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1
p. 217-234
Dunkerque. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le même jour coucher à Dunkerque, Ville sur [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Place, Intendant, Ville, Roi, Fort, Bergues, Comte, Ambassadeurs, Artillerie, Armes, Folie, Remparts, Du Verger, Mer, Citadelle, Ambassadeur, Mégron
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texteReconnaissance textuelle : Dunkerque. [titre d'après la table]
Ils allerent le même jour
coucher à Dunkerque , Ville
fur la Mer dans le Comté de
Flandres . Le Comte Baudoüin
III . dit le Jeune, la fit
bâtir en 960. Elle a de fort
bellesRuës, unPort extrémement
frequenté , & des Ha-
T
218 III . P. du Voyage
bitans fort renommez pour
la Navigation. Marie de Luxembourg
, Comteſſe de S.
Paul, Dame de Dunkerque,
Fille unique de Pierre de Luxembourg
& de Marguerite
de Savoye, épouſa François de
Bourbon, Comte de Vendôme
, quatriéme Ayeul paternel
du Roy. C'eſt ſur cela
que font fondées les legitimes
pretentions qu'a Sa Majeſté
ſur la Ville de Dunkerque.
Les François la prirent
en 1558. Le Duc de Parme
la reprit en 1583. Monfieur
le Prince , alors Duc d'An-
1
des Amb. de Siam. 319
guien, s'en rendit Maiſtre en
1646. & les Eſpagnols qui
l'emporterent en 1652. lagarderent
juſqu'en 1658. que
Mr le Maréchal de Turenne
la leur ôta. Elle fut remiſe
aux Anglois , de qui le Roy
la racheta en 1662. La Citadelle
que Sa Majeſté y a fait
faire , eft tres - confiderable ,
auſſi - bien que les Fortifications.
Les Ambaſſadeurs aprés a
voir paſſé entre le Fort du
Bois &le Fort Mardic , qu'ils
confidererent , approcherent
de la Place au bruit d'une
Tij
220 III. P. du Voyage
groffe Artillerie. M Me
gron Major qui y commandoit
, les reçût à la Porte de
la Ville. Toute la Garniſon,
parmy laquelle il y avoit
beaucoup de Compagnies
Suiffes, eſtoit ſous les Armes.
Ils furent logez à l'Hoſtel de
Ville, où ils reçûrent les complimens
des Magiftrats, & les
Preſens ordinaires. Ils furent
auſſi complimentez par
pluſieurs Corps . Le foir tout
'Hoſtel de Ville ſe trouva
éclairé par l'ordre des Magiſtrats.
Ils donnerent ce
foir- là pour Mot , La clef eft
des Amb de Siam . 221
digne de la ferrure , fur ce
qu'on leur avoit dit que Dunkerque
eſt une Clef du
Royaume. Ils furent ravis
de trouver à Dunkerque Madame
la Princeſſe de Bournonville,
Me la Comteffe de
Sore , & Ms les Princes de
Bournonville & de Robec,
qu'ils avoient veus à Berny, &
dont ils avoient reçû de grandeshonnêtetez.
MadamePatoulet,
femmede M² l'Intendant
de la Marine à Dunkerque
, eſtoit de la Compagnie.
M Deſmadrit Intendant
de Juſtice , Police des
Tiij
222 III . P. du Voyage
Troupes , & Finances de Sa
Majesté, & M Patoulet, vinrent
auſſi les ſalüer . M Defmadrit
leur dit , qu'il alloit à
Ypres , où il auroit l'honneur de
les voir , & qu'il eſperoit qu'ils
luy feroient la grace de diſner
chez luy. Ils fouperent à l'ordinaire
en bonne Compagnie.
Le lendemain ils monterent
en Carroſſe pour aller
du côté de la Mer , où ils
trouverent des Chaloupes
fort propres, & virent les Jettées
& les Forts qui ſont def
ſus, qui les ſalüerent de toute
leur Artillerie. Ils meſurerent
desAmb. de Siam, 223
eux-mêmes les épaiſſeurs &
les hauteurs des murailles , les
hauteurs & les profondeurs
des foſſez , & examinerent
tous les ouvrages avancez. Ils
virent fortir à pleines voiles
un affez gros Vaiffeau, chargé
de tout ſon Canon. De là
ils allerent au Rifban , où ils
monterent & deſcendirent
dans tous les endroits qu'ils
jugerent dignes de leur curioſité.
