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1
p. 49-64
Extrait du Traité de Paix, entre la France & la Prusse, conclu à Utrecht le 11. Avril, [titre d'après la table]
Début :
Au nom de la tres-Sainte Trinité. Soit notoire à tous [...]
Mots clefs :
Traité de paix, Utrecht, Prusse, France, Louis XIV, Frédéric Guillaume, Hostilité, Amnistie, Ratification
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texteReconnaissance textuelle : Extrait du Traité de Paix, entre la France & la Prusse, conclu à Utrecht le 11. Avril, [titre d'après la table]
On a donné dans le dernier
Mercure les Extraits des
Traitez de Paix avec l'Angleterre
&laHollande:
Voici un Extrait de celui
qu'on a publié entre la
France& la Prusse, conclu
à Utrecht le i1. Avril
1713.
41.
Au nom de la tres- Sainte
Trinité. sOit notoire à tous, &c.
quependant le cours
d'une guerre longue & sanglante,
dont l'Europe a été
affligée pendant plusieursannées;
il a plû à la Divine
Providence de préparer à la
Chrétienté la fin de (es maux
en conservant un ardent dé
sir de la Paix dans les coeurs
de Trés- Haut Très- Exccl-
*lenc & Très - Puissant Prince
LOUISXIV.par Ja Grace
de Dieu, Roy de France 8l;.
de Navarre, &c. &
-
de
Très-Haut Très-Excellent
& Très-Puissant Prince
FRÉDÉRIC /; GUILLAUME ,
Par la Grace de Dieu, Roj^
de Prude, Margrave de BrandebourgArchi
Chambdan,
& Prince Electeur du Saint
Empire, Prince Souverain
d'Orange,&c.
ARTICEI.
Cessation de tous Actes
d'hostilité, & promesses de
se garantir réciproquement
de tour dommage, & de fc
procurer toutes sortes d'avantages.
II
Promesse par le Roy de
Prude de retirer de bonne
foy toutes ses Troupes,
tant des Pays- bas que d'ailleurs,
& de ne les faire servir
durant la pre fente guerre
contre le Roy Trés-Chrétien,
fous quelque pretexte
que ce soit, au delà du contingent
qu'il cft obligé de
fournir en qualité de membre
de l'Empire.
III. &IV.
Oubli & amnistie reciproque
pour les Vassaux & Sujeu.,
,
V.
Prisonniers de guerre delivrez
sans rançon de parc
& d'autre.
VI.
Continuation & exécution
du Traité de Vestphalie
rant pour le spirituel que
pour le temporel
,
&c.
VII
Gueldres., Espagnoles que
poflcde le Roy de Prusse &
tous droits, &c. cédée à perpétuité
par Sa Majestétrès-
Chrétienne, en vertu du
pouvoir qu'elle en a du Roy
Cat holique, cette cession
avec la claure expresse
que l'Etac de la ReliligionCatholiquesubsistera
dans lesdits lieux cedez tel
qu'il étoit avanr leur occupation,
& sous la domination
des Roys d'Espagne,
sans qu'on y puisse rien
changer.
VIII.
Le Roy de France cede
à perpétuité au Roy de
Prusse dans le haut quartier
de Gueldres,lePays de Kessel,
& le bailliage de Kric-
Kenbech: avec appartenances
& dépendances, &c. à
condition que l'Etat de lareligion
Catholiquesubsistera
dans lesdits pays& baillage,
&c. comme dans l'Article
ci-dessus, Sa MajestéTres-
Chrétienne promet de faire
fournir la ratification du Roy
Catholique de cet Article &
du septiémequi le précède,
& de la délivrer dans deux
mois.
IXLe
Roy TrèsChrétien reconnoistra
le Roy de Prusse
pour souverain de la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
&c. & en bissera
joüir les habitans, dans tout
le Royaume de France & des
mesmes immuaitez, pfivikges,&
c. dont jouissent ceux,
des autres Pays de la Suisse
&c. : X
En équivalent desdires
cesssions cy dessus le Roy de
Prusse renonce par le present
Article tant pour luy que
pour ses successeurs&à perpétuité,
en faveur du Roy
trés-Chrétien & de ses successeurs,
à tout droit sur la
Principauté d'Orange &sur
les Seigneuries & lieux de la
succession de Châalons&
de Chastelbelin, situéesen-
France dans la Comté de
Bourgogne, avec les charges
aussibien qu'avec les émolumens
presens & futurs sans
rien reserver, &c. Et pour
plus grande validité de ladite
renonciation, le Roy cte
Prusse se charge de satisfaire
les héritiers du feu Prince de
Nasseau Friseau (ujet de leur
prétention sur ladite principauté
& lesdits biens énoncez
cy dessus moyenantun
équivalent; & au surplus
il fera libre au Roy de Prusse
de revêtir du nom de Principauté
d'Orange, la partie
de Gueldres qui luy est cedéc
par leTraité sait aujourd'huy
&d'cn retenir le Titre
& les Armes.
XI.
Le Roy de France & le
Roy de Prusse confentenc
que la Reine de la Grande
Bretagne qui a tant contribué
a la conclusion de la
Paix, & tous autres Potentats
ou Princes qui voudront
entrer dans de pareils cngagemens,
puissent donner au
Roy de France& au Roy de
Prusse leurs promesses & obligations
de garantie de
l'execution & observation
de tout le contenu du present
Traité.
XII.
Tous les treize Cantons
Suites avec tous leurs Alliez
nommément la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
la République & Cité de
Genève, &c.lesVilles de S.
Gal & de Mulhausen &c.les
trois lignes Grises, dépendances,
&c. feront compris,
dans le present Traité.
XIII
Cette Paix ainsi concluë,
les soussignez Ambassadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires,
promettent de la
faire ratifier pour sa Majesté
trés-Chrétienne & par Sa
Majesté Prussienne, & d'en
fournir & faire échanger ici
les AGtes. de
ratification
dans l'espace de quatre Temaines
, ou plustost si faire
fc peut.
En foy dequoy & pour
plus grande force,lesdits
Ambassadeurs '- Extraordinaires
& Plenipotentiaires
ont souscrit de leurs mairtë
propres, le presentTraité ,
& Lut ap oser leurs cachets.
Faic à Uttreche le onzième
jou; d'A ril, l'an de Grace
mil sept cent treize.
Signé,
L. S.HUXELLES.
L.S. MESSAGER.
L. S. O. M. DE DONHOFF.
L. S. J. A. MARSCHALCH.
DE BIEBERSTEIN.
ArticlefefAré.
Le Roy de France ayant
reconnu le Roy de Prusse &
lui voulant bien accorder
tous les honneurs attachez
à la dignité Royale, &c.
promettant pour luy que
pour ses successeurs & de la
part de Philippe V. Roy
d'E[pagnc &.. Successeurs
ayant pouvoir de Sa Majessé
Catholique, &c. Ils
donneront déformais à perpétuité
au Roy de Prusse &
successeurs, &c. le titre de
Majesté, & feront rendre
à leurs Ministres du premier
& fécond ordre les mesmes
,
honneurs, anciens & nouveaux,
qu'on rend aux autres
nMéinisetress d.es testes couron- .,'.r
Autre Articleséparé.
Que le Roy de Prusse évacucra
la Ville de Rhirftberg
après la conclusion de
la Paix prochaine del'Empire
sans préjudicedesprétentions,
moyennant liquidation
& satisfaction à Sa
MajestéPrussienne.
Mercure les Extraits des
Traitez de Paix avec l'Angleterre
&laHollande:
Voici un Extrait de celui
qu'on a publié entre la
France& la Prusse, conclu
à Utrecht le i1. Avril
1713.
41.
Au nom de la tres- Sainte
Trinité. sOit notoire à tous, &c.
quependant le cours
d'une guerre longue & sanglante,
dont l'Europe a été
affligée pendant plusieursannées;
il a plû à la Divine
Providence de préparer à la
Chrétienté la fin de (es maux
en conservant un ardent dé
sir de la Paix dans les coeurs
de Trés- Haut Très- Exccl-
*lenc & Très - Puissant Prince
LOUISXIV.par Ja Grace
de Dieu, Roy de France 8l;.
de Navarre, &c. &
-
de
Très-Haut Très-Excellent
& Très-Puissant Prince
FRÉDÉRIC /; GUILLAUME ,
Par la Grace de Dieu, Roj^
de Prude, Margrave de BrandebourgArchi
Chambdan,
& Prince Electeur du Saint
Empire, Prince Souverain
d'Orange,&c.
ARTICEI.
Cessation de tous Actes
d'hostilité, & promesses de
se garantir réciproquement
de tour dommage, & de fc
procurer toutes sortes d'avantages.
II
Promesse par le Roy de
Prude de retirer de bonne
foy toutes ses Troupes,
tant des Pays- bas que d'ailleurs,
& de ne les faire servir
durant la pre fente guerre
contre le Roy Trés-Chrétien,
fous quelque pretexte
que ce soit, au delà du contingent
qu'il cft obligé de
fournir en qualité de membre
de l'Empire.
III. &IV.
Oubli & amnistie reciproque
pour les Vassaux & Sujeu.,
,
V.
Prisonniers de guerre delivrez
sans rançon de parc
& d'autre.
VI.
Continuation & exécution
du Traité de Vestphalie
rant pour le spirituel que
pour le temporel
,
&c.
VII
Gueldres., Espagnoles que
poflcde le Roy de Prusse &
tous droits, &c. cédée à perpétuité
par Sa Majestétrès-
Chrétienne, en vertu du
pouvoir qu'elle en a du Roy
Cat holique, cette cession
avec la claure expresse
que l'Etac de la ReliligionCatholiquesubsistera
dans lesdits lieux cedez tel
qu'il étoit avanr leur occupation,
& sous la domination
des Roys d'Espagne,
sans qu'on y puisse rien
changer.
VIII.
Le Roy de France cede
à perpétuité au Roy de
Prusse dans le haut quartier
de Gueldres,lePays de Kessel,
& le bailliage de Kric-
Kenbech: avec appartenances
& dépendances, &c. à
condition que l'Etat de lareligion
Catholiquesubsistera
dans lesdits pays& baillage,
&c. comme dans l'Article
ci-dessus, Sa MajestéTres-
Chrétienne promet de faire
fournir la ratification du Roy
Catholique de cet Article &
du septiémequi le précède,
& de la délivrer dans deux
mois.
IXLe
Roy TrèsChrétien reconnoistra
le Roy de Prusse
pour souverain de la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
&c. & en bissera
joüir les habitans, dans tout
le Royaume de France & des
mesmes immuaitez, pfivikges,&
c. dont jouissent ceux,
des autres Pays de la Suisse
&c. : X
En équivalent desdires
cesssions cy dessus le Roy de
Prusse renonce par le present
Article tant pour luy que
pour ses successeurs&à perpétuité,
en faveur du Roy
trés-Chrétien & de ses successeurs,
à tout droit sur la
Principauté d'Orange &sur
les Seigneuries & lieux de la
succession de Châalons&
de Chastelbelin, situéesen-
France dans la Comté de
Bourgogne, avec les charges
aussibien qu'avec les émolumens
presens & futurs sans
rien reserver, &c. Et pour
plus grande validité de ladite
renonciation, le Roy cte
Prusse se charge de satisfaire
les héritiers du feu Prince de
Nasseau Friseau (ujet de leur
prétention sur ladite principauté
& lesdits biens énoncez
cy dessus moyenantun
équivalent; & au surplus
il fera libre au Roy de Prusse
de revêtir du nom de Principauté
d'Orange, la partie
de Gueldres qui luy est cedéc
par leTraité sait aujourd'huy
&d'cn retenir le Titre
& les Armes.
XI.
Le Roy de France & le
Roy de Prusse confentenc
que la Reine de la Grande
Bretagne qui a tant contribué
a la conclusion de la
Paix, & tous autres Potentats
ou Princes qui voudront
entrer dans de pareils cngagemens,
puissent donner au
Roy de France& au Roy de
Prusse leurs promesses & obligations
de garantie de
l'execution & observation
de tout le contenu du present
Traité.
XII.
Tous les treize Cantons
Suites avec tous leurs Alliez
nommément la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
la République & Cité de
Genève, &c.lesVilles de S.
Gal & de Mulhausen &c.les
trois lignes Grises, dépendances,
&c. feront compris,
dans le present Traité.
XIII
Cette Paix ainsi concluë,
les soussignez Ambassadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires,
promettent de la
faire ratifier pour sa Majesté
trés-Chrétienne & par Sa
Majesté Prussienne, & d'en
fournir & faire échanger ici
les AGtes. de
ratification
dans l'espace de quatre Temaines
, ou plustost si faire
fc peut.
En foy dequoy & pour
plus grande force,lesdits
Ambassadeurs '- Extraordinaires
& Plenipotentiaires
ont souscrit de leurs mairtë
propres, le presentTraité ,
& Lut ap oser leurs cachets.
Faic à Uttreche le onzième
jou; d'A ril, l'an de Grace
mil sept cent treize.
Signé,
L. S.HUXELLES.
L.S. MESSAGER.
L. S. O. M. DE DONHOFF.
L. S. J. A. MARSCHALCH.
DE BIEBERSTEIN.
ArticlefefAré.
Le Roy de France ayant
reconnu le Roy de Prusse &
lui voulant bien accorder
tous les honneurs attachez
à la dignité Royale, &c.
promettant pour luy que
pour ses successeurs & de la
part de Philippe V. Roy
d'E[pagnc &.. Successeurs
ayant pouvoir de Sa Majessé
Catholique, &c. Ils
donneront déformais à perpétuité
au Roy de Prusse &
successeurs, &c. le titre de
Majesté, & feront rendre
à leurs Ministres du premier
& fécond ordre les mesmes
,
honneurs, anciens & nouveaux,
qu'on rend aux autres
nMéinisetress d.es testes couron- .,'.r
Autre Articleséparé.
Que le Roy de Prusse évacucra
la Ville de Rhirftberg
après la conclusion de
la Paix prochaine del'Empire
sans préjudicedesprétentions,
moyennant liquidation
& satisfaction à Sa
MajestéPrussienne.
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Résumé : Extrait du Traité de Paix, entre la France & la Prusse, conclu à Utrecht le 11. Avril, [titre d'après la table]
Le traité de paix entre la France et la Prusse, signé à Utrecht le 11 avril 1713, met fin à une guerre longue et sanglante en Europe. Les points essentiels du traité incluent la cessation des hostilités, avec un engagement réciproque des deux parties à garantir la sécurité contre tout dommage. Le roi de Prusse s'engage à retirer ses troupes des Pays-Bas et d'autres régions, sauf celles nécessaires en tant que membre de l'Empire. Un oubli et une amnistie réciproques sont accordés aux vassaux et sujets des deux royaumes, et les prisonniers de guerre sont libérés sans rançon. Les dispositions spirituelles et temporelles du traité de Westphalie sont maintenues. La France cède à perpétuité au roi de Prusse des territoires en Gueldres, incluant le pays de Kessel et le bailliage de Krickenbech, à condition que la religion catholique subsiste dans ces régions. Le roi de France reconnaît le roi de Prusse comme souverain de la Principauté de Neuchâtel et Valengin, accordant aux habitants les mêmes immunités que celles des autres pays suisses. Le roi de Prusse renonce à tout droit sur la Principauté d'Orange et d'autres seigneuries en France. La reine de Grande-Bretagne et d'autres potentats peuvent garantir l'exécution du traité. Les ambassadeurs s'engagent à faire ratifier le traité dans un délai de quatre semaines. Le traité est signé par les ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires des deux royaumes à Utrecht le 11 avril 1713.
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2
p. 134-144
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
Les lettres de Vienne du 29. Juillet portent qu'une [...]
Mots clefs :
Vienne, Prusse, Ratisbonne, Stettin, Moscovites, Tartares, Suède, Traite, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles etAllemagne.
Les lettres de Vienne du
29juillet portent qu'une
partie des troupes Allemandes
de Catalogne étoient
arrivées à Genes; qu'elles
seroient suivies par le reste
vers la fin du mois; & que
le Baron de Regal, Lieutenant
general, devoit incessamment
partir du Milanés
avec son regiment&
celui du General Staremberg
d'infanterie, & celui
de Hautois de cavalerie,
pour venir en Allemagne,
& marcher ensuite vers
l'armée du haut Rhin.
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Prusse
avoit fait déclarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que son contingent
de six mille hommes,
ayant besoin du restede ses
troupes pour les garnisons
de Vvefel, de Meurs, de
Gueldres, & des autres places
voisines, & aussi pour
couvrir ses Etats d'Allemagne
& de Prusse,àcause
de la guerre du Nord. Les
conferences qui se tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la basse Allemagne
, sont 6nies, sans
qu'on ait pris aucune resolution.
Le Prince Menzikovv
pria le Roy de Prusse
de lui prêter quelques canons
,qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
la guerre du Nord,il vouloit
employer tous ses soins
& ses bons offices pour la
faire cesser. Ces Princes
confederez se preparent à
faire le siege de Stetin, où
le Prinze Menzikovv doit
commander, pendant que
les Danois & Saxons seront
celui de Stralzund
,
dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle diffe
remment de ce qui con-*
cerne les affaires du Grand
Seigneur avec les Moscovites.
Plusieurs lettres de
Bender , d'Andrinople &
des environs, portent que
la paix avoit été renouvellée
avec le Czar: mais que
les conditions étoient fort
dures,particulierementtouchant
le tribut annuel que
les Moscovites payoient
aux Tartares avant le traité
de Carlovvicz
; que cependant
l'arméeOthomane
continuoit sa marche vers
la frontiere pour faire exe..¡
curer le traité, faciliter le
passage du Roy de Suede,
& favoriser le rétablissement
du Roy Stanislas;que
le Kan des Tartares étoit
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
choses avec ces Princes, &
aller ensuite avec eux joindre
l'arméeOthomane; que
le Divan avoit resolu de ne
point declarer la guerre
aux Moscovites;que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecuneescorte de sixmille
chevaux; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
presens du Roy Auguste;
que les ambassadeurs
& les ôtages du Czar n'avoient
point été renvoyez
aux sept Tours; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre: mais qu'on
esperoit le gagner par de
grandes sommes. D'autres
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere saisfaction
au Roy de Suede touchantl'attentat
fait contre
sa personne à Bender: mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles assurances de toute
forte de secours,jusqu'à
ce qu'il fût rétabli dans ses
Etats ; qu'ilavoit declaré
aux ôtages & aux ambassadeurs
Moscovites que le
Sultan consentiroit au re.,
nouvellement de la paix a
ces conditions.
I. Que le Czar restituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis sur
lui, sans aucune exception,
ôc qu'il lui payeroit une
grandesomme pour dédommagement
des pertes,
des ravages& des frais de
la guerre.
2. Que les Moscovites ne
se mêleroient plus directement
ni indirectement des
affaires de Pologne, ni de
maintenir le Roy Auguste:
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord par mer, sans entrer
ni passer par la Pologne.
3. Que le Czar quitteroit
le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement-
de Moscovie sur
son ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U
kraine - qui est au delà du
Boristene & le Royaume
d'Astracan ; que les ôtages
& les ambassadeursdu Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propositions, qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai; que le Divan s'étoit
assemblé,&que le Musty
y avoit parlé avec beaucoup
de force, & qu'après
plusieûrs remontrances, il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moscovites, & que
cette resolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices,
ausquelles elle avoit été aussitôt
communiquée; queivsuite
le Grand Seigneur étoit
allé conferer sur ce sujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
si contraires meritent
confirmation avanc
«jue d'y ajouter foy.
Les lettres de Vienne du
29juillet portent qu'une
partie des troupes Allemandes
de Catalogne étoient
arrivées à Genes; qu'elles
seroient suivies par le reste
vers la fin du mois; & que
le Baron de Regal, Lieutenant
general, devoit incessamment
partir du Milanés
avec son regiment&
celui du General Staremberg
d'infanterie, & celui
de Hautois de cavalerie,
pour venir en Allemagne,
& marcher ensuite vers
l'armée du haut Rhin.
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Prusse
avoit fait déclarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que son contingent
de six mille hommes,
ayant besoin du restede ses
troupes pour les garnisons
de Vvefel, de Meurs, de
Gueldres, & des autres places
voisines, & aussi pour
couvrir ses Etats d'Allemagne
& de Prusse,àcause
de la guerre du Nord. Les
conferences qui se tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la basse Allemagne
, sont 6nies, sans
qu'on ait pris aucune resolution.
Le Prince Menzikovv
pria le Roy de Prusse
de lui prêter quelques canons
,qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
la guerre du Nord,il vouloit
employer tous ses soins
& ses bons offices pour la
faire cesser. Ces Princes
confederez se preparent à
faire le siege de Stetin, où
le Prinze Menzikovv doit
commander, pendant que
les Danois & Saxons seront
celui de Stralzund
,
dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle diffe
remment de ce qui con-*
cerne les affaires du Grand
Seigneur avec les Moscovites.
Plusieurs lettres de
Bender , d'Andrinople &
des environs, portent que
la paix avoit été renouvellée
avec le Czar: mais que
les conditions étoient fort
dures,particulierementtouchant
le tribut annuel que
les Moscovites payoient
aux Tartares avant le traité
de Carlovvicz
; que cependant
l'arméeOthomane
continuoit sa marche vers
la frontiere pour faire exe..¡
curer le traité, faciliter le
passage du Roy de Suede,
& favoriser le rétablissement
du Roy Stanislas;que
le Kan des Tartares étoit
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
choses avec ces Princes, &
aller ensuite avec eux joindre
l'arméeOthomane; que
le Divan avoit resolu de ne
point declarer la guerre
aux Moscovites;que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecuneescorte de sixmille
chevaux; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
presens du Roy Auguste;
que les ambassadeurs
& les ôtages du Czar n'avoient
point été renvoyez
aux sept Tours; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre: mais qu'on
esperoit le gagner par de
grandes sommes. D'autres
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere saisfaction
au Roy de Suede touchantl'attentat
fait contre
sa personne à Bender: mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles assurances de toute
forte de secours,jusqu'à
ce qu'il fût rétabli dans ses
Etats ; qu'ilavoit declaré
aux ôtages & aux ambassadeurs
Moscovites que le
Sultan consentiroit au re.,
nouvellement de la paix a
ces conditions.
I. Que le Czar restituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis sur
lui, sans aucune exception,
ôc qu'il lui payeroit une
grandesomme pour dédommagement
des pertes,
des ravages& des frais de
la guerre.
2. Que les Moscovites ne
se mêleroient plus directement
ni indirectement des
affaires de Pologne, ni de
maintenir le Roy Auguste:
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord par mer, sans entrer
ni passer par la Pologne.
3. Que le Czar quitteroit
le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement-
de Moscovie sur
son ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U
kraine - qui est au delà du
Boristene & le Royaume
d'Astracan ; que les ôtages
& les ambassadeursdu Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propositions, qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai; que le Divan s'étoit
assemblé,&que le Musty
y avoit parlé avec beaucoup
de force, & qu'après
plusieûrs remontrances, il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moscovites, & que
cette resolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices,
ausquelles elle avoit été aussitôt
communiquée; queivsuite
le Grand Seigneur étoit
allé conferer sur ce sujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
si contraires meritent
confirmation avanc
«jue d'y ajouter foy.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
À la fin juillet, des troupes allemandes de Catalogne ont atteint Gênes, avec d'autres unités prévues pour le reste du mois. Le Baron de Regal, Lieutenant général, doit quitter le Milanais avec ses régiments pour rejoindre l'armée du haut Rhin. À Berlin, le roi de Prusse informe la Diète de Ratisbonne qu'il ne peut fournir à l'armée de l'Empire que six mille hommes, ses troupes étant nécessaires pour les garnisons et la défense de ses États. Les conférences pour mettre fin à la guerre en basse Allemagne sont suspendues sans résolution. Le prince Menzikov demande des canons au roi de Prusse, qui refuse, préférant œuvrer pour la paix. Les confédérés se préparent à assiéger Stetin et Stralzund. Concernant les affaires ottomanes, des lettres rapportent des informations contradictoires sur la paix entre le Grand Seigneur et les Moscovites. Certaines lettres mentionnent des conditions dures pour la paix, tandis que d'autres parlent de préparatifs de guerre. Le roi de Suède doit partir pour Danzick avec une escorte. Le Grand Seigneur a accepté des présents du roi Auguste et n'a pas renvoyé les otages du Czar. Les conditions de paix proposées par le Divan incluent la restitution des territoires conquis par le Czar, le retrait des troupes moscovites de Pologne et d'Allemagne, l'abandon du titre d'Empereur des Grecs, et la cession de certaines régions aux Turcs. Les otages moscovites ont demandé un délai pour répondre, et le Divan a décidé de faire la guerre aux Moscovites.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 73-83
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
On écrit de Vienne, qu'on avoit donné ordre de [...]
Mots clefs :
Vienne, Archiduc, Pologne, Conspiration , Turcs, Ottomans, Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne.
On écrit de Vienne, qu'-
on avoit donné ordre de
faire venir cinq compagnies
d'infanterie du regiment
d'Heister,& le regiment
de dragons de Bareith,
afin de maintenir un
meilleur ordre pendant les
maladies contagieuses;que
nonobstant la contagion
l'Archiduc continuoit à y
faire son Séjour qu'on avoit
reçû des nouvelles de
Pologne touchant une conspiration
qu'on pretend avoir
été formée contre le
Roy Auguste, & les dispositions
où les Turcs parois
soient être de lui faire la
guerre; que le Palatin avoit
étéarrêté dans sa maison
,
& qu'on l'accusoit, avec
plusieurs autres, d'avoir
des intelligences avec le
Roy Stanislas; qu'ils avoient
resolu d'enlever le Roy Auguste
lors qu'il iroit joindre
l'armée; qu'on avoit même
arrêté un Marchand Ecossois,
accusé d'avoir servi à
entretenir des correspondances
avec le Roy Stanislas,
& d'avoir negocié des
lettres de change pour les
Suedois; qu'on avoit donné
ordre d'arrêter plusieurs
Senateurs: ce qu'on regarde
comme une infraction
de la liberté publique, &
qu'un grand nombre avoit
pris la suite, & étoit allé
trouver le Roy Stanislas.
D'autres lettres confirment
la marche des Turcs & des
Tartares vers la frontiere;
quel'armée Othomane,
qui étoit de quatre-vingt
mille hommes,avoit passé
la riviere de Pruth en Moldavie
, & que leur avantgarde
étoit arrivée prés de
Choczin sur le Niefter
)
où
elle se preparoit à jetter
des ponts ; que le Roy Stanislas
, avec ses troupes, celles du Palatin de Kiovie,
& tous ceux de son
parti ,s'avançoit de ce
côté-là, & que les Turcs
paroissoient être resolus de
le rétablir sur le trône; que
le Roy Auguste se preparoit
à partir pour se rendre
à l'armée,quis'avance vers
Caminiets j que les Generaux,
qui étoient encore à
Leopol, devoient la joindre
incessamment, & qu'il
avoit envoyé ordre à ses
troupes qui sont en Saxe,
& à celles qui reviennent
des Pays-Bas, de venir en
diligence en Pologne.
Les lettres d'Andrinople
du 16.Juillet portent que
quatre-vingt mille hommes
des troupes Othomanes,
campez des deux côtez
du Danube,s'étoient mis
en marche vers la Pologne,
feignant de faire fortifier
Chocsin,place assez proche
de Caminiets
} que les ordres
avoient été envoyez
aux Hospodars de Vvalaquie
& de Moldavie, de
fournir un grand nombre
de chariots & de provisions
pour l'armée; qu'on croyoic
que cette armée étoit destinée
contre la Pologne
attendu qu'on , ne parloit
plus de l'embarquement du
Roy de Suede : mais qu'il
paroissoit que ce Prince se
preparoit a prendre la même
route que l'armée Othomane,
& qu'il avoit même
dépêché depuis peu des
couriers à k Regence de
Suede, & aux Polonois affectionnez
au Roy Stanislas.
Ces mêmes lettres portent
qu'on avoit donnédes
gardes au Palatin de Masovie
, ambassadeur du Roy
Auguste
, & que le Sieur
Gelts son Resident avoit
été averti qu'on vouloit le
remettre auxsept tours, &
qu'il étoit arrivé à Andrinople
quarante compagnies
de Janissaires, & plusieurs
topgis ou canoniers.
Les lettres de Berlin portent
que plusieurs SenateursPolonois
avoientabandonné
le parti du Roy Auguste,
pour embrasser celui
du Roy Stanislas, qu'ils
etoient alléjoindre. Celles
de Danrzik portent que le
Roy Auguste avoit fait enlever
le 8. Août dans cette
ville-là les épouses du Palatin
de Kiovie & du General
Smiesrielski, le Sieur
Czerlokovvsfi, Tresorier
du Roy Stanislas, le Sieur
Uibanovvski son Secrétaire
,
& plusieurs Seigneurs
Polonois de son parti;qu'il
les avoit fait conduire par
une escorte de cavaliers Saf
xons à Marienbourg, où il
devoit se rendre le 20. que
cinq regimens Saxons avoient
ordre de marcher
[ en diligence vers la Pologne.-
On mande de Hambourg,
que le Duc de Vvirtembergavoit
fait le 23.
Août la revûë de huit bataillons
& de dix-huit escadrons
de troupes Danoises,
qui devoient incessamment
marcher vers Vvismar,
pour en former le blocus;
qu'on croyoit que les Etats
du Duc de Holstein-Gottorp
feroient bientôt évacuez
par les troupes Danoises;
que le Roy de Prusse
avoit fait délivrer aux Ministres
du Roy de Danemark
une déclaration, qui
contient que si Sa Majesté
Danoise persistoit dans ses
prétentions sur ces pays-là,
&àresserrer de plus en plus
la ville de Tonningen, il
seroit obligé, avec les garans
des traitez d'Altena &
de Travvendal, de songer
à d'autres expediens ; que
SaMajestéPrussienne prioit
les Ministres Danois de representerces
chosesauRoy
leur Maître, ôc d'enobtenir
une resolution capable
de mettre fin à ces fâcheux
démêlez. D'autres lettres
assurent que le Roy de Danemark
avoitresolu de faire
lever le blocus de Tonningen,
à condition qu'on
y mettroit une garnisonde
troupes neutres.
On écrit de Vienne, qu'-
on avoit donné ordre de
faire venir cinq compagnies
d'infanterie du regiment
d'Heister,& le regiment
de dragons de Bareith,
afin de maintenir un
meilleur ordre pendant les
maladies contagieuses;que
nonobstant la contagion
l'Archiduc continuoit à y
faire son Séjour qu'on avoit
reçû des nouvelles de
Pologne touchant une conspiration
qu'on pretend avoir
été formée contre le
Roy Auguste, & les dispositions
où les Turcs parois
soient être de lui faire la
guerre; que le Palatin avoit
étéarrêté dans sa maison
,
& qu'on l'accusoit, avec
plusieurs autres, d'avoir
des intelligences avec le
Roy Stanislas; qu'ils avoient
resolu d'enlever le Roy Auguste
lors qu'il iroit joindre
l'armée; qu'on avoit même
arrêté un Marchand Ecossois,
accusé d'avoir servi à
entretenir des correspondances
avec le Roy Stanislas,
& d'avoir negocié des
lettres de change pour les
Suedois; qu'on avoit donné
ordre d'arrêter plusieurs
Senateurs: ce qu'on regarde
comme une infraction
de la liberté publique, &
qu'un grand nombre avoit
pris la suite, & étoit allé
trouver le Roy Stanislas.
D'autres lettres confirment
la marche des Turcs & des
Tartares vers la frontiere;
quel'armée Othomane,
qui étoit de quatre-vingt
mille hommes,avoit passé
la riviere de Pruth en Moldavie
, & que leur avantgarde
étoit arrivée prés de
Choczin sur le Niefter
)
où
elle se preparoit à jetter
des ponts ; que le Roy Stanislas
, avec ses troupes, celles du Palatin de Kiovie,
& tous ceux de son
parti ,s'avançoit de ce
côté-là, & que les Turcs
paroissoient être resolus de
le rétablir sur le trône; que
le Roy Auguste se preparoit
à partir pour se rendre
à l'armée,quis'avance vers
Caminiets j que les Generaux,
qui étoient encore à
Leopol, devoient la joindre
incessamment, & qu'il
avoit envoyé ordre à ses
troupes qui sont en Saxe,
& à celles qui reviennent
des Pays-Bas, de venir en
diligence en Pologne.
Les lettres d'Andrinople
du 16.Juillet portent que
quatre-vingt mille hommes
des troupes Othomanes,
campez des deux côtez
du Danube,s'étoient mis
en marche vers la Pologne,
feignant de faire fortifier
Chocsin,place assez proche
de Caminiets
} que les ordres
avoient été envoyez
aux Hospodars de Vvalaquie
& de Moldavie, de
fournir un grand nombre
de chariots & de provisions
pour l'armée; qu'on croyoic
que cette armée étoit destinée
contre la Pologne
attendu qu'on , ne parloit
plus de l'embarquement du
Roy de Suede : mais qu'il
paroissoit que ce Prince se
preparoit a prendre la même
route que l'armée Othomane,
& qu'il avoit même
dépêché depuis peu des
couriers à k Regence de
Suede, & aux Polonois affectionnez
au Roy Stanislas.
Ces mêmes lettres portent
qu'on avoit donnédes
gardes au Palatin de Masovie
, ambassadeur du Roy
Auguste
, & que le Sieur
Gelts son Resident avoit
été averti qu'on vouloit le
remettre auxsept tours, &
qu'il étoit arrivé à Andrinople
quarante compagnies
de Janissaires, & plusieurs
topgis ou canoniers.
Les lettres de Berlin portent
que plusieurs SenateursPolonois
avoientabandonné
le parti du Roy Auguste,
pour embrasser celui
du Roy Stanislas, qu'ils
etoient alléjoindre. Celles
de Danrzik portent que le
Roy Auguste avoit fait enlever
le 8. Août dans cette
ville-là les épouses du Palatin
de Kiovie & du General
Smiesrielski, le Sieur
Czerlokovvsfi, Tresorier
du Roy Stanislas, le Sieur
Uibanovvski son Secrétaire
,
& plusieurs Seigneurs
Polonois de son parti;qu'il
les avoit fait conduire par
une escorte de cavaliers Saf
xons à Marienbourg, où il
devoit se rendre le 20. que
cinq regimens Saxons avoient
ordre de marcher
[ en diligence vers la Pologne.-
On mande de Hambourg,
que le Duc de Vvirtembergavoit
fait le 23.
Août la revûë de huit bataillons
& de dix-huit escadrons
de troupes Danoises,
qui devoient incessamment
marcher vers Vvismar,
pour en former le blocus;
qu'on croyoit que les Etats
du Duc de Holstein-Gottorp
feroient bientôt évacuez
par les troupes Danoises;
que le Roy de Prusse
avoit fait délivrer aux Ministres
du Roy de Danemark
une déclaration, qui
contient que si Sa Majesté
Danoise persistoit dans ses
prétentions sur ces pays-là,
&àresserrer de plus en plus
la ville de Tonningen, il
seroit obligé, avec les garans
des traitez d'Altena &
de Travvendal, de songer
à d'autres expediens ; que
SaMajestéPrussienne prioit
les Ministres Danois de representerces
chosesauRoy
leur Maître, ôc d'enobtenir
une resolution capable
de mettre fin à ces fâcheux
démêlez. D'autres lettres
assurent que le Roy de Danemark
avoitresolu de faire
lever le blocus de Tonningen,
à condition qu'on
y mettroit une garnisonde
troupes neutres.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le texte traite des événements politiques et militaires en Europe, notamment en Allemagne, Pologne et Turquie. À Vienne, des troupes ont été mobilisées pour maintenir l'ordre pendant une épidémie contagieuse, tandis que l'Archiduc y réside malgré la contagion. Des informations sur une conspiration contre le roi Auguste de Pologne et les intentions belliqueuses des Turcs ont été reçues. Le Palatin a été arrêté pour ses liens présumés avec le roi Stanislas, ainsi que plusieurs autres personnes, dont un marchand écossais. En Pologne, les Turcs et les Tartares se dirigent vers la frontière avec une armée ottomane de quatre-vingt mille hommes ayant traversé le Pruth en Moldavie. Le roi Stanislas, soutenu par diverses troupes, avance vers la frontière, tandis que les Turcs semblent déterminés à le rétablir sur le trône. Le roi Auguste se prépare à rejoindre son armée, qui avance vers Caminiets. Des ordres ont été donnés aux troupes en Saxe et aux Pays-Bas de se rendre en Pologne. Des lettres d'Andrinople confirment la marche des troupes ottomanes vers la Pologne, avec des ordres donnés aux hospodars de Valachie et de Moldavie de fournir des chariots et des provisions. Le roi de Suède semble également se préparer à soutenir le roi Stanislas. À Berlin, plusieurs sénateurs polonais ont changé de camp pour soutenir Stanislas. À Danzik, le roi Auguste a fait enlever des proches du roi Stanislas et les a conduits à Marienbourg. À Hambourg, le duc de Wurtemberg a passé en revue des troupes danoises destinées à former le blocus de Wismar. Le roi de Prusse a adressé une déclaration au roi de Danemark concernant les prétentions sur les États du duc de Holstein-Gottorp, menaçant d'autres actions si le blocus de Tonningen continuait. Des lettres indiquent que le roi de Danemark a résolu de lever le blocus de Tonningen à condition d'y placer une garnison de troupes neutres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 266-279
Supplement aux Nouvelles.
Début :
On mande de Vienne que les maladies diminuënt de jour [...]
Mots clefs :
Andrinople, Vienne, Bavière, Tsar, Troupes, Capitulations , Flotte danoise , Prusse, La Havane, Naples
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Supplement aux Nouvelles.
Supplement aux Nouvelles.
On mande de Vienne que
les maladies diminuënt de
jour en jour, que l'Archiduc
a fait écrire aux Seigneurs
quis'estoient retirez àlacampagne,
de revenir à Vienne;
que le Regiment de Bareith
quicampoit aux environs de
cette Ville
,
s'estoit mis en
marche pour aller prendre des
quartiers d'hyver en Baviere.
Les Lettres d'Andrinople
du 3. Otlobrc portent que
les Ambassadeurs du Czar
avoient demandé leur Audience
de congé
,
qu'ils avoient
esté envoyez au Reïs
Effendi, ou Chancelier, qui
leur demanda s'ilsn'avoient
reçu aucune réponse de leur
Maistre sur diverses demandes
qu'on leur avoit faites,
entr'autres du payement du
tribut au Kam des Tartares
que les Mofcovitcs avoient
autrefois accoûtumé de luy
payer, & de la cessiond'une
partie de l'Ukraine ; que les
Ambassadeurs Moscovitesavoient
répondu qu'il n'avoient
reçu aucun ordre sur
ce sujet, mais qu'ils s'engageoient
d'envoyer un Courrier
au Czar pour sçavoir sa
resolution ; que sur cette réponse
les Turcsavoienr fait
remener les Ambassadeurs à
Constantinople pour estre dt
nouveau enfermez dans le
Chasteau des Sept- Tours, 6
que le Palatin de Masov
Ambassadeur de Pologne &
l'Envoyé du RoyAuguste
estoient gardez chezeux fort
éttroitement. Ces mêmes Lettre
s portent que le Rcïs Efsends
estoitallé deux fois rendre
visite au Roy de Suede à
Demir Tocca,qu'illuy avoic
offert del'araent & toute forte
*d'assistance de la part du
Sultan. On écrit de Ham-
»
bourg que les Troupes Danoises
qui gardoient les ave.
nuës de certc Ville,s-'estoient
retirées à Octensen ; de sorte
que la communicationest prélentement
libre avec la Ville
d'Alrena; que la marche des
Troupes Prussiennes qui devoient
venir en ces quartiers
a esté diversée : cc quidonne
sujetde croire que les différends
touchant larectitution
des Etats de Holstein-Gortorp
feront bien-tost terminez.
Les Lettres de Coppenhague
portent que le Roy de
DannemarcK estoit fort mécontent
du Traité conclu
pour mettre en sequestre les
Places de Pomeranie,qu'il en
avoit écrit au Czar, qui luy
avoit répondu qu'il ne se féparcroic
jamais de son allian-
«
ce ; & qu'il rcnvoyeroit les
Trupes en cas qu'il en eue
besoin; que la Flotte Danoise
ayant esté informée que
neuf gros Vaisseaux Suédois
paroissoient en mer, avoit
voulu lever l'anchre pour les
aller combattre ; mais qu'elle
en avoit esté empechéc par
les vents contraires qu'un
Bàstiment chargé de vivres
pour la Flotte estoit péri avec
treize hommes par le mauvais
temps.
Celles de Berlin du 8 Novembre
, portent que le Roy
de Prusse dans un Conseil de
Guerre avoir resolu d'envoyer
dans le Holstein pour
faire leBlocus de Tonningen,
une Armés de vingtmille
hommes
,
composée de douze
mille Fantassins, de cinq
mille chevaux & de trois mille
Dragons de ses meilleures
Troupes, commandées par
le Prince d'Anhate Dessau
,
ayant fous luy pour Généreux
de la Cavalerie
,
les Lieutanans
Généraux Gatzmer &
Doifling
, avec les Majors
généraux Hakkeborn, Panncwicz,
Grotte & Sibourg;
& pour Généraux de 1 Infanterie,
les Lieutenans Généraux,
Arnheime, Finch
, avec
les Majors généraux Lilren,
Gestorf,Leben & Cameke;
que le Roy de Prusse estoit
venu à Brandebourg pour
voir passeren revue les Troupes
qui dévoient semettre en
marche le 24.avec trente picces
de Canon.
On écrit de Madrid que
Don Francisco Tinajero a
presenté un Projet pour établir
une fabi ique de Vaisseaux
de guerre à la Havane, dans
l'Isle de Cuba,où en quatre
ansil en fera construit dix de
soixante pieces de Canon chacun
; que ce Projet a eslé approuve
par le Roy, quiaassigné
pour commencercent
quatre-vingt mille piastresde
revenu de la Nouvelle Espagne,
&il a donné la direction
de cette Fabrique à Don Manuel
Lopez Pintado, Commandant
l'Escadre qui doit
estre à present sortie deCadiz
pour bloquer le Port de Barcelone.
Toutes les Lettres de
Catalogne confirment que
Nebot & ses Compagnons
avoient esté emprisonnez à
Barcelone, & que les Volontaires
& les uiquelets écha-
- pez aprés sa défaite,s'estoient
sauvez, partie dans le Château
de Cardonne, & le reste
Ve rsles Frontières d'Arragon,
où un de leur parti avoit
estédéfait par les Troupes
du Roy. On mande de Naples,
qu'on ramassoit plusieursTartanes
&Bastimens
de transport sur lesquelles
doivent estre embarquez
leursRegimens Espagnols,
qui estoient dans cette Ville,
& estre conduits d'abord
à Mansredonia, & de
la tranfportcz sur les Côtes
de l'obéisance de la Maison
d'Autriche.
