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1
p. 217-247
Discours sur l'origine & la dignité de Cardinal.
Début :
Le Pape a fait une promotion de dix-huit Cardinaux [...]
Mots clefs :
Cardinaux, Pape, Église, Rome, Clergé, Diocèse, Évêques, Diacres, Sainteté
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur l'origine & la dignité de Cardinal.
ifcours fur l'origine & la
dignité de Cardinal.
LEPape a fait une pro-
&
motion de dix- huit Cardi
naux le 18. du mois de May,
il en a declaré onze
s'en eft refervé fept inpetto.
Onfera bien aife d'apprendre l'origine de cette dignité , qui eft à preſent la ſeconde de l'Eglife , le Pape
en eftant le chef.
Les Papes , à l'imitation
de faint Pierre & de fes
fucceffeurs , font tousjours
demeurez Evefques de RoJuin 1712.
T
218 MERCURE
me, quoyqu'ils fuffent eftablis de Dieu le chefdetous
les Chreftiens , cette ville
eftant le premier Eveſché
du monde, & le lieu particulier de leur refidence.
De là eft venu que ne
pouvant entrer eux - mefmes dans le détail du gouvernement de leur Dioceſe
pendant qu'ils avoient à
regler le fpirituel de toute
la terre,ils firent choix d'un
certain nombre d'Evef
ques , de Preftres , & de
Diacres, pour les foulager,
comme autant de Coadju
GALANT. 219
teurs , & de Vicaires.
Les premiers faifoient la
fonction d'Evefques dans
le détroit de Rome , à la
place du Pape , & avoient
chacun leur Eglife particuliere dans l'enceinte du
Dioceſe.
Les Preftres eftoient Titulaires des Paroiffes de la
ville , & prenoient la conduite des ames comme les.
Curez font aujourd'huy
& les Diacres avoient le
foin de quelques Eglifes ou
Chapelles de devotion qu'-
ils tenoient en Diaconies,
Tij
220 MERCURE
& devoient affifter le Pape
quand il officioit publiquement.
* Ces trois Ordres eurent
le nom de Cardinati ou Car
dinales , pour dire qu'ils eftoient les premiers & les
Chefs des autres , & que
c'eftoit fous leur conduite
que rouloient toutes les affaires du Dioceſe ; & parce que les Preftres & les
Diacres de quelques autres
villes prirent aufſi le meſme nom de Cardinaux
afin de fe diftinguer des autres Preftres, & des autres
GALANT. 221
Diacres qui leur eftoient inferieurs & foumis , les Papes ordonnerent qu'il n'y
auroit que ceux qu'ils avoient choifis , qui le pourroient honorer du titre de
Cardinal , ce qui a eſté inviolablement obfervé par
lafuite dans toute l'Italie.
Avec le temps ces digni
tez ſe font rendues fort recommandables. Les Papes
qui ne choififfoient pour
Cardinaux que des perfonnes d'un merite diftingué,commencerent àavoir
une entiere confiance en
T iij
222 MERCURE
eux , ils les reveftirent des
principales charges & dignitez, ils leur donnerent
le premier rang dans tous
les tribunaux , & dans toutes les Congregations ; ils
leur mirent en mainles affaires les plus importantes ;
ils les firent leurs Confeillers d'Eftat , pour le temporel , & pour le fpirituel
de leur Royaume , ne reglerent prefque plus rien
que par leur avis , & par
leur confeil , de forte que
peu à peu ils font montez
au faifte de la gloire oùnous.
GALANT. 223
E
les voyons , & fe trouvent
aujourd'huy les premiers
du Clergé , faifant la meſmefigure dans l'Eſtat Ecclefiaftique que faiſoient
autrefois les Senateurs Romains dans l'ancienne
Rome.
pas
Mais ce qui releve infiniment l'éclat de ce haut
rang & leur donne le
au deffus des Evefques &
des Patriarches mefmes ,
c'eſt la puiffance qu'ils ont
dans l'Eglife durant le Siege vacant, le droit d'élire
le nouveau Pape , & l'a
T iiij
224 MERCURE
vantage d'eftre les feuls fur
qui tombe cette élection
les Confiftoires dont ils
font les membres , comme
le Pape en eft le chef.
Ces grandes prérogati
ves leur ont acquis le titre
de Princes de l'Eglife , &
en cette qualité ils prétendent aller de pair avec les
Teftes couronnées, &trouventpeu de Princes en Ita
lie qui leur veuillent difputer le pas ; auffi ont-ils des
marques exterieures qui
font connoiftre la gran
deur d'une dignité fi émi-
GALANT. 225
mente , les fouverains Pontifesont voulu qu'ils fuffent
veftus de pourpre , & principalement quand ils paroiffent en public.
Innocent IV. fut le premier qui leur donna le chapeau rouge au Concile de
Lyon en 1244. Boniface
VIII. permit aux Cardinaux feculiers de porter
l'habit rouge , quand les
Papes commencerent à ſe
veftir de blanc. Paul III.
leur accorda le Bonnet
rouge , & enfin Gregoire
XIV. permit aux Cardi-
226 MERCURE
nota
naux Religieux de le por
ter voulant neanmoins
qu'ils continuaffent tousjours à s'habiller de la couleur de leur Ordre
queles Clercs Reguliers ne
retiennent point la couleur
de l'Ordre quand ils font
faits Cardinaux , mais ils
prennent la pourpre commeles Cardinaux feculiers
Toutes ces differentes
couleurs ne font pas fans
raifon, &fans quelque forte de myftere : le Pape eft
veftu de blanc pour donner à entendre que fa vie
GALANT. 227
doit eftre plus pure & plus
nette que celle de tous les
autres Chreftiens , & qu'il
faudroit eftre fans tache &
fans deffaut, s'il le pouvoit,
pour s'affeoir dans la chaire
de faint Pierre.
La pourpre eft la couleur des Rois & des Empereurs , mais cette couleur a
efté donnée encore aux
Cardinaux pour les faire
reffouvenir qu'ils doivent
eftre tousjours preſts à repandre leur fang quand il
s'agit de fouftenir les interefts de la foy , c'eſt pour
118 MERCURE
cette raison qu'ils portent
l'habit rouge dans les jours
ordinaires qui eft la pourpre naturelle , & la veritable couleur du fang , an
lieu que dans les jours de
trifteffe ils prennent le violet qui eft une couleur de
pourpre plus lugubre &
plus obfcure , & qui imite
affez le fang livide d'un
homme accablé de maladies &dechagrins , & parce que durant deux jours
de l'année qui font le troifiéme Dimanche de l'Advent , & le quatriéme de
GALANT. 229
Carefme , l'Eglife mefle
un peu dejoye dans fa trif
teffe , comme ayant paffé
la moitié du temps de penitence , & fe voyant approcher des jours heureux
de la Naiffance , & de la
Refurrection du Sauveur,
alors les Cardinaux prennent une eftoffe de roſe feche , qui eft beaucoup plus
rouge que le violet , & qui
neanmoins eft plus fombre
que le rouge mefme.
Pour les Cardinaux Religieux ils ont retenu jufqu'aprefent la couleur de
230 MERCURE
leur Ordre fur leurs habits,
à l'exception des Clercs Reguliers , comme je l'ay dit
cy. devant , & les Papes ont
voulu faire connoiftre exterieurement par là l'eftime qu'ils ont tousjours faites de la hierarchie Regu
liere , voulant bien l'admettre avec la Seculiere
dans tous les honneurs du
Clergé , ils leur ont ſeulement accordé le Chapeau,
le Bonnet , & la Calotte
rouge, pour les diſtinguer
des autres Prélats.
Al'égard du nombredes
GALANT. 231
Cardinaux , il n'a pas tousjours efté le meſme , quelques uns prétendent qu'ils
n'eftoient que vingt- cinq
dans les premiers fiecles, &
que Rome eftant divifée en
vingt- cinq paroiffes , ils
en eftoient les Curez &
les Paſteurs ; maisfans aller
ficavant dans l'antiquité ,
contentons- nous des fiecles plus recens , nous trouverons qu'ils ont efté longtemps fixez à cinquantetrois , dont il y en avoir
fept d'Evefques, vingt huit
de Preftres , & dix - huit de
232 MERCURE
Diacres ; les Evefques eftoient les coadjuteurs du
Pape dans le Dioceſe de
Rome , & préfidoient fur
le Clergé , les vingt - huit
Preftres faifoient l'office de
Vicaires du Pape, & avoient
chacun une Eglife particuliere dans Rome où ils exerçoient toutes les fonctions parochiales , les dixhuit Diacres avoient auffi
chacun leur Eglife dans les
quatorze quartiers de la
Ville qui eftoit leur Diaconé particulier. Ce nombre.
fut fort alteré , & diminua
quand
GALANT. 233
quand les Papes ont negli
gé de pourvoir aux places
vacantes des titres, ou qu'ils
les ont donné en comman
de, & au contraire ileft de
beaucoup augmenté lorfqu'ils en ont créé de nouveaux.
Quand Nicolas III. fut
éleu Pape , il n'y avoit que
huit Cardinaux , & peu avant la mort d'Alexandre
IV. il ne s'en trouva que
quatre ; mais en revanche
fous le Pontificat de Pie IV.
on en a veu jufqu'à ſoixante & quatorze. Cette granFuin 1712.
V
234 MERCURE
de diverfité donna occa
fion à Sixte V. d'en fixer le
nombre à foixante & dix ,
en memoire des foixante &
dix Vieillards dont il eſt
parlé dans l'Ecriture , & il
ordonna qu'il y auroit fix
Evefques , cinquante Preftres , & quatorze Diacres ,
& ce nombre eft demeuré
jufques àprefent. Les Evef
ques ont chacun leur Eglife dans le détroit de Rome;
les Preftres ont leur titre
dans la Ville , & les Diacres.
yont leurs Diaconats.
La juriſdiction que les
GALANT. 235
Cardinaux Evefques ont
aujourd'huy dans leur
Eglife & dans la Ville
où elle eft fituée est une
veritable juriſdiction Epifcopale & ordinaire. Il y a
ce
cependant cette difference
que les fept Evefchez Cardinaux ( dont il y en a
deux de réunis ) ne requierent point de refiden-
& font compatibles
avec d'autres Evefchez.
Celles que les Cardinaux
Preftres, & les Cardinaux
Diacres ont dans leurs titres & dans leurs DiacoV ij
236 MERCURE
nats , fe peut direunejurifdiction prefqueEpifcopales
elle ne s'eftend que dans
l'enceinte de l'Eglife , & de
la Sacriftie. Ils y ont la
chaife Epiſcopale fous un
dais comme les Evefques.
Ils y beniffent folemnellement le peuple ; ils yont la
nomination des Benefices
quand ce font des Eglifes
Collegiales ; ils y vont le
Rochet découvert pour y
faire voir leur pouvoir , &
parmyces titres & ces Diaconats , il s'yrencontre des
Egliles Collegiales , des Par
GALANT. 237
roiffes , des Convents
d'Hommes , des Monafteres de Filles , des Hofpitaux , & de fimples Eglifes
de devotion.
Pourla forme de la crea
tion des Cardinaux , le Pa
pe en eft entierement le
maiftre, & quand il a refolu.
de faire une promotion , il
prend le jour d'un ConfiItoire ( n'ayant communiqué fon deffein à perfonne ) & aprés avoir donné
Audience aux Cardinaux ,
& avoir expedié toutes les
affaires pour lesquelles l'af
238 MERCURE
femblée confiftoriale eft
faite , fa Sainteté eftant fur
le point de fortir , tefmoigne aux Cardinaux qu'Elle
eft dans le deffein de leur
donner des Confreres , &
leur demande, fuivant l'ancien ufage , ce qui leur
femble. Le Doyen des Car
dinaux parle ordinairement pour tout le corps ,
& chacun approuve feparément le choix de fa Sainteté par quelque figne de
tefte , ou autrement , aprés
quoy le Pape les créé , &
les declare Cardinaux , &
GALANT 239
puis s'en va , laiffant fur un
fiege la lifte de leurs noms
qui fe publie à la fortie du
Confiftoire.
Les Cardinaux nouveaux
élûs , qui font pour lors à
Rome, vontfaire leur premiere vifite au Pape dés le
mefme jour , & eftant introduits les uns aprés les
autres par un maiſtre des
ceremonies , fa Sainteté
leur donne le Bonnet rouge qu'il leur met fur la teſte
eftant à genoux , & le maiftre des ceremonies luy
met le Camail violet fur
"
240 MERCURE
•
les épaules , puis ayant ofte
fon Bonnet il baife les
pieds de fa Sainteté puis.
fa main, aprés quoy le Pa
l'embraffe & le fait relever, ce qui fe fait à tous
les uns aprés les autres
aprés quoy on leur donne
de petits fieges , & le Pape
les reçoit à l'Audience affis
pe
& couverts.
L'Audience finie ils fe
retirent , & vont rendre
viſite au Cardinal Doyen ,
& puis s'en retournent
chez eux où ils demeurent,
& reçoivent les vifites incognito ,
GALANT. 241
cognito, jufqu'au Confiftoire
public dans lequel le Pape
leur donne le Chapeau ,
où il y a ordinairement une
celebre compagnie , le Pape veſtu pontificalement ,
& placé fur fon Throne ,
avec toute fa Cour , reçoit
les nouveaux Cardinaux
qui font conduits par un!
ancien , & aprés avoir bai
sé les pieds & la main du
Pape qui les embraſſe , ils
vont embraffer tous les
Cardinaux les uns aprés les
autres , puis retournant au
Throne ils reçoivent à ge
Juin 1712.
X
242 MERCURE
noux le Chapeau rouge des
mains du Pape , aprés quoy
oftant le Chapeau, & ayant
falué fa Sainteté , fe rangent parmy les autres Cardinaux. Sa Sainteté s'eftant
retirée , les Cardinaux anciens & nouveaux vont à
la Chapelle où on chante
le Te Deum , puis les Prieres finies , les nouveaux
Cardinaux fortent les premiers , & demeurent à la
porte de la Chapelle pour
remercier les anciens à mefurequ'ils paffent , puis s'en
retournent chacun chez
eux.
GALANT. 243
L'apréfdinée ils vont à
l'Eglife faint Pierre du Vatican , où aprés avoir adoréle faint Sacrement , vont
à la Confeffion de S. Pierre pour visiter les Corps
faints , aprés quoy font
leurs vifites le lendemain
& autres jours fuivants aux
anciens Cardinaux.
J
Dans un Confiftoire ſecret le Pape fait la ceremonie de leur fermer la
bouche , qui leur est ouverte dans un autre quelques
jours aprés. Ces deux ceremonies fe font à huis
X ij
244 MERGURE
clos , & ne font rien autre
chofe qu'un filence que fa
Sainteté leur impofe , qui
les rend hors d'eftat d'opiner dans les Confiftoires & Congregations , &
quand il leur declare enfuite qu'il leur ouvre la bouche, il les releve de ces empeſchemens , & diftribuë à
chacun defdits Cardinaux
un titre de Cardinal Pref
tre , ou de Cardinal Dia
cre , leur mettant au quatriéme doigt une bague
d'or pour marque du mariage qu'ils contractent
GALANT. 245
avec l'Eglife , puis vont
prendre poffeffion de l'Eglife dont ils ont le titre.
Pour les Cardinaux abfens le Pape leur envoye
la Calotte rouge dans l'endroit où ils font en Nonciature, ou dans le Royau
meoù ils ont leur refidence, & pour lors c'est le Roy
ou le Prince Souverain qui
la leur met fur la tefte , &
qui la reçoit du Camerier
que le Pape envoye pour
cet effet , comme il s'eft
veu plufieurs fois en France , lorfque le Roy l'a donX iij
246 MERCURE
née à plufieurs Nonces que
le Pape avoit fait Cardinauxpendant leur Nonciature , & à d'autres Cardinaux François , ce qui fe
fait ordinairement après la
Meſſe du Roy. Pour le
Chapeau Rouge & les autres ceremonies, ils ne peuvent les recevoir qu'ils ne
foyent à Rome, ne pouvant
recevoir le Chapeau Rouge que des mains du Pape,
& le titre qu'après les deux
ceremonies d'ouvrir & de
fermer la bouche , c'eſt ce'
qui fait qu'il y a quantité
GALANT. 247
de Cardinaux qui n'ont jamaisreceu le Chapeau rouge , eftant morts fans avoir
efte à Rome.
Voilà tout ce qui le peut
dire en abregé fur l'origine , l'antiquité & la maniere de créér les Cardinaux , je reſerve les ceremonies de leurs obfeques
lorſque Dieu en aura difposé de quelqu'un.
dignité de Cardinal.
LEPape a fait une pro-
&
motion de dix- huit Cardi
naux le 18. du mois de May,
il en a declaré onze
s'en eft refervé fept inpetto.
Onfera bien aife d'apprendre l'origine de cette dignité , qui eft à preſent la ſeconde de l'Eglife , le Pape
en eftant le chef.
Les Papes , à l'imitation
de faint Pierre & de fes
fucceffeurs , font tousjours
demeurez Evefques de RoJuin 1712.
T
218 MERCURE
me, quoyqu'ils fuffent eftablis de Dieu le chefdetous
les Chreftiens , cette ville
eftant le premier Eveſché
du monde, & le lieu particulier de leur refidence.
De là eft venu que ne
pouvant entrer eux - mefmes dans le détail du gouvernement de leur Dioceſe
pendant qu'ils avoient à
regler le fpirituel de toute
la terre,ils firent choix d'un
certain nombre d'Evef
ques , de Preftres , & de
Diacres, pour les foulager,
comme autant de Coadju
GALANT. 219
teurs , & de Vicaires.
Les premiers faifoient la
fonction d'Evefques dans
le détroit de Rome , à la
place du Pape , & avoient
chacun leur Eglife particuliere dans l'enceinte du
Dioceſe.
Les Preftres eftoient Titulaires des Paroiffes de la
ville , & prenoient la conduite des ames comme les.
Curez font aujourd'huy
& les Diacres avoient le
foin de quelques Eglifes ou
Chapelles de devotion qu'-
ils tenoient en Diaconies,
Tij
220 MERCURE
& devoient affifter le Pape
quand il officioit publiquement.
* Ces trois Ordres eurent
le nom de Cardinati ou Car
dinales , pour dire qu'ils eftoient les premiers & les
Chefs des autres , & que
c'eftoit fous leur conduite
que rouloient toutes les affaires du Dioceſe ; & parce que les Preftres & les
Diacres de quelques autres
villes prirent aufſi le meſme nom de Cardinaux
afin de fe diftinguer des autres Preftres, & des autres
GALANT. 221
Diacres qui leur eftoient inferieurs & foumis , les Papes ordonnerent qu'il n'y
auroit que ceux qu'ils avoient choifis , qui le pourroient honorer du titre de
Cardinal , ce qui a eſté inviolablement obfervé par
lafuite dans toute l'Italie.
Avec le temps ces digni
tez ſe font rendues fort recommandables. Les Papes
qui ne choififfoient pour
Cardinaux que des perfonnes d'un merite diftingué,commencerent àavoir
une entiere confiance en
T iij
222 MERCURE
eux , ils les reveftirent des
principales charges & dignitez, ils leur donnerent
le premier rang dans tous
les tribunaux , & dans toutes les Congregations ; ils
leur mirent en mainles affaires les plus importantes ;
ils les firent leurs Confeillers d'Eftat , pour le temporel , & pour le fpirituel
de leur Royaume , ne reglerent prefque plus rien
que par leur avis , & par
leur confeil , de forte que
peu à peu ils font montez
au faifte de la gloire oùnous.
GALANT. 223
E
les voyons , & fe trouvent
aujourd'huy les premiers
du Clergé , faifant la meſmefigure dans l'Eſtat Ecclefiaftique que faiſoient
autrefois les Senateurs Romains dans l'ancienne
Rome.
pas
Mais ce qui releve infiniment l'éclat de ce haut
rang & leur donne le
au deffus des Evefques &
des Patriarches mefmes ,
c'eſt la puiffance qu'ils ont
dans l'Eglife durant le Siege vacant, le droit d'élire
le nouveau Pape , & l'a
T iiij
224 MERCURE
vantage d'eftre les feuls fur
qui tombe cette élection
les Confiftoires dont ils
font les membres , comme
le Pape en eft le chef.
Ces grandes prérogati
ves leur ont acquis le titre
de Princes de l'Eglife , &
en cette qualité ils prétendent aller de pair avec les
Teftes couronnées, &trouventpeu de Princes en Ita
lie qui leur veuillent difputer le pas ; auffi ont-ils des
marques exterieures qui
font connoiftre la gran
deur d'une dignité fi émi-
GALANT. 225
mente , les fouverains Pontifesont voulu qu'ils fuffent
veftus de pourpre , & principalement quand ils paroiffent en public.
Innocent IV. fut le premier qui leur donna le chapeau rouge au Concile de
Lyon en 1244. Boniface
VIII. permit aux Cardinaux feculiers de porter
l'habit rouge , quand les
Papes commencerent à ſe
veftir de blanc. Paul III.
leur accorda le Bonnet
rouge , & enfin Gregoire
XIV. permit aux Cardi-
226 MERCURE
nota
naux Religieux de le por
ter voulant neanmoins
qu'ils continuaffent tousjours à s'habiller de la couleur de leur Ordre
queles Clercs Reguliers ne
retiennent point la couleur
de l'Ordre quand ils font
faits Cardinaux , mais ils
prennent la pourpre commeles Cardinaux feculiers
Toutes ces differentes
couleurs ne font pas fans
raifon, &fans quelque forte de myftere : le Pape eft
veftu de blanc pour donner à entendre que fa vie
GALANT. 227
doit eftre plus pure & plus
nette que celle de tous les
autres Chreftiens , & qu'il
faudroit eftre fans tache &
fans deffaut, s'il le pouvoit,
pour s'affeoir dans la chaire
de faint Pierre.
La pourpre eft la couleur des Rois & des Empereurs , mais cette couleur a
efté donnée encore aux
Cardinaux pour les faire
reffouvenir qu'ils doivent
eftre tousjours preſts à repandre leur fang quand il
s'agit de fouftenir les interefts de la foy , c'eſt pour
118 MERCURE
cette raison qu'ils portent
l'habit rouge dans les jours
ordinaires qui eft la pourpre naturelle , & la veritable couleur du fang , an
lieu que dans les jours de
trifteffe ils prennent le violet qui eft une couleur de
pourpre plus lugubre &
plus obfcure , & qui imite
affez le fang livide d'un
homme accablé de maladies &dechagrins , & parce que durant deux jours
de l'année qui font le troifiéme Dimanche de l'Advent , & le quatriéme de
GALANT. 229
Carefme , l'Eglife mefle
un peu dejoye dans fa trif
teffe , comme ayant paffé
la moitié du temps de penitence , & fe voyant approcher des jours heureux
de la Naiffance , & de la
Refurrection du Sauveur,
alors les Cardinaux prennent une eftoffe de roſe feche , qui eft beaucoup plus
rouge que le violet , & qui
neanmoins eft plus fombre
que le rouge mefme.
Pour les Cardinaux Religieux ils ont retenu jufqu'aprefent la couleur de
230 MERCURE
leur Ordre fur leurs habits,
à l'exception des Clercs Reguliers , comme je l'ay dit
cy. devant , & les Papes ont
voulu faire connoiftre exterieurement par là l'eftime qu'ils ont tousjours faites de la hierarchie Regu
liere , voulant bien l'admettre avec la Seculiere
dans tous les honneurs du
Clergé , ils leur ont ſeulement accordé le Chapeau,
le Bonnet , & la Calotte
rouge, pour les diſtinguer
des autres Prélats.
Al'égard du nombredes
GALANT. 231
Cardinaux , il n'a pas tousjours efté le meſme , quelques uns prétendent qu'ils
n'eftoient que vingt- cinq
dans les premiers fiecles, &
que Rome eftant divifée en
vingt- cinq paroiffes , ils
en eftoient les Curez &
les Paſteurs ; maisfans aller
ficavant dans l'antiquité ,
contentons- nous des fiecles plus recens , nous trouverons qu'ils ont efté longtemps fixez à cinquantetrois , dont il y en avoir
fept d'Evefques, vingt huit
de Preftres , & dix - huit de
232 MERCURE
Diacres ; les Evefques eftoient les coadjuteurs du
Pape dans le Dioceſe de
Rome , & préfidoient fur
le Clergé , les vingt - huit
Preftres faifoient l'office de
Vicaires du Pape, & avoient
chacun une Eglife particuliere dans Rome où ils exerçoient toutes les fonctions parochiales , les dixhuit Diacres avoient auffi
chacun leur Eglife dans les
quatorze quartiers de la
Ville qui eftoit leur Diaconé particulier. Ce nombre.
fut fort alteré , & diminua
quand
GALANT. 233
quand les Papes ont negli
gé de pourvoir aux places
vacantes des titres, ou qu'ils
les ont donné en comman
de, & au contraire ileft de
beaucoup augmenté lorfqu'ils en ont créé de nouveaux.
Quand Nicolas III. fut
éleu Pape , il n'y avoit que
huit Cardinaux , & peu avant la mort d'Alexandre
IV. il ne s'en trouva que
quatre ; mais en revanche
fous le Pontificat de Pie IV.
on en a veu jufqu'à ſoixante & quatorze. Cette granFuin 1712.
V
234 MERCURE
de diverfité donna occa
fion à Sixte V. d'en fixer le
nombre à foixante & dix ,
en memoire des foixante &
dix Vieillards dont il eſt
parlé dans l'Ecriture , & il
ordonna qu'il y auroit fix
Evefques , cinquante Preftres , & quatorze Diacres ,
& ce nombre eft demeuré
jufques àprefent. Les Evef
ques ont chacun leur Eglife dans le détroit de Rome;
les Preftres ont leur titre
dans la Ville , & les Diacres.
yont leurs Diaconats.
La juriſdiction que les
GALANT. 235
Cardinaux Evefques ont
aujourd'huy dans leur
Eglife & dans la Ville
où elle eft fituée est une
veritable juriſdiction Epifcopale & ordinaire. Il y a
ce
cependant cette difference
que les fept Evefchez Cardinaux ( dont il y en a
deux de réunis ) ne requierent point de refiden-
& font compatibles
avec d'autres Evefchez.
Celles que les Cardinaux
Preftres, & les Cardinaux
Diacres ont dans leurs titres & dans leurs DiacoV ij
236 MERCURE
nats , fe peut direunejurifdiction prefqueEpifcopales
elle ne s'eftend que dans
l'enceinte de l'Eglife , & de
la Sacriftie. Ils y ont la
chaife Epiſcopale fous un
dais comme les Evefques.
Ils y beniffent folemnellement le peuple ; ils yont la
nomination des Benefices
quand ce font des Eglifes
Collegiales ; ils y vont le
Rochet découvert pour y
faire voir leur pouvoir , &
parmyces titres & ces Diaconats , il s'yrencontre des
Egliles Collegiales , des Par
GALANT. 237
roiffes , des Convents
d'Hommes , des Monafteres de Filles , des Hofpitaux , & de fimples Eglifes
de devotion.
Pourla forme de la crea
tion des Cardinaux , le Pa
pe en eft entierement le
maiftre, & quand il a refolu.
de faire une promotion , il
prend le jour d'un ConfiItoire ( n'ayant communiqué fon deffein à perfonne ) & aprés avoir donné
Audience aux Cardinaux ,
& avoir expedié toutes les
affaires pour lesquelles l'af
238 MERCURE
femblée confiftoriale eft
faite , fa Sainteté eftant fur
le point de fortir , tefmoigne aux Cardinaux qu'Elle
eft dans le deffein de leur
donner des Confreres , &
leur demande, fuivant l'ancien ufage , ce qui leur
femble. Le Doyen des Car
dinaux parle ordinairement pour tout le corps ,
& chacun approuve feparément le choix de fa Sainteté par quelque figne de
tefte , ou autrement , aprés
quoy le Pape les créé , &
les declare Cardinaux , &
GALANT 239
puis s'en va , laiffant fur un
fiege la lifte de leurs noms
qui fe publie à la fortie du
Confiftoire.
Les Cardinaux nouveaux
élûs , qui font pour lors à
Rome, vontfaire leur premiere vifite au Pape dés le
mefme jour , & eftant introduits les uns aprés les
autres par un maiſtre des
ceremonies , fa Sainteté
leur donne le Bonnet rouge qu'il leur met fur la teſte
eftant à genoux , & le maiftre des ceremonies luy
met le Camail violet fur
"
240 MERCURE
•
les épaules , puis ayant ofte
fon Bonnet il baife les
pieds de fa Sainteté puis.
fa main, aprés quoy le Pa
l'embraffe & le fait relever, ce qui fe fait à tous
les uns aprés les autres
aprés quoy on leur donne
de petits fieges , & le Pape
les reçoit à l'Audience affis
pe
& couverts.
L'Audience finie ils fe
retirent , & vont rendre
viſite au Cardinal Doyen ,
& puis s'en retournent
chez eux où ils demeurent,
& reçoivent les vifites incognito ,
GALANT. 241
cognito, jufqu'au Confiftoire
public dans lequel le Pape
leur donne le Chapeau ,
où il y a ordinairement une
celebre compagnie , le Pape veſtu pontificalement ,
& placé fur fon Throne ,
avec toute fa Cour , reçoit
les nouveaux Cardinaux
qui font conduits par un!
ancien , & aprés avoir bai
sé les pieds & la main du
Pape qui les embraſſe , ils
vont embraffer tous les
Cardinaux les uns aprés les
autres , puis retournant au
Throne ils reçoivent à ge
Juin 1712.
