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1
p. 230-240
NOUVELLES d'Utrecht.
Début :
Les negociations de la paix font tousjours au mesme estat: [...]
Mots clefs :
Utrecht, Négociations de paix internationales, Ministres des Alliés, Conférences, Comte de Strafford, Prince Eugène, Angleterre, Conseil d'État, États généraux , Meurs
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Utrecht.
NOUVELLES,
d'Utrécit.
,
Les negociations de la
paix sont toujours au mesme estat: Les Miniltres des
Alliez tiennent souvent entreux desConferences; on
assure qu'il n'y sera pris aucune resolution importance,
jusqu'au retour d'Angleterre du Comte de Strafford
qu'on attendincessamment.
Le- Duc & la Duchesse
de Saint Pierre
,
arriverenc
le 4
Novembre àRosendal
prés d'Utrecht, où ils ont
reçû les visites des Plenipotentiaires de France &
de plusieurs autres Ministres. Le lendemain leDuc.
de Saint Pierre alla rendrevisite au Mareschal deHu-.
xeles, & aux autresPlenipotentiaires, puis à l'Evefeue de Bristol.
Les Lettres de la Haye
du 17 Novembre, portent
que le Prince Eugene, le
Comte de Sinzendorf & le
Baron de Heems Plenipotentiaires de TArchiducjontf
conferé avec les Deputez
des Estats generaux. & du
Conseild'Estat, pourtascher.
de leur persuader d'augmenter l'état de guerre pour -
la Campagne prochaine,à
causedela diminution des
forces des Alliez, par la suspension d'Armes concluë
avecl'Angleterre &le Portugal, assurant que l'Archiduc seroit de son costé des
efforts extraordinaires: on
a
appris que leurs sollicitations avoient esté inutiles,
que le Conseil d'Estat 1tavoit règle sur le pied de la
Campagnederniere
,
ôc
qu'on aura mesme beaucoup
de peine à l'executer, à cause de la décadence du Commerce
,
de la rareté de l'argent, & de la diminution
du credit qui tombe de plus
en plus; queleConseild'Eilat en Corpsl'avoit porté
aux Estats Generaux, pour l'envoyer irièelfamm'enc
dans les Provinces, afin d'avoir leur consentement.
LesLettresdeNamur du
premierNovembre,portent
quele ComtedeBergeik
avoit communiquéauxEs-
tats duComitté de Namur-
,& fait enregistrer un Aéte
du premier Janvier 1712..-
par lequel le Roy d'Espagne
en confcquence du Traité
fait en son nom & de son
consentement le7. Novembre 1702. par le Roy Tres-
;.Chrettien
,
avec le Prince
Maximilien Emmanuel,E
lecteur de Baviere il cedeSe transporte à ce Prince
J. & sesSuccessèurs tous le*
droits, propriété & souveraineté qui luy appartenoientdans lesPays-bas, de
lamesme maniere qu'il en
Avoir jouy cy devant. Le
Comte de BergeiK partit
le 2. Novembre
,
pour alJer (Cixee.ufrerîune pareille
Coaamvffioci dans la Ville,
&le t>jchede Luxembourg
après lavellei.it recoud
pej .àMadrid.
Les EstarsGenerauxont
r-écol-uqu'e tous leurs Officiers ,fyflkutleuts Compagnies complettes;le 25.
Mars prochain
,
à peins d'être-cafrés.
LePrince E^etir'itll
pwyjk" 14. l&wifcbrs<fe
laHayt;MNy.ailej-àVitu*
ne
,
le Comte deSinzendorfl'a accompagne jusqu'à
Utrecht.
Le sieur GasparFlorent
de Confbruch
,
Conseiller
Aulique & troisieme Plénipotentiaire
,
mourut à
Utrecht le 19. Novembre
,
le Baron de Kirchner qui
doit luy succeder, arriva le
13. à Francfort', il enpartit le 16. pour se rendre à
Utrecht.
Les Lettres de Meurs ,
portentque les troupes de
l'Electeur de Brandebourg,
qui se font emparées du
Chateau parsurprise;ayant
receu un ren fort,ont obligé les habitans à prester
serment de fidelité àson
AltesseElectorale
,
& contraint les Troupes Hollandosses d'en sortir; ils ont
fait entrer quinze cent
hommes dans cette petite
Ville, le sieur Hymmen
l'un des Plénipotentiaire
de l'Electeur de Brandebourg, a
presenté aux Estats Generaux sur ce sujet,
unmémoire qui pourroit
avoir des suitesfascheuses
s'ils n'étoient occupezà des,
affaires plus imporra'ntes.)
,
Les Ministresdel'Archiduc, demandent de grosses,
sommes aux Pays- bas Catholiques ,pourla fubliRancedes Troupes qui doivent
yrester enquartier d'hyver;ils demandentsix cent
cinquante milleflorins à b
Province de Flandres, donc
les Estats n'en veulent accorder le. que troiscentmilLes Lettres de Luxembourg, portent que les Partis duColonella Croix
,
ej&okjoc revenus d'au de-*
Il du Rhin avec un buem
desoixante mille écus,&
un grand nombre de prisonniers & OfficiersdeDisitiction; celles de Strasbourgdu 18. Novembre
portent qu'unParty de :Lau,¡,
terbourg ayant fait une
courte jusqu'auprés de Landau avoient amené pluficursOfficiers prisonniers:
on écrit de Hombourg que soixanteGrenadiers de la
Garnison ayantdressé une
embuscade à un Party de
Hussars de laGarnisonde
Landauy lesont presque
toustuez, ou pris, avec leur
Commandant & leur bik
tin.
On mande de Londres
que le Duc d'Ormond yest
arrivé le 14. Novembre,'&
qu'il partit le 15. pour aller
à Windsor saluerla Reine
qui le rcceu tres-favorablement que Milord Marlborough ayant obtenu la
permissiond'aller faire un
voyage, son passeport fut
signé le 11. pour luy& quatorze personnesseulement,
qu'il avoit pris congé de la
Reine & devoit partir le ty
d'Utrécit.
,
Les negociations de la
paix sont toujours au mesme estat: Les Miniltres des
Alliez tiennent souvent entreux desConferences; on
assure qu'il n'y sera pris aucune resolution importance,
jusqu'au retour d'Angleterre du Comte de Strafford
qu'on attendincessamment.
Le- Duc & la Duchesse
de Saint Pierre
,
arriverenc
le 4
Novembre àRosendal
prés d'Utrecht, où ils ont
reçû les visites des Plenipotentiaires de France &
de plusieurs autres Ministres. Le lendemain leDuc.
de Saint Pierre alla rendrevisite au Mareschal deHu-.
xeles, & aux autresPlenipotentiaires, puis à l'Evefeue de Bristol.
Les Lettres de la Haye
du 17 Novembre, portent
que le Prince Eugene, le
Comte de Sinzendorf & le
Baron de Heems Plenipotentiaires de TArchiducjontf
conferé avec les Deputez
des Estats generaux. & du
Conseild'Estat, pourtascher.
de leur persuader d'augmenter l'état de guerre pour -
la Campagne prochaine,à
causedela diminution des
forces des Alliez, par la suspension d'Armes concluë
avecl'Angleterre &le Portugal, assurant que l'Archiduc seroit de son costé des
efforts extraordinaires: on
a
appris que leurs sollicitations avoient esté inutiles,
que le Conseil d'Estat 1tavoit règle sur le pied de la
Campagnederniere
,
ôc
qu'on aura mesme beaucoup
de peine à l'executer, à cause de la décadence du Commerce
,
de la rareté de l'argent, & de la diminution
du credit qui tombe de plus
en plus; queleConseild'Eilat en Corpsl'avoit porté
aux Estats Generaux, pour l'envoyer irièelfamm'enc
dans les Provinces, afin d'avoir leur consentement.
LesLettresdeNamur du
premierNovembre,portent
quele ComtedeBergeik
avoit communiquéauxEs-
tats duComitté de Namur-
,& fait enregistrer un Aéte
du premier Janvier 1712..-
par lequel le Roy d'Espagne
en confcquence du Traité
fait en son nom & de son
consentement le7. Novembre 1702. par le Roy Tres-
;.Chrettien
,
avec le Prince
Maximilien Emmanuel,E
lecteur de Baviere il cedeSe transporte à ce Prince
J. & sesSuccessèurs tous le*
droits, propriété & souveraineté qui luy appartenoientdans lesPays-bas, de
lamesme maniere qu'il en
Avoir jouy cy devant. Le
Comte de BergeiK partit
le 2. Novembre
,
pour alJer (Cixee.ufrerîune pareille
Coaamvffioci dans la Ville,
&le t>jchede Luxembourg
après lavellei.it recoud
pej .àMadrid.
Les EstarsGenerauxont
r-écol-uqu'e tous leurs Officiers ,fyflkutleuts Compagnies complettes;le 25.
Mars prochain
,
à peins d'être-cafrés.
LePrince E^etir'itll
pwyjk" 14. l&wifcbrs<fe
laHayt;MNy.ailej-àVitu*
ne
,
le Comte deSinzendorfl'a accompagne jusqu'à
Utrecht.
Le sieur GasparFlorent
de Confbruch
,
Conseiller
Aulique & troisieme Plénipotentiaire
,
mourut à
Utrecht le 19. Novembre
,
le Baron de Kirchner qui
doit luy succeder, arriva le
13. à Francfort', il enpartit le 16. pour se rendre à
Utrecht.
Les Lettres de Meurs ,
portentque les troupes de
l'Electeur de Brandebourg,
qui se font emparées du
Chateau parsurprise;ayant
receu un ren fort,ont obligé les habitans à prester
serment de fidelité àson
AltesseElectorale
,
& contraint les Troupes Hollandosses d'en sortir; ils ont
fait entrer quinze cent
hommes dans cette petite
Ville, le sieur Hymmen
l'un des Plénipotentiaire
de l'Electeur de Brandebourg, a
presenté aux Estats Generaux sur ce sujet,
unmémoire qui pourroit
avoir des suitesfascheuses
s'ils n'étoient occupezà des,
affaires plus imporra'ntes.)
,
Les Ministresdel'Archiduc, demandent de grosses,
sommes aux Pays- bas Catholiques ,pourla fubliRancedes Troupes qui doivent
yrester enquartier d'hyver;ils demandentsix cent
cinquante milleflorins à b
Province de Flandres, donc
les Estats n'en veulent accorder le. que troiscentmilLes Lettres de Luxembourg, portent que les Partis duColonella Croix
,
ej&okjoc revenus d'au de-*
Il du Rhin avec un buem
desoixante mille écus,&
un grand nombre de prisonniers & OfficiersdeDisitiction; celles de Strasbourgdu 18. Novembre
portent qu'unParty de :Lau,¡,
terbourg ayant fait une
courte jusqu'auprés de Landau avoient amené pluficursOfficiers prisonniers:
on écrit de Hombourg que soixanteGrenadiers de la
Garnison ayantdressé une
embuscade à un Party de
Hussars de laGarnisonde
Landauy lesont presque
toustuez, ou pris, avec leur
Commandant & leur bik
tin.
On mande de Londres
que le Duc d'Ormond yest
arrivé le 14. Novembre,'&
qu'il partit le 15. pour aller
à Windsor saluerla Reine
qui le rcceu tres-favorablement que Milord Marlborough ayant obtenu la
permissiond'aller faire un
voyage, son passeport fut
signé le 11. pour luy& quatorze personnesseulement,
qu'il avoit pris congé de la
Reine & devoit partir le ty
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Résumé : NOUVELLES d'Utrecht.
Les négociations de paix entre les alliés sont temporairement suspendues en attendant le retour du Comte de Strafford d'Angleterre. Le Duc et la Duchesse de Saint-Pierre ont rejoint Rosendal près d'Utrecht, où ils ont accueilli des visites de plénipotentiaires français et d'autres ministres. Le Prince Eugène et d'autres plénipotentiaires de l'Archiduc ont tenté de convaincre les États généraux et le Conseil d'État des Pays-Bas d'intensifier les efforts de guerre pour la prochaine campagne, mais leurs demandes ont été rejetées en raison de la décadence du commerce et de la rareté de l'argent. Le Comte de Bergeik a transmis aux États du Comité de Namur un acte par lequel le Roi d'Espagne cède ses droits sur les Pays-Bas au Prince Électeur de Bavière. Les États généraux ont ordonné la révocation de tous leurs officiers et compagnies complètes d'ici le 25 mars prochain. Le Prince Eugène a quitté La Haye pour Vitry, accompagné du Comte de Sinzendorf. Le conseiller aulique Gaspar Florent de Conflans est décédé à Utrecht, et le Baron de Kirchner est arrivé pour lui succéder. Les troupes de l'Électeur de Brandebourg ont pris le contrôle du Château de Meurs, forçant les habitants à prêter serment de fidélité. Les ministres de l'Archiduc demandent des fonds importants aux Pays-Bas catholiques pour le quartier d'hiver des troupes. Des nouvelles militaires signalent des actions près du Rhin et de Landau, avec des prises de prisonniers et des embuscades. À Londres, le Duc d'Ormond est arrivé et a été bien reçu par la Reine, tandis que Milord Marlborough a obtenu la permission de partir en voyage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 260-269
Nouvelles d'Utrecht.
Début :
Les Conferences sont tres-frequentes entre les Plenipotentiaires des Alliez [...]
Mots clefs :
Utrecht, Conférences, Reine de la grande Bretagne, Hollande, Provinces-Unies, Succession, Dunkerque, Abbé de Polignac
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Utrecht.
Nouvelles J'Utrecht.
Les Conferences font tresfrequentes
entre les Plenipotentiaires
des Alliez, & mesme
avecceuxde France. On
assure que la pluspart des
Alliez font contens des
proposions qui leur ont
été communiquées par le
Comte de Straford, de la
part de la Reine dela grande
Bretagne. Les Lettres de
Hollandeportent que les
sept Provinces uniesont
accepté le projetde la Reine
& que les Etats Généraux
attendent seulementlesréponfcs
de l'Archiduc & de
quelquesautres ~Aillez &desexplications
sur divers articles.
D'autres Lettres de la
Haye assurent que les Etats
Generaux ont envoyé aux
sept Provinces uniesle traité
conclu avecles Anglois,
touchant la Barrière&la
garantie de la succession
pour avoir leur approbation.
On mande de Mons que
le Landgravede Heste-Cassel
a rapellé deux de ses meilleurs
Regimens quiy font en
garnison,quinefont aucune
fonction&attendent l'ordre
pour leur départ. Quatre Regimens
de Brandebourg ,qui.
croient en garnison se mirent
en marche le 15.Janvier pour
retourner dans leurpaïs.
Les Troupes Danoises qui
étoient à la solde d'Angleterre
ont été rappellées,elles
ont-ordre:dçjfc jeenir prêtes
à marcher; on assure que le
Duc de Wirtenberg leur
General s'en retournera aussi
pour commander l'Armée
du Roy de Dannemar k. Les
Lettres de Bruxelles portent
qu'un parti de Namur avoir
brûlélesMagasins de Foin,
fcituez hors la porte de Laken,
cet accident &les mouvemens
que les Troupes
Françoises sont sur la Frontière,
ont obligé les Etats
Generaux d'ordonner à seize
Bataillons & à vingt-trois
Escadrons de sortir de leurs
quartiers d'hiver à la fin de
Février pour marcher vers
les Places les plus avancées.
On écrit de Dunkerque
que le Capitaine Rutel commandant
le Corsaire le
Prompt, y avoit amené une
prise Hollandoise chargée
de Moruë, & que le Capitaine
Roger commandant
l'Isabelle de quatre Canons
avoit pris deux Cosaires.
dXMendc,tun devingt-huit
& l'autre de vingt-un homme
d'équipage qu'il a amen^
dans ce Port.
Le
Le 29. Janvier les Sieurs
Vander-Dussen
,
de Renswoude,&
KnipuyssenPleniporentiaires
des Etats Generaux
,se rendirent à l'Hôtel
du Maréchal deHuxelles,
où le different survenu entre
le Sieur Menager & le Sieur
de Rochteren, fut terminé
dela maniere que le Roy l'a.
voit demandé; ils desavoüerent
la conduite du Sieur de
Rechteren,&declarerent au
nom des Etats Generaux
qu'ils l'a desapprouvoient,
& que par cette raison il
avoirété privé de ses eruplois,
après quoi le Maréchal
de Huxelles lesretint à diné.
Le même jour sur les onze
heures du foir les Plenipotcntiaires
de Hollandeeurent
chez l'Evêque de Bristol une
conference qui dura jusqu'à
quatre heures après minuit,
& dans laquelle ilsconclurent
le Traité de laBarrière
& de la Succession dans la
Ligne Protestante: un heule
âpres le Sieur Harisson Secretaire
,
partir pour porter
ce Traité à Londres, & en
rapporter la ratification. Le
31.Les Plénipotentiaires de
France entrerent pour la pr emiere
fois en conference
avec ceux de l'Archiduc,dans
l'Hôtel de Bustol.
Les dernieres lettres d'Utrecht
portent que les nc.
gociations de la paix s'avancent
avec apparence d'un
heureux succés; que l'Abbé
de Polignac, second Plenipotentiaire
de France en partit
lanuit du10.au 11.Février
pour retourner à Paris.
On écrit de Flandres que les
troupes Danoisesquisont
sur la frontiere font en marche
pour retourner en leur
païs nonobltanc lesinstances
des Etats Generaux pour
les retenir, on assure qu'elles
seront suivies par celles
del'Electeur de Brandebourg,
qui a casse quinze
hommes parcompagnieavec
quelques Officiers & trompetres
de celles qu'il a entre
, la Meuse & le Rhin; qu'un
patri François avoit enlevé
dans le païs de Kempen, tous
les chevaux de deux companies
de cavalerie, tué une
partie des Officiers & descavaliers
& emmené le reste
qu'il a renvoyez, à la rcfcr,
ve desOfficiers, que ce parti
avoit été poursuivi, mais
qu'on avoir pû le joindie.
Les Conferences font tresfrequentes
entre les Plenipotentiaires
des Alliez, & mesme
avecceuxde France. On
assure que la pluspart des
Alliez font contens des
proposions qui leur ont
été communiquées par le
Comte de Straford, de la
part de la Reine dela grande
Bretagne. Les Lettres de
Hollandeportent que les
sept Provinces uniesont
accepté le projetde la Reine
& que les Etats Généraux
attendent seulementlesréponfcs
de l'Archiduc & de
quelquesautres ~Aillez &desexplications
sur divers articles.
D'autres Lettres de la
Haye assurent que les Etats
Generaux ont envoyé aux
sept Provinces uniesle traité
conclu avecles Anglois,
touchant la Barrière&la
garantie de la succession
pour avoir leur approbation.
On mande de Mons que
le Landgravede Heste-Cassel
a rapellé deux de ses meilleurs
Regimens quiy font en
garnison,quinefont aucune
fonction&attendent l'ordre
pour leur départ. Quatre Regimens
de Brandebourg ,qui.
croient en garnison se mirent
en marche le 15.Janvier pour
retourner dans leurpaïs.
Les Troupes Danoises qui
étoient à la solde d'Angleterre
ont été rappellées,elles
ont-ordre:dçjfc jeenir prêtes
à marcher; on assure que le
Duc de Wirtenberg leur
General s'en retournera aussi
pour commander l'Armée
du Roy de Dannemar k. Les
Lettres de Bruxelles portent
qu'un parti de Namur avoir
brûlélesMagasins de Foin,
fcituez hors la porte de Laken,
cet accident &les mouvemens
que les Troupes
Françoises sont sur la Frontière,
ont obligé les Etats
Generaux d'ordonner à seize
Bataillons & à vingt-trois
Escadrons de sortir de leurs
quartiers d'hiver à la fin de
Février pour marcher vers
les Places les plus avancées.
On écrit de Dunkerque
que le Capitaine Rutel commandant
le Corsaire le
Prompt, y avoit amené une
prise Hollandoise chargée
de Moruë, & que le Capitaine
Roger commandant
l'Isabelle de quatre Canons
avoit pris deux Cosaires.
dXMendc,tun devingt-huit
& l'autre de vingt-un homme
d'équipage qu'il a amen^
dans ce Port.
Le
Le 29. Janvier les Sieurs
Vander-Dussen
,
de Renswoude,&
KnipuyssenPleniporentiaires
des Etats Generaux
,se rendirent à l'Hôtel
du Maréchal deHuxelles,
où le different survenu entre
le Sieur Menager & le Sieur
de Rochteren, fut terminé
dela maniere que le Roy l'a.
voit demandé; ils desavoüerent
la conduite du Sieur de
Rechteren,&declarerent au
nom des Etats Generaux
qu'ils l'a desapprouvoient,
& que par cette raison il
avoirété privé de ses eruplois,
après quoi le Maréchal
de Huxelles lesretint à diné.
