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1
s. p.
PREFACE.
Début :
Par où commencer ma Preface ? quel caractere prendrai-je ? [...]
Mots clefs :
Préface, Charge, Roi, Mes amusements
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texteReconnaissance textuelle : PREFACE.
PREFACE.
PAroùcommencer ma
Preface? quel caractere
prendrai-je? le serieuxou
le comique. UnePreface
serieuse à la teste d'un
Mercure Galant, c'est
s'engager par écrit à ennuyer
le Public toute
annee; mais aussi une
Préfacé comique promet
un Livre de même
,
c'est
trop promettre, & l'on
n'est jamais moins réjoüissant
que quand on
a promis de l'estre.
Quel parti prendre? Il
est bien triste d'ennuyer
d'honnestes gens & tresdifficile
de les réjoüir. Il
faut pourtant caracteriser
une Préface;elle doit
annoncerparsoncaractere
celuy du Livre & de
l'Auteur; c'estce quime
fait trembler. Lesconsequencesqu'on
tire d'une
Preface décident quelquefois
de la réüssice du
Livre. Il faut si peu de
chose pour prévenir les
hommes
, & la prévention
a tant de part à leurs
décidons !
Macrainte redouble:
le choix d'un caractere
me tiens en suspens ; tirons
parti de cette incertitude.
Ouy., mon incertitude
me détermine, ôc
puisqu'une Préface tire à
consequenceje me déter
mine à n'en point faire.
Point de Préfacé,s'écriera-
t-on ! Il en faut
une; on s'y attends:vous
nous la -devez. J'enconviens;
l'einploy dont on
111a chargéest une espece
de Charge publique.
Ilfaut enfin que je me
fkffe recevoir Auteur à
la tête du Mercure Ga"
lant, & c'est par une
humble Préfacé qu'un
Auteur doit prêter serment
entre les mains du
Publicqu'il travaillera fidellement
à luy plaire.
Je jure que j'y tâcheray:
ceux qui font ferment de
plaire sont Cujets à fausser
leur ferment.
VnAuteur efi bien embarraJJéàlatejfc
defion
Livre: il ne fiait quelle
contenance tenir. J'tlfait
lefietonfefiaita rabattre
safierté; s'il affecte de t
s'humilier, on le méprifl;
s'ilditqueson travailfera
merveilleux, on n'en croit
rien;s'il dit que cejlpeu
de chose, on le croitfurfa
parole.Neparlera-t-il
point de Jes Ouvrages j
la dure neceJlitépour un
Auteur.
J'en juge par moy-même.
Je n'ay pû m'empêcher
de citer icy un article
de mes Amusements
sérieux&comiques.Mais
puisquej'ay tant fait que
de franchir les bornes de
la modestie, disons que
ce Livre a eu de la reiiilîte.
Peut-être que celapréviendra
en faveur de
celui-ci. Peut-être aussi
que cela luy fera tort;
On s'attendra à trouver
dans celui-ci certain air
ncuf& original qui a plû
dans l'autre: & c'est ce
quon ne trouvera point
icy. J'estois Auteur dans
mes Amusements; mais
dans un Mercure, je ne
puis estre qu'un Compilateur
de bons ou de
mauvais matériaux,tels
quon me les fournira.
Onn'en doit attendre de
moy que le choix & l'arrangement.
Ce qu'on
pourrait exiger est un
long Avant-propos que
j'ay resolu de ne point
faire, &: ce qui vous paroîtra
singulier, plus j'ay
de choses à vous dire
pour vousmettre aufait
de mon Ouvrage, &:
plus il est à propos que je
retranche ma Preface.
Ceparadoxe affecté est
en effet tres-singulier;
dira malignement ua
Critique:à cette singularité
je reconnois eneen
re l'Auteur des Amust
ments.
Je n'affecte jamais d'.J
tre singulie,& le bon
sens seul m'éloigne icy
de l'usage ordinaire. Il
me viendra tant de sujets
à traiter que je n'en prévois
pas la difference.
Quel ordre puis- je vous
promettre la-dessus.
Il est donc plus sensé
d'attendre que chaque
sujet s'offrant à moy, fasse
naître les reflexions
qui lui conviennent. Mes
reflexions seront plusjustes
& moins ennuyeuses
séparément, que si je les
faisois ici toutes ensembles.
Je vous promets
donc à chaque Article
un petit préambule : il
ne tiendra qu'à vous de
l'appeller Preface. Ainsi,
pour peu que mes préambules
soient ennuyeux;
vous aurez plus de Préfaces
que vous ne voudrez.
On a jugé à propos
que je misse au commencement
de mon Mercu.
re le Placet en vers que
j'ay eu l'honneur depresenter
au Roy. Je ne
vous le donne que comme
un simple badinage,
& je dois dire icy pour
l'intelligence de ce Placet,
que le Roy qui sçait
jetter les yeux sur les
plus petites choses, sans
perdre de vûë les plus
grandes, a souvent daignés'amuser
demesOuvrages.
PAroùcommencer ma
Preface? quel caractere
prendrai-je? le serieuxou
le comique. UnePreface
serieuse à la teste d'un
Mercure Galant, c'est
s'engager par écrit à ennuyer
le Public toute
annee; mais aussi une
Préfacé comique promet
un Livre de même
,
c'est
trop promettre, & l'on
n'est jamais moins réjoüissant
que quand on
a promis de l'estre.
Quel parti prendre? Il
est bien triste d'ennuyer
d'honnestes gens & tresdifficile
de les réjoüir. Il
faut pourtant caracteriser
une Préface;elle doit
annoncerparsoncaractere
celuy du Livre & de
l'Auteur; c'estce quime
fait trembler. Lesconsequencesqu'on
tire d'une
Preface décident quelquefois
de la réüssice du
Livre. Il faut si peu de
chose pour prévenir les
hommes
, & la prévention
a tant de part à leurs
décidons !
Macrainte redouble:
le choix d'un caractere
me tiens en suspens ; tirons
parti de cette incertitude.
Ouy., mon incertitude
me détermine, ôc
puisqu'une Préface tire à
consequenceje me déter
mine à n'en point faire.
Point de Préfacé,s'écriera-
t-on ! Il en faut
une; on s'y attends:vous
nous la -devez. J'enconviens;
l'einploy dont on
111a chargéest une espece
de Charge publique.
Ilfaut enfin que je me
fkffe recevoir Auteur à
la tête du Mercure Ga"
lant, & c'est par une
humble Préfacé qu'un
Auteur doit prêter serment
entre les mains du
Publicqu'il travaillera fidellement
à luy plaire.
Je jure que j'y tâcheray:
ceux qui font ferment de
plaire sont Cujets à fausser
leur ferment.
VnAuteur efi bien embarraJJéàlatejfc
defion
Livre: il ne fiait quelle
contenance tenir. J'tlfait
lefietonfefiaita rabattre
safierté; s'il affecte de t
s'humilier, on le méprifl;
s'ilditqueson travailfera
merveilleux, on n'en croit
rien;s'il dit que cejlpeu
de chose, on le croitfurfa
parole.Neparlera-t-il
point de Jes Ouvrages j
la dure neceJlitépour un
Auteur.
J'en juge par moy-même.
Je n'ay pû m'empêcher
de citer icy un article
de mes Amusements
sérieux&comiques.Mais
puisquej'ay tant fait que
de franchir les bornes de
la modestie, disons que
ce Livre a eu de la reiiilîte.
Peut-être que celapréviendra
en faveur de
celui-ci. Peut-être aussi
que cela luy fera tort;
On s'attendra à trouver
dans celui-ci certain air
ncuf& original qui a plû
dans l'autre: & c'est ce
quon ne trouvera point
icy. J'estois Auteur dans
mes Amusements; mais
dans un Mercure, je ne
puis estre qu'un Compilateur
de bons ou de
mauvais matériaux,tels
quon me les fournira.
Onn'en doit attendre de
moy que le choix & l'arrangement.
Ce qu'on
pourrait exiger est un
long Avant-propos que
j'ay resolu de ne point
faire, &: ce qui vous paroîtra
singulier, plus j'ay
de choses à vous dire
pour vousmettre aufait
de mon Ouvrage, &:
plus il est à propos que je
retranche ma Preface.
Ceparadoxe affecté est
en effet tres-singulier;
dira malignement ua
Critique:à cette singularité
je reconnois eneen
re l'Auteur des Amust
ments.
Je n'affecte jamais d'.J
tre singulie,& le bon
sens seul m'éloigne icy
de l'usage ordinaire. Il
me viendra tant de sujets
à traiter que je n'en prévois
pas la difference.
Quel ordre puis- je vous
promettre la-dessus.
Il est donc plus sensé
d'attendre que chaque
sujet s'offrant à moy, fasse
naître les reflexions
qui lui conviennent. Mes
reflexions seront plusjustes
& moins ennuyeuses
séparément, que si je les
faisois ici toutes ensembles.
Je vous promets
donc à chaque Article
un petit préambule : il
ne tiendra qu'à vous de
l'appeller Preface. Ainsi,
pour peu que mes préambules
soient ennuyeux;
vous aurez plus de Préfaces
que vous ne voudrez.
On a jugé à propos
que je misse au commencement
de mon Mercu.
re le Placet en vers que
j'ay eu l'honneur depresenter
au Roy. Je ne
vous le donne que comme
un simple badinage,
& je dois dire icy pour
l'intelligence de ce Placet,
que le Roy qui sçait
jetter les yeux sur les
plus petites choses, sans
perdre de vûë les plus
grandes, a souvent daignés'amuser
demesOuvrages.
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Résumé : PREFACE.
L'auteur de la préface exprime d'abord son dilemme quant au ton à adopter, oscillant entre sérieux et comique, afin d'éviter d'ennuyer ou de décevoir le public. Il souligne la complexité de rédiger une préface, qui doit révéler le caractère du livre et de l'auteur, et peut influencer le succès de l'ouvrage. L'auteur avoue son incertitude et décide finalement de ne pas écrire de préface, bien qu'il reconnaisse que cela soit attendu de lui. Il compare sa situation à celle d'un auteur embarrassé par la rédaction de sa préface, soulignant les risques de se vanter ou de s'humilier. L'auteur mentionne un de ses ouvrages précédents, 'Amusements sérieux et comiques', dont il cite un article. Il explique que dans le Mercure Galant, il ne peut être qu'un compilateur de matériaux. Il refuse de rédiger un long avant-propos et préfère que chaque sujet traité dans le livre soit introduit par un petit préambule. Enfin, il conclut en mentionnant l'ajout d'un placet en vers adressé au roi, présenté comme un simple badinage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 21-24
« J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
Début :
J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...]
Mots clefs :
Préface, Satire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
J'ay jugé de l'effet que
fit ce Difcours fur toute
22 MERCURE
l'Affemblée
, par
l'effet
qu'en a fait fur moy le
fimple récit , il ma donné
une telle averfion pour
les Satires
déplacées ,
qu'il ma fait repentir d'a
voir
feulement
répondu
à celle qui ma ſi bruſque→
ment attaqué , quoy que
ines amis m'ayent , pour
ainfi dire , forcé de m'ap
percevoir des coups qu’-
on me portoit : je conviens
qu'il eft ridicule de
profaner
un Mercure
Ga
GALANT. 2$
lant par des querelles
d'Auteurs , c'eſt un objet
bien defagreable à montrer
au Public , qu'un
Auteur piqué , c'eft en ce
fens que l'Auteur doit
fe dérober , felon l'expreffion
du M. de Trévoux ;
mais j'ay tort de finir
ma Preface.comme je l'ay
commencée , c'eſt en
quelque façon participer
au ridicule d'une aigre
critique que de s'amuſer
à yrépondre ; & je pro24
MERCURE
teſte que quelque réponfe
qu'on puis faire à la
mienne , je n'y auray
nulle attention , car je
ne me fuis jamais fenti
de talent pour ce genre
d'écrire , dont la perfection
confifte à trouver
beaucoup
de deffauts
dans les ouvrages des
autres.
fit ce Difcours fur toute
22 MERCURE
l'Affemblée
, par
l'effet
qu'en a fait fur moy le
fimple récit , il ma donné
une telle averfion pour
les Satires
déplacées ,
qu'il ma fait repentir d'a
voir
feulement
répondu
à celle qui ma ſi bruſque→
ment attaqué , quoy que
ines amis m'ayent , pour
ainfi dire , forcé de m'ap
percevoir des coups qu’-
on me portoit : je conviens
qu'il eft ridicule de
profaner
un Mercure
Ga
GALANT. 2$
lant par des querelles
d'Auteurs , c'eſt un objet
bien defagreable à montrer
au Public , qu'un
Auteur piqué , c'eft en ce
fens que l'Auteur doit
fe dérober , felon l'expreffion
du M. de Trévoux ;
mais j'ay tort de finir
ma Preface.comme je l'ay
commencée , c'eſt en
quelque façon participer
au ridicule d'une aigre
critique que de s'amuſer
à yrépondre ; & je pro24
MERCURE
teſte que quelque réponfe
qu'on puis faire à la
mienne , je n'y auray
nulle attention , car je
ne me fuis jamais fenti
de talent pour ce genre
d'écrire , dont la perfection
confifte à trouver
beaucoup
de deffauts
dans les ouvrages des
autres.
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Résumé : « J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
L'auteur réagit à une satire qui l'a attaqué et exprime son aversion pour ce type de critiques déplacées après avoir entendu les réactions de l'assemblée. Il regrette d'avoir répondu à cette attaque, bien que ses amis l'y aient encouragé. Il reconnaît qu'il est ridicule de transformer un journal galant en un lieu de querelles d'auteurs et que montrer un auteur piqué est désagréable pour le public. L'auteur admet qu'il a tort de terminer sa préface comme il l'a commencée, car répondre à une critique aigre participe au ridicule. Il affirme qu'il n'accordera aucune attention aux réponses à sa propre critique, car il ne se sent pas talentueux pour ce genre d'écriture, qui consiste à trouver beaucoup de défauts dans les œuvres des autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 3-11
NOUVEAU MERCURE
Début :
Je ne prétens pas m'ériger en autheur pour m' [...]
Mots clefs :
Auteur, Public, Préface
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVEAU MERCURE
NOUVEAU
MERCURE
E ne prétens pas
m'érigeren autheur
pour m'eſtre rendu
garant de l'exactitude&
de l'arrangement des
faits , qui doivent(rem
plir le Mercure Galant
jeconnois trop les diffi-
A ij
4 MERCURE
1
cultez qui ſe trouvent à
ſouſtenir le titre de bon
autheur , d'ailleurs comme
j'ay tousjours efté
plus voyageur qu'écrivain
, je promets de bonnes
relations & pour
ainfi- dire , l'Hiftoire préfente
, tant galante que
,
politique de toutes les
Cours de l'Europe ,&
meſme des autres parties
du monde où je me fuis
fait des correfpondances .
Je me flatte que mon
GALANT.
attachement. , & mon
attention , me mettront
à l'abri des reproches
qu'on a pû faire à mon
Aſſocié Taveu qu'il a
fait luy meſme de ſa né
gligence m'authoriſe à
l'en accufer ; & quand
n'y luy n'y moy n'en au
rions parlé , ſa réputation
eft affez bien establie
pourmettre à l'abry fon
efpri t& fon gouft. La
décadence du Mercure
n'a fait tort qu'au Mer-
A iij
• MERCURE
cure teul , parce qu'il
s'est moins débité. Le
Mercure n'eſt plus bon ,
a dit le Public , mais fi
l'Autheur y travailloit ,
il le rendroit meilleur.
A mon égard , fi je
puis parvenir à faire dire
dans quelque mois , ces
Mercures cyvalent mieux
que les précedents; je promets
qu'on dira dans la
fuite ces derniers-cy font
encore meilleurs que les
autres ; en un mot , jo
GALANC. 7
vais fonger uniquement
à contenter , ceux qui ſe
contentent quelquefois ;
car ceux qui ne font jamais
contents me permettront
de ne point
travailler à leur intention.
asi
Si les Sçavans d'aujour
d'huy & ceux qui ont
fecouru juſqu'à préſent
les Journaux & les Mercures
, veulent redoubler
leurs ſecours , je redoubleray
mon attention à
Aiiij
8 MERCURE
ne point défigurer les
bonnes piecespar des fautes
d'impreffion & de copiſte
, je recevray les mediocres
quand la place
ſera vuide , maisdeuffayje
donner la moitié du
Mercure en blanc , je ne
metray rien de mauvais ,
Voilà ma Preface.
J'oubliois pourtant à
parler un peu de moy ,
cet oubly n'est pas ordi
naire , je diray ſeulement
que je fuis plus connu à
GALANT. 9
Madrid , à Rome , dans
le Nord , & dans les Indes
qu'à Paris , & tant
mieux pour le Public ;
au reſte j'ay de l'étude ,
de l'experience , de la
jeuneſſe , de la liberté &
du loiſir, j'aime beaucoup
le public , j'aime un peu
ma reputation , je fuis
docile aux conſeils de
mes amis , & meſine de
ceux qui ne le font pas ,
Voila mon Portrait.
Je ne change rien à
10 MERCURE
l'ordre ordinaire du Mercure
, qui doit n'en point
avoir d'autre à mon avis ,
qu'une varieté ſans ſuite ,
mais pourtant liée en
quelque façon par des
eſpeces de préludes negligez
ſur chaques matieres
,comme ſont à peu
prés dans un Opera les
ritournelles , qui vous
mettent au ton des pieces
qu'on va entendre.
Commençons par une
Hiftoriette , ou plutoſt
GALANT. Ir
relation , car les faits &
les perſonnes ſont connus
, c'eſt à- dire autant
que le permet le ſcrupule
que j'auray tousjours ,
de ne jamais compromettre
ceux dont je parle.
ray dans le Mercure.
MERCURE
E ne prétens pas
m'érigeren autheur
pour m'eſtre rendu
garant de l'exactitude&
de l'arrangement des
faits , qui doivent(rem
plir le Mercure Galant
jeconnois trop les diffi-
A ij
4 MERCURE
1
cultez qui ſe trouvent à
ſouſtenir le titre de bon
autheur , d'ailleurs comme
j'ay tousjours efté
plus voyageur qu'écrivain
, je promets de bonnes
relations & pour
ainfi- dire , l'Hiftoire préfente
, tant galante que
,
politique de toutes les
Cours de l'Europe ,&
meſme des autres parties
du monde où je me fuis
fait des correfpondances .
Je me flatte que mon
GALANT.
attachement. , & mon
attention , me mettront
à l'abri des reproches
qu'on a pû faire à mon
Aſſocié Taveu qu'il a
fait luy meſme de ſa né
gligence m'authoriſe à
l'en accufer ; & quand
n'y luy n'y moy n'en au
rions parlé , ſa réputation
eft affez bien establie
pourmettre à l'abry fon
efpri t& fon gouft. La
décadence du Mercure
n'a fait tort qu'au Mer-
A iij
• MERCURE
cure teul , parce qu'il
s'est moins débité. Le
Mercure n'eſt plus bon ,
a dit le Public , mais fi
l'Autheur y travailloit ,
il le rendroit meilleur.
