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51
p. 1128-1132
Livres nouveaux des Pays Etrangers, &c. [titre d'après la table]
Début :
Livres nouveaux, qui se vendent chez André Cailleau, Quai des Augustins, à [...]
Mots clefs :
Livres nouveaux, Histoire, Théâtre italien, Principes de la Nature, Observations, Annales de Tacite, Libraire, Bibliothèque, Volume, Graveurs
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texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux des Pays Etrangers, &c. [titre d'après la table]
Livres nouveaux , qui se
vendent chez
André Cailleau , Quai des Augustins , à
Image saint André.
Histoire du Théatre Italien, depuis la décadence
de la Comédie Latine ; avec un Catalogue des
Tragédies et Comédies Italiennes , imprimées
depuis l'an 1500.jusqu'à l'an 1660 et une Dissertation
sur la Tragédie moderne , avec les
Figures
MA Y. 1731. 1129
Figures qui en représentent leurs différents
habillemens. Par Louis Ricoboni , in 8. 1730.
Suite de l'Histoire du Théatre Italien, avec une
Lettre de M. Rousseau à l'Auteur ; et l'explication
des figures , in 8. sous presse .
Elemens Historiques , ou Méthode courte et facile
pour apprendre l'Histoire aux enfans , par
M. l'Abbé de Maupertuis , in 12. 2.vol 1730 .
Description Historique des Château , Bourg et
Forêt de Fontainebleau , contenant une Explication
historique des Peintures , Tableaux ,
Bas - Reliefs, Statues, Ornemens qui s'y voient ;
et la vie des Architectes , Peintres et Sculpteurs
qui y ont travaillé , avec Plan et Figures , par
M. l'Abbé Guilbert , in 12. 2. vol . 1731 .
LES PRINCIPES de la Nature ou de la Generation
des choses , par feu M. Colomiez ,
in 12.
1731.
OBSERVATIONS curieuses sur toutes les Parties
de la Physique, extraites et recueillies des meilleurs
Mémoires , in 12. 3. vol. 1730
Suite des Annales de Tacite , avec des Notes politiques
et historiques , tom. 5. et 6. par M.L.
C. D. G✶✶✶ 1731.
Charles Guillaume , Libraire à Paris, ruë d'Hurpois
, près le Pont S. Michel , à S. Charles , a
imprimé et débite depuis peu : Le Coureur de
nuit , oɑ L'aventurier nocturne , traduit de
l'Espagnol de Dom Francisco de Quevedo. Le
prompt debit de ce petit Ouvrage l'a engagé de
mettre sous presse le reste des Oeuvres de cet
Auteur,qu'il promet de donner incessamment
Le soin qu'il prend de cet Ouvrage , le fera
préferer à l'édition de Hollande.
Le même Libraire vend la nouvelle Edition des
AvanL130
MERCURE DE FRANCE
Avantures de Dona Rusine , dite la Foüine
de Seville , ou l'Ameçon des Bourses. 2 vol.
in 12. enrichie de Figures en taille douce.
On va imprimer un Ouvrage de M. le Cat , Chirurgien
, qui a pour titre : Essai Medico- Phisique,
sur les effets de la Saignée ; dans lequel
il établit sur les Loix de la Mécanique et de
P'Hydrautique, les principes generaux des effetsde
la Saignée , l'acceleration, la dérivation , la
révulsion, et réfute plusieurs Ouvrages, récemment
publiez , sur la Saignée, entr'autres celui
de M. Quenet.
On vendra incessamment en détail , la Bibliotheque
de feu M. Géoffroy , celebre Medecin
de la Faculté de Paris , Professeur Royal en
Médecine et en Chymie , Associé , Pensionnaire
de l'Académie Royale des Sciences , et de
la Societé Koyale d'Angleterre. Le Catalogue
imprimé de cette Bibliotheque se distribue chez
Gabriel Martin, Libraire, ruëfaint Jacques,
à l'Etoile..
On vient de recevoir le Projet imprimé du
Cabinet Florentin , qui doit être composé de dix
volumes in folio. Il contiendra tout ce qu'il y a
de plus rare en tout genre d'Antiquité ; non seulement
chez le Grand Duc, mais encore chez tous
les particuliers de Florence ,
Le premier volume contiendra les Pierres gravées
en relief , autrement Camei . Le second , les
Pierres gravées en creux. Le troisième , les Statues.
Le quatrième , les Bustes. Le cinquième , les
Cachets de Bronze. Le six , sept et huit , les Médailles.
Le neuf et le dix , les Portraits des Peintres
qui
MAY. 1731 . 1137
qui ont fait eux- mêmes leurs Portraits . Tous ces
volumes peuvent faire des corps séparez . Le premier
et second , pour les Pierres gravées. Le six ,
sept , huit , pour les Médailles. Le neuf et dix ,
pour les Portraits des Peintres , et pourront être
vendus séparément. Chaque volume contiendra
au moins cent Flanches , avec des Observations
ou Explications d'Antoine- François Gori , écrites
en Latin. On promet d'employer les meilleurs
Graveurs, et de ne rien négliger pour donner à cet
important Recueil toutes les beautez dont il peut
être susceptible . Le premier volume est déja imprimé
, et pour faciliter l'impression des autres ,
on propose des Souscriptions , aux conditions
suivantes.On donnera dix - huit écus de Florence ,
qui font à peu près trente- six écus de notre monnoye.
Pour les deux premiers volumes qui seront
vendus un quart
de plus, à ceux qui n'auront pas
souscrit.
On mande de Rome que le Pape vient d'ac
querir toutes les Planches de cuivre qui avoient
servi lorsqu'on imprima la Roma Soiteranea ,du
Bosio et de l'Aringhy.Il a chargé l'Abbé Bottari,
Florentin , de procurer une nouvelle Edition de
ces deux Ouvrages, à laquelle il se trouve en état
de travailler avec succès , d'autant mieux qu'il a
pris sagement le parti de les refondre et de les remanier
entierement .
La seconde Partie du troisiéme volume de la
Bibliotheque Orientale Clémentine , paroît à Rome
depuis peu .
De Venise. On a traduit et on imprime en
Cette Ville PHistoire Romaine du P. Câtrou.
De Florence. L'Edition de l'Eustathe sur Homere
1132 MERCURE DE FRANCE
mere , traduit et enrichi de Notes , par le P. Polity
, s'avance fort à Florence . On en est au troisiéme
Tome.
Les OEuvres du feu Pape Benoît XIII. que le
Cardinal Marini avoit fait imprimer à Ravennes ,
sont actuellement en vente â Rome , en trois volumes
in folio.
vendent chez
André Cailleau , Quai des Augustins , à
Image saint André.
Histoire du Théatre Italien, depuis la décadence
de la Comédie Latine ; avec un Catalogue des
Tragédies et Comédies Italiennes , imprimées
depuis l'an 1500.jusqu'à l'an 1660 et une Dissertation
sur la Tragédie moderne , avec les
Figures
MA Y. 1731. 1129
Figures qui en représentent leurs différents
habillemens. Par Louis Ricoboni , in 8. 1730.
Suite de l'Histoire du Théatre Italien, avec une
Lettre de M. Rousseau à l'Auteur ; et l'explication
des figures , in 8. sous presse .
Elemens Historiques , ou Méthode courte et facile
pour apprendre l'Histoire aux enfans , par
M. l'Abbé de Maupertuis , in 12. 2.vol 1730 .
Description Historique des Château , Bourg et
Forêt de Fontainebleau , contenant une Explication
historique des Peintures , Tableaux ,
Bas - Reliefs, Statues, Ornemens qui s'y voient ;
et la vie des Architectes , Peintres et Sculpteurs
qui y ont travaillé , avec Plan et Figures , par
M. l'Abbé Guilbert , in 12. 2. vol . 1731 .
LES PRINCIPES de la Nature ou de la Generation
des choses , par feu M. Colomiez ,
in 12.
1731.
OBSERVATIONS curieuses sur toutes les Parties
de la Physique, extraites et recueillies des meilleurs
Mémoires , in 12. 3. vol. 1730
Suite des Annales de Tacite , avec des Notes politiques
et historiques , tom. 5. et 6. par M.L.
C. D. G✶✶✶ 1731.
Charles Guillaume , Libraire à Paris, ruë d'Hurpois
, près le Pont S. Michel , à S. Charles , a
imprimé et débite depuis peu : Le Coureur de
nuit , oɑ L'aventurier nocturne , traduit de
l'Espagnol de Dom Francisco de Quevedo. Le
prompt debit de ce petit Ouvrage l'a engagé de
mettre sous presse le reste des Oeuvres de cet
Auteur,qu'il promet de donner incessamment
Le soin qu'il prend de cet Ouvrage , le fera
préferer à l'édition de Hollande.
Le même Libraire vend la nouvelle Edition des
AvanL130
MERCURE DE FRANCE
Avantures de Dona Rusine , dite la Foüine
de Seville , ou l'Ameçon des Bourses. 2 vol.
in 12. enrichie de Figures en taille douce.
On va imprimer un Ouvrage de M. le Cat , Chirurgien
, qui a pour titre : Essai Medico- Phisique,
sur les effets de la Saignée ; dans lequel
il établit sur les Loix de la Mécanique et de
P'Hydrautique, les principes generaux des effetsde
la Saignée , l'acceleration, la dérivation , la
révulsion, et réfute plusieurs Ouvrages, récemment
publiez , sur la Saignée, entr'autres celui
de M. Quenet.
On vendra incessamment en détail , la Bibliotheque
de feu M. Géoffroy , celebre Medecin
de la Faculté de Paris , Professeur Royal en
Médecine et en Chymie , Associé , Pensionnaire
de l'Académie Royale des Sciences , et de
la Societé Koyale d'Angleterre. Le Catalogue
imprimé de cette Bibliotheque se distribue chez
Gabriel Martin, Libraire, ruëfaint Jacques,
à l'Etoile..
On vient de recevoir le Projet imprimé du
Cabinet Florentin , qui doit être composé de dix
volumes in folio. Il contiendra tout ce qu'il y a
de plus rare en tout genre d'Antiquité ; non seulement
chez le Grand Duc, mais encore chez tous
les particuliers de Florence ,
Le premier volume contiendra les Pierres gravées
en relief , autrement Camei . Le second , les
Pierres gravées en creux. Le troisième , les Statues.
Le quatrième , les Bustes. Le cinquième , les
Cachets de Bronze. Le six , sept et huit , les Médailles.
Le neuf et le dix , les Portraits des Peintres
qui
MAY. 1731 . 1137
qui ont fait eux- mêmes leurs Portraits . Tous ces
volumes peuvent faire des corps séparez . Le premier
et second , pour les Pierres gravées. Le six ,
sept , huit , pour les Médailles. Le neuf et dix ,
pour les Portraits des Peintres , et pourront être
vendus séparément. Chaque volume contiendra
au moins cent Flanches , avec des Observations
ou Explications d'Antoine- François Gori , écrites
en Latin. On promet d'employer les meilleurs
Graveurs, et de ne rien négliger pour donner à cet
important Recueil toutes les beautez dont il peut
être susceptible . Le premier volume est déja imprimé
, et pour faciliter l'impression des autres ,
on propose des Souscriptions , aux conditions
suivantes.On donnera dix - huit écus de Florence ,
qui font à peu près trente- six écus de notre monnoye.
Pour les deux premiers volumes qui seront
vendus un quart
de plus, à ceux qui n'auront pas
souscrit.
On mande de Rome que le Pape vient d'ac
querir toutes les Planches de cuivre qui avoient
servi lorsqu'on imprima la Roma Soiteranea ,du
Bosio et de l'Aringhy.Il a chargé l'Abbé Bottari,
Florentin , de procurer une nouvelle Edition de
ces deux Ouvrages, à laquelle il se trouve en état
de travailler avec succès , d'autant mieux qu'il a
pris sagement le parti de les refondre et de les remanier
entierement .
La seconde Partie du troisiéme volume de la
Bibliotheque Orientale Clémentine , paroît à Rome
depuis peu .
De Venise. On a traduit et on imprime en
Cette Ville PHistoire Romaine du P. Câtrou.
De Florence. L'Edition de l'Eustathe sur Homere
1132 MERCURE DE FRANCE
mere , traduit et enrichi de Notes , par le P. Polity
, s'avance fort à Florence . On en est au troisiéme
Tome.
Les OEuvres du feu Pape Benoît XIII. que le
Cardinal Marini avoit fait imprimer à Ravennes ,
sont actuellement en vente â Rome , en trois volumes
in folio.
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Résumé : Livres nouveaux des Pays Etrangers, &c. [titre d'après la table]
Le document présente une liste de livres et d'ouvrages récemment publiés ou en cours d'impression. Parmi les titres notables, on trouve 'Histoire du Théâtre Italien' de Louis Ricoboni, qui inclut un catalogue des tragédies et comédies italiennes imprimées entre 1500 et 1660, ainsi qu'une dissertation sur la tragédie moderne. Une suite de cet ouvrage est également annoncée, accompagnée d'une lettre de M. Rousseau. D'autres publications mentionnées incluent 'Éléments Historiques' de l'Abbé de Maupertuis, une méthode pour enseigner l'histoire aux enfants, et 'Description Historique des Château, Bourg et Forêt de Fontainebleau' de l'Abbé Guilbert, qui explique les œuvres d'art et les architectes ayant travaillé sur ce site. Le document liste également des ouvrages de physique, de médecine, et des traductions d'auteurs espagnols et latins. Des projets éditoriaux importants sont également mentionnés, comme le 'Cabinet Florentin' en dix volumes, et des rééditions d'ouvrages historiques à Rome et à Venise. Enfin, le document annonce la vente de la bibliothèque de feu M. Géoffroy, un célèbre médecin, et la publication des œuvres du pape Benoît XIII.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 1566-1569
LETTRE écrite de Seville le 25. May 1731. par un Seigneur Espagnol, à un François de ses Amis, sur les découvertes d'Antiquité, faites depuis peu auprés de Cadix.
Début :
J'ai reçû avec beaucoup de plaisir, Monsieur, des marques de votre souvenir dans la Lettre que [...]
Mots clefs :
Cadix, Médailles, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Seville le 25. May 1731. par un Seigneur Espagnol, à un François de ses Amis, sur les découvertes d'Antiquité, faites depuis peu auprés de Cadix.
LETTRE écrite de Seville le 25. May
1731. par un Seigneur Espagnol , à un
François de ses Amis , sur les découvertes
d'Antiquité , faites depuis peu auprés de
Cadix
' Ai reçû avec beaucoup de plaisir, Monsieur , des
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire , je serois
charmé, en y repondant, de pouvoir pleinement sa
is faire la Curiosité que le bruit public vous a don
née desDécouvertes nouvellement faites auprès de
11. Vol
Cadiz ,
JUIN. 1731. 3557
Cadix:mais la Renommée les a si faussement gros
sies , qu'en vous en faisant un détall vrai et exact,
vous les trouverez peu dignes de votre attention .
Presqu'au bout Oriental de Saint Patri , qui se
pare L'Isle de Leon du Continent , on a trouvé
des masures de quelque vieux bâtiment ; il n'y a
aucun morceau d'Architecture assez entier , pour
qu'on puisse décider si c'étoit un Temple où des
maisons.
Dans ces masures, on a trouvé un buste de mé
tail ordinaire,sans tête,bras, ni jambes et assez, mal
formé, on a découvert aussi un pied nud d'une pe
tite statuë , d'un assez beau métail , et qui paroît
être l'ouvrage d'un bon maître, ces deux pieces ne
déterminent à rien . Ce qui nous a donné lieu à rai
sonner,ce sont certaines bandes d'un fort beau mé
tail émaillées d'argent , et parfaitement bien tra
vaillées, dont le rapport figure des pampres et des
raisins , et dont les côtez sont garnis de franges
très-artistement faites ; leur largeur est de trois
quarts de pied de Roy ; elles sont assez longues ;
Cela ressemble aux ornemens dont on décoroit les
victimes destinées aux sacrifices de Bacchus ; à
moins qu'elles n'imitent des ornemens du Sacri
ficateur. Les gens du Païs prétendent qu'à l'endroit
marqué cy dessus , il y avoit un Temple d'Hercule;
mais c'est une Tradition qui n'a aucun fondement,
et qui n'est même appuyée d'aucune apparence.Les
Médailles qu'on a trouvées sont Puniques , et Ro
maines ; aux premieres on ne distingue rien ; aux
secondes, celles qui regardent le haut Empire, sont
fort communes', il y en a du bas Empire aussi , les
unes et les autres fort defigurées : mais entre les
Médailles , le Buste , les Bandes , et les mazures
on ne trouve aucun rapport
*
De façon ,Monsieur , que de pareilles décou
II. Vol G vi
"
vertes
1568 MERCURE DE FRANCE
vertes ne fournissent rien pour la Chronologie , nr
pour l'Histoire. Quoique cela ne m'ait pas rendu
plus instruit , je suis en mon particulier trés aise
de ceue découverte , puisqu'elle m'a renouvellé
dans votre souvenir , &c.
1731. par un Seigneur Espagnol , à un
François de ses Amis , sur les découvertes
d'Antiquité , faites depuis peu auprés de
Cadix
' Ai reçû avec beaucoup de plaisir, Monsieur , des
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire , je serois
charmé, en y repondant, de pouvoir pleinement sa
is faire la Curiosité que le bruit public vous a don
née desDécouvertes nouvellement faites auprès de
11. Vol
Cadiz ,
JUIN. 1731. 3557
Cadix:mais la Renommée les a si faussement gros
sies , qu'en vous en faisant un détall vrai et exact,
vous les trouverez peu dignes de votre attention .
Presqu'au bout Oriental de Saint Patri , qui se
pare L'Isle de Leon du Continent , on a trouvé
des masures de quelque vieux bâtiment ; il n'y a
aucun morceau d'Architecture assez entier , pour
qu'on puisse décider si c'étoit un Temple où des
maisons.
Dans ces masures, on a trouvé un buste de mé
tail ordinaire,sans tête,bras, ni jambes et assez, mal
formé, on a découvert aussi un pied nud d'une pe
tite statuë , d'un assez beau métail , et qui paroît
être l'ouvrage d'un bon maître, ces deux pieces ne
déterminent à rien . Ce qui nous a donné lieu à rai
sonner,ce sont certaines bandes d'un fort beau mé
tail émaillées d'argent , et parfaitement bien tra
vaillées, dont le rapport figure des pampres et des
raisins , et dont les côtez sont garnis de franges
très-artistement faites ; leur largeur est de trois
quarts de pied de Roy ; elles sont assez longues ;
Cela ressemble aux ornemens dont on décoroit les
victimes destinées aux sacrifices de Bacchus ; à
moins qu'elles n'imitent des ornemens du Sacri
ficateur. Les gens du Païs prétendent qu'à l'endroit
marqué cy dessus , il y avoit un Temple d'Hercule;
mais c'est une Tradition qui n'a aucun fondement,
et qui n'est même appuyée d'aucune apparence.Les
Médailles qu'on a trouvées sont Puniques , et Ro
maines ; aux premieres on ne distingue rien ; aux
secondes, celles qui regardent le haut Empire, sont
fort communes', il y en a du bas Empire aussi , les
unes et les autres fort defigurées : mais entre les
Médailles , le Buste , les Bandes , et les mazures
on ne trouve aucun rapport
*
De façon ,Monsieur , que de pareilles décou
II. Vol G vi
"
vertes
1568 MERCURE DE FRANCE
vertes ne fournissent rien pour la Chronologie , nr
pour l'Histoire. Quoique cela ne m'ait pas rendu
plus instruit , je suis en mon particulier trés aise
de ceue découverte , puisqu'elle m'a renouvellé
dans votre souvenir , &c.
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Résumé : LETTRE écrite de Seville le 25. May 1731. par un Seigneur Espagnol, à un François de ses Amis, sur les découvertes d'Antiquité, faites depuis peu auprés de Cadix.
Le 25 mai 1731, un seigneur espagnol écrit à un ami français à Paris pour répondre à sa curiosité sur les récentes découvertes archéologiques près de Cadix. L'auteur précise que les récits publics ont exagéré l'importance de ces découvertes. Les fouilles ont révélé des vestiges de bâtiments anciens près de l'extrémité orientale de Saint-Patri, séparant l'île de Léon du continent. Parmi les artefacts trouvés, on note un buste incomplet, un pied de petite statue de bonne facture, et des bandes métalliques émaillées d'argent décorées de pampres et de raisins. Ces bandes pourraient être des ornements utilisés pour les sacrifices de Bacchus ou imiter des ornements sacerdotaux. Les habitants locaux affirment qu'un temple d'Hercule se trouvait à cet endroit, mais cette tradition manque de fondement. Les médailles trouvées sont puniques et romaines, mais trop endommagées pour fournir des informations précises. L'auteur conclut que ces découvertes ne contribuent ni à la chronologie ni à l'histoire, mais il se réjouit de cette découverte car elle lui a rappelé son ami.
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53
p. 2163-2170
Continuation de l'Art. de Guillaume Homberd. [titre d'après la table]
Début :
CONTINUATION de l'Article de Guill. Hombert. Extrait du XIV . Tome des Memoires [...]
Mots clefs :
Histoire, Langues, Académie des sciences, Phosphore, Végétations, Évaporation de l'air
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texteReconnaissance textuelle : Continuation de l'Art. de Guillaume Homberd. [titre d'après la table]
CONTINUATION de l'Article de Guill .
Hombert. Extrait du XIV . Tome des Memoires
, pour servir à l'Histoire des Hommes
Illustres &c..
Il revint à Paris au bout de quelques
années ; et tant de connoissances qu'il
avoit acquises , ses Posphores , une Machine
Pneumatique de son invention plus
parfaite que celle de Guerike et que celle
de Boile , qu'il avoit vûë à Londres , les
nouveaux Phenomenes qu'elle lui produisoit
tous les jours , des Microscopes de sa
façon très simples , très - commodes et
très- exacts autre source inépuisable de
Phenomênes une infinité d'Operations
rares , ou de découvertes de Chymie , lui
donnerent bien- tôt une des premieres places
entre les premiers Sçavans.
-
>
,
M. l'Abbé Bignon ayant eû en 1691. la
direction de l'Académie des Sciences , y
fit
2164 MERCURE DE FRANCE
fit entrer M. Homberg , et lui donna le
Laboratoire de l'Académie , et par là une
entiere liberté de travailler en Chimie
sans inquiétude.
3
M. le Duc d'Orleans , qui se livroit au
goût et au talent qu'il avoit pour les
Sciences ayant voulu entrer dans les
mysteres de la Chymie et de la Physique
experimentale , prit en 1702. M. Hombert
auprès de lui en qualité de son Physicien
, et lui donna une Pension et un Laboratoire
le mieux fourni et le plus su
perbe que la Chymie eût jamais eû.
Ce Prince ayant aussi fait venir d'Alle
magne la même année , ce grand Miroir
ardent convexe , qui est si connu : M.
Homberg s'en servit pour faire un grand
nombre d'experiences entierement nou
yelles .
L'an 1704 ce Prince le choisit pour son
premier Medecin . Ce choix n'étoit pas
encore declaré , lors qu'on vînt offrir à
M. Homberg de la part de l'Electeur Pa
latin , et même d'une manière très- pressante
des avantages plus considerables
que ceux même qui l'attendoient. M. le
Duc d'Orleans ne lui permit pas de les
accepter. Un autre attachement d'une espece
differente s'y joignit encore. Il songeoit
à se marier , et y songcoit depuis si
›
longSEPTEMBRE.
1731. 215
long- emps , que l'amour seul , sans une
forte estime , n'eût pas produit tant de
constance.
En devenant Premier Medecin de M. le
Duc d'Orleans , il tomboit dans le cas
d'une des Loix de l'Académie des Sciences
, qui porte que toute charge demandant
résidence hors de Paris , est incompatible
avec une place d'Académicien
Pensionnaire ; il déclara nettement que
s'il étoit réduit à opter , il se détermineroit
pour l'Académie ; mais le Roi le jugea
digne d'exception ; ainsi il conserva
les deux Postes en même temps.
En 1708. il se maria , et épousa Marguerite-
Angelique Dodart fille de M.
Dodart , Medecin , pour qui il avoit été
si constant.
2
Quelques années après , il devint sujet
à une petite Dissenterie , dont il se guérissoit
, et qui revenoit de tems en tems.
Le mal s'augmenta toûjours , et il en
mourut le 24. Septembre 1715. âgé de
63. ans. Quoiqu'il fût d'une complexion
foible , il étoit fort laborieux et d'un courage
qui lui tenoit lieu de force . Outre
une quantité de faits curieux de Physique
rassemblez dans sa tête , et presens
à sa mémoire , il avoit de quoi faire un
sçavant ordinaire en Histoire et en Langues
2766 MERCURE DE FRANCE
gues. Il sçavoit même de l'Hebreu . Son
caractere d'esprit est marqué dans tout ce
qu'on a de lui ; il avoit une attention ingenieuse
sur tout ce qui lui faisoit faire des
observations où les autres ne voyent rien ,
une adresse extrême pour demêler les routes
qui menent aux découvertes , de la singularité
dans ses experiences. Sa maniere
de s'expliquer étoit simple , mais méthodique
et précise ; soit que le François fûr
toûjours pour lui une langue étrangere
soit que naturellement il ne fût pas abondant
en paroles , il cherchoit son mot
presque à chaque moment , mais enfin il
le trouvoit. Il n'a point publié de corps
d'ouvrage. On trouve seulement dans
l'histoire de l'Académie des Sciences plusieurs
Memoires de sa façon , qui sont
tous singuliers , curieux et interessans ,
et dont je vais donner la liste .
1. Maniere de faire le Phosphore brûlant de
Kunkel. Année 1692.
2. Diverses expériences du Phosphore. Ibid.
3. Réflexions sur differentes Vegetations Mé
talliques. Ibid.
4. Maniere d'extraire un sel volatile mineral
en forme séche. Ibid.
5. Réflexions sur l'expérience des larmes de
verre , qui se brisent dans le vuide. Ibid.
G₁
SEPTEMBRE . 1731. 2167
·
7. Expérience sur la glace dans le vuide.
An. 1693.
7. Expérience du ressort de l'Air dans le
vuide. Ibid.
8. Expérience de l'Evaporation de l'Eau
dans le vuide avec des Réflexions. Ibid.
9. Expériences sur la Germination des Plan
tes. Ibid.
10. Observations de la difference du poids
de certains corps dans l'Air , libre et dans
le vuide. Ibid.
11. Observation curieuse sur une infusion
d'Antimoine. Ibid.
12. Réflexions sur unfait extraordinaire ar
rivé dans une Coupelle d'or. Ibid.
13. Nouveau Phosphore . Ibid.
14. Observation sur la quantité exacte des
sels volatiles , acides , contenus dans les
differens esprits acides . An . 1694 .
15. Essais pour examiner les sels des Plantes.
Ibid.
16. Observations sur cette sorte d'Insectes ,
qui s'appellent ordinairement Demoiselles.
Ibid.
17. Essais sur les Injections Anatomiques.
Ibid.
18. Observations sur la quantité des Acides
, absorbés par les Alcalis Terreux.
"
An .
1700.
19. Observations sur les Dissolvans du
Mercure. Ibid .
Ob2568
MERCURE
DE FRANCE
20. Observations sur les Huiles des Plantes.
Ibid .
21. Surl'Acide de l'Antimoine. Ibid.
22. Observations
sur le Raffinage de l'Ar
gent. An. 1701 .
23. Observations sur quelques effets de Fer
mentations. Ibid.
24. Observations sur les Analyses des Plan
tes. Ibid.
25. Observations sur les Sels Volatiles des
Plantes. Ibid.
26. Essais de Chimie. An. 1702.
27. Observations faites par
verre ardent. Ibid.
le
moyen
du
a8 . Essai de l'Analyse du Souffre commun.
29.
An. 1703 .
Observations sur un battement de vei
nes semblables au battement des Arteres
An . 1704.
30. Suite des Essais de Chymie , Article 3 .
du Souffre principe. An . 1705 .
31. Observation sur une Dissolution de
l'Argent. An . 1706.
32. Observations sur le fer qu verre ardent
Ibid.
33. Suite de l'Article 3. des Essais de Chy
mie du Souffre principe. Ibid.
34. Eclaircissemens
touchant la Vitrifica
tion de l'Or au verre ardent. An . 1707.
35. Observations
sur les Araignées . Ibid.
36. MeSEPTEMBRE.
1731. 2169
6. Mémoire touchant les Acides et les Alcalis.
An. 1708 .
37. Suite des Essais de Chymie. Article 4.
-du Mercure. An , 1709.
8.
Observations touchant l'effet de certains
Acides sur les Alcalis volatiles. Ibid.
39.
Observations sur les matieres sulphu
reuses , et sur la facilité, de les changer
d'une espece de souffre en une autre . An.
1710.
40.
Memoire touchant les Vegetations Artificielles.
Ibid.
41.
Observations sur la matiere fecale. And
1711.
42. Phosphore nouveau , on suite des obser
vations sur la matiere fecale. Ibid .
43.
Observations sur l'Acide qui se trouve
dans le Sang et dans les autres par-.
ties des
Animaux. Deux Memoires. An.
1712.
44. Maniere de copier sur le verre coloré
les Pierres gravées . Ibid .
45.
Observation sur une séparation de l'Or
avec l'Argent par la fonte. An . 1713 .
46.
Observation sur une
sublimation da
Mercure. Ibid.
+
: 47.
Observations sur des Matieres qui pénetrent
et qui traversent les métaux sans
les fondre. Ibid.
48. Mémoire touchant la
volatilisation des
Sels fixes des Plantes . An . 1714.
F
Voyez
1170 MERCURE
DE FRANCE
.
Voyez son Eloge dans l'histoire de l'Aca
démie des Sciences. An. 1715.
Hombert. Extrait du XIV . Tome des Memoires
, pour servir à l'Histoire des Hommes
Illustres &c..
Il revint à Paris au bout de quelques
années ; et tant de connoissances qu'il
avoit acquises , ses Posphores , une Machine
Pneumatique de son invention plus
parfaite que celle de Guerike et que celle
de Boile , qu'il avoit vûë à Londres , les
nouveaux Phenomenes qu'elle lui produisoit
tous les jours , des Microscopes de sa
façon très simples , très - commodes et
très- exacts autre source inépuisable de
Phenomênes une infinité d'Operations
rares , ou de découvertes de Chymie , lui
donnerent bien- tôt une des premieres places
entre les premiers Sçavans.
-
>
,
M. l'Abbé Bignon ayant eû en 1691. la
direction de l'Académie des Sciences , y
fit
2164 MERCURE DE FRANCE
fit entrer M. Homberg , et lui donna le
Laboratoire de l'Académie , et par là une
entiere liberté de travailler en Chimie
sans inquiétude.
3
M. le Duc d'Orleans , qui se livroit au
goût et au talent qu'il avoit pour les
Sciences ayant voulu entrer dans les
mysteres de la Chymie et de la Physique
experimentale , prit en 1702. M. Hombert
auprès de lui en qualité de son Physicien
, et lui donna une Pension et un Laboratoire
le mieux fourni et le plus su
perbe que la Chymie eût jamais eû.
Ce Prince ayant aussi fait venir d'Alle
magne la même année , ce grand Miroir
ardent convexe , qui est si connu : M.
Homberg s'en servit pour faire un grand
nombre d'experiences entierement nou
yelles .
L'an 1704 ce Prince le choisit pour son
premier Medecin . Ce choix n'étoit pas
encore declaré , lors qu'on vînt offrir à
M. Homberg de la part de l'Electeur Pa
latin , et même d'une manière très- pressante
des avantages plus considerables
que ceux même qui l'attendoient. M. le
Duc d'Orleans ne lui permit pas de les
accepter. Un autre attachement d'une espece
differente s'y joignit encore. Il songeoit
à se marier , et y songcoit depuis si
›
longSEPTEMBRE.
1731. 215
long- emps , que l'amour seul , sans une
forte estime , n'eût pas produit tant de
constance.
En devenant Premier Medecin de M. le
Duc d'Orleans , il tomboit dans le cas
d'une des Loix de l'Académie des Sciences
, qui porte que toute charge demandant
résidence hors de Paris , est incompatible
avec une place d'Académicien
Pensionnaire ; il déclara nettement que
s'il étoit réduit à opter , il se détermineroit
pour l'Académie ; mais le Roi le jugea
digne d'exception ; ainsi il conserva
les deux Postes en même temps.
En 1708. il se maria , et épousa Marguerite-
Angelique Dodart fille de M.
Dodart , Medecin , pour qui il avoit été
si constant.
2
Quelques années après , il devint sujet
à une petite Dissenterie , dont il se guérissoit
, et qui revenoit de tems en tems.
Le mal s'augmenta toûjours , et il en
mourut le 24. Septembre 1715. âgé de
63. ans. Quoiqu'il fût d'une complexion
foible , il étoit fort laborieux et d'un courage
qui lui tenoit lieu de force . Outre
une quantité de faits curieux de Physique
rassemblez dans sa tête , et presens
à sa mémoire , il avoit de quoi faire un
sçavant ordinaire en Histoire et en Langues
2766 MERCURE DE FRANCE
gues. Il sçavoit même de l'Hebreu . Son
caractere d'esprit est marqué dans tout ce
qu'on a de lui ; il avoit une attention ingenieuse
sur tout ce qui lui faisoit faire des
observations où les autres ne voyent rien ,
une adresse extrême pour demêler les routes
qui menent aux découvertes , de la singularité
dans ses experiences. Sa maniere
de s'expliquer étoit simple , mais méthodique
et précise ; soit que le François fûr
toûjours pour lui une langue étrangere
soit que naturellement il ne fût pas abondant
en paroles , il cherchoit son mot
presque à chaque moment , mais enfin il
le trouvoit. Il n'a point publié de corps
d'ouvrage. On trouve seulement dans
l'histoire de l'Académie des Sciences plusieurs
Memoires de sa façon , qui sont
tous singuliers , curieux et interessans ,
et dont je vais donner la liste .
1. Maniere de faire le Phosphore brûlant de
Kunkel. Année 1692.
2. Diverses expériences du Phosphore. Ibid.
3. Réflexions sur differentes Vegetations Mé
talliques. Ibid.
4. Maniere d'extraire un sel volatile mineral
en forme séche. Ibid.
5. Réflexions sur l'expérience des larmes de
verre , qui se brisent dans le vuide. Ibid.
G₁
SEPTEMBRE . 1731. 2167
·
7. Expérience sur la glace dans le vuide.
An. 1693.
7. Expérience du ressort de l'Air dans le
vuide. Ibid.
8. Expérience de l'Evaporation de l'Eau
dans le vuide avec des Réflexions. Ibid.
9. Expériences sur la Germination des Plan
tes. Ibid.
10. Observations de la difference du poids
de certains corps dans l'Air , libre et dans
le vuide. Ibid.
11. Observation curieuse sur une infusion
d'Antimoine. Ibid.
12. Réflexions sur unfait extraordinaire ar
rivé dans une Coupelle d'or. Ibid.
13. Nouveau Phosphore . Ibid.
14. Observation sur la quantité exacte des
sels volatiles , acides , contenus dans les
differens esprits acides . An . 1694 .
15. Essais pour examiner les sels des Plantes.
Ibid.
16. Observations sur cette sorte d'Insectes ,
qui s'appellent ordinairement Demoiselles.
Ibid.
17. Essais sur les Injections Anatomiques.
Ibid.
18. Observations sur la quantité des Acides
, absorbés par les Alcalis Terreux.
"
An .
1700.
19. Observations sur les Dissolvans du
Mercure. Ibid .
Ob2568
MERCURE
DE FRANCE
20. Observations sur les Huiles des Plantes.
Ibid .
21. Surl'Acide de l'Antimoine. Ibid.
22. Observations
sur le Raffinage de l'Ar
gent. An. 1701 .
23. Observations sur quelques effets de Fer
mentations. Ibid.
24. Observations sur les Analyses des Plan
tes. Ibid.
25. Observations sur les Sels Volatiles des
Plantes. Ibid.
26. Essais de Chimie. An. 1702.
27. Observations faites par
verre ardent. Ibid.
le
moyen
du
a8 . Essai de l'Analyse du Souffre commun.
29.
An. 1703 .
Observations sur un battement de vei
nes semblables au battement des Arteres
An . 1704.
30. Suite des Essais de Chymie , Article 3 .
du Souffre principe. An . 1705 .
31. Observation sur une Dissolution de
l'Argent. An . 1706.
32. Observations sur le fer qu verre ardent
Ibid.
33. Suite de l'Article 3. des Essais de Chy
mie du Souffre principe. Ibid.
34. Eclaircissemens
touchant la Vitrifica
tion de l'Or au verre ardent. An . 1707.
35. Observations
sur les Araignées . Ibid.
36. MeSEPTEMBRE.
1731. 2169
6. Mémoire touchant les Acides et les Alcalis.
An. 1708 .
37. Suite des Essais de Chymie. Article 4.
-du Mercure. An , 1709.
8.
Observations touchant l'effet de certains
Acides sur les Alcalis volatiles. Ibid.
39.
Observations sur les matieres sulphu
reuses , et sur la facilité, de les changer
d'une espece de souffre en une autre . An.
1710.
40.
Memoire touchant les Vegetations Artificielles.
Ibid.
41.
Observations sur la matiere fecale. And
1711.
42. Phosphore nouveau , on suite des obser
vations sur la matiere fecale. Ibid .
43.
Observations sur l'Acide qui se trouve
dans le Sang et dans les autres par-.
ties des
Animaux. Deux Memoires. An.
1712.
44. Maniere de copier sur le verre coloré
les Pierres gravées . Ibid .
45.
Observation sur une séparation de l'Or
avec l'Argent par la fonte. An . 1713 .
46.
Observation sur une
sublimation da
Mercure. Ibid.
+
: 47.
Observations sur des Matieres qui pénetrent
et qui traversent les métaux sans
les fondre. Ibid.
48. Mémoire touchant la
volatilisation des
Sels fixes des Plantes . An . 1714.
F
Voyez
1170 MERCURE
DE FRANCE
.
Voyez son Eloge dans l'histoire de l'Aca
démie des Sciences. An. 1715.
Fermer
Résumé : Continuation de l'Art. de Guillaume Homberd. [titre d'après la table]
Le texte décrit la vie et les contributions scientifiques de M. Homberg. Après avoir acquis diverses connaissances et inventé une machine pneumatique améliorée, Homberg revint à Paris et devint rapidement un des premiers savants grâce à ses découvertes en chimie et ses instruments, tels que les microscopes et les phosphores. En 1691, l'abbé Bignon, directeur de l'Académie des Sciences, lui offrit un laboratoire, lui permettant de travailler librement en chimie. En 1702, le duc d'Orléans, intéressé par la chimie et la physique expérimentale, engagea Homberg comme son physicien, lui fournissant une pension et un laboratoire bien équipé. Cette même année, Homberg utilisa un miroir ardent convexe pour de nouvelles expériences. En 1704, il fut nommé premier médecin du duc d'Orléans, malgré des offres plus avantageuses de l'Électeur Palatin. Homberg conserva ses postes à l'Académie des Sciences et auprès du duc grâce à une exception royale. Il se maria en 1708 avec Marguerite-Angélique Dodart. Homberg souffrit d'une dissenterie qui s'aggrava et causa sa mort le 24 septembre 1715, à l'âge de 63 ans. Malgré une constitution faible, il était très laborieux et avait une mémoire exceptionnelle pour les faits de physique. Il maîtrisait plusieurs langues, y compris l'hébreu. Homberg n'a pas publié de grands ouvrages, mais plusieurs mémoires de ses recherches furent publiés dans l'histoire de l'Académie des Sciences. Ces mémoires couvrent une large gamme de sujets, allant des expériences sur le phosphore et les végétations métalliques aux observations sur les acides et les alcalis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
54
p. 251-259
LETTRE à M.D. Chanoine de N. D. d'A...... sur l'antiquité & la durée de l'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Dieu.
Début :
La description qui paroît depuis peu, Monsieur, des beautez de [...]
Mots clefs :
Adorer, Histoire, Livre, Journal des savants, Auteur, Langage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M.D. Chanoine de N. D. d'A...... sur l'antiquité & la durée de l'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Dieu.
LETTRE à M. D. Chanoine de N. D.
d'A...... surl'antiquité & la durée de
L'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Diew
L
A description qui paroît depuis peu,
Monsieur , des beautez de Fontainebleau , où vous avez pris naissance , doit Ciiij exciter
252 MERCURE DE FRANCE
exciter la curiosité non- seulement detous
les Etrangers , mais encore celle des personnes qui s'attachent aux Histoires accompagnées de digressions sçavantes et
instructives. J'en ai remarqué plusieurs
de cette forte dans ce nouveau Livre , ét
quelques- unes sont decelles-là même ausquelles le Journal des Sçavans nous fait
faire attention. La remarque de M. l'Abbé Guilbert touchant l'Inscription qui se
lit à l'entrée de la Chapelle Royale de
Fontainebleau , étoit necessaire dans son
ouvrage. Je connois des personnes pieuses qui ont paru surprises de cette Inscription ; mais commece peuvent être des
gens de bien d'une pieté plus abondante
en chaleur qu'en lumieres , il ne faut pas
s'étonner que ceux qui sont de ce caractere
trouvent quelquefois des reformes à faire
dans le langage des livres les plus anciens
et les plus respectables. M. Guilbert a
donc très-sagement fait d'observer l'antiquité de l'usage du terme d'Adorer
signifier seulement en general respecter,
honorer , et sa remarqueétoit d'autant plus
necessaire que cette Chapelle étant fre- quentée à present plus que jamais par les
Etrangers , il est bon de leur faire comprendre que par l'expression Adorate Re- gem du premier Livre des Paralipomenes;
pour
chap.
FEVRIER 17327 253
quece
chap. 29. v. 20. l'on n'entend autre chose
ece qui est signifié par ces autres termes
de la premiere Epitre de S. Pierre Regem
bonorificate. Ce langage se trouve non- seu
lement dans l'Ecriture Sainte et dans les
Conciles , mais aussi dans les Saints Peres
et chez les Historiens. Lisez Saint Paulin,
Natalit 9. vous y verrez ces deux vers :
:
Ecce Sacerdotis reditum satiatus adoro
Suspiciens humili metantem in corpore Christum
Lisez dans S.Jerôme laLettre de Ste. Paule
et d'Eustochium à Marcelle touchant les
Monumens qui sont à voir et à revérer dans
la Palestine il y est dit qu'il ne faut pas
oublier d'aller à Samarie et d'y adorer les
cendres de S. Jean- Baptiste , ni celles des
Prophétes Elisée et Abdias. Samariamper
gere , et Joannis Baptista , Elisai quoque et
Abdiapariter cineres adorare. Au moment
que j'écris ceci je me souviens que ce terme Adorare est souvent employé dans
P'histoire des Evêques du Mans au troisiéme Tome des Analectes de Dom MabilIon : Vous pourez y recouvrir en sûreté.
Je trouve aussi dans les Antiquités de la
Ville de Castre de Borel à la page 11. un
fragment d'un Manuscrit d'Odon Aribet,
où je lis touchant Bernard Comte de Toulouse , Tolosam venit et Regem Carolum in
Cv Canobio
254 MERCURE DE FRANCE
Cenobio S. Saturninijuxta Tolosam adoravit. Consultez outre cela ce qui a été écrit
par le Cardinal Baronius ausujet de la découverte du Corps de Sainte Cecile , faite
sous le Pontificat de Clement VIII. en
l'an 1599. et vous y trouverez le terme
Adorare pareillement usité en fait.de Reliques. Le Poëte qui a composé les vers
qui se lisent au bas de la Statue Equestre
de Louis XIII. au Frontispice du grand
Mezeray de l'an 1643. étoit apparemment
instruit de ce langage , et il se regardoit
comme autorisé par l'expression gravéeaus
Portail de Fontainebleau, puisqu'il a com
mencé ainsi son Quatrain :
Ce grand Roy dont voici l'adorable visage ·
Vainqueur de ce bas monde au Ciel est remonté.
Un Auteurqui meriteroit de devenir fa--
milier à toutes les personnes qui aiment
les belles Lettres , comme ayant été l'un
des plus habiles humanistes de son siecle,
et Precepteur de quelques Enfans de nos
Rois , ( a ) est Heric, Moine d'Auxerre.
On â de lui une vie de S. Germain Evêque d'Auxerre écrite en vers qui ne sont
point à mépriser , et qui fut rendue puConcil. P'Abb. ad an. 1592:
( a ) De Lothaire Fils de Charles le Chauve."-
blique
FEVRIER. 1732. 255
blique sous François I. dans le tems du
rétablissement des belles Lettres. On a
encore de lui une histoire des Miracles.
de ce grand Evêque. C'est dans ce dernier ouvrage , quoiqu'écrit en Prose, qu'il
donneentrois endroits au corps ou au tombeau de S. Germain l'épithete d'Adorable.
Premierement , lib. 1. cap. 27. il dit que le
Roy Clothaire I. fidele heritier et Imitateur de la devotion que Sainte Clotilde
sa Mere avoit eue envers ce Saint , fit enTourer so n Sepulcre d'un grillage d'argent
et il s'exprime ainsi : Materna devotionis
fidissimus executor et hæres , post genitricis
excessumsuperadorandam beatissimi Germani memoriam regalibus expensis fredam ( a )
composuit. Le second endroit est au chapitre 54. du même Livre , où il dit , Adorandi corporis. Et le troisiéme se lit au second Livre chapitre 9. qui contient comment le Roy Charles le Chauve voulut
assister en personne à la Tranflation qu'il
fit faire du corps de ce Saint pour le jour de
Epiphanie del'an 59. où l'Historien témoinoculaire remarque que ce grandPrincecouvrit lui-même les Ossemens avec des
étoffes précieuses , et qu'ayant été portez
jusques dans le lieu destiné , il y plaça
(a) Heric a été obligé de se servir de ce terme quoique de basse latinité,
Cvj aussi
256 MERCURE DE FRANCE
aussi lui-même le Saint Corps. Rex Carolus operosis denuò palliis corpus venerabile decenter ambivit , et deux lignes après , thesaurum incomparabilem adorandi corporis
ejus ..... principali reverentiâ transpositum collocavit.
port
Je metens , Monsieur , un peu plus sur
cet Auteur que sur les autres , par rapà l'omission que M. l'Abbé Guilbert
à faite de parler de la devotion du Roy
Robert envers S. Germain l'Auxerrois
dont yoici l'article qu'il faisoit à son sujet.
C'est que ce Saint Roi bâtit dans la Forêt
de Bievre une Eglise en l'honneur de ce
Saint au rapport d'Helgaud Ecrivain de sa
vie. Il semble que comme la Forèt de
Fontainebleaun'est autre que celle qui por
toit enciennement le nom de Biévre c'étoit une chose à remarquer , en faisant
observer incidemment que le titre de l'Eglise Paroissiale du Louvre à Paris est sous
la même Invocation , et que plusieurs prétendent que le nom de S. Germain- enLaye vient aussi primitivement d'une
Eglise de Saint Germain d'Auxerre située
dans le Bois de Laye à l'endroit où ce Saint
Prélat fit un Miracle , ou au moins une
Station au sortir de Nanterre. Il n'est pas
étonnant que des Ecrivains assurez de tous
ces faits ayent avancé que nos Rois ont regardé
FEVRIER. 1732. 257
gardé le Prélat Auxerrois comme l'un des
plus grands Titulaires de leur Royaume,
et que la Nation l'envisagera toujours
pour tel. C'est ce qui est fondé sur les
prodiges merveilleux qu'il opera pendant
sa vie et sur l'utilité dont il fut à tous les
habitans des Gaules : Verité reconnuë par
les Historiens de France les plus modernes , et qui fait dire au Pere de Longue
val Jesuite dans sa nouvelle Histoire Ecclesiastique de ce Royaume , ( a ) que
Saint Germain fut l'un des plus parfaits
modeles de Sainteté , et un des plus ardents
défenseurs de la Foy , l'honneur et la consolation de l'Eglise Gallicanne , le fleau de l'heresie, le Pere des Peuples , le refuge de tous les
malheureux. Un peu d'attention à ces dernieres épithetes fera voir que l'on n'avoit
pas tant de tort de l'honorer d'une maniere
plus speciale dans certains Pays de la France dont le territoire est peufecond et où la
misere est plus commune. Si l'épithete
Adorandus ne se prodiguoit point envers
tous les Saints , on ne peut nier qu'il ne
pût être appliqué à ceux qui meritoient
une veneration plus éclatante , et qu'Heric a été bien fondé de s'en servir à l'égard
de Saint Germain d'Auxerre. Ceux qui en
douteroient peuvent recourir à l'Histoire
(a ) Tomepremier,page 457.
de
258 MERCURE DE FRANCE
de sa Vie écrite par Constance Prêtre de
l'Eglise de Lyon qui vivoit dans le même
siecle que ce Saint Evêque , Auteur celebre qui ne peutêtre inconnu dansles Eglises de la Province Ecclesiatique dont Lyon
est la Capitale , et auquel le Pere de Colonia Jesuite a donné à juste titre les éloges qu'il merite , dans son Histoire Litteraire de Lyon. En un mot , si les Rois de
la Terre meritent les adorations , c'est- àdire , les respects des Peuples , à plus forte
raison les Saints qu'on lit avoir été adorez
par les Rois dans le même sens d'adoration que j'ai déja dit , et qui de plus ont
été invoquez tant de fois et si formellement par ces mêmes Rois , tel qu'est le
Prélat à l'occasion duquel j'ai fait cette di
gression.
Pour revenir donc à Adorate Regem , ce
langage est si ancien et si peu choquant
en lui même , qu'il est reçu dans l'usages
vulgaire , et comme on a dit adorer l'Empereur,on dit de même aujourd'hui adorer
le Pape , aller à l'adoration du Pape ; adoration qui n'est dans lele fond qu'une simple marque de respect , et qui consistoit
quelquefois dans un baiser comme l'étymologie du nom le signifie. De là vint l'usage des anciens Payens lorsqu'ils vouloient honorer un objet éloigné , tel que
le
FEVRIER. 1732 259
le Soleil et la Lune , de s'incliner devant lui , en appliquant le bout de la
main sur la bouche , de la même maniere
que nous obligeons les enfans de nous faire lorsque nous leur disons de baiser la
main avant que de les gratifier d'un petit
present. Il y a une Eglise en France ( a ):
où l'on voit dans des bas-reliefs une figure dans cette attitude; et qui baise sa main
par respect , pour les fausses Divinitez.
C'est ce que le Livre de Job appelle un
grand péché et un renoncement de Dieu.
(b)Je n'en dis pas davantage sur cette
matiere , et je finis , en vous assurant que
je suis , &c..
(a) A Cahors.
Au mois d'Aoust 1731.-
( b ) Job. cap. 31. ¥. 26. 27. 28.
d'A...... surl'antiquité & la durée de
L'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Diew
L
A description qui paroît depuis peu,
Monsieur , des beautez de Fontainebleau , où vous avez pris naissance , doit Ciiij exciter
252 MERCURE DE FRANCE
exciter la curiosité non- seulement detous
les Etrangers , mais encore celle des personnes qui s'attachent aux Histoires accompagnées de digressions sçavantes et
instructives. J'en ai remarqué plusieurs
de cette forte dans ce nouveau Livre , ét
quelques- unes sont decelles-là même ausquelles le Journal des Sçavans nous fait
faire attention. La remarque de M. l'Abbé Guilbert touchant l'Inscription qui se
lit à l'entrée de la Chapelle Royale de
Fontainebleau , étoit necessaire dans son
ouvrage. Je connois des personnes pieuses qui ont paru surprises de cette Inscription ; mais commece peuvent être des
gens de bien d'une pieté plus abondante
en chaleur qu'en lumieres , il ne faut pas
s'étonner que ceux qui sont de ce caractere
trouvent quelquefois des reformes à faire
dans le langage des livres les plus anciens
et les plus respectables. M. Guilbert a
donc très-sagement fait d'observer l'antiquité de l'usage du terme d'Adorer
signifier seulement en general respecter,
honorer , et sa remarqueétoit d'autant plus
necessaire que cette Chapelle étant fre- quentée à present plus que jamais par les
Etrangers , il est bon de leur faire comprendre que par l'expression Adorate Re- gem du premier Livre des Paralipomenes;
pour
chap.
FEVRIER 17327 253
quece
chap. 29. v. 20. l'on n'entend autre chose
ece qui est signifié par ces autres termes
de la premiere Epitre de S. Pierre Regem
bonorificate. Ce langage se trouve non- seu
lement dans l'Ecriture Sainte et dans les
Conciles , mais aussi dans les Saints Peres
et chez les Historiens. Lisez Saint Paulin,
Natalit 9. vous y verrez ces deux vers :
:
Ecce Sacerdotis reditum satiatus adoro
Suspiciens humili metantem in corpore Christum
Lisez dans S.Jerôme laLettre de Ste. Paule
et d'Eustochium à Marcelle touchant les
Monumens qui sont à voir et à revérer dans
la Palestine il y est dit qu'il ne faut pas
oublier d'aller à Samarie et d'y adorer les
cendres de S. Jean- Baptiste , ni celles des
Prophétes Elisée et Abdias. Samariamper
gere , et Joannis Baptista , Elisai quoque et
Abdiapariter cineres adorare. Au moment
que j'écris ceci je me souviens que ce terme Adorare est souvent employé dans
P'histoire des Evêques du Mans au troisiéme Tome des Analectes de Dom MabilIon : Vous pourez y recouvrir en sûreté.
Je trouve aussi dans les Antiquités de la
Ville de Castre de Borel à la page 11. un
fragment d'un Manuscrit d'Odon Aribet,
où je lis touchant Bernard Comte de Toulouse , Tolosam venit et Regem Carolum in
Cv Canobio
254 MERCURE DE FRANCE
Cenobio S. Saturninijuxta Tolosam adoravit. Consultez outre cela ce qui a été écrit
par le Cardinal Baronius ausujet de la découverte du Corps de Sainte Cecile , faite
sous le Pontificat de Clement VIII. en
l'an 1599. et vous y trouverez le terme
Adorare pareillement usité en fait.de Reliques. Le Poëte qui a composé les vers
qui se lisent au bas de la Statue Equestre
de Louis XIII. au Frontispice du grand
Mezeray de l'an 1643. étoit apparemment
instruit de ce langage , et il se regardoit
comme autorisé par l'expression gravéeaus
Portail de Fontainebleau, puisqu'il a com
mencé ainsi son Quatrain :
Ce grand Roy dont voici l'adorable visage ·
Vainqueur de ce bas monde au Ciel est remonté.
Un Auteurqui meriteroit de devenir fa--
milier à toutes les personnes qui aiment
les belles Lettres , comme ayant été l'un
des plus habiles humanistes de son siecle,
et Precepteur de quelques Enfans de nos
Rois , ( a ) est Heric, Moine d'Auxerre.
On â de lui une vie de S. Germain Evêque d'Auxerre écrite en vers qui ne sont
point à mépriser , et qui fut rendue puConcil. P'Abb. ad an. 1592:
( a ) De Lothaire Fils de Charles le Chauve."-
blique
FEVRIER. 1732. 255
blique sous François I. dans le tems du
rétablissement des belles Lettres. On a
encore de lui une histoire des Miracles.
de ce grand Evêque. C'est dans ce dernier ouvrage , quoiqu'écrit en Prose, qu'il
donneentrois endroits au corps ou au tombeau de S. Germain l'épithete d'Adorable.
Premierement , lib. 1. cap. 27. il dit que le
Roy Clothaire I. fidele heritier et Imitateur de la devotion que Sainte Clotilde
sa Mere avoit eue envers ce Saint , fit enTourer so n Sepulcre d'un grillage d'argent
et il s'exprime ainsi : Materna devotionis
fidissimus executor et hæres , post genitricis
excessumsuperadorandam beatissimi Germani memoriam regalibus expensis fredam ( a )
composuit. Le second endroit est au chapitre 54. du même Livre , où il dit , Adorandi corporis. Et le troisiéme se lit au second Livre chapitre 9. qui contient comment le Roy Charles le Chauve voulut
assister en personne à la Tranflation qu'il
fit faire du corps de ce Saint pour le jour de
Epiphanie del'an 59. où l'Historien témoinoculaire remarque que ce grandPrincecouvrit lui-même les Ossemens avec des
étoffes précieuses , et qu'ayant été portez
jusques dans le lieu destiné , il y plaça
(a) Heric a été obligé de se servir de ce terme quoique de basse latinité,
Cvj aussi
256 MERCURE DE FRANCE
aussi lui-même le Saint Corps. Rex Carolus operosis denuò palliis corpus venerabile decenter ambivit , et deux lignes après , thesaurum incomparabilem adorandi corporis
ejus ..... principali reverentiâ transpositum collocavit.
port
Je metens , Monsieur , un peu plus sur
cet Auteur que sur les autres , par rapà l'omission que M. l'Abbé Guilbert
à faite de parler de la devotion du Roy
Robert envers S. Germain l'Auxerrois
dont yoici l'article qu'il faisoit à son sujet.
C'est que ce Saint Roi bâtit dans la Forêt
de Bievre une Eglise en l'honneur de ce
Saint au rapport d'Helgaud Ecrivain de sa
vie. Il semble que comme la Forèt de
Fontainebleaun'est autre que celle qui por
toit enciennement le nom de Biévre c'étoit une chose à remarquer , en faisant
observer incidemment que le titre de l'Eglise Paroissiale du Louvre à Paris est sous
la même Invocation , et que plusieurs prétendent que le nom de S. Germain- enLaye vient aussi primitivement d'une
Eglise de Saint Germain d'Auxerre située
dans le Bois de Laye à l'endroit où ce Saint
Prélat fit un Miracle , ou au moins une
Station au sortir de Nanterre. Il n'est pas
étonnant que des Ecrivains assurez de tous
ces faits ayent avancé que nos Rois ont regardé
FEVRIER. 1732. 257
gardé le Prélat Auxerrois comme l'un des
plus grands Titulaires de leur Royaume,
et que la Nation l'envisagera toujours
pour tel. C'est ce qui est fondé sur les
prodiges merveilleux qu'il opera pendant
sa vie et sur l'utilité dont il fut à tous les
habitans des Gaules : Verité reconnuë par
les Historiens de France les plus modernes , et qui fait dire au Pere de Longue
val Jesuite dans sa nouvelle Histoire Ecclesiastique de ce Royaume , ( a ) que
Saint Germain fut l'un des plus parfaits
modeles de Sainteté , et un des plus ardents
défenseurs de la Foy , l'honneur et la consolation de l'Eglise Gallicanne , le fleau de l'heresie, le Pere des Peuples , le refuge de tous les
malheureux. Un peu d'attention à ces dernieres épithetes fera voir que l'on n'avoit
pas tant de tort de l'honorer d'une maniere
plus speciale dans certains Pays de la France dont le territoire est peufecond et où la
misere est plus commune. Si l'épithete
Adorandus ne se prodiguoit point envers
tous les Saints , on ne peut nier qu'il ne
pût être appliqué à ceux qui meritoient
une veneration plus éclatante , et qu'Heric a été bien fondé de s'en servir à l'égard
de Saint Germain d'Auxerre. Ceux qui en
douteroient peuvent recourir à l'Histoire
(a ) Tomepremier,page 457.
de
258 MERCURE DE FRANCE
de sa Vie écrite par Constance Prêtre de
l'Eglise de Lyon qui vivoit dans le même
siecle que ce Saint Evêque , Auteur celebre qui ne peutêtre inconnu dansles Eglises de la Province Ecclesiatique dont Lyon
est la Capitale , et auquel le Pere de Colonia Jesuite a donné à juste titre les éloges qu'il merite , dans son Histoire Litteraire de Lyon. En un mot , si les Rois de
la Terre meritent les adorations , c'est- àdire , les respects des Peuples , à plus forte
raison les Saints qu'on lit avoir été adorez
par les Rois dans le même sens d'adoration que j'ai déja dit , et qui de plus ont
été invoquez tant de fois et si formellement par ces mêmes Rois , tel qu'est le
Prélat à l'occasion duquel j'ai fait cette di
gression.
Pour revenir donc à Adorate Regem , ce
langage est si ancien et si peu choquant
en lui même , qu'il est reçu dans l'usages
vulgaire , et comme on a dit adorer l'Empereur,on dit de même aujourd'hui adorer
le Pape , aller à l'adoration du Pape ; adoration qui n'est dans lele fond qu'une simple marque de respect , et qui consistoit
quelquefois dans un baiser comme l'étymologie du nom le signifie. De là vint l'usage des anciens Payens lorsqu'ils vouloient honorer un objet éloigné , tel que
le
FEVRIER. 1732 259
le Soleil et la Lune , de s'incliner devant lui , en appliquant le bout de la
main sur la bouche , de la même maniere
que nous obligeons les enfans de nous faire lorsque nous leur disons de baiser la
main avant que de les gratifier d'un petit
present. Il y a une Eglise en France ( a ):
où l'on voit dans des bas-reliefs une figure dans cette attitude; et qui baise sa main
par respect , pour les fausses Divinitez.
C'est ce que le Livre de Job appelle un
grand péché et un renoncement de Dieu.
(b)Je n'en dis pas davantage sur cette
matiere , et je finis , en vous assurant que
je suis , &c..
(a) A Cahors.
Au mois d'Aoust 1731.-
( b ) Job. cap. 31. ¥. 26. 27. 28.
Fermer
Résumé : LETTRE à M.D. Chanoine de N. D. d'A...... sur l'antiquité & la durée de l'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Dieu.
La lettre aborde l'antiquité et la durée de l'usage du terme 'adorer' appliqué à des personnes autres que Dieu. L'auteur commence par mentionner une description récente des beautés de Fontainebleau, qui attire l'intérêt des étrangers et des historiens. Il souligne une remarque de l'abbé Guilbert concernant une inscription dans la Chapelle Royale de Fontainebleau, où 'adorer' signifie respecter ou honorer. Cette explication est nécessaire pour clarifier aux visiteurs étrangers la signification de l'expression 'Adorate Regem' dans les Paralipomènes. L'auteur cite plusieurs exemples de l'usage du terme 'adorer' dans les Écritures saintes, les conciles, les saints pères et les historiens. Il mentionne des passages de Saint Paulin et Saint Jérôme, ainsi que des œuvres historiques comme les 'Antiquités de la Ville de Castre' de Borel. Il rappelle également l'usage de ce terme dans des poèmes et des œuvres littéraires, comme ceux de Mézeray et d'Héric, moine d'Auxerre. La lettre se conclut en expliquant que l'usage du terme 'adorer' pour des personnes autres que Dieu est ancien et courant, et qu'il s'agit simplement d'une marque de respect. L'auteur cite des exemples de cette pratique dans l'histoire et la religion, et mentionne une église à Cahors où cette attitude est représentée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
55
p. 508-525
Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Début :
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de Litterature, Tome 1. [...]
Mots clefs :
Recueil, Histoire, Littérature, Mahomet, Temps, France, Mecque, Trésor
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texteReconnaissance textuelle : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
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Résumé : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil d'histoires et de littérature intitulé 'Recueil de Pièces d'Histoire et de Littérature', publié en 1731 à Paris. L'auteur vise à plaire et à enrichir l'esprit avec des connaissances solides. Le premier volume contient plusieurs pièces, dont une lettre sur la nouvelle édition des œuvres de l'abbé de Saint-Réal, un panégyrique de la régence de Marie Jeanne Baptiste de Savoie, des réflexions diverses, une histoire du mahométisme, des remarques sur l'administration des finances des Romains, et des dissertations sur des sujets religieux et historiques. L'histoire du mahométisme est divisée en trois parties : la vie de Mahomet, les fables le concernant, et les principes de l'islam. Mahomet, né à La Mecque, a uni les religions chrétienne, juive et arabe en prônant un dieu unique. Il a compilé ses révélations dans l'Alcoran et a instauré des pratiques religieuses comme le jeûne du Ramadan et la circoncision. Après des années de prédication, il a conquis La Mecque par la force, établissant ainsi l'hégire en 622. Le texte réfute plusieurs fables sur Mahomet, telles que celles concernant des miracles à sa naissance ou des batailles contre des empereurs. Il mentionne également des erreurs sur la gouvernance des villes arabes et le culte des mahométans. Le texte aborde ensuite l'intégrité et la gestion financière de la République romaine après la dernière guerre punique. Pendant un siècle, cette intégrité fut maintenue, bien que des ambitieux cherchassent à servir leurs intérêts. Le Trésor public s'enrichit grâce aux tributs imposés aux vaincus. Par exemple, Scipion l'Africain fit payer 30 millions de livres aux Carthaginois sur 50 ans, et Antiochus fut contraint de payer 24 millions. Titus Q. Flaminius obtint également des sommes importantes de Philippe de Macédoine et de Nabis de Sparte. Ces généraux romains enrichirent le Trésor sans s'enrichir personnellement, contribuant ainsi à la puissance et à la durabilité de Rome. Le texte souligne que Rome put soutenir de longues guerres grâce à ce système financier. Auguste laissa un Trésor public considérable, estimé à 202 millions. Cependant, des empereurs comme Caligula dilapidèrent ces richesses. La prodigalité et la négligence des finances publiques menèrent à la cruauté de certains empereurs, contraints d'imposer des taxes lourdes et vexatoires pour combler leurs besoins. L'Empereur Caracalla fut le premier à altérer la monnaie, remplaçant l'or et l'argent par de l'étain et du cuivre. Cette pratique se poursuivit durant la décadence de l'Empire, indiquant une crise financière. Le texte compare les espèces monétaires au pouls d'un État, soulignant que leur altération ou leur disparition annonce la ruine de l'État. Enfin, le texte aborde une dispute sur le début du XVIIIe siècle. Certains estimaient que l'année 1700 marquait le début du nouveau siècle, tandis que d'autres soutenaient qu'il fallait attendre la fin complète de l'année pour commencer le nouveau siècle. L'auteur adopte la seconde position, illustrant son argument par divers exemples historiques et pratiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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56
p. 935-943
Discours du P. de le Sante. Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Nous avions promis un Extrait du Discours Latin que le [...]
Mots clefs :
Discours latin, Orateur, Français, Histoire, Caractère des français, Rois de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours du P. de le Sante. Extrait, [titre d'après la table]
NOUVELLES LITTERAIRES
N
DES BEAUX ARTS, &c.
Ous avions promis un Extrait du
Discours Latin que le R. P. de la
Sante , Professeur de Rhétorique au Collége de Louis le Grand, prononça au mois
de Janvier , devant une illustre et nom
breuse Assemblée , sur l'Histoire de Fran
ce: Voici cet Extrait.
Dans son Exorde , l'Orateur témoigne
sa surprise , sur ce que les François ont
un si petit nombre d'Ecrivains qui ayent réüssi nous donner une Histoire complette et achevée de la Nation , eux qui
écrivent si volontiers , et avec assez de
succès sur d'autres sujets , et même sur
PHistoire. Après quelques discussions , le
P. la Sante en rejette la cause , sur ceque
Histoite de France est par elle - même
aussi difficile à écrire , qu'elle est agréable
à lire. Et voilà les deux Propositions qui
partagent son Discours.
E iij
Dan's
936 MERCURE DE " FRANCE
Dans la premiere Partie , l'Orateur ne
voit rien de plus brillant pour un homme de Lettres que de réussir dans l'Histoi
re. Mais cela même, selon lui , en fait la
grande difficulté. L'historien soutient en
quelque sorte le Personnage de Juge et
de Maître.Son Tribunal est comme placé
entre les siécles passez et les siècles à ve÷
nir , pourjuger ceux-là , et instruire ceuxcy.
Les principales qualitez d'un homme
qui veut écrire notre Histoire , sont un
bon esprit , unjugement sain , utie profonde connoissance de cette Histoire ; un
amour impartial de la vérité, un stile décemment poli ; de sorte que pour former
un Ecrivain de ce caractere, il faut réunir
les talens naturels , l'usage de la vie ; un
travail pénible , une raison supérieure, et
toute la culture que l'art peut donner.
Lucien et Ciceron ont dequoi épouvan
ter quiconque entreprend d'écrire l'Histoire , par la singularité des talens qu'ils
exigent pour écrire ; l'un , l'Histoire Gre
que; l'autre , l'Histoire Romaine. Or ce
n'est rien , selon notre Orateur ; si l'on
compare les difficultés , dont parlent ces
grands hommes , à celles que notre Histoire oppose à ceux qui entreprennent de
la manier.
Y
MAY. 1732 937
Y a-t-il d'Histoire qui comprenne un
plus ample détail de faits et d'évenemens
obscurs dans leur origine, envelopez dans
leurs causes , reculez dans la suite des sié
cles , éloignez dans la vaste étendue du
Théatre où ils se sont passez , et tout-àfait merveilleux dans leur issue , quoique
dépouillez du faux merveilleux des faBles des Grecs et des Romains ?
et
Une des grandes difficultez de notre
Histoire vient de ce que le caractere des
François , formé dans un climat doux
temperé, demande une modération d'esprit extraordinaire , dans tout homme
qui entreprend de plaire à la Nation, par
un Ouvrage comme celui- là , qui est plus
particulierement fait qu'aucune autre espece d'Ouvrage pour la Nation.Cette raison est fort ingénieusement trouvée , et a
même un fonds de vérité. Il 'est pourtant
vrai que Paterculus, Tacite et Mainbourg
à qui l'Orateur reproche justement leurs
excès d'esprit , de politique ou de feu d'imagination , ont toujours trouvé et trouveront sans doute toujours des Lecteurs
et des admirateurs , même en grand nombre parmi nous.
Le P. de la Sante veut qu'une Histoire
de France ressemble à un grand Fleuve ,
dont les eaux claires , quoique profondes,
E iiij rou- 419.03
938 MERCURE DE FRANCE
roulent avec majesté leurs flors, et il com
pare les petites Histoires , dont notre Nation ne laisse pas de se faire un assez agréable amusement;à ces Eaux,détournées dans
des Canaux, qui s'élancent en Jets- d'eaux,
en Cascades , et prenent toutes sortes de
formes , plus propres à repaître là vaine
curiosité des Spectateurs , qu'à fertiliser
les Jardins qu'elles font semblant d'arroser.
·
L'Orateur écarte toutes ces gentillesses
de notre Histoire , et ne la consacre qu'à
nourrir solidement l'esprit. Pour cela il
exige unjugement sain et une grande sagacité de critique dans quiconque veut y
réussir. Il touche à cette occasion la diversité des opinions , sur l'origine des
François , sur les commencemens de la
Monarchie , que quelques uns fixent à
Clovis , que d'autres font remonter
Pharamond ; les differends du Roy Philippe le Bel avec le Pape Boniface VIII.
sur lesquels sans rien ôter à nos Rois, sans
trop donner aux Papes ; il faut se souvenir qu'on est François , qu'on est Catholique , qu'on est Historien ; trois qualitez.
qu'on n'allie pasfacilement sans une gran
de solidité d'esprit , sans un grand art de narration.
Pour ce qui est de l'érudition d'un His.
torien
MAY, 1732. 939
torien de France, il est visible qu'elle doit
être des plus étendues ; nulle Monarchie,
nul Empire n'ayant égalé celui- cy pour
la durée. Car les Dominations des Assyrtens a été de mille ans , celle des Medes
⚫de 300 , celle des Perses 230 , celle des
Macédoniens 640, celle des Romains 1200.
L'Empire François compte plus de 1300
ans.
L'Orateur après avoir parlé de l'amour
de la vérité qui doit animer un Historien de France , et du stile pur et noble
qu'on en exige , fait le caractere de nos
principaux Historiens. Il rend justice à
Mezerai , et ne dit rien de trop en faveur
du P. Daniel , applaudissant à ce que celui-là a de bon , et ne dissimulant pas ce
que ce dernier a de mauvais.
Dans la seconde Partie de ce Discours
il entreprend de prouver , ce qui est sans
doute plus facile, que l'histoire de France,
est des plus agréables à lire, sur tout pour
les François.
Deux sortes de gens lisent l'Histoire
les uns pour lire et s'amuser , les autres
pour s'instruire et profiter ; ceux- là ne
veulent que des fleurs , ceux-cy veulent
des fruits ; pour contenter tous les goûts,
il faut plaire et instruire ; et c'est dequoi
le P. de la Sante croit notre Histoire tout
E v à
940 MERCURE DE FRANCE
à- fait capable ; de plaire par la singularité
des évenemens , d'instruire par la gramdeur des exemples.
Cet Orateur ne laisse pas de citer des
traits merveilleux de l'Histoire de France,
qui peuvent aller de pair avec plusieurs
traits de l'Histoire Romaine.Clovis est un
vrai conquerant; la défaite du Général des
Romains, et celle d'Alaric, Roy des Visi
gots les grands exploits de Charlemagne , et bien d'autres , étonneroient bien
autant , si les esprits n'étoient déja étonnez et comme gagnez par l'Histoire Romaine , dont on se trouve tout préoccupé lorsqu'on commence, en France même,
à lire l'Histoire de France. On n'est plus
alors si jeune ni si capable d'éblouissement;ón ne trouve donc rien de nouveau,
on ne revoit que des coppies , et les Romains restent toujours en possession d'un
esprit nourri de la Langue même de Ro
me, avant que d'avoir connu celle de son
Païs ailleurs que dans des conversations
familieres et domestiques.
L'Orateur François se sert de tout, même
de nos défaites et de nos malheurs qu'il
met en parallele avec ceux des Romains.
Nos Rois pris à Pavie et à Poitiers , nos
Vêpres Siciliennes , avec les Fourches caudines , avec la Bataille de Cannes , &c.-
Tout
M.AY. 1732 942
Tout cela ya au but , et fait le merveilleux et l'amusement d'une histoire.
2
Le Pont de Naples, deffendu par Bayard,
vaut bien celui de Rome deff ndu par
Cocles;à Clelie on compare fort à propos la Pucelle d'Orleans , aux Camilles et
aux Marcels Bertrand du Guesclin ; aux
Luculles et aux Pompées , le Maréchal de
Boucicaut, aux Scipions le Comte de Dunois ; aux Vespasiens , Godefroi de Bouillon ; à Germanicus , le Comte de Montfort ; à Drusus , le Maréchal de Brisac ; à
Fabricius , Catinat ; à Emilius , Luxembourg; à Fabius , Turenne ; à César
Condé,
Après ce parallele avec les Romains
l'Orateur défie et peutbien défier toutes
les autres Nations ensemble de l'empor
ter sur les François. Il passe ensuite à l'instruction , dont il prétend que notre Histoire est plus pleine qu'aucune autre.
Et il est vrai que rien n'égale, par exemple , la constance des François à maintenir
leurs Loix, sur tout les Loix fondamenta
les du Royaume , telles que la Loy Sali
que. Il est étonnant , et peut être unique
de voir une Loy portée par les hommes ,
mais , sans doute , tout à fait inspirée de
Dieu , se maintenir, pendant un si long,
E vj tems
942 MERCURE DE FRANCE
temps sans altération ; et cela malgré
des efforts extraordinaires faits en divers
temps par l'Angleterre , par l'Espagne ,
et par la France même , qui n'a pourtant
jamais osé franchir cette Barriere , lors
qu'il a fallu en venir à une décision précise et positive.
L'amour des François pour leurs Rois légitimes , leur fidelité inviolable ont constamment maintenu une Loy si belle' , si
sage , si divine qui rend cet Empire com- me éternel ; et cet amour et cette fidelité
deviennent , par là-même , un des grands
exemples , une des plus solides instruc
tions , qu'aucune histoire puisse soutenir.
L'ardeur des François pour les Croisades , n'est pas sans instruction non plus,
et on y trouve pour le moins autant de
bien à imiter dans l'ente rise , que de
mauvais à éviter dans l'execution . Mais
leur constance à proscrire toute Hérésie ,
tout Fanatisme , toute Religion nouvelle
est aus i d'un grand exemple. L'Arianisme
et les autres erreurs des Grecs ne purent
jamais s'y glisser , les Albigeois ne firent pas de grands progrès. Le Calvinisme
se glissa pas tout, s'empara de tout et à la
fin ne tint rien. Il est surprenant qu'on
ite par tout le François comme un molele de légereté et d'inconstance. On en
juge
MAY. 1732. 943
juge par de petits airs , de petites manieres qui épuisent la vivacité de la Nation , et par là -même , lui laissent toute
sa solidité , toute sa maturité pour les
choses essentielles qui en valent la peine,
C'est par le fond même et par de grands
résultats qu'on doit juger en general d'une Nation comme la nôtre.
N
DES BEAUX ARTS, &c.
Ous avions promis un Extrait du
Discours Latin que le R. P. de la
Sante , Professeur de Rhétorique au Collége de Louis le Grand, prononça au mois
de Janvier , devant une illustre et nom
breuse Assemblée , sur l'Histoire de Fran
ce: Voici cet Extrait.
Dans son Exorde , l'Orateur témoigne
sa surprise , sur ce que les François ont
un si petit nombre d'Ecrivains qui ayent réüssi nous donner une Histoire complette et achevée de la Nation , eux qui
écrivent si volontiers , et avec assez de
succès sur d'autres sujets , et même sur
PHistoire. Après quelques discussions , le
P. la Sante en rejette la cause , sur ceque
Histoite de France est par elle - même
aussi difficile à écrire , qu'elle est agréable
à lire. Et voilà les deux Propositions qui
partagent son Discours.
E iij
Dan's
936 MERCURE DE " FRANCE
Dans la premiere Partie , l'Orateur ne
voit rien de plus brillant pour un homme de Lettres que de réussir dans l'Histoi
re. Mais cela même, selon lui , en fait la
grande difficulté. L'historien soutient en
quelque sorte le Personnage de Juge et
de Maître.Son Tribunal est comme placé
entre les siécles passez et les siècles à ve÷
nir , pourjuger ceux-là , et instruire ceuxcy.
Les principales qualitez d'un homme
qui veut écrire notre Histoire , sont un
bon esprit , unjugement sain , utie profonde connoissance de cette Histoire ; un
amour impartial de la vérité, un stile décemment poli ; de sorte que pour former
un Ecrivain de ce caractere, il faut réunir
les talens naturels , l'usage de la vie ; un
travail pénible , une raison supérieure, et
toute la culture que l'art peut donner.
Lucien et Ciceron ont dequoi épouvan
ter quiconque entreprend d'écrire l'Histoire , par la singularité des talens qu'ils
exigent pour écrire ; l'un , l'Histoire Gre
que; l'autre , l'Histoire Romaine. Or ce
n'est rien , selon notre Orateur ; si l'on
compare les difficultés , dont parlent ces
grands hommes , à celles que notre Histoire oppose à ceux qui entreprennent de
la manier.
Y
MAY. 1732 937
Y a-t-il d'Histoire qui comprenne un
plus ample détail de faits et d'évenemens
obscurs dans leur origine, envelopez dans
leurs causes , reculez dans la suite des sié
cles , éloignez dans la vaste étendue du
Théatre où ils se sont passez , et tout-àfait merveilleux dans leur issue , quoique
dépouillez du faux merveilleux des faBles des Grecs et des Romains ?
et
Une des grandes difficultez de notre
Histoire vient de ce que le caractere des
François , formé dans un climat doux
temperé, demande une modération d'esprit extraordinaire , dans tout homme
qui entreprend de plaire à la Nation, par
un Ouvrage comme celui- là , qui est plus
particulierement fait qu'aucune autre espece d'Ouvrage pour la Nation.Cette raison est fort ingénieusement trouvée , et a
même un fonds de vérité. Il 'est pourtant
vrai que Paterculus, Tacite et Mainbourg
à qui l'Orateur reproche justement leurs
excès d'esprit , de politique ou de feu d'imagination , ont toujours trouvé et trouveront sans doute toujours des Lecteurs
et des admirateurs , même en grand nombre parmi nous.
Le P. de la Sante veut qu'une Histoire
de France ressemble à un grand Fleuve ,
dont les eaux claires , quoique profondes,
E iiij rou- 419.03
938 MERCURE DE FRANCE
roulent avec majesté leurs flors, et il com
pare les petites Histoires , dont notre Nation ne laisse pas de se faire un assez agréable amusement;à ces Eaux,détournées dans
des Canaux, qui s'élancent en Jets- d'eaux,
en Cascades , et prenent toutes sortes de
formes , plus propres à repaître là vaine
curiosité des Spectateurs , qu'à fertiliser
les Jardins qu'elles font semblant d'arroser.
·
L'Orateur écarte toutes ces gentillesses
de notre Histoire , et ne la consacre qu'à
nourrir solidement l'esprit. Pour cela il
exige unjugement sain et une grande sagacité de critique dans quiconque veut y
réussir. Il touche à cette occasion la diversité des opinions , sur l'origine des
François , sur les commencemens de la
Monarchie , que quelques uns fixent à
Clovis , que d'autres font remonter
Pharamond ; les differends du Roy Philippe le Bel avec le Pape Boniface VIII.
sur lesquels sans rien ôter à nos Rois, sans
trop donner aux Papes ; il faut se souvenir qu'on est François , qu'on est Catholique , qu'on est Historien ; trois qualitez.
qu'on n'allie pasfacilement sans une gran
de solidité d'esprit , sans un grand art de narration.
Pour ce qui est de l'érudition d'un His.
torien
MAY, 1732. 939
torien de France, il est visible qu'elle doit
être des plus étendues ; nulle Monarchie,
nul Empire n'ayant égalé celui- cy pour
la durée. Car les Dominations des Assyrtens a été de mille ans , celle des Medes
⚫de 300 , celle des Perses 230 , celle des
Macédoniens 640, celle des Romains 1200.
L'Empire François compte plus de 1300
ans.
L'Orateur après avoir parlé de l'amour
de la vérité qui doit animer un Historien de France , et du stile pur et noble
qu'on en exige , fait le caractere de nos
principaux Historiens. Il rend justice à
Mezerai , et ne dit rien de trop en faveur
du P. Daniel , applaudissant à ce que celui-là a de bon , et ne dissimulant pas ce
que ce dernier a de mauvais.
Dans la seconde Partie de ce Discours
il entreprend de prouver , ce qui est sans
doute plus facile, que l'histoire de France,
est des plus agréables à lire, sur tout pour
les François.
Deux sortes de gens lisent l'Histoire
les uns pour lire et s'amuser , les autres
pour s'instruire et profiter ; ceux- là ne
veulent que des fleurs , ceux-cy veulent
des fruits ; pour contenter tous les goûts,
il faut plaire et instruire ; et c'est dequoi
le P. de la Sante croit notre Histoire tout
E v à
940 MERCURE DE FRANCE
à- fait capable ; de plaire par la singularité
des évenemens , d'instruire par la gramdeur des exemples.
Cet Orateur ne laisse pas de citer des
traits merveilleux de l'Histoire de France,
qui peuvent aller de pair avec plusieurs
traits de l'Histoire Romaine.Clovis est un
vrai conquerant; la défaite du Général des
Romains, et celle d'Alaric, Roy des Visi
gots les grands exploits de Charlemagne , et bien d'autres , étonneroient bien
autant , si les esprits n'étoient déja étonnez et comme gagnez par l'Histoire Romaine , dont on se trouve tout préoccupé lorsqu'on commence, en France même,
à lire l'Histoire de France. On n'est plus
alors si jeune ni si capable d'éblouissement;ón ne trouve donc rien de nouveau,
on ne revoit que des coppies , et les Romains restent toujours en possession d'un
esprit nourri de la Langue même de Ro
me, avant que d'avoir connu celle de son
Païs ailleurs que dans des conversations
familieres et domestiques.
L'Orateur François se sert de tout, même
de nos défaites et de nos malheurs qu'il
met en parallele avec ceux des Romains.
Nos Rois pris à Pavie et à Poitiers , nos
Vêpres Siciliennes , avec les Fourches caudines , avec la Bataille de Cannes , &c.-
Tout
M.AY. 1732 942
Tout cela ya au but , et fait le merveilleux et l'amusement d'une histoire.
2
Le Pont de Naples, deffendu par Bayard,
vaut bien celui de Rome deff ndu par
Cocles;à Clelie on compare fort à propos la Pucelle d'Orleans , aux Camilles et
aux Marcels Bertrand du Guesclin ; aux
Luculles et aux Pompées , le Maréchal de
Boucicaut, aux Scipions le Comte de Dunois ; aux Vespasiens , Godefroi de Bouillon ; à Germanicus , le Comte de Montfort ; à Drusus , le Maréchal de Brisac ; à
Fabricius , Catinat ; à Emilius , Luxembourg; à Fabius , Turenne ; à César
Condé,
Après ce parallele avec les Romains
l'Orateur défie et peutbien défier toutes
les autres Nations ensemble de l'empor
ter sur les François. Il passe ensuite à l'instruction , dont il prétend que notre Histoire est plus pleine qu'aucune autre.
Et il est vrai que rien n'égale, par exemple , la constance des François à maintenir
leurs Loix, sur tout les Loix fondamenta
les du Royaume , telles que la Loy Sali
que. Il est étonnant , et peut être unique
de voir une Loy portée par les hommes ,
mais , sans doute , tout à fait inspirée de
Dieu , se maintenir, pendant un si long,
E vj tems
942 MERCURE DE FRANCE
temps sans altération ; et cela malgré
des efforts extraordinaires faits en divers
temps par l'Angleterre , par l'Espagne ,
et par la France même , qui n'a pourtant
jamais osé franchir cette Barriere , lors
qu'il a fallu en venir à une décision précise et positive.
L'amour des François pour leurs Rois légitimes , leur fidelité inviolable ont constamment maintenu une Loy si belle' , si
sage , si divine qui rend cet Empire com- me éternel ; et cet amour et cette fidelité
deviennent , par là-même , un des grands
exemples , une des plus solides instruc
tions , qu'aucune histoire puisse soutenir.
L'ardeur des François pour les Croisades , n'est pas sans instruction non plus,
et on y trouve pour le moins autant de
bien à imiter dans l'ente rise , que de
mauvais à éviter dans l'execution . Mais
leur constance à proscrire toute Hérésie ,
tout Fanatisme , toute Religion nouvelle
est aus i d'un grand exemple. L'Arianisme
et les autres erreurs des Grecs ne purent
jamais s'y glisser , les Albigeois ne firent pas de grands progrès. Le Calvinisme
se glissa pas tout, s'empara de tout et à la
fin ne tint rien. Il est surprenant qu'on
ite par tout le François comme un molele de légereté et d'inconstance. On en
juge
MAY. 1732. 943
juge par de petits airs , de petites manieres qui épuisent la vivacité de la Nation , et par là -même , lui laissent toute
sa solidité , toute sa maturité pour les
choses essentielles qui en valent la peine,
C'est par le fond même et par de grands
résultats qu'on doit juger en general d'une Nation comme la nôtre.
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Résumé : Discours du P. de le Sante. Extrait, [titre d'après la table]
Le Père de la Sante, professeur de rhétorique au Collège de Louis le Grand, a prononcé un discours en janvier devant une assemblée nombreuse et illustre. Il exprime sa surprise que les Français, malgré leur talent pour l'écriture, aient peu d'historiens ayant réussi à produire une histoire complète et achevée de la France. Il attribue cette difficulté à la complexité de l'histoire française, qui est à la fois difficile à écrire et agréable à lire. Dans la première partie de son discours, l'orateur souligne que l'histoire est un domaine où les écrivains peuvent briller, mais où les défis sont nombreux. L'historien doit être un juge impartial, placé entre les siècles passés et futurs, avec des qualités telles qu'un bon esprit, un jugement sain, une connaissance profonde de l'histoire, un amour impartial de la vérité et un style décemment poli. Les difficultés de l'histoire française sont comparées à celles des histoires grecque et romaine, décrites par Lucien et Cicéron. L'orateur mentionne également les particularités du caractère français, formé dans un climat tempéré, qui nécessite une modération d'esprit extraordinaire. Il compare l'histoire de France à un grand fleuve aux eaux claires et profondes, contrastant avec les petites histoires qui amusent mais ne nourrissent pas solidement l'esprit. La seconde partie du discours met en avant l'agrément de l'histoire de France, riche en événements singuliers et en exemples grandioses. L'orateur cite des traits merveilleux de l'histoire française, comparables à ceux de l'histoire romaine, et souligne la constance des Français à maintenir leurs lois fondamentales, comme la loi salique. Il mentionne également l'amour des Français pour leurs rois légitimes et leur fidélité inviolable, ainsi que leur ardeur pour les croisades et leur constance à proscrire les hérésies. Malgré les jugements extérieurs sur la légèreté et l'inconstance des Français, l'orateur affirme que la nation montre une grande solidité et maturité dans les choses essentielles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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57
p. 1589-1591
Relation Historique de l'Ethiopie Occident. [titre d'après la table]
Début :
Il paroît depuis peu un Livre intitulé: RELATION HISTORIQUE DE [...]
Mots clefs :
Relation historique de l'Ethiopie Occidentale, Missionnaires, Anne Lingha, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Relation Historique de l'Ethiopie Occident. [titre d'après la table]
If paroît depuis peu un Livre intitulé:
RELATION HISTORIQUE DE L'ETHIOPIE
OCCIDENTALE , Contenant la Description
des Royaumes de Congo , Angolle et Matamba , traduit de l'Italien par le R. P.
LABAT , imprimée à Paris , chez Charles
Jean-Baptiste Delespine, le fils , Libraire, ruë
S.Jacques, à la Victoire, s . vol. in 12. 1732.
Ce Livre est une Traduction de l'Original Italien , imprimé à Rome par ordre du Pape , examiné et approuvé par
la Congregation de la Propagande ; l'Auteur se nommoit Jean- Antoine Cavazzi
de Monte Cullo , Religieux Capucin , natif de Modene , lequel a demeuré assez
de temps dans ces Royaumes pour en
parler sçavamment , sur tout ayant été
témoin oculaire de tout ce qu'il avance.
Le R.Pere Labat, dont tout le monde connoît la capacité , ne s'est point contenté
de donner une Traduction Litterale de
cet Ouvrage , il l'a traduite librement , .
sans pourtant rien diminuer des beautez :
de l'Original ; le Public , au reste , ne
doit point croire que parce que le P. Cavazzi étoit Missionnaire , il n'est parlé
dans tout ce Livre que de Baptêmes et
de Conversions; il y verra au contraire
un mêlange curieux et très-interessant des
mœurs des Habitans de ces Royaumess
Fy 28 etc
1590 MERCURE DE FRANCE
et de leurs Voisins , leur origine , leurs
établissemens , leurs Keligions differentes , leurs Guerres , leurs Traitez de Paix,
les bornes des differens Etats , leur Gouvernement politique , leurs Loix , leurs
Coûtumes , leurs Usages , leurs cruautez ,
leurs Langues , l'Histoire naturelle n'y
oubliée pour ce qui concerne la
culture des terres et des bons Arbres , les
Fruits les Grains ; enfin leur Commerce,
la maniere dont ils rendent la Justice ,
les Revenus des Princes ; tout y est traité
de manire à faire regarder ce Livre plutôt comme une Histoire generale , que
comme une Relation.
est pas
L'Histoire de la Reine Anne Lingha ,
également grande dans le bien comme
dans le mal , y est toute entiere ; cette
Histoire est d'autant plus fidelle, que cette
Reine n'a rien eu de caché pour l'Auteur ; elle lui a même dit des particularitez de sa vie que les Ministres les plus
favorisez ont toûjours ignorées. On y
trouvera celle de Donna Barbara sa sœur,
qui lui a succedé au Royaume de Matamba. De plus on y a fait entrer la Vie de
Mona Zingha , Mary de Barbara , le plus
cruel de tous les hommes , et qui a eu le
malheur d'apostasier. Il y a lieu de croire
que ce Livre, qui est d'autant plus interessant
JUILLET. 1732. 1591
ressant , que personne jusqu'à present n'a
donné une Relation particuliere de ces
trois Royaumes , sera reçû favorablement
du Public.
RELATION HISTORIQUE DE L'ETHIOPIE
OCCIDENTALE , Contenant la Description
des Royaumes de Congo , Angolle et Matamba , traduit de l'Italien par le R. P.
LABAT , imprimée à Paris , chez Charles
Jean-Baptiste Delespine, le fils , Libraire, ruë
S.Jacques, à la Victoire, s . vol. in 12. 1732.
Ce Livre est une Traduction de l'Original Italien , imprimé à Rome par ordre du Pape , examiné et approuvé par
la Congregation de la Propagande ; l'Auteur se nommoit Jean- Antoine Cavazzi
de Monte Cullo , Religieux Capucin , natif de Modene , lequel a demeuré assez
de temps dans ces Royaumes pour en
parler sçavamment , sur tout ayant été
témoin oculaire de tout ce qu'il avance.
Le R.Pere Labat, dont tout le monde connoît la capacité , ne s'est point contenté
de donner une Traduction Litterale de
cet Ouvrage , il l'a traduite librement , .
sans pourtant rien diminuer des beautez :
de l'Original ; le Public , au reste , ne
doit point croire que parce que le P. Cavazzi étoit Missionnaire , il n'est parlé
dans tout ce Livre que de Baptêmes et
de Conversions; il y verra au contraire
un mêlange curieux et très-interessant des
mœurs des Habitans de ces Royaumess
Fy 28 etc
1590 MERCURE DE FRANCE
et de leurs Voisins , leur origine , leurs
établissemens , leurs Keligions differentes , leurs Guerres , leurs Traitez de Paix,
les bornes des differens Etats , leur Gouvernement politique , leurs Loix , leurs
Coûtumes , leurs Usages , leurs cruautez ,
leurs Langues , l'Histoire naturelle n'y
oubliée pour ce qui concerne la
culture des terres et des bons Arbres , les
Fruits les Grains ; enfin leur Commerce,
la maniere dont ils rendent la Justice ,
les Revenus des Princes ; tout y est traité
de manire à faire regarder ce Livre plutôt comme une Histoire generale , que
comme une Relation.
est pas
L'Histoire de la Reine Anne Lingha ,
également grande dans le bien comme
dans le mal , y est toute entiere ; cette
Histoire est d'autant plus fidelle, que cette
Reine n'a rien eu de caché pour l'Auteur ; elle lui a même dit des particularitez de sa vie que les Ministres les plus
favorisez ont toûjours ignorées. On y
trouvera celle de Donna Barbara sa sœur,
qui lui a succedé au Royaume de Matamba. De plus on y a fait entrer la Vie de
Mona Zingha , Mary de Barbara , le plus
cruel de tous les hommes , et qui a eu le
malheur d'apostasier. Il y a lieu de croire
que ce Livre, qui est d'autant plus interessant
JUILLET. 1732. 1591
ressant , que personne jusqu'à present n'a
donné une Relation particuliere de ces
trois Royaumes , sera reçû favorablement
du Public.
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Résumé : Relation Historique de l'Ethiopie Occident. [titre d'après la table]
Le livre 'Relation historique de l'Éthiopie occidentale' est une traduction française réalisée par le Père Labat à partir de l'original italien de Jean-Antoine Cavazzi de Monte Cullo, un religieux capucin de Modène. L'ouvrage, imprimé à Rome sous l'ordre du Pape et approuvé par la Congrégation de la Propagande, décrit les royaumes de Congo, Angolle et Matamba. Cavazzi, ayant résidé longtemps dans ces régions, en parle en témoin oculaire. Le Père Labat a traduit l'œuvre en conservant ses qualités originales. Le livre ne se limite pas aux aspects religieux mais explore les mœurs, l'origine, les établissements, les religions, les guerres, les traités de paix, les gouvernements, les lois, les coutumes, les langues, et l'histoire naturelle des royaumes. Il traite également de la justice et des revenus des princes. L'ouvrage inclut les histoires de la Reine Anne Lingha, de Donna Barbara, et de Mona Zingha, Marie de Barbara, décrit comme un homme cruel et apostat. Le livre est notable pour sa relation détaillée de ces trois royaumes, une première dans la littérature de l'époque.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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58
p. 1709-1734
DEFFENSE d'un Trait Historique de Lampride sur Ovinius Camillus, adressée à M. Bouhier, President au Parlement de Dijon.
Début :
Il a dû vous paroître, Monsieur, par ce que j'ai [...]
Mots clefs :
Trait historique, Lampride, Ovinius Camillus, Association, Histoire, Empereur, Alexandre, Médailles, Lois, Xiphilin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEFFENSE d'un Trait Historique de Lampride sur Ovinius Camillus, adressée à M. Bouhier, President au Parlement de Dijon.
DEFFENS E d'un Trait Historique
de Lampride sur Ovinius Camillus ,
adressée à M. Bouhier , President an
Parlement de Dijon.
Ice
La dû vous paroître , Monsieur , par
ce que j'ai dit dans les Mercures de
May et d'Octobre 1731. pages 1052. et
2347. que je n'ai point prétendu que
l'explication que j'ai donnée du PRO
SALUTE DOMINORUM , de l'Inscription
trouvée proche notre Ville , fût la seule
et unique qu'on pût en donner. J'ai toûjours attendu qu'on détruisît solidement
ce que j'ai avancé sur la foi de M. de
Tillemont , dès le lendemain que cette
découverte fut faite , et avant que d'avoir eu le loisir de feüilleter les immenses
Recueils d'Inscriptions qui peuvent servir à mettre la verité dans un plus grand
jour. Un Curieux d'Orleans , qui ne se
fait connoître que sous ces deux Lettres
initiales D. P. a enfin trouvé au bout de
quelques mois après la publication de
ma Lettre , que l'on pouvoit entendre ce
DOMINORUM , d'autre que d'Alexandre
Severe et Ovinius , joints ensemble , etil
"
1710 MERCURE DE FRANCE.
il écrit non seulement qu'on le peut ,
mais qu'on le doits et qu'il est impossible
que cette domination ou cet Empire commun attribué à deux Princes convienne
à ces deux-là. Ce qu'il y a d'étonnant
dans son Ecrit imprimé dans le dernier
Mercure , est que pour faire tomber nécessairement les vœux contenus dans notre Inscription sur la prosperité d'Alexandre et de Mammée sa Mere , il persiste à vouloir qu'on regarde comme faux
tout ce que Lampride rapporte de l'association d'Ovinius à l'Empire. Il peut trouver en moi un Lecteur assez docile pour
embrasser l'explication qu'il donne du termeDominorum , comme étant plus aisée à
sauver; mais il ne s'ensuivra pas de- làqueje
doive croire qu'Ovinius est une chimere,
et que tout ce que Lampride en rapporte
est une fible. L'autorité de Lampride est
trop bien établie, pour qu'on puisse révoquer en doute un fait qu'il arevêtu detous
les motifs de credibilité qu'on peut exiger pour l'appui d'un évenement extraor
dinaire. En passant donc à M. P. que ce
fut pour la prosperité de Mammée et
d'Alexandre , que le Monument en question fut érigé , il n'en faut point conclure pour cela que l'association d'Ovinius soit une fiction de quelqueModerne,
A O UST. 1732. 1711
et une invention de quelque Manu- facture d'Ecrivains. Tout ce qu'il pour
ra inferer de ce que je lui accorde , est
que M. Tillemont n'a pas toûjours.
bien examiné les choses avant que de les
assurer, et que quelquefois on peut se
tromper lorsqu'on s'en rapporte trop vîte à son jugement. J'avoueray donc que cet
Historien , tout judicieux qu'il étoit , a
manqué de preuves suffisantes fixer pour l'association d'Ovinius à l'an 223. mais
j'ajoûte bien plus , qu'il ne s'est pas exprimé bien exactement lorsqu'il a dit qu'il
ya dans l'Histoire de cette Association des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable. On entrevoit que ce grave Historien a
voulu insinuer seulement que cette association a eu quelques circonstances qui
tiennent du comique , ce que je ne nie
pass mais des circonstances , pour › pour être
comiquès , n'empêchent point le fond
de l'Evenement d'être très- réel. M. de
Tillemont l'a crû tel , puisqu'il a
ployé un article entier de ses Notes pour
en fixer l'époque, Alexandre s'est comporté comme il a dû faire dans la conjoncture où il se trouvoit ; et c'est un
des traits de politique les mieux jouez ,
que celui qui est rapporté par Lampride.
Comme M. P. d'Orleans traite de fable
emtout
1712 MERCURE DE FRANCE
*
tout le récit de Lampride , le point de
difficulté qui nous sépare ne consiste plus
que dans la verification de ce récit que
je soutiens sincere et non controuvé ni
fabriqué à plaisir. Il ne sera plus fait
mention entre nous de l'Inscription d'Auxerre ; mais seulement de cette question
de fait que l'Inscription a occasionnée.
Quelles que soient les louanges qu'il me
donne dans ses deux Ecrits , je ne m'en
laisse point éblouir , et je fais gloire d'être mis au rang des Lecteurs les plus crédules et que la lecture de Lampride ne révolte point , lorsque je m'y trouve dans la compagnie d'une personne aussi profondément versée dans ces matieres que
vous l'êtes. Vous avez eu la bonté de me
faire part de ce que vous opposeriez à
M. P. si c'étoit à vous qu'il eût affaire :
vous allez juger , Monsieur , si j'en ai
fait usage suivant vos intentions , et si
ce que j'ai découvert depuis par une lecture attentive de Lampride , et que j'ai
joint à vos Observations , n'est pas suffisant pour convaincre quiconque n'éxigera point des preuves métaphisiques ou
d'un genre superieur.
Les preuves exterieures de l'Association
d'Ovinius à l'Empire par Alexandre ,
consistent à assurer l'autorité de Lampride
A O UST. 1732. 1713
pride qui le rapporte. Il est inutile de
repeter ce que j'en ai dit dans le Mercure d'Octobre , page 2337. On y voit
les précautions que cet Historien à prises
pour constater la chose ; et vouloir en
douter c'est comme si l'on soutenoit que
tout ce que les Historiens d'aujourd'hui
rapportent de la vie du Roy Henry IV.
sur la foi des Memoires de ses Courti
sans ou de ses Generaux d'Armées , n'est
pas assez appuyé pour être crû , et qu'il
faut qu'ils produisent ces Memoires tels
qu'ils ont été rédigez dans le Cabinet ou
sous les Tentes. Comme nous nous contentons des Extraits qu'on nous donne
aujourd'hui de ces Memoires , de même
dans le siecle de Constantin , on n'exigea
point de Lampride , qu'il joignit à sa vie
d'Alexandre les Memoires qu'en avoient
redigé séparément Septimius , Encolpius,
Acolius , &c. on se contenta des Extraits
qu'il en fit et qu'il ajusta à son style ,
qui est fort simple et fort coupé. Son
dessein étant d'exposer à Constantin
quel fut le caractere des Princes plutôt
que d'entreprendre une Histoire suivie ,
il ne faut pas être surpris qu'il ne tire
des amples Memoires qu'il avoit , qu'un
simple Sommaire qui présente plutôt l'état des mœurs , les maximes et la conduite
1714 MERCURE DE FRANCE
duite de ce Prince , qu'un détail circons→
tancié de ses campagnes C'est l'idée qu'il
faut se faire de Limpride , comme de
quelques autres qui ont compilé les
actions de certains Empereurs , à dessein de donner une idée de Fur caractere On voit par son narré qu'il avoit
sous les yeux les cinq ou six A teurs qui
avoient écrit uniquement sur Alexandre,
et même qu'il tiroir d'Herodien ce qu'il
jugeoit à propos , le refutant lorsqu'il
étoit necessaire. Il n'est point étonnant
après cela que cet Auteur et ses semblables ayent quelques deffiuts ; mais ces
deffauts ne sont pas essentiels. Les Ecrivains de cette espece pechent ordinaire- ment par le manque d'ordre et de méthode. Ils tombent dans des redites ;
mais avec tout cela ils n'écrivent rien de
faux ; ils promettent de s'étendre sur certaines choses , et ils l'oublient ensuite ,
ou ne les font qu'effleurer. Lampride est
précisement dans ce cas-là , au jugement
de Vopisque , dans la vie de l'Empereur
Probus. Il y paroît dans le rang
qui ont transmis l'Histoire à la posterité
non tam disertè quam verè. Laissant l'élegance et l'emphase , il a écrit avec simplicité , mais avec verité. Il ne rapporte
point non- plus les faits par ordre chrode ceux
nologi-
A OUST 1732. 1715
nologique , mais suivant qu'ils se sont
présentez à sa plume , en traçant les traits.
qui caract risent l'Empereur Alexandre.
On ne l'accuse point comme Herodien ,
d'avoir composé les Harangues qu'il met
dans la bouche des Empereurs , ni les
Lettres qu'il leur fait éc ire ; il rapporte
le peu de paroles que le Prince a prononcées ; et s'il ne les rapporte pas diserè ,
du moins on doit dire qu'il les rapporte
verè. Il n'est pas éloquent ; mais il est
fidele. C'est de l'une de ces courtes Harangues que j'espere, Monsieur , tirer cydessous la preuve du temps auquel a été
faite l'Association d'Ovinius.
L'autorité de Lampride étant suffisamment à couvert , malgré le décri dans lequel l'Ecrivain d'Orléans voudroit la mettre , il faut maintenant faire voir que
l'Histoire de l'Association d'Ovinius n'a
rien d'incroyable en elle même , et qu'au
contraire elle est revêtuë de circonstances
qui s'accordent très- fort avec la situation
où Alexandre se trouva. Loin qu'Alexan
dre Sevére fut un Prince puissant , etque
tout fut paisible de son temps , au point
que se le figure M. P. il n'y a gueres eu
d'Empereur plus traversé par ses propres
Sujets , et qui ait essuyé plus de soulévemens. Il est certain que ce jeune Prince
avoit
1716 MERCURE DE FRANCE
avoit par lui- même un bon caractere et
d'excellentes inclinations, qui le portoient
aux grandes choses. Mais sa mere l'avoit
élevé dans une dépendance servile , à laquelle il n'eut pas la force de se soustraire. Ainsi on peut dire que c'étoit elle qui
gouvernoit sous le nom de son fils. Fecit
cuncta cum matre , ut et illa videretur pariter imperare , dit Lampride ; et plus bas :
Egit omnia ex consilio matris. C'est pour
cela que l'Empereur Julien en ses Césars,
lui fait ce reproche amer : Pauvre sot , qui
maître de l'Empire , n'a pas eu l'esprit de
gouverner tes propres Sujets , mais a remis
tes trésors entre les mains de ta mere ! Un des
traits les plus marquez de cette dépendance de sa mere , fut la foiblesse avec laquelle il souffrit l'indigne procédé qu'elle
garda envers sa femme et son beau pere.
Si ce Prince eut été si puissant que le dit
M. P. auroit-on vû arriver sous ses yeux
le meurtre d'Ulpien son favori, et Prefet
du Prétoire , par les Soldats de la Garde
Prétorienne , sans qu'il osât s'élever alors
contre cet attentat ? Loin de punir aussitôt le principal auteur , il lui donne la
Préfecture d'Egypte , en attendant qu'il se sente assez fort pour s'en venger. Depuis cette mort les Prétoriens ne lui obéïrent plus qu'à regret ; leur haine se porta contre
AO.UST. 1732 1717
contre Dion , son Collegue de l'an 229.
et elle éclata si fort que ce Consul n'eut
pas le courage de paroître dans Rome
avec les marques de sa dignité; et il fallut
que l'Empereur lui conseillât de s'en éloigner , pour éviter leur fureur. Dira- t- on
après cela que ce Prince fut regardé comme Puissant , et que son regne fut fort
paisible? Ce n'est pas encore tout; un
nomméTaurin et un autre particulier ,
appellé Urane ( a ) , furent élevez à l'Empire par les armées d'Orient. Un troisiéme, nommé Antonin , fut pareillement
proclamé Auguste , par les Prétoriens. Il
est vrai que ces personnages refuserent la
dignité qu'on leur offroit ; mais ce n'en
est pas moins une preuve que le regne
d'Alexandre ne fut pas si paisible que le
prétend M. P. Peut- être que pour ne rien
rabattre de ses prétentions , il soutiendra que ces proclamations ne se trouvant
marquées que dans le jeune Victor et dans
Zozyme, elles ne meritent aucune créance.Acela je réponds que comme ces deux
Ecrivains vivoient dans un siecle peu
éloigné de celui d'Alexandre , il ne faut
point douter qu'il n'eussent devant eux
les Mémoires de quelques uns des cinq ou
( a ) Je croirai , si l'on veut , que Taurin et Urane aété le même ; rien n'empêche de lesdistinguer.
six
1718 MERCURE DE FRANCE
amis
six Auteurs qui avoient écrit les évenemens du regne de ce Prince , et dont l'éloignement des temps nous a privez Au
reste , ce que Dion rapporte de lui - même
personnellen ent , marque assez l'appré- hension où Al xandre étoit de voir ses
rsécutez ; et peut être aussi de se P
voir lui- même livré au caprice des Soldats. Or je demande si avec de tels soupçons , un Prince peut passer pour avoir
tou ours mené une vie tranquille , si on
peut dire que son regne a été paisible, et
que lui même gouvernoit ses Sujets avec
puissance et empire.
