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1
p. 48-68
DES CHOSES DIFFICLES A CROIRE. DIALOGUE SECOND.
Début :
L'Autheur du Dialogue que vous avez veu sur les choses / BELOROND. LAMBRET. BELOROND. Vous me trouvez en lisant chez Aulu-Gelle [...]
Mots clefs :
Nature, Peuples, Larcins, Opinions, Larron, Peines, Royaume, Capitaine, Plantes, Curiosité, Voyage, Croyance, Province, Amérique, Bourreau
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texteReconnaissance textuelle : DES CHOSES DIFFICLES A CROIRE. DIALOGUE SECOND.
L'Autheur du Dialogue:
que vous avez veufur les choſes
difficiles à croire , m'en a
envoyé un ſecond , dont je
vous fais part. Quoy qu'il
GALANT. 49
ſoit une ſuite du premier , la
matiere eſt differente, & cette
diverſité doit eftre agreable
aux Curieux , qui ſont
bien-aiſes d'apprendre beaucoup
, & de s'épargner la
peine des longues lectures.
- 255-22222 2522-2222
DES CHOSES
DIFFICILES A CROIRE.
DIALOG VE SECOND.
BELOROND. LAMBRET.
V
BELOROND.
Ous me trouvez en li
ſant chez Aulu - Gelle
Avril 1685. E
۲۰ MERCURE
une verité qui paſſeroit pour
difficile à croire , fi elle n'étoit
miſeicy en pratique auf
ſi ſouvent qu'ailleurs ; c'eſt
quand il dit , que l'on punit
les petits Larrons , & qu'on
porte honneur aux grands :
Fures privatorum furtorum in
nervo atque compedibus ætatem
gerunt,fures publici in auro &
in purpura.
LAMBRET .
Un autre a dit encore que
les petits crimes ſont punis ,
& que les grands font portez
en triomphe : Sacrilegia minuta
puniuntur , magna in trium-
1
GALANT. 51
phis feruntur. Nous aurions
bbiieennddeesscchhoofſees à dire ſur cette
matiere , ſi nous voulions
nous ériger en Satyriques ;
mais croyez -moy, parlons du
larcin d'une autre maniereCe
n'eſt pas icy ſeulement qu'il
y a beaucoup de Larrons , &
que la plus- part ſont comblez
d'honneurs. Au Royaume
de Tangeo il y a un païs
appellé des Larrons , où l'on
tient à ſi grand honneur d'avoir
eu des Parens pendus
pour des vols commis, qu'on
s'y reproche comme une ef
pece d'infamie, ſi l'on n'en a
E ij
52 MERCURE
pointeu d'Executez en Juſti
ce pour une ſi belle cauſe.
Chez les Lacedemoniens le
larcin eſtoit permis , pourvû
qu'on ne fuſt point ſurpris
en le commettant. C'eſtoit
afin d'accoutumer ces Peuples
à chercher des artifices
& des ſtratagêmes , dont ils
ſe ſervoient ſouvent dans les
guerres qu'ils avoient avec
leurs ennemis. Un jeune Enfant
Lacedemonien fut fi fi
dele à executer cette Loy ,
qu'ayant dérobé un Renard ,
&l'ayant mis dans ſon ſein
pour le cacher aux yeux de
GALANT. 53
ceux qui le cherchoient , il
aima mieux ſe laiffer ronger
le ventre par cet animal, que
de découvrir ſon larcin .
BELOROND.
J'aurois de la peine à croire
ce que vous venez de me
dire , ſi je ne me ſouvenois
d'avoir lû chez Cefar l. 6. de
bello Gall. que les anciens
Allemans permettoient à la
Jeuneſſe de dérober, afin d'é.
viter l'oiſiveté ; dans Arrien
in Epict. 1. 3. c. 7. qu'Epicure
avoüoit bien que c'eſtoitune
grande faute de ſe laiffer furprendre
en dérobant ; mais
E iij
54 MERCURE
qu'il ne croyoit pas que hors
de cette furpriſe il y euft du
mal dans l'action ; & chez
Suetone in Ner. art. 16. que
les Romains avoient des Feſtes
& des Jeux : Quadrigariorum
lufus , qui leur permettoient
de prendre tout ce
qu'ils pouvoient. L'Empereur
Neron fut le premierqui condamna
cet injuſte uſage.Diodore
nous apprend que les
Egyptiens avoient un Prince
des Larrons , à qui l'on s'adreſſoit
, comme autrefois à
Paris au Capitaine des Coupeurs
de bourſe , pour recou
GALANT. 55
vrer ce qu'on avoit perdu ,
en donnant le quart du prix.
LAMBRET.
Vous avez apparemment
auſſi lû chez François Alvarez
, qu'il y a un Officier de la
Cour du Préte-Jan , qui n'a
que cette qualité de Capitaine
des Voleurs pour gages
de ſon Office , dont les fon-
Ctions confiftent à faire lever
&accommoder les tentes du
Roy.
BELORO ND .
Si l'eſtime que quelques
Peuples ont eue pour le larcin
paroiſt incroyable, la pei
E iij
56 MERCURE
ne que d'autres Peuples faifoient
fouffrir aux Larrons, ne
le-paroiſtra pas moins , comme
chez les Americains , au
rapport d'Oviedo 1. 5. hift.
c. 3. & l. 17. c. 4. qui les empaloient
vifs ; & chez ceux de
Carinthie, qui estoient fi animez
contre les Voleurs, que
ſur le ſeul ſoupçon ils les pendoient
, & puis faiſoient le
procés au Mort, ſe contentant
d'enſevelir honorable.
ment ceux contre leſquels
ils n'avoient point trouvé de
preuves ſuffiſantes pour les
condamner à la mort. C'eſt
GALANT. 57
Mercator qui nous l'apprend
dans ſon hiſtoire 1. 7. c. 13.
LAMBRET .
Ceux du Royaume de Lao
n'eſtoient pas ſi ſeveres dans
les châtimens des Larrons ,
puis qu'ils les puniffoient ſeulement
en leur faiſant couper
fur le corps , ſelon la qualité
du vol , une certaine portion
de chair , avec cette clauſe ,
que ſi le Bourreau en coupoit
trop , il eſtoit permis au
voleur de dérober aprés impunement
pour autant que
pouvoit valoir ce qu'on luy
avoit ôté de trop.
58 MERCURE
-
BELOROND.
à
Ce que vous venez de di
re me fait ſouvenir d'une coûtume
de Moſcovie , qui n'eſt
pas moins déraisonnable,puis
qu'elle veut qu'on donne la
Queſtion premierement
P'Accuſateur , pour voir s'il
perſiſtera dans ſon accufation
, & puis à l'Accuſe, ſi la
choſe en queſtion eſt demeurée
douteuſe. C'eſt Olearius
qui le tapporte 1. 3. Y a-t- il
rien de plus impertinent , ſelon
nous , que ces uſages ?
Et cependant ceux de Mofcovie
& de Lao s'imaginent
GALANT
queleurs Coûtumes font auſſi
raiſonnables qu'elles nous paroiſſent
ridicules & extravagantes
, tant il eſt vray que
chacun abonde en ſon ſens ,
& qu'on ne peut établir un
fondement certain ſur l'ef
prit ou plutoſt ſur les opinions
des hommes . Avoüons
de bonne foy que les Pyrrho .
niens n'eftoient pas les plus
mechans Philoſophes, quand
ils n'aſſuroient rien que par
leur, peut - eftre , cela ſe peut
Jaire
faire. Si l'enteſtement, la préſomption
, l'obſtination &
l'amour propre ne s'eſtoient
60 MERCURE
pas emparez de l'eſprit de la
plus -part des hommes , je ne
doute point qu'on ne leur
euſt rendu plus de justice ,
aprés avoir pourtant employé
laCirconciſion dont parle un
Pere de l'Egliſe , c'eſt à dire
aprés avoir retranché de leurs
opinions ce qui peut eſtre
contraire aux Veritez certai
nes & infaillibles de noſtre
Religion.
LAMBRET .
Devons-nous eſtre ſurpris
de voir les hommes ſi bizarres
dans leurs opinions &
dans leurs coûtumes , puis
GALANT. 61
que leur mere commune , je
veux dire la Nature, l'eſt encore
davantage dans ſes productions
. C'eſt dans la confideration
de la bizarrerie
qu'elle y fait paroître, que je
puis vous rapporter beaucoup
de choſes qui paroiſtront incroyables
à ceux qui ne mefurent
la puiſſance de la Nature
, que parce qu'ils ont vû
ou entendu . En effet un
,
homme qui n'a pas perdu ſon
clocher de veuë , peut - il ſe
réfoudre à croire qu'il y ait
en Ethiopie un Lac , comme
le rapporte Diodore deSicile,
62 MERCURE
Bibl.hift.l.2.c.5- dont les eaux
troublent tellement l'eſprit
de ceux qui en boivent, qu'ils
ne peuvent rien cacher de ce
qu'ils ſçavent ; en l'Amerique
une Plante qui repreſente diſtinctement
en ſa fleur tous
les inſtrumens de la Paſſion
du Fils de Dieu , au rapport
de Duval dans ſon Monde ;
en la vallée Baaras , qui eſt au
levant du Iourdain , une autre
Plante qui paroiſtcomme
un flambeau allumé pendant
la nuit ; en la Province des
Pudifetanaux , Indes Orientales
, un Arbre appellé l'ArGALANT.
63
bre de la Honte , dont les
feüülles s'étendent ou ſe re
tirent ſelon qu'on s'en éloi.
gne , ou que l'on s'en approche!
Enfin, pourra-t- il fſeeppeerr--
ſuader que le Boranetz quiſe
trouve au païs des Tartares
Zavolhans , qui eſt fait en
forme d'agneau dont il porte
le nom en leur Langue , eft
une Plante attachée à ſa racine
qui mange toute l'herbe
qui ſe trouve autour d'elle ,&
puis ſe ſeche quand il n'y en
a plus ; & ne démentira- t- il
pas Ariftote , ce genie de la
nature, quand il dit au l.s. des
64 MERCURE
Animaux,que le Fleuve Hypanis
prés du Boſphore Cimmerien,
porte en Eſté de petites
feüilles de la longueur
d'un gros grain de raiſin ,
d'où fortent des Oyſeaux à
quatre pieds appellez Ephemeres
, qui vivent , & volent
depuis le matin juſques à
midy , puis ſur le ſoir commencent
à défaillir , & enfin
meurent au Soleil couchant?
Je ſçay bien qu'il ſe peut faire
qu'il y ait des Auteurs tellement
paffionnez pour les
choſes extraordinaires , qu'ils
nous rapportent quelquefois
GALANT. 65
effrontémentdes fables qu'ils
prétendent faire paffer pour
des veritez ; mais quand je
fais réflexion qu'il ſe preſente
tous les jours à mes yeux
des prodiges qui ne demanderoient
pas moins d'admi
ration que le Boranetz , &
les Ephemeres , fi nous ne
bornions noſtre croyance par
la ſphere de noftre veuë , je
ne puis me réſoudre à donner
un démenty à tant de
grands hommes , qui aprés.
avoir étudié ſerieuſement la
Nature , ont bien voulu nous.
faire part de leurs connoiffan
Auril 168
66 MERCURE
ces & de leurs remarques, en
nous apprenant ſes prodi.
gieuſes merveilles.
BELOROND.
Ce n'eſt pas ſeulement à
cauſe que l'on ne voit pas les
choſes extraordinaires qui ſe
liſent dans les Voyages &
chez les Naturaliſtes que
l'on ne veut pas les croire ;
c'eſt encore parce que l'on.
ne comprend pas comment
elles ſe peuvent faire. Pour
moy , quand je ne puis penetrer
les cauſes des merveilles
de la Nature , je ne m'imagine
pas pour cela , qu'elles
GALANT. 67
2
ne foient pas en effet , mais
je conſole mon ignorance &
borne ma curiofité par un ,
Hac Deus mirari voluit , fcire
noluit. Je me dis à moy - même
, que Dieu veut que nous
les admirions , & non pas
que nous les connoiffions,
comme s'il avoit voulu humilier
noſtre eſprit dans l'é
tude de la Nature auſſi bien
que de la Religion, par une
experience continuelle de
fon ignorance & de ſa for
bleffe.
1 LAMBRET.
Separons- nous, je vous
Eij
68 MERCURE
prie , avec une ſi judicieuſe
réflexion. Elle ne ſervira pas.
peu à nous exciter à remarquer
encore des choſes plus
merveilleuſes que celles dont
nous venons de parler , pour
nous ſervir de matiere dans
noſtre premier Entretien,
que vous avez veufur les choſes
difficiles à croire , m'en a
envoyé un ſecond , dont je
vous fais part. Quoy qu'il
GALANT. 49
ſoit une ſuite du premier , la
matiere eſt differente, & cette
diverſité doit eftre agreable
aux Curieux , qui ſont
bien-aiſes d'apprendre beaucoup
, & de s'épargner la
peine des longues lectures.
- 255-22222 2522-2222
DES CHOSES
DIFFICILES A CROIRE.
DIALOG VE SECOND.
BELOROND. LAMBRET.
V
BELOROND.
Ous me trouvez en li
ſant chez Aulu - Gelle
Avril 1685. E
۲۰ MERCURE
une verité qui paſſeroit pour
difficile à croire , fi elle n'étoit
miſeicy en pratique auf
ſi ſouvent qu'ailleurs ; c'eſt
quand il dit , que l'on punit
les petits Larrons , & qu'on
porte honneur aux grands :
Fures privatorum furtorum in
nervo atque compedibus ætatem
gerunt,fures publici in auro &
in purpura.
LAMBRET .
Un autre a dit encore que
les petits crimes ſont punis ,
& que les grands font portez
en triomphe : Sacrilegia minuta
puniuntur , magna in trium-
1
GALANT. 51
phis feruntur. Nous aurions
bbiieennddeesscchhoofſees à dire ſur cette
matiere , ſi nous voulions
nous ériger en Satyriques ;
mais croyez -moy, parlons du
larcin d'une autre maniereCe
n'eſt pas icy ſeulement qu'il
y a beaucoup de Larrons , &
que la plus- part ſont comblez
d'honneurs. Au Royaume
de Tangeo il y a un païs
appellé des Larrons , où l'on
tient à ſi grand honneur d'avoir
eu des Parens pendus
pour des vols commis, qu'on
s'y reproche comme une ef
pece d'infamie, ſi l'on n'en a
E ij
52 MERCURE
pointeu d'Executez en Juſti
ce pour une ſi belle cauſe.
Chez les Lacedemoniens le
larcin eſtoit permis , pourvû
qu'on ne fuſt point ſurpris
en le commettant. C'eſtoit
afin d'accoutumer ces Peuples
à chercher des artifices
& des ſtratagêmes , dont ils
ſe ſervoient ſouvent dans les
guerres qu'ils avoient avec
leurs ennemis. Un jeune Enfant
Lacedemonien fut fi fi
dele à executer cette Loy ,
qu'ayant dérobé un Renard ,
&l'ayant mis dans ſon ſein
pour le cacher aux yeux de
GALANT. 53
ceux qui le cherchoient , il
aima mieux ſe laiffer ronger
le ventre par cet animal, que
de découvrir ſon larcin .
BELOROND.
J'aurois de la peine à croire
ce que vous venez de me
dire , ſi je ne me ſouvenois
d'avoir lû chez Cefar l. 6. de
bello Gall. que les anciens
Allemans permettoient à la
Jeuneſſe de dérober, afin d'é.
viter l'oiſiveté ; dans Arrien
in Epict. 1. 3. c. 7. qu'Epicure
avoüoit bien que c'eſtoitune
grande faute de ſe laiffer furprendre
en dérobant ; mais
E iij
54 MERCURE
qu'il ne croyoit pas que hors
de cette furpriſe il y euft du
mal dans l'action ; & chez
Suetone in Ner. art. 16. que
les Romains avoient des Feſtes
& des Jeux : Quadrigariorum
lufus , qui leur permettoient
de prendre tout ce
qu'ils pouvoient. L'Empereur
Neron fut le premierqui condamna
cet injuſte uſage.Diodore
nous apprend que les
Egyptiens avoient un Prince
des Larrons , à qui l'on s'adreſſoit
, comme autrefois à
Paris au Capitaine des Coupeurs
de bourſe , pour recou
GALANT. 55
vrer ce qu'on avoit perdu ,
en donnant le quart du prix.
LAMBRET.
Vous avez apparemment
auſſi lû chez François Alvarez
, qu'il y a un Officier de la
Cour du Préte-Jan , qui n'a
que cette qualité de Capitaine
des Voleurs pour gages
de ſon Office , dont les fon-
Ctions confiftent à faire lever
&accommoder les tentes du
Roy.
BELORO ND .
Si l'eſtime que quelques
Peuples ont eue pour le larcin
paroiſt incroyable, la pei
E iij
56 MERCURE
ne que d'autres Peuples faifoient
fouffrir aux Larrons, ne
le-paroiſtra pas moins , comme
chez les Americains , au
rapport d'Oviedo 1. 5. hift.
c. 3. & l. 17. c. 4. qui les empaloient
vifs ; & chez ceux de
Carinthie, qui estoient fi animez
contre les Voleurs, que
ſur le ſeul ſoupçon ils les pendoient
, & puis faiſoient le
procés au Mort, ſe contentant
d'enſevelir honorable.
ment ceux contre leſquels
ils n'avoient point trouvé de
preuves ſuffiſantes pour les
condamner à la mort. C'eſt
GALANT. 57
Mercator qui nous l'apprend
dans ſon hiſtoire 1. 7. c. 13.
LAMBRET .
Ceux du Royaume de Lao
n'eſtoient pas ſi ſeveres dans
les châtimens des Larrons ,
puis qu'ils les puniffoient ſeulement
en leur faiſant couper
fur le corps , ſelon la qualité
du vol , une certaine portion
de chair , avec cette clauſe ,
que ſi le Bourreau en coupoit
trop , il eſtoit permis au
voleur de dérober aprés impunement
pour autant que
pouvoit valoir ce qu'on luy
avoit ôté de trop.
58 MERCURE
-
BELOROND.
à
Ce que vous venez de di
re me fait ſouvenir d'une coûtume
de Moſcovie , qui n'eſt
pas moins déraisonnable,puis
qu'elle veut qu'on donne la
Queſtion premierement
P'Accuſateur , pour voir s'il
perſiſtera dans ſon accufation
, & puis à l'Accuſe, ſi la
choſe en queſtion eſt demeurée
douteuſe. C'eſt Olearius
qui le tapporte 1. 3. Y a-t- il
rien de plus impertinent , ſelon
nous , que ces uſages ?
Et cependant ceux de Mofcovie
& de Lao s'imaginent
GALANT
queleurs Coûtumes font auſſi
raiſonnables qu'elles nous paroiſſent
ridicules & extravagantes
, tant il eſt vray que
chacun abonde en ſon ſens ,
& qu'on ne peut établir un
fondement certain ſur l'ef
prit ou plutoſt ſur les opinions
des hommes . Avoüons
de bonne foy que les Pyrrho .
niens n'eftoient pas les plus
mechans Philoſophes, quand
ils n'aſſuroient rien que par
leur, peut - eftre , cela ſe peut
Jaire
faire. Si l'enteſtement, la préſomption
, l'obſtination &
l'amour propre ne s'eſtoient
60 MERCURE
pas emparez de l'eſprit de la
plus -part des hommes , je ne
doute point qu'on ne leur
euſt rendu plus de justice ,
aprés avoir pourtant employé
laCirconciſion dont parle un
Pere de l'Egliſe , c'eſt à dire
aprés avoir retranché de leurs
opinions ce qui peut eſtre
contraire aux Veritez certai
nes & infaillibles de noſtre
Religion.
LAMBRET .
Devons-nous eſtre ſurpris
de voir les hommes ſi bizarres
dans leurs opinions &
dans leurs coûtumes , puis
GALANT. 61
que leur mere commune , je
veux dire la Nature, l'eſt encore
davantage dans ſes productions
. C'eſt dans la confideration
de la bizarrerie
qu'elle y fait paroître, que je
puis vous rapporter beaucoup
de choſes qui paroiſtront incroyables
à ceux qui ne mefurent
la puiſſance de la Nature
, que parce qu'ils ont vû
ou entendu . En effet un
,
homme qui n'a pas perdu ſon
clocher de veuë , peut - il ſe
réfoudre à croire qu'il y ait
en Ethiopie un Lac , comme
le rapporte Diodore deSicile,
62 MERCURE
Bibl.hift.l.2.c.5- dont les eaux
troublent tellement l'eſprit
de ceux qui en boivent, qu'ils
ne peuvent rien cacher de ce
qu'ils ſçavent ; en l'Amerique
une Plante qui repreſente diſtinctement
en ſa fleur tous
les inſtrumens de la Paſſion
du Fils de Dieu , au rapport
de Duval dans ſon Monde ;
en la vallée Baaras , qui eſt au
levant du Iourdain , une autre
Plante qui paroiſtcomme
un flambeau allumé pendant
la nuit ; en la Province des
Pudifetanaux , Indes Orientales
, un Arbre appellé l'ArGALANT.
63
bre de la Honte , dont les
feüülles s'étendent ou ſe re
tirent ſelon qu'on s'en éloi.
gne , ou que l'on s'en approche!
Enfin, pourra-t- il fſeeppeerr--
ſuader que le Boranetz quiſe
trouve au païs des Tartares
Zavolhans , qui eſt fait en
forme d'agneau dont il porte
le nom en leur Langue , eft
une Plante attachée à ſa racine
qui mange toute l'herbe
qui ſe trouve autour d'elle ,&
puis ſe ſeche quand il n'y en
a plus ; & ne démentira- t- il
pas Ariftote , ce genie de la
nature, quand il dit au l.s. des
64 MERCURE
Animaux,que le Fleuve Hypanis
prés du Boſphore Cimmerien,
porte en Eſté de petites
feüilles de la longueur
d'un gros grain de raiſin ,
d'où fortent des Oyſeaux à
quatre pieds appellez Ephemeres
, qui vivent , & volent
depuis le matin juſques à
midy , puis ſur le ſoir commencent
à défaillir , & enfin
meurent au Soleil couchant?
Je ſçay bien qu'il ſe peut faire
qu'il y ait des Auteurs tellement
paffionnez pour les
choſes extraordinaires , qu'ils
nous rapportent quelquefois
GALANT. 65
effrontémentdes fables qu'ils
prétendent faire paffer pour
des veritez ; mais quand je
fais réflexion qu'il ſe preſente
tous les jours à mes yeux
des prodiges qui ne demanderoient
pas moins d'admi
ration que le Boranetz , &
les Ephemeres , fi nous ne
bornions noſtre croyance par
la ſphere de noftre veuë , je
ne puis me réſoudre à donner
un démenty à tant de
grands hommes , qui aprés.
avoir étudié ſerieuſement la
Nature , ont bien voulu nous.
faire part de leurs connoiffan
Auril 168
66 MERCURE
ces & de leurs remarques, en
nous apprenant ſes prodi.
gieuſes merveilles.
BELOROND.
Ce n'eſt pas ſeulement à
cauſe que l'on ne voit pas les
choſes extraordinaires qui ſe
liſent dans les Voyages &
chez les Naturaliſtes que
l'on ne veut pas les croire ;
c'eſt encore parce que l'on.
ne comprend pas comment
elles ſe peuvent faire. Pour
moy , quand je ne puis penetrer
les cauſes des merveilles
de la Nature , je ne m'imagine
pas pour cela , qu'elles
GALANT. 67
2
ne foient pas en effet , mais
je conſole mon ignorance &
borne ma curiofité par un ,
Hac Deus mirari voluit , fcire
noluit. Je me dis à moy - même
, que Dieu veut que nous
les admirions , & non pas
que nous les connoiffions,
comme s'il avoit voulu humilier
noſtre eſprit dans l'é
tude de la Nature auſſi bien
que de la Religion, par une
experience continuelle de
fon ignorance & de ſa for
bleffe.
1 LAMBRET.
Separons- nous, je vous
Eij
68 MERCURE
prie , avec une ſi judicieuſe
réflexion. Elle ne ſervira pas.
peu à nous exciter à remarquer
encore des choſes plus
merveilleuſes que celles dont
nous venons de parler , pour
nous ſervir de matiere dans
noſtre premier Entretien,
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2
p. 68-74
LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Début :
Parmy les Fables nouvelles que le Sieur Blageart debite, & / Tout ce qui reluit n'est pas or, [...]
Mots clefs :
Arbres, Prudence, Fruits, Fleurs, Automne, Cieux, Univers, Plantes, Enfants, Minerve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Parmy les Fables nouvel
les que le Sieur Blageart debite
, & qui ſont ſi eſtimées
du Public , il y en a une qui
porte pour titre , Les Arbres
choifis par les Dieux. M' de la
Barre de Tours a mis en Vers
cette même Fable. Je vous
GALANT. 69
l'envoye.Vous ferez ſans doute
bien aiſe de voir comment
deux Autheurs , qui ont tous
deux beaucoup de talent à
bien conter , auront traité la
meſme matiere.
Szsssess S2552 SSS
LES ARBRES
CHOISIS PAR LES DIEUX.
FABLE.
Tout ce qui veluit n'estpas or, 2
C'est une verité dont on tombe d'accord.
Si vous voulez avec prudences
70 MERCURE
Fugerd'un objettel qu'il eſt's
Regardez s'il est bon ,Sans trop voir
s'il vous plaiſt,
Etne voustrompez pas àlasimple apparence.
Confiderez levray , ne pensez point
au beau,
Au plaisant préferez l'utile,
Lesfruits aux fleurs, lefecond au
Sterile,
LeSolide au brillant , l'Automne au
Renouveau.
Sima Morale eft veritable,
Fen croy le sens commun , j'en croy
mesme.la Fable..
52
Un jour Jupin &tous les autres
Dicux,
Dans la grande SaledesCicux,
Tinrent le divin Conſiſtoire...
Ony traita milleſujets divers
GALANT. 71
Qui concernoient la Police & la
gloire
De ce vaste Univers .
Quand on parlades Arbres& des
Plantes,
Et de leurs Ames vegetantes,
Onfit , dans ce Conseil d'Etat,
De creux raisonnemens , car fur chas
quemiftere
Comme l'on peutjuger , les Dieux en
Sçaventfaire,
Mais creux ou non , voicy le réful.
tat.
Sçavoir, que chacun d'eux fist un
choix volontaire
De l' Arbre qui pourroit luy plaire,
Pour ensuitele proteger,
Etle garderde tout danger,
Comme dufeu du Ciel , des Vents,
des Orages,
Des Eaux, des longs Hyvers , & des
autresravages
72 MERCURE
Le Chesne fur ce pied futchoisi par
Fupin,
Cibelle aprés luy prit le Pin,
Apollon le Dieu de la Live
Pour certaines raisons , s'appliqua le
Laurier,
Hercule le haut Peuplier,
Dame Cypris quifait que d'amouron
Soupire
Prit avec ſon Enfant les Myrthes
amoureuх:
Enfin , àqui pis pis , &non àqui
mieux mieux
Chacun choisit àboulle- veuë.
Minerve dont au Ciel laſageſſe eft
connue,
S'écria d'un air furieux
Non , je ne puis fouffrir une telle
béveuë
Voſtre Conſeil a la berluë,
Et voſtre choixeſt indigne des
Dieux. Pren
F
GALANT. 73
Prendre des Plantes inutiles,
Arbres ſans rapport, infertiles,
Etpropres à jetter au feu .
Pins & Lauriers, Peupliers,Myr.
thes , Cheſnes,
Ne font - ce pas des Plantes
vaines?
Pourquoy donc les choiſir ? Arreſtez-
vous un peu
Ma fille, dit fupin, ſçachez noſtre
penſée.
Noſtre protection ſembloit intéreffée
En la donnant aux Arbres portant
fruits ;
Nous ne voulons rien davantage
Que l'écorce & que le feüilla.
ge;
Il eſt des Dieux puiſſans de proteger
gratis.
Avril 1685. G
24. MERCURE
C'eſt pouffer un peu loin voſtre
délicateſſe,
Dit Minerve , je fais confifter ma
fagefle
A faire un choix qu'approuve la
raifon:
J'ay choiſi l'Olivier,j'en trouve le
fruitbon ,
Le feüillage m'en plaift ..... Que
Minerve eſt aimable !
Interrompit Jupin en l'embras-
Sant
Ouy , ma fille , c'eſt peu que d'aimer
le plaiſant
Joignons pour eſtre heureux l'utile
à l'agréable.
les que le Sieur Blageart debite
, & qui ſont ſi eſtimées
du Public , il y en a une qui
porte pour titre , Les Arbres
choifis par les Dieux. M' de la
Barre de Tours a mis en Vers
cette même Fable. Je vous
GALANT. 69
l'envoye.Vous ferez ſans doute
bien aiſe de voir comment
deux Autheurs , qui ont tous
deux beaucoup de talent à
bien conter , auront traité la
meſme matiere.
Szsssess S2552 SSS
LES ARBRES
CHOISIS PAR LES DIEUX.
FABLE.
Tout ce qui veluit n'estpas or, 2
C'est une verité dont on tombe d'accord.
Si vous voulez avec prudences
70 MERCURE
Fugerd'un objettel qu'il eſt's
Regardez s'il est bon ,Sans trop voir
s'il vous plaiſt,
Etne voustrompez pas àlasimple apparence.
Confiderez levray , ne pensez point
au beau,
Au plaisant préferez l'utile,
Lesfruits aux fleurs, lefecond au
Sterile,
LeSolide au brillant , l'Automne au
Renouveau.
Sima Morale eft veritable,
Fen croy le sens commun , j'en croy
mesme.la Fable..
52
Un jour Jupin &tous les autres
Dicux,
Dans la grande SaledesCicux,
Tinrent le divin Conſiſtoire...
Ony traita milleſujets divers
GALANT. 71
Qui concernoient la Police & la
gloire
De ce vaste Univers .
Quand on parlades Arbres& des
Plantes,
Et de leurs Ames vegetantes,
Onfit , dans ce Conseil d'Etat,
De creux raisonnemens , car fur chas
quemiftere
Comme l'on peutjuger , les Dieux en
Sçaventfaire,
Mais creux ou non , voicy le réful.
tat.
Sçavoir, que chacun d'eux fist un
choix volontaire
De l' Arbre qui pourroit luy plaire,
Pour ensuitele proteger,
Etle garderde tout danger,
Comme dufeu du Ciel , des Vents,
des Orages,
Des Eaux, des longs Hyvers , & des
autresravages
72 MERCURE
Le Chesne fur ce pied futchoisi par
Fupin,
Cibelle aprés luy prit le Pin,
Apollon le Dieu de la Live
Pour certaines raisons , s'appliqua le
Laurier,
Hercule le haut Peuplier,
Dame Cypris quifait que d'amouron
Soupire
Prit avec ſon Enfant les Myrthes
amoureuх:
Enfin , àqui pis pis , &non àqui
mieux mieux
Chacun choisit àboulle- veuë.
Minerve dont au Ciel laſageſſe eft
connue,
S'écria d'un air furieux
Non , je ne puis fouffrir une telle
béveuë
Voſtre Conſeil a la berluë,
Et voſtre choixeſt indigne des
Dieux. Pren
F
GALANT. 73
Prendre des Plantes inutiles,
Arbres ſans rapport, infertiles,
Etpropres à jetter au feu .
Pins & Lauriers, Peupliers,Myr.
thes , Cheſnes,
Ne font - ce pas des Plantes
vaines?
Pourquoy donc les choiſir ? Arreſtez-
vous un peu
Ma fille, dit fupin, ſçachez noſtre
penſée.
Noſtre protection ſembloit intéreffée
En la donnant aux Arbres portant
fruits ;
Nous ne voulons rien davantage
Que l'écorce & que le feüilla.
ge;
Il eſt des Dieux puiſſans de proteger
gratis.
Avril 1685. G
24. MERCURE
C'eſt pouffer un peu loin voſtre
délicateſſe,
Dit Minerve , je fais confifter ma
fagefle
A faire un choix qu'approuve la
raifon:
J'ay choiſi l'Olivier,j'en trouve le
fruitbon ,
Le feüillage m'en plaift ..... Que
Minerve eſt aimable !
Interrompit Jupin en l'embras-
Sant
Ouy , ma fille , c'eſt peu que d'aimer
le plaiſant
Joignons pour eſtre heureux l'utile
à l'agréable.
Fermer
3
p. 111-127
DE LA GENERATION.
Début :
Comme vous avez dans vostre Province quantité d'Amis Sçavans, je / C'est un principe tiré d'Aristote, qu'il n'y a point de genèration [...]
Mots clefs :
Corruption, Plantes, Graines, Feuilles, Nature, Coquille, Pourriture, Génération, Fève, Noix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LA GENERATION.
Comme vous avez dans
voſtre Province quantité
d'Amis Sçavans , je ne doute
112 MERCURE
point que vous ne ſoyez bienaiſe
de leur faire voir ce qu'un
Particulier a écrit contre une
Maxime affez genéralement
receuë en Philoſophie. Come
ce Traité eſt court , il peut
trouver place dás cetteLettre.
52-5252-5252 525252
DE LA GENERATION.
C'est un principe tiré d'Ariſtote
,qu'il nn''yy aappooint degeneration
fans corruption , &que
la corruption d'une choſe eſt la
generation d'une autre. Depuis
que ce Philoſophe a dit cela , per-
Sonne que je fçache ne s'est avisé
GALANT. 113
d'obferver ce quiſe paſſe dans les
generations. On ne s'abaiſſe point
à regarder comment une graine
germe dans laTerre ; cela esttrop
bas. Onsefait honneurde lire
Aristote of tous les Phyſiciens
qui l'ont ſuivy , mais on trouve
abjet de contempler les effets de
la Nature en elle mesme , & de
tâcher de découvrir les voyes qu'-
elle tientpour engendrerune Plante
d'une autre Plante..
Pour moy , fans aller chercher
autre chose que les graines par lefquelles
il est viſible que toutes cho
ſes s'engendrent , je vay faire
voir qu'une veritable genération
Avril 1685. K
114 MERCURE
priſe dans sa vraye fignification
ne vient pointde corruption , mais
qu'elle est une continuelle produ-
Etion.
Cette ſeule propoſition décou
vre tout dun coup ma pensée.
Pour luy donner encore plus de
jour, il nefautpasfimplement lire
Ariftote ; mais ilfautſemelire des
graines , les voir germer , lever,
&pouffer leurs tiges , épanoüir
leurs feüilles , éclorre leurs fleurs,
voir tomber les feilles de ces
fleurs, ſurles tiges demeurerdes
bourſes dans lesquellessont enfermées
les graines , qui dans leurs
temps ſe reſſemeront comme les
GALANT. 115
premieres , dont tout l'effet de ces
Plantes que je viens de décrire
s'estensivy.
Avant que d'expliquer commentse
fait la genération , il
faut que je demande à ceux qui
me pourront contredire fi lors que
l'on feme une Feve , & qu'elle
leve de terre , qu'elle estend ses
branches ,qu'elle produitfesfleurs,
enfin ſes gouffes , ſes Fefin
les
ves qui ſervirontà avoir depareilles
Plantes l'année d'aprés
( Spes altera gentis , ) il faut,,
dis je , que je leur demande s'ils
trouvent qu'il y ait de la corru..
ptiondans tout cela ou en quel د
Kij
116 MERCURE
qu'une de ces parties , or en quel
temps. Si Ariftote a trouvé làde
la corruption , qu'on me diſe , s'il
yanoyen , quelle corruption on
apperçoit quand une branche s'allonge
, quand elle groffit , quand
une feüille devient plus large&
plus grande. La même choſeſedoit
dire des fleurs (4) des graines furvenantes
aux flours. Que si on
n'y en apperçoit pas , comme visi
blement il n'y en a point, n'y
ayant rien de ſi incorrompu que
ce qui est actuellement vivant &
bien composé en toutes ses parties,
pourquoy dire que la genération
ſefait par lacorruption ? Onvoiمtد
GALANT. 117
bien de la genération , puis que
des fleurs s'engendrent , & fur
une Plante comme je le viens de
dépeindre , &fur un Arbre qui
fleurit auſſi bien que les Plantes,
& on ne voitpasseulement l'ombre
ou l'apparence de la moindre
corruption , au contraire tout se
perfectionne en ſe groffiſſant , en
s'agrandiſſant , en s'eftalant , t
en s'éparpillant.
Je croy qu'on ne pourra me
dire autre chose , finon que ce n'est
pas là le temps & l'endroit de
cette corruption qui est principe de
generation. Alor je demande en
quel temps &en quel endroit de
-
18 MERCURE
la Plante arrive cette corruption.
Si on me dit , comme on le dit or
dinairement , que c'est lors que
P'on met la graine en terre ,
qu'elle germe , pourveu que je
faſſe voirque mesme en ce tempslà,
& en cette partie de laPlan.
te ; ( car la graine est une partie
de la Plante , bien qu'elle en foit
alors détachée , ) elle estde mesme
nature que la Plante , & qu'il
n'arrive rien autre choseàlagraineſemée
en terre, que ce qui arrive
en toutes les parties de la
Plante quand elle est enfon entier,
je croy qu'on ne pourra pas
me contester que ce que j'ayavan
GALANT. 119
cê ne foit veritable. Puis que le
germe qui fort de la graine n'est
autre chose que labranche quifort
de fon tronc , la feüille qui fortde
la branche , &les fleurs des feüilles
, ou des boutons entre lesfeüil
les , il eſt plus clair que le jour
qu'il n'y a point de corruption à
tout cela; donc il n'y en a point
du tout non plus dans la genération
de la Plante , qui n'estqu'-
une continuation de production de
mesme nature que la croiffance
l'épanoüiffement de la Plante.
Pour en venir au détail , il
faut qu'on m'avoue qu'aprésqu'une
Féve a esté quelque temps
120 MERCURE
dans terre , l'on en voit fortir
deux demy Féves , car la Féve
qui estoit contenuë dans une pel.
licule, comme un oeufdans sa coquille
, la rompt , &l'abandonne
à la corruption & à la pourritu.
re. C'est là qu'il en faut reconnoiſtre
comme je fais . Elle est en
core plus ſenſible aux fruits qui
ont des noyaux , comme la Noix,
IAbricot , la Peſche. Il'est vist
ble que la coquillede la Noix se
pourrit quand la Noix germe;
ainſi du noyau de l' Abricot , ex
de la Peſche , & la coquille de
cetteNoix & les noyaux de cét
Abricot , & de cette Pefcbe fe
pourriffent
GALANT. 121
peurriffent &se corrompent effe-
Etivement. Auſſi ne s'en engendre.
il rien que de la terre noire,
qui peut - estre est fort propre
à la nourriture des Plantesfutures.
Ces deux moitiez de Féve,
bien loin de fe corrompre , reverdiffent
, &deviennent comme les
deux premieres feüilles de la
Plante qui doit naiſtre , c'est à
dire qui ſe va développer
agrandir à la faveurde l'humidi
té de la chaleur de la terre.
Cette petiteparrie appellée leger
,que l'on peut encore mieux
voir avec des Microscopes , est
Avril 1685.
me
L
122 MERCURE
déja une Plante , &fait en ellemesme
ce qu'elle auroit peut- eftre
pû faire fur la Plante d'où elle
a estétirée. Je puis montrer par
un exemple , que cela arrive à
quelques graines d' Arbres , qui
commencentàdevenirArbres c'est
àdire à avoir racine , tige
feüilles fur leur Arbre mesme,
car cela arrive à la grainedes Sicomores
, & d'autres Arbres en_
core.
Onm'a déja ,je croy , accordé
qu'il n'y a point de corruptionfur
une Plante quand fes feüilles deviennent
plus grandes , et qu'el
les s'estendent , &je fais comGALANT.
123
prendre parla ſimple veuë, qui'l
n'arrive rien à la graine que ce
qui arrive à ces feüilles ; doncon
ne peut pas dire qu'ily ait de la
corruption à la pouffée d'une tige
qui fort de la boette defa graine:
carqu'onyprenne bien garde,tou
tes les grainesfont enfermées dans
des boettes qui nefervent à rien
du tout qu'à les conferver juſques
au temps de leur plantage, &les
amandes que l'on caffe font bien
voir que leur noyau on coquille ne
fertde rien pour lesfairegermer.
