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601
p. 217-247
Discours sur l'origine & la dignité de Cardinal.
Début :
Le Pape a fait une promotion de dix-huit Cardinaux [...]
Mots clefs :
Cardinaux, Pape, Église, Rome, Clergé, Diocèse, Évêques, Diacres, Sainteté
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur l'origine & la dignité de Cardinal.
ifcours fur l'origine & la
dignité de Cardinal.
LEPape a fait une pro-
&
motion de dix- huit Cardi
naux le 18. du mois de May,
il en a declaré onze
s'en eft refervé fept inpetto.
Onfera bien aife d'apprendre l'origine de cette dignité , qui eft à preſent la ſeconde de l'Eglife , le Pape
en eftant le chef.
Les Papes , à l'imitation
de faint Pierre & de fes
fucceffeurs , font tousjours
demeurez Evefques de RoJuin 1712.
T
218 MERCURE
me, quoyqu'ils fuffent eftablis de Dieu le chefdetous
les Chreftiens , cette ville
eftant le premier Eveſché
du monde, & le lieu particulier de leur refidence.
De là eft venu que ne
pouvant entrer eux - mefmes dans le détail du gouvernement de leur Dioceſe
pendant qu'ils avoient à
regler le fpirituel de toute
la terre,ils firent choix d'un
certain nombre d'Evef
ques , de Preftres , & de
Diacres, pour les foulager,
comme autant de Coadju
GALANT. 219
teurs , & de Vicaires.
Les premiers faifoient la
fonction d'Evefques dans
le détroit de Rome , à la
place du Pape , & avoient
chacun leur Eglife particuliere dans l'enceinte du
Dioceſe.
Les Preftres eftoient Titulaires des Paroiffes de la
ville , & prenoient la conduite des ames comme les.
Curez font aujourd'huy
& les Diacres avoient le
foin de quelques Eglifes ou
Chapelles de devotion qu'-
ils tenoient en Diaconies,
Tij
220 MERCURE
& devoient affifter le Pape
quand il officioit publiquement.
* Ces trois Ordres eurent
le nom de Cardinati ou Car
dinales , pour dire qu'ils eftoient les premiers & les
Chefs des autres , & que
c'eftoit fous leur conduite
que rouloient toutes les affaires du Dioceſe ; & parce que les Preftres & les
Diacres de quelques autres
villes prirent aufſi le meſme nom de Cardinaux
afin de fe diftinguer des autres Preftres, & des autres
GALANT. 221
Diacres qui leur eftoient inferieurs & foumis , les Papes ordonnerent qu'il n'y
auroit que ceux qu'ils avoient choifis , qui le pourroient honorer du titre de
Cardinal , ce qui a eſté inviolablement obfervé par
lafuite dans toute l'Italie.
Avec le temps ces digni
tez ſe font rendues fort recommandables. Les Papes
qui ne choififfoient pour
Cardinaux que des perfonnes d'un merite diftingué,commencerent àavoir
une entiere confiance en
T iij
222 MERCURE
eux , ils les reveftirent des
principales charges & dignitez, ils leur donnerent
le premier rang dans tous
les tribunaux , & dans toutes les Congregations ; ils
leur mirent en mainles affaires les plus importantes ;
ils les firent leurs Confeillers d'Eftat , pour le temporel , & pour le fpirituel
de leur Royaume , ne reglerent prefque plus rien
que par leur avis , & par
leur confeil , de forte que
peu à peu ils font montez
au faifte de la gloire oùnous.
GALANT. 223
E
les voyons , & fe trouvent
aujourd'huy les premiers
du Clergé , faifant la meſmefigure dans l'Eſtat Ecclefiaftique que faiſoient
autrefois les Senateurs Romains dans l'ancienne
Rome.
pas
Mais ce qui releve infiniment l'éclat de ce haut
rang & leur donne le
au deffus des Evefques &
des Patriarches mefmes ,
c'eſt la puiffance qu'ils ont
dans l'Eglife durant le Siege vacant, le droit d'élire
le nouveau Pape , & l'a
T iiij
224 MERCURE
vantage d'eftre les feuls fur
qui tombe cette élection
les Confiftoires dont ils
font les membres , comme
le Pape en eft le chef.
Ces grandes prérogati
ves leur ont acquis le titre
de Princes de l'Eglife , &
en cette qualité ils prétendent aller de pair avec les
Teftes couronnées, &trouventpeu de Princes en Ita
lie qui leur veuillent difputer le pas ; auffi ont-ils des
marques exterieures qui
font connoiftre la gran
deur d'une dignité fi émi-
GALANT. 225
mente , les fouverains Pontifesont voulu qu'ils fuffent
veftus de pourpre , & principalement quand ils paroiffent en public.
Innocent IV. fut le premier qui leur donna le chapeau rouge au Concile de
Lyon en 1244. Boniface
VIII. permit aux Cardinaux feculiers de porter
l'habit rouge , quand les
Papes commencerent à ſe
veftir de blanc. Paul III.
leur accorda le Bonnet
rouge , & enfin Gregoire
XIV. permit aux Cardi-
226 MERCURE
nota
naux Religieux de le por
ter voulant neanmoins
qu'ils continuaffent tousjours à s'habiller de la couleur de leur Ordre
queles Clercs Reguliers ne
retiennent point la couleur
de l'Ordre quand ils font
faits Cardinaux , mais ils
prennent la pourpre commeles Cardinaux feculiers
Toutes ces differentes
couleurs ne font pas fans
raifon, &fans quelque forte de myftere : le Pape eft
veftu de blanc pour donner à entendre que fa vie
GALANT. 227
doit eftre plus pure & plus
nette que celle de tous les
autres Chreftiens , & qu'il
faudroit eftre fans tache &
fans deffaut, s'il le pouvoit,
pour s'affeoir dans la chaire
de faint Pierre.
La pourpre eft la couleur des Rois & des Empereurs , mais cette couleur a
efté donnée encore aux
Cardinaux pour les faire
reffouvenir qu'ils doivent
eftre tousjours preſts à repandre leur fang quand il
s'agit de fouftenir les interefts de la foy , c'eſt pour
118 MERCURE
cette raison qu'ils portent
l'habit rouge dans les jours
ordinaires qui eft la pourpre naturelle , & la veritable couleur du fang , an
lieu que dans les jours de
trifteffe ils prennent le violet qui eft une couleur de
pourpre plus lugubre &
plus obfcure , & qui imite
affez le fang livide d'un
homme accablé de maladies &dechagrins , & parce que durant deux jours
de l'année qui font le troifiéme Dimanche de l'Advent , & le quatriéme de
GALANT. 229
Carefme , l'Eglife mefle
un peu dejoye dans fa trif
teffe , comme ayant paffé
la moitié du temps de penitence , & fe voyant approcher des jours heureux
de la Naiffance , & de la
Refurrection du Sauveur,
alors les Cardinaux prennent une eftoffe de roſe feche , qui eft beaucoup plus
rouge que le violet , & qui
neanmoins eft plus fombre
que le rouge mefme.
Pour les Cardinaux Religieux ils ont retenu jufqu'aprefent la couleur de
230 MERCURE
leur Ordre fur leurs habits,
à l'exception des Clercs Reguliers , comme je l'ay dit
cy. devant , & les Papes ont
voulu faire connoiftre exterieurement par là l'eftime qu'ils ont tousjours faites de la hierarchie Regu
liere , voulant bien l'admettre avec la Seculiere
dans tous les honneurs du
Clergé , ils leur ont ſeulement accordé le Chapeau,
le Bonnet , & la Calotte
rouge, pour les diſtinguer
des autres Prélats.
Al'égard du nombredes
GALANT. 231
Cardinaux , il n'a pas tousjours efté le meſme , quelques uns prétendent qu'ils
n'eftoient que vingt- cinq
dans les premiers fiecles, &
que Rome eftant divifée en
vingt- cinq paroiffes , ils
en eftoient les Curez &
les Paſteurs ; maisfans aller
ficavant dans l'antiquité ,
contentons- nous des fiecles plus recens , nous trouverons qu'ils ont efté longtemps fixez à cinquantetrois , dont il y en avoir
fept d'Evefques, vingt huit
de Preftres , & dix - huit de
232 MERCURE
Diacres ; les Evefques eftoient les coadjuteurs du
Pape dans le Dioceſe de
Rome , & préfidoient fur
le Clergé , les vingt - huit
Preftres faifoient l'office de
Vicaires du Pape, & avoient
chacun une Eglife particuliere dans Rome où ils exerçoient toutes les fonctions parochiales , les dixhuit Diacres avoient auffi
chacun leur Eglife dans les
quatorze quartiers de la
Ville qui eftoit leur Diaconé particulier. Ce nombre.
fut fort alteré , & diminua
quand
GALANT. 233
quand les Papes ont negli
gé de pourvoir aux places
vacantes des titres, ou qu'ils
les ont donné en comman
de, & au contraire ileft de
beaucoup augmenté lorfqu'ils en ont créé de nouveaux.
Quand Nicolas III. fut
éleu Pape , il n'y avoit que
huit Cardinaux , & peu avant la mort d'Alexandre
IV. il ne s'en trouva que
quatre ; mais en revanche
fous le Pontificat de Pie IV.
on en a veu jufqu'à ſoixante & quatorze. Cette granFuin 1712.
V
234 MERCURE
de diverfité donna occa
fion à Sixte V. d'en fixer le
nombre à foixante & dix ,
en memoire des foixante &
dix Vieillards dont il eſt
parlé dans l'Ecriture , & il
ordonna qu'il y auroit fix
Evefques , cinquante Preftres , & quatorze Diacres ,
& ce nombre eft demeuré
jufques àprefent. Les Evef
ques ont chacun leur Eglife dans le détroit de Rome;
les Preftres ont leur titre
dans la Ville , & les Diacres.
yont leurs Diaconats.
La juriſdiction que les
GALANT. 235
Cardinaux Evefques ont
aujourd'huy dans leur
Eglife & dans la Ville
où elle eft fituée est une
veritable juriſdiction Epifcopale & ordinaire. Il y a
ce
cependant cette difference
que les fept Evefchez Cardinaux ( dont il y en a
deux de réunis ) ne requierent point de refiden-
& font compatibles
avec d'autres Evefchez.
Celles que les Cardinaux
Preftres, & les Cardinaux
Diacres ont dans leurs titres & dans leurs DiacoV ij
236 MERCURE
nats , fe peut direunejurifdiction prefqueEpifcopales
elle ne s'eftend que dans
l'enceinte de l'Eglife , & de
la Sacriftie. Ils y ont la
chaife Epiſcopale fous un
dais comme les Evefques.
Ils y beniffent folemnellement le peuple ; ils yont la
nomination des Benefices
quand ce font des Eglifes
Collegiales ; ils y vont le
Rochet découvert pour y
faire voir leur pouvoir , &
parmyces titres & ces Diaconats , il s'yrencontre des
Egliles Collegiales , des Par
GALANT. 237
roiffes , des Convents
d'Hommes , des Monafteres de Filles , des Hofpitaux , & de fimples Eglifes
de devotion.
Pourla forme de la crea
tion des Cardinaux , le Pa
pe en eft entierement le
maiftre, & quand il a refolu.
de faire une promotion , il
prend le jour d'un ConfiItoire ( n'ayant communiqué fon deffein à perfonne ) & aprés avoir donné
Audience aux Cardinaux ,
& avoir expedié toutes les
affaires pour lesquelles l'af
238 MERCURE
femblée confiftoriale eft
faite , fa Sainteté eftant fur
le point de fortir , tefmoigne aux Cardinaux qu'Elle
eft dans le deffein de leur
donner des Confreres , &
leur demande, fuivant l'ancien ufage , ce qui leur
femble. Le Doyen des Car
dinaux parle ordinairement pour tout le corps ,
& chacun approuve feparément le choix de fa Sainteté par quelque figne de
tefte , ou autrement , aprés
quoy le Pape les créé , &
les declare Cardinaux , &
GALANT 239
puis s'en va , laiffant fur un
fiege la lifte de leurs noms
qui fe publie à la fortie du
Confiftoire.
Les Cardinaux nouveaux
élûs , qui font pour lors à
Rome, vontfaire leur premiere vifite au Pape dés le
mefme jour , & eftant introduits les uns aprés les
autres par un maiſtre des
ceremonies , fa Sainteté
leur donne le Bonnet rouge qu'il leur met fur la teſte
eftant à genoux , & le maiftre des ceremonies luy
met le Camail violet fur
"
240 MERCURE
•
les épaules , puis ayant ofte
fon Bonnet il baife les
pieds de fa Sainteté puis.
fa main, aprés quoy le Pa
l'embraffe & le fait relever, ce qui fe fait à tous
les uns aprés les autres
aprés quoy on leur donne
de petits fieges , & le Pape
les reçoit à l'Audience affis
pe
& couverts.
L'Audience finie ils fe
retirent , & vont rendre
viſite au Cardinal Doyen ,
& puis s'en retournent
chez eux où ils demeurent,
& reçoivent les vifites incognito ,
GALANT. 241
cognito, jufqu'au Confiftoire
public dans lequel le Pape
leur donne le Chapeau ,
où il y a ordinairement une
celebre compagnie , le Pape veſtu pontificalement ,
& placé fur fon Throne ,
avec toute fa Cour , reçoit
les nouveaux Cardinaux
qui font conduits par un!
ancien , & aprés avoir bai
sé les pieds & la main du
Pape qui les embraſſe , ils
vont embraffer tous les
Cardinaux les uns aprés les
autres , puis retournant au
Throne ils reçoivent à ge
Juin 1712.
X
242 MERCURE
noux le Chapeau rouge des
mains du Pape , aprés quoy
oftant le Chapeau, & ayant
falué fa Sainteté , fe rangent parmy les autres Cardinaux. Sa Sainteté s'eftant
retirée , les Cardinaux anciens & nouveaux vont à
la Chapelle où on chante
le Te Deum , puis les Prieres finies , les nouveaux
Cardinaux fortent les premiers , & demeurent à la
porte de la Chapelle pour
remercier les anciens à mefurequ'ils paffent , puis s'en
retournent chacun chez
eux.
GALANT. 243
L'apréfdinée ils vont à
l'Eglife faint Pierre du Vatican , où aprés avoir adoréle faint Sacrement , vont
à la Confeffion de S. Pierre pour visiter les Corps
faints , aprés quoy font
leurs vifites le lendemain
& autres jours fuivants aux
anciens Cardinaux.
J
Dans un Confiftoire ſecret le Pape fait la ceremonie de leur fermer la
bouche , qui leur est ouverte dans un autre quelques
jours aprés. Ces deux ceremonies fe font à huis
X ij
244 MERGURE
clos , & ne font rien autre
chofe qu'un filence que fa
Sainteté leur impofe , qui
les rend hors d'eftat d'opiner dans les Confiftoires & Congregations , &
quand il leur declare enfuite qu'il leur ouvre la bouche, il les releve de ces empeſchemens , & diftribuë à
chacun defdits Cardinaux
un titre de Cardinal Pref
tre , ou de Cardinal Dia
cre , leur mettant au quatriéme doigt une bague
d'or pour marque du mariage qu'ils contractent
GALANT. 245
avec l'Eglife , puis vont
prendre poffeffion de l'Eglife dont ils ont le titre.
Pour les Cardinaux abfens le Pape leur envoye
la Calotte rouge dans l'endroit où ils font en Nonciature, ou dans le Royau
meoù ils ont leur refidence, & pour lors c'est le Roy
ou le Prince Souverain qui
la leur met fur la tefte , &
qui la reçoit du Camerier
que le Pape envoye pour
cet effet , comme il s'eft
veu plufieurs fois en France , lorfque le Roy l'a donX iij
246 MERCURE
née à plufieurs Nonces que
le Pape avoit fait Cardinauxpendant leur Nonciature , & à d'autres Cardinaux François , ce qui fe
fait ordinairement après la
Meſſe du Roy. Pour le
Chapeau Rouge & les autres ceremonies, ils ne peuvent les recevoir qu'ils ne
foyent à Rome, ne pouvant
recevoir le Chapeau Rouge que des mains du Pape,
& le titre qu'après les deux
ceremonies d'ouvrir & de
fermer la bouche , c'eſt ce'
qui fait qu'il y a quantité
GALANT. 247
de Cardinaux qui n'ont jamaisreceu le Chapeau rouge , eftant morts fans avoir
efte à Rome.
Voilà tout ce qui le peut
dire en abregé fur l'origine , l'antiquité & la maniere de créér les Cardinaux , je reſerve les ceremonies de leurs obfeques
lorſque Dieu en aura difposé de quelqu'un.
dignité de Cardinal.
LEPape a fait une pro-
&
motion de dix- huit Cardi
naux le 18. du mois de May,
il en a declaré onze
s'en eft refervé fept inpetto.
Onfera bien aife d'apprendre l'origine de cette dignité , qui eft à preſent la ſeconde de l'Eglife , le Pape
en eftant le chef.
Les Papes , à l'imitation
de faint Pierre & de fes
fucceffeurs , font tousjours
demeurez Evefques de RoJuin 1712.
T
218 MERCURE
me, quoyqu'ils fuffent eftablis de Dieu le chefdetous
les Chreftiens , cette ville
eftant le premier Eveſché
du monde, & le lieu particulier de leur refidence.
De là eft venu que ne
pouvant entrer eux - mefmes dans le détail du gouvernement de leur Dioceſe
pendant qu'ils avoient à
regler le fpirituel de toute
la terre,ils firent choix d'un
certain nombre d'Evef
ques , de Preftres , & de
Diacres, pour les foulager,
comme autant de Coadju
GALANT. 219
teurs , & de Vicaires.
Les premiers faifoient la
fonction d'Evefques dans
le détroit de Rome , à la
place du Pape , & avoient
chacun leur Eglife particuliere dans l'enceinte du
Dioceſe.
Les Preftres eftoient Titulaires des Paroiffes de la
ville , & prenoient la conduite des ames comme les.
Curez font aujourd'huy
& les Diacres avoient le
foin de quelques Eglifes ou
Chapelles de devotion qu'-
ils tenoient en Diaconies,
Tij
220 MERCURE
& devoient affifter le Pape
quand il officioit publiquement.
* Ces trois Ordres eurent
le nom de Cardinati ou Car
dinales , pour dire qu'ils eftoient les premiers & les
Chefs des autres , & que
c'eftoit fous leur conduite
que rouloient toutes les affaires du Dioceſe ; & parce que les Preftres & les
Diacres de quelques autres
villes prirent aufſi le meſme nom de Cardinaux
afin de fe diftinguer des autres Preftres, & des autres
GALANT. 221
Diacres qui leur eftoient inferieurs & foumis , les Papes ordonnerent qu'il n'y
auroit que ceux qu'ils avoient choifis , qui le pourroient honorer du titre de
Cardinal , ce qui a eſté inviolablement obfervé par
lafuite dans toute l'Italie.
Avec le temps ces digni
tez ſe font rendues fort recommandables. Les Papes
qui ne choififfoient pour
Cardinaux que des perfonnes d'un merite diftingué,commencerent àavoir
une entiere confiance en
T iij
222 MERCURE
eux , ils les reveftirent des
principales charges & dignitez, ils leur donnerent
le premier rang dans tous
les tribunaux , & dans toutes les Congregations ; ils
leur mirent en mainles affaires les plus importantes ;
ils les firent leurs Confeillers d'Eftat , pour le temporel , & pour le fpirituel
de leur Royaume , ne reglerent prefque plus rien
que par leur avis , & par
leur confeil , de forte que
peu à peu ils font montez
au faifte de la gloire oùnous.
GALANT. 223
E
les voyons , & fe trouvent
aujourd'huy les premiers
du Clergé , faifant la meſmefigure dans l'Eſtat Ecclefiaftique que faiſoient
autrefois les Senateurs Romains dans l'ancienne
Rome.
pas
Mais ce qui releve infiniment l'éclat de ce haut
rang & leur donne le
au deffus des Evefques &
des Patriarches mefmes ,
c'eſt la puiffance qu'ils ont
dans l'Eglife durant le Siege vacant, le droit d'élire
le nouveau Pape , & l'a
T iiij
224 MERCURE
vantage d'eftre les feuls fur
qui tombe cette élection
les Confiftoires dont ils
font les membres , comme
le Pape en eft le chef.
Ces grandes prérogati
ves leur ont acquis le titre
de Princes de l'Eglife , &
en cette qualité ils prétendent aller de pair avec les
Teftes couronnées, &trouventpeu de Princes en Ita
lie qui leur veuillent difputer le pas ; auffi ont-ils des
marques exterieures qui
font connoiftre la gran
deur d'une dignité fi émi-
GALANT. 225
mente , les fouverains Pontifesont voulu qu'ils fuffent
veftus de pourpre , & principalement quand ils paroiffent en public.
Innocent IV. fut le premier qui leur donna le chapeau rouge au Concile de
Lyon en 1244. Boniface
VIII. permit aux Cardinaux feculiers de porter
l'habit rouge , quand les
Papes commencerent à ſe
veftir de blanc. Paul III.
leur accorda le Bonnet
rouge , & enfin Gregoire
XIV. permit aux Cardi-
226 MERCURE
nota
naux Religieux de le por
ter voulant neanmoins
qu'ils continuaffent tousjours à s'habiller de la couleur de leur Ordre
queles Clercs Reguliers ne
retiennent point la couleur
de l'Ordre quand ils font
faits Cardinaux , mais ils
prennent la pourpre commeles Cardinaux feculiers
Toutes ces differentes
couleurs ne font pas fans
raifon, &fans quelque forte de myftere : le Pape eft
veftu de blanc pour donner à entendre que fa vie
GALANT. 227
doit eftre plus pure & plus
nette que celle de tous les
autres Chreftiens , & qu'il
faudroit eftre fans tache &
fans deffaut, s'il le pouvoit,
pour s'affeoir dans la chaire
de faint Pierre.
La pourpre eft la couleur des Rois & des Empereurs , mais cette couleur a
efté donnée encore aux
Cardinaux pour les faire
reffouvenir qu'ils doivent
eftre tousjours preſts à repandre leur fang quand il
s'agit de fouftenir les interefts de la foy , c'eſt pour
118 MERCURE
cette raison qu'ils portent
l'habit rouge dans les jours
ordinaires qui eft la pourpre naturelle , & la veritable couleur du fang , an
lieu que dans les jours de
trifteffe ils prennent le violet qui eft une couleur de
pourpre plus lugubre &
plus obfcure , & qui imite
affez le fang livide d'un
homme accablé de maladies &dechagrins , & parce que durant deux jours
de l'année qui font le troifiéme Dimanche de l'Advent , & le quatriéme de
GALANT. 229
Carefme , l'Eglife mefle
un peu dejoye dans fa trif
teffe , comme ayant paffé
la moitié du temps de penitence , & fe voyant approcher des jours heureux
de la Naiffance , & de la
Refurrection du Sauveur,
alors les Cardinaux prennent une eftoffe de roſe feche , qui eft beaucoup plus
rouge que le violet , & qui
neanmoins eft plus fombre
que le rouge mefme.
Pour les Cardinaux Religieux ils ont retenu jufqu'aprefent la couleur de
230 MERCURE
leur Ordre fur leurs habits,
à l'exception des Clercs Reguliers , comme je l'ay dit
cy. devant , & les Papes ont
voulu faire connoiftre exterieurement par là l'eftime qu'ils ont tousjours faites de la hierarchie Regu
liere , voulant bien l'admettre avec la Seculiere
dans tous les honneurs du
Clergé , ils leur ont ſeulement accordé le Chapeau,
le Bonnet , & la Calotte
rouge, pour les diſtinguer
des autres Prélats.
Al'égard du nombredes
GALANT. 231
Cardinaux , il n'a pas tousjours efté le meſme , quelques uns prétendent qu'ils
n'eftoient que vingt- cinq
dans les premiers fiecles, &
que Rome eftant divifée en
vingt- cinq paroiffes , ils
en eftoient les Curez &
les Paſteurs ; maisfans aller
ficavant dans l'antiquité ,
contentons- nous des fiecles plus recens , nous trouverons qu'ils ont efté longtemps fixez à cinquantetrois , dont il y en avoir
fept d'Evefques, vingt huit
de Preftres , & dix - huit de
232 MERCURE
Diacres ; les Evefques eftoient les coadjuteurs du
Pape dans le Dioceſe de
Rome , & préfidoient fur
le Clergé , les vingt - huit
Preftres faifoient l'office de
Vicaires du Pape, & avoient
chacun une Eglife particuliere dans Rome où ils exerçoient toutes les fonctions parochiales , les dixhuit Diacres avoient auffi
chacun leur Eglife dans les
quatorze quartiers de la
Ville qui eftoit leur Diaconé particulier. Ce nombre.
fut fort alteré , & diminua
quand
GALANT. 233
quand les Papes ont negli
gé de pourvoir aux places
vacantes des titres, ou qu'ils
les ont donné en comman
de, & au contraire ileft de
beaucoup augmenté lorfqu'ils en ont créé de nouveaux.
Quand Nicolas III. fut
éleu Pape , il n'y avoit que
huit Cardinaux , & peu avant la mort d'Alexandre
IV. il ne s'en trouva que
quatre ; mais en revanche
fous le Pontificat de Pie IV.
on en a veu jufqu'à ſoixante & quatorze. Cette granFuin 1712.
V
234 MERCURE
de diverfité donna occa
fion à Sixte V. d'en fixer le
nombre à foixante & dix ,
en memoire des foixante &
dix Vieillards dont il eſt
parlé dans l'Ecriture , & il
ordonna qu'il y auroit fix
Evefques , cinquante Preftres , & quatorze Diacres ,
& ce nombre eft demeuré
jufques àprefent. Les Evef
ques ont chacun leur Eglife dans le détroit de Rome;
les Preftres ont leur titre
dans la Ville , & les Diacres.
yont leurs Diaconats.
La juriſdiction que les
GALANT. 235
Cardinaux Evefques ont
aujourd'huy dans leur
Eglife & dans la Ville
où elle eft fituée est une
veritable juriſdiction Epifcopale & ordinaire. Il y a
ce
cependant cette difference
que les fept Evefchez Cardinaux ( dont il y en a
deux de réunis ) ne requierent point de refiden-
& font compatibles
avec d'autres Evefchez.
Celles que les Cardinaux
Preftres, & les Cardinaux
Diacres ont dans leurs titres & dans leurs DiacoV ij
236 MERCURE
nats , fe peut direunejurifdiction prefqueEpifcopales
elle ne s'eftend que dans
l'enceinte de l'Eglife , & de
la Sacriftie. Ils y ont la
chaife Epiſcopale fous un
dais comme les Evefques.
Ils y beniffent folemnellement le peuple ; ils yont la
nomination des Benefices
quand ce font des Eglifes
Collegiales ; ils y vont le
Rochet découvert pour y
faire voir leur pouvoir , &
parmyces titres & ces Diaconats , il s'yrencontre des
Egliles Collegiales , des Par
GALANT. 237
roiffes , des Convents
d'Hommes , des Monafteres de Filles , des Hofpitaux , & de fimples Eglifes
de devotion.
Pourla forme de la crea
tion des Cardinaux , le Pa
pe en eft entierement le
maiftre, & quand il a refolu.
de faire une promotion , il
prend le jour d'un ConfiItoire ( n'ayant communiqué fon deffein à perfonne ) & aprés avoir donné
Audience aux Cardinaux ,
& avoir expedié toutes les
affaires pour lesquelles l'af
238 MERCURE
femblée confiftoriale eft
faite , fa Sainteté eftant fur
le point de fortir , tefmoigne aux Cardinaux qu'Elle
eft dans le deffein de leur
donner des Confreres , &
leur demande, fuivant l'ancien ufage , ce qui leur
femble. Le Doyen des Car
dinaux parle ordinairement pour tout le corps ,
& chacun approuve feparément le choix de fa Sainteté par quelque figne de
tefte , ou autrement , aprés
quoy le Pape les créé , &
les declare Cardinaux , &
GALANT 239
puis s'en va , laiffant fur un
fiege la lifte de leurs noms
qui fe publie à la fortie du
Confiftoire.
Les Cardinaux nouveaux
élûs , qui font pour lors à
Rome, vontfaire leur premiere vifite au Pape dés le
mefme jour , & eftant introduits les uns aprés les
autres par un maiſtre des
ceremonies , fa Sainteté
leur donne le Bonnet rouge qu'il leur met fur la teſte
eftant à genoux , & le maiftre des ceremonies luy
met le Camail violet fur
"
240 MERCURE
•
les épaules , puis ayant ofte
fon Bonnet il baife les
pieds de fa Sainteté puis.
fa main, aprés quoy le Pa
l'embraffe & le fait relever, ce qui fe fait à tous
les uns aprés les autres
aprés quoy on leur donne
de petits fieges , & le Pape
les reçoit à l'Audience affis
pe
& couverts.
L'Audience finie ils fe
retirent , & vont rendre
viſite au Cardinal Doyen ,
& puis s'en retournent
chez eux où ils demeurent,
& reçoivent les vifites incognito ,
GALANT. 241
cognito, jufqu'au Confiftoire
public dans lequel le Pape
leur donne le Chapeau ,
où il y a ordinairement une
celebre compagnie , le Pape veſtu pontificalement ,
& placé fur fon Throne ,
avec toute fa Cour , reçoit
les nouveaux Cardinaux
qui font conduits par un!
ancien , & aprés avoir bai
sé les pieds & la main du
Pape qui les embraſſe , ils
vont embraffer tous les
Cardinaux les uns aprés les
autres , puis retournant au
Throne ils reçoivent à ge
Juin 1712.
X
242 MERCURE
noux le Chapeau rouge des
mains du Pape , aprés quoy
oftant le Chapeau, & ayant
falué fa Sainteté , fe rangent parmy les autres Cardinaux. Sa Sainteté s'eftant
retirée , les Cardinaux anciens & nouveaux vont à
la Chapelle où on chante
le Te Deum , puis les Prieres finies , les nouveaux
Cardinaux fortent les premiers , & demeurent à la
porte de la Chapelle pour
remercier les anciens à mefurequ'ils paffent , puis s'en
retournent chacun chez
eux.
GALANT. 243
L'apréfdinée ils vont à
l'Eglife faint Pierre du Vatican , où aprés avoir adoréle faint Sacrement , vont
à la Confeffion de S. Pierre pour visiter les Corps
faints , aprés quoy font
leurs vifites le lendemain
& autres jours fuivants aux
anciens Cardinaux.
J
Dans un Confiftoire ſecret le Pape fait la ceremonie de leur fermer la
bouche , qui leur est ouverte dans un autre quelques
jours aprés. Ces deux ceremonies fe font à huis
X ij
244 MERGURE
clos , & ne font rien autre
chofe qu'un filence que fa
Sainteté leur impofe , qui
les rend hors d'eftat d'opiner dans les Confiftoires & Congregations , &
quand il leur declare enfuite qu'il leur ouvre la bouche, il les releve de ces empeſchemens , & diftribuë à
chacun defdits Cardinaux
un titre de Cardinal Pref
tre , ou de Cardinal Dia
cre , leur mettant au quatriéme doigt une bague
d'or pour marque du mariage qu'ils contractent
GALANT. 245
avec l'Eglife , puis vont
prendre poffeffion de l'Eglife dont ils ont le titre.
Pour les Cardinaux abfens le Pape leur envoye
la Calotte rouge dans l'endroit où ils font en Nonciature, ou dans le Royau
meoù ils ont leur refidence, & pour lors c'est le Roy
ou le Prince Souverain qui
la leur met fur la tefte , &
qui la reçoit du Camerier
que le Pape envoye pour
cet effet , comme il s'eft
veu plufieurs fois en France , lorfque le Roy l'a donX iij
246 MERCURE
née à plufieurs Nonces que
le Pape avoit fait Cardinauxpendant leur Nonciature , & à d'autres Cardinaux François , ce qui fe
fait ordinairement après la
Meſſe du Roy. Pour le
Chapeau Rouge & les autres ceremonies, ils ne peuvent les recevoir qu'ils ne
foyent à Rome, ne pouvant
recevoir le Chapeau Rouge que des mains du Pape,
& le titre qu'après les deux
ceremonies d'ouvrir & de
fermer la bouche , c'eſt ce'
qui fait qu'il y a quantité
GALANT. 247
de Cardinaux qui n'ont jamaisreceu le Chapeau rouge , eftant morts fans avoir
efte à Rome.
Voilà tout ce qui le peut
dire en abregé fur l'origine , l'antiquité & la maniere de créér les Cardinaux , je reſerve les ceremonies de leurs obfeques
lorſque Dieu en aura difposé de quelqu'un.
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Résumé : Discours sur l'origine & la dignité de Cardinal.
Le texte traite de la dignité et de l'origine des cardinaux dans l'Église catholique. Le 18 mai, le pape a promu dix-huit cardinaux, en déclarant onze et en réservant sept in petto. La dignité cardinalice est la seconde dans l'Église, après celle du pape. Les papes, imitant saint Pierre, résident à Rome, premier évêché du monde. Ne pouvant gérer seuls leur diocèse tout en régissant l'Église universelle, ils ont choisi des évêques, prêtres et diacres pour les assister. Ces trois ordres, appelés cardinaux, étaient chargés des affaires du diocèse et se distinguaient par leurs fonctions spécifiques : les évêques représentaient le pape dans le diocèse, les prêtres dirigeaient les paroisses, et les diacres assistaient le pape lors des offices publics. Avec le temps, les cardinaux ont acquis des prérogatives importantes, devenant conseillers du pape et participant aux affaires temporelles et spirituelles. Ils ont le droit d'élire le nouveau pape et de gouverner l'Église durant le siège vacant, ce qui leur vaut le titre de princes de l'Église. Leur habillement, notamment la pourpre, symbolise leur rôle et leur dévouement. Le nombre de cardinaux a varié au fil des siècles, mais il est actuellement fixé à soixante-dix, répartis en évêques, prêtres et diacres. La création des cardinaux est un processus cérémoniel dirigé par le pape, incluant des visites et des audiences spécifiques. Pour les cardinaux absents, le pape envoie la calotte rouge, qui est ensuite placée sur leur tête par le roi ou le prince souverain dans le pays où ils résident. Cette cérémonie a eu lieu plusieurs fois en France, souvent après la messe du roi. Le chapeau rouge et les autres cérémonies ne peuvent être reçus qu'à Rome, directement des mains du pape. De plus, le titre de cardinal est conféré après deux cérémonies spécifiques : l'ouverture et la fermeture de la bouche. En conséquence, de nombreux cardinaux n'ont jamais reçu le chapeau rouge s'ils sont décédés avant de se rendre à Rome.
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602
p. 18-23
ADDRESSE de remerciment des Aldermans, & du commun Conseil de la Ville de Londres, à la Reine de la Grande Bretagne.
Début :
Madame, C'est avec la reconnoissance & l'obeïssance la plus [...]
Mots clefs :
Remerciements, Londres, Reine, Reconnaissance, Adresse
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texteReconnaissance textuelle : ADDRESSE de remerciment des Aldermans, & du commun Conseil de la Ville de Londres, à la Reine de la Grande Bretagne.
ADDRESSE
de remerciment des Aldermans, & du commun Con
feil de la Ville de Londres
à la Reine de la Grande
Bretagne.
MADAME,
C'eft avec la reconnoift
fance & l'obeïffance la plus
fincere , que nous ofons ap
procher Voſtre Majefté ,
pour la remercier tres
&
1
GALANT. 19
humblement & de tout noftre cœur de la grande
confiance que vous avez
eu la bonté de prendre en
vos fujets , en leur communiquant les conditions fur
lefquelles on peut faire la
paix.
Le fentiment plein de
reconnoiffance qu'ils ont
pour les tendres foins de
Voftre Majefté, en ſe propofant principalement &
pourſuivant fans relaſche
le veritable intereſt de Vos
Royaumes, imprimera encore plus fortement dans
Bij
20 MERCURE
leurs cœurs , le zele qu'ils
ont tousjours fait paroiftre
pour la Perfonne & pour le
Gouvernement de Voftre
Majeſté , & les portera à
rechercher toutes les occa
fions de luy donner des
marques de leur fidelité &
de leur obeiffance.
Comme il n'y a rien que
Voftre Majefté prenne plus
à cœur , que d'affeurer la
Religion Proteftante , ainfi
qu'elle eſt eſtablie par les
Loix,dans la Maifon d'Hanover , auffi rien ne peut
eftre plus agreable à vos
GALANT.
fujets , que de voir qu'on
prendun foin tout particu
hier de la faire reconnoiſtre
dans les termes les plus
forts.
Pour nous , les habitants
de Londres , nous ferions
entierement fans égards
pour noftre intereft , & ne.
gligerions de faire noftre
devoir , fi nous ne marquions d'une maniere para
ticuliere noftre reconnoif
fance , pour l'avantage ine
ftimable que nous & noftre
Pofterité pouvons efperer
de tirer du ſoin diftingué
22 MERCURE
que Voftre
Majesté
a pris
du commerce
de la Grande Bretagne
, en affeurant
noftre
négoce
dans les lieux
où il a cfté troublé
, en le
reftabliffant
où il a efté
perdu
, & en l'eſtendant
jufques à des climats où il
n'eftoit pas encore par
venu.
Puiffe Voſtre Majelté a
chever promptement ce
bon ouvrage , que Voftre
grande fageffe a fi fort
avancé,nonobftant les machinations artificieufes &
les efforts envieux d'un
GALANT. 23
Parti factieux & malicieux ,
& puiffiez vous vivre longtemps , pour recueillir les
fruits heureux d'une Paix
feure & honorable.
de remerciment des Aldermans, & du commun Con
feil de la Ville de Londres
à la Reine de la Grande
Bretagne.
MADAME,
C'eft avec la reconnoift
fance & l'obeïffance la plus
fincere , que nous ofons ap
procher Voſtre Majefté ,
pour la remercier tres
&
1
GALANT. 19
humblement & de tout noftre cœur de la grande
confiance que vous avez
eu la bonté de prendre en
vos fujets , en leur communiquant les conditions fur
lefquelles on peut faire la
paix.
Le fentiment plein de
reconnoiffance qu'ils ont
pour les tendres foins de
Voftre Majefté, en ſe propofant principalement &
pourſuivant fans relaſche
le veritable intereſt de Vos
Royaumes, imprimera encore plus fortement dans
Bij
20 MERCURE
leurs cœurs , le zele qu'ils
ont tousjours fait paroiftre
pour la Perfonne & pour le
Gouvernement de Voftre
Majeſté , & les portera à
rechercher toutes les occa
fions de luy donner des
marques de leur fidelité &
de leur obeiffance.
Comme il n'y a rien que
Voftre Majefté prenne plus
à cœur , que d'affeurer la
Religion Proteftante , ainfi
qu'elle eſt eſtablie par les
Loix,dans la Maifon d'Hanover , auffi rien ne peut
eftre plus agreable à vos
GALANT.
fujets , que de voir qu'on
prendun foin tout particu
hier de la faire reconnoiſtre
dans les termes les plus
forts.
Pour nous , les habitants
de Londres , nous ferions
entierement fans égards
pour noftre intereft , & ne.
gligerions de faire noftre
devoir , fi nous ne marquions d'une maniere para
ticuliere noftre reconnoif
fance , pour l'avantage ine
ftimable que nous & noftre
Pofterité pouvons efperer
de tirer du ſoin diftingué
22 MERCURE
que Voftre
Majesté
a pris
du commerce
de la Grande Bretagne
, en affeurant
noftre
négoce
dans les lieux
où il a cfté troublé
, en le
reftabliffant
où il a efté
perdu
, & en l'eſtendant
jufques à des climats où il
n'eftoit pas encore par
venu.
Puiffe Voſtre Majelté a
chever promptement ce
bon ouvrage , que Voftre
grande fageffe a fi fort
avancé,nonobftant les machinations artificieufes &
les efforts envieux d'un
GALANT. 23
Parti factieux & malicieux ,
& puiffiez vous vivre longtemps , pour recueillir les
fruits heureux d'une Paix
feure & honorable.
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Résumé : ADDRESSE de remerciment des Aldermans, & du commun Conseil de la Ville de Londres, à la Reine de la Grande Bretagne.
Les Aldermen et le commun conseil de la Ville de Londres adressent un remerciement à la Reine de Grande-Bretagne pour la confiance accordée en communiquant les conditions de paix. Ils expriment leur fidélité et leur zèle envers la Reine et son gouvernement, motivés par les soins qu'elle porte à ses royaumes. La Reine est particulièrement attachée à assurer la Religion Protestante, établie par les lois de la Maison d'Hanover, ce qui est apprécié par ses sujets. Les habitants de Londres affirment leur soutien à la Reine, indépendamment de leurs intérêts personnels, reconnaissants pour les avantages futurs tirés de ses soins pour le commerce de la Grande-Bretagne. La Reine a assuré et restauré le commerce dans les lieux troublés et l'a étendu à de nouveaux climats. L'adresse souhaite que la Reine achève promptement cette œuvre malgré les obstacles et qu'elle vive longtemps pour jouir des fruits d'une paix sûre et honorable.
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603
p. 23-24
Response de Sa Majesté.
Début :
Cette Adresse m'est tres agreable, & je vous en [...]
Mots clefs :
Réponse, Reine, Religion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Response de Sa Majesté.
Refponfe de Sa Majesté.
Cette Addreffe m'eft
tres agreable, & je vous en
remercie.
Mon but a efté d'affeuver noftre Religion , la Succeffion Proteftante & vos
libertez, de pourvoir à la
feureté de mes Alliez , de
foulager mes propres ſujets
du pelant fardeau qu'ils
2$4 MERCURE
noftre
fupportent , & d'augmen
ter & eftendre
Commerce , & j'efpere que
Dous obtiendrons tous ces
avantages , avec la benediction de Dieufur les prefentes Negociations de
Paix
Cette Addreffe m'eft
tres agreable, & je vous en
remercie.
Mon but a efté d'affeuver noftre Religion , la Succeffion Proteftante & vos
libertez, de pourvoir à la
feureté de mes Alliez , de
foulager mes propres ſujets
du pelant fardeau qu'ils
2$4 MERCURE
noftre
fupportent , & d'augmen
ter & eftendre
Commerce , & j'efpere que
Dous obtiendrons tous ces
avantages , avec la benediction de Dieufur les prefentes Negociations de
Paix
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604
p. 49-51
Adresse de la Chambre des Communes à la Reine.
Début :
Trés-gracieuse Reine, Nous les trés-humbles & obeïssans sujets [...]
Mots clefs :
Paix, Londres, Chambre des communes, Reine, Parlement
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texteReconnaissance textuelle : Adresse de la Chambre des Communes à la Reine.
Nouvelles de Londres.
Adreffe de la Chambre des
Communes à la Reine.
Trés gracieule Reine ,
Nous les trés- humbles
& obeïffans fujets de Vôtre
Majefté , les Communes de
la Grande Bretagne aſſemblées en Parlement , demandons permiſſion de reconnoître trés - humblement la grande condefcendance de V. M. à nous communiquer les conditions
Fuillet 1712.
•
E
50 MERCURE
fur lefquelles une paix generale peut être faite.
Nos cœurs font pleins de
gratitude pource que V. M.
a déja fait , & les paroles
nous manquent pour exprimer la fatisfaction avec laquelle nous avons reçû tout
ce dont il a plû à V. M. de
faire part à vos Communes,
Nous avons une entiere
confiance en V. M. qu'Elle
pourſuivra constamment le
veritable interêt de vos propres Royaumes , & qu'Elle
tâchera de procurer à tous
les alliez ce qui leur eſt dû
GALANT.
par les traitez , & qui eft nepour leur fûreté:
aire
Ces affurances font le
moindre retour de vos fidelles Communes , pour
tant de condeſcendance &
de bonté ; & Elles fupplient
trés - humblement V. M.
qu'il lui plaiſe de proceder
dans la prefente negocia
tion , pour obtenir une
prompte paix.
Adreffe de la Chambre des
Communes à la Reine.
Trés gracieule Reine ,
Nous les trés- humbles
& obeïffans fujets de Vôtre
Majefté , les Communes de
la Grande Bretagne aſſemblées en Parlement , demandons permiſſion de reconnoître trés - humblement la grande condefcendance de V. M. à nous communiquer les conditions
Fuillet 1712.
•
E
50 MERCURE
fur lefquelles une paix generale peut être faite.
Nos cœurs font pleins de
gratitude pource que V. M.
a déja fait , & les paroles
nous manquent pour exprimer la fatisfaction avec laquelle nous avons reçû tout
ce dont il a plû à V. M. de
faire part à vos Communes,
Nous avons une entiere
confiance en V. M. qu'Elle
pourſuivra constamment le
veritable interêt de vos propres Royaumes , & qu'Elle
tâchera de procurer à tous
les alliez ce qui leur eſt dû
GALANT.
par les traitez , & qui eft nepour leur fûreté:
aire
Ces affurances font le
moindre retour de vos fidelles Communes , pour
tant de condeſcendance &
de bonté ; & Elles fupplient
trés - humblement V. M.
qu'il lui plaiſe de proceder
dans la prefente negocia
tion , pour obtenir une
prompte paix.
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Résumé : Adresse de la Chambre des Communes à la Reine.
En 1712, la Chambre des Communes adresse une lettre à la Reine pour exprimer sa gratitude concernant la communication des conditions d'une paix générale. Les Communes manifestent leur entière confiance en la Reine pour défendre les intérêts des royaumes et garantir la sécurité des alliés conformément aux traités. Elles supplient humblement la Reine de poursuivre les négociations afin d'obtenir une paix rapide.
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605
p. 73-98
DISCOURS préliminaire sur la lumiere.
Début :
Quoyque ce discours ne soit pas une piece complette, ny [...]
Mots clefs :
Miroirs, Lumière, Yeux, Esprit, Animaux, Objets, Obscurité, Cerveau, Matière, Corps lumineux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS préliminaire sur la lumiere.
DISCO U R S
préliminaire fur la
lumiere.
QUoyque ce difcours ne
foit pas une piece com-.
plette , nyabfolument nouvelle , on n'a pas cru cependant devoir la laiffer
dans l'oubli non feulement parce qu'on y expli
que unfyfteme de la lumiere qui commence à avoir
de la vogue , mais encore
parce que la fuite va paFuillet 17120 G
74 MERCURE
roiftre inceffamment dans
un troifiéme volume des
effais & recherches de Mathematique & de Phyſique.
Premierement pour ce qui
regarde la nature de la lumiere , il n'eft rien aujour
d'huy de plus univerfellement reconnu que l'erreur des anciens Philofophes. Car fi on dit avec
quelques- uns que c'est une
qualité fenfible , fans expliquer quelle eft la nature & l'origine de cette qualité , il est évident que par
cette reſponſe , on ne nous
1
GALANT. 75
rend pas plus fçavans de
rien ; puifqu'il faudroit eftre aveugle pour ne fçavoir
pas que la lumiere eft fenfible & ennemi de la
clarté ,
ſe contenter , pour
des termes de qualitez occultes. Si on prétend avec
quelques autres que la lumiere n'eft autre chofe qu'-
une émanation d'efprits
animaux , qui fortant de
nos yeux , vont parcourir ,
& pour ainsi dire , vifiter
tous les objets qui font au
devant de nous pour en faire enfuite un fidelle rapGij
78 MERCURE
port à l'ame. Dans quelle
obfcurité ne tombe-t - on
pas, de prétendre qu'il puft
fortir d'un reſervoir aufli
borné , que l'eft celuy du
cerveau d'un animal , affez
de particules de matiere
pour s'eftendre non feulement à tous les corps qui
font autour de nous , dans
une diſtance de huit ou dix
lieuës à la ronde , mais
mefme jufques à la Lune ,
au Soleil , &juſques au Firmament , & de vouloir que
la viteffe de ces efprits ſoit
affez grande , pour parcou
1
GALANT. - 77
rir de tels efpaces deux fois
dans un clin d'œil , c'eſt àdire , dans un inftant fenfible ? Mais quand mefme
on leur accorderoit ces
deux paradoxes , quelle eft
la connoiffance de ces particules de matiere , pour
examiner les figures des
objets; & quelle eft leur memoire , pour retrouver les
yeux d'où elles font forties,
& pour en faire un fidelle
rapport à l'ame ? Pourquoy
ces meffageres ne nous
rendent - elles compte que
de la partie des corps qui
G iij
78 MERCURE
nous regarde , & non pas
auffi de celle qui eft derriere ces mefmes corps ?
Pourquoy ces efprits lumineux ne peuvent ils pas
faire leur effet , auffi bien
tandis que le Soleil & la
Lune font fous l'horizon ,
que lorsqu'ils font deffous ?
Eft - ce qu'ils ont quelque
fecrette fympathie avec ces
deux aftres , pluftoft qu'avec une infinité d'autres ,
dont le Ciel paroiſt parſemé pendant la nuit ? Ontils quelque antipathie pour
les ombres des corps, pour
GALANT. 79
ne s'y porter jamais qu'en
petite quantité, & avec peu
de force , quoyque d'ail .
leurs nos yeux foient expofez à la lumiere."
Enfiu posé que nos of
prits animaux fuffent en
affez grande quantité , qu'-
ils euffent toute la viteffe
neceffaire , & toutes les
connoiffances , & la memoire requifes , pour une
vifion parfaire , ce feroit
encore une preuve tres- infuffifante pour nous convaincre qu'ils font ce qu'on
doit entendre par la lumieG iiij
80 MERCURE
re naturelle. Car l'experience journaliere nous oblige toujours d'avouer qu'il
fort des corps lumineux
quelque chofe qui eft ca
pable de produire des effets
qu'on ne peut attribuer
qu'à des corpufcules , tels
que font ceux d'echauffer
de brufler , de fondre , &
de vitrifier toutesfortes de
corps , mefme l'or & les
diamants ; & d'où il n'eft
pas impoffible au contraire
de deduire tous ceux que
ces anciens Philofophes
attribuoient aux efprits lu-
GALANT.
81*
mineux des animaux , ou à
des qualitez encore plus.
occultes , comme vous allez le voir maintenant.
Bien loin donc , de tirer
de nos foibles yeux la lumiere mefme qui doit les
éclairer , & de nous rendre
avec les Anciens par ce
procedé fufpects en quel
que façon d'arrogance
nous irons chercher fonorigine dans les corps mefmes.
qu'on appellelumineux, tels.
que le Soleil , la Lune , lés
Etoilles , une chandelle &
autres de mefme nature..
1 82 MERCURE
,. que
Et nous fommes portez à
prendre ce parti avec d'autant plus de raiſon
nous avons par l'experience journaliere, que plus
il y a de corps lumineux.
dans un mefme lieu , &
plus ils font vifs ou ardents;
plus nos yeuxenfont éclairez ; & tout au contraire à
mefure qu'on diminuë le
nombre & la force des
corps lumineux , la vifion
s'affoiblit. On a une preuve inconteſtable de cette
émanation de lumiere des
corps lumineux dans les
1
>:
GALANT. 83
miroirs ardents , qui eſtant
expofez directement à des
corps lumineux , raffemblent leur lumiere , & la
répandent en abondance
fur les objets qu'on veut
éclairer fortement. Mais
ce qui mefemble détruire
entre autres chofes, le ſyſtefmedes efprits lumineux des
Anciens, c'eft qu'on nelaiffe
pas quelquefois de voir fort
clair , quoyque le corps lumineux foit abfent, comme
il arrive pendant le temps.
de l'aurore & du crepufcule , c'est- à-dire, par l'efpace
84 MERCURE
de près de deux heures le
matin , & le foir dans les
longs jours d'Efté de ces
contrées; à moins qu'on ne
vouluſt dire que ces efprits
lumineux n'ont pas befoin .
alors abfolument du Soleil pour nous faire voir
clair ; mais la refponfe eft
aisée , car pourquoy cette
prétendue dépendance des
efprits animaux à l'égard
des corps lumineux n'auroit - elle lieu que pendant
le jour , & cefferoit- elle au
lever de l'aurore, ou au cou--
cher. du Soleil.
GALANT. 85
On nene peut cependant , fe difpenfer ablolument d'avouër icy en faveur des anciens partiſans
des efprits lumineux , qu'il
y a des yeux de certains
animauxd'où ilfemblefortir quelque chofe de fort
femblable à de la lumiere.
car outre que nous enfommes témoins en quelque
façon par nous - mefmes ,
quand nous regardons la
Ruit les yeux de quelque
animal nocturne comme
ceux des lapins, des hiboux,
& autres , principalement
86 MERCURE
fi ces animaux font carnaciers , tels les loups , les
renads , les tigres. Il paroift d'abord fort difficile.
d'expliquer fans le ſecours
de ces efprits , comment.
ces animaux pourroient
courirpendant la plus fombre nuit , avec autant de
rapidité qu'ils font , ſoit
pour le fauver
chaffer leur proye au travers des bleds , des vignes,
des bois , & des broufailles,
ou pour s'affembler , &
comment tant d'autres
ou pour
pourroient paſſer la moitié
GALAN . 87
de leur vie , enfermez dans
des terriers , ou tanieres, ou
dans des caves tres obfcures. D'un autre cofté il
femble qu'on peut tresbien douter auffi qu'il forte aucune telle lumiere des
yeux de ces animaux lorfque tout corps lumineux
eft abſent , comme chacun
peut s'en convaincre par
experience , & comme je
l'ay experimenté plufieurs
fois fur les chats , quoyqu'on foit affez communement perfuadé du contraire.
88. MERGURE
Mais après tout cette
prétenduë lumiere , quand
mefme elle viendroit de
ces animaux , eft tres- rare ;
& on ne peut pas meſme
dire qu'elle leur ſerve de
quelque chofe pendant le
jour, puifqu'elle difparoift
alors à nos yeux. A combien plus forte raifon donc
doit- on conclure que la lumiere qui nous éclaire
dant le jour ou la nuit , ne
vient pas de nos yeux, puifque dans quelque occafion que ce foit , on n'en
voit rien fortir de pareil.
penDe
GALANT. 89
De plus , il eft certain
que la lumiere qu'on raf
femble avecles miroirs ardents expofez directement
aux corps lumineux , agit
fur les corps , comme on
l'a dit cy- deffus , & comme on le peut voir au mo
yen du grand miroir de
métal qui eft à l'Obfervatoire , & d'un autre de verre
qui eft au Palais Royal,
avec lesquels onfond , on
vitrifie , & on calcine en
tres peu de temps toutes
fortes de corps , fans qu'il
foit neceffaire de recourir
Fuillet 17120 H
90 MERCURE
aux hiftoires fabuleuſes ,
qui pour relever l'excellen
ce des inventions d'Archimede nous racontent qu'il
brufloit du haut des murs.
de Siracufe , les vaiffeaux
des Romains qui la tenoient affiegée ; il faut
donc eftablir pour principe , que la lumiere eſt un
corps materiel comme les
corps mefmes , fur lesquels
elle agit , avec cette difference cependant , que fa
fubtilité , fa viteffe , & fa
fluidité , font prefque inconcevables , & qu'elle
émanedu corps lumineux ,
GALANT. 91
& non pas de nos yeux.
Quant à la fubtilité de
la lumiere , il faut qu'elle
foit extrême pour penetrer
en auffi peu de temps les
corps les plus durs & les
plus ferrez , comme les cryftaux, les diamants , & pref
que toutes les autres pierres précieuſes , fans parler
des nœuds des bois réfineux qu'elle penetre quelquefois juſqu'à l'épaiſſeur
de plus d'un pouce. Les
corps fluides ne font pas
plus à l'épreuve de ſa ſubtilité , que ceux dont on
Hij
94´ MERCURE
vient de parler ; & on peut
dire mefme queles yeuxde
la plufpart des poiffons leur
feroient prefque inutiles ,
s'ils ne pouvoient s'en ſervir que vers la fuperficie ·
de l'eau , & non pas au fond
des abysmes de la mer, où:
ils trouvent leur nourritu
re. Car il eft prefque inoui ,
qu'on ait apperceu aucune
lumiere fortir des yeux des
poiffons , ou des monstres
marins , quoyque pendant
la nuit les écailles de plufieurs en répandent en
abondance.
A l'égard de la viteffe
GALANT. 93 .
de la lumiere elle n'eft pas
moins prodigieufe que fa
fubtilité ,
puifqu'elle parcourt dans un temps fort
petit comme de deux heures environ des efpaces immenfes , tels que celuy qui
eft entre Saturne , c'est- àdire , entre la plus haute
Planette & la terre ; deforte qu'il n'y a aucune viteſſe
fenfible fur la terre , foit
d'une fleche ou d'un boulet de canon, qui ne foit à
l'égard de celle de la lu
miere moindre , que celled'une tortue ou d'un lima,
*
94 MERCURE
çon à l'égard de celles là.
On peut s'en convaincre
en confiderant de combien
la lumiere de la flamme
d'un canon précede le coup
fon boulet donné à une demielieuë du canon. Enfin
que la lumiere foit uncorps
tres fluide , perfonne n'en
doit douter , puifqu'elle
n'empefche aucunement
les divers mouvemens des
corps qui fe trouvent entre l'œil & le corps lumineux.
La nature de la lumiere
eſtant donc ainſi eſtablie ,
GALANT. 95
fçavoir qu'elle eft un corps
fluide , tres- rapide , &tresfubril , & eftant certain
aufli qu'elle dérive des
corps qu'on appelle lumineux , comme on l'a prouvécy- devant , il nous refte
d'expliquer de quelle maniere elle eft contenue
dans le corps lumineux ,
comment elle en découle
dans nos yeux , & enfin
comment nous appercevons parfon moyen tout ce
qui compofe ce qu'on appelle le monde. vifible.
Pour vous faire connoif
96 MERCURE
tre de quelle maniere elle eft contenue dans le
>
corps lumineux-, j'eſtabli
ray pour principe que le
corps lumineux , ou du
moins fa fuperficie , n'eſt
autre chofe qu'un amas de
matiere fort fubtile , forts
agitée , & tres fluide , lequel eft environné d'air ,
ou de quelque autre matiere fluide plus groffiere ,
qui le preffant de tous coftez lui fait prendre la figure
ronde fous laquelle il nous
paroift.Jefuppoferay encore que l'air que nous refpirons ,
GALANT. 97
rons , auffi bien que la
region aërée qui s'étend tout
autour de la terre à l'infini ,
font remplis de la matiere
que j'ay dit eftre la lumiere , laquelle lumiere doit
eftre differente de celle qui
compofe le corps lumineux , puiſqu'il a des bornes , & que celle - cy n'en
a point. Cecy eſtant ſupposé , voicy comme j'explique de quelle maniere
elle eft contenue dans le
corps lumineux.
Ce difcours s'eft trouvé
Juillet 1712.
I
98 MERCURE
trop long , pour le mettre
dans un feul Mercure , on
la partagé en deux , & l'on
donnera le refte le mois
prochain.
préliminaire fur la
lumiere.
QUoyque ce difcours ne
foit pas une piece com-.
plette , nyabfolument nouvelle , on n'a pas cru cependant devoir la laiffer
dans l'oubli non feulement parce qu'on y expli
que unfyfteme de la lumiere qui commence à avoir
de la vogue , mais encore
parce que la fuite va paFuillet 17120 G
74 MERCURE
roiftre inceffamment dans
un troifiéme volume des
effais & recherches de Mathematique & de Phyſique.
Premierement pour ce qui
regarde la nature de la lumiere , il n'eft rien aujour
d'huy de plus univerfellement reconnu que l'erreur des anciens Philofophes. Car fi on dit avec
quelques- uns que c'est une
qualité fenfible , fans expliquer quelle eft la nature & l'origine de cette qualité , il est évident que par
cette reſponſe , on ne nous
1
GALANT. 75
rend pas plus fçavans de
rien ; puifqu'il faudroit eftre aveugle pour ne fçavoir
pas que la lumiere eft fenfible & ennemi de la
clarté ,
ſe contenter , pour
des termes de qualitez occultes. Si on prétend avec
quelques autres que la lumiere n'eft autre chofe qu'-
une émanation d'efprits
animaux , qui fortant de
nos yeux , vont parcourir ,
& pour ainsi dire , vifiter
tous les objets qui font au
devant de nous pour en faire enfuite un fidelle rapGij
78 MERCURE
port à l'ame. Dans quelle
obfcurité ne tombe-t - on
pas, de prétendre qu'il puft
fortir d'un reſervoir aufli
borné , que l'eft celuy du
cerveau d'un animal , affez
de particules de matiere
pour s'eftendre non feulement à tous les corps qui
font autour de nous , dans
une diſtance de huit ou dix
lieuës à la ronde , mais
mefme jufques à la Lune ,
au Soleil , &juſques au Firmament , & de vouloir que
la viteffe de ces efprits ſoit
affez grande , pour parcou
1
GALANT. - 77
rir de tels efpaces deux fois
dans un clin d'œil , c'eſt àdire , dans un inftant fenfible ? Mais quand mefme
on leur accorderoit ces
deux paradoxes , quelle eft
la connoiffance de ces particules de matiere , pour
examiner les figures des
objets; & quelle eft leur memoire , pour retrouver les
yeux d'où elles font forties,
& pour en faire un fidelle
rapport à l'ame ? Pourquoy
ces meffageres ne nous
rendent - elles compte que
de la partie des corps qui
G iij
78 MERCURE
nous regarde , & non pas
auffi de celle qui eft derriere ces mefmes corps ?
Pourquoy ces efprits lumineux ne peuvent ils pas
faire leur effet , auffi bien
tandis que le Soleil & la
Lune font fous l'horizon ,
que lorsqu'ils font deffous ?
Eft - ce qu'ils ont quelque
fecrette fympathie avec ces
deux aftres , pluftoft qu'avec une infinité d'autres ,
dont le Ciel paroiſt parſemé pendant la nuit ? Ontils quelque antipathie pour
les ombres des corps, pour
GALANT. 79
ne s'y porter jamais qu'en
petite quantité, & avec peu
de force , quoyque d'ail .
leurs nos yeux foient expofez à la lumiere."
Enfiu posé que nos of
prits animaux fuffent en
affez grande quantité , qu'-
ils euffent toute la viteffe
neceffaire , & toutes les
connoiffances , & la memoire requifes , pour une
vifion parfaire , ce feroit
encore une preuve tres- infuffifante pour nous convaincre qu'ils font ce qu'on
doit entendre par la lumieG iiij
80 MERCURE
re naturelle. Car l'experience journaliere nous oblige toujours d'avouer qu'il
fort des corps lumineux
quelque chofe qui eft ca
pable de produire des effets
qu'on ne peut attribuer
qu'à des corpufcules , tels
que font ceux d'echauffer
de brufler , de fondre , &
de vitrifier toutesfortes de
corps , mefme l'or & les
diamants ; & d'où il n'eft
pas impoffible au contraire
de deduire tous ceux que
ces anciens Philofophes
attribuoient aux efprits lu-
GALANT.
81*
mineux des animaux , ou à
des qualitez encore plus.
occultes , comme vous allez le voir maintenant.
Bien loin donc , de tirer
de nos foibles yeux la lumiere mefme qui doit les
éclairer , & de nous rendre
avec les Anciens par ce
procedé fufpects en quel
que façon d'arrogance
nous irons chercher fonorigine dans les corps mefmes.
qu'on appellelumineux, tels.
que le Soleil , la Lune , lés
Etoilles , une chandelle &
autres de mefme nature..
1 82 MERCURE
,. que
Et nous fommes portez à
prendre ce parti avec d'autant plus de raiſon
nous avons par l'experience journaliere, que plus
il y a de corps lumineux.
dans un mefme lieu , &
plus ils font vifs ou ardents;
plus nos yeuxenfont éclairez ; & tout au contraire à
mefure qu'on diminuë le
nombre & la force des
corps lumineux , la vifion
s'affoiblit. On a une preuve inconteſtable de cette
émanation de lumiere des
corps lumineux dans les
1
>:
GALANT. 83
miroirs ardents , qui eſtant
expofez directement à des
corps lumineux , raffemblent leur lumiere , & la
répandent en abondance
fur les objets qu'on veut
éclairer fortement. Mais
ce qui mefemble détruire
entre autres chofes, le ſyſtefmedes efprits lumineux des
Anciens, c'eft qu'on nelaiffe
pas quelquefois de voir fort
clair , quoyque le corps lumineux foit abfent, comme
il arrive pendant le temps.
de l'aurore & du crepufcule , c'est- à-dire, par l'efpace
84 MERCURE
de près de deux heures le
matin , & le foir dans les
longs jours d'Efté de ces
contrées; à moins qu'on ne
vouluſt dire que ces efprits
lumineux n'ont pas befoin .
alors abfolument du Soleil pour nous faire voir
clair ; mais la refponfe eft
aisée , car pourquoy cette
prétendue dépendance des
efprits animaux à l'égard
des corps lumineux n'auroit - elle lieu que pendant
le jour , & cefferoit- elle au
lever de l'aurore, ou au cou--
cher. du Soleil.
GALANT. 85
On nene peut cependant , fe difpenfer ablolument d'avouër icy en faveur des anciens partiſans
des efprits lumineux , qu'il
y a des yeux de certains
animauxd'où ilfemblefortir quelque chofe de fort
femblable à de la lumiere.
car outre que nous enfommes témoins en quelque
façon par nous - mefmes ,
quand nous regardons la
Ruit les yeux de quelque
animal nocturne comme
ceux des lapins, des hiboux,
& autres , principalement
86 MERCURE
fi ces animaux font carnaciers , tels les loups , les
renads , les tigres. Il paroift d'abord fort difficile.
d'expliquer fans le ſecours
de ces efprits , comment.
ces animaux pourroient
courirpendant la plus fombre nuit , avec autant de
rapidité qu'ils font , ſoit
pour le fauver
chaffer leur proye au travers des bleds , des vignes,
des bois , & des broufailles,
ou pour s'affembler , &
comment tant d'autres
ou pour
pourroient paſſer la moitié
GALAN . 87
de leur vie , enfermez dans
des terriers , ou tanieres, ou
dans des caves tres obfcures. D'un autre cofté il
femble qu'on peut tresbien douter auffi qu'il forte aucune telle lumiere des
yeux de ces animaux lorfque tout corps lumineux
eft abſent , comme chacun
peut s'en convaincre par
experience , & comme je
l'ay experimenté plufieurs
fois fur les chats , quoyqu'on foit affez communement perfuadé du contraire.
88. MERGURE
Mais après tout cette
prétenduë lumiere , quand
mefme elle viendroit de
ces animaux , eft tres- rare ;
& on ne peut pas meſme
dire qu'elle leur ſerve de
quelque chofe pendant le
jour, puifqu'elle difparoift
alors à nos yeux. A combien plus forte raifon donc
doit- on conclure que la lumiere qui nous éclaire
dant le jour ou la nuit , ne
vient pas de nos yeux, puifque dans quelque occafion que ce foit , on n'en
voit rien fortir de pareil.
penDe
GALANT. 89
De plus , il eft certain
que la lumiere qu'on raf
femble avecles miroirs ardents expofez directement
aux corps lumineux , agit
fur les corps , comme on
l'a dit cy- deffus , & comme on le peut voir au mo
yen du grand miroir de
métal qui eft à l'Obfervatoire , & d'un autre de verre
qui eft au Palais Royal,
avec lesquels onfond , on
vitrifie , & on calcine en
tres peu de temps toutes
fortes de corps , fans qu'il
foit neceffaire de recourir
Fuillet 17120 H
90 MERCURE
aux hiftoires fabuleuſes ,
qui pour relever l'excellen
ce des inventions d'Archimede nous racontent qu'il
brufloit du haut des murs.
de Siracufe , les vaiffeaux
des Romains qui la tenoient affiegée ; il faut
donc eftablir pour principe , que la lumiere eſt un
corps materiel comme les
corps mefmes , fur lesquels
elle agit , avec cette difference cependant , que fa
fubtilité , fa viteffe , & fa
fluidité , font prefque inconcevables , & qu'elle
émanedu corps lumineux ,
GALANT. 91
& non pas de nos yeux.
