 III. P. du Voyage
fort les Ambaſſadeurs , hors
le ſecond qui dit qu'il en avoit
vû de même à la Chine. Ils
prierent qu'on leur fiſt voir
juſques à la moindre partie
de ces écluſes ; on leur donna
cette fatisfaction , ce qui
fut cauſe qu'on rentra fort
tard ; le bruit des Inftrumens
annonça le retour des Ambaſſadeurs
. Ils donnerent ce
foir là pour mot , ſi l'on m'attaque
je rongeray mon bras ,
parce que M de la Neuville
Commandant de la Place chez
د
qui ils alloient ſouper eft
manchot. On ne peut rien
ajouter
des Amb. de Siam. 241
ajoûter à la propreté , & à la
magnificence de ce repas . On
y but la Santé de l'Alliance
Royale , & celle des deux
Rois avec un fi grand bruit
de Canon , que beaucoup de
vitres ſe reſſentirent de cette
grande joye. Ainſi les Ambaſſadeurs
qui chaque jour
eſtoient de plus en plus remplis
de la grandeur de Sa Majeſté
, s'en retournerent charmez
de la bonne reception
que ſes Sujets luy faifoient
par tout. Ils partirent le lendemain
2. deNovembre aprés
avoir fait de grands remer-
4
X
242 III. P. du Voyage
ciemens à ces Ms qui les a
voient fi magnifiquement regalez
, & ne s'éloignerent du
bruit du Canon qui les ſalua
à leur fortie , que pour aller
entendre celuy de Menin.
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Résumé : Ipres. [titre d'après la table]
Le texte relate le voyage d'ambassadeurs de Siam à Ipre, une ville riche et fortifiée. Après avoir traversé une rivière, ils dînèrent à Rolbruck et passèrent la nuit à Ipre, où ils furent accueillis par M. de la Neuville, lieutenant du roi. Ipre, célèbre pour ses églises et édifices, avait connu plusieurs sièges et fut soumise à la France en 1678. Les ambassadeurs visitèrent les fortifications et admirèrent la gestion du gibier par M. de la Neuville. Ils furent impressionnés par les travaux de défense et la quantité d'ouvriers. Un dîner somptueux fut organisé chez M. Desmadrit, suivi d'une visite des écluses près de Saint-Omer. Les ambassadeurs furent surpris par les écluses chargées de pierres, similaires à celles de la Chine. Le soir, ils soupergèrent chez le commandant manchot de la place, M. de la Neuville, et firent des vœux pour l'alliance royale. Le lendemain, ils partirent après avoir remercié leurs hôtes et entendirent le canon de Menin.
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122
p. 245-269
Lille. [titre d'après la table]
Début :
Ce même jour 3. de Novembre ils allerent coucher à [...]
Mots clefs :
Lille, Ville, Fort, Sébastien Le Prestre de Vauban, Roi, La Rablière, Place, Hôtel de la monnaie, Flandre, Citadelle, Ambassadeurs, Monde, Argent, Gendarmes, France, Temps, Dames, Moulin, Peuple, Chevaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lille. [titre d'après la table]
Ce même jour 3. de Novembre
ils allerent coucher à
Lifle , qui eſt ſur la Riviere de
Deulle , dont l'eau remplit ſes
doubles foffez qu'on a diftinguez
de demy-lunes. La Ville
eft fort grande & a des Eglifes
magnifiques. Baudoüin V.
dit de Lifle , Comte de Flandre
y fonda la Collegiale de
S. Pierre . C'eſt la plus confiderable
. Lifle , Capitale de la
Flandre nommée Gallicane ,
fut entourée deMurailles par
le meſme Baudoüin V. en
1046. Philippes le Hardy y
établit une Chambre des
X iij
246 II P. du Voyage
Comtes en 1385. Le Roy la foûmit
en 1667. & comme elle eſt
reftée à la France par la Paix
d'Aix la Chapelle en 1668, Sa
Majesté y a fait élever une
forte Citadelle flanquée de
cinq grands BaſtionsRoyaux.
Apeine les Ambaſſadeurs furent-
ils fortis de Menin, qu'ils
commencerent à voir le Peuple
de Lifle qui rempliſſoit la
Campagne. A une lieuë de la
Place, ils trouverent un fort
grand nombre de Caroffes &
de Chevaux , tant de la Nobleſſe
de la Ville , que decelle
des environs .On avoitran
des Amb . de Siam. 247
gélaGendarmerie en bataille,
elle eſtoit fort leſte , & commandée
par Me Doleac qui
eſtoit à la teſte , & qui falia
les Ambaſſadeurs ainſi que
tous les Officiers ; chacun
d'eux avoit l'épée à la main.
Mde la Rabliere Comman--
dant , les reçût hors la Ville ,
&leur preſenta Mts du Magiftrat
qui leur témoignerent
la joye qu'ils avoient de les
recevoir ,& d'executer l'ordre
du Roy. Ces premiers
complimens eſtant finis , ils
entrerent dans la Ville , où la
foule du Peuple eſtoit fi gran-
X iiij
248 III. P. du Voyage
de , que les Ambaſſadeurs di
rent qu'ils croyoient eftre encore au
jour de leur Entrée à Paris. Aprés
avoir paſſé dans pluſieurs
grandes&belles ruës bordées
de Troupes , ils retrouverent
la Gendarmerie en bataille
dans la place. M² de la Rabliere
les alla voir peu de
temps aprés leur arrivée , &
leur demanda le Mot. Ils
ſçavoient que Me le Maref
chal de Humieres , Gouverneur
de Lifle , commandoit
les Armées du Roy , & eftoit
grand Maître de l'Artillerie ,
c'eſt pourquoy ils donnerent,
des Anb. de Siam. 249
quand le Soleil menace , le Tonnere
gronde. Il y eut beaucoup
de monde à les voir fouper ,
&fur tout quantité de Dames,
il s'en trouva un grand nombre
de fort belles. Le lendemain
M de la Rabliere donna
ordre qu'on amenaft des
Caroſſes à la porte du lieu où
ils eftoient logez , & les conduiſit
à la Citadelle. Ils y furent
receus au bruit du Canon
, comme ils l'avoient eſté
le jour precedent au bruit de
celuy de la Ville. L'Infanterie
eſtoit en bataille. Ils monterent
fur les Remparts , & en
250 III P duVoyage
firent le tour , avec M Morion
qui en eſt Lieutenant de
Roy , ainſi qu'avec le Major &
l'Ingenieur ,je dis l'Ingenieur,
parcequ'il y en a undans chaque
Place. On leur dit que
Mr de Vauban estoit Gouverneur
de cette Citadelle qu'il avoit
luy-mefme fait construire ,
que c'étoit le premier homme du
Monde pour les Fortifications ,
&que tout ce qu'il y avoit de
beaux Ouvrages en France de
cette nature , avoient étéfaits par
fesfoins. Ils allerent voir fon
Jardin qui eſt dans la meſme
Citadelle , & entrerent dans
des Amb. de Siam. 251
une Grotte où l'on fit moüiller
beaucoup de monde pour
les divertir. Ils virent auffi
P'Arcenal qui eſt dans le même
lieu ,& generalement tout
ce qu'ils jugerent digne de
leur curioſité , c'eſt à dire qu'ils
ne laiſſerent aucun endroit de
la Place ſans le viſiter. Le même
jour ils eurent le plaifir
d'une Chaſſe , dont ils avoient
eſté priez par Me de la Rabliere
; ils allerent juſques à la
porte de la Ville dans les Caroffes
qu'il leur avoit envoyez,
puis ils monterent à cheval.
Il y avoit auſſi quantité de
252 III. P. du Voyage
Dames à cheval fort parées
& veſtuës en Amazones , &
plus de vingt mille perfonnes.
Les chiens prirent beaucoup
de gibier , & comme la populace
en prit encore davantage
, on fut contraint de
faire ceffer la chaffe , & d'obliger
du moins autant qu'on
le pût , tout ce grand Peuple
à rentrer. M du Magiftrat
leur donnerent la Comedie
dans l'Hôtel de Ville , aprés
quoy ils pafferent dans une
grande Sale , où il y avoit un
fort beau Concert de voix , &
d'inſtrumens qui dura une
1
desAmb. de Siam. 253
heure & demie. Ils allerent
delà dans une autre Salle où
eſtoit ſervie une collation magnifique
de vingt couverts.
Les Dames ſe mirent à table,
& la beauté de Mlle de la
Rianderie , qui charma toute
l'Aflemblée , auroit eu tous
les applaudiſſemens, ſiſa douceur
n'euſt pas eu l'avantage
de les partager. L'Ambaffadeur
donna ce ſoir là pour
mot , Ie defendray mon Ouvrage
, voulant dire que M de
Vauban qui avoit fait la Citadelle
, la defendroit auffibien
que la Ville , ſi l'une &
254 III. P. du Voyage
l'autre eſtoit attaquée. L'af-
Auence du monde ſe trouva
ſi grande pour les voir fouper
, qu'il y avoit apparence
que la plus part des Dames ,
loin de pouvoir trouver place
, ne pourroient pas meſme
entrer. Cela fut cauſe que les
Ambaſſadeurs prierent qu'on
ne laiſſaſt entrer qu'elles , difant
que les hommes les pouvoient
voir dans les autres lieux
où ils alloient.
Le lendemain ils furen tconduits
dans l'Hôtel de la Monnoye
par Mr de la Rabliere.
Ils commencerent par la Fondes
Amb de Siam. 255
derie , où ils virent faire les
moûles & couler dedans l'Argent
fondu , d'où l'on tira en
leur prefence les lames pour
les Loüis d'Argent de 40 ſols,
qui furent portez au Moulin ,
où ils les virent allonger &
recuire ', & enſuite coûper les
flancs. Ils en coûperent euxmêmes
pluſieurs . De là ils allerent
dans l'ouvrerie , où
les Ouvriers Ajuſteurs limerent
ces flancs , & les rendirent
du juſte poids. Enſuite
on les mena dans le Blanchi
ment, où l'on fit rougir les
flancs puis on les mit
د
256 III. P. du Voyage
boüillir à la maniere ordinaire
pour leur rendre leur
couleur naturelle. Aprés cela
ils allerent voir la nouvelle
Machine qui met les Lettres
fur la tranche avec autant de
promptitude, que de facilité
& de propreté. Ils eurent le
plaifir d'en marquer eux -
mêmes pluſieurs, & fe rendirent
dans le Monnoyage, où
aprés qu'ils eurent veu monnoyer
pluſieurs Pieces
Maiſtre de la Monnoye remarqua
qu'ils avoient envie
de voir de plus prés comme
cela ſe faiſoit. Auſſi - tôt il
د
le
des Amb. de Siam. 257
pria le premier Ambaſſadeur
d'entrer dans la Foſſe à côté
du Monnoyeur , & de mettre
luy- même les Pieces fous
la preſſe. Il le fit , & re
garda avec plaifir ſon ouvrage
, voyant la Piece recevoir
ſon empreinte des deux côtez
en même temps . Il marqua
par un ſigne de tête qu'il
comprenoit bien la choſe.
On fit voir auſſi aux Ambaſſadeurs
comment on faifoit
les laveures, & de quelle
maniere on retrouvoit l'Argent
qu'ils avoient remarqué
eſtre dans les fables des moû
Y
A
258 111. P. du Voyage
les , & qu'ils avoient veu ſe
répandre quand on avoit
jetté la Fonte dans ces moûles.
Ils furent furpris d'apprendre
que cét Argent-là
qui eft imperceptible, ſe retrouvoit
par le moyen du vif
Argent , ou Mercure . On
voulut les conduire dans l'ef
ſayerie & dans la Chambre
de la Délivrance ; mais le
temps manquoit , & on avoit
encore beaucoup de choſes à
leur faire voir ailleurs . Се-
pendant on s'apperçût qu'on
ne les tiroit de tous ces Travaux
qu'avec peine , parce
des Amb . de Siam . 159
qu'ils ne pouvoient ſe laffer
d'admirer toutes ces diverſes
machines , principalement
celles du Moulin & du Monnoyage.
Ils manioient les
Coûpoirs & les Rouleaux,
ainſi que les autres uſtenciles,
&en admiroient l'invention.
Enfin ils firent beaucoup de
remerciemens au Maîtrede la
Monnoye , & luy dirent que
l'on ne pouvoit eſtre plus
content qu'ils eftoient , &
qu'ils auroient bien voulu
avoir plus de temps pour
viſiter plus exactement tous
leurs Travaux. Ils deman-
Y ij
60. III. P. du Voyage
derent, ſi l'on n'auroit pas plûtôt
fait de jetter nos Efpeces en
moûle , comme ils faisoient les
leurs , parce que cela faciliteroit
beaucoup le travailerépargneroit
bien du monde & de la dépense .
Le Maiſtre de la Monnoye
répondit , que la Monnoyejettée
en moûle n'est jamais fi belle
que la nôtre ; &qu'à l'égard dia
grand embarras &de la grande
on ſouhaitoit plutôt
l'augmenter que de la diminuër,
pouréviter les Faux- monnoyeurs
qui font fort embaraffez quand
ils font obligez d'avoir tant de
machines. Ils virent tout
dépense ,
des Amb. de Siam. 261
د
cela en moins d'une heure
& demie le tout ayant
eſté tenu tout preſt. En entrant
& en fortant de l'Hôtel
des Monnoyes , ils regarderent
avec furpriſe le grand
Bâtiment que Sa Majefté a
fait faire pour fabriquer la
Monnoye de Flandre. S'il
eût eſté achevé , leur étonnement
eût eſté plus grand , le
deſſein en eſtant tres - beau ;
mais il n'y en a que la moitie
de bâty.
Au fortir de la monnoye,
ils allerent à l'Hôpital Comteſſe
, où ils virent des Reli262
III. P. du Voyage
gieuſes ( toutes Filles de qualité
) qui ont ſoin des malades
& des Bleffez de la Garniſon.
Leur zele les édifia beaucoup,
& leur Eglife leur parut extrémement
belle. Elles leur
firent preſent de quelques
Bouquets de leurs ouvrages,
qu'ils trouverent trés - bien
travaillez , & dont ils les remercierent
avec toute l'honnefteté
poſſible.
M Doleac qui commandoit
la Gendarmerie leur envoya
dire qu'il la feroit monter à
cheval. Ils eurent du chagrin
d'eſtre obligez de fe conten
desAmb. de Siam. 263
ter de l'avoir veuë à leur arrivée
; mais le reſte de leur
aprés- dînée devoit eſtre employée
à voir la Place, les Arcenaux
& les Magaſins. Ils
avoient eſté ſurpris de la
beauté de cette Gendarmerie
auſſi nombreuſe que leſte.
Elle estoit composée des Gendarmes
Ecoffois, de ceux de Bourgogne
& de Flandre , des Gendarmes
Anglois , des Gendarmes
& Chevaux-Legers de la Reine,
des Gendarmes &Chevaux-
Legers de Monseigneur le Dauphin
, & des Gendarmes d'Anjou.
Les Ambaſſadeuts firent
264 III . P. du Voyage
ce jour-là le tour de la Place,
qu'ils trouverent d'une grande
beauté. Ils viſiterent auffi
les Arcenaux & les Magaſins,
& furent furpris de les voir
ſi propres & d'y trouver tout
en fi bon ordre. On leur dit
que c'eſtoit par les foins de Mr
du Mets , l'un des plus braves
Officiers que le Roy ait dansſes
Troupes , & qui entend parfaitement
l' Artillerie. Ils dirent
qu'ils en avoient oüy parler fi
avantageusement en tant d'endroits
, qu'ils auroient bien foubaité
de le voir. En rentrant
ils allerent aux Jeſuites , où
tous
des Amb. de Siam. 265
tous les Peres les receurent.
Aprés qu'ils eurent viſité une
partie de leur Maiſon , on
leur fit voir un moulin à eau
qui peut eſtre mis au nombre
des chofes les plus extraordinaires
, puiſque ſans que
perſonne agiffe, il entonne le
bled, meut & fait tout le refte
que nous voyons dans les
Moulins , lorſque les hommes
s'en meflent. Ils demanderent
le Plan de ce moulin , & on
les fatisfit là-deſſus , ils furent
enfuite conduits dans une
grande Sale , où ils trouverent
une magnifique Collation. Ils
Z
226 III. P. du Voyage
dirent à ces Peres , qu'il n'appartenoit
qu'à eux de ſe diftinguer
en tout , & qu'ils ne manqueroient
pas de rendre compte
au Roy de Siam du bon accueil
qu'ils avoient reçu de leur Compagnie
dans tous les endroits où
ils les avoient trouvez établis.
Ils donnerent ce ſoir là pour
mot , point d'amis , ny d'ennemis
que les fiens , & allerent
ſouper chez M de la Rabliere
, qui les avoit invités. Ce
Repas fut d'une tres--grande
magnificence , & accompagné
d'une Simphonie , compoſée
d'un fort grand nom
des Amb. de Siam. 267
bre d'Inſtrumens , on y but
les Santés de l'AlianceRoyale,
& l'on recommença pluſieurs
fois celle du Roy. Il y eût un
grandBal apres le ſoupé , où
Mlle Deſpiere ſe fit admirer.
On m'a aſſuré qu'elle eſt de la
force de tout ce qu'il y a de
perſonnes en France qui dancent
le mieux. Les Ambaſſa .
deurs ne s'en retournerent
qu'aprés minuit. Ce ne fut
pas fans avoir fait de grands
remerciemens à de la Rabliere,
non ſeulement du regale
qu'il leur venoit de donner ,
Zij
268 III. P. du Voyage
mais encore de fes manieres
honneſtes . Le maiſtre de la
Monnoye les vint ſaluër le lendemain.
Ils le reconurent auffitoft
, & le receurent d'une maniere
tres - obligeante. Ils dînerent
cejour-là de fort bonne
heure , & fortirent de la
Ville de la maniere qu'ils y
eſtoient entrés , ils parlerent
beaucoup de m' de la Rabliere
pendant le chemin , & dirent
qu'on pouvoit appeller Lille , la
Reyne de Flandre , comme Paris
la Reyne de France , & recommençant
continuellement à
parler des grandeurs du Roy,
des Amb. de Siam. 269
ils dirent que rien n'en approchoit
, & que ce qui en parois
foitsouffroit la veuë , mais non
pas l'expreffion.
ils allerent coucher à
Lifle , qui eſt ſur la Riviere de
Deulle , dont l'eau remplit ſes
doubles foffez qu'on a diftinguez
de demy-lunes. La Ville
eft fort grande & a des Eglifes
magnifiques. Baudoüin V.
dit de Lifle , Comte de Flandre
y fonda la Collegiale de
S. Pierre . C'eſt la plus confiderable
. Lifle , Capitale de la
Flandre nommée Gallicane ,
fut entourée deMurailles par
le meſme Baudoüin V. en
1046. Philippes le Hardy y
établit une Chambre des
X iij
246 II P. du Voyage
Comtes en 1385. Le Roy la foûmit
en 1667. & comme elle eſt
reftée à la France par la Paix
d'Aix la Chapelle en 1668, Sa
Majesté y a fait élever une
forte Citadelle flanquée de
cinq grands BaſtionsRoyaux.
Apeine les Ambaſſadeurs furent-
ils fortis de Menin, qu'ils
commencerent à voir le Peuple
de Lifle qui rempliſſoit la
Campagne. A une lieuë de la
Place, ils trouverent un fort
grand nombre de Caroffes &
de Chevaux , tant de la Nobleſſe
de la Ville , que decelle
des environs .On avoitran
des Amb . de Siam. 247
gélaGendarmerie en bataille,
elle eſtoit fort leſte , & commandée
par Me Doleac qui
eſtoit à la teſte , & qui falia
les Ambaſſadeurs ainſi que
tous les Officiers ; chacun
d'eux avoit l'épée à la main.
Mde la Rabliere Comman--
dant , les reçût hors la Ville ,
&leur preſenta Mts du Magiftrat
qui leur témoignerent
la joye qu'ils avoient de les
recevoir ,& d'executer l'ordre
du Roy. Ces premiers
complimens eſtant finis , ils
entrerent dans la Ville , où la
foule du Peuple eſtoit fi gran-
X iiij
248 III. P. du Voyage
de , que les Ambaſſadeurs di
rent qu'ils croyoient eftre encore au
jour de leur Entrée à Paris. Aprés
avoir paſſé dans pluſieurs
grandes&belles ruës bordées
de Troupes , ils retrouverent
la Gendarmerie en bataille
dans la place. M² de la Rabliere
les alla voir peu de
temps aprés leur arrivée , &
leur demanda le Mot. Ils
ſçavoient que Me le Maref
chal de Humieres , Gouverneur
de Lifle , commandoit
les Armées du Roy , & eftoit
grand Maître de l'Artillerie ,
c'eſt pourquoy ils donnerent,
des Anb. de Siam. 249
quand le Soleil menace , le Tonnere
gronde. Il y eut beaucoup
de monde à les voir fouper ,
&fur tout quantité de Dames,
il s'en trouva un grand nombre
de fort belles. Le lendemain
M de la Rabliere donna
ordre qu'on amenaft des
Caroſſes à la porte du lieu où
ils eftoient logez , & les conduiſit
à la Citadelle. Ils y furent
receus au bruit du Canon
, comme ils l'avoient eſté
le jour precedent au bruit de
celuy de la Ville. L'Infanterie
eſtoit en bataille. Ils monterent
fur les Remparts , & en
250 III P duVoyage
firent le tour , avec M Morion
qui en eſt Lieutenant de
Roy , ainſi qu'avec le Major &
l'Ingenieur ,je dis l'Ingenieur,
parcequ'il y en a undans chaque
Place. On leur dit que
Mr de Vauban estoit Gouverneur
de cette Citadelle qu'il avoit
luy-mefme fait construire ,
que c'étoit le premier homme du
Monde pour les Fortifications ,
&que tout ce qu'il y avoit de
beaux Ouvrages en France de
cette nature , avoient étéfaits par
fesfoins. Ils allerent voir fon
Jardin qui eſt dans la meſme
Citadelle , & entrerent dans
des Amb. de Siam. 251
une Grotte où l'on fit moüiller
beaucoup de monde pour
les divertir. Ils virent auffi
P'Arcenal qui eſt dans le même
lieu ,& generalement tout
ce qu'ils jugerent digne de
leur curioſité , c'eſt à dire qu'ils
ne laiſſerent aucun endroit de
la Place ſans le viſiter. Le même
jour ils eurent le plaifir
d'une Chaſſe , dont ils avoient
eſté priez par Me de la Rabliere
; ils allerent juſques à la
porte de la Ville dans les Caroffes
qu'il leur avoit envoyez,
puis ils monterent à cheval.
Il y avoit auſſi quantité de
252 III. P. du Voyage
Dames à cheval fort parées
& veſtuës en Amazones , &
plus de vingt mille perfonnes.
Les chiens prirent beaucoup
de gibier , & comme la populace
en prit encore davantage
, on fut contraint de
faire ceffer la chaffe , & d'obliger
du moins autant qu'on
le pût , tout ce grand Peuple
à rentrer. M du Magiftrat
leur donnerent la Comedie
dans l'Hôtel de Ville , aprés
quoy ils pafferent dans une
grande Sale , où il y avoit un
fort beau Concert de voix , &
d'inſtrumens qui dura une
1
desAmb. de Siam. 253
heure & demie. Ils allerent
delà dans une autre Salle où
eſtoit ſervie une collation magnifique
de vingt couverts.
Les Dames ſe mirent à table,
& la beauté de Mlle de la
Rianderie , qui charma toute
l'Aflemblée , auroit eu tous
les applaudiſſemens, ſiſa douceur
n'euſt pas eu l'avantage
de les partager. L'Ambaffadeur
donna ce ſoir là pour
mot , Ie defendray mon Ouvrage
, voulant dire que M de
Vauban qui avoit fait la Citadelle
, la defendroit auffibien
que la Ville , ſi l'une &
254 III. P. du Voyage
l'autre eſtoit attaquée. L'af-
Auence du monde ſe trouva
ſi grande pour les voir fouper
, qu'il y avoit apparence
que la plus part des Dames ,
loin de pouvoir trouver place
, ne pourroient pas meſme
entrer. Cela fut cauſe que les
Ambaſſadeurs prierent qu'on
ne laiſſaſt entrer qu'elles , difant
que les hommes les pouvoient
voir dans les autres lieux
où ils alloient.
Le lendemain ils furen tconduits
dans l'Hôtel de la Monnoye
par Mr de la Rabliere.
Ils commencerent par la Fondes
Amb de Siam. 255
derie , où ils virent faire les
moûles & couler dedans l'Argent
fondu , d'où l'on tira en
leur prefence les lames pour
les Loüis d'Argent de 40 ſols,
qui furent portez au Moulin ,
où ils les virent allonger &
recuire ', & enſuite coûper les
flancs. Ils en coûperent euxmêmes
pluſieurs . De là ils allerent
dans l'ouvrerie , où
les Ouvriers Ajuſteurs limerent
ces flancs , & les rendirent
du juſte poids. Enſuite
on les mena dans le Blanchi
ment, où l'on fit rougir les
flancs puis on les mit
د
256 III. P. du Voyage
boüillir à la maniere ordinaire
pour leur rendre leur
couleur naturelle. Aprés cela
ils allerent voir la nouvelle
Machine qui met les Lettres
fur la tranche avec autant de
promptitude, que de facilité
& de propreté. Ils eurent le
plaifir d'en marquer eux -
mêmes pluſieurs, & fe rendirent
dans le Monnoyage, où
aprés qu'ils eurent veu monnoyer
pluſieurs Pieces
Maiſtre de la Monnoye remarqua
qu'ils avoient envie
de voir de plus prés comme
cela ſe faiſoit. Auſſi - tôt il
د
le
des Amb. de Siam. 257
pria le premier Ambaſſadeur
d'entrer dans la Foſſe à côté
du Monnoyeur , & de mettre
luy- même les Pieces fous
la preſſe. Il le fit , & re
garda avec plaifir ſon ouvrage
, voyant la Piece recevoir
ſon empreinte des deux côtez
en même temps . Il marqua
par un ſigne de tête qu'il
comprenoit bien la choſe.
On fit voir auſſi aux Ambaſſadeurs
comment on faifoit
les laveures, & de quelle
maniere on retrouvoit l'Argent
qu'ils avoient remarqué
eſtre dans les fables des moû
Y
A
258 111. P. du Voyage
les , & qu'ils avoient veu ſe
répandre quand on avoit
jetté la Fonte dans ces moûles.
Ils furent furpris d'apprendre
que cét Argent-là
qui eft imperceptible, ſe retrouvoit
par le moyen du vif
Argent , ou Mercure . On
voulut les conduire dans l'ef
ſayerie & dans la Chambre
de la Délivrance ; mais le
temps manquoit , & on avoit
encore beaucoup de choſes à
leur faire voir ailleurs . Се-
pendant on s'apperçût qu'on
ne les tiroit de tous ces Travaux
qu'avec peine , parce
des Amb . de Siam . 159
qu'ils ne pouvoient ſe laffer
d'admirer toutes ces diverſes
machines , principalement
celles du Moulin & du Monnoyage.
Ils manioient les
Coûpoirs & les Rouleaux,
ainſi que les autres uſtenciles,
&en admiroient l'invention.
Enfin ils firent beaucoup de
remerciemens au Maîtrede la
Monnoye , & luy dirent que
l'on ne pouvoit eſtre plus
content qu'ils eftoient , &
qu'ils auroient bien voulu
avoir plus de temps pour
viſiter plus exactement tous
leurs Travaux. Ils deman-
Y ij
60. III. P. du Voyage
derent, ſi l'on n'auroit pas plûtôt
fait de jetter nos Efpeces en
moûle , comme ils faisoient les
leurs , parce que cela faciliteroit
beaucoup le travailerépargneroit
bien du monde & de la dépense .
Le Maiſtre de la Monnoye
répondit , que la Monnoyejettée
en moûle n'est jamais fi belle
que la nôtre ; &qu'à l'égard dia
grand embarras &de la grande
on ſouhaitoit plutôt
l'augmenter que de la diminuër,
pouréviter les Faux- monnoyeurs
qui font fort embaraffez quand
ils font obligez d'avoir tant de
machines. Ils virent tout
dépense ,
des Amb. de Siam. 261
د
cela en moins d'une heure
& demie le tout ayant
eſté tenu tout preſt. En entrant
& en fortant de l'Hôtel
des Monnoyes , ils regarderent
avec furpriſe le grand
Bâtiment que Sa Majefté a
fait faire pour fabriquer la
Monnoye de Flandre. S'il
eût eſté achevé , leur étonnement
eût eſté plus grand , le
deſſein en eſtant tres - beau ;
mais il n'y en a que la moitie
de bâty.
Au fortir de la monnoye,
ils allerent à l'Hôpital Comteſſe
, où ils virent des Reli262
III. P. du Voyage
gieuſes ( toutes Filles de qualité
) qui ont ſoin des malades
& des Bleffez de la Garniſon.
Leur zele les édifia beaucoup,
& leur Eglife leur parut extrémement
belle. Elles leur
firent preſent de quelques
Bouquets de leurs ouvrages,
qu'ils trouverent trés - bien
travaillez , & dont ils les remercierent
avec toute l'honnefteté
poſſible.
M Doleac qui commandoit
la Gendarmerie leur envoya
dire qu'il la feroit monter à
cheval. Ils eurent du chagrin
d'eſtre obligez de fe conten
desAmb. de Siam. 263
ter de l'avoir veuë à leur arrivée
; mais le reſte de leur
aprés- dînée devoit eſtre employée
à voir la Place, les Arcenaux
& les Magaſins. Ils
avoient eſté ſurpris de la
beauté de cette Gendarmerie
auſſi nombreuſe que leſte.
Elle estoit composée des Gendarmes
Ecoffois, de ceux de Bourgogne
& de Flandre , des Gendarmes
Anglois , des Gendarmes
& Chevaux-Legers de la Reine,
des Gendarmes &Chevaux-
Legers de Monseigneur le Dauphin
, & des Gendarmes d'Anjou.
Les Ambaſſadeuts firent
264 III . P. du Voyage
ce jour-là le tour de la Place,
qu'ils trouverent d'une grande
beauté. Ils viſiterent auffi
les Arcenaux & les Magaſins,
& furent furpris de les voir
ſi propres & d'y trouver tout
en fi bon ordre. On leur dit
que c'eſtoit par les foins de Mr
du Mets , l'un des plus braves
Officiers que le Roy ait dansſes
Troupes , & qui entend parfaitement
l' Artillerie. Ils dirent
qu'ils en avoient oüy parler fi
avantageusement en tant d'endroits
, qu'ils auroient bien foubaité
de le voir. En rentrant
ils allerent aux Jeſuites , où
tous
des Amb. de Siam. 265
tous les Peres les receurent.
Aprés qu'ils eurent viſité une
partie de leur Maiſon , on
leur fit voir un moulin à eau
qui peut eſtre mis au nombre
des chofes les plus extraordinaires
, puiſque ſans que
perſonne agiffe, il entonne le
bled, meut & fait tout le refte
que nous voyons dans les
Moulins , lorſque les hommes
s'en meflent. Ils demanderent
le Plan de ce moulin , & on
les fatisfit là-deſſus , ils furent
enfuite conduits dans une
grande Sale , où ils trouverent
une magnifique Collation. Ils
Z
226 III. P. du Voyage
dirent à ces Peres , qu'il n'appartenoit
qu'à eux de ſe diftinguer
en tout , & qu'ils ne manqueroient
pas de rendre compte
au Roy de Siam du bon accueil
qu'ils avoient reçu de leur Compagnie
dans tous les endroits où
ils les avoient trouvez établis.
Ils donnerent ce ſoir là pour
mot , point d'amis , ny d'ennemis
que les fiens , & allerent
ſouper chez M de la Rabliere
, qui les avoit invités. Ce
Repas fut d'une tres--grande
magnificence , & accompagné
d'une Simphonie , compoſée
d'un fort grand nom
des Amb. de Siam. 267
bre d'Inſtrumens , on y but
les Santés de l'AlianceRoyale,
& l'on recommença pluſieurs
fois celle du Roy. Il y eût un
grandBal apres le ſoupé , où
Mlle Deſpiere ſe fit admirer.
On m'a aſſuré qu'elle eſt de la
force de tout ce qu'il y a de
perſonnes en France qui dancent
le mieux. Les Ambaſſa .
deurs ne s'en retournerent
qu'aprés minuit. Ce ne fut
pas fans avoir fait de grands
remerciemens à de la Rabliere,
non ſeulement du regale
qu'il leur venoit de donner ,
Zij
268 III. P. du Voyage
mais encore de fes manieres
honneſtes . Le maiſtre de la
Monnoye les vint ſaluër le lendemain.
Ils le reconurent auffitoft
, & le receurent d'une maniere
tres - obligeante. Ils dînerent
cejour-là de fort bonne
heure , & fortirent de la
Ville de la maniere qu'ils y
eſtoient entrés , ils parlerent
beaucoup de m' de la Rabliere
pendant le chemin , & dirent
qu'on pouvoit appeller Lille , la
Reyne de Flandre , comme Paris
la Reyne de France , & recommençant
continuellement à
parler des grandeurs du Roy,
des Amb. de Siam. 269
ils dirent que rien n'en approchoit
, & que ce qui en parois
foitsouffroit la veuë , mais non
pas l'expreffion.
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Résumé : Lille. [titre d'après la table]
Le 3 novembre, les ambassadeurs séjournèrent à Lille, une ville située sur la rivière Deûle, célèbre pour ses eaux remplissant ses doubles fossés en forme de demi-lunes. Lille est une grande ville avec des églises magnifiques. Baudouin V de Lille, Comte de Flandre, y fonda la collégiale de Saint-Pierre. Lille, capitale de la Flandre gallicane, fut entourée de murailles par Baudouin V en 1046. Philippe le Hardy y établit une Chambre des Comtes en 1385. Le roi la soumit en 1667 et, selon la Paix d'Aix-la-Chapelle en 1668, elle resta à la France. Sa Majesté y fit construire une citadelle flanquée de cinq grands bastions royaux. À leur arrivée, les ambassadeurs furent accueillis par une foule nombreuse et une gendarmerie commandée par M. Doleac. M. de la Rablière, commandant, les reçut et leur présenta les membres du magistrat. Ils entrèrent ensuite dans la ville, où la foule était si dense qu'ils crurent revivre leur entrée à Paris. Après avoir traversé plusieurs rues bordées de troupes, ils retrouvèrent la gendarmerie en bataille sur la place. Le lendemain, M. de la Rablière les conduisit à la citadelle, où ils furent reçus au bruit du canon. Ils visitèrent les remparts avec M. Morion, lieutenant du roi, et l'ingénieur. On leur expliqua que M. de Vauban était le gouverneur de cette citadelle, qu'il avait lui-même construite, et qu'il était réputé pour ses fortifications. Ils visitèrent également le jardin, une grotte, et l'arsenal. Dans l'après-midi, ils participèrent à une chasse et assistèrent à une comédie suivie d'un concert et d'une collation magnifique à l'hôtel de ville. Les ambassadeurs furent ensuite conduits à l'hôtel de la Monnoye, où ils virent la fabrication des monnaies, de la fonte des moules à la mise en circulation des pièces. Ils admirèrent les machines et les processus de fabrication. Ils exprimèrent leur admiration et leur souhait de voir plus de détails, mais le temps manquait. Ils visitèrent également l'hôpital Comtesse, où des religieuses soignaient les malades et les blessés. Elles leur offrirent des bouquets de leurs ouvrages. M. Doleac leur envoya un message pour leur montrer la gendarmerie, mais ils durent décliner en raison de leur emploi du temps chargé. Les ambassadeurs firent le tour de la place, visitèrent les arsenaux et les magasins, et furent impressionnés par leur organisation. Ils se rendirent ensuite chez les Jésuites, où ils virent un moulin à eau remarquable. Ils furent invités à une collation et exprimèrent leur gratitude pour l'accueil reçu. Le soir, ils souperèrent chez M. de la Rablière, où un grand bal fut organisé. Ils ne quittèrent la ville que le lendemain, après avoir dîné de bonne heure, en parlant des grandeurs du roi et des beautés de Lille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
123
p. 269-301
Tournay. [titre d'après la table]
Début :
Ce mesme jour qui estoit le 6. ils arriverent à Tournay. [...]
Mots clefs :
Tournai, Surmon, Pierre Paul Rubens, Édouard-François Colbert, Comte de Maulévrier, Ville, Ambassadeurs, Voir, Roi, Porte, Dames, Ville, Fort, Comtesse, Place, Citadelle, Table, France, Gouverneur, Fourneaux
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texteReconnaissance textuelle : Tournay. [titre d'après la table]
Ce meſme jour qui eſtoit
le 6. ils arriverent à Tournay.
C'eſt une Place tres-forte, défenduë
par un Chafteau, qu'on
dit que les Angiois ont bafty.
Elle eſt ſur l'Eſcaut , & Capitale
d'un petit Païs appellé
le Tournaiſis. Outre l'Eglife
Cathedrale de Nôtre-Dame
qui est tres-belle , elle a dix
Paroiſſes , deux Abbayes , &
diverſes autres Maiſons Religieuſes
. L'Empereur Charles
Zij
270 III . P. du Voyage
V. la prit en 1521. aux François
qui s'en eſtoient rendus
Maiſtres trois ans auparavant.
Elle eſt demeurée au Roy par
le Traité d'Aix la Chapelle.
Sa Majesté l'avoit priſe en
1667. Cette Ville est tres- ancienne.
L'Evêché eſt Suffragant
de Cambray. M le
Comte de Maulevrier , Lieutenant
General des Armées du
Roy , Gouverneur des Ville
&Citadelle de Tournay & du
Tournefis , avoit envoyé fur
le midy à une lieuë au devant
des Ambaſſadeurs vingt Maîtres
du Regiment des Cuiraf
r
des Amb. de Siam. 271
fiers qui eſt en garniſon dans
la Ville , commandez par un
Lieutenant , auquel il avoit
marqué le lieu où il devoit ſe
trouver avec ſa Troupe , &
donné ordre qu'aprés que ce
Lieutenant auroit ſalue les
Ambaſſadeurs , il marcheroit
àla teſte de leur Caroſſe avec
fix des ſiens , feroit marcher
les 14. autres derriere , qu'ils
eſcorteroient ainſi ju qu'au
Village de Markin , qui eft à
une demy-lieuë de Tournay ,
où il avoit reſolu de venir
avec un Eſcadron des Cuiraffiers.
Apres que ce Comte
272 III . P. du Voyage
les eût ſaluez , & qu'il leut cût
fait fon compliment au lieu
où il eſtoit venu les attendre,
il prit le devant , & ſe rendit
à la maiſon qu'il leur avoit
fait preparer , & qui estoit magnifiquement
meublée, pendant
que tout l'Eſcadron marchoit
devant & derriere leur
Caroffe. En approchant de la
Barriere , ils furent ſaluez de
vingt coups de Canon , &
paſſerent depuis la porte de
la Ville entre deux hayes d'Infanterie
juſqu'à leur logis , où
Mle Comte de Maulevrier
les receut
د &leur preſenta
des Amb. de Siam , 273
Mrs du Magiftrat. La harangue
qu'ils firent , fut prononcée
par M de Surmon Conſeiller
Penſionnaire, qui adrefſa
la parole au premier Ambaſſadeur
, & luy parla en ces
termes .
MONSEIGNEVR ,
La renommée nous avoit appris
les grandes qualitez du Roy de Siam,
&la grandeur de son genie pour la
conduite deſes Peuples, &nousſçavions
auſſiiessoins particuliers qu'il
y apporte. Nous admirons aujourd'huy
le zele qu'il a fait paroître
pour reconnoître les choses les plus
importantes de la terre , & nous
274 III . P. du Voyage
1
nous réjouiſſons en mesme temps
du bonheur qui a accompagné vôtre
Excellence pourfurmonter les perils
& les fatigues que luy ont causé
l'éloignement & les difficultez du
chemin. Nous avons bien de la joye,
Monseigneur ,du fuccez de ce voyage
que le Ciel a inspiré pour rechercher
l'amitié de nostre Auguste Mo.
narque , qui apres avoir vaincu tous
Ses ennemis,& pouvant encore pouffer
plus loinfes Conquestes,a missa
plus grande gloire , à donner la Paix
à toute l'Europe. Nous voyons pre-
Sentement que Sa Majesté cherche à
fairepart au Roy vostre Maistre de
toutes les lumieres dont ila besoin ,
pour reconnoistre & embrasfer la Foy
Chrétienne , qui ſeule est recenë en
tous ſes Royaumes , afin d'augmenter
par ce moyen le merite de fon zele.
des Amb . de Siam. 275
Nous venons , Monseigneur , de la
part du Magistrat de cette ville
rendre nos reſpects à voſtre Excellence
, & la ſuplier d'agréer l'offre
de nos tres-humbles fervices , & les
Vins honoraires de la Ville que luy
profententfes tres-humbles & tresobeiſſans
Serviteurs , Les Prevost ,
Iurez, Majeur, & Eſchevins de la
Villede Tournay.
Le Preſent de Ville fut de
fix douzaines de Bouteilles
de tres- excellent Vin. L'Ambaſſadeur
répondit ,
MESSIEVRS,
Le Roy de Siam notre Maistre
ayant esté informé de la grandeur
276 III . P. du Voyage
du Roy de France , & de toutes ses
Conquestes , luy a envoyé trois Ambassadeurs
, pour luy demander fon
amitié ; & afin d'estre instruit plus
particulierement de ſes Victoires ,
Sa Majesté nous a fait combler de
tres-grands honneurs dans tous les
endroits de fon Royaume où nous
avons pasé. Nous remercions ,
Meffieurs , la Ville de Tournay de
ceux qu'elle nous rend enfon particulier
, & de ſes Prefens.
Les Magiftrats ſe retirerent
aprés cette réponſe , &
M le Comte de Maulevrier
prit l'ordre des Ambaſſadeurs
, qui le luy donnerent
en ces mots , Aufſfi fidelle que
brave , ce qui s'applique à la
des Amb. de Siam. 277
perſonne de ce Gouverneur.
Sur les cinq heures du ſoir
Me l'Evêque de Tournay leur
rendit viſite, accompagné de
M de Mefgrigny , Gouverneur
de la Citadelle . Une
heure aprés on fit joüer un
Feu d'Artifice , que Mrs du
Magiſtrat avoient fait dreſſer
devant leurs feneftres . Il eftoit
de vingt - quatre pieds
en quarré, fur douze à quinze
d'élevation. Au milieu paroiſſoient
deux Elephans ſur
un Piedeftal , & entr'eux un
Soleil un peu plus élevé , le
tout gaudronné , de maniere
278 III. P. du Voyage
que les Elephans & le Soleil
demeurerent enflâmez pendant
que le Feu dura. Le
reſte eſtoit compofé de quantité
d'Artifice. On avoit cu
deſſein d'orner la machine de
ce Feu de quelques Deviſes
à la gloire des deux Roys ,
&pour cet effet on demanda
aux Ambaſſadeurs le nom du
Roy de Siam ; mais ils répondirent
qu'ils ignoroient le
nom de leurs Roys tant qu'ils
vivoient, & qu'ils ne l'apprenoient
jamais qu'aprés leur mort.
Le Feu finy , ils demanderent
à quoy ſervoient qua
د
des Amb. de Siam. 279
artre
Pompes que l'on avoit
fait mener aux quatre coins.
On leur dit , qu'elles fervoient
à jetter de l'eau dedans &fur
les Maiſons , en cas qu'ily
rivât quelque accidentpar lefeu.
Ils ſouhaiterent en voir l'effet.
On les fit joüer devant
eux ; & comme cela ne ſe
pouvoit fans moüiller le Peuple
, ce fut encore un plaifir
qu'ils eurent. Le troifiéme
Ambaſſadeur defcendit pour
examiner une de ces Machines
. Avant que l'on fiſt joüer
le Feu, il y eur une décharge
d'une trentaine de Boëtes
280 III . P. du Voyage
qu'on avoit rangées autour.
Sur les ſept heures les Ambaſſadeurs
envoyerent prier
Me le Comte de Maulevrier,
de permettre à M le Marquis
fon Fils de venir ſouper
avec eux . Ils ſe mirent à table
ſi- tôt qu'il fut arrivé , &
on ne laiſſa entrer que les
Dames pour les voir manger.
Le lendemain 7. à neuf
heures du matin, Male Comte
de Maulevrier leur envoya
ſes trois Carroſſes , qui les
conduiſirent à la Citadelle, à
l'entrée de laquelle Me de
desAmb de Siam. 281
Meſgrigny les fit faluër de
vingt coups de canon. Aprés
les avoir reçûs , il les mena
d'abord fur le Baſtion Dauphin.
Comme ils avoient en
main le Plan de la Ville &
de la Citadelle, ils ſe contenterent
de voir ce ſeul Baſtion,
& admirerent tous les Ouvrages
qu'ils découvtoient
de ce lieu. Monfieur de
Meſgrigny leur fit entendre
que tout ce qu'ils voyoient
&tous les environs de la Citadelle
estoient minez & contreminez
, & même qu'à la
pointe du glacis de ce Baf
Aa
282 III. P. du Voyage
tion ily avoit trois Fourneaux
chargez, qui estoient preſts à
fauter. Ils demanderent à
defcendre dans les Galeries
afin de mieux examiner ces
Fourneaux ; ce qu'ils firet fort
curieufement , & aprés quel
ques raiſonnemens & quelques
queſtions qu'ils firent à
M de Mefgrigny fur la Fortification
, ils remonterent ,
& fortirent à la Porte Dauphine.
Me de Meſgrigny
leur montra l'endroit où ef
toient les trois Fourneaux ,
que l'on fit ſauter en leur prefence.
L'un eftoit chargé d'un
r
des Amb. de Siam. 283
millier de Poudre , l'autre de
douze cens livres , & le troifiéme
de trois mille cinq cens
livres . Ces trois Fourneaux
eurent tout l'effet qu'on en
pouvoit efperer , & leur firent
un ſi grand plaiſir, qu'ils
demanderent à voir les Contremines
. M de Mefgrigny
les mena à l'Arcenal , où il
leur en fit voir le Plan. Ils
luy témoignerent quelque envie
de l'avoir ; mais il leur
fit entendre que ces Plans-là
eſtant le vray fecret d'une
Place, ils ne ſe donnoient ny
ne ſe montroient jamais à per-
A a ij
284 III . P. du Voyage
fonne. Aprés l'avoir bien
examiné , & demandé raiſon
de toutes chofes , ils allerent
voir faire l'Exercice à la Compagnie
des jeunes Gentilshommes
, qui fit fort bien à
fon ordinaire.Cela eſtant fait,
ils fortirent de la Citadelle, &
furent falüez par vingt autres
coups de Canon ; & enfuite
ils retournerent chez eux, où
toutes les Dames les virent
dîner. En ſortant de table,
ils monterent en Carroffe , &
allerent à la Porte S. Martin,
où ils trouverent des Chevaux
que Me le Comte de MaudesAmb.
de Siam. 285
levrier leur avoit fait tenir
preſts. Ils s'en ſervirent pour
aller viſiter les Ouvrages de
la Place. Comme ils en avoient
le Plan avec eux , ils
ſe contenterent d'en voir une
partie. Ils rentrerent par la
Porte de Lille , & vinrent à la
Comedie , où madame la
Comteſſe de maulevrier , &
Madame la Comteſſe de ме-
davy , les attendoient avec
une vingtaine de Dames des
mieux faites de la Ville. Ils
y donnerent l'ordre à m ' de
Jearny major de la Ville , en
ces mots : Ie m'appuiray du
د
286 III . P. du Voyage
bâton en combattant de l'épée.
Ce Mot ainſi que le precedent
, eft appliqué à la perfonne
de M le Comte de
Maulevrier . Ce n'eſt pas à
moy à raifonner fur ces mots,
& je n'en dois rien dire , finon
qu'ils furent fort applaudis.
On joüa une Piece
Comique ; mais afin de faire
voir de beaux Habits aux
Ambaſſadeurs , Male Comte
de maulevrier ordonna aux
Comediens de ſe veſtir à
la Romaine ; ce qui réüffit
fort bien. Aprés la Comedie,
ce Comte les fit mener dans
des Amb. de Siam. 287
ſes Carroffes fur l'Eſplanade,
où il leur avoit fait preparer
quatre mortiers , pour leur
faire voir l'effet de deux
Bombes , d'un Boulet rou-
,
ge , & d'une Carcaffe. Ils
admirerent ces machines ,
& en raiſonnerent fort par-
د
ticulierement , ſe faiſant inſtruire
de tout & mefme
des moindres chofes . Ils monterent
fur la muraille , & virent
jetter les bombes dans la
Campagne avec beaucoup
d'admiration. M le Comte
de Maulevrier les conduifit
enfuite dans ſa maiſon , dont
288 III. P. du Voyage
ils trouverent le devant de la
porte & la Cour fort illuminez.
Il les fit monter dans
l'Appartement de Madame la
Comteſſe de Maulevrier qui
les receut avec Madame la
Comteſſe de Medavy & plufieurs
Dames . En attendant
on leur
د l'heure du ſoupé
donna le divertiſſement d'un
Concert de Muſique , compoſé
de tres-belles voix , d'une
viole & de quelques flutes
douces . Ce Concert fut trouvé
bien executé & de bon
goût. L'heure du ſoupé venuë
, ils deſcendirent dans la
grande
desAmb. de Siam. 289
grande Sale , où ils trouverent
une table de vingt-quatre
couverts , remplie de viandes
les plus delicates & les
plus exquiſes. M le Comte de
Maulevrier leur en avoit fait
ſervir devant eux qui eſtoient
appreſtées à la Françoiſe & à
leurs manieres ce qui les fit
د
demeurer plus longtemps à
table qu'ils n'auroient fait.
Leurs trois places eſtoient de
ſuite ſeparées des autres , & à
droit & à gauche eſtoient Mme
la Comteſſe de maulevrier ,
Madame la Comteſſe de Medavy
, & fix Dames des mieux
Bb
290. III. P. du Voyage
faites de la Ville. Pendant le
foupé, on leur donna le divertiſſement
d'un autre Concert
compoſé de voix , de hautbois&
de violons. M. leComte
de maulevrier but à leurs
fantez, & ils luy firent raifon
chacun en particulier avec
toute l'honneſteté imaginable.
Ilbeut enſuite à l'Alliance
des deux Couronnes , &
lorſque les Ambaſſadeurs y
burent auſſi on entendit
une décharge de quantité de
boëttes. Elle fut fuivie prefque
auffi-tôt d'ungrand bruit
de Timbales & de Trompet-
د
des Amb. de Siam. 291
tes qui continua juſqu'à ce
que les Ambaſſadeurs buſſent
à la ſanté du Roy de France.
Pendant que m' le Comte de
Maulevrier leur en fit raifon ,
une autre décharge de boëttes
ſe fit entendre , & le bruit
des Timballes & des Trompettes
recommença. On but
enfuite à la ſanté du puiſſant
Roy de Siam , & pendant ce
temps , la meſme quantité de
boëttes , de Timballes & de
Trompettes fit encore le mê.
me bruit. Il continua lorſque
M. le Comte de Maulevrier
but à leur bonVoyage. Cette
Bb ij
292 III. P. du Voyage
Γ
ſanté leur fit beaucoup de
plaifir. Ils burent auſſi à celle
des Dames. Aprés que l'on
fut forty de table , M² le
Comte de maulevrier les conduifit
dans fon Appartement,
& leur demanda s'ils ne voudroient
point fumer , mais
comme apparemment ils ſçavoient
que cela ſe pratique
peu en France , & fur tout en
compagnie , ils l'en remercierent.
Peu de temps aprés
il les mena à la porte de fon
Jardin , au milieu duquel &
au tour du Baffin , il y avoit
un fort grand nombre de fu
des Amb. de Siam. 293
ſées volantes qu'ils virent tirer
avec beaucoup du plaifir.
Ils rentrerent dans la Sale
ils trouverent les Dames rangées
, & quantité de violons
qui joüoient. Comme ils avoient
ſceu que M. le Comte
de Maulevrier icur vouloit
donner le divertiſſement d'un
Bal , ils prirent les places qui
leur eſtoient preparées , & virent
dancer pendant deux
heures avec une joye qui faiſoit
connoître qu'ils eftoient
tres-fatisfaits de tous cesplaifirs
; aprés quoy ils prirent
congé de M. le Gouverneur ,
Bb iij
294 III P. du Voyage
auquel ils marqueret une tresgrande
reconnoiſſance de tous
les honneurs qu'il leur avoit
rendus. Ils luy firent dire entr'autres
chofes qu'il ſembloit
toute sa famille s'estoit fait
à l'envy un plaisir de les comblerde
toutes fortes d'honneſtetez .