A mon égard , fi je
puis parvenir à faire dire
dans quelque mois , ces
Mercures cyvalent mieux
que les précedents; je promets
qu'on dira dans la
fuite ces derniers-cy font
encore meilleurs que les
autres ; en un mot , jo
GALANC. 7
vais fonger uniquement
à contenter , ceux qui ſe
contentent quelquefois ;
car ceux qui ne font jamais
contents me permettront
de ne point
travailler à leur intention.
asi
Si les Sçavans d'aujour
d'huy & ceux qui ont
fecouru juſqu'à préſent
les Journaux & les Mercures
, veulent redoubler
leurs ſecours , je redoubleray
mon attention à
Aiiij
8 MERCURE
ne point défigurer les
bonnes piecespar des fautes
d'impreffion & de copiſte
, je recevray les mediocres
quand la place
ſera vuide , maisdeuffayje
donner la moitié du
Mercure en blanc , je ne
metray rien de mauvais ,
Voilà ma Preface.
J'oubliois pourtant à
parler un peu de moy ,
cet oubly n'est pas ordi
naire , je diray ſeulement
que je fuis plus connu à
GALANT. 9
Madrid , à Rome , dans
le Nord , & dans les Indes
qu'à Paris , & tant
mieux pour le Public ;
au reſte j'ay de l'étude ,
de l'experience , de la
jeuneſſe , de la liberté &
du loiſir, j'aime beaucoup
le public , j'aime un peu
ma reputation , je fuis
docile aux conſeils de
mes amis , & meſine de
ceux qui ne le font pas ,
Voila mon Portrait.
Je ne change rien à
10 MERCURE
l'ordre ordinaire du Mercure
, qui doit n'en point
avoir d'autre à mon avis ,
qu'une varieté ſans ſuite ,
mais pourtant liée en
quelque façon par des
eſpeces de préludes negligez
ſur chaques matieres
,comme ſont à peu
prés dans un Opera les
ritournelles , qui vous
mettent au ton des pieces
qu'on va entendre.
Commençons par une
Hiftoriette , ou plutoſt
GALANT. Ir
relation , car les faits &
les perſonnes ſont connus
, c'eſt à- dire autant
que le permet le ſcrupule
que j'auray tousjours ,
de ne jamais compromettre
ceux dont je parle.
ray dans le Mercure.
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Résumé : NOUVEAU MERCURE
Le 'Mercure Galant' est un périodique présenté par un auteur se décrivant comme un voyageur. Il promet de relater des événements galants et politiques des cours d'Europe et d'autres régions grâce à ses correspondances. Reconnaissant les difficultés rencontrées par son prédécesseur, il s'engage à améliorer la qualité du 'Mercure'. L'auteur vise à satisfaire les lecteurs modérés tout en ignorant les critiques incessantes. Il appelle les savants à contribuer pour éviter les erreurs d'impression et de copiste, et s'engage à publier uniquement des contenus de qualité. Connu à Madrid, Rome, dans le Nord et aux Indes plus qu'à Paris, il possède étude, expérience, jeunesse, liberté et loisir. Il apprécie le public et sa réputation, et est ouvert aux conseils de ses amis. La structure du 'Mercure' restera variée mais cohérente, avec des préludes sur chaque matière, similaires aux ritournelles dans une opéra. Le texte commence par une historiette ou relation de faits et personnes connus, tout en respectant la discrétion nécessaire pour ne jamais compromettre ceux dont il parle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 145-148
« Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...] »
Début :
Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...]
Mots clefs :
Mois de mai, Marier, Préface, Variété
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...] »
Puiſque chaque Mercure
portele nomdu mois par où
il commence , je crois que ce
ſera une varieté , d'inſtruire
ceux qui ne veulent pas foüilleterdegrands
Dictionnaires ,
de l'Etimologie , du figne &
des proprietez , du mois dont
il ſe datte. Par exemple. May
eſt le cinquiéme mois de l'année,
àcompter depuis Janvier,
c'eſt le mois où le Soleil entre
dans le figne des Gemeaux,
& où les plantes Acuriffent.
* Le mois de May a toûjours
eſté eſtimé propre à faire l'Amour
, à ſe marier. Je reponds
May 1714.N
146 MERCURE
de ma chasteté dans tous les
mois de l'année. Mais dans le
mois de May, je n'en réponds
point. M. De. S. Les ſuperſtitieux
font grand cas de la roſée
de May Bien des gens
font ſcrupule de ſe marier au
mois de May , comme un
mois malheureux. Cette fuperftition
eſt venuë des Romains
qui célébroient la Fête
des Eſprits malins au mois de
May. Papias derive ce mot de
Madius , qu'on a dit dans la
baſſe Latinité , Eo quod terra
Madeat. Il y a plus d'apparence
qu'il vient de Majus.
GALANT. 147
Ce difcours fur tous les
mois me ſervira de Préface
aux nouvelles qui naiſtront
avec les jours qui les compofent.
On aura cependant la
bonté de faire attention qu'il
n'y a que trois ſemaines que
jeme fuis chargé du Mercure,
& que , quelques correfpondances
que j'aye dans les Pays
Etrangers , les bagatelles dont
mes amis m'entretiennent , ne
font pas encore dignes d'entretenir
le Public , que je prie
abſolument de me diſpenſer
de luy repeter ce qu'il aura
lû dans les Gazettes , à l'ex-
: Nij
148 MERCURE
:
ception des choſes qui doivent
eſtre indiſpenſablement
dans ce Livre. Ainſi en attendant
que mon arrangement
ſoit fait , je vais donner un
Extrait de cinq Lettres que
j'ay requës uniquement pour
moy.
portele nomdu mois par où
il commence , je crois que ce
ſera une varieté , d'inſtruire
ceux qui ne veulent pas foüilleterdegrands
Dictionnaires ,
de l'Etimologie , du figne &
des proprietez , du mois dont
il ſe datte. Par exemple. May
eſt le cinquiéme mois de l'année,
àcompter depuis Janvier,
c'eſt le mois où le Soleil entre
dans le figne des Gemeaux,
& où les plantes Acuriffent.
* Le mois de May a toûjours
eſté eſtimé propre à faire l'Amour
, à ſe marier. Je reponds
May 1714.N
146 MERCURE
de ma chasteté dans tous les
mois de l'année. Mais dans le
mois de May, je n'en réponds
point. M. De. S. Les ſuperſtitieux
font grand cas de la roſée
de May Bien des gens
font ſcrupule de ſe marier au
mois de May , comme un
mois malheureux. Cette fuperftition
eſt venuë des Romains
qui célébroient la Fête
des Eſprits malins au mois de
May. Papias derive ce mot de
Madius , qu'on a dit dans la
baſſe Latinité , Eo quod terra
Madeat. Il y a plus d'apparence
qu'il vient de Majus.
GALANT. 147
Ce difcours fur tous les
mois me ſervira de Préface
aux nouvelles qui naiſtront
avec les jours qui les compofent.
On aura cependant la
bonté de faire attention qu'il
n'y a que trois ſemaines que
jeme fuis chargé du Mercure,
& que , quelques correfpondances
que j'aye dans les Pays
Etrangers , les bagatelles dont
mes amis m'entretiennent , ne
font pas encore dignes d'entretenir
le Public , que je prie
abſolument de me diſpenſer
de luy repeter ce qu'il aura
lû dans les Gazettes , à l'ex-
: Nij
148 MERCURE
:
ception des choſes qui doivent
eſtre indiſpenſablement
dans ce Livre. Ainſi en attendant
que mon arrangement
ſoit fait , je vais donner un
Extrait de cinq Lettres que
j'ay requës uniquement pour
moy.
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Résumé : « Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...] »
Le texte évoque les particularités du mois de mai, cinquième mois de l'année, durant lequel le Soleil entre dans le signe des Gémeaux et où les plantes poussent. Mai est traditionnellement associé à l'amour et aux mariages, bien que certaines superstitions le considèrent comme malheureux. Cette croyance provient des Romains qui célébraient la fête des esprits malins en mai. L'étymologie du mot 'mai' est discutée, avec des propositions comme 'Madius' ou 'Majus'. Le texte sert de préface aux nouvelles publiées dans le Mercure, un journal. L'auteur, récemment nommé à la direction du Mercure, attend des correspondances dignes d'intérêt pour le public. En attendant, il présente un extrait de cinq lettres reçues pour son usage personnel.
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5
p. 103-105
Nouvelle Traduction de Saluste, [titre d'après la table]
Début :
La nouvelle Traduction de Saluste, que nous avons annoncée dans le mois [...]
Mots clefs :
Préface, Auteur, Salluste, Traduction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Traduction de Saluste, [titre d'après la table]
La nouvelle Traduiïion de S.dnfie ;
que nous avons annoncée dans le moi*'
de Septembre dernier , paroît à présent
en deux volumes in iz. chez Huart l'aîtìé
, près la Fontaine S. Severin , à la*
Justice.
M. l'Abbé Thyvon, qui en est l'Auteur
, s'y est attaché à la mettre à la por
tée des Etudians , à en rendre la lecture
agréable aux- Lecteurs qui ont du gout,
& à contenter la curiosité de ceux qui'
aiment à trouver fous leurs yeux les éclaircissemens
capables de les mettre tout d'un'
coup au fait d'un Evénement, d'une épo
que & d'un personnage dont il s'agir.
íi commence fa Préface par un juge
ment très exact des Ouvrages de son
Auteur. Il propose ensuite & réfute les
critiques qui en ont été faites , & il mar
que le plan & l'ordre de cette Edition.
Cette Préface est suivie de la Vie de
tHistotien. Le Traducteur a jugé à pro
pos
■ìtí4 MERCURE DE FRÀNCÉ.
pos de faire des Remarques proprés si
assbiblir du moins les mauvaises im*-
preísions que la lecture de cette Vie
pourroit Laisser sur les moeurs de Saluste'.
Attentif à faire sentir le vrai sens diì
Texte, M.Thyvon a mis à la tête de l'Hiftoire
de la Conjuration de Carilina , deux
Dissertations. L'une où- il justifie „la
ínaniere dont il explique la première phra
se de la Préface de son Auteur ; & l'autre
fur l'Agriculture & sur la Chasse, oiì H
prouve que ces mots fervilibus officiis i
qui font à la fuite d'agrum colendo , atet
venindo ,■ ne signifie autre chose que les
exercices du corps.
Il y a plusieurs autresDissertatíons répan
dues dans les deux Volumes, quoiqu'elles
n'en ayent pas le titre. Les Remarques
font en grand nombre dans tout le corps
de POuvrage. Elles font remplies de Re
cherches curieuses & intéressantes.
Les morceaux qui se trouvent en entier
dans les fragmens de Saluste méritoient
d'être mis en notre Langue. Les Notions
préliminaires que le Traducteur a mises à
la tête dé chacun de ces morceaux , &c les
Notesdont il les a accompaghées font trèsntiles
pour en faeilker l'intelligence. Elles
peuvent même suffire pourdònner unejuste
idée des principaux evenemens des guer
res civiles fut lesquelles roulent ces seagmejiív
Orv
JANVIER. 1730. lof
On ne pourra gueres se deffendre d'ap
prouver M.Xhyvon,rdans le changement
qu'il a fait de Tordre de? deux Lectres
politiques adressées par son Auteur à Cey.
íar, & dans la correction qu'il a intro
duite dans le Texte , au quatrième Cha
pitre de là première de ces Lettres , quand
on aura lû les raisons qu'il en apporte.
En un mot toute cette Traduction est
d'un style aifé& coulant3&il y règne beau
coup 4,'ordre , de netteté & d'érudition.
Tout POuvrage est en z. volumes inji.
le premier dé' 30,6' pages fans U
Préface qui en contient 3 o. & la Vie de
Saluste de 77. & le deuxième 370. fans
les Fragmens de 1 84. pages.
que nous avons annoncée dans le moi*'
de Septembre dernier , paroît à présent
en deux volumes in iz. chez Huart l'aîtìé
, près la Fontaine S. Severin , à la*
Justice.
M. l'Abbé Thyvon, qui en est l'Auteur
, s'y est attaché à la mettre à la por
tée des Etudians , à en rendre la lecture
agréable aux- Lecteurs qui ont du gout,
& à contenter la curiosité de ceux qui'
aiment à trouver fous leurs yeux les éclaircissemens
capables de les mettre tout d'un'
coup au fait d'un Evénement, d'une épo
que & d'un personnage dont il s'agir.
íi commence fa Préface par un juge
ment très exact des Ouvrages de son
Auteur. Il propose ensuite & réfute les
critiques qui en ont été faites , & il mar
que le plan & l'ordre de cette Edition.
Cette Préface est suivie de la Vie de
tHistotien. Le Traducteur a jugé à pro
pos
■ìtí4 MERCURE DE FRÀNCÉ.
pos de faire des Remarques proprés si
assbiblir du moins les mauvaises im*-
preísions que la lecture de cette Vie
pourroit Laisser sur les moeurs de Saluste'.
Attentif à faire sentir le vrai sens diì
Texte, M.Thyvon a mis à la tête de l'Hiftoire
de la Conjuration de Carilina , deux
Dissertations. L'une où- il justifie „la
ínaniere dont il explique la première phra
se de la Préface de son Auteur ; & l'autre
fur l'Agriculture & sur la Chasse, oiì H
prouve que ces mots fervilibus officiis i
qui font à la fuite d'agrum colendo , atet
venindo ,■ ne signifie autre chose que les
exercices du corps.
Il y a plusieurs autresDissertatíons répan
dues dans les deux Volumes, quoiqu'elles
n'en ayent pas le titre. Les Remarques
font en grand nombre dans tout le corps
de POuvrage. Elles font remplies de Re
cherches curieuses & intéressantes.
Les morceaux qui se trouvent en entier
dans les fragmens de Saluste méritoient
d'être mis en notre Langue. Les Notions
préliminaires que le Traducteur a mises à
la tête dé chacun de ces morceaux , &c les
Notesdont il les a accompaghées font trèsntiles
pour en faeilker l'intelligence. Elles
peuvent même suffire pourdònner unejuste
idée des principaux evenemens des guer
res civiles fut lesquelles roulent ces seagmejiív
Orv
JANVIER. 1730. lof
On ne pourra gueres se deffendre d'ap
prouver M.Xhyvon,rdans le changement
qu'il a fait de Tordre de? deux Lectres
politiques adressées par son Auteur à Cey.
íar, & dans la correction qu'il a intro
duite dans le Texte , au quatrième Cha
pitre de là première de ces Lettres , quand
on aura lû les raisons qu'il en apporte.
En un mot toute cette Traduction est
d'un style aifé& coulant3&il y règne beau
coup 4,'ordre , de netteté & d'érudition.
Tout POuvrage est en z. volumes inji.
le premier dé' 30,6' pages fans U
Préface qui en contient 3 o. & la Vie de
Saluste de 77. & le deuxième 370. fans
les Fragmens de 1 84. pages.
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Résumé : Nouvelle Traduction de Saluste, [titre d'après la table]
La nouvelle traduction des œuvres de Salluste par l'Abbé Thyvon est désormais disponible en deux volumes chez Huart l'aîné. L'objectif est de rendre cette traduction accessible aux étudiants, agréable aux lecteurs avertis et enrichissante pour ceux cherchant des éclaircissements historiques. La préface évalue les œuvres de Salluste, réfute les critiques et explique le plan de l'édition. Elle est suivie de la biographie de Salluste et de remarques pour éviter les mauvaises impressions sur ses mœurs. L'Abbé Thyvon a inclus deux dissertations sur la Conjuration de Catilina, clarifiant des termes spécifiques et justifiant des choix de traduction. Les volumes contiennent des dissertations, des remarques et des notes pour faciliter la compréhension des fragments traduits. La traduction modifie l'ordre de deux lettres politiques adressées à César et corrige un texte au quatrième chapitre de la première lettre. Elle est louée pour son style fluide, son ordre et son érudition. Le premier volume compte 306 pages, incluant une préface de 30 pages et la vie de Salluste sur 77 pages. Le second volume compte 370 pages, incluant les fragments sur 184 pages.
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6
p. 320
Traité de la Culture des Jardins, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ PHILOSOPHIQUE ET PRATIQUE de la Culture des Jardins. Par M. Bradley [...]
Mots clefs :
Jardins, Plantes, Arbres fruitiers, Culture des vergers, Édition, Préface
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de la Culture des Jardins, [titre d'après la table]
TRAITE PHILOSOPHIQUE ET PRAG
TIQUE de la Culture des Jardins. Par M. Bradley
, de la Societé Royale. A Londres , chez W.
Mears. Cinquiéme Edition in 8. en Anglois.
On explique dans ce Livre , qui est fort estimé
et d'un grand usage en Angleterre , le mouvement
de la seve des Plantes , et leur géneration ,
avec d'autres découvertes qui n'avoient point encore
été publiées touchant la maniere de cultiver
avec fuccès les Arbres fruitiers , les Fleurs et les
Parteres. On y a joint la description d'un Instrument
, par le moyen duquel on peut trouver en
une heure de temps plus de Plans de Jardins que
n'en contiennent tous les Livres ensemble qui
traitent de cette matiere. Enfin on trouve dans
cet Ouvrage plusieurs beaux secrets tendant à
perfectionner la culture des Vergers , des Jardins
Potagers & des Orangeries.
On écrit de la Haye que Goffe et Neaulme ,
Libraires , ont acheté et débitent une Edition des
Oeuvres de Clement Marot , Valet de Chambre
de François I. revues sur plusieurs Manuscrits et
sur plus de 40 Editions , et augmentée , tant de
diverses Poësies véritables , que de celles qu'on
lui a faussement attribuées ; avec les Ouvrages de
Jean Marot son pere, ceux de Michel Marot son
fils ; et les Piéces du different de Clement avec
François Sagon , accompagnées d'une Préface
historique , et d'Observations critiques sur tour
l'Ouvrage ; en 6 volumes in 12. et en 4 vol.in 4.
avec des Quadres et des Vignettes ; belle Edition .
Ils en ont aussi quelques Exemplaires en grand
Papier Royal et Impérial , d'une grande beauté.
TIQUE de la Culture des Jardins. Par M. Bradley
, de la Societé Royale. A Londres , chez W.
Mears. Cinquiéme Edition in 8. en Anglois.
On explique dans ce Livre , qui est fort estimé
et d'un grand usage en Angleterre , le mouvement
de la seve des Plantes , et leur géneration ,
avec d'autres découvertes qui n'avoient point encore
été publiées touchant la maniere de cultiver
avec fuccès les Arbres fruitiers , les Fleurs et les
Parteres. On y a joint la description d'un Instrument
, par le moyen duquel on peut trouver en
une heure de temps plus de Plans de Jardins que
n'en contiennent tous les Livres ensemble qui
traitent de cette matiere. Enfin on trouve dans
cet Ouvrage plusieurs beaux secrets tendant à
perfectionner la culture des Vergers , des Jardins
Potagers & des Orangeries.
On écrit de la Haye que Goffe et Neaulme ,
Libraires , ont acheté et débitent une Edition des
Oeuvres de Clement Marot , Valet de Chambre
de François I. revues sur plusieurs Manuscrits et
sur plus de 40 Editions , et augmentée , tant de
diverses Poësies véritables , que de celles qu'on
lui a faussement attribuées ; avec les Ouvrages de
Jean Marot son pere, ceux de Michel Marot son
fils ; et les Piéces du different de Clement avec
François Sagon , accompagnées d'une Préface
historique , et d'Observations critiques sur tour
l'Ouvrage ; en 6 volumes in 12. et en 4 vol.in 4.
avec des Quadres et des Vignettes ; belle Edition .
Ils en ont aussi quelques Exemplaires en grand
Papier Royal et Impérial , d'une grande beauté.