Quant à la fubtilité de
la lumiere , il faut qu'elle
foit extrême pour penetrer
en auffi peu de temps les
corps les plus durs & les
plus ferrez , comme les cryftaux, les diamants , & pref
que toutes les autres pierres précieuſes , fans parler
des nœuds des bois réfineux qu'elle penetre quelquefois juſqu'à l'épaiſſeur
de plus d'un pouce. Les
corps fluides ne font pas
plus à l'épreuve de ſa ſubtilité , que ceux dont on
Hij
94´ MERCURE
vient de parler ; & on peut
dire mefme queles yeuxde
la plufpart des poiffons leur
feroient prefque inutiles ,
s'ils ne pouvoient s'en ſervir que vers la fuperficie ·
de l'eau , & non pas au fond
des abysmes de la mer, où:
ils trouvent leur nourritu
re. Car il eft prefque inoui ,
qu'on ait apperceu aucune
lumiere fortir des yeux des
poiffons , ou des monstres
marins , quoyque pendant
la nuit les écailles de plufieurs en répandent en
abondance.
A l'égard de la viteffe
GALANT. 93 .
de la lumiere elle n'eft pas
moins prodigieufe que fa
fubtilité ,
puifqu'elle parcourt dans un temps fort
petit comme de deux heures environ des efpaces immenfes , tels que celuy qui
eft entre Saturne , c'est- àdire , entre la plus haute
Planette & la terre ; deforte qu'il n'y a aucune viteſſe
fenfible fur la terre , foit
d'une fleche ou d'un boulet de canon, qui ne foit à
l'égard de celle de la lu
miere moindre , que celled'une tortue ou d'un lima,
*
94 MERCURE
çon à l'égard de celles là.
On peut s'en convaincre
en confiderant de combien
la lumiere de la flamme
d'un canon précede le coup
fon boulet donné à une demielieuë du canon. Enfin
que la lumiere foit uncorps
tres fluide , perfonne n'en
doit douter , puifqu'elle
n'empefche aucunement
les divers mouvemens des
corps qui fe trouvent entre l'œil & le corps lumineux.
La nature de la lumiere
eſtant donc ainſi eſtablie ,
GALANT. 95
fçavoir qu'elle eft un corps
fluide , tres- rapide , &tresfubril , & eftant certain
aufli qu'elle dérive des
corps qu'on appelle lumineux , comme on l'a prouvécy- devant , il nous refte
d'expliquer de quelle maniere elle eft contenue
dans le corps lumineux ,
comment elle en découle
dans nos yeux , & enfin
comment nous appercevons parfon moyen tout ce
qui compofe ce qu'on appelle le monde. vifible.
Pour vous faire connoif
96 MERCURE
tre de quelle maniere elle eft contenue dans le
>
corps lumineux-, j'eſtabli
ray pour principe que le
corps lumineux , ou du
moins fa fuperficie , n'eſt
autre chofe qu'un amas de
matiere fort fubtile , forts
agitée , & tres fluide , lequel eft environné d'air ,
ou de quelque autre matiere fluide plus groffiere ,
qui le preffant de tous coftez lui fait prendre la figure
ronde fous laquelle il nous
paroift.Jefuppoferay encore que l'air que nous refpirons ,
GALANT. 97
rons , auffi bien que la
region aërée qui s'étend tout
autour de la terre à l'infini ,
font remplis de la matiere
que j'ay dit eftre la lumiere , laquelle lumiere doit
eftre differente de celle qui
compofe le corps lumineux , puiſqu'il a des bornes , & que celle - cy n'en
a point. Cecy eſtant ſupposé , voicy comme j'explique de quelle maniere
elle eft contenue dans le
corps lumineux.
Ce difcours s'eft trouvé
Juillet 1712.
I
98 MERCURE
trop long , pour le mettre
dans un feul Mercure , on
la partagé en deux , & l'on
donnera le refte le mois
prochain.
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Résumé : DISCOURS préliminaire sur la lumiere.
Le texte est un discours préliminaire sur la lumière, destiné à être publié en deux parties. L'auteur justifie la publication de ce discours en soulignant qu'il expose un système de la lumière en vogue, qui sera inclus dans un troisième volume de ses œuvres de mathématiques et de physique. L'auteur critique les erreurs des anciens philosophes concernant la nature de la lumière. Certains la considéraient comme une qualité sensible sans en expliquer la nature et l'origine. D'autres la voyaient comme une émanation d'esprits animaux sortant des yeux pour explorer les objets et en informer l'âme. Cette dernière théorie est jugée improbable car elle implique que des particules de matière sortent du cerveau pour parcourir de grandes distances à une vitesse incroyable. L'auteur affirme que la lumière est un corps matériel émanant des objets lumineux tels que le Soleil, la Lune, les étoiles et les chandelles. Cette théorie est soutenue par l'observation que plus il y a de corps lumineux, plus la vision est éclairée. Les miroirs ardents, qui concentrent la lumière, sont une preuve de cette émanation. Le texte mentionne également que certains animaux semblent émettre une lumière, mais cette lumière est rare et ne sert pas pendant le jour. La lumière est décrite comme extrêmement subtile, rapide et fluide, capable de pénétrer les corps durs et les fluides. Sa vitesse est telle qu'elle parcourt des distances immenses en peu de temps. Enfin, l'auteur propose que les corps lumineux contiennent une matière subtile et fluide qui est pressée par l'air ou une autre matière fluide, lui donnant une forme ronde. Cette lumière est différente de celle qui compose le corps lumineux car elle n'a pas de bornes. Le discours sera poursuivi dans le prochain numéro du Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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606
p. 190-192
LIVRE NOUVEAU. EXTRAIT d'une Response de Mr D... à la Lettre d'un de ses amis, au sujet du Livre intitulé, Tableau des maladies... traduit de Lommius avec des Remarques, &c. vol in 12. à Pari, chez L. Sevestre, rüe des Amandiers, vis-à-vis le College des Crassins.
Début :
Mr, le Livre dont vous me parlez fait assez de [...]
Mots clefs :
Livre nouveau, Maladies, Tournemine, Lommius, Hippocrate, Pronostic, Accidents
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU. EXTRAIT d'une Response de Mr D... à la Lettre d'un de ses amis, au sujet du Livre intitulé, Tableau des maladies... traduit de Lommius avec des Remarques, &c. vol in 12. à Pari, chez L. Sevestre, rüe des Amandiers, vis-à-vis le College des Crassins.
LIVRE NOUVEAU.
EXTRAIT
d'une Refponfe de MrD...
à la Lettre d'un defes amis ,
aufujet du Livre intitulé ,
Tableau des maladies...
traduit de Lommius avec
des Remarques ,&c, vol in
12. à Paris , chez L. Seveftre , rue des Amandiers ,
vis - à- vis le College des
Craffins.
Mr , le Livre dont vous
me parlez fait affez de
bruit. Un fage & fçavant
GALANT. 191
critique ( le R. P. Tournemine) avoit mis cette traduction en credit avant
qu'elle paruft ( mem. de Tr.
m. deJan. 1712. ) Lommius
Med. de Bruxelles , avoit
effayé de donner un abbregé de Hippocrate , en raffemblant fur chaque maladie tout ce qu'il avoit peu
rencontrer dans fes œuvres , d'obſervations effentielles pour bien connoif
tre les maladies , & en faire
un pronoftic affuré de leur .
évenement. Comme Hippocrate n'a merité le nom
192 MERCURE
de divin que pour avoir excellé dans cette partie de
l'art qui apprendà prévoir
les accidens qui doivent arriver dans les maladies , &
comment elles doivent fe
terminer , Lommius s'eft
particulierement attaché
aux obfervations fur lefquelles cette fcience eft
cftablie ; & il en a fait un
heureux choix , qui fait
honneur à la fource d'où
il eft puisé. Cela joint à la
pureté du ftile de l'Autheur , a fait goufter ce Livre à tous les habiles Medecins
EXTRAIT
d'une Refponfe de MrD...
à la Lettre d'un defes amis ,
aufujet du Livre intitulé ,
Tableau des maladies...
traduit de Lommius avec
des Remarques ,&c, vol in
12. à Paris , chez L. Seveftre , rue des Amandiers ,
vis - à- vis le College des
Craffins.
Mr , le Livre dont vous
me parlez fait affez de
bruit. Un fage & fçavant
GALANT. 191
critique ( le R. P. Tournemine) avoit mis cette traduction en credit avant
qu'elle paruft ( mem. de Tr.
m. deJan. 1712. ) Lommius
Med. de Bruxelles , avoit
effayé de donner un abbregé de Hippocrate , en raffemblant fur chaque maladie tout ce qu'il avoit peu
rencontrer dans fes œuvres , d'obſervations effentielles pour bien connoif
tre les maladies , & en faire
un pronoftic affuré de leur .
évenement. Comme Hippocrate n'a merité le nom
192 MERCURE
de divin que pour avoir excellé dans cette partie de
l'art qui apprendà prévoir
les accidens qui doivent arriver dans les maladies , &
comment elles doivent fe
terminer , Lommius s'eft
particulierement attaché
aux obfervations fur lefquelles cette fcience eft
cftablie ; & il en a fait un
heureux choix , qui fait
honneur à la fource d'où
il eft puisé. Cela joint à la
pureté du ftile de l'Autheur , a fait goufter ce Livre à tous les habiles Medecins
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Résumé : LIVRE NOUVEAU. EXTRAIT d'une Response de Mr D... à la Lettre d'un de ses amis, au sujet du Livre intitulé, Tableau des maladies... traduit de Lommius avec des Remarques, &c. vol in 12. à Pari, chez L. Sevestre, rüe des Amandiers, vis-à-vis le College des Crassins.
Le livre 'Tableau des maladies' est une traduction des travaux du médecin bruxellois Lommius. Avant même sa publication, il a été recommandé par le critique respecté R. P. Tournemine. Lommius a compilé des observations essentielles tirées des œuvres d'Hippocrate pour améliorer la compréhension et la prédiction des maladies. Hippocrate est reconnu pour son excellence dans la prévision des accidents et des issues des maladies. Lommius a sélectionné ces observations avec soin, ce qui a été apprécié pour la clarté et la qualité de son style. Le livre a été bien accueilli par les médecins compétents. L'ouvrage est disponible à Paris, chez L. Sevestre, rue des Amandiers, en face du Collège des Carmes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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607
p. 237-241
HARANGUE.
Début :
Monseigneur, La Faculté de Theologie venant vous marquer combien elle [...]
Mots clefs :
Faculté de théologie, Cardinal, Mérites, Maison de Rohan, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HARANGUE.
HARANGUE.
Monfeigneur,
La Faculté de 'Theologie
venant vous marquer com+
bien elle eſt ſenſible à vôtre élevation à la dignité de
Cardinal , fe fait honneur à
elle -même. Elle regarde
avec plaifir l'éclat de votre
pourpre rejaillir fur tous les
membres qui la compoſent.
Cette fçavante Compagnie
238 MERCURE
n'oubliera jamais les riches
talens que vous avez fait
briller dans fon Ecole. Les
diſtinctions qu'elle vous a
données ne font pas tant
des marques de fon eftime,
que des preuves évidentes
de vos merites fingulièrs ;
de cet efprit vif &perçant ,
de cette fcience vafte &
profonde, de cette éloquen.
ce folide , accompagnée de
toute la politeffe des anciens. Qualitez excellentes
qui vous ont fait admirer
de tout le monde , & qui
vous ont attiré les applau
GALANT. 239
diffemens de la Cour. Le
Souverain Pontife qui vous
a fait éminent en dignité ,
vous a trouvé éminent en
vertu , en fageffe , en modeftie , en douceur , en verité , en pieté : vertus rares
dans lesjeunes Princes , élevez fouvent dans la mol
leffe & dans le fein des plaifirs Mais ce qui eft plus glorieux à Vôtre Alteffe Emninentiffime eſt Monfei
gneur , que le plus grand
Roydu monde , aprés vous
avoir choifi dans votre flo.
riffante jeuneffe pour rem-
240 MERCURE
plir le Siege d'une ville importante à l'Etat & à la Re.
ligion , vous a jugé digne
de la Pourpre , Prince dont
la penetration ne permet
pas qu'il ſe trompe dans ſes
jugemens. Cette nouvelle
dignité que vous avez fait
entrer dans l'illuftre Maifon
de Rohan , donne un nouveau luftre à vos ancêtres ,
Ces Princes fouverains
que l'hiſtoire nous apprend
avoir regné avec valeur ,
& avoir gouverné leur peuple avec équité & religion.
Il ne nous refte plus
Monfei-
GALANT. 241
Monfeigneur, qu'un devoir
à remplir , qui eſt de prier
Dieu de vous laiffer longtemps dans cette éminente
place , pour la gloire de ſon
nom & pour le bien de fon
Eglife.
Cette Harangue a été
faite par M. de la Roque , Doyen de la Faculté de Theologie de
Paris , accompagné de
plufieurs des principaux
de cette Faculté.
Monfeigneur,
La Faculté de 'Theologie
venant vous marquer com+
bien elle eſt ſenſible à vôtre élevation à la dignité de
Cardinal , fe fait honneur à
elle -même. Elle regarde
avec plaifir l'éclat de votre
pourpre rejaillir fur tous les
membres qui la compoſent.
Cette fçavante Compagnie
238 MERCURE
n'oubliera jamais les riches
talens que vous avez fait
briller dans fon Ecole. Les
diſtinctions qu'elle vous a
données ne font pas tant
des marques de fon eftime,
que des preuves évidentes
de vos merites fingulièrs ;
de cet efprit vif &perçant ,
de cette fcience vafte &
profonde, de cette éloquen.
ce folide , accompagnée de
toute la politeffe des anciens. Qualitez excellentes
qui vous ont fait admirer
de tout le monde , & qui
vous ont attiré les applau
GALANT. 239
diffemens de la Cour. Le
Souverain Pontife qui vous
a fait éminent en dignité ,
vous a trouvé éminent en
vertu , en fageffe , en modeftie , en douceur , en verité , en pieté : vertus rares
dans lesjeunes Princes , élevez fouvent dans la mol
leffe & dans le fein des plaifirs Mais ce qui eft plus glorieux à Vôtre Alteffe Emninentiffime eſt Monfei
gneur , que le plus grand
Roydu monde , aprés vous
avoir choifi dans votre flo.
riffante jeuneffe pour rem-
240 MERCURE
plir le Siege d'une ville importante à l'Etat & à la Re.
ligion , vous a jugé digne
de la Pourpre , Prince dont
la penetration ne permet
pas qu'il ſe trompe dans ſes
jugemens. Cette nouvelle
dignité que vous avez fait
entrer dans l'illuftre Maifon
de Rohan , donne un nouveau luftre à vos ancêtres ,
Ces Princes fouverains
que l'hiſtoire nous apprend
avoir regné avec valeur ,
& avoir gouverné leur peuple avec équité & religion.
Il ne nous refte plus
Monfei-
GALANT. 241
Monfeigneur, qu'un devoir
à remplir , qui eſt de prier
Dieu de vous laiffer longtemps dans cette éminente
place , pour la gloire de ſon
nom & pour le bien de fon
Eglife.
Cette Harangue a été
faite par M. de la Roque , Doyen de la Faculté de Theologie de
Paris , accompagné de
plufieurs des principaux
de cette Faculté.
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Résumé : HARANGUE.
La Faculté de Théologie adresse une harangue à un cardinal nouvellement promu, exprimant sa sensibilité et son honneur face à cette distinction. Elle souligne l'éclat de la pourpre cardinalice qui rejaillit sur tous ses membres. La Faculté reconnaît les talents exceptionnels du cardinal, mettant en avant son esprit vif, sa science vaste et profonde, ainsi que son éloquence. Ces qualités lui ont valu l'admiration de la Cour. Le Souverain Pontife l'a choisi pour sa vertu, sagesse, modestie, douceur, vérité et piété, des vertus rares chez les jeunes princes. Le roi l'a également jugé digne de la pourpre après l'avoir choisi pour gouverner une ville importante pour l'État et la religion. Cette nouvelle dignité illumine la maison de Rohan, connue pour la valeur et la gouvernance équitable de ses ancêtres. La harangue se conclut par une prière pour que Dieu lui permette de rester longtemps dans cette position pour la gloire de son nom et le bien de l'Église. Cette harangue a été prononcée par M. de la Roque, doyen de la Faculté de Théologie de Paris, accompagné de plusieurs membres éminents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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608
p. 27-32
LIVRE ESPAGNOL.
Début :
Il paroist depuis peu un Livre en Espagnol, qui meriteroit [...]
Mots clefs :
Livre espagnol, Médecine, Hippocrate, Maladie, Practiciens
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texteReconnaissance textuelle : LIVRE ESPAGNOL.
LIVRE ESPAGNOL:
IL paroist depuis peu
un
Livre en Espagnol, qui meriteroit bien qu'on le traduisist en François:il est
d'un des plus excellents
Medecins de l'Europe, & •
cet autheursemble ne s"cf,
tre consommé dansla theorie, &dans la pratique de
la medecine que pour détruire tous les fauxpréjugez dont cette scienceest
obscurcie.-
Letitredu Livreest,Hippocrate deffendu detoutes
lescalomnies;dont les Medecins l'accusoientinjustenient en particulier dans
la cure des maladies ai-,
guës';. & onfait voirque Jufquesaàperfentperfanne
n'a sceu comment il traietoit ces maladies, c'est ce
qu'explique, comentant le
premier des aphorismes,le
Docteur Michel Marcellino -
Boix
,
natif du Royaume
deValence, membredu
Collegedes trois Langues,
Professeur en Medecine
{JansTypivçrfïçe' d'Alcala
, Fondateur de l'Académie
Royale deSeville, & à present Medecin honoraire
du Roy.
:
h
Ce Livre a
esté escrit par l'autheur, pour détruire la
confusiondes sistemes, qui
au lieu d'avancer la Medecine, retardent considerablement ses progrez, il explique mot par mot les paroles du premier aphorisme d'Hippocrare,&àchaque periode fait un discours
qui comprend tout ce qu'il
y a
de meilleur & de plus
necessaire aux Medecins
pour bienconduire leurs
malades.Il fait voir par
plusieurs partages des Livres légitimés d'Hippocrate,quelle a
efi¿ sa pratique
dans les maladies aiguës.
Il prétend qu'il faut écou-
ter la nature
-
sans la détourner des mouvements
critiques qu'elle feroit sans
l'importune pratique des
saignées & purgations faites dans ces maladiesla
ordinairement mal à propos:il prouve tout cela par
l'experience
,
la raison &
l'authorité non feulement
d'Hippocrate, mais des
meilleurs Praticiens de
l'Europe. C'est asseurement un Livre, où l'autheur fait connoistre beaucoup d'érudition, & une
profonde connoissance en
tout ce qui regarde sa prôsession.
IL paroist depuis peu
un
Livre en Espagnol, qui meriteroit bien qu'on le traduisist en François:il est
d'un des plus excellents
Medecins de l'Europe, & •
cet autheursemble ne s"cf,
tre consommé dansla theorie, &dans la pratique de
la medecine que pour détruire tous les fauxpréjugez dont cette scienceest
obscurcie.-
Letitredu Livreest,Hippocrate deffendu detoutes
lescalomnies;dont les Medecins l'accusoientinjustenient en particulier dans
la cure des maladies ai-,
guës';. & onfait voirque Jufquesaàperfentperfanne
n'a sceu comment il traietoit ces maladies, c'est ce
qu'explique, comentant le
premier des aphorismes,le
Docteur Michel Marcellino -
Boix
,
natif du Royaume
deValence, membredu
Collegedes trois Langues,
Professeur en Medecine
{JansTypivçrfïçe' d'Alcala
, Fondateur de l'Académie
Royale deSeville, & à present Medecin honoraire
du Roy.
:
h
Ce Livre a
esté escrit par l'autheur, pour détruire la
confusiondes sistemes, qui
au lieu d'avancer la Medecine, retardent considerablement ses progrez, il explique mot par mot les paroles du premier aphorisme d'Hippocrare,&àchaque periode fait un discours
qui comprend tout ce qu'il
y a
de meilleur & de plus
necessaire aux Medecins
pour bienconduire leurs
malades.Il fait voir par
plusieurs partages des Livres légitimés d'Hippocrate,quelle a
efi¿ sa pratique
dans les maladies aiguës.
Il prétend qu'il faut écou-
ter la nature
-
sans la détourner des mouvements
critiques qu'elle feroit sans
l'importune pratique des
saignées & purgations faites dans ces maladiesla
ordinairement mal à propos:il prouve tout cela par
l'experience
,
la raison &
l'authorité non feulement
d'Hippocrate, mais des
meilleurs Praticiens de
l'Europe. C'est asseurement un Livre, où l'autheur fait connoistre beaucoup d'érudition, & une
profonde connoissance en
tout ce qui regarde sa prôsession.
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Résumé : LIVRE ESPAGNOL.
Un livre en espagnol récemment publié mérite d'être traduit en français. Son auteur, le docteur Michel Marcellino Boix, éminent médecin européen, vise à démanteler les faux préjugés en médecine. Intitulé 'Hippocrate défendu de toutes les calomnies', l'ouvrage conteste les accusations injustes portées contre Hippocrate, notamment dans le traitement des maladies aiguës. Boix, natif du Royaume de Valence, membre du Collège des trois Langues, professeur de médecine à Alcalá et fondateur de l'Académie Royale de Séville, commente le premier aphorisme d'Hippocrate. Il clarifie les systèmes médicaux qui retardent les progrès de la médecine et explique mot par mot les paroles de cet aphorisme. Boix fournit des discours détaillés sur les meilleures pratiques pour les médecins et démontre la méthode d'Hippocrate à travers des extraits légitimes de ses œuvres. Il critique les pratiques courantes de saignées et de purgations, prônant l'écoute de la nature sans perturber ses mouvements. Ses arguments sont soutenus par l'expérience, la raison et l'autorité d'Hippocrate ainsi que des meilleurs praticiens européens. Le livre révèle l'érudition et la profonde connaissance de l'auteur en médecine.
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609
p. 32-42
EXPERIENCE sur un Chat enragé. Extrait d'une Lettre Angloise de Londres.
Début :
Monsieur, Un habile Chimiste de mes amis, qui ne veut [...]
Mots clefs :
Londres, Chat, Venin, Rage, Expérience, Chimiste, Baquet, Araignées, Musique, Remède
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texteReconnaissance textuelle : EXPERIENCE sur un Chat enragé. Extrait d'une Lettre Angloise de Londres.
EXPERIENCE
sur un Chat enragé.
Extrait d'une LettreAngloifc
de Londres.
MONSIEUR,
Un habile Chimiste de
mes amis,qui ne veut point
estre nomme avant que davoir verifiéencore par quelques expériences le remede qu'il croit avoir trouve
contre la rage, a
fait en
ma presencel'épreuve que
yoicy. Il a
choisi un Chat
tresfort,ôc la attaché par
deux coliers à boucles, l'un
au col,& l'autre au bas des
reins, & l,¡ ainsi suspendu
au bout d'un cordon de
soye passé dans une poulie
attachée au plafond d'une
chambre; ensuite illa laissé
sans boire quelques jours,
& la fouetté de coups de
baguettes menuës en fortnc de verges, &cela si
violemment à plusieurs reprises
, que jamais on 'n'a
veuunobjet si terrible que
ce Chat. Rien ne peut
donner l'idée d'une rage
plus violente; il a encore
mis au dessous de l'endroit
où le Chat estoit suspendit
un baquet d'eau tiede, dans
laquelle il a
jette environ
un demillier de sa distillation. On a
plongé leChat
deux fois dans ce baquet
en laschant le cordon, ôc
le retirantpresque dans le
mesmeinstant; ensutre ostant le baquet, on a
descendu le Chat jusques sur
le plancher, où on l'a veu
s'estendre & allonger les
pattes & le col comme un
Chat qui se reveille d'un
long sommeil
,
& il a paru
si tranquille que mon amy
s'en est approché avec un
peu de viande que le Chat
a pris avec toute la douceur
ôc toutes les carresses imaginables. Mon amy prerend que ce bain fera le
mesme effet sur les ani-
-,
maux & les hommes atteients d'une veritable râge ;
c'est ce qu'il veut éprouver avant que de rendre son remede public.
Cette distillation esttirée en partie de certaines
araignées à jambes courtes, que mon amy a
fait
venir d'Italie,&quisontà
peu près de l'especede celles qu'on nomme Tarentoles,
parce quelles font fort
communesdans le territoire de lavilledeTarente
*à Royaume de Naples;
Le venin que cet animal
communique par sa morfïl£C
,
produit des effets si
surprenants, & si contraires entre eux, qu'ils paroistroient incroyables s'ils
nestoient connus par une
infinité d'experiences. Entre ceux qui en sont piuez lesuns ne sçauroienc ormir,les
autres ne peu-
,vent estre éveillez,lesuns
forment de continuelles
plaintes, & les autres rient
tousjours, Quelques-uns
grincent les dents, & sont
agitez detransports derage:quelquesautresau contraires chantient & dansent sans cesse. Aux uns,
ce venin cause des vomissements, aux autres des
sueurs abondantes & pref-
que a tous une forte parnon pour les couleurs;
mais differemment.- Ainsi
le rouge plaist à l'un, le
verd contente l'autre
»
le
jaune en réjouit plusieurs
&c. Ce qu'il y a
de particulier en ce venin, c'est
que comme il est gluant,
n'estant que l'humeur salivaire de cette araignée,
il fixe d'abord l'imagination sur l'objet qui l'occupoit lorsqu'il est piqué, de
forte que si un homme s'imaginoit alors d'estreRoi,
cette agreable idée ne le
quitteroit qu'après l'entietiere dissipationdel'humeur insinuée par lamorsure de la Tarentole. Ce
venin, par la mesme raison
de viscosité, ne fait d'abord
ressentir auçun fascheux
symptosime
; mais dans la
suite, qui est quelquefois
d'une année entiere, après
estre demeuré long. temps
caché, il se subtilise ,&se
reveille par la chaleur du
Soleil. Il acquiert du mouvement & de l'action
,
&
produit différents effets,
selon les parties qu'il ixi-
secte. Si ce venin bouche
les nerfs dans leur concours
au cerveau, les esprits animaux ne pouvant dcfcendre aux organes, demeurent comme endormis. Au
contraire, il cause des veilles continuelles s'il tient
par son activité tousjours
ouverts les nerfs par où
ces mesmes esprits peuvent descendre sansdis
continuation. En corrompant la bile,ce venin cause
des fiévres ardentes, & en
se joignant avec lesesprits
à l'origine des nerfs,il picote
, cote extraordinairement
tes muscles & parce picotement porte le malade à
gesticuler &à danser, ce
qui arrive principalement
lorsque les esprits y
sont
excitez par quelquesairs
de Musique convenables
au temperamernt di}mala-.
de,& à la qualité diijvenku
C'est par cette raifq#r,que la,Mtifiquee/tTciniquç,&
souverain remecle<\pom;>cô
mal; car le malade dansant avec
violence au son
de l'instrument, & mesme
(
avec justêssequandîln'au-j
roit jamais appris à danfer,
fait sortir ce venin avec la
sueur. Que s'il en reste
quelque petite partie, c'est
un levain qui causse périodiquement les mesmes
symptosmes,& dela vient
que l'on voit des personnes qui en font incommodées des quarante & cinquante annees.
sur un Chat enragé.
Extrait d'une LettreAngloifc
de Londres.
MONSIEUR,
Un habile Chimiste de
mes amis,qui ne veut point
estre nomme avant que davoir verifiéencore par quelques expériences le remede qu'il croit avoir trouve
contre la rage, a
fait en
ma presencel'épreuve que
yoicy. Il a
choisi un Chat
tresfort,ôc la attaché par
deux coliers à boucles, l'un
au col,& l'autre au bas des
reins, & l,¡ ainsi suspendu
au bout d'un cordon de
soye passé dans une poulie
attachée au plafond d'une
chambre; ensuite illa laissé
sans boire quelques jours,
& la fouetté de coups de
baguettes menuës en fortnc de verges, &cela si
violemment à plusieurs reprises
, que jamais on 'n'a
veuunobjet si terrible que
ce Chat. Rien ne peut
donner l'idée d'une rage
plus violente; il a encore
mis au dessous de l'endroit
où le Chat estoit suspendit
un baquet d'eau tiede, dans
laquelle il a
jette environ
un demillier de sa distillation. On a
plongé leChat
deux fois dans ce baquet
en laschant le cordon, ôc
le retirantpresque dans le
mesmeinstant; ensutre ostant le baquet, on a
descendu le Chat jusques sur
le plancher, où on l'a veu
s'estendre & allonger les
pattes & le col comme un
Chat qui se reveille d'un
long sommeil
,
& il a paru
si tranquille que mon amy
s'en est approché avec un
peu de viande que le Chat
a pris avec toute la douceur
ôc toutes les carresses imaginables. Mon amy prerend que ce bain fera le
mesme effet sur les ani-
-,
maux & les hommes atteients d'une veritable râge ;
c'est ce qu'il veut éprouver avant que de rendre son remede public.
Cette distillation esttirée en partie de certaines
araignées à jambes courtes, que mon amy a
fait
venir d'Italie,&quisontà
peu près de l'especede celles qu'on nomme Tarentoles,
parce quelles font fort
communesdans le territoire de lavilledeTarente
*à Royaume de Naples;
Le venin que cet animal
communique par sa morfïl£C
,
produit des effets si
surprenants, & si contraires entre eux, qu'ils paroistroient incroyables s'ils
nestoient connus par une
infinité d'experiences. Entre ceux qui en sont piuez lesuns ne sçauroienc ormir,les
autres ne peu-
,vent estre éveillez,lesuns
forment de continuelles
plaintes, & les autres rient
tousjours, Quelques-uns
grincent les dents, & sont
agitez detransports derage:quelquesautresau contraires chantient & dansent sans cesse. Aux uns,
ce venin cause des vomissements, aux autres des
sueurs abondantes & pref-
que a tous une forte parnon pour les couleurs;
mais differemment.- Ainsi
le rouge plaist à l'un, le
verd contente l'autre
»
le
jaune en réjouit plusieurs
&c. Ce qu'il y a
de particulier en ce venin, c'est
que comme il est gluant,
n'estant que l'humeur salivaire de cette araignée,
il fixe d'abord l'imagination sur l'objet qui l'occupoit lorsqu'il est piqué, de
forte que si un homme s'imaginoit alors d'estreRoi,
cette agreable idée ne le
quitteroit qu'après l'entietiere dissipationdel'humeur insinuée par lamorsure de la Tarentole. Ce
venin, par la mesme raison
de viscosité, ne fait d'abord
ressentir auçun fascheux
symptosime
; mais dans la
suite, qui est quelquefois
d'une année entiere, après
estre demeuré long. temps
caché, il se subtilise ,&se
reveille par la chaleur du
Soleil. Il acquiert du mouvement & de l'action
,
&
produit différents effets,
selon les parties qu'il ixi-
secte. Si ce venin bouche
les nerfs dans leur concours
au cerveau, les esprits animaux ne pouvant dcfcendre aux organes, demeurent comme endormis. Au
contraire, il cause des veilles continuelles s'il tient
par son activité tousjours
ouverts les nerfs par où
ces mesmes esprits peuvent descendre sansdis
continuation. En corrompant la bile,ce venin cause
des fiévres ardentes, & en
se joignant avec lesesprits
à l'origine des nerfs,il picote
, cote extraordinairement
tes muscles & parce picotement porte le malade à
gesticuler &à danser, ce
qui arrive principalement
lorsque les esprits y
sont
excitez par quelquesairs
de Musique convenables
au temperamernt di}mala-.
de,& à la qualité diijvenku
C'est par cette raifq#r,que la,Mtifiquee/tTciniquç,&
souverain remecle<\pom;>cô
mal; car le malade dansant avec
violence au son
de l'instrument, & mesme
(
avec justêssequandîln'au-j
roit jamais appris à danfer,
fait sortir ce venin avec la
sueur. Que s'il en reste
quelque petite partie, c'est
un levain qui causse périodiquement les mesmes
symptosmes,& dela vient
que l'on voit des personnes qui en font incommodées des quarante & cinquante annees.
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Résumé : EXPERIENCE sur un Chat enragé. Extrait d'une Lettre Angloise de Londres.
Un chimiste a mené une expérience sur un chat enragé afin de tester un remède. Pour préserver son anonymat jusqu'à la vérification de son traitement, il a suspendu un chat robuste avec des cordes et l'a soumis à des coups violents pour provoquer une rage intense. Ensuite, le chat a été immergé dans un baquet d'eau tiède contenant une distillation préparée à partir d'araignées italiennes, similaires aux tarentules. Après ce traitement, le chat est devenu calme et a accepté de la nourriture avec douceur. Le texte décrit également les effets variés du venin de la tarentule, qui peuvent inclure l'incapacité à dormir, des plaintes continues, des rires incessants, des grincements de dents, ou des danses. Le venin affecte également la perception des couleurs et peut provoquer des vomissements ou des sueurs abondantes. La distillation utilisée dans l'expérience est dérivée de ce venin, connu pour ses effets surprenants et contraires. Le chimiste prévoit de tester son remède sur d'autres animaux et humains atteints de rage avant de le rendre public.
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610
p. 42-59
MONSIEUR LE DUC de Vendosme.
Début :
Louis Joseph Duc de Vendosme, Pair de France, Prince de [...]
Mots clefs :
Duc de Vendôme, Mort, Général, Apprentissage, Armée, Commandement, Espagne, Roi, Siège, Campagne, Combat, Valeur, Victoire, Héros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MONSIEUR LE DUC de Vendosme.
Ona différé l'article de
la mort de Monsieur de Vendosme jtifcytes à ce mois
- cy
pour avoir les memoires fui..
vantsy ileustfallu le differer
trop long-temps pourrecevoirle
détail de toutes les belles agitons
qu'il a
faites.
MONSIEUR LE DUC
de Vendosme lLOU[S joseph Duc de
Vendosme,Pair de France,
Prince de Martigues,Chevalier des Ordres du Roy,
Grand Senechal & Gouverneur de la Provence,
General des Galeres, mourutàVinaros leII. dumois
de juin,âgé de cinquante
huitans, petit fils du plus
grand Roy qui ait veseu
avant Louis le Grand ,dû_'
quel il estoitune image
vivante par le trait de son
visage
,
plus encore par
ceux de son ameIl donna dès son enfance des marques de ses raresqualitez
,
qui dans les
Princes font au dessusdes
qualitez heroïques, deson
humanité affable, généreux, compatissant donnanttout &c.
Il s'appliqua dès sa plus
tendre jeunesse à ce grand
m'estier dont il s'est servy
depuis plusieurs fois si uti-
lement pourrestablir les
affaires dans tous les lieux
où il a
esté appelle.
Dés l'âge de dix-sept
ans, il fut à la teste d'un.
Regiment d'Infanterie,&
il servit avec la mesme assiduitéque s'il avoitesperé
delà sa fortune.
Il fit son chemin avec la
mesme lenteur d'un particulier, & passa par tousles
dégrez, ce qui le rendit un
si grand General.
Il fit son apprentissage
fous Monsieur de Turenne
,
qui à cet âge
-
là luy
donnoit mille marques de
saconfiance.
Il repoussales ennemis
ayant son seulRégiment,
au combat d'Althenem où
il fut grievement blessé.
Après la mort de Monsieur de Turenne, il eut
pour Maistre Monsieur le
Mareschal de Crequy
,
&
fit voir dans toutes forte4
d'occasions combien il avoitprofité des leçons de
ces deux grands Généraux.
Tous les temps de paix
ont esté signaléc par ses
magnificencesdans sa belle Maison d'Anet, où il
donnoit presque tous les
ans des sestes à Monseigneur le Dauphin qui l'honoroit d'une tendre ami-
"hé qui n'aefté ignorée de
perfonneJamais le Roy n'adonné
à personne de sa Cour
,
de si grandes marques de
sa confiance; & Sa Majesté le fie bien paroistre
par laLettre qu'Elle luy
fit l'honneur de luy escrire en rassemblant sur sa
telle le Generalat des Ga-
leresau Gouvernement de
Provence.
Il faudrait une histoire
commecelle de Mezerec, sil'onvouloirraconter toutes les astions particulières
qu'il afaites avant de commander en chef, en Allemagne fousMonseigneur,
& fous Messieurs les Mareschaux de Duras & de
Lorge; en Flandres fous
Monsieur de Luxemborg,
où toute l'armée vit avec
plaisir que le gain du combat de Steinkerque fut deu
à un avis qu'il avoit donné.
<
A la Marfaille Monsieur
le Mareschal de Catinat
publia que c'estoit Monsieur de Vendosme qui s'estoit avisé la veille de mettre la droite à la gauche,
&la gauche à la droite,
afin d'opposer par la la
Gendarmerie aux Cuirassiers de l'Empereur
,
& il
chargea le lendemain, &
fit des actions surprenantes à la teste de cette Gendarmerie.
Les commandements
dans la Vallée de BarceJonnette
,
à Nice, ôc en
Provence suffiroient pour faire l'éloge d'un autre,
mais voyonsle comman- der en chef.
Le Roy luy donne le
commandement de l'armée de Catalogne, il y
arrive, trouve nostre armée decouragée, nos Grenadiers tremblanrs devant
les Miquelets; son arrivée
restablit tout
,
&¡;en une
campagne;il fait lever le
siege de plusieurs places,
Palamos
,
Ostallery, Calcet- soüilles, &c.
Il bat un gros corps de
Cavalerie, commande par
le Prince d'Armée, & se
seroit mis en estac de faire
le siege de Barcelonne dès
cette campagne, si la Cour
n'avoit trouve à propos de
differer à la suivante.
Quelfut ce siege de Barcelonne! Une grandeVille
qui ne peut estre investiè
,
défendue par une garnison
au dedans qui estoit aussi
forte qu'unearmée, & et
tant assiege tuy.
-
mesme
au dehors par une armée
aussi forte que la sienne,
commandée par le Vice-
roy
,
il commence par le
battre, & le mettre entièrement en deroute; & aprés
cinquante deux jours de
tranchéeouverte
,
il se
rend maître de cette place.
Tout le monde se souvient
encore des aétions furprenances qui se passerent à ce
siege ; & c'est bien dommage que la paresse de
Monsieur Capiftron Tait
empefehéde lesescrire La
< prisede cette Ville fit faire
la paix de Rifwik.
L'affairede Cremonearrive,Monsieur deVendos-
me y vole, on tremiroit à
voir sur la Carte les pays
donc les Ennemis estoient
emparez
,
& dont il les
cbufTi depuisfaine Nazaro,
& de l'Etradel, jusques à
Goito au delà de Mancouë
que l'armée de l'Empereur
tenoit bloqué, & dont il fit
lever le blocus après avoir
pris chemin faisant cinq
ou six places ausquelles il
fallut ouvrir la tranchée, ilbattitcette même Campagne Vice-conty à la Victoria, & gagna fous les or- dres du Roy d'espagne la
fameuse bataille de Luzara.
La Campagne ensuite il
penetra jusqu'à Trente
aprèsavoir pris cinq ou six
Chasteaux qui paroissoient
im prenables par leur situation, & revient à la fin de
la Campagne, battre le
mesme Vice-conty à S.
Sebastien prés d'Alexandrie, laisse le commandement de l'armée dePiémont
à Monsieur le Grand Prieur
son frere, retourne à celle
deLombardie sur la Sequia,
d'où il partit pour suivre
1.
Nuremberg, & pendant
prés de quinze jours battre
tous les soirs fort arriere
garde, marche qui fut
égalertt£ri£glorieuse à la
respectable opiniatreté de
ses grands rivaux.
Que de Villes prises en
1704. Ivrée, Verceil
,
&:
toutes les places de Monsieur de Savoye
,
Veruë priseaucommencement
de 1705. & ce Prince réduit
au seul Turin.
Le Combat de Cassan
où sa seule valeur alla plusieursfois arracherJ^;vicr
toire dans les bataillons
des Ennemis.
Quelle ouverture pour
la Campagne de 1706. que
la glorieuseaffaire de Calsinat, il l'aprojette à Mantoüe, fait ses dispositions,
& profite de la rigueur de
l'hyverquile mettoit dans
l'impossibilité de les executer
,
pour venir faire sa
cour au Roy, qu'il n'avoit
eu l'honneur de voir depuis
quatre ans, & dont il ne
pouvoit plus vivre essoigné,
reçoit à Anet les applaudissements de toute la Fran-
ce ,qui l'y traita pendant
tous les six jours qu'ily fut
avec une magnificence qui
jusques là n'avoit point eu
d'exemple. Il part enfin de
ce sejour de delices pour
aller executer son dessein
sur Calsinat le mesme jour
qu'ill'avoit projette, &
Monsieur le Prince Eugene
y
arriva à
temps pour estre
le tesmoin de savictoire.
Il est rappelled'Italie
pour aller commander l'armée de Flandres après le
malheur de Ramilly. Il y
trouve le Generaldes En-
nemis enSe de ses prosperitez
,
& prometrant à son
armée de la mener à Paris;
il rabu si bien foi} audace,
que les soldats luy disoient
tout haut que Bruxelles
n'en estoit pas le chemin.
Sa valeur sur tousjours
la mesme, mais la victoire
l'abandonna à Oudenarde,
peut estre pour relever sa
gloire. On ne voir jamais
un Heros toutentier quand
on ne le voit que dans la
prosperité.
Tout ce qui s'est passé
en Espagne est si nouveau,
que je ferois tort d'en donner des Mémoires à celuy
qui prendra le foin d'escrire ce qu'il a
fait depuis son
dernier départ d'Anet jusqua sa mort. On travaille
à present au Journal exact
de cette suite de belles actions qui ont affermi la
Couronne du Roy d'Espagné, quand ce Journal serafaitj'en donnerai un extrait.
la mort de Monsieur de Vendosme jtifcytes à ce mois
- cy
pour avoir les memoires fui..
vantsy ileustfallu le differer
trop long-temps pourrecevoirle
détail de toutes les belles agitons
qu'il a
faites.
MONSIEUR LE DUC
de Vendosme lLOU[S joseph Duc de
Vendosme,Pair de France,
Prince de Martigues,Chevalier des Ordres du Roy,
Grand Senechal & Gouverneur de la Provence,
General des Galeres, mourutàVinaros leII. dumois
de juin,âgé de cinquante
huitans, petit fils du plus
grand Roy qui ait veseu
avant Louis le Grand ,dû_'
quel il estoitune image
vivante par le trait de son
visage
,
plus encore par
ceux de son ameIl donna dès son enfance des marques de ses raresqualitez
,
qui dans les
Princes font au dessusdes
qualitez heroïques, deson
humanité affable, généreux, compatissant donnanttout &c.
Il s'appliqua dès sa plus
tendre jeunesse à ce grand
m'estier dont il s'est servy
depuis plusieurs fois si uti-
lement pourrestablir les
affaires dans tous les lieux
où il a
esté appelle.
Dés l'âge de dix-sept
ans, il fut à la teste d'un.
Regiment d'Infanterie,&
il servit avec la mesme assiduitéque s'il avoitesperé
delà sa fortune.
Il fit son chemin avec la
mesme lenteur d'un particulier, & passa par tousles
dégrez, ce qui le rendit un
si grand General.
Il fit son apprentissage
fous Monsieur de Turenne
,
qui à cet âge
-
là luy
donnoit mille marques de
saconfiance.
Il repoussales ennemis
ayant son seulRégiment,
au combat d'Althenem où
il fut grievement blessé.
Après la mort de Monsieur de Turenne, il eut
pour Maistre Monsieur le
Mareschal de Crequy
,
&
fit voir dans toutes forte4
d'occasions combien il avoitprofité des leçons de
ces deux grands Généraux.
Tous les temps de paix
ont esté signaléc par ses
magnificencesdans sa belle Maison d'Anet, où il
donnoit presque tous les
ans des sestes à Monseigneur le Dauphin qui l'honoroit d'une tendre ami-
"hé qui n'aefté ignorée de
perfonneJamais le Roy n'adonné
à personne de sa Cour
,
de si grandes marques de
sa confiance; & Sa Majesté le fie bien paroistre
par laLettre qu'Elle luy
fit l'honneur de luy escrire en rassemblant sur sa
telle le Generalat des Ga-
leresau Gouvernement de
Provence.
Il faudrait une histoire
commecelle de Mezerec, sil'onvouloirraconter toutes les astions particulières
qu'il afaites avant de commander en chef, en Allemagne fousMonseigneur,
& fous Messieurs les Mareschaux de Duras & de
Lorge; en Flandres fous
Monsieur de Luxemborg,
où toute l'armée vit avec
plaisir que le gain du combat de Steinkerque fut deu
à un avis qu'il avoit donné.
<
A la Marfaille Monsieur
le Mareschal de Catinat
publia que c'estoit Monsieur de Vendosme qui s'estoit avisé la veille de mettre la droite à la gauche,
&la gauche à la droite,
afin d'opposer par la la
Gendarmerie aux Cuirassiers de l'Empereur
,
& il
chargea le lendemain, &
fit des actions surprenantes à la teste de cette Gendarmerie.
Les commandements
dans la Vallée de BarceJonnette
,
à Nice, ôc en
Provence suffiroient pour faire l'éloge d'un autre,
mais voyonsle comman- der en chef.
Le Roy luy donne le
commandement de l'armée de Catalogne, il y
arrive, trouve nostre armée decouragée, nos Grenadiers tremblanrs devant
les Miquelets; son arrivée
restablit tout
,
&¡;en une
campagne;il fait lever le
siege de plusieurs places,
Palamos
,
Ostallery, Calcet- soüilles, &c.
Il bat un gros corps de
Cavalerie, commande par
le Prince d'Armée, & se
seroit mis en estac de faire
le siege de Barcelonne dès
cette campagne, si la Cour
n'avoit trouve à propos de
differer à la suivante.
Quelfut ce siege de Barcelonne! Une grandeVille
qui ne peut estre investiè
,
défendue par une garnison
au dedans qui estoit aussi
forte qu'unearmée, & et
tant assiege tuy.
-
mesme
au dehors par une armée
aussi forte que la sienne,
commandée par le Vice-
roy
,
il commence par le
battre, & le mettre entièrement en deroute; & aprés
cinquante deux jours de
tranchéeouverte
,
il se
rend maître de cette place.
Tout le monde se souvient
encore des aétions furprenances qui se passerent à ce
siege ; & c'est bien dommage que la paresse de
Monsieur Capiftron Tait
empefehéde lesescrire La
< prisede cette Ville fit faire
la paix de Rifwik.
L'affairede Cremonearrive,Monsieur deVendos-
me y vole, on tremiroit à
voir sur la Carte les pays
donc les Ennemis estoient
emparez
,
& dont il les
cbufTi depuisfaine Nazaro,
& de l'Etradel, jusques à
Goito au delà de Mancouë
que l'armée de l'Empereur
tenoit bloqué, & dont il fit
lever le blocus après avoir
pris chemin faisant cinq
ou six places ausquelles il
fallut ouvrir la tranchée, ilbattitcette même Campagne Vice-conty à la Victoria, & gagna fous les or- dres du Roy d'espagne la
fameuse bataille de Luzara.
La Campagne ensuite il
penetra jusqu'à Trente
aprèsavoir pris cinq ou six
Chasteaux qui paroissoient
im prenables par leur situation, & revient à la fin de
la Campagne, battre le
mesme Vice-conty à S.
Sebastien prés d'Alexandrie, laisse le commandement de l'armée dePiémont
à Monsieur le Grand Prieur
son frere, retourne à celle
deLombardie sur la Sequia,
d'où il partit pour suivre
1.
Nuremberg, & pendant
prés de quinze jours battre
tous les soirs fort arriere
garde, marche qui fut
égalertt£ri£glorieuse à la
respectable opiniatreté de
ses grands rivaux.
Que de Villes prises en
1704. Ivrée, Verceil
,
&:
toutes les places de Monsieur de Savoye
,
Veruë priseaucommencement
de 1705. & ce Prince réduit
au seul Turin.
Le Combat de Cassan
où sa seule valeur alla plusieursfois arracherJ^;vicr
toire dans les bataillons
des Ennemis.
Quelle ouverture pour
la Campagne de 1706. que
la glorieuseaffaire de Calsinat, il l'aprojette à Mantoüe, fait ses dispositions,
& profite de la rigueur de
l'hyverquile mettoit dans
l'impossibilité de les executer
,
pour venir faire sa
cour au Roy, qu'il n'avoit
eu l'honneur de voir depuis
quatre ans, & dont il ne
pouvoit plus vivre essoigné,
reçoit à Anet les applaudissements de toute la Fran-
ce ,qui l'y traita pendant
tous les six jours qu'ily fut
avec une magnificence qui
jusques là n'avoit point eu
d'exemple. Il part enfin de
ce sejour de delices pour
aller executer son dessein
sur Calsinat le mesme jour
qu'ill'avoit projette, &
Monsieur le Prince Eugene
y
arriva à
temps pour estre
le tesmoin de savictoire.
Il est rappelled'Italie
pour aller commander l'armée de Flandres après le
malheur de Ramilly. Il y
trouve le Generaldes En-
nemis enSe de ses prosperitez
,
& prometrant à son
armée de la mener à Paris;
il rabu si bien foi} audace,
que les soldats luy disoient
tout haut que Bruxelles
n'en estoit pas le chemin.
Sa valeur sur tousjours
la mesme, mais la victoire
l'abandonna à Oudenarde,
peut estre pour relever sa
gloire. On ne voir jamais
un Heros toutentier quand
on ne le voit que dans la
prosperité.
Tout ce qui s'est passé
en Espagne est si nouveau,
que je ferois tort d'en donner des Mémoires à celuy
qui prendra le foin d'escrire ce qu'il a
fait depuis son
dernier départ d'Anet jusqua sa mort. On travaille
à present au Journal exact
de cette suite de belles actions qui ont affermi la
Couronne du Roy d'Espagné, quand ce Journal serafaitj'en donnerai un extrait.
Fermer
Résumé : MONSIEUR LE DUC de Vendosme.
Le texte relate la vie et les exploits militaires de Louis Joseph de Vendôme, Duc de Vendôme, Pair de France, Prince de Martigues, Chevalier des Ordres du Roy, Grand Sénéchal et Gouverneur de la Provence, et Général des Galères. Né petit-fils d'un grand roi, il montra dès son enfance des qualités rares telles que l'humanité, l'affabilité, la générosité et la compassion. Il s'illustra très tôt dans sa carrière militaire, servant avec assiduité et gravissant les échelons jusqu'à devenir un grand général. Sous la tutelle de Turenne et de Crequy, il participa à de nombreuses batailles, comme celle d'Altenheim où il fut grièvement blessé. Il se distingua également lors des sièges de Barcelone et de Cremone, et dans diverses campagnes en Allemagne, en Flandres et en Italie. Ses actions militaires, telles que la prise de plusieurs villes et la victoire à la bataille de Luzara, contribuèrent à affermir la couronne du Roi d'Espagne. Le Duc de Vendôme était également connu pour sa magnificence et son hospitalité, notamment lors des séjours du Dauphin à sa maison d'Anet. Il reçut de grandes marques de confiance du Roi, qui lui confia divers commandements importants. Sa carrière militaire fut marquée par des succès notables, bien que la victoire lui ait parfois échappé, comme à la bataille d'Oudenarde. Le texte mentionne également la préparation d'un journal détaillant ses actions en Espagne, soulignant l'impact de ses exploits sur la couronne espagnole.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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611
p. 87-109
SUITE DU DISCOURS préliminaire sur la Lumiere, inseré das le Mercure précedent.
Début :
La lumiere entant qu'elle est contenuë dans le corps [...]
Mots clefs :
Corps lumineux, Lumière, Corps opaque, Ombres, Catoptrique, Dioptrique, Arc-en-ciel, Parélie, Microscopes, Couronnes célestes, Vision
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DU DISCOURS préliminaire sur la Lumiere, inseré das le Mercure précedent.
SUITE DU DISCOURS
préliminairesur la Lumiere
,
inféré dans le Mercure'
précèdent,
La lumiere entant qu'elle est contenue dans le
corps lumineux, n'est autre chose que l'avion mesme du corps lumineux,
par laquelle il pouffe à la
ronde autour de luy la lumiere matérielle qui l'environne. Or cette action
du corps lumineux vient
de ce que sa surface estant
composée ou couverte d'u.
ne matière tres fluide, &
tres agitée
,
son mouvement tend tousjours à la
faire écarter de son propre
centre; desorte que sans
la matiere plus grossiere
qui resserreexterieurement
le corps lumineux, ilest
certain qu'il se dissiperoît
incontinent, ou du moins
sa su perficie.C'est pourquoy il y a une espece de
combat perpetuel entre la
matiere du corps lumineux
qui tend à s'estendre
,
&
celle de l'ether qui l'environne
,
laquelle tend à le
resserrer.
resserrer. Dans ce combat
chacun est vaincu, & vain.
queurtouràtour,sansque
jamais la victoire cede entièrement àaucun des deux,
si ce n'est peut- estre quand
le corps lumineux s'estend
tout à fait, ce qu'on peut
plustost attribuer au défaut d'alimens qu'à la prêt
sion de l'ether environnant. Cet effort du corps
lumineux pour s'estendre,
peut se comparer, si l'on
veut, à celuy dîme éponge que l'on presseroit, 6c
qu'on lafcheroit successi-
vemenr entre ses doigts, &
l'action par laquelle l'effort
que le corps lumineux fait
pour s'estendre, poulie la
lumiere autour de luy
,
a
beaucoup de rapportàcelle
par laquelle on dit que les
Porcs
-
épies lancent à la
ronde contre ceux qui les
poursuivent & qui les pres
,[enr,les poils, ou plustost
les dards donc leur peau est
toute herissée, quoy qu'on
ait tout droit de douter de
cet effet.
Il n'est pas difficileapre's
celad'imaginer comment
la lumierequi environne
le corps lumineux estant
pouffée, pouffe celie qui
e
st
plus esloignée qu'<)!e/&:
celle cy ce lle qui est encore plus loin, jusquaceque
cet effort à force de s'entendre, soit tour
-
à fait aneanti
; & comment il se
forme par ce moyen au
tour du corps lumineux des
spheres concentriques de
lumiere qui se poussentmutuel lement & continue ilement les unes les autres
,
comme on voitqu'ilarrive aux cercles qui sefor-
ment dans l'eau quand on
y
jetre quelque pierre. De
plus il est encore aisé de
concevoir par ce moyen
comment en quelque endroit qu'on mette l'oeil autour d'un corps lumineux,,
il parvient tousjours de la
lumiere jusques à nous. Enfin si l'on considere que
l'œil est composé de parties transparentes, telles
que sont la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin
,
l'humeur vitrée & la
retine, on verrasans peine
quci la lumière estant un
corps tres-subtil & tresfluide, pénétré avec facilité toutes ces humeurs*
pour venir faire son impression sur lesesprits ani-
-
maux qui font contenus
dans les membranes qui
tapissent le fond de l'oeil,
& c'est de cette manière
que la lumière découle du
corps lumineux, pour venir dans nos yeux..
-
Ce n'est pas que je prétende pour cela, qu'il faille
qu'à chaque fois que nous
voyons un corpslumineux,
la lumière qui l'environne
immédiatement parvienne
jusques à nos yeux; car si
cela estoitil faudroit peucestre
,
non pas un temps
de deux heures environ
,
-
pour qu'elle pust faire sentir son impression depuis
Saturne >ulcjues - ,
a nous
comme on la dir cy-devant ;
mais un temps de
plusieursjours, ou mesme
de plusieurs mois.
Pour imaginer donc comme cette impression peut
parvenir à nos yeux de si
loin dans un temps si court,
il faut considerer que tout
l'Univers estant rempli de
matière et herée
,
ce qui
reste de vuide enrre les parties de la lumiere
,
peut
estre réputé pour rien; &
c'est pour cela que les partics de lumiere qui sont
proche de nos yeux font
presque meuês en mefmc
temps quecelles qui environnent le corps lumineux.
Quant à lamaniere dont
la lumiere se fait sentir,
elle est peu différente de
celle en laquelle les objets
des autres sens s'apperçoi-
vent; desorte que pour bien
expliquer raébon de la lumiere au dedans du cerveau, on peut asseurer.
qu'elle n'est autre chose
qu'une motion ou un ébranlement qu'elle cause
dans les esprits
,
sur les
quels elle fait impression
en arrivant au fond de l'oeil;
car ces esprits, comme
ceux detous les autres sens,
n'arrivant au fond de l'œil,
que par de petits canaux
appeliez nerfs, qui respon-,
dentautond du cerveau,
il est aisé de concevoir
comme
comme les motions que la
lumiere cause dans ces esprits parviennent jusques
à la partie la plus reculée
de sa substance, &c'en est
assez pour que le corps lumineux puisse dit estre veu.
Comme c'est assez pour
qu'un corps sonore soit
entendu, ou un corps odoriférant senti,ou un corps
savoureux gousté,ou enfin
un corps doux ou rude
mou ou dur, apperceu par
le toucher, que l'ébranlement que ses parties, ou
ses sucs ou sa surface eau-
sent dans les esprits animaux qui abondent dans
les organes de l'ouie
,
de
l'odorat ;
du goust & du
toucher, arrive jusques au
fond du cerveau.
De la mesme maniere
dont un corps lumineux est
apperceu; on peut dire aussi
qu on voit tous les autres
corps: car la lumiere que
le corps lumineux chasse à
la ronde
,
arrivant sur des
objets qu'elle ne peut penetrer
,
cft obligée de se
réfléchir
,
comme l'experience des miroirs le fait
voir; & cette refléxion ne
changeant rien dans la nature dela lumiere,non plus
que le mouvement d'une
baie de jeu de paume ne
change pas de nature pour
réflechir sur le pavé ou sur
la raquette, il est évident
que nos yeux sont toucher
recette lumiere réflechie.
comme ils le seroient,sielle
parvenoit à eux immédiatement du corps lumineux;
c'estpourquoy elle forme
encore les mesmes modifications dans le cerveau.
Et. par la mesmeraison
que nous voyons les corps
lumineux par leur lumiere
immediate
,
on peut dire
que nous voyons les objets éclairez par les corps
lumineux
,
au moyen de
leur lumiere réflechie. Car
alors les corps qui réflechissent la lumiere peuvent
eux-mesmes estre regardez comme des corps lumineux.
Enfin le sentiment des
cou leurs ne differant de
celuy de la lumiere, qu'en
ce-qu'il est accompagné
de quelque circonstance
accidentelle
,
qui modifie
la sensation, il est confiant
qu'on doit l'expliquer aussi
de la mesme maniere que
celuy de la lumiere immediate, ou directe & de la ré- flechie. Ainsi ilfera vray
de dire, par exemple, qu'-
un corps paroist coloré,
parce qu'ily a un corps lumineux qui pouffe de la
lumiere sur luy, & que ce
corps réflechissant cette lumiere
,
luy laisse une certaine impression qu'elle
navoit pas auparavant,
comme il arrive aux vents,
qui passant par de certaines regions froides ou
chaudes, retiennent quelque chose de leur temperature.
On peut adjouster à cette explication celle de la
formation des ombres des
corps; & on dira qu'un
corps opaque devant empescher la lumiere du corps
lumineux de tomber immediatement sur les corps qui
font derriere luy
;
il ne faut
pas s'estonner si ces corps
ne se font point sentir du
tout; ou du moins que très*
peu; sçavoir à proportion
de la lumiere qu'ils peuvent recevoir par laréflexion des autres corps qui
les environnent; laquelle
lumiere appellée réflet, ne
venant dans nos yeux tout
au plus qu'après deux réflexions, n'y doit causer
que des motions bien plus
foibles.
Outre la.lumiere & l'ombre
,
il y a encore quelque
chose de moyen entre l'un
& l'autre qu'on appelle Pénombre, dont on parlera
dans la fuite.
Enfin il n'arrive pas seulement dela lumiere d'un
corps lumineux dans nos
yeux, par les réflections
qu'elle souffre sur les corps
durs,qu'elle ne peut penetrer; mais il y en vient
aussi aprèsqu'elle a
passé
au travers d'autres
,
qu'on
appelle transparents, tel
que sont les verres
,
les
cristaux
,
les pierres précieuses, les bois,les gomroes) les sels
,
& les liqueurs, dans lesquels ourre
qu'elle ceflfe de continuer
son chemin en ligne droi-
te
,
comme on le dira en
son lieu, elle contracte aussi decertaines qualitez qui
forment des couleurs.
De sorte
que pour traiter
le sujet de la lumiere dans
toute son estenduë
,
il ne
resteroit,aprèsavoirparlé
de l'origine de la lumiere
directe, de sa nature & de
son progrez, de continuer
dans les discours suivants
à parler des ombres & des
pénombres, qui sont des
effets de la lumiere directe, d'entreprendre ensuite
d'expliquer la lumiere ré-
flechie,& de finir par la
lumiere rompuë & par les
couleurs.
Dans le traité des ombres & des pénombres on
explique comment les figures des corps opaques
se trouvent representées
par leur moyen en grand,
ou en petit.
Dans celuy de la Catoptrique ou de la lumiere ré
flechie, on explique les
differentes proprietez des
miroirs plats, des convexes & des concaves, d'où
vient qu'ils grosissent,ou
qu'ils diminuent, qu'ils redressent, ou qu'ils renversent les objets, qu'ils les
representent au juste, ou
qu'ils les defigurent,qu'ils
les approchent, ou les éloignent,& d'où vientenfin que lesunsbruslent, Ôc
que les autres n'échauffent pas seulement,ou mesme causent du froid.
Enfin dans le traité de
la Dioptrique ou de la lu-
-
miere rompuë, on fait connoistre toutes les proprietez des verres plats
,
des
convexes, ôc des concaves ;
d'où vient qu'ils font les
mesmes effets par refraction, que les miroirs précedens par réflection
;
de
quelle maniere on enfait
des microscopes
,
& des
telescopes pour grossir ou
approcher lesobjets;comment se forment les couleurs primitives;quelle est
la mechanique de l'œil, &
comment on peut perfectionner la vision: & aprés
avoir developpé les miracles que la lumiere produit sur la terre ;
il reste
de nous élever à confide-
rer ceux qui se passent dans
les Cieux,tels que font les
Arcs en-ciels,les Parélies,
& les Couronnes celestes,
dont je me flatte que l'explication ne donnera pas
moins de plaisir que ces
phenomenes ont pû causer
d'admiration.
préliminairesur la Lumiere
,
inféré dans le Mercure'
précèdent,
La lumiere entant qu'elle est contenue dans le
corps lumineux, n'est autre chose que l'avion mesme du corps lumineux,
par laquelle il pouffe à la
ronde autour de luy la lumiere matérielle qui l'environne. Or cette action
du corps lumineux vient
de ce que sa surface estant
composée ou couverte d'u.
ne matière tres fluide, &
tres agitée
,
son mouvement tend tousjours à la
faire écarter de son propre
centre; desorte que sans
la matiere plus grossiere
qui resserreexterieurement
le corps lumineux, ilest
certain qu'il se dissiperoît
incontinent, ou du moins
sa su perficie.C'est pourquoy il y a une espece de
combat perpetuel entre la
matiere du corps lumineux
qui tend à s'estendre
,
&
celle de l'ether qui l'environne
,
laquelle tend à le
resserrer.
resserrer. Dans ce combat
chacun est vaincu, & vain.
queurtouràtour,sansque
jamais la victoire cede entièrement àaucun des deux,
si ce n'est peut- estre quand
le corps lumineux s'estend
tout à fait, ce qu'on peut
plustost attribuer au défaut d'alimens qu'à la prêt
sion de l'ether environnant. Cet effort du corps
lumineux pour s'estendre,
peut se comparer, si l'on
veut, à celuy dîme éponge que l'on presseroit, 6c
qu'on lafcheroit successi-
vemenr entre ses doigts, &
l'action par laquelle l'effort
que le corps lumineux fait
pour s'estendre, poulie la
lumiere autour de luy
,
a
beaucoup de rapportàcelle
par laquelle on dit que les
Porcs
-
épies lancent à la
ronde contre ceux qui les
poursuivent & qui les pres
,[enr,les poils, ou plustost
les dards donc leur peau est
toute herissée, quoy qu'on
ait tout droit de douter de
cet effet.
Il n'est pas difficileapre's
celad'imaginer comment
la lumierequi environne
le corps lumineux estant
pouffée, pouffe celie qui
e
st
plus esloignée qu'<)!e/&:
celle cy ce lle qui est encore plus loin, jusquaceque
cet effort à force de s'entendre, soit tour
-
à fait aneanti
; & comment il se
forme par ce moyen au
tour du corps lumineux des
spheres concentriques de
lumiere qui se poussentmutuel lement & continue ilement les unes les autres
,
comme on voitqu'ilarrive aux cercles qui sefor-
ment dans l'eau quand on
y
jetre quelque pierre. De
plus il est encore aisé de
concevoir par ce moyen
comment en quelque endroit qu'on mette l'oeil autour d'un corps lumineux,,
il parvient tousjours de la
lumiere jusques à nous. Enfin si l'on considere que
l'œil est composé de parties transparentes, telles
que sont la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin
,
l'humeur vitrée & la
retine, on verrasans peine
quci la lumière estant un
corps tres-subtil & tresfluide, pénétré avec facilité toutes ces humeurs*
pour venir faire son impression sur lesesprits ani-
-
maux qui font contenus
dans les membranes qui
tapissent le fond de l'oeil,
& c'est de cette manière
que la lumière découle du
corps lumineux, pour venir dans nos yeux..
-
Ce n'est pas que je prétende pour cela, qu'il faille
qu'à chaque fois que nous
voyons un corpslumineux,
la lumière qui l'environne
immédiatement parvienne
jusques à nos yeux; car si
cela estoitil faudroit peucestre
,
non pas un temps
de deux heures environ
,
-
pour qu'elle pust faire sentir son impression depuis
Saturne >ulcjues - ,
a nous
comme on la dir cy-devant ;
mais un temps de
plusieursjours, ou mesme
de plusieurs mois.
Pour imaginer donc comme cette impression peut
parvenir à nos yeux de si
loin dans un temps si court,
il faut considerer que tout
l'Univers estant rempli de
matière et herée
,
ce qui
reste de vuide enrre les parties de la lumiere
,
peut
estre réputé pour rien; &
c'est pour cela que les partics de lumiere qui sont
proche de nos yeux font
presque meuês en mefmc
temps quecelles qui environnent le corps lumineux.