Les Lettres d'Angleterre
portent pue Mylord Dunmore
a esté fait Colonel du troisiéme
Rrgiment des Gardes
de la Reine ,à la place du
Comte de Lot hian, & le Colonel
Liconier,Gouverneur
du Fort S Philippe dans Mlle
de Minorque ; que les équipages
de trente Vaisseaux de
guerre avoienresté payées &
congédiées, & les trente Capitaines
mis à la demi paye, aprèsavoiresté payez &
congédiez:que le Comte de
Straford, Pléni potentiaire de
la Reine à Utrecht arriva de
Hollande à Londres avec la
Comtesse, son épouse, qu'il
avoit rendu compte à la Reine
de sesNegoriatoins, particulièrement
en ce qui regarde
les Pays Bas Catoliques, dont
Sa Majesté prétend avoir l'administration
conjointement
avec les Etats Generaux, jusqu'à
ce qu'ils soient remis à
l'Archiduc après laconclusion
de la Paix generale. Que depuis
la démolition d'une partie
des Fortifications de Dankerque
, on a envoyé or dre à
la pluspart des Troupes qui
y estoientd'aller joindre celles
qui font en garnison à
Bruges & à Gand.
On mande de la Haye que
le traité de Paix entre l'Espagne
& cet Etat est fort avancé
qu'on atrend que le courier
envoyé & qui doit arriver
dans peu, pour le conclure.
Que le Marquis de
Chameau- Neuf& les autres
Ministres Etrangers ont souvent
des conferences avec les
Deputez des Etats Generaux;
que le sieur Bruys nommé à
l'Ambassade de France se preparoit
à partir, qu'il n'attendoit
que le retour du sieur
Goslinga son Collsgue, qui
est allé en Frise, d'où il doit
revenir incessamment.
Les Lettres de Cologne du
17.Novembre portent que le
14 le Major de Vesel avoit
passé à Kempen avec trois
cent hommes pour aller à
Liege, recevoir & escorter dix
huit mille fusils & huit mille
paires de pistolets que le Roy
de Prusse y a fait fabriquer.
On mande de Vienne que
les maladies diminuënt de
jour en jour, que l'Archiduc
a fait écrire aux Seigneurs
quis'estoient retirez àlacampagne,
de revenir à Vienne;
que le Regiment de Bareith
quicampoit aux environs de
cette Ville
,
s'estoit mis en
marche pour aller prendre des
quartiers d'hyver en Baviere.
Les Lettres d'Andrinople
du 3. Otlobrc portent que
les Ambassadeurs du Czar
avoient demandé leur Audience
de congé
,
qu'ils avoient
esté envoyez au Reïs
Effendi, ou Chancelier, qui
leur demanda s'ilsn'avoient
reçu aucune réponse de leur
Maistre sur diverses demandes
qu'on leur avoit faites,
entr'autres du payement du
tribut au Kam des Tartares
que les Mofcovitcs avoient
autrefois accoûtumé de luy
payer, & de la cessiond'une
partie de l'Ukraine ; que les
Ambassadeurs Moscovitesavoient
répondu qu'il n'avoient
reçu aucun ordre sur
ce sujet, mais qu'ils s'engageoient
d'envoyer un Courrier
au Czar pour sçavoir sa
resolution ; que sur cette réponse
les Turcsavoienr fait
remener les Ambassadeurs à
Constantinople pour estre dt
nouveau enfermez dans le
Chasteau des Sept- Tours, 6
que le Palatin de Masov
Ambassadeur de Pologne &
l'Envoyé du RoyAuguste
estoient gardez chezeux fort
éttroitement. Ces mêmes Lettre
s portent que le Rcïs Efsends
estoitallé deux fois rendre
visite au Roy de Suede à
Demir Tocca,qu'illuy avoic
offert del'araent & toute forte
*d'assistance de la part du
Sultan. On écrit de Ham-
»
bourg que les Troupes Danoises
qui gardoient les ave.
nuës de certc Ville,s-'estoient
retirées à Octensen ; de sorte
que la communicationest prélentement
libre avec la Ville
d'Alrena; que la marche des
Troupes Prussiennes qui devoient
venir en ces quartiers
a esté diversée : cc quidonne
sujetde croire que les différends
touchant larectitution
des Etats de Holstein-Gortorp
feront bien-tost terminez.
Les Lettres de Coppenhague
portent que le Roy de
DannemarcK estoit fort mécontent
du Traité conclu
pour mettre en sequestre les
Places de Pomeranie,qu'il en
avoit écrit au Czar, qui luy
avoit répondu qu'il ne se féparcroic
jamais de son allian-
«
ce ; & qu'il rcnvoyeroit les
Trupes en cas qu'il en eue
besoin; que la Flotte Danoise
ayant esté informée que
neuf gros Vaisseaux Suédois
paroissoient en mer, avoit
voulu lever l'anchre pour les
aller combattre ; mais qu'elle
en avoit esté empechéc par
les vents contraires qu'un
Bàstiment chargé de vivres
pour la Flotte estoit péri avec
treize hommes par le mauvais
temps.
Celles de Berlin du 8 Novembre
, portent que le Roy
de Prusse dans un Conseil de
Guerre avoir resolu d'envoyer
dans le Holstein pour
faire leBlocus de Tonningen,
une Armés de vingtmille
hommes
,
composée de douze
mille Fantassins, de cinq
mille chevaux & de trois mille
Dragons de ses meilleures
Troupes, commandées par
le Prince d'Anhate Dessau
,
ayant fous luy pour Généreux
de la Cavalerie
,
les Lieutanans
Généraux Gatzmer &
Doifling
, avec les Majors
généraux Hakkeborn, Panncwicz,
Grotte & Sibourg;
& pour Généraux de 1 Infanterie,
les Lieutenans Généraux,
Arnheime, Finch
, avec
les Majors généraux Lilren,
Gestorf,Leben & Cameke;
que le Roy de Prusse estoit
venu à Brandebourg pour
voir passeren revue les Troupes
qui dévoient semettre en
marche le 24.avec trente picces
de Canon.
On écrit de Madrid que
Don Francisco Tinajero a
presenté un Projet pour établir
une fabi ique de Vaisseaux
de guerre à la Havane, dans
l'Isle de Cuba,où en quatre
ansil en fera construit dix de
soixante pieces de Canon chacun
; que ce Projet a eslé approuve
par le Roy, quiaassigné
pour commencercent
quatre-vingt mille piastresde
revenu de la Nouvelle Espagne,
&il a donné la direction
de cette Fabrique à Don Manuel
Lopez Pintado, Commandant
l'Escadre qui doit
estre à present sortie deCadiz
pour bloquer le Port de Barcelone.
Toutes les Lettres de
Catalogne confirment que
Nebot & ses Compagnons
avoient esté emprisonnez à
Barcelone, & que les Volontaires
& les uiquelets écha-
- pez aprés sa défaite,s'estoient
sauvez, partie dans le Château
de Cardonne, & le reste
Ve rsles Frontières d'Arragon,
où un de leur parti avoit
estédéfait par les Troupes
du Roy. On mande de Naples,
qu'on ramassoit plusieursTartanes
&Bastimens
de transport sur lesquelles
doivent estre embarquez
leursRegimens Espagnols,
qui estoient dans cette Ville,
& estre conduits d'abord
à Mansredonia, & de
la tranfportcz sur les Côtes
de l'obéisance de la Maison
d'Autriche.
Les Lettres d'Angleterre
portent pue Mylord Dunmore
a esté fait Colonel du troisiéme
Rrgiment des Gardes
de la Reine ,à la place du
Comte de Lot hian, & le Colonel
Liconier,Gouverneur
du Fort S Philippe dans Mlle
de Minorque ; que les équipages
de trente Vaisseaux de
guerre avoienresté payées &
congédiées, & les trente Capitaines
mis à la demi paye, aprèsavoiresté payez &
congédiez:que le Comte de
Straford, Pléni potentiaire de
la Reine à Utrecht arriva de
Hollande à Londres avec la
Comtesse, son épouse, qu'il
avoit rendu compte à la Reine
de sesNegoriatoins, particulièrement
en ce qui regarde
les Pays Bas Catoliques, dont
Sa Majesté prétend avoir l'administration
conjointement
avec les Etats Generaux, jusqu'à
ce qu'ils soient remis à
l'Archiduc après laconclusion
de la Paix generale. Que depuis
la démolition d'une partie
des Fortifications de Dankerque
, on a envoyé or dre à
la pluspart des Troupes qui
y estoientd'aller joindre celles
qui font en garnison à
Bruges & à Gand.
On mande de la Haye que
le traité de Paix entre l'Espagne
& cet Etat est fort avancé
qu'on atrend que le courier
envoyé & qui doit arriver
dans peu, pour le conclure.
Que le Marquis de
Chameau- Neuf& les autres
Ministres Etrangers ont souvent
des conferences avec les
Deputez des Etats Generaux;
que le sieur Bruys nommé à
l'Ambassade de France se preparoit
à partir, qu'il n'attendoit
que le retour du sieur
Goslinga son Collsgue, qui
est allé en Frise, d'où il doit
revenir incessamment.
Les Lettres de Cologne du
17.Novembre portent que le
14 le Major de Vesel avoit
passé à Kempen avec trois
cent hommes pour aller à
Liege, recevoir & escorter dix
huit mille fusils & huit mille
paires de pistolets que le Roy
de Prusse y a fait fabriquer.
Fermer
Résumé : Supplement aux Nouvelles.
Le document présente diverses nouvelles politiques et militaires. À Vienne, les maladies diminuent, permettant à l'archiduc de demander aux seigneurs de revenir en ville. Le régiment de Bareith se prépare à hiverner en Bavière. À Andrinople, les ambassadeurs du tsar ont demandé leur audience de congé et ont été renvoyés à Constantinople après avoir refusé de répondre aux demandes turques concernant le tribut et la cession de l'Ukraine. Le Palatin de Masovie et l'envoyé du roi Auguste sont également détenus. Le Reïs Effendi a rencontré le roi de Suède pour offrir son assistance. À Hambourg, les troupes danoises se sont retirées, permettant la libre communication avec Altona. Les troupes prussiennes destinées à ces quartiers ont changé de direction, suggérant une résolution prochaine des différends sur la restitution des États de Holstein-Gottorp. À Copenhague, le roi de Danemark exprime son mécontentement concernant un traité sur la Pomeranie et en a informé le tsar. La flotte danoise a tenté d'engager des vaisseaux suédois mais a été empêchée par des vents contraires. À Berlin, le roi de Prusse a décidé d'envoyer une armée de vingt mille hommes pour bloquer Tonningen. À Madrid, un projet pour construire des vaisseaux de guerre à La Havane a été approuvé. En Catalogne, Nebot et ses compagnons ont été emprisonnés, et les volontaires dispersés après leur défaite. À Naples, des préparatifs sont en cours pour transporter des régiments espagnols. En Angleterre, Lord Dunmore a été nommé colonel, et des équipages de vaisseaux de guerre ont été congédiés. Le comte de Strafford a rendu compte de ses négociations concernant les Pays-Bas catholiques. À La Haye, le traité de paix entre l'Espagne et les Pays-Bas est en cours de finalisation. À Cologne, un major a escorté des armes fabriquées par le roi de Prusse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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p. 133-149
NOUVELLES.
Début :
Les Lettres de Warsovie portent que les Troupes Moscovites sorties [...]
Mots clefs :
Moscovites, Varsovie, Suède, Vizir, Turquie, Vienne, Sicile, Prusse, Finances
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
Les Lettres de Warsovic
portent que les Troupes Moscovites
sorties de Pomeranie
marchent en trois Corps par
trois routes différentes;dont
l'un est commandé par le
Prince Dolherou l'aurre par
le Prince Repuin
,
& le troisiéme
par le General Baver.
Ils sont accompagnez par des
Commissaires pourempêcher
les desordres.
On mande de Moldavie
,
que le Roy de Suede, le Roy
Stanislas, & cous ceux de leur
parti, estoienc très bien traitez,
& que les Ambassadeurs
du Czar avoient esté renvoyez
à Constantinople,que
rArmeeOcromanceOoic tou-
-
jours campée auprès deChoczin,
que les Tartares se font
[ éloignez feulement de six
lieues3 pour la commodité
des sourages, qu'on travaille
toûjours en diligence aux Fortifications
de cette Place, & -rneme; à conftruirc des barfaques
pour y faire hiverner
unepartie de l'Armée
,
& le
reste en Moldavie, en Walaquic,
ôc au voisinage du Danube.
Les Lettres de'Turquie venues
par la voye de Walaquie
portent que le Grand Vizir
avoir dctlaré aux Ambassadeurs
Mascovites & Polonois,
qu'il n'y auroit point
de Paix iurqg-àce que leCzar
eue consenti à payer par an
quatre vingt milleflorins au
Kam des Tartares, ourre les
arrerages du tribut qu'il prétend
luy estre dûs, que la Pologne
ne cedeunepartiede la
basse Podolie, avec sept territoires
de l'Ukraine où les
Colaques qui ont pris le parti
du Roy de Suede vivoient
possiblement,queleRoy Sta-
11:11Js rentrera dans ses biens
& diolnircz) & que la Republique
promettra que s'il wurvit
au Roy Auguste, elle ne
prendra point d'autre Roy
que luy. Enfin qu on laissera
passer librement le Roy de
Suede par la Pologne, avec
une efeorte de six milleTurcs.
Ces Lettresajoûtent qu'encore
que la disposition des affaires
paroisse tres -
favorable
pour le Roy de Suede, ce
Prince souhaite fortement de
retourner dans les Etats, &
qu'il se mettra en chemin
aussi tost qu'ille pourra faire
avec seureté.
On mande de Hambourg
que la mortalité diminuë de
plus en plus en plus. Néanmoins
les Troupes Danoises
occupent encore le Posse de la
Montagne prés de cetteVille,
pour empêcher toute communication
avec le pays de
Hollfein,&leDuc deHanover
adenouveauinterdittouteommerce
avec Ces Etats,que le Baron
de Kartzvoch, Refidenc
de la Cour deVienne, fit fev
voir au Comte de Welling
que , cette Cour avoit fixé au
ij. Décembre le jour qu'on
devoir tenir àBrunswick une
Assemblée pour terminer à
lamiable les affaires du Nord,
& que les Suédois pourroient
y envoyer un Ministre, &
que la Ville de Tonningen
cliort réduite à lineextrême
necefficé, faute de vivres:
mais on assure que le Roy de
Dannemarck estoit disposé à
y laiflcr enrrer quelques provisions
,
qu'il avoit écrit au
Roy de Prussequ'ilconfentiroitc
à lever le Blocus & à
retirer ses Troupes, pourvû
qu'ildemeurât en possession
de cout le DuchédeSlefwick,
juiqu'à la fin de le Négociauon.
On écrit de Stokholm du 8.
Novembre que les deux mille
Moscovites qui estoient dans
la Ville d'Abo s'étoient retirez
à l'approche du Contre-
Amiral Taube avec des Galeres
, craignant qu'il ne mit des
Vaisseaux pour les couper, &
qu'après avoir visité Abo
,
il
estoit allé joindre la Flot c
Suedoise, qui croisoit de ce
coHé.là, qu'un renfort de
Troupes n'attendoit qu'un
vent favorable pour faire voile
vers la Finlandey qu'elles
seront commandées avec celles
quiy sont déja,par le General
Taube, ayant fous luy
les Majors Généraux Schommer
& Licben : que le General
Lubecker qui commandoit
cidevant en Finlande
,
avoit esté rappelle à
Stokolm
,
où il estoit arrivé,
& qu'on vouloit lay faire
rendre compte de laconduite
qu'il avoit tenue à la premiere
defeente que les Moscovites
avoient faue en Finlande.
Les Lettres de Vienne portent
que les Etats de la Basse
Autriche s'éstant assemblez
en cette Ville, le Cornee de
Zinzendorss, Chancelier dela
Cour, après leur avoir faitun
discours, leur demanda un
fubfidc de six cent milleflorins,
avec unerecrue de trois
mille trois cent Fantassins.,&
une autre de quatre cent foixante-
quatre Cavaliers , &
une de deux cent trente trois
Dragons, pour rendre complcts
les Ré giments de leur
répartition,qu'on avec envoyéoidre
au Prince Eugene
d'entrer en conference avec
le Maréchal de Villars.
Celles dePalerrae portent
que le Roy & ta Reine de Sicile
avoicnt reçûlesfournirions
& les compliments de toutes
lesVilles & des Principaux Seigneurs
Siciliens qu'ils avoienc
ICÇÛ avec beaucoup de bonté;
de forte que laNoblesse&les
Peuples estoient également
satisfaits, & que le Roy de
Sicile commençoit à s'iréformerdel'étatdesFinabcespour
les remettrern meilleur,
état & réformer ptafteurs
abus
,
qu'il travailloit avecune
application extraordinaire
à rétablir le bon ordre
dans le Gouvernement, ayant
déjà ordonné qu'on payât à
plusieurs perTonnes les fomnies
qui leur estoient dcûcs
par des Seigneurs qui refufoientde
les fatisfairc,qu'il avoit
recommandé aux Barons
de ne pas donner retraite dans
leurs Terres à des bandis &
àdes scelerats qui commettoient
plusieurs desordres *
fous peine d'en estre responsables.
On écrit de Londres que la
Reine avoit donne le Regiment
de Cavalerie du Lieutenant
General Langsdor au.
Brigadier Joceline
,
celuy
d'Infanterie du Colonel Durell
, au Brigadier Hams Hamilton
& celuy de ce dernier
au Colonel Chudleigh
que les Regiments de Popper,
d'Evans autres qui estoient
à la paye d'Angleterre , avoient esté réduits à la paye
d'Irlande
,
le Regiment de
Cavalerie de Mylord Vindlor
a esté caffé,mais il a encore fcRegiment chfCavalerie du
feu General Wood qui est en
Fiantes& quiavecceluy dq
General
General Lumley & celuy des
Gardes du Comte de Peterborough
,
font les seuls Regimens
de Cavalerie qui doivent
estre conservez à la paye Angloise
outre les Gardes du
Corps
,
qu'on avoit établi
cinq Commissaires ,qui sont
le Chevalier Guillaume Giffard,
les Sieurs Samuel Hunter,
Nicolas Roop ,Thomas
Coleby ,& Thomas Lèyron;
pour casser les Regiments de
Marine. La Compagnie de la
Mer du Sud à quatre Vaisseaux
chargez de toutes sortes
de Marchandises & prêts à
faire voile pour aller prendre
des Negres sur lacosted'Afrique&
les transporter à l'Amerique
Espagnole,suivant
le Contrat d'Assiento fait
avec l'Espagne.
On mande de Hollande
qu'on travaille à terminer les
difficultez qui empêchent la
conclusion de la Paix d'Espaavec
lePortugal &cetEtat,
& que les Ministres de Sa
Majesté Catholique ont eû
sur ce sujet deux conferences
à Rosendalavecl''Evêque de
Londres, que lesieur de Goflingarevint
de Frise le 5. Decembre,
à la Haye
,
il se prépare
à partir dans peu de
jours avec le sieur Buys, pour
leur Ambassade à la Cour de
France.
On écrit de Bruxelles que
les Regiments de Cavalerie
de Vander Nath & de Borle
cy-devant Wales quiestoient
à la solde Angloise
,
estoient
ePntrerzuau fSelrviTce dcu R.oy de
OnmandedeCologne qquuet
les partis Françoisfaisoient
des courses en ce pays lef..
quels avoient enlevé plusieurs
Marchands de Cologne qui
revenoienc de la foire de Bonne
avec leurs Marchandises.
Les Lettres de Strasbourg
portent, que le Maréchal de
Villarsen estoit parti le ij.
Novembre pour aller au
Fort Loüis,d'où il partit le29.
pour se rendre au Chasteau
de Rastat dans le Marquisat
de Bade
,
où il afriva àtrois
heures après midy
, pour y
traiter de la Paix Generale
avec le Prince EugenedeSavoye,
lequel y arriva le même
jour. Le Maréchal de Villars
alla le recevoir versJe haut
de l'escalier,où ils se presenterent
mutuellement les Seigneurs
qui les accompagnent,
& ensuite il leconduisitdans
sonappartement,d'où aprés
un quart-d'heured'entretien
le Prince Eugene conduisit à
son tour le Maréchal de
Villars dans sonappartement.
Les Conferences devoient
commencer dans peu ,
s'étant
déja de part & d'autre
communiqué leurs Pleinspouvoirs,
que les Troupes du
Roy, & celles des Ennemis
estoient en marche pour aller
prendreleurs quartiers d'hyver.
Les Lettres de Warsovic
portent que les Troupes Moscovites
sorties de Pomeranie
marchent en trois Corps par
trois routes différentes;dont
l'un est commandé par le
Prince Dolherou l'aurre par
le Prince Repuin
,
& le troisiéme
par le General Baver.
Ils sont accompagnez par des
Commissaires pourempêcher
les desordres.
On mande de Moldavie
,
que le Roy de Suede, le Roy
Stanislas, & cous ceux de leur
parti, estoienc très bien traitez,
& que les Ambassadeurs
du Czar avoient esté renvoyez
à Constantinople,que
rArmeeOcromanceOoic tou-
-
jours campée auprès deChoczin,
que les Tartares se font
[ éloignez feulement de six
lieues3 pour la commodité
des sourages, qu'on travaille
toûjours en diligence aux Fortifications
de cette Place, & -rneme; à conftruirc des barfaques
pour y faire hiverner
unepartie de l'Armée
,
& le
reste en Moldavie, en Walaquic,
ôc au voisinage du Danube.
Les Lettres de'Turquie venues
par la voye de Walaquie
portent que le Grand Vizir
avoir dctlaré aux Ambassadeurs
Mascovites & Polonois,
qu'il n'y auroit point
de Paix iurqg-àce que leCzar
eue consenti à payer par an
quatre vingt milleflorins au
Kam des Tartares, ourre les
arrerages du tribut qu'il prétend
luy estre dûs, que la Pologne
ne cedeunepartiede la
basse Podolie, avec sept territoires
de l'Ukraine où les
Colaques qui ont pris le parti
du Roy de Suede vivoient
possiblement,queleRoy Sta-
11:11Js rentrera dans ses biens
& diolnircz) & que la Republique
promettra que s'il wurvit
au Roy Auguste, elle ne
prendra point d'autre Roy
que luy. Enfin qu on laissera
passer librement le Roy de
Suede par la Pologne, avec
une efeorte de six milleTurcs.
Ces Lettresajoûtent qu'encore
que la disposition des affaires
paroisse tres -
favorable
pour le Roy de Suede, ce
Prince souhaite fortement de
retourner dans les Etats, &
qu'il se mettra en chemin
aussi tost qu'ille pourra faire
avec seureté.
On mande de Hambourg
que la mortalité diminuë de
plus en plus en plus. Néanmoins
les Troupes Danoises
occupent encore le Posse de la
Montagne prés de cetteVille,
pour empêcher toute communication
avec le pays de
Hollfein,&leDuc deHanover
adenouveauinterdittouteommerce
avec Ces Etats,que le Baron
de Kartzvoch, Refidenc
de la Cour deVienne, fit fev
voir au Comte de Welling
que , cette Cour avoit fixé au
ij. Décembre le jour qu'on
devoir tenir àBrunswick une
Assemblée pour terminer à
lamiable les affaires du Nord,
& que les Suédois pourroient
y envoyer un Ministre, &
que la Ville de Tonningen
cliort réduite à lineextrême
necefficé, faute de vivres:
mais on assure que le Roy de
Dannemarck estoit disposé à
y laiflcr enrrer quelques provisions
,
qu'il avoit écrit au
Roy de Prussequ'ilconfentiroitc
à lever le Blocus & à
retirer ses Troupes, pourvû
qu'ildemeurât en possession
de cout le DuchédeSlefwick,
juiqu'à la fin de le Négociauon.
On écrit de Stokholm du 8.
Novembre que les deux mille
Moscovites qui estoient dans
la Ville d'Abo s'étoient retirez
à l'approche du Contre-
Amiral Taube avec des Galeres
, craignant qu'il ne mit des
Vaisseaux pour les couper, &
qu'après avoir visité Abo
,
il
estoit allé joindre la Flot c
Suedoise, qui croisoit de ce
coHé.là, qu'un renfort de
Troupes n'attendoit qu'un
vent favorable pour faire voile
vers la Finlandey qu'elles
seront commandées avec celles
quiy sont déja,par le General
Taube, ayant fous luy
les Majors Généraux Schommer
& Licben : que le General
Lubecker qui commandoit
cidevant en Finlande
,
avoit esté rappelle à
Stokolm
,
où il estoit arrivé,
& qu'on vouloit lay faire
rendre compte de laconduite
qu'il avoit tenue à la premiere
defeente que les Moscovites
avoient faue en Finlande.
Les Lettres de Vienne portent
que les Etats de la Basse
Autriche s'éstant assemblez
en cette Ville, le Cornee de
Zinzendorss, Chancelier dela
Cour, après leur avoir faitun
discours, leur demanda un
fubfidc de six cent milleflorins,
avec unerecrue de trois
mille trois cent Fantassins.,&
une autre de quatre cent foixante-
quatre Cavaliers , &
une de deux cent trente trois
Dragons, pour rendre complcts
les Ré giments de leur
répartition,qu'on avec envoyéoidre
au Prince Eugene
d'entrer en conference avec
le Maréchal de Villars.
Celles dePalerrae portent
que le Roy & ta Reine de Sicile
avoicnt reçûlesfournirions
& les compliments de toutes
lesVilles & des Principaux Seigneurs
Siciliens qu'ils avoienc
ICÇÛ avec beaucoup de bonté;
de forte que laNoblesse&les
Peuples estoient également
satisfaits, & que le Roy de
Sicile commençoit à s'iréformerdel'étatdesFinabcespour
les remettrern meilleur,
état & réformer ptafteurs
abus
,
qu'il travailloit avecune
application extraordinaire
à rétablir le bon ordre
dans le Gouvernement, ayant
déjà ordonné qu'on payât à
plusieurs perTonnes les fomnies
qui leur estoient dcûcs
par des Seigneurs qui refufoientde
les fatisfairc,qu'il avoit
recommandé aux Barons
de ne pas donner retraite dans
leurs Terres à des bandis &
àdes scelerats qui commettoient
plusieurs desordres *
fous peine d'en estre responsables.
On écrit de Londres que la
Reine avoit donne le Regiment
de Cavalerie du Lieutenant
General Langsdor au.
Brigadier Joceline
,
celuy
d'Infanterie du Colonel Durell
, au Brigadier Hams Hamilton
& celuy de ce dernier
au Colonel Chudleigh
que les Regiments de Popper,
d'Evans autres qui estoient
à la paye d'Angleterre , avoient esté réduits à la paye
d'Irlande
,
le Regiment de
Cavalerie de Mylord Vindlor
a esté caffé,mais il a encore fcRegiment chfCavalerie du
feu General Wood qui est en
Fiantes& quiavecceluy dq
General
General Lumley & celuy des
Gardes du Comte de Peterborough
,
font les seuls Regimens
de Cavalerie qui doivent
estre conservez à la paye Angloise
outre les Gardes du
Corps
,
qu'on avoit établi
cinq Commissaires ,qui sont
le Chevalier Guillaume Giffard,
les Sieurs Samuel Hunter,
Nicolas Roop ,Thomas
Coleby ,& Thomas Lèyron;
pour casser les Regiments de
Marine. La Compagnie de la
Mer du Sud à quatre Vaisseaux
chargez de toutes sortes
de Marchandises & prêts à
faire voile pour aller prendre
des Negres sur lacosted'Afrique&
les transporter à l'Amerique
Espagnole,suivant
le Contrat d'Assiento fait
avec l'Espagne.
On mande de Hollande
qu'on travaille à terminer les
difficultez qui empêchent la
conclusion de la Paix d'Espaavec
lePortugal &cetEtat,
& que les Ministres de Sa
Majesté Catholique ont eû
sur ce sujet deux conferences
à Rosendalavecl''Evêque de
Londres, que lesieur de Goflingarevint
de Frise le 5. Decembre,
à la Haye
,
il se prépare
à partir dans peu de
jours avec le sieur Buys, pour
leur Ambassade à la Cour de
France.
On écrit de Bruxelles que
les Regiments de Cavalerie
de Vander Nath & de Borle
cy-devant Wales quiestoient
à la solde Angloise
,
estoient
ePntrerzuau fSelrviTce dcu R.oy de
OnmandedeCologne qquuet
les partis Françoisfaisoient
des courses en ce pays lef..
quels avoient enlevé plusieurs
Marchands de Cologne qui
revenoienc de la foire de Bonne
avec leurs Marchandises.
Les Lettres de Strasbourg
portent, que le Maréchal de
Villarsen estoit parti le ij.
Novembre pour aller au
Fort Loüis,d'où il partit le29.
pour se rendre au Chasteau
de Rastat dans le Marquisat
de Bade
,
où il afriva àtrois
heures après midy
, pour y
traiter de la Paix Generale
avec le Prince EugenedeSavoye,
lequel y arriva le même
jour. Le Maréchal de Villars
alla le recevoir versJe haut
de l'escalier,où ils se presenterent
mutuellement les Seigneurs
qui les accompagnent,
& ensuite il leconduisitdans
sonappartement,d'où aprés
un quart-d'heured'entretien
le Prince Eugene conduisit à
son tour le Maréchal de
Villars dans sonappartement.
Les Conferences devoient
commencer dans peu ,
s'étant
déja de part & d'autre
communiqué leurs Pleinspouvoirs,
que les Troupes du
Roy, & celles des Ennemis
estoient en marche pour aller
prendreleurs quartiers d'hyver.
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Résumé : NOUVELLES.
En Europe, plusieurs mouvements militaires et diplomatiques sont rapportés. En Pologne, les troupes moscovites, dirigées par les princes Dolherou, Repuin et le général Baver, avancent par trois routes distinctes. En Moldavie, le roi de Suède et Stanislas sont bien traités, tandis que les ambassadeurs du Czar ont été renvoyés à Constantinople. L'armée ottomane est stationnée près de Choczin, où des fortifications sont en construction pour l'hiver. En Turquie, le Grand Vizir informe les ambassadeurs moscovites et polonais que la paix ne sera possible que si le Czar paie un tribut annuel aux Tartares et que la Pologne cède une partie de la basse Podolie et de l'Ukraine. Stanislas récupérera ses biens et droits, et la Pologne ne choisira pas d'autre roi. Le roi de Suède pourra traverser la Pologne avec une escorte turque. À Hambourg, la mortalité diminue, mais les troupes danoises occupent encore des positions stratégiques. Le duc de Hanovre a interdit le commerce avec certains États. Le baron de Kartzvoch informe le comte de Welling que l'Autriche organise une assemblée à Brunswick pour régler les affaires du Nord. La ville de Tonningen est en difficulté, mais le roi de Danemark est prêt à envoyer des provisions. À Stockholm, deux mille Moscovites se sont retirés à l'approche du contre-amiral Taube. Des renforts suédois se préparent à rejoindre la Finlande. Le général Lubecker, ancien commandant en Finlande, a été rappelé à Stockholm pour rendre compte de sa conduite. À Vienne, les États de la Basse-Autriche ont voté un subside et des recrues pour compléter les régiments. Le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie discutent de la paix générale. Les troupes françaises et ennemies se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver. En Sicile, le roi et la reine ont reçu des fournitures et des compliments des villes et seigneurs siciliens. Le roi travaille à réformer les finances et à rétablir l'ordre. À Londres, la reine a redistribué plusieurs régiments de cavalerie et d'infanterie. Cinq commissaires ont été nommés pour casser les régiments de marine. La Compagnie de la Mer du Sud prépare des vaisseaux pour le commerce des esclaves en Amérique espagnole. En Hollande, des efforts sont en cours pour conclure la paix entre l'Espagne et le Portugal. Les ministres espagnols ont eu des conférences à Rosendal avec l'évêque de Londres. Le sieur de Gosling se prépare à partir pour une ambassade en France. À Bruxelles, les régiments de cavalerie de Vander Nath et de Borlecy sont passés au service du roi d'Espagne. En Cologne, des partisans français font des incursions et enlèvent des marchands. À Strasbourg, le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie se sont rencontrés à Rastatt pour discuter de la paix générale. Les troupes françaises et ennemies se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 271-284
SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Stokholm du 15. Novembre portent, que suivant [...]
Mots clefs :
Lettres, Espagne, Prince, Moscovites, Prusse, Royaume, Suédois, Barcelone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
SUPPLEMENT
aux Nouvelles.
Les Lettres de Stokholm
du 15. Novembre
portent, que suivant les
ordres du Roy de Suede.
la Princesse Ulrique sa
soeur s'efloit chargée de la
Regence durant son abfcnee,
& qu'elle en avoic
pris possession le 10. sefêtanttrouvée
ce jour-là pour
la premiere fois au Con[ei!;,
qu'il y avoit esté resolu de
convoquer une Diete genérale
des Etats du Royaume,
& qu'on avoit expedié
pour cette convocation des
Lettres circulaires, dans
lesquelles on marque qu'on
y de libereroit sur les remedes
qu'on pouvoir apporter
au mauvais eut où le
Royaume le trouvoit; sur
les mesures les plus convenables
pourtraiter & conclurre
la Paix avec les ennemis
; & enfin pour envoyer
une Dépuration solemnelleau
Roy de Suéde
eh Turquie, tuy representer
le veritable état de son
Royaume,ôc recevoir ses
ordres; qu'on avoit receu
une Relation de Pererfbourg
de ce qui s'caort
passé en Finlande jusqu'au
8. Octobre,trés differente
de celle qu'on publiait. Elle
porte que le premier O&obre
l'Amiral Apraxin avoit
marché avec l'Armée vers
Trawasthus, que les Suedois
avoient abandonné,
aprèsavoir jetté leurs Canons
dans la Riviere
, &
ils s'estoient retirez au-delà
de la riviere de Pelken,
qui seslargit en forme de
Lac, où ils Ce retrancherent
&jetterent des batteries.
Les Moscovites les fuivirent,
&camperent vis àvis
durant quatre jours. Ils
firent aussi des Batteries,
& preparerent des Pontons,
sur lesquels le Prince
de Galliezen s'embarqua
avec six cens hommes
choisis, & il alla le 7. mettre
pied à terre à demie
lieuë de lava la gauche des
Suedois. Ils se deffendirenc
courageusement, neanmoins
après un combat de
trois heures, ils furent obligez
de ceder au nombre
superieur des Moscovites :
les Suedois perdirent dans
cette action cinq cens soixante
hommes
,
& deux
cens quarante faits Prisonniers
, sept gros Canons, d'autres plus petits,& plusieurs
Drapeaux ; que les
Moscovites avoient perda
cent vingt hommes, de
plus de cinq çens blessez.
On mande de Pomeranie
que les Trou pes Saxonnes
qui en sont sorties, ont fait
dans leur marche de si
grands desordres , qu'un
Officier du Roy de Prusse
en a fait arrester six-vingt
hommes, afin d'obtenir sàtisfaction
des dommages
qu'elles ont causez.
Les Lettres de Berlin da
12. portent que le Sieur
GolowKinAmbassadeur du
Czar prés du Roy dePrusse
,
luy avoit presenté un
Memoire par lequel leCzar
s'excuse de ratifier IeTrairé
conclu avec le PrinceMenzikow,
touchant le sequestre
de la Pomeranie
,
4
moins qu'on ne change
trois Articles duTraitéconclu
entre le Roy de Prusse
& le Prince Administrateur
de Holstein Gottorp
qu'ilprétendluy estre pré-,
judiciables,&à ses Alliez..
On écrit de Vienne que
lesEtats dela Basse Aurrichecontinuënt
leurs Délir^-
berations sur le subside
d'un million & demid'éeus
qu'on leur demande,
& qu'on necroit pas qu'ils
puissent fournir;qu'on voie
en cette Ville la copie d'une
Lettre que l'Archiduc
écrivit au Czar le 4. Novembre.
Elle contient des
plaintes de ce que le Prince
MenziKow avoit sans aucun
droit exigé deux cens
mille écus de la Ville de
Hambourg, trois cens trente
trois mille trois cens
trente trois écus de celle de
Lubex
, outre un present
de cinqmille ducats, & de
ce qu'ilavoitobligé par
executionmilitaire,les peuples
du païs de MecKelbourg
à porter des vivresà
son Camp devant Stetin,
ce que la petite Ville de
Male ayant refusée
,
elle
avoir esté prised'assaut&
pillée ; qu'il n'avoit pu se
dispenser comme Chef de
l'Empire, de luy en porter
ses plaintes, & d'emploïer
ses bons offices pour faire
restituer à ces Villes & à
ces peu ples ce qui leur a
.cl}é enlevé ; que la connoissance
qu'il avoit de la
justice & de la grandeur
d'ame du Czar ne luy permettoit
pas de douter qu'il
ne fit faire cette restitution-,
& qu'il n'empeschât
à l'avenir de pareilles violences.
On mande de Madrid
que le Roy a donnéle Gouvernement
de Roses dans
le Lampourdan,àDonAntonio
Marin de Guerrea,
Marêchalde Camp;quele
Marquis de Morous Ambassadeur
du Roy de Sicile
y estoit arrivé. Les Lettres
de
deCatalogne portentque
lesTroupesEspagnolles qui
servoientauxPaïs Bascommençoient
à arriver dans
cette Principauté; qu'on
préparoit toutes choses
pour faire le siege de Barcelone,
& que plusieurs des
principaux habitansayant
appris qu'on équipoit àCadis
une Escadre pour FaCsieger
aussi par Mer, & ne
voulant pas y demeurer
enfermez, s'estoient embarquez
secrettement
,
&
s'estoientretirez à Gennes.
D'autres avisdeCatalogne
portent que les habitant
de Barcelone manquoient
de viande, & qu'ils commençoient
à avoir disette
de pain, ce qui avoit causé
une émotion du peuple,
dans laquelle quelques personnes
avoient estetuées;
qu'on continuoit dans le
Camp les préparatifs ne..
cessaires pour le siege de
cette ville-là, & que l'on
n'attendoit que la jonction
des Troupes d'Estramadure,
dont la plus grande partie
étoit encore sur la frontiere
de Catalogne,&l'arrivée
de l'Escadre,qui outre
les vivres & les munitions
donc elle est chargée,
a encore embarquée des
Troupes à Cadis, à Cartagene,
&sur lescostes du
I" oyaume de Valence.
On mande de la Haye
que le Duc d'Ossonne y avoit
envoyé le Comte de
Pinto son frere pour visiter
le Palais d'Espagne & le
faire reparer;que le Traité
de Commerce entre l'Espagne
& l'Angleterre avoic
estésigné le 9. de ce mois;
qu'on n'attendoit que leretour
des Couriers de Madrid&
deLisbonne pour
conclurre les Traitez entre
l'Espagne & le Portugal, &
entre l'Espagne & cet Etat;'
On écrit de Bruxelles
que les Etats de Brabaftr*
de Flandres,&deHaynaut
estoient sur le point de terminer
leurs differens avec
le Roy de Prusse pour les
quatre-vingt mille écus
qu'il leur demande.
On a apprisde DunKerque
que le premier de ce
mois on y avoit fait fauter
les deux*
aux Nouvelles.
Les Lettres de Stokholm
du 15. Novembre
portent, que suivant les
ordres du Roy de Suede.
la Princesse Ulrique sa
soeur s'efloit chargée de la
Regence durant son abfcnee,
& qu'elle en avoic
pris possession le 10. sefêtanttrouvée
ce jour-là pour
la premiere fois au Con[ei!;,
qu'il y avoit esté resolu de
convoquer une Diete genérale
des Etats du Royaume,
& qu'on avoit expedié
pour cette convocation des
Lettres circulaires, dans
lesquelles on marque qu'on
y de libereroit sur les remedes
qu'on pouvoir apporter
au mauvais eut où le
Royaume le trouvoit; sur
les mesures les plus convenables
pourtraiter & conclurre
la Paix avec les ennemis
; & enfin pour envoyer
une Dépuration solemnelleau
Roy de Suéde
eh Turquie, tuy representer
le veritable état de son
Royaume,ôc recevoir ses
ordres; qu'on avoit receu
une Relation de Pererfbourg
de ce qui s'caort
passé en Finlande jusqu'au
8. Octobre,trés differente
de celle qu'on publiait. Elle
porte que le premier O&obre
l'Amiral Apraxin avoit
marché avec l'Armée vers
Trawasthus, que les Suedois
avoient abandonné,
aprèsavoir jetté leurs Canons
dans la Riviere
, &
ils s'estoient retirez au-delà
de la riviere de Pelken,
qui seslargit en forme de
Lac, où ils Ce retrancherent
&jetterent des batteries.
Les Moscovites les fuivirent,
&camperent vis àvis
durant quatre jours. Ils
firent aussi des Batteries,
& preparerent des Pontons,
sur lesquels le Prince
de Galliezen s'embarqua
avec six cens hommes
choisis, & il alla le 7. mettre
pied à terre à demie
lieuë de lava la gauche des
Suedois. Ils se deffendirenc
courageusement, neanmoins
après un combat de
trois heures, ils furent obligez
de ceder au nombre
superieur des Moscovites :
les Suedois perdirent dans
cette action cinq cens soixante
hommes
,
& deux
cens quarante faits Prisonniers
, sept gros Canons, d'autres plus petits,& plusieurs
Drapeaux ; que les
Moscovites avoient perda
cent vingt hommes, de
plus de cinq çens blessez.
On mande de Pomeranie
que les Trou pes Saxonnes
qui en sont sorties, ont fait
dans leur marche de si
grands desordres , qu'un
Officier du Roy de Prusse
en a fait arrester six-vingt
hommes, afin d'obtenir sàtisfaction
des dommages
qu'elles ont causez.
Les Lettres de Berlin da
12. portent que le Sieur
GolowKinAmbassadeur du
Czar prés du Roy dePrusse
,
luy avoit presenté un
Memoire par lequel leCzar
s'excuse de ratifier IeTrairé
conclu avec le PrinceMenzikow,
touchant le sequestre
de la Pomeranie
,
4
moins qu'on ne change
trois Articles duTraitéconclu
entre le Roy de Prusse
& le Prince Administrateur
de Holstein Gottorp
qu'ilprétendluy estre pré-,
judiciables,&à ses Alliez..
On écrit de Vienne que
lesEtats dela Basse Aurrichecontinuënt
leurs Délir^-
berations sur le subside
d'un million & demid'éeus
qu'on leur demande,
& qu'on necroit pas qu'ils
puissent fournir;qu'on voie
en cette Ville la copie d'une
Lettre que l'Archiduc
écrivit au Czar le 4. Novembre.
Elle contient des
plaintes de ce que le Prince
MenziKow avoit sans aucun
droit exigé deux cens
mille écus de la Ville de
Hambourg, trois cens trente
trois mille trois cens
trente trois écus de celle de
Lubex
, outre un present
de cinqmille ducats, & de
ce qu'ilavoitobligé par
executionmilitaire,les peuples
du païs de MecKelbourg
à porter des vivresà
son Camp devant Stetin,
ce que la petite Ville de
Male ayant refusée
,
elle
avoir esté prised'assaut&
pillée ; qu'il n'avoit pu se
dispenser comme Chef de
l'Empire, de luy en porter
ses plaintes, & d'emploïer
ses bons offices pour faire
restituer à ces Villes & à
ces peu ples ce qui leur a
.cl}é enlevé ; que la connoissance
qu'il avoit de la
justice & de la grandeur
d'ame du Czar ne luy permettoit
pas de douter qu'il
ne fit faire cette restitution-,
& qu'il n'empeschât
à l'avenir de pareilles violences.
On mande de Madrid
que le Roy a donnéle Gouvernement
de Roses dans
le Lampourdan,àDonAntonio
Marin de Guerrea,
Marêchalde Camp;quele
Marquis de Morous Ambassadeur
du Roy de Sicile
y estoit arrivé. Les Lettres
de
deCatalogne portentque
lesTroupesEspagnolles qui
servoientauxPaïs Bascommençoient
à arriver dans
cette Principauté; qu'on
préparoit toutes choses
pour faire le siege de Barcelone,
& que plusieurs des
principaux habitansayant
appris qu'on équipoit àCadis
une Escadre pour FaCsieger
aussi par Mer, & ne
voulant pas y demeurer
enfermez, s'estoient embarquez
secrettement
,
&
s'estoientretirez à Gennes.