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Résumé : Traité de la Culture des Jardins, [titre d'après la table]
Le texte présente deux ouvrages distincts. Le premier, 'Traité philosophique et pratique de la Culture des Jardins' par M. Bradley, membre de la Société Royale, est publié à Londres chez W. Mears. Cette cinquième édition en anglais traite du mouvement de la sève des plantes, de leur génération, et de diverses découvertes sur la culture des arbres fruitiers, des fleurs et des parterres. L'ouvrage inclut également la description d'un instrument pour concevoir rapidement des plans de jardins et des secrets pour perfectionner la culture des vergers, des jardins potagers et des orangeries. Le second ouvrage est une édition des 'Œuvres de Clément Marot', valet de chambre de François Ier, publiée par les libraires Goffe et Neaulme à La Haye. Cette édition, revue à partir de plusieurs manuscrits et plus de 40 éditions, inclut des poésies authentiques et celles faussement attribuées à Marot. Elle contient aussi les œuvres de Jean Marot, père de Clément, celles de Michel Marot, son fils, ainsi que les pièces du différend entre Clément Marot et François Sagon. L'ouvrage est accompagné d'une préface historique et d'observations critiques, et est disponible en six volumes in-12, quatre volumes in-4, avec des illustrations. Quelques exemplaires sont également disponibles en grand papier royal et impérial.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1098-1109
Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
Début :
DISCOURS SUR LA COMEDIE, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de [...]
Mots clefs :
Comédie, Ecriture Sainte, Antiquité ecclésiastique, Jeux de théâtre, Préface, Théologien, Réfutation, Divertissements comiques, Scolastiques, Danse des pantomimes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
DISCOURS SUR LA COMEDIE , ou Traité
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre , et autres Divertissemens Comiques
, soufferts ou condamnez depuis le
premier siécle de l'Eglise jusqu'à présent ,
avec un Discours sur les Piéces de Théatre
tirées de l'Ecriture - Sainte . in- 12.
360. pages , sans les Préfaces et la Table
des Matieres. Seconde édition , augmentée
de plus de la moitié . Par le R. P. Le Brun ,
Prêtre de l'Oratoire . A Paris , chez la
veuve Delaune , rae S. Jacques , à l'Empereur
, 1731. in- 12 . de 360 pages , sans
P'Epitre , la Préface et les Tables.
Ĉer Ouvrage avoit déja paru anonime
en 1694. sous ce titre : Discours sur la Comédie
, où l'on voit la Réponse au Théologien
qui la défend , avec l'Histoire du Théatre
, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise
MAY. 1731. 1099
se , depuis le premier siécle jusqu'à présent .
C'étoient deux Discours prononcez par
le P. le Brun , au Seminaire de S. Magloire
, le 26 Avril , le 3 et le 7 Mai 1694.
par ordre de M. De Harlay , Archevêque
de Paris , à l'occasion de la Lettre du
P. Caffaro , qui parût à la tête du Théatre
de M. Boursault. Mais quoique le Public
eut bien reçû l'Ouvrage du Pere le
Brun , ce sçavant homme , peu content
de cette ébauche,pensa dès -lors à le perfectionner.
A mesure qu'il étudioit l'Antiquité
Ecclesiastique , il ramassoit ce qui
avoit quelque rapport aux Jeux de Theatre.
C'est ce qui a produit le Traité qu'on
donne aujourd'hui , à l'exception du premier
Discours , où il y a peu d'additions ;
les autres peuvent passer pour entierement
nouveaux par les augmentations considérables
dont ils sont enrichis , l'Auteur
ayant recueilli avec soin ce qu'il a trouvé
depuis Auguste jusqu'à Justinien . L'Editeur
nous apprend qu'il a lui- même inseré
quelques faits que le P. le Brun avoit
oublié , et qu'il a extrait tout ce qui se
trouve contre les divertissemens Comi
dans le Recueil de Rituels et de Statuts
Synodaux , que M. De Launoy a laissé
aux P P. Minimes de la Place Royale.
Le troisiéme Discours , sur les Piéces de
ques
Théa
1100 MERCURE DE FRANCE
Théatre tirées de l'Ecriture , n'avoit point
paru dans la premiere édition , ayant été
prononcé un an après. Il ne contribuë pas
à enrichir celle ci . Donnons une idée
de chacune des parties de cet Ouvrage
en exposant le plan que l'Editeur a
peu
suivi.
>
Après une Préface où l'Editeur rend
compte de plusieurs circonstances nécessaires
à l'intelligence de cet Ouvrage , on
trouve la rétractation que le P. Caffaro
fît de sa Lettre en faveur de la Comédie .
et qu'il envoya à M. De Harlay , dattéc
du 11 Mai 1694. et imprimée à Paris
dans la même année . Comme cette Piéce
est peu connue , et que d'ailleurs l'Ouvrage
du P. Caffaro a fait beaucoup de
bruit , il paroissoit avantageux à la République
des Lettres , et à la mémoire de ce
Theologien , de faire connoître par cette
rétractation et ce désaveu , le mépris qu'il
faisoit lui-même de cet Ouvrage. Et c'est
ce que l'Editeur a fait en la donnant ici
enLatin et enFrançois . Il y a joint une Lettre
du P. le Brun du 20 Mai 1694. dans
laquelle il marque à un de ses amis le
peu d'empressement qu'il avoit à faire
imprimer ses Discours , et où il parle de
la rétractation du P. Caffaro comme d'u
ne Piéce qui le remplit de consolation .
A
M.A Y.
1731 . 1101
l'EA
la suite de cette Letrre est une seconde
Préface , où l'on examine s'il faut , ou
que l'on ferme les Théatres , ouou que
glise cesse de condamner ceux qui les fréquentent
; car tel a été le but du P. le
Brun dans ses Discours de justifier la conduite
de l'Eglise en excommuniant les
Comédiens , et en tolérant ceux qui assistent
aux Spectacles. On y représente le
Théatre comme l'Ecole de l'impureté , la
nourriture des passions , l'assemblage des
ruses du Démon pour les réveiller , où les
yeux sont environnez d'objets séducteurs , les
oreilles ouvertes à des discours souvent obscenes
et toujours prophanes , qui infectent le
coeur et l'esprit.
Cette Préface commence ainsi : Il paroît
bizarre , que dans un Etat Chrétien , on
prêche et on écrive contre la Comédie , qu'on
déclare excommuniez ceux qui font profession
de monter sur le Théatre , et qu'unefoule
de Chrétiens ne laissent pas de s'assembler
presque tous les jours pour applaudir à ces
Excommuniez , & c. Elle est suivie de deux
Discours. Dans le premier , le P. le Brun
s'attache plus particulierement à répondre
à la Lettre du Theologien , défenseur
de la Comédie. Nous souhaitterions que
les bornes d'un Extrait nous permissent
de rapporter ici quelques traits qui fassent
1102 MERCURE DE FRANCE
sent connoître la solidité de cette réfutation.
Nous renvoyons au Livre même , où
le Lecteur verra avec plaisir le Theologien
, défenseur de la Comédie , refuté
en plusieurs endroits par ses propres paroles.
Le second Discours a six parties . Les
trois premieres comprennent l'Histoire
des Jeux de Théatre et autres Divertissemens
Comiques , soufferts ou condamnez
depuis Auguste jusqu'à l'extinction de
l'idolâtrie , au commencement du sixiéme
siècle. La quatriéme comprend le jugement
que les Auteurs , tant sacrés que
profanes ont porté sur les Spectacles , depuis
Auguste jusqu'à Justinien . La cinquiéme
Partie reprend l'Histoire des Jeux
de Théatre à l'extinction de l'idolâtrie , et
la continue jusqu'à la naissance des Scolastiques
; et la derniere comprend l'Histoire
des Jeux de Théatre , depuis les Scholastiques
, c'est-à- dire , depuis le milieu
du XIII . siécle jusqu'à nous.
Le second Discours est suivi d'une Lettre
, où le P. le Brun répond à quelques
difficultez qu'on lui avoit proposées . On
trouve ensuite le troisiéme Discours que
le P. le Brun prononça à S. Magloire en
1695. à l'occasion de la Judith de M. Boyer
de l'Académie Françoise. Il y examine s'il
F
MAY, 1731
1103
y a lieu d'approuver que les Piéces de
Théatre soient tirées de l'Ecriture Sainte.
Ce Discours est divisé en deux parties.
Dans la premiere , le P. le Brun fait voir
que l'Ecriture ne peut paroître sur le
Théatre sans être défigurée et alterée considerablement.
La seconde est employée
à prouver , que quand on feroit quelque
Tragédie où l'Ecriture - Sainte seroit conservée
dans toute sa force et toute sa pureté
, le Théatre des Comédiens ne seroit
point le lieu de les représenter.
,
L'Editeur a placé après ce Discours un
Mandement de M. Fléchier , Evêque de
Nismes , contre les Spectacles , adressé
aux Fideles de son Diocèse le 8 Septembre
1758. On trouve à la fin une Table
Alphabétique des Matieres contenues dans
cer Ouvrage.
On ne peut témoigner à l'Editeur trop
de reconnoissance du soin qu'il a bien
voulu prendre de réunir et de ramasser
des morceaux si précieux. Il est certain
que nous n'avons point encote vû d'ouvrage
plus complet et plus curieux sur
cette matiere ; et on peut dire qu'il fait
honneur à son Auteur , et qu'il répond
parfaitement à la réputation qu'il s'est acquise
d'ailleurs. Nous ne pouvons nous
empêcher de dire en passant que le P. le
Brun
1104 MERCURE DE FRANCE
Brun a refuté par avance le Discours d'un
Auteur récent , défenseur de la Comédie ,
dont nous avons parlé le mois passé. Cet
Auteur qui s'étoit proposé de réfuter
M. le Prince de Conty , M. Bossuet et
M. Nicole , ne les a frappez par aucuns
endroits ; et on remarque qu'il n'a fait ,
pour ainsi dire , que réchauffer et étendre
les raisons du Théologien Apologiste du
Theatre .
L'Editeur avertit le Public dans sa
Préfice qu'il a réservé l'Eloge Historique
du P. le Brun pour un autre Ouvrage du
même Auteur , qui est actuellement sous
presse , et qui a pour titre : Traité du discernement
des effets naturels d'avec ceux qui
ne le sont pas , avec l'Histoire critique des
pratiques superstitieuses qui ont séduit les
Peuples , et qui embarrassent les Sçavans.
Il ajoute qu'outre des augmentations considerables
l'Auteur a refondu entierement
son Ouvrage , et l'a rendu plus . méthodique.
Mais nos Lecteurs ne seroient peut- être
pas contens , si après avoir piqué leur
curiosité sur ce que cet Ouvrage contient
de singulier et de recherché , nous n'entrions
dans quelque détail . Pour les satisfaire
nous allons donner un peu plus
d'étendue à cet Extrait.
›
Dans
>
MAY. 1731. 1105
Dans la premiere partie de l'Histoire
des Jeux de Théatre , l'Auteur remarque
qu'on en vît de très- superbes sous Auguste.
Ce grand Prince les aimoit avec passion
, dit-il , et surtout assûre qu'il ne
dissimuloit pas cette foiblesse. Il inventa
lui- même des Jeux. Pausanias rapporte
au Livre VIII. qu'Auguste fut l'Auteur
de la Danse des Pantomimes , et M. de
Pontac dans les Notes sur la Chronique
d'Eusebe , dit que c'étoit là les Jeux Augustaux
, Ludi Augustales. Cet Empereur
établit quelques Loix touchant les Spectacles.
Il défendit aux jeunes gens de l'un
et de l'autre sexe d'aller à ceux qui se faisoient
la nuit , à moins que de proches
parens âgez ne les y menassent , et il empêcha
que les femmes assistassent jamais
aux Jeux des Athlétes , parce qu'ils combattoient
ordinairement nuds.
A l'égard des Comédiens , il leur prescrivit
des régles , et leur laissa une liberté
dont il ne souffrit pas qu'ils abusassent.
Dès qu'il sçut qu'un Acteur , nommé Stephanion
, avoit pour serviteur une femme
déguisée en garçon , il le fit foüetter par
les trois Théatres de la Ville , et le bannit.
Il ne désaprouvoit pas qu'on siflat les
Acteurs , car il en bannit un de Rome et
de toute l'Italie , pour avoir osé montrer
au
1106 MERCURE DE FRANCE
au doigt un des Spectateurs qui le sifloit,
et on sifloit souvent pour une seule faute
contre la cadence ou contre la quantité.
Quoique Néron ne s'appliquât presque
jamais à mettre l'ordre en aucun endroit,
il se trouva pourtant obligé de chasser
d'Italie tous les Histrions,après leur avoir
donné trop de liberté; mais il voulut aller
lui-même faire le Comédien et le Chantre
dans plusieurs Villes de la Grece, pour
faire paroitre sa belle voix . Il commença
par Naples , qui étoit une Ville Grecque ;
et revenant à Rome , il voulut se montrer
au Théatre. Le Senat , pour éviter l'infamie
dont il s'alloit flétrir , s'il étoit vû sur
la Scene , lui décerna le prix de Musique,
et celui d'Eloquence avant le commencement
des Jeux ; mais Néron prétendoit
l'emporter par son merite , et non pas par
la faveur du Sénat . Il monta donc sur la
Scene , où il récita un Poëme , après quoi
il joüa de la Lyre , obéït à toutes les loix
du Theatre , comme de ne se reposer , de
ne cracher , ni se moucher durant toute
Paction , fléchit un genou et salua l'Assemblée
, en attendant la Sentence des
Juges . Le Peuple , et sur tout les Etrangers
rougirent pour lui d'une telle infamie.
Vespasien témoigna de l'horreur pour
les
MAY. 1731 . 1107
les Jeux des Gladiateurs. Il se plut à ceux
du Théatre , et de son tems les Pantomimes
étoient si fort à la mode , qu'on en
avoit aux funérailles , pour leur faire représenter
les actions de celui qu'on enterroit.
Domitien deffendit aux Danseurs et
Pantomimes de monter sur le Theatre.
Nerva les rétablit . Trajan les supprima
encore , mais on ne sçait pas s'ils furent
bannis des Théatres d'Orient ; on voit
seulement que cet Empereur fit bâtir un
Théatre à Antioche. Cette malheureuse
Ville , si passionnée pour les Spectacles ,
étoit souvent punie par les tremblemens
de terre qui la renversoient presque entierement.
Elle en souffrit un terrible sous
Trajan . En faisant rétablir la Ville , ce
Prince fit aussi rétablir les Théatres.
Adrien batit aussi un grand Théatre aurès
d'Antioche , à la Fontaine de Daphné.
Il avoit fait à cette Fontaine un grand Reservoir
d'eau, qu'on pouvoit voir du Théatre
; et il mit plusieurs Statues en l'honneur
des Naïades , c'est -à- dire des Nimphes
on Déesses de l'eau . Ce fut à ce Réservoir
que l'on s'avisa de faire nager des
femmes pour représenter les Naïades ; ce
que S. Chrysostome condamna avec tant
de zele et d'éloquence ,
HelioT108
MERCURE DE FRANCE
> Heliogabale fit lui - même le Comédien
et ne craignit pas de représenter des fables
avec des nuditez et des peintures deshonêtes
.Il honora les Comédiens, leur donna
des habits de soye , et en choisit un pour
être Prefet du Prétoire.
Alexandre Severe ôta aux Comédiens
les robes précieuses , et ne leur donna ni
or ni argent , mais tout au plus quelques
pieces de monnoye de cuivre. Ce Prince
ne souffrit jamais les divertissemens Sceniques
à sa table. Il aimoit pourtant les
Spectacles , mais sans y faire des largesses ;
il vouloit qu'on traitat toujours comme
des esclaves les Comédiens , et tous ceux
qui servoient aux plaisirs publics.
Les Comédiens eurent un puissant Protecteur
vers la fin du troisiéme siecle , dans
la personne de l'Empereur Carin , etc . Son
regne se distingua par la pompe avec laquelle
il celebra les Jeux Romains . Il y
avoit cent Joueurs de Flute qui s'accordoient
, autant de Sonneurs de Cors , cent
Chantres qui dansoient en même-tems
autant de personnes qui frapoient sur des
Cymbales ,mille Pantomimes et autant de
Luteurs . Le feu ayant pris à une toile
qu'il avoit fait tendre , consuma le Théatre,
que Diocletien fit ensuite rebâtir avec
plus de magnificence. Carin avoit fait venir
MAY. 1731. 1109
nir des Comédiens de tous côtés . Ceux qui
avoient travaillé aux décorations , les Luteurs
, les Histrions , et les Musiciens eurent
en present de l'or et de l'argent , et
des habits de soye .
Ce fut sous l'Empereur Maxime que
Gelasin , Comédien , fut martyrisé à Héliopolis
dans Phénicie . Il s'étoit jetté dans
un bain d'eau tiéde , pour tourner en ridicule
le Baptême des Chrétiens ; au sortir
du bain , il parut habillé de blanc. Alors
il refusa de faire le Comédien ; et adressant
la parole à tout le peuple , il s'écria
qu'il étoit Chrétien , qu'il avoit vu dans
ce bain la redoutable Majesté de Dieu , et
qu'il mourroit Chrétien . Tous les Spectateurs
saisis de fureur , monterent sur le
Théatre , et ayant pris Gelasin , ils le lapiderent.
Nous pourrons donner un second Extrait
de cet Ouvrage, pour ce qui regarde le Theatre
François.
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre , et autres Divertissemens Comiques
, soufferts ou condamnez depuis le
premier siécle de l'Eglise jusqu'à présent ,
avec un Discours sur les Piéces de Théatre
tirées de l'Ecriture - Sainte . in- 12.
360. pages , sans les Préfaces et la Table
des Matieres. Seconde édition , augmentée
de plus de la moitié . Par le R. P. Le Brun ,
Prêtre de l'Oratoire . A Paris , chez la
veuve Delaune , rae S. Jacques , à l'Empereur
, 1731. in- 12 . de 360 pages , sans
P'Epitre , la Préface et les Tables.
Ĉer Ouvrage avoit déja paru anonime
en 1694. sous ce titre : Discours sur la Comédie
, où l'on voit la Réponse au Théologien
qui la défend , avec l'Histoire du Théatre
, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise
MAY. 1731. 1099
se , depuis le premier siécle jusqu'à présent .
C'étoient deux Discours prononcez par
le P. le Brun , au Seminaire de S. Magloire
, le 26 Avril , le 3 et le 7 Mai 1694.
par ordre de M. De Harlay , Archevêque
de Paris , à l'occasion de la Lettre du
P. Caffaro , qui parût à la tête du Théatre
de M. Boursault. Mais quoique le Public
eut bien reçû l'Ouvrage du Pere le
Brun , ce sçavant homme , peu content
de cette ébauche,pensa dès -lors à le perfectionner.
A mesure qu'il étudioit l'Antiquité
Ecclesiastique , il ramassoit ce qui
avoit quelque rapport aux Jeux de Theatre.
C'est ce qui a produit le Traité qu'on
donne aujourd'hui , à l'exception du premier
Discours , où il y a peu d'additions ;
les autres peuvent passer pour entierement
nouveaux par les augmentations considérables
dont ils sont enrichis , l'Auteur
ayant recueilli avec soin ce qu'il a trouvé
depuis Auguste jusqu'à Justinien . L'Editeur
nous apprend qu'il a lui- même inseré
quelques faits que le P. le Brun avoit
oublié , et qu'il a extrait tout ce qui se
trouve contre les divertissemens Comi
dans le Recueil de Rituels et de Statuts
Synodaux , que M. De Launoy a laissé
aux P P. Minimes de la Place Royale.