Quant à lamaniere dont
la lumiere se fait sentir,
elle est peu différente de
celle en laquelle les objets
des autres sens s'apperçoi-
vent; desorte que pour bien
expliquer raébon de la lumiere au dedans du cerveau, on peut asseurer.
qu'elle n'est autre chose
qu'une motion ou un ébranlement qu'elle cause
dans les esprits
,
sur les
quels elle fait impression
en arrivant au fond de l'oeil;
car ces esprits, comme
ceux detous les autres sens,
n'arrivant au fond de l'œil,
que par de petits canaux
appeliez nerfs, qui respon-,
dentautond du cerveau,
il est aisé de concevoir
comme
comme les motions que la
lumiere cause dans ces esprits parviennent jusques
à la partie la plus reculée
de sa substance, &c'en est
assez pour que le corps lumineux puisse dit estre veu.
Comme c'est assez pour
qu'un corps sonore soit
entendu, ou un corps odoriférant senti,ou un corps
savoureux gousté,ou enfin
un corps doux ou rude
mou ou dur, apperceu par
le toucher, que l'ébranlement que ses parties, ou
ses sucs ou sa surface eau-
sent dans les esprits animaux qui abondent dans
les organes de l'ouie
,
de
l'odorat ;
du goust & du
toucher, arrive jusques au
fond du cerveau.
De la mesme maniere
dont un corps lumineux est
apperceu; on peut dire aussi
qu on voit tous les autres
corps: car la lumiere que
le corps lumineux chasse à
la ronde
,
arrivant sur des
objets qu'elle ne peut penetrer
,
cft obligée de se
réfléchir
,
comme l'experience des miroirs le fait
voir; & cette refléxion ne
changeant rien dans la nature dela lumiere,non plus
que le mouvement d'une
baie de jeu de paume ne
change pas de nature pour
réflechir sur le pavé ou sur
la raquette, il est évident
que nos yeux sont toucher
recette lumiere réflechie.
comme ils le seroient,sielle
parvenoit à eux immédiatement du corps lumineux;
c'estpourquoy elle forme
encore les mesmes modifications dans le cerveau.
Et. par la mesmeraison
que nous voyons les corps
lumineux par leur lumiere
immediate
,
on peut dire
que nous voyons les objets éclairez par les corps
lumineux
,
au moyen de
leur lumiere réflechie. Car
alors les corps qui réflechissent la lumiere peuvent
eux-mesmes estre regardez comme des corps lumineux.
Enfin le sentiment des
cou leurs ne differant de
celuy de la lumiere, qu'en
ce-qu'il est accompagné
de quelque circonstance
accidentelle
,
qui modifie
la sensation, il est confiant
qu'on doit l'expliquer aussi
de la mesme maniere que
celuy de la lumiere immediate, ou directe & de la ré- flechie. Ainsi ilfera vray
de dire, par exemple, qu'-
un corps paroist coloré,
parce qu'ily a un corps lumineux qui pouffe de la
lumiere sur luy, & que ce
corps réflechissant cette lumiere
,
luy laisse une certaine impression qu'elle
navoit pas auparavant,
comme il arrive aux vents,
qui passant par de certaines regions froides ou
chaudes, retiennent quelque chose de leur temperature.
On peut adjouster à cette explication celle de la
formation des ombres des
corps; & on dira qu'un
corps opaque devant empescher la lumiere du corps
lumineux de tomber immediatement sur les corps qui
font derriere luy
;
il ne faut
pas s'estonner si ces corps
ne se font point sentir du
tout; ou du moins que très*
peu; sçavoir à proportion
de la lumiere qu'ils peuvent recevoir par laréflexion des autres corps qui
les environnent; laquelle
lumiere appellée réflet, ne
venant dans nos yeux tout
au plus qu'après deux réflexions, n'y doit causer
que des motions bien plus
foibles.
Outre la.lumiere & l'ombre
,
il y a encore quelque
chose de moyen entre l'un
& l'autre qu'on appelle Pénombre, dont on parlera
dans la fuite.
Enfin il n'arrive pas seulement dela lumiere d'un
corps lumineux dans nos
yeux, par les réflections
qu'elle souffre sur les corps
durs,qu'elle ne peut penetrer; mais il y en vient
aussi aprèsqu'elle a
passé
au travers d'autres
,
qu'on
appelle transparents, tel
que sont les verres
,
les
cristaux
,
les pierres précieuses, les bois,les gomroes) les sels
,
& les liqueurs, dans lesquels ourre
qu'elle ceflfe de continuer
son chemin en ligne droi-
te
,
comme on le dira en
son lieu, elle contracte aussi decertaines qualitez qui
forment des couleurs.
De sorte
que pour traiter
le sujet de la lumiere dans
toute son estenduë
,
il ne
resteroit,aprèsavoirparlé
de l'origine de la lumiere
directe, de sa nature & de
son progrez, de continuer
dans les discours suivants
à parler des ombres & des
pénombres, qui sont des
effets de la lumiere directe, d'entreprendre ensuite
d'expliquer la lumiere ré-
flechie,& de finir par la
lumiere rompuë & par les
couleurs.
Dans le traité des ombres & des pénombres on
explique comment les figures des corps opaques
se trouvent representées
par leur moyen en grand,
ou en petit.
Dans celuy de la Catoptrique ou de la lumiere ré
flechie, on explique les
differentes proprietez des
miroirs plats, des convexes & des concaves, d'où
vient qu'ils grosissent,ou
qu'ils diminuent, qu'ils redressent, ou qu'ils renversent les objets, qu'ils les
representent au juste, ou
qu'ils les defigurent,qu'ils
les approchent, ou les éloignent,& d'où vientenfin que lesunsbruslent, Ôc
que les autres n'échauffent pas seulement,ou mesme causent du froid.
Enfin dans le traité de
la Dioptrique ou de la lu-
-
miere rompuë, on fait connoistre toutes les proprietez des verres plats
,
des
convexes, ôc des concaves ;
d'où vient qu'ils font les
mesmes effets par refraction, que les miroirs précedens par réflection
;
de
quelle maniere on enfait
des microscopes
,
& des
telescopes pour grossir ou
approcher lesobjets;comment se forment les couleurs primitives;quelle est
la mechanique de l'œil, &
comment on peut perfectionner la vision: & aprés
avoir developpé les miracles que la lumiere produit sur la terre ;
il reste
de nous élever à confide-
rer ceux qui se passent dans
les Cieux,tels que font les
Arcs en-ciels,les Parélies,
& les Couronnes celestes,
dont je me flatte que l'explication ne donnera pas
moins de plaisir que ces
phenomenes ont pû causer
d'admiration.
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Résumé : SUITE DU DISCOURS préliminaire sur la Lumiere, inseré das le Mercure précedent.
Le texte explore la nature et la propagation de la lumière. La lumière, issue d'un corps lumineux, est décrite comme une action par laquelle ce corps émet de la lumière matérielle autour de lui. Cette émission résulte du mouvement d'une matière fluide et agitée à la surface du corps lumineux, qui tend à s'étendre. Un combat perpétuel oppose cette matière à l'éther environnant, chacun alternant entre victoire et défaite. La lumière se propage en poussant les couches de lumière environnantes, formant des sphères concentriques similaires aux cercles dans l'eau après un impact. La lumière pénètre facilement les parties transparentes de l'œil pour impressionner les esprits animaux au fond de l'œil, permettant ainsi la vision. Le texte distingue entre la lumière directe et la lumière réfléchie, expliquant que les objets sont vus grâce à la lumière réfléchie par leur surface. Les couleurs et les ombres sont également mentionnées comme des effets de la lumière. Le texte annonce une suite de discours sur les ombres, les pénombres, la lumière réfléchie et la lumière réfractée, ainsi que sur les propriétés des miroirs et des verres. Il mentionne également des phénomènes célestes comme les arcs-en-ciel et les parhélies, dont l'explication sera développée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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612
p. 195-208
CONTRE-PARTIE du procés de Lion. LA PETITE FILLE à deux peres.
Début :
Un jeune Officier devint amoureux d'une jeune personne appellée [...]
Mots clefs :
Mère, Fille, Lyon, Deux pères, Officier amoureux, Fidélité, Marianne, Juge, Procès, Loi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CONTRE-PARTIE du procés de Lion. LA PETITE FILLE à deux peres.
CONTRE-PARTII
duprocès deLion.
LA PETITE FILLE.
àdeux feres, UN -
jeuneOfficier devint amoureux d'une jeune
personne appellée Marianne ;elle: lepréféra à un
vieux Bourgeoistrés-opulent. CetOScierecoic si
bienfait & si pauvre,
qu'il fit. compassionà une
riche veuve,, ni jeune, ni
belle, mais d'un bon natu- rel. Elle eut autant d'envie
de faire la fortune de l'Ofsicier, que l'Officier enavoit defairecelle de Marianne: mais quel parti
prendre ?
S'épouser sans
bIen, c'étoit se rendremiserablesépouserle vieillard
& lavieille,c'étoit sacrifierleur bonheur pour des
richesses nos jeunes amans
ne pouvoient s'y resoudre.
Cependant le vieillard &
la vieille les pressoientfort,
ôc le mauvais état de leurs
adiréslesprenant encore
davantage, ilsse conseillejent
enfin
l'un àl'autre ce
qu'ils ne pouvaient se resoudre d'executer :ce fut;
d'épouser ceux qui pouvoient leur donner moyen
d'être quelque jour l'un &
l'autre bienà leur aise; car
quoyqu'ils ne souhaitassent
pas en se mariant de devenir bientôt veufs, le grand
âge du Bourgeois & de la
veuve devoirprévenir leur
souhait en peu d'années. Ils
prirent donc la verrueufe
refollition de ne se jamais,
voir,dés, qu'ils auroient
promis chacunà leur vieille
moitié une fidélité inviolable. Ilsalut se separer
que ne se dirent point ces
tendres amans! que de soûpirs ! que de larmes ! La,,
douleur d'une separationsi
cruelle redoubla leur ten.
dresse, & troubla leur rarson. L'Officier perditlerespeét
,
Marianne perdit la
ttamqnrane;ils ne se poffedoientplus. Jenesçaicomment ilsse separerent:mais
ils promirentde se revoir
encore; cependant levieillard & la vieille vouloient
terminer leurs mariages;
les jeunes remettoienttoujours aulendemain; & de
lendemainen lendemain ils
auroient;différé. toute leur
vie,sansunecrainte fecrece
qui obligea Marianne de
conclure les noces au plûtôfcv Elle n'y perdit pas un
moment,&au moyen de
cette diligence levieillard
eut lignée justement au
bout de neuf mois.
,
L'Officier s'étoit marié
dés le même jour à cette
vieille veuve, enquil'amour fit par miraclel'effet
de la jeunesse;car à 60. ans,..
dit-on, elle accoucha d'une:
fille, à qui ayant donné le
peu de chaleur naturelle
quilui restoit, ellemourut à
rinftantj&rÔfficier se trouvant pere & veuf en même
jour, se fit un plaisir de
-
don.
ner secretement cette fille
à nourrir à la même nourrice qui nourrissoitdéjà
celle de Marianne. Ensuite
roncier partit pour la
guerre, parce que la vertueuseMarianne nevouloir
:
point le voir tant. que [olt;
mari vivroit,
Peu de temps après le
vieillard & Marianne sa
femme furent,obligez dé
faire un longvoyage pour des affaires importantes;
en tprie que lesdeux petites
filles resterent en nourrice
ensèmble, & l'une des deux
ecant morte peu aprés,
la nourrice avare voyant la
mere 6c tes, deuxperes absens, continua de se faire
payer des deux côtex lapensîôn de celle qui restoit
;
mais; l'embarras fut que là*
nourrice étant morteenfuite subitement. la fille, qui pouvoiravoirquatre oucinqans,resta entre
les mainsd'une voisine,qui
s'en chargea pour tâcherde
tirer encoreles deux pensions.Mais l'Officier revint
Bientôtde l'armée, & s'empara dela petitefille, qu'il
crut de bonne foy être celle
qu'ilavoit euë deson mariage, parce quelle avoit
beaucoup de son air.
-
Il faut remarquer que
personne ne sçavoit plus véritablement àqui elle, ap-
-.
«
p^fceaoic :la jeune mere ficeles deuxperes ne l'avoient,
point vuedepuis sa naissance, 6c cela doiuia lieu à.
un grand procès
; car le
vieillardde retour
,.
voulut
avoir le fruit desonmariage ,
dontl'Officiers'étoit
emparé.Onplaida la causè,
quelquesJuges opinerenc.x
~t~c~M/~ de iobfeuritêimfmttrairitrépandissur
xt4tte affaire
y
l'enfant reftttroit au perc leplusriche parcemieux qu'iletoitélever. en ÇÏAÏ de III
Un autre Juge, plusér
claire, demanda si la petite
fille n'avoit point encore VIL la mere ; on Ion. réponditque
-
Il nousresse donc,dit ce
*
Jpge, deux moyens de con
noitresi la femme du vieillard
te mere ou non. Le premier, *
cVyî la ressemblance,quenous
examineron dans lafuite.
Vautre moyen,.t'ifl qu'il!
fautmettre la petite fille au
milieu d'une douzaine dam..dtres du mêmeâge, v', qu'on
.l(S amene toutes ensemble. deJ
vant nous.
On!executa l'arrêtcom-
rne ce dernierJuge. l'avoit
prononcé; onamena à
laudience suivante cette troupe de petitesfilles,l'ondit
-"a lamere de choisir celle
de toutespour qui elle se
sentoit le plus d'inclination
naturelle,&ellechoisitjustement entre toutes la pe- tite filleen question.
Je sçavoisbien, dit le Juge,quel'instinctferoit meilleurJuge
que moy :
la ressemblnceparfaitequeje vois entre lamere & lafillemepersuade encore que
Cinfliniléfl
veritable.
Les deuxperescepenJant etoieil'tns à ce
jugement. Le vieillard
,,, -transporté de joye qu'on feûtjugépubliquement qu'à
sonâge il pouvoitêtre >
pere,
courut pour embrasser la
;;petite fille
;
maiselle eut
peur, & s'écria en le repoussant: Ah
ce n'est point là monpapa, j'aime bien mieux
celui.ci;continuait-elle, en
se tournant vers l'Officier,
qu'elle courutembrasser ;
ahjevois bien que celui-ci est
mon "iraipapa.
Cet évenementimprévu
embarassaquelques-uns des oient-.:tdHoie,nt-ils i si s,t
CinjlinB a donnél'enfant àla
•
mere.tSPau-vieill.irdy le même
injlinÛ taaujji donné a
l'Ofsficier :
ainjïcelanedécidé
rIen.
.,Ol\JNt queIey pluscensez opinerent pour le premierinstinct; parce que la
inerc' étant designée sûrementparl'instinct
,
&le
pere demontréparlemariage avec la mere,ilfaloit
suivrelaloyà l'égard du
pere,&non l'instinct. En
effetcen'estpasla faute des
.)uges si la loy ne s'accorde
pastoûjours avec l'instinct.
duprocès deLion.
LA PETITE FILLE.
àdeux feres, UN -
jeuneOfficier devint amoureux d'une jeune
personne appellée Marianne ;elle: lepréféra à un
vieux Bourgeoistrés-opulent. CetOScierecoic si
bienfait & si pauvre,
qu'il fit. compassionà une
riche veuve,, ni jeune, ni
belle, mais d'un bon natu- rel. Elle eut autant d'envie
de faire la fortune de l'Ofsicier, que l'Officier enavoit defairecelle de Marianne: mais quel parti
prendre ?
S'épouser sans
bIen, c'étoit se rendremiserablesépouserle vieillard
& lavieille,c'étoit sacrifierleur bonheur pour des
richesses nos jeunes amans
ne pouvoient s'y resoudre.
Cependant le vieillard &
la vieille les pressoientfort,
ôc le mauvais état de leurs
adiréslesprenant encore
davantage, ilsse conseillejent
enfin
l'un àl'autre ce
qu'ils ne pouvaient se resoudre d'executer :ce fut;
d'épouser ceux qui pouvoient leur donner moyen
d'être quelque jour l'un &
l'autre bienà leur aise; car
quoyqu'ils ne souhaitassent
pas en se mariant de devenir bientôt veufs, le grand
âge du Bourgeois & de la
veuve devoirprévenir leur
souhait en peu d'années. Ils
prirent donc la verrueufe
refollition de ne se jamais,
voir,dés, qu'ils auroient
promis chacunà leur vieille
moitié une fidélité inviolable. Ilsalut se separer
que ne se dirent point ces
tendres amans! que de soûpirs ! que de larmes ! La,,
douleur d'une separationsi
cruelle redoubla leur ten.
dresse, & troubla leur rarson. L'Officier perditlerespeét
,
Marianne perdit la
ttamqnrane;ils ne se poffedoientplus. Jenesçaicomment ilsse separerent:mais
ils promirentde se revoir
encore; cependant levieillard & la vieille vouloient
terminer leurs mariages;
les jeunes remettoienttoujours aulendemain; & de
lendemainen lendemain ils
auroient;différé. toute leur
vie,sansunecrainte fecrece
qui obligea Marianne de
conclure les noces au plûtôfcv Elle n'y perdit pas un
moment,&au moyen de
cette diligence levieillard
eut lignée justement au
bout de neuf mois.
,
L'Officier s'étoit marié
dés le même jour à cette
vieille veuve, enquil'amour fit par miraclel'effet
de la jeunesse;car à 60. ans,..
dit-on, elle accoucha d'une:
fille, à qui ayant donné le
peu de chaleur naturelle
quilui restoit, ellemourut à
rinftantj&rÔfficier se trouvant pere & veuf en même
jour, se fit un plaisir de
-
don.
ner secretement cette fille
à nourrir à la même nourrice qui nourrissoitdéjà
celle de Marianne. Ensuite
roncier partit pour la
guerre, parce que la vertueuseMarianne nevouloir
:
point le voir tant. que [olt;
mari vivroit,
Peu de temps après le
vieillard & Marianne sa
femme furent,obligez dé
faire un longvoyage pour des affaires importantes;
en tprie que lesdeux petites
filles resterent en nourrice
ensèmble, & l'une des deux
ecant morte peu aprés,
la nourrice avare voyant la
mere 6c tes, deuxperes absens, continua de se faire
payer des deux côtex lapensîôn de celle qui restoit
;
mais; l'embarras fut que là*
nourrice étant morteenfuite subitement. la fille, qui pouvoiravoirquatre oucinqans,resta entre
les mainsd'une voisine,qui
s'en chargea pour tâcherde
tirer encoreles deux pensions.Mais l'Officier revint
Bientôtde l'armée, & s'empara dela petitefille, qu'il
crut de bonne foy être celle
qu'ilavoit euë deson mariage, parce quelle avoit
beaucoup de son air.
-
Il faut remarquer que
personne ne sçavoit plus véritablement àqui elle, ap-
-.
«
p^fceaoic :la jeune mere ficeles deuxperes ne l'avoient,
point vuedepuis sa naissance, 6c cela doiuia lieu à.
un grand procès
; car le
vieillardde retour
,.
voulut
avoir le fruit desonmariage ,
dontl'Officiers'étoit
emparé.Onplaida la causè,
quelquesJuges opinerenc.x
~t~c~M/~ de iobfeuritêimfmttrairitrépandissur
xt4tte affaire
y
l'enfant reftttroit au perc leplusriche parcemieux qu'iletoitélever. en ÇÏAÏ de III
Un autre Juge, plusér
claire, demanda si la petite
fille n'avoit point encore VIL la mere ; on Ion. réponditque
-
Il nousresse donc,dit ce
*
Jpge, deux moyens de con
noitresi la femme du vieillard
te mere ou non. Le premier, *
cVyî la ressemblance,quenous
examineron dans lafuite.
Vautre moyen,.t'ifl qu'il!
fautmettre la petite fille au
milieu d'une douzaine dam..dtres du mêmeâge, v', qu'on
.l(S amene toutes ensemble. deJ
vant nous.
On!executa l'arrêtcom-
rne ce dernierJuge. l'avoit
prononcé; onamena à
laudience suivante cette troupe de petitesfilles,l'ondit
-"a lamere de choisir celle
de toutespour qui elle se
sentoit le plus d'inclination
naturelle,&ellechoisitjustement entre toutes la pe- tite filleen question.
Je sçavoisbien, dit le Juge,quel'instinctferoit meilleurJuge
que moy :
la ressemblnceparfaitequeje vois entre lamere & lafillemepersuade encore que
Cinfliniléfl
veritable.
Les deuxperescepenJant etoieil'tns à ce
jugement. Le vieillard
,,, -transporté de joye qu'on feûtjugépubliquement qu'à
sonâge il pouvoitêtre >
pere,
courut pour embrasser la
;;petite fille
;
maiselle eut
peur, & s'écria en le repoussant: Ah
ce n'est point là monpapa, j'aime bien mieux
celui.ci;continuait-elle, en
se tournant vers l'Officier,
qu'elle courutembrasser ;
ahjevois bien que celui-ci est
mon "iraipapa.
Cet évenementimprévu
embarassaquelques-uns des oient-.:tdHoie,nt-ils i si s,t
CinjlinB a donnél'enfant àla
•
mere.tSPau-vieill.irdy le même
injlinÛ taaujji donné a
l'Ofsficier :
ainjïcelanedécidé
rIen.
.,Ol\JNt queIey pluscensez opinerent pour le premierinstinct; parce que la
inerc' étant designée sûrementparl'instinct
,
&le
pere demontréparlemariage avec la mere,ilfaloit
suivrelaloyà l'égard du
pere,&non l'instinct. En
effetcen'estpasla faute des
.)uges si la loy ne s'accorde
pastoûjours avec l'instinct.
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Résumé : CONTRE-PARTIE du procés de Lion. LA PETITE FILLE à deux peres.
Le texte raconte l'histoire d'un jeune officier amoureux de Marianne, une jeune femme qu'il préfère à un vieux bourgeois riche. Une riche veuve, bienveillante mais ni jeune ni belle, souhaite également aider l'officier. Les deux jeunes amants, confrontés à des pressions et des difficultés financières, décident de se marier chacun avec l'aîné de l'autre pour assurer leur avenir, promettant de ne jamais se revoir après leur mariage. Marianne épouse rapidement le vieillard, qui décède neuf mois plus tard. L'officier épouse la veuve, qui donne naissance à une fille avant de mourir. L'officier confie sa fille à la même nourrice que celle de Marianne. Marianne refuse de voir l'officier tant que son mari est en vie. Peu après, Marianne et son beau-père doivent partir en voyage, laissant les deux filles chez la nourrice. À la mort de la nourrice, une voisine prend en charge la fille restante pour percevoir les deux pensions. L'officier revient de la guerre et récupère la petite fille, croyant qu'elle est la sienne. Un procès s'ensuit entre les deux pères pour déterminer la véritable filiation de l'enfant. Un juge propose de laisser la mère choisir son enfant parmi plusieurs filles. Marianne reconnaît immédiatement sa fille. Les juges, bien que divisés, décident de suivre la loi, attribuant l'enfant au père légitime, le vieillard. Cependant, l'enfant refuse le vieillard et court vers l'officier, affirmant qu'il est son vrai père.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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613
p. 211-216
DONS DU ROY.
Début :
Le 15. Août le Roy nomma à l'Evêché de Toulon [...]
Mots clefs :
Dons, Evêché de Toulon, Abbayes, Abbé du Crevy, Prieuré
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY.
DONSDVROY.
Lei5.AoûtleRoynom-
ma à l'Evêché de Toulon
l'Abbé de Montauban
Grand Vicaire d'Apt.
Et donna l'Abbaye de
Vaux-Cernay, Ordre de
Cîteaux, Diocese de Pa":
ris, vacance par lamort de
Messire LoüisArmand
Bonnin de Chalucet,Evêque deToulon,àl'Abbé
de Broglio, Agent general
du Clergé.
Cette Abbaye est à huit
lieuës de Paris, & à une
lieuë &demiedeChevreuse, à l'occident d'hyver. Elle
fut fondée en mS. par- le
.,
Comte de Nelle, Connêcâble de France, &par sa
femme nommée Eve.
L'Abbaye de Lezat, Ord^e de saint Benoît, DiocesedeRieux, vacantepar
la mort de l'Abbé de Crussold'Uzez, Chanoine de
-
Strasbourg
,
aFAbbedeBe
rulle*
UAbbàyc deS.Paulde
Verdun, Ordre de Prémon
tré, vacante par la mort de
l'AbbéMolé, AbbédeSte
.: Croix
-
de Bordeaux
, -
au..
Pere Etheard
,
-
Abbé de la.
L'Abbaye du Rivet,Ordrrc deCîteaux
,
Diocese
de Bazas,auReverendPere
Jourdan de Fleins.
-
Il est d'une des meilleur
res famillesd'Angers,allié
a toutcequ'il ya de plus
distingué danslaNoblesse.
de la Province d'Anjou. Il
/efitReligieux en l'Abbaye
dePontron
: peu de temps
aprèsqu'il fut Prêtre on le
|ïc;Soupripir. Il fut choisi
g$urêtreDiredeurdesDa-
mes Religieuses de l'Abaye.
Royale de Panthemont,
dans le Fauxbourg faine,
Germain. Il s'est acquitté
de cet employ pendant
-
quinze ans; ensuite il fut
;
fait Prieur de l'Abbaye de
Lepau, proche laville du
Mans.
L'Abbaye de Gendras,
Ordre de saint Benoît, Diocese de Nîmes 3à l'Abbé de
Maniban.
,
LePrieurédeVauxàl'Evêque d'Arethuse.
1.
Le Prieuré de saint Léonard àl'AbbédeMaranzac.
L'Abbaye de laVirgini- té, Ordre de Cîteaux,Diocefedu Mans, à la Dame de
Preaux, Religieuse; de la..
due Abbaye.
Le 11. Août l'Abbé du
Crevy fut sacréEvêque du
Mans, dans la Chapelle du
Noviciat des Jesuites, par
l'Evêque de Tournay
,
asfifié des Evêques deQuimpçr& de Rennes.
Lei5.AoûtleRoynom-
ma à l'Evêché de Toulon
l'Abbé de Montauban
Grand Vicaire d'Apt.
Et donna l'Abbaye de
Vaux-Cernay, Ordre de
Cîteaux, Diocese de Pa":
ris, vacance par lamort de
Messire LoüisArmand
Bonnin de Chalucet,Evêque deToulon,àl'Abbé
de Broglio, Agent general
du Clergé.
Cette Abbaye est à huit
lieuës de Paris, & à une
lieuë &demiedeChevreuse, à l'occident d'hyver. Elle
fut fondée en mS. par- le
.,
Comte de Nelle, Connêcâble de France, &par sa
femme nommée Eve.
L'Abbaye de Lezat, Ord^e de saint Benoît, DiocesedeRieux, vacantepar
la mort de l'Abbé de Crussold'Uzez, Chanoine de
-
Strasbourg
,
aFAbbedeBe
rulle*
UAbbàyc deS.Paulde
Verdun, Ordre de Prémon
tré, vacante par la mort de
l'AbbéMolé, AbbédeSte
.: Croix
-
de Bordeaux
, -
au..
Pere Etheard
,
-
Abbé de la.
L'Abbaye du Rivet,Ordrrc deCîteaux
,
Diocese
de Bazas,auReverendPere
Jourdan de Fleins.
-
Il est d'une des meilleur
res famillesd'Angers,allié
a toutcequ'il ya de plus
distingué danslaNoblesse.
de la Province d'Anjou. Il
/efitReligieux en l'Abbaye
dePontron
: peu de temps
aprèsqu'il fut Prêtre on le
|ïc;Soupripir. Il fut choisi
g$urêtreDiredeurdesDa-
mes Religieuses de l'Abaye.
Royale de Panthemont,
dans le Fauxbourg faine,
Germain. Il s'est acquitté
de cet employ pendant
-
quinze ans; ensuite il fut
;
fait Prieur de l'Abbaye de
Lepau, proche laville du
Mans.
L'Abbaye de Gendras,
Ordre de saint Benoît, Diocese de Nîmes 3à l'Abbé de
Maniban.
,
LePrieurédeVauxàl'Evêque d'Arethuse.
1.
Le Prieuré de saint Léonard àl'AbbédeMaranzac.
L'Abbaye de laVirgini- té, Ordre de Cîteaux,Diocefedu Mans, à la Dame de
Preaux, Religieuse; de la..
due Abbaye.
Le 11. Août l'Abbé du
Crevy fut sacréEvêque du
Mans, dans la Chapelle du
Noviciat des Jesuites, par
l'Evêque de Tournay
,
asfifié des Evêques deQuimpçr& de Rennes.
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Résumé : DONS DU ROY.
Le document détaille diverses nominations et vacances d'abbayes et de prieurés en France au XVIIIe siècle. Le 5 août, le roi nomma l'Abbé de Montauban Grand Vicaire d'Apt et attribua l'Abbaye de Vaux-Cernay, de l'Ordre de Cîteaux, à l'Abbé de Broglio. Cette abbaye est située à huit lieues de Paris et à une lieue et demie de Chevreuse, fondée au XIe siècle par le Comte de Nelle et son épouse Eve. D'autres nominations incluent l'Abbaye de Lezat, de l'Ordre de Saint Benoît, attribuée à l'Abbé de Berulle, et l'Abbaye de Saint-Paul de Verdun, de l'Ordre de Prémontré, attribuée au Père Etheard. L'Abbaye du Rivet, de l'Ordre de Cîteaux, fut donnée au Père Jourdan de Fleins, issu d'une famille distinguée d'Angers. Ce dernier était également Directeur des Dames Religieuses de l'Abbaye Royale de Panthemont et Prieur de l'Abbaye de Lepau. L'Abbé de Maniban fut nommé à l'Abbaye de Gendras, de l'Ordre de Saint Benoît. Le 11 août, l'Abbé du Crevy fut sacré Évêque du Mans par l'Évêque de Tournay, assisté des Évêques de Quimper et de Rennes.
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614
p. 132-140
Note sur le Journal des Sçavans, par rapport à la connoissance des temps, pour l'année 1711.
Début :
Il s'agit de sçavoir si en 19. années Solaires [...]
Mots clefs :
Minutes, Heures, Temps, Journal des savants, Années solaires grégoriennes astronomiques, Mois lunaires astronomiques, Calendrier, Astronomes, Académie des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Note sur le Journal des Sçavans, par rapport à la connoissance des temps, pour l'année 1711.
Note fur le Journal des Scavans , par rapport à la con
noiffance des temps , pour
Fannée 1711
Il s'agit de fçavoir ſi ens
19. années Solaires Gregoriennes Aftronomiques s'acompliffent precifément
253. mois Lunaires Aftro
nomiques.
Les reformateurs du Ca--
GALANT.
433
lendrier ont pretendu juftifier par toutes les obfervations des Aftronomes , què
235. mois Lunaires Aftronomiques excedent 19. années
Aftronomiques Gregoriennes d'environ une heure, &
58. minutes. 4
M. Caffini , dansleJournal des Sçavans du Lundi
18. Février 1697. page 81. a
mis plus preciſement cet excés a une heure 37,38,52
48
Tous les Aftronomes de
puis Hypparchus saccor
dent dans le même excés ,
134
MERCURE
àсune minuteprés , &la plû.
part des Modernes depuis
deux fiecles à une feconde
prés.
M. Touraine, auteur du
Traité des Inftructions du
Calendrier univerfel , qui
veut que le temps des 19.
années foit égal dans la derniere préciſion à celui des
233. mois Lunaires , pretend
que de tout l'excés ci-def
fus il n'en peut pas revenir
à chaque Lune de ces 235.
mois Lunaires une premiere, ou une minute , parce
que hors l'heure & les 57'
GALANT. 135
!
ou minutes , qui font enfemble 117 ou minutes, tout
le refte ne monte pas à une
minute.
1. heure.
60%
7
57.
117.
Or ces 117. minutes ne
fuffifent pas pour être divifees aux 235. Lunes ou mois
Lunaires , en forte que chacun en puiffe avoir une minute, il en faudroit encore
118. autres pour aller juſ
qu'au nombre de 235. qui
136 MERCURE
eft celui des Lunes, Lunaifons , ou mois Lunaires , &
le nombre des 17, n'en eft
pas la moitié.
Par confequent de tout
cet excés il n'en peut pas revenirà chacune de ces Lunes la moitié d'une minute,
qui font 30' ou momens.
Quoique dans le Traité
des Inftructions du Calen
drier univerfel &perpetuel
page 150. dans l'entretien familier avec le R. P. Meron,
cet excés y paroiffe abfolument impoffible , on veut
bien faire la grace à chacune
GALANT 137
cune de ces 235. Lunes , ou
mois Lunaires, de leur donner gratuitement une minute de cet excés pretendu. Qu'en peut-il arriver ?
Ceft qu'au lieu qué les 235.
Lunes étant parfaitement
égales aux 19. années Solaires Aftronomiques, chaque Lune ſera de29. jours ,
12. heures 43 , ou minutes
33 ou momens , 8 " ou inf
tans , & cent autres inftans
de plus à rejetter fur les 235.
comme il eft prouvé & verifié par les operations d'Arithmetique convenables
Sept. 1712.
M
१
MERCURE
en la feptiéme conclufion
dudit Traité des Inftructions du Calendrier univerfel. Ainfi chaque Lune fe
trouvera de 29. jours , 12.
heures , 44. minutes , dato
non conceffo.
Dans la Connoiffance des
temps M. de Lieutaud , l'un
desMeffieurs de l'Academie
desSciences de Paris, ouvra
ge qui a l'approbation de
tous ces Meffieurs , les nou.
velles Lunes font placées en
May de cette année 1711. le
dix feptiéme jour à 3. heures, 12. minutes du matin, &
1 GALANT. 2139
en Juin de la même année
fe16. à fix heures, 18. minu
tes du matin, d'où il s'enfuit
neceffairementdeux erreurs.
confiderables que l'on releve par cet écrit. La premiere, c'eft une Lunaiſon , ou
unmois Lunaire trop grandde 14 heures, 24 minutes
La feconde, c'eft uneLunai!
fon de30 jours entiers , trois
heures & fix minutes. En
voicy la preuve.
le
Le 17. de Mayfe trouve
137. jour de l'année, & le
16. de Juin en eft le 167. Si
l'on met la nouvelle Lune
Mij
140 MERCURE:
enJuin le 167.jour de l'année ·
à 6. heures, 18. minutes , &
en May le 137. de l'année
à 3. heures , 12. minutes , &
que l'on ôte enfuite ces 137.
jours, 3 heures, 12. minutes
des 167. fix heures, dix- huit
minutes , il restera 30. jours,
3. heures , 6 minuttes : que
l'on retire de ces 30. jours,3 ..
heures, 6. minutes une Lune
ou une mois Lunaire de 29
jours , 12. heures , 44 minu
tes, ne reftera-t-il pas les 14.
heures & 22. minuttes fuf
dites ?
noiffance des temps , pour
Fannée 1711
Il s'agit de fçavoir ſi ens
19. années Solaires Gregoriennes Aftronomiques s'acompliffent precifément
253. mois Lunaires Aftro
nomiques.
Les reformateurs du Ca--
GALANT.
433
lendrier ont pretendu juftifier par toutes les obfervations des Aftronomes , què
235. mois Lunaires Aftronomiques excedent 19. années
Aftronomiques Gregoriennes d'environ une heure, &
58. minutes. 4
M. Caffini , dansleJournal des Sçavans du Lundi
18. Février 1697. page 81. a
mis plus preciſement cet excés a une heure 37,38,52
48
Tous les Aftronomes de
puis Hypparchus saccor
dent dans le même excés ,
134
MERCURE
àсune minuteprés , &la plû.
part des Modernes depuis
deux fiecles à une feconde
prés.
M. Touraine, auteur du
Traité des Inftructions du
Calendrier univerfel , qui
veut que le temps des 19.
années foit égal dans la derniere préciſion à celui des
233. mois Lunaires , pretend
que de tout l'excés ci-def
fus il n'en peut pas revenir
à chaque Lune de ces 235.
mois Lunaires une premiere, ou une minute , parce
que hors l'heure & les 57'
GALANT. 135
!
ou minutes , qui font enfemble 117 ou minutes, tout
le refte ne monte pas à une
minute.
1. heure.
60%
7
57.
117.
Or ces 117. minutes ne
fuffifent pas pour être divifees aux 235. Lunes ou mois
Lunaires , en forte que chacun en puiffe avoir une minute, il en faudroit encore
118. autres pour aller juſ
qu'au nombre de 235. qui
136 MERCURE
eft celui des Lunes, Lunaifons , ou mois Lunaires , &
le nombre des 17, n'en eft
pas la moitié.
Par confequent de tout
cet excés il n'en peut pas revenirà chacune de ces Lunes la moitié d'une minute,
qui font 30' ou momens.
Quoique dans le Traité
des Inftructions du Calen
drier univerfel &perpetuel
page 150. dans l'entretien familier avec le R. P. Meron,
cet excés y paroiffe abfolument impoffible , on veut
bien faire la grace à chacune
GALANT 137
cune de ces 235. Lunes , ou
mois Lunaires, de leur donner gratuitement une minute de cet excés pretendu. Qu'en peut-il arriver ?
Ceft qu'au lieu qué les 235.
Lunes étant parfaitement
égales aux 19. années Solaires Aftronomiques, chaque Lune ſera de29. jours ,
12. heures 43 , ou minutes
33 ou momens , 8 " ou inf
tans , & cent autres inftans
de plus à rejetter fur les 235.
comme il eft prouvé & verifié par les operations d'Arithmetique convenables
Sept. 1712.
M
१
MERCURE
en la feptiéme conclufion
dudit Traité des Inftructions du Calendrier univerfel. Ainfi chaque Lune fe
trouvera de 29. jours , 12.
heures , 44. minutes , dato
non conceffo.
Dans la Connoiffance des
temps M. de Lieutaud , l'un
desMeffieurs de l'Academie
desSciences de Paris, ouvra
ge qui a l'approbation de
tous ces Meffieurs , les nou.
velles Lunes font placées en
May de cette année 1711. le
dix feptiéme jour à 3. heures, 12. minutes du matin, &
1 GALANT. 2139
en Juin de la même année
fe16. à fix heures, 18. minu
tes du matin, d'où il s'enfuit
neceffairementdeux erreurs.
confiderables que l'on releve par cet écrit. La premiere, c'eft une Lunaiſon , ou
unmois Lunaire trop grandde 14 heures, 24 minutes
La feconde, c'eft uneLunai!
fon de30 jours entiers , trois
heures & fix minutes. En
voicy la preuve.
le
Le 17. de Mayfe trouve
137. jour de l'année, & le
16. de Juin en eft le 167. Si
l'on met la nouvelle Lune
Mij
140 MERCURE:
enJuin le 167.jour de l'année ·
à 6. heures, 18. minutes , &
en May le 137. de l'année
à 3. heures , 12. minutes , &
que l'on ôte enfuite ces 137.
jours, 3 heures, 12. minutes
des 167. fix heures, dix- huit
minutes , il restera 30. jours,
3. heures , 6 minuttes : que
l'on retire de ces 30. jours,3 ..
heures, 6. minutes une Lune
ou une mois Lunaire de 29
jours , 12. heures , 44 minu
tes, ne reftera-t-il pas les 14.
heures & 22. minuttes fuf
dites ?
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Résumé : Note sur le Journal des Sçavans, par rapport à la connoissance des temps, pour l'année 1711.
Le texte traite de la précision des calendriers et des observations astronomiques, en comparant les années solaires grégoriennes et les mois lunaires. Les réformateurs du calendrier ont noté que 235 mois lunaires dépassent 19 années solaires grégoriennes d'environ une heure et 58 minutes. M. Cassini a affiné cette estimation à une heure, 37 minutes et 38,52 secondes. Depuis Hipparque, les astronomes s'accordent sur cet excédent, avec des variations mineures. M. Touraine, auteur du 'Traité des Instructions du Calendrier universel', argue que cet excédent ne permet pas de donner une minute à chaque lune des 235 mois lunaires, car 117 minutes d'excédent ne suffisent pas pour être divisées entre 235 lunes. Le texte mentionne également des erreurs dans les nouvelles lunes placées en mai et juin 1711 par M. de Lieutaud, incluant une lunaison trop grande de 14 heures et 24 minutes, et une lunaison de 30 jours entiers, trois heures et six minutes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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615
p. 141-143
OPERATION.
Début :
Nouvelle Lune en Juin le 167 de l'année à [...]
Mots clefs :
Opération, Lune, Astronomie, Temps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OPERATION.
OPERATIONS
Nouvelle Lune en Juin
le 167 de l'année à 6. heu
res , 18. minutes du matin.
Nouvelle Lune en- May
le 137. de l'année à 3. heu
res , 12. minutes du matin.
Il reſte 30. jours , 3. heu
res , 6. minutes.
a
Oftez de ces 30. jours , 3 .
heures, 6. minutes, 29. jours,
12. heures , 44. minutes.
All refte les oo. 14 heu
res , 227 minutes.
Par confequent dans la
14 MERCURE
་
connoiffance destemps que
M. Lieutaud a donnée au
Public pour l'année 1711. il
s'y trouve une Lune, & un
mois Lunairetrop grandde
14. heures & 22 minutes ,
&uneLunaifonde30. jours,
3. heures & 6. minutes. Ce
font deux erreurs contrai
res au Calendrier Gregorien , & aux propres fenti
mens de M. Caffini , dont
voici lesparoles : Omnis Lunatio 29%
ad 30 extenditur. C'étoit à
M. Touraine qu'il écrivoit
il y a plus de quinze ans
dies fuperat, nulla
GALANT 143
pour répondre à une regle
duCalendrier , canon 2. Ut
nimirum Lunationes ita fibi
mutuò fuccedant , ut alterna.
tim fex contineant 39. dies ,
& fex alia dies tantum 29″.
complectantur
Nouvelle Lune en Juin
le 167 de l'année à 6. heu
res , 18. minutes du matin.
Nouvelle Lune en- May
le 137. de l'année à 3. heu
res , 12. minutes du matin.
Il reſte 30. jours , 3. heu
res , 6. minutes.
a
Oftez de ces 30. jours , 3 .
heures, 6. minutes, 29. jours,
12. heures , 44. minutes.
All refte les oo. 14 heu
res , 227 minutes.
Par confequent dans la
14 MERCURE
་
connoiffance destemps que
M. Lieutaud a donnée au
Public pour l'année 1711. il
s'y trouve une Lune, & un
mois Lunairetrop grandde
14. heures & 22 minutes ,
&uneLunaifonde30. jours,
3. heures & 6. minutes. Ce
font deux erreurs contrai
res au Calendrier Gregorien , & aux propres fenti
mens de M. Caffini , dont
voici lesparoles : Omnis Lunatio 29%
ad 30 extenditur. C'étoit à
M. Touraine qu'il écrivoit
il y a plus de quinze ans
dies fuperat, nulla
GALANT 143
pour répondre à une regle
duCalendrier , canon 2. Ut
nimirum Lunationes ita fibi
mutuò fuccedant , ut alterna.
tim fex contineant 39. dies ,
& fex alia dies tantum 29″.
complectantur
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Résumé : OPERATION.
Le texte traite des phases de la Lune et des erreurs dans un calendrier. Il mentionne deux nouvelles lunes : la première en juin, le 167e jour de l'année à 6 heures et 18 minutes du matin, et la seconde en mai, le 137e jour de l'année à 3 heures et 12 minutes du matin. La durée entre ces deux nouvelles lunes est calculée à 30 jours, 3 heures et 6 minutes. Cependant, des divergences sont notées dans les données fournies par M. Lieutaud pour l'année 1711, indiquant une Lune trop grande de 14 heures et 22 minutes et une lunaison de 30 jours, 3 heures et 6 minutes. Ces erreurs contredisent le calendrier grégorien et les observations de M. Cassini, qui stipule que toute lunaison s'étend de 29 à 30 jours. Le texte cite également une règle du calendrier canon 2, précisant que les lunaisons doivent alterner entre 29 et 30 jours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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616
p. 146-161
MARIAGE.
Début :
Le 9. du mois d'Août dernier Messire Sebastien de [...]
Mots clefs :
Famille de Guilliet, Famille Boissat, Dauphiné, Généalogie, Enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Le 9. du mois d'Août
dernier Meffire Sebaftien
de Guilliet , Confeiller au
Parlement de Dauphiné ,
Seigneur de Mont Saint
Clair , Leyflin , Aouſte &
•
GALANT 147
Chimilin , a époulé à Grenoble, dans la Chapelle de
l'Evêché , Mademoiſelle de
Boiffat - Cuirieu , fille de
Meffire Charles de Boiffat,
Seigneur de Cuirieu , faint
Didier, Gages & Lauzane;
& de Dame Jeanne-Marie
de Vélin. M. l'Evêque de
Grenoble , allié des deux
parties leur a donné la benediction nuptiale à quatre
heures du matin.
La famille de Guilliet en
Dauphiné eft bonne , elle
eft originaire de Savoye ,
où eft reftée la branche des
Nij
148 MERCURE
Seigneurs de Montou, qui a
donné des Prefidens à la
Chambre des Comptes de
Chamberry. La branche
qui a paffé en Dauphinés'eft
stablie en 145. dans la ville
de Tourdupin , au Bailliage
de Vienne , & l'on voit dans
FEglife Paroifliale de cette
ville la Chapelle & le vaſe
de cette feconde branche ;
dont le droit de Patronage
appartient à ce nouveau
marié. Dés l'année 1461. Rolland de Guilliet fut pourvû
pár Louis XI . d'une Charge
de Confeiller au mêmePar
GALANT. 149
lement , dont les provifions
font enregistrées dans la
Chambre des Comptes de
la même Province. Nicolas
de Guilliet , fils de Pierre ,
& deFrançoife de Grimand
de Mont-faint Clair, a ren
du des fervices à l'Etat fous
le regne d'Henry IV..dans
plufieurs expeditions , dont
il avoit été chargé par le
Connetable de Leldiguieres , duquel il acquit l'amitié & la protection , dont la
Famille s'eft reffentie depuis , par la maniere dont il
sen étoit acquitté avec JacNiij
Iso MERCURE
ques de Guillier fon frere ,
qui dans les mêmes expedi
tions fut fait prifonnier de
guerre , & détenu juſqu'à ce
qu'il eût payé fa rançon à
Galas , commandant une
bande de troupes Neapolitaines qui firent une irru
ption en Dauphiné en 1587.
Scipion de Guilliet , premier fils de Nicolas , a acquis beaucoup de reputa
tion par fon fçavoir , par les
ouvrages qu'il a compofez ,
& par les negociations aufquelles il a été employé par
le feu Roy Louis XIII, &
GALANT. 15i
par la feue Reine Mere pendant fa Regence. Il avoit
commencé de briller en
qualité d'Avocat Conſiſtorial dans le Barreau du Parlement de Dauphiné : aprés
il fut gratifié en 1617. d'une
Charge de Senateur au Senat de Chamberry , a été
enſuite Maître des Requê
tes , ' Intendant de l'armée
du Roy Louis XIII. en Italie , alors commandée par
Charles-Emanuel Duc de
Savoye &enfin Envoyé de
France dans les Cours de
Rome , de Venife & de PiéNiiij
152 MERCURE
mont. Dans la derniere de
ces Cours il fut employé à
negocier le mariage deMal
dame Chrétienne de Fran
ce, fœur du Roy Louis XIII.
avec le Sereniffime Victor
Amedée , Prince de Pié
mont. Aprés quoy il com
pofa un Traité des Alliances.
des Maifons de France &
de Savoye , imprimé à Paris
en 1619. dans lequel Traité
il fait mention de treize dif
ferens mariages qu'il y a
voit déja eus pour fors entre
ces deux Maiſons , de quoy
Son Alteffe Royale de Sa-
GALANTA 153
voye fut fi contente, qu'el
le de retint dans fon Senat
deChamberry jufqu'en
1626. Il avoit été marié à
Laurence de faint Laurens,.
-Michel de Guillier , Seigneur de la Plattiere , fe.
cond fils de Nicolas , a fervi plus de vingt années le
feu Roy Louis XIII, tant
dans la Compagnie des
Gendarmes , commandée
par le Connêtable de Lef
diguieres , qu'en qualité de
Capitaine de cent hommes.
d'armes fous le Maréchal
de Crequy , & avoit époulé
14 MERCURE
Françoife Allemand , tante
de Meffire Ennemond Allemand de Montmartin,
Evêque & Prince de Gre
noble. Georgede Guilliet ,
troifiéme fils de Nicolas , a
été Chanoine de Vienne
Prieur de Terney , & Aumônier de la Reine Mere!
Claude de Guilliet, quatriéme fils de Nicolas , a aufli
été Chanoine de Vienne,
& Official dés 1598. de Pierre , & aprés de Jerôme de
Villars Archevêques. Pierre
de Guilliet , cinquiéme fils
de Nicolas,a été Lieutenane
GALANT Pss
general du Bailliage de
Vienne , lors qu'à caufe des
troubles qui étoient en
Dauphiné au commence.
ment du Regne du Roy
Henry IV. ce fiege a été
transferé dans la ville de
Beaurepaire.
François de Guillier , Ma
giftrat trés-fçavant , fils aîné de Scipion , a rempli
avec éclat la Charge d'Avo
cat General au même Par
lement de Dauphiné , de
laquelle il eft mort revêtų
en 1673. &avoit époufé Marie de Pourroy , de laquelle
156 MERCURE
il n'a eu qu'une fille, mariée
à Mellire Alphonfe de la
Baume , Seigneur de Plu
vinel. Charles de Guilliet
Seigneur de la Chapelle , &
de Tiers en partie , fecond
fils de Scipion , a été Capitaine dans le regiment de
Charolois , & Maître d'Hô.
tel du Roy.
Scipion Nicolas de Guil
liet , Seigneur de la Plaftie
re & de Moydieres, premier
fils de Michel, a fervi le feu
Roy & Sa Majesté regnante
à prefent pendant foixante
années conſecutives , ayant
GALANT. 157J.
commencé dés l'âge de 14.
ans à porter les armes en
qualité de volontaire fous le
grand Prince de Condé, II
a depuis donné dans une infinité d'occafions des mar
ques d'une valeur & d'une
habiletépeu commune dans
le métier de la guerre ; a
paffé par tous les emplois du
fervice de l'infanterie , &
eft mort en 1696. Maréchal
de Camp des armées du
Roy , & Gouverneur des
Ville & Bailliage de Pontarlier en Comté, & du Fort de
Joux. Sa Majeſté l'avoit gra-
158 MERCURE
*
tifié de ce Gouvernement
lors de la prise de Befançon.
Jacques Jofeph de Guilliet
fon frere , Seigneur de la
Plattiere , &c. a auffi donné
des preuves de fon courage
& de fon attachement au
fervice. Il mourut en 1703.
Lieutenant Colonel de Gas
:
tinois , ayant laiffé de Sibille
Pichon fon époufe Scipion
Nicolas de Guillier , Seis
gneur de la Plattiere , &c.a
La famille de Guilliet eft
alle à celles de Mury, de
1a Porte , Allemand , & c.
La famille de Boiffat
GALANT. 559
avec laquelle s'allie le Con
feiller dont je vous apprens
le mariage , eft trés- diftinguée en Dauphiné par fes
emplois & par fes belles alliances.
"
André de Boiffat , fils de
Pierre de Boiflat , fecond
Seigneur de Licieu & de
Gages , a acquis une grande
reputation dans le ferviceŢ
eft mort fans fuire , Lieute
nant general des armées du
Roy, & Gouverneur dupays
de Salée en Rouflillon.
Jean de Boiffat , Seigneur
de Cuiricu , frere de Pierre
160 MERCURE
de Boiffat premier , a formé
lafeconde branche de cette
famille , d'où eft fortie la
nouvelle mariée. De Fran
çoiſe de Courbeau , fille de
Claude & de Jeanne Allemand , il a eu André de
Boiffat , Seigneur de Cui.
rieu , marié à Marguerite
de Berenger ; & Pierre de
Boiffat quatriéme , Gentilhomme ordinaire de la
Chambre du Roy , qui a
été marié à Charlotte de
Villars , fille de Meffire
Claude de Villars , Cheva
lier de l'Ordre du Roy, Gentilhom.
GALANT 981
ulhomme ordinaire de fa
Chambre , ayeul de M. le
Maréchalde Villars , de qui
La nouvelle mariée a l'honneur d'être petite-niece.
Charles de Boiffat a cinq
enfans , ycompris Marguerite de Boiffat , qui eft celle
dont le mariage vient d'ềtre fait.
Cette famille , outre l'alhance qu'elle eft glorieule
d'avoir avec la Maifon de
Villars , eft encore alliée à
celle de Clermont , Alle
mand, & de Beranger.
Le 9. du mois d'Août
dernier Meffire Sebaftien
de Guilliet , Confeiller au
Parlement de Dauphiné ,
Seigneur de Mont Saint
Clair , Leyflin , Aouſte &
•
GALANT 147
Chimilin , a époulé à Grenoble, dans la Chapelle de
l'Evêché , Mademoiſelle de
Boiffat - Cuirieu , fille de
Meffire Charles de Boiffat,
Seigneur de Cuirieu , faint
Didier, Gages & Lauzane;
& de Dame Jeanne-Marie
de Vélin. M. l'Evêque de
Grenoble , allié des deux
parties leur a donné la benediction nuptiale à quatre
heures du matin.
La famille de Guilliet en
Dauphiné eft bonne , elle
eft originaire de Savoye ,
où eft reftée la branche des
Nij
148 MERCURE
Seigneurs de Montou, qui a
donné des Prefidens à la
Chambre des Comptes de
Chamberry. La branche
qui a paffé en Dauphinés'eft
stablie en 145. dans la ville
de Tourdupin , au Bailliage
de Vienne , & l'on voit dans
FEglife Paroifliale de cette
ville la Chapelle & le vaſe
de cette feconde branche ;
dont le droit de Patronage
appartient à ce nouveau
marié. Dés l'année 1461. Rolland de Guilliet fut pourvû
pár Louis XI . d'une Charge
de Confeiller au mêmePar
GALANT. 149
lement , dont les provifions
font enregistrées dans la
Chambre des Comptes de
la même Province. Nicolas
de Guilliet , fils de Pierre ,
& deFrançoife de Grimand
de Mont-faint Clair, a ren
du des fervices à l'Etat fous
le regne d'Henry IV..dans
plufieurs expeditions , dont
il avoit été chargé par le
Connetable de Leldiguieres , duquel il acquit l'amitié & la protection , dont la
Famille s'eft reffentie depuis , par la maniere dont il
sen étoit acquitté avec JacNiij
Iso MERCURE
ques de Guillier fon frere ,
qui dans les mêmes expedi
tions fut fait prifonnier de
guerre , & détenu juſqu'à ce
qu'il eût payé fa rançon à
Galas , commandant une
bande de troupes Neapolitaines qui firent une irru
ption en Dauphiné en 1587.
Scipion de Guilliet , premier fils de Nicolas , a acquis beaucoup de reputa
tion par fon fçavoir , par les
ouvrages qu'il a compofez ,
& par les negociations aufquelles il a été employé par
le feu Roy Louis XIII, &
GALANT. 15i
par la feue Reine Mere pendant fa Regence. Il avoit
commencé de briller en
qualité d'Avocat Conſiſtorial dans le Barreau du Parlement de Dauphiné : aprés
il fut gratifié en 1617. d'une
Charge de Senateur au Senat de Chamberry , a été
enſuite Maître des Requê
tes , ' Intendant de l'armée
du Roy Louis XIII. en Italie , alors commandée par
Charles-Emanuel Duc de
Savoye &enfin Envoyé de
France dans les Cours de
Rome , de Venife & de PiéNiiij
152 MERCURE
mont. Dans la derniere de
ces Cours il fut employé à
negocier le mariage deMal
dame Chrétienne de Fran
ce, fœur du Roy Louis XIII.
avec le Sereniffime Victor
Amedée , Prince de Pié
mont. Aprés quoy il com
pofa un Traité des Alliances.
des Maifons de France &
de Savoye , imprimé à Paris
en 1619. dans lequel Traité
il fait mention de treize dif
ferens mariages qu'il y a
voit déja eus pour fors entre
ces deux Maiſons , de quoy
Son Alteffe Royale de Sa-
GALANTA 153
voye fut fi contente, qu'el
le de retint dans fon Senat
deChamberry jufqu'en
1626. Il avoit été marié à
Laurence de faint Laurens,.
-Michel de Guillier , Seigneur de la Plattiere , fe.
cond fils de Nicolas , a fervi plus de vingt années le
feu Roy Louis XIII, tant
dans la Compagnie des
Gendarmes , commandée
par le Connêtable de Lef
diguieres , qu'en qualité de
Capitaine de cent hommes.
d'armes fous le Maréchal
de Crequy , & avoit époulé
14 MERCURE
Françoife Allemand , tante
de Meffire Ennemond Allemand de Montmartin,
Evêque & Prince de Gre
noble. Georgede Guilliet ,
troifiéme fils de Nicolas , a
été Chanoine de Vienne
Prieur de Terney , & Aumônier de la Reine Mere!
Claude de Guilliet, quatriéme fils de Nicolas , a aufli
été Chanoine de Vienne,
& Official dés 1598. de Pierre , & aprés de Jerôme de
Villars Archevêques. Pierre
de Guilliet , cinquiéme fils
de Nicolas,a été Lieutenane
GALANT Pss
general du Bailliage de
Vienne , lors qu'à caufe des
troubles qui étoient en
Dauphiné au commence.
ment du Regne du Roy
Henry IV. ce fiege a été
transferé dans la ville de
Beaurepaire.
François de Guillier , Ma
giftrat trés-fçavant , fils aîné de Scipion , a rempli
avec éclat la Charge d'Avo
cat General au même Par
lement de Dauphiné , de
laquelle il eft mort revêtų
en 1673. &avoit époufé Marie de Pourroy , de laquelle
156 MERCURE
il n'a eu qu'une fille, mariée
à Mellire Alphonfe de la
Baume , Seigneur de Plu
vinel. Charles de Guilliet
Seigneur de la Chapelle , &
de Tiers en partie , fecond
fils de Scipion , a été Capitaine dans le regiment de
Charolois , & Maître d'Hô.
tel du Roy.
Scipion Nicolas de Guil
liet , Seigneur de la Plaftie
re & de Moydieres, premier
fils de Michel, a fervi le feu
Roy & Sa Majesté regnante
à prefent pendant foixante
années conſecutives , ayant
GALANT. 157J.
commencé dés l'âge de 14.
ans à porter les armes en
qualité de volontaire fous le
grand Prince de Condé, II
a depuis donné dans une infinité d'occafions des mar
ques d'une valeur & d'une
habiletépeu commune dans
le métier de la guerre ; a
paffé par tous les emplois du
fervice de l'infanterie , &
eft mort en 1696. Maréchal
de Camp des armées du
Roy , & Gouverneur des
Ville & Bailliage de Pontarlier en Comté, & du Fort de
Joux. Sa Majeſté l'avoit gra-
158 MERCURE
*
tifié de ce Gouvernement
lors de la prise de Befançon.
Jacques Jofeph de Guilliet
fon frere , Seigneur de la
Plattiere , &c. a auffi donné
des preuves de fon courage
& de fon attachement au
fervice. Il mourut en 1703.
Lieutenant Colonel de Gas
:
tinois , ayant laiffé de Sibille
Pichon fon époufe Scipion
Nicolas de Guillier , Seis
gneur de la Plattiere , &c.a
La famille de Guilliet eft
alle à celles de Mury, de
1a Porte , Allemand , & c.
La famille de Boiffat
GALANT. 559
avec laquelle s'allie le Con
feiller dont je vous apprens
le mariage , eft trés- diftinguée en Dauphiné par fes
emplois & par fes belles alliances.
"
André de Boiffat , fils de
Pierre de Boiflat , fecond
Seigneur de Licieu & de
Gages , a acquis une grande
reputation dans le ferviceŢ
eft mort fans fuire , Lieute
nant general des armées du
Roy, & Gouverneur dupays
de Salée en Rouflillon.
Jean de Boiffat , Seigneur
de Cuiricu , frere de Pierre
160 MERCURE
de Boiffat premier , a formé
lafeconde branche de cette
famille , d'où eft fortie la
nouvelle mariée. De Fran
çoiſe de Courbeau , fille de
Claude & de Jeanne Allemand , il a eu André de
Boiffat , Seigneur de Cui.
rieu , marié à Marguerite
de Berenger ; & Pierre de
Boiffat quatriéme , Gentilhomme ordinaire de la
Chambre du Roy , qui a
été marié à Charlotte de
Villars , fille de Meffire
Claude de Villars , Cheva
lier de l'Ordre du Roy, Gentilhom.
GALANT 981
ulhomme ordinaire de fa
Chambre , ayeul de M. le
Maréchalde Villars , de qui
La nouvelle mariée a l'honneur d'être petite-niece.
Charles de Boiffat a cinq
enfans , ycompris Marguerite de Boiffat , qui eft celle
dont le mariage vient d'ềtre fait.
Cette famille , outre l'alhance qu'elle eft glorieule
d'avoir avec la Maifon de
Villars , eft encore alliée à
celle de Clermont , Alle
mand, & de Beranger.
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Résumé : MARIAGE.
Le 9 août, Sébastien de Guilliet, conseiller au Parlement de Dauphiné et seigneur de plusieurs domaines, a épousé Mademoiselle de Boiffat-Cuirieu à Grenoble. La cérémonie de bénédiction nuptiale a été célébrée par l'évêque de Grenoble à quatre heures du matin. La famille de Guilliet, originaire de Savoie, s'est installée en Dauphiné en 1455. Plusieurs membres de cette famille ont occupé des postes prestigieux, notamment des conseillers au Parlement et des militaires. Par exemple, Nicolas de Guilliet a servi sous Henri IV, et son fils Jacques de Guilliet a été lieutenant colonel de Gastonais. La famille de Boiffat, alliée à celle de Guilliet, est également distinguée en Dauphiné par ses emplois et ses alliances, notamment avec la maison de Villars. Charles de Boiffat, père de la mariée, a cinq enfants, dont Marguerite de Boiffat, l'épouse de Sébastien de Guilliet.
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617
p. 122-128
Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.
Début :
Chez les anciens Hebreux le pere de famille, ou [...]
Mots clefs :
Boire à la santé, Verres à boire, Moeurs et coutumes, Paroles, Vin
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texteReconnaissance textuelle : Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.
Fragmentd'une Lettrefur l'ancienneté de l'ufage de boire à
la fanté les uns des autres.
Chez les anciens Hebreux
le pere de femille , ou une
autre perfonne honorable
de la table , levere à la
main difoit la priere Benedictusfit Dominus , c. puis
beuvoit & donnoit enfuite
le meſme vere à boire à
la ronde.
Les anciens Princes Grecs
faifoient la mefme ceremonie de boire & de preſenter
GALANT. 123
eufuite leur verre à qui il
leur plaifoit , ce qu'ils appelloient Propinien aux jours
folelmnels qu'ils nom,
moient Filolium. Ils invo
quoient d'abord les Dieux ,
puis verfoient un peu de vin
& beuvoient à chaque nom
de Dieu qu'ils proferoient ;
enfuite ils nommoient leurs
amis & beuvoient auffi à
chaque 'nom .
Les Romains imitoient
O
cette coûtume & l'appelloient Greco-more bibere. x .
Ils beuvoient en nombre
impair ou à l'honneur des
Lij
114 MERCURE
neuf Mufes ou à celuy des
rrois Graces. 2º. I's beuvoient autant de verres de
vín qu'ils avoient de doigts
à la main , ou qu'il y avoit
dě lettres au nom de leur
Maitreffe.
3. Voici les paroles &
la formule dont ils s'attaquoient. Bene vos, bené vos ;
bene te heneme , bene noftrum
precor ut benefit , ou bene vos
Vivere precor.mola 61
4Hs beuvoient à la fanté
des, abfents , & d'abort de
PEmpereur asiamed di
abƑ• Le Maire du feſtin 23D.
>
7
GALANT. 129
fait par le fort ordonnoit
cc que chacun devoit boire,
& l'on faifoit mille impre
cations contre ceux qui
refufoient de boire.
16. Ils commençoient par
de petits verres &faniffoient
par de grands.
Selon hom.... on donnoit à chacun fon pannier ,
fa table & fon verre , on
donnoit toûjours le verre
plain , & il devoit toûjours
l'eftre pour eftre dans la
bonne grace ; Cependant
chez la plupart des Anciens
on demandoit à boire
Liij
126 MERCURE
comme chez les François.
On beuvoit à la ronde
& l'on commençoit par la
droite. Le vafe où l'on
beuvoit ainfi à la ronde ,
s'apelloit Patera quod pateret
latius ; on l'appelloit auffi
Filotefiam , comme étant le
fimbole de l'amitié. 10
On appelloit certain autre
vere Ondos , parce qu'il
n'eftoit permis ny de le prefenter ny de le recevoir fans
chanter. Lorfque quelqu'un
beuvoit les autres chan1º.
roient pour l'animer , &
l'on crioit vivas , vivas ;
GALANT 127
quand il avoit bû tout tout
d'un trait & fans refpirer,
ils le congratuloient comme
d'unechofe qu'ils eftimoient
fort & qu'ils croioient
mefine fort faine , parce
que de cette maniere le vin
paffant plus vites enivre
moins.
Celuy qui ne refoudoit
point l'égnime proposée
ou manquoit aux yeux ,
étoit condamné à boire ,
tout cela fe paffoit pendant
le deffert ou mefme aprés.
12°. On terminoit le repas
par un grand coup de vin
oliLiiij
118 MERCURE
pur qu'ils appelloient
Poculum
la fanté les uns des autres.
Chez les anciens Hebreux
le pere de femille , ou une
autre perfonne honorable
de la table , levere à la
main difoit la priere Benedictusfit Dominus , c. puis
beuvoit & donnoit enfuite
le meſme vere à boire à
la ronde.
Les anciens Princes Grecs
faifoient la mefme ceremonie de boire & de preſenter
GALANT. 123
eufuite leur verre à qui il
leur plaifoit , ce qu'ils appelloient Propinien aux jours
folelmnels qu'ils nom,
moient Filolium. Ils invo
quoient d'abord les Dieux ,
puis verfoient un peu de vin
& beuvoient à chaque nom
de Dieu qu'ils proferoient ;
enfuite ils nommoient leurs
amis & beuvoient auffi à
chaque 'nom .
Les Romains imitoient
O
cette coûtume & l'appelloient Greco-more bibere. x .
Ils beuvoient en nombre
impair ou à l'honneur des
Lij
114 MERCURE
neuf Mufes ou à celuy des
rrois Graces. 2º. I's beuvoient autant de verres de
vín qu'ils avoient de doigts
à la main , ou qu'il y avoit
dě lettres au nom de leur
Maitreffe.
3. Voici les paroles &
la formule dont ils s'attaquoient. Bene vos, bené vos ;
bene te heneme , bene noftrum
precor ut benefit , ou bene vos
Vivere precor.mola 61
4Hs beuvoient à la fanté
des, abfents , & d'abort de
PEmpereur asiamed di
abƑ• Le Maire du feſtin 23D.
>
7
GALANT. 129
fait par le fort ordonnoit
cc que chacun devoit boire,
& l'on faifoit mille impre
cations contre ceux qui
refufoient de boire.
16. Ils commençoient par
de petits verres &faniffoient
par de grands.