Ce que j'ay dit de la corruption
de la pourriture de la
pelliculede la Féve , &de la co-
Lij
124 MERCURE
quille de la Noix , peut faire connoiſtre
tres- clairement ce que c'eff
veritablement que corruption
pourriture. La coquille de Noix
pourrit , &ilne s'enproduit rien.
Si le germe de la Noix pourriffoit
de mesme , il ne naiſtroit
point de Noyer. Quand on seme
des graines , quand on plante des
Noix , du Gland , des Chaftaignes
, il n'en leve quelquefois
pas la moitié. D'où vient cela?
C'est que la graine la Noix , le
Pepin eftant maleficié , corrompu,
pourry , il ne peut produire ce
qu'il auroit produit s'il euft esté
bien conditionné &dansson entier.
GALANT. 125
L'idée de la Corruption n'et
donc pas fi difficile à avoir, il n'y
a qu'à confiderer que dés qu'une
graine est brizée , que dés qu'elle
eft deffechée outre mesure , que dés
qu'elle eft exceſſivement remplie
ou engloutie d'humidité , elle ne
peut plus fairefis fonctions ,
pouſſerfelonſa vertu &ſa force
naturelle une nouvelle Plante:
Ainsi dans une Horloge , déran
gez le moins du monde plusieurs
ou une feule de ſes roües , vous
ruinez tout le mouvement
du moins vous le pervertiſfez,
l'Horloge au lieu de marquer
Septheures en marquera dix
د
Ou
ara
Lij
126 MERCURE
Lieu de fonnerquatre heures , elle
en fonnera douze. Voila un leger,
&tres-foible exemple de ce
qui arrive en la nature , la corru
ption n'est autre chose qu'un defordre
, qu'un dérangement , qu'une
diffipation. Que tout foit dans
l'ordre , que tout foit bien arrangé,
que tout soit bien ramaffé
afſſemblé , il ne manquerajamais
d'y avoir une bonne production,
c'est à dire une veritable genération.
On s'est donc bien trompé en
fuivant Aristote , & tant d'autres
qui l'en ont crufurSaparole,
quand on a dit que la corruption
1
GALANT. 127
estoit cause de genération ; car
je pense avoirfait voir, à n'en
pouvoirjamais douter, que la corruption
de pourriture est l'ennemie
capitale de toute generation,
& que nous ne verrions que perir
les choses dans le monde, fi elles
fe corrompoient.
voſtre Province quantité
d'Amis Sçavans , je ne doute
112 MERCURE
point que vous ne ſoyez bienaiſe
de leur faire voir ce qu'un
Particulier a écrit contre une
Maxime affez genéralement
receuë en Philoſophie. Come
ce Traité eſt court , il peut
trouver place dás cetteLettre.
52-5252-5252 525252
DE LA GENERATION.
C'est un principe tiré d'Ariſtote
,qu'il nn''yy aappooint degeneration
fans corruption , &que
la corruption d'une choſe eſt la
generation d'une autre. Depuis
que ce Philoſophe a dit cela , per-
Sonne que je fçache ne s'est avisé
GALANT. 113
d'obferver ce quiſe paſſe dans les
generations. On ne s'abaiſſe point
à regarder comment une graine
germe dans laTerre ; cela esttrop
bas. Onsefait honneurde lire
Aristote of tous les Phyſiciens
qui l'ont ſuivy , mais on trouve
abjet de contempler les effets de
la Nature en elle mesme , & de
tâcher de découvrir les voyes qu'-
elle tientpour engendrerune Plante
d'une autre Plante..
Pour moy , fans aller chercher
autre chose que les graines par lefquelles
il est viſible que toutes cho
ſes s'engendrent , je vay faire
voir qu'une veritable genération
Avril 1685. K
114 MERCURE
priſe dans sa vraye fignification
ne vient pointde corruption , mais
qu'elle est une continuelle produ-
Etion.
Cette ſeule propoſition décou
vre tout dun coup ma pensée.
Pour luy donner encore plus de
jour, il nefautpasfimplement lire
Ariftote ; mais ilfautſemelire des
graines , les voir germer , lever,
&pouffer leurs tiges , épanoüir
leurs feüilles , éclorre leurs fleurs,
voir tomber les feilles de ces
fleurs, ſurles tiges demeurerdes
bourſes dans lesquellessont enfermées
les graines , qui dans leurs
temps ſe reſſemeront comme les
GALANT. 115
premieres , dont tout l'effet de ces
Plantes que je viens de décrire
s'estensivy.
Avant que d'expliquer commentse
fait la genération , il
faut que je demande à ceux qui
me pourront contredire fi lors que
l'on feme une Feve , & qu'elle
leve de terre , qu'elle estend ses
branches ,qu'elle produitfesfleurs,
enfin ſes gouffes , ſes Fefin
les
ves qui ſervirontà avoir depareilles
Plantes l'année d'aprés
( Spes altera gentis , ) il faut,,
dis je , que je leur demande s'ils
trouvent qu'il y ait de la corru..
ptiondans tout cela ou en quel د
Kij
116 MERCURE
qu'une de ces parties , or en quel
temps. Si Ariftote a trouvé làde
la corruption , qu'on me diſe , s'il
yanoyen , quelle corruption on
apperçoit quand une branche s'allonge
, quand elle groffit , quand
une feüille devient plus large&
plus grande. La même choſeſedoit
dire des fleurs (4) des graines furvenantes
aux flours. Que si on
n'y en apperçoit pas , comme visi
blement il n'y en a point, n'y
ayant rien de ſi incorrompu que
ce qui est actuellement vivant &
bien composé en toutes ses parties,
pourquoy dire que la genération
ſefait par lacorruption ? Onvoiمtد
GALANT. 117
bien de la genération , puis que
des fleurs s'engendrent , & fur
une Plante comme je le viens de
dépeindre , &fur un Arbre qui
fleurit auſſi bien que les Plantes,
& on ne voitpasseulement l'ombre
ou l'apparence de la moindre
corruption , au contraire tout se
perfectionne en ſe groffiſſant , en
s'agrandiſſant , en s'eftalant , t
en s'éparpillant.
Je croy qu'on ne pourra me
dire autre chose , finon que ce n'est
pas là le temps & l'endroit de
cette corruption qui est principe de
generation. Alor je demande en
quel temps &en quel endroit de
-
18 MERCURE
la Plante arrive cette corruption.
Si on me dit , comme on le dit or
dinairement , que c'est lors que
P'on met la graine en terre ,
qu'elle germe , pourveu que je
faſſe voirque mesme en ce tempslà,
& en cette partie de laPlan.
te ; ( car la graine est une partie
de la Plante , bien qu'elle en foit
alors détachée , ) elle estde mesme
nature que la Plante , & qu'il
n'arrive rien autre choseàlagraineſemée
en terre, que ce qui arrive
en toutes les parties de la
Plante quand elle est enfon entier,
je croy qu'on ne pourra pas
me contester que ce que j'ayavan
GALANT. 119
cê ne foit veritable. Puis que le
germe qui fort de la graine n'est
autre chose que labranche quifort
de fon tronc , la feüille qui fortde
la branche , &les fleurs des feüilles
, ou des boutons entre lesfeüil
les , il eſt plus clair que le jour
qu'il n'y a point de corruption à
tout cela; donc il n'y en a point
du tout non plus dans la genération
de la Plante , qui n'estqu'-
une continuation de production de
mesme nature que la croiffance
l'épanoüiffement de la Plante.
Pour en venir au détail , il
faut qu'on m'avoue qu'aprésqu'une
Féve a esté quelque temps
120 MERCURE
dans terre , l'on en voit fortir
deux demy Féves , car la Féve
qui estoit contenuë dans une pel.
licule, comme un oeufdans sa coquille
, la rompt , &l'abandonne
à la corruption & à la pourritu.
re. C'est là qu'il en faut reconnoiſtre
comme je fais . Elle est en
core plus ſenſible aux fruits qui
ont des noyaux , comme la Noix,
IAbricot , la Peſche. Il'est vist
ble que la coquillede la Noix se
pourrit quand la Noix germe;
ainſi du noyau de l' Abricot , ex
de la Peſche , & la coquille de
cetteNoix & les noyaux de cét
Abricot , & de cette Pefcbe fe
pourriffent
GALANT. 121
peurriffent &se corrompent effe-
Etivement. Auſſi ne s'en engendre.
il rien que de la terre noire,
qui peut - estre est fort propre
à la nourriture des Plantesfutures.
Ces deux moitiez de Féve,
bien loin de fe corrompre , reverdiffent
, &deviennent comme les
deux premieres feüilles de la
Plante qui doit naiſtre , c'est à
dire qui ſe va développer
agrandir à la faveurde l'humidi
té de la chaleur de la terre.
Cette petiteparrie appellée leger
,que l'on peut encore mieux
voir avec des Microscopes , est
Avril 1685.
me
L
122 MERCURE
déja une Plante , &fait en ellemesme
ce qu'elle auroit peut- eftre
pû faire fur la Plante d'où elle
a estétirée. Je puis montrer par
un exemple , que cela arrive à
quelques graines d' Arbres , qui
commencentàdevenirArbres c'est
àdire à avoir racine , tige
feüilles fur leur Arbre mesme,
car cela arrive à la grainedes Sicomores
, & d'autres Arbres en_
core.
Onm'a déja ,je croy , accordé
qu'il n'y a point de corruptionfur
une Plante quand fes feüilles deviennent
plus grandes , et qu'el
les s'estendent , &je fais comGALANT.
123
prendre parla ſimple veuë, qui'l
n'arrive rien à la graine que ce
qui arrive à ces feüilles ; doncon
ne peut pas dire qu'ily ait de la
corruption à la pouffée d'une tige
qui fort de la boette defa graine:
carqu'onyprenne bien garde,tou
tes les grainesfont enfermées dans
des boettes qui nefervent à rien
du tout qu'à les conferver juſques
au temps de leur plantage, &les
amandes que l'on caffe font bien
voir que leur noyau on coquille ne
fertde rien pour lesfairegermer.
Ce que j'ay dit de la corruption
de la pourriture de la
pelliculede la Féve , &de la co-
Lij
124 MERCURE
quille de la Noix , peut faire connoiſtre
tres- clairement ce que c'eff
veritablement que corruption
pourriture. La coquille de Noix
pourrit , &ilne s'enproduit rien.
Si le germe de la Noix pourriffoit
de mesme , il ne naiſtroit
point de Noyer. Quand on seme
des graines , quand on plante des
Noix , du Gland , des Chaftaignes
, il n'en leve quelquefois
pas la moitié. D'où vient cela?
C'est que la graine la Noix , le
Pepin eftant maleficié , corrompu,
pourry , il ne peut produire ce
qu'il auroit produit s'il euft esté
bien conditionné &dansson entier.
GALANT. 125
L'idée de la Corruption n'et
donc pas fi difficile à avoir, il n'y
a qu'à confiderer que dés qu'une
graine est brizée , que dés qu'elle
eft deffechée outre mesure , que dés
qu'elle eft exceſſivement remplie
ou engloutie d'humidité , elle ne
peut plus fairefis fonctions ,
pouſſerfelonſa vertu &ſa force
naturelle une nouvelle Plante:
Ainsi dans une Horloge , déran
gez le moins du monde plusieurs
ou une feule de ſes roües , vous
ruinez tout le mouvement
du moins vous le pervertiſfez,
l'Horloge au lieu de marquer
Septheures en marquera dix
د
Ou
ara
Lij
126 MERCURE
Lieu de fonnerquatre heures , elle
en fonnera douze. Voila un leger,
&tres-foible exemple de ce
qui arrive en la nature , la corru
ption n'est autre chose qu'un defordre
, qu'un dérangement , qu'une
diffipation. Que tout foit dans
l'ordre , que tout foit bien arrangé,
que tout soit bien ramaffé
afſſemblé , il ne manquerajamais
d'y avoir une bonne production,
c'est à dire une veritable genération.
On s'est donc bien trompé en
fuivant Aristote , & tant d'autres
qui l'en ont crufurSaparole,
quand on a dit que la corruption
1
GALANT. 127
estoit cause de genération ; car
je pense avoirfait voir, à n'en
pouvoirjamais douter, que la corruption
de pourriture est l'ennemie
capitale de toute generation,
& que nous ne verrions que perir
les choses dans le monde, fi elles
fe corrompoient.
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4
p. 268-269
Pepiniere, [titre d'après la table]
Début :
Ils virent aussi une Pepiniere qui est en ces quartiers-là, [...]
Mots clefs :
Pépinière, Pots, Plantes, Fleurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pepiniere, [titre d'après la table]
Ils virent auſſi une Pepiniere
qui eſt en ces quartierslà,
dans laquelle on compte
juſqu'à deux cens quatre- 1
ving mille pots pour des
Plantes & pour des Fleurs.
25825 ১৯ Suite du Voyage
On leur dit en méme temps
qué Sa Majesté en a encore
une auſſiconfiderable dans le
Fauxbourg Saint.Honoré ,
pour les Arbriffeaux
qui eſt en ces quartierslà,
dans laquelle on compte
juſqu'à deux cens quatre- 1
ving mille pots pour des
Plantes & pour des Fleurs.
25825 ১৯ Suite du Voyage
On leur dit en méme temps
qué Sa Majesté en a encore
une auſſiconfiderable dans le
Fauxbourg Saint.Honoré ,
pour les Arbriffeaux
Fermer
5
p. 56-102
Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Discours, Plantes, Baromètre, Animaux, Matière, Malades, Médecine, Mercure, Assemblée, Botanique, Métal, Minéral
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texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
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Résumé : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le 30 avril, l'Académie Royale des Sciences organisa sa première assemblée publique après Pâques. M. de Fontenelle, secrétaire perpétuel, ouvrit la séance en rendant hommage à M. de Chazelles, professeur en hydrographie à Marseille. Chazelles est reconnu pour son expertise dans la création de plans et de cartes grâce à des observations astronomiques, compétences acquises à l'Observatoire sous la direction de M. Cassini. Il a mené de nombreuses campagnes en Méditerranée, décrivant avec précision les ports, rades et côtes. M. Renéaume présenta ensuite un discours sur la découverte d'un nouveau fébrifuge. Il souligna que la botanique ne se limite pas à la nomenclature des plantes mais vise à en découvrir les usages médicaux. Renéaume critiqua l'abandon des remèdes locaux au profit de plantes étrangères, comme la quinquina, qui avait éclipsé de nombreux remèdes efficaces. Il présenta la noix de galle comme un nouveau fébrifuge, découvert par erreur, et décrivit ses propriétés et son efficacité, confirmée par plusieurs guérisons. M. de la Hire, le cadet, lut un discours sur l'analogie entre les plantes et les animaux, et l'utilité de cette étude. Il expliqua que, bien que la botanique puisse sembler stérile, elle est riche en faits curieux et peut bénéficier des connaissances sur les animaux. Il donna des exemples de plantes spécifiques à certains pays et de leur comportement lorsqu'elles sont transplantées. Il mentionna également une plante appelée Baromets ou Boranets, ressemblant à un agneau, qui pousse en Tartarie et nécessite de l'herbe pour survivre. Un autre orateur discuta des similitudes entre les plantes et les animaux, soulignant que les processus de croissance et de reproduction sont comparables. Il mentionna la découverte des œufs dans les plantes, la puberté des plantes comparée à celle des animaux, et la variété des espèces. Il aborda également les maladies des plantes, les moyens de les guérir, et la stérilité. Il conclut en affirmant une forte analogie entre les plantes et les animaux. Mr. Hombert présenta un discours sur les matières sulphureuses, expliquant leur transformation et classification en trois classes selon leur état (terreux, aqueux, ou mercuriel). Il décrivit comment ces matières peuvent changer d'état sans perdre leur nature sulphureuse, illustrant ses propos par des expériences. Mr. de Bernouilly, professeur à Bâle, envoya une lettre sur un nouveau baromètre sensible qu'il a inventé. Mr. de Varignon lut cette lettre, décrivant les avantages de ce baromètre, notamment sa sensibilité accrue, son absence de problèmes liés à l'évaporation, et sa simplicité de construction. Il expliqua le principe de fonctionnement du baromètre et sa résistance aux variations de température. Enfin, l'Abbé Bignon résuma les discours avec esprit et pertinence, soulignant les beautés et les nouvelles perspectives apportées par chaque intervention.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 33-48
Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Début :
Monsieur Geoffroy le jeune ayant succedé à feu Mr Bourdelin [...]
Mots clefs :
Poussières, Plantes, Fleurs, Fécondité, Sommet, Embryons, Grains, Botaniste, Académie royale des sciences, Claude-Joseph Geoffroy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Extrait du Discours de M'r
Geoffroy le jeune.
MonsieurGeoffroy le
jeune ayanr succedé à feu
Mr Bourdelin, en sa place
d' associe Bocaniste, lut des
observations qu'il a faites
sur la structure & l'usage
des principales parties des
fleurs. On sçait bien que
c'est lafleur qui donne
naissance riU fruit &à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaistre ; mais
il est plus difficile de connoistre
quelles sont les parties
de la plante qui y contribuentle
plus, & de quelle
maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous fra ppent le
plus,sont les
feuilles
donc
la varieté, la structure
, &
le vif eclac des couleurs
amusent le curieux. Mais
le Physicien va plus loin,
il approfondie, &ne trouvant
dans ces parties rien
de considerable que leur
beauté, il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plusessentielles
pour la conservation de
chaque espece de plante,
sontces sommets garnis de
poussiere qui se trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs, & cette
tige verte & creuse qu'on
appelle le pistille. Ces parties
contribuent essentiellement
à la reproduction
de la plante, puisque si les
fleurs sont privées de l'usage
de l'une ou de l'aurre ,
il nevient point de grains
ou cette graine est sterile,
€c ne peur germer.
Ces deux parties,selon
Mr Geoffroy, respondent
à celles des animaux qui
sont destinées à la generation.
Les sommets avec
leurs poussieres
,
tiennent
lieu de parries masles, & h:
pistille, qui est commel'ovaire
où se trouvent renfermez
les embrions des
graines, y tient lieu d e partie
femelle.
Voila donc deux sexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils se
trouvent ordinairement
réunis dansla mesmefleur
à cause de l'immobilité des
plantes ; mais ils se trouventaussi
quelquefois separés
}
& c'est ce qui appuye
le sentiment de Mr
Geoffroy qui rend raison
! parlà de la différence que
les Botanistes avoient misesentrecertaines
plantes
qu'ils appelloient mafiesJj
& d'autres de la mesme espece
qu'ils appelloient femelles
sans en sçavoir bien
la raison.La voicypresentement
toute évidente:
c'est que les plantes malles
ne produisent que des
fleurs à examines garnis de
sommets & de poussiere
sans pistille ;de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le pistille d'où naist le
fruitdans éramines ny sommets
:mais la poussiere des
sommets qui les rend secondes,
leur elt apportée
par le moyen de l' air ou
du vent, foie que ces étamines
soient sur différentes
branches du mesme pied
soit qu'elles soient sur des,
pieds differens, les autres
fleurs réunissent tout à la
fois les deux sexes.
On voit ordinairement
que ces poussieres qu'on
voit suspenduës à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs,
n'en sont que comme les
excrements. Mais Mr
Geoffroy en les examinant
de plusprès, a découvert
que ce n'eftoirpointune
poussiere formée au ha,..
sard ; mais que ces petits
grains avoientunefigure
particulière & déterminée
dans chaque espece
, ôc
qu'ils estoient renfermez
des la naissance de la fleur
danslessommets comme
dans des capsules de différentes
formes selonladifference
des plantes.Il donne
le détail de toutes ces
differences qu'il avoir observéesavec
beaucoup de
soin
foin à l'aide du microscope.
Ensuite il appuyé son
sentiment de trois observations
considerables. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connuë qui n'aie
sesexamines avec les sommets
garnis de poussiere,
ou réunis avec son pifille)
ou separez en differents
endroits du mesme pied,
ou mesme sur des pieds differens
: c'est ce qu'il prouva
solidement.
La secondeobservation
est que dms les fleurs où
les deux sexessont reunis,
les sommets garnis de leurs
poussieres font tellement
disposez autour des pistiles,
qu'ils en sont necessairement
couverts, de maniere
que cette poussiere pepe
s'insinuer dans la cavité
de ces pistiles pour feconder
les embrions des grains
qui y sont renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonstances
dans les différentes fortes
de fleurs de ce genre. 1
1
La troisiéme observation
,
qui est la décisive;
c'est que ces poussieres
sont absolument necessaires
à lasecondité des plantes.
Quand les fruits manquent,
que le bled est niellé,
ou que la vigne coule,
cela n'arrive que parce que
les poussieres dessommets
ne peuvent s'introduire
dans les pistiles, foit parcç
que la gelée desseiche le
pistile avant qu'ilait receu
les poussieres, ce qui arri-
» ve aux arbres fruitiers, soit
que la pluye venant à laver
ces poussieres, lesentraitnent
& empeschent qu'elles
ne s'introduisent dans
les pistilles, ce qui produit
la nielle des bleds, ou la
couleure delavigne.
Pour preuve que c'est
là ce qui produit ceseffets
dont la cause soit si peu
connuë,c'est que MrGeoffroy
ayant élevé exprés
plusieurs pieds de bled de
Turquie qui, comme ron
sçait, porre dans le haut de
la tige, Ces étamineschargées
de sommets & les
fruits ou les épies le long
de la tige dans quelques
aiselles defeuilles, après
avoir coupe ces étamines
dés qu'elles commençoienr
à paroistre, les épies
ne sont venus qu'à une
certaine grosseur,&se font
ensuite entierement deffeichez,
sans que les embrions
des grains ayent
profité. La mesme chose
est arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étam ines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce sisteme
,
c'est de concevoir
commentles plantes
malles, qui sont quelquefois
fort esloignées de
leurs femelles, peuvent les
rendre secondes de si loin.
Maisc'est un fait dont on
ne peur douter après l'exemple
que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eslevé dans les bois
d'Otrante, & qui ne commença
à portcr des fruits
qu:- quand s'estant eslevé
au dessusdes autres arbres,
il pat Joüir,dit Pontanus,
qui rapporte ce fait, de la
veuë d'un Palmier masle
qu'on eslevoit a Brindes.
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
poussieres du masle jusques
aux fleurs de la femelle
,
elle devint seconde
desterile quelle e floir'.
sans qu'il soit 1 besoin pour
expliquerce fait de recourir
à la sympathieou à l'amour
des plantes, termes
qui ne signifient rien, 6c
qui ne fervent de refuge
auxPhycisiens que jusqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable cause
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les poussieres des sommets
qu'on avoir neglgé juç
ques icycommc de viles
excremenrs qui sembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parries essentiellesà la fecondité
des plantes, où les
deux sexes sont aussi distinguez
que parm y les animaux
, excepté qu'ils sont
plus rarement separez,
Geoffroy le jeune.
MonsieurGeoffroy le
jeune ayanr succedé à feu
Mr Bourdelin, en sa place
d' associe Bocaniste, lut des
observations qu'il a faites
sur la structure & l'usage
des principales parties des
fleurs. On sçait bien que
c'est lafleur qui donne
naissance riU fruit &à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaistre ; mais
il est plus difficile de connoistre
quelles sont les parties
de la plante qui y contribuentle
plus, & de quelle
maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous fra ppent le
plus,sont les
feuilles
donc
la varieté, la structure
, &
le vif eclac des couleurs
amusent le curieux. Mais
le Physicien va plus loin,
il approfondie, &ne trouvant
dans ces parties rien
de considerable que leur
beauté, il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plusessentielles
pour la conservation de
chaque espece de plante,
sontces sommets garnis de
poussiere qui se trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs, & cette
tige verte & creuse qu'on
appelle le pistille. Ces parties
contribuent essentiellement
à la reproduction
de la plante, puisque si les
fleurs sont privées de l'usage
de l'une ou de l'aurre ,
il nevient point de grains
ou cette graine est sterile,
€c ne peur germer.
Ces deux parties,selon
Mr Geoffroy, respondent
à celles des animaux qui
sont destinées à la generation.
Les sommets avec
leurs poussieres
,
tiennent
lieu de parries masles, & h:
pistille, qui est commel'ovaire
où se trouvent renfermez
les embrions des
graines, y tient lieu d e partie
femelle.
Voila donc deux sexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils se
trouvent ordinairement
réunis dansla mesmefleur
à cause de l'immobilité des
plantes ; mais ils se trouventaussi
quelquefois separés
}
& c'est ce qui appuye
le sentiment de Mr
Geoffroy qui rend raison
! parlà de la différence que
les Botanistes avoient misesentrecertaines
plantes
qu'ils appelloient mafiesJj
& d'autres de la mesme espece
qu'ils appelloient femelles
sans en sçavoir bien
la raison.La voicypresentement
toute évidente:
c'est que les plantes malles
ne produisent que des
fleurs à examines garnis de
sommets & de poussiere
sans pistille ;de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le pistille d'où naist le
fruitdans éramines ny sommets
:mais la poussiere des
sommets qui les rend secondes,
leur elt apportée
par le moyen de l' air ou
du vent, foie que ces étamines
soient sur différentes
branches du mesme pied
soit qu'elles soient sur des,
pieds differens, les autres
fleurs réunissent tout à la
fois les deux sexes.
On voit ordinairement
que ces poussieres qu'on
voit suspenduës à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs,
n'en sont que comme les
excrements. Mais Mr
Geoffroy en les examinant
de plusprès, a découvert
que ce n'eftoirpointune
poussiere formée au ha,..
sard ; mais que ces petits
grains avoientunefigure
particulière & déterminée
dans chaque espece
, ôc
qu'ils estoient renfermez
des la naissance de la fleur
danslessommets comme
dans des capsules de différentes
formes selonladifference
des plantes.Il donne
le détail de toutes ces
differences qu'il avoir observéesavec
beaucoup de
soin
foin à l'aide du microscope.
Ensuite il appuyé son
sentiment de trois observations
considerables. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connuë qui n'aie
sesexamines avec les sommets
garnis de poussiere,
ou réunis avec son pifille)
ou separez en differents
endroits du mesme pied,
ou mesme sur des pieds differens
: c'est ce qu'il prouva
solidement.
La secondeobservation
est que dms les fleurs où
les deux sexessont reunis,
les sommets garnis de leurs
poussieres font tellement
disposez autour des pistiles,
qu'ils en sont necessairement
couverts, de maniere
que cette poussiere pepe
s'insinuer dans la cavité
de ces pistiles pour feconder
les embrions des grains
qui y sont renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonstances
dans les différentes fortes
de fleurs de ce genre. 1
1
La troisiéme observation
,
qui est la décisive;
c'est que ces poussieres
sont absolument necessaires
à lasecondité des plantes.
Quand les fruits manquent,
que le bled est niellé,
ou que la vigne coule,
cela n'arrive que parce que
les poussieres dessommets
ne peuvent s'introduire
dans les pistiles, foit parcç
que la gelée desseiche le
pistile avant qu'ilait receu
les poussieres, ce qui arri-
» ve aux arbres fruitiers, soit
que la pluye venant à laver
ces poussieres, lesentraitnent
& empeschent qu'elles
ne s'introduisent dans
les pistilles, ce qui produit
la nielle des bleds, ou la
couleure delavigne.
Pour preuve que c'est
là ce qui produit ceseffets
dont la cause soit si peu
connuë,c'est que MrGeoffroy
ayant élevé exprés
plusieurs pieds de bled de
Turquie qui, comme ron
sçait, porre dans le haut de
la tige, Ces étamineschargées
de sommets & les
fruits ou les épies le long
de la tige dans quelques
aiselles defeuilles, après
avoir coupe ces étamines
dés qu'elles commençoienr
à paroistre, les épies
ne sont venus qu'à une
certaine grosseur,&se font
ensuite entierement deffeichez,
sans que les embrions
des grains ayent
profité. La mesme chose
est arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étam ines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce sisteme
,
c'est de concevoir
commentles plantes
malles, qui sont quelquefois
fort esloignées de
leurs femelles, peuvent les
rendre secondes de si loin.
Maisc'est un fait dont on
ne peur douter après l'exemple
que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eslevé dans les bois
d'Otrante, & qui ne commença
à portcr des fruits
qu:- quand s'estant eslevé
au dessusdes autres arbres,
il pat Joüir,dit Pontanus,
qui rapporte ce fait, de la
veuë d'un Palmier masle
qu'on eslevoit a Brindes.
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
poussieres du masle jusques
aux fleurs de la femelle
,
elle devint seconde
desterile quelle e floir'.
sans qu'il soit 1 besoin pour
expliquerce fait de recourir
à la sympathieou à l'amour
des plantes, termes
qui ne signifient rien, 6c
qui ne fervent de refuge
auxPhycisiens que jusqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable cause
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les poussieres des sommets
qu'on avoir neglgé juç
ques icycommc de viles
excremenrs qui sembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parries essentiellesà la fecondité
des plantes, où les
deux sexes sont aussi distinguez
que parm y les animaux
, excepté qu'ils sont
plus rarement separez,
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Résumé : Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Geoffroy le Jeune, succédant à M. Bourdelin, a présenté des observations sur la structure et l'usage des principales parties des fleurs. Il souligne que, bien que la fleur soit essentielle à la production des fruits et des graines, il est difficile de déterminer quelles parties y contribuent le plus et comment. Geoffroy identifie deux parties essentielles : les sommets garnis de poussière, appelés étamines, et la tige verte creuse appelée pistil. Ces parties sont cruciales pour la reproduction des plantes, car leur absence rend la graine stérile. Geoffroy compare ces parties aux organes de reproduction des animaux, les étamines jouant le rôle des parties mâles et le pistil celui des parties femelles. Il note que les plantes peuvent avoir les deux sexes réunis dans la même fleur ou séparés, ce qui explique les différences entre les plantes mâles et femelles observées par les botanistes. Geoffroy observe également que les poussières des étamines, souvent considérées comme des excréments, sont en réalité des grains de pollen ayant une forme particulière et déterminée pour chaque espèce. Il souligne que ces grains sont nécessaires à la fécondité des plantes et que leur absence ou leur lavage par la pluie peut entraîner la stérilité des fruits. Pour prouver ses observations, Geoffroy a mené des expériences sur des pieds de blé et de mercuriale, montrant que l'absence des étamines empêchait la formation des grains. Il rapporte également un exemple de palmiers mâles et femelles éloignés, où les vents ont transporté les grains de pollen, permettant la fécondation. Geoffroy conclut que les poussières des étamines sont essentielles à la fécondité des plantes, distinguant ainsi les sexes chez les plantes de manière similaire aux animaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 162-173
DES ECUMES Printanieres par P***
Début :
On voit naistre au Printems certaines écumes blanches qui s'attachent [...]
Mots clefs :
Écumes, Plantes, Sauterelles, Printemps, Naturalistes, Membrane, Écumes printanières
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texteReconnaissance textuelle : DES ECUMES Printanieres par P***
DES ECUMES
Printanieres par P ***
On voit naiſtreau Printems
certaines écumes blanches qui
s'attachent indifferemment à
toutes fortes de plantes. On
peut les appeller Printanieres ,
parce qu'elles paroiffent au
Printems , pluſtoſt ou plus
tard , felon que la ſaiſon eſt
plus ou moins avancée.
Pluſieurs Naturaliſtes ont
parlé de ces écumes ſans en
avoir connu la cauſe. Ceux
qui ont recours à la Phyſique
GALANT. 163
generale croyent que ce ſont
des vapeurs qui s'élevent de
quelques terres par la chaleur
du Printems , & vont s'attacher
aux plantes qu'elles rencontrent.
Ils apportent pour
raiſon qu'on voit quelquefois
un petit eſpacede terre dont
les plantes font parſemées de
ces écumes , &qu'enfuite on
feroit dix licues ſans en trouvec
d'autres ; ce qui fait voir
qu'il n'y a que certaines terres
propres à former ces écumes.
Ifidore de Seraille croit que ces
* écumes font des crachats, de
Coucou. Cette penſée peut
O ij
164 MERCURE
lui eſtre venuë de ce qu'elles
reſſemblent à de petits cra
chats , ou de ce qu'elles naifſent
lorſque le Coucou commence
à paroiſtre , & de ce
qu'elles diſparoiſſent environ
letems qu'il ſe retire,ou enfin
de ce qu'en volant d'un lieu
dans un autre , il fait quelque
fois un ralement avec la gorgecomme
s'il vouloit cracher.
Quelques-uns penſent que
c'eſt le ſuc des plantes qui s'extravaſe
; & Moufet dit que
c'eſt une rofée écumeule.
Swarmerdam eſt de tous les
Naturaliſtes celui qui a le
GALANT. 165
mieux connu ces écumes. H
prétend que ce font des ſauterelles
qui les font avec la
bouche. Il a cu raiſon de
dire que ce font ces petits animaux
qui les font , mais ce
n'eſt pas la bouche : ainſi il
n'en a parlé que par conjecture-
Je pourrois rapporter plufieurs
aurres penſées que l'on
a cuës fur ces écumes : mais
comme elles ſont toutes fauffes
, je ne m'y arrêteray pas
davantage. Voici comme la
choſe fepaffc.
On voit pendant l'Eté cer166
MERCURE
taines fauterelles que les Naturaliſtes
ont appellées ſauterelles
puces , à cauſe qu'elles
font fort petites , & qu'elles
fautent comme des puces.
Leurs pieds de derriere n'excedent
pas la hauteur de leur
dos, comme font ceux des aurres
ſauterelles : Ils font toûjours
pliez ſous le ventre com.
me ceux des puces , ce qui
fait qu'elles ſautent fort vite
ſans perdre de tems , parce
qu'il n'y en a point entre leurs
fauts.
J'ay déja fait remarquer
dans Ic Journal des Sçavans ,
GALANT. 167
que ces petites fauterelles ont
un aiguillon roide & fort pointu
, avec lequel elles tirent le
fuc des plantes.
Cette petite remarque eft
curicuſe , parce qu'il n'y a que
ces eſpeces de ſauterelles qui
ayent un aiguillon. Toutes
les autres qui nous ſont connuës
ont une bouche , des
levres & des dents , avec lefquelles
elles mangent les her.
bes , & même la vigne.
Vos locusta.
nemeas ledatis vites :funt enim
Lenere.
168 MERCURE
1
Nos fauterelles puces font
des oeufs d'où il fort au Printems
d'autres petites ſauterelles
, qui font envelopées pendant
quelque tems d'une fine
membrane. Cette membrane
eſt un fourreau qui a des yeux,
des pieds , des aîles & d'autres
organes , qui font les étuits
de ſemblables parties du petit
animal qu'elles renferment.
• Quand il fort de ſon oeuf,
il paroiſt comme un petit ver
blanchaſtre , qui n'eſt pas plus
-gros que la pointe d'une aiguille
, quelques jours aprés
il devient couleur de verd de
1
pré
GALANT. 169
pré , que le fuc des plantes
dont il ſe nourrit , pourroit
bien lui communiquer. Alors
il reſſemble preſque à un
petit crapaut , ou à unegrenoüille
verte qui monte ſur
les arbres , & qu'on appelle
pour cette raifon Rana arborea
; c'eſt à- dire grenoüille
d'arbre. Quoique cet infecte
ſoit envelopé d'une membrane
, il ne laiſſe pas de marcher
fort vîte & hardiment ; mais
il ne faute & ne võle point
qu'il n'ait quitté ſa pellicule.
Auſſi tott qu'il eſt ſorti de
ſon oeuf, il monte ſur une
May 1714. P
170 MERCURE
plante qu'il touche avec ſon
anus pour yattacher unegou.
telette de liqueur blanche &
toute pleine d'air . Il en met
une ſeconde auprés de la premiere,
puis une troiſieme ; &
il continuë de la forte juſqu'à
ce qu'il foit tout envelopé
d'une groſſe écume , dont il
ne fort point qu'il ne ſoit devenu
un animal parfait , c'eſtà-
dire , qu'il ne ſoit delivré de
la membrane qui l'environne.
21 Pour jetter cette écume, il
fait une eſpece diare de la
moitié de fon corps , dont le
ventre devient la convexité;
GALANT. 171
il recommence à l'inſtant un
autre arc oppofé au premier ,
c'eſt à dire que ſon ventre devient
concave de convexe qu'il
étoit. A chaque fois qu'il
fait cette doublecompreffion,
il fort une petite écume de
fon anus , à laquelle il donne
de l'étenduë en la pouſſant de
coſté & d'autre avec ſes
pieds.
J'ay mis ſur une jeune
Mente pluſieurs de ces petites
fauterelles , les feüilles ſur lef.
quelles elles firent leurs écumes
ne grandirent point , &
celles qui leur eſtoient oppo-
Pij
172 MERCURE
ſées devinrent de leur grandeur
naturelle. Cela fait voir
que ces inſectes vivent du ſuc
des plantes tandis qu'ils font
dans leurs écumes.
Quand la jeune ſauterelle
eſt parvenue à une certaine
grandeur , elle quitte ſon envelope
qu'elle laiſſe dans l'écume,
& elle ſaute dans la
Campagne.
Cette écume la garanti des
ardeurs du Soleil qui la pourroient
défecher. Elle la preſerve
encoredes araignées qui
la ſuçeroient , comme je l'ay
vû arriver quelquefois.
:
1
GALANT. 173
On dit à la Campagne que
ces écumes font un preſage
debeau tems : mais c'eſt qu'elles
n'y paroiffent que quand
le tems eſt beau, le mauvais
tems les détruit.
Printanieres par P ***
On voit naiſtreau Printems
certaines écumes blanches qui
s'attachent indifferemment à
toutes fortes de plantes. On
peut les appeller Printanieres ,
parce qu'elles paroiffent au
Printems , pluſtoſt ou plus
tard , felon que la ſaiſon eſt
plus ou moins avancée.
Pluſieurs Naturaliſtes ont
parlé de ces écumes ſans en
avoir connu la cauſe. Ceux
qui ont recours à la Phyſique
GALANT. 163
generale croyent que ce ſont
des vapeurs qui s'élevent de
quelques terres par la chaleur
du Printems , & vont s'attacher
aux plantes qu'elles rencontrent.
Ils apportent pour
raiſon qu'on voit quelquefois
un petit eſpacede terre dont
les plantes font parſemées de
ces écumes , &qu'enfuite on
feroit dix licues ſans en trouvec
d'autres ; ce qui fait voir
qu'il n'y a que certaines terres
propres à former ces écumes.
Ifidore de Seraille croit que ces
* écumes font des crachats, de
Coucou. Cette penſée peut
O ij
164 MERCURE
lui eſtre venuë de ce qu'elles
reſſemblent à de petits cra
chats , ou de ce qu'elles naifſent
lorſque le Coucou commence
à paroiſtre , & de ce
qu'elles diſparoiſſent environ
letems qu'il ſe retire,ou enfin
de ce qu'en volant d'un lieu
dans un autre , il fait quelque
fois un ralement avec la gorgecomme
s'il vouloit cracher.
Quelques-uns penſent que
c'eſt le ſuc des plantes qui s'extravaſe
; & Moufet dit que
c'eſt une rofée écumeule.
Swarmerdam eſt de tous les
Naturaliſtes celui qui a le
GALANT. 165
mieux connu ces écumes. H
prétend que ce font des ſauterelles
qui les font avec la
bouche. Il a cu raiſon de
dire que ce font ces petits animaux
qui les font , mais ce
n'eſt pas la bouche : ainſi il
n'en a parlé que par conjecture-
Je pourrois rapporter plufieurs
aurres penſées que l'on
a cuës fur ces écumes : mais
comme elles ſont toutes fauffes
, je ne m'y arrêteray pas
davantage. Voici comme la
choſe fepaffc.
On voit pendant l'Eté cer166
MERCURE
taines fauterelles que les Naturaliſtes
ont appellées ſauterelles
puces , à cauſe qu'elles
font fort petites , & qu'elles
fautent comme des puces.
