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1
p. 178-183
Reception faite à Monseigneur le Dauphin dans le Chasteau de Ioüy, par M. & Madame Berthelot. [titre d'après la table]
Début :
Puis que nous sommes encor à la Campagne, vous voulez [...]
Mots clefs :
Dauphin, Berthelot, Terre de Joüy, Collation, Pavillon
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texteReconnaissance textuelle : Reception faite à Monseigneur le Dauphin dans le Chasteau de Ioüy, par M. & Madame Berthelot. [titre d'après la table]
uis que nous ſommes en- cor à la Campagne , vous vou- lez bien, adame , que je vous mene à la Chaſſe , vous y trouverez bonne Compagnie.
Monſeigneur le Dauphin ,
quiſe plaiſt fort àcelle desRe- nards , ayat eſté averty qu'il y
en avoit àune petite lieuë de
GALANT. 125 Verſailles , dans le Parc de la
Terre de Joüy , dont Monfieur Berthelot eſt Seigneur , y alla prendre ce divertiſſement l'un
des premiers jours de ce mois ,
accompagné de Meffieurs les Princes de Conty , de Mon- fieur le Duc de Montaufier
ſon Gouverneur , de Monfieur le Duc de Curfol , & de plufieurs Officiers de ſa Maiſon.
Il arriva dans ce Parc , où
Mr &Mª Berthelot , avec leur
Fils aiſné , Sous - Lieutenant
des Chaffes de S. Germain ,
eurent l'honneur de le recevoir. En pafſant devant un Pavillon qui venoit d'eſtre bâ- ty fur la Fontaine du Parc , &
qu'on commençad'appeller le Pavillon Dauphin, il fut fuplié d'y vouloir entrer avec ceux qui l'accompagnoient. Il y
Lij
126 LE MERCVRE
trouva une fortbelle Collation
de toute forte de Fruits , apres laquelle il alla pourſuivre un Renardqui ſe fit chaffer , mais qui s'échapa en ſe terrant. Ce
jeune Prince retourna trois jours apres au meſme lieu , &
avec la meſme Compagnie. Il defcendit au Chaſteau , s'y promenade tous les coſtez , &
paſſant dans le Salon , il y fut régalé d'une Collation magni- fique. Il demeura quelque temps à table , & eftant allé en ſuite chaffer dans le Parc ,
où l'un de ſes Gens tua un Lievre , il donna ordre qu'on le portaſt à Madame Berthelot ,
qui faisoit les honneurs de fa Maiſon. Deuxjours furent en- cor à peine écoulez , qu'il ſe rendit pour la troifiéme fois dans ce meſme Parc , où Mon
GALANT. 127 fieur le Duc du Lude ſe rencontra. Le Fils aifné de Monfieur Berthelot luy preſenta deux grands Barils de Bois de
Cedre , remplis de Poudre. Ils eſtoienttres-curieuſementtravaillez , & enrichis d'argent cizelé , avec des Dauphins d'argent au deſſus. Ce Preſent eſt galant pourun Officier des Chaſſes, àunPrince qui aime
à chaſſer. La Collation luy fut fervie dans le Pavillon Dauphin , &préceda le Divertiſſe- ment de la Chaſſe du Renard,
qui courut longtemps de part & d'autre , & s'alla terrer. II
falut le bêcher pour le pren- dre. Le plaifir en fut grand , &
Monſeigneur le Dauphinfor- tit de celieu tres-fatisfait
Monſeigneur le Dauphin ,
quiſe plaiſt fort àcelle desRe- nards , ayat eſté averty qu'il y
en avoit àune petite lieuë de
GALANT. 125 Verſailles , dans le Parc de la
Terre de Joüy , dont Monfieur Berthelot eſt Seigneur , y alla prendre ce divertiſſement l'un
des premiers jours de ce mois ,
accompagné de Meffieurs les Princes de Conty , de Mon- fieur le Duc de Montaufier
ſon Gouverneur , de Monfieur le Duc de Curfol , & de plufieurs Officiers de ſa Maiſon.