Ils monterent dans ſes Carofſes
, & s'en retournerent à leur
logis. La court& le devant de
la porte eſtoient encore éclai
rez . Tous ces divertiſſemens ſe
pafferent ſans la moindre confufion
, & avec un ordre digne
des precautions que M
&Me la Comteſſe de Maы-
:
1
r
des Amb.de Siam. 295
levrier avoient priſes ſur toutes
choſes.
Le lendemain 8. fur les 9.
heures du matin, les Ambaſſadeurs
envoyerent querir M
le marquis de Maulevrier pour
déjeuner avec eux. Ils ſe mirent
à table ſi-toft qu'il fut
arrivé. Les Dames ; c'eſt à dire
celles qui pouvoient eſtre levées
, les virent encore pendant
ce temps , & apres qu'ils
eurent déjeuné , toutes chofes
eftant preparées pour leur départ
, &M le Comte deMaulevrier
eſtant venu prendre
congé d'eux , ils monterent
Bb iiij
296 III. P. du Voyage
en Caroffe ,& pafſferent entre
deux hayes au milieu d'un
Eſcadron de Cavallerie , &
d'un Bataillon d'Infanterie
rangez ſur la Place , & depuis
la Place juſqu'à la grande Egliſe
qu'ils voulurent voir. Ils y
trouverent M. l'Eveſque de
Tournay qui les y attendoit,&
lui firentdire que s'ils ne l'euffent
pas trouvé là , leur deſſein eſtoit
d'aller chezluy pouravoir l'honneur
de le voir. M² l'Eveſque
les remercia. Il parut qu'en
entrant dans ce magnifique
Temple , ils furent touchez de
quelque ſecret mouvement
des Amb. de Siam. 297
qui leur inſpirade faire dire à
ce Prelat qu'ils le prioient d'obtenir
du vray Dieu qu'ils le puſſent
connoître, & qu'illuy plût de les
tirer des Tenebres où ils pouvoient
estre pourprofeſſerla veritable Religion.
M l'Eveſque leur répondit
, que toute la France &
toute la Chrétienté prioit tous les
jours Dieu pour cela. Il les conduiſit
enſuite dans le Choeur
qui eſt un des plus beaux qu'il
y ait en France. Ils y trouverent
Ms du Chapitre rangez
chacun dans ſa place. Ils les
ſaluerent , & allerent juſqu'au
prés & derriere l'Autel , où
298 III. P du Voyage
ils furent quelque temps à admirer
deux excellens Tableaux
de Rubens, & quantité
de tres- beaux Ouvrages de
Marbre & d'Albatre nouvellement
faits autour de l'Autel.
Delà ils revinrent dans
le Choeur , où Ms du Chapitre
leur firent chanter un
Moret par leur Muſique, aprés
quoy les Ambaſſadeurs firent
repeter encore à M. l'Eveſque
qu'ils leprioient d'obtenir du vray
Dieu qu'il les daignaſt éclairer ,
& mettre en estat de profeffer la
veritable Religion. Ils prirent
enfuite congé de luy & de
des Amb . de Siam . 299
Mrs du Chapitre qu'ils remercierenr
. Eſtant remontez dans
leurs Caroffes , ils pafferent
encore entre deux hayes d'Infanterie
, depuis l'Egliſe jufqu'à
la Porte de Maruis , pour
prendre le chemin de Condé .
M le Comte de Maulevrier
les conduifit avec la meſme
quantité de Cavalerie , qui
avoit eſté au devant d'eux à
leur entrée . L'Artillerie les
ſalua de nouveau à la fortie
de la Barriere .
Le major du Regiment
d'Erlac eſtant venu avec les
Ambaſſadeurs depuis Grave
300 III . P. du Voyage
lines juſqu'à Tournay , où il
commande un Bataillon , ils
conçûrent de l'eftime pour
luy, &dans le chemin l'Ambaſſadeur
monta dans ſa
Chaiſe, pour eſſayer s'il conduiroit
bie cette forte de Voiture.
Il n'eut pas de peine à
faire connoître que fon adreſſe
égale fon eſprit. Ils
furent fi fatisfaits de се ма-
jor , que lorſqu'il prit congé
d'eux quand ils partirent de
Tournay, ils luydemáderent,
s'il ne pouvoitpas venir jusqu'à
Paris avec eux ; mais fon devoir
l'engageoit à demeurer
des Amb de Siam. 301
à Tournay. Ils virent fur le
chemin de Condé un Bourg
appellé Anthoin , qui appartient
à Madame la Princeffe
d'Epinoy , & ils ſe ſouvinrent
qu'ils avoient mangé avec
elle , à la Collation que M
de Seignelay leur donna le
jour qu'ils en eurent Audience.
le 6. ils arriverent à Tournay.
C'eſt une Place tres-forte, défenduë
par un Chafteau, qu'on
dit que les Angiois ont bafty.
Elle eſt ſur l'Eſcaut , & Capitale
d'un petit Païs appellé
le Tournaiſis. Outre l'Eglife
Cathedrale de Nôtre-Dame
qui est tres-belle , elle a dix
Paroiſſes , deux Abbayes , &
diverſes autres Maiſons Religieuſes
. L'Empereur Charles
Zij
270 III . P. du Voyage
V. la prit en 1521. aux François
qui s'en eſtoient rendus
Maiſtres trois ans auparavant.
Elle eſt demeurée au Roy par
le Traité d'Aix la Chapelle.
Sa Majesté l'avoit priſe en
1667. Cette Ville est tres- ancienne.
L'Evêché eſt Suffragant
de Cambray. M le
Comte de Maulevrier , Lieutenant
General des Armées du
Roy , Gouverneur des Ville
&Citadelle de Tournay & du
Tournefis , avoit envoyé fur
le midy à une lieuë au devant
des Ambaſſadeurs vingt Maîtres
du Regiment des Cuiraf
r
des Amb. de Siam. 271
fiers qui eſt en garniſon dans
la Ville , commandez par un
Lieutenant , auquel il avoit
marqué le lieu où il devoit ſe
trouver avec ſa Troupe , &
donné ordre qu'aprés que ce
Lieutenant auroit ſalue les
Ambaſſadeurs , il marcheroit
àla teſte de leur Caroſſe avec
fix des ſiens , feroit marcher
les 14. autres derriere , qu'ils
eſcorteroient ainſi ju qu'au
Village de Markin , qui eft à
une demy-lieuë de Tournay ,
où il avoit reſolu de venir
avec un Eſcadron des Cuiraffiers.
Apres que ce Comte
272 III . P. du Voyage
les eût ſaluez , & qu'il leut cût
fait fon compliment au lieu
où il eſtoit venu les attendre,
il prit le devant , & ſe rendit
à la maiſon qu'il leur avoit
fait preparer , & qui estoit magnifiquement
meublée, pendant
que tout l'Eſcadron marchoit
devant & derriere leur
Caroffe. En approchant de la
Barriere , ils furent ſaluez de
vingt coups de Canon , &
paſſerent depuis la porte de
la Ville entre deux hayes d'Infanterie
juſqu'à leur logis , où
Mle Comte de Maulevrier
les receut
د &leur preſenta
des Amb. de Siam , 273
Mrs du Magiftrat. La harangue
qu'ils firent , fut prononcée
par M de Surmon Conſeiller
Penſionnaire, qui adrefſa
la parole au premier Ambaſſadeur
, & luy parla en ces
termes .
MONSEIGNEVR ,
La renommée nous avoit appris
les grandes qualitez du Roy de Siam,
&la grandeur de son genie pour la
conduite deſes Peuples, &nousſçavions
auſſiiessoins particuliers qu'il
y apporte. Nous admirons aujourd'huy
le zele qu'il a fait paroître
pour reconnoître les choses les plus
importantes de la terre , & nous
274 III . P. du Voyage
1
nous réjouiſſons en mesme temps
du bonheur qui a accompagné vôtre
Excellence pourfurmonter les perils
& les fatigues que luy ont causé
l'éloignement & les difficultez du
chemin. Nous avons bien de la joye,
Monseigneur ,du fuccez de ce voyage
que le Ciel a inspiré pour rechercher
l'amitié de nostre Auguste Mo.
narque , qui apres avoir vaincu tous
Ses ennemis,& pouvant encore pouffer
plus loinfes Conquestes,a missa
plus grande gloire , à donner la Paix
à toute l'Europe. Nous voyons pre-
Sentement que Sa Majesté cherche à
fairepart au Roy vostre Maistre de
toutes les lumieres dont ila besoin ,
pour reconnoistre & embrasfer la Foy
Chrétienne , qui ſeule est recenë en
tous ſes Royaumes , afin d'augmenter
par ce moyen le merite de fon zele.
des Amb . de Siam. 275
Nous venons , Monseigneur , de la
part du Magistrat de cette ville
rendre nos reſpects à voſtre Excellence
, & la ſuplier d'agréer l'offre
de nos tres-humbles fervices , & les
Vins honoraires de la Ville que luy
profententfes tres-humbles & tresobeiſſans
Serviteurs , Les Prevost ,
Iurez, Majeur, & Eſchevins de la
Villede Tournay.
Le Preſent de Ville fut de
fix douzaines de Bouteilles
de tres- excellent Vin. L'Ambaſſadeur
répondit ,
MESSIEVRS,
Le Roy de Siam notre Maistre
ayant esté informé de la grandeur
276 III . P. du Voyage
du Roy de France , & de toutes ses
Conquestes , luy a envoyé trois Ambassadeurs
, pour luy demander fon
amitié ; & afin d'estre instruit plus
particulierement de ſes Victoires ,
Sa Majesté nous a fait combler de
tres-grands honneurs dans tous les
endroits de fon Royaume où nous
avons pasé. Nous remercions ,
Meffieurs , la Ville de Tournay de
ceux qu'elle nous rend enfon particulier
, & de ſes Prefens.
Les Magiftrats ſe retirerent
aprés cette réponſe , &
M le Comte de Maulevrier
prit l'ordre des Ambaſſadeurs
, qui le luy donnerent
en ces mots , Aufſfi fidelle que
brave , ce qui s'applique à la
des Amb. de Siam. 277
perſonne de ce Gouverneur.
Sur les cinq heures du ſoir
Me l'Evêque de Tournay leur
rendit viſite, accompagné de
M de Mefgrigny , Gouverneur
de la Citadelle . Une
heure aprés on fit joüer un
Feu d'Artifice , que Mrs du
Magiſtrat avoient fait dreſſer
devant leurs feneftres . Il eftoit
de vingt - quatre pieds
en quarré, fur douze à quinze
d'élevation. Au milieu paroiſſoient
deux Elephans ſur
un Piedeftal , & entr'eux un
Soleil un peu plus élevé , le
tout gaudronné , de maniere
278 III. P. du Voyage
que les Elephans & le Soleil
demeurerent enflâmez pendant
que le Feu dura. Le
reſte eſtoit compofé de quantité
d'Artifice. On avoit cu
deſſein d'orner la machine de
ce Feu de quelques Deviſes
à la gloire des deux Roys ,
&pour cet effet on demanda
aux Ambaſſadeurs le nom du
Roy de Siam ; mais ils répondirent
qu'ils ignoroient le
nom de leurs Roys tant qu'ils
vivoient, & qu'ils ne l'apprenoient
jamais qu'aprés leur mort.
Le Feu finy , ils demanderent
à quoy ſervoient qua
د
des Amb. de Siam. 279
artre
Pompes que l'on avoit
fait mener aux quatre coins.
On leur dit , qu'elles fervoient
à jetter de l'eau dedans &fur
les Maiſons , en cas qu'ily
rivât quelque accidentpar lefeu.
Ils ſouhaiterent en voir l'effet.
On les fit joüer devant
eux ; & comme cela ne ſe
pouvoit fans moüiller le Peuple
, ce fut encore un plaifir
qu'ils eurent. Le troifiéme
Ambaſſadeur defcendit pour
examiner une de ces Machines
. Avant que l'on fiſt joüer
le Feu, il y eur une décharge
d'une trentaine de Boëtes
280 III . P. du Voyage
qu'on avoit rangées autour.
Sur les ſept heures les Ambaſſadeurs
envoyerent prier
Me le Comte de Maulevrier,
de permettre à M le Marquis
fon Fils de venir ſouper
avec eux . Ils ſe mirent à table
ſi- tôt qu'il fut arrivé , &
on ne laiſſa entrer que les
Dames pour les voir manger.
Le lendemain 7. à neuf
heures du matin, Male Comte
de Maulevrier leur envoya
ſes trois Carroſſes , qui les
conduiſirent à la Citadelle, à
l'entrée de laquelle Me de
desAmb de Siam. 281
Meſgrigny les fit faluër de
vingt coups de canon. Aprés
les avoir reçûs , il les mena
d'abord fur le Baſtion Dauphin.
Comme ils avoient en
main le Plan de la Ville &
de la Citadelle, ils ſe contenterent
de voir ce ſeul Baſtion,
& admirerent tous les Ouvrages
qu'ils découvtoient
de ce lieu. Monfieur de
Meſgrigny leur fit entendre
que tout ce qu'ils voyoient
&tous les environs de la Citadelle
estoient minez & contreminez
, & même qu'à la
pointe du glacis de ce Baf
Aa
282 III. P. du Voyage
tion ily avoit trois Fourneaux
chargez, qui estoient preſts à
fauter. Ils demanderent à
defcendre dans les Galeries
afin de mieux examiner ces
Fourneaux ; ce qu'ils firet fort
curieufement , & aprés quel
ques raiſonnemens & quelques
queſtions qu'ils firent à
M de Mefgrigny fur la Fortification
, ils remonterent ,
& fortirent à la Porte Dauphine.
Me de Meſgrigny
leur montra l'endroit où ef
toient les trois Fourneaux ,
que l'on fit ſauter en leur prefence.
L'un eftoit chargé d'un
r
des Amb. de Siam. 283
millier de Poudre , l'autre de
douze cens livres , & le troifiéme
de trois mille cinq cens
livres . Ces trois Fourneaux
eurent tout l'effet qu'on en
pouvoit efperer , & leur firent
un ſi grand plaiſir, qu'ils
demanderent à voir les Contremines
. M de Mefgrigny
les mena à l'Arcenal , où il
leur en fit voir le Plan. Ils
luy témoignerent quelque envie
de l'avoir ; mais il leur
fit entendre que ces Plans-là
eſtant le vray fecret d'une
Place, ils ne ſe donnoient ny
ne ſe montroient jamais à per-
A a ij
284 III . P. du Voyage
fonne. Aprés l'avoir bien
examiné , & demandé raiſon
de toutes chofes , ils allerent
voir faire l'Exercice à la Compagnie
des jeunes Gentilshommes
, qui fit fort bien à
fon ordinaire.Cela eſtant fait,
ils fortirent de la Citadelle, &
furent falüez par vingt autres
coups de Canon ; & enfuite
ils retournerent chez eux, où
toutes les Dames les virent
dîner. En ſortant de table,
ils monterent en Carroffe , &
allerent à la Porte S. Martin,
où ils trouverent des Chevaux
que Me le Comte de MaudesAmb.
de Siam. 285
levrier leur avoit fait tenir
preſts. Ils s'en ſervirent pour
aller viſiter les Ouvrages de
la Place. Comme ils en avoient
le Plan avec eux , ils
ſe contenterent d'en voir une
partie. Ils rentrerent par la
Porte de Lille , & vinrent à la
Comedie , où madame la
Comteſſe de maulevrier , &
Madame la Comteſſe de ме-
davy , les attendoient avec
une vingtaine de Dames des
mieux faites de la Ville. Ils
y donnerent l'ordre à m ' de
Jearny major de la Ville , en
ces mots : Ie m'appuiray du
د
286 III . P. du Voyage
bâton en combattant de l'épée.
Ce Mot ainſi que le precedent
, eft appliqué à la perfonne
de M le Comte de
Maulevrier . Ce n'eſt pas à
moy à raifonner fur ces mots,
& je n'en dois rien dire , finon
qu'ils furent fort applaudis.
On joüa une Piece
Comique ; mais afin de faire
voir de beaux Habits aux
Ambaſſadeurs , Male Comte
de maulevrier ordonna aux
Comediens de ſe veſtir à
la Romaine ; ce qui réüffit
fort bien. Aprés la Comedie,
ce Comte les fit mener dans
des Amb. de Siam. 287
ſes Carroffes fur l'Eſplanade,
où il leur avoit fait preparer
quatre mortiers , pour leur
faire voir l'effet de deux
Bombes , d'un Boulet rou-
,
ge , & d'une Carcaffe. Ils
admirerent ces machines ,
& en raiſonnerent fort par-
د
ticulierement , ſe faiſant inſtruire
de tout & mefme
des moindres chofes . Ils monterent
fur la muraille , & virent
jetter les bombes dans la
Campagne avec beaucoup
d'admiration. M le Comte
de Maulevrier les conduifit
enfuite dans ſa maiſon , dont
288 III. P. du Voyage
ils trouverent le devant de la
porte & la Cour fort illuminez.
Il les fit monter dans
l'Appartement de Madame la
Comteſſe de Maulevrier qui
les receut avec Madame la
Comteſſe de Medavy & plufieurs
Dames . En attendant
on leur
د l'heure du ſoupé
donna le divertiſſement d'un
Concert de Muſique , compoſé
de tres-belles voix , d'une
viole & de quelques flutes
douces . Ce Concert fut trouvé
bien executé & de bon
goût. L'heure du ſoupé venuë
, ils deſcendirent dans la
grande
desAmb. de Siam. 289
grande Sale , où ils trouverent
une table de vingt-quatre
couverts , remplie de viandes
les plus delicates & les
plus exquiſes. M le Comte de
Maulevrier leur en avoit fait
ſervir devant eux qui eſtoient
appreſtées à la Françoiſe & à
leurs manieres ce qui les fit
د
demeurer plus longtemps à
table qu'ils n'auroient fait.
Leurs trois places eſtoient de
ſuite ſeparées des autres , & à
droit & à gauche eſtoient Mme
la Comteſſe de maulevrier ,
Madame la Comteſſe de Medavy
, & fix Dames des mieux
Bb
290. III. P. du Voyage
faites de la Ville. Pendant le
foupé, on leur donna le divertiſſement
d'un autre Concert
compoſé de voix , de hautbois&
de violons. M. leComte
de maulevrier but à leurs
fantez, & ils luy firent raifon
chacun en particulier avec
toute l'honneſteté imaginable.
Ilbeut enſuite à l'Alliance
des deux Couronnes , &
lorſque les Ambaſſadeurs y
burent auſſi on entendit
une décharge de quantité de
boëttes. Elle fut fuivie prefque
auffi-tôt d'ungrand bruit
de Timbales & de Trompet-
د
des Amb. de Siam. 291
tes qui continua juſqu'à ce
que les Ambaſſadeurs buſſent
à la ſanté du Roy de France.
Pendant que m' le Comte de
Maulevrier leur en fit raifon ,
une autre décharge de boëttes
ſe fit entendre , & le bruit
des Timballes & des Trompettes
recommença. On but
enfuite à la ſanté du puiſſant
Roy de Siam , & pendant ce
temps , la meſme quantité de
boëttes , de Timballes & de
Trompettes fit encore le mê.
me bruit. Il continua lorſque
M. le Comte de Maulevrier
but à leur bonVoyage. Cette
Bb ij
292 III. P. du Voyage
Γ
ſanté leur fit beaucoup de
plaifir. Ils burent auſſi à celle
des Dames. Aprés que l'on
fut forty de table , M² le
Comte de maulevrier les conduifit
dans fon Appartement,
& leur demanda s'ils ne voudroient
point fumer , mais
comme apparemment ils ſçavoient
que cela ſe pratique
peu en France , & fur tout en
compagnie , ils l'en remercierent.
Peu de temps aprés
il les mena à la porte de fon
Jardin , au milieu duquel &
au tour du Baffin , il y avoit
un fort grand nombre de fu
des Amb. de Siam. 293
ſées volantes qu'ils virent tirer
avec beaucoup du plaifir.
Ils rentrerent dans la Sale
ils trouverent les Dames rangées
, & quantité de violons
qui joüoient. Comme ils avoient
ſceu que M. le Comte
de Maulevrier icur vouloit
donner le divertiſſement d'un
Bal , ils prirent les places qui
leur eſtoient preparées , & virent
dancer pendant deux
heures avec une joye qui faiſoit
connoître qu'ils eftoient
tres-fatisfaits de tous cesplaifirs
; aprés quoy ils prirent
congé de M. le Gouverneur ,
Bb iij
294 III P. du Voyage
auquel ils marqueret une tresgrande
reconnoiſſance de tous
les honneurs qu'il leur avoit
rendus. Ils luy firent dire entr'autres
chofes qu'il ſembloit
toute sa famille s'estoit fait
à l'envy un plaisir de les comblerde
toutes fortes d'honneſtetez .
Ils monterent dans ſes Carofſes
, & s'en retournerent à leur
logis. La court& le devant de
la porte eſtoient encore éclai
rez . Tous ces divertiſſemens ſe
pafferent ſans la moindre confufion
, & avec un ordre digne
des precautions que M
&Me la Comteſſe de Maы-
:
1
r
des Amb.de Siam. 295
levrier avoient priſes ſur toutes
choſes.
Le lendemain 8. fur les 9.
heures du matin, les Ambaſſadeurs
envoyerent querir M
le marquis de Maulevrier pour
déjeuner avec eux. Ils ſe mirent
à table ſi-toft qu'il fut
arrivé. Les Dames ; c'eſt à dire
celles qui pouvoient eſtre levées
, les virent encore pendant
ce temps , & apres qu'ils
eurent déjeuné , toutes chofes
eftant preparées pour leur départ
, &M le Comte deMaulevrier
eſtant venu prendre
congé d'eux , ils monterent
Bb iiij
296 III. P. du Voyage
en Caroffe ,& pafſferent entre
deux hayes au milieu d'un
Eſcadron de Cavallerie , &
d'un Bataillon d'Infanterie
rangez ſur la Place , & depuis
la Place juſqu'à la grande Egliſe
qu'ils voulurent voir. Ils y
trouverent M. l'Eveſque de
Tournay qui les y attendoit,&
lui firentdire que s'ils ne l'euffent
pas trouvé là , leur deſſein eſtoit
d'aller chezluy pouravoir l'honneur
de le voir. M² l'Eveſque
les remercia. Il parut qu'en
entrant dans ce magnifique
Temple , ils furent touchez de
quelque ſecret mouvement
des Amb. de Siam. 297
qui leur inſpirade faire dire à
ce Prelat qu'ils le prioient d'obtenir
du vray Dieu qu'ils le puſſent
connoître, & qu'illuy plût de les
tirer des Tenebres où ils pouvoient
estre pourprofeſſerla veritable Religion.
M l'Eveſque leur répondit
, que toute la France &
toute la Chrétienté prioit tous les
jours Dieu pour cela. Il les conduiſit
enſuite dans le Choeur
qui eſt un des plus beaux qu'il
y ait en France. Ils y trouverent
Ms du Chapitre rangez
chacun dans ſa place. Ils les
ſaluerent , & allerent juſqu'au
prés & derriere l'Autel , où
298 III. P du Voyage
ils furent quelque temps à admirer
deux excellens Tableaux
de Rubens, & quantité
de tres- beaux Ouvrages de
Marbre & d'Albatre nouvellement
faits autour de l'Autel.
Delà ils revinrent dans
le Choeur , où Ms du Chapitre
leur firent chanter un
Moret par leur Muſique, aprés
quoy les Ambaſſadeurs firent
repeter encore à M. l'Eveſque
qu'ils leprioient d'obtenir du vray
Dieu qu'il les daignaſt éclairer ,
& mettre en estat de profeffer la
veritable Religion. Ils prirent
enfuite congé de luy & de
des Amb . de Siam . 299
Mrs du Chapitre qu'ils remercierenr
. Eſtant remontez dans
leurs Caroffes , ils pafferent
encore entre deux hayes d'Infanterie
, depuis l'Egliſe jufqu'à
la Porte de Maruis , pour
prendre le chemin de Condé .
M le Comte de Maulevrier
les conduifit avec la meſme
quantité de Cavalerie , qui
avoit eſté au devant d'eux à
leur entrée . L'Artillerie les
ſalua de nouveau à la fortie
de la Barriere .
Le major du Regiment
d'Erlac eſtant venu avec les
Ambaſſadeurs depuis Grave
300 III . P. du Voyage
lines juſqu'à Tournay , où il
commande un Bataillon , ils
conçûrent de l'eftime pour
luy, &dans le chemin l'Ambaſſadeur
monta dans ſa
Chaiſe, pour eſſayer s'il conduiroit
bie cette forte de Voiture.
Il n'eut pas de peine à
faire connoître que fon adreſſe
égale fon eſprit. Ils
furent fi fatisfaits de се ма-
jor , que lorſqu'il prit congé
d'eux quand ils partirent de
Tournay, ils luydemáderent,
s'il ne pouvoitpas venir jusqu'à
Paris avec eux ; mais fon devoir
l'engageoit à demeurer
des Amb de Siam. 301
à Tournay. Ils virent fur le
chemin de Condé un Bourg
appellé Anthoin , qui appartient
à Madame la Princeffe
d'Epinoy , & ils ſe ſouvinrent
qu'ils avoient mangé avec
elle , à la Collation que M
de Seignelay leur donna le
jour qu'ils en eurent Audience.
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Résumé : Tournay. [titre d'après la table]
Le 6, les ambassadeurs de Siam arrivèrent à Tournay, une ville forte située sur l'Escaut et capitale du Tournaisis. Tournay est protégée par un château et possède une cathédrale, dix paroisses, deux abbayes et diverses maisons religieuses. La ville avait été prise par l'empereur Charles III en 1521 et restituée au roi de France par le traité d'Aix-la-Chapelle après avoir été reprise en 1667. Le comte de Maulevrier, lieutenant général des armées du roi et gouverneur de la ville et de la citadelle, organisa une réception en leur honneur. Les ambassadeurs furent accueillis par vingt maîtres du régiment des cuirassiers et escortés jusqu'à leur logis, où le comte de Maulevrier les reçut et leur présenta les magistrats de la ville. M. de Surmon, Conseiller Pensionnaire, prononça une harangue louant les qualités du roi de Siam et exprimant la joie de voir ce dernier rechercher l'amitié du roi de France. L'ambassadeur de Siam répondit en remerciant pour les honneurs reçus et en exprimant le désir du roi de Siam de connaître les victoires du roi de France. Les magistrats offrirent un présent de vin, et les ambassadeurs visitèrent ensuite la citadelle, admirant les fortifications et assistant à des démonstrations de feu d'artifice et de bombardements. Le soir, ils furent invités à souper par le comte de Maulevrier, qui organisa divers divertissements, y compris un concert, une comédie et un bal. Les ambassadeurs exprimèrent leur grande satisfaction et leur reconnaissance envers le gouverneur pour les honneurs reçus. Le lendemain, ils invitèrent le marquis de Maulevrier à déjeuner. Après le déjeuner, ils montèrent en carrosse et passèrent entre des haies de cavalerie et d'infanterie jusqu'à une grande église, où ils rencontrèrent l'évêque de Tournay. Ils exprimèrent leur désir de connaître le vrai Dieu et de professer la véritable religion. L'évêque les conduisit dans le chœur, où ils admirèrent des tableaux et des œuvres d'art, écoutèrent un morceau de musique et répétèrent leur prière. Ils prirent ensuite congé et furent escortés jusqu'à la porte de Maruis par le comte de Maulevrier et une escorte militaire. Ils exprimèrent leur estime pour le major du régiment d'Erlac, qui les avait accompagnés depuis Gravelines jusqu'à Tournay. Sur le chemin de Condé, ils passèrent par un bourg appartenant à la princesse d'Epinoy, se souvenant d'un repas partagé avec elle.
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124
p. 301-306
Condé. [titre d'après la table]
Début :
Ce jour-là 8. Novembre ils arriverent à Condé. C'est [...]
Mots clefs :
Condé-sur-l'Escaut, Marie de Luxembourg, Princes de Condé, Nom de Condé, Bourbon, Ville, Place, Comte, Pétau, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Condé. [titre d'après la table]
Ce jour-là 8. Novembre ils
arriverent à Condé. C'eſt
une Ville dans le Hainaut
qui fut priſe par les François
en 1676. & où le Roy a fait
faire des Fortifications , qui
la rendent une Place tres
302 III. P. du Voyage
importante. Elle eſt ſur l'Efcaut
, & a une Egliſe Collegiale
fort ancienne. Cette
Ville eft celebre pour avoir
eu des Seigneurs d'un grand
merite , mais fur tout pour
avoir donné fon nom à pluſieurs
grands Princes de la
Royale Maiſon de Bourbon.
François de Bourbon , Comte
de Vendôme , épouſa en
1487. Marie de Luxembourg,
Fille aînée & principale heritiere
de Pierre de Luxembourg
II. du nom , Comte
de S. Paul , de Couverſan &
de Soiſſons. Elle estoit Vides
Amb. de Siam. 303
comteſſe de Meaux , Dame
d'Anguien , de Condé , &c .
Elle mourut à la Fére en 1547 .
aprés avoir eſté veuve 52. ans,
&ſes petits Enfans prirent le
nom de Princes de Condé.
Charles de Bourbon ſon Fils,
Comte & enſuite premier
Duc de Vendôme , fut Pere
d'Antoine de Bourbon , qui
eut pour Fils le Roy Henry
le Grand , & Loüis de Bourbon
Prince de Condé , qui a
fait la branche des Princes
qui portent ce nom. Lorfque
les Ambaſſadeurs approcherent
de Condé , ils trou
304 III . P. du Voyage
verent la Cavalerie de la Place
qui eſtoit venue au devant
d'eux. Aprés que le Canon
ſe fut fait entendre , M. Petau
Gouverneur de la Ville ,
parut pour les recevoir. Les
Ruës le trouverent bordées
d'Infanterie juſqu'à la porre
de leur Logis, & ils reçûrent
les complimens & les Prefens
comme dans les autres Villes .
Quoy que M' le Comte de
Sore ne fuſt pas à Condé ,
ils ne laifferent pas de loger
dans ſa maiſon qu'il leur avoit
offerte , & on leur en donna
les plus magnifiques Appardes
Amb. de Siam. 305
temens. M Petau alla prendre
l'ordre , & ils donnerent
pour Mot , le foûtiendray ſon
nom. Ils s'expliquerent là -
deffus , & dirent que le nom
de Condé eſtoit un nom fi
illuftre, qu'on feroit toûjours
beaucoup lorſqu'on en foûtiendroit
la gloire. Ainfi
vous voyez que c'eſt la Ville
qui parle , & qui dit qu'elle
foûtiendra le nom de Condé.
M Petau les traita le ſoir en
maigre , & le Repas fut magnifique.
Ils monterent à
cheval le lendemain de grand
matin, pour aller voir les For-
Cc
306 III. P. du Voyage
tifications de la Place, &M
Petau leur fit remarquer jufqu'aux
moindres endroits . Il
leur donna enſuite un fort
grand Dîner , n'ayant pas
voulu qu'ils ayent mangé ailleurs
que chez luy, tant qu'ils
ont demeuré dans la Place .
arriverent à Condé. C'eſt
une Ville dans le Hainaut
qui fut priſe par les François
en 1676. & où le Roy a fait
faire des Fortifications , qui
la rendent une Place tres
302 III. P. du Voyage
importante. Elle eſt ſur l'Efcaut
, & a une Egliſe Collegiale
fort ancienne. Cette
Ville eft celebre pour avoir
eu des Seigneurs d'un grand
merite , mais fur tout pour
avoir donné fon nom à pluſieurs
grands Princes de la
Royale Maiſon de Bourbon.
François de Bourbon , Comte
de Vendôme , épouſa en
1487. Marie de Luxembourg,
Fille aînée & principale heritiere
de Pierre de Luxembourg
II. du nom , Comte
de S. Paul , de Couverſan &
de Soiſſons. Elle estoit Vides
Amb. de Siam. 303
comteſſe de Meaux , Dame
d'Anguien , de Condé , &c .
Elle mourut à la Fére en 1547 .
aprés avoir eſté veuve 52. ans,
&ſes petits Enfans prirent le
nom de Princes de Condé.
Charles de Bourbon ſon Fils,
Comte & enſuite premier
Duc de Vendôme , fut Pere
d'Antoine de Bourbon , qui
eut pour Fils le Roy Henry
le Grand , & Loüis de Bourbon
Prince de Condé , qui a
fait la branche des Princes
qui portent ce nom. Lorfque
les Ambaſſadeurs approcherent
de Condé , ils trou
304 III . P. du Voyage
verent la Cavalerie de la Place
qui eſtoit venue au devant
d'eux. Aprés que le Canon
ſe fut fait entendre , M. Petau
Gouverneur de la Ville ,
parut pour les recevoir. Les
Ruës le trouverent bordées
d'Infanterie juſqu'à la porre
de leur Logis, & ils reçûrent
les complimens & les Prefens
comme dans les autres Villes .
Quoy que M' le Comte de
Sore ne fuſt pas à Condé ,
ils ne laifferent pas de loger
dans ſa maiſon qu'il leur avoit
offerte , & on leur en donna
les plus magnifiques Appardes
Amb. de Siam. 305
temens. M Petau alla prendre
l'ordre , & ils donnerent
pour Mot , le foûtiendray ſon
nom. Ils s'expliquerent là -
deffus , & dirent que le nom
de Condé eſtoit un nom fi
illuftre, qu'on feroit toûjours
beaucoup lorſqu'on en foûtiendroit
la gloire. Ainfi
vous voyez que c'eſt la Ville
qui parle , & qui dit qu'elle
foûtiendra le nom de Condé.
M Petau les traita le ſoir en
maigre , & le Repas fut magnifique.
Ils monterent à
cheval le lendemain de grand
matin, pour aller voir les For-
Cc
306 III. P. du Voyage
tifications de la Place, &M
Petau leur fit remarquer jufqu'aux
moindres endroits . Il
leur donna enſuite un fort
grand Dîner , n'ayant pas
voulu qu'ils ayent mangé ailleurs
que chez luy, tant qu'ils
ont demeuré dans la Place .
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Résumé : Condé. [titre d'après la table]
Le 8 novembre, des ambassadeurs arrivèrent à Condé, une ville du Hainaut prise et fortifiée par les Français en 1676. Condé, située sur l'Escaut, est connue pour son église collégiale ancienne et ses seigneurs méritants. En 1487, François de Bourbon, comte de Vendôme, épousa Marie de Luxembourg, héritière de Pierre de Luxembourg II. Marie, comtesse de Meaux et dame de Condé, mourut en 1547. Ses petits-enfants adoptèrent le nom de princes de Condé. Charles de Bourbon, fils de Marie, devint le premier duc de Vendôme et père d'Antoine de Bourbon, dont les fils furent le roi Henri IV et Louis de Bourbon, prince de Condé. À leur arrivée, les ambassadeurs furent accueillis par les forces de la ville et reçus par M. Petau, gouverneur de Condé, qui leur offrit des logements et un dîner somptueux après une visite des fortifications.
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125
p. 306-321
Valenciennes. [titre d'après la table]
Début :
Ils en partirent le 9. pour aller coucher à Valencienne. [...]
Mots clefs :
Valenciennes, Monsieur Château, Toile, Bardo di Bardi Magalotti, Tableaux, Ville, Roi, Empereur, Hainaut, Maison de Bavière, Ambassadeur, Citadelle, Cavalerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Valenciennes. [titre d'après la table]
Ils en partirent le 9. pour
aller coucher à Valencienne .
Il y a dans cette Ville - là &
dans ſes Fauxbourgs 4523 .
Maiſons , 21108. Perſonnes,
fans compter les Troupes du
Roy , 34. Eglifes , une Abbaye
, un Chapitre de Cha.
noines , 7. Paroiffes , 10.Con
desAnb. de Siam. 307
vens d'Hommes , & 11. de
Filles. La Ville eſt des plus
confiderables pour ſon antiquité.
Les Romains y établirent
diverſes Manufactures
; & ayant eſté ruinée pluſieurs
fois , l'Empereur Valentinien
la fit reparer , &
entourer de murailles vers
l'An 367. & luy donna fon
nom qu'elle retient encore
aujourd'huy. Elle demeura
fous la puiſſance Romaine
juſqu'à la venuë de Clodion,
qui la tranfmit aux Roys de
France ſes Succeſſeurs , &fut
ſous les deux premieres Races
Cc ij
308 III. P. du Voyage
de ſes Roys , comme Terre
diftinguée de limites , avec le
titre de Comté. Elle fut depuis
à des Princes qui la tenoient
en qualité de Seigneurs
, y faiſant battre de la
Monnoye à leur coin à titre
de Comtes de Valencienne.
Ce Comté comprenoit le
Païs d'Oſtrevant , de Burbant,
& l'eſpace qui eſt entre
Morchipont , Mortmal & la
Selle , qui relevoient en partie
de Lorraine & de France .
Le mariage de Matilde Comteſſe
de Valencienne , avec
Regnier IV. Fils d'Avide ,
des Amb. de Siam. 309
1
Fille de Huë- Capet Comte
de Hainaut , fit paffer cette
Ville à ſes Heritiers l'An 1030 .
à condition d'eſtre toûjours
diftinguée, & de n'eſtre point
confondue avec le Hainaut.
Par le mariage de Marguerite
d'Avefne Comteſſe de
Hainaut avec l'Empereur
Loüis de Baviere , elle paſſa à
la Maiſon de Baviere l'An
1346. juſqu'à ce que Jacqueline
de Baviere vint à mourir,
laiſſant Philippes le Bon, Duc
de Bourgogne, fon Heritier
en 1437. Elle demeura dans
ſa Famille juſqu'en 1452.
310 III . P. du Voyage
qu'elle paſſa à la Maiſon
d'Autriche par la mort de
Marie de Bourgogne Femme
de l'Empereur maximilien, à
qui elle fut juſqu'en 1677 .
que tout imprenable qu'on
la croyoit , elle fut priſe d'affaut
par les Armes invincibles
de LOUIS LE GRAND.
Ce qui eſt de remarquable,
c'eſt qu'elle peut ſe vanter
d'avoir eu deux Palais
Royaux , l'un où eſt à prefent
la Citadelle , l'autre où
eſt l'Eglife des Cordeliers ;
Que Charlemagne y tint ſes
Eftats Generaux pour la pre
des Amb. de Siam. 311
miere fois , & y reçût la Couronne
d'Auſtraſie aprés la
mort de fon Frere Carloman.
On dit que le Roy Pepin y
fonda l'Égliſe de Nôtre-Dame.
La Maiſon de Ville merite
d'y eſtre veuë. Les Ambaſſadeurs
trouverent en approchant
de cette Place, la
Cavalerie de 'la Garnifon
qui les vint recevoir , & enfuite
M. de Magalotti qui
les attendoit à la Porte. Son
viſage ouvert leur plût extrémement
; & lorſqu'il les
eut quittez pour leur laiſſer
prendre la route du lieu
r
312 III . P. du Voyage
qu'on leur avoit preparé pour
leur Logement , ils dirent de
luy mille choſes obligeantes,
quoy qu'ils ne luy euſſent
parlé qu'un moment. Ils arriverent
à leur Logis , aprés
avoir eſté ſalüez du Canon,
& des Officiers des Troupes
qui formoient deux hayes
dans la Ville. MF de Magalotti
avoit pris foin de faire
meubler la maifon où ils allerent
, & il y ayoit fait porter
quantité de fort beaux Tableaux
, & beaucoup de Portraits.
Aprés qu'ils ſe furent
un peu repoſez , il leur prefenta
des Anb. de Siam. 313
r
ſenta Ms du Magiftrat , &
M. Château Conſeiller de
Ville qui portoit la parole,
parla en ces termes.
MESSEIGNEURS ,
>
C'est dans une joye qui ne peut
s'exprimer, que leMagistrat de cette
Ville vientse presenter à vos Excellences
, pour leur témoigner les
respects & les foûmiſſions deuës
aux Perſonnes qui representent l'un
des plus Grands & des plus Augustes
Monarques de l'Afie, & dont
l'amitié estsi chere au Roy. Nous
ne ferons point , Meſſeigneurs ,le
détail des Conquestes , des Triomphes
, & des Victoires éclatantes
que nôtre Grand Monarque a rem-
Dd
314 III. P. du Voyage
portées sur ses Ennemis , dont la
gloire est fi grande , que la Renommée
s'en est répandue par toute la
Terre. Nous nous contenterons de
dire qu'entre toutes les perfections
&les vertus Royales qui reluiſent
comme les rayons du Soleil en fa
Personne facrée ,ſa fidelité inviolable
enversfes Alliez en est une
des plus brillantes. Nous prenons
la liberté , Meſſeigneurs , de prefenter
à vos Excellences les Vins
d'honneur , & quelques pieces de
Toilettes pour échantillons desManufactures
de cette Ville. Nous aurions
bien de la joye si ce Commerce
pouvoit s'établir dans vos Provinces,
à l'exemple des autres Royaumes
de l'Afie , de l'Afrique , de
l'Amerique, &deplusieurs Regions
de l'Europe où cette Manufacture
des Amb. de Siam. 315
est dans la plus haute confideration
.
Cette Harangue finie, le
Magiftrat leur preſenta trois
pieces de Toile des plus fines
de la Fabrique de Valencienne.
Chaque Piece eſtoit enveloppée
dans un Brocard
argent & bleu , & noüée avec
des Rubans de la même
couleur. Ils eurent d'abord
quelque peine à les accepter,
& dirent , qu'ils n'estoient point
accoûtumez à prendre des Pre-
Sens ; mais que puisque c'estoit
des échantillons d'une Manufa-
Eture de la Ville , ils les rete-
Ddij
316 III. P. du Voyage
r
noient pour les faire voirau Roy
leurMaistre. M de Magalotti
leur demanda l'ordre ,
& ils dirent , Miracle de nos
jours. Ils firent entendre ,
qu'ils vouloient parler de la
maniere dont la Place avoit
eſté priſe , qu'ils regardoient
come un miracle de nôtre Siecle.
Les Dames ſeules eurent le
privilege de les voir ſouper.
Le lendemain la fiévre ayant
pris à Me Torf, ils en montrerent
une grande inquietude
,& l'allerent voir pluſieurs
fois . Il leur dit qu'il n'estoit
pas de leur dignité de viſiter un
des Amb de Siam. 317
particulier. Ils répondirent
qu'ils le regardoient comme un
autre eux- mefmes, & ils allerent
ce jour-là à la Citadelle, d'où
on leur montra le Paté par où
la Place avoit eſté priſe. Ils
virent faire l'Exercice aux Cadets
, & l'Ambaſſadeur les regarda
avec rant de plaifir
qu'il ſembloit qu'il enviaft
leur bonheur. Il dit qu'il voudroit
n'estre pas Ambaſſadeur , ou
du moins n'estre pas le Premier ,
afin de faire une Campagne ou
deux avec le Roy en cas qu'ily
eût Guerre , & il ajoûta qu'il
ſçauroit faire approuver fa
Dd iij
318 III. P. duVoyage
r
conduite au Roy ſon Maiſtre. Ils
allerent diner chez M de
Magalotti . Le Repas fut ſplendide
, & ils burent de tout ce
que l'Italie a de meilleures Liqueurs.
Ils s'attacherent à confiderer
des Tableaux de petit
point de la Manufacture de
Valenciennes , qui reprefentoient
des fleurs , & comme
ils les trouverent parfaitement
beaux , M'de Magalotti voulut
les leur donner , mais ils
ne les accepterent point. Au
fortir de ce grand Repas où
il y eut deux Tables , chacune
de 20. couverts , ils allerent
desAmb . de Siam. 319
voir les Fortifications , & firent
le tour de la Ville . M² de
Magalotti leur fit une defcription
de tout le Siege ; il leur
marqua tous les quartiers , &
particulierement celuy du
Roy. Ils examinerent de nouveau
& de plus pres l'endroit
par où l'on a pris la Place , &
firent des reflexions ſur l'intrepide
valeur des François.
Ils remercierent fort M de
Magalotti de toutes ſes peines
, & luy donnerent pour
mot l'âge rend t'homme parfait,
ſes cheveux blancs leur firent
croire qu'il eſtoit plus âgé
D'dinj
320 III. P. du Voyage
qu'il ne l'eſt. Les Dames leur
tinrent encore ce foir-làbonne
compagnie pendant leur fouper.
Le lendemain M deMagalotti,
l'Estat major, &leMagiftrat
leur allerent faire compliment
fur leurdépart. Alors
l'Ambaſſadeur leur dit d'un
air riant , qu'ils leurestoientfort
obligez de toutes leurs honnestetez,
qu'ils ne les oubliroient jamais
,&qu'ils ne manqueroient
pas de les marquer au Roy leur
Maistre. Les mefmes Ceremonies
qui avoient eſté obfervées
à leur entrée , ſe firent à
leur fortie . Ils trouverent dans
des Amb. de Siam , 321
leur Caroffe les deux Tableaux
que Me de Magalotti leur avoit
offerts , & qu'il avoit fait
mettre dans de tres- riches
bordures . Cette honneſteté les
furprit extrémement ; ils les
garderent craignant de les
defobliger , s'ils les
voyoient .La Cavalerie les reconduifit
fi loin , qu'ils furent
obligez de la prier de s'en retourner
.
aller coucher à Valencienne .
Il y a dans cette Ville - là &
dans ſes Fauxbourgs 4523 .
Maiſons , 21108. Perſonnes,
fans compter les Troupes du
Roy , 34. Eglifes , une Abbaye
, un Chapitre de Cha.
noines , 7. Paroiffes , 10.Con
desAnb. de Siam. 307
vens d'Hommes , & 11. de
Filles. La Ville eſt des plus
confiderables pour ſon antiquité.
Les Romains y établirent
diverſes Manufactures
; & ayant eſté ruinée pluſieurs
fois , l'Empereur Valentinien
la fit reparer , &
entourer de murailles vers
l'An 367. & luy donna fon
nom qu'elle retient encore
aujourd'huy. Elle demeura
fous la puiſſance Romaine
juſqu'à la venuë de Clodion,
qui la tranfmit aux Roys de
France ſes Succeſſeurs , &fut
ſous les deux premieres Races
Cc ij
308 III. P. du Voyage
de ſes Roys , comme Terre
diftinguée de limites , avec le
titre de Comté. Elle fut depuis
à des Princes qui la tenoient
en qualité de Seigneurs
, y faiſant battre de la
Monnoye à leur coin à titre
de Comtes de Valencienne.
Ce Comté comprenoit le
Païs d'Oſtrevant , de Burbant,
& l'eſpace qui eſt entre
Morchipont , Mortmal & la
Selle , qui relevoient en partie
de Lorraine & de France .
Le mariage de Matilde Comteſſe
de Valencienne , avec
Regnier IV. Fils d'Avide ,
des Amb. de Siam. 309
1
Fille de Huë- Capet Comte
de Hainaut , fit paffer cette
Ville à ſes Heritiers l'An 1030 .
à condition d'eſtre toûjours
diftinguée, & de n'eſtre point
confondue avec le Hainaut.
Par le mariage de Marguerite
d'Avefne Comteſſe de
Hainaut avec l'Empereur
Loüis de Baviere , elle paſſa à
la Maiſon de Baviere l'An
1346. juſqu'à ce que Jacqueline
de Baviere vint à mourir,
laiſſant Philippes le Bon, Duc
de Bourgogne, fon Heritier
en 1437. Elle demeura dans
ſa Famille juſqu'en 1452.
310 III . P. du Voyage
qu'elle paſſa à la Maiſon
d'Autriche par la mort de
Marie de Bourgogne Femme
de l'Empereur maximilien, à
qui elle fut juſqu'en 1677 .
que tout imprenable qu'on
la croyoit , elle fut priſe d'affaut
par les Armes invincibles
de LOUIS LE GRAND.
Ce qui eſt de remarquable,
c'eſt qu'elle peut ſe vanter
d'avoir eu deux Palais
Royaux , l'un où eſt à prefent
la Citadelle , l'autre où
eſt l'Eglife des Cordeliers ;
Que Charlemagne y tint ſes
Eftats Generaux pour la pre
des Amb. de Siam. 311
miere fois , & y reçût la Couronne
d'Auſtraſie aprés la
mort de fon Frere Carloman.
On dit que le Roy Pepin y
fonda l'Égliſe de Nôtre-Dame.
La Maiſon de Ville merite
d'y eſtre veuë. Les Ambaſſadeurs
trouverent en approchant
de cette Place, la
Cavalerie de 'la Garnifon
qui les vint recevoir , & enfuite
M. de Magalotti qui
les attendoit à la Porte. Son
viſage ouvert leur plût extrémement
; & lorſqu'il les
eut quittez pour leur laiſſer
prendre la route du lieu
r
312 III . P. du Voyage
qu'on leur avoit preparé pour
leur Logement , ils dirent de
luy mille choſes obligeantes,
quoy qu'ils ne luy euſſent
parlé qu'un moment. Ils arriverent
à leur Logis , aprés
avoir eſté ſalüez du Canon,
& des Officiers des Troupes
qui formoient deux hayes
dans la Ville. MF de Magalotti
avoit pris foin de faire
meubler la maifon où ils allerent
, & il y ayoit fait porter
quantité de fort beaux Tableaux
, & beaucoup de Portraits.
Aprés qu'ils ſe furent
un peu repoſez , il leur prefenta
des Anb. de Siam. 313
r
ſenta Ms du Magiftrat , &
M. Château Conſeiller de
Ville qui portoit la parole,
parla en ces termes.
MESSEIGNEURS ,
>
C'est dans une joye qui ne peut
s'exprimer, que leMagistrat de cette
Ville vientse presenter à vos Excellences
, pour leur témoigner les
respects & les foûmiſſions deuës
aux Perſonnes qui representent l'un
des plus Grands & des plus Augustes
Monarques de l'Afie, & dont
l'amitié estsi chere au Roy. Nous
ne ferons point , Meſſeigneurs ,le
détail des Conquestes , des Triomphes
, & des Victoires éclatantes
que nôtre Grand Monarque a rem-
Dd
314 III. P. du Voyage
portées sur ses Ennemis , dont la
gloire est fi grande , que la Renommée
s'en est répandue par toute la
Terre. Nous nous contenterons de
dire qu'entre toutes les perfections
&les vertus Royales qui reluiſent
comme les rayons du Soleil en fa
Personne facrée ,ſa fidelité inviolable
enversfes Alliez en est une
des plus brillantes. Nous prenons
la liberté , Meſſeigneurs , de prefenter
à vos Excellences les Vins
d'honneur , & quelques pieces de
Toilettes pour échantillons desManufactures
de cette Ville. Nous aurions
bien de la joye si ce Commerce
pouvoit s'établir dans vos Provinces,
à l'exemple des autres Royaumes
de l'Afie , de l'Afrique , de
l'Amerique, &deplusieurs Regions
de l'Europe où cette Manufacture
des Amb. de Siam. 315
est dans la plus haute confideration
.
Cette Harangue finie, le
Magiftrat leur preſenta trois
pieces de Toile des plus fines
de la Fabrique de Valencienne.
Chaque Piece eſtoit enveloppée
dans un Brocard
argent & bleu , & noüée avec
des Rubans de la même
couleur. Ils eurent d'abord
quelque peine à les accepter,
& dirent , qu'ils n'estoient point
accoûtumez à prendre des Pre-
Sens ; mais que puisque c'estoit
des échantillons d'une Manufa-
Eture de la Ville , ils les rete-
Ddij
316 III. P. du Voyage
r
noient pour les faire voirau Roy
leurMaistre. M de Magalotti
leur demanda l'ordre ,
& ils dirent , Miracle de nos
jours. Ils firent entendre ,
qu'ils vouloient parler de la
maniere dont la Place avoit
eſté priſe , qu'ils regardoient
come un miracle de nôtre Siecle.
Les Dames ſeules eurent le
privilege de les voir ſouper.