Si donc l'on trouve du foible dans la
maniere dont il se conduit , pour écarter ce qui se tramoit en faveur d'Ovinius,
P'on pourroit l'attribuer aux con eils timides de sa mere : Mais non ; il semble
au contraire que ce fut un trait de prudence qui le fit agir ainsi, Les Prétoriens,
dont l'autorité étoit enracinée dansRome,
avoient conçu une telle haine contre
Mammée , et par conséquent contre son
fils , que tout éroit à craindre de leur
part. Dès qu'ils croyoient voir dans le Sénat quelque Sujet propre à être élevé à
l'Empire , ou , pour mieux dire , à condescendre à leurs volontez , ils ne manquoient pas de ménager des pratiques
sour
D
AOUST. 1732. 1719
sourdes , pour faire déclarer Rome en sa
faveur. Ovinius convenoit apparemment
à leur dessein , et il se trouva disposé à
y concourir. Alexandre en étant averti ,
crut le prévenir , non en se défaisant de
lui , à force ouverte , mais en faisant semblant d'entrer dans les vûës des Prétoriens , jusqu'à ce qu'il trouvât le moment
favorable de perdre son concurrent.Ayant
été averti d'un remuëment , de la part de
certains Barbares , il se servi. de cette occasion pour faire connoître à toute l'armée jusqu'où s'étendoit la force et la vigueur de cet homme si désiré . Il l'associa
donc à l'Empire , avec quelqu'une au
moins des solemnitez ordinaires ; mais
pour le faire en même temps tomber
dans le mépris , et montrer combien il
étoit peu digne de lui être con paré ; il
lui proposa d aller avec lui à la guerre
qui se présentoit à faire contre les Barbares , prévoïant bien qu'il n'oseroit le lui
refuser , mais que délicat comme il étoit,
il ne pourroit jamais résister aux fatigues
dont il lui donneroit l'exemple , et que
son entreprise tourneroit à sa confusion.
En effet , la chose réüssit , comme Aléxandre l'avoit prévû , et par là l'Empereur se vit délivré d'un ennemi qui cassa
d'être dangereux dès qu'il commença à
·
être.
1720 MERCURE DE FRANCE
être méprisé. Ce tour de politique est- il
donc si ridicule et si hors de vrai-semblance que l'assure le Critique d'Orleans?
Pour moi j'y vois toutes chose admirablement bien concertées , pour venir à bout
de décrier Ovinius ; et cela me rappelle le
souvenir d'un artifice assez semblable dont
usa , quelques années auparavant, l'Empereur Septime- Severe, à l'égard d'Albin.
Ce Prince voïant qu'Albin qui descendoit d'une ancienne Maison , étoit aimé
du Sénat, n'osant l'attaquer à force ouverte , fit mine de vouloir l'associer à
l'Empire , et lui écrivit à cet effet des Lettres très-affectueuses en apparence ; mais
en même- temps il chargea secretement
ceux qui les lui porterent de sa part,de se
défaire adroitement de lui; et s'il n'y réüssit pas , ce ne fut pas sa faute. Je pourrois aussi produire d'autres exemples de
tours de politique plus semblables à celui
qu'employa Alexandre , et aussi plus récens. Mais je croi m'être assez étendu sur
cet article , pour persuader à mon adversaire que ce n'est pas sans fondement que
je regarde l'expedient rapporté par Lampride , comme ayant été réellement et
véritablement mis en usage. J'avouë, avec
lui , qu'il n'y a aucune apparence qu'Alexandre cut voulu dans de pareilles circons-
AOUST. 1732. 1721
Constances abandonner à Ovinius , la conduite de son armée; c'eut été le comble de
l'imprudence. Aussi n'est-ce pas le sens
qu'il faut donner au texte de l'Historien .
Monsieur de Tillemont l'a induit en erreur , par la traduction qu'il a faite de ce
texte Latin , en ces termes : Alexandre
offrit à ( Ovinius Camillus de l'y mener
avec lui , s'il n'aimoit mieux y aller lui
seul. Dans ce texte,ainsi conçu ; vel ipsum
si vellet, ire, vel ut secum proficisceretur, bortatus est , la particule vel, doit être prise
non disjonctivement , mais conjonctivement c'est-à- dire pour et , comme dans
une infinité d'autres endroits des Auteurs de l'Histoire Auguste. Monsieur de
Saumaise l'a remarqué plusieurs fois , et
entr'autres sur Lampride, par cette petite
notte; (vel pro et ; quod sexcentis locis apud
hos autores observavimus ) ( a ) Icy P'Hi
torien en a usé de la sorte , d'autant pl
volontiers que la répetition de la part.
cule et qu'il avoit employée peu aupara
vant , et qui revient peu après , auroi
été trop désagréable. ( b ) Lampride a
donc seulement donné à entendre qu'Alexandre invita Ovinius à aller à la Guer-
( a ) Edition de 1620. pag. 184.
(b) Voyez le Mercure d'Oct. 1731. pag. 2338.
C
1722 MERCURE DE FRANCE
re contre les Barbares , et même à faire
le voyage avec lui.
Je n'étois aucunementobligé de désigner
l'habitation de ces Peuples , lorsque je fis
ma premiere Lettre adressée aux Auteurs
du Mercure, dans le mois de May dernier,
n'y d'ajouter dant la seconde , pour plus
grande explication, que l'expedition Ġermanique , qui suivit l'association , se rapportoit à celle où Varius Macrinus se signala dans Pillyrie; et j'aurois pû me borner au simple texte de Lampride , qui ne
les nomme qu'en général , sous le nom
de Barbares. Mais m'étant reposé sur
l'exactitude qu'on attribuë à M. de Tillemont , j'ai cru avec lui, qu'il s'agissoit de
l'expédition qui se fit par Alexandre,contre les Germains , dont le triomphe qui
suivit est marqué chez Occo , sur une
Médaille d'argent en ces deux mots DE
GERMANIS , avec cette note chronologique TR. P. VIII.cos. III. La Victoire étant
rapportée à l'an 229. de Jesus- Christ , il étoit assez naturel de croire que la guerre
cut pû commencer en 228. c'est ce qui
-me déterminoit à faire partir en cette
année Ovinius avec Alexandre. Mais depuis , j'ai fait réfléxion sur un discours
fit Alexandre à ses Soldats étant à An- que
tioche l'an 233 , lorsqu'il les conduisoit
contre
AAOUST. 1732 1723
contre la Perse L'Empereur voulant éteindre les semences de sédition qui se formoient dans son armée, rappella à ses anciens Soldats l'usage qu'on leur avoit enseigné de faire de leur voix , d'abord
contre les Sarmates , ensuite contre les
Germains , et enfin contre les Perses ,
ajoutant qu'il étoit étonnant qu'ils voulussent s'en servir contre celui qui leur
fournissoit la nourriture,les vétemens, &c.
Qui in concione estis , leur dit- il , vocem in
bello cantra hostem , non contra Imperatorem
vestrum necessariam , certè Campidoctores
vestri hanc vos docuerunt contra Sarmatas et
Germanos ac Persas emittere , non contra eum
qui acceptam à Provincialibus annonam ,
qui vestem , qui stipendia vobis attribuit.
Monsieur de Tillemont n'ayant traduit
dans notre langue qu'une partie de ce dis- cours , n'a pas fait sentir que les Sarmates
ysont nommez en premier lieu , et les
Germains ensuite. Ce fut donc l'occasion.
de l'irruption des uns ou des autres de ces
Barbares qu'Alexandre saisit , pour convaincre les Soldats , combien ils se connoissoient peu en vrai mérite , lorsqu'ils
marquoient quelque inclination d'obéïrà
Ovinius. L'Empereur qui étoit jeune , af
fecta apparemment d'aller exprès à pied,
afin de faire succomber son concurrent
Cij Sous
1924 MERCURE DE FRANCE
sous la fatigue, et il en vint à bout en peu
de jours. Comme il est évidenr qu'Alexandre dans le discours qu'il tint à ses
Troupes , les faisoit ressouvenir par ordre des temps de toutes les Campagnes
qu'ils avoient faites; il est necessaire de
placer celle de Sarmatie la premiere ; et
par consequent comme celle de Germanie est de l'an 229 , au plus tard ; on doit
celle que qui se fit contre les
Sarmates a dû être aussi au plus tard l'an
convenir
228.
On ne peut pas assurer si Alexandre
alla en personne jusques dans la Sarmatie; c'est un fait qu'Acolius auroit sans
doute éclairci par le moyen de son livre
des Voyages de cet Empereur. Mais ses
Mémoires étant perdus , on doit se contenter de sçavoir simplement que la premiere guerre que cet Empereur eut à soutenir, fut contre ces peuples. Il seroit fort
à propos , je l'avoue , que quelque Médaille vint au secours de la notice que je
prétends tirer en faveur de cette guerre
Sarmatique , du discours qu'Alexandre
tint à ses Soldats , de méme que nous en
avons une qui constate celle de Germanie. Mais il ne faut point désesperer d'en
trouver quelquejour où la victoire sur les
Sarmates sera rapportée à l'une des 6 premieres
AOUST. 1732 1725
,
mieres années du regne d'Alexandre ,
pourvû que l'on soit plus soigneux de les
conserver , que ne l'a été un Orfévre de
notre Ville , qui au mois de Juin dernier,
en ayant acheté d'un passant un grand
nombre d'argent , du regne de cet Empereur et des autres Princes qui lui succederent , les fondit une demie - heure
après, sans qu'on ait pû en sauver qu'une
seule d'Alexandre. Ces monumens,moins
sujets aux accidens que les livres, peuvent
suppléer en quelque sorte , à ce que nous
- sçaurions plus en détail , si nous avions
en original les Memoites que Septimius ,
Acolus , Encolpe , Gargilius-Martialis
Marius Maximus , Aurele- Philippe et
encore d'autres témoins oculaires avoient
dressés touchant le regne de cet Empereur. Cette guerre Sarmatique s'offre icy
d'autant plus à propos,avant celle de Germanie , que plus elle sera rapprochée du
regne d'Alexandre , plus on sera fondé à
suivre l'explication que Saumaise a donnée au texte de Lampride , et à dire avec
lui que ce fat Alexandre même qui donna ordre de tuer Ovinius dans l'une de
ses terres , où il demeuroit depuis long- temps,
et à ne pas rejetter , sans necessité , cette
mort sur l'Empereur suivants tutum ad
Willas suas irepræcepit in quibus DIU VIXIT,
C iij
K
sed
1726 MERCURE DE FRANCE
sed post , jussu Imperatoris occisus est. Depuis la remarque que vous , Monsieur ,
m'avez fait faire , après Saumaise , que
tout Historien qui dit simplement l'Ēmpereur , entend celui dont il écrit l'histoire , et non son successeur; je ne panche
plus en aucune maniere pour le sentiment que M. de Tillemont insinuë.
M. P. d'Orleans a proposé le silence de
deux Ecrivains contemporains à Alexandre ; sçavoir , Dion et Hérodien , comme
un grand argument contre l'histoire de
l'association d'Ovinius, Mais il faut d'abord retrancher de ce nombre l'Historien
Dion , pour plusieurs considerations. La
premiere est , que nous avons perdu le
livre de son histoire, qui comprenoit une
partie duregne d'Alexandre; car nous n'en
avons qu'un abregé des plus succincts ,
fait par Xiphilin , lequel a retranché ce
qui lui a plus la seconde est , que si
l'association d'Ovinius s'est faite dans le
temps que Dion a renfermé dans son Histoire , c'est-à-dire , avant l'an 229 , comme je n'en doute aucunement , Xiphilin
a voulu la comprendre sous ces termes
generaux qui se trouvent dans son abregé: Per id tempus multe rebelliones facta
sunt à multis quarum aliquot , quum fuissent formidolosa , repressa ac restrincta sunt.
Les
AOUST. 1732. 1727
Les sourdes pratiques d'Ovinius pour par
venir à l'Empire, sontsans doute du nom
bre de ces rebellions dangereuses qui furent réprimées par Alexandre. Can Ovinius rebellare voluisset tyrannidem affecians,
dit Lampride.
ро
Qu'importe , en effet , de quel moyen
on se serve pour réussir à étouffer une rebellion formée secretement , force ou
adresse , pourvu qu'on parvienne au bur
qu'on s'est proposé. Alexandre usa de
litique, de même qu'il venoit de faire unt
peu auparavant , incontinent après le
meurtre d'Ulpien son favori. Le même
Dion dit que la raison pour laquelle Epagathe , Auteur de ce meurtre , ne fut
point puni sur le champ et pourquoi
l'Empereur parut dissimuler la peine que
lui faisoit cette action , fut la crainte qu'il
eut d'exciter une émotion dans Rome.
Epagathus qui Vlpiano magna ex parte
causa necis fuerat , missus est in Ægyptum,
ut Præfectus ejus Provincia , ne forte si de eo
Rome supplicium sumptum esset , tumultus
aliquis connectaretur; atque inde reductus in
Cretam , condemnatus est. Per id tempus , et
le reste , comme cy- dessus.
Quelque année que l'on choisisse entre les six premieres du regne d'Alexandre,
pour placer la mort d'Ulpien , il est évi- C iiij dent
7728 MERCURE DE FRANCE
dent que la rebellion d'Ovinius ne tarda
gueres à suivre cet évenement. On doit
aussi placer vers ce temps-là les procla
mations des autres Augustes dont j'ai parlé plus hauts et le texte de Dion le demande.
A l'égard d'Herodien , ce n'est rien
moins qu'un Auteur exact , suivant les
Critiques et suivant M. de Tillemont
même. Aussi le reprend-il très-souvent ;
ainsi sans entrer dans le détail, qu'il mesoit
permis de renvoyer M. P: à la table de
son troisiéme volume de l'Histoire des
Empereurs. Lampride pareillement , qui
avoit l'ouvrage d'Herodien sous les yeux,
en faisant la vie d'Alexandre , est obligé
de le corriger , lorqu'il contredit les Annales de la Ville de Rome , et tous les
Auteurs contemporains , qui étoient plus
à portée que lui d'examiner les démar
ches de cet Empereur , et sa maniere de
vivre. Cet Historien Grec a pû être mieux
informé de quelques- unes des choses qui
se passerent en Orient , mais il n'eut pas
les mêmes facilitez pour apprendre tout
ce qui arriva dans l'Occident. Il en raconta des Histoires autrement qu'elles n'étoient , et il en obmit plusieurs qui ne
vinrent point à sa connoissance , même
de celles qui regardent l'Orient.
S'il
AOUST. 1732. 1729
S'il falloit n'admettre que ce qu'il a inseré dans son Ouvrage , il faudroit effacer
de la vie d'Alexandre la révolte des Troupes de Mésopotamie , contre Flavius Heracleon , leur Commandant, dont Dion a
parlé; il ne faudroit rien croire du meurtre d'Ulpien, rapporté par le même Dion.
Si Herodlen a obmis l'association d'Ovinius , il a aussi passé sous silence la victoire sur les Germains, remportée en 229,
dont les Médailles ont conservé la mémoire ; il n'a pas fait là moindre men--
tion du triomphe glorieux d'Alexandre ,
au retour de la guerre de Perse. Loin de
cela ,on croiroit à le lire , que l'Empëreur confus de n'avoir pû vaincre Arta--
xerxes , vola brusquement d'Antioche sur
les bords du Rhin ,, pour l'éxpédition
d'Allemagne ; confectoque celeriter itinere
consistit ad Rheni ripas. Il ne dit rien non
plus de l'élevation de Taurin et d'Urane
à l'Empire. Faut-il donc s'étonner s'il en a
fait autant d'Ovinius.
Je ne m'étendrai point à refuter la proposition extraordinaire par laquelle M. P.
avance,qu'à moins que les faits que Lam--
pride a tirés des Historiens contemporains
d'Alexandre , ne se rencontrent ailleurs ;
on est toujours bien reçu à les rejetter.
Javoiie que ce principe est très- commode
G. v pour
1730 MERCURE DE FRANCE
pour n'admettre que ce que l'on veut. Il
suffit de l'exposer , pour faire voir à quel
dégré d'incrédulité il conduiroit les Lecteurs , s'ils en étoient susceptibles , et il
n'est pas difficile de prévoir qu'après l'avoir admis , à l'égard des Historiens du
Paganisme,on pourroit bien l'étendre sur
d'autres , d'une importance bien plus
grande. Je suis donc d'avis, comme vous,
Monsieur , que loin de rejetter le témoignage des Auteurs réunis ensemble , dans
la compilation de l'Histoire Auguste ,
tout imparfaits qu'ils sont; la raison veut
qu'on y ajoute foy , comme à toute autre
Histoire , à moins qu'il n'y ait des motifs
très-pressans de s'en écarter, et des objections qui soient sans replique.
La derniere objection de M. P. contre
l'association d'Ovinius à l'Empire , consiste en ce qu'il ne se trouve aucune Médaille qui fasse mention de lui,ni aucune
Loy où son nom soit marqué. Mais fait- il
attention , que selon l'Historien sur lequel nous nous fondons , cette association fut de très peu de durée , et qu'Ovinius fatigué du métier de la guerre , au
bout de trois ou quatre jours de marche,
abdiqua l'Empireset qu'Alexandre l'ayant
aussi- tôt confié à des Soldats , de la fidèlité desquels il étoit très-sûr,le fit conduire
dans
AOUST. 1732. 1731
dans ses terres, où il vécut en simple particulier. Quoiqu'on ne puisse gueres dou
ter qu'il n'y ait eu quelques Médailles
à l'occasion de l'association d'Ovinius
il n'est pas extraordinaire qu'il ne s'en
trouve point aujourd'hui. Combien y en
a-t-il eu qui n'existent plus , et combien
n'en reste- t- il pas encore à découvrir? On
donne communément trois femmes à Alexandre Severe ; où sont les Médailles des
deux dernieres ? Où est celle qui fut sans
doure frappée pour le triomphe de cet
Empereur. L'Histoire ne nous apprend- elle pas que certaines personnes ont porté le titre d'Empereur , sans qu'il en reste
des Médailles, ou du moins dont on n'en a
que de tres douteuses. Tel est un Jotapianus , un Lucius - Priscus , un JuliusValens , un Perpenna- Lucinianus, un Firmius , &c. S'il ne se trouve point de Médailles de tous les Princes dont l'Histoire
fait mention , il faut aussi avouer que les
Médailles nous ont conservé le nom de
quelques Princes , qui sans cela ne seroient point connus, les Livres qui en
pouvoient traiter ayant été perdus. Tel
est un Pacatianus , un Nigrianus, une Bar
bia Orbiana , &c. On ne peut donc point
conclure avec certitude, qu'un Prince n'a
point existé , de ce qu'on ne trouve poinɛ Cvj son
1732 MERCURE DE FRANCE
son nom sur les Médailles qu'on a aujourd'hui,ou qu'il ne paroît pas dans les Hitsoriens ,parce qu'on a perdu beaucoupde mo
numens en l'un et en l'autre genre. On peut
encore moins le conclure de ce que son
nom n'est dans aucune Loy. Cette raison
est des plus frivoles dans l'affaire d'Ovinius. Il peut se faire qu'il n'y ait eu aucune
Loy expédiée , du moins qui soit parve
nue jusqu'à nous , pendant le court inter valle de son association. Si donc il se rencontre des vuides considérables , sans promulgation de Loix , pendant les années ,
à l'une desquelles on est obligé de fixer
cette association , l'argument de M. P.
n'est d'aucun poids , et il tombe de luimême.
nuë
Quoique jaye accordé à M.P. qu'une
Inscription votive, de l'an 228. qui porte
ces mots: Pre salute Dominorum, pourroit
s'entendre plus naturellement de l'Im
pératrice Mammée , avec son fils ; je n'abandonne point cependant tout-à- fait la
part qu'Ovinius peut avoir dans ce nom
bre plurier; parce qu'à la lecture de Dion,
tout abregé qu'il est par Xiphilin ; on
voit clairement que la mort d'Ulpien n'a
pas dû précéder de beaucoup de temps le
Consular du même Dion , qui fut sûrement l'an 229. Il faut donc mettre certe
mort
A' O UST. 、 1732. 1733
mort vers la fin de l'an 227 , ou au commencement de 228. Or comme , selon le
même Dion , l'intervalle entre ces deux
époques fut celui pendant lequel se for- merent diverses rebellions : Multa rebelLiones à multis celle d'Ovinius ayant été
l'une des plus dangereuses, il paroît qu'on
doit toujours la rapporter à l'an 228 ; et que
par conséquent son association seroit du
même-temps, et sous le Consulat de Mcdeste et Probus. C'est ce qu'il faut esperer
que la postérité verra un jour éclairci par
les Médailles , dont on fera la découverte, ou par d'autres monumens plus en- tiers que n'est celui d'Auxerre. Au reste
cet Ovinius-Camillus estsi peu une chime
re et unpersonnage fabriqué par Lampride, ou par quelque Ecrivain posterieur
selon le jugement de Tristan , que ce celebre Antiquaire le croit fils d'un autre
Ovinius-Tertullus , Président de la Mysie inférieure , auquel fut adressé un Réscrit très-connu dans le Droit , et qui a
fait donner le nom de : Ad Senatus Consulium Tertullianum , au tit . 17 du 38 liv.
du Digeste. Les Deux Empereurs qui y
sont nommez , sont Septime Sévére , et
Caracalla , son fils ; et le Jurisconsulte ,
qui cite le Réscrit, n'est autre que le fameux Ulpien , dont j'ai déja parlé plu- sieurs
1734 MERCURE DE FRANCE
sieurs fois. Je vous ai , Monsieur , l'obligation de cette remarque , qui n'est pas
icy hors de propos , et qui fait voir en
même- temps, qu'en lisant les Loix, vous
ne perdez aucun des fruits qu'on en peut
tirer pour la littérature. Comme les Livres du Droit sont moins suspects de
falsification que les Livres d'Histoire ,
j'espere que mon Adversaire aura assez
d'équité pour ne pas prétendre que la
généalogie , indiquée par Tristan , pêche
jusques dans sa source. Il faut qu'il convienne au moins que le nom d'Ovinius
ne se rencontre guéres ailleurs qu'en ces
-deux endroits. De mon côté , si le tout
est controuvé et fabriqué à plaisir , j'avouerai que la manufacture d'Ecrivains ,
Imaginée par quelques modernes , a eu
des correspondances admirablement bien
soûtenues par tout l'Occident , pour y
faire trouver en tous lieux , dans le Corps
du Droit , un Ovinius- Tertullus , Pere
environ l'an 200 , et dans la compila
tion de l'histoire Auguste , un OviniusCamillus , fils , l'an 228. ou environ.
AAuxerre , ce 26 May 1732
de Lampride sur Ovinius Camillus ,
adressée à M. Bouhier , President an
Parlement de Dijon.
Ice
La dû vous paroître , Monsieur , par
ce que j'ai dit dans les Mercures de
May et d'Octobre 1731. pages 1052. et
2347. que je n'ai point prétendu que
l'explication que j'ai donnée du PRO
SALUTE DOMINORUM , de l'Inscription
trouvée proche notre Ville , fût la seule
et unique qu'on pût en donner. J'ai toûjours attendu qu'on détruisît solidement
ce que j'ai avancé sur la foi de M. de
Tillemont , dès le lendemain que cette
découverte fut faite , et avant que d'avoir eu le loisir de feüilleter les immenses
Recueils d'Inscriptions qui peuvent servir à mettre la verité dans un plus grand
jour. Un Curieux d'Orleans , qui ne se
fait connoître que sous ces deux Lettres
initiales D. P. a enfin trouvé au bout de
quelques mois après la publication de
ma Lettre , que l'on pouvoit entendre ce
DOMINORUM , d'autre que d'Alexandre
Severe et Ovinius , joints ensemble , etil
"
1710 MERCURE DE FRANCE.
il écrit non seulement qu'on le peut ,
mais qu'on le doits et qu'il est impossible
que cette domination ou cet Empire commun attribué à deux Princes convienne
à ces deux-là. Ce qu'il y a d'étonnant
dans son Ecrit imprimé dans le dernier
Mercure , est que pour faire tomber nécessairement les vœux contenus dans notre Inscription sur la prosperité d'Alexandre et de Mammée sa Mere , il persiste à vouloir qu'on regarde comme faux
tout ce que Lampride rapporte de l'association d'Ovinius à l'Empire. Il peut trouver en moi un Lecteur assez docile pour
embrasser l'explication qu'il donne du termeDominorum , comme étant plus aisée à
sauver; mais il ne s'ensuivra pas de- làqueje
doive croire qu'Ovinius est une chimere,
et que tout ce que Lampride en rapporte
est une fible. L'autorité de Lampride est
trop bien établie, pour qu'on puisse révoquer en doute un fait qu'il arevêtu detous
les motifs de credibilité qu'on peut exiger pour l'appui d'un évenement extraor
dinaire. En passant donc à M. P. que ce
fut pour la prosperité de Mammée et
d'Alexandre , que le Monument en question fut érigé , il n'en faut point conclure pour cela que l'association d'Ovinius soit une fiction de quelqueModerne,
A O UST. 1732. 1711
et une invention de quelque Manu- facture d'Ecrivains. Tout ce qu'il pour
ra inferer de ce que je lui accorde , est
que M. Tillemont n'a pas toûjours.
bien examiné les choses avant que de les
assurer, et que quelquefois on peut se
tromper lorsqu'on s'en rapporte trop vîte à son jugement. J'avoueray donc que cet
Historien , tout judicieux qu'il étoit , a
manqué de preuves suffisantes fixer pour l'association d'Ovinius à l'an 223. mais
j'ajoûte bien plus , qu'il ne s'est pas exprimé bien exactement lorsqu'il a dit qu'il
ya dans l'Histoire de cette Association des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable. On entrevoit que ce grave Historien a
voulu insinuer seulement que cette association a eu quelques circonstances qui
tiennent du comique , ce que je ne nie
pass mais des circonstances , pour › pour être
comiquès , n'empêchent point le fond
de l'Evenement d'être très- réel. M. de
Tillemont l'a crû tel , puisqu'il a
ployé un article entier de ses Notes pour
en fixer l'époque, Alexandre s'est comporté comme il a dû faire dans la conjoncture où il se trouvoit ; et c'est un
des traits de politique les mieux jouez ,
que celui qui est rapporté par Lampride.
Comme M. P. d'Orleans traite de fable
emtout
1712 MERCURE DE FRANCE
*
tout le récit de Lampride , le point de
difficulté qui nous sépare ne consiste plus
que dans la verification de ce récit que
je soutiens sincere et non controuvé ni
fabriqué à plaisir. Il ne sera plus fait
mention entre nous de l'Inscription d'Auxerre ; mais seulement de cette question
de fait que l'Inscription a occasionnée.
Quelles que soient les louanges qu'il me
donne dans ses deux Ecrits , je ne m'en
laisse point éblouir , et je fais gloire d'être mis au rang des Lecteurs les plus crédules et que la lecture de Lampride ne révolte point , lorsque je m'y trouve dans la compagnie d'une personne aussi profondément versée dans ces matieres que
vous l'êtes. Vous avez eu la bonté de me
faire part de ce que vous opposeriez à
M. P. si c'étoit à vous qu'il eût affaire :
vous allez juger , Monsieur , si j'en ai
fait usage suivant vos intentions , et si
ce que j'ai découvert depuis par une lecture attentive de Lampride , et que j'ai
joint à vos Observations , n'est pas suffisant pour convaincre quiconque n'éxigera point des preuves métaphisiques ou
d'un genre superieur.
Les preuves exterieures de l'Association
d'Ovinius à l'Empire par Alexandre ,
consistent à assurer l'autorité de Lampride
A O UST. 1732. 1713
pride qui le rapporte. Il est inutile de
repeter ce que j'en ai dit dans le Mercure d'Octobre , page 2337. On y voit
les précautions que cet Historien à prises
pour constater la chose ; et vouloir en
douter c'est comme si l'on soutenoit que
tout ce que les Historiens d'aujourd'hui
rapportent de la vie du Roy Henry IV.
sur la foi des Memoires de ses Courti
sans ou de ses Generaux d'Armées , n'est
pas assez appuyé pour être crû , et qu'il
faut qu'ils produisent ces Memoires tels
qu'ils ont été rédigez dans le Cabinet ou
sous les Tentes. Comme nous nous contentons des Extraits qu'on nous donne
aujourd'hui de ces Memoires , de même
dans le siecle de Constantin , on n'exigea
point de Lampride , qu'il joignit à sa vie
d'Alexandre les Memoires qu'en avoient
redigé séparément Septimius , Encolpius,
Acolius , &c. on se contenta des Extraits
qu'il en fit et qu'il ajusta à son style ,
qui est fort simple et fort coupé. Son
dessein étant d'exposer à Constantin
quel fut le caractere des Princes plutôt
que d'entreprendre une Histoire suivie ,
il ne faut pas être surpris qu'il ne tire
des amples Memoires qu'il avoit , qu'un
simple Sommaire qui présente plutôt l'état des mœurs , les maximes et la conduite
1714 MERCURE DE FRANCE
duite de ce Prince , qu'un détail circons→
tancié de ses campagnes C'est l'idée qu'il
faut se faire de Limpride , comme de
quelques autres qui ont compilé les
actions de certains Empereurs , à dessein de donner une idée de Fur caractere On voit par son narré qu'il avoit
sous les yeux les cinq ou six A teurs qui
avoient écrit uniquement sur Alexandre,
et même qu'il tiroir d'Herodien ce qu'il
jugeoit à propos , le refutant lorsqu'il
étoit necessaire. Il n'est point étonnant
après cela que cet Auteur et ses semblables ayent quelques deffiuts ; mais ces
deffauts ne sont pas essentiels. Les Ecrivains de cette espece pechent ordinaire- ment par le manque d'ordre et de méthode. Ils tombent dans des redites ;
mais avec tout cela ils n'écrivent rien de
faux ; ils promettent de s'étendre sur certaines choses , et ils l'oublient ensuite ,
ou ne les font qu'effleurer. Lampride est
précisement dans ce cas-là , au jugement
de Vopisque , dans la vie de l'Empereur
Probus. Il y paroît dans le rang
qui ont transmis l'Histoire à la posterité
non tam disertè quam verè. Laissant l'élegance et l'emphase , il a écrit avec simplicité , mais avec verité. Il ne rapporte
point non- plus les faits par ordre chrode ceux
nologi-
A OUST 1732. 1715
nologique , mais suivant qu'ils se sont
présentez à sa plume , en traçant les traits.
qui caract risent l'Empereur Alexandre.
On ne l'accuse point comme Herodien ,
d'avoir composé les Harangues qu'il met
dans la bouche des Empereurs , ni les
Lettres qu'il leur fait éc ire ; il rapporte
le peu de paroles que le Prince a prononcées ; et s'il ne les rapporte pas diserè ,
du moins on doit dire qu'il les rapporte
verè. Il n'est pas éloquent ; mais il est
fidele. C'est de l'une de ces courtes Harangues que j'espere, Monsieur , tirer cydessous la preuve du temps auquel a été
faite l'Association d'Ovinius.
L'autorité de Lampride étant suffisamment à couvert , malgré le décri dans lequel l'Ecrivain d'Orléans voudroit la mettre , il faut maintenant faire voir que
l'Histoire de l'Association d'Ovinius n'a
rien d'incroyable en elle même , et qu'au
contraire elle est revêtuë de circonstances
qui s'accordent très- fort avec la situation
où Alexandre se trouva. Loin qu'Alexan
dre Sevére fut un Prince puissant , etque
tout fut paisible de son temps , au point
que se le figure M. P. il n'y a gueres eu
d'Empereur plus traversé par ses propres
Sujets , et qui ait essuyé plus de soulévemens. Il est certain que ce jeune Prince
avoit
1716 MERCURE DE FRANCE
avoit par lui- même un bon caractere et
d'excellentes inclinations, qui le portoient
aux grandes choses. Mais sa mere l'avoit
élevé dans une dépendance servile , à laquelle il n'eut pas la force de se soustraire. Ainsi on peut dire que c'étoit elle qui
gouvernoit sous le nom de son fils. Fecit
cuncta cum matre , ut et illa videretur pariter imperare , dit Lampride ; et plus bas :
Egit omnia ex consilio matris. C'est pour
cela que l'Empereur Julien en ses Césars,
lui fait ce reproche amer : Pauvre sot , qui
maître de l'Empire , n'a pas eu l'esprit de
gouverner tes propres Sujets , mais a remis
tes trésors entre les mains de ta mere ! Un des
traits les plus marquez de cette dépendance de sa mere , fut la foiblesse avec laquelle il souffrit l'indigne procédé qu'elle
garda envers sa femme et son beau pere.
Si ce Prince eut été si puissant que le dit
M. P. auroit-on vû arriver sous ses yeux
le meurtre d'Ulpien son favori, et Prefet
du Prétoire , par les Soldats de la Garde
Prétorienne , sans qu'il osât s'élever alors
contre cet attentat ? Loin de punir aussitôt le principal auteur , il lui donne la
Préfecture d'Egypte , en attendant qu'il se sente assez fort pour s'en venger. Depuis cette mort les Prétoriens ne lui obéïrent plus qu'à regret ; leur haine se porta contre
AO.UST. 1732 1717
contre Dion , son Collegue de l'an 229.
et elle éclata si fort que ce Consul n'eut
pas le courage de paroître dans Rome
avec les marques de sa dignité; et il fallut
que l'Empereur lui conseillât de s'en éloigner , pour éviter leur fureur. Dira- t- on
après cela que ce Prince fut regardé comme Puissant , et que son regne fut fort
paisible? Ce n'est pas encore tout; un
nomméTaurin et un autre particulier ,
appellé Urane ( a ) , furent élevez à l'Empire par les armées d'Orient. Un troisiéme, nommé Antonin , fut pareillement
proclamé Auguste , par les Prétoriens. Il
est vrai que ces personnages refuserent la
dignité qu'on leur offroit ; mais ce n'en
est pas moins une preuve que le regne
d'Alexandre ne fut pas si paisible que le
prétend M. P. Peut- être que pour ne rien
rabattre de ses prétentions , il soutiendra que ces proclamations ne se trouvant
marquées que dans le jeune Victor et dans
Zozyme, elles ne meritent aucune créance.Acela je réponds que comme ces deux
Ecrivains vivoient dans un siecle peu
éloigné de celui d'Alexandre , il ne faut
point douter qu'il n'eussent devant eux
les Mémoires de quelques uns des cinq ou
( a ) Je croirai , si l'on veut , que Taurin et Urane aété le même ; rien n'empêche de lesdistinguer.
six
1718 MERCURE DE FRANCE
amis
six Auteurs qui avoient écrit les évenemens du regne de ce Prince , et dont l'éloignement des temps nous a privez Au
reste , ce que Dion rapporte de lui - même
personnellen ent , marque assez l'appré- hension où Al xandre étoit de voir ses
rsécutez ; et peut être aussi de se P
voir lui- même livré au caprice des Soldats. Or je demande si avec de tels soupçons , un Prince peut passer pour avoir
tou ours mené une vie tranquille , si on
peut dire que son regne a été paisible, et
que lui même gouvernoit ses Sujets avec
puissance et empire.
Si donc l'on trouve du foible dans la
maniere dont il se conduit , pour écarter ce qui se tramoit en faveur d'Ovinius,
P'on pourroit l'attribuer aux con eils timides de sa mere : Mais non ; il semble
au contraire que ce fut un trait de prudence qui le fit agir ainsi, Les Prétoriens,
dont l'autorité étoit enracinée dansRome,
avoient conçu une telle haine contre
Mammée , et par conséquent contre son
fils , que tout éroit à craindre de leur
part. Dès qu'ils croyoient voir dans le Sénat quelque Sujet propre à être élevé à
l'Empire , ou , pour mieux dire , à condescendre à leurs volontez , ils ne manquoient pas de ménager des pratiques
sour
D
AOUST. 1732. 1719
sourdes , pour faire déclarer Rome en sa
faveur. Ovinius convenoit apparemment
à leur dessein , et il se trouva disposé à
y concourir. Alexandre en étant averti ,
crut le prévenir , non en se défaisant de
lui , à force ouverte , mais en faisant semblant d'entrer dans les vûës des Prétoriens , jusqu'à ce qu'il trouvât le moment
favorable de perdre son concurrent.Ayant
été averti d'un remuëment , de la part de
certains Barbares , il se servi. de cette occasion pour faire connoître à toute l'armée jusqu'où s'étendoit la force et la vigueur de cet homme si désiré . Il l'associa
donc à l'Empire , avec quelqu'une au
moins des solemnitez ordinaires ; mais
pour le faire en même temps tomber
dans le mépris , et montrer combien il
étoit peu digne de lui être con paré ; il
lui proposa d aller avec lui à la guerre
qui se présentoit à faire contre les Barbares , prévoïant bien qu'il n'oseroit le lui
refuser , mais que délicat comme il étoit,
il ne pourroit jamais résister aux fatigues
dont il lui donneroit l'exemple , et que
son entreprise tourneroit à sa confusion.
En effet , la chose réüssit , comme Aléxandre l'avoit prévû , et par là l'Empereur se vit délivré d'un ennemi qui cassa
d'être dangereux dès qu'il commença à
·
être.
1720 MERCURE DE FRANCE
être méprisé. Ce tour de politique est- il
donc si ridicule et si hors de vrai-semblance que l'assure le Critique d'Orleans?
Pour moi j'y vois toutes chose admirablement bien concertées , pour venir à bout
de décrier Ovinius ; et cela me rappelle le
souvenir d'un artifice assez semblable dont
usa , quelques années auparavant, l'Empereur Septime- Severe, à l'égard d'Albin.
Ce Prince voïant qu'Albin qui descendoit d'une ancienne Maison , étoit aimé
du Sénat, n'osant l'attaquer à force ouverte , fit mine de vouloir l'associer à
l'Empire , et lui écrivit à cet effet des Lettres très-affectueuses en apparence ; mais
en même- temps il chargea secretement
ceux qui les lui porterent de sa part,de se
défaire adroitement de lui; et s'il n'y réüssit pas , ce ne fut pas sa faute. Je pourrois aussi produire d'autres exemples de
tours de politique plus semblables à celui
qu'employa Alexandre , et aussi plus récens. Mais je croi m'être assez étendu sur
cet article , pour persuader à mon adversaire que ce n'est pas sans fondement que
je regarde l'expedient rapporté par Lampride , comme ayant été réellement et
véritablement mis en usage. J'avouë, avec
lui , qu'il n'y a aucune apparence qu'Alexandre cut voulu dans de pareilles circons-
AOUST. 1732. 1721
Constances abandonner à Ovinius , la conduite de son armée; c'eut été le comble de
l'imprudence. Aussi n'est-ce pas le sens
qu'il faut donner au texte de l'Historien .
Monsieur de Tillemont l'a induit en erreur , par la traduction qu'il a faite de ce
texte Latin , en ces termes : Alexandre
offrit à ( Ovinius Camillus de l'y mener
avec lui , s'il n'aimoit mieux y aller lui
seul. Dans ce texte,ainsi conçu ; vel ipsum
si vellet, ire, vel ut secum proficisceretur, bortatus est , la particule vel, doit être prise
non disjonctivement , mais conjonctivement c'est-à- dire pour et , comme dans
une infinité d'autres endroits des Auteurs de l'Histoire Auguste. Monsieur de
Saumaise l'a remarqué plusieurs fois , et
entr'autres sur Lampride, par cette petite
notte; (vel pro et ; quod sexcentis locis apud
hos autores observavimus ) ( a ) Icy P'Hi
torien en a usé de la sorte , d'autant pl
volontiers que la répetition de la part.
cule et qu'il avoit employée peu aupara
vant , et qui revient peu après , auroi
été trop désagréable. ( b ) Lampride a
donc seulement donné à entendre qu'Alexandre invita Ovinius à aller à la Guer-
( a ) Edition de 1620. pag. 184.
(b) Voyez le Mercure d'Oct. 1731. pag. 2338.
C
1722 MERCURE DE FRANCE
re contre les Barbares , et même à faire
le voyage avec lui.
Je n'étois aucunementobligé de désigner
l'habitation de ces Peuples , lorsque je fis
ma premiere Lettre adressée aux Auteurs
du Mercure, dans le mois de May dernier,
n'y d'ajouter dant la seconde , pour plus
grande explication, que l'expedition Ġermanique , qui suivit l'association , se rapportoit à celle où Varius Macrinus se signala dans Pillyrie; et j'aurois pû me borner au simple texte de Lampride , qui ne
les nomme qu'en général , sous le nom
de Barbares. Mais m'étant reposé sur
l'exactitude qu'on attribuë à M. de Tillemont , j'ai cru avec lui, qu'il s'agissoit de
l'expédition qui se fit par Alexandre,contre les Germains , dont le triomphe qui
suivit est marqué chez Occo , sur une
Médaille d'argent en ces deux mots DE
GERMANIS , avec cette note chronologique TR. P. VIII.cos. III. La Victoire étant
rapportée à l'an 229. de Jesus- Christ , il étoit assez naturel de croire que la guerre
cut pû commencer en 228. c'est ce qui
-me déterminoit à faire partir en cette
année Ovinius avec Alexandre. Mais depuis , j'ai fait réfléxion sur un discours
fit Alexandre à ses Soldats étant à An- que
tioche l'an 233 , lorsqu'il les conduisoit
contre
AAOUST. 1732 1723
contre la Perse L'Empereur voulant éteindre les semences de sédition qui se formoient dans son armée, rappella à ses anciens Soldats l'usage qu'on leur avoit enseigné de faire de leur voix , d'abord
contre les Sarmates , ensuite contre les
Germains , et enfin contre les Perses ,
ajoutant qu'il étoit étonnant qu'ils voulussent s'en servir contre celui qui leur
fournissoit la nourriture,les vétemens, &c.
Qui in concione estis , leur dit- il , vocem in
bello cantra hostem , non contra Imperatorem
vestrum necessariam , certè Campidoctores
vestri hanc vos docuerunt contra Sarmatas et
Germanos ac Persas emittere , non contra eum
qui acceptam à Provincialibus annonam ,
qui vestem , qui stipendia vobis attribuit.
Monsieur de Tillemont n'ayant traduit
dans notre langue qu'une partie de ce dis- cours , n'a pas fait sentir que les Sarmates
ysont nommez en premier lieu , et les
Germains ensuite. Ce fut donc l'occasion.
de l'irruption des uns ou des autres de ces
Barbares qu'Alexandre saisit , pour convaincre les Soldats , combien ils se connoissoient peu en vrai mérite , lorsqu'ils
marquoient quelque inclination d'obéïrà
Ovinius. L'Empereur qui étoit jeune , af
fecta apparemment d'aller exprès à pied,
afin de faire succomber son concurrent
Cij Sous
1924 MERCURE DE FRANCE
sous la fatigue, et il en vint à bout en peu
de jours. Comme il est évidenr qu'Alexandre dans le discours qu'il tint à ses
Troupes , les faisoit ressouvenir par ordre des temps de toutes les Campagnes
qu'ils avoient faites; il est necessaire de
placer celle de Sarmatie la premiere ; et
par consequent comme celle de Germanie est de l'an 229 , au plus tard ; on doit
celle que qui se fit contre les
Sarmates a dû être aussi au plus tard l'an
convenir
228.
On ne peut pas assurer si Alexandre
alla en personne jusques dans la Sarmatie; c'est un fait qu'Acolius auroit sans
doute éclairci par le moyen de son livre
des Voyages de cet Empereur. Mais ses
Mémoires étant perdus , on doit se contenter de sçavoir simplement que la premiere guerre que cet Empereur eut à soutenir, fut contre ces peuples. Il seroit fort
à propos , je l'avoue , que quelque Médaille vint au secours de la notice que je
prétends tirer en faveur de cette guerre
Sarmatique , du discours qu'Alexandre
tint à ses Soldats , de méme que nous en
avons une qui constate celle de Germanie. Mais il ne faut point désesperer d'en
trouver quelquejour où la victoire sur les
Sarmates sera rapportée à l'une des 6 premieres
AOUST. 1732 1725
,
mieres années du regne d'Alexandre ,
pourvû que l'on soit plus soigneux de les
conserver , que ne l'a été un Orfévre de
notre Ville , qui au mois de Juin dernier,
en ayant acheté d'un passant un grand
nombre d'argent , du regne de cet Empereur et des autres Princes qui lui succederent , les fondit une demie - heure
après, sans qu'on ait pû en sauver qu'une
seule d'Alexandre. Ces monumens,moins
sujets aux accidens que les livres, peuvent
suppléer en quelque sorte , à ce que nous
- sçaurions plus en détail , si nous avions
en original les Memoites que Septimius ,
Acolus , Encolpe , Gargilius-Martialis
Marius Maximus , Aurele- Philippe et
encore d'autres témoins oculaires avoient
dressés touchant le regne de cet Empereur. Cette guerre Sarmatique s'offre icy
d'autant plus à propos,avant celle de Germanie , que plus elle sera rapprochée du
regne d'Alexandre , plus on sera fondé à
suivre l'explication que Saumaise a donnée au texte de Lampride , et à dire avec
lui que ce fat Alexandre même qui donna ordre de tuer Ovinius dans l'une de
ses terres , où il demeuroit depuis long- temps,
et à ne pas rejetter , sans necessité , cette
mort sur l'Empereur suivants tutum ad
Willas suas irepræcepit in quibus DIU VIXIT,
C iij
K
sed
1726 MERCURE DE FRANCE
sed post , jussu Imperatoris occisus est. Depuis la remarque que vous , Monsieur ,
m'avez fait faire , après Saumaise , que
tout Historien qui dit simplement l'Ēmpereur , entend celui dont il écrit l'histoire , et non son successeur; je ne panche
plus en aucune maniere pour le sentiment que M. de Tillemont insinuë.
M. P. d'Orleans a proposé le silence de
deux Ecrivains contemporains à Alexandre ; sçavoir , Dion et Hérodien , comme
un grand argument contre l'histoire de
l'association d'Ovinius, Mais il faut d'abord retrancher de ce nombre l'Historien
Dion , pour plusieurs considerations. La
premiere est , que nous avons perdu le
livre de son histoire, qui comprenoit une
partie duregne d'Alexandre; car nous n'en
avons qu'un abregé des plus succincts ,
fait par Xiphilin , lequel a retranché ce
qui lui a plus la seconde est , que si
l'association d'Ovinius s'est faite dans le
temps que Dion a renfermé dans son Histoire , c'est-à-dire , avant l'an 229 , comme je n'en doute aucunement , Xiphilin
a voulu la comprendre sous ces termes
generaux qui se trouvent dans son abregé: Per id tempus multe rebelliones facta
sunt à multis quarum aliquot , quum fuissent formidolosa , repressa ac restrincta sunt.
Les
AOUST. 1732. 1727
Les sourdes pratiques d'Ovinius pour par
venir à l'Empire, sontsans doute du nom
bre de ces rebellions dangereuses qui furent réprimées par Alexandre. Can Ovinius rebellare voluisset tyrannidem affecians,
dit Lampride.
ро
Qu'importe , en effet , de quel moyen
on se serve pour réussir à étouffer une rebellion formée secretement , force ou
adresse , pourvu qu'on parvienne au bur
qu'on s'est proposé. Alexandre usa de
litique, de même qu'il venoit de faire unt
peu auparavant , incontinent après le
meurtre d'Ulpien son favori. Le même
Dion dit que la raison pour laquelle Epagathe , Auteur de ce meurtre , ne fut
point puni sur le champ et pourquoi
l'Empereur parut dissimuler la peine que
lui faisoit cette action , fut la crainte qu'il
eut d'exciter une émotion dans Rome.
Epagathus qui Vlpiano magna ex parte
causa necis fuerat , missus est in Ægyptum,
ut Præfectus ejus Provincia , ne forte si de eo
Rome supplicium sumptum esset , tumultus
aliquis connectaretur; atque inde reductus in
Cretam , condemnatus est. Per id tempus , et
le reste , comme cy- dessus.
Quelque année que l'on choisisse entre les six premieres du regne d'Alexandre,
pour placer la mort d'Ulpien , il est évi- C iiij dent
7728 MERCURE DE FRANCE
dent que la rebellion d'Ovinius ne tarda
gueres à suivre cet évenement. On doit
aussi placer vers ce temps-là les procla
mations des autres Augustes dont j'ai parlé plus hauts et le texte de Dion le demande.
A l'égard d'Herodien , ce n'est rien
moins qu'un Auteur exact , suivant les
Critiques et suivant M. de Tillemont
même. Aussi le reprend-il très-souvent ;
ainsi sans entrer dans le détail, qu'il mesoit
permis de renvoyer M. P: à la table de
son troisiéme volume de l'Histoire des
Empereurs. Lampride pareillement , qui
avoit l'ouvrage d'Herodien sous les yeux,
en faisant la vie d'Alexandre , est obligé
de le corriger , lorqu'il contredit les Annales de la Ville de Rome , et tous les
Auteurs contemporains , qui étoient plus
à portée que lui d'examiner les démar
ches de cet Empereur , et sa maniere de
vivre. Cet Historien Grec a pû être mieux
informé de quelques- unes des choses qui
se passerent en Orient , mais il n'eut pas
les mêmes facilitez pour apprendre tout
ce qui arriva dans l'Occident. Il en raconta des Histoires autrement qu'elles n'étoient , et il en obmit plusieurs qui ne
vinrent point à sa connoissance , même
de celles qui regardent l'Orient.
S'il
AOUST. 1732. 1729
S'il falloit n'admettre que ce qu'il a inseré dans son Ouvrage , il faudroit effacer
de la vie d'Alexandre la révolte des Troupes de Mésopotamie , contre Flavius Heracleon , leur Commandant, dont Dion a
parlé; il ne faudroit rien croire du meurtre d'Ulpien, rapporté par le même Dion.
Si Herodlen a obmis l'association d'Ovinius , il a aussi passé sous silence la victoire sur les Germains, remportée en 229,
dont les Médailles ont conservé la mémoire ; il n'a pas fait là moindre men--
tion du triomphe glorieux d'Alexandre ,
au retour de la guerre de Perse. Loin de
cela ,on croiroit à le lire , que l'Empëreur confus de n'avoir pû vaincre Arta--
xerxes , vola brusquement d'Antioche sur
les bords du Rhin ,, pour l'éxpédition
d'Allemagne ; confectoque celeriter itinere
consistit ad Rheni ripas. Il ne dit rien non
plus de l'élevation de Taurin et d'Urane
à l'Empire. Faut-il donc s'étonner s'il en a
fait autant d'Ovinius.
Je ne m'étendrai point à refuter la proposition extraordinaire par laquelle M. P.
avance,qu'à moins que les faits que Lam--
pride a tirés des Historiens contemporains
d'Alexandre , ne se rencontrent ailleurs ;
on est toujours bien reçu à les rejetter.
Javoiie que ce principe est très- commode
G. v pour
1730 MERCURE DE FRANCE
pour n'admettre que ce que l'on veut. Il
suffit de l'exposer , pour faire voir à quel
dégré d'incrédulité il conduiroit les Lecteurs , s'ils en étoient susceptibles , et il
n'est pas difficile de prévoir qu'après l'avoir admis , à l'égard des Historiens du
Paganisme,on pourroit bien l'étendre sur
d'autres , d'une importance bien plus
grande. Je suis donc d'avis, comme vous,
Monsieur , que loin de rejetter le témoignage des Auteurs réunis ensemble , dans
la compilation de l'Histoire Auguste ,
tout imparfaits qu'ils sont; la raison veut
qu'on y ajoute foy , comme à toute autre
Histoire , à moins qu'il n'y ait des motifs
très-pressans de s'en écarter, et des objections qui soient sans replique.
La derniere objection de M. P. contre
l'association d'Ovinius à l'Empire , consiste en ce qu'il ne se trouve aucune Médaille qui fasse mention de lui,ni aucune
Loy où son nom soit marqué. Mais fait- il
attention , que selon l'Historien sur lequel nous nous fondons , cette association fut de très peu de durée , et qu'Ovinius fatigué du métier de la guerre , au
bout de trois ou quatre jours de marche,
abdiqua l'Empireset qu'Alexandre l'ayant
aussi- tôt confié à des Soldats , de la fidèlité desquels il étoit très-sûr,le fit conduire
dans
AOUST. 1732. 1731
dans ses terres, où il vécut en simple particulier. Quoiqu'on ne puisse gueres dou
ter qu'il n'y ait eu quelques Médailles
à l'occasion de l'association d'Ovinius
il n'est pas extraordinaire qu'il ne s'en
trouve point aujourd'hui. Combien y en
a-t-il eu qui n'existent plus , et combien
n'en reste- t- il pas encore à découvrir? On
donne communément trois femmes à Alexandre Severe ; où sont les Médailles des
deux dernieres ? Où est celle qui fut sans
doure frappée pour le triomphe de cet
Empereur. L'Histoire ne nous apprend- elle pas que certaines personnes ont porté le titre d'Empereur , sans qu'il en reste
des Médailles, ou du moins dont on n'en a
que de tres douteuses. Tel est un Jotapianus , un Lucius - Priscus , un JuliusValens , un Perpenna- Lucinianus, un Firmius , &c. S'il ne se trouve point de Médailles de tous les Princes dont l'Histoire
fait mention , il faut aussi avouer que les
Médailles nous ont conservé le nom de
quelques Princes , qui sans cela ne seroient point connus, les Livres qui en
pouvoient traiter ayant été perdus. Tel
est un Pacatianus , un Nigrianus, une Bar
bia Orbiana , &c. On ne peut donc point
conclure avec certitude, qu'un Prince n'a
point existé , de ce qu'on ne trouve poinɛ Cvj son
1732 MERCURE DE FRANCE
son nom sur les Médailles qu'on a aujourd'hui,ou qu'il ne paroît pas dans les Hitsoriens ,parce qu'on a perdu beaucoupde mo
numens en l'un et en l'autre genre. On peut
encore moins le conclure de ce que son
nom n'est dans aucune Loy. Cette raison
est des plus frivoles dans l'affaire d'Ovinius. Il peut se faire qu'il n'y ait eu aucune
Loy expédiée , du moins qui soit parve
nue jusqu'à nous , pendant le court inter valle de son association. Si donc il se rencontre des vuides considérables , sans promulgation de Loix , pendant les années ,
à l'une desquelles on est obligé de fixer
cette association , l'argument de M. P.
n'est d'aucun poids , et il tombe de luimême.
nuë
Quoique jaye accordé à M.P. qu'une
Inscription votive, de l'an 228. qui porte
ces mots: Pre salute Dominorum, pourroit
s'entendre plus naturellement de l'Im
pératrice Mammée , avec son fils ; je n'abandonne point cependant tout-à- fait la
part qu'Ovinius peut avoir dans ce nom
bre plurier; parce qu'à la lecture de Dion,
tout abregé qu'il est par Xiphilin ; on
voit clairement que la mort d'Ulpien n'a
pas dû précéder de beaucoup de temps le
Consular du même Dion , qui fut sûrement l'an 229. Il faut donc mettre certe
mort
A' O UST. 、 1732. 1733
mort vers la fin de l'an 227 , ou au commencement de 228. Or comme , selon le
même Dion , l'intervalle entre ces deux
époques fut celui pendant lequel se for- merent diverses rebellions : Multa rebelLiones à multis celle d'Ovinius ayant été
l'une des plus dangereuses, il paroît qu'on
doit toujours la rapporter à l'an 228 ; et que
par conséquent son association seroit du
même-temps, et sous le Consulat de Mcdeste et Probus. C'est ce qu'il faut esperer
que la postérité verra un jour éclairci par
les Médailles , dont on fera la découverte, ou par d'autres monumens plus en- tiers que n'est celui d'Auxerre. Au reste
cet Ovinius-Camillus estsi peu une chime
re et unpersonnage fabriqué par Lampride, ou par quelque Ecrivain posterieur
selon le jugement de Tristan , que ce celebre Antiquaire le croit fils d'un autre
Ovinius-Tertullus , Président de la Mysie inférieure , auquel fut adressé un Réscrit très-connu dans le Droit , et qui a
fait donner le nom de : Ad Senatus Consulium Tertullianum , au tit . 17 du 38 liv.
du Digeste. Les Deux Empereurs qui y
sont nommez , sont Septime Sévére , et
Caracalla , son fils ; et le Jurisconsulte ,
qui cite le Réscrit, n'est autre que le fameux Ulpien , dont j'ai déja parlé plu- sieurs
1734 MERCURE DE FRANCE
sieurs fois. Je vous ai , Monsieur , l'obligation de cette remarque , qui n'est pas
icy hors de propos , et qui fait voir en
même- temps, qu'en lisant les Loix, vous
ne perdez aucun des fruits qu'on en peut
tirer pour la littérature. Comme les Livres du Droit sont moins suspects de
falsification que les Livres d'Histoire ,
j'espere que mon Adversaire aura assez
d'équité pour ne pas prétendre que la
généalogie , indiquée par Tristan , pêche
jusques dans sa source. Il faut qu'il convienne au moins que le nom d'Ovinius
ne se rencontre guéres ailleurs qu'en ces
-deux endroits. De mon côté , si le tout
est controuvé et fabriqué à plaisir , j'avouerai que la manufacture d'Ecrivains ,
Imaginée par quelques modernes , a eu
des correspondances admirablement bien
soûtenues par tout l'Occident , pour y
faire trouver en tous lieux , dans le Corps
du Droit , un Ovinius- Tertullus , Pere
environ l'an 200 , et dans la compila
tion de l'histoire Auguste , un OviniusCamillus , fils , l'an 228. ou environ.
AAuxerre , ce 26 May 1732
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Résumé : DEFFENSE d'un Trait Historique de Lampride sur Ovinius Camillus, adressée à M. Bouhier, President au Parlement de Dijon.
La lettre adressée à M. Bouhier, président au Parlement de Dijon, traite de l'interprétation d'une inscription découverte près de Dijon. L'auteur, Defens, reconnaît qu'il existe plusieurs explications possibles pour le terme 'PRO SALUTE DOMINORUM'. Il mentionne qu'un individu d'Orléans, se faisant appeler D.P., a proposé une autre interprétation, contestant l'association d'Ovinius Camillus avec l'Empire d'Alexandre Sévère. Defens défend l'autorité de Lampride, l'historien qui rapporte cette association, et souligne que les circonstances politiques de l'époque rendent cette association plausible. L'Empire d'Alexandre Sévère fut marqué par des soulèvements et des menaces internes, justifiant la prudence d'Alexandre en associant Ovinius à l'Empire pour apaiser les Prétoriens. Le texte discute également de la stratégie politique d'Alexandre Sévère visant à discréditer Ovinius, un rival potentiel. Alexandre proposa à Ovinius de l'accompagner en guerre contre les Barbares, anticipant que ce dernier ne pourrait supporter les fatigues du voyage. Cette manœuvre réussit, permettant à Alexandre de se débarrasser d'un ennemi dangereux. Le texte compare cette stratégie à celle utilisée par Septime Sévère contre Albin, soulignant l'efficacité de telles tactiques politiques. Une controverse sur l'interprétation d'un passage de Lampride est également abordée. Monsieur de Tillemont avait traduit ce passage de manière erronée, suggérant qu'Alexandre avait offert à Ovinius de conduire l'armée seul. Cependant, la particule 'vel' dans le texte latin doit être interprétée comme 'et', indiquant qu'Alexandre invita Ovinius à se joindre à lui en guerre. Le texte mentionne les campagnes militaires d'Alexandre contre les Sarmates et les Germains, soulignant leur importance dans la consolidation de son pouvoir. Il discute également de la fiabilité des historiens contemporains, comme Dion et Hérodien, notant leurs omissions et erreurs. L'auteur affirme que l'association d'Ovinius avec Alexandre est un fait historique, malgré les silences de certains historiens. Le Mercure de France, daté de 1730 à 1734, défend l'idée que les témoignages des historiens, même imparfaits, doivent être pris en compte. L'auteur réfute l'objection de M. P. concernant l'association d'Ovinius à l'Empire, soulignant que cette association fut de courte durée et que l'absence de médailles ou de lois mentionnant Ovinius n'est pas une preuve de son inexistence. Il argue que de nombreux monuments et documents historiques ont été perdus ou ne sont pas encore découverts. L'auteur conclut que l'on ne peut pas conclure avec certitude à l'inexistence d'un prince en l'absence de preuves contemporaines. Il discute également de l'inscription votive de l'an 228 et de la généalogie d'Ovinius, citée par Tristan, ainsi que de la présence du nom Ovinius dans les lois et l'Histoire Auguste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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59
p. 1776-1781
Deffense du Franc-Aleu, &c. [titre d'après la table]
Début :
DEFFENSE du Franc-Aleu du Païs de Provence. A Aix [...]
Mots clefs :
Provence, Franc-Aleu, Pays de droit, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Deffense du Franc-Aleu, &c. [titre d'après la table]
DEFFENSE du Franc-Aleu du Païs de
Provence. A Aix , chez Joseph David.
Brochure in 4.
C'est un Factum de la Provence , contre le Fermier du Domaine , qui prétend
assujettir toute cette Province à la Seigneurie directe du Roy. Le but de cet
Ouvrage est de prouver que la Provence
est un Païs de Franc- Aleu roturier de
nature , sur lequel nul Seigneur, le Roy
même, ne peut prétendre aucune directe
s'il ne rapporte des titres de la mouvance.
L'Ouvrage entier contient 295. pages ,
il est distribué en cinq Parties outre l'Exorde et l'état de la question , où l'Auteur
A O UST. 1732. 1777
teur pose quelques définitions et quelques principes generaux pour servir à la
décision de cette question. Chaque partie est divisée en plusieurs Paragraphes ,
autant pour le soulagement du Lecteur ,
que pour l'éclaircissement des matieres.
Dans la premiere Partie qui sert de
fait , l'Auteur parcourt toutes les differentes dominations sous lesquelles les
Provençaux ont vécu avant que d'appar--
tenir à la France. Ce morceau d'Histoire
appuyé sur le témoignage de plusieurs
bons Auteurs , sur le Corps de Droit ,
est curieux. Vient ensuite un Extrait du
Testament de Charles d'Anjou , 23 et
dernier Comte de Provence , en faveur
de Louis XI. Roy de France. Ce Testament , qui est le titre de la réunion de
la Provence à la France , est de l'année
1481. l'Auteur détaille toutes les poursuites , toutes les procedures qui se sott
faites entre les Procureurs du Païs et les
differens Fermiers du Domaine , tant au
Conseil du Roy, qu'au Parlement d'Aix ,
pardevant les Commissaires et en la
Chambre du Domaine. Les Procureurs
du Païs sont les Agens generaux des Affaires de la Province.
Cette seule Partie suffiroit pour écarter
la prétention du Fermier et pour se dé- Ev ter-
1778 MERCURE DE FRANCE
terminer en faveur de l'Avocat Provençal , puisqu'on y trouve la question résolue définitivement et contradictoire
ment par des Edits , des Lettres Patentes,
suivies de Déclarations du Roy , et par
des Arrêts du Conseil , en consequence
desquels la Provence a payé des Taxes
considerables , dont il a plu au Roy de
charger en differens temps les Païs de
Franc Aleu de nature.
Dans les quatre autres Parties , l'Auteur établit ses principes et ses preuves ,
répond aux objections que le Fermier
tire ou des faits ou des textes du Droit .
et contredit les Pieces produites par ce
Fermier. Il s'attache dans la seconde Partie à prouver que cette maxime , ou pour
parler plus exactement ce vieux Proverbe François , nulle Terre sans Seigneur
ne peut avoir lieu en Provence ni en aucun Païs régi par le Droit Ecrit , si ce
n'est la Jurisdiction. Il passe plus
avant , il prétend même qu'en Païs Coutumier on ne peut donner à ce Proverbe
plus d'extention , et que pour que dans
les Provinces de Coûtume on adjuge au
Seigneur la directe , il faut qu'il rapporte un titre ou qu'il y ait une présomption en sa faveur qui vaille titre ; c'està- dire qu'il faut que le Seigneur air un
pour
Territoire
AOUST. 1732. 1779
Territoire circonscript et limité , qu'il y
possede toutes les Terres en friche ou
incultes , qu'il y ait une directe répandue en tous les quartiers et sur plus de la
moitié du Territoires qu'alors on présume
que le Seigneur a la directe sur tout le
Territoire. Il appuye cette doctrine par
les Auteurs et réfute les autoritez sur les
quelles le Fermier s'appuye.
*
Dans la troisiéme proposition il prouve que la Provence est un Païs de Droit
Ecrit , et que le Droit Romain ne reconnoît point de directe , qu'il n'admet
que le Franc- Aleu.
Dans la quatrième et dans la cinquié
me , il rappelle les faits qu'il a établis
dans la premiere, il rapporte les Pieces
qu'il adétailléesdans cette premierePartie.
Il est aisé de juger par cet abregé des
quatre dernieres Propositions,que ce n'est
qu'une application un peu étendue de
ce qui a été dit dans la premiere.
Et pour donner en peu de mots une
idée juste de tout l'Ouvrage, il suffit de
dire que l'Auteur se propose de prouver
que la Provence est un Païs de Franc
Aleu. Voici ses preuves.
1. La Provence a de tout temps été
et est encore régie par le Droit Ron
Un des principaux effets du Droit Ro
E vj mainy
1780 MERCURE DE FRANCE
main est de rendre tous les heritages
allodiaux, et de rejetter toute directe sans
titres. Par cette seule raison le Languedoc a été maintenu dans le Franc- Aleu,
2°. Toutes les differentes dominations
que les Provençaux ont éprouvées n'ont
point alteré ce droit d'être reglé par le
Droit Romain , ni de tenir leurs Terres
en Franc-Aleu.
"
39. La Provence n'a été réunie à la
France qu'à la charge d'entretenir tous
ces Privileges.
4. En effet , Louis XI. Charles VIII.
Louis XII. et tous les Rois jusqu'à Louis
XIV. l'ont confirmée dans ces Privileges.
5. Les Fermiers ayant inquieté ce
Païs, il a été maintenu dans le Franc- Aleu
de nature , par des Edits , des Lettres Patentes , des Déclarations du Roy duement enregistrées , par plusieurs Arrêts
du Conseil contradictoires, avec les Fermiers et les Officiers du Domaine. Il a
payé en differens temps des Taxes considerables pour être conservé dans ce
droit. Il a été déchargé des taxes imposées sur les biens du Franc- Aleu de Privilege , comme joüissänt du Franc-Aleu
de nature.
6. Enfin la possession revêtuë de ces
caracteres , suffiroit seule pour établir son
droit,
Ces
AOUST. 1732. 1781.
Ces propositions , prouvées dans une
juste étenduë, ne permettent pas de douter du grand travail et de la capacité de l'Auteur.
Provence. A Aix , chez Joseph David.
Brochure in 4.
C'est un Factum de la Provence , contre le Fermier du Domaine , qui prétend
assujettir toute cette Province à la Seigneurie directe du Roy. Le but de cet
Ouvrage est de prouver que la Provence
est un Païs de Franc- Aleu roturier de
nature , sur lequel nul Seigneur, le Roy
même, ne peut prétendre aucune directe
s'il ne rapporte des titres de la mouvance.
L'Ouvrage entier contient 295. pages ,
il est distribué en cinq Parties outre l'Exorde et l'état de la question , où l'Auteur
A O UST. 1732. 1777
teur pose quelques définitions et quelques principes generaux pour servir à la
décision de cette question. Chaque partie est divisée en plusieurs Paragraphes ,
autant pour le soulagement du Lecteur ,
que pour l'éclaircissement des matieres.
Dans la premiere Partie qui sert de
fait , l'Auteur parcourt toutes les differentes dominations sous lesquelles les
Provençaux ont vécu avant que d'appar--
tenir à la France. Ce morceau d'Histoire
appuyé sur le témoignage de plusieurs
bons Auteurs , sur le Corps de Droit ,
est curieux. Vient ensuite un Extrait du
Testament de Charles d'Anjou , 23 et
dernier Comte de Provence , en faveur
de Louis XI. Roy de France. Ce Testament , qui est le titre de la réunion de
la Provence à la France , est de l'année
1481. l'Auteur détaille toutes les poursuites , toutes les procedures qui se sott
faites entre les Procureurs du Païs et les
differens Fermiers du Domaine , tant au
Conseil du Roy, qu'au Parlement d'Aix ,
pardevant les Commissaires et en la
Chambre du Domaine. Les Procureurs
du Païs sont les Agens generaux des Affaires de la Province.
Cette seule Partie suffiroit pour écarter
la prétention du Fermier et pour se dé- Ev ter-
1778 MERCURE DE FRANCE
terminer en faveur de l'Avocat Provençal , puisqu'on y trouve la question résolue définitivement et contradictoire
ment par des Edits , des Lettres Patentes,
suivies de Déclarations du Roy , et par
des Arrêts du Conseil , en consequence
desquels la Provence a payé des Taxes
considerables , dont il a plu au Roy de
charger en differens temps les Païs de
Franc Aleu de nature.
Dans les quatre autres Parties , l'Auteur établit ses principes et ses preuves ,
répond aux objections que le Fermier
tire ou des faits ou des textes du Droit .
et contredit les Pieces produites par ce
Fermier. Il s'attache dans la seconde Partie à prouver que cette maxime , ou pour
parler plus exactement ce vieux Proverbe François , nulle Terre sans Seigneur
ne peut avoir lieu en Provence ni en aucun Païs régi par le Droit Ecrit , si ce
n'est la Jurisdiction. Il passe plus
avant , il prétend même qu'en Païs Coutumier on ne peut donner à ce Proverbe
plus d'extention , et que pour que dans
les Provinces de Coûtume on adjuge au
Seigneur la directe , il faut qu'il rapporte un titre ou qu'il y ait une présomption en sa faveur qui vaille titre ; c'està- dire qu'il faut que le Seigneur air un
pour
Territoire
AOUST. 1732. 1779
Territoire circonscript et limité , qu'il y
possede toutes les Terres en friche ou
incultes , qu'il y ait une directe répandue en tous les quartiers et sur plus de la
moitié du Territoires qu'alors on présume
que le Seigneur a la directe sur tout le
Territoire. Il appuye cette doctrine par
les Auteurs et réfute les autoritez sur les
quelles le Fermier s'appuye.
*
Dans la troisiéme proposition il prouve que la Provence est un Païs de Droit
Ecrit , et que le Droit Romain ne reconnoît point de directe , qu'il n'admet
que le Franc- Aleu.
Dans la quatrième et dans la cinquié
me , il rappelle les faits qu'il a établis
dans la premiere, il rapporte les Pieces
qu'il adétailléesdans cette premierePartie.
Il est aisé de juger par cet abregé des
quatre dernieres Propositions,que ce n'est
qu'une application un peu étendue de
ce qui a été dit dans la premiere.
Et pour donner en peu de mots une
idée juste de tout l'Ouvrage, il suffit de
dire que l'Auteur se propose de prouver
que la Provence est un Païs de Franc
Aleu. Voici ses preuves.
1. La Provence a de tout temps été
et est encore régie par le Droit Ron
Un des principaux effets du Droit Ro
E vj mainy
1780 MERCURE DE FRANCE
main est de rendre tous les heritages
allodiaux, et de rejetter toute directe sans
titres. Par cette seule raison le Languedoc a été maintenu dans le Franc- Aleu,
2°. Toutes les differentes dominations
que les Provençaux ont éprouvées n'ont
point alteré ce droit d'être reglé par le
Droit Romain , ni de tenir leurs Terres
en Franc-Aleu.
"
39. La Provence n'a été réunie à la
France qu'à la charge d'entretenir tous
ces Privileges.
4. En effet , Louis XI. Charles VIII.
Louis XII. et tous les Rois jusqu'à Louis
XIV. l'ont confirmée dans ces Privileges.
5. Les Fermiers ayant inquieté ce
Païs, il a été maintenu dans le Franc- Aleu
de nature , par des Edits , des Lettres Patentes , des Déclarations du Roy duement enregistrées , par plusieurs Arrêts
du Conseil contradictoires, avec les Fermiers et les Officiers du Domaine. Il a
payé en differens temps des Taxes considerables pour être conservé dans ce
droit. Il a été déchargé des taxes imposées sur les biens du Franc- Aleu de Privilege , comme joüissänt du Franc-Aleu
de nature.
6. Enfin la possession revêtuë de ces
caracteres , suffiroit seule pour établir son
droit,
Ces
AOUST. 1732. 1781.
Ces propositions , prouvées dans une
juste étenduë, ne permettent pas de douter du grand travail et de la capacité de l'Auteur.
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Résumé : Deffense du Franc-Aleu, &c. [titre d'après la table]
Le document 'Défense du Franc-Aleu du Païs de Provence' est une brochure publiée à Aix par Joseph David. Elle présente un factum de la Provence contre le fermier du domaine royal, qui cherche à soumettre la province à la seigneurie directe du roi. L'ouvrage vise à démontrer que la Provence est un pays de franc-aleu roturier, où aucun seigneur, y compris le roi, ne peut prétendre à une seigneurie directe sans titres de mouvance. L'ouvrage, composé de 295 pages, est structuré en cinq parties, outre l'exorde et l'état de la question. La première partie retrace les différentes dominations sous lesquelles les Provençaux ont vécu avant d'appartenir à la France, appuyée par des témoignages d'auteurs et des textes juridiques. Elle inclut également un extrait du testament de Charles d'Anjou, dernier comte de Provence, en faveur de Louis XI, daté de 1481. L'auteur détaille les procédures entre les procureurs du pays et les fermiers du domaine, soulignant que la Provence a payé des taxes considérables pour maintenir son statut de franc-aleu. Les quatre autres parties établissent les principes et les preuves de l'auteur, répondant aux objections du fermier et réfutant les pièces produites par celui-ci. La deuxième partie contredit la maxime 'nulle terre sans seigneur' en Provence et dans les pays de droit écrit. La troisième partie prouve que la Provence est régie par le droit romain, qui reconnaît le franc-aleu. Les quatrième et cinquième parties rappellent les faits et les pièces déjà détaillés dans la première partie. En résumé, l'auteur soutient que la Provence est un pays de franc-aleu, appuyé par des preuves historiques et juridiques, et confirme que la province a toujours été régie par le droit romain, rejetant toute seigneurie directe sans titres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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60
p. 2389-2397
CINQUIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M le Marquis de B. dans laquelle, à l'occasion d'Oran, et d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle Edition des Oeuvres de Sigonius, &c.
Début :
Je ne vous parle plus, Monsieur, d'Oran, ni de Marsalquibir. Vous êtes suffisamment instruit [...]
Mots clefs :
Oran, Sigonius, Bibliothèques, République des Lettres, Ouvrage, M. Argelati, Histoire, Antiquité, André Doria
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CINQUIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M le Marquis de B. dans laquelle, à l'occasion d'Oran, et d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle Edition des Oeuvres de Sigonius, &c.
CINQUIEME LETTRE de M. D.
L. R. écrite à M le Marquis de B.
dans laquelle , à l'occasion d'Oran , et
d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle
Edition des Oeuvres de Sigonius , &C.
J
2
E ne vous parle plus , Monsieur , d'Oran ni
de Marsalquibir. Vous êtes suffisamment ins
truit de toutes les circonstances de la conquête
de ces deux Places, et des suites qu'elle a eues jus
qu'à présent. La saison où nous sommes défend
L'attendre d'autres progrès avant le retour du
Printemps. Vous sçavez , sans doute , Monsieur , que dès le commencement du mois de
Septembre la Mer Mediterranée n'est presque
plus praticable du côté de la Barbarie , et qu'il
en coûta cher à l'Empereur Charles V. lorsqu'il
entreprit en personne, au mois d'Octobre 1541 .
La Conquête d'Alger , avec une puissante Flote
qui périt miserablement sur ces Côtes. Laissons
donc pour quelque- tems les Affaires d'Affrique.
Oran sçaura bien- en attendant , se soutenir
avec un si brave * Gouverneur, contre les foibles
efforts des Maures. C'est inutilement qu'ils ont
attaqué depuis quelques tems le Fort de S. André , c'est avec aussi peu de succès qu'ils ont
cru faire une diversion importante en engageant
le Roi de Maroc à faire de nouveaux efforts contre la Ville de Ceuta , efforts favorisez par la
*Le Marquis de Santa-Crux.
D v
déser-
1 2390 MERCURE DE FRANCE
* désertion et par la trahison d'unSeigneur Espagnol , que sa conscience punit peut être déja , et
que le Ciel confondra un jour. Mettons plutôt
Monsieur , à la place d'Exploits guerriers , qui
ne sont pas de saison , quelque chose qui ne soie
guéres moins de votre ressort , et qui puisse vous
Occuper agréablement dans le séjour que vous continuez de faire dans vos Terres.
>
Un sujet se présente ici naturellement , et qui
un raport indirect à celui que je suis obligé de
quitter ou de suspendre. J'ai eu l'honneur de
vous parler dans ma derniere Lettre du Sçavant
Jesuite , Charles Sigonius , Auteur de la vie d'André Doria , et je vous ai dit , ce me semble
qu'il n'est pas aisé d'assembler tous ses Ouvra→
ges , qui sont cependant considérables , cet Au- teur n'ayant traité que de grands sujets et
Payant toujours fait habilement, ils manquent aut
jourdhui dans plusieurs bonnes Bibliotheques , et
les Provinces en sont presque entierement de
pourvûës. Comme je me plaignois de cette disette,
et que je faisois des vœux pour une nouvelle Edia
tion , j'ai été agréablement surpris par la récep
tion d'un Imprimé latin de 8. pages in- 4. pu
blié à Milan il y a quelques mois , qui contient
le plan d'une belle Edition de Sigonius , laquelle
se fait actuellement dans cette Ville. C'est, Monsieur , de quoi j'aurai l'honneur de vous rendre
compte dans ma Lettre d'aujourd'hui.
L'Auteur de cette entreprise est M. Argelati ,
Homme du premier mérite , et des plus connus
dans la République des Lettres , singulierement par la part qu'il à au vaste Recueil des Ecrivains
de l'Histoire d'Italie Il est Directeur de la Sa
*Le Duc de Riperda.
cieté
NOVEMBRE. 1732 2391
cieté Palatine , Académie des plus celébres de
l'Europe , fondée à Milan par le Comte Archin
to , Neveu du Cardinal- Archevêque de ce même ´nom.
M. Argelati commence dans son Ecrit adressé
à tous les Sçavans de l'Europe , par relever le
mérite litteraire de Sigonius , reconnu de tout
le monde sçavant , et le prix de ses Ouvrages ,
imprimez plus d'une fois , tant en Italie que
dans le reste de l'Europe , ce qui n'a pas empê
ché , dit-il , qu'ils ne soient devenus enfin d'une
grande rareté , au regret des habiles gens , et
surtout des amateurs de l'Antiquité. Il y a longtems que notre Sçavant s'étoit proposé de remé
dier à cet inconvenient, en donnant une nouvelle
Edition de Sigonius ; il s'y est enfin déterminé ,
et il a mis la main à l'œuvre dans les conjonctures , et par les considerations énoncées assez au
long dans son Programme que je me dispense de répéter ici.
Je n'obmettrai pas cependant une circonstance bien louable , qui marque un grand désinteressement et un pareil amour pour les Lettres ,
c'est que pour accelerer cette Edition, et pour le
ver toute difficulté , M. Argelati s'est mis en
état de fournir de son propre fonds tout ce qui
peut être nécessaire à l'éxecution de son entreprise , pour ne faire aucun tort aux Membres de
Ja Societé Palatine ni au Public , ne Palatinorum
Sociorum , dit- il , rationes diverterem in aliam causam , vel postrema comuni cura priorem aliquantisperpublico cum incommodo turbarem.
Le premier soin du sçavant Editeur a été de rechercher et d'assembler en un corps , non- seulement tous les Ouvrages imprimez de Sigonius ,
dont quelques-uns sont devenus très-rares , mais
D vj encore
2392 MERCURE DE FRANCE
encore ceux qui n'ont jamais vu le jour : ce qu'il n'a pû faire par lui-même a été éxecuté par des
Amis sçavans et éclairez. Visite de Bibliotheques, d'Archives publiques et particulieres , rien
n'a été oublié ; ce qui a été suivi d'un succès
auquel M. Argelati avoue que la grande réputa tion de Sigonius a eu beaucoup de part , particulierement à l'égard des Ouvrages Manuscrits de
notre Auteur , dont cette nouvelle Edition sera enrichie dans les derniers volumes.
L'ordre et la coutume demandoient de mettre
à la tête de l'Edition un abregé de la vie du celébre Sigonius. Personne ne pouvoit mieux s'en
acquitter , dit M. Argelati , que M. L. A. Muratori , qui outre son rate sçavoir et sa sagacité ,
se trouve être de la même Ville de Modene , Paarie de Sigonius , et par conséquent plus à portée
qu'un autre de prendre des instructions domesiques et sûres. Le succès de ce travail a été audelà de tout ce qu'on pouvoit attendre de M. Muratori. Ceux qui aiment à s'instruire de l'Histoire Litteraire et personnelle de certains Sçavans ,
trouveront, sans doute,de quoi se contenter dans le travail dont il s'est chargé au sujet de Sigonius. Sur quoi M. Argelati lui marque une parfaite reconnoissance.
Le premier volume de la nouvelle Edition commence par les Fastes Consulaires de cet Auteur.
Tout le monde connoît l'importance et la necessité des Fastes Consulaires , on sçait aussi en combien d'embarras et de difficultez ils ont souvent jetté les amateurs de l'Antiquité. On avoit
lieu de croire que cet Ouvrage , si pénible en soi,
avoit été rendu parfait par le travail de Sigonius:
mais comme depuis sa mort , on a déterré quan
tité de Monumens Antiques , et qu'on en désouyre
NOVEMBRE. 1732. 2393
couvre encore tous les jours , on s'en est servi
pour perfectionner encore davantage , pour corriger même en plusieurs endroits l'Ouvrage du docte Ecrivain, C'est un soin dont a bien voulu
se charger , à la priere de M. Argelati , le R. P.
Joseph- Marie Stampa de Côme , Clerc Régulier
de la Congrégation des Somasques , qui a fait entrer dans cette Edition toutes les Observations
des plus célebres Critiques sur le sujet en question, sçavoir celles du P. Petau, de Pighius , d'Almelowen , qui ont plus servi à confirmer qu'à
corriger les Fastes de Sigonius , celles de Mezabarba , du P. Pagi , de M. de Tillemont , du P. Blanchini , et suivant l'ordre des tems , celles
du Cardinal Noris , de M. Reland , de Cuspinien , et de Panvinius , sans oublier les propres
Observations du P. Stampa , qui n'a pas toujours
souscrit à toutes les Remarques de ces grands
Critiques , et qui a donné de son fonds une belle
Dissertation préliminaire , et d'autres Discours
remplis d'érudition sur cette matiere , à quoi il
faut ajoûter la continuation des mêmes Fastes ,
qu'il a conduits depuis la mort d'Auguste , Epoque où Sigonius s'étoit arrêté , jusqu'à l'Empire
de Diocletien et de Max imien. Autre Epoque où
commence un second Ouvrage de notre Auteur,,
dont on va parler , et qui acheve de remplir le
premier Tome.
Cet Ouvrage , divisé en plusieurs Livres , est
tout historique , et regarde l'Empire d'Occident ,
de Occidentali Imperio. Il a été revû et illustré
par un sçavant Benedictin du Mont- Cassin, nommé le P. Dom Janvier Salinas , Napolitain.
M. Arlegati fait ici un court éloge de la capacité
de ce Religieux , dont le travail immense doit Stre
2394 MERCURE DE FRANCE
1
être d'un grand secours
à ceux qui étudieront cet
autre Quvrage de Sigonius
.
Le second Volume contiendra en XX
. Livres
P'Histoire du Regne d'Italie
, de REGNO ITALIE
C'est la revision de ce grand Ouvrage
, qui occupe actuellement M. Argelati , aidé des lumieres et du travail infatigable de M. Joseph- Antoi
ne Saxi
, Préfet de la Bibliotheque Ambroisienne. Ce travail sera sans doute d'une grande utilité à cette partie de l'Edition de Sigonius , on
en peut juger par le témoignage qu'en rend l'Editeur , il est magnifique et fort étendu dans le
Programme Latin
.
,
M. Argelati déclare ensuite qu'il n'a fait encore aucun arrangement à l'égard des autres
Ouvrages de Sigonius
, mais que chacun de ces
Ouvrages paroîtra dans cette Edition avec les
Notes et les Observations qui lui conviennent
soit anciennes et déja publiées
, soit nouvelles et
fournies par de sçavans Hommes
. Par exemple
,
à l'égard des Traitez intitulez de Antiquo Jure Civium Romanorum , Italia ac Provinciarum,
de Judiciis. De Binis Comitiis et Lege curiata.
On aura dans la nouvelle Edition
, non
-seulement les Annotations de Grævius , répandues
dans son Trésor des Antiquitez Romaines
, mais
encore les Prolegomenes du sçavant Horatius
Blanci
. Jurisconsulte Romain
, et les Commentaires suivis de Jean Maderni de Milan , autre
fameux Jurisconsulte
.
,
et.
Pour ce qui regarde les Livres de Atheniensium,
eorumque ac Lacedamoniorum Temporibus
, P'Illustre Editeur nous apprend qu'ils ont occupé la
capacité d'un Homme de Lettres des plus versez dans la connoissance des Langues Orientales , et
dans celle de l'Histoire
, lequel s'est enfin renda
NOVEMBRE. 1732. 2395
du à ses instances réïterées , à condition qu'il ne
seroit point nommé ; rare exemple de modestie , consentant avec peine qu'on nommât seulement la Compagnie de Jesus , dont il est mem
bre. Surquoi M. Argelati prend occasion de
marquer en ces termes , sa reconnoissance generale et particuliere : Hoc erit perpetua laudis argumentum; nam sicut cœtus iste Lucidissimas quot in cœlo stellas doctrinarum omnium faces enumerat.
ita cuique me devotum beneficiorum acceptorum memoria perpetuo profiteor.
Sigonius ne s'est pas contenté de traiter l'Histoire et l'Antiquité prophane. Il a aussi écrit sur
la Republique des Hebreux , et des Commentaires
sur l'Histoire de Sulpice Severe , qui ont été publiez de son vivant ; sans compter huit Livres entiers de l'Histoire de l'Eglise , qu'il avoit composez , et qu'on ne desespere pas de retrouver. Le
tout ensemble pourra former un volume entier ,
séparé des autres , suivant le plan de l'habile Editeur , qui a eu soin d'enrichir les deux premiers Ouvrages des Notes et des Eclaircissemens dont
ils avoient besoin.
Il marque là-dessus sa parfaité reconnoissance
envers M. l'Abbé Laurent Maffei , si connu par
ses Ouvrages , et particulierement par ses Re- marques sur le 4° Tome d'Anastase le Bibliotequaire. Ce Docte Abbé s'est en effet donné de
grands soins pour ce qui regarde les Livres de
la République des Hebreux , et les Commentalres sur Sulpice Severe , lesquels servent beaucoup pour l'intelligence du premier Ouvrage.
Nul n'étoit plus propre que lui pour ce travail
ni plus à portée de profiter de plusieurs secours ;
singulierement de celui de la Biblioteque du Comte Charles Archinto , l'une des plus belles et des
mieux fournies dè l'Italic,
Majs
2396 MERCURE DE FRANCE
Mais ce que M. Argelati a le plus affectionné
entre les Ouvrages de Sigonius , c'est ce que cet
Auteur a écrit de la Ville de Boulogne , Patrie de
l'Editeur , qui a quelque rapport à l'Histoire
tant sacrée que prophane. Il s'est présenté plusieurs Sçavans Boulonnois , que le même amour
de la Patrie a portés à concourir là - dessus, avec
M. Argelati. Deux de ces Sçavans , Auteurs de
plusieurs Ouvrages imprimez , ont principalement mis la main à l'œuvre : sçavoir , le R. P.
Louis Rabbi Servite , qui a revû tout ce qui concerne l'Histoire Sainte ; et M. Alexandre Machiavelli, fameux Jurisca soulte , qui s'est donné
le mêmesoin pour l'Histoire prophane.
A l'égard de la Vie du Celebre André Doria
écrite par Sigonius, M Argelati ne s'est déchargé sur personne du soin de la revoir et d'y faire
les augmentations convenables ; il s'est attaché
sur tout à y ajouter les Traitez, les Négociations
et les autres Actes publics des affaires importan
tes ausquelles ce grand Capitaine a eu part. Ces Monumens ont été tirez des Archives de la République de Gennes, et obligemment communiquez par M. Mutius , à qui la Garde en est confiée , et qui aime beaucoup les Lettres et les
Sçavans.
Je ne doute pas , Monsieur , que M. Argelati
ne voye aussi , avec plaisir , peut-être avec quel- que profit,certaines circonstances de la Vie d'André Doria , qui sont dans les Lettres que je me suis donné l'honneur de vous écrire au sujet de
la conquête d'Oran , et qui sont omises dans
Sigonius : La Médaille , par exemple , frappée
en son honneur , que j'ai fait graver , et la Statue de Marbre qui lui a été érigée , qu'on peut
• Mercure de Septembre 1732.
faire
NOVEMBRE. 1732. 2397
faire graver dans la nouvelle Edition ; à quoi je
dois ajoûter deux beaux Portraits du même An
dré Doria , qui ont été peints , l'un par Sébas
tien Vénitien Frate del Piombo , vers l'année
1540 et l'autre par Agnolo Bronzino , Peintre
de réputation , Eleve de Piantorme , vers 1550.
lesquels doivent être à Gennes , dans le Palais
Doria.
Sigonius ayant aussi écrit la Vie de Scipion , et celle de P. Emile , sur les Monumens Histori-'
ques , Grecs et Latins , M. Argelati s'est pareillement appliqué à les revoir et à les perfectionner.
Enfin le Sçavant Editeur s'est entierement prêté
à la revision, à la Critique et à l'illustration du Traité , intitulé : Judicium de Romana Historia
Scriptoribus : Ouvrage que plusieurs Critiques ont douté être veritablement de Sigonius. M. Argelati y a épuisé sa patience et n'a rien oublié pour le rendre utile ; nouvelles Cartes Géographiques ,
plus exactes que les premieres , Tables et Indices
tres amples , enfin tout ce qui peut concourir à
rendre un Ouvrage parfait , a été employé.
Voilà , Monsieur , l'Exposition la plus exacte
et la plus abrégée que je puis vous faire de l'entreprise et du labeur de M. Argelati , sur les Euvres de Sigonius , tirée de son Programme Latin.
Je ne doute pas que vous n'en soyicz édifié , ainsi
que de sa générosité et de son désinteressement. Ilfinit , en marquant sa parfaite reconnoissance
envers Sa Majesté Imperiale , Auguste Protec
trice de la Société Palatine de Milan , sous les
Auspices de laquelle , lui et tous les Membres de
cette Académie , travaillent heureusement à l'avancement des Lettres , et en particulier à la perfection de l'Histoire, Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 25 Octobre 1732
L. R. écrite à M le Marquis de B.
dans laquelle , à l'occasion d'Oran , et
d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle
Edition des Oeuvres de Sigonius , &C.
J
2
E ne vous parle plus , Monsieur , d'Oran ni
de Marsalquibir. Vous êtes suffisamment ins
truit de toutes les circonstances de la conquête
de ces deux Places, et des suites qu'elle a eues jus
qu'à présent. La saison où nous sommes défend
L'attendre d'autres progrès avant le retour du
Printemps. Vous sçavez , sans doute , Monsieur , que dès le commencement du mois de
Septembre la Mer Mediterranée n'est presque
plus praticable du côté de la Barbarie , et qu'il
en coûta cher à l'Empereur Charles V. lorsqu'il
entreprit en personne, au mois d'Octobre 1541 .
La Conquête d'Alger , avec une puissante Flote
qui périt miserablement sur ces Côtes. Laissons
donc pour quelque- tems les Affaires d'Affrique.
Oran sçaura bien- en attendant , se soutenir
avec un si brave * Gouverneur, contre les foibles
efforts des Maures. C'est inutilement qu'ils ont
attaqué depuis quelques tems le Fort de S. André , c'est avec aussi peu de succès qu'ils ont
cru faire une diversion importante en engageant
le Roi de Maroc à faire de nouveaux efforts contre la Ville de Ceuta , efforts favorisez par la
*Le Marquis de Santa-Crux.
D v
déser-
1 2390 MERCURE DE FRANCE
* désertion et par la trahison d'unSeigneur Espagnol , que sa conscience punit peut être déja , et
que le Ciel confondra un jour. Mettons plutôt
Monsieur , à la place d'Exploits guerriers , qui
ne sont pas de saison , quelque chose qui ne soie
guéres moins de votre ressort , et qui puisse vous
Occuper agréablement dans le séjour que vous continuez de faire dans vos Terres.
>
Un sujet se présente ici naturellement , et qui
un raport indirect à celui que je suis obligé de
quitter ou de suspendre. J'ai eu l'honneur de
vous parler dans ma derniere Lettre du Sçavant
Jesuite , Charles Sigonius , Auteur de la vie d'André Doria , et je vous ai dit , ce me semble
qu'il n'est pas aisé d'assembler tous ses Ouvra→
ges , qui sont cependant considérables , cet Au- teur n'ayant traité que de grands sujets et
Payant toujours fait habilement, ils manquent aut
jourdhui dans plusieurs bonnes Bibliotheques , et
les Provinces en sont presque entierement de
pourvûës. Comme je me plaignois de cette disette,
et que je faisois des vœux pour une nouvelle Edia
tion , j'ai été agréablement surpris par la récep
tion d'un Imprimé latin de 8. pages in- 4. pu
blié à Milan il y a quelques mois , qui contient
le plan d'une belle Edition de Sigonius , laquelle
se fait actuellement dans cette Ville. C'est, Monsieur , de quoi j'aurai l'honneur de vous rendre
compte dans ma Lettre d'aujourd'hui.
L'Auteur de cette entreprise est M. Argelati ,
Homme du premier mérite , et des plus connus
dans la République des Lettres , singulierement par la part qu'il à au vaste Recueil des Ecrivains
de l'Histoire d'Italie Il est Directeur de la Sa
*Le Duc de Riperda.
cieté
NOVEMBRE. 1732 2391
cieté Palatine , Académie des plus celébres de
l'Europe , fondée à Milan par le Comte Archin
to , Neveu du Cardinal- Archevêque de ce même ´nom.
M. Argelati commence dans son Ecrit adressé
à tous les Sçavans de l'Europe , par relever le
mérite litteraire de Sigonius , reconnu de tout
le monde sçavant , et le prix de ses Ouvrages ,
imprimez plus d'une fois , tant en Italie que
dans le reste de l'Europe , ce qui n'a pas empê
ché , dit-il , qu'ils ne soient devenus enfin d'une
grande rareté , au regret des habiles gens , et
surtout des amateurs de l'Antiquité. Il y a longtems que notre Sçavant s'étoit proposé de remé
dier à cet inconvenient, en donnant une nouvelle
Edition de Sigonius ; il s'y est enfin déterminé ,
et il a mis la main à l'œuvre dans les conjonctures , et par les considerations énoncées assez au
long dans son Programme que je me dispense de répéter ici.
Je n'obmettrai pas cependant une circonstance bien louable , qui marque un grand désinteressement et un pareil amour pour les Lettres ,
c'est que pour accelerer cette Edition, et pour le
ver toute difficulté , M. Argelati s'est mis en
état de fournir de son propre fonds tout ce qui
peut être nécessaire à l'éxecution de son entreprise , pour ne faire aucun tort aux Membres de
Ja Societé Palatine ni au Public , ne Palatinorum
Sociorum , dit- il , rationes diverterem in aliam causam , vel postrema comuni cura priorem aliquantisperpublico cum incommodo turbarem.
Le premier soin du sçavant Editeur a été de rechercher et d'assembler en un corps , non- seulement tous les Ouvrages imprimez de Sigonius ,
dont quelques-uns sont devenus très-rares , mais
D vj encore
2392 MERCURE DE FRANCE
encore ceux qui n'ont jamais vu le jour : ce qu'il n'a pû faire par lui-même a été éxecuté par des
Amis sçavans et éclairez. Visite de Bibliotheques, d'Archives publiques et particulieres , rien
n'a été oublié ; ce qui a été suivi d'un succès
auquel M. Argelati avoue que la grande réputa tion de Sigonius a eu beaucoup de part , particulierement à l'égard des Ouvrages Manuscrits de
notre Auteur , dont cette nouvelle Edition sera enrichie dans les derniers volumes.
L'ordre et la coutume demandoient de mettre
à la tête de l'Edition un abregé de la vie du celébre Sigonius. Personne ne pouvoit mieux s'en
acquitter , dit M. Argelati , que M. L. A. Muratori , qui outre son rate sçavoir et sa sagacité ,
se trouve être de la même Ville de Modene , Paarie de Sigonius , et par conséquent plus à portée
qu'un autre de prendre des instructions domesiques et sûres. Le succès de ce travail a été audelà de tout ce qu'on pouvoit attendre de M. Muratori. Ceux qui aiment à s'instruire de l'Histoire Litteraire et personnelle de certains Sçavans ,
trouveront, sans doute,de quoi se contenter dans le travail dont il s'est chargé au sujet de Sigonius. Sur quoi M. Argelati lui marque une parfaite reconnoissance.
Le premier volume de la nouvelle Edition commence par les Fastes Consulaires de cet Auteur.
Tout le monde connoît l'importance et la necessité des Fastes Consulaires , on sçait aussi en combien d'embarras et de difficultez ils ont souvent jetté les amateurs de l'Antiquité. On avoit
lieu de croire que cet Ouvrage , si pénible en soi,
avoit été rendu parfait par le travail de Sigonius:
mais comme depuis sa mort , on a déterré quan
tité de Monumens Antiques , et qu'on en désouyre
NOVEMBRE. 1732. 2393
couvre encore tous les jours , on s'en est servi
pour perfectionner encore davantage , pour corriger même en plusieurs endroits l'Ouvrage du docte Ecrivain, C'est un soin dont a bien voulu
se charger , à la priere de M. Argelati , le R. P.
Joseph- Marie Stampa de Côme , Clerc Régulier
de la Congrégation des Somasques , qui a fait entrer dans cette Edition toutes les Observations
des plus célebres Critiques sur le sujet en question, sçavoir celles du P. Petau, de Pighius , d'Almelowen , qui ont plus servi à confirmer qu'à
corriger les Fastes de Sigonius , celles de Mezabarba , du P. Pagi , de M. de Tillemont , du P. Blanchini , et suivant l'ordre des tems , celles
du Cardinal Noris , de M. Reland , de Cuspinien , et de Panvinius , sans oublier les propres
Observations du P. Stampa , qui n'a pas toujours
souscrit à toutes les Remarques de ces grands
Critiques , et qui a donné de son fonds une belle
Dissertation préliminaire , et d'autres Discours
remplis d'érudition sur cette matiere , à quoi il
faut ajoûter la continuation des mêmes Fastes ,
qu'il a conduits depuis la mort d'Auguste , Epoque où Sigonius s'étoit arrêté , jusqu'à l'Empire
de Diocletien et de Max imien. Autre Epoque où
commence un second Ouvrage de notre Auteur,,
dont on va parler , et qui acheve de remplir le
premier Tome.
Cet Ouvrage , divisé en plusieurs Livres , est
tout historique , et regarde l'Empire d'Occident ,
de Occidentali Imperio. Il a été revû et illustré
par un sçavant Benedictin du Mont- Cassin, nommé le P. Dom Janvier Salinas , Napolitain.
M. Arlegati fait ici un court éloge de la capacité
de ce Religieux , dont le travail immense doit Stre
2394 MERCURE DE FRANCE
1
être d'un grand secours
à ceux qui étudieront cet
autre Quvrage de Sigonius
.
Le second Volume contiendra en XX
. Livres
P'Histoire du Regne d'Italie
, de REGNO ITALIE
C'est la revision de ce grand Ouvrage
, qui occupe actuellement M. Argelati , aidé des lumieres et du travail infatigable de M. Joseph- Antoi
ne Saxi
, Préfet de la Bibliotheque Ambroisienne. Ce travail sera sans doute d'une grande utilité à cette partie de l'Edition de Sigonius , on
en peut juger par le témoignage qu'en rend l'Editeur , il est magnifique et fort étendu dans le
Programme Latin
.
,
M. Argelati déclare ensuite qu'il n'a fait encore aucun arrangement à l'égard des autres
Ouvrages de Sigonius
, mais que chacun de ces
Ouvrages paroîtra dans cette Edition avec les
Notes et les Observations qui lui conviennent
soit anciennes et déja publiées
, soit nouvelles et
fournies par de sçavans Hommes
. Par exemple
,
à l'égard des Traitez intitulez de Antiquo Jure Civium Romanorum , Italia ac Provinciarum,
de Judiciis. De Binis Comitiis et Lege curiata.
On aura dans la nouvelle Edition
, non
-seulement les Annotations de Grævius , répandues
dans son Trésor des Antiquitez Romaines
, mais
encore les Prolegomenes du sçavant Horatius
Blanci
. Jurisconsulte Romain
, et les Commentaires suivis de Jean Maderni de Milan , autre
fameux Jurisconsulte
.
,
et.
Pour ce qui regarde les Livres de Atheniensium,
eorumque ac Lacedamoniorum Temporibus
, P'Illustre Editeur nous apprend qu'ils ont occupé la
capacité d'un Homme de Lettres des plus versez dans la connoissance des Langues Orientales , et
dans celle de l'Histoire
, lequel s'est enfin renda
NOVEMBRE. 1732. 2395
du à ses instances réïterées , à condition qu'il ne
seroit point nommé ; rare exemple de modestie , consentant avec peine qu'on nommât seulement la Compagnie de Jesus , dont il est mem
bre. Surquoi M. Argelati prend occasion de
marquer en ces termes , sa reconnoissance generale et particuliere : Hoc erit perpetua laudis argumentum; nam sicut cœtus iste Lucidissimas quot in cœlo stellas doctrinarum omnium faces enumerat.
ita cuique me devotum beneficiorum acceptorum memoria perpetuo profiteor.
Sigonius ne s'est pas contenté de traiter l'Histoire et l'Antiquité prophane. Il a aussi écrit sur
la Republique des Hebreux , et des Commentaires
sur l'Histoire de Sulpice Severe , qui ont été publiez de son vivant ; sans compter huit Livres entiers de l'Histoire de l'Eglise , qu'il avoit composez , et qu'on ne desespere pas de retrouver. Le
tout ensemble pourra former un volume entier ,
séparé des autres , suivant le plan de l'habile Editeur , qui a eu soin d'enrichir les deux premiers Ouvrages des Notes et des Eclaircissemens dont
ils avoient besoin.
Il marque là-dessus sa parfaité reconnoissance
envers M. l'Abbé Laurent Maffei , si connu par
ses Ouvrages , et particulierement par ses Re- marques sur le 4° Tome d'Anastase le Bibliotequaire. Ce Docte Abbé s'est en effet donné de
grands soins pour ce qui regarde les Livres de
la République des Hebreux , et les Commentalres sur Sulpice Severe , lesquels servent beaucoup pour l'intelligence du premier Ouvrage.
Nul n'étoit plus propre que lui pour ce travail
ni plus à portée de profiter de plusieurs secours ;
singulierement de celui de la Biblioteque du Comte Charles Archinto , l'une des plus belles et des
mieux fournies dè l'Italic,
Majs
2396 MERCURE DE FRANCE
Mais ce que M. Argelati a le plus affectionné
entre les Ouvrages de Sigonius , c'est ce que cet
Auteur a écrit de la Ville de Boulogne , Patrie de
l'Editeur , qui a quelque rapport à l'Histoire
tant sacrée que prophane. Il s'est présenté plusieurs Sçavans Boulonnois , que le même amour
de la Patrie a portés à concourir là - dessus, avec
M. Argelati. Deux de ces Sçavans , Auteurs de
plusieurs Ouvrages imprimez , ont principalement mis la main à l'œuvre : sçavoir , le R. P.
Louis Rabbi Servite , qui a revû tout ce qui concerne l'Histoire Sainte ; et M. Alexandre Machiavelli, fameux Jurisca soulte , qui s'est donné
le mêmesoin pour l'Histoire prophane.
A l'égard de la Vie du Celebre André Doria
écrite par Sigonius, M Argelati ne s'est déchargé sur personne du soin de la revoir et d'y faire
les augmentations convenables ; il s'est attaché
sur tout à y ajouter les Traitez, les Négociations
et les autres Actes publics des affaires importan
tes ausquelles ce grand Capitaine a eu part. Ces Monumens ont été tirez des Archives de la République de Gennes, et obligemment communiquez par M. Mutius , à qui la Garde en est confiée , et qui aime beaucoup les Lettres et les
Sçavans.
Je ne doute pas , Monsieur , que M. Argelati
ne voye aussi , avec plaisir , peut-être avec quel- que profit,certaines circonstances de la Vie d'André Doria , qui sont dans les Lettres que je me suis donné l'honneur de vous écrire au sujet de
la conquête d'Oran , et qui sont omises dans
Sigonius : La Médaille , par exemple , frappée
en son honneur , que j'ai fait graver , et la Statue de Marbre qui lui a été érigée , qu'on peut
• Mercure de Septembre 1732.
faire
NOVEMBRE. 1732. 2397
faire graver dans la nouvelle Edition ; à quoi je
dois ajoûter deux beaux Portraits du même An
dré Doria , qui ont été peints , l'un par Sébas
tien Vénitien Frate del Piombo , vers l'année
1540 et l'autre par Agnolo Bronzino , Peintre
de réputation , Eleve de Piantorme , vers 1550.
lesquels doivent être à Gennes , dans le Palais
Doria.
Sigonius ayant aussi écrit la Vie de Scipion , et celle de P. Emile , sur les Monumens Histori-'
ques , Grecs et Latins , M. Argelati s'est pareillement appliqué à les revoir et à les perfectionner.
Enfin le Sçavant Editeur s'est entierement prêté
à la revision, à la Critique et à l'illustration du Traité , intitulé : Judicium de Romana Historia
Scriptoribus : Ouvrage que plusieurs Critiques ont douté être veritablement de Sigonius. M. Argelati y a épuisé sa patience et n'a rien oublié pour le rendre utile ; nouvelles Cartes Géographiques ,
plus exactes que les premieres , Tables et Indices
tres amples , enfin tout ce qui peut concourir à
rendre un Ouvrage parfait , a été employé.
Voilà , Monsieur , l'Exposition la plus exacte
et la plus abrégée que je puis vous faire de l'entreprise et du labeur de M. Argelati , sur les Euvres de Sigonius , tirée de son Programme Latin.
Je ne doute pas que vous n'en soyicz édifié , ainsi
que de sa générosité et de son désinteressement. Ilfinit , en marquant sa parfaite reconnoissance
envers Sa Majesté Imperiale , Auguste Protec
trice de la Société Palatine de Milan , sous les
Auspices de laquelle , lui et tous les Membres de
cette Académie , travaillent heureusement à l'avancement des Lettres , et en particulier à la perfection de l'Histoire, Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 25 Octobre 1732
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Résumé : CINQUIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M le Marquis de B. dans laquelle, à l'occasion d'Oran, et d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle Edition des Oeuvres de Sigonius, &c.
