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1
p. 170-176
Lettre à l'Auteur du Mercure.
Début :
Monsieur, si le Public éclairé n'eût sçu depuis longtems apprécier tout [...]
Mots clefs :
Académie, Académie royale de chirurgie, Lambeau, Méthode, Chirurgie, Chirurgien, Henry-François Le Dran, Raimon de Vermale
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texteReconnaissance textuelle : Lettre à l'Auteur du Mercure.
Lettre à l'Auteur du Mercure.
Mfçu
depuis
Onfieur , fi le Public éclairé n'eût
fçu depuis longtems apprécier tout
ce qui lui vient de la part d'un Anonyme ,
j'aurois pu le défabufer , & répliquer au
Mémoire inféré dans votre Journal du
mois de Juin ( a ) pour repouffer les traits
de l'impoſture avec le bouclier de la verité
; mais je fçais , comme ce fage public ,
méprifer ce qui eft méprifable. Qui male
agit , odit lucem ; & cela feul m'auroit impofé
filence , fi je ne devois rendre juftice
à M. Ravaton , qu'on pourroit peut -être
foupçonner auteur du memoire.
Mais ce Chirurgien- major regardant la
verité comme un principe de vertu chez
toutes les nations , fouffre toujours de la
voir alterée , & il defapprouve fort la
hardieffe de fon éleve : il affure même
dans une de fes lettres datée du 16 de ce
mois , qu'il n'a en aucune part à ce même
mémoire , & que c'est lui faire un tort infini
que de le penfer. Je crois , Monfieur , que
cet aveu fait par un homme auffi refpec
(a)Second vol.
NOVEMBRE. 1755. 171
table & auffi intereffé à la gloire que lui
attribue le mémoire , ne doit laiffer aucun
doute fur le faux témoignage de l'anonyme
, qui veut contre toute apparence
me rendre témoin de l'amputation à lambeaux
de M. Ravaton , & conftater l'impoffibilité
de la mienne ; mais pour en
prouver la poffibilité & en convaincre les
incrédules , je vous prie de vouloir bien
placer les lettres ci jointes dans quelque
volume de votre Journal ; le bien public
doit vous y exciter.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 20 Septembre 1755
Vermale.
Lettre de M. Ledran , membre de l'Académie
royale de Chirurgie , à M. Remon de
Vermale , Confeiller , premier Chirurgien
de l'Electeur Palatin , & aſſocié de cette
même Académie.
MONSIEUR , j'apprends avec plaifir
que vous faites fleurir la Chirurgie françoife
en Allemagne , & que vous foutenez
ainfi l'honneur de la nation . J'efpere que
vous voudrez bien continuer de faire
part
à notre Académie de ce qui vous paffera
par
les mains de curieux ou d'inftructif.
Je vous félicite du fuccès de votre am-
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
putation à deux lambeaux ; il faudroitqu'il
y eût des chofes bien extraordinaires
fi elle ne réuffiffoit pas. Mais comme
vous me demandez , Monfieur , mon avisfur
les trois manieres que vous propoſez ,
je crois devoir préferer celle qui porte perpendiculairement
un biftouri long , étroit
& très- pointu jufqu'à l'os , & de le gliffer
à côté de fa
circonférence pour percer audeffous
de la cuiffe les mufcles & la peau
de dedans en dehors , comme il les a d'abord
percés de dehors en dedans , & pour
former enfuite à droite & à gauche les
deux lambeaux projettés.
C'eft du moins comme je l'ai faite fur
les deux cadavres depuis que vous m'avez
fait part de ces perfections , & c'eft ainfi
que je l'enfeigne dans le traité d'opérations
que je vais donner au public, en vous rendant
, Monfieur , tout l'honneur qui vous
eft dû .
L'opération faite de cette maniere eft
très- prompte & praticable à tous les membres.
Le point effentiel eft de bien diriger le
tranchant du biftouri en faifant les lambeaux
, pour déterminer leur figure & leur
longueur relativement au volume du membre.
Je ne fçais fi M. Ravaton fera content
de la préference que je donne publiquement
à votre méthode .
NOVEMBRE. 1755. 173
On imprime actuellement les mémoires
de notre Academie , & M. de Lapeyronie
m'a affuré que vous y feriez à la tête des
Medecins & Chirurgiens célebres que nous
avons agregés.
Aimez - nous toujours un peu , & foyez
perfuadé de l'amitié la plus fincere , avec
laquelle je ferai toute ma vie & fans réferve
, votre , & c.