Il arriva dans ce Parc , où
Mr &Mª Berthelot , avec leur
Fils aiſné , Sous - Lieutenant
des Chaffes de S. Germain ,
eurent l'honneur de le recevoir. En pafſant devant un Pavillon qui venoit d'eſtre bâ- ty fur la Fontaine du Parc , &
qu'on commençad'appeller le Pavillon Dauphin, il fut fuplié d'y vouloir entrer avec ceux qui l'accompagnoient. Il y
Lij
126 LE MERCVRE
trouva une fortbelle Collation
de toute forte de Fruits , apres laquelle il alla pourſuivre un Renardqui ſe fit chaffer , mais qui s'échapa en ſe terrant. Ce
jeune Prince retourna trois jours apres au meſme lieu , &
avec la meſme Compagnie. Il defcendit au Chaſteau , s'y promenade tous les coſtez , &
paſſant dans le Salon , il y fut régalé d'une Collation magni- fique. Il demeura quelque temps à table , & eftant allé en ſuite chaffer dans le Parc ,
où l'un de ſes Gens tua un Lievre , il donna ordre qu'on le portaſt à Madame Berthelot ,
qui faisoit les honneurs de fa Maiſon. Deuxjours furent en- cor à peine écoulez , qu'il ſe rendit pour la troifiéme fois dans ce meſme Parc , où Mon
GALANT. 127 fieur le Duc du Lude ſe rencontra. Le Fils aifné de Monfieur Berthelot luy preſenta deux grands Barils de Bois de
Cedre , remplis de Poudre. Ils eſtoienttres-curieuſementtravaillez , & enrichis d'argent cizelé , avec des Dauphins d'argent au deſſus. Ce Preſent eſt galant pourun Officier des Chaſſes, àunPrince qui aime
à chaſſer. La Collation luy fut fervie dans le Pavillon Dauphin , &préceda le Divertiſſe- ment de la Chaſſe du Renard,
qui courut longtemps de part & d'autre , & s'alla terrer. II
falut le bêcher pour le pren- dre. Le plaifir en fut grand , &
Monſeigneur le Dauphinfor- tit de celieu tres-fatisfait
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Résumé : Reception faite à Monseigneur le Dauphin dans le Chasteau de Ioüy, par M. & Madame Berthelot. [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs visites du Dauphin au parc de la Terre de Joüy, propriété de Monsieur Berthelot. Lors de la première visite, le Dauphin, accompagné de plusieurs princes et ducs, fut accueilli par les Berthelot et leur fils aîné. Ils se rendirent au Pavillon Dauphin pour une collation avant une chasse au renard, qui s'échappa en se terrant. Trois jours plus tard, le Dauphin revint, visita le château et participa à une chasse où un lièvre fut tué et offert à Madame Berthelot. Deux jours après, le Dauphin revint une troisième fois, accompagné du Duc du Lude. Le fils aîné de Monsieur Berthelot offrit au Dauphin deux barils de poudre de cèdre décorés. Une collation fut servie avant une nouvelle chasse au renard, qui dut être déterré. Le Dauphin quitta les lieux très satisfait.
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2
p. 104-106
Collation Inpromptu. [titre d'après la table]
Début :
Comme je ne suis pas accoustumé au Sorbec, & que [...]
Mots clefs :
Impromptu, Collation, Vers
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texteReconnaissance textuelle : Collation Inpromptu. [titre d'après la table]
Commeje ne ſuis pas accouſtu mé au Sorbec , &queje nem'ac- commode point du Parfum , j'ay biende la peine à croire que cela vaille la Collation inpromptu qu'une Dame donna ilyaquel- ques jours à deux de ſes amies,
&àtrois Cavaliers quiſe trouve-
66 LE MERCVRE
-
rent chez elle. Les Confituresn'y furent point épargnées , elles donnerent lien auxdouceursqui furent dites aux Belles. Toutes
les troisvalentbienqu'on leur en conte;& les Cavaliers ayant de Peſprit , &fe meflant de faire des Vers , l'Inpronipui de la Colla- tion fut cauſe qu'on leur ende- manda un à chacun d'eux pour celle des Dames que le hazard luy deſtineroit. On tira au fort,
& le premier qui prit un Billet ne fut pas faché de voir qu'il eſtoit remply du Nom d'une ai- mable Brune à qui il yavoit déja quelque temps qu'il en contoit. II fit pourelle ceMadrigal.