Leurs pieds de derriere n'excedent
pas la hauteur de leur
dos, comme font ceux des aurres
ſauterelles : Ils font toûjours
pliez ſous le ventre com.
me ceux des puces , ce qui
fait qu'elles ſautent fort vite
ſans perdre de tems , parce
qu'il n'y en a point entre leurs
fauts.
J'ay déja fait remarquer
dans Ic Journal des Sçavans ,
GALANT. 167
que ces petites fauterelles ont
un aiguillon roide & fort pointu
, avec lequel elles tirent le
fuc des plantes.
Cette petite remarque eft
curicuſe , parce qu'il n'y a que
ces eſpeces de ſauterelles qui
ayent un aiguillon. Toutes
les autres qui nous ſont connuës
ont une bouche , des
levres & des dents , avec lefquelles
elles mangent les her.
bes , & même la vigne.
Vos locusta.
nemeas ledatis vites :funt enim
Lenere.
168 MERCURE
1
Nos fauterelles puces font
des oeufs d'où il fort au Printems
d'autres petites ſauterelles
, qui font envelopées pendant
quelque tems d'une fine
membrane. Cette membrane
eſt un fourreau qui a des yeux,
des pieds , des aîles & d'autres
organes , qui font les étuits
de ſemblables parties du petit
animal qu'elles renferment.
• Quand il fort de ſon oeuf,
il paroiſt comme un petit ver
blanchaſtre , qui n'eſt pas plus
-gros que la pointe d'une aiguille
, quelques jours aprés
il devient couleur de verd de
1
pré
GALANT. 169
pré , que le fuc des plantes
dont il ſe nourrit , pourroit
bien lui communiquer. Alors
il reſſemble preſque à un
petit crapaut , ou à unegrenoüille
verte qui monte ſur
les arbres , & qu'on appelle
pour cette raifon Rana arborea
; c'eſt à- dire grenoüille
d'arbre. Quoique cet infecte
ſoit envelopé d'une membrane
, il ne laiſſe pas de marcher
fort vîte & hardiment ; mais
il ne faute & ne võle point
qu'il n'ait quitté ſa pellicule.
Auſſi tott qu'il eſt ſorti de
ſon oeuf, il monte ſur une
May 1714. P
170 MERCURE
plante qu'il touche avec ſon
anus pour yattacher unegou.
telette de liqueur blanche &
toute pleine d'air . Il en met
une ſeconde auprés de la premiere,
puis une troiſieme ; &
il continuë de la forte juſqu'à
ce qu'il foit tout envelopé
d'une groſſe écume , dont il
ne fort point qu'il ne ſoit devenu
un animal parfait , c'eſtà-
dire , qu'il ne ſoit delivré de
la membrane qui l'environne.
21 Pour jetter cette écume, il
fait une eſpece diare de la
moitié de fon corps , dont le
ventre devient la convexité;
GALANT. 171
il recommence à l'inſtant un
autre arc oppofé au premier ,
c'eſt à dire que ſon ventre devient
concave de convexe qu'il
étoit. A chaque fois qu'il
fait cette doublecompreffion,
il fort une petite écume de
fon anus , à laquelle il donne
de l'étenduë en la pouſſant de
coſté & d'autre avec ſes
pieds.
J'ay mis ſur une jeune
Mente pluſieurs de ces petites
fauterelles , les feüilles ſur lef.
quelles elles firent leurs écumes
ne grandirent point , &
celles qui leur eſtoient oppo-
Pij
172 MERCURE
ſées devinrent de leur grandeur
naturelle. Cela fait voir
que ces inſectes vivent du ſuc
des plantes tandis qu'ils font
dans leurs écumes.
Quand la jeune ſauterelle
eſt parvenue à une certaine
grandeur , elle quitte ſon envelope
qu'elle laiſſe dans l'écume,
& elle ſaute dans la
Campagne.
Cette écume la garanti des
ardeurs du Soleil qui la pourroient
défecher. Elle la preſerve
encoredes araignées qui
la ſuçeroient , comme je l'ay
vû arriver quelquefois.
:
1
GALANT. 173
On dit à la Campagne que
ces écumes font un preſage
debeau tems : mais c'eſt qu'elles
n'y paroiffent que quand
le tems eſt beau, le mauvais
tems les détruit.
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Résumé : DES ECUMES Printanieres par P***
Le texte traite des écumes printanières, des substances blanches observées sur les plantes au printemps. Divers naturalistes ont proposé des explications sur leur origine. Certains attribuent ces écumes à des vapeurs terrestres ou aux crachats d'oiseaux comme le coucou. D'autres avancent qu'elles proviennent du suc des plantes ou d'une rosée écumeuse. Jan Swammerdam, après des observations minutieuses, a identifié ces écumes comme étant produites par de petites sauterelles, appelées sauterelles puces. Ces insectes fabriquent cette écume pour se protéger et se nourrir du suc des plantes. Le cycle de vie de ces sauterelles commence par la ponte d'œufs, qui éclosent en petits vers blancs. En se nourrissant des plantes, ces vers deviennent verts et sécrètent une écume blanche et aérée pour se protéger jusqu'à leur transformation en sauterelles adultes. Cette écume les protège également des rayons du soleil et des prédateurs tels que les araignées.
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8
p. 1612-1617
Description Philosophique des Ouvrages de la Nature, &c. [titre d'après la table]
Début :
DESCRIPTION PHILOSOPHIQUE des Ouvrages de la Nature, où l'on tache [...]
Mots clefs :
Poissons, Glands, Chêne, Oeufs de poissons, Plantes, Feuille
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texteReconnaissance textuelle : Description Philosophique des Ouvrages de la Nature, &c. [titre d'après la table]
DESCRIPTION PHILOSOPHIQUE
des Ouvrages de la Nature , où l'on tache
de faire voir les diverfes gradations des
Mineraux & des Animaux. On y joine
une Defcription de l'état preſent du Jardinage
dans la grande Bretagne , & en
d'autres Pays de l'Europe , avec de nouvelles
experiences pour améliorer les
Terres fteriles , & pour multiplier toutes
ortes d'Arbres. Ouvrage enrichi de pluffeurs
belles Figures . Par Richard Bradley,
de la Societé Royale. A Londres , chez
W
>
JUILLET. 1730. 1613
W. Mears , 1721. grand in 4°. de 194
pages.
Dans l'examen de l'accroiffement des
Plantes , l'Auteur fuppofe que 12 Glands',
nouvellement cueillis , pefent une once ,
& qu'un Chefne dans fon état de perfection
, c'eſt- à - dire , au bout de cent ans
pefe environ 15 tonneaux ; de forte que
dans l'efpace de cent ans , un Gland du
poids de la 12 partie d'une onze , produit
un Arbre qui pefe 33600 liv. c'eft- à dire ,
$ 37600 onces , ou 6457200 Glands. On
voit par là que ce Gland , dans l'efpace de
cent ans , s'eft augmenté chaque année ,
l'une portant l'autre , de 64512 parties ,
ce qui fait 5376 onces. L'experience nous
enfeigne , continue l'auteur , que la premiere
année , le jeune Chene pefe environ
trois fois autant que le Gland ; que
2de année il peſe environ trois fois autant
que la premiere ; & la troisième année ,
environ trois fois autant que la 2de ; &
ainfi de fuite dans la même progreffion ,
pendant le principal temps de l'accroiffement
du Chene . M. Bradley ne compte
pas le poids , ou le nombre des Glands
qu'un Chene peut porter depuis fa 30
année jufqu'à la 100. Il croit que cet Arbre
n'en produit pas moins de cent Boiffeaux
, qui contiennent vrai - femblables
ment 384000 Glands ; car fi l'on compte
la
›
1614 MERCURE DE FRANCE
o Glinds par pinte , ce qui fait 3840
Glands par Boiffeau ; 100 Boiffeaux contiendront
le nombre que nous venons de
marquer. Et fi l'on fuppofe que 12 Glands
pefent une once le poids entier des Glands
montera à 32000 onces , ou 2000 livres ,
L'Auteur ajoute que fa fupputation des
Glands n'eft pas moins moderée que ce
qu'il a dit du poids du Chene , y com
pris fes racines & fes branches. Il a vû
cueillir 4 facs de Glands d'un feul Chene
, lefquels faifoient 16 boiffeaux . Il croit
donc que l'on peut compter cinq boif
feaux de Glands chaque année , l'une portant
l'autre ; ce qui fait en cent ans , soo
boiffeaux , lefquels pefent 10000 liv. fuivant
la fupputation précedente , & font
1920000 Glands . Et fi l'on fuppofe que
le poids des feuilles & des coffes des Glands
que le Chene produit pendant cent ans ,
cft égal au poids des Glands ; cet Arbre
aura tiré de la terre , de l'eau & de l'air ,
durant cet intervale , une nourriture du
poids de 524000 liv.ce qui eft un accroif
fement merveilleux.
L'Auteur entreprend de faire voir que
dans les Plantes annuelles , comme la Citrouille
ou la Courge , la proportion du
poids de la Plante , comparé avec le poids
de la femence, eft à peu près la même que
celle du Chene ; & que l'accroiffement
proJUILLET
. 1730. 1615
progreffif eft à peu près femblable , à proportion
du temps. Comme l'accroiffement
de ces Plantes fe fait fort vîte , M.Bridleydit
que l'on pourroit voir leur mouvement
avec un bon Microfcope . Il y a des
Microfcopes qui font paroire un fimple
Point de la groffeur d'un grain de fable ,
fous un Diametre de trois pouces. Si l'on
fuppofe qu'une feuille croît d'un pouce &
demi en 24 heures , & qu'un pouce contient
so points ; il s'enfuivra que cette
feuille s'augmente de 75 points en 24
heures .
Et fi chacun de ces Points paroit avoir
trois pouces de diametre par le Microfcope
, cet accroiffement fera de 18 pieds ,
pouces,
De forte que fi l'on mettoit un Microſcope
fur une feuille de Citroüille ,lorfque
le foleil luit , on y pourroit découvrir
la circulation de la féve , & l'on au
roit le plaifir de voir croître la Plante &
d'obferver le mouvement de fes parties ,
lequel feroit plus promt que celui d'une
Aiguille d'Horloge qui marque les minutes.
Les Maquereaux ,ajoute l'Auteur en parlant
des Poiffons ; les Harengs & plufieurs
autres fortes de Poiffons , paffent vers les
côtes de la grande Bretagne dans certai
nes faifons , pour chercher leur nourritu
re
1616 MERCURE DE FRANCE
re dans la Manché & dans les Rivieres &
pour y frayer. Le nombre des oeufs de
quelques poiffons eft prefque incroyable.
Dans le Merlus , par exemple , on compte
250 oeufs dans un cube de la 14 partic
d'un pouces & fuivant cette proportion ,
un Merlus doit contenir plus d'un million
d'oeufs. Suppofé que chaque cuf devint
un poiffon , & que dans les 5 ans
chacun de ces poiffons en produit d'autres
, il y en auroit 500 mille millions ; &
5 ans après, fuivant la même fupputation,
il y en auroit environ mille Myriades de
Myriades. Cet accroiffement produit originairement
par un feul poiffon , dans
l'efpace de dix ans , nous donne lieu de
croire que dans mille ans les Merlus occu
peroient un plus grand eſpace que celui
du Monde entier.
Tous ces oeufs ne font pas féconds ;
d'ailleurs ils font frequemment dévorez
par des poiffons d'une autre efpece , ou détruits
par d'autres accidens . Si la 40 ° partie
des oeufs de chaque année produifoit
d'autres poiffons , la Mer auroit de la
peine à les contenir. Les Poiffons des Rivieres
& des Lacs ne font pas moins féconds
en leur genre. Une Carpe fait 20000
oeufs , & la Tenche en fait peut - être dix
mille . On peut dire en general que plus un
poiffon a d'ennemis , plus la nature a eu
foin
JUILLET. 1730. 1617
Loin de la mettre en état de travailler abondamment
à la propagation de fon
Efpece.
des Ouvrages de la Nature , où l'on tache
de faire voir les diverfes gradations des
Mineraux & des Animaux. On y joine
une Defcription de l'état preſent du Jardinage
dans la grande Bretagne , & en
d'autres Pays de l'Europe , avec de nouvelles
experiences pour améliorer les
Terres fteriles , & pour multiplier toutes
ortes d'Arbres. Ouvrage enrichi de pluffeurs
belles Figures . Par Richard Bradley,
de la Societé Royale. A Londres , chez
W
>
JUILLET. 1730. 1613
W. Mears , 1721. grand in 4°. de 194
pages.
Dans l'examen de l'accroiffement des
Plantes , l'Auteur fuppofe que 12 Glands',
nouvellement cueillis , pefent une once ,
& qu'un Chefne dans fon état de perfection
, c'eſt- à - dire , au bout de cent ans
pefe environ 15 tonneaux ; de forte que
dans l'efpace de cent ans , un Gland du
poids de la 12 partie d'une onze , produit
un Arbre qui pefe 33600 liv. c'eft- à dire ,
$ 37600 onces , ou 6457200 Glands. On
voit par là que ce Gland , dans l'efpace de
cent ans , s'eft augmenté chaque année ,
l'une portant l'autre , de 64512 parties ,
ce qui fait 5376 onces. L'experience nous
enfeigne , continue l'auteur , que la premiere
année , le jeune Chene pefe environ
trois fois autant que le Gland ; que
2de année il peſe environ trois fois autant
que la premiere ; & la troisième année ,
environ trois fois autant que la 2de ; &
ainfi de fuite dans la même progreffion ,
pendant le principal temps de l'accroiffement
du Chene . M. Bradley ne compte
pas le poids , ou le nombre des Glands
qu'un Chene peut porter depuis fa 30
année jufqu'à la 100. Il croit que cet Arbre
n'en produit pas moins de cent Boiffeaux
, qui contiennent vrai - femblables
ment 384000 Glands ; car fi l'on compte
la
›
1614 MERCURE DE FRANCE
o Glinds par pinte , ce qui fait 3840
Glands par Boiffeau ; 100 Boiffeaux contiendront
le nombre que nous venons de
marquer. Et fi l'on fuppofe que 12 Glands
pefent une once le poids entier des Glands
montera à 32000 onces , ou 2000 livres ,
L'Auteur ajoute que fa fupputation des
Glands n'eft pas moins moderée que ce
qu'il a dit du poids du Chene , y com
pris fes racines & fes branches. Il a vû
cueillir 4 facs de Glands d'un feul Chene
, lefquels faifoient 16 boiffeaux . Il croit
donc que l'on peut compter cinq boif
feaux de Glands chaque année , l'une portant
l'autre ; ce qui fait en cent ans , soo
boiffeaux , lefquels pefent 10000 liv. fuivant
la fupputation précedente , & font
1920000 Glands . Et fi l'on fuppofe que
le poids des feuilles & des coffes des Glands
que le Chene produit pendant cent ans ,
cft égal au poids des Glands ; cet Arbre
aura tiré de la terre , de l'eau & de l'air ,
durant cet intervale , une nourriture du
poids de 524000 liv.ce qui eft un accroif
fement merveilleux.
L'Auteur entreprend de faire voir que
dans les Plantes annuelles , comme la Citrouille
ou la Courge , la proportion du
poids de la Plante , comparé avec le poids
de la femence, eft à peu près la même que
celle du Chene ; & que l'accroiffement
proJUILLET
. 1730. 1615
progreffif eft à peu près femblable , à proportion
du temps. Comme l'accroiffement
de ces Plantes fe fait fort vîte , M.Bridleydit
que l'on pourroit voir leur mouvement
avec un bon Microfcope . Il y a des
Microfcopes qui font paroire un fimple
Point de la groffeur d'un grain de fable ,
fous un Diametre de trois pouces. Si l'on
fuppofe qu'une feuille croît d'un pouce &
demi en 24 heures , & qu'un pouce contient
so points ; il s'enfuivra que cette
feuille s'augmente de 75 points en 24
heures .
Et fi chacun de ces Points paroit avoir
trois pouces de diametre par le Microfcope
, cet accroiffement fera de 18 pieds ,
pouces,
De forte que fi l'on mettoit un Microſcope
fur une feuille de Citroüille ,lorfque
le foleil luit , on y pourroit découvrir
la circulation de la féve , & l'on au
roit le plaifir de voir croître la Plante &
d'obferver le mouvement de fes parties ,
lequel feroit plus promt que celui d'une
Aiguille d'Horloge qui marque les minutes.
Les Maquereaux ,ajoute l'Auteur en parlant
des Poiffons ; les Harengs & plufieurs
autres fortes de Poiffons , paffent vers les
côtes de la grande Bretagne dans certai
nes faifons , pour chercher leur nourritu
re
1616 MERCURE DE FRANCE
re dans la Manché & dans les Rivieres &
pour y frayer. Le nombre des oeufs de
quelques poiffons eft prefque incroyable.
Dans le Merlus , par exemple , on compte
250 oeufs dans un cube de la 14 partic
d'un pouces & fuivant cette proportion ,
un Merlus doit contenir plus d'un million
d'oeufs. Suppofé que chaque cuf devint
un poiffon , & que dans les 5 ans
chacun de ces poiffons en produit d'autres
, il y en auroit 500 mille millions ; &
5 ans après, fuivant la même fupputation,
il y en auroit environ mille Myriades de
Myriades. Cet accroiffement produit originairement
par un feul poiffon , dans
l'efpace de dix ans , nous donne lieu de
croire que dans mille ans les Merlus occu
peroient un plus grand eſpace que celui
du Monde entier.
Tous ces oeufs ne font pas féconds ;
d'ailleurs ils font frequemment dévorez
par des poiffons d'une autre efpece , ou détruits
par d'autres accidens . Si la 40 ° partie
des oeufs de chaque année produifoit
d'autres poiffons , la Mer auroit de la
peine à les contenir. Les Poiffons des Rivieres
& des Lacs ne font pas moins féconds
en leur genre. Une Carpe fait 20000
oeufs , & la Tenche en fait peut - être dix
mille . On peut dire en general que plus un
poiffon a d'ennemis , plus la nature a eu
foin
JUILLET. 1730. 1617
Loin de la mettre en état de travailler abondamment
à la propagation de fon
Efpece.
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Résumé : Description Philosophique des Ouvrages de la Nature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage philosophique de Richard Bradley, membre de la Société Royale, publié à Londres en 1730. Cet ouvrage explore les gradations des minéraux et des animaux, ainsi que l'état actuel du jardinage en Grande-Bretagne et en Europe. Bradley propose des expériences pour améliorer les terres stériles et multiplier diverses espèces d'arbres, enrichissant son travail de nombreuses illustrations. Bradley étudie la croissance des plantes, en particulier celle des chênes. Il estime qu'un gland de 1/12 d'once peut produire un arbre pesant environ 15 tonneaux en 100 ans, soit une augmentation annuelle de 5376 onces. La croissance du chêne suit une progression géométrique, triplant de poids chaque année pendant les premières années. Bradley calcule également que chaque chêne produit environ 100 boisseaux de glands en 100 ans, soit environ 32000 onces ou 2000 livres. L'auteur compare cette croissance à celle des plantes annuelles comme la citrouille, dont la proportion de poids par rapport à la semence est similaire à celle du chêne. Il suggère que l'observation de cette croissance pourrait être possible avec un microscope. Le texte aborde également la reproduction des poissons. Les maquereaux et les harengs se déplacent vers les côtes britanniques pour se nourrir et se reproduire. Par exemple, un merlu peut contenir plus d'un million d'œufs, et en supposant que chaque œuf devienne un poisson, la population pourrait croître exponentiellement. Cependant, tous les œufs ne sont pas féconds et beaucoup sont détruits par des prédateurs ou des accidents. Les poissons d'eau douce, comme la carpe et la tanche, sont également très féconds.
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9
p. 2441-2453
Méthode nouvelle pour connoître toutes les Maladies, [titre d'après la table]
Début :
EXTRAIT d'un Livre intitulé, Méthode nouvelle pour connoître toutes les Maladies, [...]
Mots clefs :
Maladies, Médecine, Classes, Méthode, Tumeurs, Fièvre, Signes, Plantes, Maladies inflammatoires, Chirurgie, Divisions, Douleur, Douleurs, Vérole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Méthode nouvelle pour connoître toutes les Maladies, [titre d'après la table]
EXTRAIT d'un Livre intitulé , Mé
thode nouvelle pour connoître toutes les Ma
Ladies , rangées par claffes , & réduites en
genres & en efpeces , par S. de L ... Docteur
de Montpellier , Réfident à Alais.
. On ne fçauroit difconvenir qu'il n'y
ait un grand nombre de maladies incon
nuës ou confufément décrites par les Ob
fer2442
MERCURE DE FRANCE
fervateurs , ce qui ne provient que
de ce
qu'on a manqué jufqu'ici d'une Méthode
, qui fans en omettre aucune , les fit
toutes connoître par des caracteres propres
-évidens & aiſez à retenir ; telle eft la Méthode
que M. de Tournefort a heureuſement
trouvée pour connoître les Plantes,
& les diftinguer les unes des autres , juf
qu'à leurs moindres efpeces ; Méthode
qui feule étoit capable d'élever la Boranique
au point de perfection où nous la
voyons , & de faire connoître clairement
environ quinze mille Plantes , tandis que
les Anciens , privez des caracteres propres
à chacune , les confondoient & n'en cons
noiffoient que 6. ou 700.
Le nombre des maladies n'eft pas moins
confus que celui des Plantes , ni peut-être
moins grand , nous fommes à cet égard ce
qu'étoient , à l'égard de la Botanique , Ma
thiole & Diofcoride , & ce ne fera qu'une
bonneMéthode, qui caracterifant toutes les
maladies, & les ordonnant en diverſes claf
fes , pourra en faire connoître toutes les
efpeces clairement & diftinctement.
L'Auteur commence par prouver que
Toutes celles qu'on a employées jufqu'ici ,
font défectueufes & nuifibles , il les réduit
à trois : à celles qui font fondées fur
l'ordre alphabetique , telle eft celle que
M. Manget a employée dans fa Bibliotheque
NOVEMBRE. 1730. 2443
que , celles qui fuivent le dénombrement
des caufes qu'il nomme l'ordrePathologique
& celles enfin qui font fuivant l'ordre
Anatomique ;l'ordre Pathologique a été mis
en ufage par Mrs Boerhave , Joncker , &c. &
l'Anatomique par Riviere , Sennert , Etmuller,
& prefque tous les autres , ce font
les feules qui comprennent toutes les maladies.
Quant aux Méthodes particulieres,
comme celle de Sydenham, qui ne contient
que les maladies aiguës & les chroniques ,
celles qui divifent les maladies felon les
âges des Malades , felon les Pays qu'elles
attaquent , &c n'entrent pas en compte ,
parce qu'elles ne ne font pas generales.
L'Auteur n'a pas de peine à prouver
qu'il ne faut attendre aucune utilité de
Fordre Alphabetique, ni du Pathologique
pour parvenir à la connoiffance des maladies
, les noms étant des fignes arbitrai
res qui n'ont aucun rapport évident ni
effentiel avec les maladies , & les caufes
nous étant entierement cachées , incertaines
& obfcures , ne fçauroient en être lesfignes
certains & évidents. Quant à l'Anatomique
, on fait voir , 1 °. que cet ordre
confond les maladies fimples & Chirurgicales
avec les compofées , dès qu'elles
fe trouvent dans la même partie , comme
l'Alopecie avec la Plie des Polonois , les
Lentilles avec la Chlorofe , les taches de
I
rouffeur
2444 MERCURE DE FRANCE
4
par
rouleur avec la Jauniffe , &c. 2°. Qu'il
oblige à de continuelles répetions de théorie
, de diagnoftic, prognoftic & curation ,
parce qu'elle traite de fuite des maladies
d'une nature differente , comme l'Aſthme
& la Pleurefie , l'Hépatitis & le Schire au
foye,& par là il fatigue la mémoire , loin de
la foulager , & embroüille les idées
ce paffage fubit d'une maladie à une autre
, d'un caractere different. 3 °. On fait
Voir que loin d'enfeigner le fiege des maladies
, unique utilité que cette Méthode
femble avoir , elle jette fouvent dans l'erreur
fur ce fujets ainfi bien des fois l'on
a trouvé par l'ouverture des cadavres , la
caufe d'une Migraine , d'une Pleurefie ,
d'une Paralifie , d'une Nephrétique du
côté droit , tandis que les fignes tirez'de'
l'ordre Anatomique , l'avoient fait croitre'
du côté gauche. 4° . Enfin , fuivant cet
ordre on ne fçait où ranger les maladies
vagues , comme la Vérole , le Scorbut ,
le Rhumatifme , qui tantôt font dans une
partie, tantôt dans l'autre, & qui paroiffent
fous le mafque de diverfes autres maladies.
Aprés cela P'Auteur réfout toutes les
difficultez qui fe prefentent contre l'établiffement
qu'il fait ; il prouve que quoique
les maladies ne foient que des manieres
d'être , elles ne constituent pas
moins des efpeces diftinctes & d'un caractefe
NOVEMBRE. 1730. 2445
3
ractere certain , que le font les Plantes
en quoiil s'appuye des raifons du fameux
Sydenham & de Baglivi , qui avoient prefenti
l'utilité d'une Méthode femblable
ces Auteurs affurent que les efpeces de
maladies font conftantes & invariables ,
que telles que les ont décrites les Anciens ,
telles nous les trouvons aujourd'hui , que .
la fievre quarte , par exemple , eft en tout
temps , en tout pays & à tout âge , la
même , qu'elle eft auffi reglée dans fes retours
périodiques que la Montre la plus
jufte l'eft dans les révolutions ... Ii en
tre enfuite dans le détail des regles de fa
Méthode ; Baglivi lui en fournit deux
qui font , qu'il ne faut pas établir les differentes
efpeces fur les Syftêmes de théorie
, & qu'il en faut faire autant de nouvelles
qu'il y en a qui font differentes par
leurs fymptomes conftans & par les caufes
évidentes qui les produifent ordinairement
; il eft appuyé encore par l'exem
ple de Mrs Morton & Hamilton , qui ont
divife dans ce Syftême la Phtifie , & un
grand nombre de nouvelles efpeces bien
caracterifées , ce que M. Mufgrave a exe
cuté encore fur la Goute , & M. Helves
tius , fur la petite Verole , il fait voir que
c'eft un grand deffaut dans tous les Aureurs
de ne divifer les genres de maladies
qu'en deux ou trois efpeces , tandis que
la
2446 MERCURE DE FRANCE
la plupart en un très - grand nombre , com
me les Auteurs déja citez l'ont fait voir
dans la Phryfie , la Goute , & qu'il le
montre dans la Pleurefie.
Enfin il en vient à l'établiſſement de
fes claffes , & à l'exemple des Botaniftes ,
il donne des définitions à chaque claffe
& à chaque fection , en laquelle il la foûdivife,
il fait la même chofe , aux genres ;
& quant aux efpeces , il les caracterife par
une phrafe latine , qui en contient tantôt
la nature , tantôt les fignes caracteriftiques,
On verra que fa méthode & fes divifions
contiennent non - feulement toutes
les maladies , mais même les rendent fi
aifées à connoître , qu'il ne faut fouvent
que le fecours des fens pour les diftinguer
, fans avoir eu aucun principe de
Médecine .
Il divife donc toutes les maladies en
dix claffes ; les deux premieres parlent des
Affections Chirurgicales , comme étant
les plus fimples , & fervant à faire connoître
les autres , qu'il nomme parfaites &
médicinales.
Des huit autres claffes des maladies
proprement dites les quatre premieres
contiennent prefque toutes des maladies
aiguës, & les deux premieres, qui font les
fievres , & les maladies inflammatoires ,
font generales , en attaquant tout le
corps.
Les
NOVEMBRE. 1730. 2447
2
Les quatre dernieres font prefque toujours
des maladies chroniques , fans fiévre
aiguë , mais cette divifion n'étant pas
exacte , ne contentent pas entierement.
L'Auteur demande qu'il lui foit permis
de forger certains noms , pour dénommer
brièvement quelques claffes &
quelques genres qu'on n'exprime que par
de longues périphrafes ; permiffion qu'on
a donnée aux Botaniftes , & dont les Algébriftes
ufent fi communément.
par
Ses claffes font donc un affemblage judicieux
& méthodique de toutes les maladies
qui ont un raport eflentiel enſemble
leurs phénomenes éviders , fouvent par
leur prognoftic , & plus fouvent par leurs
indications générales.
ere Claffe. Des affections fuperficiaires
& chirurgicales.
Ce font ces légeres taches , tumeurs ou
afperitez qui fe trouvent à la furface du
corps , & qui font communément fans
fiévre effentielle , ni danger.
La rere Section contient les tumeurs infiniment
petites , qui paroiffent fous la
forme de taches , & qui ne caufent ni
douleur ni demangeaifon ; telles font les
lentilles , les taches de rouffeur , feins
envies , &c.
La 2 , contient les papules un peu plus
élevées
2448 MERCURE DE FRANCE
élevées & prurigineufes , comme les dartres
, le lichen , &c.
La 3 en contient encore de plus grandes
, & qui font une à une , & non en
grand nombre, comme plufieurs des précédentes
, & commence par les indolentes
ou froides , comme les verruës , ganglions
, fungus , exoftoles , &c.
La 4 , contient des tumeurs douloureufes
un peu plus grandes & fingulieres auffi ,
telles font le phlégmon , l'éryfipele , le
-bubon , froncle , charbon , cancer , & c.
La se , parle des tumeurs les plus groffes
qui
font fouvent fans douleurs , & on les
divife en trois . 1 °. Les Tumeurs humora .
des froides ; fçavoir , le Schirre , l'Edeme ,
&c.2 ° .Les Excroiffances , comme la Boffe
la Natte , les Polypes , & c. 3 °. Les amas
de matières dans des réfervoirs dilatez ,
comme les Loupes, Abſcès , Anevriſmes,
Hydrocele , &c.
Claffe 2. Des affections Dyalitiques
Chirurgicales .
Le caractere de celles - ci eft une Dialife
ou divifion de continuité ou de conti- .
guité fenfible & confiderable.
La fect. 1ere eft des divifions de contiguité
dans les parties molles ou dans les
offeufes , quelquefois avec tumeur , telles
font les Hernies , chutes de l'Oeil , de
PAnus , les Luxations , &c. La
NOVEMBRE. 1730. 2449
La 2 , contient les folutions de continuité
dans les parties oTeufes & molles
fans perte de fubftance , comme les Fractures
, Bleffures , & c .
La 3 parle des mêmes divifions , avec
perte de fubftance , & l'on y range les
Ulceres , Sinus , Rhagades , & c.
Claffe 3 , qui eft la premiere des maladies
univerfelles & aiguës le plus communément.
e
Les Fièvres fimples.
Section 1ere, des Fiévres intermittentes
comme la quotidienne , la tierce , &c.
Sect. 2° des Fiévres exacerbantes ,com.
me le tritæus , la triteophia , l'hémitritée
, la tetartophie , & c.
›
Sect . 3 , des continuës , fans accès ni redoublement
, comme l'éphemere , le fynoque
, &c.
Le caractere de cette claffe eft une frequence
de poux non naturelle, avec chaleur
ou avec froid , fouvent avec un froid
& un chaud alternatif.
Claffe 4.Les Fiévres inflammatoires.
Leur caractere eft une ou plufieurs tu
meurs inflammatoires , avec rougeur ,
chaleur & douleur , jointes à une fiévre
aiguë , continuë , fouvent exacerbante &
irréguliere.
F Sect.
2450 MERCURE DE FRANCE
Sect . 1ere. Des maladies inflammatoires
cutanées , comme la petite verole,lá rougeole
, la fiévre miliaire , la pourprée , &c,
Sect. 2º , de celles qui attaquent les membranes
internes principalement , & dont
la douleur eft plus vive , telles font la
phrenefie , la pleurefie, l'inflammation de
l'eftomach , inteftins , uterus , vefcie, & c ,
Sect . 3 , de celles qui attaquent les vif
ceres charnus ou parenchimes , comme
l'inflammation du cerveau , cervelet , langine
, la péripneumonie , l'hépatitis , néphritis
, &c,
Claffes . Des Maladies Evacuatoires.
Le caractere s'en tire de l'évacuation dos
Liqueurs ou des matieres copieuſes & conf
tantes .
Sect . ere. Des évacuations rouges ou
fanglantes , comme l'Hémoragie , Hémophtifie
, Vomiffement fanglant , Piffement
de fang , Diffenterie , & c.
Sect . 2°. Des évacuations blanchatres ou
limpides ; comme la Vomique , la Gono
rhée , la Paffion cæliaque , &c .
Sect. 3. Des Déjections de diverſes couleurs
& confiftance , come le Vomiffement,
la Diarhée , le Choleramorbus
, &c ,
Claffe 6 , Des maladies Paralytiques,
Claffe
NOVEMRBE. 1730. 2452
Claffe 7. Des maladies convulſives.
Claffe 8 ° . Des maladies Pfichordées.
Le caractere de celles-cy eft une dépravation
dans les trois fonctions principales de
l'Aine , le Jugement , l'Imagination & la
Volonté .
ces
Claffe 9. Des Maladies Dolorifiques.
Claffe 1o . Des Maladies Cachectiques.
Un fimple Extrait de toutes
claffes ne feroit pas avantageux à l'ouvrage
, à moins qu'il ne pafsât les bornes
ordinaires qu'on s'eft prefcrites. Il ne
me refte qu'à donner une idee de la façon
dont les efpeces de maladies y font rangées
, je ne prendrai que les Phraſes de
celles qui font dans la Fiévre tierce. Par
exemple.
Tertiana exquifita. Sennert. Jonfthon ;
&c.
Le Paroxisme ne s'étend pas au-delà de
douze heures , & ne revient pas plus de
quatre fois.
Cette efpece eft autonnale , le Poux y
eft d'abord petit , enfuite grand , dur ,
frequent , & c.
Tert. Notha longior, & levior. Sennert.
Tert. Hypochondriaca Wedel. Medic.
Amænit, Fij Tert
2452 MERCURE DE FRANCE
Tert. Hysterica Wedel . ibid .
Tert, Scorbutica Wedel . ibid .
Tert. Arthritica Mulgrew. de arthritide
anomald.
Tert. Afthmatica . Boner.
Tert. Scorbutica frigida & dolorifica.
Etmuller , de febrib.
Tert. Epidemica petechifans maligna.
T. Bartholin . hift. 56. Cent. 2 .
T. Duplex vel duplicata vulgatior.Piens.
Primiros.
Tert. Duplex altera . Bonet.
Tert. Triplex primiros.
Tert. Quadruplex. Senn . Primir.
Tert. Quariana complicata. Primiros.
Tert. Duplex ardens . Fr.Joël.
Tert. Carotica maligna , ex authoris obfervatione.
Tert. Duplex verminofa act. Helmeftad.
Andr. Stiffer .
Tert. Maligna peftilens . Bonet.deFebrib.
Úc.
L'Auteur fait voir qu'il n'eft pas une de
ces efpeces qui n'exige une curation particuliere
, & c'eft le fentiment du fameux
Sydenham & de Baglivi , mais il ne touche
que fuperficiellement leurs indications
, & fe contente de décrire les fignes
caracteristiques de chacune de ces efpeces.
Bien que l'ouvrage foitentierement fini ,
&
NOVEMBRE . 1730. 2453-
& ait été approuvé par des Profeffeurs de
Montpellier , des Docteurs de Province
& de l'illuftre Monfieur Andri. L'Auteur
n'a pas voulu le hazarder fans
avoir auparavant préfenti le gout des favans
fur une matiere fi importante & ft
neuve. Il ne le propofe même que pour
exciter, dit- il , les mêmes -Savans à donner
une Méthode pareille plus parfaite , ce
qui feroit d'une auffi grande utilité dans
la pratique de la Médecine, que la découverte
des Claffes de Mr de Tournefort
l'a été dans la Botanique.
thode nouvelle pour connoître toutes les Ma
Ladies , rangées par claffes , & réduites en
genres & en efpeces , par S. de L ... Docteur
de Montpellier , Réfident à Alais.
. On ne fçauroit difconvenir qu'il n'y
ait un grand nombre de maladies incon
nuës ou confufément décrites par les Ob
fer2442
MERCURE DE FRANCE
fervateurs , ce qui ne provient que
de ce
qu'on a manqué jufqu'ici d'une Méthode
, qui fans en omettre aucune , les fit
toutes connoître par des caracteres propres
-évidens & aiſez à retenir ; telle eft la Méthode
que M. de Tournefort a heureuſement
trouvée pour connoître les Plantes,
& les diftinguer les unes des autres , juf
qu'à leurs moindres efpeces ; Méthode
qui feule étoit capable d'élever la Boranique
au point de perfection où nous la
voyons , & de faire connoître clairement
environ quinze mille Plantes , tandis que
les Anciens , privez des caracteres propres
à chacune , les confondoient & n'en cons
noiffoient que 6. ou 700.
Le nombre des maladies n'eft pas moins
confus que celui des Plantes , ni peut-être
moins grand , nous fommes à cet égard ce
qu'étoient , à l'égard de la Botanique , Ma
thiole & Diofcoride , & ce ne fera qu'une
bonneMéthode, qui caracterifant toutes les
maladies, & les ordonnant en diverſes claf
fes , pourra en faire connoître toutes les
efpeces clairement & diftinctement.
L'Auteur commence par prouver que
Toutes celles qu'on a employées jufqu'ici ,
font défectueufes & nuifibles , il les réduit
à trois : à celles qui font fondées fur
l'ordre alphabetique , telle eft celle que
M. Manget a employée dans fa Bibliotheque
NOVEMBRE. 1730. 2443
que , celles qui fuivent le dénombrement
des caufes qu'il nomme l'ordrePathologique
& celles enfin qui font fuivant l'ordre
Anatomique ;l'ordre Pathologique a été mis
en ufage par Mrs Boerhave , Joncker , &c. &
l'Anatomique par Riviere , Sennert , Etmuller,
& prefque tous les autres , ce font
les feules qui comprennent toutes les maladies.
Quant aux Méthodes particulieres,
comme celle de Sydenham, qui ne contient
que les maladies aiguës & les chroniques ,
celles qui divifent les maladies felon les
âges des Malades , felon les Pays qu'elles
attaquent , &c n'entrent pas en compte ,
parce qu'elles ne ne font pas generales.
L'Auteur n'a pas de peine à prouver
qu'il ne faut attendre aucune utilité de
Fordre Alphabetique, ni du Pathologique
pour parvenir à la connoiffance des maladies
, les noms étant des fignes arbitrai
res qui n'ont aucun rapport évident ni
effentiel avec les maladies , & les caufes
nous étant entierement cachées , incertaines
& obfcures , ne fçauroient en être lesfignes
certains & évidents. Quant à l'Anatomique
, on fait voir , 1 °. que cet ordre
confond les maladies fimples & Chirurgicales
avec les compofées , dès qu'elles
fe trouvent dans la même partie , comme
l'Alopecie avec la Plie des Polonois , les
Lentilles avec la Chlorofe , les taches de
I
rouffeur
2444 MERCURE DE FRANCE
4
par
rouleur avec la Jauniffe , &c. 2°. Qu'il
oblige à de continuelles répetions de théorie
, de diagnoftic, prognoftic & curation ,
parce qu'elle traite de fuite des maladies
d'une nature differente , comme l'Aſthme
& la Pleurefie , l'Hépatitis & le Schire au
foye,& par là il fatigue la mémoire , loin de
la foulager , & embroüille les idées
ce paffage fubit d'une maladie à une autre
, d'un caractere different. 3 °. On fait
Voir que loin d'enfeigner le fiege des maladies
, unique utilité que cette Méthode
femble avoir , elle jette fouvent dans l'erreur
fur ce fujets ainfi bien des fois l'on
a trouvé par l'ouverture des cadavres , la
caufe d'une Migraine , d'une Pleurefie ,
d'une Paralifie , d'une Nephrétique du
côté droit , tandis que les fignes tirez'de'
l'ordre Anatomique , l'avoient fait croitre'
du côté gauche. 4° . Enfin , fuivant cet
ordre on ne fçait où ranger les maladies
vagues , comme la Vérole , le Scorbut ,
le Rhumatifme , qui tantôt font dans une
partie, tantôt dans l'autre, & qui paroiffent
fous le mafque de diverfes autres maladies.
