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1
p. 49-81
EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
Début :
L'auteur, aprés quelques remarques nouvelles & judicieuses, dit que jusques [...]
Mots clefs :
Animaux, Rivière, Mer, Académie royale des sciences, Coquilles, Limaçon, Variété, Liqueurs, Nature
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
EXTRAIT
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
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Résumé : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
En février 1711, M. de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur la formation et l'accroissement des coquilles des animaux terrestres et aquatiques. Il a souligné que, jusqu'alors, les hommes s'étaient contentés de collectionner les coquilles les plus rares sans chercher à comprendre les causes de la variété de leurs couleurs. Reaumur a donc étudié la nature pour expliquer ces phénomènes. Dans son discours, Reaumur a distingué deux types de croissance des coquilles : par végétation (ou intussusception) et par juxtaposition. La croissance par végétation implique que les petites parties de matière se préparent à l'intérieur du corps avant de s'y ajouter, comme la sève dans les plantes ou le sang dans les animaux. La croissance par juxtaposition se produit lorsque les parties s'ajoutent sans préparation préalable, comme dans les cristallisations ou les fels. Reaumur a choisi d'étudier les limaçons de terre pour leurs observations, car ils sont plus faciles à observer. Il a expliqué que lorsque l'animal grandit, la coquille ne peut plus le couvrir entièrement, laissant une partie de son corps nue. Cette partie nue est toujours proche de l'ouverture de la coquille. Les animaux à coquilles spiralées, comme les limaçons, ne peuvent s'étendre que du côté de la tête, tandis que ceux à coquilles en deux parties, comme les moules, peuvent s'étendre dans tout leur contour. L'accroissement des coquilles est dû à une mécanique similaire à celle des canaux conduisant l'eau. Les petites parties de matière, moins fluides, se déplacent vers les parois des canaux et s'y attachent, formant une croûte. De même, chez les animaux, les liquides circulent dans des canaux et déposent des particules qui forment la nouvelle coquille. Reaumur a mené des expériences pour prouver ses observations, comme celle où il a inséré une peau de canepin dans une coquille de limaçon pour observer la formation de la nouvelle coquille. Il a également noté que les coquilles des limaçons augmentent en taille par l'ajout de tours de spirale, mais que la largeur de chaque tour reste constante. Pour expliquer la variété des couleurs des coquilles, Reaumur a proposé que la peau de l'animal agit comme un crible qui laisse passer des particules formant la coquille. Si cette peau est percée différemment en divers endroits ou composée de différents cribles, les particules passant à travers ces cribles auront des formes ou des natures différentes. Ces particules formeront des corps réfléchissant la lumière de manière différente, créant ainsi des morceaux de coquille de diverses couleurs. Reaumur a également attribué les figures, canelures, gravures et autres caractéristiques des coquilles les plus rares aux formes et mouvements différents de l'animal. Il a conclu que ses observations et expériences confirment sa théorie sur l'accroissement des coquilles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 3-8
« La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...] »
Début :
La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...]
Mots clefs :
Mercure, Variété, Public, Vin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...] »
A varieté est un agrément
de fondation
dans le Mercure ,
ainsi lanecessité de varier
les sujets doit l'emporter
sur celle d'y continuer
ceux qu'ona commencé
d'ytraiter:mais en discontinuant
icy l'abregé
de l'Iliade,& leParalelle,
on prometde les donner
achevez & perfectionnez
dans un petit
volume separé
, comme
Supplément du Mercure
,- & cela au premier
loisir qu'aura l'Autheur
de l'abregé
, car le paralelleest
déja tout prelL
Il n'est pas Surprenants.
quele Publicaimela variété
,
puisque son goust
est si varié &si variable :
mais il feroiteftônnantt
qu'un Livre seul peust*
estré aussi varié que le
goust dupublic : quoy
qu'il poussesouvent fès-j
desirsau <ielàdupossible
je n'en estime pas *moins son goust
,
mais
je le prie de ne pas juger
du mien par les choses
que je luy donneray feulement
pour varier.
La saison des vins nouveaux
me fournit une similitude
qui convient à
la teste du Mercure des
vendanges ceux qui
veulent changer de vin
tous les jours, épuisent
bientost les bons, il n'y
a pas tant de bons terroirs
:s'ils veulent pousser
plus loin la varieté,
ils doivent seresoudreà
la guinguette-
Je donneray dans ce
volume-cy un article de
guinguette, mais si peu
frelatée & si verte quelle
fera secoüer les oreilles
aux bons gourmets. Les
costeaux de l'ancienne
Rome,les Petrones &
les Luculles, banniffoient
de leurs petits repas voluptueux
les viandes
communes & grossieres,
mais quand Luculle donnoit
des repas publics, il
s'attachoit moins à la delicatessequ'àla
variété ÔC
à la profusion des viandes
, le Mercure est un
repas public, on y admet
les bons morceaux, lesmediocres & mesme
les mauvais, il faut
bien que tout le monde
vive.
de fondation
dans le Mercure ,
ainsi lanecessité de varier
les sujets doit l'emporter
sur celle d'y continuer
ceux qu'ona commencé
d'ytraiter:mais en discontinuant
icy l'abregé
de l'Iliade,& leParalelle,
on prometde les donner
achevez & perfectionnez
dans un petit
volume separé
, comme
Supplément du Mercure
,- & cela au premier
loisir qu'aura l'Autheur
de l'abregé
, car le paralelleest
déja tout prelL
Il n'est pas Surprenants.
quele Publicaimela variété
,
puisque son goust
est si varié &si variable :
mais il feroiteftônnantt
qu'un Livre seul peust*
estré aussi varié que le
goust dupublic : quoy
qu'il poussesouvent fès-j
desirsau <ielàdupossible
je n'en estime pas *moins son goust
,
mais
je le prie de ne pas juger
du mien par les choses
que je luy donneray feulement
pour varier.
La saison des vins nouveaux
me fournit une similitude
qui convient à
la teste du Mercure des
vendanges ceux qui
veulent changer de vin
tous les jours, épuisent
bientost les bons, il n'y
a pas tant de bons terroirs
:s'ils veulent pousser
plus loin la varieté,
ils doivent seresoudreà
la guinguette-
Je donneray dans ce
volume-cy un article de
guinguette, mais si peu
frelatée & si verte quelle
fera secoüer les oreilles
aux bons gourmets. Les
costeaux de l'ancienne
Rome,les Petrones &
les Luculles, banniffoient
de leurs petits repas voluptueux
les viandes
communes & grossieres,
mais quand Luculle donnoit
des repas publics, il
s'attachoit moins à la delicatessequ'àla
variété ÔC
à la profusion des viandes
, le Mercure est un
repas public, on y admet
les bons morceaux, lesmediocres & mesme
les mauvais, il faut
bien que tout le monde
vive.
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Résumé : « La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...] »
Le texte aborde la nécessité de diversifier les sujets dans le Mercure, une publication périodique, afin de répondre aux goûts variés et changeants du public. L'auteur décide de poursuivre l'abrégé de l'Iliade et son parallèle dans un volume distinct, une fois qu'il en aura le temps. Il compare la variété des sujets à la diversité des vins, soulignant que ceux qui changent trop souvent de vin épuisent rapidement les bons crus. Pour illustrer cette idée, l'auteur promet un article de guinguette, bien que de qualité inférieure. Il compare également le Mercure à un repas public où tous les types de morceaux sont admis, afin que chacun puisse y trouver son compte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 145-148
« Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...] »
Début :
Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...]
Mots clefs :
Mois de mai, Marier, Préface, Variété
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...] »
Puiſque chaque Mercure
portele nomdu mois par où
il commence , je crois que ce
ſera une varieté , d'inſtruire
ceux qui ne veulent pas foüilleterdegrands
Dictionnaires ,
de l'Etimologie , du figne &
des proprietez , du mois dont
il ſe datte. Par exemple. May
eſt le cinquiéme mois de l'année,
àcompter depuis Janvier,
c'eſt le mois où le Soleil entre
dans le figne des Gemeaux,
& où les plantes Acuriffent.
* Le mois de May a toûjours
eſté eſtimé propre à faire l'Amour
, à ſe marier. Je reponds
May 1714.N
146 MERCURE
de ma chasteté dans tous les
mois de l'année. Mais dans le
mois de May, je n'en réponds
point. M. De. S. Les ſuperſtitieux
font grand cas de la roſée
de May Bien des gens
font ſcrupule de ſe marier au
mois de May , comme un
mois malheureux. Cette fuperftition
eſt venuë des Romains
qui célébroient la Fête
des Eſprits malins au mois de
May. Papias derive ce mot de
Madius , qu'on a dit dans la
baſſe Latinité , Eo quod terra
Madeat. Il y a plus d'apparence
qu'il vient de Majus.
GALANT. 147
Ce difcours fur tous les
mois me ſervira de Préface
aux nouvelles qui naiſtront
avec les jours qui les compofent.
