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51
p. 25-70
LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
Début :
Vous croyez, Monsieur, que tous les soûpirs sont reservez pour [...]
Mots clefs :
Soupirs, Europe, France, Couronne, Empereur, Guerre, Paix, Monarchie, Puissances, Autriche, Hollande, Espagne, États du Royaume, Renonciations, Alliance, Projet, Intérêts, Testament, Tranquilité, Malheurs
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
LETTREA M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
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Résumé : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
La lettre du Marquis de*** examine les tensions politiques en Europe, telles que décrites dans le livre 'Les Soupirs de l'Europe'. L'auteur de la lettre réfute l'idée que les 'soupirs' de l'Europe soient uniquement dus à l'amour, affirmant qu'ils résultent des ambitions des grandes puissances. La Reine d'Angleterre a reconnu que les guerres en Europe sont le fruit des ambitions de la Maison d'Autriche et des États Généraux des Provinces Unies, qui cherchent à étendre leur influence au détriment des autres princes. La lettre critique la politique de la Maison d'Autriche et des Hollandais, soulignant leur ambition et leur manipulation des autres nations. Elle révèle que la Reine d'Angleterre et son nouveau ministère ont découvert les véritables intérêts des Hollandais, qui visent à dominer les Pays-Bas et le commerce des Indes. La lettre conteste la guerre contre Philippe V pour le trône d'Espagne, affirmant que ses droits sont légitimes et fondés sur la loi du pays, la coutume et le testament de Charles II. L'auteur de la lettre argue que les testaments de Charles-Quint et Philippe II établissent une succession masculine, et que les renonciations d'Anne et de Marie-Thérèse sont nulles. Il conclut que Philippe V est le légitime héritier du trône d'Espagne, appelé par les lois, le sang et la nature. Le texte discute également des conflits dynastiques et des droits successoraux en Espagne, mettant en lumière les contradictions dans les arguments de l'auteur des 'Soupirs'. Il critique les renonciations personnelles et les lois fondamentales, soulignant que les Cortes de 1618 et de 1709 ont toutes deux légitimé leurs décisions, bien que contradictoires. Il souligne également les manœuvres des Princes Autrichiens pour maintenir leur influence en Espagne, malgré les règles de succession. Le texte défend le droit de Philippe V au trône d'Espagne, affirmant que les efforts des puissances alliées pour le détrôner ont échoué en raison du soutien des Espagnols. Il compare les alliances européennes à des Chimères, incapables de contrôler l'Espagne sans le soutien des peuples. L'auteur distingue les périodes avant et après la mort de l'Empereur Joseph, notant que la concentration de pouvoir entre les mains d'un seul prince est dangereuse. Il critique les calculs frivoles de l'auteur des 'Soupirs' et souligne l'importance de l'expérience et du soutien populaire. Enfin, le texte examine la question de la paix versus la guerre, affirmant que la paix proposée par la Reine est préférable à une guerre éternelle. Il critique les contradictions dans les arguments des ennemis de la France, qui la décrivent tour à tour comme faible et puissante. L'auteur conclut que la guerre ne servirait qu'à augmenter les domaines de l'Empereur et des Hollandais, tandis qu'une paix équilibrée apporterait la tranquillité à l'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 282-288
SUPPLEMENT Aux nouvelles d'Espagne & d'Hollande.
Début :
Les Lettres d'Estramadure portent, que l'armée s'est [...]
Mots clefs :
Espagne, Hollande, Cavalerie, Prisonniers, Gardes du corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT Aux nouvelles d'Espagne & d'Hollande.
SUPPLEMENT
1
Aux nouvellles d'Espagne&
d'Hollande. LEs Lettres d'Estramadure
-
pottent, que
l'armée s'est separée pour
entreren quartier d'hyver,
& qu'un détachement de
Cavalerieétantalléen course avoit rencontré un convoy de vivres & d'autres
provisions, du côté d'Oli-
vença,ouil alloit, l'attaqua,
en ruina la plus grande partie, poursuivitl'escorte jusqu'aux barrieres de la Place,
& fit plusieurs prisonniers,
& prit plusieurs chevaux,
& les Timbales du Régiment d'Olivença.
On mande deCatalogne
que l'armée s'étoitseparée
le 19. Novembre pouraller prendre des quartiers
d'hyver dans le Comté de
Ribagorça en Arragon &
dans le Royaume de Valence. Le Roy ayant eu avis
par un Courrier exprés que
le Maréchal de Berwick
avoir été nommé par le Roy
de France, pour commander une armée qui s'assembloit dans le Roussillon,
pour encrer en Catalogne
vers le ij. de ce mois; le
Roy a
envoyé ordre à l'armée de se rassembler, de
rentrer en Catalogne & d'y
penetrer le plus avantqu'il
feroit possible tandis que le
Maréchal de Berwick s'avanceroit de son côté dans
le Lampourdan.
Les Gardes du Corps
qui sont en quartier à Ta-
lavera de la Reina sur le Tage, ont eu ordre de marcher vers la Catalogne au
nombre de deux ou trois
mille Chevaux.
Les Lettres de Montpellier du 6. Décembre
portent, que le Maréchal
Duc de Berwick y
étoitarrivé, & les Troupes du Dauphiné au nombre de trente
neuf Bataillons & quarante
un Escadrons qui devoient
le lendemain continuer leur
marche vers le Roussillon,
.& vers la Catalogne.
Il y a
plusieurs Officiers
Generaux, entre autres les
Sieurs de Silly,de Cadrieux,
d'Arennes, de Dillon, & de
Broglio.
On écrit de Perpignan
du 11. queleMaréchal Duc
de Berwick y
étoit arrivé
& qu'il faisoit toutes les
dispositions necessaires pour
faire marcher l'arméeaussitôt qu'il auroitété joint par
les Troupes du Dauphiné
qui ne pourroient arriver
quequelques jours avant les
Festes de Noel.
Les Lettres des environs
de Gironne du 7. portent
que le General Saremberg
étoit arrivé au blocus.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on tient souvent des Conferences à la
Haycentre lesMinistresdes
Alliez, qui conferent aussi
avec le Comte deStrafford,
qui doit partir incessamment pour se rendre à
Utrechr. Les Lettres d'Utrecht assurent que le Comte de Strafford y
est arrivé le 15. Decembreoù ltE..
vêque deBristol &ce Comte ont eu plusieursConferences avec les Plenipoten-
tiaires des deux Partis, que
le Comte de Strafford partic d'Utrechtle18oùilnctoit point encore revenu le
20. sans que l'on sçache
quelle route il a
prise;son ne
sçaitpoint encore quand les
Conferences generales commenceront àUtrecht, quoique le Comte de Strafford
ait comumuniqué les Propositions dontil étoit charge, ily a toute apparence
qu'on attend le retour des
Courriers envoyez par les
Plenipotentiaires des Alliez
avant que de les rendre pi^
bliques
1
Aux nouvellles d'Espagne&
d'Hollande. LEs Lettres d'Estramadure
-
pottent, que
l'armée s'est separée pour
entreren quartier d'hyver,
& qu'un détachement de
Cavalerieétantalléen course avoit rencontré un convoy de vivres & d'autres
provisions, du côté d'Oli-
vença,ouil alloit, l'attaqua,
en ruina la plus grande partie, poursuivitl'escorte jusqu'aux barrieres de la Place,
& fit plusieurs prisonniers,
& prit plusieurs chevaux,
& les Timbales du Régiment d'Olivença.
On mande deCatalogne
que l'armée s'étoitseparée
le 19. Novembre pouraller prendre des quartiers
d'hyver dans le Comté de
Ribagorça en Arragon &
dans le Royaume de Valence. Le Roy ayant eu avis
par un Courrier exprés que
le Maréchal de Berwick
avoir été nommé par le Roy
de France, pour commander une armée qui s'assembloit dans le Roussillon,
pour encrer en Catalogne
vers le ij. de ce mois; le
Roy a
envoyé ordre à l'armée de se rassembler, de
rentrer en Catalogne & d'y
penetrer le plus avantqu'il
feroit possible tandis que le
Maréchal de Berwick s'avanceroit de son côté dans
le Lampourdan.
Les Gardes du Corps
qui sont en quartier à Ta-
lavera de la Reina sur le Tage, ont eu ordre de marcher vers la Catalogne au
nombre de deux ou trois
mille Chevaux.
Les Lettres de Montpellier du 6. Décembre
portent, que le Maréchal
Duc de Berwick y
étoitarrivé, & les Troupes du Dauphiné au nombre de trente
neuf Bataillons & quarante
un Escadrons qui devoient
le lendemain continuer leur
marche vers le Roussillon,
.& vers la Catalogne.
Il y a
plusieurs Officiers
Generaux, entre autres les
Sieurs de Silly,de Cadrieux,
d'Arennes, de Dillon, & de
Broglio.
On écrit de Perpignan
du 11. queleMaréchal Duc
de Berwick y
étoit arrivé
& qu'il faisoit toutes les
dispositions necessaires pour
faire marcher l'arméeaussitôt qu'il auroitété joint par
les Troupes du Dauphiné
qui ne pourroient arriver
quequelques jours avant les
Festes de Noel.
Les Lettres des environs
de Gironne du 7. portent
que le General Saremberg
étoit arrivé au blocus.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on tient souvent des Conferences à la
Haycentre lesMinistresdes
Alliez, qui conferent aussi
avec le Comte deStrafford,
qui doit partir incessamment pour se rendre à
Utrechr. Les Lettres d'Utrecht assurent que le Comte de Strafford y
est arrivé le 15. Decembreoù ltE..
vêque deBristol &ce Comte ont eu plusieursConferences avec les Plenipoten-
tiaires des deux Partis, que
le Comte de Strafford partic d'Utrechtle18oùilnctoit point encore revenu le
20. sans que l'on sçache
quelle route il a
prise;son ne
sçaitpoint encore quand les
Conferences generales commenceront àUtrecht, quoique le Comte de Strafford
ait comumuniqué les Propositions dontil étoit charge, ily a toute apparence
qu'on attend le retour des
Courriers envoyez par les
Plenipotentiaires des Alliez
avant que de les rendre pi^
bliques
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Résumé : SUPPLEMENT Aux nouvelles d'Espagne & d'Hollande.
Le texte décrit des événements militaires et diplomatiques en Espagne, Catalogne, Hollande et France. En Estrémadure, un détachement de cavalerie a attaqué et détruit un convoi de vivres près d'Olivença, capturant des prisonniers, des chevaux et les timbales du régiment d'Olivença. En Catalogne, l'armée s'est séparée le 19 novembre pour prendre ses quartiers d'hiver en Ribagorça et en Valence. Suite à la nomination du maréchal de Berwick par le roi de France pour commander une armée en Roussillon, le roi d'Espagne a ordonné à son armée de se rassembler et de pénétrer en Catalogne. Les Gardes du Corps ont reçu l'ordre de se diriger vers la Catalogne. À Montpellier, Berwick est arrivé avec des troupes du Dauphiné, prêtes à continuer vers le Roussillon et la Catalogne. Plusieurs officiers généraux, dont les sieurs de Silly, de Cadrieux, d'Arennes, de Dillon et de Broglio, sont mentionnés. À Perpignan, Berwick préparait l'armée à avancer dès l'arrivée des troupes du Dauphiné. Près de Girone, le général Saremberg est arrivé au blocus. En Hollande, des conférences ont eu lieu à La Haye entre les ministres des Alliés et le comte de Strafford, qui a ensuite rencontré les plénipotentiaires des deux partis à Utrecht. La date de début des conférences générales à Utrecht reste incertaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 256-262
Nouvelles d'Espagne.
Début :
On écrit de Perpignan du 15. Decembre que le Maréchal [...]
Mots clefs :
Troupes, Lieutenant, Perpignan, Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
Nouvelles d'Espagne.
On écrit de Perpignan du
15. Decembre que le Maréchal
de Berwick y étoit
arrivé le 9. avec les Troupes
du Dauphiné , qui marchoient
en trois colonnes
avec un grand train d'ArtilGALANT.
257
ferie , qu'il étoit arrivé à
Rofes trente Barques chargées
de toutes fortes de
provifions , & qu'on y en
attendoit encore un plus
grand nombre.
Les Lettres de Navarre
portent qu'un Corps confiderable
de volontaires , de
Miquelets & de Troupes
reglées étoit venu pour
cattaquer la petite , Ville de
-Sanguefla fituée prés de la
-Frontiere & fur la riviere
d'Aragon : mais que les ha¬
bitans quoique furpris s'étoient
defendus avec rant
Janvier 1713 .
Y
258 MERCURE
de valeur qu'ils les avoient
repouffez & contraints à ſe
retirer avec une grande perte.
D'autres Lettres de Sarragoffe
portent que Dom
Patricio Laulés , Lieutenant
General , ayant affemblé des
Troupes , avoit marché vers
la Ville de Venafque
, que les
Miquelets & Volontaires
occupoient , mais qu'ayant
fçu qu'il venoit pour les
attaquer , ils l'avoient abandonné
, qu'il avoit fait plufieurs
détachemens qui les
avoient pourfuivis juf
ques dans les Montagnes
GALANT 259
& en avoient tué un grand
nombre. Que le Prince
Tferclas de Tilly en étoit
parti pour aller fe mettre à la
tefte des Troupes deſtinées
pour entrer en Catalogne
par Tortofe, elles doivent
y eftre affemblées , parce
que Dom Francifco Gaëtano
Lieutenant y étoit arrivé
de Valence depuis quelques
jours avec les Munitionnaires
Generaux pour faire les
difpofitions neceffaires de
vivres , de munitions & de
voitures.
L'armée eft compofée de
Yij
260 MERCURE
deux Regiments des Gardes
Efpagnoles , & de trente
Escadrons.
Un autre Corps de cinq à
fix mille hommes commandé
par le Marquis de Cera
Grimaldi Lieutenant Gencral
, doit en mefme temps
paffer la Segre à Lerida &
s'avancer vers Cervera &
Montblanc. Tous ces mouvemens
donnent de l'inquietude
au Comte de Staremberg,
il a commandé
des milices pour deffendre
les paffages , on affure qu'il
fera obligé d'y envoyer des
GALANT. 261
Troupes reglées , ce qui af
foiblira fon armée.
I
Les Lettres de Madrid du
1 Janvier portent que le
Comte de Staremberg étoit
parti en pofte le 6. Decem
bre de
Barcelonne , pour
aller au blocus de Gironne ,
qu'il avoit fait abandonner
les poftes que les Allemans
occupoient fur la Fluvia ,
qu'il avoit affemblé un
Corps d'environ douze mil
hommes, qu'il faifoit fortifier
les paffages de la riviere
du Ter pour les difputer
aux Troupes Françoiſes qui
&
262 MERCURE
s'affembloient dans le Rouffillon
fous les ordres du
Maréchal de Berwick , &
qu'on avoit publié à Barcclonne
la Sufpenfion d'Armes
conclue entre la France ,
l'Eſpagne & le Portugal.
On écrit de Perpignan du
15. Decembre que le Maréchal
de Berwick y étoit
arrivé le 9. avec les Troupes
du Dauphiné , qui marchoient
en trois colonnes
avec un grand train d'ArtilGALANT.
257
ferie , qu'il étoit arrivé à
Rofes trente Barques chargées
de toutes fortes de
provifions , & qu'on y en
attendoit encore un plus
grand nombre.
Les Lettres de Navarre
portent qu'un Corps confiderable
de volontaires , de
Miquelets & de Troupes
reglées étoit venu pour
cattaquer la petite , Ville de
-Sanguefla fituée prés de la
-Frontiere & fur la riviere
d'Aragon : mais que les ha¬
bitans quoique furpris s'étoient
defendus avec rant
Janvier 1713 .
Y
258 MERCURE
de valeur qu'ils les avoient
repouffez & contraints à ſe
retirer avec une grande perte.
D'autres Lettres de Sarragoffe
portent que Dom
Patricio Laulés , Lieutenant
General , ayant affemblé des
Troupes , avoit marché vers
la Ville de Venafque
, que les
Miquelets & Volontaires
occupoient , mais qu'ayant
fçu qu'il venoit pour les
attaquer , ils l'avoient abandonné
, qu'il avoit fait plufieurs
détachemens qui les
avoient pourfuivis juf
ques dans les Montagnes
GALANT 259
& en avoient tué un grand
nombre. Que le Prince
Tferclas de Tilly en étoit
parti pour aller fe mettre à la
tefte des Troupes deſtinées
pour entrer en Catalogne
par Tortofe, elles doivent
y eftre affemblées , parce
que Dom Francifco Gaëtano
Lieutenant y étoit arrivé
de Valence depuis quelques
jours avec les Munitionnaires
Generaux pour faire les
difpofitions neceffaires de
vivres , de munitions & de
voitures.
L'armée eft compofée de
Yij
260 MERCURE
deux Regiments des Gardes
Efpagnoles , & de trente
Escadrons.
Un autre Corps de cinq à
fix mille hommes commandé
par le Marquis de Cera
Grimaldi Lieutenant Gencral
, doit en mefme temps
paffer la Segre à Lerida &
s'avancer vers Cervera &
Montblanc. Tous ces mouvemens
donnent de l'inquietude
au Comte de Staremberg,
il a commandé
des milices pour deffendre
les paffages , on affure qu'il
fera obligé d'y envoyer des
GALANT. 261
Troupes reglées , ce qui af
foiblira fon armée.
I
Les Lettres de Madrid du
1 Janvier portent que le
Comte de Staremberg étoit
parti en pofte le 6. Decem
bre de
Barcelonne , pour
aller au blocus de Gironne ,
qu'il avoit fait abandonner
les poftes que les Allemans
occupoient fur la Fluvia ,
qu'il avoit affemblé un
Corps d'environ douze mil
hommes, qu'il faifoit fortifier
les paffages de la riviere
du Ter pour les difputer
aux Troupes Françoiſes qui
&
262 MERCURE
s'affembloient dans le Rouffillon
fous les ordres du
Maréchal de Berwick , &
qu'on avoit publié à Barcclonne
la Sufpenfion d'Armes
conclue entre la France ,
l'Eſpagne & le Portugal.
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
À la fin de 1712 et au début de 1713, des opérations militaires se déroulent en Espagne. Le maréchal de Berwick arrive à Perpignan le 9 décembre avec des troupes du Dauphiné et un important train d'artillerie. À Roses, des barques chargées de provisions arrivent. En Navarre, un corps de volontaires attaque Sangüesa mais est repoussé. À Saragosse, le lieutenant général Dom Patricio Laulés reprend la ville de Venafque aux Miquelets. Le prince Tserclas de Tilly se dirige vers la Catalogne pour prendre le commandement des troupes destinées à entrer par Tortosa. Un autre corps, commandé par le marquis de Cera Grimaldi, doit avancer vers Cervera et Montblanc. Ces mouvements inquiètent le comte de Starhemberg, qui doit défendre les passages et pourrait affaiblir son armée. Le 6 décembre, Starhemberg quitte Barcelone pour le blocus de Gérone, abandonnant les postes sur la Fluvia. Il rassemble environ douze mille hommes et fortifie les passages de la rivière Ter. Une suspension d'armes est publiée à Barcelone entre la France, l'Espagne et le Portugal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 136-143
NOUVELLES d'Espagne.
Début :
Le Roy a fait Lieutenant General Don Tiberio Carafa. [...]
Mots clefs :
Marquis, Espagne, Catalogne, Blocus, Gérone, Prisonniers, Maréchal de Berwick, Tortose, Tarragone, Lisbonne
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Espagne.
NOVVELLES
d'Ejpagne.
LE Royafait Lieutenant
General Don Tiberio Carasa.
Le Connefiable deCastille
mourut le dix-neuf
Janvier après une longue,
maladie,îon corps accompagné
des Officiers de la
Maison du Roy
,
de la
principale Noblesse dela
Cour & des Ordres Religieux
, fut enterré le lendemain
dans l'Eglise des
Trinicaires Deschaussez.
Sa Charge de Majordome
Major fut donnée
le mesme jour par Sa Majestsé
, avec un applaudissement
général au Duc
d'Efcalona Marquis de Villena,
en consideration de
ses services & de safidélité.
Les Lettres de Catalogne
portent que l'armée
Françoise s'estantavancée
le deux Janvier pour faire
lever le blocus de Gironde
,
le General Scarem.
berg avoit rassemblé toutes
les troupes qu'il avoit
postées à la garde du pat
sage, & s'estoit retiré vers
Oftalric
, que deux cens
cinquante hommes qui
couvroient l'arriegarde de
son armée, ayant voulu
disputer un partage,
avoient tous esté tuez ou
faits prisonniers, outre
plus de quinze cens
hommes qu'il avoit perdus
durant le blocus ou
dans trois assautsqu'il
avoit donnez aux ouvrages
extérieurs delaplace,
& qu'ensuite le Mareschal
de Berwick y avoit fait
entrer tous les secours necessaires.
Sa Majestéafait publier
un Decret par lequel il
accorde une amnistie génerale
à tous les Catalans
qui viendront se presenter
à quelqu'un de ses Généraux
, & que tous leurs
biens mesme confisquez,
leur feront restituez ; que
s'ils ne profitent de cette
grace ,
ils feront traitez
avec toutes les rigueurs de
la justice.
Les Lettres de Tortose
portent que l'armée estoit
preste à se mettre en marche
vers la campagne de
Tarragone
, qu'on avoit
amassé des provisions pour
la faire subsister pendant
deux mois, qu'il estoit arrivé
à Vinaroz entre Pcnifcola
& l'Ebro huit barques
chargées de blé
.0
ou
d'orge, & qu'on en prépa-,
roit encore d'autresà Alicante
& à Cartagene, que
les Troupes Portugaises
qui retournent par terre
deCatalogneenleurpays,
devoient passer rEbro le
douze Janvier à Mequinença.
On mande de Lcrida
que le Marquis de
Cera Grimaldi Lieutenant
General, ayant appris que lesEnnemis avoient abardonné
Cervera & les postes
des environs,s'estoit
avancé avec ses Troupes,
&s'en estoit emparé après
avoirdéfait un grand
nombre de Miquelets qui
avoient voulu s'opposerà
Belpuch à son passage,
qu'il en avoit tué plus de
cent cinquante. D'autres
Lettres de Lerida portent
que le Marquis Grimaldi
estoit tousjours à Cervera
,
d'où les Ennemis s'estoient
retirez avec tant de
précipitation, qu'ils avoient
abandonné deux
- mille sacs de farine, de
blé, & d'orge, avec beaucoup
de munitions de
guerre. Que le Prince
Tserclas de Tilly estoit encore
campe avec l'armée
au delà de Tortose, où il
attendoit les ordres pour
se mettre en marche.
Les Lettres de Lifbonne
portent que le Roy de
Portugal reformoit ses
Troupes pour les réduire
surlepiedoù ellesestoient
avant la guerre; qu'on
desarmoit aussi les Vaisseaux
de guerre, à la reserve
de huit destinez à ef
corter les Vaisseaux Marchands
contre les Corsaires
de Barbarie, & qu'un
Armateur de Vigoen Galice
y avoit amené un Navire
Hollandois chargé de
Café, de Raisins de passe)
& d'autres marchandises.
d'Ejpagne.
LE Royafait Lieutenant
General Don Tiberio Carasa.
Le Connefiable deCastille
mourut le dix-neuf
Janvier après une longue,
maladie,îon corps accompagné
des Officiers de la
Maison du Roy
,
de la
principale Noblesse dela
Cour & des Ordres Religieux
, fut enterré le lendemain
dans l'Eglise des
Trinicaires Deschaussez.
Sa Charge de Majordome
Major fut donnée
le mesme jour par Sa Majestsé
, avec un applaudissement
général au Duc
d'Efcalona Marquis de Villena,
en consideration de
ses services & de safidélité.
Les Lettres de Catalogne
portent que l'armée
Françoise s'estantavancée
le deux Janvier pour faire
lever le blocus de Gironde
,
le General Scarem.
berg avoit rassemblé toutes
les troupes qu'il avoit
postées à la garde du pat
sage, & s'estoit retiré vers
Oftalric
, que deux cens
cinquante hommes qui
couvroient l'arriegarde de
son armée, ayant voulu
disputer un partage,
avoient tous esté tuez ou
faits prisonniers, outre
plus de quinze cens
hommes qu'il avoit perdus
durant le blocus ou
dans trois assautsqu'il
avoit donnez aux ouvrages
extérieurs delaplace,
& qu'ensuite le Mareschal
de Berwick y avoit fait
entrer tous les secours necessaires.
Sa Majestéafait publier
un Decret par lequel il
accorde une amnistie génerale
à tous les Catalans
qui viendront se presenter
à quelqu'un de ses Généraux
, & que tous leurs
biens mesme confisquez,
leur feront restituez ; que
s'ils ne profitent de cette
grace ,
ils feront traitez
avec toutes les rigueurs de
la justice.
Les Lettres de Tortose
portent que l'armée estoit
preste à se mettre en marche
vers la campagne de
Tarragone
, qu'on avoit
amassé des provisions pour
la faire subsister pendant
deux mois, qu'il estoit arrivé
à Vinaroz entre Pcnifcola
& l'Ebro huit barques
chargées de blé
.0
ou
d'orge, & qu'on en prépa-,
roit encore d'autresà Alicante
& à Cartagene, que
les Troupes Portugaises
qui retournent par terre
deCatalogneenleurpays,
devoient passer rEbro le
douze Janvier à Mequinença.
On mande de Lcrida
que le Marquis de
Cera Grimaldi Lieutenant
General, ayant appris que lesEnnemis avoient abardonné
Cervera & les postes
des environs,s'estoit
avancé avec ses Troupes,
&s'en estoit emparé après
avoirdéfait un grand
nombre de Miquelets qui
avoient voulu s'opposerà
Belpuch à son passage,
qu'il en avoit tué plus de
cent cinquante. D'autres
Lettres de Lerida portent
que le Marquis Grimaldi
estoit tousjours à Cervera
,
d'où les Ennemis s'estoient
retirez avec tant de
précipitation, qu'ils avoient
abandonné deux
- mille sacs de farine, de
blé, & d'orge, avec beaucoup
de munitions de
guerre. Que le Prince
Tserclas de Tilly estoit encore
campe avec l'armée
au delà de Tortose, où il
attendoit les ordres pour
se mettre en marche.
Les Lettres de Lifbonne
portent que le Roy de
Portugal reformoit ses
Troupes pour les réduire
surlepiedoù ellesestoient
avant la guerre; qu'on
desarmoit aussi les Vaisseaux
de guerre, à la reserve
de huit destinez à ef
corter les Vaisseaux Marchands
contre les Corsaires
de Barbarie, & qu'un
Armateur de Vigoen Galice
y avoit amené un Navire
Hollandois chargé de
Café, de Raisins de passe)
& d'autres marchandises.
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Résumé : NOUVELLES d'Espagne.
En Espagne, le connétable de Castille est décédé le 19 janvier et a été enterré le lendemain. Sa charge a été attribuée au duc d'Escalion, marquis de Villena. En Catalogne, l'armée française, dirigée par le général Scharenberg, s'est retirée après des pertes lors du blocus de Gironde. Le maréchal de Berwick a apporté des secours. Le roi a publié un décret d'amnistie pour les Catalans, avec restitution des biens confisqués. À Tortose, l'armée se préparait à marcher vers Tarragone avec des provisions pour deux mois. Des barques chargées de blé et d'orge sont arrivées à Vinaroz, et d'autres étaient prévues à Alicante et Carthagène. Les troupes portugaises retournaient dans leur pays en passant l'Èbre à Mequinença. À Lerida, le marquis de Cera Grimaldi a repris Cervera après avoir défait les Miquelets, récupérant des sacs de farine, de blé et d'orge, ainsi que des munitions. Le prince Tserclas de Tilly campait au-delà de Tortose, attendant les ordres. À Lisbonne, le roi de Portugal réformait ses troupes et désarmait les vaisseaux de guerre, sauf huit pour escorter les vaisseaux marchands contre les corsaires de Barbarie. Un armateur de Vigo a amené un navire hollandais chargé de marchandises.
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55
p. 241-259
RENONCIATION du Roy d'Espagne à la Couronne de France.
Début :
Don Philippe par la grace de Dieu Roy de Castille [...]
Mots clefs :
Descendants, Roi, Couronne, Espagne, Renonciation, Monarchie, Légitime, Équilibre, Puissances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RENONCIATION du Roy d'Espagne à la Couronne de France.
RENONCIATION
du Roy d'Espagne à la Couronne
de France. Don Philippe par la grace
de Dieu Roy de Castille,
de Leon, d'Arragon,
&c. par la teneur & l'exposé
cydessus de cet Aéte
de renonciation & de desistement,
& afin que la
memoire soit z jamais manifestée
à tous les Rois,
Princes, Republiques &
Communautez, & personnes
particulières, que l'un
des principaux fondemens
desTraittez de paix entre
les Couronnes de France &
d'Espagne d'une part, &
celle d'Angleterre de l'autre,
pour la cimenter, &
la rendre permanente , &
parvenir a la paixgenerale,
estant d'asseurer le repos
universel de l'Europe, &
establir un équilibre entre
les Puissances, ensortequ'il
ne puisse arriver que plusieursestant
réunies en une
feule la balance de l'égalité
qu'on veut asseurer
panche à l'avantage de
l'une de ces Puissancesaux
risques & dommages des
autres, il a esté fait instance
par l'Angleterre, & il
a esté convenu de ma part,
& de celle du Roy mon
grandPere
, que pour éviter
en quelque temps que
ce soit l'union de cette Monarchie
à celle de la France,
il se sist des Renonciations
réciproques pour moi
&, mes Descendants à la
succession de la Monarchie
de france , & de la part
des Princes de France, de
toute leur ligne presence &
à venir à la successionde la
Nlc!naxcl-iie d'Espagne, faisant
réciproquement une
abdication volontaire de
tous les droits que les deux
Maisons Royalles d'Espagne
& de France pourroient
avoir à se succeder
mutuellement, feparanc
par les moyens justes de
maRenonciation ma branche
de la tige Royalle de
France, & toutes les branches
de la Tige Royalle
d'Espagne
, prenant aussi
des mesures iuivant la maxime
fondamentale & perpetuelle
de l'équilibre des
Puissances de l'Europe)ain.
si qu'il est justifié par cet
Aéte que l'on évite en tous
lescas imaginables l'union
de la Monarchie de France
avec celle d'Espagne
,
l'on
prévienne l'inconvenient
qui arriveroit si au deffaut
de ma descendance le cas
avenoit que la Couronne
d'Espagne pust retomberà
la Maison d'Austriche
, ce
qui la rendroit trop formidable
; pour cet effet il a
esté convenu & accordé
par l'Angleterre avec moy
& avec le Roy mon grand
Pere, qu'à mon deffaut &
à celuy de mes Descendans
le Duc de Savoye feroit appellé
à la succession de cette
Monarchie, luy, ses ensans
& Descendans malles,
nez en legitime mariage ,
& l'on doit croire qu'avec
cette esperance perpetuelle
& continuelle, il fera le
centre invariable de la balance
, qui asseure volontairement
l'équilibre entre
toutes les Puissances fatiguées
de la guerre,j'ay
resolu en consequence de
ce qui estcy-dessusexposé
par l'amour que j'ay pour
les Espagnols, par la connoissance,
& par les fréquentes
experiences que
j'ay faites de leur fidelité,
& pour rendre grace à la
divine Providence avec
une entiere resignation à
ses volontez,de la grande
faveur qu'elle m'a faite en
me plaçant, en me maintenant
sur le Throsne,&
en m'eslevant sur tant de
Sujets illustres
,
qui m'ont
si bien servi, desirant vivre
& mourir parmy eux. :-
Moy Don PHILIPPE
par la grace de Dieu,Roy
de Castille, de Leon, d'Arragon,
&c.je renonce par
le presentActe pour tousjours&
a jamais,pour moymesme
Ôc mes heritiers ôç
successeurs,à toutes prétentions,
droits & titres
que moy ou mes Descendants
ayent des à present,
ou puissent avoir à l'avenir
à la succession de la Couronne
de France, je les
abandonne & m'en desiste
pour moy & pour eux, je
me declare. & me tiens
pour exclus & separé, moy,
mes enfans & mes descendants
,
de la succession à la
Couronne de France. Je
veux & consens pour moy
&mes descendants que dès
à present comme alors moy
& mes descendants estant
exclus & inhabiles & incapables
, l'on regarde ce
droit comme passé & transferé
à celuy qui se trouvera
suivre en degré & immediatau
Roy par la more
duquel la vacance arrivera
,& auquel successeur
immediat on déferera la
succession de la Couronne
de France en quelque tems
& quelque cas que ce soit,
afin qu'il l'ait& la possede
comme legitime & veritable
successeur
,
de mesme
que si moy ôc mes descendants
n'eussions pas esté
nez,je veux,consens pour
moy -mesme & pour mes
descendants que dès à present
comme alors ce droit
soit regardé & confideré
comme passé & transferé
au Duc de Berry mon frere
,ôc à ses descendants
masles nez en legitime maria
ge ; & au deffaut de ses
lignes masculines au Duc
d'Orleans mon oncle & à
ses enfans & descendants
masles nez en legitime mariage
,
&c. & pour plus
grande assurance & stabilité
de cette abdication de
tous les droits& titres qui
m'appartiennent,&a tous
mes descendants,àla succession
de la Couronne de
France, je me dépoüillé 06
medesistespecialement des
droits qui pourroient m'appartenir
par les Lettres Patentes,
ou Actes par le£
quels le Roy mon grand
Pere me conserve, me reserve
le droit de succession
à la Couronne de France,
lesquelles Lettres Patentes
furent donnéesàVersaillesau
mois de Decembre
mil sept cens, & passées &
approuvées au Parlement,
je les rejette& y renonce,
ô&c les rcegiardecommenul- d e comme nul-
les; je renonce à tous moyens&
specialement à celuy
de la lesion évidente ôc
énorme que l'on pourroit
trouver dans la Renonciation
du droit de pouvoir
succeder en aucun temps
à ladite Couronne, je veux
dès à presènt comme alors
qu'elle soit tenuë jugée &c
déclarée pour illicite
, injuste
,
mal encreprise, &
pour violente invasion, ôc
usurpation faite contre la
raison & contre la conscience,
& qu'au contraire
l'on juge & qualifie pour
jufie, licite & permise celle
qui fera faire par celuy qui
au moyen de mon exclusion
&decelle de mes descendants
,
devra succeder
à ladite Couronne, & pour
plus grande stabilité dece
qui est contenu encette renonciacion,
& de cequi est
promis & statué de ma part
j'engage de nouveau ma
parole Royalle,je jure &<
lemnellement par les
Evangiles contenus en ce 4
Missel
)
sur lequel je pose
la main droite, que j'observerai
,
maintiendrai le #
present écrit, & Acre de
Renonciation,tant pour
moy que pour mes succesfeurs
héritiers & descendants
dans toutes lesclauses
qui y sont contenues selon
le sens & la consftruction
la plus naturelle & la
plus littérale &la plus évi- * dente; & je passe ce pre-
,
sent Acte devant le present
Secrétaire de ce Royaume,
, le signe & ordonne qu'il
soit scelle de mon scel
Royal, estant tesmoinsrequis
& presens appellez le
Cardinal Don Francisco de
Judice Inquisiteur général,
& Archevesque de Montreal,
de mon Conseil d'Estat
,
Don Joseph Fry de
Velasco, y Tobbar de Castille
Duc de Frias gentilhomme
de ma Chambre,
mon Majordome
,
grand
Sommelier & grand Ve- neur,DonJtianClaros Albnzo
Perez de Gusman &
Bueno Duc de MedinaSidonia
Chevalier de l'Ordre
dre du S. Esprit,mon grand
Ecuyergentilhomme dela
Chambre & de mon Conseil
d'Estat
, &c. Moy le
Roy, moy Don Manuel de
Vadilloy Velasco, Chevalier
de l'Ordre de S. Jacques,
Commandeur de Pozuelo,
de celuy de Calatrava,
Secretaire d'Estat de
Sa Majeste
,
Notaire & Ecrivain
public en fes- Royaumes
& Seigneuries, qui
ay esté present à la stipulation
de ce qui estcy-desfus
contenu, je le certifie,
ôc en tesmoignage de verité
je l'ay sïgné de mon
nom. A Madrid le cinquième
Novembre mil sepc
cents douze. DonManuel
Vadillo y Velasco.
C'est pourquoy par la
consideration des convenances
dont il est fait mention
dans leditActe icy inferé
,j'ay ordonné l'expedition
de la Presènte lignée
demamain, & scelléedu
sceau de mes Armes Royalles
, & contresignée de
mon Secrétaire d'Estat Ôc
grandNotaire de ces Ro-;
yaumes. A Buenretiro le
sept Novembre mil sept
cens douze. Signé moy LE
ROY ,& plus bas, Ma*
NUEL VADILLO Y Velasco.
du Roy d'Espagne à la Couronne
de France. Don Philippe par la grace
de Dieu Roy de Castille,
de Leon, d'Arragon,
&c. par la teneur & l'exposé
cydessus de cet Aéte
de renonciation & de desistement,
& afin que la
memoire soit z jamais manifestée
à tous les Rois,
Princes, Republiques &
Communautez, & personnes
particulières, que l'un
des principaux fondemens
desTraittez de paix entre
les Couronnes de France &
d'Espagne d'une part, &
celle d'Angleterre de l'autre,
pour la cimenter, &
la rendre permanente , &
parvenir a la paixgenerale,
estant d'asseurer le repos
universel de l'Europe, &
establir un équilibre entre
les Puissances, ensortequ'il
ne puisse arriver que plusieursestant
réunies en une
feule la balance de l'égalité
qu'on veut asseurer
panche à l'avantage de
l'une de ces Puissancesaux
risques & dommages des
autres, il a esté fait instance
par l'Angleterre, & il
a esté convenu de ma part,
& de celle du Roy mon
grandPere
, que pour éviter
en quelque temps que
ce soit l'union de cette Monarchie
à celle de la France,
il se sist des Renonciations
réciproques pour moi
&, mes Descendants à la
succession de la Monarchie
de france , & de la part
des Princes de France, de
toute leur ligne presence &
à venir à la successionde la
Nlc!naxcl-iie d'Espagne, faisant
réciproquement une
abdication volontaire de
tous les droits que les deux
Maisons Royalles d'Espagne
& de France pourroient
avoir à se succeder
mutuellement, feparanc
par les moyens justes de
maRenonciation ma branche
de la tige Royalle de
France, & toutes les branches
de la Tige Royalle
d'Espagne
, prenant aussi
des mesures iuivant la maxime
fondamentale & perpetuelle
de l'équilibre des
Puissances de l'Europe)ain.
si qu'il est justifié par cet
Aéte que l'on évite en tous
lescas imaginables l'union
de la Monarchie de France
avec celle d'Espagne
,
l'on
prévienne l'inconvenient
qui arriveroit si au deffaut
de ma descendance le cas
avenoit que la Couronne
d'Espagne pust retomberà
la Maison d'Austriche
, ce
qui la rendroit trop formidable
; pour cet effet il a
esté convenu & accordé
par l'Angleterre avec moy
& avec le Roy mon grand
Pere, qu'à mon deffaut &
à celuy de mes Descendans
le Duc de Savoye feroit appellé
à la succession de cette
Monarchie, luy, ses ensans
& Descendans malles,
nez en legitime mariage ,
& l'on doit croire qu'avec
cette esperance perpetuelle
& continuelle, il fera le
centre invariable de la balance
, qui asseure volontairement
l'équilibre entre
toutes les Puissances fatiguées
de la guerre,j'ay
resolu en consequence de
ce qui estcy-dessusexposé
par l'amour que j'ay pour
les Espagnols, par la connoissance,
& par les fréquentes
experiences que
j'ay faites de leur fidelité,
& pour rendre grace à la
divine Providence avec
une entiere resignation à
ses volontez,de la grande
faveur qu'elle m'a faite en
me plaçant, en me maintenant
sur le Throsne,&
en m'eslevant sur tant de
Sujets illustres
,
qui m'ont
si bien servi, desirant vivre
& mourir parmy eux. :-
Moy Don PHILIPPE
par la grace de Dieu,Roy
de Castille, de Leon, d'Arragon,
&c.je renonce par
le presentActe pour tousjours&
a jamais,pour moymesme
Ôc mes heritiers ôç
successeurs,à toutes prétentions,
droits & titres
que moy ou mes Descendants
ayent des à present,
ou puissent avoir à l'avenir
à la succession de la Couronne
de France, je les
abandonne & m'en desiste
pour moy & pour eux, je
me declare. & me tiens
pour exclus & separé, moy,
mes enfans & mes descendants
,
de la succession à la
Couronne de France. Je
veux & consens pour moy
&mes descendants que dès
à present comme alors moy
& mes descendants estant
exclus & inhabiles & incapables
, l'on regarde ce
droit comme passé & transferé
à celuy qui se trouvera
suivre en degré & immediatau
Roy par la more
duquel la vacance arrivera
,& auquel successeur
immediat on déferera la
succession de la Couronne
de France en quelque tems
& quelque cas que ce soit,
afin qu'il l'ait& la possede
comme legitime & veritable
successeur
,
de mesme
que si moy ôc mes descendants
n'eussions pas esté
nez,je veux,consens pour
moy -mesme & pour mes
descendants que dès à present
comme alors ce droit
soit regardé & confideré
comme passé & transferé
au Duc de Berry mon frere
,ôc à ses descendants
masles nez en legitime maria
ge ; & au deffaut de ses
lignes masculines au Duc
d'Orleans mon oncle & à
ses enfans & descendants
masles nez en legitime mariage
,
&c. & pour plus
grande assurance & stabilité
de cette abdication de
tous les droits& titres qui
m'appartiennent,&a tous
mes descendants,àla succession
de la Couronne de
France, je me dépoüillé 06
medesistespecialement des
droits qui pourroient m'appartenir
par les Lettres Patentes,
ou Actes par le£
quels le Roy mon grand
Pere me conserve, me reserve
le droit de succession
à la Couronne de France,
lesquelles Lettres Patentes
furent donnéesàVersaillesau
mois de Decembre
mil sept cens, & passées &
approuvées au Parlement,
je les rejette& y renonce,
ô&c les rcegiardecommenul- d e comme nul-
les; je renonce à tous moyens&
specialement à celuy
de la lesion évidente ôc
énorme que l'on pourroit
trouver dans la Renonciation
du droit de pouvoir
succeder en aucun temps
à ladite Couronne, je veux
dès à presènt comme alors
qu'elle soit tenuë jugée &c
déclarée pour illicite
, injuste
,
mal encreprise, &
pour violente invasion, ôc
usurpation faite contre la
raison & contre la conscience,
& qu'au contraire
l'on juge & qualifie pour
jufie, licite & permise celle
qui fera faire par celuy qui
au moyen de mon exclusion
&decelle de mes descendants
,
devra succeder
à ladite Couronne, & pour
plus grande stabilité dece
qui est contenu encette renonciacion,
& de cequi est
promis & statué de ma part
j'engage de nouveau ma
parole Royalle,je jure &<
lemnellement par les
Evangiles contenus en ce 4
Missel
)
sur lequel je pose
la main droite, que j'observerai
,
maintiendrai le #
present écrit, & Acre de
Renonciation,tant pour
moy que pour mes succesfeurs
héritiers & descendants
dans toutes lesclauses
qui y sont contenues selon
le sens & la consftruction
la plus naturelle & la
plus littérale &la plus évi- * dente; & je passe ce pre-
,
sent Acte devant le present
Secrétaire de ce Royaume,
, le signe & ordonne qu'il
soit scelle de mon scel
Royal, estant tesmoinsrequis
& presens appellez le
Cardinal Don Francisco de
Judice Inquisiteur général,
& Archevesque de Montreal,
de mon Conseil d'Estat
,
Don Joseph Fry de
Velasco, y Tobbar de Castille
Duc de Frias gentilhomme
de ma Chambre,
mon Majordome
,
grand
Sommelier & grand Ve- neur,DonJtianClaros Albnzo
Perez de Gusman &
Bueno Duc de MedinaSidonia
Chevalier de l'Ordre
dre du S. Esprit,mon grand
Ecuyergentilhomme dela
Chambre & de mon Conseil
d'Estat
, &c. Moy le
Roy, moy Don Manuel de
Vadilloy Velasco, Chevalier
de l'Ordre de S. Jacques,
Commandeur de Pozuelo,
de celuy de Calatrava,
Secretaire d'Estat de
Sa Majeste
,
Notaire & Ecrivain
public en fes- Royaumes
& Seigneuries, qui
ay esté present à la stipulation
de ce qui estcy-desfus
contenu, je le certifie,
ôc en tesmoignage de verité
je l'ay sïgné de mon
nom. A Madrid le cinquième
Novembre mil sepc
cents douze. DonManuel
Vadillo y Velasco.
C'est pourquoy par la
consideration des convenances
dont il est fait mention
dans leditActe icy inferé
,j'ay ordonné l'expedition
de la Presènte lignée
demamain, & scelléedu
sceau de mes Armes Royalles
, & contresignée de
mon Secrétaire d'Estat Ôc
grandNotaire de ces Ro-;
yaumes. A Buenretiro le
sept Novembre mil sept
cens douze. Signé moy LE
ROY ,& plus bas, Ma*
NUEL VADILLO Y Velasco.
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Résumé : RENONCIATION du Roy d'Espagne à la Couronne de France.
Le document est un acte de renonciation du roi d'Espagne Philippe V à la couronne de France. Philippe, par la grâce de Dieu roi de Castille, de León, d'Aragon, etc., déclare renoncer pour lui-même et ses descendants à tous les droits de succession à la couronne de France. Cette décision est motivée par les traités de paix entre les couronnes de France et d'Espagne, d'une part, et celle d'Angleterre, de l'autre. Ces traités visent à assurer l'équilibre des puissances en Europe et à éviter l'union des monarchies française et espagnole. En cas de défaut de descendance, le duc de Savoie est désigné comme successeur. Philippe exprime son amour pour les Espagnols et sa résignation à la volonté divine. Il renonce explicitement aux droits de succession et déclare nulles les lettres patentes qui lui réservaient ce droit. L'acte est signé à Madrid le 5 novembre 1712 et scellé à Buenretiro le 7 novembre 1712.
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56
p. 259-273
RENONCIATION de Monseigneur le Duc de BERRY à la Couronne d'Espagne.
Début :
Charles fils de France, Duc de Berry, d'Alençon, d'Angoulesme, etc. [...]
Mots clefs :
Renonciation, France, Espagne, Philippe, Équilibre, Maison, Succession, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RENONCIATION de Monseigneur le Duc de BERRY à la Couronne d'Espagne.
RENONCIATION
de Monseigneur le Duc de
BERRY a la Couronne
d'Espagne.
CHarles fils de France;
Duc de Berry, d'Alençon,
d'Angoulesme,&c. A tous
les Roys, Princes, & Republiques
: Sçavoir faisons
que toutes les Puissances do
l'Europe le trouvant presque
ruinées à loccafion
des presentes guerres qui
ont porté la desolation
dans les Provinces fronde..
res, & plusieurs autres parties
des plus puissantes Monarchies,
on est convenu
dans les Congrez & Traittez
de paix qui senegocient
avec la Grande Bretagne,
d'establir un équilibre &
des limites politiques entre
les Royaumes dont les in-»
terestontesté ,& sontencore
le triste sujet d'une
sanglante dispute de tenie,
pour maxime fondamentale
de la conservation de
cette paix, que l'on pourvoit
à ce que les forces de
ces Royaumes ne soient
point à craindre,&ne pua:
sent causer aucune jalousie,
ce que l'on a creu ne pouvoir
establir plus solidement
qu'en lesempefefunt
de s'eitendre.
Pour cet effet le Roy
nostre très-honoréSeigneur
& Ayeul, & le Roy
d'Espagne nostre tres-cher
Frere, sont convenus avec
la Reine de la Grande Brc;,
tagne ,
qu'il fera fait des
renonciations réciproques
par tous les Princes presents
& futurs de la Couronne
de France , & d'Espagne
à tous droits qui
peuvent appartenir à chacun
d'eux sur la succession
de l'un ou de l'autre Royaume,
pour maintenirl'équilibre
qu'on veut mettre
dans l'Europe, & partant
à particulariser tous les cas
preveus de l'union; il a esté
nuHi convenu & accordé
entrele Roy très- Chreffien
nostre tres-honoré SeK
gneur & Ayeul
,
le Roy
Philippe V. nostre Frère,
& la Reine de la Grande
Bretagne, que ledit Roy
Philippe renoncera pour
luy & pour tous ses descendants
à l'esperance de
succeder à la Couronne de
France
, que de nostre coCi
té nous renoncerons aussi
pour nous 6c nos descendants
à la Couronne d'EL:
pagne;que le Duc d'Orleans
nostre cher oncle fera
la mesme chose,desorté
que toutes les lignes de
France & d'Espagne respectivement
feront excluses
pour tousjours de tous
les droits que les lignes de
France pourroient avoir à
la Couronne d'Espagne,&
les lignes d'Espagne à la
Couronne de France, Se
enfin quel'onempeschera
que fous prétextedesdites
renonciations,nisous quelque
autre prétexte que ce
soit la Maison d'Austriche
n'exerce les prétentions
qu'elle pourroit avoir à la
successiond'Efpâgnejdaii-:
tintqu'en unifiant cette
Monarchie auxPays&Estats
tats héréditaires de cette
Maison
,
elle seroit trop
formidable aux autres Puit:
fances quisontentre deux,
ce qui détruiroit l'égalité
qu'on establit aujourd'hui,
pour établir plus parfaitement
la paix de la Chrestienté
qui est la fin qu'on
se propose par cet équilibre
politique en éloignant
toutescesbranches,appellant
à la Couronne d'Espagne
au deffaut des lignes
du Roy Philippe nostre
Frere
,
la Maison du Duc
deSavoye qui descend de
l'infante Catherine fille de
Philippe second, ayant esté
confideré qu'en faisant
ainsi succeder immédiatement
ladite Maison de San
voye,on peut establir comme
dans son centre cette
égalité& cet équilibre entre
les trois Puissances.
Voulant donc concourir
par nostre desistement
de tous nos droits pour
nous,nos successeurs
, &
nos descendants, àestablir
le repos universel de l'Europe,
parce que nous croyons
que ce moyen est le
plus seur dans les terribles
circonstances de ce temps,
nous avons resolu de renoncer
à la succession de
la Couronne d'Espagne, &
afin que cette resolution
aietoutsoneffet nous nous
declarons & tenons maintenant,
nous, nos enfants
& descendants pour exclus
&inhabiles absolument&à
jamais à succeder à la Couronncdfpagne
; nous
voulons & consentons
pour nous, nos enfants &
de[cendants,que des maintenant&
pour tousjours on
nous tienne - nous &eux
en consequence des Presentes
, pour exclus & inhabiles,
de mesme que tous
les descendants de la Maisond'Auftriche,
qui comme
il a esté rapporté &
supposé
,
doivent estre exclus
en quelque degré que
nousnoustrouvions les uns
les autres, que par cette
raison le Royaume d'Espagne
soit censé devolu à
qui la succession doit en
te l cas estre devoluë &
transférée en quelque
temps que ce soit , nous
ni nos descendants ne devons
plus estre considerez
comme ayant aucun fondement
de representation
active ou passive
, ou faisant
une consideration de
ligne effective ou contentieuse
de substance
,
fang
ou qualitez, ni mesme tirer
droit de nostre descendance.
Nous renonçons
pareillement au droit
qui nous peut appartenir à
nous & à nos descendants
en vertu du testament du
Roy Charles II. qui nonobstant
ce qui est rapportécy
dessus nous appelle à
la succession de la Couronne
d'Espagne, la ligne
de Philippe V. venant à
manquer, nous nous desistons
donc de ce droit.
& y renonçons pour nous
& nos enfans & nos descendants
, promettons &
nous obligeons pour nous
& nos enfans & nos descendants
de nous employer
de tout nostre pouvoir
pour faire accomplir
ce présent Adet sans permettre
nisouffrir que directement
ni indirectement
on revienne contre,
soiten cout/bic en partie;&
pour plus grande seureté
de ce que nous disons Se
promettons pour nous si
nos enfans,&nos descendants,
nous jurons solemnellement
sur les Evangiles
contenus au Mitrel)
sur lequel nous mettons
la main droite que nous
le garderons
,
maintiendrons
& accomplirons en
tout & par tout, nous ne
demanderons jamais de
nous en faire relever, &
nous faisons d'abondant
cet autre ferment que celui-
cy subsistera & demeurera
tousjours, quelques
dispenses qu'on puisse nous
accorder
, nous jurons &
promettons aussi que nous
n'avons fait ni ferons ni en
public,ni en particulier, ni
en secrét, de protestation
contraire qui puisse empescher
ce qui est contenu
en ces Presentes ou en diminuer
la force.
En foy dequoi
,
& pour
ces Presentes authentiques
elles ont estépassees pardevant
Meilleurs Alexandre
le Fevre, & Anthoine
le Moyne Conseiller du
Roy, Notaires Gardes Notes
de Sa Majesté, & Gardes-
scelsauChasteletdeParis,
soussignez, lesquels ont
tous délivré le presentActe.
de Monseigneur le Duc de
BERRY a la Couronne
d'Espagne.
CHarles fils de France;
Duc de Berry, d'Alençon,
d'Angoulesme,&c. A tous
les Roys, Princes, & Republiques
: Sçavoir faisons
que toutes les Puissances do
l'Europe le trouvant presque
ruinées à loccafion
des presentes guerres qui
ont porté la desolation
dans les Provinces fronde..
res, & plusieurs autres parties
des plus puissantes Monarchies,
on est convenu
dans les Congrez & Traittez
de paix qui senegocient
avec la Grande Bretagne,
d'establir un équilibre &
des limites politiques entre
les Royaumes dont les in-»
terestontesté ,& sontencore
le triste sujet d'une
sanglante dispute de tenie,
pour maxime fondamentale
de la conservation de
cette paix, que l'on pourvoit
à ce que les forces de
ces Royaumes ne soient
point à craindre,&ne pua:
sent causer aucune jalousie,
ce que l'on a creu ne pouvoir
establir plus solidement
qu'en lesempefefunt
de s'eitendre.
Pour cet effet le Roy
nostre très-honoréSeigneur
& Ayeul, & le Roy
d'Espagne nostre tres-cher
Frere, sont convenus avec
la Reine de la Grande Brc;,
tagne ,
qu'il fera fait des
renonciations réciproques
par tous les Princes presents
& futurs de la Couronne
de France , & d'Espagne
à tous droits qui
peuvent appartenir à chacun
d'eux sur la succession
de l'un ou de l'autre Royaume,
pour maintenirl'équilibre
qu'on veut mettre
dans l'Europe, & partant
à particulariser tous les cas
preveus de l'union; il a esté
nuHi convenu & accordé
entrele Roy très- Chreffien
nostre tres-honoré SeK
gneur & Ayeul
,
le Roy
Philippe V. nostre Frère,
& la Reine de la Grande
Bretagne, que ledit Roy
Philippe renoncera pour
luy & pour tous ses descendants
à l'esperance de
succeder à la Couronne de
France
, que de nostre coCi
té nous renoncerons aussi
pour nous 6c nos descendants
à la Couronne d'EL:
pagne;que le Duc d'Orleans
nostre cher oncle fera
la mesme chose,desorté
que toutes les lignes de
France & d'Espagne respectivement
feront excluses
pour tousjours de tous
les droits que les lignes de
France pourroient avoir à
la Couronne d'Espagne,&
les lignes d'Espagne à la
Couronne de France, Se
enfin quel'onempeschera
que fous prétextedesdites
renonciations,nisous quelque
autre prétexte que ce
soit la Maison d'Austriche
n'exerce les prétentions
qu'elle pourroit avoir à la
successiond'Efpâgnejdaii-:
tintqu'en unifiant cette
Monarchie auxPays&Estats
tats héréditaires de cette
Maison
,
elle seroit trop
formidable aux autres Puit:
fances quisontentre deux,
ce qui détruiroit l'égalité
qu'on establit aujourd'hui,
pour établir plus parfaitement
la paix de la Chrestienté
qui est la fin qu'on
se propose par cet équilibre
politique en éloignant
toutescesbranches,appellant
à la Couronne d'Espagne
au deffaut des lignes
du Roy Philippe nostre
Frere
,
la Maison du Duc
deSavoye qui descend de
l'infante Catherine fille de
Philippe second, ayant esté
confideré qu'en faisant
ainsi succeder immédiatement
ladite Maison de San
voye,on peut establir comme
dans son centre cette
égalité& cet équilibre entre
les trois Puissances.
Voulant donc concourir
par nostre desistement
de tous nos droits pour
nous,nos successeurs
, &
nos descendants, àestablir
le repos universel de l'Europe,
parce que nous croyons
que ce moyen est le
plus seur dans les terribles
circonstances de ce temps,
nous avons resolu de renoncer
à la succession de
la Couronne d'Espagne, &
afin que cette resolution
aietoutsoneffet nous nous
declarons & tenons maintenant,
nous, nos enfants
& descendants pour exclus
&inhabiles absolument&à
jamais à succeder à la Couronncdfpagne
; nous
voulons & consentons
pour nous, nos enfants &
de[cendants,que des maintenant&
pour tousjours on
nous tienne - nous &eux
en consequence des Presentes
, pour exclus & inhabiles,
de mesme que tous
les descendants de la Maisond'Auftriche,
qui comme
il a esté rapporté &
supposé
,
doivent estre exclus
en quelque degré que
nousnoustrouvions les uns
les autres, que par cette
raison le Royaume d'Espagne
soit censé devolu à
qui la succession doit en
te l cas estre devoluë &
transférée en quelque
temps que ce soit , nous
ni nos descendants ne devons
plus estre considerez
comme ayant aucun fondement
de representation
active ou passive
, ou faisant
une consideration de
ligne effective ou contentieuse
de substance
,
fang
ou qualitez, ni mesme tirer
droit de nostre descendance.
Nous renonçons
pareillement au droit
qui nous peut appartenir à
nous & à nos descendants
en vertu du testament du
Roy Charles II. qui nonobstant
ce qui est rapportécy
dessus nous appelle à
la succession de la Couronne
d'Espagne, la ligne
de Philippe V. venant à
manquer, nous nous desistons
donc de ce droit.
& y renonçons pour nous
& nos enfans & nos descendants
, promettons &
nous obligeons pour nous
& nos enfans & nos descendants
de nous employer
de tout nostre pouvoir
pour faire accomplir
ce présent Adet sans permettre
nisouffrir que directement
ni indirectement
on revienne contre,
soiten cout/bic en partie;&
pour plus grande seureté
de ce que nous disons Se
promettons pour nous si
nos enfans,&nos descendants,
nous jurons solemnellement
sur les Evangiles
contenus au Mitrel)
sur lequel nous mettons
la main droite que nous
le garderons
,
maintiendrons
& accomplirons en
tout & par tout, nous ne
demanderons jamais de
nous en faire relever, &
nous faisons d'abondant
cet autre ferment que celui-
cy subsistera & demeurera
tousjours, quelques
dispenses qu'on puisse nous
accorder
, nous jurons &
promettons aussi que nous
n'avons fait ni ferons ni en
public,ni en particulier, ni
en secrét, de protestation
contraire qui puisse empescher
ce qui est contenu
en ces Presentes ou en diminuer
la force.
En foy dequoi
,
& pour
ces Presentes authentiques
elles ont estépassees pardevant
Meilleurs Alexandre
le Fevre, & Anthoine
le Moyne Conseiller du
Roy, Notaires Gardes Notes
de Sa Majesté, & Gardes-
scelsauChasteletdeParis,
soussignez, lesquels ont
tous délivré le presentActe.
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Résumé : RENONCIATION de Monseigneur le Duc de BERRY à la Couronne d'Espagne.
Le texte relate la renonciation du Duc de Berry à la couronne d'Espagne. Les guerres en Europe ont causé des ravages dans plusieurs provinces et monarchies, incitant les puissances à négocier la paix et à établir un équilibre politique. Pour éviter les jalousies et les disputes, le Roi de France, le Roi d'Espagne et la Reine de Grande-Bretagne ont convenu de renonciations réciproques. Le Roi Philippe V renonce à la couronne de France, tandis que le Duc de Berry renonce à la couronne d'Espagne, ainsi que tous leurs descendants. Cette décision vise à empêcher la Maison d'Autriche d'exercer des prétentions sur la succession espagnole, ce qui pourrait perturber l'équilibre européen. En cas de défaut de succession, la Maison de Savoie est appelée à succéder. Le Duc de Berry déclare solennellement qu'il et ses descendants sont exclus de la succession espagnole et renoncent à tous leurs droits, y compris ceux issus du testament du Roi Charles II. Cette renonciation est jurée et garantie par un acte notarié.
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57
p. 273-286
RENONCIATION de Monseigneur le Duc d'Orleans, à la Couronne d'Espagne.
Début :
Philippe petit fils de France, Duc d'Orleans, de Valois, de Chartres [...]
Mots clefs :
Neveu, Renonciation, Couronne, Philippe, Espagne, Catholique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RENONCIATION de Monseigneur le Duc d'Orleans, à la Couronne d'Espagne.
RENONCIATION
de Monseigneur le Duc
d'Orléans
3
à la Couronne
d'Espagne.
Philippepetit fils de
France, Duc d'Orléans,
de Valois, de Chartres &
de Nemours ; à tous Rois,
Princes, Republiques
,
Potentats,& Communautez,
Faisons sçavoir par
ces Presentes, que la
crainte de l'union desCouronnes
de France & d'Espagne
ayant cite le principal
motif de la guerre, &
les autres Puissances de
l'Europe ayant tousjours
apprehendé, ne fussent sur
une mesme teste, on a posé
pour fondement de la
Paix que l'on traitte presentement,&
qu'on espere
cimenter de plus en plus
pour le repos de tant d'Estats
qui se sont saçrifïez
comme autant de victimes
pour soppofer au péril
dont ils se croyoientmenacez
,
qu'il falloit establir
une espece d'égalité & d'équilibre
entre les Princes
qui estoient en dispute.
Que dans la veuë d'establir
cette égalité la Reine
de la Grande Bretagne a
proposé, & sur ses instancesil
aesté convenu par
le Roy nostre très honoré
Seigneur & oncle, & par
le Roy Catholique nostre
cher neveu, que pour éviter
en quelque temps que
ce soit l'union des Couronnes
Lfpao,,ne & de France,
il seroit fait des renonciations
reci proques
,
ravoir
par le Roy Catholique
Philippe V. nostre neveu
pour lui &pour tous ses de-fcendants
à la succession de
laCourone de France,commeaussipar
leDuc de Berri
nostre cher neveu,& par
nous pour tous nos descendants
à la Couronne
d'Espagne
,
à condition
auni que la Maison d'Austriche
ni aucun de ses deI:
cendants ne pourront facceder
à la Couronne d'Espagne
par cette maison
mesme qui sans l'union de
l'Empire seroit formidable
, si elle a joustoit une
nouvelle puissance à ses
anciens Domaines; pour
arriver à la fin qu'on
se propose
,
&: au moyen
de ce que sa Majesté Catholique
a de sa parc fait
par sa renonciation le J.
du présent lTIois, nous
consentons qu'au défaut
de Philippe V. nostre Neveu
&de ses descendants,
la Couronne d'Espagne
passe à la Maisondu Duc
de Savoye ; dont tous les
droits sont clairs & comme
d'autant qu'il descend
de l'Infante Catherine
Fillede Philippe II. & desirant
de nostrecosté concourir
à la glorieuse fin
qu'on se propose derestablir
la tranquillité publique,
à prévenir les craintes
que pourroient causer
les droits de nostre naissance
, ou tous autres qui
pourroient nous appartenir
, nous avons resolu de
faire ce desistement & cette
renonciation de tous
nos droits, pour nous&
pour nos successeurs ôc
descendants
, nous decla,.
rons & nous tenons dès
à present nous, nos enfans,
descendants pour exclus
& inhabilles absolument
& à jamais
,
de toute
action & tout droit à la
Couronne d'Espagne ;
nous voulons ôc consentons
pour nous & nos descendants,
que dés maintenant
& pour tousjours, on
nous tienne, nous & les
nostres pour exclus Be. inhabile
en quelque degré
que nous nous trouvions,
& de quelque maniéré
que la succession puisse arriver
à nostre ligne;nous,
ni nos déscendants ne devons
plus estre considerez
comme ayans aucun
fondement de representation
active ou passive, ou
faifanr une continuation
de ligne effective ou contentieuse
de substance
fang , ou qualité, ni tirer
droit de nostre descendance
de la Reine Anne
d'Austriche nostre très honorée
norée Dame& ayeule,ni
des glorieux Roys ses Ancestres
j au contraire, nous
ratifions la renonciation
que ladite Dame Reine
Anne a faite,& toutes les
clauses que les Rois Philippe
111. & Philippe IV.
ont inserées dans leurs testaments
; nous renonçons
pareillement à tous les
droits qui nous peuvent
appartenir, & ànos enfans
& descendants, &en vertu
de la déclaration faite à
Madridlevingt neuviéme
Octobre 1703. par Philippe
V. Roy d'Espagne nostre
neveu , & quelque
droic qui nous puisse appartenir
pour nous & nos
descendants
, nous nous
en desistons
, & y renonçons
pour nous & pour
eux, nous renonçons absolument
& en particulier
à la lesion évidente, énorme
& très énorme qui se
peut trouver en la renonciation
à lasuccession de
ladite Couronne d'Espagne,
& voulons qu'aucuns
desdits moyens ne nous
fervent ni puissent nous
valoir, & que tous ce prétexte
nous voulions nous
emparer dudit Royaume
d'Espagne à force d'armes,
la guerre que nous ferions
& exceuterions, foit tenue
pour injuste, illicite &induement
entreprise
,
ôc
qu'au contraire celle que
nous feroit celuy qui en
vertu de cette renonciation
auroit droit de succeder
à la Couronne d'Esagne
,
foit teuë pour permise
ôc juste ôcc.