Le troisiéme Discours , sur les Piéces de
ques
Théa
1100 MERCURE DE FRANCE
Théatre tirées de l'Ecriture , n'avoit point
paru dans la premiere édition , ayant été
prononcé un an après. Il ne contribuë pas
à enrichir celle ci . Donnons une idée
de chacune des parties de cet Ouvrage
en exposant le plan que l'Editeur a
peu
suivi.
>
Après une Préface où l'Editeur rend
compte de plusieurs circonstances nécessaires
à l'intelligence de cet Ouvrage , on
trouve la rétractation que le P. Caffaro
fît de sa Lettre en faveur de la Comédie .
et qu'il envoya à M. De Harlay , dattéc
du 11 Mai 1694. et imprimée à Paris
dans la même année . Comme cette Piéce
est peu connue , et que d'ailleurs l'Ouvrage
du P. Caffaro a fait beaucoup de
bruit , il paroissoit avantageux à la République
des Lettres , et à la mémoire de ce
Theologien , de faire connoître par cette
rétractation et ce désaveu , le mépris qu'il
faisoit lui-même de cet Ouvrage. Et c'est
ce que l'Editeur a fait en la donnant ici
enLatin et enFrançois . Il y a joint une Lettre
du P. le Brun du 20 Mai 1694. dans
laquelle il marque à un de ses amis le
peu d'empressement qu'il avoit à faire
imprimer ses Discours , et où il parle de
la rétractation du P. Caffaro comme d'u
ne Piéce qui le remplit de consolation .
A
M.A Y.
1731 . 1101
l'EA
la suite de cette Letrre est une seconde
Préface , où l'on examine s'il faut , ou
que l'on ferme les Théatres , ouou que
glise cesse de condamner ceux qui les fréquentent
; car tel a été le but du P. le
Brun dans ses Discours de justifier la conduite
de l'Eglise en excommuniant les
Comédiens , et en tolérant ceux qui assistent
aux Spectacles. On y représente le
Théatre comme l'Ecole de l'impureté , la
nourriture des passions , l'assemblage des
ruses du Démon pour les réveiller , où les
yeux sont environnez d'objets séducteurs , les
oreilles ouvertes à des discours souvent obscenes
et toujours prophanes , qui infectent le
coeur et l'esprit.
Cette Préface commence ainsi : Il paroît
bizarre , que dans un Etat Chrétien , on
prêche et on écrive contre la Comédie , qu'on
déclare excommuniez ceux qui font profession
de monter sur le Théatre , et qu'unefoule
de Chrétiens ne laissent pas de s'assembler
presque tous les jours pour applaudir à ces
Excommuniez , & c. Elle est suivie de deux
Discours. Dans le premier , le P. le Brun
s'attache plus particulierement à répondre
à la Lettre du Theologien , défenseur
de la Comédie. Nous souhaitterions que
les bornes d'un Extrait nous permissent
de rapporter ici quelques traits qui fassent
1102 MERCURE DE FRANCE
sent connoître la solidité de cette réfutation.
Nous renvoyons au Livre même , où
le Lecteur verra avec plaisir le Theologien
, défenseur de la Comédie , refuté
en plusieurs endroits par ses propres paroles.
Le second Discours a six parties . Les
trois premieres comprennent l'Histoire
des Jeux de Théatre et autres Divertissemens
Comiques , soufferts ou condamnez
depuis Auguste jusqu'à l'extinction de
l'idolâtrie , au commencement du sixiéme
siècle. La quatriéme comprend le jugement
que les Auteurs , tant sacrés que
profanes ont porté sur les Spectacles , depuis
Auguste jusqu'à Justinien . La cinquiéme
Partie reprend l'Histoire des Jeux
de Théatre à l'extinction de l'idolâtrie , et
la continue jusqu'à la naissance des Scolastiques
; et la derniere comprend l'Histoire
des Jeux de Théatre , depuis les Scholastiques
, c'est-à- dire , depuis le milieu
du XIII . siécle jusqu'à nous.
Le second Discours est suivi d'une Lettre
, où le P. le Brun répond à quelques
difficultez qu'on lui avoit proposées . On
trouve ensuite le troisiéme Discours que
le P. le Brun prononça à S. Magloire en
1695. à l'occasion de la Judith de M. Boyer
de l'Académie Françoise. Il y examine s'il
F
MAY, 1731
1103
y a lieu d'approuver que les Piéces de
Théatre soient tirées de l'Ecriture Sainte.
Ce Discours est divisé en deux parties.
Dans la premiere , le P. le Brun fait voir
que l'Ecriture ne peut paroître sur le
Théatre sans être défigurée et alterée considerablement.
La seconde est employée
à prouver , que quand on feroit quelque
Tragédie où l'Ecriture - Sainte seroit conservée
dans toute sa force et toute sa pureté
, le Théatre des Comédiens ne seroit
point le lieu de les représenter.
,
L'Editeur a placé après ce Discours un
Mandement de M. Fléchier , Evêque de
Nismes , contre les Spectacles , adressé
aux Fideles de son Diocèse le 8 Septembre
1758. On trouve à la fin une Table
Alphabétique des Matieres contenues dans
cer Ouvrage.
On ne peut témoigner à l'Editeur trop
de reconnoissance du soin qu'il a bien
voulu prendre de réunir et de ramasser
des morceaux si précieux. Il est certain
que nous n'avons point encote vû d'ouvrage
plus complet et plus curieux sur
cette matiere ; et on peut dire qu'il fait
honneur à son Auteur , et qu'il répond
parfaitement à la réputation qu'il s'est acquise
d'ailleurs. Nous ne pouvons nous
empêcher de dire en passant que le P. le
Brun
1104 MERCURE DE FRANCE
Brun a refuté par avance le Discours d'un
Auteur récent , défenseur de la Comédie ,
dont nous avons parlé le mois passé. Cet
Auteur qui s'étoit proposé de réfuter
M. le Prince de Conty , M. Bossuet et
M. Nicole , ne les a frappez par aucuns
endroits ; et on remarque qu'il n'a fait ,
pour ainsi dire , que réchauffer et étendre
les raisons du Théologien Apologiste du
Theatre .
L'Editeur avertit le Public dans sa
Préfice qu'il a réservé l'Eloge Historique
du P. le Brun pour un autre Ouvrage du
même Auteur , qui est actuellement sous
presse , et qui a pour titre : Traité du discernement
des effets naturels d'avec ceux qui
ne le sont pas , avec l'Histoire critique des
pratiques superstitieuses qui ont séduit les
Peuples , et qui embarrassent les Sçavans.
Il ajoute qu'outre des augmentations considerables
l'Auteur a refondu entierement
son Ouvrage , et l'a rendu plus . méthodique.
Mais nos Lecteurs ne seroient peut- être
pas contens , si après avoir piqué leur
curiosité sur ce que cet Ouvrage contient
de singulier et de recherché , nous n'entrions
dans quelque détail . Pour les satisfaire
nous allons donner un peu plus
d'étendue à cet Extrait.
›
Dans
>
MAY. 1731. 1105
Dans la premiere partie de l'Histoire
des Jeux de Théatre , l'Auteur remarque
qu'on en vît de très- superbes sous Auguste.
Ce grand Prince les aimoit avec passion
, dit-il , et surtout assûre qu'il ne
dissimuloit pas cette foiblesse. Il inventa
lui- même des Jeux. Pausanias rapporte
au Livre VIII. qu'Auguste fut l'Auteur
de la Danse des Pantomimes , et M. de
Pontac dans les Notes sur la Chronique
d'Eusebe , dit que c'étoit là les Jeux Augustaux
, Ludi Augustales. Cet Empereur
établit quelques Loix touchant les Spectacles.
Il défendit aux jeunes gens de l'un
et de l'autre sexe d'aller à ceux qui se faisoient
la nuit , à moins que de proches
parens âgez ne les y menassent , et il empêcha
que les femmes assistassent jamais
aux Jeux des Athlétes , parce qu'ils combattoient
ordinairement nuds.
A l'égard des Comédiens , il leur prescrivit
des régles , et leur laissa une liberté
dont il ne souffrit pas qu'ils abusassent.
Dès qu'il sçut qu'un Acteur , nommé Stephanion
, avoit pour serviteur une femme
déguisée en garçon , il le fit foüetter par
les trois Théatres de la Ville , et le bannit.
Il ne désaprouvoit pas qu'on siflat les
Acteurs , car il en bannit un de Rome et
de toute l'Italie , pour avoir osé montrer
au
1106 MERCURE DE FRANCE
au doigt un des Spectateurs qui le sifloit,
et on sifloit souvent pour une seule faute
contre la cadence ou contre la quantité.
Quoique Néron ne s'appliquât presque
jamais à mettre l'ordre en aucun endroit,
il se trouva pourtant obligé de chasser
d'Italie tous les Histrions,après leur avoir
donné trop de liberté; mais il voulut aller
lui-même faire le Comédien et le Chantre
dans plusieurs Villes de la Grece, pour
faire paroitre sa belle voix . Il commença
par Naples , qui étoit une Ville Grecque ;
et revenant à Rome , il voulut se montrer
au Théatre. Le Senat , pour éviter l'infamie
dont il s'alloit flétrir , s'il étoit vû sur
la Scene , lui décerna le prix de Musique,
et celui d'Eloquence avant le commencement
des Jeux ; mais Néron prétendoit
l'emporter par son merite , et non pas par
la faveur du Sénat . Il monta donc sur la
Scene , où il récita un Poëme , après quoi
il joüa de la Lyre , obéït à toutes les loix
du Theatre , comme de ne se reposer , de
ne cracher , ni se moucher durant toute
Paction , fléchit un genou et salua l'Assemblée
, en attendant la Sentence des
Juges . Le Peuple , et sur tout les Etrangers
rougirent pour lui d'une telle infamie.
Vespasien témoigna de l'horreur pour
les
MAY. 1731 . 1107
les Jeux des Gladiateurs. Il se plut à ceux
du Théatre , et de son tems les Pantomimes
étoient si fort à la mode , qu'on en
avoit aux funérailles , pour leur faire représenter
les actions de celui qu'on enterroit.
Domitien deffendit aux Danseurs et
Pantomimes de monter sur le Theatre.
Nerva les rétablit . Trajan les supprima
encore , mais on ne sçait pas s'ils furent
bannis des Théatres d'Orient ; on voit
seulement que cet Empereur fit bâtir un
Théatre à Antioche. Cette malheureuse
Ville , si passionnée pour les Spectacles ,
étoit souvent punie par les tremblemens
de terre qui la renversoient presque entierement.
Elle en souffrit un terrible sous
Trajan . En faisant rétablir la Ville , ce
Prince fit aussi rétablir les Théatres.
Adrien batit aussi un grand Théatre aurès
d'Antioche , à la Fontaine de Daphné.
Il avoit fait à cette Fontaine un grand Reservoir
d'eau, qu'on pouvoit voir du Théatre
; et il mit plusieurs Statues en l'honneur
des Naïades , c'est -à- dire des Nimphes
on Déesses de l'eau . Ce fut à ce Réservoir
que l'on s'avisa de faire nager des
femmes pour représenter les Naïades ; ce
que S. Chrysostome condamna avec tant
de zele et d'éloquence ,
HelioT108
MERCURE DE FRANCE
> Heliogabale fit lui - même le Comédien
et ne craignit pas de représenter des fables
avec des nuditez et des peintures deshonêtes
.Il honora les Comédiens, leur donna
des habits de soye , et en choisit un pour
être Prefet du Prétoire.
Alexandre Severe ôta aux Comédiens
les robes précieuses , et ne leur donna ni
or ni argent , mais tout au plus quelques
pieces de monnoye de cuivre. Ce Prince
ne souffrit jamais les divertissemens Sceniques
à sa table. Il aimoit pourtant les
Spectacles , mais sans y faire des largesses ;
il vouloit qu'on traitat toujours comme
des esclaves les Comédiens , et tous ceux
qui servoient aux plaisirs publics.
Les Comédiens eurent un puissant Protecteur
vers la fin du troisiéme siecle , dans
la personne de l'Empereur Carin , etc . Son
regne se distingua par la pompe avec laquelle
il celebra les Jeux Romains . Il y
avoit cent Joueurs de Flute qui s'accordoient
, autant de Sonneurs de Cors , cent
Chantres qui dansoient en même-tems
autant de personnes qui frapoient sur des
Cymbales ,mille Pantomimes et autant de
Luteurs . Le feu ayant pris à une toile
qu'il avoit fait tendre , consuma le Théatre,
que Diocletien fit ensuite rebâtir avec
plus de magnificence. Carin avoit fait venir
MAY. 1731. 1109
nir des Comédiens de tous côtés . Ceux qui
avoient travaillé aux décorations , les Luteurs
, les Histrions , et les Musiciens eurent
en present de l'or et de l'argent , et
des habits de soye .
Ce fut sous l'Empereur Maxime que
Gelasin , Comédien , fut martyrisé à Héliopolis
dans Phénicie . Il s'étoit jetté dans
un bain d'eau tiéde , pour tourner en ridicule
le Baptême des Chrétiens ; au sortir
du bain , il parut habillé de blanc. Alors
il refusa de faire le Comédien ; et adressant
la parole à tout le peuple , il s'écria
qu'il étoit Chrétien , qu'il avoit vu dans
ce bain la redoutable Majesté de Dieu , et
qu'il mourroit Chrétien . Tous les Spectateurs
saisis de fureur , monterent sur le
Théatre , et ayant pris Gelasin , ils le lapiderent.
Nous pourrons donner un second Extrait
de cet Ouvrage, pour ce qui regarde le Theatre
François.
Fermer
Résumé : Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente une œuvre intitulée 'Discours sur la Comédie, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de Théâtre, et autres Divertissements Comiques', écrite par le Père Le Brun, prêtre de l'Oratoire. Publiée en 1731, cette seconde édition augmentée d'un ouvrage initialement paru anonymement en 1694, explore l'histoire et les jugements des jeux de théâtre depuis le premier siècle de l'Église jusqu'au XVIIIe siècle. Le livre, composé de 360 pages, est structuré en plusieurs parties : une préface, la rétractation du Père Caffaro, une lettre de Le Brun, et deux discours. En 1694, à la demande de l'archevêque de Paris, M. De Harlay, Le Brun a prononcé deux discours au Séminaire de Saint-Magloire en réponse à une lettre du Père Caffaro défendant la comédie. Insatisfait de cette première version, Le Brun a perfectionné son ouvrage en étudiant l'antiquité ecclésiastique et en recueillant des informations sur les jeux de théâtre depuis Auguste jusqu'à Justinien. L'éditeur a ajouté des faits oubliés par Le Brun et des extraits de recueils de rituels et de statuts synodaux. Le premier discours répond à la lettre d'un théologien défenseur de la comédie. Le second discours, en six parties, couvre l'histoire des jeux de théâtre depuis Auguste jusqu'au XVIIIe siècle, ainsi que les jugements des auteurs sacrés et profanes sur les spectacles. Un troisième discours, prononcé en 1695, examine l'opportunité de représenter des pièces de théâtre tirées de l'Écriture Sainte. Le texte mentionne également plusieurs empereurs romains et leurs relations avec les spectacles théâtraux, tels qu'Auguste, Néron, Vespasien, Domitien, Trajan, Adrien, Héliogabale, Alexandre Sévère, et Carin. Chaque empereur est décrit en fonction de son attitude envers les jeux de théâtre, allant de l'approbation à la répression. Par exemple, Carin avait fait venir des comédiens de divers endroits et leur avait offert des présents d'or, d'argent et des habits de soie. Sous l'empereur Maxime, le comédien Gelasin fut martyrisé à Héliopolis en Phénicie pour avoir affirmé sa foi chrétienne après une mise en scène moqueuse du baptême. Le texte se conclut par un mandement de l'évêque de Nîmes contre les spectacles et une table alphabétique des matières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 2370-2373
Douze Tragédies sur le même sujet d'Œdipe, [titre d'après la table]
Début :
L'une de ces quatre Tragédies, qui a pour titre : Oedipe et toute sa Famille, est [...]
Mots clefs :
Préface, Tragédie, Psaumes de David, Cantique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Douze Tragédies sur le même sujet d'Œdipe, [titre d'après la table]
L'une de ces quatre Tragédies , qui a
pour titre : Oedipe et toute sa Famille , est
précedée
OCTOBRE . 1731. 2371
précedée d'une Préface et suivie d'un Dialogue
entre l'Auteur et feu M. Boivin .
Le commencement de la Préface regarde
la Tragédie des trois fils de Jocaste
, qui avoit été imprimée sans Préface
; tout le reste est une explication des
moyens dont il s'est servi pour concilier
diverses opinions de M" Corneille , Despreaux
et Boivin , sur le cinquiéme Acte
de l'Oedipe de Sophocle , et pour accommoder
au Théatre les lamentations
de l'Oedipe Grec. Voici un Trait tiré du
Dialogue.
Ce n'est pas que cette nouvelle Tragédie ,
dont vous parlez , doive sa naissance à nos
procès ; elle la doit , Monsieur , à la Preface
qui précede votre Traduction de l'Oedipe
de Sophocle. Lorsque je la lûs , je m'étonnai
d'abord de ce qu'en faisant tant de
Tragédies d'Oedipe , il ne m'étoit pas seulement
une fois venu dans l'idée d'employer
·les Lamentations du cinquième Acte . Con
meille les avoit rejettées. Votre Préface m'apprit
qu'elles étoient d'un grand prix. J'ai
connu votre habileté , l'excellence de votre
gout, & la solidité de votre esprit. Votre seniment
sur ces plaintes d'Oedipe , me fit chercher
avec grand soin pendant deux jours un
nouveau sujet sur les malheurs de ce Prince,
et un moyen de faire préceder sa mort par ses
E iiij plaintes
2372 MERCURE DE FRANCE
plaintes , telles que Sophocle les a mises. Fe
crois être venu à bout de mon dessein ; je
venx dire que mon cinquième Acte doit être
bien reçû. Les Modernes avoient emprunté
déja de Sophocle , presque toutes les autres
beautez qui sont très -fréquentes dans sa Tragédie
d'Oedipe , et avoient réussi. J'ai le
premier usé de ces Lamentations , et ne leur
ai rien ôté de leur mérite. Cela ne m'a pas
été bien difficile. J'ai mis en Vers votre noble
et magnifique Traduction , et tout ce que
j'y ai ajoûé du mien n'est qu'un tour assez
ingenieux et très- heureux en même -temps
pour sauver l'horreur que le visage sanglant
d'Oedipe auroit causée aux Spectateurs sj'ai
trouvé le secret de placer de si belles plaintes
avant que ce Prince puisse porter ses
mains sur lui , et quoiqu'un peu longues ex
un temps out ce Prince qui est sans armes
ne cherche que la mort, elles ne courent poin
le risque d'ennuyer.
9
PARAPHRASE DES PSEAUMES DE DAVID
et dés Cantiques de l'Eglise , avec une
application suivie de chaque Pseaume et
de chaque Cantique à un sujet particulier
, propre à servir d'entretien avec
Dieu. Par le R. P. Th . Bern . Fellon , de
la Compagnie de Jesus. 4. vol . in 12. A
Lion , chez Claude Fournet , 1731 .