On aura cependant la
bonté de faire attention qu'il
n'y a que trois ſemaines que
jeme fuis chargé du Mercure,
& que , quelques correfpondances
que j'aye dans les Pays
Etrangers , les bagatelles dont
mes amis m'entretiennent , ne
font pas encore dignes d'entretenir
le Public , que je prie
abſolument de me diſpenſer
de luy repeter ce qu'il aura
lû dans les Gazettes , à l'ex-
: Nij
148 MERCURE
:
ception des choſes qui doivent
eſtre indiſpenſablement
dans ce Livre. Ainſi en attendant
que mon arrangement
ſoit fait , je vais donner un
Extrait de cinq Lettres que
j'ay requës uniquement pour
moy.
portele nomdu mois par où
il commence , je crois que ce
ſera une varieté , d'inſtruire
ceux qui ne veulent pas foüilleterdegrands
Dictionnaires ,
de l'Etimologie , du figne &
des proprietez , du mois dont
il ſe datte. Par exemple. May
eſt le cinquiéme mois de l'année,
àcompter depuis Janvier,
c'eſt le mois où le Soleil entre
dans le figne des Gemeaux,
& où les plantes Acuriffent.
* Le mois de May a toûjours
eſté eſtimé propre à faire l'Amour
, à ſe marier. Je reponds
May 1714.N
146 MERCURE
de ma chasteté dans tous les
mois de l'année. Mais dans le
mois de May, je n'en réponds
point. M. De. S. Les ſuperſtitieux
font grand cas de la roſée
de May Bien des gens
font ſcrupule de ſe marier au
mois de May , comme un
mois malheureux. Cette fuperftition
eſt venuë des Romains
qui célébroient la Fête
des Eſprits malins au mois de
May. Papias derive ce mot de
Madius , qu'on a dit dans la
baſſe Latinité , Eo quod terra
Madeat. Il y a plus d'apparence
qu'il vient de Majus.
GALANT. 147
Ce difcours fur tous les
mois me ſervira de Préface
aux nouvelles qui naiſtront
avec les jours qui les compofent.
On aura cependant la
bonté de faire attention qu'il
n'y a que trois ſemaines que
jeme fuis chargé du Mercure,
& que , quelques correfpondances
que j'aye dans les Pays
Etrangers , les bagatelles dont
mes amis m'entretiennent , ne
font pas encore dignes d'entretenir
le Public , que je prie
abſolument de me diſpenſer
de luy repeter ce qu'il aura
lû dans les Gazettes , à l'ex-
: Nij
148 MERCURE
:
ception des choſes qui doivent
eſtre indiſpenſablement
dans ce Livre. Ainſi en attendant
que mon arrangement
ſoit fait , je vais donner un
Extrait de cinq Lettres que
j'ay requës uniquement pour
moy.
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Résumé : « Puisque chaque Mercure porte le nom du mois par où [...] »
Le texte évoque les particularités du mois de mai, cinquième mois de l'année, durant lequel le Soleil entre dans le signe des Gémeaux et où les plantes poussent. Mai est traditionnellement associé à l'amour et aux mariages, bien que certaines superstitions le considèrent comme malheureux. Cette croyance provient des Romains qui célébraient la fête des esprits malins en mai. L'étymologie du mot 'mai' est discutée, avec des propositions comme 'Madius' ou 'Majus'. Le texte sert de préface aux nouvelles publiées dans le Mercure, un journal. L'auteur, récemment nommé à la direction du Mercure, attend des correspondances dignes d'intérêt pour le public. En attendant, il présente un extrait de cinq lettres reçues pour son usage personnel.
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4
p. 215-216
DÉPIT.
Début :
Je ne scay si c'est une varieté ou non, de mettre / Mes foibles yeux ont pû trouver des charmes [...]
Mots clefs :
Variété
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DÉPIT.
Je ne ſçay ſi c'eſt une
varieté ou non , de mettre
des Vers à la fuite d'une
Piece de Poësie , de quelque
genre different que
l'un & l'autre puiſſe eſtre ;
mais je ſçay bien qu'un
jeune homme tres-amoureux
& malheureuſement
brouillé avec la Maîtreffe,
me preſſe de gliſſer ce dépit
dans mon Mercure.
この
216. MERCURE
1
PIT
Mes foibles yeux ont
Et
er des
ont pu troucharmes
50
Un'altmirer que vou? O
১
موت
Er you? Rypbirfaticur des plait !
fps tas plus doux, zinen
-Man caur vous raconductos
terty go wipe GIUGNE
Mais la raison diffipant Mad
Homi ab Song 771
Melaiffee enfin aapppercevoir
Empeg sund 24,2nd
१९
ma vie
beaux jours
s de 1
Sont ceux que j'ay paffez , Cli
mene,ſans vous voir.
varieté ou non , de mettre
des Vers à la fuite d'une
Piece de Poësie , de quelque
genre different que
l'un & l'autre puiſſe eſtre ;
mais je ſçay bien qu'un
jeune homme tres-amoureux
& malheureuſement
brouillé avec la Maîtreffe,
me preſſe de gliſſer ce dépit
dans mon Mercure.
この
216. MERCURE
1
PIT
Mes foibles yeux ont
Et
er des
ont pu troucharmes
50
Un'altmirer que vou? O
১
موت
Er you? Rypbirfaticur des plait !
fps tas plus doux, zinen
-Man caur vous raconductos
terty go wipe GIUGNE
Mais la raison diffipant Mad
Homi ab Song 771
Melaiffee enfin aapppercevoir
Empeg sund 24,2nd
१९
ma vie
beaux jours
s de 1
Sont ceux que j'ay paffez , Cli
mene,ſans vous voir.
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Résumé : DÉPIT.
Le texte explore la poésie et une relation amoureuse tumultueuse. Un jeune homme demande à l'auteur d'exprimer son dépit dans une publication appelée 'Mercure'. L'auteur mentionne des vers en différentes langues. Il préfère les jours passés sans voir sa maîtresse, suggérant une relation conflictuelle. La raison semble avoir dissipé l'amour, et la maîtresse a pris conscience de quelque chose.
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5
p. 880-892
REPONSE du second Musicien au premier Musicien, Auteur de l'Examen inseré dans le Mercure d'Octobre 1729. page 2369.
Début :
Je vous addresse la parole, Monsieur, pour bannir toute confusion de notre [...]
Mots clefs :
Accords, Son fondamental, Harmonie, Compositeurs, Variété, Musique, Octave
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE du second Musicien au premier Musicien, Auteur de l'Examen inseré dans le Mercure d'Octobre 1729. page 2369.
REPONSE du fecond Muficien au
premier Muficien Auteur de l'Examen
, inferé dans le Mercure d'Octobre
1729. page 2369.
J
E vous addreffe la parole , Monfieur ,
pour bannir toute confufion de notre
difpute. Je vous exhorte à la fincerité &
à la moderation qui convient entre deux
Confreres ; je vous en ai donné l'exemple.
dans l'expofé que j'ai fait de notre Conference
; vous le fçavez ; comment ofezvous
donc m'accufer de calomnie au fujet
du defaveu que vous avez fait de votre
Livre je pourrois nommer huit ou dix:
témoins qui l'ont entendu : fi je ne-craignois
de commettre des perfonnes refpectables
, peut-être que vous l'avez oublié
dans ce cas , je vous prie de vous
reffouvenir que je vous dis alors , mais
fi vous vous êtes trompé dans un Ouvrage
ou
MAY. 1730 881
•
où vous avez refléchi pendant dix ans ,
ne devez - vous pas craindre de vous trom .
per encore ? Non , répondîtes-vous , je
fuis préfentement certain de mon fait.
Revenez à votre Livre , j'y confens ; je
prendrai la même licence fi je me trompe
en quelque chofe .
Je n'ai nul interêt de décrier ce Livre
comme vous m'en accufez ,& fi je me pare
de la Baffe fondamentale , je puis dire en
même tems , que je ne vous en furs point
redevable ; on n'en peut point douter
puifque je vous accufe de la mal expliquer.
Je pourrois rabattre beaucoup deslouanges
que vous donnez à cet Ouvrage; 、
mais je me contenterai préfentement de
blâmer la temerité que vous avez de ſoutenir
dans votre Préface que tout ce que
l'on a compofé jufqu'à préfent d'excellent
ne l'a été que par goût , fans principes
clairs & certains. Avez-vous penetré au
fond de l'ame de tous ces grands Auteurs,
pour connoître leur fçavoir : Des Ouvrages
charmans & admirables , felon votre
où l'ordre , la fcience , vos meilleurs
principes, & beaucoup d'autres , font
conftamment pratiquez par tout , peuvent-
ils être des enfans de l'aveugle goût
qui ne marche qu'à tatons ; ces excellens
Auteurs n'ont point mis au jour leurs
principes , donc vous n'en pouvez pas ju-
,
ger.