Le même jour sur les onze
heures du foir les Plenipotcntiaires
de Hollandeeurent
chez l'Evêque de Bristol une
conference qui dura jusqu'à
quatre heures après minuit,
& dans laquelle ilsconclurent
le Traité de laBarrière
& de la Succession dans la
Ligne Protestante: un heule
âpres le Sieur Harisson Secretaire
,
partir pour porter
ce Traité à Londres, & en
rapporter la ratification. Le
31.Les Plénipotentiaires de
France entrerent pour la pr emiere
fois en conference
avec ceux de l'Archiduc,dans
l'Hôtel de Bustol.
Les dernieres lettres d'Utrecht
portent que les nc.
gociations de la paix s'avancent
avec apparence d'un
heureux succés; que l'Abbé
de Polignac, second Plenipotentiaire
de France en partit
lanuit du10.au 11.Février
pour retourner à Paris.
On écrit de Flandres que les
troupes Danoisesquisont
sur la frontiere font en marche
pour retourner en leur
païs nonobltanc lesinstances
des Etats Generaux pour
les retenir, on assure qu'elles
seront suivies par celles
del'Electeur de Brandebourg,
qui a casse quinze
hommes parcompagnieavec
quelques Officiers & trompetres
de celles qu'il a entre
, la Meuse & le Rhin; qu'un
patri François avoit enlevé
dans le païs de Kempen, tous
les chevaux de deux companies
de cavalerie, tué une
partie des Officiers & descavaliers
& emmené le reste
qu'il a renvoyez, à la rcfcr,
ve desOfficiers, que ce parti
avoit été poursuivi, mais
qu'on avoir pû le joindie.
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Résumé : Nouvelles d'Utrecht.
Le document décrit diverses activités diplomatiques et militaires en Europe, principalement axées sur les négociations de paix et les déplacements de troupes. Les conférences entre les plénipotentiaires des alliés et de la France sont fréquentes, et la plupart des alliés sont satisfaits des propositions transmises par le comte de Strafford au nom de la reine de Grande-Bretagne. Les Provinces Unies ont accepté le projet de la reine et attendent les réponses de l'archiduc et d'autres alliés. Les États Généraux des Provinces Unies ont envoyé aux sept Provinces unies le traité conclu avec les Anglais concernant la barrière et la garantie de la succession pour approbation. Des mouvements de troupes sont signalés : le landgrave de Hesse-Cassel a rappelé deux de ses régiments, et quatre régiments de Brandebourg ont quitté leurs garnisons. Les troupes danoises, auparavant à la solde de l'Angleterre, ont été rappelées et se préparent à partir. À Bruxelles, un incendie a obligé les États Généraux à mobiliser des bataillons et des escadrons vers les places avancées. En mer, des prises de navires sont rapportées par des capitaines de corsaires français. À Utrecht, des différends diplomatiques ont été résolus, et des traités ont été conclus, notamment le traité de la barrière et de la succession dans la ligne protestante. Les négociations de paix avancent favorablement, et l'abbé de Polignac est retourné à Paris. En Flandre, les troupes danoises et de l'électeur de Brandebourg se préparent à quitter la région, malgré les efforts des États Généraux pour les retenir. Un parti français a mené une attaque réussie contre des troupes ennemies dans le pays de Kempen.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 108-113
Nouvelles d'Utrecht.
Début :
Les ambassadeurs d'Espagne continuent leurs conferences avec ceux [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs, Conférences, Traités, Grande-Bretagne, Portugal, Électeurs, Troupes, Régiments, Rhin, Tumulte
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Utrecht.
Nouvelles d'Utrecht. ])
- Les ambassadeurs d'Es
pagne continuent leui
conferences avec ceux de
la Reine de la grande Bre
tagne, de Portugal, &
des Etats Generaux. Or
espere que les deux traitez
feront conclus dans.
peu & signez. Letraité
avec la Grande Bretagne
doit être incessamment
conclu. Il est survenuquel
ques difficultez touchan
celui de Portugal
, qui
nt oblige les Plenipoentiaires
a envoyer des
bini^rs a Madrid & a LisoLnene.
Baron Carg & le Bairn
de Malknecht, Minisies
des Electeurs de Coloe
& de Baviere, font pard'Utrecht
pour aller re.
Duver leurs maîtres, aes
avoir terminé ce qui
gardoit les interêtsde ces
rinces avec cette Répulique.
On mande de Cologne
ue les troupes de Vvirmberg
,
qui consistent en
un regiment de cavalerie
& trois d'infanterie, de
voient arriver le premier
Juillet prés de Cologne |
avec deux regimens d'in
fanterie de Munster & u
de Holstein-Gottorp)pou
marcher vers l'Empire; qu
les six regimens de cavale!
rie & les huit d'infanterie
du Duc de Hanover cam
poient encore prés de Lim
bourg sur le Lahn
; que le
troupes Saxonnes qui viennent
des Pays Bas, com
posées d'un regiment de
cavalerie, de deux de dra.íï
gons, & de sept bataillons,
avoient passé le Rhin à
Mulheim & à Cologne le
29.Juin ; qu'on ne sçavoit
pas si clles remonteroient
vers le haut Rhin, qu'on parce assuroit que leur General
avoit reçû ordre de
les faire marcher vers laSaxe
; que les troupes de
Prusse étoient vers Nuys,
dans le bas Electorat de
Cologne, & que celles de
Munster & de Hesse Cassel
n'etoient pas encore en
mouvement: de sorte que
l'armée de l'Empire ne
pourra pas être sitôt assemblée.
On mande de Gand qu'il
y a eu un grand tumulte,
à cause d'un soldat Anglois
qui fut au nom de ses camarades
demander une
somme qu'on leur retenoit
pour leurs tentes au Gene-j
ral Sabine, qui le fit arrê-r
ter& mettre entre les mains jl
du Prevôt. Le bruit s'etancrépandu
qu'il alloit etrei
executé
,
plus de mille fol-j
dats s'attrouperent la nuid
du 22. au 23. de Juin, déIi-:
vrerent le prisonnier
,
elû-t
renc;
rent un grenadier pour General,
& se retrancherent
si bien derriere un pont,
on ils mirent trois pieces de
canon, qu'on fut obligé de
leur accorder une amnistie
generale, & leur promettre
l'argentqu'ils demandoient
ce;
- Les ambassadeurs d'Es
pagne continuent leui
conferences avec ceux de
la Reine de la grande Bre
tagne, de Portugal, &
des Etats Generaux. Or
espere que les deux traitez
feront conclus dans.
peu & signez. Letraité
avec la Grande Bretagne
doit être incessamment
conclu. Il est survenuquel
ques difficultez touchan
celui de Portugal
, qui
nt oblige les Plenipoentiaires
a envoyer des
bini^rs a Madrid & a LisoLnene.
Baron Carg & le Bairn
de Malknecht, Minisies
des Electeurs de Coloe
& de Baviere, font pard'Utrecht
pour aller re.
Duver leurs maîtres, aes
avoir terminé ce qui
gardoit les interêtsde ces
rinces avec cette Répulique.
On mande de Cologne
ue les troupes de Vvirmberg
,
qui consistent en
un regiment de cavalerie
& trois d'infanterie, de
voient arriver le premier
Juillet prés de Cologne |
avec deux regimens d'in
fanterie de Munster & u
de Holstein-Gottorp)pou
marcher vers l'Empire; qu
les six regimens de cavale!
rie & les huit d'infanterie
du Duc de Hanover cam
poient encore prés de Lim
bourg sur le Lahn
; que le
troupes Saxonnes qui viennent
des Pays Bas, com
posées d'un regiment de
cavalerie, de deux de dra.íï
gons, & de sept bataillons,
avoient passé le Rhin à
Mulheim & à Cologne le
29.Juin ; qu'on ne sçavoit
pas si clles remonteroient
vers le haut Rhin, qu'on parce assuroit que leur General
avoit reçû ordre de
les faire marcher vers laSaxe
; que les troupes de
Prusse étoient vers Nuys,
dans le bas Electorat de
Cologne, & que celles de
Munster & de Hesse Cassel
n'etoient pas encore en
mouvement: de sorte que
l'armée de l'Empire ne
pourra pas être sitôt assemblée.
On mande de Gand qu'il
y a eu un grand tumulte,
à cause d'un soldat Anglois
qui fut au nom de ses camarades
demander une
somme qu'on leur retenoit
pour leurs tentes au Gene-j
ral Sabine, qui le fit arrê-r
ter& mettre entre les mains jl
du Prevôt. Le bruit s'etancrépandu
qu'il alloit etrei
executé
,
plus de mille fol-j
dats s'attrouperent la nuid
du 22. au 23. de Juin, déIi-:
vrerent le prisonnier
,
elû-t
renc;
rent un grenadier pour General,
& se retrancherent
si bien derriere un pont,
on ils mirent trois pieces de
canon, qu'on fut obligé de
leur accorder une amnistie
generale, & leur promettre
l'argentqu'ils demandoient
ce;
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Résumé : Nouvelles d'Utrecht.
Le texte traite des négociations diplomatiques et des mouvements militaires à Utrecht. Les ambassadeurs d'Espagne discutent avec ceux de la Grande-Bretagne, du Portugal et des États Généraux. Les traités avec la Grande-Bretagne devraient être rapidement conclus, tandis que des difficultés avec le Portugal nécessitent l'envoi de binômes à Madrid et Lisbonne. Les barons Carg et Malknecht, ministres des Électeurs de Cologne et de Bavière, retournent auprès de leurs maîtres après des affaires avec la République. Sur le plan militaire, les troupes de Wirnberg, composées de cavalerie et d'infanterie, doivent arriver près de Cologne le 1er juillet avec des renforts de Munster et de Holstein-Gottorp pour marcher vers l'Empire. Les troupes du Duc de Hanovre campent près de Limburg, tandis que les troupes saxonnes, venues des Pays-Bas, ont traversé le Rhin. Les troupes prussiennes sont près de Nuys, mais celles de Munster et de Hesse Cassel retardent l'assemblée de l'armée de l'Empire. À Gand, un tumulte a éclaté à cause d'un soldat anglais. Après son arrestation, plus de mille soldats se sont rassemblés, ont libéré le prisonnier, élu un général et se sont retranchés derrière un pont avec des canons. Une amnistie générale et le paiement de la somme demandée ont été accordés pour apaiser la situation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 228-232
Nouvelles d'Utrecht.
Début :
On mande d'Utrecht que le 4. de ce mois [...]
Mots clefs :
Utrecht, Conférences, Ambassadeurs, Guerre du Nord, Espagne
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Utrecht.
Nouvelles d'Vtrecht.
On mande d'Utrecht
que le4. decemois le Duc
d'Ossone & le Marquis de
Monteleon Ambassadeurs
d'Espagne,arrivèrent à la
Haye dans trois carosses à
six chevaux, qu'ils avoient
eu plusieurs conférences
avec les Dépurez de l'Estat
touchant quelques articles
qui retardent la conclusion
du Traité, & qu'on
esperoit que les difficultez
feroient bientostlevées.
Les Lettrés de la Haye portent
que les Deputez de
l'Estar avoient aulIi eu diverses
conferences avec les
Ministres duCzar, duRoy
de DannemarK,& du Roy
Auguste, pour tascher de
terminer la guerre du
Nord. Onmande de Bonne
que le Regiment Suisse
du Colonel Diesbach
,
qui
y estoit en garnison au fervice
des Provinces. Unies,
avoir esté licentié; que les
- troupes du Duc d'Hanover
s'estoient approchées de
Mayence, & que d'autres
avoient pris leurs places
toujours au deça du Mein,
que les troupes de Pruflfe,
de Saxe, de Wirtemberg
, & autres revenuës des
Pays-Bas, estoient encore
dans le Westerwalet au
Nord du Mein.
Les dernieres Lettres de
la Haye portent que les
Plenipotentiaires d'Espagne
avoient eu avec les
Députez des Estats Generaux
& le sieur Heinsius
Pensionnaire
,
plusieurs
conférences dans lesquelles
presque toutes les difficultez
avoient estélevées,
gz qu'ils devoient retourner
dans peu à Ucrecht pour signer
le Traité de Paix entre
l'Espagne & cet Enar,
& qu'on n'attendoit que
le retour des courriers pour
conclure au fli la Paix entre
la mesme Couronne ôc lePortugal. On mande de
Francfort que les troupes deWirtemberg&de Saxe
avoient paffé le Mein pour
aller joindrel'armée de
l'Empire, que celles d'Hanover
& la pluspart des
autres estoient encore au
deçà de cette riviere
,
&
qu'on ne sçavoit le party
que devoient prendre ce lles
du Landgrave de Hesse-
Cassel qui font encore dans
leur pays.
On mande d'Utrecht
que le4. decemois le Duc
d'Ossone & le Marquis de
Monteleon Ambassadeurs
d'Espagne,arrivèrent à la
Haye dans trois carosses à
six chevaux, qu'ils avoient
eu plusieurs conférences
avec les Dépurez de l'Estat
touchant quelques articles
qui retardent la conclusion
du Traité, & qu'on
esperoit que les difficultez
feroient bientostlevées.
Les Lettrés de la Haye portent
que les Deputez de
l'Estar avoient aulIi eu diverses
conferences avec les
Ministres duCzar, duRoy
de DannemarK,& du Roy
Auguste, pour tascher de
terminer la guerre du
Nord. Onmande de Bonne
que le Regiment Suisse
du Colonel Diesbach
,
qui
y estoit en garnison au fervice
des Provinces. Unies,
avoir esté licentié; que les
- troupes du Duc d'Hanover
s'estoient approchées de
Mayence, & que d'autres
avoient pris leurs places
toujours au deça du Mein,
que les troupes de Pruflfe,
de Saxe, de Wirtemberg
, & autres revenuës des
Pays-Bas, estoient encore
dans le Westerwalet au
Nord du Mein.
Les dernieres Lettres de
la Haye portent que les
Plenipotentiaires d'Espagne
avoient eu avec les
Députez des Estats Generaux
& le sieur Heinsius
Pensionnaire
,
plusieurs
conférences dans lesquelles
presque toutes les difficultez
avoient estélevées,
gz qu'ils devoient retourner
dans peu à Ucrecht pour signer
le Traité de Paix entre
l'Espagne & cet Enar,
& qu'on n'attendoit que
le retour des courriers pour
conclure au fli la Paix entre
la mesme Couronne ôc lePortugal. On mande de
Francfort que les troupes deWirtemberg&de Saxe
avoient paffé le Mein pour
aller joindrel'armée de
l'Empire, que celles d'Hanover
& la pluspart des
autres estoient encore au
deçà de cette riviere
,
&
qu'on ne sçavoit le party
que devoient prendre ce lles
du Landgrave de Hesse-
Cassel qui font encore dans
leur pays.
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Résumé : Nouvelles d'Utrecht.
Le texte décrit des événements diplomatiques et militaires en Europe. À Utrecht, le 4 décembre, les ambassadeurs espagnols Duc d'Ossone et Marquis de Monteleon sont arrivés à La Haye pour des conférences avec les députés des États généraux concernant des articles retardant la conclusion d'un traité. Des espoirs sont exprimés pour une résolution rapide des difficultés. À La Haye, des conférences ont également eu lieu avec les ministres du Czar, du roi de Danemark et du roi Auguste pour tenter de mettre fin à la guerre du Nord. Le régiment suisse du Colonel Diesbach, en garnison au service des Provinces-Unies, a été licencié. Les troupes du Duc d'Hanover se sont approchées de Mayence, remplacées par d'autres troupes au sud du Mein. Les troupes de Prusse, de Saxe, de Wurtemberg et d'autres, revenues des Pays-Bas, sont encore dans le Westerwald, au nord du Mein. Les plénipotentiaires espagnols ont eu plusieurs conférences avec les députés des États généraux et le pensionnaire Heinsius, levant presque toutes les difficultés. Ils doivent retourner à Utrecht pour signer le traité de paix entre l'Espagne et les Provinces-Unies et attendent le retour des courriers pour conclure la paix avec le Portugal. À Francfort, les troupes de Wurtemberg et de Saxe ont traversé le Mein pour rejoindre l'armée de l'Empire, tandis que celles d'Hanover et la plupart des autres restent au sud du Mein. La position des troupes du Landgrave de Hesse-Cassel reste incertaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 101-120
Nouvelles d'Utrecht.
Début :
Les Plenipotentiaires d'Espagne continuent leurs conferences avec ceux de [...]
Mots clefs :
Plénipotentiaires, Conférences, Comédie, Bal, Traité de paix, Colonie, Contagion, Preuve, Division, Parlement
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Utrecht.
Nouvelles d'Utrecht.
Les Plenipotentiaires
d'Espagne continuent leurs
conférences avec ceux de
cet Etat. Le Duc d'Oubne
donna le 25. Août la comedie,
le bal, avec un magnique
repas,àun grand nombre
de Seigneurs & de Dames,
pour celebrer le jour
de la naissance du Prince
d'Espagne. Le Marquis Rinuccini,
Envoyé du grand
Duc de Toscane, partit
d'ici le 16.pour aller à Dusseldorp,
& en quelques
Cours d'Allemagne. Le
Duc & la Duchesse de saint
Pierre en partirent aussi le
19. 6c le Procurateur Ruzzini,
ambassadeur de Venise,
partit de la Haye le
27. pour retourner en Italie.
Cn écrit de la Haye du
4. de ce mois, que les Etats
Generaux avoient envoyé
ordre dans les Provinces ôc
aux Amirautez de prendre
toutes les précautions possibles
pour empêcherl'entrée
des personnes Ôc des
effets venant des lieux soupçonnez
d'être insectez de
maladies contagieuses. Que
le Conseil d'Etat avoit ordonné
à tous les Colonels
de reduire avant le 9. de ce
mois leurs compagnies ;
la
cavalerie à trente & un
homme, & trente - cinq
chevaux, compris les Officiers
; ôc l'infanterie à quarante-
cinq hommes, compris
aussi les Officiers y Ôc
que le Sieur de saint Jean
avoit aussi apporté de Londres
la ratification du traité
de paix entre l'Espagne &c
la Grande Bretagne. On
écrit de Cologne, que le
24. un parti François avoit
enlevé vingt-quatre bourgeois
à la porte d'Eigelstein.
L'Academie de la ruë
des Canettes, prés saint Sulpice,
a toujours été celebre
par la capacité des Ecuyers,
& par l'adresse des Gentilshommes.
M. deVandeüil,
qui en est à present le Chef,
endonnades marques dans
le dernier Caroufel qu'il fit
faire le 11. de ce mois. Voici
les noms des Academistes
qui se sont distinguez dans
cette Fête.
M. le Chevalier de Maiaufejde
la Maison de Bourbon.
Le Marquis de Chifreville,
neveu de M. le Maréchal
de Tessé.
Le Marquis du Gage.
Le Marquis de la Roche.
., Le Marquis de Chamarante.
Le Mercié.
De Noinville.
Le Comte Oginski, Polonois.
Le Marquis de Momege.
Le Baron Dosket, Flamand.
Les Barons de Bergintine,
Danois.
Les Marquis lx Comte
de Mailly.
Le Baron de Vindrefefte,
Allemand.
Le Caroufel commença
par une marche autour du
manege découvert, qui est v
bordé de chaque côté de
trois rangs d'arbres.Un
timbalier, quatre trompettes,
& quatre hautbois parurent
d'abord; M. de Vandeüilétoit
ensuite à la tête
de ses eleves, qui étoientau
nombre de trente, qui gardoient
chacun leur rang.
Les crins de tous les chevaux
étoient ornez de rubans
de differentes couleurs.
Ils passerent en cet
ordre devant les Dames,
qu'ils saluerent de fort bonne
grace avec leurs épées,
en entrant dans le manege
découvert.M. de Vandeüil,
aprés les avoir rangez en
bataille, commença le manege
par une galopade
dont les airs satisfirent les,
connoisseurs. On se retira
sur sa bonne grace. On
n'admira pas moins celle de
M. le Mercié
,
qui fit manier
son cheval avec toute
la justesse d'un ancien Academiste.
Les jeunes Gentilshommes
brillerent enfuite
par des galopades, des
changemens de rnain, des
caprioles, & des arets à
courbette M. Je Chevalier
de Malaufe, & M. le Marquis
de Chiffreville se distinguerent
sur deux sauteurs
par le droit en liberté. Le
manege fini, on courut les
têtes àdeux en même temps
avec une adresse surprenante
: aticun Gentilhomme
ne fit pas moins que
neuf têtes; Meilleurs les
Marquis de Chiffreville,
les Comte ôc Baron de Bergentine
)
& le Marquis de
la Roche en ayant fait chacun
dix,firent une seconde
course
)
dontM.le Marquis
de Chiffreville remporta
l'honneur. Le prix, qui étoit
une épée fort bien travaillée,
lui fut donné par
M. de Vandeüil, avec l'applaudissement
de l'assemblée,
qui fut regaleé d'un
nouveau spectacle. On fut
surpris de voir les mêmes
Gentilshommes faire manier
d'autreschevaux dans
unefigure de onze, qu'ils
formerentd'eux - mêmes.