D'autres avisdeCatalogne
portent que les habitant
de Barcelone manquoient
de viande, & qu'ils commençoient
à avoir disette
de pain, ce qui avoit causé
une émotion du peuple,
dans laquelle quelques personnes
avoient estetuées;
qu'on continuoit dans le
Camp les préparatifs ne..
cessaires pour le siege de
cette ville-là, & que l'on
n'attendoit que la jonction
des Troupes d'Estramadure,
dont la plus grande partie
étoit encore sur la frontiere
de Catalogne,&l'arrivée
de l'Escadre,qui outre
les vivres & les munitions
donc elle est chargée,
a encore embarquée des
Troupes à Cadis, à Cartagene,
&sur lescostes du
I" oyaume de Valence.
On mande de la Haye
que le Duc d'Ossonne y avoit
envoyé le Comte de
Pinto son frere pour visiter
le Palais d'Espagne & le
faire reparer;que le Traité
de Commerce entre l'Espagne
& l'Angleterre avoic
estésigné le 9. de ce mois;
qu'on n'attendoit que leretour
des Couriers de Madrid&
deLisbonne pour
conclurre les Traitez entre
l'Espagne & le Portugal, &
entre l'Espagne & cet Etat;'
On écrit de Bruxelles
que les Etats de Brabaftr*
de Flandres,&deHaynaut
estoient sur le point de terminer
leurs differens avec
le Roy de Prusse pour les
quatre-vingt mille écus
qu'il leur demande.
On a apprisde DunKerque
que le premier de ce
mois on y avoit fait fauter
les deux*
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Résumé : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Le document est un supplément aux Nouvelles contenant des lettres de Stockholm datées du 15 novembre. La princesse Ulrique, sœur du roi de Suède, a pris possession de la régence le 10 novembre. Une diète générale des États du Royaume a été convoquée pour discuter des remèdes aux problèmes du royaume, des mesures pour conclure la paix avec les ennemis, et pour envoyer une députation solennelle au roi de Suède en Turquie. En Finlande, une bataille a eu lieu où les Moscovites ont vaincu les Suédois, causant des pertes importantes à ces derniers. En Poméranie, les troupes saxonnes ont causé des désordres, entraînant l'arrestation de soixante hommes par un officier prussien. À Berlin, l'ambassadeur du czar a présenté un mémoire au roi de Prusse, excusant le czar de ratifier un traité concernant la Poméranie sans modification de trois articles. À Vienne, les États de Basse-Autriche délibèrent sur un subside d'un million et demi d'écus. Une lettre de l'archiduc au czar se plaint des exactions du prince Menzikow dans les villes de Hambourg et Lübeck, ainsi que des violences commises dans le pays de Mecklembourg. De Madrid, il est rapporté que le roi a nommé Don Antonio Marin de Guerrea gouverneur de Roses dans le Roussillon, et que le marquis de Morous, ambassadeur du roi de Sicile, est arrivé. En Catalogne, les troupes espagnoles se préparent à assiéger Barcelone, et plusieurs habitants se sont enfuis en apprenant l'arrivée d'une escadre à Cadix. Des troubles ont éclaté à Barcelone en raison de la disette de pain. À La Haye, le duc d'Ossonne a envoyé le comte de Pinto pour réparer le palais d'Espagne, et un traité de commerce entre l'Espagne et l'Angleterre a été signé. Les États de Brabant, de Flandre et de Hainaut sont sur le point de régler leurs différends avec le roi de Prusse concernant une somme de quatre-vingt mille écus. Enfin, à Dunkerque, deux fautes ont été commises le premier du mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 599-600
ALLEMAGNE.
Début :
On écrit de Berlin que le Roi de Prusse a donné [...]
Mots clefs :
Prusse, Troupes, Camp, Vienne, Envoyé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N écrit de Berlin que le Roi de Prusse a
donné ordre à une certaine quantité de ses
plus belles Troupes , Cavalerie et Infanterie , de
se préparer pour former au mois de May pro
chain un Camp prés de cette Ville : ces Troupes
seront habillées de neuf et d'une propreté extraordinaire
: elles y feront diverses évolutions
etz
600 MERCURE DE FRANCE
et autres mouvemens qu'on pratique à la guerre :
outre les Tables de la Cour , chaque General et
Ministre d'Etat , en devra tenir une de douze
Couverts par ordre du Roi, qui veut qu'on procure
toutes sortes d'agrémens aux Etrangers de
distinction qui s'y rendront ; on y attend divers
Princes d'Allemagne , et on croit que les Rois de
Pologne et de Suede y viendront aussi.
L'Effendy qu'on attend à Vienne ne sera point
logé dans le Fauxbourg de Leopoldstad comme
l'ont été les autres Envoyez des précedens Sultans
: on a fixé le temps de son séjour , pendant
lequel il sera défrayé avec toute sa suite qui ne
pourra exceder le nombre de 30. personnes , parce
qu'on a sçu qu'il y avoit beaucoup de gens suspects
qui vouloient venir à Vienne sous sa protection.
N écrit de Berlin que le Roi de Prusse a
donné ordre à une certaine quantité de ses
plus belles Troupes , Cavalerie et Infanterie , de
se préparer pour former au mois de May pro
chain un Camp prés de cette Ville : ces Troupes
seront habillées de neuf et d'une propreté extraordinaire
: elles y feront diverses évolutions
etz
600 MERCURE DE FRANCE
et autres mouvemens qu'on pratique à la guerre :
outre les Tables de la Cour , chaque General et
Ministre d'Etat , en devra tenir une de douze
Couverts par ordre du Roi, qui veut qu'on procure
toutes sortes d'agrémens aux Etrangers de
distinction qui s'y rendront ; on y attend divers
Princes d'Allemagne , et on croit que les Rois de
Pologne et de Suede y viendront aussi.
L'Effendy qu'on attend à Vienne ne sera point
logé dans le Fauxbourg de Leopoldstad comme
l'ont été les autres Envoyez des précedens Sultans
: on a fixé le temps de son séjour , pendant
lequel il sera défrayé avec toute sa suite qui ne
pourra exceder le nombre de 30. personnes , parce
qu'on a sçu qu'il y avoit beaucoup de gens suspects
qui vouloient venir à Vienne sous sa protection.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le roi de Prusse a ordonné à une partie de ses troupes d'élite, cavalerie et infanterie, de se préparer pour former un camp près de Berlin en mai. Ces troupes seront nouvellement vêtues et d'une propreté exceptionnelle, et y effectueront diverses manœuvres militaires. Chaque général et ministre d'État devra tenir une table de douze couverts pour accueillir des étrangers de distinction, notamment des princes d'Allemagne, ainsi que les rois de Pologne et de Suède. À Vienne, l'Effendy, envoyé du sultan, ne sera pas logé dans le faubourg de Leopoldstadt. Son séjour est fixé et il sera défrayé avec sa suite, limitée à trente personnes en raison de la présence de suspects voulant se rendre à Vienne sous sa protection.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 203-207
ALLEMAGNE.
Début :
Le 9 de ce mois, le Général Lossewicz, à la tête d'un corps [...]
Mots clefs :
Corps de troupes, Bataillons, Prusse, Mouvement, Fortifications, Attaques, Prague, Dresde, Frontières, Roi de Prusse, Régiment de dragons, Prince, Saxe, Ratisbonne, Diète de l'Empire, Guerre, Traité de Westphalie
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE, le 19 Mars.
Le 9 de ce mois , le Général Loffewicz , à la
tête d'un corps de troupes Pruffiennes , compoſe
de quatorze Bataillons , & de trois Régimens de
Cavalerie , s'avança fur deux colonnes vers Graf
fenftein & vers Grottau , tandis que le Prince de
Bevern, fe porta fur Friedland :avec fix mille
hommes des mêmes troupes. A la nouvelle du
mouvement des ennemis , les détachement de
Croates , qui étoit dans le dernier de ces trois
poftes , fe hâta de fe replier à Reichenberg. Les
Pruffiens fe font emparés de Graffenftein & de
Grottau , mais ils n'ont pu s'y maintenir.: Le
Prince de Bevern a demeuré pendant trois jours
à Friedland , & s'eft enfuite retiré , après avoir
fait démolir les fortifications du château. Le 12 ,
avant d'abandonner ce pofte , il envoya le Co
lonel Putkammer avec un bataillon de grenadiers
, cent dragons & trois cens huffards , pour
reconnoître le terrein entre ce pofte & celui de
Reichenberg. Ce détachement rencontra quatre
cens hommes des troupes Autrichiennes , dont
une partie étoit en bataille devant le village de
Bufch- Ullerdorf , & une autre partie étoit embufquée
derriere des haies . Le fieur Putkammer
les attaqua , & les pouffa à travers le village.
Ils ont eu cinquante hommes tués. On leur a
fait dix prifonniers , & on leur a enlevé trentetrois
chevaux.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 6 Avril.
<
Un particulier , qui venoit de Boheme , ayant
été arrêté par les Pruffiens , on trouva fur lui
deux lettres adreffées , l'une à la Comteffe d'Ogilvy
, Dame d'Honneur de la Reine ; l'autre au
Baron de Keffel , Chambellan de cette Princeffe.
En conféquence , le Roi de Pruffe leur fit fignifier
les arrêts. Le lendemain , la Reine envoya
demander à ce Prince leur élargiffement , & il
l'accorda. Il fit prier en même temps la Reine ,
d'empêcher qu'à l'avenir aucune perfonne de fa
Cour n'entretînt des correfpondances avec les
Autrichiens.
+
Sa Majesté Pruffienne , frappée de la beauté
d'un tableau , qui eft dans la Galerie du Palais ,'
avoit ordonné qu'on en tirât une copie. Dès
que la Reine en fut informée , Elle fit préfenter
ce tableau à ce Monarque , qui s'eft excufé de
Faccepter , mais qui a témoigné être fort fenfible
à une telle marque d'attention .
En attendant que toutes les troupes foient en
campagne , les Pruffiens fortifient divers poftes
fur la frontiere. Ils ne négligent rien non plus
pour mettre cette ville à l'abri de toute ſurpriſe ,
& ils ont établi, une batterie devant le chemin
de Dippolfwalde , une près du moulin à poudre
, une du côté de l'Elbe , une dans les environs
de la Tuilerie , une dans le grand cimetiere
, une vis-à- vis le chemin de Pirna , une à
l'extrêmité des jardins de Maffinisky , & une fur
la hauteur de Sintzendorff Outre ces précautions ,
ils ont pratiqué des mines en plufieurs endroits .
Ces jours derniers , le Roi de Pruffe écrivit au
Lieutenant-Général Pirfch, Commandant de KoMA
I. 1757: 205
nigstein , la lettre fuivante. « Ayant appris de
» plufieurs endroits que les Autrichiens pen-
» foient à furprendre votre fortereffe , je n'ai
» point voulu différer de vous rappeller le con-
>> tenu de votre capitulation , & ce à quoi votre
» honneur & votre parole vous engagent. Ko-
» nigſtein étant une fortereffe qui ne peut crainqu'un
coup de main , j'ai dû d'autant plus
» vous donner avis du deffein des ennemis , que
s'ils entreprenoient de l'exécuter , je ne pour-
» rois m'empêcher de vous croire d'intelligence
D
» avec eux. >>>
Indépendamment d'un efcadron du Régiment
de dragons de Rutowski qui , fe trouvant dans
la haute Luface , près des frontieres de Boheme ,
a profité de la circonftance pour paffer du côté
des Autrichiens , le Régiment ci - devant du Prince
Frederic- Augufte de Saxe , & maintenant
Loën , a auffi déferté. Au lieu d'aller à Berlin ,
où on lui avoit affigné de nouveaux quartiers ,
il a pris la route de Pologne. On affure qu'il y
a été fuivi par un bataillon du Régiment de
Jeune Bevern , ci- devant du Prince Xavier. La
défertion de ces corps a déterminé Sa Majesté
Pruffienne à incorporer les Gardes du Corps
Saxons dans fes Gardes , ainfi que les cavaliers
& les dragons de la même nation dans les Régimens
de cavalerie & de dragons des troupes
Pruffiennes . A l'égard de l'infanterie , ce Prince"
ne laiffe que dix Saxons par compagnie. Les
autres font diftribués dans les Régimens Pruffiens
, dont on prend un pareil nombre de foldats
, pour remplacer les Saxons dans les corps ,
où ceux-ci fervoient. En même temps , on vient
de publier une Ordonnance , en vertu de laquelle
les biens ou effets des défertears des anciens
206 MERCURE DE FRANCE.
Régimens Saxons feront confifqués , & leurs pas
rens , tenus de bonifier l'uniforme & les armes.
Sa Majefté Pruffienne exige encore de cet Electorat
deux mille cinq cens hommes de nouvel,
les recrues , pour augmenter de vingt hommes
chaque compagnie de ces Régimens . Le Major
Général Rezow en a remis l'ordre par écrit ,
avec la répartition , aux Députés des Etats actuel
lement aflemblés en cette Capitale.
Ce même Major Général , le 31 du mois der
nier , fit fignifier à la Comteffe de Brulh , époufe
du Premier Miniftre , laquelle depuis cinq mois
logeoit au Palais , qu'elle eût à retourner àfon
Hôtel. Quelques momens après qu'elle y fut
arrivée , il s'y tranfporta pour lui annoncer les
arrêts de la part du Roi de Pruffe, Elle y eft gardée
par un Officier , un fergent , un caporal ,
& fix foldats. On croit qu'elle fera obligée de fe
retirer en Pologne , & qu'un détachement l'accompagnera
jufques fur la frontiere.
DE RATISBONNE , le 2 : Avril.
Il a été dicté le 30 Mars, à la Diere de l'Empire,
une Déclaration que les Miniftres de France & de
Suede avoient remife plufieurs jours auparavant aq
nom des Rois leurs Maîtres, en qualité de garans
de la paix de Weftphalie , Comme cette Déclara
tion , quoique remife féparément , eft la même ,
on n'inférera ici que la copie de celle qui a été faite
au nom de S. M.T. C. « Le Roi mon Maître n'a pu
» voir fans un extrême déplaifir, qu'il fe foit élevé
» en Allemagne une guerre , qui tient dans l'oppreffion
, la plus cruelle & la plus inouie , de
» puiffans Etats de l'Empire , en expofe d'autres
» au danger de fubir le même fort , & menace
MAI 1757. 207
» d'un renverſement total les Loix & Conftitu-
» tions Germaniques , les Traités de Weftphalie,
» & le Syſtême de l'Empire . Pour remédier aux
» maux préfens , & prévenir ceux qui pourroient
>> arriver dans la fuite , divers Etats des plus con-
» fidérables de l'Empire ont requis la France &
» la Suede d'exercer la Garantie qu'Elles ont
» donnée des Traités de Weftphalie ; & comme
» ces deux Puiffances fe font trouvé animées .
» du même zele pour la défenſe des Etats de
>> l'Empire , le maintien du Systême Germanique,
» & notamment pour la confervation des droits
» des trois Religions établies en Allemagne
» Elles ont réfolu , d'un commun accord , de
» prendre les mefures les plus promptes & les
plus efficaces , pour fatisfaire à leurs obliga-
» tions fur des objets auffi importans . En conféquence
le Roi déclare , conjointement avec
» le Roi de Suede , à tout l'Empire , que Leurs
» Majeſtés feront , comme Garantes des Traités
>> de Weftphalie , tous les efforts qui font en
>> leur pouvoir , pour contribuer , felon le voeu
» de l'Empire , à arrêter le cours des maux qui
» défolent l'Allemagne , en procurer la répara-
» tion , & maintenir nommément les droits des
» trois Religions établies dans l'Empire ; enfin
» pour affurer la liberté Germanique, fur les
» fondemens des Traités de Weftphalie , contre
» toutes les atteintes que quelque Puiffance que
>> ce foit aura entrepris , ou entreprendra d'y
» porter. Sa Majefté efpere , ainfi que Sa Majef
» té Suédoife , que l'Empire reconnoîtra toute la
» fincérité & l'étendue de leur zele pour le falut
» de l'Allemagne , & Elles ne doutent pas que les
Electeurs , Princes & Etats , ne fecondent de
» tout leur pouvoir une réfolution aufſi légitime,
» auffi falutaire & auffi généreuſe. ».
DE PRAGUE, le 19 Mars.
Le 9 de ce mois , le Général Loffewicz , à la
tête d'un corps de troupes Pruffiennes , compoſe
de quatorze Bataillons , & de trois Régimens de
Cavalerie , s'avança fur deux colonnes vers Graf
fenftein & vers Grottau , tandis que le Prince de
Bevern, fe porta fur Friedland :avec fix mille
hommes des mêmes troupes. A la nouvelle du
mouvement des ennemis , les détachement de
Croates , qui étoit dans le dernier de ces trois
poftes , fe hâta de fe replier à Reichenberg. Les
Pruffiens fe font emparés de Graffenftein & de
Grottau , mais ils n'ont pu s'y maintenir.: Le
Prince de Bevern a demeuré pendant trois jours
à Friedland , & s'eft enfuite retiré , après avoir
fait démolir les fortifications du château. Le 12 ,
avant d'abandonner ce pofte , il envoya le Co
lonel Putkammer avec un bataillon de grenadiers
, cent dragons & trois cens huffards , pour
reconnoître le terrein entre ce pofte & celui de
Reichenberg. Ce détachement rencontra quatre
cens hommes des troupes Autrichiennes , dont
une partie étoit en bataille devant le village de
Bufch- Ullerdorf , & une autre partie étoit embufquée
derriere des haies . Le fieur Putkammer
les attaqua , & les pouffa à travers le village.
Ils ont eu cinquante hommes tués. On leur a
fait dix prifonniers , & on leur a enlevé trentetrois
chevaux.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 6 Avril.
<
Un particulier , qui venoit de Boheme , ayant
été arrêté par les Pruffiens , on trouva fur lui
deux lettres adreffées , l'une à la Comteffe d'Ogilvy
, Dame d'Honneur de la Reine ; l'autre au
Baron de Keffel , Chambellan de cette Princeffe.
En conféquence , le Roi de Pruffe leur fit fignifier
les arrêts. Le lendemain , la Reine envoya
demander à ce Prince leur élargiffement , & il
l'accorda. Il fit prier en même temps la Reine ,
d'empêcher qu'à l'avenir aucune perfonne de fa
Cour n'entretînt des correfpondances avec les
Autrichiens.
+
Sa Majesté Pruffienne , frappée de la beauté
d'un tableau , qui eft dans la Galerie du Palais ,'
avoit ordonné qu'on en tirât une copie. Dès
que la Reine en fut informée , Elle fit préfenter
ce tableau à ce Monarque , qui s'eft excufé de
Faccepter , mais qui a témoigné être fort fenfible
à une telle marque d'attention .
En attendant que toutes les troupes foient en
campagne , les Pruffiens fortifient divers poftes
fur la frontiere. Ils ne négligent rien non plus
pour mettre cette ville à l'abri de toute ſurpriſe ,
& ils ont établi, une batterie devant le chemin
de Dippolfwalde , une près du moulin à poudre
, une du côté de l'Elbe , une dans les environs
de la Tuilerie , une dans le grand cimetiere
, une vis-à- vis le chemin de Pirna , une à
l'extrêmité des jardins de Maffinisky , & une fur
la hauteur de Sintzendorff Outre ces précautions ,
ils ont pratiqué des mines en plufieurs endroits .
Ces jours derniers , le Roi de Pruffe écrivit au
Lieutenant-Général Pirfch, Commandant de KoMA
I. 1757: 205
nigstein , la lettre fuivante. « Ayant appris de
» plufieurs endroits que les Autrichiens pen-
» foient à furprendre votre fortereffe , je n'ai
» point voulu différer de vous rappeller le con-
>> tenu de votre capitulation , & ce à quoi votre
» honneur & votre parole vous engagent. Ko-
» nigſtein étant une fortereffe qui ne peut crainqu'un
coup de main , j'ai dû d'autant plus
» vous donner avis du deffein des ennemis , que
s'ils entreprenoient de l'exécuter , je ne pour-
» rois m'empêcher de vous croire d'intelligence
D
» avec eux. >>>
Indépendamment d'un efcadron du Régiment
de dragons de Rutowski qui , fe trouvant dans
la haute Luface , près des frontieres de Boheme ,
a profité de la circonftance pour paffer du côté
des Autrichiens , le Régiment ci - devant du Prince
Frederic- Augufte de Saxe , & maintenant
Loën , a auffi déferté. Au lieu d'aller à Berlin ,
où on lui avoit affigné de nouveaux quartiers ,
il a pris la route de Pologne. On affure qu'il y
a été fuivi par un bataillon du Régiment de
Jeune Bevern , ci- devant du Prince Xavier. La
défertion de ces corps a déterminé Sa Majesté
Pruffienne à incorporer les Gardes du Corps
Saxons dans fes Gardes , ainfi que les cavaliers
& les dragons de la même nation dans les Régimens
de cavalerie & de dragons des troupes
Pruffiennes . A l'égard de l'infanterie , ce Prince"
ne laiffe que dix Saxons par compagnie. Les
autres font diftribués dans les Régimens Pruffiens
, dont on prend un pareil nombre de foldats
, pour remplacer les Saxons dans les corps ,
où ceux-ci fervoient. En même temps , on vient
de publier une Ordonnance , en vertu de laquelle
les biens ou effets des défertears des anciens
206 MERCURE DE FRANCE.
Régimens Saxons feront confifqués , & leurs pas
rens , tenus de bonifier l'uniforme & les armes.
Sa Majefté Pruffienne exige encore de cet Electorat
deux mille cinq cens hommes de nouvel,
les recrues , pour augmenter de vingt hommes
chaque compagnie de ces Régimens . Le Major
Général Rezow en a remis l'ordre par écrit ,
avec la répartition , aux Députés des Etats actuel
lement aflemblés en cette Capitale.
Ce même Major Général , le 31 du mois der
nier , fit fignifier à la Comteffe de Brulh , époufe
du Premier Miniftre , laquelle depuis cinq mois
logeoit au Palais , qu'elle eût à retourner àfon
Hôtel. Quelques momens après qu'elle y fut
arrivée , il s'y tranfporta pour lui annoncer les
arrêts de la part du Roi de Pruffe, Elle y eft gardée
par un Officier , un fergent , un caporal ,
& fix foldats. On croit qu'elle fera obligée de fe
retirer en Pologne , & qu'un détachement l'accompagnera
jufques fur la frontiere.
DE RATISBONNE , le 2 : Avril.
Il a été dicté le 30 Mars, à la Diere de l'Empire,
une Déclaration que les Miniftres de France & de
Suede avoient remife plufieurs jours auparavant aq
nom des Rois leurs Maîtres, en qualité de garans
de la paix de Weftphalie , Comme cette Déclara
tion , quoique remife féparément , eft la même ,
on n'inférera ici que la copie de celle qui a été faite
au nom de S. M.T. C. « Le Roi mon Maître n'a pu
» voir fans un extrême déplaifir, qu'il fe foit élevé
» en Allemagne une guerre , qui tient dans l'oppreffion
, la plus cruelle & la plus inouie , de
» puiffans Etats de l'Empire , en expofe d'autres
» au danger de fubir le même fort , & menace
MAI 1757. 207
» d'un renverſement total les Loix & Conftitu-
» tions Germaniques , les Traités de Weftphalie,
» & le Syſtême de l'Empire . Pour remédier aux
» maux préfens , & prévenir ceux qui pourroient
>> arriver dans la fuite , divers Etats des plus con-
» fidérables de l'Empire ont requis la France &
» la Suede d'exercer la Garantie qu'Elles ont
» donnée des Traités de Weftphalie ; & comme
» ces deux Puiffances fe font trouvé animées .
» du même zele pour la défenſe des Etats de
>> l'Empire , le maintien du Systême Germanique,
» & notamment pour la confervation des droits
» des trois Religions établies en Allemagne
» Elles ont réfolu , d'un commun accord , de
» prendre les mefures les plus promptes & les
plus efficaces , pour fatisfaire à leurs obliga-
» tions fur des objets auffi importans . En conféquence
le Roi déclare , conjointement avec
» le Roi de Suede , à tout l'Empire , que Leurs
» Majeſtés feront , comme Garantes des Traités
>> de Weftphalie , tous les efforts qui font en
>> leur pouvoir , pour contribuer , felon le voeu
» de l'Empire , à arrêter le cours des maux qui
» défolent l'Allemagne , en procurer la répara-
» tion , & maintenir nommément les droits des
» trois Religions établies dans l'Empire ; enfin
» pour affurer la liberté Germanique, fur les
» fondemens des Traités de Weftphalie , contre
» toutes les atteintes que quelque Puiffance que
>> ce foit aura entrepris , ou entreprendra d'y
» porter. Sa Majefté efpere , ainfi que Sa Majef
» té Suédoife , que l'Empire reconnoîtra toute la
» fincérité & l'étendue de leur zele pour le falut
» de l'Allemagne , & Elles ne doutent pas que les
Electeurs , Princes & Etats , ne fecondent de
» tout leur pouvoir une réfolution aufſi légitime,
» auffi falutaire & auffi généreuſe. ».
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1757, les troupes prussiennes, sous les ordres du général Loffewicz et du prince de Bevern, lancèrent des offensives en Bohême. Loffewicz, à la tête de quatorze bataillons et trois régiments de cavalerie, captura Graffenstein et Grottau, mais ne put y maintenir sa position. Bevern, avec six mille hommes, occupa Friedland pendant trois jours avant de se retirer après avoir détruit les fortifications du château. Le 12 mars, le colonel Putkammer affronta des troupes autrichiennes près de Busch-Ullerdorf, les repoussant et capturant des prisonniers ainsi que des chevaux. À Dresde, un particulier arrêté par les Prussiens portait des lettres destinées à la comtesse d'Ogilvy et au baron de Keffel, ce qui entraîna leur arrestation. La reine demanda et obtint leur libération, et le roi de Prusse lui demanda de cesser toute correspondance avec les Autrichiens. Par ailleurs, le roi de Prusse, impressionné par un tableau de la galerie du palais, en demanda une copie, mais la reine lui offrit l'original. Les Prussiens renforcèrent les postes frontaliers et établirent des batteries autour de Dresde pour se protéger des surprises. Le roi de Prusse avertit le lieutenant-général Pirsch de la menace autrichienne sur la forteresse de Konigstein. Des désertions de régiments saxons, dont celui du prince Frédéric-Auguste de Saxe, furent signalées. En réponse, le roi de Prusse incorpora les Gardes du Corps saxons dans ses propres troupes et confisqua les biens des déserteurs. Il exigea également deux mille cinq cents nouvelles recrues de l'Électorat de Saxe. À Ratisbonne, une déclaration des ministres de France et de Suède, en qualité de garants de la paix de Westphalie, fut lue le 30 mars. Cette déclaration exprimait le déplaisir des rois face à la guerre en Allemagne et leur engagement à défendre les États de l'Empire et les droits des trois religions établies en Allemagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 173-188
ALLEMAGNE.
Début :
Le Feld-Maréchal Comte d'Apraxin a commencé d'exiger des contributions du Royaume de Prusse. [...]
Mots clefs :
Dantzig, Vienne, Prague, Dresde, Francfort, Hambourg, Hanovre, Camp d'Insterbourg, Camp du prince Charles de Lorraine, Camp de Valle, Camp de Closter-Seven, Maréchal, Troupes, Ennemis, Marquis, Détachements, Grenadiers, Canons, Prusse, Maréchal de Richelieu, Comte d'Apraxin, Impératrice, Prisonniers, Retraite, Magistrats, Munitions
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 33 Acût.
LE Feld- Maréchal Comte d'Apraxin a commencé
d'exiger des contributions du Royaume
de Pruffe. Ayant mandé les Magiftrats de Tylfit ,
il leur a fignifié les ordres pour la livraiſon d'une
certaine quantité de vivres & de fourrages.
La Colonne des troupes Ruffiennes , qui a pris
fa route par la Samogitie , arriva le 28 Septembre
fur la frontiere de la Pruffe Brandebourgeoife.
Le 29 , elle fut jointe par une autre Colonne ,
qui a traversé la Lithuanie. Le même jour ,
Feld-Maréchal Comte d'Apraxin fit occuper la
Ville de Tilfit , dont les Magiftrats furent confirmés
dans leurs emplois , après avoir prêté ferment
à l'Impératrice de Ruffie. Une partie de l'armée
de cette Princeffe a déja paffé la Niémen.
Le Feld- Maréchal de Lehwald a abandonné les
bords de cette riviere , & s'eft replié ſur la Prégel
. Il eft actuellement campé à Welau dans une
pofition avantageufe , fon centre couvert par un
ravin , fa gauche appuyée à Konigsberg , & fa
droite tirant vers Georgebourg , où elle eft flanquée
par des bois & par des marais . Ce Général a
retiré de Marienwerder le Bataillon qui y étoit
en garniſon. Chaque jour , il y a quelque efcar-
Hij
174 MERCURE DE FRANCE.
mouche entre les poftes avancés des deux ar
mées.
On n'eft point informé que la Flotte Ruffienne
ait paru fur les côtes de Poméranie. Cela donne
lieu de préfumer qu'elle eft retournée à Cronstadt
Depuis que l'armée commandée par le Feld-
Maréchal Apraxin eft entrée dans la Pruffe Du
cale , le Confeil de Régence , qui étoit établi
Konigsberg , s'en eft retiré. Il n'y eft refté que
les Magiftrats chargés de la police de la Ville
Les Archives qu'on y tenoit en dépôt , ont été
envoyées à Cuftrin. On fait monter à une fomme
très- confidérable les contributions que les Ruffiens
ont exigées du pays . Ils ont demandé qua
rante mille écus à la ville de Memel , & les habi
tans fe font preffés de payer cette taxe , pour n'è
tre pas exposés aux rigueurs d'une exécution .
DE VIENNE , le premier Août .
Un Officier dépêché par le Prince Charles de
Lorraine , a apporté dix drapeaux pris fur les
Pruffiens à Gabel & à Zittau . Cette derniere Ville
qui eft de la Luface , & fous la domination du
Roi de Pologne Electeur de Saxe , a beaucoup
fouffert des bombes & des boulets rouges. Plu
fieurs édifices publics ont été détruits . Un grand
nombre de maiſons ont été renversées , ou réduites
en cendres. La néceffité de ruiner divers magazins
, que les ennemis avoient dans la place ,
s'eft oppofée aux ménagemens qu'on auroit defiré
d'avoir pour les habitans. Lorfque les troupes de
l'Impératrice Reine fe font emparées de la Ville ,
il n'y reftoit plus qu'environ quatre cens foldats.
Le refte de la garnifon avoit trouvé le moyen
d'en fortir , & de fe retirer au camp du Prince
de Prufle.
OCTOBRE . 1757. 175
Dès le mois d'Avril dernier , le Fifcal de l'Empire
avoit demandé qu'on citât les Magiftrats de
Francfort , pour n'avoir pas fatisfait dans le temps.
preferit aux Avocatoires Impériaux. Le Confeil
Aulique rendit il y a quelques jours un Décret ,
qui ordonne à ces Magiftrats de répondre dans le
terme de deux mois fur l'objet de cette citation .
Le Chevalier Robert Keith , ci- devant Miniftre
plénipotentiaire du Roi de la Grande - Bretagne
auprès de Leurs Majeftés Impériales , vient de
reprendre la route de Londres.
Le Comte de Stainville , nouvel Ambaffadeur
de France auprès de cette Cour , arriva ici le 20
d'Août. Le 24 , il eut fes premieres audiences
particulieres de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine. Leurs Majeftés Impériales font parties
pour Hollitſch , où elles doivent paffer quelques
jours. Elles ont reçu au fujet de deux actions qui
fe font paffées le 13 & le 14 en Siléfie , une Relation
dont voici l'extrait.
Pendant plufieurs jours les Pruffiens n'avoient
fait aucun mouvement. Le 13 , un Caporal , qui
étoit en fauve-garde à Gimansdorff , vint donner
avis qu'ils s'avançoient en force . Auffi - tôt le Colonel
Jahaus doubla toutes fes gardes avancées.
Il fit en même temps plier les tentes & charger le
bagage . On avoit lieu de croire que le deffein des
ennemis étoit de furprendre Landshut , & de nous
contraindre d'abandonner la Siléfie. Ainfi il falloit
prendre une réſolution d'autant plus vigoureuſe ,
qu'on devoit s'attendre à être attaqué par la
droite & par la gauche. Les Pruffiens firent diverfes
feintes , pour engager le Colonel Jahnus à
quitter fa pofition ; mais il fe contenta de faire
manoeuvrer fon avant-garde . Sur les dix heures &
demie du foir , il fit donner l'alarme au camp
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
ennemi par cinquante Volontaires . Ce détache
ment y caufa d'abord tant de défordre , que les
Pruffiens firent feu les uns fur les autres , & qu'il
fe paffa plus d'une demi-heure avant qu'ils puffent
fe reconnoître. On leur enleva trente chevaux ,
& cent déferteurs fe rendirent à notre camp. Le
lendemain à la pointe du jour , on s'apperçut que
les ennemis avoient changé de pofition . Leur Infanterie
s'étoit avancée jufqu'au fauxbourg de
Landshut , & formoit un bataillon quarré . La
nôtre commença à donner par petits pelotons.
Quatre de nos pieces de campagne incommodant
confidérablement les Pruffiens , ils fe replierent
fur leur gauche. Leur premiere attaque fut contre
un bois , où le Capitaine Lakupith étoit avec un
bataillon de Warafdins. Cette attaque fut trèsvive
, & foutenue du feu de feize pieces de canon.
Le fieur Lakupith tint ferme pendant une heure ;
mais il fe vit enfin dans la néceffité de céder au
nombre , & il rejoignit le gros de nos troupes.
Alors l'action devint générale. Les ennemis , vu
la fupériorité de leurs forees , pouvoient déborder
notre droite . Pour remédier à cet inconvénient ,
le Colonel Jahnus avoit couvert de ce côté fon
flanc par plufieurs abattis d'arbres , & y avoit éta
bli deux batteries. Après un combat très- long &
très-opiniâtre , dans lequel notre artillerie chargée
à cartouches fit beaucoup de ravage parmi les
troupes ennemies , les Pruffiens fe retirerent avec
précipitation. Nos troupes les pourſuivirent à
droite au-delà de Reichenau , & à gauche pardelà
Richebanck. Elles fe font emparées de fix
pieces de canon , dont une de quatre livres de
balle , & les autres de trois. On a pris auffi une
grande quantité d'autres armes , plufieurs tambours
, un charriot & deux caiffons de munitions.
OCTOBRE . 1757. 177
Les Pruffiens compofoient un corps d'environ
huit mille hommes , & étoient commandés par le
Général Creutzer . Trois jours après l'action , on
n'avoit pu encore enterrer tous leurs morts. Ils
ont perdu trois milles hommes , en y comprenant
les déferteurs & quatorze cens prifonniers. Parmi
ces derniers , on compte dix-fept Officiers , dont
un eft mort le 16 de fes bleffures . Du côté des
troupes de l'Impératrice Reine , il n'y a eu que
dix-fept hommes tués , quatre- vingt- un bleffès ,
deux faits prifonniers , deux chevaux tués , & deux
autres pris. Da nombre des morts font les fieurs
Ummerhoffer & Liczeni , Capitaines dans les Régimens
de Saint-Georges & de Gradiska. Le Baron
de Jahnus a eu un cheval tué fous lui d'un boulet
de canon. Ce Colonel mande qu'il a fait
occuper
de nouveau les hauteurs de Zeifchenberg auprès
de Freyberg.
DE PRAGUE , le 30 Juillet.
Le 23 de Juillet , le Comte de Nadafty s'avança
de Leitmeritz à Levin . Un détachement de fes
troupes , commandé par le Comte de Draskowitz,
Major général , a fait prifonniers à Schrekenſtein
un Major , un Capitaine , fix autres Officiers , &
deux cens vingt foldats. Mille Pruffiens qui étoient
dans Tetſchen , ont abandonné ce pofte .
L'armée de l'Impératrice Reine marcha le 25
en avant. L'aile gauche a paffé la Neiff , ainfi
qu'avoit fait l'aile droite. Le corps de réſerve eft
refté à Ullersdorff , pour affurer la communication
avec la Boheme. Le Prince Charles de Lorraine
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ont
détaché un nouveau corps de troupes vers la
Siléfie.
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE, le 31 Août .
·
Le Colonel Laudon continue d'inquiéter les
Pruffiens. Ces jours derniers il marcha avec
foixante Huffards à Liefnig , où il y avoit cinquante
hommes. Ils fe retirerent à ſon approche ,
& il les pourfuivit jufqu'à Querbitz . S'y voyant enveloppés
, il fe jetterent dans une maifon , d'où
ils firent un feu très- vif. Les Huffards mirent pied
à terre , attaquerent la maifon , & obligerent le
dêtachement ennemi de fe rendre à difcrétion.
DE FRANCFORT , le 3 Août.
Avant-hier, M. le Prince de Soubize vint en cette
Ville. Il fut falué par le canon des remparts , &
complimenté par une députation des Magiftrats ,
qui lui préfenta le vin d'honneur. Le foir , il re
tourna à Hanau. La Gendarmerie de France , qui
eft de l'armée de ce Général , s'avance vers ces
quatiers, Le corps de Fifcher doit être entré actuellement
dans la Turinge.
Les troupes de l'Empire
continuent
de s'affembler
entre Furth & Farrenbach
. On ne croit pas
qu'elles puiffent être réunis avant le 7 ou le 8 du
mois de Septembre.
On écrit de Minden , que M. le Maréchal- Duc
de Richelieu y a fait entrer un régiment Suiffe ,
pour renforcer la garn fon , & que M. le Marquis
de Berville, Maréchal de Camp, qui y commande,
fait réparer les fortifications de cette Place.
DE HAMBOURG , le 26 Août.
Quatre Vaiffeaux de guerre Anglois , & deur
Frégates de la même Nation , mouillerent hier à
l'embouchure de l'Elbe près d'Oldinbroek. Ces
OCTOBRE . 1757.
179
Bâtimens doivent remonter le fleuve jufqu'à Stade,
afin d'embarquer les effets retirés de Hanovre.
Les lettres de Siléfie marquent que le 15 du mois
d'Août le Colonel Jahnus a remporté un avantage,
confiderable fur un Corps de cinq mille Pruffiens .
Selon les avis reçus de Koniſberg , le Général Sibilski
, commandant les troupes légeres du Roi de
Polongne Electeur de Saxe , eft entré en Pruffe
avec ces troupes par le Palatinat de Trock. On
mande de Petersbourg , que le Chevalier Douglas
, qui a été chargé des affaires de Sa Majeſté
très-Chrétienne auprès de l'Impératrice de Rufke ,
doit reprendre inceffamment la route de Paris.
DE HANOVRE , le 10 Août.
Suivant la répartition des contributions , auxquelles
cet Electorat eft taxé , la Principauté de
Ĉalemberg doit fournir un million quatre-vingt
mille rations de foin , chacune du poids de dixbuit
livres ; trente- trois mille facs de froment ,
une pareille quantité de feigle , & autant d'avoine
, chaque fac pefant deux quintaux . La Principauté
de Grubenhagen fournira cent mille rations
de fourrage , & la Ville de Gottingen donnera
vingt-quatre mille facs , tant de froment & de
feigle que d'avoine . Ces livraifons doivent être
faites en deux termes , fçavoir une moitié avant le
premier du mois de Septembre , l'autre moitié
avant le premier Octobre , fous peine d'exécution
militaire.
Le ,, vers les dix heures du matin , un détachement
de Grénadiers de France vint prendre
poffeffion des portes de cette Capitale. Peu après ,
M.le Duc de Chevreule, nommé pour commander
ici , entra dans la Ville avec les troupes , qui doi-
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
vent en compofer la Garnifon . Celle de l'ancienne
Garnifon ont été défarmées , & on leur a permis de
fe retirer au bon leur fembleroit . MM . le Duc de
Chevreule , & le Marquis de Saint- Pern qui commande
fous lui , ont pris leurs logemens , le premier
à l'Hôtel du Baron de Dieden , Miniftre
d'Etat , le fecond chez le Comte de Kielmanfegg.
Après le dîner, MM . le Duc de Chevreufe & le Mar
quis de Saint- Pern fe promenerent à cheval dans
les rues , pour raffurer les habitans . Ces Lieutenans
- Généraux leur déclarerent que la Bourgeoi-
He devoit être parfaitement tranquille , & que ,
s'il arrivoit à des Soldats de commettre quelques
excès , on en feroit fur le champ une punition
exemplaire.
Brunswic & Wolfenbuttel ont ouvert leurs
portes aux François. Un Détachement des troupes
de cette Nation vient d'occuper auffi Zell . M.
le Maréchal Duc de Richelieu fe diſpoſe à paffer
la Leine , pour s'approcher de l'Electorat de
Brandebourg. On prépare à Hambourg , à Altena
, & dans quelques autres Villes voifines
foixante mille paires de fouliers , & vingt- deux.
mille paires de bottes , pour l'armée de Sa Majefté
Très Chrétienne. M. le Duc de Chevreuse qui
commandoit ici avant l'arrivée du Général , voulant
prévenir tout ce qui pourroit y troubler la
tranquillité publique , a exigé que tous les Bourgeois
dépofaffent leurs armes à l'Hôtel de Ville.
Une indifpofition a obligé M. le Duc d'Orléans
de fe rendre à Aix - la-Chapelle , pour y prendre
les eaux.
L'armée du Duc de Cumberland est toujours
campée à Ferden , Ville Capitale du Duché de ce
nom. Ce Prince fait travailler à applanir les rouses
qui conduifent de-là à Stade , & à en pratiOCTOBRE
. 1757. 181
quer de nouvelles à travers des bois dont le pays
eft entrecoupé.
M. le Maréchal Duc de Richelieu vient de recevoir
un courier de M. le Comte de Beauffobre ,
Maréchal de Camp , commandant le blocus de
Gueldre , avec nouvelle que le Gouverneur de
cette place demandoit à capituler & à fortir , lai
& fa garnifon , avec les honneurs de la guerre.
Notre Général a approuvé cette difpofition , &
en conféquence cette Garnifon doit être renvoyée
à Berlin par la route de Cologne & de Francfort.
DU CAMP D'INSTERBOURG , le 1 z Août.
L'armée de l'impératrice de Ruffie campa le
deuxd'Août près de Scaluponen. Il y eut le même
jour une efcarmouche entre l'avant - garde de cette
armée & un détachement de Huffards Pruffiens.
La perte fut à peu près égale de part & d'autre. Le
4 , le Feld- Maréchal Apraxin s'avança jufqu'à .
Buduponen. Il marcha le 6 à Gumbingen , où il
laiffa repofer les troupes pendant deux jours . La
nuit du 7 au 8 , le Colonel Malachowsky s'étant
avancé avec quelque Cavalerie du Roi de Pruffe ,
pour reconnoître notre camp , cer Officier fut
chargé dans fa retraite. De chaque côté , il y eut
environ trente hommes tués ou bleffés . Le 9 l'armée
ne fit qu'une marche de deux milles . Sur l'avis
que le Général Biaden venoit à nous avec dix-
Efcadrons tant de Dragons que de Huffards , on
envoya contre lui un détachement de Cavalerie
légere. Les deux troupes fe rencontrerent près de
Gerwiskene. A l'approche du détachement Ruffien
, le Général Bladen fe pofta dans le bois de
Piczkemsky . On attaqua les ennemis malgré leur
pofition avantageufe , & on les délogea du bois,
182 MERCURE DE FRANCE.
Ils perdirent cinquante- deux hommes , & nous flmes
vingt-fept prifonniers. Avant- hier , le Feld-
Maréchal Apraxin affit fon camp 3 peu de
diſtance de l'endroit , où cette action s'étoit paffée.