882 MERCURE DE FRANCE
ger. Parceque vous êtes le premier qui
avez fait imprimer le fon fondamental
d'un Accord , s'enfuit- il que vous êtes le
premier qui l'avez connu ; combien voiton
dans les Arts de principes pratiqués
long- tems avant qu'on les imprime. Ce
que vous voulez avoir mis au jour depuis
peu eft commun daris Paris depuis trente
ans , & bien plus , je connois celui qui
dit vous l'avoir enfeigné vers votre
trentiéme année ; vous fçavez qu'il demeure
rue Planche Mibray , à côté d'une
Lingere. Mais fuppofons que vous l'aycz
trouvé après les autres , je foutiens que
vous l'avez mal deviné ; c'eft le fecond
Article de notre difpute. Je ne prétens
pas infinuer que votre Traité d'harmonie'
n'ait beaucoup de bon , malgré fes deffauts
; au contraire , j'avoue que c'eft un
mérite de l'avoir compilé , mais inférieur
au mérite des excellens Auteurs dont
vous niez les lumieres ; car enfin l'harmonie
feule comparée à une piece qui
raffemble toutes les beautés de la Mufique
, eft comme un Rudiment contre une
Piece d'Eloquence. Au refte , ces M M.
n'ont pas befoin de défenfeur ; leurs Ouvrages
en font plus fentir que je n'en
puis dire ces fources fecondes où vous
avez puifé ce que vous fçavez de mieux ,
feront toûjours des témoins qui vous
accufoMAY.
1730. 883
accuferont d'ingratitude envers leurs Auteurs.
;
Ne croyez pas que le ton décifif &
les invectives qui regnent dans votre
Examen , vous donnent gain de caufe
parmi les perfonnes qui penfent bien ; il
faut des raifons pour les perfuader ; c'eſt
vouloir juger fa propre caufe que de trairer
fon adverfaire d'ignorant le Public
en doit décider , il eft notre juge dès que
nous lui addreffons nos Ecrits . Vous ne
prenez pas garde que vos mépris retombent
fur vous- même ; auriez- vous oublié
qu'à la fin de notre Conference , en préfence
de la Compagnie , vous avez refufé
un pari de cent louis que je vous ai propofé
, pour ceux de nos fentimens qut
l'emporteroient au jugement des plus renommés
compofiteurs du Royaume : Ne
vous flattez pas que la Compagnie ait
approuvé cette défaite ; voici vos propres
paroles je ne reconnois perfonne capable
de me juger; je ſuis feul fçavant en
harmonie. Quelle certitude , que celle qui
n'eft fondée que fur l'opinion d'une seule
tête.
Venons au fait. Toute notre difpute
roule fur quatre chefs. 1 ° Si le premier
fondement de l'harmonie doit fe tirer des
proportions qui fe trouvent dans les vibrations
des fons on de la refonnance du
corps
884 MERCURE DE FRANCE
corps fonore. 20 quel eft le fon fondamental
dans l'Accord de 4° & celui de 9º.-
3 files renverfemens de ces deux Ac--
cords peuvent fe pratiquer . 40 Si la façon
ordinaire d'accompagner du Clavecin eft
plus parfaite que la vôtre .
Le premier chef eft un fait de pure
Phyfique ; comme vous n'avez point étudié
cette Science , je ne fuis point étonné
que vous ne vous rendiez pas à mes
raifons alleguées dans la Conference . Cependant
il faut ou vous faire inftruire
fur cet article , ou me le ceder . Je ne fçai
point de moyen plus éfficace pour vous
y engager que de vous propofer un pari
de cent piftoles , plus ou moins fi vous
voulez , & nous prierons M M. de l'Académie
des Sciences de nous juger ; a
leur refus , des Profeffeurs de Philofophie
pourront être nos juges .
Le fecond chef eft de la compétence
des compofiteurs de Mufique , auffi bien
que des Phyficiens , & parceque c'eſt à
ces premiers principalement que nous
adreffons nos raifons , je l'approfondirai
autant qu'il me fera poffible. Mes preuves
écrites dans la Conference me paroiffent
fi fort au-deffus de la réponfe que.
Vous y avez faite , que je ne puis me
difpenfer de vous y renvoyer , perfuadé
que fi vous pouvez les méditer fans pré-
1 ventionMAY.
1730.* 885
vention , vous en ferez convaincu . J'ajoûte
à ces preuves l'argument fuivant ,
qui fervira en même- tems à déveloper
Fendroit où votre réponſe péche.
Le fon fondamental d'un Accord eft
celui qui donne la difpofition de l'Accord
parfait , lorfqu'on le met au bas des autres
fons , auquel Accord parfait on peut
fouvent ajoûter la 7 ; vous convenez avec
moi de ce principe ; ainfi dans ces Accords
fa la ut ré fa , la ut ré fa la , ut ré fa llaa ,
le fon fondamental eft le ré , parceque
Jui feul mis au plus bas donne ré fa la ut
ré , qui eft la difpofition requife. Si l'on
diéze le fa , le ré ne fera pas moins fondamental
, parceque la difpofition fera la
même ; jufqu'ici nous fommes d'accord .
Mais fi l'on fupprime plufieurs fons , ne
laiffant que ré ut , on ne pourra pas dire
que ces deux fons font un Accord de fep--
tiéme , comme vous dites , ce fera feulement
un intervale de 7° ; car nous entendons
par Accord de feptiéme un Accord
parfait auquel on a ajoûté la 7° , & c'eft
ici le défaut de votre preuve ; vous dites
ré ut font un Accord de 7 , que
que
fi
vous mettez un fol au lieu de la
n'aurez pas moins un Accord de 7º , &
que le ré felon notre principe eft fondamental
, je réponds que ce n'eft point un
compofé de 3 , 4 , 7 & 8° , qui eft la
diſpo
, vous
886 MERCURE DE FRANCE
diſpoſition dont nous convenons dans notre
principe , que c'eft , au contraire , un
compofé de tierce , quinte & octave , auquel
on peut ajoûter la feptiéme. Vous
avez fuppofé faux ; ainfi votre conclufion
cft fauffe. Mais , direz- vous , on ne peut
pas trouver la difpofition d'Accord parfait
dans l'Accord de quarte , ni celui de
neuviéme ; je réponds que lorfque cette
difpofition eft impoffible , ce doit être
celle qui en approche le plus qui doit y
étre fubftituée. Car enfin fi la feule dif
pofition d'Accord parfait nous indique le
fon fondamental , à quelle difpofition
pouvons -nous le plus raifonnablement
avoir recours, lorfque celle- ci nous manque
, fi ce n'eft à celle qui en approche le
plus. Cela me paroît d'une évidence fi
fenfible , que perfonne, je croi , n'enpeut
douter.
Or il eft certain que dans l'Accord de
quarte & celui de neuviéme , dans les
circonftances que l'on voit à l'exemple
mis au bas de l'Air noté de ce Livre , la
baffe actuelle donne la difpofition la plus
approchante de l'Accord parfait ou de
feptiéme , car elle n'en differe que par un
fon retardant , pareffeux , pour ainfi dire ,
à fe rendre à fa place ; donc la baffe actuelle
dans ces deux Accords eſt fondamentale
Yous!
MAY. 1730. 887
Vous avez marqué dans votre Examen
que l'Accord complet fol ré fa la ut , fait
voir que ré eft fondamental , étant la baffe
d'un Accord de feptiéme complet ; mais
cette raifon n'a point de lieu dans les
exemples que je rapporte , parceque tous
les fons que vous propofez ne peuvent
pas s'y trouver , & quoique l'on puiffe
les admettre tous dans deux cas que j'expliquerai
ci après , cela ne conclud rien
pour les cas où l'on ne peut pas les admettre
tous ; les accords que je propofe
font differens.
Vous dites encore pour votre défenſe ,
que à tout Accord de neuviéme on peut
ajoûter la 7 , ainfi le fon qui fait la tierce
eft fondamental , puiſqu'il porte un Accord
de feptiéme complet ; vous m'avez
fait cette objection le jour de notre Conference
, vous prétendiez que dans l'Accord
de neuvième , marqué B , on peut
y mettre la 7 pour la faire monter enfuite
à l'octave , ce que je nie par deux
raifons. 1 Parceque la note fenfible ayant
déja monté à la note finale par obligation ,
on ne peut plus fuppofer qu'elle eft encore
à fa place , & la faire monter une feconde
fois pour fatisfaire à la même obligation .
2º Parceque la note fenfible fur la finale
ne peut fubftituer fans la 4* ; quand au lieu
de cette quarte on met la tierce , on eft
obligé
888 MERCURE DE FRANCE
obligé de reconnoitre que cette 7 n'eft
plus note fenfible , on doit la faire def
cendre parceque le mode eft changé ; cette
7 qui eft majeure , feroit encore moins
compatible avec la tierce mineure , parcequ'elles
font en relation de quinte fuperflue.