Et pour plus grande sureté
de c que nous disons
& promettons au nom de
nos sccesseurs & descendants,
nous juronssolemnellement
sur les saints Evangiles
contenus en ce
Missel sur lequelnousmettonsla
main droite, que
nous le garderons , maintiendrons,&
accomplirons
en tout & par tout, & que
nous ne demanderons jamais
de nous en faire relever
-
: nous jurons & promettons
encore que nous
n'ayons fait niferons en
public ni en secret aucune
protestation nireclamation
contraire qui puisseenpescher
ce qui est contenu dans
ces presentes
, & pour plus
grande fureté, nous avons passé
& passons ce présent Acte
de renonciation d'abdication
& de désistement
,
pardevanc
Maistres Antoine le Moyne; & Alexandre le Fevre Conseillersdu
Roy, Notaires Gardes-
Nottes,&c. & Garde
Scels au Chastelet de Paris fouffignez ,
, en nostre Palais
RoyalàParis l'an 1712. le 19.
Novembre avant midi, & pour
faire insinuer ces prefentespar.
tout où il appartiendra, nous
avons constitué pour nostre
Procureur lePorteur
,
&avons
signécesPrésentés & leur Minute
demeurée en la possession
dudit le Fevre Notaire. Signé
PHILIPPE D'ORLEANS, le
Moine, le Fevre
3
& à costé
scelléledit jour.
de Monseigneur le Duc
d'Orléans
3
à la Couronne
d'Espagne.
Philippepetit fils de
France, Duc d'Orléans,
de Valois, de Chartres &
de Nemours ; à tous Rois,
Princes, Republiques
,
Potentats,& Communautez,
Faisons sçavoir par
ces Presentes, que la
crainte de l'union desCouronnes
de France & d'Espagne
ayant cite le principal
motif de la guerre, &
les autres Puissances de
l'Europe ayant tousjours
apprehendé, ne fussent sur
une mesme teste, on a posé
pour fondement de la
Paix que l'on traitte presentement,&
qu'on espere
cimenter de plus en plus
pour le repos de tant d'Estats
qui se sont saçrifïez
comme autant de victimes
pour soppofer au péril
dont ils se croyoientmenacez
,
qu'il falloit establir
une espece d'égalité & d'équilibre
entre les Princes
qui estoient en dispute.
Que dans la veuë d'establir
cette égalité la Reine
de la Grande Bretagne a
proposé, & sur ses instancesil
aesté convenu par
le Roy nostre très honoré
Seigneur & oncle, & par
le Roy Catholique nostre
cher neveu, que pour éviter
en quelque temps que
ce soit l'union des Couronnes
Lfpao,,ne & de France,
il seroit fait des renonciations
reci proques
,
ravoir
par le Roy Catholique
Philippe V. nostre neveu
pour lui &pour tous ses de-fcendants
à la succession de
laCourone de France,commeaussipar
leDuc de Berri
nostre cher neveu,& par
nous pour tous nos descendants
à la Couronne
d'Espagne
,
à condition
auni que la Maison d'Austriche
ni aucun de ses deI:
cendants ne pourront facceder
à la Couronne d'Espagne
par cette maison
mesme qui sans l'union de
l'Empire seroit formidable
, si elle a joustoit une
nouvelle puissance à ses
anciens Domaines; pour
arriver à la fin qu'on
se propose
,
&: au moyen
de ce que sa Majesté Catholique
a de sa parc fait
par sa renonciation le J.
du présent lTIois, nous
consentons qu'au défaut
de Philippe V. nostre Neveu
&de ses descendants,
la Couronne d'Espagne
passe à la Maisondu Duc
de Savoye ; dont tous les
droits sont clairs & comme
d'autant qu'il descend
de l'Infante Catherine
Fillede Philippe II. & desirant
de nostrecosté concourir
à la glorieuse fin
qu'on se propose derestablir
la tranquillité publique,
à prévenir les craintes
que pourroient causer
les droits de nostre naissance
, ou tous autres qui
pourroient nous appartenir
, nous avons resolu de
faire ce desistement & cette
renonciation de tous
nos droits, pour nous&
pour nos successeurs ôc
descendants
, nous decla,.
rons & nous tenons dès
à present nous, nos enfans,
descendants pour exclus
& inhabilles absolument
& à jamais
,
de toute
action & tout droit à la
Couronne d'Espagne ;
nous voulons ôc consentons
pour nous & nos descendants,
que dés maintenant
& pour tousjours, on
nous tienne, nous & les
nostres pour exclus Be. inhabile
en quelque degré
que nous nous trouvions,
& de quelque maniéré
que la succession puisse arriver
à nostre ligne;nous,
ni nos déscendants ne devons
plus estre considerez
comme ayans aucun
fondement de representation
active ou passive, ou
faifanr une continuation
de ligne effective ou contentieuse
de substance
fang , ou qualité, ni tirer
droit de nostre descendance
de la Reine Anne
d'Austriche nostre très honorée
norée Dame& ayeule,ni
des glorieux Roys ses Ancestres
j au contraire, nous
ratifions la renonciation
que ladite Dame Reine
Anne a faite,& toutes les
clauses que les Rois Philippe
111. & Philippe IV.
ont inserées dans leurs testaments
; nous renonçons
pareillement à tous les
droits qui nous peuvent
appartenir, & ànos enfans
& descendants, &en vertu
de la déclaration faite à
Madridlevingt neuviéme
Octobre 1703. par Philippe
V. Roy d'Espagne nostre
neveu , & quelque
droic qui nous puisse appartenir
pour nous & nos
descendants
, nous nous
en desistons
, & y renonçons
pour nous & pour
eux, nous renonçons absolument
& en particulier
à la lesion évidente, énorme
& très énorme qui se
peut trouver en la renonciation
à lasuccession de
ladite Couronne d'Espagne,
& voulons qu'aucuns
desdits moyens ne nous
fervent ni puissent nous
valoir, & que tous ce prétexte
nous voulions nous
emparer dudit Royaume
d'Espagne à force d'armes,
la guerre que nous ferions
& exceuterions, foit tenue
pour injuste, illicite &induement
entreprise
,
ôc
qu'au contraire celle que
nous feroit celuy qui en
vertu de cette renonciation
auroit droit de succeder
à la Couronne d'Esagne
,
foit teuë pour permise
ôc juste ôcc.
Et pour plus grande sureté
de c que nous disons
& promettons au nom de
nos sccesseurs & descendants,
nous juronssolemnellement
sur les saints Evangiles
contenus en ce
Missel sur lequelnousmettonsla
main droite, que
nous le garderons , maintiendrons,&
accomplirons
en tout & par tout, & que
nous ne demanderons jamais
de nous en faire relever
-
: nous jurons & promettons
encore que nous
n'ayons fait niferons en
public ni en secret aucune
protestation nireclamation
contraire qui puisseenpescher
ce qui est contenu dans
ces presentes
, & pour plus
grande fureté, nous avons passé
& passons ce présent Acte
de renonciation d'abdication
& de désistement
,
pardevanc
Maistres Antoine le Moyne; & Alexandre le Fevre Conseillersdu
Roy, Notaires Gardes-
Nottes,&c. & Garde
Scels au Chastelet de Paris fouffignez ,
, en nostre Palais
RoyalàParis l'an 1712. le 19.
Novembre avant midi, & pour
faire insinuer ces prefentespar.
tout où il appartiendra, nous
avons constitué pour nostre
Procureur lePorteur
,
&avons
signécesPrésentés & leur Minute
demeurée en la possession
dudit le Fevre Notaire. Signé
PHILIPPE D'ORLEANS, le
Moine, le Fevre
3
& à costé
scelléledit jour.
Fermer
Résumé : RENONCIATION de Monseigneur le Duc d'Orleans, à la Couronne d'Espagne.
Le document est une renonciation du Duc d'Orléans à la couronne d'Espagne. Philippe, petit-fils de France et Duc d'Orléans, explique que la crainte de l'union des couronnes de France et d'Espagne a été le principal motif de la guerre. Pour éviter cette union et établir un équilibre entre les princes en dispute, il a été convenu que des renonciations réciproques seraient faites. Philippe V, neveu du Duc d'Orléans, renonce à la succession de la couronne de France, ainsi que le Duc de Berry, autre neveu. En retour, le Duc d'Orléans renonce à la couronne d'Espagne pour lui et ses descendants. Cette renonciation vise à prévenir les craintes des autres puissances européennes et à établir la tranquillité publique. Le Duc d'Orléans jure solennellement de respecter cette renonciation et déclare qu'il ne revendiquera jamais ses droits sur la couronne d'Espagne. Le document est signé à Paris le 19 novembre 1712 en présence de notaires et scellé par le Duc d'Orléans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
58
p. 3-47
AVANTURE singuliere.
Début :
MONSIEUR, Quoique cette historiette ait un air romanesque par la singularité [...]
Mots clefs :
Aventure, Historiette, Julie, Jeune, Capitaine, Algérien, Prisonnière, Naufrage, Espagne, Cabane
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE singuliere.
AVANTVRE
Jinguliere.
ONSIEUR,
Quoique cette historietteaitunairromanefque
par lasingularitéde
ses évenemens, elle ne
laisse pas d'être veritable
, & je l'ai trouvée
dans quelques mémoires
de feu Monsieur de
Pointis, qui me tomberent
entre les mains
au retour de son expedition
de Cartagene. Je
vous l'envoye telle que
je l'ai, n'ayant pas le
loisir de l'écrire, si non
galamment, du moins
aussi correctement qu'il
le faudroit pour l'inserer
dans vôtre Mercure.
Une veuve de Provence
se trouvant absolument
ruïnée par la
mort de son mari, prit
la resolution d'aller aux
Indes, pour subsister avec
un frere unique,
qui après avoir mangé
tout son bien, étoitallé
s'y établir
,
& y avoit
gagné quelque chose.
Cette veuve avoit toûjours
vécu honorablement
avec son mari;
qui étoit de très-bonne
maison. Elle étoit fort
gloricuse; êG ne voulant
pas qu'onsçustl'extremité
où elle étoit reduiteeIJ.
e. pretexta que
ses affairesl'obligeoient
d'aller faire un voyage
à Lion, & prit en effet
le chemin de Toulon,
où son frere lui avoifcr
écrit qu'elle trouveroit
unArmateurde sesamis,
avec qui elle pouvoit
s'embarquer pour le venir
trouver. Elle arriva
donc dans une hôtellerie
de Toulon avec sa fille
unique, trés-jeune 8c
très-belle, quiétoit encore
plus fâchée que sa mere
de se voir exilée si loin
par la pauvreté. Elles
resterent quelque temps
à Toulon, attendant que
l'Armateur fust en état
de partir. Pendant ce
temps-là cette jeune
beauté fit beaucoup de
bruic à Toulon, & sa
mere espera que quelque
riche Officier leur
épargneroit le voyage
des Indes. Sans doute
pour peu de bien qu'elle
eusttrouvé dansun homme
de naissace, elle
eust accepté des propositions
de mariage.
Un jeune homme,
qui avoit toutes les bonnes
qualitez imaginables
, hors la richesse,
devint passionnément
amoureux de Julie. C'est
ainsi que s'appella la jeune
personne àToulon,
sa mere cachant avec
foin son veritable nom,
parce qu'elle n'étoit pas
en état de le soutenir,
&£ qu'elle vouloit y rester
inconnuë.
Julie donc fut aussi
charmée du jeune homme
qu'illavoitété d'elle.
Ils s'éntr'aimerent,
& se jurerent de s'aimer
toute leur vie, avanc
que la mereeustle
temps de faire expliquer
la Cavalier sur l'article
du bien; car on ne debute
point par là : Julie
étoit trop jeune pour
faire réflexion sur rien,
que sur les qualitez aimables
de celui qui la
charmoit. Il salut; pourtant
s'expliquer; car la
mere étoit prudente, Se
trés -
severe sur l'honneur.
Elle ne jugea pas
à propos qu'ils se vissent
davantage, si le Cavalier
(que nous nommerons
Ergaste) nétoit pas
un parti convenable. Un
jour qu'il étoit venu
pour les voir, elle laissa
safille dans son cabinet,
& vint feule le recevoir.
Ce fut une conversation
fort polie de la part de
lamere, & fort troublée
de la part d'Ergaste,qui
s'apperçut bien qu'on avoit
empêché Julie de
paroître.Enfin on s'expliqua
; Ergaste avoüa
en franc Picard, qu'il
étoit un cadet de Gascogne,
sans bien & sans
esperance, parce que son
frere aîné
,
qui emportoit
tous les biens de si
famille, s'étoit marié de
puis peu. Aprés unaveu
pareillaconversation su
bientôr finie; SC la me
re, en le quittant, lu
dit qu'il étoit à propo
pour son repos & pou
l'honneur de sa fille, qu
ils ne serevissent jamais,
& qu'elle le prioit de ne
plus revenir chez elle.
Ergaste, qu'un pareil
coup avoit mis au desespoir,
prit le parti de s'aller
faire ruer à la guerre.
Il s'embarqua avec
un Capitaine de vaisseau
qui alloit à Cadix, 8c
qui lui promitdele mener
de la en Espagne
quand il auroit fini quel-,
ques affaires qui le devoient
retenir deux ou
trois mois à Cadix.
Un mois aprés l'Armateur
dont nous avons
parlé fut en état de partir;&
la veuve ne voyant
pas d'apparence qu'il se
trouvât à Toulon d'époufeurs
qui convinssent
à Julie, l'embarqua
,plus morte que vives
, & ilspartirent pour
aller aux Indes. L'Armateurne
fut pas heureux
dans sa course: il
fut attaqué per un Corfaire
d'Alger, son vaisseau
fut pris, & la malheureuse
Julie fut faite
esclaveavec sa mere. Il
y avoit déja prés de deux
mois qu'elles étoient en
mer, où les vents contraires
les avoient tourmentées
furieusement ;
la mere tomba malade,
& mourut dans le vaisseau
Algerien, accablée
de fatigues & de chagrins,
&,- Julie n'y resitta
que par sa grande
jeunesse.Ilse trouva parmi
quelques femmes Algériennes
qui étoient
dans ce vajffeau, une
vieille Grecque, qui avoit
fait quelques voyages
en Europe, & qui
par hazard sçavoit un
peu parler Provençal.
Elle avoit faitamitié avec
Julie, & lui tint
lieu de mere dans le reste
de ses avantures, dont la
première fut la prise du
vaisseau Algerien, qui
, fut
fut attaqué par deux
vaisseauxPortugais.Ainsi
Julie se trouva une seconde
fois prisonniere.
Cette fuliteIdeemalheurs eût pourtant été favorable
à Julie, si elle eût
été moins confiante; car
un jeune Portugais, qui
montoit l'un des deux
vaisseaux, devint amoureux
d'elle. Il étoit trésriche,
& l'auroit épousée,
sielleeût pû seresoudre
à se marier, après
avoir perdu l'esperance
de revoir son cher Ergaste.
Il n'étoit pas loin
d'elle, quand elle donna
ce témoignage de sa confiance
pour lui j car il
avoit aidé sans le sçavoir
à la prendre prisonniere,
&C voici comment.
On vous a dit qu'un
Capitaine des amis d'Ergaste
l'avait mené à Cadix,
& lui avoir promis
de le faire passer en Espagne
quelques mois aprés.
Il y en avoit déja
trois qu'il étoità Cadix,
& ce jeune Capitaine
Portugais étoit celui qui
devoit le passer en Espagne
, par consideration
pour l'autte Capitaine,
avec qui il avoit des liaisons
pour le commerce.
Ergaste se trouva donc
dans l'un des deux vaisseaux
qui attaquerent le
vaisseau Algerien.
Ce vaisseau Algerien
se défendit jusqu'à la
dernicre extrémité, en
sorte que ceux-ci furent
contraints d'aller à l'abordage.
Ergaste,quiaccompagnoit
le jeune
Portugais, entra avec lui
dans le vaisseau Algérien
l'épée à la main r
mais ayant été d'abord
dangereusementblessé,
on le reporta dans son
vaisseau avant que le
combat fût fini >ainsî il
ne vit point Julie, &c étoit
bien loin de s'imaginet
qu'el le fûc dans un
vaisseauAlgérien.Mais
le Capitaine Porrugais,
après l'avoirpris, y resta
avec Julie, donc il étoit
devenu passionnément
amoureux;ainsi les trois
vaisseaux faisant route
vers le Portugal, le jeune
Portugais alloit de
temps en temps voir Ergaste
blessé dans son
vaisseau, & revenoit
dans celui de Julie, donr
il ne put jamaistireraucun
éclaircissement
; car
premièrement elle était
,
fort mal, ôc avoit resolu de
se laisser plutôt mourir, que
de recevoir aucun secours
de celui à qui elle craignoic
d'avoir obligation
: outre
cela elle ne parloit que Provençal
, que le jeune Capitaine
n'entendoit point; il
entendoit encore moins le
jargon de la vieille Greque.
Ainsi sans avoir aucune
conversation avec Julie,
il la crut Greque ou Algérienne,
en un mot toute autre
que ce qu'elle étoit.
Ainsi Ergaste
,
à qui il fit
confidence de sonamour,
étoit bien éloigné de pouvoir
soupçonner que c'étoit
sa chere Julie donc il lui
parloir.
L'amour du Capitaine
augmentoit de jour en jour.
Il trouva moyen de faire
comprendre qu'il avoit de
grands biens, & qu'il oftroit
d'époufer: mais on lui
fîtentendre qu'on refufoic
obstinément, & que Julie
n'ayant pu etre a un amant
pour qui elle mourroit constante,
étoit incapable d'écoûter
d'autres propolitions.
C'estquelque malheureux
Algérien qu'elle
aime, disoit un jour à Ergaste
le Capitaine desesperé,
& qui ne méritéapurement
pas cette confiance.
Le récit des beautez de la
prisonnieren'avoit jamais
pu déterminer Ergaste à
paser dans le vaisseau pour
voir celle qui causoit une
passion si violente à son ami.
Il étoit si occupé de son côté
par celle qu'il avoit perdue
à Toulon, qu'il étoit
insensible à tout ce qu'on
poupouvoit
lui dire des autres
beautez, Cependant cette
constance de la belle priÍon",
niere le coucha d'estime
pour elle.ll n'eut aucune euriofité
de la voir: mais il inspira
à son ami des mouvevens
de generositéqu'il auroit
eus lui-même en pareille
occasion, & persuada
enfin à son ami de renvoyer
le vaisseau pris à l'endroit où
la belle prisonniere vouloit
qu'on la menât.LeCapitaine
repassa dans le vaisseau
où étoit Julie,&lui fit expliquer
comme il put laresolution
genereusequ'il avoir
prise. Elle témoigna
qu'elle auroit une reconnoissance
éternelle d'un si
grand bienfait, &pria seulement
qu'on la fia mener à
Toulon, esperant peut- être
y retrouverencore son cher
Ergaste : mais ne pouvant
pas s'expliquer assezlà-des
sus, pour rairesoupçonnes
au Capitaine que ce fût cel
-
le dont Ergalte lui parloit
tous les jours. LeCapitaine
craignant que sa generosité
ne s'affaiblît s'il voyoit plus
long-temps saprisonniere
Confia le vaisseau à un Lieutenant
du sien, à qui il ordonna
de mener la prisonniere
à Toulon, ôe de lui
ramener le vaisseau en Portugal
,dont ilsn'étoient pas
loin. Quand ces vaisseauxse
separerent, le Capitaine
passa dans celui où il avoit
laissé Ergaste, &lui protesta
que lans lui il n'eût pas
été capable d'une resolution
qui lui coûroit si cher; éc
là-dessus il lui dit quecette
belle personne lui avoitdemandé
d'être conduite
Toulon. Il joignit à cela
plusieurs autres particularitez
de leur separation, &
ôc-même répéta quelques
mots> Provençaux que Julieavoir
prononcez en {àû
pirant. En un mot ilvintà
Ergaste des soupçons de la
verité
)
&cessoupçons se
confirmèrent par mille petites
circonstances que le
Capitaine se rappella. Erl
gaste n'eut pas besoin de
prier leCapitaine de suivre
au plus vice le vaisseau
)
qui
étoit encore àivûë: mais
:les' deux qu'ilsmontoient
avoienc été si mal traitez
dans le combat, qu'ils faisoient
eau de tous côtez.
Nos deux amis rivaux surent
contraints de gagner
le Portugal, dans la resolution
de prendre un autre
val»ffeatfpour aller à Tou-
Ion à force de voiles: ce
qu'ils executerent des le
len demain.
Pendant tout le trajet
que firent ensemble les
deux amis rivaux, ce ne fut
qu'un combat continuel de
sentimens genereux. Le Capitaine
protesta à Ergaste
qu'il le verroit conitam
ment possesseur de ce qu'il
aimoit. Ergaste d'un autre
côtéfaisant reflexion qu'il
il.,avoir point de bien, &
que son ami en avoir beaucoup,
lui jura tres-sincerement
qu'il tâcheron de resoudre
Julie à l'épouser. Ils
disposoient ainsi en faveur
l'un de l'autre d'un bien
qu'ils étoient sûrs de retrouver
à Toulon : mais
en y arrivant ils se trouverent
bien loin de leur compte.
Le Lieutenant a qui on
avoir confié le vaisseau ôc
Julie éroit d'un caraétere
bien différent de son Capitaine
jil écoic aussi groilier
& brural que celui-ci étoic
poli & genereux. Il tâcha
d'abord d'attendrirJulie
par une passion feinte & un.
refpeâ:affedté : mais sitôt
qu'il vit qu'il ne pouvoit
rien ganer sur elle par la
douce'-"urvni par les pr4omet
ses, il la menaça de la mener
dans quelque Isle deserte,
& de l'y laisser si elle
ne vouloit pas consentir à
l'épouser. Imaginez-vous
ce que peut signifier le moc
d'époufer dans la bouche
d'un Corsaire, qui fait l'a-
* mour à force de menaces.
Julie en fut si épouvantée
& si troublée, qu'elle fut
sur le point de se précipiter
dans la mer, sans sçavoir
ce qu'ellefaisoit ; &
cela ne fit qu'augmenter
la brutalité duLieutenant,
qui en fût peut-être venu
aux dernieres violences,
malgré ceux que le Capitaine
avoit mis auprès de
Julie pour en avoir soin.
Mais le gros temps, qui
avoit déjà commencé d'alarmer
tous ceux du vaisseau,
devint une tempête
si furieuse,que le Lieutenant
fut tout occupé du
péril, & bientôt après ne
songea plus qu'àsesauver
dans une chaloupe ; car
son vaisseau perit a la rade
de Toulon, Ôc tout ce qui
étoit dedans fut noyé, excepté
ce qui pur se sauver
dans quelques chaloupes;
&, pour comble de malheur
, Julie ne se trouva
point dans le nombre de
ceux qui sesauverent.
Cependant Ergaste & le
Capitaine avoient fait le
trajet avec tant de vîtesse,
que leur vaisseau étoit à
Toulon dés le foir precedent.
Ils furent fort surpris
en arrivant au port, de n'y
pointtrouver celui du Lieutenant
;& en effet il fût arrivé
bien plutôtqu'eux, s'il
n'sur pas cotoye, & retardé
exprès sa' route pour
avoir plus long-tempsJulie
en sa disposition. L'orage
qui fit perir son vaisseau
avoit duré toute la
nuit,&dés le matin la nou.
velle du naufrage vint à
Toulon. Ergaste& le Capitaine
apprirent des premiers
cette funeste nouvelle
par quelqu'une des
chaloupes qui s'étoient sauvées,
& tous leur assurerent
que Julie avoit péri.
Rien ne peut exprimer la
douleur de ces malheureux
amans ils se reprocherent
mille fois à eux-mêmes cette
generosité qui les avoir
portez a renvoyer cette
prisonniere infortunée
,
&
d'avoir été la cause innocente
de [a mort. Les reprochesqu'ils
se faisoient
furent bien mieux fondez
encore, lors qu'un Officier,
de ceux qui s'étoient
sauvez,vint lui faire le recit
de tout ce qui s'étoit
passé dans le vaisseau. Cet
Officier, galant homme,
s'étoit opposé tout seul au
Lieutenant, lors qu'avec
trois ou quatre scelerats de
sa troupe il avoit voulu
violenter Julie; & dans le
moment du naufrage ils
étoient prers à l'assassiner,
parce qu'il leur avoit fait
manquer leur coup. Le Ca.
pitaine connut par ce recit
que le Lieutenant étoit la
seule cause de la mort de
Julie. Son premier soin fut
de le chercher par-tout,
pour le punir
: mais sa c haloupe
n'étoit pas venuë jusf
qu'au porc;ilavoic abordé
sur la côte, un peu loin de
la ville, & n'avoit oré avancer,
ayant appris par
quelques soldats que son
Capitaine étoit arrivé à
Toulon. Les deux amis
allerent le chercher le long
de la côte; & après avoir
marché quelquetemps, ils
apperçurent quatre hommes
qui se cachoient entre
des rochers. Ils coururent
d'une telle force,
qu'ils les eurent bien
-
tôt
joints. C'étoit le Lieutenant
& ses trois complices.
Ils se défendirent en
desesperez. Le Lieutenant
& un Officier chargerent
le Capitaine, qui tua le fécond
,
qui s'étoit le plus
avancé: mais le Lieutenant
furieux prit le moment
de percer le Capitaine
par le côté, pendant
que sonépée étoit engagée
dans le corps de celui
qu'ilavoirtue.Ergaste
avoit déja blessé l'un des
deux autres, & mis le quatrième
en fuite. Il courut
au secours de son ami; &
après avoir été blessé, tua
de sa main le Lieutenant
furieux. Un peu après quelques
soldats vinrent au
bruit du combat, ôc l'on
porta les deux blessez dans
l'une des premieres maisons
de la ville, dont ils
n'étoientéloignez que d'un
-quart de lieuë. La blessure
d'Erogasteétoit très-legere
celle du Capitaine parut
plus considerable : cependant
ilse trouva assez
bien quand on lui eut mis
le premier appareil. On
les laissa seuls
; ils deplorerent
ensemblela perte de
Julie: mais Ergaste se crut
assez fort pourpouvoir se
porter vers rendrait. du
naufrage, qui n'était pas
loin de la ville. Il s'y transporta,
accompagné feulement
d'un valet. Il se faisoit
une espece de confolation
funeste de voirl'endroit
où Julie avoit peri:
il reconnut ce fatal endroit
droit par quelques. débris
du vaisseau, & quelques
corps que les flots avoient
jettez sur la côte. Ce spectacle
lui donna des idées
si affreuses, qu'il tomba
évnoüi entre les bras de
son valet, qui avec un matelot
le porta dans une cabane
de pêcheur. On le
coucha sur un lit, où il
resta longtemps évanoüi.
Tous ceux qui se crouverent
dans la cabane s'empresserent
pour le secourir.
Il revint de son évanoüissement
: mais avec
une espece de transport au
cerveau ,
rêvant, gemissant,
& faisant des cris
douloureux. Il s'imaginoit
voir le pedre affreux de
Julie noyée; il croyoit lui
parler, il croyoit entendre
sa voix languissante,
& il l'entendoit en effet,
il l'entendoit réellement.
C'est ici une de ces situations
interessantes qui meritent
des descriptions patetiques
:mais comme l'incident
est naturel, il suffîra
au lecteur de se l'imaginer
pour en être touché.
C'étoit en effet Julie &
sa vieille Greque, qui presque
mourantes des perils
quelles avoient courus,
avoient été portées dans
cette même cabane par
deux matelots pitoyables
qui les avoient sauvees du
naufrage, aidez de quelques
planches du vaisseau
brifé. La vieilleGreque
étoit venuë d'abord secourirErgaste,
qu'elle ne connoissoit
point: mais aprés
l'évanouissement elle lui
entendit prononcer plusieurs
fois le nom de Julie.
Elle courut l'avertir
qu'un jeune homme qui
se mouroit parloir d'elle.
Julie court, toute mourante
qu'elle est, & trouve
son cher Ergaste
,
dans
le moment qu'Ergaste s'imaginoit
ne voir que le
fantôme de Julie. Autre
moment difficile à dépeindre
;
il faut laisser ce loin
àceux qui voudront faire
un roman de cette histoire.
On conduisitJulie &
Ergaste à Toulon. Ergaste
la fit lloogr*eerr dans une mmaaii.~-
son voisine de celle où .,.
toit son ami blessé, & courut
pour lui annoncer le
premier cette heureuse
nouvelle:mais sa joye fut
changée en pleurs. Il arriva
dans le moment qu'-
on levoit le premier appareil
.,- qui fit connoître
quelablessure était mortelle.
Dés ce moment le
Capitaine tourna à la morr.
Il ne laissa pas de ressentir
de la joye, quand il
sçut que Julie étoit envie.
Il voulut la voir en presenced'Ergaste
; ôc les
voyant tous deux fondre
en larmes, le Capitaine
leur dit qu'il mourroit contene)
s'ils vouloient accepter
, pour vivre heureux
ensemble
,
les biens
qu'il avoit en Portugal.
Les deux amans ne répondirent
à cela que par
les témoignages d'une affliction
morcelle, oubliant
en ce moment leur amour,
pour s'abandonner à la douleur
de perdre un si genereux
ami & amant, qui
n'arrendir pas leur consentement
pour écrire de sa
main un testament en leur
faveur. Il mourut le mê.
me jour, & le bonheur
des deux époux fut toujours
traversé par le souvenir
de la perte qu'ils a.
voient faite.
Jinguliere.
ONSIEUR,
Quoique cette historietteaitunairromanefque
par lasingularitéde
ses évenemens, elle ne
laisse pas d'être veritable
, & je l'ai trouvée
dans quelques mémoires
de feu Monsieur de
Pointis, qui me tomberent
entre les mains
au retour de son expedition
de Cartagene. Je
vous l'envoye telle que
je l'ai, n'ayant pas le
loisir de l'écrire, si non
galamment, du moins
aussi correctement qu'il
le faudroit pour l'inserer
dans vôtre Mercure.
Une veuve de Provence
se trouvant absolument
ruïnée par la
mort de son mari, prit
la resolution d'aller aux
Indes, pour subsister avec
un frere unique,
qui après avoir mangé
tout son bien, étoitallé
s'y établir
,
& y avoit
gagné quelque chose.
Cette veuve avoit toûjours
vécu honorablement
avec son mari;
qui étoit de très-bonne
maison. Elle étoit fort
gloricuse; êG ne voulant
pas qu'onsçustl'extremité
où elle étoit reduiteeIJ.
e. pretexta que
ses affairesl'obligeoient
d'aller faire un voyage
à Lion, & prit en effet
le chemin de Toulon,
où son frere lui avoifcr
écrit qu'elle trouveroit
unArmateurde sesamis,
avec qui elle pouvoit
s'embarquer pour le venir
trouver. Elle arriva
donc dans une hôtellerie
de Toulon avec sa fille
unique, trés-jeune 8c
très-belle, quiétoit encore
plus fâchée que sa mere
de se voir exilée si loin
par la pauvreté. Elles
resterent quelque temps
à Toulon, attendant que
l'Armateur fust en état
de partir. Pendant ce
temps-là cette jeune
beauté fit beaucoup de
bruic à Toulon, & sa
mere espera que quelque
riche Officier leur
épargneroit le voyage
des Indes. Sans doute
pour peu de bien qu'elle
eusttrouvé dansun homme
de naissace, elle
eust accepté des propositions
de mariage.
Un jeune homme,
qui avoit toutes les bonnes
qualitez imaginables
, hors la richesse,
devint passionnément
amoureux de Julie. C'est
ainsi que s'appella la jeune
personne àToulon,
sa mere cachant avec
foin son veritable nom,
parce qu'elle n'étoit pas
en état de le soutenir,
&£ qu'elle vouloit y rester
inconnuë.
Julie donc fut aussi
charmée du jeune homme
qu'illavoitété d'elle.
Ils s'éntr'aimerent,
& se jurerent de s'aimer
toute leur vie, avanc
que la mereeustle
temps de faire expliquer
la Cavalier sur l'article
du bien; car on ne debute
point par là : Julie
étoit trop jeune pour
faire réflexion sur rien,
que sur les qualitez aimables
de celui qui la
charmoit. Il salut; pourtant
s'expliquer; car la
mere étoit prudente, Se
trés -
severe sur l'honneur.
Elle ne jugea pas
à propos qu'ils se vissent
davantage, si le Cavalier
(que nous nommerons
Ergaste) nétoit pas
un parti convenable. Un
jour qu'il étoit venu
pour les voir, elle laissa
safille dans son cabinet,
& vint feule le recevoir.
Ce fut une conversation
fort polie de la part de
lamere, & fort troublée
de la part d'Ergaste,qui
s'apperçut bien qu'on avoit
empêché Julie de
paroître.Enfin on s'expliqua
; Ergaste avoüa
en franc Picard, qu'il
étoit un cadet de Gascogne,
sans bien & sans
esperance, parce que son
frere aîné
,
qui emportoit
tous les biens de si
famille, s'étoit marié de
puis peu. Aprés unaveu
pareillaconversation su
bientôr finie; SC la me
re, en le quittant, lu
dit qu'il étoit à propo
pour son repos & pou
l'honneur de sa fille, qu
ils ne serevissent jamais,
& qu'elle le prioit de ne
plus revenir chez elle.
Ergaste, qu'un pareil
coup avoit mis au desespoir,
prit le parti de s'aller
faire ruer à la guerre.
Il s'embarqua avec
un Capitaine de vaisseau
qui alloit à Cadix, 8c
qui lui promitdele mener
de la en Espagne
quand il auroit fini quel-,
ques affaires qui le devoient
retenir deux ou
trois mois à Cadix.
Un mois aprés l'Armateur
dont nous avons
parlé fut en état de partir;&
la veuve ne voyant
pas d'apparence qu'il se
trouvât à Toulon d'époufeurs
qui convinssent
à Julie, l'embarqua
,plus morte que vives
, & ilspartirent pour
aller aux Indes. L'Armateurne
fut pas heureux
dans sa course: il
fut attaqué per un Corfaire
d'Alger, son vaisseau
fut pris, & la malheureuse
Julie fut faite
esclaveavec sa mere. Il
y avoit déja prés de deux
mois qu'elles étoient en
mer, où les vents contraires
les avoient tourmentées
furieusement ;
la mere tomba malade,
& mourut dans le vaisseau
Algerien, accablée
de fatigues & de chagrins,
&,- Julie n'y resitta
que par sa grande
jeunesse.Ilse trouva parmi
quelques femmes Algériennes
qui étoient
dans ce vajffeau, une
vieille Grecque, qui avoit
fait quelques voyages
en Europe, & qui
par hazard sçavoit un
peu parler Provençal.
Elle avoit faitamitié avec
Julie, & lui tint
lieu de mere dans le reste
de ses avantures, dont la
première fut la prise du
vaisseau Algerien, qui
, fut
fut attaqué par deux
vaisseauxPortugais.Ainsi
Julie se trouva une seconde
fois prisonniere.
Cette fuliteIdeemalheurs eût pourtant été favorable
à Julie, si elle eût
été moins confiante; car
un jeune Portugais, qui
montoit l'un des deux
vaisseaux, devint amoureux
d'elle. Il étoit trésriche,
& l'auroit épousée,
sielleeût pû seresoudre
à se marier, après
avoir perdu l'esperance
de revoir son cher Ergaste.
Il n'étoit pas loin
d'elle, quand elle donna
ce témoignage de sa confiance
pour lui j car il
avoit aidé sans le sçavoir
à la prendre prisonniere,
&C voici comment.
On vous a dit qu'un
Capitaine des amis d'Ergaste
l'avait mené à Cadix,
& lui avoir promis
de le faire passer en Espagne
quelques mois aprés.
Il y en avoit déja
trois qu'il étoità Cadix,
& ce jeune Capitaine
Portugais étoit celui qui
devoit le passer en Espagne
, par consideration
pour l'autte Capitaine,
avec qui il avoit des liaisons
pour le commerce.
Ergaste se trouva donc
dans l'un des deux vaisseaux
qui attaquerent le
vaisseau Algerien.
Ce vaisseau Algerien
se défendit jusqu'à la
dernicre extrémité, en
sorte que ceux-ci furent
contraints d'aller à l'abordage.
Ergaste,quiaccompagnoit
le jeune
Portugais, entra avec lui
dans le vaisseau Algérien
l'épée à la main r
mais ayant été d'abord
dangereusementblessé,
on le reporta dans son
vaisseau avant que le
combat fût fini >ainsî il
ne vit point Julie, &c étoit
bien loin de s'imaginet
qu'el le fûc dans un
vaisseauAlgérien.Mais
le Capitaine Porrugais,
après l'avoirpris, y resta
avec Julie, donc il étoit
devenu passionnément
amoureux;ainsi les trois
vaisseaux faisant route
vers le Portugal, le jeune
Portugais alloit de
temps en temps voir Ergaste
blessé dans son
vaisseau, & revenoit
dans celui de Julie, donr
il ne put jamaistireraucun
éclaircissement
; car
premièrement elle était
,
fort mal, ôc avoit resolu de
se laisser plutôt mourir, que
de recevoir aucun secours
de celui à qui elle craignoic
d'avoir obligation
: outre
cela elle ne parloit que Provençal
, que le jeune Capitaine
n'entendoit point; il
entendoit encore moins le
jargon de la vieille Greque.
Ainsi sans avoir aucune
conversation avec Julie,
il la crut Greque ou Algérienne,
en un mot toute autre
que ce qu'elle étoit.
Ainsi Ergaste
,
à qui il fit
confidence de sonamour,
étoit bien éloigné de pouvoir
soupçonner que c'étoit
sa chere Julie donc il lui
parloir.
L'amour du Capitaine
augmentoit de jour en jour.
Il trouva moyen de faire
comprendre qu'il avoit de
grands biens, & qu'il oftroit
d'époufer: mais on lui
fîtentendre qu'on refufoic
obstinément, & que Julie
n'ayant pu etre a un amant
pour qui elle mourroit constante,
étoit incapable d'écoûter
d'autres propolitions.
C'estquelque malheureux
Algérien qu'elle
aime, disoit un jour à Ergaste
le Capitaine desesperé,
& qui ne méritéapurement
pas cette confiance.
Le récit des beautez de la
prisonnieren'avoit jamais
pu déterminer Ergaste à
paser dans le vaisseau pour
voir celle qui causoit une
passion si violente à son ami.
Il étoit si occupé de son côté
par celle qu'il avoit perdue
à Toulon, qu'il étoit
insensible à tout ce qu'on
poupouvoit
lui dire des autres
beautez, Cependant cette
constance de la belle priÍon",
niere le coucha d'estime
pour elle.ll n'eut aucune euriofité
de la voir: mais il inspira
à son ami des mouvevens
de generositéqu'il auroit
eus lui-même en pareille
occasion, & persuada
enfin à son ami de renvoyer
le vaisseau pris à l'endroit où
la belle prisonniere vouloit
qu'on la menât.LeCapitaine
repassa dans le vaisseau
où étoit Julie,&lui fit expliquer
comme il put laresolution
genereusequ'il avoir
prise. Elle témoigna
qu'elle auroit une reconnoissance
éternelle d'un si
grand bienfait, &pria seulement
qu'on la fia mener à
Toulon, esperant peut- être
y retrouverencore son cher
Ergaste : mais ne pouvant
pas s'expliquer assezlà-des
sus, pour rairesoupçonnes
au Capitaine que ce fût cel
-
le dont Ergalte lui parloit
tous les jours. LeCapitaine
craignant que sa generosité
ne s'affaiblît s'il voyoit plus
long-temps saprisonniere
Confia le vaisseau à un Lieutenant
du sien, à qui il ordonna
de mener la prisonniere
à Toulon, ôe de lui
ramener le vaisseau en Portugal
,dont ilsn'étoient pas
loin. Quand ces vaisseauxse
separerent, le Capitaine
passa dans celui où il avoit
laissé Ergaste, &lui protesta
que lans lui il n'eût pas
été capable d'une resolution
qui lui coûroit si cher; éc
là-dessus il lui dit quecette
belle personne lui avoitdemandé
d'être conduite
Toulon. Il joignit à cela
plusieurs autres particularitez
de leur separation, &
ôc-même répéta quelques
mots> Provençaux que Julieavoir
prononcez en {àû
pirant. En un mot ilvintà
Ergaste des soupçons de la
verité
)
&cessoupçons se
confirmèrent par mille petites
circonstances que le
Capitaine se rappella. Erl
gaste n'eut pas besoin de
prier leCapitaine de suivre
au plus vice le vaisseau
)
qui
étoit encore àivûë: mais
:les' deux qu'ilsmontoient
avoienc été si mal traitez
dans le combat, qu'ils faisoient
eau de tous côtez.
Nos deux amis rivaux surent
contraints de gagner
le Portugal, dans la resolution
de prendre un autre
val»ffeatfpour aller à Tou-
Ion à force de voiles: ce
qu'ils executerent des le
len demain.
Pendant tout le trajet
que firent ensemble les
deux amis rivaux, ce ne fut
qu'un combat continuel de
sentimens genereux. Le Capitaine
protesta à Ergaste
qu'il le verroit conitam
ment possesseur de ce qu'il
aimoit. Ergaste d'un autre
côtéfaisant reflexion qu'il
il.,avoir point de bien, &
que son ami en avoir beaucoup,
lui jura tres-sincerement
qu'il tâcheron de resoudre
Julie à l'épouser. Ils
disposoient ainsi en faveur
l'un de l'autre d'un bien
qu'ils étoient sûrs de retrouver
à Toulon : mais
en y arrivant ils se trouverent
bien loin de leur compte.
Le Lieutenant a qui on
avoir confié le vaisseau ôc
Julie éroit d'un caraétere
bien différent de son Capitaine
jil écoic aussi groilier
& brural que celui-ci étoic
poli & genereux. Il tâcha
d'abord d'attendrirJulie
par une passion feinte & un.
refpeâ:affedté : mais sitôt
qu'il vit qu'il ne pouvoit
rien ganer sur elle par la
douce'-"urvni par les pr4omet
ses, il la menaça de la mener
dans quelque Isle deserte,
& de l'y laisser si elle
ne vouloit pas consentir à
l'épouser. Imaginez-vous
ce que peut signifier le moc
d'époufer dans la bouche
d'un Corsaire, qui fait l'a-
* mour à force de menaces.
Julie en fut si épouvantée
& si troublée, qu'elle fut
sur le point de se précipiter
dans la mer, sans sçavoir
ce qu'ellefaisoit ; &
cela ne fit qu'augmenter
la brutalité duLieutenant,
qui en fût peut-être venu
aux dernieres violences,
malgré ceux que le Capitaine
avoit mis auprès de
Julie pour en avoir soin.
Mais le gros temps, qui
avoit déjà commencé d'alarmer
tous ceux du vaisseau,
devint une tempête
si furieuse,que le Lieutenant
fut tout occupé du
péril, & bientôt après ne
songea plus qu'àsesauver
dans une chaloupe ; car
son vaisseau perit a la rade
de Toulon, Ôc tout ce qui
étoit dedans fut noyé, excepté
ce qui pur se sauver
dans quelques chaloupes;
&, pour comble de malheur
, Julie ne se trouva
point dans le nombre de
ceux qui sesauverent.
Cependant Ergaste & le
Capitaine avoient fait le
trajet avec tant de vîtesse,
que leur vaisseau étoit à
Toulon dés le foir precedent.
Ils furent fort surpris
en arrivant au port, de n'y
pointtrouver celui du Lieutenant
;& en effet il fût arrivé
bien plutôtqu'eux, s'il
n'sur pas cotoye, & retardé
exprès sa' route pour
avoir plus long-tempsJulie
en sa disposition. L'orage
qui fit perir son vaisseau
avoit duré toute la
nuit,&dés le matin la nou.
velle du naufrage vint à
Toulon. Ergaste& le Capitaine
apprirent des premiers
cette funeste nouvelle
par quelqu'une des
chaloupes qui s'étoient sauvées,
& tous leur assurerent
que Julie avoit péri.
Rien ne peut exprimer la
douleur de ces malheureux
amans ils se reprocherent
mille fois à eux-mêmes cette
generosité qui les avoir
portez a renvoyer cette
prisonniere infortunée
,
&
d'avoir été la cause innocente
de [a mort. Les reprochesqu'ils
se faisoient
furent bien mieux fondez
encore, lors qu'un Officier,
de ceux qui s'étoient
sauvez,vint lui faire le recit
de tout ce qui s'étoit
passé dans le vaisseau. Cet
Officier, galant homme,
s'étoit opposé tout seul au
Lieutenant, lors qu'avec
trois ou quatre scelerats de
sa troupe il avoit voulu
violenter Julie; & dans le
moment du naufrage ils
étoient prers à l'assassiner,
parce qu'il leur avoit fait
manquer leur coup. Le Ca.
pitaine connut par ce recit
que le Lieutenant étoit la
seule cause de la mort de
Julie. Son premier soin fut
de le chercher par-tout,
pour le punir
: mais sa c haloupe
n'étoit pas venuë jusf
qu'au porc;ilavoic abordé
sur la côte, un peu loin de
la ville, & n'avoit oré avancer,
ayant appris par
quelques soldats que son
Capitaine étoit arrivé à
Toulon. Les deux amis
allerent le chercher le long
de la côte; & après avoir
marché quelquetemps, ils
apperçurent quatre hommes
qui se cachoient entre
des rochers. Ils coururent
d'une telle force,
qu'ils les eurent bien
-
tôt
joints. C'étoit le Lieutenant
& ses trois complices.
Ils se défendirent en
desesperez. Le Lieutenant
& un Officier chargerent
le Capitaine, qui tua le fécond
,
qui s'étoit le plus
avancé: mais le Lieutenant
furieux prit le moment
de percer le Capitaine
par le côté, pendant
que sonépée étoit engagée
dans le corps de celui
qu'ilavoirtue.Ergaste
avoit déja blessé l'un des
deux autres, & mis le quatrième
en fuite. Il courut
au secours de son ami; &
après avoir été blessé, tua
de sa main le Lieutenant
furieux. Un peu après quelques
soldats vinrent au
bruit du combat, ôc l'on
porta les deux blessez dans
l'une des premieres maisons
de la ville, dont ils
n'étoientéloignez que d'un
-quart de lieuë. La blessure
d'Erogasteétoit très-legere
celle du Capitaine parut
plus considerable : cependant
ilse trouva assez
bien quand on lui eut mis
le premier appareil. On
les laissa seuls
; ils deplorerent
ensemblela perte de
Julie: mais Ergaste se crut
assez fort pourpouvoir se
porter vers rendrait. du
naufrage, qui n'était pas
loin de la ville. Il s'y transporta,
accompagné feulement
d'un valet. Il se faisoit
une espece de confolation
funeste de voirl'endroit
où Julie avoit peri:
il reconnut ce fatal endroit
droit par quelques. débris
du vaisseau, & quelques
corps que les flots avoient
jettez sur la côte. Ce spectacle
lui donna des idées
si affreuses, qu'il tomba
évnoüi entre les bras de
son valet, qui avec un matelot
le porta dans une cabane
de pêcheur. On le
coucha sur un lit, où il
resta longtemps évanoüi.
Tous ceux qui se crouverent
dans la cabane s'empresserent
pour le secourir.
Il revint de son évanoüissement
: mais avec
une espece de transport au
cerveau ,
rêvant, gemissant,
& faisant des cris
douloureux. Il s'imaginoit
voir le pedre affreux de
Julie noyée; il croyoit lui
parler, il croyoit entendre
sa voix languissante,
& il l'entendoit en effet,
il l'entendoit réellement.
C'est ici une de ces situations
interessantes qui meritent
des descriptions patetiques
:mais comme l'incident
est naturel, il suffîra
au lecteur de se l'imaginer
pour en être touché.
C'étoit en effet Julie &
sa vieille Greque, qui presque
mourantes des perils
quelles avoient courus,
avoient été portées dans
cette même cabane par
deux matelots pitoyables
qui les avoient sauvees du
naufrage, aidez de quelques
planches du vaisseau
brifé. La vieilleGreque
étoit venuë d'abord secourirErgaste,
qu'elle ne connoissoit
point: mais aprés
l'évanouissement elle lui
entendit prononcer plusieurs
fois le nom de Julie.
Elle courut l'avertir
qu'un jeune homme qui
se mouroit parloir d'elle.
Julie court, toute mourante
qu'elle est, & trouve
son cher Ergaste
,
dans
le moment qu'Ergaste s'imaginoit
ne voir que le
fantôme de Julie. Autre
moment difficile à dépeindre
;
il faut laisser ce loin
àceux qui voudront faire
un roman de cette histoire.
On conduisitJulie &
Ergaste à Toulon. Ergaste
la fit lloogr*eerr dans une mmaaii.~-
son voisine de celle où .,.
toit son ami blessé, & courut
pour lui annoncer le
premier cette heureuse
nouvelle:mais sa joye fut
changée en pleurs. Il arriva
dans le moment qu'-
on levoit le premier appareil
.,- qui fit connoître
quelablessure était mortelle.
Dés ce moment le
Capitaine tourna à la morr.
Il ne laissa pas de ressentir
de la joye, quand il
sçut que Julie étoit envie.
Il voulut la voir en presenced'Ergaste
; ôc les
voyant tous deux fondre
en larmes, le Capitaine
leur dit qu'il mourroit contene)
s'ils vouloient accepter
, pour vivre heureux
ensemble
,
les biens
qu'il avoit en Portugal.
Les deux amans ne répondirent
à cela que par
les témoignages d'une affliction
morcelle, oubliant
en ce moment leur amour,
pour s'abandonner à la douleur
de perdre un si genereux
ami & amant, qui
n'arrendir pas leur consentement
pour écrire de sa
main un testament en leur
faveur. Il mourut le mê.
me jour, & le bonheur
des deux époux fut toujours
traversé par le souvenir
de la perte qu'ils a.
voient faite.
Fermer
Résumé : AVANTURE singuliere.
Le texte relate une histoire véridique tirée des mémoires de Monsieur de Pointis, concernant une veuve provençale ruinée par la mort de son mari. Cette veuve, accompagnée de sa fille Julie, se rend à Toulon pour rejoindre son frère aux Indes. À Toulon, Julie rencontre Ergaste, un jeune homme de bonne famille mais sans fortune, dont elle tombe amoureuse. La mère de Julie, prudente et glorieuse, refuse leur union en apprenant la pauvreté d'Ergaste. Désespéré, Ergaste part à la guerre. La veuve et Julie embarquent finalement pour les Indes, mais leur navire est capturé par des corsaires algériens, les réduisant en esclavage. La mère de Julie meurt en mer, et Julie est secourue par une vieille Grecque. Leur navire est ensuite attaqué par des Portugais, et Julie est capturée une seconde fois. Un jeune capitaine portugais, amoureux de Julie, la libère et la ramène à Toulon. Cependant, leur navire fait naufrage, et Julie périt en mer. Ergaste et le capitaine portugais, apprenant la nouvelle, se reprochent leur générosité qui a conduit à la mort de Julie. Un officier raconte au capitaine comment il a protégé Julie contre le lieutenant et ses complices lors du naufrage. Le lieutenant, responsable de la mort de Julie, est recherché et finalement trouvé avec ses complices. Un combat s'ensuit, durant lequel le capitaine et Ergaste, l'ami du capitaine, sont blessés. Le lieutenant est tué par Ergaste. Julie, miraculeusement sauvée, est retrouvée dans une cabane de pêcheur où elle est soignée avec Ergaste. Le capitaine, gravement blessé, apprend la survie de Julie mais meurt peu après. Avant de mourir, il offre ses biens en Portugal aux deux amants, qui sont accablés par la perte de leur ami généreux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
59
p. 121-127
NOUVELLES d'Espagne.
Début :
La Suspension d'Armes avec le Portugal a esté encore renouvellée [...]
Mots clefs :
Troupes, Roi, Espagne, Couronne, Renonciation, Barcelone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Espagne.
NOVVEL-LES
d'Espagne.
La Suspension d'A rmes
avec le Portugala cité encorerenouvellée
pour quatre
mois, & le Commerce a été
rérabli.
On publia le
1 8. Mars à
Madrid, la Renonciation
que le Roy a faite de ses
droits à la Couronne de
France Le Roy a fait envoyer
cir.quantw mille écus
en Biscaye, pour commencer
à travailler à la construction
de six Vaisseaux de
guerre. LeComte de Lexington
a offert à Sa Majesté
de la part de la Reine
de la Grande Breragne sa
MaitreETc
)
de lui fournir tous
ceux dont il auroit besoin
à son choix & à un prix trèsmodiquequiseroitdeduit
surce que les Anglois lui
doivent par leTraité fait avec
eux, pour fournir des Negres
à l'Amérique Espagnole.
Onmande de Madrid qu'on
esoie convenu avec 1Auh:-
t
,
duc d'un Traité pour l'évacuation
de l'Italie.
On écrit de L sbonne que
l'on renvoyoit les soldats
étrangers qui servoient dans
les troupes dePortugal: que
plusieursVaisseaux étoient
partis pour aller charger des
biez en Barbarie, & qu'un
Armateur François avoit amené
& vendu à Lisbonne
une prise Hollandoise chargée
des Soye & d'autres
Marchandises.
- Les Lettres de Barcelonne
portent qu'une Escadre de
Vaisseaux de guerre étoit
arrivée dans le Porc)&'lue
larchidiichcffcs'étoir servie
de cette occa ssan pour declarer
à la Deputation aux
Magistrats de la Ville que
l'Archiduc avoit esté obligé
de renoncer à-ses prétentions
sur la Monarchie d'Espagne
& par consequent d'abandonner
la Catalogne; cette
Declaration jointe aux plaintes
des peuples du Lampourdan
qui arriverent en même
tems de ce Gu'ds étoient abandonnez.
1 ,& obligez à
payer de grandes contributions
aux Troupes Françoises,
causa une extrême
consternation, & excita un
grand tumulte parmi les habitans
qui afficherent de tous
costez des Pasquinades: ce
qui faisant craindre à l'Archiduchesse,
qu'ils ne lui perdissentle
respect jdlefît menacer
1:5 principaux que s'ils
ne faisoient cener ces desordres,
elle feroit venir les
Troupes de France & d'Espagne
qui étoient à sa dispoflIon
pour les châtier, on
assureaussi qu'on parle
d'envoyer au Roy une Deputation
pour des propositions
particulieres.
D'autres Lettres plus recentes
portent qu'on y avoit
publié le départ de l'Archi.
duchesse qui devoit s'cmb.
nC]uer le 10. Mars avec
ses Troupes pour passer en
Italie; eue les ordres avaient
été donnez aux Munitionaires
Generaux de former
en diligence des Magasins
-
de farine & d'orge dans l'interieur
de la Catalogne pour
la subsistance des Troupes
qui y passeront, afin d'aller
prendre possession de Tarragone
&de Barcelonne, aussitoa
que les Allemans seront
sortis.
d'Espagne.
La Suspension d'A rmes
avec le Portugala cité encorerenouvellée
pour quatre
mois, & le Commerce a été
rérabli.
On publia le
1 8. Mars à
Madrid, la Renonciation
que le Roy a faite de ses
droits à la Couronne de
France Le Roy a fait envoyer
cir.quantw mille écus
en Biscaye, pour commencer
à travailler à la construction
de six Vaisseaux de
guerre. LeComte de Lexington
a offert à Sa Majesté
de la part de la Reine
de la Grande Breragne sa
MaitreETc
)
de lui fournir tous
ceux dont il auroit besoin
à son choix & à un prix trèsmodiquequiseroitdeduit
surce que les Anglois lui
doivent par leTraité fait avec
eux, pour fournir des Negres
à l'Amérique Espagnole.
Onmande de Madrid qu'on
esoie convenu avec 1Auh:-
t
,
duc d'un Traité pour l'évacuation
de l'Italie.
On écrit de L sbonne que
l'on renvoyoit les soldats
étrangers qui servoient dans
les troupes dePortugal: que
plusieursVaisseaux étoient
partis pour aller charger des
biez en Barbarie, & qu'un
Armateur François avoit amené
& vendu à Lisbonne
une prise Hollandoise chargée
des Soye & d'autres
Marchandises.
- Les Lettres de Barcelonne
portent qu'une Escadre de
Vaisseaux de guerre étoit
arrivée dans le Porc)&'lue
larchidiichcffcs'étoir servie
de cette occa ssan pour declarer
à la Deputation aux
Magistrats de la Ville que
l'Archiduc avoit esté obligé
de renoncer à-ses prétentions
sur la Monarchie d'Espagne
& par consequent d'abandonner
la Catalogne; cette
Declaration jointe aux plaintes
des peuples du Lampourdan
qui arriverent en même
tems de ce Gu'ds étoient abandonnez.
1 ,& obligez à
payer de grandes contributions
aux Troupes Françoises,
causa une extrême
consternation, & excita un
grand tumulte parmi les habitans
qui afficherent de tous
costez des Pasquinades: ce
qui faisant craindre à l'Archiduchesse,
qu'ils ne lui perdissentle
respect jdlefît menacer
1:5 principaux que s'ils
ne faisoient cener ces desordres,
elle feroit venir les
Troupes de France & d'Espagne
qui étoient à sa dispoflIon
pour les châtier, on
assureaussi qu'on parle
d'envoyer au Roy une Deputation
pour des propositions
particulieres.
D'autres Lettres plus recentes
portent qu'on y avoit
publié le départ de l'Archi.
duchesse qui devoit s'cmb.
nC]uer le 10. Mars avec
ses Troupes pour passer en
Italie; eue les ordres avaient
été donnez aux Munitionaires
Generaux de former
en diligence des Magasins
-
de farine & d'orge dans l'interieur
de la Catalogne pour
la subsistance des Troupes
qui y passeront, afin d'aller
prendre possession de Tarragone
&de Barcelonne, aussitoa
que les Allemans seront
sortis.
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Résumé : NOUVELLES d'Espagne.
Le document relate divers événements politiques et militaires en Espagne et au Portugal. La trêve avec le Portugal a été prolongée de quatre mois, et le commerce a repris. Le 18 mars, Madrid a publié la renonciation du roi d'Espagne à ses droits sur la couronne de France. Le roi a également financé la construction de six vaisseaux de guerre en Biscaye. Le comte de Lexington a proposé, au nom de la reine de Grande-Bretagne, de fournir des navires à bas coût, en déduction des dettes britanniques envers l'Espagne pour le trafic d'esclaves en Amérique. À Lisbonne, les soldats étrangers ont été renvoyés des troupes portugaises, et plusieurs vaisseaux ont quitté le port pour charger du blé en Barbarie. Un armateur français a vendu à Lisbonne une prise hollandaise chargée de soies et autres marchandises. À Barcelone, une escadre de vaisseaux de guerre est arrivée, et l'archiduchesse a annoncé la renonciation de l'archiduc à ses prétentions sur la monarchie espagnole et son abandon de la Catalogne, provoquant des tumultes. L'archiduchesse a menacé d'intervenir avec les troupes françaises et espagnoles. Des ordres ont été donnés pour préparer des magasins de farine et d'orge en Catalogne pour les troupes destinées à prendre Tarragone et Barcelone après le départ des Allemands.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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60
p. 52-66
SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
Début :
ARTICLE I. La Declaration de la Paix, & la cessation de tous actes d'hostilité, &c. [...]
Mots clefs :
Paix, Articles, Roi, Catholique, France, Espagne, Clauses, Namur, Guerre, Bavière
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texteReconnaissance textuelle : SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
SOMMAIRE
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France,
0* les Estats Généraux des
Provinces - Unies> conclus
àVtrech le 11.Avril1713.
ARTICLE I. LADeclaration de la.<
, Paix, & la cessation de tous
actes d'hostilite, &c.
II.
L'oubli & l'amnistie ge;
nerale pour tous les Sujets
de part & d'autre, & le
restablissèment dans leurs
biens.
III.
é Restitution
,
des prises
dans la mer Baltique du
Nord
,
&c. dans quatre (emaines,
de la Manche jusqu'au
Cap saint Vincent;
dans six semaines, de la
Medirerranée jusques à la
Ligne dans dix semaines,
& dans huit mois par delà
la Ligne, &c.
I V. V. & V I.
Sincere
,
ferme & perpetuelle
amitié, & bonne
correspondance par mer
& par terre, & restitution
des biens aux premiers propriétaires,
&c. E iij
VII.
On remet aux Essars
Généraux en faveur de la
Maison d'autriche
, pour
barriere les Pay- Bas appessez
Espagnols
,
conformément
au Traité de Riswich,
fauf ce que possede
le Roy de Prusse
,
à qui il
fera remis de plus Lammanie
de KirKembech
avec,&c. Plus il fera reservé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente.milleécus
de revenu, qui fera érigée.
en Principauté en faveur
de la Princesse des Ursins,
& héritiers, &c. VIII.
En consequence Sa Majessé
Tres-Chrestenne remet
aux Sieurs Estats Généraux,
Namur, Charleroy
,
Nieuport, &c.
IX.
Sa Maiesté Catholique
ayant cédé à Son Altesse
Eleaorale de Baviere let
dits Pays- Bas Espagnols,
Sa Màjesté Tres-Chrestienne
s'engage de faire
donner un acte de cession
de ses droits sur lesdits
Pays Bas&c. SOQAIreiTc
retenant la Souveraineté,
revenus, &c. du Duché &
Vilie de Luxembourg,la
Ville & Comté de Namur,
la ville de Charleroy, &c.
jusqu'à ce qu'elle ait esté
restablie, dans ses Etats ,
&c. à l'exception du haut
Palatinat, & remise dans
le rang de neuvième Electeur
&en possession du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c.
L'article X. ne contient que
desfaits 0* conditions sur
l'Article précedent, qui font
trop écendus pour un Sommaire.
XI.
Le Roy de France cede
Menin, & la Ville & Citadelle
de Tournay, &c.
excepté Sr. Amand &.
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la possession de la terre
dantoin, &c.
XII.
On cede à la MaiTon
d'Aufiriche Furnes- Ambagt,
le Fort de Knoque,
Loo,Dixmude,Yprcs,&c.
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays-Bas Espagnols ne
pourra jamais erre transportée
à la Couronne
-
de
France,&c.
XV.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute saChastelnie,
&c. Orchies, le Pays de
Lalo,la Gourgue, lesVilles
& Places d'Aire,Bctune,Sr.
Venant, le Fort François,
&c.
XVI.
Luxembourg, Namur, Charleroy
,
Nieuport &
toutes les Places, & Forts
possedez parle Roy de
France & lesEleéteurs de
Cologne & de Baviere feront
remis avec les Canons
Artilerie,&c. quiy étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle Il Lile
Aire, le Fort François, &c.
avecCanons,Artillerie,&c.
qui y étoienc au temps de la
prise. Ypres avec50. pieces
de Canon.
: XVII.
La retraite des troupes
dé part ôcd'autre.
XVIII.
Les droitsperçus de pa; t
& d'autre, continués seulement
jurqu'au jour de l'E.
change des ratifications.
XIX.
Détailde l'Amnistie de
parc & d'autre.
X X.
LibertédeDomiciles &
de Commerce réciproquement.
XXI.