Le lendemain la fiévre ayant
pris à Me Torf, ils en montrerent
une grande inquietude
,& l'allerent voir pluſieurs
fois . Il leur dit qu'il n'estoit
pas de leur dignité de viſiter un
des Amb de Siam. 317
particulier. Ils répondirent
qu'ils le regardoient comme un
autre eux- mefmes, & ils allerent
ce jour-là à la Citadelle, d'où
on leur montra le Paté par où
la Place avoit eſté priſe. Ils
virent faire l'Exercice aux Cadets
, & l'Ambaſſadeur les regarda
avec rant de plaifir
qu'il ſembloit qu'il enviaft
leur bonheur. Il dit qu'il voudroit
n'estre pas Ambaſſadeur , ou
du moins n'estre pas le Premier ,
afin de faire une Campagne ou
deux avec le Roy en cas qu'ily
eût Guerre , & il ajoûta qu'il
ſçauroit faire approuver fa
Dd iij
318 III. P. duVoyage
r
conduite au Roy ſon Maiſtre. Ils
allerent diner chez M de
Magalotti . Le Repas fut ſplendide
, & ils burent de tout ce
que l'Italie a de meilleures Liqueurs.
Ils s'attacherent à confiderer
des Tableaux de petit
point de la Manufacture de
Valenciennes , qui reprefentoient
des fleurs , & comme
ils les trouverent parfaitement
beaux , M'de Magalotti voulut
les leur donner , mais ils
ne les accepterent point. Au
fortir de ce grand Repas où
il y eut deux Tables , chacune
de 20. couverts , ils allerent
desAmb . de Siam. 319
voir les Fortifications , & firent
le tour de la Ville . M² de
Magalotti leur fit une defcription
de tout le Siege ; il leur
marqua tous les quartiers , &
particulierement celuy du
Roy. Ils examinerent de nouveau
& de plus pres l'endroit
par où l'on a pris la Place , &
firent des reflexions ſur l'intrepide
valeur des François.
Ils remercierent fort M de
Magalotti de toutes ſes peines
, & luy donnerent pour
mot l'âge rend t'homme parfait,
ſes cheveux blancs leur firent
croire qu'il eſtoit plus âgé
D'dinj
320 III. P. du Voyage
qu'il ne l'eſt. Les Dames leur
tinrent encore ce foir-làbonne
compagnie pendant leur fouper.
Le lendemain M deMagalotti,
l'Estat major, &leMagiftrat
leur allerent faire compliment
fur leurdépart. Alors
l'Ambaſſadeur leur dit d'un
air riant , qu'ils leurestoientfort
obligez de toutes leurs honnestetez,
qu'ils ne les oubliroient jamais
,&qu'ils ne manqueroient
pas de les marquer au Roy leur
Maistre. Les mefmes Ceremonies
qui avoient eſté obfervées
à leur entrée , ſe firent à
leur fortie . Ils trouverent dans
des Amb. de Siam , 321
leur Caroffe les deux Tableaux
que Me de Magalotti leur avoit
offerts , & qu'il avoit fait
mettre dans de tres- riches
bordures . Cette honneſteté les
furprit extrémement ; ils les
garderent craignant de les
defobliger , s'ils les
voyoient .La Cavalerie les reconduifit
fi loin , qu'ils furent
obligez de la prier de s'en retourner
.
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Résumé : Valenciennes. [titre d'après la table]
Le texte décrit un voyage vers Valenciennes, une ville caractérisée par ses 4 523 maisons, 21 108 habitants, 34 églises, une abbaye, un chapitre de chanoines, 7 paroisses et 10 couvents. Valenciennes est renommée pour son antiquité et ses manufactures, établies par les Romains. En 367, l'empereur Valentinien la fit réparer et entourer de murailles. La ville passa sous la domination des rois de France avec Clodion et resta une terre distinguée sous les premières dynasties royales françaises. Par la suite, elle fut possession de divers princes et comtes, incluant les comtes de Hainaut et de Bavière, avant de devenir une possession des ducs de Bourgogne puis de la Maison d'Autriche. En 1677, Valenciennes fut prise par Louis XIV. La ville a également accueilli des figures historiques telles que Charlemagne et Pépin le Bref. Les ambassadeurs de Siam y furent reçus avec honneur, visitèrent la citadelle et les fortifications, et reçurent des présents de la ville. Ils exprimèrent leur admiration pour la prise de la ville par les Français et pour les fortifications. Lors de leur départ, ils furent escortés par la cavalerie et reçurent des tableaux en cadeau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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126
p. 324-331
Explication de tous les Chiffres de la Figure. [titre d'après la table]
Début :
Comme on a souhaitté d'avoir une Estampe du Thrône, [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs, Trône, Roi, Duc, Audience, France, Premier ambassadeur, Second ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Explication de tous les Chiffres de la Figure. [titre d'après la table]
Comme on a ſouhaitté d'avoir
une Eſtampe du Thrône ,
!
des Amb de Siam. 225
dans lequel Sa Majeſté a donné
Audience au bout de la
Galerie de Verſailles , & de
toute l'argenterie qui l'accompagnoit
, on en envoye une
gravée d'aprés le deſſein du
plus fameux Peintre que la
France ait aujourd'huy. Cette
Eſtampe fera connoître dans
les Climats les plus reculés ,
que ce qu'on y publie de la
magnificence du Roy eſt veritable
, & les Ambaſſadeurs
de Siam en pourront confirmer
la verité. Les Lettres
qu'on y voit gravées , marquent
les Places du Roy , des
326 III . P. du Voyage
Princes,de la Maiſon Royale,
& des grands Officiers de Sa
Majefté. Voicy l'ordre qu'on
a crû devoir obſerver pour les
faire connoître .
A Le Roy.
B Monseigneur le Dauphin.
C Monfieur.
D Menfieur le Duc de
Chartres.
E Monfieur le Duc
د
preſent Monfieur le Prince.
à
F Monfieur le Duc de
Bourbon.
G Monfieur le Duc du
Mayne.
H Monfieur le Comte de
des Amb . de Siam. 327
Thouloufe .
I Male Grand Maistre de
la Garderobe .
☑ Mrs les premiers Gentilshommes
de la Chambre.
Les Chifres marquent la
place des Ambaſſadeurs pendant
l'Audience , & de ceux
qui les accompagnoient.
1. Le premier Ambaſſadeur.
2. Le ſecond Ambaſſadeur.
3. Le troifiéme Ambaſſa
deur.
4. M le Maréchal de la
Feüillade. Il avoit rang à
329 III . P. du Voyage
1
cette Audience , parce que
les Maréchaux de France eftant
nommez chacun à leur
tour pour recevoir les Ambaſſadeurs
Extraordinaires ,
fuivant cét ordre M de la
Feüillade accompagnoit les
Ambaſſadeurs . Il eſtoit entre
le premier & le ſecond ; mais
quoy que ce fuſt ſa place , il
ne les coupoit pas tout- à-fait
devant le Roy.
5. M le Maréchal Duc
de Luxembourg. Il eſtoit directement
derriere le premier
Ambaſſadeur , en qualité de
Capitaine des Gardes du
des Amb. de Siam. 329
1
Corps en Quartier, qui avoit
reçû les Ambaſſadeurs à la
porte de la Salle des Gardes,
& qui les avoit conduits jafqu'au
pied du Trône du
Roy .
6. Me de Bonneüil , Introducteur
des Ambaſſadeurs.
7. M Torf, Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy , nommé pour aller recevoir
les Ambaſſadeurs lorf
qu'ils furent entrez en France,
& pour les accompagner jufqu'à
leur rembarquement .
8. M l'Abbé de Lionne.
Ec
330 III. P. duVoyage
Il n'avoit de rang en cette
Ceremonie , que parce qu'il
y ſervoit d'Interprete. Aprés
avoir interpreté tout haut
la Harangue de l'Ambaſſadeur
, il monta juſqu'auprés
du Roy , pour entendre la
réponſe de Sa Majefté.
9. M Giraut , dont la
place n'eſt pas tout-à- fait fixée
, & dont les foins l'obligent
à eſtre tantôt d'un côté,
& tantôt d'un autre.
10. Six Mandarins .
11. Ceux qui portoient les
marques de dignité des Ambaffadeurs.
desAmb. de Siam. 337
Il y avoit encore pluſieurs
Suivans , mais ils estoient
plus éloignez , & n'eftoient
pas dans cette enceinte.
On auroit donné les Por
traits des Ambaſſadeurs
mais le ſieur Hainzelman
les a fi bien gravez, qu'on a
crû qu'il eſtoit impoſſible de
les mieux faire .
une Eſtampe du Thrône ,
!
des Amb de Siam. 225
dans lequel Sa Majeſté a donné
Audience au bout de la
Galerie de Verſailles , & de
toute l'argenterie qui l'accompagnoit
, on en envoye une
gravée d'aprés le deſſein du
plus fameux Peintre que la
France ait aujourd'huy. Cette
Eſtampe fera connoître dans
les Climats les plus reculés ,
que ce qu'on y publie de la
magnificence du Roy eſt veritable
, & les Ambaſſadeurs
de Siam en pourront confirmer
la verité. Les Lettres
qu'on y voit gravées , marquent
les Places du Roy , des
326 III . P. du Voyage
Princes,de la Maiſon Royale,
& des grands Officiers de Sa
Majefté. Voicy l'ordre qu'on
a crû devoir obſerver pour les
faire connoître .
A Le Roy.
B Monseigneur le Dauphin.
C Monfieur.
D Menfieur le Duc de
Chartres.
E Monfieur le Duc
د
preſent Monfieur le Prince.
à
F Monfieur le Duc de
Bourbon.
G Monfieur le Duc du
Mayne.
H Monfieur le Comte de
des Amb . de Siam. 327
Thouloufe .
I Male Grand Maistre de
la Garderobe .
☑ Mrs les premiers Gentilshommes
de la Chambre.
Les Chifres marquent la
place des Ambaſſadeurs pendant
l'Audience , & de ceux
qui les accompagnoient.
1. Le premier Ambaſſadeur.
2. Le ſecond Ambaſſadeur.
3. Le troifiéme Ambaſſa
deur.
4. M le Maréchal de la
Feüillade. Il avoit rang à
329 III . P. du Voyage
1
cette Audience , parce que
les Maréchaux de France eftant
nommez chacun à leur
tour pour recevoir les Ambaſſadeurs
Extraordinaires ,
fuivant cét ordre M de la
Feüillade accompagnoit les
Ambaſſadeurs . Il eſtoit entre
le premier & le ſecond ; mais
quoy que ce fuſt ſa place , il
ne les coupoit pas tout- à-fait
devant le Roy.
5. M le Maréchal Duc
de Luxembourg. Il eſtoit directement
derriere le premier
Ambaſſadeur , en qualité de
Capitaine des Gardes du
des Amb. de Siam. 329
1
Corps en Quartier, qui avoit
reçû les Ambaſſadeurs à la
porte de la Salle des Gardes,
& qui les avoit conduits jafqu'au
pied du Trône du
Roy .
6. Me de Bonneüil , Introducteur
des Ambaſſadeurs.
7. M Torf, Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy , nommé pour aller recevoir
les Ambaſſadeurs lorf
qu'ils furent entrez en France,
& pour les accompagner jufqu'à
leur rembarquement .
8. M l'Abbé de Lionne.
Ec
330 III. P. duVoyage
Il n'avoit de rang en cette
Ceremonie , que parce qu'il
y ſervoit d'Interprete. Aprés
avoir interpreté tout haut
la Harangue de l'Ambaſſadeur
, il monta juſqu'auprés
du Roy , pour entendre la
réponſe de Sa Majefté.
9. M Giraut , dont la
place n'eſt pas tout-à- fait fixée
, & dont les foins l'obligent
à eſtre tantôt d'un côté,
& tantôt d'un autre.
10. Six Mandarins .
11. Ceux qui portoient les
marques de dignité des Ambaffadeurs.
desAmb. de Siam. 337
Il y avoit encore pluſieurs
Suivans , mais ils estoient
plus éloignez , & n'eftoient
pas dans cette enceinte.
On auroit donné les Por
traits des Ambaſſadeurs
mais le ſieur Hainzelman
les a fi bien gravez, qu'on a
crû qu'il eſtoit impoſſible de
les mieux faire .
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Résumé : Explication de tous les Chiffres de la Figure. [titre d'après la table]
Le texte décrit une estampe représentant le trône et l'audience accordée par le roi de France aux ambassadeurs de Siam dans la galerie de Versailles. Réalisée par un peintre célèbre, cette estampe vise à montrer la magnificence royale dans les régions éloignées. Elle inclut des lettres indiquant les places des membres de la famille royale, des princes, de la maison royale et des grands officiers. L'ordre des places est détaillé : le roi, le Dauphin, Monsieur (frère du roi), Monsieur le Duc de Chartres, Monsieur le Duc de Bourbon, Monsieur le Duc du Maine, Monsieur le Comte de Toulouse, Monsieur le Duc de Mayenne, le Grand Maistre de la Garderobe, et les premiers Gentilshommes de la Chambre. Les chiffres marquent les positions des ambassadeurs et de leur suite. Les ambassadeurs sont accompagnés par des personnalités telles que le Maréchal de la Feuillade, le Maréchal Duc de Luxembourg, l'Introducteur des Ambassadeurs, et l'interprète, l'Abbé de Lionne. L'estampe inclut également des mandarins et des porteurs de marques de dignité, bien que les portraits des ambassadeurs n'aient pas été ajoutés en raison de la qualité des gravures existantes.
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127
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
L'Ambassade de Siam en France estant finie, & les quatre Volumes [...]
Mots clefs :
Voyage, Siam, France, Volume, Description, Lecteur, Villes, Paris, Roi, Ambassadeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU LECTEUR.
L'Ambassade de Siam en France
estantfinie 3 & les quatre Volu
mes qui la coins osent , remplissant
' quatre secondes Partits de quatre
.Mercures , on a souhaite de voirácjr
en feu de paroles , & comme en un
seul.corps j tout ce que cette Ambas
sade contient , parce qu'on les prend
les uns pour les autres , quoy que lét
difference en soit grande. Ze pre
mier Volume a pour Titre ,
Voyage des Ambastàdeur s de Siam eu
France, contenanr la Reception qui. leur
a esté faite dans les Villes où ils onc pa£
fé , leur Entrée à Paris , les Ceremonies
ebservées dans l' Audience qu'ils ©nreuë
du Roy Sc de la Maison Royale, les
.ÇomgUmens q u ils ont faits , la Defisri .
AU LECTEUR.
ption des lieux oìi ils ont este ,& ce qu'ils
ont die de remarquable fur tout ce qu'ils
ont veu.
Le second Volume a pour Titre ,
Suite du Voyage des Ambassadeurs de Siam
en France , contenant ce qui s'est passé à l'Au
dience de Madame ia Dauphine , des Princesses
du Sang» & de MrsdeCroissy & dcSeignekyv
avec une Description exacte des Chasteaux,
Appartemtns j Jardins» , & Fontaines de Ver
sailles, S. Germain , Marly & Clagny ; de la
Machine de Marly , des Invalides, de l'Observatoire
, de S. Cyr , & de ce que ces Ambassa
deurs ont veu dans tous les autres lieux où ils
ont esté depuis la premiere Relation ; à quoy
l'en joint le Discours qu'ils ont fait au Róy .
Lt troijièmc Volume a pour Titre,
Troisième Partie du Voyage des Ambassa
deurs de S iam en France , contenant la fuite de
la De script ion de Versailles, celle des Chevaux
qui font dans les deux Ecuries du Roy , cc qui
s'est passe dans les Visites qui leur ont este renuè's
, les experiences de la pesanteur de l'air
faites devant eux , la Description de la Galerie
de Sceaux , & les Receptions avec toutes lés
Herangues qu'on leur a faites dans toutes les
Villes de Flandres.
Ze quatrième Volume a pour Titre,
Quatrième Sc derniere Partie du Voyage dis
AU LECTEUR.
Ambassadeurs de Siamen France , contenant là
fuite de kur Voyage de Flandres depuis Valenciennes
jusqu'à Paris , la Description des Villes
où ils ont passe , & les Harangues de tous les
Corps , ce qu'ils out veu à Paris depuis leur rc.
tour , avec une Description de tous les lieux où
ils ont esté> & de la Feste donnee par Monsiuur
à S. Cloud , leurs Voyages à Ver(âilles—> leur
Audience de conge , & les dix-sept Audiences'
qu'ils eurent lemesme jour > avec tous les Com.
Íiliniens qu'ils ont faits , la liste des Presens qui
euroiit cité donnez, ce qui s'est passe à leur
départi & les noms des Personnes distinguees
qui vont à Siam.
La moitié du Met cure de Jsuillce
de l'annèe derniere , & la seconde
Partie du mejme Mercure• , contien
nent une Relation du Voyage que
M. le Chevalier de Chaumont a
fait à Siam S en qualité d'Ambas
sadeur de Sa Majesté. On. y trouve
beaucoup de choses dont il n'a poiut
parlé dam celle qu'il a donnée au,
Public j & elle ne doit pas eftre cotlfonduë
avec les quatre Volumes du
Voyage des Ambassadeurs de Siam
eu prance.
L'Ambassade de Siam en France
estantfinie 3 & les quatre Volu
mes qui la coins osent , remplissant
' quatre secondes Partits de quatre
.Mercures , on a souhaite de voirácjr
en feu de paroles , & comme en un
seul.corps j tout ce que cette Ambas
sade contient , parce qu'on les prend
les uns pour les autres , quoy que lét
difference en soit grande. Ze pre
mier Volume a pour Titre ,
Voyage des Ambastàdeur s de Siam eu
France, contenanr la Reception qui. leur
a esté faite dans les Villes où ils onc pa£
fé , leur Entrée à Paris , les Ceremonies
ebservées dans l' Audience qu'ils ©nreuë
du Roy Sc de la Maison Royale, les
.ÇomgUmens q u ils ont faits , la Defisri .
AU LECTEUR.
ption des lieux oìi ils ont este ,& ce qu'ils
ont die de remarquable fur tout ce qu'ils
ont veu.
Le second Volume a pour Titre ,
Suite du Voyage des Ambassadeurs de Siam
en France , contenant ce qui s'est passé à l'Au
dience de Madame ia Dauphine , des Princesses
du Sang» & de MrsdeCroissy & dcSeignekyv
avec une Description exacte des Chasteaux,
Appartemtns j Jardins» , & Fontaines de Ver
sailles, S. Germain , Marly & Clagny ; de la
Machine de Marly , des Invalides, de l'Observatoire
, de S. Cyr , & de ce que ces Ambassa
deurs ont veu dans tous les autres lieux où ils
ont esté depuis la premiere Relation ; à quoy
l'en joint le Discours qu'ils ont fait au Róy .
Lt troijièmc Volume a pour Titre,
Troisième Partie du Voyage des Ambassa
deurs de S iam en France , contenant la fuite de
la De script ion de Versailles, celle des Chevaux
qui font dans les deux Ecuries du Roy , cc qui
s'est passe dans les Visites qui leur ont este renuè's
, les experiences de la pesanteur de l'air
faites devant eux , la Description de la Galerie
de Sceaux , & les Receptions avec toutes lés
Herangues qu'on leur a faites dans toutes les
Villes de Flandres.
Ze quatrième Volume a pour Titre,
Quatrième Sc derniere Partie du Voyage dis
AU LECTEUR.
Ambassadeurs de Siamen France , contenant là
fuite de kur Voyage de Flandres depuis Valenciennes
jusqu'à Paris , la Description des Villes
où ils ont passe , & les Harangues de tous les
Corps , ce qu'ils out veu à Paris depuis leur rc.
tour , avec une Description de tous les lieux où
ils ont esté> & de la Feste donnee par Monsiuur
à S. Cloud , leurs Voyages à Ver(âilles—> leur
Audience de conge , & les dix-sept Audiences'
qu'ils eurent lemesme jour > avec tous les Com.
Íiliniens qu'ils ont faits , la liste des Presens qui
euroiit cité donnez, ce qui s'est passe à leur
départi & les noms des Personnes distinguees
qui vont à Siam.
La moitié du Met cure de Jsuillce
de l'annèe derniere , & la seconde
Partie du mejme Mercure• , contien
nent une Relation du Voyage que
M. le Chevalier de Chaumont a
fait à Siam S en qualité d'Ambas
sadeur de Sa Majesté. On. y trouve
beaucoup de choses dont il n'a poiut
parlé dam celle qu'il a donnée au,
Public j & elle ne doit pas eftre cotlfonduë
avec les quatre Volumes du
Voyage des Ambassadeurs de Siam
eu prance.
Fermer
128
p. 8-98
Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
C'est le dessein d'une These pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Louis le Grand, Roi, Louis XIV, Thèse, Monarques, Monarque, Ouvrage, Actions, Paix, 1684, 1685, Médaille, Mots, Ordre, France, Royaume, 1677, Villes, Parler, Histoire, Marquer, Détail, Événements, Paroles, Armes, Clémence, Couronne, Thèses, Conduite, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
C'est le des.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
Fermer
129
s. p.
A MONSIEUR LE COMTE DE S. AIGNAN.
Début :
MONSIEUR, Je croy que personne ne s'étonnera de voir [...]
Mots clefs :
Âge, Roi, Temps, Sang, Naissance, Jeune, Actions, Apprendre, Vertu, Duc de Beauvillier, Saint-Aignan
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texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR LE COMTE DE S. AIGNAN.
A MONSIEUR
LE COMTE
DES.AIGNAN.
M
ONSIEUR
Je croy que perſonne ne
s'étonnera de voir voſtre
a ij
EPISTRE.
Nom à la teſte de cet Ouvrage.
Le Nom de S. Aignan
est trop fameux dans
l'Empire des Lettres , pour
ne ne se pas attirer l'hommage
de tous ceux qui en
font profeſſion. Vous fortés
d'un fangfameux par luymesme
, comme il l'est par
les plus grandes Alliances;
Vous comptés des Souverains
dans vostre Maiſon ,
& le Portugal , & la Savoye
font de grands témoins
de cette éclatante
EPISTRE.
verité. Quoy que vous
Soyez encore fort jeune ,
j'ay beaucoup à vous dire,
les perſonnes de vostre qualite
ont presques toûjours
l'esprit au- deſſus de leur
âge , parce que l'on trouve
moyen de leur apprendre
dés le berceau des choses
qui demanderoient un âge
plus avancê. Auffi Monfieur
l'on ne peut douter que
vos lumieres ne devancent
bien- toft vos années , &je
croy qu'il m'est permis de
EPISTRE.
vous dire que ſi en entrant
dans le monde , vous voulez
vous proposer degrands
exemples à fuiure , vous
devez d'abord jetter les
yeuxfurvostreAyeul LHiſtoire
vous apprendra qu'il
estoit Mestre de Camp
General de toute la Cavalerie
Legere de France , &
t'un des premiers aiſſallans
du fameux Carrousel , qui
futfait à la Place Royale
en réjouiſſance du mariage
de Louis XIII. Apres a-ه
EPISTRE.
(
voir examiné toutes ses actions
qui vous le feront
paroître aussi brave que
galant , fuivez la route
glorieuse que vous trouveres
tracée par vostre fang,
& regardez celuy dont
vous tenés la naiſſance
vous verrez qu'il a merité
parluy-mefme , autant que
parce qu'il doit àses illuftres
Ayeux , le haut rang
où il est élevé , & l'estime
d'un Monarque qui ne la
prodigue pas , & qu'il y
EPISTRE.
eft parvenu par tous les
degrés qui conduifent dans
le chemin de la gloire. Il
s'est signalé aux Combats
de Steimbrug , & de Vaudrevanges
, & à la retraite
de Mayence , où il fit des
chofes dignes d'immortaliferfon
nom. Il s'est trouvé
aux Sieges de Château
Porcien , de fainte Merehou
, & de Montmedy ; il
a triomphé devant Bourges
, pris le Fort de Baugy,
& confervé le Berry au
EPISTRE
Roy. Toutes ces actionsle
firent nommer Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majesté, & peu de
temps apres LieutenantGeneral
; &la mesme année
au fortir de dix Campagnes
, qu'il venoit d'achever
glorieusement , il amena
quatre cent Gentilshommes
au Roy , tous refolus
à repandre leur fang pour
ce Prince , à l'exemple de
leur Conducteur , qui dans
les temps difficiles leur as
EPISTRE
voit inspiré ce sentiment.
Il avoit alors la mesme a-
Etivité en courant aux dangers
pour lefervice de fon
Roy , qu'il en a fait paroître
pour ſes plaiſirs dansſes
Feftes galantes , & dans
fes Carrousels , &la même
ardeur pour les belles
Lettres qu'il a toûjours protegees
. La place qu'il tient
dans l'Academie Françoife,
& dans cellede Padouë ,
en est une marque auffibien
que le nom de ProteEPISTRE.
Eteur qu'il soutient avec
tant degloiredans l'Acade
mie Royale d'Arles. Je ne
dis rien icy deſon inviolable
fidelité pour le Roy. Elle a
paru dans toute la pureté
que l'on en pouvoit attendre
, puiſque rien n'a esté
capable de l'ébranler un
moment , dans un temps
qu'on nesçauroit croire aujourd'huy
qu'il ait eſté.
Lorsque vous aurez examiné
la glorieuse vie de
celuy dont vous devez imiEPISTRE.
fer toutes les actions , jettez
les yeux fur les modeſtes
vertusde celle dont vous
tenés une partie du fang
qui vous a formé. Vous
la verrez briller par ces
feuls endroits,fuirla pompe
de la Courfans la mépriſer,
nes'attacherqu'aux
Autels,& ne regarder que
L'illustre Epoux que le Ciel
luy a donné. Comme les
exemplesqui nous doivent
toucher , ont beaucoup de
force pour porter à la vertu
EPISTRE.
tu , fi vous voulez, Mon
fieur, devenir parfaitement
honneste homme , & vous
acquerir une estime generale
, regardés , examinés.
& imités Monsieur le
Duc de Beauviliers . On
vous dira que dans un
âge fait pour les plaisirs ,
environné de toute la jeune
Noblesse de la Cour
dont l'exemple pouvoit eſtre
dangereux , il s'est toujours
distingué par sa moderation
, parsa vertu ,&par
:
1
EPISTRE
une ſageſſe qui luy a fait
meriter des Emplois , qui
avoient juſques icy paru
au- deſſus des personnes de
fon âge. Je ne doute point,
Monsieur , qu'avec de pareilsfecours,
vous nefaffiez
compter vosvertus bien plûtoft
que vos années. Ce
qu'on voit faire de glorieux
au sang dont on a l'avantage
defortir,frape beaucoup,&
perfuade plus que
Les vertus étrangeres. Vous
avez d'ailleurs le bonheur
L
EPISTRE .
d'estre né dans un temps
où les vertus du Roy l'ont
élevé dans un fi haut degre
de gloire , qu'à peine la
peut- on concevoir , & comme
vostre naiſſance vous
doit acquerir le Privilege
d'eſtre ſouvent témoin des
actions qui luyferoient chaque
jour meriter le furnom
de Grand , fi toute la terre
ne le luy avoit pas déja
donné , la justice qu'il rend
vous apprendra à tous
و
que vostre qualité ne vous
é ij
EPISTRE
doit pas empecher de la
rendre à tous ceux à qui
vous la devrez , fa prudence
vous fera connoître
que rien n'est plus neceffaire
aux hommes que cette
vertu dans quelque élevation
qu'ils foient , la ma
niere dont il garde ſon fe
2 cret , & celuy des autres
vous fera voir de quelle utilité
le fecret est dans la
vie , lors qu'on le garde
pourses propres affaires, &
que celuy d'autruy n'est
EPISTRE
point à nous , puisqu'un fi
grandRoy nerevellejamais
les fecrets qu'il a souhaité
desçavoir. La clemence de
ce Monarque vous apprendra
à pardonner , fa douceur
à estre humain , & à
n'avoir jamais d'emportement
, fa bonté à excufer
les defauts d'autruy ,fa-vigilance
à ne vous point
laiſſer ſurprendre , fa libe
ralité à n'eſtre point avare
, & à faire du bien,fa
fermeté à ne vous étonner
é ij
EPISTRE.
de rien quand la justice
fera pour vous , &sa pietéàvivre
en honneste homme
, & en vray Chrétien .
Pendant que vous verrez
pratiquer ces vertus, au
Roy , voſtre âge ,& vostre
naiſſance vous permettent
on meſme temps de voir de
pres de quelle maniere une
grande Princeffe , dont l'ef
prit est aussi élevé que sa
naiſſance &fon rang , t
dont le goût est d'une juf
teffe admirable,lesfait inEPISTRE
!
Sinuer à Monseigneur te
Duc de Bourgogne. Il est
vray que ce jeune Prince
n'est pas encore non plus
que vous en âge de lespratiquer,
mais il en retient du
moins quelques - unes , qui
avec le temps ferant encore
plus d'impreffion fur fon
ofprit. Cependant voyez le
tout remply de la boüillante
, & genereuse ardeur
qu'il tient de fon fang ,ne
respirer que le bruit de la
Guerre,faire faire l'ExerEPISTRE
cice , & nommer les Offi
ciers aux Gardes par leur
nom , ce qui fait voir que
la plus grande partie luy
en est déja connuë . Profités
, Monsieur , de tant de
choſes avantageuses. Vous
avez deja donné desmarques
que vous ne manquerez
pas du coſté du coeurs
à peinesçaviez - vous prononcer
quelques paroles,
qu'ayant vu saigner Madame
la Ducheffe vostre
mere , vous vous fentites
EPISTRE. 4
ausfi- toſt émů de colere à
la veuë de fon sang , &
cherchâtes vostre epée pour
punir celuy qui l'avoit fait
couler. Ainsi, Monsieur
je n'ay rien à dire du cofté
de la valeur ; & l'on
connoît affez par ces genereux
commencemens , que
vous ne laiſſerés pas v ſtre
épée inutile ; du reste attachés
vous ſouvent à regarder
les exemples que
vous fourniſſent vos Maiftres,&
vostre fang;faites
EPISTRE.
2
en ſouvent une étude particuliere
, &foyez perfuadé
qu'en les ſuivant , vous
remplirés dignement , &
avec éclat la carriere où
vous entrerés bien- toft. Ce
fera alors que vous me
fournirés de grands fujets
de parler de vous , & de
vous marquer ſouvent que
jefuis ,
MONSIEVR,
Vottretres-humble & tres -obeïſſant
Serviteur , DEVIZE .
LE COMTE
DES.AIGNAN.
M
ONSIEUR
Je croy que perſonne ne
s'étonnera de voir voſtre
a ij
EPISTRE.
Nom à la teſte de cet Ouvrage.
Le Nom de S. Aignan
est trop fameux dans
l'Empire des Lettres , pour
ne ne se pas attirer l'hommage
de tous ceux qui en
font profeſſion. Vous fortés
d'un fangfameux par luymesme
, comme il l'est par
les plus grandes Alliances;
Vous comptés des Souverains
dans vostre Maiſon ,
& le Portugal , & la Savoye
font de grands témoins
de cette éclatante
EPISTRE.
verité. Quoy que vous
Soyez encore fort jeune ,
j'ay beaucoup à vous dire,
les perſonnes de vostre qualite
ont presques toûjours
l'esprit au- deſſus de leur
âge , parce que l'on trouve
moyen de leur apprendre
dés le berceau des choses
qui demanderoient un âge
plus avancê. Auffi Monfieur
l'on ne peut douter que
vos lumieres ne devancent
bien- toft vos années , &je
croy qu'il m'est permis de
EPISTRE.
vous dire que ſi en entrant
dans le monde , vous voulez
vous proposer degrands
exemples à fuiure , vous
devez d'abord jetter les
yeuxfurvostreAyeul LHiſtoire
vous apprendra qu'il
estoit Mestre de Camp
General de toute la Cavalerie
Legere de France , &
t'un des premiers aiſſallans
du fameux Carrousel , qui
futfait à la Place Royale
en réjouiſſance du mariage
de Louis XIII. Apres a-ه
EPISTRE.
(
voir examiné toutes ses actions
qui vous le feront
paroître aussi brave que
galant , fuivez la route
glorieuse que vous trouveres
tracée par vostre fang,
& regardez celuy dont
vous tenés la naiſſance
vous verrez qu'il a merité
parluy-mefme , autant que
parce qu'il doit àses illuftres
Ayeux , le haut rang
où il est élevé , & l'estime
d'un Monarque qui ne la
prodigue pas , & qu'il y
EPISTRE.
eft parvenu par tous les
degrés qui conduifent dans
le chemin de la gloire. Il
s'est signalé aux Combats
de Steimbrug , & de Vaudrevanges
, & à la retraite
de Mayence , où il fit des
chofes dignes d'immortaliferfon
nom. Il s'est trouvé
aux Sieges de Château
Porcien , de fainte Merehou
, & de Montmedy ; il
a triomphé devant Bourges
, pris le Fort de Baugy,
& confervé le Berry au
EPISTRE
Roy. Toutes ces actionsle
firent nommer Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majesté, & peu de
temps apres LieutenantGeneral
; &la mesme année
au fortir de dix Campagnes
, qu'il venoit d'achever
glorieusement , il amena
quatre cent Gentilshommes
au Roy , tous refolus
à repandre leur fang pour
ce Prince , à l'exemple de
leur Conducteur , qui dans
les temps difficiles leur as
EPISTRE
voit inspiré ce sentiment.
Il avoit alors la mesme a-
Etivité en courant aux dangers
pour lefervice de fon
Roy , qu'il en a fait paroître
pour ſes plaiſirs dansſes
Feftes galantes , & dans
fes Carrousels , &la même
ardeur pour les belles
Lettres qu'il a toûjours protegees
. La place qu'il tient
dans l'Academie Françoife,
& dans cellede Padouë ,
en est une marque auffibien
que le nom de ProteEPISTRE.
Eteur qu'il soutient avec
tant degloiredans l'Acade
mie Royale d'Arles. Je ne
dis rien icy deſon inviolable
fidelité pour le Roy. Elle a
paru dans toute la pureté
que l'on en pouvoit attendre
, puiſque rien n'a esté
capable de l'ébranler un
moment , dans un temps
qu'on nesçauroit croire aujourd'huy
qu'il ait eſté.
Lorsque vous aurez examiné
la glorieuse vie de
celuy dont vous devez imiEPISTRE.
fer toutes les actions , jettez
les yeux fur les modeſtes
vertusde celle dont vous
tenés une partie du fang
qui vous a formé. Vous
la verrez briller par ces
feuls endroits,fuirla pompe
de la Courfans la mépriſer,
nes'attacherqu'aux
Autels,& ne regarder que
L'illustre Epoux que le Ciel
luy a donné. Comme les
exemplesqui nous doivent
toucher , ont beaucoup de
force pour porter à la vertu
EPISTRE.
tu , fi vous voulez, Mon
fieur, devenir parfaitement
honneste homme , & vous
acquerir une estime generale
, regardés , examinés.
& imités Monsieur le
Duc de Beauviliers . On
vous dira que dans un
âge fait pour les plaisirs ,
environné de toute la jeune
Noblesse de la Cour
dont l'exemple pouvoit eſtre
dangereux , il s'est toujours
distingué par sa moderation
, parsa vertu ,&par
:
1
EPISTRE
une ſageſſe qui luy a fait
meriter des Emplois , qui
avoient juſques icy paru
au- deſſus des personnes de
fon âge. Je ne doute point,
Monsieur , qu'avec de pareilsfecours,
vous nefaffiez
compter vosvertus bien plûtoft
que vos années. Ce
qu'on voit faire de glorieux
au sang dont on a l'avantage
defortir,frape beaucoup,&
perfuade plus que
Les vertus étrangeres. Vous
avez d'ailleurs le bonheur
L
EPISTRE .
d'estre né dans un temps
où les vertus du Roy l'ont
élevé dans un fi haut degre
de gloire , qu'à peine la
peut- on concevoir , & comme
vostre naiſſance vous
doit acquerir le Privilege
d'eſtre ſouvent témoin des
actions qui luyferoient chaque
jour meriter le furnom
de Grand , fi toute la terre
ne le luy avoit pas déja
donné , la justice qu'il rend
vous apprendra à tous
و
que vostre qualité ne vous
é ij
EPISTRE
doit pas empecher de la
rendre à tous ceux à qui
vous la devrez , fa prudence
vous fera connoître
que rien n'est plus neceffaire
aux hommes que cette
vertu dans quelque élevation
qu'ils foient , la ma
niere dont il garde ſon fe
2 cret , & celuy des autres
vous fera voir de quelle utilité
le fecret est dans la
vie , lors qu'on le garde
pourses propres affaires, &
que celuy d'autruy n'est
EPISTRE
point à nous , puisqu'un fi
grandRoy nerevellejamais
les fecrets qu'il a souhaité
desçavoir. La clemence de
ce Monarque vous apprendra
à pardonner , fa douceur
à estre humain , & à
n'avoir jamais d'emportement
, fa bonté à excufer
les defauts d'autruy ,fa-vigilance
à ne vous point
laiſſer ſurprendre , fa libe
ralité à n'eſtre point avare
, & à faire du bien,fa
fermeté à ne vous étonner
é ij
EPISTRE.
de rien quand la justice
fera pour vous , &sa pietéàvivre
en honneste homme
, & en vray Chrétien .
Pendant que vous verrez
pratiquer ces vertus, au
Roy , voſtre âge ,& vostre
naiſſance vous permettent
on meſme temps de voir de
pres de quelle maniere une
grande Princeffe , dont l'ef
prit est aussi élevé que sa
naiſſance &fon rang , t
dont le goût est d'une juf
teffe admirable,lesfait inEPISTRE
!
Sinuer à Monseigneur te
Duc de Bourgogne. Il est
vray que ce jeune Prince
n'est pas encore non plus
que vous en âge de lespratiquer,
mais il en retient du
moins quelques - unes , qui
avec le temps ferant encore
plus d'impreffion fur fon
ofprit. Cependant voyez le
tout remply de la boüillante
, & genereuse ardeur
qu'il tient de fon fang ,ne
respirer que le bruit de la
Guerre,faire faire l'ExerEPISTRE
cice , & nommer les Offi
ciers aux Gardes par leur
nom , ce qui fait voir que
la plus grande partie luy
en est déja connuë . Profités
, Monsieur , de tant de
choſes avantageuses. Vous
avez deja donné desmarques
que vous ne manquerez
pas du coſté du coeurs
à peinesçaviez - vous prononcer
quelques paroles,
qu'ayant vu saigner Madame
la Ducheffe vostre
mere , vous vous fentites
EPISTRE. 4
ausfi- toſt émů de colere à
la veuë de fon sang , &
cherchâtes vostre epée pour
punir celuy qui l'avoit fait
couler. Ainsi, Monsieur
je n'ay rien à dire du cofté
de la valeur ; & l'on
connoît affez par ces genereux
commencemens , que
vous ne laiſſerés pas v ſtre
épée inutile ; du reste attachés
vous ſouvent à regarder
les exemples que
vous fourniſſent vos Maiftres,&
vostre fang;faites
EPISTRE.
2
en ſouvent une étude particuliere
, &foyez perfuadé
qu'en les ſuivant , vous
remplirés dignement , &
avec éclat la carriere où
vous entrerés bien- toft. Ce
fera alors que vous me
fournirés de grands fujets
de parler de vous , & de
vous marquer ſouvent que
jefuis ,
MONSIEVR,
Vottretres-humble & tres -obeïſſant
Serviteur , DEVIZE .
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Résumé : A MONSIEUR LE COMTE DE S. AIGNAN.
L'épître est adressée à Monsieur le Comte des Aignan et exprime l'admiration de l'auteur pour la renommée littéraire et les alliances prestigieuses de la famille du Comte. L'auteur reconnaît la jeunesse du Comte tout en soulignant son esprit mature et ses lumières précoces. Il encourage le Comte à suivre l'exemple de son aïeul, qui fut Maître de Camp Général de la Cavalerie Légère de France et participa au célèbre Carrousel de la Place Royale pour le mariage de Louis XIII. L'aïeul se distingua par sa bravoure et sa galanterie lors des combats de Steimbrug, de Vaudrevanges, et de la retraite de Mayence, ainsi que lors des sièges de Château Porcien, Sainte Mèrehou, et Montmedy. Après dix campagnes glorieuses, il fut nommé Maréchal des Camps et Armées du Roi et Lieutenant Général. L'aïeul était également connu pour sa fidélité inviolable envers le Roi et son engagement dans les lettres, ayant des places à l'Académie Française et à celle de Padoue. L'épître invite le Comte à imiter les vertus de ses ancêtres et à suivre les exemples de modération, de vertu, et de sagesse du Duc de Beauvilliers. Elle met en avant les vertus du Roi, telles que la justice, la prudence, la clémence, la douceur, la bonté, la vigilance, la libéralité, la fermeté, et la piété, que le Comte peut observer et imiter. Enfin, l'auteur encourage le Comte à profiter de son environnement et de son éducation pour devenir un homme vertueux et honorable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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130
p. 1-13
Les Ambassadeurs vont à l'Abbaye de Dénin. Description de cette Abbaye, & ce qui s'y passe. [titre d'après la table]
Début :
J'AY finy la troisiéme Partie du Voyage des Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Abbaye de Denain, Chanoinesses, Roi, Dames, Abbesse, Habits, Chapitre, Toile, Corps, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs vont à l'Abbaye de Dénin. Description de cette Abbaye, & ce qui s'y passe. [titre d'après la table]
de Valenciennes.
Comme M² de Ma
A
2 IV. P. du Voyage
galotti , Gouverneur de cette
Place , leur avoit parlé des
Chanoineſſes de Denin , qui
ſont ſur le chemin de Doüay
où ils alloient , ils s'arreſterent
à cette Abbaye pour les
voir. Le Chapitre de Denin
a eſté fondé par Saint Aldebert
Comte d'Oftre-van , &
Sainte Reine ſa Femme , qui
eſtoit Niepce du Roy Pepin.
Ils eurent dix filles qui toutes
ont eſté canoniſées. L'ainée
nommée Renfroye a eſté la
premiere Abbeffe , & eft Patronne
de Denin. Ils donnerent
tous leurs biens à leurs
des Amb. de Siam. 3
filles , qui furent les premieres
Chanoineſſes , mais dans la
ſuitte du temps , on a perdu
une partie du bien , & la Souveraineté
du Comté d'Oftrevan
qui eſt au Roy , comme
Cotede Hainaut. Les Chanoineſſes
confervent ſeulement le
titre de Comteſſes d'Oſtrevan.
LeChapitre eſt compoféde 18.
Dames Chanoineſſes. Il n'y a
preſentement que 14. places
remplies par Meſd. de Tenre
monde , de Marq, de la Pierre,
de la Hamet , de Merigny , de
Bouvigny,de Nedonchel,de la
Sies , de Mache ,de Naudion,
Aij
4 IV P. du Voyage
de Lans , de Vaudregrac , de
Pergues -Vignacourt , & du
Bellay. Il n'y a que cette derniere
qui ſoit Françoiſe. Les
autres font des meilleures
Maiſons des Païs-bas & de
Picardie , & elles font toutes
preuve de Nobleſſe de 8. quartiers
, avec beaucoup plus d'exactitude
que les Chevaliers
de Malthe . Les quatre autres
places font vacantes. Le Service
ſe fait avec une entiere
regularité , & l'on y dit l'Office
Romain. Les habits des
Chanoineſſes font blancs, une
jupe blanche , avec une bordes
Amb. de Siam. 5
dure de petit gris en bas , un
furplis de toile fine , dont les
manehes &le corps font faits
comme des corps de robe ,
bordé de velours noir , & un
grandmanteau doublé d'Hermine
toute blanche ; celuy de
l'Abbeſſe eſt moucheté . Elles
ont deux voiles de gaze blanche,
mais eftroits& plus courts
que
que ceux des Religieuſes des
Convents , & un petit couvrechef.
Tous les voiles font
d'une toile claire & empefée,
qui fait comme une maniere
de couronne. Les jours de Feftes
folemnelles , elles portent
A iij
6 IV. P. du Voyage
de grandes manches auffi longues
& larges que celles de
P'habit de S.Benoiſt. Chacune
eft coëffée ſous ſon voile comme
il luy plaiſt , mais fans rubans
; elles ont de petits mouchoirs
de toile de ſoye. Il n'y
a point preſentement d'Abbeffe,
& le Roy par des confiderations
particulieres , a
conſenty que les Dames ne
procedaſſent à aucune élection.
Le revenu qui appartient
à l'Abbeffe , doit eftre
employé à payer les dettes qui
ont eſté faites pendant les
Guerres. Quand l'Abbeſſe eſt
des Amb. de Siam. 7
morte , & qu'il en faut élire
une nouvelle , c'eſt toûjours
une des Dames de la maiſon .
L'Intendant & le Gouverneur
de la Province ſe doivent
trouver à l'élection . Chaque
Chanoineſſe a trois voix qu'elle
donne à qui elle veut. On
en élit trois , & le Roy choifit
celle qu'il luy plaift. Elle
ne fait aucun voeu non ,plus
que les autres Chanoineſſes.
Lors qu'elles viennent à ſemarier
, elles ne font que remerqu'on
leur a fait. Les mariacier
le Chapitre de l'honneur
ges ne ſe font jamais dans la
Aiiij
8 IV. P. du Voyage
Maiſon. Quand ces Dames
font leurs preuves , on fait jurer
dans l'Egliſe un Gentilhomme
que les quartiers de
la nouvelle Chanoineſſe ſont
nobles , & qu'il les connoiſt ,
aprés quoy elle ſe met à genoux
,& demande pour l'amour
de Dieu , de la Vierge ,
& de Sainte Remfroye , le
pain de la Maiſon qu'on luy
accorde , & on luy met deux
grands pains entre les mains
qu'elle fait diftribuer
Pauvres . Les Dames font
quatre années d'école aprés
leur reception. C'eſt ce qu'on
aux
A
des Amb. de Siam. 9
appelle faire Rigoureuse dans
lesChapitres d'Hommes.Pendant
ces quatre ans , elles ne
peuvent ny manquer au
Choeur , ny fortir la Maiſon.
Aprés cela elles ont deux mois
tous les ans à s'aller promener.
Les jeunes Chanoineſſes demeurent
chez les Anciennes ,
que l'on appelle Aînées , &
leur payent penſion. Il y en a
quatre qui prennent connoifſance
des affaires , & auſquelles
l'on s'adreſſe quand il n'y
a pas d'Abbeffe . Čes Chanoineffes
qui ſortoient de l'Office,
receurent en Corps les
10 IV. P. du Voyage
Ambaſſadeurs à la porte de
leur Convent ; la nouveauté
de leurs habits les ſurprit d'abord.
On les conduifit dans la
maiſon de la plus ancienne ,
où ils confidererent fort ces
habits qui ont quelque chofe
de tres-agreable & de tres
majestueux. Ils dirent qu'ils
n'en avoient point encore veu de
plus beaux , & que les habits
blancs convenoient mieux aux
Dames que ceux de toute autre
couleur , enfin ce blanc leur
plût tout-à-fait , parce que
leur Talapoins font veſtus de
blanc. On leur expliqua tou
des Amb. de Siam. 11
tes les regles de ce Convent
qu'ils trouverent fort commodes.
Ils dirent que ces Chanoineſſes
avoient des avantages
bien plus confiderables que les autres
Religieuses , & que si elles
estoient en leur Pais , elles feroient
mariées ſi-toſt qu'elles auroient
l'âge ou le mariage ſe permet.
Ces Chanoineſſes voulurent
les regaler , mais ils ne
prirent que du Thé, parce que
l'heure de leur dîner approchoit.
Ils s'arrêterent pour cet
effetà unVillage nomé Creon,
où le Maiſtre d'Hoſtel qui a
foin de leur Table , les ſervir
12 IV. P du Voyage
à l'ordinaire, c'eſt à dire qu'ils
y trouverent un repas auffi
ſomptueux que dans les meilleures
Villes. On prit enſuite
le chemin de Doüay. C'eſt
une Ville trés-forte ſur la riviere
de Scarpe. On croit
qu'elle estoit la Capitale du
Pays des Cattuaques , dont
parle Cefar dans ſes Commentaires
; & qu'Aſcanalde,
Officier du RoyClovis,y fonda
l'Egliſe de Noftre- Dame,
dans le cinquiéme fiecle. Elle.
a deux Collegiales . Il y aUniverſité
, qui y fut fondée en
1563. par Philippes II. Roy
des Anb. de Siam. 13
d'Eſpagne, à l'inſtance du Pape
Pie IV. Le Roy la prit en
1667. & elle luy fut cedée l'année
ſuivante par laPaix d'Aixla-
Chapelle.
Comme M² de Ma
A
2 IV. P. du Voyage
galotti , Gouverneur de cette
Place , leur avoit parlé des
Chanoineſſes de Denin , qui
ſont ſur le chemin de Doüay
où ils alloient , ils s'arreſterent
à cette Abbaye pour les
voir. Le Chapitre de Denin
a eſté fondé par Saint Aldebert
Comte d'Oftre-van , &
Sainte Reine ſa Femme , qui
eſtoit Niepce du Roy Pepin.
Ils eurent dix filles qui toutes
ont eſté canoniſées. L'ainée
nommée Renfroye a eſté la
premiere Abbeffe , & eft Patronne
de Denin. Ils donnerent
tous leurs biens à leurs
des Amb. de Siam. 3
filles , qui furent les premieres
Chanoineſſes , mais dans la
ſuitte du temps , on a perdu
une partie du bien , & la Souveraineté
du Comté d'Oftrevan
qui eſt au Roy , comme
Cotede Hainaut. Les Chanoineſſes
confervent ſeulement le
titre de Comteſſes d'Oſtrevan.
LeChapitre eſt compoféde 18.
Dames Chanoineſſes. Il n'y a
preſentement que 14. places
remplies par Meſd. de Tenre
monde , de Marq, de la Pierre,
de la Hamet , de Merigny , de
Bouvigny,de Nedonchel,de la
Sies , de Mache ,de Naudion,
Aij
4 IV P. du Voyage
de Lans , de Vaudregrac , de
Pergues -Vignacourt , & du
Bellay. Il n'y a que cette derniere
qui ſoit Françoiſe. Les
autres font des meilleures
Maiſons des Païs-bas & de
Picardie , & elles font toutes
preuve de Nobleſſe de 8. quartiers
, avec beaucoup plus d'exactitude
que les Chevaliers
de Malthe . Les quatre autres
places font vacantes. Le Service
ſe fait avec une entiere
regularité , & l'on y dit l'Office
Romain. Les habits des
Chanoineſſes font blancs, une
jupe blanche , avec une bordes
Amb. de Siam. 5
dure de petit gris en bas , un
furplis de toile fine , dont les
manehes &le corps font faits
comme des corps de robe ,
bordé de velours noir , & un
grandmanteau doublé d'Hermine
toute blanche ; celuy de
l'Abbeſſe eſt moucheté . Elles
ont deux voiles de gaze blanche,
mais eftroits& plus courts
que
que ceux des Religieuſes des
Convents , & un petit couvrechef.
Tous les voiles font
d'une toile claire & empefée,
qui fait comme une maniere
de couronne. Les jours de Feftes
folemnelles , elles portent
A iij
6 IV. P. du Voyage
de grandes manches auffi longues
& larges que celles de
P'habit de S.Benoiſt. Chacune
eft coëffée ſous ſon voile comme
il luy plaiſt , mais fans rubans
; elles ont de petits mouchoirs
de toile de ſoye. Il n'y
a point preſentement d'Abbeffe,
& le Roy par des confiderations
particulieres , a
conſenty que les Dames ne
procedaſſent à aucune élection.
Le revenu qui appartient
à l'Abbeffe , doit eftre
employé à payer les dettes qui
ont eſté faites pendant les
Guerres. Quand l'Abbeſſe eſt
des Amb. de Siam. 7
morte , & qu'il en faut élire
une nouvelle , c'eſt toûjours
une des Dames de la maiſon .
L'Intendant & le Gouverneur
de la Province ſe doivent
trouver à l'élection . Chaque
Chanoineſſe a trois voix qu'elle
donne à qui elle veut. On
en élit trois , & le Roy choifit
celle qu'il luy plaift. Elle
ne fait aucun voeu non ,plus
que les autres Chanoineſſes.
Lors qu'elles viennent à ſemarier
, elles ne font que remerqu'on
leur a fait. Les mariacier
le Chapitre de l'honneur
ges ne ſe font jamais dans la
Aiiij
8 IV. P. du Voyage
Maiſon. Quand ces Dames
font leurs preuves , on fait jurer
dans l'Egliſe un Gentilhomme
que les quartiers de
la nouvelle Chanoineſſe ſont
nobles , & qu'il les connoiſt ,
aprés quoy elle ſe met à genoux
,& demande pour l'amour
de Dieu , de la Vierge ,
& de Sainte Remfroye , le
pain de la Maiſon qu'on luy
accorde , & on luy met deux
grands pains entre les mains
qu'elle fait diftribuer
Pauvres . Les Dames font
quatre années d'école aprés
leur reception. C'eſt ce qu'on
aux
A
des Amb. de Siam. 9
appelle faire Rigoureuse dans
lesChapitres d'Hommes.Pendant
ces quatre ans , elles ne
peuvent ny manquer au
Choeur , ny fortir la Maiſon.