Aprés cela P'Auteur réfout toutes les
difficultez qui fe prefentent contre l'établiffement
qu'il fait ; il prouve que quoique
les maladies ne foient que des manieres
d'être , elles ne constituent pas
moins des efpeces diftinctes & d'un caractefe
NOVEMBRE. 1730. 2445
3
ractere certain , que le font les Plantes
en quoiil s'appuye des raifons du fameux
Sydenham & de Baglivi , qui avoient prefenti
l'utilité d'une Méthode femblable
ces Auteurs affurent que les efpeces de
maladies font conftantes & invariables ,
que telles que les ont décrites les Anciens ,
telles nous les trouvons aujourd'hui , que .
la fievre quarte , par exemple , eft en tout
temps , en tout pays & à tout âge , la
même , qu'elle eft auffi reglée dans fes retours
périodiques que la Montre la plus
jufte l'eft dans les révolutions ... Ii en
tre enfuite dans le détail des regles de fa
Méthode ; Baglivi lui en fournit deux
qui font , qu'il ne faut pas établir les differentes
efpeces fur les Syftêmes de théorie
, & qu'il en faut faire autant de nouvelles
qu'il y en a qui font differentes par
leurs fymptomes conftans & par les caufes
évidentes qui les produifent ordinairement
; il eft appuyé encore par l'exem
ple de Mrs Morton & Hamilton , qui ont
divife dans ce Syftême la Phtifie , & un
grand nombre de nouvelles efpeces bien
caracterifées , ce que M. Mufgrave a exe
cuté encore fur la Goute , & M. Helves
tius , fur la petite Verole , il fait voir que
c'eft un grand deffaut dans tous les Aureurs
de ne divifer les genres de maladies
qu'en deux ou trois efpeces , tandis que
la
2446 MERCURE DE FRANCE
la plupart en un très - grand nombre , com
me les Auteurs déja citez l'ont fait voir
dans la Phryfie , la Goute , & qu'il le
montre dans la Pleurefie.
Enfin il en vient à l'établiſſement de
fes claffes , & à l'exemple des Botaniftes ,
il donne des définitions à chaque claffe
& à chaque fection , en laquelle il la foûdivife,
il fait la même chofe , aux genres ;
& quant aux efpeces , il les caracterife par
une phrafe latine , qui en contient tantôt
la nature , tantôt les fignes caracteriftiques,
On verra que fa méthode & fes divifions
contiennent non - feulement toutes
les maladies , mais même les rendent fi
aifées à connoître , qu'il ne faut fouvent
que le fecours des fens pour les diftinguer
, fans avoir eu aucun principe de
Médecine .
Il divife donc toutes les maladies en
dix claffes ; les deux premieres parlent des
Affections Chirurgicales , comme étant
les plus fimples , & fervant à faire connoître
les autres , qu'il nomme parfaites &
médicinales.
Des huit autres claffes des maladies
proprement dites les quatre premieres
contiennent prefque toutes des maladies
aiguës, & les deux premieres, qui font les
fievres , & les maladies inflammatoires ,
font generales , en attaquant tout le
corps.
Les
NOVEMBRE. 1730. 2447
2
Les quatre dernieres font prefque toujours
des maladies chroniques , fans fiévre
aiguë , mais cette divifion n'étant pas
exacte , ne contentent pas entierement.
L'Auteur demande qu'il lui foit permis
de forger certains noms , pour dénommer
brièvement quelques claffes &
quelques genres qu'on n'exprime que par
de longues périphrafes ; permiffion qu'on
a donnée aux Botaniftes , & dont les Algébriftes
ufent fi communément.
par
Ses claffes font donc un affemblage judicieux
& méthodique de toutes les maladies
qui ont un raport eflentiel enſemble
leurs phénomenes éviders , fouvent par
leur prognoftic , & plus fouvent par leurs
indications générales.
ere Claffe. Des affections fuperficiaires
& chirurgicales.
Ce font ces légeres taches , tumeurs ou
afperitez qui fe trouvent à la furface du
corps , & qui font communément fans
fiévre effentielle , ni danger.
La rere Section contient les tumeurs infiniment
petites , qui paroiffent fous la
forme de taches , & qui ne caufent ni
douleur ni demangeaifon ; telles font les
lentilles , les taches de rouffeur , feins
envies , &c.
La 2 , contient les papules un peu plus
élevées
2448 MERCURE DE FRANCE
élevées & prurigineufes , comme les dartres
, le lichen , &c.
La 3 en contient encore de plus grandes
, & qui font une à une , & non en
grand nombre, comme plufieurs des précédentes
, & commence par les indolentes
ou froides , comme les verruës , ganglions
, fungus , exoftoles , &c.
La 4 , contient des tumeurs douloureufes
un peu plus grandes & fingulieres auffi ,
telles font le phlégmon , l'éryfipele , le
-bubon , froncle , charbon , cancer , & c.
La se , parle des tumeurs les plus groffes
qui
font fouvent fans douleurs , & on les
divife en trois . 1 °. Les Tumeurs humora .
des froides ; fçavoir , le Schirre , l'Edeme ,
&c.2 ° .Les Excroiffances , comme la Boffe
la Natte , les Polypes , & c. 3 °. Les amas
de matières dans des réfervoirs dilatez ,
comme les Loupes, Abſcès , Anevriſmes,
Hydrocele , &c.
Claffe 2. Des affections Dyalitiques
Chirurgicales .
Le caractere de celles - ci eft une Dialife
ou divifion de continuité ou de conti- .
guité fenfible & confiderable.
La fect. 1ere eft des divifions de contiguité
dans les parties molles ou dans les
offeufes , quelquefois avec tumeur , telles
font les Hernies , chutes de l'Oeil , de
PAnus , les Luxations , &c. La
NOVEMBRE. 1730. 2449
La 2 , contient les folutions de continuité
dans les parties oTeufes & molles
fans perte de fubftance , comme les Fractures
, Bleffures , & c .
La 3 parle des mêmes divifions , avec
perte de fubftance , & l'on y range les
Ulceres , Sinus , Rhagades , & c.
Claffe 3 , qui eft la premiere des maladies
univerfelles & aiguës le plus communément.
e
Les Fièvres fimples.
Section 1ere, des Fiévres intermittentes
comme la quotidienne , la tierce , &c.
Sect. 2° des Fiévres exacerbantes ,com.
me le tritæus , la triteophia , l'hémitritée
, la tetartophie , & c.
›
Sect . 3 , des continuës , fans accès ni redoublement
, comme l'éphemere , le fynoque
, &c.
Le caractere de cette claffe eft une frequence
de poux non naturelle, avec chaleur
ou avec froid , fouvent avec un froid
& un chaud alternatif.
Claffe 4.Les Fiévres inflammatoires.
Leur caractere eft une ou plufieurs tu
meurs inflammatoires , avec rougeur ,
chaleur & douleur , jointes à une fiévre
aiguë , continuë , fouvent exacerbante &
irréguliere.
F Sect.
2450 MERCURE DE FRANCE
Sect . 1ere. Des maladies inflammatoires
cutanées , comme la petite verole,lá rougeole
, la fiévre miliaire , la pourprée , &c,
Sect. 2º , de celles qui attaquent les membranes
internes principalement , & dont
la douleur eft plus vive , telles font la
phrenefie , la pleurefie, l'inflammation de
l'eftomach , inteftins , uterus , vefcie, & c ,
Sect . 3 , de celles qui attaquent les vif
ceres charnus ou parenchimes , comme
l'inflammation du cerveau , cervelet , langine
, la péripneumonie , l'hépatitis , néphritis
, &c,
Claffes . Des Maladies Evacuatoires.
Le caractere s'en tire de l'évacuation dos
Liqueurs ou des matieres copieuſes & conf
tantes .
Sect . ere. Des évacuations rouges ou
fanglantes , comme l'Hémoragie , Hémophtifie
, Vomiffement fanglant , Piffement
de fang , Diffenterie , & c.
Sect . 2°. Des évacuations blanchatres ou
limpides ; comme la Vomique , la Gono
rhée , la Paffion cæliaque , &c .
Sect. 3. Des Déjections de diverſes couleurs
& confiftance , come le Vomiffement,
la Diarhée , le Choleramorbus
, &c ,
Claffe 6 , Des maladies Paralytiques,
Claffe
NOVEMRBE. 1730. 2452
Claffe 7. Des maladies convulſives.
Claffe 8 ° . Des maladies Pfichordées.
Le caractere de celles-cy eft une dépravation
dans les trois fonctions principales de
l'Aine , le Jugement , l'Imagination & la
Volonté .
ces
Claffe 9. Des Maladies Dolorifiques.
Claffe 1o . Des Maladies Cachectiques.
Un fimple Extrait de toutes
claffes ne feroit pas avantageux à l'ouvrage
, à moins qu'il ne pafsât les bornes
ordinaires qu'on s'eft prefcrites. Il ne
me refte qu'à donner une idee de la façon
dont les efpeces de maladies y font rangées
, je ne prendrai que les Phraſes de
celles qui font dans la Fiévre tierce. Par
exemple.
Tertiana exquifita. Sennert. Jonfthon ;
&c.
Le Paroxisme ne s'étend pas au-delà de
douze heures , & ne revient pas plus de
quatre fois.
Cette efpece eft autonnale , le Poux y
eft d'abord petit , enfuite grand , dur ,
frequent , & c.
Tert. Notha longior, & levior. Sennert.
Tert. Hypochondriaca Wedel. Medic.
Amænit, Fij Tert
2452 MERCURE DE FRANCE
Tert. Hysterica Wedel . ibid .
Tert, Scorbutica Wedel . ibid .
Tert. Arthritica Mulgrew. de arthritide
anomald.
Tert. Afthmatica . Boner.
Tert. Scorbutica frigida & dolorifica.
Etmuller , de febrib.
Tert. Epidemica petechifans maligna.
T. Bartholin . hift. 56. Cent. 2 .
T. Duplex vel duplicata vulgatior.Piens.
Primiros.
Tert. Duplex altera . Bonet.
Tert. Triplex primiros.
Tert. Quadruplex. Senn . Primir.
Tert. Quariana complicata. Primiros.
Tert. Duplex ardens . Fr.Joël.
Tert. Carotica maligna , ex authoris obfervatione.
Tert. Duplex verminofa act. Helmeftad.
Andr. Stiffer .
Tert. Maligna peftilens . Bonet.deFebrib.
Úc.
L'Auteur fait voir qu'il n'eft pas une de
ces efpeces qui n'exige une curation particuliere
, & c'eft le fentiment du fameux
Sydenham & de Baglivi , mais il ne touche
que fuperficiellement leurs indications
, & fe contente de décrire les fignes
caracteristiques de chacune de ces efpeces.
Bien que l'ouvrage foitentierement fini ,
&
NOVEMBRE . 1730. 2453-
& ait été approuvé par des Profeffeurs de
Montpellier , des Docteurs de Province
& de l'illuftre Monfieur Andri. L'Auteur
n'a pas voulu le hazarder fans
avoir auparavant préfenti le gout des favans
fur une matiere fi importante & ft
neuve. Il ne le propofe même que pour
exciter, dit- il , les mêmes -Savans à donner
une Méthode pareille plus parfaite , ce
qui feroit d'une auffi grande utilité dans
la pratique de la Médecine, que la découverte
des Claffes de Mr de Tournefort
l'a été dans la Botanique.
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Résumé : Méthode nouvelle pour connoître toutes les Maladies, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Méthode nouvelle pour connoître toutes les Maladies' rédigé par S. de L..., Docteur de Montpellier. L'auteur observe que de nombreuses maladies sont inconnues ou mal décrites, attribuant cette situation à l'absence d'une méthode adéquate. Il compare cette confusion à celle qui régnait en botanique avant la méthode de Tournefort, qui a permis de classer environ quinze mille plantes contre six ou sept cents connues par les Anciens. L'auteur critique les méthodes existantes pour classer les maladies, qu'il réduit à trois types : alphabétique, pathologique et anatomique. La méthode alphabétique est jugée inefficace car les noms des maladies sont arbitraires. La méthode pathologique est obscure car les causes des maladies sont incertaines. La méthode anatomique, quant à elle, confond les maladies simples et chirurgicales avec les maladies composées, entraînant des répétitions théoriques et une surcharge de la mémoire. L'auteur propose une nouvelle méthode pour classer les maladies en diverses classes, similaire à celle utilisée en botanique. Il divise les maladies en dix classes, les deux premières concernant les affections chirurgicales et les huit autres les maladies proprement dites. Chaque classe est définie par des phénomènes évidents, un pronostic et des indications générales. Les classes sont subdivisées en sections et genres, caractérisés par des phrases latines décrivant leur nature ou leurs signes caractéristiques. L'ouvrage vise à rendre la connaissance des maladies plus accessible et précise, en utilisant des définitions claires et des divisions méthodiques. Bien que l'ouvrage soit terminé et approuvé par des professeurs de Montpellier, des docteurs de province et Monsieur Andri, l'auteur choisit de ne pas le publier immédiatement. Il souhaite d'abord soumettre son travail à l'avis des savants sur une matière aussi importante et nouvelle, espérant ainsi encourager le développement d'une méthode plus parfaite et apporter une utilité comparable à celle des classes de Monsieur de Tournefort en botanique pour la pratique de la médecine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 320
Traité de la Culture des Jardins, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ PHILOSOPHIQUE ET PRATIQUE de la Culture des Jardins. Par M. Bradley [...]
Mots clefs :
Jardins, Plantes, Arbres fruitiers, Culture des vergers, Édition, Préface
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de la Culture des Jardins, [titre d'après la table]
TRAITE PHILOSOPHIQUE ET PRAG
TIQUE de la Culture des Jardins. Par M. Bradley
, de la Societé Royale. A Londres , chez W.
Mears. Cinquiéme Edition in 8. en Anglois.
On explique dans ce Livre , qui est fort estimé
et d'un grand usage en Angleterre , le mouvement
de la seve des Plantes , et leur géneration ,
avec d'autres découvertes qui n'avoient point encore
été publiées touchant la maniere de cultiver
avec fuccès les Arbres fruitiers , les Fleurs et les
Parteres. On y a joint la description d'un Instrument
, par le moyen duquel on peut trouver en
une heure de temps plus de Plans de Jardins que
n'en contiennent tous les Livres ensemble qui
traitent de cette matiere. Enfin on trouve dans
cet Ouvrage plusieurs beaux secrets tendant à
perfectionner la culture des Vergers , des Jardins
Potagers & des Orangeries.
On écrit de la Haye que Goffe et Neaulme ,
Libraires , ont acheté et débitent une Edition des
Oeuvres de Clement Marot , Valet de Chambre
de François I. revues sur plusieurs Manuscrits et
sur plus de 40 Editions , et augmentée , tant de
diverses Poësies véritables , que de celles qu'on
lui a faussement attribuées ; avec les Ouvrages de
Jean Marot son pere, ceux de Michel Marot son
fils ; et les Piéces du different de Clement avec
François Sagon , accompagnées d'une Préface
historique , et d'Observations critiques sur tour
l'Ouvrage ; en 6 volumes in 12. et en 4 vol.in 4.
avec des Quadres et des Vignettes ; belle Edition .
Ils en ont aussi quelques Exemplaires en grand
Papier Royal et Impérial , d'une grande beauté.
TIQUE de la Culture des Jardins. Par M. Bradley
, de la Societé Royale. A Londres , chez W.
Mears. Cinquiéme Edition in 8. en Anglois.
On explique dans ce Livre , qui est fort estimé
et d'un grand usage en Angleterre , le mouvement
de la seve des Plantes , et leur géneration ,
avec d'autres découvertes qui n'avoient point encore
été publiées touchant la maniere de cultiver
avec fuccès les Arbres fruitiers , les Fleurs et les
Parteres. On y a joint la description d'un Instrument
, par le moyen duquel on peut trouver en
une heure de temps plus de Plans de Jardins que
n'en contiennent tous les Livres ensemble qui
traitent de cette matiere. Enfin on trouve dans
cet Ouvrage plusieurs beaux secrets tendant à
perfectionner la culture des Vergers , des Jardins
Potagers & des Orangeries.
On écrit de la Haye que Goffe et Neaulme ,
Libraires , ont acheté et débitent une Edition des
Oeuvres de Clement Marot , Valet de Chambre
de François I. revues sur plusieurs Manuscrits et
sur plus de 40 Editions , et augmentée , tant de
diverses Poësies véritables , que de celles qu'on
lui a faussement attribuées ; avec les Ouvrages de
Jean Marot son pere, ceux de Michel Marot son
fils ; et les Piéces du different de Clement avec
François Sagon , accompagnées d'une Préface
historique , et d'Observations critiques sur tour
l'Ouvrage ; en 6 volumes in 12. et en 4 vol.in 4.
avec des Quadres et des Vignettes ; belle Edition .
Ils en ont aussi quelques Exemplaires en grand
Papier Royal et Impérial , d'une grande beauté.
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Résumé : Traité de la Culture des Jardins, [titre d'après la table]
Le texte présente deux ouvrages distincts. Le premier, 'Traité philosophique et pratique de la Culture des Jardins' par M. Bradley, membre de la Société Royale, est publié à Londres chez W. Mears. Cette cinquième édition en anglais traite du mouvement de la sève des plantes, de leur génération, et de diverses découvertes sur la culture des arbres fruitiers, des fleurs et des parterres. L'ouvrage inclut également la description d'un instrument pour concevoir rapidement des plans de jardins et des secrets pour perfectionner la culture des vergers, des jardins potagers et des orangeries. Le second ouvrage est une édition des 'Œuvres de Clément Marot', valet de chambre de François Ier, publiée par les libraires Goffe et Neaulme à La Haye. Cette édition, revue à partir de plusieurs manuscrits et plus de 40 éditions, inclut des poésies authentiques et celles faussement attribuées à Marot. Elle contient aussi les œuvres de Jean Marot, père de Clément, celles de Michel Marot, son fils, ainsi que les pièces du différend entre Clément Marot et François Sagon. L'ouvrage est accompagné d'une préface historique et d'observations critiques, et est disponible en six volumes in-12, quatre volumes in-4, avec des illustrations. Quelques exemplaires sont également disponibles en grand papier royal et impérial.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 1482-1494
LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
Début :
MONSIEUR, Puisque vous souhaitez que je vous donne une parfaite connoissance des Observations [...]
Mots clefs :
Sels, Terre roide, Eaux , Plantes, Terre fine, Concrétion particulière, Cristalliser, Nitre, Vitriol, Sel d'Epsom
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
LETTRE de M. Capperon , ancien
Doyen de S. Maxent , sur une Méthode
facile qu'il a découverte , pour connoître
les Sels , pour juger des effets qu'ils doi
vent produire , et pour examiner ceux qui
se trouvent dans les terres , dans les eaux,
dans les plantes , dans les humeurs et
dans l'air , ce qui servira à connoître
les qualitez de ces differentes choses.
MONSIEUR ,
Puisque vous souhaitez que je vous
donne une parfaite connoissance des Ob
servations que j'ai faites sur les Sels , dans
la vûe de faciliter le moyen de découvrir
par une voye plus simple que celles dont
II Vol on
JUIN.
1483 1731.
S
on s'est servi jusqu'à present , quelles peu
vent être les qualitez des differens mixtes
qu'on veut examiner ; je le ferai volon
tiers , n'ayant rien plus à coeur que de
vous satisfaire. Ce que j'ai dit cy- devant
sur les Sels de l'air dans les Lettres que
je vous ai adressées , ( a) ayant produit
d'aussi heureux effets , et pouvant en pro
curer beaucoup d'autres , je ne crois pas
devoir négliger de vous faire connoître
l'étenduë que j'ai donnée à ma découver
te , pour faire remarquer l'utilité qu'on
en peut tirer.
Je crois d'abord pouvoir avancer qu'il
n'y a pas de moyen plus sûr que ma Mé
thode pour bien connoître tous les Sels ,
et pour les distinguer
parfaitement les
uns des autres. C'est par cette même Mé
thode qu'il est le plus facile de connoî
tre comment sont formées les plus peti
tes parties
integrantes qui
composent ces
Sels ; d'où je conclus qu'il est très - aisé
ensuite de juger des effets qu'ils doivent
naturellement produire.
Pour vous persuader , Monsieur , de
ces trois propositions , permettez - moi de
vous marquer d'abord ce que j'entends
précisement par ce qu'on appelle Sel.
(a) Voyez les Mercures de Février, Mars et
Décembre 1729. et Mars 1730,
I I. Vol.
J'en
7484 MERCURE DE FRANCE
J'entends par Sel , une concrétion parti
culiere , faite d'une terre fine , roide et
cassante , qui se dissout dans l'eau et qui
après sa dissolution reprend toûjours la
même figure lorsqu'on n'y met point
d'obstacles. Telle est, ce me semble,la ve
ritable idée qu'on peut avoir de la nature
des Sels , reconnue par de solides Obser
vations , et non simplement suposée par
la seule imagination , telles que celles
qu'on a eües jusqu'à present.
C'est ce qu'il est facile de justifier par
ma Méthode ; car qu'on prenne tel Sel
qu'on voudra , qu'on en fasse dissoudre
dans l'eau une quantité convenable , et
qu'on le fasse ensuite cristaliser sur le ver
re, ainsi que je l'enseigne , l'on verra que
chaque Sel y réprendra toûjours la figure
qui lui est specifique ; par où il sera très
aisé de le distinguer des autres. Pour pro
fiter donc de cette découverte , et pour
éviter qu'on y soit trompé , il est à pro
pos de faire cristaliser de cette maniere
chaque Sel en particulier , et d'en tirer
ensuite le papier ; car cela étant fait une
fois , c'est le moyen de les reconnoître
toûjours et de les distinguer parfaitement
les uns des autres . On aura même là
une espece de clef pour les trouver et
les connoître par tout où ils sont.
par
II. Vol. C'est
JUIN. 1731. 1485
募
C'est ce dont je donne un échantillon
dans la Planche qui accompagne mes Let
tres , où j'ai représenté les Figures des
Sels les plus connus , ainsi que je les ai
vûs et dessinez moi- même ; tels que le
Sel marin , le Nitre , le Vitriol blanc et
le vert , l'Alun , le Sel Armoniac , le Bo
rax, le Sel d'Epsom ou d'Angleterre, l'Ar¬
senic , le Sublimé et le Sucre.
Il est aisé de voir par les figures de ces
Sels , représentez dans cette Planche , que
le Sel Marin se cristalise toûjours en cubes,
qui ont moins de hauteur que de largeur,
avec cette particularité , que la plupart
de ces cubes forment sur leur hauteur un
creux à quatre facetes , lesquelles se reü
nissant , donnent souvent lieu de croire
que bien loin de former un creux , elles
s'élevent tout au contraire en pointe de
diamant , ce qui arrive ordinairement
lorsqu'on n'apporte pas assez d'attention
à les regarder avec un Microscope , l'illu
sion venant de la transparence de ces
Cristaux .
Le Nitre prend la figure de petites li
gnes droites , lesquelles se réunissant sou
* On ajugé à propos de ne faire graver qu'u
ne partie des Sels dont parle l'Auteur ; cette
partie nous paroissant suffisante pour exprimer
ses idées.
II. Vol. D vent
1486 MERCURE DE FRANCE
vent les unes aux autres , forment des li
gnes cannelées plus longues et plus gros
ses , ayant quelques inégalitez dans leur
longueur , causées par la jonction de ces
lignes. Souvent dans les intervales qui res
tent entre ces longues lignes , il en paroît
qui sont en forme de branchages, traversées
par d'autres ; et parmi ces lignes on voit
plusieurs petits Cristaux ovales, mais poin
tus par les deux bouts , même d'autres qui
sont ronds et dispersez differemment.
Le Vitriol a aussi des lignes , mais beau
coup plus irregulieres et moins unies que
celles du Nitre , puisqu'elles sont souvent
comme dentelées ; et dans les intervales
de ces lignes , il se trouve comme de
pe
tites éguilles , dont les unes sont disper
sées et d'auttes sont réunies en forme
d'étoiles ; lors qu'elles se réunissent en
plus grand nombre , elles ont la figure
de têtes de Chardons.
L'Alun se cristalise en espece de trian
gles , dont les trois angles sont pres
que toûjours coupez vers leurs extrémi
tez , ce qui forme un exagone plus ou
moins regulier. Si par hazard les Cris
taux se réunissent , ce qui arrive particu
Hierement vers les bords du verre , ils font
alors des Cristaux continus , qui ont pres
que toûjours la figure d'angles saillans
II. Vol.
JUIN. 1731. 1487
a peu près semblables à ceux des Bastions
ou des demi - Lunes.
Le Sel Armoniac se forme en lignes
plus ou moins longues ; mais dont les côtez
sont toûjours garnis d'autres moindres li
gnes qui s'y joignent à angles droits, ce qui
forme souvent des croix assez régulieres.
Le Borax donne des Cristaux fort pe
tits , de figure differente , les uns étant
plus ou moins quarrez ou triangulaires
ou paralellogrames ou pentagones ou
exagones ; mais tous avec certaine épais
seur et coupez à vives arêtes .
Le Sel d'Angleterre prend la figure de
quarrez longs , avec nombre d'espece de
rosettes , dont plusieurs sont herissez ,
approchant des têtes de Chardons.
Le Sel Polycreste a des paralellogrames
plus menus que le Sel d'Epsom , dont
plusieurs se joignant ensemble , forment
des lignes qui se tiennent les unes aux au
tres. Il y a outre cela d'autres petits Cris
taux plus quarrez , et quantité de petites
lignes ou éguilles , et des globules heris
sez en têtes de Chardons .
L'Arsenic a de petits Cristaux , dont
on ne peut voir parfaitement la figure
qu'avec un bon Microscope ; pour lors on
les voit faits en globules comme herissez de
pointes de diamans; et parmi ceux- là on en
11. Vol Dij voit
488 MERCURE DE FRANCE
voit d'autres formez en rond.Les Cristaux
du Sublimé sont en figure d'épines , dont
les éguillons sont très- pointus. Enfin le
Sucre se cristalise en agréables rosettes.
Telles sont les figures de ces differens
Sels que j'ai fait cristaliser par ma Métho
de, et que j'ai vû paroître toûjours de mê
me , à quelque petite difference près , qui
ne fait pas changer les figures dominan
tes et specifiques de ces Sels , telles que
je viens de les décrire : ce que j'ai fait à
P'égard de ceux-là , se peut également
faire à l'égard de tout autre ; car il ne
faut pas croire que tous les Sels qui sont
dans la Nature , se réduisent tous à ceux
qui sont les plus connus ; il est vrai qu'ils
se trouvent souvent dans l'air , dans la
terre et dans les differens mixtes qu'on
peut connoître ; mais il paroît assez vrai
semblable qu'il y a dans la terre une ma
tiere saline dont tous les Sels sont com
posez , laquelle se réunissant et se con
gelant differemment , suivant les petits
vuides où elle entre , soit dans la terre
même ou dans les mixtes , forme par ce
moyen autant de differens Sels que les mou
les ( pour ainsi dire ) où elle s'est conge
lée , se sont trouvez differens . L'Art même
fait souvent changer de figure aux Sels
naturels , mais il est toûjours vrai que
II. Vol.
lorsque
JUIN.
1731. 1489
lorsque cette matiere saline a été fixée , soit
par la Nature soit par l'Art , à une figure
particuliere , elle la reprend toûjours
quand on la cristalise par ma Méthode .
Il y a une autre chose qui mérite d'ê
tre connue dans ce qui regarde les Sels ,
et qu'on peut dire être le fondement de
tout ce qu'on peut juger des cffets qu'ils
peuvent produire ; sçavoir , que les plus
petites parties intégrantes dont ils sont
composez , gardent dans leur plus petit
volume , tout imperceptible qu'il est , la
même figure qui paroît sur le verre par
l'assemblage d'une infinité de ces petites
parties dont la figure du Sel criştalisé est
composée ; c'est ce qu'un Ecrivain mo
derne (a) avance comme un principe as
suré ; car après avoir dit , conformément
à ce que j'ai pensé , que ce qu'il y a de
singulier dans les Sels , c'est que de telle
maniere qu'on les divise ou qu'on les dis
solve , ils prennent toujours la même
forme dans la cristalisation , étant aussi
difficile de leur enlever leur figure que
leur nature saline , la loi qui leur donne
cet arrangement , étant invariable . Puis
passant plus loin , il ajoûte que les parties
(a) M. Senac , nouveau Cours de Chymie
suivant les principes de Nevveton et de Sthalle,
Art. dernier de la Cristalisation.
9
II. Vol.
Dij les
1490 MERCURE DE FRANCE.
les plus simples des Sels ont toûjours leur
figure semblable à celle que prennent les
Sels en se cristalisant , ce qui donne lieu
à cet Auteur de souhaiter qu'on pût
trouver un moyen de connoître quelle
est précisement la figure spécifique de
chaque Sel , afin que par ce même moyen
on pût connoître de quelles figures
sont les moindres parties qui les compo
sent ; c'est ainsi qu'il s'exprime : On pourra
peut-être , en connoissant la figure des
Cristaux ( des Sels , ) connoître laforme des
parties qui les composent.
Ce que cet Auteur espere pouvoir
quelque jour arriver , c'est , ce me semble ,
par la Méthode que j'ai proposée ; puis
que rien n'est plus aisé que de connoître
par ce moyen si simple , quelle est la
figure specifique de chaque Sel ; ainsi qu'on
en peut juger par ce que je viens de dire
des Sels dont j'ai parlé cy- dessus.
Etant donc une chose assurée que les
parties interieures et invisibles des Sels
sont de la même figure que les Cristaux
qui se voyent avec les yeux ; il s'ensuit
qu'il est après cela très- facile de connoître
quels effets ces Sels doivent produire, puis
que lescorps n'agissent les uns sur les autres
que par leur figure et leur mouvement.
Ainsi voyant que les Cristaux du Ni
II. Vol. tre
JUIN. 1731. 1491
tre sont quelques-uns formez en lignes ,
d'autres en petites ovales fort pointuës
par
les deux extrémitez , et enfin d'autres
plus petits presque ronds ; n'a-t'on pas
raison de juger que par ses parties poin
tuës , il doit être d'un gout acide et pic
quant ; par ses parties longues , il doit di
minuer le mouvement interieur des li
quides , et être un peu volatile par ses pe
tites parties rondes ? que le Sel marin , où
l'on ne voit que des Cristaux cubiques
doit avoir quelque chose de plus âcre,
raison de ses differens angles , et plus fixe
à cause de sa figure moins susceptible de
à
mouvement ?
Le Vitriol ayant quelques- uns de ses
Cristaux formez en lignes assez grosses ,
mais comme dentelées en forme de Scies,
d'autres en petites éguilles , et enfin d'au
tres en étoiles pointues et en Chardons
herissez ; ne doit- on pas juger que par
ses parties longues , il doit , aussi - bien
que le Nitre , diminuer le mouvement
des liquides ? mais être plus âcre et plus
caustique par la dentelure de ses parties ,
comme par ses étoiles pointues et ses es
peces de têtes de Chardons ? ce qui doit ,
aussi le rendre astringent , lorsque ces
parties dentelées ou herissées , venant à
se glisser entre les fibres , leur donnent
eccasion de se resserrer. Diiij l'A
1492 MERCURE DE FRANCE
L'Alun n'a presque qu'une sorte de
Cristaux composez aussi de plusieurs an
gles plus roides et plus fermes , puisqu'il
se dissout moins aisément ; c'est pourquoi
jugeant par leur figure des qualitez de ce
Sel , il est aisé de voir que piquant par
ses angles roides et fermes les fibres ou
'mammelons de la langue , il doit causer
un gout austere , et que ses particules ainsi
figureés se glissant entre ces fibres
leur donnent lieu de se bander et de se
resserrer , ce qui produit son astriction .
Le Sel Armoniac ayant ses parties lon
gues , doit aussi être rafraichissant ; mais
parce qu'elles sont traversées par d'autres
petites lignes qui les croisent , elles don
nent par - là plus de prise pour être enle
vées dans l'évaporation , ce qui par con
sequent doit le rendre volatile.
Le Borax a ses Cristaux pareillement
composez de plusieurs angles , même cou
pez à vives arêtes , ce qui le doit rendre
pénetrant et irritant ; mais parce qu'il est
plus compacte et moins facile à se dis
soudre , cela empêche qu'il ne pro
duise sur la langue des effets aussi sensi
bles que les Sels précedens ; au lieu qu'é
tant plus développé dans les visceres , il
Y fait ses principales Opérations.
Le Sel d'Epsom et le Sel Policreste ,
II. Vol. pa:
JUIN. 1731. 1493
par leurs paralellogrammes assez longs ,
font connoître qu'ils peuvent diminuer
l'agitation interieure des liquides ; mais
leur âcreté se fait voir aussi aisément par
leurs Cristaux en forme de têtes de Char
dons , ce qui les rend purgatifs , irritant
facilement les intestins par ces parties ain
si figurées , et le Sel Policreste de plus par
ses petites éguilles. Il est facile de con
noître les cruels effets de l'Arsenic et du
Sublimé , par la seule inspection de la fi
gure de leurs Cristaux. Ceux du Sucre
tout au contraire , formez en petites ro
settes , marquent assez qu'en roulant sur
les fibres de la langue , ils ne sont propres
qu'à les chatouiller agréablement.
Je ne suis entré dans ce détail touchant
les Sels les plus connus , que pour justi
fier par ces Sels la verité de ce que j'ai
avancé et de ce qu'en pense M. Sénac ; sça
voir , que connoissant quelle est la figure
specifique que prend chaque Sel dans la
cristalisation , on parvient à connoître
quels effets il doit naturellement operer.
Ilconvient maintenant de marquer com
ment on doit s'y prendre pour trouver
ces differentes figures des Sels , il n'y a qu'à
faire dissoudre dans l'eau le Sel dont on
veut connoître la figure des Cristaux, faire
la dissolution un peu forte , la filtrer en
II. Vol.
suite
Dv
1494 MERCURE DE FRANCE
suite par le papier gris , et en prendre
une très - petite portion pour la faire cris
taliser sur un petit morceau de verre for
mé en rond , comme je l'enseigne dans ma
troisiéme Lettre sur les Sels de l'air , (a)
pour faire cristaliser les Sels qui se ren
contrent dans les eaux de pluye , de rosée ,
de brouillards , & c . La cristalisation étant
faite, si l'on veut voir distinctement quelle
est la figure des Cristaux , il faut les re
garder avec un Microscope qui doit être
fait comme ceux dont je vous ai donné
autrefois la description . Il y a quelques
observations à faire pour n'être pas trom
pé dans la Cristalisation de ces Sels ; mais
je me réserve à en parler dans la Lettre qui
doit suivre celle-cy de près . Je suis , Mon
sieur , & c.
FIGURES des principaux Sels
dont il est parlé dans cette Lettre.
La 1. figure représente le Sel Marin .
La 2. le Sel du Terreau de fumier.
La 3. le Sel de l'Ozeille.
le Sel de la Salive.
La 4.
La
5.
le
Sel
du
Sang
.
La
6.
le
Sel
de
l'Urine
.
Doyen de S. Maxent , sur une Méthode
facile qu'il a découverte , pour connoître
les Sels , pour juger des effets qu'ils doi
vent produire , et pour examiner ceux qui
se trouvent dans les terres , dans les eaux,
dans les plantes , dans les humeurs et
dans l'air , ce qui servira à connoître
les qualitez de ces differentes choses.
MONSIEUR ,
Puisque vous souhaitez que je vous
donne une parfaite connoissance des Ob
servations que j'ai faites sur les Sels , dans
la vûe de faciliter le moyen de découvrir
par une voye plus simple que celles dont
II Vol on
JUIN.
1483 1731.
S
on s'est servi jusqu'à present , quelles peu
vent être les qualitez des differens mixtes
qu'on veut examiner ; je le ferai volon
tiers , n'ayant rien plus à coeur que de
vous satisfaire. Ce que j'ai dit cy- devant
sur les Sels de l'air dans les Lettres que
je vous ai adressées , ( a) ayant produit
d'aussi heureux effets , et pouvant en pro
curer beaucoup d'autres , je ne crois pas
devoir négliger de vous faire connoître
l'étenduë que j'ai donnée à ma découver
te , pour faire remarquer l'utilité qu'on
en peut tirer.
Je crois d'abord pouvoir avancer qu'il
n'y a pas de moyen plus sûr que ma Mé
thode pour bien connoître tous les Sels ,
et pour les distinguer
parfaitement les
uns des autres. C'est par cette même Mé
thode qu'il est le plus facile de connoî
tre comment sont formées les plus peti
tes parties
integrantes qui
composent ces
Sels ; d'où je conclus qu'il est très - aisé
ensuite de juger des effets qu'ils doivent
naturellement produire.
Pour vous persuader , Monsieur , de
ces trois propositions , permettez - moi de
vous marquer d'abord ce que j'entends
précisement par ce qu'on appelle Sel.
(a) Voyez les Mercures de Février, Mars et
Décembre 1729. et Mars 1730,
I I. Vol.
J'en
7484 MERCURE DE FRANCE
J'entends par Sel , une concrétion parti
culiere , faite d'une terre fine , roide et
cassante , qui se dissout dans l'eau et qui
après sa dissolution reprend toûjours la
même figure lorsqu'on n'y met point
d'obstacles. Telle est, ce me semble,la ve
ritable idée qu'on peut avoir de la nature
des Sels , reconnue par de solides Obser
vations , et non simplement suposée par
la seule imagination , telles que celles
qu'on a eües jusqu'à present.
C'est ce qu'il est facile de justifier par
ma Méthode ; car qu'on prenne tel Sel
qu'on voudra , qu'on en fasse dissoudre
dans l'eau une quantité convenable , et
qu'on le fasse ensuite cristaliser sur le ver
re, ainsi que je l'enseigne , l'on verra que
chaque Sel y réprendra toûjours la figure
qui lui est specifique ; par où il sera très
aisé de le distinguer des autres. Pour pro
fiter donc de cette découverte , et pour
éviter qu'on y soit trompé , il est à pro
pos de faire cristaliser de cette maniere
chaque Sel en particulier , et d'en tirer
ensuite le papier ; car cela étant fait une
fois , c'est le moyen de les reconnoître
toûjours et de les distinguer parfaitement
les uns des autres . On aura même là
une espece de clef pour les trouver et
les connoître par tout où ils sont.
par
II. Vol. C'est
JUIN. 1731. 1485
募
C'est ce dont je donne un échantillon
dans la Planche qui accompagne mes Let
tres , où j'ai représenté les Figures des
Sels les plus connus , ainsi que je les ai
vûs et dessinez moi- même ; tels que le
Sel marin , le Nitre , le Vitriol blanc et
le vert , l'Alun , le Sel Armoniac , le Bo
rax, le Sel d'Epsom ou d'Angleterre, l'Ar¬
senic , le Sublimé et le Sucre.
Il est aisé de voir par les figures de ces
Sels , représentez dans cette Planche , que
le Sel Marin se cristalise toûjours en cubes,
qui ont moins de hauteur que de largeur,
avec cette particularité , que la plupart
de ces cubes forment sur leur hauteur un
creux à quatre facetes , lesquelles se reü
nissant , donnent souvent lieu de croire
que bien loin de former un creux , elles
s'élevent tout au contraire en pointe de
diamant , ce qui arrive ordinairement
lorsqu'on n'apporte pas assez d'attention
à les regarder avec un Microscope , l'illu
sion venant de la transparence de ces
Cristaux .
Le Nitre prend la figure de petites li
gnes droites , lesquelles se réunissant sou
* On ajugé à propos de ne faire graver qu'u
ne partie des Sels dont parle l'Auteur ; cette
partie nous paroissant suffisante pour exprimer
ses idées.
II. Vol. D vent
1486 MERCURE DE FRANCE
vent les unes aux autres , forment des li
gnes cannelées plus longues et plus gros
ses , ayant quelques inégalitez dans leur
longueur , causées par la jonction de ces
lignes. Souvent dans les intervales qui res
tent entre ces longues lignes , il en paroît
qui sont en forme de branchages, traversées
par d'autres ; et parmi ces lignes on voit
plusieurs petits Cristaux ovales, mais poin
tus par les deux bouts , même d'autres qui
sont ronds et dispersez differemment.