La cinquième lettre de M. D. au Marquis de B. aborde les récentes conquêtes d'Oran et de Marsalquibir, soulignant que la saison rend impossible toute nouvelle avancée militaire avant le printemps. L'auteur évoque les difficultés rencontrées par l'Empereur Charles V lors de la conquête d'Alger en 1541 et espère qu'Oran, sous la gouvernance du Marquis de Santa-Crux, pourra résister aux attaques maures. Le texte change ensuite de sujet pour discuter de la nouvelle édition des œuvres de Carlo Sigonio (Sigonius), un savant jésuite. Les œuvres de Sigonius, bien que considérées comme importantes, sont rares et difficiles à trouver. Une nouvelle édition est en cours à Milan, dirigée par M. Argelati, un homme de lettres renommé. Cette édition inclut non seulement les œuvres imprimées de Sigonius, mais aussi des manuscrits inédits. M. Argelati a rassemblé ces œuvres avec l'aide de savants et de bibliothèques publiques et privées. L'édition est enrichie par des contributions de plusieurs érudits, comme le Père Joseph-Marie Stampa pour les Fastes Consulaires, et le Père Dom Janvier Salinas pour l'histoire de l'Empire d'Occident. Le second volume traitera de l'histoire du règne d'Italie, révisée par M. Joseph-Antoine Saxi. Chaque ouvrage sera accompagné de notes et d'observations, anciennes et nouvelles, fournies par des savants. M. Argelati a également révisé et perfectionné plusieurs écrits de Sigonius, notamment la vie de Scipion et celle de P. Émile, en se basant sur des monuments historiques grecs et latins. Il a travaillé sur la révision critique et l'illustration du traité 'Judicium de Romana Historia Scriptoribus', dont l'authenticité avait été remise en question. Pour ce traité, Argelati a ajouté des cartes géographiques plus exactes, des tables et des indices amples afin de rendre l'ouvrage parfait. Le texte mentionne également des portraits d'André Doria, peints par Sébastien Vénitien Frate del Piombo vers 1540 et par Agnolo Bronzino vers 1550, conservés à Gênes dans le Palais Doria. Enfin, Argelati exprime sa reconnaissance envers Sa Majesté Impériale, protectrice de la Société Palatine de Milan, sous l'égide de laquelle il et les membres de l'Académie travaillent à l'avancement des lettres et à la perfection de l'histoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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61
p. 2618-2625
Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République [...]
Mots clefs :
Histoire, Savants, Mémoires, Hommes illustres, R. P. Niceron, Jacques Sirmond
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
EMOIRES pour servir à l'Histoire
des Hommes Illustres dans la République des Lettres , &c. T. XVIl. de 408.
pages , sans les Tables. A Paris , chez
Briasson , rue S. Jacques , à la Science
M. DCC. XXXII.
Voici les noms des Sçavans dont il est
fait mention dans le xv11. Volume des
Mémoires du R. P. Niceron , qui continuent d'être bien reçûs du Public,
Henri Corneille Agrippa. Pierre Ayrault. Guillaume Barclay. Jean Barclay.
Gaspard Bauhin. Jean Baukin. Jordanus
1. vol.
Bru
DECEMBRE. 1732 2619
Brunus. Jean Chapeauville. Hilarion de
Coste. André Dudith. Charles Riviere Dufreny. Jacques Philippe Foresta. Jerôme Fracastor. Conrad Gesner. DenisGodefroy l'His>`·
torien. Jacques Godefroy. Theodore Godefroy. François Guichardin. Louis Guichardin. Jean Henri Heidedger. J. Gentien
Hervet. Christophe de Longueil. Gilbert
de Longüeil. Charles Paschal. Claude Pocquet Delivonniere. Modesta Pozzo. Eri→
cius Puteanus. Jean Savaron. Jacques Sirmond. Luc Tozzi.
Nous insererons ici , selon notre coûtume , l'un des articles de ces Mémoires ,
& nous croyons faire plaisir à nos Lectcurs , de choisir par préférence celui qui:
regarde le sçavant Pere Sirmond.
Jacques Sirmond nâquit le 12 Octobre 1559. à Riom en Auvergne , de Jean
Sirmond , Magistrat de cette Ville , et
d'Amable Barrier. Lorsqu'il eut 10 ans ,
ses parens l'envoyerent à Billon , Ville de
la basse Auvergne , pour y étudier dans
le College des Jésuites , qui est le premier qu'ils ayent eu en France.
Après qu'il eut fait ses Humanitez , il
entra dans leur Compagnie le 26 Juillet
1576. et en reçût l'Habit le 21 Août suivant dans sa 17 année. Il commença son
Noviciat à Verdun , dont il acheva les
I. Vol. E iij deux
620 MERCURE DE FRANCE
deux années à Pont-à-mousson , où il fir
ses vœux.
Il étudia ensuite en Philosophie, après
quoi sesSuperieurs connoissant ses talens,
le firent venir à Paris , où il professa deux
ans les Humanitez , et trois ans la Rhetorique. Il eut alors l'honneur d'avoir
pour Disciples Charles de Valois , Duc
d'Angoulême , Fils naturel de Charles IX.
et S. François de Sales.
Ce fut pendant ce peu de tems qu'il
acquit une parfaite connoissance des Langues Latine et Grecque , et qu'il se forma ce beau stile , qui joint à la solidité
de son jugement , et à la justesse de ses
pensées , a fait estimer tout ce qui est
sorti de sa plume. M. Cousin nous apprend dans le Journal des Sçavans , qu'il
avoit pris Muret pour son modele , et
qu'il ne laissoit passer aucun jour sans en
lire quelques pages.
En 1586. il commença son Cours de
Theologie , qui dura quatre ans , pendant lesquels il eut pour compagnon d'études le célébre Fronton du Duc. Il ne
se contenta pas d'une Scholastique séche
et décharnée telle qu'on l'enseignoit
alors , il lût avec soin les Saints Peres et
les Auteurs Ecclesiastiques , et entreprit
même dès lors de traduire en Latin quelو
I.Vel ques
DECEMBRE. 1732 2621
ques Ouvrages des Peres Grecs , et de
composer des Remarques sur Sidonius.
A peine fut- il sorti de Theologie , que
le P. Claude Aquaviva , General de sa
Compagnie , l'appella en 1590. à Rome,
pour être son Secretaire , et il s'acquitta
pendant plus de seize ans de cet emploi
avec un succès qui répondit parfaitement
aux espérances qu'on avoit conçues de
lui.
Ses heures de loisir étoient employées à
l'étude de l'Antiquité : il visitoit les Bibliotheques , et en consultoit les Manuscrits , il s'appliquoit aussi à l'étude des
Antiques , des Médailles et des Inscriptions ; et les Italiens , quoique jaloux de
la gloire de leur Nation , ne se faisoient
point une honte de le consulter fur ces
sortes de matieres , persuadez que ses connoissances pouvoient suppléer aux lumie
res qui leur manquoient.
Le P. Sirmond pendant fon séjour en
Italie , lia un commerce d'amitié avec
les Sçavans les plus illustres , qui y vivoient alors , & particulierement avec
Bellarmin et Tolet , qui étoient de sa Societé et avec les Cardinaux Baronius,d'Ossal et du Perron, Le Cardinal Baronius
tira même de lui de grands fecours pour
ses Annales Ecclesiastiques , principale
I. Vol. E iiij ment
2622 MERCURE DE FRANCE
ment par rapport à l'Histoire Grecque ,
sur laquelle il lui fournit un grand nombre de Piéces traduites de Grec en Latin.
Il revint à Paris en 1608. et depuis
ce temps-là il ne cessa point d'enrichir
le Public de nouveaux Ouvrages. Il demeura d'abord environ quatre ans dans
la Maison Professe , d'où il passa sur la
fin de 1612. au College , où il devoit être
plus commodément pour travailler à la
collection des Conciles de France , qu'il
avoit entreprise , et cinq ans après il en
fut fait Recteur.
Le Pape Urbain VIII. qui connoissoit
depuis long-temps son mérite , voulut
l'attirer de nouveau à Rome , et fit écrire
pour cela en France par le P. Vitelleschi,
qui étoit alors General de la Compagnie;
mais Louis XIII. ne voulut pas souffrir
qu'on lui ravit un Homme qui faisoit tant
d'honneur à son Royaume , et qui pouvoit lui rendre de grands services.
Sur la fin du mois de Décembre de l'an
1637. il fut choisi pour être Confesseur
du Roi à la place du P. Caussin. Il eut de
la peine à accepter un poste si délicat ;
quelques-uns même de ses amis , qui ne
songeoient qu'au tems qu'il leur alloit
dérober , jugeoient qu'il lui convenoit
moins qu'à un autre ; mais enfin obligé
I.Vol. de
- DECEMBR E. 1732: 2623
,
de se soumettre au choix qui avoit été
fait de lui , il se conduisit à la Cour avec
tant de précautions et de prudence , qu'il
n'y donna jamais à personne le moindre
sujet de plainte. Renfermé dans les bornes de son Ministere , il ne s'y mêla d'aucune affaire temporelle , et témoigna un
désinteressement si parfait , qu'il n'avança aucun de ses parens , et ne demanda
qu'un petit Benefice pour M. de la Lande,
son Neveu , auquel même il fut contesté.
Après la mort de Louis XIII. arrivée le
14 Mai 1643. il quitta la Cour , et reprit
ses occupations ordinaires avec la même
tranquillité , que s'il ne fut jamais sorti
de sa Retraite. 10
,
En 1645. il voulut bien , malgré son
grand âge , aller encore à Rome en qualité de Député des Jésuites de France
pour y assister à l'élection d'un General
à la place du P. Vitelleschi , comme il avoit fait trente ans auparavant , après
la mort du Pere Aquaviva , son prédécesseur.
De retour en France , il donna encore
quelques Ouvrages au Public , et il se préparoit à en mettre d'autres sous la presse ,
lorsqu'au retour d'une Assemblée tenue
à la Maison Professe , où il s'étoit un peu
I.Vol. Ev échauffé
2624 MERCURE DE FRANCE
échauffé, en soûtenant son avis, il fut attaqué d'une maladie , qui peu de jours
après se trouva accompagnée d'un débordement de bîle par tout le corps. Il en
mourut le 7. Octobre 1651. âgé de 92.
ans.
» Il avoit sçu joindre une grande dé-
» licatesse d'esprit et un discernement
très-juste , avec une profonde érudi-
» tion. Il sçavoit en perfection le Grec, le
» Latin , les Auteurs Profanes , l'Histoi-
» re et, tout ce qui s'appelle Belles- Let-
» tres. Il avoit une connoissance fort
étendue de l'Antiquité Ecclesiastique ,
» et avoit étudié avec soin les Auteurs du
» moyen âge. Son stile est pur , concis et
»serré. Il affecte néanmoins trop , de se
servir de certains mots des Poëtes
» Comiques. Il méditoit beaucoup sur ce
» qu'il écrivoit , et avoit un art tout par-
» ticulier de le réduire en une Note qui
»comprenoit bien des choses en peu de
mots , sans être chargée de rien d'inu-
» tile ou d'étranger. Il est éxact , judi-
» cieux , simple , et cependant . n'omet
»rien de ce qui est nécessaire. Ses Disser-
» tations ont passé pour un modele sur
»lequel il seroit à souhaitter qu'on se
»format. Quand il traitoit une matiere
» il ne disoit jamais d'abord tout ce qu'il
I. Vol. sça-
DECEMBRE. 1732. 2625
» sçavoit , et se réservoit toujours de nous.
» veaux argumens pour la réplique , com-
»me des troupes auxiliaires , pour venir
» au secours du corps de bataille. Il étoit
» désinteressé , équitable , moderé , sin-
» cere , modeste , laborieux , et cepen-
» dant familier , conversant agréablement
» avec ses amis , et appliqué à ses devoirs.
Il s'étoit attiré par son érudition et par
>> ses manieres , l'estime non seulement
» des Sçavans , mais encore de tous les
»honnêtes gens. Il a laissé après lui une
>> réputation qui durera pendant plusieurs
"siécles. C'est le jugement que M. Dupin
porte de cet Auteur.
»
Suit le Catalogue raisonné des Ouvrages
du P. Sirmond , qu'on ne sçauroit lire
sans admiration et sans profit. D'un côté ,
le fonds des matieres , et de l'autre l'arrangement et les Remarques de l'Editeur
ont de quoi satisfaire les Lecteurs intelli.
gens. Nous sommes fâchez de ne pouvoir
rapporter ce Catalogue à cause de sa prolixité. Il contient 55 Articles bien rem
plis. Les Antiquaires doivent s'interesser
aux Art. 43. 44. et 45.
des Hommes Illustres dans la République des Lettres , &c. T. XVIl. de 408.
pages , sans les Tables. A Paris , chez
Briasson , rue S. Jacques , à la Science
M. DCC. XXXII.
Voici les noms des Sçavans dont il est
fait mention dans le xv11. Volume des
Mémoires du R. P. Niceron , qui continuent d'être bien reçûs du Public,
Henri Corneille Agrippa. Pierre Ayrault. Guillaume Barclay. Jean Barclay.
Gaspard Bauhin. Jean Baukin. Jordanus
1. vol.
Bru
DECEMBRE. 1732 2619
Brunus. Jean Chapeauville. Hilarion de
Coste. André Dudith. Charles Riviere Dufreny. Jacques Philippe Foresta. Jerôme Fracastor. Conrad Gesner. DenisGodefroy l'His>`·
torien. Jacques Godefroy. Theodore Godefroy. François Guichardin. Louis Guichardin. Jean Henri Heidedger. J. Gentien
Hervet. Christophe de Longueil. Gilbert
de Longüeil. Charles Paschal. Claude Pocquet Delivonniere. Modesta Pozzo. Eri→
cius Puteanus. Jean Savaron. Jacques Sirmond. Luc Tozzi.
Nous insererons ici , selon notre coûtume , l'un des articles de ces Mémoires ,
& nous croyons faire plaisir à nos Lectcurs , de choisir par préférence celui qui:
regarde le sçavant Pere Sirmond.
Jacques Sirmond nâquit le 12 Octobre 1559. à Riom en Auvergne , de Jean
Sirmond , Magistrat de cette Ville , et
d'Amable Barrier. Lorsqu'il eut 10 ans ,
ses parens l'envoyerent à Billon , Ville de
la basse Auvergne , pour y étudier dans
le College des Jésuites , qui est le premier qu'ils ayent eu en France.
Après qu'il eut fait ses Humanitez , il
entra dans leur Compagnie le 26 Juillet
1576. et en reçût l'Habit le 21 Août suivant dans sa 17 année. Il commença son
Noviciat à Verdun , dont il acheva les
I. Vol. E iij deux
620 MERCURE DE FRANCE
deux années à Pont-à-mousson , où il fir
ses vœux.
Il étudia ensuite en Philosophie, après
quoi sesSuperieurs connoissant ses talens,
le firent venir à Paris , où il professa deux
ans les Humanitez , et trois ans la Rhetorique. Il eut alors l'honneur d'avoir
pour Disciples Charles de Valois , Duc
d'Angoulême , Fils naturel de Charles IX.
et S. François de Sales.
Ce fut pendant ce peu de tems qu'il
acquit une parfaite connoissance des Langues Latine et Grecque , et qu'il se forma ce beau stile , qui joint à la solidité
de son jugement , et à la justesse de ses
pensées , a fait estimer tout ce qui est
sorti de sa plume. M. Cousin nous apprend dans le Journal des Sçavans , qu'il
avoit pris Muret pour son modele , et
qu'il ne laissoit passer aucun jour sans en
lire quelques pages.
En 1586. il commença son Cours de
Theologie , qui dura quatre ans , pendant lesquels il eut pour compagnon d'études le célébre Fronton du Duc. Il ne
se contenta pas d'une Scholastique séche
et décharnée telle qu'on l'enseignoit
alors , il lût avec soin les Saints Peres et
les Auteurs Ecclesiastiques , et entreprit
même dès lors de traduire en Latin quelو
I.Vel ques
DECEMBRE. 1732 2621
ques Ouvrages des Peres Grecs , et de
composer des Remarques sur Sidonius.
A peine fut- il sorti de Theologie , que
le P. Claude Aquaviva , General de sa
Compagnie , l'appella en 1590. à Rome,
pour être son Secretaire , et il s'acquitta
pendant plus de seize ans de cet emploi
avec un succès qui répondit parfaitement
aux espérances qu'on avoit conçues de
lui.
Ses heures de loisir étoient employées à
l'étude de l'Antiquité : il visitoit les Bibliotheques , et en consultoit les Manuscrits , il s'appliquoit aussi à l'étude des
Antiques , des Médailles et des Inscriptions ; et les Italiens , quoique jaloux de
la gloire de leur Nation , ne se faisoient
point une honte de le consulter fur ces
sortes de matieres , persuadez que ses connoissances pouvoient suppléer aux lumie
res qui leur manquoient.
Le P. Sirmond pendant fon séjour en
Italie , lia un commerce d'amitié avec
les Sçavans les plus illustres , qui y vivoient alors , & particulierement avec
Bellarmin et Tolet , qui étoient de sa Societé et avec les Cardinaux Baronius,d'Ossal et du Perron, Le Cardinal Baronius
tira même de lui de grands fecours pour
ses Annales Ecclesiastiques , principale
I. Vol. E iiij ment
2622 MERCURE DE FRANCE
ment par rapport à l'Histoire Grecque ,
sur laquelle il lui fournit un grand nombre de Piéces traduites de Grec en Latin.
Il revint à Paris en 1608. et depuis
ce temps-là il ne cessa point d'enrichir
le Public de nouveaux Ouvrages. Il demeura d'abord environ quatre ans dans
la Maison Professe , d'où il passa sur la
fin de 1612. au College , où il devoit être
plus commodément pour travailler à la
collection des Conciles de France , qu'il
avoit entreprise , et cinq ans après il en
fut fait Recteur.
Le Pape Urbain VIII. qui connoissoit
depuis long-temps son mérite , voulut
l'attirer de nouveau à Rome , et fit écrire
pour cela en France par le P. Vitelleschi,
qui étoit alors General de la Compagnie;
mais Louis XIII. ne voulut pas souffrir
qu'on lui ravit un Homme qui faisoit tant
d'honneur à son Royaume , et qui pouvoit lui rendre de grands services.
Sur la fin du mois de Décembre de l'an
1637. il fut choisi pour être Confesseur
du Roi à la place du P. Caussin. Il eut de
la peine à accepter un poste si délicat ;
quelques-uns même de ses amis , qui ne
songeoient qu'au tems qu'il leur alloit
dérober , jugeoient qu'il lui convenoit
moins qu'à un autre ; mais enfin obligé
I.Vol. de
- DECEMBR E. 1732: 2623
,
de se soumettre au choix qui avoit été
fait de lui , il se conduisit à la Cour avec
tant de précautions et de prudence , qu'il
n'y donna jamais à personne le moindre
sujet de plainte. Renfermé dans les bornes de son Ministere , il ne s'y mêla d'aucune affaire temporelle , et témoigna un
désinteressement si parfait , qu'il n'avança aucun de ses parens , et ne demanda
qu'un petit Benefice pour M. de la Lande,
son Neveu , auquel même il fut contesté.
Après la mort de Louis XIII. arrivée le
14 Mai 1643. il quitta la Cour , et reprit
ses occupations ordinaires avec la même
tranquillité , que s'il ne fut jamais sorti
de sa Retraite. 10
,
En 1645. il voulut bien , malgré son
grand âge , aller encore à Rome en qualité de Député des Jésuites de France
pour y assister à l'élection d'un General
à la place du P. Vitelleschi , comme il avoit fait trente ans auparavant , après
la mort du Pere Aquaviva , son prédécesseur.
De retour en France , il donna encore
quelques Ouvrages au Public , et il se préparoit à en mettre d'autres sous la presse ,
lorsqu'au retour d'une Assemblée tenue
à la Maison Professe , où il s'étoit un peu
I.Vol. Ev échauffé
2624 MERCURE DE FRANCE
échauffé, en soûtenant son avis, il fut attaqué d'une maladie , qui peu de jours
après se trouva accompagnée d'un débordement de bîle par tout le corps. Il en
mourut le 7. Octobre 1651. âgé de 92.
ans.
» Il avoit sçu joindre une grande dé-
» licatesse d'esprit et un discernement
très-juste , avec une profonde érudi-
» tion. Il sçavoit en perfection le Grec, le
» Latin , les Auteurs Profanes , l'Histoi-
» re et, tout ce qui s'appelle Belles- Let-
» tres. Il avoit une connoissance fort
étendue de l'Antiquité Ecclesiastique ,
» et avoit étudié avec soin les Auteurs du
» moyen âge. Son stile est pur , concis et
»serré. Il affecte néanmoins trop , de se
servir de certains mots des Poëtes
» Comiques. Il méditoit beaucoup sur ce
» qu'il écrivoit , et avoit un art tout par-
» ticulier de le réduire en une Note qui
»comprenoit bien des choses en peu de
mots , sans être chargée de rien d'inu-
» tile ou d'étranger. Il est éxact , judi-
» cieux , simple , et cependant . n'omet
»rien de ce qui est nécessaire. Ses Disser-
» tations ont passé pour un modele sur
»lequel il seroit à souhaitter qu'on se
»format. Quand il traitoit une matiere
» il ne disoit jamais d'abord tout ce qu'il
I. Vol. sça-
DECEMBRE. 1732. 2625
» sçavoit , et se réservoit toujours de nous.
» veaux argumens pour la réplique , com-
»me des troupes auxiliaires , pour venir
» au secours du corps de bataille. Il étoit
» désinteressé , équitable , moderé , sin-
» cere , modeste , laborieux , et cepen-
» dant familier , conversant agréablement
» avec ses amis , et appliqué à ses devoirs.
Il s'étoit attiré par son érudition et par
>> ses manieres , l'estime non seulement
» des Sçavans , mais encore de tous les
»honnêtes gens. Il a laissé après lui une
>> réputation qui durera pendant plusieurs
"siécles. C'est le jugement que M. Dupin
porte de cet Auteur.
»
Suit le Catalogue raisonné des Ouvrages
du P. Sirmond , qu'on ne sçauroit lire
sans admiration et sans profit. D'un côté ,
le fonds des matieres , et de l'autre l'arrangement et les Remarques de l'Editeur
ont de quoi satisfaire les Lecteurs intelli.
gens. Nous sommes fâchez de ne pouvoir
rapporter ce Catalogue à cause de sa prolixité. Il contient 55 Articles bien rem
plis. Les Antiquaires doivent s'interesser
aux Art. 43. 44. et 45.
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Résumé : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Le texte présente les 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', volume XVII, publié en 1732 à Paris par Briasson. Ce volume mentionne plusieurs savants, dont Henri Corneille Agrippa, Pierre Ayrault, Guillaume Barclay, et Jacques Sirmond. Jacques Sirmond, né le 12 octobre 1559 à Riom en Auvergne, a étudié au Collège des Jésuites à Billom. Il est entré dans la Compagnie de Jésus en 1576 et a commencé son noviciat à Verdun, le terminant à Pont-à-Mousson. Il a enseigné les humanités et la rhétorique à Paris, comptant parmi ses disciples Charles de Valois et François de Sales. Sirmond a acquis une maîtrise du latin et du grec, et a adopté un style influencé par Muret. En 1586, il a commencé ses études de théologie, durant lesquelles il a traduit des œuvres des Pères grecs et a composé des remarques sur Sidonius. En 1590, il a été appelé à Rome par le Père Claude Aquaviva pour devenir son secrétaire, poste qu'il a occupé pendant seize ans. À Rome, il a étudié l'antiquité, visité des bibliothèques, et consulté des manuscrits. Il a également collaboré avec des savants italiens comme Bellarmin et Baronius. De retour à Paris en 1608, Sirmond a continué à publier des ouvrages et a été nommé recteur du Collège en 1617. En 1637, il est devenu confesseur du roi Louis XIII, poste qu'il a occupé avec prudence et désintéressement. Après la mort du roi en 1643, il a repris ses occupations habituelles. En 1645, il est retourné à Rome pour l'élection d'un général des Jésuites. De retour en France, il a continué à publier jusqu'à sa mort le 7 octobre 1651, à l'âge de 92 ans. Sirmond est décrit comme un érudit polyglotte, maîtrisant le grec, le latin, et les auteurs profanes. Son style est pur et concis, et ses dissertations sont considérées comme des modèles. Il était désintéressé, équitable, et modeste, et a laissé une réputation durable. Le texte mentionne également un catalogue des œuvres de Sirmond, contenant 55 articles, et note l'intérêt des antiquaires pour certains articles spécifiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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62
p. 326-327
La Vie du Sultan Saladin, &c. [titre d'après la table]
Début :
On vient de publier à Leyde, un Ouvrage, intitulé : Vita et res gestae Sultani [...]
Mots clefs :
Saladin, Sultan, Histoire, Leyde, Manuscrits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Vie du Sultan Saladin, &c. [titre d'après la table]
On vient de publier à Leyde , un Ouvrage
, intitulé : Vita et res gesta Sultani
Almalichi, Alnasiri , Saladini, &c . c'està
dire , la Vie du Sultan Saladin , écrite
par Bohadin , fils de Scheddad ; avec des
Extraits tirez de l'Histoire universelle
d'Abulfeda , concernant la même matiére
; et un Echantillon d'une Histoire de
Saladin , plus étenduë , écrite par Amadeddin
d'Ispaham . Le tout traduit en Latin
, sur les M. Arabes de la Bibliotheque
de Leyde , par Albert Schultens.
On y a joint une Table et un Commentaire
Géographique , tiré des Manuscrits
de la même Bibliotheque . A Leyde , chez
Samuel Luchtmans , 1732. in fol.
Le Journal des Sçavans , du mois de Juin
dernier, nous a déja appris que cet Ouvra-
⚫ge n'est point une Histoire complette de
ce Prince , mais seulement la Relation de la
Conquête de Jerusalem , ou de la destruction
de ce Royaume par Saladin.
Elle contient 278 pages , pour la Vie ,
64 pour les Extraits , 26 pour l'Echantillon
FEVRIER. 1733. 327
tillon , sans compter la Table de vingtdeux
feuilles et la Préface de 14 pages.
Il seroit à souhaitter pour l'honneur de
la Nation et pour l'utilité publique, qu'on
mit au jour l'Histoire entiere de la Vic de
Saladin , composée par feu M. l'Abbé Renaudot
, de l'Académie Françoise , tirée
des meilleurs Auteurs Orientaux , &c .
Cet habile Ecrivain l'avoit travaillée avec
soin et avec son éxactitude ordinaire . Il
avoit même obtenu le Privilege du Roi
pour l'impression. Le Public espere que
les possesseurs des Manuscrits de cet Abbé
voudront bien l'enrichir au moins de
ce curieux Ouvrage.
, intitulé : Vita et res gesta Sultani
Almalichi, Alnasiri , Saladini, &c . c'està
dire , la Vie du Sultan Saladin , écrite
par Bohadin , fils de Scheddad ; avec des
Extraits tirez de l'Histoire universelle
d'Abulfeda , concernant la même matiére
; et un Echantillon d'une Histoire de
Saladin , plus étenduë , écrite par Amadeddin
d'Ispaham . Le tout traduit en Latin
, sur les M. Arabes de la Bibliotheque
de Leyde , par Albert Schultens.
On y a joint une Table et un Commentaire
Géographique , tiré des Manuscrits
de la même Bibliotheque . A Leyde , chez
Samuel Luchtmans , 1732. in fol.
Le Journal des Sçavans , du mois de Juin
dernier, nous a déja appris que cet Ouvra-
⚫ge n'est point une Histoire complette de
ce Prince , mais seulement la Relation de la
Conquête de Jerusalem , ou de la destruction
de ce Royaume par Saladin.
Elle contient 278 pages , pour la Vie ,
64 pour les Extraits , 26 pour l'Echantillon
FEVRIER. 1733. 327
tillon , sans compter la Table de vingtdeux
feuilles et la Préface de 14 pages.
Il seroit à souhaitter pour l'honneur de
la Nation et pour l'utilité publique, qu'on
mit au jour l'Histoire entiere de la Vic de
Saladin , composée par feu M. l'Abbé Renaudot
, de l'Académie Françoise , tirée
des meilleurs Auteurs Orientaux , &c .
Cet habile Ecrivain l'avoit travaillée avec
soin et avec son éxactitude ordinaire . Il
avoit même obtenu le Privilege du Roi
pour l'impression. Le Public espere que
les possesseurs des Manuscrits de cet Abbé
voudront bien l'enrichir au moins de
ce curieux Ouvrage.
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Résumé : La Vie du Sultan Saladin, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Vita et res gesta Sultani Almalichi, Alnasiri, Saladini, &c.', publié à Leyde en 1732, qui relate la vie du Sultan Saladin. L'auteur est Bohadin, fils de Scheddad, et l'ouvrage inclut des extraits de l'Histoire universelle d'Abulfeda et un échantillon d'une histoire plus étendue de Saladin par Amadeddin d'Ispaham. La traduction en latin a été réalisée par Albert Schultens à partir des manuscrits arabes de la Bibliothèque de Leyde. L'ouvrage comprend également une table et un commentaire géographique tirés des manuscrits de la même bibliothèque. Il se compose de 278 pages pour la vie de Saladin, 64 pages pour les extraits, 26 pages pour l'échantillon, une table de vingt-deux feuilles et une préface de 14 pages. Le Journal des Sçavans a souligné que cet ouvrage ne constitue pas une histoire complète de Saladin, mais seulement la relation de la conquête de Jérusalem et de la destruction de ce royaume par Saladin. Le texte exprime également le souhait que l'histoire entière de la vie de Saladin, composée par l'Abbé Renaudot de l'Académie Française, soit publiée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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63
p. 327-332
Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Litteraire de l'Italie, Septembre, Octobre, [...]
Mots clefs :
Maffei, Public, Anciens, Terre, Italie, Histoire, Université de Turin, Journaliste, Savants, Monuments, Italie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE , ou Histoire
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
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Résumé : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Le volume de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Littéraire de l'Italie' couvre les mois de septembre à décembre 1728. Publié à Genève par Marc-Michel Bousquet et Compagnie, ce volume de 316 pages comprend une table des matières. Le premier article est la suite de l''Histoire Diplomatique' de M. Maffei, qui examine l'origine des Étrusques et des anciens Latins. Maffei explore leur gouvernement, langue, caractères, écritures, coutumes et religion. Pour ses recherches, il a recueilli des monuments anciens et entrepris un voyage en Toscane. Il propose que les Étruriens étaient des descendants des Émins, un peuple puissant originaire de Chanaan, chassé par les Moabites. Cette théorie est soutenue par des similitudes dans les noms, villes, fleuves, divinités, dialectes et coutumes. Le volume inclut également des traductions de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère en vers italiens par l'abbé Antoine-Marie Salvini. D'autres contributions notables sont une relation de cours d'anatomie à l'Université de Turin, et un recueil de formules académiques de M. Augustin Campiani et M. Bernard André Lama. Des articles traitent également des observations des anciens Chaldéens, d'un recueil d'historiens italiens par M. Muratori, et de recherches sur les tremblements de terre par François Travagini. Le volume se conclut par une table des matières des trois tomes de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE'.
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64
p. 500-5[0]3
LETTRE de M. C. Avocat au Parlement de Normandie, écrite à M... au sujet de quelques Epithetes et Qualifications singulieres, &c.
Début :
L'Etude des Loix et le tumulte du Barreau, ne m'empêchent pas, Monsieur, [...]
Mots clefs :
Noms, Avocat, Qualifications, Histoire, Paris, Origine, Italie, Sociétés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. C. Avocat au Parlement de Normandie, écrite à M... au sujet de quelques Epithetes et Qualifications singulieres, &c.
LETTRE de M. C. Avocat au Parlement
de Normandie , écrite à M...
au sujet de quelques Epithetes et Qualifications
singulieres , & c.
'Etude des Loix et le tumulte du
Barreau , ne m'empêchent pas ,
Monsieur
, de donner toujours quelque tems
à une certaine Litterature agréable , qui
en instruisant , délasse des études sérieuses
qu'éxige notre Profession . Vous m'avze
envoyé un peu tard le Mercure * dans lequel,
à l'occasion d'un Extrait de la Bibliotheque
Italique , les Auteurs de ce Journal
ont donné un dénombrement des Académics
d'Italie , surtout de celles qui ont
pris des noms tout-à- fait bizares . Je vous
avoue que cette lecture m'a beaucoup
• Mercure de Janvier 17 32. page 123.
réjoui ,
MARS. 1733
Sor
réjoui , et que n'en déplaise à ces Messicurs
du Mercure , qui veulent qu'on
garde là- dessus le sérieux. Risum teneatis
Amici , j'aurai bien de la peine de ne
pas rire un peu des noms de Mrs les En- `
dormis , les Immobiles , les Fantasques , les
Etourdis , les Opiniâtres , les Insensez , les
Enchainez , les Absurdes , & c.
Il est vrai que la Lettre d'un habile
Italien , rapportée sur ce sujet dans le
même Livre , engage à suspendre son jugement
, et à présumer que les noms en
question n'auront pas été donnez au hazard
par des Iraliens , naturellement spirituels
et par des Italiens Gens de Lettres.
En attendant qu'il vienne là- dessus quelbonne
instruction de l'Italie même ,
que
comme il semble qu'on le fait esperer
dans le Mercure , j'ai pensé qu'il ne seroit
peut-être pas impossible de trouver
des exemples de pareilles ou d'approchantes
Qualifications hors de l'Italie ,
en France même , où je sçai qu'en certains
Cantons les Epithetes burlesques ct les
sobriquets ont été et sont peut- être encore
en vogue ; mais où chercher ces
preuves et ces autoritez je vous en laisse
le soin , Monsieur , yous qui êtes le maître
de tout votre temps et qui ne manquez
ni de curiosité ni de lumieres.
Je
502 MERCURE DE FRANCE
Je vous dirai cependant ce que j'ai
trouvé depuis peu là- dessus , sans le cherchet
et en feuilletant un Livre des plus
sérieux qui puissent tomber entre les
mains d'un Avocat ; cela justifiera d'ail
leurs ce que je viens de vous dire des
Sobriquets plaisants et des Qualifications
burlesques , usitées dans plusieurs endroits
du Royaume . Ce Livre est celui
dont voici le Titre : OBSERVATIONS et
Maximes sur les Matieres Criminelles ,
Avec des Remarques , & c . Par M. Antoine
Bruneau , Avocat au Farlement. 1 .
vol. in 4. Paris , chez Guill. Cavelier
fils , 1715.
Une Procedure Criminelle dont je
suis chargé , m'engagea de lire cet Auteur
, et je trouvai dans la I. Partie
T. XXIII . De la maniere de faire le Procès
aux Communautez des Villes , Bourgs
et Villages , Corps et Compagnies , ce qui
suit , page 215 .
» Je n'ai point prétendu parler de ces
Societez burlesques des Pertantineux à
» Paris , de ceux d'Orleans de la Poule
» à quatre oeufs , des Enfans de quatre
» heures à Amiens , des Goulifats à Mon-
» targis , des Mirandolins de Joigny , de
» la Gueuse à Boulogne - sur - Mer , et à
>> Montreuil des Enfans de la Lune , et
>> de
MARS. 1733 .
de la Messe de Minuit à Clermont en
593
» Auvergne ; à la fin de cette Liste réjouissante
, l'Auteur cite Jover , en sa
Bibliotheque , in verbo , Jeux de hazard ;
il cite aussi , mais je n'en vois pas bien
l'application , le III. L. des Instituts
Tit, 26. de Societate , quale de illicitis factionibus
timeri solet.
Si vous vous embarquez dans cette Recherche
, observez , s'il vous plaît , que
M. Bruneau s'appuye aussi un peu auparavant
, de l'autorité de Cujas , qu'il cite
de cette maniere , Sunt quarum usus , & c.
Recherches de la France et de celle de
Mezeray , dans l'Histoire de Clotaire I.
lesquels ont , dit il , parlé de l'origine de
notre Langue , et dans l'Histoire de Phi
lippe Auguste , de l'origine des Noms,
Vous verrez quel rapport tout cela peut
avoir au sujet en question ; car encore
une fois , je n'ai pas le temps
d'entrer
moi- même dans cette discussion , qui ne
consiste pas tant à rapporter
des cxemples
de pareilles dénominations , qu'à en
découvrir l'origine ou la cause , ce qui
peut fournir des Faits anecdotes et servir
même à l'Histoire generale et partiliere.
Je suis , Mousieur , & c.
A Paris le premier Février 1733 .
de Normandie , écrite à M...
au sujet de quelques Epithetes et Qualifications
singulieres , & c.
'Etude des Loix et le tumulte du
Barreau , ne m'empêchent pas ,
Monsieur
, de donner toujours quelque tems
à une certaine Litterature agréable , qui
en instruisant , délasse des études sérieuses
qu'éxige notre Profession . Vous m'avze
envoyé un peu tard le Mercure * dans lequel,
à l'occasion d'un Extrait de la Bibliotheque
Italique , les Auteurs de ce Journal
ont donné un dénombrement des Académics
d'Italie , surtout de celles qui ont
pris des noms tout-à- fait bizares . Je vous
avoue que cette lecture m'a beaucoup
• Mercure de Janvier 17 32. page 123.
réjoui ,
MARS. 1733
Sor
réjoui , et que n'en déplaise à ces Messicurs
du Mercure , qui veulent qu'on
garde là- dessus le sérieux. Risum teneatis
Amici , j'aurai bien de la peine de ne
pas rire un peu des noms de Mrs les En- `
dormis , les Immobiles , les Fantasques , les
Etourdis , les Opiniâtres , les Insensez , les
Enchainez , les Absurdes , & c.
Il est vrai que la Lettre d'un habile
Italien , rapportée sur ce sujet dans le
même Livre , engage à suspendre son jugement
, et à présumer que les noms en
question n'auront pas été donnez au hazard
par des Iraliens , naturellement spirituels
et par des Italiens Gens de Lettres.
En attendant qu'il vienne là- dessus quelbonne
instruction de l'Italie même ,
que
comme il semble qu'on le fait esperer
dans le Mercure , j'ai pensé qu'il ne seroit
peut-être pas impossible de trouver
des exemples de pareilles ou d'approchantes
Qualifications hors de l'Italie ,
en France même , où je sçai qu'en certains
Cantons les Epithetes burlesques ct les
sobriquets ont été et sont peut- être encore
en vogue ; mais où chercher ces
preuves et ces autoritez je vous en laisse
le soin , Monsieur , yous qui êtes le maître
de tout votre temps et qui ne manquez
ni de curiosité ni de lumieres.
Je
502 MERCURE DE FRANCE
Je vous dirai cependant ce que j'ai
trouvé depuis peu là- dessus , sans le cherchet
et en feuilletant un Livre des plus
sérieux qui puissent tomber entre les
mains d'un Avocat ; cela justifiera d'ail
leurs ce que je viens de vous dire des
Sobriquets plaisants et des Qualifications
burlesques , usitées dans plusieurs endroits
du Royaume . Ce Livre est celui
dont voici le Titre : OBSERVATIONS et
Maximes sur les Matieres Criminelles ,
Avec des Remarques , & c . Par M. Antoine
Bruneau , Avocat au Farlement. 1 .
vol. in 4. Paris , chez Guill. Cavelier
fils , 1715.
Une Procedure Criminelle dont je
suis chargé , m'engagea de lire cet Auteur
, et je trouvai dans la I. Partie
T. XXIII . De la maniere de faire le Procès
aux Communautez des Villes , Bourgs
et Villages , Corps et Compagnies , ce qui
suit , page 215 .
» Je n'ai point prétendu parler de ces
Societez burlesques des Pertantineux à
» Paris , de ceux d'Orleans de la Poule
» à quatre oeufs , des Enfans de quatre
» heures à Amiens , des Goulifats à Mon-
» targis , des Mirandolins de Joigny , de
» la Gueuse à Boulogne - sur - Mer , et à
>> Montreuil des Enfans de la Lune , et
>> de
MARS. 1733 .
de la Messe de Minuit à Clermont en
593
» Auvergne ; à la fin de cette Liste réjouissante
, l'Auteur cite Jover , en sa
Bibliotheque , in verbo , Jeux de hazard ;
il cite aussi , mais je n'en vois pas bien
l'application , le III. L. des Instituts
Tit, 26. de Societate , quale de illicitis factionibus
timeri solet.
Si vous vous embarquez dans cette Recherche
, observez , s'il vous plaît , que
M. Bruneau s'appuye aussi un peu auparavant
, de l'autorité de Cujas , qu'il cite
de cette maniere , Sunt quarum usus , & c.
Recherches de la France et de celle de
Mezeray , dans l'Histoire de Clotaire I.
lesquels ont , dit il , parlé de l'origine de
notre Langue , et dans l'Histoire de Phi
lippe Auguste , de l'origine des Noms,
Vous verrez quel rapport tout cela peut
avoir au sujet en question ; car encore
une fois , je n'ai pas le temps
d'entrer
moi- même dans cette discussion , qui ne
consiste pas tant à rapporter
des cxemples
de pareilles dénominations , qu'à en
découvrir l'origine ou la cause , ce qui
peut fournir des Faits anecdotes et servir
même à l'Histoire generale et partiliere.
Je suis , Mousieur , & c.
A Paris le premier Février 1733 .
Fermer
Résumé : LETTRE de M. C. Avocat au Parlement de Normandie, écrite à M... au sujet de quelques Epithetes et Qualifications singulieres, &c.
Dans une lettre datée du 1er février 1733, M. C., avocat au Parlement de Normandie, s'adresse à un destinataire pour discuter des épithètes et qualifications singulières mentionnées dans le Mercure de Janvier 1732. L'auteur exprime sa joie en découvrant les noms d'académies italiennes tels que 'les Endormis', 'les Immobiles' et 'les Fantasques', trouvant ces dénominations amusantes malgré le sérieux des auteurs du Mercure. Il mentionne une lettre d'un Italien qui suggère que ces noms n'ont pas été choisis au hasard. M. C. propose de chercher des exemples similaires en France, où les sobriquets burlesques sont également en vogue. Il cite un livre sérieux, 'Observations et Maximes sur les Matieres Criminelles' de M. Antoine Bruneau, qui mentionne des sociétés burlesques comme 'les Pertantineux' à Paris et 'les Enfans de la Lune' à Montreuil. L'auteur invite son destinataire à explorer l'origine de ces dénominations, ce qui pourrait enrichir l'histoire générale et particulière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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65
p. 507-523
Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, T. VI. [...]
Mots clefs :
Médecine, Médecins, Histoire, Amsterdam, Remèdes, Raison, Lois, Préface, Corps, Latin, Canini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISONNE'E des
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Fermer
Résumé : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil de la Bibliothèque Raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe pour l'année 1734, publié à Amsterdam. Il met en avant plusieurs ouvrages notables, dont 'Amenitez de Médecine' de Dan. Vink. Cet ouvrage explore l'origine, les progrès, l'excellence et la nécessité de la médecine, ainsi que les abus actuels de cette profession. L'auteur souligne que la médecine, ayant pour objet l'homme, est préférable à tous les autres arts, mais les abus fréquents la rendent moins estimable. Le texte mentionne également des pratiques anciennes, comme les méthodes de traitement des maladies chez les Babyloniens et les Assyriens, et les privilèges des prêtres malabares en matière de médecine. D'autres ouvrages cités incluent 'Les Voyages et Aventures du Capitaine Robert Boyle' et 'Histoire de la Médecine' de M. Schulze, qui couvre la médecine depuis ses débuts jusqu'à l'an 412 de Rome. Le texte aborde également la médecine gymnastique des Grecs et l'évolution des duels, une pratique introduite par des peuples barbares et adoptée par divers peuples européens. Les duels étaient utilisés pour purger des crimes et étaient réglementés par des lois et des ordres de chevalerie. Le texte conclut en discutant des difficultés à éradiquer les préjugés liés au point d'honneur et à l'usage des duels. Le texte présente également une liste de divers ouvrages et articles publiés entre 1731 et 1733. Parmi ces publications, on trouve des réfutations et des défenses de positions philosophiques et religieuses. Par exemple, 'REFUTATION des Erreurs de Benoît de Spinosa' par M. de Fénelon, le P. Lami et le Comte de Boulainvilliers, qui inclut une biographie de Spinoza écrite par Jean Colerus. Un autre ouvrage notable est 'L'UTILITE, LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE de la Révélation Chrétienne' par Jacques Foster, qui défend la religion chrétienne contre un livre récent. Le texte mentionne également des traités juridiques et historiques, comme 'TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins' par Everard Otton et 'IMAGES DES HEROS et des Grands Hommes de l'Antiquité' par Jean-Ange Canini, illustré par Picart. Enfin, le texte discute de l'établissement d'une imprimerie à Constantinople et des ouvrages qu'elle produit, tels que des histoires des antiquités égyptiennes et des calendriers des califes. Plusieurs erreurs typographiques sont également corrigées dans le texte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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66
p. 528-529
« L'ART DE MONTER A CHEVAL, ou Description du Manége moderne, écrit [...] »
Début :
L'ART DE MONTER A CHEVAL, ou Description du Manége moderne, écrit [...]
Mots clefs :
Florins, Histoire, Manège, Cheval
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'ART DE MONTER A CHEVAL, ou Description du Manége moderne, écrit [...] »
L'ART DE MONTER A CHEVAL , OU
Description du Manége moderne , écrit
et dessiné par le Baron d'Eifemberg ;
il y a 60. Planches , toutes gravées par
B. Picart. Le prix est de 12. florins en
petit papier , et de 18. florins en grand .
A la Haye,chez Gosse et Neaulme , in fol.
PRINCIPES DE L'HISTOIRE , Contenant
les Elemens de la Chronologie ; un petit
Traité de la Sphere et du Globe Terrestre
, pour servir d'Introduction à la
Géographie , accompagné de la division
Géographique et Historique de l'Empire
la
MAR S. 1733 529
Romain en ses Provinces . L'Abregé de
la Vie des meilleurs Historiens , avec un
Jugement sur leurs Ouvrages. Quelques
Refléxions sur l'usage de l'Histoire et
sur la maniere de l'étudier utilement .
Une idée generale du Gouvernement
des principaux Etats de l'Europe , anciens
et modernes. Par M. de Juvenek. A Paris
, chez Barth. Alix , ruë S. Jacques ,
1733.
Description du Manége moderne , écrit
et dessiné par le Baron d'Eifemberg ;
il y a 60. Planches , toutes gravées par
B. Picart. Le prix est de 12. florins en
petit papier , et de 18. florins en grand .
A la Haye,chez Gosse et Neaulme , in fol.
PRINCIPES DE L'HISTOIRE , Contenant
les Elemens de la Chronologie ; un petit
Traité de la Sphere et du Globe Terrestre
, pour servir d'Introduction à la
Géographie , accompagné de la division
Géographique et Historique de l'Empire
la
MAR S. 1733 529
Romain en ses Provinces . L'Abregé de
la Vie des meilleurs Historiens , avec un
Jugement sur leurs Ouvrages. Quelques
Refléxions sur l'usage de l'Histoire et
sur la maniere de l'étudier utilement .
Une idée generale du Gouvernement
des principaux Etats de l'Europe , anciens
et modernes. Par M. de Juvenek. A Paris
, chez Barth. Alix , ruë S. Jacques ,
1733.
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Résumé : « L'ART DE MONTER A CHEVAL, ou Description du Manége moderne, écrit [...] »
Le premier ouvrage, 'L'ART DE MONTER A CHEVAL', est écrit et illustré par le Baron d'Eifemberg. Il contient 60 planches gravées par B. Picart et est disponible à La Haye. Le second, 'PRINCIPES DE L'HISTOIRE', rédigé par M. de Juvenek, inclut des éléments de chronologie, un traité sur la sphère et le globe terrestre, et une division de l'Empire Romain. Il est publié à Paris en 1733.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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67
p. 743-747
Principes de l'Histoire, &c. [titre d'après la table]
Début :
PRINCIPES DE L'HISTOIRE, &c Par M. de Juvenel, I vol. 12. de 237 pag. A Paris, [...]
Mots clefs :
Histoire, Géographie, Chronologie, Historiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Principes de l'Histoire, &c. [titre d'après la table]
PRINCIPES DE L'HISTOIRE, &C Par M.de
Juvenel , 1 vol . 12. de 237 pag. A Paris ,
che Barthelemi Alix , Libraire , ruë saint
Jacques , au Griffon .
Cet Ouvrage contient cinq Parties. La
premiere renferme les Elemens de la
Chronologie. L'Auteur , après avoir parlé
de l'Année solaire des Egyptiens , des
Hebreux et des Romains ; de la Correction
du Calendrier Romain, par Jules-
César , et par Grégoire XIII . de la maniere
de compter les heures , et les jours
des mois, usitée chez les anciens ; de l'Année
lunaire des Grecs et des Juifs ; de la
Période Julienne , et des Années du Mon-
Fiij de,
744 MERCURE DE FRANCE
>
de; parcourt les differentes Eres , suivant
l'ordre des temps. Il s'étend davantage.
sur les Consulats et la puissance Tribunitienne
, à cause de leur importance
poun rapporter la connoissance des Médailles
, et des Inscriptions à celle de
l'Histoire ; il finit par les trois principes
de la Chronologie , et par de courtes
observations sur l'Histoire d'Egypte ,'
et d'Assyrie , et sur la Chronologie Grec
que.
La seconde Partie est une Introduction
à la Géographie , subdivisée en deux
Sections ; dont la premiere est un petit
Traité du Globe terrestre et de la Sphere ,
pour faciliter l'usage des Globes et des
Mappes -Mondes.
La deuxième, presente une Description
Géographique et Historique de l'Empire
Romain , divisé en ses Provinces Proconsulites
, et Proprétoriennes. Cette Des--
cription en forme de Table , pour la
commodité du Lecteur, marque le temps
auquel chaque Province a été unie à l'Empire
, les changemens les plus considérables
, arrivez dans leur Gouvernement, er
leurs Villes Capitales , que
ractérise de plusieurs traits d'Histoire.
La troisième Partie est un abrégé de la
Vie des anciens Historiens , avec un jugement
sur leurs Ouvrages.
l'Auteur ca-
La
AVRIL. 1733. 745
La quatrième contient des Réfléxions
sur l'usage de l'Histoire , et des avis sur
la maniere de l'étudier. Il ne suffit pas ,
nous dit- on icy , de connoître les meil
leurs Historiens et de sçavoir les principes
de la Chronologie et de la Géographie
, si on ne les rapporte à l'étude de
'Histoire, à laquelle elles servent de fondement.
L'Auteur propose ensuite l'usage
des Tables Chronologiques , comme
tres - important à la lecture des Historiens
. En rapportant ce qu'on lit dans
les Tables , les principaux faits , et les actions
les plus éclatantes s'arrangent dans
la mémoire , sans confusion , et sins cmbarras
; et par là les lectures deviennent
plus utiles et même plus agréables.
L'usage des Cartes Géographiques est
aussi absolument necessaire pour l'intelligence
de l'Histoire ; il faut en avoir des
meilleurs Auteurs et des plus détaillées ,
les avoir sans cesse devant les yeux en lisant
, por y chercher les Royaumes, les
Provinces et les Villes , dont les Auteurs
font mention .
pat
Il donne trois moyens d'apprendre la
Géographie par l'Histoire , et l'Histoire
la Géographie et pour éviter la sécheresse
de cette étude , qui cause bientôt
le dégoût, le 1. de lire d'abord un bon
Fiiij abrégé
746 MERCURE DE FRANCE
abrégé , pour avoir une connoissance generale
des differens Païs ; le 2. de remar
quer les faits particuliers qui caractérisent
chaque Ville ; un Siége , une Bataille
, la tenuë d'un Concile , la naissance
d'un Homme Illustre , &c. la 3º . de rapporter
l'ancienne Géographie à la nouvelle
, et la nouvelle à l'ancienne , observant
les divers noms que chaque Ville
a eu sous divers Maîtres.
Mais avant toutes choses il est nécessaire
de connoître les moeurs et les cou
tumes de chaque Nation ; la constitution
de chaque Etat , et la forme du gouvernement
de chaque Peuple.
On ne sçauroit lire utilement l'an
cienne Histoire , si l'on ignore les fonc
tions des Magistrats , et les prérogatives
de leurs Charges ; si l'on ne connoît ni les
Archontes , ni les Ephores , si célebres
dans l'Histoire ancienne : comme dans la
nouvelle celui-là , dit notre Auteur , auroit
un Livre scellé , qui n'ayant aucune
notion du Droit public de l'Empire Germanique
, dont les principales sources
sont la Bulle d'or , les Capitulations Impériales
, la Paix publique et Religieuse,
&c. étudieroit l'Histoire d'Allemagne.
Dans le choix des Histoires , il faut
donner le premier rang à l'Histoire Sainte.
On
AVRIL. 1733. 747
On y apprend la Religion et la Morale
par une méthode abrégée et facile ; on y
peut joindre l'Histoire Grecque et Ro
maine , à cause du rapport des temps.
L'Histoire de France viendra ensuite
on y pourra rapporter les Histoires Etrangeres
, selon que les affaires de nos voisins
se trouveront mêlées avec les nôtres.
Au choix des Histoires doit succeder
celui des Historiens ; il faut prendre les
meilleurs et s'y arrêter , si on veut aider
la mémoire et former le jugement , suivant
ce conseil de Seneque : Certis ingeniis
immorari et innutriri oportet , si velis
aliquid trabere quod in animo fideliter sedear.
Ep.2. L'Auteur fait ensuite plusieurs
réfléxions sur la maniere dont nous devons
porter notre jugement sur certains
points d'Histoire qu'il est nécessaire de
discuter , et sur les discussions mêmes des
Sçavans. Les bornes d'un Extrait ne nous
permettent pas d'entrer dans ce détail.
Juvenel , 1 vol . 12. de 237 pag. A Paris ,
che Barthelemi Alix , Libraire , ruë saint
Jacques , au Griffon .
Cet Ouvrage contient cinq Parties. La
premiere renferme les Elemens de la
Chronologie. L'Auteur , après avoir parlé
de l'Année solaire des Egyptiens , des
Hebreux et des Romains ; de la Correction
du Calendrier Romain, par Jules-
César , et par Grégoire XIII . de la maniere
de compter les heures , et les jours
des mois, usitée chez les anciens ; de l'Année
lunaire des Grecs et des Juifs ; de la
Période Julienne , et des Années du Mon-
Fiij de,
744 MERCURE DE FRANCE
>
de; parcourt les differentes Eres , suivant
l'ordre des temps. Il s'étend davantage.
sur les Consulats et la puissance Tribunitienne
, à cause de leur importance
poun rapporter la connoissance des Médailles
, et des Inscriptions à celle de
l'Histoire ; il finit par les trois principes
de la Chronologie , et par de courtes
observations sur l'Histoire d'Egypte ,'
et d'Assyrie , et sur la Chronologie Grec
que.
La seconde Partie est une Introduction
à la Géographie , subdivisée en deux
Sections ; dont la premiere est un petit
Traité du Globe terrestre et de la Sphere ,
pour faciliter l'usage des Globes et des
Mappes -Mondes.
La deuxième, presente une Description
Géographique et Historique de l'Empire
Romain , divisé en ses Provinces Proconsulites
, et Proprétoriennes. Cette Des--
cription en forme de Table , pour la
commodité du Lecteur, marque le temps
auquel chaque Province a été unie à l'Empire
, les changemens les plus considérables
, arrivez dans leur Gouvernement, er
leurs Villes Capitales , que
ractérise de plusieurs traits d'Histoire.
La troisième Partie est un abrégé de la
Vie des anciens Historiens , avec un jugement
sur leurs Ouvrages.
l'Auteur ca-
La
AVRIL. 1733. 745
La quatrième contient des Réfléxions
sur l'usage de l'Histoire , et des avis sur
la maniere de l'étudier. Il ne suffit pas ,
nous dit- on icy , de connoître les meil
leurs Historiens et de sçavoir les principes
de la Chronologie et de la Géographie
, si on ne les rapporte à l'étude de
'Histoire, à laquelle elles servent de fondement.
L'Auteur propose ensuite l'usage
des Tables Chronologiques , comme
tres - important à la lecture des Historiens
. En rapportant ce qu'on lit dans
les Tables , les principaux faits , et les actions
les plus éclatantes s'arrangent dans
la mémoire , sans confusion , et sins cmbarras
; et par là les lectures deviennent
plus utiles et même plus agréables.
L'usage des Cartes Géographiques est
aussi absolument necessaire pour l'intelligence
de l'Histoire ; il faut en avoir des
meilleurs Auteurs et des plus détaillées ,
les avoir sans cesse devant les yeux en lisant
, por y chercher les Royaumes, les
Provinces et les Villes , dont les Auteurs
font mention .
pat
Il donne trois moyens d'apprendre la
Géographie par l'Histoire , et l'Histoire
la Géographie et pour éviter la sécheresse
de cette étude , qui cause bientôt
le dégoût, le 1. de lire d'abord un bon
Fiiij abrégé
746 MERCURE DE FRANCE
abrégé , pour avoir une connoissance generale
des differens Païs ; le 2. de remar
quer les faits particuliers qui caractérisent
chaque Ville ; un Siége , une Bataille
, la tenuë d'un Concile , la naissance
d'un Homme Illustre , &c. la 3º . de rapporter
l'ancienne Géographie à la nouvelle
, et la nouvelle à l'ancienne , observant
les divers noms que chaque Ville
a eu sous divers Maîtres.
Mais avant toutes choses il est nécessaire
de connoître les moeurs et les cou
tumes de chaque Nation ; la constitution
de chaque Etat , et la forme du gouvernement
de chaque Peuple.
On ne sçauroit lire utilement l'an
cienne Histoire , si l'on ignore les fonc
tions des Magistrats , et les prérogatives
de leurs Charges ; si l'on ne connoît ni les
Archontes , ni les Ephores , si célebres
dans l'Histoire ancienne : comme dans la
nouvelle celui-là , dit notre Auteur , auroit
un Livre scellé , qui n'ayant aucune
notion du Droit public de l'Empire Germanique
, dont les principales sources
sont la Bulle d'or , les Capitulations Impériales
, la Paix publique et Religieuse,
&c. étudieroit l'Histoire d'Allemagne.
Dans le choix des Histoires , il faut
donner le premier rang à l'Histoire Sainte.
On
AVRIL. 1733. 747
On y apprend la Religion et la Morale
par une méthode abrégée et facile ; on y
peut joindre l'Histoire Grecque et Ro
maine , à cause du rapport des temps.
L'Histoire de France viendra ensuite
on y pourra rapporter les Histoires Etrangeres
, selon que les affaires de nos voisins
se trouveront mêlées avec les nôtres.
Au choix des Histoires doit succeder
celui des Historiens ; il faut prendre les
meilleurs et s'y arrêter , si on veut aider
la mémoire et former le jugement , suivant
ce conseil de Seneque : Certis ingeniis
immorari et innutriri oportet , si velis
aliquid trabere quod in animo fideliter sedear.
Ep.2. L'Auteur fait ensuite plusieurs
réfléxions sur la maniere dont nous devons
porter notre jugement sur certains
points d'Histoire qu'il est nécessaire de
discuter , et sur les discussions mêmes des
Sçavans. Les bornes d'un Extrait ne nous
permettent pas d'entrer dans ce détail.
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Résumé : Principes de l'Histoire, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Principes de l'Histoire' de M. de Juvenel est organisé en cinq parties. La première partie se concentre sur la chronologie, en explorant les systèmes calendaires des Égyptiens, des Hébreux et des Romains, ainsi que les réformes apportées par Jules César et Grégoire XIII. Elle aborde également les différentes ères historiques, les consulats, la puissance tribunitienne et les chronologies de l'Égypte, de l'Assyrie et de la Grèce. La deuxième partie introduit la géographie, divisée en deux sections. La première section traite du globe terrestre et de la sphère, facilitant l'utilisation des globes et des mappemondes. La deuxième section décrit géographiquement et historiquement l'Empire romain, divisé en provinces proconsulaires et proprétoriennes, en détaillant leur intégration à l'Empire, les changements de gouvernement et les villes capitales. La troisième partie présente un abrégé des vies des anciens historiens, accompagné d'une évaluation de leurs œuvres. La quatrième partie propose des réflexions sur l'usage de l'histoire et des conseils pour l'étudier. L'auteur souligne l'importance de connaître les meilleurs historiens et les principes de la chronologie et de la géographie. Il recommande l'utilisation des tables chronologiques et des cartes géographiques pour une meilleure compréhension des faits historiques. Il suggère trois méthodes pour apprendre la géographie par l'histoire et vice versa, en insistant sur la nécessité de connaître les mœurs, les coutumes et les constitutions des nations. L'auteur conseille de commencer l'étude de l'histoire par l'histoire sainte, suivie de l'histoire grecque et romaine, et enfin de l'histoire de France, en intégrant les histoires étrangères en fonction de leurs interactions avec les affaires françaises. Il recommande de choisir les meilleurs historiens pour aider la mémoire et former le jugement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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68
p. 755-757
Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Début :
Il paroît un Livre nouveau intitulé, Traité de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire [...]
Mots clefs :
Opinion, Esprit humain, Pyrrhonisme, Histoire, Astronomie, Physique, Descartes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Il paroît un Livre nouveau intitulé , Traité
de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire
de l'Esprit humain . Le point de vûë de cet
Ouvrage est la Science de douter à propos , et
une sage défiance également éloignée de la crédulité
et du Pyrrhonisme. L'Auteur qui ne s'est
point nommé , execute ce Projet , en suivant les
Sciences prophanes , et en faisant voir par les
sentimens des Anciens et des Modernes , à quel
point l'opinion regne dans ces Sciences. Le premier
Livre roule sur les Belles - Lettres , les differens
Jugemens des Critiques , le Pyrrhonisme de
l'Histoire , les difficultez les plus celebres de la
Chronologie. Le second Livre est une Histoire
de toutes les Sectes Philosophiques ; Histoire , qui
selon l'Auteur , est proprement celle de l'opinion.
Le troisiéme renferme les questions les plus
importantes de la Métaphisique , les égaremens
de l'Idolâtrie , les prétendus Miracles du Paganisme
, les contradictions des Philosophes sur les
ames , sur les bêtes ; les divinations fondées sur
le commerce des Esprits par la Magie , la cabale,
les augures , présages , songes et autres moyens ,
dont on a souvent abusé pour séduire les esprits
faibles
56 MERCURE DE FRANCE
foibles Le quatriéme Livre traite de la Physique,
de l'Astronomie , de la Medecine , de la Chimie,
de l'Astronomie Judiciaire , et autres divinations
prétendues naturelles , les Fables débitées par les
Naturalistes y servent d'exemples de la licence
des Auteurs. Une contradiction du Systême de
Descartes est relevée dans le Chapitre de la Physique
, où l'on trouve en même-temps une réforme
de ce Systême , qui en y rétablissant l'uniformité
conserve tout ce que l'idée des Tourbillons
de Descartes a de brillant et de magnifique.
Le cinquiéme Livie contient deux . Chapitres ,
P'un sur les diferentes especes de Gouvernemens ,
Pantre sur les maximes politiques. La veritable
constitution du Gouvernement de France y est
expliquée , avec des Dissertations importantes
sur les Parlemens et Etats Generaux . Le sixiéme
Livre est un précis des pensées les plus remarqua
bles des Anciens sur la Morale. Les diferentes
Loix et Coûtumes des Peuples y sont exposées.
Tout l'Ouvrage est rempli d'une parfaite connoissance
de l'Antiquité et d'une profonde érudition
; le style en est clair et poli ; tant de sujets
si diversifiez contiennent des recherches immenses
en tous genres , chaque Science y est
traitée suivant son caractere particulier , et il en
résulte un assemblage d'excellens Mémoires pour
servir à l'Hist. de l'Esprit humain , qui peut égale
ment y reconnoître ses erreurs et y considerer les
monumens de ses Travaux les plus illustres.
Ce Livre est en six volumes in 12, dont
le dernier renferme quatre Tables très- amples ,
la premiere , des Chapitres ; la seconde, des noms
propres ; la troisiéme , des Mutieres , et la quatrieme
, des Aureurs citez . Le Prix est de 15. liv.
relié et de 12 liv.12. sols broché. Il se vend
chez
AVRIL. 1733.. 757
chez Guillaume de Bure , le pere , sur le Quay
des Augustins , à l'Image Saint Claude ; chez
Charles Osmons , ruë S. Jacques , à l'Olivier , et
chez Grégoire- Antoine du Puis , au Palais, à l'Enseigne
du S. Esprit.
Nous donnerons un Extrait plus étendu de cet
Ouvrage , que nous n'avons encore fait que parcourir.
de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire
de l'Esprit humain . Le point de vûë de cet
Ouvrage est la Science de douter à propos , et
une sage défiance également éloignée de la crédulité
et du Pyrrhonisme. L'Auteur qui ne s'est
point nommé , execute ce Projet , en suivant les
Sciences prophanes , et en faisant voir par les
sentimens des Anciens et des Modernes , à quel
point l'opinion regne dans ces Sciences. Le premier
Livre roule sur les Belles - Lettres , les differens
Jugemens des Critiques , le Pyrrhonisme de
l'Histoire , les difficultez les plus celebres de la
Chronologie. Le second Livre est une Histoire
de toutes les Sectes Philosophiques ; Histoire , qui
selon l'Auteur , est proprement celle de l'opinion.
Le troisiéme renferme les questions les plus
importantes de la Métaphisique , les égaremens
de l'Idolâtrie , les prétendus Miracles du Paganisme
, les contradictions des Philosophes sur les
ames , sur les bêtes ; les divinations fondées sur
le commerce des Esprits par la Magie , la cabale,
les augures , présages , songes et autres moyens ,
dont on a souvent abusé pour séduire les esprits
faibles
56 MERCURE DE FRANCE
foibles Le quatriéme Livre traite de la Physique,
de l'Astronomie , de la Medecine , de la Chimie,
de l'Astronomie Judiciaire , et autres divinations
prétendues naturelles , les Fables débitées par les
Naturalistes y servent d'exemples de la licence
des Auteurs. Une contradiction du Systême de
Descartes est relevée dans le Chapitre de la Physique
, où l'on trouve en même-temps une réforme
de ce Systême , qui en y rétablissant l'uniformité
conserve tout ce que l'idée des Tourbillons
de Descartes a de brillant et de magnifique.
Le cinquiéme Livie contient deux . Chapitres ,
P'un sur les diferentes especes de Gouvernemens ,
Pantre sur les maximes politiques. La veritable
constitution du Gouvernement de France y est
expliquée , avec des Dissertations importantes
sur les Parlemens et Etats Generaux . Le sixiéme
Livre est un précis des pensées les plus remarqua
bles des Anciens sur la Morale. Les diferentes
Loix et Coûtumes des Peuples y sont exposées.
Tout l'Ouvrage est rempli d'une parfaite connoissance
de l'Antiquité et d'une profonde érudition
; le style en est clair et poli ; tant de sujets
si diversifiez contiennent des recherches immenses
en tous genres , chaque Science y est
traitée suivant son caractere particulier , et il en
résulte un assemblage d'excellens Mémoires pour
servir à l'Hist. de l'Esprit humain , qui peut égale
ment y reconnoître ses erreurs et y considerer les
monumens de ses Travaux les plus illustres.
Ce Livre est en six volumes in 12, dont
le dernier renferme quatre Tables très- amples ,
la premiere , des Chapitres ; la seconde, des noms
propres ; la troisiéme , des Mutieres , et la quatrieme
, des Aureurs citez . Le Prix est de 15. liv.
relié et de 12 liv.12. sols broché. Il se vend
chez
AVRIL. 1733.. 757
chez Guillaume de Bure , le pere , sur le Quay
des Augustins , à l'Image Saint Claude ; chez
Charles Osmons , ruë S. Jacques , à l'Olivier , et
chez Grégoire- Antoine du Puis , au Palais, à l'Enseigne
du S. Esprit.
Nous donnerons un Extrait plus étendu de cet
Ouvrage , que nous n'avons encore fait que parcourir.
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Résumé : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Traité de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire de l'Esprit humain', écrit par un auteur anonyme. Cet ouvrage explore la science du doute raisonnable, évitant à la fois la crédulité et le pyrrhonisme. Structuré en six livres, il aborde divers sujets. Le premier livre traite des Belles-Lettres, des jugements critiques, du pyrrhonisme de l'histoire et des difficultés chronologiques. Le second livre examine les sectes philosophiques comme l'histoire de l'opinion. Le troisième livre couvre des questions métaphysiques, l'idolâtrie, les miracles païens, et les contradictions philosophiques sur les âmes et les bêtes, ainsi que les divinations par la magie et la cabale. Le quatrième livre critique la physique, l'astronomie, la médecine, la chimie et les divinations naturelles, notamment le système de Descartes. Le cinquième livre discute des formes de gouvernement et des maximes politiques, expliquant la constitution du gouvernement français et les Parlements. Le sixième livre présente un précis des pensées morales des Anciens et expose les lois et coutumes des peuples. L'ouvrage est caractérisé par une profonde érudition et un style clair, offrant une vaste connaissance de l'antiquité et des recherches approfondies dans divers domaines. Il est disponible en six volumes in-12, avec des tables des chapitres, des noms propres, des matières et des auteurs cités, au prix de 15 livres relié et 12 livres 12 sols broché. Il est en vente chez Guillaume de Bure, Charles Osmons et Grégoire-Antoine du Puis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
p. 929-934
LES MUSES. ODE.
Début :
Quel agréable délire, [...]
Mots clefs :
Art, Éloquence, Muses, Comédie, Tragédie, Danse, Poésie amoureuse, Musique, Histoire, Astronomie, Poème épique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES MUSES. ODE.
LES MUSES,
O'D E.
Uel agréable délire ,
Vient s'emparer de mes sens !
J'entens resonnersma Lyre ;
Ma voix forme des accens.
Et déja , nouveau Pindare .
Je n'ai pour guide et pour Pharé ,
Que l'imagination .
Dans le transport qui m'anime
Rien ne semble illégitime
A ma folle ambition .
M
TA
Chastes Nymphes du Përmesse
Je vais chanter vos talens ;
Secondez ma noble yvresse
A:
2.
E ij
Et
930 MERCURE DE FRANCE
Et rendez mes Vers coulans.
Vous , Mortels , faites silence ,
Vous,qu'on voit dans l'indolence
Ennemis de leurs travaux >
Pour apprendre qu'à leur suite
Je trouve le seul mérite ,
Qui peut nous rendre inégaux.
Quelle naïve peinture ! (a)
Reconnoissez -vous, Humains ;
L'Art bien moins que la Nature ,
A fait ces Portraits malins.
Par ce charmant artifice ,
On peut détruire le vice ,
Sans qu'il en tremble d'effroi.
Quiconque veut se connoître ,
Est bien - tôt ce qu'il doit être ,
En suivant sa douce Loi.
*
Qui vient embellir la Scene ;
Par les attraits de l'Amour ?
C'est la fiere Melpomene , (b)
Avec sa brillante Cour.
Je cains , j'espere sans cesse.
Tout me plaît , tout m'interesse
(a) La Comédie.
(b) La Tragédie,
C
PA
MAY. 1733. 938
Par divers objets émů.
Mais mon coeur toujours frissonas ,
Jusqu'à ce qu'elle couronne ,
La justice ou la vertu.
Une Peinture mouvante,
M'offre les vents en fureur ;
Et l'Amant avec l'Amante ,
Se marquant leur tendre ardeur.
Ici , cet Art (a) à ma vûë ,
Peint Alecton éperdue ,
Du sang qu'elle a répandu.
Là , mille Beautez Champêtres ,
Expriment dessous des Hêtres ,
Ce qu'Amour a d'ingenu.
Jusqu'à la Voûte étoilée ,
Mille Concerts (b) amoureux
Portent à la Troupe aîlée ,
Le triomphe de ses feux ..
Tout retentit à Cythere
Des louanges de la Mere ,
De ces aimables Vainqueurs.
Tandis qu'un Essain de Belles ,
(a) La Danse.
(b) Les Poësies amoureuses .
E- iij Par
932 MERCURE DE FRANCE +1
Par ces doux Chants moins rebelles ,
Accordent leurs tendres coeurs.
Sur un Trône d'harmonie ,
Euterpe (a) s'offre à mes yeux ;
Les Mortels par son génie ,
Sont vaincus comme les Dieux.
Rien ne lui fait résistance;
Elle établit sa puissance ,
Par l'appas de ses accords ;
Et va porter ses conquêtes ,
Jusques aux sombres retraites ,
Du cruel Tyran des Morts.
M
Aux charmes de l'Eloquence , (6)
Tout cede dans l'Univers.
Thémis avec sa balance
Gémit souvent dans ses fers.
De la cime des Montagnes ,
Un Torrent dans les Campagnes ,
Vient regner moins aisément
Qu'elle ne prend un Empire ,
Sur tout Etre qui respiré ,
Doué de raisonnement.
a
(a) Là Musique.
(b) L'Eloquence,
MAY.
1733 933
En vain le Temps sur ses aîles ,
Emporte tout ce qu'il fait.
Une des neuf Immortelles , (a)
Nous révele son secret .
Des Favoris de Bellone ,
Sa main sans cesse crayonne ,
Tous les belliqueux exploits :
Sans elle , en vain Alexandre ,
Eût prétendu que sa cendre ,
Fût le modele des Rois.
Quelle est la main ( 6) qui nous ouvre ,
Le séjour des Immortels ?
Tout l'Olimpe se découvre
A nos regards criminels .
Cette vaine connoissance ,
Enflamme notre esperance ,
Qui fait des efforts , des voeux ;
Pour jouir de l'avantage ,
De bien connoître un Ouvrage
Qu'ils ne firent que pour eux.
M
Héros , dont la récompense ,
N'est que l'immortalité ;
(a) L'Histoire.
(b) L'Astronomie.
E iiij De
934
MERCURE DE FRANCE
De la voix (a) qui la dispense`,
Connoissez l'autorité.
Comment sçauroit- on que Troye,
Devint la celebre proye ,
D'Achille et d'Agamennon ,
Sans cet Art que tout admire ,
Qui peut seul par son Empire ,
De l'oubli sauver un nom ?
Filles du Dieu du Tonnerre ;
Ce n'est qu'en vous imitant ,
Qu'on peut briller sur la Terre ,
Par un mérite éclatant.
Pour quiconque vous ignore
L'Astre qu'annonce l'Aurore ,
Triomphe en vain de la nuit ;
Aussi puni que Tantale ,
Ce qu'à ses yeux il étale ,
En le séduisant le fuit.
(a) Le Poëme Epique.
O'D E.
Uel agréable délire ,
Vient s'emparer de mes sens !
J'entens resonnersma Lyre ;
Ma voix forme des accens.
Et déja , nouveau Pindare .
Je n'ai pour guide et pour Pharé ,
Que l'imagination .
Dans le transport qui m'anime
Rien ne semble illégitime
A ma folle ambition .
M
TA
Chastes Nymphes du Përmesse
Je vais chanter vos talens ;
Secondez ma noble yvresse
A:
2.
E ij
Et
930 MERCURE DE FRANCE
Et rendez mes Vers coulans.
Vous , Mortels , faites silence ,
Vous,qu'on voit dans l'indolence
Ennemis de leurs travaux >
Pour apprendre qu'à leur suite
Je trouve le seul mérite ,
Qui peut nous rendre inégaux.
Quelle naïve peinture ! (a)
Reconnoissez -vous, Humains ;
L'Art bien moins que la Nature ,
A fait ces Portraits malins.
Par ce charmant artifice ,
On peut détruire le vice ,
Sans qu'il en tremble d'effroi.
Quiconque veut se connoître ,
Est bien - tôt ce qu'il doit être ,
En suivant sa douce Loi.
*
Qui vient embellir la Scene ;
Par les attraits de l'Amour ?
C'est la fiere Melpomene , (b)
Avec sa brillante Cour.
Je cains , j'espere sans cesse.
Tout me plaît , tout m'interesse
(a) La Comédie.
(b) La Tragédie,
C
PA
MAY. 1733. 938
Par divers objets émů.
Mais mon coeur toujours frissonas ,
Jusqu'à ce qu'elle couronne ,
La justice ou la vertu.
Une Peinture mouvante,
M'offre les vents en fureur ;
Et l'Amant avec l'Amante ,
Se marquant leur tendre ardeur.
Ici , cet Art (a) à ma vûë ,
Peint Alecton éperdue ,
Du sang qu'elle a répandu.
Là , mille Beautez Champêtres ,
Expriment dessous des Hêtres ,
Ce qu'Amour a d'ingenu.
Jusqu'à la Voûte étoilée ,
Mille Concerts (b) amoureux
Portent à la Troupe aîlée ,
Le triomphe de ses feux ..
Tout retentit à Cythere
Des louanges de la Mere ,
De ces aimables Vainqueurs.
Tandis qu'un Essain de Belles ,
(a) La Danse.
(b) Les Poësies amoureuses .
E- iij Par
932 MERCURE DE FRANCE +1
Par ces doux Chants moins rebelles ,
Accordent leurs tendres coeurs.
Sur un Trône d'harmonie ,
Euterpe (a) s'offre à mes yeux ;
Les Mortels par son génie ,
Sont vaincus comme les Dieux.
Rien ne lui fait résistance;
Elle établit sa puissance ,
Par l'appas de ses accords ;
Et va porter ses conquêtes ,
Jusques aux sombres retraites ,
Du cruel Tyran des Morts.
M
Aux charmes de l'Eloquence , (6)
Tout cede dans l'Univers.
Thémis avec sa balance
Gémit souvent dans ses fers.
De la cime des Montagnes ,
Un Torrent dans les Campagnes ,
Vient regner moins aisément
Qu'elle ne prend un Empire ,
Sur tout Etre qui respiré ,
Doué de raisonnement.
a
(a) Là Musique.
(b) L'Eloquence,
MAY.
1733 933
En vain le Temps sur ses aîles ,
Emporte tout ce qu'il fait.
Une des neuf Immortelles , (a)
Nous révele son secret .
Des Favoris de Bellone ,
Sa main sans cesse crayonne ,
Tous les belliqueux exploits :
Sans elle , en vain Alexandre ,
Eût prétendu que sa cendre ,
Fût le modele des Rois.
Quelle est la main ( 6) qui nous ouvre ,
Le séjour des Immortels ?
Tout l'Olimpe se découvre
A nos regards criminels .
Cette vaine connoissance ,
Enflamme notre esperance ,
Qui fait des efforts , des voeux ;
Pour jouir de l'avantage ,
De bien connoître un Ouvrage
Qu'ils ne firent que pour eux.
M
Héros , dont la récompense ,
N'est que l'immortalité ;
(a) L'Histoire.
(b) L'Astronomie.
E iiij De
934
MERCURE DE FRANCE
De la voix (a) qui la dispense`,
Connoissez l'autorité.
Comment sçauroit- on que Troye,
Devint la celebre proye ,
D'Achille et d'Agamennon ,
Sans cet Art que tout admire ,
Qui peut seul par son Empire ,
De l'oubli sauver un nom ?
Filles du Dieu du Tonnerre ;
Ce n'est qu'en vous imitant ,
Qu'on peut briller sur la Terre ,
Par un mérite éclatant.
Pour quiconque vous ignore
L'Astre qu'annonce l'Aurore ,
Triomphe en vain de la nuit ;
Aussi puni que Tantale ,
Ce qu'à ses yeux il étale ,
En le séduisant le fuit.
(a) Le Poëme Epique.
Fermer
Résumé : LES MUSES. ODE.
Le poème est une ode aux Muses, où l'auteur exprime son enthousiasme et son inspiration poétique. Il décrit l'influence des Muses sur ses sens et son ambition créative, guidée par l'imagination. L'auteur s'adresse aux nymphes du Permesse, les implorant de l'aider à chanter leurs talents et à rendre ses vers fluides. Il invite les mortels à faire silence pour apprendre de leurs travaux. Le poème met en avant l'art qui imite la nature pour peindre les portraits humains et détruire le vice sans effroi. Il décrit diverses Muses et leurs domaines : Melpomène pour la tragédie, Thalie pour la comédie, Terpsichore pour la danse, Ératos pour la poésie amoureuse, et Euterpe pour la musique. Chacune exerce une influence puissante sur les mortels. L'auteur mentionne également l'éloquence et l'histoire, soulignant leur capacité à immortaliser les exploits et à révéler des secrets. Enfin, il loue l'astronomie et le poème épique pour leur rôle dans la connaissance et la mémoire des grands événements, comme la guerre de Troie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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70
p. 950-961
Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Début :
Nous avons promis dans le dernier Mercure de donner des Notions [...]
Mots clefs :
Chapitre, Histoire, Auteur, Esprit, Opinions, Temps, Livre, Philosophie, Hommes, Opinion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Ous avons promis dans le dernier
Mercure de donner des Notions
plus étendues du Traité de l'opinion.
C'est satisfaire à cet engagement
,
que nous allons insérer icy une partie de
l'Extrait de cet Ouvrage déja devenu célébre.
Le Titre est heureux et bien rempli
; la variété des matiéres et l'abondance
des recherches fournissent d'excellens
Mémoires pour servir à l'Histoire de
'Esprit humain ; et ces Mémoires tendent
naturellement à nous convaincre
que l'opinion domine dans le plus grand
nombre des travaux que l'efprit entreprend
MAY. 1733
951
prend. Ce Traité contient le précis des
opinions les plus remarquables sur chaque
science , joint à des réfléxions d'un
grand discernement , et à plusieurs choses
nouvelles. D'un côté , les découvertes et
les progrès de l'esprit humain embellissent
son histoire ; de l'autre , les sentimens
les plus outrez , les faits les moins
honorables à l'esprit sont tournez à son
instruction et à son avantage par le but
général que cette lecture lui propose; les
sciences occultes sont tirées de l'obscurité
où elles affectent de se cacher. » Un
» Poëte moderne , dit l'Auteur , a appel-
» lé les Bibliothéques :
Des sottises de l'homme orgueilleuses archives:
» L'Esprit verra icy au contraire les tres-
» humbles archives d'un grand nombre
» de ses égaremens ; le moyen de répri-
» mer une curiosité illicite , c'est de la dé-
» sabuser pleinement , et pour ainsi dire,
» de l'assouvir.
L'Auteur avertit à la fin du premier
Chapitre , qu'il citera simplement par
leurs noms tous les Auteurs décédez ; et
c'est un exemple qui peut affranchir les
Gens de lettres de la bizarrerie d'un usage
, qui sans aucun fondement , traite
certains noms avec plus de distinction et
F de
952 MERCURE
DE FRANCE
de politesse les uns que les autres.
Après plusieurs réfléxions très-sensées
sur l'usage de la Science , on trouve une
Dissertation curieuse sur les Auteurs.Les
exemples des Souverains et des Grands
Seigneurs qui ont composé desOuvrages,
font connoître que les Lettres n'ont pas
toujours été regardées comme un obstacle
aux vertus militaires.
Le quatrième Chapitre prouve que
l'Eloquence consiste dans l'opinion . Le
sentiment de Longin et de Montagne ,
que l'Eloquence ne se forme que dans les
Képubliques , y est réfuté. Le Chapitre
qui suit , expose les reproches faits à la
Poësie et sa deffense ; il est principalement
rempli des jugemens contraires des
Critiques , des caprices , des productions
de l'esprit , et des variations du goût. Le.
sixième Chapitre contient plusieurs exemples
du Pyrrhonisme de l'Histoire, sur les
faits les plus importans. On trouve dans
le dernier Chapitre un précis des Opinions
Chronologiques , et de la supputation
du temps chez différents peuples.
L'explication des Périodes Julienne et
Louise , dont la premiere est de l'invention
de Joseph Scaliger , et la seconde
du Pere Jean-Louis d'Amiens Capucin
finit par cette réfléxion . » Il ne manque à
» la
MAY. 1733 1959
5 la seconde Période, qu'un nouveau Sca-
» liger , pour lui donner cours ; car ce
» qui est présenté avec humilité et mo-
» destie , et qui n'est point revêtu de l'é-
» clat de l'autorité ou de la réputation
» n'a guéres plus de succès dans l'Empire
» des Lettres , que dans celui de la fortu
» ne , et l'opinion , à cet égard , domine
» presqu'autant sur les Sçavans , que sur
» le Peuple.
Le premier Chapitre du second Livre
remonte à la source de l'Histoire de la
Philosophie , et fait voir qu'elle a commencé
avec le monde . L'Auteur pénétre
dans l'Antiquité la plus reculée , pour
sauver du naufrage des temps ce qu'on
peut apprendre de la Philosophie des
Patriarches , des Egyptiens , des Chaldéens
, des Gymnosophistes , des Phéni
ciens , des Perses , des Libyens , des Chinois
, des Thraces , des Druides ; les différentes
opinions sur Mercure Trismégis
te et sur Zoroastre y sont exposées , et le
Chapitre est terminé par une Histoire
succinte des Sages de la Grèce.
Dans le second Chapitre , l'Auteur décrit
le commencement de la Philosophie
chez les Grecs ; sa division dans les
deux Ecoles , Jonienne et Italique , et
' Histoite de la Philosophie , depuis que
Fij Thales
954 MERCURE DE FRANCE
Thalés établit l'Ecole Jonienne à Miler
jusqu'à ce qu'Anaxagore la transféra à
Athénes .
Dans le troisiéme Chapitre , les temps
lumineux de la Philosophie commencent
par Socrate. Il y est trairé des cinq Sectes
, sorties de l'Ecole de Socrate , de Platon
et de ses disciples , des cinq Académies
, des plus célébres Platoniciens , et
des diverses opinions qui en différens
temps ont eu cours sur la Philosophic
Platonicienne.
L'Histoire d'Aristote , les louanges excessives
données à ce Philosophe , une
Dissertation sur la Logique, et les Révolutions
de la Secte Péripatéticienne remplissent
le quatrième Chapitre ..
Les Chapitres suivans contiennent
l'Histoire des Cyrénaïques , des Sectes
Erétrique et de Mégare , des Cyniques ,
des Stoïciens , des Pyrrhoniens , des Pythagoriciens
, de la Secte Eléate, des Epicuriens
, de la Secte Eclectique , de la
Phylosophie moderne ; et les deux derniers
Chapitres sur l'Histoire de l'Astronomie
et de la Médecine rendent cette
Histoire de la Philosophie complette et
tres-curieuse.
Dans le Chapitre quatorziéme, qui trai
te de la Philosophie moderne , il est ob
*
servé
MAY. 1733 955
>
servé que les Sciences ons passé trois fois
de la Gréce dans l'Occident ; la premiere
, lorsque les Romains les puisérent en
Gréce ; la seconde , lorsque les François ,
après avoir pris Constantinople , rapportérent
du Levant les Ecrits d'Aristote , avec
les Commentaires des Arabes ; la troisiéme
, lorsqu'après la destruction de l'Empire
d'Orient par Turcs les , les Sçavans
e de la Grèce chercherent une retraite en
Italie.
>>>
Nous nous servirons ( ajoute le judi-
» cieux Auteur ) de cette Epoque du ré-
» tablissement des Lettres , après la prise
» de Constantinople par les Turcs , dans
» le milieu du quinziéme siécle , comme
» d'une Epoque fixe , propre à séparer les
e » Anciens des Modernes, donnant la qualité
d'Anciens à tous ceux qui ont précédé
ce terme , et celle de Modernes à
>> ceux qui ont paru depuis.
-
Pour donner une idée du style de l'Oui
vrage , insérons icy ce Passage , tiré du
seizième Chapitre qui contient l'Histoire
de la Médecine. » Dans le même temps
» florissoit Asclepiade , originaire de Bithynie.
Nous avons observé que les des-
» cendans d'Esculape s'appelloient Asclépiades.
Ils portoient ce nom , comme
» issus d'Asclepius , qui est le nom Grec
>>
F iij
d'Es956
MERCURE DE FRANCE
d'Esculape. Asclepiade , originaire de
" Bithynie , n'eut rien de commun avec
cette famille , que sa profession et son
nom. Il vint s'établir à Rome ; il pro-
» mettoit de guérir sûrement , prompte.
» ment et agréablement ; c'est ce qui se-
» roit à souhaiter , dit Celse ; mais il y
» a ordinairement du danger à vouloir
» guérir trop vite , et à ne se servir que
» de remédes agréables. Asclepiade rejet-
» toit toute la doctrine d'Hippocrate ,
» qu'il appelloit une Méditation de mort.
» Il se faisoit un principe d'accommoder
» ses ordonnances aux désirs de ses mala-
» des ; il profita de l'exemple d'Archagantus
, qui s'étoit rendu odieux , environ
cent ans auparavant , par une Méthode
rigoureuse. Il suivit une route entiere-
» ment opposée ; il n'ordonnoit que des
choses faciles et communes , comme la
» diéte, l'abstinence du vin, le frottement
» du corps , l'exercice ; il mit en usage la
boisson rafraîchie , et se faisoit honneur
d'un titre , qui signifie le Médecin de
»la fraîcheur. Il - inventa des lits suspen-
» dus , où il faisoit bercer les malades
›
pour les exciter au sommeil ; il faisoit
aussi suspendre les bains , pour les rendre
plus salutaires et plus agréables par
le mouvement.Il évitoit soigneusement
les
MAY. 1733. 957
» les remedes pour lesquels la nature à
quelque aversion ; et au lieu que le com
» mun des Médecins traitoit la nature ,
» avec la sévérité d'un Ecuyer qui châtie
>> un Cheval qui bronche , Asclepiade en
» la flattant continuellement , l'invitoit à
>> reprendre son cours , & c.
Le troisiéme Livre , qui roule sur la
Métaphysique , retrace à l'esprit sa propre
Histoire concernant les opinions sur
substances spirituelles . Ce Livre commence
par les opinions monstrueuses de
l'idolatrie. L'Auteur établit ensuite qu'il
ne peut y avoir d'Athée de conviction ,
Il réfute les objections opposées à la preu
ve de la Divinité qui résulte du consentement
general des hommes à la recon
noître. Il examine le raisonnement que
Descartes a donné pour une démonstration
de l'Existence de Dieu , et la pensée
de Pascal sur le danger de ne point croi
re. On trouve à la fin du Chapitre une
exposition sommaire des preuves inving
cibles de la Religion Chrétienne .
Dans le Chapitre des Démons le récit
des Prodiges débitez par le Paganisme
tend au but general de l'Auteur, de montrer
à quel point on s'est joué dans tous
les temps de la crédulité des hommes..
L'Auteur indique seulement les sources
F iiij gene958
MERCURE DE FRANCE
generales de ces opinions . » Dans le grand
» nombre de faits merveilleux , dit- il
» racontez par l'Histoire prophane, et qui
» y sont traitez de Miracles , il est aisé de
»connoître que le plus grand nombre
» doit son origine à la politique des hom-
» mes d'Etat , à la flatterie des Courtisans
, aux artifices des Prêtres des faux
»Dieux , à la crédulité des Historiens , à
» la superstition des Peuples ; mais il est
»aussi tres- vrai- semblable que les Esprits
» de tenebres , occupez sans cesse à trom
per les hommes et à leur tendre des
piéges , ont suscité de temps en temps
» quelques illusions . Tout ce que les an-
» ciens Auteurs ont débité en ce genre ,
» peut être rapporté à ces différentes cau-
» ses . Je me contenterai d'assembler icy
>> les plus celebres de ces faits , laissant au
» Lecteur le choix des conjectures.
Le troisiéme Chapitre considere le
monde par rapport à sa création , à sa durée
, à la Providence qui le gouverne , et
autres objets immatériels. La Doctrine
des idées de Platon y est expliquée , et on
y voit eh abrégé les Mondes imaginaires
des Philosophes. La question si le monde
a été créé pour l'homme , y est tresdiserrement
trai ée , et les objections contre
la Providence réfutées. Le quatrième
ChaMAY.
1733. 959
Chapitre contient les trois Hypothéses
des modernes sur la communication qui
est entre l'esprit et le corps , les différens
sistêmes sur les propriétez de l'ame , sur
le lieu de sa résidence , les preuves de son
immortalité , les sentimens des Philosophes
sur l'état des ames après leur séparation
de leurs corps . L'Auteur examine
l'opinion de La Chambre sur la maniere
dont les substances spirituelles occupent
l'espace . Il met icy la plus subtile
Métaphysique à portée de tous les Lecteurs.
Le cinquiéme Chapitre eft une exposition
des opinions Philosophiques sur les
Bêtes , et des exemples de leur fidélité ,
de leur industrie et de leurs autres bonnes
qualitez . L'Auteur passe ensuite aux
Sciences occultes
Métaphysiques , ou
fondées sur le commerce des Esprits. Il
traite de la Magie , de la Cabale et des
Nombres ; des Oracles et des Sibylles ,
des Augures , des Présages , des Songes.
Il dévoile tous ces ridicules Mysteres
dont il rapporte les Préceptes et les Exemples.
Voicy entr'autres quelques Réflé
xions qu'il fait sur la Cabale. » Les noms
» des soixante et douze Anges et les Prié
res mystérieuses de la Cabale, sont dans'
» le troisiéme Livre de l'Art Cabaliste de
Fv » Reuchlin
960 MERCURE DE FRANCE
2
» Reuchlin , dédié au Pape Leon X. et
» dans les neuf cens propositions de Jean
» Pic, Comte de la Mirandole, dont les 72
dernieres roulent sur la Cabale , et il
finit par celle-cy : Que comme la veri-
» table Astrologie est la science de lire
» dans le Livre du ciel ; la véritable ca-
» bale est la science de lire dans le livre
de la Loy. Quel sujet d'étonnement
» que les hommes les plus sçavans de
»leur siécle , le Comte de la Mirandole ,
» Agrippa , Reuchlin ayent employé les
plus laborieuses recherches à des chi-
» meres si peu dignes de leur attention ?
» Le premier a été l'admiration de l'Uni-
» vers , par la vaste étendue des connoissances
qu'il avoit acquises à un âge aussi
» peu
avancé
que le sien. C'étoit
un Prin-
» ce Souverain
d'Italie
, qui
ne peut
être
soupçonné
d'avoir
voulu
dupper
des
esprits
foibles
, curieux
et crédules
; au
>> contraire
, il défrayoit
magnifique-
» ment
les Sçavans
qui venoient
de toutes
les Parties
du monde
disputer
contre
» lui sur les neuf
cens
propositions
qu'il
»soûtenoit
à Rome
; et il a été un pro-
» dige
sans
deffaut
. On ne peut
pas ce
pendant
l'exempter
à cet égard
de la
» vanité
de l'esprit
humain
qui
s'attache
avolontiers
à tout
ce qu'il
y a de plus
fri-
» vole
MAY. 1733. 961
» vole , pourvû qu'il soit misterieux et
inconnu aux autres hommes. C'est lui
de le ga-
» rendre un grand service que
rentir de cet écueil ; et c'est en quoi
consiste l'utilité de mettre au jour des
» choses qui ne mériteroient pas par elles
» mêmes d'être publiées.
Le dernier Chapitre du troisiéme Livre
est une Dissertation très-curieuse
concernant la Fortune et le Destin . Deux
principales qualitez d'un Ouvrage sont
d'épuiser les matiéres du côté du sçavoir,
er de donner à penser encore plus qu'il
n'exprime. L'Auteur du Traité de l'O
pinion si dans Fun et dans l'autre
genre.
Cet Ouvrage se débite aujourd'hui chez
Briasson , rue S. Jacques , 6 vol. in 12.
1733.
La suite dans le Mercure prochain.
Mercure de donner des Notions
plus étendues du Traité de l'opinion.
C'est satisfaire à cet engagement
,
que nous allons insérer icy une partie de
l'Extrait de cet Ouvrage déja devenu célébre.
Le Titre est heureux et bien rempli
; la variété des matiéres et l'abondance
des recherches fournissent d'excellens
Mémoires pour servir à l'Histoire de
'Esprit humain ; et ces Mémoires tendent
naturellement à nous convaincre
que l'opinion domine dans le plus grand
nombre des travaux que l'efprit entreprend
MAY. 1733
951
prend. Ce Traité contient le précis des
opinions les plus remarquables sur chaque
science , joint à des réfléxions d'un
grand discernement , et à plusieurs choses
nouvelles. D'un côté , les découvertes et
les progrès de l'esprit humain embellissent
son histoire ; de l'autre , les sentimens
les plus outrez , les faits les moins
honorables à l'esprit sont tournez à son
instruction et à son avantage par le but
général que cette lecture lui propose; les
sciences occultes sont tirées de l'obscurité
où elles affectent de se cacher. » Un
» Poëte moderne , dit l'Auteur , a appel-
» lé les Bibliothéques :
Des sottises de l'homme orgueilleuses archives:
» L'Esprit verra icy au contraire les tres-
» humbles archives d'un grand nombre
» de ses égaremens ; le moyen de répri-
» mer une curiosité illicite , c'est de la dé-
» sabuser pleinement , et pour ainsi dire,
» de l'assouvir.
L'Auteur avertit à la fin du premier
Chapitre , qu'il citera simplement par
leurs noms tous les Auteurs décédez ; et
c'est un exemple qui peut affranchir les
Gens de lettres de la bizarrerie d'un usage
, qui sans aucun fondement , traite
certains noms avec plus de distinction et
F de
952 MERCURE
DE FRANCE
de politesse les uns que les autres.
Après plusieurs réfléxions très-sensées
sur l'usage de la Science , on trouve une
Dissertation curieuse sur les Auteurs.Les
exemples des Souverains et des Grands
Seigneurs qui ont composé desOuvrages,
font connoître que les Lettres n'ont pas
toujours été regardées comme un obstacle
aux vertus militaires.
Le quatrième Chapitre prouve que
l'Eloquence consiste dans l'opinion . Le
sentiment de Longin et de Montagne ,
que l'Eloquence ne se forme que dans les
Képubliques , y est réfuté. Le Chapitre
qui suit , expose les reproches faits à la
Poësie et sa deffense ; il est principalement
rempli des jugemens contraires des
Critiques , des caprices , des productions
de l'esprit , et des variations du goût. Le.
sixième Chapitre contient plusieurs exemples
du Pyrrhonisme de l'Histoire, sur les
faits les plus importans. On trouve dans
le dernier Chapitre un précis des Opinions
Chronologiques , et de la supputation
du temps chez différents peuples.
L'explication des Périodes Julienne et
Louise , dont la premiere est de l'invention
de Joseph Scaliger , et la seconde
du Pere Jean-Louis d'Amiens Capucin
finit par cette réfléxion . » Il ne manque à
» la
MAY. 1733 1959
5 la seconde Période, qu'un nouveau Sca-
» liger , pour lui donner cours ; car ce
» qui est présenté avec humilité et mo-
» destie , et qui n'est point revêtu de l'é-
» clat de l'autorité ou de la réputation
» n'a guéres plus de succès dans l'Empire
» des Lettres , que dans celui de la fortu
» ne , et l'opinion , à cet égard , domine
» presqu'autant sur les Sçavans , que sur
» le Peuple.
Le premier Chapitre du second Livre
remonte à la source de l'Histoire de la
Philosophie , et fait voir qu'elle a commencé
avec le monde . L'Auteur pénétre
dans l'Antiquité la plus reculée , pour
sauver du naufrage des temps ce qu'on
peut apprendre de la Philosophie des
Patriarches , des Egyptiens , des Chaldéens
, des Gymnosophistes , des Phéni
ciens , des Perses , des Libyens , des Chinois
, des Thraces , des Druides ; les différentes
opinions sur Mercure Trismégis
te et sur Zoroastre y sont exposées , et le
Chapitre est terminé par une Histoire
succinte des Sages de la Grèce.
Dans le second Chapitre , l'Auteur décrit
le commencement de la Philosophie
chez les Grecs ; sa division dans les
deux Ecoles , Jonienne et Italique , et
' Histoite de la Philosophie , depuis que
Fij Thales
954 MERCURE DE FRANCE
Thalés établit l'Ecole Jonienne à Miler
jusqu'à ce qu'Anaxagore la transféra à
Athénes .
Dans le troisiéme Chapitre , les temps
lumineux de la Philosophie commencent
par Socrate. Il y est trairé des cinq Sectes
, sorties de l'Ecole de Socrate , de Platon
et de ses disciples , des cinq Académies
, des plus célébres Platoniciens , et
des diverses opinions qui en différens
temps ont eu cours sur la Philosophic
Platonicienne.
L'Histoire d'Aristote , les louanges excessives
données à ce Philosophe , une
Dissertation sur la Logique, et les Révolutions
de la Secte Péripatéticienne remplissent
le quatrième Chapitre ..
Les Chapitres suivans contiennent
l'Histoire des Cyrénaïques , des Sectes
Erétrique et de Mégare , des Cyniques ,
des Stoïciens , des Pyrrhoniens , des Pythagoriciens
, de la Secte Eléate, des Epicuriens
, de la Secte Eclectique , de la
Phylosophie moderne ; et les deux derniers
Chapitres sur l'Histoire de l'Astronomie
et de la Médecine rendent cette
Histoire de la Philosophie complette et
tres-curieuse.
Dans le Chapitre quatorziéme, qui trai
te de la Philosophie moderne , il est ob
*
servé
MAY. 1733 955
>
servé que les Sciences ons passé trois fois
de la Gréce dans l'Occident ; la premiere
, lorsque les Romains les puisérent en
Gréce ; la seconde , lorsque les François ,
après avoir pris Constantinople , rapportérent
du Levant les Ecrits d'Aristote , avec
les Commentaires des Arabes ; la troisiéme
, lorsqu'après la destruction de l'Empire
d'Orient par Turcs les , les Sçavans
e de la Grèce chercherent une retraite en
Italie.
>>>
Nous nous servirons ( ajoute le judi-
» cieux Auteur ) de cette Epoque du ré-
» tablissement des Lettres , après la prise
» de Constantinople par les Turcs , dans
» le milieu du quinziéme siécle , comme
» d'une Epoque fixe , propre à séparer les
e » Anciens des Modernes, donnant la qualité
d'Anciens à tous ceux qui ont précédé
ce terme , et celle de Modernes à
>> ceux qui ont paru depuis.
-
Pour donner une idée du style de l'Oui
vrage , insérons icy ce Passage , tiré du
seizième Chapitre qui contient l'Histoire
de la Médecine. » Dans le même temps
» florissoit Asclepiade , originaire de Bithynie.
Nous avons observé que les des-
» cendans d'Esculape s'appelloient Asclépiades.
Ils portoient ce nom , comme
» issus d'Asclepius , qui est le nom Grec
>>
F iij
d'Es956
MERCURE DE FRANCE
d'Esculape. Asclepiade , originaire de
" Bithynie , n'eut rien de commun avec
cette famille , que sa profession et son
nom. Il vint s'établir à Rome ; il pro-
» mettoit de guérir sûrement , prompte.
» ment et agréablement ; c'est ce qui se-
» roit à souhaiter , dit Celse ; mais il y
» a ordinairement du danger à vouloir
» guérir trop vite , et à ne se servir que
» de remédes agréables. Asclepiade rejet-
» toit toute la doctrine d'Hippocrate ,
» qu'il appelloit une Méditation de mort.
» Il se faisoit un principe d'accommoder
» ses ordonnances aux désirs de ses mala-
» des ; il profita de l'exemple d'Archagantus
, qui s'étoit rendu odieux , environ
cent ans auparavant , par une Méthode
rigoureuse. Il suivit une route entiere-
» ment opposée ; il n'ordonnoit que des
choses faciles et communes , comme la
» diéte, l'abstinence du vin, le frottement
» du corps , l'exercice ; il mit en usage la
boisson rafraîchie , et se faisoit honneur
d'un titre , qui signifie le Médecin de
»la fraîcheur. Il - inventa des lits suspen-
» dus , où il faisoit bercer les malades
›
pour les exciter au sommeil ; il faisoit
aussi suspendre les bains , pour les rendre
plus salutaires et plus agréables par
le mouvement.Il évitoit soigneusement
les
MAY. 1733. 957
» les remedes pour lesquels la nature à
quelque aversion ; et au lieu que le com
» mun des Médecins traitoit la nature ,
» avec la sévérité d'un Ecuyer qui châtie
>> un Cheval qui bronche , Asclepiade en
» la flattant continuellement , l'invitoit à
>> reprendre son cours , & c.
Le troisiéme Livre , qui roule sur la
Métaphysique , retrace à l'esprit sa propre
Histoire concernant les opinions sur
substances spirituelles . Ce Livre commence
par les opinions monstrueuses de
l'idolatrie. L'Auteur établit ensuite qu'il
ne peut y avoir d'Athée de conviction ,
Il réfute les objections opposées à la preu
ve de la Divinité qui résulte du consentement
general des hommes à la recon
noître. Il examine le raisonnement que
Descartes a donné pour une démonstration
de l'Existence de Dieu , et la pensée
de Pascal sur le danger de ne point croi
re. On trouve à la fin du Chapitre une
exposition sommaire des preuves inving
cibles de la Religion Chrétienne .
Dans le Chapitre des Démons le récit
des Prodiges débitez par le Paganisme
tend au but general de l'Auteur, de montrer
à quel point on s'est joué dans tous
les temps de la crédulité des hommes..
L'Auteur indique seulement les sources
F iiij gene958
MERCURE DE FRANCE
generales de ces opinions . » Dans le grand
» nombre de faits merveilleux , dit- il
» racontez par l'Histoire prophane, et qui
» y sont traitez de Miracles , il est aisé de
»connoître que le plus grand nombre
» doit son origine à la politique des hom-
» mes d'Etat , à la flatterie des Courtisans
, aux artifices des Prêtres des faux
»Dieux , à la crédulité des Historiens , à
» la superstition des Peuples ; mais il est
»aussi tres- vrai- semblable que les Esprits
» de tenebres , occupez sans cesse à trom
per les hommes et à leur tendre des
piéges , ont suscité de temps en temps
» quelques illusions . Tout ce que les an-
» ciens Auteurs ont débité en ce genre ,
» peut être rapporté à ces différentes cau-
» ses . Je me contenterai d'assembler icy
>> les plus celebres de ces faits , laissant au
» Lecteur le choix des conjectures.
Le troisiéme Chapitre considere le
monde par rapport à sa création , à sa durée
, à la Providence qui le gouverne , et
autres objets immatériels. La Doctrine
des idées de Platon y est expliquée , et on
y voit eh abrégé les Mondes imaginaires
des Philosophes. La question si le monde
a été créé pour l'homme , y est tresdiserrement
trai ée , et les objections contre
la Providence réfutées. Le quatrième
ChaMAY.
1733. 959
Chapitre contient les trois Hypothéses
des modernes sur la communication qui
est entre l'esprit et le corps , les différens
sistêmes sur les propriétez de l'ame , sur
le lieu de sa résidence , les preuves de son
immortalité , les sentimens des Philosophes
sur l'état des ames après leur séparation
de leurs corps . L'Auteur examine
l'opinion de La Chambre sur la maniere
dont les substances spirituelles occupent
l'espace . Il met icy la plus subtile
Métaphysique à portée de tous les Lecteurs.
Le cinquiéme Chapitre eft une exposition
des opinions Philosophiques sur les
Bêtes , et des exemples de leur fidélité ,
de leur industrie et de leurs autres bonnes
qualitez . L'Auteur passe ensuite aux
Sciences occultes
Métaphysiques , ou
fondées sur le commerce des Esprits. Il
traite de la Magie , de la Cabale et des
Nombres ; des Oracles et des Sibylles ,
des Augures , des Présages , des Songes.
Il dévoile tous ces ridicules Mysteres
dont il rapporte les Préceptes et les Exemples.