&àtrois Cavaliers quiſe trouve-
66 LE MERCVRE
-
rent chez elle. Les Confituresn'y furent point épargnées , elles donnerent lien auxdouceursqui furent dites aux Belles. Toutes
les troisvalentbienqu'on leur en conte;& les Cavaliers ayant de Peſprit , &fe meflant de faire des Vers , l'Inpronipui de la Colla- tion fut cauſe qu'on leur ende- manda un à chacun d'eux pour celle des Dames que le hazard luy deſtineroit. On tira au fort,
& le premier qui prit un Billet ne fut pas faché de voir qu'il eſtoit remply du Nom d'une ai- mable Brune à qui il yavoit déja quelque temps qu'il en contoit. II fit pourelle ceMadrigal.
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Résumé : Collation Inpromptu. [titre d'après la table]
Une dame organise une collation pour deux amies et trois cavaliers. Des confitures sont servies et des compliments échangés. Les cavaliers, poètes, doivent composer un madrigal pour une dame tirée au sort. Le premier cavalier admire une brune et lui écrit un madrigal.
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3
p. 99-102
Ils sont regalez à Sceaux par l'ordre de M. de Seignelay, [titre d'après la table]
Début :
Comme la Maison de Sceaux qui est à Mr de Seignelay, [...]
Mots clefs :
Monsieur de Seignelay, Sceaux, Repas, Collation, Manières honnêtes
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texteReconnaissance textuelle : Ils sont regalez à Sceaux par l'ordre de M. de Seignelay, [titre d'après la table]
Comme la Maiſon de
- Sceaux qui est à M de
Seignelay, eſt tout proche
de Berny , on les y mena.
Ils y virent joüer toutes
-les Eaux , dont la beauté
furprend , & étonne tous
I ij
100 Voyage des Amb.
ceux qui n'ont pas encore
eu le plaifir de les voir. Ils
les regarderent avecbeaucoup
d'attention, & comme
on leur demanda s'ils
n'en étoient point ſurpris,
ils répondirent que non.
Ce non étonna , & fut
cauſe qu'on leur dit qu'elles
paſſoient pour belles.
Le principal Ambaſſadeur
répondit , Qu'ils les trouvoient
encore plus belles
qu'on ne croyoit , außi- bien
que le Chasteau, & les meu-
1
de Siam. IOI
bles ; mais que rien de ce qui
appartenoit auauMinistre Ministre de
la Mer du plus grand Roy
de l'Europe , ne les furprenoit
, & qu'ils estoient perfuadez
qu'illuy estoitfacile
d'avoir , tout ce qu'on pouvoit
s'imaginer de beau. II
dit enfuite , que s'ils ne
lovoient pas toutes ces chofes
comme elles le meritoient
, c'estoit parce qu'ils
gardoiet toutes leurs loüanges
pour les beautez de Ver-
Sailles. Ils furent regalez
I iij
102 Voyage des Amb.
و
avant que de partir, d'une
fuperbe Collation fervie
en ambigu, &ils fortirent
fort contens & de ce
qu'ils avoient vû , & du
Repas qu'on leur avoit
fait. Ils ont toujours efté
fi fatisfaits de M² de Seignelay
, qu'il s'eſt paffé
peu dejours , qu'ils ne ſe
foient louez defes manieres
honneftes .
- Sceaux qui est à M de
Seignelay, eſt tout proche
de Berny , on les y mena.
Ils y virent joüer toutes
-les Eaux , dont la beauté
furprend , & étonne tous
I ij
100 Voyage des Amb.
ceux qui n'ont pas encore
eu le plaifir de les voir. Ils
les regarderent avecbeaucoup
d'attention, & comme
on leur demanda s'ils
n'en étoient point ſurpris,
ils répondirent que non.
Ce non étonna , & fut
cauſe qu'on leur dit qu'elles
paſſoient pour belles.