Le Vitriol a aussi des lignes , mais beau
coup plus irregulieres et moins unies que
celles du Nitre , puisqu'elles sont souvent
comme dentelées ; et dans les intervales
de ces lignes , il se trouve comme de
pe
tites éguilles , dont les unes sont disper
sées et d'auttes sont réunies en forme
d'étoiles ; lors qu'elles se réunissent en
plus grand nombre , elles ont la figure
de têtes de Chardons.
L'Alun se cristalise en espece de trian
gles , dont les trois angles sont pres
que toûjours coupez vers leurs extrémi
tez , ce qui forme un exagone plus ou
moins regulier. Si par hazard les Cris
taux se réunissent , ce qui arrive particu
Hierement vers les bords du verre , ils font
alors des Cristaux continus , qui ont pres
que toûjours la figure d'angles saillans
II. Vol.
JUIN. 1731. 1487
a peu près semblables à ceux des Bastions
ou des demi - Lunes.
Le Sel Armoniac se forme en lignes
plus ou moins longues ; mais dont les côtez
sont toûjours garnis d'autres moindres li
gnes qui s'y joignent à angles droits, ce qui
forme souvent des croix assez régulieres.
Le Borax donne des Cristaux fort pe
tits , de figure differente , les uns étant
plus ou moins quarrez ou triangulaires
ou paralellogrames ou pentagones ou
exagones ; mais tous avec certaine épais
seur et coupez à vives arêtes .
Le Sel d'Angleterre prend la figure de
quarrez longs , avec nombre d'espece de
rosettes , dont plusieurs sont herissez ,
approchant des têtes de Chardons.
Le Sel Polycreste a des paralellogrames
plus menus que le Sel d'Epsom , dont
plusieurs se joignant ensemble , forment
des lignes qui se tiennent les unes aux au
tres. Il y a outre cela d'autres petits Cris
taux plus quarrez , et quantité de petites
lignes ou éguilles , et des globules heris
sez en têtes de Chardons .
L'Arsenic a de petits Cristaux , dont
on ne peut voir parfaitement la figure
qu'avec un bon Microscope ; pour lors on
les voit faits en globules comme herissez de
pointes de diamans; et parmi ceux- là on en
11. Vol Dij voit
488 MERCURE DE FRANCE
voit d'autres formez en rond.Les Cristaux
du Sublimé sont en figure d'épines , dont
les éguillons sont très- pointus. Enfin le
Sucre se cristalise en agréables rosettes.
Telles sont les figures de ces differens
Sels que j'ai fait cristaliser par ma Métho
de, et que j'ai vû paroître toûjours de mê
me , à quelque petite difference près , qui
ne fait pas changer les figures dominan
tes et specifiques de ces Sels , telles que
je viens de les décrire : ce que j'ai fait à
P'égard de ceux-là , se peut également
faire à l'égard de tout autre ; car il ne
faut pas croire que tous les Sels qui sont
dans la Nature , se réduisent tous à ceux
qui sont les plus connus ; il est vrai qu'ils
se trouvent souvent dans l'air , dans la
terre et dans les differens mixtes qu'on
peut connoître ; mais il paroît assez vrai
semblable qu'il y a dans la terre une ma
tiere saline dont tous les Sels sont com
posez , laquelle se réunissant et se con
gelant differemment , suivant les petits
vuides où elle entre , soit dans la terre
même ou dans les mixtes , forme par ce
moyen autant de differens Sels que les mou
les ( pour ainsi dire ) où elle s'est conge
lée , se sont trouvez differens . L'Art même
fait souvent changer de figure aux Sels
naturels , mais il est toûjours vrai que
II. Vol.
lorsque
JUIN.
1731. 1489
lorsque cette matiere saline a été fixée , soit
par la Nature soit par l'Art , à une figure
particuliere , elle la reprend toûjours
quand on la cristalise par ma Méthode .
Il y a une autre chose qui mérite d'ê
tre connue dans ce qui regarde les Sels ,
et qu'on peut dire être le fondement de
tout ce qu'on peut juger des cffets qu'ils
peuvent produire ; sçavoir , que les plus
petites parties intégrantes dont ils sont
composez , gardent dans leur plus petit
volume , tout imperceptible qu'il est , la
même figure qui paroît sur le verre par
l'assemblage d'une infinité de ces petites
parties dont la figure du Sel criştalisé est
composée ; c'est ce qu'un Ecrivain mo
derne (a) avance comme un principe as
suré ; car après avoir dit , conformément
à ce que j'ai pensé , que ce qu'il y a de
singulier dans les Sels , c'est que de telle
maniere qu'on les divise ou qu'on les dis
solve , ils prennent toujours la même
forme dans la cristalisation , étant aussi
difficile de leur enlever leur figure que
leur nature saline , la loi qui leur donne
cet arrangement , étant invariable . Puis
passant plus loin , il ajoûte que les parties
(a) M. Senac , nouveau Cours de Chymie
suivant les principes de Nevveton et de Sthalle,
Art. dernier de la Cristalisation.
9
II. Vol.
Dij les
1490 MERCURE DE FRANCE.
les plus simples des Sels ont toûjours leur
figure semblable à celle que prennent les
Sels en se cristalisant , ce qui donne lieu
à cet Auteur de souhaiter qu'on pût
trouver un moyen de connoître quelle
est précisement la figure spécifique de
chaque Sel , afin que par ce même moyen
on pût connoître de quelles figures
sont les moindres parties qui les compo
sent ; c'est ainsi qu'il s'exprime : On pourra
peut-être , en connoissant la figure des
Cristaux ( des Sels , ) connoître laforme des
parties qui les composent.
Ce que cet Auteur espere pouvoir
quelque jour arriver , c'est , ce me semble ,
par la Méthode que j'ai proposée ; puis
que rien n'est plus aisé que de connoître
par ce moyen si simple , quelle est la
figure specifique de chaque Sel ; ainsi qu'on
en peut juger par ce que je viens de dire
des Sels dont j'ai parlé cy- dessus.
Etant donc une chose assurée que les
parties interieures et invisibles des Sels
sont de la même figure que les Cristaux
qui se voyent avec les yeux ; il s'ensuit
qu'il est après cela très- facile de connoître
quels effets ces Sels doivent produire, puis
que lescorps n'agissent les uns sur les autres
que par leur figure et leur mouvement.
Ainsi voyant que les Cristaux du Ni
II. Vol. tre
JUIN. 1731. 1491
tre sont quelques-uns formez en lignes ,
d'autres en petites ovales fort pointuës
par
les deux extrémitez , et enfin d'autres
plus petits presque ronds ; n'a-t'on pas
raison de juger que par ses parties poin
tuës , il doit être d'un gout acide et pic
quant ; par ses parties longues , il doit di
minuer le mouvement interieur des li
quides , et être un peu volatile par ses pe
tites parties rondes ? que le Sel marin , où
l'on ne voit que des Cristaux cubiques
doit avoir quelque chose de plus âcre,
raison de ses differens angles , et plus fixe
à cause de sa figure moins susceptible de
à
mouvement ?
Le Vitriol ayant quelques- uns de ses
Cristaux formez en lignes assez grosses ,
mais comme dentelées en forme de Scies,
d'autres en petites éguilles , et enfin d'au
tres en étoiles pointues et en Chardons
herissez ; ne doit- on pas juger que par
ses parties longues , il doit , aussi - bien
que le Nitre , diminuer le mouvement
des liquides ? mais être plus âcre et plus
caustique par la dentelure de ses parties ,
comme par ses étoiles pointues et ses es
peces de têtes de Chardons ? ce qui doit ,
aussi le rendre astringent , lorsque ces
parties dentelées ou herissées , venant à
se glisser entre les fibres , leur donnent
eccasion de se resserrer. Diiij l'A
1492 MERCURE DE FRANCE
L'Alun n'a presque qu'une sorte de
Cristaux composez aussi de plusieurs an
gles plus roides et plus fermes , puisqu'il
se dissout moins aisément ; c'est pourquoi
jugeant par leur figure des qualitez de ce
Sel , il est aisé de voir que piquant par
ses angles roides et fermes les fibres ou
'mammelons de la langue , il doit causer
un gout austere , et que ses particules ainsi
figureés se glissant entre ces fibres
leur donnent lieu de se bander et de se
resserrer , ce qui produit son astriction .
Le Sel Armoniac ayant ses parties lon
gues , doit aussi être rafraichissant ; mais
parce qu'elles sont traversées par d'autres
petites lignes qui les croisent , elles don
nent par - là plus de prise pour être enle
vées dans l'évaporation , ce qui par con
sequent doit le rendre volatile.
Le Borax a ses Cristaux pareillement
composez de plusieurs angles , même cou
pez à vives arêtes , ce qui le doit rendre
pénetrant et irritant ; mais parce qu'il est
plus compacte et moins facile à se dis
soudre , cela empêche qu'il ne pro
duise sur la langue des effets aussi sensi
bles que les Sels précedens ; au lieu qu'é
tant plus développé dans les visceres , il
Y fait ses principales Opérations.
Le Sel d'Epsom et le Sel Policreste ,
II. Vol. pa:
JUIN. 1731. 1493
par leurs paralellogrammes assez longs ,
font connoître qu'ils peuvent diminuer
l'agitation interieure des liquides ; mais
leur âcreté se fait voir aussi aisément par
leurs Cristaux en forme de têtes de Char
dons , ce qui les rend purgatifs , irritant
facilement les intestins par ces parties ain
si figurées , et le Sel Policreste de plus par
ses petites éguilles. Il est facile de con
noître les cruels effets de l'Arsenic et du
Sublimé , par la seule inspection de la fi
gure de leurs Cristaux. Ceux du Sucre
tout au contraire , formez en petites ro
settes , marquent assez qu'en roulant sur
les fibres de la langue , ils ne sont propres
qu'à les chatouiller agréablement.
Je ne suis entré dans ce détail touchant
les Sels les plus connus , que pour justi
fier par ces Sels la verité de ce que j'ai
avancé et de ce qu'en pense M. Sénac ; sça
voir , que connoissant quelle est la figure
specifique que prend chaque Sel dans la
cristalisation , on parvient à connoître
quels effets il doit naturellement operer.
Ilconvient maintenant de marquer com
ment on doit s'y prendre pour trouver
ces differentes figures des Sels , il n'y a qu'à
faire dissoudre dans l'eau le Sel dont on
veut connoître la figure des Cristaux, faire
la dissolution un peu forte , la filtrer en
II. Vol.
suite
Dv
1494 MERCURE DE FRANCE
suite par le papier gris , et en prendre
une très - petite portion pour la faire cris
taliser sur un petit morceau de verre for
mé en rond , comme je l'enseigne dans ma
troisiéme Lettre sur les Sels de l'air , (a)
pour faire cristaliser les Sels qui se ren
contrent dans les eaux de pluye , de rosée ,
de brouillards , & c . La cristalisation étant
faite, si l'on veut voir distinctement quelle
est la figure des Cristaux , il faut les re
garder avec un Microscope qui doit être
fait comme ceux dont je vous ai donné
autrefois la description . Il y a quelques
observations à faire pour n'être pas trom
pé dans la Cristalisation de ces Sels ; mais
je me réserve à en parler dans la Lettre qui
doit suivre celle-cy de près . Je suis , Mon
sieur , & c.
FIGURES des principaux Sels
dont il est parlé dans cette Lettre.
La 1. figure représente le Sel Marin .
La 2. le Sel du Terreau de fumier.
La 3. le Sel de l'Ozeille.
le Sel de la Salive.
La 4.
La
5.
le
Sel
du
Sang
.
La
6.
le
Sel
de
l'Urine
.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
M. Capperon, ancien doyen de Saint-Maxent, propose une méthode pour identifier et analyser les sels présents dans divers milieux tels que les terres, les eaux, les plantes, les humeurs et l'air. Cette méthode permet de connaître les qualités des sels et de juger de leurs effets. Capperon définit un sel comme une concrétion fine, roide et cassante, qui se dissout dans l'eau et reprend sa forme après dissolution. Sa méthode consiste à dissoudre les sels dans l'eau et à les faire cristalliser sur du verre pour observer leurs formes spécifiques, permettant ainsi de les distinguer et de les identifier. Le texte décrit les formes cristallines de plusieurs sels connus, tels que le sel marin, le nitre, le vitriol, l'alun, le sel armoniac, le borax, le sel d'Epsom, l'arsenic, le sublimé et le sucre. Chaque sel présente des cristaux de formes distinctes. Par exemple, le sel marin se cristallise en cubes, le nitre en lignes droites et cannelées, et le vitriol en lignes irrégulières et dentelées. Capperon explique que la forme des cristaux permet de déduire les effets des sels. Par exemple, les cristaux pointus du nitre indiquent un goût acide et piquant, tandis que les cristaux cubiques du sel marin suggèrent une nature âcre et fixe. La méthode de Capperon permet également de comprendre les propriétés des sels en observant leurs formes cristallines et leurs interactions avec d'autres substances. Le texte mentionne également des sels spécifiques comme le sel d'Epsom et le sel policreste, identifiables par leurs cristaux en forme de têtes de chardons, qui sont purgatifs et irritent les intestins. L'arsenic et le sublimé, reconnaissables par leurs cristaux, ont des effets cruels. En revanche, les cristaux de sucre, en forme de petites rosettes, chatouillent agréablement les fibres de la langue. L'auteur justifie l'importance de connaître la figure spécifique des cristaux de chaque sel pour prédire leurs effets. Il décrit également la méthode pour observer ces cristaux : dissoudre le sel dans l'eau, filtrer la solution, et la faire cristalliser sur un morceau de verre, puis examiner les cristaux au microscope. Le texte mentionne également des observations à faire pour éviter les erreurs lors de la cristallisation, promettant d'en parler dans une lettre ultérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
12
p. 1579-1587
Assemblée publique de la Société Royale de Montpelier, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 17 Février dernier, la Société Royale des Sciences de Montpellier [...]
Mots clefs :
Société royale des sciences de Montpellier, Assemblée publique, Académie, Mémoires, Lire, Plantes, Etamines, Huiles, Carnosité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Assemblée publique de la Société Royale de Montpelier, &c. [titre d'après la table]
Le 17 Février dernier , la Societé Roya
le des Sciences de Montpellier , tint son
Assemblée publique dans la grande Sale
de l'Hôtel de Vilie , en présence des trois
Etats de la Province de Languedoc , qui
occupoient leurs places ordinaires ; l'Académie étoit dans le Parterre , autour
d'une grande Table , au haut de laquelle
étoient placez les Académiciens Honoraires. M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de Languedoc , comme Président cette année , occupoit la place du
milieu. Il avoit à sa droite l'Archevêque
de Narbonne , Président né des Etats , et
P'Archevêque d'Albi , Académicien Honoraire ; et à sa gauche M. de Montferrier le fils , Directeur de la Compagnie.
Les Académiciens étoient placez sur des
bancs , aux côtez de la Table , et les Adjoints occupoient le bas bout sur des
chaises. Le reste de la Sale étoit rempli
d'un grand nombre de personnes, attirées
par la curiosité d'entendre lire les Mémoires , et par la majesté de l'Assemblée ,
qui étoit très-auguste , &c. M. le Président ne manqua pas de remarquer cette
derniere circonstance dans le petit Discours qu'il fir , en parlant des occupations
de la Societé Royale , et en annonçant les
Mémoires qu'on alloit lire.
Celui
580 MERCURE DE FRANCE
Celui de M. Danyzy avoit pour sujet
la Poussée des Voutes. Il examina avec
quelle force , et dans quelle direction les
Voussoirs agissent contre les Pieds droits
pour les renverser. Les connoissances
qu'il a acquises lui ont fourni le moyen
de déterminer l'épaisseur qu'il faut don
ner aux Pieds droits , afin que par leur
propre pesanteur ils soyent en équilibre
avec les efforts , & c.
Comme nous ne pouvons donner ici
qu'une idée succinte de ce qui s'est passé
dans cette Assemblée , nous n'entrerons
pas dans un trop grand détail , ne connoissant les Mémoires lús , que par les
Extraits qu'on en a imprimés à Montpellier , dans une petite Brochure in 4. de
40 pages. Mais nous sommes priez de rétablir une lacune faite dans le même imprimé , ou à la page 7. après la dix- neuviéme ligne , il faut lire ce qui suit.
Pour donner le loisir d'éxaminer la ma
niere dont les Voussoirs agissent , tl´avoit
fait tous les pieds droits H, h , foibles , er
pour les soutenir'yy avoit ajoûté des contreforts K, k, qui étant reculez tout doucement,
ne laissoient écarter les pieds droits que d'une certaine quantité qui n'étoit pas suffisante
pour faire crouler l'arceau , mais qui lefai- soit
JUILLET. 17327 1581
soit voir dans le tems qu'il étoit prêt à
crouler.
On vitpour lors là voute à plein cintre ;
dont le nombre des voussoirs étoit impair ,
s'écraser et s'ouvrir aux deux joints de la
clef, en dedans et en- dehors , en plusieurs
endroits vers les reins. Voyez la seconde
Figure.
M. Chicoyneau le fils , reçû en survivance aux Charges de Chancelier de l'Ecole de Médecine , et de Professeur d'Anatomie et de Botanique , fit part à la
Compagnie des Observations qu'il a faites sur les Plantes sensitives , et sur la
Mécanique d'où dépend cette espéce de
sensibilité qu'on leur attribuë.
pas
Il observa d'abord que les Plantes sensitives proprement dites , n'étoient
les seules dans lesquelles on remarque ces
mouvemens automatiques , puisque les
Etamines de l'Opuntia et de l'Heliantemum n'en sont pas exemples.
Les Etamines de l'Opuntia se raprochent du pistile , dit il , dès qu'on les
touche ou qu'on secoue un peu la plante , et les Etamines de l'Heliantemum ,
s'éloignent de leur pistile , dès qu'on les
met en jeu par quelque mouvement semblable ; mais ces imouvemens , quoique
differens , ne changent rien à la MécaniF que
82 MERCURE DE FRANCE
$que , par laquelle M. Chicoyneau les
explique ; et il a fait voir que par le seul
changement de situation des tuyaux des
Plantes et de ceux des Etamines , il est
aisé de rendre raison d'un Phénomene
qui a éxercé de tout tems les Botanistes et
les Physiciens.
Pour cet effet , il commence par établir trois propositions , qu'on peut regarder comme des principes qui n'ont pas
besoin de preuve , et qui ne peuvent pas
par conséquent lui être contestez.
Le premier principe est , que les fibres des Plantes sont élastiques.
Le second , que les sucs nourriciers cou
lent dans la cavité de ces fibres comme
dans autant de tuyaux.
Le troisième , que les sucs étendent
les parois de ces tuyaux , et tiraillent les fibres dont ils sont composez.
Par le premier et par le second principe , il est clair que quand par quelque
cause exterieure, comme par quelque attouchement , ou par quelque secousse ,
de ressort des fibres sera mis en jeu , elles
dévront chasser le suc qui est contenu
dans leur cavité , et qu'alors la Plante fera un mouvement particulier , qui la fera
changer de figure ; et il est evident par le
troisième principe que la force du ressort
s'étant
JUILLET. 1732. 1583
s'etant affoiblie , le suc de la Plante rentrera peu à peu dans les cavitez de ses fibres , et que la Plante se remettra dans son état ordinaire.
Mais cela supposé , dit M. Chicoyneau , que dans l'état naturel , le ressort et le suc des Plantes sensitives
sont dans une espece d'équilibre ; car si
le suc étoit en trop grande abondance ,
comme il arrive en temps de pluye , avant
le lever ou après le coucher du Soleil ,
ou quand ces Plantes ont été trop arrosées , il est clair qu'alors Lur ressort ne
pouvant pas surmonter la résistance des
fibres trop tendues par l'abondance des
liqueurs dont elles sont remplies , les sen- sitives ne feront aucun mouvement ,
quoiqu'on les touche ou qu'on les secouë,
et elles ne deviendroient sensibles que
pendant le temps sec , et long- temp
après le lever du Soleil ; c'est- là ce qu
l'experience confirme , et c'est aussi la
raison naturelle et generale du mouvement Automatique des Plantes sensitives ;
mais comme ces mouvemens ne sont pas
les mêmes dans toutes les sensitives , et
qu'il y a de ces Plantes dont les branches s'abatent totalement, et d'autres dont
les feuilles ne font que se replier et s'approcher les unes des autres , M. ChicoyFij nean
MERCURE DE FRANCE
1
neau en supposant toujours l'Elasticité
des tuyaux de ces Plantes , ne fait que
les placer par paquets au colet et en dehors des branches ; dans les sensitives
dont toutes les branches sabattent et en
dedans des Pedicules des feuilles , dans
celles dont les feuilles se replient et s'approchent les unes des autres. Il explique
par la même Mécanique , les mouvemens des Etamines de l'Opuntia , et de plusieurs especes d'Héliantemum
qu'il a observées ; et cette explication
très simple et par là très conforme aux
Loix de la Nature , porte avec soi un
caractere de verité auquel on ne peut pas
refuser son consentement , &c.
C Ce sont ces Etamines chargées en Petale , dit M. Chicoineau en finissant , qui
produisent ces agreables Monstres , qu'on
appelle fleurs doubles , et qui étant simples à la campagne , d'où elles ont été
sirées , ont acquis par la culture , ce degré de beauté qui les fait admirer dans
des Jardins.
Untroisiéme Mémoire fut lû par M. de
Plantade , sur quelques nouvelles experiences du Barometre et la pesanteur de
l'Air , faites pour la plupart sur les Pyrenées.
Le quatrième Memoire de M. Lamorier,
JUILLET. 1732 1985
rier, contient ses Observations sur l'usa
ge de l'eau commune dans la Chirurgie.
Il est surprenant, dit l'Auteur duMémoire , que l'eau commune ne soit pas
d'un plus grand usage pour les playes.
Peut-être le reméde est trop commun *;
le Public fait peu de cas de ce que la Nature lui donne avec profusion : il estime
un reméde rare , qui vient de loin , qu'il
achete chérement , et qui même lui paroît inconnu. Plusieurs aussi pensent ,
qu'un reméde aussi simple que l'eau , ne
peut avoir aucune efficacité. Pour ôter
ces préventions il a fait plusieurs expériences trois entr'autres , au mois de
Janvier de l'année derniere sur trois horames , dont l'un avoit un vieux ulcère
-sur la cheville exterieure du pied , de la
grandeur de la paume dela main. Le deuxiéme , Soldar du Régiment de Médoc ,
avoit reçû un coup de sabre sur le dos de
la main , qui lui avoit coupé les tendons
extenseurs du poignet et des doigts , et
avoit séparé les deux os du métacarpe qui
soutiennent le petit doigt et l'annulaire.
Cette playe fut suivie de fluxions et d'abcès , qui inonderent presque tout l'a- vant bras. La fiévre et le desséchement
de tout le corps , faisoient beaucoup
Fiij
,
crain .
1586 MERCURE DE FRANCE
craindre pour sa vie . Le troisiéme , autre
Soldat du même Régiment , avoit reçû
un coup d'épée à travers l'avant bras , et
avoit ouvert l'artère qui est entre les deux.
s. Il y eut bien du sang épanché dans
les muscles , et de très grandes supurations : ce blessé fut en très-mauvais état.
On fit construire une botte de cuir , dans
laquelle on mettoit de l'eau commune
chaude , pour y faire tremper la jambe
ulcerée. Le malade restoit une heure par
jour dans ce bain. Peu de jours après les
duretez des bords se fondirent , la cicatrice s'avançoit sensiblement d'un jour à
l'autre , et il fut parfaitement guéri.
On fit faire deux machines de fer blanc,
dans lesquelles les deux Soldats pûssent
tremper commodément le bras , depuis
la main jusqu'au dessus du coude. A mesure qu'on trempoit leurs playes dans
l'eau , les suppurations se vuidoient beaucoup mieux , ils remuoient plus facilement les doigts , la douleur et la fièvre
diminuoient tous les jours ; en un mot ,
ils furent entierement guéris.
Dans les personnes atteintes de carnositez , difficultez et retentions d'urine ,
Occasionnées par le séjour des glaires ,
épaisses et abondantes , on a accoûtumé
d'injecter l'huile d'amende douce ou de
lait.
JUILLET. 173201587 lait . Les huiles en général échauffent , et
se mêlent avec peine avec les glaires , les
parties butireuses du lait s'épaississent
dans l'hurétre par la chaleur des parties ,
et bouchent le passage ; ce qui a fait imaginer à M. Lamorier d'injecter l'eau com
mune tiéde , qui relâché les carnositez
et se mêlant avec les glaires , les détrempe , et les malades sont soulagezi
le des Sciences de Montpellier , tint son
Assemblée publique dans la grande Sale
de l'Hôtel de Vilie , en présence des trois
Etats de la Province de Languedoc , qui
occupoient leurs places ordinaires ; l'Académie étoit dans le Parterre , autour
d'une grande Table , au haut de laquelle
étoient placez les Académiciens Honoraires. M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de Languedoc , comme Président cette année , occupoit la place du
milieu. Il avoit à sa droite l'Archevêque
de Narbonne , Président né des Etats , et
P'Archevêque d'Albi , Académicien Honoraire ; et à sa gauche M. de Montferrier le fils , Directeur de la Compagnie.
Les Académiciens étoient placez sur des
bancs , aux côtez de la Table , et les Adjoints occupoient le bas bout sur des
chaises. Le reste de la Sale étoit rempli
d'un grand nombre de personnes, attirées
par la curiosité d'entendre lire les Mémoires , et par la majesté de l'Assemblée ,
qui étoit très-auguste , &c. M. le Président ne manqua pas de remarquer cette
derniere circonstance dans le petit Discours qu'il fir , en parlant des occupations
de la Societé Royale , et en annonçant les
Mémoires qu'on alloit lire.
Celui
580 MERCURE DE FRANCE
Celui de M. Danyzy avoit pour sujet
la Poussée des Voutes. Il examina avec
quelle force , et dans quelle direction les
Voussoirs agissent contre les Pieds droits
pour les renverser. Les connoissances
qu'il a acquises lui ont fourni le moyen
de déterminer l'épaisseur qu'il faut don
ner aux Pieds droits , afin que par leur
propre pesanteur ils soyent en équilibre
avec les efforts , & c.
Comme nous ne pouvons donner ici
qu'une idée succinte de ce qui s'est passé
dans cette Assemblée , nous n'entrerons
pas dans un trop grand détail , ne connoissant les Mémoires lús , que par les
Extraits qu'on en a imprimés à Montpellier , dans une petite Brochure in 4. de
40 pages. Mais nous sommes priez de rétablir une lacune faite dans le même imprimé , ou à la page 7. après la dix- neuviéme ligne , il faut lire ce qui suit.
Pour donner le loisir d'éxaminer la ma
niere dont les Voussoirs agissent , tl´avoit
fait tous les pieds droits H, h , foibles , er
pour les soutenir'yy avoit ajoûté des contreforts K, k, qui étant reculez tout doucement,
ne laissoient écarter les pieds droits que d'une certaine quantité qui n'étoit pas suffisante
pour faire crouler l'arceau , mais qui lefai- soit
JUILLET. 17327 1581
soit voir dans le tems qu'il étoit prêt à
crouler.
On vitpour lors là voute à plein cintre ;
dont le nombre des voussoirs étoit impair ,
s'écraser et s'ouvrir aux deux joints de la
clef, en dedans et en- dehors , en plusieurs
endroits vers les reins. Voyez la seconde
Figure.
M. Chicoyneau le fils , reçû en survivance aux Charges de Chancelier de l'Ecole de Médecine , et de Professeur d'Anatomie et de Botanique , fit part à la
Compagnie des Observations qu'il a faites sur les Plantes sensitives , et sur la
Mécanique d'où dépend cette espéce de
sensibilité qu'on leur attribuë.
pas
Il observa d'abord que les Plantes sensitives proprement dites , n'étoient
les seules dans lesquelles on remarque ces
mouvemens automatiques , puisque les
Etamines de l'Opuntia et de l'Heliantemum n'en sont pas exemples.
Les Etamines de l'Opuntia se raprochent du pistile , dit il , dès qu'on les
touche ou qu'on secoue un peu la plante , et les Etamines de l'Heliantemum ,
s'éloignent de leur pistile , dès qu'on les
met en jeu par quelque mouvement semblable ; mais ces imouvemens , quoique
differens , ne changent rien à la MécaniF que
82 MERCURE DE FRANCE
$que , par laquelle M. Chicoyneau les
explique ; et il a fait voir que par le seul
changement de situation des tuyaux des
Plantes et de ceux des Etamines , il est
aisé de rendre raison d'un Phénomene
qui a éxercé de tout tems les Botanistes et
les Physiciens.
Pour cet effet , il commence par établir trois propositions , qu'on peut regarder comme des principes qui n'ont pas
besoin de preuve , et qui ne peuvent pas
par conséquent lui être contestez.
Le premier principe est , que les fibres des Plantes sont élastiques.
Le second , que les sucs nourriciers cou
lent dans la cavité de ces fibres comme
dans autant de tuyaux.
Le troisième , que les sucs étendent
les parois de ces tuyaux , et tiraillent les fibres dont ils sont composez.
Par le premier et par le second principe , il est clair que quand par quelque
cause exterieure, comme par quelque attouchement , ou par quelque secousse ,
de ressort des fibres sera mis en jeu , elles
dévront chasser le suc qui est contenu
dans leur cavité , et qu'alors la Plante fera un mouvement particulier , qui la fera
changer de figure ; et il est evident par le
troisième principe que la force du ressort
s'étant
JUILLET. 1732. 1583
s'etant affoiblie , le suc de la Plante rentrera peu à peu dans les cavitez de ses fibres , et que la Plante se remettra dans son état ordinaire.
Mais cela supposé , dit M. Chicoyneau , que dans l'état naturel , le ressort et le suc des Plantes sensitives
sont dans une espece d'équilibre ; car si
le suc étoit en trop grande abondance ,
comme il arrive en temps de pluye , avant
le lever ou après le coucher du Soleil ,
ou quand ces Plantes ont été trop arrosées , il est clair qu'alors Lur ressort ne
pouvant pas surmonter la résistance des
fibres trop tendues par l'abondance des
liqueurs dont elles sont remplies , les sen- sitives ne feront aucun mouvement ,
quoiqu'on les touche ou qu'on les secouë,
et elles ne deviendroient sensibles que
pendant le temps sec , et long- temp
après le lever du Soleil ; c'est- là ce qu
l'experience confirme , et c'est aussi la
raison naturelle et generale du mouvement Automatique des Plantes sensitives ;
mais comme ces mouvemens ne sont pas
les mêmes dans toutes les sensitives , et
qu'il y a de ces Plantes dont les branches s'abatent totalement, et d'autres dont
les feuilles ne font que se replier et s'approcher les unes des autres , M. ChicoyFij nean
MERCURE DE FRANCE
1
neau en supposant toujours l'Elasticité
des tuyaux de ces Plantes , ne fait que
les placer par paquets au colet et en dehors des branches ; dans les sensitives
dont toutes les branches sabattent et en
dedans des Pedicules des feuilles , dans
celles dont les feuilles se replient et s'approchent les unes des autres. Il explique
par la même Mécanique , les mouvemens des Etamines de l'Opuntia , et de plusieurs especes d'Héliantemum
qu'il a observées ; et cette explication
très simple et par là très conforme aux
Loix de la Nature , porte avec soi un
caractere de verité auquel on ne peut pas
refuser son consentement , &c.
C Ce sont ces Etamines chargées en Petale , dit M. Chicoineau en finissant , qui
produisent ces agreables Monstres , qu'on
appelle fleurs doubles , et qui étant simples à la campagne , d'où elles ont été
sirées , ont acquis par la culture , ce degré de beauté qui les fait admirer dans
des Jardins.
Untroisiéme Mémoire fut lû par M. de
Plantade , sur quelques nouvelles experiences du Barometre et la pesanteur de
l'Air , faites pour la plupart sur les Pyrenées.
Le quatrième Memoire de M. Lamorier,
JUILLET. 1732 1985
rier, contient ses Observations sur l'usa
ge de l'eau commune dans la Chirurgie.
Il est surprenant, dit l'Auteur duMémoire , que l'eau commune ne soit pas
d'un plus grand usage pour les playes.
Peut-être le reméde est trop commun *;
le Public fait peu de cas de ce que la Nature lui donne avec profusion : il estime
un reméde rare , qui vient de loin , qu'il
achete chérement , et qui même lui paroît inconnu. Plusieurs aussi pensent ,
qu'un reméde aussi simple que l'eau , ne
peut avoir aucune efficacité. Pour ôter
ces préventions il a fait plusieurs expériences trois entr'autres , au mois de
Janvier de l'année derniere sur trois horames , dont l'un avoit un vieux ulcère
-sur la cheville exterieure du pied , de la
grandeur de la paume dela main. Le deuxiéme , Soldar du Régiment de Médoc ,
avoit reçû un coup de sabre sur le dos de
la main , qui lui avoit coupé les tendons
extenseurs du poignet et des doigts , et
avoit séparé les deux os du métacarpe qui
soutiennent le petit doigt et l'annulaire.
Cette playe fut suivie de fluxions et d'abcès , qui inonderent presque tout l'a- vant bras. La fiévre et le desséchement
de tout le corps , faisoient beaucoup
Fiij
,
crain .
1586 MERCURE DE FRANCE
craindre pour sa vie . Le troisiéme , autre
Soldat du même Régiment , avoit reçû
un coup d'épée à travers l'avant bras , et
avoit ouvert l'artère qui est entre les deux.
s. Il y eut bien du sang épanché dans
les muscles , et de très grandes supurations : ce blessé fut en très-mauvais état.
On fit construire une botte de cuir , dans
laquelle on mettoit de l'eau commune
chaude , pour y faire tremper la jambe
ulcerée. Le malade restoit une heure par
jour dans ce bain. Peu de jours après les
duretez des bords se fondirent , la cicatrice s'avançoit sensiblement d'un jour à
l'autre , et il fut parfaitement guéri.
On fit faire deux machines de fer blanc,
dans lesquelles les deux Soldats pûssent
tremper commodément le bras , depuis
la main jusqu'au dessus du coude. A mesure qu'on trempoit leurs playes dans
l'eau , les suppurations se vuidoient beaucoup mieux , ils remuoient plus facilement les doigts , la douleur et la fièvre
diminuoient tous les jours ; en un mot ,
ils furent entierement guéris.
Dans les personnes atteintes de carnositez , difficultez et retentions d'urine ,
Occasionnées par le séjour des glaires ,
épaisses et abondantes , on a accoûtumé
d'injecter l'huile d'amende douce ou de
lait.
JUILLET. 173201587 lait . Les huiles en général échauffent , et
se mêlent avec peine avec les glaires , les
parties butireuses du lait s'épaississent
dans l'hurétre par la chaleur des parties ,
et bouchent le passage ; ce qui a fait imaginer à M. Lamorier d'injecter l'eau com
mune tiéde , qui relâché les carnositez
et se mêlant avec les glaires , les détrempe , et les malades sont soulagezi
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Résumé : Assemblée publique de la Société Royale de Montpelier, &c. [titre d'après la table]
Le 17 février, la Société Royale des Sciences de Montpellier a organisé son Assemblée publique dans la grande salle de l'Hôtel de Ville, en présence des trois États de la Province de Languedoc. L'Académie était présidée par M. de Bernage de Saint-Maurice, Intendant de Languedoc. À sa droite se trouvaient l'Archevêque de Narbonne et l'Archevêque d'Albi, et à sa gauche, M. de Montferrier le fils, Directeur de la Compagnie. Les académiciens étaient assis sur des bancs, et les adjoints sur des chaises. La salle était comble de personnes venues écouter les mémoires présentés. M. Danyzy a présenté un mémoire sur la poussée des voûtes, analysant la force et la direction avec lesquelles les voussoirs agissent contre les pieds droits pour les renverser. Il a déterminé l'épaisseur nécessaire des pieds droits pour qu'ils soient en équilibre avec les efforts exercés. M. Chicoyneau le fils, nouvellement nommé Chancelier de l'École de Médecine et Professeur d'Anatomie et de Botanique, a partagé ses observations sur les plantes sensitives et la mécanique de leur sensibilité. Il a expliqué que les mouvements automatiques des plantes sensitives sont dus à l'élasticité des fibres et à la circulation des sucs nourriciers. Il a également observé des mouvements similaires chez les étamines de l'Opuntia et de l'Hélianthemum. M. de Plantade a lu un mémoire sur de nouvelles expériences avec le baromètre et la pesanteur de l'air, réalisées principalement dans les Pyrénées. M. Lamorier a présenté un mémoire sur l'usage de l'eau commune en chirurgie. Il a rapporté des expériences réussies où l'eau chaude a guéri des ulcères et des blessures graves chez des soldats. Il a également recommandé l'injection d'eau commune tiède pour traiter les carnossités et les difficultés urinaires, en remplacement des huiles et du lait.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 530-532
Spectacle de la Nature, [titre d'après la table]
Début :
SPECTACLE DE LA NATURE, &c. La veuve Etienne, ruë S. Jacques, et [...]
Mots clefs :
Spectacle de la nature, Nouvelle édition, Frontispice, Plantes
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texteReconnaissance textuelle : Spectacle de la Nature, [titre d'après la table]
SPECTACLE DE LA NATURE, & C.
La veuve Etienne , ruë S. Jacques , et
Jean Dessaint , vis - à - vis le College de
Beauvais , viennent d'exposer en vente
la nouvelle Edition de ce bel Ouvrage ,
dont le débit est encore plus rapide que
celui de la premiere . C'est le sort de
tous les bons Livres . On a réimprimé,
le même Ouvrage à Utrech ; mais il ne
paroît pas que cette Edition d'Hollande
soit fort recherchée , parce que celle qu'on
donne ici de nouveau est augmentée de
quatre Planches qui contiennent bien des
figures , et de plusieurs Observations
considerables sur la Cochenille , sur les
Coquillages et en particulier sur les Plantes
MARS. 17337
53Y
dont l'Auteur explique la structure
dans un grand détail.
tes ,
Il promet dans une nouvelle Préface ,
de donner avec le second Tome , un
Supplément pour le premier , en faveur
de ceux qui ont acquis la premiere Edition
. Il répondra à quelques objections
assez legeres qu'on a faites sur le choix
de ses Interlocuteurs , & c.
Une Vignette très - bien inventée et
d'une belle execution , orne le Frontispice
de cette nouvelle Edition. Elle est
de la composition de M. Robert , qui
vient de poser dans l'Eglise des RR . PP.
Capucins du Marais , deux grands Tableaux
qui attirent beaucoup de Curieux.
Le Sujet de cette Gravûre est Salomon
occupé de l'Etude de la Nature. Il s'entretient
sur les Plantes avec un Vieillard , et
lui montre un Arbre qui se meurt, parce
qu'on a fait une entaille dans son écorce,
ce qui empêche que la séve ne puisse refluer
ou circuler vers les racines .
L'inclination du Roy de Judée , marquée
dans l'Ecriture , où ses Ordres lui
attirent des Curiositez naturelles de differens
Endroits . Un Vigoureux Matelot
vient ici lui présenter le Poisson
appellé Scie , à cause de la Scie énorme .
dont il a la tête armée. D'un autre côté un
Fij Egyp532
MERCURE DE FRANCE
Egyptien lui apporte un Crocodile. Un
petit Enfant paroît sur le devant , chargé
d'un panier , rempli de differens Coquillages
qu'il veut aussi présenter ; mais
la vue de l'épouventable Crocodile lui
fait tout tomber des mains , et il se jette
tout éperdu du côté du Matelot , qu'il
saisit par l'habit. Tout sent l'habile main
dans ces differentes expressions , et on
peut dire
que le Frontispice est digne du
Livre.