PHILO
OCTOBRE . 1731. 2373
LE PHILOSOPHE ANGLOIS, Ou Histoire de
M. Cleveland , fils naturel de Cromwel ,
écrite par lui - même , et traduite de l'Anglois
par l'Auteur des Memoires d'un Hom
me de qualité. AUtrecht, chez E. Neaulme,
4. volumes in 12.
SUPPLEMENT à l'Histoire des Guerres
Civiles de Flandres sous Philippe II . Roy
d'Espagne , du Pere Famien Strada , et
d'autres Auteurs , contenant les Procès
criminels de Lamoral , Comte d'Egmont,
et de Philippe de Montmorency , Comte
de Hornes , ausquels le Duc d'Albe a
fait trancher la Tête à Bruxelles. A Amsterdam
, chez Pierre Michield , et se trouvé
Paris , chez Briasson ruë S. Jacques ,
›
2. vol. in 12. 1729.
OEUVRES DE CLEMENT MAROT , Valet
de Chambre de François I. Roi de France
, revûës sur plusieurs Manuscrits , et
sur plus de 40. Editions ; et augmentées
tant de diverses Poësies veritables , que de
celles qu'on lui a faussement attribuées :
avec les ouvrages de Jean Marot , son
Pere , ceux de Michel Marot , son fils ,
et les Picces du differend de Clement avec
François Sagon . Accompagnées d'une
Préface Historique , et d'Observations
critiques. A la Haye , chez P. Gosse et
f. Neaulme , 1731. 6. vol. in 12 .
pour titre : Oedipe et toute sa Famille , est
précedée
OCTOBRE . 1731. 2371
précedée d'une Préface et suivie d'un Dialogue
entre l'Auteur et feu M. Boivin .
Le commencement de la Préface regarde
la Tragédie des trois fils de Jocaste
, qui avoit été imprimée sans Préface
; tout le reste est une explication des
moyens dont il s'est servi pour concilier
diverses opinions de M" Corneille , Despreaux
et Boivin , sur le cinquiéme Acte
de l'Oedipe de Sophocle , et pour accommoder
au Théatre les lamentations
de l'Oedipe Grec. Voici un Trait tiré du
Dialogue.
Ce n'est pas que cette nouvelle Tragédie ,
dont vous parlez , doive sa naissance à nos
procès ; elle la doit , Monsieur , à la Preface
qui précede votre Traduction de l'Oedipe
de Sophocle. Lorsque je la lûs , je m'étonnai
d'abord de ce qu'en faisant tant de
Tragédies d'Oedipe , il ne m'étoit pas seulement
une fois venu dans l'idée d'employer
·les Lamentations du cinquième Acte . Con
meille les avoit rejettées. Votre Préface m'apprit
qu'elles étoient d'un grand prix. J'ai
connu votre habileté , l'excellence de votre
gout, & la solidité de votre esprit. Votre seniment
sur ces plaintes d'Oedipe , me fit chercher
avec grand soin pendant deux jours un
nouveau sujet sur les malheurs de ce Prince,
et un moyen de faire préceder sa mort par ses
E iiij plaintes
2372 MERCURE DE FRANCE
plaintes , telles que Sophocle les a mises. Fe
crois être venu à bout de mon dessein ; je
venx dire que mon cinquième Acte doit être
bien reçû. Les Modernes avoient emprunté
déja de Sophocle , presque toutes les autres
beautez qui sont très -fréquentes dans sa Tragédie
d'Oedipe , et avoient réussi. J'ai le
premier usé de ces Lamentations , et ne leur
ai rien ôté de leur mérite. Cela ne m'a pas
été bien difficile. J'ai mis en Vers votre noble
et magnifique Traduction , et tout ce que
j'y ai ajoûé du mien n'est qu'un tour assez
ingenieux et très- heureux en même -temps
pour sauver l'horreur que le visage sanglant
d'Oedipe auroit causée aux Spectateurs sj'ai
trouvé le secret de placer de si belles plaintes
avant que ce Prince puisse porter ses
mains sur lui , et quoiqu'un peu longues ex
un temps out ce Prince qui est sans armes
ne cherche que la mort, elles ne courent poin
le risque d'ennuyer.
9
PARAPHRASE DES PSEAUMES DE DAVID
et dés Cantiques de l'Eglise , avec une
application suivie de chaque Pseaume et
de chaque Cantique à un sujet particulier
, propre à servir d'entretien avec
Dieu. Par le R. P. Th . Bern . Fellon , de
la Compagnie de Jesus. 4. vol . in 12. A
Lion , chez Claude Fournet , 1731 .
PHILO
OCTOBRE . 1731. 2373
LE PHILOSOPHE ANGLOIS, Ou Histoire de
M. Cleveland , fils naturel de Cromwel ,
écrite par lui - même , et traduite de l'Anglois
par l'Auteur des Memoires d'un Hom
me de qualité. AUtrecht, chez E. Neaulme,
4. volumes in 12.
SUPPLEMENT à l'Histoire des Guerres
Civiles de Flandres sous Philippe II . Roy
d'Espagne , du Pere Famien Strada , et
d'autres Auteurs , contenant les Procès
criminels de Lamoral , Comte d'Egmont,
et de Philippe de Montmorency , Comte
de Hornes , ausquels le Duc d'Albe a
fait trancher la Tête à Bruxelles. A Amsterdam
, chez Pierre Michield , et se trouvé
Paris , chez Briasson ruë S. Jacques ,
›
2. vol. in 12. 1729.
OEUVRES DE CLEMENT MAROT , Valet
de Chambre de François I. Roi de France
, revûës sur plusieurs Manuscrits , et
sur plus de 40. Editions ; et augmentées
tant de diverses Poësies veritables , que de
celles qu'on lui a faussement attribuées :
avec les ouvrages de Jean Marot , son
Pere , ceux de Michel Marot , son fils ,
et les Picces du differend de Clement avec
François Sagon . Accompagnées d'une
Préface Historique , et d'Observations
critiques. A la Haye , chez P. Gosse et
f. Neaulme , 1731. 6. vol. in 12 .
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Résumé : Douze Tragédies sur le même sujet d'Œdipe, [titre d'après la table]
Le texte présente une tragédie intitulée 'Oedipe et toute sa Famille', précédée d'une préface et suivie d'un dialogue entre l'auteur et M. Boivin. La préface explique comment l'auteur a concilié diverses opinions sur le cinquième acte de l''Oedipe' de Sophocle et adapté les lamentations d'Oedipe pour le théâtre. Le dialogue révèle que l'auteur a été inspiré par la préface d'une traduction de l''Oedipe' de Sophocle pour créer une nouvelle tragédie intégrant les lamentations du cinquième acte. L'auteur affirme avoir réussi à placer ces plaintes de manière à éviter l'horreur du visage sanglant d'Oedipe et à maintenir l'intérêt des spectateurs. Le texte mentionne également d'autres publications, telles qu'une paraphrase des Psaumes de David, une histoire intitulée 'Le Philosophe Anglois', un supplément à l'histoire des guerres civiles de Flandres, et les œuvres de Clément Marot.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 507-523
Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, T. VI. [...]
Mots clefs :
Médecine, Médecins, Histoire, Amsterdam, Remèdes, Raison, Lois, Préface, Corps, Latin, Canini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISONNE'E des
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
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Résumé : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil de la Bibliothèque Raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe pour l'année 1734, publié à Amsterdam. Il met en avant plusieurs ouvrages notables, dont 'Amenitez de Médecine' de Dan. Vink. Cet ouvrage explore l'origine, les progrès, l'excellence et la nécessité de la médecine, ainsi que les abus actuels de cette profession. L'auteur souligne que la médecine, ayant pour objet l'homme, est préférable à tous les autres arts, mais les abus fréquents la rendent moins estimable. Le texte mentionne également des pratiques anciennes, comme les méthodes de traitement des maladies chez les Babyloniens et les Assyriens, et les privilèges des prêtres malabares en matière de médecine. D'autres ouvrages cités incluent 'Les Voyages et Aventures du Capitaine Robert Boyle' et 'Histoire de la Médecine' de M. Schulze, qui couvre la médecine depuis ses débuts jusqu'à l'an 412 de Rome. Le texte aborde également la médecine gymnastique des Grecs et l'évolution des duels, une pratique introduite par des peuples barbares et adoptée par divers peuples européens. Les duels étaient utilisés pour purger des crimes et étaient réglementés par des lois et des ordres de chevalerie. Le texte conclut en discutant des difficultés à éradiquer les préjugés liés au point d'honneur et à l'usage des duels. Le texte présente également une liste de divers ouvrages et articles publiés entre 1731 et 1733. Parmi ces publications, on trouve des réfutations et des défenses de positions philosophiques et religieuses. Par exemple, 'REFUTATION des Erreurs de Benoît de Spinosa' par M. de Fénelon, le P. Lami et le Comte de Boulainvilliers, qui inclut une biographie de Spinoza écrite par Jean Colerus. Un autre ouvrage notable est 'L'UTILITE, LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE de la Révélation Chrétienne' par Jacques Foster, qui défend la religion chrétienne contre un livre récent. Le texte mentionne également des traités juridiques et historiques, comme 'TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins' par Everard Otton et 'IMAGES DES HEROS et des Grands Hommes de l'Antiquité' par Jean-Ange Canini, illustré par Picart. Enfin, le texte discute de l'établissement d'une imprimerie à Constantinople et des ouvrages qu'elle produit, tels que des histoires des antiquités égyptiennes et des calendriers des califes. Plusieurs erreurs typographiques sont également corrigées dans le texte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 1389-1390
Traité des Benefices Ecclesiastiques, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ DES BENEFICES ECCLESIASTIQUES, dans lequel on concilie la [...]
Mots clefs :
Bénéfices ecclésiastiques, Recueil, Édits, Ordonnances, Déclarations, Matières bénéficiales, Préface
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité des Benefices Ecclesiastiques, [titre d'après la table]
ORAITE' DES BENEFICES ECCLESIASTI
QUES dans lequel on concilie la
discipline de l'Eglise avec les usages du
Royaume de France , et le Recueil des
Edits , Ordonnances , Déclarations et
Arrêts de Reglement, concernant les matieres
Beneficiales et autres , qui y ont
raport. Par M. P... G.... trois tomes
in 4 le premier 700 pag. sans la Préface.
Le second 720. Le troisiéme 650. A Pa-.
ris chez Langlois , la veuve Mazieres , et
J. B. Garnier. 1734.
Cet Ouvrage n'est pas trop susceptible
d'un Extrait , et d'ailleurs la matiere,
II. Vol.
dont
1390 MERCURE DE FRANCE
dont il traite , n'est pas de notre compé
tence. Mais en attendant que les Journaux
des Sçavans en rendent compte au
Public , nous avertissons qu'on trouvera
dans la Préface de l'Auteur des Remarques
fort judicieuses sur les Casuistes et
les Jurisconsultes , qui ont écrit sur lë
même sujet que ce Traité est une compilation
très méthodique et très - bien
faite des dix - sept volumes de M. du
Perray , et d'un Traité imprimé à Paris
en 1721. auxquels on a ajouté cinq ou
six Questions , qui sont presque toutes
neuves un court Supplément et une
Table fort ample : Que le Recueil des
Edits , Ordonnances , Declarations . &c .
tient la moitié du second volume et tout
le troisiéme ร
que c'est la plus grande
Collection , qui ait encore paru sur cette
matiere ; qu'elle est terminée par deux
Tables très - commodes pour trouver d'abord
les pièces , dont on aura besoin .
Enfin si l'utilité , le bon style , l'exactitude
, la méthode et les recherches sçavantes
sont un pronostic sûr pour un
Ouvrage , on doit certainement très bien
augurer du succès de celui - ci , qui nous
paroît même nécessaire à tous ceux , qui
ont besoin d'étudier les matieres Beneficiales.
QUES dans lequel on concilie la
discipline de l'Eglise avec les usages du
Royaume de France , et le Recueil des
Edits , Ordonnances , Déclarations et
Arrêts de Reglement, concernant les matieres
Beneficiales et autres , qui y ont
raport. Par M. P... G.... trois tomes
in 4 le premier 700 pag. sans la Préface.
Le second 720. Le troisiéme 650. A Pa-.
ris chez Langlois , la veuve Mazieres , et
J. B. Garnier. 1734.
Cet Ouvrage n'est pas trop susceptible
d'un Extrait , et d'ailleurs la matiere,
II. Vol.
dont
1390 MERCURE DE FRANCE
dont il traite , n'est pas de notre compé
tence. Mais en attendant que les Journaux
des Sçavans en rendent compte au
Public , nous avertissons qu'on trouvera
dans la Préface de l'Auteur des Remarques
fort judicieuses sur les Casuistes et
les Jurisconsultes , qui ont écrit sur lë
même sujet que ce Traité est une compilation
très méthodique et très - bien
faite des dix - sept volumes de M. du
Perray , et d'un Traité imprimé à Paris
en 1721. auxquels on a ajouté cinq ou
six Questions , qui sont presque toutes
neuves un court Supplément et une
Table fort ample : Que le Recueil des
Edits , Ordonnances , Declarations . &c .
tient la moitié du second volume et tout
le troisiéme ร
que c'est la plus grande
Collection , qui ait encore paru sur cette
matiere ; qu'elle est terminée par deux
Tables très - commodes pour trouver d'abord
les pièces , dont on aura besoin .
Enfin si l'utilité , le bon style , l'exactitude
, la méthode et les recherches sçavantes
sont un pronostic sûr pour un
Ouvrage , on doit certainement très bien
augurer du succès de celui - ci , qui nous
paroît même nécessaire à tous ceux , qui
ont besoin d'étudier les matieres Beneficiales.
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Résumé : Traité des Benefices Ecclesiastiques, [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Oraité des bénéfices ecclésiastiques' compile les disciplines de l'Église et les usages du Royaume de France en trois tomes : 700, 720 et 650 pages. Publié à Paris en 1734 par Langlois, la veuve Mazieres et J. B. Garnier, il n'est pas destiné à être extrait. La préface contient des remarques sur les casuistes et les jurisconsultes ayant traité du même sujet. L'ouvrage synthétise les dix-sept volumes de M. du Perray et un traité de 1721, enrichis de nouvelles questions, d'un supplément et d'une table ample. Le second tome et le troisième sont dédiés aux édits, ordonnances, déclarations et arrêts concernant les matières bénéficiales. Cette collection est présentée comme la plus complète publiée à ce jour, facilitée par deux tables pour retrouver les pièces nécessaires. L'ouvrage est loué pour son utilité, son style, son exactitude, sa méthode et ses recherches savantes, en faisant une référence essentielle pour l'étude des bénéfices ecclésiastiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 159-173
Extrait de l'Histoire de Charlemagne.
Début :
Le fond de cet Ouvrage est l'Histoire de Charlemagne ; mais elle est précédée de [...]
Mots clefs :
Histoire de Charlemagne, Charlemagne, Race, Histoire, Historien, Préface, Esprit de guerre, Moeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de l'Histoire de Charlemagne.
Extrait. d.e l' Hifloire de Charlemagne • .
Le fond de cet OuTrage efr l'Hifioire de
Chaa:·le111ag11c ; mais elle ell: précédée de
Co1zfidérations far ii remièr~ Race, & fi,i ...
. Ylt de . Confiâérations~r lafe,ende.
I
•
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•
1 U,i.JU I :J4 tJ
•
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i 6$ · M E R C U R E
Ces Co11fidérations ent;'re11r daris ~c pla11
de l 'Ouv~age, & font t1ne partie etfenticlle
d11 f~tjer. Il f:1lloic monr1·c1· toue le tnal 'que
Cl1arle1nagne avoir à corriger, & qu'il a
corrigé e11 partie; il falloir 1no11trer tour le
· bien que Ces Succeffears a voient à détruire,
· · & qu'ils ont déc.ruic entièret11enr. ,
: · C' ell ce tableau qu'on a voulu préfe11rer;
ce !011c ces vici!Iirudes dont on a tâché d'expofer
& les caufes & les effets ; en gé11éral,
· 011 a voulu tirer de cerce partie de 11otire
Hifroire tot1res les vérités utiles, coures les .
moralités Îlnporra11tes · u'elle peut fournir •
.. L'Hifl:ojre doit no11- euletnent être racontée,
in ais et1co re être raif on11ée ; il faut que
. lés hon1rr1es & les ~véneme11~ foienr j\tgés ;
il faur q11e les fautes & les erreurs dû patfé
. foient la 1e~o11 de l'a\1e11ir ; il faut qu,011
· fache ce qu1 s'eft fair, ~our favoi1· ce qll'il
faut faire & ce qu'il fau·t éviter. D'ailleurs,
les f~lifrorie11s n' 011r pas toujours jugé aflèz
, fiaineme11t tles chofes; la pltipart des jugeme11s
de l'Hifi:oire f 011t à réforn1er) & c, eft
un 1notif de plus de rflifonner aujourd 'hui
_ l' Hifloire. Il faut rayer de fes A11t1 les, il
fattt dé111enrir à la face . de- l'Univers. cous
· · ces jt1get11e11s infettés de l'e(prit du MachiavelJiline,
ces tloges de la g11€1·re, ces ho111-
niage~ proftirl1és ~ tt crin1e i·éputé heure11x, à
la fot1 rberie r.ép11tée ad1·0ite; il faut s'élever
contre ce~ e1111en1is du rg.ç11re hu111a'in, qoi
... 011t ofé diftit1gt1~r d.e~~0r?lcs, l't1ne pour
le pet1 ple, 1, autr__ e pou1· Jes Rois ; i~ne ;.qui
•
•
-
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•
-
•
D E F R A N C E. t~t
règle les droits des particulirrs, l,autre i qui
fait la dcfiinée des Em l'ires; contre ~es Ecri- ·
vains , ou pervers ou ftu 11idcs qui, lailfaftt
da,1s l, oubli ou li\1rant tnême au mépris les
vertus pacifiques ·& bienfaifai.1tes , ont toujours
célébré les vices r11rbulens & funefies.
Quai1t à la 1n4_11ière d"e111 ployer la in oralité,
elle doir bcauèoup ''arier dans la forme.
Tantôt 1, At1tcur l'é11011ce de lui-même, tantôt
il la place dans la boucl1e d'un de fes
pcrfonnagcs, tantôt il la f upprime entièrement
lorfqt1'elle fort atfcz d,elle-n1ê1ne du
fond Ju f ujet, &: q11e l'cf prit ne peut pas ne
pas la fer1tir & ne pas la ft1 pplécr ... Lorfque
Agt·ippin·e c1·ie at1 Centurion qui la 111aifacre
par l'ordre de fo11 fils, & qui 1, a voit déjà
frappée à la rête : Frappe les entrailles q1,i.
ont J'01·té ce monflre,, 'Y"'ENT REM FEl<.I. Ces
det1x inots 011r pJ t1s d, éloqt1encc & de mo·
rai icé que 11, en a uroic11t les N'~l t1s fortes déclan1a
rio11s co11tre le pa1·riclde. Lor:f<.1t1' apres
avojr rapporté les c1·itnes lo11g- te1nps
impunis de'-Néi·on, l,Hiîl:ot·ie11 ajot1re: L4
/011, rie patience du genre· humain fa , lqffa
en Tl; 011 n'a pas De( OÏ 11 d, ételltl t·e Ôa'\'a ntagc
la n1enace terrible que c~rrc pl1rafe li
fttnplc fair à tot1s les tyrans; inais tOLltes les .
fois qt1e les préjugés ou d, opi11io11 ot1 d'ufagc
s'oppofe11r a la i11oralité & . ]a repot1ffe11t,
on ne peot la fail·e f orrir avec r1·op d,éclar.
on ne pet1t l' énor1cer trop formclle1ne11c ni
l1 d~velopp e r rrop pleine1ne11r.