Quelques efpions ayant rapporté qu'un corps
d'Infanterie & de Cavalerie Pruffienne fe formoit
en bataille dans la plaine , on fe mit en marche
vers les dix heures du foir , pour attaquer cette
tête de troupes ennemies. Dès qu'elle fut informée
de notre mouvement , elle fe replia fur le camp
du Feld-Maréchal de Lehwald. Hier , nous continuâmes
de nous porter en avant. Nous fumes
joints par la divifion du Général Fermer , & nous
vînmes camper fous Infterbourg , dont les Magiftrats
ont apporté les clefs au Feld - Maréchal
Apraxin. Ce Général a envoyé des détachemens
dans les Bailliages de Centwallen , de Dittlacken ,
de Naffaven , de Caffouben & de Frackenen. Il a
mis des Garnifons à Schwarpelen , à Trezacken ,
à Cubarthen , à Sodargen , à Plathen , à Dorskabnen
& dans Althoff. On apprend que le Général
Sibilsky avec les troupes légeres du Roi de Pologne
Electeur de Saxe, a pénétré jufqu'à Oletsko .
DU CAMP DU PR. CHARLES DE LORRAINE,
le 17 Août.
Un corps de Bannaliſtes , de Lycaniens & d'Oguliniens
, commandé par le Colonel Laudon ,
ayant paffé l'Elbe , a pénétré en Saxe , & a pris
pofte à Hellendorff. Sur l'avis que le Général
Itzemplitz étoit à Gottluben avec un détachement
des troupes de Pruffe , le Colonel Laudon y marcha
le 8 d'Août. Ayant mis en fuite quelques
Gardes avancés , il attaqua les ennemis , quoique
couverts d'un triple retranchement. Cette atOCTOBRE.
1757. 183
taque fe fit avec tant de vivacité & de fuccès ,
qu'ils furent contraints d'abandonner leurs lignes,
& même la Ville , où ils ont laiffé trois canons de
douze livres de balle & une piece de campagne.
Dans leur retraite , qu'ils firent en un fort grand
défordre , ils furent joints par trois bataillons de
Grenadiers , qui vinrent de Gishubel à leurs fecours.
Alors ils fe rallierent , & le Colonnel Laudon
fe retira. Il a conduit à Hellendorff la piece
de campagne , dont il s'eft emparé. Faute de chevaux
, il n'a pu emmener les trois autres canons.
On a pris les équipages & tous les domestiques du
Général Itzemplitz . La perte des Pruffiens eft eftimée
à cinq cens hommes , en y comprenant les
prifonniers & les déferteurs. Plus de cent de ces
derniers fe rendirent à Hellendorff le jour même
de l'action . Le Colonel Laudon mande au Prince
Charles de Lorraine , que les Officiers , qui fe
font le plus diftingués à l'attaque des retranchemens
, font les fieurs d'Ofchen , Stupiniany
Jegerman , Meffig , Rollag , Millnoufnick ,
Berzinger , Gerlichib & Juftini.
Il arriva le 9 à l'armée du Roi de Pruffe un convoi
de mille charriots chargés de farine & de munitions
de guerre. Le 13 , le Feld-Maréchal Keith
décampa de Tumitz , & fe rendit avec les troupes
au camp que le Prince de Brunſwic - Bevern occupoit
ci-devant près de Baudiffin. Il fe porta le 14
à Hochkirchen. Avant hier , le Roi de Pruffe &
ce Général , ayant réuni leurs deux armées , maxcherent
à Bornstadt . Sa Majeſté Pruffienne s'avança
hier jufqu'aux environs de Hirschfeld . Le
Prince Charles de Lorraine a fait de fon côté un
mouvement , moyennant lequel nous ne fommes
féparés des ennemis que par le village de Witgendorff.
Toute la nuit , on s'eft canonné très - vive.
184 MERCURE DE FRANCE.
ment de part & d'autre. Aujourd'hui , les Pruffiens
ont attaqué le village de Witgendoff à deux
différentes reprifes , mais on les a repouffés.
Ils font tranfporter à Baudiffin une grande quantité
de paliffades. On dit que l'Officier Général ,
qui y commande a ordonné aux habitans ,
en cas d'alarme , non feulement de s'enfermer
dans leurs maifons , mais même de ne point regarder
par les fenêtres , & qu'il a défendu à tous
ceux qui ne font point Gentilshommes , de porter
l'épée.
>
Les avis de Siléfie portent que le Colonel Jahnus
s'eft porté de Hohenfriedberg dans les environs
de Landshut , afin de mettre la garniſon de cette
ville à l'abri des entrepriſes des ennemis . Le Prince
Charle de Lorraine a envoyé à cette Officier
un renfort d'Infanterie & de Cavalerie légere ,
avec quelques pieces d'artillerie de campagne.
Par une convention faite depuis peu entre l'Impératrice
Reine & l'Electeur de Baviere , il a été
ftipulé que tous les foldats , qui ont défesté de
part & d'autre avant le premier d'Août , pour
s'engager au fervice de l'une ou de l'autre Puiffance
, peuvent demeurer dans les corps où ils ont
pris parti ; mais que ceux qui déferteront à
l'avenir , feront punis fuivant la rigueur des loix
militaires.
DU CAMP DE VALLE , le premier Septembre.
Les ennemis gardant toujours leur poſition entre
Rothembourg & Otterberg , M. le Maréchal
Duc de Richelieu s'étoit determiné à les y attaquer.
Le 30 d'Août , il fit partir M. le Marquis
de Monteynard , pour s'approcher de leur
camp , & pour reconnoître le pays. Ce Maréchal
1
OCTOBRE . 1757 .
185
de Camp avoit fous fes ordres vingt Compagnies
de Grenadiers , quatre troupes de Carabiniers ,
deux de Cavalerie , un Détachement des Volontaires
de Flandre & de Haynault , & quatre pie.
ces de canon. Il fe porta fur Everfen à quatre
lieues environ de Werden , & il découvrit le camp
des ennemis encore tendu à un quart de lieue audelà
de Rothembourg. La Brigade d'Alface avoit
marché en même temps à Walle , pour foutenir
le détachement de M. le Marquis de Monteynard,
qui fut joint auffi à Everfen par trois cens Dragons
aux ordres de M. le Marquis de Caraman , que
M. le Marquis de Guerchy , campé à Withoé, avoit
envoyés fur la droite d'Everfen .
M. le Marquis de Monteynard employa la journée
du 30 à reconnoître le pays qui étoit deyant
lui , & à examiner les bords de la Wurm . II
fut inquiété par quelques Huffards & quelques
Chaffeurs fortis de Rothembourg , qui firent le
coup de fufil contre fes poftes avancés . Ayant
paflé la nuit en bataille , il s'avança le lendemain
à la pointe du jour fur le Village de Wderſchled ,
d'où il déboucha & marcha en colonne juſqu'à
une lieue de Rothembourg fur le grand chemin
ayant des marais à droite & à gauche. Alors il
s'apperçut que les ennemis avoient fait décamper
le centre de leurs lignes , & qu'ils n'avoient laiſſé
que des Détachemens dans les Forts de Rothembourg
& d'Otterberg. Comme on avoit lieu de
croire que ces Détachemens n'étoient reftés que
pour favorifer la retraite de leur armée , le Marquis
de Monteynard envoya fur le champ fommer
les deux Commandans. Ils répondirent qu'ils
avoient ordre de fe défendre . M. le Marq . de Monteynard
en informa le Maréchal de Richelieu ,
qui s'étoit déja mis en marche pour le joindre , &
186 MERCURE DE FRANCE.
qui fur cet avis envoya chercher quarante Compagnies
de Grenadiers de l'armée , tous les Gre
nadiers Royaux , les Carabiniers , & douze pieces
de canon d'augmentation.
Afept heures du matin , M. le Maréchal arriva
devant Rothembourg , qu'il alla reconnoître luimême.
On lui tira quelques coups de canon du
Fort , derriere lequel on voyoit une colonne d'Infanterie,
dont on ignoroit la force. M. le Maréchal
fit fes difpofitions , pour entourer le pofte de
droite & de gauche , & pour faire rétablir ſur la
Wurm les ponts que les ennemis avoient rompus.
En même temps , il fit paffer fur une éclufe
douze compagnies de Grenadiers, commandées par
M. le Comte de Wurmfer. Les ennemis , les ayant
apperçues , craignirent d'être coupés , & ils évacuerent
le Fort. Leur appréhenfion étoit d'autant
plus fondée , que M. le Marquis de Caraman avoit
déja paffé par fa droite une partie des marais &
une branche de la Wurm avec les Dragons de fon
Régiment. On vint avertir nos Sentinelles de la
retraite précipitée des ennemis. Mais il ne fut pas
poffible de s'y oppofer , parce qu'il n'y avoit dans
le voisinage aucun gué praticable , & que tous les
ponts fur la Wurm étoient rompus. D'ailleurs on
ne peut arriver à Rothembourg que par une feule
chauffée , & de tous côtés ce pofte eft environné
de marais.
M. le Maréchal de Richelieu fit occuper un des
Fauxbourgs de la Ville par quelques Compagnies
de Grenadiers , en attendant que le pont du Fort
fût rétabli . Les ennemis ont laiffé dans ce Fort
dix-fept pieces de canon de fer enclouées , dont
ils ont brifé les affûts . Quoique ce foit un pofte
très avantageux , qu'il étoit aifé de défendre longtemps,
on n'y a trouvé aucune forte de munitions.
OCTOBRE . 1757. 187
Pendant que le M. Maréchal de Richelieu s'étoit
avancé à Rothembourg, M. le Duc de Broglie avoit
marché avec la réſerve à Baffant , pour déboucher
fur Otterberg. Le Commandant de ce Fort avoit
fait tirer quelques coups de canon à cartouches fur
des Officiers & des Grenadiers , qui étoient allés
le reconnoître. Ayant été fommé de fe rendre , il
fit réponſe qu'il étoit dans l'intention de foutenir.
P'attaque . En conféquence il fit rompre les ponts
qui étoient dans cette partie. Mais M. le Duc de
Broglie ayant fait paffer des Grenadiers au gué , &
ayant fait la même manoeuvre que le Maréchal de
Richelieu avoit fait à Rothembourg , le Commandant
fe retira avec précipitation , laiffant
feize pieces de canon dans le Fort.
Hier , toute l'armée fe rendit de Werden à
Walle , où elle eft campée fur deux lignes . M. le
Marquis de Monteynard s'eft porté environ à trois
lieues en avant de Rothembourg . Les ennemis fe
font d'abord retirés à Gilhum . Leur pofition entre
Otterberg & Rothembourg , qui font des poftes
de la plus grande importance , étoit fi avantageufe,
qu'on eft fort furpris qu'ils l'aient abandonnée
fi précipitamment.
Ils étoient entourés à Gilhum de marais impraticables
, & ils avoient rompu la chauffée qui
étoit le feul chemin par lequel on pût y arriver.
Cependant ils ont levé leur camp avant le jour.
Ils continuent leur retraite fur Stade, & ils ont fait
une marche forcée de fix lieues . La tête de nos
détachemens a pouffé jufqu'à une demi-lieue au
de-là de Gilhum.
188 MERCURE DE FRANCE.
DU CAMP DE CLOSTER- SEVEN ,
les Septembre.
Le 3 du même mois , M. le Maréchal de Richelieu
apprit que les ennemis étoien impés à Emerfem,
& partit d'Otterberg avec tous les Grenadiers
qui étoient à Rothembourg , & avec la Brigade
d'Alface , pour fe porter à Clofter- Seven. Il manda
à M. le Duc de Broglie , de venir l'y joindre avec
fa réſerve , & cependant il pouffa en avant M. le
Marquis de Poyanne avec un détachement de
Carabiniers & de troupes légeres.
Le 4 au matin , fur l'avis que les ennemis
avoient décampé , il fe porta au détachement de
M. le Marquis de Poyanne , & fit attaquer pat
MM les Comtes de Berchiny & de Chabot , &
par deux cens Dragons à pied du Régiment d'Harcourt
, le village de Bevern qui fut emporté. Les
ennemis ayant alors fait avancer un corps confidé .
rable de troupes , le détachement de M. le Marquis
de Poyanne eut ordre de fe replier vers le village
de Selfen. Pendant ce temps , une colonne d'Infanterie
de quinze cens Heffois , commandée par
Je fieur de Saftro , qui pourfuivoit M. le Marquis
de Poyanne avec plufieurs troupes de Cavalerie ,
fut arrêtée par le feu de douze compagnies de
Grenadiers, commandées par le Prince de Chimay
qui avoient été embufquées dans un bois avec
quatre pieces de canon . Les Grenadiers de Chabot
chargerent la tête de cette Infanterie , qui fe retira
fort en défordre , & fut pourfuivie par les Volonsaires
du même corps & par les Huffards.
DE DANTZICK , le 33 Acût.
LE Feld- Maréchal Comte d'Apraxin a commencé
d'exiger des contributions du Royaume
de Pruffe. Ayant mandé les Magiftrats de Tylfit ,
il leur a fignifié les ordres pour la livraiſon d'une
certaine quantité de vivres & de fourrages.
La Colonne des troupes Ruffiennes , qui a pris
fa route par la Samogitie , arriva le 28 Septembre
fur la frontiere de la Pruffe Brandebourgeoife.
Le 29 , elle fut jointe par une autre Colonne ,
qui a traversé la Lithuanie. Le même jour ,
Feld-Maréchal Comte d'Apraxin fit occuper la
Ville de Tilfit , dont les Magiftrats furent confirmés
dans leurs emplois , après avoir prêté ferment
à l'Impératrice de Ruffie. Une partie de l'armée
de cette Princeffe a déja paffé la Niémen.
Le Feld- Maréchal de Lehwald a abandonné les
bords de cette riviere , & s'eft replié ſur la Prégel
. Il eft actuellement campé à Welau dans une
pofition avantageufe , fon centre couvert par un
ravin , fa gauche appuyée à Konigsberg , & fa
droite tirant vers Georgebourg , où elle eft flanquée
par des bois & par des marais . Ce Général a
retiré de Marienwerder le Bataillon qui y étoit
en garniſon. Chaque jour , il y a quelque efcar-
Hij
174 MERCURE DE FRANCE.
mouche entre les poftes avancés des deux ar
mées.
On n'eft point informé que la Flotte Ruffienne
ait paru fur les côtes de Poméranie. Cela donne
lieu de préfumer qu'elle eft retournée à Cronstadt
Depuis que l'armée commandée par le Feld-
Maréchal Apraxin eft entrée dans la Pruffe Du
cale , le Confeil de Régence , qui étoit établi
Konigsberg , s'en eft retiré. Il n'y eft refté que
les Magiftrats chargés de la police de la Ville
Les Archives qu'on y tenoit en dépôt , ont été
envoyées à Cuftrin. On fait monter à une fomme
très- confidérable les contributions que les Ruffiens
ont exigées du pays . Ils ont demandé qua
rante mille écus à la ville de Memel , & les habi
tans fe font preffés de payer cette taxe , pour n'è
tre pas exposés aux rigueurs d'une exécution .
DE VIENNE , le premier Août .
Un Officier dépêché par le Prince Charles de
Lorraine , a apporté dix drapeaux pris fur les
Pruffiens à Gabel & à Zittau . Cette derniere Ville
qui eft de la Luface , & fous la domination du
Roi de Pologne Electeur de Saxe , a beaucoup
fouffert des bombes & des boulets rouges. Plu
fieurs édifices publics ont été détruits . Un grand
nombre de maiſons ont été renversées , ou réduites
en cendres. La néceffité de ruiner divers magazins
, que les ennemis avoient dans la place ,
s'eft oppofée aux ménagemens qu'on auroit defiré
d'avoir pour les habitans. Lorfque les troupes de
l'Impératrice Reine fe font emparées de la Ville ,
il n'y reftoit plus qu'environ quatre cens foldats.
Le refte de la garnifon avoit trouvé le moyen
d'en fortir , & de fe retirer au camp du Prince
de Prufle.
OCTOBRE . 1757. 175
Dès le mois d'Avril dernier , le Fifcal de l'Empire
avoit demandé qu'on citât les Magiftrats de
Francfort , pour n'avoir pas fatisfait dans le temps.
preferit aux Avocatoires Impériaux. Le Confeil
Aulique rendit il y a quelques jours un Décret ,
qui ordonne à ces Magiftrats de répondre dans le
terme de deux mois fur l'objet de cette citation .
Le Chevalier Robert Keith , ci- devant Miniftre
plénipotentiaire du Roi de la Grande - Bretagne
auprès de Leurs Majeftés Impériales , vient de
reprendre la route de Londres.
Le Comte de Stainville , nouvel Ambaffadeur
de France auprès de cette Cour , arriva ici le 20
d'Août. Le 24 , il eut fes premieres audiences
particulieres de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine. Leurs Majeftés Impériales font parties
pour Hollitſch , où elles doivent paffer quelques
jours. Elles ont reçu au fujet de deux actions qui
fe font paffées le 13 & le 14 en Siléfie , une Relation
dont voici l'extrait.
Pendant plufieurs jours les Pruffiens n'avoient
fait aucun mouvement. Le 13 , un Caporal , qui
étoit en fauve-garde à Gimansdorff , vint donner
avis qu'ils s'avançoient en force . Auffi - tôt le Colonel
Jahaus doubla toutes fes gardes avancées.
Il fit en même temps plier les tentes & charger le
bagage . On avoit lieu de croire que le deffein des
ennemis étoit de furprendre Landshut , & de nous
contraindre d'abandonner la Siléfie. Ainfi il falloit
prendre une réſolution d'autant plus vigoureuſe ,
qu'on devoit s'attendre à être attaqué par la
droite & par la gauche. Les Pruffiens firent diverfes
feintes , pour engager le Colonel Jahnus à
quitter fa pofition ; mais il fe contenta de faire
manoeuvrer fon avant-garde . Sur les dix heures &
demie du foir , il fit donner l'alarme au camp
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
ennemi par cinquante Volontaires . Ce détache
ment y caufa d'abord tant de défordre , que les
Pruffiens firent feu les uns fur les autres , & qu'il
fe paffa plus d'une demi-heure avant qu'ils puffent
fe reconnoître. On leur enleva trente chevaux ,
& cent déferteurs fe rendirent à notre camp. Le
lendemain à la pointe du jour , on s'apperçut que
les ennemis avoient changé de pofition . Leur Infanterie
s'étoit avancée jufqu'au fauxbourg de
Landshut , & formoit un bataillon quarré . La
nôtre commença à donner par petits pelotons.
Quatre de nos pieces de campagne incommodant
confidérablement les Pruffiens , ils fe replierent
fur leur gauche. Leur premiere attaque fut contre
un bois , où le Capitaine Lakupith étoit avec un
bataillon de Warafdins. Cette attaque fut trèsvive
, & foutenue du feu de feize pieces de canon.
Le fieur Lakupith tint ferme pendant une heure ;
mais il fe vit enfin dans la néceffité de céder au
nombre , & il rejoignit le gros de nos troupes.
Alors l'action devint générale. Les ennemis , vu
la fupériorité de leurs forees , pouvoient déborder
notre droite . Pour remédier à cet inconvénient ,
le Colonel Jahnus avoit couvert de ce côté fon
flanc par plufieurs abattis d'arbres , & y avoit éta
bli deux batteries. Après un combat très- long &
très-opiniâtre , dans lequel notre artillerie chargée
à cartouches fit beaucoup de ravage parmi les
troupes ennemies , les Pruffiens fe retirerent avec
précipitation. Nos troupes les pourſuivirent à
droite au-delà de Reichenau , & à gauche pardelà
Richebanck. Elles fe font emparées de fix
pieces de canon , dont une de quatre livres de
balle , & les autres de trois. On a pris auffi une
grande quantité d'autres armes , plufieurs tambours
, un charriot & deux caiffons de munitions.
OCTOBRE . 1757. 177
Les Pruffiens compofoient un corps d'environ
huit mille hommes , & étoient commandés par le
Général Creutzer . Trois jours après l'action , on
n'avoit pu encore enterrer tous leurs morts. Ils
ont perdu trois milles hommes , en y comprenant
les déferteurs & quatorze cens prifonniers. Parmi
ces derniers , on compte dix-fept Officiers , dont
un eft mort le 16 de fes bleffures . Du côté des
troupes de l'Impératrice Reine , il n'y a eu que
dix-fept hommes tués , quatre- vingt- un bleffès ,
deux faits prifonniers , deux chevaux tués , & deux
autres pris. Da nombre des morts font les fieurs
Ummerhoffer & Liczeni , Capitaines dans les Régimens
de Saint-Georges & de Gradiska. Le Baron
de Jahnus a eu un cheval tué fous lui d'un boulet
de canon. Ce Colonel mande qu'il a fait
occuper
de nouveau les hauteurs de Zeifchenberg auprès
de Freyberg.
DE PRAGUE , le 30 Juillet.
Le 23 de Juillet , le Comte de Nadafty s'avança
de Leitmeritz à Levin . Un détachement de fes
troupes , commandé par le Comte de Draskowitz,
Major général , a fait prifonniers à Schrekenſtein
un Major , un Capitaine , fix autres Officiers , &
deux cens vingt foldats. Mille Pruffiens qui étoient
dans Tetſchen , ont abandonné ce pofte .
L'armée de l'Impératrice Reine marcha le 25
en avant. L'aile gauche a paffé la Neiff , ainfi
qu'avoit fait l'aile droite. Le corps de réſerve eft
refté à Ullersdorff , pour affurer la communication
avec la Boheme. Le Prince Charles de Lorraine
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ont
détaché un nouveau corps de troupes vers la
Siléfie.
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE, le 31 Août .
·
Le Colonel Laudon continue d'inquiéter les
Pruffiens. Ces jours derniers il marcha avec
foixante Huffards à Liefnig , où il y avoit cinquante
hommes. Ils fe retirerent à ſon approche ,
& il les pourfuivit jufqu'à Querbitz . S'y voyant enveloppés
, il fe jetterent dans une maifon , d'où
ils firent un feu très- vif. Les Huffards mirent pied
à terre , attaquerent la maifon , & obligerent le
dêtachement ennemi de fe rendre à difcrétion.
DE FRANCFORT , le 3 Août.
Avant-hier, M. le Prince de Soubize vint en cette
Ville. Il fut falué par le canon des remparts , &
complimenté par une députation des Magiftrats ,
qui lui préfenta le vin d'honneur. Le foir , il re
tourna à Hanau. La Gendarmerie de France , qui
eft de l'armée de ce Général , s'avance vers ces
quatiers, Le corps de Fifcher doit être entré actuellement
dans la Turinge.
Les troupes de l'Empire
continuent
de s'affembler
entre Furth & Farrenbach
. On ne croit pas
qu'elles puiffent être réunis avant le 7 ou le 8 du
mois de Septembre.
On écrit de Minden , que M. le Maréchal- Duc
de Richelieu y a fait entrer un régiment Suiffe ,
pour renforcer la garn fon , & que M. le Marquis
de Berville, Maréchal de Camp, qui y commande,
fait réparer les fortifications de cette Place.
DE HAMBOURG , le 26 Août.
Quatre Vaiffeaux de guerre Anglois , & deur
Frégates de la même Nation , mouillerent hier à
l'embouchure de l'Elbe près d'Oldinbroek. Ces
OCTOBRE . 1757.
179
Bâtimens doivent remonter le fleuve jufqu'à Stade,
afin d'embarquer les effets retirés de Hanovre.
Les lettres de Siléfie marquent que le 15 du mois
d'Août le Colonel Jahnus a remporté un avantage,
confiderable fur un Corps de cinq mille Pruffiens .
Selon les avis reçus de Koniſberg , le Général Sibilski
, commandant les troupes légeres du Roi de
Polongne Electeur de Saxe , eft entré en Pruffe
avec ces troupes par le Palatinat de Trock. On
mande de Petersbourg , que le Chevalier Douglas
, qui a été chargé des affaires de Sa Majeſté
très-Chrétienne auprès de l'Impératrice de Rufke ,
doit reprendre inceffamment la route de Paris.
DE HANOVRE , le 10 Août.
Suivant la répartition des contributions , auxquelles
cet Electorat eft taxé , la Principauté de
Ĉalemberg doit fournir un million quatre-vingt
mille rations de foin , chacune du poids de dixbuit
livres ; trente- trois mille facs de froment ,
une pareille quantité de feigle , & autant d'avoine
, chaque fac pefant deux quintaux . La Principauté
de Grubenhagen fournira cent mille rations
de fourrage , & la Ville de Gottingen donnera
vingt-quatre mille facs , tant de froment & de
feigle que d'avoine . Ces livraifons doivent être
faites en deux termes , fçavoir une moitié avant le
premier du mois de Septembre , l'autre moitié
avant le premier Octobre , fous peine d'exécution
militaire.
Le ,, vers les dix heures du matin , un détachement
de Grénadiers de France vint prendre
poffeffion des portes de cette Capitale. Peu après ,
M.le Duc de Chevreule, nommé pour commander
ici , entra dans la Ville avec les troupes , qui doi-
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
vent en compofer la Garnifon . Celle de l'ancienne
Garnifon ont été défarmées , & on leur a permis de
fe retirer au bon leur fembleroit . MM . le Duc de
Chevreule , & le Marquis de Saint- Pern qui commande
fous lui , ont pris leurs logemens , le premier
à l'Hôtel du Baron de Dieden , Miniftre
d'Etat , le fecond chez le Comte de Kielmanfegg.
Après le dîner, MM . le Duc de Chevreufe & le Mar
quis de Saint- Pern fe promenerent à cheval dans
les rues , pour raffurer les habitans . Ces Lieutenans
- Généraux leur déclarerent que la Bourgeoi-
He devoit être parfaitement tranquille , & que ,
s'il arrivoit à des Soldats de commettre quelques
excès , on en feroit fur le champ une punition
exemplaire.
Brunswic & Wolfenbuttel ont ouvert leurs
portes aux François. Un Détachement des troupes
de cette Nation vient d'occuper auffi Zell . M.
le Maréchal Duc de Richelieu fe diſpoſe à paffer
la Leine , pour s'approcher de l'Electorat de
Brandebourg. On prépare à Hambourg , à Altena
, & dans quelques autres Villes voifines
foixante mille paires de fouliers , & vingt- deux.
mille paires de bottes , pour l'armée de Sa Majefté
Très Chrétienne. M. le Duc de Chevreuse qui
commandoit ici avant l'arrivée du Général , voulant
prévenir tout ce qui pourroit y troubler la
tranquillité publique , a exigé que tous les Bourgeois
dépofaffent leurs armes à l'Hôtel de Ville.
Une indifpofition a obligé M. le Duc d'Orléans
de fe rendre à Aix - la-Chapelle , pour y prendre
les eaux.
L'armée du Duc de Cumberland est toujours
campée à Ferden , Ville Capitale du Duché de ce
nom. Ce Prince fait travailler à applanir les rouses
qui conduifent de-là à Stade , & à en pratiOCTOBRE
. 1757. 181
quer de nouvelles à travers des bois dont le pays
eft entrecoupé.
M. le Maréchal Duc de Richelieu vient de recevoir
un courier de M. le Comte de Beauffobre ,
Maréchal de Camp , commandant le blocus de
Gueldre , avec nouvelle que le Gouverneur de
cette place demandoit à capituler & à fortir , lai
& fa garnifon , avec les honneurs de la guerre.
Notre Général a approuvé cette difpofition , &
en conféquence cette Garnifon doit être renvoyée
à Berlin par la route de Cologne & de Francfort.
DU CAMP D'INSTERBOURG , le 1 z Août.
L'armée de l'impératrice de Ruffie campa le
deuxd'Août près de Scaluponen. Il y eut le même
jour une efcarmouche entre l'avant - garde de cette
armée & un détachement de Huffards Pruffiens.
La perte fut à peu près égale de part & d'autre. Le
4 , le Feld- Maréchal Apraxin s'avança jufqu'à .
Buduponen. Il marcha le 6 à Gumbingen , où il
laiffa repofer les troupes pendant deux jours . La
nuit du 7 au 8 , le Colonel Malachowsky s'étant
avancé avec quelque Cavalerie du Roi de Pruffe ,
pour reconnoître notre camp , cer Officier fut
chargé dans fa retraite. De chaque côté , il y eut
environ trente hommes tués ou bleffés . Le 9 l'armée
ne fit qu'une marche de deux milles . Sur l'avis
que le Général Biaden venoit à nous avec dix-
Efcadrons tant de Dragons que de Huffards , on
envoya contre lui un détachement de Cavalerie
légere. Les deux troupes fe rencontrerent près de
Gerwiskene. A l'approche du détachement Ruffien
, le Général Bladen fe pofta dans le bois de
Piczkemsky . On attaqua les ennemis malgré leur
pofition avantageufe , & on les délogea du bois,
182 MERCURE DE FRANCE.
Ils perdirent cinquante- deux hommes , & nous flmes
vingt-fept prifonniers. Avant- hier , le Feld-
Maréchal Apraxin affit fon camp 3 peu de
diſtance de l'endroit , où cette action s'étoit paffée.
Quelques efpions ayant rapporté qu'un corps
d'Infanterie & de Cavalerie Pruffienne fe formoit
en bataille dans la plaine , on fe mit en marche
vers les dix heures du foir , pour attaquer cette
tête de troupes ennemies. Dès qu'elle fut informée
de notre mouvement , elle fe replia fur le camp
du Feld-Maréchal de Lehwald. Hier , nous continuâmes
de nous porter en avant. Nous fumes
joints par la divifion du Général Fermer , & nous
vînmes camper fous Infterbourg , dont les Magiftrats
ont apporté les clefs au Feld - Maréchal
Apraxin. Ce Général a envoyé des détachemens
dans les Bailliages de Centwallen , de Dittlacken ,
de Naffaven , de Caffouben & de Frackenen. Il a
mis des Garnifons à Schwarpelen , à Trezacken ,
à Cubarthen , à Sodargen , à Plathen , à Dorskabnen
& dans Althoff. On apprend que le Général
Sibilsky avec les troupes légeres du Roi de Pologne
Electeur de Saxe, a pénétré jufqu'à Oletsko .
DU CAMP DU PR. CHARLES DE LORRAINE,
le 17 Août.
Un corps de Bannaliſtes , de Lycaniens & d'Oguliniens
, commandé par le Colonel Laudon ,
ayant paffé l'Elbe , a pénétré en Saxe , & a pris
pofte à Hellendorff. Sur l'avis que le Général
Itzemplitz étoit à Gottluben avec un détachement
des troupes de Pruffe , le Colonel Laudon y marcha
le 8 d'Août. Ayant mis en fuite quelques
Gardes avancés , il attaqua les ennemis , quoique
couverts d'un triple retranchement. Cette atOCTOBRE.
1757. 183
taque fe fit avec tant de vivacité & de fuccès ,
qu'ils furent contraints d'abandonner leurs lignes,
& même la Ville , où ils ont laiffé trois canons de
douze livres de balle & une piece de campagne.
Dans leur retraite , qu'ils firent en un fort grand
défordre , ils furent joints par trois bataillons de
Grenadiers , qui vinrent de Gishubel à leurs fecours.
Alors ils fe rallierent , & le Colonnel Laudon
fe retira. Il a conduit à Hellendorff la piece
de campagne , dont il s'eft emparé. Faute de chevaux
, il n'a pu emmener les trois autres canons.
On a pris les équipages & tous les domestiques du
Général Itzemplitz . La perte des Pruffiens eft eftimée
à cinq cens hommes , en y comprenant les
prifonniers & les déferteurs. Plus de cent de ces
derniers fe rendirent à Hellendorff le jour même
de l'action . Le Colonel Laudon mande au Prince
Charles de Lorraine , que les Officiers , qui fe
font le plus diftingués à l'attaque des retranchemens
, font les fieurs d'Ofchen , Stupiniany
Jegerman , Meffig , Rollag , Millnoufnick ,
Berzinger , Gerlichib & Juftini.
Il arriva le 9 à l'armée du Roi de Pruffe un convoi
de mille charriots chargés de farine & de munitions
de guerre. Le 13 , le Feld-Maréchal Keith
décampa de Tumitz , & fe rendit avec les troupes
au camp que le Prince de Brunſwic - Bevern occupoit
ci-devant près de Baudiffin. Il fe porta le 14
à Hochkirchen. Avant hier , le Roi de Pruffe &
ce Général , ayant réuni leurs deux armées , maxcherent
à Bornstadt . Sa Majeſté Pruffienne s'avança
hier jufqu'aux environs de Hirschfeld . Le
Prince Charles de Lorraine a fait de fon côté un
mouvement , moyennant lequel nous ne fommes
féparés des ennemis que par le village de Witgendorff.
Toute la nuit , on s'eft canonné très - vive.
184 MERCURE DE FRANCE.
ment de part & d'autre. Aujourd'hui , les Pruffiens
ont attaqué le village de Witgendoff à deux
différentes reprifes , mais on les a repouffés.
Ils font tranfporter à Baudiffin une grande quantité
de paliffades. On dit que l'Officier Général ,
qui y commande a ordonné aux habitans ,
en cas d'alarme , non feulement de s'enfermer
dans leurs maifons , mais même de ne point regarder
par les fenêtres , & qu'il a défendu à tous
ceux qui ne font point Gentilshommes , de porter
l'épée.
>
Les avis de Siléfie portent que le Colonel Jahnus
s'eft porté de Hohenfriedberg dans les environs
de Landshut , afin de mettre la garniſon de cette
ville à l'abri des entrepriſes des ennemis . Le Prince
Charle de Lorraine a envoyé à cette Officier
un renfort d'Infanterie & de Cavalerie légere ,
avec quelques pieces d'artillerie de campagne.
Par une convention faite depuis peu entre l'Impératrice
Reine & l'Electeur de Baviere , il a été
ftipulé que tous les foldats , qui ont défesté de
part & d'autre avant le premier d'Août , pour
s'engager au fervice de l'une ou de l'autre Puiffance
, peuvent demeurer dans les corps où ils ont
pris parti ; mais que ceux qui déferteront à
l'avenir , feront punis fuivant la rigueur des loix
militaires.
DU CAMP DE VALLE , le premier Septembre.
Les ennemis gardant toujours leur poſition entre
Rothembourg & Otterberg , M. le Maréchal
Duc de Richelieu s'étoit determiné à les y attaquer.
Le 30 d'Août , il fit partir M. le Marquis
de Monteynard , pour s'approcher de leur
camp , & pour reconnoître le pays. Ce Maréchal
1
OCTOBRE . 1757 .
185
de Camp avoit fous fes ordres vingt Compagnies
de Grenadiers , quatre troupes de Carabiniers ,
deux de Cavalerie , un Détachement des Volontaires
de Flandre & de Haynault , & quatre pie.
ces de canon. Il fe porta fur Everfen à quatre
lieues environ de Werden , & il découvrit le camp
des ennemis encore tendu à un quart de lieue audelà
de Rothembourg. La Brigade d'Alface avoit
marché en même temps à Walle , pour foutenir
le détachement de M. le Marquis de Monteynard,
qui fut joint auffi à Everfen par trois cens Dragons
aux ordres de M. le Marquis de Caraman , que
M. le Marquis de Guerchy , campé à Withoé, avoit
envoyés fur la droite d'Everfen .
M. le Marquis de Monteynard employa la journée
du 30 à reconnoître le pays qui étoit deyant
lui , & à examiner les bords de la Wurm . II
fut inquiété par quelques Huffards & quelques
Chaffeurs fortis de Rothembourg , qui firent le
coup de fufil contre fes poftes avancés . Ayant
paflé la nuit en bataille , il s'avança le lendemain
à la pointe du jour fur le Village de Wderſchled ,
d'où il déboucha & marcha en colonne juſqu'à
une lieue de Rothembourg fur le grand chemin
ayant des marais à droite & à gauche. Alors il
s'apperçut que les ennemis avoient fait décamper
le centre de leurs lignes , & qu'ils n'avoient laiſſé
que des Détachemens dans les Forts de Rothembourg
& d'Otterberg. Comme on avoit lieu de
croire que ces Détachemens n'étoient reftés que
pour favorifer la retraite de leur armée , le Marquis
de Monteynard envoya fur le champ fommer
les deux Commandans. Ils répondirent qu'ils
avoient ordre de fe défendre . M. le Marq . de Monteynard
en informa le Maréchal de Richelieu ,
qui s'étoit déja mis en marche pour le joindre , &
186 MERCURE DE FRANCE.
qui fur cet avis envoya chercher quarante Compagnies
de Grenadiers de l'armée , tous les Gre
nadiers Royaux , les Carabiniers , & douze pieces
de canon d'augmentation.
Afept heures du matin , M. le Maréchal arriva
devant Rothembourg , qu'il alla reconnoître luimême.
On lui tira quelques coups de canon du
Fort , derriere lequel on voyoit une colonne d'Infanterie,
dont on ignoroit la force. M. le Maréchal
fit fes difpofitions , pour entourer le pofte de
droite & de gauche , & pour faire rétablir ſur la
Wurm les ponts que les ennemis avoient rompus.
En même temps , il fit paffer fur une éclufe
douze compagnies de Grenadiers, commandées par
M. le Comte de Wurmfer. Les ennemis , les ayant
apperçues , craignirent d'être coupés , & ils évacuerent
le Fort. Leur appréhenfion étoit d'autant
plus fondée , que M. le Marquis de Caraman avoit
déja paffé par fa droite une partie des marais &
une branche de la Wurm avec les Dragons de fon
Régiment. On vint avertir nos Sentinelles de la
retraite précipitée des ennemis. Mais il ne fut pas
poffible de s'y oppofer , parce qu'il n'y avoit dans
le voisinage aucun gué praticable , & que tous les
ponts fur la Wurm étoient rompus. D'ailleurs on
ne peut arriver à Rothembourg que par une feule
chauffée , & de tous côtés ce pofte eft environné
de marais.
M. le Maréchal de Richelieu fit occuper un des
Fauxbourgs de la Ville par quelques Compagnies
de Grenadiers , en attendant que le pont du Fort
fût rétabli . Les ennemis ont laiffé dans ce Fort
dix-fept pieces de canon de fer enclouées , dont
ils ont brifé les affûts . Quoique ce foit un pofte
très avantageux , qu'il étoit aifé de défendre longtemps,
on n'y a trouvé aucune forte de munitions.
OCTOBRE . 1757. 187
Pendant que le M. Maréchal de Richelieu s'étoit
avancé à Rothembourg, M. le Duc de Broglie avoit
marché avec la réſerve à Baffant , pour déboucher
fur Otterberg. Le Commandant de ce Fort avoit
fait tirer quelques coups de canon à cartouches fur
des Officiers & des Grenadiers , qui étoient allés
le reconnoître. Ayant été fommé de fe rendre , il
fit réponſe qu'il étoit dans l'intention de foutenir.
P'attaque . En conféquence il fit rompre les ponts
qui étoient dans cette partie. Mais M. le Duc de
Broglie ayant fait paffer des Grenadiers au gué , &
ayant fait la même manoeuvre que le Maréchal de
Richelieu avoit fait à Rothembourg , le Commandant
fe retira avec précipitation , laiffant
feize pieces de canon dans le Fort.
Hier , toute l'armée fe rendit de Werden à
Walle , où elle eft campée fur deux lignes . M. le
Marquis de Monteynard s'eft porté environ à trois
lieues en avant de Rothembourg . Les ennemis fe
font d'abord retirés à Gilhum . Leur pofition entre
Otterberg & Rothembourg , qui font des poftes
de la plus grande importance , étoit fi avantageufe,
qu'on eft fort furpris qu'ils l'aient abandonnée
fi précipitamment.
Ils étoient entourés à Gilhum de marais impraticables
, & ils avoient rompu la chauffée qui
étoit le feul chemin par lequel on pût y arriver.
Cependant ils ont levé leur camp avant le jour.
Ils continuent leur retraite fur Stade, & ils ont fait
une marche forcée de fix lieues . La tête de nos
détachemens a pouffé jufqu'à une demi-lieue au
de-là de Gilhum.
188 MERCURE DE FRANCE.
DU CAMP DE CLOSTER- SEVEN ,
les Septembre.
Le 3 du même mois , M. le Maréchal de Richelieu
apprit que les ennemis étoien impés à Emerfem,
& partit d'Otterberg avec tous les Grenadiers
qui étoient à Rothembourg , & avec la Brigade
d'Alface , pour fe porter à Clofter- Seven. Il manda
à M. le Duc de Broglie , de venir l'y joindre avec
fa réſerve , & cependant il pouffa en avant M. le
Marquis de Poyanne avec un détachement de
Carabiniers & de troupes légeres.
Le 4 au matin , fur l'avis que les ennemis
avoient décampé , il fe porta au détachement de
M. le Marquis de Poyanne , & fit attaquer pat
MM les Comtes de Berchiny & de Chabot , &
par deux cens Dragons à pied du Régiment d'Harcourt
, le village de Bevern qui fut emporté. Les
ennemis ayant alors fait avancer un corps confidé .
rable de troupes , le détachement de M. le Marquis
de Poyanne eut ordre de fe replier vers le village
de Selfen. Pendant ce temps , une colonne d'Infanterie
de quinze cens Heffois , commandée par
Je fieur de Saftro , qui pourfuivoit M. le Marquis
de Poyanne avec plufieurs troupes de Cavalerie ,
fut arrêtée par le feu de douze compagnies de
Grenadiers, commandées par le Prince de Chimay
qui avoient été embufquées dans un bois avec
quatre pieces de canon . Les Grenadiers de Chabot
chargerent la tête de cette Infanterie , qui fe retira
fort en défordre , & fut pourfuivie par les Volonsaires
du même corps & par les Huffards.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En août 1757, le Feld-Maréchal Comte d'Apraxin a commencé à exiger des contributions du Royaume de Prusse, ordonnant aux magistrats de Tilsit de livrer des vivres et des fourrages. Les troupes russes ont traversé la Samogitie et la Lituanie, occupant Tilsit le 29 septembre. Le Feld-Maréchal de Lehwald s'est replié sur la Prégel et a campé à Welau. Des escarmouches quotidiennes ont lieu entre les postes avancés des deux armées. La flotte russe n'a pas été vue sur les côtes de Poméranie, suggérant un retour à Cronstadt. Depuis l'entrée des troupes russes en Prusse-Duché, le Conseil de Régence de Königsberg s'est retiré, laissant seulement les magistrats chargés de la police. Les contributions exigées par les Russes sont très élevées, comme les 40 000 écus demandés à Memel. À Vienne, un officier a apporté des drapeaux pris aux Prussiens à Gabel et Zittau. Zittau, sous domination saxonne, a subi des destructions importantes. Le fisc impérial a cité les magistrats de Francfort pour non-respect des avocatures impériales. Le Chevalier Robert Keith a repris la route de Londres, et le Comte de Stainville est arrivé à Vienne en tant que nouvel ambassadeur de France. En Silésie, les Prussiens ont attaqué les troupes de l'Impératrice Reine, mais ont été repoussés après un combat intense, subissant de lourdes pertes. Le Colonel Jahnus a repris les hauteurs de Zeifchenberg près de Freyberg. À Prague, le Comte de Nadasty a avancé vers Levin, capturant des prisonniers prussiens. L'armée de l'Impératrice Reine a continué sa marche, avec des détachements envoyés vers la Silésie. À Dresde, le Colonel Laudon a continué à harceler les Prussiens, capturant un détachement ennemi. À Francfort, le Prince de Soubize a été salué par les magistrats, et les troupes françaises se déplacent vers la Turinge. À Hambourg, des navires anglais ont mouillé à l'embouchure de l'Elbe pour embarquer des effets de Hanovre. Le Colonel Jahnus a remporté une victoire en Silésie contre les Prussiens. À Hanovre, les contributions exigées incluent des quantités importantes de fourrage et de grains. Les troupes françaises ont pris possession des portes de la capitale, et les ducs de Chevreuse et de Saint-Pern ont rassuré les habitants. Brunswick et Wolfenbuttel ont ouvert leurs portes aux Français, et le Maréchal Duc de Richelieu se prépare à passer la Leine. L'armée du Duc de Cumberland est campée à Ferden, travaillant à améliorer les routes vers Stade. Le Maréchal Duc de Richelieu a reçu des nouvelles de la capitulation de Gueldre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 193-203
ALLEMAGNE.