Mais je dis plus , lors même que
la feptiéme peut aller avec la neuviéme
la buffe actuelle eft encore fondamentale :
Voici mes raifons.
pas
Vous reconnoiffez réé, pour fondamental
dans l'accord ré , fa , la , ut , ré ;
fi au lieu de l'Octave ou uniffon , je mets
un mi , par continuation , que ce mi fe
rende inceffamment au ré , où il auroit
dû être , pourquoi le ré ne feroit- il plus
fondamental ? ce mi n'a rien changé à la
premiere difpofition . Le fa , que vous
foutenez être fondamental , ne donne
une difpofition plus approchante de l'ac
cord parfait que le ré , au contraire ; &
quand même cela feroit égal , il femble
que le ré devroit refter tel, fur tout lorfque
la baffe fondamentale a précedé fur
le la , parce que le progrès le plus naturel
de cette baffe eft d'aller par quarte
ou par quinte , comme j'ai marqué dans
l'exemple C ; mais de plus, je foutiens
la difpofition n'eft pas égale , par deux
raifons. 1. Selon vous le fon ré eft entierement
étranger au véritable accord ,
que
que
MAY . 1730. 889
que vous dites être fa , la , ut , mi , ce ré
eft ftable & indépendant , comme un fon
fondamental doit être . Selon moi , le fon
mi n'eft point abfolument étranger au
veritable accord , que je dis être rê , fa ,
la , ut , ré , ce mi n'eft point ftable , il ne
peut durer beaucoup , ce n'eft qu'un allongement
d'un mi , qui a précedé , il dépend
abfolument du ré , où il doit fe rendre
inceffamment , on ne permet ce retardement
que pour faire fouhaiter le ré.
& le faire trouver meilleur . 2 ° . Selon
vous , le ré ne peut trouver place , que
hors l'étendue de l'Octave ; cependant
toutes les proportions harmoniques doivent
trouver place dans cette étenduë ,
c'eſt le ſentiment de tous ceux qui en ont
écrit. Selon moi , ma neuviéme fe trouve
dans cette étendue , elle fe peut faire également
au fecond degré comme un retardement
de l'uniffon ; c'eft réellement
une 2 ; chacun fçait qu'on ne lui donne le
nom de neuviême , que pour la diftinguer
de la 2º ou la baffe fincope , ces deux .
2es exigent des mouvemens & des accompagnemens
differens.
Il reste encore à expliquer les deux
cas où tous ces fons , fol , ré , fa , la , ut,
peuvent le rencontrer. Le premier que
l'on voit à l'exemple D. eft femblable à
l'accord , tiré du Confitebor de M. de la
Lande,
890 MERCURE DE FRANCE
ג
Lande , marqué F. excepté que la tierce.
eft obmife ; parconfequent l'accord que
vous propofez eft incomplet.Si l'on y ajoûte
le fi bemol , qui eft obmis , il est évident
qu'on aura un accord de 7 & 9 , ou au
lieu de doubler la tierce dès le premier
temps on a fait une quarte pour retarder
ce doublement de la tierce. Or , felon
l'explication que je viens de donner de
l'accord de 7 & 9 , marqué C. la baffe
actuelle y eft fondamentale. Donc dans
l'accord que vous propofez le fol eft fondamental
; ce qui n'eft pas votre ſentiment.
Remarquez que dans mes Explications
, l'harmonie ne fort point de l'étendue
de l'Octave , comme vous la faites
fortir car dans l'accord dont je viens de
parler , la 9 & 4* fe peuvent également
faire au fecond & au quatrième degré .
;
Le fecond cas où tous ces fons que vous
propofez , fol , ré , fa , la , ut , peuvent fe
rencontrer , c'eft l'accord que vous nommez
de 7 fuperfluë , marqué E. je conviens
que ré eft fondamental dans cet accord
; mais il y a deux raifons de le dif
tinguer . L'une que ré eft dominante . L'au
tre , que ce n'eft point veritablement un
bon accord ; on ne l'admet que par li
cence , pour favorifer le point d'Orgue
dont l'harmonie eft fort bornée ; & l'idée
l'on a de cet accord , eft la baffe
devroit
que que
MA Y. 1730.
891
devroit être alors à la dominante ; mais
qu'elle refte à la finale comme par entêtement
ou par une immobilité inébran
lable , on fent que l'harmonie , pour rem.
plir fon miniftere , qui eft de donner de
la varieté , touche l'accord de la dominante
, mais que la baffe manque , pour
ainfi- dire , à fon devoir.
Votre baffe fondamentale a encore , de
votre aveu , le deffaut de ne pouvoir pas
être admife dans la pratique ; mais on y
admet la mienne .
Le troifiéme Chef confifte en des faits
de pratique de compofition , dont l'oreille
eft contente. Pour prouver la bonté
de cette pratique , voici comme je rai
fonné.
Dans les Arts où la varieté eft neceffaire,
c'eſt un bien de multiplier les fondemens
de cette varieté , fur tout lorfque cefdits
fondemens font très-bornez,
Or , dans la Mufique , la varieté eft ne
ceffaire. Les fondemens de cette varieté
font les accords , dont le nombre eſt trèspetit
; donc dans la Mufique , l'augmentation
des accords eft un bien , principalement
lorsque l'experience dans la pratique
en a fait fentir la bonté.
Si vous continuez à me difputer ce troifiéme
Chef, je me fais fort de vous faire
condamner par les Compofiteurs à grands
Choeurs
892 MERCURE DE FRANCE
Choeurs , les plus renommez , dont j'aurai
des Certificats.
Pour ce qui concerne votre accompagnement
, on voit affez que je n'ai point
donné mes Objections écrites , comme
prouvées , mais comme prêt à les prouver,
ce détail demandant un écrit particulier.
Le prétendu parallele de nos accompagnemens
, que vous venez de mettre au
jour dans les derniers Mercures , eft une
occafion bien naturelle de donner ce détail
. En attendant , permettez - moi devous
dire , que l'expolé que vous y faites
de la maniere dont les habiles enſeignent
l'accompagnement , n'eft point fidele.
Vous vous appropriez des principes qu'on
enfeignoit avant vous.
premier Muficien Auteur de l'Examen
, inferé dans le Mercure d'Octobre
1729. page 2369.
J
E vous addreffe la parole , Monfieur ,
pour bannir toute confufion de notre
difpute. Je vous exhorte à la fincerité &
à la moderation qui convient entre deux
Confreres ; je vous en ai donné l'exemple.
dans l'expofé que j'ai fait de notre Conference
; vous le fçavez ; comment ofezvous
donc m'accufer de calomnie au fujet
du defaveu que vous avez fait de votre
Livre je pourrois nommer huit ou dix:
témoins qui l'ont entendu : fi je ne-craignois
de commettre des perfonnes refpectables
, peut-être que vous l'avez oublié
dans ce cas , je vous prie de vous
reffouvenir que je vous dis alors , mais
fi vous vous êtes trompé dans un Ouvrage
ou
MAY. 1730 881
•
où vous avez refléchi pendant dix ans ,
ne devez - vous pas craindre de vous trom .
per encore ? Non , répondîtes-vous , je
fuis préfentement certain de mon fait.
Revenez à votre Livre , j'y confens ; je
prendrai la même licence fi je me trompe
en quelque chofe .
Je n'ai nul interêt de décrier ce Livre
comme vous m'en accufez ,& fi je me pare
de la Baffe fondamentale , je puis dire en
même tems , que je ne vous en furs point
redevable ; on n'en peut point douter
puifque je vous accufe de la mal expliquer.
Je pourrois rabattre beaucoup deslouanges
que vous donnez à cet Ouvrage; 、
mais je me contenterai préfentement de
blâmer la temerité que vous avez de ſoutenir
dans votre Préface que tout ce que
l'on a compofé jufqu'à préfent d'excellent
ne l'a été que par goût , fans principes
clairs & certains. Avez-vous penetré au
fond de l'ame de tous ces grands Auteurs,
pour connoître leur fçavoir : Des Ouvrages
charmans & admirables , felon votre
où l'ordre , la fcience , vos meilleurs
principes, & beaucoup d'autres , font
conftamment pratiquez par tout , peuvent-
ils être des enfans de l'aveugle goût
qui ne marche qu'à tatons ; ces excellens
Auteurs n'ont point mis au jour leurs
principes , donc vous n'en pouvez pas ju-
,
ger.
882 MERCURE DE FRANCE
ger. Parceque vous êtes le premier qui
avez fait imprimer le fon fondamental
d'un Accord , s'enfuit- il que vous êtes le
premier qui l'avez connu ; combien voiton
dans les Arts de principes pratiqués
long- tems avant qu'on les imprime. Ce
que vous voulez avoir mis au jour depuis
peu eft commun daris Paris depuis trente
ans , & bien plus , je connois celui qui
dit vous l'avoir enfeigné vers votre
trentiéme année ; vous fçavez qu'il demeure
rue Planche Mibray , à côté d'une
Lingere. Mais fuppofons que vous l'aycz
trouvé après les autres , je foutiens que
vous l'avez mal deviné ; c'eft le fecond
Article de notre difpute. Je ne prétens
pas infinuer que votre Traité d'harmonie'
n'ait beaucoup de bon , malgré fes deffauts
; au contraire , j'avoue que c'eft un
mérite de l'avoir compilé , mais inférieur
au mérite des excellens Auteurs dont
vous niez les lumieres ; car enfin l'harmonie
feule comparée à une piece qui
raffemble toutes les beautés de la Mufique
, eft comme un Rudiment contre une
Piece d'Eloquence. Au refte , ces M M.
n'ont pas befoin de défenfeur ; leurs Ouvrages
en font plus fentir que je n'en
puis dire ces fources fecondes où vous
avez puifé ce que vous fçavez de mieux ,
feront toûjours des témoins qui vous
accufoMAY.