Ils marquerent une
ſurpriſe qui ne ſe peut exprimer
, & crûrent voir une
des premieres merveilles du
Monde. Ils vinrent enſuite
Tiiij
224 III. P. du Voyage
à pied juſqu'à la Jettée, où
l'on ſe rembarqua pour regagner
le Carroffe. Le lendemain
ils allerent à la Citadelle
que le Roy a fait bâtir.
Ils furent receus au bruit du
Canon , & trouverent l'Infanterie
ſous les Armes ; ils
virent les Magaſins & les Arcenaux
, & dirent que non
Seulement cette Fortereffe leur
paroiſſoit imprenable , mais mefme
qu'ils ne croyoient pas que
l'on pût ſonger à l'attaquer ,
parce qu'on n'attaquoit pas ce
qu'on sçavoit qu'il estoit impoffible
de prendre. On tira une
des Amb. de Siam. 225
Coulevrine , appellée la grande
Coulevrine de Nancy. Comme
on leur avoit donné les
Violons , ce qui continua
tant qu'ils ſéjournerent à
Dunkerque , ils avoient demandé
les noms de pluſieurs
Airs , & même la raiſon des
noms qu'on leur avoit dits.
La Folie d'Eſpagne s'eſtant
trouvée de ce nombre , il ne
ſe rencontra perſonne qui
-leur pût apprendre pourquoy
cét Air avoit eu ce nom : ce
qui fut cauſe que M Megron
leur ayant demádé l'Ordre
, ils dirent la Folie d'Ef
r
226 III. P. du Voyage
pagne. M: Torf leur demanda
, pourquoy ils donnoient
ce mot. Ils répondirent, qu'ils
avoient peut- estre plus de raiſon
de le donner , que le Muſicien
n'en avoit eu de nommer
Folie un Air qui paroiffoit tresbeau
, puiſque c'en estoit une tresgrande
que d'avoir laiffé prendre
une Ville comme Dunkerque.
Lejour ſuivant (car ilsſéjournerent
deux jours àDunkerque
) ils firent le tour de
la Place avec M Megron ,
& trouverent les Ramparts
d'une propreté qui paſſe tout
des Amb. de Siam. 227
د
ce qu'on s'en peut imaginer.
On n'y voit aucune ordure
de quelque nature qu'elle
puiſſe eſtre , & les Jardins les
plus propres & les mieux entretenus
du Prince le plus curieux
ne pourroient qu'à
peine approcher de ce qu'ils
virent. Cela fait connoiftre
que Me Megron ſçaitbien ſe
faire obeïr , & qui fe fait obefr,
doit eſtre du nombre
des meilleurs Officiers . M du
Verger Ingenieur de la Place,
en fit le tour avec les Ambaſſadeurs.
Illeur apprit tout
cequ'ils ſouhaiterent ſçavoir
228 III. P. du Voyage
&répondit ſi bien à toutes
leurs queſtions , qu'ils conçûrentbeaucoup
d'eftime, &
prirent même quelque forte
d'amitié pour luy. Ils dirent,
que le Roy de Siam n'épargneroit
rien pour avoir un auffi habile
Homme qu'il eſtoit , & le
prierent de vouloir bien les accompagner
jusqu'à Bergues, par
où ils devoientpaffer pour aller à
Ypres. Enfin ils luy dirent ,
qu'il s'expliquoit si bien , que
tout marquoit en luy ce qu'il
vouloit dire , & que ceux àqui
il parloit n'avoient que faire de
fçavoirfa langue , pour concedes
Amb. de Siam. 229
voir ce qu'il vouloit faire entendre.