Restablissement des dignirés,
honneurs, benesices,
&c.& tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre, &c.
XXI1.
Clause pour les Rentes
v afectées sur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas. XXIII.
Les benefïcesaccordez
& légitimement conferez
pendant la guerre,laissez à
ceux qui les possedent, &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romaine
confervé dans son érar,
libertez, franchises.,droirs
honneurs,&c. ainsi que
devant.
- XXIV.
Pour l'exercice de la Re-
- ligion Protestante par les
troupes que les Estats
Généraux auront dans les
Places desditsPaysBas Espagnols,
&c. on se conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des PaysBas.
Espagnols, fous le regne
de Charles II.
XXV.
1
Conservation des Privilèges,
Coutumes, Droits
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons desEstatsCeneraux
qui se trouvent à
Huy &Citadelle de Liege
yresteront,auxdépens desdits
Sei gneurs, Estats; Fortifications
de Bonne rasez.
XXVII.
Tous Prisonniers de
guerre feront délivrez, &c.
XXVIII.
Levée de Contributions
de part &d'autre continuée
jusquau jour del'Eschacge
des Ratifications.
XXIX.
Renonciation réciproque
à routes anciennes pretentions,
au préjudice du
present Traité, &c.
XXX.
Les voyes de lajustice
ordinaire ouvertes; selon
les Loys de chaque Pays,
&c.
XXXI.
Précautions prises, &
confirmées pourempêcher
que les Couronnes deFrance
& d'Espagne ne puissent
amais estre unies sur la
ête d'un mesme Roy &c.
XXXII.
Commerce & Navigation
en Espagne, ou dans
les Indes Espagnoles,comme
e lles étoient fous Charles
IL
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec
l'Empire,l'estat de Religion,
fera conforme à
la teneur des Traités de
Westphalie, & Rhinfels
,
&S. Goard, demeurant au
Landgrave deHesseCassel,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
Hesse Rheinfels
,
à condition
quelaReligion Catholique
Romaine y soit
exercée.
Les Articles suivans ne
contiennent que des formalités
,
publications &
actes, & quelquesclauses,
en cas de contravention,
qui n'auront pas lieu de nos
jours, puisque cette heureuse
paix fera durable.
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France,
0* les Estats Généraux des
Provinces - Unies> conclus
àVtrech le 11.Avril1713.
ARTICLE I. LADeclaration de la.<
, Paix, & la cessation de tous
actes d'hostilite, &c.
II.
L'oubli & l'amnistie ge;
nerale pour tous les Sujets
de part & d'autre, & le
restablissèment dans leurs
biens.
III.
é Restitution
,
des prises
dans la mer Baltique du
Nord
,
&c. dans quatre (emaines,
de la Manche jusqu'au
Cap saint Vincent;
dans six semaines, de la
Medirerranée jusques à la
Ligne dans dix semaines,
& dans huit mois par delà
la Ligne, &c.
I V. V. & V I.
Sincere
,
ferme & perpetuelle
amitié, & bonne
correspondance par mer
& par terre, & restitution
des biens aux premiers propriétaires,
&c. E iij
VII.
On remet aux Essars
Généraux en faveur de la
Maison d'autriche
, pour
barriere les Pay- Bas appessez
Espagnols
,
conformément
au Traité de Riswich,
fauf ce que possede
le Roy de Prusse
,
à qui il
fera remis de plus Lammanie
de KirKembech
avec,&c. Plus il fera reservé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente.milleécus
de revenu, qui fera érigée.
en Principauté en faveur
de la Princesse des Ursins,
& héritiers, &c. VIII.
En consequence Sa Majessé
Tres-Chrestenne remet
aux Sieurs Estats Généraux,
Namur, Charleroy
,
Nieuport, &c.
IX.
Sa Maiesté Catholique
ayant cédé à Son Altesse
Eleaorale de Baviere let
dits Pays- Bas Espagnols,
Sa Màjesté Tres-Chrestienne
s'engage de faire
donner un acte de cession
de ses droits sur lesdits
Pays Bas&c. SOQAIreiTc
retenant la Souveraineté,
revenus, &c. du Duché &
Vilie de Luxembourg,la
Ville & Comté de Namur,
la ville de Charleroy, &c.
jusqu'à ce qu'elle ait esté
restablie, dans ses Etats ,
&c. à l'exception du haut
Palatinat, & remise dans
le rang de neuvième Electeur
&en possession du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c.
L'article X. ne contient que
desfaits 0* conditions sur
l'Article précedent, qui font
trop écendus pour un Sommaire.
XI.
Le Roy de France cede
Menin, & la Ville & Citadelle
de Tournay, &c.
excepté Sr. Amand &.
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la possession de la terre
dantoin, &c.
XII.
On cede à la MaiTon
d'Aufiriche Furnes- Ambagt,
le Fort de Knoque,
Loo,Dixmude,Yprcs,&c.
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays-Bas Espagnols ne
pourra jamais erre transportée
à la Couronne
-
de
France,&c.
XV.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute saChastelnie,
&c. Orchies, le Pays de
Lalo,la Gourgue, lesVilles
& Places d'Aire,Bctune,Sr.
Venant, le Fort François,
&c.
XVI.
Luxembourg, Namur, Charleroy
,
Nieuport &
toutes les Places, & Forts
possedez parle Roy de
France & lesEleéteurs de
Cologne & de Baviere feront
remis avec les Canons
Artilerie,&c. quiy étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle Il Lile
Aire, le Fort François, &c.
avecCanons,Artillerie,&c.
qui y étoienc au temps de la
prise. Ypres avec50. pieces
de Canon.
: XVII.
La retraite des troupes
dé part ôcd'autre.
XVIII.
Les droitsperçus de pa; t
& d'autre, continués seulement
jurqu'au jour de l'E.
change des ratifications.
XIX.
Détailde l'Amnistie de
parc & d'autre.
X X.
LibertédeDomiciles &
de Commerce réciproquement.
XXI.
Restablissement des dignirés,
honneurs, benesices,
&c.& tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre, &c.
XXI1.
Clause pour les Rentes
v afectées sur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas. XXIII.
Les benefïcesaccordez
& légitimement conferez
pendant la guerre,laissez à
ceux qui les possedent, &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romaine
confervé dans son érar,
libertez, franchises.,droirs
honneurs,&c. ainsi que
devant.
- XXIV.
Pour l'exercice de la Re-
- ligion Protestante par les
troupes que les Estats
Généraux auront dans les
Places desditsPaysBas Espagnols,
&c. on se conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des PaysBas.
Espagnols, fous le regne
de Charles II.
XXV.
1
Conservation des Privilèges,
Coutumes, Droits
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons desEstatsCeneraux
qui se trouvent à
Huy &Citadelle de Liege
yresteront,auxdépens desdits
Sei gneurs, Estats; Fortifications
de Bonne rasez.
XXVII.
Tous Prisonniers de
guerre feront délivrez, &c.
XXVIII.
Levée de Contributions
de part &d'autre continuée
jusquau jour del'Eschacge
des Ratifications.
XXIX.
Renonciation réciproque
à routes anciennes pretentions,
au préjudice du
present Traité, &c.
XXX.
Les voyes de lajustice
ordinaire ouvertes; selon
les Loys de chaque Pays,
&c.
XXXI.
Précautions prises, &
confirmées pourempêcher
que les Couronnes deFrance
& d'Espagne ne puissent
amais estre unies sur la
ête d'un mesme Roy &c.
XXXII.
Commerce & Navigation
en Espagne, ou dans
les Indes Espagnoles,comme
e lles étoient fous Charles
IL
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec
l'Empire,l'estat de Religion,
fera conforme à
la teneur des Traités de
Westphalie, & Rhinfels
,
&S. Goard, demeurant au
Landgrave deHesseCassel,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
Hesse Rheinfels
,
à condition
quelaReligion Catholique
Romaine y soit
exercée.
Les Articles suivans ne
contiennent que des formalités
,
publications &
actes, & quelquesclauses,
en cas de contravention,
qui n'auront pas lieu de nos
jours, puisque cette heureuse
paix fera durable.
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Résumé : SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
Le texte présente un résumé des traités de paix et de commerce entre la France et les États Généraux des Provinces-Unies, signés à Utrecht le 11 avril 1713. Les points essentiels incluent la déclaration de paix et la cessation des hostilités, avec un engagement à mettre fin à tous les actes d'hostilité. Une amnistie générale est accordée, oubliant les actions passées et rétablissant les sujets dans leurs biens. La restitution des prises maritimes est prévue dans des délais spécifiques selon les zones géographiques. Les parties s'engagent à une amitié sincère et perpétuelle, avec restitution des biens aux premiers propriétaires. La France cède plusieurs villes et places fortes aux États Généraux et à la Maison d'Autriche, notamment Namur, Charleroi, Nieuport, Menin, et Tournay. La navigation sur la Lys est déclarée libre, et aucune partie des Pays-Bas espagnols ne peut être transférée à la Couronne de France. La France rend également des villes comme Lille, Aire, Béthune, et le Fort François. Les troupes des deux camps doivent se retirer, et les droits perçus de part et d'autre sont continués jusqu'à l'échange des ratifications. La liberté de domicile et de commerce est réciproquement garantie, et les privilèges, coutumes et droits des communautés et habitants sont conservés. Tous les prisonniers de guerre doivent être délivrés, et les parties renoncent réciproquement à toutes anciennes prétentions au préjudice du présent traité. Des mesures sont prises pour empêcher l'union des couronnes de France et d'Espagne sur une même tête. Le commerce et la navigation en Espagne et dans les Indes espagnoles sont maintenus comme sous Charles II. Enfin, les dispositions concernant la religion doivent être conformes aux traités de Westphalie, de Rijnfels et de Saint-Goar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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61
p. 145-151
Copie de la Lettre de Mr de Pontchartrain au sujet du present du Portrait du Roy d'Espagne.
Début :
MONSIEUR, Le Roy d'Espagne informé de la generosité avec laquelle vous avez [...]
Mots clefs :
Évêque, Espagne, Illuminations, Académie royale des inscriptions et médailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Copie de la Lettre de Mr de Pontchartrain au sujet du present du Portrait du Roy d'Espagne.
Copie de la Lettre de Mr de
Pontchartrain au sújet du
present du Portrait du Roy
d'Espagne.
MONSIEUR,
Le Roy d'Espagne informé
de la generosité avec
laquelle vous avez refusé le
present de douze mille piaftrès
d'une part, & vingtcinq
mille d'autre que la
Reine son Epouse vous avoit
envoyées à Vigo en
reconnoissance du service
important que vous luy
avez rendu ôca son Royaume
en ramenant la flotte
de la nouvelle Espagne,
s'est creu obligé de vous
donner une marque éclatante
de la reconnoissance
qu'elle conferve de ce fervice,
& a prié le Roy de
souffrir qu'il vous fit un
present de son Portrait enrichi
de diamants d'une
grande valeur. Elle l'amesme
envoyé en France,dans
la confianceque Sa Majesté
ne luy refuferoit pas
cette grâce. Je l'ay presenté
a Sa MMaa)jceRstéé, & Elle m'a
fait l'honneur deme dire
devous renvoyer, & de
vous écrire de sa part, que
non feulement Elle a agrée
que vous le prissiez) mais
mesme qu'Elle vous l'ordonnoit)
&c.
LaFamille de Rousselet
Chasteau
-
Renaud est des
plus anciennes du Royaume.
Il y a plusieurs siecles
que le nom de Rousselec
est marqué entre les noms
dont laNoblesseestoit Militaire.
Jean &Geoffroy de
, Rousselet Chevaliers) furent
du nombre de ces cele
bres Assaillansqui fc fignalerent
au combat des
Trente en Bretagne l'an
1350. On trouve dans les
aétcs desannées 1381.1390.
& 1401. Gervais de Roufseles
Escuyer
,
Albert de
Rousselet seigneur de la
Cardive, de Lilli,des Abbâtis.
LeMarquis de Chasteau
Regnand, fut nomme
au baptcfme parAlbert de
Gondy son oncle, Comte
de Retz. Il fut envoyé auprés
de Marie de Gondy (a
tante Comtesse de Pancalier
qui le donna au Duc
Charles Emmanuel de Savoye.
Ce Prince le fie élever)
le pourveut ensuite de
la Charge de Gentilhomme
de sa Chambre,
& cela en consideration
de ce qu'ilestoit iffii de
noble & ancienne Maison,
& à cause des services
qu'il avoit rendus pendant
qu'ilavoic eslé nourri auprès
de luy. Lorsqu'il fut
de retour en France il fut
fait Chevalier de l'Ordre
du Roy, Gentilhomme or:
dinaire de sa Chambre, Ca.
vpitainc de cinquante hommes
d'armes de les Ordonnances,
Conseillerau Conseild'Estac
& Privé, &
Gouverneur des villes &
Chafteaux de Machecoul
& de Belleisle.
Le Roy qui ne laisse pasfer
aucunecccafion de témoigner
au D.cdeNoailles
i'citinie & la bonté qu'il
a pour luy, luy a fait l'honneur
de tenir sur les fonts
le Comte d'Ayen son fils. Ilachoisi Madame pour
le tenir avec luy, l'a nommé
Louis
,
& a félicité
Mr le Cardinal de Noailles
sur la nainance decet
héritier de sa Maison. Ce
baptesme aesté celebré le
18. Avril 1713. par l'Evesque
de Mets premier Aumosnier.
Le Mardy 25. Avrill'Académie
Royalle des Inscriptions&
Medailles reprit
ses exercices.
Mrde Fanieres commença
la seance par un discours
sur l'usage du feu&
des illuminations dans les
Festes sactees.
Pontchartrain au sújet du
present du Portrait du Roy
d'Espagne.
MONSIEUR,
Le Roy d'Espagne informé
de la generosité avec
laquelle vous avez refusé le
present de douze mille piaftrès
d'une part, & vingtcinq
mille d'autre que la
Reine son Epouse vous avoit
envoyées à Vigo en
reconnoissance du service
important que vous luy
avez rendu ôca son Royaume
en ramenant la flotte
de la nouvelle Espagne,
s'est creu obligé de vous
donner une marque éclatante
de la reconnoissance
qu'elle conferve de ce fervice,
& a prié le Roy de
souffrir qu'il vous fit un
present de son Portrait enrichi
de diamants d'une
grande valeur. Elle l'amesme
envoyé en France,dans
la confianceque Sa Majesté
ne luy refuferoit pas
cette grâce. Je l'ay presenté
a Sa MMaa)jceRstéé, & Elle m'a
fait l'honneur deme dire
devous renvoyer, & de
vous écrire de sa part, que
non feulement Elle a agrée
que vous le prissiez) mais
mesme qu'Elle vous l'ordonnoit)
&c.
LaFamille de Rousselet
Chasteau
-
Renaud est des
plus anciennes du Royaume.
Il y a plusieurs siecles
que le nom de Rousselec
est marqué entre les noms
dont laNoblesseestoit Militaire.
Jean &Geoffroy de
, Rousselet Chevaliers) furent
du nombre de ces cele
bres Assaillansqui fc fignalerent
au combat des
Trente en Bretagne l'an
1350. On trouve dans les
aétcs desannées 1381.1390.
& 1401. Gervais de Roufseles
Escuyer
,
Albert de
Rousselet seigneur de la
Cardive, de Lilli,des Abbâtis.
LeMarquis de Chasteau
Regnand, fut nomme
au baptcfme parAlbert de
Gondy son oncle, Comte
de Retz. Il fut envoyé auprés
de Marie de Gondy (a
tante Comtesse de Pancalier
qui le donna au Duc
Charles Emmanuel de Savoye.
Ce Prince le fie élever)
le pourveut ensuite de
la Charge de Gentilhomme
de sa Chambre,
& cela en consideration
de ce qu'ilestoit iffii de
noble & ancienne Maison,
& à cause des services
qu'il avoit rendus pendant
qu'ilavoic eslé nourri auprès
de luy. Lorsqu'il fut
de retour en France il fut
fait Chevalier de l'Ordre
du Roy, Gentilhomme or:
dinaire de sa Chambre, Ca.
vpitainc de cinquante hommes
d'armes de les Ordonnances,
Conseillerau Conseild'Estac
& Privé, &
Gouverneur des villes &
Chafteaux de Machecoul
& de Belleisle.
Le Roy qui ne laisse pasfer
aucunecccafion de témoigner
au D.cdeNoailles
i'citinie & la bonté qu'il
a pour luy, luy a fait l'honneur
de tenir sur les fonts
le Comte d'Ayen son fils. Ilachoisi Madame pour
le tenir avec luy, l'a nommé
Louis
,
& a félicité
Mr le Cardinal de Noailles
sur la nainance decet
héritier de sa Maison. Ce
baptesme aesté celebré le
18. Avril 1713. par l'Evesque
de Mets premier Aumosnier.
Le Mardy 25. Avrill'Académie
Royalle des Inscriptions&
Medailles reprit
ses exercices.
Mrde Fanieres commença
la seance par un discours
sur l'usage du feu&
des illuminations dans les
Festes sactees.
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Résumé : Copie de la Lettre de Mr de Pontchartrain au sujet du present du Portrait du Roy d'Espagne.
La lettre de Monsieur de Pontchartrain relate un présent offert par le roi d'Espagne à une personne non nommée, en reconnaissance de son service en ramenant la flotte de la Nouvelle Espagne. Après avoir refusé des présents financiers de la reine d'Espagne, cette personne a accepté un portrait enrichi de diamants. Le roi de France a ordonné à cette personne de recevoir le présent. Le texte évoque également la famille Rousselet-Chasteau, soulignant ses origines anciennes et son implication militaire, notamment lors du combat des Trente en Bretagne en 1350. Le Marquis de Chasteau-Renault a été élevé par le Duc Charles Emmanuel de Savoie et a occupé diverses charges honorifiques en France, y compris celle de Chevalier de l'Ordre du Roy et de Gouverneur des villes de Machecoul et de Belleisle. Le roi de France a témoigné de son affection pour la famille Noailles en tenant sur les fonts baptismaux le Comte d'Ayen, fils du Cardinal de Noailles, le 18 avril 1713. L'Académie Royale des Inscriptions et Médailles a repris ses exercices le 25 avril, avec un discours de Monsieur de Fanieres sur l'usage du feu et des illuminations dans les fêtes sacrées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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62
p. 228-232
Nouvelles d'Utrecht.
Début :
On mande d'Utrecht que le 4. de ce mois [...]
Mots clefs :
Utrecht, Conférences, Ambassadeurs, Guerre du Nord, Espagne
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Utrecht.
Nouvelles d'Vtrecht.
On mande d'Utrecht
que le4. decemois le Duc
d'Ossone & le Marquis de
Monteleon Ambassadeurs
d'Espagne,arrivèrent à la
Haye dans trois carosses à
six chevaux, qu'ils avoient
eu plusieurs conférences
avec les Dépurez de l'Estat
touchant quelques articles
qui retardent la conclusion
du Traité, & qu'on
esperoit que les difficultez
feroient bientostlevées.
Les Lettrés de la Haye portent
que les Deputez de
l'Estar avoient aulIi eu diverses
conferences avec les
Ministres duCzar, duRoy
de DannemarK,& du Roy
Auguste, pour tascher de
terminer la guerre du
Nord. Onmande de Bonne
que le Regiment Suisse
du Colonel Diesbach
,
qui
y estoit en garnison au fervice
des Provinces. Unies,
avoir esté licentié; que les
- troupes du Duc d'Hanover
s'estoient approchées de
Mayence, & que d'autres
avoient pris leurs places
toujours au deça du Mein,
que les troupes de Pruflfe,
de Saxe, de Wirtemberg
, & autres revenuës des
Pays-Bas, estoient encore
dans le Westerwalet au
Nord du Mein.
Les dernieres Lettres de
la Haye portent que les
Plenipotentiaires d'Espagne
avoient eu avec les
Députez des Estats Generaux
& le sieur Heinsius
Pensionnaire
,
plusieurs
conférences dans lesquelles
presque toutes les difficultez
avoient estélevées,
gz qu'ils devoient retourner
dans peu à Ucrecht pour signer
le Traité de Paix entre
l'Espagne & cet Enar,
& qu'on n'attendoit que
le retour des courriers pour
conclure au fli la Paix entre
la mesme Couronne ôc lePortugal. On mande de
Francfort que les troupes deWirtemberg&de Saxe
avoient paffé le Mein pour
aller joindrel'armée de
l'Empire, que celles d'Hanover
& la pluspart des
autres estoient encore au
deçà de cette riviere
,
&
qu'on ne sçavoit le party
que devoient prendre ce lles
du Landgrave de Hesse-
Cassel qui font encore dans
leur pays.
On mande d'Utrecht
que le4. decemois le Duc
d'Ossone & le Marquis de
Monteleon Ambassadeurs
d'Espagne,arrivèrent à la
Haye dans trois carosses à
six chevaux, qu'ils avoient
eu plusieurs conférences
avec les Dépurez de l'Estat
touchant quelques articles
qui retardent la conclusion
du Traité, & qu'on
esperoit que les difficultez
feroient bientostlevées.
Les Lettrés de la Haye portent
que les Deputez de
l'Estar avoient aulIi eu diverses
conferences avec les
Ministres duCzar, duRoy
de DannemarK,& du Roy
Auguste, pour tascher de
terminer la guerre du
Nord. Onmande de Bonne
que le Regiment Suisse
du Colonel Diesbach
,
qui
y estoit en garnison au fervice
des Provinces. Unies,
avoir esté licentié; que les
- troupes du Duc d'Hanover
s'estoient approchées de
Mayence, & que d'autres
avoient pris leurs places
toujours au deça du Mein,
que les troupes de Pruflfe,
de Saxe, de Wirtemberg
, & autres revenuës des
Pays-Bas, estoient encore
dans le Westerwalet au
Nord du Mein.
Les dernieres Lettres de
la Haye portent que les
Plenipotentiaires d'Espagne
avoient eu avec les
Députez des Estats Generaux
& le sieur Heinsius
Pensionnaire
,
plusieurs
conférences dans lesquelles
presque toutes les difficultez
avoient estélevées,
gz qu'ils devoient retourner
dans peu à Ucrecht pour signer
le Traité de Paix entre
l'Espagne & cet Enar,
& qu'on n'attendoit que
le retour des courriers pour
conclure au fli la Paix entre
la mesme Couronne ôc lePortugal. On mande de
Francfort que les troupes deWirtemberg&de Saxe
avoient paffé le Mein pour
aller joindrel'armée de
l'Empire, que celles d'Hanover
& la pluspart des
autres estoient encore au
deçà de cette riviere
,
&
qu'on ne sçavoit le party
que devoient prendre ce lles
du Landgrave de Hesse-
Cassel qui font encore dans
leur pays.
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Résumé : Nouvelles d'Utrecht.
Le texte décrit des événements diplomatiques et militaires en Europe. À Utrecht, le 4 décembre, les ambassadeurs espagnols Duc d'Ossone et Marquis de Monteleon sont arrivés à La Haye pour des conférences avec les députés des États généraux concernant des articles retardant la conclusion d'un traité. Des espoirs sont exprimés pour une résolution rapide des difficultés. À La Haye, des conférences ont également eu lieu avec les ministres du Czar, du roi de Danemark et du roi Auguste pour tenter de mettre fin à la guerre du Nord. Le régiment suisse du Colonel Diesbach, en garnison au service des Provinces-Unies, a été licencié. Les troupes du Duc d'Hanover se sont approchées de Mayence, remplacées par d'autres troupes au sud du Mein. Les troupes de Prusse, de Saxe, de Wurtemberg et d'autres, revenues des Pays-Bas, sont encore dans le Westerwald, au nord du Mein. Les plénipotentiaires espagnols ont eu plusieurs conférences avec les députés des États généraux et le pensionnaire Heinsius, levant presque toutes les difficultés. Ils doivent retourner à Utrecht pour signer le traité de paix entre l'Espagne et les Provinces-Unies et attendent le retour des courriers pour conclure la paix avec le Portugal. À Francfort, les troupes de Wurtemberg et de Saxe ont traversé le Mein pour rejoindre l'armée de l'Empire, tandis que celles d'Hanover et la plupart des autres restent au sud du Mein. La position des troupes du Landgrave de Hesse-Cassel reste incertaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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63
p. 73-85
Nouvelles d'Espagne.
Début :
Les lettres de Madrid portent que le Clergé, la Noblesse [...]
Mots clefs :
Espagne, Barcelone, Catalogne, Troupes, Marquis, Vaisseaux, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
Nouvelles <££fj>agne.
Leslettres de Madrid
portent que le Clergé, la
Noblesse & les peuples
s'empressent volontairement
à contribuer au don
gratuit que le Roy leur a
fait demander pour les dépenses
de la guerre de Catalogne;
entr'autres le Duc
de Veraguas & Don Carlos
Carafa, Gouverneur de
la côte d'Andalousie, avoient
envoyé à la Monnoye
toute leur vaisselle
d'argent; que les sommes
amassées à Cadixétoient
employées à l'armement
des vaisseauxqui,sonten
état de partir pour faire
voile vers les côtes de Catalogne
; que le Comte de
Lexingron, Ambassadeur
d'Angleterre, avoit fait
partir ses bagages & fait ses
visites de congé pour par-
- tir incessamment pour Londres
; que le Marquis de
Brancas, Ambassadeur de
France, y étoit arrivé, &
le Marquis de Toüy , Lieutenant
general, qui doit
servir dans les armées du
Roy en qualité de Capitaine
general. On écrit du
camp devant Barcelonne,
quelanuit du6. au 7. d'Octobrecinquante
volontaires
tenterent d'entrer dans
la ville par la droite de l'armée
: mais qu'ayant été reconnus,
vingt-cinq furent
pris, & les autres se sauverent
à la faveur de la nuit;
qu'undetachement commandé
par Don Juan de
Zerezedaavoit prix dixneufcavaliers
rebeles; que
lestroupes que commandoit
Nebot étoient défaites
ou dissipées;quc)craignant'
d'êtrepris ou livré par ses
propres gens , il les avoit
engagez à attaquer les lignes
de l'armée du Roy. Il
leur dit qu'il étoit necessairequ'ilallât
à Barcelone
pour faire une sortie , afin
de leur faciliter le pacage
pendant qu'ils attaqueroient
leslignes ; qu'il s'étoit
embarqué avec cinq
ou six de ses confidens, entr'autresle
députéDalmau;
dquu'iiltaevnoipt réitséoanrarêvteéc&Dcoanl--
maa,u., par ordre du Gouvernement,
qui vouloir faire
leur procès à cause de leur
mauvaise conduite & de
leurs concussions
; que ses
troupes avoient attaqué les
lignes, suivant l'ordre qu'il
leur avoit donné: mais qu'
elles avoient été repoussées,
qu'on en avoir tué plus de
trois cent ,
fait plusieurs
prisonniers,&lereste poursuivi
; que le Duc de Pn,
poli faisoit travailler à faire
des, lignes plus prés de la
ville, afin de la resserrer
plus étroitement, & que
les troupes du Lampourdan
se preparoient à aller prendre
leurs quartiers d'hyver
le long de la mer, pour empêcher
que les peuples de
la côte ne portent aucuns
vivres ni autres provisions
a Barcelone, &que les bâtiment
de cette ville n'y
puissent aborder.
-
Les dernieres
lettres du camp devantBarcelone
portent que
les pluyes y étoient,tombées
ça si grande abondance,
qu'elles avoient fait deborder
lariviere de Llobrei
gat;que les assiegezvou-
~.*~,~
lantprofiter de cette occasion,
étoient sortis parle
château de Montjoüy au
nombre de quatre ou cinq
mille, v à dessein des'emparer
d'une maison où il y
avoitgarnison, pour assurer
la communication du
camp avec la mer: mais les
piquets y étant venus en
diligence, obligèrent les
rebeles à prendre la fuite
avec precipitation. Ils les
poursuivirent jusqu'au chemin
couvert du château de
Montjoüy, & en tuerent un
grand nombre, sans autre
perte que du Capitaine qui
commandoit dans la m&b
son d'un Lieutenant des
Gardes Espagnoles
, & de
quelques soldats.Don Francisco
de Ebuli, Brigadier
d'armée, y fut blessé au
bras d'un coup de mousquet
; que le Duc de Popoli
avoit fait arrêter le Commandant
de Mataro,àcause
qu'ilpermettoit que quelques
,bâtimens portassent
des grains à Barcelone, Çc
qu'un Commandant Espagnol
avoir étémis en sa place
; qu'un navireétranger
t ",.
voulant entrer au port de
Barcelone, deux vaisseaux
-
Espagnols avoient été à sa
rencontre pour l'empêcher;
tirerent sur luy
,
& l'obligerent
à se rendre. ';.;
Les lettres de Palerme du
II. Octobre portent que le
Roy & la Reine de Sicile y
étoient arrivez heureusement
le 10. & que les bâtimens
sur lesquels étoient
embarquées les troupes y
étoient aussiarrivez; que sitôtquel'escadre eut
moüilléàl'entrée du Mole,
le Marquis los Balbazez,
Viceroy deSicile, vint avec
les galeres,& les complimenta
à bord de leur vaisseau;
que l'Archevêque de
Palerme les complimenta
au nom du Clergé. Lamer
,
étoit couverte de barques
remplies de personnes de
qualité, & le peupleétoit
en foule sur le Mole,té- * moignant unejoyeextraordinaire
de voir. leur nouveau
Roy, qui demeurasur
son bord jusqu'au, lendemain
, afin de donner le
temps aux préparatifs necessaires
au débarquement.
pour lequel on avoir construit
un pont magnifiquement
orné,qui s'estfait le
II. aumatinau bruit de l'artillerie
de laville, du mole,
des vaisseaux & des galeres,
parmi les acclamations du
peuple. Le Roy & la Reine
étant débarquez, accompagner
de toute la Cour,
& d'un très- grand nombre
de Seigneurs Siciliens, tous
vêtus magnifiquement&
suivis d'une foule infinie de
peuple,allerent d'abord à
l'Eglise Metropolitaine rendregraces
à Dieu de l'heureux
succés de leur voyage;
puis ils se rendirent au
Palais, où ils ont -ét¿J:om.
plimentez par tous les
Corps.
Les troupes arrivées sur
l'escadre quia conduit leurs
Majestez sont presque toutes
debarquées, & à mesure
qu'elles entreront dans
la place, celles du Roy d'Espagne
qui sont icy en garnison,
à Messine & en d'autres
villes de ce Royaume,
se rendront à Palerme, pour
être embarquées sur les mêmes
vaisseaux & être transportées
en Espagne.
Leslettres de Madrid
portent que le Clergé, la
Noblesse & les peuples
s'empressent volontairement
à contribuer au don
gratuit que le Roy leur a
fait demander pour les dépenses
de la guerre de Catalogne;
entr'autres le Duc
de Veraguas & Don Carlos
Carafa, Gouverneur de
la côte d'Andalousie, avoient
envoyé à la Monnoye
toute leur vaisselle
d'argent; que les sommes
amassées à Cadixétoient
employées à l'armement
des vaisseauxqui,sonten
état de partir pour faire
voile vers les côtes de Catalogne
; que le Comte de
Lexingron, Ambassadeur
d'Angleterre, avoit fait
partir ses bagages & fait ses
visites de congé pour par-
- tir incessamment pour Londres
; que le Marquis de
Brancas, Ambassadeur de
France, y étoit arrivé, &
le Marquis de Toüy , Lieutenant
general, qui doit
servir dans les armées du
Roy en qualité de Capitaine
general. On écrit du
camp devant Barcelonne,
quelanuit du6. au 7. d'Octobrecinquante
volontaires
tenterent d'entrer dans
la ville par la droite de l'armée
: mais qu'ayant été reconnus,
vingt-cinq furent
pris, & les autres se sauverent
à la faveur de la nuit;
qu'undetachement commandé
par Don Juan de
Zerezedaavoit prix dixneufcavaliers
rebeles; que
lestroupes que commandoit
Nebot étoient défaites
ou dissipées;quc)craignant'
d'êtrepris ou livré par ses
propres gens , il les avoit
engagez à attaquer les lignes
de l'armée du Roy. Il
leur dit qu'il étoit necessairequ'ilallât
à Barcelone
pour faire une sortie , afin
de leur faciliter le pacage
pendant qu'ils attaqueroient
leslignes ; qu'il s'étoit
embarqué avec cinq
ou six de ses confidens, entr'autresle
députéDalmau;
dquu'iiltaevnoipt réitséoanrarêvteéc&Dcoanl--
maa,u., par ordre du Gouvernement,
qui vouloir faire
leur procès à cause de leur
mauvaise conduite & de
leurs concussions
; que ses
troupes avoient attaqué les
lignes, suivant l'ordre qu'il
leur avoit donné: mais qu'
elles avoient été repoussées,
qu'on en avoir tué plus de
trois cent ,
fait plusieurs
prisonniers,&lereste poursuivi
; que le Duc de Pn,
poli faisoit travailler à faire
des, lignes plus prés de la
ville, afin de la resserrer
plus étroitement, & que
les troupes du Lampourdan
se preparoient à aller prendre
leurs quartiers d'hyver
le long de la mer, pour empêcher
que les peuples de
la côte ne portent aucuns
vivres ni autres provisions
a Barcelone, &que les bâtiment
de cette ville n'y
puissent aborder.
-
Les dernieres
lettres du camp devantBarcelone
portent que
les pluyes y étoient,tombées
ça si grande abondance,
qu'elles avoient fait deborder
lariviere de Llobrei
gat;que les assiegezvou-
~.*~,~
lantprofiter de cette occasion,
étoient sortis parle
château de Montjoüy au
nombre de quatre ou cinq
mille, v à dessein des'emparer
d'une maison où il y
avoitgarnison, pour assurer
la communication du
camp avec la mer: mais les
piquets y étant venus en
diligence, obligèrent les
rebeles à prendre la fuite
avec precipitation. Ils les
poursuivirent jusqu'au chemin
couvert du château de
Montjoüy, & en tuerent un
grand nombre, sans autre
perte que du Capitaine qui
commandoit dans la m&b
son d'un Lieutenant des
Gardes Espagnoles
, & de
quelques soldats.Don Francisco
de Ebuli, Brigadier
d'armée, y fut blessé au
bras d'un coup de mousquet
; que le Duc de Popoli
avoit fait arrêter le Commandant
de Mataro,àcause
qu'ilpermettoit que quelques
,bâtimens portassent
des grains à Barcelone, Çc
qu'un Commandant Espagnol
avoir étémis en sa place
; qu'un navireétranger
t ",.
voulant entrer au port de
Barcelone, deux vaisseaux
-
Espagnols avoient été à sa
rencontre pour l'empêcher;
tirerent sur luy
,
& l'obligerent
à se rendre. ';.;
Les lettres de Palerme du
II. Octobre portent que le
Roy & la Reine de Sicile y
étoient arrivez heureusement
le 10. & que les bâtimens
sur lesquels étoient
embarquées les troupes y
étoient aussiarrivez; que sitôtquel'escadre eut
moüilléàl'entrée du Mole,
le Marquis los Balbazez,
Viceroy deSicile, vint avec
les galeres,& les complimenta
à bord de leur vaisseau;
que l'Archevêque de
Palerme les complimenta
au nom du Clergé. Lamer
,
étoit couverte de barques
remplies de personnes de
qualité, & le peupleétoit
en foule sur le Mole,té- * moignant unejoyeextraordinaire
de voir. leur nouveau
Roy, qui demeurasur
son bord jusqu'au, lendemain
, afin de donner le
temps aux préparatifs necessaires
au débarquement.
pour lequel on avoir construit
un pont magnifiquement
orné,qui s'estfait le
II. aumatinau bruit de l'artillerie
de laville, du mole,
des vaisseaux & des galeres,
parmi les acclamations du
peuple. Le Roy & la Reine
étant débarquez, accompagner
de toute la Cour,
& d'un très- grand nombre
de Seigneurs Siciliens, tous
vêtus magnifiquement&
suivis d'une foule infinie de
peuple,allerent d'abord à
l'Eglise Metropolitaine rendregraces
à Dieu de l'heureux
succés de leur voyage;
puis ils se rendirent au
Palais, où ils ont -ét¿J:om.
plimentez par tous les
Corps.
Les troupes arrivées sur
l'escadre quia conduit leurs
Majestez sont presque toutes
debarquées, & à mesure
qu'elles entreront dans
la place, celles du Roy d'Espagne
qui sont icy en garnison,
à Messine & en d'autres
villes de ce Royaume,
se rendront à Palerme, pour
être embarquées sur les mêmes
vaisseaux & être transportées
en Espagne.
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
Les lettres de Madrid rapportent que le clergé, la noblesse et les peuples se sont engagés à financer la guerre de Catalogne. Le Duc de Veraguas et Don Carlos Carafa ont envoyé leur vaisselle d'argent à la monnaie. Les fonds collectés à Cadix servent à armer des vaisseaux pour les côtes de Catalogne. Le Comte de Lexingron, Ambassadeur d'Angleterre, a quitté Madrid, tandis que le Marquis de Brancas, Ambassadeur de France, est arrivé. Le Marquis de Toüy, Lieutenant général, doit servir dans les armées du Roi en tant que Capitaine général. À Barcelone, cinquante volontaires ont tenté d'entrer dans la ville, mais vingt-cinq ont été capturés. Un détachement commandé par Don Juan de Zerezeda a capturé dix-neuf cavaliers rebelles. Les troupes de Nebot, défaites, ont attaqué les lignes de l'armée royale sur ordre de Nebot, qui a ensuite fui avec quelques confidents. Les troupes ont été repoussées, subissant de lourdes pertes. Le Duc de Popoli construit de nouvelles lignes pour resserrer le siège de Barcelone. Les troupes du Lampourdan se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver pour empêcher les provisions d'atteindre Barcelone. Les pluies abondantes ont fait déborder la rivière Llobregat, permettant aux assiégés de tenter une sortie, mais ils ont été repoussés avec de lourdes pertes. Le Duc de Popoli a arrêté le Commandant de Mataro pour avoir permis des livraisons de grains à Barcelone. Un navire étranger a été forcé de se rendre par deux vaisseaux espagnols. À Palerme, le Roi et la Reine de Sicile sont arrivés le 10 octobre, accueillis par le Viceroy et l'Archevêque. Le débarquement a été marqué par des célébrations et des acclamations. Les troupes arrivées avec le Roi et la Reine sont en train de débarquer, remplaçant les troupes espagnoles qui seront transportées en Espagne.
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64
p. 271-284
SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Stokholm du 15. Novembre portent, que suivant [...]
Mots clefs :
Lettres, Espagne, Prince, Moscovites, Prusse, Royaume, Suédois, Barcelone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
SUPPLEMENT
aux Nouvelles.
Les Lettres de Stokholm
du 15. Novembre
portent, que suivant les
ordres du Roy de Suede.
la Princesse Ulrique sa
soeur s'efloit chargée de la
Regence durant son abfcnee,
& qu'elle en avoic
pris possession le 10. sefêtanttrouvée
ce jour-là pour
la premiere fois au Con[ei!;,
qu'il y avoit esté resolu de
convoquer une Diete genérale
des Etats du Royaume,
& qu'on avoit expedié
pour cette convocation des
Lettres circulaires, dans
lesquelles on marque qu'on
y de libereroit sur les remedes
qu'on pouvoir apporter
au mauvais eut où le
Royaume le trouvoit; sur
les mesures les plus convenables
pourtraiter & conclurre
la Paix avec les ennemis
; & enfin pour envoyer
une Dépuration solemnelleau
Roy de Suéde
eh Turquie, tuy representer
le veritable état de son
Royaume,ôc recevoir ses
ordres; qu'on avoit receu
une Relation de Pererfbourg
de ce qui s'caort
passé en Finlande jusqu'au
8. Octobre,trés differente
de celle qu'on publiait. Elle
porte que le premier O&obre
l'Amiral Apraxin avoit
marché avec l'Armée vers
Trawasthus, que les Suedois
avoient abandonné,
aprèsavoir jetté leurs Canons
dans la Riviere
, &
ils s'estoient retirez au-delà
de la riviere de Pelken,
qui seslargit en forme de
Lac, où ils Ce retrancherent
&jetterent des batteries.
Les Moscovites les fuivirent,
&camperent vis àvis
durant quatre jours. Ils
firent aussi des Batteries,
& preparerent des Pontons,
sur lesquels le Prince
de Galliezen s'embarqua
avec six cens hommes
choisis, & il alla le 7. mettre
pied à terre à demie
lieuë de lava la gauche des
Suedois. Ils se deffendirenc
courageusement, neanmoins
après un combat de
trois heures, ils furent obligez
de ceder au nombre
superieur des Moscovites :
les Suedois perdirent dans
cette action cinq cens soixante
hommes
,
& deux
cens quarante faits Prisonniers
, sept gros Canons, d'autres plus petits,& plusieurs
Drapeaux ; que les
Moscovites avoient perda
cent vingt hommes, de
plus de cinq çens blessez.
On mande de Pomeranie
que les Trou pes Saxonnes
qui en sont sorties, ont fait
dans leur marche de si
grands desordres , qu'un
Officier du Roy de Prusse
en a fait arrester six-vingt
hommes, afin d'obtenir sàtisfaction
des dommages
qu'elles ont causez.
Les Lettres de Berlin da
12. portent que le Sieur
GolowKinAmbassadeur du
Czar prés du Roy dePrusse
,
luy avoit presenté un
Memoire par lequel leCzar
s'excuse de ratifier IeTrairé
conclu avec le PrinceMenzikow,
touchant le sequestre
de la Pomeranie
,
4
moins qu'on ne change
trois Articles duTraitéconclu
entre le Roy de Prusse
& le Prince Administrateur
de Holstein Gottorp
qu'ilprétendluy estre pré-,
judiciables,&à ses Alliez..
On écrit de Vienne que
lesEtats dela Basse Aurrichecontinuënt
leurs Délir^-
berations sur le subside
d'un million & demid'éeus
qu'on leur demande,
& qu'on necroit pas qu'ils
puissent fournir;qu'on voie
en cette Ville la copie d'une
Lettre que l'Archiduc
écrivit au Czar le 4. Novembre.
Elle contient des
plaintes de ce que le Prince
MenziKow avoit sans aucun
droit exigé deux cens
mille écus de la Ville de
Hambourg, trois cens trente
trois mille trois cens
trente trois écus de celle de
Lubex
, outre un present
de cinqmille ducats, & de
ce qu'ilavoitobligé par
executionmilitaire,les peuples
du païs de MecKelbourg
à porter des vivresà
son Camp devant Stetin,
ce que la petite Ville de
Male ayant refusée
,
elle
avoir esté prised'assaut&
pillée ; qu'il n'avoit pu se
dispenser comme Chef de
l'Empire, de luy en porter
ses plaintes, & d'emploïer
ses bons offices pour faire
restituer à ces Villes & à
ces peu ples ce qui leur a
.cl}é enlevé ; que la connoissance
qu'il avoit de la
justice & de la grandeur
d'ame du Czar ne luy permettoit
pas de douter qu'il
ne fit faire cette restitution-,
& qu'il n'empeschât
à l'avenir de pareilles violences.
On mande de Madrid
que le Roy a donnéle Gouvernement
de Roses dans
le Lampourdan,àDonAntonio
Marin de Guerrea,
Marêchalde Camp;quele
Marquis de Morous Ambassadeur
du Roy de Sicile
y estoit arrivé. Les Lettres
de
deCatalogne portentque
lesTroupesEspagnolles qui
servoientauxPaïs Bascommençoient
à arriver dans
cette Principauté; qu'on
préparoit toutes choses
pour faire le siege de Barcelone,
& que plusieurs des
principaux habitansayant
appris qu'on équipoit àCadis
une Escadre pour FaCsieger
aussi par Mer, & ne
voulant pas y demeurer
enfermez, s'estoient embarquez
secrettement
,
&
s'estoientretirez à Gennes.
D'autres avisdeCatalogne
portent que les habitant
de Barcelone manquoient
de viande, & qu'ils commençoient
à avoir disette
de pain, ce qui avoit causé
une émotion du peuple,
dans laquelle quelques personnes
avoient estetuées;
qu'on continuoit dans le
Camp les préparatifs ne..
cessaires pour le siege de
cette ville-là, & que l'on
n'attendoit que la jonction
des Troupes d'Estramadure,
dont la plus grande partie
étoit encore sur la frontiere
de Catalogne,&l'arrivée
de l'Escadre,qui outre
les vivres & les munitions
donc elle est chargée,
a encore embarquée des
Troupes à Cadis, à Cartagene,
&sur lescostes du
I" oyaume de Valence.
On mande de la Haye
que le Duc d'Ossonne y avoit
envoyé le Comte de
Pinto son frere pour visiter
le Palais d'Espagne & le
faire reparer;que le Traité
de Commerce entre l'Espagne
& l'Angleterre avoic
estésigné le 9. de ce mois;
qu'on n'attendoit que leretour
des Couriers de Madrid&
deLisbonne pour
conclurre les Traitez entre
l'Espagne & le Portugal, &
entre l'Espagne & cet Etat;'
On écrit de Bruxelles
que les Etats de Brabaftr*
de Flandres,&deHaynaut
estoient sur le point de terminer
leurs differens avec
le Roy de Prusse pour les
quatre-vingt mille écus
qu'il leur demande.
On a apprisde DunKerque
que le premier de ce
mois on y avoit fait fauter
les deux*
aux Nouvelles.
Les Lettres de Stokholm
du 15. Novembre
portent, que suivant les
ordres du Roy de Suede.
la Princesse Ulrique sa
soeur s'efloit chargée de la
Regence durant son abfcnee,
& qu'elle en avoic
pris possession le 10. sefêtanttrouvée
ce jour-là pour
la premiere fois au Con[ei!;,
qu'il y avoit esté resolu de
convoquer une Diete genérale
des Etats du Royaume,
& qu'on avoit expedié
pour cette convocation des
Lettres circulaires, dans
lesquelles on marque qu'on
y de libereroit sur les remedes
qu'on pouvoir apporter
au mauvais eut où le
Royaume le trouvoit; sur
les mesures les plus convenables
pourtraiter & conclurre
la Paix avec les ennemis
; & enfin pour envoyer
une Dépuration solemnelleau
Roy de Suéde
eh Turquie, tuy representer
le veritable état de son
Royaume,ôc recevoir ses
ordres; qu'on avoit receu
une Relation de Pererfbourg
de ce qui s'caort
passé en Finlande jusqu'au
8. Octobre,trés differente
de celle qu'on publiait. Elle
porte que le premier O&obre
l'Amiral Apraxin avoit
marché avec l'Armée vers
Trawasthus, que les Suedois
avoient abandonné,
aprèsavoir jetté leurs Canons
dans la Riviere
, &
ils s'estoient retirez au-delà
de la riviere de Pelken,
qui seslargit en forme de
Lac, où ils Ce retrancherent
&jetterent des batteries.
Les Moscovites les fuivirent,
&camperent vis àvis
durant quatre jours. Ils
firent aussi des Batteries,
& preparerent des Pontons,
sur lesquels le Prince
de Galliezen s'embarqua
avec six cens hommes
choisis, & il alla le 7. mettre
pied à terre à demie
lieuë de lava la gauche des
Suedois. Ils se deffendirenc
courageusement, neanmoins
après un combat de
trois heures, ils furent obligez
de ceder au nombre
superieur des Moscovites :
les Suedois perdirent dans
cette action cinq cens soixante
hommes
,
& deux
cens quarante faits Prisonniers
, sept gros Canons, d'autres plus petits,& plusieurs
Drapeaux ; que les
Moscovites avoient perda
cent vingt hommes, de
plus de cinq çens blessez.
On mande de Pomeranie
que les Trou pes Saxonnes
qui en sont sorties, ont fait
dans leur marche de si
grands desordres , qu'un
Officier du Roy de Prusse
en a fait arrester six-vingt
hommes, afin d'obtenir sàtisfaction
des dommages
qu'elles ont causez.
Les Lettres de Berlin da
12. portent que le Sieur
GolowKinAmbassadeur du
Czar prés du Roy dePrusse
,
luy avoit presenté un
Memoire par lequel leCzar
s'excuse de ratifier IeTrairé
conclu avec le PrinceMenzikow,
touchant le sequestre
de la Pomeranie
,
4
moins qu'on ne change
trois Articles duTraitéconclu
entre le Roy de Prusse
& le Prince Administrateur
de Holstein Gottorp
qu'ilprétendluy estre pré-,
judiciables,&à ses Alliez..
On écrit de Vienne que
lesEtats dela Basse Aurrichecontinuënt
leurs Délir^-
berations sur le subside
d'un million & demid'éeus
qu'on leur demande,
& qu'on necroit pas qu'ils
puissent fournir;qu'on voie
en cette Ville la copie d'une
Lettre que l'Archiduc
écrivit au Czar le 4. Novembre.
Elle contient des
plaintes de ce que le Prince
MenziKow avoit sans aucun
droit exigé deux cens
mille écus de la Ville de
Hambourg, trois cens trente
trois mille trois cens
trente trois écus de celle de
Lubex
, outre un present
de cinqmille ducats, & de
ce qu'ilavoitobligé par
executionmilitaire,les peuples
du païs de MecKelbourg
à porter des vivresà
son Camp devant Stetin,
ce que la petite Ville de
Male ayant refusée
,
elle
avoir esté prised'assaut&
pillée ; qu'il n'avoit pu se
dispenser comme Chef de
l'Empire, de luy en porter
ses plaintes, & d'emploïer
ses bons offices pour faire
restituer à ces Villes & à
ces peu ples ce qui leur a
.cl}é enlevé ; que la connoissance
qu'il avoit de la
justice & de la grandeur
d'ame du Czar ne luy permettoit
pas de douter qu'il
ne fit faire cette restitution-,
& qu'il n'empeschât
à l'avenir de pareilles violences.
On mande de Madrid
que le Roy a donnéle Gouvernement
de Roses dans
le Lampourdan,àDonAntonio
Marin de Guerrea,
Marêchalde Camp;quele
Marquis de Morous Ambassadeur
du Roy de Sicile
y estoit arrivé. Les Lettres
de
deCatalogne portentque
lesTroupesEspagnolles qui
servoientauxPaïs Bascommençoient
à arriver dans
cette Principauté; qu'on
préparoit toutes choses
pour faire le siege de Barcelone,
& que plusieurs des
principaux habitansayant
appris qu'on équipoit àCadis
une Escadre pour FaCsieger
aussi par Mer, & ne
voulant pas y demeurer
enfermez, s'estoient embarquez
secrettement
,
&
s'estoientretirez à Gennes.
D'autres avisdeCatalogne
portent que les habitant
de Barcelone manquoient
de viande, & qu'ils commençoient
à avoir disette
de pain, ce qui avoit causé
une émotion du peuple,
dans laquelle quelques personnes
avoient estetuées;
qu'on continuoit dans le
Camp les préparatifs ne..
cessaires pour le siege de
cette ville-là, & que l'on
n'attendoit que la jonction
des Troupes d'Estramadure,
dont la plus grande partie
étoit encore sur la frontiere
de Catalogne,&l'arrivée
de l'Escadre,qui outre
les vivres & les munitions
donc elle est chargée,
a encore embarquée des
Troupes à Cadis, à Cartagene,
&sur lescostes du
I" oyaume de Valence.
On mande de la Haye
que le Duc d'Ossonne y avoit
envoyé le Comte de
Pinto son frere pour visiter
le Palais d'Espagne & le
faire reparer;que le Traité
de Commerce entre l'Espagne
& l'Angleterre avoic
estésigné le 9. de ce mois;
qu'on n'attendoit que leretour
des Couriers de Madrid&
deLisbonne pour
conclurre les Traitez entre
l'Espagne & le Portugal, &
entre l'Espagne & cet Etat;'
On écrit de Bruxelles
que les Etats de Brabaftr*
de Flandres,&deHaynaut
estoient sur le point de terminer
leurs differens avec
le Roy de Prusse pour les
quatre-vingt mille écus
qu'il leur demande.
On a apprisde DunKerque
que le premier de ce
mois on y avoit fait fauter
les deux*
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Résumé : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Le document est un supplément aux Nouvelles contenant des lettres de Stockholm datées du 15 novembre. La princesse Ulrique, sœur du roi de Suède, a pris possession de la régence le 10 novembre. Une diète générale des États du Royaume a été convoquée pour discuter des remèdes aux problèmes du royaume, des mesures pour conclure la paix avec les ennemis, et pour envoyer une députation solennelle au roi de Suède en Turquie. En Finlande, une bataille a eu lieu où les Moscovites ont vaincu les Suédois, causant des pertes importantes à ces derniers. En Poméranie, les troupes saxonnes ont causé des désordres, entraînant l'arrestation de soixante hommes par un officier prussien. À Berlin, l'ambassadeur du czar a présenté un mémoire au roi de Prusse, excusant le czar de ratifier un traité concernant la Poméranie sans modification de trois articles. À Vienne, les États de Basse-Autriche délibèrent sur un subside d'un million et demi d'écus. Une lettre de l'archiduc au czar se plaint des exactions du prince Menzikow dans les villes de Hambourg et Lübeck, ainsi que des violences commises dans le pays de Mecklembourg. De Madrid, il est rapporté que le roi a nommé Don Antonio Marin de Guerrea gouverneur de Roses dans le Roussillon, et que le marquis de Morous, ambassadeur du roi de Sicile, est arrivé. En Catalogne, les troupes espagnoles se préparent à assiéger Barcelone, et plusieurs habitants se sont enfuis en apprenant l'arrivée d'une escadre à Cadix. Des troubles ont éclaté à Barcelone en raison de la disette de pain. À La Haye, le duc d'Ossonne a envoyé le comte de Pinto pour réparer le palais d'Espagne, et un traité de commerce entre l'Espagne et l'Angleterre a été signé. Les États de Brabant, de Flandre et de Hainaut sont sur le point de régler leurs différends avec le roi de Prusse concernant une somme de quatre-vingt mille écus. Enfin, à Dunkerque, deux fautes ont été commises le premier du mois.
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65
p. 280-284
Pompe Funebre de la Reyne d'Espagne, [titre d'après la table]
Début :
Le 2. de ce mois Le Roy fit faire un service solemnel [...]
Mots clefs :
Reine d'Espagne, Roi, Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pompe Funebre de la Reyne d'Espagne, [titre d'après la table]
Le 2. de ce mois le
Roy fit faire un ſervice folemnel
dans l'Egliſe de
Noftre- Dame , pour le repos
de l'ame de la Reyne
d'Eſpagne , le Cardinal de
Noailles Archeveſque de
Paris officia , & tous les
Prélats qui estoient à Paris
s'y trouverent , de mefme
que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la
Cour des Aides , l'Univerſité
& le Corps de Ville
د
qui
1
GALANT. 281
qui y avoient eſté invitez
de la part du Roy , par le
Marquis de Dreux Grand
Maistre des Cérémonies.
Madame la Princeſſe de
Conti , Mademoiſelle de
Charolois , & Mademoiſelle
de Clermont , qui eftoient
les Princeſſes du
deüil , estoient menez par
Monfieur le Duc d'Orleans
, le Duc de Bourbon ,
&le Comte de Charolois .
Le Mauſolée de cette
grande Reyne eſtoit ſuperbe
, ſon tombeau eſtoit
placé ſur un pied d'Eſtal
Aa
282 MERCURE
fouſtenu de quatre Lyons ,
fa figure eftoit à pans fur
chaque paneſtoit affife une
Conſole qui portoit une
Girandole. On voyoit au
deffus du Tombeau la rez
preſentation couverte d'un
riche Poele & d'un Manteau
Royal , fur leſquels
eftoit poſée la Couronne
d'Eſpagne , ſur un Carreau,
couverte d'un voile ou cref
pe noir.
Au deſſus du Catafalque
eſtoit élevé un Pavillon
furmonté de quatre aigrettes
, orné de riches pentes
GALANT. 283
garnies d'ornements &
d'attributs en or , au fond
duquel eſtoir une croix de
moire d'aigrettes cantonné
des armes d'Eſpagne, duquel
pavillon partoientqua
tre grandes queües foutenuës
en l'air formant des
feftons. On voyoit ſous le
pavillon un Ange tenant
une couronne d'étoiles re
preſentant l'immortalité.
L'Autel étoit orné dans le
même goût que le tour du
Choeur. Deux cartouches
avec deviſes en bas relief
d'or y étoient aux deuxcô
A a ij
284 MERCURE
tés : au deſſus de l'Autel
étoit unDais richement orné,
dont les queües for
mant des feſtons ſe réünif
foient à la décoration du
Choeur.
Les Ecuffons , cartouches,
tympans & autres ornements
ſont dorés,profilés
&ornés de girandoles portant
des lumieres
Les inſcriptions & deviſes
ont été données par Mr.
Simon Garde du Cabinet
des Medailles du Roy
Roy fit faire un ſervice folemnel
dans l'Egliſe de
Noftre- Dame , pour le repos
de l'ame de la Reyne
d'Eſpagne , le Cardinal de
Noailles Archeveſque de
Paris officia , & tous les
Prélats qui estoient à Paris
s'y trouverent , de mefme
que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la
Cour des Aides , l'Univerſité
& le Corps de Ville
د
qui
1
GALANT. 281
qui y avoient eſté invitez
de la part du Roy , par le
Marquis de Dreux Grand
Maistre des Cérémonies.
Madame la Princeſſe de
Conti , Mademoiſelle de
Charolois , & Mademoiſelle
de Clermont , qui eftoient
les Princeſſes du
deüil , estoient menez par
Monfieur le Duc d'Orleans
, le Duc de Bourbon ,
&le Comte de Charolois .
Le Mauſolée de cette
grande Reyne eſtoit ſuperbe
, ſon tombeau eſtoit
placé ſur un pied d'Eſtal
Aa
282 MERCURE
fouſtenu de quatre Lyons ,
fa figure eftoit à pans fur
chaque paneſtoit affife une
Conſole qui portoit une
Girandole. On voyoit au
deffus du Tombeau la rez
preſentation couverte d'un
riche Poele & d'un Manteau
Royal , fur leſquels
eftoit poſée la Couronne
d'Eſpagne , ſur un Carreau,
couverte d'un voile ou cref
pe noir.
Au deſſus du Catafalque
eſtoit élevé un Pavillon
furmonté de quatre aigrettes
, orné de riches pentes
GALANT. 283
garnies d'ornements &
d'attributs en or , au fond
duquel eſtoir une croix de
moire d'aigrettes cantonné
des armes d'Eſpagne, duquel
pavillon partoientqua
tre grandes queües foutenuës
en l'air formant des
feftons. On voyoit ſous le
pavillon un Ange tenant
une couronne d'étoiles re
preſentant l'immortalité.
L'Autel étoit orné dans le
même goût que le tour du
Choeur. Deux cartouches
avec deviſes en bas relief
d'or y étoient aux deuxcô
A a ij
284 MERCURE
tés : au deſſus de l'Autel
étoit unDais richement orné,
dont les queües for
mant des feſtons ſe réünif
foient à la décoration du
Choeur.
Les Ecuffons , cartouches,
tympans & autres ornements
ſont dorés,profilés
&ornés de girandoles portant
des lumieres
Les inſcriptions & deviſes
ont été données par Mr.
Simon Garde du Cabinet
des Medailles du Roy
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Résumé : Pompe Funebre de la Reyne d'Espagne, [titre d'après la table]
Le 2 du mois, le roi organisa un service solennel à l'église Notre-Dame pour le repos de l'âme de la reine d'Espagne. Le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, officia en présence de tous les prélats parisiens, ainsi que du Parlement, de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides, de l'Université et du Corps de Ville, invités par le marquis de Dreux. Les princesses du deuil, Madame la Princesse de Conti, Mademoiselle de Charolois et Mademoiselle de Clermont, furent accompagnées par Monsieur le Duc d'Orléans, le Duc de Bourbon et le Comte de Charolois. Le mausolée de la reine était somptueux. Son tombeau, soutenu par quatre lions, était orné de consoles portant des girandoles. Au-dessus du tombeau, une représentation était couverte d'un riche poêle et d'un manteau royal, sur lesquels reposait la couronne d'Espagne voilée de crêpe noir. Un pavillon surmonté de quatre aigrettes, orné de riches pendentifs et d'attributs en or, surmontait le catafalque. Une croix de moire d'aigrettes, cantonnée des armes d'Espagne, était visible au fond du pavillon, d'où partaient trois grandes queues formant des festons. Sous le pavillon, un ange tenait une couronne d'étoiles représentant l'immortalité. L'autel était décoré dans le même style que le tour du chœur. Deux cartouches avec des devises en bas-relief doré étaient placées de chaque côté. Un dais richement orné, dont les queues formaient des festons, se réunissaient à la décoration du chœur. Les écussons, cartouches, tympans et autres ornements étaient dorés, profilés et ornés de girandoles portant des lumières. Les inscriptions et devises furent fournies par Monsieur Simon, garde du Cabinet des Médailles du roi.
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66
p. 177-179
DECRET Du Roy d'Espagne, Philippe V. du nom, contenant la résolution que S. M. a prise, d'abandonner le Gouvernement de ses Etats, & de le remettre au Prince des Asturies, son Fils aîné.
Début :
Ayant, depuis quatre ans, fait de serieuses & mûres reflexions sur les [...]
Mots clefs :
Espagne, Prince des Asturies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DECRET Du Roy d'Espagne, Philippe V. du nom, contenant la résolution que S. M. a prise, d'abandonner le Gouvernement de ses Etats, & de le remettre au Prince des Asturies, son Fils aîné.
ÓECR ET
Jbn Roy cTEjspagne , Philippe V. du nom 5
contenant la résolution que S. As. a prise
d'abandonner le Gouvernement de sesx
Etau , & de le remettre an Prince des
jisturies , son Fils aîné.
. '
,
'
. ) .
AYant , depuis quatre ans, fait de se*
rieuses & mûres reflexions fur le»
miíères de cette vie, en me rapellant les
infirmités^ les guerres .& les troubles qu'il
a plu à Dieu de me faire éprouver dans
les vingt-trois afinéiás de mon Regne;con-
/îderanr auísi que mon Fils aîné , Prince.
juré d'Espagne ,. íê trouve dans un âge.
suffisant, déja maíié y Se avec la capacité,.
le jugement , & les qualités propres pour
régir 6c gouverner avec succès & justice.
cette Monarchie, j.'ai resolu d'en abandon
ner abíolument la jc.uislance ôc la condui*
se , y renonçant , & à tous les. Etats
Royaumes , Se Seigneuries qui la compo
sent , en faveur dudit Prince Dom Louis,
mon Fils aîné, & de me retirer avec la.
Reine , en qui j'ai trouvé une prompte
disposition & volonté à m'accompaíner^
avec plaisir, dans ce Palais Se lieu
* As*
7* MERCURE DE FRANCE;
de St. Ildepho*se , pour servir Dieu ; Se
débaraísé d'autres foins , penser à la mort,.
& travailler à mon íàlut. J'en fais parc
au Conseil , âfirt. qu'il s'en tienne pour in
struit, qu'il en donne avis aux personne*
qu'il conviendra , & que cette resolution
parvienne a la connoiflanée de tous. Au'
Palais de Saint Ildefonfe , le i Janvier
Í724. Signé y moi LE R O Y.
Cette Lettre fut adressée au Marquis de
Miraval , Gouverneur du Conseil , & luedans
ledit Côníèil le i6:. dudit mois , en*
presence du Prince des Asturies , &C de;
tous les Grands , qui y furent mandés.
. Ensuite on fit la lecture dès- der.nieres'
volontez du Roi , en forme de Lettre.
ádreiFée à fon:Fils , par' laquelle il l'ex
horte à bien gouverner, & lui recom
mande les Princes ses freres, la Reine'
son épouse, ia Reine Douairiere, qui est
à Bayonne , Se plusieurs Seigneurs. Pen- .
dant laquelle lecture le Prince des Astu-'
ries fondant en larmes , donna toutes'
les marques de íensibilité qu'un bon fils!
peut donner en pareille occasion.
• Aussi.tôt que le Roi d'Espagne eût si-'
gné le Decret que l'on vient de raporterl
S. M. chargea le Marquis de Grimaldor
d'aller à l'Eícurial faire part de fa resolu
tion au Prince des Asttiriss ,. lequel fic.
apeller
JANVIER 1724,. i.fy;
ápeller les Infants , & les Grands du
Royaume qui se trou voient à la Cour ,
poursigner,en leur presence, l'Acte d'ac-;
ceptation de la Couronne, & du Gouver
nement.