Début :
Une Relation qu'on a reçue de l'armée Russienne, au sujet de la bataille qui [...]
Mots clefs :
Dantzig, Hambourg, Camp de Schona, Vienne, Dresde, Comte, Empire, Armées, Ennemis, Lieutenant, Feld-maréchal, Prusse, Détachement, Impératrice Reine, Comte d'Apraxin, Montagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 16 Septembre.
UNE Relation qu'on a reçue de l'armée Ruffienne
, au fujet de la bataille qui s'eft donnée le
30 du mois d'Août entre cette armée & celle du
Roi de Pruffe commandée par le Feld - Maréchal
de Lehwald , contient les particularités fuivantes.
« Les Pruffiens ne pouvant être attaqués que
» très-difficilement dans leur pofition près de Veh-
» lau , le Feld -Maréchal Comte d'Apraxin quitta
» la rive du Prégel , & feignit de marcher à Ko-
» nifberg , pour engager les ennemis à fortir des
» bois qu'ils occupoient . Vers les cinq heures du
» matin , on eut avis qu'ils s'avançoient au nom-
» bre de trente- fix mille hommes de troupes réglées.
Lorfqu'ils furent près de Jagerfdorff , ils
» fe déployerent fur deux lignes , qu'ils reunirent
» bientôt en une feule , afin de nous préfenter un
>> front égal au nôtre. Leurs flancs , furtout le
>> gauche , étoient couverts par leur Cavalerie.
» L'action commença par un feu très-vif d'artil-
» lerie , & l'on s'apperçut que l'objet des Pruf-
» fiens étoit de s'emparer du bois de Narfitten , &
» de nous refferrer dans les défilés qui font der-
» riere ce bois. Pour prévenir le deffein du Feld-
» Maréchal de Lehwald , le Comte d'Apraxin ren
11.Vol. I
1
194 MERCURE
DE FRANCE.
força de plufieurs Régimens les troupes char-
» gées de la défenſe du bois , & établit des deux
» côtés plufieurs fortes batteries . Cependant les
» ennemis s'étoient approchés , & ils n'étoient
» plus qu'à fix cens pas de notre armée. Ils fon-
» dirent fur nous avec une impétuofité extraordi-
»> naire , & ils pénétrerent dans le bois ; mais notre
Infanterie leur oppofa une réſiſtance fi vi-
» goureuſe , qu'ils furent obligés de fe retirer.
» Pendant cette attaque , une partie de leur Ca-
» valerie eſſaya de tourner notre aîle droite. Le Gé-
» néral Comte de Browne chargea ces Eſcadrons ,
» & les mit dans la néceffité de rejoindre leur corps
de bataille. Jufqu'à neuf heures , les ennemis
» combattirent avec la plus grande valeur . Voyant
ils prirent
» qu'ils ne pouvoient nous entamer ,
» le parti de la retraite. On les pourfuivit jul-
» qu'à une licue & demie du champ de la bataille ,
& le foir notre armée alla camper près des bois
de Wehlau. La bataille a duré quatre heures ,
» & le feu,tant de l'artillerie, que de la moufquete
» rie , a été terrible de part & d'autre . Nous devons
principalement la victoire aux fages melu.
&i res prifes par le Feld -Maréchal d'Apraxin ,
l'activité avec laquelle il s'eft porté partout. Ha eu deux chevaux bleffés fous lui. Les Pruffiens
» ont laiffé fur le champ de bataille plus de deux
mille morts , Dans leur retraite , on leur a tué » fix ceas hommes. Le nombre de leurs bleffés eft
très-confidérable , & l'on prétend qu'il montei
plus de cinq mille. Le jour de la bataille , on fit
>>> mille ou onze cens prifonniers. On en a fairun
grand nombre d'autres les deux jours fuivans
Parmi les Officiers Pruffiens tués le trouvent le
» Comte de Dohna , Lieutenant - Feld- Maréchal ,
≫ & le Major Général Wellau. Nous avons enlevé
OCTOBRE. 1757.
195
» à l'ennemi vingt- cinq pieces de canon , dont il
» y en a trois de 24 livres de balle , & cinq de
» 12. De notre côté , il y a eu onze cens vingt-
>> quatre hommes tués , quatre mille fix cens cinv.
quante- neuf bleffés, & quatre cens foixante-
» fix égarés. Le Général Lapuchin , le Lieute-
» nant-Feld- Maréchal Sibin , le fieur Capinifta ,
» Brigadier , le Colonel Patkul , le Lieutenant-
» Colonel Centrowitz , le Major Gerſtorff , &
trente autres Officiers , font parmi les morts.
» Le Général Comte de Lieven , le Lieutenant-
» Feld-Maréchal Mathias de Lieven fon frere , le
» Lieutenant- Feld -Maréchal Tolstoy , les Majors
Généraux Villebois ; Manteuffel , Weymarhr
» & du Boufquet le Brigadier Plemenikow ; le
» Knés Profozosky , & les fieurs Jafikoff & Bof-
» fuet , Colonels ; quatorze Lieutenans - Colonels
ou Majors ; cent quatre-vingts , tant Capitai-
» nes , que Lieutenans , Sous- Lieutenans & Enfeignes
, ont été bleffés. L'armée Pruffienne
n rentra le foir dans fon camp retranché de Wehlau.
Elle décampa le lendemain , pourfe reti-
» rer à Tapiau. Le 7 de Septembre , nous mar-
» châmes à Wehlau , & nons occupâmes le camp,
» que l'eapemi avoit abandonné » .
Sur diverfes lettres venues depuis cette Relation
, on s'attendoit qu'il y auroit inceffamment
une feconde action entre les deux armées ; mais
on vient d'apprendre que les Ruffiens fe font retirés
de la Pruffe Ducale. On n'eft point encore informé
des cauſes de cette retraite imprévue.
DE HAMBOURG , le 16 Septembre.
1. V ..
>>Plufieurs lettres de Saxe annoncent qu'il y
déja vinge mille Autrichiens devant Drefde. On
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
mande de Poméranie , que les troupes Suédoifes
fe font emparées d'Anclam & de Demmin , Villes
qui étoient fous la puiffance du Roi de Pruffe.
; 1124
DU CAMP DE SCHONA , le 8 Septembre.·
3
On remarqua le 31 du mois d'août beaucoup
de mouvement parmi les troupes Pruffiennes. Elles
marcheren : jufqu'à Schonau , & Fon' crut
qu'elles avoient deflein de s'y arrêter ;; mais elles
fe retirerent dans les environs de Gorlitz , où elles
établirent leur camp fur deux lignes de l'autre
côté de la Neiff . Leur droite étoit couverte par
Landferon - Gifnitz , & une partie de leur gauche
par le village de Folge . Une forte artillerie défendoit
la montagne de Lands- Cronberg , qui
étoit devant leur front. Sur l'avis qu'elles avoient
abandonné le camp de Bornftadt , le Général Beck
envoya des détachemens prendre pofteà Javernick
, à Tauritz , à Neckeren & à Bernstorfft
& le fieur de Morocz occupa Schonau . Le Comte
de Colloredo , Général d'infanterie s'avança
avec fa réferve près de Nide , & le Comte de Na
dafty , après avoir pouffé un détachement à Lauban
, fe porta à Schonberg avecle corps de troupes
, qui eft fous fes ordres.
Le premier de feptembre, vingt compagnies de
Grenadiers , trente piquets & Gx cens chevaux ,
entrerent dans le camp que l'on avoit tracé entre
Bornftadt & Leube . Toute l'armée s'y rendit le 2
fur fix colonnes , & le Prince Charles de Lorraine
établit fon quartier à Oftritz. Quelques troupes
ennemies s'approcherent de Schonberg , dans le
deffein d'attaquer les poftes avancés du Comte de
Nadafty , mais ayant reconnu que ces poftes
avoient été renforcés , elles n'oferent rien entre
prendre .
OCTOBRE. 1757. 197
Le Prince Charles de Lorraine & le Feld-Maréchal
Comte de Daun firent le 3 diverfes difpofitions
, tendantes à former un cordon depuis la
rive droite de la Neiff jufqu'à Lauban , & depuis
la rive gauche de la même riviere jufqu'à Drefde.
Le lendemain , un détachement de notre
droite fe porta à Lauban. Les troupes légeres de
la gauche firent auffi un mouvement en avant.
Sept cens charriots chargés de farine étoient ar
rivés le 4 de Drefde à Baudiffin pour l'armée du
Roi de Pruffe. Ayant été joints à Baudiffin par
fept cens autres , ils pourfuivirent le s leur route
vers Gorlitz. Le Lieutenant-Feld- Maréchal Had.
dick , inftruit de la marche de ce convoi , fit
mettre feize cens , tant Huffards que Croates , en
embuſcade fur le chemin qui conduit à Wurfchen,
par lequel les convois des ennemis paffoient or
dinairement. Selon les apparences , les Pruffiens
en furent avertis . Ils pafferent par Baruth & par
Weigersdorff , afin d'éviter la rencontre des troupes
du Comte de Haddick.
Le cinq , les ennemis commencerent à fe
retrancher fur la montagne de Lands- Cronberg.
Larmée de l'Impératrice Reine s'approcha le même
jour de Bornftadt , & vint camper ici , plufieurs
Compagnies de Grenadiers s'étendant depuis
Tauchriz jufqu'à la Neiff , & occupant les hauteurs
de Javernick . Pour couvrir notre marche ,
le fieur de Morocz s'étoit avancé la veille à
Teutfch Pauls-dorff , & le Général Beck s'étoit
porté fur Javernick & fur Teutfch- Offig . Ce der
nier apprit le 6 , que trois à quatre mille Pruffiens
, qui couvroient la ville de Baudiffin , avoient
joint le gros de leur armée , & que cette Place
n'étoit plus gardée que par fept ou huit cens hommes.
Auffitôt il marcha de ce côté , pour empê-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
cher la Garnifon de fe retirer , ou pour lui rendre
du moins la retraite plus difficile .
Un corps de dix- huit à vingt mille Pruffiens ,
commandé par le Général Winterfeld , étoit retranché
de l'autre côté de la Neiff fur une montagne
de très -difficile accès. Nonobftant cette potion
avantageuse , le Prince Charles de Lorraine
fit attaquer hier ce Général. Le Comte de Nadafty
& le Duc d'Aremberg furent chargés de cette
expédition. On ne pouvoit déloger les ennemis de
a montagne, fans fe rendre maître d'une redoute.
Le Général Wurben , qui étoit à la tête des grenadiers
, & le Comte de Montazet , Brigadier dé
Dragons au fervice du Roi Très - Chrétien , fe
jetterent les premiers dans cette Redoute l'épée à
la main. Ils ne tarderent pas à être fuivis de tous
les Grenadiers qui , la bayonnette au bout du fufil
, chafferent les ennemis. Pendant affez longtemps
, les Pruffiens tinrent ferme fur le haut de
la montagne. Mais le Général Winterfeld ayant
été tué d'un coup de canon , fa mort les découragea
, & ils furent mis en déroute , après avoir perdu
quatre canons & fept drapeaux . Il y a eu du
côté des Autrichiens trois cens hommes tués ou
bleffés . Parmi les premiers, on compte le Marquis
d'Afque , Capitaine au régiment d'Arberg , & le
Comte de Groefberg , Capitaine dans le Régiment
de Ligne. Le Comte de Nadafty a reçu un
coup de feu à l'épaule . Le Marquis de Clerici ,
Lieutenant- Feld- Maréchal ; le fieur Elrichaufen ,
Colonel-Commandant du Régiment de Sprecheri
le Comte d'Arberg , Lieutenant- Colonel du même
Régiment, & le fieur de Kinflog, Lieutenant Colo .
nel du Régiment de Mercy, font auffi bleffés ; & le
dernier l'eft très - dangereufement. On eftime la pere
des ennemis à 1500 hommes , en y compre-
G
OCTOBRE. 1757. 159
nant les prifonniers & les déferteurs.Nous avons fait
prifonniers le Baron de Kamecke , Major Général
; le Comte d'Anholt , Colonel , & plufieurs
autres Officiers .
Peu après l'action , le prince Charles de Lorraine
fut informé qu'à midi le Lieutenant- Feld-
Maréchal Haddick s'étoit emparé de la ville de
Baudiffin ; que la Garnifon s'étoit rendue prifonniere
de guerre , & qu'on avoit trouvé dans la
Place un magafin confidérable de toute forte de
provifions , & quelques pieces de campagne. Les
ennemis , privés de ce pofte , auront beaucoup
de peine à foutenir leur communication avec la
Saxe.
On vient de détacher de notre armée un Corps
confidérable d'Infanterie & de Cavalerie , pour
marcher en avant par la droite de l'Elbe , & le
porter fur Drefde , Meiffen & Torgau , tandis que
les troupes légeres poufferont de leur côté vers la
lifere du Brandebourg.
Quelques efpions viennent de rapporter que le
Prince de Brunfwic- Beverne faifoit défiler des
troupes de fa gauche vers Buntzlau . Son objet eft
fans doute de renforcer le corps que commande le
Général Grumbkow , & de couvrir les Districts
de Lignitz & de Glogaw. Il deftinoit le corps
du Général Winterfeld à couvrir Schweidnitz & la
partie de la Silée , qui s'étend depuis cette Ville
jufqu'à la gauche de l'Oder.
Le Duc Wirtemberg , étant arrivé hier au matin
à notre camp , a voulu fe trouver à l'expédition
du Comte de Nadafty & du Duc d'Aremberg.
Pendant tout le combat , il s'eft exposé au plus
grand feu , ainfi que le Prince Louis fon frere , le
Prince de Deux-Ponts , & le Prince Camille de
Lorraine.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
DE VIENNE, le 4 Septembre .
L'Impératrice Reine , en confidération des fervices
importans que les Colonels Janhus & Laudon
ont rendus pendant cette campagne , a fait
expédier à ces Officiers des brevets de Majors
Généraux.
A l'occafion de la guerre qui agite l'Empire,
Sa Majesté Impériale a donné de nouveaux Avocatoires
, dont voici la teneur.
>> FRANÇOIS , & c. Sçavoir faifons à tous les
Electeurs , Princes , Etats , Vaffaux & Sujets
du Saint Empire , de même qu'à tous les Of-
» ficiers & Soldats , qui fe trouvent au ſervice du
Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg , & à
ceux qui voudroient en quelque maniere que ce
» foit lui prêter ſecours & affiftance , que le Roi
de Prufie Electeur de Brandebourg , fans avoir
égard aux Mandemens ni aux Exhortatoires du
Juge Suprême de l'Empire , ayant continué fes
excès & fes violences en Saxe & en Boheme ,
» les Electeurs , Princes & Etats , auroient réfola
» le 17 Janvier dernier , que tous les Cercles de
» l'Empire devoient fournir les fecours néceffai-
» res , & nous auroient requis très - humblement
» de procéder , en vertu de notre autorité de
Chef Suprême de l'Empire , & fuivant le Traité
» de Weftphalie , l'Ordonnance d'Exécution , &
notre Capitulation : en conféquence de quoi
Nous aurions pris les mefures convenables pour
» réunir les fecours de l'Empire , & fait citer
» l'Electeur Frédéric de Brandebourg , pour le
» punir du Ban de l'Empire , & le priver des Fiefs,
» Priviléges , Dignités , Graces , Expectatives ,
» Immunités , Prérogatives , & de toutes les poffeflions
qu'il tient de Nous & du Saint - Empire.
1
1
1
OCTOBRE . 1757. 201
» Les Loix de l'Empire défendant donc que per-
» fonne , de quelque état & condition qu'il foit ,
» adhere à un pareil perturbateur du repos géné-
» ral de l'Empire , & lui accorde la moindre af-
» fiftance & retraite ; & Nous ayant déja fait pu-
» blier le 13 Septembre de l'année derniere un
» Mandement inhibitoire & avocatoire , lequel
» n'a cependant pas été exécuté en tous les points
» & étant néceffaire actuellement de les renou-
» veller , d'autant plus que l'Electeur Frédéric de
» Brandebourg a été cité judiciairement pour être
» mis au Ban de l'Empire : Nous ordonnons , en
» vertu de la plénitude de notre autorité Impériale
, à tous les Vaffaux & Sujets des Electeurs ,
>> Princes & Etats de l'Empire , & à tous les hauts
» & bas Officiers , Soldats , tant Cavaliers que
» Fantaffins , & Nous leur enjoignons très -fé-
» rieuſement , fous les peines portées par le Traité
de Weftphalie & par d'autres conftitutions de
» l'Empire portées contré les infracteurs de la paix
» publique , comme auffi fous des punitions cor-
» porel es , & fous la perte de tous leurs biens ,
» droits , priviléges , &c. , non- feulement de fe
» conformer à notredit Mandement Avocatoire ,
» & de quitter inceffamment le fervice militaire
» de l'Electeur de Brandebourg , mais auffi de ne
» point fe laiffer employer en aucune maniere ,
» foit pour le préfent , foit pour l'avenir , contre
» l'armée d'Exécution de l'Empire , contre les
» Electorats de Sare & de Boheme , contre nos
» autres Alliés & Auxiliaires , & encore moins
>> contre tous les autres Etats de l'Empire ; de ne
» prêter aucune affiftance aux partifans dudit Elec-
>> teur de Brandebourg ; de ne leur point fournir
» de munitions de guerre ni de bouche , & de ne
» point accorder de retraite , ni permettre de fé
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
>> jour à fes Confeillers , Agens & Serviteurs ; le
>> tout fous peine de notre indignation & de celle
» du Saint-Empire Romain , & fous les punitions
» fufmentionnées. A quel effet , nous avons déja
» ordonné à nos Fiſcaux & à notre Chambre Im-
» périale , de procéder après l'écoulement de deux
>> mois fuivant la rigueur des Loix contre les Con-
» trevenans , & contre ceux qui , étant fous la
» la domination de l'Empire , n'auront pas abandonné
après ledit terme le fervice dudit Elec-
» teur de Brandebourg . En foi de quoi Nous avons
» figné de notre main le préfent Mandement ; &
» afin que perfonne n'en prétende caufe d'igno-
» rance , Nous avons ordonné qu'il fût publié &
affiché fur les frontieres de l'Electorat de Bran-
"debourg , & généralement dans tout l'Empire .
A Vienne, le 22 Août 1757.
D
DE DRESDE , le 7 Septembre.
If paroît deux nouvelles Ordonnances du Commiffariat
de Guerre Pruffien. Par la premiere , il
eft enjoint aux cercles de l'Electorat , de fournir
fept cens cinquante-quatre mille huit cens quarante-
huit boiffeaux d'avoine , deux cens vingthuit
mille fix cens quatre- vingt-feize boiffeaux
d'orge , quatre cens mille quintaux de foin , &
trois millions de bottes de paille , dont le Roi de
Pruffe promet de bonnifier la valeur. La feconde
Ordonnance regarde l'établiffement de deux magafins
à Kohren & à Wilsdruff.
Sa Majesté Pruffienne , en partant de cette Ville
, lui a demandé un fubfide de cent vingt mille
écus.
Vingt mille Autrichiens , fous les ordres du
Lieutenant- Feld- Maréchal Comte de Haddick , &
OCTOBRE. 1757. 203
du Major Général Mitrowski , coupent la communication
entre cette Ville & la droite de l'Elbe.
Plufieurs partis des troupes de l'Impératrice Reine
fe font voir auffi de temps en temps à la gauche
du fleuve.
Malgré les nouvelles affurances que le Roi de
Pruffe a données pour la fûreté de la prochaine
foire de Léipfick , on craint qu'il ne s'y rende
aucun Marchand étranger.
DE DANTZICK , le 16 Septembre.
UNE Relation qu'on a reçue de l'armée Ruffienne
, au fujet de la bataille qui s'eft donnée le
30 du mois d'Août entre cette armée & celle du
Roi de Pruffe commandée par le Feld - Maréchal
de Lehwald , contient les particularités fuivantes.
« Les Pruffiens ne pouvant être attaqués que
» très-difficilement dans leur pofition près de Veh-
» lau , le Feld -Maréchal Comte d'Apraxin quitta
» la rive du Prégel , & feignit de marcher à Ko-
» nifberg , pour engager les ennemis à fortir des
» bois qu'ils occupoient . Vers les cinq heures du
» matin , on eut avis qu'ils s'avançoient au nom-
» bre de trente- fix mille hommes de troupes réglées.
Lorfqu'ils furent près de Jagerfdorff , ils
» fe déployerent fur deux lignes , qu'ils reunirent
» bientôt en une feule , afin de nous préfenter un
>> front égal au nôtre. Leurs flancs , furtout le
>> gauche , étoient couverts par leur Cavalerie.
» L'action commença par un feu très-vif d'artil-
» lerie , & l'on s'apperçut que l'objet des Pruf-
» fiens étoit de s'emparer du bois de Narfitten , &
» de nous refferrer dans les défilés qui font der-
» riere ce bois. Pour prévenir le deffein du Feld-
» Maréchal de Lehwald , le Comte d'Apraxin ren
11.Vol. I
1
194 MERCURE
DE FRANCE.
força de plufieurs Régimens les troupes char-
» gées de la défenſe du bois , & établit des deux
» côtés plufieurs fortes batteries . Cependant les
» ennemis s'étoient approchés , & ils n'étoient
» plus qu'à fix cens pas de notre armée. Ils fon-
» dirent fur nous avec une impétuofité extraordi-
»> naire , & ils pénétrerent dans le bois ; mais notre
Infanterie leur oppofa une réſiſtance fi vi-
» goureuſe , qu'ils furent obligés de fe retirer.
» Pendant cette attaque , une partie de leur Ca-
» valerie eſſaya de tourner notre aîle droite. Le Gé-
» néral Comte de Browne chargea ces Eſcadrons ,
» & les mit dans la néceffité de rejoindre leur corps
de bataille. Jufqu'à neuf heures , les ennemis
» combattirent avec la plus grande valeur . Voyant
ils prirent
» qu'ils ne pouvoient nous entamer ,
» le parti de la retraite. On les pourfuivit jul-
» qu'à une licue & demie du champ de la bataille ,
& le foir notre armée alla camper près des bois
de Wehlau. La bataille a duré quatre heures ,
» & le feu,tant de l'artillerie, que de la moufquete
» rie , a été terrible de part & d'autre . Nous devons
principalement la victoire aux fages melu.
&i res prifes par le Feld -Maréchal d'Apraxin ,
l'activité avec laquelle il s'eft porté partout. Ha eu deux chevaux bleffés fous lui. Les Pruffiens
» ont laiffé fur le champ de bataille plus de deux
mille morts , Dans leur retraite , on leur a tué » fix ceas hommes. Le nombre de leurs bleffés eft
très-confidérable , & l'on prétend qu'il montei
plus de cinq mille. Le jour de la bataille , on fit
>>> mille ou onze cens prifonniers. On en a fairun
grand nombre d'autres les deux jours fuivans
Parmi les Officiers Pruffiens tués le trouvent le
» Comte de Dohna , Lieutenant - Feld- Maréchal ,
≫ & le Major Général Wellau. Nous avons enlevé
OCTOBRE. 1757.
195
» à l'ennemi vingt- cinq pieces de canon , dont il
» y en a trois de 24 livres de balle , & cinq de
» 12. De notre côté , il y a eu onze cens vingt-
>> quatre hommes tués , quatre mille fix cens cinv.
quante- neuf bleffés, & quatre cens foixante-
» fix égarés. Le Général Lapuchin , le Lieute-
» nant-Feld- Maréchal Sibin , le fieur Capinifta ,
» Brigadier , le Colonel Patkul , le Lieutenant-
» Colonel Centrowitz , le Major Gerſtorff , &
trente autres Officiers , font parmi les morts.
» Le Général Comte de Lieven , le Lieutenant-
» Feld-Maréchal Mathias de Lieven fon frere , le
» Lieutenant- Feld -Maréchal Tolstoy , les Majors
Généraux Villebois ; Manteuffel , Weymarhr
» & du Boufquet le Brigadier Plemenikow ; le
» Knés Profozosky , & les fieurs Jafikoff & Bof-
» fuet , Colonels ; quatorze Lieutenans - Colonels
ou Majors ; cent quatre-vingts , tant Capitai-
» nes , que Lieutenans , Sous- Lieutenans & Enfeignes
, ont été bleffés. L'armée Pruffienne
n rentra le foir dans fon camp retranché de Wehlau.
Elle décampa le lendemain , pourfe reti-
» rer à Tapiau. Le 7 de Septembre , nous mar-
» châmes à Wehlau , & nons occupâmes le camp,
» que l'eapemi avoit abandonné » .
Sur diverfes lettres venues depuis cette Relation
, on s'attendoit qu'il y auroit inceffamment
une feconde action entre les deux armées ; mais
on vient d'apprendre que les Ruffiens fe font retirés
de la Pruffe Ducale. On n'eft point encore informé
des cauſes de cette retraite imprévue.
DE HAMBOURG , le 16 Septembre.
1. V ..
>>Plufieurs lettres de Saxe annoncent qu'il y
déja vinge mille Autrichiens devant Drefde. On
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
mande de Poméranie , que les troupes Suédoifes
fe font emparées d'Anclam & de Demmin , Villes
qui étoient fous la puiffance du Roi de Pruffe.
; 1124
DU CAMP DE SCHONA , le 8 Septembre.·
3
On remarqua le 31 du mois d'août beaucoup
de mouvement parmi les troupes Pruffiennes. Elles
marcheren : jufqu'à Schonau , & Fon' crut
qu'elles avoient deflein de s'y arrêter ;; mais elles
fe retirerent dans les environs de Gorlitz , où elles
établirent leur camp fur deux lignes de l'autre
côté de la Neiff . Leur droite étoit couverte par
Landferon - Gifnitz , & une partie de leur gauche
par le village de Folge . Une forte artillerie défendoit
la montagne de Lands- Cronberg , qui
étoit devant leur front. Sur l'avis qu'elles avoient
abandonné le camp de Bornftadt , le Général Beck
envoya des détachemens prendre pofteà Javernick
, à Tauritz , à Neckeren & à Bernstorfft
& le fieur de Morocz occupa Schonau . Le Comte
de Colloredo , Général d'infanterie s'avança
avec fa réferve près de Nide , & le Comte de Na
dafty , après avoir pouffé un détachement à Lauban
, fe porta à Schonberg avecle corps de troupes
, qui eft fous fes ordres.
Le premier de feptembre, vingt compagnies de
Grenadiers , trente piquets & Gx cens chevaux ,
entrerent dans le camp que l'on avoit tracé entre
Bornftadt & Leube . Toute l'armée s'y rendit le 2
fur fix colonnes , & le Prince Charles de Lorraine
établit fon quartier à Oftritz. Quelques troupes
ennemies s'approcherent de Schonberg , dans le
deffein d'attaquer les poftes avancés du Comte de
Nadafty , mais ayant reconnu que ces poftes
avoient été renforcés , elles n'oferent rien entre
prendre .
OCTOBRE. 1757. 197
Le Prince Charles de Lorraine & le Feld-Maréchal
Comte de Daun firent le 3 diverfes difpofitions
, tendantes à former un cordon depuis la
rive droite de la Neiff jufqu'à Lauban , & depuis
la rive gauche de la même riviere jufqu'à Drefde.
Le lendemain , un détachement de notre
droite fe porta à Lauban. Les troupes légeres de
la gauche firent auffi un mouvement en avant.
Sept cens charriots chargés de farine étoient ar
rivés le 4 de Drefde à Baudiffin pour l'armée du
Roi de Pruffe. Ayant été joints à Baudiffin par
fept cens autres , ils pourfuivirent le s leur route
vers Gorlitz. Le Lieutenant-Feld- Maréchal Had.
dick , inftruit de la marche de ce convoi , fit
mettre feize cens , tant Huffards que Croates , en
embuſcade fur le chemin qui conduit à Wurfchen,
par lequel les convois des ennemis paffoient or
dinairement. Selon les apparences , les Pruffiens
en furent avertis . Ils pafferent par Baruth & par
Weigersdorff , afin d'éviter la rencontre des troupes
du Comte de Haddick.
Le cinq , les ennemis commencerent à fe
retrancher fur la montagne de Lands- Cronberg.
Larmée de l'Impératrice Reine s'approcha le même
jour de Bornftadt , & vint camper ici , plufieurs
Compagnies de Grenadiers s'étendant depuis
Tauchriz jufqu'à la Neiff , & occupant les hauteurs
de Javernick . Pour couvrir notre marche ,
le fieur de Morocz s'étoit avancé la veille à
Teutfch Pauls-dorff , & le Général Beck s'étoit
porté fur Javernick & fur Teutfch- Offig . Ce der
nier apprit le 6 , que trois à quatre mille Pruffiens
, qui couvroient la ville de Baudiffin , avoient
joint le gros de leur armée , & que cette Place
n'étoit plus gardée que par fept ou huit cens hommes.
Auffitôt il marcha de ce côté , pour empê-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
cher la Garnifon de fe retirer , ou pour lui rendre
du moins la retraite plus difficile .
Un corps de dix- huit à vingt mille Pruffiens ,
commandé par le Général Winterfeld , étoit retranché
de l'autre côté de la Neiff fur une montagne
de très -difficile accès. Nonobftant cette potion
avantageuse , le Prince Charles de Lorraine
fit attaquer hier ce Général. Le Comte de Nadafty
& le Duc d'Aremberg furent chargés de cette
expédition. On ne pouvoit déloger les ennemis de
a montagne, fans fe rendre maître d'une redoute.
Le Général Wurben , qui étoit à la tête des grenadiers
, & le Comte de Montazet , Brigadier dé
Dragons au fervice du Roi Très - Chrétien , fe
jetterent les premiers dans cette Redoute l'épée à
la main. Ils ne tarderent pas à être fuivis de tous
les Grenadiers qui , la bayonnette au bout du fufil
, chafferent les ennemis. Pendant affez longtemps
, les Pruffiens tinrent ferme fur le haut de
la montagne. Mais le Général Winterfeld ayant
été tué d'un coup de canon , fa mort les découragea
, & ils furent mis en déroute , après avoir perdu
quatre canons & fept drapeaux . Il y a eu du
côté des Autrichiens trois cens hommes tués ou
bleffés . Parmi les premiers, on compte le Marquis
d'Afque , Capitaine au régiment d'Arberg , & le
Comte de Groefberg , Capitaine dans le Régiment
de Ligne. Le Comte de Nadafty a reçu un
coup de feu à l'épaule . Le Marquis de Clerici ,
Lieutenant- Feld- Maréchal ; le fieur Elrichaufen ,
Colonel-Commandant du Régiment de Sprecheri
le Comte d'Arberg , Lieutenant- Colonel du même
Régiment, & le fieur de Kinflog, Lieutenant Colo .
nel du Régiment de Mercy, font auffi bleffés ; & le
dernier l'eft très - dangereufement. On eftime la pere
des ennemis à 1500 hommes , en y compre-
G
OCTOBRE. 1757. 159
nant les prifonniers & les déferteurs.Nous avons fait
prifonniers le Baron de Kamecke , Major Général
; le Comte d'Anholt , Colonel , & plufieurs
autres Officiers .
Peu après l'action , le prince Charles de Lorraine
fut informé qu'à midi le Lieutenant- Feld-
Maréchal Haddick s'étoit emparé de la ville de
Baudiffin ; que la Garnifon s'étoit rendue prifonniere
de guerre , & qu'on avoit trouvé dans la
Place un magafin confidérable de toute forte de
provifions , & quelques pieces de campagne. Les
ennemis , privés de ce pofte , auront beaucoup
de peine à foutenir leur communication avec la
Saxe.
On vient de détacher de notre armée un Corps
confidérable d'Infanterie & de Cavalerie , pour
marcher en avant par la droite de l'Elbe , & le
porter fur Drefde , Meiffen & Torgau , tandis que
les troupes légeres poufferont de leur côté vers la
lifere du Brandebourg.
Quelques efpions viennent de rapporter que le
Prince de Brunfwic- Beverne faifoit défiler des
troupes de fa gauche vers Buntzlau . Son objet eft
fans doute de renforcer le corps que commande le
Général Grumbkow , & de couvrir les Districts
de Lignitz & de Glogaw. Il deftinoit le corps
du Général Winterfeld à couvrir Schweidnitz & la
partie de la Silée , qui s'étend depuis cette Ville
jufqu'à la gauche de l'Oder.
Le Duc Wirtemberg , étant arrivé hier au matin
à notre camp , a voulu fe trouver à l'expédition
du Comte de Nadafty & du Duc d'Aremberg.
Pendant tout le combat , il s'eft exposé au plus
grand feu , ainfi que le Prince Louis fon frere , le
Prince de Deux-Ponts , & le Prince Camille de
Lorraine.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
DE VIENNE, le 4 Septembre .
L'Impératrice Reine , en confidération des fervices
importans que les Colonels Janhus & Laudon
ont rendus pendant cette campagne , a fait
expédier à ces Officiers des brevets de Majors
Généraux.
A l'occafion de la guerre qui agite l'Empire,
Sa Majesté Impériale a donné de nouveaux Avocatoires
, dont voici la teneur.
>> FRANÇOIS , & c. Sçavoir faifons à tous les
Electeurs , Princes , Etats , Vaffaux & Sujets
du Saint Empire , de même qu'à tous les Of-
» ficiers & Soldats , qui fe trouvent au ſervice du
Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg , & à
ceux qui voudroient en quelque maniere que ce
» foit lui prêter ſecours & affiftance , que le Roi
de Prufie Electeur de Brandebourg , fans avoir
égard aux Mandemens ni aux Exhortatoires du
Juge Suprême de l'Empire , ayant continué fes
excès & fes violences en Saxe & en Boheme ,
» les Electeurs , Princes & Etats , auroient réfola
» le 17 Janvier dernier , que tous les Cercles de
» l'Empire devoient fournir les fecours néceffai-
» res , & nous auroient requis très - humblement
» de procéder , en vertu de notre autorité de
Chef Suprême de l'Empire , & fuivant le Traité
» de Weftphalie , l'Ordonnance d'Exécution , &
notre Capitulation : en conféquence de quoi
Nous aurions pris les mefures convenables pour
» réunir les fecours de l'Empire , & fait citer
» l'Electeur Frédéric de Brandebourg , pour le
» punir du Ban de l'Empire , & le priver des Fiefs,
» Priviléges , Dignités , Graces , Expectatives ,
» Immunités , Prérogatives , & de toutes les poffeflions
qu'il tient de Nous & du Saint - Empire.
1
1
1
OCTOBRE . 1757. 201
» Les Loix de l'Empire défendant donc que per-
» fonne , de quelque état & condition qu'il foit ,
» adhere à un pareil perturbateur du repos géné-
» ral de l'Empire , & lui accorde la moindre af-
» fiftance & retraite ; & Nous ayant déja fait pu-
» blier le 13 Septembre de l'année derniere un
» Mandement inhibitoire & avocatoire , lequel
» n'a cependant pas été exécuté en tous les points
» & étant néceffaire actuellement de les renou-
» veller , d'autant plus que l'Electeur Frédéric de
» Brandebourg a été cité judiciairement pour être
» mis au Ban de l'Empire : Nous ordonnons , en
» vertu de la plénitude de notre autorité Impériale
, à tous les Vaffaux & Sujets des Electeurs ,
>> Princes & Etats de l'Empire , & à tous les hauts
» & bas Officiers , Soldats , tant Cavaliers que
» Fantaffins , & Nous leur enjoignons très -fé-
» rieuſement , fous les peines portées par le Traité
de Weftphalie & par d'autres conftitutions de
» l'Empire portées contré les infracteurs de la paix
» publique , comme auffi fous des punitions cor-
» porel es , & fous la perte de tous leurs biens ,
» droits , priviléges , &c. , non- feulement de fe
» conformer à notredit Mandement Avocatoire ,
» & de quitter inceffamment le fervice militaire
» de l'Electeur de Brandebourg , mais auffi de ne
» point fe laiffer employer en aucune maniere ,
» foit pour le préfent , foit pour l'avenir , contre
» l'armée d'Exécution de l'Empire , contre les
» Electorats de Sare & de Boheme , contre nos
» autres Alliés & Auxiliaires , & encore moins
>> contre tous les autres Etats de l'Empire ; de ne
» prêter aucune affiftance aux partifans dudit Elec-
>> teur de Brandebourg ; de ne leur point fournir
» de munitions de guerre ni de bouche , & de ne
» point accorder de retraite , ni permettre de fé
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
>> jour à fes Confeillers , Agens & Serviteurs ; le
>> tout fous peine de notre indignation & de celle
» du Saint-Empire Romain , & fous les punitions
» fufmentionnées. A quel effet , nous avons déja
» ordonné à nos Fiſcaux & à notre Chambre Im-
» périale , de procéder après l'écoulement de deux
>> mois fuivant la rigueur des Loix contre les Con-
» trevenans , & contre ceux qui , étant fous la
» la domination de l'Empire , n'auront pas abandonné
après ledit terme le fervice dudit Elec-
» teur de Brandebourg . En foi de quoi Nous avons
» figné de notre main le préfent Mandement ; &
» afin que perfonne n'en prétende caufe d'igno-
» rance , Nous avons ordonné qu'il fût publié &
affiché fur les frontieres de l'Electorat de Bran-
"debourg , & généralement dans tout l'Empire .
A Vienne, le 22 Août 1757.
D
DE DRESDE , le 7 Septembre.
If paroît deux nouvelles Ordonnances du Commiffariat
de Guerre Pruffien. Par la premiere , il
eft enjoint aux cercles de l'Electorat , de fournir
fept cens cinquante-quatre mille huit cens quarante-
huit boiffeaux d'avoine , deux cens vingthuit
mille fix cens quatre- vingt-feize boiffeaux
d'orge , quatre cens mille quintaux de foin , &
trois millions de bottes de paille , dont le Roi de
Pruffe promet de bonnifier la valeur. La feconde
Ordonnance regarde l'établiffement de deux magafins
à Kohren & à Wilsdruff.
Sa Majesté Pruffienne , en partant de cette Ville
, lui a demandé un fubfide de cent vingt mille
écus.
Vingt mille Autrichiens , fous les ordres du
Lieutenant- Feld- Maréchal Comte de Haddick , &
OCTOBRE. 1757. 203
du Major Général Mitrowski , coupent la communication
entre cette Ville & la droite de l'Elbe.
Plufieurs partis des troupes de l'Impératrice Reine
fe font voir auffi de temps en temps à la gauche
du fleuve.
Malgré les nouvelles affurances que le Roi de
Pruffe a données pour la fûreté de la prochaine
foire de Léipfick , on craint qu'il ne s'y rende
aucun Marchand étranger.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
Le 30 août 1757, une bataille opposa l'armée russe, dirigée par le Feld-Maréchal Comte d'Apraxin, à l'armée prussienne commandée par le Feld-Maréchal de Lehwald près de Vehlau. Les Prussiens, initialement bien positionnés, furent contraints de quitter les bois qu'ils occupaient. Les Russes, après avoir renforcé la défense du bois de Narfitten, résistèrent à une attaque prussienne. La cavalerie prussienne tenta de tourner l'aile droite russe mais fut repoussée par le Général Comte de Browne. Après neuf heures de combat, les Prussiens se retirèrent, laissant plus de deux mille morts et cinq mille blessés. Les Russes capturèrent vingt-cinq pièces de canon et mille prisonniers, subissant eux-mêmes mille cent vingt-quatre tués, quatre mille six cent cinquante-neuf blessés et quatre cent soixante-six égarés, incluant plusieurs officiers de haut rang. Suite à cette bataille, les Russes occupèrent le camp de Wehlau abandonné par les Prussiens. Des mouvements de troupes furent observés en Saxe et en Poméranie, avec des troupes suédoises s'emparant de villes prussiennes. En Saxe, les Autrichiens se préparaient à attaquer Dresde. Le Prince Charles de Lorraine et le Feld-Maréchal Comte de Daun organisèrent des dispositions défensives autour de la Neisse. Une attaque contre les Prussiens retranchés près de Bornftadt fut couronnée de succès, avec la capture de quatre canons et sept drapeaux. Les Prussiens subirent des pertes significatives, incluant le Général Winterfeld. Les Autrichiens capturèrent également plusieurs officiers prussiens. Le Duc de Wurtemberg et d'autres princes participèrent activement aux combats. L'Impératrice Reine promit les Colonels Janhus et Laudon au rang de Majors Généraux pour leurs services. Des avocatoires impériaux furent émis contre le Roi de Prusse pour ses actions en Saxe et en Bohême. Par ailleurs, un mandement impérial daté du 22 août 1757 ordonna aux vassaux et sujets des électeurs, princes et États de l'Empire de quitter immédiatement le service militaire de l'Électeur Frédéric de Brandebourg. Cette décision est motivée par les lois de l'Empire interdisant de soutenir un perturbateur du repos général. Le mandement rappelle un précédent ordre du 13 septembre de l'année précédente, non entièrement exécuté, et cite l'Électeur Frédéric de Brandebourg pour être mis au Ban de l'Empire. Les sujets sont menacés de sévères punitions, y compris la perte de leurs biens et privilèges, s'ils continuent à servir l'Électeur de Brandebourg ou lui fournissent une quelconque assistance. Le mandement doit être publié et affiché aux frontières de l'Électorat de Brandebourg et dans tout l'Empire. Deux ordonnances du Commissariat de Guerre prussien demandèrent aux cercles de l'Électorat de fournir des provisions et établirent des magasins à Kohren et à Wilsdruff. Le roi de Prusse demanda également un subside de cent vingt mille écus à Dresde. Des troupes autrichiennes, sous les ordres du lieutenant-feld-maréchal Comte de Haddick et du major général Mitrowski, coupèrent la communication entre Dresde et la droite de l'Elbe, tandis que d'autres troupes impériales se montrèrent à gauche du fleuve. Malgré les assurances du roi de Prusse, la sécurité de la prochaine foire de Leipzig fut mise en doute.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 181-189
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Début :
L'armée du Roi, combinée avec celle de l'Empire, ayant reçu [...]