X
242 MERCURE
noux le Chapeau rouge des
mains du Pape , aprés quoy
oftant le Chapeau, & ayant
falué fa Sainteté , fe rangent parmy les autres Cardinaux. Sa Sainteté s'eftant
retirée , les Cardinaux anciens & nouveaux vont à
la Chapelle où on chante
le Te Deum , puis les Prieres finies , les nouveaux
Cardinaux fortent les premiers , & demeurent à la
porte de la Chapelle pour
remercier les anciens à mefurequ'ils paffent , puis s'en
retournent chacun chez
eux.
GALANT. 243
L'apréfdinée ils vont à
l'Eglife faint Pierre du Vatican , où aprés avoir adoréle faint Sacrement , vont
à la Confeffion de S. Pierre pour visiter les Corps
faints , aprés quoy font
leurs vifites le lendemain
& autres jours fuivants aux
anciens Cardinaux.
J
Dans un Confiftoire ſecret le Pape fait la ceremonie de leur fermer la
bouche , qui leur est ouverte dans un autre quelques
jours aprés. Ces deux ceremonies fe font à huis
X ij
244 MERGURE
clos , & ne font rien autre
chofe qu'un filence que fa
Sainteté leur impofe , qui
les rend hors d'eftat d'opiner dans les Confiftoires & Congregations , &
quand il leur declare enfuite qu'il leur ouvre la bouche, il les releve de ces empeſchemens , & diftribuë à
chacun defdits Cardinaux
un titre de Cardinal Pref
tre , ou de Cardinal Dia
cre , leur mettant au quatriéme doigt une bague
d'or pour marque du mariage qu'ils contractent
GALANT. 245
avec l'Eglife , puis vont
prendre poffeffion de l'Eglife dont ils ont le titre.
Pour les Cardinaux abfens le Pape leur envoye
la Calotte rouge dans l'endroit où ils font en Nonciature, ou dans le Royau
meoù ils ont leur refidence, & pour lors c'est le Roy
ou le Prince Souverain qui
la leur met fur la tefte , &
qui la reçoit du Camerier
que le Pape envoye pour
cet effet , comme il s'eft
veu plufieurs fois en France , lorfque le Roy l'a donX iij
246 MERCURE
née à plufieurs Nonces que
le Pape avoit fait Cardinauxpendant leur Nonciature , & à d'autres Cardinaux François , ce qui fe
fait ordinairement après la
Meſſe du Roy. Pour le
Chapeau Rouge & les autres ceremonies, ils ne peuvent les recevoir qu'ils ne
foyent à Rome, ne pouvant
recevoir le Chapeau Rouge que des mains du Pape,
& le titre qu'après les deux
ceremonies d'ouvrir & de
fermer la bouche , c'eſt ce'
qui fait qu'il y a quantité
GALANT. 247
de Cardinaux qui n'ont jamaisreceu le Chapeau rouge , eftant morts fans avoir
efte à Rome.
Voilà tout ce qui le peut
dire en abregé fur l'origine , l'antiquité & la maniere de créér les Cardinaux , je reſerve les ceremonies de leurs obfeques
lorſque Dieu en aura difposé de quelqu'un.
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Résumé : Discours sur l'origine & la dignité de Cardinal.
Le texte traite de la dignité et de l'origine des cardinaux dans l'Église catholique. Le 18 mai, le pape a promu dix-huit cardinaux, en déclarant onze et en réservant sept in petto. La dignité cardinalice est la seconde dans l'Église, après celle du pape. Les papes, imitant saint Pierre, résident à Rome, premier évêché du monde. Ne pouvant gérer seuls leur diocèse tout en régissant l'Église universelle, ils ont choisi des évêques, prêtres et diacres pour les assister. Ces trois ordres, appelés cardinaux, étaient chargés des affaires du diocèse et se distinguaient par leurs fonctions spécifiques : les évêques représentaient le pape dans le diocèse, les prêtres dirigeaient les paroisses, et les diacres assistaient le pape lors des offices publics. Avec le temps, les cardinaux ont acquis des prérogatives importantes, devenant conseillers du pape et participant aux affaires temporelles et spirituelles. Ils ont le droit d'élire le nouveau pape et de gouverner l'Église durant le siège vacant, ce qui leur vaut le titre de princes de l'Église. Leur habillement, notamment la pourpre, symbolise leur rôle et leur dévouement. Le nombre de cardinaux a varié au fil des siècles, mais il est actuellement fixé à soixante-dix, répartis en évêques, prêtres et diacres. La création des cardinaux est un processus cérémoniel dirigé par le pape, incluant des visites et des audiences spécifiques. Pour les cardinaux absents, le pape envoie la calotte rouge, qui est ensuite placée sur leur tête par le roi ou le prince souverain dans le pays où ils résident. Cette cérémonie a eu lieu plusieurs fois en France, souvent après la messe du roi. Le chapeau rouge et les autres cérémonies ne peuvent être reçus qu'à Rome, directement des mains du pape. De plus, le titre de cardinal est conféré après deux cérémonies spécifiques : l'ouverture et la fermeture de la bouche. En conséquence, de nombreux cardinaux n'ont jamais reçu le chapeau rouge s'ils sont décédés avant de se rendre à Rome.
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2
p. 140-144
Ceremonie du Couronnement du Roy & de la Reine de Sicile.
Début :
Les lettres de Palerme du mois de Janvier portent qu'on [...]
Mots clefs :
Roi de Sicile, Reine de Sicile, Archevêque, Palerme, Évêques, Chapelle, Sceptre
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texteReconnaissance textuelle : Ceremonie du Couronnement du Roy & de la Reine de Sicile.
Ceremonie du CouronnementduRoy
eftdela
Reine de Sicile.
Les lettres de Palerme
du mois de Janvier portent
qu'on fit le z*. Decembre à
Palerme la ceremonie du
Couronnement du Roy Ôc
de laReine de Sicile. L'Archevêque
-
de Palerme fit
cette fonction,assisté des
Evêques de Mazzara, de
Syracuse & de Cefalu. LEglise
Metropolitaine étoit
ornée magnifiquemene,
& on prepara un trône pour
le Roy du côté de l'Evangile,
& un pour la Reine
quiavoitundegrédemoins.
Les ornemens royaux avoient
été mis dans une
Chapelle voisine. Sur les
quinze heures d'Italie leurs
Majestezse rendirent àl'Eglise.
Le Roy de Sicile alla
d'abord dans une Chapelle
prendre des habits militaires,&
àl'entrée du Choeur
il fut reçû par deux Evêques
qui le conduisirent à l'autel,
où il file presentéàl'Archevêque,
auquel ils demanderent
qu'il le couronnât. D'abord
on lui presenta la Prosession
de Foy,qu'il fiten
mettant la main sur les Evãgiles.
On recita les prieres
prescrites dans lePontifical,
durant lesquelles le Roy étoit
à genoux prosterné sur
descarreaux.Aprés la benediâimlil
se leva, & se mit à
genoux devant l'Archevêque,
qui lui fit les onctions
sur le bras droit & entre les
épaules LaMesse futcommencée,
&au Graduelle
Roy alla dans la Chapelle se
revêtir du manteau royal.
Aprés le Graduel, l'Archevêque
s'assit,la mitre en tête;
le Roy descendit du trône,
&conduit par les deux
Evêques, il reçut à genoux
l'épée nuë,&la rendit à l'Archevêque,
qui l'aïantfaitremettre
dans le fourreau, la
lui ceignit. Sa Maj. la tira;&
l'ayant élevée, la remit de
même.Puis leRoy à genoux
reçut la couronne,que l'Archevêque
lui mit sur la tête
y & le sceptre en main. Le
grand Ecuyer porta l'épée
devant le Roy,lorsque l'Archevêque,
accompagné des
deux Assistans le cõduisit ôc
le plaça sur le trône, après
quoy le TeDeumfut chanté.
La Reine fut couronnéeensuite,
reçut les onctions,puis
elle fut revêtuë du manteau
royal. A l'Offertoire, leurs
Maj. allerentàl'offrande, la
couronne en tête ôc le sceptre
en main.Ces ceremonies
furentaccompagnéesd'une
triple salve d'artillerie.
eftdela
Reine de Sicile.
Les lettres de Palerme
du mois de Janvier portent
qu'on fit le z*. Decembre à
Palerme la ceremonie du
Couronnement du Roy Ôc
de laReine de Sicile. L'Archevêque
-
de Palerme fit
cette fonction,assisté des
Evêques de Mazzara, de
Syracuse & de Cefalu. LEglise
Metropolitaine étoit
ornée magnifiquemene,
& on prepara un trône pour
le Roy du côté de l'Evangile,
& un pour la Reine
quiavoitundegrédemoins.
Les ornemens royaux avoient
été mis dans une
Chapelle voisine. Sur les
quinze heures d'Italie leurs
Majestezse rendirent àl'Eglise.
Le Roy de Sicile alla
d'abord dans une Chapelle
prendre des habits militaires,&
àl'entrée du Choeur
il fut reçû par deux Evêques
qui le conduisirent à l'autel,
où il file presentéàl'Archevêque,
auquel ils demanderent
qu'il le couronnât. D'abord
on lui presenta la Prosession
de Foy,qu'il fiten
mettant la main sur les Evãgiles.
On recita les prieres
prescrites dans lePontifical,
durant lesquelles le Roy étoit
à genoux prosterné sur
descarreaux.Aprés la benediâimlil
se leva, & se mit à
genoux devant l'Archevêque,
qui lui fit les onctions
sur le bras droit & entre les
épaules LaMesse futcommencée,
&au Graduelle
Roy alla dans la Chapelle se
revêtir du manteau royal.
Aprés le Graduel, l'Archevêque
s'assit,la mitre en tête;
le Roy descendit du trône,
&conduit par les deux
Evêques, il reçut à genoux
l'épée nuë,&la rendit à l'Archevêque,
qui l'aïantfaitremettre
dans le fourreau, la
lui ceignit. Sa Maj. la tira;&
l'ayant élevée, la remit de
même.Puis leRoy à genoux
reçut la couronne,que l'Archevêque
lui mit sur la tête
y & le sceptre en main. Le
grand Ecuyer porta l'épée
devant le Roy,lorsque l'Archevêque,
accompagné des
deux Assistans le cõduisit ôc
le plaça sur le trône, après
quoy le TeDeumfut chanté.
La Reine fut couronnéeensuite,
reçut les onctions,puis
elle fut revêtuë du manteau
royal. A l'Offertoire, leurs
Maj. allerentàl'offrande, la
couronne en tête ôc le sceptre
en main.Ces ceremonies
furentaccompagnéesd'une
triple salve d'artillerie.
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Résumé : Ceremonie du Couronnement du Roy & de la Reine de Sicile.
En décembre, le couronnement du roi et de la reine de Sicile eut lieu à Palerme. L'Archevêque de Palerme, assisté des Évêques de Mazzara, de Syracuse et de Cefalu, officia dans l'église métropolitaine ornée pour l'occasion. À quinze heures, leurs Majestés se rendirent à l'église. Le roi, vêtu d'habits militaires, fut conduit à l'autel par deux évêques. Il reçut la profession de foi en posant la main sur les Évangiles et pria à genoux. Après la bénédiction et les onctions, il se revêtit du manteau royal et reçut l'épée, la couronne et le sceptre. Le Te Deum fut chanté. La reine fut ensuite couronnée, reçut les onctions et fut revêtue du manteau royal. À l'Offertoire, leurs Majestés allèrent à l'offrande, couronnés et sceptre en main, accompagnés d'une triple salve d'artillerie.
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3
p. 839-847
DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
Début :
LOUIS, par, &c. Après la division & les troubles que le refus de se soûmettre à la Bulle Unigenitus [...]
Mots clefs :
Bulle Unigenitus, Roi, Déclaration du roi, Église, Évêques, Édit, Archevêques
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texteReconnaissance textuelle : DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
DECLARATION
D U ROY.
Par laqunsele des Bulles des
Ar laquelle le Roy explique de nouveau fes¹
Papes , données contre le Janféniſme , & fur celle
de la Conftitution Un genitus . Donnée à Verfailles
, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement
, le 3.- Avril , le Roy y féant en fon Lit de
Juſtice.
bles
LOUIS, par, &c. Après la divifion & les trou
que le refus de fe foûmettre à la Bulle Uni
genitus avoit fait naître dans l'Eglife de France
Nous eûmes lieu d'efperer en l'année 1720. d'y
voir la paix heureufement rétablie . Des Explica--
tions dreffées dans un efprit de concorde & de
charité , approuvées par tous les Cardinaux, tous
les Archevêques , & prefque tous les Evêques de
notre Royaume , qui avoient accepté cette Con--
ftitution , adoptées même par la plupart des
Prélats qui avoient hésité d'abord à la recevoir ,
ne laiffoient aucun pretexte à ceux , qui affectant
de la décrier par des interpretations contraires à
-fon veritable fens , vouloient les faire fervir d'excufe
à leur réfiſtance. Ce fut dans des circonfrances
fi favorables que Nous jugeâmes à propos
de donner notre Déclaration du 4. Aouft 1720.
par laquelle , en ordonnant d'un côté que la
Bulle Unigenitus feroit obſervé felon fa forme &
teneur dans tous nos Etats , & en deffendant tour:
ce qui pourtoit y être contraire. Nous prîmes de
l'autre les précautions les plus convenables pour
affurer le repos & la tranquillité de ceux d'entre
nos
$40 MERCURE DE FRANCE
feu que
nos Sujets qui feroient ceder leur prévention à
Pauthorité du Chef & du Corps des premiers Pafteurs
: Nous avons eu , à la verité , la fatisfaction
de voir des Corps entiers , & un grand nombre
de Sujets des differens Ordres de l'Eglife de France
, entrer dans ces fentimens , & l'édifier par la
fincerité de leur retour : Mais, Nous fçavons que
tous ceux qui les avoient imitez dans leur réfiftance
, n'ont pas encore fuivi l'exemple de leur
foumiffion ; & Nous voyons avec déplaifir qu'il
y en a même plufieurs , qui au lieu de profiter de
notre indulgence , n'ont cherché qu'à allumer le
Nous avions voulu éteindre par notre
Déclaration. Non feulement ils ont interjetté de
nouveaux appels , & ils n'ont pas ceffé d'attaquer
la Conftitution avec la même licence , par des
Libelles auffi injurieux au Pape , aux Evêques &
à toute l'Eglife , que contraires au reſpect qui eft
dû à notre authorité ; mais ils ont entrepris de
révoquer en doute le pouvoir qui appartient aux
Evêques d'inftruire les Fideles de la foumiffion
qu'ils doivent à la Bulle Unigenitus , & d'examiner
les fentimens & les difpofitions des Ecclefiaftiques
, lorfqu'ils fe prefentent à eux , foit pour
recevoir les faints Ordtes , foit pour obtenir des
Visa ou des Inftitutions Canoniques . Ce n'eft pas
même feulement à la Conftitution Unigenitus ,
que les ennemis de cette Bulle & de la paix cherchent
à donner atteinte , ils ne ceffent d'attaquer
directement ou indirectement les Conftitutions
des Papes qui ont condamné les cinq Propofitions
tirées du Livre de Janfénius , ou qui ont
preferit la fignature du Formulaire ; ils renouvellent
les fubtilitez frivoles qui avoient été inventées
pour éluder l'obſervation de ces Bulles
ils s'authorifent de la diftinction du fait & du
droit , & abufant de ce qui fe paffa fous le Pontificat
AVRIL. 1730. 84T
tificat de Clement IX . ils prennent toujours la
deffenfe du filence refpectueux fur le fait de Janfenius
, quoique déclaré infuffifant par la Bulle
Vineam Domini Sabaoth , donnée par Clement
XI . & unanimement acceptée par tous les Prélats
de notre Royaume. Nous ne devons donc
pas divifer deux objets , qui , quoique differents,
ne font cependant que trop unis dans l'efprit de
la plus grande partie de ceux qui ne cherchent
qu'à perpetuer les troubles prefens de l'Eglife ; Et
puifque l'on Nous oblige à expliquer encore nos
intentions fur l'execution de la Bulle Unigenitus,
Nous croyons devoir prendre en même temps de
nouvelles précautions contre ces efprits indociles
, que quatre Bulles données fucceffivement par
differents Papes contre le Janféniſme,qui ont été
reçûës par toute l'Eglife , & dont l'execution a
été tant de fois affermie par notre authorité ,
n'ont pu encore réduire à une entiere obéiffance
: Nous continuërons cependant de veiller avec
attention à la conſervation des Maximes de
notre Royaume & des Libertez de l'Eglife Gallicane
, qui Nous feront toujours plus précieuſes
qu'à ceux qui s'en font un vain titre pour colol
rer leur réfiftance ; & Nous fommes perfuadez.
que nos Cours de Parlement , qui étant principalement
chargées du foin de les maintenir ,
font acquittées fi dignement de ce devoir en differentes
occafions , & dès le temps même des
Lettres Patentes du 14. Février 1714. données
fur la Bulle Unigenitus , fçauront toujours faire
un jufte difcernement entre le zele éclairé qui les
deffend avec fageffe , & les intentions fufpectes
de ceux qui n'y cherchent qu'un prétexte pour
troubler , ou pour éloigner une paix auffi défirable
pour l'interêt de l'Etat , que pour le bien
de l'Eglife. A CES CAUSES , & autres à ce Nous
fe
mouvans
842 MERCURE DE FRANCE
mouvans , de l'avis de notre Confeil , & de notre
grace fpeciale , pleine puiffance & authorité
Royale , Nous avons dit , déclaré & ordonné ;
difons, déclarons & ordonnons, voulons & Nous
plaît ce qui fuit :
Article 1. Renouvellant , en tant que befoin feroit
par ces Prefentes , fignees de notre main j
les Edits & Déclarations du feu Roy notre treshonoré
Seigneur & Bifayeul , fur la condamnation
des cinq Propofitions de Janfénius , & ſur
la fignature du Formulaire , & en particulier
l'Edit du mois d'Avril 1665. & les Lettres Patentes
du dernier jour d'Aouft 1705. Ordonnons
que les Bulles des Souverains Pontifes Innocent
X. Alexandre VII . & Clement XI . fur
lefdites Propofitions , & fur la fignature du Formulaire
, feront obfervées & exécutées felon leur
forme & teneur : Voulons en conféquence , que
perfonne ne puiffe être promú aux Ordres facrez
, ou pourvû de quelque Benefice que ce foit ,
Seculier ou Régulier , exempt ou non exempt de
la Jurifdiction de l'Ordinaire , ni même en requerir
aucun , en vertu des dégrez par lui obte
nus , fans avoir auparavant figné le Formulaire
en perfonne ; entre les mains de fon Archevêque
ou de fon Evêque , ou de leurs Grands Vicaires ;
de laquelle fignature il fera fait mention dans
l'Acte de requifition , & pareillement dans l'Aete
de prife de poffeffion de chaque Benefice ; le tout
à peine de nullité defdits Actes à l'égard de ceux
qui fe trouveroient les avoir faits , fans avoir
préalablement figné le Formulaire. Et au cas
que quelqu'un d'entre les Archevêques ou Evêques
néglige d'en exiger la fignature , voulons
& entendons , conformement à l'Edit du mois
d'Avril 1665. qu'il y foit contraint par faifie du
Revenu temporel de fon Archevêché ou Evêché.
Ordonnons
N
AVRIL. 1730. 843
que les Ordonnons en outre , fuivant ledit Edit ,
Ecclefiaftiques , qui n'ayant pas encore figné le
Formulaire , refuferont de le faire à l'occafion
du Vifa ou de l'inftitution aux Benefices dont
ils demanderont à être pourvûs , foient déclarez
incapables de les poffeder, & que tous ceux dont
lefdits Ecclefiaftiques pourroient avoir été précedemment
pourvûs , demeurent vacans & impétrables
de plein droit , fans qu'il fait befoin à cet
effet d'aucune Sentence ni Declaration judiciaire,
ainfi qu'il eft porté par ledit Edit du mois d'Avril
1665.
II. Voulons , conformement au même Edit ,
que lefdites fignatures du Formulaire foient pures
& fimples , fans aucune diftinction , interpretation
ou reftriction qui déroge directement
ou indirectement aufdites Conftitutions des Papes
Innocent X. Alexandre VII . & Clement XI .
déclarant que ceux qui fe ferviroient dans leur
fignature defdites diftinctions , interprétations ou
reftrictions ; ou qui figneroient un Formulaire
different de celui dont la fignature a été ordonnée
par ledit. Edit du mois d'Avril 1665. feront
fujets aux peines portées par ledit Edit.
III. Confirmant , en tant que befoin feroit
les Lettres Patentes du 14. Février 1714. & notre
Declaration du 4. Aouft 1720. Regiſtrées dans
toutes nos Cours de Parlement : Ordonnons que
la Conftitution Unigenitus foit inviolablement
obfervée felon fa forme & teneur dans tous les
Etats, Pays,Terres & Seigneuries de notre obéïffance
; & qu'étant une Loy de l'Eglife par l'acceptation
qui en a été faite , elle foit auffi regardée
comme une Loy de notre Royaume. Voutons
que tous nos Sujets , de quelque état & condition
qu'ils foient , ayent pour ladite Bulle le
refpect & la foumiffion qui font dûs au jugement
de
844 MERCURE DE FRANCE
de l'Eglife univerfelle , en matiere de doctrine.
IV. L'Article cinquième de notredite Decla
ration fera pareillement exécuté felon fa forme
& teneur , fans neanmoins que fous prétexte du
filence que Nous y avons impofé , on puiffe prétendre
que notre intention ait jamais été d'empêcher
les Archevêques ou Evêques d'inftruire les
Ecclefiaftiques & les Peuples confiez à leurs foins ,
fur l'obligation de fe foumettre à la Conftitution
Unigenitus.
V. Deffendons , conformement à l'Art. III.
de notre Déclaration du 4. Aouft 1720. & par
les motifs qui y font expliquez , d'exiger directement
ou indirectement aucunes nouvelles formu
les de foufcription à l'occafion des Bulles des Papes
qui font reçûës dans notre Royaume. Décla
rons neanmoins, que par cette deffenfe Nous n'avons
pas entendu que les Archevêques & Evê
ques de notre Royaume ne puiffent refuſer d'admettre
aux faints Ordres, ou aux Dignitez & aux
Benefices, de quelque nature qu'ils foient, les Ec→
clefiaftiques Seculiers ou Reguliers , exempts ou
non exempts , qui auroient renouvellé leurs appels
de la Bulle Unigenitus depuis norre Decla
ration du 4. Aouft 1720. ou déclaré par écrit
qu'ils perfiftent dans ceux qu'ils avoient préce
demment interjettez , ou qui auroient compofé
ou publié des Ecrits pour attaquer ladite Bulle
ou les Explications defdits Archevêques & Evêques
, des années 1714.& 1720. ou qui auroient
renu des difcours injurieux à l'Eglife & à l'Epif
copat , & qui en feroient convaincus , foit par
des preuves légitimes , ou par l'aveu qu'ils en
feroient aufdits Archevêques ou Evêques lorfqu'ils
feroient interrogez fur lefdits faits , en fe
prefentant à eux pour l'Ordination , ou pour le
Vifa , ou l'Inſtitution Canonique , & qui perfe-
2
vere
AVRIL . 1730. 845 .
vereroient dans le même efprit de révolte, ou de
defobéiffance contre la Bulle Unigenitus , ou les
autres Conftitutions cy-deffus mentionnées , &
refuferoient de s'expliquer , conformement aux
Art. II. & III. de la prefente Declaration ,
la foumiffion due aufdites Conſtitutions.
2
fur
VI. Les Appellations comme d'abus , fi aucunes
font interjettées des refus de Vifa , ou d'Inftitution
Canonique faits par les Archevêques ou
Evêques aux Ecclefiaftiques qui fe trouveront être
dans quelqu'un des cas expliquez par les Art . I.
II. III. & V. de notre prefente Declaration
n'auront aucun effet fufpenfif , mais dévolutif
feulement , & fans que les caufes de refus marquées
dans lefdits cas , puiffent être regardées
comme un moyen d'abus . Voulons que lorfqu'outre
lefdites caufes , le refus defdits Archevêques
ou Evêques en renfermera d'autres qui feront
jugées abufives , nos Cours foient tenucs de déclarer
qu'il y a abus feulement en ce qui concerne
lefdites autres caufes ; fauf à nofd. Cours
d'ordonner en ce cas , s'il y échet , que dans le
temps qu'elles jugeront à propos de preferire, à
l'appellant comme d'abus , il fera tenu de fe retirer
fuivant l'art. VI. de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
pardevant le Superieur Ecclefiaftique de l'Evêque
ou de l'Archevêque qui lui aura refuſé le Viſa,ou
P'Inftitution Canonique pour le Benefice qui fera
le fujet de la conteftation, à l'effet d'obtenir l'un
ou l'autre, fi faire fe doit ; & après que led . Vifa
ou ladite Inftitution Canonique auront été rap-
-portez , ou faute par ledit appellant de les rapporter
, & dans le delay_qui lui aura été accordé
, il fera ftatué par nofd. Cours fur la maintenue
provifoire ou définitive au Benefice contentieux
, ainfi qu'il appartiendra.
VII
846 MERCURE DE FRANCE
VII . Ordonnons au furplus , que notre Declaration
du 10. May 1728. concernant les Imprimeurs
, foit executée felon fa forme & teneur;
ce faifant , que tous ceux qui feront convaincus
d'avoir compofé, imprimé, debité ou autrement
diftribué , fous quelque titre ou nom que ce puif.
fe être , des Ouvrages , Ecrits , Lettres ou autres
Libelles qui attaqueroient directement ou indirectement
les Conftitutions des Papes cy - deffus
marqués, nommément la Bulle Unigenitus, l'Inftruction
Paftorale de 1714. les Explications de
1720. ou qui tendroient à foûtenir , renouveller
ou favorifer en quelque maniere que ce foit les
Propofitions condamnées par ladite Conftitution
, ou qui feroient contraires à la Religion, au
refpect dû à notre S.Pere le Pape & aux Evêques,
ou à notre authorité , aux droits de notre Ĉouronne,
ou aux libertez de l'Eglife Gallicane,foient
condamnez aux peines portées par ladite Decla
ration du 10. May 1728. Voulons que les Corps
ou Communautez , & pareillement les Particuliers
qui auroient prêté leurs Maifons , en tout
ou en partie , pour fervir de dépôt à des Ouvrages
ou Ecrits de la nature cy-deffus marquez , &
pour les y mettre en sûreté , foient condamnez
pour la premiere fois en 3000 liv. d'amende , &
les Corps ou Communautez déclarez en outre
déchûs de tous les Privileges à eux accordez par
Nous ou par les Rois nos Predeceffeurs . Ordonnons
qu'en cas de récidives, les Particuliers foient
condamnez au banniffement à temps , même à
plus grande peine s'il y échet. Enjoignons à nos
Cours de Parlement & autres nos Juges , de tenir
la main à ce que ces Prefentes foient exactement
& inviolablement obfervées , & de prêter
aux Archevêques ou Evêques , ou à leurs Officiaux
, lorſqu'ils en feront requis , le fecours &
l'affiftance
AVRIL 1730.
847.
l'affiftance neceffaires . pour l'execution des Ordonnances
& Jugemens qui en feront par eux
rendus contre les contrevenans dans les cas qui
regardent les Juges d'Eglife ; le tout conformement
à l'Art. XXX . de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
& c.
D U ROY.