Aprés cela elles ont deux mois
tous les ans à s'aller promener.
Les jeunes Chanoineſſes demeurent
chez les Anciennes ,
que l'on appelle Aînées , &
leur payent penſion. Il y en a
quatre qui prennent connoifſance
des affaires , & auſquelles
l'on s'adreſſe quand il n'y
a pas d'Abbeffe . Čes Chanoineffes
qui ſortoient de l'Office,
receurent en Corps les
10 IV. P. du Voyage
Ambaſſadeurs à la porte de
leur Convent ; la nouveauté
de leurs habits les ſurprit d'abord.
On les conduifit dans la
maiſon de la plus ancienne ,
où ils confidererent fort ces
habits qui ont quelque chofe
de tres-agreable & de tres
majestueux. Ils dirent qu'ils
n'en avoient point encore veu de
plus beaux , & que les habits
blancs convenoient mieux aux
Dames que ceux de toute autre
couleur , enfin ce blanc leur
plût tout-à-fait , parce que
leur Talapoins font veſtus de
blanc. On leur expliqua tou
des Amb. de Siam. 11
tes les regles de ce Convent
qu'ils trouverent fort commodes.
Ils dirent que ces Chanoineſſes
avoient des avantages
bien plus confiderables que les autres
Religieuses , & que si elles
estoient en leur Pais , elles feroient
mariées ſi-toſt qu'elles auroient
l'âge ou le mariage ſe permet.
Ces Chanoineſſes voulurent
les regaler , mais ils ne
prirent que du Thé, parce que
l'heure de leur dîner approchoit.
Ils s'arrêterent pour cet
effetà unVillage nomé Creon,
où le Maiſtre d'Hoſtel qui a
foin de leur Table , les ſervir
12 IV. P du Voyage
à l'ordinaire, c'eſt à dire qu'ils
y trouverent un repas auffi
ſomptueux que dans les meilleures
Villes. On prit enſuite
le chemin de Doüay. C'eſt
une Ville trés-forte ſur la riviere
de Scarpe. On croit
qu'elle estoit la Capitale du
Pays des Cattuaques , dont
parle Cefar dans ſes Commentaires
; & qu'Aſcanalde,
Officier du RoyClovis,y fonda
l'Egliſe de Noftre- Dame,
dans le cinquiéme fiecle. Elle.
a deux Collegiales . Il y aUniverſité
, qui y fut fondée en
1563. par Philippes II. Roy
des Anb. de Siam. 13
d'Eſpagne, à l'inſtance du Pape
Pie IV. Le Roy la prit en
1667. & elle luy fut cedée l'année
ſuivante par laPaix d'Aixla-
Chapelle.
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Résumé : Les Ambassadeurs vont à l'Abbaye de Dénin. Description de cette Abbaye, & ce qui s'y passe. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam à l'abbaye de Denin, située sur le chemin de Douai. Cette abbaye, fondée par Saint Aldebert et Sainte Reine, nièce du roi Pépin, abritait dix religieuses toutes canonisées. La première abbesse, Renfroye, est la patronne de Denin. Les chanoinesses de l'abbaye, au nombre de quatorze, proviennent des meilleures familles des Pays-Bas et de Picardie et doivent prouver une noblesse de huit quartiers. Leur habit est blanc, avec des accessoires spécifiques pour les jours de fêtes solennelles. Actuellement, l'abbaye n'a pas d'abbesse, et le roi a interdit toute élection. Les chanoinesses suivent un régime de vie régulier, incluant des périodes d'école et de promenade. Lors de leur réception, elles doivent prouver leur noblesse et distribuer du pain aux pauvres. Les ambassadeurs furent impressionnés par leurs habits et leurs règles de vie, les trouvant avantageuses comparées à d'autres religieuses. Après leur visite à Denin, les ambassadeurs se rendirent à Douai, une ville forte située sur la rivière Scarpe. Douai est connue pour son université, fondée en 1563 par Philippe II d'Espagne et cédée à la France en 1668.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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131
p. 13-34
Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs estoient encore à deux lieuës de cette grande [...]
Mots clefs :
Douai, Roi, Ville, Ambassadeurs, Pièces, Repaire, Monsieur de Pommereuil, Alliance, Dames, Fonderie, Jésuites, Spectacle, Entrée, Canon, Renommée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs eſtoient
encore à deux lieuës de cette
grande Ville , lors qu'ils en
rencontrerent la Cavalerie ,
qui avoit fait tout ce chemin
pour leur faire plus d'honneur.
Ils entrerent par la porte
Nôtre- Dame qui eſt deſtinée
pour les Entrées folemnelles
que les Rois & les Princes
Souverains font en cette
Ville-là. Les Gardes à cheval
t
14 IV. P.du Voyage
de Made Pommereuil qui en
eſt Gouverneur , precedoient
leurs Carroffes , & les ruës étoient
de chaque côté bordées
de l'Infanterie de la Garnifon
, & d'un fort grand Peuple.
Les feneftres eſtoient auſſi
emplies des perſonnes les
plus diftinguées . Auſſi - tôt
qu'ils furent deſcendus à
l'Hôtel qui leur avoit eſté
preparé pour leur logement ,
Mª de Pommereuil alla leur
rendre viſite avee l'Estat Major.
Il leur preſenta les Magiftrats
, & tous les Corps , &
r
M Becquet premierConfeil,
desAmb. de Siam. 15
ler , Penſionnaire de la Ville,
leur parla en ces termes .
MESSEIGNEVRS,
Les ordres qui nous ont esté don
nez de la part du Roy, pour rendre
à vos Excellences les honneurs qui
font dûs aux Ambaſſadeurs d'un des
plus grands Monarques de l'Asie,
ont esté prévenus par nos defirs.
Nos volontez estoient déja diſposées
à nous acquitter de ces devoirs
, & nous pouvons dire avec
verité que jamais nous n'avons
executé aucun commandement avec
tant de zéle , que nous obéiſſons à
celuy qui nous a esté fait de venir
vous faire les offres de nos tréshumbles
services. Le bonheur que
16 IV. P. du Voyage
nous recevons aujourd'huy, ne s'efacera
jamais de nostre memoire ,
& l'agreable rencontre de voir en
nos jours les Ambaſſadeurs d'un fi
grand Roy honorer cette ville de
leur prefence, nous apporte une joye
incroyable , fur tout lors que nous
faiſons reflexion que le sujet qui
les amene en ce pays, estpour confirmer
l'alliance & l'amitié contraétée
entre deux fi puiſſans Princes,
Loüisle Grand & le Roy de Siam.
Ceseroit en vain que nous taſcherions
de faire icy leur éloge, puisque
nous sçavons que la Renommée a
publié dans toute la terre leurs heroiques
exploits. Mais comme elle
avoit des choses toutes merveilleu-
Ses à dire de nostre invincible Mo
narque, nous craignons qu'elle n'ait
oublié de faire connoistre que leRoy,
1
des Amb de Siam. 17
aprés avoir porté par toutses armes
victorieuses , en de-çà & au de-là
du Rhin , dans les Alpes & les Pyrenées
, & s'estre rendu maistre des
Villes & Fortereſſes que l'on croyoit
imprenables, aprés avoir vaincu les
Saiſons, porté par tout la terreur, &
foudroyé les plus belliqueuses Nations
de l'Univers, s'est enfin vaincusoy
-mesme, au milieu defes triomphes,
rendant àses ennemis des Places
qu'ils ne pouvoient esperer de
prendre par laforce de leurs armes,
pour donner la Paix à toute l'Europe.
C'est en cela principalement
qu'on le reconnoist digne du nom
de Grand , que d'un commun confentement
tout le monde luy a donné.
Vous avez vû , Meſſeigneurs,
ce grand Monarque, vous avez vi
fité une partie deses Conquestes
18 IV. P. du Voyage
la Renommée n'a- t- elle pas estéfidelle
enfes rapports ? Ne pouvezvous
pas dire ce que diſoit la Reine
de Saba , après avoir efté viſiter
le Roy Salomon , Verus eft fermo
quem audivi in terra mea ? Ne
jugez-vous pas que toutes les Puiffances
du monde doivent rechercherfon
alliance ? Nous ne doutons
point que le Roy voſtre Maistre ne
taſche de perpetuer dansses fucceffeurs
celle qui vient d'eftre contractée
avec ce grand Prince. Cefont,
Meſſeigneurs, les souhaits que font
vos trés-humbles & trés-obéiſſans
Serviteurs, qui vous prient d'agréer
les Vins de la Ville qui vous font
presentez
L'Ambaffadeur répondit que
des Amb. de Siam. 19
tout ce qu'ils avoient vû de la
grandeur de la puiſſance du
Roy , leur avoit fait connoître
la verité de ce qu'ils en avoient
oüy dire ; que ſi ſes Conquêtes
leur caufoient de l'étonnement ,
la magnificence de Versailles ,
leur avoit paru extraordinaire ;
qu'ils n'avoient rien vû de plus
beau , & qu'ils remercioient
Mrs de Ville de tous les honneurs
qu'ils leur faisoient ainfi
que de leurs prefens.
L'Univerſité les harangua
en Latin , & leur fit connoî--
tre ce que c'eſt que ce Corps,
celebre. L'Ambaſſadeur don-
Bij
20 IV. P. du Voyage
na ce foir-là pour mot , tant
qu'il triomphera je me réjoüiray.
Il ſemble que M de Pommereuil
ne parleroit pas autrement
luy-meſme , puiſqu'il
aime fort la Muſique & les
Violons, avec leſquels il ſemble
ſe rejoüir tous les jours
de la grandeur de Sa Majefté.
Comme la Ville eſt fort grande
, ils eurent le ſoir tant de
Dames à les voir fouper, qu'il
n'y eut point de place pour
les Hommes . MF de Por
mereüil leur envoya des Violons,
avec beaucoup d'autres
Inſtrumens , & pluſieursMu
des Amb . de Siam. 21
ſiciens , parmy leſquels il y
en avoit qui ont eſté Pages
de la Muſique du Roy. L'entretien
des Dames & cette
Muſique leur ſervit de divertiſſement
pendant le Repas .
Le lendemain à ſept heures
du matin , ils trouverent les
trois Carroffes de Mr de
Pommereuil qui les
doient. Ils allerent avec luy
à la fonderie , où M² Keller
avoit preparé une fonte, elle
eſtoit de quatre pieces de 24.
& de deux de 16. livres. En
attendant que le metal fuft
tout à fait preſt à couler , on
atten22
IV. P. du Voyage
leur fit voir la maniere dont
fe font les moules , que M
Fleury Controlleur de l'Artil
lerie leur expliqua. L'Ambaffadeur
examina longtemps la
partie du moule qui ſert à faire
une groffe Maffelette, au bout
de la culafſſe de la piece , comme
on les fait àDoüay , & fe
fit expliquer tout ce qui la
expliquer
regarde. Enfuite M, Fleury
les mena au Moulin à ſcier
les pieces. C'eſt une machine
fort curieuſe , pour faire voir
la maniere dont l'on forme
les boutons des pieces dans
cesMaſſelettes , cequ'ils trou
des Amb. de Siam. 23
verent fort extraordinaire. Ils
dirent qu'ils avoient du Canon
chez eux , mais qu'il n'estoit ny
fi beau nyde mesme , & que la
matiere dont on le faisoit , étoit
neantmoins meilleure. Ils demanderent
enfuite comment
on faiſoit des figures ſur les
culaſſes comme des Lions , &
pour le leur faire entendre, on
les mena aux pieces où les
Repareurs travaillent , dont
ils furent fort fatisfaits. Ils
firent prendre les meſures ,&
les proportions de toutes les
pieces , & apres avoir veu les
Allefoirs , ils demanderent à
24 IV. P. du Voyage
د
voir un noyau , ſe faiſant
auſſi expliquer comment il ſe
portoit dans le moule , &puis
ils allerent voir couler les fix
pieces dont je viens de parler.
De la Fonderie on les
mena voir l'Arsenal , où il y
a quantité d'équipages d'Artillerie
dans les Magazins
couverts , qu'ils examinerent
fort , mais ſur tout un Pont
de cuivre qu'ils admirerent ,
&dont ils ſe firent expliquer
l'uſage; puis ils entrerent dans
les Cours , leſquelles font toutes
pleines de Canons , de
Mortiers , & de Pierriers de
toutes
des Amb. de Siam. 25
toutes les manieres , dont ils
firent prendre auſſi les proportions.
On peut dire qu'ils ont
vû à Doüay , generalement
tout ce que l'on peut voir
dans les Arcenaux. Il y avoit
trois cens Canons , Mortiers
& Pierriers , & une ſi
grande quantité de Bombes,
qu'ils ne pouvoient ( dirent
- ils ) affez admirer leMiniſtre
qui a ſoin de la Guerre ,
voyant dans tant de Places non
feulement dequoy les deffendre ſi
elles estoient attaquées , & des
munitions pourſoûtenir les plus
C
26 IV. P.du Voyage
longs Sieges, mais encore dequoy
fournir des Armées entieres , qui
voudroient aller affieger les plus
fortes Villes , on soumettre
des Provinces. Ils ajoûterent
, que ce qui les ſurprenoit,
estoit qu'il falloit que ce Ministre
donnaſt ſes foins à toutes
ces choses dans ſes momens perdus
, puiſqu'il en avoit beaucoup
d'autres àfaire qui n'estoient pas
moins importantes. Comme
ils appliquoient tout au Roy,
&avec juſte raiſon , ils firent
tomber le bon état de tout
ce qu'ils avoient remarqué ,
fur le grand difcernement de
des Amb. de Siam. 27
Sa Majeſté dans le choix de
fes Miniſtres .
De l'Arcenal on les mena
dans la Baterie de l'école des
Cadets d'Artillerie & des Canonniers
où l'on tira. Ils virent
emporter pluſieurs blancs
par les uns & par les autres ,
ce qui leur donna beaucoup
de plaifir. Ils admirerent l'adreſſe
& la promptitude que
tous ces Cadets firent voir
dans cet Exercice , ainſi qu'à
charger & à nettoyer le Canon.
Ils virent jetter pluſieurs
Bombes qui creverent fort à
propos , & vifiterent enfuite
Cij
28 IV. P. du Voyage
les dehors de la Place. L'a
présdînée ils allerent voir le
Fort de l'Eſcarpe , où M, du
Repaire qui en eſt Gouverneur
, les reçût au bruit du
Canon, avec les Officiers Majors
de la Place. La Garniſon
étoit ſous les Armes. Lorfqu'ils
eurent fait le tourde ce
Fort ,M, du Repaire les pria
d'entrer chez lui pour ſe chaufer
, à cauſe que le temps
eſtoit affez froid ce jour- là.
Ils y trouverent Madame &
Mademoiselle du Repaire ,
Madame la Baronne deQuincy
, & pluſieurs autres Fem
desAmb. de Siam, 29
mes de qualité. Aprés un
moment de converſation auprés
du Feu , on fervit une
Collation magnifique , & les
Dames ſe mirent à table avec
les Ambaſſadeurs . M² du Repaire
dit, qu'à cause du froid,
il falloit commencer par les Vins
de Liqueur. Son avis fut ſuivi,
& l'on en bût de pluſieurs
fortes. L'Ambaffadeur ayant
trouvé mademoiselle du Repaire
fort belle , luy dit que
fi elle vouloit aller à Siam , il
avoit un Fils qui pourroit estre
un jour grand Seigneur,&que
fi elle l'épouſoit , elle ne devoit
Ciij
30 IV. P. du Voyage
point craindre la pluralité des
Femmes , parce qu'elle estoit affez
belle pour empêcher que fon
Fils ne vouluſt en avoir d'autres
. Comme les Jefuites de
Doüay les attendoient , ils
fortirent peu de temps aprés,
& ne parlerent pendant tout
le chemin que de l'agreable
Collation qu'ils venoient
de faire . Eſtant arrivez chez
ces Peres , ils furent conduits
dans une grande falle , où il
y avoit quantité de Voix &
d'Inſtrumens . Voicy le Spectacle
qui leur fut donné.
desAmb. de Siam. 31
PREMIERE ENTRE'E .
Le Genie de la France tâ
choit d'attirer le Genie de Siam
à faire une Alliance avec Loüis
leGrand.
SECONDE ENTRE'E .
L.. Renommée & la Gloire
Denoient étaler les grands exploits
de ce Heros, dont ils faisoient connoiſtre
la pieté , &la valeur qui
luy ont justement acquis le nom
de Grand.
TROISIEME ENTREE
1
Le Genie de Siam charmé de
Eiiij
32 IV. P. du Voyage
ce recit , témoignoit la paſſion
qu'il avoit de ſe voir entre les
Alliés d'un Monarque ſi puiffant,
dont l'amitié devoit eſtre ſi
honorable , & fi utile àſa Nation
.
QUATRIEME ENTREE.
LesGenies de ces deux grands
Royaumes applaudiſſoient à cette
Alliance , & invitoient les Peuples
à donner des marques de leur
joye.
Aprés ce divertiſſement, on
conduiſit les Ambaſſadeurs
dans le Refectoire , où il y a
T
des Amb. de Siam.
33
voit une grande collation preparée
, mais celle de Mdu
Repaire estoit ſi recente , qu'il
leur fut impoffible de manger
autant qu'ils l'auroient voulu
pour repondre à l'empreſſement
que ces Peres avoienr de
les regaler. Les Ambaſſadeurs
leur dirent en s'en retournant,
qu'ils avoient connu par le divertiffement
qu'ils leur venoient de
donner ce qu'ils n'ignoroient pas
déja , sçavoir qu'ily avoit peu de
perſonnes quifuſſent auffi capables
qu'eux de bien élever la jeuneſſe.
Lorſqu'ils furent arrivez chez
cux, on leur vint demander
34 IV. P. du Voyage
l'ordre , & ils donnerent pour
Mot , aux amis je fournis du
bruit , aux ennemis la mort,parce
que Doüay ayant des fonderies
de Canon , cette Villelà
en fournit aux autres . Aprés
trois grands Repas qu'ils avoient
faits ce jour-là , la
complaiſance les obligea encore
à ſe mettre à table pour
fouper , afin de ne pas renvoyer
les Dames qui estoient
venuës pour les voir.
encore à deux lieuës de cette
grande Ville , lors qu'ils en
rencontrerent la Cavalerie ,
qui avoit fait tout ce chemin
pour leur faire plus d'honneur.
Ils entrerent par la porte
Nôtre- Dame qui eſt deſtinée
pour les Entrées folemnelles
que les Rois & les Princes
Souverains font en cette
Ville-là. Les Gardes à cheval
t
14 IV. P.du Voyage
de Made Pommereuil qui en
eſt Gouverneur , precedoient
leurs Carroffes , & les ruës étoient
de chaque côté bordées
de l'Infanterie de la Garnifon
, & d'un fort grand Peuple.
Les feneftres eſtoient auſſi
emplies des perſonnes les
plus diftinguées . Auſſi - tôt
qu'ils furent deſcendus à
l'Hôtel qui leur avoit eſté
preparé pour leur logement ,
Mª de Pommereuil alla leur
rendre viſite avee l'Estat Major.
Il leur preſenta les Magiftrats
, & tous les Corps , &
r
M Becquet premierConfeil,
desAmb. de Siam. 15
ler , Penſionnaire de la Ville,
leur parla en ces termes .
MESSEIGNEVRS,
Les ordres qui nous ont esté don
nez de la part du Roy, pour rendre
à vos Excellences les honneurs qui
font dûs aux Ambaſſadeurs d'un des
plus grands Monarques de l'Asie,
ont esté prévenus par nos defirs.
Nos volontez estoient déja diſposées
à nous acquitter de ces devoirs
, & nous pouvons dire avec
verité que jamais nous n'avons
executé aucun commandement avec
tant de zéle , que nous obéiſſons à
celuy qui nous a esté fait de venir
vous faire les offres de nos tréshumbles
services. Le bonheur que
16 IV. P. du Voyage
nous recevons aujourd'huy, ne s'efacera
jamais de nostre memoire ,
& l'agreable rencontre de voir en
nos jours les Ambaſſadeurs d'un fi
grand Roy honorer cette ville de
leur prefence, nous apporte une joye
incroyable , fur tout lors que nous
faiſons reflexion que le sujet qui
les amene en ce pays, estpour confirmer
l'alliance & l'amitié contraétée
entre deux fi puiſſans Princes,
Loüisle Grand & le Roy de Siam.
Ceseroit en vain que nous taſcherions
de faire icy leur éloge, puisque
nous sçavons que la Renommée a
publié dans toute la terre leurs heroiques
exploits. Mais comme elle
avoit des choses toutes merveilleu-
Ses à dire de nostre invincible Mo
narque, nous craignons qu'elle n'ait
oublié de faire connoistre que leRoy,
1
des Amb de Siam. 17
aprés avoir porté par toutses armes
victorieuses , en de-çà & au de-là
du Rhin , dans les Alpes & les Pyrenées
, & s'estre rendu maistre des
Villes & Fortereſſes que l'on croyoit
imprenables, aprés avoir vaincu les
Saiſons, porté par tout la terreur, &
foudroyé les plus belliqueuses Nations
de l'Univers, s'est enfin vaincusoy
-mesme, au milieu defes triomphes,
rendant àses ennemis des Places
qu'ils ne pouvoient esperer de
prendre par laforce de leurs armes,
pour donner la Paix à toute l'Europe.
C'est en cela principalement
qu'on le reconnoist digne du nom
de Grand , que d'un commun confentement
tout le monde luy a donné.
Vous avez vû , Meſſeigneurs,
ce grand Monarque, vous avez vi
fité une partie deses Conquestes
18 IV. P. du Voyage
la Renommée n'a- t- elle pas estéfidelle
enfes rapports ? Ne pouvezvous
pas dire ce que diſoit la Reine
de Saba , après avoir efté viſiter
le Roy Salomon , Verus eft fermo
quem audivi in terra mea ? Ne
jugez-vous pas que toutes les Puiffances
du monde doivent rechercherfon
alliance ? Nous ne doutons
point que le Roy voſtre Maistre ne
taſche de perpetuer dansses fucceffeurs
celle qui vient d'eftre contractée
avec ce grand Prince. Cefont,
Meſſeigneurs, les souhaits que font
vos trés-humbles & trés-obéiſſans
Serviteurs, qui vous prient d'agréer
les Vins de la Ville qui vous font
presentez
L'Ambaffadeur répondit que
des Amb. de Siam. 19
tout ce qu'ils avoient vû de la
grandeur de la puiſſance du
Roy , leur avoit fait connoître
la verité de ce qu'ils en avoient
oüy dire ; que ſi ſes Conquêtes
leur caufoient de l'étonnement ,
la magnificence de Versailles ,
leur avoit paru extraordinaire ;
qu'ils n'avoient rien vû de plus
beau , & qu'ils remercioient
Mrs de Ville de tous les honneurs
qu'ils leur faisoient ainfi
que de leurs prefens.
L'Univerſité les harangua
en Latin , & leur fit connoî--
tre ce que c'eſt que ce Corps,
celebre. L'Ambaſſadeur don-
Bij
20 IV. P. du Voyage
na ce foir-là pour mot , tant
qu'il triomphera je me réjoüiray.
Il ſemble que M de Pommereuil
ne parleroit pas autrement
luy-meſme , puiſqu'il
aime fort la Muſique & les
Violons, avec leſquels il ſemble
ſe rejoüir tous les jours
de la grandeur de Sa Majefté.
Comme la Ville eſt fort grande
, ils eurent le ſoir tant de
Dames à les voir fouper, qu'il
n'y eut point de place pour
les Hommes . MF de Por
mereüil leur envoya des Violons,
avec beaucoup d'autres
Inſtrumens , & pluſieursMu
des Amb . de Siam. 21
ſiciens , parmy leſquels il y
en avoit qui ont eſté Pages
de la Muſique du Roy. L'entretien
des Dames & cette
Muſique leur ſervit de divertiſſement
pendant le Repas .
Le lendemain à ſept heures
du matin , ils trouverent les
trois Carroffes de Mr de
Pommereuil qui les
doient. Ils allerent avec luy
à la fonderie , où M² Keller
avoit preparé une fonte, elle
eſtoit de quatre pieces de 24.
& de deux de 16. livres. En
attendant que le metal fuft
tout à fait preſt à couler , on
atten22
IV. P. du Voyage
leur fit voir la maniere dont
fe font les moules , que M
Fleury Controlleur de l'Artil
lerie leur expliqua. L'Ambaffadeur
examina longtemps la
partie du moule qui ſert à faire
une groffe Maffelette, au bout
de la culafſſe de la piece , comme
on les fait àDoüay , & fe
fit expliquer tout ce qui la
expliquer
regarde. Enfuite M, Fleury
les mena au Moulin à ſcier
les pieces. C'eſt une machine
fort curieuſe , pour faire voir
la maniere dont l'on forme
les boutons des pieces dans
cesMaſſelettes , cequ'ils trou
des Amb. de Siam. 23
verent fort extraordinaire. Ils
dirent qu'ils avoient du Canon
chez eux , mais qu'il n'estoit ny
fi beau nyde mesme , & que la
matiere dont on le faisoit , étoit
neantmoins meilleure. Ils demanderent
enfuite comment
on faiſoit des figures ſur les
culaſſes comme des Lions , &
pour le leur faire entendre, on
les mena aux pieces où les
Repareurs travaillent , dont
ils furent fort fatisfaits. Ils
firent prendre les meſures ,&
les proportions de toutes les
pieces , & apres avoir veu les
Allefoirs , ils demanderent à
24 IV. P. du Voyage
د
voir un noyau , ſe faiſant
auſſi expliquer comment il ſe
portoit dans le moule , &puis
ils allerent voir couler les fix
pieces dont je viens de parler.
De la Fonderie on les
mena voir l'Arsenal , où il y
a quantité d'équipages d'Artillerie
dans les Magazins
couverts , qu'ils examinerent
fort , mais ſur tout un Pont
de cuivre qu'ils admirerent ,
&dont ils ſe firent expliquer
l'uſage; puis ils entrerent dans
les Cours , leſquelles font toutes
pleines de Canons , de
Mortiers , & de Pierriers de
toutes
des Amb. de Siam. 25
toutes les manieres , dont ils
firent prendre auſſi les proportions.
On peut dire qu'ils ont
vû à Doüay , generalement
tout ce que l'on peut voir
dans les Arcenaux. Il y avoit
trois cens Canons , Mortiers
& Pierriers , & une ſi
grande quantité de Bombes,
qu'ils ne pouvoient ( dirent
- ils ) affez admirer leMiniſtre
qui a ſoin de la Guerre ,
voyant dans tant de Places non
feulement dequoy les deffendre ſi
elles estoient attaquées , & des
munitions pourſoûtenir les plus
C
26 IV. P.du Voyage
longs Sieges, mais encore dequoy
fournir des Armées entieres , qui
voudroient aller affieger les plus
fortes Villes , on soumettre
des Provinces. Ils ajoûterent
, que ce qui les ſurprenoit,
estoit qu'il falloit que ce Ministre
donnaſt ſes foins à toutes
ces choses dans ſes momens perdus
, puiſqu'il en avoit beaucoup
d'autres àfaire qui n'estoient pas
moins importantes. Comme
ils appliquoient tout au Roy,
&avec juſte raiſon , ils firent
tomber le bon état de tout
ce qu'ils avoient remarqué ,
fur le grand difcernement de
des Amb. de Siam. 27
Sa Majeſté dans le choix de
fes Miniſtres .
De l'Arcenal on les mena
dans la Baterie de l'école des
Cadets d'Artillerie & des Canonniers
où l'on tira. Ils virent
emporter pluſieurs blancs
par les uns & par les autres ,
ce qui leur donna beaucoup
de plaifir. Ils admirerent l'adreſſe
& la promptitude que
tous ces Cadets firent voir
dans cet Exercice , ainſi qu'à
charger & à nettoyer le Canon.
Ils virent jetter pluſieurs
Bombes qui creverent fort à
propos , & vifiterent enfuite
Cij
28 IV. P. du Voyage
les dehors de la Place. L'a
présdînée ils allerent voir le
Fort de l'Eſcarpe , où M, du
Repaire qui en eſt Gouverneur
, les reçût au bruit du
Canon, avec les Officiers Majors
de la Place. La Garniſon
étoit ſous les Armes. Lorfqu'ils
eurent fait le tourde ce
Fort ,M, du Repaire les pria
d'entrer chez lui pour ſe chaufer
, à cauſe que le temps
eſtoit affez froid ce jour- là.
Ils y trouverent Madame &
Mademoiselle du Repaire ,
Madame la Baronne deQuincy
, & pluſieurs autres Fem
desAmb. de Siam, 29
mes de qualité. Aprés un
moment de converſation auprés
du Feu , on fervit une
Collation magnifique , & les
Dames ſe mirent à table avec
les Ambaſſadeurs . M² du Repaire
dit, qu'à cause du froid,
il falloit commencer par les Vins
de Liqueur. Son avis fut ſuivi,
& l'on en bût de pluſieurs
fortes. L'Ambaffadeur ayant
trouvé mademoiselle du Repaire
fort belle , luy dit que
fi elle vouloit aller à Siam , il
avoit un Fils qui pourroit estre
un jour grand Seigneur,&que
fi elle l'épouſoit , elle ne devoit
Ciij
30 IV. P. du Voyage
point craindre la pluralité des
Femmes , parce qu'elle estoit affez
belle pour empêcher que fon
Fils ne vouluſt en avoir d'autres
. Comme les Jefuites de
Doüay les attendoient , ils
fortirent peu de temps aprés,
& ne parlerent pendant tout
le chemin que de l'agreable
Collation qu'ils venoient
de faire . Eſtant arrivez chez
ces Peres , ils furent conduits
dans une grande falle , où il
y avoit quantité de Voix &
d'Inſtrumens . Voicy le Spectacle
qui leur fut donné.
desAmb. de Siam. 31
PREMIERE ENTRE'E .
Le Genie de la France tâ
choit d'attirer le Genie de Siam
à faire une Alliance avec Loüis
leGrand.
SECONDE ENTRE'E .
L.. Renommée & la Gloire
Denoient étaler les grands exploits
de ce Heros, dont ils faisoient connoiſtre
la pieté , &la valeur qui
luy ont justement acquis le nom
de Grand.
TROISIEME ENTREE
1
Le Genie de Siam charmé de
Eiiij
32 IV. P. du Voyage
ce recit , témoignoit la paſſion
qu'il avoit de ſe voir entre les
Alliés d'un Monarque ſi puiffant,
dont l'amitié devoit eſtre ſi
honorable , & fi utile àſa Nation
.
QUATRIEME ENTREE.
LesGenies de ces deux grands
Royaumes applaudiſſoient à cette
Alliance , & invitoient les Peuples
à donner des marques de leur
joye.
Aprés ce divertiſſement, on
conduiſit les Ambaſſadeurs
dans le Refectoire , où il y a
T
des Amb. de Siam.
33
voit une grande collation preparée
, mais celle de Mdu
Repaire estoit ſi recente , qu'il
leur fut impoffible de manger
autant qu'ils l'auroient voulu
pour repondre à l'empreſſement
que ces Peres avoienr de
les regaler. Les Ambaſſadeurs
leur dirent en s'en retournant,
qu'ils avoient connu par le divertiffement
qu'ils leur venoient de
donner ce qu'ils n'ignoroient pas
déja , sçavoir qu'ily avoit peu de
perſonnes quifuſſent auffi capables
qu'eux de bien élever la jeuneſſe.
Lorſqu'ils furent arrivez chez
cux, on leur vint demander
34 IV. P. du Voyage
l'ordre , & ils donnerent pour
Mot , aux amis je fournis du
bruit , aux ennemis la mort,parce
que Doüay ayant des fonderies
de Canon , cette Villelà
en fournit aux autres . Aprés
trois grands Repas qu'ils avoient
faits ce jour-là , la
complaiſance les obligea encore
à ſe mettre à table pour
fouper , afin de ne pas renvoyer
les Dames qui estoient
venuës pour les voir.
Fermer
Résumé : Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, escortés par la cavalerie et les gardes à cheval de Monsieur de Pommereuil, firent une entrée solennelle dans une grande ville par la porte Notre-Dame. Les rues étaient bordées de soldats et de spectateurs, tandis que les fenêtres étaient occupées par des notables. À leur arrivée à l'hôtel préparé pour leur logement, Monsieur de Pommereuil leur rendit visite avec son état-major et présenta les magistrats et divers corps, dont Monsieur Becquet, premier pensionnaire de la ville. Monsieur Becquet souligna les ordres du roi pour rendre les honneurs dus aux ambassadeurs d'un grand monarque asiatique et exprima la joie de la ville de les recevoir. Il rappela également les exploits héroïques du roi de France, notamment sa capacité à vaincre ses ennemis et à apporter la paix en Europe. L'ambassadeur de Siam répondit en affirmant que la grandeur et la puissance du roi de France, ainsi que la magnificence de Versailles, avaient confirmé les récits entendus. L'université les harangua en latin, et l'ambassadeur offrit un mot en latin sur la musique. Le soir, ils furent divertis par des dames et des musiciens envoyés par Monsieur de Pommereuil. Le lendemain, ils visitèrent la fonderie et l'arsenal, admirant les canons, mortiers et autres équipements militaires. Ils assistèrent également à une démonstration de tir à la batterie de l'école des cadets d'artillerie. Après une collation chez Monsieur du Repaire, ils furent invités par les Jésuites à un spectacle célébrant l'alliance entre la France et le Siam. Les ambassadeurs exprimèrent leur satisfaction et leur admiration pour l'éducation dispensée par les Jésuites.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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132
p. 34-58
Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 13. ils partirent pour aller coucher à Cambray, [...]
Mots clefs :
Cambrai, Ville, Comte de Monbron, Roi, Citadelle, Place, Médaille, Peuples, Harangue, Ambassadeurs, Archevêque, Français
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texteReconnaissance textuelle : Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Le lendemain 13. ils partirentpour
aller coucher àCambray
, & leur fortie fut auffi
éclatante qu'avoit eſté leur en
des Amb. de Siam. 35
:
trée. Cambray eſt une des plus
fortes Villes de l'Europe. Elle
eſt grande , belle , bien bâtie
, & fituée fur l'Elcaut qui
la traverſe d'un coſté. Elle
a double Citadelle. L'Egliſe
Metropolitaine de Notre-
Dame eſt tres - magnifique .
Son Chapitre eft compoſé de
48. Chanoines , & de 95. Eccleſiaſtiques
qui fervent dans
cette Eglife. L'Eveſché qui
avoit efté uny à celuy d'Arras
juſqu'à l'an 1095. fut erigé en
Archeveſché en 1559. par le
Pape Paul II. On tient que
Clodion conquit cette Villa
36 IV. P. du Voyage
en 445. Apres avoir eſté le
partage de Charles le Chauve
en 843. elle devint le ſujet de
la Guerre entre les Rois de
France , les Empereurs & les
Comtes de Flandre. Baudoüin
I. Comte de Flandre , l'ayant
prife & donnée à fon Fils Raoul
, les Empereurs ne laiſſerent
point de la declarer Cité
libre , fans que les François
cedaffent leurs droits . Charles
Quint ne voulut point s'en
tenir à la neutralité que le Roy
François I. luy avoit accordée.
Cet Empereur la prit en 1543 .
&fit bâtir une Citadelle aux
des Amb de Siam. 37
dépens des Habitans , auf
quels il fit croire que c'eſtoit
pour empêcher que les François
ne s'en emparaffent. Le
Duc d'Alençon Frere du Roy
Henry III . ayant eſté fait
Comte de Flandre, fut auffi
Maiſtre de Cambray. Il remit
cette Place à Jean de Montluc
Seigneur de Balagny , qui
prit le party de la ligue , &
fit enſuite ſa Paix avec le Roy
Henry IV. qui le fit Prince de
Cambray , & Marefchal de
France. Ce fut fur luy que les
Eſpagnols ſurprirent cette
Ville en 1595. Ils la fortifie38
IV. P. du Voyage
:
rent , y entretinrentunegroffe
Garnifon , & elle paffoit
pour une Place imprenable ,
mais elle ne l'a pas efté
pour LOUIS LE GRAND ,
qui apres avoir pris la Ville en
peu de jours, força laCitadelleà
ſe rendre le 16. Mars 1677.
La grande Citadelle qui eſt ſur
un lieu éminent , commande
toute la Ville , & a ſes foſſez
taillez dans le roc. Ceux qui
entourent les murailles de la
Ville ſont profonds & larges,
& ces murailles ſont reveſtuës
de bons Baſtions . Cambray
eſt defendu par un Fort du
des Amb. de Siam. 39
côté de la Riviere , & comme
la Ville eſt dans un Pays afſez
bas de ce côté-là , on en
pourroit inonder les environs
eny lâchant les Ecluſes ; les
autres Forts ſont auſſi tresimportans
. De grandes & belles
ruës aboutiſſent à la Place
où eſt la Maiſon de Ville .
C'eſt un magnifique Bâtiment
orné d'une Horloge tres-curieuſe
, que les Eſtrangers y
vont admirer. Male Comte
de Monbron , Gouverneur de
cette Place, envoya la Cavale.
rie au devant des Ambaffadeurs
juſques à moitié che
40 IV . P. du Voyage
mın de Valencienues. Ils trou
verent en approchant de la
Ville une fort grande quantité
de Peuple , & M. le Comte
de Monbron qui les attendoit
à la porte. Ils entreren
au bruit du Canon , & au tra
vers de l'Infanterie de laGar
nifon qui formoit deux haye
juſqu'à leur logis , au devan
duquel toute cette Infanterie
fit une décharge fi-tôt qu'ils
y furent arrivés. Ma le Comte
de Monbron s'y rendit peu
de temps aprés , & leur preſenta
Mdu Magiftrat , &
M Defgruſeliers , premier
Confeiller
des Amb. de Siam. 41
Conſeiller Penfionnaire , en
Robe , & Bonnet de velours
noir , qui leur fit le diſcours
fuivant.
MESSEIGNEURS,
L'honneur que la France vient
de recevoir par l' Ambaffade que le
trés-puiffantRoy de Siam a envoyée
à nostre invincible Monarque, fait
bien voir que l'éclat de fes Vertus
héroïques a prévalufur celuy defes
trésors & de ses finances. En effet,
la charmante conduite que Sa Ma
jefté tient pour gouvernerses peuples
, donne de l'admiration à toute
la terre , & ce n'est pas fans fujet
que le Roy vostre Maistre a voulu
Sefaire instruire de fes belles maxi-
D
42 IV. P. du Voyage
mes pour s'en fervir à l'égard de
fes Sujets , & les rendre heureux
par l'administration de la Iustice.
Cette Ambaſſade, Meßeigneurs, eft
d'autant plus celebre qu'elle s'eft
faite de la part du plus puiſſant
Roy de l'orient , au plus glorieux
Monarque de l'Europe ; &fi l'on
confulte l'Histoire , il ne s'est rien
vû de pareil depuis plusieurs fiecles,
fi ce n'est lorſque Charlemagne
, premier Empereur du Nom
François , ayant humilié l'infolence
l'impieté des Lombards, &affeuré
le Souverain Pontife Adrien I.
dansfon Pontificat, receut de luy la
Couronne Imperiale,&peu de temps
aprés les Ambaſſades des Rois de
Perse & de Fez , Celle que vos
Excellences viennent de faire , s'a
dreſſe à Louis le Grand, digne he-
7
des Amb. de Siam. 43.
ritier des Vertas de ce faint Empereur
, pour avoir donné la paixó
le repos à toute la Chreftienté , &
chaßé de ses Estats les Heresies de
Luther & de Calvin .
Heureux les Peuples qui vivent
Sous cette agreable domination ,
plus heureux encore ceux du grand
Roy de Siam , si profitant des travaux
& des lumieres que vos Excellences
leur donneront, ils parviennent
àla connoiſſance du grandRoy
du Ciel & de la Terre, &joüiffent
du bonheur d'estre gouvernez avec
La mefme douceur, que la bonté de
nostre grand Roy fait goûter àses
fidelles Sujets. C'est à cette fin que
nous leur adreſſons leſouhait duPoëte,
Vivite fælices, quibus eſt fortuna peracta,
Vobis parta quics eft, nullum jam æquor arang
dum,
/
Di
44 IV. P. du Voyage
Loüiffez , Peuples de Siam, de la
douceur du repos, puisque vos illuftres
Ambassadeurs vont repaffer les
mers pourvous porter les belles maximes
d'y parvenir & vous rendre
keureux dans la fuite de tous les
temps. C'est leſouhait que font avec
beaucoup de respect &de tendreſſe,
à vos Excellences , le Magistrat &
Peuple de la Ville de Cambray.
Cette harangue fut ſuivie
du preſent d'une Medaille
d'or du poids de vingt-ſept
piſtoles , dont la face droite
repreſente le Roy avec ces
mots Ludovico Victore
Pacis datore. La Ville de Cambray
paroift au revers avec
د
desAmb. de Siam. 45
ces paroles dulcius vivimus.
Toutes ces Lettres font numerales
hormis la lettre S , &
font enſemble l'an 1678. qui
fuit celle de la reduction de
cette Place en l'obeïſſance du
Roy , & dans laquelle ces
Peuples comencerent à reſſentir
les douceurs du Gouvernement
de Sa Majesté , ainſi
qu'ils le publient par le revers
de la Medaille qu'ils ont
eux-meſmes fait frapper.Cette
Medaille avoit eſté preſentée
au Roy en 1678. au
nom de la Ville de Cambray
par M Defgrufeliers , qui
r
46 IH. P. du Voyage
bien qu'il en ſoit l'Autheur ,
n'a cherché qu'à exprimer les
fentiments du Peuple. Lors
qu'ik la preſenta aux Ambaffadeurs
, il leur dit que cette
Medaille fervoit de preuve incontestable
de la fatisfaction que
Le Peuple de Cambray avoit
d'eftre au nombre des Sujets du
Roy, & qu'ils souhaitoient que
tous les Peuples du Monde en
puffent estre informés.
Le Diſtique ſuivant eſtoit
dansl'envelope de laMedaille.
Vicifti , Princeps , Vrbi pacemque dediſti
Qui Rex &Pater es , dulcius eße dabis.
des Amb. de Siam. 47
,
On preſenta enfuite aux
Ambaſſadeurs trois pieces de
toile tres-fine , de la fabrique
de Cambray & nommée
dans le Commerce , Toile de
Cambray depuis pluſieurs Siecles.
L'Ambaſſadeur répondit
que le Roy leur avoit fait
rendre de grands honneurs , en
les faiſant recevoir magnifiquement
dans tous les lieux où ils
avoient paffé ; qu'on leur avoit
montré par fon ordre toutes ses
Maiſons Royales , & tout ce
que ce Monarque a de plus curieux
; qu'on leur avoit fait voir
une partie de ſes Conquestes , où
48 IV . P. du Voyage
l'on n'avoit rien oublié pour leur
marquer l'estime qu'on a pour
le Roy leur Maître , à qui ils
feroient à leur retour un recit
fidelle de tous les honneurs qu'ils
avoient receus , & qu'ils n'oublieroient
pas de luy remettre entre
les mains la Medaille repre-
Sentant Sa Majesté, &la Ville
de Cambray , afin que la memoire
en fûtconfervée chez eux
pendant tous les Siecles à venir.
Ils ajoûterent qu'ils eftimoient
cette Medaille plus d'un million,
&aprés avoir remercié Ms
duMagiftrat, de l'exactitude
avec laquelle ils leur rendoier
tant
des Amb. de Siam. 49
d'honneurs , le premier Ambaffadeur
demanda une Co
pie de la harangue qui leur
venoit d'eſtre faite , afin , ditil
, qu'ils la puſſent admirer avec
reflexion . M l'Archevef
que de Cambray les vint
voir le meſme ſoir , ils en témoignerent
beaucoup de
joye , parce qu'ils avoient
oüy parler de ſon grand merite
, & qu'ils ont beaucoup
de confideration pour les perſonnes
de ſon caractere. Ils
avoient avec eux deux Interpretes,
dont l'un s'eſt mis depuis
pluſieurs années dans la
E
So IV. P. du Voyage
Miffion qui s'eſt établie à
Siam ; il eſt déja dans les
Ordres ; il parle bien François
, & encore mieux Latin
&ſe nomme M Antoine.M
l'Archeveſque de Cambray
qui en avoit oüy dire beaucoup
de bien, l'émena ſouper
avec luy,&le fit coucher dans
l'Archeveſché. Il luy demanda
quantité de choſes touchant
le Royaume de Siam,
&fut tres-content de ſes réponſes
. Ce Prélat luy donna
un Chapelet avec des Medailles
d'or.
Aprés qu'il eut quitté les
des Amb. de Siam. st
Ambaſſadeurs, M¹ le Comte
de Monbron leur demanda
l'ordre , & ils donnerent
pour mot , Fidelle à fon
choix , ce qui marque que
ce Comte fert le Roy avec
beaucoup d'ardeur & de
fidelité , & qu'il ne dément
point la bonne opinion que
Sa Majefté a euë de luy, en
commençant à reconnoiſtre
ſon merite& ſes ſervices, dans
un âge ou beaucoup d'autres
ne font pas en eſtat de recevoir
ſi- toſt de ſi glorieuſes
recompenfes . Il ſoupa le foir
avec les Ambaſſadeurs , &
Eij
52 IV. P. duVoyage
quoy que toute la Ville fou
haitaſt de les voir manger , la
curioſité des Dames fut ſeule
fatisfaite.
Le lendemain matin , M
le Comte de Monbron leur
envoya quatre Carroffes. Ils
ſe mirent dedans. Lorſqu'ils
furent fortis de la Ville, ils
trouverent des Chevaux que
ce même Comte leur avoit
fait tenir preſts. Ils monterent
deſſus, &viſirerent les
Fortifications avec M de
Monbron & l'Ingenieur qui
tenoit le Plan. On leur fie
voir toutes les Fortifications,
desAmb. de Siam. 53
tous les ouvrages avancez, &
meſme ceux qui n'eſtoient
que commencez. Ils ſe recrierent
de nouveau ſur la grandeur
du Roy , ayant vû non
ſeulement des Ouvriers par
tout , mais auffi en grand
nombre , & travaillant à de
grands ouvrages. Ils remonterent
enfuite en carroffe , &
allerent à la Citadelle, où M
duTilleul qui en eſt Gouverneur
, les attendoit avec les
Officiers majors. Ils y furent
receus comme ils l'avoient
eſté dans les autres Citadelles.
La Compagnie des Cadets
r
E iij
34 IV. P. duVoyage
eſtoit en bataille . L'Ambaf
fadeur qui avoit déja pris
beaucoup de plaifir à en voir
en d'autres Villes , dit que fi
Le Roy estoit plus grand en puiffance
que les autres Monarques,
il l'estoit auſſi en vertu ; qu'il
donnoit du pain à la jeuneNobleſſe
dés l'enfance , & qu'il en
donnoit à ceux qui devenoient
des , foit par de groſſes re
compenses ,foit par des places
dans le lieu qu'il avoit étably
pour les loger ; & qu'ainsi ils
estoient affeurez d'avoir dequoy
vivre, &dans leur jeunesse, &
dans leur vieilleffe. Ils firent le
:
des Amb. de Siam. 55
tour de la Citadelle, & admirerent
la hauteur & la profondeur
des Bastions, ne pouvant
comprendre comment
on avoit pû ſe rendre maiftre
d'une Place fi forte. Le
premier Ambaſſadeur dit que
s'il estoit dans une Place pareille
avec des Troupes Françoiſes,
il ne croyoit pas qu'onfongeast
àl'attaquer. Pendant qu'ils eftoient
ſur les ramparts de la
Citadelle, on fit venir ſur l'EC
planade qui eſt entre la Ville
& la Citadelle , une Compagnie
de Cadets . Ils firent l'exercice;
mais comme le jour
E iiij
56 IV. P. du Voyage
commençoit à finir , & qu'ils
avoient refolu d'aller voir
M l'Archeveſque , l'Ambaffadeur
dit qu'il estoit accoutumé
à voir de la Noblesse &des
Troupes , mais qu'il ne verroit
pas par tout des Archevesques
comme celuy de Cambray. Ils
allerent dans fon Eglife , où
ils le trouverent à la teſte de
ſon Chapitre. Aprés le compliment
de ce Corps, lesAmbaſſadeurs
ne voulurent point
avancer que M'l'Archevefque
ne paſſaſt devant eux, &
luy dirent qu'ils avoient oüy
parlerdefa pieté&desagran
des Amb. de Siam. 57
deur, de toutes manieres. Ce Prélat
leur fit voir tout ce qu'il
y avoit de plus curieux dans
fon Eglife , & leur en fit entendre
la Muſique & les Orgues.
Il voulut enfuire les reconduire
juſques à la porte,
quoyque les Ambaſſadeurs
s'efforçaſſent de ren empefcher
, ne croyant pas qu'il ſe
dûſt donner ces ſoins.Quand
ils furent de retour chez eux,
le Major alla prendre le mot
& on luy donna , Il achevera
fon Ouvrage. Ce mot regarde
le Roy & Me le Comte de
Monbron; & ce n'eft pas à
58 IV. P. du Voyage
moy à raiſonner là- deſſus .
aller coucher àCambray
, & leur fortie fut auffi
éclatante qu'avoit eſté leur en
des Amb. de Siam. 35
:
trée. Cambray eſt une des plus
fortes Villes de l'Europe. Elle
eſt grande , belle , bien bâtie
, & fituée fur l'Elcaut qui
la traverſe d'un coſté. Elle
a double Citadelle. L'Egliſe
Metropolitaine de Notre-
Dame eſt tres - magnifique .
Son Chapitre eft compoſé de
48. Chanoines , & de 95. Eccleſiaſtiques
qui fervent dans
cette Eglife. L'Eveſché qui
avoit efté uny à celuy d'Arras
juſqu'à l'an 1095. fut erigé en
Archeveſché en 1559. par le
Pape Paul II. On tient que
Clodion conquit cette Villa
36 IV. P. du Voyage
en 445. Apres avoir eſté le
partage de Charles le Chauve
en 843. elle devint le ſujet de
la Guerre entre les Rois de
France , les Empereurs & les
Comtes de Flandre. Baudoüin
I. Comte de Flandre , l'ayant
prife & donnée à fon Fils Raoul
, les Empereurs ne laiſſerent
point de la declarer Cité
libre , fans que les François
cedaffent leurs droits . Charles
Quint ne voulut point s'en
tenir à la neutralité que le Roy
François I. luy avoit accordée.
Cet Empereur la prit en 1543 .
&fit bâtir une Citadelle aux
des Amb de Siam. 37
dépens des Habitans , auf
quels il fit croire que c'eſtoit
pour empêcher que les François
ne s'en emparaffent. Le
Duc d'Alençon Frere du Roy
Henry III . ayant eſté fait
Comte de Flandre, fut auffi
Maiſtre de Cambray. Il remit
cette Place à Jean de Montluc
Seigneur de Balagny , qui
prit le party de la ligue , &
fit enſuite ſa Paix avec le Roy
Henry IV. qui le fit Prince de
Cambray , & Marefchal de
France. Ce fut fur luy que les
Eſpagnols ſurprirent cette
Ville en 1595. Ils la fortifie38
IV. P. du Voyage
:
rent , y entretinrentunegroffe
Garnifon , & elle paffoit
pour une Place imprenable ,
mais elle ne l'a pas efté
pour LOUIS LE GRAND ,
qui apres avoir pris la Ville en
peu de jours, força laCitadelleà
ſe rendre le 16. Mars 1677.
La grande Citadelle qui eſt ſur
un lieu éminent , commande
toute la Ville , & a ſes foſſez
taillez dans le roc. Ceux qui
entourent les murailles de la
Ville ſont profonds & larges,
& ces murailles ſont reveſtuës
de bons Baſtions . Cambray
eſt defendu par un Fort du
des Amb. de Siam. 39
côté de la Riviere , & comme
la Ville eſt dans un Pays afſez
bas de ce côté-là , on en
pourroit inonder les environs
eny lâchant les Ecluſes ; les
autres Forts ſont auſſi tresimportans
. De grandes & belles
ruës aboutiſſent à la Place
où eſt la Maiſon de Ville .