Mots clefs :
Bataille, France, Empire, Prusse, Bataillons, Ennemis, Généraux, Marquis, Camps, Mouvements des troupes, Cavalerie, Régiments, Artillerie, Colonels, Chevaliers, Capitaines, Lieutenants, Officiers, Liste des prisonniers, Liste des blessés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
Fermer
Résumé : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Du 23 octobre au 5 novembre, l'armée combinée de l'Empire et de la France, renforcée par des troupes du Duc de Broglie, affronta l'armée prussienne. Après plusieurs manœuvres, les deux armées se retrouvèrent près de Weissenfels. Le 3 novembre, les Prussiens traversèrent la Saale, et les préparatifs pour la bataille commencèrent. Le 5 novembre, la bataille éclata. Les Prussiens repoussèrent la cavalerie combinée et gagnèrent le flanc droit, forçant les bataillons à se replier. L'armée combinée se retira à Freybourg, puis traversa l'Unstrutt sans être poursuivie. Le 6 novembre, l'armée de l'Empire se retira vers Arnstadt, tandis que l'armée française se rapprocha des quartiers du Maréchal Duc de Richelieu. La bataille entraîna des pertes significatives, avec une liste publiée des officiers tués, blessés, prisonniers ou manquants. Les régiments affectés incluaient ceux de Piedmont, Royal-Roussillon, Castellas, Planta, Reding, Salis, Touraine, Saint-Germain, Mailly, Poitou, Saint-Chamont, Rohan, Beauvoisis, Brissac, Provence, Diesbach, La Marck, et plusieurs régiments de cavalerie. Certains officiers initialement portés disparus furent ensuite confirmés comme prisonniers. Par ailleurs, plusieurs nominations et promotions furent annoncées au sein de l'armée française. Le Régiment Royal-Barrois, vacant après le décès du Comte de Baffompierre, fut attribué au Marquis de Baffompierre. Trois places de Colonels dans le Régiment des Grenadiers de France furent attribuées au Comte de la Fayette, au Comte de Danois et au Comte de Broglie. Deux guidons vacants dans la Gendarmerie furent attribués au Comte de Noé et au Marquis de Crenolles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 191-203
ALLEMAGNE.
Début :
Les Prussiens depuis quelques temps avoient poussé de Magdebourg à Halberstadt [...]
Mots clefs :
Hanovre, Prusse, Maréchal de Richelieu, Détachement, Ennemis, Armées, Opérations militaires, Bohême, Prince Charles de Lorraine, Soldats croates, Batailles, Garnisons, Mouvements des troupes, Breme, Convention, Duc de Broglie, Articles, Négociations, Artillerie, Troupes, Hambourg, Paiements, Assemblée des États de Saxe, Francfort, Dantzig, Soldats russes, Avancées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1758, les Prussiens déplacèrent des troupes de Magdebourg à Halberstadt, permettant aux habitants de refuser les contributions en argent et les fournitures de grains. Le maréchal de Richelieu envoya le marquis de Voyer avec onze bataillons, trente-six piquets, deux régiments de cavalerie et un de hussards, ainsi que quatre cents chevaux revenus de Brunswick, pour chasser les Prussiens. Le 10 janvier, le marquis de Voyer rassembla ses troupes sur le haut Oker et les fit marcher en trois colonnes vers Halberstadt. La colonne de droite, sous les ordres du comte Turpin, se dirigea vers la porte de Halberstadt menant à Quedlinbourg. La colonne du centre, commandée par le marquis de Langeron, se dirigea vers une autre porte de Halberstadt. La colonne de gauche, sous les ordres du marquis de Belzunce, devait passer le ruisseau d'Oltheim pour masquer une porte d'Halberstadt. Les trois colonnes débouchèrent simultanément, mais la colonne du centre et celle de gauche rencontrèrent des glaces, causant un retard. La colonne de droite arriva devant Halberstadt au matin et alerta les Prussiens, qui abandonnèrent précipitamment Halberstadt et Quedlinbourg, laissant leur hôpital et des effets. Les Français entrèrent dans Halberstadt, ravitaillèrent le château de Regenstein pour six mois et obtinrent deux cents mille écus à titre de contribution. Le marquis de Voyer distribua des rations de pain aux troupes et détruisit un magasin d'échelles et des parties des fortifications de la ville. Il ramena également des otages, dont M. Dudick, et des chefs de la régence d'Halberstadt. Les Prussiens abandonnèrent ensuite Achersleben et d'autres quartiers occupés. En Bohême, le maréchal comte de Daun préparait ses troupes pour contrer les Prussiens. Les Croates repoussèrent un détachement prussien près de Schatzlar, et la garnison de Schweidnitz fit une sortie contre les troupes prussiennes qui la bloquaient. Les Prussiens tentèrent une attaque près de Gratz, mais furent repoussés avec des pertes importantes. À Brême, le maréchal de Richelieu envoya le duc de Broglie pour empêcher les Hanovriens de s'emparer de la ville. Après une négociation, les magistrats de Brême acceptèrent de recevoir les troupes françaises. Un accord fut signé, garantissant la liberté et les privilèges de la ville, ainsi que la cohabitation des troupes françaises et locales. Les troupes françaises ne demanderont ni provisions ni chauffage à la ville, tout sera payé en argent comptant. Une discipline stricte sera observée parmi les troupes. Les Majestés Impériale et très-Chrétienne garantiront la sûreté du commerce et dédommageront la ville pour les souffrances endurées pendant la guerre. Aucun hôpital ne sera établi dans la ville, sauf un hôpital ambulant dans un faubourg pour les premiers secours. L'Électorat de Saxe subissait des contributions lourdes imposées par le Roi de Prusse, notamment à Leipzig, qui a déjà payé onze cents mille écus et doit en fournir huit cents mille de plus. La noblesse de Saxe doit également payer six cents mille écus en trois termes. Les exécutions militaires reprennent dans le Cercle de Misnie pour les fournitures de froment. Un détachement prussien a détruit le château de Nischwitz appartenant au Comte de Brulh, premier ministre de la Majesté Polonoise, et a pillé les fermes environnantes. La marche des Russes vers Königsberg est également confirmée, avec une colonne de dix mille hommes aux ordres du Général Romanzow.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 193-197
ALLEMAGNE.
Début :
Ce qu'on sçait ici de certain des marches & des mouvements des Prussiens [...]
Mots clefs :
Prague, Mouvements des troupes, Prusse, Attaques, Ennemis, Postes militaires, Feld-maréchal, Colonel, Officiers, Hanau, Évacuation, Artillerie, Düsseldorf, Duc de Broglie, Bataillons, Troupes, Bautzen, Troupes autrichiennes, Wesel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE , le 3 Avril.
Ce qu'on fçait ici de certain des marches & des
E
mouvemens des Pruffiens en Siléfie , fe réduit au
détail fuivant. Le Roi arriva le 17 Mars de Breſlau
à Landshut ; il alla le 19 à Criffau , & le lendemain
il y transféra fon Quartier Général . Ses
Troupes font partagées en trois Corps . L'un d'environ
vingt -cinq mille hommes eft campé entre
Frauftad & Glogau , près des frontieres de Pologne
, pour obferver les mouvemens de l'armée ,
Ruffienne. Il y a dans la Haute Siléfie un autre
Corps deftiné à agir du côté de la Moravie. Le
troiſieme Corps eft dans la Luface , pour affurer
la communication entre la Saxe & la Siléfie . Ce
dernier fait partie de l'armée que le Roi commande
en perfonne , & qui eft forte , à ce qu'on prétend
, de plus de cinquante mille hommes.
ce ,
Les premiers pas des Pruffiens ont été dirigés
vers le Comté de Glatz. Ils s'y font portés en forpour
faire abandonner ce canton au Général
Janhus , & s'étendre eux- mêmes de ce côté- là ;
ce qui leur a réuffi . Leur grande fupériorité a obligé
le Général Janhus de fe replier , fuivant les
ordres qu'il en avoit , fur Mittelwalde , & delà
fur Senftenberg ; mais ce n'a pas été fans coup
I
194 MERCURE DE FRANCE.
férir. L'ennemi dans cette retraite , a¨efſuyé un
feu continuel , qui lui a fait perdre bien du monde.
Les Pruffiens depuis ont fait occuper Grulick
par cinq mille hommes d'Infanterie & quelques
chevaux. De là ils ont fait des excurſions jufqu'à
Wigftatl , & ont pillé le canton . Cependant , foit
qu'ils ayent eu avis des difpofitions qui fe faifoient
pour les recevoir vigoureufement , s'ils étoient
avancés vers nos frontieres , foit qu'ils ayent voulu
prévenir le débordement des eaux qui leur eût
coupé la retraite , s'ils avoient été attaqués , ils
n'ont pas gardé longtemps ce pofte. Dès le 25 ;
ils revinrent à Mittelwalde , ils marcherent enfuite
fur Schonfeld , pafferent Habetſchwerd , &
prirent de nouveau pofte à Ullerfdorff. Le Corps
entiers des Prufhiens , dont on croit que le véri
table objet étoit d'enlever le magafin que nous
avons à Leutomyffel , étoit , au rapport de leurs
Déferteurs , de quinze à feize mille hommes. Il
étoit commandé par le Général de la Mothe-Fon
quet , le Prince François de Brunſwick & le Gée
néral Putkammer.
L'ennemi continue de fe renforcer du côté de
Landshut. Il fe retranche auffi à Liébeau & à
Schoenberg.
Les poftes que les Pruffiens ont du côté de
Braunau vers les frontieres de la Siléfie , ont déja
tenté plufieurs fois de furprendre nos poftes avancés
; mais ils ont toujours été repouflés avec
perte,
L'armée du Feld- Maréchal Comte de Daun
s'eft miſe en marche le 24 , & s'avance du côté
de Braunau.
Les Pruffiens ayant échoué dans la tentative
qu'ils ont faite pour pénétrer dans ce Royaume
par Grulick , en ont fait depuis une nouvelle du
M. A I. 1758. 195
tôté de Reinerts. Le Prince François de Brunfwick,
avec un Corps de quatre mille hommes ,
s'eft porté le 28 Mars fur ce dernier pofte , &
après s'être formé fur les hauteurs dont la Place
eft environnée , il a fait attaquer par deux côtés
différens un Détachement de nos Troupes légeres
qui en formoit la Garnifon . L'Officier qui le commandoit
, étant obligé de céder à la fupériorité
de l'ennemi , fit fa retraite en fi bon ordre , qu'on
ne put jamais entamer fa Troupe , quoique les
Pruffiens l'attaquaffent à la fois par quatre côtés.
Une autre Compagnie de nos Troupes légeres
vint à fon fecours , & le Colonel de Zettwitz ,
qui commande dans ces quartiers -là , s'avança ,
pour la foutenir , avec quatre Compagnies des
mêmes Troupes. Le fen de part & d'autre fut trèsvif
; mais enfin les ennemis furent obligés de fe
replier avec perte , & de fe retirer par Ruckers.
Hs font prefque tous les jours de pareilles tentatives
, pour furprendre de petits poftes fur la frontiere
, & il s'y fait de continuelles eſcarmouches.
DE HANAU , le 2 Avril.
>
L'évacuation de Hanau , que toutes les difpefitions
des François avoient annoncée , ne paroît
rien moins que prochaine. Le Comte de Lorges
qui y commande , a reçu depuis peu ordre d'y
refter avec la Garniſon , & de s'y fortifier. On a
repris en conféquence , dès le jour de Pâques , les
travaux avec plus d'activité que jamais . Toutes les
Troupes , l'artillerie & les munitions , qui depuis
le 26 Mars marchoient vers le Rhin , reviennent
fur leurs pas ; la Garniſon eſt même augmentée
de deux Bataillons , & l'on garnit de canon les
remparts.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
DE DUSSELDORP , les Avril.
Les Troupes aux ordres du Duc de Broglie vont
paffer fucceffivement le Rhin , &, feront bientôt
toutes raffemblées dans ces quartiers- ci . Elles font
partagées en deux colonnes , dont chacune mar
che en trois Divifions . La premiere Divifion de la
Colonne de la droite , eft compofée des quatre
Bataillons du Régiment du Roi , & des dix Efcadrons
des Carabiniers ; la feconde , de l'artillerie
, des deux Bataillons de Dauphin , & de la
Brigade Impériale de trois Bataillons ; la troifieme
, des deux Bataillons de Touraine , de deux
Efcadrons de Montcalm , & des Grenadiers de
cette Colonne. Les trois Divifions de la Colonne
de la gauche , confiftent 1 ° , en deux Bataillons
de Provence , un de Foix , un de Tournaifis , un
de la Marck , deux de Rochefort , & deux de Planta.
2°. Deux de Caftellas , deux de Diefback , deux
Efcadrons de Royal Allemand , deux de Naffau ,
& deux de Poly. 3 °. Deux Bataillons de Vaubecourt
, un de Royal Lorraine , avec les Grenadiers
de cette Colonne , & fix Eſcadrons des Huf.
fards Impériaux de Czeczeni.
•
Une partie de ces Troupes étoit fortie de Soeft
le 28 du mois de Mars à midi , & elles étoient à
peine à quatre cents pas de la Ville , lorfque des
Huffards Pruffiens Noirs & Jaunes , fe montrerent
avec quelques Chaffeurs. Les Huffards de Czeczeni
les chargerent , & les repoufferent le fabre à
la main jufques fous les remparts de Soeft . Il y a
eu dans ce choc de part & d'autre environ quarante
hommes tués ou bleffés , & à peu près au
tant de chevaux. Le Marquis de Loftanges , Colonel
des Cuiraffiers , qui voulut être de la partie ,
a eu fon cheyal tué fous lui.
MA I. 1758. 197
DE BAUTZEN , dans la Haute Luface ,
le 27 Mars.
Il eft arrivé dans ces cantons un Corps de Trou
pes Autrichiennes aux ordres du Général de Sincere.
Ce Général vient d'établir des poftes de
communication avec la Boheme , & avec l'armée
du Comte de Daun . Par la pofition qu'il a prife ,
il est en même temps à portée de troubler de ce
côté- là les communications entre l'armée Pruffienne
& la Saxe. Un Détachement de Huffards ,
qui fut envoyé il y a quelques jours à la décou
-verte , s'eft avancé jufqu'à Cotbus , eft entré dans
cette Ville , a enlevé la Caiffe que le Roi de Pruffe
y faifoit garder , & s'eft retiré fans obſtacle avec ·
fon butin.
DE WESEL , le 12 Avril .
Les Troupes qui font cantonnées felon l'ordre
de bataille , peuvent fe raffembler en deux fois
vingt- quatre heures , & elles s'occupent avec fuc
cès de leurs réparations. Plufieurs Régimens font
déja complets , avec le fecours des Miliciens qui
y ont été incorporés . Chaque Officier Général eft
avec la Divifion dont le commandement lui eft
deftiné pour la campagne prochaine , & veille par
ce moyen au rétabliffement de la difcipline . Ainfi
il y a lieu d'efpérer que dans peu de temps , notre
armée fe trouvera en auffi bon état qu'elle étoit ,
il y a un an , avant que de paffer le Rhin.
DE PRAGUE , le 3 Avril.
Ce qu'on fçait ici de certain des marches & des
E
mouvemens des Pruffiens en Siléfie , fe réduit au
détail fuivant. Le Roi arriva le 17 Mars de Breſlau
à Landshut ; il alla le 19 à Criffau , & le lendemain
il y transféra fon Quartier Général . Ses
Troupes font partagées en trois Corps . L'un d'environ
vingt -cinq mille hommes eft campé entre
Frauftad & Glogau , près des frontieres de Pologne
, pour obferver les mouvemens de l'armée ,
Ruffienne. Il y a dans la Haute Siléfie un autre
Corps deftiné à agir du côté de la Moravie. Le
troiſieme Corps eft dans la Luface , pour affurer
la communication entre la Saxe & la Siléfie . Ce
dernier fait partie de l'armée que le Roi commande
en perfonne , & qui eft forte , à ce qu'on prétend
, de plus de cinquante mille hommes.
ce ,
Les premiers pas des Pruffiens ont été dirigés
vers le Comté de Glatz. Ils s'y font portés en forpour
faire abandonner ce canton au Général
Janhus , & s'étendre eux- mêmes de ce côté- là ;
ce qui leur a réuffi . Leur grande fupériorité a obligé
le Général Janhus de fe replier , fuivant les
ordres qu'il en avoit , fur Mittelwalde , & delà
fur Senftenberg ; mais ce n'a pas été fans coup
I
194 MERCURE DE FRANCE.
férir. L'ennemi dans cette retraite , a¨efſuyé un
feu continuel , qui lui a fait perdre bien du monde.
Les Pruffiens depuis ont fait occuper Grulick
par cinq mille hommes d'Infanterie & quelques
chevaux. De là ils ont fait des excurſions jufqu'à
Wigftatl , & ont pillé le canton . Cependant , foit
qu'ils ayent eu avis des difpofitions qui fe faifoient
pour les recevoir vigoureufement , s'ils étoient
avancés vers nos frontieres , foit qu'ils ayent voulu
prévenir le débordement des eaux qui leur eût
coupé la retraite , s'ils avoient été attaqués , ils
n'ont pas gardé longtemps ce pofte. Dès le 25 ;
ils revinrent à Mittelwalde , ils marcherent enfuite
fur Schonfeld , pafferent Habetſchwerd , &
prirent de nouveau pofte à Ullerfdorff. Le Corps
entiers des Prufhiens , dont on croit que le véri
table objet étoit d'enlever le magafin que nous
avons à Leutomyffel , étoit , au rapport de leurs
Déferteurs , de quinze à feize mille hommes. Il
étoit commandé par le Général de la Mothe-Fon
quet , le Prince François de Brunſwick & le Gée
néral Putkammer.
L'ennemi continue de fe renforcer du côté de
Landshut. Il fe retranche auffi à Liébeau & à
Schoenberg.
Les poftes que les Pruffiens ont du côté de
Braunau vers les frontieres de la Siléfie , ont déja
tenté plufieurs fois de furprendre nos poftes avancés
; mais ils ont toujours été repouflés avec
perte,
L'armée du Feld- Maréchal Comte de Daun
s'eft miſe en marche le 24 , & s'avance du côté
de Braunau.
Les Pruffiens ayant échoué dans la tentative
qu'ils ont faite pour pénétrer dans ce Royaume
par Grulick , en ont fait depuis une nouvelle du
M. A I. 1758. 195
tôté de Reinerts. Le Prince François de Brunfwick,
avec un Corps de quatre mille hommes ,
s'eft porté le 28 Mars fur ce dernier pofte , &
après s'être formé fur les hauteurs dont la Place
eft environnée , il a fait attaquer par deux côtés
différens un Détachement de nos Troupes légeres
qui en formoit la Garnifon . L'Officier qui le commandoit
, étant obligé de céder à la fupériorité
de l'ennemi , fit fa retraite en fi bon ordre , qu'on
ne put jamais entamer fa Troupe , quoique les
Pruffiens l'attaquaffent à la fois par quatre côtés.
Une autre Compagnie de nos Troupes légeres
vint à fon fecours , & le Colonel de Zettwitz ,
qui commande dans ces quartiers -là , s'avança ,
pour la foutenir , avec quatre Compagnies des
mêmes Troupes. Le fen de part & d'autre fut trèsvif
; mais enfin les ennemis furent obligés de fe
replier avec perte , & de fe retirer par Ruckers.
Hs font prefque tous les jours de pareilles tentatives
, pour furprendre de petits poftes fur la frontiere
, & il s'y fait de continuelles eſcarmouches.
DE HANAU , le 2 Avril.
>
L'évacuation de Hanau , que toutes les difpefitions
des François avoient annoncée , ne paroît
rien moins que prochaine. Le Comte de Lorges
qui y commande , a reçu depuis peu ordre d'y
refter avec la Garniſon , & de s'y fortifier. On a
repris en conféquence , dès le jour de Pâques , les
travaux avec plus d'activité que jamais . Toutes les
Troupes , l'artillerie & les munitions , qui depuis
le 26 Mars marchoient vers le Rhin , reviennent
fur leurs pas ; la Garniſon eſt même augmentée
de deux Bataillons , & l'on garnit de canon les
remparts.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
DE DUSSELDORP , les Avril.
Les Troupes aux ordres du Duc de Broglie vont
paffer fucceffivement le Rhin , &, feront bientôt
toutes raffemblées dans ces quartiers- ci . Elles font
partagées en deux colonnes , dont chacune mar
che en trois Divifions . La premiere Divifion de la
Colonne de la droite , eft compofée des quatre
Bataillons du Régiment du Roi , & des dix Efcadrons
des Carabiniers ; la feconde , de l'artillerie
, des deux Bataillons de Dauphin , & de la
Brigade Impériale de trois Bataillons ; la troifieme
, des deux Bataillons de Touraine , de deux
Efcadrons de Montcalm , & des Grenadiers de
cette Colonne. Les trois Divifions de la Colonne
de la gauche , confiftent 1 ° , en deux Bataillons
de Provence , un de Foix , un de Tournaifis , un
de la Marck , deux de Rochefort , & deux de Planta.
2°. Deux de Caftellas , deux de Diefback , deux
Efcadrons de Royal Allemand , deux de Naffau ,
& deux de Poly. 3 °. Deux Bataillons de Vaubecourt
, un de Royal Lorraine , avec les Grenadiers
de cette Colonne , & fix Eſcadrons des Huf.
fards Impériaux de Czeczeni.
•
Une partie de ces Troupes étoit fortie de Soeft
le 28 du mois de Mars à midi , & elles étoient à
peine à quatre cents pas de la Ville , lorfque des
Huffards Pruffiens Noirs & Jaunes , fe montrerent
avec quelques Chaffeurs. Les Huffards de Czeczeni
les chargerent , & les repoufferent le fabre à
la main jufques fous les remparts de Soeft . Il y a
eu dans ce choc de part & d'autre environ quarante
hommes tués ou bleffés , & à peu près au
tant de chevaux. Le Marquis de Loftanges , Colonel
des Cuiraffiers , qui voulut être de la partie ,
a eu fon cheyal tué fous lui.
MA I. 1758. 197
DE BAUTZEN , dans la Haute Luface ,
le 27 Mars.
Il eft arrivé dans ces cantons un Corps de Trou
pes Autrichiennes aux ordres du Général de Sincere.
Ce Général vient d'établir des poftes de
communication avec la Boheme , & avec l'armée
du Comte de Daun . Par la pofition qu'il a prife ,
il est en même temps à portée de troubler de ce
côté- là les communications entre l'armée Pruffienne
& la Saxe. Un Détachement de Huffards ,
qui fut envoyé il y a quelques jours à la décou
-verte , s'eft avancé jufqu'à Cotbus , eft entré dans
cette Ville , a enlevé la Caiffe que le Roi de Pruffe
y faifoit garder , & s'eft retiré fans obſtacle avec ·
fon butin.
DE WESEL , le 12 Avril .
Les Troupes qui font cantonnées felon l'ordre
de bataille , peuvent fe raffembler en deux fois
vingt- quatre heures , & elles s'occupent avec fuc
cès de leurs réparations. Plufieurs Régimens font
déja complets , avec le fecours des Miliciens qui
y ont été incorporés . Chaque Officier Général eft
avec la Divifion dont le commandement lui eft
deftiné pour la campagne prochaine , & veille par
ce moyen au rétabliffement de la difcipline . Ainfi
il y a lieu d'efpérer que dans peu de temps , notre
armée fe trouvera en auffi bon état qu'elle étoit ,
il y a un an , avant que de paffer le Rhin.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1758, les mouvements des troupes prussiennes en Silésie sont minutieusement rapportés. Le roi de Prusse a déplacé son quartier général à Criffau après être arrivé de Breslau. Les troupes prussiennes sont organisées en trois corps : un près des frontières de Pologne, un autre en Haute Silésie pour agir vers la Moravie, et le troisième en Lusace pour sécuriser les communications entre la Saxe et la Silésie. Ce dernier corps fait partie de l'armée personnelle du roi, forte de plus de cinquante mille hommes. Les Prussiens ont d'abord avancé vers le Comté de Glatz, forçant le général Janhus à se replier après des combats intenses. Ils ont ensuite occupé Grulick et effectué des raids jusqu'à Wigstatt, avant de se retirer vers Mittelwalde et Ullersdorff. Leur objectif semblait être de capturer un magasin à Leutomyßel. Les Prussiens renforcent leurs positions à Landshut, Liebau et Schoenberg, tentant régulièrement de surprendre les postes avancés français, mais sont souvent repoussés. L'armée du feld-maréchal Comte de Daun se dirige vers Braunau. Par ailleurs, les Prussiens ont tenté de pénétrer en royaume par Reinerts, mais ont été repoussés par les troupes légères françaises. Des escarmouches continues ont lieu le long de la frontière. À Hanau, l'évacuation annoncée des troupes françaises n'a pas eu lieu. Le comte de Lorges a reçu l'ordre de rester et de fortifier la ville. Les travaux de renforcement des remparts ont repris avec vigueur. Les troupes du duc de Broglie passent le Rhin et se rassemblent près de Düsseldorf. Elles sont divisées en deux colonnes, chacune en trois divisions, prêtes pour la campagne prochaine. Une escarmouche a eu lieu près de Soest entre les hussards français et prussiens, résultant en des pertes des deux côtés. En Haute Lusace, un corps de troupes autrichiennes sous le général Sincere a établi des postes de communication avec la Bohême et l'armée du comte de Daun, perturbant ainsi les communications prussiennes. Un détachement de hussards autrichiens a également capturé une caisse royale à Cottbus. Les troupes cantonnées à Wesel se préparent activement pour la campagne prochaine, avec des régiments complets et une discipline rétablie.
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14
p. 197-200
ALLEMAGNE.
Début :
Sur l'avis qu'avoit depuis quelques jours le Maréchal Comte de Daun, [...]
Mots clefs :
Moravie, Armée impériale, Ravitaillement, Comte, Ennemi, Général Laudon, Prusse, Explosions, Canons, Baron de Ziskowitz, Capitaine, Régiments, Mouvements des troupes, Ratisbonne, Lettres
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
De l'Armée Impériale en Moravie , le 2
Juillet.
SUR l'avis qu'avoit depuis quelques jours le
Maréchal Comte de Daun , qu'un convoi confidérable
chargé de vivres & de munitions de guerre
, étoit en route pour arriver à l'armée du Roi
de Pruffe , ce Général envoya le Comte de Lau
don & le Baron de Ziskowitz avec de forts Détachemens
, pour tâcher de l'intercepter. Le 28 du
mois de Juin , le Général Laudon attaqua ce convoi
près de Gunderfdorff ; mais le retard du Baron
de Ziskowitz , qui n'étoit pas encore à portée ,
l'obligea de fe retirer pour l'attendre. Pendant ce
court délai , l'ennemi reçut du renfort , & l'escorte
du convoi fe trouva de plus de quinze mille hommes.
Le lendemain , les deux Généraux de Laudon
& de Ziskowitz le trouvant rapprochés , concerterent
leur opération , & l'exécuterent le 30. A
dix heures & demie du matin , pendant que l'ennemi
étoit occupé à faire défiler les charriots
derriere lefquels il s'étoit retranché près de Neudorffel
, le Baron de Ziskowitz attaqua. Les Pruf
fiens qui avoient gagné des hauteurs , & qui manoeuvroient
avec toute l'habileté poffible , firent
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
la plus belle défenfe ; leur cavalerie fort fupérieure
à la nôtre , fe rallia jufqu'à quatre fois , mais enfin
elle fut défaite & mife en déroute. Leur infanterie
tint beaucoup plus long-temps , & fut de même
entiérement culbutée . Le convoi ennemi dont
s'empara le Général Laudon , confiftoit en plus de
trois mille charriots chargés de vivres , de munitions
de guerre , & d'habillemens pour les troupes.
Comme le feu du canon avoit tué la plus grande
partie des chevaux & des conducteurs , on fut
obligé de faire fauter la poudre , les bombes &
les grenades chargées , & de brûler la farine &
tous les charriots. Ceux qui étoient chargés d'argent
échapperent avec l'avant - garde Pruffienne ;
mais dans la premiere attaque du 28 , l'ennemi
perdit à Gundersdorff près d'un million de florins,
qui fut pillé en partie par nos troupes légeres &
par les payfans , en partie par les Pruffiens mêmes.
Nos troupes ont pris fur le champ de bataille fix
pieces de canon , un Major général , deux Majors ,
beaucoup d'Officiers & près de fept cens foldats.
La perte des enne nis en morts monte à mille out
douze cens hommes , & la nôtre à près de cinq
cens.
Le Baron de Ziskowitz de fon côté enleva fix
pieces de canon & mille charriots qu'il fit aufh
fauter. I fit de plus prifonniers un Major , vingthuit
Officiers , & deux bataillons de Grenadiers.
Plus de cinq cens Pruffiens ont resté fur le champ
de bataille , & fa perte ne va guere à plus de cent
homes.
L'action a duré depuis midi jufqu'à quatre heu
res , avec une bravoure & une opiniâtreté égales
des deux parts. Le feu du canon & de la moufquc➡
terie ne s'eft pas ralenti un inftant. Tous les Offi.
ciers Généraux & les Commandans des Corps le
JUILLET. 1758 . 199
font extrêmement diftingués ; & entr'autres le
Comte de Caramelly , Commandant du Régiment
de Deux-Ponts ; le fieur Rouvoy , Capitaine d'Artillerie
, qui a fi bien fait fervir le canon , que
prefque chaque coup a porté ; le fieur de Brantano,
Colonel des Waradins ; le Comte de Nafely , Colonel
de Collowrath ; le fieur de Stampach , Lieutenant-
Colonel du même Régiment ; le fieur de
Riefe , Lieutenant- Colonel des Waradins ; le fieur
de Grimau , Major de Stharemberg ; le fieur de
Caldevel , Capitaine de Grenadiers de Vieux Wol
fenbuttel ; le fieur Grifoni , Capitaine de Grenadiers
de Konigseg , & le premier Lieutenant de
Ruft , Aide de Camp du Général Laudon. Les
Régimens de Nadafty , de Deux - Ponts , de Collowrath
, infanterie ; les Grenadiers , & en général
tous les Corps ont fuppléé par leur intrépidité à
l'inégalité du nombre. Trois mille Croates &
foixante Huffards , aux ordres du Major Hamiluſe
, ont été détachés vers Neyff , pour tâcher d'enlever
huit cens charriots de remonte , qui font près
de cette Ville .
Le même jour 30 Juin , le Comte de Daun fit
attaquer par fes troupes légeres les poftes avancés
de l'ennemi . Le Roi de Pruffe croyant qu'il vouloit
en venir à un engagement général , retira
précipitamment tous fes poftes ; mais notre Général
leva fon camp à dix heures du foir , & n'ayant
laiffé repofer fon armée que deux heures , il paffa
le lendemain la Morave , fit une marche de cinq à
fix lieues d'Allemagne , & s'approcha des portes
d'Olmutz. Ainfi par cette pofition , l'armée Impériale
fe trouvoit non feulement à portée de fe
courir de toutes façons la Place affiégée , mais de
fournir encore des détachemens néceffaires pour
faire, conjointement avec la garnifon , une fortie,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
moyennant laquelle on auroit culbuté fans rel
fource le Corps ennemi qui formoit le fiege , enlevé
toute fon artillerie , & rendu la retraite des
Pruffiens en Siléfie extrêmement difficile . Le Roi
de Pruffe
ayant connu le danger , cette confidération
jointe au manque de vivres & de munitions
de guerre , l'obligea de lever le fiege ; ce qu'il fit
le 2 à trois heures du matin , après avoir fait faire
pendant toute la nuit un feu continuel pour cou
vrir fon deffein . L'ennemi a abandonné dans fes
retranchemens un feul canon de batterie , cinq
mortiers , & une grande quantité de bombes &
de grenades. H eft poursuivi dans fa retraite par
les Généraux de Laudon , de Ziskowitz , de Saint-
Ignon , de Bucow & de Ville , dont les détachemens
forment enſemble un Corps d'environ vingtquatre
mille hommes.
DE RATISBONNE , le 19 Juins
Plufieurs lettres de Berlin marquent , qu'un
Corps de Huffards , de Croates & de Pandoures a
pénétré par la Luface dans le Brandebourg , fans
que les Pruffiens ayent eu aucun avis de fa marche.
Elles ajoutent que ce Corps a tiré des contributions
confidérables , qu'il a enlevé beaucoup
de bétail , & qu'il a pris un détachement de cent
Fufiliers , & de vingt Huffards Pruffiens qu'on
avoit envoyés contre lui .
Les mêmes lettres affurent encore , que le Général
Haddick a auffi pénétré dans le Brandebourg
avec un Corps de huit mille hommes , &
qu'il s'eft réuni avec un gros Corps de Ruffiens
aux environs de Cuftrin & de Landſberg.
De l'Armée Impériale en Moravie , le 2
Juillet.
SUR l'avis qu'avoit depuis quelques jours le
Maréchal Comte de Daun , qu'un convoi confidérable
chargé de vivres & de munitions de guerre
, étoit en route pour arriver à l'armée du Roi
de Pruffe , ce Général envoya le Comte de Lau
don & le Baron de Ziskowitz avec de forts Détachemens
, pour tâcher de l'intercepter. Le 28 du
mois de Juin , le Général Laudon attaqua ce convoi
près de Gunderfdorff ; mais le retard du Baron
de Ziskowitz , qui n'étoit pas encore à portée ,
l'obligea de fe retirer pour l'attendre. Pendant ce
court délai , l'ennemi reçut du renfort , & l'escorte
du convoi fe trouva de plus de quinze mille hommes.
Le lendemain , les deux Généraux de Laudon
& de Ziskowitz le trouvant rapprochés , concerterent
leur opération , & l'exécuterent le 30. A
dix heures & demie du matin , pendant que l'ennemi
étoit occupé à faire défiler les charriots
derriere lefquels il s'étoit retranché près de Neudorffel
, le Baron de Ziskowitz attaqua. Les Pruf
fiens qui avoient gagné des hauteurs , & qui manoeuvroient
avec toute l'habileté poffible , firent
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
la plus belle défenfe ; leur cavalerie fort fupérieure
à la nôtre , fe rallia jufqu'à quatre fois , mais enfin
elle fut défaite & mife en déroute. Leur infanterie
tint beaucoup plus long-temps , & fut de même
entiérement culbutée . Le convoi ennemi dont
s'empara le Général Laudon , confiftoit en plus de
trois mille charriots chargés de vivres , de munitions
de guerre , & d'habillemens pour les troupes.
Comme le feu du canon avoit tué la plus grande
partie des chevaux & des conducteurs , on fut
obligé de faire fauter la poudre , les bombes &
les grenades chargées , & de brûler la farine &
tous les charriots. Ceux qui étoient chargés d'argent
échapperent avec l'avant - garde Pruffienne ;
mais dans la premiere attaque du 28 , l'ennemi
perdit à Gundersdorff près d'un million de florins,
qui fut pillé en partie par nos troupes légeres &
par les payfans , en partie par les Pruffiens mêmes.
Nos troupes ont pris fur le champ de bataille fix
pieces de canon , un Major général , deux Majors ,
beaucoup d'Officiers & près de fept cens foldats.
La perte des enne nis en morts monte à mille out
douze cens hommes , & la nôtre à près de cinq
cens.
Le Baron de Ziskowitz de fon côté enleva fix
pieces de canon & mille charriots qu'il fit aufh
fauter. I fit de plus prifonniers un Major , vingthuit
Officiers , & deux bataillons de Grenadiers.
Plus de cinq cens Pruffiens ont resté fur le champ
de bataille , & fa perte ne va guere à plus de cent
homes.
L'action a duré depuis midi jufqu'à quatre heu
res , avec une bravoure & une opiniâtreté égales
des deux parts. Le feu du canon & de la moufquc➡
terie ne s'eft pas ralenti un inftant. Tous les Offi.
ciers Généraux & les Commandans des Corps le
JUILLET. 1758 . 199
font extrêmement diftingués ; & entr'autres le
Comte de Caramelly , Commandant du Régiment
de Deux-Ponts ; le fieur Rouvoy , Capitaine d'Artillerie
, qui a fi bien fait fervir le canon , que
prefque chaque coup a porté ; le fieur de Brantano,
Colonel des Waradins ; le Comte de Nafely , Colonel
de Collowrath ; le fieur de Stampach , Lieutenant-
Colonel du même Régiment ; le fieur de
Riefe , Lieutenant- Colonel des Waradins ; le fieur
de Grimau , Major de Stharemberg ; le fieur de
Caldevel , Capitaine de Grenadiers de Vieux Wol
fenbuttel ; le fieur Grifoni , Capitaine de Grenadiers
de Konigseg , & le premier Lieutenant de
Ruft , Aide de Camp du Général Laudon. Les
Régimens de Nadafty , de Deux - Ponts , de Collowrath
, infanterie ; les Grenadiers , & en général
tous les Corps ont fuppléé par leur intrépidité à
l'inégalité du nombre. Trois mille Croates &
foixante Huffards , aux ordres du Major Hamiluſe
, ont été détachés vers Neyff , pour tâcher d'enlever
huit cens charriots de remonte , qui font près
de cette Ville .
Le même jour 30 Juin , le Comte de Daun fit
attaquer par fes troupes légeres les poftes avancés
de l'ennemi . Le Roi de Pruffe croyant qu'il vouloit
en venir à un engagement général , retira
précipitamment tous fes poftes ; mais notre Général
leva fon camp à dix heures du foir , & n'ayant
laiffé repofer fon armée que deux heures , il paffa
le lendemain la Morave , fit une marche de cinq à
fix lieues d'Allemagne , & s'approcha des portes
d'Olmutz. Ainfi par cette pofition , l'armée Impériale
fe trouvoit non feulement à portée de fe
courir de toutes façons la Place affiégée , mais de
fournir encore des détachemens néceffaires pour
faire, conjointement avec la garnifon , une fortie,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
moyennant laquelle on auroit culbuté fans rel
fource le Corps ennemi qui formoit le fiege , enlevé
toute fon artillerie , & rendu la retraite des
Pruffiens en Siléfie extrêmement difficile . Le Roi
de Pruffe
ayant connu le danger , cette confidération
jointe au manque de vivres & de munitions
de guerre , l'obligea de lever le fiege ; ce qu'il fit
le 2 à trois heures du matin , après avoir fait faire
pendant toute la nuit un feu continuel pour cou
vrir fon deffein . L'ennemi a abandonné dans fes
retranchemens un feul canon de batterie , cinq
mortiers , & une grande quantité de bombes &
de grenades. H eft poursuivi dans fa retraite par
les Généraux de Laudon , de Ziskowitz , de Saint-
Ignon , de Bucow & de Ville , dont les détachemens
forment enſemble un Corps d'environ vingtquatre
mille hommes.
DE RATISBONNE , le 19 Juins
Plufieurs lettres de Berlin marquent , qu'un
Corps de Huffards , de Croates & de Pandoures a
pénétré par la Luface dans le Brandebourg , fans
que les Pruffiens ayent eu aucun avis de fa marche.
Elles ajoutent que ce Corps a tiré des contributions
confidérables , qu'il a enlevé beaucoup
de bétail , & qu'il a pris un détachement de cent
Fufiliers , & de vingt Huffards Pruffiens qu'on
avoit envoyés contre lui .
Les mêmes lettres affurent encore , que le Général
Haddick a auffi pénétré dans le Brandebourg
avec un Corps de huit mille hommes , &
qu'il s'eft réuni avec un gros Corps de Ruffiens
aux environs de Cuftrin & de Landſberg.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 2 juillet, l'Armée Impériale en Moravie fut informée d'un convoi prussien transportant des vivres et des munitions. Le Maréchal Comte de Daun envoya le Comte de Laudon et le Baron de Ziskowitz pour l'intercepter. Le 28 juin, Laudon attaqua près de Gundersdorff mais dut se retirer en attendant Ziskowitz. Les Prussiens reçurent des renforts, portant leur effectif à plus de quinze mille hommes. Le 30 juin, Laudon et Ziskowitz attaquèrent conjointement et capturèrent le convoi, qui comprenait plus de trois mille charriots chargés de vivres, de munitions et d'habits. En raison des pertes de chevaux et de conducteurs, une partie des munitions dut être détruite. Les Prussiens perdirent près d'un million de florins lors de la première attaque et environ mille cent douze hommes sur le champ de bataille. Les troupes impériales capturèrent six pièces de canon, un Major général, deux Majors, de nombreux officiers et près de sept cents soldats. Le Baron de Ziskowitz captura également six pièces de canon et mille charriots, faisant prisonniers un Major, vingt-huit officiers et deux bataillons de Grenadiers. L'action dura de midi à quatre heures, avec une bravoure égale des deux côtés. Le même jour, le Comte de Daun fit attaquer les postes avancés prussiens, forçant le Roi de Prusse à lever le siège d'Olmutz. Les Prussiens abandonnèrent des canons, des mortiers et des munitions et furent poursuivis par les généraux impériaux. Par ailleurs, des lettres de Berlin rapportèrent des incursions de troupes impériales en Brandebourg, où elles tirèrent des contributions et capturèrent des détachements prussiens.
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15
p. 194-200
ALLEMAGNE.
Début :
Depuis le 26 Juin, les Prussiens ont évacué la Poméranie Suédoise. [...]
Mots clefs :
Stralsund, Prusse, Cavalerie, Infanterie, Armée suédoise, Vienne, Comte de Daun, Retraite, Perte de l'ennemi, Olomouc, Mouvements des troupes, Général, Corps, Quartier général, Wrocław, Russes, Général Browne, Hambourg, Bohême, Baron de Dombale, Troupes, Saxe, Dresde, Prince Henry, Strasbourg, Combats
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN Ε.
DE STRALSUND , le 2 Juillet,
Depuis le 26 Juin, les Pruſſiens ont évacué la
Pomeranie Suédoiſe. Actuellement leur arrieregarde
eſt au-delà de la Peene , à un quart de lieue
de Loitz , & le reſte de leur armée campe entre
Paſſewalk & Prentzlow.
Un détachement de Cavalerie &d'Infanterie de
l'armée Suédoiſe eſt parti le premier Juillet , pour
déloger deux Bataillons Prufſiens poſtés à Swine
& à Peenemunde,&pour attaquer leur arrieregarde.
L'armée Suédoiſe ſera bientôt entiérement rafſemblée
& en état d'aller en avant. Elle ſe renforce
de jour en jour par l'arrivée des Troupes qui
étoient dans l'Ile de Rugen , & de celles qui viennent
de Carlſcroon, dont pluſieurs Corps joignent
ſucceſſivement. Les Huſſards Suédois ont déja été
àDemmin.
AOUST . 1738. 195
DE VIENNE , le 22 Juillet.
On apprendde Moravie que le Comte de Daun
pourſuit vivement les Prufſiens avec toute ſon armée.
Leur tetraite a été ſi précipitée qu'ils ont
abandonné leurs malades & leurs bleſſés , qui font
en très-grand nombre..
Tous les avis que nous recevons ne font que
confirmer la perte que l'ennemi ne pouvoit jamais
évites en ſe retirant, à la vue d'une armée nombreuſe
& fort ſupérieure , par des montagnes &
des défilés. On prétend que la nuit du 2 Juillet ,
on a fait ſur les Pruſſiens près de fix mille prifonniers
; que le Général Putkammer a été pris avec
ſept cens Fufiliers & trois cens Grenadiers ; qu'un
Corps de dix mille hommes eſt entiérement coupé;
que les ennemis ont encloué 60 pieces de leur
canon; que ladéſertion occaſionnée par cette retraite
, n'eſt pas concevable ; qu'enfin ils font les
plus grands efforts , pour gagner promptement le
Comté de Glatz , mais que les Croates & les Pandoures
font des marches forcées , pour tomber ſur
eux partout où ils peuvent les joindre , & qu'un
Corps de trois mille Croates , qui a fait en dix
heures neufmilles d'Allemagne , est allé ſe poſter
àReinertz , pour leur couper les paſſages.