La veuve Etienne , ruë S. Jacques , et
Jean Dessaint , vis - à - vis le College de
Beauvais , viennent d'exposer en vente
la nouvelle Edition de ce bel Ouvrage ,
dont le débit est encore plus rapide que
celui de la premiere . C'est le sort de
tous les bons Livres . On a réimprimé,
le même Ouvrage à Utrech ; mais il ne
paroît pas que cette Edition d'Hollande
soit fort recherchée , parce que celle qu'on
donne ici de nouveau est augmentée de
quatre Planches qui contiennent bien des
figures , et de plusieurs Observations
considerables sur la Cochenille , sur les
Coquillages et en particulier sur les Plantes
MARS. 17337
53Y
dont l'Auteur explique la structure
dans un grand détail.
tes ,
Il promet dans une nouvelle Préface ,
de donner avec le second Tome , un
Supplément pour le premier , en faveur
de ceux qui ont acquis la premiere Edition
. Il répondra à quelques objections
assez legeres qu'on a faites sur le choix
de ses Interlocuteurs , & c.
Une Vignette très - bien inventée et
d'une belle execution , orne le Frontispice
de cette nouvelle Edition. Elle est
de la composition de M. Robert , qui
vient de poser dans l'Eglise des RR . PP.
Capucins du Marais , deux grands Tableaux
qui attirent beaucoup de Curieux.
Le Sujet de cette Gravûre est Salomon
occupé de l'Etude de la Nature. Il s'entretient
sur les Plantes avec un Vieillard , et
lui montre un Arbre qui se meurt, parce
qu'on a fait une entaille dans son écorce,
ce qui empêche que la séve ne puisse refluer
ou circuler vers les racines .
L'inclination du Roy de Judée , marquée
dans l'Ecriture , où ses Ordres lui
attirent des Curiositez naturelles de differens
Endroits . Un Vigoureux Matelot
vient ici lui présenter le Poisson
appellé Scie , à cause de la Scie énorme .
dont il a la tête armée. D'un autre côté un
Fij Egyp532
MERCURE DE FRANCE
Egyptien lui apporte un Crocodile. Un
petit Enfant paroît sur le devant , chargé
d'un panier , rempli de differens Coquillages
qu'il veut aussi présenter ; mais
la vue de l'épouventable Crocodile lui
fait tout tomber des mains , et il se jette
tout éperdu du côté du Matelot , qu'il
saisit par l'habit. Tout sent l'habile main
dans ces differentes expressions , et on
peut dire
que le Frontispice est digne du
Livre.
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Résumé : Spectacle de la Nature, [titre d'après la table]
Le texte annonce la vente de la nouvelle édition de l'ouvrage 'Spectacle de la Nature', disponible chez la veuve Etienne et Jean Dessaint. Cette édition est plus populaire que la précédente et inclut quatre nouvelles planches avec des figures et des observations supplémentaires sur la cochenille, les coquillages et les plantes. L'auteur prévoit un supplément pour les possesseurs de la première édition et répondra à certaines objections concernant le choix de ses interlocuteurs. La nouvelle édition est ornée d'une vignette au frontispice, réalisée par M. Robert. Cette gravure représente Salomon étudiant la nature, entouré de divers personnages : un vieillard discutant des plantes, un matelot présentant un poisson-scie, un Égyptien offrant un crocodile, et un enfant effrayé par ce dernier. Salomon montre également un arbre mourant à cause d'une entaille dans son écorce. Le frontispice est salué pour la qualité de ses expressions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 97-106
LETTRE de M. Du Breüil, à M. le Marquis D*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la circulation de la Séve dans les Plantes, qui a remporté en 1733. le Prix, au jugement de l'Académie Royale des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux. Par M. de la Baisse.
Début :
Je vous envoye, Monsieur, une Analyse précise et exacte de la Dissertation [...]
Mots clefs :
Écorce, Plantes, Suc nourricier, Circulation de la sève dans les plantes, Sève, Nourriture, Expériences, Moelle, Arbres, Bois
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Du Breüil, à M. le Marquis D*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la circulation de la Séve dans les Plantes, qui a remporté en 1733. le Prix, au jugement de l'Académie Royale des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux. Par M. de la Baisse.
LETTRE de M. Du Breuil , à M. le
Marquis D *** contenant * l'Analyse
de la Dissertation sur la circulation de
la Séve dans les Plantes , qui a remporté
en 1733. le Prix , au jugement
de
Académie Royale des Belles Lettres ,
Sciences et Arts de Bordeaux . Par M. de
la Baisse.
E vous envoye , Monsieur , une Analyse
précise et exacte de la Dissertation
sur la circulation de la Séve , qui a
remporté cette année le Prix proposé
par l'Académie de Bordeaux. Je ne suis
entré dans aucun détail sur le mérite et
la bonté de l'Ouvrage ; l'Extrait même
suffita pour l'aprétier à sa juste valeurs
si cependant dans le cours de ma Lettre il
m'échappe quelques Refléxions ( ce que
j'éviterai autant qu'il me sera possible )
ce sera uniquement pour vous mettre en
état de juger si (a) les Physiciens trouveront,
ainsi que l'Académie de Bordeaux, que dans
* Je me servirai le plus souvent que je pourrai
des paroles de l'Auteur , pour ne point alterer la
• force de ses expressions.
(a) Tout ce qui est sousligné se trouve mot powr
mot dans l'Avertitsement de l'Académie de Bordeaux
, qui est à la tête de la Dissertation.
ľ hypon
98 MERCURE DE FRANCE
l'hypothese de la circulation de la Séve , qui
est , suivant ces Académiciens , une des
grandes entreprises de la nouvelle Philosophie
; M. de la Baisse paroît avoir pénetré
plus avant que ceux qui l'ont précedé,
et s'ils conviendront que ses Recherches laborieuses
, qu'il appelle par modestie des
tentatives et des conjectures , sont expliquées
avec netteté et solidité ; et qu'enfin cei Auteur
a mis dans un grand jour le Systême qui admet
dans les Plantes une méchanique approchante
de celle des Animaux.
ART. 1. pag. 3. M. d: 1 Baïsse commence
sa Dissertation par examiner quelles
sont les voyes par lesquelles s'insinue
le suc nourricier dans les Plant s. Il lui
paroît vrai en general que c'est par les racines
que les herbes , comme les arbres,
tirent leur nourriture , mais cette connoissance
étoit trop vague , il falloit quelque
chose de plus philosophique ; la racine
est composée de trois principales substances
, de la moëlle , du bois et de l'écorce
; l'écorce , comme tout le monde
sçait , recouvre les deux autres substances
et la moëlle est environnée du bois
et parconséquent de l'écorce ; il s'agissoit
de déterminer par laquelle de ces
trois substances entre le suc nourricier ;
le bois et la moëlle occupent la partic
interieure
JANVIER 1734. 99
interieure , c'est pourquoi elles ne paroissent
pas au premier coup d'oeil trop
à l'introduction de la séve , il ne
propres
reste plus que l'écorce à qui on puisse
naturellement accorder cet usage , son
tissu spongieux paroissoit à notre Auteur
propre à sucer les humiditez terrestres
ainsi voila bien des raisons qui peuvent
déterminer en faveur de l'écorce.
Mais M. de la Baïsse , en bon Physicien
, voulut s'en assurer et examiner par
quels endroits de l'écorce se fait particu
lierement cette suction ; il fit plusieurs
Experiences qui consistent à faire tremper
dans de l'eau ou dans quelque liqueur
colorée , differentes Plantes , tantôt il les
dépoüilla de l'éco , tantôt il leur laissa
leur écorce. Ces Experiences lui ont
paru prouver que l'écorce contribuoit
beaucoup à l'introduction du suc nourricier
, que la partie ligneuse pouvoit
elle seule recevoir la séve , mais en pe
tite quantité ; enfin , que les menües écor
ces du chevelu de la racine , tirent beaucoup
de nourriture , quoique les plus
épaisses ne laissent pas d'en recevoir.
Les Plantes ausquelles il avoit coupé
tous les menus filamens des racines , et
celles aux racines desquelles il avoit fait
des incisions , profiterent dans l'eau à
mer-
386187
100 MERCURE DE FRANCE
merveille . M. de la Baïsse compare ces
coupures à des bouches artificielles
par lesquelles la nourriture s'insinuë plus
aisément dans la substance de l'écorce ,
et il se sert de cette Experience pour
montrer l'utilité qu'on retire en coupant
tous les menus filamens des racines quand
on transplante. Toutes ces preuves rassemblées
font conclure à notre Auteur
que l'écorce est la voïe principale et naturelle
par laquelle les racines tirent les
sucs extérieurs dont les Plantes se nourrissent.
ART. 2. Il passe ensuite à l'examen des
routes que tient le suc nourricier , lorsqu'il
est introduit dans la Plante , parce
que le suc terrestre a dû , selon lui , recevoir
dans l'écorce une préparation qui
le dispose à s'élever jusqu'aux dernieres
extrémitez des feuilles et des branches.
C'est encore par la voïe sûre des expériences
que M. de la Baïsse cherche à reconnoître
le chemin de la séve ; il a mis
pour cela tremper
à différens
temps
, dans l'eau
teinte
par le suc de Phytolacca
, un
nombre
considérable
de Plantes
différen- tes , les unes avec leurs
racines
, les au- tres coupées
vers le pied
de la tige ; ses
observations
l'ont
porté
à croire
que le
suc nourricier
avant
que d'avoir
reçu les
derJANVIER.
1734. Iot .
dernieres préparations , s'éleve en partie
jusqu'au plus haut sommet des Plantes , et
qu'une autre partie de ce suc non encore
digéré , monte pour se répandre ensuite .
dans les branches et les feuilles .
Notre Auteur flaté de cette découverte
, voulut voir si les tuyaux des Plantes
par où monte le suc , ont quelque disposition
particuliere propre à en faciliter
l'afcension , ou s'ils sont indifférens à le
laisser monter ou descendre ; il observa
des Plantes qui trempoient dans une situation
renversée ; et il examina en même-
temps d'autres Plantes qui trempoient
dans leur situation naturelle; de ces
observations il conclut que les vaisseauz
pouvoient rirer de la nourriture par
leurs parties supérieures , quoique cependant
ces canaux soient plus disposez à
Jaisser monter le suc du pied vers le sommet
; on pourroit tres-aisément trouver
dans la Physique des Plantes , bien
des faits et des expériences , sans doute
, inconnuës à M. de la Baïsse , qui renverseroient
la seconde Partie de sa conclusion
et détruiroient les Observations
qui la soutiennent ; il suppose ensuite
qu'il se fait dans ces premières voies ' , lors
même que le suc y entre à contre- sens,
une digestion par laquelle la nourriture
102 MERCURE DE FRANCE.
ture se façonne en passant de ces canaux
dans d'autres , qui la distribuent
dans toute la substance de la Plante ;
cependant cette digestion qui se fait dans
la situation renversée n'a pas paru à notre
Auteur , ni aussi abondante, ni aussi parfaite
que celle qui se fait dans un état naturel;
c'est pourquoi il remarque que la maniere
dont les Plantes se nourrissent lorsqu'on
les fait tremper la tête en bas , paroît très
analogue à celle dont on prétend que des
hommes ont été nourris durant quelque tems
sans prendre que des clysteres delait ou de
liqueur succulente ; pour rendre l'analogic
complette M. de la Baïsse fait observer
que les orifices superieurs des canaux par
lesquels il a découvert que les Plantes
pouvoient tirer quelque nourriture , ne
seroient pour lors dans leur état naturel
que des ouvertures destinées aux ejections
excrementelles , il n'oublie point non plus
que ces canaux auront dèslors beaucoup
de ressemblance aux boyaux des animaux,
il semble que tout favorise les vuës de
notre Physicien , car sur des feuilles de
Tubereuse arrachées de la tige et plongées
par la pointe dans la teinture de Phytolacca
, il a observé des veines branchuës
et ondoyantes , et il a jugé que ces veines
pourroient bien avoir quelque rapport
aux
JANVIER . 1724. 103
aux veines lactées des animaux et être
des vaisseaux où se filtre la liqueur dont
les tuyaux sont remplis.
ART. 3. pag. 16. Après avoir décou
vert que le suc nourricier monte du pied
de la Plante vers le sommet , il falloit
rechercher par quelle partie de la tige se
fait plus particulierement cette ascension ;
parmi les Physiciens les uns ont crû que
la séve monte par l'écorce , d'autres ont
soutenu qu'elle s'éleve entre le bois et
l'écorce , quelques autres enfin ont voulu
que ce fût par la moëlle . Les expériences
rapportées par ces Auteurs pour deffendre
deux sentimens , n'ont nullement paru
décisives à M. de la Baïsse , c'est ce
qui l'a engagé à examiner par lui même
et à faire plusieurs expériences pour tâcher
de découvrir la verité. Il a mis tremper
dans la teinture dePhytolacca différen
tes tiges ou branches d'arbres et de plantes
. Au bout de quelque tems il a examiné
l'écorce et la portion ligneuse , plusieurs
amas de filets dans la substance du bois
lui ont paru rouges sans qu'il trouvât
rien de remarquable dans l'écorce , et sans
que
la moëlle en ait tiré aucune teinture
dans l'antirrhinum , l'écorce étoit devenuë
d'un verd foncé , le calice des fleurs,
lequel bien examiné , n'est , suivant la remar104
MERCURE DE FRANCE
marque de notre Auteur , qu'une production
de l'écorce avoit considérablement
rougi d'un rouge plus foncé vers
les bords. De toutes ces observations , il
conclut que les canaux destinez à porter
la séve dans le corps de la Plante, ne sont
ni dans la moëlle, ni dans l'écorce, ni entré
l'écorce et le bois ; mais dansla substance
ligneuse c.à.d. que ces canaux sont de vé
ritables fibres ligneuses renfermées entre
la moëlle et l'écorce M. de la Baïsse
s'appercevant sans doute de la foiblesse
de ces preuves et de la contradiction manifeste
de ses expériences, a voulu renforcir
sa conclusion par les observations
suivantes.
>
Il dit 1. qu'il est de notorieté publi
que que des arbres cariez dont le tronc
est entierement dépourvû de moëlle
ne laissent pas de vegeter on pourroit
ajouter, le Public n'est pas moins exactement
informé que les mêmes arbres vegetent
très bien sans portion ligneuse avec
la seule écorce , il avance . 2 ° . Que ce ne
peut pas être non plus par l'écorce que
la nourriture monte des racines aux branches
, puisqu'on a vû des arbres croître
et vegeter, quoique le tronc en fut entierement
dépouillé , témoin l'Ormeau des
Thuilleries et ceux du Luxembourg dont
•
il
JAN VIER. 734. 105
il est parlé dans l'Histoire de l'Académic
Royale des Sciences 1709. en 1711. témoins
les Oliviers de Languedoc dont il
a fait mention au même endroit ausquels
on cerne l'écorce , ( a ) au - dessus de l'endroit
où on vient de les enter, ce qui fait
porter plus de fruit aux vieilles branches
qu'on doit couper après la récolte.Je suis,
en verité, surpris que M. de la Baïsse qui
paroît instruit des preuves queM . Parent
proposa à l'Académie Royale des Sciences
, pour soutenir le sistême que notre
Auteur annonce aujourd'hui comme une
grande découverte etune découverte assurée
, ait ignoré combien les faits exposez
par M.Parent péchoient contre la verité,
et de quelle maniere ils furent relevez
par M. Reneaume qui se transporta au
Luxembourg et aux Thuilleries pour
examiner les arbres en question ; il auroit
dû sçavoir aussi ce que l'on répondit à
l'observation des Oliviers de Languedoc ,
communiquée à l'Académie des Sciences
par M. Magnol.
Mais notre Auteur,sans vouloir entrer
dans tout ce détail , soutient que ce qui
a été dit pour expliquer tous ces faits,en
supposant que c'est par l'écorce que mon-
( a ) L'Auteur auroit dû mestre deux doigts
d'écorce pour ne point faire prendre le change.
F te
16 MERCURE DE FRANCE
te la nourriture , est plus subtil que solides
et regardant son sentiment comme victotieux,
il se contente pour refuter l'opinion
des partisants de l'écorce , d'ajouter deux
nouveaux faits assez remarquables , selon
lui , mais qui ne paroîtront peut-être pas
plus frappans que les précedens , et qui
sont sujets aux - mêmes inconveniens . En
finissant cet article M. de la Baisse voyant
sa découverte hors de toute atteinte, veut
bien , en galant homme, avoir la complai
sance de relâcher de ses droits en faveur
de l'écorce ; il accorde que dans les arbres
faits dont le bois est fort compact , comme
chênes et ormeaux , la séve monte par
PAubier ou par la partie du bois la plus
voisine de l'écorce , il dit même qu'il s'est
assuré de cette observation par plusieurs
expériences qu'il passe sous silence.
La suite dans un autre Mercure.
Marquis D *** contenant * l'Analyse
de la Dissertation sur la circulation de
la Séve dans les Plantes , qui a remporté
en 1733. le Prix , au jugement
de
Académie Royale des Belles Lettres ,
Sciences et Arts de Bordeaux . Par M. de
la Baisse.
E vous envoye , Monsieur , une Analyse
précise et exacte de la Dissertation
sur la circulation de la Séve , qui a
remporté cette année le Prix proposé
par l'Académie de Bordeaux. Je ne suis
entré dans aucun détail sur le mérite et
la bonté de l'Ouvrage ; l'Extrait même
suffita pour l'aprétier à sa juste valeurs
si cependant dans le cours de ma Lettre il
m'échappe quelques Refléxions ( ce que
j'éviterai autant qu'il me sera possible )
ce sera uniquement pour vous mettre en
état de juger si (a) les Physiciens trouveront,
ainsi que l'Académie de Bordeaux, que dans
* Je me servirai le plus souvent que je pourrai
des paroles de l'Auteur , pour ne point alterer la
• force de ses expressions.
(a) Tout ce qui est sousligné se trouve mot powr
mot dans l'Avertitsement de l'Académie de Bordeaux
, qui est à la tête de la Dissertation.
ľ hypon
98 MERCURE DE FRANCE
l'hypothese de la circulation de la Séve , qui
est , suivant ces Académiciens , une des
grandes entreprises de la nouvelle Philosophie
; M. de la Baisse paroît avoir pénetré
plus avant que ceux qui l'ont précedé,
et s'ils conviendront que ses Recherches laborieuses
, qu'il appelle par modestie des
tentatives et des conjectures , sont expliquées
avec netteté et solidité ; et qu'enfin cei Auteur
a mis dans un grand jour le Systême qui admet
dans les Plantes une méchanique approchante
de celle des Animaux.
ART. 1. pag. 3. M. d: 1 Baïsse commence
sa Dissertation par examiner quelles
sont les voyes par lesquelles s'insinue
le suc nourricier dans les Plant s. Il lui
paroît vrai en general que c'est par les racines
que les herbes , comme les arbres,
tirent leur nourriture , mais cette connoissance
étoit trop vague , il falloit quelque
chose de plus philosophique ; la racine
est composée de trois principales substances
, de la moëlle , du bois et de l'écorce
; l'écorce , comme tout le monde
sçait , recouvre les deux autres substances
et la moëlle est environnée du bois
et parconséquent de l'écorce ; il s'agissoit
de déterminer par laquelle de ces
trois substances entre le suc nourricier ;
le bois et la moëlle occupent la partic
interieure
JANVIER 1734. 99
interieure , c'est pourquoi elles ne paroissent
pas au premier coup d'oeil trop
à l'introduction de la séve , il ne
propres
reste plus que l'écorce à qui on puisse
naturellement accorder cet usage , son
tissu spongieux paroissoit à notre Auteur
propre à sucer les humiditez terrestres
ainsi voila bien des raisons qui peuvent
déterminer en faveur de l'écorce.
Mais M. de la Baïsse , en bon Physicien
, voulut s'en assurer et examiner par
quels endroits de l'écorce se fait particu
lierement cette suction ; il fit plusieurs
Experiences qui consistent à faire tremper
dans de l'eau ou dans quelque liqueur
colorée , differentes Plantes , tantôt il les
dépoüilla de l'éco , tantôt il leur laissa
leur écorce. Ces Experiences lui ont
paru prouver que l'écorce contribuoit
beaucoup à l'introduction du suc nourricier
, que la partie ligneuse pouvoit
elle seule recevoir la séve , mais en pe
tite quantité ; enfin , que les menües écor
ces du chevelu de la racine , tirent beaucoup
de nourriture , quoique les plus
épaisses ne laissent pas d'en recevoir.
Les Plantes ausquelles il avoit coupé
tous les menus filamens des racines , et
celles aux racines desquelles il avoit fait
des incisions , profiterent dans l'eau à
mer-
386187
100 MERCURE DE FRANCE
merveille . M. de la Baïsse compare ces
coupures à des bouches artificielles
par lesquelles la nourriture s'insinuë plus
aisément dans la substance de l'écorce ,
et il se sert de cette Experience pour
montrer l'utilité qu'on retire en coupant
tous les menus filamens des racines quand
on transplante. Toutes ces preuves rassemblées
font conclure à notre Auteur
que l'écorce est la voïe principale et naturelle
par laquelle les racines tirent les
sucs extérieurs dont les Plantes se nourrissent.
ART. 2. Il passe ensuite à l'examen des
routes que tient le suc nourricier , lorsqu'il
est introduit dans la Plante , parce
que le suc terrestre a dû , selon lui , recevoir
dans l'écorce une préparation qui
le dispose à s'élever jusqu'aux dernieres
extrémitez des feuilles et des branches.
C'est encore par la voïe sûre des expériences
que M. de la Baïsse cherche à reconnoître
le chemin de la séve ; il a mis
pour cela tremper
à différens
temps
, dans l'eau
teinte
par le suc de Phytolacca
, un
nombre
considérable
de Plantes
différen- tes , les unes avec leurs
racines
, les au- tres coupées
vers le pied
de la tige ; ses
observations
l'ont
porté
à croire
que le
suc nourricier
avant
que d'avoir
reçu les
derJANVIER.
1734. Iot .
dernieres préparations , s'éleve en partie
jusqu'au plus haut sommet des Plantes , et
qu'une autre partie de ce suc non encore
digéré , monte pour se répandre ensuite .
dans les branches et les feuilles .
Notre Auteur flaté de cette découverte
, voulut voir si les tuyaux des Plantes
par où monte le suc , ont quelque disposition
particuliere propre à en faciliter
l'afcension , ou s'ils sont indifférens à le
laisser monter ou descendre ; il observa
des Plantes qui trempoient dans une situation
renversée ; et il examina en même-
temps d'autres Plantes qui trempoient
dans leur situation naturelle; de ces
observations il conclut que les vaisseauz
pouvoient rirer de la nourriture par
leurs parties supérieures , quoique cependant
ces canaux soient plus disposez à
Jaisser monter le suc du pied vers le sommet
; on pourroit tres-aisément trouver
dans la Physique des Plantes , bien
des faits et des expériences , sans doute
, inconnuës à M. de la Baïsse , qui renverseroient
la seconde Partie de sa conclusion
et détruiroient les Observations
qui la soutiennent ; il suppose ensuite
qu'il se fait dans ces premières voies ' , lors
même que le suc y entre à contre- sens,
une digestion par laquelle la nourriture
102 MERCURE DE FRANCE.
ture se façonne en passant de ces canaux
dans d'autres , qui la distribuent
dans toute la substance de la Plante ;
cependant cette digestion qui se fait dans
la situation renversée n'a pas paru à notre
Auteur , ni aussi abondante, ni aussi parfaite
que celle qui se fait dans un état naturel;
c'est pourquoi il remarque que la maniere
dont les Plantes se nourrissent lorsqu'on
les fait tremper la tête en bas , paroît très
analogue à celle dont on prétend que des
hommes ont été nourris durant quelque tems
sans prendre que des clysteres delait ou de
liqueur succulente ; pour rendre l'analogic
complette M. de la Baïsse fait observer
que les orifices superieurs des canaux par
lesquels il a découvert que les Plantes
pouvoient tirer quelque nourriture , ne
seroient pour lors dans leur état naturel
que des ouvertures destinées aux ejections
excrementelles , il n'oublie point non plus
que ces canaux auront dèslors beaucoup
de ressemblance aux boyaux des animaux,
il semble que tout favorise les vuës de
notre Physicien , car sur des feuilles de
Tubereuse arrachées de la tige et plongées
par la pointe dans la teinture de Phytolacca
, il a observé des veines branchuës
et ondoyantes , et il a jugé que ces veines
pourroient bien avoir quelque rapport
aux
JANVIER . 1724. 103
aux veines lactées des animaux et être
des vaisseaux où se filtre la liqueur dont
les tuyaux sont remplis.
ART. 3. pag. 16. Après avoir décou
vert que le suc nourricier monte du pied
de la Plante vers le sommet , il falloit
rechercher par quelle partie de la tige se
fait plus particulierement cette ascension ;
parmi les Physiciens les uns ont crû que
la séve monte par l'écorce , d'autres ont
soutenu qu'elle s'éleve entre le bois et
l'écorce , quelques autres enfin ont voulu
que ce fût par la moëlle . Les expériences
rapportées par ces Auteurs pour deffendre
deux sentimens , n'ont nullement paru
décisives à M. de la Baïsse , c'est ce
qui l'a engagé à examiner par lui même
et à faire plusieurs expériences pour tâcher
de découvrir la verité. Il a mis tremper
dans la teinture dePhytolacca différen
tes tiges ou branches d'arbres et de plantes
. Au bout de quelque tems il a examiné
l'écorce et la portion ligneuse , plusieurs
amas de filets dans la substance du bois
lui ont paru rouges sans qu'il trouvât
rien de remarquable dans l'écorce , et sans
que
la moëlle en ait tiré aucune teinture
dans l'antirrhinum , l'écorce étoit devenuë
d'un verd foncé , le calice des fleurs,
lequel bien examiné , n'est , suivant la remar104
MERCURE DE FRANCE
marque de notre Auteur , qu'une production
de l'écorce avoit considérablement
rougi d'un rouge plus foncé vers
les bords. De toutes ces observations , il
conclut que les canaux destinez à porter
la séve dans le corps de la Plante, ne sont
ni dans la moëlle, ni dans l'écorce, ni entré
l'écorce et le bois ; mais dansla substance
ligneuse c.à.d. que ces canaux sont de vé
ritables fibres ligneuses renfermées entre
la moëlle et l'écorce M. de la Baïsse
s'appercevant sans doute de la foiblesse
de ces preuves et de la contradiction manifeste
de ses expériences, a voulu renforcir
sa conclusion par les observations
suivantes.
>
Il dit 1. qu'il est de notorieté publi
que que des arbres cariez dont le tronc
est entierement dépourvû de moëlle
ne laissent pas de vegeter on pourroit
ajouter, le Public n'est pas moins exactement
informé que les mêmes arbres vegetent
très bien sans portion ligneuse avec
la seule écorce , il avance . 2 ° . Que ce ne
peut pas être non plus par l'écorce que
la nourriture monte des racines aux branches
, puisqu'on a vû des arbres croître
et vegeter, quoique le tronc en fut entierement
dépouillé , témoin l'Ormeau des
Thuilleries et ceux du Luxembourg dont
•
il
JAN VIER. 734. 105
il est parlé dans l'Histoire de l'Académic
Royale des Sciences 1709. en 1711. témoins
les Oliviers de Languedoc dont il
a fait mention au même endroit ausquels
on cerne l'écorce , ( a ) au - dessus de l'endroit
où on vient de les enter, ce qui fait
porter plus de fruit aux vieilles branches
qu'on doit couper après la récolte.Je suis,
en verité, surpris que M. de la Baïsse qui
paroît instruit des preuves queM . Parent
proposa à l'Académie Royale des Sciences
, pour soutenir le sistême que notre
Auteur annonce aujourd'hui comme une
grande découverte etune découverte assurée
, ait ignoré combien les faits exposez
par M.Parent péchoient contre la verité,
et de quelle maniere ils furent relevez
par M. Reneaume qui se transporta au
Luxembourg et aux Thuilleries pour
examiner les arbres en question ; il auroit
dû sçavoir aussi ce que l'on répondit à
l'observation des Oliviers de Languedoc ,
communiquée à l'Académie des Sciences
par M. Magnol.
Mais notre Auteur,sans vouloir entrer
dans tout ce détail , soutient que ce qui
a été dit pour expliquer tous ces faits,en
supposant que c'est par l'écorce que mon-
( a ) L'Auteur auroit dû mestre deux doigts
d'écorce pour ne point faire prendre le change.
F te
16 MERCURE DE FRANCE
te la nourriture , est plus subtil que solides
et regardant son sentiment comme victotieux,
il se contente pour refuter l'opinion
des partisants de l'écorce , d'ajouter deux
nouveaux faits assez remarquables , selon
lui , mais qui ne paroîtront peut-être pas
plus frappans que les précedens , et qui
sont sujets aux - mêmes inconveniens . En
finissant cet article M. de la Baisse voyant
sa découverte hors de toute atteinte, veut
bien , en galant homme, avoir la complai
sance de relâcher de ses droits en faveur
de l'écorce ; il accorde que dans les arbres
faits dont le bois est fort compact , comme
chênes et ormeaux , la séve monte par
PAubier ou par la partie du bois la plus
voisine de l'écorce , il dit même qu'il s'est
assuré de cette observation par plusieurs
expériences qu'il passe sous silence.
La suite dans un autre Mercure.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Du Breüil, à M. le Marquis D*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la circulation de la Séve dans les Plantes, qui a remporté en 1733. le Prix, au jugement de l'Académie Royale des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux. Par M. de la Baisse.
La lettre de M. Du Breuil au Marquis D*** résume la dissertation de M. de la Baïsse sur la circulation de la sève dans les plantes, lauréate du prix de l'Académie Royale des Belles Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux en 1733. M. de la Baïsse explore les voies d'absorption de la sève nourricière par les plantes. Il conclut que les racines, constituées de moëlle, de bois et d'écorce, permettent principalement l'absorption de la sève par l'écorce. Des expériences montrent que l'écorce joue un rôle significatif dans cette absorption, tandis que le bois et la moëlle en jouent un moindre. M. de la Baïsse examine ensuite les chemins empruntés par la sève une fois introduite dans la plante. Il observe que la sève monte jusqu'aux extrémités des feuilles et des branches après avoir été préparée dans l'écorce. Des expériences avec des liquides colorés révèlent que la sève monte plus facilement vers le sommet, bien que les vaisseaux puissent aussi tirer de la nourriture par leurs parties supérieures. Pour déterminer par quelle partie de la tige la sève monte, M. de la Baïsse conclut que les canaux destinés à porter la sève se trouvent dans la substance ligneuse, entre la moëlle et l'écorce. Cette conclusion est renforcée par des observations sur des arbres carieux et des expériences sur des tiges trempées dans des teintures. Enfin, M. de la Baïsse reconnaît que, dans certains arbres, la sève peut monter par l'aubier ou la partie du bois proche de l'écorce. Il mentionne des faits observés sur des arbres spécifiques, comme les ormes et les oliviers, pour appuyer ses conclusions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 222-232
SUITE de la Lettre de M. D. B.*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la Circulation de la Séve dans les Plantes, &c.
Début :
ART. 4. / pag. 24 / Mr de la Baïsse avoit résolu de suivre, s'il étoit possible, [...]
Mots clefs :
Circulation de la sève dans les plantes, Suc, Écorce, Plantes, Sève, Fibres ligneuses, Feuilles, Canaux, Parties, Utricules
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Lettre de M. D. B.*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la Circulation de la Séve dans les Plantes, &c.
SUITE de la Lettre de M. D. B. ***
contenant l'Analyse de la Dissertation
sur la Circulation de la Séve dans les
Plantes , &c.
ART. 4.
pag. 24
R de la Baïsse avoit résolu
Mde suivre, s'il étoit
possible,
dans les Plantes le cours de la Séve d'une
maniere
FEVRIER 1734. 223
>
maniere aussi précise qu'on fait le cours
du Chyle dans les animaux , il vouloit en
déterminer les visieres , les veines , les ar--
teres , les glandes , et les vaisseaux , parce
qu'il avoit cru les voir distinctement
dans quelques Plantes ; il entreprit pour
executer ce projet plusieurs dissections ;
mais comme il ne retiroit de ce travail
aucun fruit , il jugea l'entreprise impossible
, du moins de la maniere dont il avoit
arrangé son plan , c'est pourquoi il l'abandonna
entierement , et il se contenta
d'examiner en general comment et ent
quelles parties de la Plante se dégorgent
les premiers tuyaux par lesquels monte
d'abord le suc nourricier ; notre Auteur
a toûjours mis tremper dans une liqueur.
colorée les parties des Plantes qu'il a voulu
examiner , et cette voye lui a paru suffisante
pour découvrir la route de la
séve.
La premiere partie de la Plante dans laquelle
il a observé le cours de la liqueur, a
été les fleurs ; il a jugé par ses observations
que le suc monte fort vîte et fort aisément
jusqu'au sommet des tiges , mais qu'il se
trouve ensuite arrêté aux plis et extrê
mitez des fleurs ; il pense que c'est peutêtre
en ces Endroits que le suc dépose ce
qu'il a de plus grossier ; il a aussi remar-
Bij qué
224 MERCURE DE FRANCE.
qué que le suc passe de ces premiers canaux
dans les parties charnues de la fleur
comme au travers d'un filtre , ce qui fait
qu'il n'y a que la portion du suc la plus
subtile qui y puisse être ; il prétend que les
sacs , ( il entend par sacs les utricules de
Malpighi ) tirent le suc immédiatement
de ces vaisseaux le long desquels ils sont
apparemment attachez ; peut- être bien ,
ajoûte-t'il , le suc nourricier se filtre par
côté , et passe dans de petits canaux collateraux
qui servent de communication
pour le porter dans les Kistes charnus , les
mêmes que ce qui vient d'être appellez
sacs. M. de la Baïsse seroit fort embarrassé
de trouver ces vaisseaux de communication
, même avec le secours du microscope.
.ART. 5. p. 30. Art . 6. ibid. Notre Auteur
n'ayant pû observer la route du suc
dans les fruits , passa la distribution de la
liqueur dans les feuilles , il a découvert
que les canaux destinez à porter la premiere
nourriture dans les feuilles sont situez
dans les nervures , que ces canaux ne
sont qu'une continuation des fibres de la
portion Higneuse , que le suc passe de
ces tuyaux dans les parties charnuës des
feuilles de la même maniere que dans celles
des fleurs , enfin qu'à mesure que le
Suc
FEVRIER. 1734. 225
suc monte dans les nervures , il s'y débarasse
de sa portion la plus grossiere. Pour
ne rien avancer gratis , voici la preuve de
cette derniere proposition , mettant une
feuille tremper par le pidicale dans une liqueur
colorée , la teinture devenoit moins
chargée à proportion qu'elle montoit plus
haut dans les tuyaux de la feiiille ; il falloit
donc qu'elle se dépoüillât de ses parties
heterogenes , par consequent la même
députation doit arriver à la seve qui
se meut dans ces canaux . Il faut avouer
qu'il est impossible de se refuser à de telles
preuves
.
ART. 7. p. 34. M. de la Baïsse mit pendant
deux ou trois jours en experience
dans la liqueur colorée l'écorce de quelques
Plantes , il observa que dans la partie
superieure et inferieure de l'écorce , la
teinture s'étoit répandue , et que la couleur
étoit très- visible vers le bas environ
jusqu'à la hauteur où s'élevoient en dedans
de la Plante des veines sensiblement rouges
, et vers le haut dans l'endroit où le suc
continuellement poussé avoit eu le loisir
de se ramasser jusqu'à répandre une couleur
rougeâtre dans presque tout l'interieur
de la plante ; il n'apperçût aucune
alteration de couleur au milieu de la tige,
et il conclut que ce n'est que quand la
B iij partie
226 MERCURE DE FRANCE
partie ligneuse de la plante a été imbuë de
la couleur du suc dont elle s'est nourrie ,
que l'écorce s'en est aussi trouvée colorée
quelque temps après , et par consequent
que c'est immédiatement du bois que l'écorce
tire sa premiere nourriture ; enfin
comme notre Auteur n'a pû distinguer
de rameaux rouges dans la substance de
l'écorce comme dans celle du bois , quoique
la teinture se répandit dans l'écorce toujours
assez uniformement , il lui a paru démontré
que la seve qui nourrit l'écorce passe immédiatement
des fibres de la portion ligneuse
dans les utricules de l'écorce.
Ordinairement le signe caracteriastique
d'un systême vrai est la facilité qu'il donne
pour expliquer tous les faits qui se présentent
, c'est pourquoi M. de la Baïsse
tâchá de rendre raison selon ses principes
de plusieurs phénomenes qui appartiennent
à la Physique des Plantes. Comme
je crois , Monsieur , que vous ne serez pas
fâché de voir un essai des applications de
son systême à differens cas particuliers , je
vais vous en rendre compte en peu de
mots.
P. 35. M. de la Baïsse se propose d'abord
d'examiner d'où vient cette abondance
de suc qu'on trouve au Printems
entre l'écorce et le bois des Arbres , et
l'explication
FEVRIER 1734 227
l'explication de ce fait lui paroît plutôt
une consequence qu'une nouvelle preuve
de son sentiment , tant elle est ( selon
lui ) naturelle ; au renouvellement de la saison
les premiers canaux situez dans la portion
ligneuse de l'arbre abondent en sucs,
dont ils se déchargent par tous leurs dégorgemens
; bientôt les vessicules de l'écorce
en sont remplies ; et ne pouvant plus
contenir celui qui survient , il faut de necessité
qu'il sorte hors de ses vaisseaux , et
qu'il se jette entre l'écorce et le bois dans
les endroits où l'écorce est trop adhérente
au bois , les fibres ligneuses se replient sur
elles -mêmes, et poussées au dehors par l'effort
continuel des sucs nouveaux , elles
fendent l'écorce et forment de nouveaux
jes. Notre auteur ajoûte que s'il est permis
de se livrer aux conjectures , il dira
encore que cet excès de séve venant à
rompre , les petites attaches qui lioient
les utricules de l'écorce aux fibres les plus
voisines de l'écorce , presse par dehors
ces letricules et les force à s'étendre suivant
la direction la plus facile , c'est- à dire
, selon la longueur de l'Arbre , bientôt
ces utricules ainsi pressez et étendus
en longueur s'ouvrent les uns dans les autres
et deviennent par - là des canaux
longs et contigus ; en un mot , de vrayes
و
B iiij
fibres
228 MERCURE DE FRANCE
fibres ligneuses , c'est aux approches de
l'hyver que le froid doit le presser ,
assez pour les faire coller au corps de
l'Arbre.
et
M. de la Baïsse après cette explication
qui est certainement toute neuve , employe
encore une preuve de fait qui lui
paroît décisive pour démontrer que le
nouveau bois se forme de l'écorce , et il
termine cet article par une question qu'il
se propose , et qu'il résout ensuite ; on lui
demandera peut être , dit-il , comment
l'écorce répare la perte qu'elle fait chaque
année de la portion de substance qui devient
partie ligneuse , il répond qu'il se
travaille dans l'interieur même de l'écorce
une substance propre à reparer ses pertes
et il appuye cette réponse par une obser
vation à peu près aussi juste et aussi concluante
que la réponse elle -même est instructive.
ART. 8. p. 41. La moëlle , selon notre
Auteur , tire sa nourriture de la partie
superieure de la portion ligneuse , et un
de ses usages lui paroît être de filtrer et de
préparer les sucs qui doivent nourrir l'embryon
, parce que dans la dissection des
fruits de plusieurs Arbres on voit une
communication sensible du coeur du jeune
fruit avec la moëlle du nouveau jet.
ART.
FEVRIER. 1734. 229
ART. 9. p. 43. ART. 10. p. 44. Il ne
suffit pas de connoître que la séve monte
jusqu'aux extrêmitez des Plantes , il faut
sçavoir encore si cette séve redescend , les
Plantes poussent des racines de la même
maniere qu'elles poussent des feuilles et
des branches ; ainsi comme il y a un suc
•qui en montant fait rejetter les plantes par
le haut , il doit y en avoir un autre qui en
descendant les fasse croître par le bas . M.
de la Baïsse n'a regardé ce Phénomene que
.comme une simple indication , et afin de
découvrir la verité il s'est engagé dans
plusieurs experiences que je vais rappor
ter dans le même ordre qu'il les a exposées.