Le principal Ambaſſadeur
répondit , Qu'ils les trouvoient
encore plus belles
qu'on ne croyoit , außi- bien
que le Chasteau, & les meu-
1
de Siam. IOI
bles ; mais que rien de ce qui
appartenoit auauMinistre Ministre de
la Mer du plus grand Roy
de l'Europe , ne les furprenoit
, & qu'ils estoient perfuadez
qu'illuy estoitfacile
d'avoir , tout ce qu'on pouvoit
s'imaginer de beau. II
dit enfuite , que s'ils ne
lovoient pas toutes ces chofes
comme elles le meritoient
, c'estoit parce qu'ils
gardoiet toutes leurs loüanges
pour les beautez de Ver-
Sailles. Ils furent regalez
I iij
102 Voyage des Amb.
و
avant que de partir, d'une
fuperbe Collation fervie
en ambigu, &ils fortirent
fort contens & de ce
qu'ils avoient vû , & du
Repas qu'on leur avoit
fait. Ils ont toujours efté
fi fatisfaits de M² de Seignelay
, qu'il s'eſt paffé
peu dejours , qu'ils ne ſe
foient louez defes manieres
honneftes .
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Résumé : Ils sont regalez à Sceaux par l'ordre de M. de Seignelay, [titre d'après la table]
Les ambassadeurs visitèrent la Maison de Sceaux, propriété de M. de Seignelay, près de Berny. Ils admirèrent les jeux d'eau, bien que leur beauté ne les surprît pas autant qu'ils l'auraient cru. Interrogés sur leur réaction, ils répondirent qu'ils n'étaient pas étonnés, ce qui suscita de la surprise. Le principal ambassadeur expliqua que les jeux d'eau, le château et les meubles étaient plus beaux qu'ils ne l'avaient imaginé, mais qu'ils n'étaient pas surpris car ils savaient que le ministre de la Mer du plus grand roi d'Europe pouvait posséder tout ce qu'on pouvait imaginer de beau. Ils ajoutèrent qu'ils réservaient leurs louanges pour les beautés de Versailles. Avant leur départ, ils furent invités à une somptueuse collation. Les ambassadeurs furent toujours satisfaits de M. de Seignelay, louant ses manières honnêtes.
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4
p. 313-319
Ce qui s'est passé à la visite renduë par les Ambassadeurs à M[.] le Marquis de Croissy [titre d'après la table]
Début :
Lors qu'ils allerent rendre visite à Mr le Marquis [...]
Mots clefs :
Marquis de Croissy, Roi, Collation, Voyage, Ministre
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé à la visite renduë par les Ambassadeurs à M[.] le Marquis de Croissy [titre d'après la table]
Lors qu'ils allerent rendre
viſite à M'le Marquis
de Croiffy. Miniftre & Secretaire
d'Etat, ils avoient
Dd
314 Voyage des Amb.
leurs Bonnets de Ceremo
nie. Ils furent conduits
par Mª de Bonneüil. M ' de
Croiſſy les reçeut au haut
de fon Efcalier . Ils traverferent
une fort grande Sale
, une chambre magnifiquement
parée,& entrerent
de là dans une fort
belle Galerie , au bout de
laquelle les Fauteuils eftoientpréparez
ſur un Tapis
. Ils furent placez à la
droite , & M'de Croiffy
vis à vis . Comme les
ba
de Siam.
315
loüanges du Roy ſont
toûjours mêléesdans leurs
complimens, ils parlerent
du ſujet de leur Voyage ,
qu
qui estoit pour le venir admirer
,& dirent enfuite à
M'de Croiſffy , Qu'ils avoient
eu beaucoup d'impatience
de le voir , le Royleur
Maistre leur ayant dit qu' -
ils trouveroient en luy un
Sage Ministre, fameux par
un grand nombre de Negotiations
, où ſon eſprit , &
fon intelligence danslleessaf
Ddij
316 Voyage des Amb.
faires avoient paru , &
dont le nom estantàla teſte
de plusieurs Traitez glorieux
au Roy , estoit connu
par toute la terre. M'de
Croiſſy répondit modeſtement
à ces louanges , &
leur dit, Qu'il avoit appris
que le Roy de Siam avoit
déja envoyé d'autres Ambafſadeurs
en France, de la
perte desquels on ne devoit
preſque plus douter , mais
que cette perte estoit reparèe
par le choix que le Roy leur
de Siam. 317
Maistre avoit fait de fi
Sages , & de si judicieux
Miniftres. On entra enfuite
en converfation ,&
M'de Croiſſy leur demanda
s'ils n'avoient point
eflé incommodez d'un
Voyage auffi longque celuy
qu'ils avoient fait , &
fi le changement d'air n'avoit
point alteré leur fanté.