A Paris , ce 31 Mars 1742.
Ledran.
Lettre de M. Dankers , Médecin de S.A. S.
le Langrave de Darmstad , à M. Remon
de Vermale , &c .
MONSIEUR, le malade en queftion eft
déja très fatisfait des bons confeils que
vous nous avez donnés fur fon état ; mais
il fe flatte que vous voudrez bien prendre
la pofte pour venir ici en juger par
vous-même.
M. le Baron & Madame la Barone de
Scherautenbach efperent que vous voudrez
bien prendre votre quartier chez eux ,
m'ont chargé de vous faire en attendant
mille complimens de leur part. M. le Confeiller
de Schade eft dans un état fi bon
qu'il ne peut affez divulguer les obligations
qu'il vous a. Il dit partout que
H iij
774 MERCURE DE FRANCE.
c'est à tort qu'on taxe les Chirurgiens François
de vouloir toujours couper & fans néceffité
; il fe donne pour exemple avouant
que fans les grandes incifions que vous lui
avez faites , il auroit certainement perdu
fa jambe. Ne communiquerez- vous pas
fon accident à l'Academie?
Mais à propos de vos malades , j'ai vu
ces jours derniers la pauvre Goëling qui a
paffé ici avec fes parens pour aller chercher
fortune à Philadelphie. J'ai examiné
le refte du bras que vous lui aviez amputé
par votre nouvelle méthode , & j'ai admiré
la réunion des deux lambeaux.
On n'y voit aux endroits de la cicatrice
qu'une espece de ride ou de petit fillon
peu profond , & qui s'efface à mesure qu'il
s'approche de l'extrêmité du moignon ,
où on apperçoit à peine une ligne blanche
dans le centre , fort étroite & très-fuperficielle
; la cicatrice inférieure eft la plus
apparente , parce qu'elle eft un peu plus
creufe vers fon milieu . Je ne puis affez
applaudir à la bonté de cette méthode , qui
vous fait un honneur infini.
J'ai l'honneur d'être , & c .
Danskers , D. M.
A Darmstad , le 12 Mai 1744.
1
NOVEMBRE. 1755. 175
Extrait d'une lettre de M. Hoffmann , Chirurgien-
major de la ville & de l'hôpital de
Maftreich , à M. de Vermale , &c.
Il y a long- tems , Monfieur , que je me
fais gloire de me dire votre difciple , en
pratiquant avec fuccès votre méthode
d'amputer à deux lambeaux. J'ai eu plufieurs
fois l'occafion de l'employer depuis
1746 , & même à la jambe fur deux malades
, dont l'un fortit de l'hôpital parfaitement
guéri le vingtieme jour , & l'autre le vingttroifieme
après l'opération. Il paroit que M.
Ravaton n'avoit pas bien refléchi fur votre
méthode , lorfqu'il fit imprimer fon
traité des plaies d'armes à feu ; car je lui
crois trop de droiture dans fon procedé &
trop de zele pour la Chirurgie , pour ne
pas accorder à votre façon d'amputer la
fuperiorité qui lui eft due fur la fienne ,
que j'ai auffi pratiquée avec affez de fuccès.
Je me réſerve , Monfieur , de vous en dire
davantage lorfque vous me permettrez de
vous faire part des changemens que j'y ai
faits . Recevez en attendant les fentimens
de la vénération que m'infpire votre merite
diftingué , & du profond refpect avec
lequel je ne cefferai d'être votre très humble
, & c .
Hoffmann.
T
A Maftreich , le 18 Mai 1753 .
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
Après la lecture de ces lettres , on peut
certainement conclure que fi l'anonyme
doué de lumieres fuperieures à celles
qu'ont les plus refpectables Chirurgiens
de Paris , n'a jamais pu , comme il nous
en affure , former deux lambeaux fur le
cadavre , en fuivant la méthode de M. de
Vermale , ce n'eft qu'à lui feul qu'il doit
s'en prendre.
Mfçu
depuis
Onfieur , fi le Public éclairé n'eût
fçu depuis longtems apprécier tout
ce qui lui vient de la part d'un Anonyme ,
j'aurois pu le défabufer , & répliquer au
Mémoire inféré dans votre Journal du
mois de Juin ( a ) pour repouffer les traits
de l'impoſture avec le bouclier de la verité
; mais je fçais , comme ce fage public ,
méprifer ce qui eft méprifable. Qui male
agit , odit lucem ; & cela feul m'auroit impofé
filence , fi je ne devois rendre juftice
à M. Ravaton , qu'on pourroit peut -être
foupçonner auteur du memoire.