Trois se placerent au milieu
,deux dans chaque côté
dumilieu, & les quatre
autres dans les coins. Ils
commencerent au pas leur
manege,pendantqueMessieurs
les Marquis & Comte
de Mailly faisoient fauter
leurs chevaux entre les piliers
: & ensuite M. de Vandeüil
fit partir les onze Academistes
en même temps; sçavoir, les trois du milieu
sur les voltes
,
& les huit
autres sur les demi-voltes,
avec tant de justesse & si
peu de confusion ,que tout
le monde s'en retourna,
fort satisfait de M.de Vandeüil
& de ses éleves. Il espere
faire encore un carousel
au mois de Mars
prochain.
Sans pretendre rien diminuer
du merite de 1auteur,
on croit pouvoir dire
que son ouvragesur la preuve
de 11, pour dirruire
celle de 9 ,estbeaucoup
plus curieux qu'utile.
Car outre qu'il n'est point
d'Arithmeticien quinesçacheque
la preuve de 9 est
fausse en une infinité de
rencontres, & qui ne la rejette
par cette raison; c'ell:
que la preuve de11, propsoesée
par l'auteur, est infiniment
plus difficile & plus
embarassante par ses circonstances
, que celle qui
se fait par la division, &
qu'il proscrit toutefois comme
trop embaraffante, pendant
qu'elle l'est certainement
moins que celle de
JI; outre que la division est
trés- familiere, & consequemmenttrés-
aisée pour
ce qui s'appelle un Arithmeticien.
Sur ce pied, ou celui qui
[ lira cet ouvrage fera arithmeticien,
ou il ne le fera
pas:s'il l'est, il préférera
toujours à la preuve de II
& à toute autre celle qui se
fait par la division, & plus
facilement encore celle qui
se fait en repassant simplement
sa multiplication: &
s'il n'est pas arichmeticien,
comment entendra -t - il
mieux cette preuve de n
que les deux autres?
Il y a plus; car non-feulement
on n'a pas besoin
de la preuve par II, dés que
l'on a celle de la division,
qui est beaucoup plus acile,
plus prompte & tréssûre
: mais même presque
personne ne se sert de cette
derniere, par la facilité extrême,
& l'égale sûreté que
l'on trouve à repasser comme
on vient de le dire sa
multiplication; de même
quaprés avoir fait une addition
de bas en haut, on a
infiniment plutôt fait, &
aussisûrement,de la repaffer
de haut en bas, que de
recourir a aucune autre
preuve. Les operations les
plus simples font toujours
préférables lorsque la jutesse
est égaleCelasupposé,
cet essai
de la preuve par ii ,
quoique
bon par lui-même, paroît
tout à fait inutile à proposer,
plus encore dans le
Mercure que par-tout ailleurs
:ce n'est pas la sa place;
les Arithmeticiens muteront
par-dessus, comme
curiosité inutile pour eux;
&ceux quine le seront pas,
le passeront encore mieux,
faute d'y pouvoir rien entendre.
La vraye place de cet
essai seroit ou dans un livre
d'arithmetique, qui donne
le choix de plusieurs preuves
,
( il suffit POUItlnt d'une
bonne qui loit fort (imple)
ou dans un Journal des
Sçavans.
* On ne doit pas laisser de
sçavoir gré à l'auteut de là
recherche, il est toûjours
beau d'en faire.
Par Arrêt du Conseil d'en
haut, au rapport de Monsieur
VoisinSecrétaire d'Etat,
a été jugé l'onze du
present mois de Septembre,
que le Sieur Savary,
Chanoine & Conseiller au
Parlement de Metz3 decaniferoic
comme plus ancien,
des Conseillers du Parlement,
& a été gardé &
maintenu dans la qualité
de Doyen duditParlement;
ordonnéqu'il joüiroit de
tous les honneurs, droits &
avantages dont les Doyens
du Parlement ont joüi, ou
dû jouirjusques à present.
On avertir le Public que
le Sieur Henry a trouvé une
nouvelle maniere d'ecrire
d'autant plus curieuse,qu'-
elle estutile aux gens d'ex,
peditions & d'affaires. Cet
j arc consiste à écrire sur le
champ, en toutes fortes de
marges & caracteres, deux
ou trois copies à la fois,
semblables jusques en la,
moind re partie d'une lettre
, & avec la même vîtesse
qu'une feule: mais cequ'il
y a ici de plus particulier,
& où les sçavans,
comme les étrangers, recevront
toute forte de secours,
c'est que par le même
moyen il écrit généralement
en toutes fortes de
langues, & conformément
aux originaux qui lui font
fournis. Il entreprend generalement
toutes fortes
d'ouvrages Il demeure dans
la ruë saint Jacques, chez
Monsieur Joffe Imprimeur,
à la Colombe Royale.
Les Plenipotentiaires
d'Espagne continuent leurs
conférences avec ceux de
cet Etat. Le Duc d'Oubne
donna le 25. Août la comedie,
le bal, avec un magnique
repas,àun grand nombre
de Seigneurs & de Dames,
pour celebrer le jour
de la naissance du Prince
d'Espagne. Le Marquis Rinuccini,
Envoyé du grand
Duc de Toscane, partit
d'ici le 16.pour aller à Dusseldorp,
& en quelques
Cours d'Allemagne. Le
Duc & la Duchesse de saint
Pierre en partirent aussi le
19. 6c le Procurateur Ruzzini,
ambassadeur de Venise,
partit de la Haye le
27. pour retourner en Italie.
Cn écrit de la Haye du
4. de ce mois, que les Etats
Generaux avoient envoyé
ordre dans les Provinces ôc
aux Amirautez de prendre
toutes les précautions possibles
pour empêcherl'entrée
des personnes Ôc des
effets venant des lieux soupçonnez
d'être insectez de
maladies contagieuses. Que
le Conseil d'Etat avoit ordonné
à tous les Colonels
de reduire avant le 9. de ce
mois leurs compagnies ;
la
cavalerie à trente & un
homme, & trente - cinq
chevaux, compris les Officiers
; ôc l'infanterie à quarante-
cinq hommes, compris
aussi les Officiers y Ôc
que le Sieur de saint Jean
avoit aussi apporté de Londres
la ratification du traité
de paix entre l'Espagne &c
la Grande Bretagne. On
écrit de Cologne, que le
24. un parti François avoit
enlevé vingt-quatre bourgeois
à la porte d'Eigelstein.
L'Academie de la ruë
des Canettes, prés saint Sulpice,
a toujours été celebre
par la capacité des Ecuyers,
& par l'adresse des Gentilshommes.
M. deVandeüil,
qui en est à present le Chef,
endonnades marques dans
le dernier Caroufel qu'il fit
faire le 11. de ce mois. Voici
les noms des Academistes
qui se sont distinguez dans
cette Fête.
M. le Chevalier de Maiaufejde
la Maison de Bourbon.
Le Marquis de Chifreville,
neveu de M. le Maréchal
de Tessé.
Le Marquis du Gage.
Le Marquis de la Roche.
., Le Marquis de Chamarante.
Le Mercié.
De Noinville.
Le Comte Oginski, Polonois.
Le Marquis de Momege.
Le Baron Dosket, Flamand.
Les Barons de Bergintine,
Danois.
Les Marquis lx Comte
de Mailly.
Le Baron de Vindrefefte,
Allemand.
Le Caroufel commença
par une marche autour du
manege découvert, qui est v
bordé de chaque côté de
trois rangs d'arbres.Un
timbalier, quatre trompettes,
& quatre hautbois parurent
d'abord; M. de Vandeüilétoit
ensuite à la tête
de ses eleves, qui étoientau
nombre de trente, qui gardoient
chacun leur rang.
Les crins de tous les chevaux
étoient ornez de rubans
de differentes couleurs.
Ils passerent en cet
ordre devant les Dames,
qu'ils saluerent de fort bonne
grace avec leurs épées,
en entrant dans le manege
découvert.M. de Vandeüil,
aprés les avoir rangez en
bataille, commença le manege
par une galopade
dont les airs satisfirent les,
connoisseurs. On se retira
sur sa bonne grace. On
n'admira pas moins celle de
M. le Mercié
,
qui fit manier
son cheval avec toute
la justesse d'un ancien Academiste.
Les jeunes Gentilshommes
brillerent enfuite
par des galopades, des
changemens de rnain, des
caprioles, & des arets à
courbette M. Je Chevalier
de Malaufe, & M. le Marquis
de Chiffreville se distinguerent
sur deux sauteurs
par le droit en liberté. Le
manege fini, on courut les
têtes àdeux en même temps
avec une adresse surprenante
: aticun Gentilhomme
ne fit pas moins que
neuf têtes; Meilleurs les
Marquis de Chiffreville,
les Comte ôc Baron de Bergentine
)
& le Marquis de
la Roche en ayant fait chacun
dix,firent une seconde
course
)
dontM.le Marquis
de Chiffreville remporta
l'honneur. Le prix, qui étoit
une épée fort bien travaillée,
lui fut donné par
M. de Vandeüil, avec l'applaudissement
de l'assemblée,
qui fut regaleé d'un
nouveau spectacle. On fut
surpris de voir les mêmes
Gentilshommes faire manier
d'autreschevaux dans
unefigure de onze, qu'ils
formerentd'eux - mêmes.
Trois se placerent au milieu
,deux dans chaque côté
dumilieu, & les quatre
autres dans les coins. Ils
commencerent au pas leur
manege,pendantqueMessieurs
les Marquis & Comte
de Mailly faisoient fauter
leurs chevaux entre les piliers
: & ensuite M. de Vandeüil
fit partir les onze Academistes
en même temps; sçavoir, les trois du milieu
sur les voltes
,
& les huit
autres sur les demi-voltes,
avec tant de justesse & si
peu de confusion ,que tout
le monde s'en retourna,
fort satisfait de M.de Vandeüil
& de ses éleves. Il espere
faire encore un carousel
au mois de Mars
prochain.
Sans pretendre rien diminuer
du merite de 1auteur,
on croit pouvoir dire
que son ouvragesur la preuve
de 11, pour dirruire
celle de 9 ,estbeaucoup
plus curieux qu'utile.
Car outre qu'il n'est point
d'Arithmeticien quinesçacheque
la preuve de 9 est
fausse en une infinité de
rencontres, & qui ne la rejette
par cette raison; c'ell:
que la preuve de11, propsoesée
par l'auteur, est infiniment
plus difficile & plus
embarassante par ses circonstances
, que celle qui
se fait par la division, &
qu'il proscrit toutefois comme
trop embaraffante, pendant
qu'elle l'est certainement
moins que celle de
JI; outre que la division est
trés- familiere, & consequemmenttrés-
aisée pour
ce qui s'appelle un Arithmeticien.
Sur ce pied, ou celui qui
[ lira cet ouvrage fera arithmeticien,
ou il ne le fera
pas:s'il l'est, il préférera
toujours à la preuve de II
& à toute autre celle qui se
fait par la division, & plus
facilement encore celle qui
se fait en repassant simplement
sa multiplication: &
s'il n'est pas arichmeticien,
comment entendra -t - il
mieux cette preuve de n
que les deux autres?
Il y a plus; car non-feulement
on n'a pas besoin
de la preuve par II, dés que
l'on a celle de la division,
qui est beaucoup plus acile,
plus prompte & tréssûre
: mais même presque
personne ne se sert de cette
derniere, par la facilité extrême,
& l'égale sûreté que
l'on trouve à repasser comme
on vient de le dire sa
multiplication; de même
quaprés avoir fait une addition
de bas en haut, on a
infiniment plutôt fait, &
aussisûrement,de la repaffer
de haut en bas, que de
recourir a aucune autre
preuve. Les operations les
plus simples font toujours
préférables lorsque la jutesse
est égaleCelasupposé,
cet essai
de la preuve par ii ,
quoique
bon par lui-même, paroît
tout à fait inutile à proposer,
plus encore dans le
Mercure que par-tout ailleurs
:ce n'est pas la sa place;
les Arithmeticiens muteront
par-dessus, comme
curiosité inutile pour eux;
&ceux quine le seront pas,
le passeront encore mieux,
faute d'y pouvoir rien entendre.
La vraye place de cet
essai seroit ou dans un livre
d'arithmetique, qui donne
le choix de plusieurs preuves
,
( il suffit POUItlnt d'une
bonne qui loit fort (imple)
ou dans un Journal des
Sçavans.
* On ne doit pas laisser de
sçavoir gré à l'auteut de là
recherche, il est toûjours
beau d'en faire.
Par Arrêt du Conseil d'en
haut, au rapport de Monsieur
VoisinSecrétaire d'Etat,
a été jugé l'onze du
present mois de Septembre,
que le Sieur Savary,
Chanoine & Conseiller au
Parlement de Metz3 decaniferoic
comme plus ancien,
des Conseillers du Parlement,
& a été gardé &
maintenu dans la qualité
de Doyen duditParlement;
ordonnéqu'il joüiroit de
tous les honneurs, droits &
avantages dont les Doyens
du Parlement ont joüi, ou
dû jouirjusques à present.
On avertir le Public que
le Sieur Henry a trouvé une
nouvelle maniere d'ecrire
d'autant plus curieuse,qu'-
elle estutile aux gens d'ex,
peditions & d'affaires. Cet
j arc consiste à écrire sur le
champ, en toutes fortes de
marges & caracteres, deux
ou trois copies à la fois,
semblables jusques en la,
moind re partie d'une lettre
, & avec la même vîtesse
qu'une feule: mais cequ'il
y a ici de plus particulier,
& où les sçavans,
comme les étrangers, recevront
toute forte de secours,
c'est que par le même
moyen il écrit généralement
en toutes fortes de
langues, & conformément
aux originaux qui lui font
fournis. Il entreprend generalement
toutes fortes
d'ouvrages Il demeure dans
la ruë saint Jacques, chez
Monsieur Joffe Imprimeur,
à la Colombe Royale.
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Résumé : Nouvelles d'Utrecht.
Le document présente divers événements et nouvelles provenant d'Utrecht et d'autres lieux. Les plénipotentiaires d'Espagne continuent leurs conférences avec ceux des Pays-Bas. Le Duc d'Oubne a célébré la naissance du Prince d'Espagne par une comédie, un bal et un repas somptueux. Plusieurs diplomates ont quitté Utrecht, notamment le Marquis Rinuccini, le Duc et la Duchesse de Saint-Pierre, et l'ambassadeur de Venise, Ruzzini. Les États Généraux ont pris des mesures pour prévenir l'entrée de personnes et d'effets provenant de régions suspectes de maladies contagieuses. Le Conseil d'État a ordonné la réduction des compagnies de cavalerie et d'infanterie. Le traité de paix entre l'Espagne et la Grande-Bretagne a été ratifié par le Sieur de Saint-Jean. À Cologne, un parti français a enlevé vingt-quatre bourgeois. L'Académie de la rue des Canettes a organisé une fête équestre où plusieurs gentilshommes se sont distingués. Le document critique un ouvrage sur la preuve arithmétique par 11, jugée inutile par rapport à la division. Un arrêt du Conseil d'État a confirmé le Sieur Savary comme Doyen du Parlement de Metz. Enfin, le Sieur Henry a inventé une nouvelle méthode d'écriture rapide et polyglotte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 155-173
LETTRE à Monsieur B ....
Début :
Puisque vous souhaitez, Monsieur, que je vous apprenne l'Histoire de [...]
Mots clefs :
Académie, Lyon, Égypte, Syrie, Sciences, Belles-lettres, Conférences, Érudition, Académiciens, Publications
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Monsieur B ....
LETTRE
- àMonsieurB.
Puisque
vous souhaitez,
Monsieur,que je vous apprenne
l'Histoire de l'Académieétablie
à Lyon, je
vais tascher de satisfaire
vôtre curiosité.
Cette Académie est digne
de cette Villecélébre,
elle a pour objet les Sciences
& les belles Lettres:
elle aété formée au mois
de Janvier de l'année1708.
& n'estoit d'abord composée
que de six personnes
quisont les Reverends
Peres Jesuites Brun & de
Colonia
,
Mr Dugas le
Président, Mr Villemot
Curé de la Guillotiere, Mr
de Puget, & Mr Falconnet.
La maison de ce dernier
Academicienétait le lieu
des conferences;ils joüissaient
des plaisirs les plus
purs que peut produire la
societé des esprits, lorsque
MrTrudaine Intendant de
cette Ville, sollicité par
l'amour qu'il a pour les
Sciences & les beaux Arts,
souhaita d'entrer dans ces
conferences. On s'assembla
chez lui, mais le gran d
concours du monde qui
sabordait chez ce Magistrat
) troublant la liberté
des assem blées
) on jugea
sa propos de se rendre chez
[Mr de la Valette en Belleà
cour, qui a une très- bell
Bibliothèque. Le nombr
des Académiciens s'aug
mentaalors, on reçut NI
de la Valecte le Pere & M
de la Valette le fils, Mr d
Serre, Mr Brossette, M
l'Abbé de Gouverner, M
Mahudel&Mrl'AbbéTi^
caut de Bellont. L'anné
suivante 1 710. on recei
Mr de Sainsonds.
Mr de Trudaine ~ayan été appellé à rintendanc
de Bourgogne, Mr de M^
lian qui fut nommé à
place ,succeda à l'inclind
tion que Mr de Trudaine
avait pour l'Académie, il
est fort assidu aux conférences.
On a receu depuis en
1711 Mr Aubert&Mrde
Glatigni. Je ne garde aucun
ordre encre les Académiciens
,
je les nommeà
mesure qu'ils se presentent
à mon esprit Je ferois ravi
de les faire connaîtrepar
des éloges personnels: mais
ennemis des loüanges les
plus legitimes,ils me de£.-
fendent de leur payer un
tribut auquel l'équité ellemême
m'avait assujetti.
J'ay la liberté de parler de
Mr dePuget que la mort
a ravi à la Republique des
Lettres; il estoit connu de
tous les Sçavans par ses
experiences sur l'Aymanc,
& par ses découvertes dans
cette partie de la Physique.
J'exprimerais ici son caractere
si tous les Journalistes
ne m'avaientprévenu.
Ils ont saisi tous les
traits de ce Sçavant celebre,
ils n'en ont laissé aucun
à peindre.
On sJalfenlbIe régulierement
rement tous les Lundis sur
les trois heures du soir, la
conférence dure environ
trois heures. Les Académiciens
y exercent leur érudition
sur toutes fortes
de sujets.
Mr de Villemot a parlé
premièrement des erreurs
populaires en matiere de
Physique & de Mathématique.
Secondement de l'Idolatrie,
de son origine & de
son progrez.
Troisièmement de 'la
force des nerfs.
Quatrièmement des pré-
Adamites
,
du Deluge ôc
de son universalité.
Cinquièmement, de la
confession publique qui se
faisoit dans les premiers
siecles de l'Eglise.
Mr Brossette a fait deux
discours, le premier de la
Peinture, dela Sculpture,
de l'Architecture, de leur
origine, de leur progrès,
& de leur perfection.
Le fecond
,
de la sepulture
des Anciens.
Mr le Président Dugas
a fait un discours sur le bon
goût en matiere de belles
Lettres.
Le Pere Brun a fait quatre
Dissertations.
La premiere, sur les fausses
Decretales.
La seconde, sur l'unité,
qui, selon les Platoniciens,
est le principe de la beauté.
La troisième,sur les vents.
La quatrième
,
sur les
vrais miracles.
- Mr Mahudel a traité prémièrement
desMomies&
des superstitions des Egyptiens.
Secondement, des quesrions
Philologiques sur la
Paillon deJesusChrist.
Troisiémement.,des Talismans.
Quatrièmement
,
des
Fontaines.
Mr Aubert, lejourdesa
reception
,
fit un discours
sur le Bejaune ou sur la
Bienvenuë.
Il a encore fait deux autres
discours.
Le premier, sur la Manumission
des Esclaves.
Et le second sur un Canon
du Concile d'Elvire.
LePere de Colonia a fait
plusieurs Disserrations.
Premierement
,
sur les
Textes originaux de l'Ecrirure
fainte.
Secondement, sur la verion
des Septante.
Troisiémement,sur les
choses vrayes qui ne sont
pas vraisemblables.
Quatrièmement, sur le
l'Infini créé.
Cinquièmement, sur l'origine
& les variations du
jeusne du Caresme.
Sixiémement, sur la Rcgale,
la Pragmatique Sandion
& le Concordat.
Septiememcnt,sur les plus
beaux endroits des Auteurs
du siecle d'Auguste.
Huitièmement, sur les
plus belles Epitaphes des
Grecs, des Latins& des
François.