Jbn Roy cTEjspagne , Philippe V. du nom 5
contenant la résolution que S. As. a prise
d'abandonner le Gouvernement de sesx
Etau , & de le remettre an Prince des
jisturies , son Fils aîné.
. '
,
'
. ) .
AYant , depuis quatre ans, fait de se*
rieuses & mûres reflexions fur le»
miíères de cette vie, en me rapellant les
infirmités^ les guerres .& les troubles qu'il
a plu à Dieu de me faire éprouver dans
les vingt-trois afinéiás de mon Regne;con-
/îderanr auísi que mon Fils aîné , Prince.
juré d'Espagne ,. íê trouve dans un âge.
suffisant, déja maíié y Se avec la capacité,.
le jugement , & les qualités propres pour
régir 6c gouverner avec succès & justice.
cette Monarchie, j.'ai resolu d'en abandon
ner abíolument la jc.uislance ôc la condui*
se , y renonçant , & à tous les. Etats
Royaumes , Se Seigneuries qui la compo
sent , en faveur dudit Prince Dom Louis,
mon Fils aîné, & de me retirer avec la.
Reine , en qui j'ai trouvé une prompte
disposition & volonté à m'accompaíner^
avec plaisir, dans ce Palais Se lieu
* As*
7* MERCURE DE FRANCE;
de St. Ildepho*se , pour servir Dieu ; Se
débaraísé d'autres foins , penser à la mort,.
& travailler à mon íàlut. J'en fais parc
au Conseil , âfirt. qu'il s'en tienne pour in
struit, qu'il en donne avis aux personne*
qu'il conviendra , & que cette resolution
parvienne a la connoiflanée de tous. Au'
Palais de Saint Ildefonfe , le i Janvier
Í724. Signé y moi LE R O Y.
Cette Lettre fut adressée au Marquis de
Miraval , Gouverneur du Conseil , & luedans
ledit Côníèil le i6:. dudit mois , en*
presence du Prince des Asturies , &C de;
tous les Grands , qui y furent mandés.
. Ensuite on fit la lecture dès- der.nieres'
volontez du Roi , en forme de Lettre.
ádreiFée à fon:Fils , par' laquelle il l'ex
horte à bien gouverner, & lui recom
mande les Princes ses freres, la Reine'
son épouse, ia Reine Douairiere, qui est
à Bayonne , Se plusieurs Seigneurs. Pen- .
dant laquelle lecture le Prince des Astu-'
ries fondant en larmes , donna toutes'
les marques de íensibilité qu'un bon fils!
peut donner en pareille occasion.
• Aussi.tôt que le Roi d'Espagne eût si-'
gné le Decret que l'on vient de raporterl
S. M. chargea le Marquis de Grimaldor
d'aller à l'Eícurial faire part de fa resolu
tion au Prince des Asttiriss ,. lequel fic.
apeller
JANVIER 1724,. i.fy;
ápeller les Infants , & les Grands du
Royaume qui se trou voient à la Cour ,
poursigner,en leur presence, l'Acte d'ac-;
ceptation de la Couronne, & du Gouver
nement.
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Résumé : DECRET Du Roy d'Espagne, Philippe V. du nom, contenant la résolution que S. M. a prise, d'abandonner le Gouvernement de ses Etats, & de le remettre au Prince des Asturies, son Fils aîné.
Le roi Philippe V d'Espagne décide d'abandonner le gouvernement de ses États au profit de son fils aîné, le Prince des Asturies. Après quatre années de réflexion sur les épreuves subies durant son règne, Philippe V juge son fils apte à gouverner. Il lui remet la justice et la conduite de la monarchie, ainsi que tous les États, royaumes et seigneuries. Le roi et la reine se retirent au Palais de Saint Ildefonse pour se consacrer à la vie spirituelle. Cette décision est annoncée le 1er janvier 1724 au Conseil et aux personnes concernées par le Marquis de Miraval. Le Prince des Asturies, ému, montre sa sensibilité. Par la suite, le roi charge le Marquis de Grimaldi d'informer le Prince et de faire signer l'acte d'acceptation de la couronne en présence des Infants et des Grands du royaume.
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67
p. 179-182
LISTE Des personnes nommées pour le Gouvernement de l'Etat, par le Roi Catholique avant son abdication, & de celles que Sa Majesté a honorées de l'Ordre de la Toison.
Début :
Cabinet. L'Archevêque de Tolede. Le Grand Inquisiteur. Le President [...]
Mots clefs :
Espagne, Grimaldo, Philippe V
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LISTE Des personnes nommées pour le Gouvernement de l'Etat, par le Roi Catholique avant son abdication, & de celles que Sa Majesté a honorées de l'Ordre de la Toison.
LEST E
&es personnes nommées pwr le Gouverne-'
ment de l'Etat t par le Roi Catholique
avant son abdication & de celles que
Sa Majesté a honorées de l'Ordre de 1*
Toison*
Cabinet.
T ' 'Archevêque de Tolede.
Jt^j Le Grand Inquisiteur. . , .
Le President de Castille-
Le M » de Valero. V_ ,
Le M ir.de Lede. $ Grands ^fPW
Le Comte de Sant. lsievan , Plenipoten
tiaire à Cambray.
Don Miguel Franciíco Guerra.
President du Coríseil des Ordres.
Le Comte de Sant.Istevan, Plenipoteni
, tiaire à Cambray .
tïo' MERCURE DÉ FRANCE:
President dit Cónseil des Indes.
Le Marquis dtf Valero.'
President du Conseil de la Guerre.
íff Marquis d'Aitona, Grand d'Espagne*
Secrctairies d'Etat.
Celle dite del Dejpatbo de Estade , dit
Marquis de Grimaldo, à Don Juan.
Celle d'Éstat de Mr; le Marquis de Gri
maldo, à Don Juán Bâutiíta Orendain
íôn Commis'.
Celle des Indes & de la Marine , à Don
Antonio Sopéna, Commis dud. Minií
tre.
Éa Compagnie des fïallebardiers.'
Aw Prince MaíTerah , Grand d'Espagne, r
Chevaliers de la Toison.'
LeDucPriego deMedina.Celi .->
Le Duc del Arco.
Le Marquis de Santa Cruz.
Le ComtedeSant-Istevande
Gormas. j
Le Marquis de Grimaldoi .
Le Marquis d« Valouze.
Lé Duc de la Mirandole. T Grands
Le Duc de Medina Sidânia. $ d? Espagne.
Le Marquis Scotti.
Doa
G.ands
d'E/pagni
f 1 1 Jt 1724. ï8r.
Pon Antonio Arduino, Sicilien.
M. l'Abbé de Grimaldo, Grand Chance
lier de l'Ordre, exerçant pour son Ne
veu.
Gouverneur de C Infant D»n Philippe.
Le Marquis del Surco.
Soui-GoMverneur de ? Infant Don Philippe
M. de Conok, Exempt des Gardes.
Le Rojr Philippe rçste au Palais de St.
lldephqnsc , avec la .Reine. Sa Majesté
s'est reservé cent m.ille pistoles de pen_-
iìçn , à prendre iur tes .revenus de la Fer
me du Tabac, & sun million de piastres,
pour achever çe qui reste d'ouvrages à
faire à St. Ildefoníe. Elle a aussi assigné à
.chacun des Infants & Infante, vingt.cinq
mille.pistoles de pension. Leurs Majestez
Catholiques ne gardent pour leur service
qu'environ soixante personnes des deux
sexes , dont les principales font .:
Le Marquis de Grimaldo, comme Sur-
Intendant.
Le Marquis de Valouse , comme Chef
des Ecuries.
Le Revérend Pere Bermudez , Cpr>-
feffeur du Roy.
Don Domingo Guerra , Confesseur de
la Reine. Le
lù MERCURE DE FRANCE. «
Le Docteur Servi ., qui étoit Premieí
Medecin de la Reine.
M. le Gendre , Premier Chirurgien^
M. Ricçeur , -Premier Apoticaire.
M. Lacombe , Valet de Chambre.
M. Valois , Hem.
M. Vauvel , Tapissier.
„- ;M. Benoît , Chef de la Bouçhe.
Dams,
Madame la Princesse de Robecq»^£
Madame la Comtesse de Solre , pour fai^
te compagnie à la Reine.
Madame la Marquise de Las Nieves..
La Nourrice de la 'Reine.
Quatre Femmes de Chambre.
Le Roi d'Espagne a paru fort sensible k
l'empressement avec lequel les .Grands
^Officiers , & plusieurs Seigneurs lui
. avoient demandé la grace de rester auprès
de lui ; mais , malgré leurs instances , Sa
Majesté n'a retenu auprès de fa personne
. que ceux dont on vient de lire la liste.
Le Roi a voulu en même temps procurer
quelque soulagement à ses Peuples , en
ordonnant la diminution de quelques-
Mmes des impositions qu'on le voií fur eux,
&es personnes nommées pwr le Gouverne-'
ment de l'Etat t par le Roi Catholique
avant son abdication & de celles que
Sa Majesté a honorées de l'Ordre de 1*
Toison*
Cabinet.
T ' 'Archevêque de Tolede.
Jt^j Le Grand Inquisiteur. . , .
Le President de Castille-
Le M » de Valero. V_ ,
Le M ir.de Lede. $ Grands ^fPW
Le Comte de Sant. lsievan , Plenipoten
tiaire à Cambray.
Don Miguel Franciíco Guerra.
President du Coríseil des Ordres.
Le Comte de Sant.Istevan, Plenipoteni
, tiaire à Cambray .
tïo' MERCURE DÉ FRANCE:
President dit Cónseil des Indes.
Le Marquis dtf Valero.'
President du Conseil de la Guerre.
íff Marquis d'Aitona, Grand d'Espagne*
Secrctairies d'Etat.
Celle dite del Dejpatbo de Estade , dit
Marquis de Grimaldo, à Don Juan.
Celle d'Éstat de Mr; le Marquis de Gri
maldo, à Don Juán Bâutiíta Orendain
íôn Commis'.
Celle des Indes & de la Marine , à Don
Antonio Sopéna, Commis dud. Minií
tre.
Éa Compagnie des fïallebardiers.'
Aw Prince MaíTerah , Grand d'Espagne, r
Chevaliers de la Toison.'
LeDucPriego deMedina.Celi .->
Le Duc del Arco.
Le Marquis de Santa Cruz.
Le ComtedeSant-Istevande
Gormas. j
Le Marquis de Grimaldoi .
Le Marquis d« Valouze.
Lé Duc de la Mirandole. T Grands
Le Duc de Medina Sidânia. $ d? Espagne.
Le Marquis Scotti.
Doa
G.ands
d'E/pagni
f 1 1 Jt 1724. ï8r.
Pon Antonio Arduino, Sicilien.
M. l'Abbé de Grimaldo, Grand Chance
lier de l'Ordre, exerçant pour son Ne
veu.
Gouverneur de C Infant D»n Philippe.
Le Marquis del Surco.
Soui-GoMverneur de ? Infant Don Philippe
M. de Conok, Exempt des Gardes.
Le Rojr Philippe rçste au Palais de St.
lldephqnsc , avec la .Reine. Sa Majesté
s'est reservé cent m.ille pistoles de pen_-
iìçn , à prendre iur tes .revenus de la Fer
me du Tabac, & sun million de piastres,
pour achever çe qui reste d'ouvrages à
faire à St. Ildefoníe. Elle a aussi assigné à
.chacun des Infants & Infante, vingt.cinq
mille.pistoles de pension. Leurs Majestez
Catholiques ne gardent pour leur service
qu'environ soixante personnes des deux
sexes , dont les principales font .:
Le Marquis de Grimaldo, comme Sur-
Intendant.
Le Marquis de Valouse , comme Chef
des Ecuries.
Le Revérend Pere Bermudez , Cpr>-
feffeur du Roy.
Don Domingo Guerra , Confesseur de
la Reine. Le
lù MERCURE DE FRANCE. «
Le Docteur Servi ., qui étoit Premieí
Medecin de la Reine.
M. le Gendre , Premier Chirurgien^
M. Ricçeur , -Premier Apoticaire.
M. Lacombe , Valet de Chambre.
M. Valois , Hem.
M. Vauvel , Tapissier.
„- ;M. Benoît , Chef de la Bouçhe.
Dams,
Madame la Princesse de Robecq»^£
Madame la Comtesse de Solre , pour fai^
te compagnie à la Reine.
Madame la Marquise de Las Nieves..
La Nourrice de la 'Reine.
Quatre Femmes de Chambre.
Le Roi d'Espagne a paru fort sensible k
l'empressement avec lequel les .Grands
^Officiers , & plusieurs Seigneurs lui
. avoient demandé la grace de rester auprès
de lui ; mais , malgré leurs instances , Sa
Majesté n'a retenu auprès de fa personne
. que ceux dont on vient de lire la liste.
Le Roi a voulu en même temps procurer
quelque soulagement à ses Peuples , en
ordonnant la diminution de quelques-
Mmes des impositions qu'on le voií fur eux,
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Résumé : LISTE Des personnes nommées pour le Gouvernement de l'Etat, par le Roi Catholique avant son abdication, & de celles que Sa Majesté a honorées de l'Ordre de la Toison.
Le texte énumère des personnalités nommées par le gouvernement de l'État et le Roi Catholique avant son abdication, ainsi que celles décorées de l'Ordre de la Toison d'Or. Ces personnes incluent des dignitaires religieux et civils tels que l'Archevêque de Tolède, le Grand Inquisiteur, le Président de Castille, et divers marquis, comtes et ducs. Le Roi Philippe réside au Palais de Saint-Ildefonse avec la Reine. Il s'est attribué une pension de cent mille pistoles et un million de piastres pour terminer les travaux du palais. Il a également alloué une pension de vingt-cinq mille pistoles à chacun des Infants et Infantes. Le Roi et la Reine conservent environ soixante personnes à leur service, incluant des surintendants, chefs des écuries, confesseurs, médecins et femmes de chambre. Le Roi a refusé les demandes de nombreux Grands Officiers et seigneurs de rester à son service, ne retenant que ceux mentionnés dans la liste. Il a aussi ordonné la réduction de certaines impositions pour soulager ses sujets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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68
p. 1226-1227
ESPAGNE
Début :
Le 24 du mois dernier, le Marquis de Brancas, Ambassadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire [...]
Mots clefs :
Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE
ESPAGNE
E 24 du mois dernier , le Marquis de Bran
Le
cas, Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roy Tres - Chrétien , prit poffeffion
des honneurs de la Grandeffe, & fe couvrit pour
la premiere fois en cette qualité devant le Roy
yant pour parrain le Duc Del-Arco qui avoit
invité à cette cérémonie tous les Grands du
Royaume qui font à la Cour , & aufquels il
donna un repas magnifique , ainfi qu'aux Miniftres
Etrangers & à plufieurs autres Perfonnes
de diftinction ,
On mande de Grénade que le Roy , la Reine
les Princes & Princeffes de la Famille Royale
1. Vel.
conţinuent
JUIN 1730. 1227
Continuent à jouir d'une parfaite , fanté à Soto
de Roma.
E 24 du mois dernier , le Marquis de Bran
Le
cas, Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roy Tres - Chrétien , prit poffeffion
des honneurs de la Grandeffe, & fe couvrit pour
la premiere fois en cette qualité devant le Roy
yant pour parrain le Duc Del-Arco qui avoit
invité à cette cérémonie tous les Grands du
Royaume qui font à la Cour , & aufquels il
donna un repas magnifique , ainfi qu'aux Miniftres
Etrangers & à plufieurs autres Perfonnes
de diftinction ,
On mande de Grénade que le Roy , la Reine
les Princes & Princeffes de la Famille Royale
1. Vel.
conţinuent
JUIN 1730. 1227
Continuent à jouir d'une parfaite , fanté à Soto
de Roma.
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Résumé : ESPAGNE
Le 24 du mois dernier, le Marquis de Bran, Ambassadeur du Roi Très Chrétien, a reçu les honneurs de la Grandeffe en présence du Roi. Le Duc Del'Arco a été parrain, invitant les Grands du Royaume, les Ministres Étrangers et des personnes distinguées. Un repas somptueux a été servi. À Grenade, la Famille Royale est en parfaite santé à Soto de Roma.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
p. 1241-1251
LETTRE de M. D. L. R. sur un Ouvrage du R. P. Feijoo, Benedictin Espagnol.
Début :
J'ay enfin, Monsieur, entre les mains de l'Ouvrage dont vous avez entendu [...]
Mots clefs :
Rétablissement de la santé, Espagne, Ambassadeur, Madrid, Médecin, Épître, Théologie, Arts, Sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. D. L. R. sur un Ouvrage du R. P. Feijoo, Benedictin Espagnol.
.I. Vol.
LET
JUIN 1731. 1241
}
****************
LETTRE de M. D. L. R. sur un
Ouvrage du R. P. Feijoo , Benedictin
Espagnol.
.
entre les
傻
l'Ouvrage dont vous avez entendu
parler. C'est M. Boyer , Docteur en Me
decine de la Faculté de Montpellier , et
Docteur- Régent en celle de Paris , qui l'a
apporté d'Eſpagne , depuis peu de tems .
Vous sçavez que ce Medecin partit d'ici
sur la fin du mois de Juillet dernier pour
le rétablissement de la santé de M. le
Marquis de Brancars , Ambassadeur de
France à la Cour de S. M. Catholique ;
vous sçavez aussi qu'il a fait un voyage
heureux, et qu'il a ramené M. l'Ambassa
deur parfaitement guéri.
Mais vous pouvez ignorer que notre
Medecin , toujours attentif sur la Litte
rature , et mettant tout à profit à cet
égard , quand il est obligé de voyager ,
n'a pas manqué d'apporter plusieurs Li
vres Espagnols , des meilleurs et des plus
nouveaux. Celui pour lequel vous vous
interessez , ne pouvoit pas être oublié ;
en voici le Titre.
I. Vol. THEA
1242 MERCURE DE FRANCE
THEATRO CRITICO , UNIVERSAL,
O Discursos varios en toto genero de Ma
terias para desengano de Errores comunes.
Dedicado A RP P. Fr. Joseph de Bar
nuero , General de la Congregacion de San
Benito de Espana , Inglaterra , & c. Escrito
por El M. R. P. M. Fr. Benito Jeronymo
Feijoo , Maestro General de la Religion de
San Benito , y Cathedratico de Visperas de
Theologia de la Universidad de Oviedo.
Tercera Impression En Madrid : En la
Imprenta de Francisco del Hierro , Anno de
M. DCC . XXIX . C'est-à -dire , THEA
TRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours
divers sur toute sorte de sujets pour désa
buser les hommes des erreurs communes
et ordinaires . Dédié au Reverendissime
Pere General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne , en Angle
terre, &c. Composé par le R. P. BENOIST
JEROSME FEIJOO , Maître ou Professeur
General dans la même Congrégation ,
Professeur en Thélogie de l'Université
d'Oviedo; quatre Volumes in 4% Troisiéme
Edition. A Madrid , de l'Imprimerie de
François del Hierro , M. DCC. XXIX .
On trouve à la tête du premier Vo
lume une Epitre Dédicatoire fort bien
tournée , adressée au R. P. General Jo
seph de Barnuero , lequel , outre cette
I.Vol.
qualité
JUIN. 1731. 1243
qualité , avoit été le Maître des Etudes
de Théologie de l'Auteur , dans l'Uni
versité de Salamanque. Les Approba
tions de divers Docteurs suivent cette
Dédicace.
Une courte Préface qui déclare les in
tentions du P. Feijoo , et qui fait voir
l'ordre et la disposition de tout son Ou
vrage , est précedée d'une Lettre de Don
Louis de Salazar , Commandeur de l'Or
dre de Calatrava , Conseiller du Conseil
Royal des Ordres , et premier Historio
graphe de Castille et des Indes . Cette
Lettre écrite à notre Auteur le 11. Août
1726. est un Eloge raisonné de son Théa
tre critique ; on peut dire que le suffrage
de ce Seigneur en a entraîné quantité
d'autres , et qu'il n'avoit paru depuis
long- temps de Livre en Espagne plus ge
neralement estimé. D'un autre côté le
R. P. Jean de Champverd , de la Com
pagnie de Jesus , Docteur et Professeur
en Théologie de l'Université d'Alcala ,
Théologien du Roi , et Examinateur Sy
nodal de l'Archevêché de Tolede , pa
roît si content de cet Ouvrage , qu'il nous
assure dans son Approbation , que son
Auteur devoit être appellé le Maître Ge
neral de tous les Arts et des Sciences.
Ce premier Volume de 400. pages
I. Vol. contient
1244 MERCURE DE FRANCE
contient seize Discours divisez chacun en
plusieurs Paragraphes ou Articles . Le
1. Discours est intitulé la Voix du Peuple.
Le II. la Vertu et le Vice. Le III . L'ob
scurité et la haute fortune. IV. La plus
fine Politique. V. La Medecine. VI. Ré
gime pour la conservation de la santé.
VII. La Deffense de la Profession Litte
raire. VIII. L'Astrologie Judiciaire et les
Almanachs. IX. Les Eclipses. X. Les Co
metes. XI. Les Années Climateriques .
XII. La Vieillesse du Monde. XIII . Con
tre les Philosophes modernes . XIV. La
Musique des Eglises . XV. Parallele des
Langues. XVI . Apologie des femmes.
Toutes ces Dissertations fournissent une
lecture agréable et variée , elles sont bien
écrites , et instruisent de beaucoup de
choses. Les Medecins ne sont pas bien
traitez dans la V. s'ils s'avisent de mar
quer à notre Auteur quelque ressenti
ment , les Femmes , et sur tout les Fem
mes sçavantes et vertueuses , seront obli
gées , par reconnoissance , de prendre sa
deffense ; car rien n'est plus recherché
plus obligeant , plus étendu dans le I.Vo
lume , que la XVI. et derniere Disserta
tion , qui est toute employée à la deffense
du beau Sexe. Vous en jugerez si je puis
un jour vous en procurer la lecture .
I. Vol
Passons
JUIN. 1731.
1245
S
1
e.
Passons cependant au second Volume.
T.II. seconde Edition M. DCC . XXX .
Ce volume , comme le précedent, est orné
d'une Dedicace , addressée à un autre
Mecéne , et munie d'Approbations ma
gnifiques. La plus étendue et la plus fla
teuse , est sans doute celle du R. P. Este
van de la Torre , Professeur géneral des
Benedictins d'Espagne , Abbé de S. Vin
cent d'Oviedo , Professeur en Théologie ,
et de l'Ecriture Sainte en l'Université de
la même Ville , lequel paroît si prévenu
du merite de cet ouvrage , et de la haute
capacité de son Autheur , qu'il ne fait
point de difficulté de lui appliquer ce que
le Sçavant P. Mabillon a dit de l'ouvrage
de S. Bernard , de Consideratione , addressé
au Pape Eugene. Hac sane fuit Bernardi
dexteritas , ut , quam primum ejus Libri de
Consideratione in publicum prodiere , eos
certatim exquisierunt , lectitarunt , amave
runt universi. L'Approbateur ne doutant
point qu'il n'arrive la même chose à l'égard
de ce second volume , n'oublie pas dans
cette occasion d'appliquer aussi à nôtre
Autheur ce passage connu de l'Ecriture .
Faciendi plures Libros nullus eft finis.
Ecclesiast. C. 12.v. 12. C'est , dit- il , sui
vre à la lettre le conseil du Sage , on ne
doit , pour ainsi dire , point finir quand
1. Vol. on
1246 MERCURE DE FRANCE
on écrit des livres qui enseignent à dé
tromper les hommes de leurs erreurs , et
à établir des veritez . Enfin le R. P. Joseph
Navajas, Trinitaire, Professeur en Théo
logie , et Examinateur de l'Archevêché
de Toléde , en donnant aussi son attache
et ces éloges à ce livre , ne craint pas de
rien exagerer en le nommant une Biblio
theque entiere.
Hic liber est , Lector , librorum magna sup→
pellex.
Et non exigua Bibliotheca , lege.
Les Dissertations contenues dans ce
second Tome de plus de 400. pages , sont
précedées d'une assés courte Preface , la
quelle a deux principaux Objets : le pre
mier de remercier le public du favorable
accueil qu'il a fait au premier volume ,
le second de parler de quelques envieux ,
qui ont publié des écrits peu mésurés
contre ce livre. Chose inévitable et arri
vée dans tous les temps , à l'égard même
des Autheurs du premier merite. Sur
quoy le P. Feijoo nous parle des disgra
ces qu'eurent à essuyer en France deux cé
lebres Académiciens , sçavoir Pierre Cor
neille et Jean -Louis de Balzac , que les
suffrages du public dédomagerent ample
I. Vol. ment
JUIN. 1731 1247
ment, sur tout , dit- il , le grand Corneille,
qui ne succomba point sous le poids du
credit d'un fameux Ministre , et de la
censure de l'Academie el formidable Cuer
po
de la Academia Francesa , non pas , ajoû
te-t'il, qu'il veuille se comparer à ces deux
grands Genies , mais rappellant seulement
ce fameux exemple,à cause de la parité de
situation où la Fortune le met aujour
d'hui . Il se justifie ensuite sur le titre de
son Ouvrage,où il ne trouve rien de cette
présomption que ses Adversaires luy ont
reprochée. Il a jugé à propos , nous dit-il ,
enfin , par le conseil de personnes sages ,
de publier à la fin de ce second Tome
les deux réponses Apologetiques qu'on y
trouvera. Celle qui regarde le Docteur
Ros est en latin , parceque ce Docteur l'a
attaqué en la même Langue . Il a aussi fait
imprimer la lettre Apologetique du Doc
teur Martinez , crainte, dit il , que ce trait
précieux de sa plume ne soit enseveli dans
l'oubli , tout ce que ce sage et éloquent
Autheur écrit étant digne de l'immorta
lité ; c'est ainsi que nôtre autheur parle
de son Adversaire . A l'égard de la criti
que du Docteur Ros , elle étoit trop lon
gue pour l'imprimer pareillement à la
fin de ce second volume.
>
Les Dissertations qui le composent sont
4. Vol.
au
1248 MERCURE DE FRANCE
au nombre de quinze , dont je me con
tenterai de vous rapporter les titres. I.
Les Guerres Philosophiques . II . L'Histoi
re Naturelle. III. L'Art Divinatoire.
I V. Les Propheties supposées. V. L'Usage
de la Magie . VI. Les modes. VII. La
Vieillesse Morale du Genre Humain .
VIII. La Science Aparente et Superfi
ciele. IX. L'Antipathie entre les Fran
çois et les Espagnols. X. Les Jours Cri
tiques. XI. Le Poids de l'Air. XII . La
Sphere du Feu. XIII. L'Antiperistase .
XIV. Paradoxes Phisiques . XV. Table
contenant la comparaison des Nations..
Ces quinze Discours sont suivis de trois
morceaux de Critique anoncés dans la
Préface, qui ont été composez dépuis l'im
pression du premier volume , lequel en a été
l'occasion.Le premier est intituléCarta De
fensiva & c. ou , Lettre Apologetique de
Don Martin Martinez Docteur en Mede
cine , Medecin de la Maison du Roy, Pro
fesseur d'Anatomie , et actuellement Presi
dent de la Societé Royale des Sciences de
Seville & c.Sur le premier Tome du Thea
tre critique universel du R. P. Feijoo . Il y a
de trés bonnes choses dans cette Lettre ,
elle donne our ainsi dire , un nouveau
lustre au Theatre critique , sur lequel l'Au
theur avoit prié le Medecin de lui mar
I.Vol.
quer
JUIN. 1731. 1249
quer ses sentimens. Il s'en acquitte en
parcourant toutes les dissertations , et en
discourant sommairement sur chacune.
Il paroît que ce Docteur a réservé toute
son érudition , et toute sa critique , à
l'égard de celle qui regarde la Medecine.
Le P. Feijoo a dû s'y attendre aprés tout
ce qu'il a dit de cette science dans sa V.
Dissert. du premier vol. M. Martinez fait
non seulement l'Apologie de la Medeci
ne et des Medecins , mais l'Eloge de cette
Science , et de ceux qui l'ont professée
dans tous les temps ; sur quoy ce Doc
teur nous étale une grande lecture et des
Recherches singulieres. Je vais en éfleurer
quelques -unes. Les Egyptiens , dit il
faisoient des Medecins leurs Prêtres , et
des Prêtres leurs Rois , sur quoy les an
ciens Historiens nous ont conservé cette
formule. Medicus non es ; nolo te constitue
re Regem. Giges et Sapor Rois des Medes
ont été Medecins , sans parler des Prin
ces qui l'ont pareillement été parmi les
Perses , les Arabes , les Syriens & c . La lis
te de ces Rois ou Princes Medecins , est
longue chez nôtre Docteur , et on est tout
étonné d'y trouver des Sujets d'un grand
nom , mais peu connus de côté la ; par
exemple , Hercule , Alexandre le Grand ,
l'Empereur Hadrien &c. Vous jugez bien ,
I. Vol.
Monsieur
1250 MERCURE DE FRANCE
Monsieur que le Pere de la Medecine
Grecque , le Prince , et le Chef de tous'
les Medecins qui sont venus depuis , je
veux dire, Hippocrate , n'est pas oublié;
il finit par lui sa liste et ses éloges , en re
marquant que les Grecs rendirent à ce
grand Homme des honneurs divins , et les
mêmes qu'ils rendoient à Hercule. M.
Martinez pouvoit ajoûter qu'on frappa
aussi pour lui des Medailles ; vous avez
vû . Monsieur , chez
chez moy la
gravure
d'une de ces Medailles où l'on voit d'un
côté la tête d'Hippocrate et autour IП...
TOY et sur le Revers le fameux Baton
d'Esculape entouré d'un Serpent avec ce
mot KION , pour signifier que la
Medaille a été frappée par les habitans de
l'Isle de Cos , Patrie d'Hippocrate , sur
quoy je vous entretiendrai un jour plus
précisement dans un autre Ecrit .
,
Les Medecins chrétiens d'un rang il
lustre , sont joints à ceux du Paganisme.
L'Auteur prend les choses de bien haut ,
il trouve dans des temps posterieurs des
Papes , des Cardinaux , des Prelats Me
decins ; je vous renvoye là dessus au livre
même.
Le second morceau de critique est la Ré
ponse du P. Feijoo à la lettre dont je viens
de vous donner une idée du Docteur
I. Vol. Martinez
JUIN. 1731.
7251
Martinez. Cette Réponse est sage et ac
compagnée de tous les égards , et de tous
les ménagemens qui ne se rencontrent
guéres ordinairement entre des Sçavans
qui écrivent l'un contre l'autre , pour
soutenir des opinions differentes . L'habi
le et poli Benedictin avoue même obli
geamment à son Antagoniste , qu'il ne
fait aucun doute que dans cette contesta
tion litteraire ils ne soient au fond tous
deux de même sentiment ; car , dit- il ,
vous ne disconvenez point que la Mede
cine ne soit accompagnée d'incertitude ,
et moi je n'ay jamais nié positivement
l'utilité de cette Science. Quoique la
Réponse dont il s'agit icy soit addressée
au Docteur Martinez même , elle est pré
cedée d'une Epitre Dedicatoire à l'Illus
triss. Don Fr. Joseph Garcia , Evêque de
Siguenza , pour le remercier de l'accueil
favorable qu'il a fait au premier vol . du
Theatre Critique, et pour le prier de pro
teger également et l'ouvrage et l'Autheur.
Je ne vous dirai rien de la derniere
Piece , parce qu'elle roule a peu prés sur
le même sujet , et que je suis bien aise
que vous en jugiez un jour par vous mê
me ; je me prépare cependant à vous ren
dre compte de la suite de cet Ouvrage
et je suis toujours. & c.
A Paris ce 19. Fevrier 1731 .
LET
JUIN 1731. 1241
}
****************
LETTRE de M. D. L. R. sur un
Ouvrage du R. P. Feijoo , Benedictin
Espagnol.
.
entre les
傻
l'Ouvrage dont vous avez entendu
parler. C'est M. Boyer , Docteur en Me
decine de la Faculté de Montpellier , et
Docteur- Régent en celle de Paris , qui l'a
apporté d'Eſpagne , depuis peu de tems .
Vous sçavez que ce Medecin partit d'ici
sur la fin du mois de Juillet dernier pour
le rétablissement de la santé de M. le
Marquis de Brancars , Ambassadeur de
France à la Cour de S. M. Catholique ;
vous sçavez aussi qu'il a fait un voyage
heureux, et qu'il a ramené M. l'Ambassa
deur parfaitement guéri.
Mais vous pouvez ignorer que notre
Medecin , toujours attentif sur la Litte
rature , et mettant tout à profit à cet
égard , quand il est obligé de voyager ,
n'a pas manqué d'apporter plusieurs Li
vres Espagnols , des meilleurs et des plus
nouveaux. Celui pour lequel vous vous
interessez , ne pouvoit pas être oublié ;
en voici le Titre.
I. Vol. THEA
1242 MERCURE DE FRANCE
THEATRO CRITICO , UNIVERSAL,
O Discursos varios en toto genero de Ma
terias para desengano de Errores comunes.
Dedicado A RP P. Fr. Joseph de Bar
nuero , General de la Congregacion de San
Benito de Espana , Inglaterra , & c. Escrito
por El M. R. P. M. Fr. Benito Jeronymo
Feijoo , Maestro General de la Religion de
San Benito , y Cathedratico de Visperas de
Theologia de la Universidad de Oviedo.
Tercera Impression En Madrid : En la
Imprenta de Francisco del Hierro , Anno de
M. DCC . XXIX . C'est-à -dire , THEA
TRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours
divers sur toute sorte de sujets pour désa
buser les hommes des erreurs communes
et ordinaires . Dédié au Reverendissime
Pere General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne , en Angle
terre, &c. Composé par le R. P. BENOIST
JEROSME FEIJOO , Maître ou Professeur
General dans la même Congrégation ,
Professeur en Thélogie de l'Université
d'Oviedo; quatre Volumes in 4% Troisiéme
Edition. A Madrid , de l'Imprimerie de
François del Hierro , M. DCC. XXIX .
On trouve à la tête du premier Vo
lume une Epitre Dédicatoire fort bien
tournée , adressée au R. P. General Jo
seph de Barnuero , lequel , outre cette
I.Vol.
qualité
JUIN. 1731. 1243
qualité , avoit été le Maître des Etudes
de Théologie de l'Auteur , dans l'Uni
versité de Salamanque. Les Approba
tions de divers Docteurs suivent cette
Dédicace.
Une courte Préface qui déclare les in
tentions du P. Feijoo , et qui fait voir
l'ordre et la disposition de tout son Ou
vrage , est précedée d'une Lettre de Don
Louis de Salazar , Commandeur de l'Or
dre de Calatrava , Conseiller du Conseil
Royal des Ordres , et premier Historio
graphe de Castille et des Indes . Cette
Lettre écrite à notre Auteur le 11. Août
1726. est un Eloge raisonné de son Théa
tre critique ; on peut dire que le suffrage
de ce Seigneur en a entraîné quantité
d'autres , et qu'il n'avoit paru depuis
long- temps de Livre en Espagne plus ge
neralement estimé. D'un autre côté le
R. P. Jean de Champverd , de la Com
pagnie de Jesus , Docteur et Professeur
en Théologie de l'Université d'Alcala ,
Théologien du Roi , et Examinateur Sy
nodal de l'Archevêché de Tolede , pa
roît si content de cet Ouvrage , qu'il nous
assure dans son Approbation , que son
Auteur devoit être appellé le Maître Ge
neral de tous les Arts et des Sciences.
Ce premier Volume de 400. pages
I. Vol. contient
1244 MERCURE DE FRANCE
contient seize Discours divisez chacun en
plusieurs Paragraphes ou Articles . Le
1. Discours est intitulé la Voix du Peuple.
Le II. la Vertu et le Vice. Le III . L'ob
scurité et la haute fortune. IV. La plus
fine Politique. V. La Medecine. VI. Ré
gime pour la conservation de la santé.
VII. La Deffense de la Profession Litte
raire. VIII. L'Astrologie Judiciaire et les
Almanachs. IX. Les Eclipses. X. Les Co
metes. XI. Les Années Climateriques .
XII. La Vieillesse du Monde. XIII . Con
tre les Philosophes modernes . XIV. La
Musique des Eglises . XV. Parallele des
Langues. XVI . Apologie des femmes.
Toutes ces Dissertations fournissent une
lecture agréable et variée , elles sont bien
écrites , et instruisent de beaucoup de
choses. Les Medecins ne sont pas bien
traitez dans la V. s'ils s'avisent de mar
quer à notre Auteur quelque ressenti
ment , les Femmes , et sur tout les Fem
mes sçavantes et vertueuses , seront obli
gées , par reconnoissance , de prendre sa
deffense ; car rien n'est plus recherché
plus obligeant , plus étendu dans le I.Vo
lume , que la XVI. et derniere Disserta
tion , qui est toute employée à la deffense
du beau Sexe. Vous en jugerez si je puis
un jour vous en procurer la lecture .
I. Vol
Passons
JUIN. 1731.
1245
S
1
e.
Passons cependant au second Volume.
T.II. seconde Edition M. DCC . XXX .
Ce volume , comme le précedent, est orné
d'une Dedicace , addressée à un autre
Mecéne , et munie d'Approbations ma
gnifiques. La plus étendue et la plus fla
teuse , est sans doute celle du R. P. Este
van de la Torre , Professeur géneral des
Benedictins d'Espagne , Abbé de S. Vin
cent d'Oviedo , Professeur en Théologie ,
et de l'Ecriture Sainte en l'Université de
la même Ville , lequel paroît si prévenu
du merite de cet ouvrage , et de la haute
capacité de son Autheur , qu'il ne fait
point de difficulté de lui appliquer ce que
le Sçavant P. Mabillon a dit de l'ouvrage
de S. Bernard , de Consideratione , addressé
au Pape Eugene. Hac sane fuit Bernardi
dexteritas , ut , quam primum ejus Libri de
Consideratione in publicum prodiere , eos
certatim exquisierunt , lectitarunt , amave
runt universi. L'Approbateur ne doutant
point qu'il n'arrive la même chose à l'égard
de ce second volume , n'oublie pas dans
cette occasion d'appliquer aussi à nôtre
Autheur ce passage connu de l'Ecriture .
Faciendi plures Libros nullus eft finis.
Ecclesiast. C. 12.v. 12. C'est , dit- il , sui
vre à la lettre le conseil du Sage , on ne
doit , pour ainsi dire , point finir quand
1. Vol. on
1246 MERCURE DE FRANCE
on écrit des livres qui enseignent à dé
tromper les hommes de leurs erreurs , et
à établir des veritez . Enfin le R. P. Joseph
Navajas, Trinitaire, Professeur en Théo
logie , et Examinateur de l'Archevêché
de Toléde , en donnant aussi son attache
et ces éloges à ce livre , ne craint pas de
rien exagerer en le nommant une Biblio
theque entiere.
Hic liber est , Lector , librorum magna sup→
pellex.
Et non exigua Bibliotheca , lege.
Les Dissertations contenues dans ce
second Tome de plus de 400. pages , sont
précedées d'une assés courte Preface , la
quelle a deux principaux Objets : le pre
mier de remercier le public du favorable
accueil qu'il a fait au premier volume ,
le second de parler de quelques envieux ,
qui ont publié des écrits peu mésurés
contre ce livre. Chose inévitable et arri
vée dans tous les temps , à l'égard même
des Autheurs du premier merite. Sur
quoy le P. Feijoo nous parle des disgra
ces qu'eurent à essuyer en France deux cé
lebres Académiciens , sçavoir Pierre Cor
neille et Jean -Louis de Balzac , que les
suffrages du public dédomagerent ample
I. Vol. ment
JUIN. 1731 1247
ment, sur tout , dit- il , le grand Corneille,
qui ne succomba point sous le poids du
credit d'un fameux Ministre , et de la
censure de l'Academie el formidable Cuer
po
de la Academia Francesa , non pas , ajoû
te-t'il, qu'il veuille se comparer à ces deux
grands Genies , mais rappellant seulement
ce fameux exemple,à cause de la parité de
situation où la Fortune le met aujour
d'hui . Il se justifie ensuite sur le titre de
son Ouvrage,où il ne trouve rien de cette
présomption que ses Adversaires luy ont
reprochée. Il a jugé à propos , nous dit-il ,
enfin , par le conseil de personnes sages ,
de publier à la fin de ce second Tome
les deux réponses Apologetiques qu'on y
trouvera. Celle qui regarde le Docteur
Ros est en latin , parceque ce Docteur l'a
attaqué en la même Langue . Il a aussi fait
imprimer la lettre Apologetique du Doc
teur Martinez , crainte, dit il , que ce trait
précieux de sa plume ne soit enseveli dans
l'oubli , tout ce que ce sage et éloquent
Autheur écrit étant digne de l'immorta
lité ; c'est ainsi que nôtre autheur parle
de son Adversaire . A l'égard de la criti
que du Docteur Ros , elle étoit trop lon
gue pour l'imprimer pareillement à la
fin de ce second volume.
>
Les Dissertations qui le composent sont
4. Vol.
au
1248 MERCURE DE FRANCE
au nombre de quinze , dont je me con
tenterai de vous rapporter les titres. I.
Les Guerres Philosophiques . II . L'Histoi
re Naturelle. III. L'Art Divinatoire.
I V. Les Propheties supposées. V. L'Usage
de la Magie . VI. Les modes. VII. La
Vieillesse Morale du Genre Humain .
VIII. La Science Aparente et Superfi
ciele. IX. L'Antipathie entre les Fran
çois et les Espagnols. X. Les Jours Cri
tiques. XI. Le Poids de l'Air. XII . La
Sphere du Feu. XIII. L'Antiperistase .
XIV. Paradoxes Phisiques . XV. Table
contenant la comparaison des Nations..
Ces quinze Discours sont suivis de trois
morceaux de Critique anoncés dans la
Préface, qui ont été composez dépuis l'im
pression du premier volume , lequel en a été
l'occasion.Le premier est intituléCarta De
fensiva & c. ou , Lettre Apologetique de
Don Martin Martinez Docteur en Mede
cine , Medecin de la Maison du Roy, Pro
fesseur d'Anatomie , et actuellement Presi
dent de la Societé Royale des Sciences de
Seville & c.Sur le premier Tome du Thea
tre critique universel du R. P. Feijoo . Il y a
de trés bonnes choses dans cette Lettre ,
elle donne our ainsi dire , un nouveau
lustre au Theatre critique , sur lequel l'Au
theur avoit prié le Medecin de lui mar
I.Vol.
quer
JUIN. 1731. 1249
quer ses sentimens. Il s'en acquitte en
parcourant toutes les dissertations , et en
discourant sommairement sur chacune.
Il paroît que ce Docteur a réservé toute
son érudition , et toute sa critique , à
l'égard de celle qui regarde la Medecine.
Le P. Feijoo a dû s'y attendre aprés tout
ce qu'il a dit de cette science dans sa V.
Dissert. du premier vol. M. Martinez fait
non seulement l'Apologie de la Medeci
ne et des Medecins , mais l'Eloge de cette
Science , et de ceux qui l'ont professée
dans tous les temps ; sur quoy ce Doc
teur nous étale une grande lecture et des
Recherches singulieres. Je vais en éfleurer
quelques -unes. Les Egyptiens , dit il
faisoient des Medecins leurs Prêtres , et
des Prêtres leurs Rois , sur quoy les an
ciens Historiens nous ont conservé cette
formule. Medicus non es ; nolo te constitue
re Regem. Giges et Sapor Rois des Medes
ont été Medecins , sans parler des Prin
ces qui l'ont pareillement été parmi les
Perses , les Arabes , les Syriens & c . La lis
te de ces Rois ou Princes Medecins , est
longue chez nôtre Docteur , et on est tout
étonné d'y trouver des Sujets d'un grand
nom , mais peu connus de côté la ; par
exemple , Hercule , Alexandre le Grand ,
l'Empereur Hadrien &c. Vous jugez bien ,
I. Vol.
Monsieur
1250 MERCURE DE FRANCE
Monsieur que le Pere de la Medecine
Grecque , le Prince , et le Chef de tous'
les Medecins qui sont venus depuis , je
veux dire, Hippocrate , n'est pas oublié;
il finit par lui sa liste et ses éloges , en re
marquant que les Grecs rendirent à ce
grand Homme des honneurs divins , et les
mêmes qu'ils rendoient à Hercule. M.
Martinez pouvoit ajoûter qu'on frappa
aussi pour lui des Medailles ; vous avez
vû . Monsieur , chez
chez moy la
gravure
d'une de ces Medailles où l'on voit d'un
côté la tête d'Hippocrate et autour IП...
TOY et sur le Revers le fameux Baton
d'Esculape entouré d'un Serpent avec ce
mot KION , pour signifier que la
Medaille a été frappée par les habitans de
l'Isle de Cos , Patrie d'Hippocrate , sur
quoy je vous entretiendrai un jour plus
précisement dans un autre Ecrit .
,
Les Medecins chrétiens d'un rang il
lustre , sont joints à ceux du Paganisme.
L'Auteur prend les choses de bien haut ,
il trouve dans des temps posterieurs des
Papes , des Cardinaux , des Prelats Me
decins ; je vous renvoye là dessus au livre
même.
Le second morceau de critique est la Ré
ponse du P. Feijoo à la lettre dont je viens
de vous donner une idée du Docteur
I. Vol. Martinez
JUIN. 1731.
7251
Martinez. Cette Réponse est sage et ac
compagnée de tous les égards , et de tous
les ménagemens qui ne se rencontrent
guéres ordinairement entre des Sçavans
qui écrivent l'un contre l'autre , pour
soutenir des opinions differentes . L'habi
le et poli Benedictin avoue même obli
geamment à son Antagoniste , qu'il ne
fait aucun doute que dans cette contesta
tion litteraire ils ne soient au fond tous
deux de même sentiment ; car , dit- il ,
vous ne disconvenez point que la Mede
cine ne soit accompagnée d'incertitude ,
et moi je n'ay jamais nié positivement
l'utilité de cette Science. Quoique la
Réponse dont il s'agit icy soit addressée
au Docteur Martinez même , elle est pré
cedée d'une Epitre Dedicatoire à l'Illus
triss. Don Fr. Joseph Garcia , Evêque de
Siguenza , pour le remercier de l'accueil
favorable qu'il a fait au premier vol . du
Theatre Critique, et pour le prier de pro
teger également et l'ouvrage et l'Autheur.
Je ne vous dirai rien de la derniere
Piece , parce qu'elle roule a peu prés sur
le même sujet , et que je suis bien aise
que vous en jugiez un jour par vous mê
me ; je me prépare cependant à vous ren
dre compte de la suite de cet Ouvrage
et je suis toujours. & c.
A Paris ce 19. Fevrier 1731 .
Fermer
Résumé : LETTRE de M. D. L. R. sur un Ouvrage du R. P. Feijoo, Benedictin Espagnol.
En juin 1731, une lettre fait référence à un ouvrage du Père Benito Jerónimo Feijoo, bénédictin espagnol, intitulé 'Théâtre critique universel'. Cet ouvrage, composé de plusieurs volumes, vise à corriger les erreurs communes chez les hommes à travers divers discours. Le premier volume, dédié au Père Joseph de Barnuero, contient seize discours abordant des sujets tels que la médecine, l'astrologie et la défense des femmes. Le second volume, dédié à un autre mécène, comprend quinze discours ainsi que des réponses apologétiques à des critiques. L'ouvrage a été bien accueilli par plusieurs docteurs et professeurs, qui ont souligné son mérite et son utilité. Par exemple, le Docteur Martinez a écrit une lettre apologétique en réponse à la critique de la médecine dans le premier volume. Le Père Feijoo a répondu à cette lettre de manière respectueuse et mesurée. Une lettre datée du 19 février 1731 à Paris mentionne également cet ouvrage. L'auteur de cette lettre indique qu'il ne commentera pas la dernière pièce, car elle traite d'un sujet similaire à une œuvre précédente et préfère que le destinataire se forme sa propre opinion. Il se prépare toutefois à fournir un compte rendu de la suite de l'ouvrage. La lettre se termine par une formule de politesse, indiquant la continuité de la correspondance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
70
p. 1983-1984
Nouveaux Volcans, [titre d'après la table]
Début :
On a reçu en Espagne, par les derniers Vaisseaux arrivés des Isles Canaries, la confirmation [...]
Mots clefs :
Espagne, Volcan, Matière minérale et bitumineuses, Eaux des puits et fontaines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Volcans, [titre d'après la table]
On a reçu en Espagne , par les derniers Vaisseaux
arrivés des Isles Canaries , la confirmation
des premiers avis qu'on avoit eus de l'éruption
d'un nouveau Volcan,au haut des Montagnes de
l'Isle de Lancelotte , la septiéme de ces Isles , qui
appartient aux Rois de Portugal , depuis la cession
qui en fut faite autrefois à l'Infant Don
Henrique , Grand - Maître de POrdre de Christ ,
par Maciot de Betencourt , Gentilhomme François
qui en étoit propriétaire. Ces Lettres portent
que le premier Septembre de l'année dernie
re , la montagne avoit vomi par trois differentes
ouvertures une fi grande quantité de matieres
minerales & bitumineuses , qu'il s'en étoit
formé des torrens qui en moins de sept heures
avoient reduit en cendres la Ville de Tingafa
& les Bourgs de Sainte Catherine , de Masso ,
Chareta , Chimanfaya , Penha - Palomas , Rodeos
, Jaretas , & plusieurs autres ; que le vent,
impétueux qui accompagnoit cet incendie , ayant
élevé les cendres de ces habitations détruites , elles
étoient retombées sur les Villages de Cupadero ,
Teo , Murdacha , Gerias Mozaga ; de S. Barthelemy
& de Lomo d'Andrez , dont tous les
habitans avoient été étouffés et enfevelis . Ces
cendres se porterent plus loin sur d'autres habitations
, et quoyqu'en moindre quantité , elles *
ne laisserent pas de perdre tous les fruits qui y
sont excellents , et de gâter les eaux des Puits et
Fontaines , ensorte que la faim et la soif oblige-
Gij
rent
1984 MERCURE DE FRANCE
*
rent le reste des habitans d'abandonner cette Isle,
paravant si peuplée , si fertile et si opulente.
arrivés des Isles Canaries , la confirmation
des premiers avis qu'on avoit eus de l'éruption
d'un nouveau Volcan,au haut des Montagnes de
l'Isle de Lancelotte , la septiéme de ces Isles , qui
appartient aux Rois de Portugal , depuis la cession
qui en fut faite autrefois à l'Infant Don
Henrique , Grand - Maître de POrdre de Christ ,
par Maciot de Betencourt , Gentilhomme François
qui en étoit propriétaire. Ces Lettres portent
que le premier Septembre de l'année dernie
re , la montagne avoit vomi par trois differentes
ouvertures une fi grande quantité de matieres
minerales & bitumineuses , qu'il s'en étoit
formé des torrens qui en moins de sept heures
avoient reduit en cendres la Ville de Tingafa
& les Bourgs de Sainte Catherine , de Masso ,
Chareta , Chimanfaya , Penha - Palomas , Rodeos
, Jaretas , & plusieurs autres ; que le vent,
impétueux qui accompagnoit cet incendie , ayant
élevé les cendres de ces habitations détruites , elles
étoient retombées sur les Villages de Cupadero ,
Teo , Murdacha , Gerias Mozaga ; de S. Barthelemy
& de Lomo d'Andrez , dont tous les
habitans avoient été étouffés et enfevelis . Ces
cendres se porterent plus loin sur d'autres habitations
, et quoyqu'en moindre quantité , elles *
ne laisserent pas de perdre tous les fruits qui y
sont excellents , et de gâter les eaux des Puits et
Fontaines , ensorte que la faim et la soif oblige-
Gij
rent
1984 MERCURE DE FRANCE
*
rent le reste des habitans d'abandonner cette Isle,
paravant si peuplée , si fertile et si opulente.
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Résumé : Nouveaux Volcans, [titre d'après la table]
En 1730, un volcan est entré en éruption sur l'île de Lanzarote, septième île des Canaries, alors sous domination portugaise. Le 1er septembre de l'année précédente, la montagne a expulsé une grande quantité de matières minérales et bitumineuses par trois ouvertures distinctes, formant des torrents de lave qui ont détruit plusieurs villes et bourgs, dont Tingafa, Sainte Catherine, Masso, Chareta, Chimanfaya, Penha-Palomas, Rodeos et Jaretas. Les cendres, poussées par des vents violents, ont recouvert d'autres villages, étouffant et ensevelissant leurs habitants. Les cendres ont également détruit les récoltes et contaminé les eaux des puits et fontaines, rendant l'île inhabitable. Les survivants ont été contraints d'abandonner Lanzarote, autrefois peuplée, fertile et prospère.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 2998-3004
REPONSE de M. A. C. D. V. à deux des Demandes faites dans le premier Volume du Mercure de Juin dernier, p. 1344. sur quelques Proverbes, &c.
Début :
J'ay refléchi, Monsieur, sur l'article du Mercure de Juin, où l'on demande [...]
Mots clefs :
Proverbes, Patries, Châteaux, Espagne, Explication, Familiarité, Jalousie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. A. C. D. V. à deux des Demandes faites dans le premier Volume du Mercure de Juin dernier, p. 1344. sur quelques Proverbes, &c.
REPONSE de M. A. C, D. V. à den
desDemandes faites dans le premier Vclume
du Mercure de Juin dernier, p.1344 •
sur quelques Proverbes , &c.
'Ay refléchi , Monsieur , sur l'article
du Mercure de Juin , où l'on demande
l'explication de quelques manicres de
parler qui sont d'un usage familier dans
notre Langue, dont la raison ou l'Allegerie
ne se presente pas d'abord à l'esprit ,
et qu'il ne seroit peut- être pas inutile
d'éclaircir . Je n'entreprens pas de sa
11. Vol
satis
DECEMBRE. 1731 299
tisfaire le Public sur tous les articles pro.
posez ; je me contente de vous envoyer
pour cette fois l'Explication de deux de
ces expressions proverbiales. Nul n'est
Prophete en son Pays , et faire des Châteaux:
en Espagne.
Je tire cette Explication d'un Livre
imprimé à Paris en 1665. intitulé : le Di-.
vertissement des Sages , vol. in 8. Ouvrage
d'un Religieux Pénitent , ou du Tiers
Ordre de S. François , nommé à Paris
Picpus , lequel a aussi composé d'autres
Ouvrages , où l'on remarque beaucoup
de pieté. Celui dont il s'agit ici contient
un Recueil de Proverbes François ,
tous expliquez par l'Ecriture et par les
Peres.
Sur le premier Proverbe. Nul n'est Prophete
, &c. Il faut , dit le pieux Auteur
aimer et honoter sa Patrie sans s'y attacher
, et comme Notre Seigneur est Auteur
de ce Proverbe , il faut l'expliquer.
selon sa pensée et faire attention que le
Sauveur prêchoit alors dans la Ville de
Nazareth et devant les Nazaréens , ses
Compatriotes . Par son exemple et par ses
paroles , il nous écarte de notre pays natal
, puisqu'il a exccuté lui - même l'avis
qu'il donne , il honora peu Nazareth de
ses Prédications et de ses visites , quand
1. Vol il
3000 MERCURE DE FRANCE
it eut commencé d'annoncer l'Evangile ,
quoiqu'il y eût assez long- temps fait sa
demeure. Faisons - en de même , nous serons
plus utiles à notre Patrie de loin que
de près ne la négligeons pas , mais ser- ;
vons-la en lui faisant honneur par le re
glement de nos moeurs et par le bon usage
de notre esprit , plus que par les emplois
dont elle pourroit nous charger , ou
par les travaux du corps qu'elle a droit
d'exiger de nous ; c'est l'intention du
Créateur , à qui nous devons tout ce que
nous sommes . La lignée des impies sera dé
truite , dit l'Ecclesiaste . ( Eccl . 16. ) pourvû
qu'il reste seulement un homme sense
lė pays ne sera point désert. Ce n'est
point l'abondance des enfans qui relevo
lés familles ou qui donne de l'éclat à un
Pays , multiplicasti gentem , sed non magni→
ficasti latitiam. C'est le mérite des gene
d'honneur qui en sont originaires , soit
qu'il y établissent leur demeure, ou qu'ils
fassent ailleurs leur retraite. Les Maccha
bées ont beaucoup plus augmenté la gloire
de leur Patrie par leur mort avancée ,
que s'ils avoient vécu pendant plusieurs
siecles . Leur Ste . Mere contribua tant
qu'elle put à leur triomphe , et c'étoit
pour la deffense des Loix de leur Patrie
que la Mere et les Enfans combattirenz
L ..Vols avec
*
DECEMBRE. 1731. 3000
avec tant de courage. Il est bien doux de
mourir pour sa Patrie , mais on n'en trou .
ve pas toujours l'occasion , il suffit de
vivre pour elle , en la rendant illustre ,
lorsque nous tâchons nous- mêmes de
devenir illustres par nos mérites. On dit
en commun Proverbe , Que la fumée du
Pays vaut et plaît mieux que le feu d'ail
leurs ce n'est qu'un préjugé qui nous fair
préferer une vapeur obscure , épaisse er
importune au feu clair et luisant qui ré◄
jouit les yeux comme le corps. De - là
vient le respect dû aux parens dont nous
tenons la vie ; mais comme dans son établissement
on se sépare d'eux sans manà
quer à ce respect, on se sépare de même de
la Patrie, sans cesser de l'aimer .
La familiarité engendre le mépris , la
jalousie engendre la division ; tout Royaume
divisé ne sçauroit se soutenir ; pour
éviter des inconveniens si communs, trai
tons la Patrie comme les Parens , quittons
l'un comme l'autre , honorons l'un comme
l'autre , et c'est tout ce que notre reconnoissance
exige de nous à l'égard do
l'un comme de l'autre. Voila le sens dans
lequel nous devons aimer notre Patrie ;
mais que ce soit en y demeurant , c'est
être trop délicat, dit Hugues de S.Victor,
que d'avoir un attachement si naturel
II. Vol.
pou
3002 MERCURE DE FRANCE
pour elle ; c'est être genereux que de regarder
toute la Terre comme son Pays ,
c'est être parfait que de la regarder comme
son exil , parce que le Ciel seul est;
et doit être notre seule Patrie.
Passons à l'autre maniere de parler ,,
Bâtir des Châteaux en Espagne. Le même
Auteur qui prend ce Proverbe dans le sens.
moral , comme le premier ; après avoir
moralisé , dit qu'à la lettre il vient de
ce qu'on voit très-peu de Palais dans
les Campagnes de ce vaste Pays , et qu'il
n'y a que de petites Maisons pour servir
d'Hôtelleries ; la raison de cela est que les
Maures faisant souvent des courses dans
les Espagnes , on en abbatit tous les lieux
qui pouvoient donner retraite à ces Barbares
, desorte que les Esprits vains qui
s'occupent de leur grandeur imaginaire ,
dont on ne voit point les effets , sont des
Ouvriers de Châteaux en Espagne , qui
ne sont pas faisables et on appelle cela
dans nos idées ordinaires des fantaisies.
musquées , et quand on passe jusqu'à la
narration des contes à la Cigogne ; en
Normandie , des Histoires du Roy Guillemot
( par rapport à Guillaume le Conquerant
) nous disons aussi que ceux qui
nous ennuyent de la sorte ont des Chambres
à louer dans leur tête , qu'ils ont des
rats , &c.
DECEMBRE 1731. 3003
Comme je venois ces jours passez de
parcourir le Dictionnaire de Nicod, quand
je reçûs le Mercure , je pris aussi tôt la
résolution de vous envoyer la Réponse à
ce Proverbe , qu'il tire de plus haut que
notre Religieux, mais dont je ne vous garantis
pas la verité , il dit donc qu'on
peut exprimer ce Proverbe en Grec aepóvæ
et en Latin par aërem verberare
en François , par se promener dans les
espaces imaginaires , tuer le temps , s'amuser
à des riens. Ceux qui recherchent
de plus loin l'origine de ce Proverbe
continue t'il , disent que Cecilius Metellus
, ayant assiegé une Ville d'Espagne
dans l'Arragon , et reconnu que pour être
trop bien munie il ne pouvoit venir à
bout de son dessein , il leva le Siege etcourut
tout le Pays d'alentour en bâtissant
sur le haut des Montagnes beaucoup
de Forteresses qu'il commençoit et qu'il
n'achevoit pas , ( Forteresses que nous appellons
des Châteaux en France ) et en
faisant creuser dans les Vallées , comme
pour disposer les fondemens de bâtimens ,
là où il n'y en avoit jamais cû , et tout cela
n'étoit qu'un stratagême qui fut si bien
suivi , que
les Arragonois le firent passer
pour un insensé , qui repaissoit son imagination
de ces nouvelles constructions
II, Vol.
9
parce
3004 MERCURE DE FRANCE
parce qu'il se sentoit incapable d'attaquer
leurs Places . Cette conduite donna
Occasion à un de ses amis de s'informer
à quel dessein il faisoit cela , si ma chemise
en pouvoit dire quelque chose , répondit-
il , je la brulerois sur l'heure ; là - dessusles
Aragonnois demeurant tranquiles er
ne se défiant point de lui ; où est l'Ennemi
( disoient- ils ) il bâtit des Châteaux
( répondoit - on ) laissons le faire , tanɛ
qu'il fera cela il ne prendra pas les nôtres .
Mais quand le Guerrier vit l'occasion
belle , il retourna promptement sur ses
pas , s'alla camper devant la Ville qui
étoit sans provision et sans deffense , et
l'obligea de se rendre. Voila , dit- il alors,
comme je bâtis des Châteaux ailleurs ,
je prens les vôtres , prenez les miens . Jo
suis , &c..
desDemandes faites dans le premier Vclume
du Mercure de Juin dernier, p.1344 •
sur quelques Proverbes , &c.
'Ay refléchi , Monsieur , sur l'article
du Mercure de Juin , où l'on demande
l'explication de quelques manicres de
parler qui sont d'un usage familier dans
notre Langue, dont la raison ou l'Allegerie
ne se presente pas d'abord à l'esprit ,
et qu'il ne seroit peut- être pas inutile
d'éclaircir . Je n'entreprens pas de sa
11. Vol
satis
DECEMBRE. 1731 299
tisfaire le Public sur tous les articles pro.
posez ; je me contente de vous envoyer
pour cette fois l'Explication de deux de
ces expressions proverbiales. Nul n'est
Prophete en son Pays , et faire des Châteaux:
en Espagne.
Je tire cette Explication d'un Livre
imprimé à Paris en 1665. intitulé : le Di-.
vertissement des Sages , vol. in 8. Ouvrage
d'un Religieux Pénitent , ou du Tiers
Ordre de S. François , nommé à Paris
Picpus , lequel a aussi composé d'autres
Ouvrages , où l'on remarque beaucoup
de pieté. Celui dont il s'agit ici contient
un Recueil de Proverbes François ,
tous expliquez par l'Ecriture et par les
Peres.
Sur le premier Proverbe. Nul n'est Prophete
, &c. Il faut , dit le pieux Auteur
aimer et honoter sa Patrie sans s'y attacher
, et comme Notre Seigneur est Auteur
de ce Proverbe , il faut l'expliquer.
selon sa pensée et faire attention que le
Sauveur prêchoit alors dans la Ville de
Nazareth et devant les Nazaréens , ses
Compatriotes . Par son exemple et par ses
paroles , il nous écarte de notre pays natal
, puisqu'il a exccuté lui - même l'avis
qu'il donne , il honora peu Nazareth de
ses Prédications et de ses visites , quand
1. Vol il
3000 MERCURE DE FRANCE
it eut commencé d'annoncer l'Evangile ,
quoiqu'il y eût assez long- temps fait sa
demeure. Faisons - en de même , nous serons
plus utiles à notre Patrie de loin que
de près ne la négligeons pas , mais ser- ;
vons-la en lui faisant honneur par le re
glement de nos moeurs et par le bon usage
de notre esprit , plus que par les emplois
dont elle pourroit nous charger , ou
par les travaux du corps qu'elle a droit
d'exiger de nous ; c'est l'intention du
Créateur , à qui nous devons tout ce que
nous sommes . La lignée des impies sera dé
truite , dit l'Ecclesiaste . ( Eccl . 16. ) pourvû
qu'il reste seulement un homme sense
lė pays ne sera point désert. Ce n'est
point l'abondance des enfans qui relevo
lés familles ou qui donne de l'éclat à un
Pays , multiplicasti gentem , sed non magni→
ficasti latitiam. C'est le mérite des gene
d'honneur qui en sont originaires , soit
qu'il y établissent leur demeure, ou qu'ils
fassent ailleurs leur retraite. Les Maccha
bées ont beaucoup plus augmenté la gloire
de leur Patrie par leur mort avancée ,
que s'ils avoient vécu pendant plusieurs
siecles . Leur Ste . Mere contribua tant
qu'elle put à leur triomphe , et c'étoit
pour la deffense des Loix de leur Patrie
que la Mere et les Enfans combattirenz
L ..Vols avec
*
DECEMBRE. 1731. 3000
avec tant de courage. Il est bien doux de
mourir pour sa Patrie , mais on n'en trou .
ve pas toujours l'occasion , il suffit de
vivre pour elle , en la rendant illustre ,
lorsque nous tâchons nous- mêmes de
devenir illustres par nos mérites. On dit
en commun Proverbe , Que la fumée du
Pays vaut et plaît mieux que le feu d'ail
leurs ce n'est qu'un préjugé qui nous fair
préferer une vapeur obscure , épaisse er
importune au feu clair et luisant qui ré◄
jouit les yeux comme le corps. De - là
vient le respect dû aux parens dont nous
tenons la vie ; mais comme dans son établissement
on se sépare d'eux sans manà
quer à ce respect, on se sépare de même de
la Patrie, sans cesser de l'aimer .