· E~re urile, en 1111 .111ot, êrre utile, voilà
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' ............ """""
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"1.lii . M E R C U R E
le grand devoir de rour Écrivai11, 8' la eon~
.iet1nnatio11 de tant d' écrirs.
Tel eft le précis d~ la Préface ; on pettt
la· regarder co111mc un petit Traité de l'u(age
de la 1norale dans l'Hiftoire & de la inanière
de l'y e1nplo}1er. Si nous rrouvio1~~
cerce Differtarion dans la Préf1ce de roue
autre Auteur, nous e11 conclu1·ions qt1e cet
Atlteur croit avoir tnis quelqt1e pl1ilof o·
phie & quelque n1oraliré da11s fo11 Ou\' rage;
nous ne pouvons c.l~nc nous difpenfer d'admectre
cette co11r1'e qt1ence pour nous4 111Ac 1T-ics,
· autrement ce ferait avoir deux poids & deltX
n1efures.
Pour jug~1· de cc qu'a .fair Charlen1agne ~
il faut connaître ce qu'il avoir à faire; il
f:ïtlt voir da11s quel état il avoir reçu la
france, & _dans qt1el état il l'a laiffé_e.
• •
.. .L'Introduélion, qui co11tient des obfier\ra·
tio11s fur la pre1nière Rac:e , & qtti appartient
plt1s effe11tielleLne1·1t au f ujer que les
Inrroduél:ions orc.ii11aires, efr divifée en
quatre Chapitres.
Le premier préfente des obfervarions générales
fur l' ef prit de guerre, & u11 parallèle
des guerres des .. Peuples barbares & de
celles des Pet1ples policés.
•
Dans l, ét:tr· de barbat·ie, la guerre cfl: conti11t1elle;
elle efi l ,t111i q t1e affaire, elle forme
feule l'ef prit gé11éral : da11s l'érar qt1'011 appelle
policé, la guerre n' cft qu'intertnirtenrc.
Si 011 étoit cout-à-fait i)ol1cé, la glterre cef:
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IV&J'V 1:1--------~------
'
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D E F R A N ~ E. 1 ';·
feroit entièreme11r. ~o.ite police tient à la
paix, & a befoin de la paix.
ILes guerres des Pet1plcs barbares f on~
beaucoup moi11s de1·aifo11!1ables que les 11ôtres.
Cl1 aifés par let11· 1nu lrirude, d,t1n fol ing1
·ar & fa11s cultu1·e qui 11e .peur plus les
11ou1·rit·, ils fe 1·épande11t da11s des cli1nars
plt1s het11·eux, & vo1Jt opp1·i111er des Pel1pJes
que Ja jquilfa11ce 1nê111e des Arts re11d moi11s
propres à la guerre. t,agrc~feur alors a ~u
rnoi11s un i11rérêt: préifa11t, t111 objet fc11Cible
& q•J'il peur remplir; il a co11it111u11en1ent, fur
les Peuples qt1,il arraque, l,avanrage de la
force & de la férocité qt1e don11e J3 barbarie;
inais des Pe11pJes de11t l'érablitfe111ent
ell: for1né depuis Jong-re1nps, des Pet1pl~s
policés, e11ro11rés de ro111te part de Nations
également policées, des Peuples à .qui le
.. com1nercc peut fournir routes les jouiifaa·
ces que la mature dl1 fol leur a refufées, qui
favent échanger tous les avantages ref peetifs
, faire Ji{ paroîr1·e & 1, éloigne111e11t des
lieux & la diffé1·ence des c1i1nats; des Peu-
. ples pour qui les mers, loi11 d'être des barrières
qui les {épare11t , devie1111enr cte nou~
eaux liens & ·de not1velles f ot1rces de ricHeifes
& de bo11heur ; des Reu ples e1:ifin
fur qui l'oeil de la Poliriqt1e extérieure efr
roujot1rs ouvert our préve11i r t0ut accroif.
fen1ent de puif ai1ce capable d'alar1ner la
liberté générale : quel inrérêr pet1ve11r ·ils
~ avoir de faire la guerre, ou plurôc quel in~
sérêt n, ont·ils poinc de 11e.la pas faire~
)
'
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l\J.&JVl:J4U - ~
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; i,4 M E R G U ~ E
Le réfultat de ce Cl1apicre eft que l' cf prit
de guerre en tout ge11re f oulève contte Je
: bonheur du genre - humain une 1nulrirude
d' en11e111is. · ·
Dans la guerre, des Go11quérans, .fléaux
de l'Univers. ·
Dans la Politique extérieure, des fot1rbes
malfaifans qui éternifenr les guerres.
Dans la Politique intérieure , des tyrans
qui forcent les Peuples à la révolte e11 les
accablant, ou des féditieux qt1i féduifent les
· Peuples pot1r les poulfer à, la révolte.
Dans la Religio11, des perfécaceurs qui la
feroie11t ha'.ir.
Da11s les Lettres, des .tiifputet1rs inrolb~
rans qt1i les profanent, & qui. co11verri,fenc
·en poi(on ce que l'U11iver.s a de plus ain1a-
. b!e & de plus utile. ' ~ .
• 1 Voilà ei1 général les maladies dent Charlcj
1nagne a voit à gt1érir "le g'e11re ht1111ai~. ) l
· Dans le fecond Chapir1·e, 011 exa1ninc
"plus p:trticalièrement, on ft1iv;a11t l'ldifloi1·t!,
quell es moet1rs l,efp1·it de gllerre avoir i11trodt11tes
dans la France & da11s l,Ett1·ope ava11t
Charle111a t1e. Ce Chapitrie co11rie11r l'Bjf-
.. toi1:e de la pret11ière Race depuis Clo~is 1
jufqt1'à Clo~1is II. U11 feul c1·ait, qai 'av.oit
.. pettt être pas éré a{fez remarqt1é, f uffir pour
peind rc les l11oeu rs à cette époque. Dans u11
efpacc d'environ ce11r cinquante ~atis, depuis
l'an 48' jt1fciu'à l'an 63 o, on compte plus
de qt1arante Rais ou 61s de Rois ou tués dans
les batailles, 9u a!faaiaés de .. fang-froid., w
IV~U/U4tl---------
•
r
•
D E F R N c E. I~J
·cmpoifo1\11és, fans coa1pter beaucot1p" à' enfans
de ces Princes tués au bcr.ceau, & dont
oi111e fait 11i les 11oms ni le t101nbre.
Les Rais Fainéa11s & ' les Maires dlt Palais •
font lJobjet du troifiè1ne Chapir1·e. •
Les auteurs de la Race Ca1·lovingienne >
S.' Ar11ouJ , Pépin de Hoc1fral, <-harlesMartel,
Pépi11-Je · Bref, font le fttjet da
quar1iè~11e & dernier Chapitre de l,intro- •
duétio11.
Les inoeurs a";oient fait qt1elqt1es progrès.
Les ancêr1·es de Cha1·le1nagne écoitnt:
1noi11s fé1·oces qt1e les Rois guc--.rrie1·s de la
Ri1ce ~1 érovingic11ne. Charles-Martel & les f
deux Pépi ne; a ''oienr de la grandeur: & de
l~éclat:. Les Cor1qt1éra11s Mérovin~iens n'avoie11t
éré que des atfaffi11s terribles. Les
critnes de pure fé1·ocité dcvenoient plus ra- ·
res; mais ot1 co1n1nercoir encore les crimes
policiques , 011 lés com1netroit inême pat
fyfl:êtnc, c' eft la. plus ancie11nc comn1e la
plus ft111ef.l:e des er:reurs. On croit que le
M acnja ve!Ji[111e eft la doél:rine~ ou l' ei:reur
des fiècl~s Q~lairés; on fe trotnpe, il appartjenr
fur .. t (> tl t aux J<!u·pJes barbares; c .. eft
alors q-t1e le f rt: 1eut rot1jot1rs oppri1ner, &
le f(>i ~le t \ ll .t>t1rs rroi-n per. Les Peupl~s barbares
<Y· .~ ~ erJ~ d1ns u11 hat1t d~gré cette
vile fcie. cc· '1° 11tiiie, "eette petite fi11e((e
fittpide ~ ~ ·~ J· e111~i =- ~ de i·:i rouri11e, l'impuiff
a11c~· \ .. ~ ~ PV er ,~01 e( p1·it jufqa' à ) a rai- j
fo11, & f0... .. t1r jÛt-~1t1,à la,jt1!l:iGe, font encore
1101101· r. t1 • ?n de f"'olitique. Quand il exif: ·
. tcia: uit i ue, elle fera bieJ1 fi1nple, cc
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1 Vi.J\J I :.J4U
•
1 _ 1·,, M E R ,C U R E
,'
fe1·a la jultice, ou encore miet1x la bie11fai- ·
fance, qui eft la jt1ftîce fuprên1e ; car il efr
f ouveraÎ11e1nent jufi:e de fait·e tout le pien
dont on efr capable. Le bien doit avoir la
vertu d,attirer le bien, puifquc le inal a celle
d' ~rrirer le mal ; 011 efr bien sûr du· n1oins
que ce 111al, qu' 011 efr toujot1rs fi empreffé
de faire, fer.a rendu au centuple. Pou1 .. quoi
donc faire le mal? Quel i11térêt, quelle politique
peut pre(crire le foin fu11cfte d' aff
embler ainfi fur fa tête tous les fléaux de la •
haime & de la vengeance ? Pourquoi [ai.Gr
toutes les occaG011s cle 11uîre à f~s voiu11s >
parce 'qu'ils ont faili ou qu, on prévoit qu'ils
failiro11t tot1tes celles de 11ous nuire? Eh!
confentons à do1111er l'exemple, co1nmençons
l'expérience du bien, ~elle du 1,nal eft
faire; 11ot1s Cavons ce ~u'il a produit & cc
qt1'il prodtiira: dif ons pltts, celle du bien
nlê1ne efr faite •. En effet, ouvrons 11os A11nalcs,
n1aJgré 1:iorre fyfrên1e perpét11el de
gt1errc, quiconque a voulu vi·1re en paix y a
vécu. Depuis la fondarion de notre Monarchie,
011 n'avoir pas encore compris que la
paix pût jatnais êrre un état permanent. De·
puis Gt11llaume le Co11quérant & Philippe 1, ·
·on avoir en~ore tnoins co1npris que la France
pût faire t1ne paix folide avec les .,.~nglois.
Enfin, .. ...Sa irzt Louis vint ; il ~Quiut la paix>
& la paix avec l' Angleter-re. Quel moyen
c1nploya·t-il ' la bienfaifance. Il remit aux
Angloiw tour c-e que le droit rigoureux de
confifcation av~it pu leur enlever fans injUfticc
.. ; il conquit les coeurs en rendant des
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rvqu1u ~-------~-
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D E F R A N C E. 167
États. Le fruit de cette tnodératio11 fa11s
cxei.nple, fur une paix fans cxe1nple aul1i;'
ut1e paix de r1·ente-ci11q ai1s e11tre les deux
Nario11s., u11e amitié fi11cèt·e ent1·e les deux:
Rois, no11 pas feuleroent pe11dant f 0J1 règc1e>
111ais e11core pet1llant le règ11c entier de l)hi--:
· lippe-le Hardi fon fils. * · ,
T.el ell l,efprit da11s leqt1el cet Ouv1·age ·
eft co111 pofé ; c' efi: le 1nê111e qui règ11e <.ia11s
l,Hi!l:oi1·e de Fra11çois I, & fur· tottt dans
celle de la Rivalir·é de la Fra11ce & de l' Angleterre,
Ouvrages du 1nên1e At1~eur; c'eft
l' ainour de la paix, l' éloig11et11e11r pour la ..
guerre, l'ho1·reur pour la viole11cc & l'in- ·
ju fl:ice; l' Al1tet1r attaque {ur- tout le Machiavellift11e,
co11rin11elle111e11t, dans routes [es
hra11ch\Ts & dans toutes Ces f ubdivifio11s. _,
L'Hill:oii·e de Cl1arle1nag11e ouvre le
fecond Volt1111e. -
· I11gell1ei111, près éte 1'1aye11ce, Charlebou
l·g, 11rès de Mu11icl1, Carlfiar et1 Franco11ie,
Liége, 1\ix, qui n' avoit poi•1t encore
~ Il f;iudroit co11clure d'u11 pareil pri11cipe, qu'il
fuffiroit à un Roi d'être Bicnfaifant pour cunfervcr
la paix~ maie; u11 Prince !era e11 vain Bitnfuifant &
Mod 'ré, fi fo11 voi{i11 ne l'efi pas; & dans ce dernier
cas il faut néceffai1·emc11t que la force arra-.
che ce que la Bienf~ifa11ce & la Modération ne polir ...
ront p11s obr.enir. Tel eft le fyfl:ême de guerre aétucl
qu·on ne peut pas regardc-r co1n1ne un tribut payé
à 1'crreur par l'l1umanité.
N'y auroic-il pas à épiloguer μn peu fur la mode.
ration de S. Louis qui pouvoit, Çtrc néccffitée par
les circoafta:J1ces? (Note de /'Editeur.)
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I 68 . . M E R c V R E .
allors le f urnom de la Chapelle, fe f 0•11:
dif puré l,ho11neur d~avoir do1111é la i1aiil:1nce
à ce grand Pri11ce, co1nme autrefois pl11-
lieurs Villes Grecqt1es à Ho1nèt·e ; ca1· après
la 1no1·t.tous les t1r1·es de gloire fo11c égaux>
& le f ouveni1· des grands Ho1n1nes e11 tout
genre fe pet·pérue égale111e11t. C'eft au Château
d'Ingelhei1n que Cl1arles naquit, le 1'
Ecvrier 741, fuivant l' opi.ni~11 co1n1nune. l
Carloman, fo11 frère puî11é, qui partagea>
felgn l,ufage du te1nps, avec lui les États de
fon èt·e, n'eft connu dans l'Hiftoire que par
la ja ou1Îc qu'il e11t coure fa vie des gra11des
. qt1alirés de Cl1arles, fenti1nenr qui attelle
l'i11fêrioriré de Carlo1na11.
~ Ils fu1·c11t couro111:1és le mên1e jour ( 9
Oétobre 768), Charles à Noyon, Carlo-
1uan à Soiif ons.
Le pre111ier exploit qui s'offrit à la valeur
d.c ( .harles, fur l'expédition d' Aquitair>e. Ce
Reyau1ne ou cette Province, réunie à la Cou·
ron11e par Pépi11-le-Bref, réclamoit de not1-
veau l'inclépendal1ce, ou plutôt les Pri11ces
de 1-a Maifon d'Aquitaine, itfue de Clovis &
de Clotaire II par Aribert, Boggis & le D11c
Eudes récla1noient ce Duché héréditaire. de
let1r Maifo11. Carlo1nan éroit parti avec fon
frère pot1r f ou111ettre l' Aquitai11c. Dar1s la
rôute il le qt1ittc b1·uf qt1e111e11t, & retire fes '
troupes , )ai!I111t à Cl1arles tou~ l'embarras
de certe cxpéd~cio11; c'était lui en laïffer roucc ~
ltil gloire. Dès que Charletnag11e parue, l' Aql:
litai11e rec9nnut f on Maîcre ; la rapidité
· -- avec •
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D E F R A N C E. 16?
&\'CC laquelle il s'était éla11cé f,1r cet Etat
(car i·aétiviré qui, cot11me on l'a obfer\1é
plufieu1·s fois da11s l'Introduétion, éivoit diftingt1é
Charles Martel & I>épin-le Bref parlni
tous les Guerriers éroit, pow· ain{i di1·e, exagérée
en lui, & tc11oir de la tnagic & du ro·
Hige), l'alfurance avec laqt1clle il 111arè oit
au milieu de ce peuple e11ne111i, comme Ull
Roi parn1i fes f ujers, & un père parmi fes
mfa11s; un mêla11ge adroit de clé1nence &
.de fer1ncté, 11 extérieu1· le plus a va11tageux,
la figt11·c & la taille des Héros, des 1n.anièrcs
à- la fois impofantes & ai111ablcs, la brillante
affabilité de Céfar, la 1najell:é qt1, eut
dans la fuite Louis XIV, avec 11ne fimplicité
~ui l'eût en1bel lie; des traits fiers & doux
pleins de feu & de grâce, u11 air d'at1dace •
de force & de bon ré; enfin, les trois Pépins
& Charles-Martel renailfans en lui avec pltlS
.(!'éclat & de grandeur, toltt annonçait un
Prince 11é pour co1n111a11der aux homn1es
p0t1r co11quérir les E111pires & pour fL1bju
guer les -ca:urs. Charles 11e prie contre les
Aqt1it:ains d1autres précautio11s que He faire
bâtir fur la Dorrdog11e tin Château fort qui
s'appela Franciac J c'efr·à dire, Château du
,Franfois; on l'apHclle aujourd'l1ui Fronfac,
11om dins lequel, à ~trav~rs la coi·ruetion , · 1
~ ell aifê d'appercevoir la prononf iatÎDn & la
fignificacion pr.imirives. '> ,
Pépi11 l~ Rr:ef a voit fair la guerre aux Lom.
bards; la Rei11e Berthe , f"J veu\'e, jaloufe de
réconcilier le~ ~eux Natio11s , propofa le
N°. 3 o, 2. 7 Juillet 17 · i. H
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IU~Vl~4U f
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s 10 · M E R C U R E.. .
mariage de Charles, f 011 fils aîné, avec Her ..
~ mengarde, fille de Didier , Roi des Lo111• ·
pa1·ds; le Pape Éti~1111e IV, ei111e111i de Didier,
ne négligea rien p0ur traverfer cette a·llianc:
e ; wil a v0it ·un prétexte qt1'il fit bien valoir,
eharleL11agne a voit llne ef pèce d' e11gagen1ent,
que la Nation ne paroîr pas avoir regard~
co1nme un ''J·ai rnariag~, avec 1111e fem1ne
no1111née Hi1niltrude, âo11t il a\'OÎt i11ê1ne t1n
fils .. Cet obftacle n' arrêt oit 11i la Reine Bertl1e,
ni le Roï Lo1nbard , ni Cha1·le111ag11c
lui-'mê111e, q11i ne t~noit plus à ce lien. Le
Pape, dans une lettre t1·ès-curieufe, infi!le
forteme11t fur· l'indi{folubiliré dts noeuds du
s.11ariagc; & pot1r toucl1er par· u11 endroit
(enfiblc les IJri11ces Cha1·les & C:a1·loman: • • •
. ~ Sotive11ez-\'Ot1s, leur dit-il, que mon pré-
• déce!feu·r e1:n pêcha Pépi11 de répt1dier vo•
. ,., tre inère~ ,, _Il inGtle bie11 t\avanr~ge en•
core fur l'ir1dignité prétendlte de cette al~
iancc; il affure que tot1tes les Lon1bardes
font puaqtés, lépreufes, dégoûtante~: Pete~
~ijfi.ma gens ..••• de cujus natione & leprofarum
enus qri.ri certum ijl; que le pet1ple J... om.
ard efi: ~n11e1i:ii de D~et1 & des lio1nmes;
qu'il n' efl pas corn pté par-tni les N arions, in
rzumero genti.um nequaquam comput«tur; & ,
comme s'~l eût éré qtieftion d'époufer une
idolâtre , & non pas uqc Catholique :
.,. Quelle monfi:ruet1fc all~anc~ , s'écrie le .