Neuvièmement
,
sur la
Cabale &surla Massore.
Dixiémement, sur l'antiquité
des Temps.
Onzièmement, sur les
Catacombes.
Mr l'Abbé de Gouver.
net a fait deux discours.
Le premier, sur Cassiodore
e Apollonius de
Thiane.
Le [econd) sur laverité
les Miracles.
Mr l'Abbé Tricaut a
arlé fut les persecutions
e FEgliic.
L'on voit que toutes les
ciences,l'antique,le moerne,
le sacre, & le profane
J tout est embrasse par
ces nouveaux Académiciens.
Ils agitent plusieurs
questions fut la Langue
Françoise.
Quoyque je doive ceder
du moins pour un temps
à la loy qu'ils m'ont prescrite
de ne les point louer,
je ne puis m'empescher d^
dire icy que plusieurs d'entr'eux
ont donné des ouvrages
au public, qui leur
ont acquis de la reputa.
tion parmy les Sçavans.
Mr de Villemor a don.
né un nouveau Systeme,
ou une nouvelle Explication
des mouvemens des
Planettes. Cet ouvrage qui
est rempli de vûës ingenieufès
fait honneur à la
Philosophie de Descartes.
Mr Brofetreacomposé
une Table des Titres des
Livres du Droite une Histoire
stoireparticulière de Lyon,
comme il estoit fore lié
avec Despreaux,ce fameux
Auteur luy a découvert
confidemment les secrets
de son stile, & il la conduit
souvent à lasource où
il puisoit toutes ses pensées
heureuses.
Mr l'Abbé de Gouvernet
qui est fort distingué
par sa naissance,est grand
Vicaire de ce Diocese ; il
a donné au public un Commentaire
sur laGenere. Je
succomberois facilementà
la tentation de le louer, si
je m'arrestois davantage
surce sujet. -4..
Le Pere de Colonia a mis
en lumiere des ouvrages
dans plusieurs genres d'érudition
; il a composé plusieurs
Tragedies Françoises
qu'il a alliées avec la
faintere de son estat. Il a
fait present au public d'une
Rhetoriquelatine. Il presensa
àMonfeigneur leDuc
de Bourgogne decedéDauphin
de France,un ouvrage
qui a pour titre les Annquitez
sacrées & profanes
d{.; Lyon. Il a fait une Die:
fertation sur le Taurobole
découvertàLyon en 1704.
Il a fait encore plusieurs
dissèrtations sur divers moninnens
antiques.C'est un
genie vasse & universel , Sce trait delouange m'échape.
Il a un des plus
beaux cabinets de Medailes
que la curiosité la plus
riche & la plus fçavance
uifJè assembler ; il. a une
suite de Médaillés Consuaires
de Rome en argent; il a la fuite des Empereurs
Romains en grand, moyen
m petit bronze une fuite
des Rois de SyrieJune luite
des Rois d'Egypte, une
fuite des Medailles de laSicile&
de la grande Grece
en argent & en bronze. Il
a plusieurs Idoles de l'Egypte,
de la Grece, de Rome;
des Lampes antiques
en bronze; une Histoire
métallique des Papes en
argent&en or;une partie
de la vie du Roy en argent,
desmonnoyesdargent des
trois races de nos Rois.
Je m'interromps moy.
mesme,& jecesse de 1erdecette par
lerdecetteAAccaaddéémmiieeasi
des sujets qui la composent
: car malgré la loy
qu'on m'a imposée je serois
porté à louër le rare
sçavoir & la profondemodeftie
du Pere Brun & le
mérité de Mr Dugas, du
Président & des autres Academiciens.
RELATION
- àMonsieurB.
Puisque
vous souhaitez,
Monsieur,que je vous apprenne
l'Histoire de l'Académieétablie
à Lyon, je
vais tascher de satisfaire
vôtre curiosité.
Cette Académie est digne
de cette Villecélébre,
elle a pour objet les Sciences
& les belles Lettres:
elle aété formée au mois
de Janvier de l'année1708.
& n'estoit d'abord composée
que de six personnes
quisont les Reverends
Peres Jesuites Brun & de
Colonia
,
Mr Dugas le
Président, Mr Villemot
Curé de la Guillotiere, Mr
de Puget, & Mr Falconnet.
La maison de ce dernier
Academicienétait le lieu
des conferences;ils joüissaient
des plaisirs les plus
purs que peut produire la
societé des esprits, lorsque
MrTrudaine Intendant de
cette Ville, sollicité par
l'amour qu'il a pour les
Sciences & les beaux Arts,
souhaita d'entrer dans ces
conferences. On s'assembla
chez lui, mais le gran d
concours du monde qui
sabordait chez ce Magistrat
) troublant la liberté
des assem blées
) on jugea
sa propos de se rendre chez
[Mr de la Valette en Belleà
cour, qui a une très- bell
Bibliothèque. Le nombr
des Académiciens s'aug
mentaalors, on reçut NI
de la Valecte le Pere & M
de la Valette le fils, Mr d
Serre, Mr Brossette, M
l'Abbé de Gouverner, M
Mahudel&Mrl'AbbéTi^
caut de Bellont. L'anné
suivante 1 710. on recei
Mr de Sainsonds.
Mr de Trudaine ~ayan été appellé à rintendanc
de Bourgogne, Mr de M^
lian qui fut nommé à
place ,succeda à l'inclind
tion que Mr de Trudaine
avait pour l'Académie, il
est fort assidu aux conférences.
On a receu depuis en
1711 Mr Aubert&Mrde
Glatigni. Je ne garde aucun
ordre encre les Académiciens
,
je les nommeà
mesure qu'ils se presentent
à mon esprit Je ferois ravi
de les faire connaîtrepar
des éloges personnels: mais
ennemis des loüanges les
plus legitimes,ils me de£.-
fendent de leur payer un
tribut auquel l'équité ellemême
m'avait assujetti.
J'ay la liberté de parler de
Mr dePuget que la mort
a ravi à la Republique des
Lettres; il estoit connu de
tous les Sçavans par ses
experiences sur l'Aymanc,
& par ses découvertes dans
cette partie de la Physique.
J'exprimerais ici son caractere
si tous les Journalistes
ne m'avaientprévenu.
Ils ont saisi tous les
traits de ce Sçavant celebre,
ils n'en ont laissé aucun
à peindre.
On sJalfenlbIe régulierement
rement tous les Lundis sur
les trois heures du soir, la
conférence dure environ
trois heures. Les Académiciens
y exercent leur érudition
sur toutes fortes
de sujets.
Mr de Villemot a parlé
premièrement des erreurs
populaires en matiere de
Physique & de Mathématique.
Secondement de l'Idolatrie,
de son origine & de
son progrez.
Troisièmement de 'la
force des nerfs.
Quatrièmement des pré-
Adamites
,
du Deluge ôc
de son universalité.
Cinquièmement, de la
confession publique qui se
faisoit dans les premiers
siecles de l'Eglise.
Mr Brossette a fait deux
discours, le premier de la
Peinture, dela Sculpture,
de l'Architecture, de leur
origine, de leur progrès,
& de leur perfection.
Le fecond
,
de la sepulture
des Anciens.
Mr le Président Dugas
a fait un discours sur le bon
goût en matiere de belles
Lettres.
Le Pere Brun a fait quatre
Dissertations.
La premiere, sur les fausses
Decretales.
La seconde, sur l'unité,
qui, selon les Platoniciens,
est le principe de la beauté.
La troisième,sur les vents.
La quatrième
,
sur les
vrais miracles.
- Mr Mahudel a traité prémièrement
desMomies&
des superstitions des Egyptiens.
Secondement, des quesrions
Philologiques sur la
Paillon deJesusChrist.
Troisiémement.,des Talismans.
Quatrièmement
,
des
Fontaines.
Mr Aubert, lejourdesa
reception
,
fit un discours
sur le Bejaune ou sur la
Bienvenuë.
Il a encore fait deux autres
discours.
Le premier, sur la Manumission
des Esclaves.
Et le second sur un Canon
du Concile d'Elvire.
LePere de Colonia a fait
plusieurs Disserrations.
Premierement
,
sur les
Textes originaux de l'Ecrirure
fainte.
Secondement, sur la verion
des Septante.
Troisiémement,sur les
choses vrayes qui ne sont
pas vraisemblables.
Quatrièmement, sur le
l'Infini créé.
Cinquièmement, sur l'origine
& les variations du
jeusne du Caresme.
Sixiémement, sur la Rcgale,
la Pragmatique Sandion
& le Concordat.
Septiememcnt,sur les plus
beaux endroits des Auteurs
du siecle d'Auguste.
Huitièmement, sur les
plus belles Epitaphes des
Grecs, des Latins& des
François.
Neuvièmement
,
sur la
Cabale &surla Massore.
Dixiémement, sur l'antiquité
des Temps.
Onzièmement, sur les
Catacombes.
Mr l'Abbé de Gouver.
net a fait deux discours.
Le premier, sur Cassiodore
e Apollonius de
Thiane.
Le [econd) sur laverité
les Miracles.
Mr l'Abbé Tricaut a
arlé fut les persecutions
e FEgliic.
L'on voit que toutes les
ciences,l'antique,le moerne,
le sacre, & le profane
J tout est embrasse par
ces nouveaux Académiciens.
Ils agitent plusieurs
questions fut la Langue
Françoise.
Quoyque je doive ceder
du moins pour un temps
à la loy qu'ils m'ont prescrite
de ne les point louer,
je ne puis m'empescher d^
dire icy que plusieurs d'entr'eux
ont donné des ouvrages
au public, qui leur
ont acquis de la reputa.
tion parmy les Sçavans.
Mr de Villemor a don.
né un nouveau Systeme,
ou une nouvelle Explication
des mouvemens des
Planettes. Cet ouvrage qui
est rempli de vûës ingenieufès
fait honneur à la
Philosophie de Descartes.
Mr Brofetreacomposé
une Table des Titres des
Livres du Droite une Histoire
stoireparticulière de Lyon,
comme il estoit fore lié
avec Despreaux,ce fameux
Auteur luy a découvert
confidemment les secrets
de son stile, & il la conduit
souvent à lasource où
il puisoit toutes ses pensées
heureuses.
Mr l'Abbé de Gouvernet
qui est fort distingué
par sa naissance,est grand
Vicaire de ce Diocese ; il
a donné au public un Commentaire
sur laGenere. Je
succomberois facilementà
la tentation de le louer, si
je m'arrestois davantage
surce sujet. -4..
Le Pere de Colonia a mis
en lumiere des ouvrages
dans plusieurs genres d'érudition
; il a composé plusieurs
Tragedies Françoises
qu'il a alliées avec la
faintere de son estat. Il a
fait present au public d'une
Rhetoriquelatine. Il presensa
àMonfeigneur leDuc
de Bourgogne decedéDauphin
de France,un ouvrage
qui a pour titre les Annquitez
sacrées & profanes
d{.; Lyon. Il a fait une Die:
fertation sur le Taurobole
découvertàLyon en 1704.
Il a fait encore plusieurs
dissèrtations sur divers moninnens
antiques.C'est un
genie vasse & universel , Sce trait delouange m'échape.
Il a un des plus
beaux cabinets de Medailes
que la curiosité la plus
riche & la plus fçavance
uifJè assembler ; il. a une
suite de Médaillés Consuaires
de Rome en argent; il a la fuite des Empereurs
Romains en grand, moyen
m petit bronze une fuite
des Rois de SyrieJune luite
des Rois d'Egypte, une
fuite des Medailles de laSicile&
de la grande Grece
en argent & en bronze. Il
a plusieurs Idoles de l'Egypte,
de la Grece, de Rome;
des Lampes antiques
en bronze; une Histoire
métallique des Papes en
argent&en or;une partie
de la vie du Roy en argent,
desmonnoyesdargent des
trois races de nos Rois.
Je m'interromps moy.
mesme,& jecesse de 1erdecette par
lerdecetteAAccaaddéémmiieeasi
des sujets qui la composent
: car malgré la loy
qu'on m'a imposée je serois
porté à louër le rare
sçavoir & la profondemodeftie
du Pere Brun & le
mérité de Mr Dugas, du
Président & des autres Academiciens.
RELATION
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Résumé : LETTRE à Monsieur B ....
L'Académie de Lyon, fondée en janvier 1708, se consacre aux sciences et aux belles-lettres. Initialement composée de six membres, dont les Pères Jésuites Brun et de Colonia, Mr Dugas, Mr Villemot, Mr de Puget et Mr Falconnet, elle se réunissait chez ce dernier. À la demande de Mr Trudaine, Intendant de Lyon, les réunions se tinrent ensuite chez lui avant de se déplacer chez Mr de La Valette en raison de l'affluence croissante. L'Académie s'agrandit avec l'ajout de nouveaux membres tels que Mr de La Valette père et fils, Mr de Serre, Mr Brossette, l'Abbé de Gouvernet, Mr Mahudel et l'Abbé Tricaut de Bellont. En 1710, Mr de Sainsonds et en 1711, Mr Aubert et Mr de Glatigni rejoignirent l'Académie. Les académiciens se réunissent régulièrement chaque lundi à 15 heures pour des conférences durants trois heures, abordant divers sujets. Parmi les contributions notables, Mr de Villemot parla des erreurs populaires en physique et mathématiques, de l'idolâtrie, de la force des nerfs, des pré-adamites, du déluge et de la confession publique dans les premiers siècles de l'Église. Mr Brossette discourut sur la peinture, la sculpture, l'architecture et les sépultures des Anciens. Mr Dugas traita du bon goût en matière de belles-lettres. Le Père Brun disserta sur les fausses décrétales, l'unité selon les Platoniciens, les vents et les vrais miracles. Mr Mahudel aborda les momies, les superstitions égyptiennes, les questions philologiques sur le paillon de Jésus-Christ, les talismans et les fontaines. Mr Aubert parla du bejaune, de la manumission des esclaves et d'un canon du Concile d'Elvire. Le Père de Colonia fit plusieurs dissertations sur des sujets variés, allant des textes originaux de l'Écriture sainte aux catacombes. L'Académie embrasse toutes les sciences, anciennes et modernes, sacrées et profanes. Plusieurs membres ont publié des ouvrages notables, comme Mr de Villemot sur les mouvements des planètes, Mr Brossette sur le droit et l'histoire de Lyon, et le Père de Colonia sur divers sujets d'érudition. L'Académie possède également une riche collection de médailles et d'objets antiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1736-1755
TRADUCTION d'une Relation Turque, sur ce qui s'est passé dans les Conferences teuuës pour la Paix entre les Turcs et les Persans, à l'Armée du Grand-Seigneur, près d'Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse, et ceux de Chah Thamas, Roy de Perse.
Début :
Achmet-Pacha, Seraskier ou General de l'Armée Otomane, et [...]
Mots clefs :
Traduction, Achmet Pacha, Sérasker, Province de Babylone, Conférences, Paix, Turques, Persans, Plénipotentiaires, Empires, Royaume de Perse, Moscovites, Cours, Gratitude, Dieu
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texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION d'une Relation Turque, sur ce qui s'est passé dans les Conferences teuuës pour la Paix entre les Turcs et les Persans, à l'Armée du Grand-Seigneur, près d'Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse, et ceux de Chah Thamas, Roy de Perse.
TRADUCTION d'une Relation Turque,
sur ce qui s'est passé dans les Conferences tennës pour la Paix entre les Turcs et les
Persans , à l'Armée du Grand- Seigneur,
près d' Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse , et ceux de ChabThamas , Roy de Perse.
Chmer- Pacha, Seraskier ou General
Adel'armée Otomane, et BeylerBey,
( c'est-à- dire Gouverneur ) de la Province de Babylone , en vertu des pleins
pouvoirs que le G. S. lui envoit envoyez pour faire la paix avec les Persans,
ayant nommé Achmet- Pacha , Beylerbey
de Rika, (1) Abdi- Pacha-Zadé- Ali- Bey,
Salahor ( 2 ) de S. H. Kassim- Effendi ,
Defterdar ( 3 ) de l'Armée , et Raghib
Effendi , Defterdar de Bagdat , pour PleB
( 1) Rika , est un des 17. Beylerbeys ou
Grand - Gouvernemens d'Asie , qu'on appelle
Hassilez. Voyez Ricaut , et le 3. du Diarbekir ,
consideré seulement comme l'ancienne Mesopotamie , renfermée entre le Tygre et l'Euphrate.
(2) Salahor, Ecuyer Cavalcadour , qui exerceet travaille les Chevaux du G. S. il y en a″12.
( 3 ) Defterdar , Intendant des Finances et Trésorier. 1
nipo
A O UST. 1732. 1737
nipotentiaires de la Poste > et ChahThamas , ayant choisi pour les siens ,
Mehemet-Riza-Khan , ( 1 ) _ Kouroudgi
Bachi, et Mustapha Khan. Tous ces Ministres se rendirent au quartier du Beylerbey de Rika , où ils s'assemblerent
sous sa Tente , le premier de Janvier de
la présente année 1732.
PREMIERE CONFERENCE.
Après que les Plenipotentiaires respectifs se furent fait les complimens et les
politesses d'usage en pareille occasion .
ceux de la Porte ouvrant la Conférence
dirent à ceux du Roy de Perse.
7
Le Seraskier Achmet-Pacha , nous. a
donné pouvoir d'entrer avec vos Excellences , dans une négociation dont le
succès ne peut être que très- avantageux
à la Perse. Nous sommes disposez de notre part à travailler si éfficacement a la
paix qu'il ne dependra certainement pas
de ncs foins que nous n'en voyions bientôt une heureuse conclusion. Ainsi c'est
à vos Excellences à nous faire connoître
jusqu'à quel point elles sont autorisées de
(1 ) Khan , est la même chose en Perse qu'un Pacha ou un Gouverneur de Province en Turquie, et Kouroudgi Bachi , y fait l'équivalent da
Janissaire Aga chez les Turcs.
leur
1738 MERCURE DE FRANCE
leur Maître , et quelles sont leurs pré- tentions.
Les Plenipotentiaires de Perse, prenant
alors la parole , répondirent que de tout
temps l'illustre Maison des Rois de Perse
avoit été liée d'amitié avec l'illustreMaison
Otomane , et que cette amitié n'avoit jamais été interrompuë que par la fatalité
du destin , qui avoit quelquefois produit
des évenemens surnaturels , suivis de la
discorde , et contre toute attente. Mais
ajoûterent- ils , nous desirons aujourd'hui
avec ardeur de faire revivre entre nous une
union si intime, qu'elle puisse rétablir
une tranquillité inalterable entre ces deux
Empires.
C'est aussi le même motif qui nous
anime, répliquerent les Ministres Turcs ;
mais pour parvenir au but que nous nous
proposons tous, il faut commencer par
convenir de certains points fondamentaux
qui puissent servir de base au Traité qui
nous assemble , et il est necessaire pour
cela que vous nous découvriez d'abord
sans détour, vos véritables intentions, afin
qu'après en avoir informé le très heureux
Seraskier , nous puissions , sur les ordres
que nous en recevrons , donner quelque
forme à la Négociation que nous enta
mons aujourd'hui.
Puisque
1
A O UST. 1732. 1739
Puisque vos Excellences souhaitent
que nous nous expliquions nettement ,
reprirent les Ministres de Perse , nous
demandons que generalement tous les
Pays que vous nous avez prís nous soient
restituez , et que la Paix et nos Frontieres avec l'EmpireOtoman soient reglées
sur le même pied qu'elles le furent sous
le Regne du Sultan Soliman , ( 1 ) de
glorieuse memoire.
Ce discours a de quoi nous surprendre,
répartirent les Turcs , et vous nous faiteslà une proposition des plus nouvelles. Il
a toûjours été d'usage , lorsque des Princes ennemis font la paix ensemble , que
non-seulement le vainqueur conserve les
conquêtes dont il est en possession , mais
que le vaincu lui fasse encore des avantages. C'est le cours ordinaire ; les Histoires , tant anciennes que modernes ,
en fournissent mille exemples , et nous
nedoutons pas que vous ne sçachiez tout
cela comme nous. D'ailleurs dans la Paix
que vous nous citez , qui fut concluë entre nos devanciers et les vôtres sous l'Emperéur Soliman , on y convint pour Préliminaires , que les Provinces de Tchildir , ( 2 ) de Cars , ( 3 ) de Van , ( 4 ) et
(1) Soliman II. prit et pilla Tauris en 1535
( 2 ) Tchildir est le ye Gouvernement d'Asie ,
plu-
1740 MERCURE DE FRANCE
plusieurs autres lieux resteroient à la Porte ; et vous , bien loin de nous offrir au
moins quelques Places au- delà des Pays
que le sort des armes a mis entre nos mains , vous demandez que nous vous
rendions ces mêmes Pays , qui subis
sent nos Loix depuis long - temps et
dont la conquête nous a coûté des trésors immenses et des torrens de notre
sang.