La familiarité engendre le mépris , la
jalousie engendre la division ; tout Royaume
divisé ne sçauroit se soutenir ; pour
éviter des inconveniens si communs, trai
tons la Patrie comme les Parens , quittons
l'un comme l'autre , honorons l'un comme
l'autre , et c'est tout ce que notre reconnoissance
exige de nous à l'égard do
l'un comme de l'autre. Voila le sens dans
lequel nous devons aimer notre Patrie ;
mais que ce soit en y demeurant , c'est
être trop délicat, dit Hugues de S.Victor,
que d'avoir un attachement si naturel
II. Vol.
pou
3002 MERCURE DE FRANCE
pour elle ; c'est être genereux que de regarder
toute la Terre comme son Pays ,
c'est être parfait que de la regarder comme
son exil , parce que le Ciel seul est;
et doit être notre seule Patrie.
Passons à l'autre maniere de parler ,,
Bâtir des Châteaux en Espagne. Le même
Auteur qui prend ce Proverbe dans le sens.
moral , comme le premier ; après avoir
moralisé , dit qu'à la lettre il vient de
ce qu'on voit très-peu de Palais dans
les Campagnes de ce vaste Pays , et qu'il
n'y a que de petites Maisons pour servir
d'Hôtelleries ; la raison de cela est que les
Maures faisant souvent des courses dans
les Espagnes , on en abbatit tous les lieux
qui pouvoient donner retraite à ces Barbares
, desorte que les Esprits vains qui
s'occupent de leur grandeur imaginaire ,
dont on ne voit point les effets , sont des
Ouvriers de Châteaux en Espagne , qui
ne sont pas faisables et on appelle cela
dans nos idées ordinaires des fantaisies.
musquées , et quand on passe jusqu'à la
narration des contes à la Cigogne ; en
Normandie , des Histoires du Roy Guillemot
( par rapport à Guillaume le Conquerant
) nous disons aussi que ceux qui
nous ennuyent de la sorte ont des Chambres
à louer dans leur tête , qu'ils ont des
rats , &c.
DECEMBRE 1731. 3003
Comme je venois ces jours passez de
parcourir le Dictionnaire de Nicod, quand
je reçûs le Mercure , je pris aussi tôt la
résolution de vous envoyer la Réponse à
ce Proverbe , qu'il tire de plus haut que
notre Religieux, mais dont je ne vous garantis
pas la verité , il dit donc qu'on
peut exprimer ce Proverbe en Grec aepóvæ
et en Latin par aërem verberare
en François , par se promener dans les
espaces imaginaires , tuer le temps , s'amuser
à des riens. Ceux qui recherchent
de plus loin l'origine de ce Proverbe
continue t'il , disent que Cecilius Metellus
, ayant assiegé une Ville d'Espagne
dans l'Arragon , et reconnu que pour être
trop bien munie il ne pouvoit venir à
bout de son dessein , il leva le Siege etcourut
tout le Pays d'alentour en bâtissant
sur le haut des Montagnes beaucoup
de Forteresses qu'il commençoit et qu'il
n'achevoit pas , ( Forteresses que nous appellons
des Châteaux en France ) et en
faisant creuser dans les Vallées , comme
pour disposer les fondemens de bâtimens ,
là où il n'y en avoit jamais cû , et tout cela
n'étoit qu'un stratagême qui fut si bien
suivi , que
les Arragonois le firent passer
pour un insensé , qui repaissoit son imagination
de ces nouvelles constructions
II, Vol.
9
parce
3004 MERCURE DE FRANCE
parce qu'il se sentoit incapable d'attaquer
leurs Places . Cette conduite donna
Occasion à un de ses amis de s'informer
à quel dessein il faisoit cela , si ma chemise
en pouvoit dire quelque chose , répondit-
il , je la brulerois sur l'heure ; là - dessusles
Aragonnois demeurant tranquiles er
ne se défiant point de lui ; où est l'Ennemi
( disoient- ils ) il bâtit des Châteaux
( répondoit - on ) laissons le faire , tanɛ
qu'il fera cela il ne prendra pas les nôtres .
Mais quand le Guerrier vit l'occasion
belle , il retourna promptement sur ses
pas , s'alla camper devant la Ville qui
étoit sans provision et sans deffense , et
l'obligea de se rendre. Voila , dit- il alors,
comme je bâtis des Châteaux ailleurs ,
je prens les vôtres , prenez les miens . Jo
suis , &c..
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Résumé : REPONSE de M. A. C. D. V. à deux des Demandes faites dans le premier Volume du Mercure de Juin dernier, p. 1344. sur quelques Proverbes, &c.
Dans une réponse publiée dans le Mercure de Juin 1731, M. A. C, D. V. explique deux proverbes : 'Nul n'est prophète en son pays' et 'faire des châteaux en Espagne'. Pour le premier proverbe, l'auteur se réfère à 'Le Divertissement des Sages', un ouvrage imprimé à Paris en 1665. Ce proverbe signifie qu'il faut aimer et honorer sa patrie sans s'y attacher excessivement. Jésus, par exemple, n'a pas beaucoup prêché dans sa ville natale de Nazareth, illustrant ainsi l'idée que l'on peut être plus utile à sa patrie de loin que de près. Pour le second proverbe, 'faire des châteaux en Espagne', l'auteur explique qu'il désigne des projets irréalistes ou des fantasmes. Historiquement, cette expression trouve son origine dans les stratégies militaires de Cecilius Metellus, qui a construit des forteresses inachevées en Espagne pour tromper ses ennemis. L'auteur mentionne également des références littéraires et historiques, comme les Macchabées et Guillaume le Conquerant, pour enrichir ses explications. Il conclut en soulignant l'importance de vivre pour sa patrie en la rendant illustre par ses mérites.
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72
p. 164-165
ESPAGNE.
Début :
Les Ouvrages que le Roy a fait construire le long [...]
Mots clefs :
Espagne, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
Ouvrages que le Roy a fait construire le
Llong de la Ligne, qui empêche la communica
tion de Gibraltar avec l'Andalousie , étant suffisans pour empêcher que les Anglois ne fassene la contrebande dans cette Province. S.M.a donné
depuis peu des Ordres pour les faire cesser et
pour renvoyer dans leurs quartiers, les Troupes
qui y étoient occupées.
On apprend que le Duc de Riperda qui étoit
arrivé à Tanger , sur un Vaisseau Hollandois ,
en étoit parti pour se rendre à la Cour du Roy de Maroc
Ouvrages que le Roy a fait construire le
Llong de la Ligne, qui empêche la communica
tion de Gibraltar avec l'Andalousie , étant suffisans pour empêcher que les Anglois ne fassene la contrebande dans cette Province. S.M.a donné
depuis peu des Ordres pour les faire cesser et
pour renvoyer dans leurs quartiers, les Troupes
qui y étoient occupées.
On apprend que le Duc de Riperda qui étoit
arrivé à Tanger , sur un Vaisseau Hollandois ,
en étoit parti pour se rendre à la Cour du Roy de Maroc
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Résumé : ESPAGNE.
Le roi d'Espagne a ordonné l'arrêt des travaux et le retrait des troupes des fortifications entre Gibraltar et l'Andalousie. Ces ouvrages empêchaient la contrebande anglaise. Par ailleurs, le Duc de Riperda a quitté Tanger pour la cour du roi du Maroc.
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73
p. 165-169
Discours du Roy au Parlement, &c. [titre d'après la table]
Début :
MYLORDS ET MESSIEURS, C'est un grand plaisir pour moi [...]
Mots clefs :
Discours, Roi d'Angleterre, Chambre des pairs, Espagne, Chambre des communes
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texteReconnaissance textuelle : Discours du Roy au Parlement, &c. [titre d'après la table]
idi , le Roy se rendit en Cortège en la Chambre des Pairs , ayant mandé les Communes.S M. fit l'ouverture de la Scéance du Parlement par le.
Discours suivant.
MYLORDS ET MESSIEURS,
C'est un grand plaisir pour moi de pouvoir vous dire que les esperances que je vous ai données de
temps en temps , de voir la tranquillité de l'Europe rétablie et affermie , sont à present entierement
accomplies,je m'assure que la part du crédit et de
l'influence que la Couronne d'Angleterre a eue dans
La réussite de cette affaire , comme on le reconnoît au dehors , sera agréable à mon peuple , et que vous en aurez de la reconnoissance..
On sçait que depuis le temps de la conclusion,
de la Quadruple Alliance , les diferentes Cours de
l'Europe ont cherché les moyens d'exécuter ce qui
avoit été convenu par les Puissances principales pour la succession de Toscane , et des Duchez de
Parme et de Plaisance , en faveur d'un Infant
d'Espagne
2
18 MERCURE DE FRANCE
Espagne , mais les interets differens et opposez
difficiles à concilier et à réunir pour faire réussir
une affaire de si grande importance; les vues éten
dues et les esperances qu'on avoit conçûës de chaque côté, d'obtenir de plus grands avantages , les ja- ·
lousies naturelles et les défiances que de tels principes
et des desseins contraires les uns aux autres , ont
fait naître parmi les differentes Puissances interessées avoit tenu en suspens et dans l'inéxécution ;
ce quela Cour d'Espagne avoit extrêmement àcœur,,
et avoit causé des troubles et des désordes qui ont
embarassé les affaires de l'Europe pendant plusieurs
années , et dans lesquels les interêts particuliers de
cette Nation ont été envelopez. ,
Vous avez été de temps en temps informez des :
differentes mesures et négociations qu'on a employées
de tous côtez durant cette situation incertaine des affaires , et vous m'avez mis en état de continuer
mes soins , pour conserver les droits et possessions .
de ce Royaume, la paix et la balance de l'Europe
Les articles préliminaires et les transactions qui les
ont suivies , n'ayant pas répondu aux attentes de la
Cour d'Espagne , et ayant causéde la froideur et du mécontentement entre les Parties contractantes di
premier Traité de Vienne , furent le fondement et là
cause du Traité de Séville , et détruisirent parla :
cette union , qui avoit fait naître tant de crainte et allarmé le monde si long- temps.
L'exécution du Traité de Séville étoit la grande
difficulté qui restoit encore ; et quelqu'insurmontable qu'on a crût,j'aipar lesecours etparlaconfiance que vous avez euë en moi , été en état de la vaincre par des Traitez justes et honorables , sans en
venir aux extrémitez , sans courir le hazard ni
m'exposer à la dépense qu'auroit causé une rupture··
générale , et sans allumer la guerre dans aucune
partie de l'Europe... Parme
JANVIER 1732: 167-
Parme et Plaisance sont à présent dans l'actuelle ·
possession de l'Infant Don Carlos. Six mille Espagnols ont été tranquillement reçus et mis en quar-.
tiers dans le Duché de Toscane , afin d'assurer à ce
Prince, du propre consentement et de l'agrément du Grand Duc, la survivance à ses Etats ; et l'on a:
fait une convention de famille entre les Cours d'Espagne et de Toscane , pour conserver la Paixet l'a
mitié entre ses deux Maisons pendant la vie du
Grand Duc.
Pour perfectionner et finir cet Ouvrage ennuyeux,
conduit au travers d'une suite de changement et de ·
vicissitude infinie , et embarassé de toutes les diffe .
rentes vûës d'interêts et d'ambition ; j'ay conclu le :
dernier Traité de Vienne , oùje ne suis entré dans ;
aucuns engagemens contraires aux précédens Trai
tez, ni qui tendent à agrandir ou diminuer lepouvoir ou le poids d'aucun Potentat ; le but n'étant, &
de conserver une juste balance et d'éviter la confusion que les nouveaux changemens et de nouveaux troubles , que les évenemens futurs feroient
naitre , causeroient inévitablement, et dans lesquels .
PAngleterre ne pourroit jamais demeurer tranquille
ni être spectatrice oisive.
que
Quandcela aura été bien consideréet qu'on verra
queles playes qui ont saigné long-temps , sont entierement consolidées ; les jalousies sans fondement cesseront , la paix et la bonne harmonie reviendront
ensemble , toute défiance et soupçon , effet naturel des
délais réitérez , artificieusement insinués et indus-..
trieusement augmentez et aggravez , seront éloignez ; une mutuelle satisfaction sera la conséquence
de la ponctuelle et effective exécution de tous nos
Engagemens , dont on se ressouviendra toujours
avec beaucoup d'égard et d'honneur pour la Couronne et pour cette Nation , et qui mettra ceux quiJu
13 MERCURE DE FRANCE
·
sont immédiatement intéressez , dans une obliga--
tion indispensable d'en avoir la reconnoissance que
P'honneur et la justice demandent.
MESSIEURS de la Chambre des
Communes ,
On remettra devant vous les estimations où l'é--
tat des dépenses pour le service de l'année courante , qui , comme vous le remarquerez, sont beau coup moins considérables que celles des années précédentes. C'est un plaisir pour moi de soulager mes :
Sujets quand le temps le permet , vous avez veu les
heureux effets de votre ancien zele et fermeté , le
succès a accompagné mes mesures et vous recueillez
le fruit de mes efforts et de votre confiance en moy.
C'est pour vous une satisfaction de sçavoir quetour
tes les dépenses que vous avez faites en dernier lieu,
sont amplement recompensées, en en évitant de beaucoup plus grandes.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Je mepromets que cette heureuse situation des affaires vous donnera des dispositions unanimes et un juste zele pour le bien public , telles qu'elles convien
nenta un Parlement qui connoit les grands bonheurs
dont il jouit. Le devoir et l'affection de mes Sujets ·
sont toute la reconnoissance queje désire pour l'amour paternel que j'ai pour eux , et pour l'interêt que
jeprends en tout ce qui les regarde.. Mon gouvernement n'a de sureté que dans -ce
qui peut contribuer également à votre bonheur et
ala protection de mon peuple , et votre prosperité n'a
de fondement que dans la défense et le soutien de
mon gouvernement. Notre sureté est mutuelle , nas
intérêts sont inséparables. ·
Le Roy étant sorti de la Chambre , les Sei
gneurs
JANVIER. 1732. 169
gneurs résolurent unanimement de présenter une
adresse à S M. pour le remercier de sa Harangue,
Les Communes retirées dans leur Chambre , y
prirent une semblable résolution.
Discours suivant.
MYLORDS ET MESSIEURS,
C'est un grand plaisir pour moi de pouvoir vous dire que les esperances que je vous ai données de
temps en temps , de voir la tranquillité de l'Europe rétablie et affermie , sont à present entierement
accomplies,je m'assure que la part du crédit et de
l'influence que la Couronne d'Angleterre a eue dans
La réussite de cette affaire , comme on le reconnoît au dehors , sera agréable à mon peuple , et que vous en aurez de la reconnoissance..
On sçait que depuis le temps de la conclusion,
de la Quadruple Alliance , les diferentes Cours de
l'Europe ont cherché les moyens d'exécuter ce qui
avoit été convenu par les Puissances principales pour la succession de Toscane , et des Duchez de
Parme et de Plaisance , en faveur d'un Infant
d'Espagne
2
18 MERCURE DE FRANCE
Espagne , mais les interets differens et opposez
difficiles à concilier et à réunir pour faire réussir
une affaire de si grande importance; les vues éten
dues et les esperances qu'on avoit conçûës de chaque côté, d'obtenir de plus grands avantages , les ja- ·
lousies naturelles et les défiances que de tels principes
et des desseins contraires les uns aux autres , ont
fait naître parmi les differentes Puissances interessées avoit tenu en suspens et dans l'inéxécution ;
ce quela Cour d'Espagne avoit extrêmement àcœur,,
et avoit causé des troubles et des désordes qui ont
embarassé les affaires de l'Europe pendant plusieurs
années , et dans lesquels les interêts particuliers de
cette Nation ont été envelopez. ,
Vous avez été de temps en temps informez des :
differentes mesures et négociations qu'on a employées
de tous côtez durant cette situation incertaine des affaires , et vous m'avez mis en état de continuer
mes soins , pour conserver les droits et possessions .
de ce Royaume, la paix et la balance de l'Europe
Les articles préliminaires et les transactions qui les
ont suivies , n'ayant pas répondu aux attentes de la
Cour d'Espagne , et ayant causéde la froideur et du mécontentement entre les Parties contractantes di
premier Traité de Vienne , furent le fondement et là
cause du Traité de Séville , et détruisirent parla :
cette union , qui avoit fait naître tant de crainte et allarmé le monde si long- temps.
L'exécution du Traité de Séville étoit la grande
difficulté qui restoit encore ; et quelqu'insurmontable qu'on a crût,j'aipar lesecours etparlaconfiance que vous avez euë en moi , été en état de la vaincre par des Traitez justes et honorables , sans en
venir aux extrémitez , sans courir le hazard ni
m'exposer à la dépense qu'auroit causé une rupture··
générale , et sans allumer la guerre dans aucune
partie de l'Europe... Parme
JANVIER 1732: 167-
Parme et Plaisance sont à présent dans l'actuelle ·
possession de l'Infant Don Carlos. Six mille Espagnols ont été tranquillement reçus et mis en quar-.
tiers dans le Duché de Toscane , afin d'assurer à ce
Prince, du propre consentement et de l'agrément du Grand Duc, la survivance à ses Etats ; et l'on a:
fait une convention de famille entre les Cours d'Espagne et de Toscane , pour conserver la Paixet l'a
mitié entre ses deux Maisons pendant la vie du
Grand Duc.
Pour perfectionner et finir cet Ouvrage ennuyeux,
conduit au travers d'une suite de changement et de ·
vicissitude infinie , et embarassé de toutes les diffe .
rentes vûës d'interêts et d'ambition ; j'ay conclu le :
dernier Traité de Vienne , oùje ne suis entré dans ;
aucuns engagemens contraires aux précédens Trai
tez, ni qui tendent à agrandir ou diminuer lepouvoir ou le poids d'aucun Potentat ; le but n'étant, &
de conserver une juste balance et d'éviter la confusion que les nouveaux changemens et de nouveaux troubles , que les évenemens futurs feroient
naitre , causeroient inévitablement, et dans lesquels .
PAngleterre ne pourroit jamais demeurer tranquille
ni être spectatrice oisive.
que
Quandcela aura été bien consideréet qu'on verra
queles playes qui ont saigné long-temps , sont entierement consolidées ; les jalousies sans fondement cesseront , la paix et la bonne harmonie reviendront
ensemble , toute défiance et soupçon , effet naturel des
délais réitérez , artificieusement insinués et indus-..
trieusement augmentez et aggravez , seront éloignez ; une mutuelle satisfaction sera la conséquence
de la ponctuelle et effective exécution de tous nos
Engagemens , dont on se ressouviendra toujours
avec beaucoup d'égard et d'honneur pour la Couronne et pour cette Nation , et qui mettra ceux quiJu
13 MERCURE DE FRANCE
·
sont immédiatement intéressez , dans une obliga--
tion indispensable d'en avoir la reconnoissance que
P'honneur et la justice demandent.
MESSIEURS de la Chambre des
Communes ,
On remettra devant vous les estimations où l'é--
tat des dépenses pour le service de l'année courante , qui , comme vous le remarquerez, sont beau coup moins considérables que celles des années précédentes. C'est un plaisir pour moi de soulager mes :
Sujets quand le temps le permet , vous avez veu les
heureux effets de votre ancien zele et fermeté , le
succès a accompagné mes mesures et vous recueillez
le fruit de mes efforts et de votre confiance en moy.
C'est pour vous une satisfaction de sçavoir quetour
tes les dépenses que vous avez faites en dernier lieu,
sont amplement recompensées, en en évitant de beaucoup plus grandes.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Je mepromets que cette heureuse situation des affaires vous donnera des dispositions unanimes et un juste zele pour le bien public , telles qu'elles convien
nenta un Parlement qui connoit les grands bonheurs
dont il jouit. Le devoir et l'affection de mes Sujets ·
sont toute la reconnoissance queje désire pour l'amour paternel que j'ai pour eux , et pour l'interêt que
jeprends en tout ce qui les regarde.. Mon gouvernement n'a de sureté que dans -ce
qui peut contribuer également à votre bonheur et
ala protection de mon peuple , et votre prosperité n'a
de fondement que dans la défense et le soutien de
mon gouvernement. Notre sureté est mutuelle , nas
intérêts sont inséparables. ·
Le Roy étant sorti de la Chambre , les Sei
gneurs
JANVIER. 1732. 169
gneurs résolurent unanimement de présenter une
adresse à S M. pour le remercier de sa Harangue,
Les Communes retirées dans leur Chambre , y
prirent une semblable résolution.
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Résumé : Discours du Roy au Parlement, &c. [titre d'après la table]
Le roi s'est rendu à la Chambre des Pairs pour ouvrir la séance du Parlement par un discours. Il a annoncé que les espoirs de rétablir la tranquillité en Europe étaient accomplis, mettant en avant le rôle de la Couronne d'Angleterre dans cette réussite. Depuis la Quadruple Alliance, les cours européennes cherchaient à exécuter les accords concernant la succession de la Toscane et des duchés de Parme et de Plaisance en faveur d'un infant d'Espagne. Cependant, les intérêts divergents et les défiances avaient retardé l'exécution de ces accords, causant des troubles en Europe. Le roi a mentionné les différentes mesures et négociations employées durant cette période incertaine, visant à conserver les droits et possessions du Royaume, ainsi que la paix et la balance en Europe. Les articles préliminaires et les transactions du premier Traité de Vienne n'ayant pas répondu aux attentes de la Cour d'Espagne, ils furent à l'origine du Traité de Séville. L'exécution de ce traité fut facilitée par des accords justes et honorables, évitant ainsi une rupture générale et une guerre en Europe. Parme et Plaisance sont désormais sous la possession de l'infant Don Carlos, et des Espagnols ont été installés en Toscane pour assurer la succession. Une convention de famille entre les cours d'Espagne et de Toscane a été conclue pour maintenir la paix et l'amitié. Le roi a conclu le dernier Traité de Vienne, visant à conserver une juste balance et à éviter de nouveaux troubles. Le roi a souligné que les dépenses pour l'année courante étaient moins considérables que les années précédentes, remerciant ses sujets pour leur zèle et leur confiance. Il a exprimé son désir de voir le Parlement uni et zélé pour le bien public, soulignant que la sécurité et la prospérité mutuelles dépendaient de la défense et du soutien réciproques. À la fin du discours, les seigneurs et les communes ont résolu de présenter une adresse au roi pour le remercier de sa harangue.
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74
p. 388
ESPAGNE.
Début :
On mande de Madrid que le Marquis de Villareal, Exempt [...]
Mots clefs :
Espagne, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
E.S.PAGNE,
N mande de Madrid que le Marquis de Villareal , Exempt des Gardes du Corps du
Roy , y avoit apporte la nouvelle que l'Infant
DonCarlos étoit arrivé à Livourne le 27. de Decembre , à bord de la Capitane des Galeres du
Roy; qu'aussi-tôt après son arrivée , le Mar-,
quis Renuccini, premier Ministre du Grand Duc,
étoit venu le complimenter de la part de 'ce Prin- ce et de la part de l'Electrice Doüairiere Palatine;
on a chanté le Te Deum à l'occasion de cette nouvelle dans la Chapelle Royale du Palais de l'Alcaçar et dans l'Eglise Cathedrale de Seville , et
pendant trois nuits consecutives il y a eu des
Feux , des Illuminations et d'autres marques de
réjouissance tant à Madrid qu'à Seville , et dans
les principales Villes du Royaume.
Il est entré dans la Baye de Cadix , pendant le
cours de l'année derniere 301. Vaisseaux Anglois, 130. François , 3. Hollandois ; non compris les Vaisseaux de Guerre de cette Nation , 9.
Suedois , 3. Hambourgois , un Imperial , un Danois et un Genois.
Le Roy a formé depuis peu une Compagnie
Royale de Carabiniers ou Mousquetaires , composée de trois Brigades , et chaque Brigade de 450. hommes. S M. s'est reservé le titre de
Capitaine de cette Compagnie , dont elle a donné le Commandement à Don Bonaventure de
Morimont.
N mande de Madrid que le Marquis de Villareal , Exempt des Gardes du Corps du
Roy , y avoit apporte la nouvelle que l'Infant
DonCarlos étoit arrivé à Livourne le 27. de Decembre , à bord de la Capitane des Galeres du
Roy; qu'aussi-tôt après son arrivée , le Mar-,
quis Renuccini, premier Ministre du Grand Duc,
étoit venu le complimenter de la part de 'ce Prin- ce et de la part de l'Electrice Doüairiere Palatine;
on a chanté le Te Deum à l'occasion de cette nouvelle dans la Chapelle Royale du Palais de l'Alcaçar et dans l'Eglise Cathedrale de Seville , et
pendant trois nuits consecutives il y a eu des
Feux , des Illuminations et d'autres marques de
réjouissance tant à Madrid qu'à Seville , et dans
les principales Villes du Royaume.
Il est entré dans la Baye de Cadix , pendant le
cours de l'année derniere 301. Vaisseaux Anglois, 130. François , 3. Hollandois ; non compris les Vaisseaux de Guerre de cette Nation , 9.
Suedois , 3. Hambourgois , un Imperial , un Danois et un Genois.
Le Roy a formé depuis peu une Compagnie
Royale de Carabiniers ou Mousquetaires , composée de trois Brigades , et chaque Brigade de 450. hommes. S M. s'est reservé le titre de
Capitaine de cette Compagnie , dont elle a donné le Commandement à Don Bonaventure de
Morimont.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 27 décembre, l'Infant Don Carlos est arrivé à Livourne à bord de la capitane des galères du roi. Le Marquis Renuccini, premier ministre du Grand Duc, l'a accueilli au nom du prince et de l'Électrice Douairière Palatine. Cette arrivée a été célébrée par des Te Deum dans la chapelle royale du palais de l'Alcazar et dans la cathédrale de Séville, ainsi que par des feux, des illuminations et des réjouissances à Madrid, Séville et dans les principales villes du royaume. Par ailleurs, 301 vaisseaux anglais, 130 français, 3 hollandais, 9 suédois, 3 hambourgeois, un impérial, un danois et un génois ont entré dans la baie de Cadix au cours de l'année précédente, sans compter les vaisseaux de guerre de la nation. Enfin, le roi a créé une compagnie royale de carabiniers ou mousquetaires, composée de trois brigades de 450 hommes chacune. Sa Majesté s'est réservé le titre de capitaine de cette compagnie et a confié son commandement à Don Bonaventure de Morimont.
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75
p. 599
ESPAGNE.
Début :
Le Roy a donné des Ordres pour faire assembler 12 000 [...]
Mots clefs :
Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAG «N»E.
LEsembler Roy a12000 donnéhommes des Ordres , du pour côté defairela Ca- astalogne ; on les croit destinez pour un embarquement , et on arme plusieurs Vaisseaux de
Guerre à Cadix , à Malaga et à Barcelone.
.
Les Troupes qui sont en marche pour cette,
expédition , consistent en 26 Bataillons ; sçavoir,
6 du Regiment des Gardes Espagnoles , 6 de celui des Gardes Walones , 2 du Regiment des Asturies , 2 de celui de Hainault , 2 de celui de Soria; 2 du Regiment d'Arragon, 2 de celui de Batavia et un de celui de Victoria; trois Regimens de
Cavalerie, qui sont ceux de Bourbon, de la Reine
et deS. Jacques, et les quatre Regimens de Dra-.
gons de Lusitanie ou Portugal, de Belgia , de Sa- gunte et de Numance.
O
LEsembler Roy a12000 donnéhommes des Ordres , du pour côté defairela Ca- astalogne ; on les croit destinez pour un embarquement , et on arme plusieurs Vaisseaux de
Guerre à Cadix , à Malaga et à Barcelone.
.
Les Troupes qui sont en marche pour cette,
expédition , consistent en 26 Bataillons ; sçavoir,
6 du Regiment des Gardes Espagnoles , 6 de celui des Gardes Walones , 2 du Regiment des Asturies , 2 de celui de Hainault , 2 de celui de Soria; 2 du Regiment d'Arragon, 2 de celui de Batavia et un de celui de Victoria; trois Regimens de
Cavalerie, qui sont ceux de Bourbon, de la Reine
et deS. Jacques, et les quatre Regimens de Dra-.
gons de Lusitanie ou Portugal, de Belgia , de Sa- gunte et de Numance.
O
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Résumé : ESPAGNE.
Au début du XIIIe siècle, le roi espagnol mobilise 12 000 hommes des Ordres militaires pour une campagne en Castille. L'expédition, comprenant 26 bataillons et trois régiments de cavalerie, embarque à Cadix, Malaga et Barcelone. Quatre régiments de dragons participent également.
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76
p. 1004-1005
D'ESPAGNE.
Début :
L'Embarquement des Troupes du Roy pour l'Expédition secrette [...]
Mots clefs :
Espagne
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texteReconnaissance textuelle : D'ESPAGNE.
'ESPAGNE.
'Embarquement des Troupes du Roy pour
l'Expédition secrette, se fait à Cadix, au Port
du Camp de S. Rach, à Alicante et à Barcelone ;
c'est dans le Port de cette derniere Ville qu'on a
embarqué toute l'Artillerie et l'Hôpital de l'Armée , et le rendez-vous de tous les Vaisseaux est
Alicante.
Les dernieres nouvelles d'Espagne portent
qu'on a déja embarqué à Barcelonne so grosses Piéces de Canon , P'Artillerie de Campagne et
PHôpital de l'Armée ; et que les Troupes qu'on embarque dans le Royaume de Valence, consisgent en 31 Bataillons et 24 Escadrons , faisant
en tout 1833 Officiers et 24747 Soldats , outre
42 Ingénieurs , 1500 Domestiques , et 4000 Chevaux,
Les
MAY. 1-3.2. 1005
Les dernieres Lettres de Cadix portent qu'on
y avoit arrêté et fretté, par ordre du Roy , tous
les Bâtimens Etrangers qui étoient dans la Baye;
que les Vaisseaux de Guerre qui étoient dans le
Port , en étoient partis pour aller à Alicante
joindre les autres Vaisseaux de la Flotte , qui y
ont leur rendez-vous , et qu'on avoit commencé
à délivrer aux Interressez dans le retour du der
nier Vaisseau de Registre qui est revenu de la
Vera-Cruz , tout l'argent , la Cochenille , et fes
autres Marchandises de ce Bâtiment , sur lesquels on retenoit 9 pour cent d'Indult pour le
Roy.
O
'Embarquement des Troupes du Roy pour
l'Expédition secrette, se fait à Cadix, au Port
du Camp de S. Rach, à Alicante et à Barcelone ;
c'est dans le Port de cette derniere Ville qu'on a
embarqué toute l'Artillerie et l'Hôpital de l'Armée , et le rendez-vous de tous les Vaisseaux est
Alicante.
Les dernieres nouvelles d'Espagne portent
qu'on a déja embarqué à Barcelonne so grosses Piéces de Canon , P'Artillerie de Campagne et
PHôpital de l'Armée ; et que les Troupes qu'on embarque dans le Royaume de Valence, consisgent en 31 Bataillons et 24 Escadrons , faisant
en tout 1833 Officiers et 24747 Soldats , outre
42 Ingénieurs , 1500 Domestiques , et 4000 Chevaux,
Les
MAY. 1-3.2. 1005
Les dernieres Lettres de Cadix portent qu'on
y avoit arrêté et fretté, par ordre du Roy , tous
les Bâtimens Etrangers qui étoient dans la Baye;
que les Vaisseaux de Guerre qui étoient dans le
Port , en étoient partis pour aller à Alicante
joindre les autres Vaisseaux de la Flotte , qui y
ont leur rendez-vous , et qu'on avoit commencé
à délivrer aux Interressez dans le retour du der
nier Vaisseau de Registre qui est revenu de la
Vera-Cruz , tout l'argent , la Cochenille , et fes
autres Marchandises de ce Bâtiment , sur lesquels on retenoit 9 pour cent d'Indult pour le
Roy.
O
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Résumé : D'ESPAGNE.
L'embarquement des troupes du roi pour une expédition secrète en Espagne se déroule à Cadix, au port du Camp de S. Rach, à Alicante et à Barcelone. À Barcelone, toute l'artillerie et l'hôpital de l'armée sont embarqués, et Alicante est le point de rendez-vous des vaisseaux. Les dernières nouvelles confirment l'embarquement de pièces d'artillerie, d'artillerie de campagne et de l'hôpital de l'armée à Barcelone. Les troupes embarquées dans le royaume de Valence comprennent 31 bataillons et 24 escadrons, totalisant 1833 officiers et 24747 soldats, ainsi que 42 ingénieurs, 1500 domestiques et 4000 chevaux. À Cadix, tous les bâtiments étrangers dans la baie ont été arrêtés et fretés par ordre du roi. Les vaisseaux de guerre du port sont partis pour Alicante afin de rejoindre la flotte. Les intéressés du retour du dernier vaisseau de registre revenu de Vera-Cruz ont reçu l'argent, la cochenille et autres marchandises, après une retenue de 9 pour cent d'indult pour le roi.
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77
p. 1230-1232
D'ESPAGNE.
Début :
La plus grande partie des Troupes qui doivent être embarquées [...]
Mots clefs :
Espagne, Ligne
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texteReconnaissance textuelle : D'ESPAGNE.
DE SPAGNE,
Lêtre embarquées sur la Flote du Ray,est ar- A plus grande partie des Troupes qui doivent
rivée à Alicante, ainsi que l'Artillerie qu'on avoit
embarquée à Barcelone ; mais on doute que l'embarquement general puisse se faire au commencement de ce mois , comme la Cour Pavoit réI. Vol solu...
JUIN. 1732. 123.1
solu, parce qu'on n'a pas encore assez rassemblé
de Bâtimens de transport , quoiqu'on ait arrêté
tous les Navires étrangers qui étoient dans le
Port. On croit que tout cet armement est destiné
à faire le Siege d'Oran.
D'autres Lettres d'Alicante portent qu'ony avoit
commencé à embarquer so. Pieces de gros Canon et 30. Mortiers , qu'il y étoit arrivé de Cadix 44. Bâtimens de transport ; qu'il y en avoit
près de 150. dans les autres Ports , et que ce
nombre n'étant pas suffisant , on y avoit envoyé
ordre d'arrêter tous les Vaisseaux étrangers , et
même ceux qui étaient chargez.
Le bruit court qu'on va fortifier par de nouveaux Ouvrages la Ligne que le Roy a fait faire
en-deçà de Gibraltar , pour empêcher la contrebande des Marchandises. d'Angleterre dans l'interieur du Royaume , et qu'on va élever à l'une
des extrémitez de cette Ligne un nouveau Mole
qui s'étendra jusques dans la Baye , et dont l'Artillerie pourra incommoder les murailles de la
Ville , en cas de guerre.
Le Roya chargé son nouvel Agent à Londres,
de demander à la Compagnie de la Mer du Sud,
un compte general du droit particulier que S. M.
s'est réservé par le Traité de l'Assicute , sur les
profits que cette Compagnie peut faire par som
commerce dans les Ports Espagnols de l'Amerique.
,
Le 18. Avril , un Pinque venant de Livourne ,
arriva à Barcelonne ; il fut attaqué le 16. au matin , entre les Côtes de France et d'Espagne par
un Vaisseau Corsaire de 16 Pieces de Canon ,
de dix Pierriers et de 110. hommes d'équipage
parmi lesquels il y avoit trois ou quatre Renegats. Les deux Bâtimens ayant commencé à se
I. Vol. Canonner,
1232 MERCURE DE FRANCE
-
canonner , M. Ant. Ferrer, Capitaine du Pinque,
apperçut environ à deux lieues en Mer la Capi
tane des quatre Galeres du Roy, qui revenoit desMers d'Italie , laquelle étoit commandée par le
Lieutenant General Don Michel Reggio. Ce General , de son côté, ayant reconnu que le Corsaire donnoit la chasse au Pinque Espagnol , fit
force de Voiles et de Rames pour le secourir , er
Payant joint en moins d'une demie heure , il fir
une décharge de toute son Artillerie sur le Vaisseau Corsaire , dont le Capitaine fut tué avec sixhommes de l'Equipage : le Lieutenant s'étant sauvé dans la Chaloupe avec 20. Soldats , le Vaisseau se rendit. On y trouva 87. Maures , parmi
Jesquels il y en avoit 22. de blessez , et 14. Es--
claves Chrétiens ; sçavoir 8. du Royaume de Va
lence , et 6. de Catalogue , qui furent mis en li berté
Lêtre embarquées sur la Flote du Ray,est ar- A plus grande partie des Troupes qui doivent
rivée à Alicante, ainsi que l'Artillerie qu'on avoit
embarquée à Barcelone ; mais on doute que l'embarquement general puisse se faire au commencement de ce mois , comme la Cour Pavoit réI. Vol solu...
JUIN. 1732. 123.1
solu, parce qu'on n'a pas encore assez rassemblé
de Bâtimens de transport , quoiqu'on ait arrêté
tous les Navires étrangers qui étoient dans le
Port. On croit que tout cet armement est destiné
à faire le Siege d'Oran.
D'autres Lettres d'Alicante portent qu'ony avoit
commencé à embarquer so. Pieces de gros Canon et 30. Mortiers , qu'il y étoit arrivé de Cadix 44. Bâtimens de transport ; qu'il y en avoit
près de 150. dans les autres Ports , et que ce
nombre n'étant pas suffisant , on y avoit envoyé
ordre d'arrêter tous les Vaisseaux étrangers , et
même ceux qui étaient chargez.
Le bruit court qu'on va fortifier par de nouveaux Ouvrages la Ligne que le Roy a fait faire
en-deçà de Gibraltar , pour empêcher la contrebande des Marchandises. d'Angleterre dans l'interieur du Royaume , et qu'on va élever à l'une
des extrémitez de cette Ligne un nouveau Mole
qui s'étendra jusques dans la Baye , et dont l'Artillerie pourra incommoder les murailles de la
Ville , en cas de guerre.
Le Roya chargé son nouvel Agent à Londres,
de demander à la Compagnie de la Mer du Sud,
un compte general du droit particulier que S. M.
s'est réservé par le Traité de l'Assicute , sur les
profits que cette Compagnie peut faire par som
commerce dans les Ports Espagnols de l'Amerique.
,
Le 18. Avril , un Pinque venant de Livourne ,
arriva à Barcelonne ; il fut attaqué le 16. au matin , entre les Côtes de France et d'Espagne par
un Vaisseau Corsaire de 16 Pieces de Canon ,
de dix Pierriers et de 110. hommes d'équipage
parmi lesquels il y avoit trois ou quatre Renegats. Les deux Bâtimens ayant commencé à se
I. Vol. Canonner,
1232 MERCURE DE FRANCE
-
canonner , M. Ant. Ferrer, Capitaine du Pinque,
apperçut environ à deux lieues en Mer la Capi
tane des quatre Galeres du Roy, qui revenoit desMers d'Italie , laquelle étoit commandée par le
Lieutenant General Don Michel Reggio. Ce General , de son côté, ayant reconnu que le Corsaire donnoit la chasse au Pinque Espagnol , fit
force de Voiles et de Rames pour le secourir , er
Payant joint en moins d'une demie heure , il fir
une décharge de toute son Artillerie sur le Vaisseau Corsaire , dont le Capitaine fut tué avec sixhommes de l'Equipage : le Lieutenant s'étant sauvé dans la Chaloupe avec 20. Soldats , le Vaisseau se rendit. On y trouva 87. Maures , parmi
Jesquels il y en avoit 22. de blessez , et 14. Es--
claves Chrétiens ; sçavoir 8. du Royaume de Va
lence , et 6. de Catalogue , qui furent mis en li berté
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Résumé : D'ESPAGNE.
En juin 1732, des troupes et de l'artillerie destinées à la flotte du Ray sont arrivées à Alicante, mais l'embarquement est retardé par le manque de bâtiments de transport, malgré l'arrêt des navires étrangers. Cet armement vise probablement le siège d'Oran. Des lettres d'Alicante signalent l'embarquement de pièces d'artillerie et de mortiers, ainsi que l'arrivée de bâtiments de transport de Cadix et d'autres ports. Des ordres ont été donnés pour arrêter tous les vaisseaux étrangers, même ceux chargés. Des rumeurs mentionnent la fortification de la ligne défensive près de Gibraltar pour empêcher la contrebande de marchandises anglaises. Un nouveau môle pourrait être construit pour protéger la baie et incommoder les murailles de la ville en cas de guerre. Le roi d'Espagne a chargé son nouvel agent à Londres de demander à la Compagnie de la Mer du Sud un compte général des droits réservés par le traité de l'Asiento sur les profits réalisés dans les ports espagnols d'Amérique. Le 18 avril, un pinque venant de Livourne a été attaqué par un vaisseau corsaire entre les côtes de France et d'Espagne. La capitane des galères royales, commandée par le lieutenant général Don Michel Reggio, a capturé le vaisseau corsaire. À bord, on a trouvé des Maures et des esclaves chrétiens, qui ont été libérés.
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78
p. 1428-1429
D'ESPAGNE.
Début :
Le Roy ayant résolu de reprendre la Ville d'Oran [...]
Mots clefs :
Espagne, Expédition, Oran
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texteReconnaissance textuelle : D'ESPAGNE.
D'ESPAGNE.
E Roy ayant résolu de reprendre la Ville d'Oran sur les Maures d'Afrique , et ayant à
cet effet assemblé une Armée considerable à Ali
çante , et fait tous les autres préparatifs nécessai res , S. M. a envoyé ses ordres dans toutes les
Villes de son Royaume pour faire des Prieres
publiques et demander à Dieu les graces et les
benedictions necessaires pour le succès de cette entreprise.
La Flotte pour cette Expedition est sur son départ , à ce que portent les dernieres Lettres de Se
ville , d'où l'on mande qu'on a embarqué , outre
les provisions ordinaires , une grande quantité de
Selles , et tout ce qui est necèssaire pour monter
la Cavallerie ; de plus 2000. Pelles et autres
Outils propres à remuer la terre ; 18, Fours de
Campagne 60000. Facines d'environ 20. pieds
de long, 81000. Sacqs de Laine; 102200. Gabions;
plus de 80000 Pors à feu , Saucissons , &c.
12scoo. livres de Poudre à Canon ; 21, millions 11 Fol
JUIN. 1732. 1429
de Rations pour les hommes et pour les chevaux,
24000 muids d'eau et de vin , &c. 80000. Aro
bes de Paille , chaque Arobe pesant 25. livres .
Le Capitaine d'un Bâtiment arrivé à Marseille
le 24. du mois dernier , dit avoir vu une partic
de la Flotte Espagnole, faisant route vers les Cô tes de Barbarie.
de ce Les Lettres d'Espagne portent que cette Flotte
est partie d'Alicante la nuit du 12. au 13 mois , nombreuse de 7. à 860. Voiles , en comptant tous les Bâtimens de transport.
E Roy ayant résolu de reprendre la Ville d'Oran sur les Maures d'Afrique , et ayant à
cet effet assemblé une Armée considerable à Ali
çante , et fait tous les autres préparatifs nécessai res , S. M. a envoyé ses ordres dans toutes les
Villes de son Royaume pour faire des Prieres
publiques et demander à Dieu les graces et les
benedictions necessaires pour le succès de cette entreprise.
La Flotte pour cette Expedition est sur son départ , à ce que portent les dernieres Lettres de Se
ville , d'où l'on mande qu'on a embarqué , outre
les provisions ordinaires , une grande quantité de
Selles , et tout ce qui est necèssaire pour monter
la Cavallerie ; de plus 2000. Pelles et autres
Outils propres à remuer la terre ; 18, Fours de
Campagne 60000. Facines d'environ 20. pieds
de long, 81000. Sacqs de Laine; 102200. Gabions;
plus de 80000 Pors à feu , Saucissons , &c.
12scoo. livres de Poudre à Canon ; 21, millions 11 Fol
JUIN. 1732. 1429
de Rations pour les hommes et pour les chevaux,
24000 muids d'eau et de vin , &c. 80000. Aro
bes de Paille , chaque Arobe pesant 25. livres .
Le Capitaine d'un Bâtiment arrivé à Marseille
le 24. du mois dernier , dit avoir vu une partic
de la Flotte Espagnole, faisant route vers les Cô tes de Barbarie.
de ce Les Lettres d'Espagne portent que cette Flotte
est partie d'Alicante la nuit du 12. au 13 mois , nombreuse de 7. à 860. Voiles , en comptant tous les Bâtimens de transport.
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Résumé : D'ESPAGNE.
Le roi d'Espagne a entrepris de reconquérir la ville d'Oran, alors aux mains des Maures d'Afrique. Pour ce faire, il a rassemblé une armée imposante à Alicante et préparé les équipements nécessaires. Des prières publiques ont été ordonnées dans tout le royaume pour obtenir la bénédiction divine. La flotte, prête à partir, a embarqué diverses provisions, y compris des selles pour la cavalerie, 2000 pelles et autres outils, 18 fours de campagne, 60 000 fascines, 81 000 sacs de laine, 102 200 gabions, plus de 80 000 porcs à feu, 12 500 livres de poudre à canon, 21 millions 11 fol de rations pour les hommes et les chevaux, 24 000 muids d'eau et de vin, et 80 000 arobes de paille. Un capitaine à Marseille a confirmé avoir vu une partie de la flotte espagnole se diriger vers les côtes de Barbarie. Selon les lettres d'Espagne, cette flotte est partie d'Alicante la nuit du 12 au 13 juin, composée de 70 à 80 voiles, incluant tous les bâtiments de transport.
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79
p. 1629-1635
ESPAGNE. TRADUCTION d'un Decret de S. M. Catholique.
Début :
Mon intention étant de ne laisser séparé du sein de [...]
Mots clefs :
Espagne, Traduction d'un décret, Toute-Puissance, Roi d'Espagne, Tribunaux, Alicante, Flotte, Armée, Oran
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE. TRADUCTION d'un Decret de S. M. Catholique.
ESPAGNE.
TRADUCTION d'un Decret
de S. M. Catholique.
Mo
2
On intention étant de ne laisser séparé dis
sein de l'Eglise et de notre Religion Catho
lique , aucun des Domaines que la Divine Provi
dence remit à mes soins , quand elle me plaça sur le Trône de cette Monarchie , et qui par la superiorité
et la multitude de mes ennemis , m'ont été vioLemment et frauduleusement enlevez. J'ai médité
de tout temps la maniere dont je pourrois les réunirs .
mais comme la diversité des Evenemens m'a
empêchéjusqu'à present de parvenir à ce but tant
souhaité, je n'ai pu employer, selon ma volonté , les forces que la-Toute-Puissance m'a confiées; et quoique je ne sois pas aujourd'hui entierement libre d'autres soins , j'ai résolu de ne point differer à recouvrer l'importante Place d'Oran, qui a été autrefois l'objet de la pieté et de la valeur de la Nation
Espagnole ; et ayant principalement consideré
cette Place étant au pouvoir des Barbares Affri- que
cains, la porte est fermée à la Propagation de notre sacrée Religion , et qu'elle leur sert de moyen pour
mettre en esclavage les Habitans des Côtes immé--
·diates del'Espagne et d'ailleurs ayant dejustes raisons de craindre que les Barbares unefois instruits a
faire la guerre par Mer et par Terre , ne se préva- lent de cette Place et de son Port , pour causer des
fatalitez et des dommages aux Provinces voisines
de ce Royaume , si unefois elles étoient moins pourvûës de Troupes qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Pour parveniravec l'assistance du Tout-Puissant ,
àun but si important , j'ai ordonné de faire assem-
:
H blox
1630 MERCURE DE FRANCE
>
dans
bler auprès d'Alicante un Corps de 30. mille hommes, s'il en est besoin , tant d'Infanterie que de
Cavalerie , pourvûs de tous les Vivres , Artillerie ,
Munitions et Outils convenables pour quelque entreprise considerable , sous les ordres du Capitaine General le Comte de Montemar et d'autres Officiers Generaux et particuliers que j'ai nommez
dont l'experience et la valeur me font esperer un
succès glorieux ; embarquez par mes ordres ,
un nombre suffisant de Navires ,
par les Escadres des Vaisseaux , des Galeres et
des Galiotes que j'ai fait armer, ils partent pour
le recouvrement d'Oran ; et comme toutes les pré- cautions humaines ne peuvent rien sans le secours de la Toute-Puissance , j'ordonne que ce Decret de
mon Conseil soit communiqué aux Archevêques ,
Evêques , Chapitres Ecclesiastiques , Villes et Bourgs
de mes Royaumes , comme on l'a pratiqué dans
d'autres occasions , afin d'obtenir , par des Prieres ,
et escortez
que le Tout-Puissant benisse et protege mes Armes
et mes vives ardeurs pour une Expedition si importante . Donné à Seville , le 6. Juin 1732. Signé,
MOY LE ROY. Et au bas est écrit , A
'Archevêque , Gouverneur du Conseil de Castille.
Le 25. Juin , les Tribunaux , le Corps de Ville
de Madrid , le Clergé Séculier et les Religieux
des Ordres Mandians , se rendirent à l'Eglise de
la Paroisse de sainte Marie de Almuneda , où en
vertu du Decret du Roy , adressé au Président
du Conseil de Castille , on commença des Prieres publiques pour demander à Dieu ses graces
et ses benedictions pour le succès de l'entreprise
de S. M. Cath. sur la Ville d'Oran en Afrique. L'ouverture de la Neuvaine se par une Procession generale qui sortit de cette Eglise, et se renfit
dit
JUILLET. 1732 : 1631
dit à celle de Sainte Croix. Le lendemain la mê
me Procession alla de la Paroisse de S. Jacques
à la Chapelle de N. Dame d'Atocha , et le 27. à
l'Eglise des Capucins de S. Antoine.
Le même jour , le Cardinal d'Astorga , Archevêque de Tolede , fit aussi l'ouverture des
Prieres publiques dans son Eglise Métropolitaine , dont relevoit autrefois la Ville d'Oran depuis la conquête qui en fut faite en 1509. par le
Cardinal Ximenes de Cisneros.
On a appris d'Alicante , que la Fotte du Roy
avoit mis à la voile le 15. du mois dernier , et
qu'on l'avoit perduë de vûë le 16.
Les Officiers Generaux qui commandent
dans l'Armée du Roy , embarquez sur cette
Flote , sont , le Comte de Montemar , qui en est
Capitaine General ; le Comte de Bureta ; Don
Philippe Dupuy ; le Comte de Zueveghen ; le
Marquis de Rerves ; le Vicomte del Puerto ,
Don Jerôme de Solis , le Marquis de Grassia
Real , le Comte de Roy- de - Ville , le Baron de
Sandrasqui, le Marquis de Montreal , Don Louis
d'Acosta , Don Gonçales de Carvagal´, le Marquis de Pozoblanco , Don François de Valanza ,
Don Jean Gonçales , Don Antoine Alvarés de
Bonorques , le Marquis de Santa- Cruz , et Don
Louis Dormay , Lieutenans Generaux ; Don Jo- seph Ybanez , Don André de Benincasa , Don
Barthelemy Ladron , Don Jean- Bapt. de Gages,
Don Renaud Mac- Donel , Don Jean Ely , le
Comte de Cecil , Don Nicolas Sangro , Don
Michel Cavanillas , Don Gregoire Gualoy Pueyo,
Don Dominique Sangro , Don Lelio Caraffe ,
Don François Ocampo , Don Joseph de Vicaria,
Don Isidore Germa , le Marquis de la Mina , le
Comte de Mariani , Don Luc Ferdinand PatinHij ho
1632 MERCURE DE FRANCE
Don
ho et Don André d'Afffito , Maréchaux de
Camp ; Don Sebastien d'Eselava , Don Manuel
de Sada-y- Antillon , Don Philippe Ramirez ,
Don Jean -François d'Horcasitas , Don Greg
Filtz Gerald , le Duc de S. Blas , Don Diegue
Fonce , Don Sauveur Joseph de Roldan , Jacques de Sylva , le Marquis de Baldacannas.et
Don Charles Vander Cruzen , Brigadiers.
Par la Liste publiée à Séville , des Régimens
employez à cette expedition , ces Troupes consistent en 32. Bataillons , faisant.21.23000 . hommes , 12. Escadrons , faisant 1676. hommes , er
12. Escadros de . Dragons , montant à 1709. hommes , ensemble 26377. hommes. L'Artillerie
consiste en 110. Pieces de Canon , dont. 60. porlivres de balle , 20. 16. livres , 16. 12.
livres , et 14. 4. livres , et 60 Mortiers , sçavoir , 20. de 18 et 40. de 12. pouces de circonference ;
Il y a cent Bombardiers , 25. Mineurs et 40. Ingenieurs. Outre les Escadrons marquez cy- dessus,
4. Régimens de. Cavalerie de 3 Escadrons chacun , ainsi que quelques Bataillons , ont ordre de
se tenir prêts à être transportez en Afrique , en
cas de besoin.
tent 240
" On a appris depuis de, Séville , que la Flote
partie d'Alicante , étoit composée de 12. Vaisseaux de ligne , 2 Frégates , 2. Galiotes à Bom
bes , sept Galeres , dix -huit Galiotes à Rames , 12. Barques longues armées , et plus de :
joo. Bâtimens de transport ; que cette Flate
avoit été retenue pendant 7. jours au Cap de Palos , par les vents contraires , qu'elle n'en étoit
partie que
le 24. et que le 25. elle étoit devant
Oran que les vents, contraires avoient fait retar
der le débarquement jusqu'au 28 au soir ; que
le 29. à la pointe du jour , les Troupes débarquées
JUILLET. 17325 1633
quées avoient commencé à s'étendre du côté de
la Plage des Aiguades , qui est à une lieuë au
Couchant du Château d'Almarza , ou Mazarquibir ; qu'elles s'y étoient mises en Bataille sur
einq lignes ; que pendant que ces lignes se for
moient , les Maures avoient paru au nombre de
10. à 12000 hommes divisez en plusieurs troupes , pour être moins exposez au grand feu de
PArtillerie des Vaisseaux et des Galeres ; qu'on
avoit remarqué que le premier coup de Canon
tiré par la Galere le S. Joseph , avoit emporté l'Etendart de la plus nombreuse Troupe des Mau
res , ce qui les avoit fait reculer ; que toutes les
Troupes du Roy , tant Infanterie que Cavalerie ;
avoient débarqué malgré les escarmouches continuelles des Ennemis , et qu'il n'y avoit eu qu'un
petit nombre de Soldats blessez ; que les Maureg
ayant reconnu que tout le débarquement étoit
fait , leur Commandant avoit envoyé un Déta
chement de Cavalerie pour enlever beaucoup de
Soldats qui étoient restez à une Fontaine un peur
éloignée du Camp des Espagnols ; que le Comte de Montemar averti de cette marche avoit envoyé contre eux un détachement de 16. Compa gnies de Grenadiers , commandé par Don Luc
Ferdinand Patinho , et de 400. Cavaliers, sous les
ordres du Marquis de la Mina , pour favoriser la
retraite de ces Soldats écartez, mais qu'une partie
du Régiment du Prince , qui par hazard avois
débarqué du même côté de la Fontaine , avoit eté
suffisant pour repousser les Maures , et pour
obliger à se retirer sur le haut de la Montagne.
Les Lettres reçûës en dernier lieu de Seville portent , que le 5. le 6. et le 7. de ce mois , Don
Diegue Yopuli , le Comte de Valhermoso , et le
Marquis de la Mina , y avoient été dépêchez par
H iij
les
le
1624 MERCURE DE FRANCE
le Comte de Montemar , pour apporter au Roy
la nouvelle et le détail du Combat qui s'étoit
donné le 30. du mois dernier aux environs de
Mazarquibir , entre l'Armée de S M. Cat. et celle des Maures. Ces Lettres ajoûtent que les Maures avoient été défaits et mis en fuite , et que le
premier de ce mois l'Armée du Roy avoit prisle Château de Mazarquibir , la Ville et les Forts
d'Oran ; qu'on y avoit trouvé 138. pieces de
Canon, parmi lesquelles il y en avoit 87. de
bronze , 7. Mortiers , une grande quantité de Fusils. , de Sabres et d'autres Armes , et beaucoup
de Munitions de guerre et de Provisions , que la
fuite précipitée des Maures ne leur a pas permis d'emporter.
Pour rendre graces à Dieu d'un succès si heureux , le Roy a écrit dans les principales Villes
de son Royaume , pour y faire chanter le Te
Deum , et en consequence des ordres de S. M.
on a fait à Sevi le une Procession generale du
Clergé Séculier et Régulier , à laquelle l'Archevêque et le Corps de Ville ont assisté, et on a exposé à la veneration publique le Corps du Roy S. Ferdinand.
Les. on chanta le Te Deum, et on fit une se
conde Procession , qui alla faire sa Station à la
Chapelle où l'on conserve le Corps de ce S. Roy.
Le 6. on recommença une Neuvaine dans l'Église de N. Dame de l'Antiga , où il y a une
Image miraculeuse de la sainte Vierge , devant
Jaque le S. Ferdinand alloit souvent faire ses
prieres.
Le 9. il y eut à Madrid des Réjouissances publiques , des Feux d'Artifices et des Illuminations
qui ont duré trois nuits consécutives , à l'occasion de la nouvelle du débarquement , et on les
:
JUILLET. 1732. 1635
a recommencées depuis pour la Prise d'Oran
et de Mazarquibir.
On apprend d'Alger , que la Regence avoit fait
de grands préparatifs pour sa deffense , en cas
que la Ville fût attaquée ; que le vieux et le nouveau Mole , étoient garnis de Troupes et d'Artillerie , que le Dey avoit renforcé de 9000.
hommes la Garnison d'Oran , où il avoit fait
entrer quelques Ingenieurs étrangers , pour la
deffense des Ouvrages ; qu'il y avoit actuellement à Alger 14000. hommes de Troupes re- glées , sans compter les Milices de la Ville , et
que la Régence pouvoit mettre en campagne un
Corps de 15000. hommes de Cavalerie,
TRADUCTION d'un Decret
de S. M. Catholique.
Mo
2
On intention étant de ne laisser séparé dis
sein de l'Eglise et de notre Religion Catho
lique , aucun des Domaines que la Divine Provi
dence remit à mes soins , quand elle me plaça sur le Trône de cette Monarchie , et qui par la superiorité
et la multitude de mes ennemis , m'ont été vioLemment et frauduleusement enlevez. J'ai médité
de tout temps la maniere dont je pourrois les réunirs .
mais comme la diversité des Evenemens m'a
empêchéjusqu'à present de parvenir à ce but tant
souhaité, je n'ai pu employer, selon ma volonté , les forces que la-Toute-Puissance m'a confiées; et quoique je ne sois pas aujourd'hui entierement libre d'autres soins , j'ai résolu de ne point differer à recouvrer l'importante Place d'Oran, qui a été autrefois l'objet de la pieté et de la valeur de la Nation
Espagnole ; et ayant principalement consideré
cette Place étant au pouvoir des Barbares Affri- que
cains, la porte est fermée à la Propagation de notre sacrée Religion , et qu'elle leur sert de moyen pour
mettre en esclavage les Habitans des Côtes immé--
·diates del'Espagne et d'ailleurs ayant dejustes raisons de craindre que les Barbares unefois instruits a
faire la guerre par Mer et par Terre , ne se préva- lent de cette Place et de son Port , pour causer des
fatalitez et des dommages aux Provinces voisines
de ce Royaume , si unefois elles étoient moins pourvûës de Troupes qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Pour parveniravec l'assistance du Tout-Puissant ,
àun but si important , j'ai ordonné de faire assem-
:
H blox
1630 MERCURE DE FRANCE
>
dans
bler auprès d'Alicante un Corps de 30. mille hommes, s'il en est besoin , tant d'Infanterie que de
Cavalerie , pourvûs de tous les Vivres , Artillerie ,
Munitions et Outils convenables pour quelque entreprise considerable , sous les ordres du Capitaine General le Comte de Montemar et d'autres Officiers Generaux et particuliers que j'ai nommez
dont l'experience et la valeur me font esperer un
succès glorieux ; embarquez par mes ordres ,
un nombre suffisant de Navires ,
par les Escadres des Vaisseaux , des Galeres et
des Galiotes que j'ai fait armer, ils partent pour
le recouvrement d'Oran ; et comme toutes les pré- cautions humaines ne peuvent rien sans le secours de la Toute-Puissance , j'ordonne que ce Decret de
mon Conseil soit communiqué aux Archevêques ,
Evêques , Chapitres Ecclesiastiques , Villes et Bourgs
de mes Royaumes , comme on l'a pratiqué dans
d'autres occasions , afin d'obtenir , par des Prieres ,
et escortez
que le Tout-Puissant benisse et protege mes Armes
et mes vives ardeurs pour une Expedition si importante . Donné à Seville , le 6. Juin 1732. Signé,
MOY LE ROY. Et au bas est écrit , A
'Archevêque , Gouverneur du Conseil de Castille.
Le 25. Juin , les Tribunaux , le Corps de Ville
de Madrid , le Clergé Séculier et les Religieux
des Ordres Mandians , se rendirent à l'Eglise de
la Paroisse de sainte Marie de Almuneda , où en
vertu du Decret du Roy , adressé au Président
du Conseil de Castille , on commença des Prieres publiques pour demander à Dieu ses graces
et ses benedictions pour le succès de l'entreprise
de S. M. Cath. sur la Ville d'Oran en Afrique. L'ouverture de la Neuvaine se par une Procession generale qui sortit de cette Eglise, et se renfit
dit
JUILLET. 1732 : 1631
dit à celle de Sainte Croix. Le lendemain la mê
me Procession alla de la Paroisse de S. Jacques
à la Chapelle de N. Dame d'Atocha , et le 27. à
l'Eglise des Capucins de S. Antoine.
Le même jour , le Cardinal d'Astorga , Archevêque de Tolede , fit aussi l'ouverture des
Prieres publiques dans son Eglise Métropolitaine , dont relevoit autrefois la Ville d'Oran depuis la conquête qui en fut faite en 1509. par le
Cardinal Ximenes de Cisneros.
On a appris d'Alicante , que la Fotte du Roy
avoit mis à la voile le 15. du mois dernier , et
qu'on l'avoit perduë de vûë le 16.
Les Officiers Generaux qui commandent
dans l'Armée du Roy , embarquez sur cette
Flote , sont , le Comte de Montemar , qui en est
Capitaine General ; le Comte de Bureta ; Don
Philippe Dupuy ; le Comte de Zueveghen ; le
Marquis de Rerves ; le Vicomte del Puerto ,
Don Jerôme de Solis , le Marquis de Grassia
Real , le Comte de Roy- de - Ville , le Baron de
Sandrasqui, le Marquis de Montreal , Don Louis
d'Acosta , Don Gonçales de Carvagal´, le Marquis de Pozoblanco , Don François de Valanza ,
Don Jean Gonçales , Don Antoine Alvarés de
Bonorques , le Marquis de Santa- Cruz , et Don
Louis Dormay , Lieutenans Generaux ; Don Jo- seph Ybanez , Don André de Benincasa , Don
Barthelemy Ladron , Don Jean- Bapt. de Gages,
Don Renaud Mac- Donel , Don Jean Ely , le
Comte de Cecil , Don Nicolas Sangro , Don
Michel Cavanillas , Don Gregoire Gualoy Pueyo,
Don Dominique Sangro , Don Lelio Caraffe ,
Don François Ocampo , Don Joseph de Vicaria,
Don Isidore Germa , le Marquis de la Mina , le
Comte de Mariani , Don Luc Ferdinand PatinHij ho
1632 MERCURE DE FRANCE
Don
ho et Don André d'Afffito , Maréchaux de
Camp ; Don Sebastien d'Eselava , Don Manuel
de Sada-y- Antillon , Don Philippe Ramirez ,
Don Jean -François d'Horcasitas , Don Greg
Filtz Gerald , le Duc de S. Blas , Don Diegue
Fonce , Don Sauveur Joseph de Roldan , Jacques de Sylva , le Marquis de Baldacannas.et
Don Charles Vander Cruzen , Brigadiers.