C'eſt un magnifique Bâtiment
orné d'une Horloge tres-curieuſe
, que les Eſtrangers y
vont admirer. Male Comte
de Monbron , Gouverneur de
cette Place, envoya la Cavale.
rie au devant des Ambaffadeurs
juſques à moitié che
40 IV . P. du Voyage
mın de Valencienues. Ils trou
verent en approchant de la
Ville une fort grande quantité
de Peuple , & M. le Comte
de Monbron qui les attendoit
à la porte. Ils entreren
au bruit du Canon , & au tra
vers de l'Infanterie de laGar
nifon qui formoit deux haye
juſqu'à leur logis , au devan
duquel toute cette Infanterie
fit une décharge fi-tôt qu'ils
y furent arrivés. Ma le Comte
de Monbron s'y rendit peu
de temps aprés , & leur preſenta
Mdu Magiftrat , &
M Defgruſeliers , premier
Confeiller
des Amb. de Siam. 41
Conſeiller Penfionnaire , en
Robe , & Bonnet de velours
noir , qui leur fit le diſcours
fuivant.
MESSEIGNEURS,
L'honneur que la France vient
de recevoir par l' Ambaffade que le
trés-puiffantRoy de Siam a envoyée
à nostre invincible Monarque, fait
bien voir que l'éclat de fes Vertus
héroïques a prévalufur celuy defes
trésors & de ses finances. En effet,
la charmante conduite que Sa Ma
jefté tient pour gouvernerses peuples
, donne de l'admiration à toute
la terre , & ce n'est pas fans fujet
que le Roy vostre Maistre a voulu
Sefaire instruire de fes belles maxi-
D
42 IV. P. du Voyage
mes pour s'en fervir à l'égard de
fes Sujets , & les rendre heureux
par l'administration de la Iustice.
Cette Ambaſſade, Meßeigneurs, eft
d'autant plus celebre qu'elle s'eft
faite de la part du plus puiſſant
Roy de l'orient , au plus glorieux
Monarque de l'Europe ; &fi l'on
confulte l'Histoire , il ne s'est rien
vû de pareil depuis plusieurs fiecles,
fi ce n'est lorſque Charlemagne
, premier Empereur du Nom
François , ayant humilié l'infolence
l'impieté des Lombards, &affeuré
le Souverain Pontife Adrien I.
dansfon Pontificat, receut de luy la
Couronne Imperiale,&peu de temps
aprés les Ambaſſades des Rois de
Perse & de Fez , Celle que vos
Excellences viennent de faire , s'a
dreſſe à Louis le Grand, digne he-
7
des Amb. de Siam. 43.
ritier des Vertas de ce faint Empereur
, pour avoir donné la paixó
le repos à toute la Chreftienté , &
chaßé de ses Estats les Heresies de
Luther & de Calvin .
Heureux les Peuples qui vivent
Sous cette agreable domination ,
plus heureux encore ceux du grand
Roy de Siam , si profitant des travaux
& des lumieres que vos Excellences
leur donneront, ils parviennent
àla connoiſſance du grandRoy
du Ciel & de la Terre, &joüiffent
du bonheur d'estre gouvernez avec
La mefme douceur, que la bonté de
nostre grand Roy fait goûter àses
fidelles Sujets. C'est à cette fin que
nous leur adreſſons leſouhait duPoëte,
Vivite fælices, quibus eſt fortuna peracta,
Vobis parta quics eft, nullum jam æquor arang
dum,
/
Di
44 IV. P. du Voyage
Loüiffez , Peuples de Siam, de la
douceur du repos, puisque vos illuftres
Ambassadeurs vont repaffer les
mers pourvous porter les belles maximes
d'y parvenir & vous rendre
keureux dans la fuite de tous les
temps. C'est leſouhait que font avec
beaucoup de respect &de tendreſſe,
à vos Excellences , le Magistrat &
Peuple de la Ville de Cambray.
Cette harangue fut ſuivie
du preſent d'une Medaille
d'or du poids de vingt-ſept
piſtoles , dont la face droite
repreſente le Roy avec ces
mots Ludovico Victore
Pacis datore. La Ville de Cambray
paroift au revers avec
د
desAmb. de Siam. 45
ces paroles dulcius vivimus.
Toutes ces Lettres font numerales
hormis la lettre S , &
font enſemble l'an 1678. qui
fuit celle de la reduction de
cette Place en l'obeïſſance du
Roy , & dans laquelle ces
Peuples comencerent à reſſentir
les douceurs du Gouvernement
de Sa Majesté , ainſi
qu'ils le publient par le revers
de la Medaille qu'ils ont
eux-meſmes fait frapper.Cette
Medaille avoit eſté preſentée
au Roy en 1678. au
nom de la Ville de Cambray
par M Defgrufeliers , qui
r
46 IH. P. du Voyage
bien qu'il en ſoit l'Autheur ,
n'a cherché qu'à exprimer les
fentiments du Peuple. Lors
qu'ik la preſenta aux Ambaffadeurs
, il leur dit que cette
Medaille fervoit de preuve incontestable
de la fatisfaction que
Le Peuple de Cambray avoit
d'eftre au nombre des Sujets du
Roy, & qu'ils souhaitoient que
tous les Peuples du Monde en
puffent estre informés.
Le Diſtique ſuivant eſtoit
dansl'envelope de laMedaille.
Vicifti , Princeps , Vrbi pacemque dediſti
Qui Rex &Pater es , dulcius eße dabis.
des Amb. de Siam. 47
,
On preſenta enfuite aux
Ambaſſadeurs trois pieces de
toile tres-fine , de la fabrique
de Cambray & nommée
dans le Commerce , Toile de
Cambray depuis pluſieurs Siecles.
L'Ambaſſadeur répondit
que le Roy leur avoit fait
rendre de grands honneurs , en
les faiſant recevoir magnifiquement
dans tous les lieux où ils
avoient paffé ; qu'on leur avoit
montré par fon ordre toutes ses
Maiſons Royales , & tout ce
que ce Monarque a de plus curieux
; qu'on leur avoit fait voir
une partie de ſes Conquestes , où
48 IV . P. du Voyage
l'on n'avoit rien oublié pour leur
marquer l'estime qu'on a pour
le Roy leur Maître , à qui ils
feroient à leur retour un recit
fidelle de tous les honneurs qu'ils
avoient receus , & qu'ils n'oublieroient
pas de luy remettre entre
les mains la Medaille repre-
Sentant Sa Majesté, &la Ville
de Cambray , afin que la memoire
en fûtconfervée chez eux
pendant tous les Siecles à venir.
Ils ajoûterent qu'ils eftimoient
cette Medaille plus d'un million,
&aprés avoir remercié Ms
duMagiftrat, de l'exactitude
avec laquelle ils leur rendoier
tant
des Amb. de Siam. 49
d'honneurs , le premier Ambaffadeur
demanda une Co
pie de la harangue qui leur
venoit d'eſtre faite , afin , ditil
, qu'ils la puſſent admirer avec
reflexion . M l'Archevef
que de Cambray les vint
voir le meſme ſoir , ils en témoignerent
beaucoup de
joye , parce qu'ils avoient
oüy parler de ſon grand merite
, & qu'ils ont beaucoup
de confideration pour les perſonnes
de ſon caractere. Ils
avoient avec eux deux Interpretes,
dont l'un s'eſt mis depuis
pluſieurs années dans la
E
So IV. P. du Voyage
Miffion qui s'eſt établie à
Siam ; il eſt déja dans les
Ordres ; il parle bien François
, & encore mieux Latin
&ſe nomme M Antoine.M
l'Archeveſque de Cambray
qui en avoit oüy dire beaucoup
de bien, l'émena ſouper
avec luy,&le fit coucher dans
l'Archeveſché. Il luy demanda
quantité de choſes touchant
le Royaume de Siam,
&fut tres-content de ſes réponſes
. Ce Prélat luy donna
un Chapelet avec des Medailles
d'or.
Aprés qu'il eut quitté les
des Amb. de Siam. st
Ambaſſadeurs, M¹ le Comte
de Monbron leur demanda
l'ordre , & ils donnerent
pour mot , Fidelle à fon
choix , ce qui marque que
ce Comte fert le Roy avec
beaucoup d'ardeur & de
fidelité , & qu'il ne dément
point la bonne opinion que
Sa Majefté a euë de luy, en
commençant à reconnoiſtre
ſon merite& ſes ſervices, dans
un âge ou beaucoup d'autres
ne font pas en eſtat de recevoir
ſi- toſt de ſi glorieuſes
recompenfes . Il ſoupa le foir
avec les Ambaſſadeurs , &
Eij
52 IV. P. duVoyage
quoy que toute la Ville fou
haitaſt de les voir manger , la
curioſité des Dames fut ſeule
fatisfaite.
Le lendemain matin , M
le Comte de Monbron leur
envoya quatre Carroffes. Ils
ſe mirent dedans. Lorſqu'ils
furent fortis de la Ville, ils
trouverent des Chevaux que
ce même Comte leur avoit
fait tenir preſts. Ils monterent
deſſus, &viſirerent les
Fortifications avec M de
Monbron & l'Ingenieur qui
tenoit le Plan. On leur fie
voir toutes les Fortifications,
desAmb. de Siam. 53
tous les ouvrages avancez, &
meſme ceux qui n'eſtoient
que commencez. Ils ſe recrierent
de nouveau ſur la grandeur
du Roy , ayant vû non
ſeulement des Ouvriers par
tout , mais auffi en grand
nombre , & travaillant à de
grands ouvrages. Ils remonterent
enfuite en carroffe , &
allerent à la Citadelle, où M
duTilleul qui en eſt Gouverneur
, les attendoit avec les
Officiers majors. Ils y furent
receus comme ils l'avoient
eſté dans les autres Citadelles.
La Compagnie des Cadets
r
E iij
34 IV. P. duVoyage
eſtoit en bataille . L'Ambaf
fadeur qui avoit déja pris
beaucoup de plaifir à en voir
en d'autres Villes , dit que fi
Le Roy estoit plus grand en puiffance
que les autres Monarques,
il l'estoit auſſi en vertu ; qu'il
donnoit du pain à la jeuneNobleſſe
dés l'enfance , & qu'il en
donnoit à ceux qui devenoient
des , foit par de groſſes re
compenses ,foit par des places
dans le lieu qu'il avoit étably
pour les loger ; & qu'ainsi ils
estoient affeurez d'avoir dequoy
vivre, &dans leur jeunesse, &
dans leur vieilleffe. Ils firent le
:
des Amb. de Siam. 55
tour de la Citadelle, & admirerent
la hauteur & la profondeur
des Bastions, ne pouvant
comprendre comment
on avoit pû ſe rendre maiftre
d'une Place fi forte. Le
premier Ambaſſadeur dit que
s'il estoit dans une Place pareille
avec des Troupes Françoiſes,
il ne croyoit pas qu'onfongeast
àl'attaquer. Pendant qu'ils eftoient
ſur les ramparts de la
Citadelle, on fit venir ſur l'EC
planade qui eſt entre la Ville
& la Citadelle , une Compagnie
de Cadets . Ils firent l'exercice;
mais comme le jour
E iiij
56 IV. P. du Voyage
commençoit à finir , & qu'ils
avoient refolu d'aller voir
M l'Archeveſque , l'Ambaffadeur
dit qu'il estoit accoutumé
à voir de la Noblesse &des
Troupes , mais qu'il ne verroit
pas par tout des Archevesques
comme celuy de Cambray. Ils
allerent dans fon Eglife , où
ils le trouverent à la teſte de
ſon Chapitre. Aprés le compliment
de ce Corps, lesAmbaſſadeurs
ne voulurent point
avancer que M'l'Archevefque
ne paſſaſt devant eux, &
luy dirent qu'ils avoient oüy
parlerdefa pieté&desagran
des Amb. de Siam. 57
deur, de toutes manieres. Ce Prélat
leur fit voir tout ce qu'il
y avoit de plus curieux dans
fon Eglife , & leur en fit entendre
la Muſique & les Orgues.
Il voulut enfuire les reconduire
juſques à la porte,
quoyque les Ambaſſadeurs
s'efforçaſſent de ren empefcher
, ne croyant pas qu'il ſe
dûſt donner ces ſoins.Quand
ils furent de retour chez eux,
le Major alla prendre le mot
& on luy donna , Il achevera
fon Ouvrage. Ce mot regarde
le Roy & Me le Comte de
Monbron; & ce n'eft pas à
58 IV. P. du Voyage
moy à raiſonner là- deſſus .
Fermer
Résumé : Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Le 13, les ambassadeurs quittèrent Cambray après une entrée triomphale. Cambray, une des villes les plus fortes d'Europe, est située sur l'Escaut et possède une double citadelle. L'église métropolitaine de Notre-Dame est majestueuse, avec un chapitre composé de 48 chanoines et 95 ecclésiastiques. L'archevêché, autrefois uni à celui d'Arras jusqu'en 1095, fut érigé en 1559 par le pape Paul IV. La ville a une histoire riche et mouvementée. Elle fut conquise par Clodion en 445 et devint un enjeu de conflits entre les rois de France, les empereurs et les comtes de Flandre. Baudouin Ier de Flandre la prit et la donna à son fils Raoul, mais les empereurs la déclarèrent cité libre. Charles Quint la conquit en 1543 et y fit construire une citadelle. Le duc d'Alençon, frère du roi Henri III, fut maître de Cambray et la remit à Jean de Montluc, qui prit le parti de la Ligue avant de faire la paix avec Henri IV. Les Espagnols surprirent la ville en 1595 et la fortifièrent. Louis XIV la conquit en 1677, forçant la citadelle à se rendre le 16 mars. Cambray est défendue par des fortifications impressionnantes, y compris des fossés taillés dans le roc et des bastions. La ville accueillit les ambassadeurs de Siam avec une grande cérémonie, incluant un discours et des présents, comme une médaille d'or et de la toile fine. Les ambassadeurs visitèrent les fortifications et exprimèrent leur admiration pour la puissance et la vertu du roi de France. Ils rencontrèrent également l'archevêque de Cambray, qui leur montra les curiosités de son église.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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133
p. 58-78
Peronne. [titre d'après la table]
Début :
Ils partirent le lendemain 15. avec tous les honneurs que [...]
Mots clefs :
Péronne, Ville, Ambassadeurs, Ordre, Major, Marquis, Hôtel, Lieutenant, Roi, Porte, Honneur, Drapeaux, Aubé, Hoquincour, Régiment, Milice, Logis, Prince, Hôtel de ville
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texteReconnaissance textuelle : Peronne. [titre d'après la table]
Ils partirent le lendemain
is. avec tous les honneurs que
je vous ay ſouvent repetez,
&prirent le chemin de Peronne
. Ils dînerent à Fain.
Peronne eſt une Place trésforte
, & paffe pour une des
Clefs de la France. Elle eft
en Picardie ſur la riviere de
Somme. Outre les Ouvrages
qui la deffendent, ce qui contribuë
à la rendre forte , ce
font les Marais qui l'environnent.
Les Eſpagnols ont
tâché ſouvent de la furprendre
, & ils n'ont pû en venir
des Amb. de Siam. 59
à bout. On attendoit les
Ambaſſadeurs dans cetteVille-
là avec beaucoup d'impatience
, & quoy qu'il n'y
ait point de Garnison , tout
y avoit l'air guerrier. Les
Habitans ne peuvent oublier
les Exercices Militaires,
auſquels ils ont toûjours paru
fi habiles , quoy que les
Conqueſtes de Sa Majefté les
ayent mis à couverr des alarmes
, dont ils n'ont jamais
eſté épouvantez , ayant herité
de la valeur , & de l'intrepidité
de leurs peres. Trente
&un drapeaux avoient eſté
bo IV. P. du Voyage
mis dés le matin aux feneſtres
de l'Hôtel de Ville pour annoncer
au Peuple la venuë
des Ambafſadeurs , l'on avoit
donné ordre de tenir toutes
les Boutiques fermées; enfin
tout avoit eſté diſpoſé pour
une reception auffi galante
que guerriere par les ſoins de
M de Ville , & par le zele
de M Aubé Major. C'eſt
Gentilhomme qui s'aquite
fi bien de tout ce qui regarde
cette dignité , qu'il a déja
eſté choiſy pluſieurs fois
pour la remplir , tanr Mrs de
Ville ont de plaifir à le voir
un
des Amb. de Siam. 61
leur teſte. Auſſi peut- on
dire qu'un homme de ce caractere
ſe diftingue toûjours
dans tout ce qu'il fait. Me le
Marquis d'Hoquincourt ,
Gouverneur de Peronne
voit expliqué à M's de Ville
les intentions du Roy ,
c'eſt ce qui les rendoit ſi ze-
د
a-
&
du
lez. Ce Marquis eftant accompagné
deM de la Brouë
Lieutenant de Roy
Commandant du Château ,
de l'Estat Major de la Place ,
& de beaucoup de Nobleſſe
de ſon Gouvernement , ſe
rendit à la porte de la Ville ,
62 IV. P du Voyage
ainſi que Mrs les Majeur &
Eſchevins , où ils attendirent
les Ambaſſadeurs. Lors
qu'ils furent arrivez au Pontlevis
de la Ville , M² le Marquis
d'Hoquincour leur preſenta
ſes Clefs par trois fois ,
& M Aubé leur preſenta
auſſi les ſiennes que Sa Majeſté
veut bien confier au
Majeur de la Ville. Ce Privilege
luy eft glorieux , & merire
d'eſtre remarqué. Les Ambaſſadeurs
entrerent enſuitte
au bruit du Canon & du Carillon
des Cloches , & pafferent
au travers de ſeize Comdes
Amb. de Siam. 63
&
pagnies du Regiment de la
Milice qui formoient deux
hayes juſques à l'Hôtel qui
leur avoit eſté preparé. Les
Officiers de ce Regiment
les ſaluerent de la pique ,
les Enſeignes avec leurs
Drapeaux. La Garde de leur
Logis eſtoit de cinquante
Mouſquetaires détachez,commandez
par le plus ancien
Capitaine , un Lieutenant ,
& l'Enſeigne Colonelle avec
le Drapeau de la Pucelle. On
avoit mis au deſſus de la porte
de ce meſme Logis , les
Armes du Roy de Siam , en64
IV. P. duVoyage
vironnées de Lauriers , & de
fleurs. Peu de temps apres
que les Ambaſſadeurs furent
arrivez, M le Marquis d'Hoquincourt
, toûjurs accompagné
de meſme qu'il l'avoit
eſté à la porte de la Ville ,
vint les ſaluer. Mts de Ville
s'étant auſſi rendus au meſme
lieu , M Aubé Majeur qui
eſtoit à leur teſte , leur fit
compliment au nom de ce
Corps , & s'expliqua en ces
termes.
MESSEIGNEVRS,
LesMagistratsde Peronne viendes
Amb. de Siam: 65
nent paroiſtre devantvous, ilsfoubaiteroient
de pouvoir affez bien
répondre aux volontez du Roy leur
Maistre , pour vous recevoir avec
toute la magnificence que vous meritez.
Dieu qui tient les coeurs des
Koisdansses mains, afait un miracle
d'avoir uny deux grands Rois
d'uneétroite amitié, malgré le grand
éloignement de leurs Etats , & les
vaſtes mers qui lesfeparent. Ilfemble
qu'il vienne d'en faire encore
un nouveau , en faveur de noftre
chere Ville de Peronne, puiſque nous
voyons vos Excellences dans ses
murs ; & cette ville toute remplie
qu'elle est de la gloire que nosPe
res luy ont acquiſe dans les fiecles
paſſez, avoit encore beſoin de cette
beureuſe journée pour celle de leurs
fucceffeurs, qui affeurent vos Excel-
F
66 IV. P. du Voyage
lences par la bouche de leurs Magiftrats
, du profond respect qu'ils
ont pour vous, & des voeux qu'ils
feront afin que cette union dure
éternellement.
L'Interprete demanda à
Mr Aubé s'il avoit une copie
de fon difcours. Il luy
répondit que oüy , parcequ'il
ſçavoit que les Ambaſſadeurs
en avoient demandé dans
pluſieurs Villes où ils avoient
paffé ; & l'Interprete l'ayant
receuë des mains de ce premier
Magiftrat, la lût, &l'expliqua
enfuite aux Ambaſſadeurs.
Le premier Ambaſſades
Amb. de Siam. 67
deur répondit , Qu'ils estoient
bien obligez à M les Magiftrats
de Peronne , de l'honneur
qu'ils leur rendoient; Qu'ils s'en
Jouviendroient quand ilsſeroient
de retour dans les Etats du Roy
leur Maistre : Que l'Alliance
qui venoit d'eſtre contractée entre
les deuxRois, dureroit autant
que le Soleil &la Lune ; Qu'ils
Je recommandoient à leurs prieres
, & qu'ils croyoient qu'ily
auroit un jour beaucoup de
Chreftiens dans le Royaume de
Siam , & que les François deviendroient
Siamois, & les Siamois
François. Le Chapitre &
Fij
68 IV. P. du Voyage
leBailliage vinrent enfuite les
complimenter. Le Bailliage
avoit àſa teſte M. Vaillant,
Lieutenant general,& leChapitre
M l'Abbé le Veftier,
Docteur de la Maiſon & Societé
de Navarre , & Doyen
du Chapitre de Peronne. Il
eſtoit accompagné de plus
de trente Chanoines, &du
Clergé de ſes quatre Paroifſes.
Voicy de quelle maniere
il parla.
MONSEIGNEVR,
Si tous les peuplesſont dans l'admiration
des rares qualitezde l'andesAmb.
de Siam. 69
guste Monarque dont voſtre Excellence
representefi dignement la per-
Sonne ; s'ils ne peuvent affez élever
la ſageſſe qui regle toutes les
actions, &particulierement le zele
qui luy a fait rechercher l'amitié de
noftre invincible Monarque , avec
quelles marques d'estime &de vineration
ne devons-nous pas recevoir
les Ambaſſadeurs d'un Prince
fi accomply? Quelle joye ne devonsnous
pas faire paroiſtre du bonheur
que nous avons de poffeder les Ministres
d'un Prince si recommandable
&fi cher à toute l'Eglife, dont
il veut bien eftre le protecteurdans
les Royaumes les plus éloignez ?Illustres
Ambaßadeurs , que le Ciel
beniffe les démarches que vousfaites
pour la gloire d'un si grand &
d'un fi aimable Prince : Que la
70 IV. P. du Voyage
bienveillance dont vous voulezbien
honorer les Ministres du Trés -haut,
vous foit à jamais une femence
d'immortalité : Enfin , que vostre
prudence, voſtre ſageffe &toutes les
béroïques qualitez qui vous font
estimer & cherir de LOVIS LE
GRAND & de tous ses peuples,
foient un jour couronnées desſplendeurs
de la Sageffe Eternelle, de fes
trésors infinis , & de ses richeſſes
inépuisables. Ce font, Monseigneur,
les voeux & les plus ardans defirs
de toute cette Compagnie , & en
particulier de celuy qui a l'honneur
de parler icy pour elle.
Pendant que les Ambaffadeurs
eftoient occupés à
écouter ces harangues , & à
des Amb de Siam. 71
yfaire des réponſes auſſi ſpirituelles
qu'obligeantes , le
Major , & l'aide Major du
Regiment de Milice , firen .
faire un mouvement aux
Troupes qui vinrent en bon
ordre dans la Place , où ils les
mirent en Bataille , devant
l'Hôtel des Ambaſſadeurs . Le
Lieutenant Colonel eſtoit à
la teſte à cauſe de l'indiſpoſition
du Colonel , une partie
des Capitaines faiſoit un
front; les Lieutenans eſtoient
dans les diviſions ,& la queuë
eſtoit fermée par le reſte des
Capitaines , ils avoient tous
72 IV P. duVoyage
des plumes blanches. L'ordre
ayant eſté donné enſuite pour
lesvins de preſent, ils furent
portés dans des Cannes par
douze Huiffiers de Ville , qui
avoient à leur teſte les Avocats
& Procureurs du Roy de
l'Hôtel de Ville precedez du
Major , & de l'aide Major de
la Milice avec les trente Drapeaux
des Arts , & Métiers
qui estoient portez par leurs
Enſeignes , au fon d'un fort
grand nombre de Tambours,
le Mareſchal des Logis étoit
à la queuë . Ils entrerent en
cet ordre chés les Ambaſſadeurs,
des Amb de Siam. 73
deurs , auſquels l'Avocat de
la Ville fit compliment , &
preſenta les Vins. L'Ambaffadeur
répondit qu'ils estoient
obligés à Mas de Peronne de
leurhonneſteté, qu'ils voudroient
trouver occafion de les fervir, &
qu'ils n'avoientpas attendu moins
d'honneur qu'ils en recevoient
Sur le recit qu'on leur avoit fait
de Peronne , qu'ils n'oubliroient
jamais. Ces Meſſieurs s'étant
enfuite retirés dans le même
ordre à l'Hôtel de Ville , les
Arquebuſes à croc du Befroy
tirerent , ce qui fit fortir les
Ambaſſadeurs qui furent fur-
G
74 IV. P. du Voyage
pris de voir le Bataillon, dont
ils furent ſaluez de nouveau
de la pique ; aprés quoy les
Arqucbuſes à croc recommencerent
à tirer pour ſatisfaire
leur curiofité. Ils rentrerent
enfuite chez eux , où
Mele Marquis d'Hoquincour
alla leur demander l'ordre
. L'Ambaſſadeur donna
pour mot la Pucelle , & dit
que ce mot estoit affez beau &
affezglorieux à la Ville , pour
n'en pas donner un autre. On
fçait que la Ville de Peronne
n'a jamais efté priſe , quoyqu'elle
ait eſté attaquée en
des Amb. de Siam. 75
1536. par une puiſſanteArmée
que commandoit le Comte
Henry de Naſſau, ſous Charles-
Quint ; les Habitans de
Peronne la repouſſerent vigoureuſement
, après avoir
eſſuyé pluſieurs aſſauts. Les
cloches carillonnerent pendant
tout le ſoir, & toutes les
feneftres de la Ville ſe trouverent
illuminées , & les ruës
remplies de feux par les ordres
& par les loins de M
Aubé. L'Apartement desAmbaſſadeurs
eſtant ſur le derriere
de l'Hoſtel où ils ef
toient logez , M Torf les
r
Dij
76 IV. P. du Voyage
avertit de l'état brillant où
eſtoit la Ville. Ils voulurent
la voir , & fortirent juſque
dans la Place ; ce qui leur fit
dire qu'ils voyoient par là qu'on
n'oublioit rien pour faire honneur
au Roy leurMaistre. Comme
ils ne ſejournerent point
à Peronne, la foule ſe trouva
ſi grande pour les voir fouper
, que la curioſité d'une
grande partie des Dames ne
pût eſtre ſatisfaire. L'Ambaffadeur
ayant demandé le
Plan de laVille à M. le Marquis
d'Hoquincour, il le luy
fit donner parM.Tifon, Ing
r
des Amb. de Siam. ララン
genieur de Sa Majesté , de la
refidence de Peronne , avec
lequel il l'examina. Le lendemain
le Bataillon s'eſtant
remis en deux hayes, comme
le jour precedent, dés fix heures
du matin , les Ambaffadeurs
partirent à ſept au travers
de cette double haye.
M le Gouverneur , M le
Lieutenant de Roy , & M's
de Ville les attendoient à la
Porte de la Ville , où ils leur
firent de nouveaux complimens
; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez ,
fortirent au carillon des clo-
Giij
178 IV.P. du Voyage
ches & au bruit du canon,&
allerent dîner à Feſnes , d'où
ils prirent la route de Saint-
Quentin.
is. avec tous les honneurs que
je vous ay ſouvent repetez,
&prirent le chemin de Peronne
. Ils dînerent à Fain.
Peronne eſt une Place trésforte
, & paffe pour une des
Clefs de la France. Elle eft
en Picardie ſur la riviere de
Somme. Outre les Ouvrages
qui la deffendent, ce qui contribuë
à la rendre forte , ce
font les Marais qui l'environnent.
Les Eſpagnols ont
tâché ſouvent de la furprendre
, & ils n'ont pû en venir
des Amb. de Siam. 59
à bout. On attendoit les
Ambaſſadeurs dans cetteVille-
là avec beaucoup d'impatience
, & quoy qu'il n'y
ait point de Garnison , tout
y avoit l'air guerrier. Les
Habitans ne peuvent oublier
les Exercices Militaires,
auſquels ils ont toûjours paru
fi habiles , quoy que les
Conqueſtes de Sa Majefté les
ayent mis à couverr des alarmes
, dont ils n'ont jamais
eſté épouvantez , ayant herité
de la valeur , & de l'intrepidité
de leurs peres. Trente
&un drapeaux avoient eſté
bo IV. P. du Voyage
mis dés le matin aux feneſtres
de l'Hôtel de Ville pour annoncer
au Peuple la venuë
des Ambafſadeurs , l'on avoit
donné ordre de tenir toutes
les Boutiques fermées; enfin
tout avoit eſté diſpoſé pour
une reception auffi galante
que guerriere par les ſoins de
M de Ville , & par le zele
de M Aubé Major. C'eſt
Gentilhomme qui s'aquite
fi bien de tout ce qui regarde
cette dignité , qu'il a déja
eſté choiſy pluſieurs fois
pour la remplir , tanr Mrs de
Ville ont de plaifir à le voir
un
des Amb. de Siam. 61
leur teſte. Auſſi peut- on
dire qu'un homme de ce caractere
ſe diftingue toûjours
dans tout ce qu'il fait. Me le
Marquis d'Hoquincourt ,
Gouverneur de Peronne
voit expliqué à M's de Ville
les intentions du Roy ,
c'eſt ce qui les rendoit ſi ze-
د
a-
&
du
lez. Ce Marquis eftant accompagné
deM de la Brouë
Lieutenant de Roy
Commandant du Château ,
de l'Estat Major de la Place ,
& de beaucoup de Nobleſſe
de ſon Gouvernement , ſe
rendit à la porte de la Ville ,
62 IV. P du Voyage
ainſi que Mrs les Majeur &
Eſchevins , où ils attendirent
les Ambaſſadeurs. Lors
qu'ils furent arrivez au Pontlevis
de la Ville , M² le Marquis
d'Hoquincour leur preſenta
ſes Clefs par trois fois ,
& M Aubé leur preſenta
auſſi les ſiennes que Sa Majeſté
veut bien confier au
Majeur de la Ville. Ce Privilege
luy eft glorieux , & merire
d'eſtre remarqué. Les Ambaſſadeurs
entrerent enſuitte
au bruit du Canon & du Carillon
des Cloches , & pafferent
au travers de ſeize Comdes
Amb. de Siam. 63
&
pagnies du Regiment de la
Milice qui formoient deux
hayes juſques à l'Hôtel qui
leur avoit eſté preparé. Les
Officiers de ce Regiment
les ſaluerent de la pique ,
les Enſeignes avec leurs
Drapeaux. La Garde de leur
Logis eſtoit de cinquante
Mouſquetaires détachez,commandez
par le plus ancien
Capitaine , un Lieutenant ,
& l'Enſeigne Colonelle avec
le Drapeau de la Pucelle. On
avoit mis au deſſus de la porte
de ce meſme Logis , les
Armes du Roy de Siam , en64
IV. P. duVoyage
vironnées de Lauriers , & de
fleurs. Peu de temps apres
que les Ambaſſadeurs furent
arrivez, M le Marquis d'Hoquincourt
, toûjurs accompagné
de meſme qu'il l'avoit
eſté à la porte de la Ville ,
vint les ſaluer. Mts de Ville
s'étant auſſi rendus au meſme
lieu , M Aubé Majeur qui
eſtoit à leur teſte , leur fit
compliment au nom de ce
Corps , & s'expliqua en ces
termes.
MESSEIGNEVRS,
LesMagistratsde Peronne viendes
Amb. de Siam: 65
nent paroiſtre devantvous, ilsfoubaiteroient
de pouvoir affez bien
répondre aux volontez du Roy leur
Maistre , pour vous recevoir avec
toute la magnificence que vous meritez.
Dieu qui tient les coeurs des
Koisdansses mains, afait un miracle
d'avoir uny deux grands Rois
d'uneétroite amitié, malgré le grand
éloignement de leurs Etats , & les
vaſtes mers qui lesfeparent. Ilfemble
qu'il vienne d'en faire encore
un nouveau , en faveur de noftre
chere Ville de Peronne, puiſque nous
voyons vos Excellences dans ses
murs ; & cette ville toute remplie
qu'elle est de la gloire que nosPe
res luy ont acquiſe dans les fiecles
paſſez, avoit encore beſoin de cette
beureuſe journée pour celle de leurs
fucceffeurs, qui affeurent vos Excel-
F
66 IV. P. du Voyage
lences par la bouche de leurs Magiftrats
, du profond respect qu'ils
ont pour vous, & des voeux qu'ils
feront afin que cette union dure
éternellement.
L'Interprete demanda à
Mr Aubé s'il avoit une copie
de fon difcours. Il luy
répondit que oüy , parcequ'il
ſçavoit que les Ambaſſadeurs
en avoient demandé dans
pluſieurs Villes où ils avoient
paffé ; & l'Interprete l'ayant
receuë des mains de ce premier
Magiftrat, la lût, &l'expliqua
enfuite aux Ambaſſadeurs.
Le premier Ambaſſades
Amb. de Siam. 67
deur répondit , Qu'ils estoient
bien obligez à M les Magiftrats
de Peronne , de l'honneur
qu'ils leur rendoient; Qu'ils s'en
Jouviendroient quand ilsſeroient
de retour dans les Etats du Roy
leur Maistre : Que l'Alliance
qui venoit d'eſtre contractée entre
les deuxRois, dureroit autant
que le Soleil &la Lune ; Qu'ils
Je recommandoient à leurs prieres
, & qu'ils croyoient qu'ily
auroit un jour beaucoup de
Chreftiens dans le Royaume de
Siam , & que les François deviendroient
Siamois, & les Siamois
François. Le Chapitre &
Fij
68 IV. P. du Voyage
leBailliage vinrent enfuite les
complimenter. Le Bailliage
avoit àſa teſte M. Vaillant,
Lieutenant general,& leChapitre
M l'Abbé le Veftier,
Docteur de la Maiſon & Societé
de Navarre , & Doyen
du Chapitre de Peronne. Il
eſtoit accompagné de plus
de trente Chanoines, &du
Clergé de ſes quatre Paroifſes.
Voicy de quelle maniere
il parla.
MONSEIGNEVR,
Si tous les peuplesſont dans l'admiration
des rares qualitezde l'andesAmb.
de Siam. 69
guste Monarque dont voſtre Excellence
representefi dignement la per-
Sonne ; s'ils ne peuvent affez élever
la ſageſſe qui regle toutes les
actions, &particulierement le zele
qui luy a fait rechercher l'amitié de
noftre invincible Monarque , avec
quelles marques d'estime &de vineration
ne devons-nous pas recevoir
les Ambaſſadeurs d'un Prince
fi accomply? Quelle joye ne devonsnous
pas faire paroiſtre du bonheur
que nous avons de poffeder les Ministres
d'un Prince si recommandable
&fi cher à toute l'Eglife, dont
il veut bien eftre le protecteurdans
les Royaumes les plus éloignez ?Illustres
Ambaßadeurs , que le Ciel
beniffe les démarches que vousfaites
pour la gloire d'un si grand &
d'un fi aimable Prince : Que la
70 IV. P. du Voyage
bienveillance dont vous voulezbien
honorer les Ministres du Trés -haut,
vous foit à jamais une femence
d'immortalité : Enfin , que vostre
prudence, voſtre ſageffe &toutes les
béroïques qualitez qui vous font
estimer & cherir de LOVIS LE
GRAND & de tous ses peuples,
foient un jour couronnées desſplendeurs
de la Sageffe Eternelle, de fes
trésors infinis , & de ses richeſſes
inépuisables. Ce font, Monseigneur,
les voeux & les plus ardans defirs
de toute cette Compagnie , & en
particulier de celuy qui a l'honneur
de parler icy pour elle.
Pendant que les Ambaffadeurs
eftoient occupés à
écouter ces harangues , & à
des Amb de Siam. 71
yfaire des réponſes auſſi ſpirituelles
qu'obligeantes , le
Major , & l'aide Major du
Regiment de Milice , firen .
faire un mouvement aux
Troupes qui vinrent en bon
ordre dans la Place , où ils les
mirent en Bataille , devant
l'Hôtel des Ambaſſadeurs . Le
Lieutenant Colonel eſtoit à
la teſte à cauſe de l'indiſpoſition
du Colonel , une partie
des Capitaines faiſoit un
front; les Lieutenans eſtoient
dans les diviſions ,& la queuë
eſtoit fermée par le reſte des
Capitaines , ils avoient tous
72 IV P. duVoyage
des plumes blanches. L'ordre
ayant eſté donné enſuite pour
lesvins de preſent, ils furent
portés dans des Cannes par
douze Huiffiers de Ville , qui
avoient à leur teſte les Avocats
& Procureurs du Roy de
l'Hôtel de Ville precedez du
Major , & de l'aide Major de
la Milice avec les trente Drapeaux
des Arts , & Métiers
qui estoient portez par leurs
Enſeignes , au fon d'un fort
grand nombre de Tambours,
le Mareſchal des Logis étoit
à la queuë . Ils entrerent en
cet ordre chés les Ambaſſadeurs,
des Amb de Siam. 73
deurs , auſquels l'Avocat de
la Ville fit compliment , &
preſenta les Vins. L'Ambaffadeur
répondit qu'ils estoient
obligés à Mas de Peronne de
leurhonneſteté, qu'ils voudroient
trouver occafion de les fervir, &
qu'ils n'avoientpas attendu moins
d'honneur qu'ils en recevoient
Sur le recit qu'on leur avoit fait
de Peronne , qu'ils n'oubliroient
jamais. Ces Meſſieurs s'étant
enfuite retirés dans le même
ordre à l'Hôtel de Ville , les
Arquebuſes à croc du Befroy
tirerent , ce qui fit fortir les
Ambaſſadeurs qui furent fur-
G
74 IV. P. du Voyage
pris de voir le Bataillon, dont
ils furent ſaluez de nouveau
de la pique ; aprés quoy les
Arqucbuſes à croc recommencerent
à tirer pour ſatisfaire
leur curiofité. Ils rentrerent
enfuite chez eux , où
Mele Marquis d'Hoquincour
alla leur demander l'ordre
. L'Ambaſſadeur donna
pour mot la Pucelle , & dit
que ce mot estoit affez beau &
affezglorieux à la Ville , pour
n'en pas donner un autre. On
fçait que la Ville de Peronne
n'a jamais efté priſe , quoyqu'elle
ait eſté attaquée en
des Amb. de Siam. 75
1536. par une puiſſanteArmée
que commandoit le Comte
Henry de Naſſau, ſous Charles-
Quint ; les Habitans de
Peronne la repouſſerent vigoureuſement
, après avoir
eſſuyé pluſieurs aſſauts. Les
cloches carillonnerent pendant
tout le ſoir, & toutes les
feneftres de la Ville ſe trouverent
illuminées , & les ruës
remplies de feux par les ordres
& par les loins de M
Aubé. L'Apartement desAmbaſſadeurs
eſtant ſur le derriere
de l'Hoſtel où ils ef
toient logez , M Torf les
r
Dij
76 IV. P. du Voyage
avertit de l'état brillant où
eſtoit la Ville. Ils voulurent
la voir , & fortirent juſque
dans la Place ; ce qui leur fit
dire qu'ils voyoient par là qu'on
n'oublioit rien pour faire honneur
au Roy leurMaistre. Comme
ils ne ſejournerent point
à Peronne, la foule ſe trouva
ſi grande pour les voir fouper
, que la curioſité d'une
grande partie des Dames ne
pût eſtre ſatisfaire. L'Ambaffadeur
ayant demandé le
Plan de laVille à M. le Marquis
d'Hoquincour, il le luy
fit donner parM.Tifon, Ing
r
des Amb. de Siam. ララン
genieur de Sa Majesté , de la
refidence de Peronne , avec
lequel il l'examina. Le lendemain
le Bataillon s'eſtant
remis en deux hayes, comme
le jour precedent, dés fix heures
du matin , les Ambaffadeurs
partirent à ſept au travers
de cette double haye.
M le Gouverneur , M le
Lieutenant de Roy , & M's
de Ville les attendoient à la
Porte de la Ville , où ils leur
firent de nouveaux complimens
; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez ,
fortirent au carillon des clo-
Giij
178 IV.P. du Voyage
ches & au bruit du canon,&
allerent dîner à Feſnes , d'où
ils prirent la route de Saint-
Quentin.
Fermer
Résumé : Peronne. [titre d'après la table]
Le texte relate l'arrivée des ambassadeurs de Siam à Peronne, une ville fortifiée en Picardie située sur la rivière de Somme. Entourée de marais, Peronne a résisté à plusieurs tentatives de prise par les Espagnols. Les habitants, familiers des exercices militaires, étaient impatients d'accueillir les ambassadeurs. Pour l'occasion, trente-et-un drapeaux étaient exposés à l'Hôtel de Ville et les boutiques étaient fermées. Les ambassadeurs ont été reçus par le marquis d'Hoquincourt, gouverneur de Peronne, et le maire Aubé, qui leur ont remis les clés de la ville. Ils ont été escortés par seize compagnies de la milice et logés dans un hôtel spécialement préparé, avec une garde de cinquante mousquetaires. Le marquis d'Hoquincourt et les magistrats de Peronne ont prononcé des discours de bienvenue, soulignant l'amitié entre les rois de France et de Siam. Les ambassadeurs ont répondu en exprimant leur gratitude et en espérant une alliance durable. Le chapitre et le bailliage ont également adressé leurs compliments. Pendant leur séjour, des mouvements militaires ont été effectués et des vins ont été offerts aux ambassadeurs. La ville était illuminée, permettant aux ambassadeurs d'admirer les festivités. Le lendemain, ils ont quitté Peronne sous les honneurs militaires et se sont dirigés vers Saint-Quentin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
134
p. 78-95
Saint-Quentin. [titre d'après la table]
Début :
C'est une Ville sur la Somme, Capitale du Pays de [...]
Mots clefs :
Saint-Quentin, Ville, Roi, Gouverneur, Chevaliers de la couronne, Ambassadeurs, Abancourt, Bourgeois, Décharge, Carrosse, Place, France, Pradel, Arquebuses, Fenêtres, Cavalerie, Somme, Vermandois
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Saint-Quentin. [titre d'après la table]
C'eſt une Ville ſur
la Somme , Capitale du Pays
de Vermandois en Picardie.
Elle eft grande & bien peuplée
, & on y fait diverſes
Manufactures . Elle a eſté aux
Comtes de Vermandois , &
le Roy Philippe Auguſte
l'ayant réünie à la Couronne
, elle fut depuis engagée
aux Ducs de Bourgogne;
mais elle en a toûjours eſté
retirée avec les autres Villes
fur la Somme, Philibert Ema
des Amb. de Siam. 79
nuel Duc de Savoye , Gouverneur
des Pays-bas, l'ayant
affiegée pour Philippe II.
Roy d'Eſpagne, le Conneſtable
de Montmorency y jetta
quelque ſecours. Il fut attaqué
dans ſa retraite , & fait
prifonnier avec les Ducs de
Montpenfier & de Longueville
, Loüis de Gonzague,
depuis Duc de Nevers , le
Maréchal de S. André , dix
Chevaliers de l'Ordre, & trois
cens Gentilshommes. Cette
Bataille qui fut donnée le 10.
Aouſt 1557. coûta beaucoup
de fang aux François. Jean
Giiij
80 IV. P.du Voyage
de Bourbon, Duc d'Anguien,
fut trouvé parmy les morts.
Les Ennemis , ſans fonger à
profiter de l'avantage qu'ils
venoient de remporter, s'arrefterent
au Siege de Saint-
Quentin, où le Roy Philippes
vint le 27. d'Aouſt. L'Amiral
Coligny qui deffendoit cette
Place , ayant trop tardé à
capituler , la fit ſauter par
cinq bréches , & fut fait prifonnier.
Elle fut rendue à
la France en 1559. par la Paix
de Cateau - Cambreſis . M
d'Abancourt , Lieutenant de
Roy de cette Ville , en fit
r
des Amb. de Siam . 81
les honneurs, en l'absence de
M le Marquis de Pradel ,
Lieutenant general des Armées
du Roy , qui en eft
Gouverneur. Il fortit de Saint
Quentin , dans un Carroſſe
precedé d'une partie des Gardes
de M. de Pradel , tous
bien montez , ainſi que les
Chevaliers de la Couronne,
& de la Jeuneffe , qui l'accompagnoient.
Ils avoient
des Plumes blanches, & eftoient
tous fort leſtement
veſtus , & conduits par leurs
Capitaines. Il y avoit auffi
plus de deux cens notables
82 IV . P. du Voyage
Bourgeois , qui avoient en
teſte Mfs Boutillier &Tabary
, anciens Mayeurs de la
Ville. Ils allerent plus de deux
lieuës au devant des Ambaffadeurs
. M d'Abancourt defcendit
de carroſſe dés qu'il
les eut apperceus , ainſi que
Mt Ainet , Roy de la Couronne
. Cette Compagnie &
celle de la Jeuneſſe , font
composées des jeunes gens
de la Ville , qui s'accoutumant
de bonne heure dans
les Exercices guerriers, ſe difputent
ſouvent des Prix les
uns aux autres , & ces Prix
des Amb. de Siam. 83
font donnez à ceux qui font
voir le plus d'adreſſe. Toutes
ces Troupes, ainſi que les Archers
de la Maréchauffée, faluërent
les Ambaſſadeurs par
une décharge de leurs piftolets,
puis les Chevaliers de la
Couronne environerent leur
Carroſſe l'épée à la main.
Celuy de M d'Abancourt
alloit devant, & eſtoit précedé
de la Maréchauffée. Lors
qu'on fut arrivé à la Porte
de la Ville, le canon des ramparts
ſalüa , comme il avoit
fait par tout ailleurs. LesAmbaſſadeurs
paſſerent au tra
84 III. P. du Voyage
vers d'une double haye de
Bourgeois , dont les ruës eftoient
bordées depuis les
premieres maiſons du Fauxbourg
juſqu'au lieu qui leur
avoit eſté préparé pour leur
logement, & qui estoit gardé
par les deux Compagnies des
Canonniers & Arquebufiers.
Ce logis eftoit fort ſpatieux,
& M de Ville avoient pris
foin de le faire meubler. Ils
avoient fait mettre au deſſus
de la Porte les Armes du Roy
de Siam , qui brilloient extrémement
par les ornemens
dont elles eftoient environ
des Amb. de Siam. 85
nées . LesAmbaſſadeurs eſtant
arrivez à la porte de ce logis,
on fit une décharge de quarante
Arquebuſes à croc , qui
eſtoient aux feneſtres de la
Maiſon de Ville, vis-à-vis de
l'Hoſtel qu'on avoit fait préparer
pour eux ; de forte qu'ils
les entendirent & les virent
de leurs feneftres . Peu de
temps aprés les Mayeur &
Eſchevins en Corps, précedez
de leurs quatre Huiffiers à
longues robbes , & fuivis de
huit autres de robbe courte,
qui portoient lesVins de prefent,
vinrent les complimen
86 IV. P. du Voyage
r
ter. La parole fut portée par
M Rohart , Advocat , &
Mayeur de la Ville. L'Ambaſſadeur
répondit qu'ils eftoient
fort redevables àM*s de
Saint-Quentin des honnestetez
qu'ils leur faisoient,&de l'esti
me qu'ils marquoient pour le
Roy de Siam: Qu'ils auroient
voulu avoir occafion de fervir
la Ville , en revanche de l'honneur
qu'ils en recevoient ; &
qu'ils s'eſtonnoient de voir de ſi
belle Cavalerie , & de fi belle
Infanterie , dans une Place où
il n'y avoit point de Garnison.
L'Infanterie ayant enſuite
des Amb. de Siam. 87
paffé devant leur logis , où
elle fit une décharge, lesAmbaſſadeurs
prierent Mas de
Ville de la renvoyer , & leur
firent de nouveaux remercîmens.
Enſuite le Chapitre
Royal de Saint-Quentin les
vint ſaluër en Corps , & leur
fit auſſi ſes Preſens en particulier
; ce qui merite d'eftre
remarqué , puiſque ce n'eſt
pas une choſe ordinaire aux
Chapitres. M. l'Abbé Gobinet
, Eſcolaſtre & Docteur
en Theologie , parla en l'abfence
de M. de Maupeou,
Doyen , nommé à l'Eveſché
88 IV. P. du Voyage
de Caſtre . L'Ambaſſadeur ré
pondit , qu'ils estoient fort obli
gezà cette Compagnie des honneſtetez
qu'elle venoit leurfaire
; qu'ils sçavoient de quelle
importance estoit le Chapitre de
Saint-Quentin , puiſqu'il avoit
l'honneur d'avoir un des plus
grands Rois de la terre pourfon
premier Chanoine , & qu'il eftoit
Gardien depuis pluſieurs fiecles
du Corps d'un glorieux
Martyr , & qui avoit tant
fouffert; que la modeſtie qu'il
voyoit paroiſtre ſur le visage de
tous les Chanoines , leur estoit
une preuve évidente de la bondes
Amb . de Siam. 89
téde laReligion Chreftienne; que
le Roy de Siam leur Maistre,
qui avoit une eſtime trés-particuliere
pour le Roy de France,
confideroit tous ceux de ſa Religion,
protegeoit dasfonRoyaume
, les Evesques , les Prestres,
les Miffionnaires, pour lefquels
il avoit fait bastir des
Eglifes. Il leur demanda qu'ils
vouluſſent bien prier pour le
Peuple de Siam ; & tous les
Chanoines eſtant enſuite pafſez
devant luy , il les falia
tous chacun en particulier.
Aprés cela ils receurent les
complimens de Mts du Bail
H
90 IV. P. du Voyage
lage , de la Prevoſté, de l'Election
& du Grenier à Sel,
qui tous enſemble ne firent
qu'un Corps. Ces complimens
eſtant achevez, Mª d'Abancourt
leur demanda l'ordre,
& l'Ambaſſadeur donna
pour mot, Plus chargé de lauriers
que d'années, faiſant alluſion
aux grands ſervices de
M. le Marquis de Pradel ,
Gouverneur de S. Quentin,
qui a receu beaucoup de
bleſſeures pendant les Campagnes
qu'il a faites. Mrs de
Ville firent illuminer le ſoir
les feneftres de leur Hoſtel,
r
desAmb. de Siam. gr
qui donnoient vis-à-vis de
celuy où les Ambaſſadeurs
eſtoient logez ; ce qui éclairoit
la grande Place, qui eft
une des plus ſpacieuſes , des
plus regulieres & des plus
belles de France. Toute la
Ville fut auffi illuminée , les
ordres ayant eſté donnez de
mettre des lanternes à toutes
les feneftres .On foupa à l'ordinaire.
L'Afſſemblée fut remarquable
, & les Ambaſſadeurs
trouverentque le nombre
des Dames eſtoit grand
à S. Quentin , & qu'il y en
avoir beaucoup de belles,
Hij
92 IV. P. du Voyage
On leur donna les Violons
aprés foupé, & quand ils eurent
joüé longtemps , ils ſe
mêlerent aux Trompettes des
Chevaliers de la Couronne,
avec lesquels ils s'eſtoient
concertez ; & les plaiſirs de
cette ſoirée finirent par le
bruit de la décharge d'un
grand nombre d'Arquebuſes
à croc , qui estoient à l'Hoftel
de Ville. Le lendemain 17.
quelques Mandarins &quelques
Secretaires allerent par
ordre des Ambaſſadeurs, à la
grande Eglife , afin de leur
faire rapport de ce qu'ils ver
des Amb de Siam. 93
1
roient pour l'écrire enfuite,
comme ils ont fait dans tous
les lieux où ils ont eſté. Ils
trouverent cetre Eglife trésbelle
, tant pour ſa grandeur
que pour ſa conſtruction. Sur
les neuf heures du matin les
Ambaſſadeurs ayant achevé
de déjeuner , les Mayeur &
Eſchevins leur vinrent encore
faire compliment par
la bouche de M Rochart.