Voicy entr'autres quelques Réflé
xions qu'il fait sur la Cabale. » Les noms
» des soixante et douze Anges et les Prié
res mystérieuses de la Cabale, sont dans'
» le troisiéme Livre de l'Art Cabaliste de
Fv » Reuchlin
960 MERCURE DE FRANCE
2
» Reuchlin , dédié au Pape Leon X. et
» dans les neuf cens propositions de Jean
» Pic, Comte de la Mirandole, dont les 72
dernieres roulent sur la Cabale , et il
finit par celle-cy : Que comme la veri-
» table Astrologie est la science de lire
» dans le Livre du ciel ; la véritable ca-
» bale est la science de lire dans le livre
de la Loy. Quel sujet d'étonnement
» que les hommes les plus sçavans de
»leur siécle , le Comte de la Mirandole ,
» Agrippa , Reuchlin ayent employé les
plus laborieuses recherches à des chi-
» meres si peu dignes de leur attention ?
» Le premier a été l'admiration de l'Uni-
» vers , par la vaste étendue des connoissances
qu'il avoit acquises à un âge aussi
» peu
avancé
que le sien. C'étoit
un Prin-
» ce Souverain
d'Italie
, qui
ne peut
être
soupçonné
d'avoir
voulu
dupper
des
esprits
foibles
, curieux
et crédules
; au
>> contraire
, il défrayoit
magnifique-
» ment
les Sçavans
qui venoient
de toutes
les Parties
du monde
disputer
contre
» lui sur les neuf
cens
propositions
qu'il
»soûtenoit
à Rome
; et il a été un pro-
» dige
sans
deffaut
. On ne peut
pas ce
pendant
l'exempter
à cet égard
de la
» vanité
de l'esprit
humain
qui
s'attache
avolontiers
à tout
ce qu'il
y a de plus
fri-
» vole
MAY. 1733. 961
» vole , pourvû qu'il soit misterieux et
inconnu aux autres hommes. C'est lui
de le ga-
» rendre un grand service que
rentir de cet écueil ; et c'est en quoi
consiste l'utilité de mettre au jour des
» choses qui ne mériteroient pas par elles
» mêmes d'être publiées.
Le dernier Chapitre du troisiéme Livre
est une Dissertation très-curieuse
concernant la Fortune et le Destin . Deux
principales qualitez d'un Ouvrage sont
d'épuiser les matiéres du côté du sçavoir,
er de donner à penser encore plus qu'il
n'exprime. L'Auteur du Traité de l'O
pinion si dans Fun et dans l'autre
genre.
Cet Ouvrage se débite aujourd'hui chez
Briasson , rue S. Jacques , 6 vol. in 12.
1733.
La suite dans le Mercure prochain.
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Résumé : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un extrait du 'Mercure' de mai 1733, annonçant le 'Traité de l'opinion', un ouvrage déjà célèbre qui explore la domination de l'opinion dans les travaux de l'esprit humain. Ce traité inclut des mémoires sur l'histoire de l'esprit humain, des opinions remarquables sur chaque science, des réflexions discernantes et des découvertes nouvelles. Il aborde également les sciences occultes, les égarements de l'esprit et les curiosités illicites. Le traité est structuré en plusieurs chapitres. Le premier chapitre traite des opinions sur les sciences et des réflexions sur l'usage de la science. Le quatrième chapitre prouve que l'éloquence repose sur l'opinion, réfutant des sentiments de Longin et de Montaigne. Le cinquième chapitre discute des reproches faits à la poésie et de sa défense, en mettant en avant les jugements contraires des critiques. Le sixième chapitre présente des exemples de pyrrhonisme historique, et le dernier chapitre offre un précis des opinions chronologiques et de la supputation du temps chez différents peuples. Le second livre commence par l'histoire de la philosophie, remontant à ses origines avec les Patriarches, les Égyptiens, les Chaldéens et d'autres civilisations anciennes. Il décrit ensuite le début de la philosophie chez les Grecs, sa division en écoles, et l'histoire des principales sectes philosophiques, comme les Platoniciens, les Péripatéticiens, les Stoïciens et les Épicuriens. Le quatorzième chapitre observe que les sciences ont traversé trois périodes de transfert de la Grèce vers l'Occident. Le troisième livre traite de la métaphysique, des opinions sur les substances spirituelles et des preuves de la religion chrétienne. Il aborde également les démons, les prodiges du paganisme et les opinions philosophiques sur les animaux et les sciences occultes. Le dernier chapitre de ce livre traite de la fortune et du destin. L'auteur se distingue par deux principales qualités : épuiser les matières du côté du savoir et inciter à la réflexion au-delà de ce qui est exprimé. Le livre est disponible en six volumes in-12 chez Briasson, rue Saint-Jacques, et a été publié en 1733. Certaines parties du texte sont jugées peu dignes d'être publiées. La suite de l'information sera publiée dans le prochain numéro du Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 966-973
Les Génealogies historiques des anciens Patriarches, Empereurs, &c. [titre d'après la table]
Début :
LES GÉNÉALOGIES HISTORIQUES des Anciens Patriarches, Empereurs, Rois, [...]
Mots clefs :
Rois, Histoire, Généalogies, Maisons, Ducs, Anciens, Comtes, Empereurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Génealogies historiques des anciens Patriarches, Empereurs, &c. [titre d'après la table]
LES GE'NEALOGIES HISTORIQUES des
'Anciens Patriarches , Empereurs , Rois
et de toutes les Maisons Souveraines , depuis
le commencement du monde jusqu'à
présent , exposées en Cartes Généalogiques
, tirées des meilleurs Auteurs , avec
des Explications Historiques et Chronologiques
, dans lesquelles l'on trouvera
l'Etablissement , les Révolutions et la
durée des différens Etats du monde , l'Origine
des Maisons Souveraines , leurs
Progrès , Alliances , Droits , Titres, Prétentions
et Armoiries. Quatre volumes
in 4. A Paris , chez Giffart , rue S. Facques
, à Sainte Therese.
C'est le titre d'un Prospectus , imprimé
chez le même Libraire. L'Auteur y propose
l'Etude des Généalogies en général ,
à tous ceux qui lisent l'Histoire , et en
particulier aux Politiques , et aux Avocats.
Si pour bien entendre l'Histoire
dit-il , en citant Rapin de Thoiras , il
est nécessaire de sçavoir par le moyen
de la Géographie , les Lieux où se sont
passés les Evenemens qui servent d'objets
à l'Histoire , et par la Chronologic
les tems où ils sont arrivez , il ne l'est
pas moins de connoître les personnes
qui les ont faits ou qui y ont eu ,
part
MAY. 1733 : 969
part , par le moyen des Généalogies qui
font même connoître les causes des actions
dont l'Histoire parle . C'est , dit il ,
ce queMoyse, le premier et le plus excellent
des Historiens , a parfaitement reconnu
. C'est de ces Livres que nous tirons
les Généalogies des premiers Chefs
des Nations . Il seroit , ajoûte-t- il , à souhaiter
., que ceux qui se sont mêlez d'écrire
l'Histoire eussent imité l'éxactitude
de cet Historien . Pour faire sentir l'excellence
de l'Etude des Généalogies , il
tire ses preuves du soin que les Hebreux
prenoient de conserver les Généalogies
de leurs Familles , et celui que
prit Esdras , de rétablir celles qui
avoient été perdues dans la ruine de
Jerusalem sous Nabuchodonosor. Les
Grecs et les Romains mettoient cette
connoissance au nombre des Sciences.
Sur quoi il cite Horace , qui dit à son
Ami Telephus :
Quantum distet ab Inacho
Codrus pro patriâ non timidus mori :
Narras et genus Æaci.
A l'égard des Politiques , cette étude
est indispensable ; car comment ,
dit notre Auteur , connoîtra- t- on les
droits ou les prétentions des Princes , si
l'on
68 MERCURE DE FRANCE
l'on ne connoît leurs Alliances qui en
sont le principal fondement ; il est
difficile de manier les affaires publiques
d'un Etat , si l'on n'a pas la connoissance
des grandes Maisons , disoit un Sçavant
du Régne d'Henri II. L'Auteur
ajoûte que M. Loisel , dans le Dialogue
qu'il a composé des Avocats du Parlement
de Paris , requiert qu'un Avocat
sçache les Généalogies et les Alliances
de nos Rois , et des principales Maisons
du Royaume.
,
Nous rapporterons , au sujet des défauts
qui se rencontrent dans les Généalogistes
, contre lesquels l'Auteur nous
avertit d'être en garde , ce qu'il cite de
M. l'Abbé Sevin. L'amour du merveil
leux , dit cet habile Académicien , l'interêt
, la vanité , sont comme des sources
toujours ouvertes d'où la Fable
se répand , pour ainsi dire , à grands
flots dans les Annales des Peuples et
des Familles. Dans cette longue Eclipse
que souffrit la lumiere des Lettres ,
l'ignorance enfanta mille folles réveries
sur leur origine. Mais , poursuit - il
avec le même M. Sevin , en craignant
d'accorder à des Fables la créance qu'el
les ne méritent pas ; on la refuse quel
* Dissertation sur l'Histoire,
ques
MAY. 1733. 969
quefois aux Faits les plus certains ; d'autres
au contraire traignant de refuser
aux véritez historiques le tribut qui leur
est dû , le payent à toutes les Fables
qui en empruntent le nom. Il faut être
également en garde et contre la flatterie
des uns , et contre la malignité des
autres , et tenir un juste milieu entre
la crédulité et le Pirrhonisme .
Ainsi pour démêler le faux d'avec
Je vrai , dans les Généalogies comme
dans l'Histoire ; les Sçavans
› sur tout
du dernier siécle , qui se sont appliqués
à l'Etude de l'Histoire et des Généalogies
, les ont dégagées de ce qui nous
les pourroit rendre suspectes , sont ceux
à qui il faut s'en rapporter. C'est Hubners
, parmi ces Sçavans Modernes ,
qui notre Auteur donne la préférence à
cause de l'approbation presqu'universelle
qu'il s'est acquise.
L'Auteur à joint des Explications ou
des Remarques Historiques et Chronos
logiques pour donner une connoissance
éxacte de l'Etablissement des Empires
et des différens Etats du monde , de
P'origine et des progrès des Maisons
Souveraines , de leurs Alliances , préro
gatives , droits et prétentions . Ce Recueil
pourra passer pour un bon Abregé de
l'His
970 MERCURE DE FRANCE
P'Histoire Universelle , qui contiendra
un corps de Généalogies des Maisons,
Souveraines , propre à tous les Lecteurs ,
à ceux qui sçavent déja qui n'ont besoin
que de rappeller ce qu'ils ont déja
Jû dans les sources , et à ceux qui ne
sçavent pas encore , et qui pour se mettre
au fait de l'Histoire ont besoin qu'on
la leur propose d'une maniere simple et
agréable.
Voici quel sera l'ordre et l'arrangement
de tout cet Ouvrage .
I. VOLUME pour l'Histoire sainte. Les
anciens Patriarches , l'origine des Na- '
tions , les Juges , les Rois , les Pontifes des
Juifs. La Famille d'Herode , la Généalogie
de N. S. J. C.
Pour l'Histoire Profane. Table Chronologique
de l'établissement et de la durée
des anciens Royaumes. Les Rois d'Egypte
, d'Assirie , & c.
GRECE. Les Rois de Sicione , d'Ar
gos , &c.
Les anciens Rois Latins , les Rois de
Rome. Table Chronologique de l'Etablissement
et de la durée des nouvelles
Monarchies. Les Familles des Empereurs
Romains et Grecs en Orient et en Oc
cident. Les Empereurs de Trebisonde ;
les Rois de Jerusalem , de Cypre , d'Armenie
,
MAY: 17337 971
menie , les Princes de Galilée , d'Antio
she , de Tripoli.
Les Rois wandales , les Rois Ostrogoths
en Italie , les Rois Lombards , les Rois
d'Italie depuis Charlemagne , les Rois
de Naples et de Sicile.
Les Maisons de Savoye , de Montfer
rat , de Saluces , & c .
II. VOLUME , ALLEMAGNE . Les anciens
Rois de Germanie , les Empereurs Germaniques
jusqu'à présent, Les anciens Marggraves
et Ducs d'Autriche , les Comtes
Ducs , Electeurs , Landgraves , & c.
III. VOLUME , FRANCE, Les Rois de
France avec toutes les Maisons qui en
sont issues. Les Rois de Bourgogne et
d'Arles. Les Ducs de Bourgogne , les
Comtes et Ducs de Nevers , &c.
Les Ducs de Normandie , les Comtes
d'Eu , & c.
ne ,
Les anciens Rois et Ducs d'Aquitai-
& c.
Les Comtes de Toulouse , &c.
Les Comtes de Champagne , & c . Les
Ducs de Lorraine. On verra dans ce
volume comment les différentes Provinces
de France ont été détachées de la
Couronne , les Maisons qui les ont gouvernées
, et comment elles ont été réunies.
IV,
972 MERCURE DE FRANCE
L
IV. VOLUME , PAYS -BAS. Les Ducs de
Brabant , &c.
ESPAGNE. Les Rois Sueves , Wisigots ,
de Léon , & c.
GRANDE-BRETAGNE , Les Rois d'Ecosse,
Maison de Stwart , les Rois d'Angleter
& c. re ,
Les Rois de Dannemarc , et de Nortvege
. La Maison d'Holstein. Les Rois
de Suede , les Czars.
Les Rois de Pologne , de Bohéme , & c.
Les Ducs de Silesie , les Princes de Trans
silvanie , &c.
NATIONS BARBARES . Les Califes , les
Sultans
,
ou Empereurs Ottomans , les
Rois de Perse , les Mogols , les Rois de
Maroc, &c.
On trouvera dans ce dernier Volume
plusieurs Tables Alphabétiques , tant
des matiéres que des Maisons , et une
Table entr'autres,qui est comme un Dictionnaire
Heraldique où pour éviter
les répétitions dans le corps de l'Ouvrage
l'on renvoye pour expliquer les Armoiries
des Maisons qui y sont traitées.
Quoique la dépense des Cartes Gé
néalogiques aille au triple de celles
des Ouvrages d'une autre nature
pour faciliter l'acquisition de celui- ci
on
MAY. 1733. 973
S
on ne le vendra que 45 liv. en blanc les
quatre vol, in-4. de 700 pag. chacun .
L'Editeur ajoute qu'il se prêtera avec facilité
à l'empressement de ceux qui
voudront avoir les Volumes à mesure
qu'ils seront imprimez. Ils s'adresseront
pour cela au Libraire indiqué cidessus.
'Anciens Patriarches , Empereurs , Rois
et de toutes les Maisons Souveraines , depuis
le commencement du monde jusqu'à
présent , exposées en Cartes Généalogiques
, tirées des meilleurs Auteurs , avec
des Explications Historiques et Chronologiques
, dans lesquelles l'on trouvera
l'Etablissement , les Révolutions et la
durée des différens Etats du monde , l'Origine
des Maisons Souveraines , leurs
Progrès , Alliances , Droits , Titres, Prétentions
et Armoiries. Quatre volumes
in 4. A Paris , chez Giffart , rue S. Facques
, à Sainte Therese.
C'est le titre d'un Prospectus , imprimé
chez le même Libraire. L'Auteur y propose
l'Etude des Généalogies en général ,
à tous ceux qui lisent l'Histoire , et en
particulier aux Politiques , et aux Avocats.
Si pour bien entendre l'Histoire
dit-il , en citant Rapin de Thoiras , il
est nécessaire de sçavoir par le moyen
de la Géographie , les Lieux où se sont
passés les Evenemens qui servent d'objets
à l'Histoire , et par la Chronologic
les tems où ils sont arrivez , il ne l'est
pas moins de connoître les personnes
qui les ont faits ou qui y ont eu ,
part
MAY. 1733 : 969
part , par le moyen des Généalogies qui
font même connoître les causes des actions
dont l'Histoire parle . C'est , dit il ,
ce queMoyse, le premier et le plus excellent
des Historiens , a parfaitement reconnu
. C'est de ces Livres que nous tirons
les Généalogies des premiers Chefs
des Nations . Il seroit , ajoûte-t- il , à souhaiter
., que ceux qui se sont mêlez d'écrire
l'Histoire eussent imité l'éxactitude
de cet Historien . Pour faire sentir l'excellence
de l'Etude des Généalogies , il
tire ses preuves du soin que les Hebreux
prenoient de conserver les Généalogies
de leurs Familles , et celui que
prit Esdras , de rétablir celles qui
avoient été perdues dans la ruine de
Jerusalem sous Nabuchodonosor. Les
Grecs et les Romains mettoient cette
connoissance au nombre des Sciences.
Sur quoi il cite Horace , qui dit à son
Ami Telephus :
Quantum distet ab Inacho
Codrus pro patriâ non timidus mori :
Narras et genus Æaci.
A l'égard des Politiques , cette étude
est indispensable ; car comment ,
dit notre Auteur , connoîtra- t- on les
droits ou les prétentions des Princes , si
l'on
68 MERCURE DE FRANCE
l'on ne connoît leurs Alliances qui en
sont le principal fondement ; il est
difficile de manier les affaires publiques
d'un Etat , si l'on n'a pas la connoissance
des grandes Maisons , disoit un Sçavant
du Régne d'Henri II. L'Auteur
ajoûte que M. Loisel , dans le Dialogue
qu'il a composé des Avocats du Parlement
de Paris , requiert qu'un Avocat
sçache les Généalogies et les Alliances
de nos Rois , et des principales Maisons
du Royaume.
,
Nous rapporterons , au sujet des défauts
qui se rencontrent dans les Généalogistes
, contre lesquels l'Auteur nous
avertit d'être en garde , ce qu'il cite de
M. l'Abbé Sevin. L'amour du merveil
leux , dit cet habile Académicien , l'interêt
, la vanité , sont comme des sources
toujours ouvertes d'où la Fable
se répand , pour ainsi dire , à grands
flots dans les Annales des Peuples et
des Familles. Dans cette longue Eclipse
que souffrit la lumiere des Lettres ,
l'ignorance enfanta mille folles réveries
sur leur origine. Mais , poursuit - il
avec le même M. Sevin , en craignant
d'accorder à des Fables la créance qu'el
les ne méritent pas ; on la refuse quel
* Dissertation sur l'Histoire,
ques
MAY. 1733. 969
quefois aux Faits les plus certains ; d'autres
au contraire traignant de refuser
aux véritez historiques le tribut qui leur
est dû , le payent à toutes les Fables
qui en empruntent le nom. Il faut être
également en garde et contre la flatterie
des uns , et contre la malignité des
autres , et tenir un juste milieu entre
la crédulité et le Pirrhonisme .
Ainsi pour démêler le faux d'avec
Je vrai , dans les Généalogies comme
dans l'Histoire ; les Sçavans
› sur tout
du dernier siécle , qui se sont appliqués
à l'Etude de l'Histoire et des Généalogies
, les ont dégagées de ce qui nous
les pourroit rendre suspectes , sont ceux
à qui il faut s'en rapporter. C'est Hubners
, parmi ces Sçavans Modernes ,
qui notre Auteur donne la préférence à
cause de l'approbation presqu'universelle
qu'il s'est acquise.
L'Auteur à joint des Explications ou
des Remarques Historiques et Chronos
logiques pour donner une connoissance
éxacte de l'Etablissement des Empires
et des différens Etats du monde , de
P'origine et des progrès des Maisons
Souveraines , de leurs Alliances , préro
gatives , droits et prétentions . Ce Recueil
pourra passer pour un bon Abregé de
l'His
970 MERCURE DE FRANCE
P'Histoire Universelle , qui contiendra
un corps de Généalogies des Maisons,
Souveraines , propre à tous les Lecteurs ,
à ceux qui sçavent déja qui n'ont besoin
que de rappeller ce qu'ils ont déja
Jû dans les sources , et à ceux qui ne
sçavent pas encore , et qui pour se mettre
au fait de l'Histoire ont besoin qu'on
la leur propose d'une maniere simple et
agréable.
Voici quel sera l'ordre et l'arrangement
de tout cet Ouvrage .
I. VOLUME pour l'Histoire sainte. Les
anciens Patriarches , l'origine des Na- '
tions , les Juges , les Rois , les Pontifes des
Juifs. La Famille d'Herode , la Généalogie
de N. S. J. C.
Pour l'Histoire Profane. Table Chronologique
de l'établissement et de la durée
des anciens Royaumes. Les Rois d'Egypte
, d'Assirie , & c.
GRECE. Les Rois de Sicione , d'Ar
gos , &c.
Les anciens Rois Latins , les Rois de
Rome. Table Chronologique de l'Etablissement
et de la durée des nouvelles
Monarchies. Les Familles des Empereurs
Romains et Grecs en Orient et en Oc
cident. Les Empereurs de Trebisonde ;
les Rois de Jerusalem , de Cypre , d'Armenie
,
MAY: 17337 971
menie , les Princes de Galilée , d'Antio
she , de Tripoli.
Les Rois wandales , les Rois Ostrogoths
en Italie , les Rois Lombards , les Rois
d'Italie depuis Charlemagne , les Rois
de Naples et de Sicile.
Les Maisons de Savoye , de Montfer
rat , de Saluces , & c .
II. VOLUME , ALLEMAGNE . Les anciens
Rois de Germanie , les Empereurs Germaniques
jusqu'à présent, Les anciens Marggraves
et Ducs d'Autriche , les Comtes
Ducs , Electeurs , Landgraves , & c.
III. VOLUME , FRANCE, Les Rois de
France avec toutes les Maisons qui en
sont issues. Les Rois de Bourgogne et
d'Arles. Les Ducs de Bourgogne , les
Comtes et Ducs de Nevers , &c.
Les Ducs de Normandie , les Comtes
d'Eu , & c.
ne ,
Les anciens Rois et Ducs d'Aquitai-
& c.
Les Comtes de Toulouse , &c.
Les Comtes de Champagne , & c . Les
Ducs de Lorraine. On verra dans ce
volume comment les différentes Provinces
de France ont été détachées de la
Couronne , les Maisons qui les ont gouvernées
, et comment elles ont été réunies.
IV,
972 MERCURE DE FRANCE
L
IV. VOLUME , PAYS -BAS. Les Ducs de
Brabant , &c.
ESPAGNE. Les Rois Sueves , Wisigots ,
de Léon , & c.
GRANDE-BRETAGNE , Les Rois d'Ecosse,
Maison de Stwart , les Rois d'Angleter
& c. re ,
Les Rois de Dannemarc , et de Nortvege
. La Maison d'Holstein. Les Rois
de Suede , les Czars.
Les Rois de Pologne , de Bohéme , & c.
Les Ducs de Silesie , les Princes de Trans
silvanie , &c.
NATIONS BARBARES . Les Califes , les
Sultans
,
ou Empereurs Ottomans , les
Rois de Perse , les Mogols , les Rois de
Maroc, &c.
On trouvera dans ce dernier Volume
plusieurs Tables Alphabétiques , tant
des matiéres que des Maisons , et une
Table entr'autres,qui est comme un Dictionnaire
Heraldique où pour éviter
les répétitions dans le corps de l'Ouvrage
l'on renvoye pour expliquer les Armoiries
des Maisons qui y sont traitées.
Quoique la dépense des Cartes Gé
néalogiques aille au triple de celles
des Ouvrages d'une autre nature
pour faciliter l'acquisition de celui- ci
on
MAY. 1733. 973
S
on ne le vendra que 45 liv. en blanc les
quatre vol, in-4. de 700 pag. chacun .
L'Editeur ajoute qu'il se prêtera avec facilité
à l'empressement de ceux qui
voudront avoir les Volumes à mesure
qu'ils seront imprimez. Ils s'adresseront
pour cela au Libraire indiqué cidessus.
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Résumé : Les Génealogies historiques des anciens Patriarches, Empereurs, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Les Généalogies Historiques des Anciens Patriarches, Empereurs, Rois et de toutes les Maisons Souveraines' a été publié en quatre volumes à Paris chez Giffart en mai 1733. Il retrace les généalogies des diverses dynasties depuis les origines jusqu'à cette date. L'ouvrage inclut des cartes généalogiques et des explications historiques et chronologiques sur l'établissement, les révolutions et la durée des États du monde, ainsi que sur l'origine, les progrès, les alliances, les droits, les titres, les prétentions et les armoiries des maisons souveraines. L'auteur met en avant l'importance des généalogies pour la compréhension de l'histoire, citant Rapin de Thoiras et Moïse comme exemples. Il recommande l'étude des généalogies aux lecteurs d'histoire, aux politiques et aux avocats. L'ouvrage critique les erreurs fréquentes dans les généalogies, souvent influencées par l'amour du merveilleux, l'intérêt et la vanité, et met en garde contre la crédulité et le pyrrhonisme. La structure de l'ouvrage est répartie en quatre volumes. Le premier volume couvre l'histoire sainte et profane, incluant les patriarches, les rois d'Égypte, de Grèce, de Rome, et d'autres dynasties anciennes. Le deuxième volume traite de l'Allemagne, le troisième de la France, et le quatrième des Pays-Bas, de l'Espagne, de la Grande-Bretagne, des nations barbares, et inclut des tables alphabétiques et un dictionnaire héraldique. L'éditeur propose l'achat des volumes à un prix réduit pour faciliter leur acquisition, avec la possibilité de les obtenir au fur et à mesure de leur impression.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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72
p. 973-977
Histoire des Révolutions d'Espagne, &c. [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE des Révolutions d'Espagne, depuis la destruction de l'Empire des [...]
Mots clefs :
Histoire, Révolutions, Espagne, Monarchie, Père d'Orléans, Royaumes, Castille, Aragon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire des Révolutions d'Espagne, &c. [titre d'après la table]
HISTOIRE des Révolutions d'Espagne ,
depuis la destruction de l'Empire des
Goths , jusqu'à l'entiere et parfaite réunion
des Royaumes de Castille et d'Arragon
en une seule Monarchie , 3 vol .
in- 4 . Par le R. P. Joseph d'Orleans , de
la Compagnie de Jesus.
Pour présenter au Public une idée
précise de cet Ouvrage , il suffit d'emprunter
les termes que l'Auteur a employez
au commencement du premier
Livre.
» J'écris l'Histoire des Révolutions
d'une Monarchie élevée sur ses propres
» ruines , à un point de gloire et de
grandeur redoutable au reste du Mon-
» de et dont le Monde auroit plus
>> long-tems redouté la puissance , si elle
» se fût donné des bornes , et si elle
» eut moins dissipé ses forces , en voulant
trop étendre ses limites. C'est
,
» l'Hise
74 MERCURE DE FRANCE
l'Histoire des Révolutions arrivées dans
» la Monarchie d'Espagne , depuis que ,
» née , pour parler ainsi , des cendres
» de celles des Goths , elle a quitté le
» nom de ses Conquérans , pour prendre
13 celui de son Pays.
Le Pere d'Orléans donnoit la derniere
forme à cet Ouvrage , et se disposoit à
le mettre au jour , lorsque la mort l'enleva
, vers la cinquante-quatrième année
de son âge. Le Manuscrit fut alors confié
à un Jésuite distingué par ses talens
, l'ami et le confident de l'Auteur 5
ce Pere se proposa d'abord d'y perfectionner
ce qui n'étoit encore qu'en
ébauche , dans le dessein de le publier
sans retardement , selon les intentions
de l'Historien . Du projet à l'éxécution
le trajet est difficile et hazardeux . Les
diverses occupations dont le dépositaire
du Manuscrit a été successivement surchargé
depuis plus de trente- quatre ans ,
ont absorbé presque tous les momens
de son loisir. Ainsi il ne lui a pas été
possible de veiller à l'Edition d'une Histoire
qui demandoit un travail assidu ,
pour être mise dans un état de perfection
qui répondit à la haute opinion
dont le Public est prévenu en faveur du
Pere d'Orléans.
Enfin
MAY. 1733
975
Enfin , après un délai de plusieurs années
, l'Ouvrage remis en d'autres mains
est présentement sous la presse. On ose
assurer qu'une Histoire si intéressante ne
trompera point l'attente des Gens de
Lettres , et donnera un nouveau lustre
à la réputation que ce célébre Ecrivain
s'est acquise , à juste titre , en France et
dans les Pays Etrangers.
On reconnoîtra dans l'Histoire des
Révolutions d'Espagne , l'Historien des
Révolutions d'Angleterre, les mêmes graces
, et la même naïveté dans le fil de
ses narrations , le même pinceau et la
même vivacité dans les portraits , sans
les outrer , même éxactitude dans l'ordre
des faits , même justesse dans les réfléxions
, même discernement dans la
critique , même élégance , et même énergie
dans la diction . Cependant l'Histoire
des Révolutions d'Espagne a cet
avantage sur l'autre , qu'elle est en mê
me-tems une Histoire suivie du Gouver
nement de la Nation . En effet , depuis
l'invasion des Maures , jusqu'à l'entiere
et parfaite réunion des Royaumes de Castille
et d'Arragon on une seule Monarchie
, les Annales Espagnoles ne présentent
qu'une suite de changemens , de
progrès , et de décadences dans ce grand
G nom976
MERCURE DE FRANCE
nombre de Souverainetez qui partage =
rent si long-tems l'Espagne . Chaque année
y fait éclore de nouvelles Dynasties
, qui s'établissent sur les ruines de la
domination Sarasine . Rien n'a échapé en
ce genre au Pere d'Orléans. On jugera
sur tout du mérite de cet Ouvrage , par
les soins heureux que s'est donné l'Auteur
, de rapprocher sous un même point
de vue l'Histoire des différens petits
Etats qui se formerent des débris de
l'Empire Mahométan , et de rappeller
sans cesse son Lecteur par l'importance
et par la varieté des Evenemens , par la
nouveauté et par la rapidité des objets
qu'il fait succeder les uns aux autres
enfin par l'ingénieuse fécondité
des denouemens qu'il prépare. On y retrouvera
avec plaisir l'héroïsme des vertus
guerrieres , soûtenu des plus grands
exemples de la magnanimité Chrétienne,
et les ressorts de la plus artificieuse politique
, quelquefois palliée sous les apparences
de la Religion , et déguisée sous
le masque de l'équité . En un mot , l'Histoire
des Révolutions d'Espagne paroîtra
encore plus digne de l'empressement du
Public , si l'on considere le rapport qu'el
le a avec les principales Monarchies de
l'Europe et de l'Afrique.
,
Cet
MAY. 1733. 977
Cet Ouvrage qui composera 3 vol. in -4
sera mis en vente au plus tard dans le
courant du mois de. Janvier de l'année
1734.
depuis la destruction de l'Empire des
Goths , jusqu'à l'entiere et parfaite réunion
des Royaumes de Castille et d'Arragon
en une seule Monarchie , 3 vol .
in- 4 . Par le R. P. Joseph d'Orleans , de
la Compagnie de Jesus.
Pour présenter au Public une idée
précise de cet Ouvrage , il suffit d'emprunter
les termes que l'Auteur a employez
au commencement du premier
Livre.
» J'écris l'Histoire des Révolutions
d'une Monarchie élevée sur ses propres
» ruines , à un point de gloire et de
grandeur redoutable au reste du Mon-
» de et dont le Monde auroit plus
>> long-tems redouté la puissance , si elle
» se fût donné des bornes , et si elle
» eut moins dissipé ses forces , en voulant
trop étendre ses limites. C'est
,
» l'Hise
74 MERCURE DE FRANCE
l'Histoire des Révolutions arrivées dans
» la Monarchie d'Espagne , depuis que ,
» née , pour parler ainsi , des cendres
» de celles des Goths , elle a quitté le
» nom de ses Conquérans , pour prendre
13 celui de son Pays.
Le Pere d'Orléans donnoit la derniere
forme à cet Ouvrage , et se disposoit à
le mettre au jour , lorsque la mort l'enleva
, vers la cinquante-quatrième année
de son âge. Le Manuscrit fut alors confié
à un Jésuite distingué par ses talens
, l'ami et le confident de l'Auteur 5
ce Pere se proposa d'abord d'y perfectionner
ce qui n'étoit encore qu'en
ébauche , dans le dessein de le publier
sans retardement , selon les intentions
de l'Historien . Du projet à l'éxécution
le trajet est difficile et hazardeux . Les
diverses occupations dont le dépositaire
du Manuscrit a été successivement surchargé
depuis plus de trente- quatre ans ,
ont absorbé presque tous les momens
de son loisir. Ainsi il ne lui a pas été
possible de veiller à l'Edition d'une Histoire
qui demandoit un travail assidu ,
pour être mise dans un état de perfection
qui répondit à la haute opinion
dont le Public est prévenu en faveur du
Pere d'Orléans.
Enfin
MAY. 1733
975
Enfin , après un délai de plusieurs années
, l'Ouvrage remis en d'autres mains
est présentement sous la presse. On ose
assurer qu'une Histoire si intéressante ne
trompera point l'attente des Gens de
Lettres , et donnera un nouveau lustre
à la réputation que ce célébre Ecrivain
s'est acquise , à juste titre , en France et
dans les Pays Etrangers.
On reconnoîtra dans l'Histoire des
Révolutions d'Espagne , l'Historien des
Révolutions d'Angleterre, les mêmes graces
, et la même naïveté dans le fil de
ses narrations , le même pinceau et la
même vivacité dans les portraits , sans
les outrer , même éxactitude dans l'ordre
des faits , même justesse dans les réfléxions
, même discernement dans la
critique , même élégance , et même énergie
dans la diction . Cependant l'Histoire
des Révolutions d'Espagne a cet
avantage sur l'autre , qu'elle est en mê
me-tems une Histoire suivie du Gouver
nement de la Nation . En effet , depuis
l'invasion des Maures , jusqu'à l'entiere
et parfaite réunion des Royaumes de Castille
et d'Arragon on une seule Monarchie
, les Annales Espagnoles ne présentent
qu'une suite de changemens , de
progrès , et de décadences dans ce grand
G nom976
MERCURE DE FRANCE
nombre de Souverainetez qui partage =
rent si long-tems l'Espagne . Chaque année
y fait éclore de nouvelles Dynasties
, qui s'établissent sur les ruines de la
domination Sarasine . Rien n'a échapé en
ce genre au Pere d'Orléans. On jugera
sur tout du mérite de cet Ouvrage , par
les soins heureux que s'est donné l'Auteur
, de rapprocher sous un même point
de vue l'Histoire des différens petits
Etats qui se formerent des débris de
l'Empire Mahométan , et de rappeller
sans cesse son Lecteur par l'importance
et par la varieté des Evenemens , par la
nouveauté et par la rapidité des objets
qu'il fait succeder les uns aux autres
enfin par l'ingénieuse fécondité
des denouemens qu'il prépare. On y retrouvera
avec plaisir l'héroïsme des vertus
guerrieres , soûtenu des plus grands
exemples de la magnanimité Chrétienne,
et les ressorts de la plus artificieuse politique
, quelquefois palliée sous les apparences
de la Religion , et déguisée sous
le masque de l'équité . En un mot , l'Histoire
des Révolutions d'Espagne paroîtra
encore plus digne de l'empressement du
Public , si l'on considere le rapport qu'el
le a avec les principales Monarchies de
l'Europe et de l'Afrique.
,
Cet
MAY. 1733. 977
Cet Ouvrage qui composera 3 vol. in -4
sera mis en vente au plus tard dans le
courant du mois de. Janvier de l'année
1734.
Fermer
Résumé : Histoire des Révolutions d'Espagne, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire des Révolutions d'Espagne' du Père Joseph d'Orléans de la Compagnie de Jésus couvre les événements depuis la destruction de l'Empire des Goths jusqu'à la réunion des royaumes de Castille et d'Aragon en une seule monarchie. L'auteur décrit l'ascension de l'Espagne à un point de gloire et de grandeur redoutable, soulignant que cette puissance aurait pu durer plus longtemps si elle avait su se modérer. L'ouvrage est structuré en trois volumes in-4. Le Père d'Orléans a travaillé sur cet ouvrage jusqu'à sa mort à l'âge de cinquante-quatre ans. Le manuscrit a ensuite été confié à un autre Jésuite, qui a rencontré des difficultés pour le publier en raison de diverses occupations. Après plusieurs années, l'ouvrage est enfin sous presse et devrait être disponible en janvier 1734. L'histoire des révolutions d'Espagne est comparée à celle des révolutions d'Angleterre, partageant des qualités telles que la grâce, la vivacité et l'exactitude. Cependant, elle se distingue par une analyse suivie du gouvernement de la nation espagnole. Depuis l'invasion des Maures jusqu'à la réunion des royaumes de Castille et d'Aragon, les annales espagnoles montrent une succession de changements, de progrès et de décadences. L'auteur a soigneusement rapproché les histoires des différents petits États formés des débris de l'Empire mahométan, offrant une vue d'ensemble des événements importants et variés. L'ouvrage met également en lumière l'héroïsme des vertus guerrières et les ressorts de la politique, souvent masqués sous des apparences religieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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73
p. 980-987
Discours sur les Spectacles, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 13 du mois de Mars, le R. P. Charles Porée, Jesuite, prononça devant une illustre et [...]
Mots clefs :
Théâtre, Charles Porée, Préceptes, Histoire, Poète dramatique, Orateur, Exemples, Moeurs, Former, Vertus, Vices, Hommes, Comédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur les Spectacles, &c. [titre d'après la table]
Le 13 du mois de Mars , le R. P. Charles Porée
, Jesuite , prononça devant une illustre et
nombreuse Assemblée un Discours Latin sur ce
sujet : Theatrum sit ne , vel esse possit Schola informandis
moribus idonea. C'est- à-dire , sille
formanMAY
. 1733. 981
Théatre est ou peut devenir une Ecole propre pour
former les moeurs.
Après avoir touché dans son Exorde les rai
sons qu'il y a de mettre la chose en Problême ,
raisons tirées des disputes qui se sont souvent
élevées à cette occasion , l'Orateur prenant sa❤
gement son parti , entreprend de faire voir dans
les deux parties qui divisent son Discours , que
le Théatre peut de sa nature être une Ecole propre
pour former les moeurs ; mais que par la
faute des hommes il ne l'est pas. Cet Exorde est
terminé par l'Eloge des deux Cardinaux qui
étoient présens , le Cardinal de Polignac et le
Cardinal de Bissy. Ce double Eloge est bien caracterisé
, et plein de finesse et d'art .
La Philosophie donne des préceptes pour
former les moeurs , l'Histoire donne des exeinples.
Le Théatre emprunte de ces deux Ecoles
ce qu'elles ont de meilleur , et par la réunion
qu'elle en fait , elle s'éleve fort au- dessus de cha
cune d'elles, prises en particulier.
Il n'est point d'état pour lequel la Philosophie
ne donne des préceptes. On ne voit pas
non plus que le Théatre soit borné à cet égard .
Les Serviteurs , les Ouvriers , les Marchands , les
Juges , les grands Seigneurs , les Rois y reçoivent
des leçons , soit dans la Comédie , soit
dans la Tragédie.
Tous les Etats , toutes les conditions , tous
les âges , tous les devoirs sont de son ressort .
On y apprend à aimer la vertu , et toutes sortes
de vertus
et à haïr et à fuir le vice , et toutes
sortes de vices .
Le Théatre va même plus loin que la Philoso
phie , qui se borne communément aux vertus er
G iiij
aux
982 MERCURE DE FRANCE
aux vices , au lieu que le Théatre va jusqu'aux
bienséances et aux indécenses les plus légeres.
La Tragédie punit séverement les moindres foiblesses
, et la Comédie poursuit impitoyablement
le ridicule le moins grossier.
pour cor-
Mais d'où en particulier , demande l'Orateur
d'où le Poëte Dramatique tirera- t- il le fond
des préceptes dont il prétend se servir
riger les hommes ? Trois sources , répond- il
lui sont ouvertes. Et d'abord l'humaine folie ,
l'humaine sottise est une source des plus abondantes.
La morale ordinaire est une seconde
source , et la morale divine même , prise avec
sagesse et discretion ; ne lui est pas interdite.
Le P. Porée passe à la maniere dont le Poëte
Dramatique débite ses préceptes de morale. La
maniere du Philosophe est toute dogmatique ,
contentieuse et pleine d'emphase . Le Poëte
Dramatique dissimule son but , et
dissimule son but , et y arrive peutêtre
par là plus efficacement. Il ne s'érige ni en
Docteur , ni en Maître , ' ni en Censeur. Il invite
à la vertu , il attire les coeurs , plutôt qu'il
n'entraîne les esprits : il parle en homme à des
hommes. Ce Parallele du Poëte Dramatique et
du Philosophe Dogmatique , est un des beaux
morceaux de cette Harangue.
Mais c'est par les exemples joints aux préceptes
que le Poëte s'étend tout à fait au-dessus du
Philosophe , et entre en paralele avec l'Historien.
Le mot de Seneque est connu , que le chemin
est long par les préceptes , mais court et
efficace par les exemples. Ce qu'un homme a
fait , chaque homme se croit capable de le faire.
C'est par là que Ciceron appelle l'Histoire , la
Maitresse de la vie.
Qr
:
MAY. 1733. 981
Théatre est ou peut devenir une Ecole propre pour
former les moeurs.
Après avoir touché dans son Exorde les rais
sons qu'il y a de mettre la chose en Problême ,
raisons tirées des disputes qui se sont souvent
élevées à cette occasion , l'Orateur prenant sagement
son parti , entreprend de faire voir dans
les deux parties qui divisent son Discours , que
le Théatre peut de sa nature être une Ecole propre
pour former les moeurs ; mais que par la
faute des hommes il ne l'est pas . Cet Exorde est
terminé par l'Eloge des deux Cardinaux qui
étoient présens , le Cardinal de Polignac et le
Cardinal de Bissy. Ce double Eloge est bien caracterisé
, et plein de finesse et d'art.
La Philosophie donne des préceptes pour
former les moeurs , l'Histoire donne des exem
ples. Le Théatre emprunte de ces deux Ecoles
ce qu'elles ont de meilleur , et par la réunion
qu'elle en fait , elle s'éleve fort au - dessus de cha
Cune d'elles, prises en particulier.
Il n'est point d'état pour lequel la Philosophie
ne donne des préceptes . On ne voit pas
non plus que le Théatre soit borné à cet égard.
Les Serviteurs , les Ouvriers , les Marchands , les
Juges , les grands Seigneurs , les Rois y reçoivent
des leçons , soit dans la Comédie , soit
dans la Tragédie.
Tous les Etats , toutes les conditions , tous
les âges , tous les devoirs sont de son ressort.
On y apprend à aimer la vertu , et toutes sortes
de vertus , et à hair et à fuir le vice , et toutes
sortes de vices.
Le Théatre va même plus loin que la Philoso
phie , qui se borne communément aux vertus er
Giiij aux
982 MERCURE DE FRANCE
aux vices , au lieu que le Théatre va jusqu'aux
bienséances et aux indécenses les plus légeres.
La Tragédie punit séverement les moindres foiblesses
, et la Comédie poursuit impitoyablement
le ridicule le moins grossier.
Mais d'où en particulier , demande l'Orateur
d'où le Poëte Dramatique tirera-t - il le fond
des préceptes dont il prétend se servir pour corriger
les hommes ? Trois sources , répond- il
lui sont ouvertes . Et d'abord l'humaine folie ,
l'humaine sottise est une source des plus abon →
dantes . La morale ordinaire est une seconde
source , et la morale divine même , prise avec
sagesse et discretion , ne lui est pas interdite.
>
Le P. Porée passe à la maniere dont le Poëte
Dramatique débite ses préceptes de morale. La
maniere du Philosophe est toute dogmatique
contentieuse , et pleine d'emphase . Le Poëte
Dramatique dissimule son but , et y arrive peutêtre
par là plus efficacement . Il ne s'erige ni en
Docteur , ni en Maître , ' ni en Censeur. Il invite
à la vertu , il attire les coeurs , plutôt qu'il
n'entraîne les esprits : il parle en homme à des
hommes. Ce Parallele du Poëte Dramatique et
du Thilosophe Dogmatique , est un des beaux
morceaux de cette Harangue
Mais c'est par les exemples joints aux préceptes
que le Poëte s'étend tout à fait au-dessus du
Philosophe , et entre en parallele avec l'Histo
rien. Le mot de Seneque est connu , que le chemin
est long par les préceptes , mais court et
efficace par les exemples. Ce qu'un homme a
fait , chaque homme se croit capable de le faire.
C'est par là que Ciceron appelle l'Histoire , la
Maitresse de la vie.
Or
MA Y. 1733- 983
Or l'Histoire donne indifféremment toutes
sortes d'exemples tels qu'ils se présentent , sans
donner souvent ceux dont chacun auroit besoin
Le Théatre les choisit , et les approprie à ses
Spectateurs. L'Histore fait souvent voir la vertu
si-non punie, du moins malheureuse , et le vice
heureux et comme récompensé. Sur le Théatre
c'est une loi de punir le vice et de couronner la
vertu.
Les exemples que donne l'Histoire sont inanimés
, et presqu'aussi inefficaces que les préceptes
philosophiques Car la Philosophie parle
pour l'avenir . On doit faire ceci on doit éviter
cela. L'Histoire raconte le passé . Le Théatre
seul rend les exemples pressans , animés
vivans.
L'Histoire parle tantôt des vices tantôt des
vertus , selon les sujets qu'elle peint . Le Dramatique
peint réellement , et a tous les avantages
de la Peinture le contraste sur tout et l'opposition
, le mêlange des ombres avec la lumiere ;
il oppose les vertus aux vices , les vices aux vertus.
Et par là ses caracteres sont toujours marqués
, brillans et à portée d'être imités ou rejettés.
Socrate étoit fort , assidu au Théatre d'Euripide.
Aristote a traité fort au long et en grave
Philosophe de la Poësie Dramatique . Le Car
dinal de Richelieu a travaillé pour le Théatre.
L'Orateur dit aussi son sentiment sur le
Théatre moderne , et ne trouve ni dans les Vers ,
ni dans le Chant , ni dans la Danse , rien qui
ne puisse être fort innocent , et fort propre
même à nourrir l'esprit et à former le coeur en
les amusant. Il a donc raison de conclure que
de soi le Théatre peut fort bien être une Ecole
GY de
984 MERCURE DE FRANCE
de vertu , propre pour former les moeurs. Mais
pourquoi donc tant de grands hommes , tant
de vertueux personages ont- ils proscrit le Théatre
, et invectivé contre lui comme contre une
Ecole de vice et de libertinage ? La réponse est
facile. Ils n'éxaminoient pas ce qui pouvoit
être. Ils ne parloient que de ce qui étoit.
Or le Théatre n'est pas , et n'a guéres jamais
été ce qu'il pouvoit , et ce qu'il devroit être :
et peut - être est - il bien difficile qu'il le soit jamais
ce qui est une autre question qu'on pourroit
discuter. L'Orateur parle désormais du
Théatre tel qu'il est , et c'est le sujet de la seconde
partic.
Il remonte à la source du mal 1, et la trouve
également dans les Auteurs , dans les Acteurs
et dans les Spectateurs , et en premier heu c'est
la faute des Poëtes Dramatiques si le Théatre
n'est pas ce qu'il doit être. Ils perdent à tous
momens de vue la fin et le but du sujet qu'ils
se mêlent de traitter .
Leur grand but paroît être uniquement de
briller , et de se faire promptement connoître et
admirer du Public ; de se donner en quelque
sorte en spectacle à toute une ville , sans- se piquer
beaucoup du titre de bons citoyens , dont
le devoir est de se rendre utile , et de contribuer
au bien commun de la Nation. Horace
dit que les Poëtes veulent ou plaire ou être utiles
. Nos Poëtes ne s'embarassent guéres que de
plaire.
Deux folles passions , capables seules de corrompre
toute une Nation , paroissent être le
grand objet de nos Poëtes , la vengeance et l'amour
, et en être l'objet bien plus pour les réveiller
que pour les éteindre.
Le
MAY . 1733 .
Le P. Porée adresse la parole au grand Corneille
, et lui reproche avec vehemence , quoiqu'avec
beaucoup d'estime et une sorte de respect
, d'avoir donné des exemples et des préceptes
de vengeance et de duel dans son Cid , et
de les avoir donnés d'une maniere d'autant plus
dangereuse , qu'elle est plus pleine d'élévation , si
non de coeur et de sentimens , du moins d'esprit
et de pensées .
Mais en même-tems l'Orateur reconnoît la
sagesse de Corneille sur l'article de l'Amour, sur
lequel Racine a été encore plus indiscret que
Corneille ne l'avoit été sur celui de la Vengeance.
Là commence un parallele de ces deux
grands Maîtres de la Scene Françoise ; et ce parallele
est nouveau après tous les autres qui ont
paru jusqu'ici : il finit par établir une sorte d'égalité
entre les deux Poëtes . Mais le commencement
et le milieu n'alloient point là , et on
ne s'attendoit guéres à voir cette gémissante Colombe
de Venus partager l'Empire , même du
Théatre , avec cette Aigle foudroyante de Jupiter.
L'Orateur a donné sans doute cette fin au
préjugé du vulgaire.
Ceux qui se sont emparés de la Scene après
ces deux grands Poëtes , ont bien pû imiter ou
surpasser même leurs défauts , principalement
celui des Sottises amoureuses , mais il ne leur a
pas été si aisé d'atteindre à leur Art , beaucoup
moins à leur Génie .
L'Orateur répond au prétexte , qu'on réveille
P'Amour pour le corriger et le bannir . Il appelle
cela exciter un grand incendie pour l'ét indre
après qu'il a fait bien des ravages donner du
poison pour le faire revomir après qu'il a dé
shiré les entrailles, L'amour n'est pas de ces
Gvj pas+
986 MERCURE DE FRANCE
sûr passions peu naturelles qu'on est commes
d'éteindre après les avoir allumées.
Les anciens Tragiques ne connoissoient point
cette passion , et leur Théatre ne se soutenoit
que mieux sans elle. Eschyle ne l'a jamais mise
sur le sien , Sophocle ne l'y a admise qu'une
fois , et Euripide deux fois : et encore avec
quels égards , quelle discrétion , quelle bienséance
,
Ia Tragédie a donc beaucoup perdu de son
ancienne majesté en perdant sa gravité , sa
séverité sa modestie , sa décence. Mais la Comédie
moerne se flate de surpasser en ce point
là même , l'ancienne Comédie. Notre Orateur
cependant n'est point du tout de cet avis. Le
caractere qu'il fait de Moliere est achevé , et
par là même il en fait un Maître dans l'Art des
moeurs d'autant plus mauvais , qu'il le fait meilleur
dans l'Art du Poeme Dramatique.
Le P. Porée n'épargne aucune sorte de Théatre.
La Comédie Italienne ne mérite pas de
grands égards après qu'il a reprouvé le Théatre
François. Et là - dessus on comprend bien qu'il
ne fait nul quartier à POpera. I applaudit au
génie de Lulli et de Quinault : mais il ne leur
fait d'autre grace , sur l'abus qu'ils en ont fait ,
qu'en reconnoissant qu'ils on: reconnu eux mêmes
avant leur mort , et qu'ils ont détesté cer
abus.
Des Auteurs , le P. Porée passe aux Acteurs ,
et fait voir que plus ils sont parfaits dans leur
action , plus ils sont criminels , et qu'ils contribuent
beaucoup au mal que les Auteurs Dramatiques
font par leur organe. Les Spectateurs ne
sont pas épargnés. Comment seroient- ils innocens
s'il faut être criminel pour leur
plaire ?
›
MAY. 17 ? 3 . 987
Cet Extrait auroit paru dès le mois passé si
nous n'avions été trop pressés par l'abondance
des matieres. Le Discours Latin , imprimé chez
Coignard fils , rue S. jacques , paroît et se fait
lire avec un extrême plaisir. On pariera dans le
prochain Mercure de la Traduction Françoise.
que le R. P. Brumoy en a faite , imprimée chez
le même Libraire.
, Jesuite , prononça devant une illustre et
nombreuse Assemblée un Discours Latin sur ce
sujet : Theatrum sit ne , vel esse possit Schola informandis
moribus idonea. C'est- à-dire , sille
formanMAY
. 1733. 981
Théatre est ou peut devenir une Ecole propre pour
former les moeurs.
Après avoir touché dans son Exorde les rai
sons qu'il y a de mettre la chose en Problême ,
raisons tirées des disputes qui se sont souvent
élevées à cette occasion , l'Orateur prenant sa❤
gement son parti , entreprend de faire voir dans
les deux parties qui divisent son Discours , que
le Théatre peut de sa nature être une Ecole propre
pour former les moeurs ; mais que par la
faute des hommes il ne l'est pas. Cet Exorde est
terminé par l'Eloge des deux Cardinaux qui
étoient présens , le Cardinal de Polignac et le
Cardinal de Bissy. Ce double Eloge est bien caracterisé
, et plein de finesse et d'art .
La Philosophie donne des préceptes pour
former les moeurs , l'Histoire donne des exeinples.
Le Théatre emprunte de ces deux Ecoles
ce qu'elles ont de meilleur , et par la réunion
qu'elle en fait , elle s'éleve fort au- dessus de cha
cune d'elles, prises en particulier.
Il n'est point d'état pour lequel la Philosophie
ne donne des préceptes. On ne voit pas
non plus que le Théatre soit borné à cet égard .
Les Serviteurs , les Ouvriers , les Marchands , les
Juges , les grands Seigneurs , les Rois y reçoivent
des leçons , soit dans la Comédie , soit
dans la Tragédie.
Tous les Etats , toutes les conditions , tous
les âges , tous les devoirs sont de son ressort .
On y apprend à aimer la vertu , et toutes sortes
de vertus
et à haïr et à fuir le vice , et toutes
sortes de vices .
Le Théatre va même plus loin que la Philoso
phie , qui se borne communément aux vertus er
G iiij
aux
982 MERCURE DE FRANCE
aux vices , au lieu que le Théatre va jusqu'aux
bienséances et aux indécenses les plus légeres.
La Tragédie punit séverement les moindres foiblesses
, et la Comédie poursuit impitoyablement
le ridicule le moins grossier.
pour cor-
Mais d'où en particulier , demande l'Orateur
d'où le Poëte Dramatique tirera- t- il le fond
des préceptes dont il prétend se servir
riger les hommes ? Trois sources , répond- il
lui sont ouvertes. Et d'abord l'humaine folie ,
l'humaine sottise est une source des plus abondantes.
La morale ordinaire est une seconde
source , et la morale divine même , prise avec
sagesse et discretion ; ne lui est pas interdite.
Le P. Porée passe à la maniere dont le Poëte
Dramatique débite ses préceptes de morale. La
maniere du Philosophe est toute dogmatique ,
contentieuse et pleine d'emphase . Le Poëte
Dramatique dissimule son but , et
dissimule son but , et y arrive peutêtre
par là plus efficacement. Il ne s'érige ni en
Docteur , ni en Maître , ' ni en Censeur. Il invite
à la vertu , il attire les coeurs , plutôt qu'il
n'entraîne les esprits : il parle en homme à des
hommes. Ce Parallele du Poëte Dramatique et
du Philosophe Dogmatique , est un des beaux
morceaux de cette Harangue.
Mais c'est par les exemples joints aux préceptes
que le Poëte s'étend tout à fait au-dessus du
Philosophe , et entre en paralele avec l'Historien.
Le mot de Seneque est connu , que le chemin
est long par les préceptes , mais court et
efficace par les exemples. Ce qu'un homme a
fait , chaque homme se croit capable de le faire.
C'est par là que Ciceron appelle l'Histoire , la
Maitresse de la vie.
Qr
:
MAY. 1733. 981
Théatre est ou peut devenir une Ecole propre pour
former les moeurs.
Après avoir touché dans son Exorde les rais
sons qu'il y a de mettre la chose en Problême ,
raisons tirées des disputes qui se sont souvent
élevées à cette occasion , l'Orateur prenant sagement
son parti , entreprend de faire voir dans
les deux parties qui divisent son Discours , que
le Théatre peut de sa nature être une Ecole propre
pour former les moeurs ; mais que par la
faute des hommes il ne l'est pas . Cet Exorde est
terminé par l'Eloge des deux Cardinaux qui
étoient présens , le Cardinal de Polignac et le
Cardinal de Bissy. Ce double Eloge est bien caracterisé
, et plein de finesse et d'art.
La Philosophie donne des préceptes pour
former les moeurs , l'Histoire donne des exem
ples. Le Théatre emprunte de ces deux Ecoles
ce qu'elles ont de meilleur , et par la réunion
qu'elle en fait , elle s'éleve fort au - dessus de cha
Cune d'elles, prises en particulier.
Il n'est point d'état pour lequel la Philosophie
ne donne des préceptes . On ne voit pas
non plus que le Théatre soit borné à cet égard.
Les Serviteurs , les Ouvriers , les Marchands , les
Juges , les grands Seigneurs , les Rois y reçoivent
des leçons , soit dans la Comédie , soit
dans la Tragédie.
Tous les Etats , toutes les conditions , tous
les âges , tous les devoirs sont de son ressort.
On y apprend à aimer la vertu , et toutes sortes
de vertus , et à hair et à fuir le vice , et toutes
sortes de vices.
Le Théatre va même plus loin que la Philoso
phie , qui se borne communément aux vertus er
Giiij aux
982 MERCURE DE FRANCE
aux vices , au lieu que le Théatre va jusqu'aux
bienséances et aux indécenses les plus légeres.
La Tragédie punit séverement les moindres foiblesses
, et la Comédie poursuit impitoyablement
le ridicule le moins grossier.
Mais d'où en particulier , demande l'Orateur
d'où le Poëte Dramatique tirera-t - il le fond
des préceptes dont il prétend se servir pour corriger
les hommes ? Trois sources , répond- il
lui sont ouvertes . Et d'abord l'humaine folie ,
l'humaine sottise est une source des plus abon →
dantes . La morale ordinaire est une seconde
source , et la morale divine même , prise avec
sagesse et discretion , ne lui est pas interdite.
>
Le P. Porée passe à la maniere dont le Poëte
Dramatique débite ses préceptes de morale. La
maniere du Philosophe est toute dogmatique
contentieuse , et pleine d'emphase . Le Poëte
Dramatique dissimule son but , et y arrive peutêtre
par là plus efficacement . Il ne s'erige ni en
Docteur , ni en Maître , ' ni en Censeur. Il invite
à la vertu , il attire les coeurs , plutôt qu'il
n'entraîne les esprits : il parle en homme à des
hommes. Ce Parallele du Poëte Dramatique et
du Thilosophe Dogmatique , est un des beaux
morceaux de cette Harangue
Mais c'est par les exemples joints aux préceptes
que le Poëte s'étend tout à fait au-dessus du
Philosophe , et entre en parallele avec l'Histo
rien. Le mot de Seneque est connu , que le chemin
est long par les préceptes , mais court et
efficace par les exemples. Ce qu'un homme a
fait , chaque homme se croit capable de le faire.
C'est par là que Ciceron appelle l'Histoire , la
Maitresse de la vie.
Or
MA Y. 1733- 983
Or l'Histoire donne indifféremment toutes
sortes d'exemples tels qu'ils se présentent , sans
donner souvent ceux dont chacun auroit besoin
Le Théatre les choisit , et les approprie à ses
Spectateurs. L'Histore fait souvent voir la vertu
si-non punie, du moins malheureuse , et le vice
heureux et comme récompensé. Sur le Théatre
c'est une loi de punir le vice et de couronner la
vertu.
Les exemples que donne l'Histoire sont inanimés
, et presqu'aussi inefficaces que les préceptes
philosophiques Car la Philosophie parle
pour l'avenir . On doit faire ceci on doit éviter
cela. L'Histoire raconte le passé . Le Théatre
seul rend les exemples pressans , animés
vivans.
L'Histoire parle tantôt des vices tantôt des
vertus , selon les sujets qu'elle peint . Le Dramatique
peint réellement , et a tous les avantages
de la Peinture le contraste sur tout et l'opposition
, le mêlange des ombres avec la lumiere ;
il oppose les vertus aux vices , les vices aux vertus.
Et par là ses caracteres sont toujours marqués
, brillans et à portée d'être imités ou rejettés.
Socrate étoit fort , assidu au Théatre d'Euripide.
Aristote a traité fort au long et en grave
Philosophe de la Poësie Dramatique . Le Car
dinal de Richelieu a travaillé pour le Théatre.
L'Orateur dit aussi son sentiment sur le
Théatre moderne , et ne trouve ni dans les Vers ,
ni dans le Chant , ni dans la Danse , rien qui
ne puisse être fort innocent , et fort propre
même à nourrir l'esprit et à former le coeur en
les amusant. Il a donc raison de conclure que
de soi le Théatre peut fort bien être une Ecole
GY de
984 MERCURE DE FRANCE
de vertu , propre pour former les moeurs. Mais
pourquoi donc tant de grands hommes , tant
de vertueux personages ont- ils proscrit le Théatre
, et invectivé contre lui comme contre une
Ecole de vice et de libertinage ? La réponse est
facile. Ils n'éxaminoient pas ce qui pouvoit
être. Ils ne parloient que de ce qui étoit.
Or le Théatre n'est pas , et n'a guéres jamais
été ce qu'il pouvoit , et ce qu'il devroit être :
et peut - être est - il bien difficile qu'il le soit jamais
ce qui est une autre question qu'on pourroit
discuter. L'Orateur parle désormais du
Théatre tel qu'il est , et c'est le sujet de la seconde
partic.
Il remonte à la source du mal 1, et la trouve
également dans les Auteurs , dans les Acteurs
et dans les Spectateurs , et en premier heu c'est
la faute des Poëtes Dramatiques si le Théatre
n'est pas ce qu'il doit être. Ils perdent à tous
momens de vue la fin et le but du sujet qu'ils
se mêlent de traitter .
Leur grand but paroît être uniquement de
briller , et de se faire promptement connoître et
admirer du Public ; de se donner en quelque
sorte en spectacle à toute une ville , sans- se piquer
beaucoup du titre de bons citoyens , dont
le devoir est de se rendre utile , et de contribuer
au bien commun de la Nation. Horace
dit que les Poëtes veulent ou plaire ou être utiles
. Nos Poëtes ne s'embarassent guéres que de
plaire.
Deux folles passions , capables seules de corrompre
toute une Nation , paroissent être le
grand objet de nos Poëtes , la vengeance et l'amour
, et en être l'objet bien plus pour les réveiller
que pour les éteindre.
Le
MAY . 1733 .
Le P. Porée adresse la parole au grand Corneille
, et lui reproche avec vehemence , quoiqu'avec
beaucoup d'estime et une sorte de respect
, d'avoir donné des exemples et des préceptes
de vengeance et de duel dans son Cid , et
de les avoir donnés d'une maniere d'autant plus
dangereuse , qu'elle est plus pleine d'élévation , si
non de coeur et de sentimens , du moins d'esprit
et de pensées .
Mais en même-tems l'Orateur reconnoît la
sagesse de Corneille sur l'article de l'Amour, sur
lequel Racine a été encore plus indiscret que
Corneille ne l'avoit été sur celui de la Vengeance.
Là commence un parallele de ces deux
grands Maîtres de la Scene Françoise ; et ce parallele
est nouveau après tous les autres qui ont
paru jusqu'ici : il finit par établir une sorte d'égalité
entre les deux Poëtes . Mais le commencement
et le milieu n'alloient point là , et on
ne s'attendoit guéres à voir cette gémissante Colombe
de Venus partager l'Empire , même du
Théatre , avec cette Aigle foudroyante de Jupiter.
L'Orateur a donné sans doute cette fin au
préjugé du vulgaire.
Ceux qui se sont emparés de la Scene après
ces deux grands Poëtes , ont bien pû imiter ou
surpasser même leurs défauts , principalement
celui des Sottises amoureuses , mais il ne leur a
pas été si aisé d'atteindre à leur Art , beaucoup
moins à leur Génie .
L'Orateur répond au prétexte , qu'on réveille
P'Amour pour le corriger et le bannir . Il appelle
cela exciter un grand incendie pour l'ét indre
après qu'il a fait bien des ravages donner du
poison pour le faire revomir après qu'il a dé
shiré les entrailles, L'amour n'est pas de ces
Gvj pas+
986 MERCURE DE FRANCE
sûr passions peu naturelles qu'on est commes
d'éteindre après les avoir allumées.
Les anciens Tragiques ne connoissoient point
cette passion , et leur Théatre ne se soutenoit
que mieux sans elle. Eschyle ne l'a jamais mise
sur le sien , Sophocle ne l'y a admise qu'une
fois , et Euripide deux fois : et encore avec
quels égards , quelle discrétion , quelle bienséance
,
Ia Tragédie a donc beaucoup perdu de son
ancienne majesté en perdant sa gravité , sa
séverité sa modestie , sa décence. Mais la Comédie
moerne se flate de surpasser en ce point
là même , l'ancienne Comédie. Notre Orateur
cependant n'est point du tout de cet avis. Le
caractere qu'il fait de Moliere est achevé , et
par là même il en fait un Maître dans l'Art des
moeurs d'autant plus mauvais , qu'il le fait meilleur
dans l'Art du Poeme Dramatique.
Le P. Porée n'épargne aucune sorte de Théatre.
La Comédie Italienne ne mérite pas de
grands égards après qu'il a reprouvé le Théatre
François. Et là - dessus on comprend bien qu'il
ne fait nul quartier à POpera. I applaudit au
génie de Lulli et de Quinault : mais il ne leur
fait d'autre grace , sur l'abus qu'ils en ont fait ,
qu'en reconnoissant qu'ils on: reconnu eux mêmes
avant leur mort , et qu'ils ont détesté cer
abus.
Des Auteurs , le P. Porée passe aux Acteurs ,
et fait voir que plus ils sont parfaits dans leur
action , plus ils sont criminels , et qu'ils contribuent
beaucoup au mal que les Auteurs Dramatiques
font par leur organe. Les Spectateurs ne
sont pas épargnés. Comment seroient- ils innocens
s'il faut être criminel pour leur
plaire ?
›
MAY. 17 ? 3 . 987
Cet Extrait auroit paru dès le mois passé si
nous n'avions été trop pressés par l'abondance
des matieres. Le Discours Latin , imprimé chez
Coignard fils , rue S. jacques , paroît et se fait
lire avec un extrême plaisir. On pariera dans le
prochain Mercure de la Traduction Françoise.
que le R. P. Brumoy en a faite , imprimée chez
le même Libraire.
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Résumé : Discours sur les Spectacles, &c. [titre d'après la table]
Le 13 mars, le Père Charles Porée, jésuite, prononça un discours en latin devant une assemblée nombreuse et illustre sur le sujet : 'Le Théâtre est-il ou peut-il devenir une école propre pour former les mœurs ?' Porée explora les raisons de poser cette question et démontra que, bien que le théâtre puisse être une école pour former les mœurs, il ne l'est pas en raison des erreurs humaines. Il loua les cardinaux de Polignac et de Bissy présents. Porée souligna que le théâtre combine les préceptes de la philosophie et les exemples de l'histoire, s'élevant ainsi au-dessus de ces deux disciplines. Il offre des leçons pour toutes les conditions sociales, enseignant à aimer la vertu et à fuir le vice. Le théâtre va même plus loin que la philosophie en abordant les bienséances et les indécences les plus légères. La tragédie punit les moindres faiblesses, et la comédie poursuit le ridicule le moins grossier. Le poète dramatique tire ses préceptes de l'humaine folie, de la morale ordinaire et de la morale divine. Contrairement au philosophe dogmatique, le poète dramatique dissimule son but et invite à la vertu de manière plus efficace. Il utilise des exemples pour rendre ses leçons plus pressantes et vivantes, contrairement à l'histoire qui donne des exemples indifférents et souvent inefficaces. L'orateur critiqua les auteurs dramatiques modernes qui se concentrent sur la vengeance et l'amour, reprochant à Corneille et Racine d'avoir donné des exemples dangereux de ces passions. Il reconnut la sagesse de Corneille sur l'amour et compara les deux poètes, établissant une sorte d'égalité entre eux. Il critiqua également la comédie italienne et l'opéra, tout en reconnaissant le génie de Lulli et Quinault. Porée passa ensuite aux acteurs, affirmant qu'ils contribuent au mal fait par les auteurs dramatiques, et ne ménagea pas non plus les spectateurs. Le texte est un extrait d'un document daté du 17 mai 1739, mentionnant que le discours en latin, imprimé chez Coignard fils, rue Saint-Jacques, suscite un grand intérêt et est lu avec plaisir. La traduction française de ce discours, réalisée par le Père Brumoy, sera publiée dans le prochain numéro du Mercure de France. La publication avait été retardée en raison de l'abondance des matières à traiter.
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74
p. 1161-1163
« SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...] »
Début :
SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...]
Mots clefs :
Histoire, Académie royale des inscriptions et belles-lettres
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texteReconnaissance textuelle : « SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...] »
SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois
Textes de la Bible , avec l'histoire des anciennes
Monarchies , expliquée et réta
blic . Ouvrage divisé en deux parties : La
premiere comprend les Antiquitez des
premiers et des seconds Assyriens , des
seconds et troisiémes Babyloniens , avec
'Histoire des Médes . La seconde [comprendra
l'ancienne Histoire des Perses
des Egyptiens et des Scythes , les antiquitez
Chinoises , Phéniciennes et Lydiennes
; celles de l'Asie et de l'Afrique,
avec l'ancienne Histoire Grecque et Larine
. Par M. Michel de Toul. A Toul
chez Cl. Vincent . 1732. in 4 .
NOUVELLE TRADUCTION FRANÇOISE du
Pastor Fido , avec le Texte à côté. A Paris
, chez Nyon fils , Place de Conty . 1732.
in 12.
HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Nar-
I. Vol. bonnoi1162
MERCURE DE FRANCE
bonnoise , qui comprenoit la Savoye , le
Dauphiné , la Provence , le Languedoc ,
le Roussillon et le Comté de Foix , avec
des Dissertations . Par M. de Mandajors ,
de l'Académie Royale des Inscriptions et
Belles Lettres. Chez Greg. Dupuis , ruë
5. Jacques . 1733. in 12 .
HISTOIRE D'HIPPOLYTE , Comte de Duglas.
Par Mad. Aulnoy , nouvelle Edition,
enrichie de figures en Taille douce , Chez
Gabr. Valleyre , fils , ruë de la Vieille-
Bouclerie , et la veuve Langlois , Quai de
Conty. 1733. in 12. 2. vol.
د
THEOLOGIE PHISIQUE , ou Démonstration
de l'Existence et des Attributs de
Dieu , tirée des Oeuvres de la Création ?
accompagnée d'un grand nombre de Remarques
et d'Observations curieuses . Par
Guill. Derham , Chanoine de Vindsor
Recteur d'Upminster , &c. Traduite de
l'Anglois , par Jacq . Lufneu , Docteur en
Médecine et Lecteur en Mathématique
Troisiéme Edition , revûë et corrigée . A
Paris , chez Chaubert , Quai des Augustins,
in 8. 1732.
LES METAMORPHOSES D'OVIDE , avec
des Remarques et des Explications histo-
1. Vol.
riques,
JUIN. 1733- 1163
riques. Par M. l'Abbé Banier , de l'Académie
Royale des Inscriptions et Belles-
Lettres. Ouvrage enrichi de Figures en
Taille douce. A Amsterdam , chez Westeins
et Smith , et se vend à Paris , chez
Coignard , fils , 1732. 3 vol. in 12 .
Textes de la Bible , avec l'histoire des anciennes
Monarchies , expliquée et réta
blic . Ouvrage divisé en deux parties : La
premiere comprend les Antiquitez des
premiers et des seconds Assyriens , des
seconds et troisiémes Babyloniens , avec
'Histoire des Médes . La seconde [comprendra
l'ancienne Histoire des Perses
des Egyptiens et des Scythes , les antiquitez
Chinoises , Phéniciennes et Lydiennes
; celles de l'Asie et de l'Afrique,
avec l'ancienne Histoire Grecque et Larine
. Par M. Michel de Toul. A Toul
chez Cl. Vincent . 1732. in 4 .
NOUVELLE TRADUCTION FRANÇOISE du
Pastor Fido , avec le Texte à côté. A Paris
, chez Nyon fils , Place de Conty . 1732.
in 12.
HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Nar-
I. Vol. bonnoi1162
MERCURE DE FRANCE
bonnoise , qui comprenoit la Savoye , le
Dauphiné , la Provence , le Languedoc ,
le Roussillon et le Comté de Foix , avec
des Dissertations . Par M. de Mandajors ,
de l'Académie Royale des Inscriptions et
Belles Lettres. Chez Greg. Dupuis , ruë
5. Jacques . 1733. in 12 .
HISTOIRE D'HIPPOLYTE , Comte de Duglas.
Par Mad. Aulnoy , nouvelle Edition,
enrichie de figures en Taille douce , Chez
Gabr. Valleyre , fils , ruë de la Vieille-
Bouclerie , et la veuve Langlois , Quai de
Conty. 1733. in 12. 2. vol.
د
THEOLOGIE PHISIQUE , ou Démonstration
de l'Existence et des Attributs de
Dieu , tirée des Oeuvres de la Création ?
accompagnée d'un grand nombre de Remarques
et d'Observations curieuses . Par
Guill. Derham , Chanoine de Vindsor
Recteur d'Upminster , &c. Traduite de
l'Anglois , par Jacq . Lufneu , Docteur en
Médecine et Lecteur en Mathématique
Troisiéme Edition , revûë et corrigée . A
Paris , chez Chaubert , Quai des Augustins,
in 8. 1732.
LES METAMORPHOSES D'OVIDE , avec
des Remarques et des Explications histo-
1. Vol.
riques,
JUIN. 1733- 1163
riques. Par M. l'Abbé Banier , de l'Académie
Royale des Inscriptions et Belles-
Lettres. Ouvrage enrichi de Figures en
Taille douce. A Amsterdam , chez Westeins
et Smith , et se vend à Paris , chez
Coignard , fils , 1732. 3 vol. in 12 .
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Résumé : « SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...] »
Le document recense des ouvrages historiques et littéraires publiés entre 1732 et 1733. Parmi eux, 'SYSTEME CHRONOLOGIQUE' de Michel de Toul analyse les textes bibliques et l'histoire des anciennes monarchies, divisé en deux parties couvrant divers peuples et civilisations. 'NOUVELLE TRADUCTION FRANÇOISE du Pastor Fido' est une traduction française d'une œuvre pastorale italienne, publiée à Paris. 'HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Narbonnaise' par M. de Mandajors explore l'histoire de la Gaule Narbonnaise et des régions voisines, accompagnée de dissertations. 'HISTOIRE D'HIPPOLYTE, Comte de Duglas' est une nouvelle édition enrichie de figures, écrite par Madame Aulnoy. 'THEOLOGIE PHISIQUE' de Guill. Derham, traduite par Jacq. Lufneu, démontre l'existence et les attributs de Dieu à travers les œuvres de la création. Enfin, 'LES METAMORPHOSES D'OVIDE' par l'Abbé Banier offre des remarques et des explications historiques, enrichi de figures.
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75
p. 1174-1189
Discours sur les Spectacles, traduit du Latin, [titre d'après la table]
Début :
THEATRUM ne sit vel esse possit Schola informandis moribus idonea ; oratio habita [...]
Mots clefs :
Scène, Théâtre, Orateur, Moeurs, Histoire, Philosophie, Nature, Racine, Comédie, Corneille, Tragédie, Héros, Discours, Effet
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur les Spectacles, traduit du Latin, [titre d'après la table]
THEATRUM ne sit vel esse possit Schola
informandis moribus idonea ; oratio habita
die 13. Martii an . 1733. in Regio Ludovici
Magni Collegio Societatis Jesu , à
Carolo Porée , ejusdem Societatis Sacerdote.
ITEM , Discours sur les Spectacles , tradit
du Latin du Pere Charles Porée , de
la Compagnie de Jesus , par le P. Brumoy
de la même Compagnie..
L'une et l'autre Piéce est imprimée chez
Jean Baptiste Coignard fils , rue S. Jacques
, 1733 .
Le P. Porée , après avoir piqué la curiosité
du Public par son titre , a pleinement
satisfait celle de ses illustres Auditeurs
, au nombre desquels se trouverent
MM. les Cardinaux de Polignac et de .
Bissy , M. le Nonce , plusieurs Prélats
et autres personnes de distinction . On
souhaita que son Discours fût imprimé ,
et peu de tems après l'impression ,
Pere Brumoy l'a donné en françois. Ce
Discours a paru interessant par bien des .
endroits . Nous en exposerons briévement
le sujet et l'ordre , autant que la
fertilité laconique de l'Orateur pourra
permettre .
le
1. Vol. II
JUIN. 1733 117
Il établit dans l'Exorde que le Théatre
depuis son origine a toujours été un
sujet de contestation , comme un attrait
de curiosité , parce qu'en effet Athénes ,
Rome , et la France ont vû naître succes
sivement à son occasion des disputes qui
ne sont pas encore terminées. Il détaille
celle du siécle passé , où l'on vît partis
contre partis , Grands contre Grands ,
Doctes contre Doctes , agiter avec beaucoup
de vivacité et de chaleur la question
, sçavoir si le Théatre étoit utile our
pernicieux aux bonnes moeurs. Il s'attache
à la même question , et il se propose
de rapprocher les amateurs du vrai
en prenant le caractere de Conciliateur.
Il répond donc que le Théatre par sa nature
peut être une Ecole capable de former
les moeurs , mais qu'il arrive par
notre faute qu'elle ne l'est pas en effet.
Ce sont les deux parties du Discours.
Puis , après un Compliment ingénieu
aux deux Cardinaux , il entre en matiere.
Une Ecole propre à former les meurs
est celle qui se sert de préceptes et d'éxemples
convenables à ce but. La Philosophie
et l'Histoire ne passent en effet
pour d'excellentes Ecoles de meurs que
par les préceptes que donne l'ane , et
1. Vol.
par
1176 MERCURE DE FRANCE
par les exemples que l'autre fournit . Or
l'Orateur prétend que la Scene comparée
à la Philosophie et à l'Histoire peut leur
disputer l'avantage de former les moeurs ,
en employant les mêmes ressorts d'une
maniere plus convenable.
La Philosophie ouvre un vaste champ à
sa Morale. Elle considere l'homme qu'elle
se propose d'instruire , ou comme occupé
dans une famille , ou comme seul, ou comme
engagé dans les affaires civiles .Mais la
Scene de son côté embrasse tous les Etats,
toutes les professions , tous les devoirs ,
toutes les vertus , tous les vices , tous les
travers même que la Philosophie se met
peu en peine d'observer et de réformer.
De plus les sottises des hommes , la sagesse
humaine et même les Eaux sacrées
de la divine Sagesse , sont les sources
fécondes où la Scene peut puiser ses importantes
et nombreuses leçons . Ce détail
est vif et serré. Enfin l'on fait sentir
finement par une espece de communication
ironique ( à la façon de Socrate )
avec un Philosophe , que la maniere d'instruire
dont la Scene se sert , est veritablement
plus instructive et plus efficace
que ne l'est la Méthode grave et sérieuse
des Philosophes. Voicy un trait de ce
Morceau , qu'il adresse aux Philofophes .
1. Vol. Vos
JUIN. 1733. 1177
Vos Discours sur nos devoirs sont bien
raisonnez , quoiqu'un peu diffus , j'aurois
tort assurément de les blâmer. Vous avez
épousé une Méthode qui vous astraint à
proceder par ordre de propositions , de preuves
, d'objections , de réfutations . Le moyen
de n'être pas discoureur ! mais le Poëte en
auroit- il moins d'autorité sur la Scene parce
qu'il ne sçauroit être sententieux et court ,
souvent sublime Philosophe en un seul Vers ?
Que voulez- vous ? nous aimons la briéveté.
Se mêle-t'on de nous instruire ? nous voulons
qu'on nous dise beaucoup en peu de
mots.
Vous philosophez sur les passions humaines
avec beaucoup de subtilité ; le dirai -je
aussi ? souvent avec un peu de secheresse .
Vous en sçauroit - on mauvais gré ? non.
C'est à vous de définir , de diviser , de développer
vos idées par articles ; ce n'est pas à
vous d'émouvoir. Trouveriez- vous pour cela
que le Poëte dont je parle en auroit moins
grace , parce qu'il mettroit en oeuvre les
pleurs et le courroux , la terreur et la pitié ?
Nous sommes un composé d'esprit et de corps ;
nous voulons être éclairez ; nous voulons être
émus , et l'on ne nous éclaire pas assez ,
on ne tâche de nous émouvoir.
de
si
Enfin vous vous en tenez aux préceptes $
vous écartez bien loin les exemples. Con-
I. Vol.
damnerois-je
F178 MERCURE DE FRANCE
damnerois je votre maniere ? nullement. C'est
la loi que vous vous êtes prescrite. Fose
ici vous le demander sans détour ; notre
Poëte n'a- t'il pas visiblement l'avantage sur
vous , lui qui joint les exemples aux préceptes
en quoi il s'éloigne de vous , car il
devient en quelque sorte Historien , comme
Vous venez de le voir Philosophe ; et par
l'heureux accord de deux Ecoles differentes ,
il en forme une troisième plus efficace pour
faire agir les deux ressorts , je veux dire ,
pour éclairer et pour toucher.
Par cette transition l'Orateur entre
dans la comparaison de la Scene avec
⚫ l'Histoire. Il traite cet endroit avec toute
la justesse et tout le feu qui conviennent
à un parallele si heureux , des évenemens
qu'exposent l'Histoire et la Scene ; et de
la maniere dont l'une et l'autre les expose.
Si des exemples , dit- il , attachez à
des lettres mortes , confiez à des dépositaires
inanimez , ont toutefois une sorte d'ame ;
un reste de leur antique chaleur ; quelle sera
Leur force et leur vie , lorsqu'ils renaîtront
dans l'action , qu'ils seront vivifiez par le
feu du mouvement , qu'ils parleront eux-mêmes
au coeur, à l'oreille , à l'oeil , avec toute
la grandeur des sentimens , avec tous les
charmes de la voix , avec toute l'éloquence
du geste Telle est Pinnocente Magie que
I. Vol. se
JUIN. 1733.
1179
l'imise
propose la Scene. Par elle tout revit , tout
respire , au point de faire croire
tation l'emporte sur la réalité , &c.
que
Ce ne sont plus les Annales des Martyrs
de tout âge et de tout sexe que l'on vous
récite. Vous devenez spectateur et témoin des
combats et des palmes de ces saints Athletes.
A vosyeux les Tyrans menacent, et ils menacent
en vain; mere , pere , épouse chérie, tous
pleurent tous embrassent les genoux du Héros.
Les larmes coulent vainement, les prieres sont
perdues. Délices , richesses , grandeurs , vous
étalez vos plus dangereux attraits . Une indignation
chrétienne , un noble mépris , une
fiertéplus qu'humaine vous foulent aux pieds.
Tourmens cruels , morts effroyables ; vous
paroiffez avec toutes vos horreurs. Un regard
intrépide vous brave . Juges , vous
foudroyez, Arrêt fatal et prononcés on baise
Péchaffaut et l'on vous rend graces . Vous balancez
, Bourreaux , vous tardez tròp ; l'on
vole au-devant de vos coups , &c.
Autre effort plus considerable de la Scene.
L'Histoire est astrainte au temps , au
lieu , à l'ordre des évenemens , pour les y
attacher. Elle n'ose d'ordinaire exposer les
vertus et les vices que séparément et en leur
place. La Scene au contraire ( semblable à
la Peinture qui entend le ton des couleurs
et l'heureux mêlange du clair et de l'obscur
(
I. Vol.
fair
1180 MERCURE DE FRANCE
;
fait dans la même action le contraste inte
ressant du vice et de la vertu. Elle balance
dans les caracteres approchez , la valeur et
la lâcheté , la douceur et le courroux , la modestie
et la fierté , la libéralité et l'avarice ,
la frugalité et la profusion , l'honnête homme
et le scelerat. De cette opposition d'om
bres et de lumieres , quel doux éclat rejaillit
sur la vertu pour l'embellir! que d'hor
ribles tenebres se répandent sur le vice pour
le confondre !
Voulez- vous des autoritez sur le paral
lele de la Scene , telle que je viens de la
peindre , et de l'Histoire telle qu'elle est ?
Consultez le Lecteur et le Spectateur , les
Bibliotheques et les Amphithéatres , et demandez
où l'on verse des pleurs.
Le P. Porée conclud que la Scene l'emporte
sur la Philosophie et sur l'Histoi
re ; et que cela même est prouvé non
seulement par l'idée pure du Théatre ;
mais encore par le suffrage de la Philosophie
et par la déposition de l'Histoire. Il
allégue en preuve Socrate qui assistoit
aux Pieces d'Euripide , la Poëtique d'Aristote
; l'authorité de S. Charles Borro
mée qui revoyoit les Comédies , la plume
à la main , avant qu'on les jouât , celle
du Cardinal de Richelieu qui n'a pas dédaigné
de composer lui - même des Vers
1. Vol.
traJUI
N. 1181. 1733.
tragiques , et de donner une partie de ses
soins à la perfection de la Scene. Celle de
Louis XIV. celle des Etats qui authorisent
des Spectacles pour exercer la jeunesse
; celle enfin des particuliers qui
croïent ces exercices utiles. Voici ce qu'il
dit de Louis XIV. Manes du Grand Louis,
rougiriez - vous d'avoir rappellé Racine an
Cothurne qu'il avoit quitté , pour engager cet
autre Prince de la Scene à donner des Tra
gedies dignes du Théatre , et des Actrices de,
S. Cyr? étoit ce un divertissement puerile
que vous ménagiez à des enfans ? Vos vûës
si-bienfaisantes , si sages , si religieuses se
portoient sans doute à quelque chose de plus
auguste.Jeune Noblesse trop mal dottée par la
fortune , ce Monarque vous reservoit une
dot dont il connoissoit tout le prix,des exemples
et des leçons de piété , thrésor préférable
à tous les thrésors , dot précieuse , que vous
deviez faire passer dans les familles les plus
distinguées pour la perpetuer. Quelles pieces
en effet tira- t-il du grand Maître qu'il em
ploya?
O Athalie! Esther ! Oeuvres divines,
dont l'unique ou le plus digne éloge est de
vous demander, Messieurs , si le Problême
que j'ai proposé auroit lieu , supposé qu'on
en composat d'égales , ou du moins de sem
blables. Ah ! il ne faudroit plus demander
I. Vol.
, alers ,
1182 MERCURE DE FRANCE
alors si le Théatre peut être utile aux moeurs,
mais s'il seroit possible qu'il leur devint pernicieux.
Voilà pour la Tragédie et la Comédie.
Il restoit à prononcer sur l'Opéra , matiére
délicate.Ce morceau est tourné avec
tant de délicatesse et de circonspection
qu'on ne peut l'abréger sans l'alterer.
Nous y renvoïons le Lecteur , tres - fâchez
de ne pouvoir mieux faire , et nous passons
à la seconde Partie.
Elle tend à faire voir que la Scene propre
par elle- même à former les moeurs ,
est dépravée par l'abus qu'en font les
Autheuts , les Acteurs et les Spectateurs ;
Particle qui regarde les Ecrivains de
Théatre est le plus étendu ; c'est à eux
que l'Orateur impute d'abord la dépra
vation des Spectacles. Il les compare avec
les Autheurs du Théatre Athénien ; ceuxci
se regardoient comme des hommes dévoüez
au bien public , et chargez par la
Patrie de réformer les moeurs. Est - ce là
l'idée de ceux qui destinent leur pluie
au Théatre ? Ils ont perdu de vûë , dit
F'Orateur , le but que se proposoient les
anciens. Ils ne comprennent plus , parce
qu'ils ne veulent pas le comprendre , ce
qu'exigent les Loix de leur emploi , ce
que veut la nature de la Poësie drama-
1. Vol.
tique
JUIN. 1733. 1183
*
tique. Elle veut qu'on ait en vûë le bien
de l'Etat , et que l'on profite en amusant.
On s'écarte de cet objet , on ne cherche
qu'à plaire , fût- ce aux dépens de l'utilité
publique . L'Orateur appuïe ses preuyes
sur une revûë détaillée des divers
Spectacles. Il rend à la Tragédie de nos
jours la justice qu'elle mérite par la gravité
de ses Sentences , et par l'élégance de
sa diction, Mais il demande ; Qu'est devenue
la sévérité Athénienne.Dans Athénes
la Tragedie se servoit du ressort des passions
pour les guérir ; elle le met en oeuvre
aujourd'hui pour augmenter leurs maux . La
Scene antique éteignoit dans les Athéniens
la soif de l'ambition , parce qu'elle la regardoit
comme la plus dangereuse peste de la
République. La Scene Françoise souffle aujourd'hui
dans les cours un double poison,
que nous devons regarder comme également
funeste à la Religion et à l'Etat , la vengeance
et l'amour..
>
Pour la Vengeance, le P. P. cite le Cid.
et l'emportement de Rodrigue et de son
Pere , par lequel Corneille , sans le sçavoir
, semble infpirer la fureur des Duels.
Heureux ( continuë l'Orateur ) d'avoir
été moins propre à traiter des sujets d'un caractere
tout opposé! Si les tendresses et le
Langage efféminé des Amours avoient pû
I. Vol.
s'as1184
MERCURE DE FRANCE
saccommoder de l'énergie de l'esprit le plus
ferme , et de l'enthousiasme de la Poësie la
plus sublime , de quels feux n'auriez vous
pas embraze la Scene ! Malheureusement le
Dieu de Cythere sçut trop se dédommager ;
la main à qui il confia son flambeau , n'eut
que trop de grace à le manier , à en ranimer
ia flamme , et à en répandre les étincelles
dans le sein des Spectateurs ..
Racine jeune, le consola de Corneille vieilli
et peu docile à suivre ses traces. Le nou
veau Peintre, génie heureux, aisé dans l'invention
, habile dans l'ordonnance , sçavant
dans l'étude de la nature , exact et patient
dans la correction enrichi des dépouilles
de la Grece , riche de son propre
fonds , pur dans sa diction , doux et coulant
dans ses Vers , sembla fait pour attendrir la
Scene , soit penchant , soit émulation on désespoir
d'atteindre le vieux Monarque du
Theatre dans la ronte qu'il avoit fraiée le
premier , il osa s'en tracer une toute nouvelle
pour regner à son tour.
Corneille dans le grand , avoit étonné
les esprits par la majesté pompeuse de ses pensées.
Racine , dans le tendre fascina les
coeurs par le charme enchanteur des sentimens.
L'un avoit élevé l'homme au dessus de
T'humanité, l'autre le rendit à lui - même et à ses
foiblesses. L'un avoit fait ses Héros Ro-
I. Vol.
mains,
JUIN. 1733 1185
mains , Arméniens , Parthes ; il nous transportoit
chez leurs Nations et dans leurs Climats
: l'autre , au contraire , les transportant
tous en France , les naturalisa François , et
les forma sur l'urbanitégalante de nos moeurs.
L'un , métamorphosant les femmes même en
autant de Héros , leur avoit donné une ame
veritablement Tragique : l'autre , rabaissant
ses Heros presqu'au rang des Héroïnes , leur
fit soupirer des sentimens d'Elegie. Le génie
du premier avoit pénétré dans le Cabinet
des Rois pour y sonder les profondeurs de la
politique ; l'esprit du second s'insinua dans
les Cercles , pour y apprendre les délicatesses
de la galanterie. Corneille, semblable à l'Oisean
de Jupiter , qui s'élance dans les nuës
et paroît se jouer au milieu des Eclairs et des
Tonneres , avoit fait retentir la Scene des
fréquens éclats de ce bruit majestueux qui
frappe tous les esprits. Racine, comme le tendre
Oiseau de Cypris , voltigeant autour des
Myries et des Roses , fit repeter aux Echos
ses gémissemens et ses soupirs. Corneille , en-
·fin forçant les obstacles d'un sentier escarpé
et sujet par consequent à d'illustres chutes ;
redoublant toujours ses efforts pour tendre de
plus en plus au sublime et au merveilleux
Scherchanpar la voie de l'admiration des
-applaudissemens trop merités , qu'il arracha
des plus déterminés à les lui refuser : Racine
I. Vol.
sur1186
MERCURE DE FRANCE
suivant une pente plus douce , mais par là
plus sûre, s'élevant rarement , soutenant son
vol avec grace et le ramenant promptement
aux amours , parut s'offrir de lui- même aux
suffrages qui prévenoient son attraïante donccur.
Il ne soupira pas en vain ; l'art inexprimable
des soupirs lui. procura la Palme
qu'il ambitionnoit ; il n'enleva pas
les Lanriers
à son Rival ; mais il se vit ceint de
Myrtes , par les mains empressées de ses Héros
et sut tout de ses Héroïnes . Il ne déthrôna
pas Corneille ; mais ilpartagea le Thrône
de la Scene avec lui. L'Aigle foudroïa
La Colombe gémit , et l'Empire fut divisé.
Quelle gloire pour Racine ! Regner ainsi sur.
le Theatre c'est avoir vaincu , c'est avoir
triomphé.
Vous sçavez , Messieurs , l'issue d'une si
brillante victoire. :.cette heureuse audace
produisit
une foule d'imitateurs. Les soupirs
avoient couronné ce grand Maître ; vaine
ment les désavoia - t- il vainement la piété
le ravit-elle dux honneurs du Théatre ; les
éleves nombreux soumirent le Cothurne aux
loix du tendre Législateur ; ils leur sacrifierent
la severité des loix fondamentales de la
Scene.
Le P. Porée prétend en effet que l'unité
d'action , la simplicité , la verité des sujets
, la vrai - semblance , la variété , one
I. Vol. extrê
JUIN. 1733 . 1187
extrêmement souffert de cette nouvelle
tournure de la Tragédie , devenuë amoureuse.
Il en montre le danger par un morceau
pathetique et fort éloquent en revenant
au parallele de la Tragédie ancienne
et de la moderne, puis il passe à la Comédie
avec un tour d'éloquence tout
nouveau ; car on remarque dans la diversité
de ses tours une conformité singulicre
entre chaque sujet et la maniere pro
pre de le traiter ; il feint une conversation.
La Comédie se donne pour être fort
differente de ce qu'elle fut jadis ; elle étale
les vices et les défauts qu'elle réforme
par ses Piéces, elle cite les petits Maîtres,
les Femmes sçavantes , les Misantropes
les Malades imaginaires, les diverses écoles
, & c. L'Orateur insére un mot sur
chaque chose ; et fait ensuite une récapitulation
des vices plus pernicieux
Comedie moderne , a ( dit - il ) introduits
et qu'elle authorise . Mais pourquoi, ajoutet-
il , s'en prendre à la Comédie ? Est- ce par
sa nature , où n'est- ce pas plutôt par la ma
lice d'autrui qu'elle s'est pervertie ? Ah ! prenons-
nous- en à ceux qui pouvant la rendre
bonne et utile , l'ont renduë nuisible et peri
nicieuse : Oui,j'ose m'en prendre d'abord an
chefmême des Autheurs et des Acteurs de
notre Scene. Poëte par goût,plus que par émque
la
1. Vol. G de
1188 MERCURE DE FRANCE
de , ce fut un feu de jeunesse , non la malignité
de la fortune , qui le fit Comédien. Né
pour des emplois sérieux , transporté dans le
comique, rigide observateur du ridicule,peintre
plaisant d'après nature , exact sans affectation
d'exactitude , correct sans paroitre
s'êtregêné , serré dans sa Prose , libre et aisé
dans ses Vers , riche en Sentences, fertile en
Plaisanteries, on peut dire qu'il réunit en lui
seni toutes les qualitez et la plupart des dé
fauts des Poëtes celebres en ce genre , aussi
piquant qu' Aristophane , quelquefois aussi.
peu retenu, aussi vif que Plaute, de temps en
temps aussi bouffon , aussi fin dans l'in
telligence des moeurs que Terence , souvent
aussi libre dans ses Tableaux, Moliere futil
plus grand par la nature ou par l'art ?
Inimitable dans l'un et dans l'autre , vicieux
par ces deux Endroits , il nuisit autant qu'il
excella, Le meilleur Maître , s'il enseigne le
mal , est le pire de tous les Maîtres.
L'Orateur taxe de la même sorte les
differens imitateurs de ce Prince de la
Comédie. Les Autheurs qui travaillent
pour le Théatre Lyrique viennent ensuite
sur les rangs par une figure d'éloquence
fort remarquable. Les Acteurs ont
aussi leur tour , et enfin les Spectateurs ;
nous n'insistons point sur cette fin, parce
qu'il seroit difficile d'en rien retrancher
I. Vol. et
JUIN. 1733. 1189
et de choisir . Cette . Analyse generale suffit
pour l'idée que nous nous sommes
proposée . Nous observerons seulement
que
le blâme de l'abus du Théatre, ( suivant
la pensée du P. Porée) retombe principalement
et presqu'entierement sur les
Spectateurs, que l'on sert selon leur goût.
informandis moribus idonea ; oratio habita
die 13. Martii an . 1733. in Regio Ludovici
Magni Collegio Societatis Jesu , à
Carolo Porée , ejusdem Societatis Sacerdote.
ITEM , Discours sur les Spectacles , tradit
du Latin du Pere Charles Porée , de
la Compagnie de Jesus , par le P. Brumoy
de la même Compagnie..
L'une et l'autre Piéce est imprimée chez
Jean Baptiste Coignard fils , rue S. Jacques
, 1733 .
Le P. Porée , après avoir piqué la curiosité
du Public par son titre , a pleinement
satisfait celle de ses illustres Auditeurs
, au nombre desquels se trouverent
MM. les Cardinaux de Polignac et de .
Bissy , M. le Nonce , plusieurs Prélats
et autres personnes de distinction . On
souhaita que son Discours fût imprimé ,
et peu de tems après l'impression ,
Pere Brumoy l'a donné en françois. Ce
Discours a paru interessant par bien des .
endroits . Nous en exposerons briévement
le sujet et l'ordre , autant que la
fertilité laconique de l'Orateur pourra
permettre .
le
1. Vol. II
JUIN. 1733 117
Il établit dans l'Exorde que le Théatre
depuis son origine a toujours été un
sujet de contestation , comme un attrait
de curiosité , parce qu'en effet Athénes ,
Rome , et la France ont vû naître succes
sivement à son occasion des disputes qui
ne sont pas encore terminées. Il détaille
celle du siécle passé , où l'on vît partis
contre partis , Grands contre Grands ,
Doctes contre Doctes , agiter avec beaucoup
de vivacité et de chaleur la question
, sçavoir si le Théatre étoit utile our
pernicieux aux bonnes moeurs. Il s'attache
à la même question , et il se propose
de rapprocher les amateurs du vrai
en prenant le caractere de Conciliateur.
Il répond donc que le Théatre par sa nature
peut être une Ecole capable de former
les moeurs , mais qu'il arrive par
notre faute qu'elle ne l'est pas en effet.
Ce sont les deux parties du Discours.
Puis , après un Compliment ingénieu
aux deux Cardinaux , il entre en matiere.
Une Ecole propre à former les meurs
est celle qui se sert de préceptes et d'éxemples
convenables à ce but. La Philosophie
et l'Histoire ne passent en effet
pour d'excellentes Ecoles de meurs que
par les préceptes que donne l'ane , et
1. Vol.
par
1176 MERCURE DE FRANCE
par les exemples que l'autre fournit . Or
l'Orateur prétend que la Scene comparée
à la Philosophie et à l'Histoire peut leur
disputer l'avantage de former les moeurs ,
en employant les mêmes ressorts d'une
maniere plus convenable.
La Philosophie ouvre un vaste champ à
sa Morale. Elle considere l'homme qu'elle
se propose d'instruire , ou comme occupé
dans une famille , ou comme seul, ou comme
engagé dans les affaires civiles .Mais la
Scene de son côté embrasse tous les Etats,
toutes les professions , tous les devoirs ,
toutes les vertus , tous les vices , tous les
travers même que la Philosophie se met
peu en peine d'observer et de réformer.
De plus les sottises des hommes , la sagesse
humaine et même les Eaux sacrées
de la divine Sagesse , sont les sources
fécondes où la Scene peut puiser ses importantes
et nombreuses leçons . Ce détail
est vif et serré. Enfin l'on fait sentir
finement par une espece de communication
ironique ( à la façon de Socrate )
avec un Philosophe , que la maniere d'instruire
dont la Scene se sert , est veritablement
plus instructive et plus efficace
que ne l'est la Méthode grave et sérieuse
des Philosophes. Voicy un trait de ce
Morceau , qu'il adresse aux Philofophes .
1. Vol. Vos
JUIN. 1733. 1177
Vos Discours sur nos devoirs sont bien
raisonnez , quoiqu'un peu diffus , j'aurois
tort assurément de les blâmer. Vous avez
épousé une Méthode qui vous astraint à
proceder par ordre de propositions , de preuves
, d'objections , de réfutations . Le moyen
de n'être pas discoureur ! mais le Poëte en
auroit- il moins d'autorité sur la Scene parce
qu'il ne sçauroit être sententieux et court ,
souvent sublime Philosophe en un seul Vers ?
Que voulez- vous ? nous aimons la briéveté.
Se mêle-t'on de nous instruire ? nous voulons
qu'on nous dise beaucoup en peu de
mots.
Vous philosophez sur les passions humaines
avec beaucoup de subtilité ; le dirai -je
aussi ? souvent avec un peu de secheresse .
Vous en sçauroit - on mauvais gré ? non.
C'est à vous de définir , de diviser , de développer
vos idées par articles ; ce n'est pas à
vous d'émouvoir. Trouveriez- vous pour cela
que le Poëte dont je parle en auroit moins
grace , parce qu'il mettroit en oeuvre les
pleurs et le courroux , la terreur et la pitié ?
Nous sommes un composé d'esprit et de corps ;
nous voulons être éclairez ; nous voulons être
émus , et l'on ne nous éclaire pas assez ,
on ne tâche de nous émouvoir.
de
si
Enfin vous vous en tenez aux préceptes $
vous écartez bien loin les exemples. Con-
I. Vol.
damnerois-je
F178 MERCURE DE FRANCE
damnerois je votre maniere ? nullement. C'est
la loi que vous vous êtes prescrite. Fose
ici vous le demander sans détour ; notre
Poëte n'a- t'il pas visiblement l'avantage sur
vous , lui qui joint les exemples aux préceptes
en quoi il s'éloigne de vous , car il
devient en quelque sorte Historien , comme
Vous venez de le voir Philosophe ; et par
l'heureux accord de deux Ecoles differentes ,
il en forme une troisième plus efficace pour
faire agir les deux ressorts , je veux dire ,
pour éclairer et pour toucher.
Par cette transition l'Orateur entre
dans la comparaison de la Scene avec
⚫ l'Histoire. Il traite cet endroit avec toute
la justesse et tout le feu qui conviennent
à un parallele si heureux , des évenemens
qu'exposent l'Histoire et la Scene ; et de
la maniere dont l'une et l'autre les expose.
Si des exemples , dit- il , attachez à
des lettres mortes , confiez à des dépositaires
inanimez , ont toutefois une sorte d'ame ;
un reste de leur antique chaleur ; quelle sera
Leur force et leur vie , lorsqu'ils renaîtront
dans l'action , qu'ils seront vivifiez par le
feu du mouvement , qu'ils parleront eux-mêmes
au coeur, à l'oreille , à l'oeil , avec toute
la grandeur des sentimens , avec tous les
charmes de la voix , avec toute l'éloquence
du geste Telle est Pinnocente Magie que
I. Vol. se
JUIN. 1733.
1179
l'imise
propose la Scene. Par elle tout revit , tout
respire , au point de faire croire
tation l'emporte sur la réalité , &c.
que
Ce ne sont plus les Annales des Martyrs
de tout âge et de tout sexe que l'on vous
récite. Vous devenez spectateur et témoin des
combats et des palmes de ces saints Athletes.
A vosyeux les Tyrans menacent, et ils menacent
en vain; mere , pere , épouse chérie, tous
pleurent tous embrassent les genoux du Héros.
Les larmes coulent vainement, les prieres sont
perdues. Délices , richesses , grandeurs , vous
étalez vos plus dangereux attraits . Une indignation
chrétienne , un noble mépris , une
fiertéplus qu'humaine vous foulent aux pieds.
Tourmens cruels , morts effroyables ; vous
paroiffez avec toutes vos horreurs. Un regard
intrépide vous brave . Juges , vous
foudroyez, Arrêt fatal et prononcés on baise
Péchaffaut et l'on vous rend graces . Vous balancez
, Bourreaux , vous tardez tròp ; l'on
vole au-devant de vos coups , &c.
Autre effort plus considerable de la Scene.
L'Histoire est astrainte au temps , au
lieu , à l'ordre des évenemens , pour les y
attacher. Elle n'ose d'ordinaire exposer les
vertus et les vices que séparément et en leur
place. La Scene au contraire ( semblable à
la Peinture qui entend le ton des couleurs
et l'heureux mêlange du clair et de l'obscur
(
I. Vol.
fair
1180 MERCURE DE FRANCE
;
fait dans la même action le contraste inte
ressant du vice et de la vertu. Elle balance
dans les caracteres approchez , la valeur et
la lâcheté , la douceur et le courroux , la modestie
et la fierté , la libéralité et l'avarice ,
la frugalité et la profusion , l'honnête homme
et le scelerat. De cette opposition d'om
bres et de lumieres , quel doux éclat rejaillit
sur la vertu pour l'embellir! que d'hor
ribles tenebres se répandent sur le vice pour
le confondre !
Voulez- vous des autoritez sur le paral
lele de la Scene , telle que je viens de la
peindre , et de l'Histoire telle qu'elle est ?
Consultez le Lecteur et le Spectateur , les
Bibliotheques et les Amphithéatres , et demandez
où l'on verse des pleurs.
Le P. Porée conclud que la Scene l'emporte
sur la Philosophie et sur l'Histoi
re ; et que cela même est prouvé non
seulement par l'idée pure du Théatre ;
mais encore par le suffrage de la Philosophie
et par la déposition de l'Histoire. Il
allégue en preuve Socrate qui assistoit
aux Pieces d'Euripide , la Poëtique d'Aristote
; l'authorité de S. Charles Borro
mée qui revoyoit les Comédies , la plume
à la main , avant qu'on les jouât , celle
du Cardinal de Richelieu qui n'a pas dédaigné
de composer lui - même des Vers
1. Vol.
traJUI
N. 1181. 1733.
tragiques , et de donner une partie de ses
soins à la perfection de la Scene. Celle de
Louis XIV. celle des Etats qui authorisent
des Spectacles pour exercer la jeunesse
; celle enfin des particuliers qui
croïent ces exercices utiles. Voici ce qu'il
dit de Louis XIV. Manes du Grand Louis,
rougiriez - vous d'avoir rappellé Racine an
Cothurne qu'il avoit quitté , pour engager cet
autre Prince de la Scene à donner des Tra
gedies dignes du Théatre , et des Actrices de,
S. Cyr? étoit ce un divertissement puerile
que vous ménagiez à des enfans ? Vos vûës
si-bienfaisantes , si sages , si religieuses se
portoient sans doute à quelque chose de plus
auguste.Jeune Noblesse trop mal dottée par la
fortune , ce Monarque vous reservoit une
dot dont il connoissoit tout le prix,des exemples
et des leçons de piété , thrésor préférable
à tous les thrésors , dot précieuse , que vous
deviez faire passer dans les familles les plus
distinguées pour la perpetuer. Quelles pieces
en effet tira- t-il du grand Maître qu'il em
ploya?
O Athalie! Esther ! Oeuvres divines,
dont l'unique ou le plus digne éloge est de
vous demander, Messieurs , si le Problême
que j'ai proposé auroit lieu , supposé qu'on
en composat d'égales , ou du moins de sem
blables. Ah ! il ne faudroit plus demander
I. Vol.
, alers ,
1182 MERCURE DE FRANCE
alors si le Théatre peut être utile aux moeurs,
mais s'il seroit possible qu'il leur devint pernicieux.
Voilà pour la Tragédie et la Comédie.