D'OLMULTZ en Moravie , le 12 Juillet.
Il vint de tous côtés le 6 de ce moi des avis concernant
la marche des Pruſſiens , & l'on apprit
qu'une de leurs colonnes ſe portoit ſur Konitz &
Kornitz , que leur Quartier Général étoit ce jourlà
à Mariſch-Tribau ; qu'une autre colonne de
treize à quatorze mille hommes , aux ordres du
1 ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Général Fouquet , marchoit ſur Muglitz par Lit
tau & Auffée , & que cette colonne emmenoit
l'artillerie qui avoit fervi au ſiege.
La pourſuite des ennemis ſe fait en cet ordre.
Le Baron de Bucow , Général de Cavalerie , cotoye
toujours le Roi de Pruffe par ſon flanc gauche,
& il a pris pour cet effet poſte à Oppatowitz . Il a
envoyé à Zwittau & à Schonhengſt quelques Détachemens
de Croates , pour faire des abbatis , &
rendre les chemins de ce côté-là le plus impraticables
qu'il feroit poſſible. La ſeconde colonne eſt
obſervée par le Général de Laudon , qui s'eſt porté
juſqu'àHohenſtadt. Le GénéralComte de Saint-
Ignon est attaché à cette même colonne , & il s'eſt
avancé juſqu'à Bladendorff, où marche auſſi le
Général de Ziskowitz .
De fon côté , le Comte de Daun s'eſt diſpoſé
fur le champ à ſuivre l'ennemi avec toute l'armée.
Dès le même jour 3 , il fit jetter quatre ponts ſur
la Morave , où paſſerent le Corps des Grenadiers
& celui des Carabiniers Impériaux , qui vinrent
enfuite camper ſur les hauteurs de Khrenau. Le 4.
toute l'armée repaſſa la Morave en pluſieurs colonnes
, & elle entra vers le midi dans le camp
deDrahonitz .
Les Proffiens forcent tellement leurs marches,
que nos Détachemens ont beaucoup de peine à
lesjoindre. Cependant leGénéral de Laudon a atteint
leur arriere-garde avec ſes Troupes légeres ;
il leur a déja tué& bleſſé beaucoup de monde
il leur a même enlevé pluſieurs charriots , & il
les pourſuit avec une activité extraordinaire.
,
Le 9 de Juillet , le quartier général du Maréchal
de Daun étoit à Hara , près de Politſchan , &
fon avant-garde à Proſetch. Il continue avec ate
tention de ſuivre la marche des Prufſiens .
1.1
ز
AOUST. 17.58.197
L'entrée du Roi de Pruſſe en Moravie lui coû
te environ quinze mille hommes , dont il a
perdu fix mille au fiége de cette Place , quatre
mille hommes de ſes meilleures Troupes à la
défaite du convoi , & cinq mille déſerteurs , ſans
compter tout ce qu'il perd dans ſa retraite.
DE BRESLAW , les Juillet.
L'approche des Ruſſiens nous eſt confirmée par
tous les avis qui nous viennent des frontieres de
cette Province. Le Corps de Troupes commandé
par leGénéral Browne étoit le 28 du mois de Juin
àLiſſa& à Frauſtadt , & il s'avance à grandesjournées
vers l'Oder.
DE HAMBOURG , le 3 Juillet .
L'Armée du Général Fermer a dirigé ſa marche
fur Konitz , Tauchel & Friedland , ce qui le conduit
directement dans la nouvelle Marche. Les
Troupes légeres de cette armée ont pénétrée dans
laPomeraniePruſſienne par Tempelbourg & Beerwalde.
Quelques lettres de Lithuanie marquent , qu'un
troiſieme Corps de Troupes Ruſſiennes , compofé
de trente mille hommes , eſt encore en marche
pour ſe joindre à l'une des deux armées , qui s'avancent
dans les Etats de Pruffe .
On vient d'apprendre que la Reine& la Famille
Royale de Pruſſe ſont parties de Berlin pour ſe
rendre àMagdebourg : ainſi les Ruſſiens ſont peutêtre
à préſent maîtres de Berlin.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE:
Du Camp de l'Armée combinée à Saatz en
Boheme ,le 6 Juillet.
:
On apprit hier ici que le Baron de Dombale,
Lieutenant-Général , s'étoit mis le 26 Juin en marche
de Bamberg , pour entrer dans le Voigtland
&de- là en Saxe. Le général Comte Eſterhazy a
pouffé il y a quelques jours un fort détachement
aux ordres du Général Luzinsky, juſqu'à Oelſnitz,
d'où nos patrouilles vont fort près de Zwickau.
Suivant leur rapport , le Général Memplatz commande
en cette Ville , qui eſt occupée par un
Corps d'Infanterie , tandis qu'un Corps de Cavale.
rie eſt poſté ſur les derrieres , qui aboutiſſent au
grand chemin de Chemnitz.
Le Corps commandé par le Baron de Dombale,
eſt entré le premier de Juillet dans le camp de
Monichberg , en fort bon état , & bien pourvu
d'artillerie. Il a pouffé ſon avant-garde à Hoff,
&des poſtes à Lobenstein ; il a auſſi porté fur
Konigshoff un gros détachement de Haffards ,
pour éclairerde tous côtés les mouvemens des ennemis
, & s'oppoſer à leurs courſes.
Par les derniers avis de la Saxe on eſt informé
que le Prince Henry occupe encore avec ſon armée
le camp de Tſchoppau , & que fon quartier
général eſtdans le village de Gorna ; qu'il s'aſſemble
un gras corps de ſes troupes à Annaberg , d'où
les Prufliens,font courir le bruit qu'ils vont péné
trer en force en Boheme ; que cependant le camp
de Tſchoppau eft extrêmement fortifié ; qu'il y a
partout entre deux régimens une batterie de huit
canons , & quarante-deux groſſes pieces d'artillerie
à la réſerve ; que derriere ce camp les Pruffiens
ontjetté deux ponts ſur la riviere de Tſchoppau ,
AOUST. 1758. 199
đu côté de Waldkirckin & d'Henerſdorff; qu'ils
forment à Chemnitz un gros magaſin , & qu'enfin
le Prince Henry a fait marquer deux camps , l'un
àCheinzenback , l'autre à Wolchenſtein .
L'armée combinée doit dans deux jours fe met
tre en marche pour entrer en Saxe.
Si l'on en croit les déſerteurs qui nous viennent
de Siléfie , les Ruſſiens font fort près du grand
Glogau. Il y a déja eu une action entre l'avantgarde
de leur armée & les troupes de la garnifon
de Landshut, qui étoient forties de cette ville pour
efcorterunconvoi: on prétend que les Ruffiens
en ont détruit une partie , & enlevé l'autre.
DE DRESDE, le 30 Juin.
Nous apprenons que le Prince Henry a rappellé
la Garniſon de Léipfick , & qu'il n'a laiſſé dans
cette Ville que le Régiment de Saldern, avec quelques
centaines de malades.
11 part d'ici tous les jours une grande quantité
d'avoine pour le camp du Prince à Chemnitz ; les
Etats du Cercle de Miſnie ont fourni pour la tranfporter
cinq cens chariots , tous attelés de quatre
chevaux , qu'on a exigés d'eux par les voies dont
ufent ordinairement les Pruſſiens. Dans tous les
endroits de ce Cercle , qui n'ont pas fourni leurs
recrues , on enleve les jeunes gens de tout âge , &
l'on arrête les parens de ceux qui ont déferté du
ſervice Pruſſien. Le Cercle des montagnes eſt auſſi
tenu d'entretenir cinq cens charriots à quatre chevaux
pour le ſervice journalier du camp.
Le Quartier Général du Prince Henry eſt maintenant
à Gornau , entre Tichoppau & le pont de
Farbenbrukke. Ce Prince vient de détacher quatre
Bataillons pour garder le poſte de Freyberg ;
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
le reſte de ſes Troupes cantonne le long des frontieres
entre la Boheme & le Cercle des montagnes.
DE STRASBOURG , le II Juillet .
Trois Bataillons tirés des Régimens Saxons du
Prince Frederic , des Grenadiers du Roi & du
Prince Xavier , ſont attendus ici le 12, le 14 & le
17 de Juillet. Le 7, les Régimens des Gardes , du
Prince Joſeph , du Prince Clément & du Comtede
Brulh , entrerent en garniſon à Landau. Les Régimens
de Lubomirski & de Mundewitz, font entrés
hier à Weiſſembourg , & le 18 les Régimens du
Prince Maximilien, de Rochau & de Gotha, feront
rendus àHaguenau.
DE STRALSUND , le 2 Juillet,
Depuis le 26 Juin, les Pruſſiens ont évacué la
Pomeranie Suédoiſe. Actuellement leur arrieregarde
eſt au-delà de la Peene , à un quart de lieue
de Loitz , & le reſte de leur armée campe entre
Paſſewalk & Prentzlow.
Un détachement de Cavalerie &d'Infanterie de
l'armée Suédoiſe eſt parti le premier Juillet , pour
déloger deux Bataillons Prufſiens poſtés à Swine
& à Peenemunde,&pour attaquer leur arrieregarde.
L'armée Suédoiſe ſera bientôt entiérement rafſemblée
& en état d'aller en avant. Elle ſe renforce
de jour en jour par l'arrivée des Troupes qui
étoient dans l'Ile de Rugen , & de celles qui viennent
de Carlſcroon, dont pluſieurs Corps joignent
ſucceſſivement. Les Huſſards Suédois ont déja été
àDemmin.
AOUST . 1738. 195
DE VIENNE , le 22 Juillet.
On apprendde Moravie que le Comte de Daun
pourſuit vivement les Prufſiens avec toute ſon armée.
Leur tetraite a été ſi précipitée qu'ils ont
abandonné leurs malades & leurs bleſſés , qui font
en très-grand nombre..
Tous les avis que nous recevons ne font que
confirmer la perte que l'ennemi ne pouvoit jamais
évites en ſe retirant, à la vue d'une armée nombreuſe
& fort ſupérieure , par des montagnes &
des défilés. On prétend que la nuit du 2 Juillet ,
on a fait ſur les Pruſſiens près de fix mille prifonniers
; que le Général Putkammer a été pris avec
ſept cens Fufiliers & trois cens Grenadiers ; qu'un
Corps de dix mille hommes eſt entiérement coupé;
que les ennemis ont encloué 60 pieces de leur
canon; que ladéſertion occaſionnée par cette retraite
, n'eſt pas concevable ; qu'enfin ils font les
plus grands efforts , pour gagner promptement le
Comté de Glatz , mais que les Croates & les Pandoures
font des marches forcées , pour tomber ſur
eux partout où ils peuvent les joindre , & qu'un
Corps de trois mille Croates , qui a fait en dix
heures neufmilles d'Allemagne , est allé ſe poſter
àReinertz , pour leur couper les paſſages.
D'OLMULTZ en Moravie , le 12 Juillet.
Il vint de tous côtés le 6 de ce moi des avis concernant
la marche des Pruſſiens , & l'on apprit
qu'une de leurs colonnes ſe portoit ſur Konitz &
Kornitz , que leur Quartier Général étoit ce jourlà
à Mariſch-Tribau ; qu'une autre colonne de
treize à quatorze mille hommes , aux ordres du
1 ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Général Fouquet , marchoit ſur Muglitz par Lit
tau & Auffée , & que cette colonne emmenoit
l'artillerie qui avoit fervi au ſiege.
La pourſuite des ennemis ſe fait en cet ordre.
Le Baron de Bucow , Général de Cavalerie , cotoye
toujours le Roi de Pruffe par ſon flanc gauche,
& il a pris pour cet effet poſte à Oppatowitz . Il a
envoyé à Zwittau & à Schonhengſt quelques Détachemens
de Croates , pour faire des abbatis , &
rendre les chemins de ce côté-là le plus impraticables
qu'il feroit poſſible. La ſeconde colonne eſt
obſervée par le Général de Laudon , qui s'eſt porté
juſqu'àHohenſtadt. Le GénéralComte de Saint-
Ignon est attaché à cette même colonne , & il s'eſt
avancé juſqu'à Bladendorff, où marche auſſi le
Général de Ziskowitz .
De fon côté , le Comte de Daun s'eſt diſpoſé
fur le champ à ſuivre l'ennemi avec toute l'armée.
Dès le même jour 3 , il fit jetter quatre ponts ſur
la Morave , où paſſerent le Corps des Grenadiers
& celui des Carabiniers Impériaux , qui vinrent
enfuite camper ſur les hauteurs de Khrenau. Le 4.
toute l'armée repaſſa la Morave en pluſieurs colonnes
, & elle entra vers le midi dans le camp
deDrahonitz .
Les Proffiens forcent tellement leurs marches,
que nos Détachemens ont beaucoup de peine à
lesjoindre. Cependant leGénéral de Laudon a atteint
leur arriere-garde avec ſes Troupes légeres ;
il leur a déja tué& bleſſé beaucoup de monde
il leur a même enlevé pluſieurs charriots , & il
les pourſuit avec une activité extraordinaire.
,
Le 9 de Juillet , le quartier général du Maréchal
de Daun étoit à Hara , près de Politſchan , &
fon avant-garde à Proſetch. Il continue avec ate
tention de ſuivre la marche des Prufſiens .
1.1
ز
AOUST. 17.58.197
L'entrée du Roi de Pruſſe en Moravie lui coû
te environ quinze mille hommes , dont il a
perdu fix mille au fiége de cette Place , quatre
mille hommes de ſes meilleures Troupes à la
défaite du convoi , & cinq mille déſerteurs , ſans
compter tout ce qu'il perd dans ſa retraite.
DE BRESLAW , les Juillet.
L'approche des Ruſſiens nous eſt confirmée par
tous les avis qui nous viennent des frontieres de
cette Province. Le Corps de Troupes commandé
par leGénéral Browne étoit le 28 du mois de Juin
àLiſſa& à Frauſtadt , & il s'avance à grandesjournées
vers l'Oder.
DE HAMBOURG , le 3 Juillet .
L'Armée du Général Fermer a dirigé ſa marche
fur Konitz , Tauchel & Friedland , ce qui le conduit
directement dans la nouvelle Marche. Les
Troupes légeres de cette armée ont pénétrée dans
laPomeraniePruſſienne par Tempelbourg & Beerwalde.
Quelques lettres de Lithuanie marquent , qu'un
troiſieme Corps de Troupes Ruſſiennes , compofé
de trente mille hommes , eſt encore en marche
pour ſe joindre à l'une des deux armées , qui s'avancent
dans les Etats de Pruffe .
On vient d'apprendre que la Reine& la Famille
Royale de Pruſſe ſont parties de Berlin pour ſe
rendre àMagdebourg : ainſi les Ruſſiens ſont peutêtre
à préſent maîtres de Berlin.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE:
Du Camp de l'Armée combinée à Saatz en
Boheme ,le 6 Juillet.
:
On apprit hier ici que le Baron de Dombale,
Lieutenant-Général , s'étoit mis le 26 Juin en marche
de Bamberg , pour entrer dans le Voigtland
&de- là en Saxe. Le général Comte Eſterhazy a
pouffé il y a quelques jours un fort détachement
aux ordres du Général Luzinsky, juſqu'à Oelſnitz,
d'où nos patrouilles vont fort près de Zwickau.
Suivant leur rapport , le Général Memplatz commande
en cette Ville , qui eſt occupée par un
Corps d'Infanterie , tandis qu'un Corps de Cavale.
rie eſt poſté ſur les derrieres , qui aboutiſſent au
grand chemin de Chemnitz.
Le Corps commandé par le Baron de Dombale,
eſt entré le premier de Juillet dans le camp de
Monichberg , en fort bon état , & bien pourvu
d'artillerie. Il a pouffé ſon avant-garde à Hoff,
&des poſtes à Lobenstein ; il a auſſi porté fur
Konigshoff un gros détachement de Haffards ,
pour éclairerde tous côtés les mouvemens des ennemis
, & s'oppoſer à leurs courſes.
Par les derniers avis de la Saxe on eſt informé
que le Prince Henry occupe encore avec ſon armée
le camp de Tſchoppau , & que fon quartier
général eſtdans le village de Gorna ; qu'il s'aſſemble
un gras corps de ſes troupes à Annaberg , d'où
les Prufliens,font courir le bruit qu'ils vont péné
trer en force en Boheme ; que cependant le camp
de Tſchoppau eft extrêmement fortifié ; qu'il y a
partout entre deux régimens une batterie de huit
canons , & quarante-deux groſſes pieces d'artillerie
à la réſerve ; que derriere ce camp les Pruffiens
ontjetté deux ponts ſur la riviere de Tſchoppau ,
AOUST. 1758. 199
đu côté de Waldkirckin & d'Henerſdorff; qu'ils
forment à Chemnitz un gros magaſin , & qu'enfin
le Prince Henry a fait marquer deux camps , l'un
àCheinzenback , l'autre à Wolchenſtein .
L'armée combinée doit dans deux jours fe met
tre en marche pour entrer en Saxe.
Si l'on en croit les déſerteurs qui nous viennent
de Siléfie , les Ruſſiens font fort près du grand
Glogau. Il y a déja eu une action entre l'avantgarde
de leur armée & les troupes de la garnifon
de Landshut, qui étoient forties de cette ville pour
efcorterunconvoi: on prétend que les Ruffiens
en ont détruit une partie , & enlevé l'autre.
DE DRESDE, le 30 Juin.
Nous apprenons que le Prince Henry a rappellé
la Garniſon de Léipfick , & qu'il n'a laiſſé dans
cette Ville que le Régiment de Saldern, avec quelques
centaines de malades.
11 part d'ici tous les jours une grande quantité
d'avoine pour le camp du Prince à Chemnitz ; les
Etats du Cercle de Miſnie ont fourni pour la tranfporter
cinq cens chariots , tous attelés de quatre
chevaux , qu'on a exigés d'eux par les voies dont
ufent ordinairement les Pruſſiens. Dans tous les
endroits de ce Cercle , qui n'ont pas fourni leurs
recrues , on enleve les jeunes gens de tout âge , &
l'on arrête les parens de ceux qui ont déferté du
ſervice Pruſſien. Le Cercle des montagnes eſt auſſi
tenu d'entretenir cinq cens charriots à quatre chevaux
pour le ſervice journalier du camp.
Le Quartier Général du Prince Henry eſt maintenant
à Gornau , entre Tichoppau & le pont de
Farbenbrukke. Ce Prince vient de détacher quatre
Bataillons pour garder le poſte de Freyberg ;
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
le reſte de ſes Troupes cantonne le long des frontieres
entre la Boheme & le Cercle des montagnes.
DE STRASBOURG , le II Juillet .
Trois Bataillons tirés des Régimens Saxons du
Prince Frederic , des Grenadiers du Roi & du
Prince Xavier , ſont attendus ici le 12, le 14 & le
17 de Juillet. Le 7, les Régimens des Gardes , du
Prince Joſeph , du Prince Clément & du Comtede
Brulh , entrerent en garniſon à Landau. Les Régimens
de Lubomirski & de Mundewitz, font entrés
hier à Weiſſembourg , & le 18 les Régimens du
Prince Maximilien, de Rochau & de Gotha, feront
rendus àHaguenau.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En juillet 1758, plusieurs mouvements militaires significatifs ont eu lieu en Europe. Le 2 juillet, les Prussiens ont évacué la Poméranie suédoise, avec leur arrière-garde près de Loitz et le reste de l'armée entre Passewalk et Prentzlow. Les Suédois, renforcés par des troupes de l'île de Rügen et de Carlscroon, se préparent à avancer et ont envoyé un détachement pour attaquer les Prussiens à Swine, Peenemünde et leur arrière-garde. Le 22 juillet, depuis Vienne, il est rapporté que le comte de Daun poursuit les Prussiens en Moravie. Les Prussiens, en retraite, ont abandonné leurs malades et blessés. Les forces impériales ont fait environ six mille prisonniers, capturé le général Putkammer avec sept cents fusiliers et trois cents grenadiers, et coupé un corps de dix mille hommes. Les Prussiens ont également encloué soixante pièces de canon et subissent une désertion massive. Les Croates et les Pandoures les poursuivent activement. Le 12 juillet, depuis Olmütz, on apprend que les Prussiens se dirigent vers Konitz et Kornitz, avec leur quartier général à Marisch-Tribau. Une autre colonne, sous le général Fouquet, marche sur Muglitz avec l'artillerie du siège. Les forces impériales, sous les généraux Bucow, Laudon, Saint-Ignon et Ziskowitz, poursuivent les Prussiens. Le maréchal de Daun a traversé la Morave avec son armée et campe à Drahonitz. Le 31 juillet, depuis Breslau, l'approche des Russiens est confirmée. Le général Browne avance vers l'Oder. À Hambourg, l'armée du général Fermer se dirige vers Konitz, Tauchel et Friedland, pénétrant en Poméranie prussienne. Un troisième corps russe de trente mille hommes est en marche pour rejoindre les armées en Prusse. Le 6 juillet, depuis le camp de l'armée combinée à Saatz en Bohême, on rapporte que le baron de Dombale a marché vers le Voigtland et la Saxe. Le prince Henri occupe le camp de Tschoppau avec son armée, fortifié et bien approvisionné. L'armée combinée se prépare à entrer en Saxe. Les Russiens sont signalés près de Glogau, ayant engagé l'avant-garde prussienne. Le 30 juin, depuis Dresde, le prince Henri a rappelé la garnison de Leipzig, laissant seulement le régiment de Saldern. Des recrues et des chariots sont réquisitionnés pour le camp de Chemnitz. Le quartier général du prince Henri est à Gornau, et il a détaché des bataillons pour garder Freyberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 195-203
ALLEMAGNE.
Début :
L'Armée Impériale continue de suivre de près celle des Prussiens. [...]
Mots clefs :
Königgrätz, Armée impériale, Prusse, Général, Maréchal, Troupes, Bataille, Cavalerie, Grenadiers, Colonels, Ennemis, Bravoure, Défaite des ennemis, Armée du Prince de Soubise, Quartier général, Duc de Broglie, Infanterie, Régiments, Comte, Duc, Baron, Cassel, Munitions, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN Ε.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En 1758, des affrontements militaires ont eu lieu en Bohême entre les armées impériale et prussienne. Le 3 juillet, l'armée impériale, dirigée par le comte de Lascy, a découvert une colonne prussienne près de Zwittau. Le 7 juillet, Lascy a attaqué l'arrière-garde prussienne à Krenau, détruisant plusieurs charriots et capturant du butin. Les Prussiens, après une résistance initiale, se sont retirés à la nuit tombée. L'armée impériale a poursuivi les Prussiens et les a engagés près de Wostzetin le 12 juillet. Malgré une victoire initiale, l'arrivée du roi de Prusse avec des renforts a forcé les impériaux à se replier. Les Prussiens ont perdu plus de mille hommes, tandis que les impériaux ont capturé des canons et des charriots. Parallèlement, le prince de Soubise a détaché Fischer pour prendre le fort de Zighenhein, capturant des prisonniers et des provisions. Le duc de Broglie, sous les ordres de Soubise, a engagé les Prussiens près de Caffel le 23 juillet. Après une bataille intense, les impériaux ont repoussé les Prussiens, capturant des canons et infligeant des pertes significatives. Les impériaux ont perdu environ 1600 hommes, tandis que les Prussiens ont vu leur armée réduite de 8000 à 3000 hommes. Le prince de Soubise est arrivé à Cassel le 25 juillet pour attendre des renforts. En septembre 1758, une confrontation a opposé les forces prussiennes à celles du Maréchal Daun. Les Prussiens ont subi des pertes, dont le colonel de Brankenbourg, et ont dû fuir précipitamment. Les forces opposées ont capturé un canon, cinq charriots de munitions et un sixième qui a explosé. Les pertes autrichiennes se sont limitées à deux soldats tués, quinze blessés et un officier blessé. Le 26 septembre, l'armée prussienne a quitté les environs de Koniggratz. Les troupes légères autrichiennes ont harcelé les Prussiens en retraite. L'armée du Maréchal Daun s'est déplacée et est campée entre Koniggratz et Jaromitz. Les généraux Jahnus et Ziscowitz ont pénétré en Silésie, mis les villes de Friedberg et Patschar à contribution, et capturé un convoi contenant trente-et-un mille florins destiné à Breslau. Le 29 septembre, les ennemis n'ont fait aucun mouvement notable, mais ont envoyé un détachement à Neustadt. Le Maréchal Daun a avancé son armée en trois colonnes pour forcer les Prussiens à évacuer la Bohême. Cependant, les Prussiens avaient déjà quitté les lieux. Le 31 septembre, un mouvement prussien a suggéré une tentative d'entrée en Silésie via Trautnau, mais les dispositions du général Jahnus ont arrêté leur avancée. Le comte de Kalnocki a repoussé une attaque prussienne près de Neustadt, tuant soixante hommes, un capitaine et un lieutenant, et blessant de nombreux autres, tout en ne perdant que vingt-cinq hommes et aucun officier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 193-201
ALLEMAGNE.
Début :
Le Maréchal Daun, après avoir occupé quelque temps le camp de Stolpen, [...]
Mots clefs :
Bataille, Maréchal Daun, Victoire, Prusse, Camps militaires, Armée impériale, Mouvements des troupes, Général, Montagne, Ennemis, Colonnes milliaires, Attaques, Maréchal Keith, Comte, Duc, Canons, Officiers, Perte, Blessés et morts, États d'Autriche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE. ·
RELATION de la Bataille donnée le 14 Octoi
bre 1758 à Hoch- Kirchen en Luface , par l'armée
Impériale Royale , fous les ordres du Fold-
Maréchal Comte de Daun , de la victoire
complette qu'elle a remportée fur celle du Roi de
Pruffe , commandée par ce Prince en personne.
Cette Relation a été rédigée par le Comte de
Marainville , témoin oculaire de tout ce qui s'eft
paffé dans cette importante affaire , & qui a été
dépêché à l'Impératrice Reine de Hongrie par le
Maréchal Daun , & par Sa Majesté Impériale ,
au Roi.
Le Maréchal Daun , après avoir occupé quelque
temps le camp de Stolpen , voyant que les forces
réunies du Roi de Pruffe & du Prince Henri , fon
frere , lui ôtoient l'efpérance de prendre Drefde
avant la fin de la campagne , réfo ut de quitter
ce camp. La Cour de Vienne avoit formé le projet
d'affiéger Neiff Le Maréchal Daun voulut
affurer le fuccès de cette entrepriſe , en prenant
une pofition qui empêchât le Roi de Puffe de ſe
porter en Siléfie , ou d'envoyer au Général Fouquet
un renfort qui le mît en état de s'opposer à
cette opération . En conféquence , il fe mit
marche les , & arriva le 7 au camp de Kitl
près de Loëbau en Haute Luface.
Ι
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour 7 , on eut avis que le Roi de
Pruffe avoit auffi marché pour Le porter à Bautzen.
Son armée campa le 8 en avant de cette Ville ; &
elle y féjourna le 9. Le Maréchal Daun avoit
formé le projet d'attaquer le 1o un corps Pruffien
qui occupoit Weiflemberg ; mais ayant appris
que l'armée du Roi de Pruffe étoit en mouvement
pour s'approcher de lui , il changea fes difpofi-
⚫tions.
L'armée Pruffienne étant arrivée à la vue des
Impériaux , les poftes avancés de ceux- ci aban
donnerent la hauteur de Hoch- Kirchen dont elle
s'empara ; elle y appuya fa droite , & fa gauche.
fut portée vers Radewitz . Elle avoit devant fon
front un petit ruiffeau qui coule dans un vallon
fort ferré. Dans cette pofition , les deux armées
ennemies fe trouverent à une portée & demie de
canon l'une de l'autre , ce qui obligea le Maréchal
Daun à faire quelques changemens dans la
fienne . Ce Général avança fa droite , pour l'appuyer
à la montagne de Stromberg qui commande
toute cette partie. Il y plaça des batteries
de gros canon , avec quatre bataillons de Grenadiers
, qui étoient foutenus par douze bataillons
d'Infanterie de la réferve & par la Cavalerie de
cette aîle. Il porta en avant quelques bataillons
de la deuxieme ligne de fon aîle gauche , pour
foutenir des batteries placées fur le flanc d'une
des montagnes où étoit appuyée cette gauche , &
dont la chaîne s'étend jufqu'à Bautzen . Ces batteries
étoient deftinées à foudroyer la plaine , &
à prendre en flanc les troupes qui feroient venues
pour attaquer fon aile gauche. Il fit faire des abbatis
dans les bois qui couvrent ces montagnes
& les garnit de Croates pour affurer fa communication
avec le Général Laudon , qui étoit à
DECEMBRE . 1758. 195
Mefchwitz fur les derrieres de Hoch-Kirchen
du côté de Bautzen. Il eut foin auffi de faire bien
fortifier le village de Gloffen , pofte important
qui affuroit encore plus fa droite , & qui lui formoit
une tête au delà du ruiffeau nommé Lobauwaffer
, en cas que le Roi de Prufle , à la faveur
du corps qu'il avoit à Weiffemberg , eût tenté de
lui dérober une marche , pour tomber fur celui
que commandoit le Prince de Dourlach à Reichenbach
, & de s'emparer par ce moyen de Gorlitz.
Le Roi de Pruffe avoit fait placer plufieurs batteries
avec des redoutes fur le flanc de la montagne
d'Hoch- Kirchen , & il y avoit mis huit bataillons
pour les foutenir. Il avoit avancé un
corps de l'autre côté du ruiffeau qui couvroit fon
front vers Lauffig , où il avoit fait des retranchemens
garnis de quantité de groffe artillerie .
Le Maréchal Daun étoit tous les jours à cheval
dès la pointe du jour , foit pour reconnoître la
pofition des ennemis , foit pour examiner foigneufement
la fienne. Il remarqua que la droite
du Roi de Pruffe donnoit quelque prife fur elle ,
& réfolut de l'attaquer. Pour donner le change à
l'ennemi , & l'accoutumer à des mouvemens dont
il pût prendre ombrage , tous les jours il faifoit
changer de pofition à quelques corps ; il ordonna
plufieurs jours de fuite que tous les équipages
le tinffent prêts à marcher au premier ordre
, il feignit de vouloir attaquer le corps qui
étoit à Weiflemberg ; il fit pour cela des difpofitions
, & diftribua pendant deux jours des ordres
qu'il révoquoit dans la nuit. Enfin la veille de la
véritable attaque , il fit tracer des redoutes au
devant du front de fon armée , à la vue des ennemis
, & fi près de leur camp , qu'ils tirerent du
canon fur les travailleurs.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
>
Le 13 , dans l'après -dînée , le Maréchal Daun
fit marcher la plus grande partie de la feconde
ligne & de fa réſerve , tant Infanterie que Cavalerie.
Elle fe porta en deux colonnes par la vallée
de Cunewalda , fur le fommet des montagnes qui
font du côté de Bautzen . Ces montagnes , beaucoup
plus hautes que celles de Hoch- Kirchen , &
couvertes de bois de fapin , étoient fort propres à
cacher toutes les manoeuvres qu'on devoit faire ,
& l'on y avoit préparé des paffages pour l'artillerie.
Le Général Laudon , qui étoit encore plus
loin avec un corps de cinq à fix mille hommes ,
fut renforcé de trois à quatre mille pour attaquer
par les derrieres la droite des Pruffiens. Les troupes
de la premiere ligne qui devoient attaquer le
village de Hoch Kirchen , étoient reftées dans le
camp ; elles prirent les armes pendant la nuit , &
fe porterent vers le village de Plotzen , où elles
fe formerent en colonne pour attaquer de concert
avec les autres. Le Duc d'Aremberg étoit chargé
de tomber fur la gauche des ennemis , & de l'attaquer
par deux colonnes , & il étoit foutenu par
le Prince de Dourlach. Ce Prince avoit pour cet
effet marché toute la nuit avec une partie du
corps qu'il avoit fous fes ordres à Reichenbach ,
& il avoit détaché le Prince de Lowenftein avec
cinq ou fix mille hommes , pour aller attaquer le
corps ennemi qui occupoit Weiffemberg. On
avoit diftribué de petites troupes d'Infanterie &
de Cavalerie fur tout le front de l'armée Pruffienne
, pour lui donner de l'inquiétude partout.
?
Toutes ces difpofitions faites , le Maréchal
Daun fe porta le foir à la gauche de fon armée ,
& paffa la nuit dans une maifon du village de
Favernick , pour être plus à portée de fe rendre à
La tête des colonnes qui devoient attaquer le flanc
DECEMBRE . 1758. 197
de la montagne de Hoch - Kirchen . Il y arriva deux
heures avant qu'elles s'ébranlaffent. Tout ce qui
l'accompagnoit , ainfi les que troupes , obfervoit
le plus grand filence , à caufe de la proximité des
ennemis qu'on pouvoit entendre parler. A cinq
heures du matin , il envoya ordre aux trois colonnes
qui étoient à portée de lui , de marcher.
Après un quart-d'heure de marche , on entendit.
un coup de fufil qui fut bientôt fuivi de deux autres
, & de tout le feu d'un petit pofte , qui , ayant
apperçu diftinctement la tête des colonnes , donna
l'alarme par des cris qu'on entendit fe répéter
fur tout le front de l'armée Pruffienne .
Les Grenadiers Impériaux , qui étoient à la tête
des colonnes , gagnerent précipitamment le flanc
de la montagne de Hoch-Kirchen , pour en forcer
les retranchemens ; mais ils y trouverent toute
P'Infanterie Pruffienne en bataille , & ils effuyerent
un feu de moufqueterie très - vif. Celui de l'artillerie
qui ne l'étoit pas moins , avoit commencé
peu de minutes après la premiere alerte ; de forte
que , par l'activité des Pruffiens , tout l'avantage
qu'on pût tirer de cette furpriſe fut de le trouver
en force fur le flanc d'une armée diftribuée , dans
une grande étendue de terrein.
Les redoutes & les batteries de Hoch - Kirchen
furent difputées avec beaucoup de valeur , mais
enlevées en fort peu de temps par l'intrépidité des
Impériaux. Ils trouverent plus de réſiſtance au
village de Hoch- Kirchen , où le combat dura
plus de deux heures & demie , parce que l'Infanterie
de la premiere ligne des Pruffiens qui étoit
appuyée à ce village s'y étoit portée fur le champ,
& s'opiniâtroit à défendre ce point important ,
pour donner le temps au refte de l'armée de rétablir
l'affaire , au de faire des difpofitions pour en
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
rendre les fuites moins fâcheufes. On affure que Te
Maréchal Keith avoit ordre du Roi de Pruffe de
foutenir ce village jufqu'à l'extrêmité ; aufli a - t'il
payé de fa vie la belle défenfe qu'il y a faite. Ce
pofte étoit couvert d'ouvrages & garni de nombreufes
batteries ; un cimetiere fermé de murs ,
l'Eglife qui eft grande , & jufqu'au clocher, étoient
remplis d'Infanterie ; il fortoit ainfi de toutes parts
un feu de moufqueterie prodigieux , & il y avoit
fur toutes les avenues , du canon qui tiroit à cartouche.
Pendant l'attaque de ce village , le Maréchal
Daun fe repofant du fuccès fur l'intelligence &
fur la bravoure du Baron de Sincere , Général
d'Infanterie , qui commandoit cette attaque , faifoit
toujours avancer la gauche de fes troupes
pour pouffer de fon côté l'ennemi . Les Pruffiens
qui fe rallioient à mefure & qui fe renforçoient
dans cette partie , vinrent en force à trois repriſes
pour tenter de reprendre le terrein qu'ils avoient
furent perdu fucceffivement. Ces trois attaques
très-vives , mais elles furent reçues avec la plus
grande fermeté par les troupes Impériales , & les
Pruffiens refouffés perdirent encore chaque fois
du terrein.
D'un autre côté , le Comte Odonel , Général de
Cavalerie , qui commandoit celle de la gauche ,
manoeuvroit avec beaucoup de bravoure , foit en
chargeant avec la plus grande vigueur tout ce qui
fe préfentoit de Cavalerie Pruffienne , foit en refferrant
de plus en plus l'ennemi.
Quand le village de Hoch- Kirchen eut été forcé
, on emporta le cimetiere l'épée à la main , &
tout ce qui s'y trouva fut fait prifonnier. L'Infanterie
qui foutenoit ce village s'étant jointe aux
débris de celle que le Maréchal Daun avoit touDECEMBRE.
1758. 199
jours combattue en perfonne , vint faire avec elle
la troifieme attaque , où les Pruffiens firent les
plus grands efforts . La victoire fut décidée en faveur
des Autrichiens par une vigoureuſe charge
que le Comte de Lafcy fit fur le flanc de l'Infan
terie Pruffienne , avec quelques troupes de Cara
biniers & de Grenadiers à cheval qui étoient en
réferve , & qu'il alla prendre par ordre du Maréchal
Daun . Il étoit alors environ dix heures &
demie ; enforte que l'affaire à duré plus de cinq
heures , fans que le feu de l'artillerie & celui de
la moufqueterie ayent difcontinué un inftant . On
laiffe imaginer quelle a été la chaleur d'une bataille
, oùil y avoit , tant de part que d'autre , au
moins cinq cens pieces de canon .
Le Duc d'Aremberg avant que de commencer
fon attaque , devoit attendre que celle de Hoch-
Kirchen fût bien engagée , parce que le Maréchal
Daun avoit deffein de couper le corps de huit
mille hommes qui étoit à Weiffemberg ; mais
l'attaque de Hoch-Kirchen ayant donné l'alarme
à ce corps , il avoit forgé de bonne heure à fa
retraite , & il avoit joint le gros de l'armée Pruffienne.
Ainfi le Duc d'Aremberg chargé d'atta
quer la gauche , la trouva très - bien garnie ; elle
étoit de plus fortifiée par des retranchemens &
par des batteries de gros canon qu'il emporta
l'épée à la main fans tirer . Cependant toute l'Infanterie
Pruffienne de cette partie s'étant raffemblée
, le combat y fut très- vif. Le Baron de Buccow
, Général de Cavalerie , qui commandoit celle
de la droite , avoit formé avec ce corps , ainfi que
le Comte Odonel avoit fait de fon côté , une efpece
de croiffant pour envelopper l'ennemi , &
rendre fa retraite difficile. Mais les Pruffiens ayant
yu dès le commencement de cette journée qu'elle
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
à
ne pouvoit être heureufe pour eux , avoient fûres
ment pourvu de bonne heure à leur retraite , &
elle fe fit à propos par l'efpace libre qui leur reftoit.
L'attaque du Maréchal Daun s'étant réunie à
celle du Duc d'Aremberg , toute l'armée campa
une lieue & demie environ plus loin que le champ
de bataille de Hoch- Kirchen , & le Général Laudon
fut chargé de fuivre l'ennemi dans fa retraite,
qu'il dirigeoit vers Klein- Bautzen.
Au départ du Comte de Marainville , la perte
des Pruffiens en morts & bleſſés étoit évaluée à
fept ou huit mille hommes , & on leur avoit fait
deux mille prifonniers , parmi lefquels on comptoit
foixante fix Officiers de tout grade. On leur a
pris cent quatorze pieces de canon , vingt-neuf
drapeaux & feulement trois étendards , parce que
le terrein où l'on a combattu , fort inégal & plein
de broffailles , étoit peu propre pour faire maneuvrer
la Cavalerie .
Les Officiers de marque tués du côté des Pruffiens
, font le Maréchal Keith , tué d'un coup de
feu au travers de la poitrine , le Prince Frederic
de Brunswick , dont la mort d'abord incertaine ,
s'eft confirmée depuis la bataille , & le Général de
Kleift. Le Prince Maurice d'Anhalt-Deffau a été
bleffé dangereufement , fait prifonnier fur fa pa
role , & conduit pendant la bataille à Bautzen.
La perte des Impériaux eft de trois à quatre
mille hommes. Les Officiers de marque qu'ils
ont parmi leurs bleffés font , le Marquis d'Einfe
Lieutenant- Feld -Maréchal qui a reçu un coup de
feu dans le côté , mais non dangereux ; le fieur de
Siskowitz , Major Général , auffi bleffé d'un coup
de feu ; le Comte de Brown , Major Général , &
le Comte de Brown , fon frere , Colonel du Régiment
de fon nom , tous deux fils du feu Maréchal
DECEMBRE . 17 ; S.
201
de Brown , le premier bleffé d'un coup de feu
derriere la tête ; l'autre ayant la jambe caffée
d'un coup de feu , près de la cheville du pied . Les
principaux Officiers tués font , un Major Général ,
qu'on croit être le fieur Hardeneck , le Baron de
Buttler , Colonel attaché aux Grenadiers , & le
Comte d'Eftienne , Colonel du Régiment de Dragons
de Lowenftein . Le Comte de Montazet
Maréchal de Camp au fervice de France , employé
à l'armée Impériale , a reçu plufieurs coups de
fabre fur la tête dans une mêlée de Cavalerie , où
il s'eft extrêmement diftingué .
Le Maréchal Daun qui veut tout voir par luimême
, s'eft expofé comme il a coutume de faire
dans toutes les occafions , & il a eu un cheval
bleffé fous lui d'un coup de feu . Cette mémorable
journée à la fin d'une fi belle campagne , couvre
de gloire ce Maréchal , & le met au rang des plus
grands Capitaines.
"
Les Etats d'Autriche pour reconnoître les
grands fervices rendus à la patrie par le Feld-
Maréchal Comte de Daun , ont arrêté de lui faire
préfent de trois cens mille florins d'Allemagne
pour racheter la Seigneurie de Ladendorff , que le
pere de ce grand Capitaine avoit vendue au Comte
de Kevenhuller. Le 18 Octobre au foir , toute la
mufique de la Cour donna une belle fymphonie
devant l'hôtel de la Comteffe de Daun , en témoi
gnage de la fatisfaction que Leurs Majeftés Impériales
reffentent des exploits fignalés du Comte,
fon époux.
Le 19 , Hatfchi-Demetrius- Macarchi , Envoyé
d'Alger , eut fa premiere audience du Comte de
Colloredo , Vice - Chancelier de l'Empire. Le len
demain , il fut admis à celle du Comte de Kaunitz
Chancelier Intime de l'Etat.
RELATION de la Bataille donnée le 14 Octoi
bre 1758 à Hoch- Kirchen en Luface , par l'armée
Impériale Royale , fous les ordres du Fold-
Maréchal Comte de Daun , de la victoire
complette qu'elle a remportée fur celle du Roi de
Pruffe , commandée par ce Prince en personne.
Cette Relation a été rédigée par le Comte de
Marainville , témoin oculaire de tout ce qui s'eft
paffé dans cette importante affaire , & qui a été
dépêché à l'Impératrice Reine de Hongrie par le
Maréchal Daun , & par Sa Majesté Impériale ,
au Roi.
Le Maréchal Daun , après avoir occupé quelque
temps le camp de Stolpen , voyant que les forces
réunies du Roi de Pruffe & du Prince Henri , fon
frere , lui ôtoient l'efpérance de prendre Drefde
avant la fin de la campagne , réfo ut de quitter
ce camp. La Cour de Vienne avoit formé le projet
d'affiéger Neiff Le Maréchal Daun voulut
affurer le fuccès de cette entrepriſe , en prenant
une pofition qui empêchât le Roi de Puffe de ſe
porter en Siléfie , ou d'envoyer au Général Fouquet
un renfort qui le mît en état de s'opposer à
cette opération . En conféquence , il fe mit
marche les , & arriva le 7 au camp de Kitl
près de Loëbau en Haute Luface.