Par laqunsele des Bulles des
Ar laquelle le Roy explique de nouveau fes¹
Papes , données contre le Janféniſme , & fur celle
de la Conftitution Un genitus . Donnée à Verfailles
, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement
, le 3.- Avril , le Roy y féant en fon Lit de
Juſtice.
bles
LOUIS, par, &c. Après la divifion & les trou
que le refus de fe foûmettre à la Bulle Uni
genitus avoit fait naître dans l'Eglife de France
Nous eûmes lieu d'efperer en l'année 1720. d'y
voir la paix heureufement rétablie . Des Explica--
tions dreffées dans un efprit de concorde & de
charité , approuvées par tous les Cardinaux, tous
les Archevêques , & prefque tous les Evêques de
notre Royaume , qui avoient accepté cette Con--
ftitution , adoptées même par la plupart des
Prélats qui avoient hésité d'abord à la recevoir ,
ne laiffoient aucun pretexte à ceux , qui affectant
de la décrier par des interpretations contraires à
-fon veritable fens , vouloient les faire fervir d'excufe
à leur réfiſtance. Ce fut dans des circonfrances
fi favorables que Nous jugeâmes à propos
de donner notre Déclaration du 4. Aouft 1720.
par laquelle , en ordonnant d'un côté que la
Bulle Unigenitus feroit obſervé felon fa forme &
teneur dans tous nos Etats , & en deffendant tour:
ce qui pourtoit y être contraire. Nous prîmes de
l'autre les précautions les plus convenables pour
affurer le repos & la tranquillité de ceux d'entre
nos
$40 MERCURE DE FRANCE
feu que
nos Sujets qui feroient ceder leur prévention à
Pauthorité du Chef & du Corps des premiers Pafteurs
: Nous avons eu , à la verité , la fatisfaction
de voir des Corps entiers , & un grand nombre
de Sujets des differens Ordres de l'Eglife de France
, entrer dans ces fentimens , & l'édifier par la
fincerité de leur retour : Mais, Nous fçavons que
tous ceux qui les avoient imitez dans leur réfiftance
, n'ont pas encore fuivi l'exemple de leur
foumiffion ; & Nous voyons avec déplaifir qu'il
y en a même plufieurs , qui au lieu de profiter de
notre indulgence , n'ont cherché qu'à allumer le
Nous avions voulu éteindre par notre
Déclaration. Non feulement ils ont interjetté de
nouveaux appels , & ils n'ont pas ceffé d'attaquer
la Conftitution avec la même licence , par des
Libelles auffi injurieux au Pape , aux Evêques &
à toute l'Eglife , que contraires au reſpect qui eft
dû à notre authorité ; mais ils ont entrepris de
révoquer en doute le pouvoir qui appartient aux
Evêques d'inftruire les Fideles de la foumiffion
qu'ils doivent à la Bulle Unigenitus , & d'examiner
les fentimens & les difpofitions des Ecclefiaftiques
, lorfqu'ils fe prefentent à eux , foit pour
recevoir les faints Ordtes , foit pour obtenir des
Visa ou des Inftitutions Canoniques . Ce n'eft pas
même feulement à la Conftitution Unigenitus ,
que les ennemis de cette Bulle & de la paix cherchent
à donner atteinte , ils ne ceffent d'attaquer
directement ou indirectement les Conftitutions
des Papes qui ont condamné les cinq Propofitions
tirées du Livre de Janfénius , ou qui ont
preferit la fignature du Formulaire ; ils renouvellent
les fubtilitez frivoles qui avoient été inventées
pour éluder l'obſervation de ces Bulles
ils s'authorifent de la diftinction du fait & du
droit , & abufant de ce qui fe paffa fous le Pontificat
AVRIL. 1730. 84T
tificat de Clement IX . ils prennent toujours la
deffenfe du filence refpectueux fur le fait de Janfenius
, quoique déclaré infuffifant par la Bulle
Vineam Domini Sabaoth , donnée par Clement
XI . & unanimement acceptée par tous les Prélats
de notre Royaume. Nous ne devons donc
pas divifer deux objets , qui , quoique differents,
ne font cependant que trop unis dans l'efprit de
la plus grande partie de ceux qui ne cherchent
qu'à perpetuer les troubles prefens de l'Eglife ; Et
puifque l'on Nous oblige à expliquer encore nos
intentions fur l'execution de la Bulle Unigenitus,
Nous croyons devoir prendre en même temps de
nouvelles précautions contre ces efprits indociles
, que quatre Bulles données fucceffivement par
differents Papes contre le Janféniſme,qui ont été
reçûës par toute l'Eglife , & dont l'execution a
été tant de fois affermie par notre authorité ,
n'ont pu encore réduire à une entiere obéiffance
: Nous continuërons cependant de veiller avec
attention à la conſervation des Maximes de
notre Royaume & des Libertez de l'Eglife Gallicane
, qui Nous feront toujours plus précieuſes
qu'à ceux qui s'en font un vain titre pour colol
rer leur réfiftance ; & Nous fommes perfuadez.
que nos Cours de Parlement , qui étant principalement
chargées du foin de les maintenir ,
font acquittées fi dignement de ce devoir en differentes
occafions , & dès le temps même des
Lettres Patentes du 14. Février 1714. données
fur la Bulle Unigenitus , fçauront toujours faire
un jufte difcernement entre le zele éclairé qui les
deffend avec fageffe , & les intentions fufpectes
de ceux qui n'y cherchent qu'un prétexte pour
troubler , ou pour éloigner une paix auffi défirable
pour l'interêt de l'Etat , que pour le bien
de l'Eglife. A CES CAUSES , & autres à ce Nous
fe
mouvans
842 MERCURE DE FRANCE
mouvans , de l'avis de notre Confeil , & de notre
grace fpeciale , pleine puiffance & authorité
Royale , Nous avons dit , déclaré & ordonné ;
difons, déclarons & ordonnons, voulons & Nous
plaît ce qui fuit :
Article 1. Renouvellant , en tant que befoin feroit
par ces Prefentes , fignees de notre main j
les Edits & Déclarations du feu Roy notre treshonoré
Seigneur & Bifayeul , fur la condamnation
des cinq Propofitions de Janfénius , & ſur
la fignature du Formulaire , & en particulier
l'Edit du mois d'Avril 1665. & les Lettres Patentes
du dernier jour d'Aouft 1705. Ordonnons
que les Bulles des Souverains Pontifes Innocent
X. Alexandre VII . & Clement XI . fur
lefdites Propofitions , & fur la fignature du Formulaire
, feront obfervées & exécutées felon leur
forme & teneur : Voulons en conféquence , que
perfonne ne puiffe être promú aux Ordres facrez
, ou pourvû de quelque Benefice que ce foit ,
Seculier ou Régulier , exempt ou non exempt de
la Jurifdiction de l'Ordinaire , ni même en requerir
aucun , en vertu des dégrez par lui obte
nus , fans avoir auparavant figné le Formulaire
en perfonne ; entre les mains de fon Archevêque
ou de fon Evêque , ou de leurs Grands Vicaires ;
de laquelle fignature il fera fait mention dans
l'Acte de requifition , & pareillement dans l'Aete
de prife de poffeffion de chaque Benefice ; le tout
à peine de nullité defdits Actes à l'égard de ceux
qui fe trouveroient les avoir faits , fans avoir
préalablement figné le Formulaire. Et au cas
que quelqu'un d'entre les Archevêques ou Evêques
néglige d'en exiger la fignature , voulons
& entendons , conformement à l'Edit du mois
d'Avril 1665. qu'il y foit contraint par faifie du
Revenu temporel de fon Archevêché ou Evêché.
Ordonnons
N
AVRIL. 1730. 843
que les Ordonnons en outre , fuivant ledit Edit ,
Ecclefiaftiques , qui n'ayant pas encore figné le
Formulaire , refuferont de le faire à l'occafion
du Vifa ou de l'inftitution aux Benefices dont
ils demanderont à être pourvûs , foient déclarez
incapables de les poffeder, & que tous ceux dont
lefdits Ecclefiaftiques pourroient avoir été précedemment
pourvûs , demeurent vacans & impétrables
de plein droit , fans qu'il fait befoin à cet
effet d'aucune Sentence ni Declaration judiciaire,
ainfi qu'il eft porté par ledit Edit du mois d'Avril
1665.
II. Voulons , conformement au même Edit ,
que lefdites fignatures du Formulaire foient pures
& fimples , fans aucune diftinction , interpretation
ou reftriction qui déroge directement
ou indirectement aufdites Conftitutions des Papes
Innocent X. Alexandre VII . & Clement XI .
déclarant que ceux qui fe ferviroient dans leur
fignature defdites diftinctions , interprétations ou
reftrictions ; ou qui figneroient un Formulaire
different de celui dont la fignature a été ordonnée
par ledit. Edit du mois d'Avril 1665. feront
fujets aux peines portées par ledit Edit.
III. Confirmant , en tant que befoin feroit
les Lettres Patentes du 14. Février 1714. & notre
Declaration du 4. Aouft 1720. Regiſtrées dans
toutes nos Cours de Parlement : Ordonnons que
la Conftitution Unigenitus foit inviolablement
obfervée felon fa forme & teneur dans tous les
Etats, Pays,Terres & Seigneuries de notre obéïffance
; & qu'étant une Loy de l'Eglife par l'acceptation
qui en a été faite , elle foit auffi regardée
comme une Loy de notre Royaume. Voutons
que tous nos Sujets , de quelque état & condition
qu'ils foient , ayent pour ladite Bulle le
refpect & la foumiffion qui font dûs au jugement
de
844 MERCURE DE FRANCE
de l'Eglife univerfelle , en matiere de doctrine.
IV. L'Article cinquième de notredite Decla
ration fera pareillement exécuté felon fa forme
& teneur , fans neanmoins que fous prétexte du
filence que Nous y avons impofé , on puiffe prétendre
que notre intention ait jamais été d'empêcher
les Archevêques ou Evêques d'inftruire les
Ecclefiaftiques & les Peuples confiez à leurs foins ,
fur l'obligation de fe foumettre à la Conftitution
Unigenitus.
V. Deffendons , conformement à l'Art. III.
de notre Déclaration du 4. Aouft 1720. & par
les motifs qui y font expliquez , d'exiger directement
ou indirectement aucunes nouvelles formu
les de foufcription à l'occafion des Bulles des Papes
qui font reçûës dans notre Royaume. Décla
rons neanmoins, que par cette deffenfe Nous n'avons
pas entendu que les Archevêques & Evê
ques de notre Royaume ne puiffent refuſer d'admettre
aux faints Ordres, ou aux Dignitez & aux
Benefices, de quelque nature qu'ils foient, les Ec→
clefiaftiques Seculiers ou Reguliers , exempts ou
non exempts , qui auroient renouvellé leurs appels
de la Bulle Unigenitus depuis norre Decla
ration du 4. Aouft 1720. ou déclaré par écrit
qu'ils perfiftent dans ceux qu'ils avoient préce
demment interjettez , ou qui auroient compofé
ou publié des Ecrits pour attaquer ladite Bulle
ou les Explications defdits Archevêques & Evêques
, des années 1714.& 1720. ou qui auroient
renu des difcours injurieux à l'Eglife & à l'Epif
copat , & qui en feroient convaincus , foit par
des preuves légitimes , ou par l'aveu qu'ils en
feroient aufdits Archevêques ou Evêques lorfqu'ils
feroient interrogez fur lefdits faits , en fe
prefentant à eux pour l'Ordination , ou pour le
Vifa , ou l'Inſtitution Canonique , & qui perfe-
2
vere
AVRIL . 1730. 845 .
vereroient dans le même efprit de révolte, ou de
defobéiffance contre la Bulle Unigenitus , ou les
autres Conftitutions cy-deffus mentionnées , &
refuferoient de s'expliquer , conformement aux
Art. II. & III. de la prefente Declaration ,
la foumiffion due aufdites Conſtitutions.
2
fur
VI. Les Appellations comme d'abus , fi aucunes
font interjettées des refus de Vifa , ou d'Inftitution
Canonique faits par les Archevêques ou
Evêques aux Ecclefiaftiques qui fe trouveront être
dans quelqu'un des cas expliquez par les Art . I.
II. III. & V. de notre prefente Declaration
n'auront aucun effet fufpenfif , mais dévolutif
feulement , & fans que les caufes de refus marquées
dans lefdits cas , puiffent être regardées
comme un moyen d'abus . Voulons que lorfqu'outre
lefdites caufes , le refus defdits Archevêques
ou Evêques en renfermera d'autres qui feront
jugées abufives , nos Cours foient tenucs de déclarer
qu'il y a abus feulement en ce qui concerne
lefdites autres caufes ; fauf à nofd. Cours
d'ordonner en ce cas , s'il y échet , que dans le
temps qu'elles jugeront à propos de preferire, à
l'appellant comme d'abus , il fera tenu de fe retirer
fuivant l'art. VI. de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
pardevant le Superieur Ecclefiaftique de l'Evêque
ou de l'Archevêque qui lui aura refuſé le Viſa,ou
P'Inftitution Canonique pour le Benefice qui fera
le fujet de la conteftation, à l'effet d'obtenir l'un
ou l'autre, fi faire fe doit ; & après que led . Vifa
ou ladite Inftitution Canonique auront été rap-
-portez , ou faute par ledit appellant de les rapporter
, & dans le delay_qui lui aura été accordé
, il fera ftatué par nofd. Cours fur la maintenue
provifoire ou définitive au Benefice contentieux
, ainfi qu'il appartiendra.
VII
846 MERCURE DE FRANCE
VII . Ordonnons au furplus , que notre Declaration
du 10. May 1728. concernant les Imprimeurs
, foit executée felon fa forme & teneur;
ce faifant , que tous ceux qui feront convaincus
d'avoir compofé, imprimé, debité ou autrement
diftribué , fous quelque titre ou nom que ce puif.
fe être , des Ouvrages , Ecrits , Lettres ou autres
Libelles qui attaqueroient directement ou indirectement
les Conftitutions des Papes cy - deffus
marqués, nommément la Bulle Unigenitus, l'Inftruction
Paftorale de 1714. les Explications de
1720. ou qui tendroient à foûtenir , renouveller
ou favorifer en quelque maniere que ce foit les
Propofitions condamnées par ladite Conftitution
, ou qui feroient contraires à la Religion, au
refpect dû à notre S.Pere le Pape & aux Evêques,
ou à notre authorité , aux droits de notre Ĉouronne,
ou aux libertez de l'Eglife Gallicane,foient
condamnez aux peines portées par ladite Decla
ration du 10. May 1728. Voulons que les Corps
ou Communautez , & pareillement les Particuliers
qui auroient prêté leurs Maifons , en tout
ou en partie , pour fervir de dépôt à des Ouvrages
ou Ecrits de la nature cy-deffus marquez , &
pour les y mettre en sûreté , foient condamnez
pour la premiere fois en 3000 liv. d'amende , &
les Corps ou Communautez déclarez en outre
déchûs de tous les Privileges à eux accordez par
Nous ou par les Rois nos Predeceffeurs . Ordonnons
qu'en cas de récidives, les Particuliers foient
condamnez au banniffement à temps , même à
plus grande peine s'il y échet. Enjoignons à nos
Cours de Parlement & autres nos Juges , de tenir
la main à ce que ces Prefentes foient exactement
& inviolablement obfervées , & de prêter
aux Archevêques ou Evêques , ou à leurs Officiaux
, lorſqu'ils en feront requis , le fecours &
l'affiftance
AVRIL 1730.
847.
l'affiftance neceffaires . pour l'execution des Ordonnances
& Jugemens qui en feront par eux
rendus contre les contrevenans dans les cas qui
regardent les Juges d'Eglife ; le tout conformement
à l'Art. XXX . de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
& c.
Fermer
Résumé : DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
Le document est une déclaration royale de Louis XV, datée du 24 mars 1730, concernant l'application de la bulle papale Unigenitus et des constitutions contre le jansénisme. Le roi rappelle les efforts passés pour rétablir la paix dans l'Église de France après le refus initial de se soumettre à la bulle Unigenitus. Il souligne que des explications approuvées par les cardinaux, archevêques et évêques ont été adoptées, mais certains continuent de résister. La déclaration renforce l'obligation d'observer la bulle Unigenitus et les constitutions contre le jansénisme, en ordonnant que la bulle soit respectée dans tous les États et que les sujets du roi doivent lui montrer soumission. Le roi défend également les libertés de l'Église gallicane et ordonne des mesures contre ceux qui attaquent les constitutions papales ou troublent la paix. La déclaration réitère l'interdiction de promouvoir des ecclésiastiques sans qu'ils aient signé le formulaire et confirme les peines pour ceux qui refusent de se soumettre. Elle précise également les procédures pour les appels comme d'abus et les sanctions contre les imprimeurs de libelles contraires aux constitutions. Un autre décret royal, daté d'avril 1730, condamne les individus ou les communautés ayant prêté leurs maisons pour servir de dépôt à des ouvrages ou écrits interdits. Les peines prévues incluent une amende de 3 000 livres pour la première infraction, avec perte des privilèges pour les corps ou communautés concernés. En cas de récidive, les particuliers encourent le bannissement ou des peines plus sévères. Le décret ordonne aux cours de parlement et autres juges de faire respecter ces dispositions et de prêter assistance aux autorités ecclésiastiques pour l'exécution des jugements concernant les contrevenants. Cette mesure est conforme à l'article XXX de l'édit d'avril 1695 sur la juridiction ecclésiastique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
4
p. 1039-1042
Solemnité aux Capucins pour la Beatification du P. Fidel, [titre d'après la table]
Début :
Le 21. Avril, & les trois jours suivans, les Capucins de la rüe S. Honoré celebrerent avec [...]
Mots clefs :
Capucins, Messe, Église, Évêques, Vêpres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Solemnité aux Capucins pour la Beatification du P. Fidel, [titre d'après la table]
Le 21. Avril , & les trois jours fuivans ,
Capucins de la rue S. Honoré celebrerent avec
beaucoup de folemnité la Beatification du Pere
Fidel de Simarinque , Capucin , Préfet & premier
Martyr de la Miffion ' Apoftolique , établie chez
les Grifons par la Sacrée Congrégation , chargée
de travailler à la propagation de la Foi.
Ces Peres avoient fait élever dans la Cour de
leur Eglife une Galerie ornée de Pilaftres peints
en Marbre , dont les Chapiteaux & les Piedeftaux
étoient peints en or , ce qui formoit une espece
de Colonade ; entre ces Pilaftres , fous des Arcades
ornées de Feftons & de Guirlandes , on avoit
placé des Caiffes de fleurs & d'autres ornemens
& les murs étoient revêtus de très-riches Tapifferies.
"
Au- devant du Porche de l'Eglife , étoit élevé
un Portique peint en Marbre , aufli -bien que les
Colomnes qui le foutenoient , & dans un Cartouche
au-deffus de la grande entrée étoient écri-
I ij
tes
1040 MERCURE DE FRANCE
tes ces paroles tirées du Livre des Proverbes ,
Vir Fidelis multùm laudabitur.
Au même Porche, du côté de la ruë, deux Piramides
étoient élevées fur des Piedeſtaux & furmontées
de Vafes , ce qui formoit une entrée, audeffus
de laquelle étoient écrites ces paroles de
PEcclefiaftique : Sic celebrabitur Fidelis in confpectu
Dei.
Aux deux côtez de la Porte de l'Eglife , étoient
placées fur leurs Piedeftaux , deux Figures grandes
comme le naturel , qui repréfentoient la Foi
& la Charité , le tout orné de très - belles Tapifferies
; on avoit placé au- deffus de la Porte exterieure
de l'Eglife , les Armes du feu Pape Benoît
XIII. celles du Roi & de l'Archevêque de
Paris.
Toute l'Eglife depuis la Corniche jufqu'au
Lambris , étoit ornée de Tapifleries de la Ĉouronne
, au bas defquelles regnoit une espece de
Gradin chargé de Camayeux , qui repréſentoient
les principaux Miracles du Saint , accompagné
de chaque côté de Pots de fleurs. Entre ces Camayeux
étoient des Piramides peintes en or , furmontées
de Girandoles . On avoit écrit au bas des
Piramides differens Paffages de l'Ecriture , convenables
au fujet .
Les Fenêtres de l'Eglife étoient fermées par des
grands rideaux de Damas cramoifi , galonnez
d'or ; la Voute étoit ornée de Feftons & de Guirlandes
, d'où fortoient de gros cordons de foye
pour foutenir quantité de Luftres garnis de bougies.
Le devant de la Tribune deftinée pour la
Mufique , étoit auffi couvert d'une pareille étoffe
de Damas galonné d'or , de même que la Chaire
du Prédicateur. On avoit placé au- deffus de la
Tribune , un grand Camayeu réprefentant le
Bienheureux Fidel martyrifé par les Heretiques,
Le
MAY. 1730. 1041
Le Pavé du Sanctuaire & une partie de la Nef
qui fervoit de Choeur , étoit couvert de quantité
de très-beaux Tapis. On avoit élevé à une petite
diftance de l'Autel , un Trône pour les Evêques
qui ont officié pontificalement , on avoit placé
au -deffous un Fauteuil , & un Prie-Dieu , couvert
d'un Tapis de Velours cramoifi , furmonté d'un
Dais brodé en or & en argent."
Le premier jour de la Fête , les Capucins commencerent
leur Proceffion à une heure après midi,
ils étoient precedez de plufieurs jeunes garçons
vétus en Chevaliers Romains , fous leur Guidon ,
portant les Inftrumens du Martyre du Bienheureux
Fidel , & d'une quantité d'Enfans vétus trèsproprement
en Anges , qui portoient des Banderoles.
Ces Peres , au nombre de plus de cent , allerent
proceffionellement prendre les Cordeliers
du Grand Convent qui vinrent avec eux chanter
les premieres Vêpres ; cette Communauté fut faluée
en arrivant d'une décharge de quantité de
Boëtes, & au fon de Trompettes & Timbales , &
reçue à la porte de l'Eglife par quatre Peres Capucins,
dont deux étoient revétus d'Aubes, & pre-
Tentoient de l'Eau - Benite aux Religieux qui entroient
, & les deux autres , en furplis , les encenfoient.
La même ceremonie a été obfervée à l'entrée
& à la fortie de toutes les Communautez
qui font venues aux Capucins, pour y chanter la
Meffe ou les Vêpres.
Le 22. M. Robinet , Official & Vicaire General
de M. l'Archevêque de Paris , fe rendit dans l'Egfife
des Capucins , où il fit la lecture de la Bulle
de la Beatification du Pere Fidel , après laquelle
le Te Deum fut chanté au bruit d'un grand nombre
de Boetes qu'on tira dans le Jardin de ces
Peres.
Le même jour les Capucins allerent procef-
I iij hionnd1042
MERCURE DE FRANCE
fionellement prendre les Religieux Feüillans qui
vinrent chanter la grande Meffe dans leur Eglife..
L'aprés midi , les Jacobins de la rue S. Honoré
y vinrent chanter les Vêpres ; le Panégyrique du
Saint fut prononcé par le P. Dom Jerôme , le Salut
fut chanté enfuite en Mufique , auquel officia
l'Evêque de Quebec.
ac-
Le 23. le Clergé de la Paroiffe de S. Roch ,
compagné des Capucins , vint chanter la grande
Meffe dans leur Eglife,& l'après midi les Feuillans
y chanterent les Vêpres ; le Panegyrique du Saint
fut prononcé par le Pere de la Cofte, Cordelier , l'Evêque
de Laon officia au Salut qui fut chanté après.
Le 24. le Clergé de S. Germain de Lauxerrois
accompagné des Capucins , vint celebrer la
Meffe qui fut chantée par la Mufique du Chapitre
, & l'après midi les Récollets y chanterent les
Vêpres, l'Abbé Billard prononça le Panegyrique .
du Saint , l'Evêque de Cifteron officia au Salut &
an Te Deum qui fut chanté enfuite , à la fin duquei
la Bannière du Saint fut élevée au plus haut
de la voute de l'Eglife , au fon des Trompettes
des Timballes & de la Simphonie. La Fête fut
terminée le foir du même jour par une très - belle
Illumination de la Maifon des Capucins , des
Gours & du Jardin , dans lequel on tira un Feu
d'artifice, qui fut executé avec beaucoup de fuccès.
Capucins de la rue S. Honoré celebrerent avec
beaucoup de folemnité la Beatification du Pere
Fidel de Simarinque , Capucin , Préfet & premier
Martyr de la Miffion ' Apoftolique , établie chez
les Grifons par la Sacrée Congrégation , chargée
de travailler à la propagation de la Foi.
Ces Peres avoient fait élever dans la Cour de
leur Eglife une Galerie ornée de Pilaftres peints
en Marbre , dont les Chapiteaux & les Piedeftaux
étoient peints en or , ce qui formoit une espece
de Colonade ; entre ces Pilaftres , fous des Arcades
ornées de Feftons & de Guirlandes , on avoit
placé des Caiffes de fleurs & d'autres ornemens
& les murs étoient revêtus de très-riches Tapifferies.
"
Au- devant du Porche de l'Eglife , étoit élevé
un Portique peint en Marbre , aufli -bien que les
Colomnes qui le foutenoient , & dans un Cartouche
au-deffus de la grande entrée étoient écri-
I ij
tes
1040 MERCURE DE FRANCE
tes ces paroles tirées du Livre des Proverbes ,
Vir Fidelis multùm laudabitur.
Au même Porche, du côté de la ruë, deux Piramides
étoient élevées fur des Piedeſtaux & furmontées
de Vafes , ce qui formoit une entrée, audeffus
de laquelle étoient écrites ces paroles de
PEcclefiaftique : Sic celebrabitur Fidelis in confpectu
Dei.
Aux deux côtez de la Porte de l'Eglife , étoient
placées fur leurs Piedeftaux , deux Figures grandes
comme le naturel , qui repréfentoient la Foi
& la Charité , le tout orné de très - belles Tapifferies
; on avoit placé au- deffus de la Porte exterieure
de l'Eglife , les Armes du feu Pape Benoît
XIII. celles du Roi & de l'Archevêque de
Paris.
Toute l'Eglife depuis la Corniche jufqu'au
Lambris , étoit ornée de Tapifleries de la Ĉouronne
, au bas defquelles regnoit une espece de
Gradin chargé de Camayeux , qui repréſentoient
les principaux Miracles du Saint , accompagné
de chaque côté de Pots de fleurs. Entre ces Camayeux
étoient des Piramides peintes en or , furmontées
de Girandoles . On avoit écrit au bas des
Piramides differens Paffages de l'Ecriture , convenables
au fujet .
Les Fenêtres de l'Eglife étoient fermées par des
grands rideaux de Damas cramoifi , galonnez
d'or ; la Voute étoit ornée de Feftons & de Guirlandes
, d'où fortoient de gros cordons de foye
pour foutenir quantité de Luftres garnis de bougies.
Le devant de la Tribune deftinée pour la
Mufique , étoit auffi couvert d'une pareille étoffe
de Damas galonné d'or , de même que la Chaire
du Prédicateur. On avoit placé au- deffus de la
Tribune , un grand Camayeu réprefentant le
Bienheureux Fidel martyrifé par les Heretiques,
Le
MAY. 1730. 1041
Le Pavé du Sanctuaire & une partie de la Nef
qui fervoit de Choeur , étoit couvert de quantité
de très-beaux Tapis. On avoit élevé à une petite
diftance de l'Autel , un Trône pour les Evêques
qui ont officié pontificalement , on avoit placé
au -deffous un Fauteuil , & un Prie-Dieu , couvert
d'un Tapis de Velours cramoifi , furmonté d'un
Dais brodé en or & en argent."
Le premier jour de la Fête , les Capucins commencerent
leur Proceffion à une heure après midi,
ils étoient precedez de plufieurs jeunes garçons
vétus en Chevaliers Romains , fous leur Guidon ,
portant les Inftrumens du Martyre du Bienheureux
Fidel , & d'une quantité d'Enfans vétus trèsproprement
en Anges , qui portoient des Banderoles.
Ces Peres , au nombre de plus de cent , allerent
proceffionellement prendre les Cordeliers
du Grand Convent qui vinrent avec eux chanter
les premieres Vêpres ; cette Communauté fut faluée
en arrivant d'une décharge de quantité de
Boëtes, & au fon de Trompettes & Timbales , &
reçue à la porte de l'Eglife par quatre Peres Capucins,
dont deux étoient revétus d'Aubes, & pre-
Tentoient de l'Eau - Benite aux Religieux qui entroient
, & les deux autres , en furplis , les encenfoient.
La même ceremonie a été obfervée à l'entrée
& à la fortie de toutes les Communautez
qui font venues aux Capucins, pour y chanter la
Meffe ou les Vêpres.
Le 22. M. Robinet , Official & Vicaire General
de M. l'Archevêque de Paris , fe rendit dans l'Egfife
des Capucins , où il fit la lecture de la Bulle
de la Beatification du Pere Fidel , après laquelle
le Te Deum fut chanté au bruit d'un grand nombre
de Boetes qu'on tira dans le Jardin de ces
Peres.
Le même jour les Capucins allerent procef-
I iij hionnd1042
MERCURE DE FRANCE
fionellement prendre les Religieux Feüillans qui
vinrent chanter la grande Meffe dans leur Eglife..
L'aprés midi , les Jacobins de la rue S. Honoré
y vinrent chanter les Vêpres ; le Panégyrique du
Saint fut prononcé par le P. Dom Jerôme , le Salut
fut chanté enfuite en Mufique , auquel officia
l'Evêque de Quebec.
ac-
Le 23. le Clergé de la Paroiffe de S. Roch ,
compagné des Capucins , vint chanter la grande
Meffe dans leur Eglife,& l'après midi les Feuillans
y chanterent les Vêpres ; le Panegyrique du Saint
fut prononcé par le Pere de la Cofte, Cordelier , l'Evêque
de Laon officia au Salut qui fut chanté après.
Le 24. le Clergé de S. Germain de Lauxerrois
accompagné des Capucins , vint celebrer la
Meffe qui fut chantée par la Mufique du Chapitre
, & l'après midi les Récollets y chanterent les
Vêpres, l'Abbé Billard prononça le Panegyrique .
du Saint , l'Evêque de Cifteron officia au Salut &
an Te Deum qui fut chanté enfuite , à la fin duquei
la Bannière du Saint fut élevée au plus haut
de la voute de l'Eglife , au fon des Trompettes
des Timballes & de la Simphonie. La Fête fut
terminée le foir du même jour par une très - belle
Illumination de la Maifon des Capucins , des
Gours & du Jardin , dans lequel on tira un Feu
d'artifice, qui fut executé avec beaucoup de fuccès.
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Résumé : Solemnité aux Capucins pour la Beatification du P. Fidel, [titre d'après la table]
Du 21 avril au 24 avril, les Capucins de la rue Saint-Honoré célébrèrent la béatification du Père Fidèle de Sigmaringen, premier martyr de la Mission Apostolique chez les Grisons. Pour cette occasion, une galerie ornée de pilastres peints en marbre et dorés fut érigée dans la cour de leur église. Des arcades décorées de festons et de guirlandes, des caisses de fleurs, et des tapisseries richement ornées couvraient les murs. Au-dessus du porche, une inscription tirée des Proverbes, 'Vir Fidelis multùm laudabitur', était affichée. Deux pyramides surmontées de vases flanquaient l'entrée, avec l'inscription 'Sic celebrabitur Fidelis in conspectu Dei'. À l'intérieur, des figures représentant la Foi et la Charité étaient placées de chaque côté de la porte, accompagnées des armes du pape Benoît XIII, du roi et de l'archevêque de Paris. L'église était décorée de tapisseries de la couronne, de camées représentant les miracles du saint, et de pyramides dorées surmontées de girandoles. Les fenêtres étaient fermées par des rideaux de damas cramoisi galonné d'or, et la voûte était ornée de festons et de guirlandes. Les célébrations commencèrent par une procession des Capucins, précédés de jeunes garçons vêtus en chevaliers romains et d'enfants habillés en anges. Les premiers vêpres furent chantés par les Cordeliers du Grand Convent, accueillis par des salves de boîtes à feu et des trompettes. Le 22 avril, M. Robinet, vicaire général de l'archevêque de Paris, lut la bulle de béatification, suivie du Te Deum. Les jours suivants, diverses communautés religieuses, dont les Feuillans, les Jacobins, et les Récollets, se succédèrent pour chanter la messe et les vêpres, et prononcer des panégyriques. La fête se conclut par une illumination et un feu d'artifice dans le jardin des Capucins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1063-1073
MEMOIRE adressé aux Auteurs du Mercure de France, sur les Antiquitez de Northumberland en Angleterre.