Par la Liste publiée à Séville , des Régimens
employez à cette expedition , ces Troupes consistent en 32. Bataillons , faisant.21.23000 . hommes , 12. Escadrons , faisant 1676. hommes , er
12. Escadros de . Dragons , montant à 1709. hommes , ensemble 26377. hommes. L'Artillerie
consiste en 110. Pieces de Canon , dont. 60. porlivres de balle , 20. 16. livres , 16. 12.
livres , et 14. 4. livres , et 60 Mortiers , sçavoir , 20. de 18 et 40. de 12. pouces de circonference ;
Il y a cent Bombardiers , 25. Mineurs et 40. Ingenieurs. Outre les Escadrons marquez cy- dessus,
4. Régimens de. Cavalerie de 3 Escadrons chacun , ainsi que quelques Bataillons , ont ordre de
se tenir prêts à être transportez en Afrique , en
cas de besoin.
tent 240
" On a appris depuis de, Séville , que la Flote
partie d'Alicante , étoit composée de 12. Vaisseaux de ligne , 2 Frégates , 2. Galiotes à Bom
bes , sept Galeres , dix -huit Galiotes à Rames , 12. Barques longues armées , et plus de :
joo. Bâtimens de transport ; que cette Flate
avoit été retenue pendant 7. jours au Cap de Palos , par les vents contraires , qu'elle n'en étoit
partie que
le 24. et que le 25. elle étoit devant
Oran que les vents, contraires avoient fait retar
der le débarquement jusqu'au 28 au soir ; que
le 29. à la pointe du jour , les Troupes débarquées
JUILLET. 17325 1633
quées avoient commencé à s'étendre du côté de
la Plage des Aiguades , qui est à une lieuë au
Couchant du Château d'Almarza , ou Mazarquibir ; qu'elles s'y étoient mises en Bataille sur
einq lignes ; que pendant que ces lignes se for
moient , les Maures avoient paru au nombre de
10. à 12000 hommes divisez en plusieurs troupes , pour être moins exposez au grand feu de
PArtillerie des Vaisseaux et des Galeres ; qu'on
avoit remarqué que le premier coup de Canon
tiré par la Galere le S. Joseph , avoit emporté l'Etendart de la plus nombreuse Troupe des Mau
res , ce qui les avoit fait reculer ; que toutes les
Troupes du Roy , tant Infanterie que Cavalerie ;
avoient débarqué malgré les escarmouches continuelles des Ennemis , et qu'il n'y avoit eu qu'un
petit nombre de Soldats blessez ; que les Maureg
ayant reconnu que tout le débarquement étoit
fait , leur Commandant avoit envoyé un Déta
chement de Cavalerie pour enlever beaucoup de
Soldats qui étoient restez à une Fontaine un peur
éloignée du Camp des Espagnols ; que le Comte de Montemar averti de cette marche avoit envoyé contre eux un détachement de 16. Compa gnies de Grenadiers , commandé par Don Luc
Ferdinand Patinho , et de 400. Cavaliers, sous les
ordres du Marquis de la Mina , pour favoriser la
retraite de ces Soldats écartez, mais qu'une partie
du Régiment du Prince , qui par hazard avois
débarqué du même côté de la Fontaine , avoit eté
suffisant pour repousser les Maures , et pour
obliger à se retirer sur le haut de la Montagne.
Les Lettres reçûës en dernier lieu de Seville portent , que le 5. le 6. et le 7. de ce mois , Don
Diegue Yopuli , le Comte de Valhermoso , et le
Marquis de la Mina , y avoient été dépêchez par
H iij
les
le
1624 MERCURE DE FRANCE
le Comte de Montemar , pour apporter au Roy
la nouvelle et le détail du Combat qui s'étoit
donné le 30. du mois dernier aux environs de
Mazarquibir , entre l'Armée de S M. Cat. et celle des Maures. Ces Lettres ajoûtent que les Maures avoient été défaits et mis en fuite , et que le
premier de ce mois l'Armée du Roy avoit prisle Château de Mazarquibir , la Ville et les Forts
d'Oran ; qu'on y avoit trouvé 138. pieces de
Canon, parmi lesquelles il y en avoit 87. de
bronze , 7. Mortiers , une grande quantité de Fusils. , de Sabres et d'autres Armes , et beaucoup
de Munitions de guerre et de Provisions , que la
fuite précipitée des Maures ne leur a pas permis d'emporter.
Pour rendre graces à Dieu d'un succès si heureux , le Roy a écrit dans les principales Villes
de son Royaume , pour y faire chanter le Te
Deum , et en consequence des ordres de S. M.
on a fait à Sevi le une Procession generale du
Clergé Séculier et Régulier , à laquelle l'Archevêque et le Corps de Ville ont assisté, et on a exposé à la veneration publique le Corps du Roy S. Ferdinand.
Les. on chanta le Te Deum, et on fit une se
conde Procession , qui alla faire sa Station à la
Chapelle où l'on conserve le Corps de ce S. Roy.
Le 6. on recommença une Neuvaine dans l'Église de N. Dame de l'Antiga , où il y a une
Image miraculeuse de la sainte Vierge , devant
Jaque le S. Ferdinand alloit souvent faire ses
prieres.
Le 9. il y eut à Madrid des Réjouissances publiques , des Feux d'Artifices et des Illuminations
qui ont duré trois nuits consécutives , à l'occasion de la nouvelle du débarquement , et on les
:
JUILLET. 1732. 1635
a recommencées depuis pour la Prise d'Oran
et de Mazarquibir.
On apprend d'Alger , que la Regence avoit fait
de grands préparatifs pour sa deffense , en cas
que la Ville fût attaquée ; que le vieux et le nouveau Mole , étoient garnis de Troupes et d'Artillerie , que le Dey avoit renforcé de 9000.
hommes la Garnison d'Oran , où il avoit fait
entrer quelques Ingenieurs étrangers , pour la
deffense des Ouvrages ; qu'il y avoit actuellement à Alger 14000. hommes de Troupes re- glées , sans compter les Milices de la Ville , et
que la Régence pouvoit mettre en campagne un
Corps de 15000. hommes de Cavalerie,
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Résumé : ESPAGNE. TRADUCTION d'un Decret de S. M. Catholique.
Le 6 juin 1732, le roi d'Espagne promulgue un décret visant à récupérer la ville d'Oran, alors sous contrôle des Barbaresques. Le roi exprime son intention de réunir les domaines séparés de l'Église et de la religion catholique, enlevés par la force et la fraude. La possession d'Oran par les Barbaresques empêche la propagation de la religion catholique et menace les côtes espagnoles. Pour cette raison, il ordonne l'assemblage d'une armée de 30 000 hommes près d'Alicante, sous le commandement du Comte de Montemar, et la préparation d'une flotte composée de vaisseaux, galères et galiotes. Le décret appelle également à des prières publiques pour obtenir la bénédiction divine. Le 25 juin 1732, des prières publiques sont organisées à Madrid et dans d'autres villes pour le succès de l'expédition. La flotte, partie le 15 juin, atteint Oran le 25 juin. Malgré des vents contraires et des escarmouches avec les Maures, les troupes espagnoles débarquent et commencent à s'étendre. Le 30 juin, un combat a lieu près de Mazarquivir, où les Maures sont défaits. Le 1er juillet, l'armée espagnole prend le château de Mazarquivir, la ville et les forts d'Oran, y trouvant une grande quantité d'armes et de munitions. Pour célébrer cette victoire, le roi ordonne des actions de grâce, notamment des processions et des Te Deum dans les principales villes du royaume. Des réjouissances publiques sont organisées à Madrid. Alger, de son côté, avait préparé des défenses, mais celles-ci n'ont pas suffi à empêcher la prise d'Oran.
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80
p. 1864-1866
ESPAGNE.
Début :
On apprend de Madrid, que tous les COnseils, les Paroisses et les Communautez Religieuses [...]
Mots clefs :
Espagne, Te Deum, Mascarade, Conquête d'Oran, Détachement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNI.
Napprend de Madrid, que tous les Conseils,
les Paroisses et les Communautez Religieuses de certe Ville , ont fait chanter le Te Deum
en action de graces de la Prise d'Oran et de Mazarquibir. Le 15. Juillet il y eut une nombreuse
Mascarade qui se rendit à la petite Place du Palais , et qui traversant une partie de la Ville ,
revint à la Place de l'Hôtel de Ville. L'après midy
on représenta la Comédie dans la grande Sale de
cet Hôtel , et le soir on tira dans la Place un trèsbeau Feu d'artifice , par lequel les Réjouissances
publiques ont été terminées.
On a appris par le Patron d'une Barque arrivée des Côtes de Barbarie , que le Comte de Montemar , General de l'Armée du Roy d'Espagne ,
qui a fait la conquête d'Oran , ayant envoyé un Détachement considerable pour attaquer les Maures dans quelques Montagnes peu éloignées de la
Ville , où ils s'étoient retirez , ce Détachement
avoit été surpris dans un défilé , où les Maures
s'étoient mis en embuscade ; que le Duc de Saint
Blas avoit été tué dans cette rencontre , et que
malgré ce petit avantage remporté par les Maures , le General Espagnol se préparoit à les faire attaquer de nouveau.
Des Lettres d'Oran , portent que les Peuples
de 15. à 20. lieuës des environs de cette Place
étoient venus se soumettre au Roy et demander
sa protection.
Ôn écrit de Madrid , qu'on y avoit appris
'Afrique qu'un Détachement de mille Grenadiers , placez dans une Embuscade , où il y avoit seize pieces de Canon , chargées à cartouche
1
1
AOUST. 17༣2. 1865
touche , avoit tué près de 800. Maures , qu'un
Cautre Détachement de Cavalerie Espagnole avoit
attiré des Montagnes dans un défilé ; que le Comte de Cecil, qui commandoit ce Détachement ,
les avoit poursuivis jusqu'à une Colline où il
avoit trouvé un Convoi de mille Chameaux ,
chargez de froment et d'orge,
>
D'autres Lettres arrivées depuis , portent
qu'il est venu au Camp un Pacha d'une Province voisine d'Orau , accompagné de son fils ,
pour offrir au Comte de Montemar de mettre
35000. Maures en campagne au service de S.M.C.
à condition qu'on assureroit le Gouvernement de
cette Province à son fils , et qu'on établiroit avec
lui un Commerce de Bestiaux et de denrées , offrant de laisser son fils en ôtage pour sureté de
sa parole , et de fournir d'avance.200. mille mesures de froment. Le bruit court que cè Pacha
doit arriver à Madrid incessamment avec une
suite de 30. Maurės. 1
On inande de Ceuta , qu'on y avoit arrêté un
homme qui se disoit Domestique du Duc de
Riperda, et qu'on a sçû depuis être un Ingenieur
qu'il avoit chargé de lever le plan des Fortifica- tions de cette Place. On a appris aussi par ce Pri
sonnier , que le Duc de Riperda s'étoit fait Mahometan , et qu'il étoit actuellement au service
du Roy de Maroc. Cette déclaration ayant été confirmée par d'autres Lettres , que le Roy a
donné ordre au Conseil de Castille , de rayer le
nom de ce Renegat dans tous les Registres où il avoit été inscrit dans le temps de sa faveur en
Espagne.
On vient de recevoir des Lettres du Comte de
Montemar , par lesquelles on apprend que ce
General avoit fait un détachement de souo. hom- 13 I mes
1866 MERCURE DE FRANCE
mes d'Infanterie et de 2000. Chevaux , qui de- ,
voient être commandez par le Marquis de VillaDarias , pour aller faire le Siege de la petite Ville
de Mazangran , située à l'Embouchure de la Ri
viere de Chilef, à 15. lieues d'Oran , où il avoit
envoyé en même temps deux Vaisseaux de guerre
et 7. Galeres , qui devoient l'attaquer par Mer.
Napprend de Madrid, que tous les Conseils,
les Paroisses et les Communautez Religieuses de certe Ville , ont fait chanter le Te Deum
en action de graces de la Prise d'Oran et de Mazarquibir. Le 15. Juillet il y eut une nombreuse
Mascarade qui se rendit à la petite Place du Palais , et qui traversant une partie de la Ville ,
revint à la Place de l'Hôtel de Ville. L'après midy
on représenta la Comédie dans la grande Sale de
cet Hôtel , et le soir on tira dans la Place un trèsbeau Feu d'artifice , par lequel les Réjouissances
publiques ont été terminées.
On a appris par le Patron d'une Barque arrivée des Côtes de Barbarie , que le Comte de Montemar , General de l'Armée du Roy d'Espagne ,
qui a fait la conquête d'Oran , ayant envoyé un Détachement considerable pour attaquer les Maures dans quelques Montagnes peu éloignées de la
Ville , où ils s'étoient retirez , ce Détachement
avoit été surpris dans un défilé , où les Maures
s'étoient mis en embuscade ; que le Duc de Saint
Blas avoit été tué dans cette rencontre , et que
malgré ce petit avantage remporté par les Maures , le General Espagnol se préparoit à les faire attaquer de nouveau.
Des Lettres d'Oran , portent que les Peuples
de 15. à 20. lieuës des environs de cette Place
étoient venus se soumettre au Roy et demander
sa protection.
Ôn écrit de Madrid , qu'on y avoit appris
'Afrique qu'un Détachement de mille Grenadiers , placez dans une Embuscade , où il y avoit seize pieces de Canon , chargées à cartouche
1
1
AOUST. 17༣2. 1865
touche , avoit tué près de 800. Maures , qu'un
Cautre Détachement de Cavalerie Espagnole avoit
attiré des Montagnes dans un défilé ; que le Comte de Cecil, qui commandoit ce Détachement ,
les avoit poursuivis jusqu'à une Colline où il
avoit trouvé un Convoi de mille Chameaux ,
chargez de froment et d'orge,
>
D'autres Lettres arrivées depuis , portent
qu'il est venu au Camp un Pacha d'une Province voisine d'Orau , accompagné de son fils ,
pour offrir au Comte de Montemar de mettre
35000. Maures en campagne au service de S.M.C.
à condition qu'on assureroit le Gouvernement de
cette Province à son fils , et qu'on établiroit avec
lui un Commerce de Bestiaux et de denrées , offrant de laisser son fils en ôtage pour sureté de
sa parole , et de fournir d'avance.200. mille mesures de froment. Le bruit court que cè Pacha
doit arriver à Madrid incessamment avec une
suite de 30. Maurės. 1
On inande de Ceuta , qu'on y avoit arrêté un
homme qui se disoit Domestique du Duc de
Riperda, et qu'on a sçû depuis être un Ingenieur
qu'il avoit chargé de lever le plan des Fortifica- tions de cette Place. On a appris aussi par ce Pri
sonnier , que le Duc de Riperda s'étoit fait Mahometan , et qu'il étoit actuellement au service
du Roy de Maroc. Cette déclaration ayant été confirmée par d'autres Lettres , que le Roy a
donné ordre au Conseil de Castille , de rayer le
nom de ce Renegat dans tous les Registres où il avoit été inscrit dans le temps de sa faveur en
Espagne.
On vient de recevoir des Lettres du Comte de
Montemar , par lesquelles on apprend que ce
General avoit fait un détachement de souo. hom- 13 I mes
1866 MERCURE DE FRANCE
mes d'Infanterie et de 2000. Chevaux , qui de- ,
voient être commandez par le Marquis de VillaDarias , pour aller faire le Siege de la petite Ville
de Mazangran , située à l'Embouchure de la Ri
viere de Chilef, à 15. lieues d'Oran , où il avoit
envoyé en même temps deux Vaisseaux de guerre
et 7. Galeres , qui devoient l'attaquer par Mer.
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Résumé : ESPAGNE.
Le texte décrit la prise d'Oran et de Mazarquivir par les Espagnols. À Madrid, des Te Deum et des réjouissances publiques ont célébré ces victoires. Le Comte de Montemar a envoyé un détachement attaquer des Maures, mais une embuscade a causé la mort du Duc de Saint Blas. Malgré cette défaite, les Espagnols se préparaient à une nouvelle attaque. Des populations locales se sont soumises au roi d'Espagne. Un détachement de grenadiers a tué près de 800 Maures, et la cavalerie espagnole a capturé un convoi de chameaux. Un pacha voisin a proposé de mettre 35 000 Maures au service du roi d'Espagne en échange de privilèges. À Ceuta, un ingénieur a été arrêté pour trahison. Le Duc de Riperda, devenu mahométan, a été rayé des registres espagnols. Le Comte de Montemar a envoyé un détachement commandé par le Marquis de Villadarias pour assiéger Mazangran, avec le soutien naval de deux vaisseaux et sept galères.
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81
p. 2057-2060
ESPAGNE.
Début :
Des Lettres d'Oran du 19 Août portent que le onziéme du même mois, les Maures au [...]
Mots clefs :
Espagne, Oran, Marquis de Santa Cruz
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DEs Lettres d'Oran du 19 Août portent que le onzième du même mois , les Maures au
nombre de seize mille , s'étoient présentez devant le Fort S. Philippe , l'un de ceux qui défendent et soutiennent la Ville : qu'ils y étoient venus avec tant d'impetuosité , qu'ils avoient fait
la descente du Fossé avant que le Commandant
de la Place pût mettre en deffense les cinquante
Espagnols qui sont dans ce Fort ; mais dès
qu'ils furent apperçus on chargea toute l'Artille Hij rie
2058 MERCURE DE FRANCE rie à cartouche : elle fut servie si à propos que
4500. Maures resterent étendus dans le Fossé..
Le reste qui fut extrêmement maltraité fut obligé de se retirer avec beaucoup de précipita
fion.
Les mêmes Lettres portent que le 18 du même mois le Marquis de Santa- Cruz , Gouverneur
et Capitaine Général de la Côte de Barbarie
étoit sorti de cette Place avec 500. Grenadiers
et 300. Dragons. Il étoit accompagné du Comte Mariani , Maréchal de Camp , et de Don
Philippe Ramirez , Brigadier. Ils poursuivirent
et mirent en fuïte un corps de Cavallerie Mauses de deux mille Chevaux , qui s'étoient approchez d'Oran. Les Espagnols n'ont perdu en tout.
que trois Chevaux , et quelques Soldats blessez.
M. Keene , Ministre Plénipotentiaire du Roi
d'Angleterre , ayant representé au Roi d'Espagne -
que la Garnison de Gibraltar ne pouvoit qu'avec de grandes difficultez tirer des provisions des
côtes voisines de cette Place , S. M. a donné or- dre aux Gouverneurs et Commandans des côtes.
de l'Andalousie et des Royaumes de Grenade et
de Murcie , de faire livrer à cette Garnison tous
les vivres et provisions dont elle pourra avoir
besoin , à condition qu'elle ne pourra les faire
transporter qu'avec des Passeports des Gouverneurs, et que ces provisions ne lui seront livrées
que dans les Ports oùil y a des Bureaux de Doüa- Re établis.
Les Lettres de Seville portent , que confor
mément aux intentions du Roi , le Comte de
Montemar avoit donné ordre au Marquis de
Villadarias qui étoit allé avec 7000. hommesfai
re le Siege de la petite Ville de Mazagran , de re- venir
SEPTEMBRE. 1732. 2099
venir au Camp avec ses Troupes , et que depuis
ce Général faisoit tous les préparatifs nécessaires ™
pour faire rembarquer toutes les Troupes du Roi,
à l'exception de 7 à 8000. hommes qui doivent
rester en Garnison à Orán et à Marzaquibir
pour la deffense de ces deux Places , dont le Roi
a donné le Gouvernement au Marquis de SantaCruz , ci-devant Plénipotentiaire d'Espagne auCongrès de Soissons.
S. M. a fait Chevalier de l'Ordre de la Toison
d'Or , Don Joseph Patinho , son Ministre de la »
Marine , et le Comte de Montemar , Lieutenant
- Général de ses Armées.
On a reçû avis que le Comte de Montemar
étoit retourné à Alicante avec la Flotte d'Espa
gne , et qu'on avoit congedié tous les Bâtimens
de transport . On a appris depuis que ce Général
qui a commandé en chef l'Armée en Afrique ,
arriva à Seville le 18 du mois dernier , et qu'il
eut une Audience très- favorable du Roi et de la
Reine , et lui marquerent leur satisfaction sur
l'heureuse expédition d'Oran.
>
On augmente par ordre du Roi les Régimens d'Infanterie , de Cavalerie et de Dragons de
cinq hommes par Compagnie , et le bruit courtqu'on fera au Printems prochain un nouvel armement plus considérable que le dernier ; mais
on ne dit pas encore à quelle expédition il est destiné.
Le nommé Jacob , Ingénieur , et fils naturel
du Duc de Riperda , qu'on avoit arrêté il y a
quelque tems à Ceuta où il étoit allé pour lever
le plan de cette Place , et pour séduire quelques
Officiers de la Garnison , a eu la question à Seville , et on assure qu'il a déclaré des choses trèsimportantes.
Hiiij Less
vi
2060 MERCURE DE FRANCE
Les Lettres de Miquenez portent que le Roi
Muley- Abdallah avoit fait couper la tête à plu
sieurs Chefs de l'Armée des Noirs , qui depuis
les Victoires remportées sur les Arabes et autres
Sujets rebelles à ce Prince , étoient devenus si
insolens , qu'ils vouloient imposer des loix au
Roi même , et qu'ils refusoient d'obéïr à ses ordres ; que les Deputez de Sainte Croix avoient obtenu de ce Prince une diminution considerable des impositions exorbitantes qu'on faisoit
payer à cette Ville depuis la Guerre civile , et
qu'au commencement du mois de Juillet dernier , le Roi de Maroc avoit donné ordre au
Gouverneur de Tetuan d'assembler des Troupes
qu'on croyoit destinées à faire le Siege de Ceuta ;
qu'on publioit que ce Prince se mettroit à leur
tête , et que le Duc de Riperda auroit la direc
tion du Siege.
DEs Lettres d'Oran du 19 Août portent que le onzième du même mois , les Maures au
nombre de seize mille , s'étoient présentez devant le Fort S. Philippe , l'un de ceux qui défendent et soutiennent la Ville : qu'ils y étoient venus avec tant d'impetuosité , qu'ils avoient fait
la descente du Fossé avant que le Commandant
de la Place pût mettre en deffense les cinquante
Espagnols qui sont dans ce Fort ; mais dès
qu'ils furent apperçus on chargea toute l'Artille Hij rie
2058 MERCURE DE FRANCE rie à cartouche : elle fut servie si à propos que
4500. Maures resterent étendus dans le Fossé..
Le reste qui fut extrêmement maltraité fut obligé de se retirer avec beaucoup de précipita
fion.
Les mêmes Lettres portent que le 18 du même mois le Marquis de Santa- Cruz , Gouverneur
et Capitaine Général de la Côte de Barbarie
étoit sorti de cette Place avec 500. Grenadiers
et 300. Dragons. Il étoit accompagné du Comte Mariani , Maréchal de Camp , et de Don
Philippe Ramirez , Brigadier. Ils poursuivirent
et mirent en fuïte un corps de Cavallerie Mauses de deux mille Chevaux , qui s'étoient approchez d'Oran. Les Espagnols n'ont perdu en tout.
que trois Chevaux , et quelques Soldats blessez.
M. Keene , Ministre Plénipotentiaire du Roi
d'Angleterre , ayant representé au Roi d'Espagne -
que la Garnison de Gibraltar ne pouvoit qu'avec de grandes difficultez tirer des provisions des
côtes voisines de cette Place , S. M. a donné or- dre aux Gouverneurs et Commandans des côtes.
de l'Andalousie et des Royaumes de Grenade et
de Murcie , de faire livrer à cette Garnison tous
les vivres et provisions dont elle pourra avoir
besoin , à condition qu'elle ne pourra les faire
transporter qu'avec des Passeports des Gouverneurs, et que ces provisions ne lui seront livrées
que dans les Ports oùil y a des Bureaux de Doüa- Re établis.
Les Lettres de Seville portent , que confor
mément aux intentions du Roi , le Comte de
Montemar avoit donné ordre au Marquis de
Villadarias qui étoit allé avec 7000. hommesfai
re le Siege de la petite Ville de Mazagran , de re- venir
SEPTEMBRE. 1732. 2099
venir au Camp avec ses Troupes , et que depuis
ce Général faisoit tous les préparatifs nécessaires ™
pour faire rembarquer toutes les Troupes du Roi,
à l'exception de 7 à 8000. hommes qui doivent
rester en Garnison à Orán et à Marzaquibir
pour la deffense de ces deux Places , dont le Roi
a donné le Gouvernement au Marquis de SantaCruz , ci-devant Plénipotentiaire d'Espagne auCongrès de Soissons.
S. M. a fait Chevalier de l'Ordre de la Toison
d'Or , Don Joseph Patinho , son Ministre de la »
Marine , et le Comte de Montemar , Lieutenant
- Général de ses Armées.
On a reçû avis que le Comte de Montemar
étoit retourné à Alicante avec la Flotte d'Espa
gne , et qu'on avoit congedié tous les Bâtimens
de transport . On a appris depuis que ce Général
qui a commandé en chef l'Armée en Afrique ,
arriva à Seville le 18 du mois dernier , et qu'il
eut une Audience très- favorable du Roi et de la
Reine , et lui marquerent leur satisfaction sur
l'heureuse expédition d'Oran.
>
On augmente par ordre du Roi les Régimens d'Infanterie , de Cavalerie et de Dragons de
cinq hommes par Compagnie , et le bruit courtqu'on fera au Printems prochain un nouvel armement plus considérable que le dernier ; mais
on ne dit pas encore à quelle expédition il est destiné.
Le nommé Jacob , Ingénieur , et fils naturel
du Duc de Riperda , qu'on avoit arrêté il y a
quelque tems à Ceuta où il étoit allé pour lever
le plan de cette Place , et pour séduire quelques
Officiers de la Garnison , a eu la question à Seville , et on assure qu'il a déclaré des choses trèsimportantes.
Hiiij Less
vi
2060 MERCURE DE FRANCE
Les Lettres de Miquenez portent que le Roi
Muley- Abdallah avoit fait couper la tête à plu
sieurs Chefs de l'Armée des Noirs , qui depuis
les Victoires remportées sur les Arabes et autres
Sujets rebelles à ce Prince , étoient devenus si
insolens , qu'ils vouloient imposer des loix au
Roi même , et qu'ils refusoient d'obéïr à ses ordres ; que les Deputez de Sainte Croix avoient obtenu de ce Prince une diminution considerable des impositions exorbitantes qu'on faisoit
payer à cette Ville depuis la Guerre civile , et
qu'au commencement du mois de Juillet dernier , le Roi de Maroc avoit donné ordre au
Gouverneur de Tetuan d'assembler des Troupes
qu'on croyoit destinées à faire le Siege de Ceuta ;
qu'on publioit que ce Prince se mettroit à leur
tête , et que le Duc de Riperda auroit la direc
tion du Siege.
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Résumé : ESPAGNE.
En août 1732, seize mille Maures lancèrent une attaque contre le Fort Saint-Philippe à Oran, mais furent repoussés par l'artillerie espagnole, subissant 4500 pertes. Le Marquis de Santa-Cruz, Gouverneur de la Côte de Barbarie, repoussa également un corps de cavalerie maure près d'Oran. Parallèlement, M. Keene, Ministre Plénipotentiaire du Roi d'Angleterre, sollicita l'aide du Roi d'Espagne pour ravitailler la garnison de Gibraltar, ce que le Roi accepta sous certaines conditions. Le Comte de Montemar, qui assiégeait Mazagran, fut rappelé pour organiser le rembarquement des troupes espagnoles, à l'exception de celles restant à Oran et Marzaquivir sous le commandement du Marquis de Santa-Cruz. Le Roi d'Espagne décerna l'Ordre de la Toison d'Or à Don Joseph Patinho et au Comte de Montemar. Ce dernier retourna à Alicante et obtint une audience favorable du Roi et de la Reine. Des rumeurs évoquaient un nouvel armement prévu pour le printemps. Jacob, ingénieur et fils naturel du Duc de Riperda, fut interrogé à Séville après son arrestation à Ceuta. Au Maroc, le Roi Muley-Abdallah exécuta des chefs rebelles et négocia une réduction des impôts pour Sainte-Croix. Des troupes furent rassemblées à Tetuan en vue d'un possible siège de Ceuta, dirigé par le Duc de Riperda.
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82
p. 2274-2276
ESPAGNE.
Début :
Le Roi a donné des ordres pour faire lever deux nouveaux Régimens et les Recruës nécessaires [...]
Mots clefs :
Espagne, Tempête, Provisions, Vaisseaux, Siège de Ceuta, Hôpital
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
E Roi a donné des ordres pour faire lever
deux nouveaux Régimens et les Recruës né
cessaires pour ceux qui ont servi cette année sux la Côte d'Afrique.
On écrit de Madrid que la nuit du sau 6 Septembre il y eut une tempête terrible du côté
de l'Escurial ; le Tonnere étant tombé sur ce
magnifique Couvent , mit le feu à la charpente
de la couverture du côté du Nord. Comme on
ne s'en apperçut que deux heures après , l'embra
sement étoit déja si considérable , que tous les
secours qu'on apporta pour éteindre le feu , furent inutiles ; il se communiqua au centre de ce
Monastere , du côté du Palais du Roi ; il détruisic
1
la
་
•
OCTOBRE. 1732. 2275
la Tour , embrasa l'Appartement du Patriarche et
le quartier des Chapelains , avec tant de violence qu'on ne pouvoit en approcher pour l'éteindre. Les Religieux se mirent en priere pour implorer le secours divin , et ils y porterent ensui te le S. Sacrement en procession : aussi-tôt que
le Prieur eut donné la bénédiction , on s'apperçût que les flammes faisoient moins de progrès ;
et leur violence s'étant ralentie , on acheva de
les éteindre : cependant le dommage que cet incendie a causé , est très-considérable , et on se- ra obligé de rebâtir à neuf tout ce que le feu a
attaqué , parce que toutes les pierres sont cal cinées.
Les Gouverneurs de Cadix , de Cartagene
d'Alicante et de Barcelone , ont ordre de rassembler des provisions dans les Magazins de ces
Villes , et le bruit court qu'on doit y armer
dans peu une Escadre de vingt-quatre vaisseaux
de Guerre.
Les derniers Vaisseaux richement chargez , arrivez en dernier lieu des Indes à Cadix , ont ap
porté pour le Roi une Perle d'une très-grande beauté , estimée 7500. Piastres.
Des Lettres de Tetouan portent , que le Roi
de Maroc paroissoit avoir abandonné son projet
de faire le Siége de Ceuta ; que ses Troupes qui
s'étoient approchées de cette Place , s'étoient retirées depuis un mois dans les Montagnes , et
qu'on ne doutoit pas que ce Prince ne fit ressentir au Duc de Riperda les effets de son indignation à l'occasion de cette entreprise dont il lui
avoit promis la réussite , en lui faisant accroire
qu'il avoit des intelligences dans la Ville .
Le 29 Septembre , l'Evêque de Laren fit la
sérémonie de la Dédicace de la nouvelle Eglise
Hvj de
2275 MENUURE DE ΓΙΑΝVUE
de l'Hôpital que les Prêtres de la Congrégation
de S. Pierre , natifs de Madrid , ont fait bâtir.
pour nourrir , habiller et inhumer les pauvres
Prêtres , tant Espagnols qu'Etrangers , qui auront
besoin du secours de cet Hôpital
E Roi a donné des ordres pour faire lever
deux nouveaux Régimens et les Recruës né
cessaires pour ceux qui ont servi cette année sux la Côte d'Afrique.
On écrit de Madrid que la nuit du sau 6 Septembre il y eut une tempête terrible du côté
de l'Escurial ; le Tonnere étant tombé sur ce
magnifique Couvent , mit le feu à la charpente
de la couverture du côté du Nord. Comme on
ne s'en apperçut que deux heures après , l'embra
sement étoit déja si considérable , que tous les
secours qu'on apporta pour éteindre le feu , furent inutiles ; il se communiqua au centre de ce
Monastere , du côté du Palais du Roi ; il détruisic
1
la
་
•
OCTOBRE. 1732. 2275
la Tour , embrasa l'Appartement du Patriarche et
le quartier des Chapelains , avec tant de violence qu'on ne pouvoit en approcher pour l'éteindre. Les Religieux se mirent en priere pour implorer le secours divin , et ils y porterent ensui te le S. Sacrement en procession : aussi-tôt que
le Prieur eut donné la bénédiction , on s'apperçût que les flammes faisoient moins de progrès ;
et leur violence s'étant ralentie , on acheva de
les éteindre : cependant le dommage que cet incendie a causé , est très-considérable , et on se- ra obligé de rebâtir à neuf tout ce que le feu a
attaqué , parce que toutes les pierres sont cal cinées.
Les Gouverneurs de Cadix , de Cartagene
d'Alicante et de Barcelone , ont ordre de rassembler des provisions dans les Magazins de ces
Villes , et le bruit court qu'on doit y armer
dans peu une Escadre de vingt-quatre vaisseaux
de Guerre.
Les derniers Vaisseaux richement chargez , arrivez en dernier lieu des Indes à Cadix , ont ap
porté pour le Roi une Perle d'une très-grande beauté , estimée 7500. Piastres.
Des Lettres de Tetouan portent , que le Roi
de Maroc paroissoit avoir abandonné son projet
de faire le Siége de Ceuta ; que ses Troupes qui
s'étoient approchées de cette Place , s'étoient retirées depuis un mois dans les Montagnes , et
qu'on ne doutoit pas que ce Prince ne fit ressentir au Duc de Riperda les effets de son indignation à l'occasion de cette entreprise dont il lui
avoit promis la réussite , en lui faisant accroire
qu'il avoit des intelligences dans la Ville .
Le 29 Septembre , l'Evêque de Laren fit la
sérémonie de la Dédicace de la nouvelle Eglise
Hvj de
2275 MENUURE DE ΓΙΑΝVUE
de l'Hôpital que les Prêtres de la Congrégation
de S. Pierre , natifs de Madrid , ont fait bâtir.
pour nourrir , habiller et inhumer les pauvres
Prêtres , tant Espagnols qu'Etrangers , qui auront
besoin du secours de cet Hôpital
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Résumé : ESPAGNE.
En Espagne, le roi a ordonné la levée de deux nouveaux régiments et le recrutement de soldats ayant servi sur la côte d'Afrique. Le 6 septembre, une tempête à l'Escurial a provoqué un incendie majeur au couvent, détruisant la tour, l'appartement du patriarche et le quartier des chapelains. Les flammes ont été maîtrisées après une procession avec le Saint-Sacrement, mais les dégâts nécessitent une reconstruction complète. Les gouverneurs de Cadix, Carthagène, Alicante et Barcelone ont reçu l'ordre de rassembler des provisions, et une escadre de vingt-quatre vaisseaux de guerre doit être armée prochainement. Des vaisseaux des Indes ont apporté au roi une perle estimée à 7500 piastres. Des lettres de Tétouan indiquent que le roi du Maroc a abandonné son projet de siège de Ceuta, et ses troupes se sont retirées dans les montagnes. Le duc de Riperda pourrait subir la colère du roi du Maroc pour cette entreprise. Le 29 septembre, l'évêque de Laren a dédié une nouvelle église de l'hôpital construit par les Prêtres de la Congrégation de Saint-Pierre à Madrid, destiné à nourrir, habiller et inhumer les pauvres prêtres, espagnols et étrangers.
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83
p. 2486-2488
ESPAGNE.
Début :
On a appris d'Oran, que les deux Convois qu'on y avoit envoyez de Cadix et d'Alicante [...]
Mots clefs :
Espagne, Oran, Dey d'Alger, Divan, Marquis de Santa Cruz
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
Na appris d'Oran , que les deux Convois
qu'on y avoit envoyez de Cadix et d'Alicante , y étoient arrivez ; que quelques Troupes
de Maures descendus des Montagnes , continuoient d'inquieter la Garnison qui est occupée
à de nouvelles fortifications qu'on y construitt;
que le Marquis de Santa-Cruz avoit envoyé contre eux quelques détachemens qui les avoient
obligez à prendre la fuite; et qu'il ne paroissoit pas qu'on eût rien à craindre de leur part ,
tant que les Algeriens seroient hors d'état de
mettre une Flotte en Mer ; que le Dey d'Alger
étoit mort le 3. de Septembre , âgé d'environ 88 .
ans , et que le Cnafnagi ou Trésorier de la Régence, son beau-frere , avoit été élu en sa place.
Les dernieres Lettres d'Oran , portent que les
Maures avoient commencé le Siege de cette Place
avec deux Armées , l'une commandée par Bigotillo , qui en étoit cy-devant Gouverneur , et
l'autre par le fils du feu Dey d'Alger ; que le Marquis de Santa- Cruz ayant détaché roo.
hommes de sa Garnison pour escorter un Convoi qu'il vouloit faire entrer dans le Fort de
fainte Croix , les Maures avoient attaqué l'es- Corte ; que l'action avoit été très- vive d'abord ,
mais que les Espagnols ayant mis la bayonette
aubout du fusil, les Maures avoient pris la fuite
après avoir perdu près de 1200. hommes , et que le Convoi étoit entré dans le Fort , dont on avoit
réparé la breche qui y avoit êté faite quelques
jours auparavant ; que depuis cette action ;
Maures s'étoient emparez d'un poste important
qui ôtoit la communication entre la Ville ee le
>
les
{Fort
NOVEMBRE. 1732. 2487
Fort , que ce poste n'étant pas éloigné de la Mer,
quelques Vaisseaux de guerre Espagnols arrivez d'Alicante , avoient cañonné les Ennemis et les
avoient obligez de l'abandonner ; que l'Artillerie
des Maures étoit mal servie , qu'ils manquoient
de munitions de guerre,et qu'on avoit appris par
un Deserteur qu'il s'étoit tenu à Alger un Divan,
dans lequel le nouveau Dey avoit demandé des
secours pour continuer le Siege d'Oran , mais que
Jes autres Chefs de la Régence avoient réprésenté
que c'étoit une entreprise témeraire , et qu'il étoit
impossible de reprendre cette Place tant que la
Régence n'auroit pas de Flotte pour empêcher
l'arrivée des secours. Ces Lettres ajoûtent que le
Marquis de Santa Cruz étoit résolu d'attaquer les
Maures dans leurs tranchées, et de les obliger à lever le Siege , aussi - tôt qu'il auroit reçu le renfort de Troupes qu'il attendoit de Barcelone et d'Alicante.
$ On a reçû avis que le 17. Octobre , le Gouverneur de Ceuta a fait une sortie composée de
12. Bataillons de 14. Compagnies de Grenadiers
et de toute la Cavalerie de la Garnison ; que ces Troupes ayant attaqué les Maures dans leurs
tranchées , les avoient obligez de prendre la fuite
après un combat de six heures , qu'ils avoient abandonné leurs munitions de leur Ar- guerre ,
tillerie et toutes leurs provisions ; qu'on avoit
encloüé leurs Canons, brulé leurs Baraques, comblé leurs tranchées et abandonné leur Camp au
pillage des Soldats Espaglols.
Le Marquis de Santa Cruz ayant écrit en Cour
depuis , qu'il avoit paru dans le Canal d'Oran ,
neuf Vaisseaux de guerre Algeriens , un de 70.
pieces de Canon , quatre de so. et les autres de
30. à 40. le Roi a envoyé des Ordres aux ComHvj mandans
2498 MERCURE DE FRANCE
mandans des Vaisseaux de guerre la Galice
l'Andalousie , le Conquerant et le Lion , de join- dre trois autres Vaisseaux de guerre Maltois qui
sont sortis depuis peu d'Alicante , et d'aller en
semble attaquer les Vaisseaux Algeriens.
Na appris d'Oran , que les deux Convois
qu'on y avoit envoyez de Cadix et d'Alicante , y étoient arrivez ; que quelques Troupes
de Maures descendus des Montagnes , continuoient d'inquieter la Garnison qui est occupée
à de nouvelles fortifications qu'on y construitt;
que le Marquis de Santa-Cruz avoit envoyé contre eux quelques détachemens qui les avoient
obligez à prendre la fuite; et qu'il ne paroissoit pas qu'on eût rien à craindre de leur part ,
tant que les Algeriens seroient hors d'état de
mettre une Flotte en Mer ; que le Dey d'Alger
étoit mort le 3. de Septembre , âgé d'environ 88 .
ans , et que le Cnafnagi ou Trésorier de la Régence, son beau-frere , avoit été élu en sa place.
Les dernieres Lettres d'Oran , portent que les
Maures avoient commencé le Siege de cette Place
avec deux Armées , l'une commandée par Bigotillo , qui en étoit cy-devant Gouverneur , et
l'autre par le fils du feu Dey d'Alger ; que le Marquis de Santa- Cruz ayant détaché roo.
hommes de sa Garnison pour escorter un Convoi qu'il vouloit faire entrer dans le Fort de
fainte Croix , les Maures avoient attaqué l'es- Corte ; que l'action avoit été très- vive d'abord ,
mais que les Espagnols ayant mis la bayonette
aubout du fusil, les Maures avoient pris la fuite
après avoir perdu près de 1200. hommes , et que le Convoi étoit entré dans le Fort , dont on avoit
réparé la breche qui y avoit êté faite quelques
jours auparavant ; que depuis cette action ;
Maures s'étoient emparez d'un poste important
qui ôtoit la communication entre la Ville ee le
>
les
{Fort
NOVEMBRE. 1732. 2487
Fort , que ce poste n'étant pas éloigné de la Mer,
quelques Vaisseaux de guerre Espagnols arrivez d'Alicante , avoient cañonné les Ennemis et les
avoient obligez de l'abandonner ; que l'Artillerie
des Maures étoit mal servie , qu'ils manquoient
de munitions de guerre,et qu'on avoit appris par
un Deserteur qu'il s'étoit tenu à Alger un Divan,
dans lequel le nouveau Dey avoit demandé des
secours pour continuer le Siege d'Oran , mais que
Jes autres Chefs de la Régence avoient réprésenté
que c'étoit une entreprise témeraire , et qu'il étoit
impossible de reprendre cette Place tant que la
Régence n'auroit pas de Flotte pour empêcher
l'arrivée des secours. Ces Lettres ajoûtent que le
Marquis de Santa Cruz étoit résolu d'attaquer les
Maures dans leurs tranchées, et de les obliger à lever le Siege , aussi - tôt qu'il auroit reçu le renfort de Troupes qu'il attendoit de Barcelone et d'Alicante.
$ On a reçû avis que le 17. Octobre , le Gouverneur de Ceuta a fait une sortie composée de
12. Bataillons de 14. Compagnies de Grenadiers
et de toute la Cavalerie de la Garnison ; que ces Troupes ayant attaqué les Maures dans leurs
tranchées , les avoient obligez de prendre la fuite
après un combat de six heures , qu'ils avoient abandonné leurs munitions de leur Ar- guerre ,
tillerie et toutes leurs provisions ; qu'on avoit
encloüé leurs Canons, brulé leurs Baraques, comblé leurs tranchées et abandonné leur Camp au
pillage des Soldats Espaglols.
Le Marquis de Santa Cruz ayant écrit en Cour
depuis , qu'il avoit paru dans le Canal d'Oran ,
neuf Vaisseaux de guerre Algeriens , un de 70.
pieces de Canon , quatre de so. et les autres de
30. à 40. le Roi a envoyé des Ordres aux ComHvj mandans
2498 MERCURE DE FRANCE
mandans des Vaisseaux de guerre la Galice
l'Andalousie , le Conquerant et le Lion , de join- dre trois autres Vaisseaux de guerre Maltois qui
sont sortis depuis peu d'Alicante , et d'aller en
semble attaquer les Vaisseaux Algeriens.
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Résumé : ESPAGNE.
En Espagne, des convois de Cadix et Alicante ont atteint Oran, où la garnison construit de nouvelles fortifications. Les troupes mauresques, descendues des montagnes, inquiètent la garnison. Le Marquis de Santa-Cruz a repoussé les Maures, dont la menace est limitée par l'absence de flotte algérienne. Le Dey d'Alger est décédé, et son beau-frère, le Cnafnagi, a été élu à sa place. Les Maures ont commencé le siège d'Oran avec deux armées commandées par Bigotillo et le fils du défunt Dey. Le Marquis de Santa-Cruz a envoyé 100 hommes pour escorter un convoi vers le Fort de Sainte-Croix, repoussant les assaillants qui ont perdu près de 1200 hommes. Les Maures ont coupé la communication entre la ville et le fort, mais des vaisseaux espagnols les ont forcés à abandonner le poste. Les Maures manquent de munitions et d'artillerie efficace. Le Marquis de Santa-Cruz prévoit d'attaquer les Maures dès l'arrivée de renforts. À Ceuta, le gouverneur a repoussé les Maures après un combat de six heures. Neuf vaisseaux algériens ont été repérés dans le canal d'Oran. Le roi a ordonné aux commandants des vaisseaux de guerre de Galice, Andalousie, Conquerant et Lion de se joindre à trois vaisseaux maltais pour attaquer les vaisseaux algériens.
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84
p. 2692-2696
ESPAGNE.
Début :
Le 7. Novembre, on fit partir de Barcelone un Convoy de 25 Bâtimens de transport, [...]
Mots clefs :
Espagne, Convoi, Lettres, Oran, Ceuta, Marquis de Santa Cruz
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
E7. Novembre , on fit partir de Barcelone
un Convoy de 25 Bâtimens de transport ,
escortés par le Vaisseau de Guerre le S. François , sur lesquels on avoit embarqué quatre Bataillons et 800. Grenadiers des Régimens des
Gardes Espagnols et Walones.
Le 10. ce Convoy passa à la hauteur d'Alicante , où il fut joint par les Vaisseaux de Guer- re de Malte , dont on a déja parlé , et par quatre
Vaisseaux de Guerre du Roi , qui n'ayant
pú doubler le Cap Palos , à cause des vents contraires , étoient entrés dans le Port d'Alicante.
Ces quatre Vaisseaux ont à bord un Bataillon du
Régiment d'Arragon , et 9. Compagnies du Régiment d'Ultonia , Infanterie ; on a appris depuis que ce Convoy est arrivé à Oran , dont la
Garnison , au moyen de ce renfort , est compo
sée présentement de 20 Bataillons et de 2 Compagnies de Grenadiers , dont celles des Régimens
des Gardes Espagnoles et Walonnes sont de cent hommes chacune.
Des Lettres écrites depuis portent que le
Gouverneur du Château de Sainte Croix s'étant
apperçu que les Maures travailloient dans un
Valon au pied de ce Château , avoit fait la nuit du 11 au 12 de Novembre une sortie de deux
Compagnies de Grenadiers et de quelques Tra
vailleurs qui les attaquerent et en tuerent un
grand nombre ; qu'on avoit reconnu alors
qu'ils avoient ouvert deux Mines au pied de ce
Fort , mais qu'il leur étoit impossible d'en tirer
aucun avantage , parce qu'il y avoit de ce côté-là
un Rocher d'une dureté impénétrable ; que les
1.Vol.
Maures
DECEMBRE. 1732. 2693
Maures qui avoient pris d'abord la fuite , étoient
revenus en plus grand nombre , et qu'ils avoient
attaqué les Grenadiers dans leur Retraite ; mais
que le feu du Fort les avoit obligez de se retirer
après avoir perdu plus de 400 hommes ; que les
Espagnols n'avoient eu que cinq Soldats de tuez dans cette sortie.
Ces Lettres ajoûtent que quelques déserteurs
Maures avoient rapporté que le nommé Lazarin ,
homme riche et puissant dans le pays , dont les
Terres étoient situées aux environs de Mostagan , à 14 lieues d'Oran , s'étoit retiré avec tous
ses effets et bestiaux , pour ne pas être exposé
aux cruautez de Bigotillo , l'un des Generaux
des Maures , et qu'en faveur des Chrétiens , il
avoit levé des Soldats Maures avec lesquels il
avoit enlevé une partie des Troupeaux de Bigotillo , et les avoit emmené dans des Terres éloignées , où il s'étoit retranché pour se deffendre
et conserver sa prise.
D'autres nouvelles reçues d'Oran portent , que
le 21 Novembre au matin , le Gouverneur de
Cette Ville avoit fait une sortie de 10000. hom
mes , qu'il avoit attaqué en même tems les
Turcs et les Maures dans leurs Tranchées ; qu'il
les avoit obligez de prendre la fuite après quelque résistance ; qu'il les avoit poursuivis plus
d'une fieue , et que la Garnison étoit rentrée dans la Place.
On a appris par des Lettres anterieures , qu'u
ne Compagnie de Grenadiers du Régiment de Cantabria , qui étoit dans un poste avancé , l'avoit abandonné sans qu'on sçut ce qui l'y avoit
obligé ; que quelques jours après , cette Compa
gnie se trouvant dans le même poste les ennemis étoient venus l'insulter , que le Lieutenant I. Vol. Hiiij s'é-
2894 MERCURE DE FRANCE
s'étoit avancé à la tête de 20 Grenadiers , la
bayonnette au bout du fusil , malgré les ordres
du Capitaine , qui le trai.oit de téméraire ; que
ce Lieutenant lui ayant répondu qu'il vouloit
faire voir que ce n'avoit point été par faute de
courage qu'on avoit fait la retraite des jours précédens , le Capitaine avoit marché avec toute
la Compagnie que Don François d'Araona Commandant du Château de Sainte Croix , et
du second Bataillon du même Régiment , avoit
joint cette Compagnie , qu'ils avoient attaqué
les Maures avec tant de valeur , qu'après leur
avoir tué plus de 200. hommes , ils les avoient Contraints de rentrer dans leurs tranchées.
Les dernieres Lettres reçûës portent , que dans
la sortie que le Marquis de Santa Cruz fit faire
le 21 de Novembre , il avoit fait attaquertous les
Postes occupez par les Turcs et les Maures , et
que s'étant apperçu qu'un Détachement des
Troupes Espagnoles avoit été coupé par un
Corps de Cavalerie Maure , et qu'il étoit en
danger d'être taillé en piéces , il étoit sorti de la Place à la tête d'un autre détachement pour le
secourir , qu'il avoit obligé ce Corps de Cavalerie à prendre la fuite ; qu'en même- tems les autres Troupes Espagnoles avoient chassé les
Maures de tous leurs quartiers ; que le Marquis
de Santa-Crux , Capitaine General´et Gouverneur d'Oran , le Marquis de Valdecanas , Brigadier des Armées du Roi , et le Colonel Don Joseph Pinel , ayant eu le malheur d'être tuez dans
ces differentes attaques , et que d'ailleurs ces
Troupes étant extrêmement fatiguées , elles
étoient rentrées dans la Place vers les cinq heures après midi : que le 23 , l'Officier qui commandoit dans Oran ,à la place du Marquis de
I. Vol Santa
DECEMBRE. 1722. 2695
1
Santa- Cruz , avoit fait une seconde sortie genezale , et qu'ayant attaqué en même- tems tous
les quartiers des Maures , il les en avoit chassés;
qu'on comptoit qu'ils avoient perdu plus de
Ioooo. hommes dans ces deux actions ; que les
Maures ayant passé les Montagues , n'avoient
pas reparu depuis le23.et que les détachemens de
Cavalerie qu'on avoit envoyés à la découverte
n'en avoient pû apprendre aucunes nouvelles.
Ces derniers avis ajoûtent , que du côté des
Espagnols il y avoit environ 600. hommes de
tuez , et près de 1500 blessez ; que les Troupes
Espagnoles qui sont encore à Oran montoient à
13000. hommes , et qu'une partie étoit actuellément campée hors de la Place dans le Camp
que les Turcs et les Maures occupoient , qu'elles
en avoient brûlé les barraques et détruit les
Fortins qu'ils avoient construits et élevez autour de ce Camp , et que quelques recherches
qu'on eut faites , on n'avoit encore pû trouver
le corps du Marquis de Santa- Cruz.
On mande de Seville , que le Marquis de
Villadarias , Lieutenant General des Armées du
Roi , que S. M. vient de nommer pour commander en Chef à Oran , à la place du Marquis de Santa- Cruz , doit s'y rendre incessam
ment.
On écrit de Ceuta que le 14 du mois dernier il étoit venu du côté de Tetuan un Corps de Troupes de 4000. hommes d'Infanterie , et de
4000. de Cavalerie , que le même jour le Gouverneur de Ceuta avoit fait une sortie qui avoit
mis toutes ces nouvelles Troupes en fuite ; les
mêmes Lettres portent que les Noirs de Miquenez s'étoient soulevez , et qu'ils avoient proclamé Roi un frere du Roi régnant , lequel s'étoi mis à leur tête,
I. Vole Hv D'au
2696 MERCURE DE FRANCE
D'autres Lettres portent que l'Armée du Roi
de Maroc se tenoit encore à plus d'une lieuë de
Ceuta sans oser rien entreprendre ; que le Gou- verneur voulant connoître sûrement l'état de cette Armée , avoit fait embarquer le 15 de Novembre so hommes qui avoient mis pied à terre
le 20 dans une plage où ils s'étoient cachez
derriere un Rocher ; que le 21 au matin huit
Maures armez s'étant approchez de ce Rocher
les Espagnols en avoient tué trois et fait deux
autres prisonniers que le bruit de la Mousquete- rie avoit attiré les Maures de ce côté là , mais
que les Espagnols avoient eu le tems de se rembarquer avec leurs prisonniers , desquels on avoit
appris qu'il n'y avoit dans le Camp des Maures
que 4000. hommes d'Infanterie et 1500. de
Cavalerie.
E7. Novembre , on fit partir de Barcelone
un Convoy de 25 Bâtimens de transport ,
escortés par le Vaisseau de Guerre le S. François , sur lesquels on avoit embarqué quatre Bataillons et 800. Grenadiers des Régimens des
Gardes Espagnols et Walones.
Le 10. ce Convoy passa à la hauteur d'Alicante , où il fut joint par les Vaisseaux de Guer- re de Malte , dont on a déja parlé , et par quatre
Vaisseaux de Guerre du Roi , qui n'ayant
pú doubler le Cap Palos , à cause des vents contraires , étoient entrés dans le Port d'Alicante.
Ces quatre Vaisseaux ont à bord un Bataillon du
Régiment d'Arragon , et 9. Compagnies du Régiment d'Ultonia , Infanterie ; on a appris depuis que ce Convoy est arrivé à Oran , dont la
Garnison , au moyen de ce renfort , est compo
sée présentement de 20 Bataillons et de 2 Compagnies de Grenadiers , dont celles des Régimens
des Gardes Espagnoles et Walonnes sont de cent hommes chacune.
Des Lettres écrites depuis portent que le
Gouverneur du Château de Sainte Croix s'étant
apperçu que les Maures travailloient dans un
Valon au pied de ce Château , avoit fait la nuit du 11 au 12 de Novembre une sortie de deux
Compagnies de Grenadiers et de quelques Tra
vailleurs qui les attaquerent et en tuerent un
grand nombre ; qu'on avoit reconnu alors
qu'ils avoient ouvert deux Mines au pied de ce
Fort , mais qu'il leur étoit impossible d'en tirer
aucun avantage , parce qu'il y avoit de ce côté-là
un Rocher d'une dureté impénétrable ; que les
1.Vol.
Maures
DECEMBRE. 1732. 2693
Maures qui avoient pris d'abord la fuite , étoient
revenus en plus grand nombre , et qu'ils avoient
attaqué les Grenadiers dans leur Retraite ; mais
que le feu du Fort les avoit obligez de se retirer
après avoir perdu plus de 400 hommes ; que les
Espagnols n'avoient eu que cinq Soldats de tuez dans cette sortie.
Ces Lettres ajoûtent que quelques déserteurs
Maures avoient rapporté que le nommé Lazarin ,
homme riche et puissant dans le pays , dont les
Terres étoient situées aux environs de Mostagan , à 14 lieues d'Oran , s'étoit retiré avec tous
ses effets et bestiaux , pour ne pas être exposé
aux cruautez de Bigotillo , l'un des Generaux
des Maures , et qu'en faveur des Chrétiens , il
avoit levé des Soldats Maures avec lesquels il
avoit enlevé une partie des Troupeaux de Bigotillo , et les avoit emmené dans des Terres éloignées , où il s'étoit retranché pour se deffendre
et conserver sa prise.
D'autres nouvelles reçues d'Oran portent , que
le 21 Novembre au matin , le Gouverneur de
Cette Ville avoit fait une sortie de 10000. hom
mes , qu'il avoit attaqué en même tems les
Turcs et les Maures dans leurs Tranchées ; qu'il
les avoit obligez de prendre la fuite après quelque résistance ; qu'il les avoit poursuivis plus
d'une fieue , et que la Garnison étoit rentrée dans la Place.
On a appris par des Lettres anterieures , qu'u
ne Compagnie de Grenadiers du Régiment de Cantabria , qui étoit dans un poste avancé , l'avoit abandonné sans qu'on sçut ce qui l'y avoit
obligé ; que quelques jours après , cette Compa
gnie se trouvant dans le même poste les ennemis étoient venus l'insulter , que le Lieutenant I. Vol. Hiiij s'é-
2894 MERCURE DE FRANCE
s'étoit avancé à la tête de 20 Grenadiers , la
bayonnette au bout du fusil , malgré les ordres
du Capitaine , qui le trai.oit de téméraire ; que
ce Lieutenant lui ayant répondu qu'il vouloit
faire voir que ce n'avoit point été par faute de
courage qu'on avoit fait la retraite des jours précédens , le Capitaine avoit marché avec toute
la Compagnie que Don François d'Araona Commandant du Château de Sainte Croix , et
du second Bataillon du même Régiment , avoit
joint cette Compagnie , qu'ils avoient attaqué
les Maures avec tant de valeur , qu'après leur
avoir tué plus de 200. hommes , ils les avoient Contraints de rentrer dans leurs tranchées.
Les dernieres Lettres reçûës portent , que dans
la sortie que le Marquis de Santa Cruz fit faire
le 21 de Novembre , il avoit fait attaquertous les
Postes occupez par les Turcs et les Maures , et
que s'étant apperçu qu'un Détachement des
Troupes Espagnoles avoit été coupé par un
Corps de Cavalerie Maure , et qu'il étoit en
danger d'être taillé en piéces , il étoit sorti de la Place à la tête d'un autre détachement pour le
secourir , qu'il avoit obligé ce Corps de Cavalerie à prendre la fuite ; qu'en même- tems les autres Troupes Espagnoles avoient chassé les
Maures de tous leurs quartiers ; que le Marquis
de Santa-Crux , Capitaine General´et Gouverneur d'Oran , le Marquis de Valdecanas , Brigadier des Armées du Roi , et le Colonel Don Joseph Pinel , ayant eu le malheur d'être tuez dans
ces differentes attaques , et que d'ailleurs ces
Troupes étant extrêmement fatiguées , elles
étoient rentrées dans la Place vers les cinq heures après midi : que le 23 , l'Officier qui commandoit dans Oran ,à la place du Marquis de
I. Vol Santa
DECEMBRE. 1722. 2695
1
Santa- Cruz , avoit fait une seconde sortie genezale , et qu'ayant attaqué en même- tems tous
les quartiers des Maures , il les en avoit chassés;
qu'on comptoit qu'ils avoient perdu plus de
Ioooo. hommes dans ces deux actions ; que les
Maures ayant passé les Montagues , n'avoient
pas reparu depuis le23.et que les détachemens de
Cavalerie qu'on avoit envoyés à la découverte
n'en avoient pû apprendre aucunes nouvelles.
Ces derniers avis ajoûtent , que du côté des
Espagnols il y avoit environ 600. hommes de
tuez , et près de 1500 blessez ; que les Troupes
Espagnoles qui sont encore à Oran montoient à
13000. hommes , et qu'une partie étoit actuellément campée hors de la Place dans le Camp
que les Turcs et les Maures occupoient , qu'elles
en avoient brûlé les barraques et détruit les
Fortins qu'ils avoient construits et élevez autour de ce Camp , et que quelques recherches
qu'on eut faites , on n'avoit encore pû trouver
le corps du Marquis de Santa- Cruz.
On mande de Seville , que le Marquis de
Villadarias , Lieutenant General des Armées du
Roi , que S. M. vient de nommer pour commander en Chef à Oran , à la place du Marquis de Santa- Cruz , doit s'y rendre incessam
ment.
On écrit de Ceuta que le 14 du mois dernier il étoit venu du côté de Tetuan un Corps de Troupes de 4000. hommes d'Infanterie , et de
4000. de Cavalerie , que le même jour le Gouverneur de Ceuta avoit fait une sortie qui avoit
mis toutes ces nouvelles Troupes en fuite ; les
mêmes Lettres portent que les Noirs de Miquenez s'étoient soulevez , et qu'ils avoient proclamé Roi un frere du Roi régnant , lequel s'étoi mis à leur tête,
I. Vole Hv D'au
2696 MERCURE DE FRANCE
D'autres Lettres portent que l'Armée du Roi
de Maroc se tenoit encore à plus d'une lieuë de
Ceuta sans oser rien entreprendre ; que le Gou- verneur voulant connoître sûrement l'état de cette Armée , avoit fait embarquer le 15 de Novembre so hommes qui avoient mis pied à terre
le 20 dans une plage où ils s'étoient cachez
derriere un Rocher ; que le 21 au matin huit
Maures armez s'étant approchez de ce Rocher
les Espagnols en avoient tué trois et fait deux
autres prisonniers que le bruit de la Mousquete- rie avoit attiré les Maures de ce côté là , mais
que les Espagnols avoient eu le tems de se rembarquer avec leurs prisonniers , desquels on avoit
appris qu'il n'y avoit dans le Camp des Maures
que 4000. hommes d'Infanterie et 1500. de
Cavalerie.
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Résumé : ESPAGNE.
En novembre 1732, un convoi de 25 bâtiments de transport, escorté par le vaisseau de guerre le Saint-François, quitta Barcelone avec quatre bataillons et 800 grenadiers des régiments des Gardes Espagnols et Wallons. Le 10 novembre, près d'Alicante, le convoi fut rejoint par des vaisseaux de Malte et quatre vaisseaux royaux transportant un bataillon du régiment d'Aragon et neuf compagnies du régiment d'Ultonia. Le convoi arriva à Oran, renforçant la garnison qui compta alors 20 bataillons et 2 compagnies de grenadiers. Le 11 novembre, le gouverneur du château de Sainte-Croix attaqua des Maures dans un vallon. Les Maures, bien que repoussés, avaient tenté de miner le fort sans succès. Lors de leur retraite, les grenadiers espagnols subirent des pertes, avec cinq soldats tués. Des déserteurs maures rapportèrent que Lazarin, un homme influent, s'était retiré pour échapper aux cruautés de Bigotillo, un général maure, et levait des soldats pour attaquer les troupeaux de ce dernier. Le 21 novembre, le gouverneur d'Oran mena une sortie avec 10 000 hommes contre les Turcs et les Maures dans leurs tranchées. Après une résistance, les ennemis furent repoussés et poursuivis sur plus d'une lieue. Lors de cette sortie, le marquis de Santa Cruz, capitaine général et gouverneur d'Oran, ainsi que le marquis de Valdecanas et le colonel Don Joseph Pinel furent tués. Les troupes espagnoles, fatiguées, rentrèrent dans la place. Le 23 novembre, une seconde sortie chassa les Maures de leurs quartiers, qui se retirèrent dans les montagnes après avoir perdu plus de 1 000 hommes. Du côté espagnol, environ 600 hommes furent tués et près de 1 500 blessés. Les troupes espagnoles à Oran totalisaient 13 000 hommes, une partie campant hors de la place. Le marquis de Villadarias fut nommé pour remplacer le marquis de Santa Cruz. À Ceuta, une sortie contre 4 000 hommes d'infanterie et 4 000 de cavalerie maures mit ces troupes en fuite. Les Noirs de Miknez se soulevèrent et proclamèrent un frère du roi régnant comme leur roi. L'armée du roi de Maroc, bien que présente, n'osa pas entreprendre d'action. Des espions espagnols confirmèrent la présence de 4 000 hommes d'infanterie et 1 500 de cavalerie dans le camp maure.
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85
p. 2903-2905
ESPAGNE.