Ι
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour 7 , on eut avis que le Roi de
Pruffe avoit auffi marché pour Le porter à Bautzen.
Son armée campa le 8 en avant de cette Ville ; &
elle y féjourna le 9. Le Maréchal Daun avoit
formé le projet d'attaquer le 1o un corps Pruffien
qui occupoit Weiflemberg ; mais ayant appris
que l'armée du Roi de Pruffe étoit en mouvement
pour s'approcher de lui , il changea fes difpofi-
⚫tions.
L'armée Pruffienne étant arrivée à la vue des
Impériaux , les poftes avancés de ceux- ci aban
donnerent la hauteur de Hoch- Kirchen dont elle
s'empara ; elle y appuya fa droite , & fa gauche.
fut portée vers Radewitz . Elle avoit devant fon
front un petit ruiffeau qui coule dans un vallon
fort ferré. Dans cette pofition , les deux armées
ennemies fe trouverent à une portée & demie de
canon l'une de l'autre , ce qui obligea le Maréchal
Daun à faire quelques changemens dans la
fienne . Ce Général avança fa droite , pour l'appuyer
à la montagne de Stromberg qui commande
toute cette partie. Il y plaça des batteries
de gros canon , avec quatre bataillons de Grenadiers
, qui étoient foutenus par douze bataillons
d'Infanterie de la réferve & par la Cavalerie de
cette aîle. Il porta en avant quelques bataillons
de la deuxieme ligne de fon aîle gauche , pour
foutenir des batteries placées fur le flanc d'une
des montagnes où étoit appuyée cette gauche , &
dont la chaîne s'étend jufqu'à Bautzen . Ces batteries
étoient deftinées à foudroyer la plaine , &
à prendre en flanc les troupes qui feroient venues
pour attaquer fon aile gauche. Il fit faire des abbatis
dans les bois qui couvrent ces montagnes
& les garnit de Croates pour affurer fa communication
avec le Général Laudon , qui étoit à
DECEMBRE . 1758. 195
Mefchwitz fur les derrieres de Hoch-Kirchen
du côté de Bautzen. Il eut foin auffi de faire bien
fortifier le village de Gloffen , pofte important
qui affuroit encore plus fa droite , & qui lui formoit
une tête au delà du ruiffeau nommé Lobauwaffer
, en cas que le Roi de Prufle , à la faveur
du corps qu'il avoit à Weiffemberg , eût tenté de
lui dérober une marche , pour tomber fur celui
que commandoit le Prince de Dourlach à Reichenbach
, & de s'emparer par ce moyen de Gorlitz.
Le Roi de Pruffe avoit fait placer plufieurs batteries
avec des redoutes fur le flanc de la montagne
d'Hoch- Kirchen , & il y avoit mis huit bataillons
pour les foutenir. Il avoit avancé un
corps de l'autre côté du ruiffeau qui couvroit fon
front vers Lauffig , où il avoit fait des retranchemens
garnis de quantité de groffe artillerie .
Le Maréchal Daun étoit tous les jours à cheval
dès la pointe du jour , foit pour reconnoître la
pofition des ennemis , foit pour examiner foigneufement
la fienne. Il remarqua que la droite
du Roi de Pruffe donnoit quelque prife fur elle ,
& réfolut de l'attaquer. Pour donner le change à
l'ennemi , & l'accoutumer à des mouvemens dont
il pût prendre ombrage , tous les jours il faifoit
changer de pofition à quelques corps ; il ordonna
plufieurs jours de fuite que tous les équipages
le tinffent prêts à marcher au premier ordre
, il feignit de vouloir attaquer le corps qui
étoit à Weiflemberg ; il fit pour cela des difpofitions
, & diftribua pendant deux jours des ordres
qu'il révoquoit dans la nuit. Enfin la veille de la
véritable attaque , il fit tracer des redoutes au
devant du front de fon armée , à la vue des ennemis
, & fi près de leur camp , qu'ils tirerent du
canon fur les travailleurs.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
>
Le 13 , dans l'après -dînée , le Maréchal Daun
fit marcher la plus grande partie de la feconde
ligne & de fa réſerve , tant Infanterie que Cavalerie.
Elle fe porta en deux colonnes par la vallée
de Cunewalda , fur le fommet des montagnes qui
font du côté de Bautzen . Ces montagnes , beaucoup
plus hautes que celles de Hoch- Kirchen , &
couvertes de bois de fapin , étoient fort propres à
cacher toutes les manoeuvres qu'on devoit faire ,
& l'on y avoit préparé des paffages pour l'artillerie.
Le Général Laudon , qui étoit encore plus
loin avec un corps de cinq à fix mille hommes ,
fut renforcé de trois à quatre mille pour attaquer
par les derrieres la droite des Pruffiens. Les troupes
de la premiere ligne qui devoient attaquer le
village de Hoch Kirchen , étoient reftées dans le
camp ; elles prirent les armes pendant la nuit , &
fe porterent vers le village de Plotzen , où elles
fe formerent en colonne pour attaquer de concert
avec les autres. Le Duc d'Aremberg étoit chargé
de tomber fur la gauche des ennemis , & de l'attaquer
par deux colonnes , & il étoit foutenu par
le Prince de Dourlach. Ce Prince avoit pour cet
effet marché toute la nuit avec une partie du
corps qu'il avoit fous fes ordres à Reichenbach ,
& il avoit détaché le Prince de Lowenftein avec
cinq ou fix mille hommes , pour aller attaquer le
corps ennemi qui occupoit Weiffemberg. On
avoit diftribué de petites troupes d'Infanterie &
de Cavalerie fur tout le front de l'armée Pruffienne
, pour lui donner de l'inquiétude partout.
?
Toutes ces difpofitions faites , le Maréchal
Daun fe porta le foir à la gauche de fon armée ,
& paffa la nuit dans une maifon du village de
Favernick , pour être plus à portée de fe rendre à
La tête des colonnes qui devoient attaquer le flanc
DECEMBRE . 1758. 197
de la montagne de Hoch - Kirchen . Il y arriva deux
heures avant qu'elles s'ébranlaffent. Tout ce qui
l'accompagnoit , ainfi les que troupes , obfervoit
le plus grand filence , à caufe de la proximité des
ennemis qu'on pouvoit entendre parler. A cinq
heures du matin , il envoya ordre aux trois colonnes
qui étoient à portée de lui , de marcher.
Après un quart-d'heure de marche , on entendit.
un coup de fufil qui fut bientôt fuivi de deux autres
, & de tout le feu d'un petit pofte , qui , ayant
apperçu diftinctement la tête des colonnes , donna
l'alarme par des cris qu'on entendit fe répéter
fur tout le front de l'armée Pruffienne .
Les Grenadiers Impériaux , qui étoient à la tête
des colonnes , gagnerent précipitamment le flanc
de la montagne de Hoch-Kirchen , pour en forcer
les retranchemens ; mais ils y trouverent toute
P'Infanterie Pruffienne en bataille , & ils effuyerent
un feu de moufqueterie très - vif. Celui de l'artillerie
qui ne l'étoit pas moins , avoit commencé
peu de minutes après la premiere alerte ; de forte
que , par l'activité des Pruffiens , tout l'avantage
qu'on pût tirer de cette furpriſe fut de le trouver
en force fur le flanc d'une armée diftribuée , dans
une grande étendue de terrein.
Les redoutes & les batteries de Hoch - Kirchen
furent difputées avec beaucoup de valeur , mais
enlevées en fort peu de temps par l'intrépidité des
Impériaux. Ils trouverent plus de réſiſtance au
village de Hoch- Kirchen , où le combat dura
plus de deux heures & demie , parce que l'Infanterie
de la premiere ligne des Pruffiens qui étoit
appuyée à ce village s'y étoit portée fur le champ,
& s'opiniâtroit à défendre ce point important ,
pour donner le temps au refte de l'armée de rétablir
l'affaire , au de faire des difpofitions pour en
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
rendre les fuites moins fâcheufes. On affure que Te
Maréchal Keith avoit ordre du Roi de Pruffe de
foutenir ce village jufqu'à l'extrêmité ; aufli a - t'il
payé de fa vie la belle défenfe qu'il y a faite. Ce
pofte étoit couvert d'ouvrages & garni de nombreufes
batteries ; un cimetiere fermé de murs ,
l'Eglife qui eft grande , & jufqu'au clocher, étoient
remplis d'Infanterie ; il fortoit ainfi de toutes parts
un feu de moufqueterie prodigieux , & il y avoit
fur toutes les avenues , du canon qui tiroit à cartouche.
Pendant l'attaque de ce village , le Maréchal
Daun fe repofant du fuccès fur l'intelligence &
fur la bravoure du Baron de Sincere , Général
d'Infanterie , qui commandoit cette attaque , faifoit
toujours avancer la gauche de fes troupes
pour pouffer de fon côté l'ennemi . Les Pruffiens
qui fe rallioient à mefure & qui fe renforçoient
dans cette partie , vinrent en force à trois repriſes
pour tenter de reprendre le terrein qu'ils avoient
furent perdu fucceffivement. Ces trois attaques
très-vives , mais elles furent reçues avec la plus
grande fermeté par les troupes Impériales , & les
Pruffiens refouffés perdirent encore chaque fois
du terrein.
D'un autre côté , le Comte Odonel , Général de
Cavalerie , qui commandoit celle de la gauche ,
manoeuvroit avec beaucoup de bravoure , foit en
chargeant avec la plus grande vigueur tout ce qui
fe préfentoit de Cavalerie Pruffienne , foit en refferrant
de plus en plus l'ennemi.
Quand le village de Hoch- Kirchen eut été forcé
, on emporta le cimetiere l'épée à la main , &
tout ce qui s'y trouva fut fait prifonnier. L'Infanterie
qui foutenoit ce village s'étant jointe aux
débris de celle que le Maréchal Daun avoit touDECEMBRE.
1758. 199
jours combattue en perfonne , vint faire avec elle
la troifieme attaque , où les Pruffiens firent les
plus grands efforts . La victoire fut décidée en faveur
des Autrichiens par une vigoureuſe charge
que le Comte de Lafcy fit fur le flanc de l'Infan
terie Pruffienne , avec quelques troupes de Cara
biniers & de Grenadiers à cheval qui étoient en
réferve , & qu'il alla prendre par ordre du Maréchal
Daun . Il étoit alors environ dix heures &
demie ; enforte que l'affaire à duré plus de cinq
heures , fans que le feu de l'artillerie & celui de
la moufqueterie ayent difcontinué un inftant . On
laiffe imaginer quelle a été la chaleur d'une bataille
, oùil y avoit , tant de part que d'autre , au
moins cinq cens pieces de canon .
Le Duc d'Aremberg avant que de commencer
fon attaque , devoit attendre que celle de Hoch-
Kirchen fût bien engagée , parce que le Maréchal
Daun avoit deffein de couper le corps de huit
mille hommes qui étoit à Weiffemberg ; mais
l'attaque de Hoch-Kirchen ayant donné l'alarme
à ce corps , il avoit forgé de bonne heure à fa
retraite , & il avoit joint le gros de l'armée Pruffienne.
Ainfi le Duc d'Aremberg chargé d'atta
quer la gauche , la trouva très - bien garnie ; elle
étoit de plus fortifiée par des retranchemens &
par des batteries de gros canon qu'il emporta
l'épée à la main fans tirer . Cependant toute l'Infanterie
Pruffienne de cette partie s'étant raffemblée
, le combat y fut très- vif. Le Baron de Buccow
, Général de Cavalerie , qui commandoit celle
de la droite , avoit formé avec ce corps , ainfi que
le Comte Odonel avoit fait de fon côté , une efpece
de croiffant pour envelopper l'ennemi , &
rendre fa retraite difficile. Mais les Pruffiens ayant
yu dès le commencement de cette journée qu'elle
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
à
ne pouvoit être heureufe pour eux , avoient fûres
ment pourvu de bonne heure à leur retraite , &
elle fe fit à propos par l'efpace libre qui leur reftoit.
L'attaque du Maréchal Daun s'étant réunie à
celle du Duc d'Aremberg , toute l'armée campa
une lieue & demie environ plus loin que le champ
de bataille de Hoch- Kirchen , & le Général Laudon
fut chargé de fuivre l'ennemi dans fa retraite,
qu'il dirigeoit vers Klein- Bautzen.
Au départ du Comte de Marainville , la perte
des Pruffiens en morts & bleſſés étoit évaluée à
fept ou huit mille hommes , & on leur avoit fait
deux mille prifonniers , parmi lefquels on comptoit
foixante fix Officiers de tout grade. On leur a
pris cent quatorze pieces de canon , vingt-neuf
drapeaux & feulement trois étendards , parce que
le terrein où l'on a combattu , fort inégal & plein
de broffailles , étoit peu propre pour faire maneuvrer
la Cavalerie .
Les Officiers de marque tués du côté des Pruffiens
, font le Maréchal Keith , tué d'un coup de
feu au travers de la poitrine , le Prince Frederic
de Brunswick , dont la mort d'abord incertaine ,
s'eft confirmée depuis la bataille , & le Général de
Kleift. Le Prince Maurice d'Anhalt-Deffau a été
bleffé dangereufement , fait prifonnier fur fa pa
role , & conduit pendant la bataille à Bautzen.
La perte des Impériaux eft de trois à quatre
mille hommes. Les Officiers de marque qu'ils
ont parmi leurs bleffés font , le Marquis d'Einfe
Lieutenant- Feld -Maréchal qui a reçu un coup de
feu dans le côté , mais non dangereux ; le fieur de
Siskowitz , Major Général , auffi bleffé d'un coup
de feu ; le Comte de Brown , Major Général , &
le Comte de Brown , fon frere , Colonel du Régiment
de fon nom , tous deux fils du feu Maréchal
DECEMBRE . 17 ; S.
201
de Brown , le premier bleffé d'un coup de feu
derriere la tête ; l'autre ayant la jambe caffée
d'un coup de feu , près de la cheville du pied . Les
principaux Officiers tués font , un Major Général ,
qu'on croit être le fieur Hardeneck , le Baron de
Buttler , Colonel attaché aux Grenadiers , & le
Comte d'Eftienne , Colonel du Régiment de Dragons
de Lowenftein . Le Comte de Montazet
Maréchal de Camp au fervice de France , employé
à l'armée Impériale , a reçu plufieurs coups de
fabre fur la tête dans une mêlée de Cavalerie , où
il s'eft extrêmement diftingué .
Le Maréchal Daun qui veut tout voir par luimême
, s'eft expofé comme il a coutume de faire
dans toutes les occafions , & il a eu un cheval
bleffé fous lui d'un coup de feu . Cette mémorable
journée à la fin d'une fi belle campagne , couvre
de gloire ce Maréchal , & le met au rang des plus
grands Capitaines.
"
Les Etats d'Autriche pour reconnoître les
grands fervices rendus à la patrie par le Feld-
Maréchal Comte de Daun , ont arrêté de lui faire
préfent de trois cens mille florins d'Allemagne
pour racheter la Seigneurie de Ladendorff , que le
pere de ce grand Capitaine avoit vendue au Comte
de Kevenhuller. Le 18 Octobre au foir , toute la
mufique de la Cour donna une belle fymphonie
devant l'hôtel de la Comteffe de Daun , en témoi
gnage de la fatisfaction que Leurs Majeftés Impériales
reffentent des exploits fignalés du Comte,
fon époux.
Le 19 , Hatfchi-Demetrius- Macarchi , Envoyé
d'Alger , eut fa premiere audience du Comte de
Colloredo , Vice - Chancelier de l'Empire. Le len
demain , il fut admis à celle du Comte de Kaunitz
Chancelier Intime de l'Etat.
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Résumé : ALLEMAGNE.
La bataille de Hoch-Kirchen, qui eut lieu le 14 octobre 1758, opposa l'armée impériale royale, dirigée par le maréchal Comte de Daun, aux forces prussiennes commandées par le roi de Prusse. Le comte de Marainville, témoin oculaire, rédigea un rapport détaillé de cette victoire impériale. Avant la bataille, le maréchal Daun se déplaça de Stolpen vers Kitl près de Loëbau en Haute Lusace pour empêcher le roi de Prusse de se porter en Silésie ou d'envoyer des renforts au général Fouquet. Les deux armées se trouvèrent à portée de canon, obligeant Daun à ajuster ses dispositions. Il renforça sa droite sur la montagne de Stromberg avec des batteries de gros canon et soutint sa gauche avec des batteries sur les flancs des montagnes. Le roi de Prusse, de son côté, avait placé des batteries et des redoutes sur le flanc de la montagne d'Hoch-Kirchen. Le 13 octobre, Daun déplaça une grande partie de sa seconde ligne et de sa réserve vers les montagnes de Bautzen. Le général Laudon attaqua la droite des Prussiens, tandis que les troupes de la première ligne se préparèrent à attaquer le village de Hoch-Kirchen. Le duc d'Aremberg et le prince de Dourlach furent chargés d'attaquer la gauche ennemie. Le 14 octobre, à l'aube, les colonnes impériales avancèrent. Les Grenadiers impériaux forcèrent les retranchemens sur le flanc de la montagne d'Hoch-Kirchen malgré une résistance acharnée. Le village de Hoch-Kirchen fut pris après un combat intense, et la victoire fut consolidée par une charge du comte de Lacy. Les Prussiens subirent de lourdes pertes, évaluées à sept ou huit mille hommes tués ou blessés, et deux mille prisonniers, dont soixante-six officiers. Cent quatorze pièces de canon et vingt-neuf drapeaux furent capturés. Parmi les officiers prussiens tués figuraient le maréchal Keith et le prince Frédéric de Brunswick. Le prince Maurice d'Anhalt-Dessau fut blessé et fait prisonnier. Les Impériaux subirent également des pertes, estimées entre trois et quatre mille hommes. Parmi les officiers blessés, on compte le Marquis d'Einfe, Lieutenant-Feld-Maréchal, le sieur de Siskowitz, Major Général, et les frères Comte de Brown, l'un Major Général blessé à la tête, l'autre Colonel avec une jambe cassée. Les officiers tués incluent un Major Général, probablement le sieur Hardeneck, le Baron de Buttler, et le Comte d'Etienne. Le Comte de Montazet, Maréchal de Camp au service de France, fut blessé à la tête mais se distingua dans une mêlée de cavalerie. Le Maréchal Daun eut son cheval blessé. Cette journée marque la fin d'une belle campagne et renforce la réputation du Maréchal Daun, le plaçant parmi les plus grands capitaines. En reconnaissance de ses services, les Etats d'Autriche offrirent au Comte de Daun trois cent mille florins pour racheter la Seigneurie de Ladendorff. Le 18 octobre, une symphonie fut jouée en hommage à ses exploits.
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18
p. 195-196
De Berlin, le 30 Novembre.
Début :
Le Prince dont la Princesse Royale de Prusse est accouchée en dernier lieu, [...]
Mots clefs :
Prince, Princesse, Prusse, Baptême, Parrains et marraines
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texteReconnaissance textuelle : De Berlin, le 30 Novembre.
De Berlin , le 30. Novembre.
Le Prince dont la Princeffe Royale de Pruſſe
eft accouchée en dernier lieu , fut baptiſé le 19
de ce mois à Magdebourg . Il eut pour Parrain
le Roi d'Angleterre , & pour Marraine la Princelle
d'Orange , Gouvernante des Provinces- Unies.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE
On lui donna le nom de Georges - Charles-Emile.
Les deux Princes de Pruffe arriverent ici le 27 de
Poftdam .
Le Prince dont la Princeffe Royale de Pruſſe
eft accouchée en dernier lieu , fut baptiſé le 19
de ce mois à Magdebourg . Il eut pour Parrain
le Roi d'Angleterre , & pour Marraine la Princelle
d'Orange , Gouvernante des Provinces- Unies.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE
On lui donna le nom de Georges - Charles-Emile.
Les deux Princes de Pruffe arriverent ici le 27 de
Poftdam .
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19
p. 198
DE FRANCFORT, le 10. Décembre.
Début :
Les Troupes de l'Empire ont pris leurs quartiers dans la Franconie. [...]
Mots clefs :
Troupes, Baron, Prince, Prusse, Infanterie, Régiments, Maréchal
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texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 10. Décembre.
DE FRANCFORT , le 10. Décembre.
Les Troupes de l'Empire ont pris leurs quartiers
dans la Franconie. Le Baron de Pretlach eſt
établi à Rotenbourg avec le corps qu'il comman-
`de. Le Prince de Deux Ponts a fon Quartier Général
à Nuremberg. Les Pruffiens occupent
les
Poftes de Plawen , de Reichenbac & de Géra. Le
bruit a couru que le Comte de Dohna alloit ſe
mettre en marche avec un corps de trente mille
hommes , dans l'intention de troubler la communication
des Quartiers de l'Armée de l'Empire
& des Armées Françoiles.
Le Maréchal de Soubile partit de Marbourg
le premier de ce mois , avec l'Arriere-Garde de
fon Armée , pour ſe rendre à Hanau , où lon
Quartier-Général fera établi pendant l'Hy ver . Le
Régiment de Rohan , Infanterie , y arriva le 2 ,
& celui de Piémont les deux jours fuivants . Le
Régiment Dauphin a fon Quartier à Friedberg ,
& celui de Royal Rouffillon à Winecken .
Les Troupes de l'Empire ont pris leurs quartiers
dans la Franconie. Le Baron de Pretlach eſt
établi à Rotenbourg avec le corps qu'il comman-
`de. Le Prince de Deux Ponts a fon Quartier Général
à Nuremberg. Les Pruffiens occupent
les
Poftes de Plawen , de Reichenbac & de Géra. Le
bruit a couru que le Comte de Dohna alloit ſe
mettre en marche avec un corps de trente mille
hommes , dans l'intention de troubler la communication
des Quartiers de l'Armée de l'Empire
& des Armées Françoiles.
Le Maréchal de Soubile partit de Marbourg
le premier de ce mois , avec l'Arriere-Garde de
fon Armée , pour ſe rendre à Hanau , où lon
Quartier-Général fera établi pendant l'Hy ver . Le
Régiment de Rohan , Infanterie , y arriva le 2 ,
& celui de Piémont les deux jours fuivants . Le
Régiment Dauphin a fon Quartier à Friedberg ,
& celui de Royal Rouffillon à Winecken .
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Résumé : DE FRANCFORT, le 10. Décembre.
Le 10 décembre, les troupes impériales se sont déployées en Franconie. Le Baron de Pretlach est à Rotenbourg, et le Prince de Deux Ponts à Nuremberg. Les Prussiens contrôlent Plawen, Reichenbach et Géra. Le Comte de Dohna pourrait perturber les communications avec trente mille hommes. Le Maréchal de Soubise a établi son quartier général à Hanau pour l'hiver. Divers régiments sont stationnés à Hanau, Friedberg et Winecken.
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20
p. 204-205
DE VIENNE, le 12 Mars.
Début :
Les Prussiens se sont portés sur Erfurt le 27 du mois dernier. [...]
Mots clefs :
Prusse, Garnison autrichienne, Armée
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texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 12 Mars.
DE VIENNE , le 12 Mars.
Les Pruffiens le font portés fur Erfurt le 27 du .
AVRIL. 1759. 205
mois dernier. La Garnifon Autrichienne a rendu
la Place; mais ils l'ont abandonnée quelques jours
après pour fe retirer en Saxe . Le projet de leur
marche combinée avec celle des Hanovriens , étoit
de rompre le cordon de l'Arinée de l'Empire ;
mais ils n'ont pû y réuflir.
Les Pruffiens le font portés fur Erfurt le 27 du .
AVRIL. 1759. 205
mois dernier. La Garnifon Autrichienne a rendu
la Place; mais ils l'ont abandonnée quelques jours
après pour fe retirer en Saxe . Le projet de leur
marche combinée avec celle des Hanovriens , étoit
de rompre le cordon de l'Arinée de l'Empire ;
mais ils n'ont pû y réuflir.
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21
p. 205-206
DE LEYPSICK, le 18 Avril.
Début :
Le Prince Henri, informé de l'état où se trouvoient les quartiers de l'Armée [...]
Mots clefs :
Prince Henri, Prusse, Troupes, Bohême, Infanterie, Attaque, Cavalerie, Fuite , Magasins, Incendie
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texteReconnaissance textuelle : DE LEYPSICK, le 18 Avril.
e LEX PSICK , le 18 Avril.
Le Prince Henri , informé de l'état où le trou-
voient les quartiers de l'Armée Autrichienne en-
deça de l'Elbe , forma ces jours paffés le projet
d'enlever & de détruire les magazins de cette Ar-
mée. Le 1s de ce mois il entra en Bohême du cố-
té de Peterfwalde avec une divifion de les troupes.
Le Général Hulfen pénétra du côté de Gafberg ,
avec une autre divifion . Il rencontra un abattis fur
fon pallage. Il difpofa fon Infanterie pour l'attaque
de ce retranchement ; & comme elle y trouvoir
beaucoup de réfiftance , il fit marcher fa Cavale-
rie fur Pillnitz pour prendre les Autrichiens à dos.
Ce mouvement les intimida , ils prirent la fuite
en défordre , & le Général Hulfen leur fit près de
deux mille Prifonniers. Enfuite le Prince Henri
partagea fon avant- garde en deux corps , dont
J'un marcha à Toplitz , & l'autre fe porta à Auffig.
a pillé & brûlé les magafins que les Autrichiens
5a09971261
206
MERCURE
DE
FRANCE
.
avoient
à
Lowofitz
&
à
Leitmezitz
.
Il
s'eſt
avancé
enfuite
avec
toute fa
divifion
jufqu'à
Budin
tandis
que
le
Général
Hullen
a
marché
avec
la
fienne
fur
Saatz
.
On
apprend
par
des
lettres
nouvellement
arri
vées
,
que
le
Prince
Henri de
Pruffe
eft
forti
de
la
Bohêne
avec
le
corps
qu'il
commande
Le Prince Henri , informé de l'état où le trou-
voient les quartiers de l'Armée Autrichienne en-
deça de l'Elbe , forma ces jours paffés le projet
d'enlever & de détruire les magazins de cette Ar-
mée. Le 1s de ce mois il entra en Bohême du cố-
té de Peterfwalde avec une divifion de les troupes.
Le Général Hulfen pénétra du côté de Gafberg ,
avec une autre divifion . Il rencontra un abattis fur
fon pallage. Il difpofa fon Infanterie pour l'attaque
de ce retranchement ; & comme elle y trouvoir
beaucoup de réfiftance , il fit marcher fa Cavale-
rie fur Pillnitz pour prendre les Autrichiens à dos.
Ce mouvement les intimida , ils prirent la fuite
en défordre , & le Général Hulfen leur fit près de
deux mille Prifonniers. Enfuite le Prince Henri
partagea fon avant- garde en deux corps , dont
J'un marcha à Toplitz , & l'autre fe porta à Auffig.
a pillé & brûlé les magafins que les Autrichiens
5a09971261
206
MERCURE
DE
FRANCE
.
avoient
à
Lowofitz
&
à
Leitmezitz
.
Il
s'eſt
avancé
enfuite
avec
toute fa
divifion
jufqu'à
Budin
tandis
que
le
Général
Hullen
a
marché
avec
la
fienne
fur
Saatz
.
On
apprend
par
des
lettres
nouvellement
arri
vées
,
que
le
Prince
Henri de
Pruffe
eft
forti
de
la
Bohêne
avec
le
corps
qu'il
commande
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Résumé : DE LEYPSICK, le 18 Avril.
Le 18 avril, le Prince Henri décida de s'emparer et de détruire les magasins de l'Armée Autrichienne au-delà de l'Elbe. Le 1er avril, il pénétra en Bohême avec une division de troupes près de Peterfwalde, tandis que le Général Hulfen entra du côté de Gafberg avec une autre division. Hulfen rencontra un abattis et déploya son infanterie pour attaquer ce retranchement. Face à la résistance, il fit avancer sa cavalerie vers Pillnitz pour prendre les Autrichiens à revers, ce qui les fit fuir en désordre, permettant à Hulfen de faire près de deux mille prisonniers. Le Prince Henri divisa ensuite son avant-garde en deux corps : l'un marcha vers Toplitz, l'autre vers Auffig, pillant et brûlant les magasins autrichiens à Lowofitz et à Leitmezitz. Le Prince Henri avança avec toute sa division jusqu'à Budin, tandis que le Général Hulfen marcha vers Saatz. Des lettres récentes indiquent que le Prince Henri de Prusse a quitté la Bohême avec le corps qu'il commandait.
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22
p. 205-206
De Hambourg le 8 Septembre.
Début :
Les lettres de Stettin nous ont appris que l'Armée Suédoise qui campoit à [...]
Mots clefs :
Lettres, Armée suédoise, Prise de la ville, Fort, Capitulation, Déplacement des troupes, Garnison, Attaque, Résistance, Prusse, Retraite
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texteReconnaissance textuelle : De Hambourg le 8 Septembre.
De
Hambourg
le
8
Septembre
.
Les
Lettres
de
Stettin
nous ont appris
que
l'Ar
mée
Suédoife qui campoit à
Loitz
,
en
partir
le
1
206 MERCURE DE FRANCE.
21 du mois dernier , pour ſe porter fur Anclam ?
dont elle s'eft emparée. Un des Détachemens de
cette Armée fe préfenta devant le Fort d'Uker-
munde , qui lui fut rendu par capitulation. Le
gros de l'Armée marcha le 28 à Schwine , Ville
fortifiée par des retrranchemens paliffadés , &
défendue par une garnifon de fix cens hommes.
Le Comte de Meyerfeld fut chargé d'attaquer
cette Place , & il s'y porta avec beaucoup de ré-
folution. L'attaque dura depuis quatre heures du
matin , jufqu'à fept heures du foir. Les Pruffiens
après une vive réſiſtance , furent forcés de fe re-
tirer en défordre. Les Suédois ont enlevé le fieur
Hauflqui commandoit dans la Place , trois Lieu-
tenans , un Enfeigne , huit Bas-Officiers & foixan-
te-onze Soldats Ils ont trouvé dans les retran-
chemens plufieurs piéces de canon , & des mu-
nitions en abondance.
Hambourg
le
8
Septembre
.
Les
Lettres
de
Stettin
nous ont appris
que
l'Ar
mée
Suédoife qui campoit à
Loitz
,
en
partir
le
1
206 MERCURE DE FRANCE.
21 du mois dernier , pour ſe porter fur Anclam ?
dont elle s'eft emparée. Un des Détachemens de
cette Armée fe préfenta devant le Fort d'Uker-
munde , qui lui fut rendu par capitulation. Le
gros de l'Armée marcha le 28 à Schwine , Ville
fortifiée par des retrranchemens paliffadés , &
défendue par une garnifon de fix cens hommes.
Le Comte de Meyerfeld fut chargé d'attaquer
cette Place , & il s'y porta avec beaucoup de ré-
folution. L'attaque dura depuis quatre heures du
matin , jufqu'à fept heures du foir. Les Pruffiens
après une vive réſiſtance , furent forcés de fe re-
tirer en défordre. Les Suédois ont enlevé le fieur
Hauflqui commandoit dans la Place , trois Lieu-
tenans , un Enfeigne , huit Bas-Officiers & foixan-
te-onze Soldats Ils ont trouvé dans les retran-
chemens plufieurs piéces de canon , & des mu-
nitions en abondance.
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Résumé : De Hambourg le 8 Septembre.
Le 8 septembre, des lettres de Stettin ont rapporté que l'armée suédoise, initialement à Loitz, s'est déplacée vers Anklam le 21 du mois précédent et l'a conquise. Un détachement suédois a ensuite pris le fort d'Uckermunde par capitulation. Le 28, l'armée suédoise a marché vers Schwine, une ville fortifiée par des retranchements palissadés et défendue par une garnison de six cents hommes. Le comte de Meyerfeld a mené l'attaque, qui a duré de quatre heures du matin à sept heures du soir. Malgré une vive résistance, les Prussiens ont été contraints de se retirer en désordre. Les Suédois ont capturé plusieurs officiers et soldats, ainsi que plusieurs pièces de canon et des munitions.
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23
p. 192-194
DE VIENNE, le 4 Juin.
Début :
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-Géneraux, par le baron [...]
Mots clefs :
Impératrice Reine, Baron, États généraux , Majestés, Déclaration, Angleterre, Prusse, Nominations, Ministre plénipotentiaire, Duc, Mémoire, Prince Charles de Lorraine, Fêtes, Préparatifs , Baron de Laudon, Marquis de Paulmy, Varsovie, Ambassadeur, Congrès
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 4 Juin.
De VIENNE , le 4 Juin.
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-
Géneraux , par le Baron de Reifchach , Ambaffadeur
Plénipotentiaire de Leurs Majeſtés Imriales
, une déclaration en réponſe à celle des Rois
d'Angleterre & de Pruile.
Elle porte que , pour répondre aux deſirs de
Leurs Majeftés Britannique & Pruffienne pour le
rérabliſſement de la paix , Leurs Majeſtés l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le
Roi Très-Chrétien , & l'Impératrice de toutes les
Ruffies , également animées du defir de contri
buer au rétabliffement de la tranquillité publiqua
fur un pied folide & équitable , déclaren:,
Que Sa Majefté Catholique ayant bien voulu
» offrir la médiation pour la guèrre qui fubfifte
» depuis quelques années entre la Erance & l'An-
» gleterre
JUILLET. 1786.
>>
gleterre ; & cette guèrre n'ayant d'ailleurs rien
de commun avec celle que foutiennent égale
ment depuis quelques années les deux Impératrices
avec leurs Alliés contre le Roi de Pruffe
; Sa Majefté Très-Chrétienne eft prête à trai
ter de la paix perſonnelle avec l'Angleterre, par
les bons offices de Sa Majefté Catholique, dont
elle s'eft fait un plaifir d'accepter la médiation.
"Quant à la guerre qui regarde directement
Sa Majefté Pruffienne; leurs Majeftés l'Impérasitrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le Rai
Très- Chrétien , & l'Impératrice de Ruffie, font
>> difpofés à donner les mains à l'établitlement du
Congrès propofé. Mais comme , en vertu de
leurs traités , elles ne peuvent prendre aucun
engagement relatif à la paix , que conjointe-
» ment avec leurs Alliés ; il fera nécellaire pour
qu'elles puiffent s'expliquer définitivement fur
ce fajet , qu'avant tout il plaife à Leurs Majeftés
Britannique & Pruffienne de faire parvenir
lear invitation à un Congrès , à toutes.
celles des Puiffances qui fe trouvent directement
en guèrre contre le Roi de Prulle ; nommément
à Sa Majefté le Roi de Suéde , ainfi
» qu'à Sa Majefté le Roi de Pologne , Electeur
» de Saxe , lefquels fpécialement doivent être
invités au futur Congrès.
L'Impératrice Reine nomma , le 3 du mois
dernier , jour de l'Invention de la Sainte-Croix ,
I'Infante Ifabelle, Dame de l'Ordre de la Croix
Etoilée. L'Archiducheffe Marie-Anne reçut , en
fon nom , la Croix , des mains de Sa Majesté.
Le 13 du même mois , la Cour , raſſemblée à
Schonbrun , fut en Gala , à l'occafion de l'Anniverſaire
de l'Impératrice Reine , qui eſt entrée
de ce jour , dans la quarante-quatrième année.
I, Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE:
Le Baron de Breteuil , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de France auprès de l'Impératrice de
Ruffie , eft parti d'ici pour continuer la route
après avoir pris congé de Leurs Majeſtés .
On apprend de Warfovie , que le Duc
de Courlande eft dangereufement malade. Le
fieur Benoit , Sécrétaire de Légation du Roi de
Pruffe , à la Cour de Pologne , a remis un Mémoire
, en réponse à celui que cette Cour lui avoit
fait remettre parfon Vice- Chancelier . Il nie dans
ce Mémoire la plupart des griefs allégués par
ce Miniftre , & il y forme contre le Roi & la
République de Pologne , un grand nombre dé
plaintes, énoncées d'une maniere fort vive.
Le Prince Charles de Lorraine , & la Prin
ceffe fa foeur , arriveront le mois prochain de
Bruxelles en cette Ville , pour affifter au mariage
de l'Archiduc Jofeph . On travaille aux prépaatifs
des fêtes que l'on donnera à cette occafion.
Toutes les troupes,aux ordres du Baron de Lau
don , campèrent le 31 du mois dernier , dans
les environs de Frankenſtein.
Le Marquis de Paulmy, Miniftre , ci - devant
Secrétaire d'Etat de la Guerre , eft arrivé depuis
peu , dans cette Ville , pour le rendre a Warfovie
en qualité d'Ambafladeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne auprès du Roi & de la République de
Pologne. Il a été préfenté , le z de ce mois , à
Leurs Majeftés Impériales & Royales , & à leur
Famille , par le Comte de Choifeul , Ambaffadeur
de France en cette Cour ; & l'Ambaffadrice
a préfenté le même jour , à Sa Majesté Impériale
& Royale Apoftolique , la Marquise de Paulmy.
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-
Géneraux , par le Baron de Reifchach , Ambaffadeur
Plénipotentiaire de Leurs Majeſtés Imriales
, une déclaration en réponſe à celle des Rois
d'Angleterre & de Pruile.
Elle porte que , pour répondre aux deſirs de
Leurs Majeftés Britannique & Pruffienne pour le
rérabliſſement de la paix , Leurs Majeſtés l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le
Roi Très-Chrétien , & l'Impératrice de toutes les
Ruffies , également animées du defir de contri
buer au rétabliffement de la tranquillité publiqua
fur un pied folide & équitable , déclaren:,
Que Sa Majefté Catholique ayant bien voulu
» offrir la médiation pour la guèrre qui fubfifte
» depuis quelques années entre la Erance & l'An-
» gleterre
JUILLET. 1786.
>>
gleterre ; & cette guèrre n'ayant d'ailleurs rien
de commun avec celle que foutiennent égale
ment depuis quelques années les deux Impératrices
avec leurs Alliés contre le Roi de Pruffe
; Sa Majefté Très-Chrétienne eft prête à trai
ter de la paix perſonnelle avec l'Angleterre, par
les bons offices de Sa Majefté Catholique, dont
elle s'eft fait un plaifir d'accepter la médiation.
"Quant à la guerre qui regarde directement
Sa Majefté Pruffienne; leurs Majeftés l'Impérasitrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le Rai
Très- Chrétien , & l'Impératrice de Ruffie, font
>> difpofés à donner les mains à l'établitlement du
Congrès propofé. Mais comme , en vertu de
leurs traités , elles ne peuvent prendre aucun
engagement relatif à la paix , que conjointe-
» ment avec leurs Alliés ; il fera nécellaire pour
qu'elles puiffent s'expliquer définitivement fur
ce fajet , qu'avant tout il plaife à Leurs Majeftés
Britannique & Pruffienne de faire parvenir
lear invitation à un Congrès , à toutes.
celles des Puiffances qui fe trouvent directement
en guèrre contre le Roi de Prulle ; nommément
à Sa Majefté le Roi de Suéde , ainfi
» qu'à Sa Majefté le Roi de Pologne , Electeur
» de Saxe , lefquels fpécialement doivent être
invités au futur Congrès.
L'Impératrice Reine nomma , le 3 du mois
dernier , jour de l'Invention de la Sainte-Croix ,
I'Infante Ifabelle, Dame de l'Ordre de la Croix
Etoilée. L'Archiducheffe Marie-Anne reçut , en
fon nom , la Croix , des mains de Sa Majesté.
Le 13 du même mois , la Cour , raſſemblée à
Schonbrun , fut en Gala , à l'occafion de l'Anniverſaire
de l'Impératrice Reine , qui eſt entrée
de ce jour , dans la quarante-quatrième année.
I, Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE:
Le Baron de Breteuil , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de France auprès de l'Impératrice de
Ruffie , eft parti d'ici pour continuer la route
après avoir pris congé de Leurs Majeſtés .
On apprend de Warfovie , que le Duc
de Courlande eft dangereufement malade. Le
fieur Benoit , Sécrétaire de Légation du Roi de
Pruffe , à la Cour de Pologne , a remis un Mémoire
, en réponse à celui que cette Cour lui avoit
fait remettre parfon Vice- Chancelier . Il nie dans
ce Mémoire la plupart des griefs allégués par
ce Miniftre , & il y forme contre le Roi & la
République de Pologne , un grand nombre dé
plaintes, énoncées d'une maniere fort vive.
Le Prince Charles de Lorraine , & la Prin
ceffe fa foeur , arriveront le mois prochain de
Bruxelles en cette Ville , pour affifter au mariage
de l'Archiduc Jofeph . On travaille aux prépaatifs
des fêtes que l'on donnera à cette occafion.
Toutes les troupes,aux ordres du Baron de Lau
don , campèrent le 31 du mois dernier , dans
les environs de Frankenſtein.
Le Marquis de Paulmy, Miniftre , ci - devant
Secrétaire d'Etat de la Guerre , eft arrivé depuis
peu , dans cette Ville , pour le rendre a Warfovie
en qualité d'Ambafladeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne auprès du Roi & de la République de
Pologne. Il a été préfenté , le z de ce mois , à
Leurs Majeftés Impériales & Royales , & à leur
Famille , par le Comte de Choifeul , Ambaffadeur
de France en cette Cour ; & l'Ambaffadrice
a préfenté le même jour , à Sa Majesté Impériale
& Royale Apoftolique , la Marquise de Paulmy.
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Résumé : DE VIENNE, le 4 Juin.
Le 4 juin 1786, l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a transmis une déclaration aux États-Généraux via le Baron de Reifchach, ambassadeur des Majestés Impériales. Cette déclaration répondait à celle des Rois d'Angleterre et de Prusse concernant le rétablissement de la paix. L'Impératrice Reine, le Roi Très-Chrétien et l'Impératrice de toutes les Russies exprimaient leur désir de contribuer à la tranquillité publique sur une base solide et équitable. La France, par l'intermédiaire de Sa Majesté Catholique, proposait sa médiation pour mettre fin à la guerre entre la France et l'Angleterre, indépendamment des conflits impliquant les deux Impératrices et leurs alliés contre le Roi de Prusse. La France était prête à négocier une paix personnelle avec l'Angleterre sous la médiation de la Majesté Catholique. Pour la guerre impliquant la Prusse, les Majestés Impériales étaient disposées à participer à un congrès proposé, mais elles nécessitaient l'invitation de toutes les puissances en guerre contre la Prusse, notamment le Roi de Suède et le Roi de Pologne. Le 3 juillet, l'Impératrice Reine a nommé l'Infante Isabelle, Dame de l'Ordre de la Croix Étoilée, et l'Archiduchesse Marie-Anne a reçu la Croix des mains de Sa Majesté. Le 13 juillet, la Cour s'est rassemblée à Schönbrun pour célébrer l'anniversaire de l'Impératrice Reine, qui entrait dans sa quarante-quatrième année. Le Baron de Breteuil, ministre plénipotentiaire du Roi de France auprès de l'Impératrice de Russie, a quitté Vienne. À Varsovie, le Duc de Courlande était gravement malade, et le Sieur Benoit, secrétaire de légation du Roi de Prusse, a remis un mémoire en réponse à celui du Vice-Chancelier de Pologne, contestant les griefs et formulant de nombreuses plaintes. Le Prince Charles de Lorraine et la Princesse sa sœur devaient arriver de Bruxelles pour assister au mariage de l'Archiduc Joseph. Les troupes du Baron de Laudon ont campé près de Frankenstein. Le Marquis de Paulmy, ancien secrétaire d'État à la Guerre, est arrivé en qualité d'ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne auprès du Roi et de la République de Pologne.
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