Début :
Comme je sçai, Messieurs, qu'on voit votre Journal en Angleterre, [...]
Mots clefs :
Angleterre, York, Église, Antiquités, Évêques, Histoire, Diocèse, Northumberland
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texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE adressé aux Auteurs du Mercure de France, sur les Antiquitez de Northumberland en Angleterre.
EMOIRE adreffe aux Auteurs du
Mercure de France , fur les Antiquitez
de Northumberland en Angleterre.
C
Omme je fçai , Meffieurs , qu'on
voit votre Journal en Angleterre ,
trouvez bon que je vous prie d'y inferer
I. Vol. la
A iiij
1064 MERCURE DE FRANCE
la demande de quelques éclairciffemens
que je ferois bien aiſe d'avoir ſur une des
Eglifes de ce Royaume , qui a été illuftre
dans fon temps . Il m'eft tombé entre les
mains un Manufcrit du milieu du treiziéme
fiecle , qui contient entre autres
chofes un Catalogue des Evêques de cette
Ifle. Pour en verifier quelque choſe fur
les Collections Benedictines de Dom Mabillon
, j'ai choifi les derniers Sieges dont
il eft parlé , c'est-à- dire les plus Septentrionnaux
& du Pays que les Anglois appellent
Northumberland , ou l'ancienne
Province Ecclefiaftique d'York , & je me
fuis apperçu de quelques difficultez qui
reftent à lever fur les origines de l'Eglife
d'Hauguftald , par rapport à ce qu'en a
dit le P. Mabillon en differens endroits
de fes Ouvrages .
On trouve dans la premiere Partie du
troifiéme fiecle Benedictin , p. 208. l'Ecrit
d'un Chanoine Régulier de cette Eglife ,
rédigé au XII. fiecle , par lequel il paroît
, Num. 24. que ce fut le Roi Egfrid,
à qui S. Wilfrid , placé dès l'an 664. fur
le Siege d'York , avoit le malheur de déplaire
, lequel conjointement avec Theodore
, Archevêque de Cantorbery , pour
diminuer l'étendue du Diocèfe d'York ,
érigea un Evêché à Hauguftald , & que
le premier Evêque placé fur ce nouveau
I. Vol. Siege
JUIN. 1730. 1065
Siege s'appelloit Eata ou Aata. Quoique
le Catalogue manuſcrit que j'ai vŷ , paroiffe
s'accorder avec cet Imprimé , j'en
tranfcrirai cependant ici le commencement
, afin qu'on puiffe juger s'il eſt ſuffifamment
conforme à l'Hiftoire de Bede ,
qui ne pouvoit ignorer l'Hiftoire d'un
Diocèfe dont il étoit.
1
Paulinus primus fuit Archiepifcopus Eboracenfis.
Quo expulfo Scotti videlicet Aidenus,
Finianus, Colemannus fuccefferunt ; qui
nec pallio nec Urbis nobilitate volentes at
tolli , in infula Lindisfarnenfi delituerunt.
Succeffit wilfridus. Quo ultra mare caufa
confecrationis moras nectente , Ceadda contra
regulas ob Ofwio rege inthronizatur :
fed ipfo ab Archiepifcopo Theodoro extrufo ,"
wilfridus , iterum Epifcopus conftituitur. Quo
iterum expulfo duo pro eo conftitui funt ; in
Eboraco Bofa ; in Auguftaldo Eata. Illo
autem defuncto Johannes pro eo ordinatur
tempore Alfridi Regis.. Iterum in totum Epif
copatum wilfridus expulfis Johanne de Auguftaldo
& Bofa de Eboraco receptus eft per
annos quinque. Expulfo iterum wilfrido , illi
fedibus fuis reftituti funt. Defuncto Rege Al
frido , iterum in concordiam wilfridus receptus
fedem apud Auguftaldum habuit , Johanne
in Eboraco migrante , quia jam Bofa
defunctus erat. Succeffit in Eboraco Wilfridus
Presbiter fuus. Ifto defuncto fubftituitur·
1
Egbertus , &c. is
Et A v
1066 MERCURE DE FRANCE
Et dans l'Article fuivant intitulé
Dunhelmenfes Epifcopi , le Catalogue commence
ainfi Lindefarne eft Infula exigua
que nomine à Provincialibus Haligeland
vocatur, in qua Aidanus primus fedit Epif
eopus : Succeffores ejus fuerunt Finianus ,
Colemannus , Tudda , Eata , Cuthbertus ,
Adbertus, Edbertus , Adelwoldus , Kinewlfus
, Higebaldus. Hujus temporibus dani
depopulati funt Infulam , & c.
La liaifon qui a parû à plufieurs Ecrivains
être entre le Siege de Lindisfarne.
& celui d'Auguftald , m'a engagé a rapporter
auffi les dix dernieres lignes que
vous venez de lire . On ne fçauroit produire
trop de Catalogues , lorsqu'on veut
être parfaitement éclaifci fur des points
d'antiquité fi reculez . Il faut auffi avouer
que les variations arrivées dans l'Eglife
d'York , & celles qui ont été formées de
fes démembremens furent fi frequentes:
en peu d'années , que le Pere Mabillonparoit
même s'y être trompé. Il le mar
que au bas de la vie de S. Wilfrid par
Éddi , qu'il a publiée à la fin du premier
Tome du quatriéme fiecle Benedictin
mais d'une maniere qui fe contredit , puifqu'à
la page 689. il dit que lorfque Théodofe
divifa en trois l'Evêché d'York , ce
fut à Haguftald ou Lindisfarne que fur
mis Bofa , & que celui qui s'appelloit Eate
I. Vol. fut
JUIN. 1730. 1067
fut placé à York , & à la page 712. il
place ces deux Evêques tout au contraire,
& neanmoins par la main de Théodore
Bofa à York , & Eate à Haguſtald : qui
eft le fentiment qu'il a fuivi depuis dans
fes Annales , & qui eft conforme à Bede
& aux autres qui ont écrit depuis lui.
Mais cette faute échappée au Pere Mabillon
, eft pour faire voir en paffant que
l'arrangement des Evêques portionnaires
du Diocèfe d'York eft un vrai caffe - tête ,
que les plus habiles peuvent s'y tromper
, jufqu'à ce que les Anglois ayent écrit
à fond fur cette matiere.
&
L'Anonyme Chanoine Régulier d'Hauguftald
au XII fiecle, dont l'écrit paroît
avoir déterminé le P. Mabillon à admettre
Eate pour premier Evêque d'Hauguf
tald , avoit fait des recherches dans les
Chroniques & les Hiftoires du Pays , ainfi
qu'il le dit lui-même , Num. 24. & voici
le rang qu'il femble qu'on doit donner
aux Evêques de ce Siege , fuivant les Memoires
qu'il en a laiffés. Saint Eate auroit
été le premier Evêque d'Hauguftald ; fon
Epifcopat auroit été interrompu par quelques
années de la prélature d'un nommé
Jumbert ou Trumbertht , & cependant
Ş. Eate feroit mort Evêque d'Hauguftald .
Il auroit eu pour fucceffeur S. Jean , puis
S. Wilfrid d'York, lorfque Jean eut choifi
I. Vol.
York
1068 MERCURE DE FRANCE
Yorc , au lieu d'Hauguftald , enfuite faint
Acca , puis les Evêques qui fuivent , fçavoir
, S. Fredbert , S. Alchmond , & un
autre nommé Tilbert. Richard , Prieur
de la même Eglife d'Hauguftald , qui a
auffi étrit au XII . fiecle , fur les origines
de cette Eglife , marque (a) que ce fut
fainte Ethelrede , Reine , Epoufe du Roi
Egfrid , qui fit prefent à S. Wilfrid en
674. de la petite Ville d'Hauguftald , pour
y établir un Evêché. Ut eam Epifcopali
Cathedra fublimaret , cui ipfe primus ac poft
eum alii jure Ecclefiaftico federent , & en
effet ce faint Evêque d'York y bâtit à ce
deffein une Eglife en l'honneur de faint-
André , felon Eddi , Cap. 21.- Auteur de
fa Vie , plus ancien que Bede : mais il n'eut
pas le loifir d'accomplir lui- même la condition
que lui avoit demandée la fainte
Reine. On a vû plus haut que ce fut
Théodore de Cantorbery qui fit cette
érection dans la perfonne d'Eate. Où donc
placer un nommé Oftfore , que Dom Mabillon
met parmi les Evêques du Siege
d'Hauguftald , qui ont été de la connoiffance
du venerable Bede ? Ce feroit un
embarras difficile à lever , s'il étoit certain'
que ce fçavant Benedictin ne fe fût pas
trompé dans cet endroit de ſes Annales ,(b)
. (a) Sac. iij. Bened. P. 1. pag. 228
(b), Annal. Bened. P. 1. pag. 474.
L..Vol.
Mais
JUIN. 1730. 1069
Mais en comparant avec ce qu'il dit ,
l'endroit du quatriéme Livre de Bede
qu'il cite , Num. 23 on reconnoît que-
F'Evêque d'Hauguftald , dont Bede fait là
mention , eft S. Jean , qui le fut après la
mort de S. Eate , & qu'Oftfore , que Bede
nomme le troifiéme des Prélats formez
dans leur jeuneffe par les Ecclefiaftiques :
ou Moines deflervans le Monaftere de
fainte Hilde , & non perfonnellement par
cette fainte Abbeffe , comme le dit Dom
Mabillon , fut Evêque dans la contrée dés
Wicciens , & non d'Hauguftald . Il eft inu
tile de faire remarquer que c'eft encore
par une espece d'inadvertance que les mê
mes Annales Benedictines , page 595. attribuent
à Aetla ou Elda , Evêque de
Dorceſter , tous les voyages & les actions
que Bede , au même endroit , attribue às
cet Oftfore , Evêque des Wicciens . Cela
ne fait rien à P'Hiftoire des Origines
d'Hauguftald..
Mais ce qu'il ne feroit pas indifferent
de fçavoir eft , touchant la maniere ,d'e
crire le nom de la Ville dont je parle ,,
& s'il n'eft pas de l'exactitude de le com--
mencer par une aſpiration & non pas fimplement
par la voyelle A , comme fait le:
Manufcrit que j'ai rapporté cy- deffus &
d'autres Auteurs pofterieurs. N'y ayant:
point d'apparence que les Villes d'An-
Lt.Voll gleterre
FOTO MERCURE DE FRANCE
gleterre ayent tiré leur nom du Latin ,
puifque l'afpiration y eft ufitée jufques
dans les noms qui commencent par une
confonne , tel que Hripis , qui fignifie
l'Abbaye de Ripon; il eft , ce femble, plus
conforme à l'origine des chofes , d'employer
l'afpiration à tous les endroits où
les Anciens l'employoient dans ces noms
propres. On dira peut-être que le nom
d'Auguftald vient de quelque Empereur
Romain, par exemple, d'Hadrien , lequel
fit bâtir peu loin delà le fameux mur qui
féparoit les Bretons Romains d'avec les
Barbares ; mais c'eft deviner que d'avancer
un tel fait fans aucun garant. Richard,
Prieur de cette Eglife , donna , ce femble,
il y a fix cens ans , le dénouement de cette
difficulté Géographique . Parlant des Origines
de cette Ville : Hac autem , dit- il ,
arivulo ibi de currente & quandoque ad
modum torrentis exuberante Heftild nomine
Heftoldeldam quafi prædium Heftild vocatur,
& ailleurs il l'appelle Heftoldesham. Selon
cette étimologie , le nom d'Hauguftald
n'appartient à la Langue Latine , que par
les terminaifons des cas qu'on y ajuste , à
la maniere ordinaire , comme a fait Bede
& les autres depuis lui ; car Eddi , plus
ancien que lui écrit toûjours Haguftaldefe,
fans aucune influxion de cas. Le Chanoine
Regulier anonyme du XII . fiecle qui
Ꮧ. Vol . emJUIN.
1730. 1071
·
employe plufieurs fois l'expreffion de
Sandla Hanguftaldenfis Ecclefia , s'eſt ſervi
auffi une fois du terme d'Haguftaldunum :
& delà vient , fans doute, que dans les
fiecles fuivans cette terminaifon a été ufitée.
Pierre de Natalibus rapportant toute
la vie de S. Jean d'Hauguftald , tirée de
Bede , donne à cet Evêché d'Angleterre
le nom d'Auguftodunum. Ce changement
ou adouciffement de nom s'étant introduit
peu à peu , Maurolycus , Abbé de
Mefane & Baronius depuis lui , s'y font
conformez dans leurs Martyrologes . C'eft
pourquoi j'excuferois volontiers le Cardinal
Baronius , d'avoir annoncé ainfi dans.
le fien au 29. Octobre l'une des Fêtes de
S. Jean d'Hauguftald ; Auguftoduni S. Johannis
Epifcopi & Confefforis. On voit
fuffisamment par la Note , où il fait mention
d'un Wilfrid , fucceffeur de ce faint
Jean , que ce Cardinal n'a nullement cu
en vûe l'Eglife d'Autun en France . Mais
fi ce qu'on me mande du Calendrier du
nouveau Breviare d'Autun eft veritable .
fçavoir que les Editeurs ont fait de ce
faint Evêque d'Angleterre un Evêque
Bourguignon & affis fur le Siege d'Autun ;
la méprife mérite d'être remarquée dans
le fiecle où nous fommes . C'eft comme fi
les Poitevins s'avifoient de mettre au rang
de leurs Evêques un S. Victorin , Evêque
I. Vol.
de
1072 MERCURE DE FRANCE
de Pettau en Stirie , duquel a parlé faine
Jérôme , & qu'ils fe laiffaffent féduire par
le mauvais Latin de Baronius , qui a mis
Pictavienfis au lieu de Pictabionenfis . Je
ne doute pas que les Anglois ne revendiquent
bien vîte le S. Prélat Jean d'Hau ▲ -
guftald,, qquuee M. Robert , dans fa Gaule
Chrétienne , & M. Chaſtelain depuis lui ,
dans fon Martyrologe univerfel , ont
reconnu leur appartenir , & nullement à
l'Eglife d'Autun.
Quoique excufe en quelque maniere
Baronius , fur l'annonce qu'il a faite au
29. Octobre , je dirai cependant qu'il ſeroit
à fouhaiter qu'il s'en fût abftenu ;-
parce que la regle n'eft pas de marquer
un même Saint à deux jours differens
à moins qu'on ne dife que l'un des deux
jours eft celui d'une Tranflation ou autre
Fête , fans quoi on induit les Lecteurs
dans l'erreur . Peut être eft- ce cette duplication
d'annonce qui a porté ceux qui
ont dreffé la Table Topographique de fon
Martyrologe , à ranger ce S. Jean parmi
les Evêques d'Autun , à caufe du mot
´d'Auguftodunum , qu'ils ne fçavoient pas
être le même qu'Auguftaldunum d'Angleterre.
Quoiqu'il en foit , Baronius avoit
déja mis au 7. May le faint Jean Evêque ·
d'Haguftald , fous le nom de Jean de Beverley
, Archevêque d'York. On a vit cy
L. vol. deffus
JUIN
1730. 1073
deffus par les Hiftoriens que j'ai rapportez,
qu'en effet il paffa au Siege d'York après
avoir été affis fur celui d'Hauguftald . Mais
fon grand âge l'obligeant de quitter , il
fe retira à Beverley , qui étoit une Terre
qu'il avoit acquife , & il y mourut. Delà
fui vint ce fur- nom de Beverley , fous lequel
il eft connu plus communément.
L'experience journaliere des Taureaux indomptez
qui devenoient doux comme des
Moutons , dès qu'on les avoit fait entrer
dans le Cimetiere de l'Eglife où il avoit
été inhumé , eft une chofe finguliere à lire
dans Guillaume de Malmesbury . On trouve
auffi que Rever- Ley tire fon étymologie
de Petuaria- Parifiorum. 11 eft affez
fenfible comment Bever vient de Petuaria :
mais on ne voit pas bien d'où a été formée
cette dénomination de Parifiorum. La Capitale
de notre Royaume auroit- elle
vigné jufques- là ? Y auroit- elle envoyé
une Colonie ? Voilà des doutes à réfoudre
, auffi-bien que l'étymologie veritable
d'Hauguftald , l'Egifcopat d'Oftfore & le
nom du premier Prélat qui occupa le
nouveau Siege d'Hauguſtald
Mercure de France , fur les Antiquitez
de Northumberland en Angleterre.
C
Omme je fçai , Meffieurs , qu'on
voit votre Journal en Angleterre ,
trouvez bon que je vous prie d'y inferer
I. Vol. la
A iiij
1064 MERCURE DE FRANCE
la demande de quelques éclairciffemens
que je ferois bien aiſe d'avoir ſur une des
Eglifes de ce Royaume , qui a été illuftre
dans fon temps . Il m'eft tombé entre les
mains un Manufcrit du milieu du treiziéme
fiecle , qui contient entre autres
chofes un Catalogue des Evêques de cette
Ifle. Pour en verifier quelque choſe fur
les Collections Benedictines de Dom Mabillon
, j'ai choifi les derniers Sieges dont
il eft parlé , c'est-à- dire les plus Septentrionnaux
& du Pays que les Anglois appellent
Northumberland , ou l'ancienne
Province Ecclefiaftique d'York , & je me
fuis apperçu de quelques difficultez qui
reftent à lever fur les origines de l'Eglife
d'Hauguftald , par rapport à ce qu'en a
dit le P. Mabillon en differens endroits
de fes Ouvrages .
On trouve dans la premiere Partie du
troifiéme fiecle Benedictin , p. 208. l'Ecrit
d'un Chanoine Régulier de cette Eglife ,
rédigé au XII. fiecle , par lequel il paroît
, Num. 24. que ce fut le Roi Egfrid,
à qui S. Wilfrid , placé dès l'an 664. fur
le Siege d'York , avoit le malheur de déplaire
, lequel conjointement avec Theodore
, Archevêque de Cantorbery , pour
diminuer l'étendue du Diocèfe d'York ,
érigea un Evêché à Hauguftald , & que
le premier Evêque placé fur ce nouveau
I. Vol. Siege
JUIN. 1730. 1065
Siege s'appelloit Eata ou Aata. Quoique
le Catalogue manuſcrit que j'ai vŷ , paroiffe
s'accorder avec cet Imprimé , j'en
tranfcrirai cependant ici le commencement
, afin qu'on puiffe juger s'il eſt ſuffifamment
conforme à l'Hiftoire de Bede ,
qui ne pouvoit ignorer l'Hiftoire d'un
Diocèfe dont il étoit.
1
Paulinus primus fuit Archiepifcopus Eboracenfis.
Quo expulfo Scotti videlicet Aidenus,
Finianus, Colemannus fuccefferunt ; qui
nec pallio nec Urbis nobilitate volentes at
tolli , in infula Lindisfarnenfi delituerunt.
Succeffit wilfridus. Quo ultra mare caufa
confecrationis moras nectente , Ceadda contra
regulas ob Ofwio rege inthronizatur :
fed ipfo ab Archiepifcopo Theodoro extrufo ,"
wilfridus , iterum Epifcopus conftituitur. Quo
iterum expulfo duo pro eo conftitui funt ; in
Eboraco Bofa ; in Auguftaldo Eata. Illo
autem defuncto Johannes pro eo ordinatur
tempore Alfridi Regis.. Iterum in totum Epif
copatum wilfridus expulfis Johanne de Auguftaldo
& Bofa de Eboraco receptus eft per
annos quinque. Expulfo iterum wilfrido , illi
fedibus fuis reftituti funt. Defuncto Rege Al
frido , iterum in concordiam wilfridus receptus
fedem apud Auguftaldum habuit , Johanne
in Eboraco migrante , quia jam Bofa
defunctus erat. Succeffit in Eboraco Wilfridus
Presbiter fuus. Ifto defuncto fubftituitur·
1
Egbertus , &c. is
Et A v
1066 MERCURE DE FRANCE
Et dans l'Article fuivant intitulé
Dunhelmenfes Epifcopi , le Catalogue commence
ainfi Lindefarne eft Infula exigua
que nomine à Provincialibus Haligeland
vocatur, in qua Aidanus primus fedit Epif
eopus : Succeffores ejus fuerunt Finianus ,
Colemannus , Tudda , Eata , Cuthbertus ,
Adbertus, Edbertus , Adelwoldus , Kinewlfus
, Higebaldus. Hujus temporibus dani
depopulati funt Infulam , & c.
La liaifon qui a parû à plufieurs Ecrivains
être entre le Siege de Lindisfarne.
& celui d'Auguftald , m'a engagé a rapporter
auffi les dix dernieres lignes que
vous venez de lire . On ne fçauroit produire
trop de Catalogues , lorsqu'on veut
être parfaitement éclaifci fur des points
d'antiquité fi reculez . Il faut auffi avouer
que les variations arrivées dans l'Eglife
d'York , & celles qui ont été formées de
fes démembremens furent fi frequentes:
en peu d'années , que le Pere Mabillonparoit
même s'y être trompé. Il le mar
que au bas de la vie de S. Wilfrid par
Éddi , qu'il a publiée à la fin du premier
Tome du quatriéme fiecle Benedictin
mais d'une maniere qui fe contredit , puifqu'à
la page 689. il dit que lorfque Théodofe
divifa en trois l'Evêché d'York , ce
fut à Haguftald ou Lindisfarne que fur
mis Bofa , & que celui qui s'appelloit Eate
I. Vol. fut
JUIN. 1730. 1067
fut placé à York , & à la page 712. il
place ces deux Evêques tout au contraire,
& neanmoins par la main de Théodore
Bofa à York , & Eate à Haguſtald : qui
eft le fentiment qu'il a fuivi depuis dans
fes Annales , & qui eft conforme à Bede
& aux autres qui ont écrit depuis lui.
Mais cette faute échappée au Pere Mabillon
, eft pour faire voir en paffant que
l'arrangement des Evêques portionnaires
du Diocèfe d'York eft un vrai caffe - tête ,
que les plus habiles peuvent s'y tromper
, jufqu'à ce que les Anglois ayent écrit
à fond fur cette matiere.
&
L'Anonyme Chanoine Régulier d'Hauguftald
au XII fiecle, dont l'écrit paroît
avoir déterminé le P. Mabillon à admettre
Eate pour premier Evêque d'Hauguf
tald , avoit fait des recherches dans les
Chroniques & les Hiftoires du Pays , ainfi
qu'il le dit lui-même , Num. 24. & voici
le rang qu'il femble qu'on doit donner
aux Evêques de ce Siege , fuivant les Memoires
qu'il en a laiffés. Saint Eate auroit
été le premier Evêque d'Hauguftald ; fon
Epifcopat auroit été interrompu par quelques
années de la prélature d'un nommé
Jumbert ou Trumbertht , & cependant
Ş. Eate feroit mort Evêque d'Hauguftald .
Il auroit eu pour fucceffeur S. Jean , puis
S. Wilfrid d'York, lorfque Jean eut choifi
I. Vol.
York
1068 MERCURE DE FRANCE
Yorc , au lieu d'Hauguftald , enfuite faint
Acca , puis les Evêques qui fuivent , fçavoir
, S. Fredbert , S. Alchmond , & un
autre nommé Tilbert. Richard , Prieur
de la même Eglife d'Hauguftald , qui a
auffi étrit au XII . fiecle , fur les origines
de cette Eglife , marque (a) que ce fut
fainte Ethelrede , Reine , Epoufe du Roi
Egfrid , qui fit prefent à S. Wilfrid en
674. de la petite Ville d'Hauguftald , pour
y établir un Evêché. Ut eam Epifcopali
Cathedra fublimaret , cui ipfe primus ac poft
eum alii jure Ecclefiaftico federent , & en
effet ce faint Evêque d'York y bâtit à ce
deffein une Eglife en l'honneur de faint-
André , felon Eddi , Cap. 21.- Auteur de
fa Vie , plus ancien que Bede : mais il n'eut
pas le loifir d'accomplir lui- même la condition
que lui avoit demandée la fainte
Reine. On a vû plus haut que ce fut
Théodore de Cantorbery qui fit cette
érection dans la perfonne d'Eate. Où donc
placer un nommé Oftfore , que Dom Mabillon
met parmi les Evêques du Siege
d'Hauguftald , qui ont été de la connoiffance
du venerable Bede ? Ce feroit un
embarras difficile à lever , s'il étoit certain'
que ce fçavant Benedictin ne fe fût pas
trompé dans cet endroit de ſes Annales ,(b)
. (a) Sac. iij. Bened. P. 1. pag. 228
(b), Annal. Bened. P. 1. pag. 474.
L..Vol.
Mais
JUIN. 1730. 1069
Mais en comparant avec ce qu'il dit ,
l'endroit du quatriéme Livre de Bede
qu'il cite , Num. 23 on reconnoît que-
F'Evêque d'Hauguftald , dont Bede fait là
mention , eft S. Jean , qui le fut après la
mort de S. Eate , & qu'Oftfore , que Bede
nomme le troifiéme des Prélats formez
dans leur jeuneffe par les Ecclefiaftiques :
ou Moines deflervans le Monaftere de
fainte Hilde , & non perfonnellement par
cette fainte Abbeffe , comme le dit Dom
Mabillon , fut Evêque dans la contrée dés
Wicciens , & non d'Hauguftald . Il eft inu
tile de faire remarquer que c'eft encore
par une espece d'inadvertance que les mê
mes Annales Benedictines , page 595. attribuent
à Aetla ou Elda , Evêque de
Dorceſter , tous les voyages & les actions
que Bede , au même endroit , attribue às
cet Oftfore , Evêque des Wicciens . Cela
ne fait rien à P'Hiftoire des Origines
d'Hauguftald..
Mais ce qu'il ne feroit pas indifferent
de fçavoir eft , touchant la maniere ,d'e
crire le nom de la Ville dont je parle ,,
& s'il n'eft pas de l'exactitude de le com--
mencer par une aſpiration & non pas fimplement
par la voyelle A , comme fait le:
Manufcrit que j'ai rapporté cy- deffus &
d'autres Auteurs pofterieurs. N'y ayant:
point d'apparence que les Villes d'An-
Lt.Voll gleterre
FOTO MERCURE DE FRANCE
gleterre ayent tiré leur nom du Latin ,
puifque l'afpiration y eft ufitée jufques
dans les noms qui commencent par une
confonne , tel que Hripis , qui fignifie
l'Abbaye de Ripon; il eft , ce femble, plus
conforme à l'origine des chofes , d'employer
l'afpiration à tous les endroits où
les Anciens l'employoient dans ces noms
propres. On dira peut-être que le nom
d'Auguftald vient de quelque Empereur
Romain, par exemple, d'Hadrien , lequel
fit bâtir peu loin delà le fameux mur qui
féparoit les Bretons Romains d'avec les
Barbares ; mais c'eft deviner que d'avancer
un tel fait fans aucun garant. Richard,
Prieur de cette Eglife , donna , ce femble,
il y a fix cens ans , le dénouement de cette
difficulté Géographique . Parlant des Origines
de cette Ville : Hac autem , dit- il ,
arivulo ibi de currente & quandoque ad
modum torrentis exuberante Heftild nomine
Heftoldeldam quafi prædium Heftild vocatur,
& ailleurs il l'appelle Heftoldesham. Selon
cette étimologie , le nom d'Hauguftald
n'appartient à la Langue Latine , que par
les terminaifons des cas qu'on y ajuste , à
la maniere ordinaire , comme a fait Bede
& les autres depuis lui ; car Eddi , plus
ancien que lui écrit toûjours Haguftaldefe,
fans aucune influxion de cas. Le Chanoine
Regulier anonyme du XII . fiecle qui
Ꮧ. Vol . emJUIN.
1730. 1071
·
employe plufieurs fois l'expreffion de
Sandla Hanguftaldenfis Ecclefia , s'eſt ſervi
auffi une fois du terme d'Haguftaldunum :
& delà vient , fans doute, que dans les
fiecles fuivans cette terminaifon a été ufitée.
Pierre de Natalibus rapportant toute
la vie de S. Jean d'Hauguftald , tirée de
Bede , donne à cet Evêché d'Angleterre
le nom d'Auguftodunum. Ce changement
ou adouciffement de nom s'étant introduit
peu à peu , Maurolycus , Abbé de
Mefane & Baronius depuis lui , s'y font
conformez dans leurs Martyrologes . C'eft
pourquoi j'excuferois volontiers le Cardinal
Baronius , d'avoir annoncé ainfi dans.
le fien au 29. Octobre l'une des Fêtes de
S. Jean d'Hauguftald ; Auguftoduni S. Johannis
Epifcopi & Confefforis. On voit
fuffisamment par la Note , où il fait mention
d'un Wilfrid , fucceffeur de ce faint
Jean , que ce Cardinal n'a nullement cu
en vûe l'Eglife d'Autun en France . Mais
fi ce qu'on me mande du Calendrier du
nouveau Breviare d'Autun eft veritable .
fçavoir que les Editeurs ont fait de ce
faint Evêque d'Angleterre un Evêque
Bourguignon & affis fur le Siege d'Autun ;
la méprife mérite d'être remarquée dans
le fiecle où nous fommes . C'eft comme fi
les Poitevins s'avifoient de mettre au rang
de leurs Evêques un S. Victorin , Evêque
I. Vol.
de
1072 MERCURE DE FRANCE
de Pettau en Stirie , duquel a parlé faine
Jérôme , & qu'ils fe laiffaffent féduire par
le mauvais Latin de Baronius , qui a mis
Pictavienfis au lieu de Pictabionenfis . Je
ne doute pas que les Anglois ne revendiquent
bien vîte le S. Prélat Jean d'Hau ▲ -
guftald,, qquuee M. Robert , dans fa Gaule
Chrétienne , & M. Chaſtelain depuis lui ,
dans fon Martyrologe univerfel , ont
reconnu leur appartenir , & nullement à
l'Eglife d'Autun.