1730. 883
accuferont d'ingratitude envers leurs Auteurs.
;
Ne croyez pas que le ton décifif &
les invectives qui regnent dans votre
Examen , vous donnent gain de caufe
parmi les perfonnes qui penfent bien ; il
faut des raifons pour les perfuader ; c'eſt
vouloir juger fa propre caufe que de trairer
fon adverfaire d'ignorant le Public
en doit décider , il eft notre juge dès que
nous lui addreffons nos Ecrits . Vous ne
prenez pas garde que vos mépris retombent
fur vous- même ; auriez- vous oublié
qu'à la fin de notre Conference , en préfence
de la Compagnie , vous avez refufé
un pari de cent louis que je vous ai propofé
, pour ceux de nos fentimens qut
l'emporteroient au jugement des plus renommés
compofiteurs du Royaume : Ne
vous flattez pas que la Compagnie ait
approuvé cette défaite ; voici vos propres
paroles je ne reconnois perfonne capable
de me juger; je ſuis feul fçavant en
harmonie. Quelle certitude , que celle qui
n'eft fondée que fur l'opinion d'une seule
tête.
Venons au fait. Toute notre difpute
roule fur quatre chefs. 1 ° Si le premier
fondement de l'harmonie doit fe tirer des
proportions qui fe trouvent dans les vibrations
des fons on de la refonnance du
corps
884 MERCURE DE FRANCE
corps fonore. 20 quel eft le fon fondamental
dans l'Accord de 4° & celui de 9º.-
3 files renverfemens de ces deux Ac--
cords peuvent fe pratiquer . 40 Si la façon
ordinaire d'accompagner du Clavecin eft
plus parfaite que la vôtre .
Le premier chef eft un fait de pure
Phyfique ; comme vous n'avez point étudié
cette Science , je ne fuis point étonné
que vous ne vous rendiez pas à mes
raifons alleguées dans la Conference . Cependant
il faut ou vous faire inftruire
fur cet article , ou me le ceder . Je ne fçai
point de moyen plus éfficace pour vous
y engager que de vous propofer un pari
de cent piftoles , plus ou moins fi vous
voulez , & nous prierons M M. de l'Académie
des Sciences de nous juger ; a
leur refus , des Profeffeurs de Philofophie
pourront être nos juges .
Le fecond chef eft de la compétence
des compofiteurs de Mufique , auffi bien
que des Phyficiens , & parceque c'eſt à
ces premiers principalement que nous
adreffons nos raifons , je l'approfondirai
autant qu'il me fera poffible. Mes preuves
écrites dans la Conference me paroiffent
fi fort au-deffus de la réponfe que.
Vous y avez faite , que je ne puis me
difpenfer de vous y renvoyer , perfuadé
que fi vous pouvez les méditer fans pré-
1 ventionMAY.
1730.* 885
vention , vous en ferez convaincu . J'ajoûte
à ces preuves l'argument fuivant ,
qui fervira en même- tems à déveloper
Fendroit où votre réponſe péche.
Le fon fondamental d'un Accord eft
celui qui donne la difpofition de l'Accord
parfait , lorfqu'on le met au bas des autres
fons , auquel Accord parfait on peut
fouvent ajoûter la 7 ; vous convenez avec
moi de ce principe ; ainfi dans ces Accords
fa la ut ré fa , la ut ré fa la , ut ré fa llaa ,
le fon fondamental eft le ré , parceque
Jui feul mis au plus bas donne ré fa la ut
ré , qui eft la difpofition requife. Si l'on
diéze le fa , le ré ne fera pas moins fondamental
, parceque la difpofition fera la
même ; jufqu'ici nous fommes d'accord .
Mais fi l'on fupprime plufieurs fons , ne
laiffant que ré ut , on ne pourra pas dire
que ces deux fons font un Accord de fep--
tiéme , comme vous dites , ce fera feulement
un intervale de 7° ; car nous entendons
par Accord de feptiéme un Accord
parfait auquel on a ajoûté la 7° , & c'eft
ici le défaut de votre preuve ; vous dites
ré ut font un Accord de 7 , que
que
fi
vous mettez un fol au lieu de la
n'aurez pas moins un Accord de 7º , &
que le ré felon notre principe eft fondamental
, je réponds que ce n'eft point un
compofé de 3 , 4 , 7 & 8° , qui eft la
diſpo
, vous
886 MERCURE DE FRANCE
diſpoſition dont nous convenons dans notre
principe , que c'eft , au contraire , un
compofé de tierce , quinte & octave , auquel
on peut ajoûter la feptiéme. Vous
avez fuppofé faux ; ainfi votre conclufion
cft fauffe. Mais , direz- vous , on ne peut
pas trouver la difpofition d'Accord parfait
dans l'Accord de quarte , ni celui de
neuviéme ; je réponds que lorfque cette
difpofition eft impoffible , ce doit être
celle qui en approche le plus qui doit y
étre fubftituée. Car enfin fi la feule dif
pofition d'Accord parfait nous indique le
fon fondamental , à quelle difpofition
pouvons -nous le plus raifonnablement
avoir recours, lorfque celle- ci nous manque
, fi ce n'eft à celle qui en approche le
plus. Cela me paroît d'une évidence fi
fenfible , que perfonne, je croi , n'enpeut
douter.
Or il eft certain que dans l'Accord de
quarte & celui de neuviéme , dans les
circonftances que l'on voit à l'exemple
mis au bas de l'Air noté de ce Livre , la
baffe actuelle donne la difpofition la plus
approchante de l'Accord parfait ou de
feptiéme , car elle n'en differe que par un
fon retardant , pareffeux , pour ainfi dire ,
à fe rendre à fa place ; donc la baffe actuelle
dans ces deux Accords eſt fondamentale
Yous!
MAY. 1730. 887
Vous avez marqué dans votre Examen
que l'Accord complet fol ré fa la ut , fait
voir que ré eft fondamental , étant la baffe
d'un Accord de feptiéme complet ; mais
cette raifon n'a point de lieu dans les
exemples que je rapporte , parceque tous
les fons que vous propofez ne peuvent
pas s'y trouver , & quoique l'on puiffe
les admettre tous dans deux cas que j'expliquerai
ci après , cela ne conclud rien
pour les cas où l'on ne peut pas les admettre
tous ; les accords que je propofe
font differens.
Vous dites encore pour votre défenſe ,
que à tout Accord de neuviéme on peut
ajoûter la 7 , ainfi le fon qui fait la tierce
eft fondamental , puiſqu'il porte un Accord
de feptiéme complet ; vous m'avez
fait cette objection le jour de notre Conference
, vous prétendiez que dans l'Accord
de neuvième , marqué B , on peut
y mettre la 7 pour la faire monter enfuite
à l'octave , ce que je nie par deux
raifons. 1 Parceque la note fenfible ayant
déja monté à la note finale par obligation ,
on ne peut plus fuppofer qu'elle eft encore
à fa place , & la faire monter une feconde
fois pour fatisfaire à la même obligation .
2º Parceque la note fenfible fur la finale
ne peut fubftituer fans la 4* ; quand au lieu
de cette quarte on met la tierce , on eft
obligé
888 MERCURE DE FRANCE
obligé de reconnoitre que cette 7 n'eft
plus note fenfible , on doit la faire def
cendre parceque le mode eft changé ; cette
7 qui eft majeure , feroit encore moins
compatible avec la tierce mineure , parcequ'elles
font en relation de quinte fuperflue.
Mais je dis plus , lors même que
la feptiéme peut aller avec la neuviéme
la buffe actuelle eft encore fondamentale :
Voici mes raifons.
pas
Vous reconnoiffez réé, pour fondamental
dans l'accord ré , fa , la , ut , ré ;
fi au lieu de l'Octave ou uniffon , je mets
un mi , par continuation , que ce mi fe
rende inceffamment au ré , où il auroit
dû être , pourquoi le ré ne feroit- il plus
fondamental ? ce mi n'a rien changé à la
premiere difpofition . Le fa , que vous
foutenez être fondamental , ne donne
une difpofition plus approchante de l'ac
cord parfait que le ré , au contraire ; &
quand même cela feroit égal , il femble
que le ré devroit refter tel, fur tout lorfque
la baffe fondamentale a précedé fur
le la , parce que le progrès le plus naturel
de cette baffe eft d'aller par quarte
ou par quinte , comme j'ai marqué dans
l'exemple C ; mais de plus, je foutiens
la difpofition n'eft pas égale , par deux
raifons. 1. Selon vous le fon ré eft entierement
étranger au véritable accord ,
que
que
MAY . 1730. 889
que vous dites être fa , la , ut , mi , ce ré
eft ftable & indépendant , comme un fon
fondamental doit être . Selon moi , le fon
mi n'eft point abfolument étranger au
veritable accord , que je dis être rê , fa ,
la , ut , ré , ce mi n'eft point ftable , il ne
peut durer beaucoup , ce n'eft qu'un allongement
d'un mi , qui a précedé , il dépend
abfolument du ré , où il doit fe rendre
inceffamment , on ne permet ce retardement
que pour faire fouhaiter le ré.