Ils ne quitterent les Ramparts
que pour aller voir l'Arcenal,
où ils ne laiſſerent rien
à viſiter : de forte qu'eſtant
tous remplis de la beauté de
la Place , &de la grandeur du
Roy , ils fortirent en difant,
qu'ils voyoient par tout des chofes
inoüies. M Patoulet Intendant
de Marine , ayant
fait charger pluſieurs Ecluſes,
vint ſur le ſoir les prier d'en
voir l'effet , & leur dit , que
cela ne dureroit qu'un instant.
Ils demanderent, fi leRoy les
avoit fait faire comme le reste.
230 III . P. du Voyage
On leur dit que oüy. Ils repartirent
auffi -toſt , qu'ils ne
doutoient pas que cela ne répon
diſt à la magnificence de Sa Majesté
, &qu'ilsypaſſeroient non
pas un instant , mais la nuit
entiere. Ils monterent dans le
Carroffe de Me l'Intendant,
qui en avoit fait amener
d'autres pour leur Suite. Dés
qu'ils furent arrivez , on ouvrit
les Ecluſes, qui firent les
effets qu'on en attendoit.
L'Ambaſſadeur dit qu'il estoit
caution de la netteté du Port,
tant qu'on entretiendroit cesEclufes-
là. Ils virent le nouveau
L
des Amb. de Siam. 231
Baffin pour les Vaiſſeaux du
Roy , qui eſt encore un des
Ouvrages qui répond le plus
à la grandeur de Sa Majefté.
On leur montra auſſi plufieurs
Vaiſſeaux fur le chantier.
Si je voulois vous faire
un détail entier de tout ce
que les Ambaſſadeurs ont vû
& dit à Dunkerque , & de la
maniere dont le Roy y eſt
ſervy, j'avoue qu'il me feroit
difficile de trouver la fin de
certe Relation . L'Ambaſſadeur
donna ce ſoir-là pour
mot , Nous triomphons par fa
victoire, & dit que c'eſtoit une
234 III . P. du Voyage
verité , puiſque l'état où ef
toit la Ville , depuis qu'elle
avoit eſté conquiſe par Sa
Majesté , & l'opulence des
Peuples , faifoient voir qu'ils
triomphoient par la victoire
de ce
de ce grand Monarque.
Aprés avoir ſejourné à
Dunkerque le 29. & le 30. ils
en partirent avec des honneurs
qui ne peuvent eſtre
comparez qu'à ceux qu'ils avoient
receus en y entrant.
Ils s'embarquerent dés ſept
heures du matin, ſur le canal
de Bergues , qui eſt hors la
Ville, dans un batteau coudes
Amb. de Siam. 233
vert bien meublé & vîtré,
que M Deſmadrit leur avoit
fait préparer. Ils avoient prié
de trop bonne grace M du
Verger de venir avec eux jufques
à Bergues , pour en eſtre
refufez. Il les accompagna
juſque- là, & ils parlerent pendant
tout le chemin de Fortifications
& des inondations
de Siam. L'Ambaſſadeur luy
dit qu'il croyoit qu'il estoit un
homme univerſel. Ils trouverent
fur le chemin de Dunkerque
à Bergues, le long du
Canal, le Fort Louis, & le Fort
S. François , qui font deux
V
234 III. P.du Voyage
Forts Royaux , & quelques
Redoutes . Ils en furent falüez
, & les Garniſons parurent
en bataille ſur les ramparts
. Eftant arrivez à Bergues
, Mª du Verger les quit
ta , dont ils témoignerent du
regret. Ils trouverent leurs
Carroffes , dans lesquels ils
monterent pour continuër
leur route. Ils furent falüez
par l'Artillerie de Bergues , &
trouverent la Garnifon fous
les armes , depuis une Porte
juſques à l'autre. Ils furent
meſme haranguez , & receurent
les Prefens de la Ville.
coucher à Dunkerque , Ville
fur la Mer dans le Comté de
Flandres . Le Comte Baudoüin
III . dit le Jeune, la fit
bâtir en 960. Elle a de fort
bellesRuës, unPort extrémement
frequenté , & des Ha-
T
218 III . P. du Voyage
bitans fort renommez pour
la Navigation. Marie de Luxembourg
, Comteſſe de S.