Mais ce Chirurgien- major regardant la
verité comme un principe de vertu chez
toutes les nations , fouffre toujours de la
voir alterée , & il defapprouve fort la
hardieffe de fon éleve : il affure même
dans une de fes lettres datée du 16 de ce
mois , qu'il n'a en aucune part à ce même
mémoire , & que c'est lui faire un tort infini
que de le penfer. Je crois , Monfieur , que
cet aveu fait par un homme auffi refpec
(a)Second vol.
NOVEMBRE. 1755. 171
table & auffi intereffé à la gloire que lui
attribue le mémoire , ne doit laiffer aucun
doute fur le faux témoignage de l'anonyme
, qui veut contre toute apparence
me rendre témoin de l'amputation à lambeaux
de M. Ravaton , & conftater l'impoffibilité
de la mienne ; mais pour en
prouver la poffibilité & en convaincre les
incrédules , je vous prie de vouloir bien
placer les lettres ci jointes dans quelque
volume de votre Journal ; le bien public
doit vous y exciter.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 20 Septembre 1755
Vermale.
Lettre de M. Ledran , membre de l'Académie
royale de Chirurgie , à M. Remon de
Vermale , Confeiller , premier Chirurgien
de l'Electeur Palatin , & aſſocié de cette
même Académie.
MONSIEUR , j'apprends avec plaifir
que vous faites fleurir la Chirurgie françoife
en Allemagne , & que vous foutenez
ainfi l'honneur de la nation . J'efpere que
vous voudrez bien continuer de faire
part
à notre Académie de ce qui vous paffera
par
les mains de curieux ou d'inftructif.
Je vous félicite du fuccès de votre am-
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
putation à deux lambeaux ; il faudroitqu'il
y eût des chofes bien extraordinaires
fi elle ne réuffiffoit pas. Mais comme
vous me demandez , Monfieur , mon avisfur
les trois manieres que vous propoſez ,
je crois devoir préferer celle qui porte perpendiculairement
un biftouri long , étroit
& très- pointu jufqu'à l'os , & de le gliffer
à côté de fa
circonférence pour percer audeffous
de la cuiffe les mufcles & la peau
de dedans en dehors , comme il les a d'abord
percés de dehors en dedans , & pour
former enfuite à droite & à gauche les
deux lambeaux projettés.
C'eft du moins comme je l'ai faite fur
les deux cadavres depuis que vous m'avez
fait part de ces perfections , & c'eft ainfi
que je l'enfeigne dans le traité d'opérations
que je vais donner au public, en vous rendant
, Monfieur , tout l'honneur qui vous
eft dû .
L'opération faite de cette maniere eft
très- prompte & praticable à tous les membres.
Le point effentiel eft de bien diriger le
tranchant du biftouri en faifant les lambeaux
, pour déterminer leur figure & leur
longueur relativement au volume du membre.
Je ne fçais fi M. Ravaton fera content
de la préference que je donne publiquement
à votre méthode .
NOVEMBRE. 1755. 173
On imprime actuellement les mémoires
de notre Academie , & M. de Lapeyronie
m'a affuré que vous y feriez à la tête des
Medecins & Chirurgiens célebres que nous
avons agregés.
Aimez - nous toujours un peu , & foyez
perfuadé de l'amitié la plus fincere , avec
laquelle je ferai toute ma vie & fans réferve
, votre , & c.
A Paris , ce 31 Mars 1742.
Ledran.
Lettre de M. Dankers , Médecin de S.A. S.
le Langrave de Darmstad , à M. Remon
de Vermale , &c .
MONSIEUR, le malade en queftion eft
déja très fatisfait des bons confeils que
vous nous avez donnés fur fon état ; mais
il fe flatte que vous voudrez bien prendre
la pofte pour venir ici en juger par
vous-même.
M. le Baron & Madame la Barone de
Scherautenbach efperent que vous voudrez
bien prendre votre quartier chez eux ,
m'ont chargé de vous faire en attendant
mille complimens de leur part. M. le Confeiller
de Schade eft dans un état fi bon
qu'il ne peut affez divulguer les obligations
qu'il vous a. Il dit partout que
H iij
774 MERCURE DE FRANCE.
c'est à tort qu'on taxe les Chirurgiens François
de vouloir toujours couper & fans néceffité
; il fe donne pour exemple avouant
que fans les grandes incifions que vous lui
avez faites , il auroit certainement perdu
fa jambe. Ne communiquerez- vous pas
fon accident à l'Academie?