Il restoit à prononcer sur l'Opéra , matiére
délicate.Ce morceau est tourné avec
tant de délicatesse et de circonspection
qu'on ne peut l'abréger sans l'alterer.
Nous y renvoïons le Lecteur , tres - fâchez
de ne pouvoir mieux faire , et nous passons
à la seconde Partie.
Elle tend à faire voir que la Scene propre
par elle- même à former les moeurs ,
est dépravée par l'abus qu'en font les
Autheuts , les Acteurs et les Spectateurs ;
Particle qui regarde les Ecrivains de
Théatre est le plus étendu ; c'est à eux
que l'Orateur impute d'abord la dépra
vation des Spectacles. Il les compare avec
les Autheurs du Théatre Athénien ; ceuxci
se regardoient comme des hommes dévoüez
au bien public , et chargez par la
Patrie de réformer les moeurs. Est - ce là
l'idée de ceux qui destinent leur pluie
au Théatre ? Ils ont perdu de vûë , dit
F'Orateur , le but que se proposoient les
anciens. Ils ne comprennent plus , parce
qu'ils ne veulent pas le comprendre , ce
qu'exigent les Loix de leur emploi , ce
que veut la nature de la Poësie drama-
1. Vol.
tique
JUIN. 1733. 1183
*
tique. Elle veut qu'on ait en vûë le bien
de l'Etat , et que l'on profite en amusant.
On s'écarte de cet objet , on ne cherche
qu'à plaire , fût- ce aux dépens de l'utilité
publique . L'Orateur appuïe ses preuyes
sur une revûë détaillée des divers
Spectacles. Il rend à la Tragédie de nos
jours la justice qu'elle mérite par la gravité
de ses Sentences , et par l'élégance de
sa diction, Mais il demande ; Qu'est devenue
la sévérité Athénienne.Dans Athénes
la Tragedie se servoit du ressort des passions
pour les guérir ; elle le met en oeuvre
aujourd'hui pour augmenter leurs maux . La
Scene antique éteignoit dans les Athéniens
la soif de l'ambition , parce qu'elle la regardoit
comme la plus dangereuse peste de la
République. La Scene Françoise souffle aujourd'hui
dans les cours un double poison,
que nous devons regarder comme également
funeste à la Religion et à l'Etat , la vengeance
et l'amour..
>
Pour la Vengeance, le P. P. cite le Cid.
et l'emportement de Rodrigue et de son
Pere , par lequel Corneille , sans le sçavoir
, semble infpirer la fureur des Duels.
Heureux ( continuë l'Orateur ) d'avoir
été moins propre à traiter des sujets d'un caractere
tout opposé! Si les tendresses et le
Langage efféminé des Amours avoient pû
I. Vol.
s'as1184
MERCURE DE FRANCE
saccommoder de l'énergie de l'esprit le plus
ferme , et de l'enthousiasme de la Poësie la
plus sublime , de quels feux n'auriez vous
pas embraze la Scene ! Malheureusement le
Dieu de Cythere sçut trop se dédommager ;
la main à qui il confia son flambeau , n'eut
que trop de grace à le manier , à en ranimer
ia flamme , et à en répandre les étincelles
dans le sein des Spectateurs ..
Racine jeune, le consola de Corneille vieilli
et peu docile à suivre ses traces. Le nou
veau Peintre, génie heureux, aisé dans l'invention
, habile dans l'ordonnance , sçavant
dans l'étude de la nature , exact et patient
dans la correction enrichi des dépouilles
de la Grece , riche de son propre
fonds , pur dans sa diction , doux et coulant
dans ses Vers , sembla fait pour attendrir la
Scene , soit penchant , soit émulation on désespoir
d'atteindre le vieux Monarque du
Theatre dans la ronte qu'il avoit fraiée le
premier , il osa s'en tracer une toute nouvelle
pour regner à son tour.
Corneille dans le grand , avoit étonné
les esprits par la majesté pompeuse de ses pensées.
Racine , dans le tendre fascina les
coeurs par le charme enchanteur des sentimens.
L'un avoit élevé l'homme au dessus de
T'humanité, l'autre le rendit à lui - même et à ses
foiblesses. L'un avoit fait ses Héros Ro-
I. Vol.
mains,
JUIN. 1733 1185
mains , Arméniens , Parthes ; il nous transportoit
chez leurs Nations et dans leurs Climats
: l'autre , au contraire , les transportant
tous en France , les naturalisa François , et
les forma sur l'urbanitégalante de nos moeurs.
L'un , métamorphosant les femmes même en
autant de Héros , leur avoit donné une ame
veritablement Tragique : l'autre , rabaissant
ses Heros presqu'au rang des Héroïnes , leur
fit soupirer des sentimens d'Elegie. Le génie
du premier avoit pénétré dans le Cabinet
des Rois pour y sonder les profondeurs de la
politique ; l'esprit du second s'insinua dans
les Cercles , pour y apprendre les délicatesses
de la galanterie. Corneille, semblable à l'Oisean
de Jupiter , qui s'élance dans les nuës
et paroît se jouer au milieu des Eclairs et des
Tonneres , avoit fait retentir la Scene des
fréquens éclats de ce bruit majestueux qui
frappe tous les esprits. Racine, comme le tendre
Oiseau de Cypris , voltigeant autour des
Myries et des Roses , fit repeter aux Echos
ses gémissemens et ses soupirs. Corneille , en-
·fin forçant les obstacles d'un sentier escarpé
et sujet par consequent à d'illustres chutes ;
redoublant toujours ses efforts pour tendre de
plus en plus au sublime et au merveilleux
Scherchanpar la voie de l'admiration des
-applaudissemens trop merités , qu'il arracha
des plus déterminés à les lui refuser : Racine
I. Vol.
sur1186
MERCURE DE FRANCE
suivant une pente plus douce , mais par là
plus sûre, s'élevant rarement , soutenant son
vol avec grace et le ramenant promptement
aux amours , parut s'offrir de lui- même aux
suffrages qui prévenoient son attraïante donccur.
Il ne soupira pas en vain ; l'art inexprimable
des soupirs lui. procura la Palme
qu'il ambitionnoit ; il n'enleva pas
les Lanriers
à son Rival ; mais il se vit ceint de
Myrtes , par les mains empressées de ses Héros
et sut tout de ses Héroïnes . Il ne déthrôna
pas Corneille ; mais ilpartagea le Thrône
de la Scene avec lui. L'Aigle foudroïa
La Colombe gémit , et l'Empire fut divisé.
Quelle gloire pour Racine ! Regner ainsi sur.
le Theatre c'est avoir vaincu , c'est avoir
triomphé.
Vous sçavez , Messieurs , l'issue d'une si
brillante victoire. :.cette heureuse audace
produisit
une foule d'imitateurs. Les soupirs
avoient couronné ce grand Maître ; vaine
ment les désavoia - t- il vainement la piété
le ravit-elle dux honneurs du Théatre ; les
éleves nombreux soumirent le Cothurne aux
loix du tendre Législateur ; ils leur sacrifierent
la severité des loix fondamentales de la
Scene.
Le P. Porée prétend en effet que l'unité
d'action , la simplicité , la verité des sujets
, la vrai - semblance , la variété , one
I. Vol. extrê
JUIN. 1733 . 1187
extrêmement souffert de cette nouvelle
tournure de la Tragédie , devenuë amoureuse.
Il en montre le danger par un morceau
pathetique et fort éloquent en revenant
au parallele de la Tragédie ancienne
et de la moderne, puis il passe à la Comédie
avec un tour d'éloquence tout
nouveau ; car on remarque dans la diversité
de ses tours une conformité singulicre
entre chaque sujet et la maniere pro
pre de le traiter ; il feint une conversation.
La Comédie se donne pour être fort
differente de ce qu'elle fut jadis ; elle étale
les vices et les défauts qu'elle réforme
par ses Piéces, elle cite les petits Maîtres,
les Femmes sçavantes , les Misantropes
les Malades imaginaires, les diverses écoles
, & c. L'Orateur insére un mot sur
chaque chose ; et fait ensuite une récapitulation
des vices plus pernicieux
Comedie moderne , a ( dit - il ) introduits
et qu'elle authorise . Mais pourquoi, ajoutet-
il , s'en prendre à la Comédie ? Est- ce par
sa nature , où n'est- ce pas plutôt par la ma
lice d'autrui qu'elle s'est pervertie ? Ah ! prenons-
nous- en à ceux qui pouvant la rendre
bonne et utile , l'ont renduë nuisible et peri
nicieuse : Oui,j'ose m'en prendre d'abord an
chefmême des Autheurs et des Acteurs de
notre Scene. Poëte par goût,plus que par émque
la
1. Vol. G de
1188 MERCURE DE FRANCE
de , ce fut un feu de jeunesse , non la malignité
de la fortune , qui le fit Comédien. Né
pour des emplois sérieux , transporté dans le
comique, rigide observateur du ridicule,peintre
plaisant d'après nature , exact sans affectation
d'exactitude , correct sans paroitre
s'êtregêné , serré dans sa Prose , libre et aisé
dans ses Vers , riche en Sentences, fertile en
Plaisanteries, on peut dire qu'il réunit en lui
seni toutes les qualitez et la plupart des dé
fauts des Poëtes celebres en ce genre , aussi
piquant qu' Aristophane , quelquefois aussi.
peu retenu, aussi vif que Plaute, de temps en
temps aussi bouffon , aussi fin dans l'in
telligence des moeurs que Terence , souvent
aussi libre dans ses Tableaux, Moliere futil
plus grand par la nature ou par l'art ?
Inimitable dans l'un et dans l'autre , vicieux
par ces deux Endroits , il nuisit autant qu'il
excella, Le meilleur Maître , s'il enseigne le
mal , est le pire de tous les Maîtres.
L'Orateur taxe de la même sorte les
differens imitateurs de ce Prince de la
Comédie. Les Autheurs qui travaillent
pour le Théatre Lyrique viennent ensuite
sur les rangs par une figure d'éloquence
fort remarquable. Les Acteurs ont
aussi leur tour , et enfin les Spectateurs ;
nous n'insistons point sur cette fin, parce
qu'il seroit difficile d'en rien retrancher
I. Vol. et
JUIN. 1733. 1189
et de choisir . Cette . Analyse generale suffit
pour l'idée que nous nous sommes
proposée . Nous observerons seulement
que
le blâme de l'abus du Théatre, ( suivant
la pensée du P. Porée) retombe principalement
et presqu'entierement sur les
Spectateurs, que l'on sert selon leur goût.
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Résumé : Discours sur les Spectacles, traduit du Latin, [titre d'après la table]
Le texte présente un discours intitulé 'THEATRUM ne sit vel esse possit Schola informandis moribus idonea' prononcé par le Père Charles Porée, jésuite, le 13 mars 1733 au Collège Royal de Louis le Grand. Ce discours, traduit en français par le Père Brumoy et publié en 1733, a suscité l'intérêt de personnalités distinguées telles que les cardinaux de Polignac et de Bissy, ainsi que le Nonce apostolique. Le Père Porée examine la question de savoir si le théâtre peut être une école de formation des mœurs. Il affirme que, par nature, le théâtre peut former les mœurs, mais que les abus en empêchent la réalisation effective. Le discours se divise en deux parties : la première compare le théâtre à la philosophie et à l'histoire, et la seconde examine les abus commis par les auteurs, les acteurs et les spectateurs. Porée soutient que le théâtre, comme la philosophie et l'histoire, peut instruire et émouvoir les spectateurs. Il critique la méthode philosophique, jugée trop abstraite et peu émotive, et valorise la capacité du théâtre à illustrer les préceptes par des exemples vivants et touchants. Il compare également le théâtre à l'histoire, soulignant que le théâtre rend les événements historiques plus vivants et émouvants. Porée conclut que le théâtre, bien utilisé, peut être supérieur à la philosophie et à l'histoire pour former les mœurs. Il cite des autorités comme Socrate, Aristote, et des figures historiques comme Louis XIV pour appuyer son argumentation. Dans la seconde partie, Porée critique les auteurs de théâtre modernes, les accusant de ne plus se consacrer au bien public et de chercher uniquement à plaire, souvent au détriment des mœurs. Il cite des exemples comme 'Le Cid' de Corneille et les pièces de Racine pour illustrer comment le théâtre moderne peut encourager des comportements nuisibles, comme la vengeance et les passions amoureuses excessives. Le texte compare également les contributions de Corneille et Racine au théâtre français. Corneille est décrit comme un maître du grand et du majestueux, tandis que Racine est apprécié pour la tendresse et le charme de ses sentiments. Corneille a exploré la politique et la grandeur, tandis que Racine s'est concentré sur la galanterie et les délicatesses des mœurs françaises. Le Père Porée critique la tragédie moderne, devenue amoureuse, et la comédie, qui étale les vices et les défauts. Il blâme les auteurs, les acteurs et les spectateurs pour la perversion du théâtre. Enfin, Molière est décrit comme un comédien exceptionnel, réunissant les qualités et les défauts des poètes célèbres, mais nuisant autant qu'il a excellé.
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76
p. 1392-1399
Systême Chronologique sur les trois Textes de la Bible, &c. [titre d'après la table]
Début :
ON VIENT de publier la premiere Partie d'un Ouvrage dédié et présenté au [...]
Mots clefs :
Histoire, Empire d'Assyrie, Rois, Babyloniens, Déjocès, Hérodote, Mèdes, Antiquités, Déluge, Cyrus, Bible
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Systême Chronologique sur les trois Textes de la Bible, &c. [titre d'après la table]
ON VIENT de publier la premiere Partie
d'un Ouvrage dédié et présenté au
Roy par l'Auteur , sous les auspices de
M. le Cardinal de Fleury , qui est intitulé
: SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les
trois Textes de la Bible ; sçavoir , l'Hebren
le Samaritain et le Grec , avec l'Histoire
des anciennes Monarchies expliquée et rétablie
, par M. Michel , de Toul. Cette
premiere Partie sera suivie d'une seconde
qui comprendra les Antiquitez Egyptiennes
, Phéniciennes , &c.
II. Vol. II
JUIN. 1733. 1393
Il est glorieux à l'Auteur d'avoir conçû
la vaste idée de réünir en un Corps
les Antiquitez de toutes les Nations , après
en avoir expliqué les points les plus obscurs
, conformement aux Historiens sacrez
et profanes . Cet Ouvrage plein d'érudition
, est écrit avec méthode et se
lit avec autant d'utilité que de plaisir ;
il développe avec beaucoup de clarté
toutes les difficultez qui empêchoient que
l'on ne fit tous les progrès que l'on désiroit
pour la connoissance parfaite de
l'Histoire,parce qu'il réunit avec les Elemens
, toute la Science des Antiquitez ,
ainsi il servira infiniment aux personnes
de l'un et de l'autre Sexe qui se livrent à
l'étude de l'Histoire ancienne pour parvenir
à la moderne.
2
Avant que de s'engager dans l'Histoire
, M. Michel établit une Chronologie
depuis la Création du monde jusqu'à
I'Empire de Cyrus , qui est le terme des
difficultez Chronologiques ; il fait cinq
intervales ; il a suivi l'Hébreu et le Samaritain
, avant le Déluge ; et depuis le
Déluge le Samaritain et les Septante
jusqu'à la sortie d'Egypte ; depuis cette
sortie jusqu'à la fondation du Temple
il compte 680 ans , et prouve son calcul
par le Livre des Juges, et le premier
II.Vol. des
1294 MERCURE DE FRANCE
des Rois , par S Paul , par les Historiens
Egyptiens , et par des observations Astronomiques
; il a dressé le se intervale
sur les Livres des Rois et des Paralipomenes
, jusqu'à l'Empire de Cyrus.
Il passe ensuite à l'origine et à l'établissement
des Monarchies, et il insinuë que
le premier gouvernement des hommes
fur celui des Peres de famille , qui s'unirent
pour former de plus grandes socié
et choisirent entr'eux les plus sages
pour gouverner , mais à cause des divisions
qui pouvoient naitre dans ce Gouvernement
de plusieurs , toute l'autorité
fut confiée à un seul ; et c'est cet état
Monarchique que l'Auteur regarde comme
le plus parfait , parce qu'il approche
le plus du premier modele , qui est celui
de Dieu , dans le gouvernement de l'Univers.
Après l'origine des Monarchies suit
l'histoire des Babyloniens.M. Michel leur
donne l'Antiquité sur tous les Peuples ,
et se fonde sur ce que le Païs de Babylone
fut le premier habité , et que Nembrod
, par qui les dominations ont été
établies , y regna ; sentiment qui est appuyé
par l'Ecriture. Il veut que l'usage
des Lettres ait passé des Babyloniens aux
Juifs par Abraham , et prétend que les
II. Vol. dix
JUIN. 1733- 1395
dix Rois Babyloniens , avant le Déluge ,
sont les dix Patriarches depuis Adam jusqu'à
Noé , et pour accorder la longue durée
du regne de ces Rois avec l'Ecriture ,
il veut que la révolution d'un jour ait
été comptée pour une année ; ce qu'il
prouve par le témoignage de plusieurs
Anciens.
Il reprend l'histoire des premiers Babyloniens
dépuis le Déluge , et continuë
la posterité de Noé par ce Patriarche ,
après avoir prouvé qu'il est le même
que Bel. Il lui attribue la fondation de
Babylone , et y fait regner Nembrod , auquel
succedent deux Dynasties de Rois
Caldéens et Arabes ; il fait passer la Monarchie
des Babyloniens aux Assyriens ,
après la conquête qu'en fit Ninus.
L'Auteur qui s'étend sur l'histoire des
premiers Assyriens , réunit ingénieusement
les sentimens de tous les Anciens ,
dans les passages qui scnbloient contradictoires,
et supplée par d'heureuses conjectures
, quand l'antiquité ne lui fournit
pas assez de monumens et de preuves,
Après 40 Rois Assyriens , il met la décadence
de l'Empire d'Assyrie sous Thonos
Concoleros , à qui les Grecs ont donné
le nom de Sardanapale , mais il ne fait
point périr ce Prince dans l'embrasement
J
II. Vol. de
1356 MERCURE DE FRANCE
"
de Ninive , il veut , au contraire , qu'il
soit mort de vieillesse dans la Cilicie , et
lui donne un Successeur à Ninive du
nom de Ninus. C'est ce Prince à qui Jonas
prêcha la pénitence, et l'Auteur prou .
ve par ce Prophete , que Ninive ne fut
point alors détruite , et que la revolte
des Babyloniens et des Medes ne fit qu'affoiblir
l'Empire d'Assyrie , sans le détruire.
Pour fixer le démembrement de cer
Empire , l'Auteur se sert de plusieurs
monumens constans ; entr'autres de la
durée de l'Empire d'Assyrie jusqu'à Teutame
, sous qui est placé le Siége de
Troye ; la suite des successeurs de Teutame
, la décadence de l'Empire d'Assyrie
, marquée par tous les Anciens , sous
l'Archontat d'Ariphron , la prédication
'de Jonas.
Il donne une suite des Rois Assyriens
depuis le second Ninus , successeur de
Sardanapale , jusqu'à Assarhadon , qui
réunit Babylone à son Empire . C'est sous
ce Prince qu'il place l'histoire de Judith,
et son sentiment paroît très- conforme à
la vérité. Après avoir répondu à quelques
objections que l'on pouvoit lui faire
, il prouve qu'Assarhadon est Nabuchodonosor
, que Déjoces est Arphaxad
II. Vol. que
JUIN. 1733 1397
NC
que l'histoire de Judith arriva durant
la minorité du Roy Manassés , et sous la
regence du grand Prêtre Eliacim . Alors
Judith étoit âgée de 26 ou 27 ans. Il rejette
le sentiment de ceux qui lui en
donnent 66 , parce qu'il ne croit pas ,
avec raison qu'une femme à cet âge puisse
donner de l'amour ; il fait finir l'Empire
d'Assyrie à Chiniladon , et prétend
que c'est le dernier Sardanapale dont
parle l'histoire , qui se brûla dans son Palais
; et comme il avoit prouvé par Jonas
que Ninive n'avoit point été détruite
sous Thonos - Concoleros , il se sert de
plusieurs passages des Proj hetes pour en
narquer la destruction du temps de
Chiniladon. Des ruines de l'Empire de
• Ninive s'éleverent deux Empires colla-
$ teraux, des Babyloniens et des Médes .
IS
0
L'Auteur commence par celui des Babyloniens
, fondé par le pere de Nabuchodonosor
le Grand ; il fait voir que les
E Interpretes de la Bible n'ont pû concilier
la datte de Daniel et de Jeremie pour
la prise de Jerusalem ; parce qu'ils n'ont
pas fait attention au temps où les Babytpoansiens
et les Juifs commençoient leur
année . Après avoir rapporté l'histoire de
Nabuchodonosor et de ses successeurs
jusqu'à Balthasar , il prétend que ce der-
II. Vol. nier
1398 MERCURE DE FRANCE
nier Prince a eu le nom de Nabonid , de
même que Darius le Méde ; et il fait voir
que pour avoir confondu les deux Princes
de ce nom , on n'a pû concilier les
passages des Anciens. Ce qu'il dit de Darius
, que Cyrus associa à son Empire ,
après la prise de Babylone , éclaircit beaucoup
l'histoire de ces deux Princes.
L'Auteur finit par l'histoire des Médes
qui se gouvernerent par leurs Loix jusqu'à
Déjoces , sous la souveraineté des
Rois d'Assirie , qui prenoient aussi le titre
de Rois des Médes , comme Rois de
ces deux Nations ; c'est ainsi qu'il accorde
Hérodote et Crésias , avec l'Ecriture .
Il prétend que Déjoces , qui est l'Apandas
de Ctesias , n'a regné que 22 ans , et
que c'est le dénouement d'une difficulté
qu'Hérodote fait naitre touchant les 128
ans de la domination qu'il attribuë aux
Médes dans toute l'Asie ; quoiqu'il en
compte 150 depuis Déjoces jusqu'à Cyrus
; car ces 22 ans qu'Hérodote retranche
, ne peuvent être attribués à la domination
des Scythes , puisqu'elle fut de
28 ans, selon Hérodote,qui les comprend
dans cette durée de 128 ans , mais ils doivent
finir avec le regne de Déjoces , qui
ne regna que sur la Médie , selon Hérodote
; au lieu que Phraortes , son fils
1
II. Vol. soumit
JUIN. 1733 1399
soumit toute l'Asie . L'Auteur a ajoûté
un Canon Chronologique des Histoires
dont il a traité , avec un Catalogue des
anciens Auteurs qu'il a citez , et l'Edition
de leurs Ouvrages.
On ne doute pas que la seconde partie,
qui comprendra le reste des Antiquitez ,
et que l'Auteur continuera de fai e imprimer
à ses frais , ne soit reçue du public
avec autant de satisfaction.
Ce Livre se trouve à Paris , chez Musier
, fils , Libraire , sur le Quai et au coin
de la rue des grands Augustins , à la Minerve
, 1733. in 4. de 378 pag sans l'Epître
au Roy , la Préface , le Canon Chronologique
, le Catalogue des Auteurs
citez , & c. Le prix est de 6 liv . broché.
d'un Ouvrage dédié et présenté au
Roy par l'Auteur , sous les auspices de
M. le Cardinal de Fleury , qui est intitulé
: SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les
trois Textes de la Bible ; sçavoir , l'Hebren
le Samaritain et le Grec , avec l'Histoire
des anciennes Monarchies expliquée et rétablie
, par M. Michel , de Toul. Cette
premiere Partie sera suivie d'une seconde
qui comprendra les Antiquitez Egyptiennes
, Phéniciennes , &c.
II. Vol. II
JUIN. 1733. 1393
Il est glorieux à l'Auteur d'avoir conçû
la vaste idée de réünir en un Corps
les Antiquitez de toutes les Nations , après
en avoir expliqué les points les plus obscurs
, conformement aux Historiens sacrez
et profanes . Cet Ouvrage plein d'érudition
, est écrit avec méthode et se
lit avec autant d'utilité que de plaisir ;
il développe avec beaucoup de clarté
toutes les difficultez qui empêchoient que
l'on ne fit tous les progrès que l'on désiroit
pour la connoissance parfaite de
l'Histoire,parce qu'il réunit avec les Elemens
, toute la Science des Antiquitez ,
ainsi il servira infiniment aux personnes
de l'un et de l'autre Sexe qui se livrent à
l'étude de l'Histoire ancienne pour parvenir
à la moderne.
2
Avant que de s'engager dans l'Histoire
, M. Michel établit une Chronologie
depuis la Création du monde jusqu'à
I'Empire de Cyrus , qui est le terme des
difficultez Chronologiques ; il fait cinq
intervales ; il a suivi l'Hébreu et le Samaritain
, avant le Déluge ; et depuis le
Déluge le Samaritain et les Septante
jusqu'à la sortie d'Egypte ; depuis cette
sortie jusqu'à la fondation du Temple
il compte 680 ans , et prouve son calcul
par le Livre des Juges, et le premier
II.Vol. des
1294 MERCURE DE FRANCE
des Rois , par S Paul , par les Historiens
Egyptiens , et par des observations Astronomiques
; il a dressé le se intervale
sur les Livres des Rois et des Paralipomenes
, jusqu'à l'Empire de Cyrus.
Il passe ensuite à l'origine et à l'établissement
des Monarchies, et il insinuë que
le premier gouvernement des hommes
fur celui des Peres de famille , qui s'unirent
pour former de plus grandes socié
et choisirent entr'eux les plus sages
pour gouverner , mais à cause des divisions
qui pouvoient naitre dans ce Gouvernement
de plusieurs , toute l'autorité
fut confiée à un seul ; et c'est cet état
Monarchique que l'Auteur regarde comme
le plus parfait , parce qu'il approche
le plus du premier modele , qui est celui
de Dieu , dans le gouvernement de l'Univers.
Après l'origine des Monarchies suit
l'histoire des Babyloniens.M. Michel leur
donne l'Antiquité sur tous les Peuples ,
et se fonde sur ce que le Païs de Babylone
fut le premier habité , et que Nembrod
, par qui les dominations ont été
établies , y regna ; sentiment qui est appuyé
par l'Ecriture. Il veut que l'usage
des Lettres ait passé des Babyloniens aux
Juifs par Abraham , et prétend que les
II. Vol. dix
JUIN. 1733- 1395
dix Rois Babyloniens , avant le Déluge ,
sont les dix Patriarches depuis Adam jusqu'à
Noé , et pour accorder la longue durée
du regne de ces Rois avec l'Ecriture ,
il veut que la révolution d'un jour ait
été comptée pour une année ; ce qu'il
prouve par le témoignage de plusieurs
Anciens.
Il reprend l'histoire des premiers Babyloniens
dépuis le Déluge , et continuë
la posterité de Noé par ce Patriarche ,
après avoir prouvé qu'il est le même
que Bel. Il lui attribue la fondation de
Babylone , et y fait regner Nembrod , auquel
succedent deux Dynasties de Rois
Caldéens et Arabes ; il fait passer la Monarchie
des Babyloniens aux Assyriens ,
après la conquête qu'en fit Ninus.
L'Auteur qui s'étend sur l'histoire des
premiers Assyriens , réunit ingénieusement
les sentimens de tous les Anciens ,
dans les passages qui scnbloient contradictoires,
et supplée par d'heureuses conjectures
, quand l'antiquité ne lui fournit
pas assez de monumens et de preuves,
Après 40 Rois Assyriens , il met la décadence
de l'Empire d'Assyrie sous Thonos
Concoleros , à qui les Grecs ont donné
le nom de Sardanapale , mais il ne fait
point périr ce Prince dans l'embrasement
J
II. Vol. de
1356 MERCURE DE FRANCE
"
de Ninive , il veut , au contraire , qu'il
soit mort de vieillesse dans la Cilicie , et
lui donne un Successeur à Ninive du
nom de Ninus. C'est ce Prince à qui Jonas
prêcha la pénitence, et l'Auteur prou .
ve par ce Prophete , que Ninive ne fut
point alors détruite , et que la revolte
des Babyloniens et des Medes ne fit qu'affoiblir
l'Empire d'Assyrie , sans le détruire.
Pour fixer le démembrement de cer
Empire , l'Auteur se sert de plusieurs
monumens constans ; entr'autres de la
durée de l'Empire d'Assyrie jusqu'à Teutame
, sous qui est placé le Siége de
Troye ; la suite des successeurs de Teutame
, la décadence de l'Empire d'Assyrie
, marquée par tous les Anciens , sous
l'Archontat d'Ariphron , la prédication
'de Jonas.
Il donne une suite des Rois Assyriens
depuis le second Ninus , successeur de
Sardanapale , jusqu'à Assarhadon , qui
réunit Babylone à son Empire . C'est sous
ce Prince qu'il place l'histoire de Judith,
et son sentiment paroît très- conforme à
la vérité. Après avoir répondu à quelques
objections que l'on pouvoit lui faire
, il prouve qu'Assarhadon est Nabuchodonosor
, que Déjoces est Arphaxad
II. Vol. que
JUIN. 1733 1397
NC
que l'histoire de Judith arriva durant
la minorité du Roy Manassés , et sous la
regence du grand Prêtre Eliacim . Alors
Judith étoit âgée de 26 ou 27 ans. Il rejette
le sentiment de ceux qui lui en
donnent 66 , parce qu'il ne croit pas ,
avec raison qu'une femme à cet âge puisse
donner de l'amour ; il fait finir l'Empire
d'Assyrie à Chiniladon , et prétend
que c'est le dernier Sardanapale dont
parle l'histoire , qui se brûla dans son Palais
; et comme il avoit prouvé par Jonas
que Ninive n'avoit point été détruite
sous Thonos - Concoleros , il se sert de
plusieurs passages des Proj hetes pour en
narquer la destruction du temps de
Chiniladon. Des ruines de l'Empire de
• Ninive s'éleverent deux Empires colla-
$ teraux, des Babyloniens et des Médes .
IS
0
L'Auteur commence par celui des Babyloniens
, fondé par le pere de Nabuchodonosor
le Grand ; il fait voir que les
E Interpretes de la Bible n'ont pû concilier
la datte de Daniel et de Jeremie pour
la prise de Jerusalem ; parce qu'ils n'ont
pas fait attention au temps où les Babytpoansiens
et les Juifs commençoient leur
année . Après avoir rapporté l'histoire de
Nabuchodonosor et de ses successeurs
jusqu'à Balthasar , il prétend que ce der-
II. Vol. nier
1398 MERCURE DE FRANCE
nier Prince a eu le nom de Nabonid , de
même que Darius le Méde ; et il fait voir
que pour avoir confondu les deux Princes
de ce nom , on n'a pû concilier les
passages des Anciens. Ce qu'il dit de Darius
, que Cyrus associa à son Empire ,
après la prise de Babylone , éclaircit beaucoup
l'histoire de ces deux Princes.
L'Auteur finit par l'histoire des Médes
qui se gouvernerent par leurs Loix jusqu'à
Déjoces , sous la souveraineté des
Rois d'Assirie , qui prenoient aussi le titre
de Rois des Médes , comme Rois de
ces deux Nations ; c'est ainsi qu'il accorde
Hérodote et Crésias , avec l'Ecriture .
Il prétend que Déjoces , qui est l'Apandas
de Ctesias , n'a regné que 22 ans , et
que c'est le dénouement d'une difficulté
qu'Hérodote fait naitre touchant les 128
ans de la domination qu'il attribuë aux
Médes dans toute l'Asie ; quoiqu'il en
compte 150 depuis Déjoces jusqu'à Cyrus
; car ces 22 ans qu'Hérodote retranche
, ne peuvent être attribués à la domination
des Scythes , puisqu'elle fut de
28 ans, selon Hérodote,qui les comprend
dans cette durée de 128 ans , mais ils doivent
finir avec le regne de Déjoces , qui
ne regna que sur la Médie , selon Hérodote
; au lieu que Phraortes , son fils
1
II. Vol. soumit
JUIN. 1733 1399
soumit toute l'Asie . L'Auteur a ajoûté
un Canon Chronologique des Histoires
dont il a traité , avec un Catalogue des
anciens Auteurs qu'il a citez , et l'Edition
de leurs Ouvrages.
On ne doute pas que la seconde partie,
qui comprendra le reste des Antiquitez ,
et que l'Auteur continuera de fai e imprimer
à ses frais , ne soit reçue du public
avec autant de satisfaction.
Ce Livre se trouve à Paris , chez Musier
, fils , Libraire , sur le Quai et au coin
de la rue des grands Augustins , à la Minerve
, 1733. in 4. de 378 pag sans l'Epître
au Roy , la Préface , le Canon Chronologique
, le Catalogue des Auteurs
citez , & c. Le prix est de 6 liv . broché.
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Résumé : Systême Chronologique sur les trois Textes de la Bible, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Système Chronologique sur les trois Textes de la Bible' (hébreu, samaritain et grec), rédigé par Michel de Toul et dédié au roi sous les auspices du Cardinal de Fleury. La première partie, publiée en juin 1733, traite des antiquités bibliques et des anciennes monarchies. Une seconde partie sur les antiquités égyptiennes et phéniciennes est annoncée. Michel de Toul vise à réunir les antiquités de diverses nations en expliquant les points obscurs conformément aux historiens sacrés et profanes. L'ouvrage est structuré avec méthode et érudition, facilitant la compréhension des difficultés historiques et des éléments des antiquités. L'auteur établit une chronologie depuis la Création du monde jusqu'à l'Empire de Cyrus, divisée en cinq intervalles. Il utilise les textes hébreu et samaritain avant le Déluge, et les textes samaritain et des Septante jusqu'à la sortie d'Égypte. Il calcule 680 ans entre la sortie d'Égypte et la fondation du Temple, en se basant sur divers textes bibliques et observations astronomiques. Michel de Toul explore ensuite l'origine et l'établissement des monarchies, suggérant que le premier gouvernement des hommes était celui des pères de famille, qui choisissaient les plus sages pour gouverner. Il considère le gouvernement monarchique comme le plus parfait, rapprochant le plus du modèle divin. Le texte détaille également l'histoire des Babyloniens, considérés comme le premier peuple, en se fondant sur des références bibliques et historiques. Il attribue aux Babyloniens l'usage des lettres, transmis aux Juifs par Abraham, et identifie les dix rois babyloniens avant le Déluge aux dix patriarches depuis Adam jusqu'à Noé. L'ouvrage continue avec l'histoire des Assyriens, après la conquête babylonienne par Ninus. Michel de Toul s'appuie sur divers monuments et témoignages anciens pour reconstruire cette période, en résolvant les contradictions et en comblant les lacunes par des conjectures. L'auteur traite ensuite de la décadence de l'Empire assyrien sous Thonos Concoleros, identifié comme Sardanapale, et de la destruction de Ninive sous Chiniladon. Il explore également les empires babylonien et mède, en conciliant les dates de Daniel et Jérémie pour la prise de Jérusalem et en clarifiant les règnes de Nabuchodonosor et Darius. Le livre se conclut par un canon chronologique et un catalogue des anciens auteurs cités, et est disponible à Paris chez Musier, fils, libraire. La seconde partie, à paraître, couvrira le reste des antiquités et sera également imprimée aux frais de l'auteur.
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77
p. 1399-1402
Table Chronologique de l'Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
Début :
TABLES CHRONOLOGIQUES de l'Histoire universelle, par M. l'Abbé Lenglet du [...]
Mots clefs :
Histoire, Tables, Histoire ancienne, Histoire universelle, Nouvelle édition, Histoire profane, Étude de l'histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Table Chronologique de l'Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
TABLES CHRONOLOGIQUES de l'Histoire
universelle , par M. l'Abbé Lenglet du
Fresnoy , nouvelle Edition. A Paris , ruë
S. Jacques , chez Osmont et Briasson , Libraires.
Ces Tables , au nombre de 4 , qui sonɛ
très- curieuses , et pour l'ordre et pour le
dessein , avoient déja paru en 1729. mais
elles sont fort augmentées dans cette nouvelle
Edition: On y trouve près de 60 articles
essentiels , que M. l'Abbé Lenglet a
joints à son premier travail . On peut
II. Vol. G même
10 MERCURE DE FRANCE
même dire que c'est le plus grand Ouvrage
de Gravûre de Lettres , qui se soit
fait jusqu'à present.
Ces Tables contiennent bien des choses
singulieres , tant pour l'arrangement
qu'elles ont , que pour l'usage qu'on en
peut faire dans l'étude de l'Histoire.Outre
la réunion de tous les sistêmes de
Chronologie , qui s'y trouvent sous un
même point de vûë , on a encore le plai
sir d'y voir l'ancienne Histoire prophane,
débarassée de toutes les difficultés de la
Chronologie , par l'Epoque commune de
la naissance de Jesus Christ.
Comme dans les Histoires modernes on
date après la naissance du Sauveur du
Monde , l'Auteur date dans l'Histoire
ancienne , avant l'an de J. C. ce qui établit
une clarté à laquelle on avoit , à
la verité , pensé , mais on n'y étoit pas encore
arrivé jusqu'à present.
Ainsi , qu'on suive pour l'Histoire sacrée
, tel systême de Chronologie que
l'on voudra , on le trouve rappellé dans
ces Tables. Mais comme les différences
de Textes , Hébreu , Samaritain et des
Septante , ne regardent que l'Histoire
Sainte, M. l'Abbé Lenglet se réduit pour
l'Histoire prophane à l'époque des tems,
avant , ou après Jesus-Christ ; par - là il
II. Vol. tient .
JUIN. 1733. 1401
tient une conduite uniforme , tant pour
l'Histoire ancienne , que pour l'Histoire
moderne .
Une chose qui distingue encore ces
Tables Chronologiques de toutes celles
qui ont paruës jusques icy , est, qu'en suivant
l'ordre dans lequel on a rangé toutes
les Histoires particulieres , on peut
non seulement en former un corps d'Histoire
universelle , mais même les étudier
toutes séparement ; c'est ce qui se peut
faire avec d'autant plus de facilité , que
l'Auteur indique à chaque nature d'His
toire , les Livres essentiels, pour s'en former
de justes idées pour l'Histoire générale
de chaque Nation , et pour les Regnes
les plus brillans , ou les Evenemens
les plus illustres de chaque Histoire particuliere
.
Enfin ces Tables sont conduites jusques
à ces derniers temps , et l'on n'oublie
pas même les Livres les plus modernes
qui en ont parlé ; ainsi elles peuvent
tenir lieu d'une méthode abrégée pour
étudier l'Histoire. Cependant M. l'Abbé
Lenglet ,, ppeeuu content de ce beau point
de vûë , qu'il nous présente , va donner
encore une Explication de ces mêmes Tables
, en un petit livre portatif , qui en
dévelopera le systême. Il y marquera
II. Vol.
Gij
même
1462 MERCURE DE FRANCE
même les endroits où il faut s'arrêter
dans l'étude de l'Histoire ancienne et
moderne. Il en fera connoître l'usage ,
et donnera en même temps des Supplé
mens d'articles considerables , qui n'ont
pû entrer dans ces Tables.
universelle , par M. l'Abbé Lenglet du
Fresnoy , nouvelle Edition. A Paris , ruë
S. Jacques , chez Osmont et Briasson , Libraires.
Ces Tables , au nombre de 4 , qui sonɛ
très- curieuses , et pour l'ordre et pour le
dessein , avoient déja paru en 1729. mais
elles sont fort augmentées dans cette nouvelle
Edition: On y trouve près de 60 articles
essentiels , que M. l'Abbé Lenglet a
joints à son premier travail . On peut
II. Vol. G même
10 MERCURE DE FRANCE
même dire que c'est le plus grand Ouvrage
de Gravûre de Lettres , qui se soit
fait jusqu'à present.
Ces Tables contiennent bien des choses
singulieres , tant pour l'arrangement
qu'elles ont , que pour l'usage qu'on en
peut faire dans l'étude de l'Histoire.Outre
la réunion de tous les sistêmes de
Chronologie , qui s'y trouvent sous un
même point de vûë , on a encore le plai
sir d'y voir l'ancienne Histoire prophane,
débarassée de toutes les difficultés de la
Chronologie , par l'Epoque commune de
la naissance de Jesus Christ.
Comme dans les Histoires modernes on
date après la naissance du Sauveur du
Monde , l'Auteur date dans l'Histoire
ancienne , avant l'an de J. C. ce qui établit
une clarté à laquelle on avoit , à
la verité , pensé , mais on n'y étoit pas encore
arrivé jusqu'à present.
Ainsi , qu'on suive pour l'Histoire sacrée
, tel systême de Chronologie que
l'on voudra , on le trouve rappellé dans
ces Tables. Mais comme les différences
de Textes , Hébreu , Samaritain et des
Septante , ne regardent que l'Histoire
Sainte, M. l'Abbé Lenglet se réduit pour
l'Histoire prophane à l'époque des tems,
avant , ou après Jesus-Christ ; par - là il
II. Vol. tient .
JUIN. 1733. 1401
tient une conduite uniforme , tant pour
l'Histoire ancienne , que pour l'Histoire
moderne .
Une chose qui distingue encore ces
Tables Chronologiques de toutes celles
qui ont paruës jusques icy , est, qu'en suivant
l'ordre dans lequel on a rangé toutes
les Histoires particulieres , on peut
non seulement en former un corps d'Histoire
universelle , mais même les étudier
toutes séparement ; c'est ce qui se peut
faire avec d'autant plus de facilité , que
l'Auteur indique à chaque nature d'His
toire , les Livres essentiels, pour s'en former
de justes idées pour l'Histoire générale
de chaque Nation , et pour les Regnes
les plus brillans , ou les Evenemens
les plus illustres de chaque Histoire particuliere
.
Enfin ces Tables sont conduites jusques
à ces derniers temps , et l'on n'oublie
pas même les Livres les plus modernes
qui en ont parlé ; ainsi elles peuvent
tenir lieu d'une méthode abrégée pour
étudier l'Histoire. Cependant M. l'Abbé
Lenglet ,, ppeeuu content de ce beau point
de vûë , qu'il nous présente , va donner
encore une Explication de ces mêmes Tables
, en un petit livre portatif , qui en
dévelopera le systême. Il y marquera
II. Vol.
Gij
même
1462 MERCURE DE FRANCE
même les endroits où il faut s'arrêter
dans l'étude de l'Histoire ancienne et
moderne. Il en fera connoître l'usage ,
et donnera en même temps des Supplé
mens d'articles considerables , qui n'ont
pû entrer dans ces Tables.
Fermer
Résumé : Table Chronologique de l'Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Tables Chronologiques de l'Histoire universelle' de l'Abbé Lenglet du Fresnoy, publié en 1729 et réédité, contient quatre tables notables pour leur ordre et leur utilité. Cette édition inclut près de 60 articles supplémentaires. Les tables sont considérées comme le plus grand ouvrage de gravure de lettres réalisé jusqu'alors. Elles présentent des éléments singuliers par leur arrangement et leur utilité dans l'étude de l'histoire. Elles réunissent tous les systèmes de chronologie sous un même point de vue et utilisent l'époque commune de la naissance de Jésus-Christ pour clarifier l'ancienne histoire profane. Pour l'histoire ancienne, les événements sont datés avant J.-C., tandis que pour les histoires modernes, ils le sont après la naissance du Sauveur. Les tables permettent de suivre divers systèmes de chronologie pour l'histoire sacrée et se concentrent sur l'époque des temps pour l'histoire profane. Elles distinguent les différences de textes hébreux, samaritains et des Septante. Une particularité des tables est qu'elles permettent de former un corps d'histoire universelle ou d'étudier chaque histoire particulière séparément. L'auteur indique les livres essentiels pour chaque nature d'histoire, facilitant ainsi l'étude de l'histoire générale de chaque nation et des règnes ou événements illustres. Les tables sont mises à jour jusqu'aux derniers temps et incluent les livres modernes, servant de méthode abrégée pour étudier l'histoire. L'Abbé Lenglet prévoit également de publier une explication de ces tables dans un petit livre portatif.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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78
p. 1559-1571
LETTRE CRITIQUE de M... sur une nouvelle Histoire Universelle d'Angleterre, entreprise par une Societé de Gens de Lettres.
Début :
Voici, Monsieur, de quoi entretenir notre commerce litteraire. Il est [...]
Mots clefs :
Histoire, Histoire universelle, Angleterre, Ouvrage, Esprit, Sujet, Égyptiens, Matières, Égypte, Érudition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE CRITIQUE de M... sur une nouvelle Histoire Universelle d'Angleterre, entreprise par une Societé de Gens de Lettres.
LETTRE CRITIQUE de M...
sur une nouvelle Histoire Universelle
d'Angleterre , entreprise par une Societé
de Gens de Lettres.
Oici , Monsieur , de quoi entretenir
Voic notre commerce litteraire . Il est
arrivé d Angleterre ces jours passez le
Commencement d'une Histoire Universelle
, entreprise par une Societé de Gens
de Lettres , dont on dit qu'il y aura 24.
Volumes in 4. et je n'en doute pas sur
le plan et la méthode que suivent ces
Messieurs . Le premier volume contient
la Création du Monde , la chute d'Adam
et des Anges , l'Histoire Sacrée et Profane
des temps qui ont précedé le Dé
luge , la dispersion des Peuples , l'Histoire
des Egyptiens et des anciens Asia
tiques. Je l'ai lû avec empressement , par
l'idée avantageuse que j'ai des Sçavans
d'Angleterre ; mais je vous confesse d'avance
que je n'y ai pas trouvé ce que
me promettoit mon ancienne prévention .
On n'a gueres vû jusqu'à présent , disoit
M. de la Bruyere , un chef- d'oeuvre
d'esprit qui fût l'ouvrage de plusieurs.
Homere
1560 MERCURE DE FRANCE
Homere a composé l'Iliade , Virgile l'Enéïde
, Tite- Live ses Décades , et l'Orateur
Romain ses Oraisons ; s'il y avoit
une exception à cette Regle , elle seroit
préferablement en faveur de l'Histoire ,
où l'étenduë du sujet et la dispersion des
matieres , paroissent demander plusieurs
esprits qui y travaillent , et qui recueillent
les Mémoires et les Anecdotes répandus
dans une infinité d'Auteurs anciens
et modernes. Ce secours néanmoins
fait sentir ses inconvéniens dans celui qui
est chargé de rédiger l'Ouvrage lorsqu'il
en faut venir à l'éxecution . Quelqu'attention
qu'ayent eu les Compilateurs de
se réunir dans un même point , il est impossible
qu'ils ne soient frappez et conduits
par des idées particulieres , qui leur
semblent appartenir , ou pouvoir entrer
dans le sujet; ils grossissent ainsi leurs collections
de matieres indirectes et obliques,
propres à faire de gros volumes et rarement
des Ouvrages parfaits.
C'est l'écüeil où vient nécessairement
échouer celui qui doit rédiger leurs
compilations , à moins qu'il ne soit d'un
goût et d'un discernement incapable de
s'écarter ou d'être induit en erreur. Le
piege se présente sans cesse à son esprit.
Frappé par la lecture des matériaux qu'on
P
1
lui
JUILLET. 1733. 1561
lui donne , il entre imperceptiblement
dans les pensées de chacun de ses Compilateurs
; il est séduit par les approches ,
les ressemblances ou les rapports de leurs
idées au sujet principal ; elles l'entraînent
malgré lui ; l'envie de montrer de l'érudition
, les lui fait adopter ; la crainte
de désobliger ceux qui les lui donnent ,
l'engage à ne les pas omettre. Il insere
donc une infinité de matieres et de circonstances
naturellement étrangeres , et
qu'on n'y glisse qu'à force de transitions
ou de liaisons contraintes , toujours propres
à interrompre le fil du discours . C'est
ainsi qu'on multiplie les volumes et que
l'on ôte à l'Ouvrage ce naturel et cette
netteté qui en doivent être un des premiers
caracteres .
Celui qui a rédigé cette nouvelle Histoire
Universelle , a donné en plein dans
ce deffaur. L'Ouvrage est , sans contredit
, le plus sçavant Recueil qu'il y ait
en ce genre ; et la profonde érudition
qui y est répanduë , devient l'occasion
de ses défectuositez. Vous n'y verrez par
tout qu'un amas des sentimens , des faussetez
ou des erreurs de differens Ecrivains
sur le même sujet . Le volume in 12. que
l'on a donné pour servir d'Introduction ,
rapporte tout ce que les anciens Philo
E sophes
1562 MERCURE DE FRANCE
sophes ont jamais pensé sur la nature et
la création du Monde. Imaginez , s'il ett
possible , combien d'écarts et de rêveries ;
vous les trouverez exactement dans ce
Préliminaire. Pour le renfermer dans ses
justes bornes , il faudroit le réduire tout
au plus à la dixième partie. Alors il seroit
intelligible ; l'esprit du Lecteur ne
seroit pas surchargé d'une quantité de
faits qui dégénerent en questions personnelles
sur des Auteurs ausquels on ne
s'interesse plus guére , et on sçauroit
du moins à quoi s'en tenir. Au lieu qu'on
ne s'est appliqué qu'à nous dire ce qu'ont
pensé les autres dans leurs idées folles
et bizares , sans nous apprendre ce que
nous devons penser nous - mêmes .
Le même goût domine dans tout le
corps de l'Histoire. L'Auteur a meux aimé
rapporter les sentimens d'autrui , ou
faire voir qu'il les connoissoit , que
d'établir
les siens . Quelquefois il les donne
tous comme probables , d'autres fois il en
fait sentir la fausseté , sans en adopter
aucun, A chaque page il établit et il détruit.
Méthode d'un Pyrronisme continuel
qui dit beaucoup de choses sans rien
apprendre qu'à douter de tout , même
des faits les plus certains , parce qu'ils
sont mis à côté des plus douteux , sans
que
JUILLET. 1733. 1563
que l'on détermine lequel il faut croire.
Quelque persuadé que je sois qu'il n'a
pas travaillé uniquement pour faire de
gros volumes et en grande quantité , je
ne sçaurois cependant m'empêcher de dire
, que quand il auroit eu ce dessein , il
ne l'auroit pas mieux executé. Où est le
sçavant aujourd'hui qui prenne la moindre
part ou qui ajoûte la plus legere
croyance à ce que les Caldéens , les Egyptiens
, quelques Juifs ou autres Orientaux
, nous débitent sur l'Histoire Profane
qui a précedé le Déluge ? Le commun
des Lecteurs s'en embarasse encore
moins puisque la foi et la raison dé
montrent la fausseté de ces Monumens
apocrifes. Je m'attends bien que dans
le volume suivant on verra tout au long
les Généalogies et la Chronique de Bérose.
L'Auteur recueille soigneusement
toutes ces imaginations ; il y revient plusieurs
fois , et dit sérieusement qu'il faisseroit
quelque chose à desirer pour la
perfection de son Ouvrage , s'il osoit les
omettre.
C'est dans cet esprit qu'il commence
l'Histoire des Rois d'Egypte par ce conte
ennuyeux d'Osiris et d'Isis , qui occupe
cinq ou six pages , et qui est l'Endroit le
plus fabuleux , le plus mal concerté et
E ij le
1564 MERCURE DE FRANCE
le moins intéressant de toute la Mytologie.
A ce long détail succede l'Histoire
de Menès , qui tient un long espace pour
y renfermer très - peu de chose. Je crois
qu'elle est de neuf ou dix pages , dont
huit n'ont chacune que deux lignes , le
reste est rempli de Notes en caractere
fort petit , où se trouve la dispute de Perizonius
, de Mrs Newton et Whiston ,
pour sçavoir si Menès , reconnu pour fils
de Cham , a succedé aux Mestrai. Encore
l'Auteur se flate- t'il de nous faire grace
sur la brieveté. M.Whiston , dit-il , page
453. allegue treize argumens , dont nous
sauterons les neuf premiers pour venir au
dixième. N'est - ce pas avoir conspiré contre
la patience et la bourse du Public en
faveur des Libraires ?
A ces inutilitez fastidieuses joignez les
indécences qui s'y trouvent assez fréquemment,
Pour peu qu'on ait lû les Ancicas,
on sçait que leur Morale est moins qu'e
purée , Ils croyoient égayer leur stile par
ces sortes de libertez qu'ils regardoient
comme des amusemens indifferens . D'ailleurs
il faut convenir que quand la chose
ne va pas jusqu'à l'obscène , elle choque
beaucoup moins dans le Grec et le Latin
que dans notre Langue . L'Auteur n'a pas
été si scrupuleux ; il a regardé comme
des
JUILLET. 1733. 1565:
des embellissemens à son Histoire , ces
actions et ses discours qui offensent la
modestie et la politesse , quoiqu'il n'aille
pas jusqu'aux salletez ; en voici quelques
exemples , où je ne ferai qu'indiquer les
sujets . Ils sont tirez de la seule Histoire
d'Egypte , que j'ai lûe avec un peu plus.
d'attention , et cela dans l'espace de vingt
pages.
L'Histoire de Phéron , page 466. qui ,
pour guérir ses yeux , cherchoit , selon
l'Oracle , l'urine d'une femme fidele à
son mari. La Reine et quelques autres
lui ayant parû suspectes par cette raison ,
il les fit toutes mourir.
La fille de Chops , prostituée par son
Pere , qui bâtit une grande Piramide des
pierres que lui apportoient ses Amans ,
quoique chacun ne lui en donnât qu'une.
Celle de la fille de Micerin .... Quelle
pitoyable observation de faire remarquer
la differente attitude des hommes et des
femmes en Egypte pour satisfaire au
moindre besoin de la Nature .
Les Soldats de Psammetiques , qui disoient
en se découvrant d'une maniere
honteuse ; nous n'avons pas peur de manquer
de femmes , ni d'enfans.
Le nouveau Roy qui étoit assis à cheval
, se leya tant soit peu et répondit à
E iij
cette
1566 MERCURE DE FRANCE
cette sommation par un vent toujours
impoli , qu'il pria l'Ambassadeur de reporter
à son Maître , pag . 484
La Statue faite par Amasis , de la Cuvette
où les Egyptiens avoient souvent
vomi , lavé leurs pieds et fait de l'eau ,
pag. 485.
Enfin l'indécent récit de l'impuissance
d'Amasis et de ses circonstances , p . 488.
J'ai lû plusieurs fois Hérodote et Diodore
, et je ne crois pas que l'Auteur ait
rien omis en ce genre de ce qui regarde
'Histoire des Egyptiens. Il faut cependant
avouer que parmi ces traits il en
est quelques - uns qui pourroient se raconter
en prenant les précautions que
demande la bienséance , comme l'Apo- '
logue d'Amasis pour la Cuvette. Mais
c'est à quoi l'Auteur ne s'est point applique.
Il auroit pû prendre exemple sur
M. Rollin , qu'il avoit devant les yeux ,
puisqu'il le cite quelquefois. Cet Ecrivain
judicieux avoit puisé dans les mêmes
sources , sans y prendre indifferemment
tous ces mauvais contes qui ne font
rien à l'Histoire que de la rendre basse
et rampante . Il les a omis ; dira- t'on
que c'est un deffaut et un vuide qui dépare
son Histoire ?
Mais bien loin que l'Auteur qui a rédigé
JUILLET. 1733. 1567
gé cette Histoire Universelle , ait assez de
Tégéreté dans le stile , pour toucher adroitement
ces Endroits délicats ; il s'en faut
bien qu'il n'en ait assez pour entreprendre
de donner une bonne Histoire .Après
les grands modeles que nous avons et qui
ont rendu le Public si difficile , si l'on
n'est pas obligé d'écrire parfaitement, du
moins l'on n'est plus recevable à le faire
si mal. J'y remarque deux fautes essentielles
; la superfluité des matiéres , et le
deffaut d'arrangement dans les faits .
M. l'Abbé Fleury disoit avec esprit
que l'Histoire ressemble à un Bâtiment
qu'on ne peut élever qu'avec des Echafauds
, des Cordes , des Poulies et une infinité
d'Outils ; mais que rien de tout cela
ne devoit plus paroître quand la Maison
étoit achevée. C'est à quoi l'Auteur dont
je vous parle , n'a pas fait attention . Il
nous a donné à lire son Ouvrage seulement
ébauché , avec toutes les discussions
, les doutes , les matériaux informes,
et, pour ainsi dire , tous les instrumens
dont il s'est servi pour le composer.
On y voit presque à chaque article
quelque Ecrivain nommé ou désigné par
ces mots : Quelques- uns disent... D'autres
soutiennent.... Il y en a qui prétendent....
Après quoi il ajoutera : Mais
E iiij
tout
1568 MERCURE DE FRANCE
tout cela n'est point vrai. Il n'étoit donc
pas nécessaire de le dire ; si ce n'est pour
faire parade d'érudition , ou pour ne pas
désobliger ceux qui avoient fourni les
Mémoires , à qui celui qui rédige est
comtable jusqu'à un certain point. Ce
stile seroit tout au plus supportable dans
la Dissertation ou dans le Recueil.
Enfin les faits y sont mis avec si peu
d'ordre que souvent l'Auteur y empiéte
d'un Regne à l'autre , et revient ensuite
sur ses pas ; où il lui est très- ordinaire de
perdre
son sujet de vue par des incidens
étangers , que l'envie de tout mettre lui
fait insérer dans le corps de l'Histoire ;
après lesquels vous l'entendez si - souvent
dire: Mais revenons. Deux Phrases qui
lui sont encore favorites sont celles ci ,
comme nous l'avons dit plus haut, ou, comme
nous le dirons plus bas. Cela n'est plus
d'usage dans les bons Ecrivains.Ce qu'on
a déja dit , il faut rendre la justice au Lecteur
, de croire qu'il s'en souvient ; et
qu'il sçaura bien rapprocher ce qu'il
trouvera dans la suite.
Ces deffauts de l'Historien Anglois
sont encore malheureusement augmentez
et mis dans tout leur jour par son
Traducteur. J'ai de la peine à croire qu'il
soit François d'origine , du moins il ne
conJUILLET.
1733 1569
connoît pas assez , je ne dis pas l'élégance
, mais la pureté de notre langue, pour
tenter d'écrire ; aujourd'hui , que les personnes
même du commun , exigent de
Pexactitude et de la délicatesse ; sans être
critique , vous ne lirez pas trois Phrases
sans en trouver une de louche . En voici
quelques- unes qu'il ne m'a pas été difficile
de trouver , car tout y est plein d'expressions
basses et vicieuses .
Ensuite notre Auteur allégue treize
Argumens , dont nous sautons les neuf
premiers , pour venir au dixiéme
453.
, page
Finalement , Mycérinus , est dit avoir
bâti une Piramide , page 474.
Mais avant que d'entrer
dans le détail
du regne de Sabacco , faisons
quelques
pas
en arriere , et jettons la vue sur les trois
Regnes
que nous venons
de parcourir
.
Ce coup d'oeil nous convaincra
, ... page
475. Ce retour
consiste
en quatorze
lignes
, après lesquelles
on dit : Mais revenons
à Sabacco
.
Somme-toute , le Roy lui donna sa fille
en mariage. 471 .
La mort de sa fille ne fut pas le seul
malheur qui accueillit Mycerinus.
Psammetique mit fin au Duodecim- virat.
473. 478 .
E v Les
1570 MERCURE DE FRANCE
Les Expéditions des Flottes de Néchus,
și tant est qu'elles en ayent fait , ne se
trouvent écrite nulle part , que nous sçachions.
480 .
On conte qu'en guise de monument de
sa bonne fortune . 481 .
Psammis demanda aux Ambassadeurs
Eléens si leurs propres Citoïens étoient
admis aux Jeux Olympiques : Question
à laquelle ils répondirent qu'oüi. 482 .
Le petit nombre qui échapa , revint
tout en fureur contre Apriès, comme si ce
Roy les avoit envoyés à la boucherie . 484 .
La clémence est mal employée envers les
ennemis . 485.
Mais avant que l'Orage crevat , Amasis
mourut , et son corps mort fut embaumé.491 .
La Muraille blanche de Memphis , qui
servoit d'une seconde enceinte , y est appellée
une Paroi- blanche . 494 .
Mais Nectanebe pourvut si- bien à la
sûreté de la Ville, qu'il n'y eut pas moïen
d'y mordre ; et d'un autre côté , les Commandans
ne firent rien qui vaille. 497.
Plinius tâcha de déloger Nicostrate de ses
retranchemens
. 459.
Les Grecs demanderent un Pour-parler,
avec Lacharès . 500 .
En voilà assez , Monsieur , car je vous
prie d'observer que je vais de page en
page
JUILLET. 1733. 1571
page. Au premier ordinaire je vous parlerai
de là Chronologie de l'Auteur , et
en particulier de son Histoire d'Egypte.
Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 20 May 1733 •
sur une nouvelle Histoire Universelle
d'Angleterre , entreprise par une Societé
de Gens de Lettres.
Oici , Monsieur , de quoi entretenir
Voic notre commerce litteraire . Il est
arrivé d Angleterre ces jours passez le
Commencement d'une Histoire Universelle
, entreprise par une Societé de Gens
de Lettres , dont on dit qu'il y aura 24.
Volumes in 4. et je n'en doute pas sur
le plan et la méthode que suivent ces
Messieurs . Le premier volume contient
la Création du Monde , la chute d'Adam
et des Anges , l'Histoire Sacrée et Profane
des temps qui ont précedé le Dé
luge , la dispersion des Peuples , l'Histoire
des Egyptiens et des anciens Asia
tiques. Je l'ai lû avec empressement , par
l'idée avantageuse que j'ai des Sçavans
d'Angleterre ; mais je vous confesse d'avance
que je n'y ai pas trouvé ce que
me promettoit mon ancienne prévention .
On n'a gueres vû jusqu'à présent , disoit
M. de la Bruyere , un chef- d'oeuvre
d'esprit qui fût l'ouvrage de plusieurs.
Homere
1560 MERCURE DE FRANCE
Homere a composé l'Iliade , Virgile l'Enéïde
, Tite- Live ses Décades , et l'Orateur
Romain ses Oraisons ; s'il y avoit
une exception à cette Regle , elle seroit
préferablement en faveur de l'Histoire ,
où l'étenduë du sujet et la dispersion des
matieres , paroissent demander plusieurs
esprits qui y travaillent , et qui recueillent
les Mémoires et les Anecdotes répandus
dans une infinité d'Auteurs anciens
et modernes. Ce secours néanmoins
fait sentir ses inconvéniens dans celui qui
est chargé de rédiger l'Ouvrage lorsqu'il
en faut venir à l'éxecution . Quelqu'attention
qu'ayent eu les Compilateurs de
se réunir dans un même point , il est impossible
qu'ils ne soient frappez et conduits
par des idées particulieres , qui leur
semblent appartenir , ou pouvoir entrer
dans le sujet; ils grossissent ainsi leurs collections
de matieres indirectes et obliques,
propres à faire de gros volumes et rarement
des Ouvrages parfaits.
C'est l'écüeil où vient nécessairement
échouer celui qui doit rédiger leurs
compilations , à moins qu'il ne soit d'un
goût et d'un discernement incapable de
s'écarter ou d'être induit en erreur. Le
piege se présente sans cesse à son esprit.
Frappé par la lecture des matériaux qu'on
P
1
lui
JUILLET. 1733. 1561
lui donne , il entre imperceptiblement
dans les pensées de chacun de ses Compilateurs
; il est séduit par les approches ,
les ressemblances ou les rapports de leurs
idées au sujet principal ; elles l'entraînent
malgré lui ; l'envie de montrer de l'érudition
, les lui fait adopter ; la crainte
de désobliger ceux qui les lui donnent ,
l'engage à ne les pas omettre. Il insere
donc une infinité de matieres et de circonstances
naturellement étrangeres , et
qu'on n'y glisse qu'à force de transitions
ou de liaisons contraintes , toujours propres
à interrompre le fil du discours . C'est
ainsi qu'on multiplie les volumes et que
l'on ôte à l'Ouvrage ce naturel et cette
netteté qui en doivent être un des premiers
caracteres .
Celui qui a rédigé cette nouvelle Histoire
Universelle , a donné en plein dans
ce deffaur. L'Ouvrage est , sans contredit
, le plus sçavant Recueil qu'il y ait
en ce genre ; et la profonde érudition
qui y est répanduë , devient l'occasion
de ses défectuositez. Vous n'y verrez par
tout qu'un amas des sentimens , des faussetez
ou des erreurs de differens Ecrivains
sur le même sujet . Le volume in 12. que
l'on a donné pour servir d'Introduction ,
rapporte tout ce que les anciens Philo
E sophes
1562 MERCURE DE FRANCE
sophes ont jamais pensé sur la nature et
la création du Monde. Imaginez , s'il ett
possible , combien d'écarts et de rêveries ;
vous les trouverez exactement dans ce
Préliminaire. Pour le renfermer dans ses
justes bornes , il faudroit le réduire tout
au plus à la dixième partie. Alors il seroit
intelligible ; l'esprit du Lecteur ne
seroit pas surchargé d'une quantité de
faits qui dégénerent en questions personnelles
sur des Auteurs ausquels on ne
s'interesse plus guére , et on sçauroit
du moins à quoi s'en tenir. Au lieu qu'on
ne s'est appliqué qu'à nous dire ce qu'ont
pensé les autres dans leurs idées folles
et bizares , sans nous apprendre ce que
nous devons penser nous - mêmes .
Le même goût domine dans tout le
corps de l'Histoire. L'Auteur a meux aimé
rapporter les sentimens d'autrui , ou
faire voir qu'il les connoissoit , que
d'établir
les siens . Quelquefois il les donne
tous comme probables , d'autres fois il en
fait sentir la fausseté , sans en adopter
aucun, A chaque page il établit et il détruit.
Méthode d'un Pyrronisme continuel
qui dit beaucoup de choses sans rien
apprendre qu'à douter de tout , même
des faits les plus certains , parce qu'ils
sont mis à côté des plus douteux , sans
que
JUILLET. 1733. 1563
que l'on détermine lequel il faut croire.
Quelque persuadé que je sois qu'il n'a
pas travaillé uniquement pour faire de
gros volumes et en grande quantité , je
ne sçaurois cependant m'empêcher de dire
, que quand il auroit eu ce dessein , il
ne l'auroit pas mieux executé. Où est le
sçavant aujourd'hui qui prenne la moindre
part ou qui ajoûte la plus legere
croyance à ce que les Caldéens , les Egyptiens
, quelques Juifs ou autres Orientaux
, nous débitent sur l'Histoire Profane
qui a précedé le Déluge ? Le commun
des Lecteurs s'en embarasse encore
moins puisque la foi et la raison dé
montrent la fausseté de ces Monumens
apocrifes. Je m'attends bien que dans
le volume suivant on verra tout au long
les Généalogies et la Chronique de Bérose.
L'Auteur recueille soigneusement
toutes ces imaginations ; il y revient plusieurs
fois , et dit sérieusement qu'il faisseroit
quelque chose à desirer pour la
perfection de son Ouvrage , s'il osoit les
omettre.
C'est dans cet esprit qu'il commence
l'Histoire des Rois d'Egypte par ce conte
ennuyeux d'Osiris et d'Isis , qui occupe
cinq ou six pages , et qui est l'Endroit le
plus fabuleux , le plus mal concerté et
E ij le
1564 MERCURE DE FRANCE
le moins intéressant de toute la Mytologie.
A ce long détail succede l'Histoire
de Menès , qui tient un long espace pour
y renfermer très - peu de chose. Je crois
qu'elle est de neuf ou dix pages , dont
huit n'ont chacune que deux lignes , le
reste est rempli de Notes en caractere
fort petit , où se trouve la dispute de Perizonius
, de Mrs Newton et Whiston ,
pour sçavoir si Menès , reconnu pour fils
de Cham , a succedé aux Mestrai. Encore
l'Auteur se flate- t'il de nous faire grace
sur la brieveté. M.Whiston , dit-il , page
453. allegue treize argumens , dont nous
sauterons les neuf premiers pour venir au
dixième. N'est - ce pas avoir conspiré contre
la patience et la bourse du Public en
faveur des Libraires ?
A ces inutilitez fastidieuses joignez les
indécences qui s'y trouvent assez fréquemment,
Pour peu qu'on ait lû les Ancicas,
on sçait que leur Morale est moins qu'e
purée , Ils croyoient égayer leur stile par
ces sortes de libertez qu'ils regardoient
comme des amusemens indifferens . D'ailleurs
il faut convenir que quand la chose
ne va pas jusqu'à l'obscène , elle choque
beaucoup moins dans le Grec et le Latin
que dans notre Langue . L'Auteur n'a pas
été si scrupuleux ; il a regardé comme
des
JUILLET. 1733. 1565:
des embellissemens à son Histoire , ces
actions et ses discours qui offensent la
modestie et la politesse , quoiqu'il n'aille
pas jusqu'aux salletez ; en voici quelques
exemples , où je ne ferai qu'indiquer les
sujets . Ils sont tirez de la seule Histoire
d'Egypte , que j'ai lûe avec un peu plus.
d'attention , et cela dans l'espace de vingt
pages.
L'Histoire de Phéron , page 466. qui ,
pour guérir ses yeux , cherchoit , selon
l'Oracle , l'urine d'une femme fidele à
son mari. La Reine et quelques autres
lui ayant parû suspectes par cette raison ,
il les fit toutes mourir.
La fille de Chops , prostituée par son
Pere , qui bâtit une grande Piramide des
pierres que lui apportoient ses Amans ,
quoique chacun ne lui en donnât qu'une.
Celle de la fille de Micerin .... Quelle
pitoyable observation de faire remarquer
la differente attitude des hommes et des
femmes en Egypte pour satisfaire au
moindre besoin de la Nature .
Les Soldats de Psammetiques , qui disoient
en se découvrant d'une maniere
honteuse ; nous n'avons pas peur de manquer
de femmes , ni d'enfans.
Le nouveau Roy qui étoit assis à cheval
, se leya tant soit peu et répondit à
E iij
cette
1566 MERCURE DE FRANCE
cette sommation par un vent toujours
impoli , qu'il pria l'Ambassadeur de reporter
à son Maître , pag . 484
La Statue faite par Amasis , de la Cuvette
où les Egyptiens avoient souvent
vomi , lavé leurs pieds et fait de l'eau ,
pag. 485.
Enfin l'indécent récit de l'impuissance
d'Amasis et de ses circonstances , p . 488.
J'ai lû plusieurs fois Hérodote et Diodore
, et je ne crois pas que l'Auteur ait
rien omis en ce genre de ce qui regarde
'Histoire des Egyptiens. Il faut cependant
avouer que parmi ces traits il en
est quelques - uns qui pourroient se raconter
en prenant les précautions que
demande la bienséance , comme l'Apo- '
logue d'Amasis pour la Cuvette. Mais
c'est à quoi l'Auteur ne s'est point applique.
Il auroit pû prendre exemple sur
M. Rollin , qu'il avoit devant les yeux ,
puisqu'il le cite quelquefois. Cet Ecrivain
judicieux avoit puisé dans les mêmes
sources , sans y prendre indifferemment
tous ces mauvais contes qui ne font
rien à l'Histoire que de la rendre basse
et rampante . Il les a omis ; dira- t'on
que c'est un deffaut et un vuide qui dépare
son Histoire ?
Mais bien loin que l'Auteur qui a rédigé
JUILLET. 1733. 1567
gé cette Histoire Universelle , ait assez de
Tégéreté dans le stile , pour toucher adroitement
ces Endroits délicats ; il s'en faut
bien qu'il n'en ait assez pour entreprendre
de donner une bonne Histoire .Après
les grands modeles que nous avons et qui
ont rendu le Public si difficile , si l'on
n'est pas obligé d'écrire parfaitement, du
moins l'on n'est plus recevable à le faire
si mal. J'y remarque deux fautes essentielles
; la superfluité des matiéres , et le
deffaut d'arrangement dans les faits .
M. l'Abbé Fleury disoit avec esprit
que l'Histoire ressemble à un Bâtiment
qu'on ne peut élever qu'avec des Echafauds
, des Cordes , des Poulies et une infinité
d'Outils ; mais que rien de tout cela
ne devoit plus paroître quand la Maison
étoit achevée. C'est à quoi l'Auteur dont
je vous parle , n'a pas fait attention . Il
nous a donné à lire son Ouvrage seulement
ébauché , avec toutes les discussions
, les doutes , les matériaux informes,
et, pour ainsi dire , tous les instrumens
dont il s'est servi pour le composer.
On y voit presque à chaque article
quelque Ecrivain nommé ou désigné par
ces mots : Quelques- uns disent... D'autres
soutiennent.... Il y en a qui prétendent....
Après quoi il ajoutera : Mais
E iiij
tout
1568 MERCURE DE FRANCE
tout cela n'est point vrai. Il n'étoit donc
pas nécessaire de le dire ; si ce n'est pour
faire parade d'érudition , ou pour ne pas
désobliger ceux qui avoient fourni les
Mémoires , à qui celui qui rédige est
comtable jusqu'à un certain point. Ce
stile seroit tout au plus supportable dans
la Dissertation ou dans le Recueil.
Enfin les faits y sont mis avec si peu
d'ordre que souvent l'Auteur y empiéte
d'un Regne à l'autre , et revient ensuite
sur ses pas ; où il lui est très- ordinaire de
perdre
son sujet de vue par des incidens
étangers , que l'envie de tout mettre lui
fait insérer dans le corps de l'Histoire ;
après lesquels vous l'entendez si - souvent
dire: Mais revenons. Deux Phrases qui
lui sont encore favorites sont celles ci ,
comme nous l'avons dit plus haut, ou, comme
nous le dirons plus bas. Cela n'est plus
d'usage dans les bons Ecrivains.Ce qu'on
a déja dit , il faut rendre la justice au Lecteur
, de croire qu'il s'en souvient ; et
qu'il sçaura bien rapprocher ce qu'il
trouvera dans la suite.
Ces deffauts de l'Historien Anglois
sont encore malheureusement augmentez
et mis dans tout leur jour par son
Traducteur. J'ai de la peine à croire qu'il
soit François d'origine , du moins il ne
conJUILLET.
1733 1569
connoît pas assez , je ne dis pas l'élégance
, mais la pureté de notre langue, pour
tenter d'écrire ; aujourd'hui , que les personnes
même du commun , exigent de
Pexactitude et de la délicatesse ; sans être
critique , vous ne lirez pas trois Phrases
sans en trouver une de louche . En voici
quelques- unes qu'il ne m'a pas été difficile
de trouver , car tout y est plein d'expressions
basses et vicieuses .
Ensuite notre Auteur allégue treize
Argumens , dont nous sautons les neuf
premiers , pour venir au dixiéme
453.
, page
Finalement , Mycérinus , est dit avoir
bâti une Piramide , page 474.
Mais avant que d'entrer
dans le détail
du regne de Sabacco , faisons
quelques
pas
en arriere , et jettons la vue sur les trois
Regnes
que nous venons
de parcourir
.
Ce coup d'oeil nous convaincra
, ... page
475. Ce retour
consiste
en quatorze
lignes
, après lesquelles
on dit : Mais revenons
à Sabacco
.
Somme-toute , le Roy lui donna sa fille
en mariage. 471 .
La mort de sa fille ne fut pas le seul
malheur qui accueillit Mycerinus.
Psammetique mit fin au Duodecim- virat.
473. 478 .
E v Les
1570 MERCURE DE FRANCE
Les Expéditions des Flottes de Néchus,
și tant est qu'elles en ayent fait , ne se
trouvent écrite nulle part , que nous sçachions.
480 .
On conte qu'en guise de monument de
sa bonne fortune . 481 .
Psammis demanda aux Ambassadeurs
Eléens si leurs propres Citoïens étoient
admis aux Jeux Olympiques : Question
à laquelle ils répondirent qu'oüi. 482 .
Le petit nombre qui échapa , revint
tout en fureur contre Apriès, comme si ce
Roy les avoit envoyés à la boucherie . 484 .
La clémence est mal employée envers les
ennemis . 485.
Mais avant que l'Orage crevat , Amasis
mourut , et son corps mort fut embaumé.491 .
La Muraille blanche de Memphis , qui
servoit d'une seconde enceinte , y est appellée
une Paroi- blanche . 494 .
Mais Nectanebe pourvut si- bien à la
sûreté de la Ville, qu'il n'y eut pas moïen
d'y mordre ; et d'un autre côté , les Commandans
ne firent rien qui vaille. 497.
Plinius tâcha de déloger Nicostrate de ses
retranchemens
. 459.
Les Grecs demanderent un Pour-parler,
avec Lacharès . 500 .
En voilà assez , Monsieur , car je vous
prie d'observer que je vais de page en
page
JUILLET. 1733. 1571
page. Au premier ordinaire je vous parlerai
de là Chronologie de l'Auteur , et
en particulier de son Histoire d'Egypte.
Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 20 May 1733 •
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Résumé : LETTRE CRITIQUE de M... sur une nouvelle Histoire Universelle d'Angleterre, entreprise par une Societé de Gens de Lettres.
La lettre critique examine une nouvelle 'Histoire Universelle d'Angleterre' en 24 volumes, dont le premier traite de la Création du Monde, de la chute d'Adam et des Anges, et de l'histoire des temps antérieurs au Déluge. L'auteur de la lettre, bien que favorablement impressionné par la réputation des savants anglais, trouve l'ouvrage décevant. Il souligne que les grandes œuvres sont généralement l'œuvre d'un seul auteur et que la collaboration peut entraîner des inconvénients, tels que l'inclusion de matières indirectes et l'interruption du fil du discours. L''Histoire Universelle' est décrite comme un recueil savant mais encombré de sentiments, de faussetés et d'erreurs provenant de divers écrivains. Le volume d'introduction rapporte les pensées des anciens philosophes sur la création du Monde, ce qui alourdit le texte sans apporter de clarté. L'auteur de l''Histoire Universelle' rapporte souvent les sentiments d'autrui sans établir les siens, adoptant une méthode pyrrhonienne qui sème le doute. La lettre critique mentionne également des inutilités fastidieuses et des indécences fréquentes dans le texte, comme des récits obscènes ou indécents tirés de l'histoire des Égyptiens. L'auteur de l''Histoire Universelle' n'a pas pris les précautions nécessaires pour éviter ces inconvénients, contrairement à d'autres historiens comme M. Rollin. Enfin, la lettre souligne deux fautes essentielles dans l'ouvrage : la superfluité des matières et le défaut d'arrangement dans les faits. L'auteur de l''Histoire Universelle' n'a pas su masquer les discussions, les doutes et les matériaux informes utilisés pour composer l'ouvrage, rendant la lecture confuse et désordonnée. Le traducteur français aggrave ces défauts par une mauvaise maîtrise de la langue. Le texte traite également de divers événements historiques liés à l'Égypte antique. Mycerinus connut plusieurs malheurs, dont la mort de sa fille. Psammétique mit fin au Duodecimvirat, un conseil de douze membres. Les expéditions des flottes de Néchus ne sont pas documentées. Psammis interrogea les ambassadeurs éléens sur la participation de leurs citoyens aux Jeux Olympiques, à quoi ils répondirent affirmativement. Après une défaite, les survivants accusèrent le roi Apriès de les avoir envoyés à la mort. Amasis mourut avant une tempête, et son corps fut embaumé. La muraille blanche de Memphis est décrite comme une seconde enceinte. Nectanébo renforça la sécurité de la ville, rendant toute attaque impossible. Plinius tenta de déloger Nicostrate de ses positions. Les Grecs demandèrent un pourparler avec Lacharès. Le texte se conclut par une mention de la chronologie de l'auteur et de son histoire de l'Égypte, datée du 20 mai 1733 à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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79
p. 1594-1605
Abregé Chronologique et Historique de l'Origine et du Progrès des Troupes de France, &c. [titre d'après la table]
Début :
ABREGÉ CHRONOLOGIQUE ET HISTORIQUE de l'Origine, du Progrès et de l'état actuel de [...]
Mots clefs :
Corps, Gardes, Chronologie, Lieutenants, Histoire, Institution, Compagnie, Capitaines, Historique, Origine, Journal, Louis XIV, Officiers, Actions, Compagnie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Abregé Chronologique et Historique de l'Origine et du Progrès des Troupes de France, &c. [titre d'après la table]
ABREGE' CHRONOLOGIQUE ET HISTORIQUE
de l'Origine , du Progrès et de l'état actuel de
toutes les Troupes de France. Far M. le P. ***
N. ***. Ouvrage enrichi de Vignettes en Tailles
douces , Gravure de Paris qui représentent
tous les Siéges , Attaques et Combats particuliers
où ces Corps se sont trouvés , &c. Proposé
par souscription. C'est le titre d'un Prospectus.
nouvellement publié , dont la matiere nous a
paruë si curieuse et si interessante pour toute la
Nation , que nous croyons faire plaisir au plus
grand nombre de nos Lecteurs , de le rapporter
ici en son entier.
L'Etude , dit l'Auteur , a quelque chose de si
engageant , qu'il est presqu'impossible de ne pas
se laisser entraîner aux recherches les plus curieuses
et les plus utiles , pour peu qu'on ait de
délicatesse et de goût. Très- scrupuleux sur le
point d'honneur , et bien instruir qu'il faut des
talens
JUILLET. 1732. 1595
talens extraordinaires pour devenir Auteur , je
veux dire , Auteur estimé , je n'aurois jamais
pensé à me donner ce titre , si mes amis ne
m'y eussent forcé ; de sorte qu'une étude faite
par amusement devient aujourd'hui une affaire
très- sérieuse , ayant été, entraîné uniquement
par l'honnête complaisance que je dois à des personnes
du premier mérite , et à qui il a fallu
déferer.
Le Lecteur connoîtra aisément qu'un Ouvra
ge de la conséquence de celui-ci , n'a été mis au
jour qu'après de profondes lectures , de grands
travaux , beaucoup de corrections et de recherches
presqu'infinies : trop persuadé qu'il est dif
ficile de plaire à tout le monde , et de se garantir
de la juste censure des Sçavans du premier
ordre , je n'ai épargné ni peines , ni dépenses
pour m'attirer leur bienveillance,et meriter leur
approbation ..
L'entreprise est pénible , il est vrai , cependant
ayant fait de grandes découvertes , et tiré de
f'oubli un nombre de faits importans , j'espere
réussir dans un projet qui a été , je me flate
trop mûrement concerté pour ne pas produire
des effets très- utiles.
Aucun Auteur jusqu'à présent n'a osé entreprendre
de donner un Journal Historique de tous
les Régimens de France : un Sçavant très-estimé
et qui passe , avec justice , pour un homme consommé
dans la Litterature ( c'est le Pere Daniel Y
ne fait aucune difficulté d'avouer qu'il en a eu
le dessein , mais qu'il n'a pu l'entreprendre , va
le peu de clarté qu'il avoit trouvé dans l'Histoire
de tous les Corps , et le parfait oubli qu'on
avoit fait des Officiers qui les avoient commandés;
de sorte qu'on pouvoit à peine s'instruiré
1
SUE
1596 MERCURE DE FRANCE
sur ce qui s'étoit passé de leur tems ; ce qui l'avoit
entierement rebuté aussi se récrie - t- il , avec
justice , contre une négligence si blâmable , qui
ensevelit dans une éternelle obscurité tant de
faits Historiques , dont le souvenir leur devroit
être si cher et si précieux J'avoue que les plaintes
de ce Pere sur cette indolence ne sont pas
sans fondement et sans quelques raisons : mais
c'est justement ce cahos et ces difficultez qui ont
excité mon amour propre à ne rien négliger
pour venir à bout de débrouiller une matiere
qui a tant embarassé les Sçavans.
>
Tout- à- fait enveloppé dans mon étude , mes
recherches continuelles m'ont donné l'esperance
de parvenir à mes fins , malgré le peu d'éxactitude
d'un grand nombre d'Ecrivains , qui me
rendoient chaque jour cette matiere plus difficile
il a fallu pour m'éclaircir entierement
feuilleter de grandes Bibliotheques ; j'ai entrepris
dans ce dessein plusieurs voïages à Paris ,
où j'ai consulté avec un travail sans relâche les
plus célebres Ecrivains de l'Histoire , pour connoître
par moi- même tous les Mémoires du
tems : j'ai employé tout mon crédit pour
avoir de l'appui et un accès libre par tout ou
j'ai crû trouver de quoi m'instruire à fond ; j'ai
Jû tous les Registres des Extraordinaires des
Guerres dans la Chambre des Comptes , afin
de connoître parfaitement l'origine de tous les
Corps , ayant dessein de donner une Chronologie
et une filiation exacte de tous les Mestres
de Camp , Colonels Lieutenans Colo .
nels et Majors de chaque Régiment , prouvées
par un état des Capitaines d'année en année
jusqu'au tems qu'ils porterent le nom de Province.
,
.?
N on
JUILLET. 1733. 1597
Non - seulement plusieurs Manuscrits de la
Bibliotheque du Koi m'ont été communiqués ,
mais encore ceux des Particuliers qui me les ont
confiés genereusement. J'ai eu nombre de confêrences
avec les Officiers les plus sçavans dans
ce genre , qui s'interessent à mon Ouvrage , et
qui m'ont envoyé de bons et amples Mémoires :
enfin je n'ai épargné , je le répete , ni peines ,
ni dépenses pour satisfaire le Public ; et comme
cet Ouvrage comprend une matiere infinie , je
ferai toutes les diligences possibles pour ne pas
tomber en défaut , et tenir parole aux Souscripteurs.
Ce n'est point ici une Histoire remplie de
fastueux Evenemens, qui jettent un Lecteur dans
l'anthousiasme , ni hérissée d'épisodes empou
lées qui captivent l'oreille sans nourrir la Science
, et sans toucher le coeur.
C'est un Journal Historique et instructif de
tous les Corps Militaires ; ce sont des descriptions
sinceres des belles actions qu'ils ont faites
depuis leur origine jusqu'à présent ; c'est une
Liste Chronologique de tous les Officiers qui
les ' ont commandés , c'est un sujet nouveau et
varié des plus beaux faits de l'Histoire, Chaque
Officier s'y verra placé dans son rang avec ses
actions héroïques : toutes les familjes y trouveront
leurs Ancêtres avec des avantages qui leur
feront honneur ; ce qu'elles ont ignoré jusqu'à
présent.
Les plus remarquables Evenemens de l'Histoire
de France , depuis Charles IX . jusqu'à la
mort de Louis XIV . seront placez avec un ordre
et des circonstances qui feront d'autant plus
de plaisir , qu'on sçait qu'un habile Ecrivain ne
donne pour l'ordinaire qu'une idée génerale de
toute
1598 MERCURE DE FRANCE
toutes ces choses ; parce qu'un détail circónstancié
et profond , causeroit de la sécheresse à
son Histoire , et interromproit le fil de sa narration
: en effet , il arrive souvent qu'en lisant
les Historiens on n'acquiert qu'une connoissance
confuse ; c'est pourquoi un Lecteur curieux a
besoin , pour s'instruire à fond , qu'un Auteur
n'omette aucun des faits et des actions éclatantes
qui sont arrivées dans chaque tems ; c'est ce
qu'on trouvera dans cet Abregé Chronologique,
Historique , &c, que je promets ici , et qui va
paroître incessamment , puisqu'il renferme tous.
les faits qui regardent la Guerre depuis Charles
IX. les Batailles , les Sieges et les Combats.
particuliers que les Troupes du Roi ont soutenus
une origine de chaque Corps , qu'aucun Ecrivain
n'a pu débrouiller jusqu'à présent , et bien différente
de l'époque où plusieurs l'ont fixée ; enfin
une Chronologie des Mestres de Camp , Colonels
, Lieutenans-Colonels et Majors , depuis
l'Institution de leurs Regimens , avec des Mémoires
pour servir à leur Histoire , et éterniser
leurs noms.
Pour bien connoître cet Ouvrage , il est bon
d'en donner ' ici une idée distincte , afin que le
Public puisse voir par lui- même son utilité et
les fruits qu'il pourra produire.
Il sera divisé en trois parties , dont chacune
comprendra plusieurs volumes.
La premiere partie qui sera subdivisée en
trois Tomes in- quarto , d'environ 600 pages
chacun , renfermera toute la Maison du Roi.
1
La seconde partie , les six vieux Corps , les
petits vieux Corps , et tous les autres Regimens.
selon leur rang , reglé par Louis XI V. en
1666 .
La
SONJUILLET. 1733. 1599
La troisiéme partie , la Cavalerie et tous les
Corps de Dragons existans.
*
Le premier Tome, de la Maison du Roi, traitera
des quatre Compagnies des Gardes du Corps,
des Grenadiers à Cheval , et des Gendarmes de
la Garde
Le second , des Chevaux Legers de la Garde ,
des deux Compagnies des Mousquetaires du Roi,
ét de toute la Gendarmerie.
Le troisiéme , des Gardes Françoises et des
Gardes Suisses.
On verra dans le premier :
1. L'Origine et l'Institution des quatre Com
pagnies des Gardes du Corps , débrouillées et
Axées à une époque plus fidele que celle d'aucun
Ecrivain, appuyées de preaves certaines et palpa
bles , tirées de la Chambre des Comptes.
2
II. La Chronologie des Capitaines des Gardes
Ecossoises , des Lieutenans et Enseignes
avec la date de leurs Commissions , tirée de la
Chambre des Comptes , et accompagnée de
Mémoires pour servir à leur Histoire , excepté
qu'on ne parle des actions des Lieutenans et
Enseignes que depuis que Louis XIV . les cût mis
sur le pied de Compagnie d'Ordonnance.
III. La Chronologie des Capitaines , Lieutenans
et Enseignes de la premiere Compagnie
des Gardes du Corps Françoises , précedée de
son Institution.
IV. La Chronologie des Capitaines , Lieutenans
et Enseignes de la Compagnie de Bethune ,
nommée Graville à son origine , précedée de son
Institution.
V. La Chronologie des Capitaines , Lieutenans
et Enseignes de la Compagnie d'Harcourt,
appellée d'Etrée à son origine , précedée de son
Insti
1600 MERCURE DE FRANCE
Institution , le tout verifié à la Chambre des
Comptes.
Les Eloges que je donne à tous les Officiers ,
sont sinceres , sans flatterie , tantôt étendus , tantôt
courts , riches ou stériles , selon le mérite et
les actions de chacun , tels qu'ils sont parvenus
à ma connoissance.
VI . Un Journal Historique desdites quatre,
Compagnies des Gardes du Corps depuis qu'elles,
ont été établies en Compagnie d'Ordonnance par
Louis XIV . avec ce qu'elles ont fait , tant aux
Sieges qu'aux Batailles sous les Regnes de Louis
XI . Charles VIII. Louis XII . François I. Henry
IV. et Louis XIII.
VI L'Institution des Grenadiers à Cheval
un Journal Historique de leurs actions , une
Chronologie des Capitaines , avec des Memoires
pour servir à leur Histoire.
VIII. L'Origine et l'Institution de la Compagnie
des Gendarmes de la Garde , leurs changemens
, leurs Privileges , &c . accompagnée d'un
Journal Historique depuis leur création , et d'une
Chronologie des Capitaines , Lieutenans , Enseignes
et Guidons avec des monumens pour
servir à l'Histoire de tous ces Officiers,
Ce premier Volume sera enrichi de dix - huit
Vignettes en Tailles- douces , gravûre de Paris ,
et de près de 800. Armes de la même gravûre .
La premiere qui sera à la tête de l'Institution
quatre Compagnies des Gardes du Corps ,
représentera leurs Attributs et leur devise qui est,
Nec pluribus impar.
des
La seconde , placée à la tête du Journal Histo
rique de ces Compagnies , fera voir leur passage
du Rhin en présence de Louis XIV .
La troisième , posé à la tête de la Chronologie
des
JUILLET. 1733. 1601
des Capitaines des Gardes Ecossoises , représen
tera la sortie des Liegeois de leur Ville par la
breche,pour attaquer la Maison de Louis XI . et
celle du Duc de Bourgogue , qui formoient le
Siege de Liege en 1468 .
La quatrième , posée à la tête de la Chronologie
de la premiere Compagnie des Gardes da
Corps Françoises , sera la Bataille de Fornoire
o Claude de la Châtre , Capitaine de ladite
Compagnie , assistoit Charles VIII . de ses conseils
et de sa valeur .
La cinquième, à la tête des Capitaines de la Compagnie
de Bethune , autrefois Graville , représentera
la Bataille de Ravenne , où cette Compagnie,
appellée pour lors de Crussol , combattit aves
beauconp de valeur en 1512. sous Gaston de Foix,
commandant l'Armée de Louis XII .
La sixième , à la tête de la Compagnie d'Harcour
, à son origine d'Etrées , la Marche du Roy
Charles IX. accompagné de ses Archers de la
Garde , dans le Bataillon quarré des Suisses , escortant
toute la Cour depuis Meaux jusqu'à Paris
, lorsque le Prince de Condé et l'Amiral de
Coligni vinrent attaquer ce Bataillon pour enle
ver le Roy.
Les autres Vignettes des Gardes du Corps , représenteront
toutes les Batailles et Sieges où ils
ont eu quelque part .
Il y aura deux Vignettes pour les Grenadiers
à Cheval.
La premiere, fera voir leurs attributs avec la devise
Undique Terror , undique lethum.
La seconde , l'Assaut donné au Pâté de Valeneiennes,
par où ils entrerent dans la Ville avec les
Mousquetaires du Roy.
Les cinq Vignettes pour les Gendarmes de la
Garde , seront :
1602 MERCURE DE FRANCE
La premiere , les attributs et la devise : Quojabet
iratus Jupiter : elle sera placée à la tête de leur
Institution .
La seconde , mise au commencement du Journal
Historique , sera l'Assaut qu'ils donnerent à
$. Antonin en 1622. pied à terre.
La troisiéme , le Combat de Veillane , et les
deux auttes , la défaite de quatre mille Chevaux
ennemis , dans la marche du Cardinal de la Valette
, de Mayence à Metz en 1635. et celle des
Parisiens au secours de S. Denis en 1652.
Le second Tome contiendra la Compagnie des
Chevaux- Legers de la Garde , les deux Compagnies
des Mousquetaires et la Gendarmerie .
I. Leur Institution , leurs changemens , Privileges
&c.
II. Un Journal Historique depuis leur origine
jusqu'à présent.
III. Une Chronologie de tous les Capitaines-
Lieutenans , Sous- Lieutenans , Enseignes et Cornettes
, avec des instructions pour servir à leur
Histoire , comme aux Gardes du Corps et Gendarmes
, &c. du premier Volume.
IV. L'Institution des Gendarmes Ecossois ,
Anglois , Bourguignons et Flamans.
V. Celle des Gendarmes et Chevaux . Legers
de la Reine , du Dauphin , de Bretagne , d'Anjou
, de Berri et d'Orleans.
Le second Tome sera pareillement enrichi de
17. Vignettes , qui représenteront les attributs ,
les devises de ces Corps et toutes les actions importantes
où ils se sont trouvez , et d'environ
300. Armes de même gravure qu'au premier
Tome .
Enfin le troisiéme renfermera les Gardes Françoises
et Suisses.
I.
JUILLET. 1733 . 1603
1. Le Journal Historique des Gardes Françoires
, précedé de leur Institution.
II. La Chronologie de tous les Mestres de
Camp , Colonels , Lieutenans- Colonels , Majors
et Capitaines parvenus aux dignitez de Maréchaux
de France , Lieutenans Generaux , Maréchaux
de Camp et Brigadiers , avec des remar
ques pour servir à l'Histoire de tous.
III. Une autre Chronologie de tous les Capitaines
qui ont succedé aux XXXIII . Compagnies
depuis leur origine , avec quelques instruc
tions pour servir à leur Histoire .
IV. Une Liste de tous les Officiers qui ont été
taez au service du Roy , accompagnée d'un état
de tous les Officiers du Régiment existans au premier
de Janvier 1732.
V. L'Institution du Régiment des Gardes Suisses,
&e son Journal Historique , avec une Chronologie
des Colonels et Lieutenans - Colonels ,
passant sous silence celle des Majors et des Capi-,
taines qui se sont succedez les uns aux autres depuis
leur création jusqu'aujourd'hui , n'en ayant,
point une connoissance assez exacte.
Ce Volume est encore enrichi de ncuf Vignettes
et de 120. Armes.
Les Armoiries des Officiers seront placées à la.
tête de leur Chronologie.
mes ,
Je ne donne point ici le détail des autres Volume
réservant à le faire sitôt que je sçaurai
que mes trois premiers Tomes auront été favorablement
reçûs du public.
La bonne opinion que j'ai de la Nation Fran-`
çoise , ne me permet pas de douter du succès de
ces trois premiers Tomes , qui renferment la
Maison du Roy ; et je me flate que les Officiers
qui commandent ces illustres Corps , se donneront
1601 MERCURE DE FRANCE
ront les mouvemens nécessaires pour que cer
Ouvrage , qui sera d'une très- grande dépense ,
mais d'une avantageuse utilité , puisse être porté
à sa perfection , en souscrivant pour le premier
Volume.
==
Conditions proposées aux Souscripteurs.
I. Le temps limité pour les Souscriptions , se
ra jusqu'au dernier de Juillet 1733 .
II. On tirera fort peu d'Exemplaires au - delà
du nombre des Souscriptions , ou peut- être point
du tout.
III. Les Souscripteurs payeront en souscrivant
cinq florins argent d'Hollande , A. 5.
Dont restera à payer cinq florins argent
de Hollande , en leur délivrant le
premier Volume , qui sera sans nut retard
, à la fin de cette présente année ,
Cinq florins argent d'Hollande, en leur
délivrant le second Volume ,
Et cinq forins argent d'Hollande , en
délivrant le troisiéme
A. S
A. 5.
A.
Total. A. 20.
Ceux qui n'auront pas souscrit , payeront 30.
forins de Hollande pour les trois Volumes , qui
seront de la même impression , du même caractere
, papier et format que le Programme .
On pourra souscrire : à Paris , chez Bauche , Libraire
du Roy de Portugal , sur le Quay des Augustins
, du côté du Pont- Neuf , à S. Jean le
Desert.
A Lisle, chez Maton, Libraire sur la petite Place.
A Liege, chez Evrand Kints , Libraire et Imprimeur
, en Souverain -Pont , à la nouvelle Imprimerie
A
JUILLET. 1733. 1605
A Amsterdam , chez Changuion, Libraire dans
la Calver - Straet.
A la Haye , chez Scheurleer , Libraire.
Et chez les principaux Libraires des Pays Etran
gers.
mais comme
Le temps limité pour les Souscriptions étoit , com
on voit , jusqu'au dernier de Juillet ;
le public n'a pu être informé de cette circonstance
aussi-tôt qu'on se l'étoit proposé, etpour ôter tout sujet
de plainte , on avertit qu'on a prorogé ce terme
d'un mois , et qu'on pourra souscrire jusqu'au dernier
d'Aoút.
de l'Origine , du Progrès et de l'état actuel de
toutes les Troupes de France. Far M. le P. ***
N. ***. Ouvrage enrichi de Vignettes en Tailles
douces , Gravure de Paris qui représentent
tous les Siéges , Attaques et Combats particuliers
où ces Corps se sont trouvés , &c. Proposé
par souscription. C'est le titre d'un Prospectus.
nouvellement publié , dont la matiere nous a
paruë si curieuse et si interessante pour toute la
Nation , que nous croyons faire plaisir au plus
grand nombre de nos Lecteurs , de le rapporter
ici en son entier.
L'Etude , dit l'Auteur , a quelque chose de si
engageant , qu'il est presqu'impossible de ne pas
se laisser entraîner aux recherches les plus curieuses
et les plus utiles , pour peu qu'on ait de
délicatesse et de goût. Très- scrupuleux sur le
point d'honneur , et bien instruir qu'il faut des
talens
JUILLET. 1732. 1595
talens extraordinaires pour devenir Auteur , je
veux dire , Auteur estimé , je n'aurois jamais
pensé à me donner ce titre , si mes amis ne
m'y eussent forcé ; de sorte qu'une étude faite
par amusement devient aujourd'hui une affaire
très- sérieuse , ayant été, entraîné uniquement
par l'honnête complaisance que je dois à des personnes
du premier mérite , et à qui il a fallu
déferer.
Le Lecteur connoîtra aisément qu'un Ouvra
ge de la conséquence de celui-ci , n'a été mis au
jour qu'après de profondes lectures , de grands
travaux , beaucoup de corrections et de recherches
presqu'infinies : trop persuadé qu'il est dif
ficile de plaire à tout le monde , et de se garantir
de la juste censure des Sçavans du premier
ordre , je n'ai épargné ni peines , ni dépenses
pour m'attirer leur bienveillance,et meriter leur
approbation ..
L'entreprise est pénible , il est vrai , cependant
ayant fait de grandes découvertes , et tiré de
f'oubli un nombre de faits importans , j'espere
réussir dans un projet qui a été , je me flate
trop mûrement concerté pour ne pas produire
des effets très- utiles.
Aucun Auteur jusqu'à présent n'a osé entreprendre
de donner un Journal Historique de tous
les Régimens de France : un Sçavant très-estimé
et qui passe , avec justice , pour un homme consommé
dans la Litterature ( c'est le Pere Daniel Y
ne fait aucune difficulté d'avouer qu'il en a eu
le dessein , mais qu'il n'a pu l'entreprendre , va
le peu de clarté qu'il avoit trouvé dans l'Histoire
de tous les Corps , et le parfait oubli qu'on
avoit fait des Officiers qui les avoient commandés;
de sorte qu'on pouvoit à peine s'instruiré
1
SUE
1596 MERCURE DE FRANCE
sur ce qui s'étoit passé de leur tems ; ce qui l'avoit
entierement rebuté aussi se récrie - t- il , avec
justice , contre une négligence si blâmable , qui
ensevelit dans une éternelle obscurité tant de
faits Historiques , dont le souvenir leur devroit
être si cher et si précieux J'avoue que les plaintes
de ce Pere sur cette indolence ne sont pas
sans fondement et sans quelques raisons : mais
c'est justement ce cahos et ces difficultez qui ont
excité mon amour propre à ne rien négliger
pour venir à bout de débrouiller une matiere
qui a tant embarassé les Sçavans.
>
Tout- à- fait enveloppé dans mon étude , mes
recherches continuelles m'ont donné l'esperance
de parvenir à mes fins , malgré le peu d'éxactitude
d'un grand nombre d'Ecrivains , qui me
rendoient chaque jour cette matiere plus difficile
il a fallu pour m'éclaircir entierement
feuilleter de grandes Bibliotheques ; j'ai entrepris
dans ce dessein plusieurs voïages à Paris ,
où j'ai consulté avec un travail sans relâche les
plus célebres Ecrivains de l'Histoire , pour connoître
par moi- même tous les Mémoires du
tems : j'ai employé tout mon crédit pour
avoir de l'appui et un accès libre par tout ou
j'ai crû trouver de quoi m'instruire à fond ; j'ai
Jû tous les Registres des Extraordinaires des
Guerres dans la Chambre des Comptes , afin
de connoître parfaitement l'origine de tous les
Corps , ayant dessein de donner une Chronologie
et une filiation exacte de tous les Mestres
de Camp , Colonels Lieutenans Colo .
nels et Majors de chaque Régiment , prouvées
par un état des Capitaines d'année en année
jusqu'au tems qu'ils porterent le nom de Province.
,
.?
N on
JUILLET. 1733. 1597
Non - seulement plusieurs Manuscrits de la
Bibliotheque du Koi m'ont été communiqués ,
mais encore ceux des Particuliers qui me les ont
confiés genereusement. J'ai eu nombre de confêrences
avec les Officiers les plus sçavans dans
ce genre , qui s'interessent à mon Ouvrage , et
qui m'ont envoyé de bons et amples Mémoires :
enfin je n'ai épargné , je le répete , ni peines ,
ni dépenses pour satisfaire le Public ; et comme
cet Ouvrage comprend une matiere infinie , je
ferai toutes les diligences possibles pour ne pas
tomber en défaut , et tenir parole aux Souscripteurs.
Ce n'est point ici une Histoire remplie de
fastueux Evenemens, qui jettent un Lecteur dans
l'anthousiasme , ni hérissée d'épisodes empou
lées qui captivent l'oreille sans nourrir la Science
, et sans toucher le coeur.
C'est un Journal Historique et instructif de
tous les Corps Militaires ; ce sont des descriptions
sinceres des belles actions qu'ils ont faites
depuis leur origine jusqu'à présent ; c'est une
Liste Chronologique de tous les Officiers qui
les ' ont commandés , c'est un sujet nouveau et
varié des plus beaux faits de l'Histoire, Chaque
Officier s'y verra placé dans son rang avec ses
actions héroïques : toutes les familjes y trouveront
leurs Ancêtres avec des avantages qui leur
feront honneur ; ce qu'elles ont ignoré jusqu'à
présent.
Les plus remarquables Evenemens de l'Histoire
de France , depuis Charles IX . jusqu'à la
mort de Louis XIV . seront placez avec un ordre
et des circonstances qui feront d'autant plus
de plaisir , qu'on sçait qu'un habile Ecrivain ne
donne pour l'ordinaire qu'une idée génerale de
toute
1598 MERCURE DE FRANCE
toutes ces choses ; parce qu'un détail circónstancié
et profond , causeroit de la sécheresse à
son Histoire , et interromproit le fil de sa narration
: en effet , il arrive souvent qu'en lisant
les Historiens on n'acquiert qu'une connoissance
confuse ; c'est pourquoi un Lecteur curieux a
besoin , pour s'instruire à fond , qu'un Auteur
n'omette aucun des faits et des actions éclatantes
qui sont arrivées dans chaque tems ; c'est ce
qu'on trouvera dans cet Abregé Chronologique,
Historique , &c, que je promets ici , et qui va
paroître incessamment , puisqu'il renferme tous.
les faits qui regardent la Guerre depuis Charles
IX. les Batailles , les Sieges et les Combats.
particuliers que les Troupes du Roi ont soutenus
une origine de chaque Corps , qu'aucun Ecrivain
n'a pu débrouiller jusqu'à présent , et bien différente
de l'époque où plusieurs l'ont fixée ; enfin
une Chronologie des Mestres de Camp , Colonels
, Lieutenans-Colonels et Majors , depuis
l'Institution de leurs Regimens , avec des Mémoires
pour servir à leur Histoire , et éterniser
leurs noms.
Pour bien connoître cet Ouvrage , il est bon
d'en donner ' ici une idée distincte , afin que le
Public puisse voir par lui- même son utilité et
les fruits qu'il pourra produire.
Il sera divisé en trois parties , dont chacune
comprendra plusieurs volumes.
La premiere partie qui sera subdivisée en
trois Tomes in- quarto , d'environ 600 pages
chacun , renfermera toute la Maison du Roi.
1
La seconde partie , les six vieux Corps , les
petits vieux Corps , et tous les autres Regimens.
selon leur rang , reglé par Louis XI V. en
1666 .
La
SONJUILLET. 1733. 1599
La troisiéme partie , la Cavalerie et tous les
Corps de Dragons existans.
*
Le premier Tome, de la Maison du Roi, traitera
des quatre Compagnies des Gardes du Corps,
des Grenadiers à Cheval , et des Gendarmes de
la Garde
Le second , des Chevaux Legers de la Garde ,
des deux Compagnies des Mousquetaires du Roi,
ét de toute la Gendarmerie.
Le troisiéme , des Gardes Françoises et des
Gardes Suisses.
On verra dans le premier :
1. L'Origine et l'Institution des quatre Com
pagnies des Gardes du Corps , débrouillées et
Axées à une époque plus fidele que celle d'aucun
Ecrivain, appuyées de preaves certaines et palpa
bles , tirées de la Chambre des Comptes.
2
II. La Chronologie des Capitaines des Gardes
Ecossoises , des Lieutenans et Enseignes
avec la date de leurs Commissions , tirée de la
Chambre des Comptes , et accompagnée de
Mémoires pour servir à leur Histoire , excepté
qu'on ne parle des actions des Lieutenans et
Enseignes que depuis que Louis XIV . les cût mis
sur le pied de Compagnie d'Ordonnance.
III. La Chronologie des Capitaines , Lieutenans
et Enseignes de la premiere Compagnie
des Gardes du Corps Françoises , précedée de
son Institution.