Paul, Dame de Dunkerque,
Fille unique de Pierre de Luxembourg
& de Marguerite
de Savoye, épouſa François de
Bourbon, Comte de Vendôme
, quatriéme Ayeul paternel
du Roy. C'eſt ſur cela
que font fondées les legitimes
pretentions qu'a Sa Majeſté
ſur la Ville de Dunkerque.
Les François la prirent
en 1558. Le Duc de Parme
la reprit en 1583. Monfieur
le Prince , alors Duc d'An-
1
des Amb. de Siam. 319
guien, s'en rendit Maiſtre en
1646. & les Eſpagnols qui
l'emporterent en 1652. lagarderent
juſqu'en 1658. que
Mr le Maréchal de Turenne
la leur ôta. Elle fut remiſe
aux Anglois , de qui le Roy
la racheta en 1662. La Citadelle
que Sa Majeſté y a fait
faire , eft tres - confiderable ,
auſſi - bien que les Fortifications.
Les Ambaſſadeurs aprés a
voir paſſé entre le Fort du
Bois &le Fort Mardic , qu'ils
confidererent , approcherent
de la Place au bruit d'une
Tij
220 III. P. du Voyage
groffe Artillerie. M Me
gron Major qui y commandoit
, les reçût à la Porte de
la Ville. Toute la Garniſon,
parmy laquelle il y avoit
beaucoup de Compagnies
Suiffes, eſtoit ſous les Armes.
Ils furent logez à l'Hoſtel de
Ville, où ils reçûrent les complimens
des Magiftrats, & les
Preſens ordinaires. Ils furent
auſſi complimentez par
pluſieurs Corps . Le foir tout
'Hoſtel de Ville ſe trouva
éclairé par l'ordre des Magiſtrats.
Ils donnerent ce
foir- là pour Mot , La clef eft
des Amb de Siam . 221
digne de la ferrure , fur ce
qu'on leur avoit dit que Dunkerque
eſt une Clef du
Royaume. Ils furent ravis
de trouver à Dunkerque Madame
la Princeſſe de Bournonville,
Me la Comteffe de
Sore , & Ms les Princes de
Bournonville & de Robec,
qu'ils avoient veus à Berny, &
dont ils avoient reçû de grandeshonnêtetez.
MadamePatoulet,
femmede M² l'Intendant
de la Marine à Dunkerque
, eſtoit de la Compagnie.
M Deſmadrit Intendant
de Juſtice , Police des
Tiij
222 III . P. du Voyage
Troupes , & Finances de Sa
Majesté, & M Patoulet, vinrent
auſſi les ſalüer . M Defmadrit
leur dit , qu'il alloit à
Ypres , où il auroit l'honneur de
les voir , & qu'il eſperoit qu'ils
luy feroient la grace de diſner
chez luy. Ils fouperent à l'ordinaire
en bonne Compagnie.
Le lendemain ils monterent
en Carroſſe pour aller
du côté de la Mer , où ils
trouverent des Chaloupes
fort propres, & virent les Jettées
& les Forts qui ſont def
ſus, qui les ſalüerent de toute
leur Artillerie. Ils meſurerent
desAmb. de Siam, 223
eux-mêmes les épaiſſeurs &
les hauteurs des murailles , les
hauteurs & les profondeurs
des foſſez , & examinerent
tous les ouvrages avancez. Ils
virent fortir à pleines voiles
un affez gros Vaiffeau, chargé
de tout ſon Canon. De là
ils allerent au Rifban , où ils
monterent & deſcendirent
dans tous les endroits qu'ils
jugerent dignes de leur curioſité.
Ils marquerent une
ſurpriſe qui ne ſe peut exprimer
, & crûrent voir une
des premieres merveilles du
Monde. Ils vinrent enſuite
Tiiij
224 III. P. du Voyage
à pied juſqu'à la Jettée, où
l'on ſe rembarqua pour regagner
le Carroffe. Le lendemain
ils allerent à la Citadelle
que le Roy a fait bâtir.
