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p. 1-10
Paroles & actions du premier Ambassadeur, [titre d'après la table]
Début :
PUISQUE vous souhaitez avec tant d'empressement que je vous [...]
Mots clefs :
Honneur, Jour, Ambassadeurs, Roi, France, Siam, Comtesse de Béthune
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texteReconnaissance textuelle : Paroles & actions du premier Ambassadeur, [titre d'après la table]
UISQUE VOUSs fou-
Phaitez avec tant
d'empreſſement que
je vous envoye la ſuite du
Voyage des Ambaſſadeurs
: du Roy de Siam en France ,
A
2 Suite du Voyage
je vay non ſeulement fatiffaire
voſtre curioſité ſur ce
que vous attendez de moy ;
mais pour vous marquer
mon exactitude à rechercher
tout ce que ces Ambaſſadeurs
ont dit , & tout ce
qu'ils ont fait , je vay vous
apprendre encore beaucoup
de choſes dignes de remarque
& qui m'eſtoient échapées
lors que je vous écrivis
ma premiere Lettre. Lejour
qu'ils curent Audience à S.
Cloud de Monfieur le Duc
de Chartres , Monfieur leur
ayant fait l'honneur de leur
parler avec cet air de bonté
des Amb. de Siam. 3
- qui luy eſt ſi naturel , le prece
mier Ambaſſadeur dit dans
;
er
l'inſtant meſme qu'il eut quiex
té ſon Alteſſe Royale , en
montrant ceux de ſa ſuite qui
ace
l'accompagnoient, Qu'il estoit
bienheureux d'avoir tant de té
Dus moins de l'honneur qu'il venoit
up de recevoir , puis que le Roy fon
ar- Maistre n'auroit pas cruſurſon
na rapport feul , qu'il euft eu le gloivis
rieux avantage d'entretenir le
Out Frere d'un auffi puißant Roy que
S. celuy de France , avec aurant
Duc de familiarité qu'il avoitplû à
cur Monsieur d'en avoir.
leut On luy demanda s'il vouontt
loit aller voir le Feu que Me
A ij
4 Suite du Voyage
le Comte de Lobcovvits,Envoyé
extraordinaire de l'Empereur
, devoit faire tirer en
réjoüiſſance de la priſe de
Bude, & il répondit, Que quoy
que ſa curiosité fuft grande pour
tout ce qui se faisoit en France ,
parce que tout ce qu'on y voyoit
estoit digne d'admiration , il étoit
neanmoins obligé de ſe priver du
plaisir de voir ce Feu, puis qu'il
n'avoit pû aller à celuy que la
Ville avoit faitpour Monseigneur
le Duc de Berry , dont Mile
"Prevoſt des Marchands luy avoit
fait l'honneur de le prier. Et il
ajoûta , Que n'ayant pas esté
à un Divertiſſement donnépar la
desAmb. de Siam.
5
Ville de Paris , il auroit mauvaiſe
grace d'aller àceluy d'un Etrannger.
e On ne peut avoir plus
d'honnêteté qu'il en a pour
earles Perſonnes diftinguées par
e, leur naiſſance ou par leur
it merite dans les Lettres &
it dans les Arts.Outre les comduplimens
qu'il leur fait , & les
Pilloüanges qu'il leur donne
la proportionnées à ce qu'ils
font , ils les arreſte à diſner ,
boit à leur ſanté ,& prend la
it peine , luy & les deux autres
le
i | Ambaſſadeurs , de leur ſervir
#tout ce qui luy paroît demeil-
14 leur ſur la table. Quant aux
۹
A iij
6 Snite du Voyage
Dames, il donne le plus beau
fruit , à celles qu'il croit les
plus diftinguées , ou qui meritent
de l'eftre par l'agrément
de leur perſonne. Il
fçeut un jour qu'il y avoit
parmy celles qui le regardoient
difner , une Parente
d'un homme dont ils avoient
lieu d'eſtre fatisfaits , à cauſe
de la bonne reception qu'il
leur avoit fait dans un lieur
où ils avoient eſté. Il ne
manqua pas de luy preſenter
du fruit ; & comme il
vouloit luy faire beaucoup
d'honneur , & la traiter avec
distinction , il n'en donna ce
des Amb. de Siam.
70
a
es
it
jour-la à aucune autre. Une
Dame de la compagnie , tou
te brillante d'or & de pierre-
.ries , ſe ſandalifa de n'avoir
Il pas eu le mefme honneur.