Selon hom.... on donnoit à chacun fon pannier ,
fa table & fon verre , on
donnoit toûjours le verre
plain , & il devoit toûjours
l'eftre pour eftre dans la
bonne grace ; Cependant
chez la plupart des Anciens
on demandoit à boire
Liij
126 MERCURE
comme chez les François.
On beuvoit à la ronde
& l'on commençoit par la
droite. Le vafe où l'on
beuvoit ainfi à la ronde ,
s'apelloit Patera quod pateret
latius ; on l'appelloit auffi
Filotefiam , comme étant le
fimbole de l'amitié. 10
On appelloit certain autre
vere Ondos , parce qu'il
n'eftoit permis ny de le prefenter ny de le recevoir fans
chanter. Lorfque quelqu'un
beuvoit les autres chan1º.
roient pour l'animer , &
l'on crioit vivas , vivas ;
GALANT 127
quand il avoit bû tout tout
d'un trait & fans refpirer,
ils le congratuloient comme
d'unechofe qu'ils eftimoient
fort & qu'ils croioient
mefine fort faine , parce
que de cette maniere le vin
paffant plus vites enivre
moins.
Celuy qui ne refoudoit
point l'égnime proposée
ou manquoit aux yeux ,
étoit condamné à boire ,
tout cela fe paffoit pendant
le deffert ou mefme aprés.
12°. On terminoit le repas
par un grand coup de vin
oliLiiij
118 MERCURE
pur qu'ils appelloient
Poculum
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Résumé : Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.
Le texte décrit les anciennes coutumes de boire à la santé des autres chez différents peuples. Chez les anciens Hébreux, le père de famille ou une personne honorable levait son verre, prononçait une prière, buvait, puis passait le verre aux autres autour de la table. Les princes grecs pratiquaient une cérémonie similaire, appelée Propinien ou Filolium, où ils invoquaient les dieux et buvaient à la santé de leurs amis. Ils commençaient par verser un peu de vin et buvaient à chaque nom de dieu ou d'ami mentionné. Les Romains adoptaient cette coutume, qu'ils nommaient Greco-more bibere. Ils buvaient en nombre impair, souvent en l'honneur des neuf Muses ou des trois Grâces, et autant de verres qu'ils avaient de doigts ou de lettres dans le nom de leur maîtresse. Ils utilisaient des formules spécifiques comme 'Bene vos, bene vos' et buvaient à la santé des absents, notamment de l'empereur. Les Romains commençaient par de petits verres et finissaient par de grands. Le maître du festin ordonnait ce que chacun devait boire, et des imprécations étaient lancées contre ceux qui refusaient. Le vase utilisé pour boire à la ronde s'appelait Patera ou Filotefiam, symbole de l'amitié. Un autre type de verre, l'Ondos, nécessitait de chanter pour être présenté ou reçu. Les convives chantaient pour encourager celui qui buvait, criant 'vivas, vivas' s'il buvait d'un trait sans respirer. Celui qui refusait une proposition de boire ou manquait aux yeux était condamné à boire davantage. Le repas se terminait par un grand coup de vin pur appelé Poculum.
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618
p. 145-206
PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
Début :
Cebés nous represente d'abord la vie humaine sous la [...]
Mots clefs :
Paraphrase, Cébès, Tableau de la vie humaine, Philosophes, Hommes, Vertus, Maux, Sciences, Chemin, Femmes, Monde, Savoir, Génie, Fortune, Courtisanes, Vices, Malheur, Moeurs et coutumes, Félicité, Leçons, Santé, Esprit, Conception, Volonté
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texteReconnaissance textuelle : PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
PARAPHRASE
on Explication du Tableau
de la Vie humaine de Cebés
Tébain de Grece , difciple
de Socrate ,
moral.
Philofophe
Où l'on a fuivi lefens de l'Autheur le plus exactement
qu'il a efté poffible , fans
s'éloigner de l'efprit general
de tous les peuples.
CEbés nous reprefente
d'abord la vie humainefous
la figure d'un grand parc
qui renferme plufieurs reduits , avec des perfonnes
1712. Octobre. N
146 MERCURE
de toutes efpeces , tant à
l'entrée qu'au dedans de
chacun. Mais avant que de
propofer fon embléme , de
l'intelligence duquel il prétend que dépend noftre
bonheur ou noftre malheur ;il prend foin de nous
avertir , que noftre ignorance eft une espece de
Sphinx à noftre égard , par
la connoiffance obfcure &
ambiguë qu'elle nous propoſe du bien & du mal, ou
de ce qui peut eftre regardé comme de foy - mefme
indifferent. Car cette con-
GALANT. 147
noiffance devient pour
nous une énigme , laquelle
faute de pouvoir eftre penetrée, nous rend malheureux le reste de nos jours.
Au lieu que fi nous nous
appliquons à en découvrir
le fecret , nous pouvons efperer une vie exempte de
tous maux & veritable
ment heureuſe.
Noftre Philofophe nous
fait voir enſuite une grande multitude d'hommes &
de femmes à la porte de de
parc , qui fe preſentent
pour y entrer , & qui nous
Nij
148 MERCURE
marquent les enfans avant
qu'ils fortent du ventre de
leur mere pour venir au
monde. Au milieu de cet- :
te multitude on voit le Genie ou l'Intelligence , à qui
l'Autheur de la nature a
commis ( felon Cebés ) le
foin de noftre naiſſance ,
fous la figure d'un fagevieillard , qui enfeigne aux
uns & aux autres la maniere dont ils doivent fe
comporter lorfqu'ils feront
entrez dans la vie , & le
chemin qu'ils doivent teir pour y eftre heureux,
3
GALANT. 149
Mais à peine ces nouveaux
nez ont-ils paffé la porte
du parc , qu'ils oublient en
peu de temps les bonnes
leçons qu'ils ont receuës de
leur Genie ; car la convoitife qu'ils rencontrent
l'entrée de ce lieu , dont
elle eft comme la Reine , &
où elle préfide comme
dans fon throfne , les feduit bien - toft en leur faifant avaler dans une coupe qu'elle leur prefente ,
l'erreur & Pignorance. Les
nouveaux nez munis de ces
deux paffeports , s'avancent
N iij
150 MERCURE
**
dans le parc comme des
hommes enchantez les uns
plus les autres moins , à
proportion qu'ils en ont
beu. Mais ils ne vont pas
fort loin , que voicy une
troupe de femmes agreables de toutes fortes de figures qui les environnent ,
& les embraffent avec empreffement ; & ce font les
opinions , les defirs , & les
delices , par lesquelles ils
fe laiffent tous entraifner.
Les unes les emmennent
dans le chemin de la felicité , les autres dans celuy
GALANT. II
du malheur & de la perdition après les avoir feduites. Car les unes & les autres leur promettent à la
verité une vie heureuſe &
tranquille ; mais parce qu'
ils ont avalé le poiſon de
l'ignorance & de l'erreur ,
ceux qui ont efté feduits
paffent leur vie à errer ça
& là comme des perfonnes yvres , fans pouvoir jamais trouver le chemin qui
devroit les conduire au vrai
bonheur.
Cebés nous fait voir enfuite au milieu du Parcune
N iiij
152 MERCURE
eſpece de Divinité ſous la
figure d'une femme , que
l'aveuglement des hommes
a dépeinte fans yeux , &
comme fourde , & mefme
capricieuſe , parce qu'elle
enrichit les uns des biens
de ce monde , & qu'elle
ofte aux autres ceux mefme qu'elle leur avoit donnez & cela felon fa volonté, & fuivant des decrets
impenetrables. Ils l'ont
nommée la Fortune , & ont
figuré l'inconftance de fes
faveurs par une boule fur
laquelle ils la font mar-
GALANT. 153
cher à caufe des difgraces
qu'éprouvent tous les jours
ceux qui mettent leur efperance dans les biens de la
vie. Il nous reprefente donc
cette fortune comme environnée d'une grande multitude de ces hommes enyvrez du poiſon de la convoitife, qu'il nomme les ambitieux. Tous luy preſentent leurs requeſtes , mais
elle écoute les uns & rejette les autres , ce qui rend
leurs vifages tous differens ;
les uns paroiffants tres -joyeux , & les autres fort
154 MERCURE
triftes . Les premiers ſont
ceux dont les demandes
ont efté receuës favorablement , & ceux-cy la nomment bonne fortune. Les
derniers au contraire levent leurs mains vers elle
tout éplorez , parce qu'elle leur a mefme ofté ce
qu'elle leur avoit autrefois
accordé , pour le donner à
d'autres , & à caufe de cela
ils l'appellent mauvaiſe fortune. Ornoftre Philoſophe
nous fait remarquer que
ces biens qui attriſtent fi
fort les uns & réjoüiſſent
1
GALANT. ISS
4
tant les autres , font les richeffes , les honneurs , la
qualité , les defcendants ,
les commandements , les
Couronnes , & generalement tous les biens temporels ou du corps , qu'il
prétend n'eftre pas de veritables biens ; parce qu'ils
ne nous rendent en rien
plus parfaits , comme il effaye de le démontrer fur
la fin de fon emblême.
༣.
De là il nous conduit à
un premier reduit , & nous
fait voir plufieurs femmes
à la porte , parées comme
156 MERCURE,
des courtisannes , l'une fe
nomme l'intemperance ,
l'autre la luxure , une autre
l'avarice , une autre l'ambition , &c. Elles font toutes
là comme en ſentinelle ,
pour remarquer ceux à qui
la Fortune a efté favorable ,
& qu'elle a enrichis de fes
dons. Dès qu'elles en apperçoivent quelqu'un , elles
courent à luy , elles le careffent & l'embraffent , &
font tant par leurs flatteries , qu'elles l'engagent à
entrer dans leur azile, en lui
promettant une vie tran-
GALANT. 157
quille , exempte de tout ennuy , & remplie de delices.
Ceux qui font affez inconfiderez pour fe laiffer aller
No
aux promeffes de ces Sirenes , gouftent à la verité
les plaifirs de la vie pendant
un temps , ou du moins
croyent les goufter ; mais
quand par la fuite du temps
ils réfléchiffent ferieufe-'
ment fur cette maniere de
vivre , ils s'apperçoivent
qu'ils ont efté feduits ; que
ce qu'ils ont creu de folides plaiſirs , n'en avoient
tout au plus que l'apparen-
158 MERCURE
ce ; & qu'en un mot ils en
font la dupe , par la honte
qu'ils leur ont attirée , & les
malheurs où ils les ont précipitez. Car aprés avoir
confommé avec ces Courtiſannes tous les biens qu'ils
avoient receuës de la Fortune , ils fe trouvent malheureuſement reduits à devenir leurs efclaves , & à
commettre toutes les baf
feffes, & tous les crimes auf
quels ces cruelles maiftreffes les engagent. Ainfi ils
deviennent des affronteurs,
des facrileges, des parjures,
GALANT. 159
des traiftres , des larrons
& tout ce qu'on peut imaginer de plus mauvais,
A
#
>
Enfin cette vie mifera
ble n'a qu'un temps , mefme fouvent fort court
après lequel ( dit Cébés ) la
vengeance du Ciel éclate
fur eux ; alors il les livre à
la punition , que ce Philofophe nous reprefente fous
la figure d'une femme couverte de haillons , & fort
défigurée , tenant un foüet
en la main. Elle paroift
dans ce premier reduit à la
porte d'une efpece de ca-
>
160 MERCURE
chot , ou lieu ténebreux ,
dont l'afpect fait horreur ,
ayant pour compagnes la,
trifteffe , & l'angoiffe. I '
nous dépeint la premiere
la tefte panchée jufques fur
fes genoux , & la derniere
s'arrachant les cheveux.
Elle a encore pour, voiſins
les pleurs & le defefpoir
qui font des perfonnages
difformes , extenuez , tous
nuds , & horribles à voir.
C'eft entre les mains de
ces derniers qu'ils font li
vrez en dernier reffort ,
après avoir effuyé toute la
fureur
GALANT. 161
fureur des premieres . Alors
ils fe voyent accablez de
tourments & de maux , &
reduits à paffer le refte de
leurs jours dans ce cachot
affreux de la maniere la
plus miferable ; c'eſt pour
cela qu'il nomme cette pri
fon le fejour du malheur
Dans ce funefte eftat no
ftre Philofophe ne leur laiffe qu'une feule reſſource
fçavoir qu'enfin le Ciel ait
pitié d'eux , & leur envoye
le repentir pour les retirer
du gouffre de malheur où
ils fontplongez. Or le preOctobre. 1712. O
162 MERCURE
mier effet que cet heureux
repentir produit en eux , eft
de chaffer ces mauvaiſes
préventions dont ils s'eftoient laiffez préoccuper
dans leur jeuneffe , & de
leur fuggerer de plus juftes
opinions , & des defirs plus
raifonnables. Alors ils fe
trouvent avoir de l'eftime
& de l'inclination pour les
ſciences ; heureux s'ils font
affez aviſez pour choiſir la
veritable , je veux dire celle
qui enfeigne aux hommes
à regler leurs mœurs , &
qu'on appelle pour cette
GALANT. 163
raifon la Morale ! car cette
morale les purifie infailliblement de toutes leurs ha
bitudes vicieuſes , & les met
en eftat de paffer le reſte
de leur vie dans le repos &
dans la felicité , à l'abry de
tous leurs maux paffez.
Mais s'ils font au contraire affez imprudens pour
fe laiffer efbloüir par l'éclat
de la vaine ſcience , & de
la fauffe reputation , noſtre
Philofophe nous fait voir
un fecond reduit , à l'entrée.
duquel paroift une femme
fort parée , & tres- enga
O ij
164 MERCURE
geante, que les petits efprits
& le commun des hommes
nomment la ſcience , quoyque ce ne foit que la vaine
fcience. Car la plupart de
ceux qui dès l'entrée de la
vie ont fuivi la bonne route , ou ceux que le repentir
a retirez de la maifon du
malheur , defirant s'occuper le refte de leur vie aux
ſciences , donnent ordinai.
rement dans cette fauffe
ſcience. Auffi cet afile eftil rempli de Poëtes , d'Orateurs , de Dialecticiens ,
de Muficiens , d'Arithme
GALANT. 165
ticiens,de Géometres, d'Af
trologues, d'Epicuriens , de
Peripateticiens , de Critiques , & de quantité de
gens de cette nature , par-.
mi lefquels on voit encore
de ces Courtifannes du premier reduit , comme l'incontinence , l'intemperance , & leurs autres compagnes. Car ces fortes de
Sçavants en font auffi fouvént les esclaves , quoyque
plus rarement, parce qu'ils
ont plus de foin de s'occuper que les autres . Les préventions ou fauffes opi-
166 MERCURE
nions s'y meſlent auſſi , à
caufe dupoifon que la convoitife leur a fait avaler en
entrant dans la vie , qui les
empefche de connoiſtre
leur ignorance, pour ne pas
dire leur erreur. Et il n'y a
point pour eux , ſelon noftre Philofophe , d'autre
moyen de s'arracher des
pieges de ces mauvaiſes
amies , que de renoncer
pour jamais à la vaine ſcience ; car avec fon feul fe-.
cours ils ne doivent pas efperer de s'affranchir jamais
de leur joug , ny d'éviter les
GALANT. 167
malheurs de la vie.
Mais s'ils font affez heureux de rentrer dans le chemin de la verité , elle leur
fera ( dit - il ) goufter d'un
breuvage qui les purgera de
tous leurs vices , & de toutes leurs erreurs , & qui enfin les mettra dans un eſtat
de fecurité. C'eftpour cela
que noftre Philofophe nous
fait enviſager dans fon tableau un troifiéme reduit
plus élevé que les précedents , mais defert , & habité d'un tres-petit nombre
d'hommes ; la porte en eft
168 MERCURE
*
eftroite , & le chemin pour
y arriver fort ferré , & peu
frequenté ; il paroiſt de
plus difficile & efcarpé.
C'eft le chemin de la veritable ſcience , duquel l'af
pect a quelque chofe de
rude & d'effrayant. Il nous
reprefente à l'entrée de ce
lieu deux femmes d'une
fantéparfaite, pleines d'embonpoint & de vigueur
affifes fur une roche élevée ,
& escarpée de tous coſtez ,
qui tendent la main aux
paffants d'un air affable , &
avec un viſage plein de ſerenité :
f
GALANT. 169
renité ; l'une d'elle fe nomme la conftance , & l'autre
la continence. Ce font deux
fœurs toutes aimables , qui
invitent les paſſants à s'approcher d'elles , à s'armer
de courage , & à ne ſe laiffer
pas vaincre par une laſche
timidité , leur promettant
de les faire entrer dans un
chemin de delices , aprés
qu'ils auront furmonté
quelques legeres difficultez , qui feront bien toft
diffipées . Et pour leur en
faciliter le moyen , elles
veulent bien defcendre
Octobre.
1712. Р
170 MERCURE
quelques marches de ce
précipice où elles font , afin
de leur donner la main , &
de les attirer au deffus.
Là elles les font reſpirer
en leur donnant pour compagnes la force & l'efperance , & leur promettant
de les faire bien- toft arri-:
ver à la veritable ſcience.
Et pour les encourager davantage , elles leur font enviſager combien le chemin
en eft agréable , aisé , &
exempt de tous dangers.
Ce chemin conduit à un
quatriéme & dernier re-
GALANT. 171
*
duit renfermé dans le précedent; c'eft un fejour char-
'mantfemblable à une grande prairie , & fort éclairée
des rayons du Soleil ; on le
nomme le fejour des hom
mes heureux , parce que
toutes les vertus y habitent ,
& que c'est la demeure de
la felicité. Il paroiſt à l'entrée une Dame fort gra
cieuſe avec un viſage égal ,
& dans un âge peu avancé;
fon habit eft fimple &fans
ornemens eftrangers ; elle
eft affife fur une pierre ferme & d'une large affiette ;
Pij
172 MERCURE
c'efl la veritableſcience qui
eft accompagnée de ces
deux filles , dont une s'ap-:
pelle la verité , & l'autre la
perfuafion. Son fiege tefmoigne affez qu'il eft feur
de le fier à elle , & que fes
biens font conftants. Mais
qui font ces biens ( dit Cebés ) ce font la confiance ,
la privation d'ennuis , la
conviction que rien ne peut
deformais leur nuire. Or
cette honnefte mere eft à
l'entrée de cet afile pour
guerir les hoftes qui luy arrivent , enleur faifant pren-
GALANT. 173
-dreune potion cordiale qui
les purifie de toutes les imperfections qu'ils avoient
contractées en paſſant par
les premiers reduits , telles
que l'ignorance , l'erreur ,
la prévention , l'arrogance,
l'incontinence , la colere ,
l'avarice , & les autres vices : après quoy elle les
fait entrer dans le fejour
des vertus.
Or noftre Philofophe
nous reprefente ces vertus
fous la forme de Damesfages & belles , fans aucun
fard ny ajuftemens , en un
P iij
174 MERCURE
motfort differentes des premieres ; on les nomme la
pieté , la juftice , l'integrité , la temperance , la modeftie , la liberalité , la clemence , &c. Après donc
que les vertus ont admis
ces nouveaux hoftes dans
leur focieté , elles n'en demeurent pas là ; mais Cebés nous fait enviſager une
eſpece de donjon en forme
de citadelle au milieu de
ce dernier reduit , & fur
l'endroit le plus eflevé ; c'eſt
le palais de la felicité , la
mere de toutes les vertus ;
GALANT. 175
c'eft dans ce fejour heureux qu'elles les introduifent pour les prefenter à
leur mere. Au refte il dépeint cette mere comme
une Reine affife fur un
throfne à l'entrée de fon
palais , qui eftant parfaitement belle , & dans un âge
de confiſtance , eſt ornée
d'une manière honnefte ;
& fans fafte , ayant la tefte
ceinte d'une couronne de
fleurs , avecun air plein de
majefté. Cette Dame &
fes filles les vertus couronnent ceux qui s'élevent juf
P
iiij
176 MERCURE
ques à elles , comme des
Héros qui ont remporté de
grandes victoires fur diffe .
rens monftres qui leur faifoient la guerre ; & elles
leur adjouftent de nouvelles forces pour domptér
des ennemis , qui auparavant les reduifoient en fervitude , & les dévoroient
aprés leur avoir fait fouffrir
plufieurs divers tourments.
Ces monftres font l'ignorance & l'erreur , la douleur , & la trifteffe , l'avarice , l'intemperance , & en
general tous les vices. Ce
GALANT. 177
font là les ennemis aufquels
ils commandent dorefnavant; bien loin de leur obeir
&de leur eftre foumis comme autrefois. Mais ce n'eft
pas tout cette couronne
que nos Héros ont receuë ,
outre la force qu'elle leur
donne , les rend encore
bienheureux, & les affran
chit de tous les maux de la
vie , en leur apprenant à ne
plus mettre leur felicité
dans les biens paffagers ,
mais uniquement dans la
poffeffion de la vertu , &
dans la joye de la bonne
confcience.
178 MERCURE
Apres que ces hommes
vertueux ont efté ainfi couronnez , Cebés les fait revenir accompagnez de toutes les vertus dans les lieux
par où ils ont paffé autrefois. Là ces fages guides
leur font voir tous ceux qui
menent une vie miſerable,
errants çà là , tousjours
prefts à faire nauffrage , &
tousjours esclaves de leurs
ennemis , les uns de l'incontinence , d'autres de la
fuperbe , les autres de l'avarice , ou du defir de la
vaine gloire , d'autres enfin
GALANT. 179
"
par d'autres vices fans
pouvoir jamais d'eux- meſmes s'affranchir de leur fervitude , ny parvenir au ſejour des vertus , & au palais de la felicité.. La caufe de ce malheur , ( dit noſtre Philofophe ) vient de
ce qu'ils ont oublié le chemin que leur Génie tuter
laire leur avoit enfeigné, &
les préceptes qu'il leur avoit
donnez avant qu'ils entraf
fent dans le monde. C'eſt
alors que ces nouveaux éleves prennent une veritable connoiffance du bien
180 MERCURE
& du mal ; au lieu de l'ignorance & de l'erreur où
ils avoient vefcu pendant
leur aveuglement , qui leur
faifoit eftimer un bien ce
qui veritablement eftoit un
mal , & prendre pour un
mal ce qui eftoit un bien ,
& les engageoit par là dans
une vie déreglée & perverfe , & cette connoiffance
regle leurs mœurs , & les
fait profiter des folies des
autres. Aprés quoy , dit
Cebés , ils peuvent aller
fans crainte où ils veulent ,
parce qu'ils font par tout
GALANT. 181
,
à l'abri de leurs ennemis ,
& qu'en quelque lieu qu'ils
aillent ils font affeurez d'y
vivre dans la droiture de
cœur & dans l'amour de
la vertu , exempts de tout
peril & de toutes fortes de
maux. De plus chacun fe
fait un plaifir, de les recevoir, comme un malade en
reffent lorfque fon medecin
le vient voir. Outre qu'ils
n'ont plus à craindre ces
beftes fauvages qui leur faifoient auparavantuneguerre fi cruelle ; puifque ny
la douleur , ny les chagrins,
182 MERCURE
ny l'incontinence , ny l'avarice, ny la pauvreté n'ont
plus aucun pouvoir fur leur
efprit pour luy faire perdre
l'amour de la verité.
Cebés nous fait remarquer enfuite une autre ef
pece d'hommes qui defcendent auffi de l'afile des vertus fans aucunes couronnes , mais au contraire avec
des vifages de defefperez ,
des cheveux arrachez , &
quifont enchaifnez par des
femmes. Ce font ou ceux
qui eftant arrivez à la veritable ſcience , en ont efté
GALANT. 18 ;
mal receus , comme en eftant indignes ; ou ceux qui
ont manqué de courage
lorfqu'ils ontvoulu s'eflever
fur la roche , où la conf
tance les invitoit de monter , & qui ayant lafché le
pied honteufement , demeurent vagabonds , fans
fçavoir où ils doivent aller.
Les uns & les autres de-.
viennent la proye des chagrins , des angoiffes , dul
deſeſpoir, de la honte & de
l'ignorance ; & pour furcroift de malheur ils retournent au parc de la lu-
184 MERCURE
xure & de l'intemperance ,
oùces infenfez maudiffent
le refte de leurs jours la
veritable ſcience , & les ve
ritables fçavants, regardant
ces derniers comme des
malheureux, qui ne fçavent
pas goufter les plaifirs , &
joüir de la vie comme eux ,
bien loin de fentir euxmefmes l'eftat déplorable
où ils fe font plongez, Car
la brutalité dont ils font
aveuglez , fait qu'ils mettent leur fouverain bien
dans la gourmandiſe , dans
le luxe & dans l'incontiEnfin nence.
GALANT. 185
Enfin noftre Philofophe
entre dans un plus grand
détail fur ce qu'il prétend
que le Génie de chaque
homme luy infinuë avant
fa naiffance. Premieremenp
il leur donne avis ( dit-il
de s'armer de courage , &
de conftance, comme ayant
plufieurs combats à fouftenir dans le monde lorfqu'ils
y
feront entrez : feconde-l
ment il les exhorte à né
point mettre leur efperance dans les biens temporels & paffagers , que la
fortune donne & ofte à fon
Octobre. 1712,
C
i
186 MERCURE
gré , & parconfequent de
ne s'abandonner point à la
joye , quand elle nous les
envoye , ou à la trifteffe
quand elle les retire , parce
qu'elle en ufe comme d'un
bien qui eft à elle , & non
pasà nous. C'eſt pourquoy
il nous avertit de ne reffembler pas ces mauvais Banquiers qui ayant receu.
Fargent d'autruy , le regardent comme leur appartenant, & en ont la meſme
joye que s'il eftoid à eux en
propre , & qui quand on
le repete s'en trouvent auſſi
GALANT. 187
offenfez, & en conçoivent
autant de chagrin que fi
on le leur raviffoit mais
de recevoir au contraire
avec reconnoiffance les
biens temporels qu'il luy
plaiſt de nous départir , &
de nous en fervir pour ar
river en hafte à la fource
feconde & certaine de tous
les biens, qui eft la veritable
fcience , c'est-à - dire , la
fcience qui peut nous rendre heureux. Ainfi nous
devons ( dit il ) éviter d'abord foigneusement les
courtiſannes done on apar-
-
Q ij
188 MERCURE
lé , fçavoir l'intemperance,
la luxure , & les autres vi-
& prendre garde de ces
nous laiffer enchanter de
leurs attraits. ។
A l'égard de la vaine
ſcience nous pouvons luy
donner , felon luy , quelques années de notre vie ,
& prendre quelques -unes
de fes leçons pour nous aider à paffer outre , car nous
devons nous hafter d'arriver à la veritable ſcience ,
& à la pratique des vertus
le pluftoft que nous pourrons , & regarder tout le
GALANT. 189
temps que nous employons
à autre chofe , comme autant de rabbatu fur la durée de noftre felicité.
Tous les emblefmes eftant finis , Cebés examine
quelles font les leçons qu'-
on peut tirer de la vaine
fcience, & conclud que ce
font les Lettres & les autres
difciplines , que Platon dit
eftre le frein des fougues
de la jeuneffe. Il prétend
au refte que ces leçons ne
font point abfolument neceffaires pour acquerir la
morale , & qu'on doit les
190 MERCURE
regarderſeulement comme
des moyens pour y arriver
plus communément, mais
qui ne nousfervent de rien
pour augmenteren nous la
vertu: &la raiſon qu'il en ap
porte, c'eſt qu'on peut eftre
vertueux fans elles , comme
l'experience journaliere le
confi me. On ne doit pas
cependant, felon luy,les re
garder commeinutiles . Car
(dit il ) quoy qu'on puiſſe
abſolument entendre une
langue estrangere avec le
fecours feul d'un Interpre
te , on ne laiſſe pas de trou-
GALANT. 191
ver quelque foulagement
& quelque ſatisfaction lors
qu'on peut encore y joindre fa propre connoiffan
ce. Il en eft de mefme de
la vaine fcience qu'on ne
doit regarder que comme
un fecours pour arriver plus
aisément à la veritable.
De là noſtre Philoſophe
tire cette fafcheufe confequence contre les faux fçavants , qui prétendent s'attribuer quelque préference
fur les autres hommes , fçavoir qu'ils n'ont là aucun avantage pour devenir
par
192 MERCURE
plus parfaits qu'eux ; puifqu'il eft conftant qu'ils ne
jugent pas plus fainement
du bien & du mal que le
refte des hommes , & qu'ils
font fujets aux meſmes vices; car qui empefche ( ditil ) d'eftre lettré , de poffe
der toutes les fciences vaines , & d'eftre cependant
toujours un yvrogne , un
intemperant , un avaricieux , un calomniateur, un
traiftre , & en un mot un
infensé, puifque ces fortes
de fciences ne s'occupent
point à la connoiffance des
vertus ,
GALANT. 193
7
vertus & des vices La cau
fe de ce malheur , dit noftre Philofophe , vient de
ce que ces fortes de fça
vants ont la vanité de croi
re fçavoir ce qu'effectivement ils ignorent : c'eft ce
qui les rend indociles &
pareffeux à fe faire inftruire de la veritable ſcience,
D'un autre cofté ils font
fujets comme le reſte des
hommes à fe laiffer emporter par leurs fauffes préventions qui les rendent
opiniaftres & intraitables.
De forte qu'ils ne ſçauOctobre 1712.
R
194 MERCURE
roient fe flatter d'avoir aucun avantage ſur eux ,
moins que le Ciel ne leur
à
envoye quelque rayon de
lumiere qui leur faffe connoiftre la vanité de leur
fcience , & les porte à rechercher la verité.
Enfin Cebés prouve la
propofition qu'il a avancée au commencement de
fon difcours , fçavoir que
les dons de lafortune, com+
me la vie , la fanté , les richeffes , la nobleſſe , les
honneurs , les victoires , &
les autres biens temporels
GALANT. 195
ne font pas de veritables
biens ; ny par confequent
les maux qui leur font oppofez, commeles maladies,
la mort mefme , &c. ne
font pas deveritables maux;
maisil prétend aucontraire
que toutes ces chofes d'elles-mefmesfont indifferentes pour noftre perfection.
La vie , dit - il , eft un bien
à celuy qui vit bien , & c'eſt
fans doute unmal à l'égard
de celuy qui fe comporte
mal, par les maux aufquels
elle l'expofe toft ou tard.
D'un autre cofté la vie eft
R ij
196 MERCURE
commune aux meſchants
comme aux bons , aux malheureux commeà ceux qui
font heureux , d'où il conclud que la vie en elle meſme eft une chofe indifferente. De mefme que de
couper un bras à un hom-
-me qui fe porte bien , eft
pour luy un mal ; & c'eſt
rau contraire un bien à celuy
qui a la gangrenne , d'où il
fuit que l'amputation d'un
bras eft une chofe qui n'eft
abfolument parlant , ou en
foy, nybonne n'y mauvaiſe.
Il rafonne de melme des
GALANT. 197
richeffes , de la fanté, & des
autres biens du corps : car
ilferoit, dit il , tres- louvent
à defirer pour celuy qui a
fait un mauvais coup , qu'il
euft efté malade pendant le
temps qu'il l'a fait ; c'eft
pourquoy la fanté eft en
ce cas un vray mal pour
luy , quoyque ce foit d'ailleurs un bien pour les honneftes gens. A l'égard des
richeffes on voit fouvent.
que ceux qui les poffedent
ne font pas les plus heureux ny les plus honneftes.
gens ; d'où il faut conclure
Riij.
198 MERCURE
&
qu'elles ne fervent de rien
pour noftre felicité
qu'ainfi par elles mefmes
elles ne font pas un bien
pluftoft qu'un mal , puifqu'il feroit à fouhaitter pour
ceux qui n'en fçavent pas
ufer , qu'ils en fuffent privez à caufe des miferes qu'-
elles leur attirent.
Noftre Philofophe conclud en difant qu'on peut
appeller les biens temporels, des biens pourceux qui
fçavent s'en bien fervir , &
des maux à l'égard de ceux
qui en font un mauvais ufa-
GALANT. 199
ge , & finit en remarquant
que ce qui nous trouble &
nous agite en cette vie c'eft
le faux jugement que nous
portons fur les biens & fur
les maux temporels , fur lequelfauxjugement nous reglons enfuite toute la conduite de noftre vie pour le
bien ou pour le mal; & cela
parce que nous ne travaillons pas affez à connoiſtre
l'un & l'aure.
On connoift affez au
refte par cet exposé que les
mefmes inclinations & les
mefmes vices qui dominent
R iiij
200 MERCURE
aujourd'huy , regnoient dès
ces premiers temps , & que
la Providence a toujours eu
foin de faire naiftre des
hommes , qui au milieu de
la corruption de leur fiecle
rendiſſent teſmoignage à
la vertu & aux veritez morales , afin qu'elles n'en
fuffent pas entierement étouffées , & afin que les
hommes dépravez n'euffent pas à fe plaindre d'avoir manqué d'inftructions,
& mefme d'exemples pour
les mettre en pratique , &
d'avertiffements pour con-
GALANT. 201
noiftre les fuites fafcheufes
des paffions & des vices ,
& pour en concevoir de
l'horreur. Mais ce que nous
devions , ce mefemble , admirer icy le plus , ce font
ces repentirs & ces rayons
de lumiere que Cebés reconnoift eftre envoyez du
Ciel pour retirer les hommes de l'esclavage de leurs
paffions , & les faire rentrer dans le fein des vertus. Certes fila chofe eftoit
telle dans ces temps du pai
ganisme , plus de trois cens
ans avant la venue du Mef-
202 MERCURE
fie , comme il femble qu'on
n'en puiffe douter , par le
recit de cet autheur , je ne
crois pas qu'on puiſſe douter auffi que le Ciel n'exerçaft fes mifericordes fur
ces peuples corrompus , de
mefme que fur le peuple
Juif: car effectivement que
peut il y avoir qu'une lumiere divine qui faffe connoiftre à l'efprit de l'homme la vanité des voluptez ,
& qui luy faffe diftinguer
la vaine ſcience de la veri
table , & les vicès des vertus ? L
GALANT. 203
A l'égard du Génie que
Cebés a creu préfider à noftre conception , & nous
inftruire dès le ventre de
noftre mere de nos devoirs
pour la vie à laquelle nous
fommes deftinez , on ne
fçauroit , ce me femble ,
penfer que ce foit autre
que la lumiere de la
raifon où l'ame raiſonnable que Dieu met dans le
corps dés qu'elle peut y
exercer fes fonctions , la
quelle lumiere feroit fuffifante pour nous faire éviter
tous les écueils des paffions
chofe
204 MERCURE
& des vices , fans les fauffes
préventions aufquelles nous
nous abandonnons pendant la jeuneffe , au lieu de
confulter la lumiere de noftre raison. Quand à la fortune qui, felon luy , difpenfe les biens temporels & les
maux à fon gré , on voit
affez qu'on ne peut entendre par là , que la Provi
dence qui a créé toutes chofes , à qui par confequent
toutes chofes appartiennent en propre , & qui ef
tant la maiftrelle du fort
des hommes , en peut difC
GALANT. 203
poſer felon fa volonté. De
plus lorsqu'il nous dit que
la douleur , les chagrins , la
pauvreté , &c. n'ont plus
d'empire fur l'homme devenu vertueux , il nous fait
connoiftre combien eftoit
grande la fecurité , la confiance , la conſtance , & là
tranquillité de l'efprit de
l'honnefte homme , & que
les hommes vertueux de ce
temps là participoient dès
ce monde aux recompenfes des veritablesChrêtiens,
parce qu'ils pratiquoientles
-mefmes bonnes œuvres.
206 MERCURE
Car quoyqu'ils ne conneuffent pas Dieu auffi clairement , & qu'ils ne le creuffent peut-eftre pas auffi prefent à toutes leurs démarches que nous , ils ne laiffoient pas d'envisager la
vertucomme la loy de l'Autheur de la nature , gravée
dans le cœur des hommes,
& d'eftre perfuadez que
ceux- là offenfoient Dieu
qui trahiſſoient la vertu
ainfi ils pratiquoient la ver.
tu dans la veuë de plaire à
Dieu , d'où naiflóit dès ce
monde la joye & la ferenité de leur conſcience.
on Explication du Tableau
de la Vie humaine de Cebés
Tébain de Grece , difciple
de Socrate ,
moral.
Philofophe
Où l'on a fuivi lefens de l'Autheur le plus exactement
qu'il a efté poffible , fans
s'éloigner de l'efprit general
de tous les peuples.
CEbés nous reprefente
d'abord la vie humainefous
la figure d'un grand parc
qui renferme plufieurs reduits , avec des perfonnes
1712. Octobre. N
146 MERCURE
de toutes efpeces , tant à
l'entrée qu'au dedans de
chacun. Mais avant que de
propofer fon embléme , de
l'intelligence duquel il prétend que dépend noftre
bonheur ou noftre malheur ;il prend foin de nous
avertir , que noftre ignorance eft une espece de
Sphinx à noftre égard , par
la connoiffance obfcure &
ambiguë qu'elle nous propoſe du bien & du mal, ou
de ce qui peut eftre regardé comme de foy - mefme
indifferent. Car cette con-
GALANT. 147
noiffance devient pour
nous une énigme , laquelle
faute de pouvoir eftre penetrée, nous rend malheureux le reste de nos jours.
Au lieu que fi nous nous
appliquons à en découvrir
le fecret , nous pouvons efperer une vie exempte de
tous maux & veritable
ment heureuſe.
Noftre Philofophe nous
fait voir enſuite une grande multitude d'hommes &
de femmes à la porte de de
parc , qui fe preſentent
pour y entrer , & qui nous
Nij
148 MERCURE
marquent les enfans avant
qu'ils fortent du ventre de
leur mere pour venir au
monde. Au milieu de cet- :
te multitude on voit le Genie ou l'Intelligence , à qui
l'Autheur de la nature a
commis ( felon Cebés ) le
foin de noftre naiſſance ,
fous la figure d'un fagevieillard , qui enfeigne aux
uns & aux autres la maniere dont ils doivent fe
comporter lorfqu'ils feront
entrez dans la vie , & le
chemin qu'ils doivent teir pour y eftre heureux,
3
GALANT. 149
Mais à peine ces nouveaux
nez ont-ils paffé la porte
du parc , qu'ils oublient en
peu de temps les bonnes
leçons qu'ils ont receuës de
leur Genie ; car la convoitife qu'ils rencontrent
l'entrée de ce lieu , dont
elle eft comme la Reine , &
où elle préfide comme
dans fon throfne , les feduit bien - toft en leur faifant avaler dans une coupe qu'elle leur prefente ,
l'erreur & Pignorance. Les
nouveaux nez munis de ces
deux paffeports , s'avancent
N iij
150 MERCURE
**
dans le parc comme des
hommes enchantez les uns
plus les autres moins , à
proportion qu'ils en ont
beu. Mais ils ne vont pas
fort loin , que voicy une
troupe de femmes agreables de toutes fortes de figures qui les environnent ,
& les embraffent avec empreffement ; & ce font les
opinions , les defirs , & les
delices , par lesquelles ils
fe laiffent tous entraifner.
Les unes les emmennent
dans le chemin de la felicité , les autres dans celuy
GALANT. II
du malheur & de la perdition après les avoir feduites. Car les unes & les autres leur promettent à la
verité une vie heureuſe &
tranquille ; mais parce qu'
ils ont avalé le poiſon de
l'ignorance & de l'erreur ,
ceux qui ont efté feduits
paffent leur vie à errer ça
& là comme des perfonnes yvres , fans pouvoir jamais trouver le chemin qui
devroit les conduire au vrai
bonheur.
Cebés nous fait voir enfuite au milieu du Parcune
N iiij
152 MERCURE
eſpece de Divinité ſous la
figure d'une femme , que
l'aveuglement des hommes
a dépeinte fans yeux , &
comme fourde , & mefme
capricieuſe , parce qu'elle
enrichit les uns des biens
de ce monde , & qu'elle
ofte aux autres ceux mefme qu'elle leur avoit donnez & cela felon fa volonté, & fuivant des decrets
impenetrables. Ils l'ont
nommée la Fortune , & ont
figuré l'inconftance de fes
faveurs par une boule fur
laquelle ils la font mar-
GALANT. 153
cher à caufe des difgraces
qu'éprouvent tous les jours
ceux qui mettent leur efperance dans les biens de la
vie. Il nous reprefente donc
cette fortune comme environnée d'une grande multitude de ces hommes enyvrez du poiſon de la convoitife, qu'il nomme les ambitieux. Tous luy preſentent leurs requeſtes , mais
elle écoute les uns & rejette les autres , ce qui rend
leurs vifages tous differens ;
les uns paroiffants tres -joyeux , & les autres fort
154 MERCURE
triftes . Les premiers ſont
ceux dont les demandes
ont efté receuës favorablement , & ceux-cy la nomment bonne fortune. Les
derniers au contraire levent leurs mains vers elle
tout éplorez , parce qu'elle leur a mefme ofté ce
qu'elle leur avoit autrefois
accordé , pour le donner à
d'autres , & à caufe de cela
ils l'appellent mauvaiſe fortune. Ornoftre Philoſophe
nous fait remarquer que
ces biens qui attriſtent fi
fort les uns & réjoüiſſent
1
GALANT. ISS
4
tant les autres , font les richeffes , les honneurs , la
qualité , les defcendants ,
les commandements , les
Couronnes , & generalement tous les biens temporels ou du corps , qu'il
prétend n'eftre pas de veritables biens ; parce qu'ils
ne nous rendent en rien
plus parfaits , comme il effaye de le démontrer fur
la fin de fon emblême.
༣.
De là il nous conduit à
un premier reduit , & nous
fait voir plufieurs femmes
à la porte , parées comme
156 MERCURE,
des courtisannes , l'une fe
nomme l'intemperance ,
l'autre la luxure , une autre
l'avarice , une autre l'ambition , &c. Elles font toutes
là comme en ſentinelle ,
pour remarquer ceux à qui
la Fortune a efté favorable ,
& qu'elle a enrichis de fes
dons. Dès qu'elles en apperçoivent quelqu'un , elles
courent à luy , elles le careffent & l'embraffent , &
font tant par leurs flatteries , qu'elles l'engagent à
entrer dans leur azile, en lui
promettant une vie tran-
GALANT. 157
quille , exempte de tout ennuy , & remplie de delices.
Ceux qui font affez inconfiderez pour fe laiffer aller
No
aux promeffes de ces Sirenes , gouftent à la verité
les plaifirs de la vie pendant
un temps , ou du moins
croyent les goufter ; mais
quand par la fuite du temps
ils réfléchiffent ferieufe-'
ment fur cette maniere de
vivre , ils s'apperçoivent
qu'ils ont efté feduits ; que
ce qu'ils ont creu de folides plaiſirs , n'en avoient
tout au plus que l'apparen-
158 MERCURE
ce ; & qu'en un mot ils en
font la dupe , par la honte
qu'ils leur ont attirée , & les
malheurs où ils les ont précipitez. Car aprés avoir
confommé avec ces Courtiſannes tous les biens qu'ils
avoient receuës de la Fortune , ils fe trouvent malheureuſement reduits à devenir leurs efclaves , & à
commettre toutes les baf
feffes, & tous les crimes auf
quels ces cruelles maiftreffes les engagent. Ainfi ils
deviennent des affronteurs,
des facrileges, des parjures,
GALANT. 159
des traiftres , des larrons
& tout ce qu'on peut imaginer de plus mauvais,
A
#
>
Enfin cette vie mifera
ble n'a qu'un temps , mefme fouvent fort court
après lequel ( dit Cébés ) la
vengeance du Ciel éclate
fur eux ; alors il les livre à
la punition , que ce Philofophe nous reprefente fous
la figure d'une femme couverte de haillons , & fort
défigurée , tenant un foüet
en la main. Elle paroift
dans ce premier reduit à la
porte d'une efpece de ca-
>
160 MERCURE
chot , ou lieu ténebreux ,
dont l'afpect fait horreur ,
ayant pour compagnes la,
trifteffe , & l'angoiffe. I '
nous dépeint la premiere
la tefte panchée jufques fur
fes genoux , & la derniere
s'arrachant les cheveux.
Elle a encore pour, voiſins
les pleurs & le defefpoir
qui font des perfonnages
difformes , extenuez , tous
nuds , & horribles à voir.
C'eft entre les mains de
ces derniers qu'ils font li
vrez en dernier reffort ,
après avoir effuyé toute la
fureur
GALANT. 161
fureur des premieres . Alors
ils fe voyent accablez de
tourments & de maux , &
reduits à paffer le refte de
leurs jours dans ce cachot
affreux de la maniere la
plus miferable ; c'eſt pour
cela qu'il nomme cette pri
fon le fejour du malheur
Dans ce funefte eftat no
ftre Philofophe ne leur laiffe qu'une feule reſſource
fçavoir qu'enfin le Ciel ait
pitié d'eux , & leur envoye
le repentir pour les retirer
du gouffre de malheur où
ils fontplongez. Or le preOctobre. 1712. O
162 MERCURE
mier effet que cet heureux
repentir produit en eux , eft
de chaffer ces mauvaiſes
préventions dont ils s'eftoient laiffez préoccuper
dans leur jeuneffe , & de
leur fuggerer de plus juftes
opinions , & des defirs plus
raifonnables. Alors ils fe
trouvent avoir de l'eftime
& de l'inclination pour les
ſciences ; heureux s'ils font
affez aviſez pour choiſir la
veritable , je veux dire celle
qui enfeigne aux hommes
à regler leurs mœurs , &
qu'on appelle pour cette
GALANT. 163
raifon la Morale ! car cette
morale les purifie infailliblement de toutes leurs ha
bitudes vicieuſes , & les met
en eftat de paffer le reſte
de leur vie dans le repos &
dans la felicité , à l'abry de
tous leurs maux paffez.
Mais s'ils font au contraire affez imprudens pour
fe laiffer efbloüir par l'éclat
de la vaine ſcience , & de
la fauffe reputation , noſtre
Philofophe nous fait voir
un fecond reduit , à l'entrée.
duquel paroift une femme
fort parée , & tres- enga
O ij
164 MERCURE
geante, que les petits efprits
& le commun des hommes
nomment la ſcience , quoyque ce ne foit que la vaine
fcience. Car la plupart de
ceux qui dès l'entrée de la
vie ont fuivi la bonne route , ou ceux que le repentir
a retirez de la maifon du
malheur , defirant s'occuper le refte de leur vie aux
ſciences , donnent ordinai.
rement dans cette fauffe
ſcience. Auffi cet afile eftil rempli de Poëtes , d'Orateurs , de Dialecticiens ,
de Muficiens , d'Arithme
GALANT. 165
ticiens,de Géometres, d'Af
trologues, d'Epicuriens , de
Peripateticiens , de Critiques , & de quantité de
gens de cette nature , par-.
mi lefquels on voit encore
de ces Courtifannes du premier reduit , comme l'incontinence , l'intemperance , & leurs autres compagnes. Car ces fortes de
Sçavants en font auffi fouvént les esclaves , quoyque
plus rarement, parce qu'ils
ont plus de foin de s'occuper que les autres . Les préventions ou fauffes opi-
166 MERCURE
nions s'y meſlent auſſi , à
caufe dupoifon que la convoitife leur a fait avaler en
entrant dans la vie , qui les
empefche de connoiſtre
leur ignorance, pour ne pas
dire leur erreur. Et il n'y a
point pour eux , ſelon noftre Philofophe , d'autre
moyen de s'arracher des
pieges de ces mauvaiſes
amies , que de renoncer
pour jamais à la vaine ſcience ; car avec fon feul fe-.
cours ils ne doivent pas efperer de s'affranchir jamais
de leur joug , ny d'éviter les
GALANT. 167
malheurs de la vie.
Mais s'ils font affez heureux de rentrer dans le chemin de la verité , elle leur
fera ( dit - il ) goufter d'un
breuvage qui les purgera de
tous leurs vices , & de toutes leurs erreurs , & qui enfin les mettra dans un eſtat
de fecurité. C'eftpour cela
que noftre Philofophe nous
fait enviſager dans fon tableau un troifiéme reduit
plus élevé que les précedents , mais defert , & habité d'un tres-petit nombre
d'hommes ; la porte en eft
168 MERCURE
*
eftroite , & le chemin pour
y arriver fort ferré , & peu
frequenté ; il paroiſt de
plus difficile & efcarpé.
C'eft le chemin de la veritable ſcience , duquel l'af
pect a quelque chofe de
rude & d'effrayant. Il nous
reprefente à l'entrée de ce
lieu deux femmes d'une
fantéparfaite, pleines d'embonpoint & de vigueur
affifes fur une roche élevée ,
& escarpée de tous coſtez ,
qui tendent la main aux
paffants d'un air affable , &
avec un viſage plein de ſerenité :
f
GALANT. 169
renité ; l'une d'elle fe nomme la conftance , & l'autre
la continence. Ce font deux
fœurs toutes aimables , qui
invitent les paſſants à s'approcher d'elles , à s'armer
de courage , & à ne ſe laiffer
pas vaincre par une laſche
timidité , leur promettant
de les faire entrer dans un
chemin de delices , aprés
qu'ils auront furmonté
quelques legeres difficultez , qui feront bien toft
diffipées . Et pour leur en
faciliter le moyen , elles
veulent bien defcendre
Octobre.
1712. Р
170 MERCURE
quelques marches de ce
précipice où elles font , afin
de leur donner la main , &
de les attirer au deffus.
Là elles les font reſpirer
en leur donnant pour compagnes la force & l'efperance , & leur promettant
de les faire bien- toft arri-:
ver à la veritable ſcience.
Et pour les encourager davantage , elles leur font enviſager combien le chemin
en eft agréable , aisé , &
exempt de tous dangers.
Ce chemin conduit à un
quatriéme & dernier re-
GALANT. 171
*
duit renfermé dans le précedent; c'eft un fejour char-
'mantfemblable à une grande prairie , & fort éclairée
des rayons du Soleil ; on le
nomme le fejour des hom
mes heureux , parce que
toutes les vertus y habitent ,
& que c'est la demeure de
la felicité. Il paroiſt à l'entrée une Dame fort gra
cieuſe avec un viſage égal ,
& dans un âge peu avancé;
fon habit eft fimple &fans
ornemens eftrangers ; elle
eft affife fur une pierre ferme & d'une large affiette ;
Pij
172 MERCURE
c'efl la veritableſcience qui
eft accompagnée de ces
deux filles , dont une s'ap-:
pelle la verité , & l'autre la
perfuafion. Son fiege tefmoigne affez qu'il eft feur
de le fier à elle , & que fes
biens font conftants. Mais
qui font ces biens ( dit Cebés ) ce font la confiance ,
la privation d'ennuis , la
conviction que rien ne peut
deformais leur nuire. Or
cette honnefte mere eft à
l'entrée de cet afile pour
guerir les hoftes qui luy arrivent , enleur faifant pren-
GALANT. 173
-dreune potion cordiale qui
les purifie de toutes les imperfections qu'ils avoient
contractées en paſſant par
les premiers reduits , telles
que l'ignorance , l'erreur ,
la prévention , l'arrogance,
l'incontinence , la colere ,
l'avarice , & les autres vices : après quoy elle les
fait entrer dans le fejour
des vertus.
Or noftre Philofophe
nous reprefente ces vertus
fous la forme de Damesfages & belles , fans aucun
fard ny ajuftemens , en un
P iij
174 MERCURE
motfort differentes des premieres ; on les nomme la
pieté , la juftice , l'integrité , la temperance , la modeftie , la liberalité , la clemence , &c. Après donc
que les vertus ont admis
ces nouveaux hoftes dans
leur focieté , elles n'en demeurent pas là ; mais Cebés nous fait enviſager une
eſpece de donjon en forme
de citadelle au milieu de
ce dernier reduit , & fur
l'endroit le plus eflevé ; c'eſt
le palais de la felicité , la
mere de toutes les vertus ;
GALANT. 175
c'eft dans ce fejour heureux qu'elles les introduifent pour les prefenter à
leur mere. Au refte il dépeint cette mere comme
une Reine affife fur un
throfne à l'entrée de fon
palais , qui eftant parfaitement belle , & dans un âge
de confiſtance , eſt ornée
d'une manière honnefte ;
& fans fafte , ayant la tefte
ceinte d'une couronne de
fleurs , avecun air plein de
majefté. Cette Dame &
fes filles les vertus couronnent ceux qui s'élevent juf
P
iiij
176 MERCURE
ques à elles , comme des
Héros qui ont remporté de
grandes victoires fur diffe .
rens monftres qui leur faifoient la guerre ; & elles
leur adjouftent de nouvelles forces pour domptér
des ennemis , qui auparavant les reduifoient en fervitude , & les dévoroient
aprés leur avoir fait fouffrir
plufieurs divers tourments.
Ces monftres font l'ignorance & l'erreur , la douleur , & la trifteffe , l'avarice , l'intemperance , & en
general tous les vices. Ce
GALANT. 177
font là les ennemis aufquels
ils commandent dorefnavant; bien loin de leur obeir
&de leur eftre foumis comme autrefois. Mais ce n'eft
pas tout cette couronne
que nos Héros ont receuë ,
outre la force qu'elle leur
donne , les rend encore
bienheureux, & les affran
chit de tous les maux de la
vie , en leur apprenant à ne
plus mettre leur felicité
dans les biens paffagers ,
mais uniquement dans la
poffeffion de la vertu , &
dans la joye de la bonne
confcience.
178 MERCURE
Apres que ces hommes
vertueux ont efté ainfi couronnez , Cebés les fait revenir accompagnez de toutes les vertus dans les lieux
par où ils ont paffé autrefois. Là ces fages guides
leur font voir tous ceux qui
menent une vie miſerable,
errants çà là , tousjours
prefts à faire nauffrage , &
tousjours esclaves de leurs
ennemis , les uns de l'incontinence , d'autres de la
fuperbe , les autres de l'avarice , ou du defir de la
vaine gloire , d'autres enfin
GALANT. 179
"
par d'autres vices fans
pouvoir jamais d'eux- meſmes s'affranchir de leur fervitude , ny parvenir au ſejour des vertus , & au palais de la felicité.. La caufe de ce malheur , ( dit noſtre Philofophe ) vient de
ce qu'ils ont oublié le chemin que leur Génie tuter
laire leur avoit enfeigné, &
les préceptes qu'il leur avoit
donnez avant qu'ils entraf
fent dans le monde. C'eſt
alors que ces nouveaux éleves prennent une veritable connoiffance du bien
180 MERCURE
& du mal ; au lieu de l'ignorance & de l'erreur où
ils avoient vefcu pendant
leur aveuglement , qui leur
faifoit eftimer un bien ce
qui veritablement eftoit un
mal , & prendre pour un
mal ce qui eftoit un bien ,
& les engageoit par là dans
une vie déreglée & perverfe , & cette connoiffance
regle leurs mœurs , & les
fait profiter des folies des
autres. Aprés quoy , dit
Cebés , ils peuvent aller
fans crainte où ils veulent ,
parce qu'ils font par tout
GALANT. 181
,
à l'abri de leurs ennemis ,
& qu'en quelque lieu qu'ils
aillent ils font affeurez d'y
vivre dans la droiture de
cœur & dans l'amour de
la vertu , exempts de tout
peril & de toutes fortes de
maux. De plus chacun fe
fait un plaifir, de les recevoir, comme un malade en
reffent lorfque fon medecin
le vient voir. Outre qu'ils
n'ont plus à craindre ces
beftes fauvages qui leur faifoient auparavantuneguerre fi cruelle ; puifque ny
la douleur , ny les chagrins,
182 MERCURE
ny l'incontinence , ny l'avarice, ny la pauvreté n'ont
plus aucun pouvoir fur leur
efprit pour luy faire perdre
l'amour de la verité.
Cebés nous fait remarquer enfuite une autre ef
pece d'hommes qui defcendent auffi de l'afile des vertus fans aucunes couronnes , mais au contraire avec
des vifages de defefperez ,
des cheveux arrachez , &
quifont enchaifnez par des
femmes. Ce font ou ceux
qui eftant arrivez à la veritable ſcience , en ont efté
GALANT. 18 ;
mal receus , comme en eftant indignes ; ou ceux qui
ont manqué de courage
lorfqu'ils ontvoulu s'eflever
fur la roche , où la conf
tance les invitoit de monter , & qui ayant lafché le
pied honteufement , demeurent vagabonds , fans
fçavoir où ils doivent aller.
Les uns & les autres de-.
viennent la proye des chagrins , des angoiffes , dul
deſeſpoir, de la honte & de
l'ignorance ; & pour furcroift de malheur ils retournent au parc de la lu-
184 MERCURE
xure & de l'intemperance ,
oùces infenfez maudiffent
le refte de leurs jours la
veritable ſcience , & les ve
ritables fçavants, regardant
ces derniers comme des
malheureux, qui ne fçavent
pas goufter les plaifirs , &
joüir de la vie comme eux ,
bien loin de fentir euxmefmes l'eftat déplorable
où ils fe font plongez, Car
la brutalité dont ils font
aveuglez , fait qu'ils mettent leur fouverain bien
dans la gourmandiſe , dans
le luxe & dans l'incontiEnfin nence.
GALANT. 185
Enfin noftre Philofophe
entre dans un plus grand
détail fur ce qu'il prétend
que le Génie de chaque
homme luy infinuë avant
fa naiffance. Premieremenp
il leur donne avis ( dit-il
de s'armer de courage , &
de conftance, comme ayant
plufieurs combats à fouftenir dans le monde lorfqu'ils
y
feront entrez : feconde-l
ment il les exhorte à né
point mettre leur efperance dans les biens temporels & paffagers , que la
fortune donne & ofte à fon
Octobre. 1712,
C
i
186 MERCURE
gré , & parconfequent de
ne s'abandonner point à la
joye , quand elle nous les
envoye , ou à la trifteffe
quand elle les retire , parce
qu'elle en ufe comme d'un
bien qui eft à elle , & non
pasà nous. C'eſt pourquoy
il nous avertit de ne reffembler pas ces mauvais Banquiers qui ayant receu.
Fargent d'autruy , le regardent comme leur appartenant, & en ont la meſme
joye que s'il eftoid à eux en
propre , & qui quand on
le repete s'en trouvent auſſi
GALANT. 187
offenfez, & en conçoivent
autant de chagrin que fi
on le leur raviffoit mais
de recevoir au contraire
avec reconnoiffance les
biens temporels qu'il luy
plaiſt de nous départir , &
de nous en fervir pour ar
river en hafte à la fource
feconde & certaine de tous
les biens, qui eft la veritable
fcience , c'est-à - dire , la
fcience qui peut nous rendre heureux. Ainfi nous
devons ( dit il ) éviter d'abord foigneusement les
courtiſannes done on apar-
-
Q ij
188 MERCURE
lé , fçavoir l'intemperance,
la luxure , & les autres vi-
& prendre garde de ces
nous laiffer enchanter de
leurs attraits. ។
A l'égard de la vaine
ſcience nous pouvons luy
donner , felon luy , quelques années de notre vie ,
& prendre quelques -unes
de fes leçons pour nous aider à paffer outre , car nous
devons nous hafter d'arriver à la veritable ſcience ,
& à la pratique des vertus
le pluftoft que nous pourrons , & regarder tout le
GALANT. 189
temps que nous employons
à autre chofe , comme autant de rabbatu fur la durée de noftre felicité.
Tous les emblefmes eftant finis , Cebés examine
quelles font les leçons qu'-
on peut tirer de la vaine
fcience, & conclud que ce
font les Lettres & les autres
difciplines , que Platon dit
eftre le frein des fougues
de la jeuneffe. Il prétend
au refte que ces leçons ne
font point abfolument neceffaires pour acquerir la
morale , & qu'on doit les
190 MERCURE
regarderſeulement comme
des moyens pour y arriver
plus communément, mais
qui ne nousfervent de rien
pour augmenteren nous la
vertu: &la raiſon qu'il en ap
porte, c'eſt qu'on peut eftre
vertueux fans elles , comme
l'experience journaliere le
confi me. On ne doit pas
cependant, felon luy,les re
garder commeinutiles . Car
(dit il ) quoy qu'on puiſſe
abſolument entendre une
langue estrangere avec le
fecours feul d'un Interpre
te , on ne laiſſe pas de trou-
GALANT. 191
ver quelque foulagement
& quelque ſatisfaction lors
qu'on peut encore y joindre fa propre connoiffan
ce. Il en eft de mefme de
la vaine fcience qu'on ne
doit regarder que comme
un fecours pour arriver plus
aisément à la veritable.
De là noſtre Philoſophe
tire cette fafcheufe confequence contre les faux fçavants , qui prétendent s'attribuer quelque préference
fur les autres hommes , fçavoir qu'ils n'ont là aucun avantage pour devenir
par
192 MERCURE
plus parfaits qu'eux ; puifqu'il eft conftant qu'ils ne
jugent pas plus fainement
du bien & du mal que le
refte des hommes , & qu'ils
font fujets aux meſmes vices; car qui empefche ( ditil ) d'eftre lettré , de poffe
der toutes les fciences vaines , & d'eftre cependant
toujours un yvrogne , un
intemperant , un avaricieux , un calomniateur, un
traiftre , & en un mot un
infensé, puifque ces fortes
de fciences ne s'occupent
point à la connoiffance des
vertus ,
GALANT. 193
7
vertus & des vices La cau
fe de ce malheur , dit noftre Philofophe , vient de
ce que ces fortes de fça
vants ont la vanité de croi
re fçavoir ce qu'effectivement ils ignorent : c'eft ce
qui les rend indociles &
pareffeux à fe faire inftruire de la veritable ſcience,
D'un autre cofté ils font
fujets comme le reſte des
hommes à fe laiffer emporter par leurs fauffes préventions qui les rendent
opiniaftres & intraitables.
De forte qu'ils ne ſçauOctobre 1712.
R
194 MERCURE
roient fe flatter d'avoir aucun avantage ſur eux ,
moins que le Ciel ne leur
à
envoye quelque rayon de
lumiere qui leur faffe connoiftre la vanité de leur
fcience , & les porte à rechercher la verité.
Enfin Cebés prouve la
propofition qu'il a avancée au commencement de
fon difcours , fçavoir que
les dons de lafortune, com+
me la vie , la fanté , les richeffes , la nobleſſe , les
honneurs , les victoires , &
les autres biens temporels
GALANT. 195
ne font pas de veritables
biens ; ny par confequent
les maux qui leur font oppofez, commeles maladies,
la mort mefme , &c. ne
font pas deveritables maux;
maisil prétend aucontraire
que toutes ces chofes d'elles-mefmesfont indifferentes pour noftre perfection.
La vie , dit - il , eft un bien
à celuy qui vit bien , & c'eſt
fans doute unmal à l'égard
de celuy qui fe comporte
mal, par les maux aufquels
elle l'expofe toft ou tard.
D'un autre cofté la vie eft
R ij
196 MERCURE
commune aux meſchants
comme aux bons , aux malheureux commeà ceux qui
font heureux , d'où il conclud que la vie en elle meſme eft une chofe indifferente. De mefme que de
couper un bras à un hom-
-me qui fe porte bien , eft
pour luy un mal ; & c'eſt
rau contraire un bien à celuy
qui a la gangrenne , d'où il
fuit que l'amputation d'un
bras eft une chofe qui n'eft
abfolument parlant , ou en
foy, nybonne n'y mauvaiſe.
Il rafonne de melme des
GALANT. 197
richeffes , de la fanté, & des
autres biens du corps : car
ilferoit, dit il , tres- louvent
à defirer pour celuy qui a
fait un mauvais coup , qu'il
euft efté malade pendant le
temps qu'il l'a fait ; c'eft
pourquoy la fanté eft en
ce cas un vray mal pour
luy , quoyque ce foit d'ailleurs un bien pour les honneftes gens. A l'égard des
richeffes on voit fouvent.
que ceux qui les poffedent
ne font pas les plus heureux ny les plus honneftes.
gens ; d'où il faut conclure
Riij.
198 MERCURE
&
qu'elles ne fervent de rien
pour noftre felicité
qu'ainfi par elles mefmes
elles ne font pas un bien
pluftoft qu'un mal , puifqu'il feroit à fouhaitter pour
ceux qui n'en fçavent pas
ufer , qu'ils en fuffent privez à caufe des miferes qu'-
elles leur attirent.
Noftre Philofophe conclud en difant qu'on peut
appeller les biens temporels, des biens pourceux qui
fçavent s'en bien fervir , &
des maux à l'égard de ceux
qui en font un mauvais ufa-
GALANT. 199
ge , & finit en remarquant
que ce qui nous trouble &
nous agite en cette vie c'eft
le faux jugement que nous
portons fur les biens & fur
les maux temporels , fur lequelfauxjugement nous reglons enfuite toute la conduite de noftre vie pour le
bien ou pour le mal; & cela
parce que nous ne travaillons pas affez à connoiſtre
l'un & l'aure.
On connoift affez au
refte par cet exposé que les
mefmes inclinations & les
mefmes vices qui dominent
R iiij
200 MERCURE
aujourd'huy , regnoient dès
ces premiers temps , & que
la Providence a toujours eu
foin de faire naiftre des
hommes , qui au milieu de
la corruption de leur fiecle
rendiſſent teſmoignage à
la vertu & aux veritez morales , afin qu'elles n'en
fuffent pas entierement étouffées , & afin que les
hommes dépravez n'euffent pas à fe plaindre d'avoir manqué d'inftructions,
& mefme d'exemples pour
les mettre en pratique , &
d'avertiffements pour con-
GALANT. 201
noiftre les fuites fafcheufes
des paffions & des vices ,
& pour en concevoir de
l'horreur. Mais ce que nous
devions , ce mefemble , admirer icy le plus , ce font
ces repentirs & ces rayons
de lumiere que Cebés reconnoift eftre envoyez du
Ciel pour retirer les hommes de l'esclavage de leurs
paffions , & les faire rentrer dans le fein des vertus. Certes fila chofe eftoit
telle dans ces temps du pai
ganisme , plus de trois cens
ans avant la venue du Mef-
202 MERCURE
fie , comme il femble qu'on
n'en puiffe douter , par le
recit de cet autheur , je ne
crois pas qu'on puiſſe douter auffi que le Ciel n'exerçaft fes mifericordes fur
ces peuples corrompus , de
mefme que fur le peuple
Juif: car effectivement que
peut il y avoir qu'une lumiere divine qui faffe connoiftre à l'efprit de l'homme la vanité des voluptez ,
& qui luy faffe diftinguer
la vaine ſcience de la veri
table , & les vicès des vertus ? L
GALANT. 203
A l'égard du Génie que
Cebés a creu préfider à noftre conception , & nous
inftruire dès le ventre de
noftre mere de nos devoirs
pour la vie à laquelle nous
fommes deftinez , on ne
fçauroit , ce me femble ,
penfer que ce foit autre
que la lumiere de la
raifon où l'ame raiſonnable que Dieu met dans le
corps dés qu'elle peut y
exercer fes fonctions , la
quelle lumiere feroit fuffifante pour nous faire éviter
tous les écueils des paffions
chofe
204 MERCURE
& des vices , fans les fauffes
préventions aufquelles nous
nous abandonnons pendant la jeuneffe , au lieu de
confulter la lumiere de noftre raison. Quand à la fortune qui, felon luy , difpenfe les biens temporels & les
maux à fon gré , on voit
affez qu'on ne peut entendre par là , que la Provi
dence qui a créé toutes chofes , à qui par confequent
toutes chofes appartiennent en propre , & qui ef
tant la maiftrelle du fort
des hommes , en peut difC
GALANT. 203
poſer felon fa volonté. De
plus lorsqu'il nous dit que
la douleur , les chagrins , la
pauvreté , &c. n'ont plus
d'empire fur l'homme devenu vertueux , il nous fait
connoiftre combien eftoit
grande la fecurité , la confiance , la conſtance , & là
tranquillité de l'efprit de
l'honnefte homme , & que
les hommes vertueux de ce
temps là participoient dès
ce monde aux recompenfes des veritablesChrêtiens,
parce qu'ils pratiquoientles
-mefmes bonnes œuvres.