Ils furent receus au bruit du
Canon , & trouverent l'Infanterie
ſous les Armes ; ils
virent les Magaſins & les Arcenaux
, & dirent que non
Seulement cette Fortereffe leur
paroiſſoit imprenable , mais mefme
qu'ils ne croyoient pas que
l'on pût ſonger à l'attaquer ,
parce qu'on n'attaquoit pas ce
qu'on sçavoit qu'il estoit impoffible
de prendre. On tira une
des Amb. de Siam. 225
Coulevrine , appellée la grande
Coulevrine de Nancy. Comme
on leur avoit donné les
Violons , ce qui continua
tant qu'ils ſéjournerent à
Dunkerque , ils avoient demandé
les noms de pluſieurs
Airs , & même la raiſon des
noms qu'on leur avoit dits.
La Folie d'Eſpagne s'eſtant
trouvée de ce nombre , il ne
ſe rencontra perſonne qui
-leur pût apprendre pourquoy
cét Air avoit eu ce nom : ce
qui fut cauſe que M Megron
leur ayant demádé l'Ordre
, ils dirent la Folie d'Ef
r
226 III. P. du Voyage
pagne. M: Torf leur demanda
, pourquoy ils donnoient
ce mot. Ils répondirent, qu'ils
avoient peut- estre plus de raiſon
de le donner , que le Muſicien
n'en avoit eu de nommer
Folie un Air qui paroiffoit tresbeau
, puiſque c'en estoit une tresgrande
que d'avoir laiffé prendre
une Ville comme Dunkerque.
Lejour ſuivant (car ilsſéjournerent
deux jours àDunkerque
) ils firent le tour de
la Place avec M Megron ,
& trouverent les Ramparts
d'une propreté qui paſſe tout
des Amb. de Siam. 227
د
ce qu'on s'en peut imaginer.
On n'y voit aucune ordure
de quelque nature qu'elle
puiſſe eſtre , & les Jardins les
plus propres & les mieux entretenus
du Prince le plus curieux
ne pourroient qu'à
peine approcher de ce qu'ils
virent. Cela fait connoiftre
que Me Megron ſçaitbien ſe
faire obeïr , & qui fe fait obefr,
doit eſtre du nombre
des meilleurs Officiers . M du
Verger Ingenieur de la Place,
en fit le tour avec les Ambaſſadeurs.
Illeur apprit tout
cequ'ils ſouhaiterent ſçavoir
228 III. P. du Voyage
&répondit ſi bien à toutes
leurs queſtions , qu'ils conçûrentbeaucoup
d'eftime, &
prirent même quelque forte
d'amitié pour luy. Ils dirent,
que le Roy de Siam n'épargneroit
rien pour avoir un auffi habile
Homme qu'il eſtoit , & le
prierent de vouloir bien les accompagner
jusqu'à Bergues, par
où ils devoientpaffer pour aller à
Ypres. Enfin ils luy dirent ,
qu'il s'expliquoit si bien , que
tout marquoit en luy ce qu'il
vouloit dire , & que ceux àqui
il parloit n'avoient que faire de
fçavoirfa langue , pour concedes
Amb. de Siam. 229
voir ce qu'il vouloit faire entendre.
Ils ne quitterent les Ramparts
que pour aller voir l'Arcenal,
où ils ne laiſſerent rien
à viſiter : de forte qu'eſtant
tous remplis de la beauté de
la Place , &de la grandeur du
Roy , ils fortirent en difant,
qu'ils voyoient par tout des chofes
inoüies. M Patoulet Intendant
de Marine , ayant
fait charger pluſieurs Ecluſes,
vint ſur le ſoir les prier d'en
voir l'effet , & leur dit , que
cela ne dureroit qu'un instant.
Ils demanderent, fi leRoy les
avoit fait faire comme le reste.
230 III . P. du Voyage
On leur dit que oüy. Ils repartirent
auffi -toſt , qu'ils ne
doutoient pas que cela ne répon
diſt à la magnificence de Sa Majesté
, &qu'ilsypaſſeroient non
pas un instant , mais la nuit
entiere. Ils monterent dans le
Carroffe de Me l'Intendant,
qui en avoit fait amener
d'autres pour leur Suite. Dés
qu'ils furent arrivez , on ouvrit
les Ecluſes, qui firent les
effets qu'on en attendoit.