L'Ambaſſadeur le comprit,
& dit avec un grand fang
froid : Les bonneurs d'aujournt
d'buy font finis , nous aurons
fe peut efpre celuy de voir Madame
il un autre jour , &nous luy rendrons
ce qui luy est dew.
te
eu
ne
en
il
On ne sçauroit exprimer
les honneurs qu'il fit à Madame
la Comteſſe de Bethune
, lors qu'il eut ſçeu qu'elle
étoit Soeur de la Reyne de Poct
logne. Il fut long- temps fans
up
Jec
A iiij
8 Suite du Voyage
ſe vouloir mettre à table. 11
la pria inſtamment de diſner,
&luy voulut ceder ſa place ;
il en fit auſſi beaucoup au
Fils du grand General de Pologne
, qui eſtoit avec elle ,
& ce jeune Seigneur en fût
ſi charmé , qu'il luy fit le
lendemain preſent du Portrait
de Sa Majeſté Polonoiſe,
parce qu'ils avoient parléde
ce Monarque. Quoy que les
honneſtetez de cet Ambaſladeur
ayent toûjours defté
grandes , il n'eſt point neanmoins
forty du caractere que
fa digneté demande
ſçait le faire paroiſtre à pro-
,
& il
des Amb. de Siam. 9
pos . Il loüe ce qui merite
-, d'eſtre loüé , & ſe taie avec
;
e,
le
eſprit , quand il eſt plus à prou
pos de ſetaire que de parler.
Comme pluſieurs perſonnes
l'accabloient un jour indif
it cretement , en luy deman
dant fi ce qu'il voyoit eſtoit
quin
r. beau , il répondit : Si vous
e, voulez sçavoirsi je trouve une
de chose belle , vous n'avez qu'à
les voirfielle l'est en effet , & alors
a- vous pouvez croire qu'elle ne me
Ne paroist pas moinsbelle qu'à vous.
Phaitez avec tant
d'empreſſement que
je vous envoye la ſuite du
Voyage des Ambaſſadeurs
: du Roy de Siam en France ,
A
2 Suite du Voyage
je vay non ſeulement fatiffaire
voſtre curioſité ſur ce
que vous attendez de moy ;
mais pour vous marquer
mon exactitude à rechercher
tout ce que ces Ambaſſadeurs
ont dit , & tout ce
qu'ils ont fait , je vay vous
apprendre encore beaucoup
de choſes dignes de remarque
& qui m'eſtoient échapées
lors que je vous écrivis
ma premiere Lettre. Lejour
qu'ils curent Audience à S.
Cloud de Monfieur le Duc
de Chartres , Monfieur leur
ayant fait l'honneur de leur
parler avec cet air de bonté
des Amb. de Siam. 3
- qui luy eſt ſi naturel , le prece
mier Ambaſſadeur dit dans
;
er
l'inſtant meſme qu'il eut quiex
té ſon Alteſſe Royale , en
montrant ceux de ſa ſuite qui
ace
l'accompagnoient, Qu'il estoit
bienheureux d'avoir tant de té
Dus moins de l'honneur qu'il venoit
up de recevoir , puis que le Roy fon
ar- Maistre n'auroit pas cruſurſon
na rapport feul , qu'il euft eu le gloivis
rieux avantage d'entretenir le
Out Frere d'un auffi puißant Roy que
S. celuy de France , avec aurant
Duc de familiarité qu'il avoitplû à
cur Monsieur d'en avoir.
leut On luy demanda s'il vouontt
loit aller voir le Feu que Me
A ij
4 Suite du Voyage
le Comte de Lobcovvits,Envoyé
extraordinaire de l'Empereur
, devoit faire tirer en
réjoüiſſance de la priſe de
Bude, & il répondit, Que quoy
que ſa curiosité fuft grande pour
tout ce qui se faisoit en France ,
parce que tout ce qu'on y voyoit
estoit digne d'admiration , il étoit
neanmoins obligé de ſe priver du
plaisir de voir ce Feu, puis qu'il
n'avoit pû aller à celuy que la
Ville avoit faitpour Monseigneur
le Duc de Berry , dont Mile
"Prevoſt des Marchands luy avoit
fait l'honneur de le prier. Et il
ajoûta , Que n'ayant pas esté
à un Divertiſſement donnépar la
desAmb. de Siam.