L'Ambaſladeur leur marqua
avec les termes les plus ohligeans
& les plus forts, qu'on
ne pouvoit eſtre plus content
qu'ils l'eſtoient de la
94 IV. P. du Voyage
Ville & de luy. Comme ils
avoient defiré d'entendre les
Cloches de la grande Eglife
avant leur départ, ils ſe mirent
à la feneſtre , & on les
fit ſonner à volée, & enſuite
carillonner. Ils furent aprés
falüez des Arquebuſes de
'Hoſtel de Ville , qu'ils avoient
déja veuës & entenduës
avec plaifir, & partirent
precedez des Chevaliers de la
Couronne avec leurs Etendarts
, leurs Trompettes , &
tout ce qui peut marquer des
Troupes reglées , dont ils avoient
l'air. Il y avoit auffi
desAmb. de Siam. 95
plus de deux cens Bourgeois
à cheval', & toute cette Cavalerie
eſtant jointe à la mareſchauffée
, paroiſſoit fort
nombreuſe. Ils pafferent entre
deux hayés de Bourgeois
ſous les armes , ainſi qu'ils
avoient fait en entrant. Le
canon tira à leur fortie , &
la Cavalerie qui les accompagnoit
, ne les quitta qu'à
plus de deux lieuës de laVil-
Ie.
la Somme , Capitale du Pays
de Vermandois en Picardie.
Elle eft grande & bien peuplée
, & on y fait diverſes
Manufactures . Elle a eſté aux
Comtes de Vermandois , &
le Roy Philippe Auguſte
l'ayant réünie à la Couronne
, elle fut depuis engagée
aux Ducs de Bourgogne;
mais elle en a toûjours eſté
retirée avec les autres Villes
fur la Somme, Philibert Ema
des Amb. de Siam. 79
nuel Duc de Savoye , Gouverneur
des Pays-bas, l'ayant
affiegée pour Philippe II.
Roy d'Eſpagne, le Conneſtable
de Montmorency y jetta
quelque ſecours. Il fut attaqué
dans ſa retraite , & fait
prifonnier avec les Ducs de
Montpenfier & de Longueville
, Loüis de Gonzague,
depuis Duc de Nevers , le
Maréchal de S. André , dix
Chevaliers de l'Ordre, & trois
cens Gentilshommes. Cette
Bataille qui fut donnée le 10.
Aouſt 1557. coûta beaucoup
de fang aux François. Jean
Giiij
80 IV. P.du Voyage
de Bourbon, Duc d'Anguien,
fut trouvé parmy les morts.
Les Ennemis , ſans fonger à
profiter de l'avantage qu'ils
venoient de remporter, s'arrefterent
au Siege de Saint-
Quentin, où le Roy Philippes
vint le 27. d'Aouſt. L'Amiral
Coligny qui deffendoit cette
Place , ayant trop tardé à
capituler , la fit ſauter par
cinq bréches , & fut fait prifonnier.
Elle fut rendue à
la France en 1559. par la Paix
de Cateau - Cambreſis . M
d'Abancourt , Lieutenant de
Roy de cette Ville , en fit
r
des Amb. de Siam . 81
les honneurs, en l'absence de
M le Marquis de Pradel ,
Lieutenant general des Armées
du Roy , qui en eft
Gouverneur. Il fortit de Saint
Quentin , dans un Carroſſe
precedé d'une partie des Gardes
de M. de Pradel , tous
bien montez , ainſi que les
Chevaliers de la Couronne,
& de la Jeuneffe , qui l'accompagnoient.
Ils avoient
des Plumes blanches, & eftoient
tous fort leſtement
veſtus , & conduits par leurs
Capitaines. Il y avoit auffi
plus de deux cens notables
82 IV . P. du Voyage
Bourgeois , qui avoient en
teſte Mfs Boutillier &Tabary
, anciens Mayeurs de la
Ville. Ils allerent plus de deux
lieuës au devant des Ambaffadeurs
. M d'Abancourt defcendit
de carroſſe dés qu'il
les eut apperceus , ainſi que
Mt Ainet , Roy de la Couronne
. Cette Compagnie &
celle de la Jeuneſſe , font
composées des jeunes gens
de la Ville , qui s'accoutumant
de bonne heure dans
les Exercices guerriers, ſe difputent
ſouvent des Prix les
uns aux autres , & ces Prix
des Amb. de Siam. 83
font donnez à ceux qui font
voir le plus d'adreſſe. Toutes
ces Troupes, ainſi que les Archers
de la Maréchauffée, faluërent
les Ambaſſadeurs par
une décharge de leurs piftolets,
puis les Chevaliers de la
Couronne environerent leur
Carroſſe l'épée à la main.
Celuy de M d'Abancourt
alloit devant, & eſtoit précedé
de la Maréchauffée. Lors
qu'on fut arrivé à la Porte
de la Ville, le canon des ramparts
ſalüa , comme il avoit
fait par tout ailleurs. LesAmbaſſadeurs
paſſerent au tra
84 III. P. du Voyage
vers d'une double haye de
Bourgeois , dont les ruës eftoient
bordées depuis les
premieres maiſons du Fauxbourg
juſqu'au lieu qui leur
avoit eſté préparé pour leur
logement, & qui estoit gardé
par les deux Compagnies des
Canonniers & Arquebufiers.
Ce logis eftoit fort ſpatieux,
& M de Ville avoient pris
foin de le faire meubler. Ils
avoient fait mettre au deſſus
de la Porte les Armes du Roy
de Siam , qui brilloient extrémement
par les ornemens
dont elles eftoient environ
des Amb. de Siam. 85
nées . LesAmbaſſadeurs eſtant
arrivez à la porte de ce logis,
on fit une décharge de quarante
Arquebuſes à croc , qui
eſtoient aux feneſtres de la
Maiſon de Ville, vis-à-vis de
l'Hoſtel qu'on avoit fait préparer
pour eux ; de forte qu'ils
les entendirent & les virent
de leurs feneftres . Peu de
temps aprés les Mayeur &
Eſchevins en Corps, précedez
de leurs quatre Huiffiers à
longues robbes , & fuivis de
huit autres de robbe courte,
qui portoient lesVins de prefent,
vinrent les complimen
86 IV. P. du Voyage
r
ter. La parole fut portée par
M Rohart , Advocat , &
Mayeur de la Ville. L'Ambaſſadeur
répondit qu'ils eftoient
fort redevables àM*s de
Saint-Quentin des honnestetez
qu'ils leur faisoient,&de l'esti
me qu'ils marquoient pour le
Roy de Siam: Qu'ils auroient
voulu avoir occafion de fervir
la Ville , en revanche de l'honneur
qu'ils en recevoient ; &
qu'ils s'eſtonnoient de voir de ſi
belle Cavalerie , & de fi belle
Infanterie , dans une Place où
il n'y avoit point de Garnison.
L'Infanterie ayant enſuite
des Amb. de Siam. 87
paffé devant leur logis , où
elle fit une décharge, lesAmbaſſadeurs
prierent Mas de
Ville de la renvoyer , & leur
firent de nouveaux remercîmens.
Enſuite le Chapitre
Royal de Saint-Quentin les
vint ſaluër en Corps , & leur
fit auſſi ſes Preſens en particulier
; ce qui merite d'eftre
remarqué , puiſque ce n'eſt
pas une choſe ordinaire aux
Chapitres. M. l'Abbé Gobinet
, Eſcolaſtre & Docteur
en Theologie , parla en l'abfence
de M. de Maupeou,
Doyen , nommé à l'Eveſché
88 IV. P. du Voyage
de Caſtre . L'Ambaſſadeur ré
pondit , qu'ils estoient fort obli
gezà cette Compagnie des honneſtetez
qu'elle venoit leurfaire
; qu'ils sçavoient de quelle
importance estoit le Chapitre de
Saint-Quentin , puiſqu'il avoit
l'honneur d'avoir un des plus
grands Rois de la terre pourfon
premier Chanoine , & qu'il eftoit
Gardien depuis pluſieurs fiecles
du Corps d'un glorieux
Martyr , & qui avoit tant
fouffert; que la modeſtie qu'il
voyoit paroiſtre ſur le visage de
tous les Chanoines , leur estoit
une preuve évidente de la bondes
Amb . de Siam. 89
téde laReligion Chreftienne; que
le Roy de Siam leur Maistre,
qui avoit une eſtime trés-particuliere
pour le Roy de France,
confideroit tous ceux de ſa Religion,
protegeoit dasfonRoyaume
, les Evesques , les Prestres,
les Miffionnaires, pour lefquels
il avoit fait bastir des
Eglifes. Il leur demanda qu'ils
vouluſſent bien prier pour le
Peuple de Siam ; & tous les
Chanoines eſtant enſuite pafſez
devant luy , il les falia
tous chacun en particulier.
Aprés cela ils receurent les
complimens de Mts du Bail
H
90 IV. P. du Voyage
lage , de la Prevoſté, de l'Election
& du Grenier à Sel,
qui tous enſemble ne firent
qu'un Corps. Ces complimens
eſtant achevez, Mª d'Abancourt
leur demanda l'ordre,
& l'Ambaſſadeur donna
pour mot, Plus chargé de lauriers
que d'années, faiſant alluſion
aux grands ſervices de
M. le Marquis de Pradel ,
Gouverneur de S. Quentin,
qui a receu beaucoup de
bleſſeures pendant les Campagnes
qu'il a faites. Mrs de
Ville firent illuminer le ſoir
les feneftres de leur Hoſtel,
r
desAmb. de Siam. gr
qui donnoient vis-à-vis de
celuy où les Ambaſſadeurs
eſtoient logez ; ce qui éclairoit
la grande Place, qui eft
une des plus ſpacieuſes , des
plus regulieres & des plus
belles de France. Toute la
Ville fut auffi illuminée , les
ordres ayant eſté donnez de
mettre des lanternes à toutes
les feneftres .On foupa à l'ordinaire.
L'Afſſemblée fut remarquable
, & les Ambaſſadeurs
trouverentque le nombre
des Dames eſtoit grand
à S. Quentin , & qu'il y en
avoir beaucoup de belles,
Hij
92 IV. P. du Voyage
On leur donna les Violons
aprés foupé, & quand ils eurent
joüé longtemps , ils ſe
mêlerent aux Trompettes des
Chevaliers de la Couronne,
avec lesquels ils s'eſtoient
concertez ; & les plaiſirs de
cette ſoirée finirent par le
bruit de la décharge d'un
grand nombre d'Arquebuſes
à croc , qui estoient à l'Hoftel
de Ville. Le lendemain 17.
quelques Mandarins &quelques
Secretaires allerent par
ordre des Ambaſſadeurs, à la
grande Eglife , afin de leur
faire rapport de ce qu'ils ver
des Amb de Siam. 93
1
roient pour l'écrire enfuite,
comme ils ont fait dans tous
les lieux où ils ont eſté. Ils
trouverent cetre Eglife trésbelle
, tant pour ſa grandeur
que pour ſa conſtruction. Sur
les neuf heures du matin les
Ambaſſadeurs ayant achevé
de déjeuner , les Mayeur &
Eſchevins leur vinrent encore
faire compliment par
la bouche de M Rochart.
L'Ambaſladeur leur marqua
avec les termes les plus ohligeans
& les plus forts, qu'on
ne pouvoit eſtre plus content
qu'ils l'eſtoient de la
94 IV. P. du Voyage
Ville & de luy. Comme ils
avoient defiré d'entendre les
Cloches de la grande Eglife
avant leur départ, ils ſe mirent
à la feneſtre , & on les
fit ſonner à volée, & enſuite
carillonner. Ils furent aprés
falüez des Arquebuſes de
'Hoſtel de Ville , qu'ils avoient
déja veuës & entenduës
avec plaifir, & partirent
precedez des Chevaliers de la
Couronne avec leurs Etendarts
, leurs Trompettes , &
tout ce qui peut marquer des
Troupes reglées , dont ils avoient
l'air. Il y avoit auffi
desAmb. de Siam. 95
plus de deux cens Bourgeois
à cheval', & toute cette Cavalerie
eſtant jointe à la mareſchauffée
, paroiſſoit fort
nombreuſe. Ils pafferent entre
deux hayés de Bourgeois
ſous les armes , ainſi qu'ils
avoient fait en entrant. Le
canon tira à leur fortie , &
la Cavalerie qui les accompagnoit
, ne les quitta qu'à
plus de deux lieuës de laVil-
Ie.
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Résumé : Saint-Quentin. [titre d'après la table]
Le texte présente la ville de Saint-Quentin, située sur la Somme et capitale du Pays de Vermandois en Picardie. Cette ville est notable pour sa taille, sa population et ses diverses manufactures. Historiquement, Saint-Quentin a appartenu aux Comtes de Vermandois avant d'être intégrée à la Couronne par le roi Philippe Auguste. Par la suite, elle a été engagée aux Ducs de Bourgogne. En 1557, la ville a été assiégée par Philibert Emmanuel, Duc de Savoie, agissant pour le compte de Philippe II, roi d'Espagne. Lors de la bataille du 10 août 1557, plusieurs nobles français, dont le Connétable de Montmorency, furent capturés. Saint-Quentin fut restituée à la France en 1559 par la Paix de Cateau-Cambrésis. Le texte mentionne également la visite des ambassadeurs de Siam à Saint-Quentin. La ville leur réserva un accueil solennel, avec des honneurs militaires et des réceptions officielles. Les ambassadeurs furent impressionnés par la beauté et l'organisation de la ville. Ils reçurent des compliments du maire, des échevins et du chapitre royal de Saint-Quentin. La ville fut illuminée en leur honneur, et une assemblée remarquable eut lieu, suivie de musique et de salves d'arquebuses. Le lendemain, les ambassadeurs visitèrent la grande église de la ville avant de partir, escortés par une cavalerie nombreuse et des troupes régulières.
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135
p. 95-104
La Fére. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le jour mesme coucher à la Fére, forte Place [...]
Mots clefs :
La Fère, Ville, Place, Roi, Marcognet, Ambassadeur, Rivière, Saint-Firmin, Espagnols, Vice-sénéchal
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texteReconnaissance textuelle : La Fére. [titre d'après la table]
Ils allerent le jour meſme
coucher à la Fére, forte Place
en Picardie ſur la riviere
d'Oyſe. Elle eſt ſituée dans
un pays fort marécageux , &
96 IV. P. du Voyage
entourée de pluſieurs Baftions
& de bons remparts.
Ils font reveſtus de fortes
murailles de brique, & la riviere
en lave le pied. Elle s'y
diviſe en diverſes branches.
Il y a un Château, & la Ville
eft entre deux grands Fauxbourgs
, qu'on appelle de S.
Firmin & de Noſtre-Dame .
Elle tomba ſous la Domination
des Eſpagnols, fur la fin
du dernier fiecle, par la perfidie
de Colas Vice-Seneſchal
de Montelimar. Le marquis
de maignelay , qui en eſtoit
Gouverneur pour la Ligue,
avoir
des Amb . de Siam. 97
avoit promis au Roy Henry
IV. de rentrer dans ſon devoir
, & lors qu'il eſtoit preſt
de tenir parole , il fut affaffiné
au milieu de la Ville, par
ce Vice-Seneſchal à qui le
Duc deMayenne en donna
le Gouvernement. Ce nouveauGouverneur
s'eſtant mis
enfuite du party des Eſpagnols,
leur livra la Fére, & ils
luy en laiſſerent le Domaine
ſous le titre de Comté. Elle
fut bloquée ſur la fin de 1596.
par l'Armée du Roy. On en
commença le Siege au mois
de Mars de l'année ſuivante,
I
98 IV. P. du Voyage
& elle fut renduë aux Fran
çois dans le mois de May.
Colas qui figna à la Capitulation,
y prit le titre de Com
te de la Fére.
LesAmbaſſadeurs trouve
rent à une lieuë de cette
Ville-là , M de la Fontaine,
Major de la Place , que M
Marcognet qui y commande
, avoit envoyé au devant
d'eux avec cent Chevaux.
La Compagnie de la Jeuneſſe
les attendoit ſous les armes,
hors des Portes de la Ville.
M Marcognet les complimenta
à l'entrée du Fauxdes
Amb. de Siam. 99
bourg de S. Firmin , & leur
dit , qu'il venoit affeurer leurs
Excellences de la joye que luy
donnoit l'honneur qu'il avoit de
les recevoir , & leur dire que
les Peuples de la Fere la partageoient
avec luy. Il ajoûta ,
qu'il avoit ordre du Roy de leur
faire voir la Place, les Fortifi
cations, les Magaſins, l'Arcenal
& tout ce qu'il y a de plus curieux
, enforte qu'ils y
deroient, & qu'il ne feroitqu'obéir.
L'Ambaſſadeur , aprés
avoir répondu à fon compliment
en termes fort obligeans
, le pria particulierecomman
Lij
100 IV. P. du Voyage
ment de leur faire voir les
Fortifications & le Plan de la
Place , & le remercia en baiffant
le corps & les bras hors
de fon Carroffe. Ils trouverent
dans le Fauxbourg les
Troupes de la Garniſon & la
Milice de la Ville , qui bordoit
les rües juſqu'au lieu
préparé pour les loger , &
furent receus au bruit du canon.
M de Saint-Canal, l'un
des Capitaines de la Garnifon
, avoit monté la Garde
avec cinquante Hommes, devant
le logis où ils allerent
deſcendre. Ils furent haran
des Amb . de Siam. 101
guez à la Porte de la Ville
par M le Procureur du Roy,
àla teſte de la Juſtice; &lors
qu'ils furent entrez dans la
Ville , Ms les Magiſtrats les
complimenterent. M l'Evef.
que de Laon, Duc & Pair de
France , ſuivy de tout fon
Chapitre, alla leur rendre vifite
chez eux, en habit de ceremonie.
Les Ambaſſadeurs
de prierent à fouper, ainſi que
M Marcognet. Les Dames
feules les virent manger , &
en receurent beaucoup de civilitez
, de fruits & de confitures.
M² Marcognet ayant
I nj
102 IV . P. du Voyage
demandé l'ordre avant le
Soupé, l'Ambaſſadeur donna
pour mot , Iefuis aux Indes,
diſant qu'il avoit obſervé qu'il
estoit dans une Ville toute environnée
d'eau , & qui avoit
du rapport à celle de Siam. Le
Plan de la Place luy ayant
paru forr beau, il le demanda
avec des manieres fi obligeantes
qu'il euſt eſté difficile
de refuſer de le ſatisfaire.
Le lendemain aumatin
M Marcognet eſtant allé
à fon lever, l'Ambaſſadeur
luy montra le Plan qu'il avoit
fait mettre à la ruelle de fon
des Amb. de Siam:
103
lit avec ſon ſabre, & luy dit
qu'ilfaisoit tant de cas du prefent
qu'il avoit bien voulu luy
en faire , qu'il le mettoit avec
ce qu'il avoit de plus pretieux.
Ils partirent à huit heures du
matin , au bruit du canon,
ainſi qu'ils eſtoient entrez .
La Garnifon & les Bourgeois
eftoient encore ſous les armes
. Ils allerent dîner à
Croucy-le-Chaſteau , où M²
de Launay, qui a eſté Exemt
des Gardes du Corps du Roy,
les falüa . Comme ils avoient
ſceu que c'eſtoit un Homme
qui avoittres-bien ſervi,ils lui
I iiij
104 IV. P. du Voyage
r
firent de grandes honneftetez
, & firent l'honneur à M
de Launay fon Fils, de le retenir
à manger avec eux. Ils
prirent enfuite le chemin de
Soiffons .
coucher à la Fére, forte Place
en Picardie ſur la riviere
d'Oyſe. Elle eſt ſituée dans
un pays fort marécageux , &
96 IV. P. du Voyage
entourée de pluſieurs Baftions
& de bons remparts.
Ils font reveſtus de fortes
murailles de brique, & la riviere
en lave le pied. Elle s'y
diviſe en diverſes branches.
Il y a un Château, & la Ville
eft entre deux grands Fauxbourgs
, qu'on appelle de S.
Firmin & de Noſtre-Dame .
Elle tomba ſous la Domination
des Eſpagnols, fur la fin
du dernier fiecle, par la perfidie
de Colas Vice-Seneſchal
de Montelimar. Le marquis
de maignelay , qui en eſtoit
Gouverneur pour la Ligue,
avoir
des Amb . de Siam. 97
avoit promis au Roy Henry
IV. de rentrer dans ſon devoir
, & lors qu'il eſtoit preſt
de tenir parole , il fut affaffiné
au milieu de la Ville, par
ce Vice-Seneſchal à qui le
Duc deMayenne en donna
le Gouvernement. Ce nouveauGouverneur
s'eſtant mis
enfuite du party des Eſpagnols,
leur livra la Fére, & ils
luy en laiſſerent le Domaine
ſous le titre de Comté. Elle
fut bloquée ſur la fin de 1596.
par l'Armée du Roy. On en
commença le Siege au mois
de Mars de l'année ſuivante,
I
98 IV. P. du Voyage
& elle fut renduë aux Fran
çois dans le mois de May.
Colas qui figna à la Capitulation,
y prit le titre de Com
te de la Fére.
LesAmbaſſadeurs trouve
rent à une lieuë de cette
Ville-là , M de la Fontaine,
Major de la Place , que M
Marcognet qui y commande
, avoit envoyé au devant
d'eux avec cent Chevaux.
La Compagnie de la Jeuneſſe
les attendoit ſous les armes,
hors des Portes de la Ville.
M Marcognet les complimenta
à l'entrée du Fauxdes
Amb. de Siam. 99
bourg de S. Firmin , & leur
dit , qu'il venoit affeurer leurs
Excellences de la joye que luy
donnoit l'honneur qu'il avoit de
les recevoir , & leur dire que
les Peuples de la Fere la partageoient
avec luy. Il ajoûta ,
qu'il avoit ordre du Roy de leur
faire voir la Place, les Fortifi
cations, les Magaſins, l'Arcenal
& tout ce qu'il y a de plus curieux
, enforte qu'ils y
deroient, & qu'il ne feroitqu'obéir.
L'Ambaſſadeur , aprés
avoir répondu à fon compliment
en termes fort obligeans
, le pria particulierecomman
Lij
100 IV. P. du Voyage
ment de leur faire voir les
Fortifications & le Plan de la
Place , & le remercia en baiffant
le corps & les bras hors
de fon Carroffe. Ils trouverent
dans le Fauxbourg les
Troupes de la Garniſon & la
Milice de la Ville , qui bordoit
les rües juſqu'au lieu
préparé pour les loger , &
furent receus au bruit du canon.
M de Saint-Canal, l'un
des Capitaines de la Garnifon
, avoit monté la Garde
avec cinquante Hommes, devant
le logis où ils allerent
deſcendre. Ils furent haran
des Amb . de Siam. 101
guez à la Porte de la Ville
par M le Procureur du Roy,
àla teſte de la Juſtice; &lors
qu'ils furent entrez dans la
Ville , Ms les Magiſtrats les
complimenterent. M l'Evef.
que de Laon, Duc & Pair de
France , ſuivy de tout fon
Chapitre, alla leur rendre vifite
chez eux, en habit de ceremonie.
Les Ambaſſadeurs
de prierent à fouper, ainſi que
M Marcognet. Les Dames
feules les virent manger , &
en receurent beaucoup de civilitez
, de fruits & de confitures.
M² Marcognet ayant
I nj
102 IV . P. du Voyage
demandé l'ordre avant le
Soupé, l'Ambaſſadeur donna
pour mot , Iefuis aux Indes,
diſant qu'il avoit obſervé qu'il
estoit dans une Ville toute environnée
d'eau , & qui avoit
du rapport à celle de Siam. Le
Plan de la Place luy ayant
paru forr beau, il le demanda
avec des manieres fi obligeantes
qu'il euſt eſté difficile
de refuſer de le ſatisfaire.
Le lendemain aumatin
M Marcognet eſtant allé
à fon lever, l'Ambaſſadeur
luy montra le Plan qu'il avoit
fait mettre à la ruelle de fon
des Amb. de Siam:
103
lit avec ſon ſabre, & luy dit
qu'ilfaisoit tant de cas du prefent
qu'il avoit bien voulu luy
en faire , qu'il le mettoit avec
ce qu'il avoit de plus pretieux.
Ils partirent à huit heures du
matin , au bruit du canon,
ainſi qu'ils eſtoient entrez .
La Garnifon & les Bourgeois
eftoient encore ſous les armes
. Ils allerent dîner à
Croucy-le-Chaſteau , où M²
de Launay, qui a eſté Exemt
des Gardes du Corps du Roy,
les falüa . Comme ils avoient
ſceu que c'eſtoit un Homme
qui avoittres-bien ſervi,ils lui
I iiij
104 IV. P. du Voyage
r
firent de grandes honneftetez
, & firent l'honneur à M
de Launay fon Fils, de le retenir
à manger avec eux. Ils
prirent enfuite le chemin de
Soiffons .
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Résumé : La Fére. [titre d'après la table]
Le texte décrit la ville de La Fère, une forte place en Picardie située sur la rivière d'Oyse, dans une région marécageuse. La ville est entourée de bastions et de remparts, protégée par des murailles de brique, et la rivière se divise en plusieurs branches. La Fère comprend un château et est située entre deux grands faubourgs, Saint-Firmin et Notre-Dame. À la fin du XVIe siècle, La Fère tomba sous la domination des Espagnols après la trahison de Colas, Vice-Seneschal de Montelimar. Le marquis de Maignelay, gouverneur pour la Ligue, avait promis au roi Henri IV de se rallier, mais fut assassiné par Colas, qui livra ensuite la ville aux Espagnols. L'armée du roi bloqua La Fère en fin d'année 1596 et la ville se rendit en mai 1597. Colas obtint le titre de comte de La Fère après la capitulation. Plus tard, les ambassadeurs de Siam furent accueillis à une lieue de La Fère par M. de la Fontaine, Major de la Place, envoyé par M. Marcognet, commandant de la ville. Ils furent reçus par la compagnie de la Jeunesse sous les armes et complimentés par M. Marcognet. Les ambassadeurs visitèrent les fortifications, les magasins et l'arsenal de la ville, accompagnés par les troupes de la garnison et la milice. Ils furent également reçus par les magistrats et l'évêque de Laon, qui leur rendit visite en habit de cérémonie. Les ambassadeurs et M. Marcognet soupèrent ensemble, et les ambassadeurs reçurent de nombreuses civilités. Le lendemain, ils partirent pour Croucy-le-Château, où ils furent reçus par M. de Launay, avant de continuer leur chemin vers Soiffons.
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136
p. 104-125
Soissons. [titre d'après la table]
Début :
Cette Ville est en Picardie sur la riviere d'Aisne, qui la [...]
Mots clefs :
Soissons, Ville, Porte, Intendant, Ambassadeurs, Compagnies, Personnes, Armes, Maire, Palais, Heures, Compagnie, Gouverneurs, Roi, Magnificence, Officiers, Qualité, Canon, Palais épiscopal, Bourgeoisie
137
p. 130-132
Arrivée des Ambassadeurs à Paris, & les remerciemens qu'ils font au Roy, à la maniere de leur Pays. [titre d'après la table]
Début :
Si-tost qu'ils furent de retour à Paris, & qu'ils se virent [...]
Mots clefs :
Paris, Roi, Remercier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arrivée des Ambassadeurs à Paris, & les remerciemens qu'ils font au Roy, à la maniere de leur Pays. [titre d'après la table]
Si-toſt qu'ils furent de retour
à Paris , & qu'ils ſe virent
dans l'Apartement qu'ils
ont toûjours occupé à l'HôteldesAmbaſſadeurs
Extraordinaires,
ils ſe tournerent du
coſté de Verſailles , & firent
trois profondes inclinations
pour remercier leRoy, ſuivant
l'uſage de leur Pays. On leur
des Amb. de Siam, 131
demanda s'ils n'avoient point
eſté incommodez pendant
leur Voyage , &s'ils n'avoient
point ſenty de froid , & ils
répondirentqu'ils avoient toujours
eftéà couvert des vertus du
Roy. M Torf partit dés le
lendemain pour aller enCour
rendre compte de ceVoyage.
Les Ambaſſadeurs luy direne
que leur respect les empefchoit
de le prier de remercier le Roy
de leurpart ; mais qu'il les obligeroit
s'il remercioitM de Seignelay,
des ordres qu'il avoit
donnez pour leur reception dans
toutes les Villes de Flandres,
132 IV. P. du Voyage
jusqu'à ce qu'ils euſſent l'avantage
de l'en remercier eux-mesmes.
à Paris , & qu'ils ſe virent
dans l'Apartement qu'ils
ont toûjours occupé à l'HôteldesAmbaſſadeurs
Extraordinaires,
ils ſe tournerent du
coſté de Verſailles , & firent
trois profondes inclinations
pour remercier leRoy, ſuivant
l'uſage de leur Pays. On leur
des Amb. de Siam, 131
demanda s'ils n'avoient point
eſté incommodez pendant
leur Voyage , &s'ils n'avoient
point ſenty de froid , & ils
répondirentqu'ils avoient toujours
eftéà couvert des vertus du
Roy. M Torf partit dés le
lendemain pour aller enCour
rendre compte de ceVoyage.
Les Ambaſſadeurs luy direne
que leur respect les empefchoit
de le prier de remercier le Roy
de leurpart ; mais qu'il les obligeroit
s'il remercioitM de Seignelay,
des ordres qu'il avoit
donnez pour leur reception dans
toutes les Villes de Flandres,
132 IV. P. du Voyage
jusqu'à ce qu'ils euſſent l'avantage
de l'en remercier eux-mesmes.
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Résumé : Arrivée des Ambassadeurs à Paris, & les remerciemens qu'ils font au Roy, à la maniere de leur Pays. [titre d'après la table]
À Paris, les ambassadeurs du Siam inclinèrent trois fois vers Versailles pour remercier le roi. Ils affirmèrent être protégés par ses vertus. Le lendemain, M. Torf informa la cour. Les ambassadeurs demandèrent à remercier M. de Seignelay pour leur accueil en Flandres.
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138
p. 132-151
Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Début :
Je croyois ne devoir plus vous parler d'aucune des Villes [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Gravelines, Lille, Ville, Harangues, Roi, Ambassadeurs, Lieutenant, Compliment, Joie, Invincible monarque, Magistrat, Échevins, Amitié, Vin, Seigneurs, Troupes, Fortifications, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Je croyois ne devoir plus
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
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Résumé : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam dans plusieurs villes de Flandre. À Gravelines, les ambassadeurs furent accueillis par M. Benoist, lieutenant du roi. Les troupes présentes comprenaient le régiment de Forezt, commandé par M. de Cleran, ainsi que les compagnies de Meusnier et de Manuel du régiment d'Erlac. Les magistrats et le peuple exprimèrent leur joie et leur reconnaissance. Les ambassadeurs admirèrent les troupes et demandèrent à voir les fortifications, mais en raison du mauvais temps, ils se contentèrent d'examiner le plan de la place. Ils furent également impressionnés par les dames présentes. À Dunkerque, les ambassadeurs furent conduits à l'Hôtel de Ville où ils reçurent les compliments du magistrat. Ils visitèrent les ouvrages de la marine et les fortifications avant de partir pour Ypres via le canal de Bergues. Le magistrat de Dunkerque leur offrit du vin de Champagne. À Lille, les ambassadeurs furent accueillis par les principaux officiers de la garnison et reçurent une harangue de M. de Broide, seigneur de Gondecourt. La ville fut illuminée pendant leur séjour. Ils visitèrent plusieurs églises et l'hôpital Comtesse, fondé par une comtesse de Flandres. La prieure de l'hôpital leur offrit des bouquets de fleurs en soie et leur demanda de se souvenir d'elle.
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139
p. 157-162
Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs n'avoient mené à leur Voyage de Flandre [...]
Mots clefs :
Mandarins, Séminaire des Missions étrangères, Bibliothèque de Saint-Victor, Savonnerie, Tapis de la Savonnerie, Chambre de la Tournelle, Collège de Louis le Grand, Roi, Maison, Église, Jardin royal des plantes, Jacques-Charles de Brisacier, Éléphant de Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
LesAmbaſſadeurs n'avoiet
mené à leurVoyage de Flandre
que quatre des fix Mandarins
qui font venus de Siam
avec eux , pour rendre leur
Ambaſſade plus celebre, & ils
en avoient laiſſfé deux à Pa
758 IV. P. du Voyage
ris, afin de faire avancer pendant
ce Voyage, tous les Ouvrages
qu'ils faifoient faire
pour le Roy de Siam. Mode
Veneroni, Interprete du Roy
en Langue Italienne, eut ſoin
de les accompagner chez tous
les Ouvriers ,& de les mener
enpluſieurs endroits de Paris
dignes de leur curioſité.
Ils allerent dîner au Seminaire
des Miſſions Etrangeres
, où ils furent extrémement
édifiez de la modeſtie
de tous ceux qui compoſent
cette Maiſon. Ils mangerent
dans le Refectoire , & pendes
Amb. de Siam. 159
dant le dîner , qui fut fort
beau, on fût les Régles de
cette Maiſon. Ils remercierent
M Brifacier qui les a
voit invitez à ceRepas, ainſi
que tous ceux qui forment
ee Lieu fi faint , & dont l'Eglife
tire tant d'avantages.
Ils allerent le meſme jour à
la Savonnerie voir les Tapis
qu'on y fait pour le Roy de
Siam . On leur fit voir auffi
le Jardin Royal des Plantes,
qui eſt dans le Fauxbourg S.
Victor ; & on leur montra
tout ce qu'il y a de plus curieux,&
tout ce que ce lieu
160 IV. P. duVoyage
doit depuis quelques années
àM de Louvois. Ils reconnurent
beaucoup de Plantes
de Siam, & examinerent pluſieurs
Squelettes, & entre autres
celuy de l'Elephant de
Verfailles. Ils allerent auſſi à
S. Victor , dont ils virent la
fameuſe Bibliotheque , & les
Ornemens de l'Eglife . Ils faluërent
M le Preſident de
Bailleul , qui leur fit tous les
honneurs qu'il auroit rendus
aux Ambaſſadeurs meſmes .
On les mena au Palais , &
quoyque ce fuſt pendant les
Vacations , ils ne laiſſerent
des Amb. de Siam. 161
pas de voir des chofes dignes
de leur curiofité . Male Preſident
de Mefmes, qui tenoit
la Tournelle Civile , envoya
les Huiffiers pour leur faire
faire place. Il les fit affeoir
fur les bancs d'enhaut ; &
M. de Veneroni leur expliqua
la maniere dont on plaide
en France. Ils entendirent
trois Plaidoyez , & dirent
que dans le Royaume de
Siam chacun plaidoit luy-mefme
sa cause. Ils allerent auſſi
au College de Loüis le Grand,
où ils furent extrémement
furpris de voir un fi grand
0
162 IV. P. du Voyage
nombre d'Ecoliers , & parti
culierement d'Enfans de qualité,
qui les venoient faluër,
&des Princes meſmes.
mené à leurVoyage de Flandre
que quatre des fix Mandarins
qui font venus de Siam
avec eux , pour rendre leur
Ambaſſade plus celebre, & ils
en avoient laiſſfé deux à Pa
758 IV. P. du Voyage
ris, afin de faire avancer pendant
ce Voyage, tous les Ouvrages
qu'ils faifoient faire
pour le Roy de Siam. Mode
Veneroni, Interprete du Roy
en Langue Italienne, eut ſoin
de les accompagner chez tous
les Ouvriers ,& de les mener
enpluſieurs endroits de Paris
dignes de leur curioſité.
Ils allerent dîner au Seminaire
des Miſſions Etrangeres
, où ils furent extrémement
édifiez de la modeſtie
de tous ceux qui compoſent
cette Maiſon. Ils mangerent
dans le Refectoire , & pendes
Amb. de Siam. 159
dant le dîner , qui fut fort
beau, on fût les Régles de
cette Maiſon. Ils remercierent
M Brifacier qui les a
voit invitez à ceRepas, ainſi
que tous ceux qui forment
ee Lieu fi faint , & dont l'Eglife
tire tant d'avantages.
Ils allerent le meſme jour à
la Savonnerie voir les Tapis
qu'on y fait pour le Roy de
Siam . On leur fit voir auffi
le Jardin Royal des Plantes,
qui eſt dans le Fauxbourg S.
Victor ; & on leur montra
tout ce qu'il y a de plus curieux,&
tout ce que ce lieu
160 IV. P. duVoyage
doit depuis quelques années
àM de Louvois. Ils reconnurent
beaucoup de Plantes
de Siam, & examinerent pluſieurs
Squelettes, & entre autres
celuy de l'Elephant de
Verfailles. Ils allerent auſſi à
S. Victor , dont ils virent la
fameuſe Bibliotheque , & les
Ornemens de l'Eglife . Ils faluërent
M le Preſident de
Bailleul , qui leur fit tous les
honneurs qu'il auroit rendus
aux Ambaſſadeurs meſmes .
On les mena au Palais , &
quoyque ce fuſt pendant les
Vacations , ils ne laiſſerent
des Amb. de Siam. 161
pas de voir des chofes dignes
de leur curiofité . Male Preſident
de Mefmes, qui tenoit
la Tournelle Civile , envoya
les Huiffiers pour leur faire
faire place. Il les fit affeoir
fur les bancs d'enhaut ; &
M. de Veneroni leur expliqua
la maniere dont on plaide
en France. Ils entendirent
trois Plaidoyez , & dirent
que dans le Royaume de
Siam chacun plaidoit luy-mefme
sa cause. Ils allerent auſſi
au College de Loüis le Grand,
où ils furent extrémement
furpris de voir un fi grand
0
162 IV. P. du Voyage
nombre d'Ecoliers , & parti
culierement d'Enfans de qualité,
qui les venoient faluër,
&des Princes meſmes.
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Résumé : Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
En 1758, quatre mandarins de Siam accompagnèrent des ambassadeurs en Flandre, laissant deux autres à Paris pour superviser des travaux destinés au roi de Siam. Mode Veneroni, interprète du roi, les guida auprès des ouvriers et dans divers lieux parisiens. Ils dînèrent au Séminaire des Missions Étrangères, appréciant la modestie des membres et les règles de la maison. Ils remercièrent M. Brifacier pour l'invitation. Les mandarins visitèrent la Savonnerie pour voir les tapis fabriqués pour le roi de Siam, le Jardin Royal des Plantes, et la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor. Ils reconnurent plusieurs plantes de Siam et examinèrent divers squelettes, dont celui de l'éléphant de Versailles. Ils rencontrèrent M. le Président de Bailleul, qui leur fit tous les honneurs. Au Palais, ils assistèrent à des plaidoiries et furent surpris par la manière dont on plaidait en France. Ils visitèrent également le Collège de Louis-le-Grand, impressionnés par le grand nombre d'écoliers, notamment des enfants de qualité et des princes.
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139
Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
140
p. 214-219
Ce qui s'est passé lorsqu'Antonio Pinto, né à Siam, presenta au Roy la These qu'il a dediée à sa Majesté, & qu'il a soutenue en Sorbonne. [titre d'après la table]
Début :
Mrs du Seminaire des Missions Etrangeres estant bien aises de [...]
Mots clefs :
Antonio Pinto, Roi, Thèse, Sorbonne, Séminaire des Missions étrangères, Jacques-Charles de Brisacier, Honneur, Permission
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé lorsqu'Antonio Pinto, né à Siam, presenta au Roy la These qu'il a dediée à sa Majesté, & qu'il a soutenue en Sorbonne. [titre d'après la table]
Mdu Seminaire des Mifſions
Etrangeres eſtant bien
aiſes de faire connoiſtre à
tout le monde , pour l'honneur
de la Nation Siamoife,
de quoy font capables les
eſprits de Siam dans les Sciences,
avoient conçu le deſſein
de faire foûtenir en Sorbonne
le S Antoine Pinto, né à Siam
d'un pere deBengale & d'une
des Amb. de Siam 215
mere du pays . Leurs amis
auffi bien que les Ambaffadeurs,
approuverent ce deffein
, & on leur confeilla de
faire demander au Roy la
permiſſion de luy dédier la
Theſe de cet Etranger. Mr
l'Archeveſque de Paris eut la
bonté d'accorder en cela fa
mediation au Superieur du
Seminaire ,& fe chargea volontiers
de faire agréer la
choſe . Ce Prélat donna rendez-
vous à Verſailles à M.
l'Abbé de Lionne , àM l'Abbé
Roze qui devoit faire fon
Aulique , à M. de Brifacier,
r
216 IV.P. du Voyage
&au ſieur Pinto, le Vendre
dy 27. de Decembre , pour
preſenter la Theſe à Sa Majeſté.
Elle marqua l'heure aprés
fon dîner, & dés qu'Elle
fortit de table, M de Brifacier
luy dit en montrant le
S Pinto qui tenoit à la main
une Theſe de ſatin, avec une
dentelle d'or & d'argent autour
, SIRE , c'est un Ecclefiaftique
Siamois , qui élevé
inftruit depuis l'âge de neuf ans
par vos Sujets dans vostre College
de Mapran, par reconnoiffance
pour ſa Nation, que vous comblez
icy de graces &d'honneurs,
نب
des Amb. de Siam. 217
pour nos Miſſions que vous
continiezdefoûtenir par vostre
protection &par vos bienfaits,
ofe vous preſenterſa These avec
la permiſſion que VostreMajesté
a bien voulu nous en donner.
Le Roy interrompit en cet
endroit , & dit , Ie la reçois
trés-volontiers. M. deBrifacier
reprit , Il n'est rien, SIRE, que
nous n'eufſſions voulu faire en
cette occafion , pour marquer
mieux à Vostre Majesté nos profonds
respects ; mais nous avons
Sçû que V. M. jugeoit à propos
que des Miſſionnaires ſe distinguaffent
pluſtoft par l'humilité
T
218 IV. P. du Voyage
&par la modestie , que par la
dépense &par l'éclat. Le Roy
prit encore icy la parole pour
dire fort obligeamment, le
ſerois fâché que vous euffiezfait
ddaavvaannttaaggee. Mª de Brifacier
pourfuivit , Nous nous refervons
, SIRE , à reconnoiſtre en
filence au pied des Autels vos
bontezRoyales. C'est là que depuis
plus d'un mois nous demandons
à Dieu avec instance,
par des Sacrifices &des Prieres
particulieres la prompte guerifon
de V. M. & c'est là que deformais
nous rendrons à ce mefme
Dieu de trés-humbles actions.
des Amb. de Siam. 219
de graces pour la parfaiteſanté
où nous avons l'honneur & le
plaisir de la voir. Sa Majeſté
repliqua d'un air plein de
douceur & de bonté , Vous
me ferez plaisir de prier pour
moy; & aprés qu'Elle eut regardé
fon Portrait , qu'Elle
trouva bien , on luy fit une
profonde reverence , & on fe
retira .
Etrangeres eſtant bien
aiſes de faire connoiſtre à
tout le monde , pour l'honneur
de la Nation Siamoife,
de quoy font capables les
eſprits de Siam dans les Sciences,
avoient conçu le deſſein
de faire foûtenir en Sorbonne
le S Antoine Pinto, né à Siam
d'un pere deBengale & d'une
des Amb. de Siam 215
mere du pays . Leurs amis
auffi bien que les Ambaffadeurs,
approuverent ce deffein
, & on leur confeilla de
faire demander au Roy la
permiſſion de luy dédier la
Theſe de cet Etranger. Mr
l'Archeveſque de Paris eut la
bonté d'accorder en cela fa
mediation au Superieur du
Seminaire ,& fe chargea volontiers
de faire agréer la
choſe . Ce Prélat donna rendez-
vous à Verſailles à M.
l'Abbé de Lionne , àM l'Abbé
Roze qui devoit faire fon
Aulique , à M. de Brifacier,
r
216 IV.P. du Voyage
&au ſieur Pinto, le Vendre
dy 27. de Decembre , pour
preſenter la Theſe à Sa Majeſté.
Elle marqua l'heure aprés
fon dîner, & dés qu'Elle
fortit de table, M de Brifacier
luy dit en montrant le
S Pinto qui tenoit à la main
une Theſe de ſatin, avec une
dentelle d'or & d'argent autour
, SIRE , c'est un Ecclefiaftique
Siamois , qui élevé
inftruit depuis l'âge de neuf ans
par vos Sujets dans vostre College
de Mapran, par reconnoiffance
pour ſa Nation, que vous comblez
icy de graces &d'honneurs,
نب
des Amb. de Siam. 217
pour nos Miſſions que vous
continiezdefoûtenir par vostre
protection &par vos bienfaits,
ofe vous preſenterſa These avec
la permiſſion que VostreMajesté
a bien voulu nous en donner.
Le Roy interrompit en cet
endroit , & dit , Ie la reçois
trés-volontiers. M. deBrifacier
reprit , Il n'est rien, SIRE, que
nous n'eufſſions voulu faire en
cette occafion , pour marquer
mieux à Vostre Majesté nos profonds
respects ; mais nous avons
Sçû que V. M. jugeoit à propos
que des Miſſionnaires ſe distinguaffent
pluſtoft par l'humilité
T
218 IV. P. du Voyage
&par la modestie , que par la
dépense &par l'éclat. Le Roy
prit encore icy la parole pour
dire fort obligeamment, le
ſerois fâché que vous euffiezfait
ddaavvaannttaaggee. Mª de Brifacier
pourfuivit , Nous nous refervons
, SIRE , à reconnoiſtre en
filence au pied des Autels vos
bontezRoyales. C'est là que depuis
plus d'un mois nous demandons
à Dieu avec instance,
par des Sacrifices &des Prieres
particulieres la prompte guerifon
de V. M. & c'est là que deformais
nous rendrons à ce mefme
Dieu de trés-humbles actions.
des Amb. de Siam. 219
de graces pour la parfaiteſanté
où nous avons l'honneur & le
plaisir de la voir. Sa Majeſté
repliqua d'un air plein de
douceur & de bonté , Vous
me ferez plaisir de prier pour
moy; & aprés qu'Elle eut regardé
fon Portrait , qu'Elle
trouva bien , on luy fit une
profonde reverence , & on fe
retira .
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Résumé : Ce qui s'est passé lorsqu'Antonio Pinto, né à Siam, presenta au Roy la These qu'il a dediée à sa Majesté, & qu'il a soutenue en Sorbonne. [titre d'après la table]
Le Séminaire des Missions Étrangères a initié un projet visant à valoriser les compétences scientifiques des Siamois en soutenant la thèse d'Antoine Pinto à la Sorbonne. Pinto, né d'un père bengali et d'une mère siamoise, a reçu l'approbation des ambassadeurs de Siam et de leurs alliés pour ce projet. Ces derniers ont sollicité la permission du roi de lui dédier la thèse. L'archevêque de Paris a facilité cette demande et a organisé une rencontre à Versailles le 27 décembre. Lors de cette rencontre, M. de Brifacier a présenté Pinto au roi, mettant en avant son éducation en France et la reconnaissance de la nation siamoise. Le roi a accepté la thèse et a exprimé son souhait que les missionnaires se distinguent par l'humilité. Les ambassadeurs ont remercié le roi et ont prié pour sa santé, à quoi le roi a répondu favorablement avant que la délégation ne se retire.
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141
p. 261-268
Ce qu'ils ont vû & dit à l'Imprimerie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
On les a aussi menés à l'Imprimerie du Roy, dont Mr [...]
Mots clefs :
Imprimerie du roi, Sébastien Mabre-Cramoisy, Ambassadeur, France, Roi, Caractères, Travail, Feuilles, Imprimerie, Presses
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texteReconnaissance textuelle : Ce qu'ils ont vû & dit à l'Imprimerie du Roy. [titre d'après la table]
On les a auſſi menés à l'Imprimerie
du Roy , dont M
Mabre - Cramoify eft Direteur.
Il y avoit fait mettre
pluſieurs brafiers , afin qu'il
s'y répandiſt par tout un air
chaud. Il les conduifit d'abord
au lieu où ſont les caf262
IV . P. du Voyage
fes des Compoſteurs , pour
leur faire voir comment on
aflemble les caracteres . Ils
furent furpris de la viteſſe a
vec laquelle les Ouvriers levo
ent les lettres , & particulierement
les petites;car l'Ambaſſadeur
fit de luy-meſme
la difference des gros & des
petits caracteres qu'il confronta
les uns contre les autres.
Il demanda à MF Cramoiſy
de quel metal ces lettres
estoient ,&fi on les faisoit en
France. Lors qu'il eut fatisfait
à ces demandes , l'Ambaſſadeur
pourſuivit en difant que
des Amb. de Siam. 263
l'on trouvoit toutes choses en
France , & qu'elle pouvoit fo
paſſer de tous les autres Païs.
M. CrCramoiſy fit enſuite lier
des pages , & meſme impofer
une Forme devant eux, & les
mena aufli- toft dans la Salle
où font les Preſſes au nombre
de douze , toutes roulantes.
Leur ſurpriſe augmenta d'abord
, & l'Ambaſſadeur dit en
entrant à m' Cramoify , & en
s'arreſtant à confiderer les
mouvements des 24. hommes
qui faifoient aller les Preſſes,
qu'il croyoit voir des Soldats
rangez en bataille. M Cramoi-
!
264 IV. P. du Voyage
ſy luy répondit , que s'ils n'étoientpas
Soldats, ils employoient
leur die auſſi utilement pour le
fervice du Roy ; que le plus
grand travail de l'Imprimerie
h'avoit preſentement pour but
que la gloire de Sa Majesté,
qu'à bien examinerles chofes , il
n'y avoit pas moins de merite à
apprendre aux Nations les plus
éloignées , & à la pofterité même
, les grandes actions de Sa
Majesté , qu'à prendre des Villes
, & à gagner des Batailles.
L'Ambaſſadeur luy répondit
qu'il ne s'étonnoit pas de voir
tant de Travailleurs , & qu'il
ny
des Amb. de Siam. 265
n'y en pourroit jamais avoir af-
Sez, pour publier les grandeurs
inoüies du Roy & de la France.
Ils s'attacherent enſuite à examiner
le travail de chaque
Preſſe , & l'Ambaſſadeur fit
pluſieurs queſtions à m ' Cramoiſy
ſur l'ancre & fur les balles,&
luydemanda pourquoy
le papier eſtoit moüillé, aprés
quoy il mania beaucoup de
choſes pour les mieux connoître.
Le ſecond Ambaſſadeur
prit un bareau, tira cinq
ou fix feuilles , & parut fort
furpris , de ce que les feuilles
qu'il avoit tirées , eſtoient ve-
Z
266 IV. P. du Voyage
nuës toutes pareilles aux autres.
Ils entrerent apres dans
le Magazin , oùM Cramoiſy
leur fit entendre comment on
étend les feuilles mouillées ,
comment on les affemble ,
aprés qu'on les a ſechées , &
la maniere dont on fait des
corps complets de Livres. Ils
les pria enfuite de monter
dans un petit Cabinet , où il
leur fit voir les Poinçons des
CaracteresGrecs du Roy,que
François I. a fait faire,&qui
font tres-beaux. M. Cramoiſy
leur montra auffi des Cara-
Eteres Arabes nouvellement
des Amb. de Siam. 267
fondus , ſur quoy le premier
Ambaſſadeur luy dit qu'on
pourroit donc faire des Caracteres
Siamois , & avoir une Im
primerie à Siam ? Il luy répondit
que oüy , &qu'il ne falloit
que le vouloir. L'Ambaſſadeur
leva auſſi- tôt les yeux auCiel,
& fit une maniere de cry. M
Cramoiſy demanda à l'Inter
prete ce que l'Ambaſſadeur
diſoit , & il luy répondit qu'il
avoit dit , ô France , France!
Ils fortirent enſuite de l'Im.
primerie apres avoir remer
cié M Cramoiſy , qui leur
dit en les reconduiſant , qu'il
Zij
268 IV. P. du Voyage
s'eſtimoit heureux que defigrands
Seigneursfuſſent venus defi loin
voirfon travail, &qu'ilsy euffent
pris duplaisir..
du Roy , dont M
Mabre - Cramoify eft Direteur.
Il y avoit fait mettre
pluſieurs brafiers , afin qu'il
s'y répandiſt par tout un air
chaud. Il les conduifit d'abord
au lieu où ſont les caf262
IV . P. du Voyage
fes des Compoſteurs , pour
leur faire voir comment on
aflemble les caracteres . Ils
furent furpris de la viteſſe a
vec laquelle les Ouvriers levo
ent les lettres , & particulierement
les petites;car l'Ambaſſadeur
fit de luy-meſme
la difference des gros & des
petits caracteres qu'il confronta
les uns contre les autres.
Il demanda à MF Cramoiſy
de quel metal ces lettres
estoient ,&fi on les faisoit en
France. Lors qu'il eut fatisfait
à ces demandes , l'Ambaſſadeur
pourſuivit en difant que
des Amb. de Siam. 263
l'on trouvoit toutes choses en
France , & qu'elle pouvoit fo
paſſer de tous les autres Païs.