Quoique excufe en quelque maniere
Baronius , fur l'annonce qu'il a faite au
29. Octobre , je dirai cependant qu'il ſeroit
à fouhaiter qu'il s'en fût abftenu ;-
parce que la regle n'eft pas de marquer
un même Saint à deux jours differens
à moins qu'on ne dife que l'un des deux
jours eft celui d'une Tranflation ou autre
Fête , fans quoi on induit les Lecteurs
dans l'erreur . Peut être eft- ce cette duplication
d'annonce qui a porté ceux qui
ont dreffé la Table Topographique de fon
Martyrologe , à ranger ce S. Jean parmi
les Evêques d'Autun , à caufe du mot
´d'Auguftodunum , qu'ils ne fçavoient pas
être le même qu'Auguftaldunum d'Angleterre.
Quoiqu'il en foit , Baronius avoit
déja mis au 7. May le faint Jean Evêque ·
d'Haguftald , fous le nom de Jean de Beverley
, Archevêque d'York. On a vit cy
L. vol. deffus
JUIN
1730. 1073
deffus par les Hiftoriens que j'ai rapportez,
qu'en effet il paffa au Siege d'York après
avoir été affis fur celui d'Hauguftald . Mais
fon grand âge l'obligeant de quitter , il
fe retira à Beverley , qui étoit une Terre
qu'il avoit acquife , & il y mourut. Delà
fui vint ce fur- nom de Beverley , fous lequel
il eft connu plus communément.
L'experience journaliere des Taureaux indomptez
qui devenoient doux comme des
Moutons , dès qu'on les avoit fait entrer
dans le Cimetiere de l'Eglife où il avoit
été inhumé , eft une chofe finguliere à lire
dans Guillaume de Malmesbury . On trouve
auffi que Rever- Ley tire fon étymologie
de Petuaria- Parifiorum. 11 eft affez
fenfible comment Bever vient de Petuaria :
mais on ne voit pas bien d'où a été formée
cette dénomination de Parifiorum. La Capitale
de notre Royaume auroit- elle
vigné jufques- là ? Y auroit- elle envoyé
une Colonie ? Voilà des doutes à réfoudre
, auffi-bien que l'étymologie veritable
d'Hauguftald , l'Egifcopat d'Oftfore & le
nom du premier Prélat qui occupa le
nouveau Siege d'Hauguſtald
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Résumé : MEMOIRE adressé aux Auteurs du Mercure de France, sur les Antiquitez de Northumberland en Angleterre.
L'auteur sollicite des éclaircissements auprès des rédacteurs du Mercure de France concernant une église anglaise illustre. Il possède un manuscrit du XIIIe siècle listant les évêques de cette île et se concentre sur les sièges épiscopaux du Northumberland, ancienne province ecclésiastique d'York. Il rencontre des difficultés concernant les origines de l'église d'Hauguftald, mentionnée par le Père Mabillon. Le manuscrit et les écrits de Bède le Vénérable, historien anglais du VIIIe siècle, indiquent que le roi Egfrid et l'archevêque Théodore de Cantorbéry ont fondé un évêché à Hauguftald. Le premier évêque de ce siège était Eata ou Aata. Le catalogue manuscrit de l'auteur confirme cette information mais inclut également des extraits pour comparaison. L'auteur examine les variations et erreurs possibles dans les écrits de Mabillon concernant les démembrements du diocèse d'York. Il mentionne un chanoine régulier du XIIe siècle et un prieur de l'église d'Hauguftald, qui ont écrit sur les origines de cette église. Ils indiquent que la reine Sainte Ethelrede a fait don de la ville d'Hauguftald à Saint Wilfrid pour y établir un évêché. L'auteur aborde également des questions d'étymologie et d'orthographe concernant le nom de la ville d'Hauguftald. Il examine les différentes formes du nom utilisées par divers auteurs et conclut que l'utilisation de l'aspiration est plus conforme à l'origine des choses. Il mentionne également des erreurs dans les martyrologes et les calendriers, notamment celle de confondre Saint Jean d'Hauguftald avec un évêque d'Autun en France. Enfin, l'auteur évoque des légendes locales et des étymologies incertaines concernant des lieux comme Beverley, où Saint Jean d'Hauguftald s'est retiré à la fin de sa vie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 211-219
« Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...] »
Début :
Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...]
Mots clefs :
Évêques, Archevêques, Roi, Cardinal, Messe, Chapelle, Abbé, Marquis, Chevalier, Famille royale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...] »
FRANCE.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE vaiffeau le Bethune , appartenant à la Compagnie
des Indes , eft entré le 10 Mai dans le port
de l'Orient. On a appris par ce bâtiment que M.
Dupleix étoit parti le 15 Octobre de Pondichery ,
& qu'il étoit arrivé le 25 Novembre à l'Ile de
France.
Le 16 de Mai , Fête de S. Jean Nepomucene ,
la Reine vint de Marly entendre le Sermon dans
l'égliſe des Recolets de Verſailles. Il fut pronon
cé par le P. Couterot , de la Congrégation des
Barnabites , & Prédicateur du Roi. Sa Majefté
affiſta enfuite au Salut , & retourna le foir à Marly.
Leurs Majeftés & Mefdames de France ſe rendirent
à Verfailles le jour fuivant pour y paffer les
Fêtes , & le 20 leurs Majeftés & Mefdames de
France retournent à Marly.
Le 17 , veille de la Fête de la Pentecôte , Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine entendirent
à Marly dans la Chapelle du Château
les premieres Vêpres , aufquelles l'Archevêque de
Sens officia pontificalement , & qui furent chantées
par les Cordeliers de Noify.
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 18 , jour de la Pentecôte , les Chevaliers ,
Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-
Efprit s'étant affemblés vers les onze heures du
du matin dans le cabinet du Roi , Sa Majefté
fortit de fon appartement pour aller à la Chapelle.
Le Roi , devant qui les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre par- deffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or . Sa Majesté
étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin qui
étoit arrivé le matin , du Duc d'Orléans , du Prince
de Condé , du Comte de Clermont , du Prince
de Conty , du Comte de la Marche , du Comte
d'Eu , & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. L'Archevêque de Narbonne
Prélat , Commandeur de l'Ordre , célébra pontificalement
la grande Meffe , qui fut chantée par
la Mufique. Au fortir de la Chapelle le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée
.
>
La Reine & Meſdames de France entendirent
la grande Meffe dans la tribune.
Monfeigneur le Dauphin après la cérémonie ,
retourna joindre à Marly Madame la Dauphine ,
que des foupçons de groffeffe ont empêché de
quitter ce château.
Le Roi & la Reine accompagnés de Mesdames ,
affifterent l'après - midi à la prédication de l'Abbé
Bertier , Vicaire Général de l'Evêché de Troyes ,
& Doyen du Chapitre de Vezelai . Après le Sermon
leurs Majeftés entendirent les Vêpres chantées
par la Mufique , aufquelles l'Abbé Gergoy
officia , & le Salut célébré par les Miffionnaires.
Ce même jour la Marquife de Montmorin
Saint Herem fut préſentée au Roi & à la Reine ;
& leurs Majeftés fignerent le contrat de mariage
JUI N. 1755. 213
du Marquis de Merinville avec Dlle de Lhôpital.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Marquis de Dreux , Maréchal de camp , & Grand
Maître des cérémonies de France , avec Dlle de
Pezé.
Le 19 , les Députés des Etats d'Artois eurent
audience du Roi . Ils furent préſentés à Sa Majesté
par le Duc de Chaulnes , Gouverneur de cette
province & de celle de Picardie ; & par le Comte
d'Argenfon , Miniftre & Secrétaire d'Etat , qui en
a le département . Selon l'uſage , ils ont été con◄
duits par le Marquis de Dreux , Grand Maître
des cérémonies. La députation étoit compofée
de l'Evêque d'Arras pour le Clergé , du Comte
de Douchen pour la Nobleffe , & de M. Goffe ,
ancien Echevin des ville & cité d'Arras , pour le
Tiers Etat . L'Evêque d'Arras porta la parole.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvilain,
fils de Louis-Jean - Marie de Bourbon , Duc de Penthievre
; & de feue Marie - Therefe- Félicité d'Eft
Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris , âgé
de fix ans fix mois & deux jours. Le même jour
le Prince de Dombes annonça cette mort au Roi.
La Reine communia le 20 par les mains de
L'Evêque de Chartres , fon premier Aumônier.
Il paroît trois arrêts du Confeil d'Etat . Le
premier caffe un arrêt du Parlement de Toulouſe ,
du 25 Février , & ordonne l'exécution de celui de
la Cour des Monnoies de Lyon , dụ 4 du même
mois. Le fecond ordonne que les fujets qui juftifieront
d'un apprentiffage & compagnonage chez
les Maîtres d'une ville quelconque du Royaume ,
dans laquelle il y aura Jurande , feront admis à
la maîtrife de leur profeffion dans les Communautés
d'arts & métiers de telle autre ville du
goyaume qu'ils jugeront à propos de choisir ,
214 MERCURE DE FRANCE.
l'exception des villes de Paris , Lyon , Lille &
Rouen. Par le troiſieme arrêt , le Roi commet
M. Doyen , Notaire , pour faire la recette des
portions qui reviennent aux Abbés & Chanoines
Réguliers de Sainte Genevieve dans les produits
des trois lotteries de S. Sulpice , des Enfans-Trouvés
& des Communautés.
L'Académie royale de Chirurgie , outre le prix
qu'elle adjuge tous les ans , donnera deformais
chaque année une autre medaille d'or à celui des
Chirurgiens , étrangers ou regnicoles , qui l'aura
méritée par un ouvrage fur quelque matiere de
Chirurgie que ce foit , au choix de l'auteur. Ce
fecond prix , dont la valeur fera de deux cens
livres , fera nommé Prix d'émulation . L'Académie
diftribuera de plus tous les ans cinq médailles
d'or , de cent francs chacune , à cinq Chirurgiens,
foit Académiciens de la claffe des Libres , foit
fimplement regnicoles , qui auront fourni pendant.
le cours de l'année un mémoire , ou trois obfervations
intéreffantes.
Un bâtiment nommé le Sainte-Helene , de Saint-
Malo , venant de la Martinique , a péri la nuit du
sau 6 de Mai dans le Golfe de Fos , près de Martigues.
Le navire le Grand Saint- Paul , de Marfeille
, a découvert à l'oueft du Cap Saint - Vincent
trois chabecs algériens. Une pinque de Corron
a rencontré fur la Guillâtre un vaiffeau , un chabec
& une galiotte de la même nation. Deuxi
autres bâtimens barbarefques ont été apperçus à
quelque diftance de la côte de Sardaigne.
Le 24 , leurs Majeftés fignerent le contrat de
mariage du Marquis de Dreux , Grand Maître des
cérémonies de France . avec Dlle de Pezé..
Elles fignerent le 25 celui du Marquis de Beranger
, Colonel dans le Corps des Grenadiers de
JUIN. 1755. 215
France , avec Dlle de Saffenage , fille du Marquis
de ce nom , Chevalier des ordres du Roi , &
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine.
En confidération de ce mariage , le Marquis de
Beranger a obtenu la furvivance de la charge de
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine ,
dont il ne doit exercer les fonctions qu'à vingtcinq
ans.
Le Roi a accordé au Marquis d'Efpagne la
charge de Sénéchal & Gouverneur du Comté de
Nebouzan .
Les Prélats & les Députés du fecond Ordre qui
compofent l'Affemblée générale du Clergé de
France, s'affemblerent le 25 de Mai chez le Cardi
nal de la Rochefoucauld pour remettre leurs procurations.
Ils tinrent le 27 une feconde Affemblée,
dans laquelle les procurations furent admifes. Le
28 , l'ouverture folemnelle de l'Affemblée fe fit
dans l'églife des Grands Auguftins , par la Meffe
du Saint-Efprit. Le Cardinal de la Rochefoucauld
y officia pontificalement , & tous les Députés y
communierent. Le fermon fut prononcé par l'Evêque
du Puy. Les Députés font , pour la province
de Paris , les Evêques de Meaux & de Blois , &
les Abbés Guillot de Montjoye & d'Apchon . Pour
la province de Lyon , les Evêques de Langres &
d'Autun , l'Abbé de Montjouvant , Comte de
Lyon , & l'Abbé de la Croix. Pour celle de Rouen,
les Evêques de Bayeux & d'Evreux , & les Abbés
de Saint-Aulaire & de Belbeuf. Pour celle de
Sens , l'Archevêque de Sens , l'Evêque de Nevers ,
l'Abbé de Murat de Baing , & l'Abbé d'Oſmond
de Medavy , Comte de Lyon. Pour celle de Reims,
les Evêques d'Amiens & de Senlis , & les Abbés
de Trudaine & de Modene . Pour celle de Tours
PArchevêque de Tours , l'Evêque de Quimper
216 MERCURE DE FRANCE.
les Abbés de Monteclair & de Soulange . Pour
celle de Bourges , le Cardinal de la Rochefoucauld
, Archevêque de Bourges ; l'Evêque du Puy,
& les Abbés de Fretat de Sarra & de Molin de
Mons. Pour celle d'Alby , l'Archevêque d'Alby ,
l'Evêque de Rhodès , & les Abbés de Roquigny
de Bulonde & de Langlade. Pour celle de Bordeaux
, les Evêques de Saintes & de Sarlat , & les
Abbés de Montefquiou & Dudon . Pour celle
d'Auch , l'Archevêque d'Auch ; l'Evêque d'Oleron
, & les Abbés de Berthier & de Larbouft . Pour
celle de Narbonne , l'Archevêque de Narbonne ,
P'Evêque de Montpellier , & les Abbés de Roquefort
& de Boizay de Courcenay. Pour celle de
Toulouſe , l'Archevêque de Toulouſe , l'Evêque
de Lavaur , & les Abbés de Bruyeres de Chalabre
& de Bauteville. Pour celle d'Aix , les Evêques de
Riez & d'Apt , & les Abbés de Gadagne & de Canorgue.
Pour celle d'Embrun , l'Archevêque
d'Embrun , l'Evêque de Glandeve , & les Abbés du
Queylard & de Baumel. Pour celle de Vienne , les
Evêques de Grenoble & de Die , & les Abbés de
Gouvernet & de Breves. Pour celle d'Arles , l'Atchevêque
d'Arles , l'Evêque de Saint -Paul Troischâteaux
, & les Abbés de Chapt de Raftignac &
d'Almant de Château - neuf. L'Affemblée a élu
pour Préfidens le Cardinal de la Rochefoucauld ,
P'Archevêque de Narbonne , l'Archevêque d'Embrun
, l'Archevêque d'Auch , l'Evêque de Bayeux ,
'Evêque de Langres , l'Evêque de Grenoble &
P'Evêque de Montpellier. L'Abbé de Coriolis ,
ancien Agent général du Clergé , eft Promoteur ;
l'Abbé de Raftignac , Vice- Promoteur ; l'Abbé
de Caftries , ancien Agent général , Secrétaire ;
l'Abbé d'Ofmond , Vice-Secrétaire. Les nouveaux
Agens généraux font l'Abbé de Crillon & l'Abbé.
de Jumilhac Le
J
JUIN. 1755. 217
Le 27 , l'Archevêque de Paris bénit dans l'églife
des Religieufes Bénédictines de Conflans , les
Guidons des Gendarmes de la Garde de Sa Majefe
Le détachement étoit de cinquante Gendarmes
& le Prince de Soubife à leur tête affitta à la
cérémonie.
M. Jean Crochet , Chanoine honoraire de l'églife
Cathédrale de Noyon , eft mort le 21 en
cette derniere ville , âgé de quatre-vingt -douze
ans. Il avoit été nommé Chanoine le 31 Mars
1676 , & il a vû deux fois renouveller fon Chapitre.
Ce fut le feu Cardinal de Retz qui fit accorder
à cet Eccléfiaftique la difpenfe d'âge pour
être Chanoine d'une Cathédrale .
Woldemar , Comte de Lowendalh & du Saint
Empire , Maréchal de France , Chevalier des ordres
du Roi , & des ordres de Saint - Alexandre
Neuski & de Saint- Hubert , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie allemande de fon nom , un des
Académiciens honoraires de l'Académie royale
des Sciences , & ci - devant Général des armées de
l'Impératrice de Ruſſie , mourut à Paris le 27 de
ce mois. Lorsqu'il eſt entré au ſervice de Sa Ma◄
jefté , il étoit déja regardé comme un des plus
habiles Généraux de l'Europe. La priſe d'Oudenarde
, d'Oftende , de Nieuport & de Berg - opzoom
, & le fuccès de toutes les autres expéditions
dont il a été chargé , ont confirmé fa réputation.
Le Maréchal de Lowendalh étoit né à Hambourg
le 6 Avril 1700 , & il étoit fils de Woldemar , Baron
de Lowendalh , Chevalier des Ordres de l'Aigle-
blanc , de l'Elephant & de Danebrog , grand
Maréchal& Miniftre du Roi de Pologne , Electeur
de Saxe. Son grand - pere étoit Ulric Frederic ,
Gomte de Guldenloew , Chevalier de l'Ordre de
('Elephant , Maréchal Général des armées de Da
II. Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
nemarck , Chancelier du même royaume & Viceroi
de Norwege , fils naturel de Frederic III ,
Roi de Danemarck. Au mois de Janvier 1747 , le
Maréchal de Lowendalh obtint des lettres de
naturalité pour lui, pour la Maréchale de Lowendalh
, & pour trois enfans qu'ils avoient eus en
pays étranger. Il a montré par fon zele pour la
gloire du Roi & pour les intérêts de la France ,
qu'en acquerant les priviléges des fujets nés dans
le Royaume , il avoit pris leurs fentimens .
Le 28 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix fept cens foixante livres : les billets
de la premiere lotterie royale à huit cens cinquante
, & ceux de la feconde lotterie à fept cens qua
rante-cinq.
Le même jour , leurs Majeftés & la Famille
royale revinrent de Marly.
Le 29 , Fête du Saint Sacrement , le Roi accompagné
de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
Adelaïde , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife s'eft rendu à l'Eglife de Notre-Dame. Sa
Majefté y a entendu la grande Meffe , après avoir
affifté à la Proceffion qui eft venue felon l'uſage
à la Chapelle du Château. La Reine & Madame
la Dauphine ont reçu dans la Chapelle la benédiction
du Saint Sacrement. Leurs Majeſtés & la
Famille royale ont affifté cet après-midi aux Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles l'Abbé
Gergoy a officié , & au Salut célébré par les Miffionnaires
, pendant lequel la Mufique a chanté
une élévation , de la compofition de M. Blanchard
, Maître de la Muſique de la Chapelle en
quartier.
Dans l'Evêché d'Acqs douze villages ou ha
meaux , diverfes mailons de campagne & un grand
nombre de Moulins ont été réduits en cendres .
JUIN 1755. 219
Plufieurs perfonnes & quantité de beftiaux ont
péri dans les flammes. On fait monter à plus d'un
million la perte caufée par cet incendie. L'Evêque
d'Acqs a reffenti auffi vivement que l'exigeoit de
lui fa qualité de Pafteur la défolation d'une partie
de fon diocefe. Voyant d'honnêtes familles réduites
à la derniere mifere , il en a pris les enfans
fous fa protection ; if les a placés à fes dépens
dans des penfions , & il les y fait élever ſuivant
leur état. La charité de ce Prélat s'eft étendue fur
tous les autres malheureux qui ont fouffert , & il
leur a fait diftribuer du bled & de l'argent.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE vaiffeau le Bethune , appartenant à la Compagnie
des Indes , eft entré le 10 Mai dans le port
de l'Orient. On a appris par ce bâtiment que M.
Dupleix étoit parti le 15 Octobre de Pondichery ,
& qu'il étoit arrivé le 25 Novembre à l'Ile de
France.
Le 16 de Mai , Fête de S. Jean Nepomucene ,
la Reine vint de Marly entendre le Sermon dans
l'égliſe des Recolets de Verſailles. Il fut pronon
cé par le P. Couterot , de la Congrégation des
Barnabites , & Prédicateur du Roi. Sa Majefté
affiſta enfuite au Salut , & retourna le foir à Marly.
Leurs Majeftés & Mefdames de France ſe rendirent
à Verfailles le jour fuivant pour y paffer les
Fêtes , & le 20 leurs Majeftés & Mefdames de
France retournent à Marly.
Le 17 , veille de la Fête de la Pentecôte , Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine entendirent
à Marly dans la Chapelle du Château
les premieres Vêpres , aufquelles l'Archevêque de
Sens officia pontificalement , & qui furent chantées
par les Cordeliers de Noify.
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 18 , jour de la Pentecôte , les Chevaliers ,
Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-
Efprit s'étant affemblés vers les onze heures du
du matin dans le cabinet du Roi , Sa Majefté
fortit de fon appartement pour aller à la Chapelle.
Le Roi , devant qui les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre par- deffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or . Sa Majesté
étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin qui
étoit arrivé le matin , du Duc d'Orléans , du Prince
de Condé , du Comte de Clermont , du Prince
de Conty , du Comte de la Marche , du Comte
d'Eu , & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. L'Archevêque de Narbonne
Prélat , Commandeur de l'Ordre , célébra pontificalement
la grande Meffe , qui fut chantée par
la Mufique. Au fortir de la Chapelle le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée
.
>
La Reine & Meſdames de France entendirent
la grande Meffe dans la tribune.
Monfeigneur le Dauphin après la cérémonie ,
retourna joindre à Marly Madame la Dauphine ,
que des foupçons de groffeffe ont empêché de
quitter ce château.
Le Roi & la Reine accompagnés de Mesdames ,
affifterent l'après - midi à la prédication de l'Abbé
Bertier , Vicaire Général de l'Evêché de Troyes ,
& Doyen du Chapitre de Vezelai . Après le Sermon
leurs Majeftés entendirent les Vêpres chantées
par la Mufique , aufquelles l'Abbé Gergoy
officia , & le Salut célébré par les Miffionnaires.
Ce même jour la Marquife de Montmorin
Saint Herem fut préſentée au Roi & à la Reine ;
& leurs Majeftés fignerent le contrat de mariage
JUI N. 1755. 213
du Marquis de Merinville avec Dlle de Lhôpital.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Marquis de Dreux , Maréchal de camp , & Grand
Maître des cérémonies de France , avec Dlle de
Pezé.
Le 19 , les Députés des Etats d'Artois eurent
audience du Roi . Ils furent préſentés à Sa Majesté
par le Duc de Chaulnes , Gouverneur de cette
province & de celle de Picardie ; & par le Comte
d'Argenfon , Miniftre & Secrétaire d'Etat , qui en
a le département . Selon l'uſage , ils ont été con◄
duits par le Marquis de Dreux , Grand Maître
des cérémonies. La députation étoit compofée
de l'Evêque d'Arras pour le Clergé , du Comte
de Douchen pour la Nobleffe , & de M. Goffe ,
ancien Echevin des ville & cité d'Arras , pour le
Tiers Etat . L'Evêque d'Arras porta la parole.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvilain,
fils de Louis-Jean - Marie de Bourbon , Duc de Penthievre
; & de feue Marie - Therefe- Félicité d'Eft
Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris , âgé
de fix ans fix mois & deux jours. Le même jour
le Prince de Dombes annonça cette mort au Roi.
La Reine communia le 20 par les mains de
L'Evêque de Chartres , fon premier Aumônier.
Il paroît trois arrêts du Confeil d'Etat . Le
premier caffe un arrêt du Parlement de Toulouſe ,
du 25 Février , & ordonne l'exécution de celui de
la Cour des Monnoies de Lyon , dụ 4 du même
mois. Le fecond ordonne que les fujets qui juftifieront
d'un apprentiffage & compagnonage chez
les Maîtres d'une ville quelconque du Royaume ,
dans laquelle il y aura Jurande , feront admis à
la maîtrife de leur profeffion dans les Communautés
d'arts & métiers de telle autre ville du
goyaume qu'ils jugeront à propos de choisir ,
214 MERCURE DE FRANCE.
l'exception des villes de Paris , Lyon , Lille &
Rouen. Par le troiſieme arrêt , le Roi commet
M. Doyen , Notaire , pour faire la recette des
portions qui reviennent aux Abbés & Chanoines
Réguliers de Sainte Genevieve dans les produits
des trois lotteries de S. Sulpice , des Enfans-Trouvés
& des Communautés.
L'Académie royale de Chirurgie , outre le prix
qu'elle adjuge tous les ans , donnera deformais
chaque année une autre medaille d'or à celui des
Chirurgiens , étrangers ou regnicoles , qui l'aura
méritée par un ouvrage fur quelque matiere de
Chirurgie que ce foit , au choix de l'auteur. Ce
fecond prix , dont la valeur fera de deux cens
livres , fera nommé Prix d'émulation . L'Académie
diftribuera de plus tous les ans cinq médailles
d'or , de cent francs chacune , à cinq Chirurgiens,
foit Académiciens de la claffe des Libres , foit
fimplement regnicoles , qui auront fourni pendant.
le cours de l'année un mémoire , ou trois obfervations
intéreffantes.
Un bâtiment nommé le Sainte-Helene , de Saint-
Malo , venant de la Martinique , a péri la nuit du
sau 6 de Mai dans le Golfe de Fos , près de Martigues.
Le navire le Grand Saint- Paul , de Marfeille
, a découvert à l'oueft du Cap Saint - Vincent
trois chabecs algériens. Une pinque de Corron
a rencontré fur la Guillâtre un vaiffeau , un chabec
& une galiotte de la même nation. Deuxi
autres bâtimens barbarefques ont été apperçus à
quelque diftance de la côte de Sardaigne.
Le 24 , leurs Majeftés fignerent le contrat de
mariage du Marquis de Dreux , Grand Maître des
cérémonies de France . avec Dlle de Pezé..
Elles fignerent le 25 celui du Marquis de Beranger
, Colonel dans le Corps des Grenadiers de
JUIN. 1755. 215
France , avec Dlle de Saffenage , fille du Marquis
de ce nom , Chevalier des ordres du Roi , &
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine.
En confidération de ce mariage , le Marquis de
Beranger a obtenu la furvivance de la charge de
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine ,
dont il ne doit exercer les fonctions qu'à vingtcinq
ans.
Le Roi a accordé au Marquis d'Efpagne la
charge de Sénéchal & Gouverneur du Comté de
Nebouzan .
Les Prélats & les Députés du fecond Ordre qui
compofent l'Affemblée générale du Clergé de
France, s'affemblerent le 25 de Mai chez le Cardi
nal de la Rochefoucauld pour remettre leurs procurations.
Ils tinrent le 27 une feconde Affemblée,
dans laquelle les procurations furent admifes. Le
28 , l'ouverture folemnelle de l'Affemblée fe fit
dans l'églife des Grands Auguftins , par la Meffe
du Saint-Efprit. Le Cardinal de la Rochefoucauld
y officia pontificalement , & tous les Députés y
communierent. Le fermon fut prononcé par l'Evêque
du Puy. Les Députés font , pour la province
de Paris , les Evêques de Meaux & de Blois , &
les Abbés Guillot de Montjoye & d'Apchon . Pour
la province de Lyon , les Evêques de Langres &
d'Autun , l'Abbé de Montjouvant , Comte de
Lyon , & l'Abbé de la Croix. Pour celle de Rouen,
les Evêques de Bayeux & d'Evreux , & les Abbés
de Saint-Aulaire & de Belbeuf. Pour celle de
Sens , l'Archevêque de Sens , l'Evêque de Nevers ,
l'Abbé de Murat de Baing , & l'Abbé d'Oſmond
de Medavy , Comte de Lyon. Pour celle de Reims,
les Evêques d'Amiens & de Senlis , & les Abbés
de Trudaine & de Modene . Pour celle de Tours
PArchevêque de Tours , l'Evêque de Quimper
216 MERCURE DE FRANCE.
les Abbés de Monteclair & de Soulange . Pour
celle de Bourges , le Cardinal de la Rochefoucauld
, Archevêque de Bourges ; l'Evêque du Puy,
& les Abbés de Fretat de Sarra & de Molin de
Mons. Pour celle d'Alby , l'Archevêque d'Alby ,
l'Evêque de Rhodès , & les Abbés de Roquigny
de Bulonde & de Langlade. Pour celle de Bordeaux
, les Evêques de Saintes & de Sarlat , & les
Abbés de Montefquiou & Dudon . Pour celle
d'Auch , l'Archevêque d'Auch ; l'Evêque d'Oleron
, & les Abbés de Berthier & de Larbouft . Pour
celle de Narbonne , l'Archevêque de Narbonne ,
P'Evêque de Montpellier , & les Abbés de Roquefort
& de Boizay de Courcenay. Pour celle de
Toulouſe , l'Archevêque de Toulouſe , l'Evêque
de Lavaur , & les Abbés de Bruyeres de Chalabre
& de Bauteville. Pour celle d'Aix , les Evêques de
Riez & d'Apt , & les Abbés de Gadagne & de Canorgue.