Vous avez raison , dirent les Persans ;
` nous convenons de la justesse de vos rai
sonnemens, mais un Empire aussi puissant et d'une aussi prodigieuse érenduë
que le vôtre , ne doit pas s'attacher , ni
même daigner faire attention à quelques
coins de terre si ruinez , qu'ils sont devenus plus propres à servir de retraite à
de tristes Hiboux , que de demeure à
de valeureux Soldats comme les- Otomans. Neanmoins quoique ces contrées
désolées ne puissent êtte considerées
1
que
de ceux qu'on appelle Hasilé. Il est sur les Frontieres de la Georgie.
(3) Cars , Ville de la grande Armenie , dans
cette partie qu'on appelle aujourd'hui Iran , ou
Carabag , entre l'Araxe et le Cyrus.
(4) Van , Ville de la même contrée que Cars,
et située sur un Lac du même nom , que l'on
appelle la Mer de Van ou d'Armenie , à cause
de son extréme grandeur... comme
A O UST. 1732. 1740
.
comme un rien pour votre Empire il est
pourtant vrai qu'elles sont un objet fort
considerable pour le nôtre , et que nous
en regarderons la restitution comme une
grace singuliere , purement émanée de
la clémence du G. S. que nous osons implorer aujourd'hui ; au surplus vous êtes
les Maîtres et nous nous en remettons
à vous avec une entiere confiance.
II. CONFERENCE, tenu le lendemais
entre les mêmes Ministres et au même
endroit.
Les Plénipotentiaires Turcs adressant
la parole à ceux de Perse , leur dirent :
si vous êtes effectivement dans le dessein
de finir la guerre , ( 1 ) ne vous amusez pas,
comme vous fites hier , à battre le fer
froid. Mais au lieu de vous entretenir
dans la vaine idée de la pouvoir terminer sur le même plan que nos Ancêtres
suivirent sous Soliman , songez plutôt à
joindre à nos conquêtes quelques Pro
vinces qui puissent nous convenir , ainsi
que les vaincus en ont toûjours agi envers leurs vainqueurs.
Et que nous reste-t'il , pour vous don
ner de nouvelles Provinces , se récrierent
(1 )Proverbe Arabe , qui revient au nôtre , il
faut battre le fer tandis qu'il est chaud,
les
1742 MERCURE DE FRANCE
les Persans ? Nous venons humblement
vous demander grace ; nous reclamons
la misericorde de la Porte ; notre intention n'est pas de marchander ni de chicaner avec vous ; nous connoissons.trop
l'état d'humiliation où l'enchainement de
nos malheurs nous a réduits , pour avoir
la présomption de vous rien contester
mais si la décadence de nos affaires , arrivée par le concours de mille fâcheux évenemens , a été cause que vous nous avez
traitez de la maniere la plus cruelle, pourriez vous laisser échapper la belle occasion que le Ciel vous offre aujourd'hui de
réparer nos maux , en faisant autant de
bien à notre Monarque , que vous lui
-avez porté de préjudice ? non , au lieu
de lui rien demander davantage , réta
blissez-le sur son Trône , avec autant de
puissance et de splendeur qu'y brillerent
autrefois ses illustres Ayeux , et persua
dez- vous que la gloire de votre Empire.
et de votre Empereur y est interessée. Du
reste, à notre égard, nous serons toujours
satisfaits de tout ce que feront vos Excellences.
Nous voulons bien le croire ainsi , répondirent les Plénipotentiaires de la
Porte , et votre modestie nous confirme
dans l'opinion que nous avions déja conçuë
A O UST. 1732. 1743
çue de votre prudence et ' de votre capacité. C'est pourquoi nous vous déclarons de la part de l'Empereur notre Maî
tre, que par un excès de bonté pour vous,
il veut bien , non- seulement vous accorder la Paix et se désister des justes prétentions qu'il auroit comme victorieux
d'exiger de nouveaux Païs qui seroient
à sa bienseance , outre ceux qu'il a conquis sur vous , il veut encore faire plus
en votre faveur , et pour vous marquer
jusqu'où va son extrême generosité , il
vous donne le choix entre les derniers
Pays que ses Armes lui ont acquis en
deçà de l'Araxe , et à l'exception de la
Province de Tauris , ( ) vous n'avez qu'à
demander , tout vous sera accordé.
Nous vous avons exposé ce que nous
desirions , répliquerent les Persans , et
sans varier dans l'unique point- de- vûë
qu'il nous est permis d'avoir , nous continuons à vous prier de rétablir notre Roy
dans tous ses Etats. Faites cependant ce
que vous jugerez de plus digne de vous
et de la gloire de votre Empire. Mais
comme nous nous app rcevons que nos
instances les plus vives ne produisent pas
(1) Tauris ou Tebris , grande Ville et Provin- ce enclavée dans l'Airbeitzan ou Edzerbaijan
qui fait partie de l'ancienne Médie,
sur
1744 MERCURE DE FRANCE
sur vos Excellences l'effet que nous avions
crû pouvoir nous en promettre , qu'elles
nous donnent , s'il leur plaît le reste du
jour pour consulter entre nous , et demain matin Mustapha Khan (. ) viendra
vous rendre compte de la résolution que
nous aurons prise.
III. CONFERENCE , où il n'y ent
que Mustapha - Khan , de la part de Chah-Thamas.
Le lendemain , ainsi que les Plénipotentiaires Persans l'avoient promis , Mustapha- Kan se rendit au lieu de l'Assemblée et dit aux Ministres Turcs qui l'y
attendoient. A la verité jusqu'à present
nous avions été obligez , Mehemet RizaKhan et moi , de nous en tenir , conformement à nos instructions , à vous
prier de restituer generalement à notre
Souverain tous les Pays que la Porte lui
a enlevez , mais ayant reconnu combien
vos Excellences étoient éloignées de remplir nos souhaits à cet égard , nous hous
sommes retranchez à les supplier d'agréer
une des deux propositions que je vais
avoir l'honneur de leur faire. La premie-
*
(1) N. B. c'étoir Mehemet Riza Khan , qui
tomme Premier Plénipotentiaire , portoit la parolc.
A O UST. 17327 1745
re, que la Perse payera annuellement à
la sublime Porte une certaine somme
dont on conviendra , moyennant quoi
les limites des deux Empires seront bor :
nées par les Rivieres d'Arpatchaï ( 1 ) et :
de Karct-Kalkan , et vous nous restituerez tous les Etats que vous avez conquis .
sur nous. La seconde , qui vous sera peutêtre plus agréable , que les Provinces de
Tiflis ( 2 ) d'Herdelan, resteront sous votre
domination , et que vous nous ferez la
grace de laisser rentrer le reste sous celle
de notre Roy.
Ni l'une ni l'autre de ces propositions
n'est acceptable , répondirent les Plenipotentiaires de Turquie , et il nous paroît si hors de propos , que vous fassiez
la moindre ouverture sur les Pays audelà del'Araxe qu'il ne nous convient ›
même pas d'ouvrir la bouche pour vous
répondre sur cet article. En verité , continua le Pacha de Rika , qui comme le
premier entre ses Collegues parloit pour
tous , il est bien étrange , que dans le
temps même qu'également touchez de
11) Ces deux Rivieres sont en Géorgie.
(2) Tiflis , ou Téffis , Capitaine du Gurgistan,
qui est la Géorgie , proprement dite. Elle est si- tuée sur le bord du Kur , anciennement le Cyrus.
Herdelan est dans le même Pays.
D YOS
1746 MERCURE DE FRANCE
vos malheurs et de vos prieres , nous
consentons , non- seulement à renoncer
en faveur de la Paix aux Provinces que
nous serions en droit d'exiger par- dessusnos conquêtes , mais que notre complaisance pour vous s'étend jusqu'à vous of→
frir de vous en rendre de celles que nous
venons d'acquerir ; il est bien étrange ,
dis-je , que vous nous fassiez sérieusement
des propositions si éloignées de toute raison. Vous voulez ceci , vous ne vou
lez pas cela , et vous prétendez disposer
des Pays qui sont entre nos mains, comme
si vous en étiez encore les paisibles possesseurs.N'avez vous donc pas de honte d'ê
tre si peu judicieux ? Le Pacha s'emporta
en proferant ces dernieres paroles , ou
du moins fit semblant de s'emporter ,
car il se radoucit bien- tôt , quand Mustapha l'interrompant d'un air humble et
flateur , s'exprima en ces termes : Nous
sommes venus implorer la générosité de
la sublime Porte , à laquelle nous nous
abandonnons sans réserve , et dont la
puissance s'étend d'un bout du Pole à l'au
tre; vous nous voyez accablez de revers,
sans appui , sans secours; nous ne possedons plus rien qui mérite de porter le
nom de Païs et de Provinces ; il n'est pas
étonnant que dans des circonstances si
affligeantes,
A O UST. 1732. 1747
affligeantes , nous vous fassions des demandes qui vous paroissent inconsiderées , mais vous ne devez pas nous en
sçavoir mauvais gré , et quelque extraordinaires que vous semblent nos prétentions , l'état violent où nous sommes,
doit les excuser auprès de vos Excellences.
Pourquoi , reprirent les Turcs , faites-vous tant les miserables ? Est- ce que
le Royaume de Perse est renfermé seulement dans les conquêtes que nous y
avons faites ? et peut-on appeller pauvre
un Souverain qui possede Ispaham , le
Guilhan , ( 1 ) Chiras , ( 2 ) le Korassan , (3)
et tant d'autres Contrées , qui forment
encore un vaste Empire ?
De tous les Etats , dont vous venez de
faire l'énumération , repartit Mustapha ,
en soupirant , une partie a passé sous les
Loix des Infideles Moscovites , et l'autre
est , pour ainsi dire , totalement boule-
(i) Le Guilhan ou Kilan , est le long de la
Mer Caspienne , et compose avec le Mazandran ,
l'ancienne Hyrcanie.
(2 ) Chiras ou Schiras , Ville sur le Kur, dans
le Farsistan ou la Perse proprement dite.
(3) Le Korassan , Corasan , ou Chorasan ,
comprend l'anciene Ariane , partie de la Bactriane , et du Païs des Parthes , c'est une des plus
Considerables Contrées de la Perse.
Dij versée
1748 MERCURE DE FRANCE
1
versée par les ravages et les désordres
qu'y ont faits , ou qu'y ont attirez les
cruels ( 1 ) Esghans. De sorte qu'à proprement parler , nous n'avons plus frien
de quelque conséquence que Coni ( 2 ) ,
Kiachan ( 3 ), et ( 4 ) Ispaham.
Mais si votre situation , repliquerent
les Turcs , est aussi déplorable que vous
nous la dépeignez ; si outre cela vous affectez dans toutes les occasions de vous
dire , nos Freres , de vous vanter d'être
avec nous dans la même unité de Religion, et si vous avez d'ailleurs tant d'embarras et d'ennemis sur les bras, d'où vient
ne vous pas appliquer à vous en délivrer?
Pourquoi vous acharner particulierement
contre nous , comme vous faites ? Car s'il
en faut juger par toutes vos démarches ,
il n'y a que nous seuls qui vous occu-
( 1 ) Esghans , Eughans , ou Aguans , Peuples
du Candahar , qui fait partie du Sablustan , autrefois le Paropamisus.
(2 ) Com , ou Kom , Ville dans l'Hierak ou
Yerak- Agemi , partie de l'ancien Royaume des
Parthes.
( 3 ) Kiachan ou Cachan, grande Ville du même Pais.
( 4 ) Ispaham , Spahan , ou Spahon , comme prononcent les Persans , est aussi dans le même
Païs. Les uns croient que cette Capitale de toute
la Perse , a été bârie sur les ruines d'HécatomPylos , et d'autres sur celles d'Aspa.
pions ;
AOUST. 1732. 1749
}
pions ; vos divisions , vos disputes , vos
guerres,votre empressement pour la Paix,
tout semble en vous n'avoir que Nous
pour unique objet.
C'est aussi , dit Mustapha , l'affaire qui
nous interesse le plus , et que nous prenons le plus à cœur. Vous êtes l'ennemi
le plus redoutable que nous ayions en tête;
si nous pouvons parvenir à cimenter avec
vous une Paix solide , nous nous démêlerons facilement de nos autres ennemis ;
et s'il plaît à Dieu, nous vérifierons bientôt le Proverbe Arabe, qui dit que l'hommese releve où il est tombé.
Mais enfin , continua- t-il , si les Otomans nous ont fait éprouver la fureur de
leurs armes , et s'ils nous ont maltraitez
au delà de ce que nous pouvions jamais
prévoir , nous esperons qu'à tant de calamitez qu'ils nous ont fait souffrir , ils feront succeder des dédommagemens qui
Ies égaleront. C'est uniquement dans cet
esprit, que nous venons négocier avec
vous, et non pour disputer sur le plus ou
le moins de Pais à prétendre et à ceder.
Nous vous retraçons au naturel l'image
de nos infortunes ; nos prieres y sont relatives ; c'est à vos Excellences , comme
nous leur avons déja dit, de prendre une
détermination à notre égard , qui distinDiij gue
1750 MERCURE DE FRANCE
gue d'une façon glorieuse , la grandeur et
la dignité de votre Empire.
Tout cela est excellent , répondirent les
Ministres Turcs , et vous avez raison de
vous attendre à recevoir des faveurs de la
Porte ; mais votre attente, pour être bien
fondée , ne doit pas être sans mesure , et
nous voyons avec peine , qu'au lieu de
resserrer vos désirs dans de justes bornes,
vous n'avez fait , jusqu'icy , que vous répandre en demandes indiscretes , qui
loin de nous approcher du but , nous en
écartent. Ainsi comme vous n'avancerez
jamais rien avec nous , si vous ne prenez
une autre route , nous voulons bien encore vous donner le loisir de réfléchir de
nouveau plus murement , sur vos véri
tables intérêts, et nous les discuterons vo
lontiers plus en détail dans la Conféren
ce que nous tiendrons demain.
IV. CONFERENCE , où tous les Ple
nipotentiaires des deux Cours assisterent.
Le 4 dudit mois de Janvier , les Ministres de la Porte , parlant toujours les
premiers , dirent à ceux de Perse : Nous
nous étions persuadez , qu'en agitant une
affaire d'aussi grande importance que celle.
de la Paix , nous ne devions rien négliger
pour la porter à son point de perfectionle
AOUST. 1732. 1791 8
le plutôt qu'il se pourroit ; et nous nous
étions flatez de trouver dans vos Excellences , des dispositions conformes aux
nôtres en cela. Mais nous reconnoissons ,
à regret , que nous avions mal pénétré
leurs intentions , puisqu'il paroît clairement , qu'elles ne cherchent qu'à éluder
les nôtres, et qu'à gagner du temps, pour
faire échouer la négociation à force de la
tirer en longueur. En effet , si ce n'étoit
pas là votre vûë, pourriez- vous vous opiniatrer , comme vous faites , à former des
prétentions , ausqu'elles vous sçavez bien
vous-même qu'il ne nous est pas possible
de souscrire ?
Nous sommes pleinement convaincus
de notre impuissance, répondirent les Persans, et que nous ne pourrons secoüer le
joug qu'il vous plaira de nous imposer.
Vous possedez tout, nous sommes privez
de tout ; c'est à vous d'ordonner,èt à nous
d'obéïr.
S'il étoit vrai , comme vous le dites, reprirent les Turcs , qu'il ne dépendit que
de nous d'achever heureusement cette
négociation , vous ne nous feriez pas des
demandes si peu mesurées , et toutes nos
prétentions réciproques seroient reglées
dans un moment. Il faut être équitable,
et que vos Excellences se restraignent à ce
Diiij qu'on
1752 MERCURE DE FRANCE
qu'on peut raisonnablement leur accorder. Ainsi, sans perdre davantage le temps
en discours specieux , qui ne conduisent
à rien de décisif, parlez- nous une bonne
fois positivement ; nous vous réïterons ,
que vous nous trouverez toujours disposez à nous prêter à tout ce que vous nous
proposerez de faisable. Mais nous devons
vous prévenir auparavant , qu'il ne faut
plus nous contester la possession des Païs
au-delà de l'Araxe , ni que vous insistiez
de nouveau sur la restitution de Tauris ,
qui est en deçà de ce Fleuve. Hors ces
deux articles , vous pouvez tout esperer
du désir sincere que nous avons de faire
tenaître entre les deux Empires une harmonie inalterable.
qui
Vous êtes les maîtres , encore un coup,
repliquerent les Persans ; nous continuons d'avouer que tout vous appartient chez nous ; mais dès que vous rejetteż la priere que nous vous faisons , de
-nous rendre nos Etats au delà de l'Araxe,
set la Province de Tauris en deçà ; surquoi
voulez-vous que roulent nos Conféren-
´ces, puisque tout ce qui nous reste de notre Monarchie , ne vaut pas seulement la
peine qu'on en fasse mention ?
Comment , s'écrierent les Plénipotentiaires de la Porte; n'y at- il pas encore
( 1)
A OUST. 1732. 1753
(1 ) Amadan , avec son vaste territoire ?
et si nous vous le rendons , ne devez- vous
pas être satisfaits ?
-
Nous avions toujours esperé , repartirent ceux de Perse , que vous fériez rentrer Chah Tahmas dans les Païs d'audelà de l'Araxe , et toute la faveur que
vous voulez lui faire , consiste à lui rendre Amadan , qui est en deçà. Dès que
vous montrez si peu d'égard à nos humbles et constantes supplications , nous ne
sçavons plus que vous proposer , et votre infléxibilité nous rend muets.
Que nous dites- vous-là , reprirent les
Turcs; avez- vous oublié , que lors même
que votre Maître se vantoit de nous avoir
battus , il envoïa à la Porte (2) Riza Kouli Khan et Méhémet-Veli - Khan, qui dans
leurs conférences, avec nos Ministres , cederent tous ces Païs Surquoi , s'il vous
plaît , aujourd'hui que vous vous confessez vaincus, pouvez appuïer votre obs
tination à les répéter ?
>
Nous convenons de ce fait , replique-
( 1 ) Hamadan , Ville des plus considérables de
Perse. Elle est dans l'Yerax - Agemi , qui est l'ancienne region des Parthes.
( 2 )Ils firent leur entrée à Constantinople le
18 Juin 1730. Riza- Kouli-Khan , qui étoit le
chef de l'ambassade , eut la tête tranchée peu
après son retour en Perse.
D v rent
1754 MERCURE DE FRANCE
rent les Persans ; mais peut-être feignezvous d'ignorer , que ce fut par l'habileté
et les adroites insinuations de vos négociateurs , que les nôtres consentirent im
prudemmentàce que ces Païs vous restassent ,en quoi ayant excedé leur pouvoir,
ils furent fort désaprouvez de notre Souverain. Aussi pouvons- nous dire , que ce
fut la source de tous les malheurs qui nous
ont accablez depuis ! Mais ne nous rapellez plus des temps funestes , que nous
voudrions pouvoir ensevelir dans un éternel oubli ; rappellez vous seulement que
l'infortuné Chah Tahmas a recours à la
clémence de la sublime Porte , et qu'il remet entierementson sort entre vos mains.
C'est sur ce principe que vous devez raisonner , et vous résoudre ensuite au parti
qui vous paroîtra le plus glorieux à votre
Empire.
>
N'est ce donc pas une grande grace de
notre part , dirent les Ministres Turcs
que tout ce que nous vous offrons ? Il est
vtai , répondirent ceux de Perse , qu'à ne
considerer , que la ruine presqu'universelle où notre Royaume est tombé , ce qué
vous voulez bien nous rendre , peut passer pour une faveur signalée , mais cette
faveur,toute rare qu'elle est , ne répond
pas encore ni à notre état , ni à nos prieres
AOUST. 17320 1755
res ; daignez - y faire plus d'attention , et
vous conviendrez que la Porte qui nous a
tant fait de maux , depuis l'inondation
des Esghans sur nos terres , est en quelque façon obligée pour son honneur de
réparer, autant qu'il est en elle, les dommages infinis qu'elle nous a causez , et que
la compassion qu'elle aura pour nous,doit
être au moins proportionnée à la reconnoissance que nous en conserverons éternellement. Nous osons même ajouter ,
que si votre tres-magnifique Empereur
reconnoit ,comme il le doit , que ses Vic.
toires et le bonheur de ses armes,sont des
bien faits qu'il a reçus de la Providence s
il est de sa piété d'en témoigner à Dieu
sa gratitude d'une maniere extraordinaire. Hé! comment peut-il mieux s'en acquitter , qu'en nous faisant ressentir de si
grands effets de sa magnanimité, que tous
les Monarques de la terre, surpris, soient
forcez deconvenir qu'ils n'ont jamais rien
vû , ni entendu parler de semblable ?