1 °. Dans les fleurs et branches opposées
qui ont trempé dans la liqueur de
Phytolaus par une de leurs extrêmitez superieures
et dans une situation renversée
le premier suc ne s'est élevé que très- peu ,
quoique les parties inferieures , les bran
ches et les fleurs collaterales se soient bien
conservées , ce qui fait penser à M. de la
Baisse( et qui peut le penser que lui ? )qu'il
faut qu'il se fasse dans les feuilles et
sommitez où s'arrête ce premier suc une
digestion qui donne naissance à un suc - secondaire
, propre à porter en descendant
la fraîcheur dans les parties inferieures et
collaterales de la fleur ou de la branche
By
230 MERCURE DE FRANCE
-2 ° . Il monte du suc des racines des jeunes
Plantes aux feuilles seminales , et il en
descend des feuilles seminales aux racines,
comme il est facile de le prouver par les
experiences de Malpighi qui démontrent
la nécessité de ses feuilles seminales pour
la vegetation de la tige et des racines naissantes.
3 ° . Si on fait une ligature à une
tige de titrimale , il se forme un bourelet
au dessus de la ligature. Preuve sensible .
d'un suc descendant , et de la verité de
cette experience faite par M. Perrault. 4° .
Dans un gros tronc de noyer vers le couronnement
, sous une des plus considerables
branches , M. de la Baïsse a vû une
grande carité du milieu de laquelle sortoit
une racine de quatre lignes de diametre
à sa naissance , et longue de huit
ces , cette racine n'a pû être formée que
par un suc descendant . 5 ° . Dans les Greffes
la direction des fibres ligneuses est irréguliere
, du moins suivant notre Auteur ,
et à la pluspart il se forme des bourelets ,
les fibres du sujet au contraire ne sont
que peu ou point dérangées , ce qui lut
paroît prouver qu'il descend de la greffe
au sujet un suc qui ne pouvant passer alsement
dans le sujet est repoussé dans la
greffe , où il se replie sur lui même . M. Du
amel a avancé dans les Memoires de l'A
poucadémi
FEVRIER. 1734. 231
cadémie Royale des Sciences 1728. que la
qualité des fruits se perfectionne par la
greffe , parce que le suc se travaille dans
les plis et replis qui se forment au-dessus
de la jonction , M. de la Baïsse pensant
que les observations de cet Academicien
pourroient faire contre son sentiment une
obection assez forte , du moins en apparence
, a jugé à propos pour y répondre
de faire observer que le premier suc montant
se façonne très peu dans les tuyaux
par lesquels il passe et qu'il faut de necessité
que ce suc ait fait plusieurs circulations
dans la Plante , ce qui est alors supposer
un suc descendant. M. de la Bisse
pour prouver que ce n'est pas sans fondement
qu'il prétend qu'il y a des fibres voisines
, dont les unes portent le suc montant
, et les autres le descendant , se sert
de l'experience suivante qu'il croit bien
écisive dans le cas present ; il mit au
Printemps dans la teinture de Phytolacca
une branche de Tilleul longue d'environ
trois pieds la cinture s' leva jusqu'au
haut de la branche , il coupa cette bran
che obliquement en differens endroits , il
en regard less ctions avec une loupe , et
il distingua dans toutes des cercles concentriques
alternativement rouges et
blancs. 6. Si on coupe l'éclaire,le suc jau-
B vj
ne
232 MERCURE DE FRANCE
ne , suivant notre Auteur , sort en plus
grande abondance de la partie superieure
que
de l'inferieure , souvent même il n'en
découle pas une seule goutte de la section
inferieure , ce qui lui semble prouver que
ce suc vient des parties superieures de la
Plante , et par consequent que c'est au suc
descendant . M. de la Baïsse avoue que cette
experience ne lui a pas toujours également
réussi. 7. Enfin notre Auteur a fait
les mêmes observations sur le suc des tithimales
que sur celui de l'éclaire .
ART. II . p. 55. Il s'agit présentement
de déterminer d'où vient ce suc descendant
, et de découvrir si c'est la séve de
la Plante , ou un suc fourni par l'air , M.
de la Baïsse adopte le premier sentiment
et dit que le dernier ne mérite pas qu'on
s'arrête à le refuter par de longs raisonnemens
, et en consequence il conclut qu'il
ya dans les Plantes une vraye circulatio
de la séve ; au reste , s'il entre à rebours
par les extrêmitez des fibres ligneuses des
feuilles ou des tiges , quelques sucs étrangers
, notre Auteur pense qu'ils y reçoivent
bientôt une digestion, qui en les faisant
passer dans d'autres canaux , les réduit
au cours naturel des liquides ordinaires.
contenant l'Analyse de la Dissertation
sur la Circulation de la Séve dans les
Plantes , &c.
ART. 4.
pag. 24
R de la Baïsse avoit résolu
Mde suivre, s'il étoit
possible,
dans les Plantes le cours de la Séve d'une
maniere
FEVRIER 1734. 223
>
maniere aussi précise qu'on fait le cours
du Chyle dans les animaux , il vouloit en
déterminer les visieres , les veines , les ar--
teres , les glandes , et les vaisseaux , parce
qu'il avoit cru les voir distinctement
dans quelques Plantes ; il entreprit pour
executer ce projet plusieurs dissections ;
mais comme il ne retiroit de ce travail
aucun fruit , il jugea l'entreprise impossible
, du moins de la maniere dont il avoit
arrangé son plan , c'est pourquoi il l'abandonna
entierement , et il se contenta
d'examiner en general comment et ent
quelles parties de la Plante se dégorgent
les premiers tuyaux par lesquels monte
d'abord le suc nourricier ; notre Auteur
a toûjours mis tremper dans une liqueur.
colorée les parties des Plantes qu'il a voulu
examiner , et cette voye lui a paru suffisante
pour découvrir la route de la
séve.
La premiere partie de la Plante dans laquelle
il a observé le cours de la liqueur, a
été les fleurs ; il a jugé par ses observations
que le suc monte fort vîte et fort aisément
jusqu'au sommet des tiges , mais qu'il se
trouve ensuite arrêté aux plis et extrê
mitez des fleurs ; il pense que c'est peutêtre
en ces Endroits que le suc dépose ce
qu'il a de plus grossier ; il a aussi remar-
Bij qué
224 MERCURE DE FRANCE.
qué que le suc passe de ces premiers canaux
dans les parties charnues de la fleur
comme au travers d'un filtre , ce qui fait
qu'il n'y a que la portion du suc la plus
subtile qui y puisse être ; il prétend que les
sacs , ( il entend par sacs les utricules de
Malpighi ) tirent le suc immédiatement
de ces vaisseaux le long desquels ils sont
apparemment attachez ; peut- être bien ,
ajoûte-t'il , le suc nourricier se filtre par
côté , et passe dans de petits canaux collateraux
qui servent de communication
pour le porter dans les Kistes charnus , les
mêmes que ce qui vient d'être appellez
sacs. M. de la Baïsse seroit fort embarrassé
de trouver ces vaisseaux de communication
, même avec le secours du microscope.
.ART. 5. p. 30. Art . 6. ibid. Notre Auteur
n'ayant pû observer la route du suc
dans les fruits , passa la distribution de la
liqueur dans les feuilles , il a découvert
que les canaux destinez à porter la premiere
nourriture dans les feuilles sont situez
dans les nervures , que ces canaux ne
sont qu'une continuation des fibres de la
portion Higneuse , que le suc passe de
ces tuyaux dans les parties charnuës des
feuilles de la même maniere que dans celles
des fleurs , enfin qu'à mesure que le
Suc
FEVRIER. 1734. 225
suc monte dans les nervures , il s'y débarasse
de sa portion la plus grossiere. Pour
ne rien avancer gratis , voici la preuve de
cette derniere proposition , mettant une
feuille tremper par le pidicale dans une liqueur
colorée , la teinture devenoit moins
chargée à proportion qu'elle montoit plus
haut dans les tuyaux de la feiiille ; il falloit
donc qu'elle se dépoüillât de ses parties
heterogenes , par consequent la même
députation doit arriver à la seve qui
se meut dans ces canaux . Il faut avouer
qu'il est impossible de se refuser à de telles
preuves
.
ART. 7. p. 34. M. de la Baïsse mit pendant
deux ou trois jours en experience
dans la liqueur colorée l'écorce de quelques
Plantes , il observa que dans la partie
superieure et inferieure de l'écorce , la
teinture s'étoit répandue , et que la couleur
étoit très- visible vers le bas environ
jusqu'à la hauteur où s'élevoient en dedans
de la Plante des veines sensiblement rouges
, et vers le haut dans l'endroit où le suc
continuellement poussé avoit eu le loisir
de se ramasser jusqu'à répandre une couleur
rougeâtre dans presque tout l'interieur
de la plante ; il n'apperçût aucune
alteration de couleur au milieu de la tige,
et il conclut que ce n'est que quand la
B iij partie
226 MERCURE DE FRANCE
partie ligneuse de la plante a été imbuë de
la couleur du suc dont elle s'est nourrie ,
que l'écorce s'en est aussi trouvée colorée
quelque temps après , et par consequent
que c'est immédiatement du bois que l'écorce
tire sa premiere nourriture ; enfin
comme notre Auteur n'a pû distinguer
de rameaux rouges dans la substance de
l'écorce comme dans celle du bois , quoique
la teinture se répandit dans l'écorce toujours
assez uniformement , il lui a paru démontré
que la seve qui nourrit l'écorce passe immédiatement
des fibres de la portion ligneuse
dans les utricules de l'écorce.
Ordinairement le signe caracteriastique
d'un systême vrai est la facilité qu'il donne
pour expliquer tous les faits qui se présentent
, c'est pourquoi M. de la Baïsse
tâchá de rendre raison selon ses principes
de plusieurs phénomenes qui appartiennent
à la Physique des Plantes. Comme
je crois , Monsieur , que vous ne serez pas
fâché de voir un essai des applications de
son systême à differens cas particuliers , je
vais vous en rendre compte en peu de
mots.
P. 35. M. de la Baïsse se propose d'abord
d'examiner d'où vient cette abondance
de suc qu'on trouve au Printems
entre l'écorce et le bois des Arbres , et
l'explication
FEVRIER 1734 227
l'explication de ce fait lui paroît plutôt
une consequence qu'une nouvelle preuve
de son sentiment , tant elle est ( selon
lui ) naturelle ; au renouvellement de la saison
les premiers canaux situez dans la portion
ligneuse de l'arbre abondent en sucs,
dont ils se déchargent par tous leurs dégorgemens
; bientôt les vessicules de l'écorce
en sont remplies ; et ne pouvant plus
contenir celui qui survient , il faut de necessité
qu'il sorte hors de ses vaisseaux , et
qu'il se jette entre l'écorce et le bois dans
les endroits où l'écorce est trop adhérente
au bois , les fibres ligneuses se replient sur
elles -mêmes, et poussées au dehors par l'effort
continuel des sucs nouveaux , elles
fendent l'écorce et forment de nouveaux
jes. Notre auteur ajoûte que s'il est permis
de se livrer aux conjectures , il dira
encore que cet excès de séve venant à
rompre , les petites attaches qui lioient
les utricules de l'écorce aux fibres les plus
voisines de l'écorce , presse par dehors
ces letricules et les force à s'étendre suivant
la direction la plus facile , c'est- à dire
, selon la longueur de l'Arbre , bientôt
ces utricules ainsi pressez et étendus
en longueur s'ouvrent les uns dans les autres
et deviennent par - là des canaux
longs et contigus ; en un mot , de vrayes
و
B iiij
fibres
228 MERCURE DE FRANCE
fibres ligneuses , c'est aux approches de
l'hyver que le froid doit le presser ,
assez pour les faire coller au corps de
l'Arbre.
et
M. de la Baïsse après cette explication
qui est certainement toute neuve , employe
encore une preuve de fait qui lui
paroît décisive pour démontrer que le
nouveau bois se forme de l'écorce , et il
termine cet article par une question qu'il
se propose , et qu'il résout ensuite ; on lui
demandera peut être , dit-il , comment
l'écorce répare la perte qu'elle fait chaque
année de la portion de substance qui devient
partie ligneuse , il répond qu'il se
travaille dans l'interieur même de l'écorce
une substance propre à reparer ses pertes
et il appuye cette réponse par une obser
vation à peu près aussi juste et aussi concluante
que la réponse elle -même est instructive.
ART. 8. p. 41. La moëlle , selon notre
Auteur , tire sa nourriture de la partie
superieure de la portion ligneuse , et un
de ses usages lui paroît être de filtrer et de
préparer les sucs qui doivent nourrir l'embryon
, parce que dans la dissection des
fruits de plusieurs Arbres on voit une
communication sensible du coeur du jeune
fruit avec la moëlle du nouveau jet.
ART.
FEVRIER. 1734. 229
ART. 9. p. 43. ART. 10. p. 44. Il ne
suffit pas de connoître que la séve monte
jusqu'aux extrêmitez des Plantes , il faut
sçavoir encore si cette séve redescend , les
Plantes poussent des racines de la même
maniere qu'elles poussent des feuilles et
des branches ; ainsi comme il y a un suc
•qui en montant fait rejetter les plantes par
le haut , il doit y en avoir un autre qui en
descendant les fasse croître par le bas . M.
de la Baïsse n'a regardé ce Phénomene que
.comme une simple indication , et afin de
découvrir la verité il s'est engagé dans
plusieurs experiences que je vais rappor
ter dans le même ordre qu'il les a exposées.
1 °. Dans les fleurs et branches opposées
qui ont trempé dans la liqueur de
Phytolaus par une de leurs extrêmitez superieures
et dans une situation renversée
le premier suc ne s'est élevé que très- peu ,
quoique les parties inferieures , les bran
ches et les fleurs collaterales se soient bien
conservées , ce qui fait penser à M. de la
Baisse( et qui peut le penser que lui ? )qu'il
faut qu'il se fasse dans les feuilles et
sommitez où s'arrête ce premier suc une
digestion qui donne naissance à un suc - secondaire
, propre à porter en descendant
la fraîcheur dans les parties inferieures et
collaterales de la fleur ou de la branche
By
230 MERCURE DE FRANCE
-2 ° . Il monte du suc des racines des jeunes
Plantes aux feuilles seminales , et il en
descend des feuilles seminales aux racines,
comme il est facile de le prouver par les
experiences de Malpighi qui démontrent
la nécessité de ses feuilles seminales pour
la vegetation de la tige et des racines naissantes.
3 ° . Si on fait une ligature à une
tige de titrimale , il se forme un bourelet
au dessus de la ligature. Preuve sensible .
d'un suc descendant , et de la verité de
cette experience faite par M. Perrault. 4° .
Dans un gros tronc de noyer vers le couronnement
, sous une des plus considerables
branches , M. de la Baïsse a vû une
grande carité du milieu de laquelle sortoit
une racine de quatre lignes de diametre
à sa naissance , et longue de huit
ces , cette racine n'a pû être formée que
par un suc descendant . 5 ° . Dans les Greffes
la direction des fibres ligneuses est irréguliere
, du moins suivant notre Auteur ,
et à la pluspart il se forme des bourelets ,
les fibres du sujet au contraire ne sont
que peu ou point dérangées , ce qui lut
paroît prouver qu'il descend de la greffe
au sujet un suc qui ne pouvant passer alsement
dans le sujet est repoussé dans la
greffe , où il se replie sur lui même . M. Du
amel a avancé dans les Memoires de l'A
poucadémi
FEVRIER. 1734. 231
cadémie Royale des Sciences 1728. que la
qualité des fruits se perfectionne par la
greffe , parce que le suc se travaille dans
les plis et replis qui se forment au-dessus
de la jonction , M. de la Baïsse pensant
que les observations de cet Academicien
pourroient faire contre son sentiment une
obection assez forte , du moins en apparence
, a jugé à propos pour y répondre
de faire observer que le premier suc montant
se façonne très peu dans les tuyaux
par lesquels il passe et qu'il faut de necessité
que ce suc ait fait plusieurs circulations
dans la Plante , ce qui est alors supposer
un suc descendant. M. de la Bisse
pour prouver que ce n'est pas sans fondement
qu'il prétend qu'il y a des fibres voisines
, dont les unes portent le suc montant
, et les autres le descendant , se sert
de l'experience suivante qu'il croit bien
écisive dans le cas present ; il mit au
Printemps dans la teinture de Phytolacca
une branche de Tilleul longue d'environ
trois pieds la cinture s' leva jusqu'au
haut de la branche , il coupa cette bran
che obliquement en differens endroits , il
en regard less ctions avec une loupe , et
il distingua dans toutes des cercles concentriques
alternativement rouges et
blancs. 6. Si on coupe l'éclaire,le suc jau-
B vj
ne
232 MERCURE DE FRANCE
ne , suivant notre Auteur , sort en plus
grande abondance de la partie superieure
que
de l'inferieure , souvent même il n'en
découle pas une seule goutte de la section
inferieure , ce qui lui semble prouver que
ce suc vient des parties superieures de la
Plante , et par consequent que c'est au suc
descendant . M. de la Baïsse avoue que cette
experience ne lui a pas toujours également
réussi. 7. Enfin notre Auteur a fait
les mêmes observations sur le suc des tithimales
que sur celui de l'éclaire .
ART. II . p. 55. Il s'agit présentement
de déterminer d'où vient ce suc descendant
, et de découvrir si c'est la séve de
la Plante , ou un suc fourni par l'air , M.
de la Baïsse adopte le premier sentiment
et dit que le dernier ne mérite pas qu'on
s'arrête à le refuter par de longs raisonnemens
, et en consequence il conclut qu'il
ya dans les Plantes une vraye circulatio
de la séve ; au reste , s'il entre à rebours
par les extrêmitez des fibres ligneuses des
feuilles ou des tiges , quelques sucs étrangers
, notre Auteur pense qu'ils y reçoivent
bientôt une digestion, qui en les faisant
passer dans d'autres canaux , les réduit
au cours naturel des liquides ordinaires.
Fermer
Résumé : SUITE de la Lettre de M. D. B.*** contenant l'Analyse de la Dissertation sur la Circulation de la Séve dans les Plantes, &c.
Le texte relate les travaux de M. de la Baïsse sur la circulation de la sève dans les plantes, initiés en février 1734. Initialement, il visait à tracer le parcours de la sève avec la même précision que celle du chyle chez les animaux, mais il abandonna cette approche après plusieurs dissections infructueuses. Il se concentra alors sur l'observation générale du parcours de la sève nourricière. M. de la Baïsse utilisa des liquides colorés pour suivre la sève dans différentes parties des plantes. Il observa que la sève monte rapidement dans les tiges et se dépose dans les fleurs, où elle se filtre dans les parties charnues. Il nota également que les utricules de Malpighi tirent directement le suc des vaisseaux. Dans les feuilles, la sève circule dans les nervures et se débarrasse de ses parties grossières au fur et à mesure de son ascension. Lorsqu'il trempa l'écorce de certaines plantes dans des liquides colorés, il constata que la teinture se répandait dans les parties supérieure et inférieure de l'écorce, confirmant que l'écorce tire sa nourriture directement du bois. Il expliqua l'abondance de sève au printemps par le débordement des sucs dans les canaux ligneux, qui finissent par se répandre entre l'écorce et le bois. M. de la Baïsse examina également la moelle, qui tire sa nourriture de la partie supérieure ligneuse et filtre les sucs pour nourrir l'embryon. Il s'intéressa aussi à la descente de la sève, notant que les plantes poussent des racines de manière similaire aux feuilles et branches. Il réalisa plusieurs expériences pour prouver l'existence d'un suc descendant, notamment en observant la formation de bourrelets après des ligatures ou des greffes. Enfin, il conclut qu'il existe une véritable circulation de la sève dans les plantes, bien que des sucs étrangers puissent entrer par les extrémités des fibres et être digérés pour suivre le cours naturel des liquides.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 627-640
SUITE de la Lettre de M. D. B. contenant l'Analyse de la Dissertation sur la circulation de la Séve dans les Plantes.
Début :
Dans le 12. Article pag. 57. M. de la Baïsse tâche de montrer qu'il résulte [...]
Mots clefs :
Air, Circulation de la sève dans les plantes, Sève, M. de la Baïsse, Plante, Plantes, Moelle, Animaux, Bois, Animaux, Poumons, Arbres, Suc, Eau, Action
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Lettre de M. D. B. contenant l'Analyse de la Dissertation sur la circulation de la Séve dans les Plantes.
SUIT E de la Lettre de M. D. B. contenant
l'Analyse de la Dissertation sur la
circulation de la Séve dans les Plantes.
D
Ans le 12. Article pag. 57. M. de la
Baïsse tâche de montrer qu'il résuite
principalement de ses observations
et de ses expériences que l'analogie qu'on
avoit d'abord soupçonnée entre la maniere
de végeter des Plantes et celle des animaux
est beaucoup plus grande encore
qu'on ne se l'étoit imaginé: voici un échantillon
des vûës de ce Physicien sur cètte
matiere.
>
Le suc terrestre entre dans les filets de
la racine par les pores peu serrez de l'écor
ce comme par autant de bouches; il y reçoit
une premiere digestion semblable à celle
que la nourriture de l'animal reçoit par
la mastication ; des bouches de l'écorce
le suc passe dans les fibres ligneuses de la
racine , qui comme autant d'oesophages
servent de canaux à porter la nourriture
au principal estomach de la Plante , scitué
au noeud ou insertion de la tige , avec la
racine suivant l'observation de M. de
la Baïsse , les fibres ligneuses repliées circulairement
à cet endroit
.>
tourmentent le
A iiij
suc
628 MERCURE DE FRANCE
suc qu'elles contiennent et lui donnent
une deuxième façon assez semblable à
celle que reçoit la nourriture dans l'estomach
: de plus les liqueurs qui s'y jettent
doivent y causer des fermentations , et le
bassin situé au milieu de ce noeud peut
par les dilatationsdu liquide qu'il contient ,
causer des pressions ou mouvemens vermiculaires
dans cette espece d'estomuch , qui.
ne représenteroient pas mal le mouvement
peristaltique de cet intestin dans les animaux.
Toutes les articulations des branches
avec les tiges sont des nauds et doivent
être regardées comme autant de
moindres estomachs , dont la structure et
les fonctions sont précisement les mêmes.
Les duretez pierreuses nommées nauds
sont analogues aux pierres qui se forment
souvent dans les visceres des animaux .
De l'estomach des animaux la nourriture
plus qu'à moitié digerée , passe dans les
boyaux où le discernement acheve de se
faire du noeud de la tige , le suc passé
dans les fibres de la portion ligneuse , où
s'acheve la digestion . M. de la Baïsse a eu
grand soin de faire observer qu'entre ces
canaux ligneux des Plantes et les boyaux
des animaux il se trouve des differences
remarquables ; car les entrailles de l'animal
sont repliées sans division et n'ont
qu'une
AVRIL 1734. 629
qu'une voye par où elles se déchargent ,
au lieu que celles des Plantes se divisent
en plusieurs branches , et se terminent
en une infinité d'orifices imperceptibles
par où se vuident leurs excremens . Ces excremens,
suivant cet Auteur,dans quelques
Plantes sont aisez à distinguer ; dans les
ficoides , par exemple , ce sont les perles
qui les couvrent de tout côté ,
la poussiere
ou fleur qui se trouve sur les fruits
et les feuilles de plusieurs Arbres sont
aussi des excremens de même que la
manne et le Lodanum .
Des boyaux de l'animal , le suc nourricier
se serre en passant dans les veines
lactées pour êe conduit de-là dans des
reservoirs particuliers , et ensuite dans la
masse du sang. Des fibres ligneuses ,
le
suc le mieux digeré se filtre dans les feuilles
et les fleurs de plusieurs Plantes , passe
ensuite par des canaux collateraux dans
les utricules voisins et delà dans la masse
des liquides .
» Jusques- là , s'écrie avec enthousiasme
» M. de la Baïsse ; j'ai suivi ou plutôt j'ai
» vû de mes yeux le cours du suc nour-
» ricier des Plantes , j'ai même mis tout le
>> monde en état de voir comme moi à quel
» point se res emble l'animal et la Plante
» dans les premieres préparations de ce
A v » Suc,
630 MERCURE DE FRANCE
» suc ; mais puisque les yeux ont conduit
» si loin cette analogie , n'a t'on pas droit
» de conclure qu'elle ne se dément point
» dans toute la suite des distributions se-
» condaires des liquides : Cette seule raison
» pourroit suffire pour conclure que la
» séve digerée et portée hors des premiers
» canaux doit circuler dans la Plante
» comme le chile porté dans le sang , et
» transformé en ce liquide , circule dans
» l'animal ; cependant je crois, avoir assez ·
» bien prouvé indépendamment de cette
>> raison l'existance d'un suc descendant
» dans les Plantes et la communication
» de celui qu'on y voit monter . » C'est .
ainsi que finit M. de la Baïsse en s'applaudissant
de ses grandes découvertes
malgré la difficulté de la matiere.
Art. 13. pag. 62. Il ajoute cépendant
encore à sa dissertation un treizième article,
dans lequel il renferme quelques petites
échapées d'imagination pour le dédommager
d'un travail plus rude qu'on ne pense. La
nourriture terrestre des Plantes est mêlée,
selon lui,de plusieurs principes héteroge
nes. L'eau en est le premier vehicule ,
elle ramollit la semence et met les sels en
action , les sels entraînent après . eux les
parties oleogineuses qui enveloppent dans
leurs branchages quantité de parties terrest
res
AVRIL 1734 . 631
restres , tout cela se mêle dans la Plante
et y reçoit par les fermentations et filtrations
différentes les façons nécessaires
pour devenir un suc loüable. M. de la
Baïsse dit qu'il ne borne pas là ses conjectures
, toutes ces parties héterogenes ne
seront après tout qu'à la nutrition de la
Plante , et la nutrition dans les Plantes
comme dans la végetation de l'animal , ne
fait qu'une partie moins nécessaire que ne
l'est la respiration ; en effer , qu'est- ce
qu'une Plante ? C'est une machine dont les
ressorts cachez opérent tous les mouvemens .
que nous , y découvrons ; il faut une force
qui regle ses mouvemens à peu près
و
comme le fait le balancier dans les Montres
et on ne peut trouver cette force
que dans une respiration continue qui
consiste dans un jeu réciproque de l'air
extérieur et de l'air intérieur , et par conséquent
qui produit une double action ,
capable de bander et de débander les
ressorts avec regle et mesure ; ce n'est
jusques là que la vûë generale du sistême,
en voici le détail .
Dans les Plantes l'air entre avec le suc,
et il se sépare de la séve dès son entrée ;
lorsqu'il est une fois débarrassé , il va se
rendre dans les trachées , et les trachées
se terminent à la moëlle , afin d'y attirer
A vj
Pais
632 MERCURE DE FRANCE
l'air non seulement des extrémitez des
racines , mais encore de tout le contour
extérieur du tronc , où elles aboutissent.
Il est bon de remarquer que nous devons
la connoissance de cette merveilleuse
disposition des trachées à M. de la Baïsse.
L'analogie la lui a sans doute fait imaginer
; car il observe que les arbres ont
une ressemblance marquée avec les chenilles
qui respirent par les bouches qu'elles
ont de part et d'autre dans toute la
longueur de leurs flancs .
La moelle paroît à notre Auteur être
destinée aux mêmes usages dans les
Plantes , que les poulmons dans les animaux,
parce que la substance de la moelle
est spongieuse et que les trachées y por
tent l'air dans toutes les cellules comme
la trachée artere dans les poulmons. Le
suc digeré qui du sommet de la Plante se
répand dans la moëlle , y reçoit par son
mélange avec l'air une préparation semblable
à celle que donne dans les poulmons
l'air au sang ; et comme le sang
passe du ventricule droit du coeur dans
les poulmons et des poulmons revient au
ventricule gauche ; de même il aa paru
M. de la Baïsse dans quelques Plantes
dont la moëlle est renfermée entre deux
noeuds , que du noeud supérieur le suc
à
pas
A VRI L. 633 1734.
passoit à la moëlle et de la moëlle au
noeud inférieur ; d'où il a jugé que ces
noeuds sont comme le coeur de la Plante
dont le supérieur fait à quelques égards
la fonction du ventricule droit et l'inférieur
celle du gauche . Je doute qu'on se
fut jamais attendu à une pareille analogie
entre les Plantes et les animaux. Il y a
cependant suivant notre Physicien , une
différence bien remarquable entre la
Plante et l'animal ; car il se forme dans
les Plantes successivement de nouveaux
poulmons et de nouveaux coeurs souvent
aux dépens des anciens qui se détruisent.
Il est vrai qu'on trouve dans certains
animaux des singularitez qui ont quelque
rapport à celle- ci , puisqu'on en connoît
qui poussent de nouveaux membres,
et quelques - uns même qui changent
d'estomach ; mais certe multiplicité de
parties , essentielle dans une même Plante
est admirable ; elle est , dit M. de la
Baïsse , la cause primitive par laquelle les
fragmens des Plantes deviennent si aisément
des Plantes entieres , parce que
chaque Plante peut être regardée comme
un assemblage de plusieurs réunies sculement
par la continuité des canaux.
L'air introduit dans la Plante doit cn
être exhalé , c'est suivant M. de la Baïsse
d'en634
MERCURE DE FRANCE
1
d'entre les nouvelles feuilles qui terminent
les branches , et du milieu des fleurs,
que sort cet air : voici les raisons de sa
conjecture. Les boutons à fleurs ou à
feuilles ne peuvent s'ouvrir que par un
air qui s'insinue entre deux aussi ces
boutons se gonflent avant de s'épanouiir
et par une imitation aveugle de la nature,
lorsqu'on veut faire ouvrir une Rose ,
on souffle dedans pour en faire écarter ies
petales ; ce que nous faisons par dehors
l'arbrisseau le fait par dedans , en y
poussant l'air surabondant qu'il chasse de
ses poulmons. 2 ° . L'épanouissement se
fait selon notre Auteur le matin οι le
soir ; ainsi on ne peut attribuer cet effet
ni à la force du Soleil ni à la chaleur
extérieure. 3 ° . L'odeur qui s'exhale des
boutons nouvellement épanouis , ne peut
venir que d'un air qui sort du corps de
la Plante ; enfin certaines odeurs ne sortent
qué par intervalles et comme par
bouffées , ce qui n'imite pas mal la respiration
alternative des animaux, et qui doit
sans doute provenir d'une semblable cause,
ce qu'il y a de sûr , dit M. de la Baïsse ,
c'est que les Plantes ont un grand besoin
d'air , qu'elles ne peuvent s'en passer ,
qu'il y a une action réciproque entre l'air
extérieur et l'intérieur , et qu'il y a de
l'air
AVRI L. 1734 635
Pair renfermé dans les concavitez de la
Plante , et surtout dans les vessicules de
la moëlle .
,
De la différente action de l'air sur les
Plantes , M. de la Baïsse veut déduire tous
les Phénomenes de la végetation des
Plantes pendant les quatre Saisons de
l'année. Voici ce qu'il dit : pendant l'hyver
les sucs de la terre n'ont aucun mouvement
, l'air intérieur se trouve comprimé
par le froid , les pores de l'écorce
et du bois sont trop resserrés , ils sont de
plus bouchez par les sucs qui s'y sont
figez ; ainsi l'air extérieur ne peut entrer,
l'action des deux airs cesse , l'arbre par
conséquent ne pousse plus et toute son
action est suspendue. Ce sçavant Physicien
a sans doute oublié que c'est pendant
l'hyver que les bourgeons et les racines
poussent ; An.gros de l'Eté les pores
sont trop ouverts , il y a une communi-
Ication trop libre d'un air avec l'autre ,
d'où suit ,selon notre Auteur , équilibre et
inaction . Au Printems par la chaleur du
Soleil l'air intérieur est dilaté , les pores
ne sont pas bien débarrassez des sucs qui
s'y étoient figez . Pendant l'hyver la fraîcheur
de la nuit survient ; elle le resserre
et comprime l'air par dehors , l'air inté-
.rieur n'a pû encore se refroidir . il en fait
done
836 MERCURE DE FRANCE
donc plus d'effort , il se jette de toutes
parts , il pousse les sucs , il perce
l'écorce,
et c'est ainsi que selon M. de la Baïsse,
l'arbre se renouvelle , que les boutons se
développent et que les feuilles se déployent.
A la fin de l'Eté ou au commencement
de l'Automne , la fraîcheur des
nuits opére le même effet dans les arbres,
ce qui produit la deuxième séve dans
cette action et réaction de l'air , comme
aussi dans les vicissitudes de ressort et de
pésanteur du même air consiste toute
l'oeconomie végetable . Aussi M. de la
Baisse dit qu'il a remarqué après M. Duhamel
( Mem . de l'Académie Royale
des Sciences 1729. ) que les Plantes aquatiques
quoique dans l'eau , croissent plus
sensiblement dans les tems de pluye ,
M. de la Baïsse aussi bien que M. Duhamel
auroenit dû nous dire pourquoi on
n'a jamais observé un si grand nombre de
Plantes aquatiques que pendant les années
séches , surtout en 1731 et 1733. Ainsi
que l'a fait remarquer l'illustre M. de
Jussieu l'Aîné,dans un Mémoire qu'il lut
à la derniere rentrée publique de l'Académie
Royale des Sciences.
Sur les principes que nous venons
d'exposer après notre Auteur , il prétend
expliquer aisément plusieurs Phénomenes ,
d'Ag i
}
AVRIL 1734 637
d'Agriculture et de Botanique. 1 ° . On
foüit profondement la terre au pied des
jeunes arbres, on laboure avant que de
semer dans les Jardins il faut souvent
renverser la terre , à quoi bon tous ces
labours. M. de la Baïsse répond * que c'est
pour fournir aux Plantes l'air dont elles
ont besoin ; car la terre en s'affaissant par
son propre poids force l'air à entrer
dans les pores des racines ; et comme cet
air s'épuise, il faut en introduire de nouveau
; c'est précisément ce qu'on fait en
remuant la terre , aussi quand les racines
des arbres sont trop profondes , il est
inutile de labourer , et pour lors l'écorce
gersée ouvre à l'air des passages suffisans .
2º . Dans les vieux arbres il n'y a que
les extrémitez qui végetent , parce que
cesseules parties contiennent de la moëlle ,
et par conséquent sont les seules pourvues
des réservoirs d'air nécessaires à la
* La même chose avoit été avancée par Borelli
de motu animal. part. 2. prop. 181. par M. Astruc
, trait. de motu fermentat . causâ p . 125.
dans le Journal de Trévoux Mars 1722. art. 25. et
M. Attier le jeune , qui rappelle le sentiment de
tous ces Auteurs , admet pour cause de la fertilité
de la terre la matiere étherée . V.la Relat. de l'Assemblée
publique de l'Académie des Sciences et
belles Lettres de Beziers , du Jeudi 12 Avril 1731 .
in 4. P. 2. }
vége638
MERCURE DE FRANCE
végetation . A l'égard.des arbres dont let
tronc est usé et la moëlle cariée , ce sont,
dit notre sçavant Physicien , des pulmoniques
qui ont une partie considérable de
leurs poulmons gâtée , et qui ne laissent
pas que de vivre. 3 ° . Les petites pluyes
servent plus à l'accroissement des Plantes
que les grandes. Jamais avant M. de la
Baïsse on n'en a donné une bonne raison ;
cependant rien ne lui paroît plus consé
quent dans son systême ; car dans les
petites pluyes les goutes d'eau doivent
emmener autour d'elles un tourbillon
d'air proportionné à leur surface 3
et
comme elles font plus de surface, le tourbillon
doit être plus grand , ainsi elles
font insinuer en terre plus d'air. 4 ° . Par
la même raison les Plantes aquatiques ,
selon notre Auteur ,sur tout celles des Eaux
dormantes , profitent beaucoup en tems
de pluye ; car outre l'effet que produisent
les variations de l'air , il faut faire attention
que l'air renfermé dans les eaux des
étangs s'épuise , tant par la consomption
qu'en font les Plantes , que par la chaleur
de la Saison ; ainsi les goutes de pluye
en tombant labourent la surface de l'eau , et
insinuent l'air dans les creux qu'elles.
font. Par - là les Plantes reçoivent un secours
nécessaire à leur respiration épuisée;.
il
AVRIL. 1734. 639
il est bien triste pour un Physicien de
s'être mis l'esprit à la torture , pour enfanter
l'explication d'un fait qui est faux .
5°. Quand on a mis du gros bois au feu
il s'y fait des fentes irrégulieres qui tendent
au centre de l'arbre : ces fentes sont
justement , si on en veut croire M. de la
Baïsse , les routes de l'air extérieur pour
s'insinuer dans l'arbre quand il est sur
pied. Pour qu'un bois brule bien il ne
faut pas qu'il soit privé de cet air , aussi
un bois mort sur pied ne brule pas bien,
parce qu'il se trouve dépourvû d'air.
Un bois flotté ne brule pas mieux, parce
que l'eau en a chassé l'air et les sels . Ap .
paremment dans le Pays de M. de la
Baïsse on ne brule point de bois flotté
car il nous auroit parlé plus juste sur la
qualité de ce bois .6. Il faut tremper dans
l'eau leChêne,leNoyer, et quelques autres
arbres avant de les employer en oeuvre ,
autrement ils se déjettent et ils s'écaillent
lorsque les Ouvriers coupent avec leurs
instrumens tranchans une partie des liens
qui tiennent quelques bulles d'air génées
dans les cellules intérieures du bois. L'eau
où on fait tremper ces bois prévient ecs
inconvéniens en ouvrant des passages à
cet air enfermé. 7 ° . Enfin l'air renfermé
dans la moëlle des Plantes , contribuë à
,
pousser
640 MERCURE DE FRANCE
pousser et à perfectionner les sucs ; delà
vient que dans les Entes , lorsque la
moëlle du sujet communique avec celle
de la greffe , les fruits s'en ressentent presque
toujours. Ainsi une branche d'Oranger
entée en fente sur un pied de Jasmin
qui abonde en moëlle , porte des fleurs
qui tiennent plus de la fleur de Jasmin
que de celle de l'Oranger . Si ce fait avancé
par M. de la Baïsse étoit vrai que
viendroient les recherches de M. Duhamel
sur l'analogie des sujets qu'on doit
greffer avec les greffes.
de-
C'est par cette observation , Monsieur,
que M.de la Baïsse finit une Dissertation
que l'Académie Royale de Bourdeaux
a jugée digne du Prix , et qu'elle a eu la
satisfaction de choisir entre plusieurs
sçavans Ouvrages. J'ai l'honneur d'être
M. &c. D. B. *** à Paris ce 23 Novembre
1733 .
l'Analyse de la Dissertation sur la
circulation de la Séve dans les Plantes.
D
Ans le 12. Article pag. 57. M. de la
Baïsse tâche de montrer qu'il résuite
principalement de ses observations
et de ses expériences que l'analogie qu'on
avoit d'abord soupçonnée entre la maniere
de végeter des Plantes et celle des animaux
est beaucoup plus grande encore
qu'on ne se l'étoit imaginé: voici un échantillon
des vûës de ce Physicien sur cètte
matiere.
>
Le suc terrestre entre dans les filets de
la racine par les pores peu serrez de l'écor
ce comme par autant de bouches; il y reçoit
une premiere digestion semblable à celle
que la nourriture de l'animal reçoit par
la mastication ; des bouches de l'écorce
le suc passe dans les fibres ligneuses de la
racine , qui comme autant d'oesophages
servent de canaux à porter la nourriture
au principal estomach de la Plante , scitué
au noeud ou insertion de la tige , avec la
racine suivant l'observation de M. de
la Baïsse , les fibres ligneuses repliées circulairement
à cet endroit
.>
tourmentent le
A iiij
suc
628 MERCURE DE FRANCE
suc qu'elles contiennent et lui donnent
une deuxième façon assez semblable à
celle que reçoit la nourriture dans l'estomach
: de plus les liqueurs qui s'y jettent
doivent y causer des fermentations , et le
bassin situé au milieu de ce noeud peut
par les dilatationsdu liquide qu'il contient ,
causer des pressions ou mouvemens vermiculaires
dans cette espece d'estomuch , qui.
ne représenteroient pas mal le mouvement
peristaltique de cet intestin dans les animaux.