L'Ambaſſadeur dit qu'il estoit
caution de la netteté du Port,
tant qu'on entretiendroit cesEclufes-
là. Ils virent le nouveau
L
des Amb. de Siam. 231
Baffin pour les Vaiſſeaux du
Roy , qui eſt encore un des
Ouvrages qui répond le plus
à la grandeur de Sa Majefté.
On leur montra auſſi plufieurs
Vaiſſeaux fur le chantier.
Si je voulois vous faire
un détail entier de tout ce
que les Ambaſſadeurs ont vû
& dit à Dunkerque , & de la
maniere dont le Roy y eſt
ſervy, j'avoue qu'il me feroit
difficile de trouver la fin de
certe Relation . L'Ambaſſadeur
donna ce ſoir-là pour
mot , Nous triomphons par fa
victoire, & dit que c'eſtoit une
234 III . P. du Voyage
verité , puiſque l'état où ef
toit la Ville , depuis qu'elle
avoit eſté conquiſe par Sa
Majesté , & l'opulence des
Peuples , faifoient voir qu'ils
triomphoient par la victoire
de ce
de ce grand Monarque.
Aprés avoir ſejourné à
Dunkerque le 29. & le 30. ils
en partirent avec des honneurs
qui ne peuvent eſtre
comparez qu'à ceux qu'ils avoient
receus en y entrant.
Ils s'embarquerent dés ſept
heures du matin, ſur le canal
de Bergues , qui eſt hors la
Ville, dans un batteau coudes
Amb. de Siam. 233
vert bien meublé & vîtré,
que M Deſmadrit leur avoit
fait préparer. Ils avoient prié
de trop bonne grace M du
Verger de venir avec eux jufques
à Bergues , pour en eſtre
refufez. Il les accompagna
juſque- là, & ils parlerent pendant
tout le chemin de Fortifications
& des inondations
de Siam. L'Ambaſſadeur luy
dit qu'il croyoit qu'il estoit un
homme univerſel. Ils trouverent
fur le chemin de Dunkerque
à Bergues, le long du
Canal, le Fort Louis, & le Fort
S. François , qui font deux
V
234 III. P.du Voyage
Forts Royaux , & quelques
Redoutes . Ils en furent falüez
, & les Garniſons parurent
en bataille ſur les ramparts
. Eftant arrivez à Bergues
, Mª du Verger les quit
ta , dont ils témoignerent du
regret. Ils trouverent leurs
Carroffes , dans lesquels ils
monterent pour continuër
leur route. Ils furent falüez
par l'Artillerie de Bergues , &
trouverent la Garnifon fous
les armes , depuis une Porte
juſques à l'autre. Ils furent
meſme haranguez , & receurent
les Prefens de la Ville.
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Résumé : Dunkerque. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam à Dunkerque, une ville située en Flandres, fondée en 960 par le Comte Baudouin III. Dunkerque est réputée pour ses rues pittoresques, son port actif et ses habitants experts en navigation. Marie de Luxembourg, Comtesse de Saint-Pol et Dame de Dunkerque, a épousé François de Bourbon, Comte de Vendôme, ancêtre du roi de France, ce qui a justifié les prétentions royales sur la ville. Dunkerque a connu plusieurs changements de mains au fil des siècles. Elle a été prise par les Français en 1558, reprise par les Espagnols en 1583, conquise par le Duc d'Anjou en 1646, puis de nouveau par les Espagnols en 1652, avant d'être finalement rachetée par le roi de France en 1662. La citadelle et les fortifications de Dunkerque sont particulièrement remarquables. Lors de leur visite, les ambassadeurs de Siam ont été accueillis avec des honneurs militaires et civils. Ils ont été logés à l'Hôtel de Ville et ont reçu des présents. Ils ont visité les fortifications, les jetées et les forts, et ont été impressionnés par la propreté et la discipline des lieux. Ils ont également assisté à des démonstrations de l'artillerie et des écluses, exprimant leur admiration pour les ouvrages et la grandeur du roi. Après deux jours à Dunkerque, ils ont quitté la ville en bateau, accompagnés par des salves d'artillerie et des honneurs militaires.
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