M. CrCramoiſy fit enſuite lier
des pages , & meſme impofer
une Forme devant eux, & les
mena aufli- toft dans la Salle
où font les Preſſes au nombre
de douze , toutes roulantes.
Leur ſurpriſe augmenta d'abord
, & l'Ambaſſadeur dit en
entrant à m' Cramoify , & en
s'arreſtant à confiderer les
mouvements des 24. hommes
qui faifoient aller les Preſſes,
qu'il croyoit voir des Soldats
rangez en bataille. M Cramoi-
!
264 IV. P. du Voyage
ſy luy répondit , que s'ils n'étoientpas
Soldats, ils employoient
leur die auſſi utilement pour le
fervice du Roy ; que le plus
grand travail de l'Imprimerie
h'avoit preſentement pour but
que la gloire de Sa Majesté,
qu'à bien examinerles chofes , il
n'y avoit pas moins de merite à
apprendre aux Nations les plus
éloignées , & à la pofterité même
, les grandes actions de Sa
Majesté , qu'à prendre des Villes
, & à gagner des Batailles.
L'Ambaſſadeur luy répondit
qu'il ne s'étonnoit pas de voir
tant de Travailleurs , & qu'il
ny
des Amb. de Siam. 265
n'y en pourroit jamais avoir af-
Sez, pour publier les grandeurs
inoüies du Roy & de la France.
Ils s'attacherent enſuite à examiner
le travail de chaque
Preſſe , & l'Ambaſſadeur fit
pluſieurs queſtions à m ' Cramoiſy
ſur l'ancre & fur les balles,&
luydemanda pourquoy
le papier eſtoit moüillé, aprés
quoy il mania beaucoup de
choſes pour les mieux connoître.
Le ſecond Ambaſſadeur
prit un bareau, tira cinq
ou fix feuilles , & parut fort
furpris , de ce que les feuilles
qu'il avoit tirées , eſtoient ve-
Z
266 IV. P. du Voyage
nuës toutes pareilles aux autres.
Ils entrerent apres dans
le Magazin , oùM Cramoiſy
leur fit entendre comment on
étend les feuilles mouillées ,
comment on les affemble ,
aprés qu'on les a ſechées , &
la maniere dont on fait des
corps complets de Livres. Ils
les pria enfuite de monter
dans un petit Cabinet , où il
leur fit voir les Poinçons des
CaracteresGrecs du Roy,que
François I. a fait faire,&qui
font tres-beaux. M. Cramoiſy
leur montra auffi des Cara-
Eteres Arabes nouvellement
des Amb. de Siam. 267
fondus , ſur quoy le premier
Ambaſſadeur luy dit qu'on
pourroit donc faire des Caracteres
Siamois , & avoir une Im
primerie à Siam ? Il luy répondit
que oüy , &qu'il ne falloit
que le vouloir. L'Ambaſſadeur
leva auſſi- tôt les yeux auCiel,
& fit une maniere de cry. M
Cramoiſy demanda à l'Inter
prete ce que l'Ambaſſadeur
diſoit , & il luy répondit qu'il
avoit dit , ô France , France!
Ils fortirent enſuite de l'Im.
primerie apres avoir remer
cié M Cramoiſy , qui leur
dit en les reconduiſant , qu'il
Zij
268 IV. P. du Voyage
s'eſtimoit heureux que defigrands
Seigneursfuſſent venus defi loin
voirfon travail, &qu'ilsy euffent
pris duplaisir..
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Résumé : Ce qu'ils ont vû & dit à l'Imprimerie du Roy. [titre d'après la table]
Des ambassadeurs de Siam ont visité l'Imprimerie du Roy, dirigée par M. Cramoisy. Ils ont été conduits dans divers ateliers pour observer le processus d'impression. Les ambassadeurs ont été impressionnés par la rapidité avec laquelle les ouvriers assemblaient les caractères et ont posé des questions sur le métal utilisé et la fabrication des lettres en France. M. Cramoisy leur a montré comment les pages étaient liées et imprimées, et ils ont été surpris par l'efficacité des presses et des ouvriers. Les ambassadeurs ont ensuite examiné le travail des presses et posé des questions sur les mécanismes. Ils ont également visité le magasin où les feuilles étaient étendues et assemblées pour former des livres. M. Cramoisy leur a présenté des poinçons de caractères grecs et arabes, et un ambassadeur a exprimé son intérêt pour la création de caractères siamois. La visite s'est conclue par des remerciements et des compliments de part et d'autre.
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142
p. 281-287
Ils vont à Versailles, pour y voir le soir tenir Appartement. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours avant que les Ambassadeurs eussent leur Audience de [...]
Mots clefs :
Versailles, Appartement, Roi, Majesté, Appartements, Duc de Noailles, Ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à Versailles, pour y voir le soir tenir Appartement. [titre d'après la table]
Deux jours avant que les
Ambaſſadeurs euſſent leurAudience
de congé , ils allerentà
Verſailles , parce qu'il y avoit
ce foir-làAppartement,&que
Aa
282 IV. P. duVoyage
n'ayant vû le Roy au milieu
de ſes Sujets, qu'environnéde
l'éclat du Trône , il falloit
qu'ils le viſſent au milieu de
ces mêmes Sujets , ne paroître
pas moins grandpar ſa bonté
qu'il l'eſt par ſes vertus , par
fon rang , & par fes grandes
actions. Ce jour-là eſtant deſtiné
entierement pour voir
Sa Majesté , & pour revoir les
Appartements de Verſailles ,
ils furent conduits au dîner
du Roy , qui leur dit , qu'il
estoit fâché que fon indiſpoſition
l'euftfait differerfi long-temps à
les voir ,&que fans cela , il
desAmb. deSiam. 283
les auroit même vûs plusieurs
fois. L'Ambaſſadeur répondit,
que quoy qu'il fuft extrémement
fâché d'avoir esté privé de ce
plaisir & de cet honneur , le
parfait rétabliſſement de la fanté
de Sa Majesté l'en confoloit.
Le Roy ne luy parla pas davantage
pendant le dîner ,
mais Sa Majeſté en ditbeaucoup
de choſes avantageuſes.
Ils allerent l'aprés-dînée en
attendant l'heure des Appartements
, ſe promener dans la
Galerie , qu'ils avoient demandé
à revoir. Ils l'admirerent
de nouveau , &s'attache
Aa ij
284 IV. P. du Voyage
rent fort à confiderer le Roy,
lors qu'à l'ouverture de ſa premiere
Campagne de Hollande
, il donne ſes ordres pour
quatre Sieges à la fois..Ils examinerent
les Salons qui font
aux deux bouts ,& qu'ils n'avoient
pas encore vûs , parce
que la Peinture n'en eſtachevée
que depuis deux mois.
L'un eft appellé le Salon de la
Guerre , & l'autre celuy de la
Paix , & l'on y voit tout ce
que l'un& l'autre peut reprefenter;
ils font de me leBrun,
c'eſt affés en.dire.
Us allerent le ſoir auxAp
des Amb. de Siam. 287
(
partemens , & quoy qu'il les
cuſſent déja vûs deux fois
pendant le jour , les lumieres
les rendit fi brillans , qu'ils
leur parurent encore plus riches
&plus beaux. Le Roy y
eſtoit avec tout ce que la Cour
a de plus diſtingué. Ils virent
joüer Sa Majesté qui cût la
bonté de leur parler pluſieurs
fois. Elle s'expliquoit à M
le Duc de Noüailles , ce Duc
rediſoit à M Torf ce que le
Roy luy avoit dit , & M Torf
à l'interprete , & les réponfes
eſtoient faites de la même
maniere à Sa Majesté. Ils
286 IV. P. du Voyage
parlerent encore au Roy dans
un autre endroit pendant la
Simphonie , & firent connoître
que les effets qu'ils voyoient
de la bontédu Roy au
milieu de ſaCour, meritoient
d'eſtre admirez aussi-bien que
tout ce qu'il a fait de grand.
Quelqu'un ayant voulu engager
l'Ambaſſadeur à regarder
les divers jeux , dont les
Appartements eftoient remplis,
il dit qu'il ne vouloit rien
voir , &qu'où le Roy estoit , il
n'avoitpoint d'yeux pourle reſte.
On les menadans la chambre
ou la colation eſt toûjours
des Amb. de Siam. 287
preparée les jours d'Appartemens
; ils pritent beaucoup
de plaisir à la voir ,&en mangerent.
Ils receurent de fi
grandes honneſterés deM. le
Duc de Nouailles , qu'ils fortirent
charmez de ſes manie
res obligeantes , dont ils parlerent
long-temps en chemin,
étant revenus la meſme nuit
coucher à Paris .
Ambaſſadeurs euſſent leurAudience
de congé , ils allerentà
Verſailles , parce qu'il y avoit
ce foir-làAppartement,&que
Aa
282 IV. P. duVoyage
n'ayant vû le Roy au milieu
de ſes Sujets, qu'environnéde
l'éclat du Trône , il falloit
qu'ils le viſſent au milieu de
ces mêmes Sujets , ne paroître
pas moins grandpar ſa bonté
qu'il l'eſt par ſes vertus , par
fon rang , & par fes grandes
actions. Ce jour-là eſtant deſtiné
entierement pour voir
Sa Majesté , & pour revoir les
Appartements de Verſailles ,
ils furent conduits au dîner
du Roy , qui leur dit , qu'il
estoit fâché que fon indiſpoſition
l'euftfait differerfi long-temps à
les voir ,&que fans cela , il
desAmb. deSiam. 283
les auroit même vûs plusieurs
fois. L'Ambaſſadeur répondit,
que quoy qu'il fuft extrémement
fâché d'avoir esté privé de ce
plaisir & de cet honneur , le
parfait rétabliſſement de la fanté
de Sa Majesté l'en confoloit.
Le Roy ne luy parla pas davantage
pendant le dîner ,
mais Sa Majeſté en ditbeaucoup
de choſes avantageuſes.
Ils allerent l'aprés-dînée en
attendant l'heure des Appartements
, ſe promener dans la
Galerie , qu'ils avoient demandé
à revoir. Ils l'admirerent
de nouveau , &s'attache
Aa ij
284 IV. P. du Voyage
rent fort à confiderer le Roy,
lors qu'à l'ouverture de ſa premiere
Campagne de Hollande
, il donne ſes ordres pour
quatre Sieges à la fois..Ils examinerent
les Salons qui font
aux deux bouts ,& qu'ils n'avoient
pas encore vûs , parce
que la Peinture n'en eſtachevée
que depuis deux mois.
L'un eft appellé le Salon de la
Guerre , & l'autre celuy de la
Paix , & l'on y voit tout ce
que l'un& l'autre peut reprefenter;
ils font de me leBrun,
c'eſt affés en.dire.
Us allerent le ſoir auxAp
des Amb. de Siam. 287
(
partemens , & quoy qu'il les
cuſſent déja vûs deux fois
pendant le jour , les lumieres
les rendit fi brillans , qu'ils
leur parurent encore plus riches
&plus beaux. Le Roy y
eſtoit avec tout ce que la Cour
a de plus diſtingué. Ils virent
joüer Sa Majesté qui cût la
bonté de leur parler pluſieurs
fois. Elle s'expliquoit à M
le Duc de Noüailles , ce Duc
rediſoit à M Torf ce que le
Roy luy avoit dit , & M Torf
à l'interprete , & les réponfes
eſtoient faites de la même
maniere à Sa Majesté. Ils
286 IV. P. du Voyage
parlerent encore au Roy dans
un autre endroit pendant la
Simphonie , & firent connoître
que les effets qu'ils voyoient
de la bontédu Roy au
milieu de ſaCour, meritoient
d'eſtre admirez aussi-bien que
tout ce qu'il a fait de grand.
Quelqu'un ayant voulu engager
l'Ambaſſadeur à regarder
les divers jeux , dont les
Appartements eftoient remplis,
il dit qu'il ne vouloit rien
voir , &qu'où le Roy estoit , il
n'avoitpoint d'yeux pourle reſte.
On les menadans la chambre
ou la colation eſt toûjours
des Amb. de Siam. 287
preparée les jours d'Appartemens
; ils pritent beaucoup
de plaisir à la voir ,&en mangerent.
Ils receurent de fi
grandes honneſterés deM. le
Duc de Nouailles , qu'ils fortirent
charmez de ſes manie
res obligeantes , dont ils parlerent
long-temps en chemin,
étant revenus la meſme nuit
coucher à Paris .
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Résumé : Ils vont à Versailles, pour y voir le soir tenir Appartement. [titre d'après la table]
Deux jours avant leur audience de congé, les ambassadeurs visitèrent Versailles pour voir le roi et les appartements. Ils souhaitaient observer le roi dans l'éclat de son trône et au milieu de ses sujets pour constater sa grandeur par sa bonté et ses vertus. Ils assistèrent au dîner du roi, qui regretta de ne pas les avoir vus plus tôt en raison de son indisposition. L'ambassadeur exprima son réconfort face au rétablissement du roi. Pendant le dîner, le roi parla favorablement de l'ambassadeur. L'après-midi, les ambassadeurs se promenèrent dans la Galerie, admirèrent le roi donnant des ordres pour une campagne en Hollande, et examinèrent les Salons de la Guerre et de la Paix, récemment achevés. Le soir, ils assistèrent aux appartements, où les lumières rendirent les lieux brillants. Le roi, entouré de la cour, joua et parla aux ambassadeurs, qui admirèrent sa bonté. Ils refusèrent de regarder les jeux, préférant se concentrer sur le roi. Ils prirent plaisir à la collation et reçurent des honneurs de M. le Duc de Noüailles avant de retourner à Paris.
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143
p. 287-316
Ils retournerent deux jours aprés à Versailles, pour leur Audiance de congé. Ils en eurent dix-sept le même jour. Tout ce qui s'est passé à ces Audiances avec toutes les Harangues. [titre d'après la table]
Début :
Ils retournerent à Versailles deux jours aprés pour prendre leur [...]
Mots clefs :
Versailles, Roi, Ambassadeurs, Audience de congé, Audiences, Harangues, Prince, Maître, Duc, France, Majesté, Qualités, Duc, Congé, Apprendre, Admiration, Honneur, Audience, Vertus, Amitié, Ordres, Orient, Roi de Siam, Ciel, Retour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils retournerent deux jours aprés à Versailles, pour leur Audiance de congé. Ils en eurent dix-sept le même jour. Tout ce qui s'est passé à ces Audiances avec toutes les Harangues. [titre d'après la table]
Ils retournerent àVerſailles
deux jours aprés pour prendre
leur Audience de congé
dn Roy. L'Ambaſſadeur &
M le Duc de la Feuillade eurent
une converſation fort
288 IV.P.duVoyage
vive fur les Figures debronze
qui font en France ,&fur celles
de divers metaux , qu'on
dit qui font à Siam , & ce Duc
fit connoître que perſonne ne
luy peut rien apprendre fur
ce qui regarde la fonte des
metaux. La converſation
ayant changé de ſujet , l'Am
baſſadeur dit que toutes les fors
qu'il avoit esté à Versailles , il
avoit eu le coeur plein de joye
en pensant qu'il alloit voir te
Roy ,qu'à fon retour il eſtoit
chagrin , & que fa tristeſſe ſe
diffipoit, dans la pensée qu'il re-
Derroit encore Sa Majesté, mais
que
des Amb. de Siam. 283
que lors qu'il faisoit reflexion que
cet eſpoir ne luy seroit plus permis
, il eſtoit dans un abatement
inconcevable , qu'il falloit
qu'il mist toute ſa confolation
dans le plaifirqu'il auroit bientoft
de raconter au Roy de Siam
les magnificences , les bontés,&
les vertus du Roy , &que fi
aprés cela , on le renvoyoit en
France , ily viendroit volontiers
luy &toute fa famille , poury
paſſer autant d'années qu'ilplai
roit au Roy ſon Maistre.
** Je ne vous repete point les
Ceremonies qui ont eſté obſervées
à cette Audience de
Bb
29 IV.P. du Voyage
2
1
11
congé , puiſqu'elles ont eſté
les meſmes que celles de la
premiere Audience , & que le
Roy l'a donnée dans le même
lieu, ſur le même Trône , &
accompagné des mêmes perfonnes.
Apres que l'Ambaſſadeur
eûtfair fon compliment
en Siamois , Me l'Abbé de
Lionne l'expliqua ainfiennôtre
Langue.
GRAND ROY,
NOVS venons icy pour
demander à vôtre Majesté ta
permiffion de nous en retourner
da
des Amb. de Siam. 297
est
vers leRoy nôtre Maître. L'im
patience où nous ſcavons qu'il
d'apprendre le ſuccés de nôtre
Ambaſſade , les merveilles
que nous avons à luy racconter,
les gages precieux que nous luy
portons de l'estime finguliere
que vôtre Majesté a pour luy ,
fur tout , l'affeurance que
nous luy devons donner de la
Royale amitié qu'Elle contracte
pourjamais avec luy ; tout cela
beaucoup plus encore que les Vents
de la ſaiſon , nous invite enfin
àpartir, pendant que les bons
traitemens que nous recevons icy
de toutes parts par les ordres de
Bb ij
292 IV. P. du Voyage
vôtre Majesté, seroient capables
de nousfaire oublier notrePatrie,
si nous l'ofons dire, les ordres
mesme de notre Prince ; mais
fur le point de nous éloigner
de vostre Perſonne Royale , nous
n'avons point de paroles qui
puiffent exprimer les ſentimens
de respect, d'admiration & de
reconnoiſſance , dont nous fommes
penetrez. Nous nous estions
bien attendus à trouver dans
voſtreMajesté des grandeurs &
des qualitez extraordinaires ;
L'effety a pleinement répondu ,
a même ſurpaffé de beaucoup
noftre attente , mais nous
des Amb. de Siam. 193
fommes obligezde l'avoüer, nous
n'avions pas crú y trouver l'accés
, la douceur, l'affabilité que
nousy avons rencontrée ; nous
ne jugions pas mêmes que des
qualitezqui paroiſſent ſi opposées
, puffent compatir dans une
même personne , & qu'on pust
accorder enſemble tant deMajesté
&tant de bonté. Nous nefommesplusfurpris
que vos Peuples,
trop heureux de vivre fous vôtre
Empire, faffent paroiftre par
tout l'amour & la tendreſſe
qu'ils ont pour vostre RoyalePer-
Sonne. Pour nous , grand Roy,
comblezde vos biens faits, char
Bb iij
294 IV.P.du Voyage
mez de vos vertus , touchez
jusqu'aufonddu coeur de vos bon
tez , ſaiſis d'étonnement à la
veuë de vôtre haute fageffe , &
de tous les miracles de vostre
Régne ; noſtre vie nous paroist
trop courte , & le monde entier
trop petit , pour publier ce que
nous en penfons : Noftre memoire
auroit peine à retenir tant de
chofes ; c'est ce qui nous a fait
recueillirdans des Regiſtres fidelles
tout ceque nous avons pûramaſſer,
&nous le terminerons
par une protestation fincere, que
quoyque nous en diſions beaucoup,
il nous en a encore plus échapé
desAmb. de Siam. 295
Ces Memoires feront confacrez
à la poſterité, & mis en dépost
entre les monumens les plus rares
& les plus precieux de l'Etat.
LeRoy noftre Maistre les
envoyera pourprefens aux Prin
cesſes Alliez, &par la l'Orient
Sçaura bien- toft, &tous les Siecles
à venir apprendront les
vertus incomprehenſibles de Loüis
leGrand. Nous porterons enfin
l'heureuſe nouvelle de la ſanté
parfaite de vostre Majesté ,
lefoin que le Ciel apris de continüer
le cours d'une vie qui ne
devroit jamais finir.
Bb iiij
296 IV. P. du Voyage
CetteHarangue receut de
fi grands applaudiſſemens ,
que des perſonnes à qui l'on
ne peut rien refuſer, en ayant
demandé des copies , il s'en
fit un fort grand nombre, de
forte que la Cour en fut remplie
dés ce même jour. En
vous marquant que tout s'eſt
paſſé dans cette Audience de
congé, avec les meſmes ceremonies
que dans la premiere,
je dois vous dire que Me le
Marquisde laSalleMaîtrede la
Garderobe, eſtoit ſur le Trône
derriere le Roy, avecMi le
des Amb de Siam. 297
Grand Maître de la Garderobe
, & les perſonnes que
je vous ay déja nommez , à
qui leurs Charges donnent
cét honneur. Les Ambaſladeurs
eurent ſeize autres Audiences
le meſme jour , à
commencer par celle de Monſeigneur.
Voicy le compli
ment qu'ils luy firent.
TRES-GRAND PRINCE ,
Les ordres du Roy nôtre Maile
temps propre à la Navigation
, nous obligent enfin à
tre ,
1
venir prendre congé de vous.
ف
298 IV. P. du Voyage
Nous compterons éternellement
entre les avantages extraordinaires
que nous avons trouvez
en cette Ambaſſade , l'honneur
que nous avons eu de connoître
par nous-mêmes , & de pouvoir
faire connoîtreà tout l'Orient un
Prince fi accompli , fi genereux ,
fi bien-faiſant , si propre àfe ga
gner tous les coeurs , fi digne enfin
d'estre le Fils de LOVIS
LE GRAND. Que de joye
nous allons donner au Roy nôtre
Maître,quand nous luy apprendrons
plus à fond quelle est
voſtre grandeur d'ame , quelle est
L'étendue de vostre genie : en un
desAmb. de Siam. 299
mot tout ce que vous estes , &
quels font les Enfants que le
Dieu du Ciel vous a donnez,
qui font autant de precieux gages
, que l'amitié que nous fommes
venus contracter avec la
Francefubfistera durant tous les
Siècles.
Ils parlerent ainſi àMadame
laDauphine.
TRES-GRANDE PRINCESSE ,
Il est temps que nous portions
à la Princeſſe Reine , qui nous
avoit fait l'honneur de nous chargerdefes
ordres auprés de vous ,
300 IV. P du oyage
les nouvelles qu'elle defire fans
doute avec ardeur. Celles que
nous avons à luy apprendre, luy
feront fi agreables, que nous confeffons
, qu'il nousferoit difficile
de nepas reſſentirquelque empres
fement de les luy porter. Nous
n'oublirons pas de luy marquer
les nouvelles faveurs que le Ciel
prendplaisir àrépandrefur voftre
Auguste Alliance avec le
Fils unique de LOVIS LE
GRAND. Nous en avons
eſté témoins , &nous en avons
reffenty les premiers une joye extréme.
Mais nous rempliransfon
eſprit & toute la Cour de Siam
des Amb. de Siam. 301
d'admiration , quand nous raconterons
les merveilleuses qualitez
que toute l'Europe admire
en vous , & que vous foûtenez
par un air de Majesté , qui decouvre
d'abord à ceux- meſmes
qui ne vous connoistroient pas
encore , tout ce que vous estes.
Cefera pour la Princeffe Reyne
nne fatisfaction que nous ne
pouvons exprimer , d'apprendre
qu'elle est dans l'estime
l'amitié d'une Princeffefi élevée
fi accomplie.
dans
* Je vous envoye les autres
Harangues dans l'ordre qu'
elles furent faites.
1
302 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE
GRAND PRINCE quifes
rez un jour la gloire
Fornement de tout l'Univers,
Nous allons préparer dans l'Orient
les voyes à la Renommée,
qui y portera dans peu d'années
le recit de vos Victoires de
vos grandes Actions. Si nous
vivons encore alors , le témoi
gnage que nous rendions de ce
que nous avons découvert en
vous , fera croire tout ce qui
des Amb. de Siam. 303
dans vos exploits, poura paroître
incroyable. Nous l'avons vû ,
dirons nous , ce Prince encore
Enfant, & dés ce temps là toute
fon Ame paroiffant fur fon
front & dansses yeux , nous le
jugions capable de faire un jour
tout ce qu'il fait aujourd'huy.
Ce qui comblera de joye leRoy
noftre Maitre,fera l'affeurance
que nous luy donnerons , que le
Royaume de Siam trouvera en
vous un ferme appuy de l'amitié
que nous sommes venus contrac
ter avec la France.
304 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
GRANDPRINCE, qui ferez
éprouver un jour aux
Ennemis de la France , la force
de vostre bras , & la grandeur
de vostre courage , ce que nous
dirons au Roy noſtre Maître,des
grandes efperances que vous donnez,
& des marques d'efprit,
de generofité de grandeur, qui
brillent en vous au travers des
nuages de l'Enfance , luy fera
ſouhaiterd'entendre bien-toſtparler
de vos glorieux exploits.
des Amb. de Siam. 305
Nous ferons ravis plus que tout
le reste des hommes de les apprendre
, parceque nous nous
fouviendrons de l'honneur que
nous avons eu de vous faluer
de la part du Roy nostre Maistre,
&de vous prefenter par nous
meſmes nos profonds reſpects.
A MONSEIGNEUR ,
LE DUC DE BERRY .
GRAND PRINCE à qui
le Ciel referve des Victoires
& des Conquêtes , Nous aurons
l'avantage de porter au Roy
Cc
306 IV. P. du Voyage
VOUS
noftre Maître la premiere nouvelle
qu'il ait jamais receüe de
& nous le remplirons
de joge en luy marquant le bonheur
que nous avons eu de
vous voir naître ,& l'heureux
préfageque l'on a tiréde cetteAmbaſſade
pour vostre Grandeurfuture.
Noussouhaitons que vostre
reputation nous ſuive de prés ,
paffe bien-toſt les Mers aprés
nous , pour répandre l'allegreſſe
dans une Cour & dans
Royaume , où vousferezparfaitement
honoré.
un
;
des Amb. de Siam. 307
১
A MONSIEUR ,
TRES-GRAND PRINCE .
Nous diſpoſant à retourner
vers le Roy noftre Maistre , nous
venons vous afſurer que nous
remportons avec nous une profonde
reconnoiffance pour les bontez
que vous nous avez fait
P'honneur de nous témoigner,
une idée la plus haute& laplus
excellente qu'on puiſſe avoir de
toutes les qualitez heroïques qui
brillent en vostre personne ,
qui vous font admirer dans l'VCcij
308 IV . P. du Voyage
nivers. Nous nous estimonsheureux
de ce que nous allons contribuer
à augmenter cette admiration
, non-feulement à la Cours
& dans le Royaume de Siam ,
mais encore dans toutes les Cours,
dans tous les Royaumes de
L'Orient , où le bruit de cetteAmbaſſade
s'est déja ſans doute répandu
, & ou le recit que nous
feronsde tout cequi s'y eft paffé,
& de tout ce que nous avsns
vû , ne manquera pas auſſi deſe
répandre . Vostre Illustre Nom
occupera dans nos Relations la
place qui luy est deüe , comme il
L'occupe dés-a-preſent dans nos
des Amb. de Siam. 309
efprits & dans nos coeurs par la
respect & la veneration que nous
conſerverons éternellement pour
vostre Auguste Personne.
A MADAME.
GRANDE PRINCESSE.
د
LeSéjourque nous avonsfait
en France nous a donné lieu
d'augmenter la haute effime, dont
nous estions déja prevenus pour
toutes les grandes qualitez qu'on
admire en vous . Ce n'estpas un
petit ſujet de conſolation pour
nous , que le long voyage que
310 IV. P. du Voyage
nous avons entrepris en Europe,
er que nôtre retour dans l'Afie
puiffent estre utiles à votre
gloire , en nous fourniſſant l'occafion
de repandre de plus enplus
vôtre nom juſques dans les
Royaumes les plus éloignez.
Nous publironsfur tout dans le
ce que nous connoiſſons
de vos grandeurs , & du merite
éclatant qui vous distingue ,
bien-tôt vous tiendrezle mesme
rang dans l'estime du Roy notre
Maître , &de la Princeffe
Reyne , que vous tenez icy dans
l'esprit & dans le coeur de
LOVIS LE GRAND.
nôtre
2
des Amb. de Siam. zit
A MONSIEUR
LE DUC 1
DE CHARTRES.
GRAND PRINCE,
Rien ne pouvoit estre plus
agreable pour nous dans notre
retour aupres du Roy nostre
Maître , que d'avoir à luy
dire , en luy rendant compte
du floriſſant estat , ou nous
le
, que
avons trouvé la Maison Royanous
avons admire
en vous des qualitez beaucoup
au - deffus de vostre âge ,
beaucoup au - dessus des bom312
IV. P. du Voyage
mes , & qu'on ne peut voir
fans étonnement la vivacité de
vôtre esprit , la nobleffe de vos
Sentimens , l'élevation de vostre
courage , & toutes les marques
que vous donnez d'une
grande ame. Nous lui ferons
connoître que c'est avec justice
que la France a déja concen de
vous de tres -hautes efperances ,
qu'il peut s'aſſurer de trouver
un jour en voſtre perfonne,
un amy auffi genercux que tout
I'Univers y trouvera un Prince
Grand & Magnanime.
desAmb. de Siam. 313
1
A MADEMOISELLE .
GRANDE PRINCESSE ,
Vos vertus & vos rares
qualitez qui croiffent de jour
en jour , ont auffi fait croître
dans nos efprits , le respect
l'admiration que nous avons
conceue dés la premiere fois
que nous avons eu l'honneurde
vous rendre nos devoirs. C'est
dans cesſentimens que nouspar
tons & que nous allons vous
faire connoître en tous lieux,
principalemet àlaCour de Siam
Dd
314 IV . P. du Voyage
où vousserez regardée désor
mais comme l'exemple & le
modelle de toutes lesjeunesPrinceffes
.
Ils firent auſſi compliment
le meſme jour à Mademoiſelle
d'Orleans , à Madame la
Princeffe, à Monfieur le Duc,
à Madame la Princeſſe de
Conty& à Monfieur lePrince
de Conty. Il vous eft aisé
de connoiſtre par les Complimens
que vous venez de
lire , ceux qui ont eſté faits
aux Princes & Princeſſes que
je viens de vous nommer.
des Amb de Siam. 315
Toutes les réponſes faites aux
uns&aux autres, ont eſté fur
des marques d'affection pour
le Roy de Siam , & d'eſtime
pour les Ambaſſadeurs. Ils
allerent le mefme jour pren
dre congé de Me de Crouffy,
& ce Miniſtre continüa de
leur parler en faveur de la
Religion Chreftienne , comme
il avoit déja fait dans
pluſieurs autres Audiences,
d'une maniere ſi éloquente
&fi perfuafive, qu'il s'eſt toûjours
attiré l'admiration de
tous ceux qui s'y font trouvé
prefens. Ils allerent auſſi
Ddij
316 IV. P. du Voyage
chezM. de Seignelay,& lors
qu'ils commençoient à luy
faire compliment, il leur en
fit un luy-meſme,fur lareputation
qu'ils remportoient
de France ; aprés quoy ils
parlerent d'affaires.
deux jours aprés pour prendre
leur Audience de congé
dn Roy. L'Ambaſſadeur &
M le Duc de la Feuillade eurent
une converſation fort
288 IV.P.duVoyage
vive fur les Figures debronze
qui font en France ,&fur celles
de divers metaux , qu'on
dit qui font à Siam , & ce Duc
fit connoître que perſonne ne
luy peut rien apprendre fur
ce qui regarde la fonte des
metaux. La converſation
ayant changé de ſujet , l'Am
baſſadeur dit que toutes les fors
qu'il avoit esté à Versailles , il
avoit eu le coeur plein de joye
en pensant qu'il alloit voir te
Roy ,qu'à fon retour il eſtoit
chagrin , & que fa tristeſſe ſe
diffipoit, dans la pensée qu'il re-
Derroit encore Sa Majesté, mais
que
des Amb. de Siam. 283
que lors qu'il faisoit reflexion que
cet eſpoir ne luy seroit plus permis
, il eſtoit dans un abatement
inconcevable , qu'il falloit
qu'il mist toute ſa confolation
dans le plaifirqu'il auroit bientoft
de raconter au Roy de Siam
les magnificences , les bontés,&
les vertus du Roy , &que fi
aprés cela , on le renvoyoit en
France , ily viendroit volontiers
luy &toute fa famille , poury
paſſer autant d'années qu'ilplai
roit au Roy ſon Maistre.
** Je ne vous repete point les
Ceremonies qui ont eſté obſervées
à cette Audience de
Bb
29 IV.P. du Voyage
2
1
11
congé , puiſqu'elles ont eſté
les meſmes que celles de la
premiere Audience , & que le
Roy l'a donnée dans le même
lieu, ſur le même Trône , &
accompagné des mêmes perfonnes.
Apres que l'Ambaſſadeur
eûtfair fon compliment
en Siamois , Me l'Abbé de
Lionne l'expliqua ainfiennôtre
Langue.
GRAND ROY,
NOVS venons icy pour
demander à vôtre Majesté ta
permiffion de nous en retourner
da
des Amb. de Siam. 297
est
vers leRoy nôtre Maître. L'im
patience où nous ſcavons qu'il
d'apprendre le ſuccés de nôtre
Ambaſſade , les merveilles
que nous avons à luy racconter,
les gages precieux que nous luy
portons de l'estime finguliere
que vôtre Majesté a pour luy ,
fur tout , l'affeurance que
nous luy devons donner de la
Royale amitié qu'Elle contracte
pourjamais avec luy ; tout cela
beaucoup plus encore que les Vents
de la ſaiſon , nous invite enfin
àpartir, pendant que les bons
traitemens que nous recevons icy
de toutes parts par les ordres de
Bb ij
292 IV. P. du Voyage
vôtre Majesté, seroient capables
de nousfaire oublier notrePatrie,
si nous l'ofons dire, les ordres
mesme de notre Prince ; mais
fur le point de nous éloigner
de vostre Perſonne Royale , nous
n'avons point de paroles qui
puiffent exprimer les ſentimens
de respect, d'admiration & de
reconnoiſſance , dont nous fommes
penetrez. Nous nous estions
bien attendus à trouver dans
voſtreMajesté des grandeurs &
des qualitez extraordinaires ;
L'effety a pleinement répondu ,
a même ſurpaffé de beaucoup
noftre attente , mais nous
des Amb. de Siam. 193
fommes obligezde l'avoüer, nous
n'avions pas crú y trouver l'accés
, la douceur, l'affabilité que
nousy avons rencontrée ; nous
ne jugions pas mêmes que des
qualitezqui paroiſſent ſi opposées
, puffent compatir dans une
même personne , & qu'on pust
accorder enſemble tant deMajesté
&tant de bonté. Nous nefommesplusfurpris
que vos Peuples,
trop heureux de vivre fous vôtre
Empire, faffent paroiftre par
tout l'amour & la tendreſſe
qu'ils ont pour vostre RoyalePer-
Sonne. Pour nous , grand Roy,
comblezde vos biens faits, char
Bb iij
294 IV.P.du Voyage
mez de vos vertus , touchez
jusqu'aufonddu coeur de vos bon
tez , ſaiſis d'étonnement à la
veuë de vôtre haute fageffe , &
de tous les miracles de vostre
Régne ; noſtre vie nous paroist
trop courte , & le monde entier
trop petit , pour publier ce que
nous en penfons : Noftre memoire
auroit peine à retenir tant de
chofes ; c'est ce qui nous a fait
recueillirdans des Regiſtres fidelles
tout ceque nous avons pûramaſſer,
&nous le terminerons
par une protestation fincere, que
quoyque nous en diſions beaucoup,
il nous en a encore plus échapé
desAmb. de Siam. 295
Ces Memoires feront confacrez
à la poſterité, & mis en dépost
entre les monumens les plus rares
& les plus precieux de l'Etat.
LeRoy noftre Maistre les
envoyera pourprefens aux Prin
cesſes Alliez, &par la l'Orient
Sçaura bien- toft, &tous les Siecles
à venir apprendront les
vertus incomprehenſibles de Loüis
leGrand. Nous porterons enfin
l'heureuſe nouvelle de la ſanté
parfaite de vostre Majesté ,
lefoin que le Ciel apris de continüer
le cours d'une vie qui ne
devroit jamais finir.
Bb iiij
296 IV. P. du Voyage
CetteHarangue receut de
fi grands applaudiſſemens ,
que des perſonnes à qui l'on
ne peut rien refuſer, en ayant
demandé des copies , il s'en
fit un fort grand nombre, de
forte que la Cour en fut remplie
dés ce même jour. En
vous marquant que tout s'eſt
paſſé dans cette Audience de
congé, avec les meſmes ceremonies
que dans la premiere,
je dois vous dire que Me le
Marquisde laSalleMaîtrede la
Garderobe, eſtoit ſur le Trône
derriere le Roy, avecMi le
des Amb de Siam. 297
Grand Maître de la Garderobe
, & les perſonnes que
je vous ay déja nommez , à
qui leurs Charges donnent
cét honneur. Les Ambaſladeurs
eurent ſeize autres Audiences
le meſme jour , à
commencer par celle de Monſeigneur.
Voicy le compli
ment qu'ils luy firent.
TRES-GRAND PRINCE ,
Les ordres du Roy nôtre Maile
temps propre à la Navigation
, nous obligent enfin à
tre ,
1
venir prendre congé de vous.
ف
298 IV. P. du Voyage
Nous compterons éternellement
entre les avantages extraordinaires
que nous avons trouvez
en cette Ambaſſade , l'honneur
que nous avons eu de connoître
par nous-mêmes , & de pouvoir
faire connoîtreà tout l'Orient un
Prince fi accompli , fi genereux ,
fi bien-faiſant , si propre àfe ga
gner tous les coeurs , fi digne enfin
d'estre le Fils de LOVIS
LE GRAND. Que de joye
nous allons donner au Roy nôtre
Maître,quand nous luy apprendrons
plus à fond quelle est
voſtre grandeur d'ame , quelle est
L'étendue de vostre genie : en un
desAmb. de Siam. 299
mot tout ce que vous estes , &
quels font les Enfants que le
Dieu du Ciel vous a donnez,
qui font autant de precieux gages
, que l'amitié que nous fommes
venus contracter avec la
Francefubfistera durant tous les
Siècles.
Ils parlerent ainſi àMadame
laDauphine.
TRES-GRANDE PRINCESSE ,
Il est temps que nous portions
à la Princeſſe Reine , qui nous
avoit fait l'honneur de nous chargerdefes
ordres auprés de vous ,
300 IV. P du oyage
les nouvelles qu'elle defire fans
doute avec ardeur. Celles que
nous avons à luy apprendre, luy
feront fi agreables, que nous confeffons
, qu'il nousferoit difficile
de nepas reſſentirquelque empres
fement de les luy porter. Nous
n'oublirons pas de luy marquer
les nouvelles faveurs que le Ciel
prendplaisir àrépandrefur voftre
Auguste Alliance avec le
Fils unique de LOVIS LE
GRAND. Nous en avons
eſté témoins , &nous en avons
reffenty les premiers une joye extréme.
Mais nous rempliransfon
eſprit & toute la Cour de Siam
des Amb. de Siam. 301
d'admiration , quand nous raconterons
les merveilleuses qualitez
que toute l'Europe admire
en vous , & que vous foûtenez
par un air de Majesté , qui decouvre
d'abord à ceux- meſmes
qui ne vous connoistroient pas
encore , tout ce que vous estes.
Cefera pour la Princeffe Reyne
nne fatisfaction que nous ne
pouvons exprimer , d'apprendre
qu'elle est dans l'estime
l'amitié d'une Princeffefi élevée
fi accomplie.
dans
* Je vous envoye les autres
Harangues dans l'ordre qu'
elles furent faites.
1
302 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE
GRAND PRINCE quifes
rez un jour la gloire
Fornement de tout l'Univers,
Nous allons préparer dans l'Orient
les voyes à la Renommée,
qui y portera dans peu d'années
le recit de vos Victoires de
vos grandes Actions. Si nous
vivons encore alors , le témoi
gnage que nous rendions de ce
que nous avons découvert en
vous , fera croire tout ce qui
des Amb. de Siam. 303
dans vos exploits, poura paroître
incroyable. Nous l'avons vû ,
dirons nous , ce Prince encore
Enfant, & dés ce temps là toute
fon Ame paroiffant fur fon
front & dansses yeux , nous le
jugions capable de faire un jour
tout ce qu'il fait aujourd'huy.
Ce qui comblera de joye leRoy
noftre Maitre,fera l'affeurance
que nous luy donnerons , que le
Royaume de Siam trouvera en
vous un ferme appuy de l'amitié
que nous sommes venus contrac
ter avec la France.
304 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
GRANDPRINCE, qui ferez
éprouver un jour aux
Ennemis de la France , la force
de vostre bras , & la grandeur
de vostre courage , ce que nous
dirons au Roy noſtre Maître,des
grandes efperances que vous donnez,
& des marques d'efprit,
de generofité de grandeur, qui
brillent en vous au travers des
nuages de l'Enfance , luy fera
ſouhaiterd'entendre bien-toſtparler
de vos glorieux exploits.
des Amb. de Siam. 305
Nous ferons ravis plus que tout
le reste des hommes de les apprendre
, parceque nous nous
fouviendrons de l'honneur que
nous avons eu de vous faluer
de la part du Roy nostre Maistre,
&de vous prefenter par nous
meſmes nos profonds reſpects.
A MONSEIGNEUR ,
LE DUC DE BERRY .
GRAND PRINCE à qui
le Ciel referve des Victoires
& des Conquêtes , Nous aurons
l'avantage de porter au Roy
Cc
306 IV. P. du Voyage
VOUS
noftre Maître la premiere nouvelle
qu'il ait jamais receüe de
& nous le remplirons
de joge en luy marquant le bonheur
que nous avons eu de
vous voir naître ,& l'heureux
préfageque l'on a tiréde cetteAmbaſſade
pour vostre Grandeurfuture.
Noussouhaitons que vostre
reputation nous ſuive de prés ,
paffe bien-toſt les Mers aprés
nous , pour répandre l'allegreſſe
dans une Cour & dans
Royaume , où vousferezparfaitement
honoré.
un
;
des Amb. de Siam. 307
১
A MONSIEUR ,
TRES-GRAND PRINCE .
Nous diſpoſant à retourner
vers le Roy noftre Maistre , nous
venons vous afſurer que nous
remportons avec nous une profonde
reconnoiffance pour les bontez
que vous nous avez fait
P'honneur de nous témoigner,
une idée la plus haute& laplus
excellente qu'on puiſſe avoir de
toutes les qualitez heroïques qui
brillent en vostre personne ,
qui vous font admirer dans l'VCcij
308 IV . P. du Voyage
nivers. Nous nous estimonsheureux
de ce que nous allons contribuer
à augmenter cette admiration
, non-feulement à la Cours
& dans le Royaume de Siam ,
mais encore dans toutes les Cours,
dans tous les Royaumes de
L'Orient , où le bruit de cetteAmbaſſade
s'est déja ſans doute répandu
, & ou le recit que nous
feronsde tout cequi s'y eft paffé,
& de tout ce que nous avsns
vû , ne manquera pas auſſi deſe
répandre . Vostre Illustre Nom
occupera dans nos Relations la
place qui luy est deüe , comme il
L'occupe dés-a-preſent dans nos
des Amb. de Siam. 309
efprits & dans nos coeurs par la
respect & la veneration que nous
conſerverons éternellement pour
vostre Auguste Personne.
A MADAME.
GRANDE PRINCESSE.
د
LeSéjourque nous avonsfait
en France nous a donné lieu
d'augmenter la haute effime, dont
nous estions déja prevenus pour
toutes les grandes qualitez qu'on
admire en vous . Ce n'estpas un
petit ſujet de conſolation pour
nous , que le long voyage que
310 IV. P. du Voyage
nous avons entrepris en Europe,
er que nôtre retour dans l'Afie
puiffent estre utiles à votre
gloire , en nous fourniſſant l'occafion
de repandre de plus enplus
vôtre nom juſques dans les
Royaumes les plus éloignez.
Nous publironsfur tout dans le
ce que nous connoiſſons
de vos grandeurs , & du merite
éclatant qui vous distingue ,
bien-tôt vous tiendrezle mesme
rang dans l'estime du Roy notre
Maître , &de la Princeffe
Reyne , que vous tenez icy dans
l'esprit & dans le coeur de
LOVIS LE GRAND.
nôtre
2
des Amb. de Siam. zit
A MONSIEUR
LE DUC 1
DE CHARTRES.
GRAND PRINCE,
Rien ne pouvoit estre plus
agreable pour nous dans notre
retour aupres du Roy nostre
Maître , que d'avoir à luy
dire , en luy rendant compte
du floriſſant estat , ou nous
le
, que
avons trouvé la Maison Royanous
avons admire
en vous des qualitez beaucoup
au - deffus de vostre âge ,
beaucoup au - dessus des bom312
IV. P. du Voyage
mes , & qu'on ne peut voir
fans étonnement la vivacité de
vôtre esprit , la nobleffe de vos
Sentimens , l'élevation de vostre
courage , & toutes les marques
que vous donnez d'une
grande ame. Nous lui ferons
connoître que c'est avec justice
que la France a déja concen de
vous de tres -hautes efperances ,
qu'il peut s'aſſurer de trouver
un jour en voſtre perfonne,
un amy auffi genercux que tout
I'Univers y trouvera un Prince
Grand & Magnanime.
desAmb. de Siam. 313
1
A MADEMOISELLE .
GRANDE PRINCESSE ,
Vos vertus & vos rares
qualitez qui croiffent de jour
en jour , ont auffi fait croître
dans nos efprits , le respect
l'admiration que nous avons
conceue dés la premiere fois
que nous avons eu l'honneurde
vous rendre nos devoirs. C'est
dans cesſentimens que nouspar
tons & que nous allons vous
faire connoître en tous lieux,
principalemet àlaCour de Siam
Dd
314 IV . P. du Voyage
où vousserez regardée désor
mais comme l'exemple & le
modelle de toutes lesjeunesPrinceffes
.
Ils firent auſſi compliment
le meſme jour à Mademoiſelle
d'Orleans , à Madame la
Princeffe, à Monfieur le Duc,
à Madame la Princeſſe de
Conty& à Monfieur lePrince
de Conty. Il vous eft aisé
de connoiſtre par les Complimens
que vous venez de
lire , ceux qui ont eſté faits
aux Princes & Princeſſes que
je viens de vous nommer.
des Amb de Siam. 315
Toutes les réponſes faites aux
uns&aux autres, ont eſté fur
des marques d'affection pour
le Roy de Siam , & d'eſtime
pour les Ambaſſadeurs. Ils
allerent le mefme jour pren
dre congé de Me de Crouffy,
& ce Miniſtre continüa de
leur parler en faveur de la
Religion Chreftienne , comme
il avoit déja fait dans
pluſieurs autres Audiences,
d'une maniere ſi éloquente
&fi perfuafive, qu'il s'eſt toûjours
attiré l'admiration de
tous ceux qui s'y font trouvé
prefens. Ils allerent auſſi
Ddij
316 IV. P. du Voyage
chezM. de Seignelay,& lors
qu'ils commençoient à luy
faire compliment, il leur en
fit un luy-meſme,fur lareputation
qu'ils remportoient
de France ; aprés quoy ils
parlerent d'affaires.
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Résumé : Ils retournerent deux jours aprés à Versailles, pour leur Audiance de congé. Ils en eurent dix-sept le même jour. Tout ce qui s'est passé à ces Audiances avec toutes les Harangues. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam retournèrent à Versailles deux jours après leur première audience pour prendre congé du roi. Lors de cette audience, l'ambassadeur et le duc de la Feuillade discutèrent des figures de bronze en France et des métaux utilisés à Siam. Le duc affirma sa maîtrise en fonte des métaux. La conversation porta ensuite sur les émotions de l'ambassadeur, qui exprima sa joie à l'idée de voir le roi et sa tristesse à l'idée de partir, mais aussi sa détermination à raconter les magnificences et les vertus du roi de France au roi de Siam. L'audience de congé se déroula avec les mêmes cérémonies que la première audience. L'ambassadeur fit un compliment en siamois, traduit par l'abbé de Lionne. Il demanda la permission de retourner auprès de leur roi, exprimant l'impatience de ce dernier d'apprendre le succès de l'ambassade et les merveilles à raconter. Les ambassadeurs soulignèrent les qualités extraordinaires du roi de France, sa majesté, sa douceur et son affabilité, et exprimèrent leur admiration et leur reconnaissance. Après cette harangue, qui reçut de grands applaudissements, les ambassadeurs eurent seize autres audiences le même jour, commençant par celle de Monseigneur. Ils adressèrent des compliments à divers membres de la famille royale, louant leurs qualités et exprimant leur admiration. Ils promirent de rapporter ces compliments et ces admiractions à leur roi et de publier les vertus du roi de France dans l'Orient. Les ambassadeurs rencontrèrent également Mademoiselle d'Orléans, Madame la Princesse, Monsieur le Duc, Madame la Princesse de Conti et Monsieur le Prince de Conti. Les compliments échangés reflétaient l'affection pour le roi de Siam et l'estime pour les ambassadeurs. Le même jour, ils prirent congé de Monsieur de Croissy, qui parla de la religion chrétienne de manière éloquente et persuasive, suscitant l'admiration des présents. Ils se rendirent également chez Monsieur de Seignelay, qui les complimenta sur la réputation qu'ils emportaient de France avant de discuter d'affaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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144
p. 326-327
Leur maniere de dire adieu au Roy dans l'Hôtel des Ambassadeurs mêmes. [titre d'après la table]
Début :
Avant que de partir, les trois Ambassadeurs & les six [...]
Mots clefs :
Adieu, Roi, Hôtel des ambassadeurs
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texteReconnaissance textuelle : Leur maniere de dire adieu au Roy dans l'Hôtel des Ambassadeurs mêmes. [titre d'après la table]
Avant que
desAmb. de Siam. 327
de partir , les trois Ambaſſadeurs
& les fix Mandarins ſe
tournerent du côté de Verfailles
, ſe mirent ſur une mê
me ligne , joignirent les
mains , les éleverent à leur
front ,& firent trois profondes
inclinations , pour remercier
leRoy , & enſuite ils embrafferent
depuis leur chambre
julqu'à leur Carroſſe toutes
les perſonnes un peu diftinguées,
qui eſtoient venuës
pour leur dire adieu.
desAmb. de Siam. 327
de partir , les trois Ambaſſadeurs
& les fix Mandarins ſe
tournerent du côté de Verfailles
, ſe mirent ſur une mê
me ligne , joignirent les
mains , les éleverent à leur
front ,& firent trois profondes
inclinations , pour remercier
leRoy , & enſuite ils embrafferent
depuis leur chambre
julqu'à leur Carroſſe toutes
les perſonnes un peu diftinguées,
qui eſtoient venuës
pour leur dire adieu.
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145
p. 327-330
Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Chevalier de Chaumont, les accompagna jusqu'à leur [...]
Mots clefs :
Départ, Voyage, Paris, France, Relation, Roi, Ambassadeurs, Storf, Monsieur de Ville, Chevalier de Chaumont, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Mle
Chevalier de Chaumont , les
accompagna juſqu'à leurCartofle,&
les vit partir , l'Am
328 IV . P. du Voyage
baffadeur parut fort touche.
Ils feront traités juſques à
Breft par M. de Ville , qui eſt
le Maître d'Hôtel que leRoy
leur a donné , de forte qu'en
quelque lieu que ce foit , ils
feront fervis de la meſme forte
qu'ils l'ont eſté à Paris , &
dans leVoyage qu'ils ont fait
en France , oula inagnificence
a toûjours efté égale. Je finis
cette Relation à leur départ
part de Paris, parce qu'ils vont
àBreft par le meſme chemin
qu'ils en font venus , & que
dans ma premiere Relation ,
je vous ay parlé de tout ce
'des Amb. de Siam, 329
qui regarde cette route. On
avoit eu deſſein de les faire
pafſer en Normandie , afinde
leur faire voir de nouvelles
Villes , mais les chemins n'étant
pas ſi praticables , & le
temps de l'embarquement
preffant , on a craint quelque
retardement qui les empefchaft
de faire voile au premier
vent favorable.
M. Torf , Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy, & dont je vous ay fouventparlédans
ces quatreRelations
, les doit conduire à
Breſt , où il a eſté les prendre.
Ee
330 IV. P. du Voyage
On ne peut mieux s'acquitten
que luy de ces fortes de fon-
Stions , & la maniere dont il
a remply cette derniere, marque
le bon choix du Roy. II
a fatisfait Sa Majesté , & les
Ambaſſadeurs , & l'on peut
dire qu'en faiſant ſon devoir,
il a trouvé moyen d'obligert
toute la France pendantneuf
mois.
Chevalier de Chaumont , les
accompagna juſqu'à leurCartofle,&
les vit partir , l'Am
328 IV . P. du Voyage
baffadeur parut fort touche.