Ils répondirent , Que
d'abord ils s'estoient fentis
un peu incommodez , mais
que cela n'avoit pas eu de
Dd iij
318 Voyage des Amb.
Suite , & que d'ailleurs
quand ilsſouffriroient quelque
chose, le bon traitement
qu'on leur faisoit les empefcheroit
delellee ſentir.Onfervit
enfuite une Colation
de confitures feches dans
desbaffins de vermeil doré
, qui furent accompagnez
de liqueurs. Ils fortirent
aprés avoir remercié
M'de Croiffy de l'obligeante
maniere dont il
les avoit reçeus ,& firent
à differentes repriſes tout
de Siam. 319
ce qu'il leur fut poffible
pour l'empefcher de les
reconduire , mais il voulut
defcendre juſques au
bas du degré. Ils le remercierent
de nouveau
de toutes ſes honneſtetez
avec les termes les plus
remplis de reconnoiſſance
; aprés quoy ils monterent
en Caroffe fans que
ce Miniftre les y viſt monter.
viſite à M'le Marquis
de Croiffy. Miniftre & Secretaire
d'Etat, ils avoient
Dd
314 Voyage des Amb.
leurs Bonnets de Ceremo
nie. Ils furent conduits
par Mª de Bonneüil. M ' de
Croiſſy les reçeut au haut
de fon Efcalier . Ils traverferent
une fort grande Sale
, une chambre magnifiquement
parée,& entrerent
de là dans une fort
belle Galerie , au bout de
laquelle les Fauteuils eftoientpréparez
ſur un Tapis
. Ils furent placez à la
droite , & M'de Croiffy
vis à vis . Comme les
ba
de Siam.
315
loüanges du Roy ſont
toûjours mêléesdans leurs
complimens, ils parlerent
du ſujet de leur Voyage ,
qu
qui estoit pour le venir admirer
,& dirent enfuite à
M'de Croiſffy , Qu'ils avoient
eu beaucoup d'impatience
de le voir , le Royleur
Maistre leur ayant dit qu' -
ils trouveroient en luy un
Sage Ministre, fameux par
un grand nombre de Negotiations
, où ſon eſprit , &
fon intelligence danslleessaf
Ddij
316 Voyage des Amb.
faires avoient paru , &
dont le nom estantàla teſte
de plusieurs Traitez glorieux
au Roy , estoit connu
par toute la terre. M'de
Croiſſy répondit modeſtement
à ces louanges , &
leur dit, Qu'il avoit appris
que le Roy de Siam avoit
déja envoyé d'autres Ambafſadeurs
en France, de la
perte desquels on ne devoit
preſque plus douter , mais
que cette perte estoit reparèe
par le choix que le Roy leur
de Siam. 317
Maistre avoit fait de fi
Sages , & de si judicieux
Miniftres. On entra enfuite
en converfation ,&
M'de Croiſſy leur demanda
s'ils n'avoient point
eflé incommodez d'un
Voyage auffi longque celuy
qu'ils avoient fait , &
fi le changement d'air n'avoit
point alteré leur fanté.
Ils répondirent , Que
d'abord ils s'estoient fentis
un peu incommodez , mais
que cela n'avoit pas eu de
Dd iij
318 Voyage des Amb.
Suite , & que d'ailleurs
quand ilsſouffriroient quelque
chose, le bon traitement
qu'on leur faisoit les empefcheroit
delellee ſentir.Onfervit
enfuite une Colation
de confitures feches dans
desbaffins de vermeil doré
, qui furent accompagnez
de liqueurs. Ils fortirent
aprés avoir remercié
M'de Croiffy de l'obligeante
maniere dont il
les avoit reçeus ,& firent
à differentes repriſes tout
de Siam. 319
ce qu'il leur fut poffible
pour l'empefcher de les
reconduire , mais il voulut
defcendre juſques au
bas du degré. Ils le remercierent
de nouveau
de toutes ſes honneſtetez
avec les termes les plus
remplis de reconnoiſſance
; aprés quoy ils monterent
en Caroffe fans que
ce Miniftre les y viſt monter.