IV. La Chronologie des Capitaines , Lieutenans
et Enseignes de la Compagnie de Bethune ,
nommée Graville à son origine , précedée de son
Institution.
V. La Chronologie des Capitaines , Lieutenans
et Enseignes de la Compagnie d'Harcourt,
appellée d'Etrée à son origine , précedée de son
Insti
1600 MERCURE DE FRANCE
Institution , le tout verifié à la Chambre des
Comptes.
Les Eloges que je donne à tous les Officiers ,
sont sinceres , sans flatterie , tantôt étendus , tantôt
courts , riches ou stériles , selon le mérite et
les actions de chacun , tels qu'ils sont parvenus
à ma connoissance.
VI . Un Journal Historique desdites quatre,
Compagnies des Gardes du Corps depuis qu'elles,
ont été établies en Compagnie d'Ordonnance par
Louis XIV . avec ce qu'elles ont fait , tant aux
Sieges qu'aux Batailles sous les Regnes de Louis
XI . Charles VIII. Louis XII . François I. Henry
IV. et Louis XIII.
VI L'Institution des Grenadiers à Cheval
un Journal Historique de leurs actions , une
Chronologie des Capitaines , avec des Memoires
pour servir à leur Histoire.
VIII. L'Origine et l'Institution de la Compagnie
des Gendarmes de la Garde , leurs changemens
, leurs Privileges , &c . accompagnée d'un
Journal Historique depuis leur création , et d'une
Chronologie des Capitaines , Lieutenans , Enseignes
et Guidons avec des monumens pour
servir à l'Histoire de tous ces Officiers,
Ce premier Volume sera enrichi de dix - huit
Vignettes en Tailles- douces , gravûre de Paris ,
et de près de 800. Armes de la même gravûre .
La premiere qui sera à la tête de l'Institution
quatre Compagnies des Gardes du Corps ,
représentera leurs Attributs et leur devise qui est,
Nec pluribus impar.
des
La seconde , placée à la tête du Journal Histo
rique de ces Compagnies , fera voir leur passage
du Rhin en présence de Louis XIV .
La troisième , posé à la tête de la Chronologie
des
JUILLET. 1733. 1601
des Capitaines des Gardes Ecossoises , représen
tera la sortie des Liegeois de leur Ville par la
breche,pour attaquer la Maison de Louis XI . et
celle du Duc de Bourgogue , qui formoient le
Siege de Liege en 1468 .
La quatrième , posée à la tête de la Chronologie
de la premiere Compagnie des Gardes da
Corps Françoises , sera la Bataille de Fornoire
o Claude de la Châtre , Capitaine de ladite
Compagnie , assistoit Charles VIII . de ses conseils
et de sa valeur .
La cinquième, à la tête des Capitaines de la Compagnie
de Bethune , autrefois Graville , représentera
la Bataille de Ravenne , où cette Compagnie,
appellée pour lors de Crussol , combattit aves
beauconp de valeur en 1512. sous Gaston de Foix,
commandant l'Armée de Louis XII .
La sixième , à la tête de la Compagnie d'Harcour
, à son origine d'Etrées , la Marche du Roy
Charles IX. accompagné de ses Archers de la
Garde , dans le Bataillon quarré des Suisses , escortant
toute la Cour depuis Meaux jusqu'à Paris
, lorsque le Prince de Condé et l'Amiral de
Coligni vinrent attaquer ce Bataillon pour enle
ver le Roy.
Les autres Vignettes des Gardes du Corps , représenteront
toutes les Batailles et Sieges où ils
ont eu quelque part .
Il y aura deux Vignettes pour les Grenadiers
à Cheval.
La premiere, fera voir leurs attributs avec la devise
Undique Terror , undique lethum.
La seconde , l'Assaut donné au Pâté de Valeneiennes,
par où ils entrerent dans la Ville avec les
Mousquetaires du Roy.
Les cinq Vignettes pour les Gendarmes de la
Garde , seront :
1602 MERCURE DE FRANCE
La premiere , les attributs et la devise : Quojabet
iratus Jupiter : elle sera placée à la tête de leur
Institution .
La seconde , mise au commencement du Journal
Historique , sera l'Assaut qu'ils donnerent à
$. Antonin en 1622. pied à terre.
La troisiéme , le Combat de Veillane , et les
deux auttes , la défaite de quatre mille Chevaux
ennemis , dans la marche du Cardinal de la Valette
, de Mayence à Metz en 1635. et celle des
Parisiens au secours de S. Denis en 1652.
Le second Tome contiendra la Compagnie des
Chevaux- Legers de la Garde , les deux Compagnies
des Mousquetaires et la Gendarmerie .
I. Leur Institution , leurs changemens , Privileges
&c.
II. Un Journal Historique depuis leur origine
jusqu'à présent.
III. Une Chronologie de tous les Capitaines-
Lieutenans , Sous- Lieutenans , Enseignes et Cornettes
, avec des instructions pour servir à leur
Histoire , comme aux Gardes du Corps et Gendarmes
, &c. du premier Volume.
IV. L'Institution des Gendarmes Ecossois ,
Anglois , Bourguignons et Flamans.
V. Celle des Gendarmes et Chevaux . Legers
de la Reine , du Dauphin , de Bretagne , d'Anjou
, de Berri et d'Orleans.
Le second Tome sera pareillement enrichi de
17. Vignettes , qui représenteront les attributs ,
les devises de ces Corps et toutes les actions importantes
où ils se sont trouvez , et d'environ
300. Armes de même gravure qu'au premier
Tome .
Enfin le troisiéme renfermera les Gardes Françoises
et Suisses.
I.
JUILLET. 1733 . 1603
1. Le Journal Historique des Gardes Françoires
, précedé de leur Institution.
II. La Chronologie de tous les Mestres de
Camp , Colonels , Lieutenans- Colonels , Majors
et Capitaines parvenus aux dignitez de Maréchaux
de France , Lieutenans Generaux , Maréchaux
de Camp et Brigadiers , avec des remar
ques pour servir à l'Histoire de tous.
III. Une autre Chronologie de tous les Capitaines
qui ont succedé aux XXXIII . Compagnies
depuis leur origine , avec quelques instruc
tions pour servir à leur Histoire .
IV. Une Liste de tous les Officiers qui ont été
taez au service du Roy , accompagnée d'un état
de tous les Officiers du Régiment existans au premier
de Janvier 1732.
V. L'Institution du Régiment des Gardes Suisses,
&e son Journal Historique , avec une Chronologie
des Colonels et Lieutenans - Colonels ,
passant sous silence celle des Majors et des Capi-,
taines qui se sont succedez les uns aux autres depuis
leur création jusqu'aujourd'hui , n'en ayant,
point une connoissance assez exacte.
Ce Volume est encore enrichi de ncuf Vignettes
et de 120. Armes.
Les Armoiries des Officiers seront placées à la.
tête de leur Chronologie.
mes ,
Je ne donne point ici le détail des autres Volume
réservant à le faire sitôt que je sçaurai
que mes trois premiers Tomes auront été favorablement
reçûs du public.
La bonne opinion que j'ai de la Nation Fran-`
çoise , ne me permet pas de douter du succès de
ces trois premiers Tomes , qui renferment la
Maison du Roy ; et je me flate que les Officiers
qui commandent ces illustres Corps , se donneront
1601 MERCURE DE FRANCE
ront les mouvemens nécessaires pour que cer
Ouvrage , qui sera d'une très- grande dépense ,
mais d'une avantageuse utilité , puisse être porté
à sa perfection , en souscrivant pour le premier
Volume.
==
Conditions proposées aux Souscripteurs.
I. Le temps limité pour les Souscriptions , se
ra jusqu'au dernier de Juillet 1733 .
II. On tirera fort peu d'Exemplaires au - delà
du nombre des Souscriptions , ou peut- être point
du tout.
III. Les Souscripteurs payeront en souscrivant
cinq florins argent d'Hollande , A. 5.
Dont restera à payer cinq florins argent
de Hollande , en leur délivrant le
premier Volume , qui sera sans nut retard
, à la fin de cette présente année ,
Cinq florins argent d'Hollande, en leur
délivrant le second Volume ,
Et cinq forins argent d'Hollande , en
délivrant le troisiéme
A. S
A. 5.
A.
Total. A. 20.
Ceux qui n'auront pas souscrit , payeront 30.
forins de Hollande pour les trois Volumes , qui
seront de la même impression , du même caractere
, papier et format que le Programme .
On pourra souscrire : à Paris , chez Bauche , Libraire
du Roy de Portugal , sur le Quay des Augustins
, du côté du Pont- Neuf , à S. Jean le
Desert.
A Lisle, chez Maton, Libraire sur la petite Place.
A Liege, chez Evrand Kints , Libraire et Imprimeur
, en Souverain -Pont , à la nouvelle Imprimerie
A
JUILLET. 1733. 1605
A Amsterdam , chez Changuion, Libraire dans
la Calver - Straet.
A la Haye , chez Scheurleer , Libraire.
Et chez les principaux Libraires des Pays Etran
gers.
mais comme
Le temps limité pour les Souscriptions étoit , com
on voit , jusqu'au dernier de Juillet ;
le public n'a pu être informé de cette circonstance
aussi-tôt qu'on se l'étoit proposé, etpour ôter tout sujet
de plainte , on avertit qu'on a prorogé ce terme
d'un mois , et qu'on pourra souscrire jusqu'au dernier
d'Aoút.
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Résumé : Abregé Chronologique et Historique de l'Origine et du Progrès des Troupes de France, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Abrégé Chronologique et Historique de l'Origine, du Progrès et de l'état actuel de toutes les Troupes de France' est un prospectus publié en juillet 1732. L'auteur, encouragé par ses amis, a réalisé une recherche approfondie sur les troupes françaises, motivé par l'amour du détail et le désir de combler les lacunes historiques. Il reconnaît la difficulté de satisfaire toutes les critiques mais espère réussir grâce à ses découvertes et à la résolution des oublis historiques. L'auteur souligne que jusqu'alors, aucun historien n'avait compilé un journal historique complet des régiments français. Le Père Daniel, bien qu'ayant perçu l'importance de ce projet, n'avait pu le réaliser en raison du manque de clarté et de l'oubli des officiers. Stimulé par ces défis, l'auteur a entrepris des recherches exhaustives, consulté de nombreuses bibliothèques et archives, et recueilli des mémoires et des témoignages d'officiers savants. L'ouvrage est structuré en trois parties, chacune comprenant plusieurs volumes. La première partie traite de la Maison du Roi, la seconde des vieux corps et des régiments, et la troisième de la cavalerie et des dragons. Le premier tome de la Maison du Roi inclut des détails sur les Gardes du Corps, les Grenadiers à Cheval, et les Gendarmes de la Garde, avec des chronologies des officiers, des journaux historiques de leurs actions, et des vignettes illustrant leurs exploits. Le document présente également une série de volumes historiques dédiés aux différentes unités militaires françaises et étrangères au service du roi. Le premier tome traite des Gendarmes Ecossois, Anglois, Bourguignons et Flamans, ainsi que des Gendarmes et Chevaux Légers de la Reine, du Dauphin, de Bretagne, d'Anjou, de Berri et d'Orléans. Il inclut 17 vignettes représentant les attributs et devises de ces corps, ainsi que 300 armoiries. Le deuxième tome se concentrera sur les Gardes Françoises et Suisses. Le troisième tome contiendra des informations sur les Gardes Françoises et Suisses, avec des chronologies des officiers et des remarques historiques. Chaque volume est enrichi de vignettes et d'armoiries. Les souscriptions pour ces volumes sont ouvertes jusqu'au 31 août 1733, avec un coût total de 20 florins pour les trois tomes. Les souscripteurs peuvent payer en plusieurs fois, tandis que ceux qui n'auront pas souscrit paieront 30 florins. Les souscriptions peuvent être faites auprès de plusieurs libraires à Paris, Lille, Liège, Amsterdam et La Haye.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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80
p. 1622-1623
Orien Christianus du P. le Quien, &c. [titre d'après la table]
Début :
En parlant du R. P. le Quien dans le Mercure du mois de Mai dernier, nous avons oublié de [...]
Mots clefs :
Mort, Histoire, Boulogne-sur-Mer, Foncemagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Orien Christianus du P. le Quien, &c. [titre d'après la table]
En parlant du R.P. le Quien dans le Mercure
du mois de Mai dernier , nous avons oublié de
rapporter une circonstance de sa mort qui mérite
de trouver ici sa place .
Ce
JUILLET. 1733. 1613
Ce Pere travailloit depuis quelques années à
une Histoire de la Ville de Boulogne sur mer
sa patrie , dans les intervalles que lui laissoit son
grand Ouvrage de l'Oriens Christianus. La veille
de sa mort il demanda à ses Superieurs la permission
de disposer de cette portion de son héritage
, et l'ayant obtenue , il les pria de donner
son Manuscrit à M, de Foncemagne, comme
le dernier gage de son amitié Les K. P. Dominicains
ont fidelement éxecuté cette disposition
du Mourant. L'Histoire de Boulogne fut portée
dès le lendemain de sa mort chez M. de Foncemagne
, de, qui nous sçavons qu'elle n'est pas
encore ,.et ne pourra être si- tôt en état de voir
jour.
du mois de Mai dernier , nous avons oublié de
rapporter une circonstance de sa mort qui mérite
de trouver ici sa place .
Ce
JUILLET. 1733. 1613
Ce Pere travailloit depuis quelques années à
une Histoire de la Ville de Boulogne sur mer
sa patrie , dans les intervalles que lui laissoit son
grand Ouvrage de l'Oriens Christianus. La veille
de sa mort il demanda à ses Superieurs la permission
de disposer de cette portion de son héritage
, et l'ayant obtenue , il les pria de donner
son Manuscrit à M, de Foncemagne, comme
le dernier gage de son amitié Les K. P. Dominicains
ont fidelement éxecuté cette disposition
du Mourant. L'Histoire de Boulogne fut portée
dès le lendemain de sa mort chez M. de Foncemagne
, de, qui nous sçavons qu'elle n'est pas
encore ,.et ne pourra être si- tôt en état de voir
jour.
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Résumé : Orien Christianus du P. le Quien, &c. [titre d'après la table]
Le texte mentionne l'oubli de la mort du R.P. le Quien dans le Mercure de mai 1733. Le 16 juillet 1733, il travaillait sur l'histoire de Boulogne-sur-Mer et l'Oriens Christianus. La veille de sa mort, il demanda à léguer son manuscrit à M. de Foncemagne. Les Dominicains respectèrent sa volonté, mais l'histoire de Boulogne n'est pas publiée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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81
p. 1803-1811
Histoire de Bourgogne generale et particuliere, [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE DE BOURGOGNE, GENERALE ET PARTICULIERE : Par D*** Religieux [...]
Mots clefs :
Histoire générale et particulière, Bourgogne, Congrégation de Saint-Maur, Royaume de Bourgogne, Ducs, Duché de Bourgogne, Comte, Rois, Histoire, Première race, Villes, Roi de France, Royaumes, Parlements, Alliances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire de Bourgogne generale et particuliere, [titre d'après la table]
Antoine de Fay , Imprimeur à Dijon ,
vient
804 MERCURE DE FRANCE
vient d'imprimer le Plan d'une Histoire
Générale de Bourgogne , dont voici le
précis.
HISTOIRE DE BOURGOGNE , GENERALI
ET PARTICULIERE : Par D *** Religieux
Benedictin,de la Congrégation de S. Maur.
- Elle est divisée en cinq Parties principales
. Dans la premiere , on examine l'antiquité
du nom de Bourguignon ; d'où sont
sortis les premiers Peuples , appellez
Bourguignons ; s'ils sont descendus des
Romains , ou verus des Vandales ; s'ils
étoient Huns , Gots ou Scithes , & c. s'il
faut admettre deux espéces de Bourguignons
, les uns Orientaux , les autres
Occidentaux ; puis on marque leur taille
, leur génie , leur caractére , leur Religion
, leurs moeurs , leur langage , leur
gouvernement, leur conversion à la Foy,
quels Païs ils occuperent d'abord; en quel
temps et par qui ils en furent chassez ;
quel fut le lieu où ils se retirerent après,
&c. On marque aussi par où ils sont entrez
dans les Gaules ; combien de temps
ils y ont été errans sans se fixer ; quelles
Provinces et quelles Villes ils y ont d'abord
occupées ; le temps , le lieu , et l'occasion
où ils s'y sont fixez , et y ont formé
leur Royaume.
Dans
AOUST. 1733. 1805
Dans la seconde , on rapporte les commencemens
de l'ancien Royaume de
Bourgogne , son étendue dans sa splendeur
et dans sa décadence. On résoud la
question , si ce Royaume perdit la moitié
de son étendue dans les Guerres de
Clovis , Roy de France , contre Gondebaud
, Roy de Bourgogne , ou s'il perdit
seulement cette portion de sa premiere
étenduë , qu'on a depuis appellée Bourgogne
inférieure , & c. On éclaircit une
autre question fort obscure , touchant le
nombre et le nom des Rois de Bourgogne
de la premiere Race , qui ont gouverné
cet ancien Royaume ; ensuite on
passe à une autre question qui partage les
Sçavans , sur les noms de Gondicaire et
de Gondioc , &c.
On décrit encore le Regne de chacun
de ces anciens Rois ; on marque leurs
actions , leurs Guerres , &c. et enfin leur
ruine par les Enfans de Clovis, qui après
avoir égorgé les uns et chassé les autres ,
devinrent maîtres et paisibles possesseurs
de tout le Royaume , &c. On montre ce
que le Royaume de Bourgogne a été sous
la domination de tous ces Rois François,
et ce que tous ces Rois ont fait dans le
Royaume de Bourgogne pendant plus de
350 ans , &c.
Dans
1806 MERCURE DE FRANCE
Dans la troisiéme , on traite des trois
Royaumes , formez des débris de l'ancien
Royaume de Bourgogne , c'est- à- dire, du
Royaume de Provence , de celui de la
Bourgogne Transjurane , et du Royaume
d'Arles. On résoud plusieurs questions
, touchant les Rois de ces différens
Royaumes; par exemple, si Lothaire doit
être mis au nombre des Rois de Proven
ce ; s'il y a eu plusieurs Rois de Provence
de sa lignée , &c . On entre ensuite dans
le détail de ce qui s'est fait sous les Rodolfes
, et sous Conrad , dans le Royaume
de la Bourgogne Transjurane ; sous
Conrad et ses successeurs dans le Royaume
d'Arles ; et on finit cette troisiéme
Partie , en montrant la ruïne de tous ces
Royaumes , et la division qui en a été
faite en plusieurs Provinces , Duchez es
Comtez , & c.
Dans la Quatrième, on comprend tout
le Duché de Bourgogne , le Païs, les Villes
principales , leur origine , leurs droits ,
leurs Monumens ; les Eglises matrices
leur fondation , &c . On marque le temps
que la Bourgogne inférieure a commencé
d'être un Duché héréditaire. On distingue
les Ducs qui l'ont possédé en deux
classes , dont l'une contient ceux qu'on
appelle de la premiere Race ; l'autre 3
ceux
AOUST. 17337 1807
ceux dits de la seconde Race. On parle
d'abord des Ducs de la premiere Race ;
on rapporte leurs alliances, leurs Enfans,
leurs partages , &c. on résoud ensuite 4
questions ; la premiere , si du temps de
ces premiers Ducs il y eût au Duché un
Parlement,des Etats généraux , une Chambre
des Comptes , &c. la seconde, si ces
premiers Ducs eurent comme les Ducs de
la seconde Race , des Connétables , des
Chanceliers , des Sénéchaux , &c. la troisiéme
, si après la mort de Philippe de
Rouvre , dernier Duc de la premiere
Race , le Duché de Bourgogne passa à
Jean , Roy de France , par droit de réversion
ou par droit de proximité et de
succession la quatrième , si ce même
Roy Jean remit avant sa mort , le Duché
au Prince Philippe , le quatriéme de
ses fils , connu dans l'Histoire sous le
nom de Philippe le Hardi .
Ensuite commence l'Histoire des quan
tre derniers Ducs par leurs alliances qui
ajoutérent au Royaume de Bourgogne
d'autres Duchez , des Comtez et des Seigneuries
considérables. Entre plusieurs
faits mémorables de ces Princes , on rapporte
leurs voyages et ceux de leurs Enfans
; notamment celui du Comte de Neyers
, fils de Philippe le Hardi , en Hon-
F grie
1858 MERCURE DE FRANCE
> grie , et sa prise par Bajazet , sa prison
&c. On marque l'institution de l'Ordre
des Chevaliers de la Toison d'Or , les
personnes qui ont été honorées du Colier
de cet Ordre , les Chapitres generaux,
&c.Enfin on rapporte la triste fin du dernier
de ces Ducs , les troubles qui la suivirent
, la réunion du Duché à la Couronne
de France , et les suites de cette
réünion , l'établissement d'un nouveau
Parlement , &c. On ajoute les anciens
Monumens du Duché , les Portraits des
derniers Ducs , leurs Sceaux , Devises ,
Epitaphes , & c.
Dans la cinquième et derniere Partie ,
on s'applique à donner une juste idée de
la Comté de Bourgogne , connue sous
le nom de Franche-Comté ; on marque
ses commencemens , son étenduë, ses Villes
principales , ses premieres Eglises ,
avec ce qu'elles ont de plus vénérable ;
les Princes qui l'ont possedée , leurs Alliances
, &c. On marque encore ses révolutions
, ses fréquens changemens de
Maître , étant tantôt soumise à l'Empereur,
tantôt au Roy de France, & c. l'ins
titution , l'autorité et le lieu des Parlemens
ambulatoires de la même Comté ,
sous les Ducs de Bourgogne , & c. l'institution
de ses Parlemens sédentaires
sous
A O UST. 1733. 1809
sous l'Empereur , et sous les Rois de
France et d'Espagne , &c.
Enfin , après avoir parlé de l'ancienne
et noble Confrairie de Saint George de
Rougemont , de son établissement , &c. "
on décrit l'état et le gouvernement de
cette Comté depuis la derniere Conquête
de Louis XIV. On joint à tout cela les.
anciens Monumens du Païs , les Portraits
des Comtes qui s'y sont conservez , &c .
-L'Auteur avertit que pour faire plai
sir aux Maisons et aux Familles , tant de
la Comté, que du Duché de Bourgogne ,
il tire des deux dernieres Parties de cette
Histoire , tous les Chevaliers , les Seigneurs
, les Officiers d'Epée , de Robe
et de Finances qui ont été de la Maison
des Ducs et des Comtes ; ceux qui les ont
accompagnez dans leurs Voyages et à
l'Armée ; ceux qui ont été de leur Conseil
, de leurs Parlemens , &c. ceux qui
ont été de l'Ordre de la Toison d'Or, ou
de la Confrairie de Rougemont ; à ceuxlà
qui étoient du temps des Ducs et des
Comtes , on joint ceux des deux Bourgognes
, qui leur ont succedé dans l'Epée,
dans la Robbe , &c. depuis la mort du
dernier Duc , jusqu'à nos jours , et de
tous ces Chevaliers , Seigneurs , &c. dont.
on peut avoir la connoissance. On en fait
Fij un
810 MERCURE DE FRANCE
an Recucil , qu'on donnera séparé du
Corps de l'Histoire ; ce qui composera au
moins un gros Volume infol. qui est déja
fort avancé.
Mais comme plusieurs de ces Seigneurs
pourroient échaper aux recherches et à
Fattention de l'Auteur , il supplie les Nobles,
les Officiers , les Ecclesiastiques , Laïques
, &c. des deux Bourgognes , de l'aider
à rendre complet ce Recucil auquel il
travailles et pour cela de lui communiquer
en Original , ou par des Extraits en
bonne forme , les Titres d'honneur de
leurs Maisons ou de leurs Familles ; leurs
Sceaux , leurs Tombeaux , leurs Epitaphes.
Il souhaiteroit qu'on voulut joindre
à ces secours qu'il demande , ce qu'on
peut avoir de meilleur et de plus interessant
touchant le Duché et la Comté de
Bourgogne , qui font le sujet des deux
dernieres Parties de l'Histoire dont il donne
le précis. Les trois premieres sont entierement
achevées ; ces deux dernieres
ne sont qu'ébauchées , et l'Auteur a besoin
d'être aidé , pour les remplir avec
exactitude.Il invite les Maires et les Echevins
, tant du Duché , que de la Comté
à lui fournir les Plans et les Monumens
antiques de leurs Villes. Il faudra addresser
au R. P. Dom Urbain Plancher , Religieux
AOUST . 1733. 18T1
ligieux Benedictin , à l'Abbaye de S. Ger
main d'Auxerre. Si on lui fait tenir quelchose
par la Poste
la Poste , on aura la bonré
d'en payer
le port.
vient
804 MERCURE DE FRANCE
vient d'imprimer le Plan d'une Histoire
Générale de Bourgogne , dont voici le
précis.
HISTOIRE DE BOURGOGNE , GENERALI
ET PARTICULIERE : Par D *** Religieux
Benedictin,de la Congrégation de S. Maur.
- Elle est divisée en cinq Parties principales
. Dans la premiere , on examine l'antiquité
du nom de Bourguignon ; d'où sont
sortis les premiers Peuples , appellez
Bourguignons ; s'ils sont descendus des
Romains , ou verus des Vandales ; s'ils
étoient Huns , Gots ou Scithes , & c. s'il
faut admettre deux espéces de Bourguignons
, les uns Orientaux , les autres
Occidentaux ; puis on marque leur taille
, leur génie , leur caractére , leur Religion
, leurs moeurs , leur langage , leur
gouvernement, leur conversion à la Foy,
quels Païs ils occuperent d'abord; en quel
temps et par qui ils en furent chassez ;
quel fut le lieu où ils se retirerent après,
&c. On marque aussi par où ils sont entrez
dans les Gaules ; combien de temps
ils y ont été errans sans se fixer ; quelles
Provinces et quelles Villes ils y ont d'abord
occupées ; le temps , le lieu , et l'occasion
où ils s'y sont fixez , et y ont formé
leur Royaume.
Dans
AOUST. 1733. 1805
Dans la seconde , on rapporte les commencemens
de l'ancien Royaume de
Bourgogne , son étendue dans sa splendeur
et dans sa décadence. On résoud la
question , si ce Royaume perdit la moitié
de son étendue dans les Guerres de
Clovis , Roy de France , contre Gondebaud
, Roy de Bourgogne , ou s'il perdit
seulement cette portion de sa premiere
étenduë , qu'on a depuis appellée Bourgogne
inférieure , & c. On éclaircit une
autre question fort obscure , touchant le
nombre et le nom des Rois de Bourgogne
de la premiere Race , qui ont gouverné
cet ancien Royaume ; ensuite on
passe à une autre question qui partage les
Sçavans , sur les noms de Gondicaire et
de Gondioc , &c.
On décrit encore le Regne de chacun
de ces anciens Rois ; on marque leurs
actions , leurs Guerres , &c. et enfin leur
ruine par les Enfans de Clovis, qui après
avoir égorgé les uns et chassé les autres ,
devinrent maîtres et paisibles possesseurs
de tout le Royaume , &c. On montre ce
que le Royaume de Bourgogne a été sous
la domination de tous ces Rois François,
et ce que tous ces Rois ont fait dans le
Royaume de Bourgogne pendant plus de
350 ans , &c.
Dans
1806 MERCURE DE FRANCE
Dans la troisiéme , on traite des trois
Royaumes , formez des débris de l'ancien
Royaume de Bourgogne , c'est- à- dire, du
Royaume de Provence , de celui de la
Bourgogne Transjurane , et du Royaume
d'Arles. On résoud plusieurs questions
, touchant les Rois de ces différens
Royaumes; par exemple, si Lothaire doit
être mis au nombre des Rois de Proven
ce ; s'il y a eu plusieurs Rois de Provence
de sa lignée , &c . On entre ensuite dans
le détail de ce qui s'est fait sous les Rodolfes
, et sous Conrad , dans le Royaume
de la Bourgogne Transjurane ; sous
Conrad et ses successeurs dans le Royaume
d'Arles ; et on finit cette troisiéme
Partie , en montrant la ruïne de tous ces
Royaumes , et la division qui en a été
faite en plusieurs Provinces , Duchez es
Comtez , & c.
Dans la Quatrième, on comprend tout
le Duché de Bourgogne , le Païs, les Villes
principales , leur origine , leurs droits ,
leurs Monumens ; les Eglises matrices
leur fondation , &c . On marque le temps
que la Bourgogne inférieure a commencé
d'être un Duché héréditaire. On distingue
les Ducs qui l'ont possédé en deux
classes , dont l'une contient ceux qu'on
appelle de la premiere Race ; l'autre 3
ceux
AOUST. 17337 1807
ceux dits de la seconde Race. On parle
d'abord des Ducs de la premiere Race ;
on rapporte leurs alliances, leurs Enfans,
leurs partages , &c. on résoud ensuite 4
questions ; la premiere , si du temps de
ces premiers Ducs il y eût au Duché un
Parlement,des Etats généraux , une Chambre
des Comptes , &c. la seconde, si ces
premiers Ducs eurent comme les Ducs de
la seconde Race , des Connétables , des
Chanceliers , des Sénéchaux , &c. la troisiéme
, si après la mort de Philippe de
Rouvre , dernier Duc de la premiere
Race , le Duché de Bourgogne passa à
Jean , Roy de France , par droit de réversion
ou par droit de proximité et de
succession la quatrième , si ce même
Roy Jean remit avant sa mort , le Duché
au Prince Philippe , le quatriéme de
ses fils , connu dans l'Histoire sous le
nom de Philippe le Hardi .
Ensuite commence l'Histoire des quan
tre derniers Ducs par leurs alliances qui
ajoutérent au Royaume de Bourgogne
d'autres Duchez , des Comtez et des Seigneuries
considérables. Entre plusieurs
faits mémorables de ces Princes , on rapporte
leurs voyages et ceux de leurs Enfans
; notamment celui du Comte de Neyers
, fils de Philippe le Hardi , en Hon-
F grie
1858 MERCURE DE FRANCE
> grie , et sa prise par Bajazet , sa prison
&c. On marque l'institution de l'Ordre
des Chevaliers de la Toison d'Or , les
personnes qui ont été honorées du Colier
de cet Ordre , les Chapitres generaux,
&c.Enfin on rapporte la triste fin du dernier
de ces Ducs , les troubles qui la suivirent
, la réunion du Duché à la Couronne
de France , et les suites de cette
réünion , l'établissement d'un nouveau
Parlement , &c. On ajoute les anciens
Monumens du Duché , les Portraits des
derniers Ducs , leurs Sceaux , Devises ,
Epitaphes , & c.
Dans la cinquième et derniere Partie ,
on s'applique à donner une juste idée de
la Comté de Bourgogne , connue sous
le nom de Franche-Comté ; on marque
ses commencemens , son étenduë, ses Villes
principales , ses premieres Eglises ,
avec ce qu'elles ont de plus vénérable ;
les Princes qui l'ont possedée , leurs Alliances
, &c. On marque encore ses révolutions
, ses fréquens changemens de
Maître , étant tantôt soumise à l'Empereur,
tantôt au Roy de France, & c. l'ins
titution , l'autorité et le lieu des Parlemens
ambulatoires de la même Comté ,
sous les Ducs de Bourgogne , & c. l'institution
de ses Parlemens sédentaires
sous
A O UST. 1733. 1809
sous l'Empereur , et sous les Rois de
France et d'Espagne , &c.
Enfin , après avoir parlé de l'ancienne
et noble Confrairie de Saint George de
Rougemont , de son établissement , &c. "
on décrit l'état et le gouvernement de
cette Comté depuis la derniere Conquête
de Louis XIV. On joint à tout cela les.
anciens Monumens du Païs , les Portraits
des Comtes qui s'y sont conservez , &c .
-L'Auteur avertit que pour faire plai
sir aux Maisons et aux Familles , tant de
la Comté, que du Duché de Bourgogne ,
il tire des deux dernieres Parties de cette
Histoire , tous les Chevaliers , les Seigneurs
, les Officiers d'Epée , de Robe
et de Finances qui ont été de la Maison
des Ducs et des Comtes ; ceux qui les ont
accompagnez dans leurs Voyages et à
l'Armée ; ceux qui ont été de leur Conseil
, de leurs Parlemens , &c. ceux qui
ont été de l'Ordre de la Toison d'Or, ou
de la Confrairie de Rougemont ; à ceuxlà
qui étoient du temps des Ducs et des
Comtes , on joint ceux des deux Bourgognes
, qui leur ont succedé dans l'Epée,
dans la Robbe , &c. depuis la mort du
dernier Duc , jusqu'à nos jours , et de
tous ces Chevaliers , Seigneurs , &c. dont.
on peut avoir la connoissance. On en fait
Fij un
810 MERCURE DE FRANCE
an Recucil , qu'on donnera séparé du
Corps de l'Histoire ; ce qui composera au
moins un gros Volume infol. qui est déja
fort avancé.
Mais comme plusieurs de ces Seigneurs
pourroient échaper aux recherches et à
Fattention de l'Auteur , il supplie les Nobles,
les Officiers , les Ecclesiastiques , Laïques
, &c. des deux Bourgognes , de l'aider
à rendre complet ce Recucil auquel il
travailles et pour cela de lui communiquer
en Original , ou par des Extraits en
bonne forme , les Titres d'honneur de
leurs Maisons ou de leurs Familles ; leurs
Sceaux , leurs Tombeaux , leurs Epitaphes.
Il souhaiteroit qu'on voulut joindre
à ces secours qu'il demande , ce qu'on
peut avoir de meilleur et de plus interessant
touchant le Duché et la Comté de
Bourgogne , qui font le sujet des deux
dernieres Parties de l'Histoire dont il donne
le précis. Les trois premieres sont entierement
achevées ; ces deux dernieres
ne sont qu'ébauchées , et l'Auteur a besoin
d'être aidé , pour les remplir avec
exactitude.Il invite les Maires et les Echevins
, tant du Duché , que de la Comté
à lui fournir les Plans et les Monumens
antiques de leurs Villes. Il faudra addresser
au R. P. Dom Urbain Plancher , Religieux
AOUST . 1733. 18T1
ligieux Benedictin , à l'Abbaye de S. Ger
main d'Auxerre. Si on lui fait tenir quelchose
par la Poste
la Poste , on aura la bonré
d'en payer
le port.
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Résumé : Histoire de Bourgogne generale et particuliere, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Plan d'une Histoire Générale de Bourgogne', imprimé par Antoine de Fay à Dijon. Cet ouvrage est structuré en cinq parties principales. La première partie explore l'antiquité du nom de Bourguignon, l'origine des premiers peuples bourguignons, leur descendance, leur religion, leurs mœurs, leur langage, leur gouvernement, et leur conversion à la foi chrétienne. Elle décrit également leur entrée dans les Gaules, les provinces et villes qu'ils ont occupées, ainsi que la formation de leur royaume. La deuxième partie traite des débuts de l'ancien Royaume de Bourgogne, son étendue et sa décadence. Elle examine les guerres entre Clovis, roi de France, et Gondebaud, roi de Bourgogne, ainsi que les actions des rois de Bourgogne de la première race. La troisième partie aborde les trois royaumes issus des débris de l'ancien Royaume de Bourgogne : le Royaume de Provence, la Bourgogne Transjurane, et le Royaume d'Arles. Elle résout des questions concernant les rois de ces royaumes et leur ruine. La quatrième partie couvre le Duché de Bourgogne, ses villes principales, leurs origines, droits, et monuments. Elle distingue les ducs en deux races et explore leurs alliances, partages, et la succession du duché. La cinquième et dernière partie se concentre sur la Comté de Bourgogne, également connue sous le nom de Franche-Comté. Elle décrit ses commencements, son étendue, ses villes principales, et ses révolutions. Elle mentionne également l'état et le gouvernement de la Comté depuis la conquête de Louis XIV. L'auteur, un religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, sollicite l'aide des nobles, officiers, et ecclésiastiques pour compléter les deux dernières parties de l'ouvrage. Il demande des titres d'honneur, des sceaux, des tombeaux, et des épitaphes. Il invite également les maires et échevins à fournir des plans et des monuments antiques de leurs villes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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82
p. 1842-1843
Nouveaux Ecrans instructifs, [titre d'après la table]
Début :
On a fait une nouvelle Edition des Ecrans instructifs, où l'on a changé et ajoûté ce qu'on [...]
Mots clefs :
Histoire, Événements, Écrans instructifs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Ecrans instructifs, [titre d'après la table]
On a fait une nouvelle Edition des Ecran
instructifs , où l'on a changé et ajoûté ce qu'o
a crû pouvoir les rendre plus parfaits ; on en
même imprimé quelques nouveaux.
Ce sont pour la plupart des Fables qui n'ot
point la secheresse des autres Tables Chronol
giques , et qui n'ont point non - plus la trop gra
de étendue d'une Histoire ; ensorte que
coup d'oeil , on peut voir tout un Sujet , et tut
ce que ce Sujet a de plus remarquable et de lus
interessant. A
Les petits Livres ont plus fait de sçavan que
les gros , or s'il y a un Livre d'une forme ommode
, c'est un Ecran ; ce Livre est toujour ouvert;
on est obligé de s'en servir souvent e lorsqu'on
est desocuppé , ce qui fait mettre , profit
un temps que l'on perdroit sans cela . Comme
on a souvent ce Livre à la main , on le lit souvent,
et en le lisant souvent, on retient sans peine
ce qu'il contient , c'est une occasion de s'entretenir
de choses qu'on a devant les yeux ; tous
moyens propres à acquerir de nouvelles connoissances
et à s'affermir dans les anciennes . Ainsi
les jeunes gens et les personnes mêmes instruites
y peuvent trouver leur avantage.
Il y en a un qui contient des Evenemens remarquable.
2. sur l'Ancien Testament .
2. sur le Nouveau.
f . sur l'Histoire Romaine.
AOUST . 1843 1733.
2. sur l'Histoire de France.
1. sur le Calvinisme.
1. sur la Ligue.
2. sur les principaux Offices de France.
2. sur les Diocèses de France.
3. sur l'origine de plusieurs choses..
2. de Vers choisis.
I. de Sentences et bons- Mots .
7. qui contiennent des Evenemens remarqua
bles , arrivez pendant le Regne de Louis XIV.
La Veuve Rondet , qui a le Privilege pour l'impression
de ces Ecrans , en a cedé le débit à Guerard
, Marchand de Papier , demeurant ruë du
petit Pont Notre- Dame , près le petit Châtelet à
Paris. Les Marchands de Paris ou de Province
qui en voudront , n'auront qu'à s'adresser à lui .
instructifs , où l'on a changé et ajoûté ce qu'o
a crû pouvoir les rendre plus parfaits ; on en
même imprimé quelques nouveaux.
Ce sont pour la plupart des Fables qui n'ot
point la secheresse des autres Tables Chronol
giques , et qui n'ont point non - plus la trop gra
de étendue d'une Histoire ; ensorte que
coup d'oeil , on peut voir tout un Sujet , et tut
ce que ce Sujet a de plus remarquable et de lus
interessant. A
Les petits Livres ont plus fait de sçavan que
les gros , or s'il y a un Livre d'une forme ommode
, c'est un Ecran ; ce Livre est toujour ouvert;
on est obligé de s'en servir souvent e lorsqu'on
est desocuppé , ce qui fait mettre , profit
un temps que l'on perdroit sans cela . Comme
on a souvent ce Livre à la main , on le lit souvent,
et en le lisant souvent, on retient sans peine
ce qu'il contient , c'est une occasion de s'entretenir
de choses qu'on a devant les yeux ; tous
moyens propres à acquerir de nouvelles connoissances
et à s'affermir dans les anciennes . Ainsi
les jeunes gens et les personnes mêmes instruites
y peuvent trouver leur avantage.
Il y en a un qui contient des Evenemens remarquable.
2. sur l'Ancien Testament .
2. sur le Nouveau.
f . sur l'Histoire Romaine.
AOUST . 1843 1733.
2. sur l'Histoire de France.
1. sur le Calvinisme.
1. sur la Ligue.
2. sur les principaux Offices de France.
2. sur les Diocèses de France.
3. sur l'origine de plusieurs choses..
2. de Vers choisis.
I. de Sentences et bons- Mots .
7. qui contiennent des Evenemens remarqua
bles , arrivez pendant le Regne de Louis XIV.
La Veuve Rondet , qui a le Privilege pour l'impression
de ces Ecrans , en a cedé le débit à Guerard
, Marchand de Papier , demeurant ruë du
petit Pont Notre- Dame , près le petit Châtelet à
Paris. Les Marchands de Paris ou de Province
qui en voudront , n'auront qu'à s'adresser à lui .
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Résumé : Nouveaux Ecrans instructifs, [titre d'après la table]
Une nouvelle édition des 'Ecran instructifs' a été publiée, améliorée et augmentée pour en accroître la perfection. Cette édition inclut des écrans accessibles et concis, évitant la sécheresse des tables chronologiques et l'étendue excessive des histoires. Ils permettent de visualiser rapidement un sujet et ses aspects les plus remarquables et intéressants. Les écrans, toujours ouverts et fréquemment utilisés, offrent une occasion d'acquérir et de renforcer des connaissances, bénéficiant ainsi aux jeunes et aux personnes déjà instruites. Ils couvrent divers sujets, tels que des événements de l'Ancien Testament, du Nouveau Testament, de l'histoire romaine, de l'histoire de France, du calvinisme, de la Ligue, des principaux offices de France, des diocèses de France, et de l'origine de plusieurs choses. Ils incluent également des vers choisis, des sentences et bons mots, ainsi que des événements remarquables survenus pendant le règne de Louis XIV. La veuve Rondet, détentrice du privilège d'impression, a cédé leur distribution à Guerard, marchand de papier résidant rue du petit Pont Notre-Dame, près du petit Châtelet à Paris. Les marchands intéressés peuvent s'adresser à lui pour se procurer ces écrans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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83
p. 2010-2011
« HISTOIRE DU FANATISME, dans la Religion Protestante, depuis son origine. [...] »
Début :
HISTOIRE DU FANATISME, dans la Religion Protestante, depuis son origine. [...]
Mots clefs :
Histoire, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Fanatisme, Saint Augustin, Critiques, Pierre Bayle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE DU FANATISME, dans la Religion Protestante, depuis son origine. [...] »
HISTOIRE DU FANATISME , dans la Re
ligion Protestante , depuis, son origine..
Par le P. François Catrou : Rue de la Har
pe, au bon Pasteur. 1733. in 12. 2 vol .
HISTOIRE de l'Académie Royale des
Inscriptions et Belles Lettres , avec les
Mémoires de Littérature , tirez des Registres
de cette Académie, depuis l'année :
1726 , jusques et compris l'année 17 3.0 ..
Tomes 7 et 8 , in 4. De l'Imprimerie:
Royale..
REFUTATION des Critiques de M.Rays .
le , sur S. Augustin , où sont contenus
trois Traitez Le premier : Veritable Clef
des Ouvrages de Saint Augustin , contre les
Pélagiens. Le second : Examen des Critiques
répandues dans le Dictionnaire de
M. Bayle , sur divers en droits des Ecrits
du même S. Docteur.. Le troisiéme : Dissertation.
SEPTEMBRE. 1733. 20 MT
tation touchant la nature de la Loy de Moyse.
1732. A Paris , chez Rolin , fils , Quai
des Augustins , in 4 - pages 428.sans la Préface
et les Tables.
ligion Protestante , depuis, son origine..
Par le P. François Catrou : Rue de la Har
pe, au bon Pasteur. 1733. in 12. 2 vol .
HISTOIRE de l'Académie Royale des
Inscriptions et Belles Lettres , avec les
Mémoires de Littérature , tirez des Registres
de cette Académie, depuis l'année :
1726 , jusques et compris l'année 17 3.0 ..
Tomes 7 et 8 , in 4. De l'Imprimerie:
Royale..
REFUTATION des Critiques de M.Rays .
le , sur S. Augustin , où sont contenus
trois Traitez Le premier : Veritable Clef
des Ouvrages de Saint Augustin , contre les
Pélagiens. Le second : Examen des Critiques
répandues dans le Dictionnaire de
M. Bayle , sur divers en droits des Ecrits
du même S. Docteur.. Le troisiéme : Dissertation.
SEPTEMBRE. 1733. 20 MT
tation touchant la nature de la Loy de Moyse.
1732. A Paris , chez Rolin , fils , Quai
des Augustins , in 4 - pages 428.sans la Préface
et les Tables.
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Résumé : « HISTOIRE DU FANATISME, dans la Religion Protestante, depuis son origine. [...] »
Le document mentionne plusieurs ouvrages historiques et théologiques. 'Histoire du fanatisme dans la religion protestante' de François Catrou, publié en 1733 en deux volumes. 'Histoire de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres' couvre les années 1726 à 1730, publié en deux tomes. Une 'Refutation des Critiques de M. Rays' sur Saint Augustin, comprenant trois traités, est publiée en septembre 1733 à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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84
p. 2021-2025
Causes celebres et interessantes, &c. [titre d'après la table]
Début :
CAUSES CELEBRES et interessantes, avec les Jugemens qui les ont décidées, [...]
Mots clefs :
Causes célèbres, Jugement, Cause, Juges, Public, Enfant, Histoire, Gueux, Urbain Grandier
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texteReconnaissance textuelle : Causes celebres et interessantes, &c. [titre d'après la table]
CAUSES CELEBRES et interessantes
, avec les Jugemens qui les ont décidées
, recueillies par M*** Avocat au
Parlement. 2. vol. in 12. A Paris , chez
la veuve Delaulne et Cavelier , ruë saint
Facques , et chez le Gras et de Neuilly ,
an Palais , M. DCC . XXXIII.
- Cet Ouvrage est un choix de ces Causes
qui ont excité la curiosité universelle, lorsqu'elles
ont été en mouvement. Elles ont fait
l'empressement du Public , le sujet de l'entretien
des honnêtes gens et du Peuple.
Elles ont attiré la foule aux Audiances ,
et ont laissé les Esprits, en suspens , dans
Pattente du Fugement que les Magistrats
F devoient
2022 MERCURE DE FRANCE
devoient prononcer , et cette suspension les
a occupez et interessez.
•
Les gens du Monde , et sur tout du
beau Monde , n'entreprennent gueres de
lire les Recueils d'Arrêts qu'on a donnés.
au Public ; on y voit des Procès secs et
épineux hérissez des termes de la procédure.
Ces Ouvrages ne sont , ce semble
, destinez qu'aux Jurisconsultes , et à
la Nation des Plaideurs . Mais un Recueil
de ces grandes Causes si suscepti
bles des ornemens de l'Eloquence , d'où
l'on a eû soin d'ôter les épines du Pafais
, ne peut être que d'une agréable
lecture. On a encore l'avantage , comme
parle l'Auteur , d'y découvrir les Mysteres
de la Jurisprudence. Pour réussir
dans un pareil dessein , il faut unir à la
science de l'Avocat , Part d'écrire . Sans
cela on ne peut pas soutenir le poids de
cet Ouvrage. On ne veut point préve
nir ici le Jugement du Public sur le mé
rite de l'Auteur , tout ce que nous dirons
, c'est que ce Livre nous a parû fort
curieux , et les matieres interessantes ,
*
Dans le premier Tome on voit d'a- ·
bord l'Histoire du faux Martin Guerre
le plus impudent peut- être de tous les
imposteurs. C'est un faux Amphitrion
qui dispute au véritable son état. La se
conde
SEPTEMBRE. 1733. 2023
conde , Alcmene , Epouse du second Amphitrion
, étoit sans doute , suivant le
portrait qu'on nous en fait , plus belle
que la premiere.
Dans l'histoire suivante d'une fille qui
sauva la vie à son Amant , on juge que
son Plaidoyer éloquent et pathétique, a
dû attendrir ses Juges.
La Cause du Gueux de Vernon et de
Enfant reclamé par deux Meres , sont
deux sujets très-propres à exercer l'éloquence
des Avocats et les lumieres des
Juges. Toute une Ville veut remplacer
par un Gueux l'Enfant qu'une Bourgeoi
se aisée avoit perdu . Un Enfant de qua
lité , enlevé au moment de sa naissance ,
dénué de tous les titres qui pouvoient
prouver son état , est conservé miracu
leusement , pour ainsi dire , et vient se
jetter entre les bras de sa mere au bout
de neuf ans. Il a le bonheur de prouver
son Etat , quoique la mort air enlevé
ceux qui le lui ont ravi . Ce triomphe
de la verité lui fait beaucoup d'honneur ,
c'est peut-être celui qui a le plus coûté.
N'oublions pas de dire qu'après la Cause
du Gueux de Vernon , il y a un Plaidoyer
de M. Foureroy , en faveur des Médecins,
qui peut bien les dédommager des railleries
de Moliere.
Fij L'His2024
MERCURE DE FRANCE
L'Histoire de la Marquise de Brinvil→
liers est ensuite exposée dans toutes ses
circonstances. Le caractere de cette celebre
Criminelle est prodigieux et horrible
tout à la fois. On traite incidemment
une question fort curieuse sur la
Confession auriculaire.
Le sort funeste du sieur d'Anglade ,
fait le sujet de la derniere Cause du premier
Tome. Il est difficile de refuser des
larmes à la destinée de cet Innocent cons
damné , malgré la droiture et l'intégrité
des Juges, On voudroit pouvoir effacer.
ce Jugement des Archives du Palais et
de la mémoire des hommes. Les Jurisconsultes
trouveront une question bien
approfondie sur les dommages , interêts
dûs à l'innocence proscrite par un Jugement,
Le second Tome ne contient que deux
Causes. La premiere est celle du fameux
Caille. Un Parlement qui le déclare Cail
le , dans son Jugement ; un autre qui le
déclare P. Mege , dans le sien , font voir .
que la vraye décision étoit bien difficile
rencontrer, A la fin de cette Cause
on trouve la Lettre d'une Dame , où
l'on voit dans le Jugement qu'elle porte,
jusqu'où peut aller le bon sens d'une
femme d'esprit.
Le
↑
SEPTEMBRE
. 1733. 2025
Le sort tragique d'Urbain Grandier ;
accusé de Magie , est le sujet de la se
conde Cause . Une cabale puissante , un
grand Ministre , et des Juges Superieurs
mirent ce Grandier dans le rang des Ma→
giciens. Des Religieuses se donnerent
pour possédées de la façon de Grandier ;
elles firent illusion aux gens crédules ,
imposerent silence aux incrédules, et conduisirent
la Picce jusqu'à son dénoüment
, c'est-à-dire , jusqu'à la mort violente
de celui qu'elles avoient travesti en
Magicien.
L'Auteur entreprend une vaste carrie
re ; s'il peut la fournir , sa course durera
long-temps , puisqu'il parcourt tous les
Tribunaux
, et qu'il les regarde tous comme
étant de la compétence
de son Projet.
, avec les Jugemens qui les ont décidées
, recueillies par M*** Avocat au
Parlement. 2. vol. in 12. A Paris , chez
la veuve Delaulne et Cavelier , ruë saint
Facques , et chez le Gras et de Neuilly ,
an Palais , M. DCC . XXXIII.
- Cet Ouvrage est un choix de ces Causes
qui ont excité la curiosité universelle, lorsqu'elles
ont été en mouvement. Elles ont fait
l'empressement du Public , le sujet de l'entretien
des honnêtes gens et du Peuple.
Elles ont attiré la foule aux Audiances ,
et ont laissé les Esprits, en suspens , dans
Pattente du Fugement que les Magistrats
F devoient
2022 MERCURE DE FRANCE
devoient prononcer , et cette suspension les
a occupez et interessez.
•
Les gens du Monde , et sur tout du
beau Monde , n'entreprennent gueres de
lire les Recueils d'Arrêts qu'on a donnés.
au Public ; on y voit des Procès secs et
épineux hérissez des termes de la procédure.
Ces Ouvrages ne sont , ce semble
, destinez qu'aux Jurisconsultes , et à
la Nation des Plaideurs . Mais un Recueil
de ces grandes Causes si suscepti
bles des ornemens de l'Eloquence , d'où
l'on a eû soin d'ôter les épines du Pafais
, ne peut être que d'une agréable
lecture. On a encore l'avantage , comme
parle l'Auteur , d'y découvrir les Mysteres
de la Jurisprudence. Pour réussir
dans un pareil dessein , il faut unir à la
science de l'Avocat , Part d'écrire . Sans
cela on ne peut pas soutenir le poids de
cet Ouvrage. On ne veut point préve
nir ici le Jugement du Public sur le mé
rite de l'Auteur , tout ce que nous dirons
, c'est que ce Livre nous a parû fort
curieux , et les matieres interessantes ,
*
Dans le premier Tome on voit d'a- ·
bord l'Histoire du faux Martin Guerre
le plus impudent peut- être de tous les
imposteurs. C'est un faux Amphitrion
qui dispute au véritable son état. La se
conde
SEPTEMBRE. 1733. 2023
conde , Alcmene , Epouse du second Amphitrion
, étoit sans doute , suivant le
portrait qu'on nous en fait , plus belle
que la premiere.
Dans l'histoire suivante d'une fille qui
sauva la vie à son Amant , on juge que
son Plaidoyer éloquent et pathétique, a
dû attendrir ses Juges.
La Cause du Gueux de Vernon et de
Enfant reclamé par deux Meres , sont
deux sujets très-propres à exercer l'éloquence
des Avocats et les lumieres des
Juges. Toute une Ville veut remplacer
par un Gueux l'Enfant qu'une Bourgeoi
se aisée avoit perdu . Un Enfant de qua
lité , enlevé au moment de sa naissance ,
dénué de tous les titres qui pouvoient
prouver son état , est conservé miracu
leusement , pour ainsi dire , et vient se
jetter entre les bras de sa mere au bout
de neuf ans. Il a le bonheur de prouver
son Etat , quoique la mort air enlevé
ceux qui le lui ont ravi . Ce triomphe
de la verité lui fait beaucoup d'honneur ,
c'est peut-être celui qui a le plus coûté.
N'oublions pas de dire qu'après la Cause
du Gueux de Vernon , il y a un Plaidoyer
de M. Foureroy , en faveur des Médecins,
qui peut bien les dédommager des railleries
de Moliere.
Fij L'His2024
MERCURE DE FRANCE
L'Histoire de la Marquise de Brinvil→
liers est ensuite exposée dans toutes ses
circonstances. Le caractere de cette celebre
Criminelle est prodigieux et horrible
tout à la fois. On traite incidemment
une question fort curieuse sur la
Confession auriculaire.
Le sort funeste du sieur d'Anglade ,
fait le sujet de la derniere Cause du premier
Tome. Il est difficile de refuser des
larmes à la destinée de cet Innocent cons
damné , malgré la droiture et l'intégrité
des Juges, On voudroit pouvoir effacer.
ce Jugement des Archives du Palais et
de la mémoire des hommes. Les Jurisconsultes
trouveront une question bien
approfondie sur les dommages , interêts
dûs à l'innocence proscrite par un Jugement,
Le second Tome ne contient que deux
Causes. La premiere est celle du fameux
Caille. Un Parlement qui le déclare Cail
le , dans son Jugement ; un autre qui le
déclare P. Mege , dans le sien , font voir .
que la vraye décision étoit bien difficile
rencontrer, A la fin de cette Cause
on trouve la Lettre d'une Dame , où
l'on voit dans le Jugement qu'elle porte,
jusqu'où peut aller le bon sens d'une
femme d'esprit.
Le
↑
SEPTEMBRE
. 1733. 2025
Le sort tragique d'Urbain Grandier ;
accusé de Magie , est le sujet de la se
conde Cause . Une cabale puissante , un
grand Ministre , et des Juges Superieurs
mirent ce Grandier dans le rang des Ma→
giciens. Des Religieuses se donnerent
pour possédées de la façon de Grandier ;
elles firent illusion aux gens crédules ,
imposerent silence aux incrédules, et conduisirent
la Picce jusqu'à son dénoüment
, c'est-à-dire , jusqu'à la mort violente
de celui qu'elles avoient travesti en
Magicien.
L'Auteur entreprend une vaste carrie
re ; s'il peut la fournir , sa course durera
long-temps , puisqu'il parcourt tous les
Tribunaux
, et qu'il les regarde tous comme
étant de la compétence
de son Projet.
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Résumé : Causes celebres et interessantes, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'CAUSES CELEBRES et intéressantes' est une compilation de causes judiciaires remarquables, rédigée par un avocat au Parlement. Ces affaires ont suscité une grande curiosité publique et ont été le sujet de discussions tant parmi les honnêtes gens que parmi le peuple. Elles ont attiré une foule nombreuse aux audiences, laissant les esprits en suspens dans l'attente des jugements des magistrats. Contrairement aux recueils d'arrêts traditionnels, souvent secs et techniques, cet ouvrage offre des récits enrichis par l'éloquence et dépourvus du jargon juridique. Il vise à rendre la jurisprudence accessible et agréable à un public plus large, y compris les gens du monde et du beau monde. Le premier tome présente plusieurs causes célèbres, telles que l'histoire du faux Martin Guerre, un imposteur qui usurpa l'identité d'un autre homme. D'autres affaires notables incluent celle d'une fille sauvant la vie de son amant grâce à un plaidoyer éloquent, l'histoire du Gueux de Vernon et d'un enfant réclamé par deux mères. Le tome aborde également la cause de la Marquise de Brinvilliers, une criminelle célèbre, et le sort tragique du sieur d'Anglade, un innocent condamné malgré la droiture des juges. Le second tome contient deux causes : celle du fameux Caille, dont les jugements divergents illustrent la difficulté de la vérité judiciaire, et l'histoire tragique d'Urbain Grandier, accusé de magie et condamné à mort suite à une cabale puissante. L'auteur ambitionne de couvrir toutes les juridictions, rendant son projet vaste et ambitieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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85
p. 2440-2443
« TRAITÉ de la Simplicité de la Foy. A Paris, ruë de la vieille Bouclerie, et [...] »
Début :
TRAITÉ de la Simplicité de la Foy. A Paris, ruë de la vieille Bouclerie, et [...]
Mots clefs :
Parlement, Traité, Histoire, Ouvrage posthume, Nouvelle édition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « TRAITÉ de la Simplicité de la Foy. A Paris, ruë de la vieille Bouclerie, et [...] »
TRAITE' de la Simplicité de la Foy.
A Paris , rue de la vieille Bouclerie , et
rue Gist- le - Coeur , chez la Mesle et Heuqueville
, 1733. in 12. de 245. pages .
HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Narbonnoise
, qui comprenoit la Savoye ,
le Dauphiné , la Provence , le Languedọc
, le Roussillon et le Comté de Foix,
avec,
NOVEMBRE. 1733. 2447
avec des Dissertations . A Paris , chez
Grégoire Dupuis , ruë S. Jacques , 1733. in
12. de 574 pages.
TRAITE' DE LA COMMUNAUTE' entre
mari et femme , avec un Traité des Communautez
ou Societez tacites , Par M. Deais
le Brun , Avocat en Parlement , Ouvrage
postume , donné d'abord au Public
par les soins de M. Louis Hideux , Avocat
en Parlement. Nouvelle Edition , augmentée
considerablement de nouvelles
Décisions et de Notes Critiques , par
M ... M ... Avocats en Parlement. A
Paris , rue S. Jacques , chez Cl. Robustel ,
1733. in folio.
CONJURATION de Nicolas Gabrini , dit
de Rienzi , Tyran de Rome en 1347-
Ouvrage Postume du R. P. Du Cerceau ,
de la Compagnie de Jesus . Achevé , retouché
et augmenté par le R. P. Brumoy.
A Paris , chez la Veuve Etienne , ruë
S. Jacques , 1733. in 12 .
RECUEIL de Poësies Diverses du Pere Du
Cerceau , 173 3. quatriéme Edition. Chez
la même , 2. vol. in 12.
LETTRES PHILOSOPHIQUES , sérieuses ;
critiques et amusantes , traitant de la
Pierre Philosophale , de l'incertitude de
la
2442 MERCURE DE FRANCE
la Médecine , de la félicité temporelle
de l'homme , de la nature de l'ame ,
des prétendus Esprits forts qui révoquent
en doute l'immortalité de l'ame , du
retour des Esprits en ce monde , des Génies
, de la Magie , du Célibat , du Mariage
, de la comparaison des deux sexes
des Ris , des Pleurs , de la Mort , des
richesses , des plaisirs du monde , de la
véritable Noblesse , de l'erreur des sens ,
de l'excellence de la Raison , et autres
sujets interessants. A Paris , au Palais
chez Sangrain à la Prudence , 1733 .
in 12. 2. volumes. Tome I. 240. pages.
Tome II. 233. pages.
AURORE ET PHEBUS , Histoire Espagnole.
Au Palais , chez P. Jacques Ribon,
1733. in 12 .
› OEUVRES de M. De Clermont , conte
nant l'Arithmetique Militaire et la Géométrie
- pratique de l'Ingénieur et de
l'Officier. Ouvrage également nécessaire
aux Officiers , aux Ingénieurs et aux
Commençans . A Paris , rue S. Jacques
et Quay des Augustins , chez Witte et
Didot. Nouvelle Edition , in 4. ornée
d'un grand nombre de Planches .
LA
NOVEMBRE. 1733. 2443
LA CONSTANCE DES PROMPTES AMOURS
avec le jouet de l'Amour. A Paris , ruë
S. Jacques , chez André Morin , et ruë
S. Severin , chez Alex. Mesnier , 1733 .
2. vol . in 12. de 500. pages les 2. vol.
NEUVIEME PARTIE des Cent Nonvelles
Nouvelles , de Mad. de Gomez. A
Paris , Quay des Augustins , à S. François,
chez Manduyt , 1733 .
On donnera le inois prochain la dixiéme
partie , et l'on continuera exactement
tous les mois à en donner une
nouvelle.
,
CONTINUATION de l'Histoire du Par
lement de Bourgogne , depuis l'année
1649. jusqu'en 1733. contenant les noms,
surnoms , qualitez , Armes et Blasons des
Présidents Chevaliers , Conseillers
Avocats et Procureurs Géneraux et Greffiers
qui y ont été reçus dans cet intervalle
, avec un précis des Edits et Déclarations
du Roy , portant Création de
Charges en ce Parlement , et des Regle
mens de la Cour.Par M. François Petitor.
infolio. A Dijon, chez Ant. de Fay, 1733 .
A Paris , rue de la vieille Bouclerie , et
rue Gist- le - Coeur , chez la Mesle et Heuqueville
, 1733. in 12. de 245. pages .
HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Narbonnoise
, qui comprenoit la Savoye ,
le Dauphiné , la Provence , le Languedọc
, le Roussillon et le Comté de Foix,
avec,
NOVEMBRE. 1733. 2447
avec des Dissertations . A Paris , chez
Grégoire Dupuis , ruë S. Jacques , 1733. in
12. de 574 pages.
TRAITE' DE LA COMMUNAUTE' entre
mari et femme , avec un Traité des Communautez
ou Societez tacites , Par M. Deais
le Brun , Avocat en Parlement , Ouvrage
postume , donné d'abord au Public
par les soins de M. Louis Hideux , Avocat
en Parlement. Nouvelle Edition , augmentée
considerablement de nouvelles
Décisions et de Notes Critiques , par
M ... M ... Avocats en Parlement. A
Paris , rue S. Jacques , chez Cl. Robustel ,
1733. in folio.
CONJURATION de Nicolas Gabrini , dit
de Rienzi , Tyran de Rome en 1347-
Ouvrage Postume du R. P. Du Cerceau ,
de la Compagnie de Jesus . Achevé , retouché
et augmenté par le R. P. Brumoy.
A Paris , chez la Veuve Etienne , ruë
S. Jacques , 1733. in 12 .
RECUEIL de Poësies Diverses du Pere Du
Cerceau , 173 3. quatriéme Edition. Chez
la même , 2. vol. in 12.
LETTRES PHILOSOPHIQUES , sérieuses ;
critiques et amusantes , traitant de la
Pierre Philosophale , de l'incertitude de
la
2442 MERCURE DE FRANCE
la Médecine , de la félicité temporelle
de l'homme , de la nature de l'ame ,
des prétendus Esprits forts qui révoquent
en doute l'immortalité de l'ame , du
retour des Esprits en ce monde , des Génies
, de la Magie , du Célibat , du Mariage
, de la comparaison des deux sexes
des Ris , des Pleurs , de la Mort , des
richesses , des plaisirs du monde , de la
véritable Noblesse , de l'erreur des sens ,
de l'excellence de la Raison , et autres
sujets interessants. A Paris , au Palais
chez Sangrain à la Prudence , 1733 .
in 12. 2. volumes. Tome I. 240. pages.
Tome II. 233. pages.
AURORE ET PHEBUS , Histoire Espagnole.
Au Palais , chez P. Jacques Ribon,
1733. in 12 .
› OEUVRES de M. De Clermont , conte
nant l'Arithmetique Militaire et la Géométrie
- pratique de l'Ingénieur et de
l'Officier. Ouvrage également nécessaire
aux Officiers , aux Ingénieurs et aux
Commençans . A Paris , rue S. Jacques
et Quay des Augustins , chez Witte et
Didot. Nouvelle Edition , in 4. ornée
d'un grand nombre de Planches .
LA
NOVEMBRE. 1733. 2443
LA CONSTANCE DES PROMPTES AMOURS
avec le jouet de l'Amour. A Paris , ruë
S. Jacques , chez André Morin , et ruë
S. Severin , chez Alex. Mesnier , 1733 .
2. vol . in 12. de 500. pages les 2. vol.
NEUVIEME PARTIE des Cent Nonvelles
Nouvelles , de Mad. de Gomez. A
Paris , Quay des Augustins , à S. François,
chez Manduyt , 1733 .
On donnera le inois prochain la dixiéme
partie , et l'on continuera exactement
tous les mois à en donner une
nouvelle.
,
CONTINUATION de l'Histoire du Par
lement de Bourgogne , depuis l'année
1649. jusqu'en 1733. contenant les noms,
surnoms , qualitez , Armes et Blasons des
Présidents Chevaliers , Conseillers
Avocats et Procureurs Géneraux et Greffiers
qui y ont été reçus dans cet intervalle
, avec un précis des Edits et Déclarations
du Roy , portant Création de
Charges en ce Parlement , et des Regle
mens de la Cour.Par M. François Petitor.
infolio. A Dijon, chez Ant. de Fay, 1733 .
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Résumé : « TRAITÉ de la Simplicité de la Foy. A Paris, ruë de la vieille Bouclerie, et [...] »
Le document recense des ouvrages publiés en 1733 à Paris et dans d'autres villes. Parmi les titres notables figurent 'Traité de la Simplicité de la Foy' et 'Histoire Critique de la Gaule Narbonnoise', couvrant des régions telles que la Savoie, le Dauphiné, la Provence, le Languedoc, le Roussillon et le Comté de Foix. D'autres ouvrages mentionnés incluent 'Traité de la Communauté entre mari et femme' par M. Deais le Brun, 'Conjuration de Nicolas Gabrini' par le R. P. Du Cerceau, et 'Recueil de Poésies Diverses' du même auteur. Le document liste également des œuvres philosophiques comme 'Lettres Philosophiques' abordant la médecine, l'âme et la magie, ainsi que des ouvrages techniques tels que 'Œuvres de M. De Clermont' sur l'arithmétique militaire et la géométrie pratique. Des recueils de nouvelles et des continuations historiques, comme 'La Constance des Promptes Amours' et 'Continuation de l'Histoire du Parlement de Bourgogne', sont également cités.
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86
p. 2452-2453
Livres nouveaux à Paris, chez BRIASSON.
Début :
Histoire des Rois de Pologne, et du Gouvernement de ce Royaume ; où l'on trouve un détail [...]
Mots clefs :
Histoire, Comédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux à Paris, chez BRIASSON.
Livres nouveaux à Paris , chez BRIASSON.
Histoire des Rois de Pologne , et du Gouvernement
de ce Royaume ; où l'on trouve un détail
très- circonstancié de tout ce qui s'est passé
de plus remarquable sous le Regne de FREDERIC
AUGUSTE, et pendant les deux derniers interregnes,
par M *** 4 vol. in 12. Amsterdam, 1734.
Le cinquiéme volume sous presse , contiendra
'Histoire de ce qui s'est passé depuis la Diette
de Convocation , jusques à l'Election du Roy
STANISLAS , et jusques à présent.
Mémoires très- fideles et très- éxacts des ExpéditionsMilitaires
qui se sont faites en Allemagne,
en Hollande et ailleurs depuis le Traité d'Aixla
- Chapelle jusques à celui de Nimegue , ausquels
on a joint la Relation de la Bataille de Senef, par
M. le Prince , et quelques autres Mémoires sur
les principales actions qui se sont passées pendant
cette guerre , in 12. 2. vol. 1734.
Le Droit de a Nature et des Gens , ou Systême
general des Principes les plus importans
de la Morale , de la Jurisprudence et de la Politique
, traduit du Latin de Puffendorf , avec les
Notes de M. de Barbeyrac , nouvelle Edition
très-augmentée , in 4. 2. vol. Amsterdem, 1734.
Refléxions sur la Poësie en general , sur l'Eglogue
, la Fable , l'Idylle , la Šatyre , l'Ode , et
sur les autres petits Poëmes , &c. suivies de trois
Lettres sur la décadence du Goût en France ,
M. R. D. S. M. in 8. La Haye , 1733 .
par
Memoire
NOVEMBR E. 1733. 2453
Mémoire de ce qui s'est passé sur Mer pendant
de 1688. jusqu'à 1697. entre la France
et Angleterre , par M. Burchett , in 12. Londres
, 1732.
la guerre
Continuation de l'Histoire du Parlement de
Bourgogne , depuis 1649. jusqu'en 1733. avec
les Armes et Blasons des Présidens et autres Of
ficiers de ce Parlement , in fol. Dijon , 1733 .
Nouvelle Histoire de la Ville de Tournus , et
de l'Abbaye de S. Filibert , avec une Table Chro
nologique , les preuves de l'Histoire , et le Pouil
lé des Bénefices et l'Histoire des Comtes de Châlons
, de Mâcon et des Sires de Baugé , avec figures
, 4. 2. vol . Dijon , 1735 .
in
Recherches interessantes sur l'Origine , la Formation
, &c. des Vers tuyau , qui infectent
les Vaisseaux et les Digues de Hollande , par
M. Massuet, avec figures , in 12. Amsterd. 1733 .
Traitez Géographiques et Historiques pour
faciliter l'intelligence de l'Ecriture Sainte ,
cueillis par M. de la Martiniere , in 12. 2 , vol .
La Haye.
rc-
Nouvelle Dissertation sur les paroles de la
Consécration de l'Eucharistie , avec une Lertre
de M. l'Abbé Dugué , in 8. 1733.
Les Quatre- Semblables , Comédie, par M. Dominique
, in 12. 1733.
Le Bouquet , Comédie , par Mrs Romagnesi
et Riccoboni , 1733-
On trouve chez le même Libraire toutes sortes
de Livres , tant de France , que des Pays étrangers .
Histoire des Rois de Pologne , et du Gouvernement
de ce Royaume ; où l'on trouve un détail
très- circonstancié de tout ce qui s'est passé
de plus remarquable sous le Regne de FREDERIC
AUGUSTE, et pendant les deux derniers interregnes,
par M *** 4 vol. in 12. Amsterdam, 1734.
Le cinquiéme volume sous presse , contiendra
'Histoire de ce qui s'est passé depuis la Diette
de Convocation , jusques à l'Election du Roy
STANISLAS , et jusques à présent.
Mémoires très- fideles et très- éxacts des ExpéditionsMilitaires
qui se sont faites en Allemagne,
en Hollande et ailleurs depuis le Traité d'Aixla
- Chapelle jusques à celui de Nimegue , ausquels
on a joint la Relation de la Bataille de Senef, par
M. le Prince , et quelques autres Mémoires sur
les principales actions qui se sont passées pendant
cette guerre , in 12. 2. vol. 1734.
Le Droit de a Nature et des Gens , ou Systême
general des Principes les plus importans
de la Morale , de la Jurisprudence et de la Politique
, traduit du Latin de Puffendorf , avec les
Notes de M. de Barbeyrac , nouvelle Edition
très-augmentée , in 4. 2. vol. Amsterdem, 1734.
Refléxions sur la Poësie en general , sur l'Eglogue
, la Fable , l'Idylle , la Šatyre , l'Ode , et
sur les autres petits Poëmes , &c. suivies de trois
Lettres sur la décadence du Goût en France ,
M. R. D. S. M. in 8. La Haye , 1733 .
par
Memoire
NOVEMBR E. 1733. 2453
Mémoire de ce qui s'est passé sur Mer pendant
de 1688. jusqu'à 1697. entre la France
et Angleterre , par M. Burchett , in 12. Londres
, 1732.
la guerre
Continuation de l'Histoire du Parlement de
Bourgogne , depuis 1649. jusqu'en 1733. avec
les Armes et Blasons des Présidens et autres Of
ficiers de ce Parlement , in fol. Dijon , 1733 .
Nouvelle Histoire de la Ville de Tournus , et
de l'Abbaye de S. Filibert , avec une Table Chro
nologique , les preuves de l'Histoire , et le Pouil
lé des Bénefices et l'Histoire des Comtes de Châlons
, de Mâcon et des Sires de Baugé , avec figures
, 4. 2. vol . Dijon , 1735 .
in
Recherches interessantes sur l'Origine , la Formation
, &c. des Vers tuyau , qui infectent
les Vaisseaux et les Digues de Hollande , par
M. Massuet, avec figures , in 12. Amsterd. 1733 .
Traitez Géographiques et Historiques pour
faciliter l'intelligence de l'Ecriture Sainte ,
cueillis par M. de la Martiniere , in 12. 2 , vol .
La Haye.
rc-
Nouvelle Dissertation sur les paroles de la
Consécration de l'Eucharistie , avec une Lertre
de M. l'Abbé Dugué , in 8. 1733.
Les Quatre- Semblables , Comédie, par M. Dominique
, in 12. 1733.
Le Bouquet , Comédie , par Mrs Romagnesi
et Riccoboni , 1733-
On trouve chez le même Libraire toutes sortes
de Livres , tant de France , que des Pays étrangers .
Fermer
Résumé : Livres nouveaux à Paris, chez BRIASSON.
Le document énumère des livres récemment publiés et disponibles chez le libraire Briasson à Paris. Parmi les ouvrages, 'Histoire des Rois de Pologne, et du Gouvernement de ce Royaume' en quatre volumes relate les événements sous le règne de Frédéric Auguste et les deux derniers interrègnes, avec un cinquième volume en préparation couvrant les événements jusqu'à l'élection du roi Stanislas. 'Mémoires très-fidèles et très-exacts des Expéditions Militaires' décrit les campagnes militaires en Allemagne, en Hollande et ailleurs entre les traités d'Aix-la-Chapelle et de Nimègue, incluant la bataille de Senef. Le document mentionne également des traductions et des éditions augmentées, comme 'Le Droit de la Nature et des Gens' de Puffendorf, traduit par Barbeyrac. D'autres publications incluent des réflexions sur la poésie, des mémoires sur les événements maritimes entre la France et l'Angleterre, des histoires du Parlement de Bourgogne, et des recherches sur divers sujets historiques et scientifiques. Le libraire propose aussi des comédies et des traités géographiques et historiques pour faciliter la compréhension de l'Écriture Sainte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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87
p. 2563-2580
SECONDE LETTRE CRITIQUE, sur la Chronologie de la nouvelle Histoire Universelle traduite de l'Anglois.
Début :
Vous êtes donc content de ma premiere Lettre, Monsieur ; la maniere [...]
Mots clefs :
Déluge, Histoire, Chronologie, Texte hébreu, Ordre, Écriture, Égyptiens, Égypte, Rois, Moïse, Auteurs, Roi, Raison, Dispersion, Autorité, Histoire universelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE LETTRE CRITIQUE, sur la Chronologie de la nouvelle Histoire Universelle traduite de l'Anglois.
SECONDE LETTRE CRITIQUE ;
sur la Chronologie de la nouvelle Histoire
Universelle traduite de l'Anglais-
V
Ous êtes donc content de ma premiere
Lettre , Monsieur ; la maniere
obligeante dont vous m'en parlez
est pour moi un nouvel engagement de
tenir ma parole . C'est de la Chronologie
en général , et de celle de l'Histoire des
Egyptiens que je vous rendrai compte
aujourd'hui . Et quand même ces Messieurs
auroient connoissance de mes Réfléxions
, ils n'en seroient ni surpris ni
fâchez , puisqu'ils avoüent d'avance qu'il
1. Vol.
2564 MERCURE DE FRANCE
y aura sans doute des fautes dans leur
ouvrage , car il n'en paroîtra , selon cux,
de parfait que l'année où l'on trouvera
le mouvement perpetuel et la Pierre
Philosophale. Mais ils se flattent aussi
de n'avoir commis que des fautes excusables,
Avis au Lecteur. Vous en serez
le Juge..
Tous ceux qui ont entrepris d'écrire
sur l'Histoire ancienne , se sont toujours
tourmentez pour trouver une regle sure
de Chronologie , les Septante ne sont
plus gueres de mise , et la préference
roule aujourd'hui entre l'Hebreu et le
Samaritain . Ces Messieurs prennent une
nouvelle route , ils suivent tantôt l'un >
tantôt l'autre de ces derniers textes , ne
les reconnoissant pour autentiques que
quand et comme ils le Jugent à propos.
C'est encore un autre principe autorisé
par la foi et par la raison que nous n'avons
aucune autre connoissance de l'Histoire
anterieure au Déluge que le peu qui s'en
trouve dans les Livres de Moyse. Ils le
reconnoissent comme nous . Aucune nation
, disent- ils , n'a porté son Histoire
au- delà du Déluge , au moins avec quelque
fondement avis au Lecteur p. 8.
et ailleurs , les Ecrits de Moyse sont les
seuls Monuments autentiques que nous
1. Vol. ayons
DECEMBRE. 1733 2565,
1
ayons
prouver que
›
,
de ces tems éloignez page. 142 .
Après tous ces aveus , qui s'attendroit
que le Compilateur va entreprendre de
le Sanchoniathon Auteur
Phénicien , qui vivoit même avant la
Guerre de Troye , nous a donné une Généalogie
complette de tous les descendans
de Caïn jusqu'au tems d'Abraham
Cela est néanmoins vrai , et il le fait sur
l'autorité de Cumberland. Le Protogone et
P'Eon sont le même couple qu'Adam et
Eve , leurs Enfans Genus et Genua sont
Caïn et sa femme comme on dit dans
la Loy civile , Caïus et Caïa, p. 143. et
pour en convaincre ,il faut voir comment
il déchire et décompose ces mots. De
ces descendans de Carn , combien tiret'il
d'origines curieuses ? p. 144. ct
suiv. La coûtume d'offrir du sang aux
déitez inférieures , et une partie de la
chair des bêtes tuées à la Chasse ; le culte
rendu aux hommes après leur mort ;
la premiere statuë qui leur est élevée , le
premier Temple bâti en leur honneur
Elion ou le Très-Haut est Lamech pere
de Noë celui- ci est Vrane , et son premier
fils Cronus ou Saturne est Cham comme
on aura soin de le prouver dans la suite
Voila ce qui s'appelle du neuf. Mais si
1. Vol. VOUS B
2566 MERCURE DE FRANCE
vous demandez pourquoi Sanchoniaton
n'a point parlé du Déluge dans le cours
de son récit, lui qui rapporte tant d'autres
événemens de peu de conséquence, on vous
répondra que ce fléau étant en partie le
fléau de l'idolatrie , les Payens ont tâché
d'abolir la mémoire d'un monument si
extraordinaire de la vangeance divine et
de leur propre honte.
Cela est bientôt dit. Mais comment
Sanchoniaton et les autres Payens poste
rieurs de plusieurs siècles au Déluge , en
avoient- ils connoissance ? Quelle Histoi
re anterieure subsistoit après ce ravage
universel ? Dans quelle urne , dans quelle
capse , dans quel coffre de fer l'avoit - on
mise pout la sauver du naufrage ? Qui en
avoit eu la pensée et la précaution ? Je
comprens comment Moyse inspiré par
le S. Esprit , et conduit par une tradition
miraculeusement conservée , nous a
tracé succintement l'Histoire de ces tems
obscurs. Mais je n'imagine point par quel
canal , Sanchoniathon , mille ans après
a pénetré dans ce mystere. Néanmoins
suivant ces Messieurs il le savoit et
mieux que Moyse , puisque ce S. Patriarche
Legislateur a ômis deux Genérations
qu'il faut remplir et réformer par la Iu ,
miere de l'Auteur Phenicien p. 148,
I, Vol
Dites
DECEMBRE.
1733 2567
Dites moi en votre conscience , l'auriezvous
jamais crû ?
Vous seriez encore bien plus étonné si
je vous disois ce qu'on raconte d'après
Berose : Qu'un Poisson à deux têtes fut
le premier maître qui instruisit les Caldéens
; que cet animal aquatique et de fi .
gure monstrueuse étoit Adam, et que dix
autres animaux de même sorte sont les
dix Patriarches qui suivirent jusqu'au
Déluge , p. 149. et suiv. Le tout conforme
à la Chronologie Samaritaine , suivant
la réformation de l'ancien Calen
drier Babilonien.
Autre découverte. Voici encore 113 ]
Générations pendant l'espace de 36525
ans de compte fait , qui ont occupé le
Trône de l'Egypte depuis le commencement
du Monde . Toute cette succession
est divisée en trois Races , les Aurites ,
les Mestréens , et les Egyptiens jusqu'à
Alexandre , p . 15;. L'on ajoûte , p • 154 .
et cette Hypothese, comme nous le
verons bien- tôt , s'accorde passablement
bien avec la Chronologie. Cependant ,
comme ce nombre paroît un peu exorbitant
, on aime mieux s'en rapporter à
Manethon , comme à celui de qui l'on
doit principalement puiser l'Histoire
d'Egypte . Et ce Prêtre d'Heliopolis qui
prou-
1. Vol. Bij l'écrivi
2568 MERCURE DE FRANCE
磕
l'écrivit par l'ordre de Philadelphe , est
beaucoup plus modeste , ne donnant que
9000 ans à Vulcain le premier Roy , qui
en font 750. des nôtres .
י
Tout cela vous paroît des réveries , et
vous avez d'autant plus raison , qu'elles
ne sont fondées que sur l'imagination et
sur les Fables du Paganisme.Ces Messieurs
trouvent cependant qu'elles s'accordent
passablement bien avec la Chronologie
et ils veulent s'en servir pour rectifier les
Généalogies de Moyse . Ils ont oublié, par
malheur pour nous , de dire comment
cela se peut faire ; et j'en suis aussi embarrassé
que de pouvoir concilier les differens
articles du jugement qu'ils en.
portent. » Nous venons , disenr- ils, de
» rassembler les differentes parties les
plus essentielles de l'Histoire du Mon-
» de avant le Déluge , que nous ayons
» pù trouver dans les Auteurs profanes,
Quelques- unes de ces parties ne sont pas
» destituées d'un certain air de verité.Ĉependant
à les prendre en général, elles
» nous paroissent peu dignes de croyance.
Nous osons néanmoins nous flatter que
» comme tout ce qui est marqué au coin
» d'une antiquité fort reculée mérite no-
» tre curiosité on ne regardera pas la
peine que nous avons prise comme en-
I. Vol. « ticrement
»
>
D'ECEMBR E. 1733. 2589°
tierement inutile. » Pesez bien cette
Sentence , elle vaudroit elle seule une
Lettre toute entiere.
,
Il n'y a , comme vous voyez , rien de
sûr dans tout cela,et leLecteur après avoir
medité deux cent pages d'un grand in 4°.
sçait moins à quoi s'en tenir que s'il n'avoit
lû que les six premiers chap. de la
Genése. Et comment celui qui a redigé
Ouvrage auroit- il pûr nous donner quelque
chose de net et un sistême suivi ,
lui qui n'en avoit pas pour soi-même ?
Inclinant à vouloir faire passer le Sanchoniathon
Berose , et la Chronique
Egyptienne pour des monumens qui ne
manquent pas d'un certain air de verité , il
adopte le calcul Hebreu , comme le plus .
long , pour les siècles qui ont précédé le
Déluge. Mais ce Texte a perdu , selon lui ,
toute son autenticité dans ce naufrage . Il
a été corrompu par les Juifs , qui vou .
loient décliner la force des Oracles , et il
est trop resserré pour contenir les fairs
qui se sont passez depuis le Déluge jusqu'à
la naissance de Phaleg. C'est le Smaritain
que l'on veut ici parce qu'il
contient 300 ans. de plus dans cet espace.
,
Quelqu'un qui voudroit voir clair dans
ses lectures,et se fonder en raison , deman ,
I. Vol.
deroit
Biij
2570 MERCURE DE FRANCE
deroit naturellement la preuve de ees
interpolations de l'un et de l'autre Texte
dans ces différens âges . Mais ce seroit un
curieux importun auquel on ne daigne
pas répondre. Toute la raison qu'on a
de changer de régle , c'est que l'un convient
mieux que l'autre dans les différentes
circonstances . Ainsi c'est l'Ecriture
qu'on ajuste sur l'Histoire profane ; au
lieu qu'il faudroit regler l'Histoire profane
sur l'autorité de l'Ecriture.
Le grand motif qui fait ici abandonner
le Texte Hebreu est l'impossibilité
de faire commencer la dispersion des
peuples 100 ans après le Déluge , époque
de la naissance de Phaleg ; et de trouver
53 Conducteurs , accompagnez chacun
d'une multitude capable de former le
même nombre des Colonies . Voilà ce
que le Traducteur appelle ingenieusement
la Croix de ceux qui suivent le Texte
Hebreu p. 285. Mais cette Croix n'est
gueres difficile à porter ; et qui pourroit
croire que personne n'a mieux réussi
que ces Messieurs à en diminuer le
poids ?
Tout ce qu'ils disent pour faire voir
que le Genre humain n'étoit pas assez
multiplié un siécle après le Déluge pour
former des Colonies , démontre évidem-
1. Vol. ment
DECEMBRE. 1733. 57%
ment que la chose étoit possible , naturelle
, et peut-être même nécessaire. Je
vous prens volontiers pour nôtre Juge.
Personne n'avoit encore traité si au long
ce point qui est vraiment curieux . Ces
Messieurs , recueillent avec soin les différens
calculs qu'ont fait d'habiles Auteurs
pour montrer jusqu'où alloit la
propagation des hommes chaque siécle
après ' e Déluge.
Suivant le P. Petau la terre contenoit
32768 Enfans mâles cent ans après la
réparation du Genre humain ; et 185 ans
après , il
avoit 155
y fois plus d'habitans
qu'on ne lui en suppose aujourd'hui .
Cumberland n'en trouve que trente mille,
101 ans après le Déluge. 40 ans après il en
augmente le nombre au delà de 300000.et
encore 40 ans après il le fait monter à
3000000, Quelques - uns sont plus moderez
, et ne comptent qu'environ 23000
hommes , d'autres 14000 à la naissance de
Phaleg.
Tout le monde qui double et au delà ,
si l'on y comprend les femmes , ne paroît
pas suffisant à ces Messieurs pour occasionner
la dispersion . Ils veulent attendre
encore 300 ans , c'est- à - dire jusqu'à
ce qu'il y ait , suivant le P. Petau , 247 ,
224,717 , 456 , hommes , ou un peu
I. Vol. Biiij moins
2572 MERCURE DE FRANCE
moins selon d'autres. Alors il auroit été
certainement bien forcé de se séparer ; et
je défie qu'on eût pâ attendre si longtems.
En supposant avec le Texte Hebreu que
la confusion des Langues est arrivée 100
ans après le Déluge , n'obligeoit t'ellepas
les hommes à se diviser suivant la
différence des familles et de leurs idiomes ?
Ils n'avoient pas besoin pour cet effet
d'être en plus grande quantité , ils s'augmentoient
assez de jour en jour , et l'Ecriture
ne dit pas que leur séparation se
fit dans la même semaine ou la même année
, il est très probable qu'il y eut des
intervales plus ou moins grands. Cette
réponse est d'autant plus solide qu'elle
est fondée sur la nature du sujet , qu'elle
tombe sous les sens , et qu'elle démontre
la suffisance du Texte Hebreu .
Mais ce qui va vous surprendre , c'est
qu'elle n'est pas de moi ; et que je la trouve
toute entiere dans ces Mrs, sujets à édifier
et à détruire de la même main. Voici
leurs paroles , p . 292. a Il faut considerer
que chacune de ces Colonies crois-
» soit à proportion qu'elles s'éloignoient
» davantage du centre de leur dispersion
avant que d'arriver au Pays où elles
» fixèrent ensuite leur séjour ; car la terre
1. Vol
DECEMBRE . 1733. 2573
8
» ne fut pas peuplée en une seule fois
» mais par dégrez , par où il paroît qu'il
» n'est nullement besoin de faire des ef-
» forts pour augmenter le Genre humain.
» au tems de la dispersion . » Et moi j'ajoûte
par la même raison qu'il n'étoit pas
nécessaire d'abandonner le Texte par le--
quel on avoit commencé sa Chronologie,
puisqu'il suffisoit pour donner le tems.
aux hommes de se multiplier , et que la
présomption est principalement en
faveur , comme l'ont remarqué les Peres.
On ne peut faire autrement , dit- on
p. 205. puisqu'au tems d'Abraham , qui
seroit suivant le calcul 427 ans , depuis
le Déluge,il y avoit sur la Terre plusieurs
Villes bâties , des Royaumes fondez , er
des Monarques dont l'Empire s'étendoit
depuis la Perse jusqu'au Pays de Canaan .
Tout cela est vrai ; mais si ces Mrs. le
donnent pour une objection solide ; qu'ils
nous dispensent d'en juger de même..
1. En suivant la supputation des Auteurs
qui ont compté les hommes qu'il !
y auroit dû avoir en ce tems là , on verra
que le nombre en est plus que suisant
pour faire des Royaumes très peu-.
plez quand même on s'attacheroit à
ceux qui l'ont plus, diminué. 2 °. Quels
étoient ces Rois ? Il en faut juger pas
1. Vol .
By
2574 MERCURE DE FRANCE
quatre
ce qui arriva à Abraham , qui en fit fuir
devant lui avec 318 hommes.
3 °. On appelloit alors Roy le Maître d'une
petite Contrée , peuplée ou non , le
chef d'une famille ou d'un village , quia
regebat. 4 ° . Mille ou neuf cent ans après
le Déluge , on voyoit encore dans le
Peloponese un Roy de Cerinthe , un
d'Argos , un de Sicyone , un de Mycènes
, un ou plusieurs dans l'Elide , un à
Orchomène , un à Messéne et un autre
à Lacédémone ; cependant toute cette
presqu'Isle n'a pas plus d'étendue que la
Lorraine. Que dirions- nous de neuf ou
dix Rois qui n'auroient que ce Duché
pour appanages Ce ne sont donc point
là des difficultez assez graves pour déroger
à l'autorité du Texte hebreu .
Tels sont les Préliminaires de ces Mrs.
de qui l'on peut diré avec une égale verité
, que personne ne sait plus de choses
sur l'introduction à l'Histoire , et que
personne n'en a des idées moins nettes.
Ils entrent ensuite dans le détail des Peuples
et des Monarchies , et c'est par les
Egyptiens qu'ils commencent. Je me suis
engagé à vous en dire quelque chose ; il
est juste de tenir ma parole.
Ce point y est traité dans le même
goût ; c'est -à - dire , avec une abondance
I. Vol. de
DECEMBRE. 1733. 2575
de recherches et d'érudition qu'on avoit
droit d'attendre d'une habile Societé de
Gens de Lettres. Mais ils se sont contentez
de mettre sous les yeux du Lecteur un
amas de faits qui ne laissent rien à désirer
sur la matiere, que l'ordre et le discernement.
Ils vont même plus loin. Ils raportent
avec diffusion les disputes et les
sentimens de tous les Auteurs sur chaque
point en particulier , et n'omettent rien
de part et d'autre . Mais en Ecrivains
humbles et timides , on ne les voit presque
jamais prendre de parti. Comme les regles
de la Critique ne leur ont point appris à
décider dans la diversité des opinions, ils
doutent et hésitent sur tout , et laissent
les autres dans la même incertitude. L'Analyse
que je vais faire de cette Partie
vous en convaincra,
W
» L'on remarque , disent -ils , de si
grands vuides et des erreurs si manifestes
» dans les successions des Rois d'Egypte ,
que ce seroit une peine très inutile que
de vouloir les ranger dans un ordre
> Chronologique
, qui les accordât entr'elles
, aussi bien qu'avec l'Ecriture
p. 426. « La Chronique
de Marsham
est pleine d'une érudition
admirable
» mais par malheur il s'est attaché trop
scrupuleusement
à la Chronologie
du
2
"
1. Vole B vj » Texte
2576 MERCURE DE FRANCE
Texte hebreu. Attachement qui l'obli-
» ge à supposer que Mènes a été Cham et
point Mizraim , et de faire commancer
son regne, en dépit du bon sens , im-
» médiatement , ( c'est- à- dire plus d'un
ן כ
siécle ) après le Déluge , p. 430. Tous
» les plus grands Hommes ne sçavent ce
» qu'ils disent là - dessus ; et l'on avouë
>> ingenûment que l'on ne comprend pas
.commentle projet d'accorder la Chro-
» nologie Egyptienne des premiers siecles
»avec la nôtre, à la légere différence de
quelques années près, a pû entrer dans
»l'esprit des gens sensez et ce qui a aug-
» menté l'étonnement est le ton décisif
» que quelques uns d'eux ont pris dans
» une matiere aussi incertaine , p . 434.
» Enfin la chose la moins vraisemblable
» est que Menès ait pû commencer son
» regne deux siècles après le Déluge , p.
» 435...
Il n'y a que l'incomparable , Newton qui
7. entende quelque chose . Cet illustre
Auteur ( oui en fait de Mathématique )
croit que Sesostris étoit Osiris . C'est pourquoi
il place après lui , Menès ( que to s
les Anciens ont regardé comme le premier
Roy d'Egypte. ) Et par une conséquence
nécessaire aussi bien - que pour
d'autres raisons , il change la succession
Le Vol. des
DECEMBRE. 1733
2577
des Rois d'Egypte de sa propre autorité
et voici l'ordre qu'il y met: Sasostris , Phee
ron, Proteus, Menès , Rhampsinitus Maris,
Cheops , Cephren , Mycerinus , Nitocris
&c. C'est comme si l'on arrangeoit ainsi
les Rois de France , Charles- Magne, Henri
IV. S.Louis,Mérovée, Pharamond , Il suppose
que Ménès a été le même qu'Aménophis
( le quel ? ) et Memnon , et que
par corruption on l'a appellé : Menès, Minès
, Mineus, Minies , Minevis, Enephes,
Venephes, Phamenophis , Osymanthias , Osimandes
, Ismandes , Imandes , Memnon
Arminon. Papa? Qui est ce qui le croira ?
Suivant cette hypothése , Menès ( reconnu
presqu'universellement pour fils de
Cham ) est plus ancien d'environ trois
cent ans que Psammétique , qui vivoit du
temps de Manassès. Ces découvertes ne
sont -elles pas incomparables , ou plutôt
ne sont- elles pas avancées en dépit du bon
sens, pour me servir de l'élégante expres
sion du Traducteur ?
$
-
Cependant il est vrai que ces Messieurs
se contentent d'admirer ces productions ,
sans les adopter,mais M.Newton ne pour
roit pas s'en fâcher , puisqu'ils rejettent
tout systême , et ne veulent commencer
leur Chronologie qu'à Psammétique.Mais
quoi ! falloit- il donc tant d'esprit pour
I. Vol. voie
2578 MERCURE DE FRANCE
voir
que
Sésac est nommé dans l'Ecriture
à côté de Salomon ? Hérodote ne dit- il
pas que Protée regnoit pendant le Siége
de Troye? Voilà donc la Chronologie remontée
déjà de seo ans. Quel pouvoit
être le Roy qui entréprit ces grands travaux
, qui accablerent les Israëlites ? Hérodote
et Diodore le peignent assez par
l'histoire de Sesostris. Il ne falloit donc
pas avoir une grande sagacité pour donner
de l'ordre à l'histoire des Egyptiens
avant la décadence de leur Empire , eton
peut l'assurer sans prendre le ton décisif.
Il est des yeux qu'un trop grand jour
éblouit. Frappez par les preuves et les objections
de tous les Systêmes Chronologiques
, ces Messieurs y ont vu par tout
du fort et du foible ; ils ont crû qu'on ne
pouvoit rien proposer de mieux que ce
qu'ils trouvoient dans des Ecrivains du
premier Ordre , quoiqu'ils n'ayent pas
consulté ce qu'on nous a donné en France
depuis quelques - temps , qui répand sur
ce sujet plus de lumiere qu'il n'y en avoit
jamais eu ; ils ont mieux aimé raconter
les sentimens d'autrui que d'en hazarder
un d'eux - mêmes , et c'est la méthode
qu'ils observent dans tout le reste de cette
Histoire particuliere ; ensorte qu'on
pourroit l'appeller une Histoire , in utram-
1. Vol.
que
DECEMBRE. 1733. 2579
que
que partem; pour et contre. Je ne choisis
trois exemples entre mille, parce qu'il est
temps de finir. On rapporte tout de suite
98 Systêmes de Chronologie , sans dire seulement
si dans tout ce nombre il y en a
un de bon. Pour sçavoir qui étoit Menès ,
il y a une belle et grande Note de 2 pages
in 4° , en petit texte , fort serré , où l'on
transcrit les raisons de Périzonius , de
Marsham , de Pezron et de M. Newton .
C'est bien pis sur Sésostris; il y a près de
neuf pages entieres de même caractere ,
fort serré , qui en feroient au moins 20
d'un in 12 ordinaire , pour rapporter la
dispute des mêmes Ecrivains, auxquels or
ajoute M.Wisthon quien occupe la meilleure
partie ,pour discuter si ce Prince est
le même que Sézac . Cela n'est- il pas bien
amusant ? On promet neanmoins de rapporter
ces sentimens en moins de paroles
qu'il sera possible . Que seroit- ce donc si
l'on avoit osé se livrer à soi- même ? Il met
vient en pensée un meilleur Titre , que
ces Messieurs auroient pû donner à leur
Ouvrage ; ils auroient dû mettre , ce me
semble , Histoire de ce qu'ont pensé tous les
Auteurs sur l'ancien Empire des Egyptiens,
jusqu'à Alexandre. En voilà assez pour une
Lettre. Si vous exigiez absolument que je
vous donnasse d'autres Extraits sur le rés-
1. Vol.
te
2580 MERCURE DE FRANCE
te de ce volume , j'aurois de la peine à
vous refuser ; mais je vais prévenir toute
difficulté en vous priant de ne me plus
rien demander. Je suis , & c..
sur la Chronologie de la nouvelle Histoire
Universelle traduite de l'Anglais-
V
Ous êtes donc content de ma premiere
Lettre , Monsieur ; la maniere
obligeante dont vous m'en parlez
est pour moi un nouvel engagement de
tenir ma parole . C'est de la Chronologie
en général , et de celle de l'Histoire des
Egyptiens que je vous rendrai compte
aujourd'hui . Et quand même ces Messieurs
auroient connoissance de mes Réfléxions
, ils n'en seroient ni surpris ni
fâchez , puisqu'ils avoüent d'avance qu'il
1. Vol.
2564 MERCURE DE FRANCE
y aura sans doute des fautes dans leur
ouvrage , car il n'en paroîtra , selon cux,
de parfait que l'année où l'on trouvera
le mouvement perpetuel et la Pierre
Philosophale. Mais ils se flattent aussi
de n'avoir commis que des fautes excusables,
Avis au Lecteur. Vous en serez
le Juge..
Tous ceux qui ont entrepris d'écrire
sur l'Histoire ancienne , se sont toujours
tourmentez pour trouver une regle sure
de Chronologie , les Septante ne sont
plus gueres de mise , et la préference
roule aujourd'hui entre l'Hebreu et le
Samaritain . Ces Messieurs prennent une
nouvelle route , ils suivent tantôt l'un >
tantôt l'autre de ces derniers textes , ne
les reconnoissant pour autentiques que
quand et comme ils le Jugent à propos.
C'est encore un autre principe autorisé
par la foi et par la raison que nous n'avons
aucune autre connoissance de l'Histoire
anterieure au Déluge que le peu qui s'en
trouve dans les Livres de Moyse. Ils le
reconnoissent comme nous . Aucune nation
, disent- ils , n'a porté son Histoire
au- delà du Déluge , au moins avec quelque
fondement avis au Lecteur p. 8.
et ailleurs , les Ecrits de Moyse sont les
seuls Monuments autentiques que nous
1. Vol. ayons
DECEMBRE. 1733 2565,
1
ayons
prouver que
›
,
de ces tems éloignez page. 142 .
Après tous ces aveus , qui s'attendroit
que le Compilateur va entreprendre de
le Sanchoniathon Auteur
Phénicien , qui vivoit même avant la
Guerre de Troye , nous a donné une Généalogie
complette de tous les descendans
de Caïn jusqu'au tems d'Abraham
Cela est néanmoins vrai , et il le fait sur
l'autorité de Cumberland. Le Protogone et
P'Eon sont le même couple qu'Adam et
Eve , leurs Enfans Genus et Genua sont
Caïn et sa femme comme on dit dans
la Loy civile , Caïus et Caïa, p. 143. et
pour en convaincre ,il faut voir comment
il déchire et décompose ces mots. De
ces descendans de Carn , combien tiret'il
d'origines curieuses ? p. 144. ct
suiv. La coûtume d'offrir du sang aux
déitez inférieures , et une partie de la
chair des bêtes tuées à la Chasse ; le culte
rendu aux hommes après leur mort ;
la premiere statuë qui leur est élevée , le
premier Temple bâti en leur honneur
Elion ou le Très-Haut est Lamech pere
de Noë celui- ci est Vrane , et son premier
fils Cronus ou Saturne est Cham comme
on aura soin de le prouver dans la suite
Voila ce qui s'appelle du neuf. Mais si
1. Vol. VOUS B
2566 MERCURE DE FRANCE
vous demandez pourquoi Sanchoniaton
n'a point parlé du Déluge dans le cours
de son récit, lui qui rapporte tant d'autres
événemens de peu de conséquence, on vous
répondra que ce fléau étant en partie le
fléau de l'idolatrie , les Payens ont tâché
d'abolir la mémoire d'un monument si
extraordinaire de la vangeance divine et
de leur propre honte.
Cela est bientôt dit. Mais comment
Sanchoniaton et les autres Payens poste
rieurs de plusieurs siècles au Déluge , en
avoient- ils connoissance ? Quelle Histoi
re anterieure subsistoit après ce ravage
universel ? Dans quelle urne , dans quelle
capse , dans quel coffre de fer l'avoit - on
mise pout la sauver du naufrage ? Qui en
avoit eu la pensée et la précaution ? Je
comprens comment Moyse inspiré par
le S. Esprit , et conduit par une tradition
miraculeusement conservée , nous a
tracé succintement l'Histoire de ces tems
obscurs. Mais je n'imagine point par quel
canal , Sanchoniathon , mille ans après
a pénetré dans ce mystere. Néanmoins
suivant ces Messieurs il le savoit et
mieux que Moyse , puisque ce S. Patriarche
Legislateur a ômis deux Genérations
qu'il faut remplir et réformer par la Iu ,
miere de l'Auteur Phenicien p. 148,
I, Vol
Dites
DECEMBRE.
1733 2567
Dites moi en votre conscience , l'auriezvous
jamais crû ?
Vous seriez encore bien plus étonné si
je vous disois ce qu'on raconte d'après
Berose : Qu'un Poisson à deux têtes fut
le premier maître qui instruisit les Caldéens
; que cet animal aquatique et de fi .
gure monstrueuse étoit Adam, et que dix
autres animaux de même sorte sont les
dix Patriarches qui suivirent jusqu'au
Déluge , p. 149. et suiv. Le tout conforme
à la Chronologie Samaritaine , suivant
la réformation de l'ancien Calen
drier Babilonien.
Autre découverte. Voici encore 113 ]
Générations pendant l'espace de 36525
ans de compte fait , qui ont occupé le
Trône de l'Egypte depuis le commencement
du Monde . Toute cette succession
est divisée en trois Races , les Aurites ,
les Mestréens , et les Egyptiens jusqu'à
Alexandre , p . 15;. L'on ajoûte , p • 154 .
et cette Hypothese, comme nous le
verons bien- tôt , s'accorde passablement
bien avec la Chronologie. Cependant ,
comme ce nombre paroît un peu exorbitant
, on aime mieux s'en rapporter à
Manethon , comme à celui de qui l'on
doit principalement puiser l'Histoire
d'Egypte . Et ce Prêtre d'Heliopolis qui
prou-
1. Vol. Bij l'écrivi
2568 MERCURE DE FRANCE
磕
l'écrivit par l'ordre de Philadelphe , est
beaucoup plus modeste , ne donnant que
9000 ans à Vulcain le premier Roy , qui
en font 750. des nôtres .
י
Tout cela vous paroît des réveries , et
vous avez d'autant plus raison , qu'elles
ne sont fondées que sur l'imagination et
sur les Fables du Paganisme.Ces Messieurs
trouvent cependant qu'elles s'accordent
passablement bien avec la Chronologie
et ils veulent s'en servir pour rectifier les
Généalogies de Moyse . Ils ont oublié, par
malheur pour nous , de dire comment
cela se peut faire ; et j'en suis aussi embarrassé
que de pouvoir concilier les differens
articles du jugement qu'ils en.
portent. » Nous venons , disenr- ils, de
» rassembler les differentes parties les
plus essentielles de l'Histoire du Mon-
» de avant le Déluge , que nous ayons
» pù trouver dans les Auteurs profanes,
Quelques- unes de ces parties ne sont pas
» destituées d'un certain air de verité.Ĉependant
à les prendre en général, elles
» nous paroissent peu dignes de croyance.
Nous osons néanmoins nous flatter que
» comme tout ce qui est marqué au coin
» d'une antiquité fort reculée mérite no-
» tre curiosité on ne regardera pas la
peine que nous avons prise comme en-
I. Vol. « ticrement
»
>
D'ECEMBR E. 1733. 2589°
tierement inutile. » Pesez bien cette
Sentence , elle vaudroit elle seule une
Lettre toute entiere.
,
Il n'y a , comme vous voyez , rien de
sûr dans tout cela,et leLecteur après avoir
medité deux cent pages d'un grand in 4°.
sçait moins à quoi s'en tenir que s'il n'avoit
lû que les six premiers chap. de la
Genése. Et comment celui qui a redigé
Ouvrage auroit- il pûr nous donner quelque
chose de net et un sistême suivi ,
lui qui n'en avoit pas pour soi-même ?
Inclinant à vouloir faire passer le Sanchoniathon
Berose , et la Chronique
Egyptienne pour des monumens qui ne
manquent pas d'un certain air de verité , il
adopte le calcul Hebreu , comme le plus .
long , pour les siècles qui ont précédé le
Déluge. Mais ce Texte a perdu , selon lui ,
toute son autenticité dans ce naufrage . Il
a été corrompu par les Juifs , qui vou .
loient décliner la force des Oracles , et il
est trop resserré pour contenir les fairs
qui se sont passez depuis le Déluge jusqu'à
la naissance de Phaleg. C'est le Smaritain
que l'on veut ici parce qu'il
contient 300 ans. de plus dans cet espace.
,
Quelqu'un qui voudroit voir clair dans
ses lectures,et se fonder en raison , deman ,
I. Vol.
deroit
Biij
2570 MERCURE DE FRANCE
deroit naturellement la preuve de ees
interpolations de l'un et de l'autre Texte
dans ces différens âges . Mais ce seroit un
curieux importun auquel on ne daigne
pas répondre. Toute la raison qu'on a
de changer de régle , c'est que l'un convient
mieux que l'autre dans les différentes
circonstances . Ainsi c'est l'Ecriture
qu'on ajuste sur l'Histoire profane ; au
lieu qu'il faudroit regler l'Histoire profane
sur l'autorité de l'Ecriture.