& le faire trouver meilleur . 2 ° . Selon
vous , le ré ne peut trouver place , que
hors l'étendue de l'Octave ; cependant
toutes les proportions harmoniques doivent
trouver place dans cette étenduë ,
c'eſt le ſentiment de tous ceux qui en ont
écrit. Selon moi , ma neuviéme fe trouve
dans cette étendue , elle fe peut faire également
au fecond degré comme un retardement
de l'uniffon ; c'eft réellement
une 2 ; chacun fçait qu'on ne lui donne le
nom de neuviême , que pour la diftinguer
de la 2º ou la baffe fincope , ces deux .
2es exigent des mouvemens & des accompagnemens
differens.
Il reste encore à expliquer les deux
cas où tous ces fons , fol , ré , fa , la , ut,
peuvent le rencontrer. Le premier que
l'on voit à l'exemple D. eft femblable à
l'accord , tiré du Confitebor de M. de la
Lande,
890 MERCURE DE FRANCE
ג
Lande , marqué F. excepté que la tierce.
eft obmife ; parconfequent l'accord que
vous propofez eft incomplet.Si l'on y ajoûte
le fi bemol , qui eft obmis , il est évident
qu'on aura un accord de 7 & 9 , ou au
lieu de doubler la tierce dès le premier
temps on a fait une quarte pour retarder
ce doublement de la tierce. Or , felon
l'explication que je viens de donner de
l'accord de 7 & 9 , marqué C. la baffe
actuelle y eft fondamentale. Donc dans
l'accord que vous propofez le fol eft fondamental
; ce qui n'eft pas votre ſentiment.
Remarquez que dans mes Explications
, l'harmonie ne fort point de l'étendue
de l'Octave , comme vous la faites
fortir car dans l'accord dont je viens de
parler , la 9 & 4* fe peuvent également
faire au fecond & au quatrième degré .
;
Le fecond cas où tous ces fons que vous
propofez , fol , ré , fa , la , ut , peuvent fe
rencontrer , c'eft l'accord que vous nommez
de 7 fuperfluë , marqué E. je conviens
que ré eft fondamental dans cet accord
; mais il y a deux raifons de le dif
tinguer . L'une que ré eft dominante . L'au
tre , que ce n'eft point veritablement un
bon accord ; on ne l'admet que par li
cence , pour favorifer le point d'Orgue
dont l'harmonie eft fort bornée ; & l'idée
l'on a de cet accord , eft la baffe
devroit
que que
MA Y. 1730.
891
devroit être alors à la dominante ; mais
qu'elle refte à la finale comme par entêtement
ou par une immobilité inébran
lable , on fent que l'harmonie , pour rem.
plir fon miniftere , qui eft de donner de
la varieté , touche l'accord de la dominante
, mais que la baffe manque , pour
ainfi- dire , à fon devoir.
Votre baffe fondamentale a encore , de
votre aveu , le deffaut de ne pouvoir pas
être admife dans la pratique ; mais on y
admet la mienne .
Le troifiéme Chef confifte en des faits
de pratique de compofition , dont l'oreille
eft contente. Pour prouver la bonté
de cette pratique , voici comme je rai
fonné.
Dans les Arts où la varieté eft neceffaire,
c'eſt un bien de multiplier les fondemens
de cette varieté , fur tout lorfque cefdits
fondemens font très-bornez,
Or , dans la Mufique , la varieté eft ne
ceffaire. Les fondemens de cette varieté
font les accords , dont le nombre eſt trèspetit
; donc dans la Mufique , l'augmentation
des accords eft un bien , principalement
lorsque l'experience dans la pratique
en a fait fentir la bonté.
Si vous continuez à me difputer ce troifiéme
Chef, je me fais fort de vous faire
condamner par les Compofiteurs à grands
Choeurs
892 MERCURE DE FRANCE
Choeurs , les plus renommez , dont j'aurai
des Certificats.
Pour ce qui concerne votre accompagnement
, on voit affez que je n'ai point
donné mes Objections écrites , comme
prouvées , mais comme prêt à les prouver,
ce détail demandant un écrit particulier.
Le prétendu parallele de nos accompagnemens
, que vous venez de mettre au
jour dans les derniers Mercures , eft une
occafion bien naturelle de donner ce détail
. En attendant , permettez - moi devous
dire , que l'expolé que vous y faites
de la maniere dont les habiles enſeignent
l'accompagnement , n'eft point fidele.
Vous vous appropriez des principes qu'on
enfeignoit avant vous.
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Résumé : REPONSE du second Musicien au premier Musicien, Auteur de l'Examen inseré dans le Mercure d'Octobre 1729. page 2369.
Le texte est une série d'échanges publiés dans le Mercure de France en octobre 1729 et mai 1730 entre deux musiciens. Le premier, appelé le 'fecond Muficien,' répond à une dispute concernant un livre sur la musique. Il appelle à la sincérité et à la modération, rappelant que plusieurs témoins ont entendu son adversaire désavouer le livre. Le 'fecond Muficien' conteste l'idée que les œuvres excellentes sont créées sans principes clairs, affirmant que de nombreux auteurs ont pratiqué l'ordre et la science. Il soutient que les principes fondamentaux de l'harmonie ne sont pas nouveaux et que son adversaire les a mal interprétés. La dispute porte sur quatre points principaux : les fondements de l'harmonie, le son fondamental dans certains accords, la pratique des renversements d'accords, et la méthode d'accompagnement au clavecin. Le 'fecond Muficien' propose un pari pour résoudre la première question et approfondit les arguments concernant le son fondamental dans les accords de quarte et de neuvième. Il critique également l'attitude arrogante de son adversaire, qui refuse de reconnaître des juges compétents et se proclame seul expert en harmonie. Un autre échange implique deux interlocuteurs, identifiés par 'de 7 fuperfluë, marqué E' et 'MA Y. 1730'. Le premier affirme que la note 'ré' est fondamentale dans un accord, mais distingue deux raisons pour la différencier : sa dominance et le fait qu'elle n'est pas un véritable bon accord, admise par licence pour favoriser le point d'orgue. Il explique que la basse devrait être à la dominante mais reste à la finale, obligeant l'harmonie à toucher l'accord de la dominante, manquant ainsi à son devoir de variété. Le second interlocuteur reconnaît les défauts pratiques de la basse fondamentale mais insiste sur son importance dans la pratique. Il souligne l'importance de la variété en musique et soutient que multiplier les accords est bénéfique pour augmenter cette variété. Il menace de faire condamner son opposant par des compositeurs renommés s'il continue à contester ce point. Concernant l'accompagnement, le premier interlocuteur mentionne qu'il n'a pas encore fourni ses objections écrites mais est prêt à le faire. Il critique l'exposé de son opposant sur l'enseignement de l'accompagnement, affirmant que celui-ci s'approprie des principes enseignés avant lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 563-567
L'esprit des conversations agréables, &c. [titre d'après la table]
Début :
M. de Pitaval vient de nous donner encore un Livre [...]
Mots clefs :
Conversations agréables, Pensées choisies, Anecdotes, Historiettes , Critiques, Poésie, Histoire, Variété, Lecteur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'esprit des conversations agréables, &c. [titre d'après la table]
M.de Pitaval vient de nous donner encore un Livre
nouveau , sous le titre d'Esprit des conversations
agréables, ou nouveau Mélange de Pensées
choisies , en Vers et en Prose , sérieuses et enjouées
, et de plusieurs traits d'Histoires curieux
et interressans , d'Anecdotes singulieres , d'Historiettes
instructives , et de Remarques critiques
sur plusieurs Ouvrages d'esprit. Ouvrage en 3
volumes in 12. Il se vend au Palais , chez le
Gras , dans la Grande Salle , au troisiéme Pilliër
; et dans la rue S. Jacques , chez la veuve
Delaulne , vis- à- vis la ruë des Noyers ; et Cavelier
, proche la Fontaine S. Severin .
"
Rien n'est plus séduisant que le titre ; on ne
peut pas disputer à M. de Pitaval l'art de donner
à ses Onvrages des titres spécieux . Un Censeur
qui sera malin et qui lira dans le dessein de rabaisser
le Livre et son Auteur , sera disposé à
trouver le Frontispice du Livre plus beau que le
Livre. Cependant on ne peut pas nier qu'il n'y
ait dans ces trois Volumes un choix assez heureux
de bonnes choses . Ce qui distingue cet
Ouvrage des autres Livres de ce gehre que l'Auteur
a donnez au public , c'est qu'il y a fait entrer
plusieurs beaux morceaux de l'Histoire qui
font
presque la moitié de l'Ouvrage . Comme il
aime la Poësie , il a fait un choix de plusieurs
Giiij Vers
564 MERCURE DE FRANCE
Vers , qui aident à former cette grande variété
qui regne dans son Livre.