206 MERCURE
Car quoyqu'ils ne conneuffent pas Dieu auffi clairement , & qu'ils ne le creuffent peut-eftre pas auffi prefent à toutes leurs démarches que nous , ils ne laiffoient pas d'envisager la
vertucomme la loy de l'Autheur de la nature , gravée
dans le cœur des hommes,
& d'eftre perfuadez que
ceux- là offenfoient Dieu
qui trahiſſoient la vertu
ainfi ils pratiquoient la ver.
tu dans la veuë de plaire à
Dieu , d'où naiflóit dès ce
monde la joye & la ferenité de leur conſcience.
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Résumé : PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
Le texte présente une allégorie philosophique de la vie humaine, comparée à un grand parc avec divers réduits symbolisant les étapes et expériences de la vie. Cebés, disciple de Socrate, utilise cette métaphore pour illustrer les défis et les choix que les individus doivent affronter. Au début de la vie, les individus sont guidés par une intelligence qui leur enseigne comment être heureux, mais ils oublient rapidement ces leçons à cause de la convoitise et de l'ignorance, personnifiées par une reine séductrice. Dans ce parc, la Fortune, une divinité aveugle et capricieuse, distribue des biens temporels. Les ambitieux la supplient, mais elle favorise certains et rejette d'autres, créant ainsi des joies et des tristesses. Ces biens temporels ne sont pas considérés comme de vrais biens, car ils ne rendent pas les hommes plus parfaits. Le parc comporte plusieurs réduits. Le premier est gardé par des femmes représentant des vices comme l'intempérance et l'avarice, qui séduisent ceux que la Fortune a favorisés. Ces individus goûtent des plaisirs éphémères avant de tomber dans le malheur et la misère. Leur seule ressource est le repentir, qui les conduit vers des opinions plus justes et un intérêt pour les sciences, notamment la morale. Un second réduit est habité par ceux qui se laissent séduire par la fausse science, représentée par des poètes, orateurs, et autres savants. Ces individus sont souvent esclaves de leurs vices et de leurs erreurs. Un troisième réduit, plus élevé et difficile d'accès, mène à la véritable science. À son entrée, deux femmes, la Constance et la Continence, aident les passants à surmonter les difficultés. Ce chemin conduit à un quatrième réduit, le séjour des hommes heureux, où habitent toutes les vertus et la véritable science, accompagnée de la Vérité et de la Persuasion. Le texte décrit également une allégorie où les âmes, appelées 'Cébés', traversent divers états pour atteindre la vertu et la félicité. À l'entrée de ce chemin, une 'honnête mère' purifie les âmes des imperfections comme l'ignorance, l'erreur, et l'arrogance, les préparant ainsi à entrer dans le séjour des vertus. Ces vertus sont représentées par des dames sages et belles, telles que la piété, la justice, l'intégrité, et la tempérance. Après avoir été admises dans cette société, les âmes sont conduites vers un donjon en forme de citadelle, le palais de la félicité, où règne une Reine assise sur un trône. Cette Reine et ses filles, les vertus, couronnent les âmes vertueuses, leur donnant force et bonheur, et les libérant des maux de la vie. Ces âmes, désormais héroïques, dominent les monstres symbolisant les vices et vivent dans la droiture et l'amour de la vertu. Le texte distingue également ceux qui, ayant atteint la véritable science, sont mal reçus ou manquent de courage, devenant ainsi des esclaves des chagrins et des vices. Ces derniers maudissent la véritable science et les savants, préférant les plaisirs matériels. Le philosophe Cebés enseigne que les biens temporels, comme la vie, la santé, et les richesses, ne sont ni véritables biens ni véritables maux en eux-mêmes. Ils dépendent de l'usage que l'on en fait. Il exhorte à ne pas se réjouir ou se lamenter excessivement face à ces biens, mais à les utiliser pour atteindre la véritable science et la vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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619
p. 25-27
Rentrée de l'Academie Royale des Medailles & Inscriptions. [titre d'après la table]
Début :
L'Academie Royale des Medailles & Inscriptions fit l'ouverture [...]
Mots clefs :
Académie royale des médailles et inscriptions
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texteReconnaissance textuelle : Rentrée de l'Academie Royale des Medailles & Inscriptions. [titre d'après la table]
L'Academie Royale
des Medailles &,- Inscriptions fit l'ouverture de
ses exercices par une assemblée publique, qui
se tint le Mardy quinze
Novembre.
Monsieur de Bosc,
Secretaire perpetuel de
l'Academie, commença
par l'éloge de Monsieur
l'Abbé Tallemant.
Monsieur Moreau de
Mautour parla enfuire
sur une colomnemil-
liaire trouvée prés de la villedeSoissons.
Aprés lui Monsieur
l'Abbé de Vertonproposa un problême
,
içavoir si Jules-Cesaravoit
été aussi grand politique
que grand Capitaine,
éc conclut par l'affirmatif.
Enfin Monsieur Morin fit une dissertation
sur les souhaits qu'on
fait en faveur de ceux
qui éternuent. A l'égard
des éternuëmens, Monsieur Morin s'égaya
beaucoup surce que les
Rabins en disent. Des
Rabins il passa aux
Grecs, & des Grecs aux
Romains.
En attendant que je
vous puisse donner l'extrait de ce discours, voici sur l'eternuëment
quelques reflexions qui
se sont trouvées dans
monporte-feüille
des Medailles &,- Inscriptions fit l'ouverture de
ses exercices par une assemblée publique, qui
se tint le Mardy quinze
Novembre.
Monsieur de Bosc,
Secretaire perpetuel de
l'Academie, commença
par l'éloge de Monsieur
l'Abbé Tallemant.
Monsieur Moreau de
Mautour parla enfuire
sur une colomnemil-
liaire trouvée prés de la villedeSoissons.
Aprés lui Monsieur
l'Abbé de Vertonproposa un problême
,
içavoir si Jules-Cesaravoit
été aussi grand politique
que grand Capitaine,
éc conclut par l'affirmatif.
Enfin Monsieur Morin fit une dissertation
sur les souhaits qu'on
fait en faveur de ceux
qui éternuent. A l'égard
des éternuëmens, Monsieur Morin s'égaya
beaucoup surce que les
Rabins en disent. Des
Rabins il passa aux
Grecs, & des Grecs aux
Romains.
En attendant que je
vous puisse donner l'extrait de ce discours, voici sur l'eternuëment
quelques reflexions qui
se sont trouvées dans
monporte-feüille
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Résumé : Rentrée de l'Academie Royale des Medailles & Inscriptions. [titre d'après la table]
Le 15 novembre, l'Académie Royale des Médailles et Inscriptions a tenu une assemblée publique. Monsieur de Bosc a rendu hommage à l'Abbé Tallemant. Monsieur Moreau de Mautour a présenté une colonne milliaire découverte près de Soissons. L'Abbé de Verton a analysé la politique de Jules César. Monsieur Morin a discuté des souhaits faits aux personnes qui éternuent, selon les opinions des rabbins, Grecs et Romains.
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620
p. 28-40
ETERNUEMENS.
Début :
Il ne faut point écouter Sigonius*, lors qu'il dit [...]
Mots clefs :
Éternuements, Coutumes, Prométhée, Monomotapa, Saluer, Floride
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texteReconnaissance textuelle : ETERNUEMENS.
ETERNUEMENS.
Il ne faut point écouter
Sigonius *, lors qu'il dit
que la coutume de saluer
ceux qui ecernuenct & prier
Dieu pour eux, vient de
ce qu'autemps de saint
Grégoire plusieurs mouroienten éternuant ou en
bâillant.Aristote, dans lhistoire des animaux
,
livre
second de aiileurs, parle de
cet éternuement & de ses
causes.
*•Lii-i.kift-:€rrg-JtnL
Le Poëte Grec cité dans
le second livre duFlorilepumy badinant sur certain
grand nez au bout duquel
la main ne pouvoic pas arriver, dit:
Non potis est proclus digitis
emungerenasum
;
Narpqne estpronasimole p_
,
JjllamanuS)
tJectiocat Ille Jovem ftfrntitans;quippenecaudit,
Sternutamentum tam procul
aure sonat.
Les anciens Hebreux Ci-
luoient de même ceux qui
éternuaient, & leur di-
-
soient: Que cette médecin*
serve à vôtre salut.
Les Grecs même des premiers temps croyoientque
l'éternuëment dépendoit
de quelque chosede divin, ôc en établissoientCerés pour la Divinité, au
rapport de Suidas. Socrate
consultois cet éternuëment
comme son devin,ditPlutarque.
On voir la même coûtume de ce salut chez les La
tins. Tibere l'exigeoit lors
qu'il éternuoit, & le rendoit aussià ceux qui éternuoient, au rapport de Pline, 1.18. ch. 2. Petr. dit que
Gitoncouché ,oi/eEliont (pititm jamplenus continuoita
sternutaviy,utgrabatum concuteret, ad quemmotum Eumolpus salvere Gitona jubtt, -.., '; Apulée livre 9. racontant
l'histoire du jeune homme
"'-' que la femme de Foulon
fit mettre fous une table
d'osier, sur laquelle étoient
étendues des étoffes qui
blanchissoient à la fumée
du souffre, il dit:Acerrimo
gravique odoresulfuris ju'Venis injecutus atque obnubilatusyinterclujoJpiritu diffluebat, atque, ut efl ingenium
wivacismetalii, erebras ei.
Jlernutattones commovebat.
Adatitus è regione mulieris
accipiebat sonum sternutationu;cumqueputaret ab easterhutamentuni' proficisei,solito
flrmon-e salutem eiprecabatur. Cum iteraretur rursum
,
tandem suspicatur,~impuUa mensa, remotâque caOea producit hominem crebros
anheljtHS agre efflantem.
L'éternuëment au sortir
de table étoitreputé malheureux, selonPline
On fléchissoitle genou,
en priant pour celui qui éternuoit, ditAthenc'e.
On rapporte plusieurs.
causesde cet éternuëment:
mais en voici la premiere
& la veritable, ièlon*.*
.,' Prometée ayantformé
lafigure de l'homme, fit
venir le lievre, le renard
,
le pan, le tigre, le lion 2c
l'âne, pour prendre dechacun de ces animaux une petite partie, & les souffler
dans l'homme. L'hommeainsi compote de pieces&
de morceaux, & de ces-par4
ties-là, commença a. vivre
& à relpirer. La terre, qui
composoitlatête,& le cerveau, ayant encoredel'humidité, & lesautresmembres étantsecs,!a premiereenviequ'eutl'homme
,
ce fut d'éternuer. Ilhaussala
tête deux ou trois fois, &
éternua enfin avec un bruit
épouvantable. Tousles animaux, qui,
étoientencore »
presens,s'enfuirent de peun
Prometée
,.
fin & penetrant.
dans l'avenir, jugea par là
que l'homme auroitl'empire sur tous les autres animuaux, puis qu'avec un signe detête & un peu de
bruit il les avoit
ainsi
épouvantez & fait fuirdevant
lui. Il le taliiaaufluot roy
des animaux ,& pria Dieu
que cela lui rciiisî-. En mémoire de cetéternuëment,
qui a
fait declarcr l'homj:".,- me le maître des arumaux
,
on le saluë quand il éter-.
nuë.
D'autres racontent la
chose de cette maniere..
Prometée ayant: formé
l'homme
,
obtint de-Minerve sa patrone d'aller faire un tour dans les Cieux,
pour en tirer de quoy persectionner son ouvrage. Ii
porte un flambeau fous son;
manteau, l'allume au Soleil )'& redescend promptement vers son homme ;
il
lui met le feu à la tête: mais
le cerveau humide, à l'approche de ce feu & de cette
lumiere du Soleil, lâcheunéternuement violent qui éteint le flambeau de Prometée. Celui-ci en fureur
devoirque le premiertrait
de l'homme eût été d'éteindre sa lumiere, ôc que
sa peineétoit perduë
,
alloit prendreun caillou pour
casser la tête à l'homme,
lors qu'il éternua une seconde fois avec violence,
,& ralluma par ce souffle le
flambeau de Prometée. Ce.
lui-ci bien content, selicita l'homme sur la lumiere
qu'il venoit de recouvrer,
& souhaita pour lui qu'il en
usâtmieux
,
& ne la risquât
plus. Le vœua étéinutile:
mais la memoire en est ret
tée. Une troisiéme opinion
assure que l'avanture fut
telle.
Promettée avoit achevé
son modele
,
ôc le retouchoit; il vit que l'argile qui
formoit le nez s'étolt retirée en sechant, & que le
nez étoit trop court pour
un animal qui devoir être
fin, il remanie ce nez, &
y
ajoûte de nouvelle matiere
:
mais il touche par
malheur un petit nerf; aus
sitôt l'homme éternua d'une si grande force, que routes ses dents mal affermies
en sauterent. Prometéeeffrayé pria Dieu que cela
n'arrivât plus,& ditàl'homme, Dieunous assiste. On a,
toujours dit depuisla même
chose, de peur que pareil
accident. n'arrive.
Cette coûtume est dans
tous les pays. Lorsque l'Empereur du Monomotapa
éternué, ceux qui sont autour de lui lui font le souhait & salut ordinaire à haute voix; en forte que ceux
qui sont dans les chambres
voisines l'entendent, &
fassent le même salut
,
le-
)
quel le communiqué de
main en main à la place publique& à toute la ville,
qui en un instant prie pour
le Prince qui a
éternué. La
même choie se fait quand
il boit. V. l'Hist. de Ba..
ros, &c.
Les Espagnolstrouvèrent
cette coûtume de faluer
pour l'éternuëment établie
à la Floride
Il ne faut point écouter
Sigonius *, lors qu'il dit
que la coutume de saluer
ceux qui ecernuenct & prier
Dieu pour eux, vient de
ce qu'autemps de saint
Grégoire plusieurs mouroienten éternuant ou en
bâillant.Aristote, dans lhistoire des animaux
,
livre
second de aiileurs, parle de
cet éternuement & de ses
causes.
*•Lii-i.kift-:€rrg-JtnL
Le Poëte Grec cité dans
le second livre duFlorilepumy badinant sur certain
grand nez au bout duquel
la main ne pouvoic pas arriver, dit:
Non potis est proclus digitis
emungerenasum
;
Narpqne estpronasimole p_
,
JjllamanuS)
tJectiocat Ille Jovem ftfrntitans;quippenecaudit,
Sternutamentum tam procul
aure sonat.
Les anciens Hebreux Ci-
luoient de même ceux qui
éternuaient, & leur di-
-
soient: Que cette médecin*
serve à vôtre salut.
Les Grecs même des premiers temps croyoientque
l'éternuëment dépendoit
de quelque chosede divin, ôc en établissoientCerés pour la Divinité, au
rapport de Suidas. Socrate
consultois cet éternuëment
comme son devin,ditPlutarque.
On voir la même coûtume de ce salut chez les La
tins. Tibere l'exigeoit lors
qu'il éternuoit, & le rendoit aussià ceux qui éternuoient, au rapport de Pline, 1.18. ch. 2. Petr. dit que
Gitoncouché ,oi/eEliont (pititm jamplenus continuoita
sternutaviy,utgrabatum concuteret, ad quemmotum Eumolpus salvere Gitona jubtt, -.., '; Apulée livre 9. racontant
l'histoire du jeune homme
"'-' que la femme de Foulon
fit mettre fous une table
d'osier, sur laquelle étoient
étendues des étoffes qui
blanchissoient à la fumée
du souffre, il dit:Acerrimo
gravique odoresulfuris ju'Venis injecutus atque obnubilatusyinterclujoJpiritu diffluebat, atque, ut efl ingenium
wivacismetalii, erebras ei.
Jlernutattones commovebat.
Adatitus è regione mulieris
accipiebat sonum sternutationu;cumqueputaret ab easterhutamentuni' proficisei,solito
flrmon-e salutem eiprecabatur. Cum iteraretur rursum
,
tandem suspicatur,~impuUa mensa, remotâque caOea producit hominem crebros
anheljtHS agre efflantem.
L'éternuëment au sortir
de table étoitreputé malheureux, selonPline
On fléchissoitle genou,
en priant pour celui qui éternuoit, ditAthenc'e.
On rapporte plusieurs.
causesde cet éternuëment:
mais en voici la premiere
& la veritable, ièlon*.*
.,' Prometée ayantformé
lafigure de l'homme, fit
venir le lievre, le renard
,
le pan, le tigre, le lion 2c
l'âne, pour prendre dechacun de ces animaux une petite partie, & les souffler
dans l'homme. L'hommeainsi compote de pieces&
de morceaux, & de ces-par4
ties-là, commença a. vivre
& à relpirer. La terre, qui
composoitlatête,& le cerveau, ayant encoredel'humidité, & lesautresmembres étantsecs,!a premiereenviequ'eutl'homme
,
ce fut d'éternuer. Ilhaussala
tête deux ou trois fois, &
éternua enfin avec un bruit
épouvantable. Tousles animaux, qui,
étoientencore »
presens,s'enfuirent de peun
Prometée
,.
fin & penetrant.
dans l'avenir, jugea par là
que l'homme auroitl'empire sur tous les autres animuaux, puis qu'avec un signe detête & un peu de
bruit il les avoit
ainsi
épouvantez & fait fuirdevant
lui. Il le taliiaaufluot roy
des animaux ,& pria Dieu
que cela lui rciiisî-. En mémoire de cetéternuëment,
qui a
fait declarcr l'homj:".,- me le maître des arumaux
,
on le saluë quand il éter-.
nuë.
D'autres racontent la
chose de cette maniere..
Prometée ayant: formé
l'homme
,
obtint de-Minerve sa patrone d'aller faire un tour dans les Cieux,
pour en tirer de quoy persectionner son ouvrage. Ii
porte un flambeau fous son;
manteau, l'allume au Soleil )'& redescend promptement vers son homme ;
il
lui met le feu à la tête: mais
le cerveau humide, à l'approche de ce feu & de cette
lumiere du Soleil, lâcheunéternuement violent qui éteint le flambeau de Prometée. Celui-ci en fureur
devoirque le premiertrait
de l'homme eût été d'éteindre sa lumiere, ôc que
sa peineétoit perduë
,
alloit prendreun caillou pour
casser la tête à l'homme,
lors qu'il éternua une seconde fois avec violence,
,& ralluma par ce souffle le
flambeau de Prometée. Ce.
lui-ci bien content, selicita l'homme sur la lumiere
qu'il venoit de recouvrer,
& souhaita pour lui qu'il en
usâtmieux
,
& ne la risquât
plus. Le vœua étéinutile:
mais la memoire en est ret
tée. Une troisiéme opinion
assure que l'avanture fut
telle.
Promettée avoit achevé
son modele
,
ôc le retouchoit; il vit que l'argile qui
formoit le nez s'étolt retirée en sechant, & que le
nez étoit trop court pour
un animal qui devoir être
fin, il remanie ce nez, &
y
ajoûte de nouvelle matiere
:
mais il touche par
malheur un petit nerf; aus
sitôt l'homme éternua d'une si grande force, que routes ses dents mal affermies
en sauterent. Prometéeeffrayé pria Dieu que cela
n'arrivât plus,& ditàl'homme, Dieunous assiste. On a,
toujours dit depuisla même
chose, de peur que pareil
accident. n'arrive.
Cette coûtume est dans
tous les pays. Lorsque l'Empereur du Monomotapa
éternué, ceux qui sont autour de lui lui font le souhait & salut ordinaire à haute voix; en forte que ceux
qui sont dans les chambres
voisines l'entendent, &
fassent le même salut
,
le-
)
quel le communiqué de
main en main à la place publique& à toute la ville,
qui en un instant prie pour
le Prince qui a
éternué. La
même choie se fait quand
il boit. V. l'Hist. de Ba..
ros, &c.
Les Espagnolstrouvèrent
cette coûtume de faluer
pour l'éternuëment établie
à la Floride
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Résumé : ETERNUEMENS.
Le texte explore les coutumes et les croyances associées à l'éternuement dans diverses cultures et époques. Sigonius explique que la coutume de saluer ceux qui éternuent remonte à une période où plusieurs personnes mouraient en éternuant ou en bâillant. Aristote, dans son ouvrage 'Histoire des animaux', aborde également les causes de l'éternuement. Les anciens Hébreux et Grecs voyaient l'éternuement comme un signe divin et adressaient des prières ou des salutations à ceux qui éternuaient. Les Latins, y compris l'empereur Tibère, partageaient cette pratique. Le texte mentionne des récits mythologiques, comme celui de Prométhée, qui observe que l'éternuement est le premier signe de vie de l'homme, justifiant ainsi la coutume de saluer ceux qui éternuent. Des pratiques similaires sont également notées chez l'Empereur du Monomotapa et les Espagnols en Floride. Ces exemples montrent la diversité des interprétations et des réponses à l'éternuement à travers le monde et les époques.
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621
p. 64-65
« M. de la Chaussée, Fermier general, est mort. On a [...] »
Début :
M. de la Chaussée, Fermier general, est mort. On a [...]
Mots clefs :
M. de la Chaussée, Fermier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. de la Chaussée, Fermier general, est mort. On a [...] »
M. dela Chaussée, Fermier general
,
est mort. On
a
donné sa place à M. Laugeois. Le choix & la diftindion que le Ministre en a
fait, quoy qu'il ne soit âgé
que d'environ vingt-neuf
ans, fait juger qu'il remplira cette place suivant
son attente. Ceux qui l'ont
pratiqué jusqu'à present le
pensent ainsi.
Il est petit-neveu de feu
M.
M.Laugeois d'Imbercourt,
qui aoccupé une pareille
place dans
les
Fermes generales pendant quarante
ans, & qui eut deuxenfans,
-- dont l'un est à presant Intendant à Soissons, &l'autre,mortedepuis cinq
ans,avoit"., étémariée1
en premieres noces à M. le Marquis de la Paupliniere, &
en --fezotide-sau-feu le Maréchal de Tourville
,
est mort. On
a
donné sa place à M. Laugeois. Le choix & la diftindion que le Ministre en a
fait, quoy qu'il ne soit âgé
que d'environ vingt-neuf
ans, fait juger qu'il remplira cette place suivant
son attente. Ceux qui l'ont
pratiqué jusqu'à present le
pensent ainsi.
Il est petit-neveu de feu
M.
M.Laugeois d'Imbercourt,
qui aoccupé une pareille
place dans
les
Fermes generales pendant quarante
ans, & qui eut deuxenfans,
-- dont l'un est à presant Intendant à Soissons, &l'autre,mortedepuis cinq
ans,avoit"., étémariée1
en premieres noces à M. le Marquis de la Paupliniere, &
en --fezotide-sau-feu le Maréchal de Tourville
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Résumé : « M. de la Chaussée, Fermier general, est mort. On a [...] »
M. de la Chaussée, Fermier général, est décédé. M. Laugeois, âgé de vingt-neuf ans, lui a succédé. Son expérience et sa distinction promettent une gestion conforme aux attentes. Il est le petit-neveu de M. Laugeois d'Imbercourt, ancien Fermier général pendant quarante ans. Ce dernier avait deux enfants, l'un est Intendant à Soissons, l'autre est décédé depuis cinq ans.
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622
p. 66-72
Prologue de Melpomene & de Thalie, Sur un Heros.
Début :
Quittez, ma soeur, une arrogance vaine, [...]
Mots clefs :
Melpomène, Thalie, Héros, Gloire, Chants, Lauriers immortels, Exploits, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prologue de Melpomene & de Thalie, Sur un Heros.
Prologue de Melpomene
SedeThalîé^
SurunHeros.
MELPOMENE.
QUittez,
ma sœur ,une
arrogancevaine,
Osez-vouscomparer vos.
-
frivoles chansons
Aux nobles
,
aux sublimes
sons
Del'heroïque Melpomene?
- THALIE.
Hé de grace,ma sœur,treve
de vanité,
Vivez en paix avec Thalie;
Vous sçavezque vingt fois elle
a déconcerté
Pour une ennuyeuse folie
Vôtre ennuyeusegravité.
MELPOMENE.
Ma voix ressuscite lagloire
De mesantiques demiDieux,
Etje consacre la memoire
Dé ceux qui brillent à vos
yeux. THALIE.
Vos chantspar leur lugubre
accord
Fatiguentsouvent leuroreille,
Ma flute souvent les réveille,
Et vôtrelyre les endort.
MELPOMENE.
Croyez-vous que ce soit un
talent fortutile
, De badiner à
tout propos ?
TAH-AL1E.,
Vous imaginez-vous qu'il
soit si difficile :
De faire briller les Heros ?
MELPOMENE.
De lauriers immortels je
' couronne leurs têtes,
»
THALIE.
Jesçai les délasser par d'à.- greablefêtes. d a,«..-
MELPOMENE. Jevante leux exploits.
THALIE.
J'amuse leurs desirs,
MELPOMENE.
Je prens foin de leur gloire..
THALIE.
Et moy de leurs plaisirs..
MELPOMENE.
Je m'étonne qu'une Déesse,.
Qu'une Mufe se laisse à la
-
gloire entraîner;
L'amour propreest une soi- blesse
Qu'aux malheureuxmortels on doit abandonner.
'-' THALIE. Plusona le cœur grand, ôc
plus la gloire touche;
J'ai reçû comme vous ce
dangereux present:
Mais le mien est vif& plaifaut>
-- Etlevôtre est sombre&farouche.
MELPOMENE.
Vous êtes ma cadette, au
jugement de tous,
, Et l'on est modeste à vôtre
âge.
THALIE.
Si je fuis plus jeune qu:
vous,
Ne vousétonnez pas si je
plais davantage..
MELPOMENE.
Ne profanons point nôtre
voix
Par une odieuse querelle;
Des Herosle noble modele
Nous fournir de plus doux
emplois
:
Il a mille vertus dignes de
sanaissance,
Les Mufes dontil est l'appui
Doivent se consacrer à lui
Par zele & par reconnoiC
.- sance.
THALIE
A servir ce Heros bornons
nôtre desir.
MELPOMENE.
C'est le plus digne employ
des Filles de Memoire.
THALIE.
Que Melpomene veille à
celebrer sa gloire.
MELPOMENE.
Que Thalie ait le fbhid'oc<
cuper son loisir.
MELPOM. & THALIE.
Que Melpomene veille à
celebrer sa gloire,
Que Thalie ait le foin d'occuper son loisir
SedeThalîé^
SurunHeros.
MELPOMENE.
QUittez,
ma sœur ,une
arrogancevaine,
Osez-vouscomparer vos.
-
frivoles chansons
Aux nobles
,
aux sublimes
sons
Del'heroïque Melpomene?
- THALIE.
Hé de grace,ma sœur,treve
de vanité,
Vivez en paix avec Thalie;
Vous sçavezque vingt fois elle
a déconcerté
Pour une ennuyeuse folie
Vôtre ennuyeusegravité.
MELPOMENE.
Ma voix ressuscite lagloire
De mesantiques demiDieux,
Etje consacre la memoire
Dé ceux qui brillent à vos
yeux. THALIE.
Vos chantspar leur lugubre
accord
Fatiguentsouvent leuroreille,
Ma flute souvent les réveille,
Et vôtrelyre les endort.
MELPOMENE.
Croyez-vous que ce soit un
talent fortutile
, De badiner à
tout propos ?
TAH-AL1E.,
Vous imaginez-vous qu'il
soit si difficile :
De faire briller les Heros ?
MELPOMENE.
De lauriers immortels je
' couronne leurs têtes,
»
THALIE.
Jesçai les délasser par d'à.- greablefêtes. d a,«..-
MELPOMENE. Jevante leux exploits.
THALIE.
J'amuse leurs desirs,
MELPOMENE.
Je prens foin de leur gloire..
THALIE.
Et moy de leurs plaisirs..
MELPOMENE.
Je m'étonne qu'une Déesse,.
Qu'une Mufe se laisse à la
-
gloire entraîner;
L'amour propreest une soi- blesse
Qu'aux malheureuxmortels on doit abandonner.
'-' THALIE. Plusona le cœur grand, ôc
plus la gloire touche;
J'ai reçû comme vous ce
dangereux present:
Mais le mien est vif& plaifaut>
-- Etlevôtre est sombre&farouche.
MELPOMENE.
Vous êtes ma cadette, au
jugement de tous,
, Et l'on est modeste à vôtre
âge.
THALIE.
Si je fuis plus jeune qu:
vous,
Ne vousétonnez pas si je
plais davantage..
MELPOMENE.
Ne profanons point nôtre
voix
Par une odieuse querelle;
Des Herosle noble modele
Nous fournir de plus doux
emplois
:
Il a mille vertus dignes de
sanaissance,
Les Mufes dontil est l'appui
Doivent se consacrer à lui
Par zele & par reconnoiC
.- sance.
THALIE
A servir ce Heros bornons
nôtre desir.
MELPOMENE.
C'est le plus digne employ
des Filles de Memoire.
THALIE.
Que Melpomene veille à
celebrer sa gloire.
MELPOMENE.
Que Thalie ait le fbhid'oc<
cuper son loisir.
MELPOM. & THALIE.
Que Melpomene veille à
celebrer sa gloire,
Que Thalie ait le foin d'occuper son loisir
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Résumé : Prologue de Melpomene & de Thalie, Sur un Heros.
Le texte relate une dispute entre Melpomène, muse de la tragédie, et Thalie, muse de la comédie. Melpomène reproche à Thalie de comparer ses chansons frivoles aux chants héroïques qu'elle célèbre. Thalie défend ses chansons en affirmant qu'elles divertissent et réveillent les auditeurs, contrairement aux chants lugubres de Melpomène. Melpomène insiste sur le fait qu'elle célèbre la gloire des héros et des demi-dieux, tandis que Thalie se vante de pouvoir les détendre et amuser. La dispute porte sur la valeur de leurs talents respectifs. Melpomène critique l'amour-propre de Thalie, qui répond que la gloire touche ceux qui ont un grand cœur. Elles conviennent finalement de se consacrer à un héros, Melpomène en célébrant sa gloire et Thalie en occupant son loisir.
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623
p. 97-173
Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Début :
L'Organe de la voix ou de la parole est [...]
Mots clefs :
Oreille, Musique, Veines et artères, Anatomie, Glotte, Gosier, Muscles, Air, Parole, Voix, Anneaux, Corps, Larynx, Homme, Cordon, Canal, Fente, Oiseaux, Dilatateur, Membrane, Bouche, Diaphragme, Aplatisseur, Vibrations, Souffle, Lèvres, Cartilage, Lobe du poumon, Organe, Épiglotte, Anatomiste
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texteReconnaissance textuelle : Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la
musique
,
ou lesmerveilles de la Trachée
artere,tirées des observations desplus habiles Anatomistes, f5 de
l'anatomiecomparée.
L'Organe de la voix ou
de la parole est le gosier,
nommé par les Anatomie:
tes âpre ou trachéeartere,
pour le distinguer du go.
iiêr par où passent les alimens qu'ils appellent l'éso-
phage, & qu'on peut à eause de cela nommer en françois le passage des vivres.
Le gosier ou trachée artere
est composé de quarante
quatre parties qui fervent
à former la voix, sçavoir
de vingt six cartilages osseux, de douze muscles, de
trois especes de membranes
,
& de trois especes de
nerfs, sanscompter les arteres, les veines, les glandes, & autres parties qui
entrent encore dans sa
composition. Toutes ces
quarante quatre parties ont
leurs usages par rapport à
la voix, qu'il s'agit d'expliquer
,
c'est à-dire, de reduire aux regles de la mechanique & de la musique.
Nous appellons osseux les
vingt-six cartilages, parcequ'ils tiennent effectivement de la nature de l'os,
puisqu'ils contiennent tous
une espece de moëlle dans
le milieu de leur substance,
& qu'ils deviennent mesme des os parfaits dans
beaucoup de vieillards. Il
faut encore joindre à ces
quarante quatre organes le
diaphragme qui est un des
principaux instruments de
la voix, ce qui fait au moins
quarante cinq organes en
tout.
I. On a
de coustume de
distinguer le gosier en deux
partiesprincipales,quisont
a teste
,
nommée par les
Anatomistes, larinx
,
en
françois siffletou cornet,
& le corps du gosier. Ce
corps est un canal plus que
demy circulaire, dont la
convexité est tournée du
poflx du visage, & qui commençant à l'entrée des pou-
mons, monte le long du
passage des vivres sur lequel il est couché & applique par sa base. Il est composé ordinairement de
vingt un cartilages formez
chacun comme un grand
croissant
,
& qui sont fermez du costé de leur bafe
par une membrane musculeuse,laquelle regnant tout
le long de ce canal ,forme
cette base que je nomme
le MurcIe posterieur. Ces
cartilages sont liez les uns
aux autres par les fibres
longitudinaires de cette
membranemusculeuse,qui
s'inserent entre chacun
d'eux, &s'y attachent dans
tout leur contour. Par ce
moyen les fibres circulaires
de la mesme membrane,
qui traversent ces premiers
angles droits, se gonflant,
& se racourcissant par l'arrivée des esprits, ferment
ces anneaux ,& retrecissent la capacité du gosier;
& lorsque les fibres longitudinaires se gonflent & se
racourcissent, le canal en
est en mesme temps racourci
;
desorte que si l'on
souffle alors le vent sort
hors la poitrine avec effort,
ce canal s'enfle considerablement, le ressort des mes.
mes anneaux contribuë aussi à les dilater. Mais ce
racourcissement se fait encore parune autre membrane tendineuse qui tapisse intérieurement le
corps du gosier, & dont les
fibres longitudinaires qui
attachent intérieurement,
les mesmes anneaux pu
croiffans les uns aux autres,
les rapprochent les uns des
autres en se racourcissant
par leur ressort
,
quand le
gosier a
ététiré selon sa
longueur, & laissé ensuite
en liberté. :,
,
2. La teste du gosier ou le larinx
,
ou cornet
,
est
composée de cinq cartilages osseux comme les précedens, dent le plussolide
ala forme de l'embouchoir
d'une flute douce ou à bec,
coupé perpendiculaire
ment à sa longueur après
en avoir osté le tampon;
c'està dire que c'est une
espece d'anneau à tirer de
l'arc beaucoup plus large
dans une partie de son
corps que dansla partie opposée, aussi l'appelle-t'on
l'anneau. Le haut du corps
du gosier est joint avec le
bas de cet anneau par des
ligaments particuliers en
telle forte que la partie large de l'anneau est rootnée
vers le derriere de la teste
,
& posée sur l'esophage, &
la partie vuide & anterieure du mesme anneau est
recouverte par un second
cartilage nommé l'écu &
le bouclier
,
qui ressemble
assez à une cuirasse de fer,
estant voutéde mesme par
le devant. Ce cartilage ou
l'écu estant applari auroit
la figure d'un tra peze donc
la plus grande baze seroit
tournée en haut. Ilestfortement adherent au corps
de l'anneau par des ligaments propres; il s'esleve
mesme plus haut pour s'aller attacher parfesdeux angles ou cornes superieurcs
aux deux cornes de l'os de
la langue, appelle Joïde,
lequel tient par ce moyen
tout le gosier de l'homme
suspendu dans une situation
verticale.C'est cette partie voutée dumilieu de ré.
cu qu'on appelle le nœud
de la gorge
,
d'autres disent la pomme d'Adam,
au dessous duquel nœud on
sent en tastant avec les
doigts le bord estroit de
l'anneau. Par ce moyen
l'anneau &l'écuforment
ensemble le canal rond de
lateste du gosier,lequel
canal a
huit ou neuf lignes
de diamettre dans un homme fait. Ce canal est recouvert par le haut de deux
membranes fort épaisses,
& presque semicirculaires,
attachées horizontalement
par leur circonference exterieure dans son contour
interieur. Ces deux membranes laissent entre leurs
bords intérieurs terminez
chacun par un cordon solidetendineux, une ouverture triangulaire isocele appellée la glotte ou
la bouche du gosier dont
la pointe se termine au milieu du dedans de l'écu,
dans l'endroit où ces deux
membranes qu'on nomme
les lèvres de la glotte se
réunissent, & donc la base
est située sur !c bord large
de l'anneau, oùil y a
deux
petits cartilages triangulaires osseux attachez par leur
base sur le mesme bord,
environ àune ligne l'un de
l'autre. On les nomme guttauxou becs, à cause de
leur figure pointuë
;
c'est
apparemment eux qui ont
donné le nom au gosier.
Les deux bouts de ces deux
cordons font collez chacun à la base d'un de ces
deux osselets. Et ily a
des
Autheurs qui prétendent
que ces deux cordons,&
mesmeleurs membranes
font des muscles, mais cela ne m'a paru ainsi
,
on
verra dans la fuite que ce
font principalement ces
deux membranes & leurs
cordons qui forment la
voix ou la parole ,& ces
deux osselets qui la modifient en les approchant ou
écartant l'un de l'autre,
ainsi on peut les nommer
les portiers de laglotte. Enfin cette sente, bouche ou
glotte est recouverte par
un couvercle ou clapet car-
tilagineux de forme triangulaire, un peu arrondi par
la pointe, nommé à cause
de cela l'epiglotte, comme
qui diroit le couvercle de
la glotte. L'epiglotte tient
interieurement parsa base
irl'écu proche le milieu de
son bord superieur au dessus de la glotte, ensorte que
le vent souffléde la poitrine
par la glotte, ouvre cette
porte pour sortir, par la
bouche, & celuy que l'on
respire joint au poids de
cette glotte,la referme dans
l'homme. Mais danslesanir.
maux à quatre pieds qui
ont presque tousjours la
teste baissée, & dont la glotteest très spacieuse
,
& l'épiglotte plus pesante
,
la
nature a
esté obligée de
luy donner des muscles particuliers pour l'ouvrir &
la fermer, de crainte que
les alimens n'encrassent par
la glotte pendant la respiration.
3. Dans les oiseaux aquatiques comme les canards,
gruës,oyes,macreuses, &c.
qui retirent continuellement de l'eau, de l'air, &
- de
de la vasemeslez ensemble, ( ce qu'on appelle
communément barboter,)
la nature prévoyance a
situé
le principal organe de leur
voix au bas de leur gosier
au dedans de leur poitrine,
ensorte que dans plusieurs
il est caché mesme dans la
substance du poumon. De
plus cet organe est double,
car du costé gauche du
corps du gosier cest un anneau osseux semicirculaire
-
beaucoup plus large, plus
solide
,
& plus ample que
les autres,ayant à sa base
une fente percée du devant.
au derriere,dont les lévres
font membraneuses. A cette fente,s'abouche la branche gauche de l'Apre artere qui se répand, dans le
poumon; desorte qu'en
soufflant par cette branche,
le vent qui fort par cette
fente ou glotte inférieure,
& par celle qui est outre
cela au haut du larinx à la
racine de la langue
,
rend
un son enroüé
,
que les paysans nomment ( pire) &
qui est le chant ordinaire
avec lequel ces oiseaux s'ap-
pellent de près; mais du
costé droit la nature a
joint
à
ce demi anneau osseux un
veritable sifflet rond, osfeux semblable en quelque
façon aux sifflets de terre
donc les enfans contrefont
les Rossignols. Ce sifflet
tres-dur en dehors, est rapissé en dedans d'un cartilage fort épais, ayant deux
bouches, dont la su perieure s'ouvre dans le bas du
corps du gosier par son cosséJ & l'inférieure respond
dans le lobe du poumon
droit par la branchedroi-
te de l'âpre artere
,
estant
presque en tout semblable
à la bouche ou glotte qui
est du costé droit. le vent
soufflé avec violence par
cette branche droite frappant l'interieur de ce siffier,
rend un sontres-fort par la
glotte superieure ,lequel
les paysans appellent (can)
& de crainte que ce vent
ne rentre danslelobe gauche, la nature a
separé la
bafe du corps du gosier en
cet endroit par un cartilage
osseux qui sertde guideaux
deux airs, qui sortent des
poumons, & qu'on appek
le le coûtre. Ce vent qui
vient du sifflet entrant avec
rapidité dans lescavitez
que ces oiseaux ont au palais en plus grande quantite que les autres oiseaux
,
plus grandes,& plus profondes,y prend un sonnazard qui s'y augmente
merveilleusement. C'est ar,
vecce son nazard qu'ils
appellent leurs camarades
qui sont fortesloignez
d'eux. Il faut dé plus remarquer que les cartilages
du corps du goder de ces
fortes d'oiseaux sont des
cercles presque entiers enchassezquelquefois les uns
dans les autres, pour avoir
plus de solidité; & ceux au
contraire de ses branches
quise répandent dans les
poumons font des cercles
plus imparfaits, avec une
membrane charnuë qui les
lie à peu près comma le
corps du gosier dans l'homme.
4. A l'égard des autres
muscles du gosier, qui dans
l'homme font au nombre
de onze, ils sont tous atta-)
chez à sa teste ou larinx
;
sçavoir deux qui fervent à
la tirer en bas, sont attachez chacun d'un bout au
bord inférieur de l'ecu des
deux costez de son nœud
ou milieu, & de l'autre
bout au haut du poitral
,
ces
muscles donnent encore
lieu au gosier de s'enfler
davantage par cet abbaissement, & aidentl'action
de sa membrane musculeuse posterieure, & de sa
membrane tendineuse intérieure
,
on peut à cause de
cela les nommer les depri-
meurs du gosier. En abbaissant aussi lateste du gofier ils facilitent la déglution,& garantissent la cheute des alimens dans la glotte. La teste du gosier est
retirée en haut, & en mesme temps suspenduë par
deux autres muscles attachez d'un bout aux deux
costez du noeud de l'écu
vers son milieu parle devant, sçavoir au dessus des
précédents, & par l'autre
b out aumesme os de la langue dont on a
parlécy devant, Ces deux muscles au
reste
reste n'ont que deux pouces de longueur. Ils lér-'
vent aussi à faire allonger
lecorps du gosier lorsqu'ils
viennent à se raccourcir,
& de plus en tirant la teste
du gosier en haut, ils facilitent la respiration, & présentent laglotte à la bouche pour faire davantage
éclater la voix;On peuc
donc les nommer les Elc^
veurs du larinx.
f'
;
Déplus l'ecu est comme
ouvert en dehors ou appla-
¡,. ti par une troisiéme paire
f' de muscle
,
qui partant du
bord estroit ôcinférieur de
l'anneau au devant de la
gorge, vont s'atracher
aux deux angles de la base inferieure de l'écu à
droite & à gauche. Car
il est évident que ces muscles en se raccourcissantretirent par ce moyen les ailes de l'écu en dehors, comme pour le rendre moins
vouté, mais ce n'est effectivement que pour attirer la
partie posterieure de la ted
te du gosier vers son anterieure,c'est à dire pourl'applatir un peu du devant en
derriere
,
& l'allonger en
mesme ,
temps d'autant vers
les deux costez, ou en un
mot pour rendre sa cavité
ovale, afin de rendre la double membrane qui compose
la glotte, laquelle sans cela
demeureroit lasche & ridée
lorsque la glotte est fore
ouverte, ce qui causeroit un
son bas & tremblant. Et
afinaussi que les deux lévres de la glotte ou ses
deux cordons puissent plus
aisément estre écartées l'un
del'autre par les muscles
destinez à cet effet donc
nous allons parler. Onpeut
donc nommer cetre troisiéme paire de muscles les
Applatisseurs du larinx. Ces
trois premieres paires qu'-
on appelle ordinairement
exterieurs par rapportà récit
,
pourroient encore
mieux estre nommez antérieurs, parce qu'ils sont situez ducollet duvirage,par
rapport aux cinq dont nous
allons parler, qui sontplacez sur le partage des vivres vers le derriere du col,
& qu'on pourroit nommer
a cause de cela posterieurs
aussi bien qu'interieurs par
rapport à l'ecu, mais ces
denominations ne regardant que l'anatomiste
,
&
nullement le musicien ( si
ce n'est tout au plus pour
s'orienter,) nous passerons
maintenant à la description
& aux usages de ces derniers. La quatrième paire
de muscles part donc des
deux costez de la partie large, & posterieure de l'anneau en dehors, & va s'attacher à la bafe des deux
portiers de la glotte, sçavoir proche les angles de
cette bafe les plus esloignez
du milieu de la glotte
,
&
cela après avoir passé derriere deux petites éminences de la partie large de
l'anneau qui leur fervent
comme de poulies de retour, afin de leur donner
à chacun un plus grand
jeu dans leur raccourcissement, & une direction plus
propre à écarrer ces portiers l'un de l'autre en les
faisantglisser sur le bord de
l'anneau. On peutappeller
cette paire les grands Dilatateurs de la glotte parrap-
port a une cinquiéme paire
beaucoup plus courte &
plus gresle, qui partant des
deux costez de la mesme
partie de l'anneau fous l'écuà costé des deux précedents, mais plus loin du milieu de l'anneau, va s'attacher aux mesmes portiers
joignantles deux précedents à l'anglemesme de
leur base; par ce moyen la
direction de ces derniers
muscles est encore plus propre à écarter les deux portiers l'un de l'autre, mais
avec un moindre jeu que les
deux précedents; c'est pour
cela qu'on nommera cette
cinquiéme paire les petits
Dilatateurs de la glotte. ERfin l'onziéme muscle du larinx qui est le douziéme de
tout le gosier,lie exterieurement les deux portiers l'un
à l'autre parleur base,afin
de pouvoir en se gonflant
6c se racourciffant les approcherl'un vers l'autre,&
fermer en mesme temps les
cordons de la glotte. Gn
peut donc le nommer l'Adducteur des cordons ou:des
lévres delaglotte,ausil'oi>
veut tout d'un coup le Fer-
-
meurde la glotte. Plusieurs anatomistes habiles
veulent que cederniermuscle foit encore double comme les précedents
; mais la
chosenema pas paru ainsi.
Il y a
donc treize muscles
quifervent à la formation
-
de la voix en y comprenant le diaphragme donc
on parlera cy-a prés.
5. A l'égard des nerfs du
larinx il y en a
de trois sortes,sçavoirune branche de
la quatriéme paire qui envoye un rameau à toreilla
& l'autre à la langue, une
de la septiéme paire qui en
fait autant, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille, dansle Mercure de
Paris du mois de Janvier
1712.&qui de plusenvoye
un rameau à la racine des
dents; & enfin une bran**
che de la cinquiéme paire
du nerfrecurrent, qui après
s'estre entortillée autour de
l'aorte descendante, monte au gosier, ou elle distribuë, des rameaux à son
corps&àsateste. Une pareille branche du mesme
nerf fait la mesme chose
aprés s'estre contournée
autour de l'artereaxillaire
droite, & ces deux branches envoyent en mesme
temps des rameaux au
cœur. De plus ces deux dernieres paires, aprés s'estre
unies, envoyent encore des
rameaux à la langue & aux
oreilles. Par le moyen de
ces nerfs l'animal entre en
action pour crier, & se deffendre en mesme temps
,
ou pour fuir selon l'occasion; pour exprimer sa joye,
son admiration, sa douleur,,
& toutes ses autres passions.
Ce nerf dela huitiéme paire estant coupé, l'animal
cesse dans le moment de
crier, ce qui marque en general que les nerfs font
toute l'action des animaux;
&en particulier que c'est
celuy-cy qui sert à former
le cri de la voix en se distribuant dans les muscles
du larinx, sans que l'oreille
y ait part, comme ilarrive à tous les sourds & muets
lorsqu'ils sont agitez de
quelque passion.
6, Quant à
laformation
de la voix il y a
des Anatol"-
missesouPhysiciens qui
ont dit que la glotte en estoit l'organe
,
d'autres les
muscles du larinx; & enfin
les autres le corps mesme
du gosier ; & tous ensemble ont raison
; car le corps
du gosier contribuë à la
voix,en foumissant l'air qui
en fait le son
;
les lévres&
cordons de la glotte contre
lesquels cet air se brise, forment ce sonpar leurs tremblements
,
& les muscles
qui servent à serrer ou à
écarter ces mesmes cor-
dons & leurs membranes
l'une de l'autre, & à étendre ces mesmes membranes
,
forment le degré
,
la
force, & la netteté de ce
son. A quoy l'on doit encore adjouster les muscles
de la poitrine, principalement le diaphragme, qui
pressant les poumons(à peu
près comme un berber
presse sa musette avec son
bras, ou comme un preneur de cailles presse son
apeau) fournissent au gofier l'air qui forme la parole & la voix. Voila donc
au moins quarante cinq instrumens qui fervent à former la voix.
Mais pour expliquer
maintenant cette formation dans le détail qu'elle
demande,il faut remarquer
que la voix de l'homme n'a
pas feulement besoin de
monter & dedescendre par
differents intervalles
,
loic
pour chanter, pour appeller, pour crier ou pour exprimer ses différentes passions; mais elle a
besoinencore d'estre plus forte ou
plus foible en
-
chaque dé-
gréde son, afin de se faire
entendre à differentes distances, ou pour varier son
chant 6c ses paroles selon
le besoin: ainsielle doit devenir quelquefois plus foible en montant
,
ôc plus
forteen descendant
,
ou
tout au contraire. Or le vent
poussé au travers de laglot-
.te.) soit dedans en dehors,
(ou mesme. de dehors en
dedans)forme lesonde la
voix, le bruit de la parole,
les cris, les éclats, les sanglots, &c.selon que ce bruit
estplus longou plus court,
plus
plus fort ou plus foible
,
comme nous l'avons dit
dans le Mercure cité cydessus
; & cela en faisant
trembler les deux membranes de la glotte, mais principalement ses deux cordons qui sont tousjours entretenus dans un certain
estat de tension ou de ressort, tant par leur solidité
particuliere,que par le mue.
cle fermeur
,
qui tire les
deux portiers l'un vers l'autre; & cet air devient son
en se brisant contre ces
mesmes cordon,de la mes-
me maniere que l'air pressé
au travers des lévres de la
bouche devient un fifllement qui estune espece de
son en les faisant trembler,
ou si l'on veut comme le
vent chassé violemment à
travers la fente d'un chasEs décolé en quelque endroit, y
forme unson qui
imite fort la voix humaine
par les tremblements qu'il
luy cause
; ou enfin encore
comme l'air pouffé au travers une fente faite au costé d'un roseau ouvert par
un bout,& fermé par l'au,
tre, lorsqu'on souffle par le
bout ouvert; car cet air ne
pouvant passer par cette
fente sans en écarter les lévres, les met en ressort, &
leur combat mutuel forme
des vibrations dans l'air environnant, dans lesquelles
consiste le [on, & ce son
imiteroit encore plus parfaitement la voix humaine
si l'on avoit foin d'arrondir
un peu ces deux lévres
,
à
peu près comme les bords
de la glotte. Au reste le
chassis bruyant,& les firingues ou roseaux des An-
ciens n'imitent encore la
voix humaine qu'imparfaitement, en ce que leur son
ne monte jamais, qu'il nc,\
devienne en mesme temps
plus fort, & qu'il descend
tousjours à mesurequ'il
s'affoibltr. Car ce son ne
monte, que par l'acceleration de ses vibrations, laquelle ne vient que de la
force de l'air qui est poussépar la fente; au contraire
lorsque cet air passe plus.
lentement
,
ses vibrations
devenant plus lentes, le son
baisse enmesmetemps. La.
mesme chose arrive à quantité d'oiseaux dont la glotte
n'est ouverte ou fermée que
par l'air qui passe au travers, particulièrement aux
oiseaux aquatiques donc
nous avons parlécy -devant, & dont la voix se forme au travers de leurs glotte
,
comme le son à travers la fente d'un chassis
bruyant, ou d'une siringue,
& non pas par le jeu d'aucuns muscles.C'est cequ'on
entend tous les jours sur les
estangs où il y a
des canards lorsqu'il en passe
d'autres en l'air au détins
d'eux, car ils les appellent
en eslevant d'abord leurs
ailes afin d'enflerleurs poumons
,
& planant ensuite
fortement pour en chasser
l'air avec violence, ce qui
esleve extremement leur
voix,& forme un cancan treséclattant,lequel baisse peu h,
,
peu à mesure que leur poitrine se vuide d'air;les coqs
font à peu près la mesme
chose avant de chanter.
7. Il n'en est pas de mesme dans l'homme, & mesme dans plusieurs animaux
terrestres, comme les
chiens, les chats, l'Elan du
Bresil, & dans quantité
d'oiseaux dont la glotte
estouverte & fermée par
des muscles: car lemuscle fermeur de la glotte
venant à se raccourcir, ap*
proche les portiers l'un de
l'autre & de son milieu, ce
qui bande ses cordons, parce que ces portiers estant
posez sur la circonférence
de l'anneau, & les deux
cordons qu'ils tirent estant
attachez à la partie opposée diametralement du ca.
nal du larinxil est bien evh
dent qu'on ne sçauroit approcher les portiers du diamettre de ce canal sans en
mesme temps allonger ces
cordons, ( comme Euclide
lademontré) & sans estendre aussi les deux membranesqu'ils bordent, & qui
couvrant ce canal, forment
la glotte. Ainsi la voix ou la
parole est obligée de monter par l'acceleration des
tremblements de ces cordons ,& elle s'affoiblit en
mesme temps,par le jet d'air
quisort de la glotte, lequel
est
est d'autant plus gresle
qu'elle est plus rétrecie.
Maissi l'on veut augmenter au contraire laforce de la voix sans l'eslever
il ne faut que pouffer une
plus grande quantité d'air
de la poitrine,& ouvrir un
peu les portiers de la glotte,
en bandant les dilatateurs
grands ou petits, & relaschant à proportion le Fermeur,afin que les cordons
ne soient pas plustenduspar
l'augmentation de la quantité de l'air qui passe entre
eux qu'ilsl'estoient en pre-
micrlieu: parcemoyen cet
air passant en plus grande
quantité par la glotte produira un son plus fortsans
estre cependant plus estevé
; au lieu que si les cordons n'avoient point esté
relaschez, la voix auroit
monté
,
en mesme temps
qu'elle feroit devenuë plus
forte1, comme dansles oiseauxaquatiques. Je dis
de plus que les Applatifseursdu larinx doivent aussi entrer en contraction,
afin de faciliter touvenure de la glotte, & tenir en
mesme temps les deux
membranes tenduës, comme nous l'avons dit. Si l'on
veut outre cela que la voix
monte à mesure qu'elle devient plus forte
;
alors les
Eleveursdu larinx doivent
le tirer en haut,afinde présenter la glotte à l'entrée
de la bouche, pour que l'air
qui en fort allant frapper
contre toutes ses parties solides, comme le palais, &
les dents,&c. y
fouffredes
réflexions,s'y brise& y
augmenta la force de son
ressort,comme nous l'avons
dit de l'entonnoir, & de la
caisse de l'oreille, & afin
aussi que le canal exterieur
composé de la bouche & de
son entonnoir, lequel s'estend jurqu'au larinx & que -
l'on nomme le creux, ou le
port de voix) estant par là
plus racourci, la voix en
devienne plus eslevée,comme)1 arrive dans les flutes,
hautbois
,
flageolets, &c.
Enfin la membrane charnuë ou le muscle qui lie les
croissansdu corps du gosier
,
doit aussiroidir les-fibres circulaires, afin de ré-
trecir tout ce corps, & de
donner plus de rapidité à
l'air qui couleau dedans,
sans quoy l'effort du diaphragme deviendroit inutile. Ainsi l'on voit que pour
produire cet effet la pluspart des muscles font en
action
; car la voix devant
durer quelque temps sur un
mesme degré, il faut necet:
sairement que tous les muscles antagonistes soient
contrebandez, c'est-à-dire,
que les Abaisseurs du gofier le soient contre les Eleveurs
,
& que ses Dilata-*
teurs le soient contre le Fermeur, aussi bien que le diaphragme; sans quoy la glotte se sersieroit)&s'efleveroit en mesme temps, aussi toit que le Fermeur & les
Eleveursagiroient
,
& ne
demeureroit pas dans un
mesme estat, mais le son,
hausseroit ôc. deviendroit
plus foible en mesme
tems.
Mais si l'on veut que la
voix augmente encore de
force & descende ou grossisse en mesme temps, il
faut relascher davantage le
-
Fermeur, & par ce moyen
les cordons & les lèvres de
la glotte, bander davantage les Dilatateurs de la
glotte, & les Applatisseurs
du larinx
,
& pousser l'air
avec plus d'effort: car cet
air ouvrira & arrondira davantage le corps du gosier,
& fera un jet plus gros,
plus solide
,
& par consequent plus capable d'ébranler tout l'airenvironnant,
- ce que ne pouvant faire sans
tendre les cordons de la
glotte, il est évident qu'il
faut donc d'ailleurs les re-
lascher. Il faut de plus que
les Déprimeurs du larinx
seroidissent,&l'emportent
sur ses Eleveurs,afinde donner lieu à l'air qui passe par
le corps du gosier de l'enfler, & d'y couler par consequens avec moins de rapidité, quoy qu'en plus
grande quantité, ce qui formera dans la glotte un jet
plus fort, quoyque d'un son
moins eslevé. Il arrivera
de plusde cet abbaissement
du gosier
,
que le creux,
ou port de voix, ou l'entonnoir en deviendra plus
profond à mesure qu'il s'élargira
,
ce qui rendra encore la voix plus masculine,
& plus baffe. Se fera tout
le contraire lorsqu'on voudra que la voix devienne
plus foible, à mesure qu'elle baissera
,
comme dans
l'estas le plus ordinaire. Car
le diaphragme pouffant
moins d'air de la poitrine,
la glotte pourra se rétressir,
& par consequent le Dilatateur & l'Aplatisseur se relascher à proportion; en
telle sorte que le peu d'air
qui passera par la glotte, y
coulera lentement, & y excitera des fremissements
lents,c'est- dire un son
grave & foible
,
ce qui se
perfectionnera encore par
l'élargissement & l'abbaissement du gosier, & par Fa"
longement de son creux,
comme on vient de l'expliquer, cette acttion estant
en partie opposée à la précedente & plus simple, que
si la glotte s'ouvroit par raaion du Dilatateur & de
l'Aplatisseur: ce qui fait
voir que les différentes modifications de la voix con-
latentdansun combat entre le diaphragme & les
muscles du gosier.
8. C'est la mesme chose
pour la parole que pour la
voix
,
excepté feulement
que la parole est une voix
pluscourte l3) plus unie.
Ilya cependant biendes
nations comme les Normans3 les Gascons
,
mais
principalement les Chinois, dont la paroleestun
veritable chant; & le systeme enharmonique des
Grecs, n'estoit inventé que
pour noter leur déclama-
tion qui estoit un vray
chant. Lors qu'on dit que
l'on reconnoistun homme
à la voix, ou quand on commande d'obéir à sa voix, on
entend non le chant d'un
homme maissa parole, tant
il est vray que ces deux
choses considerées en ellesmesmes ne font qu'une
mesme chose. Mais les gradations de la parole sont
différences de celles de la
voix, comme estant regléees par un autreorgane,
sçavoir le limaçon; au lieu
que la voix est guidée par
lelabyrinthe, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille;c'e stce quifait que
la parole reçoit toutes sortes de gradations à l'infini,
de mesmeque le chant des
Chinois; au lieu que le
chant desOccidentaux, ôc
mesme celuy des Arabes,
des Perses, &c. a
des gradations choisies
,
comme
nous le dirons dans la Me*
lodie qui doit suivre ce Mémoire. Ce qui nous convainc encore que la parole
& la voix s0nt formées par
lçs mesmesorganes
,
du
-
moins dans la pluspart des.
hommes, c'est que si Ion
donac-tquelque teneur ou
durée à ses paroles, elles
deviennent une veritable
voix, comme chacun peut
l'éprouver; desorte que des
paroles qui ont chacune
une durée sensible,sans gradation,ou avec des gradations mélodieuses,nedif- -
ferent en rien d'une voix.
Il faut cependant avouër
que ceux qui ont appris à
chanteri,méfientAc%orne^
mens
mesme dans chaque
ton, commede pousser leur
voix, par diminutions, par
accroissemens, par ondes,
&c. qui ne se trouvent pas
dans les voix unies ny dans
la parole. Mais au resteces
differences aussibien que
les gradations font tousjours accidentelles,&nempeschent pas que le son de
la parole, & celuy de la voix
ne soient le plus fouventy
le mesmeson
,
& formez
par les mesmesorganes. On
peut s'en convaincre encore en considerant que les
accidens de la voix sont
communs aussi à la parole.
Si la voix est(par exemple )
enroüée, ou cassée, ou nazarde, ou cornante, ou glapissante,&c. la parole l'est
aussi. DesortequeIon peut
pour l'ordinaire aisément
juger du son de la voix d'un
homme en l'entendant seulement parler.
-
Quant au degré de la parolepar rapportà la voix,
il est ordinairementau milieu desonestenduë,qui est
l'estat où les Eleveurs du
larinxonttoute leur extension, si ce n'estlors quon
ell enroüé; car alors les Dilatateurs
lacateurs de la glotte.la tenant plus ouverte qu'à l'ordinaire par leur gonflement )
la voix en devient
plus grosse& plus basse,&
quelquefois si basse qu'elle
s'éteint tout- à fait, à moins
qu'on ri'arrose le Fermeur
de quelque eaustiptique,qui
le gonflant à son tour fasse
rétrécir la glotte, & rende
la parole,ce qui ne peut pas
durer long
-
temps. Il y a
des personnes dont la voix
est beaucoup plus agréable
quela parole, parce que les
Eleveurs du larinx sont plus
longs chez eux que dans
l'estat ordinaire, cequi fait
que toute l'estenduë de leur
voix est presque au dessus
de celle de leur parole, &
que leur voix est nette, claire& éclatante, tandis que
leur voix peut estrebasse
,
rude,chevrotante, &c. mais
c'est un cas extraordinaire.
Enfin il y en a
dont lavoix
estfausse, c'est-à-dirènaturellement diflbnantc,quoique leur parole foit agréable, & pathétique. Gélaft
trouve en deux personnes
qui me sont très-proches
parentes, lesquelles ont le
son de la voix & de la parole fort beau, & le patetique
bon, quoy qu'elles n'ayent
pû jamais apprendre à entonner juste aucun air, ce
qui me confirme encore
que le patetique de la pa..
role n'est pas reglé par le
mesme organe de l'oreille,
que les gradations de la
voix, puisque l'un peut-estre juste tandis que cellescy font fausses.
- 9. Il faut au refiercmar.
quer qu'il
y a
deux fortes de
voix dansles hommes, dans
les femmes, & dans les en- fants, donc l'une s'appelle
voix naturelle, parce qu'elle est la mesme que le son
de la parole; & l'autre se
nomme le fausset,principalement en parlant de
l'homme fait, dans quielle
est ordinairement plus deagréable, que la voix naturelle, au contraire des femmes & des enfans.Cefausset a
presque toute son cftendueau dessus dela voix
naturelle;,,n'ayant qut quatre ou cinq tons plus bas
-que les plus hauts de celles
cy. Au relie ces deux voix
se forment par des instruments differents,Comme on
le sent lors qu'on passe de
l'une à l'autre, ce qui ne
sçauroit se faire sans une
espece de repos & d'attention particulière,&mesme
sans quelque violence &
quelque fausseté,àcause du
changement demuscles. Il
faut donc considerer que
tandis que la voix naturelle
monte depuis son ton le
plus bas jusques proche de
son plus haut, cestà-dire
parl'cftenduç d'une pouzié-
me environ; il n'y a que le
grand Dilatateur de laglotte qui foie en contraction
avec le Fermeur, le petit
estant relasche pendant
tout ce temps, à cause de
Tecartement des deux portiers l'un del'autre. Mais
quand la voix
-
est arriver
dansses tons les plus hauts
,
le petit Dilatateur corn?
mence a
estre tèndu)ôc
devient capable d'entreren
contraction avec le Fermeur, le grand Dilatateur
estant alors au bout de son
aâion,te pouvant seule-
ment prester comme une
corde qu'on allonge. Deforte que si le Fermeur continuë de se contracter, &
que le petit Dilatateur seroidisse
)
leur combat produira alors la voix de Fausset,qui pourra contenir encore beaucoupde tons,c'est
à dire quelquefois une douzième. Mais il est évident
que cettevoix doit estre
très gresle &tres- eslevée,
parce que la glotte est alors
très-serrée,&que ses cor-
@d'Dn'S*'&! membranes sont
extrêmement tendus.
vn
Quand au contraire le petit
Dilatateur s'est gonflé autant qu'il a pu pour rouvrirla glotte, & que la voix
de Fausset a
descendu
jusques à son ton le plus bas,
le grand Dilatateur peut se
gonfler , à son tour, & mesme un peu auparavant; &
la voix naturelle commencer à se former dans ses tons
les plus hauts pour descendre delà jusques, dans ses
plusbas. Jay connu plusieursChantres qui possedoient,ces deuxfortesde
voix presque également
bien.
bien. Les femmes & lesensans affectent de se servir
de la voix de fausset, comme convenant mieux à leur
d~licateffe ou à leur â
~e ,.
delicateffe ou à leur à,le,
& comme estant plus tendre & plusflexible, leur gosier ne pouvant pas s'estendre assez pour pratiquer la
voix naturelle dans uneestenduë suffisante
10. Mais lorsque le go:"
fier des jeunes homm s
s'est accreu & dilatéjusques
à un certain point; par l'accroissement de l'âge,le Fermeur de la glotte ne peut
plusla fermer alorssuffisamment, ny bander assez ses
Dilatateurs pour entonner
sa voix haute; c'est pourquoy on est obligé d'abandonner pour l'ordinaire le
Fausset,&de s'entenirà la
voix naturelle. qui devient
alors une Hautecontre, ou
uneTaille pour le reste de
lavie,& c'estce qu'onappelle la Muance; siau contraire le jeune homme entonnoit sa voix naturelle
avant la Muance; aprés
qu'i) a mué il ne sçauroit
pl41 ertfonner que rO£tajJ
ve basse de cette voix naturelle, quiestalors àl'unisson destailles,destailles baP
ses, ou des bassescontres, ce
qui se fait toujours cependant avec les mesmes muscles. Maisilluy reste encore un
Faussetquiestlemesme qu'avant la muance ,
c'est à-dire, toujours tresdur, & tres-aigre dans ces
fortes de gosiers.
II. Enfin quant aux cadences ou tremblements,
tant en montant qu'en dcC.
cendant, on sçait qu'elles se
font en répétant tres- prom-
ptement deux fons esloignez l'un de l'autre d'un ton,
d'un demy ton,ou d'une
dieze
,
soit en montan,soit
en descendant;ainsi la glotte s'ouvre & se ferme alors
successivement
,
quoyque
presque insensiblement par
le combat du muscle fermeur, & du grand, ou du
petit Dilatateur;outrecela
les muscles Eleveurs & Deprimeurs du gosier entrent
aussi en combat entre eux,
ce que l'on sent mesme en
portant le doigt sur le nœud
de la gorge: & il ne faut pas
douter que l'Aplatisseur
,
le -
diaphragme
,
& les autres
musclesdu gosier, & mesme
de la poitrine ne soient alors
en combat les uns contre
les autres pour enfanter ces
filles de laMelodie. EXTRA
musique
,
ou lesmerveilles de la Trachée
artere,tirées des observations desplus habiles Anatomistes, f5 de
l'anatomiecomparée.