Le grand motif qui fait ici abandonner
le Texte Hebreu est l'impossibilité
de faire commencer la dispersion des
peuples 100 ans après le Déluge , époque
de la naissance de Phaleg ; et de trouver
53 Conducteurs , accompagnez chacun
d'une multitude capable de former le
même nombre des Colonies . Voilà ce
que le Traducteur appelle ingenieusement
la Croix de ceux qui suivent le Texte
Hebreu p. 285. Mais cette Croix n'est
gueres difficile à porter ; et qui pourroit
croire que personne n'a mieux réussi
que ces Messieurs à en diminuer le
poids ?
Tout ce qu'ils disent pour faire voir
que le Genre humain n'étoit pas assez
multiplié un siécle après le Déluge pour
former des Colonies , démontre évidem-
1. Vol. ment
DECEMBRE. 1733. 57%
ment que la chose étoit possible , naturelle
, et peut-être même nécessaire. Je
vous prens volontiers pour nôtre Juge.
Personne n'avoit encore traité si au long
ce point qui est vraiment curieux . Ces
Messieurs , recueillent avec soin les différens
calculs qu'ont fait d'habiles Auteurs
pour montrer jusqu'où alloit la
propagation des hommes chaque siécle
après ' e Déluge.
Suivant le P. Petau la terre contenoit
32768 Enfans mâles cent ans après la
réparation du Genre humain ; et 185 ans
après , il
avoit 155
y fois plus d'habitans
qu'on ne lui en suppose aujourd'hui .
Cumberland n'en trouve que trente mille,
101 ans après le Déluge. 40 ans après il en
augmente le nombre au delà de 300000.et
encore 40 ans après il le fait monter à
3000000, Quelques - uns sont plus moderez
, et ne comptent qu'environ 23000
hommes , d'autres 14000 à la naissance de
Phaleg.
Tout le monde qui double et au delà ,
si l'on y comprend les femmes , ne paroît
pas suffisant à ces Messieurs pour occasionner
la dispersion . Ils veulent attendre
encore 300 ans , c'est- à - dire jusqu'à
ce qu'il y ait , suivant le P. Petau , 247 ,
224,717 , 456 , hommes , ou un peu
I. Vol. Biiij moins
2572 MERCURE DE FRANCE
moins selon d'autres. Alors il auroit été
certainement bien forcé de se séparer ; et
je défie qu'on eût pâ attendre si longtems.
En supposant avec le Texte Hebreu que
la confusion des Langues est arrivée 100
ans après le Déluge , n'obligeoit t'ellepas
les hommes à se diviser suivant la
différence des familles et de leurs idiomes ?
Ils n'avoient pas besoin pour cet effet
d'être en plus grande quantité , ils s'augmentoient
assez de jour en jour , et l'Ecriture
ne dit pas que leur séparation se
fit dans la même semaine ou la même année
, il est très probable qu'il y eut des
intervales plus ou moins grands. Cette
réponse est d'autant plus solide qu'elle
est fondée sur la nature du sujet , qu'elle
tombe sous les sens , et qu'elle démontre
la suffisance du Texte Hebreu .
Mais ce qui va vous surprendre , c'est
qu'elle n'est pas de moi ; et que je la trouve
toute entiere dans ces Mrs, sujets à édifier
et à détruire de la même main. Voici
leurs paroles , p . 292. a Il faut considerer
que chacune de ces Colonies crois-
» soit à proportion qu'elles s'éloignoient
» davantage du centre de leur dispersion
avant que d'arriver au Pays où elles
» fixèrent ensuite leur séjour ; car la terre
1. Vol
DECEMBRE . 1733. 2573
8
» ne fut pas peuplée en une seule fois
» mais par dégrez , par où il paroît qu'il
» n'est nullement besoin de faire des ef-
» forts pour augmenter le Genre humain.
» au tems de la dispersion . » Et moi j'ajoûte
par la même raison qu'il n'étoit pas
nécessaire d'abandonner le Texte par le--
quel on avoit commencé sa Chronologie,
puisqu'il suffisoit pour donner le tems.
aux hommes de se multiplier , et que la
présomption est principalement en
faveur , comme l'ont remarqué les Peres.
On ne peut faire autrement , dit- on
p. 205. puisqu'au tems d'Abraham , qui
seroit suivant le calcul 427 ans , depuis
le Déluge,il y avoit sur la Terre plusieurs
Villes bâties , des Royaumes fondez , er
des Monarques dont l'Empire s'étendoit
depuis la Perse jusqu'au Pays de Canaan .
Tout cela est vrai ; mais si ces Mrs. le
donnent pour une objection solide ; qu'ils
nous dispensent d'en juger de même..
1. En suivant la supputation des Auteurs
qui ont compté les hommes qu'il !
y auroit dû avoir en ce tems là , on verra
que le nombre en est plus que suisant
pour faire des Royaumes très peu-.
plez quand même on s'attacheroit à
ceux qui l'ont plus, diminué. 2 °. Quels
étoient ces Rois ? Il en faut juger pas
1. Vol .
By
2574 MERCURE DE FRANCE
quatre
ce qui arriva à Abraham , qui en fit fuir
devant lui avec 318 hommes.
3 °. On appelloit alors Roy le Maître d'une
petite Contrée , peuplée ou non , le
chef d'une famille ou d'un village , quia
regebat. 4 ° . Mille ou neuf cent ans après
le Déluge , on voyoit encore dans le
Peloponese un Roy de Cerinthe , un
d'Argos , un de Sicyone , un de Mycènes
, un ou plusieurs dans l'Elide , un à
Orchomène , un à Messéne et un autre
à Lacédémone ; cependant toute cette
presqu'Isle n'a pas plus d'étendue que la
Lorraine. Que dirions- nous de neuf ou
dix Rois qui n'auroient que ce Duché
pour appanages Ce ne sont donc point
là des difficultez assez graves pour déroger
à l'autorité du Texte hebreu .
Tels sont les Préliminaires de ces Mrs.
de qui l'on peut diré avec une égale verité
, que personne ne sait plus de choses
sur l'introduction à l'Histoire , et que
personne n'en a des idées moins nettes.
Ils entrent ensuite dans le détail des Peuples
et des Monarchies , et c'est par les
Egyptiens qu'ils commencent. Je me suis
engagé à vous en dire quelque chose ; il
est juste de tenir ma parole.
Ce point y est traité dans le même
goût ; c'est -à - dire , avec une abondance
I. Vol. de
DECEMBRE. 1733. 2575
de recherches et d'érudition qu'on avoit
droit d'attendre d'une habile Societé de
Gens de Lettres. Mais ils se sont contentez
de mettre sous les yeux du Lecteur un
amas de faits qui ne laissent rien à désirer
sur la matiere, que l'ordre et le discernement.
Ils vont même plus loin. Ils raportent
avec diffusion les disputes et les
sentimens de tous les Auteurs sur chaque
point en particulier , et n'omettent rien
de part et d'autre . Mais en Ecrivains
humbles et timides , on ne les voit presque
jamais prendre de parti. Comme les regles
de la Critique ne leur ont point appris à
décider dans la diversité des opinions, ils
doutent et hésitent sur tout , et laissent
les autres dans la même incertitude. L'Analyse
que je vais faire de cette Partie
vous en convaincra,
W
» L'on remarque , disent -ils , de si
grands vuides et des erreurs si manifestes
» dans les successions des Rois d'Egypte ,
que ce seroit une peine très inutile que
de vouloir les ranger dans un ordre
> Chronologique
, qui les accordât entr'elles
, aussi bien qu'avec l'Ecriture
p. 426. « La Chronique
de Marsham
est pleine d'une érudition
admirable
» mais par malheur il s'est attaché trop
scrupuleusement
à la Chronologie
du
2
"
1. Vole B vj » Texte
2576 MERCURE DE FRANCE
Texte hebreu. Attachement qui l'obli-
» ge à supposer que Mènes a été Cham et
point Mizraim , et de faire commancer
son regne, en dépit du bon sens , im-
» médiatement , ( c'est- à- dire plus d'un
ן כ
siécle ) après le Déluge , p. 430. Tous
» les plus grands Hommes ne sçavent ce
» qu'ils disent là - dessus ; et l'on avouë
>> ingenûment que l'on ne comprend pas
.commentle projet d'accorder la Chro-
» nologie Egyptienne des premiers siecles
»avec la nôtre, à la légere différence de
quelques années près, a pû entrer dans
»l'esprit des gens sensez et ce qui a aug-
» menté l'étonnement est le ton décisif
» que quelques uns d'eux ont pris dans
» une matiere aussi incertaine , p . 434.
» Enfin la chose la moins vraisemblable
» est que Menès ait pû commencer son
» regne deux siècles après le Déluge , p.
» 435...
Il n'y a que l'incomparable , Newton qui
7. entende quelque chose . Cet illustre
Auteur ( oui en fait de Mathématique )
croit que Sesostris étoit Osiris . C'est pourquoi
il place après lui , Menès ( que to s
les Anciens ont regardé comme le premier
Roy d'Egypte. ) Et par une conséquence
nécessaire aussi bien - que pour
d'autres raisons , il change la succession
Le Vol. des
DECEMBRE. 1733
2577
des Rois d'Egypte de sa propre autorité
et voici l'ordre qu'il y met: Sasostris , Phee
ron, Proteus, Menès , Rhampsinitus Maris,
Cheops , Cephren , Mycerinus , Nitocris
&c. C'est comme si l'on arrangeoit ainsi
les Rois de France , Charles- Magne, Henri
IV. S.Louis,Mérovée, Pharamond , Il suppose
que Ménès a été le même qu'Aménophis
( le quel ? ) et Memnon , et que
par corruption on l'a appellé : Menès, Minès
, Mineus, Minies , Minevis, Enephes,
Venephes, Phamenophis , Osymanthias , Osimandes
, Ismandes , Imandes , Memnon
Arminon. Papa? Qui est ce qui le croira ?
Suivant cette hypothése , Menès ( reconnu
presqu'universellement pour fils de
Cham ) est plus ancien d'environ trois
cent ans que Psammétique , qui vivoit du
temps de Manassès. Ces découvertes ne
sont -elles pas incomparables , ou plutôt
ne sont- elles pas avancées en dépit du bon
sens, pour me servir de l'élégante expres
sion du Traducteur ?
$
-
Cependant il est vrai que ces Messieurs
se contentent d'admirer ces productions ,
sans les adopter,mais M.Newton ne pour
roit pas s'en fâcher , puisqu'ils rejettent
tout systême , et ne veulent commencer
leur Chronologie qu'à Psammétique.Mais
quoi ! falloit- il donc tant d'esprit pour
I. Vol. voie
2578 MERCURE DE FRANCE
voir
que
Sésac est nommé dans l'Ecriture
à côté de Salomon ? Hérodote ne dit- il
pas que Protée regnoit pendant le Siége
de Troye? Voilà donc la Chronologie remontée
déjà de seo ans. Quel pouvoit
être le Roy qui entréprit ces grands travaux
, qui accablerent les Israëlites ? Hérodote
et Diodore le peignent assez par
l'histoire de Sesostris. Il ne falloit donc
pas avoir une grande sagacité pour donner
de l'ordre à l'histoire des Egyptiens
avant la décadence de leur Empire , eton
peut l'assurer sans prendre le ton décisif.
Il est des yeux qu'un trop grand jour
éblouit. Frappez par les preuves et les objections
de tous les Systêmes Chronologiques
, ces Messieurs y ont vu par tout
du fort et du foible ; ils ont crû qu'on ne
pouvoit rien proposer de mieux que ce
qu'ils trouvoient dans des Ecrivains du
premier Ordre , quoiqu'ils n'ayent pas
consulté ce qu'on nous a donné en France
depuis quelques - temps , qui répand sur
ce sujet plus de lumiere qu'il n'y en avoit
jamais eu ; ils ont mieux aimé raconter
les sentimens d'autrui que d'en hazarder
un d'eux - mêmes , et c'est la méthode
qu'ils observent dans tout le reste de cette
Histoire particuliere ; ensorte qu'on
pourroit l'appeller une Histoire , in utram-
1. Vol.
que
DECEMBRE. 1733. 2579
que
que partem; pour et contre. Je ne choisis
trois exemples entre mille, parce qu'il est
temps de finir. On rapporte tout de suite
98 Systêmes de Chronologie , sans dire seulement
si dans tout ce nombre il y en a
un de bon. Pour sçavoir qui étoit Menès ,
il y a une belle et grande Note de 2 pages
in 4° , en petit texte , fort serré , où l'on
transcrit les raisons de Périzonius , de
Marsham , de Pezron et de M. Newton .
C'est bien pis sur Sésostris; il y a près de
neuf pages entieres de même caractere ,
fort serré , qui en feroient au moins 20
d'un in 12 ordinaire , pour rapporter la
dispute des mêmes Ecrivains, auxquels or
ajoute M.Wisthon quien occupe la meilleure
partie ,pour discuter si ce Prince est
le même que Sézac . Cela n'est- il pas bien
amusant ? On promet neanmoins de rapporter
ces sentimens en moins de paroles
qu'il sera possible . Que seroit- ce donc si
l'on avoit osé se livrer à soi- même ? Il met
vient en pensée un meilleur Titre , que
ces Messieurs auroient pû donner à leur
Ouvrage ; ils auroient dû mettre , ce me
semble , Histoire de ce qu'ont pensé tous les
Auteurs sur l'ancien Empire des Egyptiens,
jusqu'à Alexandre. En voilà assez pour une
Lettre. Si vous exigiez absolument que je
vous donnasse d'autres Extraits sur le rés-
1. Vol.
te
2580 MERCURE DE FRANCE
te de ce volume , j'aurois de la peine à
vous refuser ; mais je vais prévenir toute
difficulté en vous priant de ne me plus
rien demander. Je suis , & c..
Fermer
Résumé : SECONDE LETTRE CRITIQUE, sur la Chronologie de la nouvelle Histoire Universelle traduite de l'Anglois.
La lettre critique examine la chronologie de la nouvelle Histoire Universelle traduite de l'anglais, en se concentrant particulièrement sur l'Histoire des Égyptiens. L'auteur souligne les difficultés rencontrées par les historiens pour établir une chronologie précise de l'histoire ancienne, notamment les débats entre les textes hébreux et samaritains. Les auteurs de l'ouvrage adoptent une approche flexible, alternant entre ces textes selon leur convenance, et reconnaissent les écrits de Moïse comme les seuls monuments authentiques pour l'histoire antérieure au Déluge. Cependant, ils introduisent des éléments controversés, comme la généalogie de Sanchoniathon, un auteur phénicien, qui fournit une généalogie complète des descendants de Caïn jusqu'à Abraham. La lettre critique met en doute la fiabilité des sources païennes et des découvertes surprenantes, telles que celle de Berose, qui parle d'un poisson à deux têtes comme premier maître des Chaldéens. Les auteurs de l'ouvrage tentent de concilier ces fables païennes avec la chronologie biblique, mais l'auteur de la lettre trouve ces efforts peu convaincants et fondés sur l'imagination. En conclusion, la lettre critique remet en question la fiabilité de l'ouvrage, notant que le lecteur reste incertain après avoir lu des centaines de pages. L'auteur critique également la méthode des compilateurs, qui ajustent l'Écriture sur l'histoire profane plutôt que l'inverse. Le texte discute également de la complexité de la chronologie des rois de la Grèce antique, notamment en Peloponnèse, et compare cette situation à une hypothétique répartition de rois en Lorraine. Il critique les préliminaires d'un ouvrage sur l'histoire, soulignant que leurs auteurs, bien que très érudits, manquent de clarté et de discernement. Les auteurs de l'ouvrage compilent abondamment des faits et des disputes entre différents auteurs, mais évitent de prendre parti, laissant ainsi le lecteur dans l'incertitude. Ils commencent leur chronologie à Psammétique, rejetant tout système chronologique antérieur. Le texte conclut en qualifiant l'ouvrage d'« Histoire in utramque partem », c'est-à-dire une histoire qui présente les arguments pour et contre sans prendre parti.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
88
p. 2629-2632
LETTRE écrite le 30. Novembre 1733. au sujet de l'Ouvrage de M. Michel, intitulé, Systême Chronologique &c.
Début :
Je porte, Monsieur, à votre Tribunal un Procès Litteraire dans lequel le [...]
Mots clefs :
P. Tournemine, M. Michel, Histoire, Édition, Ouvrage, Dissertations , Système chronologique, Bible
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite le 30. Novembre 1733. au sujet de l'Ouvrage de M. Michel, intitulé, Systême Chronologique &c.
LETTRE écrite le 35. Novembre 1733.
au fujet de l'Ouvrage de M. Michel™,
intitulé , Systême Chronologique &c.
JE porte ,Monsieur , à votre Tribunal
un Procès Litteraire dans lequel lè
principal interessé ne veut point entrer ;
mais tout Homme de Lettres , tout Lecteur
est partie à son défaut. La discussion
dé ce Procès n'est pas difficile , l'exposi
tion du fait le décide.
J'ay lû avec plaisir dans l'ouvrage de
M. Michel , intitulé Systême Chronologique
sur les trois Textes de la Bible qui a paru
cette année , les principes Chronologiques
de l'Auteur : il fait sentir que le
calcul trop abregé des Juifs ne s'accorde ,
ni avec la vraisemblance , ni avec les
Monumens Historiques les moins contestés
, qu'il faut avoir recours aux Textes
Grecs et Samaritains pour les années écoulées
depuis le Déluge jusqu'à l'Epoque
d'Abraham , que cette methode autori-
I. Vol.
sec
2630 MERCURE DE FRANCE
sée par les Saints Peres , et suivie par de
fameux Interprétes et d'habiles Chronologistes
, est la seule qui réunisse l'Histoire
Profane à l'Histoire Sacrée. Mon
plaisir a fort augmenté quand j'ay trouvé
à la page onzième une voie de conciliation
de la Vulgate avec le Grec et le Samaritain
, indiquée, qui conserve à la Vulgate
toute son authorité .
Dans ce commencement de l'ouvrage
de M. Michel , la justesse des conjectures
est appuyée par une érudition choisie . La
marge est chargée d'un grand nombre de
citations. J'y ai cherché la citation des
Memoires de Trevoux , ou des Dissertations
chronologiques du R. P. Tournemine
, et je l'ay cherchée en vain , elle y
manque.
Cependant , Monsieur , la voie de conciliation
entre les trois Textes a été proposée
par le P. Tournemine , il y a trente
ans dans les Mémoires de Trevoux de mil
sept cent trois , au mois de Mars et au mois
d'Août ; il ne se contente pas de la proposer
, cette conjecture ingenieuse , il
l'établit par des preuves ausquelles il est
difficile de resister.
En mil sept cent six M. du Hamel , ce
sçavant Universel , Philosophe , Mathématicien
, Théologien , Interpréte de l'E-
1. Vol. criture
DECEMBRE. 1733. 2651
criture , versé dans toutes les Sciences
adopta avec éloge le sentiment du Pere
Tournemine dans sa belle Edition de la
Bible.
En mil sept cent dix- neuf, le P. Tournemine
expliqua encore plus cette voie de
conciliation dans ses Dissertations chronologiques
latines , jointes à la nouvelle
Edition de Menochius. Ses découvertes
sur l'Histoire d'Egypte , des Assiriens ,
des Médes , de Cyrus , de Judith et d'Ester
sur l'origine des Lacédémoniens ,
sur plusieurs Propheties , entr'autres sur
les semaines de Daniel , sur l'année de la
Naissance de Jesus Christ , contenues
dans ces Dissertations , ont été goutées et
adoptées par d'habiles Critiques.
-
En mil sept cent vingt deux la seconde
Edition des Dissertations du P. Tournemine
parut à Venise. Un docte Italien , attaqua
la voie de conciliation proposée par
ce Pere en mil sept cent vingt-huit. M.
l'Abbé Biacca , fameux Académicien de
Rome , la justifia dans son Trattenimento
istorico Cronologico . Sa Critique judicieuse,
nette , précise , a obtenu les suffrages de
toute l'Italie sçavante.
En mil sept cent vingt-neuf , M. Len
glet du Fresnoy, dans la nouvelle Edition
de sa Méthode pour étudier l'Histoire
I. Vol. Livre
2632 MERCURE DE FRANCE
+
Livre nécessaire à tous ceux qui veulent
la sçavoir , déja traduit en Allemand , en
Espagnol , en Italien , en Anglois , suit
et dévelope le sensiment du P. Tournemine
avec cette clarté et cet ordre qui
fait le caractere et le succès de ses Ou
vrages.
Enfin en mil sept cent trente-deux , la
sçavante Academie d'Angleterre qui s'applique
à éclaircir l'Histoire Universelle ,
et qui en fournit d'excellens materiaux ,
a cité le P. Tournemine et préferé son
sentiment aux autres. On a traduit en
François cet Ouvrage curieux .
Si l'idée , les preuves, les raisonnemens;
les citations que le P. Tournemine a pu
bliés, il y a trente ans , étoient venus dans
l'esprit de M. Michel , la rencontre seroit
merveilleuse , unique ; elle est in
croïable , et pour justifier M. Michel il
faut rejetter la faute de la citation omise
sur le Copiste ou sur l'Imprimeur..
au fujet de l'Ouvrage de M. Michel™,
intitulé , Systême Chronologique &c.
JE porte ,Monsieur , à votre Tribunal
un Procès Litteraire dans lequel lè
principal interessé ne veut point entrer ;
mais tout Homme de Lettres , tout Lecteur
est partie à son défaut. La discussion
dé ce Procès n'est pas difficile , l'exposi
tion du fait le décide.
J'ay lû avec plaisir dans l'ouvrage de
M. Michel , intitulé Systême Chronologique
sur les trois Textes de la Bible qui a paru
cette année , les principes Chronologiques
de l'Auteur : il fait sentir que le
calcul trop abregé des Juifs ne s'accorde ,
ni avec la vraisemblance , ni avec les
Monumens Historiques les moins contestés
, qu'il faut avoir recours aux Textes
Grecs et Samaritains pour les années écoulées
depuis le Déluge jusqu'à l'Epoque
d'Abraham , que cette methode autori-
I. Vol.
sec
2630 MERCURE DE FRANCE
sée par les Saints Peres , et suivie par de
fameux Interprétes et d'habiles Chronologistes
, est la seule qui réunisse l'Histoire
Profane à l'Histoire Sacrée. Mon
plaisir a fort augmenté quand j'ay trouvé
à la page onzième une voie de conciliation
de la Vulgate avec le Grec et le Samaritain
, indiquée, qui conserve à la Vulgate
toute son authorité .
Dans ce commencement de l'ouvrage
de M. Michel , la justesse des conjectures
est appuyée par une érudition choisie . La
marge est chargée d'un grand nombre de
citations. J'y ai cherché la citation des
Memoires de Trevoux , ou des Dissertations
chronologiques du R. P. Tournemine
, et je l'ay cherchée en vain , elle y
manque.
Cependant , Monsieur , la voie de conciliation
entre les trois Textes a été proposée
par le P. Tournemine , il y a trente
ans dans les Mémoires de Trevoux de mil
sept cent trois , au mois de Mars et au mois
d'Août ; il ne se contente pas de la proposer
, cette conjecture ingenieuse , il
l'établit par des preuves ausquelles il est
difficile de resister.
En mil sept cent six M. du Hamel , ce
sçavant Universel , Philosophe , Mathématicien
, Théologien , Interpréte de l'E-
1. Vol. criture
DECEMBRE. 1733. 2651
criture , versé dans toutes les Sciences
adopta avec éloge le sentiment du Pere
Tournemine dans sa belle Edition de la
Bible.
En mil sept cent dix- neuf, le P. Tournemine
expliqua encore plus cette voie de
conciliation dans ses Dissertations chronologiques
latines , jointes à la nouvelle
Edition de Menochius. Ses découvertes
sur l'Histoire d'Egypte , des Assiriens ,
des Médes , de Cyrus , de Judith et d'Ester
sur l'origine des Lacédémoniens ,
sur plusieurs Propheties , entr'autres sur
les semaines de Daniel , sur l'année de la
Naissance de Jesus Christ , contenues
dans ces Dissertations , ont été goutées et
adoptées par d'habiles Critiques.
-
En mil sept cent vingt deux la seconde
Edition des Dissertations du P. Tournemine
parut à Venise. Un docte Italien , attaqua
la voie de conciliation proposée par
ce Pere en mil sept cent vingt-huit. M.
l'Abbé Biacca , fameux Académicien de
Rome , la justifia dans son Trattenimento
istorico Cronologico . Sa Critique judicieuse,
nette , précise , a obtenu les suffrages de
toute l'Italie sçavante.
En mil sept cent vingt-neuf , M. Len
glet du Fresnoy, dans la nouvelle Edition
de sa Méthode pour étudier l'Histoire
I. Vol. Livre
2632 MERCURE DE FRANCE
+
Livre nécessaire à tous ceux qui veulent
la sçavoir , déja traduit en Allemand , en
Espagnol , en Italien , en Anglois , suit
et dévelope le sensiment du P. Tournemine
avec cette clarté et cet ordre qui
fait le caractere et le succès de ses Ou
vrages.
Enfin en mil sept cent trente-deux , la
sçavante Academie d'Angleterre qui s'applique
à éclaircir l'Histoire Universelle ,
et qui en fournit d'excellens materiaux ,
a cité le P. Tournemine et préferé son
sentiment aux autres. On a traduit en
François cet Ouvrage curieux .
Si l'idée , les preuves, les raisonnemens;
les citations que le P. Tournemine a pu
bliés, il y a trente ans , étoient venus dans
l'esprit de M. Michel , la rencontre seroit
merveilleuse , unique ; elle est in
croïable , et pour justifier M. Michel il
faut rejetter la faute de la citation omise
sur le Copiste ou sur l'Imprimeur..
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Résumé : LETTRE écrite le 30. Novembre 1733. au sujet de l'Ouvrage de M. Michel, intitulé, Systême Chronologique &c.
La lettre, datée du 35 novembre 1733, traite de l'ouvrage de M. Michel intitulé 'Système Chronologique', qui porte sur les textes bibliques. L'auteur de la lettre apprécie les principes chronologiques de M. Michel, qui critique le calcul des Juifs et propose d'utiliser les textes grecs et samaritains pour les périodes antérieures à Abraham. Cette approche est soutenue par les Saints Pères et des chronologistes renommés. L'auteur note une voie de conciliation entre la Vulgate, le grec et le samaritain à la page onze de l'ouvrage. Cependant, il souligne l'absence de citations des Mémoires de Trevoux ou des dissertations chronologiques du Père Tournemine, qui avait proposé cette conciliation trente ans auparavant. Le Père Tournemine avait établi cette conjecture avec des preuves solides, et elle avait été adoptée par des savants comme M. du Hamel et l'Abbé Biacca. La lettre mentionne également que des critiques et des académies, y compris l'Académie d'Angleterre, avaient validé les travaux du Père Tournemine. L'auteur conclut que la similitude entre les idées de M. Michel et celles du Père Tournemine est trop grande pour être une coïncidence, suggérant une possible omission de citation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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89
p. 2819-2834
SECONDE Lettre de M. D. L. R. sur la Litterature des Mahometans, et sur celle des Turcs en particulier.
Début :
Je réponds, Monsieur, le plutôt qu'il m'est possible à la derniere Lettre que [...]
Mots clefs :
Littérature des mahométans, Turcs, Constantinople, Bibliothèque, Histoire, Ignorance, Sciences, Roi, Vérité, Paris, Levant, Lettres, Mosquée, Préjugé, Langues
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE Lettre de M. D. L. R. sur la Litterature des Mahometans, et sur celle des Turcs en particulier.
SECONDE Lettre de M. D. L. R.
sur la Litterature des Mahometans , et
sur celle des Turcs en particulier.
J
E réponds , Monsieur , le plutôt qu'il
m'est possible à la derniere Lettre que
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire
de Constantinople le 30 Mars dernier ,
et je commence par l'Article le plus es
sentiel et que vous me recommandez
particulierement. Vous me demandez si
j'ai prétendu parler bien sérieusement ,
II. Vol.
2820 MERCURE DE FRANCE
du moins s'il n'y a rien d'exagéré dans
la Lettre qui concerne la Litterature des
Mahometans et celle des Turcs en particulier
, que vous avez lue dans le Mercure
de Septembre 1732. ajoûtant que
vous attendez ma réponse pour me développer
les Reflexions que vous avez
faites là-dessus et que dès à présent, c'està-
dire , sans attendre ma Réponse , vous
êtes dans le Préjugé general que les Turcs
sont d'une ignorance crasse ,
très- peu
curieux d'en sortir , &c.
Je vous dirai d'abord , Monsieur , que
j'ai écrit très sérieusement sur le sujet en
question , que je ne crois pas avoir rien
exageré et que je n'ai rien avancé sans
autorité , sur quoi je vous renvoye à ma
Lettre même du Mercure , sans préjudice
des autres autoritez que je puis encore
vous alleguer.
J'ajoûterai à cette affirmation que ce
n'est pas mon Voyage du Levant seul
qui m'a détrompé sur la prétendue ignorance
des Turcs ; je suis allé dans l'Orient
presque avec le même Préjugé où
vous êtes aujourd'hui , et que plusieurs
années de séjour n'ont pas encore détruit
chez vous , Préjugé , pour le dire
en passant , qui empêche , qui ôte l'envie
de s'instruire et de parvenir à la découverte
de la verité.
DECEMBRE . 1733. 2827
Mon voyage ne m'a donné là - dessus
qu'une premiere lueur , mais cette lueur
est devenue lumiere et certitude par les
lectures que j'ai faites depuis mon retour
des ouvrages des Mahometans Anciens et
Modernes , qui fe trouvent dans la Bibliotheque
du Roy et ailleurs , et par le
long commerce que j'ai eû avec plusieurs
sçavans d'élite en érudition orientale ,
qui ont passé une partie de leur vie dans
le Levant et qui sont morts à Paris dans
une haute réputation de vertu , et d'amour
pour la verité. Je n'en nommerai
ici que deux , sçavoir.
François Peris de la Croix Parisien
Sécretaire , Interprete du Roy pour les
Langues Orientales , Professeur en Arabe
au Collège Royal , mort sur la fin de
l'année 1713. M. Colbert le fit passer
dans fa jeunesse et séjourner fuccessivement
à Alep , à Hispaham , à Constantinople
, pour apprendre en perfection les
trois principales Langues , l'Histoire , les
Coutumes & c . des Nations du Levant.
Dans son instruction , dont j'ai une copie,
cette habile Ministre lui ordonne de
s'instruire particulierement à l'égard des
Sciences et des Arts cultivez dans ces differens
Pays. M. Petis en rapporta beaucoup
de doctrine Orientale , dequoi il a
?
11, Vol. donné
822 MERCURE DE FRANCE
·
donné des preuves toute sa vie , et plusieurs
Manuscrits utiles , dont il a tra
duit une bonne partie , entre lesquels est
la curieuse Bibliotheque de Hadgi Calfa,
Turc moderne de Constantinople , * qui
feule est capable de détruire le Préjugé
commun de la prétendue ignorance des
Mahometans & c .
Et Antoine Galland de Noyon , de
PAcadémie Royale des Inscriptions et
des Belles Lettres associé à celle des
Ricovrati de Padoue , Antiquaire du Roy,
Professeur en Arabe au Collège Royal ,
mort au mois de Février 1715 Il suivie
le Marquis de Nointel dans fon Ambassade
de Constantinople , dans son voyage
de la Palestine,et dans sa visite des Echelles
du Levant. De retour en France il fit
encore dux voyages à Constantinople
et au Levant par les ordres de M M. Col
* Ce seul Ouvrage peut détromper bien des gens,
et même quelques Sçavans , qui croyent que les
Turcs et autres Mahometans négligent les Sciences ,
trompez par des Voyageurs , qui ne sçackant pas les
Langues , n'ont pas på conferer avec les Sçavans
des l'ays qu'ils ont parcourus . Cette Bibliotheque
est une veritable Encyclopedie de toutes les Sciences
et de tous les Arts chez les Orientaux . Préface de
P'Histoire de Tamerlan , traduite du Persan pat
M. Peus de la Croix, et donnée au Public après
sa mort. 4. vol. 1 12. Paris 1722.
11. Vol. bert
DECEMBRE . 1733. 2823
1
bert er de Louvois , pour la recherche
des Medalles et des Manuscrits . ce qui
acheva de le perf.ctionner dans l'intelligence
des Langues , et dans la connoissance
de l'Histoire et de tout ce qui concerne
les Orientaux . Il étoit d'ailleurs bon
Critique , excellent Antiquaire et naturellement
Philofophe. Il a composé plusieurs
Ouvrages , dont quelques uns ont
été imprimez. De ses Manuscrits ceux
qui regardent l'Orient ont passé dans la
Bibliotheque du Roy. On lui doit l'Edition
de la Bibliotheque Crientale de
M. d'He belot , faite à Paris en 1697 ,
grand in fol.de 106 pag. et la belle Préface
qui est à la tête . a Preface dont la
(a) On fait quelque grace aux Arabes , et ils
passent pour avoir autrefois cult vé les Sciences aves
grande application. On attribue de la politesse aux
Per ans et on leur rend justice .Mais , par leur nom
seul , les Turcs sont tellement décriez , qu'il suffit
ordinairement de les nommer pour signifier une
Nation grossiere , barbare et d'une ignorance achevée
, et sous leur nom on entend parler de ceux qui
sont sous la domination de l'Empire Ottoman . Cependant
on leur fait injustice ; car sans s'arréter à
Les justifier ici de barbarie et de grossiereté , ce qui
demanderoit un détail .... On peut dire à l'égard
de l'ignorance , qu'ils ne cedent ni aux Arabės ni
aux Iersans dans les Sciences et dans les Belles- Lettrer
, communes à ces trois at.ons , et qu'ils les
cultivent presque dès le commencement de lcur Em-
II. Vol.
scule
2824 ME RCURE DE FRANCE
seule lecture est capable de détruire l'erreur
des Européens qui excluent la cul
ture des Sciences et des beaux Arts de
tout le Mahométisme.
Je pourrois , Monsieur , m'en tenir à
ces autoritez , persuadé qu'elles sont plus
que suffisantes pour confirmer tout ce
que j'ai avancé dans ma premiere Lettres
mais je ne puis omettre un troisiéme Témoin
qui se presente icy bien naturelle.
ment ; Témoin illustre et des plus recevables
sur le sujet qui est en question ;
c'est le fameux Comte de Marsigli, dort
on vient de publier un bel Ouvrage sur
l'Etat (a ) Militaire de l'Empire Ottoman ,
& c.
Ce Seigneur vint à Constantinople avec
pire. La Bibliotheque Orientale en fait foi, et observe
dans leur Histoire une suite continuelle de Docteurs
de leur Religion et de leur Loy , très fameux et
très estimez parmi eux , tant pa . leur Doctrine que
par leurs Ecrits. Ils ont aussi des Historiens trèscelebres
e: très - exacts des Actions de leurs Sultans ,
et on peut compter comme une marque de la délicatesse
de leur esprit le nombre considerable de leurs
Poëtes , qui montoit à 590. vers la fin du siecle
passé , & c. A. Galland , dans son Discours pour
servir de Préface à la Bibliotheque Orientale de
B. d'Herbelot.
(a ) STATO MILITARE dell' Imperio Ottomano
, &c. 1. vol . fol. A la Haye et à Amsterdam
1732.
11. Vol.
DECEM DK E. 1733. 2825
an Ambassadeur de la République de
Venise , n'étant encore âgé que de vingt
ans , dans le dessein de s'instruire à fond,
principalement sur le sujet que je viens
que
de dire , rempli auparavant des préjugez
ordinaires , & c . Il servit ensuite l'Empereur
dans les Guerres de Hongrie . Pris
par les Tartares,qui le vendirent au Pacha
de Témiswar , &c. il sçut mettre à profit
son infortune , pour acquerir toutes les
connoissances qui lui manquoient. Après
avoir recouvré sa liberté , il reprit ses
Emplois dans l'Armée Impériale , et il les
conserva jusqu'à la Paix de Carlowits
à laquelle il servit même utilement ; et ,
après la Paix il fut établi Commissaire
Général pour le Reglement des Limites.
Dans l'Ouvrage qui vient de paroître ,
où il ne s'agit rien moins que de Science
et de Litterature , l'Auteur n'a pû
s'empêcher de rendre là - dessus un témoignage
à la verité. Après avoir dépeint
les Turcs , qu'il dégrade tant qu'il
peut , indolens , mous , oisifs , sur tout
les Asiatiques , n'agissant que par nécessité
, &c. il se récrie contre nos préjugez
sur le point de leurs Etudes. Il par
fe de Constantinople et des autres grandes
Villes , » comme étant remplies de
Personnes instruites dans le Mahome-
II. Vol. Ꭰ tisme
2020 TRANCE
» tisme , qui sçavent au moins les trois
» Langues , le Turc , le Persan et l'A-
» rabe : Esprits cultivez en plus d'un gen-
» re de Litterature , Poëtes délicats , His-
» toriens polis , mais d'une exactitude ,
» scrupuleuse , et par là un peu ennuyeuxs
Dialecticiens subtils , Moralistes pro-
» fonds , Géomêtres , Astronomes , Géographes
, et par dessus tout grands Alchymistes
; ce qu'il a été en état , de :
» prouver par un Catalogue de plus de
» 86000 Ecrivains du dernier siécle , re
>> cueillis dans sa Bibliotheque de Boulogne
, et dont il à fourni une Copie:
» pour celle du Vatican . Si les Turcs
n'impriment pas , ce n'est pas , dit il ,
» qu'il ne leur soit libre de le faire ; leur
» motif est de ne pas empêcher une mul-
>> titude innombrable de Copistes de ga
» gner leur vie. On en comptoit 90009
>> pendant son séjour à Constantinople..
» Une autre sorte d'Etude , selon le mê
» me Auteur , c'est que nul Gouverne,
ment au monde n'est plus appliqué et
plus ponctuel que le Gouvernement
Turc , pour conserver des Registres
A
* Le Comte de Marsigli est de Boulogne , et y a
fondé une Académie . Il est des Académies Royales
des Sciences de Paris et de Montpellier , et de la
Societé Royale de Londres,
II. Vol exacts
DECEM DN E. 1733• 2027
exacts en tout ce qui regarde les Trai-,
a tez avec les Puissances Etrangeres , le..
» Domaine , le Cérémonial , l'Expédi
tion des Ordres , celles des Arrêts ou
Ordonnances et Commandemens ; l'E-
>> tat des Officiers en service , et singulie
☐rement les Finances.
Au reste , Monsieur , je vous connois
un si bon esprit , tant d'amour et de vénération
pour la vérité , pour me servir
de vos termes sur ce sujet , que je ne désespere
pas de vous voir changer un jour
de sentiment , sur tout si vous voulez
vous donner la peine d'apprendre seulement
le Turc , qui n'est pas une Langue
fort difficile, et dans laquelle je vous crois
déja initié;cela vous mettroit en état d'entrer
plus souvent dans cette grande Ville,
de laquelle vous êtes peut - être autant separé
par le préjugé , que par un petit bras
de Mer , et de vous instruire par vousmême
, en conferant avec les Gens de Lettres
, & c. Je ne doute pas que vous
in'ayez trouvé des Turcs d'une ignorance
crasse , et comme vous dites , tres- peu
curieux d'en sortir ; mais ce n'est pas
assez pour affirmet la même chose de
toute la Nation . Où ne trouve- t-on pas
dans l'Europe même , de la rusticité et de
l'ignorance ? On trouve aussi du goûr
II. Vol. Dij de
2808 MENCURE
de la Politesse , et de l'Erudition , quand
rien n'empêche d'en chercher. Mais en
voilà asez sur ce sujet.
Rien n'est plus sensé et plus dans le
vrai que ce que vous me dites , Monsieur,
sur l'impropriété du mot de Sophi , par
lequel les Ecrivains Européens , suivis en
dernier lieu par le a P. du Cerceau , désignent
le Roy de Perse. Vous convenez
qu'à ne consulter que la raison , cette
expression est tout- à fait vicieuse , comme
je l'ai prouvé dans un article de mes
Lettres , auquel votre politesse donne le
nom de Dissertation. La verité est qu'on
n'a point encore décidé dans les formes
que ce terme doive être proscrit parmi
ceux qui se piquent de parler correcte
ment mais en attendant cette décision ,
et malgré la continuation du mauvais
usage par des Ecrivains mal instruits , ou
entêtez , ibn'est pas moins certain qu'on
-he prescrit jamais contre la vérité et contre
la raison , et qu'il est toujours temps
de reclamer en leur faveur. L'usage ,j'en
-conviens ; décide le plus souvent en fait
de langue , au préjudice du bon sens et
des régles, mais c'est quand il ne s'agit
précisément que de la Grammaire. Icy il
( a ) Hissoire de la derniere Révolution de Perse
2 vol . in 12. Paris. 1728,
M. Vel.
s'agie
DECEMBRE . 1733. 2829
s'agit d'un point d'Histoire et de Critique.
J'espere m'étendre davantage sur
ce sujet dans un Ecrit que je prépare , et
qui soutiendra peut- être le titre que vous
voulez bien lui donner par avance .
J'ai enfin reçu depuis peu le beau Jusdam
, ou le Porte Lettres de fabrique
Turque , que vous m'aviez annoncé, orné
d'une broderie parlante ; et si cela se
peut dire , bien obligeante de la part de
ceux qui me font l'honneur de me l'envoyer.
Ils devoient en envoyer aussi l'interprétation
; car je ne sçai si nous aurons
bien réussi à expliquer les deux Vers Persans
qui sont si artistement brodez dessus.
C'est ce que vous pourrez faire examiner
par vos Experts . Voici comment
on a lû et interpreté icy cette galanterie
orientale.
Djah toй hemtchou ni i met ferdaous bi zevăl ,
Felicitas tua sicut gratia Paradisi sine defectu
Umr toй hemtchou middet eflāk bi chumăr,
Atas tua sicut spatium sæculorum sine numero.
On s'est servi de la Langue latine pour
mieux rendre l'original Persan , auquel
les Vers suivans , ajoutez par l'Autheur
ême de la Traduction , pourront servir
de Paraphrase :
II. Vol. Djij N...
2830 MERCURE DE FRANCE
N... qu'un bonheur durable
Soit compagnon de tes travaux ,
Qu'il soit exempt de tous les maux ,
Qu'aux biens du ciel il soit semblable.
Que des jours longs et gracieux
Rendenr ton sort digne d'envie ,
Que le terme du cours des Cieux
Soit aussi celui de ta vie.
J'ai reçu presque en même- tems et da
-même Païs , une très- belle Cornaline ,
qui à, sans doute, servi de Cachet à quelque
dévot Musulman de distinction , car
on y lit ces mots Arabes , tres-bien gravez
en caracteres Persans : Mazhar ila
faiz Aichay , c'est- à-dire , protegé par les
faveurs d'Aichay.
Aichay ou Aischah est une Personne
des plus respectables du Mahométisme
en qualité de troisiéme Femme de Mahomet
, et de Fille d'Abdallah , surnommé
depuis a Abubekre ou Pere de la Pudelle
, parce qu'à son exception , ce faux
Prophete n'a épousé que des Veuves . S'il
y a jamais eu des Héroïnes et des Femmes
sçavantes chez les Musulmans , cel
(a ) Abubckre , successeur immédiat de Mabomet
, et le premier des Califes.
11. Kola
k.
DECEMBRÉ . 1933 . 2831
le-cy doit être considérée comme la plus
celebre et la plus ancienne. Son autorité
dans la Religion fut grande de tout tems
parmi les Sunnites , ou les Orthodoxes
pour avoir retenu et transmis ce grand.
nombre de Paroles prétendues Remarquables
de Mahomet , et de Traditions ,
qui ont fait depuis un corps de Doctrine
appellé la Sunna. Aischah par cette raison
est souvent qualifiée de Nabiah ơs
de Prophétesse , et de Seddika , ou de témoin
fidele et authentique. Ils l'appel
lent aussi la Mere des Fidelles .
Sa renommée n'est gueres moins grande
dans l'Histoire du côté de la Politique
et du Gouvernement , et par la valeur
qu'elle fit enfin paroître à la fatale journée
du (a ) Chameau, dans la Bataille qu'elle
donna contre l'Armée d'Ali , pour vanger
la mort du Kalife - Othman , donnant
par sa présence et par son exemple le
mouvement et le courage à ses Troupes.
Bataille sanglante dans laquelle il y eut
près de zo mille Arabes de tuez sur la
place ; qu'elle perdit cependant avec sa
: ( a ) Ainsi nommée par les Historiens , à cause
du Chameau que montoit Aischah , lequel on ne
put jamais arrêter dans la mêlée , qu'en lui coupant
les Jarrets , ce qui donna lieu à la prise de la
Princesse , et à la déroute de son armée , c. )
II. Vol. D iiij.li2832
MERCURE DE FRANCE
liberté. Ali la lui rendit depuis , en la
renvoyant à Médine, où elle mourut l'an
58 de l'Hégire (a) , c'est à.dire fort âgée,
et fut inhumée auprès de Mahomet son
Epoux.
Je vous envoye avec plaisir, le Plan de
la Principale Face de la Mosquée de sainte
Sophie de Constantinople , gravé icy
par le Sr Surugue , Graveur du Roy , à
l'occasion duquel on a fait en peu de
mots la Description et l'Histoire de ce
fameux Temple, dans le II.Vol.du Mercure
de Juin 1732. Cette Description a
donné lieu à une Critique . M. A .. . de
Marseille , qui a séjourné à Constantinople
, soutient que l'eau de la Mer entre
dans les voutes souterraines , sur les
quelles tout l'Edifice est bâti , et qu'on
peut y aller en Batteau ; circonstance
qu'il ne falloit pas , dit-il , omettre dans
cette Description ; promettant de don
ner là-dessus un Ecrit , qu'il ne donne ce
pendant point.
J'admire , Monsieur , votre complaisance
, laquelle , quoique persuadé du
contraire , par la haute situation où se
trouve cette Mosquée , et par son grand
éloignement du Niveau de la Mer , vous
a porté à vouloir éclaircir ce fait extraor
(a ) 677 de JESUS -CHRIS T.
1x 11. Vol.
diDECEMBRE.
1733. 2833
'dinaire. Cet article de votre Lettre est
réjouissant ; il me semble vor ce vieux
Officier de la Mosquée , chargé du soin
de conduire par tout les Etrangers de
distinction , que vous avez consulté,douter
d'abord , si on lui parloit sérieusement
, puis hausser les épaules , éclater
de rire , et enfin après avoir repris son
sérieux , et bien promené sa main sur sa
barbe , vous assurer gravement qu'il n'y
avoit point d'autre Eau sous Sainte Sophie
, que celle d'une Citerne tres - spacieuse
, d'où on la tire pour l'usage des
Gens attachez au service de la Mosquée ,
par un Puits , dont l'ouverture est dans
le Temple même , et que le reste de ces
Voutes souterraines est divisé en plusieurs
Magazins remplis de Munitions de
Guerre , &c. Cet article mérite d'être
communiqué à M. A... si ses autres Mémoires
sur Constantinople ne sont pas
plus exacts , on ne lui conseille pas de les
mettre au jour.
Au reste j'ai été ravi de voir confirmer
par votre Officier de Sainte Sophie , tout
ce que Guillaume-Joseph Grelor, fameux
Ingénieur François , avoit déja dit de
Eaux souterraines de cette Mosquée
presque dans les mêmes termes , en mar
quant dans ses Plans , la Place précise
II. Vol Dv P
2834 MERCURE DE FRANCE
Puits , de la Citerne , des dégrez pour
descendre aux différens Robiners , & c,
Ce qui marque la grande exactitude de
ce Voyageur , envoyé exprès dans le Levant
par le feu Roy , et dont nous avons
un excellent Ouvrage sur Constantino
ple. Je suis , Monsieur , & c.
A Paris , ce fuillet 1733 .
sur la Litterature des Mahometans , et
sur celle des Turcs en particulier.
J
E réponds , Monsieur , le plutôt qu'il
m'est possible à la derniere Lettre que
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire
de Constantinople le 30 Mars dernier ,
et je commence par l'Article le plus es
sentiel et que vous me recommandez
particulierement. Vous me demandez si
j'ai prétendu parler bien sérieusement ,
II. Vol.
2820 MERCURE DE FRANCE
du moins s'il n'y a rien d'exagéré dans
la Lettre qui concerne la Litterature des
Mahometans et celle des Turcs en particulier
, que vous avez lue dans le Mercure
de Septembre 1732. ajoûtant que
vous attendez ma réponse pour me développer
les Reflexions que vous avez
faites là-dessus et que dès à présent, c'està-
dire , sans attendre ma Réponse , vous
êtes dans le Préjugé general que les Turcs
sont d'une ignorance crasse ,
très- peu
curieux d'en sortir , &c.
Je vous dirai d'abord , Monsieur , que
j'ai écrit très sérieusement sur le sujet en
question , que je ne crois pas avoir rien
exageré et que je n'ai rien avancé sans
autorité , sur quoi je vous renvoye à ma
Lettre même du Mercure , sans préjudice
des autres autoritez que je puis encore
vous alleguer.
J'ajoûterai à cette affirmation que ce
n'est pas mon Voyage du Levant seul
qui m'a détrompé sur la prétendue ignorance
des Turcs ; je suis allé dans l'Orient
presque avec le même Préjugé où
vous êtes aujourd'hui , et que plusieurs
années de séjour n'ont pas encore détruit
chez vous , Préjugé , pour le dire
en passant , qui empêche , qui ôte l'envie
de s'instruire et de parvenir à la découverte
de la verité.
DECEMBRE . 1733. 2827
Mon voyage ne m'a donné là - dessus
qu'une premiere lueur , mais cette lueur
est devenue lumiere et certitude par les
lectures que j'ai faites depuis mon retour
des ouvrages des Mahometans Anciens et
Modernes , qui fe trouvent dans la Bibliotheque
du Roy et ailleurs , et par le
long commerce que j'ai eû avec plusieurs
sçavans d'élite en érudition orientale ,
qui ont passé une partie de leur vie dans
le Levant et qui sont morts à Paris dans
une haute réputation de vertu , et d'amour
pour la verité. Je n'en nommerai
ici que deux , sçavoir.
François Peris de la Croix Parisien
Sécretaire , Interprete du Roy pour les
Langues Orientales , Professeur en Arabe
au Collège Royal , mort sur la fin de
l'année 1713. M. Colbert le fit passer
dans fa jeunesse et séjourner fuccessivement
à Alep , à Hispaham , à Constantinople
, pour apprendre en perfection les
trois principales Langues , l'Histoire , les
Coutumes & c . des Nations du Levant.
Dans son instruction , dont j'ai une copie,
cette habile Ministre lui ordonne de
s'instruire particulierement à l'égard des
Sciences et des Arts cultivez dans ces differens
Pays. M. Petis en rapporta beaucoup
de doctrine Orientale , dequoi il a
?
11, Vol. donné
822 MERCURE DE FRANCE
·
donné des preuves toute sa vie , et plusieurs
Manuscrits utiles , dont il a tra
duit une bonne partie , entre lesquels est
la curieuse Bibliotheque de Hadgi Calfa,
Turc moderne de Constantinople , * qui
feule est capable de détruire le Préjugé
commun de la prétendue ignorance des
Mahometans & c .
Et Antoine Galland de Noyon , de
PAcadémie Royale des Inscriptions et
des Belles Lettres associé à celle des
Ricovrati de Padoue , Antiquaire du Roy,
Professeur en Arabe au Collège Royal ,
mort au mois de Février 1715 Il suivie
le Marquis de Nointel dans fon Ambassade
de Constantinople , dans son voyage
de la Palestine,et dans sa visite des Echelles
du Levant. De retour en France il fit
encore dux voyages à Constantinople
et au Levant par les ordres de M M. Col
* Ce seul Ouvrage peut détromper bien des gens,
et même quelques Sçavans , qui croyent que les
Turcs et autres Mahometans négligent les Sciences ,
trompez par des Voyageurs , qui ne sçackant pas les
Langues , n'ont pas på conferer avec les Sçavans
des l'ays qu'ils ont parcourus . Cette Bibliotheque
est une veritable Encyclopedie de toutes les Sciences
et de tous les Arts chez les Orientaux . Préface de
P'Histoire de Tamerlan , traduite du Persan pat
M. Peus de la Croix, et donnée au Public après
sa mort. 4. vol. 1 12. Paris 1722.
11. Vol. bert
DECEMBRE . 1733. 2823
1
bert er de Louvois , pour la recherche
des Medalles et des Manuscrits . ce qui
acheva de le perf.ctionner dans l'intelligence
des Langues , et dans la connoissance
de l'Histoire et de tout ce qui concerne
les Orientaux . Il étoit d'ailleurs bon
Critique , excellent Antiquaire et naturellement
Philofophe. Il a composé plusieurs
Ouvrages , dont quelques uns ont
été imprimez. De ses Manuscrits ceux
qui regardent l'Orient ont passé dans la
Bibliotheque du Roy. On lui doit l'Edition
de la Bibliotheque Crientale de
M. d'He belot , faite à Paris en 1697 ,
grand in fol.de 106 pag. et la belle Préface
qui est à la tête . a Preface dont la
(a) On fait quelque grace aux Arabes , et ils
passent pour avoir autrefois cult vé les Sciences aves
grande application. On attribue de la politesse aux
Per ans et on leur rend justice .Mais , par leur nom
seul , les Turcs sont tellement décriez , qu'il suffit
ordinairement de les nommer pour signifier une
Nation grossiere , barbare et d'une ignorance achevée
, et sous leur nom on entend parler de ceux qui
sont sous la domination de l'Empire Ottoman . Cependant
on leur fait injustice ; car sans s'arréter à
Les justifier ici de barbarie et de grossiereté , ce qui
demanderoit un détail .... On peut dire à l'égard
de l'ignorance , qu'ils ne cedent ni aux Arabės ni
aux Iersans dans les Sciences et dans les Belles- Lettrer
, communes à ces trois at.ons , et qu'ils les
cultivent presque dès le commencement de lcur Em-
II. Vol.
scule
2824 ME RCURE DE FRANCE
seule lecture est capable de détruire l'erreur
des Européens qui excluent la cul
ture des Sciences et des beaux Arts de
tout le Mahométisme.
Je pourrois , Monsieur , m'en tenir à
ces autoritez , persuadé qu'elles sont plus
que suffisantes pour confirmer tout ce
que j'ai avancé dans ma premiere Lettres
mais je ne puis omettre un troisiéme Témoin
qui se presente icy bien naturelle.
ment ; Témoin illustre et des plus recevables
sur le sujet qui est en question ;
c'est le fameux Comte de Marsigli, dort
on vient de publier un bel Ouvrage sur
l'Etat (a ) Militaire de l'Empire Ottoman ,
& c.
Ce Seigneur vint à Constantinople avec
pire. La Bibliotheque Orientale en fait foi, et observe
dans leur Histoire une suite continuelle de Docteurs
de leur Religion et de leur Loy , très fameux et
très estimez parmi eux , tant pa . leur Doctrine que
par leurs Ecrits. Ils ont aussi des Historiens trèscelebres
e: très - exacts des Actions de leurs Sultans ,
et on peut compter comme une marque de la délicatesse
de leur esprit le nombre considerable de leurs
Poëtes , qui montoit à 590. vers la fin du siecle
passé , & c. A. Galland , dans son Discours pour
servir de Préface à la Bibliotheque Orientale de
B. d'Herbelot.
(a ) STATO MILITARE dell' Imperio Ottomano
, &c. 1. vol . fol. A la Haye et à Amsterdam
1732.
11. Vol.
DECEM DK E. 1733. 2825
an Ambassadeur de la République de
Venise , n'étant encore âgé que de vingt
ans , dans le dessein de s'instruire à fond,
principalement sur le sujet que je viens
que
de dire , rempli auparavant des préjugez
ordinaires , & c . Il servit ensuite l'Empereur
dans les Guerres de Hongrie . Pris
par les Tartares,qui le vendirent au Pacha
de Témiswar , &c. il sçut mettre à profit
son infortune , pour acquerir toutes les
connoissances qui lui manquoient. Après
avoir recouvré sa liberté , il reprit ses
Emplois dans l'Armée Impériale , et il les
conserva jusqu'à la Paix de Carlowits
à laquelle il servit même utilement ; et ,
après la Paix il fut établi Commissaire
Général pour le Reglement des Limites.
Dans l'Ouvrage qui vient de paroître ,
où il ne s'agit rien moins que de Science
et de Litterature , l'Auteur n'a pû
s'empêcher de rendre là - dessus un témoignage
à la verité. Après avoir dépeint
les Turcs , qu'il dégrade tant qu'il
peut , indolens , mous , oisifs , sur tout
les Asiatiques , n'agissant que par nécessité
, &c. il se récrie contre nos préjugez
sur le point de leurs Etudes. Il par
fe de Constantinople et des autres grandes
Villes , » comme étant remplies de
Personnes instruites dans le Mahome-
II. Vol. Ꭰ tisme
2020 TRANCE
» tisme , qui sçavent au moins les trois
» Langues , le Turc , le Persan et l'A-
» rabe : Esprits cultivez en plus d'un gen-
» re de Litterature , Poëtes délicats , His-
» toriens polis , mais d'une exactitude ,
» scrupuleuse , et par là un peu ennuyeuxs
Dialecticiens subtils , Moralistes pro-
» fonds , Géomêtres , Astronomes , Géographes
, et par dessus tout grands Alchymistes
; ce qu'il a été en état , de :
» prouver par un Catalogue de plus de
» 86000 Ecrivains du dernier siécle , re
>> cueillis dans sa Bibliotheque de Boulogne
, et dont il à fourni une Copie:
» pour celle du Vatican . Si les Turcs
n'impriment pas , ce n'est pas , dit il ,
» qu'il ne leur soit libre de le faire ; leur
» motif est de ne pas empêcher une mul-
>> titude innombrable de Copistes de ga
» gner leur vie. On en comptoit 90009
>> pendant son séjour à Constantinople..
» Une autre sorte d'Etude , selon le mê
» me Auteur , c'est que nul Gouverne,
ment au monde n'est plus appliqué et
plus ponctuel que le Gouvernement
Turc , pour conserver des Registres
A
* Le Comte de Marsigli est de Boulogne , et y a
fondé une Académie . Il est des Académies Royales
des Sciences de Paris et de Montpellier , et de la
Societé Royale de Londres,
II. Vol exacts
DECEM DN E. 1733• 2027
exacts en tout ce qui regarde les Trai-,
a tez avec les Puissances Etrangeres , le..
» Domaine , le Cérémonial , l'Expédi
tion des Ordres , celles des Arrêts ou
Ordonnances et Commandemens ; l'E-
>> tat des Officiers en service , et singulie
☐rement les Finances.
Au reste , Monsieur , je vous connois
un si bon esprit , tant d'amour et de vénération
pour la vérité , pour me servir
de vos termes sur ce sujet , que je ne désespere
pas de vous voir changer un jour
de sentiment , sur tout si vous voulez
vous donner la peine d'apprendre seulement
le Turc , qui n'est pas une Langue
fort difficile, et dans laquelle je vous crois
déja initié;cela vous mettroit en état d'entrer
plus souvent dans cette grande Ville,
de laquelle vous êtes peut - être autant separé
par le préjugé , que par un petit bras
de Mer , et de vous instruire par vousmême
, en conferant avec les Gens de Lettres
, & c. Je ne doute pas que vous
in'ayez trouvé des Turcs d'une ignorance
crasse , et comme vous dites , tres- peu
curieux d'en sortir ; mais ce n'est pas
assez pour affirmet la même chose de
toute la Nation . Où ne trouve- t-on pas
dans l'Europe même , de la rusticité et de
l'ignorance ? On trouve aussi du goûr
II. Vol. Dij de
2808 MENCURE
de la Politesse , et de l'Erudition , quand
rien n'empêche d'en chercher. Mais en
voilà asez sur ce sujet.
Rien n'est plus sensé et plus dans le
vrai que ce que vous me dites , Monsieur,
sur l'impropriété du mot de Sophi , par
lequel les Ecrivains Européens , suivis en
dernier lieu par le a P. du Cerceau , désignent
le Roy de Perse. Vous convenez
qu'à ne consulter que la raison , cette
expression est tout- à fait vicieuse , comme
je l'ai prouvé dans un article de mes
Lettres , auquel votre politesse donne le
nom de Dissertation. La verité est qu'on
n'a point encore décidé dans les formes
que ce terme doive être proscrit parmi
ceux qui se piquent de parler correcte
ment mais en attendant cette décision ,
et malgré la continuation du mauvais
usage par des Ecrivains mal instruits , ou
entêtez , ibn'est pas moins certain qu'on
-he prescrit jamais contre la vérité et contre
la raison , et qu'il est toujours temps
de reclamer en leur faveur. L'usage ,j'en
-conviens ; décide le plus souvent en fait
de langue , au préjudice du bon sens et
des régles, mais c'est quand il ne s'agit
précisément que de la Grammaire. Icy il
( a ) Hissoire de la derniere Révolution de Perse
2 vol . in 12. Paris. 1728,
M. Vel.
s'agie
DECEMBRE . 1733. 2829
s'agit d'un point d'Histoire et de Critique.
J'espere m'étendre davantage sur
ce sujet dans un Ecrit que je prépare , et
qui soutiendra peut- être le titre que vous
voulez bien lui donner par avance .
J'ai enfin reçu depuis peu le beau Jusdam
, ou le Porte Lettres de fabrique
Turque , que vous m'aviez annoncé, orné
d'une broderie parlante ; et si cela se
peut dire , bien obligeante de la part de
ceux qui me font l'honneur de me l'envoyer.
Ils devoient en envoyer aussi l'interprétation
; car je ne sçai si nous aurons
bien réussi à expliquer les deux Vers Persans
qui sont si artistement brodez dessus.
C'est ce que vous pourrez faire examiner
par vos Experts . Voici comment
on a lû et interpreté icy cette galanterie
orientale.
Djah toй hemtchou ni i met ferdaous bi zevăl ,
Felicitas tua sicut gratia Paradisi sine defectu
Umr toй hemtchou middet eflāk bi chumăr,
Atas tua sicut spatium sæculorum sine numero.
On s'est servi de la Langue latine pour
mieux rendre l'original Persan , auquel
les Vers suivans , ajoutez par l'Autheur
ême de la Traduction , pourront servir
de Paraphrase :
II. Vol. Djij N...
2830 MERCURE DE FRANCE
N... qu'un bonheur durable
Soit compagnon de tes travaux ,
Qu'il soit exempt de tous les maux ,
Qu'aux biens du ciel il soit semblable.
Que des jours longs et gracieux
Rendenr ton sort digne d'envie ,
Que le terme du cours des Cieux
Soit aussi celui de ta vie.
J'ai reçu presque en même- tems et da
-même Païs , une très- belle Cornaline ,
qui à, sans doute, servi de Cachet à quelque
dévot Musulman de distinction , car
on y lit ces mots Arabes , tres-bien gravez
en caracteres Persans : Mazhar ila
faiz Aichay , c'est- à-dire , protegé par les
faveurs d'Aichay.
Aichay ou Aischah est une Personne
des plus respectables du Mahométisme
en qualité de troisiéme Femme de Mahomet
, et de Fille d'Abdallah , surnommé
depuis a Abubekre ou Pere de la Pudelle
, parce qu'à son exception , ce faux
Prophete n'a épousé que des Veuves . S'il
y a jamais eu des Héroïnes et des Femmes
sçavantes chez les Musulmans , cel
(a ) Abubckre , successeur immédiat de Mabomet
, et le premier des Califes.
11. Kola
k.
DECEMBRÉ . 1933 . 2831
le-cy doit être considérée comme la plus
celebre et la plus ancienne. Son autorité
dans la Religion fut grande de tout tems
parmi les Sunnites , ou les Orthodoxes
pour avoir retenu et transmis ce grand.
nombre de Paroles prétendues Remarquables
de Mahomet , et de Traditions ,
qui ont fait depuis un corps de Doctrine
appellé la Sunna. Aischah par cette raison
est souvent qualifiée de Nabiah ơs
de Prophétesse , et de Seddika , ou de témoin
fidele et authentique. Ils l'appel
lent aussi la Mere des Fidelles .
Sa renommée n'est gueres moins grande
dans l'Histoire du côté de la Politique
et du Gouvernement , et par la valeur
qu'elle fit enfin paroître à la fatale journée
du (a ) Chameau, dans la Bataille qu'elle
donna contre l'Armée d'Ali , pour vanger
la mort du Kalife - Othman , donnant
par sa présence et par son exemple le
mouvement et le courage à ses Troupes.
Bataille sanglante dans laquelle il y eut
près de zo mille Arabes de tuez sur la
place ; qu'elle perdit cependant avec sa
: ( a ) Ainsi nommée par les Historiens , à cause
du Chameau que montoit Aischah , lequel on ne
put jamais arrêter dans la mêlée , qu'en lui coupant
les Jarrets , ce qui donna lieu à la prise de la
Princesse , et à la déroute de son armée , c. )
II. Vol. D iiij.li2832
MERCURE DE FRANCE
liberté. Ali la lui rendit depuis , en la
renvoyant à Médine, où elle mourut l'an
58 de l'Hégire (a) , c'est à.dire fort âgée,
et fut inhumée auprès de Mahomet son
Epoux.
Je vous envoye avec plaisir, le Plan de
la Principale Face de la Mosquée de sainte
Sophie de Constantinople , gravé icy
par le Sr Surugue , Graveur du Roy , à
l'occasion duquel on a fait en peu de
mots la Description et l'Histoire de ce
fameux Temple, dans le II.Vol.du Mercure
de Juin 1732. Cette Description a
donné lieu à une Critique . M. A .. . de
Marseille , qui a séjourné à Constantinople
, soutient que l'eau de la Mer entre
dans les voutes souterraines , sur les
quelles tout l'Edifice est bâti , et qu'on
peut y aller en Batteau ; circonstance
qu'il ne falloit pas , dit-il , omettre dans
cette Description ; promettant de don
ner là-dessus un Ecrit , qu'il ne donne ce
pendant point.
J'admire , Monsieur , votre complaisance
, laquelle , quoique persuadé du
contraire , par la haute situation où se
trouve cette Mosquée , et par son grand
éloignement du Niveau de la Mer , vous
a porté à vouloir éclaircir ce fait extraor
(a ) 677 de JESUS -CHRIS T.
1x 11. Vol.
diDECEMBRE.
1733. 2833
'dinaire. Cet article de votre Lettre est
réjouissant ; il me semble vor ce vieux
Officier de la Mosquée , chargé du soin
de conduire par tout les Etrangers de
distinction , que vous avez consulté,douter
d'abord , si on lui parloit sérieusement
, puis hausser les épaules , éclater
de rire , et enfin après avoir repris son
sérieux , et bien promené sa main sur sa
barbe , vous assurer gravement qu'il n'y
avoit point d'autre Eau sous Sainte Sophie
, que celle d'une Citerne tres - spacieuse
, d'où on la tire pour l'usage des
Gens attachez au service de la Mosquée ,
par un Puits , dont l'ouverture est dans
le Temple même , et que le reste de ces
Voutes souterraines est divisé en plusieurs
Magazins remplis de Munitions de
Guerre , &c. Cet article mérite d'être
communiqué à M. A... si ses autres Mémoires
sur Constantinople ne sont pas
plus exacts , on ne lui conseille pas de les
mettre au jour.
Au reste j'ai été ravi de voir confirmer
par votre Officier de Sainte Sophie , tout
ce que Guillaume-Joseph Grelor, fameux
Ingénieur François , avoit déja dit de
Eaux souterraines de cette Mosquée
presque dans les mêmes termes , en mar
quant dans ses Plans , la Place précise
II. Vol Dv P
2834 MERCURE DE FRANCE
Puits , de la Citerne , des dégrez pour
descendre aux différens Robiners , & c,
Ce qui marque la grande exactitude de
ce Voyageur , envoyé exprès dans le Levant
par le feu Roy , et dont nous avons
un excellent Ouvrage sur Constantino
ple. Je suis , Monsieur , & c.
A Paris , ce fuillet 1733 .
Fermer
Résumé : SECONDE Lettre de M. D. L. R. sur la Litterature des Mahometans, et sur celle des Turcs en particulier.
La lettre de M. D. L. R., datée de 1732, répond à une missive reçue de Constantinople le 30 mars 1732, qui interrogeait la véracité de ses propos sur la littérature des Mahometans et des Turcs, publiés dans le Mercure de Septembre 1732. L'auteur affirme avoir écrit sérieusement et sans exagération, s'appuyant sur des autorités et ses propres lectures. Il mentionne que son voyage au Levant et ses lectures des ouvrages orientaux, ainsi que ses échanges avec des savants comme François Pétis de la Croix et Antoine Galland, l'ont détrompé sur l'ignorance supposée des Turcs. Ces savants ont rapporté des connaissances orientales et des manuscrits précieux, comme la Bibliothèque de Hadji Calfa, qui démontre la culture scientifique et artistique des Orientaux. L'auteur cite également le Comte de Marsigli, dont l'ouvrage sur l'État militaire de l'Empire Ottoman atteste de la culture et des études des Turcs. Il encourage son correspondant à apprendre le turc pour se rendre compte par lui-même de la richesse littéraire et scientifique de cette nation. La lettre se termine par une discussion sur l'impropriété du terme 'Sophi' pour désigner le roi de Perse et l'annonce de la réception d'un porte-lettres turc brodé. Le texte traite également de divers sujets historiques et culturels. Il commence par une traduction en vers français d'un texte persan souhaitant un bonheur durable et exempt de maux. Il mentionne une cornaline gravée en caractères persans, appartenant à un dévot musulman, avec l'inscription 'Mazhar ila faiz Aichay', signifiant 'protégé par les faveurs d'Aichay'. Aichay, ou Aïcha, est identifiée comme la troisième femme de Mahomet et la fille d'Abdallah, surnommé Abou Bakr. Elle est respectée pour son savoir et son rôle dans la transmission des paroles de Mahomet, ce qui lui vaut le titre de 'Mère des Fidèles'. Aïcha est également célèbre pour son intervention dans la bataille du Chameau contre l'armée d'Ali, après l'assassinat du calife Othman. Elle fut capturée et plus tard libérée par Ali, retournant à Médine où elle mourut à un âge avancé. Le texte aborde également la mosquée Sainte-Sophie à Constantinople, en mentionnant une critique de M. A... de Marseille, qui affirme que l'eau de la mer pénètre dans les voûtes souterraines de la mosquée. Cette affirmation est contestée par un officier de la mosquée et confirmée par les observations de Guillaume-Joseph Grelot, un ingénieur français. Le texte se termine par une confirmation de l'exactitude des descriptions de Grelot concernant les eaux souterraines et les installations de la mosquée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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90
p. 110-112
« HISTOIRE de l'Empire des Chérifs en Afrique, sa Description Géographique [...] »
Début :
HISTOIRE de l'Empire des Chérifs en Afrique, sa Description Géographique [...]
Mots clefs :
Compagnie de Jésus, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE de l'Empire des Chérifs en Afrique, sa Description Géographique [...] »
HISTOIRE de l'Empire des Chérifs
en Afrique, sa Description Géogra-..
phique et Historique ; la Relation de la
prise d'Oran , par Philippe V. Roy d'Es
pagne , avec l'abrégé de la Vie de M. de
Sancta Cruz , & c . ornée d'un Plan tresexact
de la Ville d'Oran , et d'une Carte
de l'Empire des Chérifs . Par M. . . chez
Prault , Quai de Gévres , 1733. 2 vol. in
12.
HISTOIRE des Découvertes et Conquêtes
des Portugais dans le nouveau
mons
JANVIER 1734:
Monde , avec des figures en taille - douces
Par le R. P. Joseph- François l' Affitau , de
la Compagnie de Jesus . A Paris , chez
Saugrain pere, Quay des Augustins , et Jean-
Baptiste Coignard fils , rue S. Jacques , 20
vol. in 4.
HISTOIRE D'OSMAN , premier du nom ,
Empereur des Turcs , et de l'Impératri
ce Aphendina - Astuda. Par Madame de
Games ; chez le même, 2. vol.in 12. 1734.
HISTOIRE D'ESTEVANILLE GONZALES
surnommé le Garçon de bonne humeur,
tirée de l'Espagnol . Par M. le Sage. Chez
le même. 1734. in 12.
LES PETITS SOUPERS DE L'ETE',ou Avantures
Galantes , avec l'origine des Fées.
Par Madame Durand. 1733. chez le mê
me. in 12.
: DE LA CONNOISSANCE et de l'amour de
N. S. Jesus Christ. Par le R. P. J. B. de
Bélingan , de la Compagnie de Jesus . A
Paris , quay des Augustins , chez Roslin
fils. 1734. in 12.
TRAITE' du vrai mérite de l'Homme
considéré dans tous les âges , et dans toutès
les conditions; avec des Principes d'é-
F iiij ca
112 MERCURE DE FRANCE
ducation , propres à former les jeunes gens
à la vertu. Chez Saugrain , au Palais.
1734. in 12.
RE'FLEXIONS instructives et morales
sur l'Apocalypse. Par M.l'Abbé Genreau,
Curé de N. D. de Dijon . A Paris , ruë
S. Severin , chez d'Houri. in 12. de 636
pages.
PENSE'ES MORALES ET CHRE'TIENNES
sur le Texte de la Genéze , dédiées à M.
le Duc d'Orleans . Par M.l'Abbé le Mere.
A Rouen , chez Charles Frrrand , ruë et
vis- à- vis S.Lo. 1733. 2 vol.in 12. de plus
de 1000 pages.
en Afrique, sa Description Géogra-..
phique et Historique ; la Relation de la
prise d'Oran , par Philippe V. Roy d'Es
pagne , avec l'abrégé de la Vie de M. de
Sancta Cruz , & c . ornée d'un Plan tresexact
de la Ville d'Oran , et d'une Carte
de l'Empire des Chérifs . Par M. . . chez
Prault , Quai de Gévres , 1733. 2 vol. in
12.
HISTOIRE des Découvertes et Conquêtes
des Portugais dans le nouveau
mons
JANVIER 1734:
Monde , avec des figures en taille - douces
Par le R. P. Joseph- François l' Affitau , de
la Compagnie de Jesus . A Paris , chez
Saugrain pere, Quay des Augustins , et Jean-
Baptiste Coignard fils , rue S. Jacques , 20
vol. in 4.
HISTOIRE D'OSMAN , premier du nom ,
Empereur des Turcs , et de l'Impératri
ce Aphendina - Astuda. Par Madame de
Games ; chez le même, 2. vol.in 12. 1734.
HISTOIRE D'ESTEVANILLE GONZALES
surnommé le Garçon de bonne humeur,
tirée de l'Espagnol . Par M. le Sage. Chez
le même. 1734. in 12.
LES PETITS SOUPERS DE L'ETE',ou Avantures
Galantes , avec l'origine des Fées.
Par Madame Durand. 1733. chez le mê
me. in 12.
: DE LA CONNOISSANCE et de l'amour de
N. S. Jesus Christ. Par le R. P. J. B. de
Bélingan , de la Compagnie de Jesus . A
Paris , quay des Augustins , chez Roslin
fils. 1734. in 12.
TRAITE' du vrai mérite de l'Homme
considéré dans tous les âges , et dans toutès
les conditions; avec des Principes d'é-
F iiij ca
112 MERCURE DE FRANCE
ducation , propres à former les jeunes gens
à la vertu. Chez Saugrain , au Palais.
1734. in 12.
RE'FLEXIONS instructives et morales
sur l'Apocalypse. Par M.l'Abbé Genreau,
Curé de N. D. de Dijon . A Paris , ruë
S. Severin , chez d'Houri. in 12. de 636
pages.
PENSE'ES MORALES ET CHRE'TIENNES
sur le Texte de la Genéze , dédiées à M.
le Duc d'Orleans . Par M.l'Abbé le Mere.
A Rouen , chez Charles Frrrand , ruë et
vis- à- vis S.Lo. 1733. 2 vol.in 12. de plus
de 1000 pages.
Fermer
Résumé : « HISTOIRE de l'Empire des Chérifs en Afrique, sa Description Géographique [...] »
Le document recense des publications historiques et littéraires parues entre 1733 et 1734. Parmi elles, 'Histoire de l'Empire des Chérifs' décrit la géographie et l'histoire de cet empire africain, ainsi que la prise d'Oran par Philippe V, roi d'Espagne. Cet ouvrage inclut un plan détaillé de la ville d'Oran et une carte de l'Empire des Chérifs. 'Histoire des Découvertes et Conquêtes des Portugais dans le nouveau monde', écrit par le Père Joseph-François Lafitau, est illustré de figures en taille-douce. Le document mentionne également des biographies comme 'Histoire d'Osman, premier du nom, Empereur des Turcs' par Madame de Gamès, et 'Histoire d'Estevanille Gonzales surnommé le Garçon de bonne humeur' traduit par M. le Sage. Des œuvres littéraires et morales sont également listées, telles que 'Les Petits Soupers de l'Été' par Madame Durand. Des traités éducatifs et religieux comme 'Traité du vrai mérite de l'Homme' et 'Réflexions instructives et morales sur l'Apocalypse' par l'Abbé Genreau sont également présents. Enfin, le document liste des œuvres de réflexion morale et chrétienne, comme 'Pensées morales et chrétiennes sur le Texte de la Genèse' dédiées au Duc d'Orléans.
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91
p. 120-122
LIVRES NOUVEAUX qui se trouvent à Paris chez André Cailleau, Libraire, Quay des Augustins, au coin de la rue Gist-le-Coeur, à S. André.
Début :
Histoire du Peuple de Dieu depuis son origine jusqu'à la Naissance du Messie &c. Nouvelle [...]
Mots clefs :
Histoire
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texteReconnaissance textuelle : LIVRES NOUVEAUX qui se trouvent à Paris chez André Cailleau, Libraire, Quay des Augustins, au coin de la rue Gist-le-Coeur, à S. André.
LIVRES NOUVEAUX qui se trouvent
à Paris chez André Cailleau , Libraire,
Quay des Augustins , au coin de la rue
Gist- le- Coeur, à S. André.
Histoire du Peuple de Dieu depuis son orí
gine jusqu'à la Naissance du Messie & c . Nouvelle
Edition , revûë , corrigée et augmentée de
l'Histoire de Job , avec des Cartes , Vignettes ,
Tables Geographiques , et des Matieres. Par le
R. P. Berruyer D. L. C. de Jesus. 8. Vol. 4.
grand et petit papier. On donnera le huitiéme
Volume des augmentations pour ceux qui ont
la premiere Edition , in 4. grand et petit papier.
La même Histoire in 12, et en dix Volumes,
est sous la presse.
Histoire naturelle de Pnivers , dans laquelle
en rapporte des raisons Physiques sur les effets
ks
JANVIER. 1734. 227
les plus curieux et les plus extraordinaires de la
nature,par M. Colonne, Gentilhomme Romain .
2. Vol. 12. avec Figures. On donnera la suite
incessamment.
La Bibliotheque des Philosophes et des Sçavans,
tant Anciens que Modernes , avec les merveilles
de la Nature &c. Par M. Gantier , Architecte et
Ingenieur , in 8. Tome 3. Les deux premiers-
Volumes 8. se trouvent chez le même Libraire.
L'Esprit de l'Eglise dans la Récitation de cette
Partie de l'Office , qu'on appelle Complies , en
forme de Dialogue entre le Maître et le Disciple,
Vol. in 12. Ce Livre sous un titre simple , renferme
les plus beaux traits et les points les plus
essentiels de la Morale Chrétienne , tirez pour la
plupart de l'Ecriture Sainte. Le Disciple est instruit
et édifié par l'éloquence solide de Saing
Chrysostome , par les lumieres profondes de S
Augustin , et par la Dévotion éclairée de S. Bernard
, qu'on a choisis pour les interpretes des
quatre Pseaumes qui composent l'Office de Complies.
Penséss sur divers sujets de Religion et de Morals,
avec un Essai de Sermons par le R. P. Bourda
loue , de L. C. de Jesus, 2 Vol . 8. et 3. Vol. 12.
Le Zodiaque de la vie humaine & c. divisé en
12. Livres , sous les 12. Signes. Traduit du
Poëme Latin de Marcel Palingene, célébre Poëte.
Nouvelle Edit. revûë corrigée et augmentée, avec
des Notes Historiques et Critiques , Politiques
et Morales , par M. de la Moinerie.
Vol. 12. 2 .
Histoire des Rois de Pologne , et du Gouvernement
de ce Royaume , &c. 3. Vol. 8. Amster¬
dam ,
Nouvelles découvertes en Médecine &c. par le
Sr de Marconnay, Docteur en Médecine. 1. Vo-
Jume 12, L'Ar
22 MERCURE DE FRANCE
L'Argenis de Barclay , Traduction nouvelle
par M. l'Abbé Josse , Chanoine de Chartres
3. Vol. 12.
Supplement du Dictionnaire de Bayle 1. Volu
me. fol ,
à Paris chez André Cailleau , Libraire,
Quay des Augustins , au coin de la rue
Gist- le- Coeur, à S. André.
Histoire du Peuple de Dieu depuis son orí
gine jusqu'à la Naissance du Messie & c . Nouvelle
Edition , revûë , corrigée et augmentée de
l'Histoire de Job , avec des Cartes , Vignettes ,
Tables Geographiques , et des Matieres. Par le
R. P. Berruyer D. L. C. de Jesus. 8. Vol. 4.
grand et petit papier. On donnera le huitiéme
Volume des augmentations pour ceux qui ont
la premiere Edition , in 4. grand et petit papier.
La même Histoire in 12, et en dix Volumes,
est sous la presse.
Histoire naturelle de Pnivers , dans laquelle
en rapporte des raisons Physiques sur les effets
ks
JANVIER. 1734. 227
les plus curieux et les plus extraordinaires de la
nature,par M. Colonne, Gentilhomme Romain .
2. Vol. 12. avec Figures. On donnera la suite
incessamment.
La Bibliotheque des Philosophes et des Sçavans,
tant Anciens que Modernes , avec les merveilles
de la Nature &c. Par M. Gantier , Architecte et
Ingenieur , in 8. Tome 3. Les deux premiers-
Volumes 8. se trouvent chez le même Libraire.
L'Esprit de l'Eglise dans la Récitation de cette
Partie de l'Office , qu'on appelle Complies , en
forme de Dialogue entre le Maître et le Disciple,
Vol. in 12. Ce Livre sous un titre simple , renferme
les plus beaux traits et les points les plus
essentiels de la Morale Chrétienne , tirez pour la
plupart de l'Ecriture Sainte. Le Disciple est instruit
et édifié par l'éloquence solide de Saing
Chrysostome , par les lumieres profondes de S
Augustin , et par la Dévotion éclairée de S. Bernard
, qu'on a choisis pour les interpretes des
quatre Pseaumes qui composent l'Office de Complies.
Penséss sur divers sujets de Religion et de Morals,
avec un Essai de Sermons par le R. P. Bourda
loue , de L. C. de Jesus, 2 Vol . 8. et 3. Vol. 12.
Le Zodiaque de la vie humaine & c. divisé en
12. Livres , sous les 12. Signes. Traduit du
Poëme Latin de Marcel Palingene, célébre Poëte.
Nouvelle Edit. revûë corrigée et augmentée, avec
des Notes Historiques et Critiques , Politiques
et Morales , par M. de la Moinerie.
Vol. 12. 2 .
Histoire des Rois de Pologne , et du Gouvernement
de ce Royaume , &c. 3. Vol. 8. Amster¬
dam ,
Nouvelles découvertes en Médecine &c. par le
Sr de Marconnay, Docteur en Médecine. 1. Vo-
Jume 12, L'Ar
22 MERCURE DE FRANCE
L'Argenis de Barclay , Traduction nouvelle
par M. l'Abbé Josse , Chanoine de Chartres
3. Vol. 12.
Supplement du Dictionnaire de Bayle 1. Volu
me. fol ,
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Résumé : LIVRES NOUVEAUX qui se trouvent à Paris chez André Cailleau, Libraire, Quay des Augustins, au coin de la rue Gist-le-Coeur, à S. André.
Le document énumère les livres disponibles chez André Cailleau, libraire à Paris. Parmi les ouvrages, on trouve 'Histoire du Peuple de Dieu' du R. P. Berruyer, disponible en plusieurs formats et volumes, avec des cartes et des vignettes. Une nouvelle édition en 12 volumes est en cours de publication. D'autres livres notables incluent 'Histoire naturelle de l'Univers' de M. Colonne, 'La Bibliothèque des Philosophes et des Sçavans' de M. Gantier, et 'L'Esprit de l'Église', qui explore la morale chrétienne à travers des dialogues. Le document mentionne également des œuvres sur la religion et la morale, comme les 'Pensées sur divers sujets de Religion et de Morals' du R. P. Bourdaloue, et 'Le Zodiaque de la vie humaine' traduit par M. de la Moinerie. Des ouvrages historiques et médicaux sont également listés, tels que 'Histoire des Rois de Pologne' et 'Nouvelles découvertes en Médecine' du Sr de Marconnay. Enfin, le document cite 'L'Argenis' de Barclay traduit par l'Abbé Josse et un supplément au 'Dictionnaire de Bayle'.
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92
p. 244-250
ELOGE Historique de M. l'Abbé le Grand ; par le R. Pere Bougerel, Prêtre de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge.
Début :
Joachim le Grand, nâquit à Saint Lo, Diocèse de Coutances, en Basse Normandie, [...]
Mots clefs :
Histoire, Joachim Legrand, Oratoire, Éloge, Abbé, Roi, Paris, Docteur, Succession, Espagne, Mort
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texteReconnaissance textuelle : ELOGE Historique de M. l'Abbé le Grand ; par le R. Pere Bougerel, Prêtre de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge.
ELOGE Historique de M. l'Abbé le
Grand ; par le R. Per: Bougerel , Prêtre
de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge .
Ji
Oachim le Grand, nâquit à Saint Lo ,
Diocèse de Coutances , en Basse Normandie
, le 6 Février 1653. Il étudia la
Philo- [
FEVRIER. 1734. 245
Philosophie à Caen , sous le celebre Pierre
Cailly, et eut pour condisciple Pierre-
François de la Tour , mort depuis peu
General de l'Oratoire ; leur union a duré
autant que leur vie.
Il entra dans cette Congrégation en
1671. Il y étudia les Belles-Lettres et la
Théologie. Il en sortit en 1676. et s'attacha
à l'étude de l'Histoire par le conseil
du Pere le Cointe , et par la facilité
qu'il eut de consulter les Manuscrits
de la Bibliotheque du Roy, dont M.Thevenot
avoit alors la garde .
Le P. le Cointe étant décédé en 1681 .
il fit son Eloge , et ensuite celui de l'Abbé
de Maroles. Ces Eloges parurent dans
le Journal des Sçavans , Février et Avril
de la même année. L'Abbé le Grand fut
ensuite chargé successivement de l'éducation
du Marquis de Vins , et de celle
du Duc d'Etrées , sans aucun dérangement
dans le Plan de ses études d'Histoire
et de Critique.
Il eut en 1685. une conférence avec le
Docteur Burnet , depuis Evêque de Salisburi
, qui étoit venu à Paris , au sujet
de son Histoire de la Reformation d'Angletere
; dans laquelle l'Abbé le Grand
fit paroître beaucoup de capacité et beaucoup
d'amour pour la verité . Cette ma-
C tie246
MERCURE DE FRANCE
tiere l'engagea depuis à composer un
Ouvrage considérable sous ce titre : Histoire
du Divorce d'Henry VIII. Roy d'Angleterre
, et de Catherine d'Aragon ; la Def
fense de Sanderus , et la Réfutation des deux
premiers Livres de l'Histoire de la Réforma
tion de M. Burnet , et les Preuves. 3. vol
in 12.Paris , chez Martin et Boudot, 1688 .
Le Docteur Burnet ayant fait une courte
Critique en forme de Lettre de cette
Histoire, mais peu mesurée , par rapport
à son Auteur , l'Abbé le Grand se contenta
de publier de nouveau cette Lettre
avec un Avertissement à la tête , et quelques
Remarques au bas des pages .
L'année suivante 1689. le même Docteur
B... publia une Critique de l'Histoire
des Variations,ce qui donna lieu à l'Abbé
le Grand de lui adresser trois Lettres ,
sur les Variations , sur la Réformation et sur
l'Histoire du Divorce , lesquelles furent
imprimées à Paris en 1691. précédées
d'une Préface remplie d'Observations.
sur l'Histoire des Eglises Réformées , de
M. Basnage .
L'année suivante l'Abbé d'Estrées ayant
été nommé Ambassadeur en Portugal , il
choisit l'Abbé le Grand pour Secretairede
l'Ambassade . Celui- cy profita de l'occasion
pour acquerir de grandes connoissanFEVRIER.
1734. 247
sances sur les vastes Païs que les Portugais
appellent leurs Conquêtes.
De retour en France en 1697. il fit un
voyage en Bourgogne et en Dauphiné ,
pour recueillir les Memoires necessaires à
la composition de l'Histoire de ces Provinces.
Il fit imprimer en 1701. sa Traduction
de l'Histoire de l'Isle de Ceylan , du Capitaine
Jean de Ribeyro , à laquelle il ajouta
beaucoup de choses de son propre fonds:
Ouvrage qu'il dédia à la Comtesse d'Ericeyra.
En 1702 , 1703 et 1794 , notre Sçavant
fut encore employé en qualité de Secre
taire d'Ambassade , sous celles du Cardinal
et de l'Abbé d'Estrées en Espagne.Sur
la fin de la même année 1704. il fut choisi
pour être Secretaire general des Ducs et
Pairs de France , Emploi qui n'avoit point
été rempli depuis la mort de M. le Laboureur
, arrivée en 1675.
Sa profonde capacité dans l'Histoire et
dans le Droit Public , la justesse et la solidité
de ses vûës , dont il avoit donné .
des preuves en différentes occasions , déterminerent
M. le Marquis de Torcy , Ministre
d'Etat , de l'attacher au travail des
Affaires Etrangeres , dès l'année 1705. en
quoi il réussit si - bien que pendant les 10
Cij ang
248 MERCURE DE FRANCE .
années qui s'écoulerent jusqu'à la mort
du feu Roy , il n'y eut point d'Affaires
de conséquence , ausquelles l'Abbé le
Grand n'ait eu part , et sur lesquelles il
n'ait écrit. Voici les titres de quelquesuns
de ces Ecrits qui ont paru dans le
public.
Memoire , touchant la succession à la
Couronne d'Espagne . 1711. Reflexions sur
la Lettre à un Milord , sur la necessité et la
justice de l'entiere restitution de la Monarchie
d'Espagne , &c. 1711. Discours sur ce
qui s'est passé dans l'Empire , au sujet de
la succession d'Espagne . L'Allemagne menacée
d'être bientôt réduite en Monarchie
absoluë. Lettre de M. D. à M. le Docteur
M. touchant le Royaume de Bohéme.
Les autres Ouvrages sur ces matieres ;
qui n'ont pas été imprimez , concernent
Les Assemblées des Etats Generaux. Les
Régences. L'habileté à succeder à la Couronne;
et toutes les grandes Questions que
les Evenemens du dedans et du dehors du
Royaume lui ont donné lieu d'examiner
pendant plus de trente ans.
Il fut choisi en 172c . pour travailler à
l'Inventaire du Trésor des Chartres , travail
lié naturellement avec ses Etudes , et
auquel il se livra avec tout le zele possible
, ce qui ne l'empêcha pas de mettre
la
FEVRIER. 1734. 249
la derniere main à l'Histoire de Louis
XI. son Ouvrage favori ; il est intitulé :
Histoire et Vie de Louis XI.Roy de France,
avec les Preuves , et est resté Manuscrit
tout approuvé.
Il publia en 1728. la Relation Historique
d' Abissinie , du R. P. Jérôme Lobo , de
la Compagnie de Jesus , traduite du Portugais
en François , &c. 1. vol . 4. Paris ,chez
la veuve Coutelier . Il y en a un fort bel
Extrait dans le Journal des Sçavans , des
mois de Septembre et d'Octobre de la
même année 1728. ce qui dispense d'entrer
là - dessus dans aucun détail .
Il publia presque en même temps un
autre Ouvrage , qui a pour titre : De la
Succession à la Couronne de France , pour
les Agnats , ( c'est- à dire , pour la succession
Masculine directe. ) vol . 12. Paris ,
chez Martin et Guérin.
Le Marquis de Vins étant mort au mois
de Février 1732. l'Abbé le Grand , qui
lui étoit particulierement attaché , et qui
connoissoit son mérite , fit imprimer son
éloge dans le Mercure du mois de Mars
suivant.Il ne lui survécut pas long- tems ;
une seconde attaque d'Apoplexie l'enleva
le 1 de May 1733. chez Mrs Clairambault
, Généalogistes des Ordres du
Roy , ses anciens Amis et ses Exécuteurs
C iij tes250
MERCURE DE FRANCE
testamentaires. Il étoit âgé de 80 ans et 3
mois. Il fut inhumé simplement et sans
cérémonie , dans le Cimetiere de S. Joseph
, Paroisse de S. Eustache , ainsi qu'il
l'avoit ordonné .
Tous ceux qui l'ont particulierement
connu , conviennent que c'étoit un Homme
plein d'honneur , de probité , et de
religion , et des plus habiles du Royaume
sur le Droit Public, d'une vaste érudition
et d'une sagacité admirable.
Grand ; par le R. Per: Bougerel , Prêtre
de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge .
Ji
Oachim le Grand, nâquit à Saint Lo ,
Diocèse de Coutances , en Basse Normandie
, le 6 Février 1653. Il étudia la
Philo- [
FEVRIER. 1734. 245
Philosophie à Caen , sous le celebre Pierre
Cailly, et eut pour condisciple Pierre-
François de la Tour , mort depuis peu
General de l'Oratoire ; leur union a duré
autant que leur vie.
Il entra dans cette Congrégation en
1671. Il y étudia les Belles-Lettres et la
Théologie. Il en sortit en 1676. et s'attacha
à l'étude de l'Histoire par le conseil
du Pere le Cointe , et par la facilité
qu'il eut de consulter les Manuscrits
de la Bibliotheque du Roy, dont M.Thevenot
avoit alors la garde .
Le P. le Cointe étant décédé en 1681 .
il fit son Eloge , et ensuite celui de l'Abbé
de Maroles. Ces Eloges parurent dans
le Journal des Sçavans , Février et Avril
de la même année. L'Abbé le Grand fut
ensuite chargé successivement de l'éducation
du Marquis de Vins , et de celle
du Duc d'Etrées , sans aucun dérangement
dans le Plan de ses études d'Histoire
et de Critique.
Il eut en 1685. une conférence avec le
Docteur Burnet , depuis Evêque de Salisburi
, qui étoit venu à Paris , au sujet
de son Histoire de la Reformation d'Angletere
; dans laquelle l'Abbé le Grand
fit paroître beaucoup de capacité et beaucoup
d'amour pour la verité . Cette ma-
C tie246
MERCURE DE FRANCE
tiere l'engagea depuis à composer un
Ouvrage considérable sous ce titre : Histoire
du Divorce d'Henry VIII. Roy d'Angleterre
, et de Catherine d'Aragon ; la Def
fense de Sanderus , et la Réfutation des deux
premiers Livres de l'Histoire de la Réforma
tion de M. Burnet , et les Preuves. 3. vol
in 12.Paris , chez Martin et Boudot, 1688 .
Le Docteur Burnet ayant fait une courte
Critique en forme de Lettre de cette
Histoire, mais peu mesurée , par rapport
à son Auteur , l'Abbé le Grand se contenta
de publier de nouveau cette Lettre
avec un Avertissement à la tête , et quelques
Remarques au bas des pages .
L'année suivante 1689. le même Docteur
B... publia une Critique de l'Histoire
des Variations,ce qui donna lieu à l'Abbé
le Grand de lui adresser trois Lettres ,
sur les Variations , sur la Réformation et sur
l'Histoire du Divorce , lesquelles furent
imprimées à Paris en 1691. précédées
d'une Préface remplie d'Observations.
sur l'Histoire des Eglises Réformées , de
M. Basnage .
L'année suivante l'Abbé d'Estrées ayant
été nommé Ambassadeur en Portugal , il
choisit l'Abbé le Grand pour Secretairede
l'Ambassade . Celui- cy profita de l'occasion
pour acquerir de grandes connoissanFEVRIER.
1734. 247
sances sur les vastes Païs que les Portugais
appellent leurs Conquêtes.
De retour en France en 1697. il fit un
voyage en Bourgogne et en Dauphiné ,
pour recueillir les Memoires necessaires à
la composition de l'Histoire de ces Provinces.
Il fit imprimer en 1701. sa Traduction
de l'Histoire de l'Isle de Ceylan , du Capitaine
Jean de Ribeyro , à laquelle il ajouta
beaucoup de choses de son propre fonds:
Ouvrage qu'il dédia à la Comtesse d'Ericeyra.
En 1702 , 1703 et 1794 , notre Sçavant
fut encore employé en qualité de Secre
taire d'Ambassade , sous celles du Cardinal
et de l'Abbé d'Estrées en Espagne.Sur
la fin de la même année 1704. il fut choisi
pour être Secretaire general des Ducs et
Pairs de France , Emploi qui n'avoit point
été rempli depuis la mort de M. le Laboureur
, arrivée en 1675.
Sa profonde capacité dans l'Histoire et
dans le Droit Public , la justesse et la solidité
de ses vûës , dont il avoit donné .
des preuves en différentes occasions , déterminerent
M. le Marquis de Torcy , Ministre
d'Etat , de l'attacher au travail des
Affaires Etrangeres , dès l'année 1705. en
quoi il réussit si - bien que pendant les 10
Cij ang
248 MERCURE DE FRANCE .
années qui s'écoulerent jusqu'à la mort
du feu Roy , il n'y eut point d'Affaires
de conséquence , ausquelles l'Abbé le
Grand n'ait eu part , et sur lesquelles il
n'ait écrit. Voici les titres de quelquesuns
de ces Ecrits qui ont paru dans le
public.
Memoire , touchant la succession à la
Couronne d'Espagne . 1711. Reflexions sur
la Lettre à un Milord , sur la necessité et la
justice de l'entiere restitution de la Monarchie
d'Espagne , &c. 1711. Discours sur ce
qui s'est passé dans l'Empire , au sujet de
la succession d'Espagne . L'Allemagne menacée
d'être bientôt réduite en Monarchie
absoluë. Lettre de M. D. à M. le Docteur
M. touchant le Royaume de Bohéme.
Les autres Ouvrages sur ces matieres ;
qui n'ont pas été imprimez , concernent
Les Assemblées des Etats Generaux. Les
Régences. L'habileté à succeder à la Couronne;
et toutes les grandes Questions que
les Evenemens du dedans et du dehors du
Royaume lui ont donné lieu d'examiner
pendant plus de trente ans.
Il fut choisi en 172c . pour travailler à
l'Inventaire du Trésor des Chartres , travail
lié naturellement avec ses Etudes , et
auquel il se livra avec tout le zele possible
, ce qui ne l'empêcha pas de mettre
la
FEVRIER. 1734. 249
la derniere main à l'Histoire de Louis
XI. son Ouvrage favori ; il est intitulé :
Histoire et Vie de Louis XI.Roy de France,
avec les Preuves , et est resté Manuscrit
tout approuvé.
Il publia en 1728. la Relation Historique
d' Abissinie , du R. P. Jérôme Lobo , de
la Compagnie de Jesus , traduite du Portugais
en François , &c. 1. vol . 4. Paris ,chez
la veuve Coutelier . Il y en a un fort bel
Extrait dans le Journal des Sçavans , des
mois de Septembre et d'Octobre de la
même année 1728. ce qui dispense d'entrer
là - dessus dans aucun détail .
Il publia presque en même temps un
autre Ouvrage , qui a pour titre : De la
Succession à la Couronne de France , pour
les Agnats , ( c'est- à dire , pour la succession
Masculine directe. ) vol . 12. Paris ,
chez Martin et Guérin.
Le Marquis de Vins étant mort au mois
de Février 1732. l'Abbé le Grand , qui
lui étoit particulierement attaché , et qui
connoissoit son mérite , fit imprimer son
éloge dans le Mercure du mois de Mars
suivant.Il ne lui survécut pas long- tems ;
une seconde attaque d'Apoplexie l'enleva
le 1 de May 1733. chez Mrs Clairambault
, Généalogistes des Ordres du
Roy , ses anciens Amis et ses Exécuteurs
C iij tes250
MERCURE DE FRANCE
testamentaires. Il étoit âgé de 80 ans et 3
mois. Il fut inhumé simplement et sans
cérémonie , dans le Cimetiere de S. Joseph
, Paroisse de S. Eustache , ainsi qu'il
l'avoit ordonné .
Tous ceux qui l'ont particulierement
connu , conviennent que c'étoit un Homme
plein d'honneur , de probité , et de
religion , et des plus habiles du Royaume
sur le Droit Public, d'une vaste érudition
et d'une sagacité admirable.
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Résumé : ELOGE Historique de M. l'Abbé le Grand ; par le R. Pere Bougerel, Prêtre de l'Oratoire. Abregé de cet Eloge.
L'abbé Joachim le Grand naquit à Saint-Lô, en Basse-Normandie, le 6 février 1653. Il étudia la philosophie à Caen sous la direction de Pierre Cailly et entra dans la Congrégation de l'Oratoire en 1671. Après des études en Belles-Lettres et en Théologie, il se consacra à l'histoire grâce au conseil du Père le Cointe et à l'accès aux manuscrits de la Bibliothèque du Roi. En 1681, il écrivit des éloges pour le Père le Cointe et l'abbé de Maroles, publiés dans le *Journal des Sçavans*. Il fut ensuite chargé de l'éducation du Marquis de Vins et du Duc d'Etrées, tout en poursuivant ses recherches historiques. En 1685, il eut une conférence avec le Docteur Burnet sur l'*Histoire de la Réformation d'Angleterre*, ce qui le conduisit à écrire *Histoire du Divorce d'Henry VIII*. En 1689, il publia trois lettres en réponse aux critiques de Burnet sur son ouvrage. En 1690, il devint secrétaire de l'ambassade en Portugal, puis en Espagne de 1702 à 1704. De retour en France, il fut nommé secrétaire général des Ducs et Pairs de France et travailla aux Affaires Étrangères à partir de 1705. Ses écrits incluent des mémoires sur la succession à la Couronne d'Espagne et des réflexions sur la monarchie. En 1726, il travailla à l'inventaire du Trésor des Chartes et acheva l'*Histoire de Louis XI*. Il publia également des traductions et des ouvrages sur la succession à la Couronne de France. L'abbé le Grand mourut le 1er mai 1733 à l'âge de 80 ans et fut inhumé simplement au cimetière de Saint-Joseph. Il était reconnu pour son honneur, sa probité, sa religion et son érudition en droit public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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93
p. 279-283
ELOGE de M. l'Abbé de Longueruë.
Début :
Louis du Four de Longueruë nâquit à Charleville en 1652. de Pierre du [...]
Mots clefs :
Louis Dufour de Longuerue, Ouvrage, Abbé, Réputation, Paris, Charleville, Annales, Histoire, Instruction, Normandie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de M. l'Abbé de Longueruë.
ELOGE de M. l'Abbé de Longuernë.
Ouis du Four de Longueruë nâquit
La Charleville en 1692. de Pierre du
n'a-
Four , Se gneur de Longuerue et de Goisel
, Gentilhomme de Normandie , Lieutenant
pour le Roy au Gouvernement de
Charleville et de Montolimpe , et de Dame
Barbe le Blanc de Clois. Son
pere
voit rien épargné pour son éducation , il
lui donna Richelet pour Précepteur ; et
Perrot d'Ablancourt , si connu dans le
monde litteraire , lequel étoit son parent ;
voulut aussi contribuer à l'instruction
d'un Enfant qui étoit un prodige à l'âge de
quatre ans. La réputation de cet Enfant
Dvj étoit
204
étoit si grande , que le feu Roy passant à
Charleville demanda à le voir , et le jeune
Longuerue présenté à S. M. augmenta
encore par ses réponses aux diverses questions
qui lui furent faites , la grande idée
qu'on avoit déja de lui.
Son ardeur pour l'étude dès l'âge de
quinze ans , étoit si grande qu'à peine se
donnoit- il le temps de manger et de dormir.
Il ne connois oit d'autre recréation
que le changement de travail ; aussi fit - il
des progrès si surprenans , qu'il se trouva
bien- tôt en état d'être consulté par
tous les Sçavans , et en tout genre de Littérature
.
•
Il étudia à fond les Langues , tant
les mortes que les vivantes , et il n'y
en a eu aucune qu'il n'ait sçu parfaitement.
Avec ce secours il avoit penetré
dans l'Histoire de tous les Peuples , et de
tous les siecles . Il étoit si heureusement
servi par sa Memoire , que rarement il se
méprenoit d'une date , il ne confondoit
presque jamais un fait avec un autre.
L'Histoire étoit la partie de la Litterature
à laquelle il s'étoit le plus particulierement
appliqué , mais il n'avoit pas négligé
pour cela la Theologie , la Philosophie
ancienne et moderne , la Geographie,
la Chronologie , les Antiquitez et les Bel-
Lettres. Cette
FEVRIER. 1734. 281
Cette vaste étenduë de connoissance ne
l'énorgueillissoit point. Il étoit extrêmement
communicatif , et son sçavoir étoit
sans ostentation . Il est vrai qu'il n'aimoit
point à être contredit , et que son amour
pour la verité ne le rendoit pas toûjours
maître de ses expressions dans la chaleur
de la dispute ; mais quand on étoit accoutumé
à lui , sa franchise n'avoit plus rien
de rebutant , et on ne lui sçavoit aucun
mauvais gré de ses vivacitez.
Il a composé une infinité d'ouvrages qui
n'ont point été imprimez . Il avoit extrêmement
aidé le R. P. Pagi dans sa Critique
des Annales de Baronius Il a com-
Folé un grand nombre de Dissertations
tant sur l'Histoire Ecclesiastique que suz
celles de France , d'Espagne , des Arabes
& c.
Le seul Ouvrage qu'il a donné sous son
nom est la Description Historique et
Geographique de la France ancienne et
moderne , en deux Parties , imprimée à
Paris chez Jacques- Henry Praflard en
1719. Ce Livre , qui dans sa premiere
destination n'avoit été fait que pour l'instruction
d'un de ses amis , n'avoit pas acquis,
quand il fut rendu public , le dégré
de perfection que la réputation de son
Auteur sembloit exiger, L'Abbé de Longuerue
282 MERCURE DE FRANCE
gueruë n'avoit pû résister aux pressantes
sollicitations de gens plus occupez de leur
propre interêt , que de ce qui pouvoit
contribuer ou nuire à la réputation de ce
sçavant Homme. La complaisance qu'il
cût de livrer trop tôt son Ouvrage , lui a
causé des chagrins qu'il a ressentis jusqu'à
la fin de sa vie .
Le Journal des Sçavans du mois de Jan-
» vier 1733 m'apprend page 61. » Que M.
» Schoepflin a publié à Strasbourg chez
» Doulssecker , pere ; une édition in - 4°..
» ds Annales des Arsacides dont M.
» l'Abbé de Longueruë est , ( dit le Jour-
» nal ) l'Auteur , Annales Arsacidarum
» Auctore Ludovico du Four de Longueruë ,
"
Abbate S. Joann . de Jardo , & c. 1732 .