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Résumé : Ce qui s'est passé à la visite renduë par les Ambassadeurs à M[.] le Marquis de Croissy [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam ont rendu visite au Marquis de Croissy, ministre et secrétaire d'État. Accompagnés par Madame de Bonneuil, ils portaient des bonnets de cérémonie. Le Marquis de Croissy les accueillit en haut de son escalier et les guida à travers plusieurs pièces magnifiquement décorées. Les ambassadeurs furent placés à droite, face à Monsieur de Croissy. Ils exprimèrent leur admiration pour le roi de France et leur impatience de rencontrer Monsieur de Croissy, louant son intelligence et son expérience. Ce dernier répondit modestement, mentionnant les précédents ambassadeurs de Siam et la sagesse du roi de Siam dans le choix de ses ministres. La conversation porta ensuite sur le long voyage des ambassadeurs, leur santé et les conditions de leur trajet. Ils affirmèrent se porter bien grâce au bon traitement reçu. Une collation de confitures et de liqueurs fut servie dans des bassins de vermeil doré. Après avoir remercié Monsieur de Croissy, les ambassadeurs tentèrent de l'empêcher de les reconduire, mais il insista pour les accompagner jusqu'en bas de l'escalier. Ils le remercièrent à nouveau avec reconnaissance avant de monter en carrosse.
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5
p. 162-180
Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours aprés que les Ambassadeurs furent de retour de [...]
Mots clefs :
Monsieur, Madame, Dauphin, Dauphine, Saint-Cloud, Fête, Salon, Chambre, Ambassadeurs, Temps, Heures, Personnes, Collation, Girandoles, Tables, Appartements, Qualité, Lustres, Duchesses, Cour
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours aprés que les
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
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Résumé : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours après le retour des ambassadeurs de Flandre, ceux-ci furent invités à une fête organisée par Monseigneur dans sa maison de Saint-Cloud. La fête se déroula à l'intérieur du château, sous la supervision du Premier Gentilhomme de la Chambre et du Capitaine des Gardes. Le Comte de Tonnerre, Premier Gentilhomme de la Chambre, donna les ordres nécessaires pour éviter toute confusion. Les festivités commencèrent à trois heures de l'après-midi. Le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame accueillirent les invités, qui traversèrent des salles magnifiquement décorées de tapisseries et de meubles récemment arrivés d'Allemagne. Ils se dirigèrent vers le petit Salon de Diane pour un concert, suivi d'une collation de fruits rares. Les appartements furent ensuite éclairés avec des lustres, girandoles, chandeliers et flambeaux en argent. Après le concert, l'assemblée se rendit dans le Salon pour le bal, inauguré par le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame. Les ambassadeurs de Siam, placés près des duchesses, furent invités à se détendre par Monseigneur. Le bal fut suivi d'une collation de fruits, limons, oranges, confitures et pâtisseries. Des tables chargées de porcelaines remplies de chocolat, thé et café furent ensuite apportées. Pendant le bal, des officiers servirent des boissons, et une salle de jeux fut mise à disposition pour ceux qui ne souhaitaient pas danser. Monseigneur joua au reversi. À la fin du bal, l'assemblée se dirigea vers l'orangerie éclairée, puis vers la salle de comédie où fut représentée 'Bajazet' de Racine. Les ambassadeurs apprécièrent la pièce et en discutèrent avec les princes. Après la comédie, les invités traversèrent l'orangerie et le grand Salon pour entrer dans le petit appartement de Madame, où un buffet somptueux fut servi. Les ambassadeurs furent conduits à une table magnifiquement dressée. Tous les invités, y compris les spectateurs, furent splendidement régalés. La fête se termina peu avant minuit, avec une illumination spectaculaire des extérieurs du château. Les ambassadeurs retournèrent à Paris, impressionnés par la magnificence et la grandeur de Monseigneur.
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