On donnera la suite dans le prochain
Mercure.
sur ce qui s'est passé dans les Conferences tennës pour la Paix entre les Turcs et les
Persans , à l'Armée du Grand- Seigneur,
près d' Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse , et ceux de ChabThamas , Roy de Perse.
Chmer- Pacha, Seraskier ou General
Adel'armée Otomane, et BeylerBey,
( c'est-à- dire Gouverneur ) de la Province de Babylone , en vertu des pleins
pouvoirs que le G. S. lui envoit envoyez pour faire la paix avec les Persans,
ayant nommé Achmet- Pacha , Beylerbey
de Rika, (1) Abdi- Pacha-Zadé- Ali- Bey,
Salahor ( 2 ) de S. H. Kassim- Effendi ,
Defterdar ( 3 ) de l'Armée , et Raghib
Effendi , Defterdar de Bagdat , pour PleB
( 1) Rika , est un des 17. Beylerbeys ou
Grand - Gouvernemens d'Asie , qu'on appelle
Hassilez. Voyez Ricaut , et le 3. du Diarbekir ,
consideré seulement comme l'ancienne Mesopotamie , renfermée entre le Tygre et l'Euphrate.
(2) Salahor, Ecuyer Cavalcadour , qui exerceet travaille les Chevaux du G. S. il y en a″12.
( 3 ) Defterdar , Intendant des Finances et Trésorier. 1
nipo
A O UST. 1732. 1737
nipotentiaires de la Poste > et ChahThamas , ayant choisi pour les siens ,
Mehemet-Riza-Khan , ( 1 ) _ Kouroudgi
Bachi, et Mustapha Khan. Tous ces Ministres se rendirent au quartier du Beylerbey de Rika , où ils s'assemblerent
sous sa Tente , le premier de Janvier de
la présente année 1732.
PREMIERE CONFERENCE.
Après que les Plenipotentiaires respectifs se furent fait les complimens et les
politesses d'usage en pareille occasion .
ceux de la Porte ouvrant la Conférence
dirent à ceux du Roy de Perse.
7
Le Seraskier Achmet-Pacha , nous. a
donné pouvoir d'entrer avec vos Excellences , dans une négociation dont le
succès ne peut être que très- avantageux
à la Perse. Nous sommes disposez de notre part à travailler si éfficacement a la
paix qu'il ne dependra certainement pas
de ncs foins que nous n'en voyions bientôt une heureuse conclusion. Ainsi c'est
à vos Excellences à nous faire connoître
jusqu'à quel point elles sont autorisées de
(1 ) Khan , est la même chose en Perse qu'un Pacha ou un Gouverneur de Province en Turquie, et Kouroudgi Bachi , y fait l'équivalent da
Janissaire Aga chez les Turcs.
leur
1738 MERCURE DE FRANCE
leur Maître , et quelles sont leurs pré- tentions.
Les Plenipotentiaires de Perse, prenant
alors la parole , répondirent que de tout
temps l'illustre Maison des Rois de Perse
avoit été liée d'amitié avec l'illustreMaison
Otomane , et que cette amitié n'avoit jamais été interrompuë que par la fatalité
du destin , qui avoit quelquefois produit
des évenemens surnaturels , suivis de la
discorde , et contre toute attente. Mais
ajoûterent- ils , nous desirons aujourd'hui
avec ardeur de faire revivre entre nous une
union si intime, qu'elle puisse rétablir
une tranquillité inalterable entre ces deux
Empires.
C'est aussi le même motif qui nous
anime, répliquerent les Ministres Turcs ;
mais pour parvenir au but que nous nous
proposons tous, il faut commencer par
convenir de certains points fondamentaux
qui puissent servir de base au Traité qui
nous assemble , et il est necessaire pour
cela que vous nous découvriez d'abord
sans détour, vos véritables intentions, afin
qu'après en avoir informé le très heureux
Seraskier , nous puissions , sur les ordres
que nous en recevrons , donner quelque
forme à la Négociation que nous enta
mons aujourd'hui.
Puisque
1
A O UST. 1732. 1739
Puisque vos Excellences souhaitent
que nous nous expliquions nettement ,
reprirent les Ministres de Perse , nous
demandons que generalement tous les
Pays que vous nous avez prís nous soient
restituez , et que la Paix et nos Frontieres avec l'EmpireOtoman soient reglées
sur le même pied qu'elles le furent sous
le Regne du Sultan Soliman , ( 1 ) de
glorieuse memoire.
Ce discours a de quoi nous surprendre,
répartirent les Turcs , et vous nous faiteslà une proposition des plus nouvelles. Il
a toûjours été d'usage , lorsque des Princes ennemis font la paix ensemble , que
non-seulement le vainqueur conserve les
conquêtes dont il est en possession , mais
que le vaincu lui fasse encore des avantages. C'est le cours ordinaire ; les Histoires , tant anciennes que modernes ,
en fournissent mille exemples , et nous
nedoutons pas que vous ne sçachiez tout
cela comme nous. D'ailleurs dans la Paix
que vous nous citez , qui fut concluë entre nos devanciers et les vôtres sous l'Emperéur Soliman , on y convint pour Préliminaires , que les Provinces de Tchildir , ( 2 ) de Cars , ( 3 ) de Van , ( 4 ) et
(1) Soliman II. prit et pilla Tauris en 1535
( 2 ) Tchildir est le ye Gouvernement d'Asie ,
plu-
1740 MERCURE DE FRANCE
plusieurs autres lieux resteroient à la Porte ; et vous , bien loin de nous offrir au
moins quelques Places au- delà des Pays
que le sort des armes a mis entre nos mains , vous demandez que nous vous
rendions ces mêmes Pays , qui subis
sent nos Loix depuis long - temps et
dont la conquête nous a coûté des trésors immenses et des torrens de notre
sang.
Vous avez raison , dirent les Persans ;
` nous convenons de la justesse de vos rai
sonnemens, mais un Empire aussi puissant et d'une aussi prodigieuse érenduë
que le vôtre , ne doit pas s'attacher , ni
même daigner faire attention à quelques
coins de terre si ruinez , qu'ils sont devenus plus propres à servir de retraite à
de tristes Hiboux , que de demeure à
de valeureux Soldats comme les- Otomans. Neanmoins quoique ces contrées
désolées ne puissent êtte considerées
1
que
de ceux qu'on appelle Hasilé. Il est sur les Frontieres de la Georgie.
(3) Cars , Ville de la grande Armenie , dans
cette partie qu'on appelle aujourd'hui Iran , ou
Carabag , entre l'Araxe et le Cyrus.
(4) Van , Ville de la même contrée que Cars,
et située sur un Lac du même nom , que l'on
appelle la Mer de Van ou d'Armenie , à cause
de son extréme grandeur... comme
A O UST. 1732. 1740
.
comme un rien pour votre Empire il est
pourtant vrai qu'elles sont un objet fort
considerable pour le nôtre , et que nous
en regarderons la restitution comme une
grace singuliere , purement émanée de
la clémence du G. S. que nous osons implorer aujourd'hui ; au surplus vous êtes
les Maîtres et nous nous en remettons
à vous avec une entiere confiance.
II. CONFERENCE, tenu le lendemais
entre les mêmes Ministres et au même
endroit.
Les Plénipotentiaires Turcs adressant
la parole à ceux de Perse , leur dirent :
si vous êtes effectivement dans le dessein
de finir la guerre , ( 1 ) ne vous amusez pas,
comme vous fites hier , à battre le fer
froid. Mais au lieu de vous entretenir
dans la vaine idée de la pouvoir terminer sur le même plan que nos Ancêtres
suivirent sous Soliman , songez plutôt à
joindre à nos conquêtes quelques Pro
vinces qui puissent nous convenir , ainsi
que les vaincus en ont toûjours agi envers leurs vainqueurs.
Et que nous reste-t'il , pour vous don
ner de nouvelles Provinces , se récrierent
(1 )Proverbe Arabe , qui revient au nôtre , il
faut battre le fer tandis qu'il est chaud,
les
1742 MERCURE DE FRANCE
les Persans ? Nous venons humblement
vous demander grace ; nous reclamons
la misericorde de la Porte ; notre intention n'est pas de marchander ni de chicaner avec vous ; nous connoissons.trop
l'état d'humiliation où l'enchainement de
nos malheurs nous a réduits , pour avoir
la présomption de vous rien contester
mais si la décadence de nos affaires , arrivée par le concours de mille fâcheux évenemens , a été cause que vous nous avez
traitez de la maniere la plus cruelle, pourriez vous laisser échapper la belle occasion que le Ciel vous offre aujourd'hui de
réparer nos maux , en faisant autant de
bien à notre Monarque , que vous lui
-avez porté de préjudice ? non , au lieu
de lui rien demander davantage , réta
blissez-le sur son Trône , avec autant de
puissance et de splendeur qu'y brillerent
autrefois ses illustres Ayeux , et persua
dez- vous que la gloire de votre Empire.
et de votre Empereur y est interessée. Du
reste, à notre égard, nous serons toujours
satisfaits de tout ce que feront vos Excellences.
Nous voulons bien le croire ainsi , répondirent les Plénipotentiaires de la
Porte , et votre modestie nous confirme
dans l'opinion que nous avions déja conçuë
A O UST. 1732. 1743
çue de votre prudence et ' de votre capacité. C'est pourquoi nous vous déclarons de la part de l'Empereur notre Maî
tre, que par un excès de bonté pour vous,
il veut bien , non- seulement vous accorder la Paix et se désister des justes prétentions qu'il auroit comme victorieux
d'exiger de nouveaux Païs qui seroient
à sa bienseance , outre ceux qu'il a conquis sur vous , il veut encore faire plus
en votre faveur , et pour vous marquer
jusqu'où va son extrême generosité , il
vous donne le choix entre les derniers
Pays que ses Armes lui ont acquis en
deçà de l'Araxe , et à l'exception de la
Province de Tauris , ( ) vous n'avez qu'à
demander , tout vous sera accordé.
Nous vous avons exposé ce que nous
desirions , répliquerent les Persans , et
sans varier dans l'unique point- de- vûë
qu'il nous est permis d'avoir , nous continuons à vous prier de rétablir notre Roy
dans tous ses Etats. Faites cependant ce
que vous jugerez de plus digne de vous
et de la gloire de votre Empire. Mais
comme nous nous app rcevons que nos
instances les plus vives ne produisent pas
(1) Tauris ou Tebris , grande Ville et Provin- ce enclavée dans l'Airbeitzan ou Edzerbaijan
qui fait partie de l'ancienne Médie,
sur
1744 MERCURE DE FRANCE
sur vos Excellences l'effet que nous avions
crû pouvoir nous en promettre , qu'elles
nous donnent , s'il leur plaît le reste du
jour pour consulter entre nous , et demain matin Mustapha Khan (. ) viendra
vous rendre compte de la résolution que
nous aurons prise.
III. CONFERENCE , où il n'y ent
que Mustapha - Khan , de la part de Chah-Thamas.
Le lendemain , ainsi que les Plénipotentiaires Persans l'avoient promis , Mustapha- Kan se rendit au lieu de l'Assemblée et dit aux Ministres Turcs qui l'y
attendoient. A la verité jusqu'à present
nous avions été obligez , Mehemet RizaKhan et moi , de nous en tenir , conformement à nos instructions , à vous
prier de restituer generalement à notre
Souverain tous les Pays que la Porte lui
a enlevez , mais ayant reconnu combien
vos Excellences étoient éloignées de remplir nos souhaits à cet égard , nous hous
sommes retranchez à les supplier d'agréer
une des deux propositions que je vais
avoir l'honneur de leur faire. La premie-
*
(1) N. B. c'étoir Mehemet Riza Khan , qui
tomme Premier Plénipotentiaire , portoit la parolc.
A O UST. 17327 1745
re, que la Perse payera annuellement à
la sublime Porte une certaine somme
dont on conviendra , moyennant quoi
les limites des deux Empires seront bor :
nées par les Rivieres d'Arpatchaï ( 1 ) et :
de Karct-Kalkan , et vous nous restituerez tous les Etats que vous avez conquis .
sur nous. La seconde , qui vous sera peutêtre plus agréable , que les Provinces de
Tiflis ( 2 ) d'Herdelan, resteront sous votre
domination , et que vous nous ferez la
grace de laisser rentrer le reste sous celle
de notre Roy.
Ni l'une ni l'autre de ces propositions
n'est acceptable , répondirent les Plenipotentiaires de Turquie , et il nous paroît si hors de propos , que vous fassiez
la moindre ouverture sur les Pays audelà del'Araxe qu'il ne nous convient ›
même pas d'ouvrir la bouche pour vous
répondre sur cet article. En verité , continua le Pacha de Rika , qui comme le
premier entre ses Collegues parloit pour
tous , il est bien étrange , que dans le
temps même qu'également touchez de
11) Ces deux Rivieres sont en Géorgie.
(2) Tiflis , ou Téffis , Capitaine du Gurgistan,
qui est la Géorgie , proprement dite. Elle est si- tuée sur le bord du Kur , anciennement le Cyrus.
Herdelan est dans le même Pays.
D YOS
1746 MERCURE DE FRANCE
vos malheurs et de vos prieres , nous
consentons , non- seulement à renoncer
en faveur de la Paix aux Provinces que
nous serions en droit d'exiger par- dessusnos conquêtes , mais que notre complaisance pour vous s'étend jusqu'à vous of→
frir de vous en rendre de celles que nous
venons d'acquerir ; il est bien étrange ,
dis-je , que vous nous fassiez sérieusement
des propositions si éloignées de toute raison. Vous voulez ceci , vous ne vou
lez pas cela , et vous prétendez disposer
des Pays qui sont entre nos mains, comme
si vous en étiez encore les paisibles possesseurs.N'avez vous donc pas de honte d'ê
tre si peu judicieux ? Le Pacha s'emporta
en proferant ces dernieres paroles , ou
du moins fit semblant de s'emporter ,
car il se radoucit bien- tôt , quand Mustapha l'interrompant d'un air humble et
flateur , s'exprima en ces termes : Nous
sommes venus implorer la générosité de
la sublime Porte , à laquelle nous nous
abandonnons sans réserve , et dont la
puissance s'étend d'un bout du Pole à l'au
tre; vous nous voyez accablez de revers,
sans appui , sans secours; nous ne possedons plus rien qui mérite de porter le
nom de Païs et de Provinces ; il n'est pas
étonnant que dans des circonstances si
affligeantes,
A O UST. 1732. 1747
affligeantes , nous vous fassions des demandes qui vous paroissent inconsiderées , mais vous ne devez pas nous en
sçavoir mauvais gré , et quelque extraordinaires que vous semblent nos prétentions , l'état violent où nous sommes,
doit les excuser auprès de vos Excellences.
Pourquoi , reprirent les Turcs , faites-vous tant les miserables ? Est- ce que
le Royaume de Perse est renfermé seulement dans les conquêtes que nous y
avons faites ? et peut-on appeller pauvre
un Souverain qui possede Ispaham , le
Guilhan , ( 1 ) Chiras , ( 2 ) le Korassan , (3)
et tant d'autres Contrées , qui forment
encore un vaste Empire ?
De tous les Etats , dont vous venez de
faire l'énumération , repartit Mustapha ,
en soupirant , une partie a passé sous les
Loix des Infideles Moscovites , et l'autre
est , pour ainsi dire , totalement boule-
(i) Le Guilhan ou Kilan , est le long de la
Mer Caspienne , et compose avec le Mazandran ,
l'ancienne Hyrcanie.
(2 ) Chiras ou Schiras , Ville sur le Kur, dans
le Farsistan ou la Perse proprement dite.
(3) Le Korassan , Corasan , ou Chorasan ,
comprend l'anciene Ariane , partie de la Bactriane , et du Païs des Parthes , c'est une des plus
Considerables Contrées de la Perse.
Dij versée
1748 MERCURE DE FRANCE
1
versée par les ravages et les désordres
qu'y ont faits , ou qu'y ont attirez les
cruels ( 1 ) Esghans. De sorte qu'à proprement parler , nous n'avons plus frien
de quelque conséquence que Coni ( 2 ) ,
Kiachan ( 3 ), et ( 4 ) Ispaham.
Mais si votre situation , repliquerent
les Turcs , est aussi déplorable que vous
nous la dépeignez ; si outre cela vous affectez dans toutes les occasions de vous
dire , nos Freres , de vous vanter d'être
avec nous dans la même unité de Religion, et si vous avez d'ailleurs tant d'embarras et d'ennemis sur les bras, d'où vient
ne vous pas appliquer à vous en délivrer?
Pourquoi vous acharner particulierement
contre nous , comme vous faites ? Car s'il
en faut juger par toutes vos démarches ,
il n'y a que nous seuls qui vous occu-
( 1 ) Esghans , Eughans , ou Aguans , Peuples
du Candahar , qui fait partie du Sablustan , autrefois le Paropamisus.
(2 ) Com , ou Kom , Ville dans l'Hierak ou
Yerak- Agemi , partie de l'ancien Royaume des
Parthes.
( 3 ) Kiachan ou Cachan, grande Ville du même Pais.
( 4 ) Ispaham , Spahan , ou Spahon , comme prononcent les Persans , est aussi dans le même
Païs. Les uns croient que cette Capitale de toute
la Perse , a été bârie sur les ruines d'HécatomPylos , et d'autres sur celles d'Aspa.
pions ;
AOUST. 1732. 1749
}
pions ; vos divisions , vos disputes , vos
guerres,votre empressement pour la Paix,
tout semble en vous n'avoir que Nous
pour unique objet.
C'est aussi , dit Mustapha , l'affaire qui
nous interesse le plus , et que nous prenons le plus à cœur. Vous êtes l'ennemi
le plus redoutable que nous ayions en tête;
si nous pouvons parvenir à cimenter avec
vous une Paix solide , nous nous démêlerons facilement de nos autres ennemis ;
et s'il plaît à Dieu, nous vérifierons bientôt le Proverbe Arabe, qui dit que l'hommese releve où il est tombé.
Mais enfin , continua- t-il , si les Otomans nous ont fait éprouver la fureur de
leurs armes , et s'ils nous ont maltraitez
au delà de ce que nous pouvions jamais
prévoir , nous esperons qu'à tant de calamitez qu'ils nous ont fait souffrir , ils feront succeder des dédommagemens qui
Ies égaleront. C'est uniquement dans cet
esprit, que nous venons négocier avec
vous, et non pour disputer sur le plus ou
le moins de Pais à prétendre et à ceder.
Nous vous retraçons au naturel l'image
de nos infortunes ; nos prieres y sont relatives ; c'est à vos Excellences , comme
nous leur avons déja dit, de prendre une
détermination à notre égard , qui distinDiij gue
1750 MERCURE DE FRANCE
gue d'une façon glorieuse , la grandeur et
la dignité de votre Empire.
Tout cela est excellent , répondirent les
Ministres Turcs , et vous avez raison de
vous attendre à recevoir des faveurs de la
Porte ; mais votre attente, pour être bien
fondée , ne doit pas être sans mesure , et
nous voyons avec peine , qu'au lieu de
resserrer vos désirs dans de justes bornes,
vous n'avez fait , jusqu'icy , que vous répandre en demandes indiscretes , qui
loin de nous approcher du but , nous en
écartent. Ainsi comme vous n'avancerez
jamais rien avec nous , si vous ne prenez
une autre route , nous voulons bien encore vous donner le loisir de réfléchir de
nouveau plus murement , sur vos véri
tables intérêts, et nous les discuterons vo
lontiers plus en détail dans la Conféren
ce que nous tiendrons demain.
IV. CONFERENCE , où tous les Ple
nipotentiaires des deux Cours assisterent.
Le 4 dudit mois de Janvier , les Ministres de la Porte , parlant toujours les
premiers , dirent à ceux de Perse : Nous
nous étions persuadez , qu'en agitant une
affaire d'aussi grande importance que celle.
de la Paix , nous ne devions rien négliger
pour la porter à son point de perfectionle
AOUST. 1732. 1791 8
le plutôt qu'il se pourroit ; et nous nous
étions flatez de trouver dans vos Excellences , des dispositions conformes aux
nôtres en cela. Mais nous reconnoissons ,
à regret , que nous avions mal pénétré
leurs intentions , puisqu'il paroît clairement , qu'elles ne cherchent qu'à éluder
les nôtres, et qu'à gagner du temps, pour
faire échouer la négociation à force de la
tirer en longueur. En effet , si ce n'étoit
pas là votre vûë, pourriez- vous vous opiniatrer , comme vous faites , à former des
prétentions , ausqu'elles vous sçavez bien
vous-même qu'il ne nous est pas possible
de souscrire ?
Nous sommes pleinement convaincus
de notre impuissance, répondirent les Persans, et que nous ne pourrons secoüer le
joug qu'il vous plaira de nous imposer.
Vous possedez tout, nous sommes privez
de tout ; c'est à vous d'ordonner,èt à nous
d'obéïr.