Toutes les articulations des branches
avec les tiges sont des nauds et doivent
être regardées comme autant de
moindres estomachs , dont la structure et
les fonctions sont précisement les mêmes.
Les duretez pierreuses nommées nauds
sont analogues aux pierres qui se forment
souvent dans les visceres des animaux .
De l'estomach des animaux la nourriture
plus qu'à moitié digerée , passe dans les
boyaux où le discernement acheve de se
faire du noeud de la tige , le suc passé
dans les fibres de la portion ligneuse , où
s'acheve la digestion . M. de la Baïsse a eu
grand soin de faire observer qu'entre ces
canaux ligneux des Plantes et les boyaux
des animaux il se trouve des differences
remarquables ; car les entrailles de l'animal
sont repliées sans division et n'ont
qu'une
AVRIL 1734. 629
qu'une voye par où elles se déchargent ,
au lieu que celles des Plantes se divisent
en plusieurs branches , et se terminent
en une infinité d'orifices imperceptibles
par où se vuident leurs excremens . Ces excremens,
suivant cet Auteur,dans quelques
Plantes sont aisez à distinguer ; dans les
ficoides , par exemple , ce sont les perles
qui les couvrent de tout côté ,
la poussiere
ou fleur qui se trouve sur les fruits
et les feuilles de plusieurs Arbres sont
aussi des excremens de même que la
manne et le Lodanum .
Des boyaux de l'animal , le suc nourricier
se serre en passant dans les veines
lactées pour êe conduit de-là dans des
reservoirs particuliers , et ensuite dans la
masse du sang. Des fibres ligneuses ,
le
suc le mieux digeré se filtre dans les feuilles
et les fleurs de plusieurs Plantes , passe
ensuite par des canaux collateraux dans
les utricules voisins et delà dans la masse
des liquides .
» Jusques- là , s'écrie avec enthousiasme
» M. de la Baïsse ; j'ai suivi ou plutôt j'ai
» vû de mes yeux le cours du suc nour-
» ricier des Plantes , j'ai même mis tout le
>> monde en état de voir comme moi à quel
» point se res emble l'animal et la Plante
» dans les premieres préparations de ce
A v » Suc,
630 MERCURE DE FRANCE
» suc ; mais puisque les yeux ont conduit
» si loin cette analogie , n'a t'on pas droit
» de conclure qu'elle ne se dément point
» dans toute la suite des distributions se-
» condaires des liquides : Cette seule raison
» pourroit suffire pour conclure que la
» séve digerée et portée hors des premiers
» canaux doit circuler dans la Plante
» comme le chile porté dans le sang , et
» transformé en ce liquide , circule dans
» l'animal ; cependant je crois, avoir assez ·
» bien prouvé indépendamment de cette
>> raison l'existance d'un suc descendant
» dans les Plantes et la communication
» de celui qu'on y voit monter . » C'est .
ainsi que finit M. de la Baïsse en s'applaudissant
de ses grandes découvertes
malgré la difficulté de la matiere.
Art. 13. pag. 62. Il ajoute cépendant
encore à sa dissertation un treizième article,
dans lequel il renferme quelques petites
échapées d'imagination pour le dédommager
d'un travail plus rude qu'on ne pense. La
nourriture terrestre des Plantes est mêlée,
selon lui,de plusieurs principes héteroge
nes. L'eau en est le premier vehicule ,
elle ramollit la semence et met les sels en
action , les sels entraînent après . eux les
parties oleogineuses qui enveloppent dans
leurs branchages quantité de parties terrest
res
AVRIL 1734 . 631
restres , tout cela se mêle dans la Plante
et y reçoit par les fermentations et filtrations
différentes les façons nécessaires
pour devenir un suc loüable. M. de la
Baïsse dit qu'il ne borne pas là ses conjectures
, toutes ces parties héterogenes ne
seront après tout qu'à la nutrition de la
Plante , et la nutrition dans les Plantes
comme dans la végetation de l'animal , ne
fait qu'une partie moins nécessaire que ne
l'est la respiration ; en effer , qu'est- ce
qu'une Plante ? C'est une machine dont les
ressorts cachez opérent tous les mouvemens .
que nous , y découvrons ; il faut une force
qui regle ses mouvemens à peu près
و
comme le fait le balancier dans les Montres
et on ne peut trouver cette force
que dans une respiration continue qui
consiste dans un jeu réciproque de l'air
extérieur et de l'air intérieur , et par conséquent
qui produit une double action ,
capable de bander et de débander les
ressorts avec regle et mesure ; ce n'est
jusques là que la vûë generale du sistême,
en voici le détail .
Dans les Plantes l'air entre avec le suc,
et il se sépare de la séve dès son entrée ;
lorsqu'il est une fois débarrassé , il va se
rendre dans les trachées , et les trachées
se terminent à la moëlle , afin d'y attirer
A vj
Pais
632 MERCURE DE FRANCE
l'air non seulement des extrémitez des
racines , mais encore de tout le contour
extérieur du tronc , où elles aboutissent.
Il est bon de remarquer que nous devons
la connoissance de cette merveilleuse
disposition des trachées à M. de la Baïsse.
L'analogie la lui a sans doute fait imaginer
; car il observe que les arbres ont
une ressemblance marquée avec les chenilles
qui respirent par les bouches qu'elles
ont de part et d'autre dans toute la
longueur de leurs flancs .
La moelle paroît à notre Auteur être
destinée aux mêmes usages dans les
Plantes , que les poulmons dans les animaux,
parce que la substance de la moelle
est spongieuse et que les trachées y por
tent l'air dans toutes les cellules comme
la trachée artere dans les poulmons. Le
suc digeré qui du sommet de la Plante se
répand dans la moëlle , y reçoit par son
mélange avec l'air une préparation semblable
à celle que donne dans les poulmons
l'air au sang ; et comme le sang
passe du ventricule droit du coeur dans
les poulmons et des poulmons revient au
ventricule gauche ; de même il aa paru
M. de la Baïsse dans quelques Plantes
dont la moëlle est renfermée entre deux
noeuds , que du noeud supérieur le suc
à
pas
A VRI L. 633 1734.
passoit à la moëlle et de la moëlle au
noeud inférieur ; d'où il a jugé que ces
noeuds sont comme le coeur de la Plante
dont le supérieur fait à quelques égards
la fonction du ventricule droit et l'inférieur
celle du gauche . Je doute qu'on se
fut jamais attendu à une pareille analogie
entre les Plantes et les animaux. Il y a
cependant suivant notre Physicien , une
différence bien remarquable entre la
Plante et l'animal ; car il se forme dans
les Plantes successivement de nouveaux
poulmons et de nouveaux coeurs souvent
aux dépens des anciens qui se détruisent.
Il est vrai qu'on trouve dans certains
animaux des singularitez qui ont quelque
rapport à celle- ci , puisqu'on en connoît
qui poussent de nouveaux membres,
et quelques - uns même qui changent
d'estomach ; mais certe multiplicité de
parties , essentielle dans une même Plante
est admirable ; elle est , dit M. de la
Baïsse , la cause primitive par laquelle les
fragmens des Plantes deviennent si aisément
des Plantes entieres , parce que
chaque Plante peut être regardée comme
un assemblage de plusieurs réunies sculement
par la continuité des canaux.
L'air introduit dans la Plante doit cn
être exhalé , c'est suivant M. de la Baïsse
d'en634
MERCURE DE FRANCE
1
d'entre les nouvelles feuilles qui terminent
les branches , et du milieu des fleurs,
que sort cet air : voici les raisons de sa
conjecture. Les boutons à fleurs ou à
feuilles ne peuvent s'ouvrir que par un
air qui s'insinue entre deux aussi ces
boutons se gonflent avant de s'épanouiir
et par une imitation aveugle de la nature,
lorsqu'on veut faire ouvrir une Rose ,
on souffle dedans pour en faire écarter ies
petales ; ce que nous faisons par dehors
l'arbrisseau le fait par dedans , en y
poussant l'air surabondant qu'il chasse de
ses poulmons. 2 ° . L'épanouissement se
fait selon notre Auteur le matin οι le
soir ; ainsi on ne peut attribuer cet effet
ni à la force du Soleil ni à la chaleur
extérieure. 3 ° . L'odeur qui s'exhale des
boutons nouvellement épanouis , ne peut
venir que d'un air qui sort du corps de
la Plante ; enfin certaines odeurs ne sortent
qué par intervalles et comme par
bouffées , ce qui n'imite pas mal la respiration
alternative des animaux, et qui doit
sans doute provenir d'une semblable cause,
ce qu'il y a de sûr , dit M. de la Baïsse ,
c'est que les Plantes ont un grand besoin
d'air , qu'elles ne peuvent s'en passer ,
qu'il y a une action réciproque entre l'air
extérieur et l'intérieur , et qu'il y a de
l'air
AVRI L. 1734 635
Pair renfermé dans les concavitez de la
Plante , et surtout dans les vessicules de
la moëlle .
,
De la différente action de l'air sur les
Plantes , M. de la Baïsse veut déduire tous
les Phénomenes de la végetation des
Plantes pendant les quatre Saisons de
l'année. Voici ce qu'il dit : pendant l'hyver
les sucs de la terre n'ont aucun mouvement
, l'air intérieur se trouve comprimé
par le froid , les pores de l'écorce
et du bois sont trop resserrés , ils sont de
plus bouchez par les sucs qui s'y sont
figez ; ainsi l'air extérieur ne peut entrer,
l'action des deux airs cesse , l'arbre par
conséquent ne pousse plus et toute son
action est suspendue. Ce sçavant Physicien
a sans doute oublié que c'est pendant
l'hyver que les bourgeons et les racines
poussent ; An.gros de l'Eté les pores
sont trop ouverts , il y a une communi-
Ication trop libre d'un air avec l'autre ,
d'où suit ,selon notre Auteur , équilibre et
inaction . Au Printems par la chaleur du
Soleil l'air intérieur est dilaté , les pores
ne sont pas bien débarrassez des sucs qui
s'y étoient figez . Pendant l'hyver la fraîcheur
de la nuit survient ; elle le resserre
et comprime l'air par dehors , l'air inté-
.rieur n'a pû encore se refroidir . il en fait
done
836 MERCURE DE FRANCE
donc plus d'effort , il se jette de toutes
parts , il pousse les sucs , il perce
l'écorce,
et c'est ainsi que selon M. de la Baïsse,
l'arbre se renouvelle , que les boutons se
développent et que les feuilles se déployent.
A la fin de l'Eté ou au commencement
de l'Automne , la fraîcheur des
nuits opére le même effet dans les arbres,
ce qui produit la deuxième séve dans
cette action et réaction de l'air , comme
aussi dans les vicissitudes de ressort et de
pésanteur du même air consiste toute
l'oeconomie végetable . Aussi M. de la
Baisse dit qu'il a remarqué après M. Duhamel
( Mem . de l'Académie Royale
des Sciences 1729. ) que les Plantes aquatiques
quoique dans l'eau , croissent plus
sensiblement dans les tems de pluye ,
M. de la Baïsse aussi bien que M. Duhamel
auroenit dû nous dire pourquoi on
n'a jamais observé un si grand nombre de
Plantes aquatiques que pendant les années
séches , surtout en 1731 et 1733. Ainsi
que l'a fait remarquer l'illustre M. de
Jussieu l'Aîné,dans un Mémoire qu'il lut
à la derniere rentrée publique de l'Académie
Royale des Sciences.
Sur les principes que nous venons
d'exposer après notre Auteur , il prétend
expliquer aisément plusieurs Phénomenes ,
d'Ag i
}
AVRIL 1734 637
d'Agriculture et de Botanique. 1 ° . On
foüit profondement la terre au pied des
jeunes arbres, on laboure avant que de
semer dans les Jardins il faut souvent
renverser la terre , à quoi bon tous ces
labours. M. de la Baïsse répond * que c'est
pour fournir aux Plantes l'air dont elles
ont besoin ; car la terre en s'affaissant par
son propre poids force l'air à entrer
dans les pores des racines ; et comme cet
air s'épuise, il faut en introduire de nouveau
; c'est précisément ce qu'on fait en
remuant la terre , aussi quand les racines
des arbres sont trop profondes , il est
inutile de labourer , et pour lors l'écorce
gersée ouvre à l'air des passages suffisans .
2º . Dans les vieux arbres il n'y a que
les extrémitez qui végetent , parce que
cesseules parties contiennent de la moëlle ,
et par conséquent sont les seules pourvues
des réservoirs d'air nécessaires à la
* La même chose avoit été avancée par Borelli
de motu animal. part. 2. prop. 181. par M. Astruc
, trait. de motu fermentat . causâ p . 125.
dans le Journal de Trévoux Mars 1722. art. 25. et
M. Attier le jeune , qui rappelle le sentiment de
tous ces Auteurs , admet pour cause de la fertilité
de la terre la matiere étherée . V.la Relat. de l'Assemblée
publique de l'Académie des Sciences et
belles Lettres de Beziers , du Jeudi 12 Avril 1731 .
in 4. P. 2. }
vége638
MERCURE DE FRANCE
végetation . A l'égard.des arbres dont let
tronc est usé et la moëlle cariée , ce sont,
dit notre sçavant Physicien , des pulmoniques
qui ont une partie considérable de
leurs poulmons gâtée , et qui ne laissent
pas que de vivre. 3 ° . Les petites pluyes
servent plus à l'accroissement des Plantes
que les grandes. Jamais avant M. de la
Baïsse on n'en a donné une bonne raison ;
cependant rien ne lui paroît plus consé
quent dans son systême ; car dans les
petites pluyes les goutes d'eau doivent
emmener autour d'elles un tourbillon
d'air proportionné à leur surface 3
et
comme elles font plus de surface, le tourbillon
doit être plus grand , ainsi elles
font insinuer en terre plus d'air. 4 ° . Par
la même raison les Plantes aquatiques ,
selon notre Auteur ,sur tout celles des Eaux
dormantes , profitent beaucoup en tems
de pluye ; car outre l'effet que produisent
les variations de l'air , il faut faire attention
que l'air renfermé dans les eaux des
étangs s'épuise , tant par la consomption
qu'en font les Plantes , que par la chaleur
de la Saison ; ainsi les goutes de pluye
en tombant labourent la surface de l'eau , et
insinuent l'air dans les creux qu'elles.
font. Par - là les Plantes reçoivent un secours
nécessaire à leur respiration épuisée;.
il
AVRIL. 1734. 639
il est bien triste pour un Physicien de
s'être mis l'esprit à la torture , pour enfanter
l'explication d'un fait qui est faux .
5°. Quand on a mis du gros bois au feu
il s'y fait des fentes irrégulieres qui tendent
au centre de l'arbre : ces fentes sont
justement , si on en veut croire M. de la
Baïsse , les routes de l'air extérieur pour
s'insinuer dans l'arbre quand il est sur
pied. Pour qu'un bois brule bien il ne
faut pas qu'il soit privé de cet air , aussi
un bois mort sur pied ne brule pas bien,
parce qu'il se trouve dépourvû d'air.
Un bois flotté ne brule pas mieux, parce
que l'eau en a chassé l'air et les sels . Ap .
paremment dans le Pays de M. de la
Baïsse on ne brule point de bois flotté
car il nous auroit parlé plus juste sur la
qualité de ce bois .6. Il faut tremper dans
l'eau leChêne,leNoyer, et quelques autres
arbres avant de les employer en oeuvre ,
autrement ils se déjettent et ils s'écaillent
lorsque les Ouvriers coupent avec leurs
instrumens tranchans une partie des liens
qui tiennent quelques bulles d'air génées
dans les cellules intérieures du bois. L'eau
où on fait tremper ces bois prévient ecs
inconvéniens en ouvrant des passages à
cet air enfermé. 7 ° . Enfin l'air renfermé
dans la moëlle des Plantes , contribuë à
,
pousser
640 MERCURE DE FRANCE
pousser et à perfectionner les sucs ; delà
vient que dans les Entes , lorsque la
moëlle du sujet communique avec celle
de la greffe , les fruits s'en ressentent presque
toujours. Ainsi une branche d'Oranger
entée en fente sur un pied de Jasmin
qui abonde en moëlle , porte des fleurs
qui tiennent plus de la fleur de Jasmin
que de celle de l'Oranger . Si ce fait avancé
par M. de la Baïsse étoit vrai que
viendroient les recherches de M. Duhamel
sur l'analogie des sujets qu'on doit
greffer avec les greffes.
de-
C'est par cette observation , Monsieur,
que M.de la Baïsse finit une Dissertation
que l'Académie Royale de Bourdeaux
a jugée digne du Prix , et qu'elle a eu la
satisfaction de choisir entre plusieurs
sçavans Ouvrages. J'ai l'honneur d'être
M. &c. D. B. *** à Paris ce 23 Novembre
1733 .
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Résumé : SUITE de la Lettre de M. D. B. contenant l'Analyse de la Dissertation sur la circulation de la Séve dans les Plantes.
Le texte présente les observations de M. de la Baïsse sur la circulation de la sève dans les plantes, en établissant une analogie avec la physiologie animale. Selon M. de la Baïsse, le suc terrestre pénètre dans les racines par les pores de l'écorce, subissant une première digestion similaire à la mastication animale. Ce suc passe ensuite dans les fibres ligneuses de la racine, agissant comme des œsophages, pour atteindre l'estomac principal de la plante situé au nœud de la tige. À cet endroit, les fibres ligneuses repliées tourmentent le suc, lui donnant une deuxième digestion comparable à celle de l'estomac animal. Les liqueurs ajoutées causent des fermentations, et le bassin situé au milieu du nœud peut provoquer des mouvements vermiculaires similaires au péristaltisme intestinal. Les articulations des branches avec les tiges sont également des nœuds, fonctionnant comme des estomacs plus petits. Les duretés pierreuses nommées nœuds sont analogues aux pierres formées dans les viscères des animaux. Après digestion, le suc passe dans les fibres de la portion ligneuse où la digestion s'achève. Contrairement aux entrailles animales, les canaux ligneux des plantes se divisent en plusieurs branches et se terminent par des orifices imperceptibles pour évacuer les excréments. M. de la Baïsse observe que le suc nourricier des plantes, une fois digéré, se filtre dans les feuilles et les fleurs, passant ensuite par des canaux collatéraux dans les utricules voisins et la masse des liquides. Il conclut que la sève digérée circule dans la plante de manière similaire au chyle dans le sang animal. Il ajoute que la nutrition des plantes, comme celle des animaux, est moins nécessaire que la respiration. Les plantes sont des machines dont les mouvements sont régulés par une force similaire à celle d'un balancier, nécessitant une respiration continue. L'air entre avec le suc dans la plante et se sépare dès son entrée, se rendant dans les trachées qui aboutissent à la moelle. La moelle, spongieuse, semble jouer le rôle des poumons chez les animaux. Le suc digéré se mélange avec l'air dans la moelle, recevant une préparation similaire à celle du sang dans les poumons. M. de la Baïsse observe que certains nœuds de la plante fonctionnent comme le cœur, avec un nœud supérieur et un nœud inférieur jouant respectivement les rôles des ventricules droit et gauche. Les plantes exhalent l'air par les nouvelles feuilles et les fleurs, imitant la respiration alternative des animaux. L'action réciproque entre l'air extérieur et intérieur est essentielle pour la végétation des plantes. M. de la Baïsse explique les phénomènes de la végétation des plantes selon les saisons en fonction de la compression et de la dilatation de l'air intérieur et extérieur. Il conclut que les labours et le remuage de la terre fournissent aux plantes l'air nécessaire à leur croissance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 233-234
LETTRE de M. Morand, à M. Fréron, sur le Reméde contre la Goutte, de M. Chavy De Mongerbet, dans l'Année Littéraire de Janvier 1760.
Début :
Je vous avoue, Monsieur, qu'en lisant le Mémoire de M. Chavy de Mongerbet, Médecin à Bourg en Bresse, [...]
Mots clefs :
Médecin, Goutte, Témoignage, Mémoire, Remèdes, Tisanes, Plantes, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Morand, à M. Fréron, sur le Reméde contre la Goutte, de M. Chavy De Mongerbet, dans l'Année Littéraire de Janvier 1760.
LETTRE de M. MORAND , à M. FRERON ,
fur le Reméde contre la Goutte, de M. CHAVY -
DE MONGERBET , dans l'Année Littéraire de
Janvier 1760 .
JE vous avoue , Monfieur , qu'en lifant le Mémoire
de M. Chavy de Mongerbet , Médecin à
Bourg en Breffe , fur la Goutte , je nefus pas plus
perfuadé que vous : mais ce Médecin eft venu à Paris;
& plufieurs goutteux , entr'autres un très grand
Seigneur, ayant pris fes remédes ; j'ai eu des témoignages
très avantageux de leur effet , de lapart
de ces perfonnes fi intéressées à dire la vérité. Le
principal confifle en une ptifane que j'ai goûtée ,
qui n'eft point défagréable à prendre , & dont M. de
Mongerbet m'a très-honnêtement confié la compofi
tion . Je puis donc certifier, qu'il n'y a rien dans cette
ptifane qui doive en faire craindre l'ufage . Il n'y
entre aucune préparation tirée des minéraux ; elle
eft compofée dufuc de beaucoup de plantes , affezfinn
gulièrement afforties . ....
J'ai l'honneur d'être , & c . MORAnd .
Suite de la Feuille .
Après ce témoignage , il n'eft pas poffible ,
Monfieur , de douter des bons effets de la Ptifane
de M. de Mongerbet. M. Morand n'eſt pas le feul
à qui il ait donné la connoiffance de fon reméde :
ill'a auffi communiqué à M. Peſtalozzi , Médecin
de Lyon , très-célèbre & très- habile dans fon Art..
Ce procédé de M. Mongerbet , prouve qu'il agic
de bonne foi , & qu'il eft perfuadé que fa recette
procure des foulagemens réels. M. de Mongerbet
ne doit point être confondu avec les
234 MERCURE DE FRANCE.
Empyriques , qui inondent le Public de promeft
fes qui ne font éfficaces que pour eux . C'eſt un
Médecin qui a communiqué fa recette à d'habiles
perfonnes de l'Art , qui affurent qu'on peut s'en
fervir avec fruit ; ce que fes effets falutaires prouvent
encore mieux que leurs témoignages
quoiqu'ils foient d'une très-grande autorité.
fur le Reméde contre la Goutte, de M. CHAVY -
DE MONGERBET , dans l'Année Littéraire de
Janvier 1760 .
JE vous avoue , Monfieur , qu'en lifant le Mémoire
de M. Chavy de Mongerbet , Médecin à
Bourg en Breffe , fur la Goutte , je nefus pas plus
perfuadé que vous : mais ce Médecin eft venu à Paris;
& plufieurs goutteux , entr'autres un très grand
Seigneur, ayant pris fes remédes ; j'ai eu des témoignages
très avantageux de leur effet , de lapart
de ces perfonnes fi intéressées à dire la vérité. Le
principal confifle en une ptifane que j'ai goûtée ,
qui n'eft point défagréable à prendre , & dont M. de
Mongerbet m'a très-honnêtement confié la compofi
tion . Je puis donc certifier, qu'il n'y a rien dans cette
ptifane qui doive en faire craindre l'ufage . Il n'y
entre aucune préparation tirée des minéraux ; elle
eft compofée dufuc de beaucoup de plantes , affezfinn
gulièrement afforties . ....
J'ai l'honneur d'être , & c . MORAnd .
Suite de la Feuille .
Après ce témoignage , il n'eft pas poffible ,
Monfieur , de douter des bons effets de la Ptifane
de M. de Mongerbet. M. Morand n'eſt pas le feul
à qui il ait donné la connoiffance de fon reméde :
ill'a auffi communiqué à M. Peſtalozzi , Médecin
de Lyon , très-célèbre & très- habile dans fon Art..
Ce procédé de M. Mongerbet , prouve qu'il agic
de bonne foi , & qu'il eft perfuadé que fa recette
procure des foulagemens réels. M. de Mongerbet
ne doit point être confondu avec les
234 MERCURE DE FRANCE.
Empyriques , qui inondent le Public de promeft
fes qui ne font éfficaces que pour eux . C'eſt un
Médecin qui a communiqué fa recette à d'habiles
perfonnes de l'Art , qui affurent qu'on peut s'en
fervir avec fruit ; ce que fes effets falutaires prouvent
encore mieux que leurs témoignages
quoiqu'ils foient d'une très-grande autorité.
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Résumé : LETTRE de M. Morand, à M. Fréron, sur le Reméde contre la Goutte, de M. Chavy De Mongerbet, dans l'Année Littéraire de Janvier 1760.
Dans la lettre de M. Morand à M. Fréron, publiée dans l'Année Littéraire de janvier 1760, il est question du remède contre la goutte proposé par M. Chavy de Mongerbet, médecin à Bourg-en-Bresse. Initialement sceptique, M. Morand change d'avis après avoir entendu des témoignages positifs, y compris celui d'un grand seigneur. Le principal remède est une ptilane, dont la composition, partagée honnêtement par M. de Mongerbet, inclut diverses plantes et exclut toute préparation minérale, la rendant sûre à utiliser. M. Morand atteste donc de l'innocuité et de l'efficacité de ce traitement. De plus, M. de Mongerbet a partagé sa recette avec M. Pestalozzi, un médecin lyonnais renommé, démontrant ainsi sa bonne foi et sa conviction des bienfaits de son remède. Contrairement aux empiriques qui font des promesses fallacieuses, M. de Mongerbet a communiqué sa recette à des professionnels compétents, confirmant l'efficacité de son traitement.
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18
p. 200-201
Remédes.
Début :
M. De Clairon, Président à la Chambre des Comptes & Cour des Aides [...]
Mots clefs :
Famille royale, Roi, Ministres, Mémoire, Plantes, Fièvre, Pleurésie, Guérison, Dysenterie, Hémorroïdes
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texteReconnaissance textuelle : Remédes.
Remédes.
M. DE CLAIRON , Préfident à la Chambre des
Comptes & Cour des Aides de Franche - Comté , a
prefenté au Roi , à la Reine , a la Famille Royale
, à tous les Miniftres , à M. le Maréchal de
Belleifle , à M. le Maréchal de Broglie , à M. de
Senac , premier Médecin du Roi , & à Meffieurs
de la Facultéde Médecine de Paris , un Mémoire
par lequel il leur expofe la découverte qu'il a
DECEMBRE. 1760. 201
faite de plufieurs Plantes fpécifiques pour la guérifon
des fiévres de toute espéce , des pleurélies &
au plus tard au cinquiéme accès , des obftructions
du foye & de la rate , de l'hydropifie , de la
rétention d'urine caufée par la pierre dans un
mois , de la dyfenterie même jufqu'au fang
dans huit jours , des fleurs blanches dans la révolution
de deux mois à n'en prendre que fix jours
defuite par mois, & des hémorroïdes en vingt - quatre
heures. Il a fait un Traité qui enfeigne la maniè
re de fe les procurer & de s'en fervir , qui a mérité
l'approbation de MM . les Cenfeurs de la Faculté
de Médecine de Paris , de M. de Senac , & de plufeurs
autres Médecins , & en attendant que ce
Traité parvienne à la connoillance du Public ,
i en offre à MM. les Médecins , Chirurgiens &
Apoticaires , & à quiconque en voudra faire ufage
, parce qu'il en garantit l'éthcacité & une
prompte guérifon . Il eft logé à la rue du Plâtre ,
près la rue S. Jacques , chez un Marchand Herborifte.
M. DE CLAIRON , Préfident à la Chambre des
Comptes & Cour des Aides de Franche - Comté , a
prefenté au Roi , à la Reine , a la Famille Royale
, à tous les Miniftres , à M. le Maréchal de
Belleifle , à M. le Maréchal de Broglie , à M. de
Senac , premier Médecin du Roi , & à Meffieurs
de la Facultéde Médecine de Paris , un Mémoire
par lequel il leur expofe la découverte qu'il a
DECEMBRE. 1760. 201
faite de plufieurs Plantes fpécifiques pour la guérifon
des fiévres de toute espéce , des pleurélies &
au plus tard au cinquiéme accès , des obftructions
du foye & de la rate , de l'hydropifie , de la
rétention d'urine caufée par la pierre dans un
mois , de la dyfenterie même jufqu'au fang
dans huit jours , des fleurs blanches dans la révolution
de deux mois à n'en prendre que fix jours
defuite par mois, & des hémorroïdes en vingt - quatre
heures. Il a fait un Traité qui enfeigne la maniè
re de fe les procurer & de s'en fervir , qui a mérité
l'approbation de MM . les Cenfeurs de la Faculté
de Médecine de Paris , de M. de Senac , & de plufeurs
autres Médecins , & en attendant que ce
Traité parvienne à la connoillance du Public ,
i en offre à MM. les Médecins , Chirurgiens &
Apoticaires , & à quiconque en voudra faire ufage
, parce qu'il en garantit l'éthcacité & une
prompte guérifon . Il eft logé à la rue du Plâtre ,
près la rue S. Jacques , chez un Marchand Herborifte.
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Résumé : Remédes.
M. de Clairon, Président à la Chambre des Comptes et Cour des Aides de Franche-Comté, a soumis un mémoire au Roi, à la Reine, à la Famille Royale, aux ministres, aux maréchaux de Belleisle et de Broglie, à M. de Senac, premier Médecin du Roi, et aux membres de la Faculté de Médecine de Paris. Ce mémoire décrit la découverte de plusieurs plantes spécifiques pour traiter diverses maladies, telles que les fièvres, les pleurésies, les obstructions du foie et de la rate, l'hydropisie, la rétention d'urine causée par des calculs rénaux, la dysenterie, les flux blancs et les hémorroïdes. M. de Clairon a rédigé un traité sur l'utilisation de ces plantes, approuvé par les censeurs de la Faculté de Médecine de Paris, M. de Senac et d'autres médecins. En attendant la publication de ce traité, il met ces remèdes à disposition des médecins, chirurgiens, apothicaires et toute personne intéressée, garantissant leur efficacité et une guérison rapide. M. de Clairon réside rue du Plâtre, près de la rue Saint-Jacques, chez un marchand herboriste.
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19
p. 212-213
PROPRIÉTÉ & vertu d'une graisse d'Ours apprêtée pour la conservation des cheveux Par le Sieur LAVAULT.
Début :
Cette graisse d'Ours déjà connue du Public, dès le mois de Juin 1761, [...]
Mots clefs :
Graisse d'ours, Plantes, Crinière d'animal, Entretien des cheveux
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texteReconnaissance textuelle : PROPRIÉTÉ & vertu d'une graisse d'Ours apprêtée pour la conservation des cheveux Par le Sieur LAVAULT.
PROPRIÉTÉ & vertus d'une graiſſe d'Ours
apprêtéepour la confervation des cheveux
Par le Sieur LAVAULT .
Cette graiffe d'Ours déja connue du Public , dès
le mois de Juin 1761 , & annoncée dans plufieurs
feuilles périodiques , n'eft pas des parties ordinaires
de l'Animal, mais de la feule criniere mêlée
5
JUILLET. 1763. 213
avec le fuc des plantes choifies ; elle fait croître
& entretient les cheveux lorfqu'une tête commence
à le dépouiller , & lors même que les cheveux
font tombés par féchereffe , maladie ou autre
accident; cette graille les répare, excepté toutefois
les têtes complettement chauves.
Les perfonnes qui voudront ſe ſervir de cette
graiffe , en mettront dans les racines des cheveux
Leulement , après s'être peignées à fond , & un
peu de poudre pardeflus. Il fuffit de mettre de
cette graiffe deux fois par femaine.
Le lieur Lavault a des connoiffances particulieres
fur la nature des cheveux ; c'est l'étude de
toute la vie, ceux & celles qui ont fait ufage de
cette graiffe d'Ours préparée s'en font bien trouvés
& continuent toujours de s'en fſervir dans le
befoin.
Vû la facilité que le fieur Lavault a depuis la
Paix, d'avoir la graiffe d'Ours , & des fimples pour
compofer fa pommade , il donnera déformais les
Pots qu'il vendoit 3 liv . pour 2 liv. & ceux qu'il
vendoit 6 liv. pour 4 liv . lui feul en a le fecret .
On le trouve chez lui à l'entrée de la rue des
Cordeliers au Bureau de Loterie de l'Ecole Royale
Militaire , au troifiéme , du côté de la Comédie
Françoife , & au Bureau de cette Loterie dans la
même Maifon.
apprêtéepour la confervation des cheveux
Par le Sieur LAVAULT .
Cette graiffe d'Ours déja connue du Public , dès
le mois de Juin 1761 , & annoncée dans plufieurs
feuilles périodiques , n'eft pas des parties ordinaires
de l'Animal, mais de la feule criniere mêlée
5
JUILLET. 1763. 213
avec le fuc des plantes choifies ; elle fait croître
& entretient les cheveux lorfqu'une tête commence
à le dépouiller , & lors même que les cheveux
font tombés par féchereffe , maladie ou autre
accident; cette graille les répare, excepté toutefois
les têtes complettement chauves.
Les perfonnes qui voudront ſe ſervir de cette
graiffe , en mettront dans les racines des cheveux
Leulement , après s'être peignées à fond , & un
peu de poudre pardeflus. Il fuffit de mettre de
cette graiffe deux fois par femaine.
Le lieur Lavault a des connoiffances particulieres
fur la nature des cheveux ; c'est l'étude de
toute la vie, ceux & celles qui ont fait ufage de
cette graiffe d'Ours préparée s'en font bien trouvés
& continuent toujours de s'en fſervir dans le
befoin.
Vû la facilité que le fieur Lavault a depuis la
Paix, d'avoir la graiffe d'Ours , & des fimples pour
compofer fa pommade , il donnera déformais les
Pots qu'il vendoit 3 liv . pour 2 liv. & ceux qu'il
vendoit 6 liv. pour 4 liv . lui feul en a le fecret .
On le trouve chez lui à l'entrée de la rue des
Cordeliers au Bureau de Loterie de l'Ecole Royale
Militaire , au troifiéme , du côté de la Comédie
Françoife , & au Bureau de cette Loterie dans la
même Maifon.
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Résumé : PROPRIÉTÉ & vertu d'une graisse d'Ours apprêtée pour la conservation des cheveux Par le Sieur LAVAULT.
Le texte décrit une graisse d'ours préparée par le Sieur Lavault pour la conservation des cheveux. Connue depuis juin 1761 et annoncée dans plusieurs publications, cette graisse est composée de la crinière de l'ours et du suc de plantes sélectionnées. Elle favorise la croissance et l'entretien des cheveux, même en cas de chute due à la sécheresse, une maladie ou un autre accident, sauf pour les têtes complètement chauves. L'application se fait deux fois par semaine sur les racines des cheveux après un peignage minutieux, avec ajout de poudre. Grâce à ses connaissances sur la nature des cheveux, Lavault a créé cette pommade, bien accueillie par les utilisateurs. En raison de la facilité d'approvisionnement, il a réduit les prix des pots : ceux à 2 livres sont désormais à 1 livre et ceux à 6 livres à 4 livres. Lavault est joignable à l'entrée de la rue des Cordeliers au Bureau de Loterie de l'École Royale Militaire et au Bureau de cette Loterie dans la même maison.
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20
p. 212
Propriétés & vertu d'une Graisse d'Ours, pour la conservation des Cheveux, par le Sr Lavault.
Début :
Cette graisse d'ours, déjà connue du Public dès le mois de [...]
Mots clefs :
Graisse d'ours, Cheveux, Plantes, Suc, Maladie, Soins capillaires, Racines, Pommade
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Propriétés & vertu d'une Graisse d'Ours, pour la conservation des Cheveux, par le Sr Lavault.
Propriétés & vertu dune Graiſſe d'Ours , pour la
confervation des Cheveux , par le Sr LAVAULT.
Cettegraiffe d'ours , déja connue du Public dès
le moisde Juin 1761 , & annoncée dans pluſieurs
feuilles périodiques , n'eſt pas des parties ordinajres
de l'animal , mais de la ſeule crinière mêlée
avec le ſuc des plantes choiſies : elle fait croî
tre& entretient les cheveux , lorſqu'une tête com
mence à ſe dépouiller , & lors même que les che-'
veux ſont tombés par féchereſſe , maladie ou
autre accident. Cette graiffe les répare , excepté
toutefois les têtes complettement chauves.
Les perſonnes qui voudront ſe ſervir de cette
graine, en mettront dans la racine des cheveux!
ſeulement, après s'être peignés à fond , & un peu
de poudre par-deſſus : il ſuffit de mettre de cette
graiffe deux fois par ſemaine.
Le ſieur LAVAULT a des connoiſſances particulières
ſur la nature des cheveux ; c'eſt l'étude de
toute la vie. Ceux & celles qui ont fait uſage de
cette graiffe d'ours préparée s'en font bien trouvés,
& continuent toujours de s'en ſervir dans le
beſoin.
Vu la facilitéque le ſieur LAVAULT a depuis la
paix , d'avoir la graiffe d'ours & des ſimples pour
compoſer ſa pommade , il donnera déſormais
les potsqu'il vendoit 3 livres pour 2 livres , &
ceux qu'il vendoit 6 liv. pour 4 liv . Lui ſeul en a
le fecret.
On la trouve chez lui , à l'entrée de la rue des
Cordéliers , au Bureau de la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire , au troiſieme , du côté de la
Comédie Françoiſe , & au Bureau de cette Lo
terie,dans lamême maiſon.
confervation des Cheveux , par le Sr LAVAULT.
Cettegraiffe d'ours , déja connue du Public dès
le moisde Juin 1761 , & annoncée dans pluſieurs
feuilles périodiques , n'eſt pas des parties ordinajres
de l'animal , mais de la ſeule crinière mêlée
avec le ſuc des plantes choiſies : elle fait croî
tre& entretient les cheveux , lorſqu'une tête com
mence à ſe dépouiller , & lors même que les che-'
veux ſont tombés par féchereſſe , maladie ou
autre accident. Cette graiffe les répare , excepté
toutefois les têtes complettement chauves.
Les perſonnes qui voudront ſe ſervir de cette
graine, en mettront dans la racine des cheveux!
ſeulement, après s'être peignés à fond , & un peu
de poudre par-deſſus : il ſuffit de mettre de cette
graiffe deux fois par ſemaine.
Le ſieur LAVAULT a des connoiſſances particulières
ſur la nature des cheveux ; c'eſt l'étude de
toute la vie. Ceux & celles qui ont fait uſage de
cette graiffe d'ours préparée s'en font bien trouvés,
& continuent toujours de s'en ſervir dans le
beſoin.
Vu la facilitéque le ſieur LAVAULT a depuis la
paix , d'avoir la graiffe d'ours & des ſimples pour
compoſer ſa pommade , il donnera déſormais
les potsqu'il vendoit 3 livres pour 2 livres , &
ceux qu'il vendoit 6 liv. pour 4 liv . Lui ſeul en a
le fecret.
On la trouve chez lui , à l'entrée de la rue des
Cordéliers , au Bureau de la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire , au troiſieme , du côté de la
Comédie Françoiſe , & au Bureau de cette Lo
terie,dans lamême maiſon.
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Résumé : Propriétés & vertu d'une Graisse d'Ours, pour la conservation des Cheveux, par le Sr Lavault.
Le texte décrit une graisse d'ours, connue depuis juin 1761, utilisée pour la conservation et la croissance des cheveux. Composée de la crinière d'ours et du suc de plantes, elle est efficace même en cas de chute due à la sécheresse, une maladie ou un accident. Elle ne fonctionne pas sur les têtes complètement chauves. L'application se fait à la racine des cheveux après s'être peigné, deux fois par semaine, avec un saupoudrage de poudre. Le sieur LAVAULT, expert en nature des cheveux, affirme la satisfaction des utilisateurs. Grâce à la paix, il propose des prix réduits : les pots vendus 3 livres sont maintenant à 2 livres, et ceux vendus 6 livres à 4 livres. Il détient le secret de cette préparation. La graisse d'ours est disponible chez lui, à l'entrée de la rue des Cordeliers, au Bureau de la Loterie de l'École Royale Militaire, et au Bureau de la Loterie dans la même maison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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