On voit dans le 1 tome des Poësies choisies de
l'Abbé Regnier Desmarais . Ce Poëte n'a pas toujours
été égal. M. de Pitaval nous fait part des
Vers les plus gracieux de cet Abbé, Académicien.
On doit lui être obligé de nous sauver la peine de
les démêler dans les Ouvrages de ce Poëte. Il
nous présente aussi un choix de Vers qu'il a fait
du sieur Roubin , celebre par un Placet qu'il presenta
au Roy , au sujet de la taxe d'une Isle qu'il
possedoit ; on ne connoissoit ce Poëte que par
ce Placet . Plusieurs Vers de Sanlec servent aussi
à diversifier ce Volume. Il rapporte plusieurs
Fables , qu'il dit avoir une teinture de celles de la
Fontaine. Elles ne sont pas connues , on en jugera.
Il y a une petite historiette , sans doute , de
la façon de M. de Pitaval. Elle est singuliere,
C'est une Dame qui raconte ses foiblesses à une
de ses amies. Elle represente une aventure où elle
se trouva au bord du précipice , elle n'y tomba
pourtant point. L'Auteur a fait de grands efforts
pour dépeindre cette situation ; il a voulu la bien
exprimer , en se refusant pourtant à des images
dangereuses. J'ai remarqué qu'il a tâché dans le
morceau d'Histoire qu'il a rapporté , d'y mettre
les du stile ,
graces
la surprise que Chaïs voulut
faire à Xenocrate ; les deux avantures de Stratonice
en fourniront la preuve. Au reste il rentre
zoujours dans son dessein de rapporter plusieurs
bons mots , plusieurs traits vifs. Voilà ce que j'ai
observé en lisant le premier volume.
J'oublie la Préface , par où je devois commencer
; il y fait l'histoire de ses Ouvrages et de ses
critiques. Il donne des coups de dents à ses Censeurs.
Il regne dans ce Prélude un badinage qui
garantira le Lecteur de l'ennui attaché aux Préfaces.
MARS.
1731. 565
A la tête du second tome il y a des traits d'his
toire qui finissent par plusieurs applications heu
reuses de Vers de Virgile. Ce second volume ,
ainsi que le premier , est varié par des traits
d'histoire choisies et par diverses Poësies. On y
voit le portrait d'un Sçavant ridicule , qui est
assez réjouissant . M. de Pitaval a travaillé ce
Portrait d'histoire , ou plutôt le Roman de la
Comtesse de Châteaubriant , qui est de sa façon,
orne ce second volume. Il a fait un Parallèle de
l'Héroïque de Virgile, traduit par M. de Segrais ,
avec le Burlesque de Scarron . Cela forme un contraste
assez plaisant . On trouvera encore dans ce
volume une ou deux historiettes, qu'on soupçonera
facilement être sorties de la plume de M. de Pitaval.
Il n'a rien oublié pour mettre dans son
Livre une grande variété ; si l'uniformité est la
mere de l'ennui , la variété doit être la mere du
plaisir . Ainsi on peut dire que M. de Pitaval a
voulu s'attacher uniquement à la voie de plaire à
son Lecteur.
Le troisiéme Tome est assez dans le goût du
second ; on y voit plusieurs traits d'Histoire
mêlez de Poesies. Il y a une Historiete qui
est sans doute de lui ; elle pourra avoir des Censeurs
qui soutiendront qu'elle pêche contre la
vrai- semblance. On trouve dans ce Volume une
Critique de l'Amour Métaphisique de Madame
de L ***. Il paroît que M.de Pitaval estime beaucoup
cette Dame qu'il critique . On trouvera encore
dans ce volume un Parallele de deux Poëtes ,
dont l'un ne remerciera pas M de Pitaval. Chaque
Volume est terminé par des Vers de l'Auteur.
C'est une transition Poëtique du premier au second,
du second au troisième , qui finit par 1112
adieu en Vers, Ces Volumes , à tous égards ,
GY On
566
MERCURE
DE FRANCE
ont plus droit de plaire au Lecteur que ceux que
l'Auteur a déja donnez dans ce genre.
Pierre Humbert , Libraire à Amsterdam , a
imprimé et débite l'Histoire de la Guerre des
Hussites et du Concile de Bâle , Enrichie de Portraits
et de Vignettes à la tête de chaqué Livre,
qui en representent les principaux Evenemens ;
par M. Lenfant. 2 Vol. in 4. Il débite aussi les
Histoires des Conciles de Pise et de Constance
du même Auteur, 4 vol. in 4.enrichis de 38 Por◄.
traits Il vendra ces Ouvrages , avec et sans
Portraits, à ceux qui voudront les avoir.Ayant
appris qu'on lui contrefaisoit actuellement à Paris
, l'Histoire du Concile de Bâle , dont on retranchoit
les Vignettes , et peut- être bien autre
chose. Il avertit le Public qu'à quel prix qu'on
donne cette Edition contrefaite , il donnera la
sienne à beaucoup meilleur marché, et en feræ
de même de tous les Livres qu'on lui contreferd.
/ J F. Bernard , travaille à donner une nouvelle
Edition des Oeuvres de Rabelais , enrichie et
augmentée de nouvelles notes , avec les figures de
Picart , en 3 vol in 4 , et 6 in 8. aussi propre et
aussi belle qu'il soit possible. Il en publiera dans
peu le Projet, et donnera dans 4 mois les Imaget
des Héros et des Grands Hommes de l'antiquité
, dessinées et gravées par Picar: ; et à la
la fin de l'année , le tome 5. des Ceremonies Religieuses
, &c. contenant les Grecs , les Lutheriens
les Anglicans et les Calvinistes ; tous
dessinés par Picart . Il avertit ainsi qu'il ne lui
reste encore que quelques Exemplaires des 4 premiers
vol . en grand Papier, figures choisies et du
premier tirage. On trouve aussi chez ledit Bernard,
MARS. 1731 .
567
mard les cent Nouvelles , nouvelles , en 2 vol.8.
avec les fig. dessinées par
nouveau , sous le titre d'Esprit des conversations
agréables, ou nouveau Mélange de Pensées
choisies , en Vers et en Prose , sérieuses et enjouées
, et de plusieurs traits d'Histoires curieux
et interressans , d'Anecdotes singulieres , d'Historiettes
instructives , et de Remarques critiques
sur plusieurs Ouvrages d'esprit. Ouvrage en 3
volumes in 12. Il se vend au Palais , chez le
Gras , dans la Grande Salle , au troisiéme Pilliër
; et dans la rue S. Jacques , chez la veuve
Delaulne , vis- à- vis la ruë des Noyers ; et Cavelier
, proche la Fontaine S. Severin .
"
Rien n'est plus séduisant que le titre ; on ne
peut pas disputer à M. de Pitaval l'art de donner
à ses Onvrages des titres spécieux . Un Censeur
qui sera malin et qui lira dans le dessein de rabaisser
le Livre et son Auteur , sera disposé à
trouver le Frontispice du Livre plus beau que le
Livre. Cependant on ne peut pas nier qu'il n'y
ait dans ces trois Volumes un choix assez heureux
de bonnes choses . Ce qui distingue cet
Ouvrage des autres Livres de ce gehre que l'Auteur
a donnez au public , c'est qu'il y a fait entrer
plusieurs beaux morceaux de l'Histoire qui
font
presque la moitié de l'Ouvrage . Comme il
aime la Poësie , il a fait un choix de plusieurs
Giiij Vers
564 MERCURE DE FRANCE
Vers , qui aident à former cette grande variété
qui regne dans son Livre.
On voit dans le 1 tome des Poësies choisies de
l'Abbé Regnier Desmarais . Ce Poëte n'a pas toujours
été égal. M. de Pitaval nous fait part des
Vers les plus gracieux de cet Abbé, Académicien.
On doit lui être obligé de nous sauver la peine de
les démêler dans les Ouvrages de ce Poëte. Il
nous présente aussi un choix de Vers qu'il a fait
du sieur Roubin , celebre par un Placet qu'il presenta
au Roy , au sujet de la taxe d'une Isle qu'il
possedoit ; on ne connoissoit ce Poëte que par
ce Placet . Plusieurs Vers de Sanlec servent aussi
à diversifier ce Volume. Il rapporte plusieurs
Fables , qu'il dit avoir une teinture de celles de la
Fontaine. Elles ne sont pas connues , on en jugera.
Il y a une petite historiette , sans doute , de
la façon de M. de Pitaval. Elle est singuliere,
C'est une Dame qui raconte ses foiblesses à une
de ses amies. Elle represente une aventure où elle
se trouva au bord du précipice , elle n'y tomba
pourtant point. L'Auteur a fait de grands efforts
pour dépeindre cette situation ; il a voulu la bien
exprimer , en se refusant pourtant à des images
dangereuses. J'ai remarqué qu'il a tâché dans le
morceau d'Histoire qu'il a rapporté , d'y mettre
les du stile ,
graces
la surprise que Chaïs voulut
faire à Xenocrate ; les deux avantures de Stratonice
en fourniront la preuve. Au reste il rentre
zoujours dans son dessein de rapporter plusieurs
bons mots , plusieurs traits vifs. Voilà ce que j'ai
observé en lisant le premier volume.