S'il étoit vrai , comme vous le dites, reprirent les Turcs , qu'il ne dépendit que
de nous d'achever heureusement cette
négociation , vous ne nous feriez pas des
demandes si peu mesurées , et toutes nos
prétentions réciproques seroient reglées
dans un moment. Il faut être équitable,
et que vos Excellences se restraignent à ce
Diiij qu'on
1752 MERCURE DE FRANCE
qu'on peut raisonnablement leur accorder. Ainsi, sans perdre davantage le temps
en discours specieux , qui ne conduisent
à rien de décisif, parlez- nous une bonne
fois positivement ; nous vous réïterons ,
que vous nous trouverez toujours disposez à nous prêter à tout ce que vous nous
proposerez de faisable. Mais nous devons
vous prévenir auparavant , qu'il ne faut
plus nous contester la possession des Païs
au-delà de l'Araxe , ni que vous insistiez
de nouveau sur la restitution de Tauris ,
qui est en deçà de ce Fleuve. Hors ces
deux articles , vous pouvez tout esperer
du désir sincere que nous avons de faire
tenaître entre les deux Empires une harmonie inalterable.
qui
Vous êtes les maîtres , encore un coup,
repliquerent les Persans ; nous continuons d'avouer que tout vous appartient chez nous ; mais dès que vous rejetteż la priere que nous vous faisons , de
-nous rendre nos Etats au delà de l'Araxe,
set la Province de Tauris en deçà ; surquoi
voulez-vous que roulent nos Conféren-
´ces, puisque tout ce qui nous reste de notre Monarchie , ne vaut pas seulement la
peine qu'on en fasse mention ?
Comment , s'écrierent les Plénipotentiaires de la Porte; n'y at- il pas encore
( 1)
A OUST. 1732. 1753
(1 ) Amadan , avec son vaste territoire ?
et si nous vous le rendons , ne devez- vous
pas être satisfaits ?
-
Nous avions toujours esperé , repartirent ceux de Perse , que vous fériez rentrer Chah Tahmas dans les Païs d'audelà de l'Araxe , et toute la faveur que
vous voulez lui faire , consiste à lui rendre Amadan , qui est en deçà. Dès que
vous montrez si peu d'égard à nos humbles et constantes supplications , nous ne
sçavons plus que vous proposer , et votre infléxibilité nous rend muets.
Que nous dites- vous-là , reprirent les
Turcs; avez- vous oublié , que lors même
que votre Maître se vantoit de nous avoir
battus , il envoïa à la Porte (2) Riza Kouli Khan et Méhémet-Veli - Khan, qui dans
leurs conférences, avec nos Ministres , cederent tous ces Païs Surquoi , s'il vous
plaît , aujourd'hui que vous vous confessez vaincus, pouvez appuïer votre obs
tination à les répéter ?
>
Nous convenons de ce fait , replique-
( 1 ) Hamadan , Ville des plus considérables de
Perse. Elle est dans l'Yerax - Agemi , qui est l'ancienne region des Parthes.
( 2 )Ils firent leur entrée à Constantinople le
18 Juin 1730. Riza- Kouli-Khan , qui étoit le
chef de l'ambassade , eut la tête tranchée peu
après son retour en Perse.
D v rent
1754 MERCURE DE FRANCE
rent les Persans ; mais peut-être feignezvous d'ignorer , que ce fut par l'habileté
et les adroites insinuations de vos négociateurs , que les nôtres consentirent im
prudemmentàce que ces Païs vous restassent ,en quoi ayant excedé leur pouvoir,
ils furent fort désaprouvez de notre Souverain. Aussi pouvons- nous dire , que ce
fut la source de tous les malheurs qui nous
ont accablez depuis ! Mais ne nous rapellez plus des temps funestes , que nous
voudrions pouvoir ensevelir dans un éternel oubli ; rappellez vous seulement que
l'infortuné Chah Tahmas a recours à la
clémence de la sublime Porte , et qu'il remet entierementson sort entre vos mains.
C'est sur ce principe que vous devez raisonner , et vous résoudre ensuite au parti
qui vous paroîtra le plus glorieux à votre
Empire.
>
N'est ce donc pas une grande grace de
notre part , dirent les Ministres Turcs
que tout ce que nous vous offrons ? Il est
vtai , répondirent ceux de Perse , qu'à ne
considerer , que la ruine presqu'universelle où notre Royaume est tombé , ce qué
vous voulez bien nous rendre , peut passer pour une faveur signalée , mais cette
faveur,toute rare qu'elle est , ne répond
pas encore ni à notre état , ni à nos prieres
AOUST. 17320 1755
res ; daignez - y faire plus d'attention , et
vous conviendrez que la Porte qui nous a
tant fait de maux , depuis l'inondation
des Esghans sur nos terres , est en quelque façon obligée pour son honneur de
réparer, autant qu'il est en elle, les dommages infinis qu'elle nous a causez , et que
la compassion qu'elle aura pour nous,doit
être au moins proportionnée à la reconnoissance que nous en conserverons éternellement. Nous osons même ajouter ,
que si votre tres-magnifique Empereur
reconnoit ,comme il le doit , que ses Vic.
toires et le bonheur de ses armes,sont des
bien faits qu'il a reçus de la Providence s
il est de sa piété d'en témoigner à Dieu
sa gratitude d'une maniere extraordinaire. Hé! comment peut-il mieux s'en acquitter , qu'en nous faisant ressentir de si
grands effets de sa magnanimité, que tous
les Monarques de la terre, surpris, soient
forcez deconvenir qu'ils n'ont jamais rien
vû , ni entendu parler de semblable ?
On donnera la suite dans le prochain
Mercure.
Fermer
Résumé : TRADUCTION d'une Relation Turque, sur ce qui s'est passé dans les Conferences teuuës pour la Paix entre les Turcs et les Persans, à l'Armée du Grand-Seigneur, près d'Hamadan, par les Plénipotentiaires de Sa Hautesse, et ceux de Chah Thamas, Roy de Perse.
En 1732, des conférences de paix entre les Turcs et les Persans se tinrent près d'Hamadan. Du côté ottoman, Chmer-Pacha, gouverneur de Babylone, nomma plusieurs plénipotentiaires, dont Achmet-Pacha et Salahor. Du côté persan, Chah-Thamas choisit Mehemet-Riza-Khan et Mustapha Khan. Lors de la première conférence, les Turcs exprimèrent leur volonté de paix, tandis que les Persans souhaitaient rétablir une union intime entre les deux empires. Les Persans demandèrent la restitution des territoires conquis par les Turcs et la régulation des frontières comme sous le règne de Soliman II, ce que les Turcs refusèrent, arguant que les vainqueurs conservent généralement leurs conquêtes. Lors de la deuxième conférence, les Turcs insistèrent sur la nécessité de conclure la paix sans revenir aux conditions de Soliman II. Les Persans, reconnaissant leur état d'humiliation, demandèrent miséricorde et la restauration de leur roi sur son trône. Les Turcs offrirent aux Persans de choisir entre les derniers pays conquis, à l'exception de la province de Tauris. Lors de la troisième conférence, Mustapha Khan proposa deux solutions : un paiement annuel à la Porte ottomane ou la rétention des provinces de Tiflis et d'Herdelan par les Turcs. Les Turcs rejetèrent ces propositions, trouvant inappropriées les demandes persanes concernant les territoires au-delà de l'Araxe. En août 1732, les Persans demandèrent aux Turcs de considérer leurs prétentions malgré des circonstances affligeantes. Les Turcs rappelèrent que le Royaume de Perse possédait encore des territoires importants, mais Mustapha Khan expliqua que ces territoires étaient soit sous contrôle des Moscovites, soit ravagés par les Esghans. Les Turcs, sceptiques, interrogèrent la stratégie perse de les considérer comme frères tout en étant en conflit. Lors de la conférence du 4 janvier, les Turcs accusèrent les Perses de vouloir gagner du temps. Les Perses, reconnaissant leur impuissance, acceptèrent de se soumettre aux décisions turques. Les Turcs proposèrent de ne plus contester la possession des territoires au-delà de l'Araxe et la restitution de Tauris. Les Persans insistèrent sur la restitution de leurs États et se dirent prêts à accepter toute décision turque. Les Turcs rappelèrent la cession des territoires lors des négociations précédentes et la désapprobation du souverain perse. Les Persans demandèrent clémence et remirent leur sort entre les mains des Turcs, mais les Turcs trouvèrent les Persans ingrats et insistèrent sur la réparation des dommages causés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 1787-1798
Discours sur la Peinture, &c. [titre d'après la table]
Début :
DISCOURS SUR LA PEINTURE. prononcé dans les Conferences de l'Académie [...]
Mots clefs :
Peinture, Conférences, Académie royale de peinture et de sculpture, Charles Coypel, Art, Dessein, Jugement, Coloris, Critique, Tableaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Peinture, &c. [titre d'après la table]
DISCOURS SUR LA PEINTURE , pronondans les Conferences de l'Académie
Royale de Peinture et Sculpture. Par
2. Charles Coypel , Premier Peintre de V. le Duc d'Orleans. A Paris , chez
P. F. Mariette , rue S Jacques , 1732. Brochure in 4. de 34. pages.
Le sujet, du premier Discours est sur
necessité de recevoir des avis. La premiere chose dont le Lecteur s'apperçoit
dans la lecture agréable et utile de cet
Ouvrage , c'est que M. Coypel , outre ses
lens pour l'Art qu'il professe , a une
plume aussi sage et aussi élegante que
son Pinceau ; deux qualitez qu'on trouve assez rarement ensemble. On renarque dans ses Ecrits le même génie ,
le même tour et le même ordre qu'on
voir avec plaisir dans ses heureuses Ĉompositions , où l'on trouve tant d'expres
sions fines et délicates.
M. Coypel entre en matiere très-moaestement , en soumettant ces Refléxions
qu'il n'avoit faites , dit- il , que pour lui ,
au jugement de l'Académie , et ne pou
vant croire qu'elles puissent être utiles
à d'autres qu'à lui ; sur quoi nous- pensons
1788 MERCURE DE FRANCE
sons qu'il s'expose à un démenti de là
part de tous ses Lecteurs et peut être
de toute l'Académie.
-
Sur la necessité de recevoir des avis ,
M. Coypel s'exprime ainsi. La Peinture
est composée de tant de parties , que nous
ne devons presque jamais nous flater de
ne pas perdre de vûe les unes , en nous
attachant à chercher les autres.
Il n'est pas moins rare de trouver des
amis qui soient également touchez de
toutes ces Parties. L'un n'est sensible
qu'à la couleur , et n'est que peu flaté
de l'élegance du Dessein ; l'autre , au
contraire , prétend que sans le grand
goût, la délicatesse et la pureté du Dessein , la Peinture n'est qu'une affaire de
Mécanique. L'homme d'esprit et de sentiment ne s'attachera qu'à l'expression des
têtes et à l'ordonnance. L'homme d'érudition sera satisfait si le Costume est
scrupuleusement observé dans un Tableau , ainsi des autres.
Chacun ayant donc presque toûjours
son goût déterminé pour une partie de
la Peinture , et la préferant aux autres ,
rarement est-il possible que les avis d'un
seul ami soient suffisans ; nous devons
donc necessairement faire societé avec
des personnes de goûts differens ; l'un
apper-
AOUST. 1732. 1789
appercevra ce que l'autre avoit laissé
échapper.Nous verrons aujourd'hui notre
Ouvrage par les yeux de l'homme de
Lettres , demain il sera éclairé par les lu- mieres de l'Amateur du coloris ; une aure fois les regards du Partisan du Desçin donneront aux nôtres une nouvelle
éverité , &c.
Mais il arrive quelquefois , poursuit
Auteur sur la maniere d'avoir des avis,
que la façon dont nous les demandons
ne prouve autre chose que le desir que
nous avons de recevoir des loüanges. Souvent un Auteur trouve moyen de faire
Péloge de son Ouvrage, dans le temps mêrê qu'il semble implorer le secours de
de la Critique. Trouvez- vous , dira-t'il ,
que je me sois tiré heureusement de telle
difficulté ? Fe crains que la finesse de ces
expressions ne soit pas sentie du Public.
J'aurois moins de défiance si je n'avois
affaire qu'à des Connoisseurs tels que
vous dites moi votre sentiment. Le
moyen de dire des choses fâcheuses à
quelqu'un qui déclare que vous êtes seul
capable de connoître l'excellence de son
mérite. Ne prévenons nos Juges que sur
,
desir que nous avons de nous corriger
et sur l'obligation que nous aurions à
quelqu'un qui nous voudroit assez de
bien
1
pour nous faire part de sa critique , au
risque de nous affliger. D'ailleurs laissons
parler notre Ouvrage ; ce qu'il ne dira
pas, cest qu'il ne le peut dire, &c. Soyons
prompts à démêler sur le visage de celui
que nous consultons , l'impression qu'il
reçoit au premier coup d'œil , c'est le
sentiment que sa politesse même ne peur
nous cacher. Mais ne craignons pas de
manquer d'avis quand il sera bien établi
que nous les recevons avec plaisir.
Après avoir dit que c'est dans l'idée de
critiquer ses propres ouvrages , qu'il faut
consulter ceux des grands Maîtres anciens , il ajoute : Nous devrions faire la
même chose à la vûë de ceux des habiles
gens avec qui nous vivons. Malheureusement cela nous devient plus difficile :
nous avons peine àconvenir qu'il se trouve de notre temps des personnes qui possedent dans notre Art des perfections que
nous n'avons pû acquerir ; nous le pardonnons aux anciens; ils semblent avoir
expié cette offense en cessant de vivre.
D'ailleurs ceux de nos jours que nous
envions , sont obligés de leur rendre la
même justice ; c'est une consolation pour
notre amour propre ; mais qu'en arrive-,
t-il? Nous nous bornons à admirer ceux
qui sont venus avant nous , sans nous efforcer
AOUST. 1732 1791
forcer de les égaler ; nous renonçons à
ce noble désir , dans l'esperance que nos
contemporains ne parviendront pas plus
que nous à cet éminent dégré de perfec
tion ; et quant aux Ouvrages nouveaux
si nous y remarquons des parties qui
nous manquent, loin de tâcher de mettre
à profit le mouvement de jalousie qu'el
les nous inspirent , en les étudiant assez
pour les acquerir ; nous cherchons promtement de la consolation , en y faisant la
recherche de défauts que nous aurions
peut- être évitez. De là nous retournons
regarder nos productions avec autant de
complaisance pour nous mêmes, que nous
avons de sévérité pour les autres : Nous
y admirons la partie que nous croïons posséder ; nous ne manquons pas de lui donner la prééminence sur toutes les autres ;
nos ennemis ont la malice de nous fortifier dans cette ridicule opinion ; nos flateurs ont la fausseté de l'augmenter en
nous , et nos amis ont souvent la foiblesse de nous la laisser , et d'en prendre leur
part.
La seule comparaison de nos Ouvrages,
avec ceux des autres , peut nous rendre
nos deffauts sensibles. Lorsque nous passons notre temps vis- à-vis nos produc
tions , il est rare que nous persistions dans
1792 MERCURE DE FRANCE
dans le désir de leur chercher querelle.
Combien de femmes, dans l'arriere saison,
sont contentes de leur visage , après une
longue toilette ! La grande habitude dans
laquelle elles sont, d'y considerer toujours
le même objet , qu'elles pensent embellir
souvent par de ridicules ajustemens , leur
persuade aisément qu'il est même du remede aux Outrages du temps. Qu'une jeune et belle personne paroisse , cette vûë
leur fait sentir dans l'instant des veritez
que le Miroir leur avoit montrées vainement. Gardons-nous donc de croire que
nous puissions , sans aucun secours , parvenir à nous bien critiquer; nous sommes
trop échauffez de nos propres idées pour
conserver ce sang froid, si nécessaire pour
bien juger.
Avant le Dialogue sur la connoissance
-de la Peinture , M. Coypel rend compte
du motif qui le lui a fait composer , sur
ce principe , que la Peinture n'ayant pour
objet que la parfaite imitation de la nature ,
tout homme de bon sens et d'esprit, sans avoir
étudié les mysteres de cet art , est à portée de
sentir les grandes beautez d'un Tableau , et
defaire souvent même d'excellentes remarques
Il suppose un veritable connoisseur en
conversation , avec un homme d'esprit ,
qui
A OUST. 1732. 1793
qui n'ayant jamais eu de principes sur la
peinture , n'ose s'en rapporter à ses yeux;
ou , pour dire plus, dit- il , n'ose ceder au
plaisir qu'il ressent , en voyant des Tableaux , dans la crainte de n'être pas satisfait selon les regles , &c.
Seriez-vous dans l'erreur de croire , dit
Alcipeà Damon,comme beaucoup de gens,
que l'on ne sçauroit sentir les beautez
d'un Ouvrage que lorsque l'on sçait de
quelle main il est sorti ? ... Je conviens
que celui qui est au fait des principes de
Art, doit avoir encore plus de plaisir
qu'un autre ; mais je ne conviens pas que
cela soit absolument nécessaire. Selon
votre idée , on ne pourroit lire les Vers
avec plaisir , qu'autant qu'on seroit capable d'en faire soi-même ; et il ne seroit
plus permis qu'à ceux qui sçavent la Musique , d'écouter un Concert. Non , mon
cher Damon, les beaux Arts sont faits
pour toutes les personnes de bon sens et
d'esprit et sur tout la Peinture , qui
n'a d'autre objet que l'imitation du vrai.
Croyez qu'il y a tel homme d'esprit , qui
sera plus capable de sentir les grandes
beautez d'un Tableau , que quantité de
prétendus connoisseurs qui vous imposent par leur jargon ; de ces gens qui ont
passé leur vie à étudier les differentes maF nicres
1794 MERCURE DE FRANCE
nieres de tels et tels , sans s'appliquer à
connoître quelle partie a rendu celui-cy
plus fameux que cet autre. Il leur suffit
de reconnoître la touche du Titien, ou du
Carache dans un Tableau, pour le déclarer merveilleux. Ne croyez pas même
qu'ils aillent chercher les preuves de l'originalité dans les grandes parties ;-non ,
c'est souvent un petit coin du Tableau
la touche d'une Plante , d'un Nuage, ou
le derriere de la Toile qui les déterminent. D'ailleurs ces gens - là n'ignorent
aucuns termes de l'Art , sçavent exactement la vie des Peintres , l'Histoire de
chaque Tableau , &c.
Ce que j'y trouve de pis , c'est que ces
diseurs de grands mots sont des Éleves.
Un homme qui voudra se jetter dans la
connoissance de la Peinture , s'addressera
plutôt à eux qu'à un Peintre ; car ces
Mr ont leur interêt pour publier que les
Peintres sont ceux qui s'y connoissent le
moins. C'est-là le premier préjugé sur lequel ils établissent les autres. Si - tôt que
Eleve en est rempli , il marche à grands
pas ; en peu de jours le voilà bien persuadé qu'il peut en toute sureté , mépriser
tous les Tableaux peints sur des toiles neu--
ves ; et admirer ceux qui menacent ruine.
Jugez alors si l'amour propre est satis- fait ?
AOUST. 17320 1795
it. Quel air de capacité ne se donne
int mon homme en se récriant devant
monde sur les beautez d'un vieux Taeau noirci , où les autres ne connoisnt plus rien , et où il ne découvre plus
n lui-même on le suit , on l'écoute
Sa décision est pitoyable , mais
e lui importe ; on le prend pour un
mme capable, il est content.Car il faut
convenir ; souvent nous avons des Taaux, des Livres ; nous courons les Conts , bien moins parce que nous aimons
Peinture , les Lettres ou la Musique
pour nous donner un air de capacité.
is se le donne - t - on en réfléchissant
g-temps avant que de hazarder son
timent ? Non, c'est en décidant promient , &c.
On blâme plus volontiers les Ouvranouveaux qui paroissent , qu'on ne les
3. Je ne sçai pourquoi , dit Alcipe, mais
utencore l'avouer,à notre honte; nous
ons une secrete et détestable joïe à reher un homme qui a fait ses efforts
nous plaire ; et vû cette malheureuclination , il devient bien plus diffid'approuver un Ouvrage nouveau ,
ue de leblâmer.Dites qu'il ne vaut rien;
on vous croît , sans que vous soyez obligé de vous expliquer davantage ; mais si
Fij Vous
1796 MERCURE DE FRANCE
vous en parlez avec éloge , ( au cas qu'on
veuille bien ne vous pas traiter d'imbécille ) on vous demande au moins raison.
de votre approbation ; c'est alors qu'il
faut véritablement s'y connoître pour
prouver sa capacité ; et peut - être même
faut-il plus de gout et d'esprit pour bien
sentir les grandes beautez , que pour découvrir les deffauts. D'ailleurs , que risquons- nous en blâmant? Si l'Ouvrage est
bon et reconnu pour tel dans la suite,nous
donnons à perser , en le regardant avec
froideur , que nous avons une idée du
beau bien supérieure à celle qu'en a le
vulgaire ; mais quand par malheur la critique l'emporte sur nos applaudissemens,
nous courons risque de passer pour des
esprits bornés. A l'égard des productions
des anciens , on ne peut que se faire honneur en les louant , parce que la posterité
les a consacrez. N'allez pas croire que je
prétende dire qu'ils ne sont pas dignes de
cette admiration ; personne ne leur rend
plus de justice que moi ; et c'est parce
que je les aime , que je suis outré de les
entendre loüer par des ignorans, qui n'en
démêlent que la rareté , et point du tout
l'excellence.