L'Organe de la voix ou
de la parole est le gosier,
nommé par les Anatomie:
tes âpre ou trachéeartere,
pour le distinguer du go.
iiêr par où passent les alimens qu'ils appellent l'éso-
phage, & qu'on peut à eause de cela nommer en françois le passage des vivres.
Le gosier ou trachée artere
est composé de quarante
quatre parties qui fervent
à former la voix, sçavoir
de vingt six cartilages osseux, de douze muscles, de
trois especes de membranes
,
& de trois especes de
nerfs, sanscompter les arteres, les veines, les glandes, & autres parties qui
entrent encore dans sa
composition. Toutes ces
quarante quatre parties ont
leurs usages par rapport à
la voix, qu'il s'agit d'expliquer
,
c'est à-dire, de reduire aux regles de la mechanique & de la musique.
Nous appellons osseux les
vingt-six cartilages, parcequ'ils tiennent effectivement de la nature de l'os,
puisqu'ils contiennent tous
une espece de moëlle dans
le milieu de leur substance,
& qu'ils deviennent mesme des os parfaits dans
beaucoup de vieillards. Il
faut encore joindre à ces
quarante quatre organes le
diaphragme qui est un des
principaux instruments de
la voix, ce qui fait au moins
quarante cinq organes en
tout.
I. On a
de coustume de
distinguer le gosier en deux
partiesprincipales,quisont
a teste
,
nommée par les
Anatomistes, larinx
,
en
françois siffletou cornet,
& le corps du gosier. Ce
corps est un canal plus que
demy circulaire, dont la
convexité est tournée du
poflx du visage, & qui commençant à l'entrée des pou-
mons, monte le long du
passage des vivres sur lequel il est couché & applique par sa base. Il est composé ordinairement de
vingt un cartilages formez
chacun comme un grand
croissant
,
& qui sont fermez du costé de leur bafe
par une membrane musculeuse,laquelle regnant tout
le long de ce canal ,forme
cette base que je nomme
le MurcIe posterieur. Ces
cartilages sont liez les uns
aux autres par les fibres
longitudinaires de cette
membranemusculeuse,qui
s'inserent entre chacun
d'eux, &s'y attachent dans
tout leur contour. Par ce
moyen les fibres circulaires
de la mesme membrane,
qui traversent ces premiers
angles droits, se gonflant,
& se racourcissant par l'arrivée des esprits, ferment
ces anneaux ,& retrecissent la capacité du gosier;
& lorsque les fibres longitudinaires se gonflent & se
racourcissent, le canal en
est en mesme temps racourci
;
desorte que si l'on
souffle alors le vent sort
hors la poitrine avec effort,
ce canal s'enfle considerablement, le ressort des mes.
mes anneaux contribuë aussi à les dilater. Mais ce
racourcissement se fait encore parune autre membrane tendineuse qui tapisse intérieurement le
corps du gosier, & dont les
fibres longitudinaires qui
attachent intérieurement,
les mesmes anneaux pu
croiffans les uns aux autres,
les rapprochent les uns des
autres en se racourcissant
par leur ressort
,
quand le
gosier a
ététiré selon sa
longueur, & laissé ensuite
en liberté. :,
,
2. La teste du gosier ou le larinx
,
ou cornet
,
est
composée de cinq cartilages osseux comme les précedens, dent le plussolide
ala forme de l'embouchoir
d'une flute douce ou à bec,
coupé perpendiculaire
ment à sa longueur après
en avoir osté le tampon;
c'està dire que c'est une
espece d'anneau à tirer de
l'arc beaucoup plus large
dans une partie de son
corps que dansla partie opposée, aussi l'appelle-t'on
l'anneau. Le haut du corps
du gosier est joint avec le
bas de cet anneau par des
ligaments particuliers en
telle forte que la partie large de l'anneau est rootnée
vers le derriere de la teste
,
& posée sur l'esophage, &
la partie vuide & anterieure du mesme anneau est
recouverte par un second
cartilage nommé l'écu &
le bouclier
,
qui ressemble
assez à une cuirasse de fer,
estant voutéde mesme par
le devant. Ce cartilage ou
l'écu estant applari auroit
la figure d'un tra peze donc
la plus grande baze seroit
tournée en haut. Ilestfortement adherent au corps
de l'anneau par des ligaments propres; il s'esleve
mesme plus haut pour s'aller attacher parfesdeux angles ou cornes superieurcs
aux deux cornes de l'os de
la langue, appelle Joïde,
lequel tient par ce moyen
tout le gosier de l'homme
suspendu dans une situation
verticale.C'est cette partie voutée dumilieu de ré.
cu qu'on appelle le nœud
de la gorge
,
d'autres disent la pomme d'Adam,
au dessous duquel nœud on
sent en tastant avec les
doigts le bord estroit de
l'anneau. Par ce moyen
l'anneau &l'écuforment
ensemble le canal rond de
lateste du gosier,lequel
canal a
huit ou neuf lignes
de diamettre dans un homme fait. Ce canal est recouvert par le haut de deux
membranes fort épaisses,
& presque semicirculaires,
attachées horizontalement
par leur circonference exterieure dans son contour
interieur. Ces deux membranes laissent entre leurs
bords intérieurs terminez
chacun par un cordon solidetendineux, une ouverture triangulaire isocele appellée la glotte ou
la bouche du gosier dont
la pointe se termine au milieu du dedans de l'écu,
dans l'endroit où ces deux
membranes qu'on nomme
les lèvres de la glotte se
réunissent, & donc la base
est située sur !c bord large
de l'anneau, oùil y a
deux
petits cartilages triangulaires osseux attachez par leur
base sur le mesme bord,
environ àune ligne l'un de
l'autre. On les nomme guttauxou becs, à cause de
leur figure pointuë
;
c'est
apparemment eux qui ont
donné le nom au gosier.
Les deux bouts de ces deux
cordons font collez chacun à la base d'un de ces
deux osselets. Et ily a
des
Autheurs qui prétendent
que ces deux cordons,&
mesmeleurs membranes
font des muscles, mais cela ne m'a paru ainsi
,
on
verra dans la fuite que ce
font principalement ces
deux membranes & leurs
cordons qui forment la
voix ou la parole ,& ces
deux osselets qui la modifient en les approchant ou
écartant l'un de l'autre,
ainsi on peut les nommer
les portiers de laglotte. Enfin cette sente, bouche ou
glotte est recouverte par
un couvercle ou clapet car-
tilagineux de forme triangulaire, un peu arrondi par
la pointe, nommé à cause
de cela l'epiglotte, comme
qui diroit le couvercle de
la glotte. L'epiglotte tient
interieurement parsa base
irl'écu proche le milieu de
son bord superieur au dessus de la glotte, ensorte que
le vent souffléde la poitrine
par la glotte, ouvre cette
porte pour sortir, par la
bouche, & celuy que l'on
respire joint au poids de
cette glotte,la referme dans
l'homme. Mais danslesanir.
maux à quatre pieds qui
ont presque tousjours la
teste baissée, & dont la glotteest très spacieuse
,
& l'épiglotte plus pesante
,
la
nature a
esté obligée de
luy donner des muscles particuliers pour l'ouvrir &
la fermer, de crainte que
les alimens n'encrassent par
la glotte pendant la respiration.
3. Dans les oiseaux aquatiques comme les canards,
gruës,oyes,macreuses, &c.
qui retirent continuellement de l'eau, de l'air, &
- de
de la vasemeslez ensemble, ( ce qu'on appelle
communément barboter,)
la nature prévoyance a
situé
le principal organe de leur
voix au bas de leur gosier
au dedans de leur poitrine,
ensorte que dans plusieurs
il est caché mesme dans la
substance du poumon. De
plus cet organe est double,
car du costé gauche du
corps du gosier cest un anneau osseux semicirculaire
-
beaucoup plus large, plus
solide
,
& plus ample que
les autres,ayant à sa base
une fente percée du devant.
au derriere,dont les lévres
font membraneuses. A cette fente,s'abouche la branche gauche de l'Apre artere qui se répand, dans le
poumon; desorte qu'en
soufflant par cette branche,
le vent qui fort par cette
fente ou glotte inférieure,
& par celle qui est outre
cela au haut du larinx à la
racine de la langue
,
rend
un son enroüé
,
que les paysans nomment ( pire) &
qui est le chant ordinaire
avec lequel ces oiseaux s'ap-
pellent de près; mais du
costé droit la nature a
joint
à
ce demi anneau osseux un
veritable sifflet rond, osfeux semblable en quelque
façon aux sifflets de terre
donc les enfans contrefont
les Rossignols. Ce sifflet
tres-dur en dehors, est rapissé en dedans d'un cartilage fort épais, ayant deux
bouches, dont la su perieure s'ouvre dans le bas du
corps du gosier par son cosséJ & l'inférieure respond
dans le lobe du poumon
droit par la branchedroi-
te de l'âpre artere
,
estant
presque en tout semblable
à la bouche ou glotte qui
est du costé droit. le vent
soufflé avec violence par
cette branche droite frappant l'interieur de ce siffier,
rend un sontres-fort par la
glotte superieure ,lequel
les paysans appellent (can)
& de crainte que ce vent
ne rentre danslelobe gauche, la nature a
separé la
bafe du corps du gosier en
cet endroit par un cartilage
osseux qui sertde guideaux
deux airs, qui sortent des
poumons, & qu'on appek
le le coûtre. Ce vent qui
vient du sifflet entrant avec
rapidité dans lescavitez
que ces oiseaux ont au palais en plus grande quantite que les autres oiseaux
,
plus grandes,& plus profondes,y prend un sonnazard qui s'y augmente
merveilleusement. C'est ar,
vecce son nazard qu'ils
appellent leurs camarades
qui sont fortesloignez
d'eux. Il faut dé plus remarquer que les cartilages
du corps du goder de ces
fortes d'oiseaux sont des
cercles presque entiers enchassezquelquefois les uns
dans les autres, pour avoir
plus de solidité; & ceux au
contraire de ses branches
quise répandent dans les
poumons font des cercles
plus imparfaits, avec une
membrane charnuë qui les
lie à peu près comma le
corps du gosier dans l'homme.
4. A l'égard des autres
muscles du gosier, qui dans
l'homme font au nombre
de onze, ils sont tous atta-)
chez à sa teste ou larinx
;
sçavoir deux qui fervent à
la tirer en bas, sont attachez chacun d'un bout au
bord inférieur de l'ecu des
deux costez de son nœud
ou milieu, & de l'autre
bout au haut du poitral
,
ces
muscles donnent encore
lieu au gosier de s'enfler
davantage par cet abbaissement, & aidentl'action
de sa membrane musculeuse posterieure, & de sa
membrane tendineuse intérieure
,
on peut à cause de
cela les nommer les depri-
meurs du gosier. En abbaissant aussi lateste du gofier ils facilitent la déglution,& garantissent la cheute des alimens dans la glotte. La teste du gosier est
retirée en haut, & en mesme temps suspenduë par
deux autres muscles attachez d'un bout aux deux
costez du noeud de l'écu
vers son milieu parle devant, sçavoir au dessus des
précédents, & par l'autre
b out aumesme os de la langue dont on a
parlécy devant, Ces deux muscles au
reste
reste n'ont que deux pouces de longueur. Ils lér-'
vent aussi à faire allonger
lecorps du gosier lorsqu'ils
viennent à se raccourcir,
& de plus en tirant la teste
du gosier en haut, ils facilitent la respiration, & présentent laglotte à la bouche pour faire davantage
éclater la voix;On peuc
donc les nommer les Elc^
veurs du larinx.
f'
;
Déplus l'ecu est comme
ouvert en dehors ou appla-
¡,. ti par une troisiéme paire
f' de muscle
,
qui partant du
bord estroit ôcinférieur de
l'anneau au devant de la
gorge, vont s'atracher
aux deux angles de la base inferieure de l'écu à
droite & à gauche. Car
il est évident que ces muscles en se raccourcissantretirent par ce moyen les ailes de l'écu en dehors, comme pour le rendre moins
vouté, mais ce n'est effectivement que pour attirer la
partie posterieure de la ted
te du gosier vers son anterieure,c'est à dire pourl'applatir un peu du devant en
derriere
,
& l'allonger en
mesme ,
temps d'autant vers
les deux costez, ou en un
mot pour rendre sa cavité
ovale, afin de rendre la double membrane qui compose
la glotte, laquelle sans cela
demeureroit lasche & ridée
lorsque la glotte est fore
ouverte, ce qui causeroit un
son bas & tremblant. Et
afinaussi que les deux lévres de la glotte ou ses
deux cordons puissent plus
aisément estre écartées l'un
del'autre par les muscles
destinez à cet effet donc
nous allons parler. Onpeut
donc nommer cetre troisiéme paire de muscles les
Applatisseurs du larinx. Ces
trois premieres paires qu'-
on appelle ordinairement
exterieurs par rapportà récit
,
pourroient encore
mieux estre nommez antérieurs, parce qu'ils sont situez ducollet duvirage,par
rapport aux cinq dont nous
allons parler, qui sontplacez sur le partage des vivres vers le derriere du col,
& qu'on pourroit nommer
a cause de cela posterieurs
aussi bien qu'interieurs par
rapport à l'ecu, mais ces
denominations ne regardant que l'anatomiste
,
&
nullement le musicien ( si
ce n'est tout au plus pour
s'orienter,) nous passerons
maintenant à la description
& aux usages de ces derniers. La quatrième paire
de muscles part donc des
deux costez de la partie large, & posterieure de l'anneau en dehors, & va s'attacher à la bafe des deux
portiers de la glotte, sçavoir proche les angles de
cette bafe les plus esloignez
du milieu de la glotte
,
&
cela après avoir passé derriere deux petites éminences de la partie large de
l'anneau qui leur fervent
comme de poulies de retour, afin de leur donner
à chacun un plus grand
jeu dans leur raccourcissement, & une direction plus
propre à écarrer ces portiers l'un de l'autre en les
faisantglisser sur le bord de
l'anneau. On peutappeller
cette paire les grands Dilatateurs de la glotte parrap-
port a une cinquiéme paire
beaucoup plus courte &
plus gresle, qui partant des
deux costez de la mesme
partie de l'anneau fous l'écuà costé des deux précedents, mais plus loin du milieu de l'anneau, va s'attacher aux mesmes portiers
joignantles deux précedents à l'anglemesme de
leur base; par ce moyen la
direction de ces derniers
muscles est encore plus propre à écarter les deux portiers l'un de l'autre, mais
avec un moindre jeu que les
deux précedents; c'est pour
cela qu'on nommera cette
cinquiéme paire les petits
Dilatateurs de la glotte. ERfin l'onziéme muscle du larinx qui est le douziéme de
tout le gosier,lie exterieurement les deux portiers l'un
à l'autre parleur base,afin
de pouvoir en se gonflant
6c se racourciffant les approcherl'un vers l'autre,&
fermer en mesme temps les
cordons de la glotte. Gn
peut donc le nommer l'Adducteur des cordons ou:des
lévres delaglotte,ausil'oi>
veut tout d'un coup le Fer-
-
meurde la glotte. Plusieurs anatomistes habiles
veulent que cederniermuscle foit encore double comme les précedents
; mais la
chosenema pas paru ainsi.
Il y a
donc treize muscles
quifervent à la formation
-
de la voix en y comprenant le diaphragme donc
on parlera cy-a prés.
5. A l'égard des nerfs du
larinx il y en a
de trois sortes,sçavoirune branche de
la quatriéme paire qui envoye un rameau à toreilla
& l'autre à la langue, une
de la septiéme paire qui en
fait autant, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille, dansle Mercure de
Paris du mois de Janvier
1712.&qui de plusenvoye
un rameau à la racine des
dents; & enfin une bran**
che de la cinquiéme paire
du nerfrecurrent, qui après
s'estre entortillée autour de
l'aorte descendante, monte au gosier, ou elle distribuë, des rameaux à son
corps&àsateste. Une pareille branche du mesme
nerf fait la mesme chose
aprés s'estre contournée
autour de l'artereaxillaire
droite, & ces deux branches envoyent en mesme
temps des rameaux au
cœur. De plus ces deux dernieres paires, aprés s'estre
unies, envoyent encore des
rameaux à la langue & aux
oreilles. Par le moyen de
ces nerfs l'animal entre en
action pour crier, & se deffendre en mesme temps
,
ou pour fuir selon l'occasion; pour exprimer sa joye,
son admiration, sa douleur,,
& toutes ses autres passions.
Ce nerf dela huitiéme paire estant coupé, l'animal
cesse dans le moment de
crier, ce qui marque en general que les nerfs font
toute l'action des animaux;
&en particulier que c'est
celuy-cy qui sert à former
le cri de la voix en se distribuant dans les muscles
du larinx, sans que l'oreille
y ait part, comme ilarrive à tous les sourds & muets
lorsqu'ils sont agitez de
quelque passion.
6, Quant à
laformation
de la voix il y a
des Anatol"-
missesouPhysiciens qui
ont dit que la glotte en estoit l'organe
,
d'autres les
muscles du larinx; & enfin
les autres le corps mesme
du gosier ; & tous ensemble ont raison
; car le corps
du gosier contribuë à la
voix,en foumissant l'air qui
en fait le son
;
les lévres&
cordons de la glotte contre
lesquels cet air se brise, forment ce sonpar leurs tremblements
,
& les muscles
qui servent à serrer ou à
écarter ces mesmes cor-
dons & leurs membranes
l'une de l'autre, & à étendre ces mesmes membranes
,
forment le degré
,
la
force, & la netteté de ce
son. A quoy l'on doit encore adjouster les muscles
de la poitrine, principalement le diaphragme, qui
pressant les poumons(à peu
près comme un berber
presse sa musette avec son
bras, ou comme un preneur de cailles presse son
apeau) fournissent au gofier l'air qui forme la parole & la voix. Voila donc
au moins quarante cinq instrumens qui fervent à former la voix.
Mais pour expliquer
maintenant cette formation dans le détail qu'elle
demande,il faut remarquer
que la voix de l'homme n'a
pas feulement besoin de
monter & dedescendre par
differents intervalles
,
loic
pour chanter, pour appeller, pour crier ou pour exprimer ses différentes passions; mais elle a
besoinencore d'estre plus forte ou
plus foible en
-
chaque dé-
gréde son, afin de se faire
entendre à differentes distances, ou pour varier son
chant 6c ses paroles selon
le besoin: ainsielle doit devenir quelquefois plus foible en montant
,
ôc plus
forteen descendant
,
ou
tout au contraire. Or le vent
poussé au travers de laglot-
.te.) soit dedans en dehors,
(ou mesme. de dehors en
dedans)forme lesonde la
voix, le bruit de la parole,
les cris, les éclats, les sanglots, &c.selon que ce bruit
estplus longou plus court,
plus
plus fort ou plus foible
,
comme nous l'avons dit
dans le Mercure cité cydessus
; & cela en faisant
trembler les deux membranes de la glotte, mais principalement ses deux cordons qui sont tousjours entretenus dans un certain
estat de tension ou de ressort, tant par leur solidité
particuliere,que par le mue.
cle fermeur
,
qui tire les
deux portiers l'un vers l'autre; & cet air devient son
en se brisant contre ces
mesmes cordon,de la mes-
me maniere que l'air pressé
au travers des lévres de la
bouche devient un fifllement qui estune espece de
son en les faisant trembler,
ou si l'on veut comme le
vent chassé violemment à
travers la fente d'un chasEs décolé en quelque endroit, y
forme unson qui
imite fort la voix humaine
par les tremblements qu'il
luy cause
; ou enfin encore
comme l'air pouffé au travers une fente faite au costé d'un roseau ouvert par
un bout,& fermé par l'au,
tre, lorsqu'on souffle par le
bout ouvert; car cet air ne
pouvant passer par cette
fente sans en écarter les lévres, les met en ressort, &
leur combat mutuel forme
des vibrations dans l'air environnant, dans lesquelles
consiste le [on, & ce son
imiteroit encore plus parfaitement la voix humaine
si l'on avoit foin d'arrondir
un peu ces deux lévres
,
à
peu près comme les bords
de la glotte. Au reste le
chassis bruyant,& les firingues ou roseaux des An-
ciens n'imitent encore la
voix humaine qu'imparfaitement, en ce que leur son
ne monte jamais, qu'il nc,\
devienne en mesme temps
plus fort, & qu'il descend
tousjours à mesurequ'il
s'affoibltr. Car ce son ne
monte, que par l'acceleration de ses vibrations, laquelle ne vient que de la
force de l'air qui est poussépar la fente; au contraire
lorsque cet air passe plus.
lentement
,
ses vibrations
devenant plus lentes, le son
baisse enmesmetemps. La.
mesme chose arrive à quantité d'oiseaux dont la glotte
n'est ouverte ou fermée que
par l'air qui passe au travers, particulièrement aux
oiseaux aquatiques donc
nous avons parlécy -devant, & dont la voix se forme au travers de leurs glotte
,
comme le son à travers la fente d'un chassis
bruyant, ou d'une siringue,
& non pas par le jeu d'aucuns muscles.C'est cequ'on
entend tous les jours sur les
estangs où il y a
des canards lorsqu'il en passe
d'autres en l'air au détins
d'eux, car ils les appellent
en eslevant d'abord leurs
ailes afin d'enflerleurs poumons
,
& planant ensuite
fortement pour en chasser
l'air avec violence, ce qui
esleve extremement leur
voix,& forme un cancan treséclattant,lequel baisse peu h,
,
peu à mesure que leur poitrine se vuide d'air;les coqs
font à peu près la mesme
chose avant de chanter.
7. Il n'en est pas de mesme dans l'homme, & mesme dans plusieurs animaux
terrestres, comme les
chiens, les chats, l'Elan du
Bresil, & dans quantité
d'oiseaux dont la glotte
estouverte & fermée par
des muscles: car lemuscle fermeur de la glotte
venant à se raccourcir, ap*
proche les portiers l'un de
l'autre & de son milieu, ce
qui bande ses cordons, parce que ces portiers estant
posez sur la circonférence
de l'anneau, & les deux
cordons qu'ils tirent estant
attachez à la partie opposée diametralement du ca.
nal du larinxil est bien evh
dent qu'on ne sçauroit approcher les portiers du diamettre de ce canal sans en
mesme temps allonger ces
cordons, ( comme Euclide
lademontré) & sans estendre aussi les deux membranesqu'ils bordent, & qui
couvrant ce canal, forment
la glotte. Ainsi la voix ou la
parole est obligée de monter par l'acceleration des
tremblements de ces cordons ,& elle s'affoiblit en
mesme temps,par le jet d'air
quisort de la glotte, lequel
est
est d'autant plus gresle
qu'elle est plus rétrecie.
Maissi l'on veut augmenter au contraire laforce de la voix sans l'eslever
il ne faut que pouffer une
plus grande quantité d'air
de la poitrine,& ouvrir un
peu les portiers de la glotte,
en bandant les dilatateurs
grands ou petits, & relaschant à proportion le Fermeur,afin que les cordons
ne soient pas plustenduspar
l'augmentation de la quantité de l'air qui passe entre
eux qu'ilsl'estoient en pre-
micrlieu: parcemoyen cet
air passant en plus grande
quantité par la glotte produira un son plus fortsans
estre cependant plus estevé
; au lieu que si les cordons n'avoient point esté
relaschez, la voix auroit
monté
,
en mesme temps
qu'elle feroit devenuë plus
forte1, comme dansles oiseauxaquatiques. Je dis
de plus que les Applatifseursdu larinx doivent aussi entrer en contraction,
afin de faciliter touvenure de la glotte, & tenir en
mesme temps les deux
membranes tenduës, comme nous l'avons dit. Si l'on
veut outre cela que la voix
monte à mesure qu'elle devient plus forte
;
alors les
Eleveursdu larinx doivent
le tirer en haut,afinde présenter la glotte à l'entrée
de la bouche, pour que l'air
qui en fort allant frapper
contre toutes ses parties solides, comme le palais, &
les dents,&c. y
fouffredes
réflexions,s'y brise& y
augmenta la force de son
ressort,comme nous l'avons
dit de l'entonnoir, & de la
caisse de l'oreille, & afin
aussi que le canal exterieur
composé de la bouche & de
son entonnoir, lequel s'estend jurqu'au larinx & que -
l'on nomme le creux, ou le
port de voix) estant par là
plus racourci, la voix en
devienne plus eslevée,comme)1 arrive dans les flutes,
hautbois
,
flageolets, &c.
Enfin la membrane charnuë ou le muscle qui lie les
croissansdu corps du gosier
,
doit aussiroidir les-fibres circulaires, afin de ré-
trecir tout ce corps, & de
donner plus de rapidité à
l'air qui couleau dedans,
sans quoy l'effort du diaphragme deviendroit inutile. Ainsi l'on voit que pour
produire cet effet la pluspart des muscles font en
action
; car la voix devant
durer quelque temps sur un
mesme degré, il faut necet:
sairement que tous les muscles antagonistes soient
contrebandez, c'est-à-dire,
que les Abaisseurs du gofier le soient contre les Eleveurs
,
& que ses Dilata-*
teurs le soient contre le Fermeur, aussi bien que le diaphragme; sans quoy la glotte se sersieroit)&s'efleveroit en mesme temps, aussi toit que le Fermeur & les
Eleveursagiroient
,
& ne
demeureroit pas dans un
mesme estat, mais le son,
hausseroit ôc. deviendroit
plus foible en mesme
tems.
Mais si l'on veut que la
voix augmente encore de
force & descende ou grossisse en mesme temps, il
faut relascher davantage le
-
Fermeur, & par ce moyen
les cordons & les lèvres de
la glotte, bander davantage les Dilatateurs de la
glotte, & les Applatisseurs
du larinx
,
& pousser l'air
avec plus d'effort: car cet
air ouvrira & arrondira davantage le corps du gosier,
& fera un jet plus gros,
plus solide
,
& par consequent plus capable d'ébranler tout l'airenvironnant,
- ce que ne pouvant faire sans
tendre les cordons de la
glotte, il est évident qu'il
faut donc d'ailleurs les re-
lascher. Il faut de plus que
les Déprimeurs du larinx
seroidissent,&l'emportent
sur ses Eleveurs,afinde donner lieu à l'air qui passe par
le corps du gosier de l'enfler, & d'y couler par consequens avec moins de rapidité, quoy qu'en plus
grande quantité, ce qui formera dans la glotte un jet
plus fort, quoyque d'un son
moins eslevé. Il arrivera
de plusde cet abbaissement
du gosier
,
que le creux,
ou port de voix, ou l'entonnoir en deviendra plus
profond à mesure qu'il s'élargira
,
ce qui rendra encore la voix plus masculine,
& plus baffe. Se fera tout
le contraire lorsqu'on voudra que la voix devienne
plus foible, à mesure qu'elle baissera
,
comme dans
l'estas le plus ordinaire. Car
le diaphragme pouffant
moins d'air de la poitrine,
la glotte pourra se rétressir,
& par consequent le Dilatateur & l'Aplatisseur se relascher à proportion; en
telle sorte que le peu d'air
qui passera par la glotte, y
coulera lentement, & y excitera des fremissements
lents,c'est- dire un son
grave & foible
,
ce qui se
perfectionnera encore par
l'élargissement & l'abbaissement du gosier, & par Fa"
longement de son creux,
comme on vient de l'expliquer, cette acttion estant
en partie opposée à la précedente & plus simple, que
si la glotte s'ouvroit par raaion du Dilatateur & de
l'Aplatisseur: ce qui fait
voir que les différentes modifications de la voix con-
latentdansun combat entre le diaphragme & les
muscles du gosier.
8. C'est la mesme chose
pour la parole que pour la
voix
,
excepté feulement
que la parole est une voix
pluscourte l3) plus unie.
Ilya cependant biendes
nations comme les Normans3 les Gascons
,
mais
principalement les Chinois, dont la paroleestun
veritable chant; & le systeme enharmonique des
Grecs, n'estoit inventé que
pour noter leur déclama-
tion qui estoit un vray
chant. Lors qu'on dit que
l'on reconnoistun homme
à la voix, ou quand on commande d'obéir à sa voix, on
entend non le chant d'un
homme maissa parole, tant
il est vray que ces deux
choses considerées en ellesmesmes ne font qu'une
mesme chose. Mais les gradations de la parole sont
différences de celles de la
voix, comme estant regléees par un autreorgane,
sçavoir le limaçon; au lieu
que la voix est guidée par
lelabyrinthe, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille;c'e stce quifait que
la parole reçoit toutes sortes de gradations à l'infini,
de mesmeque le chant des
Chinois; au lieu que le
chant desOccidentaux, ôc
mesme celuy des Arabes,
des Perses, &c. a
des gradations choisies
,
comme
nous le dirons dans la Me*
lodie qui doit suivre ce Mémoire. Ce qui nous convainc encore que la parole
& la voix s0nt formées par
lçs mesmesorganes
,
du
-
moins dans la pluspart des.
hommes, c'est que si Ion
donac-tquelque teneur ou
durée à ses paroles, elles
deviennent une veritable
voix, comme chacun peut
l'éprouver; desorte que des
paroles qui ont chacune
une durée sensible,sans gradation,ou avec des gradations mélodieuses,nedif- -
ferent en rien d'une voix.
Il faut cependant avouër
que ceux qui ont appris à
chanteri,méfientAc%orne^
mens
mesme dans chaque
ton, commede pousser leur
voix, par diminutions, par
accroissemens, par ondes,
&c. qui ne se trouvent pas
dans les voix unies ny dans
la parole. Mais au resteces
differences aussibien que
les gradations font tousjours accidentelles,&nempeschent pas que le son de
la parole, & celuy de la voix
ne soient le plus fouventy
le mesmeson
,
& formez
par les mesmesorganes. On
peut s'en convaincre encore en considerant que les
accidens de la voix sont
communs aussi à la parole.
Si la voix est(par exemple )
enroüée, ou cassée, ou nazarde, ou cornante, ou glapissante,&c. la parole l'est
aussi. DesortequeIon peut
pour l'ordinaire aisément
juger du son de la voix d'un
homme en l'entendant seulement parler.
-
Quant au degré de la parolepar rapportà la voix,
il est ordinairementau milieu desonestenduë,qui est
l'estat où les Eleveurs du
larinxonttoute leur extension, si ce n'estlors quon
ell enroüé; car alors les Dilatateurs
lacateurs de la glotte.la tenant plus ouverte qu'à l'ordinaire par leur gonflement )
la voix en devient
plus grosse& plus basse,&
quelquefois si basse qu'elle
s'éteint tout- à fait, à moins
qu'on ri'arrose le Fermeur
de quelque eaustiptique,qui
le gonflant à son tour fasse
rétrécir la glotte, & rende
la parole,ce qui ne peut pas
durer long
-
temps. Il y a
des personnes dont la voix
est beaucoup plus agréable
quela parole, parce que les
Eleveurs du larinx sont plus
longs chez eux que dans
l'estat ordinaire, cequi fait
que toute l'estenduë de leur
voix est presque au dessus
de celle de leur parole, &
que leur voix est nette, claire& éclatante, tandis que
leur voix peut estrebasse
,
rude,chevrotante, &c. mais
c'est un cas extraordinaire.
Enfin il y en a
dont lavoix
estfausse, c'est-à-dirènaturellement diflbnantc,quoique leur parole foit agréable, & pathétique. Gélaft
trouve en deux personnes
qui me sont très-proches
parentes, lesquelles ont le
son de la voix & de la parole fort beau, & le patetique
bon, quoy qu'elles n'ayent
pû jamais apprendre à entonner juste aucun air, ce
qui me confirme encore
que le patetique de la pa..
role n'est pas reglé par le
mesme organe de l'oreille,
que les gradations de la
voix, puisque l'un peut-estre juste tandis que cellescy font fausses.
- 9. Il faut au refiercmar.
quer qu'il
y a
deux fortes de
voix dansles hommes, dans
les femmes, & dans les en- fants, donc l'une s'appelle
voix naturelle, parce qu'elle est la mesme que le son
de la parole; & l'autre se
nomme le fausset,principalement en parlant de
l'homme fait, dans quielle
est ordinairement plus deagréable, que la voix naturelle, au contraire des femmes & des enfans.Cefausset a
presque toute son cftendueau dessus dela voix
naturelle;,,n'ayant qut quatre ou cinq tons plus bas
-que les plus hauts de celles
cy. Au relie ces deux voix
se forment par des instruments differents,Comme on
le sent lors qu'on passe de
l'une à l'autre, ce qui ne
sçauroit se faire sans une
espece de repos & d'attention particulière,&mesme
sans quelque violence &
quelque fausseté,àcause du
changement demuscles. Il
faut donc considerer que
tandis que la voix naturelle
monte depuis son ton le
plus bas jusques proche de
son plus haut, cestà-dire
parl'cftenduç d'une pouzié-
me environ; il n'y a que le
grand Dilatateur de laglotte qui foie en contraction
avec le Fermeur, le petit
estant relasche pendant
tout ce temps, à cause de
Tecartement des deux portiers l'un del'autre. Mais
quand la voix
-
est arriver
dansses tons les plus hauts
,
le petit Dilatateur corn?
mence a
estre tèndu)ôc
devient capable d'entreren
contraction avec le Fermeur, le grand Dilatateur
estant alors au bout de son
aâion,te pouvant seule-
ment prester comme une
corde qu'on allonge. Deforte que si le Fermeur continuë de se contracter, &
que le petit Dilatateur seroidisse
)
leur combat produira alors la voix de Fausset,qui pourra contenir encore beaucoupde tons,c'est
à dire quelquefois une douzième. Mais il est évident
que cettevoix doit estre
très gresle &tres- eslevée,
parce que la glotte est alors
très-serrée,&que ses cor-
@d'Dn'S*'&! membranes sont
extrêmement tendus.
vn
Quand au contraire le petit
Dilatateur s'est gonflé autant qu'il a pu pour rouvrirla glotte, & que la voix
de Fausset a
descendu
jusques à son ton le plus bas,
le grand Dilatateur peut se
gonfler , à son tour, & mesme un peu auparavant; &
la voix naturelle commencer à se former dans ses tons
les plus hauts pour descendre delà jusques, dans ses
plusbas. Jay connu plusieursChantres qui possedoient,ces deuxfortesde
voix presque également
bien.
bien. Les femmes & lesensans affectent de se servir
de la voix de fausset, comme convenant mieux à leur
d~licateffe ou à leur â
~e ,.
delicateffe ou à leur à,le,
& comme estant plus tendre & plusflexible, leur gosier ne pouvant pas s'estendre assez pour pratiquer la
voix naturelle dans uneestenduë suffisante
10. Mais lorsque le go:"
fier des jeunes homm s
s'est accreu & dilatéjusques
à un certain point; par l'accroissement de l'âge,le Fermeur de la glotte ne peut
plusla fermer alorssuffisamment, ny bander assez ses
Dilatateurs pour entonner
sa voix haute; c'est pourquoy on est obligé d'abandonner pour l'ordinaire le
Fausset,&de s'entenirà la
voix naturelle. qui devient
alors une Hautecontre, ou
uneTaille pour le reste de
lavie,& c'estce qu'onappelle la Muance; siau contraire le jeune homme entonnoit sa voix naturelle
avant la Muance; aprés
qu'i) a mué il ne sçauroit
pl41 ertfonner que rO£tajJ
ve basse de cette voix naturelle, quiestalors àl'unisson destailles,destailles baP
ses, ou des bassescontres, ce
qui se fait toujours cependant avec les mesmes muscles. Maisilluy reste encore un
Faussetquiestlemesme qu'avant la muance ,
c'est à-dire, toujours tresdur, & tres-aigre dans ces
fortes de gosiers.
II. Enfin quant aux cadences ou tremblements,
tant en montant qu'en dcC.
cendant, on sçait qu'elles se
font en répétant tres- prom-
ptement deux fons esloignez l'un de l'autre d'un ton,
d'un demy ton,ou d'une
dieze
,
soit en montan,soit
en descendant;ainsi la glotte s'ouvre & se ferme alors
successivement
,
quoyque
presque insensiblement par
le combat du muscle fermeur, & du grand, ou du
petit Dilatateur;outrecela
les muscles Eleveurs & Deprimeurs du gosier entrent
aussi en combat entre eux,
ce que l'on sent mesme en
portant le doigt sur le nœud
de la gorge: & il ne faut pas
douter que l'Aplatisseur
,
le -
diaphragme
,
& les autres
musclesdu gosier, & mesme
de la poitrine ne soient alors
en combat les uns contre
les autres pour enfanter ces
filles de laMelodie. EXTRA
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Résumé : Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Le texte explore l'anatomie et les fonctions de l'organe de la voix, également appelé gosier ou trachée artère, en le distinguant de l'œsophage. Le gosier est composé de quarante-quatre parties, incluant vingt-six cartilages osseux, douze muscles, trois types de membranes, trois types de nerfs, ainsi que des artères, veines et glandes. Ces éléments contribuent à la formation de la voix et sont analysés selon les règles de la mécanique et de la musique. Le gosier se divise en deux parties principales : la tête, ou larynx, et le corps du gosier. La tête du gosier comprend cinq cartilages osseux formant un anneau, recouvert par un cartilage nommé l'écu. La glotte, ou bouche du gosier, est située dans cette région et est recouverte par l'épiglotte. Les oiseaux aquatiques possèdent des organes vocaux spécifiques situés au bas de leur gosier, permettant de produire différents sons. Le texte décrit également les muscles du gosier, qui facilitent la déglutition, la respiration et la modulation de la voix. Il existe treize muscles impliqués dans la formation de la voix, y compris le diaphragme. Les muscles dilatateurs de la glotte permettent d'écarter les portiers de la glotte, tandis que l'adducteur des cordons rapproche les portiers pour fermer les cordons. Les nerfs du larynx sont de trois types : une branche de la quatrième paire, une de la septième paire, et une de la cinquième paire du nerf récurrent. Ces nerfs permettent à l'animal de crier, de se défendre ou de fuir, et d'exprimer ses émotions. La formation de la voix implique plusieurs éléments : le corps du gosier fournit l'air, les cordes vocales forment le son par leurs vibrations, et les muscles ajustent la tension et l'ouverture des cordes pour moduler la voix. La voix peut monter ou descendre en intensité et en hauteur grâce à l'action coordonnée de ces muscles et à la pression de l'air. Les oiseaux aquatiques produisent des sons sans muscles, contrairement à l'homme et certains animaux terrestres. Pour augmenter la force de la voix sans l'élever, il faut ouvrir légèrement les portiers de la glotte et ajuster les muscles dilatateurs et fermateurs. La contraction des muscles aplatisseurs et éleveurs du larynx facilite également la production de la voix. Enfin, la membrane charnue du gosier doit se raidir pour rétrécir le corps du gosier et augmenter la rapidité de l'air. Le texte traite également des mécanismes de production de la voix et de la parole, en mettant en évidence les différences et les similitudes entre les deux. La voix est produite par le passage de l'air à travers la glotte, générant des sons graves et faibles, modifiés par l'élargissement et l'abaissement du gosier. La parole, quant à elle, est une voix plus courte et plus unie, bien que certaines nations, comme les Chinois, utilisent une parole chantante. La voix et la parole sont régies par des organes différents : la parole par le limaçon et la voix par le labyrinthe de l'oreille. Les gradations de la parole sont infinies, contrairement au chant occidental qui a des gradations choisies. La voix et la parole sont formées par les mêmes organes, comme le montre la transformation des paroles en voix lorsqu'elles sont prolongées. Les accidents de la voix, comme l'enrouement ou la nasalité, affectent également la parole. La voix naturelle, identique au son de la parole, et le fausset, plus agréable chez l'homme adulte, sont deux types de voix distincts. La muance, qui survient avec l'âge, conduit à l'abandon du fausset au profit de la voix naturelle. Enfin, les cadences ou tremblements dans la voix résultent du combat entre divers muscles du gosier et de la poitrine, créant ainsi les variations mélodiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
624
p. 173-185
EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Début :
L'Académie Royale des Sciences fit l'ouverture de ses [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Assemblée publique, Fontenelles, Cassini, Éloges, Mémoires, Machine, Réaumur, Abeilles, Crabes, Écrevisses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
AIT
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
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Résumé : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Le 16 novembre 1712, l'Académie Royale des Sciences inaugura ses exercices par une assemblée publique. Monsieur de Fontenelle prononça l'éloge de deux académiciens décédés : Monsieur Berger, médecin et chimiste, et Monsieur Cassini, renommé pour ses découvertes astronomiques. L'éloge de Cassini fut particulièrement apprécié mais ne fut pas publié pour en préserver l'intégralité. Monsieur de la Hire présenta une machine permettant à un homme dans son carrosse de détacher rapidement les chevaux qui prennent le mors aux dents. Monsieur Maraldi exposa un mémoire sur les abeilles, les classant en mâles, femelles et faussaires. Il décrivit leur mode de construction des cellules, la ponte des œufs, la fermeture et l'ouverture des cellules, l'élimination des faussaires, et le stockage de miel pour l'hiver. Monsieur de Reaumur lut un mémoire sur la reproduction des pattes des écrevisses et des crabes. Il démontra que les savants, comme le vulgaire, peuvent avoir des préjugés. Les paysans observaient souvent des écrevisses avec des pattes plus courtes, pensant qu'elles repoussaient. Un savant contesta cette idée, affirmant que la structure des pattes ne permettait pas leur reproduction. Reaumur prouva par expérience que les pattes coupées repoussaient effectivement, confondant ainsi le savant et son raisonnement. L'abbé Bignon, président de l'assemblée, conclut en louant les auteurs des mémoires et en soulignant la beauté et l'utilité des discours présentés. Les extraits des discours les plus curieux et solides seront publiés séparément dans les lettres suivantes.
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625
p. 251-258
DONS DU ROY.
Début :
Le premier Novembre le Roy donna l'Abbaye de Guitres [...]
Mots clefs :
Dons, Roi, France, Abbayes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY.
DONS DU ROT.
Le premier Novembre
le Roy donna l'Abbaye de
Guitres Ordre de saintBe-
noît fous l'invocationdela
Vierge, Diocese de Bordeaux, à N. de la Goguée.
Cette Abbaye estsiuee sur
la rivière de l'isle trois
lieuesau-dessusde Libourne dans la Guyenne.
L'Abbaye de TonnayCharente, Ordre de laine
Benoît, Diocese de Xaintes, vacante par la mort
du Sieur Maupoinr, à N.
du Solier. Tonnay
-
Charente est une petite ville de
France dans la Saintonge,
en Latin TonneA. On l'ap-
pelle ainsi à causequ'elle
est sur la Charence, & on ladistinguepar là d'une autre ville de cette même Pro- -
vince nommée TonnayBoutonne, qui en est éloignée de trois lieues, & qui
est à la mêmedistance de
saint Jean d'Angely. TonMay-Bouronnea pris son
nom de sa situation sur la
riviere de Boutonne.
L'Abbave de S. Michel
de Dourlans, Ordre de saint
Benoît,Diocele d'Amiens,
la. Dame de Sericourt
d'Efclainvilliers,Religieuse
de laditre Abbaye.
Dourlans est une villede
Picardiedans l'Amienois,
en Latin Dulendium elle est
située sur la riviere d'An..
thie, vers les frontières de
l'Artois, à cinq ou six lieuës
d'Amiens, & un peu moins
de saint Riquier. C'est une
ville assez forte que l'on
divise en haute & basles
& qui appartenoit autrefois aux Comtes de Ponthieu.
: L'Abbaye de la Caigno.
", te Ordredefaine Benoir,
Diocesed'Acqs à N. du
Vigier.
r
L'Abbaye de Villersde
Canivet, Ordre deCîteaux.,
Diocese de Séez
?
à N. de
Montgommery
,
Abbesse
deMoncé.
L'Abbaye de Moncé,
Ordre de Cîteaux) Diocese
de Tours, à la Dame des
Espinez, Religieuse du même Ordre.
L'Abbaye des Prez,dans
la ville de Doiiay, à la Da.
me de Los, Religieuse de
ladite Abbaye.
Etl'Abbayedesaintjust,
Ordre de saint François,
Diocese de Beauvais,àDa-1
meN.deMailly,Religieuse;
à Longchamps
,
sœur de
l'Archevêque de Reims.
La Mailon de Mailly est
une des plus anciennes Maifons de la Province de Picardie. Elleatire sonnom
de la Terre de Mailly, prés
d'Amiens,&n'est pas moins
illustre par les grandshommes
mes qui font sortis de ces
branches differentes
,
que
par ses grandes alliances.
Anselme de Mailly est le
premier de ce nomdont
parlent les Historiens, vers
le milieuduonzième siecle: mais le rangdistingué
qu'ils lui attribuent dans
sa Province, & la grande
part qu'il eut aux affaires
de son temps, prouvent
incontestablement qu'il n'y
avoit point de ce temps-là
même detablissement en
Picardie plus ancien que ce.
lui des Seigneurs de Mailly.
- Malbrancq, en faisant
mention d'Anselme de
MaiIly, & du Seigneur de
Coucy, témoigne qu'ils étoient tous deux Picardici
Janguinis Procerc
Le premier Novembre
le Roy donna l'Abbaye de
Guitres Ordre de saintBe-
noît fous l'invocationdela
Vierge, Diocese de Bordeaux, à N. de la Goguée.
Cette Abbaye estsiuee sur
la rivière de l'isle trois
lieuesau-dessusde Libourne dans la Guyenne.
L'Abbaye de TonnayCharente, Ordre de laine
Benoît, Diocese de Xaintes, vacante par la mort
du Sieur Maupoinr, à N.
du Solier. Tonnay
-
Charente est une petite ville de
France dans la Saintonge,
en Latin TonneA. On l'ap-
pelle ainsi à causequ'elle
est sur la Charence, & on ladistinguepar là d'une autre ville de cette même Pro- -
vince nommée TonnayBoutonne, qui en est éloignée de trois lieues, & qui
est à la mêmedistance de
saint Jean d'Angely. TonMay-Bouronnea pris son
nom de sa situation sur la
riviere de Boutonne.
L'Abbave de S. Michel
de Dourlans, Ordre de saint
Benoît,Diocele d'Amiens,
la. Dame de Sericourt
d'Efclainvilliers,Religieuse
de laditre Abbaye.
Dourlans est une villede
Picardiedans l'Amienois,
en Latin Dulendium elle est
située sur la riviere d'An..
thie, vers les frontières de
l'Artois, à cinq ou six lieuës
d'Amiens, & un peu moins
de saint Riquier. C'est une
ville assez forte que l'on
divise en haute & basles
& qui appartenoit autrefois aux Comtes de Ponthieu.
: L'Abbaye de la Caigno.
", te Ordredefaine Benoir,
Diocesed'Acqs à N. du
Vigier.
r
L'Abbaye de Villersde
Canivet, Ordre deCîteaux.,
Diocese de Séez
?
à N. de
Montgommery
,
Abbesse
deMoncé.
L'Abbaye de Moncé,
Ordre de Cîteaux) Diocese
de Tours, à la Dame des
Espinez, Religieuse du même Ordre.
L'Abbaye des Prez,dans
la ville de Doiiay, à la Da.
me de Los, Religieuse de
ladite Abbaye.
Etl'Abbayedesaintjust,
Ordre de saint François,
Diocese de Beauvais,àDa-1
meN.deMailly,Religieuse;
à Longchamps
,
sœur de
l'Archevêque de Reims.
La Mailon de Mailly est
une des plus anciennes Maifons de la Province de Picardie. Elleatire sonnom
de la Terre de Mailly, prés
d'Amiens,&n'est pas moins
illustre par les grandshommes
mes qui font sortis de ces
branches differentes
,
que
par ses grandes alliances.
Anselme de Mailly est le
premier de ce nomdont
parlent les Historiens, vers
le milieuduonzième siecle: mais le rangdistingué
qu'ils lui attribuent dans
sa Province, & la grande
part qu'il eut aux affaires
de son temps, prouvent
incontestablement qu'il n'y
avoit point de ce temps-là
même detablissement en
Picardie plus ancien que ce.
lui des Seigneurs de Mailly.
- Malbrancq, en faisant
mention d'Anselme de
MaiIly, & du Seigneur de
Coucy, témoigne qu'ils étoient tous deux Picardici
Janguinis Procerc
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Résumé : DONS DU ROY.
Le 1er novembre, le roi fit plusieurs donations d'abbayes. L'abbaye de Guitres, dédiée à la Vierge et située sur la rivière de l'Isle en Guyenne, fut donnée à N. de la Goguée. L'abbaye de Tonnay-Charente, en Saintonge, fut attribuée à N. du Solier. L'abbaye de Saint-Michel de Dourlans, en Picardie, fut donnée à la Dame de Sericourt d'Éclainvilliers. L'abbaye de la Caignotte fut attribuée à N. du Vigier. L'abbaye de Villers-de-Canivet, de l'ordre de Cîteaux, fut donnée à N. de Montgomery. L'abbaye de Moncé, également de l'ordre de Cîteaux, fut attribuée à la Dame des Espinez. L'abbaye des Prez, située à Douai, fut donnée à la Dame de Los. Enfin, l'abbaye de Saint-Just, de l'ordre de Saint-François, fut attribuée à la Dame N. de Mailly, religieuse à Longchamps et sœur de l'archevêque de Reims. La Maison de Mailly est une des plus anciennes familles de Picardie, mentionnée au milieu du onzième siècle par Anselme de Mailly.
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626
p. 3-9
ETRENNES.
Début :
LE mot d'Etrennes vient, dit-on, du mot, strenia. [...]
Mots clefs :
Étrennes, Ménage, Médailles d'argent, Fête, Gui
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texteReconnaissance textuelle : ETRENNES.
ETRENNES.
E mot d'Etrennesvient,dit-on,
du mot. (Irenia.
- - - Celui de Strenuus, qui
signifie genereux, peut
avoir part à
cetteetlmo-"
logie, dit Menage, parce que chez les Romains
on donnoit les étrennes
à ceux qai se distinguoient.par leur valeur.
Que d'étrennes aurionsnous à donner cette année ànos guerriers
,
a
leursCommandans & à
leur Chef! Minerve, dit
un ancien, doit presider
auxrecompenses, comme elle preside aux actions qui les meritent y
ïz nous voyonspar plu-
sieurs dons du Roy, qui
font les avant-coureurs
de plusieurs autres, que
le vrai mérité en France
est toûjours recompensé
quand il cil: connu.
On donnoit dans les
premierstemps des fruits
1 en etrennes : mais 'on
donna ensuite des mé- dailles d'argent. Acefujet Ovide fait dire à janus, que les anciens étoient bien simples de
croire que le miel fût
plus doux que l'argent.
La fête desécrennesétoit
dédiée au Dieu Janus,
qu'on representoit à
deux visages. Une double couronne que que!-
quesSculpceursont mise
à Janus dans des bas-reliefs marquera, si l'on
veut, qu'il est aussi honorable de recevoir des
étrennes que d'en donner. Les etrennes qu'on
portoit aux Empereurs
Romains étoient des
marquesdhonneur. Auguste en recevoit une si
grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir ecrennes, Caligulalesrétablit,Claude les défendit ensuite
:
mais elles resterent toujours en usage parmi le
peuple.
Le gui, sélon les Gaulois, étoit un present
considerable du Ciel
qui preservoit du poifon}8£ celui qu'on cüeilloit le jour de l'an partoit bonheur toute rannée a ceux qui en gardoient sur eux.
Il nousest restédecette superstition payenne
le mot de laguil'an neuf.
Onsppelloitencoreainsi.
dans les derniers temps
les presensdes etrennes.
Les éruditions sur les
étrennes sont si rebactuës Se si usées, qu'il se-
roitennuyeux des'y étendreiauflibien la modedes étrennes estpresque abolie,&c le mot
detrennes n'est Mecque plus recommandafcle que par son anden1net
E mot d'Etrennesvient,dit-on,
du mot. (Irenia.
- - - Celui de Strenuus, qui
signifie genereux, peut
avoir part à
cetteetlmo-"
logie, dit Menage, parce que chez les Romains
on donnoit les étrennes
à ceux qai se distinguoient.par leur valeur.
Que d'étrennes aurionsnous à donner cette année ànos guerriers
,
a
leursCommandans & à
leur Chef! Minerve, dit
un ancien, doit presider
auxrecompenses, comme elle preside aux actions qui les meritent y
ïz nous voyonspar plu-
sieurs dons du Roy, qui
font les avant-coureurs
de plusieurs autres, que
le vrai mérité en France
est toûjours recompensé
quand il cil: connu.
On donnoit dans les
premierstemps des fruits
1 en etrennes : mais 'on
donna ensuite des mé- dailles d'argent. Acefujet Ovide fait dire à janus, que les anciens étoient bien simples de
croire que le miel fût
plus doux que l'argent.
La fête desécrennesétoit
dédiée au Dieu Janus,
qu'on representoit à
deux visages. Une double couronne que que!-
quesSculpceursont mise
à Janus dans des bas-reliefs marquera, si l'on
veut, qu'il est aussi honorable de recevoir des
étrennes que d'en donner. Les etrennes qu'on
portoit aux Empereurs
Romains étoient des
marquesdhonneur. Auguste en recevoit une si
grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir ecrennes, Caligulalesrétablit,Claude les défendit ensuite
:
mais elles resterent toujours en usage parmi le
peuple.
Le gui, sélon les Gaulois, étoit un present
considerable du Ciel
qui preservoit du poifon}8£ celui qu'on cüeilloit le jour de l'an partoit bonheur toute rannée a ceux qui en gardoient sur eux.
Il nousest restédecette superstition payenne
le mot de laguil'an neuf.
Onsppelloitencoreainsi.
dans les derniers temps
les presensdes etrennes.
Les éruditions sur les
étrennes sont si rebactuës Se si usées, qu'il se-
roitennuyeux des'y étendreiauflibien la modedes étrennes estpresque abolie,&c le mot
detrennes n'est Mecque plus recommandafcle que par son anden1net
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Résumé : ETRENNES.
Le terme 'étrennes' provient du mot 'Irenia' ou 'Strenuus', signifiant généreux. Chez les Romains, les étrennes étaient des récompenses pour les personnes distinguées par leur valeur. En France, ces récompenses étaient illustrées par les dons du roi, anticipant d'autres distinctions. Historiquement, les étrennes consistaient en des fruits, puis en des médailles d'argent. La fête des étrennes était dédiée à Janus, dieu à deux visages, symbolisant l'honneur de donner et de recevoir des étrennes. Les empereurs romains recevaient des étrennes en marque d'honneur, bien que certains, comme Tibère, les aient refusées. Les Gaulois considéraient le gui comme un présent du ciel, apportant bonheur et protection contre le poison. Aujourd'hui, la tradition des étrennes est presque abolie, mais le mot reste recommandable par son ancienneté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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627
p. 25-70
LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
Début :
Vous croyez, Monsieur, que tous les soûpirs sont reservez pour [...]
Mots clefs :
Soupirs, Europe, France, Couronne, Empereur, Guerre, Paix, Monarchie, Puissances, Autriche, Hollande, Espagne, États du Royaume, Renonciations, Alliance, Projet, Intérêts, Testament, Tranquilité, Malheurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
LETTREA M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
Fermer
Résumé : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
La lettre du Marquis de*** examine les tensions politiques en Europe, telles que décrites dans le livre 'Les Soupirs de l'Europe'. L'auteur de la lettre réfute l'idée que les 'soupirs' de l'Europe soient uniquement dus à l'amour, affirmant qu'ils résultent des ambitions des grandes puissances. La Reine d'Angleterre a reconnu que les guerres en Europe sont le fruit des ambitions de la Maison d'Autriche et des États Généraux des Provinces Unies, qui cherchent à étendre leur influence au détriment des autres princes. La lettre critique la politique de la Maison d'Autriche et des Hollandais, soulignant leur ambition et leur manipulation des autres nations. Elle révèle que la Reine d'Angleterre et son nouveau ministère ont découvert les véritables intérêts des Hollandais, qui visent à dominer les Pays-Bas et le commerce des Indes. La lettre conteste la guerre contre Philippe V pour le trône d'Espagne, affirmant que ses droits sont légitimes et fondés sur la loi du pays, la coutume et le testament de Charles II. L'auteur de la lettre argue que les testaments de Charles-Quint et Philippe II établissent une succession masculine, et que les renonciations d'Anne et de Marie-Thérèse sont nulles. Il conclut que Philippe V est le légitime héritier du trône d'Espagne, appelé par les lois, le sang et la nature. Le texte discute également des conflits dynastiques et des droits successoraux en Espagne, mettant en lumière les contradictions dans les arguments de l'auteur des 'Soupirs'. Il critique les renonciations personnelles et les lois fondamentales, soulignant que les Cortes de 1618 et de 1709 ont toutes deux légitimé leurs décisions, bien que contradictoires. Il souligne également les manœuvres des Princes Autrichiens pour maintenir leur influence en Espagne, malgré les règles de succession. Le texte défend le droit de Philippe V au trône d'Espagne, affirmant que les efforts des puissances alliées pour le détrôner ont échoué en raison du soutien des Espagnols. Il compare les alliances européennes à des Chimères, incapables de contrôler l'Espagne sans le soutien des peuples. L'auteur distingue les périodes avant et après la mort de l'Empereur Joseph, notant que la concentration de pouvoir entre les mains d'un seul prince est dangereuse. Il critique les calculs frivoles de l'auteur des 'Soupirs' et souligne l'importance de l'expérience et du soutien populaire. Enfin, le texte examine la question de la paix versus la guerre, affirmant que la paix proposée par la Reine est préférable à une guerre éternelle. Il critique les contradictions dans les arguments des ennemis de la France, qui la décrivent tour à tour comme faible et puissante. L'auteur conclut que la guerre ne servirait qu'à augmenter les domaines de l'Empereur et des Hollandais, tandis qu'une paix équilibrée apporterait la tranquillité à l'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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628
p. 75-96
Dissertation academique sur les Miroirs ardens.
Début :
L'Art perfectionne toûjours, & surmonte même souvent la nature. [...]
Mots clefs :
Miroirs ardents, Centre, Archimède, Rayons, Foyer, Feu, Lois de la réflexion, Défense, Miroirs concaves, Oeil
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texteReconnaissance textuelle : Dissertation academique sur les Miroirs ardens.
Dissertation académique sur
les Miroirsardens.
L'Art perfectionne toûjours, & surmonte même
souvent la nature. Le Miroir spherique concave,
que M. V** de Lyon mon-
tre publiquement aux curieuxy & celui que je vous
envoyé, le prouvent par
experience. La surface du
Miroir cte M. V*
*
a
trois
pieds & sept pouces de diametre. Il reçoit par consequent seize mille cinq cent
lignes quarrées des rayons
du Soleil, qu'il reünit, à
trois pieds & demi au- devant de soy dans l'espace
de dix ou douze lignes. Cet
espace de la concentration
des rayons est par analogie
appelle Foyer. C'est la veritable image du Soleil:
elle est si brillante, que les
yeux ne peuvent la fupporrer.
Le feu de la fâme du Soleil est si violent en ce foyer,.
qu'il embrase d'abord toutes les matieres combustibles, & en peu de momens
il fond le fer, l'or, l'argent,
& les autres metaux, &
vitrifiel'argile & la brique.
J'ai démontre en d'autres discours
,
que ce prodigieux effet n'est que la
terebration & violent poussement que les rayons de la
substance liquide, dont l'amas compote le Soleil, font
en passant serrez & condensez dans ce petit espace où
les loix de la reflexion les
reünissent Il en arrive de
même à l'eau
,
qui s'élance
avec violence d'autant plus
haut dans l'air, que sa
source est plus élevée & abondante, & que le diametre
du trou du jet fait sans ajustage, est plus petit.
Archimede, dont le seul
nom fait le panegyrique)
est l'inventeur des Miroirs,
ardens.
Cardan assure, sur le
rapport d'Anroine Gogava, qu'Archimede a
bien
démontré tout ce qui concerne cette forte de Miroirs. C'en: le même Gogava que le docte Rivaltus
dansla vie d'Archirmede dit
avoirété l'interprete de
son livre des Miroirs brûlans.
-
Personne n'ignore que
lors qu'Appius & Marcus
Marcellus assiegerent Syracuse, ville capitale de Sicile, ce grand Archimedc
foûrnit lui seul l'effort de la
-
plus puissante armée des
Romains. C'est Tire-Live
qui l'assure dans le quatriéme livre de la troisiéme Decade.Voici les termes, rendus en nôtre langue par M.
du Ryer. Et il ne fautpoint,
douter que,cette entreprise
ncût eu dusuccésy sans lesecours d'unseul homme pli étoit alors dans Syracuse.C'était le fameux Archimede,
personnage sçavant dans la.
connossance des cieux & des
djîres
: mais admirable surtout par l'invention des ma-,
chines de guerre f
avec lejl
quelles il détruisoitfacilement.
tout ce que les ennemis nepouvaient faire qu'avec beaucoup>
de peines & de grands tra
Vaux.Ce'venerable vieillard
combatant matllematique.
ment,auroitlui seul forcéles
Romains - à lever honteusement le siege si le traître
Mericus, Preret d'Acradine, n'eût pas livré une porte à Marcellus
,
qui avoic
ordonné à son armée de
sauver Archimede, comme
le fruit de la plus g
lorieuse
conquête des Romains.
Bien des gens veulent
qu'Archimede ait employé
les Miroirs, ardens pour la
défensedeSyracuse; ce qui
merite cette petite dissertation.
Diodore Sicilien dit qu'-
Archimede brûla les navires à la distance de troisstades, qui valent sept cent
trente-cinqpas :mais cet
auteur ne
fait
aucune mention du Miroir, bien que
dansle chapitre du premier
livre des Antiquitez il air
remarquéque lesEgyptiens
se servoient de la viz d'Archimede pour élever les.
eaux.
Polibe, qui dans son-huitiéme livre fait le détail des
artifices par lesquels Archimede ion contemporain
défendoit Syracuse, ne parle point des Miroirs.
Les Historiens plus jeunes que Diodore Sicilien,
n'en parlent non plus que lui, bien que Tite-Live
dans sa troisiéme Decade,
& Plutarque dans la vie de
Marcellus,ayent écritavec
foin l'histoire de ce qui se
passa au siege de Syracuse.
Galien dans les premiers pages de son troisiéme
livre, des Temperamens,
parle en cestermes :
On
ditquArchimede embrasa les
navires des ennemis par le
moyen de ses Miroirs brulans.
Dion Historien celebre,
& Tzezez Historien Grec*,
en disent autant. -
Zonaras,au troisiéme tome de ses Histoires dans
Anastase Dicoro
, parle
comme Galien. On dit que
Proclus, à l'imitation d'Llrchimede, fabriquadans Bysance, à present Conftantinople, des Miroirs brû-
tans, lesquels étant exposez
aux rayons du Soleil, lance--
rent des flâmes qui consumerent l'armée navale de Vita-" 1
lian.
Cardan ayant supposéce
que Galien n'avance que
par on dit, enseigna en l'anfit née 1559. dans le quatriéme
livre de la Subtilité,samaniere de construire des Miroirs concaves pour brûler
à mille pas loin. Ce fut avec
juste raison que le Docte
Napolitain Jean
-
Baptiste
Porta,auch.15.du dix-septiéme livre de saMagie na-
turelle, s'écria: Bon Dieu!
combien Cardan dit desotises
fit peu de mots! Il ajoute,
quil est impossible de faire des
Miroirs concaves qui brûlent
à trente pas loin.
Parlons maintenant des
effetsdesMiroirs concaves. Le premier est d'éclairer & de découvrir pendant les nuits les plus sombres les lieux & les objets
très- éloignez, en mettant
la flâme d'un flambeau au
foyer d'un Miroir; car puisque les rayons de chaque
point du disque du Soleil,
qui tombent physiquement
paralleles sur la surface du
Miroir concave, font roflechis convergens, 6c se
ramassenten un foyer; aussi
les rayons de la flâme du
flambeau mise dans le verger tombant divergens sur
la surface du Miroir, en
feront reflechis paralleles
en une colonne de lumiere
éclatante, donc une base est
en la superficie du Miroir,
& l'autre sur les objets éclairez. On les pourra ensuite reconnoître très-distinctement par une lunette
à quatre vers, donc nous
avons donné la construction en l'année 1665. &en
avoir la veritable vision
parfaite ou vue difiinéte)
avec un binocle de la bonne & facile construction
que Daniel Chorez inventa
& executa heureusement,
& qu'il presenta au Royen
l'annee 1625.
Lesecond effetest de
porter, pendant la nuit la
plus noire, telles figures ou
écritures qu'on voudra sur
une muraille éloignée de
plus de trois cent pas, aprés
les
les avoir écrites en ordre
renversé sur la surface du
Miroir, & allumant un
flambeau au point du foyer.
Le troisiéme effet est plus
surprenant
; car si avec de
l'encre ordinaire, qu'on appelle encre double & bien
gommée, vous tracez quelque image sur la surface du
Miroir, vous en jetterez
la representation à plus de
trois cent pas, loin, & lafaifant entrer dans une chambre obscure, la figureparoîtrad'une grandeur gigantesquesur la muraille,
& comme revêtuë de gloire, étant paréedemille,
couleurs que produit la differente refraction & modification de la lumiere.
Le quatriémeeffet est
plus ordinaire, quoique
trés-surprenant. Un objet
mis entre la surface & le
centre du Miroir
,
paroît
hors du Miroir comme un
fantôme suspendu en l'air,
à
ceux qui en sontéloignez
de quinze ou vingt pieds.
Ainsi une courte épée sanble sortir plusgrandedu
Miroir pour venir percer
* ..)[-::-:. t
le regardant, qui peut être
entelle distance qu'il croira que la pointe lui donne
dans l'œil. Si le Miroir de
M. V** étoitattaché au
plancher d'une salle, en
forte que sa surface regardât à plomb le pavé, &
qu'un homme fût directement au-dessous du Miroir, on le verroit en l'air
& comme pendu par les.
pieds. Que si on met quelque petite statuë renversée
au-devant du Miroir, l'image en paroîtra redressee
en l'air.
Enfin je ramasse en un
article tous les autres ef.:
fets furprenans des Miroirs
concaves. z>
L'objet mis entre la surface du Miroir concave Se
son centre, & l'œil étant
situé au-deçà du centre ;
il
en verra toujours l'image
droite plus petite & plus
enfoncée dans le Miroir,
que l'objet n'en est éloigné
par devant, & cela plus ou
moins, suivant lesdifférentes positionsou places de
l'oeit; ce quin'arrive pasaux
Miroirs plans, qui.repre-
sentent toujours les objets
aussi grands & autant enfoncez dans le Miroir,
qu'ils, font éloignez de si
surface.
Si vous mettez la tête,
entre le centre duMiroir.
& sa surface., vous verrez
vôtrevisage plus grand, &.
dans la situation ordinaire.