Début :
On a appris d'Oran, depuis les dernieres nouvelles que nous en avons publiées, que [...]
Mots clefs :
Espagne, Oran, Cavalerie, Ceuta, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
Na appris d'Oran , depuis les dernieres
nouvelles que nous en avons publiées , que les Maures , dans l'action du 21 de Novembre ,
étoient au nombre de 32000 hommes , y compris leur Cavalerie , qui pouvoit monter à 7500
hommes. Les Troupes Espagnoles ' continuent de travailler à combler les tranchées des Maures ,
principalement sur la Mazera ; élevation qui domine le Château de Ste Croix , auquel les Maures avoient fait quelques bréches , qu'on rétablit,
afin de mettre ce Fort à couvert de toute insulte.
On a appris par des Espions qui s'étoient intro1
II. Vol.
Hij duies
2904 MERCURE DE FRANCE
duits dans Oran , et qu'on y a arrêtez, que l'Armée des Maures étoit campée derriere une Mon- tagne , â deux lieues de cette Ville . Que dans
l'attaque du 21. Bigotillo et deux de ses parens
avoient été blessez ; que le fils du feu Dey d'Alger,
l'un des deux Generaux des Maures , se préparoit à retourner à Alger avec ses Troupes , et
qu'il ne laisseroit à Bigotillo , que 45 Escoüades
de Turcs , qui font environ 8 a 900 hommes.
Les Lettres d'Oran , du 13 Decembre , portent
que les Maures s'étoient encore éloignez d'une
lieue du Camp qu'ils occupoient , depuis la levée
du Siége de cette Place , et que tous leurs mouvemens faisoient croire qu'ils avoient dessein de
se retirer entierement ; que le 7 du même mois
on avoit transporté de la Maison de Don Philippe Ramirez d'Arellans , Maréchal de Camp , l'Image miraculeuse de N. D, de Penna de Francia,
Patrone d'Oran , à l'Eglise Paroissialle de cette
Ville ;que cette Image avoit été portée pendant
la ceremonie par Don Jean-Ans. Perés d'Aréillano , que le Roy et l'Archevêque de Tolede ont
nommé Vicaire General de la même Ville ; que
le Commandant de la Place , les Marêchaux de
Camp , les Colonels et les autres Officiers de la
Garnison , avoient assisté à la Procession , et le
lendemain à la Grande Messe , qui avoit été cé◄
lébrée dans la même Eglise. Cette Image avoit été conservée dans la Maison de ce Vicaire Ge
neral , depuis la prise d'Oran , par les Maures ,
en 1707.
Le Marquis de Villadarias a été nommé par
le Roy , pour succeder au Marquis de Santa- Cruz , en qualité de Gouverneur d'Oran ; et il
doit s'embarquer incessamment à Alicante , pour
se rendre à son Gouvernement. Ș. M. a aussi
II. Vol. nommé
DECEMBRE. 1732 2905
nommé Lieutenant General de ses Armées , le
Duc de Liria , cy-devant son Ambassadeur Extraordinaire auprès de la Czarine , et qui est aetuellement à Vienne.
Elle a accordé à la Marquise de Santa-Cruz qui est revenuë d'Oran à Cadix avec toute sa famille , une pension de mille Doublons ; une Com
manderie de 400 Doublons de revenu à son fils
aîné ; une Compagnie de Cavalerie à son second
fils , et une d'Infanterie à son troisiéme.
Par les Lettres d'Oran , du 16. de ce mois , on
apprend que la Garnison continuoit de travailler
aux Fortifications de cette Ville et des Châteaux ,
sans être inquiétée par les Maures , qui sont rou→
jours dans leur même Camp.
Celles de Ceuta du 19. portent que 6co. Cavaliers de l'Armée du Roy de Maroc , étoient
revenus près du Serrail , qui est voisin du Camp
qu'occupoit cy-devant le Détachement de la Cavalerie et de l'Infanterie de ce Prince ; qu'ils tiroient depuis huit jours sans discontinuer contre
la nouvelle Palissade qu'on a plantée près de leur
Camp , et qui est déja fort avancée , mais qu'on
n'avoit pu découvrir encore quel pouvoit être leur dessein.
duOn a appris par les dernieres Lettres de Ceuta
30. Novembre, que les Troupes du Roy de Marocs'étoient retirées aussi des environs de cettePlace,et que les differens partis de Dragons envoyez à
la découverte par le Gouverneur de la Ville ,
étoient rentrez sans en avoir appris aucune nou- velle ; mais que la Garnison se tenoit toujours
sur ses gardes , crainte de surprise.
Na appris d'Oran , depuis les dernieres
nouvelles que nous en avons publiées , que les Maures , dans l'action du 21 de Novembre ,
étoient au nombre de 32000 hommes , y compris leur Cavalerie , qui pouvoit monter à 7500
hommes. Les Troupes Espagnoles ' continuent de travailler à combler les tranchées des Maures ,
principalement sur la Mazera ; élevation qui domine le Château de Ste Croix , auquel les Maures avoient fait quelques bréches , qu'on rétablit,
afin de mettre ce Fort à couvert de toute insulte.
On a appris par des Espions qui s'étoient intro1
II. Vol.
Hij duies
2904 MERCURE DE FRANCE
duits dans Oran , et qu'on y a arrêtez, que l'Armée des Maures étoit campée derriere une Mon- tagne , â deux lieues de cette Ville . Que dans
l'attaque du 21. Bigotillo et deux de ses parens
avoient été blessez ; que le fils du feu Dey d'Alger,
l'un des deux Generaux des Maures , se préparoit à retourner à Alger avec ses Troupes , et
qu'il ne laisseroit à Bigotillo , que 45 Escoüades
de Turcs , qui font environ 8 a 900 hommes.
Les Lettres d'Oran , du 13 Decembre , portent
que les Maures s'étoient encore éloignez d'une
lieue du Camp qu'ils occupoient , depuis la levée
du Siége de cette Place , et que tous leurs mouvemens faisoient croire qu'ils avoient dessein de
se retirer entierement ; que le 7 du même mois
on avoit transporté de la Maison de Don Philippe Ramirez d'Arellans , Maréchal de Camp , l'Image miraculeuse de N. D, de Penna de Francia,
Patrone d'Oran , à l'Eglise Paroissialle de cette
Ville ;que cette Image avoit été portée pendant
la ceremonie par Don Jean-Ans. Perés d'Aréillano , que le Roy et l'Archevêque de Tolede ont
nommé Vicaire General de la même Ville ; que
le Commandant de la Place , les Marêchaux de
Camp , les Colonels et les autres Officiers de la
Garnison , avoient assisté à la Procession , et le
lendemain à la Grande Messe , qui avoit été cé◄
lébrée dans la même Eglise. Cette Image avoit été conservée dans la Maison de ce Vicaire Ge
neral , depuis la prise d'Oran , par les Maures ,
en 1707.
Le Marquis de Villadarias a été nommé par
le Roy , pour succeder au Marquis de Santa- Cruz , en qualité de Gouverneur d'Oran ; et il
doit s'embarquer incessamment à Alicante , pour
se rendre à son Gouvernement. Ș. M. a aussi
II. Vol. nommé
DECEMBRE. 1732 2905
nommé Lieutenant General de ses Armées , le
Duc de Liria , cy-devant son Ambassadeur Extraordinaire auprès de la Czarine , et qui est aetuellement à Vienne.
Elle a accordé à la Marquise de Santa-Cruz qui est revenuë d'Oran à Cadix avec toute sa famille , une pension de mille Doublons ; une Com
manderie de 400 Doublons de revenu à son fils
aîné ; une Compagnie de Cavalerie à son second
fils , et une d'Infanterie à son troisiéme.
Par les Lettres d'Oran , du 16. de ce mois , on
apprend que la Garnison continuoit de travailler
aux Fortifications de cette Ville et des Châteaux ,
sans être inquiétée par les Maures , qui sont rou→
jours dans leur même Camp.
Celles de Ceuta du 19. portent que 6co. Cavaliers de l'Armée du Roy de Maroc , étoient
revenus près du Serrail , qui est voisin du Camp
qu'occupoit cy-devant le Détachement de la Cavalerie et de l'Infanterie de ce Prince ; qu'ils tiroient depuis huit jours sans discontinuer contre
la nouvelle Palissade qu'on a plantée près de leur
Camp , et qui est déja fort avancée , mais qu'on
n'avoit pu découvrir encore quel pouvoit être leur dessein.
duOn a appris par les dernieres Lettres de Ceuta
30. Novembre, que les Troupes du Roy de Marocs'étoient retirées aussi des environs de cettePlace,et que les differens partis de Dragons envoyez à
la découverte par le Gouverneur de la Ville ,
étoient rentrez sans en avoir appris aucune nou- velle ; mais que la Garnison se tenoit toujours
sur ses gardes , crainte de surprise.
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Résumé : ESPAGNE.
En 1732, des événements militaires et politiques impliquaient l'Espagne et les Maures. Le 21 novembre, environ 32 000 Maures, dont 7 500 cavaliers, affrontaient les troupes espagnoles qui comblaient leurs tranchées, notamment sur la Mazera, près du Château de Sainte-Croix endommagé. Des espions signalèrent que l'armée maure était campée derrière une montagne à deux lieues d'Oran. Lors de cette attaque, Bigotillo et deux de ses parents furent blessés. Le fils du défunt Dey d'Alger, général maure, se préparait à retourner à Alger avec ses troupes, laissant Bigotillo environ 800 à 900 Turcs. Le 13 décembre, les Maures se retirèrent d'une lieue de leur camp. À Oran, l'image miraculeuse de Notre-Dame de Penna de Francia fut transportée à l'église paroissiale. Le Marquis de Villadarias succéda au Marquis de Santa-Cruz comme gouverneur d'Oran, et le Duc de Liria fut nommé Lieutenant Général des armées. La Marquise de Santa-Cruz reçut une pension et des commandements pour ses fils. Le 16 décembre, la garnison d'Oran continuait les fortifications sans être inquiétée. À Ceuta, 600 cavaliers marocains tiraient contre une nouvelle palissade, mais leurs intentions restaient inconnues. Les troupes marocaines s'étaient retirées des environs de Ceuta, mais la garnison restait en alerte.
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86
p. 292-298
HUITIÈME Lettre écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet des Villes d'Oran et de Ceuta.
Début :
Je continue, Monsieur, dans la Lettre que je me donne aujourd'hui l'honneur de vous écrire, [...]
Mots clefs :
Roi de Maroc, Ceuta, Maures, Siège, Portugal, Espagne, Princes, Place
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texteReconnaissance textuelle : HUITIÈME Lettre écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet des Villes d'Oran et de Ceuta.
HUITIE' ME Lettre écrite par
M. D. L. R. à M. le Marquis de B.
au sujet des Villes d'Oran et de Ceuta .
J
E continue , Monsieur , dans la Lettre que je
me donne aujourd'hui l'honneur de vous écri
re , et je compte achever le Memoire Historique
que j'ai commencé au sujet de la Ville de Ceuta.
Nous avons laissé cette Ville sous la domination
des Maures ; mais à la veille d'être conquise par
un Monarque Chrétien ; il faut commencer par
vous rendre compte de cet Evenement qui doit
tenir un rang considerable dans les Annales de
la Religion , et dans les Révolutions du XV .
Siecle.
*
Jean I. Roy de Portugal , surnommé Pere de
la Patrie , cut cinq fils de son Mariage avec Philippe
de Lancastre , sçavoir , Edouard , Pierre ,
Henri , Jean et Fernand . Quand les trois ainez
de ces Princes curent atteint un certain âge , le
Roy , charmé de leurs belles qualitez , pour les
faire entrer plus glorieusement dans la carriere de
la vertu militaire , résolut de les armer lui - même
Chevalier , avec toute la solemnité qu'exigeoit
une telle Ceremonie. On en faisoit déja les préparatifs,
qui mettoient tout le Royaume en mouyement
, lorsque le Grand- Trésorier de Portu-
5262-
* Philippe de Lancastre étoit fille de Jean ,
nommé le Grand , Duc de Lancastre et de Blanche
sa premiere femme , soeur de Henry IV, Roy d'Angleterre.
gal,
1
FEVRIER. 1733. 253
gal , chargé de faire les fonds de cette dépense ,
vint trouver le Roy , et comme bon oeconome ,
bon serviteur , excellent Ministre , lui tint un de
ces discours , tels qu'en a tenu long- temps après
en France un parfait Ministre de votre Sang à
P'un de nos plus grands Rois.
L'Endroit le plus pathétique de ce Discours ;
et le mieux touché , fut de soutenir que la dépense
de cette Chevalerie seroit immense , et
qu'il en coûteroit moins de prendre une Place sur
les Maures ajoûtant que l'Expedition seroit plus
glorieuse et plus utile à la Religion et à l'Etat
et qu'après un tel Exploit rien n'empêcheroit
d'armer les Princes Chevaliers , la Céremonie
devenant alors , pour ainsi - dire , autorisée , juste
et plus convenable en toutes manieres.
Le Discours qui contenoit un avis si important
, plut au Roy , et l'avis d'attaquer les Maures
ayant été proposé au Conseil , il fut résolu
de leur enlever la Ville de Ceuta , comme la
Place qui étoit le plus à la bienséance des Portugais
, et qui pouvoit ouvrir le chemin à d'autres
Conquêtes. On délibera en même temps que
l'entreprise seroit tenue secrette , et qu'en faisant
les préparatifs on publieroit , pour amuser les
Maures , que l'Armement regardoit le Duc de
Bretagne , contre qui la Couronne de Portugal
avoit en effet des prétentions , et on fit sçavoir
secretement à ce Prince qu'il n'avoit rien
craindre.
Tout étant prêt pour mettre à la voile , le Roy
et les trois Princes ses Enfans , après s'être préparez
par des Actes de Religion , s'embarquerent
sur une Flote des mieux équipées , laquelle vint
heureusement moniller au Port de Barbasote , à
E l'Ouest .
294 MERCURE DE FRANCE
P'Ouest de Ceuta le 14. d'Août * de l'année 1415.
Les Maures , malgré leur surprise , s'opposerent
tant qu'ils purent à la descente , se deffendirent
au- dehors et en - dedans de la Place avec toute la
valeur possible ; mais enfin ils ne purent résister
à la bravoure des Portugais , animez par la présence
et par l'exemple du Roy et des Princes qui
se signalerent au-delà de toute expression. La
Victoire et la Place leur demeurerent , et rien nẹ
parut plus juste que de faire au retour la Céremonic
proposée avant l'Expedition de Ceuta, duë,
sans doute , avec son heureux succès , aux conseils
éclairez d'un sage Ministre. C'est ainsi que
Ceuta fut démembré du Royaume de Fez et de
la Province de Stabat , pour être unie à la
Couronne de Portugal.
Cette Couronne a toûjours possedé cette Place,
malgré diverses tentatives des Maures pour la
reprendre , jusqu'en l'année 1580. temps auquel
Philippe II . Roy d'Espagne , acheva de réduire
tout le Portugal sous son obéissance. Ce Prince
eut la précaution de mettre à Ceuta un Gouver
neur Espagnol , à cause de l'importance de la
Place , précaution dont les Espagnols sentirent
P'utilité en l'année 1640. lors de la Révolution
de Portugal , qui secoua le joug de l'Espagne , et
se déclara pour la Maison de Bragance. Les Gouverneurs
Espagnols ayant toujours été continuez
à Ceuta , celui qui l'étoit alors se maințint dans
son poste, et demeura fidele à son Maître , fidelité
* Quelques Historiens marquent que le Roy et les
Princes jeûnerent rigoureusement ce jour l'à , veille
de l'Assomption de la sainte Vierge , et d'autres ,
qu'ils ne mangerent qu'après la réduction de la
Place,
qui
FEVRIER. 1733. 295
qui a mérité d'être confirmée par le Traité de
1658. fait entre les deux Couronnes , en vertu
duquel la Ville de Ceuta a été cedée à l'Espagne.
Vous jugez bien , Monsieur , qu'après la prise
de la Ville par le Roy Jean , le Christianisme y
triompha bien-tôt du Mahometisme. On établit
à Ceuta une principale Eglise avec un College de
Chanoines , sous le titre de Cathedrale , parce
qu'on forma un Evêché des Villes de Tanger et
deCeuta,dont le nouvel Evêque devint Suffragant
de l'Archevêque de Lisbonne. Aujourd'hui que
Tanger est retombé au pouvoir des Maures, après
avoir été possedé par les Anglois , et que Ceuta
est unie à la Monarchie d'Espagne , on a changé
cette disposition Ecclesiastique. Ceuta seule est
érigée en Evêché suffragant de l'Archevêché de
Séville , et c'est le Roy qui fournit les revenus de
F'Evêque et de son Chapitre.
: Il est surprenant , au reste , qu'une Place aussi
importante par sa situation , aussi nécessaire au
Roy de Maroc et de Fez , Prince puissant , et
dont les Etats sont d'une si vaste étenduë , il est ,
dis-je , surprenant qu'une telle Place démembrée
d'une Monarchie Mahométane, et qui lui est contigue
du côté du Levant , ait pû se maintenir jusqu'à
présent sous la domination d'un Prince
Chrétien , dont les Etats sont séparez par la Mer.
Il est encore aussi surprenant qu'après un Siege
de plus de quarante années , les Maures soient
aussi peu avancez devant cette Place qua le premier
jour qu'ils l'ont investie.
4
- Ce Siege commença d'être formé en l'année
1690. sous le Regne de Mouley- Ismaël , Roy
de Maroc , & c. et sous le commandement de
l'Alcaide Ali Ben Abdala , Gouverneur de Tanger
et de Tetuan. Ce Commandant , après une
E ij somⓇ
296 MERCURE DE FRANCE
sommation inutile de rendre la Place , campa
autour , fit ouvrir la Tranchée et les autres dispositions
convenables, Mais il fut bien- tôt déconcerté
par la valeur des Espagnols , qui firent
des sorties heureuses et tuerent beaucoup de
monde aux Ennemis. Ceux-cy tenterent ensuite
de faire des Mines , puis l'escalade des murailles,
et enfin ils se contenterent de jetter quelques
Bombes dans la Ville , le tout sans aucun succès.
Cependant les Lettres menaçantes du Roy de
Maroc , tenoient toujours le General Ali devant
Ceuta , mais un nouveau Gouverneur Espagnol
de cette Place imagina un stratagême qui le déconcerta
, et fit retirer l'Armée des Infideles.
Comme il faisoit faire plusieurs sorties en un
même jour , à chaque sortie il habilloit differem .
ment les mêmes Soldats , tantôt de rouge , tantôt
de bleu , et tantôt de blanc. Rien ne décou
rageoit davantage les Maures , qui croyoient
avoir toujours à combattre contre des Troupes
fraîches ; de sorte qu'après avoir perdu bien du
monde ils abandonnerent enfin leurs Tranchées
et leverent honteusement le Siege.
Je n'entrerai point , Monsieur , dans le détail
des autres entreprises des Maures contre la mê→
me Ville qui ont suivi sous differens Regnés et
sous differens Generaux. Ce détail seroit immen¬
se , Sieges , Blocus , Combats , Escarmouches
&c. toujours au desavantage des Infideles qui
ont continué de faire paroître une grande ignorance
dans l'Art Militaire , sur tout dans celui
d'attaquer les Places , et souvent beaucoup de lâ–
cheté. Ensorte qu'à moins d'une į trahison ( ou
d'une surprise , il n'y a aucune apparence que les
Maures reprennent jamais la Ville de Ceuta.
L'occasion d'une trahison s'est présentée dans
FEVRIER. 1733. 297
ees derniers temps , et je crois , Monsieur , vous
en avoir touché quelque chose dans une de mes
Lettres. Vous vous rappellez , sans doute , ce que
je vous ai marqué de l'infidélité de Riperda , lequel
après avoir été Secretaire d'Etat , puis illus
tré de la dignité de Duc , * quoiqu'étranger , mit
le comble à ses trahisons , en prenant l'année
derniere 1732. des engagemens avec le Roy de
Maroc, et en embrassant le Mahometisme.
Presque dans le même temps les Algeriens
ayant perdu Oran et Marsalquibir , ils
envoyerent une Ambassade au Roy de Maroc ,
pour lui demander des secours , celui , du moins,
d'une diversion en leur faveur , en redoublant ses
efforts pour enlever enfin la Ville de Ceuta aux
Espagnols. Un nouveau Siege de cette Place fut
aussi- tôt résolu , et le Roy Maure en donna le
commandement à Ali- Pacha , avec Riperda pour
Adjoint et pour Directeur du Siege. Celui - cy
promit beaucoup , et les Infideles ne douterent
du succès de l'entreprise. pas
Ils parurent en effet bien - tôt à la vûë de Ceuta
jusqu'au nombre de 7. ou 8000. hommes , au
rapport de quelques Esclaves fugitifs , avec de.
PArtillerie et prêts à faire les dispositions du
Siege. Mais le Gouverneur Espagnol ne leur donna
pas le temps
de les commencer , par la vigou
reuse sortie qu'il fit sur les Ennemis le matin du
17. Octobre dernier , sous le commandement de
D. Joseph d'Arambaru , Brigadier et Capitaine
des Gardes Espagnoles.
Les Maures furent attaquez et chargez avec
tant de valeur et tant de conduite , qu'ils furent
d'abord contraints d'abandonner leurs postes et
* Riperda est originaire de Hollande.
E iij de
&
298 MERCURE DE FRANCE
de se retirer au Fort de leur Camp , où ils furene
poursuivis et mis en déroute , le Pacha même
prenant la fuite. Enfin malgré quelque ralliment
et quelque résistance de la part des Maures , on
combla toutes leurs tranchées , on détruisit leurs
Ouvrages , et on enleva quantité de munitions
sans compter les Prisonniers et quelques Etendarts.
La perte a été grande du côté des Infideles
et peu considerable du côté des Espagnols.
>
•
C'est ainsi , Monsieur , que le Ciel a continué
de favoriser les pieux desseins et les Armes de
S. M. C. lesquelles ont glorieusement triomphé
presque en même temps en deux differens endroits
de l'Affrique ; car après cette action du 17.
Octobre devant Ceuta , la Garnison d'Oran eut
comme vous sçavez , le même succès et remporta
une pareille victoire contre les Maures qui en
avoient entrepris le Siege , dans les actions du
21. et du 23. du mois de Novembre. Les principaux
Etendarts des Maures pris devant les deux
Places furent dabord arborez dans le Palais
Royal de Séville , le Roy n'étant pas encore en
état de sortir de ses Appartemens , et après les
actions de graces particulieres rendues dans la
Chapelle du Palais , ces mêmes Etendarts furent
déposez dans l'Eglise Métropolitaine , où l'on
rendit à Dieu des actions de graces plus solemnelles
pour les deux victoires , ce qui a été pareillement
executé par toute l'Espagne.
la
J'espère, Monsieur,que le retour du Printemps,
Popiniâtreté des Maures et d'autres circonstances,
donneront lieu à de nouveaux évenemens , que
protection du Ciel continuera de rendre favora
bles à la Chrétienté.Je ne manquerai pas de vous
en rendre un fidele compte en cas que vous soyez
absent deParis. J'ai l'honneur d'être, Monsieur, &c.
A Paris le 15 Janvier 1733•
M. D. L. R. à M. le Marquis de B.
au sujet des Villes d'Oran et de Ceuta .
J
E continue , Monsieur , dans la Lettre que je
me donne aujourd'hui l'honneur de vous écri
re , et je compte achever le Memoire Historique
que j'ai commencé au sujet de la Ville de Ceuta.
Nous avons laissé cette Ville sous la domination
des Maures ; mais à la veille d'être conquise par
un Monarque Chrétien ; il faut commencer par
vous rendre compte de cet Evenement qui doit
tenir un rang considerable dans les Annales de
la Religion , et dans les Révolutions du XV .
Siecle.
*
Jean I. Roy de Portugal , surnommé Pere de
la Patrie , cut cinq fils de son Mariage avec Philippe
de Lancastre , sçavoir , Edouard , Pierre ,
Henri , Jean et Fernand . Quand les trois ainez
de ces Princes curent atteint un certain âge , le
Roy , charmé de leurs belles qualitez , pour les
faire entrer plus glorieusement dans la carriere de
la vertu militaire , résolut de les armer lui - même
Chevalier , avec toute la solemnité qu'exigeoit
une telle Ceremonie. On en faisoit déja les préparatifs,
qui mettoient tout le Royaume en mouyement
, lorsque le Grand- Trésorier de Portu-
5262-
* Philippe de Lancastre étoit fille de Jean ,
nommé le Grand , Duc de Lancastre et de Blanche
sa premiere femme , soeur de Henry IV, Roy d'Angleterre.
gal,
1
FEVRIER. 1733. 253
gal , chargé de faire les fonds de cette dépense ,
vint trouver le Roy , et comme bon oeconome ,
bon serviteur , excellent Ministre , lui tint un de
ces discours , tels qu'en a tenu long- temps après
en France un parfait Ministre de votre Sang à
P'un de nos plus grands Rois.
L'Endroit le plus pathétique de ce Discours ;
et le mieux touché , fut de soutenir que la dépense
de cette Chevalerie seroit immense , et
qu'il en coûteroit moins de prendre une Place sur
les Maures ajoûtant que l'Expedition seroit plus
glorieuse et plus utile à la Religion et à l'Etat
et qu'après un tel Exploit rien n'empêcheroit
d'armer les Princes Chevaliers , la Céremonie
devenant alors , pour ainsi - dire , autorisée , juste
et plus convenable en toutes manieres.
Le Discours qui contenoit un avis si important
, plut au Roy , et l'avis d'attaquer les Maures
ayant été proposé au Conseil , il fut résolu
de leur enlever la Ville de Ceuta , comme la
Place qui étoit le plus à la bienséance des Portugais
, et qui pouvoit ouvrir le chemin à d'autres
Conquêtes. On délibera en même temps que
l'entreprise seroit tenue secrette , et qu'en faisant
les préparatifs on publieroit , pour amuser les
Maures , que l'Armement regardoit le Duc de
Bretagne , contre qui la Couronne de Portugal
avoit en effet des prétentions , et on fit sçavoir
secretement à ce Prince qu'il n'avoit rien
craindre.
Tout étant prêt pour mettre à la voile , le Roy
et les trois Princes ses Enfans , après s'être préparez
par des Actes de Religion , s'embarquerent
sur une Flote des mieux équipées , laquelle vint
heureusement moniller au Port de Barbasote , à
E l'Ouest .
294 MERCURE DE FRANCE
P'Ouest de Ceuta le 14. d'Août * de l'année 1415.
Les Maures , malgré leur surprise , s'opposerent
tant qu'ils purent à la descente , se deffendirent
au- dehors et en - dedans de la Place avec toute la
valeur possible ; mais enfin ils ne purent résister
à la bravoure des Portugais , animez par la présence
et par l'exemple du Roy et des Princes qui
se signalerent au-delà de toute expression. La
Victoire et la Place leur demeurerent , et rien nẹ
parut plus juste que de faire au retour la Céremonic
proposée avant l'Expedition de Ceuta, duë,
sans doute , avec son heureux succès , aux conseils
éclairez d'un sage Ministre. C'est ainsi que
Ceuta fut démembré du Royaume de Fez et de
la Province de Stabat , pour être unie à la
Couronne de Portugal.
Cette Couronne a toûjours possedé cette Place,
malgré diverses tentatives des Maures pour la
reprendre , jusqu'en l'année 1580. temps auquel
Philippe II . Roy d'Espagne , acheva de réduire
tout le Portugal sous son obéissance. Ce Prince
eut la précaution de mettre à Ceuta un Gouver
neur Espagnol , à cause de l'importance de la
Place , précaution dont les Espagnols sentirent
P'utilité en l'année 1640. lors de la Révolution
de Portugal , qui secoua le joug de l'Espagne , et
se déclara pour la Maison de Bragance. Les Gouverneurs
Espagnols ayant toujours été continuez
à Ceuta , celui qui l'étoit alors se maințint dans
son poste, et demeura fidele à son Maître , fidelité
* Quelques Historiens marquent que le Roy et les
Princes jeûnerent rigoureusement ce jour l'à , veille
de l'Assomption de la sainte Vierge , et d'autres ,
qu'ils ne mangerent qu'après la réduction de la
Place,
qui
FEVRIER. 1733. 295
qui a mérité d'être confirmée par le Traité de
1658. fait entre les deux Couronnes , en vertu
duquel la Ville de Ceuta a été cedée à l'Espagne.
Vous jugez bien , Monsieur , qu'après la prise
de la Ville par le Roy Jean , le Christianisme y
triompha bien-tôt du Mahometisme. On établit
à Ceuta une principale Eglise avec un College de
Chanoines , sous le titre de Cathedrale , parce
qu'on forma un Evêché des Villes de Tanger et
deCeuta,dont le nouvel Evêque devint Suffragant
de l'Archevêque de Lisbonne. Aujourd'hui que
Tanger est retombé au pouvoir des Maures, après
avoir été possedé par les Anglois , et que Ceuta
est unie à la Monarchie d'Espagne , on a changé
cette disposition Ecclesiastique. Ceuta seule est
érigée en Evêché suffragant de l'Archevêché de
Séville , et c'est le Roy qui fournit les revenus de
F'Evêque et de son Chapitre.
: Il est surprenant , au reste , qu'une Place aussi
importante par sa situation , aussi nécessaire au
Roy de Maroc et de Fez , Prince puissant , et
dont les Etats sont d'une si vaste étenduë , il est ,
dis-je , surprenant qu'une telle Place démembrée
d'une Monarchie Mahométane, et qui lui est contigue
du côté du Levant , ait pû se maintenir jusqu'à
présent sous la domination d'un Prince
Chrétien , dont les Etats sont séparez par la Mer.
Il est encore aussi surprenant qu'après un Siege
de plus de quarante années , les Maures soient
aussi peu avancez devant cette Place qua le premier
jour qu'ils l'ont investie.
4
- Ce Siege commença d'être formé en l'année
1690. sous le Regne de Mouley- Ismaël , Roy
de Maroc , & c. et sous le commandement de
l'Alcaide Ali Ben Abdala , Gouverneur de Tanger
et de Tetuan. Ce Commandant , après une
E ij somⓇ
296 MERCURE DE FRANCE
sommation inutile de rendre la Place , campa
autour , fit ouvrir la Tranchée et les autres dispositions
convenables, Mais il fut bien- tôt déconcerté
par la valeur des Espagnols , qui firent
des sorties heureuses et tuerent beaucoup de
monde aux Ennemis. Ceux-cy tenterent ensuite
de faire des Mines , puis l'escalade des murailles,
et enfin ils se contenterent de jetter quelques
Bombes dans la Ville , le tout sans aucun succès.
Cependant les Lettres menaçantes du Roy de
Maroc , tenoient toujours le General Ali devant
Ceuta , mais un nouveau Gouverneur Espagnol
de cette Place imagina un stratagême qui le déconcerta
, et fit retirer l'Armée des Infideles.
Comme il faisoit faire plusieurs sorties en un
même jour , à chaque sortie il habilloit differem .
ment les mêmes Soldats , tantôt de rouge , tantôt
de bleu , et tantôt de blanc. Rien ne décou
rageoit davantage les Maures , qui croyoient
avoir toujours à combattre contre des Troupes
fraîches ; de sorte qu'après avoir perdu bien du
monde ils abandonnerent enfin leurs Tranchées
et leverent honteusement le Siege.
Je n'entrerai point , Monsieur , dans le détail
des autres entreprises des Maures contre la mê→
me Ville qui ont suivi sous differens Regnés et
sous differens Generaux. Ce détail seroit immen¬
se , Sieges , Blocus , Combats , Escarmouches
&c. toujours au desavantage des Infideles qui
ont continué de faire paroître une grande ignorance
dans l'Art Militaire , sur tout dans celui
d'attaquer les Places , et souvent beaucoup de lâ–
cheté. Ensorte qu'à moins d'une į trahison ( ou
d'une surprise , il n'y a aucune apparence que les
Maures reprennent jamais la Ville de Ceuta.
L'occasion d'une trahison s'est présentée dans
FEVRIER. 1733. 297
ees derniers temps , et je crois , Monsieur , vous
en avoir touché quelque chose dans une de mes
Lettres. Vous vous rappellez , sans doute , ce que
je vous ai marqué de l'infidélité de Riperda , lequel
après avoir été Secretaire d'Etat , puis illus
tré de la dignité de Duc , * quoiqu'étranger , mit
le comble à ses trahisons , en prenant l'année
derniere 1732. des engagemens avec le Roy de
Maroc, et en embrassant le Mahometisme.
Presque dans le même temps les Algeriens
ayant perdu Oran et Marsalquibir , ils
envoyerent une Ambassade au Roy de Maroc ,
pour lui demander des secours , celui , du moins,
d'une diversion en leur faveur , en redoublant ses
efforts pour enlever enfin la Ville de Ceuta aux
Espagnols. Un nouveau Siege de cette Place fut
aussi- tôt résolu , et le Roy Maure en donna le
commandement à Ali- Pacha , avec Riperda pour
Adjoint et pour Directeur du Siege. Celui - cy
promit beaucoup , et les Infideles ne douterent
du succès de l'entreprise. pas
Ils parurent en effet bien - tôt à la vûë de Ceuta
jusqu'au nombre de 7. ou 8000. hommes , au
rapport de quelques Esclaves fugitifs , avec de.
PArtillerie et prêts à faire les dispositions du
Siege. Mais le Gouverneur Espagnol ne leur donna
pas le temps
de les commencer , par la vigou
reuse sortie qu'il fit sur les Ennemis le matin du
17. Octobre dernier , sous le commandement de
D. Joseph d'Arambaru , Brigadier et Capitaine
des Gardes Espagnoles.
Les Maures furent attaquez et chargez avec
tant de valeur et tant de conduite , qu'ils furent
d'abord contraints d'abandonner leurs postes et
* Riperda est originaire de Hollande.
E iij de
&
298 MERCURE DE FRANCE
de se retirer au Fort de leur Camp , où ils furene
poursuivis et mis en déroute , le Pacha même
prenant la fuite. Enfin malgré quelque ralliment
et quelque résistance de la part des Maures , on
combla toutes leurs tranchées , on détruisit leurs
Ouvrages , et on enleva quantité de munitions
sans compter les Prisonniers et quelques Etendarts.
La perte a été grande du côté des Infideles
et peu considerable du côté des Espagnols.
>
•
C'est ainsi , Monsieur , que le Ciel a continué
de favoriser les pieux desseins et les Armes de
S. M. C. lesquelles ont glorieusement triomphé
presque en même temps en deux differens endroits
de l'Affrique ; car après cette action du 17.
Octobre devant Ceuta , la Garnison d'Oran eut
comme vous sçavez , le même succès et remporta
une pareille victoire contre les Maures qui en
avoient entrepris le Siege , dans les actions du
21. et du 23. du mois de Novembre. Les principaux
Etendarts des Maures pris devant les deux
Places furent dabord arborez dans le Palais
Royal de Séville , le Roy n'étant pas encore en
état de sortir de ses Appartemens , et après les
actions de graces particulieres rendues dans la
Chapelle du Palais , ces mêmes Etendarts furent
déposez dans l'Eglise Métropolitaine , où l'on
rendit à Dieu des actions de graces plus solemnelles
pour les deux victoires , ce qui a été pareillement
executé par toute l'Espagne.
la
J'espère, Monsieur,que le retour du Printemps,
Popiniâtreté des Maures et d'autres circonstances,
donneront lieu à de nouveaux évenemens , que
protection du Ciel continuera de rendre favora
bles à la Chrétienté.Je ne manquerai pas de vous
en rendre un fidele compte en cas que vous soyez
absent deParis. J'ai l'honneur d'être, Monsieur, &c.
A Paris le 15 Janvier 1733•
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Résumé : HUITIÈME Lettre écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet des Villes d'Oran et de Ceuta.
La lettre de M. D. L. R. au Marquis de B. relate l'histoire des villes d'Oran et de Ceuta. Elle commence par évoquer la ville de Ceuta, alors sous domination maure, sur le point d'être conquise par un monarque chrétien. Jean Ier, roi de Portugal, surnommé le Père de la Patrie, avait cinq fils avec Philippe de Lancastre. Pour les initier à la carrière militaire, il prévoyait de les adouber chevaliers. Le Grand-Trésorier du Portugal suggéra de financer cette cérémonie en conquérant une place maure, proposant Ceuta comme cible. Cette idée fut approuvée, et l'expédition fut préparée en secret, prétextant une campagne contre le duc de Bretagne. Le 14 août 1415, Jean Ier et ses trois fils aînés, après des prières, débarquèrent à Ceuta. Malgré la résistance des Maures, les Portugais prirent la ville. À leur retour, les princes furent adoubés chevaliers. Ceuta resta sous domination portugaise jusqu'en 1580, date à laquelle Philippe II d'Espagne annexa le Portugal et plaça un gouverneur espagnol à Ceuta. En 1640, lors de la révolution portugaise, le gouverneur espagnol resta fidèle à l'Espagne, et Ceuta fut cédée à l'Espagne par le traité de 1658. La lettre mentionne également les tentatives des Maures pour reprendre Ceuta, notamment un siège en 1690 dirigé par Ali Ben Abdala, qui échoua grâce à la stratégie des Espagnols. Plus récemment, en 1732, le traître Riperda s'allia avec le roi de Maroc pour attaquer Ceuta, mais une sortie espagnole en octobre 1732 repoussa les assaillants. Simultanément, la garnison d'Oran repoussa également une attaque maure. Les étendards capturés furent exposés à Séville et dans les églises pour des actions de grâce. L'auteur espère continuer à informer le Marquis des événements futurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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87
p. 973-977
Histoire des Révolutions d'Espagne, &c. [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE des Révolutions d'Espagne, depuis la destruction de l'Empire des [...]
Mots clefs :
Histoire, Révolutions, Espagne, Monarchie, Père d'Orléans, Royaumes, Castille, Aragon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire des Révolutions d'Espagne, &c. [titre d'après la table]
HISTOIRE des Révolutions d'Espagne ,
depuis la destruction de l'Empire des
Goths , jusqu'à l'entiere et parfaite réunion
des Royaumes de Castille et d'Arragon
en une seule Monarchie , 3 vol .
in- 4 . Par le R. P. Joseph d'Orleans , de
la Compagnie de Jesus.
Pour présenter au Public une idée
précise de cet Ouvrage , il suffit d'emprunter
les termes que l'Auteur a employez
au commencement du premier
Livre.
» J'écris l'Histoire des Révolutions
d'une Monarchie élevée sur ses propres
» ruines , à un point de gloire et de
grandeur redoutable au reste du Mon-
» de et dont le Monde auroit plus
>> long-tems redouté la puissance , si elle
» se fût donné des bornes , et si elle
» eut moins dissipé ses forces , en voulant
trop étendre ses limites. C'est
,
» l'Hise
74 MERCURE DE FRANCE
l'Histoire des Révolutions arrivées dans
» la Monarchie d'Espagne , depuis que ,
» née , pour parler ainsi , des cendres
» de celles des Goths , elle a quitté le
» nom de ses Conquérans , pour prendre
13 celui de son Pays.
Le Pere d'Orléans donnoit la derniere
forme à cet Ouvrage , et se disposoit à
le mettre au jour , lorsque la mort l'enleva
, vers la cinquante-quatrième année
de son âge. Le Manuscrit fut alors confié
à un Jésuite distingué par ses talens
, l'ami et le confident de l'Auteur 5
ce Pere se proposa d'abord d'y perfectionner
ce qui n'étoit encore qu'en
ébauche , dans le dessein de le publier
sans retardement , selon les intentions
de l'Historien . Du projet à l'éxécution
le trajet est difficile et hazardeux . Les
diverses occupations dont le dépositaire
du Manuscrit a été successivement surchargé
depuis plus de trente- quatre ans ,
ont absorbé presque tous les momens
de son loisir. Ainsi il ne lui a pas été
possible de veiller à l'Edition d'une Histoire
qui demandoit un travail assidu ,
pour être mise dans un état de perfection
qui répondit à la haute opinion
dont le Public est prévenu en faveur du
Pere d'Orléans.
Enfin
MAY. 1733
975
Enfin , après un délai de plusieurs années
, l'Ouvrage remis en d'autres mains
est présentement sous la presse. On ose
assurer qu'une Histoire si intéressante ne
trompera point l'attente des Gens de
Lettres , et donnera un nouveau lustre
à la réputation que ce célébre Ecrivain
s'est acquise , à juste titre , en France et
dans les Pays Etrangers.
On reconnoîtra dans l'Histoire des
Révolutions d'Espagne , l'Historien des
Révolutions d'Angleterre, les mêmes graces
, et la même naïveté dans le fil de
ses narrations , le même pinceau et la
même vivacité dans les portraits , sans
les outrer , même éxactitude dans l'ordre
des faits , même justesse dans les réfléxions
, même discernement dans la
critique , même élégance , et même énergie
dans la diction . Cependant l'Histoire
des Révolutions d'Espagne a cet
avantage sur l'autre , qu'elle est en mê
me-tems une Histoire suivie du Gouver
nement de la Nation . En effet , depuis
l'invasion des Maures , jusqu'à l'entiere
et parfaite réunion des Royaumes de Castille
et d'Arragon on une seule Monarchie
, les Annales Espagnoles ne présentent
qu'une suite de changemens , de
progrès , et de décadences dans ce grand
G nom976
MERCURE DE FRANCE
nombre de Souverainetez qui partage =
rent si long-tems l'Espagne . Chaque année
y fait éclore de nouvelles Dynasties
, qui s'établissent sur les ruines de la
domination Sarasine . Rien n'a échapé en
ce genre au Pere d'Orléans. On jugera
sur tout du mérite de cet Ouvrage , par
les soins heureux que s'est donné l'Auteur
, de rapprocher sous un même point
de vue l'Histoire des différens petits
Etats qui se formerent des débris de
l'Empire Mahométan , et de rappeller
sans cesse son Lecteur par l'importance
et par la varieté des Evenemens , par la
nouveauté et par la rapidité des objets
qu'il fait succeder les uns aux autres
enfin par l'ingénieuse fécondité
des denouemens qu'il prépare. On y retrouvera
avec plaisir l'héroïsme des vertus
guerrieres , soûtenu des plus grands
exemples de la magnanimité Chrétienne,
et les ressorts de la plus artificieuse politique
, quelquefois palliée sous les apparences
de la Religion , et déguisée sous
le masque de l'équité . En un mot , l'Histoire
des Révolutions d'Espagne paroîtra
encore plus digne de l'empressement du
Public , si l'on considere le rapport qu'el
le a avec les principales Monarchies de
l'Europe et de l'Afrique.
,
Cet
MAY. 1733. 977
Cet Ouvrage qui composera 3 vol. in -4
sera mis en vente au plus tard dans le
courant du mois de. Janvier de l'année
1734.
depuis la destruction de l'Empire des
Goths , jusqu'à l'entiere et parfaite réunion
des Royaumes de Castille et d'Arragon
en une seule Monarchie , 3 vol .
in- 4 . Par le R. P. Joseph d'Orleans , de
la Compagnie de Jesus.
Pour présenter au Public une idée
précise de cet Ouvrage , il suffit d'emprunter
les termes que l'Auteur a employez
au commencement du premier
Livre.
» J'écris l'Histoire des Révolutions
d'une Monarchie élevée sur ses propres
» ruines , à un point de gloire et de
grandeur redoutable au reste du Mon-
» de et dont le Monde auroit plus
>> long-tems redouté la puissance , si elle
» se fût donné des bornes , et si elle
» eut moins dissipé ses forces , en voulant
trop étendre ses limites. C'est
,
» l'Hise
74 MERCURE DE FRANCE
l'Histoire des Révolutions arrivées dans
» la Monarchie d'Espagne , depuis que ,
» née , pour parler ainsi , des cendres
» de celles des Goths , elle a quitté le
» nom de ses Conquérans , pour prendre
13 celui de son Pays.
Le Pere d'Orléans donnoit la derniere
forme à cet Ouvrage , et se disposoit à
le mettre au jour , lorsque la mort l'enleva
, vers la cinquante-quatrième année
de son âge. Le Manuscrit fut alors confié
à un Jésuite distingué par ses talens
, l'ami et le confident de l'Auteur 5
ce Pere se proposa d'abord d'y perfectionner
ce qui n'étoit encore qu'en
ébauche , dans le dessein de le publier
sans retardement , selon les intentions
de l'Historien . Du projet à l'éxécution
le trajet est difficile et hazardeux . Les
diverses occupations dont le dépositaire
du Manuscrit a été successivement surchargé
depuis plus de trente- quatre ans ,
ont absorbé presque tous les momens
de son loisir. Ainsi il ne lui a pas été
possible de veiller à l'Edition d'une Histoire
qui demandoit un travail assidu ,
pour être mise dans un état de perfection
qui répondit à la haute opinion
dont le Public est prévenu en faveur du
Pere d'Orléans.
Enfin
MAY. 1733
975
Enfin , après un délai de plusieurs années
, l'Ouvrage remis en d'autres mains
est présentement sous la presse. On ose
assurer qu'une Histoire si intéressante ne
trompera point l'attente des Gens de
Lettres , et donnera un nouveau lustre
à la réputation que ce célébre Ecrivain
s'est acquise , à juste titre , en France et
dans les Pays Etrangers.
On reconnoîtra dans l'Histoire des
Révolutions d'Espagne , l'Historien des
Révolutions d'Angleterre, les mêmes graces
, et la même naïveté dans le fil de
ses narrations , le même pinceau et la
même vivacité dans les portraits , sans
les outrer , même éxactitude dans l'ordre
des faits , même justesse dans les réfléxions
, même discernement dans la
critique , même élégance , et même énergie
dans la diction . Cependant l'Histoire
des Révolutions d'Espagne a cet
avantage sur l'autre , qu'elle est en mê
me-tems une Histoire suivie du Gouver
nement de la Nation . En effet , depuis
l'invasion des Maures , jusqu'à l'entiere
et parfaite réunion des Royaumes de Castille
et d'Arragon on une seule Monarchie
, les Annales Espagnoles ne présentent
qu'une suite de changemens , de
progrès , et de décadences dans ce grand
G nom976
MERCURE DE FRANCE
nombre de Souverainetez qui partage =
rent si long-tems l'Espagne . Chaque année
y fait éclore de nouvelles Dynasties
, qui s'établissent sur les ruines de la
domination Sarasine . Rien n'a échapé en
ce genre au Pere d'Orléans. On jugera
sur tout du mérite de cet Ouvrage , par
les soins heureux que s'est donné l'Auteur
, de rapprocher sous un même point
de vue l'Histoire des différens petits
Etats qui se formerent des débris de
l'Empire Mahométan , et de rappeller
sans cesse son Lecteur par l'importance
et par la varieté des Evenemens , par la
nouveauté et par la rapidité des objets
qu'il fait succeder les uns aux autres
enfin par l'ingénieuse fécondité
des denouemens qu'il prépare. On y retrouvera
avec plaisir l'héroïsme des vertus
guerrieres , soûtenu des plus grands
exemples de la magnanimité Chrétienne,
et les ressorts de la plus artificieuse politique
, quelquefois palliée sous les apparences
de la Religion , et déguisée sous
le masque de l'équité . En un mot , l'Histoire
des Révolutions d'Espagne paroîtra
encore plus digne de l'empressement du
Public , si l'on considere le rapport qu'el
le a avec les principales Monarchies de
l'Europe et de l'Afrique.
,
Cet
MAY. 1733. 977
Cet Ouvrage qui composera 3 vol. in -4
sera mis en vente au plus tard dans le
courant du mois de. Janvier de l'année
1734.
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Résumé : Histoire des Révolutions d'Espagne, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire des Révolutions d'Espagne' du Père Joseph d'Orléans de la Compagnie de Jésus couvre les événements depuis la destruction de l'Empire des Goths jusqu'à la réunion des royaumes de Castille et d'Aragon en une seule monarchie. L'auteur décrit l'ascension de l'Espagne à un point de gloire et de grandeur redoutable, soulignant que cette puissance aurait pu durer plus longtemps si elle avait su se modérer. L'ouvrage est structuré en trois volumes in-4. Le Père d'Orléans a travaillé sur cet ouvrage jusqu'à sa mort à l'âge de cinquante-quatre ans. Le manuscrit a ensuite été confié à un autre Jésuite, qui a rencontré des difficultés pour le publier en raison de diverses occupations. Après plusieurs années, l'ouvrage est enfin sous presse et devrait être disponible en janvier 1734. L'histoire des révolutions d'Espagne est comparée à celle des révolutions d'Angleterre, partageant des qualités telles que la grâce, la vivacité et l'exactitude. Cependant, elle se distingue par une analyse suivie du gouvernement de la nation espagnole. Depuis l'invasion des Maures jusqu'à la réunion des royaumes de Castille et d'Aragon, les annales espagnoles montrent une succession de changements, de progrès et de décadences. L'auteur a soigneusement rapproché les histoires des différents petits États formés des débris de l'Empire mahométan, offrant une vue d'ensemble des événements importants et variés. L'ouvrage met également en lumière l'héroïsme des vertus guerrières et les ressorts de la politique, souvent masqués sous des apparences religieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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88
p. 1540-1547
SUITE des Réfléxions sur la bizarerie des Usages. Par M. Capperon, ancien Doyen de Saint Maxent.
Début :
Qu'est-il besoin d'aller chercher chez les Anciens, chez les Grecs et les [...]
Mots clefs :
Lance, Vie, Temps, Usage, Usages, Bizarrerie, Combat, Ville, Espagne, Anciens
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texteReconnaissance textuelle : SUITE des Réfléxions sur la bizarerie des Usages. Par M. Capperon, ancien Doyen de Saint Maxent.
SUITE des Réfléxions sur la bizarerie
des Usages. Par M. Capperon , ancien
Doyen de Saint Maxent.
Q
U'est-il besoin d'aller chercher chez
les Anciens , chez les Grecs et les
Romains ; des Usages bizares , provenus
du désir de faire admirer sa force , n'en
avons- nous pas éu en France qui surpas
soient en bizarerie ceux de tous les Anciens
? tels étoient nos . Tournois , où
tant de Princes et de Personnes du premier
rang ont perdu la vié : c'étoit néanmoins
alors le spectacle qui paroissoit le
plus digne des grands Seigneurs du
Royaume. Il est bon , pour qu'on en
puisse mieux juger , que je rapporte en
peu de mots comme tout s'y passoit.
Premierement ceux qui devoient combattre
dans ces Tournois , devoient être
armés de toutes pièces , c'est- à-dite , revêtus
de fer depuis les pieds jusqu'à la
tête , suivant l'usage du tems. Aux deux
extrémitez de la Lice , où le combat se
devoit faire , étoient deux espéces de petits
théatres , où les deux assaillans montoient
chacun de leur côté. Du haut de
C
leus
JUILLET. 1733 1541
leur Cuirasse sortoit par le devant un
bouton de fer , qui étoit destiné pour
entrer dans un trou percé à dessein , au
bas du Casque. Tout étant ainsi préparé ,
un Serrurier se présentoit , pour river le
clou à coup de marteau , afin que le Casque
étant ainsi arrêté avec la Cuirasse
tel coup qu'on pût donner dans le milieu
du front , la tête ne pût aucunément
plier.
Les choses étant disposées de la sorte ,
et les deux Combattans étant montez sur
leurs chevaux , tenant chacun une lance
en arrêt , dont le fer étoit émoussé , ils
partoient à toute bride , pour voir lequel
des deux pourroit désarçonner et renverser
l'autre , en le frappant de la lance
au milieu du front. De la violence du`
coup , la lance étoit souvent rompuë et
brisée ; le cheval donnoit souvent du
derriere en terre , et qui plus est , souvent
l'un des deux Combattans y étoit
blessé , ou y perdoit la vie.
La France en a eu la triste expérience ,
dans la perte qu'elle y a fait du Roi Henri
II. Long- tems auparavant , on avoit eu ce
triste spectacle dans la Ville d'Eu ; sçavoir
en 1365. lorsque le Comte d'Eu ,
Jean d'Artois , ayant donné en mariage
Diij sa
1542 MERCURE DE FRANCE
sa fille Heleine d'Artois à Simon de
Thouars , Comte de Dreux ; la solemnité ,
des nôces s'en fit dans cette Ville ; comme,
en vue de rendre les plaisirs et les divertissemens
de cette solemnité plus
complets , il fut question d'y faire un
Tournois le jour même du mariage , le
nouvel Epoux ayant voulu être de la partie
, il eut le malheur d'y recevoir un
coup si funeste , qu'il lui ôta la vie , ce
qui rendit sa triste Epouse aussi tôr veuve
que mariée. Son mariage n'ayant pas été
consommé , elle ne porta toute sa vie
que le nom de Mademoiselle de Dreux :
ils sont tous deux inhumés dans l'Eglise
de l'Abbaye d'Eu , sous l'Horloge de
cette Abbaye , où est leur Mausolée. (a)
Telles étoient les funestes suites de ce bi
zare usage , ce qui obligea les Papes et les
Evêques à fulminer des anathémes contre
ceux qui les continueroient , et ce qui
donna lieu à un Ambassadeur Turc qui
vint en France, de dire , s'y étant trouvé,
que si ces combats se faisoient pour se
tuer , c'étoit trop peu , mais que s'ils se
faisoient pour se divertir , se divertir , c'étoir trop."
Il n'y a eu néanmoins que la mort d'Hen
ry II. qui les a fait cesser.
Ce n'étoit pas un usage moins bizare
(a) Mémoires du Comtéd'Eu.
ni
JUILLET. 1733. 1543
ni moins périlleux que celui dont quel
ques grands Seigneurs se faisoient un di
vertissement en France vers le milieu
du XVI. siécle . Vigenere , dans ses Ta❤
bleaux de Philostrate , nous apprend en
quoi il consistoit. C'est dans l'Endroit de
son Livre , où parlant du Tableau que
Philostrate a intitulé des bêtes noires , (b)
il se sert de cette occasion , pour rapportercomment
un de nos Comtes d'Eu,
François de Cléves , Duc de Nevers , Pere
de Catherine de Cléves , qui épousa le
Duc de Guise , tué à Blois , comment
dis-je , ce Seigneur relevant d'une maladie
, voulut se donner ce plaisir pour contribuer
par ce moyen au rétablissement
de sa santé.
3
Il dit donc qu'on commençoit par fermer
de planches le lieu où cet exercice
se devoit faire , qu'on construisoit tour
autour une espéce d'amphithéatre pour les
Specateurs. Tout étant préparé , et chaçun
ayant pris sa place , on faisoit entrer,
dans cette espéce de Cirque , trois ou
quatre grands Sangliers , de l'âge d'environ
trois ans , qui est le tems où ils sont
dans toute leur force. Enfin paroissoient
ceux qui devoient combattre contre ces
animaux ils étoient montez sur des
(6) Page 252.
D iiij
che1544
MERCURE DE FRANCE
chevaux vigoureux , mais à selles dessanglées
, étant tous masqués , et portant
sur leur cuisse une lance mornée , pour
attaquer chacun à leur tour une de ces
bêtes féroces.
Le Cavalier qui commençoit le combat
, n'avoit pas plutôt attaqué la bête ,
et donné quelques coups de lance , que ce
Sanglier , loin de reculer et de fuir , suivant
l'instinct naturel de ces animaux
venant tout au contraire sur lui , les
yeux étincelans de fureur , la gueule touse
en écume , et présentant ses deffenses ,
se jettoit d'abord à corps perdu sur la
lance pour la briser ; puis s'avançant vers
Je Cavalier , il faisoit tous ses efforts pour
l'atteindre et le déchirer. On peut bien
croire que le Cavalier ne négligeoit rien
de sa part pour se deffendre ; mais si
dans l'agitation qu'il étoit obligé de se
donner , la selle venoit malheureusement
à tourner , c'étoit alors que tombant malgré
lui à terre , tout étoit à craindre pour
sa vie , et que tous les spectateurs tremblans
de frayeur , étoient extrêmement
allarmés du péril ; mais c'étoit aussi alors
que les autres courant promptement à
son secours , et attaquant diversement
la bête , ils lui donnoient le tems de se
tirer d'un danger si éminent : ce qui
après
JUILLET. 1733. 1545
après tout réussissoit si bien , dit l'Auteur
, qu'il n'en arriva jamais aucun accident
ficheux. Quoique cet usage ne se
soit pas étendu beaucoup , et n'ait pas
duré , on avoüera que celui qui continue
en Espagne , et qui consiste à mettre des
Taureaux en fureur et à les combattre
n'est ni moins bizare , ni moins dange
reux pour la vie .
Vigenere qui fait le détail de ce Combat
contre des Sangliers , nous apprend
dans le même Livre , * que de son tems
l'usage de combattre à la lute étoit enco
re très - fréquent : c'est dans l'endroit , où
parlant du fils aîné du Duc de Nevers
qui fut envoyé en Espagne en 1560. par
Catherine de Medicis , il dit que ce jeune
Seigneur voulant paroître avec éclat
à la Cour d'Espagne , mena avec lui 20.
des plus braves et des plus accomplis
Gentilhommes du Royaume , desquels
étoit le Baron de S. Remy , que je crois
avoir été Gentilhomme du Comté d'Eu
où est la Terre de S. Remy , dont il
portoit le nom , lequel excelloit par dessus
tout dans les Combats à la lute.
5 C'est aussi de quoi il donna des preuves
éclatantes à la Cour d'Espagne , qui
résidoit alors à Valence : car ayant ap-
Table de la Palestre , p. 544.
Dy
:
pris
1546 MERCURE DE FRANCE
pris qu'il y avoit une espece de Géant dans
la Ville , il s'offrit à luter avec lui , se faisant
fort de le terrasser , nonobstant l'inégalité
de taille. Le défi ayant été accepté , et
s'étant présentez tous deux au milieu de
la principale Place de la Ville , pour don
ner ce spectacle , non- seulement à la
Cour , mais à tout le peuple qui y étoit
accouru en foule , notre Baron de S. Remy
éxécuta avec tant d'adresse ce qu'il
avoit promis , qu'il culbuta le Géant ,
près duquel il ne paroissoit qu'un Pigmée .
Les acclamations et les cris de joye retentirent
de toutes parts. Non - seulement les
Dames l'accablerent de Bouquets et de
Couronnes de fleurs ; mais après avoir reçû
des personnes les plus distinguées , des
présens d'honneur , il fut conduit en
triomphe par toute la Ville .
aud
Enfin , il suffit de dire , que l'usage de
luter , ou de se battre pour le plaisir à
coups de poings , étoit si commun en
France , qu'il s'est perpetué même jusqu'à
nos jours en certains Lieux , au moins
parmi les enfans , comme à Amiens , par
exemple , où ils l'observent encore aujourd'hui
, avec des régles qui paroissent
venues des Anciens , et dont ils sont fideles
observateurs.
Voici en quoi consistent ces régles :
lorsJUILLET.
1733 . 1547
lorsqu'il y en a deux qui veulent ainsi
se battre , ce qu'ils appellent Mahoner
tous les autres deviennent simples spectateurs.
Si après que le Combat a duré
quelque- tems , un des deux sent . qu'il a
besoin de reprendre haleine , il lui suffit
de se mettre à terre pour que l'autre n'ose
plus lui toucher ; car s'il le faisoit ,
tous les autres se jetteroient sur lui ,
pour
le punir de son infraction aux régles du
Combat. Enfin , après ce petit relâche ,
celui des deux qui contraint l'autre de
rendre , a tout l'honneur de la victoire.
C'est ainsi qu'il reste quélquefois de foibles
vestiges des plus anciens usages.
des Usages. Par M. Capperon , ancien
Doyen de Saint Maxent.
Q
U'est-il besoin d'aller chercher chez
les Anciens , chez les Grecs et les
Romains ; des Usages bizares , provenus
du désir de faire admirer sa force , n'en
avons- nous pas éu en France qui surpas
soient en bizarerie ceux de tous les Anciens
? tels étoient nos . Tournois , où
tant de Princes et de Personnes du premier
rang ont perdu la vié : c'étoit néanmoins
alors le spectacle qui paroissoit le
plus digne des grands Seigneurs du
Royaume. Il est bon , pour qu'on en
puisse mieux juger , que je rapporte en
peu de mots comme tout s'y passoit.
Premierement ceux qui devoient combattre
dans ces Tournois , devoient être
armés de toutes pièces , c'est- à-dite , revêtus
de fer depuis les pieds jusqu'à la
tête , suivant l'usage du tems. Aux deux
extrémitez de la Lice , où le combat se
devoit faire , étoient deux espéces de petits
théatres , où les deux assaillans montoient
chacun de leur côté. Du haut de
C
leus
JUILLET. 1733 1541
leur Cuirasse sortoit par le devant un
bouton de fer , qui étoit destiné pour
entrer dans un trou percé à dessein , au
bas du Casque. Tout étant ainsi préparé ,
un Serrurier se présentoit , pour river le
clou à coup de marteau , afin que le Casque
étant ainsi arrêté avec la Cuirasse
tel coup qu'on pût donner dans le milieu
du front , la tête ne pût aucunément
plier.
Les choses étant disposées de la sorte ,
et les deux Combattans étant montez sur
leurs chevaux , tenant chacun une lance
en arrêt , dont le fer étoit émoussé , ils
partoient à toute bride , pour voir lequel
des deux pourroit désarçonner et renverser
l'autre , en le frappant de la lance
au milieu du front. De la violence du`
coup , la lance étoit souvent rompuë et
brisée ; le cheval donnoit souvent du
derriere en terre , et qui plus est , souvent
l'un des deux Combattans y étoit
blessé , ou y perdoit la vie.
La France en a eu la triste expérience ,
dans la perte qu'elle y a fait du Roi Henri
II. Long- tems auparavant , on avoit eu ce
triste spectacle dans la Ville d'Eu ; sçavoir
en 1365. lorsque le Comte d'Eu ,
Jean d'Artois , ayant donné en mariage
Diij sa
1542 MERCURE DE FRANCE
sa fille Heleine d'Artois à Simon de
Thouars , Comte de Dreux ; la solemnité ,
des nôces s'en fit dans cette Ville ; comme,
en vue de rendre les plaisirs et les divertissemens
de cette solemnité plus
complets , il fut question d'y faire un
Tournois le jour même du mariage , le
nouvel Epoux ayant voulu être de la partie
, il eut le malheur d'y recevoir un
coup si funeste , qu'il lui ôta la vie , ce
qui rendit sa triste Epouse aussi tôr veuve
que mariée. Son mariage n'ayant pas été
consommé , elle ne porta toute sa vie
que le nom de Mademoiselle de Dreux :
ils sont tous deux inhumés dans l'Eglise
de l'Abbaye d'Eu , sous l'Horloge de
cette Abbaye , où est leur Mausolée. (a)
Telles étoient les funestes suites de ce bi
zare usage , ce qui obligea les Papes et les
Evêques à fulminer des anathémes contre
ceux qui les continueroient , et ce qui
donna lieu à un Ambassadeur Turc qui
vint en France, de dire , s'y étant trouvé,
que si ces combats se faisoient pour se
tuer , c'étoit trop peu , mais que s'ils se
faisoient pour se divertir , se divertir , c'étoir trop."
Il n'y a eu néanmoins que la mort d'Hen
ry II. qui les a fait cesser.
Ce n'étoit pas un usage moins bizare
(a) Mémoires du Comtéd'Eu.
ni
JUILLET. 1733. 1543
ni moins périlleux que celui dont quel
ques grands Seigneurs se faisoient un di
vertissement en France vers le milieu
du XVI. siécle . Vigenere , dans ses Ta❤
bleaux de Philostrate , nous apprend en
quoi il consistoit. C'est dans l'Endroit de
son Livre , où parlant du Tableau que
Philostrate a intitulé des bêtes noires , (b)
il se sert de cette occasion , pour rapportercomment
un de nos Comtes d'Eu,
François de Cléves , Duc de Nevers , Pere
de Catherine de Cléves , qui épousa le
Duc de Guise , tué à Blois , comment
dis-je , ce Seigneur relevant d'une maladie
, voulut se donner ce plaisir pour contribuer
par ce moyen au rétablissement
de sa santé.
3
Il dit donc qu'on commençoit par fermer
de planches le lieu où cet exercice
se devoit faire , qu'on construisoit tour
autour une espéce d'amphithéatre pour les
Specateurs. Tout étant préparé , et chaçun
ayant pris sa place , on faisoit entrer,
dans cette espéce de Cirque , trois ou
quatre grands Sangliers , de l'âge d'environ
trois ans , qui est le tems où ils sont
dans toute leur force. Enfin paroissoient
ceux qui devoient combattre contre ces
animaux ils étoient montez sur des
(6) Page 252.