Mais, quoy ! dit Damon, jugeriez-vous
à propos que j'allasse me mêler de parler
de
A O UST. 1732. 1797
de la composition d'un Tableau : Eh
pourquoi pas ? répond Alcipe. Quelle
est , à votre avis , la premiere partie de la
composition ? N'est- ce pas de vous rendre , avec vérité , le sujet que l'on vous
annonce ? Si on veut vous representer ,
par exemple , la mort de Jules - César
n'êtes-vous pas à portée de juger si le
Peintre a rendu l'image de cette Scene ?
N'en jugeriez vous pas au Théatre ? Ne
verriez-vous pas bien si César et Brutus sont les principaux objets qui frappent votre vûë ? Si les autres personnages ont dans l'action , dans laquelle ils doivent être Enfin si le mouvement de
cètte Scene vous inspire la terreur qu'il
doit vous inspirer ? Si ces principales par
ties ne s'y trouvent point , dites en sûreté
que la composion de ce Tableau ne vous
plaît pas ; et vous aurez raison ; mais ne
vous pressez pas de dire que ce Tableau
ne vaut rien ; car il pourroit se trouver
d'excellentes choses dans le détail. La
Peinture est composée de tant de parties... Regardez donc , avant de condamner entierement , si , la composition
à part , vous ne serez point frappé de la
vérité de la couleur , de l'effet du clairobscur , du relief des figures , &c.
Sur la composition , sur le dessein , sur
Fiij le
1798 MERCURE DE FRANCE
le coloris , un homme d'esprit peut dire
son sentiment , dit Alcipe , puisqu'il ne
s'agit que de comparer le vrai, avec l'imitation. Quant à l'harmonie generale
poursuit-il,pourquoi nos yeux n'auroient- ils pas les mêmes facultez que nos oreilles ? Nous ne sommes touchez du son des
Instrumens , que lorsqu'ils sont parfaitement d'accord. Les couleurs d'un Tableau
doivent faire sur nous les mêmes impressions.Si une Musique harmonieuse et brillante nous frappe plus qu'une Musique
plate , quoique nous ne sçachions pas les
regles de la composition ; pourquoi un
Tableau brillant et suave ne nous plairat-il pas plus qu'un Tableau dur et sans
accord?
Royale de Peinture et Sculpture. Par
2. Charles Coypel , Premier Peintre de V. le Duc d'Orleans. A Paris , chez
P. F. Mariette , rue S Jacques , 1732. Brochure in 4. de 34. pages.
Le sujet, du premier Discours est sur
necessité de recevoir des avis. La premiere chose dont le Lecteur s'apperçoit
dans la lecture agréable et utile de cet
Ouvrage , c'est que M. Coypel , outre ses
lens pour l'Art qu'il professe , a une
plume aussi sage et aussi élegante que
son Pinceau ; deux qualitez qu'on trouve assez rarement ensemble. On renarque dans ses Ecrits le même génie ,
le même tour et le même ordre qu'on
voir avec plaisir dans ses heureuses Ĉompositions , où l'on trouve tant d'expres
sions fines et délicates.
M. Coypel entre en matiere très-moaestement , en soumettant ces Refléxions
qu'il n'avoit faites , dit- il , que pour lui ,
au jugement de l'Académie , et ne pou
vant croire qu'elles puissent être utiles
à d'autres qu'à lui ; sur quoi nous- pensons
1788 MERCURE DE FRANCE
sons qu'il s'expose à un démenti de là
part de tous ses Lecteurs et peut être
de toute l'Académie.
-
Sur la necessité de recevoir des avis ,
M. Coypel s'exprime ainsi. La Peinture
est composée de tant de parties , que nous
ne devons presque jamais nous flater de
ne pas perdre de vûe les unes , en nous
attachant à chercher les autres.
Il n'est pas moins rare de trouver des
amis qui soient également touchez de
toutes ces Parties. L'un n'est sensible
qu'à la couleur , et n'est que peu flaté
de l'élegance du Dessein ; l'autre , au
contraire , prétend que sans le grand
goût, la délicatesse et la pureté du Dessein , la Peinture n'est qu'une affaire de
Mécanique. L'homme d'esprit et de sentiment ne s'attachera qu'à l'expression des
têtes et à l'ordonnance. L'homme d'érudition sera satisfait si le Costume est
scrupuleusement observé dans un Tableau , ainsi des autres.
Chacun ayant donc presque toûjours
son goût déterminé pour une partie de
la Peinture , et la préferant aux autres ,
rarement est-il possible que les avis d'un
seul ami soient suffisans ; nous devons
donc necessairement faire societé avec
des personnes de goûts differens ; l'un
apper-
AOUST. 1732. 1789
appercevra ce que l'autre avoit laissé
échapper.Nous verrons aujourd'hui notre
Ouvrage par les yeux de l'homme de
Lettres , demain il sera éclairé par les lu- mieres de l'Amateur du coloris ; une aure fois les regards du Partisan du Desçin donneront aux nôtres une nouvelle
éverité , &c.
Mais il arrive quelquefois , poursuit
Auteur sur la maniere d'avoir des avis,
que la façon dont nous les demandons
ne prouve autre chose que le desir que
nous avons de recevoir des loüanges. Souvent un Auteur trouve moyen de faire
Péloge de son Ouvrage, dans le temps mêrê qu'il semble implorer le secours de
de la Critique. Trouvez- vous , dira-t'il ,
que je me sois tiré heureusement de telle
difficulté ? Fe crains que la finesse de ces
expressions ne soit pas sentie du Public.
J'aurois moins de défiance si je n'avois
affaire qu'à des Connoisseurs tels que
vous dites moi votre sentiment. Le
moyen de dire des choses fâcheuses à
quelqu'un qui déclare que vous êtes seul
capable de connoître l'excellence de son
mérite. Ne prévenons nos Juges que sur
,
desir que nous avons de nous corriger
et sur l'obligation que nous aurions à
quelqu'un qui nous voudroit assez de
bien
1
pour nous faire part de sa critique , au
risque de nous affliger. D'ailleurs laissons
parler notre Ouvrage ; ce qu'il ne dira
pas, cest qu'il ne le peut dire, &c. Soyons
prompts à démêler sur le visage de celui
que nous consultons , l'impression qu'il
reçoit au premier coup d'œil , c'est le
sentiment que sa politesse même ne peur
nous cacher. Mais ne craignons pas de
manquer d'avis quand il sera bien établi
que nous les recevons avec plaisir.
Après avoir dit que c'est dans l'idée de
critiquer ses propres ouvrages , qu'il faut
consulter ceux des grands Maîtres anciens , il ajoute : Nous devrions faire la
même chose à la vûë de ceux des habiles
gens avec qui nous vivons. Malheureusement cela nous devient plus difficile :
nous avons peine àconvenir qu'il se trouve de notre temps des personnes qui possedent dans notre Art des perfections que
nous n'avons pû acquerir ; nous le pardonnons aux anciens; ils semblent avoir
expié cette offense en cessant de vivre.
D'ailleurs ceux de nos jours que nous
envions , sont obligés de leur rendre la
même justice ; c'est une consolation pour
notre amour propre ; mais qu'en arrive-,
t-il? Nous nous bornons à admirer ceux
qui sont venus avant nous , sans nous efforcer
AOUST. 1732 1791
forcer de les égaler ; nous renonçons à
ce noble désir , dans l'esperance que nos
contemporains ne parviendront pas plus
que nous à cet éminent dégré de perfec
tion ; et quant aux Ouvrages nouveaux
si nous y remarquons des parties qui
nous manquent, loin de tâcher de mettre
à profit le mouvement de jalousie qu'el
les nous inspirent , en les étudiant assez
pour les acquerir ; nous cherchons promtement de la consolation , en y faisant la
recherche de défauts que nous aurions
peut- être évitez. De là nous retournons
regarder nos productions avec autant de
complaisance pour nous mêmes, que nous
avons de sévérité pour les autres : Nous
y admirons la partie que nous croïons posséder ; nous ne manquons pas de lui donner la prééminence sur toutes les autres ;
nos ennemis ont la malice de nous fortifier dans cette ridicule opinion ; nos flateurs ont la fausseté de l'augmenter en
nous , et nos amis ont souvent la foiblesse de nous la laisser , et d'en prendre leur
part.
La seule comparaison de nos Ouvrages,
avec ceux des autres , peut nous rendre
nos deffauts sensibles. Lorsque nous passons notre temps vis- à-vis nos produc
tions , il est rare que nous persistions dans
1792 MERCURE DE FRANCE
dans le désir de leur chercher querelle.
Combien de femmes, dans l'arriere saison,
sont contentes de leur visage , après une
longue toilette ! La grande habitude dans
laquelle elles sont, d'y considerer toujours
le même objet , qu'elles pensent embellir
souvent par de ridicules ajustemens , leur
persuade aisément qu'il est même du remede aux Outrages du temps. Qu'une jeune et belle personne paroisse , cette vûë
leur fait sentir dans l'instant des veritez
que le Miroir leur avoit montrées vainement. Gardons-nous donc de croire que
nous puissions , sans aucun secours , parvenir à nous bien critiquer; nous sommes
trop échauffez de nos propres idées pour
conserver ce sang froid, si nécessaire pour
bien juger.
Avant le Dialogue sur la connoissance
-de la Peinture , M. Coypel rend compte
du motif qui le lui a fait composer , sur
ce principe , que la Peinture n'ayant pour
objet que la parfaite imitation de la nature ,
tout homme de bon sens et d'esprit, sans avoir
étudié les mysteres de cet art , est à portée de
sentir les grandes beautez d'un Tableau , et
defaire souvent même d'excellentes remarques
Il suppose un veritable connoisseur en
conversation , avec un homme d'esprit ,
qui
A OUST. 1732. 1793
qui n'ayant jamais eu de principes sur la
peinture , n'ose s'en rapporter à ses yeux;
ou , pour dire plus, dit- il , n'ose ceder au
plaisir qu'il ressent , en voyant des Tableaux , dans la crainte de n'être pas satisfait selon les regles , &c.
Seriez-vous dans l'erreur de croire , dit
Alcipeà Damon,comme beaucoup de gens,
que l'on ne sçauroit sentir les beautez
d'un Ouvrage que lorsque l'on sçait de
quelle main il est sorti ? ... Je conviens
que celui qui est au fait des principes de
Art, doit avoir encore plus de plaisir
qu'un autre ; mais je ne conviens pas que
cela soit absolument nécessaire. Selon
votre idée , on ne pourroit lire les Vers
avec plaisir , qu'autant qu'on seroit capable d'en faire soi-même ; et il ne seroit
plus permis qu'à ceux qui sçavent la Musique , d'écouter un Concert. Non , mon
cher Damon, les beaux Arts sont faits
pour toutes les personnes de bon sens et
d'esprit et sur tout la Peinture , qui
n'a d'autre objet que l'imitation du vrai.
Croyez qu'il y a tel homme d'esprit , qui
sera plus capable de sentir les grandes
beautez d'un Tableau , que quantité de
prétendus connoisseurs qui vous imposent par leur jargon ; de ces gens qui ont
passé leur vie à étudier les differentes maF nicres
1794 MERCURE DE FRANCE
nieres de tels et tels , sans s'appliquer à
connoître quelle partie a rendu celui-cy
plus fameux que cet autre. Il leur suffit
de reconnoître la touche du Titien, ou du
Carache dans un Tableau, pour le déclarer merveilleux. Ne croyez pas même
qu'ils aillent chercher les preuves de l'originalité dans les grandes parties ;-non ,
c'est souvent un petit coin du Tableau
la touche d'une Plante , d'un Nuage, ou
le derriere de la Toile qui les déterminent. D'ailleurs ces gens - là n'ignorent
aucuns termes de l'Art , sçavent exactement la vie des Peintres , l'Histoire de
chaque Tableau , &c.
Ce que j'y trouve de pis , c'est que ces
diseurs de grands mots sont des Éleves.
Un homme qui voudra se jetter dans la
connoissance de la Peinture , s'addressera
plutôt à eux qu'à un Peintre ; car ces
Mr ont leur interêt pour publier que les
Peintres sont ceux qui s'y connoissent le
moins. C'est-là le premier préjugé sur lequel ils établissent les autres. Si - tôt que
Eleve en est rempli , il marche à grands
pas ; en peu de jours le voilà bien persuadé qu'il peut en toute sureté , mépriser
tous les Tableaux peints sur des toiles neu--
ves ; et admirer ceux qui menacent ruine.
Jugez alors si l'amour propre est satis- fait ?
AOUST. 17320 1795
it. Quel air de capacité ne se donne
int mon homme en se récriant devant
monde sur les beautez d'un vieux Taeau noirci , où les autres ne connoisnt plus rien , et où il ne découvre plus
n lui-même on le suit , on l'écoute
Sa décision est pitoyable , mais
e lui importe ; on le prend pour un
mme capable, il est content.Car il faut
convenir ; souvent nous avons des Taaux, des Livres ; nous courons les Conts , bien moins parce que nous aimons
Peinture , les Lettres ou la Musique
pour nous donner un air de capacité.
is se le donne - t - on en réfléchissant
g-temps avant que de hazarder son
timent ? Non, c'est en décidant promient , &c.
On blâme plus volontiers les Ouvranouveaux qui paroissent , qu'on ne les
3. Je ne sçai pourquoi , dit Alcipe, mais
utencore l'avouer,à notre honte; nous
ons une secrete et détestable joïe à reher un homme qui a fait ses efforts
nous plaire ; et vû cette malheureuclination , il devient bien plus diffid'approuver un Ouvrage nouveau ,
ue de leblâmer.Dites qu'il ne vaut rien;
on vous croît , sans que vous soyez obligé de vous expliquer davantage ; mais si
Fij Vous
1796 MERCURE DE FRANCE
vous en parlez avec éloge , ( au cas qu'on
veuille bien ne vous pas traiter d'imbécille ) on vous demande au moins raison.
de votre approbation ; c'est alors qu'il
faut véritablement s'y connoître pour
prouver sa capacité ; et peut - être même
faut-il plus de gout et d'esprit pour bien
sentir les grandes beautez , que pour découvrir les deffauts. D'ailleurs , que risquons- nous en blâmant? Si l'Ouvrage est
bon et reconnu pour tel dans la suite,nous
donnons à perser , en le regardant avec
froideur , que nous avons une idée du
beau bien supérieure à celle qu'en a le
vulgaire ; mais quand par malheur la critique l'emporte sur nos applaudissemens,
nous courons risque de passer pour des
esprits bornés. A l'égard des productions
des anciens , on ne peut que se faire honneur en les louant , parce que la posterité
les a consacrez. N'allez pas croire que je
prétende dire qu'ils ne sont pas dignes de
cette admiration ; personne ne leur rend
plus de justice que moi ; et c'est parce
que je les aime , que je suis outré de les
entendre loüer par des ignorans, qui n'en
démêlent que la rareté , et point du tout
l'excellence.
Mais, quoy ! dit Damon, jugeriez-vous
à propos que j'allasse me mêler de parler
de
A O UST. 1732. 1797
de la composition d'un Tableau : Eh
pourquoi pas ? répond Alcipe. Quelle
est , à votre avis , la premiere partie de la
composition ? N'est- ce pas de vous rendre , avec vérité , le sujet que l'on vous
annonce ? Si on veut vous representer ,
par exemple , la mort de Jules - César
n'êtes-vous pas à portée de juger si le
Peintre a rendu l'image de cette Scene ?
N'en jugeriez vous pas au Théatre ? Ne
verriez-vous pas bien si César et Brutus sont les principaux objets qui frappent votre vûë ? Si les autres personnages ont dans l'action , dans laquelle ils doivent être Enfin si le mouvement de
cètte Scene vous inspire la terreur qu'il
doit vous inspirer ? Si ces principales par
ties ne s'y trouvent point , dites en sûreté
que la composion de ce Tableau ne vous
plaît pas ; et vous aurez raison ; mais ne
vous pressez pas de dire que ce Tableau
ne vaut rien ; car il pourroit se trouver
d'excellentes choses dans le détail. La
Peinture est composée de tant de parties... Regardez donc , avant de condamner entierement , si , la composition
à part , vous ne serez point frappé de la
vérité de la couleur , de l'effet du clairobscur , du relief des figures , &c.
Sur la composition , sur le dessein , sur
Fiij le
1798 MERCURE DE FRANCE
le coloris , un homme d'esprit peut dire
son sentiment , dit Alcipe , puisqu'il ne
s'agit que de comparer le vrai, avec l'imitation. Quant à l'harmonie generale
poursuit-il,pourquoi nos yeux n'auroient- ils pas les mêmes facultez que nos oreilles ? Nous ne sommes touchez du son des
Instrumens , que lorsqu'ils sont parfaitement d'accord. Les couleurs d'un Tableau
doivent faire sur nous les mêmes impressions.Si une Musique harmonieuse et brillante nous frappe plus qu'une Musique
plate , quoique nous ne sçachions pas les
regles de la composition ; pourquoi un
Tableau brillant et suave ne nous plairat-il pas plus qu'un Tableau dur et sans
accord?
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Résumé : Discours sur la Peinture, &c. [titre d'après la table]
En 1732, Charles Coypel, Premier Peintre du Duc d'Orléans, prononce un discours lors des conférences de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture. Il y souligne la nécessité pour les artistes de recevoir des avis pour améliorer leur travail. La peinture, composée de nombreuses parties, peut être critiquée sous différents aspects tels que la couleur, le dessin, l'expression ou le costume. Coypel insiste sur l'importance de demander des avis de manière sincère et ouverte, sans chercher uniquement des louanges. Il critique ceux qui se contentent d'admirer les œuvres des anciens maîtres sans essayer de les égaler ou d'apprendre des contemporains. Il met également en garde contre l'habitude de trouver des défauts dans les œuvres nouvelles pour se consoler de ses propres insuffisances. Coypel aborde ensuite la capacité de chacun à apprécier les beautés d'un tableau, indépendamment des connaissances techniques. Il critique les prétendus connaisseurs qui se basent sur des détails superficiels pour juger une œuvre. Il encourage à juger les tableaux en fonction de leur composition et de leur capacité à représenter fidèlement le sujet. Le texte discute également de la perception des éléments artistiques par l'observateur, tels que la vérité de la couleur, l'effet du clair-obscur et le relief des figures. Alcipe, un personnage mentionné, affirme qu'un homme d'esprit peut exprimer son avis sur la composition, le dessin et le coloris en comparant le vrai avec l'imitation. Il compare l'harmonie générale d'un tableau à celle de la musique, suggérant que les yeux devraient avoir les mêmes facultés que les oreilles. Les couleurs d'un tableau doivent produire les mêmes impressions que les sons des instruments lorsqu'ils sont en accord parfait. De même que la musique harmonieuse et brillante est plus frappante que la musique plate, un tableau brillant et suave devrait plaire davantage qu'un tableau dur et sans accord.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 211
De MOSCOU, le 4 Mars 1763.
Début :
Le Baron de Borch, Chambellan du Roi de Pologne, envoyé ici pour faire les plus vives [...]
Mots clefs :
Baron, Chambellan, Roi de Pologne, Courlande, Affaires, Conférences
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texteReconnaissance textuelle : De MOSCOU, le 4 Mars 1763.
De Moscou , le 4 Mars 1763 .
L8 Baron de Borch , Chambellan du Roi de
Pologne , envoyé ici pour faire les plus vives
repréſentations au ſujet des affaires de la Courlande
, a déja eu quelques conférences ſur l'objet
de ſa miſſion ; mais il n'y a pas d'apparence
que les ſollicitations changent la réſolution
que Sa Majeſté Impériale paroît avoir priſe
en faveur du Duc Ernest - Jean.
L8 Baron de Borch , Chambellan du Roi de
Pologne , envoyé ici pour faire les plus vives
repréſentations au ſujet des affaires de la Courlande
, a déja eu quelques conférences ſur l'objet
de ſa miſſion ; mais il n'y a pas d'apparence
que les ſollicitations changent la réſolution
que Sa Majeſté Impériale paroît avoir priſe
en faveur du Duc Ernest - Jean.
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