» On ajoute que cette Edition est préfera-
» ble à celle du même Ouvrage qui a été
imprimé à Paris il y a long -temps , en
» ce que M. Schoepflin l'a donné sur
» un Exemplaire corrigé et augmenté par
l'Illustre Aureur , qui a bien voulu le
» lui communiquer et en permettre l'im-
» pression. C'est tout ce que je puis dire
ici de cet Ouvrage , que je ne connoîs
point d'ailleurs.
>
Mais l'amour de la verité , et la reconnoissance
m'engagent à profiter de cette
occasion , pour déclarer qu'un autre Ou.
vrage
FEVREK 1734. 203
vrage rempli de Recherches historiques , et
d'une solide érudition , dont j'ai enrichi
ma dixiéme et onzième Lettre du Voyage
de Normandie , inserées dans le Mercure
de France des mois d'Avril et May
derniers , que cet Ouvrage , dis je , est
tout entier du sçavant Abbé de Longueruë.
Il joüissoit pour tout bien de deux Abbayes
, sçavoir Sept Fontaines , Diocèse
de Kheims depuis 1674. et le Jard ,-Diocèse
de Sens , depuis 1684. cependant
avec un revenu mediocre , il avoit sçû
former une Bibliotheque très - bien choisie,
qui seroit fâcheux de voir disperser,
L'Abbé de Longuerue mourut à Paris
le 22. Novembre 1733. laissant un Frere
qui est Mestre de Camp de Cavalerie , et
Chevalier de Saint Louis . Il avoit eu un
autre Frere qui fut tué à la Bataille de
Ramilliez le 23. May 1796. et qui étoit
Lieutenant des Gardes du Corps , Maréchal
de Camp , et Chevalier de Saint
Loüis.
Ouis du Four de Longueruë nâquit
La Charleville en 1692. de Pierre du
n'a-
Four , Se gneur de Longuerue et de Goisel
, Gentilhomme de Normandie , Lieutenant
pour le Roy au Gouvernement de
Charleville et de Montolimpe , et de Dame
Barbe le Blanc de Clois. Son
pere
voit rien épargné pour son éducation , il
lui donna Richelet pour Précepteur ; et
Perrot d'Ablancourt , si connu dans le
monde litteraire , lequel étoit son parent ;
voulut aussi contribuer à l'instruction
d'un Enfant qui étoit un prodige à l'âge de
quatre ans. La réputation de cet Enfant
Dvj étoit
204
étoit si grande , que le feu Roy passant à
Charleville demanda à le voir , et le jeune
Longuerue présenté à S. M. augmenta
encore par ses réponses aux diverses questions
qui lui furent faites , la grande idée
qu'on avoit déja de lui.
Son ardeur pour l'étude dès l'âge de
quinze ans , étoit si grande qu'à peine se
donnoit- il le temps de manger et de dormir.
Il ne connois oit d'autre recréation
que le changement de travail ; aussi fit - il
des progrès si surprenans , qu'il se trouva
bien- tôt en état d'être consulté par
tous les Sçavans , et en tout genre de Littérature
.
•
Il étudia à fond les Langues , tant
les mortes que les vivantes , et il n'y
en a eu aucune qu'il n'ait sçu parfaitement.
Avec ce secours il avoit penetré
dans l'Histoire de tous les Peuples , et de
tous les siecles . Il étoit si heureusement
servi par sa Memoire , que rarement il se
méprenoit d'une date , il ne confondoit
presque jamais un fait avec un autre.
L'Histoire étoit la partie de la Litterature
à laquelle il s'étoit le plus particulierement
appliqué , mais il n'avoit pas négligé
pour cela la Theologie , la Philosophie
ancienne et moderne , la Geographie,
la Chronologie , les Antiquitez et les Bel-
Lettres. Cette
FEVRIER. 1734. 281
Cette vaste étenduë de connoissance ne
l'énorgueillissoit point. Il étoit extrêmement
communicatif , et son sçavoir étoit
sans ostentation . Il est vrai qu'il n'aimoit
point à être contredit , et que son amour
pour la verité ne le rendoit pas toûjours
maître de ses expressions dans la chaleur
de la dispute ; mais quand on étoit accoutumé
à lui , sa franchise n'avoit plus rien
de rebutant , et on ne lui sçavoit aucun
mauvais gré de ses vivacitez.
Il a composé une infinité d'ouvrages qui
n'ont point été imprimez . Il avoit extrêmement
aidé le R. P. Pagi dans sa Critique
des Annales de Baronius Il a com-
Folé un grand nombre de Dissertations
tant sur l'Histoire Ecclesiastique que suz
celles de France , d'Espagne , des Arabes
& c.
Le seul Ouvrage qu'il a donné sous son
nom est la Description Historique et
Geographique de la France ancienne et
moderne , en deux Parties , imprimée à
Paris chez Jacques- Henry Praflard en
1719. Ce Livre , qui dans sa premiere
destination n'avoit été fait que pour l'instruction
d'un de ses amis , n'avoit pas acquis,
quand il fut rendu public , le dégré
de perfection que la réputation de son
Auteur sembloit exiger, L'Abbé de Longuerue
282 MERCURE DE FRANCE
gueruë n'avoit pû résister aux pressantes
sollicitations de gens plus occupez de leur
propre interêt , que de ce qui pouvoit
contribuer ou nuire à la réputation de ce
sçavant Homme. La complaisance qu'il
cût de livrer trop tôt son Ouvrage , lui a
causé des chagrins qu'il a ressentis jusqu'à
la fin de sa vie .
Le Journal des Sçavans du mois de Jan-
» vier 1733 m'apprend page 61. » Que M.
» Schoepflin a publié à Strasbourg chez
» Doulssecker , pere ; une édition in - 4°..
» ds Annales des Arsacides dont M.
» l'Abbé de Longueruë est , ( dit le Jour-
» nal ) l'Auteur , Annales Arsacidarum
» Auctore Ludovico du Four de Longueruë ,
"
Abbate S. Joann . de Jardo , & c. 1732 .
» On ajoute que cette Edition est préfera-
» ble à celle du même Ouvrage qui a été
imprimé à Paris il y a long -temps , en
» ce que M. Schoepflin l'a donné sur
» un Exemplaire corrigé et augmenté par
l'Illustre Aureur , qui a bien voulu le
» lui communiquer et en permettre l'im-
» pression. C'est tout ce que je puis dire
ici de cet Ouvrage , que je ne connoîs
point d'ailleurs.
>
Mais l'amour de la verité , et la reconnoissance
m'engagent à profiter de cette
occasion , pour déclarer qu'un autre Ou.
vrage
FEVREK 1734. 203
vrage rempli de Recherches historiques , et
d'une solide érudition , dont j'ai enrichi
ma dixiéme et onzième Lettre du Voyage
de Normandie , inserées dans le Mercure
de France des mois d'Avril et May
derniers , que cet Ouvrage , dis je , est
tout entier du sçavant Abbé de Longueruë.
Il joüissoit pour tout bien de deux Abbayes
, sçavoir Sept Fontaines , Diocèse
de Kheims depuis 1674. et le Jard ,-Diocèse
de Sens , depuis 1684. cependant
avec un revenu mediocre , il avoit sçû
former une Bibliotheque très - bien choisie,
qui seroit fâcheux de voir disperser,
L'Abbé de Longuerue mourut à Paris
le 22. Novembre 1733. laissant un Frere
qui est Mestre de Camp de Cavalerie , et
Chevalier de Saint Louis . Il avoit eu un
autre Frere qui fut tué à la Bataille de
Ramilliez le 23. May 1796. et qui étoit
Lieutenant des Gardes du Corps , Maréchal
de Camp , et Chevalier de Saint
Loüis.
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Résumé : ELOGE de M. l'Abbé de Longueruë.
L'abbé de Longuerue, né en 1692 à Charleville, était le fils de Pierre du Four, seigneur de Longuerue et de Goisel, et de Dame Barbe le Blanc de Clois. Son éducation fut soutenue par son père et son parent Perrot d'Ablancourt, et le roi remarqua son prodige à l'âge de quatre ans. À quinze ans, Longuerue démontra une passion exceptionnelle pour l'étude, maîtrisant rapidement diverses disciplines littéraires telles que les langues mortes et vivantes, l'histoire, la théologie, la philosophie, la géographie, la chronologie, les antiquités et les belles-lettres. Sa mémoire était remarquable, lui permettant de ne presque jamais se tromper sur les dates ou les faits historiques. Longuerue était connu pour partager ses connaissances sans ostentation, bien qu'il puisse être franc et vif dans les disputes. Il composa de nombreux ouvrages non imprimés et aida le père Pagi dans sa critique des Annales de Baronius. Son unique ouvrage publié est la 'Description Historique et Géographique de la France ancienne et moderne' (1719), publié malgré ses réticences. Il possédait deux abbayes et avait constitué une bibliothèque bien choisie. Longuerue mourut à Paris le 22 novembre 1733. Il laissait un frère, maître de camp de cavalerie et chevalier de Saint-Louis, et un autre frère mort à la bataille de Ramillies en 1706.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
94
p. 301-307
LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet de la nouvelle Histoire de Languedoc.
Début :
Vous me demandez, Monsieur, fort à propos des nouvelles de la suite [...]
Mots clefs :
Histoire, Languedoc, Comte de Toulouse, Province, Preuves, Pièces justificatives, Grands vassaux, Droits régaliens, Généalogie, Historiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet de la nouvelle Histoire de Languedoc.
LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet
de la nouvelle Histoire de Languedoc.
V
Ous me demandez , Monsieur , fort
à propos des nouvelles de la suite
de l'Histoire de la Province de Languedoc
, dont les R. P. D. Claude de Vic ,
et D. Joseph Vaissette , Benedictins de
S. Maur , qui travaillent à cet Ouvrage
depuis l'année 1715. viennent de publier
le second volume. Le premier Tome parût,
comme vous sçavez , sur la fin de
l'année 1730. et vous me parûtes bien satisfait
de sa lecture ; ainsi je ne puisque
louer votre empressement pour con
noître la disposition de ce second volu
mes ce que votre éloignement de Paris
EV ห รื
302 MERCURE DE FRANCE
me vous permet pas de faire par vousmême.
C'est toujours le même titre : HISTOI
RE GENERALE de Languedoc, avec des Noses
et les Pieces justificatives , composée sur
les Auteurs et les Titres originaux , et enrichie
de divers Monumens.Tome second ,
in fol. de 648 pag. sans les Preuves , et la
Table generale des noms et des matieres,
qui en contiennent 700. A Paris , chez
Jacques Vincent , ruë S. Severin, à l'Ange.
1733.
Un court Avertissement précede ce
Volume , et dispose à le lire utilement.
Il comprend l'Histoire de près de trois
siécles , commençant au Regne de Loüis
le Begue , Epoque principale de l'hérédité
des Fiefs de Dignité dans les Maisons
des Grands Vassaux , qui usurperent
bien- tôt les Droits Régaliens . Il finit au
commencement des Troubles , que l'hé
résie des Albigeois causa dans la Province
, où à la condamnation de ces Hérétiques
dans le Concile , tenu en 1165 ,
à
Lombez , dans le Diocèse d'Albi .
Je n'entrerai point icy , Monsieur, dans
le détail des faits qui font la matiere des
huit Livres dont ce second volume est
composé ; un Sommaire même de ces
Livres excederoit les bornes d'une LettreFEVRIER.
1734. 393
tre. Je me contenterai de vous dire en
general , avec nos Sçavans Auteurs , que
dans un temps aussi obscur pour l'Histoire
de cette Province et pour celle de
France , que les X. XI et XIIe siècles , ils
ont cru ne devoir rien négliger. C'est ce
qui les a portez à employer certains faits
qui seront peut être regardez comme peu
Importans , et qui auroient été omis dans
d'autres circonstances.
Ils se sont attachez principalement ,
soit dans l'Histoire , soit dans les Notes,à
faire connoître autant qu'il leur a été
possible , l'origine , la succession , la genealogie
et les actions des Comtes , des
Vicomtes et des autres Grands Vassaux
de la Province ; sur tout de ceux qui ont
joui des Droits Régaliens' ; matiere dont
la plus grande partie étoit enveloppée
d'épaisses ténébres , qui sont icy dissipéesles
Monumens du temps.
par
La Méthode qui a été suivie dans cette
recherche , où l'on n'a admis que ce
qui s'est trouvé appuyé sur les Titres et
sur les anciens Ecrivains , a engagé nos
Historiens à rapporter la plupart des Piéces
justificatives , sur lesquelles ils se sont
fondez . Ils donnent aussi plusieurs actes .
qu'ils ont jugez interessans ; en particulier
, ceux qui peuvent servir à découvrir
E vj l'ori
304 MERCURE DE FRANCE
l'origine et la généalogie de l'ancienne
Noblesse du Païs, Les Gens de Lettres estiment
ces sortes de Recueils , qui ont .
plusieurs utilitez.
Dans ce volume , comme dans le précedent
, on s'est attaché à éclaircir les
faits douteux ou obscurs , soit dans le
corps de l'ouvrage , soit dans les Notes.
Nos Auteurs se sont fort étendus sur la
premiere Croisade , ce qui étoit indispensable
; parce que Raymond de S. Gilles,
Comte de Toulouse , fut un des principaux
Chefs de cette celebre expédition ,
et que la principale Noblesse. de la Province
y prit beaucoup de part. Il étoit
donc nécessaire de ne rien passer de ce
qui regarde leurs Personnes et leurs Exploits
, nos Historiens modernes en ayant
d'ailleurs parlé fort succinctement.
Les ornemens qui enrichissent le premier
volume continuent dans celui cy
et dans le même ordre.C'est- à-dire qu'on
voit à la tête de chaque Livre er au
commencement des Notes et des Preuves
qui font un corps d'Ouvrage separé, une
fort belle Estampe en Vignette , qui en
représente le principal' sujer. Elles sont
du dessein de M. de Cazes Peintre de
Académie Royale de Peinture , et gravées
par une habile main.
La
FEVRIER. 1734. 305
La premiere au Frontispice du Livre
XI. porte en bas cette Inscription , Louis
Le Begue dispose du Marquisa: de Gothie
en faveur de Bernard III.
Dans celle du XII . L. Les Hongrois
mis en fuite par Raymond Comte de Tou-
Lause..
Liv. XII. Victoire de Roger I. Comie
de Carcassone sur Oliba Cabretta.
Liv. XIV. Paix entre l'Archevêque et le
Vicomte de Narbonne.
Liv. XV. Départ de Raymond de S. Gil
les , Comte de Toulouse pour la Croisade.
Liv. XVI . Arrivée de Bertrand , Comte
de Toulouse , au Port d'Antioche.
Liv. XVII. Alfonse Comte de Toulouse
prend la Croix des mains de S. Bernard.
Liv. XVIII . Levée du Siége de Tou
louse par Henri II. Roy d'Angleterre.
Au commencement des Notes sur
l'Histoire , est representé par une Estam
pe particuliere , le partage de la Provence
entre le Comte de Toulouse et le Comte de
Barcelone. Et à la tête des Preuves une
derniere Estampe represente l'Invention
des Reliques de S. Bausile , Martyr à
Nîmes.
J'ai prévenu, Monsieur , vôtre demande
au sujet de ces belles Estampes que
vous souhaiterez sans doute de joindre à
celles306
MERCURE DE FRANCE .
celles du premier volume que je vous ai
envoyées dans le tems et qui méritent
assurément une place dans vos Recueils.
Elles m'ont été accordées avec la même
politesse et la même bonté que les précedentes.
Par surcroît d'agrément pour vous et
d'ornement pour ma Lettre , je vous envoye
un Dessein exact de la Médaille
que les Etats de la Province de Languedoc
viennent de faire frapper au sujet de
l'Histoire dont il s'agit ici . C'est un Monument
destiné à éterniser un autre Monument
digne par lui même de l'immortalité
, et qui célébrera aussi l'Amour de
la Patrie et la magnificence de Messieurs
des Etats dans la Composition de cette
Histoire.
On voit d'un côté sur cette Médaille
le Portrait du Roy avec la Legende ordinaire
et sur le revers la Muse de ,
POST
FATA
SU
ERIT
COM- OCCIT.
1734.
l'HisFEVRIER
. 1734 307
P'Histoire , assise , et dans une attitude
noble , tenant d'une main la Plume , et
de l'autre un Livre ouvert , un Volume
fermé est couché à ses pieds ; avec cette
Inscription . ERIT POST FATA SUPERSTES :
et dans l'Exergue COM. OCCIT . MDCCXXXIV.
Je suis Monsieur , & c.
A Paris le to Janvier 1734.
de la nouvelle Histoire de Languedoc.
V
Ous me demandez , Monsieur , fort
à propos des nouvelles de la suite
de l'Histoire de la Province de Languedoc
, dont les R. P. D. Claude de Vic ,
et D. Joseph Vaissette , Benedictins de
S. Maur , qui travaillent à cet Ouvrage
depuis l'année 1715. viennent de publier
le second volume. Le premier Tome parût,
comme vous sçavez , sur la fin de
l'année 1730. et vous me parûtes bien satisfait
de sa lecture ; ainsi je ne puisque
louer votre empressement pour con
noître la disposition de ce second volu
mes ce que votre éloignement de Paris
EV ห รื
302 MERCURE DE FRANCE
me vous permet pas de faire par vousmême.
C'est toujours le même titre : HISTOI
RE GENERALE de Languedoc, avec des Noses
et les Pieces justificatives , composée sur
les Auteurs et les Titres originaux , et enrichie
de divers Monumens.Tome second ,
in fol. de 648 pag. sans les Preuves , et la
Table generale des noms et des matieres,
qui en contiennent 700. A Paris , chez
Jacques Vincent , ruë S. Severin, à l'Ange.
1733.
Un court Avertissement précede ce
Volume , et dispose à le lire utilement.
Il comprend l'Histoire de près de trois
siécles , commençant au Regne de Loüis
le Begue , Epoque principale de l'hérédité
des Fiefs de Dignité dans les Maisons
des Grands Vassaux , qui usurperent
bien- tôt les Droits Régaliens . Il finit au
commencement des Troubles , que l'hé
résie des Albigeois causa dans la Province
, où à la condamnation de ces Hérétiques
dans le Concile , tenu en 1165 ,
à
Lombez , dans le Diocèse d'Albi .
Je n'entrerai point icy , Monsieur, dans
le détail des faits qui font la matiere des
huit Livres dont ce second volume est
composé ; un Sommaire même de ces
Livres excederoit les bornes d'une LettreFEVRIER.
1734. 393
tre. Je me contenterai de vous dire en
general , avec nos Sçavans Auteurs , que
dans un temps aussi obscur pour l'Histoire
de cette Province et pour celle de
France , que les X. XI et XIIe siècles , ils
ont cru ne devoir rien négliger. C'est ce
qui les a portez à employer certains faits
qui seront peut être regardez comme peu
Importans , et qui auroient été omis dans
d'autres circonstances.
Ils se sont attachez principalement ,
soit dans l'Histoire , soit dans les Notes,à
faire connoître autant qu'il leur a été
possible , l'origine , la succession , la genealogie
et les actions des Comtes , des
Vicomtes et des autres Grands Vassaux
de la Province ; sur tout de ceux qui ont
joui des Droits Régaliens' ; matiere dont
la plus grande partie étoit enveloppée
d'épaisses ténébres , qui sont icy dissipéesles
Monumens du temps.
par
La Méthode qui a été suivie dans cette
recherche , où l'on n'a admis que ce
qui s'est trouvé appuyé sur les Titres et
sur les anciens Ecrivains , a engagé nos
Historiens à rapporter la plupart des Piéces
justificatives , sur lesquelles ils se sont
fondez . Ils donnent aussi plusieurs actes .
qu'ils ont jugez interessans ; en particulier
, ceux qui peuvent servir à découvrir
E vj l'ori
304 MERCURE DE FRANCE
l'origine et la généalogie de l'ancienne
Noblesse du Païs, Les Gens de Lettres estiment
ces sortes de Recueils , qui ont .
plusieurs utilitez.
Dans ce volume , comme dans le précedent
, on s'est attaché à éclaircir les
faits douteux ou obscurs , soit dans le
corps de l'ouvrage , soit dans les Notes.
Nos Auteurs se sont fort étendus sur la
premiere Croisade , ce qui étoit indispensable
; parce que Raymond de S. Gilles,
Comte de Toulouse , fut un des principaux
Chefs de cette celebre expédition ,
et que la principale Noblesse. de la Province
y prit beaucoup de part. Il étoit
donc nécessaire de ne rien passer de ce
qui regarde leurs Personnes et leurs Exploits
, nos Historiens modernes en ayant
d'ailleurs parlé fort succinctement.
Les ornemens qui enrichissent le premier
volume continuent dans celui cy
et dans le même ordre.C'est- à-dire qu'on
voit à la tête de chaque Livre er au
commencement des Notes et des Preuves
qui font un corps d'Ouvrage separé, une
fort belle Estampe en Vignette , qui en
représente le principal' sujer. Elles sont
du dessein de M. de Cazes Peintre de
Académie Royale de Peinture , et gravées
par une habile main.
La
FEVRIER. 1734. 305
La premiere au Frontispice du Livre
XI. porte en bas cette Inscription , Louis
Le Begue dispose du Marquisa: de Gothie
en faveur de Bernard III.
Dans celle du XII . L. Les Hongrois
mis en fuite par Raymond Comte de Tou-
Lause..
Liv. XII. Victoire de Roger I. Comie
de Carcassone sur Oliba Cabretta.
Liv. XIV. Paix entre l'Archevêque et le
Vicomte de Narbonne.
Liv. XV. Départ de Raymond de S. Gil
les , Comte de Toulouse pour la Croisade.
Liv. XVI . Arrivée de Bertrand , Comte
de Toulouse , au Port d'Antioche.
Liv. XVII. Alfonse Comte de Toulouse
prend la Croix des mains de S. Bernard.
Liv. XVIII . Levée du Siége de Tou
louse par Henri II. Roy d'Angleterre.
Au commencement des Notes sur
l'Histoire , est representé par une Estam
pe particuliere , le partage de la Provence
entre le Comte de Toulouse et le Comte de
Barcelone. Et à la tête des Preuves une
derniere Estampe represente l'Invention
des Reliques de S. Bausile , Martyr à
Nîmes.
J'ai prévenu, Monsieur , vôtre demande
au sujet de ces belles Estampes que
vous souhaiterez sans doute de joindre à
celles306
MERCURE DE FRANCE .
celles du premier volume que je vous ai
envoyées dans le tems et qui méritent
assurément une place dans vos Recueils.
Elles m'ont été accordées avec la même
politesse et la même bonté que les précedentes.
Par surcroît d'agrément pour vous et
d'ornement pour ma Lettre , je vous envoye
un Dessein exact de la Médaille
que les Etats de la Province de Languedoc
viennent de faire frapper au sujet de
l'Histoire dont il s'agit ici . C'est un Monument
destiné à éterniser un autre Monument
digne par lui même de l'immortalité
, et qui célébrera aussi l'Amour de
la Patrie et la magnificence de Messieurs
des Etats dans la Composition de cette
Histoire.
On voit d'un côté sur cette Médaille
le Portrait du Roy avec la Legende ordinaire
et sur le revers la Muse de ,
POST
FATA
SU
ERIT
COM- OCCIT.
1734.
l'HisFEVRIER
. 1734 307
P'Histoire , assise , et dans une attitude
noble , tenant d'une main la Plume , et
de l'autre un Livre ouvert , un Volume
fermé est couché à ses pieds ; avec cette
Inscription . ERIT POST FATA SUPERSTES :
et dans l'Exergue COM. OCCIT . MDCCXXXIV.
Je suis Monsieur , & c.
A Paris le to Janvier 1734.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet de la nouvelle Histoire de Languedoc.
L'Abbé de... répond à une demande concernant la suite de l'Histoire de la Province de Languedoc. Les Révérends Pères Dom Claude de Vic et Dom Joseph Vaissette, bénédictins de Saint-Maur, travaillent sur cet ouvrage depuis 1715. Le premier tome est paru fin 1730 et a été bien accueilli. Le second volume, publié en 1733, couvre près de trois siècles d'histoire, de Louis le Bègue jusqu'aux troubles causés par l'hérésie des Albigeois et leur condamnation en 1165. Le second volume comprend huit livres et est enrichi de notes et de pièces justificatives basées sur des auteurs et titres originaux. Les auteurs ont inclus des faits jugés peu importants dans d'autres circonstances pour éclaircir des périodes obscures de l'histoire de la province et de la France. Ils se sont concentrés sur l'origine, la succession, la généalogie et les actions des comtes, vicomtes et autres grands vassaux, dissipant ainsi les ténèbres sur ces sujets. Les auteurs ont également rapporté des pièces justificatives et des actes intéressants, notamment ceux concernant l'origine et la généalogie de l'ancienne noblesse. Le volume éclaire les faits douteux ou obscurs et se penche en détail sur la première Croisade, en raison de la participation notable de la noblesse languedocienne. Le volume est illustré de belles estampes en vignette, gravées par un artiste habile, représentant des événements clés. L'Abbé envoie également un dessin d'une médaille frappée par les États de la Province de Languedoc, célébrant l'histoire et la patrie. La médaille porte l'inscription 'ERIT POST FATA SUPERSTES' et 'COM. OCCIT. MDCCXXXIV'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
95
p. 314-317
EXTRAIT d'une Lettre de M. D. D. dans laquelle il est parlé d'un Ouvrage historique, nouveau.
Début :
Vous n'êtes pas bien informé au sujet de l'Ouvrage dont vous me parlez ; [...]
Mots clefs :
Histoire, Empires, Égypte, Grèce, Fable, Histoires, Siècle, Origine, Histoire sainte
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de M. D. D. dans laquelle il est parlé d'un Ouvrage historique, nouveau.
EXTRAIT d'une Lettre de M. D. D.
dans laquelle il est parlé d'un Ouvrage
Historique , nouveau.
V
Ous n'êtes pas bien informé au sujet
de l'Ouvrage dont vous me parlez ;
vous en jugerez par ma Réponse. Voici
d'abord le titre de quatre des premiers
volumes qui viennent de paroître.
HISTOIRE des Empires et des Republiques
, depuis le Déluge jusqu'à J. C. où
l'on voit dans celle d'Egypte et d'Asie , la
liaison de l'Histoire Sainte avec la , Profane
; et dans celle de la Grece , le rapport
de la Fable avec l'Histoire . A Paris, chez
Simart , au Dauphin , ruë S. Jacques ; et
surle Quai des Augustins, chez Jean Roüan,
à la Colonne d'Hercule.
L'Auteur déclare dans son Discours
Préliminaire que c'est l'Histoire ancienne
de M. Rollin, qui lui a fait naître la pensée
de l'Ouvrage qu'il donne au public ;
et il a cru que ce même empressement
avec lequel on a lû ce que ce judicieux
Ecrivain en a donné , feroit recevoir avec
plaisir ce sujet traité dans son entier ;
d'autant plus que c'est icy un Plan nouveau
; et voici les differences de l'une à
l'autre.
1° . L'Histoire ancienne ne commence à
E3-
FEVRIER 1731- 315
entrer dans quelque détail que vers le
cinq ou sixième siècle avant J. C. et celle
des Empires remonte jusqu'aux temps
voisins du Déluge , dans l'origine des
premieres peuplades.
2º. Celle - là mêle toutes les Histoires
ensemble ; traitant alternativement de
l'Egypte , de l'Asie , de la Grece , ou de
la Thrace ; et celle- cy prend chaque Histoire
en particulier , dont elle fait voir
par la suite d'un même discours , l'origine
, les progrès et la décadence.
3. On ne s'est point attaché à donner
dans la premiere une succession suivie
des Rois qui ont occupé les Thrônes de
l'Egypte et de la Grece . Dans la seconde
on trouve une suite des uns et des autres,
jusqu'au temps d'Abraham , avec l'Histoire
de leurs Regnes.
4. M. Rollin n'a point voulu donner
de Chronologie , sur l'antiquité. L'Auteur
de l'Histoire des Empires l'a recueillie
de Jules Affricain , d'Eusebe et de
Syncelle ; et il donne tant pour l'Egypte
que pour la Grece et l'Asie , les preuves
de son systême .
5. La liaison de l'Histoire Sainte avec
la Profane , lui fait encore un objet particulier.
L'Historique du Pentateuque
des Livres des Rois et des Prophetes ne
souf
316 MERCURE DE FRANCE
souffre de si grandes difficultez que
parce qu'on ne sçait pas les Histoires
Etrangeres , qui y ont rapport. Icy l'on
s'est appliqué à joindre l'un avec l'autre ;
et le second volume est tout entier pour
lever ces obscuritez .
6. Dans l'Histoire ancienne on a passé
tout ce qui regarde la Fable; et cette matiere
a paru importante et curieuse à l'Auteur
de l'Histoire des Empires. Il donne la
Fable pour ce qu'elle est ; c'est - à -dire ,
qu'il la laisse quelquefois Fable, quoique
le plus souvent et presque par tout il la
ramené à la verité de l'Histoire , faisant
voir que ce que les Poëtes en ont dit , se
trouve conforme aux plus anciens Monumens
de l'Antiquité ; et en particulier ,
aux Apologistes de la Religion chrétienne.
Il remonte jusqu'à l'origine de la Mytologie
; Acmon , Urane , Saturne , Jupiter
, dont il fixe les siècles , avant la vocation
d'Abraham , et montre qu'on ne
peut , sans une singularité téméraire , accuser
leurs Histoires de faits controuvez.
On peut dire que cet Ouvrage sert de
Préliminaire à la lecture de nos Livres
Saints , à celle des Apologistes , des Poëtes
, des anciens Historiens , et de l'Histoire
Ecclésiastique , où il finira , après
avoir
FEVRIER. 1734 317
avoir éclairci tous les siècles qui l'ont
précédée. On vend aussi avec le Livre ,
ou séparément , deux grandes Cartes
Chronologiques , qui montrent la concurrence
de toutes les Histoires , siécle
par siecle , depuis la création jusqu'à J.C.
dans laquelle il est parlé d'un Ouvrage
Historique , nouveau.
V
Ous n'êtes pas bien informé au sujet
de l'Ouvrage dont vous me parlez ;
vous en jugerez par ma Réponse. Voici
d'abord le titre de quatre des premiers
volumes qui viennent de paroître.
HISTOIRE des Empires et des Republiques
, depuis le Déluge jusqu'à J. C. où
l'on voit dans celle d'Egypte et d'Asie , la
liaison de l'Histoire Sainte avec la , Profane
; et dans celle de la Grece , le rapport
de la Fable avec l'Histoire . A Paris, chez
Simart , au Dauphin , ruë S. Jacques ; et
surle Quai des Augustins, chez Jean Roüan,
à la Colonne d'Hercule.
L'Auteur déclare dans son Discours
Préliminaire que c'est l'Histoire ancienne
de M. Rollin, qui lui a fait naître la pensée
de l'Ouvrage qu'il donne au public ;
et il a cru que ce même empressement
avec lequel on a lû ce que ce judicieux
Ecrivain en a donné , feroit recevoir avec
plaisir ce sujet traité dans son entier ;
d'autant plus que c'est icy un Plan nouveau
; et voici les differences de l'une à
l'autre.
1° . L'Histoire ancienne ne commence à
E3-
FEVRIER 1731- 315
entrer dans quelque détail que vers le
cinq ou sixième siècle avant J. C. et celle
des Empires remonte jusqu'aux temps
voisins du Déluge , dans l'origine des
premieres peuplades.
2º. Celle - là mêle toutes les Histoires
ensemble ; traitant alternativement de
l'Egypte , de l'Asie , de la Grece , ou de
la Thrace ; et celle- cy prend chaque Histoire
en particulier , dont elle fait voir
par la suite d'un même discours , l'origine
, les progrès et la décadence.
3. On ne s'est point attaché à donner
dans la premiere une succession suivie
des Rois qui ont occupé les Thrônes de
l'Egypte et de la Grece . Dans la seconde
on trouve une suite des uns et des autres,
jusqu'au temps d'Abraham , avec l'Histoire
de leurs Regnes.
4. M. Rollin n'a point voulu donner
de Chronologie , sur l'antiquité. L'Auteur
de l'Histoire des Empires l'a recueillie
de Jules Affricain , d'Eusebe et de
Syncelle ; et il donne tant pour l'Egypte
que pour la Grece et l'Asie , les preuves
de son systême .
5. La liaison de l'Histoire Sainte avec
la Profane , lui fait encore un objet particulier.
L'Historique du Pentateuque
des Livres des Rois et des Prophetes ne
souf
316 MERCURE DE FRANCE
souffre de si grandes difficultez que
parce qu'on ne sçait pas les Histoires
Etrangeres , qui y ont rapport. Icy l'on
s'est appliqué à joindre l'un avec l'autre ;
et le second volume est tout entier pour
lever ces obscuritez .
6. Dans l'Histoire ancienne on a passé
tout ce qui regarde la Fable; et cette matiere
a paru importante et curieuse à l'Auteur
de l'Histoire des Empires. Il donne la
Fable pour ce qu'elle est ; c'est - à -dire ,
qu'il la laisse quelquefois Fable, quoique
le plus souvent et presque par tout il la
ramené à la verité de l'Histoire , faisant
voir que ce que les Poëtes en ont dit , se
trouve conforme aux plus anciens Monumens
de l'Antiquité ; et en particulier ,
aux Apologistes de la Religion chrétienne.
Il remonte jusqu'à l'origine de la Mytologie
; Acmon , Urane , Saturne , Jupiter
, dont il fixe les siècles , avant la vocation
d'Abraham , et montre qu'on ne
peut , sans une singularité téméraire , accuser
leurs Histoires de faits controuvez.
On peut dire que cet Ouvrage sert de
Préliminaire à la lecture de nos Livres
Saints , à celle des Apologistes , des Poëtes
, des anciens Historiens , et de l'Histoire
Ecclésiastique , où il finira , après
avoir
FEVRIER. 1734 317
avoir éclairci tous les siècles qui l'ont
précédée. On vend aussi avec le Livre ,
ou séparément , deux grandes Cartes
Chronologiques , qui montrent la concurrence
de toutes les Histoires , siécle
par siecle , depuis la création jusqu'à J.C.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de M. D. D. dans laquelle il est parlé d'un Ouvrage historique, nouveau.
La lettre présente un nouvel ouvrage historique intitulé 'HISTOIRE des Empires et des Republiques, depuis le Déluge jusqu'à J. C.' Cet ouvrage explore les liens entre l'Histoire Sainte et l'Histoire Profane, notamment en Égypte et en Asie, ainsi que le rapport entre la Fable et l'Histoire en Grèce. Il est disponible à Paris chez Simart et Jean Roüan. L'auteur s'inspire de l'Histoire ancienne de M. Rollin, mais introduit six différences clés : son récit commence dès les temps voisins du Déluge, traite chaque histoire séparément, fournit une succession des rois en Égypte et en Grèce jusqu'à Abraham, inclut une chronologie basée sur Jules Africain, Eusèbe et Syncelle, lie l'Histoire Sainte à l'Histoire Profane, et intègre la Fable en la reliant aux monuments de l'Antiquité. L'ouvrage est conçu comme un préliminaire à la lecture des Livres Saints, des Apologistes, des Poètes, des anciens Historiens et de l'Histoire Ecclésiastique. Il est accompagné de deux grandes cartes chronologiques couvrant les siècles depuis la création jusqu'à J. C.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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96
p. 351-365
LETTRE écrite de Brest, contenant l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Début :
Un de mes amis revenu l'année passée de la Chine m'a fait voir une singularité [...]
Mots clefs :
Tragédie chinoise, Médecin, Orphelin, Fils, Tchao-Chi-cou, Mort, Chinois, Princesse, Enfant, Jeune, Tragédie, Histoire, Théâtre, Ministre, Action
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Brest, contenant l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
LETTRE écrite de Brest contenant
l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Un de mes amis revenu l'année passée
de la Chine m'a fait voir une singula-
G vj
rité
352 MERCURE DE FRANCE
rité Littéraire que je me fais un plaisir de
vous annoncer. C'est la Traduction d'une
Tragédie Chinoise. L'Ouvrage en doit être
envoyé à Paris ; si l'idée generale que
vous en prendrez dans l'Extrait que je
vous envoye pique votre curiosité , il
vous sera facile de voir l'Ouvrage entier,
qui doit être remis à M.....
Le Traducteur avertit dans une Préface
que les Tragédies Chinoises ne sont
assujetties à aucune des Regles de nôtre
Théatre moderne , celle des trois unitez
y est absolument inconnue et une Tragédie
Chinoise est proprement une Histoire
mise en Dialogue , dont les différentes
parties sont autant de Scenes détachées
, entre lesquelles il n'y a d'autre
liaison que celle qu'ont entr'elles les diverses
actions particulieres qui forment
la suite de cette Histoire.
Le Lieu change le plus souvent d'une
Scene à l'autre , mais de même que l'Acteur
en se montrant la premiere fois à
soin de dire , je suis un tel , et je viens
telle chose ; de même aussi en
pour
changeant de lieu il a soin d'avertir qu'il
est en un tel endroit, et que c'est là mêine
que va se passer l'action.
> Il en est de même du tems lorsque
l'intervalle d'une Scene à l'autre est un
peu
FEVRIER. 1734. 353
peu considérable,l'Acteur ne manque pas
de le dire et d'ajoûter que depuis un tel
Evenement il s'est écoulé tant de tems .
,
Vous voyez par-là , Monsieur , que
ces Tragédies ont du moins le mérite de
la clarté et que le violement de nos
regles ne cause aucun embarras à l'imagination
des Spectateurs. Les Piéces
Espagnoles , Italiennes , Angloises et
même les Piéces Françoises du commencement
du dernier siécle n'étoient pas
plus régulieres que celle des Chinois ;
mais le violement de la Regle des unitez
, y jettoit une obscurité bien plus
grande,parce que le Spectateur ne sçavoit
jamais dans quel tems et dans quel lieu
il s'étoit transporté, qu'après avoir entendu
une partie de la Scene ; l'embarras
étoit peut être encore plus grand dans
quelques unes de nos Piéces où l'on
cache l'inobservation de l'unité de tems
et de l'unité de lieu au dépens de la vraisemblance
et de la bienséance , comme
dans Cinna.
Il ne paroît pas beaucoup d'art dans
la maniere dont s'annoncent les Personnages
Chinois dans la Piéce que j'ai lûë
mais je ne doute pas que d'autres Piéces
n'en montrent davantage . Si quelqu'un
des Missionnaires Européens vouloit faire
sur
354 MERCURE DE FRANCE
sur le Théatre Chinois , ce que le R. P.
Brumoi a fait sur le Theatre des Grecs ,
nous en donner une Histoire ou une
Notice , je ne doute pas que son Ouvrage
ne fut bien reçu ; et à juger des
Tragédies Chinoises par le caractere general
de cette Nation , et par le ton de
celle-ci , je suis persuadé que l'on y verroit
bien d'autres exemples de vertu et de
courage, que dans les Tragédies Grecques
où la véritable vertu est presque inconnuë
; ou le courage est une passion et
une passion turbulente qui offusque la
raison et bannit la tranquillité de l'Ame ;
où l'orgueil et l'amour de la gloire bien
plus que l'attachement au devoir sont la
Source des grandes actions et où les
crimes ne se punissent presque jamais
que par d'autres crimes .
La Déclamation Chinoise , à ce que
nous apprend le Traducteur , est souvent
entremêlée de chant. Le même Personnage
interrompant sa Déclamation
par quelques paroles chantées, et plaçant
de même au milieu d'une suite de paroles
chantées , quelques paroles simplement
déclamées. Il faudroir avoir les
oreilles bien faites à l'harmonie de la
prononciation Chinoise pour juger de
l'effet que doit produire ce mélange. Il ,
n'est
FEVRIER 1734 359
n'est pas peut être plus ridicule que cette
Déclamation empoulée , ou ce Chant
Tragique , dont les grands Acteurs que
* nous avons perdu depuis peu , ont tenté
inutilement de délivrer nôtre Theatre.
A juger de la Déclamation Chinoise
par l'idée que les Relations nous donnent
de leur prononciation , elle doit être
pour le Chant , ce que le Récitatif de
nos Opéra est pour les grands Airs . La
comparaison est d'autant plus juste que
c'est principalement pour exprimer quetque
sentiment plus vifou quelque mouvement
plus animé que les Acteurs
Chinois ont recours au Chant.
Après ce Préambule je viens à la Tragédie
même qui y a donné occasion . Elle
est intitulée l'Orphelin de sa Maison
THEAO , et il s'agit des Avantures de
cet Enfant depuis sa naissance jusqu'à-ce
qu'il eût vangé ses Parens . Ainsi l'Action
de la Piéce dure environ 20 ans.
Sous le Regne de Cing Cong , Empe.
reur de la Dynastie des Tsine , Tou ngan
Con , Ministre de la Guerre et Theao
Tune , Ministre de la Justice et des Finances
partageoient entr'eux deux le
Gouvernement. Tou ngan Cou , jaloux
du crédit de son Rival , après avoir tenté
différentes voyes pour le faire périr, vint
enfin
356 MERCURE DE FRAN CE
enfin à bout de le rendre suspect à l'Empereur.
Ce Prince persuadé des crimes de
Tehao Tune qui avoit pris la fuite , signa
un ordre pour faire mourir la famille
et les Domestiques de ce Ministre au
nombre de trois cent personnes . Tehaoso ,
Fils du Ministre disgracié , er gendre de
l'Empereur , fut le seul épargné en considération
de son alliance avec la famille
Royale ; Tou ngan Cou , croyant sa vengeance
imparfaite tant qu'il resteroit
quelqu'un de cette Maison , supposa un
ordre de l'Empereur à Tehaoso de se
donner la mort, et le lui envoya porter
avec le fer , le poison et le cordeau , lui
laissant le choix de son supplice. Cette
espece d'Argument de la Pièce est dans
un long Monologue par lequel Ngan
Cou ouvre le Theatre.
Dans la Scene suivante Tehaoso paroît
avec son Epouse , et comme il est per--
suadé qu'on ne l'épargnera pas encore
longtems , il lui donne par avance ses
derniers ordres ; lui recommande le fruit
dont elle est enceinte et veut , qu'il soit
nommé l'Orphelin de Tehao, au cas que
cc soit un Garçon , et qu'il soit élevé
pour être le vengeur de sa famille . Dans
ce moment on apporte l'ordre de l'Empereur
; Tehaoso le reçoit à genoux ,
choiFEVRIER.
1734. 357
choisit le poignard et se frappe après
avoir renouvellé ses derniers ordres .
La Princesse est enfermée dans son Palais
pour être gardée exactement jusqu'à
ses couches . L'introduction au Prologue
nommé Sié tscè , finit - là . Il y a ensuite
cinq Sections ou divisions tchè , que l'on
peut nommer Actes à nôtre maniere.
On apprend dans la premiere partie à
Tougnen Cou , que la Princesse femme
de Tehaoso , est accouchée d'un fils et
qu'elle l'a nommé l'Orphelin de Tehao .
La haine de Ngan Cou , s'irrite à cette
nouvelle ; il jure la mort de cet Enfant ,
et donne des ordres pour redoubler la
garde du Palais de cette Princesse.
Dans la Scene suivante cette Princesse
paroît avec son fils dans ses bras ; elle
déplore ses propres malheurs , ceux de
toute sa Maison : la mort cruelle de son
Mari, le péril auquel son fils est exposé ,
dit qu'elle a envoyé chercher le Médecin
Tehing ing, le seul des 300 Domestiques
de la Maison de son Beau- pere , qui ait
échapé au carnage ; qu'elle connoît sa
vertu , son courage , son affection pour
la Maison Tehao et qu'il est le seul qui
puisse sauver les restes infortunez de
cette Maison.
Tehing ing , arrive dans l'équipage
d'un
358 MERCURE DE FRANCE :
d'un Médecin Chinois , portant avec lui
sa Cassette aux Remedes pendue à son
col . La Princesse lui propose d'emporter
le jeune Tehao , et de se charger du soin
de le cacher. Tehing ing représente à la
Princesse les difficultez et le péril d'une
telle entreprise elle se jette à ses pieds;
Tehing ing la releve , lui proteste qu'il
est prêt à tout entreprendre pour elle ;
mais continue- t-il , si je sauve mon
jeune Maître , comment poutrez - vous
cacher cette action au Tyran ? il vous
arrachera ce secret ; nous périrons moi
et ma famille , et nous périrons sans
sauver vôtre Fils. Tehing ing , dir la
Princesse , ne craignez rien de ma foiblesse
; partez avec mon fils ; son pere
est mort sous le Couteau , c'en est fait,
sa Mere va rejoindre son Epoux , elle va
mourir. En achevant ces mots ; la Prin
cesse qui a détaché sa ceinture , la passe
dans son col et s'étrangle .
Tehing-ing pénétré d'un Spectacle si
touchant prend l'Enfant et le cache
dans son coffre , le couvre de quelques
hardes et l'emporte. Il est arrêté par
Han Koné , Mandarin d'Armes qui garde
les portes du Palais par ordre de Toungan
Cou. Han Koué doit le commencement
de sa fortune à Tebao tune , et
comme
FEVRIER. 1734- 359
, comme il aime la vertu c'est à regret
qu'il obéït à Ngan Cou , dont il déteste
les crimes ; le Mandarin soupçonne bientôt
à l'air inquiet et embarassé du Médecin
, ce qu'il vient de faire , fait retirer
ses Soldats , ouvre le coffre , apperçoit
l'enfant , est attendri à sa vûë , promet
à Tehing de ne le point dénoncer
lui ordonne de l'emporter et de se retirer.
Le Médecin sort et revient se jetter
aux pieds de Han Koué comme s'il eût
craint que tout cela ne fut un piége qu'on
lui tendit ; cette manoeuvre se répete
plusieurs fois Han Koué , reproche à
Tehing ing cette méfiance , si tu n'as pas
le courage d'exposer ta vie , lui dit- il ,
pourquoi t'es- tu engagé dans cette entreprise
? rassures- toi , ajoute-t-il , tų
n'auras rien à craindre de ma part , en
disant ces mots , Han Koué se frappe de
son poignard et tombe mort. Tehing emporte
l'Enfant , et sort en nommant le
lieu qu'il a choisi pour sa retraite.
Vous serez sans doute un peu blessé
Monsieur , de la brusque résolution que
le pauvre Han Koué prend assez legerement
de sortir de la vie pour ôter toute
inquiétude au Médecin ; c'est même- là
une répetition de ce qu'a fait la Princesse.
Il est vrai que ces deux Personnages auroient
360 MERCURE DE FRANCE
roient embarassé dans la suite de la Piéce,
mais la façon de s'en défaire me semble
un peu singuliere apparemment que
. les Chinois, malgré le peu d'opinion que
nous avons de leur bravoure , ne regardent
pas la mort avec crainte et qu'ils
croyent au moins spéculativement qu'il
n'est pas nécessaire d'avoir des raisons
bien fortes pour se la donner. Leur
Histoire confirme cette opinion
crois d'ailleurs que l'on peut juger du
caractere et des opinions d'une Nation
du moins jusqu'à un certain point , par
ses Piéces de Theatre.
و etje
Dans la Division suivante , on apprend
à Tou- ngan Cou , ce qui vient d'arriver ;
il est saisi de fureur et il forme le dessein
de
supposer un nouvel Ordre du Roy
pour se faire apporter tous les Enfans
âgez de six mois , résolu de les poignar
der tous, pour envelopper dans le Massacre
general l'Orphelin de Tehao. Je passe
Monsieur le détail des Scenes difficiles
à abréger et qui ne servent à rien pour
arriver à la quatrième Scene de cette
Section .
Le Médecin Tehing qui a pris la résolution
d'aller chercher un azile pour le
jeune Tehao auprès de Kong Lun , ancien
Ministre, ennemi de Tou -ngan Kou
et
1
FEVRIER 1734. 361
et ami de Tehao - tune , retiré à la Campagne.
Il arrive chez ce vicillard , lui découvre
son secret , et lui remet entre les mains
l'Orphelin de Tehao , et lui apprend la
Loy portée contre tous les Enfans du
Royaume , après quoi il lui déclare qu'il
est résolu de reconnoître les obligations.
qu'il a à ceux de la maison de Theao
et de sauver les jours de tous ces infortunez
condamnez à la mort par l'Arrêt
de Ngan- Kou. J'ai un Fils du même âge
que le jeune Prince , ajoute- t- il , je vais
emporter chez moi ses vêtemens , j'en
couvrirai mon Fils , vous irez me dénoncer
au Tyran comme le dépositaire et
le gardien de l'Orphelin de Tehao ;
j'avouerai touts on prendra mon Fils
pour cet Orphelin , nous mourrons lui
et moi et vous éleverez ce cher Enfant
que je vous confie ; vous l'instruirez de
son sort , et vous l'aiderez à venger
mort de ses Parens .
la
Cong - Lun répond à cela en demandant
à ce Médecin quel âge il a , et il répond
qu'il a 45 ans . Vous avez 45 ans , dit
Cong- Lun ? Il faut attendre au moins
20 ans avant que cet Enfant puisse connoître
son sort et venger sa famille , vous
aurez alors 65 ans , moi j'en aurai alors"
3.
90,
352 MERCURE DE FRANCE
90 , et quand même je pourrois vivre
jusques- là , de quel secours lui serois - je ?
Croyez moi , portez chez vous ce jeune
Orphelin , mettez- le à la place de vôtre
fils ? et puisque vous voulez bien sacrifier
ce ls , apportez - le ici , et m'allez
accuser au Tyran ? il viendra me chercher
, nous périrons vôtre fils et moi
mais vous sauverez l'Orphelin ; allez ?
ce projet est plus sage que le vôtre.
Le Médecin ne se rend qu'après avoir
employé les discours les plus pressans
pour détourner Cong Lun de son dessein ,
et l'on voit que c'est à regret qu'il consent
à sauver ses jours aux dépens de
ceux de ce Vieillard . Une chose qui mérite
d'être remarquée dans cette Scene
c'est la tranquillité avec laquelle ces deux
Hommes déliberent sur le choix de celui
qui doit s'immoler ; l'utilité dont ils
peuvent être à l'Orphelin de Theao , est
la seule chose qu'ils ayent en vûë. Je ne
crois pas que l'imagination puisse aller
au delà, pour donner une idée de l'extrê
me fermeté et de l'extrême courage .
Dans la troisiéme Division le Médecin
va dénoncer Cong- Lun à Tou ngan Cou ;
celui - ci paroît douter de la verité de la
dénonciation , et lui demande les motifs
' qui l'ont porté à la faire. Le Méd.cin
réFEVRIER.
1734. 363
répond que c'est pour sauver les jours
de son propre Fils et ceux de tous les
Enfans condamnez à périr. Ngan Cou le
conduit avec lui chez Cong- Lun. On interroge
celui - ci , on lui confronte le Dénonciateur
, et je ne sçai sur quel fondement
Ngan Cou soupçonnant la bonne
foi du Médecin , et croyant qu'il y a
quelque intelligence entre lui et Cong-
Lun , oblige ce Médecin de lui donner
la Bastonnade ; cette Scene qui ne seroit
guere de notre gout , m'a paru au fond
assez mal imaginée. L'Auteur Chinois a
crû , sans doute , rendre la situation de
Cong Lun plus interessante ; mais il n'a
pas pensé qu'en voulant outrer le Grand,
on tombe dans le Gigantesque , lequel est
toujours voisin du Puerile .
CetteScene est interrompue par l'arrivée
d'un Soldat qui apporte le fils du Médecin
, qu'on prend pour l'Orphelin de
Tehao. Ngan Cou à cette vûë s'abandonne
à la joye et poignarde cette Enfant
aux yeux du Médecin et de Cong - Lun .
Celui- ci après lui avoir reproché tous ses
crimes et déploré la mort du prétendu
Orphelin se précipite du haut d'une Terrasse
et se tuë.
Ngan Cou prend chez lui le Médecin
avec le véritable Orphelin de Tehao,
qu'il
364 MERCURE DE FRANCE
qu'il croit son Fils , et déclare qu'il veut
le combler de biens , et même adopter
le Fils , parce qu'il n'a plus d'espérance
d'en avoir. C'est-là où finit la troisiéme
Section.
L'intervalle de la troisième à la quatriéme
Section , est supposé de 20 ans
entiers , comme ledit Ngan Cou , dans
la Scene qui commence cette Section .
Ce Ministre déclare que prêt à s'emparer
du Trône et à faire périr le Roy , il
va associer ce jeune Homme à son entreprise
.
Dans la Scene suivante le Médecin Tehing
, paroît un Rouleau à la main , sur
lequel il a fait dépeindre son Histoire
et celle de l'Orphelin . Il veut instruire
l'Orphelin de son sort ; mais pour s'assurer
de ses sentimens il est résolu d'essaïer
l'impression que fera sur lui la vuë de
ces Tableaux et le récit des Evénemens
qu'ils représentent. Cette idée m'a paru
ingenieuse , et malgré le défaut de la
repétition des choses déja connues , qui
se trouve dans la maniere dont cela est
exécuté , je vous avoie que cette Scene
m'a attaché à la Lecture , par la gradation
des sentimens qui s'excitent dans
l'ame du jeune homme , en écoutant une
Histoire à laquelle il croit n'avoir aucun
interêt. Cette
FEVRIER. 1734. 365
Cette Scene occupe toute la quatriéme
Section. La cinquième contient le dénoüement
ou la maniere dont l'Orphe-
"lin de Tebao se découvre au Roy , qui
donne des ordres pour arrêter et punir
Tou- Ngan Cou. L'Action du Médecin est
la même dans cette Tragédie que celle
de Leontine dans celle d'Heraclide . Les
Chinois ont mis en cette Action ce que
Corneille a mis en récit.
Voilà , M. la singularité que je vous
avois promise , mandez - moi ce que vous
et vos amis penseront de cette Tragédie
Chinoise , et si le plaisir qu'elle m'a fait
n'a pas sa source dans la disposition qui
nous porte presque toujours à admirer
les choses extrémement éloignées de nous,
soit par la distance des tems
soit par
celle des lieux. Je suis & c.
l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Un de mes amis revenu l'année passée
de la Chine m'a fait voir une singula-
G vj
rité
352 MERCURE DE FRANCE
rité Littéraire que je me fais un plaisir de
vous annoncer. C'est la Traduction d'une
Tragédie Chinoise. L'Ouvrage en doit être
envoyé à Paris ; si l'idée generale que
vous en prendrez dans l'Extrait que je
vous envoye pique votre curiosité , il
vous sera facile de voir l'Ouvrage entier,
qui doit être remis à M.....
Le Traducteur avertit dans une Préface
que les Tragédies Chinoises ne sont
assujetties à aucune des Regles de nôtre
Théatre moderne , celle des trois unitez
y est absolument inconnue et une Tragédie
Chinoise est proprement une Histoire
mise en Dialogue , dont les différentes
parties sont autant de Scenes détachées
, entre lesquelles il n'y a d'autre
liaison que celle qu'ont entr'elles les diverses
actions particulieres qui forment
la suite de cette Histoire.
Le Lieu change le plus souvent d'une
Scene à l'autre , mais de même que l'Acteur
en se montrant la premiere fois à
soin de dire , je suis un tel , et je viens
telle chose ; de même aussi en
pour
changeant de lieu il a soin d'avertir qu'il
est en un tel endroit, et que c'est là mêine
que va se passer l'action.
> Il en est de même du tems lorsque
l'intervalle d'une Scene à l'autre est un
peu
FEVRIER. 1734. 353
peu considérable,l'Acteur ne manque pas
de le dire et d'ajoûter que depuis un tel
Evenement il s'est écoulé tant de tems .
,
Vous voyez par-là , Monsieur , que
ces Tragédies ont du moins le mérite de
la clarté et que le violement de nos
regles ne cause aucun embarras à l'imagination
des Spectateurs. Les Piéces
Espagnoles , Italiennes , Angloises et
même les Piéces Françoises du commencement
du dernier siécle n'étoient pas
plus régulieres que celle des Chinois ;
mais le violement de la Regle des unitez
, y jettoit une obscurité bien plus
grande,parce que le Spectateur ne sçavoit
jamais dans quel tems et dans quel lieu
il s'étoit transporté, qu'après avoir entendu
une partie de la Scene ; l'embarras
étoit peut être encore plus grand dans
quelques unes de nos Piéces où l'on
cache l'inobservation de l'unité de tems
et de l'unité de lieu au dépens de la vraisemblance
et de la bienséance , comme
dans Cinna.
Il ne paroît pas beaucoup d'art dans
la maniere dont s'annoncent les Personnages
Chinois dans la Piéce que j'ai lûë
mais je ne doute pas que d'autres Piéces
n'en montrent davantage . Si quelqu'un
des Missionnaires Européens vouloit faire
sur
354 MERCURE DE FRANCE
sur le Théatre Chinois , ce que le R. P.
Brumoi a fait sur le Theatre des Grecs ,
nous en donner une Histoire ou une
Notice , je ne doute pas que son Ouvrage
ne fut bien reçu ; et à juger des
Tragédies Chinoises par le caractere general
de cette Nation , et par le ton de
celle-ci , je suis persuadé que l'on y verroit
bien d'autres exemples de vertu et de
courage, que dans les Tragédies Grecques
où la véritable vertu est presque inconnuë
; ou le courage est une passion et
une passion turbulente qui offusque la
raison et bannit la tranquillité de l'Ame ;
où l'orgueil et l'amour de la gloire bien
plus que l'attachement au devoir sont la
Source des grandes actions et où les
crimes ne se punissent presque jamais
que par d'autres crimes .
La Déclamation Chinoise , à ce que
nous apprend le Traducteur , est souvent
entremêlée de chant. Le même Personnage
interrompant sa Déclamation
par quelques paroles chantées, et plaçant
de même au milieu d'une suite de paroles
chantées , quelques paroles simplement
déclamées. Il faudroir avoir les
oreilles bien faites à l'harmonie de la
prononciation Chinoise pour juger de
l'effet que doit produire ce mélange. Il ,
n'est
FEVRIER 1734 359
n'est pas peut être plus ridicule que cette
Déclamation empoulée , ou ce Chant
Tragique , dont les grands Acteurs que
* nous avons perdu depuis peu , ont tenté
inutilement de délivrer nôtre Theatre.
A juger de la Déclamation Chinoise
par l'idée que les Relations nous donnent
de leur prononciation , elle doit être
pour le Chant , ce que le Récitatif de
nos Opéra est pour les grands Airs . La
comparaison est d'autant plus juste que
c'est principalement pour exprimer quetque
sentiment plus vifou quelque mouvement
plus animé que les Acteurs
Chinois ont recours au Chant.
Après ce Préambule je viens à la Tragédie
même qui y a donné occasion . Elle
est intitulée l'Orphelin de sa Maison
THEAO , et il s'agit des Avantures de
cet Enfant depuis sa naissance jusqu'à-ce
qu'il eût vangé ses Parens . Ainsi l'Action
de la Piéce dure environ 20 ans.
Sous le Regne de Cing Cong , Empe.
reur de la Dynastie des Tsine , Tou ngan
Con , Ministre de la Guerre et Theao
Tune , Ministre de la Justice et des Finances
partageoient entr'eux deux le
Gouvernement. Tou ngan Cou , jaloux
du crédit de son Rival , après avoir tenté
différentes voyes pour le faire périr, vint
enfin
356 MERCURE DE FRAN CE
enfin à bout de le rendre suspect à l'Empereur.
Ce Prince persuadé des crimes de
Tehao Tune qui avoit pris la fuite , signa
un ordre pour faire mourir la famille
et les Domestiques de ce Ministre au
nombre de trois cent personnes . Tehaoso ,
Fils du Ministre disgracié , er gendre de
l'Empereur , fut le seul épargné en considération
de son alliance avec la famille
Royale ; Tou ngan Cou , croyant sa vengeance
imparfaite tant qu'il resteroit
quelqu'un de cette Maison , supposa un
ordre de l'Empereur à Tehaoso de se
donner la mort, et le lui envoya porter
avec le fer , le poison et le cordeau , lui
laissant le choix de son supplice. Cette
espece d'Argument de la Pièce est dans
un long Monologue par lequel Ngan
Cou ouvre le Theatre.
Dans la Scene suivante Tehaoso paroît
avec son Epouse , et comme il est per--
suadé qu'on ne l'épargnera pas encore
longtems , il lui donne par avance ses
derniers ordres ; lui recommande le fruit
dont elle est enceinte et veut , qu'il soit
nommé l'Orphelin de Tehao, au cas que
cc soit un Garçon , et qu'il soit élevé
pour être le vengeur de sa famille . Dans
ce moment on apporte l'ordre de l'Empereur
; Tehaoso le reçoit à genoux ,
choiFEVRIER.
1734. 357
choisit le poignard et se frappe après
avoir renouvellé ses derniers ordres .
La Princesse est enfermée dans son Palais
pour être gardée exactement jusqu'à
ses couches . L'introduction au Prologue
nommé Sié tscè , finit - là . Il y a ensuite
cinq Sections ou divisions tchè , que l'on
peut nommer Actes à nôtre maniere.
On apprend dans la premiere partie à
Tougnen Cou , que la Princesse femme
de Tehaoso , est accouchée d'un fils et
qu'elle l'a nommé l'Orphelin de Tehao .
La haine de Ngan Cou , s'irrite à cette
nouvelle ; il jure la mort de cet Enfant ,
et donne des ordres pour redoubler la
garde du Palais de cette Princesse.
Dans la Scene suivante cette Princesse
paroît avec son fils dans ses bras ; elle
déplore ses propres malheurs , ceux de
toute sa Maison : la mort cruelle de son
Mari, le péril auquel son fils est exposé ,
dit qu'elle a envoyé chercher le Médecin
Tehing ing, le seul des 300 Domestiques
de la Maison de son Beau- pere , qui ait
échapé au carnage ; qu'elle connoît sa
vertu , son courage , son affection pour
la Maison Tehao et qu'il est le seul qui
puisse sauver les restes infortunez de
cette Maison.
Tehing ing , arrive dans l'équipage
d'un
358 MERCURE DE FRANCE :
d'un Médecin Chinois , portant avec lui
sa Cassette aux Remedes pendue à son
col . La Princesse lui propose d'emporter
le jeune Tehao , et de se charger du soin
de le cacher. Tehing ing représente à la
Princesse les difficultez et le péril d'une
telle entreprise elle se jette à ses pieds;
Tehing ing la releve , lui proteste qu'il
est prêt à tout entreprendre pour elle ;
mais continue- t-il , si je sauve mon
jeune Maître , comment poutrez - vous
cacher cette action au Tyran ? il vous
arrachera ce secret ; nous périrons moi
et ma famille , et nous périrons sans
sauver vôtre Fils. Tehing ing , dir la
Princesse , ne craignez rien de ma foiblesse
; partez avec mon fils ; son pere
est mort sous le Couteau , c'en est fait,
sa Mere va rejoindre son Epoux , elle va
mourir. En achevant ces mots ; la Prin
cesse qui a détaché sa ceinture , la passe
dans son col et s'étrangle .
Tehing-ing pénétré d'un Spectacle si
touchant prend l'Enfant et le cache
dans son coffre , le couvre de quelques
hardes et l'emporte. Il est arrêté par
Han Koné , Mandarin d'Armes qui garde
les portes du Palais par ordre de Toungan
Cou. Han Koué doit le commencement
de sa fortune à Tebao tune , et
comme
FEVRIER. 1734- 359
, comme il aime la vertu c'est à regret
qu'il obéït à Ngan Cou , dont il déteste
les crimes ; le Mandarin soupçonne bientôt
à l'air inquiet et embarassé du Médecin
, ce qu'il vient de faire , fait retirer
ses Soldats , ouvre le coffre , apperçoit
l'enfant , est attendri à sa vûë , promet
à Tehing de ne le point dénoncer
lui ordonne de l'emporter et de se retirer.
Le Médecin sort et revient se jetter
aux pieds de Han Koué comme s'il eût
craint que tout cela ne fut un piége qu'on
lui tendit ; cette manoeuvre se répete
plusieurs fois Han Koué , reproche à
Tehing ing cette méfiance , si tu n'as pas
le courage d'exposer ta vie , lui dit- il ,
pourquoi t'es- tu engagé dans cette entreprise
? rassures- toi , ajoute-t-il , tų
n'auras rien à craindre de ma part , en
disant ces mots , Han Koué se frappe de
son poignard et tombe mort. Tehing emporte
l'Enfant , et sort en nommant le
lieu qu'il a choisi pour sa retraite.
Vous serez sans doute un peu blessé
Monsieur , de la brusque résolution que
le pauvre Han Koué prend assez legerement
de sortir de la vie pour ôter toute
inquiétude au Médecin ; c'est même- là
une répetition de ce qu'a fait la Princesse.
Il est vrai que ces deux Personnages auroient
360 MERCURE DE FRANCE
roient embarassé dans la suite de la Piéce,
mais la façon de s'en défaire me semble
un peu singuliere apparemment que
. les Chinois, malgré le peu d'opinion que
nous avons de leur bravoure , ne regardent
pas la mort avec crainte et qu'ils
croyent au moins spéculativement qu'il
n'est pas nécessaire d'avoir des raisons
bien fortes pour se la donner. Leur
Histoire confirme cette opinion
crois d'ailleurs que l'on peut juger du
caractere et des opinions d'une Nation
du moins jusqu'à un certain point , par
ses Piéces de Theatre.
و etje
Dans la Division suivante , on apprend
à Tou- ngan Cou , ce qui vient d'arriver ;
il est saisi de fureur et il forme le dessein
de
supposer un nouvel Ordre du Roy
pour se faire apporter tous les Enfans
âgez de six mois , résolu de les poignar
der tous, pour envelopper dans le Massacre
general l'Orphelin de Tehao. Je passe
Monsieur le détail des Scenes difficiles
à abréger et qui ne servent à rien pour
arriver à la quatrième Scene de cette
Section .
Le Médecin Tehing qui a pris la résolution
d'aller chercher un azile pour le
jeune Tehao auprès de Kong Lun , ancien
Ministre, ennemi de Tou -ngan Kou
et
1
FEVRIER 1734. 361
et ami de Tehao - tune , retiré à la Campagne.
Il arrive chez ce vicillard , lui découvre
son secret , et lui remet entre les mains
l'Orphelin de Tehao , et lui apprend la
Loy portée contre tous les Enfans du
Royaume , après quoi il lui déclare qu'il
est résolu de reconnoître les obligations.
qu'il a à ceux de la maison de Theao
et de sauver les jours de tous ces infortunez
condamnez à la mort par l'Arrêt
de Ngan- Kou. J'ai un Fils du même âge
que le jeune Prince , ajoute- t- il , je vais
emporter chez moi ses vêtemens , j'en
couvrirai mon Fils , vous irez me dénoncer
au Tyran comme le dépositaire et
le gardien de l'Orphelin de Tehao ;
j'avouerai touts on prendra mon Fils
pour cet Orphelin , nous mourrons lui
et moi et vous éleverez ce cher Enfant
que je vous confie ; vous l'instruirez de
son sort , et vous l'aiderez à venger
mort de ses Parens .
la
Cong - Lun répond à cela en demandant
à ce Médecin quel âge il a , et il répond
qu'il a 45 ans . Vous avez 45 ans , dit
Cong- Lun ? Il faut attendre au moins
20 ans avant que cet Enfant puisse connoître
son sort et venger sa famille , vous
aurez alors 65 ans , moi j'en aurai alors"
3.
90,
352 MERCURE DE FRANCE
90 , et quand même je pourrois vivre
jusques- là , de quel secours lui serois - je ?
Croyez moi , portez chez vous ce jeune
Orphelin , mettez- le à la place de vôtre
fils ? et puisque vous voulez bien sacrifier
ce ls , apportez - le ici , et m'allez
accuser au Tyran ? il viendra me chercher
, nous périrons vôtre fils et moi
mais vous sauverez l'Orphelin ; allez ?
ce projet est plus sage que le vôtre.
Le Médecin ne se rend qu'après avoir
employé les discours les plus pressans
pour détourner Cong Lun de son dessein ,
et l'on voit que c'est à regret qu'il consent
à sauver ses jours aux dépens de
ceux de ce Vieillard . Une chose qui mérite
d'être remarquée dans cette Scene
c'est la tranquillité avec laquelle ces deux
Hommes déliberent sur le choix de celui
qui doit s'immoler ; l'utilité dont ils
peuvent être à l'Orphelin de Theao , est
la seule chose qu'ils ayent en vûë. Je ne
crois pas que l'imagination puisse aller
au delà, pour donner une idée de l'extrê
me fermeté et de l'extrême courage .
Dans la troisiéme Division le Médecin
va dénoncer Cong- Lun à Tou ngan Cou ;
celui - ci paroît douter de la verité de la
dénonciation , et lui demande les motifs
' qui l'ont porté à la faire. Le Méd.cin
réFEVRIER.
1734. 363
répond que c'est pour sauver les jours
de son propre Fils et ceux de tous les
Enfans condamnez à périr. Ngan Cou le
conduit avec lui chez Cong- Lun. On interroge
celui - ci , on lui confronte le Dénonciateur
, et je ne sçai sur quel fondement
Ngan Cou soupçonnant la bonne
foi du Médecin , et croyant qu'il y a
quelque intelligence entre lui et Cong-
Lun , oblige ce Médecin de lui donner
la Bastonnade ; cette Scene qui ne seroit
guere de notre gout , m'a paru au fond
assez mal imaginée. L'Auteur Chinois a
crû , sans doute , rendre la situation de
Cong Lun plus interessante ; mais il n'a
pas pensé qu'en voulant outrer le Grand,
on tombe dans le Gigantesque , lequel est
toujours voisin du Puerile .
CetteScene est interrompue par l'arrivée
d'un Soldat qui apporte le fils du Médecin
, qu'on prend pour l'Orphelin de
Tehao. Ngan Cou à cette vûë s'abandonne
à la joye et poignarde cette Enfant
aux yeux du Médecin et de Cong - Lun .
Celui- ci après lui avoir reproché tous ses
crimes et déploré la mort du prétendu
Orphelin se précipite du haut d'une Terrasse
et se tuë.
Ngan Cou prend chez lui le Médecin
avec le véritable Orphelin de Tehao,
qu'il
364 MERCURE DE FRANCE
qu'il croit son Fils , et déclare qu'il veut
le combler de biens , et même adopter
le Fils , parce qu'il n'a plus d'espérance
d'en avoir. C'est-là où finit la troisiéme
Section.
L'intervalle de la troisième à la quatriéme
Section , est supposé de 20 ans
entiers , comme ledit Ngan Cou , dans
la Scene qui commence cette Section .
Ce Ministre déclare que prêt à s'emparer
du Trône et à faire périr le Roy , il
va associer ce jeune Homme à son entreprise
.
Dans la Scene suivante le Médecin Tehing
, paroît un Rouleau à la main , sur
lequel il a fait dépeindre son Histoire
et celle de l'Orphelin . Il veut instruire
l'Orphelin de son sort ; mais pour s'assurer
de ses sentimens il est résolu d'essaïer
l'impression que fera sur lui la vuë de
ces Tableaux et le récit des Evénemens
qu'ils représentent. Cette idée m'a paru
ingenieuse , et malgré le défaut de la
repétition des choses déja connues , qui
se trouve dans la maniere dont cela est
exécuté , je vous avoie que cette Scene
m'a attaché à la Lecture , par la gradation
des sentimens qui s'excitent dans
l'ame du jeune homme , en écoutant une
Histoire à laquelle il croit n'avoir aucun
interêt. Cette
FEVRIER. 1734. 365
Cette Scene occupe toute la quatriéme
Section. La cinquième contient le dénoüement
ou la maniere dont l'Orphe-
"lin de Tebao se découvre au Roy , qui
donne des ordres pour arrêter et punir
Tou- Ngan Cou. L'Action du Médecin est
la même dans cette Tragédie que celle
de Leontine dans celle d'Heraclide . Les
Chinois ont mis en cette Action ce que
Corneille a mis en récit.
Voilà , M. la singularité que je vous
avois promise , mandez - moi ce que vous
et vos amis penseront de cette Tragédie
Chinoise , et si le plaisir qu'elle m'a fait
n'a pas sa source dans la disposition qui
nous porte presque toujours à admirer
les choses extrémement éloignées de nous,
soit par la distance des tems
soit par
celle des lieux. Je suis & c.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Brest, contenant l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Un ami de l'auteur, récemment revenu de Chine, lui a montré la traduction d'une tragédie chinoise intitulée 'L'Orphelin de sa Maison Theao'. Cette tragédie relate les aventures d'un enfant depuis sa naissance jusqu'à la vengeance de ses parents, sur une période d'environ 20 ans sous le règne de l'empereur Cing Cong. La pièce ne respecte pas les règles des trois unités (temps, lieu, action) du théâtre moderne. Chaque scène est indépendante et les changements de lieu et de temps sont explicitement annoncés par les acteurs. La pièce est structurée en sections appelées 'tchè', similaires à des actes. L'intrigue principale commence avec la disgrâce du ministre Tehao Tune, accusé à tort par son rival Tou ngan Cou. Tehao Tune est condamné à mort et sa famille massacrée, à l'exception de son fils Tehaoso, épargné en raison de son alliance avec la famille royale. Tou ngan Cou ordonne à Tehaoso de se suicider, ce qu'il fait après avoir donné ses dernières instructions à son épouse enceinte. L'épouse de Tehaoso donne naissance à un fils, nommé 'L'Orphelin de Tehao'. Elle confie l'enfant au médecin Tehing ing, qui le cache et le sauve malgré les obstacles. Plusieurs personnages, comme le mandarin Han Koué et le vieillard Cong Lun, jouent des rôles cruciaux en aidant à protéger l'orphelin. Dans la troisième division, le médecin dénonce Cong-Lun à Tou Ngan Cou pour sauver son fils et d'autres enfants condamnés. Ngan Cou, doutant de la bonne foi du médecin, le fait bastonner. La scène est interrompue par l'arrivée d'un soldat apportant le fils du médecin, pris pour l'orphelin de Tehao. Ngan Cou, croyant avoir retrouvé son fils, poignarde l'enfant devant le médecin et Cong-Lun, qui se suicide ensuite. Ngan Cou adopte alors le véritable orphelin de Tehao, croyant que c'est son fils. Vingt ans plus tard, dans la quatrième section, Ngan Cou, prêt à s'emparer du trône, veut associer le jeune homme à son entreprise. Le médecin Tehing montre à l'orphelin des tableaux représentant son histoire pour tester ses sentiments. La cinquième section révèle comment l'orphelin de Tehao se découvre au roi, qui ordonne l'arrestation et la punition de Tou Ngan Cou. La pièce met en avant des thèmes de courage, de vertu et de sacrifice, caractéristiques de la culture chinoise. La déclamation dans les tragédies chinoises est souvent mélangée de chant, et les acteurs annoncent clairement les changements de lieu et de temps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
97
p. 726-729
« ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...] »
Début :
ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...]
Mots clefs :
Évêque d'Évreux, Histoire, Oran, Évêque d'Avranches, Aurore et Phébus, Commandement de la loi, Retraite, Empire des shérifs, Dictionnaire universel des arts et des sciences, Pensées chrétiennes, Merlin Coccai, Épîtres et évangiles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...] »
BREGE de la Vie de S. Gaud ,
Evêque d'Evreux , de S. Pair , Evêque
d'Avranches , de S. Scabilion , Abbé
de S.Senier , aussi Evêque d'Avranches ,
et de S. Aroaste , Prêtre ; tous Anacho
retes du Desert de Scyey , inhumez dans
l'Eglise de S. Pair sur Mer , Diocèse de
Coutances , &c. le tout conforme aux
MartyAVRIL.
1734. 727
Martyrologes , aux meilleurs Historiens
et particulierement à un Manuscrit trèsancien
, qui se trouve dans les Archives
de la Paroisse de S. Pair , dont il y
a copie dans celle de la Cathédrale d'Evreux.
Par M. le Rouault , Curé de saint
Pair sur Mer. De l'Imprimerie de Montalant
, 1734. in 12.
AURORE ET PHEBUS , Histoire Espagnole.
A Paris , ruë S. Jacques, chez And.
Morin , 1733. in 12. de 143. pages.
LE GRAND COMMANDEMENT DE LA LOy,
ou le principal devoir de l'homme envers
Dieu et envers le Prochain, expliqué selon
les Principes de S. Thomas . Par le P. Bermard
d'Arras, Capucin , Lecteur en Théologie
. Chez J. B. Coignard , fils , rue saint
Jacques , vol. in 12.
RETRAITE de la Marquise de Gozanne ,
contenant diverses Histoires galantes et
yeritables. Chez Etienne Ganeau , ruë
S. Jacques 1734. in 12. 2. vol.
HISTOIRE DE L'EMPIRE DES CHERIFS
EN AFRIQUE , sa Description Géographique
et Historique ; la Relation de la
Prise d'Oran , par Philippe V. Roy d'Es-
E vj pagne ,
728 MERCURE DE FRANCE
pagne , avec l'Abregé de la Vie de M. de
Santa-Cruz , cy - devant Ambassadeur en
France , et Gouverneur d'Oran , depuis
la Prise de cette Ville , ornée d'un Plan
très- exact de la Ville d'Oran , et d'une
Carte de l'Empire des Cherifs , par M. ***..
A Paris , chez Prault , Quay de Gêvres ,
au Paradis , 1733. in 12. de 508. pages
sans les Tables,
DICTIONNAIRE Universel des Arts et
des Sciences de M. B. C. de l'Academie
Françoise , nouvelle Edition , revûë , corrigée
et augmentée , par M. ... de l'Académie
des Sciences. A Paris , chez
P. G. le Mercier , fils , rue S. Jacques ,
1732. 2. vol. in fol . prix 36. livres.
PENSE'ES CHRETIENNES pour
tous les jours du mois , avec des Passages
de l'Ecriture Sainte , et une Instruction
familiere pour servir de regles dens
les actions principales de la vie . M. Lambert.
Chez le même , 1732. in 24. prix
15. sols.
LES EPITRES ET EVANGILES de toute
Pannée , avec des Refléxions ; l'Ordinaire
de la Messe en Latin en François , Chez
le même , 1732. in 12. gros caractere.
HISAVRIL
1734. 729
HISTOIRE MACARONIQUE de Merlin
Cocaie , Prototype de Rabelais , avec
l'horrible Bataille des Mouches et des
Fourmis. Sans nom d'Imprimeur , 1734-
2. vol. in 12. d'environ 4co. pag chacun.
Evêque d'Evreux , de S. Pair , Evêque
d'Avranches , de S. Scabilion , Abbé
de S.Senier , aussi Evêque d'Avranches ,
et de S. Aroaste , Prêtre ; tous Anacho
retes du Desert de Scyey , inhumez dans
l'Eglise de S. Pair sur Mer , Diocèse de
Coutances , &c. le tout conforme aux
MartyAVRIL.
1734. 727
Martyrologes , aux meilleurs Historiens
et particulierement à un Manuscrit trèsancien
, qui se trouve dans les Archives
de la Paroisse de S. Pair , dont il y
a copie dans celle de la Cathédrale d'Evreux.
Par M. le Rouault , Curé de saint
Pair sur Mer. De l'Imprimerie de Montalant
, 1734. in 12.
AURORE ET PHEBUS , Histoire Espagnole.
A Paris , ruë S. Jacques, chez And.
Morin , 1733. in 12. de 143. pages.
LE GRAND COMMANDEMENT DE LA LOy,
ou le principal devoir de l'homme envers
Dieu et envers le Prochain, expliqué selon
les Principes de S. Thomas . Par le P. Bermard
d'Arras, Capucin , Lecteur en Théologie
. Chez J. B. Coignard , fils , rue saint
Jacques , vol. in 12.
RETRAITE de la Marquise de Gozanne ,
contenant diverses Histoires galantes et
yeritables. Chez Etienne Ganeau , ruë
S. Jacques 1734. in 12. 2. vol.
HISTOIRE DE L'EMPIRE DES CHERIFS
EN AFRIQUE , sa Description Géographique
et Historique ; la Relation de la
Prise d'Oran , par Philippe V. Roy d'Es-
E vj pagne ,
728 MERCURE DE FRANCE
pagne , avec l'Abregé de la Vie de M. de
Santa-Cruz , cy - devant Ambassadeur en
France , et Gouverneur d'Oran , depuis
la Prise de cette Ville , ornée d'un Plan
très- exact de la Ville d'Oran , et d'une
Carte de l'Empire des Cherifs , par M. ***..
A Paris , chez Prault , Quay de Gêvres ,
au Paradis , 1733. in 12. de 508. pages
sans les Tables,
DICTIONNAIRE Universel des Arts et
des Sciences de M. B. C. de l'Academie
Françoise , nouvelle Edition , revûë , corrigée
et augmentée , par M. ... de l'Académie
des Sciences. A Paris , chez
P. G. le Mercier , fils , rue S. Jacques ,
1732. 2. vol. in fol . prix 36. livres.
PENSE'ES CHRETIENNES pour
tous les jours du mois , avec des Passages
de l'Ecriture Sainte , et une Instruction
familiere pour servir de regles dens
les actions principales de la vie . M. Lambert.
Chez le même , 1732. in 24. prix
15. sols.
LES EPITRES ET EVANGILES de toute
Pannée , avec des Refléxions ; l'Ordinaire
de la Messe en Latin en François , Chez
le même , 1732. in 12. gros caractere.
HISAVRIL
1734. 729
HISTOIRE MACARONIQUE de Merlin
Cocaie , Prototype de Rabelais , avec
l'horrible Bataille des Mouches et des
Fourmis. Sans nom d'Imprimeur , 1734-
2. vol. in 12. d'environ 4co. pag chacun.
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Résumé : « ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...] »
Le document présente une liste de publications et de manuscrits historiques. Il commence par un résumé des vies de saints, notamment Saint Gaud, évêque d'Évreux, Saint Pair, évêque d'Avranches, Saint Scabilion, abbé de Saint-Senier et également évêque d'Avranches, et Saint Aroaste, prêtre. Ces saints étaient anachorètes du désert de Scyey et sont inhumés dans l'église de Saint Pair sur Mer, diocèse de Coutances. Les informations proviennent des martyrologes, des historiens et d'un manuscrit ancien des archives de la paroisse de Saint Pair, avec une copie à la cathédrale d'Évreux. Le texte mentionne également plusieurs ouvrages publiés entre 1732 et 1734, incluant des histoires espagnoles, des traités théologiques, des récits galants, des histoires de l'Empire des Cherifs en Afrique, un dictionnaire universel des arts et des sciences, des pensées chrétiennes, des épîtres et évangiles avec des réflexions, et une histoire macaronique de Merlin Cocaie. Chaque ouvrage est accompagné de détails sur l'éditeur, l'imprimeur, le format et le prix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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98
p. 1391-1400
TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
Début :
Dans l'article IV. on trouve un Extrait du XIV. volume de la Bibliothéque [...]
Mots clefs :
Histoire, Peuples, Livre, Temps, Histoire des Allemands, Guerres, Traduction allemande, Goths, Allemagne, Empire, Expéditions, Remarques, Héros, Latin, Nouvelles littéraires
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texteReconnaissance textuelle : TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
TO ME XVIII. de la Bibliotheque
German: que.
Dans l'article IV . on trouve un Extrait
du XIV. volume de la Bibliothéque
Grecque de M. , Fabricius , dont nous
avons parlé dans le Mercure en differentes
occasions. Ce nouveau volume cst
imprimé à Hambourg chez la veuve
Felginer en 1728. et contient 740 pages
in 4. Le Journaliste Allemand nous.
apprend que c'est ici le dernier volume.
de ce grand Ouvrage , ajoutant qu'il et
présentement complet , et que c'est le
II. Vol. fruic
1392 MERCURE DE FRANCE
fruit d'un travail de 25 années ; travail
immense et qui cependant n'a pas empê
ché M. Fabricius de donner au Public
dans cet intervalle de tems , plusieurs
Ouvrages très- considerables .
La principale piéce de ce dernier volume
est un Indice general sur les XIV.
volumes précédens . On doit en partie
cette Table , si nécessaire à cause de la
varieté et de l'abondance des matieres ,
à Jean Chrêtien Vuolff , Professeur de
Physique et de Poësie à Hambourg ; sur
quoi M. Fabricius lui témoigne sa reconnoissance.
L'Article VII. contient l'Extrait d'une
Histoire des Allemands écrite en Alle
mand jusqu'au commencement de la
Monarchie Françoise par le DocteurJean.
Jacques Mascou 1. vol . in 4. à Leipsic
chez Jacques Chuster 1726. PP. 508.
sans les Préfaces et les Tables . Le dessein
de l'Auteur est de nous donner l'Histoire
des Anciens Allemands jusqu'à l'extinc
tion de la posterité de Charlemagne; mais
il ne va dans ce volume que jusqu'à
Clovis exclusivement .
Il importe à ceux qui veulent s'instruire
à fond des Coutumes et du Droit
d'Allemagne d'aller en chercher la source
dans les tems les plus reculés . Tout ce
II Vol.
qui
JUIN. 1734 1393
qui contribue à rendre ces siécles moins
impénétrables et à en mettre l'Histoire
dans un plus grand jour mérite donc
l'attention et la reconnoissance du Public.
On y trouve l'origine de diverses Nations
Germaniques ou voisin esde l'Allemagne,
qui ont d'abord désolé et puis conquis
les plus considérables Parties de l'Empire
Romain ; le récit de leurs Expéditions ,
des Remarques sur les principaux Chefs
et sur les bonnes ou mauvaises qualitcz
de ces Héros : Tout cela est exécuté
comme il doit l'être dans une bonne
Histoire ; l'Auteur du Journal remarque
qu'il eut été à souhaiter que M. Mascou
eut écrit son Histoire en Latin en faveur
des Etrangers , d'autant plus qu'il a écrit
d'autres Ouvrages en cette Langue avec
succès .
Le premier Livre contient l'Histoire
'des Allemands jusqu'à la fin de la Guerre
Cimbrique ; on y trouve entre beaucoup
d'autres choses remarquables , le récit des
Victoires que les Cimbres et les Teutons
ont remporté sur les Romains et de leur
défaite par Marius. Depuis les Cimbres
jusqu'à Cesar les Peuples d'Allemagne
sont peu connus dans l'Histoire : Cesar
- nous a laissé des Memoires des Guerres
qu'il a cues avec eux , et quoique de son
II. Vol
tems
1394 MERCURE DE FRANCE
tems on doutât de la fidelité de ces Mémoires
, M. de Mascou n'a pû faire autrement
que de le prendre pour guide en lc
redressant , lorsque l'occasion s'en présente.
Il suit donc Cesar dans ses Expéditions
en Germanie , et il donne ensuite
une idée des moeurs des anciens Germains
prise de Cesar et de Tacite , il compare
ensuite la Mythologie de ces Peuples avec
celle des Grecs , à l'avantage de celle des
premiers. C'est ce qui contient le second
Livre.
Le troisiéme continue l'Histoire des
Allemands jusqu'à la défaite de Varus ,
c'est-à-dire les diverses Expéditions des
Romains sur les Sigambres, les Semnons ,
les Hermundures , les Marcomans , et
autres Peuples de ces pays là , jusqu'à
l'affreuse déroute de Quintilius Varus ,
dont l'avarice et les chicanes avoient
mis les Peuples Germains au désespoir.
Le quatriéme Livre contient les exploits
d'Arminius en faveur de sa Patrie
et de ceux deGermanicus en faveur desRomains
un court parallele entre ces deux
jeunes Héros; le récit des diverses Guerres
des Allemands contre les Successeurs de
Tibere , et un détail du soulevement des⚫
Bataves sous la conduite de Civilis : le.
Livre finit par la Paix des Romains avec
1 I. Vol.
les
JUIN.
1734. 1395
Ies Bataves , quoiqu'on ignore en quoi.
précisement elle consista .
›
Le cinquiéme raporte les Victoires
vrayes ou prétendues de Domitien sur
plusieurs Peuples Germaniques , celles de
Nerva sur les Marcomans , celle de Trajan
et de Marc- Aurele . On y remarque
le tems auquel l'Histoire nomme pour
la premiere fois des Peuples fameux , les
Allemands , les Goths , les Francs et les
Scythes , du nombre desquels étoient les
Goths. On trouve dans le même Livre
les Victoires de Probus sur les Allemands
proprement dits , sur les Sarmates et sur .
les Goths.
Le sixième Livre s'étend jusqu'à la fin
des Guerres des Francs et des Allemands.
sous Julien ; il met sous les yeux les noms
d'autres Peuples fameux , des Thurin
giens , des Saxons , des Bourguignons
des Vandales : ces derniers étoient déja
connus auparavant ; on y trouve encore
les Guerres des Peuples Germains entre
eux , les succès de Diocletien et de Maximien
, de Galere , de Constance et de
Constantin sur ces Peuples , leur défaite
près de Strasbourg par Julien
soumission sous cet Empereur.
و
et leur
Le septième comprend les differentes
Revolutions qui arrivérent dans l'Occi
II. Vol dent
1396 MERCURE DE FRANCE
dent occasionnées par les Alains , les Quades
, les Bourguignons , les Saxons &c .
jusqu'à la grande migration des Peuples
dans l'Empire d'Occident.
La Fondation des Etats des Goths , des
Sueves , des Bourguignons dans les Provinces
de l'Empire font le sujet du
huitiéme Livre. Mais ce qu'on y trouve
de plus remarquable , c'est le récit des
Guerres réïterées des Goths en Italie sous
la conduite d'Alaric ; on y voit les traitez
et les ruptures qui se succedérent à diver
ses reprises entre lesGoths et les Romains,
et un détail très circonstancié de la prise
de Rome par Alaric ; le mariage de Placidie
, Soeur d'Honorius avec Ataulphe ,
Successeur d'Alaric ; et enfin l'Histoire
de l'établissement des Alains , des Sueves,
des Vandales et des Goths en Espagne
et de celui des Bourguignons dans les
Gaules aux environs du Rhin : l'Auteur
dit aussi quelque chose des Francs et des
Loix Saliques .
La plus grande partie du neuvième
Livre est employée à la narration des
conquêtes desVandales en Espagne et en
Affrique , et à celle des Guerres des Huns
et de leurs ravages dans l'Occident sous
la conduite d'Attila dont M. Mascou fait
le portrait et dépeint le caractére , mais
II. Vol. avec
JUIN. 1734. 1397
avec des traits qui présentent l'idée d'un
Héros plutôt que d'un Barbare , et qui
réforment celle qu'on a eûe autrefois , et
que plusieurs se forment encore d'Attila.
Le dixiéme Livre qui finit ce volume
va jusqu'au commencement du Gouvernement
de Clovis. On y voit les Vandales
succeder aux Huns dans l'Italie : le
pillage de Rome par Genseric Roy Vandale
et Arien , avec des remarques sur
la modération de ces Peuples , sur leur
chasteté , sur leur severité et leur exactitude
à faire observer les Loix , et sur la
douceur de leur domination et de leur
Gouvernement, devenu agréable aux Romains
mêmes. L'Auteur finit ce volume
par des Réflexions sur les causes de cette
grande Révolution et sur les changemens
qu'elle apporta à la situation de l'Europe.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVIII Tome.
De Petersbourg. On verra bientôt l'Histoire
Metallique d'Edesse , par M. Bayer
qui s'imprimé en cette Ville. Des Medailles
raportées d'Orient par M. Buxbaum
lui ont été d'un grand secours. Il fournira
une suite Chronologique des Rois
d'Edesse qui , à ce qu'on assure , sera
complette,
D'Upsale. II. Vol.
1398 MERCURE DE FRANCE
D'Upsale. Il parut en certe Ville l'année
passée ( 1728. ) deux Dissertations
Académiques de feu M. le Docteur
Wallin , sur l'Art d'écrire avec du feu . De
Arte Trithemiana scribendi per ignem , et
une autre de M. Fabien Toerner, Profes
seur en Eloquence sur l'origine et la Religion
des Finlandiens.
De Varsovie , M. Bachstrohm , qui est
arrivé depuis peu de Constantinople en
cette Ville , y doit retourner dans quelque
tems avec toute sa famille , pour être
employé à la Traduction de la Bible en
Langue Turque.
D'Ausbourg. On a réimprimé ici une
Traduction Latine du Dictionnaire de la
Bible de Dom Augustin Calmet , par le
R. P. Dom Jean- Dominique Mansi. Cette
Traduction avoit paru à Luques il y a
quelques années sans figures. Les Librai
res ont jugé à propos d'en metire quelques-
unes à cette nouvelle Edition. Le
P. Mansi a corrigé quelques fautes de
Dom Calmet Au reste le supplement n'est
point encore traduit en Latin . On dit
qu'il doit paroître une Traduction Allemande
du même Dictionnaire avec tou
tes les figures .
De Nuremberg. On débite ici les Ou
vrages du fameux Gerard de Lairesse , sur
II. Vol. - le
JUIN. 1734 1399
le Dessein et sur la Peinture , traduit du
Hollandois en Allemand.
D'Altorf. M. le Professeur Schultz ;
qui publia l'année passée ( 1728. ) l'Histoire
de la Médecine en Latin , fait esperer
une nouvelle Edition Grecque de Plutarque
, et une Traduction Allemande
du même Auteur , toutes deux avec des
Remarques.
De Leipsic. M. Paul- Daniel Longolius
a soutenu publiquement et a fait imprimer
une Dissertation Académique , dans
laquelle il prétend prouver que chez une
grande partie des nations , auxquelles on
reproche d'avoir sacrifié des victimes humaines
, on choisissoit pour victimes au
nioins la plupart du tems , non des personnes
innocentes , mais des criminels
condamnez à mort pour leurs crimes .
Walther fait imprimer une Traduction
Allemande de l'excellent Ouvrage de
M. Niewentyt , intitulé : le bon usage de
la contemplation du Monde ou l'existence
de Dieu, démontrée par les merveilles de la
nature.
De Halle. M. Gasser a publié une Dissettation
Académique . De Inquisitione
contrà surdum et mutum naturâ : et une Introduction
à la connoissance des affaires
d'oeconomies , de Polices et de Domaines.
I I. Vol; De
1400 MERCURE DE FRANCE
De Lubeck . M. Martini , arrivé en cette
Ville depuis quelque tems de Petersbourg
, où il étoit Membre de l'Acadé
mie , vient de faire imprimer une petite
brochure Latine sur le célebre Enfant de
Lubeck . Chrêtien Henri Heinecken , dans
laquelle il tâche de rendre des raisons
naturelles de l'extraordinaire capacité de
cet Enfant.
Moins de partialité et plus d'exactitude
dans les Auteurs de la Bibliothéque
Germanique donneroient du relief à cet
Ouvrage. On y trouve une critique presque
continuelle de la Religion Catholique
, capable d'indigner non seulement
ceux qui ne pensent pas comme ces Auteurs
, mais toutes les personnes sensées .
C'est d'ailleurs abuser de la qualité de
Journalisre et entendre mal ses propres
intêrets. A cela près , les Auteurs de ce
Journal y font paroître de l'esprit et de
l'érudition ..
German: que.
Dans l'article IV . on trouve un Extrait
du XIV. volume de la Bibliothéque
Grecque de M. , Fabricius , dont nous
avons parlé dans le Mercure en differentes
occasions. Ce nouveau volume cst
imprimé à Hambourg chez la veuve
Felginer en 1728. et contient 740 pages
in 4. Le Journaliste Allemand nous.
apprend que c'est ici le dernier volume.
de ce grand Ouvrage , ajoutant qu'il et
présentement complet , et que c'est le
II. Vol. fruic
1392 MERCURE DE FRANCE
fruit d'un travail de 25 années ; travail
immense et qui cependant n'a pas empê
ché M. Fabricius de donner au Public
dans cet intervalle de tems , plusieurs
Ouvrages très- considerables .
La principale piéce de ce dernier volume
est un Indice general sur les XIV.
volumes précédens . On doit en partie
cette Table , si nécessaire à cause de la
varieté et de l'abondance des matieres ,
à Jean Chrêtien Vuolff , Professeur de
Physique et de Poësie à Hambourg ; sur
quoi M. Fabricius lui témoigne sa reconnoissance.
L'Article VII. contient l'Extrait d'une
Histoire des Allemands écrite en Alle
mand jusqu'au commencement de la
Monarchie Françoise par le DocteurJean.
Jacques Mascou 1. vol . in 4. à Leipsic
chez Jacques Chuster 1726. PP. 508.
sans les Préfaces et les Tables . Le dessein
de l'Auteur est de nous donner l'Histoire
des Anciens Allemands jusqu'à l'extinc
tion de la posterité de Charlemagne; mais
il ne va dans ce volume que jusqu'à
Clovis exclusivement .
Il importe à ceux qui veulent s'instruire
à fond des Coutumes et du Droit
d'Allemagne d'aller en chercher la source
dans les tems les plus reculés . Tout ce
II Vol.
qui
JUIN. 1734 1393
qui contribue à rendre ces siécles moins
impénétrables et à en mettre l'Histoire
dans un plus grand jour mérite donc
l'attention et la reconnoissance du Public.
On y trouve l'origine de diverses Nations
Germaniques ou voisin esde l'Allemagne,
qui ont d'abord désolé et puis conquis
les plus considérables Parties de l'Empire
Romain ; le récit de leurs Expéditions ,
des Remarques sur les principaux Chefs
et sur les bonnes ou mauvaises qualitcz
de ces Héros : Tout cela est exécuté
comme il doit l'être dans une bonne
Histoire ; l'Auteur du Journal remarque
qu'il eut été à souhaiter que M. Mascou
eut écrit son Histoire en Latin en faveur
des Etrangers , d'autant plus qu'il a écrit
d'autres Ouvrages en cette Langue avec
succès .
Le premier Livre contient l'Histoire
'des Allemands jusqu'à la fin de la Guerre
Cimbrique ; on y trouve entre beaucoup
d'autres choses remarquables , le récit des
Victoires que les Cimbres et les Teutons
ont remporté sur les Romains et de leur
défaite par Marius. Depuis les Cimbres
jusqu'à Cesar les Peuples d'Allemagne
sont peu connus dans l'Histoire : Cesar
- nous a laissé des Memoires des Guerres
qu'il a cues avec eux , et quoique de son
II. Vol
tems
1394 MERCURE DE FRANCE
tems on doutât de la fidelité de ces Mémoires
, M. de Mascou n'a pû faire autrement
que de le prendre pour guide en lc
redressant , lorsque l'occasion s'en présente.
Il suit donc Cesar dans ses Expéditions
en Germanie , et il donne ensuite
une idée des moeurs des anciens Germains
prise de Cesar et de Tacite , il compare
ensuite la Mythologie de ces Peuples avec
celle des Grecs , à l'avantage de celle des
premiers. C'est ce qui contient le second
Livre.
Le troisiéme continue l'Histoire des
Allemands jusqu'à la défaite de Varus ,
c'est-à-dire les diverses Expéditions des
Romains sur les Sigambres, les Semnons ,
les Hermundures , les Marcomans , et
autres Peuples de ces pays là , jusqu'à
l'affreuse déroute de Quintilius Varus ,
dont l'avarice et les chicanes avoient
mis les Peuples Germains au désespoir.
Le quatriéme Livre contient les exploits
d'Arminius en faveur de sa Patrie
et de ceux deGermanicus en faveur desRomains
un court parallele entre ces deux
jeunes Héros; le récit des diverses Guerres
des Allemands contre les Successeurs de
Tibere , et un détail du soulevement des⚫
Bataves sous la conduite de Civilis : le.
Livre finit par la Paix des Romains avec
1 I. Vol.
les
JUIN.
1734. 1395
Ies Bataves , quoiqu'on ignore en quoi.
précisement elle consista .
›
Le cinquiéme raporte les Victoires
vrayes ou prétendues de Domitien sur
plusieurs Peuples Germaniques , celles de
Nerva sur les Marcomans , celle de Trajan
et de Marc- Aurele . On y remarque
le tems auquel l'Histoire nomme pour
la premiere fois des Peuples fameux , les
Allemands , les Goths , les Francs et les
Scythes , du nombre desquels étoient les
Goths. On trouve dans le même Livre
les Victoires de Probus sur les Allemands
proprement dits , sur les Sarmates et sur .
les Goths.
Le sixième Livre s'étend jusqu'à la fin
des Guerres des Francs et des Allemands.
sous Julien ; il met sous les yeux les noms
d'autres Peuples fameux , des Thurin
giens , des Saxons , des Bourguignons
des Vandales : ces derniers étoient déja
connus auparavant ; on y trouve encore
les Guerres des Peuples Germains entre
eux , les succès de Diocletien et de Maximien
, de Galere , de Constance et de
Constantin sur ces Peuples , leur défaite
près de Strasbourg par Julien
soumission sous cet Empereur.
و
et leur
Le septième comprend les differentes
Revolutions qui arrivérent dans l'Occi
II. Vol dent
1396 MERCURE DE FRANCE
dent occasionnées par les Alains , les Quades
, les Bourguignons , les Saxons &c .
jusqu'à la grande migration des Peuples
dans l'Empire d'Occident.
La Fondation des Etats des Goths , des
Sueves , des Bourguignons dans les Provinces
de l'Empire font le sujet du
huitiéme Livre. Mais ce qu'on y trouve
de plus remarquable , c'est le récit des
Guerres réïterées des Goths en Italie sous
la conduite d'Alaric ; on y voit les traitez
et les ruptures qui se succedérent à diver
ses reprises entre lesGoths et les Romains,
et un détail très circonstancié de la prise
de Rome par Alaric ; le mariage de Placidie
, Soeur d'Honorius avec Ataulphe ,
Successeur d'Alaric ; et enfin l'Histoire
de l'établissement des Alains , des Sueves,
des Vandales et des Goths en Espagne
et de celui des Bourguignons dans les
Gaules aux environs du Rhin : l'Auteur
dit aussi quelque chose des Francs et des
Loix Saliques .
La plus grande partie du neuvième
Livre est employée à la narration des
conquêtes desVandales en Espagne et en
Affrique , et à celle des Guerres des Huns
et de leurs ravages dans l'Occident sous
la conduite d'Attila dont M. Mascou fait
le portrait et dépeint le caractére , mais
II. Vol. avec
JUIN. 1734. 1397
avec des traits qui présentent l'idée d'un
Héros plutôt que d'un Barbare , et qui
réforment celle qu'on a eûe autrefois , et
que plusieurs se forment encore d'Attila.
Le dixiéme Livre qui finit ce volume
va jusqu'au commencement du Gouvernement
de Clovis. On y voit les Vandales
succeder aux Huns dans l'Italie : le
pillage de Rome par Genseric Roy Vandale
et Arien , avec des remarques sur
la modération de ces Peuples , sur leur
chasteté , sur leur severité et leur exactitude
à faire observer les Loix , et sur la
douceur de leur domination et de leur
Gouvernement, devenu agréable aux Romains
mêmes. L'Auteur finit ce volume
par des Réflexions sur les causes de cette
grande Révolution et sur les changemens
qu'elle apporta à la situation de l'Europe.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVIII Tome.
De Petersbourg. On verra bientôt l'Histoire
Metallique d'Edesse , par M. Bayer
qui s'imprimé en cette Ville. Des Medailles
raportées d'Orient par M. Buxbaum
lui ont été d'un grand secours. Il fournira
une suite Chronologique des Rois
d'Edesse qui , à ce qu'on assure , sera
complette,
D'Upsale. II. Vol.
1398 MERCURE DE FRANCE
D'Upsale. Il parut en certe Ville l'année
passée ( 1728. ) deux Dissertations
Académiques de feu M. le Docteur
Wallin , sur l'Art d'écrire avec du feu . De
Arte Trithemiana scribendi per ignem , et
une autre de M. Fabien Toerner, Profes
seur en Eloquence sur l'origine et la Religion
des Finlandiens.
De Varsovie , M. Bachstrohm , qui est
arrivé depuis peu de Constantinople en
cette Ville , y doit retourner dans quelque
tems avec toute sa famille , pour être
employé à la Traduction de la Bible en
Langue Turque.
D'Ausbourg. On a réimprimé ici une
Traduction Latine du Dictionnaire de la
Bible de Dom Augustin Calmet , par le
R. P. Dom Jean- Dominique Mansi. Cette
Traduction avoit paru à Luques il y a
quelques années sans figures. Les Librai
res ont jugé à propos d'en metire quelques-
unes à cette nouvelle Edition. Le
P. Mansi a corrigé quelques fautes de
Dom Calmet Au reste le supplement n'est
point encore traduit en Latin . On dit
qu'il doit paroître une Traduction Allemande
du même Dictionnaire avec tou
tes les figures .
De Nuremberg. On débite ici les Ou
vrages du fameux Gerard de Lairesse , sur
II. Vol. - le
JUIN. 1734 1399
le Dessein et sur la Peinture , traduit du
Hollandois en Allemand.
D'Altorf. M. le Professeur Schultz ;
qui publia l'année passée ( 1728. ) l'Histoire
de la Médecine en Latin , fait esperer
une nouvelle Edition Grecque de Plutarque
, et une Traduction Allemande
du même Auteur , toutes deux avec des
Remarques.
De Leipsic. M. Paul- Daniel Longolius
a soutenu publiquement et a fait imprimer
une Dissertation Académique , dans
laquelle il prétend prouver que chez une
grande partie des nations , auxquelles on
reproche d'avoir sacrifié des victimes humaines
, on choisissoit pour victimes au
nioins la plupart du tems , non des personnes
innocentes , mais des criminels
condamnez à mort pour leurs crimes .
Walther fait imprimer une Traduction
Allemande de l'excellent Ouvrage de
M. Niewentyt , intitulé : le bon usage de
la contemplation du Monde ou l'existence
de Dieu, démontrée par les merveilles de la
nature.
De Halle. M. Gasser a publié une Dissettation
Académique . De Inquisitione
contrà surdum et mutum naturâ : et une Introduction
à la connoissance des affaires
d'oeconomies , de Polices et de Domaines.
I I. Vol; De
1400 MERCURE DE FRANCE
De Lubeck . M. Martini , arrivé en cette
Ville depuis quelque tems de Petersbourg
, où il étoit Membre de l'Acadé
mie , vient de faire imprimer une petite
brochure Latine sur le célebre Enfant de
Lubeck . Chrêtien Henri Heinecken , dans
laquelle il tâche de rendre des raisons
naturelles de l'extraordinaire capacité de
cet Enfant.
Moins de partialité et plus d'exactitude
dans les Auteurs de la Bibliothéque
Germanique donneroient du relief à cet
Ouvrage. On y trouve une critique presque
continuelle de la Religion Catholique
, capable d'indigner non seulement
ceux qui ne pensent pas comme ces Auteurs
, mais toutes les personnes sensées .
C'est d'ailleurs abuser de la qualité de
Journalisre et entendre mal ses propres
intêrets. A cela près , les Auteurs de ce
Journal y font paroître de l'esprit et de
l'érudition ..
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Résumé : TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
Le texte présente plusieurs ouvrages et publications historiques. Le volume XIV de la Bibliothèque Grecque de Fabricius, imprimé à Hambourg en 1728, marque la conclusion d'un ouvrage complet après 25 années de travail. Ce volume, composé de 740 pages, inclut un indice général couvrant les quatorze volumes précédents, partiellement rédigé par Jean Chrêtien Wolff. L'article VII de ce volume extrait une histoire des Allemands écrite par Jean-Jacques Mascou, couvrant la période jusqu'à Clovis. Cette histoire détaille les coutumes et le droit allemand, ainsi que les expéditions et chefs germaniques. Mascou est regretté de n'avoir pas écrit en latin, ce qui aurait élargi son public. L'ouvrage est structuré en livres traitant des différentes périodes historiques, des guerres et migrations des peuples germaniques, jusqu'à la fin des guerres sous Julien. Le texte mentionne également diverses publications académiques et traductions en Europe, notamment à Saint-Pétersbourg, Uppsala, Varsovie, Augsbourg, Nuremberg, Altorf, Leipzig, Halle et Lübeck.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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