Ils feront traités juſques à
Breft par M. de Ville , qui eſt
le Maître d'Hôtel que leRoy
leur a donné , de forte qu'en
quelque lieu que ce foit , ils
feront fervis de la meſme forte
qu'ils l'ont eſté à Paris , &
dans leVoyage qu'ils ont fait
en France , oula inagnificence
a toûjours efté égale. Je finis
cette Relation à leur départ
part de Paris, parce qu'ils vont
àBreft par le meſme chemin
qu'ils en font venus , & que
dans ma premiere Relation ,
je vous ay parlé de tout ce
'des Amb. de Siam, 329
qui regarde cette route. On
avoit eu deſſein de les faire
pafſer en Normandie , afinde
leur faire voir de nouvelles
Villes , mais les chemins n'étant
pas ſi praticables , & le
temps de l'embarquement
preffant , on a craint quelque
retardement qui les empefchaft
de faire voile au premier
vent favorable.
M. Torf , Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy, & dont je vous ay fouventparlédans
ces quatreRelations
, les doit conduire à
Breſt , où il a eſté les prendre.
Ee
330 IV. P. du Voyage
On ne peut mieux s'acquitten
que luy de ces fortes de fon-
Stions , & la maniere dont il
a remply cette derniere, marque
le bon choix du Roy. II
a fatisfait Sa Majesté , & les
Ambaſſadeurs , & l'on peut
dire qu'en faiſant ſon devoir,
il a trouvé moyen d'obligert
toute la France pendantneuf
mois.
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146
p. 335-342
Portrait de l'esprit des trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Je ne dois rien dire icy davantage de l'esprit [...]
Mots clefs :
Esprit, Ambassadeurs, Premier ambassadeur, Second ambassadeur, Troisième ambassadeur, Vérité, Storf, Grandeur, Indes, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Portrait de l'esprit des trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Jes
ne doisriendire icy davanta
ge de l'eſprit du premier Am--
baffadeur, puiſqu'en recevant
cette lettre,vous aurés la qua
triéme Relation remplie de
toutes leschoſes quil'ont fait
briller , & de tout ce qu'il as
dit de ſpirituel , mais j'y dois
encore ajoûter que fans fortir
de fon caractere , il a fait
voir des bontés & des honneſtetés
ſi grandes pour tous
ceux qui luy ont rendu quel
que ſervice, ou meſme qui ne
luy ont fait que des civilités ,
qu'on n'apûle voir deux fois
336 IV.P. duVoyage
fans eftre charmé de ſes ma
nieres. Il a remporté un ſenſis
ble deplaifir , de n'avoir pû
faire des preſens à tous ceux
à qui il a crûavoir obligation.
Il a dit cent fois qu'il croyoit
qu'apres le Roy , & les Princess
à qui il en a fait , il
pas imaginé qu'il dût estre redevable
à tant de perſonnes qui
ſeſont portées d'elles- mefmes à
luy rendre ſervice , & mesme a
vec empreſſement , &à les divertir,&
qui luy ont fait auffi
quelques petits prefens, mais que
L'éloignement des lieux n'empêchoitpas
qu'il ne s'en souvinst,
ne s'estoit
ني
des Amb. de Siam. 337
qu'ils le connoiſtroient par le
retour des Vaiſſeaux. Je dois
pourbeaucoup de raiſons , &
pour rendre juſtice à la verité
, vous marquer icy , que je
n'ay rien fait dire par le premier
Ambaſſadeur dans mes
trois Relations precedentes ,
&dans celle que je vous envoye
aujourd'huy , qu'il n'ait
veritablement dit luy-mefme.
J'ay tout ſceu d'original , c'eſt
à dire , ou par M Torf , qui
ne les a pas quittés d'un moment
, ou par les perſonnes à
qui cet Ambaſſadeur a fait
des reparties ſi ſpirituelles, ou
Ff
338 IV.P.du Voyage
- par moy meſme qui ay eu
I'honneur d'aller en pluſieurs
endroits avec eux dans leur
propre Carroffe , & de manger
à leur table. Ainfije n'ay
rien mis ſur des oüy dire , &
j'ay pluſtoſt oublié qu'ajoûté.
On ne doutera point
que je n'aye dit la verité, lors
qu'on fera reflexion, que ceux
à qui je marque qu'on a fait
des réponſes ſi ſpirituelles,
pourroient me démentir , ſi
on ne leur avoit pas dit les
chofes que je rapporte . On ne
peut rien ajoûter à ce que cét
Ambaſſadeur a dit du Roy ,
des Amb. de Siam. 339
a ſouvent
mais ce qu'ily a de remarquable
, c'eſt qu'il n'a loüé Sa
Majesté que fur des faits, mais
auſſi n'a-r'il point manqué de
luy donner de juftes loüanges
, quand les occafions s'en
ſont prefentées. Il
dit que le recit qu'on luy avoit
fait de la grandeur , & de la
perſonne de ce grand Monarque,
n'approchoit pas de ce qu'il avoit
vû. Aufſi doit-on avoüer
que l'air de bonté qui ſe trouve
meſlé avec l'air majestueux
de ce Prince , eft au deſſus de
toutes fortes d'expreffions.
Je ne puis finir ſans vous
Ffij
340 IV. P. du Voyage
dire auſſi quelque choſe des
deux autres Ambaſſadeurs. Le
ſecond que je vous ay déja
dit avoir fait de grands Voyages
, eſt d'une fincerité qu'il
feroit difficile d'exprimer : il
eſt ennemy de la flatterie , &
fait profeſſion de dire toûjoursla
verité,enfin I onpeut
dire que c'eſt unparfaitement
honneſte homme. Son efprit
n'a pû briller , parce que n'étant
pas premier Ambaffadeur
, il n'a guere eu d'occaſions
de parler. Le troifiéme
en a encore eu moins , parce
qu'il n'eſt que le dernier,auſſi
desAmb. de Siam. 341
eft - il encore jeune , &n'a eſté
envoyé qu'afin d'eſtre honoré
du titre d'Ambaſſadeur , &
parce que fon pere avoit eſté
nommé pour aller en Portugal
dans la meſme qualité. Ce
qu'ily a de plus remarquable
dans cette Ambaſſade , c'eſt
que nous n'avions point encore
vû en France d'Ambaffadeurs
Extraordinaires des In--
des. Cependant on doit peu
s'eſtonner qu'il en ſoit venu
de ſi loin , puifque la grandeur
duRoy fait faire tous lesjours
des chofes bien plus ſurpre
Ffiij
342 IV . P. du Vovage
nantes , & dont il n'y avoit
point encore eu d'exemple .
FIN.
ne doisriendire icy davanta
ge de l'eſprit du premier Am--
baffadeur, puiſqu'en recevant
cette lettre,vous aurés la qua
triéme Relation remplie de
toutes leschoſes quil'ont fait
briller , & de tout ce qu'il as
dit de ſpirituel , mais j'y dois
encore ajoûter que fans fortir
de fon caractere , il a fait
voir des bontés & des honneſtetés
ſi grandes pour tous
ceux qui luy ont rendu quel
que ſervice, ou meſme qui ne
luy ont fait que des civilités ,
qu'on n'apûle voir deux fois
336 IV.P. duVoyage
fans eftre charmé de ſes ma
nieres. Il a remporté un ſenſis
ble deplaifir , de n'avoir pû
faire des preſens à tous ceux
à qui il a crûavoir obligation.
Il a dit cent fois qu'il croyoit
qu'apres le Roy , & les Princess
à qui il en a fait , il
pas imaginé qu'il dût estre redevable
à tant de perſonnes qui
ſeſont portées d'elles- mefmes à
luy rendre ſervice , & mesme a
vec empreſſement , &à les divertir,&
qui luy ont fait auffi
quelques petits prefens, mais que
L'éloignement des lieux n'empêchoitpas
qu'il ne s'en souvinst,
ne s'estoit
ني
des Amb. de Siam. 337
qu'ils le connoiſtroient par le
retour des Vaiſſeaux. Je dois
pourbeaucoup de raiſons , &
pour rendre juſtice à la verité
, vous marquer icy , que je
n'ay rien fait dire par le premier
Ambaſſadeur dans mes
trois Relations precedentes ,
&dans celle que je vous envoye
aujourd'huy , qu'il n'ait
veritablement dit luy-mefme.
J'ay tout ſceu d'original , c'eſt
à dire , ou par M Torf , qui
ne les a pas quittés d'un moment
, ou par les perſonnes à
qui cet Ambaſſadeur a fait
des reparties ſi ſpirituelles, ou
Ff
338 IV.P.du Voyage
- par moy meſme qui ay eu
I'honneur d'aller en pluſieurs
endroits avec eux dans leur
propre Carroffe , & de manger
à leur table. Ainfije n'ay
rien mis ſur des oüy dire , &
j'ay pluſtoſt oublié qu'ajoûté.
On ne doutera point
que je n'aye dit la verité, lors
qu'on fera reflexion, que ceux
à qui je marque qu'on a fait
des réponſes ſi ſpirituelles,
pourroient me démentir , ſi
on ne leur avoit pas dit les
chofes que je rapporte . On ne
peut rien ajoûter à ce que cét
Ambaſſadeur a dit du Roy ,
des Amb. de Siam. 339
a ſouvent
mais ce qu'ily a de remarquable
, c'eſt qu'il n'a loüé Sa
Majesté que fur des faits, mais
auſſi n'a-r'il point manqué de
luy donner de juftes loüanges
, quand les occafions s'en
ſont prefentées. Il
dit que le recit qu'on luy avoit
fait de la grandeur , & de la
perſonne de ce grand Monarque,
n'approchoit pas de ce qu'il avoit
vû. Aufſi doit-on avoüer
que l'air de bonté qui ſe trouve
meſlé avec l'air majestueux
de ce Prince , eft au deſſus de
toutes fortes d'expreffions.
Je ne puis finir ſans vous
Ffij
340 IV. P. du Voyage
dire auſſi quelque choſe des
deux autres Ambaſſadeurs. Le
ſecond que je vous ay déja
dit avoir fait de grands Voyages
, eſt d'une fincerité qu'il
feroit difficile d'exprimer : il
eſt ennemy de la flatterie , &
fait profeſſion de dire toûjoursla
verité,enfin I onpeut
dire que c'eſt unparfaitement
honneſte homme. Son efprit
n'a pû briller , parce que n'étant
pas premier Ambaffadeur
, il n'a guere eu d'occaſions
de parler. Le troifiéme
en a encore eu moins , parce
qu'il n'eſt que le dernier,auſſi
desAmb. de Siam. 341
eft - il encore jeune , &n'a eſté
envoyé qu'afin d'eſtre honoré
du titre d'Ambaſſadeur , &
parce que fon pere avoit eſté
nommé pour aller en Portugal
dans la meſme qualité. Ce
qu'ily a de plus remarquable
dans cette Ambaſſade , c'eſt
que nous n'avions point encore
vû en France d'Ambaffadeurs
Extraordinaires des In--
des. Cependant on doit peu
s'eſtonner qu'il en ſoit venu
de ſi loin , puifque la grandeur
duRoy fait faire tous lesjours
des chofes bien plus ſurpre
Ffiij
342 IV . P. du Vovage
nantes , & dont il n'y avoit
point encore eu d'exemple .
FIN.
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Résumé : Portrait de l'esprit des trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Le texte décrit les qualités et les actions des ambassadeurs de Siam en France. Le premier ambassadeur est présenté comme spirituel, bon et honnête, regrettant de ne pouvoir offrir des présents à tous ceux qui l'ont aidé. Le second ambassadeur est sincère et honnête, mais a eu peu d'occasions de parler. Le troisième est jeune et a été nommé pour des raisons honorifiques. Le narrateur assure la véracité de ses récits, affirmant avoir rapporté des propos authentiques des ambassadeurs, obtenus directement ou par des témoins fiables. Il met en avant la grandeur et la bonté du roi de France, telles que perçues par les ambassadeurs. Cette mission est notable car il s'agit des premiers ambassadeurs extraordinaires des Indes en France, soulignant l'attrait du roi qui attire des visiteurs de loin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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147
p. 343-347
Suite du Journal de l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Début :
Aprés vous avoir envoyé en quatre Lettres differentes, un Journal [...]
Mots clefs :
Ambassade de Siam, France, Mots, Roi, Ville, Sa Majesté, Brest
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite du Journal de l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Aprésvous avoir envoyé en
quatre Lettres différentes
, lli1.,
Journal de l'Ambassade de Siam
en France, je croy devoirajouter
icy pour ne pas laisser cette Anv
ballade imparfaite, que les Ambassadeursontpassé
le Carnaval à
Brest en attendant que tout fust
press pour leur embarquement,
êç que leurs Balots fussentarrivez.
Ils y ont pris cous lesdivertissemens
de la Saison. Ils ont plusieursfoisesté
au Bal,& laTable
.quê leRoy leur entretenait estant
grande, nlag-nifique, & propre,
les perlonnesles plus qualifiées de
la Ville, sontsouvent venue;»manger
avec eux. Ils y on!d^iK*uré
24. jours, fie pendant cetemps
on a reccu l'ordre d'eux. Voicy
les mots qu'ils ont donnez.
Le Pcrt defvre.
Sa Vertufait n ftrfmcritç*
Sa grandeurfait nostre !èurft-r..
Se) Maximesseronsnos-Rqief.
.Jeferayvoirce/picfay vcn*.
-
.7 eseray vozr ce ecj ~zy veuLe
Vainqueur de la ViEfoire.
Sen Mifiotre fera nojtrc leïlitre.
A/onexemple nous vaincrons.
Son étoile nous guide.
Nos Voijins feront jaloux de nofire
gloire.
TJofte exemple leur rervira de Loy.
Se) profperite^feront nosfè.'icitez-
Retour triomphdnt.
11 rlie de sa fumierc.
Famille unie ,
Ministres éi-lairez,
Ses dons font precieux.
Sa memoire nomfera chere.
Regne glorieux.
La !"jlice gouverne Jonfoudre.
A (en mérité les vents obéiront.
La Renommée(idelle.
Le Méritéallie à la Vertu.
La bouche ne peut exprimer ce que
le coeur Cent.
Fartage entre la douleur & lajole,
- Vous voyez dans ces mots le
metme esprit qu'ils ont fait paroiftre
dans les quatre Relations
que je vous ay envoyées. Tout
ce qu'ils ont connu du Roy pendant
qu'ils ont demeuré en France
, tout ce qu'ils pensent de Sa
Majesté
,
& l'usàgequ'ils veulent
faire de ce qu'ils ont veu, est compris
dans ces24. mots donnez. Le
jour qu'ils partirent s'estant tournez
du costé du lieu oùon leur
dit que pouvoir estre le Roy, ils
joignirent les mains,les éleverent,
& firent cinq profondes inclinations
,comme pourremercier Sa
Majesté de tous les bons traitement
qu'ils avoient reçus. Ils forrirent
ensuite pour s'embarquer,
ce qu'ils firent au bruit de trois
décharges de toute l'Artillerie de
la Ville, &: de celle de tous les
Vaisseaux, dont le Port de Brest
estoit remply. Ainsi l'on peut dire
que tout leur a marqué la grandeurde
la France jusques au moment
qu'ils en ont quitté les Costes.
Ils sont partis les larmes aux
yeux ,
&. sur tout en embrassant
M'Torf, qui s'est si bien acquité
delaCommission que le Roy luy
avoit confiée.
quatre Lettres différentes
, lli1.,
Journal de l'Ambassade de Siam
en France, je croy devoirajouter
icy pour ne pas laisser cette Anv
ballade imparfaite, que les Ambassadeursontpassé
le Carnaval à
Brest en attendant que tout fust
press pour leur embarquement,
êç que leurs Balots fussentarrivez.
Ils y ont pris cous lesdivertissemens
de la Saison. Ils ont plusieursfoisesté
au Bal,& laTable
.quê leRoy leur entretenait estant
grande, nlag-nifique, & propre,
les perlonnesles plus qualifiées de
la Ville, sontsouvent venue;»manger
avec eux. Ils y on!d^iK*uré
24. jours, fie pendant cetemps
on a reccu l'ordre d'eux. Voicy
les mots qu'ils ont donnez.
Le Pcrt defvre.
Sa Vertufait n ftrfmcritç*
Sa grandeurfait nostre !èurft-r..
Se) Maximesseronsnos-Rqief.
.Jeferayvoirce/picfay vcn*.
-
.7 eseray vozr ce ecj ~zy veuLe
Vainqueur de la ViEfoire.
Sen Mifiotre fera nojtrc leïlitre.
A/onexemple nous vaincrons.
Son étoile nous guide.
Nos Voijins feront jaloux de nofire
gloire.
TJofte exemple leur rervira de Loy.
Se) profperite^feront nosfè.'icitez-
Retour triomphdnt.
11 rlie de sa fumierc.
Famille unie ,
Ministres éi-lairez,
Ses dons font precieux.
Sa memoire nomfera chere.
Regne glorieux.
La !"jlice gouverne Jonfoudre.
A (en mérité les vents obéiront.
La Renommée(idelle.
Le Méritéallie à la Vertu.
La bouche ne peut exprimer ce que
le coeur Cent.
Fartage entre la douleur & lajole,
- Vous voyez dans ces mots le
metme esprit qu'ils ont fait paroiftre
dans les quatre Relations
que je vous ay envoyées. Tout
ce qu'ils ont connu du Roy pendant
qu'ils ont demeuré en France
, tout ce qu'ils pensent de Sa
Majesté
,
& l'usàgequ'ils veulent
faire de ce qu'ils ont veu, est compris
dans ces24. mots donnez. Le
jour qu'ils partirent s'estant tournez
du costé du lieu oùon leur
dit que pouvoir estre le Roy, ils
joignirent les mains,les éleverent,
& firent cinq profondes inclinations
,comme pourremercier Sa
Majesté de tous les bons traitement
qu'ils avoient reçus. Ils forrirent
ensuite pour s'embarquer,
ce qu'ils firent au bruit de trois
décharges de toute l'Artillerie de
la Ville, &: de celle de tous les
Vaisseaux, dont le Port de Brest
estoit remply. Ainsi l'on peut dire
que tout leur a marqué la grandeurde
la France jusques au moment
qu'ils en ont quitté les Costes.
Ils sont partis les larmes aux
yeux ,
&. sur tout en embrassant
M'Torf, qui s'est si bien acquité
delaCommission que le Roy luy
avoit confiée.
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148
p. 11-14
Vers de Me des Houllieres. [titre d'après la table]
Début :
Voicy d'autres Vers faits pour le Roy. Ils sont de l'illustre / Amoureux Rossignol, de qui la voix chatoüille [...]
Mots clefs :
Rossignol, Rime, Paix, Campagne, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Vers de Me des Houllieres. [titre d'après la table]
Voicy d'autres Vers faits
pour le Roy. Ils font de l'illustre Madame des Houlieres, qui
pour faire voir la secondité de
son genie, a vou l
u
s'assujetit
dans tous les Vers feminins à la
ici,1enmcenouille. A Moureux RoJ/to^nol, de qui la
voix chatouille
Voreille & le cœur à la fois;
,Zepbirs, qw mtrwurez^dans le fond
( deceBois,
[ Ruisseauxyde quil'ondeyi%ouilie, tTaifez^vous,laissez,-moy dans un
s
profondrepos
Resuerquelques momem au plus
f grand des lleroJ.
Jamais d'une Campagne il tieflforty
f
bredoüille;
Des quefes Ennemis ont osé l'irriter,
Sur eux en l'a veu remporter
Plut d'une glorieuse & superbe dépouille.
Rien ne rcfîfte à sa valeurr
Tout rit à ses dejirs; mtllhcur, trois
fois malheur
Aquiconqueavec luy sebrouille,
Jiien quun calme profondregne dam
ses Etats,
Ses Guerriers toutefois ne se reposent
pas.
De peur que dans la Paix leur vertu
ne serouille,
Tantost le ssir Soldatparsa veueanime1
S'exerce dans la plained"Ou\Ue;
Ettantoft dans un Camp ponrjix mois
renfermé
Jlfait fintinelle & patrouille.
.J/Etat ne souffre point de ses grands
mouvemens, ( breux Camps
En pleine seureté prés de ses nomMeurit le doux raisin, (*7- grof/iç la
citrouille,
La Vache y
passi l'herhtJ'!/) £7* 1,4
Canneyfirfouill-e.
Vavare Laboureur y moiffinne ses
champs,
Sa fille sans danger y file sa quenouille,
Et jamais il ne voitsans de prompts
payemens
Emporter le lard & l*andouille,
Deson chetiffoyeruniques ornemens.
En vain dans le vieux temps je
fouille
Pour pouvoir comparer ses faits à
dtautres faits;
Les antiques HeriS ont toûjours quelquemais,
Ouquelquesiquiles barbouille,
EtchezLOVIS LE GRANL
on n'en trouve jamais.
Dans les travaux de Mars) dans lt
fein de la Paix
Par nul dérèglement fil gloire ne si
fouilie.
Puisse-t-d triompher toujours,
poifJe-t-d ne paffir que d'agreablei
jours!
_9,le jamais de pleurs on ne mouille
Les Autels pour un Roysigrand, si
flJrtuné;
Devant eux qu'on ne s*agenoulle
Que pour bénir leCieldenous l'avoir
donné
pour le Roy. Ils font de l'illustre Madame des Houlieres, qui
pour faire voir la secondité de
son genie, a vou l
u
s'assujetit
dans tous les Vers feminins à la
ici,1enmcenouille. A Moureux RoJ/to^nol, de qui la
voix chatouille
Voreille & le cœur à la fois;
,Zepbirs, qw mtrwurez^dans le fond
( deceBois,
[ Ruisseauxyde quil'ondeyi%ouilie, tTaifez^vous,laissez,-moy dans un
s
profondrepos
Resuerquelques momem au plus
f grand des lleroJ.
Jamais d'une Campagne il tieflforty
f
bredoüille;
Des quefes Ennemis ont osé l'irriter,
Sur eux en l'a veu remporter
Plut d'une glorieuse & superbe dépouille.
Rien ne rcfîfte à sa valeurr
Tout rit à ses dejirs; mtllhcur, trois
fois malheur
Aquiconqueavec luy sebrouille,
Jiien quun calme profondregne dam
ses Etats,
Ses Guerriers toutefois ne se reposent
pas.
De peur que dans la Paix leur vertu
ne serouille,
Tantost le ssir Soldatparsa veueanime1
S'exerce dans la plained"Ou\Ue;
Ettantoft dans un Camp ponrjix mois
renfermé
Jlfait fintinelle & patrouille.
.J/Etat ne souffre point de ses grands
mouvemens, ( breux Camps
En pleine seureté prés de ses nomMeurit le doux raisin, (*7- grof/iç la
citrouille,
La Vache y
passi l'herhtJ'!/) £7* 1,4
Canneyfirfouill-e.
Vavare Laboureur y moiffinne ses
champs,
Sa fille sans danger y file sa quenouille,
Et jamais il ne voitsans de prompts
payemens
Emporter le lard & l*andouille,
Deson chetiffoyeruniques ornemens.
En vain dans le vieux temps je
fouille
Pour pouvoir comparer ses faits à
dtautres faits;
Les antiques HeriS ont toûjours quelquemais,
Ouquelquesiquiles barbouille,
EtchezLOVIS LE GRANL
on n'en trouve jamais.
Dans les travaux de Mars) dans lt
fein de la Paix
Par nul dérèglement fil gloire ne si
fouilie.
Puisse-t-d triompher toujours,
poifJe-t-d ne paffir que d'agreablei
jours!
_9,le jamais de pleurs on ne mouille
Les Autels pour un Roysigrand, si
flJrtuné;
Devant eux qu'on ne s*agenoulle
Que pour bénir leCieldenous l'avoir
donné
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Résumé : Vers de Me des Houllieres. [titre d'après la table]
Le texte présente des vers dédiés au roi, célébrant les qualités et les actions de Madame des Houlières, qui a respecté la rime féminine dans ses poèmes. Il loue également un roi amoureux dont la voix émeut à la fois l'oreille et le cœur. Le poème décrit les exploits militaires du roi, soulignant qu'il n'a jamais été vaincu et remporte toujours des victoires glorieuses. Malgré un calme profond dans ses États, ses guerriers s'exercent continuellement pour maintenir leur vertu. Le royaume prospère en paix, permettant aux laboureurs de cultiver leurs champs en toute sécurité et de recevoir des paiements prompts. Le texte compare les faits du roi à ceux des héros antiques, notant que ces derniers avaient toujours un défaut, contrairement à Louis le Grand. Le roi ne se laisse jamais aller à des dérèglements, que ce soit en temps de guerre ou de paix. Le poème se termine par un vœu pour que le roi triomphe toujours et ne connaisse que des jours agréables, et que jamais des pleurs ne mouillent les autels pour un roi aussi grand et fortuné.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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149
p. 1-10
Prelude. [titre d'après la table]
Début :
Toutes les choses qui éclatent aujourd'hui le plus dans le [...]
Mots clefs :
Roi, Siamois, Religion, Monde, Progrès, Siam, Ambassadeurs, Ecclésiastique, Convertir
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texteReconnaissance textuelle : Prelude. [titre d'après la table]
T1OUTES les choses
quiéclatentaujourd'huy..
leAplu.s-dans- e monde, & qui ne feront
pasmoinsl'étonnement des
Siecles àvenir,qu'elles font
~'admiration de celuy-cy -,
onteu un commenceme
& un progrés, avant q d'ateindre à un certain~po
de perfection
,
auquel
n'est presque plus possil
derienajoûter, quoy qu'
travaille toûjours à en ~che
cherles moyens. Le mode
de ces grands Vaisseaux
~qu
on voitvoguer sur les Me
fut pris d'abord de deux
; cloüez ensemble, & c'est
qui a servy de commenc
ment auxFlotes quiseroie
aujourd'huy capables
tmroanndseptoorutetrdcaenqsuuecnonatiuet
eluy-cy, supposé qu'on le
oulustaller habiter LaPeinure
a commencé par les conours
qu'on prenoit de l'omre
que formoit la figure d'uf
personne sur la terre,ou
ontre une muraille Les Sçaans
ont appris à connoistre
~es lettres de l'Alphabeth,
vant que de penetrer la
rofondeur des Sciences,
: les plus grands Pecheurs,
: ceux mesme qui n'ont
pnnu le vrayDieu que long-
~emps aprés qu'ils sont venus
,1 monde, l'ont preschéaux
dolâtres, & leur ont fait
part des lumieres de la Foy.
Quand on a portéceslumieres
chez les Nations qui n'cstoient
point éclairées, ~on
y a fait d'abord si peu ~do
progrés, qu'il sembloit quo
l'ardeur des plus zclcz ~pou
le salut de ces Peuples, de
voit demeurer infructueux
Cependant le temps qui M
mene tout, pourveu ~qu'on
ait la constance de ne Il
point relâcher, a fait ~con
vertir des Villes & des Pra
vinces entieres. C'est, Ma
dame, ce qui nous doit fai
re esperer des fruits beau
~pup plus considerables, des
randes choses que le Roy a
~ites,& qu'il execute encore
~pus les jours, afin que les
~rogrés de la Mission de
~lams'augmententOn ne
~oit plus que Temples élevez
la gloire duvrayDieu,dans
: Pays, où l'Idolâtrie re-
~noit seule avant quelesMisonnaires
y eussent esté re-
~eus ; & ce qui marque le
~ien que le Roy fait à la Region
Chrestienne,en soûte-
~ant cette Mission,c'est que
~e puissantEstat setrouvant
~emplyde peuples d'un tresgrand
nombre de Nations
differentes
,
la Religion y
fait tous les jours d'autant
plus de fruit, que
ceux qui seconvertissent
annoncent eusuite l'Evangile
dans les lieux de ~leu
naissance. Les Siamois ~me
mes qui embrassent la Religion
Catholique, font ~do
grands progrés sur ceux ~de 1leur Nation, & l'Ecclesiastique
de Siam dont je vous a
déja parlé plusieurs fois,& su
tout lors qu'ilsoûtint ei
Sorbonne, estant
demeur
à Paris dans le Seminai
re des Missionsétrangeres,
a instruit à la Foy Catholique
deux Siamois, qui avoient
esté amenez en France
par les Mandarins qui y
vinrent en l'an 1685 &: huit
lutres que les Ambassadeurs
qui viennent de s'en rerourner
, y ont laissez pour se
~perfectionner dans les Arts,
que le Roy de Siam a luge
qui luy pourroient estre les
plusutiles. Le mesme Ecclesiastique
a encoreinstruit
an Siamois qui apprend la
conduite des EauxàVersail-
~cs, & îls ont tous receu le
Baptesme. Il y a sujet de croire
qu'ayant esté convertis par
unEcclesiastique de leur Nation,
lors qu'ils seront retournez
en leur Pays,ils y répandrontles
lumieres qu'ils ont
receuës, à l'imitation deceluy
dont ils les tiennent. Ce
qu'il y a de remarquable, ôc;
qui doit faire esperer beaucoup
pour l'avancement de
laReligion chrestienne,c'est
que les Ambassadeurs de
Siam
, avant que de quiter;
la France,ont permis aux
Siamois qu'ils yontlaissez,de
fc faire baptiser
, en casqu'ils
1
s'y sentissent portez. Il ne
faut point de raisonnement
pour faire connoistre que la
consideration qu'ils ont pour
le Roy, les a obligez à leur
donner ce contentement.
Ainsî j'ay eu raison de vous
dire que la Religion devra
beaucoup à ce Prince, & de
croire que puis qu'il s'attache
à tout cequi la peut augmen
ter dans toutes les parties
du monde, ces heureuxcommencemens
ne peuvent avoir
que de grandes suites,
& seront semblables à ce que
je vousaymarquéquiavoit Je VOl1~ ay nlarque qtll aVOlt
receu de si grands accroissemens.
Onpourroit mesme
se promettre davantage, &
en moins de temps puisqu'on
n'a point encore veude
lenteur en aucune chose que
le Roy ait entreprise, & que
recoudre,exécuter & reüssir,
sont presque la mesme chose
encegran,d /Monarque.
quiéclatentaujourd'huy..
leAplu.s-dans- e monde, & qui ne feront
pasmoinsl'étonnement des
Siecles àvenir,qu'elles font
~'admiration de celuy-cy -,
onteu un commenceme
& un progrés, avant q d'ateindre à un certain~po
de perfection
,
auquel
n'est presque plus possil
derienajoûter, quoy qu'
travaille toûjours à en ~che
cherles moyens. Le mode
de ces grands Vaisseaux
~qu
on voitvoguer sur les Me
fut pris d'abord de deux
; cloüez ensemble, & c'est
qui a servy de commenc
ment auxFlotes quiseroie
aujourd'huy capables
tmroanndseptoorutetrdcaenqsuuecnonatiuet
eluy-cy, supposé qu'on le
oulustaller habiter LaPeinure
a commencé par les conours
qu'on prenoit de l'omre
que formoit la figure d'uf
personne sur la terre,ou
ontre une muraille Les Sçaans
ont appris à connoistre
~es lettres de l'Alphabeth,
vant que de penetrer la
rofondeur des Sciences,
: les plus grands Pecheurs,
: ceux mesme qui n'ont
pnnu le vrayDieu que long-
~emps aprés qu'ils sont venus
,1 monde, l'ont preschéaux
dolâtres, & leur ont fait
part des lumieres de la Foy.
Quand on a portéceslumieres
chez les Nations qui n'cstoient
point éclairées, ~on
y a fait d'abord si peu ~do
progrés, qu'il sembloit quo
l'ardeur des plus zclcz ~pou
le salut de ces Peuples, de
voit demeurer infructueux
Cependant le temps qui M
mene tout, pourveu ~qu'on
ait la constance de ne Il
point relâcher, a fait ~con
vertir des Villes & des Pra
vinces entieres. C'est, Ma
dame, ce qui nous doit fai
re esperer des fruits beau
~pup plus considerables, des
randes choses que le Roy a
~ites,& qu'il execute encore
~pus les jours, afin que les
~rogrés de la Mission de
~lams'augmententOn ne
~oit plus que Temples élevez
la gloire duvrayDieu,dans
: Pays, où l'Idolâtrie re-
~noit seule avant quelesMisonnaires
y eussent esté re-
~eus ; & ce qui marque le
~ien que le Roy fait à la Region
Chrestienne,en soûte-
~ant cette Mission,c'est que
~e puissantEstat setrouvant
~emplyde peuples d'un tresgrand
nombre de Nations
differentes
,
la Religion y
fait tous les jours d'autant
plus de fruit, que
ceux qui seconvertissent
annoncent eusuite l'Evangile
dans les lieux de ~leu
naissance. Les Siamois ~me
mes qui embrassent la Religion
Catholique, font ~do
grands progrés sur ceux ~de 1leur Nation, & l'Ecclesiastique
de Siam dont je vous a
déja parlé plusieurs fois,& su
tout lors qu'ilsoûtint ei
Sorbonne, estant
demeur
à Paris dans le Seminai
re des Missionsétrangeres,
a instruit à la Foy Catholique
deux Siamois, qui avoient
esté amenez en France
par les Mandarins qui y
vinrent en l'an 1685 &: huit
lutres que les Ambassadeurs
qui viennent de s'en rerourner
, y ont laissez pour se
~perfectionner dans les Arts,
que le Roy de Siam a luge
qui luy pourroient estre les
plusutiles. Le mesme Ecclesiastique
a encoreinstruit
an Siamois qui apprend la
conduite des EauxàVersail-
~cs, & îls ont tous receu le
Baptesme. Il y a sujet de croire
qu'ayant esté convertis par
unEcclesiastique de leur Nation,
lors qu'ils seront retournez
en leur Pays,ils y répandrontles
lumieres qu'ils ont
receuës, à l'imitation deceluy
dont ils les tiennent. Ce
qu'il y a de remarquable, ôc;
qui doit faire esperer beaucoup
pour l'avancement de
laReligion chrestienne,c'est
que les Ambassadeurs de
Siam
, avant que de quiter;
la France,ont permis aux
Siamois qu'ils yontlaissez,de
fc faire baptiser
, en casqu'ils
1
s'y sentissent portez. Il ne
faut point de raisonnement
pour faire connoistre que la
consideration qu'ils ont pour
le Roy, les a obligez à leur
donner ce contentement.
Ainsî j'ay eu raison de vous
dire que la Religion devra
beaucoup à ce Prince, & de
croire que puis qu'il s'attache
à tout cequi la peut augmen
ter dans toutes les parties
du monde, ces heureuxcommencemens
ne peuvent avoir
que de grandes suites,
& seront semblables à ce que
je vousaymarquéquiavoit Je VOl1~ ay nlarque qtll aVOlt
receu de si grands accroissemens.
Onpourroit mesme
se promettre davantage, &
en moins de temps puisqu'on
n'a point encore veude
lenteur en aucune chose que
le Roy ait entreprise, & que
recoudre,exécuter & reüssir,
sont presque la mesme chose
encegran,d /Monarque.
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150
p. 10-21
RIMES EN AILLES. / RIMES EN EILLES. / RIMES EN ILLE.
Début :
Il ne faut pas s'étonner aprés cela si l'on entend / Toy qui depuis que du Cahos / Si ma voix avoit les doux sons / Femme d'un Dieu qui n'est pas beau, [...]
Mots clefs :
Célébrer, Rimes, Louis, Héros, Roi, Louer, Vers féminins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RIMES EN AILLES. / RIMES EN EILLES. / RIMES EN ILLE.
l ne
faut ,/ 1 pas s'étonnerapréscel
si l'on entend retentir se
louanges dans tous les ch.
matsdumonde,&si mesme
le beau sexe se fait un plaisir
de monter sur le Parnasse,
pour apprendre à celebrer les
merveilles de son regne dans
le langagedes Dieux. L'Illustre Madame Deshoulieres
cftune de celles qui le parlent le plus purement, le plus
souvent, & avec le plus d'approbation. Je vous envoyay
le mois passé un de les plus
beaux Ouvrages, danslequel
-
elle s'est assujettie aux rimes
enoüille dans tous les Vers
féminins. En voicy d'autres
de mesme nature, sur des rimes en ailles
,
en eles
,
& en.
ille, qui ont elleaussiapplaudis que le pre nier. Son genie est merveilleux en toutes
fortes dematieresmais sur
tout lors qu'elle entreprend
de loüer le Roy On connoist par là l'ardeur de son
zele.
RIMESENAILLES.
Toy qui depuis que du Cahos
On tira la Terre & les Flots,
EsApollonquand tu rimailles
3
Es le Soleil quand chaque jour
Dans un long & pénible tour
A nous éclairertu travailles
,
Si tu ne viens maider,jepers
L' honneur de bienfaire des Vers.
IlfautsurdesRimesenailles,
Rimes quifom pajlir d'ejfroy
Celebrer Louis
,
ce grand Roy
Quirejfcmble au Dieu des Batailles>
Ouiprend ce qu'il s'estproposé,
Sans que nulait encore ose
Vferfur luy de reprefaillcs;
Quivoit naiflre defortDauphin,
Dont la gloireferasansfin,
Quantitéd?j4uguftes Aiarmailles;
Qui àans ses Gardes neveutpat
Quilfoitenrolle deSoldats
Qui ne soient des plus hantes tailles;
Qui fait PdJJèr des soirs charmans
Damses vasles Appartemens
,
Parez.
J
non de vieillesclaincat'lies
De colifichets, de rocailles,
Mais de riches Ameublement,
Telsque ceux de ces vieux Romaus
Quaimoit tant à lire Fontraillesi
Quichez,leperfide Genois
BrifeTemple
,
Palais ,murailles.
Quitoujours heureux dansses choix9
EnMinièresfit des trouvailles;
Quidubruitdefiesgrands exploits
Remplit cellea qui
dans
cinq mois Ilfautconfier les semailles
3 Celle quepare le Printemps
De Fleurs (y:'" de vertesbrou-Jfailles
J
Celle donlfouillent les entrailles
Cbercheurs d'or d- de DiamanJ"
Et cette autre sur qui les Vents
Ont cause tant defanerailies,
Et dontlesmuets habitam
Ont le corps reveflu d'écaillés;
QuiviSlorieux des erreurs fait dans le bercail des Pafleurs
, Rentrer des millionsd'Ouailles
;
Quiseul son Empire conduit,
Qui tient dans un charmant réduit
Nombre d'eftrangeres volailles;
Qui deson Penple estsi chery,
Qu*auffi-tolfcjuon lesçeut guery Àdagifbats ,
,
Financiers,Canailles,
Toutfitchanter en divers lieux
Des TeDeummélodieux}
Tout mangea chapons) perdrixtcailles,
Et mitsur le cttlsesfutailles;
Veuillent nous preserver les Cieux
De plus voir de tellesgogailies.
Qui des fils de ses petitsfils
,
Si nossouhaitsfont accomplû.
Verra toutes les cpoufaiHes
;
Qii de ses héroïquesafits,
So:t dans laguerre ou dansla pdix"
A fs.itf<~aperforce Aiédai11rs
Tins belles quelesAntiquailles;
Qui dnmpte Alger & Tripoli,
Qiti dans Cagréable-Atariy,
Tait foHvcnt de grossesripailles,
Et quifera trembler de
peur
Le Royd'Efpagne&l*Empereur,
Dès qu'ilsortiradeVersailles..
RIMES EN EILLES.
s1 ma voix avoir les doux fins
Des Malherbes & des Corneilles,
Louis feraittoujours Vobjet de mes
Chansons.
Quel plus beau sujet pour mes veil.
les,
fJ..!!:un grand Roy de qui tous lei
jours
1
Ne font quun tissu de merveilles.
Et de qui l'air & les difeourt
Font entrer dans les cœurs vn million cfAmours,
Par les yeux&parlesoreilles?
m
Raison
,
toy que les Roysconsultent rarement
, Tusçais que ce Héros charmant
Nefait que ce que tu conseilles.
Nimphe,qui jamais ne somme'illes,
Tusçaisquavecque tes cent voix
Tu n'en a pas affit pour conter les
Exploits,
Et le nombre infini de vertus sans pa-(
veilles
JQui lefont le plusgranddesRoys.
Les champs ont moins cfépies, leruchesi
moinsetAbeilles,
Quil na receu du Ciel de charmesfedu-v
Eleurs.
Ah, courons ait Parnasse
,
& des plut)
belles fleurs
Pour couronnerson front remplirons detk
corbeilles.
uiffint aller mes Vers à Caide de fort
nom
)es bords où le matin la mere de
Memnon
Peint le Ciel de Couleurs vermeilles,
Iufijues à
ces tristesclimats
Ou ne peuvent croistre les treilles,
't dont les Habitans ne laissent pourtant pas
D'aimer à vuider les bouteilles.
RIMES ENjlle.
FEmme dtun Dieu qui rieft p/ti
beau,
Et qui ne va pointsans bfquille)
*Déejfe de qui le berceau
Fut une fnperbe cet/mile
,
V.e meresure pas Illljo$'frd'hJlJ tin rli
cours
,
bdtnne que des Jeux, des Ris, & des
jimours la tendre & galattte quadrille
Répande Jes attraits sur mon fo:ble
discours.
Venus
,
ren a] besoin
c. on veut que jebabille
De ce Héros qui feut a
tous les agremens
Dts deux plus chers de tes Amans.
*12ans[es ,, feux certain feu pétille
Quisouventa caufideglands embrlt..
femens.
Tel cjtoit ton Çhasseur dans ces heu,
renx moment
Où couché sur l'Oeillet. la Rose & Im
Jonquille
Tu daignas l'honorer de tes embrajfem
mens
,
5^jnmoinsftmblahle eu DivinDrillei
QHI vient au sortir des combats
Se delasser entre tes bras'
ZOVIS humilia l'orgueil de la (afitllc
Damptal'ingrat Tdtive cr vainqui,
le germain,
it tomber fous l'effort de cent bouches
d'airain)
omm, tombe en tflèCépj fous la fau*
eille,
le parjureGénois & le dur jifriquaim*
Ce ntflpasfeulement le tonnerre à la
main9,
2i4e ce Monarque efi grand, que fin
courage brille,
*0 l'avons-nous pas veu montrer un front serein
Vans Jevives douleurs
,
dansunperdcertain,
rt ne s'tnébranler non plut que la *Ba•
fiille i
Quel Sage
,
quel Héros ,fujî-il gre,
ou Romain,
Teutdupied de LOVIS-itteindreà
la cheville ?
Aussi du bout de J'YnifJefS
Les Ptttples que le Soleil grille
Travcrfentpourle voir le vafie fein
des tfliers*
jQue pour nous rendre heureux il
prend defoinsdivers!
Dans Jes vasles Eflats chèque Place
fourmille
De cent & cent ternes Çuerritrs,
.I2!!,'zt y met pour apprendre À cueillir
des Lauriers.
Dans un fnpcrbe Enclos plus d'une illujîre Fille
Trouve dés son enfance Un secoursfeur
& doux;
Dans un sge plus meur on luy donne un
Epcux,
Où ton met sa pudeur à l'abrjd'une
grille. 4
tredePs Sujets itnoumt, il hahille,jj
Ces malheureux Enfans qui nefontkt-l
ntiers .J, Que des titres fameux que des Sieell.
entiers j
Ont conftrfle{,
dans leur Famille.
tille des flots IImerl ?
agrcablcVenus»
Aqui les doAX tranfpcrts re font pas
inconnus
,
Crois-tu que defil tn aiguille,
Quand on voit t'op fouveut ce Roy
charmant à voir
9
On ne fajfc jamais en défit du devoir
,
Quelque legere peccadille?
faut ,/ 1 pas s'étonnerapréscel
si l'on entend retentir se
louanges dans tous les ch.
matsdumonde,&si mesme
le beau sexe se fait un plaisir
de monter sur le Parnasse,
pour apprendre à celebrer les
merveilles de son regne dans
le langagedes Dieux. L'Illustre Madame Deshoulieres
cftune de celles qui le parlent le plus purement, le plus
souvent, & avec le plus d'approbation. Je vous envoyay
le mois passé un de les plus
beaux Ouvrages, danslequel
-
elle s'est assujettie aux rimes
enoüille dans tous les Vers
féminins. En voicy d'autres
de mesme nature, sur des rimes en ailles
,
en eles
,
& en.
ille, qui ont elleaussiapplaudis que le pre nier. Son genie est merveilleux en toutes
fortes dematieresmais sur
tout lors qu'elle entreprend
de loüer le Roy On connoist par là l'ardeur de son
zele.
RIMESENAILLES.
Toy qui depuis que du Cahos
On tira la Terre & les Flots,
EsApollonquand tu rimailles
3
Es le Soleil quand chaque jour
Dans un long & pénible tour
A nous éclairertu travailles
,
Si tu ne viens maider,jepers
L' honneur de bienfaire des Vers.
IlfautsurdesRimesenailles,
Rimes quifom pajlir d'ejfroy
Celebrer Louis
,
ce grand Roy
Quirejfcmble au Dieu des Batailles>
Ouiprend ce qu'il s'estproposé,
Sans que nulait encore ose
Vferfur luy de reprefaillcs;
Quivoit naiflre defortDauphin,
Dont la gloireferasansfin,
Quantitéd?j4uguftes Aiarmailles;
Qui àans ses Gardes neveutpat
Quilfoitenrolle deSoldats
Qui ne soient des plus hantes tailles;
Qui fait PdJJèr des soirs charmans
Damses vasles Appartemens
,
Parez.
J
non de vieillesclaincat'lies
De colifichets, de rocailles,
Mais de riches Ameublement,
Telsque ceux de ces vieux Romaus
Quaimoit tant à lire Fontraillesi
Quichez,leperfide Genois
BrifeTemple
,
Palais ,murailles.
Quitoujours heureux dansses choix9
EnMinièresfit des trouvailles;
Quidubruitdefiesgrands exploits
Remplit cellea qui
dans
cinq mois Ilfautconfier les semailles
3 Celle quepare le Printemps
De Fleurs (y:'" de vertesbrou-Jfailles
J
Celle donlfouillent les entrailles
Cbercheurs d'or d- de DiamanJ"
Et cette autre sur qui les Vents
Ont cause tant defanerailies,
Et dontlesmuets habitam
Ont le corps reveflu d'écaillés;
QuiviSlorieux des erreurs fait dans le bercail des Pafleurs
, Rentrer des millionsd'Ouailles
;
Quiseul son Empire conduit,
Qui tient dans un charmant réduit
Nombre d'eftrangeres volailles;
Qui deson Penple estsi chery,
Qu*auffi-tolfcjuon lesçeut guery Àdagifbats ,
,
Financiers,Canailles,
Toutfitchanter en divers lieux
Des TeDeummélodieux}
Tout mangea chapons) perdrixtcailles,
Et mitsur le cttlsesfutailles;
Veuillent nous preserver les Cieux
De plus voir de tellesgogailies.
Qui des fils de ses petitsfils
,
Si nossouhaitsfont accomplû.
Verra toutes les cpoufaiHes
;
Qii de ses héroïquesafits,
So:t dans laguerre ou dansla pdix"
A fs.itf<~aperforce Aiédai11rs
Tins belles quelesAntiquailles;
Qui dnmpte Alger & Tripoli,
Qiti dans Cagréable-Atariy,
Tait foHvcnt de grossesripailles,
Et quifera trembler de
peur
Le Royd'Efpagne&l*Empereur,
Dès qu'ilsortiradeVersailles..
RIMES EN EILLES.
s1 ma voix avoir les doux fins
Des Malherbes & des Corneilles,
Louis feraittoujours Vobjet de mes
Chansons.
Quel plus beau sujet pour mes veil.
les,
fJ..!!:un grand Roy de qui tous lei
jours
1
Ne font quun tissu de merveilles.
Et de qui l'air & les difeourt
Font entrer dans les cœurs vn million cfAmours,
Par les yeux&parlesoreilles?
m
Raison
,
toy que les Roysconsultent rarement
, Tusçais que ce Héros charmant
Nefait que ce que tu conseilles.
Nimphe,qui jamais ne somme'illes,
Tusçaisquavecque tes cent voix
Tu n'en a pas affit pour conter les
Exploits,
Et le nombre infini de vertus sans pa-(
veilles
JQui lefont le plusgranddesRoys.
Les champs ont moins cfépies, leruchesi
moinsetAbeilles,
Quil na receu du Ciel de charmesfedu-v
Eleurs.
Ah, courons ait Parnasse
,
& des plut)
belles fleurs
Pour couronnerson front remplirons detk
corbeilles.
uiffint aller mes Vers à Caide de fort
nom
)es bords où le matin la mere de
Memnon
Peint le Ciel de Couleurs vermeilles,
Iufijues à
ces tristesclimats
Ou ne peuvent croistre les treilles,
't dont les Habitans ne laissent pourtant pas
D'aimer à vuider les bouteilles.
RIMES ENjlle.
FEmme dtun Dieu qui rieft p/ti
beau,
Et qui ne va pointsans bfquille)
*Déejfe de qui le berceau
Fut une fnperbe cet/mile
,
V.e meresure pas Illljo$'frd'hJlJ tin rli
cours
,
bdtnne que des Jeux, des Ris, & des
jimours la tendre & galattte quadrille
Répande Jes attraits sur mon fo:ble
discours.
Venus
,
ren a] besoin
c. on veut que jebabille
De ce Héros qui feut a
tous les agremens
Dts deux plus chers de tes Amans.
*12ans[es ,, feux certain feu pétille
Quisouventa caufideglands embrlt..
femens.
Tel cjtoit ton Çhasseur dans ces heu,
renx moment
Où couché sur l'Oeillet. la Rose & Im
Jonquille
Tu daignas l'honorer de tes embrajfem
mens
,
5^jnmoinsftmblahle eu DivinDrillei
QHI vient au sortir des combats
Se delasser entre tes bras'
ZOVIS humilia l'orgueil de la (afitllc
Damptal'ingrat Tdtive cr vainqui,
le germain,
it tomber fous l'effort de cent bouches
d'airain)
omm, tombe en tflèCépj fous la fau*
eille,
le parjureGénois & le dur jifriquaim*
Ce ntflpasfeulement le tonnerre à la
main9,
2i4e ce Monarque efi grand, que fin
courage brille,
*0 l'avons-nous pas veu montrer un front serein
Vans Jevives douleurs
,
dansunperdcertain,
rt ne s'tnébranler non plut que la *Ba•
fiille i
Quel Sage
,
quel Héros ,fujî-il gre,
ou Romain,
Teutdupied de LOVIS-itteindreà
la cheville ?
Aussi du bout de J'YnifJefS
Les Ptttples que le Soleil grille
Travcrfentpourle voir le vafie fein
des tfliers*
jQue pour nous rendre heureux il
prend defoinsdivers!
Dans Jes vasles Eflats chèque Place
fourmille
De cent & cent ternes Çuerritrs,
.I2!!,'zt y met pour apprendre À cueillir
des Lauriers.
Dans un fnpcrbe Enclos plus d'une illujîre Fille
Trouve dés son enfance Un secoursfeur
& doux;
Dans un sge plus meur on luy donne un
Epcux,
Où ton met sa pudeur à l'abrjd'une
grille. 4
tredePs Sujets itnoumt, il hahille,jj
Ces malheureux Enfans qui nefontkt-l
ntiers .J, Que des titres fameux que des Sieell.
entiers j
Ont conftrfle{,
dans leur Famille.
tille des flots IImerl ?
agrcablcVenus»
Aqui les doAX tranfpcrts re font pas
inconnus
,
Crois-tu que defil tn aiguille,
Quand on voit t'op fouveut ce Roy
charmant à voir
9
On ne fajfc jamais en défit du devoir
,
Quelque legere peccadille?
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Résumé : RIMES EN AILLES. / RIMES EN EILLES. / RIMES EN ILLE.
Le texte célèbre les éloges adressés au roi Louis, qui résonnent à travers le monde et même parmi les femmes, lesquelles montent sur le Parnasse pour chanter ses mérites. Madame Deshoulières est particulièrement mentionnée pour son talent en poésie, notamment dans des œuvres utilisant des rimes en ailles, en eles et en ille. Son génie est particulièrement admiré lorsqu'elle loue le roi. Les poèmes évoquent divers aspects de la grandeur du roi Louis, comparé à Apollon et au Soleil. Ils célèbrent ses victoires militaires, sa sagesse, et son amour pour son peuple. Les rimes en ailles décrivent le roi comme un guerrier invincible, victorieux contre ses ennemis, et comme un souverain juste et bienveillant. Les rimes en eles et en ille continuent de vanter ses qualités, soulignant son courage, sa générosité, et son amour pour les arts et la culture. Le texte se termine par des vœux pour que les descendants du roi perpétuent ses exploits et ses vertus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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