Eloignez-vous, peu à peu
du devant de la surface
du Miroir concave,limage de votre face s'agrandit jnfcjuà devenir d'unetaille gigantesque
,
& cela
est trés
-
commode pour
reconnoître & remedier
aux défauts du visage;
comme canes, rougeurs poils,&c.En vous éloignant peu a peu, l'image
de vôtre visage paroîtra
toujours droite, & s'agrandira en s'avançant sur
la surface du Miroir
,
jusques à ce que l'œil étant
arrive au centre du Miroir, il ne voit que son image
,
qui est aussi grande
que tout le Miroir. Enfin
vôtreœil s'étant un peuplus éloigné du Miroir, il
verra vôtre visage encore
fort grand, mais renversé & hors du Miroir; & à
mesure que vous vous err
éloignerez davantage, la
grandeur de l'image diminuëra jusqu'à devenir
égale à vôtre visage, &
enfin elle paroîtra d'autant plus petite, que vous
vous éloignerez davantage
du Miroir.
Le Miroir étant couché
horizontalement, sa concavité en haut, un objet
ou statuë suspenduë à plomb
sur sa concavité, entre sa
surface & son centre, vous
paroîtra droite ou renversée, suivant que vous serez plus ou moins éloigné
du Miroir.
les Miroirsardens.
L'Art perfectionne toûjours, & surmonte même
souvent la nature. Le Miroir spherique concave,
que M. V** de Lyon mon-
tre publiquement aux curieuxy & celui que je vous
envoyé, le prouvent par
experience. La surface du
Miroir cte M. V*
*
a
trois
pieds & sept pouces de diametre. Il reçoit par consequent seize mille cinq cent
lignes quarrées des rayons
du Soleil, qu'il reünit, à
trois pieds & demi au- devant de soy dans l'espace
de dix ou douze lignes. Cet
espace de la concentration
des rayons est par analogie
appelle Foyer. C'est la veritable image du Soleil:
elle est si brillante, que les
yeux ne peuvent la fupporrer.
Le feu de la fâme du Soleil est si violent en ce foyer,.
qu'il embrase d'abord toutes les matieres combustibles, & en peu de momens
il fond le fer, l'or, l'argent,
& les autres metaux, &
vitrifiel'argile & la brique.
J'ai démontre en d'autres discours
,
que ce prodigieux effet n'est que la
terebration & violent poussement que les rayons de la
substance liquide, dont l'amas compote le Soleil, font
en passant serrez & condensez dans ce petit espace où
les loix de la reflexion les
reünissent Il en arrive de
même à l'eau
,
qui s'élance
avec violence d'autant plus
haut dans l'air, que sa
source est plus élevée & abondante, & que le diametre
du trou du jet fait sans ajustage, est plus petit.
Archimede, dont le seul
nom fait le panegyrique)
est l'inventeur des Miroirs,
ardens.
Cardan assure, sur le
rapport d'Anroine Gogava, qu'Archimede a
bien
démontré tout ce qui concerne cette forte de Miroirs. C'en: le même Gogava que le docte Rivaltus
dansla vie d'Archirmede dit
avoirété l'interprete de
son livre des Miroirs brûlans.
-
Personne n'ignore que
lors qu'Appius & Marcus
Marcellus assiegerent Syracuse, ville capitale de Sicile, ce grand Archimedc
foûrnit lui seul l'effort de la
-
plus puissante armée des
Romains. C'est Tire-Live
qui l'assure dans le quatriéme livre de la troisiéme Decade.Voici les termes, rendus en nôtre langue par M.
du Ryer. Et il ne fautpoint,
douter que,cette entreprise
ncût eu dusuccésy sans lesecours d'unseul homme pli étoit alors dans Syracuse.C'était le fameux Archimede,
personnage sçavant dans la.
connossance des cieux & des
djîres
: mais admirable surtout par l'invention des ma-,
chines de guerre f
avec lejl
quelles il détruisoitfacilement.
tout ce que les ennemis nepouvaient faire qu'avec beaucoup>
de peines & de grands tra
Vaux.Ce'venerable vieillard
combatant matllematique.
ment,auroitlui seul forcéles
Romains - à lever honteusement le siege si le traître
Mericus, Preret d'Acradine, n'eût pas livré une porte à Marcellus
,
qui avoic
ordonné à son armée de
sauver Archimede, comme
le fruit de la plus g
lorieuse
conquête des Romains.
Bien des gens veulent
qu'Archimede ait employé
les Miroirs, ardens pour la
défensedeSyracuse; ce qui
merite cette petite dissertation.
Diodore Sicilien dit qu'-
Archimede brûla les navires à la distance de troisstades, qui valent sept cent
trente-cinqpas :mais cet
auteur ne
fait
aucune mention du Miroir, bien que
dansle chapitre du premier
livre des Antiquitez il air
remarquéque lesEgyptiens
se servoient de la viz d'Archimede pour élever les.
eaux.
Polibe, qui dans son-huitiéme livre fait le détail des
artifices par lesquels Archimede ion contemporain
défendoit Syracuse, ne parle point des Miroirs.
Les Historiens plus jeunes que Diodore Sicilien,
n'en parlent non plus que lui, bien que Tite-Live
dans sa troisiéme Decade,
& Plutarque dans la vie de
Marcellus,ayent écritavec
foin l'histoire de ce qui se
passa au siege de Syracuse.
Galien dans les premiers pages de son troisiéme
livre, des Temperamens,
parle en cestermes :
On
ditquArchimede embrasa les
navires des ennemis par le
moyen de ses Miroirs brulans.
Dion Historien celebre,
& Tzezez Historien Grec*,
en disent autant. -
Zonaras,au troisiéme tome de ses Histoires dans
Anastase Dicoro
, parle
comme Galien. On dit que
Proclus, à l'imitation d'Llrchimede, fabriquadans Bysance, à present Conftantinople, des Miroirs brû-
tans, lesquels étant exposez
aux rayons du Soleil, lance--
rent des flâmes qui consumerent l'armée navale de Vita-" 1
lian.
Cardan ayant supposéce
que Galien n'avance que
par on dit, enseigna en l'anfit née 1559. dans le quatriéme
livre de la Subtilité,samaniere de construire des Miroirs concaves pour brûler
à mille pas loin. Ce fut avec
juste raison que le Docte
Napolitain Jean
-
Baptiste
Porta,auch.15.du dix-septiéme livre de saMagie na-
turelle, s'écria: Bon Dieu!
combien Cardan dit desotises
fit peu de mots! Il ajoute,
quil est impossible de faire des
Miroirs concaves qui brûlent
à trente pas loin.
Parlons maintenant des
effetsdesMiroirs concaves. Le premier est d'éclairer & de découvrir pendant les nuits les plus sombres les lieux & les objets
très- éloignez, en mettant
la flâme d'un flambeau au
foyer d'un Miroir; car puisque les rayons de chaque
point du disque du Soleil,
qui tombent physiquement
paralleles sur la surface du
Miroir concave, font roflechis convergens, 6c se
ramassenten un foyer; aussi
les rayons de la flâme du
flambeau mise dans le verger tombant divergens sur
la surface du Miroir, en
feront reflechis paralleles
en une colonne de lumiere
éclatante, donc une base est
en la superficie du Miroir,
& l'autre sur les objets éclairez. On les pourra ensuite reconnoître très-distinctement par une lunette
à quatre vers, donc nous
avons donné la construction en l'année 1665. &en
avoir la veritable vision
parfaite ou vue difiinéte)
avec un binocle de la bonne & facile construction
que Daniel Chorez inventa
& executa heureusement,
& qu'il presenta au Royen
l'annee 1625.
Lesecond effetest de
porter, pendant la nuit la
plus noire, telles figures ou
écritures qu'on voudra sur
une muraille éloignée de
plus de trois cent pas, aprés
les
les avoir écrites en ordre
renversé sur la surface du
Miroir, & allumant un
flambeau au point du foyer.
Le troisiéme effet est plus
surprenant
; car si avec de
l'encre ordinaire, qu'on appelle encre double & bien
gommée, vous tracez quelque image sur la surface du
Miroir, vous en jetterez
la representation à plus de
trois cent pas, loin, & lafaifant entrer dans une chambre obscure, la figureparoîtrad'une grandeur gigantesquesur la muraille,
& comme revêtuë de gloire, étant paréedemille,
couleurs que produit la differente refraction & modification de la lumiere.
Le quatriémeeffet est
plus ordinaire, quoique
trés-surprenant. Un objet
mis entre la surface & le
centre du Miroir
,
paroît
hors du Miroir comme un
fantôme suspendu en l'air,
à
ceux qui en sontéloignez
de quinze ou vingt pieds.
Ainsi une courte épée sanble sortir plusgrandedu
Miroir pour venir percer
* ..)[-::-:. t
le regardant, qui peut être
entelle distance qu'il croira que la pointe lui donne
dans l'œil. Si le Miroir de
M. V** étoitattaché au
plancher d'une salle, en
forte que sa surface regardât à plomb le pavé, &
qu'un homme fût directement au-dessous du Miroir, on le verroit en l'air
& comme pendu par les.
pieds. Que si on met quelque petite statuë renversée
au-devant du Miroir, l'image en paroîtra redressee
en l'air.
Enfin je ramasse en un
article tous les autres ef.:
fets furprenans des Miroirs
concaves. z>
L'objet mis entre la surface du Miroir concave Se
son centre, & l'œil étant
situé au-deçà du centre ;
il
en verra toujours l'image
droite plus petite & plus
enfoncée dans le Miroir,
que l'objet n'en est éloigné
par devant, & cela plus ou
moins, suivant lesdifférentes positionsou places de
l'oeit; ce quin'arrive pasaux
Miroirs plans, qui.repre-
sentent toujours les objets
aussi grands & autant enfoncez dans le Miroir,
qu'ils, font éloignez de si
surface.
Si vous mettez la tête,
entre le centre duMiroir.
& sa surface., vous verrez
vôtrevisage plus grand, &.
dans la situation ordinaire.
Eloignez-vous, peu à peu
du devant de la surface
du Miroir concave,limage de votre face s'agrandit jnfcjuà devenir d'unetaille gigantesque
,
& cela
est trés
-
commode pour
reconnoître & remedier
aux défauts du visage;
comme canes, rougeurs poils,&c.En vous éloignant peu a peu, l'image
de vôtre visage paroîtra
toujours droite, & s'agrandira en s'avançant sur
la surface du Miroir
,
jusques à ce que l'œil étant
arrive au centre du Miroir, il ne voit que son image
,
qui est aussi grande
que tout le Miroir. Enfin
vôtreœil s'étant un peuplus éloigné du Miroir, il
verra vôtre visage encore
fort grand, mais renversé & hors du Miroir; & à
mesure que vous vous err
éloignerez davantage, la
grandeur de l'image diminuëra jusqu'à devenir
égale à vôtre visage, &
enfin elle paroîtra d'autant plus petite, que vous
vous éloignerez davantage
du Miroir.
Le Miroir étant couché
horizontalement, sa concavité en haut, un objet
ou statuë suspenduë à plomb
sur sa concavité, entre sa
surface & son centre, vous
paroîtra droite ou renversée, suivant que vous serez plus ou moins éloigné
du Miroir.
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Résumé : Dissertation academique sur les Miroirs ardens.
La dissertation académique examine les miroirs ardents, des dispositifs capables de concentrer les rayons du soleil pour générer une chaleur intense. Un miroir sphérique concave, mesurant trois pieds et sept pouces de diamètre, concentre les rayons solaires dans un point focal appelé foyer, créant une image lumineuse du soleil. Cette concentration de chaleur permet d'enflammer des matériaux combustibles et de fondre des métaux tels que le fer, l'or et l'argent. Le phénomène est expliqué par la réflexion et la concentration des rayons solaires dans un espace restreint. L'auteur compare ce processus à l'élévation de l'eau par un jet, où la hauteur et la violence du jet dépendent de la source et du diamètre du trou. Archimède est souvent crédité comme l'inventeur des miroirs ardents. Selon Cardan et d'autres sources, Archimède aurait utilisé ces miroirs pour défendre Syracuse contre les Romains lors du siège de la ville. Cependant, des historiens comme Polybius et Tite-Live ne mentionnent pas l'utilisation de miroirs ardents dans leurs récits du siège. La dissertation explore également divers effets des miroirs concaves, tels que l'éclairage de lieux éloignés pendant la nuit, la projection de figures ou d'écritures sur des murs distants, et la création d'images gigantesques ou renversées. Ces effets sont démontrés par des expériences et des observations précises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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629
p. 97-120
LETTRE DE GENES. Evenement singulier d'une mort arrivée au mois de Juin 1712.
Début :
UN riche Marchand, homme capricieux, ayant toujours été heureux dans [...]
Mots clefs :
Gênes, Mort, Marchand, Voyage, Perte, Peur, Avarice, Mariage, Départ, Femme, Caprice, Vaisseau, Chute, Séparation, Catastrophe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE GENES. Evenement singulier d'une mort arrivée au mois de Juin 1712.
LETTRE DE GENES.
Evénement singulierd'une mort
arrivée au mois de Juin1712.
UN riche Marchand,
hône capricieux, ayant
toûjours été heureux
dans son commerce, avoit en tête que le premier voyage qu'il feroit
lui porteroit malheur
cependant il risquoitde
perdre une sommeconfiderable s'il nerctournoit
affzz-dc-bica poursupporter cette perte, &
dans. un moment où son
avarice l'emportoit fu*.
la peur qu'il s'étoit mise -
dans l'esprit
,
il se determina à partir quelquesjours aprés.
A la veille- de son départ la peur le reprit, Se
il se mit en-tête d'achever de se rendre amoureux d'une très- belle
personne, qu'il-avoit
vuë, afin que son amour
se joignant à sa peur,
l'avaricedevînt la moins
forte. En effetcet amour luireüssit, S6 devint si
violent, qu'ayant resolu
de ne plus s'exposer sur
mer, ilsemaria, pour fortifier sa resolution. Les
complaisances que sa
femme eut pour lui la
rendaient digne deson
attachement & n'ayant
nul su jet des'enplaindre,
un de Ces capricesle prit,
&ils'imaginaqu'ilman-
quoità son bonheur une
femme dont l'amourfust
à l'épreuved'une absence
de six mois. Il crutaussi
par cette absence se preparer un renouvellement de passion, dont il
croyoitavoir besoin, à
cause d'un refroidissement qu'il commençoit
à sentir. Sur ces entrefaites il reçut une lettre
de son correspondant
,
qui lui proposoit un bon
coup à faire,pourvu qu'-
il fist aux Indes un voyage de sept à huit mois.
L'occasion d'un vaisseau
&: d'un ami qui partoit,
le determinerent.
Jamais départ d'unmari ne fut plus sensible à
une femme: elle vouloit
absolument suivre son
mari dans ce voyage, &
en fit de si tend res instances, que son mari qui
changeoit souvent de
fantaisies, crut que l'épreuve d'un tel voyage é-
toit aussi feure pour l'amour d'une femmeque
celle de l'absence.Il pria
son ami deretarder quelques jours le départ du
navire dont il croitmaître :
mais l'ami n'employa ce peu de jours
qu'à s'opposer au départ
de la femme, & represensa au mari qu'il ne
devoit pas l'exposeraux
fatigues& aux perils de
la mer, pour le seul plaisir de contenter son ca-
price.Enfin le mari se
rendit, la femme obeïtJ
resta, & le navire partit.
L'ami ressentit en partant une joye & une
douleur qui avoient des
causes differentes,il étoit
devenu passionnément
amoureux de cette semme,dont la beautél'avoit
frapé d'abord. Les rendres adieux qu'elle fit à
son mari achevevent (tu
lecharmer.IlfalotJonc
quitter cequ'il aimoit,
voila sa dou leur: mais il
étoit honnête liomiiiç
bon ami, Ez il futravi
d'avoirempêché la femme de s'embarquerade
s'en separerpour tâcher
de l'ou blier.Mais commenteût-ilpû l'oublier?
sonmari ne luiparlait
d'aucrechose. Imaginezvousquel embarras étoit
le lien; son ami n'avoit
pas d'autre plaisir quecet
entretien, qui faisoit son
suplice par la contrainte
où il setrouvait. Elle fut
pousséeau point, quel'ami ne voulant pas absolument que le mari lui
parlât de sa femme, le
mari soupçonna la chose. Il n'étoit naturellement que capricieux,
& peu jaloux } & l'ami
setrouvant contraint de
luitoutavouer,lui dit en
même temps qu'il nedevoit pascraindre qu'ilrevît jamais sa femme, puis
qu'il avoit voulu de si
bonne foi s'en separer.En
effet des que le marieut
fait ses affaires, l'ami le
pressaderetournerseul à
Genes,&montaun autre
vaisseau qui venoit en
France,où il avoitenvie
de se venir établir,même
avant son avanture. Ainsi les deux amis se dirent
adieu pour toute la vie.
Le Marchand mari
fut plus song-temps sur
mer qu'ilnecroyoit, Se
battu d'une tempête,
fut contraint de relâcher à larade de. Il
fut contraint d'y sejourner quelques semaines. Cependant il prit
patience,n'ayant plus
qu'un petittrajet à faire
pour revoir sa chere
femme: mais un de ses
caprices le prit, & ce fut
le plus extravagant qu'il
eût eu de sa vie; car craignant de retrouversa
femme trop insensible au
plaisir de le revoir
,
il
voulue lui donner une
alarme: & voyant partir
de la rade où ilétoit un
vaisseauqu'il croyoit
suivrede prés, il chargea
quelqu'un de ce vaisseau
d'un paquet de lettres,
sans dire qui il étoit.
Dans ce paquet étoit une
lettre, qu'il fit écrire par
le Capitaine du vaisseau
oùil étoit, &: cette lettre
adressée à sa femme lui racontoit la mort de son
mari avec les plusten-
dres Ô£ les plus tocuhantes circonstances qu'il
put imaginer; &C pour
donner plusde certitude
àcette faussenouvelle,il
écrivit de sa main propre
unbillet., dont lescaracteres tremblans 6C mal
formez paroissoient d'un
homme mourant, & par
ce billet de cinq ou six lignes il témoignoit à sa
femme qu'étant prés de
quiter lavie,ilemployoit
ses dern iers momens à
lui direunéternel adieu.
Ce dernier caprice paroîtra peu vrai-semblable
: maisce n'est point
ici une avanture où il
s'agisse de vrai-semblance
,
puisque c'est une
simple relation- où l'on
n'a ajoûté aucune cir-q
confiance romanesque.
Ce mari imprudent
s'embarqua peu de jours
aprés, &£ eut trés-m-luvais tem ps,&des évé-
.nomen-s de mercontrai-
r€$àl'impatiencequ'ilavoit
devoirlaréussicedeson billet i car ib n'arriva à Gencs;
que 6. ou7.semainesaprès.
Ceuxquiporterentlalettrefirent aucontraire une
navigation trés-heureuse &
trés-prompte. La lettre fut
renduë àlafemme, quifut à
la mort pendant huitjours.
Il yavoitdéjalongtems
que IIyavoitdéjàlongtemsque
l'amiamoureux étoit arrivé
à Marseille, toûjours tourmentéde son amour; quand
se promenant sur le port,
il vit aborder un' vaisseau
Génois.Ils'informade ceux
quiétoient dedans sileMar-
chand son ami étoit de retour à Genes. Un de ceux à
qui il s'adressa lui dit qu'il
connoissoit sa veuve,& qu'il
l'avoit bissée dans une affliction qui faisoit craindre
pour sa vie.
:
Il seroit difficile d'exprimer les mouvemens divers
dont cet amant & ami fut
agité. Il fut 24. heures dans
uneagitation terrible, &
le lendemain se jetta dans
uiv vaisseau qui reparroit
pour Genes, & se rendit auprès de la veuve, dont il renouvella la douleur par son
arri-
arrivée. Enfinaprès avoir
pleuré quelques jours ensemble, il lui proposa de rétablir Ses affaires en l'épousant. N'ayant point encore
d'enfans de Son mari,& ayât
peu de bien par elle-même,
elle eût eu grand besoin de
se remarier si elle eûtétéveritablementveuve
; cependant l'interêt ne la toucha
point:mais ce Negociant-ci
étoit jeune,assezaimable.En
un mot il ne fut plus question pour elle que du temps
6c des bienseances
;
elle ne
pouvoit se resoudre à se re-
marier après un mois de
veuvage ou environ.Cependant leNegociantétoit obligé de s'en retourner promtement àMarseille.Elleprit
le parti de l'epousersecretement, de quitter Genes,&
d'allers'établir en France avec ce nouveau mari. Elle
n'avoit chez elle qu'unefervante, & une parente de fôn
mari,qui étoit trés-vieille&
trés-folle. Elleluilassatout
te qu'elle avoit, &avec sa
servante seule elle partitdipantàcettevieillequ'ellealloit se jetter dansunConvent;&ellealla 4e marier,
&s'embarquerensuite avec
son mari pour Marseille.
Quelques joursaprés le
premiermari arriva à Genes,&rencontra,avantque
d'entrerchez lui, quelques
amis & voisins, qui ayant vû
réellement sa femme deses-
,'perée & malade à la mort,
exagererentencore son desespoir, pour faire sa courà
son mari, qui courut fort alarméjusqu'à son logis,où
la vieille parente,aprés être
revenuë de la peur que le revenant lui causa, lui raconta d'abord le desespoir de
sa femme
3
6c lui dit ensuite
qu'étant sortie de chezelle,
pour s'aller jetter dans un
Convent, il étoit revenu un
bruit le lendemain que
quelques gens l'avoient vû
aller du côté de la mer, &
même que quelques autres
l'avoient vû s'y precipirer.
Lavieillefolle luiconfirma
ce dernier bruit, qui n'avoit
nul fondement que quelques préjugez de bonnes
femmes. Le mari fut déja
fort malade de ce premier
coup :
maisil ne sur au desespoir quecontre lui-même;&
aprés être un peu revenu à
lui,&avoirsuivideplusprés
les bruits differens qui couroient, il apprit feulement
qu'onl'avoit vû monter avec un homme pour Marseille. La douleur,la rage lui
donnerent une attaqueplus
vive que la premiere,&il fut
deux jours dans unesituation cruelle,sanssavoir quel
parti prendre. Enfin ayant
pris celui d'aller à Marseille
pour approfondir la chose,il
y
arriva dans un état pitoyablé, & ressemblant plûtôt à
un spectre qu'à un homme.
Il demanda,enarrivant,de
nouvelles de son ami, eiperant se conioler au moins
avec lui de son malheur, Se
qu'il lui aideroit à faire des
perquisitionsdecelui qui avoit enlevé sa femme à Gcmes. Il n'eut pas de peine à
trouver oùlogeoit sonami,
tkle hazard voulut que ceux
qui luienseignement son logisne lui parlerentpoint
qu'il eût une femme avec
lui, jusqu'à ce qu'il fut parvenu à la porte de sa chambre, que lui ouvrit un valet
nouveau des nouveaux mariez,qui le pria d'atendre un
moment, parce que lafemme de Monsieur étoitavec
lui.Le pauvre homme n'eut
d'abord aucun soupçon de la
verité:mais crutque son ami
Vétoit marié parraison3 on
pour oublier la femme; &.Çc
Croyant assez intime ami
pour encrersans ceremonie,
:&, troublé d'ailleurs par son
malheur, il pouffa la porte
sortement,&entra malgré
le valet dans une fécondé
chambre, où le mari & la
femme étoient tête à tête.
On ne peut pas exprimer
l'effet de cette apparition.
La femme prit son mari
pour un deterré,outre qu'il
en avoir assezl'air;la vue de
sa femme le rendit-immobi-
le comme un [peétre. La
femme tomba à la renverse,
& le revenant tomba un
moment après, ôc ne releva
de cette chute que peur languir quelques jours. Il pardonna en mourant à son ami
6c àsa femme, à qui illaissa
même une partie de son
bien.Ils furent si penetrés de
douleur l'un & raurre,qu'iIs
font encore à present enretraite chacun dans un Convent.On,¡}e sçait point combien durera cette separation
volontaire:maisils n'ont pas
eu un moment de santé depuis cette triste catastrofe
Evénement singulierd'une mort
arrivée au mois de Juin1712.
UN riche Marchand,
hône capricieux, ayant
toûjours été heureux
dans son commerce, avoit en tête que le premier voyage qu'il feroit
lui porteroit malheur
cependant il risquoitde
perdre une sommeconfiderable s'il nerctournoit
affzz-dc-bica poursupporter cette perte, &
dans. un moment où son
avarice l'emportoit fu*.
la peur qu'il s'étoit mise -
dans l'esprit
,
il se determina à partir quelquesjours aprés.
A la veille- de son départ la peur le reprit, Se
il se mit en-tête d'achever de se rendre amoureux d'une très- belle
personne, qu'il-avoit
vuë, afin que son amour
se joignant à sa peur,
l'avaricedevînt la moins
forte. En effetcet amour luireüssit, S6 devint si
violent, qu'ayant resolu
de ne plus s'exposer sur
mer, ilsemaria, pour fortifier sa resolution. Les
complaisances que sa
femme eut pour lui la
rendaient digne deson
attachement & n'ayant
nul su jet des'enplaindre,
un de Ces capricesle prit,
&ils'imaginaqu'ilman-
quoità son bonheur une
femme dont l'amourfust
à l'épreuved'une absence
de six mois. Il crutaussi
par cette absence se preparer un renouvellement de passion, dont il
croyoitavoir besoin, à
cause d'un refroidissement qu'il commençoit
à sentir. Sur ces entrefaites il reçut une lettre
de son correspondant
,
qui lui proposoit un bon
coup à faire,pourvu qu'-
il fist aux Indes un voyage de sept à huit mois.
L'occasion d'un vaisseau
&: d'un ami qui partoit,
le determinerent.
Jamais départ d'unmari ne fut plus sensible à
une femme: elle vouloit
absolument suivre son
mari dans ce voyage, &
en fit de si tend res instances, que son mari qui
changeoit souvent de
fantaisies, crut que l'épreuve d'un tel voyage é-
toit aussi feure pour l'amour d'une femmeque
celle de l'absence.Il pria
son ami deretarder quelques jours le départ du
navire dont il croitmaître :
mais l'ami n'employa ce peu de jours
qu'à s'opposer au départ
de la femme, & represensa au mari qu'il ne
devoit pas l'exposeraux
fatigues& aux perils de
la mer, pour le seul plaisir de contenter son ca-
price.Enfin le mari se
rendit, la femme obeïtJ
resta, & le navire partit.
L'ami ressentit en partant une joye & une
douleur qui avoient des
causes differentes,il étoit
devenu passionnément
amoureux de cette semme,dont la beautél'avoit
frapé d'abord. Les rendres adieux qu'elle fit à
son mari achevevent (tu
lecharmer.IlfalotJonc
quitter cequ'il aimoit,
voila sa dou leur: mais il
étoit honnête liomiiiç
bon ami, Ez il futravi
d'avoirempêché la femme de s'embarquerade
s'en separerpour tâcher
de l'ou blier.Mais commenteût-ilpû l'oublier?
sonmari ne luiparlait
d'aucrechose. Imaginezvousquel embarras étoit
le lien; son ami n'avoit
pas d'autre plaisir quecet
entretien, qui faisoit son
suplice par la contrainte
où il setrouvait. Elle fut
pousséeau point, quel'ami ne voulant pas absolument que le mari lui
parlât de sa femme, le
mari soupçonna la chose. Il n'étoit naturellement que capricieux,
& peu jaloux } & l'ami
setrouvant contraint de
luitoutavouer,lui dit en
même temps qu'il nedevoit pascraindre qu'ilrevît jamais sa femme, puis
qu'il avoit voulu de si
bonne foi s'en separer.En
effet des que le marieut
fait ses affaires, l'ami le
pressaderetournerseul à
Genes,&montaun autre
vaisseau qui venoit en
France,où il avoitenvie
de se venir établir,même
avant son avanture. Ainsi les deux amis se dirent
adieu pour toute la vie.
Le Marchand mari
fut plus song-temps sur
mer qu'ilnecroyoit, Se
battu d'une tempête,
fut contraint de relâcher à larade de. Il
fut contraint d'y sejourner quelques semaines. Cependant il prit
patience,n'ayant plus
qu'un petittrajet à faire
pour revoir sa chere
femme: mais un de ses
caprices le prit, & ce fut
le plus extravagant qu'il
eût eu de sa vie; car craignant de retrouversa
femme trop insensible au
plaisir de le revoir
,
il
voulue lui donner une
alarme: & voyant partir
de la rade où ilétoit un
vaisseauqu'il croyoit
suivrede prés, il chargea
quelqu'un de ce vaisseau
d'un paquet de lettres,
sans dire qui il étoit.
Dans ce paquet étoit une
lettre, qu'il fit écrire par
le Capitaine du vaisseau
oùil étoit, &: cette lettre
adressée à sa femme lui racontoit la mort de son
mari avec les plusten-
dres Ô£ les plus tocuhantes circonstances qu'il
put imaginer; &C pour
donner plusde certitude
àcette faussenouvelle,il
écrivit de sa main propre
unbillet., dont lescaracteres tremblans 6C mal
formez paroissoient d'un
homme mourant, & par
ce billet de cinq ou six lignes il témoignoit à sa
femme qu'étant prés de
quiter lavie,ilemployoit
ses dern iers momens à
lui direunéternel adieu.
Ce dernier caprice paroîtra peu vrai-semblable
: maisce n'est point
ici une avanture où il
s'agisse de vrai-semblance
,
puisque c'est une
simple relation- où l'on
n'a ajoûté aucune cir-q
confiance romanesque.
Ce mari imprudent
s'embarqua peu de jours
aprés, &£ eut trés-m-luvais tem ps,&des évé-
.nomen-s de mercontrai-
r€$àl'impatiencequ'ilavoit
devoirlaréussicedeson billet i car ib n'arriva à Gencs;
que 6. ou7.semainesaprès.
Ceuxquiporterentlalettrefirent aucontraire une
navigation trés-heureuse &
trés-prompte. La lettre fut
renduë àlafemme, quifut à
la mort pendant huitjours.
Il yavoitdéjalongtems
que IIyavoitdéjàlongtemsque
l'amiamoureux étoit arrivé
à Marseille, toûjours tourmentéde son amour; quand
se promenant sur le port,
il vit aborder un' vaisseau
Génois.Ils'informade ceux
quiétoient dedans sileMar-
chand son ami étoit de retour à Genes. Un de ceux à
qui il s'adressa lui dit qu'il
connoissoit sa veuve,& qu'il
l'avoit bissée dans une affliction qui faisoit craindre
pour sa vie.
:
Il seroit difficile d'exprimer les mouvemens divers
dont cet amant & ami fut
agité. Il fut 24. heures dans
uneagitation terrible, &
le lendemain se jetta dans
uiv vaisseau qui reparroit
pour Genes, & se rendit auprès de la veuve, dont il renouvella la douleur par son
arri-
arrivée. Enfinaprès avoir
pleuré quelques jours ensemble, il lui proposa de rétablir Ses affaires en l'épousant. N'ayant point encore
d'enfans de Son mari,& ayât
peu de bien par elle-même,
elle eût eu grand besoin de
se remarier si elle eûtétéveritablementveuve
; cependant l'interêt ne la toucha
point:mais ce Negociant-ci
étoit jeune,assezaimable.En
un mot il ne fut plus question pour elle que du temps
6c des bienseances
;
elle ne
pouvoit se resoudre à se re-
marier après un mois de
veuvage ou environ.Cependant leNegociantétoit obligé de s'en retourner promtement àMarseille.Elleprit
le parti de l'epousersecretement, de quitter Genes,&
d'allers'établir en France avec ce nouveau mari. Elle
n'avoit chez elle qu'unefervante, & une parente de fôn
mari,qui étoit trés-vieille&
trés-folle. Elleluilassatout
te qu'elle avoit, &avec sa
servante seule elle partitdipantàcettevieillequ'ellealloit se jetter dansunConvent;&ellealla 4e marier,
&s'embarquerensuite avec
son mari pour Marseille.
Quelques joursaprés le
premiermari arriva à Genes,&rencontra,avantque
d'entrerchez lui, quelques
amis & voisins, qui ayant vû
réellement sa femme deses-
,'perée & malade à la mort,
exagererentencore son desespoir, pour faire sa courà
son mari, qui courut fort alarméjusqu'à son logis,où
la vieille parente,aprés être
revenuë de la peur que le revenant lui causa, lui raconta d'abord le desespoir de
sa femme
3
6c lui dit ensuite
qu'étant sortie de chezelle,
pour s'aller jetter dans un
Convent, il étoit revenu un
bruit le lendemain que
quelques gens l'avoient vû
aller du côté de la mer, &
même que quelques autres
l'avoient vû s'y precipirer.
Lavieillefolle luiconfirma
ce dernier bruit, qui n'avoit
nul fondement que quelques préjugez de bonnes
femmes. Le mari fut déja
fort malade de ce premier
coup :
maisil ne sur au desespoir quecontre lui-même;&
aprés être un peu revenu à
lui,&avoirsuivideplusprés
les bruits differens qui couroient, il apprit feulement
qu'onl'avoit vû monter avec un homme pour Marseille. La douleur,la rage lui
donnerent une attaqueplus
vive que la premiere,&il fut
deux jours dans unesituation cruelle,sanssavoir quel
parti prendre. Enfin ayant
pris celui d'aller à Marseille
pour approfondir la chose,il
y
arriva dans un état pitoyablé, & ressemblant plûtôt à
un spectre qu'à un homme.
Il demanda,enarrivant,de
nouvelles de son ami, eiperant se conioler au moins
avec lui de son malheur, Se
qu'il lui aideroit à faire des
perquisitionsdecelui qui avoit enlevé sa femme à Gcmes. Il n'eut pas de peine à
trouver oùlogeoit sonami,
tkle hazard voulut que ceux
qui luienseignement son logisne lui parlerentpoint
qu'il eût une femme avec
lui, jusqu'à ce qu'il fut parvenu à la porte de sa chambre, que lui ouvrit un valet
nouveau des nouveaux mariez,qui le pria d'atendre un
moment, parce que lafemme de Monsieur étoitavec
lui.Le pauvre homme n'eut
d'abord aucun soupçon de la
verité:mais crutque son ami
Vétoit marié parraison3 on
pour oublier la femme; &.Çc
Croyant assez intime ami
pour encrersans ceremonie,
:&, troublé d'ailleurs par son
malheur, il pouffa la porte
sortement,&entra malgré
le valet dans une fécondé
chambre, où le mari & la
femme étoient tête à tête.
On ne peut pas exprimer
l'effet de cette apparition.
La femme prit son mari
pour un deterré,outre qu'il
en avoir assezl'air;la vue de
sa femme le rendit-immobi-
le comme un [peétre. La
femme tomba à la renverse,
& le revenant tomba un
moment après, ôc ne releva
de cette chute que peur languir quelques jours. Il pardonna en mourant à son ami
6c àsa femme, à qui illaissa
même une partie de son
bien.Ils furent si penetrés de
douleur l'un & raurre,qu'iIs
font encore à present enretraite chacun dans un Convent.On,¡}e sçait point combien durera cette separation
volontaire:maisils n'ont pas
eu un moment de santé depuis cette triste catastrofe
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Résumé : LETTRE DE GENES. Evenement singulier d'une mort arrivée au mois de Juin 1712.
La 'Lettre de Gênes' raconte une série d'événements survenus en juin 1712, impliquant un riche marchand superstitieux et son épouse. Le marchand, bien que craignant que son premier voyage maritime lui porte malheur, fut poussé par son avarice à partir. Pour renforcer sa résolution, il se rendit amoureux d'une belle personne qu'il épousa. Cependant, un caprice le poussa à tester la fidélité de son épouse en partant pour un voyage aux Indes, malgré les supplications de celle-ci de l'accompagner. Un ami du marchand, secrètement amoureux de son épouse, s'opposa à son départ et réussit à convaincre le marchand de laisser son épouse à terre. Le marchand partit seul et, après plusieurs semaines en mer, décida de faire croire à sa femme qu'il était mort en lui envoyant une lettre falsifiée. Cette lettre plongea l'épouse dans un désespoir profond. Pendant ce temps, l'ami amoureux, ayant appris la fausse nouvelle de la mort du marchand, se rendit à Gênes et épousa secrètement la veuve. Quelques jours plus tard, le marchand revint à Gênes et découvrit la trahison. Il se rendit à Marseille, où il trouva son ami et son épouse. La surprise et le choc le tuèrent. Avant de mourir, il pardonna à son ami et à son épouse, leur laissant une partie de sa fortune. Les deux coupables, rongés par la culpabilité, se retirèrent chacun dans un couvent.
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630
p. 128
LIVRE NOUVEAU.
Début :
Il paroist depuis peu un Livre nouveau qui a pour [...]
Mots clefs :
Livre nouveau, La Nouvelle Astrée
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texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU.
LIVRE NOUVEAU.
Ilparoist depuis peu un
Livre nouveau qui a pour
litre LuNouvelle Astrée. On
croit ne vous pouvoir donner une idée plus juste de
ce Livre, ny des motifs de
l'autheur que par l'Avertit
sement de l'autheur mefrpe
Ilparoist depuis peu un
Livre nouveau qui a pour
litre LuNouvelle Astrée. On
croit ne vous pouvoir donner une idée plus juste de
ce Livre, ny des motifs de
l'autheur que par l'Avertit
sement de l'autheur mefrpe
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631
p. 129-134
AVERTISSEMENT du Livre qui a pour titre La nouvelle Astrée.
Début :
Une Dame que la naissance & les biens de la [...]
Mots clefs :
Avertissement, La Nouvelle Astrée, Céladon, Honoré d'Urfé, Romans, Lire, L'Astrée
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texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT du Livre qui a pour titre La nouvelle Astrée.
AVERTISSEMENT
du Livre qui a pour titre
La nouvelleAstrée.
Une Dame que la naissance & les biens de la fortune rendent moins recommandable que les qualitez personnelles, m'a donné sans y
penser, la premiere idée de ce petit ouvrage. Elle avoit oiiy dire qLi"-
une jeune personne,qui
veut avoir de l'esprit doit
lire & relire le Roman d'Aftrée ;,& cependant, malgré
sa préventionellen'avok
jamais pu aller jusqu'à la
findu premier volume. Les
Episodes continuels, l'affectation d'une vaine science dont elle ne s'imaginoit
pas avoir grand besoin,
l'estalage de la doctrine
profonde des anciens Druides, les Poësies frequen es1
ôc froides,tout cela l'avoit
assez rebutée pour ne pas
continuer une lecture qu'-
elle trouvoit ennuyeuse;
mais en mesme temps la
deffiance de coy-mesme qui'
accompagne d'ordinaire les
bons esprits,.luy faisoit croi-
reque l'approbation du public devoit prévaloir à son
sentiment particu lier, &
que l'ouvrage ne laissoit pas
d'être fort bon quoyqu'il ne
seust pas divertie. Elle me
fit l'honneur de m'en parler en ce fens- là,&je ne
fus pas de l'avis de sa modestie, persuadée que tout
ce qui lui avoir déplû dans
Astrée, devoit luy déplaire.
Je luy propose d'en oster
tous les deffauts qu'elle
avoic sentis par un bon
goust naturel
,
d'en faire un
petit Ouvrage de galante-1
rie champestre, d'en adoucir certains endroits un peu
libres, que la pudeur scrupuleuse de nostre siecle ne
sçauroit souffrir dans les Livres, de le purger de Theologie,dePolitique, de Mcdecine
,
de Poësie
;
d'en
esloigner rous les personnages inutiles
,
de n'y jamais perdre de veuë Astrée
& Celadon, & d'éviterpar
là l'écuëil de tous leslongs
Romans, où le Heros &
l'Heroïne ne passent sur la
scene que rarement;ce qui
empesche qu'onne s'affec-
tionneàla suite derleurs
avantures ;
leurs amis
,
&
leurs amies
,
qu'on n'aime
pas tant qu'eux;tenant ordinairement lestrois quarts
du Livre. Il a
fallu de plus
changer de stile,quoyqu'il
eust beaucoupde forcedans
l'original. Cent ans dans
une langue vivante, mettent tout hors de mode.J'ay
pourtant conservé certains
traits qu'on remarquera al:
fez aux mots antiques, &
encore mieux à la beauté
des sentimens. Un homme
de la condition de Monsieur
d'Ursé, ne pouvoir en avoir
que de fort nobles & de
forteslevez.
Voila, mon cher Lecteur, ce qui a
fait naistre la
petite histoire d'Astrée ôc
de Celadon. L'accuëil favorable que vous avez fait
à quelques bagatelles qui
me sont échappez, m'a enhardie à vousfairecepetit
present
;
il ne tiendra qu'à
vous devousenattirerbientost un autre
du Livre qui a pour titre
La nouvelleAstrée.
Une Dame que la naissance & les biens de la fortune rendent moins recommandable que les qualitez personnelles, m'a donné sans y
penser, la premiere idée de ce petit ouvrage. Elle avoit oiiy dire qLi"-
une jeune personne,qui
veut avoir de l'esprit doit
lire & relire le Roman d'Aftrée ;,& cependant, malgré
sa préventionellen'avok
jamais pu aller jusqu'à la
findu premier volume. Les
Episodes continuels, l'affectation d'une vaine science dont elle ne s'imaginoit
pas avoir grand besoin,
l'estalage de la doctrine
profonde des anciens Druides, les Poësies frequen es1
ôc froides,tout cela l'avoit
assez rebutée pour ne pas
continuer une lecture qu'-
elle trouvoit ennuyeuse;
mais en mesme temps la
deffiance de coy-mesme qui'
accompagne d'ordinaire les
bons esprits,.luy faisoit croi-
reque l'approbation du public devoit prévaloir à son
sentiment particu lier, &
que l'ouvrage ne laissoit pas
d'être fort bon quoyqu'il ne
seust pas divertie. Elle me
fit l'honneur de m'en parler en ce fens- là,&je ne
fus pas de l'avis de sa modestie, persuadée que tout
ce qui lui avoir déplû dans
Astrée, devoit luy déplaire.
Je luy propose d'en oster
tous les deffauts qu'elle
avoic sentis par un bon
goust naturel
,
d'en faire un
petit Ouvrage de galante-1
rie champestre, d'en adoucir certains endroits un peu
libres, que la pudeur scrupuleuse de nostre siecle ne
sçauroit souffrir dans les Livres, de le purger de Theologie,dePolitique, de Mcdecine
,
de Poësie
;
d'en
esloigner rous les personnages inutiles
,
de n'y jamais perdre de veuë Astrée
& Celadon, & d'éviterpar
là l'écuëil de tous leslongs
Romans, où le Heros &
l'Heroïne ne passent sur la
scene que rarement;ce qui
empesche qu'onne s'affec-
tionneàla suite derleurs
avantures ;
leurs amis
,
&
leurs amies
,
qu'on n'aime
pas tant qu'eux;tenant ordinairement lestrois quarts
du Livre. Il a
fallu de plus
changer de stile,quoyqu'il
eust beaucoupde forcedans
l'original. Cent ans dans
une langue vivante, mettent tout hors de mode.J'ay
pourtant conservé certains
traits qu'on remarquera al:
fez aux mots antiques, &
encore mieux à la beauté
des sentimens. Un homme
de la condition de Monsieur
d'Ursé, ne pouvoir en avoir
que de fort nobles & de
forteslevez.
Voila, mon cher Lecteur, ce qui a
fait naistre la
petite histoire d'Astrée ôc
de Celadon. L'accuëil favorable que vous avez fait
à quelques bagatelles qui
me sont échappez, m'a enhardie à vousfairecepetit
present
;
il ne tiendra qu'à
vous devousenattirerbientost un autre
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Résumé : AVERTISSEMENT du Livre qui a pour titre La nouvelle Astrée.
Le texte est un avertissement pour un livre intitulé 'La nouvelle Astrée'. L'auteur explique que l'idée de cet ouvrage lui a été inspirée par une dame aux qualités exceptionnelles. Cette dame avait entendu dire que 'Astrée' était un livre à lire pour acquérir de l'esprit, mais elle n'avait jamais pu aller au-delà du premier volume en raison de divers obstacles, tels que les épisodes continus, l'affectation de science, la doctrine profonde des anciens Druides, et les poésies fréquentes et froides. Malgré cela, elle croyait en la valeur de l'ouvrage grâce à l'approbation du public. L'auteur propose de corriger les défauts perçus dans 'Astrée' en créant un ouvrage de galanterie champêtre. Elle suggère d'adoucir certains passages trop libres pour la pudeur du siècle et d'éliminer les éléments de théologie, de politique, de médecine et de poésie. L'auteur souhaite également se concentrer sur les personnages principaux, Astrée et Celadon, pour éviter les écueils des longs romans où les héros apparaissent rarement. Le style a été modifié pour s'adapter à la langue contemporaine, tout en conservant certains traits et sentiments nobles de l'original. L'auteur espère que le lecteur appréciera cette nouvelle version, inspirée par l'accueil favorable reçu pour ses précédentes œuvres.
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632
p. 159-166
DETAIL DE LA MORT du Duc d'Hamilton.
Début :
Le vingt-six Novembre le Duc d'Hamilton fut à [...]
Mots clefs :
Mort, Duc d'Hamilton, Procès, Déshonorer, Défis, Coups, Tuer, Maison d'Hamilton
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DETAIL DE LA MORT du Duc d'Hamilton.
DETAIL DE LA MORT
du Duc d'Hamilton.
LE vingt- six Novembre
le Duc d'Hamilton sur à la
Cour de la Chancellerie,
au sujet d'un procez qu'il
avoit contre Mylord Mo-
hun, qui produisit un tesmoin sur une des choses
qui estoient en question,
que le Duc recusa
,
parce
qu'il estoit de notorieré publique que cet homme avoit esté recusé plusieurs
fois, comme manquant de
memoire,& que par consequent son tesmoignage
n'estoit point recevable.
MylordMohun dit là dessus
quelques paroles choquantes au Duc, qui se contint
avec beaucoup de moderation. Le vingt-sept le sieur
Macartney fut chez le Duc
d'Hamilton,
d'Hamilton, & l'attendit
fort long temps. Sitost qu'il
arriva illuy fie un appelde
la part de Mylord Mohun
pourse battre le lendemain
dans Hydepark à huit heures dumatin. LeDuc dl-IlA
milton jugeant que c'estoit
une affaire de parti,& ccn'!
certéepar lesseditieux pe-jr
c
hercher un prétexte de le
deshonorer
,
s'il refusoit le
désy, l'accepta, & se rendit à t'heure marquée à IîydePdde Le Duc prit pour
second le ColonelJohnHimilton, Mylord Mohun se
trouva au lieu marque; il
avoit avec luy Macartney
qui luy servit de second.
Le Duc pouffa sonennemi avec tant de vigueur,
qu'aprèsluy avoir porté
quelques coups, il le tua du
dernier, & tomba en merme temps sur luy n'ayant
receu que deux legeres
blesseures ; une au bras &
l'autre à la jambe. Le Colonel John Hamilton mena
si vigoureusement Macartney
,
qu'il le desarma & le
força de lui demander
la vie. Le Colonel voyant
le Duc tombé, courut a
luy
pour l'aider à se relever, il
mit les deux épées à
terre;
dans ce moment Macartney se saisitd'une, & porta
en traistre un coup mortel
au Duc d'Hamilton à la
mamelle droite
,
duquel il
mourut sîtostcju^it fut arrivé à son carrosse. C'ell ce
que le Colonel Hamilton a
declaré après avoir obtenu
un sauf conduit pour se faire porter devant le Conseil
;
ainsi les circonstances.
de cette action la rendent
encore plus odieuse.
Mylord Mohunne laisse
qu'une fille; le Duc d'Hamilton laisse trois fils ôc
trois filles. On fait de
grands préparatifs pour
transporter son corps en
Ecosse
,
& l'enterrer dans
le tombeau de ses Ancestres. La Maison d'Hamilton est une des plus illustres & des plus anciennes
d'Ecosse, dont l'aisné porte
le titre de Duc. La branche aisnée a
fini dans le
dix-septiéme siecle en la
personne du dernier Duc
d'Hamilton
,
qui perdit ta
vie dans. les. troubles d'An- gleterre,&quine laiffaqu'une fille,mariéedepuis
auComte de Duglas, lequel a pris le nom ôc lesarmes d'Hamiltom Unseigneur de ce nom souffrit la
mort en Ecossependantles
- guerres delaReligionl'an
i.4±4- Madame la Comtesse de Gramont d'au jourd'huy Elisabeth Hamilton,
Dame du Palais de la feuë
Reine Marie Therese d'Autriche, Epouse du Roy
Louis LE GRAND,est..
sortie de cette illustre Mai-
son. Il y
aaussi uneFamilk du melme Nom establie
en Irlande.
du Duc d'Hamilton.
LE vingt- six Novembre
le Duc d'Hamilton sur à la
Cour de la Chancellerie,
au sujet d'un procez qu'il
avoit contre Mylord Mo-
hun, qui produisit un tesmoin sur une des choses
qui estoient en question,
que le Duc recusa
,
parce
qu'il estoit de notorieré publique que cet homme avoit esté recusé plusieurs
fois, comme manquant de
memoire,& que par consequent son tesmoignage
n'estoit point recevable.
MylordMohun dit là dessus
quelques paroles choquantes au Duc, qui se contint
avec beaucoup de moderation. Le vingt-sept le sieur
Macartney fut chez le Duc
d'Hamilton,
d'Hamilton, & l'attendit
fort long temps. Sitost qu'il
arriva illuy fie un appelde
la part de Mylord Mohun
pourse battre le lendemain
dans Hydepark à huit heures dumatin. LeDuc dl-IlA
milton jugeant que c'estoit
une affaire de parti,& ccn'!
certéepar lesseditieux pe-jr
c
hercher un prétexte de le
deshonorer
,
s'il refusoit le
désy, l'accepta, & se rendit à t'heure marquée à IîydePdde Le Duc prit pour
second le ColonelJohnHimilton, Mylord Mohun se
trouva au lieu marque; il
avoit avec luy Macartney
qui luy servit de second.
Le Duc pouffa sonennemi avec tant de vigueur,
qu'aprèsluy avoir porté
quelques coups, il le tua du
dernier, & tomba en merme temps sur luy n'ayant
receu que deux legeres
blesseures ; une au bras &
l'autre à la jambe. Le Colonel John Hamilton mena
si vigoureusement Macartney
,
qu'il le desarma & le
força de lui demander
la vie. Le Colonel voyant
le Duc tombé, courut a
luy
pour l'aider à se relever, il
mit les deux épées à
terre;
dans ce moment Macartney se saisitd'une, & porta
en traistre un coup mortel
au Duc d'Hamilton à la
mamelle droite
,
duquel il
mourut sîtostcju^it fut arrivé à son carrosse. C'ell ce
que le Colonel Hamilton a
declaré après avoir obtenu
un sauf conduit pour se faire porter devant le Conseil
;
ainsi les circonstances.
de cette action la rendent
encore plus odieuse.
Mylord Mohunne laisse
qu'une fille; le Duc d'Hamilton laisse trois fils ôc
trois filles. On fait de
grands préparatifs pour
transporter son corps en
Ecosse
,
& l'enterrer dans
le tombeau de ses Ancestres. La Maison d'Hamilton est une des plus illustres & des plus anciennes
d'Ecosse, dont l'aisné porte
le titre de Duc. La branche aisnée a
fini dans le
dix-septiéme siecle en la
personne du dernier Duc
d'Hamilton
,
qui perdit ta
vie dans. les. troubles d'An- gleterre,&quine laiffaqu'une fille,mariéedepuis
auComte de Duglas, lequel a pris le nom ôc lesarmes d'Hamiltom Unseigneur de ce nom souffrit la
mort en Ecossependantles
- guerres delaReligionl'an
i.4±4- Madame la Comtesse de Gramont d'au jourd'huy Elisabeth Hamilton,
Dame du Palais de la feuë
Reine Marie Therese d'Autriche, Epouse du Roy
Louis LE GRAND,est..
sortie de cette illustre Mai-
son. Il y
aaussi uneFamilk du melme Nom establie
en Irlande.
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Résumé : DETAIL DE LA MORT du Duc d'Hamilton.
Le 26 novembre, le Duc d'Hamilton comparaît à la Cour de la Chancellerie contre Lord Mohun. Lors de l'audience, le Duc refuse le témoignage d'un homme connu pour son manque de mémoire. Lord Mohun tient des propos offensants, mais le Duc reste calme. Le lendemain, Macartney défie le Duc au duel pour Lord Mohun. Le Duc accepte et se rend à Hyde Park avec le Colonel John Hamilton comme second. Le Duc blesse gravement Lord Mohun et le tue. Blessé à son tour, le Duc est tué par Macartney qui profite de la confusion. Le Colonel Hamilton témoigne des événements après avoir obtenu un sauf-conduit. Lord Mohun laisse une fille, tandis que le Duc d'Hamilton laisse trois fils et trois filles. Les préparatifs sont en cours pour transporter le corps du Duc en Écosse afin de l'enterrer dans le tombeau de ses ancêtres. La Maison d'Hamilton est l'une des plus illustres et anciennes d'Écosse. La branche aînée s'est éteinte au XVIIe siècle avec le dernier Duc d'Hamilton, tué lors des troubles en Angleterre.
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633
p. 168
« La nouvelle édition des Essais & Recherches de Mathematique & [...] »
Début :
La nouvelle édition des Essais & Recherches de Mathematique & [...]
Mots clefs :
Antoine Parent, Nouvelle édition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La nouvelle édition des Essais & Recherches de Mathematique & [...] »
La nouvelle édition des
Essais & Recherches de Mathématique«Se de Physique
de N4. Parent l'augmentée
d'un troisiéme volume
)
&
d'un tiers au moins en chacun des deux premiers, va
paroistré au commencement de Janvier prochain,
elle se vendra chez M. de
Nully
,
rue saint Jacques :.
& chez M Jombert Quay
des Augustin
Essais & Recherches de Mathématique«Se de Physique
de N4. Parent l'augmentée
d'un troisiéme volume
)
&
d'un tiers au moins en chacun des deux premiers, va
paroistré au commencement de Janvier prochain,
elle se vendra chez M. de
Nully
,
rue saint Jacques :.
& chez M Jombert Quay
des Augustin
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634
p. 169-171
DEVISES pour les Jettons de l'année 1713. Faites par l'Académie Royale des Inscriptions.
Début :
Thresor Royal. Un Fleuve sur les bords duquel il y [...]
Mots clefs :
Académie royale des inscriptions, Jetons, Devises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEVISES pour les Jettons de l'année 1713. Faites par l'Académie Royale des Inscriptions.
DEVISES
pour les Jettons de
l'année 1713.
Faites par l'Académie
Royale des Inscriptions.
ThresorRoyal.
Un Fleuve sur les bords
duquel il y a
d'un cossé
un Laurier, & de l'autre
cofté un Olivier avec ces
mots
Utramque fovet.
Il Les PartiesCasuelles.
Des Navires dans un
Port. '-
Hie[eeura q-uies.
L'Extraordinaire des
Guerres.
Le Centaure Nessus
blessé par Hercule.
Longum haud Utabitur fjojiis.
L'Ordinaire des Guerres, oulaMaisonduRoy.
Des Elephants armez
en guerre.
Dantstragem quocumque
mncunt.
La Marine.
Des Tritons sur une
Nuë avec des Nids d'AlClans.
Recreatspes latasereni.
Les Galeres.
Le Dieu Glaucus accompagné des Nereides.
Novum exontur pelago
numen
pour les Jettons de
l'année 1713.
Faites par l'Académie
Royale des Inscriptions.
ThresorRoyal.
Un Fleuve sur les bords
duquel il y a
d'un cossé
un Laurier, & de l'autre
cofté un Olivier avec ces
mots
Utramque fovet.
Il Les PartiesCasuelles.
Des Navires dans un
Port. '-
Hie[eeura q-uies.
L'Extraordinaire des
Guerres.
Le Centaure Nessus
blessé par Hercule.
Longum haud Utabitur fjojiis.
L'Ordinaire des Guerres, oulaMaisonduRoy.
Des Elephants armez
en guerre.
Dantstragem quocumque
mncunt.
La Marine.
Des Tritons sur une
Nuë avec des Nids d'AlClans.
Recreatspes latasereni.
Les Galeres.
Le Dieu Glaucus accompagné des Nereides.
Novum exontur pelago
numen
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Résumé : DEVISES pour les Jettons de l'année 1713. Faites par l'Académie Royale des Inscriptions.
Le document décrit les devises des jetons de 1713 de l'Académie Royale des Inscriptions. Pour le Trésor Royal, la devise est 'Utramque fovet'. Les Parties Casuelles montrent des navires avec 'Hie[eeura q-uies'. L'Extraordinaire des Guerres est illustré par Nessus blessé par Hercule avec 'Longum haud Utabitur fjojiis'. L'Ordinaire des Guerres présente des éléphants armés avec 'Dantstragem quocumque mncunt'. La Marine est représentée par des tritons avec 'Recreatspes latasereni'. Les Galères montrent Glaucus avec 'Novum exontur pelago numen'.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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635
p. 217-223
LIVRE NOUVEAU.
Début :
On vient de donner au Public le premier Volume d'un [...]
Mots clefs :
Ouvrage périodique, Livre nouveau, Calendrier historique, Almanach, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU.
LIVRE NOUVEAU.
On vient de donner au
Public le premier Volume
d'un Ouvrage periodique
trés-curieux & tres-utile.
Le titre de cet Ouvrage est
Kalendrier historique ou Almanach pour l'année 1712. contenant, par ordre de date
3
les
évenemens les plus remarquables, arrivez dans tous les Estats & Empires du monde
pendantl'année 1712. Avec
l'Extrait du prononcé des EJiu;, Declarations & Arrests
publiez dans la mesme année
,
un Volume in 8°.
L'Autheur decet Ouvrage ne se ren ferme point
dans les étroites bornes de
quelques évenelllcns particuliers, maisil comprend
fous le mot d'évenemens
les mouvemens de Troupes
que les Princes arment
pour la deffense de leurs interefts
)
les Batailles, les
Sieges, les Prises deVille,
les Conferences tenuës
pour le bien des Estats de
l'Europe
,
& autres assemblées faites pour differens
sujets. Les Audiences accordées aux Ministres envoyez
prés des Testes couronnées; la Naissance
,
les
Mariages & la mort des
Princes, & Princesses, Seigneurs
,
Dames & autres
personnesillustres. Les
promotions aux charges&
dignitez Ecclesiastiques 3
civiles & militaires
,
& enfin tous autres faitsservans à l'histoiredenostretemps.
A ces faits l'Auteur a joint
un Extrait du prononcé
des Edits, Declarations &
Arrests du Conseil & des
autres Cours Souveraines.
Personne ne peut disconvenir, & on éprouve tous
les jours dans la conversation
,
que quoyque toutes
Les circonstances de ces évenemens soient encore
presentes à l'idée, on ne
peut cependant que tresrarement citer dans quel
jour tel &tel évenement
est arrivé.
C'est en vûë de rendre
un service agréable au public que l'on luy donnera
tous les six mois un volume de cet Ouvrage, qui
par le secours d'une Table
Alphabetique des évenemens, que l'on joindra à
chacun de ces volumes, fera un moyen sur & facile
de serappeller cette circonstance si agréable de l'histoire
,
dont on veut tou-
jours estre instruit
,
qui échape si souvent de la memoire, c'est-à-dire, la date
des faits.
Cet Ouvrage se vend
chez Delaunay, Libraire,
ruë Saint Jacques à la ville
de Rome;Prud -Homme,
Libraire, en la grande salle duEalais ,à la BonneFoy couronnée, & chez
Rondet
,
Imprimeur Libraire
»
ruë de la Harpe,
à la longue Allée.
Le prix de chaque volumeestde vingt-cinq sols
broché, trente sols relié
en parchemin & trentecinq foIs relié en veau.
On vient de donner au
Public le premier Volume
d'un Ouvrage periodique
trés-curieux & tres-utile.
Le titre de cet Ouvrage est
Kalendrier historique ou Almanach pour l'année 1712. contenant, par ordre de date
3
les
évenemens les plus remarquables, arrivez dans tous les Estats & Empires du monde
pendantl'année 1712. Avec
l'Extrait du prononcé des EJiu;, Declarations & Arrests
publiez dans la mesme année
,
un Volume in 8°.
L'Autheur decet Ouvrage ne se ren ferme point
dans les étroites bornes de
quelques évenelllcns particuliers, maisil comprend
fous le mot d'évenemens
les mouvemens de Troupes
que les Princes arment
pour la deffense de leurs interefts
)
les Batailles, les
Sieges, les Prises deVille,
les Conferences tenuës
pour le bien des Estats de
l'Europe
,
& autres assemblées faites pour differens
sujets. Les Audiences accordées aux Ministres envoyez
prés des Testes couronnées; la Naissance
,
les
Mariages & la mort des
Princes, & Princesses, Seigneurs
,
Dames & autres
personnesillustres. Les
promotions aux charges&
dignitez Ecclesiastiques 3
civiles & militaires
,
& enfin tous autres faitsservans à l'histoiredenostretemps.
A ces faits l'Auteur a joint
un Extrait du prononcé
des Edits, Declarations &
Arrests du Conseil & des
autres Cours Souveraines.
Personne ne peut disconvenir, & on éprouve tous
les jours dans la conversation
,
que quoyque toutes
Les circonstances de ces évenemens soient encore
presentes à l'idée, on ne
peut cependant que tresrarement citer dans quel
jour tel &tel évenement
est arrivé.
C'est en vûë de rendre
un service agréable au public que l'on luy donnera
tous les six mois un volume de cet Ouvrage, qui
par le secours d'une Table
Alphabetique des évenemens, que l'on joindra à
chacun de ces volumes, fera un moyen sur & facile
de serappeller cette circonstance si agréable de l'histoire
,
dont on veut tou-
jours estre instruit
,
qui échape si souvent de la memoire, c'est-à-dire, la date
des faits.
Cet Ouvrage se vend
chez Delaunay, Libraire,
ruë Saint Jacques à la ville
de Rome;Prud -Homme,
Libraire, en la grande salle duEalais ,à la BonneFoy couronnée, & chez
Rondet
,
Imprimeur Libraire
»
ruë de la Harpe,
à la longue Allée.
Le prix de chaque volumeestde vingt-cinq sols
broché, trente sols relié
en parchemin & trentecinq foIs relié en veau.
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Résumé : LIVRE NOUVEAU.
Le texte présente la publication du premier volume du 'Kalendrier historique ou Almanach pour l'année 1712'. Cet ouvrage compile, par ordre chronologique, les événements marquants survenus en 1712 dans divers États et empires. Il inclut des extraits de discours, déclarations et arrêts publiés la même année. Les sujets abordés vont des mouvements de troupes et batailles aux naissances, mariages et décès de personnalités notables, en passant par les promotions dans les domaines ecclésiastiques, civils et militaires. L'objectif est d'aider le public à se souvenir des dates des événements récents souvent oubliés. Chaque volume, publié tous les six mois, comprendra une table alphabétique des événements. Les volumes sont disponibles chez Delaunay à Rome, Prud'Homme à Paris, et Rondet à Paris, avec des prix variables selon la reliure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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636
p. 234-240
« A propos d'Enigmes, il m'est tombé entre les [...] »
Début :
A propos d'Enigmes, il m'est tombé entre les [...]
Mots clefs :
Inventeur des énigmes, Alkalid, Orient, Exercice, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « A propos d'Enigmes, il m'est tombé entre les [...] »
A propos d'Enigmes, il
m'est tombé entre les mains
un Fragment de traduction
Arabe, qui dit que l'inventeur des Enigmes en Orient,
futAlkalid ne l'an 100. de
J'Egire
,
& more à Botra
l'an 170. par la connoissance de la Poësie & des nombres
,
il inventa plusieurs
regles de la versification
, & de la mesure des vers.
Il en forma les parties en
5
cercles. dont il tira 15
especes de vers. Il scandoit
continuellement ces vers,
& son fils l'estant venu voir
un jour, & l'ayant surpris
en cette exercice, dit en
sortant queson pere estoit
fou. Cela futrapporte à Alkalid qui répondit comme
si son fils eurt elle present:
si tuscavois mon fils ce que
tu dis, tu m'excuserois, tu
m'a blamé parce que tu es
ignorant, jet'excuse parce
que tu es ignorant. Alkalid
,
amoureux d'une fervante la poursuivoit, elle
se sauva dans un Temple.
Il la suivit jusques dans ce
Temple encomposantces
vers sur elle.
*-
Taj arrangé des nombres qui
par leur harmonie, devoient mener une servante à l'amour
du grand chanteur de l'amour.
Occupé de cette pensée &
ne prenant pas garde à
ce
qui estoit devant ses yeux,
il se cassa la teste contre un
pillier
,
& en mourut. Il
expira en scandant les vers
qu'il avoit fait contre la
servante. On se persuadera
mal aisément que tant de
Poësie pust habiter dans le
mesme cerveau avec tant
de sagesse. Cependant AlKalid estoit un parfait Poë-
te, & un parfait Philosophe. Soliman Gouverneur
de la Perse, qui luy faisoit
une pension
,
luy écrivit
un jour de le venir trouver.
Alkalid luy. répondit en
Tfyy Soliman croit que jesuis
riche & dans l'abondance par
ses biensfaits mais je n'ay
point d'argent. Je vis ainsipour
conserver mon ame dégagé des
affections du monde parce que
je ne vois aucun riche dans le
mesme état. Que Soliman neanmoins ne me croye pas pauvre
,
puisque la pauvreté & les richesses sont dans l'ame. &
nondansl'argent. Soliman
qui n'entendoit point ce
-
sublime langage, & qui
vouloitun -courriran.) ÔC
non pas un Poëte, luy retrancha sa pension. Alka.
lid répondit la dessus:»Ce
» que Soliman m'a oste-n'a-
»joute rien à ses richesses
'»& n'augmente point ma
je
pauvreté. Soliman honteux de ce qu'il avoit fait,
rétablit la pension d'Alicalid
,
qui luy écrivit après
J
le malheur vient des étoiles mais l'admirationvient
de Soliman.
Dagbal fameux Poëte latyrique
,
avoit coutume de
dire il y a 50.ans que je
porte une potence sur les
épaules; j'ay tourné de tous
costez afin qu'on m'y pende, & je ne trouve personne qui le veuille faire.Ayant
fait une Satire sanglante
contre le Prince Ibraim
,
parent duKalite Almamo.
cen, qui commence par ces
vers cc
Ibraim a paru dans
l'Heraque, & tous les
et
gueux & les fous acconr«
rent àluy de tous cost zrIbraim alla demander julli-
ceauKalife,de l'insolence
de Dagbal. Almamocen
sans s'émouvoir luy demanda, qu'a-t- il dit contre vous?
Ibraïin ayant recité au Kalife les vers les plus insolens
de la Satyre, écoutés
,
lui
ditAlmamocen,les vers que
voicy il recica une douzaine de vers sanglans que
Dagbal avoit fait contre
luy,&aprés les avoir recitez,
ildit, Dieu maudisseDagbal,& punisse l'insolence
qu'il a eu d'attaquer aulIi
celuy qui eil: né dans le
Saint Kalifat
m'est tombé entre les mains
un Fragment de traduction
Arabe, qui dit que l'inventeur des Enigmes en Orient,
futAlkalid ne l'an 100. de
J'Egire
,
& more à Botra
l'an 170. par la connoissance de la Poësie & des nombres
,
il inventa plusieurs
regles de la versification
, & de la mesure des vers.