Pour celle d'Embrun , l'Archevêque
d'Embrun , l'Evêque de Glandeve , & les Abbés du
Queylard & de Baumel. Pour celle de Vienne , les
Evêques de Grenoble & de Die , & les Abbés de
Gouvernet & de Breves. Pour celle d'Arles , l'Atchevêque
d'Arles , l'Evêque de Saint -Paul Troischâteaux
, & les Abbés de Chapt de Raftignac &
d'Almant de Château - neuf. L'Affemblée a élu
pour Préfidens le Cardinal de la Rochefoucauld ,
P'Archevêque de Narbonne , l'Archevêque d'Embrun
, l'Archevêque d'Auch , l'Evêque de Bayeux ,
'Evêque de Langres , l'Evêque de Grenoble &
P'Evêque de Montpellier. L'Abbé de Coriolis ,
ancien Agent général du Clergé , eft Promoteur ;
l'Abbé de Raftignac , Vice- Promoteur ; l'Abbé
de Caftries , ancien Agent général , Secrétaire ;
l'Abbé d'Ofmond , Vice-Secrétaire. Les nouveaux
Agens généraux font l'Abbé de Crillon & l'Abbé.
de Jumilhac Le
J
JUIN. 1755. 217
Le 27 , l'Archevêque de Paris bénit dans l'églife
des Religieufes Bénédictines de Conflans , les
Guidons des Gendarmes de la Garde de Sa Majefe
Le détachement étoit de cinquante Gendarmes
& le Prince de Soubife à leur tête affitta à la
cérémonie.
M. Jean Crochet , Chanoine honoraire de l'églife
Cathédrale de Noyon , eft mort le 21 en
cette derniere ville , âgé de quatre-vingt -douze
ans. Il avoit été nommé Chanoine le 31 Mars
1676 , & il a vû deux fois renouveller fon Chapitre.
Ce fut le feu Cardinal de Retz qui fit accorder
à cet Eccléfiaftique la difpenfe d'âge pour
être Chanoine d'une Cathédrale .
Woldemar , Comte de Lowendalh & du Saint
Empire , Maréchal de France , Chevalier des ordres
du Roi , & des ordres de Saint - Alexandre
Neuski & de Saint- Hubert , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie allemande de fon nom , un des
Académiciens honoraires de l'Académie royale
des Sciences , & ci - devant Général des armées de
l'Impératrice de Ruſſie , mourut à Paris le 27 de
ce mois. Lorsqu'il eſt entré au ſervice de Sa Ma◄
jefté , il étoit déja regardé comme un des plus
habiles Généraux de l'Europe. La priſe d'Oudenarde
, d'Oftende , de Nieuport & de Berg - opzoom
, & le fuccès de toutes les autres expéditions
dont il a été chargé , ont confirmé fa réputation.
Le Maréchal de Lowendalh étoit né à Hambourg
le 6 Avril 1700 , & il étoit fils de Woldemar , Baron
de Lowendalh , Chevalier des Ordres de l'Aigle-
blanc , de l'Elephant & de Danebrog , grand
Maréchal& Miniftre du Roi de Pologne , Electeur
de Saxe. Son grand - pere étoit Ulric Frederic ,
Gomte de Guldenloew , Chevalier de l'Ordre de
('Elephant , Maréchal Général des armées de Da
II. Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
nemarck , Chancelier du même royaume & Viceroi
de Norwege , fils naturel de Frederic III ,
Roi de Danemarck. Au mois de Janvier 1747 , le
Maréchal de Lowendalh obtint des lettres de
naturalité pour lui, pour la Maréchale de Lowendalh
, & pour trois enfans qu'ils avoient eus en
pays étranger. Il a montré par fon zele pour la
gloire du Roi & pour les intérêts de la France ,
qu'en acquerant les priviléges des fujets nés dans
le Royaume , il avoit pris leurs fentimens .
Le 28 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix fept cens foixante livres : les billets
de la premiere lotterie royale à huit cens cinquante
, & ceux de la feconde lotterie à fept cens qua
rante-cinq.
Le même jour , leurs Majeftés & la Famille
royale revinrent de Marly.
Le 29 , Fête du Saint Sacrement , le Roi accompagné
de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
Adelaïde , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife s'eft rendu à l'Eglife de Notre-Dame. Sa
Majefté y a entendu la grande Meffe , après avoir
affifté à la Proceffion qui eft venue felon l'uſage
à la Chapelle du Château. La Reine & Madame
la Dauphine ont reçu dans la Chapelle la benédiction
du Saint Sacrement. Leurs Majeſtés & la
Famille royale ont affifté cet après-midi aux Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles l'Abbé
Gergoy a officié , & au Salut célébré par les Miffionnaires
, pendant lequel la Mufique a chanté
une élévation , de la compofition de M. Blanchard
, Maître de la Muſique de la Chapelle en
quartier.
Dans l'Evêché d'Acqs douze villages ou ha
meaux , diverfes mailons de campagne & un grand
nombre de Moulins ont été réduits en cendres .
JUIN 1755. 219
Plufieurs perfonnes & quantité de beftiaux ont
péri dans les flammes. On fait monter à plus d'un
million la perte caufée par cet incendie. L'Evêque
d'Acqs a reffenti auffi vivement que l'exigeoit de
lui fa qualité de Pafteur la défolation d'une partie
de fon diocefe. Voyant d'honnêtes familles réduites
à la derniere mifere , il en a pris les enfans
fous fa protection ; if les a placés à fes dépens
dans des penfions , & il les y fait élever ſuivant
leur état. La charité de ce Prélat s'eft étendue fur
tous les autres malheureux qui ont fouffert , & il
leur a fait diftribuer du bled & de l'argent.
Fermer
Résumé : « Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...] »
En mai 1755, plusieurs événements marquants ont eu lieu en France. Le 10 mai, le vaisseau Le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, est arrivé au port de l'Orient. Il a rapporté que Dupleix avait quitté Pondichéry le 15 octobre et était arrivé à l'île de France le 25 novembre. Le 16 mai, la Reine a assisté à un sermon dans l'église des Recolets de Versailles pour la fête de Saint Jean Népomucène. Le 17 mai, le Dauphin et la Dauphine ont entendu les premières vêpres à Marly. Le 18 mai, jour de la Pentecôte, le Roi a assisté à la messe de l'Ordre du Saint-Esprit, accompagné de plusieurs dignitaires. La Reine et Mesdames de France ont écouté la messe dans la tribune. Le même jour, le Roi et la Reine ont assisté à un sermon et aux vêpres. Le 19 mai, les députés des États d'Artois ont eu audience auprès du Roi. Le Duc de Châteauvillain est décédé à Paris à l'âge de six ans et six mois. Le 20 mai, la Reine a communié. Plusieurs arrêts du Conseil d'État ont été publiés, concernant notamment les métiers et les lotteries. L'Académie royale de Chirurgie a annoncé de nouveaux prix pour les chirurgiens. Plusieurs incidents maritimes ont été signalés, incluant la perte du navire Sainte-Hélène près de Martigues et des rencontres avec des navires barbaresques. Le 24 mai, le Roi a signé le contrat de mariage du Marquis de Dreux. Le 25 mai, il a signé celui du Marquis de Béranger. Le Marquis d'Espagne a obtenu la charge de Sénéchal et Gouverneur du Comté de Nébouzan. L'Assemblée générale du Clergé de France s'est réunie à partir du 25 mai, avec la participation de nombreux prélats et députés. Le 27 mai, l'Archevêque de Paris a béni les guidons des Gendarmes de la Garde. Plusieurs décès notables ont été rapportés, dont celui du Chanoine Jean Crochet à Noyon et du Maréchal de Lowendahl à Paris. Le 28 mai, les actions de la Compagnie des Indes étaient à 1760 livres. Le 29 mai, pour la fête du Saint Sacrement, le Roi et la famille royale ont assisté à la messe et aux vêpres à Notre-Dame. Un incendie a détruit plusieurs villages et moulins dans l'évêché d'Acqs, causant des pertes évaluées à plus d'un million.
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7
p. 179-192
Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Début :
SOUVERAINS. Henri premier. 1033 & 1034. La famine se fait sentir à Paris (I), [...]
Mots clefs :
Ville de Paris, Paris, Abbaye, Roi, Église, Abbé, Évêques, Henri Ier, Philippe Ier, Louis VI, Pape, Monastère, Corps, Chanoines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Suite de l'abrégé historique de la ville de
Paris ; par M. Poncet de la Grave , Avocat
au Parlement.
LA
SOUVERAINS .
Henri premier.
1033 & 1034 .
A famine fe fait fentir à Paris ( 1 ) ,
& on regarde comme une choſe
très- extraordinaire que le muid de bled
valut jufqu'à foixante fols. Un Auteur
contemporain a écrit qu'on exhumoit les
corps pour le nourrir . La pefte fut la ſuite
de ce fléau , & un incendie ( 2 ) confidérable
arrivé à Paris en 1034 , met le
comble aux malheurs des Parifiens.
1035 & 50-51-52.
Concile célebre contre Berenger ( 3 ) ;
tenu à Paris par ordre du Roi Henri I , où
fe trouverent plufieurs Evêques & grand
nombre de perfonnes qualifiées ; le Roi même
y affifta.
On y lut une lettre de Berenger , qui
( 1 ) Glab. Rod . hift. lib. 4. c. 4. ( 2 ) Fragm.
hift. Duch, to. 4. pag. 143. ( 3 ) Durand Troard,
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
contenoit le poifon de fon héréfie contre
l'Euchariftie toute l'affemblée en frémit
d'horreur , & condamna Berenger & fes
complices. Le livre de Jean Scot fut auf
compris dans la condamnation.
1053 & 1058.
On rapporte une chartre du Roi Henri
I , par laquelle il accorde à Imbert , Evêque
de Paris , & à fes Chanoines quatre
Églifes ( 1 ) , fituées dans les Fauxbourgs
de la ville , à condition qu'ils commenceront
à en jouir après la mort feulement du
nommé Giraud , Clerc , qui les poffedoit
alors. On affure que quelques- unes de ces
Eglifes qui fubfiftent encore aujourd'hui
appellées S. Etienne , S. Julien , S. Severin
& S. Bache , autrement S. Benoît ,
avoient été décorées du titre d'Abbaye.
La premiere de ces Eglifes , appellée S.
Etienne , n'eft pas , comme l'ont cru quelques
Hiftoriens ( 2 ) , S. Etienne de Grès ,
dans laquelle on prétend que fe tint le Concile
de Paris , de l'an 829 , mais S. Etienne
, près notre Dame , Eglife qui ne fubfifte
plus aujourd'hui . Ceux qui voudront
être inftruits de plufieurs particularités
concernant cette époque , peuvent avoir
( 1 ) Not. in capit. Reg. Franc. to. 2. p. 1112.
( 2 ) De Magduno.
DECEMBRE. 1755. 181
recours aux archives de cette premiere
Eglife , & ainfi des autres.
1059 .
Henri ( 1 ) fait facrer & couronner à
Rheims fon fils Philippe I , âgé de fept
ans , & lui nomme pour tuteur Baudouin
Comte de Flandres.
1060 & 1066.
Mort du Roi Henri , le 4 Août 1060 ;
âgé de cinquante cinq ans . Il avoit fondé
& doté la même année le célebre monaftere
de S. Martin des Champs , détruit
autrefois par les Normans. La chartre qui
eft le titre de la fondation , en date de
1060 , eft fignée non feulement par le Roi
Henri , par la Reine Anne fa feconde femme
, & par le Roi Philippe fon fils , mais
encore par deux Archevêques , par fix Evêques
, & par plufieurs des principaux Seigneurs
de la Cour.
Philippe premier.
Le Monaftere de S. Martin n'étoit
pas
encore fini , lorfque Henri I mourut. Le
Roi Philippe fit continuer les travaux , &
le bâtiment ne fut conduit à fa perfection
que fept ans après. La dédicace s'en fit
( 1 ) Duch. to . 4. p. 161 .
182 MERCURE DE FRANCE.
alors en préfence du Roi & d'un grand
nombre d'Evêques . Philippe , à cette occafion
, confirma la fondation du Roi fon
pere, & y ajouta plufieurs autres bienfaits ,
comme il paroît par une chartre datée de
Paris l'an 1067 , foufcrite par le Roi , par
Hugues fon frere , par Baudouin Comte de
Flandres , & par d'autres Seigneurs. Les Religieux
qui poffederent d'abord cette Abbaye
étoient tout-à- la-fois Chanoines
Réguliers & Moines , cependant fous la
regle de S. Auguftin ; ils y demeurerent
jufqu'en 1079 , que le Roi Philippe leur
fubftitua les Moines de Cluni . On ne ſçait
pas ce que devinrent les Chanoines ; mais,
il eft certain que ce changement fe fit de
leur confentement , puifqu'ils fignerent
au nombre de treize la chartre du Roi ,
donnée à S. Benoît de Fleuri l'an 1079 ,
en conféquence de laquelle cette Abbaye
paffa à l'Ordre de Cluni , & fut réduite
au titre de Prieuré , qui a le droit de nommer
à vingt- neuf Prieurés , à cinq Cures
dans Paris , qui font S. Jacques de la Boucherie,
S. Nicolas des Champs, S. Laurent,
S. Joffe & S. Leu S. Gilles * , outre vingt-
* S. Leu- S. Gilles n'eft pas la paroiffe fituée.
dans la rue S. Denis , mais une autre qui étoit
originairement dans S. Denis de la Chartre , &
qui a étéfupprimée.
DECEMBRE
1755. 184
cinq autres dans le Diocèfe de Paris , &
environ trente dans d'autres Diocèfes , fans
compter les Chapelles.
C'est au commencement du regne de
Philippe I , même à la fin de celui du Roi
Henri fon pere qu'on fixe l'origine des
Prévôts. Etienne fut le premier qui eut
cette qualité , lorfque le Comté de Paris
fut réuni à la Couronne après la mort
d'Othon , frere d'Hugues Capet , décédé
fans enfans en 1032. On rapporte un événement
remarquable arrivé à ce Prévôt ,
& qui dénote bien la méchanceté de fon
caractere . Voici le fait.
Etienne , Prévôt de Paris ( 1 ) , & qui
avoit toute la confiance de Philippe encore
jeune , perfuada à ce Prince d'enlever
toutes les Reliques de S. Germain de Prez
pour en faire des largeffes à fes Chevaliers.
Le Roi ( 2 ) fe tranfporta en effet dans
l'Abbaye , & le Prévôt qui exécutoit les
ordres du Prince ayant porté fa témérité
jufqu'à porter fa main facrilege fur une
croix très-riche , fut dans l'inftant privé de
la vue , qu'il ne recouvra jamais depuis.
Le Roi faifi de frayeur fe retira , & les
chofes ne furent pas plus avant.
Le Prévôt de Paris logeoit autrefois
( 1 ) Traité de la Poli . tom. 1. p. 30. ( 2 ) Sæc,
3. Bened. part . 2. p. 112,
184 MERCURE DE FRANCE.
7
dans le Châtelet , & Charles VII eft le
premier qui ( 1 ) permit à Robert Stouville
de fe loger ailleurs , & lui donna en outre
cent livres de rente fur le domaine de
la ville pour fon logement.
1067 & 1092 .
Concile tenu à Paris en 1092 ( 2 ) auquel
affifterent deux Archevêques & neuf
Evêques. Il ne nous refte rien de ce Concile
qu'un privilege , donné par le Roi
Philippe en faveur de l'Abbaye de S. Corneille
de Compiegne.
1093 & 1095.
Reforme de l'Abbaye S. Magloire, fituée
alors dans le même endroit où eft aujour
d'hui l'égliſe S. Barthelemi ( 3 ) dans l'ifle
du Palais.
1096-1097 & 1101 .
Guillaume , alors Evêque de Paris (4 ),
donna aux Chanoines de fa Cathédrale
l'églife de S. Chriftophe , fituée près Notre-
Dame , & détruite en 1746 , pour y conftruire
l'Hôpital des Enfans Trouvés . Il
donna aufli au Prieuré de S. Martin des
( 1 ) Traité de la Pol. tom . 1. p. 100. ( 2 ) Spicil.
tom. 2. p . 604. ( 3 ) Mab , ann . Bened, lib . 68,
a. 58. ( 4 ) Dubois , to . 1. p. 727
DECEMBRE . 1755 185
Champs le patronage de plufieurs Cures.
1104 & 1106.
Concile de Paris ( 1 ) , où préfida Lambert
, Evêque d'Arras , en qualité de Légat
du Pape. Le Roi Philippe fe préfenta à
I'Affemblée dans la pofture d'un pénitent
les pieds nuds , & renonça publiquement
à tout commerce fcandaleux avec Bertra
de, ( 2 ) qui jura la même chofe : alors il reçut
l'abfolution en préfence des Archevêques
, des Evêques ; & de plufieurs perfonnes
de la premiere diftinction .
On découvre dans l'Abbaye S. Germaindes
- Prez les corps des Sts Martyrs George
& Aurele (3 ) avec le chef de Ste Natalie ,
& Galon , Evêque de Paris , fut invité par
l'Abbé d'honorer par fa préfence la céré
monie qui fe fit pour leur tranflation .
1107.
L'Abbaye de S. Eloi , fondée du tems
du Roi Dagobert I , & dont Ste Aure fut
la premiere Abbeffe , étant devenue un
fujet de fcandale pour Paris , les Religieufes
( 4 ) en furent chaffées du confentement
du Roi , du Pape Paſcal II , & de
( 1 ) Conc tom. 1o . p . 742. ( 2 ) Spicil . to. 3 .
P. 129. ( 3 ) Mab. ann. Bened. 1. 72. n. 124. (4)
Dubois , to. 1. p. 734.
186 MERCURE DE FRANCE. •
tout le Clergé , & cette Abbaye fut donnée
à l'Abbé de S. Maur des Follés . Le Monaftere
, tel que les Hiftoriens nous le repréfentent,
avoit une étendue confiderable
& renfermoit les rues de la Calande , de
la Barillerie , de la vielle Draperie , de
Ste Croix , & de la Juiverie .
La fuppreffion de cette Abbaye ( 1 ) donna
lieu à l'érection de plufieurs paroiffes , qui
font S. Martial , S. Eloi , S. Pierre - des-
Arcis , S. Pierre- aux-Boeufs , & Ste Croix
de la Cité.
Le Pape Pafcal II vient en France
demander du fecours contre l'Empereur
Henri. Il arrive à Saint Denis , où l'Abbé
Adam le reçut avec de grands honneurs.
Le Roi Philippe & Louis fon fils qui portoit
auffi dès-lors le titre de Roi ( 2 ) , furent
le trouver à S. Denis , & lui promirent
de le fecourir. Ce Pape paffa enfuite
à Paris , où on le reçut magnifiquement ;
delà il partit pour Châlons , accompagné
de plufieurs Archevêques & Evêques.
1108.
Mort de Philippe I à Melun , le 29
Juillet 1108 , âgé de cinquante- cinq ans ,
après quarante- neuf de regne. Son corps
(1)Le Maire , to. 1. pag. 373. To. 2. p. 231 ,
&c. ( 2 ) Vita Lud. Grof.
DECEMBRE. 17. 187
ne fut point porté à S. Denis dans le tombeau
de fes peres. Il fut enterré à S. Benoît-
fur-Loire , où il avoit choifi le lieu de
fa fépulture. Son fils Louis VI , furnommé
le Gros , fut fon fucceffeur.
Louis VI.
1109 & 1113 .
Louis VI arrive à Paris , & donne une
chartre( )par laquelle il déclara que les ferfs
de l'églife de Paris auroient toute liberté
de témoigner en juftice contre qui que ce
pût être , libre ou ferf, & que quiconque
les appelleroit parjures , le prouveroit
par le duel , ou perdroit fa caufe , & ſeroit
déclaré calomniateur , fon témoignage
déformais nul , & obligé de fatisfaire
à l'injure faite à l'églife de Paris , fous peine
d'excommunication .
Plufieurs églifes de Paris qui avoient
dans ce tems - là des ( 2 ) hommes & femmes
de corps , ou de poefte de corpore &poteftate
, obtinrent le même privilege que
l'églife de Paris. Ces hommes & femmes
de corps des églifes étoient prefque efclaves.
Les églifes les échangoient à leur volonté,
les envoyoient à la guerre pour eux,
( 1 ) Baluz. Mifcell. tom. 2. p. 185. ( 2 ) Sauval
, mém, mf.
188 MERCURE DE FRANCE.
enfin exigeoient d'eux quantité de fervices
ou corvées , qui tenoient de l'ancien
efclavage . Ceux d'une églife ne pouvoient
fe marier avec ceux d'une autre fans la
permiffion de leur Seigneur , &c. Ceux
qui feront curieux , peuvent voir les mémoires
de Sauval à ce fujet .
L'Evêque de Paris , nommé Galon , reçoit
en préfent d'Anfeau , Chantre & Prêtre
du Saint Sépulchre de Jérufalem , une
portion confidérable de la vraie Croix
pour fa cathédrale ( 1 ) . Il fit dépofer la
Sainte Relique dans l'églife de St Cloud ,
fut la chercher avec tout le Clergé le Dimanche
d'après , & l'apporta avec beau
coup de cérémonie dans fon églife . On
conferve encore à Notre-Dame la relique
auffi bien que les actes authentiques envoyés
en même temps de Jérufalem. Les
écoles de Paris paroiffoient prendre un
accroiffement. Après Rofcelin , qu'on
regarde comme le premier Maître d'Abbelard
, on compte au nombre des grands
hommes Robert d'Arbriffel , Marbode
Ives de Chartres , & quantité d'autres ;
mais le plus fçavant de tous étoit , fans
contredit, Guillaume de Champeaux , fous
lequel étudia Abbelard , trop connu dans
( 1 ) Dubois , to . 2. pag. 16 & 18.
DECEMBRE. 1755. 189
le monde par fes difgraces , pour que je
le paffe fous filence dans cette Hiftoire. Il
étoit né dans l'évêché de Nantes , d'une
famille noble.
Fondation de l'Abbaye S. Victor , où
Guillaume de Champeaux fe retira après
avoir pris l'habit de Chanoine régulier .
Louis VI , au terme de l'épitaphe placé
dans S. Victor même , porte que ce
Roi fonda cette nouvelle Abbaye inceſsâ
veteri ; ce qui prouve évidemment qu'il
y avoit avant ce temps - là dans le même
endroit une petite Abbaye du même nom,
avec des Religieux .
Abbelard obtient une Chaire de Profeffeur
à Paris ; mais Champeaux vint
à bout de le fupplanter , & Abbelard retourna
à Melun où il avoit ouvert une école
l'année d'auparavant : il vint enfuite
s'établir à Paris fur la Montagne Sainte
Géneviève .
Louis VI , par une chartre donnée à
Châlons , qui paroît être celle de la fondation
de l'Abbaye S. Victor, déclare qu'il
a établi dans cette Abbaye des Chanoines
Réguliers occupés à prier Dieu pour lui
& pour fon Royaume ( 1 ) , & que pour
qu'ils puiffent vaquer aux exercices de pié
( 1 ) Vita Lud. Groffi.
190 MERCURE DE FRANCE.
té fans interruption, il dote l'Abbaye d'amples
revenus , & il y ajoute plufieurs privileges
.
1114 & 1118.
Gilduin eft nommé premier Abbé de S.
Victor , & Louis VI , à fa priere , donne la
Régale de plufieurs églifes ( 1 ) à cette Maifon.
L'Evêque de Paris en fit autant avec
l'agrément des Chanoines de fa Cathédrale
. Ces deux donations ( 2 ) font datées , la
premiere de 1125 , & la feconde de 1124 ,
& foufcrites par la Reine Adelaïde , par
Philippe leur fils , & par plufieurs Evêques
. Depuis ce temps - là cette Abbaye reçut
plufieurs autres marques de libéralité
du Roi & de l'Evêque de Paris , comme ,
par exemple , un Canonicat ( 3 ) à Notre-
Dame , où il y a encore un Chanoine de
cette Abbaye qui y va faire fon tour , un
à S. Germain - l'Auxerrois , à S. Marcel , &
ailleurs.
L'Abbaye S. Victor a fourni de grands
hommes à l'Eglife , tels que Hugues &
Ives , Cardinaux. L'eftime que leur fainteté
acquit à ce Monaftere , leur procura la
vifite de S. Bernard & de S. Thomas de
( 1 ) Annal. S. Victor , mf. vol . 1. fol. 12. ( 2 )
Dubois , tom. 2. p. 80. ( 3 ) Ann, S. Victor , mf.
fol. 13 & feq.
DECEMBRE. 1755 191
"Cantorberi qui s'y arrêterent en paffant à
Paris.
On y conferve encore la cape ou le manteau
de voyage du S. Abbé , qui eft de
couleur tannée ou noir naturel, & le cilice
du S. Archevêque . Cette Abbaye devint
dans la fuite une
congrégation , & comptoit
fous elle quarante Abbayes ( 1 ) , &
plus de cent Monafteres , comme il paroît
par le teftament du Roi Louis VIII , en
date de l'an 1225 ; mais la Congrégation
a été defunie , tant par le malheur des
tems que par le relâchement de la difcipline
monaftique.
Abbelard qui s'étoit retiré à Laon , revint
à Paris : n'y trouvant plus Guillaume
de Champeaux , fon ancien adverſaire , il
continua d'enfeigner la théologie avec liberté,
Son hiftoire avec Heloife , niece de
Fulbert , Chanoine de Paris , eft affez connue
pour me difpenfer de la rapporter ici.
Nous dirons feulement que fa doctrine
fur la Trinité ayant été condamnée dans
un Concile tenu à Soiffons , il fe réfugia
auprès de Thibaud , Comte de Champagne ,
qui lui donna un afyle près de Troyes ,
où il bâtit une Chapelle fous le titre du
Paraclet , fut enfuite Abbé de S. Gildas en
( 1 ) Apud Duch . to . 5. p. 325.
92 MERCURE DE FRANCE .
Bretagne , & céda fon hermitage du Paraclet
à Heloife , qui s'y retira avec quelques
Religieufes chaffées , comme elle ,
d'Argenteuil , & Bernard cita enfuite Abbelard
au Concile de Sens , où fa doctrine
fut de nouveau condamnée : néanmoins
il reçut l'abfolution du Pape Innocent II,
& fe retira à Cluni , d'où l'Abbé de ce
Monaftere l'envoya à Châlons-fur- Saone,
où il mourut le 21 Avril 1142 , âgé de
63 ans.
L'école qu'Abbelard avoit à Paris , étoit
près de la Cathédrale , & nous fçavons
qu'on s'y appliquoit beaucoup à l'intelligence
de l'Ecriture fainte , ce qui donna
lieu à la Théologie fcholaftique. L'hiſtoire
d'Abbelard nous apprend auffi qu'il y
avoit une autre école fur le mont appellé
Leucoritius , plus connu fous le nom de
Sainte Genevieve.
La fuite au prochain Mercure .
Paris ; par M. Poncet de la Grave , Avocat
au Parlement.
LA
SOUVERAINS .
Henri premier.
1033 & 1034 .
A famine fe fait fentir à Paris ( 1 ) ,
& on regarde comme une choſe
très- extraordinaire que le muid de bled
valut jufqu'à foixante fols. Un Auteur
contemporain a écrit qu'on exhumoit les
corps pour le nourrir . La pefte fut la ſuite
de ce fléau , & un incendie ( 2 ) confidérable
arrivé à Paris en 1034 , met le
comble aux malheurs des Parifiens.
1035 & 50-51-52.
Concile célebre contre Berenger ( 3 ) ;
tenu à Paris par ordre du Roi Henri I , où
fe trouverent plufieurs Evêques & grand
nombre de perfonnes qualifiées ; le Roi même
y affifta.
On y lut une lettre de Berenger , qui
( 1 ) Glab. Rod . hift. lib. 4. c. 4. ( 2 ) Fragm.
hift. Duch, to. 4. pag. 143. ( 3 ) Durand Troard,
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
contenoit le poifon de fon héréfie contre
l'Euchariftie toute l'affemblée en frémit
d'horreur , & condamna Berenger & fes
complices. Le livre de Jean Scot fut auf
compris dans la condamnation.
1053 & 1058.
On rapporte une chartre du Roi Henri
I , par laquelle il accorde à Imbert , Evêque
de Paris , & à fes Chanoines quatre
Églifes ( 1 ) , fituées dans les Fauxbourgs
de la ville , à condition qu'ils commenceront
à en jouir après la mort feulement du
nommé Giraud , Clerc , qui les poffedoit
alors. On affure que quelques- unes de ces
Eglifes qui fubfiftent encore aujourd'hui
appellées S. Etienne , S. Julien , S. Severin
& S. Bache , autrement S. Benoît ,
avoient été décorées du titre d'Abbaye.
La premiere de ces Eglifes , appellée S.
Etienne , n'eft pas , comme l'ont cru quelques
Hiftoriens ( 2 ) , S. Etienne de Grès ,
dans laquelle on prétend que fe tint le Concile
de Paris , de l'an 829 , mais S. Etienne
, près notre Dame , Eglife qui ne fubfifte
plus aujourd'hui . Ceux qui voudront
être inftruits de plufieurs particularités
concernant cette époque , peuvent avoir
( 1 ) Not. in capit. Reg. Franc. to. 2. p. 1112.
( 2 ) De Magduno.
DECEMBRE. 1755. 181
recours aux archives de cette premiere
Eglife , & ainfi des autres.
1059 .
Henri ( 1 ) fait facrer & couronner à
Rheims fon fils Philippe I , âgé de fept
ans , & lui nomme pour tuteur Baudouin
Comte de Flandres.
1060 & 1066.
Mort du Roi Henri , le 4 Août 1060 ;
âgé de cinquante cinq ans . Il avoit fondé
& doté la même année le célebre monaftere
de S. Martin des Champs , détruit
autrefois par les Normans. La chartre qui
eft le titre de la fondation , en date de
1060 , eft fignée non feulement par le Roi
Henri , par la Reine Anne fa feconde femme
, & par le Roi Philippe fon fils , mais
encore par deux Archevêques , par fix Evêques
, & par plufieurs des principaux Seigneurs
de la Cour.