5
Ville de Paris , il auroit mauvaiſe
grace d'aller àceluy d'un Etrannger.
e On ne peut avoir plus
d'honnêteté qu'il en a pour
earles Perſonnes diftinguées par
e, leur naiſſance ou par leur
it merite dans les Lettres &
it dans les Arts.Outre les comduplimens
qu'il leur fait , & les
Pilloüanges qu'il leur donne
la proportionnées à ce qu'ils
font , ils les arreſte à diſner ,
boit à leur ſanté ,& prend la
it peine , luy & les deux autres
le
i | Ambaſſadeurs , de leur ſervir
#tout ce qui luy paroît demeil-
14 leur ſur la table. Quant aux
۹
A iij
6 Snite du Voyage
Dames, il donne le plus beau
fruit , à celles qu'il croit les
plus diftinguées , ou qui meritent
de l'eftre par l'agrément
de leur perſonne. Il
fçeut un jour qu'il y avoit
parmy celles qui le regardoient
difner , une Parente
d'un homme dont ils avoient
lieu d'eſtre fatisfaits , à cauſe
de la bonne reception qu'il
leur avoit fait dans un lieur
où ils avoient eſté. Il ne
manqua pas de luy preſenter
du fruit ; & comme il
vouloit luy faire beaucoup
d'honneur , & la traiter avec
distinction , il n'en donna ce
des Amb. de Siam.
70
a
es
it
jour-la à aucune autre. Une
Dame de la compagnie , tou
te brillante d'or & de pierre-
.ries , ſe ſandalifa de n'avoir
Il pas eu le mefme honneur.
L'Ambaſſadeur le comprit,
& dit avec un grand fang
froid : Les bonneurs d'aujournt
d'buy font finis , nous aurons
fe peut efpre celuy de voir Madame
il un autre jour , &nous luy rendrons
ce qui luy est dew.
te
eu
ne
en
il
On ne sçauroit exprimer
les honneurs qu'il fit à Madame
la Comteſſe de Bethune
, lors qu'il eut ſçeu qu'elle
étoit Soeur de la Reyne de Poct
logne. Il fut long- temps fans
up
Jec
A iiij
8 Suite du Voyage
ſe vouloir mettre à table. 11
la pria inſtamment de diſner,
&luy voulut ceder ſa place ;
il en fit auſſi beaucoup au
Fils du grand General de Pologne
, qui eſtoit avec elle ,
& ce jeune Seigneur en fût
ſi charmé , qu'il luy fit le
lendemain preſent du Portrait
de Sa Majeſté Polonoiſe,
parce qu'ils avoient parléde
ce Monarque. Quoy que les
honneſtetez de cet Ambaſladeur
ayent toûjours defté
grandes , il n'eſt point neanmoins
forty du caractere que
fa digneté demande
ſçait le faire paroiſtre à pro-
,
& il
des Amb. de Siam. 9
pos . Il loüe ce qui merite
-, d'eſtre loüé , & ſe taie avec
;
e,
le
eſprit , quand il eſt plus à prou
pos de ſetaire que de parler.
Comme pluſieurs perſonnes
l'accabloient un jour indif
it cretement , en luy deman
dant fi ce qu'il voyoit eſtoit
quin
r. beau , il répondit : Si vous
e, voulez sçavoirsi je trouve une
de chose belle , vous n'avez qu'à
les voirfielle l'est en effet , & alors
a- vous pouvez croire qu'elle ne me
Ne paroist pas moinsbelle qu'à vous.
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Résumé : Paroles & actions du premier Ambassadeur, [titre d'après la table]
Le texte décrit la suite du voyage des ambassadeurs du roi de Siam en France. L'auteur exprime son désir de partager davantage de détails sur les actions et les paroles des ambassadeurs. Lors d'une audience avec Monsieur le Duc de Chartres, le premier ambassadeur exprime sa gratitude et son bonheur de recevoir un tel honneur, soulignant la familiarité et la bonté du Duc. Les ambassadeurs montrent une grande curiosité pour les événements en France mais déclinent certaines invitations par politesse, comme celle de voir un feu d'artifice en l'honneur de la prise de Bude, car ils n'avaient pas assisté à celui pour le Duc de Berry. Ils manifestent une honnêteté et un respect particuliers envers les personnes distinguées par leur naissance ou leurs mérites. Ils offrent des compliments, des friandises, et invitent souvent ces personnes à dîner, leur servant eux-mêmes. Avec les dames, ils offrent les meilleurs fruits à celles qu'ils jugent les plus dignes. Un jour, un ambassadeur refuse de donner des fruits à une dame brillante de bijoux, préférant en offrir à une parente d'une personne qui leur avait bien accueillis, promettant de rendre honneur à la première dame un autre jour. Les ambassadeurs montrent également des marques de respect particulières envers des personnes de haut rang, comme la Comtesse de Bethune, sœur de la reine de Pologne. Malgré leurs grandes honnêtetés, ils savent aussi se taire quand il est plus approprié de le faire. Lors d'une discussion sur la beauté des choses, un ambassadeur répond que s'il trouve quelque chose beau, c'est que cela l'est effectivement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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