J'oublie la Préface , par où je devois commencer
; il y fait l'histoire de ses Ouvrages et de ses
critiques. Il donne des coups de dents à ses Censeurs.
Il regne dans ce Prélude un badinage qui
garantira le Lecteur de l'ennui attaché aux Préfaces.
MARS.
1731. 565
A la tête du second tome il y a des traits d'his
toire qui finissent par plusieurs applications heu
reuses de Vers de Virgile. Ce second volume ,
ainsi que le premier , est varié par des traits
d'histoire choisies et par diverses Poësies. On y
voit le portrait d'un Sçavant ridicule , qui est
assez réjouissant . M. de Pitaval a travaillé ce
Portrait d'histoire , ou plutôt le Roman de la
Comtesse de Châteaubriant , qui est de sa façon,
orne ce second volume. Il a fait un Parallèle de
l'Héroïque de Virgile, traduit par M. de Segrais ,
avec le Burlesque de Scarron . Cela forme un contraste
assez plaisant . On trouvera encore dans ce
volume une ou deux historiettes, qu'on soupçonera
facilement être sorties de la plume de M. de Pitaval.
Il n'a rien oublié pour mettre dans son
Livre une grande variété ; si l'uniformité est la
mere de l'ennui , la variété doit être la mere du
plaisir . Ainsi on peut dire que M. de Pitaval a
voulu s'attacher uniquement à la voie de plaire à
son Lecteur.
Le troisiéme Tome est assez dans le goût du
second ; on y voit plusieurs traits d'Histoire
mêlez de Poesies. Il y a une Historiete qui
est sans doute de lui ; elle pourra avoir des Censeurs
qui soutiendront qu'elle pêche contre la
vrai- semblance. On trouve dans ce Volume une
Critique de l'Amour Métaphisique de Madame
de L ***. Il paroît que M.de Pitaval estime beaucoup
cette Dame qu'il critique . On trouvera encore
dans ce volume un Parallele de deux Poëtes ,
dont l'un ne remerciera pas M de Pitaval. Chaque
Volume est terminé par des Vers de l'Auteur.
C'est une transition Poëtique du premier au second,
du second au troisième , qui finit par 1112
adieu en Vers, Ces Volumes , à tous égards ,
GY On
566
MERCURE
DE FRANCE
ont plus droit de plaire au Lecteur que ceux que
l'Auteur a déja donnez dans ce genre.
Pierre Humbert , Libraire à Amsterdam , a
imprimé et débite l'Histoire de la Guerre des
Hussites et du Concile de Bâle , Enrichie de Portraits
et de Vignettes à la tête de chaqué Livre,
qui en representent les principaux Evenemens ;
par M. Lenfant. 2 Vol. in 4. Il débite aussi les
Histoires des Conciles de Pise et de Constance
du même Auteur, 4 vol. in 4.enrichis de 38 Por◄.
traits Il vendra ces Ouvrages , avec et sans
Portraits, à ceux qui voudront les avoir.Ayant
appris qu'on lui contrefaisoit actuellement à Paris
, l'Histoire du Concile de Bâle , dont on retranchoit
les Vignettes , et peut- être bien autre
chose. Il avertit le Public qu'à quel prix qu'on
donne cette Edition contrefaite , il donnera la
sienne à beaucoup meilleur marché, et en feræ
de même de tous les Livres qu'on lui contreferd.
/ J F. Bernard , travaille à donner une nouvelle
Edition des Oeuvres de Rabelais , enrichie et
augmentée de nouvelles notes , avec les figures de
Picart , en 3 vol in 4 , et 6 in 8. aussi propre et
aussi belle qu'il soit possible. Il en publiera dans
peu le Projet, et donnera dans 4 mois les Imaget
des Héros et des Grands Hommes de l'antiquité
, dessinées et gravées par Picar: ; et à la
la fin de l'année , le tome 5. des Ceremonies Religieuses
, &c. contenant les Grecs , les Lutheriens
les Anglicans et les Calvinistes ; tous
dessinés par Picart . Il avertit ainsi qu'il ne lui
reste encore que quelques Exemplaires des 4 premiers
vol . en grand Papier, figures choisies et du
premier tirage. On trouve aussi chez ledit Bernard,
MARS. 1731 .
567
mard les cent Nouvelles , nouvelles , en 2 vol.8.
avec les fig. dessinées par
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Résumé : L'esprit des conversations agréables, &c. [titre d'après la table]
M. de Pitaval a publié un nouvel ouvrage intitulé 'Esprit des conversations agréables, ou nouveau Mélange de Pensées choisies, en Vers et en Prose, sérieuses et enjouées, et de plusieurs traits d'Histoires curieux et intéressants, d'Anecdotes singulières, d'Historiettes instructives, et de Remarques critiques sur plusieurs Ouvrages d'esprit'. Cet ouvrage, en trois volumes, est disponible au Palais chez le Gras et dans la rue Saint-Jacques chez la veuve Delaulne et Cavelier. Le livre est apprécié pour son titre attrayant et son contenu varié, incluant des morceaux d'histoire, des poèmes et des anecdotes. Le premier volume contient des poèmes choisis de l'Abbé Regnier Desmarais, du sieur Roubin et de Sanlec, ainsi que des fables et une historiette originale de M. de Pitaval. La préface de l'ouvrage traite de l'histoire de ses œuvres et de ses critiques, avec un ton badin. Le second volume présente des traits d'histoire, des poèmes et des portraits, comme celui d'un savant ridicule. Il inclut également des parallèles entre des œuvres littéraires et des historiettes probablement écrites par M. de Pitaval. Le troisième volume suit le même style, avec des traits d'histoire, des poèmes et une critique de l'Amour Métaphysique de Madame de L***. Chaque volume se termine par des vers de l'auteur. Par ailleurs, Pierre Humbert, libraire à Amsterdam, a imprimé et vendu des ouvrages historiques enrichis de portraits et de vignettes, tels que l'Histoire de la Guerre des Hussites et du Concile de Bâle. J.F. Bernard prépare une nouvelle édition des Œuvres de Rabelais, enrichie de nouvelles notes et de figures de Picart, ainsi que des ouvrages sur les cérémonies religieuses et les grands hommes de l'antiquité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 45-46
LA VARIÉTÉ. (a) CANTATILLE.
Début :
De ses airs brillans, l'Italie [...]
Mots clefs :
Variété
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA VARIÉTÉ. (a) CANTATILLE.
LA VARIÉTÉ. (a)
CANTA TILL E.
De fes airs brillans , l'Italie
Fit envain retentir ces lieux !
Que peut la feule mélodie
Sans flatter le coeur ni les yeux.
Nos Amphions trouvent mieux l'art de plaire
Par un mêlange féducteur.
D'une liqueur qui paroiffoit amere ,
Ils font un breuvage enchanteur ;
Ainfi que l'abeille volage ,
Le François leger & badin
En folâtrant rend fon hommage
A la nouvelle fleur qu'il dédaigne foudain ;
Mais bientôt devenu plus fage ,
Il en fçait tirer avantage ,
Et fe pare de fon larcin.
(a) Du les parodies des Boufons.
46 MERCURE DE FRANCE.
Fuyons toute ombre d'esclavage
Dans nos goûts & dans nos amours ;
Que le plaifir feul nous engage ;
On gagne à voltiger toujours.
Le papillon brille dans fa carriere
Tant qu'il vôle de fleur en fleur ,
Le cercle étroit d'une vive lumiere ,
En le fixant , fait fon malheur.
CANTA TILL E.
De fes airs brillans , l'Italie
Fit envain retentir ces lieux !
Que peut la feule mélodie
Sans flatter le coeur ni les yeux.
Nos Amphions trouvent mieux l'art de plaire
Par un mêlange féducteur.
D'une liqueur qui paroiffoit amere ,
Ils font un breuvage enchanteur ;
Ainfi que l'abeille volage ,
Le François leger & badin
En folâtrant rend fon hommage
A la nouvelle fleur qu'il dédaigne foudain ;
Mais bientôt devenu plus fage ,
Il en fçait tirer avantage ,
Et fe pare de fon larcin.
(a) Du les parodies des Boufons.
46 MERCURE DE FRANCE.
Fuyons toute ombre d'esclavage
Dans nos goûts & dans nos amours ;
Que le plaifir feul nous engage ;
On gagne à voltiger toujours.
Le papillon brille dans fa carriere
Tant qu'il vôle de fleur en fleur ,
Le cercle étroit d'une vive lumiere ,
En le fixant , fait fon malheur.
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Résumé : LA VARIÉTÉ. (a) CANTATILLE.
Le texte critique la musique italienne et loue les auteurs français pour leur capacité à transformer des éléments simples en œuvres enchanteuses. Il décrit le Français comme léger et appréciant la variété. Il met en garde contre l'esclavage des goûts et des amours, prônant la liberté de changer d'intérêt. Un papillon symbolise cette liberté, se condamnant s'il se fixe sur une seule fleur.
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