Philippe premier.
Le Monaftere de S. Martin n'étoit
pas
encore fini , lorfque Henri I mourut. Le
Roi Philippe fit continuer les travaux , &
le bâtiment ne fut conduit à fa perfection
que fept ans après. La dédicace s'en fit
( 1 ) Duch. to . 4. p. 161 .
182 MERCURE DE FRANCE.
alors en préfence du Roi & d'un grand
nombre d'Evêques . Philippe , à cette occafion
, confirma la fondation du Roi fon
pere, & y ajouta plufieurs autres bienfaits ,
comme il paroît par une chartre datée de
Paris l'an 1067 , foufcrite par le Roi , par
Hugues fon frere , par Baudouin Comte de
Flandres , & par d'autres Seigneurs. Les Religieux
qui poffederent d'abord cette Abbaye
étoient tout-à- la-fois Chanoines
Réguliers & Moines , cependant fous la
regle de S. Auguftin ; ils y demeurerent
jufqu'en 1079 , que le Roi Philippe leur
fubftitua les Moines de Cluni . On ne ſçait
pas ce que devinrent les Chanoines ; mais,
il eft certain que ce changement fe fit de
leur confentement , puifqu'ils fignerent
au nombre de treize la chartre du Roi ,
donnée à S. Benoît de Fleuri l'an 1079 ,
en conféquence de laquelle cette Abbaye
paffa à l'Ordre de Cluni , & fut réduite
au titre de Prieuré , qui a le droit de nommer
à vingt- neuf Prieurés , à cinq Cures
dans Paris , qui font S. Jacques de la Boucherie,
S. Nicolas des Champs, S. Laurent,
S. Joffe & S. Leu S. Gilles * , outre vingt-
* S. Leu- S. Gilles n'eft pas la paroiffe fituée.
dans la rue S. Denis , mais une autre qui étoit
originairement dans S. Denis de la Chartre , &
qui a étéfupprimée.
DECEMBRE
1755. 184
cinq autres dans le Diocèfe de Paris , &
environ trente dans d'autres Diocèfes , fans
compter les Chapelles.
C'est au commencement du regne de
Philippe I , même à la fin de celui du Roi
Henri fon pere qu'on fixe l'origine des
Prévôts. Etienne fut le premier qui eut
cette qualité , lorfque le Comté de Paris
fut réuni à la Couronne après la mort
d'Othon , frere d'Hugues Capet , décédé
fans enfans en 1032. On rapporte un événement
remarquable arrivé à ce Prévôt ,
& qui dénote bien la méchanceté de fon
caractere . Voici le fait.
Etienne , Prévôt de Paris ( 1 ) , & qui
avoit toute la confiance de Philippe encore
jeune , perfuada à ce Prince d'enlever
toutes les Reliques de S. Germain de Prez
pour en faire des largeffes à fes Chevaliers.
Le Roi ( 2 ) fe tranfporta en effet dans
l'Abbaye , & le Prévôt qui exécutoit les
ordres du Prince ayant porté fa témérité
jufqu'à porter fa main facrilege fur une
croix très-riche , fut dans l'inftant privé de
la vue , qu'il ne recouvra jamais depuis.
Le Roi faifi de frayeur fe retira , & les
chofes ne furent pas plus avant.
Le Prévôt de Paris logeoit autrefois
( 1 ) Traité de la Poli . tom. 1. p. 30. ( 2 ) Sæc,
3. Bened. part . 2. p. 112,
184 MERCURE DE FRANCE.
7
dans le Châtelet , & Charles VII eft le
premier qui ( 1 ) permit à Robert Stouville
de fe loger ailleurs , & lui donna en outre
cent livres de rente fur le domaine de
la ville pour fon logement.
1067 & 1092 .
Concile tenu à Paris en 1092 ( 2 ) auquel
affifterent deux Archevêques & neuf
Evêques. Il ne nous refte rien de ce Concile
qu'un privilege , donné par le Roi
Philippe en faveur de l'Abbaye de S. Corneille
de Compiegne.
1093 & 1095.
Reforme de l'Abbaye S. Magloire, fituée
alors dans le même endroit où eft aujour
d'hui l'égliſe S. Barthelemi ( 3 ) dans l'ifle
du Palais.
1096-1097 & 1101 .
Guillaume , alors Evêque de Paris (4 ),
donna aux Chanoines de fa Cathédrale
l'églife de S. Chriftophe , fituée près Notre-
Dame , & détruite en 1746 , pour y conftruire
l'Hôpital des Enfans Trouvés . Il
donna aufli au Prieuré de S. Martin des
( 1 ) Traité de la Pol. tom . 1. p. 100. ( 2 ) Spicil.
tom. 2. p . 604. ( 3 ) Mab , ann . Bened, lib . 68,
a. 58. ( 4 ) Dubois , to . 1. p. 727
DECEMBRE . 1755 185
Champs le patronage de plufieurs Cures.
1104 & 1106.
Concile de Paris ( 1 ) , où préfida Lambert
, Evêque d'Arras , en qualité de Légat
du Pape. Le Roi Philippe fe préfenta à
I'Affemblée dans la pofture d'un pénitent
les pieds nuds , & renonça publiquement
à tout commerce fcandaleux avec Bertra
de, ( 2 ) qui jura la même chofe : alors il reçut
l'abfolution en préfence des Archevêques
, des Evêques ; & de plufieurs perfonnes
de la premiere diftinction .
On découvre dans l'Abbaye S. Germaindes
- Prez les corps des Sts Martyrs George
& Aurele (3 ) avec le chef de Ste Natalie ,
& Galon , Evêque de Paris , fut invité par
l'Abbé d'honorer par fa préfence la céré
monie qui fe fit pour leur tranflation .
1107.
L'Abbaye de S. Eloi , fondée du tems
du Roi Dagobert I , & dont Ste Aure fut
la premiere Abbeffe , étant devenue un
fujet de fcandale pour Paris , les Religieufes
( 4 ) en furent chaffées du confentement
du Roi , du Pape Paſcal II , & de
( 1 ) Conc tom. 1o . p . 742. ( 2 ) Spicil . to. 3 .
P. 129. ( 3 ) Mab. ann. Bened. 1. 72. n. 124. (4)
Dubois , to. 1. p. 734.
186 MERCURE DE FRANCE. •
tout le Clergé , & cette Abbaye fut donnée
à l'Abbé de S. Maur des Follés . Le Monaftere
, tel que les Hiftoriens nous le repréfentent,
avoit une étendue confiderable
& renfermoit les rues de la Calande , de
la Barillerie , de la vielle Draperie , de
Ste Croix , & de la Juiverie .
La fuppreffion de cette Abbaye ( 1 ) donna
lieu à l'érection de plufieurs paroiffes , qui
font S. Martial , S. Eloi , S. Pierre - des-
Arcis , S. Pierre- aux-Boeufs , & Ste Croix
de la Cité.
Le Pape Pafcal II vient en France
demander du fecours contre l'Empereur
Henri. Il arrive à Saint Denis , où l'Abbé
Adam le reçut avec de grands honneurs.
Le Roi Philippe & Louis fon fils qui portoit
auffi dès-lors le titre de Roi ( 2 ) , furent
le trouver à S. Denis , & lui promirent
de le fecourir. Ce Pape paffa enfuite
à Paris , où on le reçut magnifiquement ;
delà il partit pour Châlons , accompagné
de plufieurs Archevêques & Evêques.
1108.
Mort de Philippe I à Melun , le 29
Juillet 1108 , âgé de cinquante- cinq ans ,
après quarante- neuf de regne. Son corps
(1)Le Maire , to. 1. pag. 373. To. 2. p. 231 ,
&c. ( 2 ) Vita Lud. Grof.
DECEMBRE. 17. 187
ne fut point porté à S. Denis dans le tombeau
de fes peres. Il fut enterré à S. Benoît-
fur-Loire , où il avoit choifi le lieu de
fa fépulture. Son fils Louis VI , furnommé
le Gros , fut fon fucceffeur.
Louis VI.
1109 & 1113 .
Louis VI arrive à Paris , & donne une
chartre( )par laquelle il déclara que les ferfs
de l'églife de Paris auroient toute liberté
de témoigner en juftice contre qui que ce
pût être , libre ou ferf, & que quiconque
les appelleroit parjures , le prouveroit
par le duel , ou perdroit fa caufe , & ſeroit
déclaré calomniateur , fon témoignage
déformais nul , & obligé de fatisfaire
à l'injure faite à l'églife de Paris , fous peine
d'excommunication .
Plufieurs églifes de Paris qui avoient
dans ce tems - là des ( 2 ) hommes & femmes
de corps , ou de poefte de corpore &poteftate
, obtinrent le même privilege que
l'églife de Paris. Ces hommes & femmes
de corps des églifes étoient prefque efclaves.
Les églifes les échangoient à leur volonté,
les envoyoient à la guerre pour eux,
( 1 ) Baluz. Mifcell. tom. 2. p. 185. ( 2 ) Sauval
, mém, mf.
188 MERCURE DE FRANCE.
enfin exigeoient d'eux quantité de fervices
ou corvées , qui tenoient de l'ancien
efclavage . Ceux d'une églife ne pouvoient
fe marier avec ceux d'une autre fans la
permiffion de leur Seigneur , &c. Ceux
qui feront curieux , peuvent voir les mémoires
de Sauval à ce fujet .
L'Evêque de Paris , nommé Galon , reçoit
en préfent d'Anfeau , Chantre & Prêtre
du Saint Sépulchre de Jérufalem , une
portion confidérable de la vraie Croix
pour fa cathédrale ( 1 ) . Il fit dépofer la
Sainte Relique dans l'églife de St Cloud ,
fut la chercher avec tout le Clergé le Dimanche
d'après , & l'apporta avec beau
coup de cérémonie dans fon églife . On
conferve encore à Notre-Dame la relique
auffi bien que les actes authentiques envoyés
en même temps de Jérufalem. Les
écoles de Paris paroiffoient prendre un
accroiffement. Après Rofcelin , qu'on
regarde comme le premier Maître d'Abbelard
, on compte au nombre des grands
hommes Robert d'Arbriffel , Marbode
Ives de Chartres , & quantité d'autres ;
mais le plus fçavant de tous étoit , fans
contredit, Guillaume de Champeaux , fous
lequel étudia Abbelard , trop connu dans
( 1 ) Dubois , to . 2. pag. 16 & 18.
DECEMBRE. 1755. 189
le monde par fes difgraces , pour que je
le paffe fous filence dans cette Hiftoire. Il
étoit né dans l'évêché de Nantes , d'une
famille noble.
Fondation de l'Abbaye S. Victor , où
Guillaume de Champeaux fe retira après
avoir pris l'habit de Chanoine régulier .
Louis VI , au terme de l'épitaphe placé
dans S. Victor même , porte que ce
Roi fonda cette nouvelle Abbaye inceſsâ
veteri ; ce qui prouve évidemment qu'il
y avoit avant ce temps - là dans le même
endroit une petite Abbaye du même nom,
avec des Religieux .
Abbelard obtient une Chaire de Profeffeur
à Paris ; mais Champeaux vint
à bout de le fupplanter , & Abbelard retourna
à Melun où il avoit ouvert une école
l'année d'auparavant : il vint enfuite
s'établir à Paris fur la Montagne Sainte
Géneviève .
Louis VI , par une chartre donnée à
Châlons , qui paroît être celle de la fondation
de l'Abbaye S. Victor, déclare qu'il
a établi dans cette Abbaye des Chanoines
Réguliers occupés à prier Dieu pour lui
& pour fon Royaume ( 1 ) , & que pour
qu'ils puiffent vaquer aux exercices de pié
( 1 ) Vita Lud. Groffi.
190 MERCURE DE FRANCE.
té fans interruption, il dote l'Abbaye d'amples
revenus , & il y ajoute plufieurs privileges
.
1114 & 1118.
Gilduin eft nommé premier Abbé de S.
Victor , & Louis VI , à fa priere , donne la
Régale de plufieurs églifes ( 1 ) à cette Maifon.
L'Evêque de Paris en fit autant avec
l'agrément des Chanoines de fa Cathédrale
. Ces deux donations ( 2 ) font datées , la
premiere de 1125 , & la feconde de 1124 ,
& foufcrites par la Reine Adelaïde , par
Philippe leur fils , & par plufieurs Evêques
. Depuis ce temps - là cette Abbaye reçut
plufieurs autres marques de libéralité
du Roi & de l'Evêque de Paris , comme ,
par exemple , un Canonicat ( 3 ) à Notre-
Dame , où il y a encore un Chanoine de
cette Abbaye qui y va faire fon tour , un
à S. Germain - l'Auxerrois , à S. Marcel , &
ailleurs.
L'Abbaye S. Victor a fourni de grands
hommes à l'Eglife , tels que Hugues &
Ives , Cardinaux. L'eftime que leur fainteté
acquit à ce Monaftere , leur procura la
vifite de S. Bernard & de S. Thomas de
( 1 ) Annal. S. Victor , mf. vol . 1. fol. 12. ( 2 )
Dubois , tom. 2. p. 80. ( 3 ) Ann, S. Victor , mf.
fol. 13 & feq.
DECEMBRE. 1755 191
"Cantorberi qui s'y arrêterent en paffant à
Paris.
On y conferve encore la cape ou le manteau
de voyage du S. Abbé , qui eft de
couleur tannée ou noir naturel, & le cilice
du S. Archevêque . Cette Abbaye devint
dans la fuite une
congrégation , & comptoit
fous elle quarante Abbayes ( 1 ) , &
plus de cent Monafteres , comme il paroît
par le teftament du Roi Louis VIII , en
date de l'an 1225 ; mais la Congrégation
a été defunie , tant par le malheur des
tems que par le relâchement de la difcipline
monaftique.
Abbelard qui s'étoit retiré à Laon , revint
à Paris : n'y trouvant plus Guillaume
de Champeaux , fon ancien adverſaire , il
continua d'enfeigner la théologie avec liberté,
Son hiftoire avec Heloife , niece de
Fulbert , Chanoine de Paris , eft affez connue
pour me difpenfer de la rapporter ici.
Nous dirons feulement que fa doctrine
fur la Trinité ayant été condamnée dans
un Concile tenu à Soiffons , il fe réfugia
auprès de Thibaud , Comte de Champagne ,
qui lui donna un afyle près de Troyes ,
où il bâtit une Chapelle fous le titre du
Paraclet , fut enfuite Abbé de S. Gildas en
( 1 ) Apud Duch . to . 5. p. 325.
92 MERCURE DE FRANCE .
Bretagne , & céda fon hermitage du Paraclet
à Heloife , qui s'y retira avec quelques
Religieufes chaffées , comme elle ,
d'Argenteuil , & Bernard cita enfuite Abbelard
au Concile de Sens , où fa doctrine
fut de nouveau condamnée : néanmoins
il reçut l'abfolution du Pape Innocent II,
& fe retira à Cluni , d'où l'Abbé de ce
Monaftere l'envoya à Châlons-fur- Saone,
où il mourut le 21 Avril 1142 , âgé de
63 ans.
L'école qu'Abbelard avoit à Paris , étoit
près de la Cathédrale , & nous fçavons
qu'on s'y appliquoit beaucoup à l'intelligence
de l'Ecriture fainte , ce qui donna
lieu à la Théologie fcholaftique. L'hiſtoire
d'Abbelard nous apprend auffi qu'il y
avoit une autre école fur le mont appellé
Leucoritius , plus connu fous le nom de
Sainte Genevieve.
La fuite au prochain Mercure .
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Résumé : Suite de l'abrégé historique de la ville de Paris ; par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Le texte relate des événements historiques concernant Paris sous les règnes de Henri Ier et Philippe Ier, ainsi que des figures religieuses et monastiques notables. En 1033 et 1034, Paris est frappée par une famine sévère, où le prix du blé atteint soixante fois sa valeur normale. Cette crise entraîne une épidémie et un incendie majeur. En 1035, un concile se tient à Paris pour condamner Bérenger, accusé d'hérésie contre l'Eucharistie. Henri Ier accorde à l'évêque Imbert et à ses chanoines quatre églises situées dans les faubourgs de Paris. En 1059, Henri Ier fait sacrer et couronner son fils Philippe Ier à Reims, nommant Baudouin de Flandre comme tuteur. Henri Ier meurt en 1060 et fonde le monastère de Saint-Martin-des-Champs. Philippe Ier continue les travaux du monastère et le consacre en 1067. Sous son règne, les prévôts apparaissent, avec Étienne comme premier prévôt de Paris. En 1092, un concile se tient à Paris, et en 1093, l'abbaye Saint-Magloire est réformée. Guillaume, évêque de Paris, fait plusieurs donations aux chanoines et au prieuré de Saint-Martin-des-Champs. En 1104, un concile à Paris voit Philippe Ier renoncer publiquement à une relation scandaleuse. En 1107, l'abbaye Saint-Éloi est supprimée, et plusieurs paroisses sont créées à sa place. Philippe Ier meurt en 1108 et est enterré à Saint-Benoît-sur-Loire. Son fils Louis VI lui succède. Sous Louis VI, des chartes sont données pour protéger les serfs de l'église de Paris. L'évêque Galon reçoit une relique de la vraie Croix. Guillaume de Champeaux fonde l'abbaye Saint-Victor, où Abélard obtient une chaire de professeur. Louis VI dote l'abbaye de revenus et de privilèges. Gilduin devient le premier abbé de Saint-Victor, et l'abbaye reçoit plusieurs donations et privilèges. Le texte mentionne également des événements liés à des monastères et des figures religieuses. En décembre 1755, des voyageurs de Cantorbéry se sont arrêtés dans un monastère en se rendant à Paris. Ce monastère conservait des reliques, notamment la cape de voyage d'un saint abbé et le cilice d'un saint archevêque. L'abbaye est devenue une congrégation comptant quarante abbayes et plus de cent monastères, comme mentionné dans le testament du roi Louis VIII en 1225. Cependant, cette congrégation a été dissoute en raison des malheurs des temps et du relâchement de la discipline monastique. Le texte évoque également la vie d'Abbélard, un théologien qui enseignait à Paris. Sa relation avec Héloïse, nièce de Fulbert, chanoine de Paris, est bien connue. Condamné pour sa doctrine sur la Trinité lors d'un concile à Soissons, Abbélard a trouvé refuge auprès de Thibaud, Comte de Champagne. Il a construit une chapelle près de Troyes et est devenu abbé de Saint-Gildas en Bretagne. Il a ensuite cédé son ermitage du Paraclet à Héloïse, qui s'y est retirée avec des religieuses. Abbélard a été de nouveau condamné lors du concile de Sens, mais a reçu l'absolution du pape Innocent II. Il est mort à Châlons-sur-Saône le 21 avril 1142 à l'âge de 63 ans. L'école d'Abbélard à Paris, située près de la cathédrale, se concentrait sur l'étude des Écritures saintes, contribuant ainsi à l'émergence de la théologie scolastique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 198-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 9 du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy, Ministre d'Etat, [...]
Mots clefs :
Marquis, Maréchal, Roi de France, Parlement, Escadre anglaise, Vaisseaux, Canons, Marchandises, Frégates, Attaque, Princesse, Ducs, Serment, Chevalier, Évêques, Mademoiselle de Charolois, Cérémonie funèbre, Édit du roi, Rentes, Taxes, Capitaines, Corsaires , Combat naval
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &G.
Lag du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy,
Miniftre d'Etat , prêta ferment entre les mains du
Roi , pour la charge de Tréforier de l'Ordre du
Saint-Efprit.
Les deux nouveaux Maréchaux de France ( MM.
les Comces de Bercheny & de Conflans ) prêterent
auffi ferment le même jour en cette qualité.
Le Roi ayant fait choix de M. le Maréchal Duc
de Befle- Ifle pour remplir la charge de Secrétaire
d'Etat au Département de la Guerre , Sa Majefté
a appellé près de fa perfonne M. de Crémille ,
Lieutenant- Général de fes Armées , pour aider
M. le Maréchal de Belle-Ifle dans les fonctions &
dans les détails de fon Département , & fous les
ordres.
La Vacance du Parlement ayant obligé de remettre
la Proceffion qui fe fait tous les ans le 22
de Mars , en mémoire de la réduction de certe
Capitale fous Pobéiffance de Henry IV , elle fe
fr en la maniere accoutumée le 7 de ce mois. Les
Lettres du Roi avoient été portées la veille aux
Compagnies , dont la préfence y eft requiſe , fuivant
l'ufage , par M. de Gizeux , Maître des cérémonies
de France en furvivance.
L'Efcadre Angloife , commandée par l'Amiral
Hawke , eft entrée le 4 Avril après-midi aux ra
des de la Rochelle , & a mouillé le 5 dans celle
de l'Ifle. Daix . Elle en eft repartie le 7 au matin
M A 1. 1758. 199
Cette Efcadre étoit compofée de fept Vaiffeaux de
ligne le Ramillies , de yo canons , le Royal-
Georges & le Royal- Guillaume , de 100 canons
chacun ; le Torbay , de 74 ; le Bedford , de 70 ;
l'Intrépide , de 64 ; & le Windſor , de 60 , avec
trois Frégates & un Senaw. L'Amiral Hauke a fait
débarquer quelque monde à l'ifle Daix , & y a
fait brûler les plattes formes , outils de travailleurs
, tombereaux , charettes , fauciffons , fafcinages
, ponts , & généralement tout ce qui s'eft
trouvé de combuftible dans les fortifications provifionnelles
que l'on y exécutoir. Tous les habitans
& ouvriers qui étoient à l'Iſle Daix , s'en étoient
retirés à Fouras dans le moment où l'Eſcadre Angloife
a paru , & il n'y étoit resté que quelques
Soldats. Les Anglois en ont emmené fept ou huit
avec eux. Les Vaiffeaux du Roi le Floriffant , le
Dragón , le Sphinx , le Hardy & le Warwick , qui
étoient en rade avec quelques Frégates , n'étant
point en état de réfilter à des forces fi fupérieures ,
fe font réfugiés dans la Charente entre Fouras &
l'Iſle Madame , & ils s'y font entraversé de maniere
à empêcher Pentrée de la riviere à l'Efcadre
Angloife , fi elle eût fair quelques tentatives pour
forcer le paffage. On avoit fait des difpofitions à
Rochefort , pour nuire par tous les moyens praticables
aux Vaiffeaux Anglois , s'ils n'en avoient
pas prévenu l'effet par leur retraite . Cependant les
Chaloupes canonnieres Anguille & l'Aventure ,
armées chacune d'un canon de 24 , & comman→
dées par les fieurs de Kergariou & de Camiran
Enfeignes de Vaiffeau, ont fort incommodé le
Vaiffeau Anglois l'Intrépide , qui étoit échoué fur
le banc de Boyard , & qui attendoit la haute mer
pour le mettre à flor. Nos Chaloupes feroient même
parvenues à le défemparer , fans le Vaiffeau le
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Windfor & quelques Frégates qui ont mis fours
voile pour le dégager . Les Fregates . la Thetis
l'Anemone & l'Ecureuil , commandées par les
fieurs de Goimpy , de Feuquieres , Lieutenant de
Vaiffeau , du Guafpern & de Queralbeau , Enfeignes
, conduifoient un convoi de Navires de commerce
de Breft à Rochefort . L'Anemone a gagné
l'entrée de la Charente avec une partie du convoi
, & le refte s'eft mis fous la protection de la
Citadelle de Saint-Martin de Ré , avec les Fregates
la Thetis & l'Ecureuil. Cette premiere s'eft même
emparé dans le Pertuis - Breton du Corſaire Anglois
le Franc-Maçon , de 10 carrons & de 70 hommes
d'équipage , & l'a fait entrer à Saint -Martin
de Ré à la vue de l'Efcadre Angloiſe.
Le 14 Avril , le Roi tint le Sceau pour la vingtfeptieme
fois.
Sa Majefté , à l'occafion de la mort de Mademoiſelle
de Charolois , alla le même jour rendre
vifite à la Princeffe de Conty , & à Mademoiſelle
de Sens , chez qui fe trouverent le Prince & la
Princeffe de Condé .
La Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne,
Monſeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante , Madame
& Mefdames Victoire & Louiſe , vifiterent auffi
ces Princeffes .
Le 15 , la Princeffe de Conty & Mademoiſelle
de Sens , allerent faire leurs révérences au Roi , à
la Reine & à la Famille Royale.
Le même jour , Madame Louife donna le voile
à la Dame de Ziner , dans l'Abbaye de Saint Cyr.
Le 19 , MM. l'Evêque de Digne & l'Evêquè
d'Aire prêterent ferment entre les mains du Roi .
Les fieurs Guyot de Saint- Amand & de Gangy
MA 1.1758. 201
4
prêterent ferment entre les mains du Roi le 9 du
même mois ; le premier , pour la charge de Lieutenant
de Roi de la Province du Chalonnois ; le
fecond , pour la charge de Lieutenant de Roi au
Département & Sénéchauffée de Poitiers & de Lu
fignan.
Le Roi reçut le même jour Chevaliers de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , M. le Marquis
de Foffeufe , Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , Menin de Monfeigneur le
Dauphin , & MM. les ) Comtes de Biernay , Soulieutenant
des Gendarmes de Berry ; de Lordat ,
Soulieutenant des Chevaux- Légers de Bretagne ;
de Murinais , premier Cornette des Chevaux - Legers
d'Aquitaine ; de Noé & de Saiffeval , Guidons
de Gendarmerie.
M. PEyêque de Digne a été facré le 16 Avril
dans l'Eglife des Miffions Etrangeres , par M.
l'Archevêque d'Embrun , affifté des Evêques de
Dol & de Vence,
M. l'Evêque d'Aire,a été facré le même jour à
Meaux par l'Evêque de cette derniere Ville , affifté
de l'ancien Evêque de Troyes & de celui de
Condom.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu le
feur Bezout & le Comte de Lauragais , pour remplir
les deux places d'Adjoints - Méchaniciens , va
cantes par la promotion de M. le Chevalier d'Arcy
& de M. Yaucanfon à celles d'Affociés Ordinaires
, le Roi a bien voulu agréer fon choix.
Le Corps de Mademoiſelle de Charolois , après
avoir été embaumé , a été expofé pendant plufeurs
jours dans une Chambre de parade , éclairée.
par un grand nombre de lumieres , & tendue de
blanc. Il fut porté le 13 Avril au Couvent des
Carmelites du Fauxbourg Saint Jacques , pour y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
être inhumé. Le cortège du Convoi étoit compoft
de cent Pauvres , couverts de draps gris , & tenant
chacun un fambeau ; des Officiers , des Suiffes &
des Valets de Chambre de la Princeffe à cheval
de plus de cent cinquante Valers de pieds , de fept
Carroffes drapés à fix chevaux harnachés & capa
raçonnés de noir , qui étoient remplis par les
Ecuyers , les Gentilshommes , les principaux Of
heiers , & les Femmes de Chambres ; & de deux
Carroles à huit chevaux. Dans le premier de ces
deux Carroffes , étoit le Corps de la Princeffe
avec les deur Aumôniers. La Princeffe de Condé
étoit dans le fecond avec la Princeffe de Rohan
la Dame de Renty , fa Dame d'Honneur , la Dame
du Guefelin , fa Dame de Compagnie , & les
Dames attachées à la Princeffe défunte. Lorsqu'on
fut aux Carmelites , le Corps fat defcendu du Carroffe
par les huit Valers de Chambre, & porté fous
le portique intérieur de l'Eglife , ou les Religieufes
, tenant chacune un cierge à la main , étoient
rangées à droite & à gauche avec trente Eeclefiafriques
, le Supérieur de la Maifon à leur tête. L'Evêque
de Valence en camail & en rochet , accom
pagné du Curé de Saint Sulpice en étole ; en préfentant
le Corps & le Coeur de la Princeffe aux
Carmelites , leur fit un difcours auquel le Supé
rieur répondit , enfuite ces Religieufes commencerent
l'Office des Morts. Les prietes finies , les
hair Valets de Chambre porterent le Corps près de
la foffe , & Py ayant defeende , le Ceur fur pofe
fur la croix du cerceuil . La Princeffe de Condé qui
menoit le deuil , étoit en longue mante , dont la
queue étoit portée par le fieur de Tourailles , for
fecond Ecuyer.
On vient de publier un Edit du Roi portant
création de trois millions deur cens mille livres
MAI. 1758.
203
actuelles & effectives de Rentes héréditaires à
quatre pour cent fur les Aydes & Gabelles , par
forme de remplacement des Rentes créées par
l'Edit de Juin 1720. Chaque conſtitution particuliere
defdites Rentes ne pourra être moindre que
de mille livres de principal , qui produiront quarante
livres de rente. Il n'y aura fur ces Rentes
aucune retenue de vingtieme ni des deux fols pour
livre du dixieme , & de toutes autres impofitions.
Les Communautés Eccléfiaftiques , les Hôpitaux ,
& tous gens de main- morte , ainfi que les Etran
gers non-naturalifés & ceux mêmes qui demeure-
Font hots du Royaume , pourront acquérir lefdites
Rentes & en jouir , fans être obligés à aucune
formalité, ni payer aucuns droits d'amortiffemens.
On pourra en tranfmettre la propriété à d'autres
par voie de réconftitution. A commencer du premier
Janvier 1760 , on remboursera tous les ans
en deniers comptans une partie des capitaux defdites
Rentes jufqu'à leur extinétion totale , & ce
remboursement fe fera par la voie du fort , en
forme de Loterie , en la maniere qu'il eft porté &
expliqué par l'Edit . Les capitaux desdites Rentes
feront fournis moitié en argent, moitié en contrats .