• Pontife, c11trc la lainière & les ténèbres! '~ ,
~ quelle f ociété dl1 fidèle avec l'infidclle !
• tfç$ f r411soifcs ~ 'lit· il , f oMt ti aimable; 1
•
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..
•
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-
1u111ru:+μ--~------
•
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,
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. . D~ E FRANCE • . ~17r
;,, ai1ncz-les, c,efi: votre· devoir: earrtm vos
,, oportet amori ej}è adnexos. ''• .
Il prétend qu,il n' efi pas pern1is aux Princes
d, épouf er des ér1~a11Bèrcs; il cire aux Prin
·ccs François l' exe1nple de let1r père, de leur
aïeul , de leur bifaïeul , qui tous avaient
épot1fé des Frat1çoifes; il leur allègue ft1r c,c
p i i1t l, autorité du Roi leu~ père , qt1i ~
·RreCfé par l'E111 pere11r Conftantin Copro'
nyt11e , de donner en '"1n~riage à f on fils la
Pri11ceffe Giféle, foeur de Charles & de Car-.
·101nan, avoic répondu qu'':111e alliance étran~
gère lui paroilf oit illegirime , & fur-tout
~qu' il ne vouloir point faire une chofe défa.
gréa ble au Saint- Siége •
On 11,eut point ·d,égard à c~tte lettre, &
le 1nariage fe fic; l11.ais le Pape ft.:it ve11gé par
ce 111a1·iage 1~ê111e. Cha1·les n, ait11a tJoint fa
11ouvelle"époufe; qt1elqt1es i11fir1nités fecrettes
qu,il lui trot1va, l' e11 dégoûtèrent d, a- .
bord, il la répt1âia, & la 1·envoya au Roi
Didief fo11 pè1:e , qui ne pardo11111 ja1nais à
la Fra11ce 1, aff.ro11r fait à fa ' fi lle. Be1·rhe vit
avec aot1lcur dér1·uire f 011 ouvrage & dilliper
tès efpérances. C'eft le fcul chagïi11 , dit
Egi11ard , que f on fils ltti ait do1111é da11s fa
•
•1 ~.
.. Le Pri11ce Ca['lo1nan mot11·ut au cl1âreau • • e Sama11cy , ot1 Samot1cy , près de Lac.)11 ,
l.e ~ 'Déce111bre 77 1, âgé d' c11viron vi11 gt nns.
Il laiffoit deux fils en bas-âge: 011 v1t alors
un mémoraole effet tie ce gra11d art de plai re
& d'i1npof er, dont la Naturie a·1oit doué
· - H ij
•
•
•
•
1 U,'4 U I :J'4JJ
-
•
•
•
•
•
'
•
•
•
• •
•
'- ·rvz. . · M E>R 0 lJ. RE
4 C l1arle111agne, & de la i·épl1tatio 11 gt1'il a~oit
dcjà de got1 ver11er avec g1·andeur, avec ju(tice
& ~ veç fagelfe. Les Gr:i.11ds des Er~1 rs qui
a voie11r été du p~ :- tag: de Carlo111an) i·eco11-
·11t1re11t f oletn11elle111ent Cha1·le1nag11e pour
l e1:1·1· Roi. Ger berge, veuve de Carlo111an, ·
~'e11fu.i r a\1ec fes fils l1ors de France; elle (ç
réf,_1gin chez le Roi de Lombardie , afyle in·
diqué à totts les enneluis de la Fra11ce, par
le reffc11time11t que co11fer,·0it ce Prir1ce de
l'affro11t que fa fille y avoir reçu. . · ...
Da11s le i11êtr1e -te111p5 on vir rep~ro1rre Je
Pttc d' Aquirai11e Httnaud, fils du Du~ Eudes,
& père du Duc Gaïffre. Da11s un léger dépit
d' a V oi1· écé battu par les François , & <.ians
·un tége1- re1nords d'a\1oir fait crev~r les yeux
·au Pt·ince Hatten, f on frère, il s' écoit fait
,M.oi11~ ~ & avoir cédé fo11 DL1ché à Ga.i'ffre
{on fils. Après la mort de Gai~ffre, il étoit
.rcnrré dans le Îiècle pot1r difpurer à Charle1nag11e
le Duçhé d' Aqt1iraine. Livré au ·
1 vai11queur, il avoir été enfert:né; il s'échappa .
~e fa pi:itbn , '& fc refira auffi à la Cour de
·Didier, ain!i que divers Seigneurs des Etats
,de Carlo111an, qtti n'avoienr point ap rot1vé
.. la dén1ar-che qt1e les aurrcs avoient aitc de
fe f ot1n1etrrc à Çharlemagnc. _
r Voilà donc contre Charle111agne non-fclllemeAt
u11 grand 0rage, . inais encore 011
, ~rand intérêt ; 1111e veuve abando11née par
·les f ujets de fon n1ari , une m~rc défolée •
, des orpl1elins dépouillés, des Grands prof.;.
rits pour leur fidèle arrachcme'1t au fang <lo
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D E- F R A N C 1!. t7 j
leur Sot1verai11; un père ~ lli1 Roi outragé
da11s ur1e fille in11oce11rc; u11 avtntut·ier, que
le~ viciffitt1Qjcs mê1ncs de fa defl:i11ée rendoienr
in1 e1·effa11t , récla1nant l'héritage de
fo11 fils, le patri111oi11e de fon père, tous ces
infortunés uniffa11t leurs haines, leur! effo1·1s
& Jeùrs reff ources : voilà cc qu,t111 jt:fl:c rtf.;.
fenr:n1enr armoit alors co11tre ]a fortune de
Charle1nagne; mais il réunitToir à vi11gt·rJcuf
ans toute la Monarchie F1·ançoife.
! Dans 11n fecond exrrait, notls le confidérero11s
feul fur le trône , & agiffant avec;
toutes les force! de cctre Monartbie.
Le fond de cet OuTrage efr l'Hifioire de
Chaa:·le111ag11c ; mais elle ell: précédée de
Co1zfidérations far ii remièr~ Race, & fi,i ...
. Ylt de . Confiâérations~r lafe,ende.
I
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1 U,i.JU I :J4 tJ
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i 6$ · M E R C U R E
Ces Co11fidérations ent;'re11r daris ~c pla11
de l 'Ouv~age, & font t1ne partie etfenticlle
d11 f~tjer. Il f:1lloic monr1·c1· toue le tnal 'que
Cl1arle1nagne avoir à corriger, & qu'il a
corrigé e11 partie; il falloir 1no11trer tour le
· bien que Ces Succeffears a voient à détruire,
· · & qu'ils ont déc.ruic entièret11enr. ,
: · C' ell ce tableau qu'on a voulu préfe11rer;
ce !011c ces vici!Iirudes dont on a tâché d'expofer
& les caufes & les effets ; en gé11éral,
· 011 a voulu tirer de cerce partie de 11otire
Hifroire tot1res les vérités utiles, coures les .
moralités Îlnporra11tes · u'elle peut fournir •
.. L'Hifl:ojre doit no11- euletnent être racontée,
in ais et1co re être raif on11ée ; il faut que
. lés hon1rr1es & les ~véneme11~ foienr j\tgés ;
il faur q11e les fautes & les erreurs dû patfé
. foient la 1e~o11 de l'a\1e11ir ; il faut qu,011
· fache ce qu1 s'eft fair, ~our favoi1· ce qll'il
faut faire & ce qu'il fau·t éviter. D'ailleurs,
les f~lifrorie11s n' 011r pas toujours jugé aflèz
, fiaineme11t tles chofes; la pltipart des jugeme11s
de l'Hifi:oire f 011t à réforn1er) & c, eft
un 1notif de plus de rflifonner aujourd 'hui
_ l' Hifloire. Il faut rayer de fes A11t1 les, il
fattt dé111enrir à la face . de- l'Univers. cous
· · ces jt1get11e11s infettés de l'e(prit du MachiavelJiline,
ces tloges de la g11€1·re, ces ho111-
niage~ proftirl1és ~ tt crin1e i·éputé heure11x, à
la fot1 rberie r.ép11tée ad1·0ite; il faut s'élever
contre ce~ e1111en1is du rg.ç11re hu111a'in, qoi
... 011t ofé diftit1gt1~r d.e~~0r?lcs, l't1ne pour
le pet1 ple, 1, autr__ e pou1· Jes Rois ; i~ne ;.qui
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1uqu,...,_.u -- --------
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D E F R A N C E. t~t
règle les droits des particulirrs, l,autre i qui
fait la dcfiinée des Em l'ires; contre ~es Ecri- ·
vains , ou pervers ou ftu 11idcs qui, lailfaftt
da,1s l, oubli ou li\1rant tnême au mépris les
vertus pacifiques ·& bienfaifai.1tes , ont toujours
célébré les vices r11rbulens & funefies.
Quai1t à la 1n4_11ière d"e111 ployer la in oralité,
elle doir bcauèoup ''arier dans la forme.
Tantôt 1, At1tcur l'é11011ce de lui-même, tantôt
il la place dans la boucl1e d'un de fes
pcrfonnagcs, tantôt il la f upprime entièrement
lorfqt1'elle fort atfcz d,elle-n1ê1ne du
fond Ju f ujet, &: q11e l'cf prit ne peut pas ne
pas la fer1tir & ne pas la ft1 pplécr ... Lorfque
Agt·ippin·e c1·ie at1 Centurion qui la 111aifacre
par l'ordre de fo11 fils, & qui 1, a voit déjà
frappée à la rête : Frappe les entrailles q1,i.
ont J'01·té ce monflre,, 'Y"'ENT REM FEl<.I. Ces
det1x inots 011r pJ t1s d, éloqt1encc & de mo·
rai icé que 11, en a uroic11t les N'~l t1s fortes déclan1a
rio11s co11tre le pa1·riclde. Lor:f<.1t1' apres
avojr rapporté les c1·itnes lo11g- te1nps
impunis de'-Néi·on, l,Hiîl:ot·ie11 ajot1re: L4
/011, rie patience du genre· humain fa , lqffa
en Tl; 011 n'a pas De( OÏ 11 d, ételltl t·e Ôa'\'a ntagc
la n1enace terrible que c~rrc pl1rafe li
fttnplc fair à tot1s les tyrans; inais tOLltes les .
fois qt1e les préjugés ou d, opi11io11 ot1 d'ufagc
s'oppofe11r a la i11oralité & . ]a repot1ffe11t,
on ne peot la fail·e f orrir avec r1·op d,éclar.
on ne pet1t l' énor1cer trop formclle1ne11c ni
l1 d~velopp e r rrop pleine1ne11r.
· E~re urile, en 1111 .111ot, êrre utile, voilà
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"1.lii . M E R C U R E
le grand devoir de rour Écrivai11, 8' la eon~
.iet1nnatio11 de tant d' écrirs.
Tel eft le précis d~ la Préface ; on pettt
la· regarder co111mc un petit Traité de l'u(age
de la 1norale dans l'Hiftoire & de la inanière
de l'y e1nplo}1er. Si nous rrouvio1~~
cerce Differtarion dans la Préf1ce de roue
autre Auteur, nous e11 conclu1·ions qt1e cet
Atlteur croit avoir tnis quelqt1e pl1ilof o·
phie & quelque n1oraliré da11s fo11 Ou\' rage;
nous ne pouvons c.l~nc nous difpenfer d'admectre
cette co11r1'e qt1ence pour nous4 111Ac 1T-ics,
· autrement ce ferait avoir deux poids & deltX
n1efures.
Pour jug~1· de cc qu'a .fair Charlen1agne ~
il faut connaître ce qu'il avoir à faire; il
f:ïtlt voir da11s quel état il avoir reçu la
france, & _dans qt1el état il l'a laiffé_e.
• •
.. .L'Introduélion, qui co11tient des obfier\ra·
tio11s fur la pre1nière Rac:e , & qtti appartient
plt1s effe11tielleLne1·1t au f ujer que les
Inrroduél:ions orc.ii11aires, efr divifée en
quatre Chapitres.
Le premier préfente des obfervarions générales
fur l' ef prit de guerre, & u11 parallèle
des guerres des .. Peuples barbares & de
celles des Pet1ples policés.
•
Dans l, ét:tr· de barbat·ie, la guerre cfl: conti11t1elle;
elle efi l ,t111i q t1e affaire, elle forme
feule l'ef prit gé11éral : da11s l'érar qt1'011 appelle
policé, la guerre n' cft qu'intertnirtenrc.
Si 011 étoit cout-à-fait i)ol1cé, la glterre cef:
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IV&J'V 1:1--------~------
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D E F R A N ~ E. 1 ';·
feroit entièreme11r. ~o.ite police tient à la
paix, & a befoin de la paix.
ILes guerres des Pet1plcs barbares f on~
beaucoup moi11s de1·aifo11!1ables que les 11ôtres.
Cl1 aifés par let11· 1nu lrirude, d,t1n fol ing1
·ar & fa11s cultu1·e qui 11e .peur plus les
11ou1·rit·, ils fe 1·épande11t da11s des cli1nars
plt1s het11·eux, & vo1Jt opp1·i111er des Pel1pJes
que Ja jquilfa11ce 1nê111e des Arts re11d moi11s
propres à la guerre. t,agrc~feur alors a ~u
rnoi11s un i11rérêt: préifa11t, t111 objet fc11Cible
& q•J'il peur remplir; il a co11it111u11en1ent, fur
les Peuples qt1,il arraque, l,avanrage de la
force & de la férocité qt1e don11e J3 barbarie;
inais des Pe11pJes de11t l'érablitfe111ent
ell: for1né depuis Jong-re1nps, des Pet1pl~s
policés, e11ro11rés de ro111te part de Nations
également policées, des Peuples à .qui le
.. com1nercc peut fournir routes les jouiifaa·
ces que la mature dl1 fol leur a refufées, qui
favent échanger tous les avantages ref peetifs
, faire Ji{ paroîr1·e & 1, éloigne111e11t des
lieux & la diffé1·ence des c1i1nats; des Peu-
. ples pour qui les mers, loi11 d'être des barrières
qui les {épare11t , devie1111enr cte nou~
eaux liens & ·de not1velles f ot1rces de ricHeifes
& de bo11heur ; des Reu ples e1:ifin
fur qui l'oeil de la Poliriqt1e extérieure efr
roujot1rs ouvert our préve11i r t0ut accroif.
fen1ent de puif ai1ce capable d'alar1ner la
liberté générale : quel inrérêr pet1ve11r ·ils
~ avoir de faire la guerre, ou plurôc quel in~
sérêt n, ont·ils poinc de 11e.la pas faire~
)
'
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l\J.&JVl:J4U - ~
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; i,4 M E R G U ~ E
Le réfultat de ce Cl1apicre eft que l' cf prit
de guerre en tout ge11re f oulève contte Je
: bonheur du genre - humain une 1nulrirude
d' en11e111is. · ·
Dans la guerre, des Go11quérans, .fléaux
de l'Univers. ·
Dans la Politique extérieure, des fot1rbes
malfaifans qui éternifenr les guerres.
Dans la Politique intérieure , des tyrans
qui forcent les Peuples à la révolte e11 les
accablant, ou des féditieux qt1i féduifent les
· Peuples pot1r les poulfer à, la révolte.
Dans la Religio11, des perfécaceurs qui la
feroie11t ha'.ir.
Da11s les Lettres, des .tiifputet1rs inrolb~
rans qt1i les profanent, & qui. co11verri,fenc
·en poi(on ce que l'U11iver.s a de plus ain1a-
. b!e & de plus utile. ' ~ .
• 1 Voilà ei1 général les maladies dent Charlcj
1nagne a voit à gt1érir "le g'e11re ht1111ai~. ) l
· Dans le fecond Chapir1·e, 011 exa1ninc
"plus p:trticalièrement, on ft1iv;a11t l'ldifloi1·t!,
quell es moet1rs l,efp1·it de gllerre avoir i11trodt11tes
dans la France & da11s l,Ett1·ope ava11t
Charle111a t1e. Ce Chapitrie co11rie11r l'Bjf-
.. toi1:e de la pret11ière Race depuis Clo~is 1
jufqt1'à Clo~1is II. U11 feul c1·ait, qai 'av.oit
.. pettt être pas éré a{fez remarqt1é, f uffir pour
peind rc les l11oeu rs à cette époque. Dans u11
efpacc d'environ ce11r cinquante ~atis, depuis
l'an 48' jt1fciu'à l'an 63 o, on compte plus
de qt1arante Rais ou 61s de Rois ou tués dans
les batailles, 9u a!faaiaés de .. fang-froid., w
IV~U/U4tl---------
•
r
•
D E F R N c E. I~J
·cmpoifo1\11és, fans coa1pter beaucot1p" à' enfans
de ces Princes tués au bcr.ceau, & dont
oi111e fait 11i les 11oms ni le t101nbre.
Les Rais Fainéa11s & ' les Maires dlt Palais •
font lJobjet du troifiè1ne Chapir1·e. •
Les auteurs de la Race Ca1·lovingienne >
S.' Ar11ouJ , Pépin de Hoc1fral, <-harlesMartel,
Pépi11-Je · Bref, font le fttjet da
quar1iè~11e & dernier Chapitre de l,intro- •
duétio11.
Les inoeurs a";oient fait qt1elqt1es progrès.