D iiij
che1544
MERCURE DE FRANCE
chevaux vigoureux , mais à selles dessanglées
, étant tous masqués , et portant
sur leur cuisse une lance mornée , pour
attaquer chacun à leur tour une de ces
bêtes féroces.
Le Cavalier qui commençoit le combat
, n'avoit pas plutôt attaqué la bête ,
et donné quelques coups de lance , que ce
Sanglier , loin de reculer et de fuir , suivant
l'instinct naturel de ces animaux
venant tout au contraire sur lui , les
yeux étincelans de fureur , la gueule touse
en écume , et présentant ses deffenses ,
se jettoit d'abord à corps perdu sur la
lance pour la briser ; puis s'avançant vers
Je Cavalier , il faisoit tous ses efforts pour
l'atteindre et le déchirer. On peut bien
croire que le Cavalier ne négligeoit rien
de sa part pour se deffendre ; mais si
dans l'agitation qu'il étoit obligé de se
donner , la selle venoit malheureusement
à tourner , c'étoit alors que tombant malgré
lui à terre , tout étoit à craindre pour
sa vie , et que tous les spectateurs tremblans
de frayeur , étoient extrêmement
allarmés du péril ; mais c'étoit aussi alors
que les autres courant promptement à
son secours , et attaquant diversement
la bête , ils lui donnoient le tems de se
tirer d'un danger si éminent : ce qui
après
JUILLET. 1733. 1545
après tout réussissoit si bien , dit l'Auteur
, qu'il n'en arriva jamais aucun accident
ficheux. Quoique cet usage ne se
soit pas étendu beaucoup , et n'ait pas
duré , on avoüera que celui qui continue
en Espagne , et qui consiste à mettre des
Taureaux en fureur et à les combattre
n'est ni moins bizare , ni moins dange
reux pour la vie .
Vigenere qui fait le détail de ce Combat
contre des Sangliers , nous apprend
dans le même Livre , * que de son tems
l'usage de combattre à la lute étoit enco
re très - fréquent : c'est dans l'endroit , où
parlant du fils aîné du Duc de Nevers
qui fut envoyé en Espagne en 1560. par
Catherine de Medicis , il dit que ce jeune
Seigneur voulant paroître avec éclat
à la Cour d'Espagne , mena avec lui 20.
des plus braves et des plus accomplis
Gentilhommes du Royaume , desquels
étoit le Baron de S. Remy , que je crois
avoir été Gentilhomme du Comté d'Eu
où est la Terre de S. Remy , dont il
portoit le nom , lequel excelloit par dessus
tout dans les Combats à la lute.
5 C'est aussi de quoi il donna des preuves
éclatantes à la Cour d'Espagne , qui
résidoit alors à Valence : car ayant ap-
Table de la Palestre , p. 544.
Dy
:
pris
1546 MERCURE DE FRANCE
pris qu'il y avoit une espece de Géant dans
la Ville , il s'offrit à luter avec lui , se faisant
fort de le terrasser , nonobstant l'inégalité
de taille. Le défi ayant été accepté , et
s'étant présentez tous deux au milieu de
la principale Place de la Ville , pour don
ner ce spectacle , non- seulement à la
Cour , mais à tout le peuple qui y étoit
accouru en foule , notre Baron de S. Remy
éxécuta avec tant d'adresse ce qu'il
avoit promis , qu'il culbuta le Géant ,
près duquel il ne paroissoit qu'un Pigmée .
Les acclamations et les cris de joye retentirent
de toutes parts. Non - seulement les
Dames l'accablerent de Bouquets et de
Couronnes de fleurs ; mais après avoir reçû
des personnes les plus distinguées , des
présens d'honneur , il fut conduit en
triomphe par toute la Ville .
aud
Enfin , il suffit de dire , que l'usage de
luter , ou de se battre pour le plaisir à
coups de poings , étoit si commun en
France , qu'il s'est perpetué même jusqu'à
nos jours en certains Lieux , au moins
parmi les enfans , comme à Amiens , par
exemple , où ils l'observent encore aujourd'hui
, avec des régles qui paroissent
venues des Anciens , et dont ils sont fideles
observateurs.
Voici en quoi consistent ces régles :
lorsJUILLET.
1733 . 1547
lorsqu'il y en a deux qui veulent ainsi
se battre , ce qu'ils appellent Mahoner
tous les autres deviennent simples spectateurs.
Si après que le Combat a duré
quelque- tems , un des deux sent . qu'il a
besoin de reprendre haleine , il lui suffit
de se mettre à terre pour que l'autre n'ose
plus lui toucher ; car s'il le faisoit ,
tous les autres se jetteroient sur lui ,
pour
le punir de son infraction aux régles du
Combat. Enfin , après ce petit relâche ,
celui des deux qui contraint l'autre de
rendre , a tout l'honneur de la victoire.
C'est ainsi qu'il reste quélquefois de foibles
vestiges des plus anciens usages.
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Résumé : SUITE des Réfléxions sur la bizarerie des Usages. Par M. Capperon, ancien Doyen de Saint Maxent.
Le texte 'Suite des Réflexions sur la bizarerie des Usages' de M. Capperon, ancien Doyen de Saint Maxent, examine diverses pratiques dangereuses et bizarres en France, comparables à celles des Anciens. Parmi ces pratiques, les tournois étaient particulièrement fréquents et mortels. Lors de ces tournois, les combattants, entièrement protégés par des armures, se lançaient des coups de lance émoussée pour désarçonner l'adversaire. La dangerosité de ces événements est illustrée par la mort du roi Henri II en 1559 et celle du comte de Dreux en 1365, lors d'un tournoi funeste à Eu le jour de son mariage. Malgré les condamnations des papes et des évêques, ces pratiques ne cessèrent qu'après la mort d'Henri II. Un autre usage dangereux mentionné est la chasse aux sangliers, où des cavaliers masqués affrontaient des sangliers féroces. Bien que rare et de courte durée, cette activité était aussi périlleuse que la corrida espagnole. Le texte évoque également les combats de lutte, très courants au XVIe siècle. Un exemple notable est le baron de Saint-Remy, qui terrassa un géant à la cour d'Espagne. Enfin, le texte note que les combats à coups de poings entre enfants, appelés 'Mahoner', sont encore pratiqués à Amiens selon des règles ancestrales.
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89
p. 244-250
ELOGE Historique de M. l'Abbé le Grand ; par le R. Pere Bougerel, Prêtre de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge.
Début :
Joachim le Grand, nâquit à Saint Lo, Diocèse de Coutances, en Basse Normandie, [...]
Mots clefs :
Histoire, Joachim Legrand, Oratoire, Éloge, Abbé, Roi, Paris, Docteur, Succession, Espagne, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE Historique de M. l'Abbé le Grand ; par le R. Pere Bougerel, Prêtre de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge.
ELOGE Historique de M. l'Abbé le
Grand ; par le R. Per: Bougerel , Prêtre
de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge .
Ji
Oachim le Grand, nâquit à Saint Lo ,
Diocèse de Coutances , en Basse Normandie
, le 6 Février 1653. Il étudia la
Philo- [
FEVRIER. 1734. 245
Philosophie à Caen , sous le celebre Pierre
Cailly, et eut pour condisciple Pierre-
François de la Tour , mort depuis peu
General de l'Oratoire ; leur union a duré
autant que leur vie.
Il entra dans cette Congrégation en
1671. Il y étudia les Belles-Lettres et la
Théologie. Il en sortit en 1676. et s'attacha
à l'étude de l'Histoire par le conseil
du Pere le Cointe , et par la facilité
qu'il eut de consulter les Manuscrits
de la Bibliotheque du Roy, dont M.Thevenot
avoit alors la garde .
Le P. le Cointe étant décédé en 1681 .
il fit son Eloge , et ensuite celui de l'Abbé
de Maroles. Ces Eloges parurent dans
le Journal des Sçavans , Février et Avril
de la même année. L'Abbé le Grand fut
ensuite chargé successivement de l'éducation
du Marquis de Vins , et de celle
du Duc d'Etrées , sans aucun dérangement
dans le Plan de ses études d'Histoire
et de Critique.
Il eut en 1685. une conférence avec le
Docteur Burnet , depuis Evêque de Salisburi
, qui étoit venu à Paris , au sujet
de son Histoire de la Reformation d'Angletere
; dans laquelle l'Abbé le Grand
fit paroître beaucoup de capacité et beaucoup
d'amour pour la verité . Cette ma-
C tie246
MERCURE DE FRANCE
tiere l'engagea depuis à composer un
Ouvrage considérable sous ce titre : Histoire
du Divorce d'Henry VIII. Roy d'Angleterre
, et de Catherine d'Aragon ; la Def
fense de Sanderus , et la Réfutation des deux
premiers Livres de l'Histoire de la Réforma
tion de M. Burnet , et les Preuves. 3. vol
in 12.Paris , chez Martin et Boudot, 1688 .
Le Docteur Burnet ayant fait une courte
Critique en forme de Lettre de cette
Histoire, mais peu mesurée , par rapport
à son Auteur , l'Abbé le Grand se contenta
de publier de nouveau cette Lettre
avec un Avertissement à la tête , et quelques
Remarques au bas des pages .
L'année suivante 1689. le même Docteur
B... publia une Critique de l'Histoire
des Variations,ce qui donna lieu à l'Abbé
le Grand de lui adresser trois Lettres ,
sur les Variations , sur la Réformation et sur
l'Histoire du Divorce , lesquelles furent
imprimées à Paris en 1691. précédées
d'une Préface remplie d'Observations.
sur l'Histoire des Eglises Réformées , de
M. Basnage .
L'année suivante l'Abbé d'Estrées ayant
été nommé Ambassadeur en Portugal , il
choisit l'Abbé le Grand pour Secretairede
l'Ambassade . Celui- cy profita de l'occasion
pour acquerir de grandes connoissanFEVRIER.
1734. 247
sances sur les vastes Païs que les Portugais
appellent leurs Conquêtes.
De retour en France en 1697. il fit un
voyage en Bourgogne et en Dauphiné ,
pour recueillir les Memoires necessaires à
la composition de l'Histoire de ces Provinces.
Il fit imprimer en 1701. sa Traduction
de l'Histoire de l'Isle de Ceylan , du Capitaine
Jean de Ribeyro , à laquelle il ajouta
beaucoup de choses de son propre fonds:
Ouvrage qu'il dédia à la Comtesse d'Ericeyra.
En 1702 , 1703 et 1794 , notre Sçavant
fut encore employé en qualité de Secre
taire d'Ambassade , sous celles du Cardinal
et de l'Abbé d'Estrées en Espagne.Sur
la fin de la même année 1704. il fut choisi
pour être Secretaire general des Ducs et
Pairs de France , Emploi qui n'avoit point
été rempli depuis la mort de M. le Laboureur
, arrivée en 1675.
Sa profonde capacité dans l'Histoire et
dans le Droit Public , la justesse et la solidité
de ses vûës , dont il avoit donné .
des preuves en différentes occasions , déterminerent
M. le Marquis de Torcy , Ministre
d'Etat , de l'attacher au travail des
Affaires Etrangeres , dès l'année 1705. en
quoi il réussit si - bien que pendant les 10
Cij ang
248 MERCURE DE FRANCE .
années qui s'écoulerent jusqu'à la mort
du feu Roy , il n'y eut point d'Affaires
de conséquence , ausquelles l'Abbé le
Grand n'ait eu part , et sur lesquelles il
n'ait écrit. Voici les titres de quelquesuns
de ces Ecrits qui ont paru dans le
public.
Memoire , touchant la succession à la
Couronne d'Espagne . 1711. Reflexions sur
la Lettre à un Milord , sur la necessité et la
justice de l'entiere restitution de la Monarchie
d'Espagne , &c. 1711. Discours sur ce
qui s'est passé dans l'Empire , au sujet de
la succession d'Espagne . L'Allemagne menacée
d'être bientôt réduite en Monarchie
absoluë. Lettre de M. D. à M. le Docteur
M. touchant le Royaume de Bohéme.
Les autres Ouvrages sur ces matieres ;
qui n'ont pas été imprimez , concernent
Les Assemblées des Etats Generaux. Les
Régences. L'habileté à succeder à la Couronne;
et toutes les grandes Questions que
les Evenemens du dedans et du dehors du
Royaume lui ont donné lieu d'examiner
pendant plus de trente ans.
Il fut choisi en 172c . pour travailler à
l'Inventaire du Trésor des Chartres , travail
lié naturellement avec ses Etudes , et
auquel il se livra avec tout le zele possible
, ce qui ne l'empêcha pas de mettre
la
FEVRIER. 1734. 249
la derniere main à l'Histoire de Louis
XI. son Ouvrage favori ; il est intitulé :
Histoire et Vie de Louis XI.Roy de France,
avec les Preuves , et est resté Manuscrit
tout approuvé.
Il publia en 1728. la Relation Historique
d' Abissinie , du R. P. Jérôme Lobo , de
la Compagnie de Jesus , traduite du Portugais
en François , &c. 1. vol . 4. Paris ,chez
la veuve Coutelier . Il y en a un fort bel
Extrait dans le Journal des Sçavans , des
mois de Septembre et d'Octobre de la
même année 1728. ce qui dispense d'entrer
là - dessus dans aucun détail .
Il publia presque en même temps un
autre Ouvrage , qui a pour titre : De la
Succession à la Couronne de France , pour
les Agnats , ( c'est- à dire , pour la succession
Masculine directe. ) vol . 12. Paris ,
chez Martin et Guérin.
Le Marquis de Vins étant mort au mois
de Février 1732. l'Abbé le Grand , qui
lui étoit particulierement attaché , et qui
connoissoit son mérite , fit imprimer son
éloge dans le Mercure du mois de Mars
suivant.Il ne lui survécut pas long- tems ;
une seconde attaque d'Apoplexie l'enleva
le 1 de May 1733. chez Mrs Clairambault
, Généalogistes des Ordres du
Roy , ses anciens Amis et ses Exécuteurs
C iij tes250
MERCURE DE FRANCE
testamentaires. Il étoit âgé de 80 ans et 3
mois. Il fut inhumé simplement et sans
cérémonie , dans le Cimetiere de S. Joseph
, Paroisse de S. Eustache , ainsi qu'il
l'avoit ordonné .
Tous ceux qui l'ont particulierement
connu , conviennent que c'étoit un Homme
plein d'honneur , de probité , et de
religion , et des plus habiles du Royaume
sur le Droit Public, d'une vaste érudition
et d'une sagacité admirable.
Grand ; par le R. Per: Bougerel , Prêtre
de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge .
Ji
Oachim le Grand, nâquit à Saint Lo ,
Diocèse de Coutances , en Basse Normandie
, le 6 Février 1653. Il étudia la
Philo- [
FEVRIER. 1734. 245
Philosophie à Caen , sous le celebre Pierre
Cailly, et eut pour condisciple Pierre-
François de la Tour , mort depuis peu
General de l'Oratoire ; leur union a duré
autant que leur vie.
Il entra dans cette Congrégation en
1671. Il y étudia les Belles-Lettres et la
Théologie. Il en sortit en 1676. et s'attacha
à l'étude de l'Histoire par le conseil
du Pere le Cointe , et par la facilité
qu'il eut de consulter les Manuscrits
de la Bibliotheque du Roy, dont M.Thevenot
avoit alors la garde .
Le P. le Cointe étant décédé en 1681 .
il fit son Eloge , et ensuite celui de l'Abbé
de Maroles. Ces Eloges parurent dans
le Journal des Sçavans , Février et Avril
de la même année. L'Abbé le Grand fut
ensuite chargé successivement de l'éducation
du Marquis de Vins , et de celle
du Duc d'Etrées , sans aucun dérangement
dans le Plan de ses études d'Histoire
et de Critique.
Il eut en 1685. une conférence avec le
Docteur Burnet , depuis Evêque de Salisburi
, qui étoit venu à Paris , au sujet
de son Histoire de la Reformation d'Angletere
; dans laquelle l'Abbé le Grand
fit paroître beaucoup de capacité et beaucoup
d'amour pour la verité . Cette ma-
C tie246
MERCURE DE FRANCE
tiere l'engagea depuis à composer un
Ouvrage considérable sous ce titre : Histoire
du Divorce d'Henry VIII. Roy d'Angleterre
, et de Catherine d'Aragon ; la Def
fense de Sanderus , et la Réfutation des deux
premiers Livres de l'Histoire de la Réforma
tion de M. Burnet , et les Preuves. 3. vol
in 12.Paris , chez Martin et Boudot, 1688 .
Le Docteur Burnet ayant fait une courte
Critique en forme de Lettre de cette
Histoire, mais peu mesurée , par rapport
à son Auteur , l'Abbé le Grand se contenta
de publier de nouveau cette Lettre
avec un Avertissement à la tête , et quelques
Remarques au bas des pages .
L'année suivante 1689. le même Docteur
B... publia une Critique de l'Histoire
des Variations,ce qui donna lieu à l'Abbé
le Grand de lui adresser trois Lettres ,
sur les Variations , sur la Réformation et sur
l'Histoire du Divorce , lesquelles furent
imprimées à Paris en 1691. précédées
d'une Préface remplie d'Observations.
sur l'Histoire des Eglises Réformées , de
M. Basnage .
L'année suivante l'Abbé d'Estrées ayant
été nommé Ambassadeur en Portugal , il
choisit l'Abbé le Grand pour Secretairede
l'Ambassade . Celui- cy profita de l'occasion
pour acquerir de grandes connoissanFEVRIER.
1734. 247
sances sur les vastes Païs que les Portugais
appellent leurs Conquêtes.
De retour en France en 1697. il fit un
voyage en Bourgogne et en Dauphiné ,
pour recueillir les Memoires necessaires à
la composition de l'Histoire de ces Provinces.
Il fit imprimer en 1701. sa Traduction
de l'Histoire de l'Isle de Ceylan , du Capitaine
Jean de Ribeyro , à laquelle il ajouta
beaucoup de choses de son propre fonds:
Ouvrage qu'il dédia à la Comtesse d'Ericeyra.
En 1702 , 1703 et 1794 , notre Sçavant
fut encore employé en qualité de Secre
taire d'Ambassade , sous celles du Cardinal
et de l'Abbé d'Estrées en Espagne.Sur
la fin de la même année 1704. il fut choisi
pour être Secretaire general des Ducs et
Pairs de France , Emploi qui n'avoit point
été rempli depuis la mort de M. le Laboureur
, arrivée en 1675.
Sa profonde capacité dans l'Histoire et
dans le Droit Public , la justesse et la solidité
de ses vûës , dont il avoit donné .
des preuves en différentes occasions , déterminerent
M. le Marquis de Torcy , Ministre
d'Etat , de l'attacher au travail des
Affaires Etrangeres , dès l'année 1705. en
quoi il réussit si - bien que pendant les 10
Cij ang
248 MERCURE DE FRANCE .
années qui s'écoulerent jusqu'à la mort
du feu Roy , il n'y eut point d'Affaires
de conséquence , ausquelles l'Abbé le
Grand n'ait eu part , et sur lesquelles il
n'ait écrit. Voici les titres de quelquesuns
de ces Ecrits qui ont paru dans le
public.
Memoire , touchant la succession à la
Couronne d'Espagne . 1711. Reflexions sur
la Lettre à un Milord , sur la necessité et la
justice de l'entiere restitution de la Monarchie
d'Espagne , &c. 1711. Discours sur ce
qui s'est passé dans l'Empire , au sujet de
la succession d'Espagne . L'Allemagne menacée
d'être bientôt réduite en Monarchie
absoluë. Lettre de M. D. à M. le Docteur
M. touchant le Royaume de Bohéme.
Les autres Ouvrages sur ces matieres ;
qui n'ont pas été imprimez , concernent
Les Assemblées des Etats Generaux. Les
Régences. L'habileté à succeder à la Couronne;
et toutes les grandes Questions que
les Evenemens du dedans et du dehors du
Royaume lui ont donné lieu d'examiner
pendant plus de trente ans.
Il fut choisi en 172c . pour travailler à
l'Inventaire du Trésor des Chartres , travail
lié naturellement avec ses Etudes , et
auquel il se livra avec tout le zele possible
, ce qui ne l'empêcha pas de mettre
la
FEVRIER. 1734. 249
la derniere main à l'Histoire de Louis
XI. son Ouvrage favori ; il est intitulé :
Histoire et Vie de Louis XI.Roy de France,
avec les Preuves , et est resté Manuscrit
tout approuvé.
Il publia en 1728. la Relation Historique
d' Abissinie , du R. P. Jérôme Lobo , de
la Compagnie de Jesus , traduite du Portugais
en François , &c. 1. vol . 4. Paris ,chez
la veuve Coutelier . Il y en a un fort bel
Extrait dans le Journal des Sçavans , des
mois de Septembre et d'Octobre de la
même année 1728. ce qui dispense d'entrer
là - dessus dans aucun détail .
Il publia presque en même temps un
autre Ouvrage , qui a pour titre : De la
Succession à la Couronne de France , pour
les Agnats , ( c'est- à dire , pour la succession
Masculine directe. ) vol . 12. Paris ,
chez Martin et Guérin.
Le Marquis de Vins étant mort au mois
de Février 1732. l'Abbé le Grand , qui
lui étoit particulierement attaché , et qui
connoissoit son mérite , fit imprimer son
éloge dans le Mercure du mois de Mars
suivant.Il ne lui survécut pas long- tems ;
une seconde attaque d'Apoplexie l'enleva
le 1 de May 1733. chez Mrs Clairambault
, Généalogistes des Ordres du
Roy , ses anciens Amis et ses Exécuteurs
C iij tes250
MERCURE DE FRANCE
testamentaires. Il étoit âgé de 80 ans et 3
mois. Il fut inhumé simplement et sans
cérémonie , dans le Cimetiere de S. Joseph
, Paroisse de S. Eustache , ainsi qu'il
l'avoit ordonné .
Tous ceux qui l'ont particulierement
connu , conviennent que c'étoit un Homme
plein d'honneur , de probité , et de
religion , et des plus habiles du Royaume
sur le Droit Public, d'une vaste érudition
et d'une sagacité admirable.
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Résumé : ELOGE Historique de M. l'Abbé le Grand ; par le R. Pere Bougerel, Prêtre de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge.
L'abbé Joachim le Grand naquit à Saint-Lô, en Basse-Normandie, le 6 février 1653. Il étudia la philosophie à Caen sous la direction de Pierre Cailly et entra dans la Congrégation de l'Oratoire en 1671. Après des études en Belles-Lettres et en Théologie, il se consacra à l'histoire grâce au conseil du Père le Cointe et à l'accès aux manuscrits de la Bibliothèque du Roi. En 1681, il écrivit des éloges pour le Père le Cointe et l'abbé de Maroles, publiés dans le *Journal des Sçavans*. Il fut ensuite chargé de l'éducation du Marquis de Vins et du Duc d'Etrées, tout en poursuivant ses recherches historiques. En 1685, il eut une conférence avec le Docteur Burnet sur l'*Histoire de la Réformation d'Angleterre*, ce qui le conduisit à écrire *Histoire du Divorce d'Henry VIII*. En 1689, il publia trois lettres en réponse aux critiques de Burnet sur son ouvrage. En 1690, il devint secrétaire de l'ambassade en Portugal, puis en Espagne de 1702 à 1704. De retour en France, il fut nommé secrétaire général des Ducs et Pairs de France et travailla aux Affaires Étrangères à partir de 1705. Ses écrits incluent des mémoires sur la succession à la Couronne d'Espagne et des réflexions sur la monarchie. En 1726, il travailla à l'inventaire du Trésor des Chartes et acheva l'*Histoire de Louis XI*. Il publia également des traductions et des ouvrages sur la succession à la Couronne de France. L'abbé le Grand mourut le 1er mai 1733 à l'âge de 80 ans et fut inhumé simplement au cimetière de Saint-Joseph. Il était reconnu pour son honneur, sa probité, sa religion et son érudition en droit public.
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90
p. 1240-1243
Maréchaux de France, [titre d'après la table]
Début :
Le 15. de ce mois le Roi a fait Marechaux de France, le Marquis d'Asfeld, [...]
Mots clefs :
Maréchal de France, Armée, Maréchal de Berwick, Lieutenant général, Alicante, Espagne, Général des fortifications, Siège de Barcelone, Marquis d'Asfeld, Adrien-Maurice de Noailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Maréchaux de France, [titre d'après la table]
Le 1s de ce mois le Roi a fait Marechaux
de France , le Marquis d'Asfeld
qui commande l'Armée de S. M. en Allemagne
, et le Duc de Noailles.
Claude François Bidal , Marquis d'Asfeld
et d'Alicante au Royaume de Valance
, Commandeur de l'Ordre Militaire
de Saint Louis , Chevalier de l'Ordre
de la Toison d'Or , Lieutenant General
des Armées du Roi , Gouverneur du Châ
teau Trompette à Bourdeaux , et Direc
teur General des Fortifications de France.
Etant Mestre de Camp d'un Regiment
de Dragons , il fut fait Brigadier le 28.
1694. et nommé en même tems pour ser
vir en cette qualité dans l'Armée de Flandres.
Il fut fait Marechal de Camp le 23 .
Decembre 1702. et Chevalier de l'Or
dre de Saint Louis le 20. Janvier 170 3 .
fut nommé au mois de Decembre suivant
pour aller servir en Espagne , fut
fait Lieutenant General le 26. Octobre
1704, se trouva au Siege de Barcelonne en
1706. obtint le Grand Cordon de l'Ordre
1. Vol,
de
JU IN. 1734- 1241
4000. de Saint Louis , avec la pension de
livres le 19. Septembre 1707. ayant fait
la même année la Campagne en Espagne
, où il continua de servir les années
suivantes. Etant de retour en France , il
fit en 1713. la Campagne en Allemagre,
commanda le 20. Septembre une des attaques
du Camp retranché des Imperiaux
près de Fribourg , servit ensuite au
Siege de cette Place , dont le Commandement
lui fut donné après sa reduction .
L'année suivante il servit sous le Marechal
de Berwick, au Siege de Barcelonne ,
et après la prise de cette Place il fut établi
Commandant en Catalogne . Il fut
chargé en 1715 de l'expedition de l'Ile de
Mayorque , qu'il fit rentrer le 3. Juillet
sous l'obéissance du Roi d'Espagne , sans
tirer un coup de canon , n'ayant débarqué
dans cette Isle que le 15. Juin precedent.
Le Roi Catholique , pour recompenser
ses services , le fit Marquis d'Alicante , et
lui donna le Colier de la Toison d'Or .
A son retour en France , il fut fait au
mois de Novembre de la même année
Directeur General des Fortifications , et
Conseiller aux Conseils de Guerre et de
Marine nouvellement établis. Il fur choisi
au mois d'Avril 1719. pour comman-
1. Vol.
I iij der &
1242 MERCURE DE FRANCE
der en chef dans la Guyenne , pendant
l'absence du Marechal de Berwick , et la
Guerre ayant été déclarée à l'Empereur
en 1733. il fut nommé pour aller faite
la Campagne dans l'Armée d'Italie , et
servir aux Sieges de laForteresse de Gherra
d'Adda sous Pizighitone , er du Château
de Milan. Il fut rappellé d'Italie au
commencement de la presente année pour
se rendre à l'Armée d'Allemagne , dont
il a pris le Commandement en chefaprès
la mort du Marechal de Berwick.
Adrien Maurice , Duc de Noailles ;
Pair de France , Comte d'Ayen et de la
Mothe- Tilly , Marquis de Montelar et
de Maintenon , Grand d'Espagne de la
premiere Classe , Chevalier des Ordres
du Roi et de l'Ordre de la Toison d'Or ,
premier Capitaine des Gardes du Corps
de Sa Majesté , du 29. Mai 17 6. ci deyant
Commandant en chef en Catalo-
Gouverneur et Capitaine General
des Comtés et Vigueries de Roussillon ,
Conflans et Cerdaigne , Gouverneur des
Ville , Château et Citadelle de Perpignan
, Gouverneur et Capitaine des Chasses
de Saint Germain en Laye et de ses dépendances
, né le 29. Septembre 1678 .
On ne rapporte point ici ses services ,
gne
I Vol.
parce
JUIN. 1734.
1243
parce qu'on peut les voir dans l'Histoire
des Grands Officiers de la Couronne à
l'article des Pairs de France , tom . 4. p.
793. où ils sont détaillez depuis 1692 .
qu'il commença à porter les armes.
Le Roy a fait Maréchaux de ses Camps
et Armées , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty , le Prince de Dombes
et le Comte d'Eu.
Sa Majesté a accordé au Marquis de
'Isle , Maréchal de Camp, la place d'Inspecteur
d'Infanterie , vacante par la mort
du Comte de Clermont d'Amboise.
Le Roy a nommé Colonel du Regi
ment d'Auvergne M. de Contade , et
le Regiment de Flandres qu'il avoir , a
été donné S. M. à M. de Coninghan,
par
Lieutenant Colonel du Regiment Dau
phin , Infanterie.
de France , le Marquis d'Asfeld
qui commande l'Armée de S. M. en Allemagne
, et le Duc de Noailles.
Claude François Bidal , Marquis d'Asfeld
et d'Alicante au Royaume de Valance
, Commandeur de l'Ordre Militaire
de Saint Louis , Chevalier de l'Ordre
de la Toison d'Or , Lieutenant General
des Armées du Roi , Gouverneur du Châ
teau Trompette à Bourdeaux , et Direc
teur General des Fortifications de France.
Etant Mestre de Camp d'un Regiment
de Dragons , il fut fait Brigadier le 28.
1694. et nommé en même tems pour ser
vir en cette qualité dans l'Armée de Flandres.
Il fut fait Marechal de Camp le 23 .
Decembre 1702. et Chevalier de l'Or
dre de Saint Louis le 20. Janvier 170 3 .
fut nommé au mois de Decembre suivant
pour aller servir en Espagne , fut
fait Lieutenant General le 26. Octobre
1704, se trouva au Siege de Barcelonne en
1706. obtint le Grand Cordon de l'Ordre
1. Vol,
de
JU IN. 1734- 1241
4000. de Saint Louis , avec la pension de
livres le 19. Septembre 1707. ayant fait
la même année la Campagne en Espagne
, où il continua de servir les années
suivantes. Etant de retour en France , il
fit en 1713. la Campagne en Allemagre,
commanda le 20. Septembre une des attaques
du Camp retranché des Imperiaux
près de Fribourg , servit ensuite au
Siege de cette Place , dont le Commandement
lui fut donné après sa reduction .
L'année suivante il servit sous le Marechal
de Berwick, au Siege de Barcelonne ,
et après la prise de cette Place il fut établi
Commandant en Catalogne . Il fut
chargé en 1715 de l'expedition de l'Ile de
Mayorque , qu'il fit rentrer le 3. Juillet
sous l'obéissance du Roi d'Espagne , sans
tirer un coup de canon , n'ayant débarqué
dans cette Isle que le 15. Juin precedent.
Le Roi Catholique , pour recompenser
ses services , le fit Marquis d'Alicante , et
lui donna le Colier de la Toison d'Or .
A son retour en France , il fut fait au
mois de Novembre de la même année
Directeur General des Fortifications , et
Conseiller aux Conseils de Guerre et de
Marine nouvellement établis. Il fur choisi
au mois d'Avril 1719. pour comman-
1. Vol.
I iij der &
1242 MERCURE DE FRANCE
der en chef dans la Guyenne , pendant
l'absence du Marechal de Berwick , et la
Guerre ayant été déclarée à l'Empereur
en 1733. il fut nommé pour aller faite
la Campagne dans l'Armée d'Italie , et
servir aux Sieges de laForteresse de Gherra
d'Adda sous Pizighitone , er du Château
de Milan. Il fut rappellé d'Italie au
commencement de la presente année pour
se rendre à l'Armée d'Allemagne , dont
il a pris le Commandement en chefaprès
la mort du Marechal de Berwick.
Adrien Maurice , Duc de Noailles ;
Pair de France , Comte d'Ayen et de la
Mothe- Tilly , Marquis de Montelar et
de Maintenon , Grand d'Espagne de la
premiere Classe , Chevalier des Ordres
du Roi et de l'Ordre de la Toison d'Or ,
premier Capitaine des Gardes du Corps
de Sa Majesté , du 29. Mai 17 6. ci deyant
Commandant en chef en Catalo-
Gouverneur et Capitaine General
des Comtés et Vigueries de Roussillon ,
Conflans et Cerdaigne , Gouverneur des
Ville , Château et Citadelle de Perpignan
, Gouverneur et Capitaine des Chasses
de Saint Germain en Laye et de ses dépendances
, né le 29. Septembre 1678 .
On ne rapporte point ici ses services ,
gne
I Vol.
parce
JUIN. 1734.
1243
parce qu'on peut les voir dans l'Histoire
des Grands Officiers de la Couronne à
l'article des Pairs de France , tom . 4. p.
793. où ils sont détaillez depuis 1692 .
qu'il commença à porter les armes.
Le Roy a fait Maréchaux de ses Camps
et Armées , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty , le Prince de Dombes
et le Comte d'Eu.
Sa Majesté a accordé au Marquis de
'Isle , Maréchal de Camp, la place d'Inspecteur
d'Infanterie , vacante par la mort
du Comte de Clermont d'Amboise.
Le Roy a nommé Colonel du Regi
ment d'Auvergne M. de Contade , et
le Regiment de Flandres qu'il avoir , a
été donné S. M. à M. de Coninghan,
par
Lieutenant Colonel du Regiment Dau
phin , Infanterie.
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Résumé : Maréchaux de France, [titre d'après la table]
Le 1er du mois, le Roi a nommé Maréchaux de France le Marquis d'Asfeld et le Duc de Noailles. Claude François Bidal, Marquis d'Asfeld, possède plusieurs titres et distinctions, notamment Commandeur de l'Ordre Militaire de Saint Louis, Chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or, Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur du Château Trompette à Bordeaux, et Directeur Général des Fortifications de France. Sa carrière militaire est marquée par plusieurs promotions : Brigadier en 1694, Maréchal de Camp en 1702, et Chevalier de l'Ordre de Saint Louis en 1703. Il a servi en Espagne, notamment au siège de Barcelone en 1706, et a reçu le Grand Cordon de l'Ordre de Saint Louis en 1707. En 1713, il a commandé des attaques près de Fribourg et a participé au siège de cette place. L'année suivante, il a pris part au siège de Barcelone et a été nommé Commandant en Catalogne. En 1715, il a dirigé l'expédition de l'île de Majorque et a été récompensé par le titre de Marquis d'Alicante et le Collier de la Toison d'Or. De retour en France, il a été nommé Directeur Général des Fortifications et Conseiller aux Conseils de Guerre et de Marine. En 1719, il a commandé en Guyenne et, en 1733, a servi dans l'Armée d'Italie. Adrien Maurice, Duc de Noailles, Pair de France et Chevalier des Ordres du Roi, a également été nommé Maréchal de France. Le Roi a également nommé Maréchaux de ses Camps et Armées le Comte de Clermont, le Prince de Conty, le Prince de Dombes et le Comte d'Eu. De plus, le Marquis de l'Isle a été nommé Inspecteur d'Infanterie, et M. de Contade a été nommé Colonel du Régiment d'Auvergne.
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91
p. 241-244
« On essuya ici, le premier de ce mois, un des plus violents [...] »
Début :
On essuya ici, le premier de ce mois, un des plus violents [...]
Mots clefs :
Madrid, Tremblement de terre, Catastrophe naturelle, Dégâts, Espagne, Portugal, Victimes, Famille royale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On essuya ici, le premier de ce mois, un des plus violents [...] »
DE MADRID , le 10 Novembre .
ON effuya ici , le premier de ce mois , un des
plus violens tremblemens de terre qu'on y eût
éprouvé depuis long-tems. Il commença à dix
heures vingt minutes du matin , & il dura huit
minutes . Čet évenement répandit partout une
telle épouvante , que la plupart des habitans prirent
la fuite , & que les Prêtres même qui étoient
à l'Autel le quitterent. Cependant il n'eft arrivé
d'autre malheur que la perte de deux enfans tués
par une croix de pierre qui eft tombée du portail
de l'églife de Bon Succès. L'églife de S. André a
fouffert un tel ébranlement , qu'il s'eft fait plu
freurs lézardes dans la voûte & dans les murailles.
La partie fupérieure du portail de la paroiffe de
S. Louis s'eft fendue . {
Les fecouffes ont été auffi très - fortes à l'Efcu
rial , & l'on y eut la premiere à dix heures dix
minutes. La proximité des montagnes donnant
lieu de craindre que , s'il furvenoit un nouveau
tremblement , les fecouffes ne fuffent plus dangereufes
qu'à Madrid , leurs Majeftés partirent
après leur diner pour revenir ici . Elles y arriverent
à huit heures & demie du foir. Le lendemain ,
par égard pour les allarmes d'une partie de la
Cour , leurs Majeftés pafferent toute la matinée
fous une tente hors de la ville . Le foir , le Roi fit
chanter le Te Deum dans l'églife des Hieronymi-
I. Vol. L
242 MERCURE DE FRANCE.
tes , en actions de graces de ce que ce tremble
ment n'a point eu de fuites plus fâcheufes pour
cette capitale.
» Ce tremblement de terre a caufé beaucoup
» plus de dommage dans quelques autres villes
» d'Epagne , & il a fait des ravages affreux en
» Portugal. A l'égard de l'Espagne , nous avons
» appris par un courier venu de Séville le 8 , que
» la cathédrale , la plus belle églife du Royaume ,
» avoit été tellement ébranlée , qu'on avoit pris
la précaution de la fermer, que fa fameuse tour,
» appellé la Giralda étoit ouverte ; qu'on avoit
» fermé une autre églife , que plufieurs maiſons
» étoient tombées . L'Intendant de cette ville qui
» a mandé ces nouvelles , ajoute , qu'il n'avoit été
» informé jufqu'a préfent que de la mort de huit
perfonnes; qu'il étoit occupé à faire étayer plu-
» fieurs maifons qui avoient fouffert , & qu'il fai-
>> four former plufieurs rues. Le même tremble-
» ment s'est fait fentir en beaucoup d'autres villes
d'Efpagne , comme à San-Lucar de Barrameda,
à Salamanque , à Ségovie , à Valence , & jufqu'à
» Bilbao , & autres lieux. Mais on n'a aucun dé-
» tail de ces différends endroits , ce qui fait juger
que le dommage eft peu confidérable.
» Nous apprenons par les lettres de Cadix du '
» 4 , arrivées aujourd'hui par le courier ordinaire,
» que le tremblement de terre y a eu lieu ; qu'il a
> caulé peu de dommage , mais que la crue de la
» mer a fait craindre que la ville ne fût fubmer-
» gée : les caux ont abattu le parapet de la muraille
, depuis la porte de la Galette , juſqu'au
Fort de Sainte - Catherine . Le plus grand mal
» qu'ayent effuyé les environs de la ville , eft que
la chauffée qui conduit à l'Ifle , a été emportée
depuis la porte de terre jufqu'à la Cantarelle
DECEMBRE. 1755. 243
par les coups de mer qui ont enlevé tous ceux
» qui étoient deffus , foit en voitures , foit autre-
» ment. On fait monter à deux cens le nombre des
>> perfonnes qui ont péri fur cette chauffée. On
>> affure que le Gouvernement a pris les plus juftes
>> meſures pour préferver les habitans de Cadix
» en cas de récidive du tremblement , & que la
>> Caraca n'a point fouffert. C'est le lieu où font
» les vaiffeaux , & les magafins de la Marine d'Ef-
>> pagne.
"
» Pour ce qui regarde le Portugal , on a été in-
» formé par un courier dépêché de Liſbonne , &
» qui eft arrivé à Madrid le 8 du courant à 4 heu
» fes après-midi , que le 1er de ce mois , vers les
>> neuf heures du matin , le tremblement s'y eft
» fait fentir d'une façon terrible. Il a renversé
» la moitié de la ville , toutes les églifes & le pa-
« lais du Roi. Heureufement il n'eft arrivé aucun
accident à la Famille Royale qui étoit à Belem.
» Le Palais qu'elle habite dans ce lieu , a fouffert.
Au départ du courier elle étoit encore fous des
» baraques , elle couchoit dans des carroffes , &
» elle avoit été près de vingt - quatre heures fans
» Officiers , & fans avoir prefque rien à manger.
» Le feu a pris dans la partie de la ville , qui n'a
» pas été renversée . Il duroit encore , lorfque le
courier eft parti. Le Comte de Perelada , Am➡
» baffadeur d'Efpagne à la Cour de Portugal , a
» été écrasé par la chûte du portail de fon hôtel ,
» en voulant fe fauver. Neuf de fes domeftiques
» ont été tués . Le Comte de Bafchi , Ambaffadeur
» de France , qui demeure vis - à - vis l'Ambaffadeur
» d'Espagne , a fauvé le fils unique du Comte de
» Perelada , & s'eft retiré heureufement avec la
» Comteffe fon époufe , & avec les enfans , dans
» une maison de campagne , où il a reçu tout le
L
244 MERCURE DE FRANCE.
refte des gens de l'Ambaffadeur d'Espagne.
» Le Nonce en Portugal a écrit par le même
courier , au Nonce de Madrid. Il lui mande
» qu'il a eu trois perfonnes écrasées dans fon palais
, & il date ainfi fa lettre : Du lieu où exiſtoit
» ci-devant Lisbonne.
»Comme ce courier a été uniquement dépêché
pour informer leurs Majeftés Catholiques,
» qu'il n'étoit arrivé aucun malheur à la Famille
Royale , on ne fçait pas d'autres particularités .
Le Comte d'Ognao , Ambaſſadeur du Roi de
Portugal à Madrid , à qui on a adreflé ces funef-
» tes nouvelles , ignore le fort du Comte d'Ognao
>> fon pere , & du refte de fa famille . Les mêmes
» lettres marquent que le Tage a eu une crue trèsconfidérable
, qui a précédé le tremblemer t. II
» faut qu'elle ait été bien grande , puifqu'à Tolede
» où il paffe , & qui eft à plus de cent lieues de
» Liſbonne , en fuivant les contours de ce fleuve ,
» élévation de l'eau a été d'environ dix pieds.
» Plufieurs autres villes de Portugal ont beau-
» coup fouffert , entr'autres Cafcaes & Setuval ,
D
qui font deux ports de mer fitués de l'un &
» Pautre côté du Tage , & peu éloignés de Lisbonne.
Il y a eu auffi de grands dommages dans
le Royaume des Algarves. Des gens prétendent
» qu'il a péri cinquante mille habitans dans Lis-
» bonne. Le tremblement à eu différentes repri-
» fes pendant dix heures ; on fentoit encore des
>> mouvemens au départ du courier.
» Il paroît par ce que le Roi de Portugal écrit
à la Reine d'Efpagne , que Sa Majesté Très-Fi
» dele eft pénétrée de la plus vive douleur , &
» n'eft occupée qu'à procurer des fecours à tous
» les fujets échappés d'un fi affreux déſaſtre. ».
ON effuya ici , le premier de ce mois , un des
plus violens tremblemens de terre qu'on y eût
éprouvé depuis long-tems. Il commença à dix
heures vingt minutes du matin , & il dura huit
minutes . Čet évenement répandit partout une
telle épouvante , que la plupart des habitans prirent
la fuite , & que les Prêtres même qui étoient
à l'Autel le quitterent. Cependant il n'eft arrivé
d'autre malheur que la perte de deux enfans tués
par une croix de pierre qui eft tombée du portail
de l'églife de Bon Succès. L'églife de S. André a
fouffert un tel ébranlement , qu'il s'eft fait plu
freurs lézardes dans la voûte & dans les murailles.
La partie fupérieure du portail de la paroiffe de
S. Louis s'eft fendue . {
Les fecouffes ont été auffi très - fortes à l'Efcu
rial , & l'on y eut la premiere à dix heures dix
minutes. La proximité des montagnes donnant
lieu de craindre que , s'il furvenoit un nouveau
tremblement , les fecouffes ne fuffent plus dangereufes
qu'à Madrid , leurs Majeftés partirent
après leur diner pour revenir ici . Elles y arriverent
à huit heures & demie du foir. Le lendemain ,
par égard pour les allarmes d'une partie de la
Cour , leurs Majeftés pafferent toute la matinée
fous une tente hors de la ville . Le foir , le Roi fit
chanter le Te Deum dans l'églife des Hieronymi-
I. Vol. L
242 MERCURE DE FRANCE.
tes , en actions de graces de ce que ce tremble
ment n'a point eu de fuites plus fâcheufes pour
cette capitale.
» Ce tremblement de terre a caufé beaucoup
» plus de dommage dans quelques autres villes
» d'Epagne , & il a fait des ravages affreux en
» Portugal. A l'égard de l'Espagne , nous avons
» appris par un courier venu de Séville le 8 , que
» la cathédrale , la plus belle églife du Royaume ,
» avoit été tellement ébranlée , qu'on avoit pris
la précaution de la fermer, que fa fameuse tour,
» appellé la Giralda étoit ouverte ; qu'on avoit
» fermé une autre églife , que plufieurs maiſons
» étoient tombées . L'Intendant de cette ville qui
» a mandé ces nouvelles , ajoute , qu'il n'avoit été
» informé jufqu'a préfent que de la mort de huit
perfonnes; qu'il étoit occupé à faire étayer plu-
» fieurs maifons qui avoient fouffert , & qu'il fai-
>> four former plufieurs rues. Le même tremble-
» ment s'est fait fentir en beaucoup d'autres villes
d'Efpagne , comme à San-Lucar de Barrameda,
à Salamanque , à Ségovie , à Valence , & jufqu'à
» Bilbao , & autres lieux. Mais on n'a aucun dé-
» tail de ces différends endroits , ce qui fait juger
que le dommage eft peu confidérable.
» Nous apprenons par les lettres de Cadix du '
» 4 , arrivées aujourd'hui par le courier ordinaire,
» que le tremblement de terre y a eu lieu ; qu'il a
> caulé peu de dommage , mais que la crue de la
» mer a fait craindre que la ville ne fût fubmer-
» gée : les caux ont abattu le parapet de la muraille
, depuis la porte de la Galette , juſqu'au
Fort de Sainte - Catherine . Le plus grand mal
» qu'ayent effuyé les environs de la ville , eft que
la chauffée qui conduit à l'Ifle , a été emportée
depuis la porte de terre jufqu'à la Cantarelle
DECEMBRE. 1755. 243
par les coups de mer qui ont enlevé tous ceux
» qui étoient deffus , foit en voitures , foit autre-
» ment. On fait monter à deux cens le nombre des
>> perfonnes qui ont péri fur cette chauffée. On
>> affure que le Gouvernement a pris les plus juftes
>> meſures pour préferver les habitans de Cadix
» en cas de récidive du tremblement , & que la
>> Caraca n'a point fouffert. C'est le lieu où font
» les vaiffeaux , & les magafins de la Marine d'Ef-
>> pagne.
"
» Pour ce qui regarde le Portugal , on a été in-
» formé par un courier dépêché de Liſbonne , &
» qui eft arrivé à Madrid le 8 du courant à 4 heu
» fes après-midi , que le 1er de ce mois , vers les
>> neuf heures du matin , le tremblement s'y eft
» fait fentir d'une façon terrible. Il a renversé
» la moitié de la ville , toutes les églifes & le pa-
« lais du Roi. Heureufement il n'eft arrivé aucun
accident à la Famille Royale qui étoit à Belem.
» Le Palais qu'elle habite dans ce lieu , a fouffert.
Au départ du courier elle étoit encore fous des
» baraques , elle couchoit dans des carroffes , &
» elle avoit été près de vingt - quatre heures fans
» Officiers , & fans avoir prefque rien à manger.
» Le feu a pris dans la partie de la ville , qui n'a
» pas été renversée . Il duroit encore , lorfque le
courier eft parti. Le Comte de Perelada , Am➡
» baffadeur d'Efpagne à la Cour de Portugal , a
» été écrasé par la chûte du portail de fon hôtel ,
» en voulant fe fauver. Neuf de fes domeftiques
» ont été tués . Le Comte de Bafchi , Ambaffadeur
» de France , qui demeure vis - à - vis l'Ambaffadeur
» d'Espagne , a fauvé le fils unique du Comte de
» Perelada , & s'eft retiré heureufement avec la
» Comteffe fon époufe , & avec les enfans , dans
» une maison de campagne , où il a reçu tout le
L
244 MERCURE DE FRANCE.
refte des gens de l'Ambaffadeur d'Espagne.
» Le Nonce en Portugal a écrit par le même
courier , au Nonce de Madrid. Il lui mande
» qu'il a eu trois perfonnes écrasées dans fon palais
, & il date ainfi fa lettre : Du lieu où exiſtoit
» ci-devant Lisbonne.
»Comme ce courier a été uniquement dépêché
pour informer leurs Majeftés Catholiques,
» qu'il n'étoit arrivé aucun malheur à la Famille
Royale , on ne fçait pas d'autres particularités .
Le Comte d'Ognao , Ambaſſadeur du Roi de
Portugal à Madrid , à qui on a adreflé ces funef-
» tes nouvelles , ignore le fort du Comte d'Ognao
>> fon pere , & du refte de fa famille . Les mêmes
» lettres marquent que le Tage a eu une crue trèsconfidérable
, qui a précédé le tremblemer t. II
» faut qu'elle ait été bien grande , puifqu'à Tolede
» où il paffe , & qui eft à plus de cent lieues de
» Liſbonne , en fuivant les contours de ce fleuve ,
» élévation de l'eau a été d'environ dix pieds.
» Plufieurs autres villes de Portugal ont beau-
» coup fouffert , entr'autres Cafcaes & Setuval ,
D
qui font deux ports de mer fitués de l'un &
» Pautre côté du Tage , & peu éloignés de Lisbonne.
Il y a eu auffi de grands dommages dans
le Royaume des Algarves. Des gens prétendent
» qu'il a péri cinquante mille habitans dans Lis-
» bonne. Le tremblement à eu différentes repri-
» fes pendant dix heures ; on fentoit encore des
>> mouvemens au départ du courier.
» Il paroît par ce que le Roi de Portugal écrit
à la Reine d'Efpagne , que Sa Majesté Très-Fi
» dele eft pénétrée de la plus vive douleur , &
» n'eft occupée qu'à procurer des fecours à tous
» les fujets échappés d'un fi affreux déſaſtre. ».
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Résumé : « On essuya ici, le premier de ce mois, un des plus violents [...] »
Le 1er novembre, Madrid a été frappée par un violent tremblement de terre d'une durée de huit minutes, débutant à dix heures vingt minutes du matin. Cet événement a provoqué la panique parmi les habitants, mais les dommages ont été limités à la mort de deux enfants tués par une croix de pierre tombant du portail de l'église de Bon Succès. Plusieurs églises et bâtiments, notamment l'église de Saint-André et le portail de la paroisse de Saint-Louis, ont subi des dommages. À l'Escurial, les secousses ont été très fortes, commençant à dix heures dix minutes. Par crainte d'un nouveau tremblement de terre, le roi et la reine ont quitté Madrid après dîner et sont revenus le soir. Le lendemain, ils ont passé la matinée sous une tente en dehors de la ville. Le surlendemain, le roi a fait chanter le Te Deum en action de grâce. Le tremblement de terre a causé plus de dommages dans d'autres villes d'Espagne, notamment à Séville où la cathédrale et plusieurs maisons ont été endommagées. À Cadix, la crue de la mer a causé des dégâts, entraînant la mort d'environ deux cents personnes sur une chaussée emportée par les vagues. Au Portugal, le tremblement de terre a été particulièrement dévastateur, renversant la moitié de Lisbonne, toutes les églises et le palais royal. La famille royale, qui se trouvait à Belem, a été épargnée. Un incendie a éclaté dans la partie de la ville non renversée, tuant ou blessant plusieurs ambassadeurs et dignitaires. Le Tage a connu une crue significative, atteignant environ dix pieds à Tolède. De nombreuses autres villes du Portugal, y compris Cascais et Setúbal, ont également souffert. On estime que cinquante mille habitants de Lisbonne ont péri. Le roi du Portugal a exprimé sa douleur et s'est engagé à secourir les survivants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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92
p. 192-195
« Cette Ville affligée de tant de maux, sembloit goûter enfin quelque calme ; [...] »
Début :
Cette Ville affligée de tant de maux, sembloit goûter enfin quelque calme ; [...]
Mots clefs :
Espagne, Lisbonne, Tremblement de terre, Secousses violentes, Dégâts, Mer, Victimes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Cette Ville affligée de tant de maux, sembloit goûter enfin quelque calme ; [...] »
DE LISBONNE , le 1 Octobre.
Cette Ville affligée de tant de maux , fembloit
goûter enfin quelque calme ; les fecouffes de la
terre étoient moins fréquentes ; on commençoit
à refpirer, lorfqu'on a reçu le détail de l'horrible
bouleversement caufé dans quelques- unes de nos
Ifles par un nouveau tremblement de terre . Le 9
Juillet dernier à onze heures quarante-cinq minu◄
tes de la nuit , une fecouffe affreuſe , dont la durée
fut d'environ deux minutes , fut reffentie dans
la plupart des Açores. Toutes les maifons de l'lfle
d'Angra furent violemment ébranlées . L'impul
fion du tremblement qui d'abord étoit verticale ,
devint bientôt horifontale , & fuivit la direction
de l'Ouest à l'Et. Pendant ces deux minutes , ļa
SPETS
DECEMBRE. 1757.
195
ferre fut agitée d'une telle force , que fi la fecouffe
eût duré quelques inftans de plus , tous les bâtimens
s'écrouloient , étoient engloutis . Le 10 vers
les dix heures du matin , il y eut une nouvelle fecouffe
, qui reprit à4 heures après midi , avec autant
de violence que la veille ; mais dont la durée
fut plus courte. Dans l'Ile Saint - Georges , à 12
lieues d'Angra , la terre trembla le même jour &
aux mêmes heures ; mais la fecouffe fut fi furieufe,
que 1043 perfonnes furent écraſées fous les
ruines des maifons. La frayeur des habitans redoubla
le 10 au matin , à la vue de dix -huit nouvelle
Ifles qui s'éleverent à la diſtance de cent
braffes & au Nord de l'Ifle. Aux Fayans des Vimes
, la même ſecouffe renverfa tous les édifices ;
on n'y reconnoît plus ni maiſons , ni temples ,
ni rues : on ne voit que des décombres & des
monceaux de pierres. La terre en quelque endroits
s'eft détachée du fol , & a roulé dans la mer. On
voit encore des langues de terre éloignées du rivage
, & entourées d'eau , conferver leur forme
avec tout ce qu'elles contenoient. Sur une de ces
Illes flotantes , eft une maison entourée d'arbres ,
qui n'eft point du tout endommagée . Monte- Formofo
, fitué à P'Eſt - Sud- Eſt de cette Ifle , s'eft
féparé en deux parties : l'une a croulé dans la
Mer , & fe trouve éloignée de l'autre de près de
cent braffes. Depuis la pointe de l'Eft de l'ile de
Topo , jufqu'au Bourg de la Caletha , on ne voit
encore que des ruines ; aucun bâtiment n'a réfifté.
La terre s'eft même ouverte en plufieurs endroits,
& un terrein de près d'un quart de lieue d'étendue
s'eft précipité dans la Mer. Quelques montagnes
ont changé de place ; d'autres ont entièrement
difparu , en forte que la
communication entre
Quelque- unes de ces Illes , qui étoit impraticable
I
194 MERCURE DE FRANCE.
autrefois par l'à plomb ou l'efcarpement des ro
chers , eft maintenant libre ; une plaine a fuccédé
aux montagnes. Une partie du village de Norte-
Grande s'eft auffi ſéparée du refte , & a été former
une Iſle nouvelle à la diſtance de 1 so braffes . Tous
les habitans de ces Ifles , confternés , remplis de
terreur , vivent dans les bois , & l'épouvante les
fuit partout , la terre toujours agitée leur montrant
de tous côtés des tombeaux. D'énormes
maffes de pierre fe détachent continuellement des
rochers ; il s'eft ouvert de toutes parts des gouffres
profonds qui les engloutiffent , & l'on voit
prefque tous les jours des rochers entiers s'affaiffer
, ou s'anéantir. L'Ifle du Pic a foiblement fenti
ces diverfes fecouffes , fi ce n'eft dans la partie
qui répond à l'Ile Saint- Georges. Ce quartier a
beaucoup fouffert , & onze perfonnes y ont péri.
Le jour de la premiere fecoufle , la Mer étoit dans
une agitation extraordinaire : les flots entrerent
avec fureur dans l'Ile Saint - Georges , en fuivant la
direction de l'Oueſt à l'Eft ; dans l'Ile du Pic ,
leur direction fut de l'Eſt à l'Oueft , & du Sud à
l'Queſt dans l'Ifle Gracieuſe. L'ifle du Fayal n'a
éprouvé qu'une légere fecouffe , & le mouvement
de la Mer y a été prefqu'infenfible. Dans les lies
de Saint-Michel & de Sainte-Marie , on a fenti
feulement l'effet d'une fecouffe ordinaire : les
Inles des Fleurs & du Corbeau ont été ſeules entiérement
exemptes du malheur général.
On apprend par un Vaiffeau qui vient d'arriver
du Cap Verd , qu'au mois d'Avril dernier , un
Volcan de l'Ifle du Feu , qui vomiffoit fans ceffe
des flammes , s'eft fubitement affaiffé , & que le
village Dos Mofteiros a été enseveli fous les
débris du mont. Les habitans ayant été avertis de
l'événement par plufieurs fignes, fe font heureu
DECEMBRE. 1757.
195
fement fauvés. Deux Bergers feulement ont perda
la vie avec leurs troupeaux .
Cette Ville affligée de tant de maux , fembloit
goûter enfin quelque calme ; les fecouffes de la
terre étoient moins fréquentes ; on commençoit
à refpirer, lorfqu'on a reçu le détail de l'horrible
bouleversement caufé dans quelques- unes de nos
Ifles par un nouveau tremblement de terre . Le 9
Juillet dernier à onze heures quarante-cinq minu◄
tes de la nuit , une fecouffe affreuſe , dont la durée
fut d'environ deux minutes , fut reffentie dans
la plupart des Açores. Toutes les maifons de l'lfle
d'Angra furent violemment ébranlées . L'impul
fion du tremblement qui d'abord étoit verticale ,
devint bientôt horifontale , & fuivit la direction
de l'Ouest à l'Et. Pendant ces deux minutes , ļa
SPETS
DECEMBRE. 1757.
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ferre fut agitée d'une telle force , que fi la fecouffe
eût duré quelques inftans de plus , tous les bâtimens
s'écrouloient , étoient engloutis . Le 10 vers
les dix heures du matin , il y eut une nouvelle fecouffe
, qui reprit à4 heures après midi , avec autant
de violence que la veille ; mais dont la durée
fut plus courte. Dans l'Ile Saint - Georges , à 12
lieues d'Angra , la terre trembla le même jour &
aux mêmes heures ; mais la fecouffe fut fi furieufe,
que 1043 perfonnes furent écraſées fous les
ruines des maifons. La frayeur des habitans redoubla
le 10 au matin , à la vue de dix -huit nouvelle
Ifles qui s'éleverent à la diſtance de cent
braffes & au Nord de l'Ifle. Aux Fayans des Vimes
, la même ſecouffe renverfa tous les édifices ;
on n'y reconnoît plus ni maiſons , ni temples ,
ni rues : on ne voit que des décombres & des
monceaux de pierres. La terre en quelque endroits
s'eft détachée du fol , & a roulé dans la mer. On
voit encore des langues de terre éloignées du rivage
, & entourées d'eau , conferver leur forme
avec tout ce qu'elles contenoient. Sur une de ces
Illes flotantes , eft une maison entourée d'arbres ,
qui n'eft point du tout endommagée . Monte- Formofo
, fitué à P'Eſt - Sud- Eſt de cette Ifle , s'eft
féparé en deux parties : l'une a croulé dans la
Mer , & fe trouve éloignée de l'autre de près de
cent braffes. Depuis la pointe de l'Eft de l'ile de
Topo , jufqu'au Bourg de la Caletha , on ne voit
encore que des ruines ; aucun bâtiment n'a réfifté.
La terre s'eft même ouverte en plufieurs endroits,
& un terrein de près d'un quart de lieue d'étendue
s'eft précipité dans la Mer. Quelques montagnes
ont changé de place ; d'autres ont entièrement
difparu , en forte que la
communication entre
Quelque- unes de ces Illes , qui étoit impraticable
I
194 MERCURE DE FRANCE.
autrefois par l'à plomb ou l'efcarpement des ro
chers , eft maintenant libre ; une plaine a fuccédé
aux montagnes. Une partie du village de Norte-
Grande s'eft auffi ſéparée du refte , & a été former
une Iſle nouvelle à la diſtance de 1 so braffes . Tous
les habitans de ces Ifles , confternés , remplis de
terreur , vivent dans les bois , & l'épouvante les
fuit partout , la terre toujours agitée leur montrant
de tous côtés des tombeaux. D'énormes
maffes de pierre fe détachent continuellement des
rochers ; il s'eft ouvert de toutes parts des gouffres
profonds qui les engloutiffent , & l'on voit
prefque tous les jours des rochers entiers s'affaiffer
, ou s'anéantir. L'Ifle du Pic a foiblement fenti
ces diverfes fecouffes , fi ce n'eft dans la partie
qui répond à l'Ile Saint- Georges. Ce quartier a
beaucoup fouffert , & onze perfonnes y ont péri.
Le jour de la premiere fecoufle , la Mer étoit dans
une agitation extraordinaire : les flots entrerent
avec fureur dans l'Ile Saint - Georges , en fuivant la
direction de l'Oueſt à l'Eft ; dans l'Ile du Pic ,
leur direction fut de l'Eſt à l'Oueft , & du Sud à
l'Queſt dans l'Ifle Gracieuſe. L'ifle du Fayal n'a
éprouvé qu'une légere fecouffe , & le mouvement
de la Mer y a été prefqu'infenfible. Dans les lies
de Saint-Michel & de Sainte-Marie , on a fenti
feulement l'effet d'une fecouffe ordinaire : les
Inles des Fleurs & du Corbeau ont été ſeules entiérement
exemptes du malheur général.
On apprend par un Vaiffeau qui vient d'arriver
du Cap Verd , qu'au mois d'Avril dernier , un
Volcan de l'Ifle du Feu , qui vomiffoit fans ceffe
des flammes , s'eft fubitement affaiffé , & que le
village Dos Mofteiros a été enseveli fous les
débris du mont. Les habitans ayant été avertis de
l'événement par plufieurs fignes, fe font heureu
DECEMBRE. 1757.
195
fement fauvés. Deux Bergers feulement ont perda
la vie avec leurs troupeaux .
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Résumé : « Cette Ville affligée de tant de maux, sembloit goûter enfin quelque calme ; [...] »
Le 9 juillet, Lisbonne, déjà affectée par des tremblements de terre, subit un nouveau séisme à 23h45, qui dura environ deux minutes et toucha principalement les Açores. À Angra, toutes les maisons furent ébranlées par une secousse initialement verticale puis horizontale, allant de l'ouest à l'est. La violence du tremblement menaça de détruire tous les bâtiments. Le 10 juillet, deux nouvelles secousses eurent lieu à 10h et 16h, avec une intensité similaire mais une durée plus courte. À l'île Saint-Georges, 1043 personnes périrent sous les décombres. La terreur des habitants augmenta à la vue de nouvelles îles émergées au nord de l'île. Aux Fayals des Vimes, tous les édifices furent détruits. La terre se détacha en plusieurs endroits, formant des langues de terre flottantes. Monte Formoso se scinda en deux parties, l'une s'effondrant dans la mer. Entre la pointe est de l'île de Topo et le bourg de la Calheta, seuls des ruines étaient visibles. Des montagnes changèrent de place ou disparurent, modifiant la topographie des îles. Les habitants, terrifiés, vivaient dans les bois, évitant les zones instables. L'île du Pic ressentit faiblement les secousses, sauf dans la partie proche de l'île Saint-Georges, où onze personnes périrent. La mer fut également agitée, avec des directions variées selon les îles. Les îles de Saint-Michel et de Sainte-Marie subirent une secousse ordinaire, tandis que les îles des Fleurs et du Corbeau furent épargnées. Par ailleurs, un volcan à l'île du Feu s'effondra en avril, ensevelissant le village Dos Mosteiros, mais les habitants furent sauvés grâce à des signes avant-coureurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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