Mais à propos de vos malades , j'ai vu
ces jours derniers la pauvre Goëling qui a
paffé ici avec fes parens pour aller chercher
fortune à Philadelphie. J'ai examiné
le refte du bras que vous lui aviez amputé
par votre nouvelle méthode , & j'ai admiré
la réunion des deux lambeaux.
On n'y voit aux endroits de la cicatrice
qu'une espece de ride ou de petit fillon
peu profond , & qui s'efface à mesure qu'il
s'approche de l'extrêmité du moignon ,
où on apperçoit à peine une ligne blanche
dans le centre , fort étroite & très-fuperficielle
; la cicatrice inférieure eft la plus
apparente , parce qu'elle eft un peu plus
creufe vers fon milieu . Je ne puis affez
applaudir à la bonté de cette méthode , qui
vous fait un honneur infini.
J'ai l'honneur d'être , & c .
Danskers , D. M.
A Darmstad , le 12 Mai 1744.
1
NOVEMBRE. 1755. 175
Extrait d'une lettre de M. Hoffmann , Chirurgien-
major de la ville & de l'hôpital de
Maftreich , à M. de Vermale , &c.
Il y a long- tems , Monfieur , que je me
fais gloire de me dire votre difciple , en
pratiquant avec fuccès votre méthode
d'amputer à deux lambeaux. J'ai eu plufieurs
fois l'occafion de l'employer depuis
1746 , & même à la jambe fur deux malades
, dont l'un fortit de l'hôpital parfaitement
guéri le vingtieme jour , & l'autre le vingttroifieme
après l'opération. Il paroit que M.
Ravaton n'avoit pas bien refléchi fur votre
méthode , lorfqu'il fit imprimer fon
traité des plaies d'armes à feu ; car je lui
crois trop de droiture dans fon procedé &
trop de zele pour la Chirurgie , pour ne
pas accorder à votre façon d'amputer la
fuperiorité qui lui eft due fur la fienne ,
que j'ai auffi pratiquée avec affez de fuccès.
Je me réſerve , Monfieur , de vous en dire
davantage lorfque vous me permettrez de
vous faire part des changemens que j'y ai
faits . Recevez en attendant les fentimens
de la vénération que m'infpire votre merite
diftingué , & du profond refpect avec
lequel je ne cefferai d'être votre très humble
, & c .
Hoffmann.
T
A Maftreich , le 18 Mai 1753 .
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
Après la lecture de ces lettres , on peut
certainement conclure que fi l'anonyme
doué de lumieres fuperieures à celles
qu'ont les plus refpectables Chirurgiens
de Paris , n'a jamais pu , comme il nous
en affure , former deux lambeaux fur le
cadavre , en fuivant la méthode de M. de
Vermale , ce n'eft qu'à lui feul qu'il doit
s'en prendre.
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Résumé : Lettre à l'Auteur du Mercure.
Dans une lettre adressée à l'éditeur du Mercure, un auteur conteste un mémoire anonyme publié en juin 1755, qui critique ses techniques chirurgicales. Il affirme que le public éclairé rejette les impostures et que la vérité doit triompher. L'auteur mentionne M. Ravaton, un chirurgien-major, qui désapprouve le mémoire et nie en être l'auteur. Pour défendre sa méthode d'amputation à deux lambeaux, l'auteur demande à l'éditeur de publier des lettres de soutien. La première lettre provient de M. Ledran, membre de l'Académie royale de Chirurgie, qui félicite M. Vermale pour ses succès en Allemagne et approuve sa méthode d'amputation. Ledran décrit en détail la technique, la recommandant pour sa rapidité et son efficacité. La deuxième lettre est de M. Dankers, médecin du Langrave de Darmstadt, qui témoigne de la satisfaction d'un patient ayant bénéficié de la méthode de M. Vermale. Dankers admire la cicatrisation obtenue et mentionne d'autres cas réussis, ainsi que l'appréciation de la méthode par des patients et des collègues. La troisième lettre, écrite par M. Hoffmann, chirurgien-major de la ville et de l'hôpital de Maestricht, confirme l'efficacité de la méthode de M. Vermale, qu'il pratique avec succès depuis 1746. Hoffmann critique implicitement M. Ravaton pour ne pas avoir reconnu la supériorité de la méthode de M. Vermale. Ces lettres attestent de la reconnaissance et de l'efficacité de la méthode chirurgicale de M. Vermale, contredisant ainsi les accusations du mémoire anonyme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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