Les lettres de Livourne annoncent que la Frégate
la Rofe , de 16 canons , commandée par le
feur de Sade , Capitaine de Vaiffeau , a conduit
à Malte le 9 Mars le Corſaire Anglois le Léopard,
de 36 canons , dont elle s'eft emparé après um
long combat.
•
Le Capitaine Ferdinand de Renaud , qui commande
le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne ,
s'eft rendu maître des Brigantins Anglois le Sal
tens, chargéd'orge & de farine,& laFortune, ayant
pour cargaifon du fucre ,du fel , des vins , des fruits,
&c. & il les a fait conduire à Dunkerque. Le mê-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
me Corfaire a pris un troifieme Bâtiment Anglois
chargé de charbon de terre , qui s'est échoué aux
environs d'Oftende .
Le Navire Anglois le Thomlefon , d'Antigues ,
'de 200 tonneaux , chargé de fucre & de coton
eft arrivé à Morlaix : il a été pris par le Corfaire
le Comte de Langeron , de Saint -Malo..
On mande de Marfeille , qu'il y a été conduit
un Brigantin Anglois appellé le Conftant , chargé
raifins fecs , qui a été pris par les Corfaires la
Conftance & le Charron , de ce port .
Le Corfaire la Ville- Helio , de Vannes , ayant
rencontré le 17 Juillet dernier au Cap Finiſtere
le Navire Anglois l'Elifabeth , forti de Roterdam
le 2 du même mois fous pavillon Hollandois , le
fomma d'amener & d'exhiber fes papiers . Ce Bâtiment
ayant refuſé d'amener , le Corſaire François
l'attaqua , & après un combat fanglant , s'en rendit
maître à l'abordage . Cette prife fi légitime a
fait l'objet d'une conteftation qui a été jugée le 8
de ce mois au Confeil des Prifes , en faveur du
Corfaire de Vannes. Elle eft eftimée plus de quatre
cens mille livres.
Le Capitaine Adrien de Lille , commandant le
Corfaire la Fulvie , de Dunkerque , s'eft rendu
maître des Navires Anglois l'Ellis , de Liverpool ,
de 200 tonneaux , armé de 4 canons & de 15 hommes
, & la Providence , de Briſtol , de 350 tonneaux
, armé de 24 canons & de 60 hommes. Ces
deux Bâtimens , qui alloient à la Jamaïque chacun
avec un chargement confiftant en vivres & en
marchandifes feches , ont été conduits à Morlaix .
Le Capitaine de Lille , en fociété avec le Corſaire
le Maurepas , de Dunkerque , a fait de plus pour
environ cinquante mille livres de rançons.
Le Navire Anglois l'Ulyffe , de la Nouvelle .
MA I. 1758 . 203
Yorck, d'où il venoit avec un chargement compofé
de bois de campêche, & de 80 barrils de goudron
, a été pris par le Corfaire l'Espérance , de
Bayonne, où il eft arrivé.
Le Capitaine Durbecq- de la Ciotat , commandant
la Galliote la Curieufe , qui a été armée en
courſe à Marſeille au mois de Janvier dernier , s'eft
rendu maître à la hauteur de Malaga , d'un Navire
Anglois dont le Capitaine a offert deux mille livres
fterlings pour fa rançon .
Lag du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy,
Miniftre d'Etat , prêta ferment entre les mains du
Roi , pour la charge de Tréforier de l'Ordre du
Saint-Efprit.
Les deux nouveaux Maréchaux de France ( MM.
les Comces de Bercheny & de Conflans ) prêterent
auffi ferment le même jour en cette qualité.
Le Roi ayant fait choix de M. le Maréchal Duc
de Befle- Ifle pour remplir la charge de Secrétaire
d'Etat au Département de la Guerre , Sa Majefté
a appellé près de fa perfonne M. de Crémille ,
Lieutenant- Général de fes Armées , pour aider
M. le Maréchal de Belle-Ifle dans les fonctions &
dans les détails de fon Département , & fous les
ordres.
La Vacance du Parlement ayant obligé de remettre
la Proceffion qui fe fait tous les ans le 22
de Mars , en mémoire de la réduction de certe
Capitale fous Pobéiffance de Henry IV , elle fe
fr en la maniere accoutumée le 7 de ce mois. Les
Lettres du Roi avoient été portées la veille aux
Compagnies , dont la préfence y eft requiſe , fuivant
l'ufage , par M. de Gizeux , Maître des cérémonies
de France en furvivance.
L'Efcadre Angloife , commandée par l'Amiral
Hawke , eft entrée le 4 Avril après-midi aux ra
des de la Rochelle , & a mouillé le 5 dans celle
de l'Ifle. Daix . Elle en eft repartie le 7 au matin
M A 1. 1758. 199
Cette Efcadre étoit compofée de fept Vaiffeaux de
ligne le Ramillies , de yo canons , le Royal-
Georges & le Royal- Guillaume , de 100 canons
chacun ; le Torbay , de 74 ; le Bedford , de 70 ;
l'Intrépide , de 64 ; & le Windſor , de 60 , avec
trois Frégates & un Senaw. L'Amiral Hauke a fait
débarquer quelque monde à l'ifle Daix , & y a
fait brûler les plattes formes , outils de travailleurs
, tombereaux , charettes , fauciffons , fafcinages
, ponts , & généralement tout ce qui s'eft
trouvé de combuftible dans les fortifications provifionnelles
que l'on y exécutoir. Tous les habitans
& ouvriers qui étoient à l'Iſle Daix , s'en étoient
retirés à Fouras dans le moment où l'Eſcadre Angloife
a paru , & il n'y étoit resté que quelques
Soldats. Les Anglois en ont emmené fept ou huit
avec eux. Les Vaiffeaux du Roi le Floriffant , le
Dragón , le Sphinx , le Hardy & le Warwick , qui
étoient en rade avec quelques Frégates , n'étant
point en état de réfilter à des forces fi fupérieures ,
fe font réfugiés dans la Charente entre Fouras &
l'Iſle Madame , & ils s'y font entraversé de maniere
à empêcher Pentrée de la riviere à l'Efcadre
Angloife , fi elle eût fair quelques tentatives pour
forcer le paffage. On avoit fait des difpofitions à
Rochefort , pour nuire par tous les moyens praticables
aux Vaiffeaux Anglois , s'ils n'en avoient
pas prévenu l'effet par leur retraite . Cependant les
Chaloupes canonnieres Anguille & l'Aventure ,
armées chacune d'un canon de 24 , & comman→
dées par les fieurs de Kergariou & de Camiran
Enfeignes de Vaiffeau, ont fort incommodé le
Vaiffeau Anglois l'Intrépide , qui étoit échoué fur
le banc de Boyard , & qui attendoit la haute mer
pour le mettre à flor. Nos Chaloupes feroient même
parvenues à le défemparer , fans le Vaiffeau le
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Windfor & quelques Frégates qui ont mis fours
voile pour le dégager . Les Fregates . la Thetis
l'Anemone & l'Ecureuil , commandées par les
fieurs de Goimpy , de Feuquieres , Lieutenant de
Vaiffeau , du Guafpern & de Queralbeau , Enfeignes
, conduifoient un convoi de Navires de commerce
de Breft à Rochefort . L'Anemone a gagné
l'entrée de la Charente avec une partie du convoi
, & le refte s'eft mis fous la protection de la
Citadelle de Saint-Martin de Ré , avec les Fregates
la Thetis & l'Ecureuil. Cette premiere s'eft même
emparé dans le Pertuis - Breton du Corſaire Anglois
le Franc-Maçon , de 10 carrons & de 70 hommes
d'équipage , & l'a fait entrer à Saint -Martin
de Ré à la vue de l'Efcadre Angloiſe.
Le 14 Avril , le Roi tint le Sceau pour la vingtfeptieme
fois.
Sa Majefté , à l'occafion de la mort de Mademoiſelle
de Charolois , alla le même jour rendre
vifite à la Princeffe de Conty , & à Mademoiſelle
de Sens , chez qui fe trouverent le Prince & la
Princeffe de Condé .
La Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne,
Monſeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante , Madame
& Mefdames Victoire & Louiſe , vifiterent auffi
ces Princeffes .
Le 15 , la Princeffe de Conty & Mademoiſelle
de Sens , allerent faire leurs révérences au Roi , à
la Reine & à la Famille Royale.
Le même jour , Madame Louife donna le voile
à la Dame de Ziner , dans l'Abbaye de Saint Cyr.
Le 19 , MM. l'Evêque de Digne & l'Evêquè
d'Aire prêterent ferment entre les mains du Roi .
Les fieurs Guyot de Saint- Amand & de Gangy
MA 1.1758. 201
4
prêterent ferment entre les mains du Roi le 9 du
même mois ; le premier , pour la charge de Lieutenant
de Roi de la Province du Chalonnois ; le
fecond , pour la charge de Lieutenant de Roi au
Département & Sénéchauffée de Poitiers & de Lu
fignan.
Le Roi reçut le même jour Chevaliers de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , M. le Marquis
de Foffeufe , Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , Menin de Monfeigneur le
Dauphin , & MM. les ) Comtes de Biernay , Soulieutenant
des Gendarmes de Berry ; de Lordat ,
Soulieutenant des Chevaux- Légers de Bretagne ;
de Murinais , premier Cornette des Chevaux - Legers
d'Aquitaine ; de Noé & de Saiffeval , Guidons
de Gendarmerie.
M. PEyêque de Digne a été facré le 16 Avril
dans l'Eglife des Miffions Etrangeres , par M.
l'Archevêque d'Embrun , affifté des Evêques de
Dol & de Vence,
M. l'Evêque d'Aire,a été facré le même jour à
Meaux par l'Evêque de cette derniere Ville , affifté
de l'ancien Evêque de Troyes & de celui de
Condom.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu le
feur Bezout & le Comte de Lauragais , pour remplir
les deux places d'Adjoints - Méchaniciens , va
cantes par la promotion de M. le Chevalier d'Arcy
& de M. Yaucanfon à celles d'Affociés Ordinaires
, le Roi a bien voulu agréer fon choix.
Le Corps de Mademoiſelle de Charolois , après
avoir été embaumé , a été expofé pendant plufeurs
jours dans une Chambre de parade , éclairée.
par un grand nombre de lumieres , & tendue de
blanc. Il fut porté le 13 Avril au Couvent des
Carmelites du Fauxbourg Saint Jacques , pour y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
être inhumé. Le cortège du Convoi étoit compoft
de cent Pauvres , couverts de draps gris , & tenant
chacun un fambeau ; des Officiers , des Suiffes &
des Valets de Chambre de la Princeffe à cheval
de plus de cent cinquante Valers de pieds , de fept
Carroffes drapés à fix chevaux harnachés & capa
raçonnés de noir , qui étoient remplis par les
Ecuyers , les Gentilshommes , les principaux Of
heiers , & les Femmes de Chambres ; & de deux
Carroles à huit chevaux. Dans le premier de ces
deux Carroffes , étoit le Corps de la Princeffe
avec les deur Aumôniers. La Princeffe de Condé
étoit dans le fecond avec la Princeffe de Rohan
la Dame de Renty , fa Dame d'Honneur , la Dame
du Guefelin , fa Dame de Compagnie , & les
Dames attachées à la Princeffe défunte. Lorsqu'on
fut aux Carmelites , le Corps fat defcendu du Carroffe
par les huit Valers de Chambre, & porté fous
le portique intérieur de l'Eglife , ou les Religieufes
, tenant chacune un cierge à la main , étoient
rangées à droite & à gauche avec trente Eeclefiafriques
, le Supérieur de la Maifon à leur tête. L'Evêque
de Valence en camail & en rochet , accom
pagné du Curé de Saint Sulpice en étole ; en préfentant
le Corps & le Coeur de la Princeffe aux
Carmelites , leur fit un difcours auquel le Supé
rieur répondit , enfuite ces Religieufes commencerent
l'Office des Morts. Les prietes finies , les
hair Valets de Chambre porterent le Corps près de
la foffe , & Py ayant defeende , le Ceur fur pofe
fur la croix du cerceuil . La Princeffe de Condé qui
menoit le deuil , étoit en longue mante , dont la
queue étoit portée par le fieur de Tourailles , for
fecond Ecuyer.
On vient de publier un Edit du Roi portant
création de trois millions deur cens mille livres
MAI. 1758.
203
actuelles & effectives de Rentes héréditaires à
quatre pour cent fur les Aydes & Gabelles , par
forme de remplacement des Rentes créées par
l'Edit de Juin 1720. Chaque conſtitution particuliere
defdites Rentes ne pourra être moindre que
de mille livres de principal , qui produiront quarante
livres de rente. Il n'y aura fur ces Rentes
aucune retenue de vingtieme ni des deux fols pour
livre du dixieme , & de toutes autres impofitions.
Les Communautés Eccléfiaftiques , les Hôpitaux ,
& tous gens de main- morte , ainfi que les Etran
gers non-naturalifés & ceux mêmes qui demeure-
Font hots du Royaume , pourront acquérir lefdites
Rentes & en jouir , fans être obligés à aucune
formalité, ni payer aucuns droits d'amortiffemens.
On pourra en tranfmettre la propriété à d'autres
par voie de réconftitution. A commencer du premier
Janvier 1760 , on remboursera tous les ans
en deniers comptans une partie des capitaux defdites
Rentes jufqu'à leur extinétion totale , & ce
remboursement fe fera par la voie du fort , en
forme de Loterie , en la maniere qu'il eft porté &
expliqué par l'Edit . Les capitaux desdites Rentes
feront fournis moitié en argent, moitié en contrats .
Les lettres de Livourne annoncent que la Frégate
la Rofe , de 16 canons , commandée par le
feur de Sade , Capitaine de Vaiffeau , a conduit
à Malte le 9 Mars le Corſaire Anglois le Léopard,
de 36 canons , dont elle s'eft emparé après um
long combat.
•
Le Capitaine Ferdinand de Renaud , qui commande
le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne ,
s'eft rendu maître des Brigantins Anglois le Sal
tens, chargéd'orge & de farine,& laFortune, ayant
pour cargaifon du fucre ,du fel , des vins , des fruits,
&c. & il les a fait conduire à Dunkerque. Le mê-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
me Corfaire a pris un troifieme Bâtiment Anglois
chargé de charbon de terre , qui s'est échoué aux
environs d'Oftende .
Le Navire Anglois le Thomlefon , d'Antigues ,
'de 200 tonneaux , chargé de fucre & de coton
eft arrivé à Morlaix : il a été pris par le Corfaire
le Comte de Langeron , de Saint -Malo..
On mande de Marfeille , qu'il y a été conduit
un Brigantin Anglois appellé le Conftant , chargé
raifins fecs , qui a été pris par les Corfaires la
Conftance & le Charron , de ce port .
Le Corfaire la Ville- Helio , de Vannes , ayant
rencontré le 17 Juillet dernier au Cap Finiſtere
le Navire Anglois l'Elifabeth , forti de Roterdam
le 2 du même mois fous pavillon Hollandois , le
fomma d'amener & d'exhiber fes papiers . Ce Bâtiment
ayant refuſé d'amener , le Corſaire François
l'attaqua , & après un combat fanglant , s'en rendit
maître à l'abordage . Cette prife fi légitime a
fait l'objet d'une conteftation qui a été jugée le 8
de ce mois au Confeil des Prifes , en faveur du
Corfaire de Vannes. Elle eft eftimée plus de quatre
cens mille livres.
Le Capitaine Adrien de Lille , commandant le
Corfaire la Fulvie , de Dunkerque , s'eft rendu
maître des Navires Anglois l'Ellis , de Liverpool ,
de 200 tonneaux , armé de 4 canons & de 15 hommes
, & la Providence , de Briſtol , de 350 tonneaux
, armé de 24 canons & de 60 hommes. Ces
deux Bâtimens , qui alloient à la Jamaïque chacun
avec un chargement confiftant en vivres & en
marchandifes feches , ont été conduits à Morlaix .
Le Capitaine de Lille , en fociété avec le Corſaire
le Maurepas , de Dunkerque , a fait de plus pour
environ cinquante mille livres de rançons.
Le Navire Anglois l'Ulyffe , de la Nouvelle .
MA I. 1758 . 203
Yorck, d'où il venoit avec un chargement compofé
de bois de campêche, & de 80 barrils de goudron
, a été pris par le Corfaire l'Espérance , de
Bayonne, où il eft arrivé.
Le Capitaine Durbecq- de la Ciotat , commandant
la Galliote la Curieufe , qui a été armée en
courſe à Marſeille au mois de Janvier dernier , s'eft
rendu maître à la hauteur de Malaga , d'un Navire
Anglois dont le Capitaine a offert deux mille livres
fterlings pour fa rançon .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En avril 1758, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le Marquis de Paulmy a prêté serment pour la charge de Trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit. Les Comtes de Bercheny et de Conflans ont été nommés Maréchaux de France et ont également prêté serment. Le Roi a nommé le Maréchal Duc de Belle-Isle au Département de la Guerre et a appelé M. de Crémille pour l'assister. La procession annuelle en mémoire de la réduction de Paris sous Henri IV a été reportée au 7 avril. Sur le plan militaire, l'escadre anglaise commandée par l'Amiral Hawke est entrée dans la rade de l'île d'Aix le 4 avril, composée de sept vaisseaux de ligne et de trois frégates. Les vaisseaux français se sont réfugiés dans la Charente pour éviter un affrontement. Les chaloupes canonnières françaises ont attaqué le vaisseau anglais l'Intrépide, échoué sur le banc de Boyard. Plusieurs frégates françaises ont protégé un convoi de navires de commerce. Le Roi a tenu le Sceau pour la vingt-septième fois le 14 avril. À l'occasion de la mort de Mademoiselle de Charolois, le Roi et la famille royale ont rendu visite à la Princesse de Conty et à Mademoiselle de Sens. Le corps de Mademoiselle de Charolois a été inhumé au couvent des Carmélites du Faubourg Saint-Jacques. Des nominations et promotions ont eu lieu, notamment celles des Évêques de Digne et d'Aire, et de plusieurs officiers. L'Académie Royale des Sciences a élu les sieurs Bezout et le Comte de Lauragais comme Adjoints-Mécaniciens. Un édit royal a créé trois millions de livres de rentes héréditaires à quatre pour cent. En mer, plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français ont été signalées, notamment par le Capitaine de Renaud et le Capitaine Adrien de Lille. Ces prises ont été conduites à Dunkerque et à Morlaix.
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9
p. 208
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Sa Majesté a écrit aux Archevêques & Evêques de son Royaume, pour faire [...]
Mots clefs :
Archevêques, Évêques, Victoire en Amérique, Te Deum, Victoire en Bretagne
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour de Paris , & c.
SAA Majefté a écrit aux Archevêques & Evêques
de fon Royaume , pour faire chanter le Te Deum ,
en actions de graces de la victoire remportée en
Amérique par M. le Marquis de Montcalm , ou
quatre mille François ont combattu & vaincu
vingt- deux mille hommes ; & de la défaite totale
des Anglois , à Saint- Caft en Bretagne , par M. le
Duc d'Aiguillon , qui a donné dans cette journée
les preuves les plus éclatantes de fon habileté &
de fa valeur.
SAA Majefté a écrit aux Archevêques & Evêques
de fon Royaume , pour faire chanter le Te Deum ,
en actions de graces de la victoire remportée en
Amérique par M. le Marquis de Montcalm , ou
quatre mille François ont combattu & vaincu
vingt- deux mille hommes ; & de la défaite totale
des Anglois , à Saint- Caft en Bretagne , par M. le
Duc d'Aiguillon , qui a donné dans cette journée
les preuves les plus éclatantes de fon habileté &
de fa valeur.
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10
p. 202-203
« Le 19 Octobre, le Roi nomma M. le Prince de Soubise [...] »
Début :
Le 19 Octobre, le Roi nomma M. le Prince de Soubise [...]
Mots clefs :
Prince de Soubise, Évêques, Nominations, Chevalier, Comte, Duc, Officiers, Ministre d'État, Gouvernement, Vicaire général, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « Le 19 Octobre, le Roi nomma M. le Prince de Soubise [...] »
FRANC E.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 19 Octobre , le Roi nomma M. le Prince de
Soubife Maréchal de France.
Le même jour , M. l'Evêque d'Autun prêta ferment
entre les mains de Sa Majeſté .
Le Roi a accordé à l'occafion de l'affaire de
Saint Caft en Bretagne , une penfion de deux mille
livres fur le Tréfor Royal à M. le Chevalier de
Redmont , Maréchal de Camp ; le grade de Maréchal
de Camp à M. le Marquis de la Chaftre ,
Brigadier d'Infanterie , ci - devant Colonel du Régiment
de Crambrefis.
Sa Majesté a fait Brigadiers d'Infanterie , MM .
le Chevalier de Saint- Pern , Colonel du Régiment
de Penthievre ; le Chevalier de la Tour d'Auvergne
, Colonel du Régiment de Boulonnois ; le
Marquis de Broc , Colonel du Régiment de Bourbon
; le Chevalier de Polignac , Colonel du Régiment
de Brie ; le Chevalier de Sainte-Croix , Lieutenant-
Colonel du Régiment de Bourbon ; & Brigadier
de Dragons le Marquis de Marbeuf , Meftre
de Camp du Régiment de fon nom .
Le Roi a auffi accordé aux Officiers des troupes
qui ont contribué aux fuccès de cette affaire , &
aux Gentilhommes de cette Province ' , des penfions
, des gratifications & des Croix de S. Louis.
Le 2 Novembre , M. Berrier , Miniftre d'Etat
prêta ferment entre les mains du Roi pour
charge de Secretaire d'Etat de la Marine ; M. de
Maffiac , Lieutenant général des Armées Nayales ,
DECEMBRE . 1758. 203
ayant obtenu la permiffion de Sa Majefté de fe
démettre de cette charge , ainfi que M. le Normand-
de Maizy , qui y étoit adjoint .
Le Roi a difpofé du Gouvernement de la ville
de Nay en Bearn , en faveur du Baron d'Eſpalungue
, premier Baron des Etats de Bearn , Moufquetaire
du Roi , & aide de Camp de M. le Duc de Tref
mes , Pair de France , Lieutenant général des Armées
du Roi , Commandant pour Sa Majesté à
Bayonne , & fur les côtes .
Le Roi ayant écrit aux Vicaires Généraux de
l'Archevêque de Paris , pour faire rendre à Dieu
de folemnelles actions de graces , au fujet de la
victoire remportée fur les Heffois & les Hanòvriens
par les troupes
de Sa Majefté aux ordres du
Prince de Soubiſe , on chanta le 28 du mois dernier
le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine . M.
l'Abbé d'Agoult , Doyen du Chapitre , y officia.
M. de Lamoignon , Chancelier de France, accompagné
de plufieurs Confeillers d'Etat , & Maîtres
des Requêtes , y affifta , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , & le
Corps de Ville , qui y avoient été invités de la part
de Sa Majefté par M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
Le Clergé de France y fut auffi invité
de la part du Roi , & y affifta .
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 19 Octobre , le Roi nomma M. le Prince de
Soubife Maréchal de France.
Le même jour , M. l'Evêque d'Autun prêta ferment
entre les mains de Sa Majeſté .
Le Roi a accordé à l'occafion de l'affaire de
Saint Caft en Bretagne , une penfion de deux mille
livres fur le Tréfor Royal à M. le Chevalier de
Redmont , Maréchal de Camp ; le grade de Maréchal
de Camp à M. le Marquis de la Chaftre ,
Brigadier d'Infanterie , ci - devant Colonel du Régiment
de Crambrefis.
Sa Majesté a fait Brigadiers d'Infanterie , MM .
le Chevalier de Saint- Pern , Colonel du Régiment
de Penthievre ; le Chevalier de la Tour d'Auvergne
, Colonel du Régiment de Boulonnois ; le
Marquis de Broc , Colonel du Régiment de Bourbon
; le Chevalier de Polignac , Colonel du Régiment
de Brie ; le Chevalier de Sainte-Croix , Lieutenant-
Colonel du Régiment de Bourbon ; & Brigadier
de Dragons le Marquis de Marbeuf , Meftre
de Camp du Régiment de fon nom .
Le Roi a auffi accordé aux Officiers des troupes
qui ont contribué aux fuccès de cette affaire , &
aux Gentilhommes de cette Province ' , des penfions
, des gratifications & des Croix de S. Louis.
Le 2 Novembre , M. Berrier , Miniftre d'Etat
prêta ferment entre les mains du Roi pour
charge de Secretaire d'Etat de la Marine ; M. de
Maffiac , Lieutenant général des Armées Nayales ,
DECEMBRE . 1758. 203
ayant obtenu la permiffion de Sa Majefté de fe
démettre de cette charge , ainfi que M. le Normand-
de Maizy , qui y étoit adjoint .
Le Roi a difpofé du Gouvernement de la ville
de Nay en Bearn , en faveur du Baron d'Eſpalungue
, premier Baron des Etats de Bearn , Moufquetaire
du Roi , & aide de Camp de M. le Duc de Tref
mes , Pair de France , Lieutenant général des Armées
du Roi , Commandant pour Sa Majesté à
Bayonne , & fur les côtes .
Le Roi ayant écrit aux Vicaires Généraux de
l'Archevêque de Paris , pour faire rendre à Dieu
de folemnelles actions de graces , au fujet de la
victoire remportée fur les Heffois & les Hanòvriens
par les troupes
de Sa Majefté aux ordres du
Prince de Soubiſe , on chanta le 28 du mois dernier
le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine . M.
l'Abbé d'Agoult , Doyen du Chapitre , y officia.
M. de Lamoignon , Chancelier de France, accompagné
de plufieurs Confeillers d'Etat , & Maîtres
des Requêtes , y affifta , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , & le
Corps de Ville , qui y avoient été invités de la part
de Sa Majefté par M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
Le Clergé de France y fut auffi invité
de la part du Roi , & y affifta .
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Résumé : « Le 19 Octobre, le Roi nomma M. le Prince de Soubise [...] »
Le 19 octobre, le roi nomma le Prince de Soubise Maréchal de France et l'Évêque d'Autun prêta serment. À la suite de l'affaire de Saint-Cast en Bretagne, le roi accorda une pension de deux mille livres au Chevalier de Redmont et le grade de Maréchal de Camp au Marquis de la Chastre. Plusieurs Brigadiers d'Infanterie furent nommés, dont le Chevalier de Saint-Pern, le Chevalier de la Tour d'Auvergne, le Marquis de Broc, le Chevalier de Polignac et le Chevalier de Sainte-Croix. Le Marquis de Marbeuf fut nommé Brigadier de Dragons et Maître de Camp. Des pensions et des Croix de Saint-Louis furent attribuées aux officiers et gentilshommes ayant contribué aux succès de cette affaire. Le 2 novembre, M. Berrier prêta serment comme Secrétaire d'État de la Marine, remplaçant M. de Massiac et M. le Normand-de Maizy. Le roi attribua le Gouvernement de la ville de Bayonne au Baron d'Espalungue et ordonna des actions de grâce pour la victoire sur les Hessois et les Hanovriens, avec un Te Deum chanté le 28 du mois précédent.
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11
p. 128-129
GRAVURE.
Début :
CARTE des noms, armes & blasons des Archevêques & Evêques qui composent [...]
Mots clefs :
Cartes, Blasons, Archevêques, Évêques, Maître à écrire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
CARTE des noms , armes & blaſons
des Archevêques & Evêques qui compofent
le Clergé de France , tel qu'il
eft actuellement , avec ceux des Généraux
des Ordres & Grands - Prieurs de
France , par le fieur Dubuiffon Généalogifte
& Doreur du Roi. On y a
joint leur taxe en Cour de Rome &
leurs revenus. Cette Carte eft très - commode
, par les changemens que l'on y
peut faire , en mettant un écuffon à la
place d'un autre , ce qui la rend perpétuelle.
Prix , 30 fols , chez le fieur
JANVIER 1763. 129
Dubuiffon , rue S. Jacques , vis -à-vis
S. Benoît.
PIECES de principes d'écriture , par
le fieur Rochon , Maître à écrire & d'Arithmétique
à Verfailles. Ces deux Piéces
, gravées fur une feule feuille , renferment
généralement tout ce qui concerne
l'écriture . Elles font dédiées à M.
le Comte de Noailles , & fe vendent
chez l'Auteur même , à Versailles.
CARTE des noms , armes & blaſons
des Archevêques & Evêques qui compofent
le Clergé de France , tel qu'il
eft actuellement , avec ceux des Généraux
des Ordres & Grands - Prieurs de
France , par le fieur Dubuiffon Généalogifte
& Doreur du Roi. On y a
joint leur taxe en Cour de Rome &
leurs revenus. Cette Carte eft très - commode
, par les changemens que l'on y
peut faire , en mettant un écuffon à la
place d'un autre , ce qui la rend perpétuelle.
Prix , 30 fols , chez le fieur
JANVIER 1763. 129
Dubuiffon , rue S. Jacques , vis -à-vis
S. Benoît.
PIECES de principes d'écriture , par
le fieur Rochon , Maître à écrire & d'Arithmétique
à Verfailles. Ces deux Piéces
, gravées fur une feule feuille , renferment
généralement tout ce qui concerne
l'écriture . Elles font dédiées à M.
le Comte de Noailles , & fe vendent
chez l'Auteur même , à Versailles.
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Résumé : GRAVURE.
Le document présente deux annonces. La première concerne une gravure de Dubuiffon, généalogiste du Roi, montrant les noms, armes et blasons des archevêques, évêques, généraux des ordres et grands-prieurs de France, avec leurs taxes et revenus. Elle est modifiable et vendue 30 sols en 1763. La seconde annonce concerne des pièces d'écriture de Rochon, maître à écrire à Versailles, dédiées au Comte de Noailles.
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