Les ancêr1·es de Cha1·le1nagne écoitnt:
1noi11s fé1·oces qt1e les Rois guc--.rrie1·s de la
Ri1ce ~1 érovingic11ne. Charles-Martel & les f
deux Pépi ne; a ''oienr de la grandeur: & de
l~éclat:. Les Cor1qt1éra11s Mérovin~iens n'avoie11t
éré que des atfaffi11s terribles. Les
critnes de pure fé1·ocité dcvenoient plus ra- ·
res; mais ot1 co1n1nercoir encore les crimes
policiques , 011 lés com1netroit inême pat
fyfl:êtnc, c' eft la. plus ancie11nc comn1e la
plus ft111ef.l:e des er:reurs. On croit que le
M acnja ve!Ji[111e eft la doél:rine~ ou l' ei:reur
des fiècl~s Q~lairés; on fe trotnpe, il appartjenr
fur .. t (> tl t aux J<!u·pJes barbares; c .. eft
alors q-t1e le f rt: 1eut rot1jot1rs oppri1ner, &
le f(>i ~le t \ ll .t>t1rs rroi-n per. Les Peupl~s barbares
<Y· .~ ~ erJ~ d1ns u11 hat1t d~gré cette
vile fcie. cc· '1° 11tiiie, "eette petite fi11e((e
fittpide ~ ~ ·~ J· e111~i =- ~ de i·:i rouri11e, l'impuiff
a11c~· \ .. ~ ~ PV er ,~01 e( p1·it jufqa' à ) a rai- j
fo11, & f0... .. t1r jÛt-~1t1,à la,jt1!l:iGe, font encore
1101101· r. t1 • ?n de f"'olitique. Quand il exif: ·
. tcia: uit i ue, elle fera bieJ1 fi1nple, cc
•
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1 Vi.J\J I :.J4U
•
1 _ 1·,, M E R ,C U R E
,'
fe1·a la jultice, ou encore miet1x la bie11fai- ·
fance, qui eft la jt1ftîce fuprên1e ; car il efr
f ouveraÎ11e1nent jufi:e de fait·e tout le pien
dont on efr capable. Le bien doit avoir la
vertu d,attirer le bien, puifquc le inal a celle
d' ~rrirer le mal ; 011 efr bien sûr du· n1oins
que ce 111al, qu' 011 efr toujot1rs fi empreffé
de faire, fer.a rendu au centuple. Pou1 .. quoi
donc faire le mal? Quel i11térêt, quelle politique
peut pre(crire le foin fu11cfte d' aff
embler ainfi fur fa tête tous les fléaux de la •
haime & de la vengeance ? Pourquoi [ai.Gr
toutes les occaG011s cle 11uîre à f~s voiu11s >
parce 'qu'ils ont faili ou qu, on prévoit qu'ils
failiro11t tot1tes celles de 11ous nuire? Eh!
confentons à do1111er l'exemple, co1nmençons
l'expérience du bien, ~elle du 1,nal eft
faire; 11ot1s Cavons ce ~u'il a produit & cc
qt1'il prodtiira: dif ons pltts, celle du bien
nlê1ne efr faite •. En effet, ouvrons 11os A11nalcs,
n1aJgré 1:iorre fyfrên1e perpét11el de
gt1errc, quiconque a voulu vi·1re en paix y a
vécu. Depuis la fondarion de notre Monarchie,
011 n'avoir pas encore compris que la
paix pût jatnais êrre un état permanent. De·
puis Gt11llaume le Co11quérant & Philippe 1, ·
·on avoir en~ore tnoins co1npris que la France
pût faire t1ne paix folide avec les .,.~nglois.
Enfin, .. ...Sa irzt Louis vint ; il ~Quiut la paix>
& la paix avec l' Angleter-re. Quel moyen
c1nploya·t-il ' la bienfaifance. Il remit aux
Angloiw tour c-e que le droit rigoureux de
confifcation av~it pu leur enlever fans injUfticc
.. ; il conquit les coeurs en rendant des
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rvqu1u ~-------~-
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D E F R A N C E. 167
États. Le fruit de cette tnodératio11 fa11s
cxei.nple, fur une paix fans cxe1nple aul1i;'
ut1e paix de r1·ente-ci11q ai1s e11tre les deux
Nario11s., u11e amitié fi11cèt·e ent1·e les deux:
Rois, no11 pas feuleroent pe11dant f 0J1 règc1e>
111ais e11core pet1llant le règ11c entier de l)hi--:
· lippe-le Hardi fon fils. * · ,
T.el ell l,efprit da11s leqt1el cet Ouv1·age ·
eft co111 pofé ; c' efi: le 1nê111e qui règ11e <.ia11s
l,Hi!l:oi1·e de Fra11çois I, & fur· tottt dans
celle de la Rivalir·é de la Fra11ce & de l' Angleterre,
Ouvrages du 1nên1e At1~eur; c'eft
l' ainour de la paix, l' éloig11et11e11r pour la ..
guerre, l'ho1·reur pour la viole11cc & l'in- ·
ju fl:ice; l' Al1tet1r attaque {ur- tout le Machiavellift11e,
co11rin11elle111e11t, dans routes [es
hra11ch\Ts & dans toutes Ces f ubdivifio11s. _,
L'Hill:oii·e de Cl1arle1nag11e ouvre le
fecond Volt1111e. -
· I11gell1ei111, près éte 1'1aye11ce, Charlebou
l·g, 11rès de Mu11icl1, Carlfiar et1 Franco11ie,
Liége, 1\ix, qui n' avoit poi•1t encore
~ Il f;iudroit co11clure d'u11 pareil pri11cipe, qu'il
fuffiroit à un Roi d'être Bicnfaifant pour cunfervcr
la paix~ maie; u11 Prince !era e11 vain Bitnfuifant &
Mod 'ré, fi fo11 voi{i11 ne l'efi pas; & dans ce dernier
cas il faut néceffai1·emc11t que la force arra-.
che ce que la Bienf~ifa11ce & la Modération ne polir ...
ront p11s obr.enir. Tel eft le fyfl:ême de guerre aétucl
qu·on ne peut pas regardc-r co1n1ne un tribut payé
à 1'crreur par l'l1umanité.
N'y auroic-il pas à épiloguer μn peu fur la mode.
ration de S. Louis qui pouvoit, Çtrc néccffitée par
les circoafta:J1ces? (Note de /'Editeur.)
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I 68 . . M E R c V R E .
allors le f urnom de la Chapelle, fe f 0•11:
dif puré l,ho11neur d~avoir do1111é la i1aiil:1nce
à ce grand Pri11ce, co1nme autrefois pl11-
lieurs Villes Grecqt1es à Ho1nèt·e ; ca1· après
la 1no1·t.tous les t1r1·es de gloire fo11c égaux>
& le f ouveni1· des grands Ho1n1nes e11 tout
genre fe pet·pérue égale111e11t. C'eft au Château
d'Ingelhei1n que Cl1arles naquit, le 1'
Ecvrier 741, fuivant l' opi.ni~11 co1n1nune. l
Carloman, fo11 frère puî11é, qui partagea>
felgn l,ufage du te1nps, avec lui les États de
fon èt·e, n'eft connu dans l'Hiftoire que par
la ja ou1Îc qu'il e11t coure fa vie des gra11des
. qt1alirés de Cl1arles, fenti1nenr qui attelle
l'i11fêrioriré de Carlo1na11.
~ Ils fu1·c11t couro111:1és le mên1e jour ( 9
Oétobre 768), Charles à Noyon, Carlo-
1uan à Soiif ons.
Le pre111ier exploit qui s'offrit à la valeur
d.c ( .harles, fur l'expédition d' Aquitair>e. Ce
Reyau1ne ou cette Province, réunie à la Cou·
ron11e par Pépi11-le-Bref, réclamoit de not1-
veau l'inclépendal1ce, ou plutôt les Pri11ces
de 1-a Maifon d'Aquitaine, itfue de Clovis &
de Clotaire II par Aribert, Boggis & le D11c
Eudes récla1noient ce Duché héréditaire. de
let1r Maifo11. Carlo1nan éroit parti avec fon
frère pot1r f ou111ettre l' Aquitai11c. Dar1s la
rôute il le qt1ittc b1·uf qt1e111e11t, & retire fes '
troupes , )ai!I111t à Cl1arles tou~ l'embarras
de certe cxpéd~cio11; c'était lui en laïffer roucc ~
ltil gloire. Dès que Charletnag11e parue, l' Aql:
litai11e rec9nnut f on Maîcre ; la rapidité
· -- avec •
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D E F R A N C E. 16?
&\'CC laquelle il s'était éla11cé f,1r cet Etat
(car i·aétiviré qui, cot11me on l'a obfer\1é
plufieu1·s fois da11s l'Introduétion, éivoit diftingt1é
Charles Martel & I>épin-le Bref parlni
tous les Guerriers éroit, pow· ain{i di1·e, exagérée
en lui, & tc11oir de la tnagic & du ro·
Hige), l'alfurance avec laqt1clle il 111arè oit
au milieu de ce peuple e11ne111i, comme Ull
Roi parn1i fes f ujers, & un père parmi fes
mfa11s; un mêla11ge adroit de clé1nence &
.de fer1ncté, 11 extérieu1· le plus a va11tageux,
la figt11·c & la taille des Héros, des 1n.anièrcs
à- la fois impofantes & ai111ablcs, la brillante
affabilité de Céfar, la 1najell:é qt1, eut
dans la fuite Louis XIV, avec 11ne fimplicité
~ui l'eût en1bel lie; des traits fiers & doux
pleins de feu & de grâce, u11 air d'at1dace •
de force & de bon ré; enfin, les trois Pépins
& Charles-Martel renailfans en lui avec pltlS
.(!'éclat & de grandeur, toltt annonçait un
Prince 11é pour co1n111a11der aux homn1es
p0t1r co11quérir les E111pires & pour fL1bju
guer les -ca:urs. Charles 11e prie contre les
Aqt1it:ains d1autres précautio11s que He faire
bâtir fur la Dorrdog11e tin Château fort qui
s'appela Franciac J c'efr·à dire, Château du
,Franfois; on l'apHclle aujourd'l1ui Fronfac,
11om dins lequel, à ~trav~rs la coi·ruetion , · 1
~ ell aifê d'appercevoir la prononf iatÎDn & la
fignificacion pr.imirives. '> ,
Pépi11 l~ Rr:ef a voit fair la guerre aux Lom.
bards; la Rei11e Berthe , f"J veu\'e, jaloufe de
réconcilier le~ ~eux Natio11s , propofa le
N°. 3 o, 2. 7 Juillet 17 · i. H
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s 10 · M E R C U R E.. .
mariage de Charles, f 011 fils aîné, avec Her ..
~ mengarde, fille de Didier , Roi des Lo111• ·
pa1·ds; le Pape Éti~1111e IV, ei111e111i de Didier,
ne négligea rien p0ur traverfer cette a·llianc:
e ; wil a v0it ·un prétexte qt1'il fit bien valoir,
eharleL11agne a voit llne ef pèce d' e11gagen1ent,
que la Nation ne paroîr pas avoir regard~
co1nme un ''J·ai rnariag~, avec 1111e fem1ne
no1111née Hi1niltrude, âo11t il a\'OÎt i11ê1ne t1n
fils .. Cet obftacle n' arrêt oit 11i la Reine Bertl1e,
ni le Roï Lo1nbard , ni Cha1·le111ag11c
lui-'mê111e, q11i ne t~noit plus à ce lien. Le
Pape, dans une lettre t1·ès-curieufe, infi!le
forteme11t fur· l'indi{folubiliré dts noeuds du
s.11ariagc; & pot1r toucl1er par· u11 endroit
(enfiblc les IJri11ces Cha1·les & C:a1·loman: • • •
. ~ Sotive11ez-\'Ot1s, leur dit-il, que mon pré-
• déce!feu·r e1:n pêcha Pépi11 de répt1dier vo•
. ,., tre inère~ ,, _Il inGtle bie11 t\avanr~ge en•
core fur l'ir1dignité prétendlte de cette al~
iancc; il affure que tot1tes les Lon1bardes
font puaqtés, lépreufes, dégoûtante~: Pete~
~ijfi.ma gens ..••• de cujus natione & leprofarum
enus qri.ri certum ijl; que le pet1ple J... om.
ard efi: ~n11e1i:ii de D~et1 & des lio1nmes;
qu'il n' efl pas corn pté par-tni les N arions, in
rzumero genti.um nequaquam comput«tur; & ,
comme s'~l eût éré qtieftion d'époufer une
idolâtre , & non pas uqc Catholique :
.,. Quelle monfi:ruet1fc all~anc~ , s'écrie le .
• Pontife, c11trc la lainière & les ténèbres! '~ ,
~ quelle f ociété dl1 fidèle avec l'infidclle !
• tfç$ f r411soifcs ~ 'lit· il , f oMt ti aimable; 1
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1u111ru:+μ--~------
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. . D~ E FRANCE • . ~17r
;,, ai1ncz-les, c,efi: votre· devoir: earrtm vos
,, oportet amori ej}è adnexos. ''• .
Il prétend qu,il n' efi pas pern1is aux Princes
d, épouf er des ér1~a11Bèrcs; il cire aux Prin
·ccs François l' exe1nple de let1r père, de leur
aïeul , de leur bifaïeul , qui tous avaient
épot1fé des Frat1çoifes; il leur allègue ft1r c,c
p i i1t l, autorité du Roi leu~ père , qt1i ~
·RreCfé par l'E111 pere11r Conftantin Copro'
nyt11e , de donner en '"1n~riage à f on fils la
Pri11ceffe Giféle, foeur de Charles & de Car-.
·101nan, avoic répondu qu'':111e alliance étran~
gère lui paroilf oit illegirime , & fur-tout
~qu' il ne vouloir point faire une chofe défa.
gréa ble au Saint- Siége •
On 11,eut point ·d,égard à c~tte lettre, &
le 1nariage fe fic; l11.ais le Pape ft.:it ve11gé par
ce 111a1·iage 1~ê111e. Cha1·les n, ait11a tJoint fa
11ouvelle"époufe; qt1elqt1es i11fir1nités fecrettes
qu,il lui trot1va, l' e11 dégoûtèrent d, a- .
bord, il la répt1âia, & la 1·envoya au Roi
Didief fo11 pè1:e , qui ne pardo11111 ja1nais à
la Fra11ce 1, aff.ro11r fait à fa ' fi lle. Be1·rhe vit
avec aot1lcur dér1·uire f 011 ouvrage & dilliper
tès efpérances. C'eft le fcul chagïi11 , dit
Egi11ard , que f on fils ltti ait do1111é da11s fa
•
•1 ~.
.. Le Pri11ce Ca['lo1nan mot11·ut au cl1âreau • • e Sama11cy , ot1 Samot1cy , près de Lac.)11 ,
l.e ~ 'Déce111bre 77 1, âgé d' c11viron vi11 gt nns.
Il laiffoit deux fils en bas-âge: 011 v1t alors
un mémoraole effet tie ce gra11d art de plai re
& d'i1npof er, dont la Naturie a·1oit doué
· - H ij
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'- ·rvz. . · M E>R 0 lJ. RE
4 C l1arle111agne, & de la i·épl1tatio 11 gt1'il a~oit
dcjà de got1 ver11er avec g1·andeur, avec ju(tice
& ~ veç fagelfe. Les Gr:i.11ds des Er~1 rs qui
a voie11r été du p~ :- tag: de Carlo111an) i·eco11-
·11t1re11t f oletn11elle111ent Cha1·le1nag11e pour
l e1:1·1· Roi. Ger berge, veuve de Carlo111an, ·
~'e11fu.i r a\1ec fes fils l1ors de France; elle (ç
réf,_1gin chez le Roi de Lombardie , afyle in·
diqué à totts les enneluis de la Fra11ce, par
le reffc11time11t que co11fer,·0it ce Prir1ce de
l'affro11t que fa fille y avoir reçu. . · ...
Da11s le i11êtr1e -te111p5 on vir rep~ro1rre Je
Pttc d' Aquirai11e Httnaud, fils du Du~ Eudes,
& père du Duc Gaïffre. Da11s un léger dépit
d' a V oi1· écé battu par les François , & <.ians
·un tége1- re1nords d'a\1oir fait crev~r les yeux
·au Pt·ince Hatten, f on frère, il s' écoit fait
,M.oi11~ ~ & avoir cédé fo11 DL1ché à Ga.i'ffre
{on fils. Après la mort de Gai~ffre, il étoit
.rcnrré dans le Îiècle pot1r difpurer à Charle1nag11e
le Duçhé d' Aqt1iraine. Livré au ·
1 vai11queur, il avoir été enfert:né; il s'échappa .
~e fa pi:itbn , '& fc refira auffi à la Cour de
·Didier, ain!i que divers Seigneurs des Etats
,de Carlo111an, qtti n'avoienr point ap rot1vé
.. la dén1ar-che qt1e les aurrcs avoient aitc de
fe f ot1n1etrrc à Çharlemagnc. _
r Voilà donc contre Charle111agne non-fclllemeAt
u11 grand 0rage, . inais encore 011
, ~rand intérêt ; 1111e veuve abando11née par
·les f ujets de fon n1ari , une m~rc défolée •
, des orpl1elins dépouillés, des Grands prof.;.
rits pour leur fidèle arrachcme'1t au fang <lo
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D E- F R A N C 1!. t7 j
leur Sot1verai11; un père ~ lli1 Roi outragé
da11s ur1e fille in11oce11rc; u11 avtntut·ier, que
le~ viciffitt1Qjcs mê1ncs de fa defl:i11ée rendoienr
in1 e1·effa11t , récla1nant l'héritage de
fo11 fils, le patri111oi11e de fon père, tous ces
infortunés uniffa11t leurs haines, leur! effo1·1s
& Jeùrs reff ources : voilà cc qu,t111 jt:fl:c rtf.;.
fenr:n1enr armoit alors co11tre ]a fortune de
Charle1nagne; mais il réunitToir à vi11gt·rJcuf
ans toute la Monarchie F1·ançoife.
! Dans 11n fecond exrrait, notls le confidérero11s
feul fur le trône , & agiffant avec;
toutes les force! de cctre Monartbie.
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Résumé : Extrait de l'Histoire de Charlemagne.
L'ouvrage en question est une histoire de Charlemagne, précédée de réflexions sur la première race et la féodalité. L'auteur met en avant la nécessité de corriger les erreurs passées et de tirer des leçons morales de l'histoire. Il critique les jugements historiques influencés par des stratégies machiavéliques et appelle à une réévaluation des événements pour distinguer les actions louables des erreurs à éviter. L'introduction de l'ouvrage est structurée en quatre chapitres. Le premier chapitre présente des observations générales sur l'esprit de guerre, comparant les guerres des peuples barbares à celles des peuples policés. Les guerres barbares sont décrites comme constantes et motivées par la brutalité, tandis que les guerres des peuples policés sont intermittentes et influencées par des intérêts économiques et politiques. Le deuxième chapitre examine l'état de la France et de l'Europe avant Charlemagne, soulignant les troubles et les violences de cette période. Le troisième chapitre traite des rois fainéants et des maires du palais, et le quatrième chapitre se concentre sur les ancêtres de Charlemagne, notant leurs progrès et leurs erreurs. L'auteur insiste sur l'importance de la paix et de la bienveillance, illustrant ses propos par l'exemple de Saint Louis, qui a su conquérir les cœurs par la modération et la justice. L'ouvrage vise à promouvoir un esprit de paix et de justice, en opposition aux stratégies machiavéliques. Par ailleurs, le texte relate des événements historiques impliquant Charlemagne et la province d'Aquitaine. La région, réclamant son indépendance, est dirigée par les princes de la Maison d'Aquitaine, descendants de Clovis et Clotaire II. Charles, frère de Charlemagne, est envoyé pour soumettre l'Aquitaine mais abandonne la mission, laissant Charlemagne gérer seul cette expédition. À son arrivée, Charlemagne est rapidement reconnu comme maître par les Aquitains, grâce à sa rapidité et son assurance. Il prend des mesures pour sécuriser la région, notamment en construisant un château fort sur la Dordogne, appelé Franciac (aujourd'hui Fronsac). Le prince Carloman, frère de Charlemagne, meurt en décembre 771, laissant deux jeunes fils. La veuve de Carloman, Gerberge, retourne en Lombardie avec ses fils, indignée par le traitement subi par sa fille. En Aquitaine, le duc Hunald, fils d'Eudes, réclame le duché après la mort de son fils Gaiffre. Hunald s'échappe de prison et se réfugie à la cour de Didier, rejoint par d'autres seigneurs refusant de se soumettre à Charlemagne. Charlemagne doit donc faire face à une coalition d'adversaires, incluant une veuve abandonnée, une marche dévastée, des orphelins dépouillés, des grands protestant contre leur fidélité forcée, un roi lombard outragé, et des nobles réclamant l'héritage de leurs fils. Malgré ces défis, Charlemagne parvient à maintenir son contrôle sur la monarchie franque.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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