Il en forma les parties en
5
cercles. dont il tira 15
especes de vers. Il scandoit
continuellement ces vers,
& son fils l'estant venu voir
un jour, & l'ayant surpris
en cette exercice, dit en
sortant queson pere estoit
fou. Cela futrapporte à Alkalid qui répondit comme
si son fils eurt elle present:
si tuscavois mon fils ce que
tu dis, tu m'excuserois, tu
m'a blamé parce que tu es
ignorant, jet'excuse parce
que tu es ignorant. Alkalid
,
amoureux d'une fervante la poursuivoit, elle
se sauva dans un Temple.
Il la suivit jusques dans ce
Temple encomposantces
vers sur elle.
*-
Taj arrangé des nombres qui
par leur harmonie, devoient mener une servante à l'amour
du grand chanteur de l'amour.
Occupé de cette pensée &
ne prenant pas garde à
ce
qui estoit devant ses yeux,
il se cassa la teste contre un
pillier
,
& en mourut. Il
expira en scandant les vers
qu'il avoit fait contre la
servante. On se persuadera
mal aisément que tant de
Poësie pust habiter dans le
mesme cerveau avec tant
de sagesse. Cependant AlKalid estoit un parfait Poë-
te, & un parfait Philosophe. Soliman Gouverneur
de la Perse, qui luy faisoit
une pension
,
luy écrivit
un jour de le venir trouver.
Alkalid luy. répondit en
Tfyy Soliman croit que jesuis
riche & dans l'abondance par
ses biensfaits mais je n'ay
point d'argent. Je vis ainsipour
conserver mon ame dégagé des
affections du monde parce que
je ne vois aucun riche dans le
mesme état. Que Soliman neanmoins ne me croye pas pauvre
,
puisque la pauvreté & les richesses sont dans l'ame. &
nondansl'argent. Soliman
qui n'entendoit point ce
-
sublime langage, & qui
vouloitun -courriran.) ÔC
non pas un Poëte, luy retrancha sa pension. Alka.
lid répondit la dessus:»Ce
» que Soliman m'a oste-n'a-
»joute rien à ses richesses
'»& n'augmente point ma
je
pauvreté. Soliman honteux de ce qu'il avoit fait,
rétablit la pension d'Alicalid
,
qui luy écrivit après
J
le malheur vient des étoiles mais l'admirationvient
de Soliman.
Dagbal fameux Poëte latyrique
,
avoit coutume de
dire il y a 50.ans que je
porte une potence sur les
épaules; j'ay tourné de tous
costez afin qu'on m'y pende, & je ne trouve personne qui le veuille faire.Ayant
fait une Satire sanglante
contre le Prince Ibraim
,
parent duKalite Almamo.
cen, qui commence par ces
vers cc
Ibraim a paru dans
l'Heraque, & tous les
et
gueux & les fous acconr«
rent àluy de tous cost zrIbraim alla demander julli-
ceauKalife,de l'insolence
de Dagbal. Almamocen
sans s'émouvoir luy demanda, qu'a-t- il dit contre vous?
Ibraïin ayant recité au Kalife les vers les plus insolens
de la Satyre, écoutés
,
lui
ditAlmamocen,les vers que
voicy il recica une douzaine de vers sanglans que
Dagbal avoit fait contre
luy,&aprés les avoir recitez,
ildit, Dieu maudisseDagbal,& punisse l'insolence
qu'il a eu d'attaquer aulIi
celuy qui eil: né dans le
Saint Kalifat
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Résumé : « A propos d'Enigmes, il m'est tombé entre les [...] »
Le texte présente deux figures historiques, Alkalid et Dagbal, toutes deux associées à la poésie et aux énigmes. Alkalid, né en l'an 100 de l'Hégire et mort à Botra en l'an 170, est considéré comme l'inventeur des énigmes en Orient. Il a développé des règles de versification et de mesure des vers, organisées en cinq cercles pour créer quinze espèces de vers. Alkalid était également philosophe et poète. Il refusait les richesses matérielles pour garder son âme dégagée des affections du monde, ce qui lui valut une pension du gouverneur de la Perse, Soliman. Dagbal, un poète lyrique, portait une 'potence' sur ses épaules depuis cinquante ans, attendant quelqu'un pour le pendre. Il écrivit une satire sanglante contre le prince Ibraim, parent du calife Almamocen. Bien que Ibraim ait demandé la punition de Dagbal, Almamocen récita des vers insultants qu'il avait lui-même subis de Dagbal et maudit le poète pour son insolence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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637
p. 43-64
MARIAGES des Moscovites.
Début :
La volonté du grand Duc de Moscovie est la regle [...]
Mots clefs :
Funérailles, Soumission, Passeport, Mariages des Moscovites, Mort, Femmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES des Moscovites.
On a envoyé un memoire
d'un mariage d'un
parent du Czar : mais .
ce memoire s'eft trouvé
fi mal écrit , & les noms.
fi défigurez, qu'on n'a pû
le rifquer. Mais comme
à propos de ce mariage:
on y avoit joint quelques
particularitez ſur
les mariages des MoſcoGALANT.
43
vites , qui ont paru affez
curieufes , on a crû pouvoir
les donner détachées
du memoire , qui
ne reviendra peut - être
que dans quelques mois.
$$ &&&&&&&&&&&
MARIAGES
des Mofcovites.
LA volonté du grand
Duc de Mofcovie eft la
regle de celle de tous fes
fujets , & fon pouvoir
Dij
44 MERCURE
abfolu eft fondé fur trois
maximes . La premiere ,
c'eſt que les Czards n'épouſent
jamais que leurs
fujettes , afin de prévenir
les changemens qui
n'arrivent que trop fouvent
dans les Etats par
les
alliances
étrangeres.
La feconde
, qu'il eft défendu
aux
Mofcovites
,
fous peine de la vie , de
fortir du pays
fans permiffion
, qu'on
ne donne
ordinairement
qu'à
GALANT. 45
quelque Marchand , qu'-
on envoye en Ambaffade
, cette dignité étant
rarement conferée à la
Nobleffe ; & ces Marchands
ne l'obtiennent
qu'à
condition de partager
avec le grand Duc
les profits qu'ils font
dans ces fortes de voyages.
La troifiéme maxime
fe tire de l'ignorance
des Mofcovites ,
ne leur étant pas permis
d'apprendre aucune
46 MERCURE
ſcience , & les plus ha
biles d'entr'eux fçachant
à peine lire & écrire.
Cette mauvaiſe éducation
cauſe la dépravation
de la jeuneffe , qui
vit dans un déreglement
continuel. Cette ignorance
des loix humaines
& divines leur fait
commettre, ou du moins
leur faifoit commettre
autrefois toutes fortes
de crimes dans leurs.
maiſons , croyant que
GALANT. 47
Dieu n'y étoit point
offenfé ,
pourveu qu'
on eût la précaution
de couvrir les images.
qui font dans la cham
bre , & de détacher
la croix que les filles .
ou les femmes portent
au col depuis leur baptême.
Le jour qu'on
a connu une femme ou
une fille en legitime mariage
ou autrement , on
ne doit pas entrer dans.
les Eglifes , qu'on ne fe
48 MERCURE
foit lavé & purifié , &
qu'on n'ait changé d'habit.
Les Prêtres ne
peuvent pas ce jour - là
approcher de l'autel
pour y faire leurs fonctions
; & fi cette action
fe commet en Carême
, leur fufpenfion
dure toute l'année. Les
femmes Mofcovites ne
laiffent téter leurs enfans
que pendant deux
mois , afin de les accoûtumer
de leur jeuneſſe à
la
GALANT. 49
la fatigue. L'uſage du
tabac eft défendu en
Mofcovie depuis l'année
1634. ceux qui en
fument font punis de
fouet , & l'on fend les
narines à ceux qui en
prennent en poudre . Les
Mofcovites comptent les
heures du jour depuis le
Soleil levé jufqu'à ce
qu'il fe couche , & celles
de la nuit depuis le
Soleil couché jufqu'à ce
qu'il paroiffe fur l'hori-
Janv. 1713.
E
50 MERCURE
zon . Les querelles de
particulier à particulier
y font meurtrieres : mais
elles nefont pas fanglantes
, puifque les Boyards
ouGentilshommes ne s'y
battent qu'à coups de
fouet , & le commun
peuple à coups de pied.
La Religion Greque eft
celle des Mofcovites ,
quoique beaucoup corrompue.
Lears Prêtres
fe marient une feule fois,
& ne peuvent épouser
GALANT.
JI
qu'une vierge , à moins
de renoncer à la Prétrife.
Ils fe fondent pour
cela fur ce que faint
Paul écrivant à Timothée
dit , que l'Evêque ne
doit époufer qu'une feule
femme, & que leursfemmes
foient chaftes . Les
ceremonies des mariages
& des funerailles des
Moſcovites font fi oppoſées
aux nôtres , que
j'ai crû devoir en marquer
ici quelques
parti
E ij
52 MERCURE
cularitez . Les perſonnes
de qualité n'époufent
que la nuit ; les fiancez
ne le voyent point , à
cauſe que les filles font
toûjours voilées , & renfermées
dans les maifons.
Ils foupent enſemble avant
d'aller à l'Egliſe :
mais deux jeunes hommes
tiennent un tafetas
rouge - cramoifi qui ſepare
les nouveaux mariez
tout le temps qu'ils
font à table. Aprés le reGALANT
. $ 3
pas on va à l'Egliſe ; les
domeftiques & les efclaves
les y accompagnent
,
chantant mille fotifes &
impertinences . On of
fre trois pains du feſtin
au Preftre ; un de poiffon
, un de friture , & le
troifiéme de pâtiſſerie
.
Le Preftre leur ayant
demandé s'ils s'époufent .
volontairement, s'ils s'aimeront
bien , & fait promettre
au mari qu'il ne
foüettera point fa fem-
E iij
$4 MERCURE
me , leur fait faire quelques
tours , danfant &
fautant avec eux . Il fait
enfuite quelques prieres
, & prononce à haute
voix : Allez , croiße
multiplie . On apporte
du vin clairet au Preftre,
qui en ayant bû trois
verres , en preſente auffi
aux nouveaux mariez ,
& au dernier coup l'époux
jette le verre par *
terre & le foulant
conjointement ſous les
,
GALANT. 55
A
pieds , ils chantent les
paroles du Pfeaume 128 .
qu'on a traduites en notre
langue de cette maniere.
Ceux qui nous declarent la
guerre
Seront brifez comme du verre
;
Ils feront de crainte éperdus ,
Et par une vengeance prompte
Nous les verrons pris avec
bonte
Aux pieges qu'ils nous ont
tendus.
E iiij
16 MERCURE
Aprés la ceremonic
finie , l'épouse
, pour
marquer ſa ſoûmiſſion à
fon époux , fe profterne
devant lui , frapant de
fa tefte fur fes fouliers :
& l'un & l'autre ayant
reçû les felicitations des
parens , on les conduit
dans la maifon de l'époux.
Les femmes menent
l'épousée dans la
chambre nuptiale , où
le lit eft dreffé fur quarante
gerbes de feigle ,
GALANT . 57
& la chambre entourée
de plufieurs tonneaux
remplis d'orge , de froment
& d'autres grains ,
qui denotent la fertilité
du mariage. Lorſque la
mariée eft couchée , l'on
avertit l'époux , qui accompagné
de fix de fes
amis , chacun un flambeau
allumé à la main ,
va trouver fon épouſe.
Cette eſcorte plante les
flambeaux dans les tonneaux
dont je viens de
58 MERCURE
parler , & s'étant retirez
, on ferme la porte
de la chambre
, proche
de laquelle refte un domeftique
, qui de temps.
à autre demande aux
mariez fi la premiere entrevûë
eft faite ; & lors
qu'ils répondent conjointement
qu'oui , on
fait un bruit épouvantable
avec des trompettes
, tambours , & autres.
inftrumens , qui ne finiſfent
que lorfque les maGALANT.
59
riez felevent pour aller
aux bains qu'on leur a
preparez : & c'eft pour
lors que l'époux voit
pour la premiere fois le
vifage de fon épouſe , &
trouve trés-fouvent une
Lia au lieu d'une Rachel
. Les ceremonies de
leurs funerailles ne font
pas moins ridicules que
celles de leurs mariages ;
en voici quelques preuves.
Lors qu'un Mofcovite
eft mort , les parens
60 MERCURE
font obligez de l'allet
pleurer dans fa maiſon ,
quelque peu d'envie qu'-
ils en ayent . Les amis
du défunt s'approchant
du corps , lui demandent
pourquoy il eſt
mort , s'il manquoit de
k
quelque
chofe , fi fa femme
lui a donné les armes
d'Acteon , fi fes parens
ou fes domestiques
n'en ont pas bien agi à
fon égard , & plufieurs
autres pareilles extravaGALANT.
61
gances ; & fur ce que le
mort ne répond rien ,
les cris & les hurlemens
redoublent dans la
chambre
. Ce corps eft
mis en dépôt pendant
huit jours dans l'Eglife ,
aprés lefquels les parens
s'affemblent pour affifter
à la fepulture : mais ce
n'eſt qu'après avoir découvert
le cercüeil &
baiſé le mort , quelque
puant qu'il foit ; & fi
quelqu'un y manquoit ,
62 MERCURE
on le regarderoit comme
indigne de la parenté.
Aprés les derniers adieux
on met entre les
mains du défunt un paffeport
, figné de l'Evêque
, ou du Prêtre qui
avoit la direction de fa
conſcience ; en voici les
termes.
Je fouffigné, Evêque , on
Prêtre de N. reconnois & cer-
N. porteur de ces lettifie
que
tres
, a toûjours
vêcu
parmi
nous
en bon Chrétien
, faiſant
GALANT .
163
profeffion de la Religion Gre
que ; quoy qu'il ait quelquefois
peché , il s'en eft confeßé
, en a reçu l'abfolution &
la communion , en remiffion
de fes pechez ; il a honoré
Dieu & fes Saints ; il ajeûné
prié aux heures &faifons
ordonnées par l'Eglife ; il
s'eft fort bien gouverné avec
moy qui fuis fon Confeffeur :
en forte que je n'ai point fait
difficulté de l'abfoudre de fes
pechez, & n'ai pas fujet de
me plaindre de lui . En témoin
lui avons expedié le
de
quoy
prefent
Certificat
, afin
que
64 MERCURE
Saint Pierre le voyant , lui
ouvre
la porte
de la joye éternelle.
d'un mariage d'un
parent du Czar : mais .
ce memoire s'eft trouvé
fi mal écrit , & les noms.
fi défigurez, qu'on n'a pû
le rifquer. Mais comme
à propos de ce mariage:
on y avoit joint quelques
particularitez ſur
les mariages des MoſcoGALANT.
43
vites , qui ont paru affez
curieufes , on a crû pouvoir
les donner détachées
du memoire , qui
ne reviendra peut - être
que dans quelques mois.
$$ &&&&&&&&&&&
MARIAGES
des Mofcovites.
LA volonté du grand
Duc de Mofcovie eft la
regle de celle de tous fes
fujets , & fon pouvoir
Dij
44 MERCURE
abfolu eft fondé fur trois
maximes . La premiere ,
c'eſt que les Czards n'épouſent
jamais que leurs
fujettes , afin de prévenir
les changemens qui
n'arrivent que trop fouvent
dans les Etats par
les
alliances
étrangeres.
La feconde
, qu'il eft défendu
aux
Mofcovites
,
fous peine de la vie , de
fortir du pays
fans permiffion
, qu'on
ne donne
ordinairement
qu'à
GALANT. 45
quelque Marchand , qu'-
on envoye en Ambaffade
, cette dignité étant
rarement conferée à la
Nobleffe ; & ces Marchands
ne l'obtiennent
qu'à
condition de partager
avec le grand Duc
les profits qu'ils font
dans ces fortes de voyages.
La troifiéme maxime
fe tire de l'ignorance
des Mofcovites ,
ne leur étant pas permis
d'apprendre aucune
46 MERCURE
ſcience , & les plus ha
biles d'entr'eux fçachant
à peine lire & écrire.
Cette mauvaiſe éducation
cauſe la dépravation
de la jeuneffe , qui
vit dans un déreglement
continuel. Cette ignorance
des loix humaines
& divines leur fait
commettre, ou du moins
leur faifoit commettre
autrefois toutes fortes
de crimes dans leurs.
maiſons , croyant que
GALANT. 47
Dieu n'y étoit point
offenfé ,
pourveu qu'
on eût la précaution
de couvrir les images.
qui font dans la cham
bre , & de détacher
la croix que les filles .
ou les femmes portent
au col depuis leur baptême.
Le jour qu'on
a connu une femme ou
une fille en legitime mariage
ou autrement , on
ne doit pas entrer dans.
les Eglifes , qu'on ne fe
48 MERCURE
foit lavé & purifié , &
qu'on n'ait changé d'habit.
Les Prêtres ne
peuvent pas ce jour - là
approcher de l'autel
pour y faire leurs fonctions
; & fi cette action
fe commet en Carême
, leur fufpenfion
dure toute l'année. Les
femmes Mofcovites ne
laiffent téter leurs enfans
que pendant deux
mois , afin de les accoûtumer
de leur jeuneſſe à
la
GALANT. 49
la fatigue. L'uſage du
tabac eft défendu en
Mofcovie depuis l'année
1634. ceux qui en
fument font punis de
fouet , & l'on fend les
narines à ceux qui en
prennent en poudre . Les
Mofcovites comptent les
heures du jour depuis le
Soleil levé jufqu'à ce
qu'il fe couche , & celles
de la nuit depuis le
Soleil couché jufqu'à ce
qu'il paroiffe fur l'hori-
Janv. 1713.
E
50 MERCURE
zon . Les querelles de
particulier à particulier
y font meurtrieres : mais
elles nefont pas fanglantes
, puifque les Boyards
ouGentilshommes ne s'y
battent qu'à coups de
fouet , & le commun
peuple à coups de pied.
La Religion Greque eft
celle des Mofcovites ,
quoique beaucoup corrompue.
Lears Prêtres
fe marient une feule fois,
& ne peuvent épouser
GALANT.
JI
qu'une vierge , à moins
de renoncer à la Prétrife.
Ils fe fondent pour
cela fur ce que faint
Paul écrivant à Timothée
dit , que l'Evêque ne
doit époufer qu'une feule
femme, & que leursfemmes
foient chaftes . Les
ceremonies des mariages
& des funerailles des
Moſcovites font fi oppoſées
aux nôtres , que
j'ai crû devoir en marquer
ici quelques
parti
E ij
52 MERCURE
cularitez . Les perſonnes
de qualité n'époufent
que la nuit ; les fiancez
ne le voyent point , à
cauſe que les filles font
toûjours voilées , & renfermées
dans les maifons.
Ils foupent enſemble avant
d'aller à l'Egliſe :
mais deux jeunes hommes
tiennent un tafetas
rouge - cramoifi qui ſepare
les nouveaux mariez
tout le temps qu'ils
font à table. Aprés le reGALANT
. $ 3
pas on va à l'Egliſe ; les
domeftiques & les efclaves
les y accompagnent
,
chantant mille fotifes &
impertinences . On of
fre trois pains du feſtin
au Preftre ; un de poiffon
, un de friture , & le
troifiéme de pâtiſſerie
.
Le Preftre leur ayant
demandé s'ils s'époufent .
volontairement, s'ils s'aimeront
bien , & fait promettre
au mari qu'il ne
foüettera point fa fem-
E iij
$4 MERCURE
me , leur fait faire quelques
tours , danfant &
fautant avec eux . Il fait
enfuite quelques prieres
, & prononce à haute
voix : Allez , croiße
multiplie . On apporte
du vin clairet au Preftre,
qui en ayant bû trois
verres , en preſente auffi
aux nouveaux mariez ,
& au dernier coup l'époux
jette le verre par *
terre & le foulant
conjointement ſous les
,
GALANT. 55
A
pieds , ils chantent les
paroles du Pfeaume 128 .
qu'on a traduites en notre
langue de cette maniere.
Ceux qui nous declarent la
guerre
Seront brifez comme du verre
;
Ils feront de crainte éperdus ,
Et par une vengeance prompte
Nous les verrons pris avec
bonte
Aux pieges qu'ils nous ont
tendus.
E iiij
16 MERCURE
Aprés la ceremonic
finie , l'épouse
, pour
marquer ſa ſoûmiſſion à
fon époux , fe profterne
devant lui , frapant de
fa tefte fur fes fouliers :
& l'un & l'autre ayant
reçû les felicitations des
parens , on les conduit
dans la maifon de l'époux.
Les femmes menent
l'épousée dans la
chambre nuptiale , où
le lit eft dreffé fur quarante
gerbes de feigle ,
GALANT . 57
& la chambre entourée
de plufieurs tonneaux
remplis d'orge , de froment
& d'autres grains ,
qui denotent la fertilité
du mariage. Lorſque la
mariée eft couchée , l'on
avertit l'époux , qui accompagné
de fix de fes
amis , chacun un flambeau
allumé à la main ,
va trouver fon épouſe.
Cette eſcorte plante les
flambeaux dans les tonneaux
dont je viens de
58 MERCURE
parler , & s'étant retirez
, on ferme la porte
de la chambre
, proche
de laquelle refte un domeftique
, qui de temps.
à autre demande aux
mariez fi la premiere entrevûë
eft faite ; & lors
qu'ils répondent conjointement
qu'oui , on
fait un bruit épouvantable
avec des trompettes
, tambours , & autres.
inftrumens , qui ne finiſfent
que lorfque les maGALANT.
59
riez felevent pour aller
aux bains qu'on leur a
preparez : & c'eft pour
lors que l'époux voit
pour la premiere fois le
vifage de fon épouſe , &
trouve trés-fouvent une
Lia au lieu d'une Rachel
. Les ceremonies de
leurs funerailles ne font
pas moins ridicules que
celles de leurs mariages ;
en voici quelques preuves.
Lors qu'un Mofcovite
eft mort , les parens
60 MERCURE
font obligez de l'allet
pleurer dans fa maiſon ,
quelque peu d'envie qu'-
ils en ayent . Les amis
du défunt s'approchant
du corps , lui demandent
pourquoy il eſt
mort , s'il manquoit de
k
quelque
chofe , fi fa femme
lui a donné les armes
d'Acteon , fi fes parens
ou fes domestiques
n'en ont pas bien agi à
fon égard , & plufieurs
autres pareilles extravaGALANT.
61
gances ; & fur ce que le
mort ne répond rien ,
les cris & les hurlemens
redoublent dans la
chambre
. Ce corps eft
mis en dépôt pendant
huit jours dans l'Eglife ,
aprés lefquels les parens
s'affemblent pour affifter
à la fepulture : mais ce
n'eſt qu'après avoir découvert
le cercüeil &
baiſé le mort , quelque
puant qu'il foit ; & fi
quelqu'un y manquoit ,
62 MERCURE
on le regarderoit comme
indigne de la parenté.
Aprés les derniers adieux
on met entre les
mains du défunt un paffeport
, figné de l'Evêque
, ou du Prêtre qui
avoit la direction de fa
conſcience ; en voici les
termes.
Je fouffigné, Evêque , on
Prêtre de N. reconnois & cer-
N. porteur de ces lettifie
que
tres
, a toûjours
vêcu
parmi
nous
en bon Chrétien
, faiſant
GALANT .
163
profeffion de la Religion Gre
que ; quoy qu'il ait quelquefois
peché , il s'en eft confeßé
, en a reçu l'abfolution &
la communion , en remiffion
de fes pechez ; il a honoré
Dieu & fes Saints ; il ajeûné
prié aux heures &faifons
ordonnées par l'Eglife ; il
s'eft fort bien gouverné avec
moy qui fuis fon Confeffeur :
en forte que je n'ai point fait
difficulté de l'abfoudre de fes
pechez, & n'ai pas fujet de
me plaindre de lui . En témoin
lui avons expedié le
de
quoy
prefent
Certificat
, afin
que
64 MERCURE
Saint Pierre le voyant , lui
ouvre
la porte
de la joye éternelle.
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Résumé : MARIAGES des Moscovites.
Un mémoire concernant le mariage d'un parent du Czar a été envoyé, mais il était mal rédigé et les noms défigurés, rendant impossible sa publication. Cependant, le document contenait des particularités sur les mariages des Moscovites, jugées suffisamment curieuses pour être publiées séparément. Ces particularités révèlent que la volonté du grand Duc de Moscovie est la règle pour tous ses sujets, et son pouvoir absolu repose sur trois maximes principales. Premièrement, les Czars n'épousent que leurs sujets pour éviter les changements d'État causés par des alliances étrangères. Deuxièmement, il est interdit aux Moscovites de sortir du pays sans permission, accordée principalement à des marchands envoyés en ambassade. Troisièmement, les Moscovites sont maintenus dans l'ignorance, ne leur étant pas permis d'apprendre des sciences, ce qui entraîne une dépravation de la jeunesse et une ignorance des lois humaines et divines. Les cérémonies de mariage des Moscovites diffèrent des pratiques occidentales. Les personnes de qualité se marient la nuit, et les fiancés ne se voient pas avant la cérémonie car les filles sont voilées et renfermées. Après la cérémonie à l'église, les nouveaux mariés sont séparés par un tafetas rouge-cramoisi pendant le repas. Le prêtre offre trois pains au couple et leur demande s'ils s'aiment et s'ils s'épousent volontairement. La mariée se prosterne devant son époux pour marquer sa soumission. La chambre nuptiale est préparée avec des gerbes de seigle et des tonneaux de grains, symbolisant la fertilité. Les funérailles moscovites incluent des rites particuliers, comme pleurer le défunt et lui demander pourquoi il est mort, avant de l'enterrer avec un passeport signé par l'évêque ou le prêtre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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638
p. 64-106
AVANTURE galante.
Début :
Vous croyez peut-être que les amans ne veulent mourir qu'en [...]
Mots clefs :
Marquis, Passion, Amour, Mérite, Poignard, Coeur, Remède, Aventure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE galante.
AVANTURE
galante.
-ê-
Vous
croyez peut-ê
tre que les amans
ne
veulent
mourir
qu'en
vers , & qu'on n'en voit
point qui prennent
cette
refolution
fi ce n'eft dans
une fable . Il eſt aifé
de vous détromper
, en
Vous
GALANT. 65
vous aprenant une avanture
que des perſonnes
trés- dignes de foy vous
affureront être veritable.
Un jeune Marquis ,
à qui fa naiffance & fes
belles qualitez donnoient
entrée chez les
perfonnes les plus confiderables
du beau fexe ,
voyoit la plupart de celles
qui paffoient
pour
être aimables
, fans aucun
peril pour fa liberté
. Il étoit fort delicat
Janv. 1713.
F
66 MERCURE
fur le vrai merite ; &
comme en examinant
toutes les belles , il leur
trouvoit des défauts dont
il ne pouvoit s'accommoder
, quelques frequentes
attaques qui lui
fuffent faites , il fe gas
rantiffoit fans peine des.
ſurpriſes de l'amour. Aprés
que fon coeur cut
été long- temps oifif , le
moment vint où il trou
va de quoy l'occuper.
Un homme de qualité
GALANT.
67
faifant à la Cour fort
bonne figure , alla ſe marier
en Province à une
riche heritiere d'une
Maiſon trés- connuë , &
un mois aprés il l'amena
à Paris . Elle n'étoit point
de ces beautez regulicres
dont la nature femble
avoir pris peine à finir
les traits : mais elle
avoit un air fi piquant ,
& tant d'agrément étoit
répandu dans fa perfonne
& dans fes manieres ,
Fij
68 MERCURE
qu'il étoit prefque impoffible
de n'en être pas
touché . Elle ne fut pas
fitôt arrivée que l'on
s'empreffa de tous côtez
à l'aller feliciter fur fon
mariage. Le jeune Marquis
fut un des premiers
dont elle receut les complimens.
Il alla chez elle,
plein de cette confiance
qui lui avoit toujours fi
bien reüffi ; & quoy qu'il
fuft frapé en la voyant,
& qu'il fentît tout à
GALANT.
69
coup ce trouble fecret ,
qui eft le prefage d'une
grande paffion , il crut
avoir effuyé des occafions
plus dangereuſes
,
& qu'aprés un moment
de reflexion
, & un examen
un peu ferieux , ſa
raifon le maintiendroit
dans l'indépendance
où
il s'étoit toujours
confervé
. Il s'attacha donc
à étudier cette charmante
perfonne mais foit
que fon coeur trop préMERCURE
venu lui cachât en elle
ce qu'il voyoit dans les
autres ; foit que l'habitude
qu'on prend en Province
d'une vie plus retirée
, lui cuft acquis une
droiture d'efprit qui lui
laiffat ignorer ce que
c'eſt
fauffeté & que
que
tromperie , plus il voulut
la connoître , plus il
lui découvrit un merite
fans défaut : elle parloit
jufte , donnoit un tour
ſi agreable à tout ce qu'
1
GALANT..
71
elle difoit , & avoit des
manieres fi polies & fi
attirantes , qu'il ne faut
pas s'étonner fi en peu de
temps elle fe fir une
groffe Cour. Le jeune
Marquis , qui alloit fouvent
chez elle , ne fut
pas fâché d'y trouver la
foule elle empêchoit
qu'on ne remarquât trop
fon empreffement , & il
efpera d'ailleurs qu'ayatl'efprit
fin & delicat , il
brilleroit davantage par
72 MERCURE
mi un nombre de gens
ordinaires , qui ne debitant
que des lieux communs
, étoient incontinent
épuifez. L'impreffion
que fit fur fon coeur
le merite de la Dame ,
lui fit
connoître en peu
de temps que ce qu'il
fentoit pour elle étoit de
l'amour: mais ce merite
avoit un charme ſi attirant
,qu'il étoit contraint
d'applaudir
lui- meſme
à fa paffion : & quand il
n'eût
GALANT. 73
n'eût pas voulu s'y abandonner
, il étoit de fa
deſtinée de s'y foùmet-
>
tre , & tous les efforts
qu'il eût pu faire pour
s'en garantir auroient été
Cependant
,
inutiles.
pour ne negliger aucun
remede dans la naiffance
du mal , il ſe priva quelques
jours du plaifir de
voir la Dame , & la longueur
de ces jours lui fut
fi infupportable
, que
tous les plaifirs fem-
Janv . 1713 .
G
74 MERCURE
bloient être morts pour
lui . La Dame , qui eftimoit
ſon eſprit , & qui
s'étoit
apperçuë
que les
dernieres
converſations
qu'elle avoit euës avec
ceux qui la voyoient ordinairement
n'avoient
pas été fi vives , parce
qu'il avoit manqué de
s'y trouver, lui reprocha
fa deſertion en le revoyant
; & ce reproche ,
qu'elle lui fit d'une maniere
fine & fpirituelle ,
GALANT .
75
acheva de le refoudre à
luidonner tous fes foins .
Ce n'eft pas qu'en s'attachant
à l'aimer, il n'envifageât
la temerité de fon
entreprife . Illa connoiffoit
d'une vertu delicate ,
que les moindres chofes
pouvoient effrayer , &
dans les fcrupules où il
la voyoit fur l'interêt de
fa gloire , il avoit peine à
comprendre comment il
pourroit lui parler de fa
paffion : mais quoy qu'il
Gij
76 MERCURE
ouvrit les yeux fur le
peril du naufrage , il ne
laiffa pas de s'embarquer,
L'amour diffipoit fes
craintes , & les miracles
qu'il fait tous les jours
fur les coeurs les moins
fenfibles lui en faifoient
attendre un pareil . Pour
moins hazarder il crus
à propos de prendre un
air libre , qui l'autorisât
à expliquer un jour à la
Dame fes plus fecrets
fentimens. Il lui difoit
GALANT . 77
quelquefois d'une maniere
galante qu'elle ne
connoiffoit pas la moitié
de fon merite ; quelquefois
il s'avifoit de lui
trouver de nouveaux
brillans qui le faifoient
récrier fur fa beauté : &
en lui difant devant tout
le monde qu'on hazardoit
beaucoup à la voir ,
il croyoit l'accoutumer
infenfiblement
à lui permettre
de faire en particulier
l'application de
G iij
78 MERCURE
ce qu'il fembloit n'avoir
dit qu'en general . Un
jour qu'il étoit feul avec
elle , aprés avoir plaifanté
fur une avanture
de gens qu'elle connoiffoit
, il lui dit avec cet
air libre & enjoüé dont
il s'étoit fait une habitude
, qu'il s'étonnoit
qu'il pût s'aimer affez
peu pour venir toujours
fe perdre en la regardant
. La Dame d'abord
ne repouffa la douceur
GALANT . 79
qu'en lui répondant qu'il
rêvoit mais il ajouta
tant d'autres chofes , qui
faifoient entendre plus
qu'on ne vouloit
, & il
jura tant de fois , quoique
toujours
en riant ,
qu'il ne difoit rien que
de veritable , qu'elle fut
enfin forcée de prendre
fon ferieux , & de lui
dire qu'il ne pouvoit être
de fes amis s'il ne changeoit
de fentimens . Le
Marquis lui repliqua
Giiij
80. MERCURE
que la qualité de fon
ami lui feroit trés- glorieufe
, qu'il fçavoit trop
la connoître
, & fe connoître
lui - mefme
, pour
en fouhaiter
une autre :
mais qu'il étoit impoffible
qu'il vécût content ,
fi elle ne lui faifoit la
grace de le recevoir pour
fon ami de diftinction .
fa vertu
La
Dame , que
rendoit
très- peu diſtinguante
, répondit
d'un
ton fort fier qu'elle ne
GALANT . S
croyoit devoit diftinguer
les gens que par
leur refpect & leur fageffe
, & que quand il
n'oublieroit
pas ce qu'il
lui devoit peut -être
voudroit - elle bien fe
fouvenir qu'il n'étoit pas
fans merite. Cette ré-
>
ponſe , qu'elle accompa
gna d'un regard ſevere ,
déconcerta le jeune Marquis.
Il vint du monde ;
& quoy qu'il pût faire
pour ſe remettre l'efprit
$2 MERCURE
dans un embarras qui
l'obligea de fe retirer ,
les reflexions qu'il fit
furent cruelles : il avoit
le coeur prévenu du plus
violent amour ; & loin
que la fierté de la Dame
lui aidat à l'affoiblir , il
entroit dans les raifons
qui l'avoient portée à
lui ôter toute efperance .
Cette conduite redoubloit
l'eftime qu'il avoit
pour elle ; & plein d'admiration
pour fa vertu
GALANT . 83
ne pouvant
la condamner
, quoy
qu'elle
fût
caufe
de toutes
les peines
, il fe trouvoit comme
affujetti à la paffion
qui le tourmentoit
. La
neceffité d'aimer , & la
douleur de fçavoir qu'il
déplaifoit
en aimant , le
firent tomber dans une
humeur fombre , qui fut
bien-tôt remarquée de
tous ceux qui le voyoiết ,
Ce n'étoit plus cet homme
enjoüé qui tant de
84 MERCURE
fois avoit été l'ame des
plus agreables converfa
tions ; le trouble & l'inquietude
étoient peints:
fur fon viſage , il rêvoit
à tous momens , & il y
avoit des jours où l'on
avoit peine à l'obliger
de parler. Ce changement
ayant furpris tout
le monde , chacun cherchoit
à en penetrer la
cauſe , & il apportoit de
fauffes raiſons pour empêcher
qu'on ne devinât
GALANT. 85
la veritable. Il n'y avoit
que la Dame, qui fe gardoit
bien de lui demander
ce qu'elle étoit fâchée
de favoir ; & quand
quelquefois on le preffoit
devant elle d'employer
quelque remede
contre le chagrin qui le
dominoit, elle difoit que
s'il fuivoit fes confeils ,
il iroit faire quelque
voyage; qu'en changeant
de lieux , on changeoit
fouvent d'humeur , &
86 MERCURE
que rien n'étoit plus propre
à guerir de certains
maux , que de promener
fes yeux fur des objets
étrangers , qui par leur
diverfité ayant de quoy
occuper l'efprit , en banniffoient
peu à peu les
*
triftes images qui le jettoient
dans l'abattement.
Il n'entendoit que
trop bien ce qu'elle vouloit
lui dire : & il s'eftimoit
d'autant plus infortuné
, qu'en lui conGALANT
. 87
feillant
l'éloignement ,
elle lui faifoit paroître
que fon abfence la toucheroit
peu . Il n'oſoit
pourtant s'en plaindre ,
parce qu'il n'euft pû le
faire fans parler de fon
amour , & que la crainte
de l'irriter tout à fait étoit
un puiſſant motif
pour le condamner
au
filence. Enfin aprés avoir
bien fouffert , & s'être
long - temps contraint à
fe taire , il lui dit que la
88 MERCURE
raifon l'avoit remis dans
l'état où elle pouvoit le
fouhaiter : que bien loin
d'exiger d'elle aucune
amitié de preference ,
comme il avoit eu le
malheur de lui déplaire ,
il ſe croyoit moins en
droit que tous les autres
amis de pretendre à ſon
eftime ; & qu'afin de reparer
une faute , qu'il
avoit peine lui-meſme à
fe pardonner , il lui pro - `
reftoit qu'il n'attendroit,
jamais
GALANT . 89-
jamais d'elle aucun ſentiment
dont il puſt tirer
quelque avantage . La
Dame lui témoigna quelle
étoit ravie qu'en
changeant de fentiment,
il vouluft bien ne la
reduire à le bannir de
chez elle : mais elle fut
pas
fort furpriſe quand ,
aprés l'avoir affurée tout
de nouveau qu'il n'afpiroit
plus à eftre aimé ,
la conjura de lui accorder
un foulagement
Fanv . 1713 .
H
il
90 MERCURE
qui ne pouvant intereſ
fer fa vertu , pouvoit au
moins lui rendre la vie
plus fupportable. Ce foulagement
étoit d'ofer lut
dire, fans qu'elle s'en offensât
, qu'il avoit pour
elle la plus violente paffion
, & que faifant confifter
tout fon bonheur
dans le plaifir de la voir ,
il lui confacroit le plus
fincere & le plus refpe-
Atueux attachement qu'-
elle pouvoit attendre
GALANT . 91
d'un homme , qui ne
confervant aucune pretention
, l'aimoit feulement
parce qu'elle avoit
mille qualitez aimables .
La Dame ayant repris
fon ferieux , lui dit qu'-
on ne lui avoit jamais
appris à mettre de difference
entre fouffrir d'être
aimée , & avoir deffein
d'aimer ; & qu'étant
fort éloignée de fentir
de pareils mouyemens
, elle fe verroit
Hij
92 MERCURE
contrainte de rompre avec
lui entierement
, s'il
s'obſtinoit à nourrir un
folamour , que mille raifons
avoient dû lui faire
éteindre . Il fit ce qu'il
put pour la fléchir , il
la trouva inexorable ; il
lui parla de la même
forte en deux ou trois occafions
, il reçut encore
les mêmes réponſes . Enfin
la Dame lui défendit
fi abfolument de lui parler
jamais de fa paffion ,
GALANT. 93
qu'il lui répondit avec
les marques d'un vrai
defefpoir , qu'il lui feroit
plus aiſé de renoncer
à la vie squ'il en fçavoit
les moyens ; & que
quand le mal feroit fans
remede , elle auroit peutêtre
quelque déplaifir
d'en avoir été la caufe .
La Dame lui repliqua -
froidement que fi la joye
de mourir avoit de
le toucher , il pouvoit fe
fatisfaire, & qu'elle étoit
quoy
94 MERCURE
laffe de lui donner d'utiles
confeils. Il fortit
outré de ces dernieres
paroles , & fe mit en
tefte de lui arracher
au moins en mourant
ane fenfibilité dont tout
fon amour n'avoit pû
le rendre digne . Il s'encouragea
le mieux qu'il
put ; & fe fentant de
la fermeté autant qu'il
crut en avoir befoin , il
fe rendit deux jours aprés
chez la Dame , à
GALANT . 95
onze heures du matin ;
il choifit ce temps pour
la trouver feule ; & dans
la crainte qu'elle ne le
renvoyât s'il la faifoit
avertir , il monta tout
droit à fon appartement
.
Il n'y rencontra que la
fuivante , qui lui dit que
fa maîtreffe n'y étoit pas ,
qu'elle reviendroit incontinent
, & qu'il pouvoit
choisir de l'attendre
, ou de l'aller trouver
dans la maiſon où
96 MERCURE
elle étoit . Il refolut de
l'attendre ; & commençant
à marcher avec l'action
d'un homme qui
meditoit quelque chofe
, il s'attira les regards
de cette fuivante , qui'
remarqua dans fes yeux
de l'égarement. Elle fortit
de la chambre , & fe
mit en lieu commode
pour obferver ce qu'il
feroit. Aprés qu'il eut
encore marché quelque
temps , il s'arrefta tout
d'un
GALANT . 97
d'un coup , tenant fa
main fur fon front , &
révant profondément.
Enfuite elle lui vit tirer
un poignard , & le mettre
fous fa toilette ; la
frayeur qu'elle eut penfa
l'obligea à faire un cri :
mais fçachant la chofe ,
elle demeura perſuadée
qu'il n'en pouvoit arriver
de mal , & il lui parut
qu'il valoit mieux ne
rien dire . Dans ce mefme
inftant on entendit
Fanv . 1713 .
I
98 MERCURE
rentrer le caroffe , & auf
fitôt elle vint dire au
Marquis que fa maîtreſſe
arrivoit. Le Marquis étant
allé au - devant d'elle
, pour lui prefenter la
main fur l'efcalier , la
fuivante prit ce temps
pour fe faifir du poignard
, & par je ne ſçai
quel mouvement trouvant
un éventail
fur la
table , elle la mit fous la
toilette , au meſme endroit
où le poignard
a-
BEL
YON
THÈQUE
GALANT.99
voit été caché . La
me entra dans fa chambre
, & entretint le Marquis
de quelques nouvelles
. Il eut la force de
lui déguiſer fon trouble ;
& la fuivante étant fortie
fur quelque ordre de
fa maîtreffe , il fe mit à
fes genoux , la conjurant
de nouveau pour la derniere
fois de ne point
pouffer fon defefpoir aux
extremitez où il craignoit
qu'il n'allât . La
DE
Π
I ij
100 MERCURE
Dame aprehendant qu '
on ne le furprît dans
cette poſture , le fit relever
d'autorité abfoluë ;
& quand il vit que, fans
s'émouvoir de ce qu'il
lui proteftoit qu'il étoit
capable de fe tuer , elle
apelloit ſa ſuivante pour
interrompre fes plaintes
, tout hors de luimefme
, ne fe poffedant
plus , il courut à la toi
lette, prit l'éventail qu'il
y trouva , & s'en donna
GALANT . 101
un coup de toute la force
, fans s'appercevoir
que fon poignard étoit
metamorphofe
. La Dame
furpriſe de ce coup
d'éventail , ne fçavoit
que croire d'un tranfport
fi ridicule ; cependant
elle le vit tomber
à fes pieds. Son imagination
frapée vivement
du deffein de fe tuer
avoit remué tous fes ef
prits ; & ne doutant
point qu'il ne fe fût fait
44
I iij
102 MERCURE
une bleffure mortelle , il
perdit connoiffance
, &
refta long - temps éva
noüi. La fuivante entra
dans ce moment , & ne
fe put empêcher de rire ,
de voir le Marquis dans
l'état où il étoit . La Da
me ne fongea qu'à l'en
tirer , & ne voulut ap
peller perfonne , afin d'é
touffer la choſe , dont
on eûtpû faire des contes
fâcheux . Enfin une bou
teille d'eau de la Reine
GALANT. 103
de Hongrie ranima fes
fens , & le fit revenir à
lui . Il pria d'abord qu'on
le laiffat mourir fans fecours
: fur quoy la Da
me lui dit qu'il aimoit
la vie plus qu'il ne penfoit
, & qu'il pouvoit
s'affurer de n'en fortir de
long - temps , s'il ne vou
loit employer qu'un éventail
pour fe délivrer
de fes malheurs . Il crut
que laDame, pour mieux
l'infulter , affectoit la
I iiij
104 MERCURE
raillerie , & chercha à
terre le fang qu'il devoit
avoir verfé. Il n'en
trouva point , & moins
encore de bleffure. Il
箍
s'étoit donné le coup de
fi bonne foy , qu'il ne
pouvoit revenir de fa
furprife. Il demanda par
quel charme on l'avoit
fauvé de fon defeſpoir
;
& la Dame , qui étoit
bien éloignée de comprendre
qu'il eût voulu
fe tuer effectivement , lui
GALANT. 105
ayant marqué qu'elle
n'aimoit point de pareilles
ſcenes , la fuivante ne
lui voulut pas ôter la
gloire de fa courageufe
refolution de tourner
fon bras contre lui-même
; elle montra le poignard,
& raconta ce qu²-
elle avoit fait. Le Marquis
fut fi honteux de
l'avanture de l'éventail ,
qu'étant d'ailleurs accablé
par les reproches que
lui fit la Dame d'un em106
MERCURE
portement fi extravagant
, il fe retira chez
lui fitôt qu'il fut en état
de s'y conduire. La neceffité
où il étoit de ne
la plus voir lui fit prendre
le deffein de s'en éloigner
; & pour en tirer
quelque merite , il
reſolut à voyager , afin
qu'elle pût connoître
que , même en ſe banniffant
, il s'attachoit à
fuivre fes ordres..
galante.
-ê-
Vous
croyez peut-ê
tre que les amans
ne
veulent
mourir
qu'en
vers , & qu'on n'en voit
point qui prennent
cette
refolution
fi ce n'eft dans
une fable . Il eſt aifé
de vous détromper
, en
Vous
GALANT. 65
vous aprenant une avanture
que des perſonnes
trés- dignes de foy vous
affureront être veritable.
Un jeune Marquis ,
à qui fa naiffance & fes
belles qualitez donnoient
entrée chez les
perfonnes les plus confiderables
du beau fexe ,
voyoit la plupart de celles
qui paffoient
pour
être aimables
, fans aucun
peril pour fa liberté
. Il étoit fort delicat
Janv. 1713.
F
66 MERCURE
fur le vrai merite ; &
comme en examinant
toutes les belles , il leur
trouvoit des défauts dont
il ne pouvoit s'accommoder
, quelques frequentes
attaques qui lui
fuffent faites , il fe gas
rantiffoit fans peine des.
ſurpriſes de l'amour. Aprés
que fon coeur cut
été long- temps oifif , le
moment vint où il trou
va de quoy l'occuper.
Un homme de qualité
GALANT.
67
faifant à la Cour fort
bonne figure , alla ſe marier
en Province à une
riche heritiere d'une
Maiſon trés- connuë , &
un mois aprés il l'amena
à Paris . Elle n'étoit point
de ces beautez regulicres
dont la nature femble
avoir pris peine à finir
les traits : mais elle
avoit un air fi piquant ,
& tant d'agrément étoit
répandu dans fa perfonne
& dans fes manieres ,
Fij
68 MERCURE
qu'il étoit prefque impoffible
de n'en être pas
touché . Elle ne fut pas
fitôt arrivée que l'on
s'empreffa de tous côtez
à l'aller feliciter fur fon
mariage. Le jeune Marquis
fut un des premiers
dont elle receut les complimens.
Il alla chez elle,
plein de cette confiance
qui lui avoit toujours fi
bien reüffi ; & quoy qu'il
fuft frapé en la voyant,
& qu'il fentît tout à
GALANT.
69
coup ce trouble fecret ,
qui eft le prefage d'une
grande paffion , il crut
avoir effuyé des occafions
plus dangereuſes
,
& qu'aprés un moment
de reflexion
, & un examen
un peu ferieux , ſa
raifon le maintiendroit
dans l'indépendance
où
il s'étoit toujours
confervé
. Il s'attacha donc
à étudier cette charmante
perfonne mais foit
que fon coeur trop préMERCURE
venu lui cachât en elle
ce qu'il voyoit dans les
autres ; foit que l'habitude
qu'on prend en Province
d'une vie plus retirée
, lui cuft acquis une
droiture d'efprit qui lui
laiffat ignorer ce que
c'eſt
fauffeté & que
que
tromperie , plus il voulut
la connoître , plus il
lui découvrit un merite
fans défaut : elle parloit
jufte , donnoit un tour
ſi agreable à tout ce qu'
1
GALANT..
71
elle difoit , & avoit des
manieres fi polies & fi
attirantes , qu'il ne faut
pas s'étonner fi en peu de
temps elle fe fir une
groffe Cour. Le jeune
Marquis , qui alloit fouvent
chez elle , ne fut
pas fâché d'y trouver la
foule elle empêchoit
qu'on ne remarquât trop
fon empreffement , & il
efpera d'ailleurs qu'ayatl'efprit
fin & delicat , il
brilleroit davantage par
72 MERCURE
mi un nombre de gens
ordinaires , qui ne debitant
que des lieux communs
, étoient incontinent
épuifez. L'impreffion
que fit fur fon coeur
le merite de la Dame ,
lui fit
connoître en peu
de temps que ce qu'il
fentoit pour elle étoit de
l'amour: mais ce merite
avoit un charme ſi attirant
,qu'il étoit contraint
d'applaudir
lui- meſme
à fa paffion : & quand il
n'eût
GALANT. 73
n'eût pas voulu s'y abandonner
, il étoit de fa
deſtinée de s'y foùmet-
>
tre , & tous les efforts
qu'il eût pu faire pour
s'en garantir auroient été
Cependant
,
inutiles.
pour ne negliger aucun
remede dans la naiffance
du mal , il ſe priva quelques
jours du plaifir de
voir la Dame , & la longueur
de ces jours lui fut
fi infupportable
, que
tous les plaifirs fem-
Janv . 1713 .
G
74 MERCURE
bloient être morts pour
lui . La Dame , qui eftimoit
ſon eſprit , & qui
s'étoit
apperçuë
que les
dernieres
converſations
qu'elle avoit euës avec
ceux qui la voyoient ordinairement
n'avoient
pas été fi vives , parce
qu'il avoit manqué de
s'y trouver, lui reprocha
fa deſertion en le revoyant
; & ce reproche ,
qu'elle lui fit d'une maniere
fine & fpirituelle ,
GALANT .
75
acheva de le refoudre à
luidonner tous fes foins .
Ce n'eft pas qu'en s'attachant
à l'aimer, il n'envifageât
la temerité de fon
entreprife . Illa connoiffoit
d'une vertu delicate ,
que les moindres chofes
pouvoient effrayer , &
dans les fcrupules où il
la voyoit fur l'interêt de
fa gloire , il avoit peine à
comprendre comment il
pourroit lui parler de fa
paffion : mais quoy qu'il
Gij
76 MERCURE
ouvrit les yeux fur le
peril du naufrage , il ne
laiffa pas de s'embarquer,
L'amour diffipoit fes
craintes , & les miracles
qu'il fait tous les jours
fur les coeurs les moins
fenfibles lui en faifoient
attendre un pareil . Pour
moins hazarder il crus
à propos de prendre un
air libre , qui l'autorisât
à expliquer un jour à la
Dame fes plus fecrets
fentimens. Il lui difoit
GALANT . 77
quelquefois d'une maniere
galante qu'elle ne
connoiffoit pas la moitié
de fon merite ; quelquefois
il s'avifoit de lui
trouver de nouveaux
brillans qui le faifoient
récrier fur fa beauté : &
en lui difant devant tout
le monde qu'on hazardoit
beaucoup à la voir ,
il croyoit l'accoutumer
infenfiblement
à lui permettre
de faire en particulier
l'application de
G iij
78 MERCURE
ce qu'il fembloit n'avoir
dit qu'en general . Un
jour qu'il étoit feul avec
elle , aprés avoir plaifanté
fur une avanture
de gens qu'elle connoiffoit
, il lui dit avec cet
air libre & enjoüé dont
il s'étoit fait une habitude
, qu'il s'étonnoit
qu'il pût s'aimer affez
peu pour venir toujours
fe perdre en la regardant
. La Dame d'abord
ne repouffa la douceur
GALANT . 79
qu'en lui répondant qu'il
rêvoit mais il ajouta
tant d'autres chofes , qui
faifoient entendre plus
qu'on ne vouloit
, & il
jura tant de fois , quoique
toujours
en riant ,
qu'il ne difoit rien que
de veritable , qu'elle fut
enfin forcée de prendre
fon ferieux , & de lui
dire qu'il ne pouvoit être
de fes amis s'il ne changeoit
de fentimens . Le
Marquis lui repliqua
Giiij
80. MERCURE
que la qualité de fon
ami lui feroit trés- glorieufe
, qu'il fçavoit trop
la connoître
, & fe connoître
lui - mefme
, pour
en fouhaiter
une autre :
mais qu'il étoit impoffible
qu'il vécût content ,
fi elle ne lui faifoit la
grace de le recevoir pour
fon ami de diftinction .
fa vertu
La
Dame , que
rendoit
très- peu diſtinguante
, répondit
d'un
ton fort fier qu'elle ne
GALANT . S
croyoit devoit diftinguer
les gens que par
leur refpect & leur fageffe
, & que quand il
n'oublieroit
pas ce qu'il
lui devoit peut -être
voudroit - elle bien fe
fouvenir qu'il n'étoit pas
fans merite. Cette ré-
>
ponſe , qu'elle accompa
gna d'un regard ſevere ,
déconcerta le jeune Marquis.
Il vint du monde ;
& quoy qu'il pût faire
pour ſe remettre l'efprit
$2 MERCURE
dans un embarras qui
l'obligea de fe retirer ,
les reflexions qu'il fit
furent cruelles : il avoit
le coeur prévenu du plus
violent amour ; & loin
que la fierté de la Dame
lui aidat à l'affoiblir , il
entroit dans les raifons
qui l'avoient portée à
lui ôter toute efperance .
Cette conduite redoubloit
l'eftime qu'il avoit
pour elle ; & plein d'admiration
pour fa vertu
GALANT . 83
ne pouvant
la condamner
, quoy
qu'elle
fût
caufe
de toutes
les peines
, il fe trouvoit comme
affujetti à la paffion
qui le tourmentoit
. La
neceffité d'aimer , & la
douleur de fçavoir qu'il
déplaifoit
en aimant , le
firent tomber dans une
humeur fombre , qui fut
bien-tôt remarquée de
tous ceux qui le voyoiết ,
Ce n'étoit plus cet homme
enjoüé qui tant de
84 MERCURE
fois avoit été l'ame des
plus agreables converfa
tions ; le trouble & l'inquietude
étoient peints:
fur fon viſage , il rêvoit
à tous momens , & il y
avoit des jours où l'on
avoit peine à l'obliger
de parler. Ce changement
ayant furpris tout
le monde , chacun cherchoit
à en penetrer la
cauſe , & il apportoit de
fauffes raiſons pour empêcher
qu'on ne devinât
GALANT. 85
la veritable. Il n'y avoit
que la Dame, qui fe gardoit
bien de lui demander
ce qu'elle étoit fâchée
de favoir ; & quand
quelquefois on le preffoit
devant elle d'employer
quelque remede
contre le chagrin qui le
dominoit, elle difoit que
s'il fuivoit fes confeils ,
il iroit faire quelque
voyage; qu'en changeant
de lieux , on changeoit
fouvent d'humeur , &
86 MERCURE
que rien n'étoit plus propre
à guerir de certains
maux , que de promener
fes yeux fur des objets
étrangers , qui par leur
diverfité ayant de quoy
occuper l'efprit , en banniffoient
peu à peu les
*
triftes images qui le jettoient
dans l'abattement.
Il n'entendoit que
trop bien ce qu'elle vouloit
lui dire : & il s'eftimoit
d'autant plus infortuné
, qu'en lui conGALANT
. 87
feillant
l'éloignement ,
elle lui faifoit paroître
que fon abfence la toucheroit
peu . Il n'oſoit
pourtant s'en plaindre ,
parce qu'il n'euft pû le
faire fans parler de fon
amour , & que la crainte
de l'irriter tout à fait étoit
un puiſſant motif
pour le condamner
au
filence. Enfin aprés avoir
bien fouffert , & s'être
long - temps contraint à
fe taire , il lui dit que la
88 MERCURE
raifon l'avoit remis dans
l'état où elle pouvoit le
fouhaiter : que bien loin
d'exiger d'elle aucune
amitié de preference ,
comme il avoit eu le
malheur de lui déplaire ,
il ſe croyoit moins en
droit que tous les autres
amis de pretendre à ſon
eftime ; & qu'afin de reparer
une faute , qu'il
avoit peine lui-meſme à
fe pardonner , il lui pro - `
reftoit qu'il n'attendroit,
jamais
GALANT . 89-
jamais d'elle aucun ſentiment
dont il puſt tirer
quelque avantage . La
Dame lui témoigna quelle
étoit ravie qu'en
changeant de fentiment,
il vouluft bien ne la
reduire à le bannir de
chez elle : mais elle fut
pas
fort furpriſe quand ,
aprés l'avoir affurée tout
de nouveau qu'il n'afpiroit
plus à eftre aimé ,
la conjura de lui accorder
un foulagement
Fanv . 1713 .
H
il
90 MERCURE
qui ne pouvant intereſ
fer fa vertu , pouvoit au
moins lui rendre la vie
plus fupportable. Ce foulagement
étoit d'ofer lut
dire, fans qu'elle s'en offensât
, qu'il avoit pour
elle la plus violente paffion
, & que faifant confifter
tout fon bonheur
dans le plaifir de la voir ,
il lui confacroit le plus
fincere & le plus refpe-
Atueux attachement qu'-
elle pouvoit attendre
GALANT . 91
d'un homme , qui ne
confervant aucune pretention
, l'aimoit feulement
parce qu'elle avoit
mille qualitez aimables .
La Dame ayant repris
fon ferieux , lui dit qu'-
on ne lui avoit jamais
appris à mettre de difference
entre fouffrir d'être
aimée , & avoir deffein
d'aimer ; & qu'étant
fort éloignée de fentir
de pareils mouyemens
, elle fe verroit
Hij
92 MERCURE
contrainte de rompre avec
lui entierement
, s'il
s'obſtinoit à nourrir un
folamour , que mille raifons
avoient dû lui faire
éteindre . Il fit ce qu'il
put pour la fléchir , il
la trouva inexorable ; il
lui parla de la même
forte en deux ou trois occafions
, il reçut encore
les mêmes réponſes . Enfin
la Dame lui défendit
fi abfolument de lui parler
jamais de fa paffion ,
GALANT. 93
qu'il lui répondit avec
les marques d'un vrai
defefpoir , qu'il lui feroit
plus aiſé de renoncer
à la vie squ'il en fçavoit
les moyens ; & que
quand le mal feroit fans
remede , elle auroit peutêtre
quelque déplaifir
d'en avoir été la caufe .
La Dame lui repliqua -
froidement que fi la joye
de mourir avoit de
le toucher , il pouvoit fe
fatisfaire, & qu'elle étoit
quoy
94 MERCURE
laffe de lui donner d'utiles
confeils. Il fortit
outré de ces dernieres
paroles , & fe mit en
tefte de lui arracher
au moins en mourant
ane fenfibilité dont tout
fon amour n'avoit pû
le rendre digne . Il s'encouragea
le mieux qu'il
put ; & fe fentant de
la fermeté autant qu'il
crut en avoir befoin , il
fe rendit deux jours aprés
chez la Dame , à
GALANT . 95
onze heures du matin ;
il choifit ce temps pour
la trouver feule ; & dans
la crainte qu'elle ne le
renvoyât s'il la faifoit
avertir , il monta tout
droit à fon appartement
.
Il n'y rencontra que la
fuivante , qui lui dit que
fa maîtreffe n'y étoit pas ,
qu'elle reviendroit incontinent
, & qu'il pouvoit
choisir de l'attendre
, ou de l'aller trouver
dans la maiſon où
96 MERCURE
elle étoit . Il refolut de
l'attendre ; & commençant
à marcher avec l'action
d'un homme qui
meditoit quelque chofe
, il s'attira les regards
de cette fuivante , qui'
remarqua dans fes yeux
de l'égarement. Elle fortit
de la chambre , & fe
mit en lieu commode
pour obferver ce qu'il
feroit. Aprés qu'il eut
encore marché quelque
temps , il s'arrefta tout
d'un
GALANT . 97
d'un coup , tenant fa
main fur fon front , &
révant profondément.
Enfuite elle lui vit tirer
un poignard , & le mettre
fous fa toilette ; la
frayeur qu'elle eut penfa
l'obligea à faire un cri :
mais fçachant la chofe ,
elle demeura perſuadée
qu'il n'en pouvoit arriver
de mal , & il lui parut
qu'il valoit mieux ne
rien dire . Dans ce mefme
inftant on entendit
Fanv . 1713 .
I
98 MERCURE
rentrer le caroffe , & auf
fitôt elle vint dire au
Marquis que fa maîtreſſe
arrivoit. Le Marquis étant
allé au - devant d'elle
, pour lui prefenter la
main fur l'efcalier , la
fuivante prit ce temps
pour fe faifir du poignard
, & par je ne ſçai
quel mouvement trouvant
un éventail
fur la
table , elle la mit fous la
toilette , au meſme endroit
où le poignard
a-
BEL
YON
THÈQUE
GALANT.99
voit été caché . La
me entra dans fa chambre
, & entretint le Marquis
de quelques nouvelles
. Il eut la force de
lui déguiſer fon trouble ;
& la fuivante étant fortie
fur quelque ordre de
fa maîtreffe , il fe mit à
fes genoux , la conjurant
de nouveau pour la derniere
fois de ne point
pouffer fon defefpoir aux
extremitez où il craignoit
qu'il n'allât . La
DE
Π
I ij
100 MERCURE
Dame aprehendant qu '
on ne le furprît dans
cette poſture , le fit relever
d'autorité abfoluë ;
& quand il vit que, fans
s'émouvoir de ce qu'il
lui proteftoit qu'il étoit
capable de fe tuer , elle
apelloit ſa ſuivante pour
interrompre fes plaintes
, tout hors de luimefme
, ne fe poffedant
plus , il courut à la toi
lette, prit l'éventail qu'il
y trouva , & s'en donna
GALANT . 101
un coup de toute la force
, fans s'appercevoir
que fon poignard étoit
metamorphofe
. La Dame
furpriſe de ce coup
d'éventail , ne fçavoit
que croire d'un tranfport
fi ridicule ; cependant
elle le vit tomber
à fes pieds. Son imagination
frapée vivement
du deffein de fe tuer
avoit remué tous fes ef
prits ; & ne doutant
point qu'il ne fe fût fait
44
I iij
102 MERCURE
une bleffure mortelle , il
perdit connoiffance
, &
refta long - temps éva
noüi. La fuivante entra
dans ce moment , & ne
fe put empêcher de rire ,
de voir le Marquis dans
l'état où il étoit . La Da
me ne fongea qu'à l'en
tirer , & ne voulut ap
peller perfonne , afin d'é
touffer la choſe , dont
on eûtpû faire des contes
fâcheux . Enfin une bou
teille d'eau de la Reine
GALANT. 103
de Hongrie ranima fes
fens , & le fit revenir à
lui . Il pria d'abord qu'on
le laiffat mourir fans fecours
: fur quoy la Da
me lui dit qu'il aimoit
la vie plus qu'il ne penfoit
, & qu'il pouvoit
s'affurer de n'en fortir de
long - temps , s'il ne vou
loit employer qu'un éventail
pour fe délivrer
de fes malheurs . Il crut
que laDame, pour mieux
l'infulter , affectoit la
I iiij
104 MERCURE
raillerie , & chercha à
terre le fang qu'il devoit
avoir verfé. Il n'en
trouva point , & moins
encore de bleffure. Il
箍
s'étoit donné le coup de
fi bonne foy , qu'il ne
pouvoit revenir de fa
furprife. Il demanda par
quel charme on l'avoit
fauvé de fon defeſpoir
;
& la Dame , qui étoit
bien éloignée de comprendre
qu'il eût voulu
fe tuer effectivement , lui
GALANT. 105
ayant marqué qu'elle
n'aimoit point de pareilles
ſcenes , la fuivante ne
lui voulut pas ôter la
gloire de fa courageufe
refolution de tourner
fon bras contre lui-même
; elle montra le poignard,
& raconta ce qu²-
elle avoit fait. Le Marquis
fut fi honteux de
l'avanture de l'éventail ,
qu'étant d'ailleurs accablé
par les reproches que
lui fit la Dame d'un em106
MERCURE
portement fi extravagant
, il fe retira chez
lui fitôt qu'il fut en état
de s'y conduire. La neceffité
où il étoit de ne
la plus voir lui fit prendre
le deffein de s'en éloigner
; & pour en tirer
quelque merite , il
reſolut à voyager , afin
qu'elle pût connoître
que , même en ſe banniffant
, il s'attachoit à
fuivre fes ordres..
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Résumé : AVANTURE galante.
Le texte raconte l'histoire d'un jeune Marquis, réputé pour sa délicatesse et son discernement, qui évitait les pièges de l'amour. Cependant, sa vie change lorsqu'il rencontre une riche héritière récemment mariée à un homme de qualité. Bien que cette dame ne soit pas conventionnellement belle, elle possède un charme et une grâce qui captivent le Marquis. Malgré ses efforts pour résister, il tombe éperdument amoureux d'elle. Il tente de dissimuler ses sentiments en lui rendant visite fréquemment, mais finit par lui avouer son amour. La dame, vertueuse et fière, rejette ses avances et lui somme de changer de sentiments. Le Marquis, désespéré, sombre dans une profonde mélancolie. Après plusieurs tentatives infructueuses pour la convaincre, il décide de se rendre chez elle pour une ultime déclaration. Parallèlement, un autre incident impliquant le Marquis et sa maîtresse est relaté. La servante du Marquis, profitant d'un moment où il accueillait sa maîtresse, remplace un poignard caché dans la toilette par un éventail. La maîtresse du Marquis, ignorant ce changement, le trouve agité et tente de le calmer. Le Marquis, désespéré, se donne un coup d'éventail, croyant tenir le poignard. Il perd connaissance, pensant s'être blessé mortellement. La servante révèle alors la substitution du poignard par l'éventail. Le Marquis, honteux et accablé par les reproches de sa maîtresse, décide de se retirer et de voyager pour éviter de la revoir, espérant ainsi prouver son attachement à ses ordres. Le texte se termine sur cette scène, laissant en suspens la suite des événements.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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639
p. 153-167
EXTRAIT d'un Discours lû par Monsieur de Reaumur dans la derniere Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences sur les diverses reproductions qui se font dans les Ecrevisses, les Crabes, les Omares, &c. & entre autres, sur celles de leurs jambes, & de leurs écailles.
Début :
Nous ne donnasmes qu'une idée fort superficielle de ce Discours [...]
Mots clefs :
Jambe, Réaumur, Écrevisses, Écailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours lû par Monsieur de Reaumur dans la derniere Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences sur les diverses reproductions qui se font dans les Ecrevisses, les Crabes, les Omares, &c. & entre autres, sur celles de leurs jambes, & de leurs écailles.
EXTRAIT
d'un
Difcours lu par
Monfieur
de Reaumur
dans la derniere
Affemblée publique de
Academie Royale
des Sciences fur les diverfesreproductions
qui
fe font dans lesEcrevif
fes,lesCrabes, les Omares,
c.5 entre autres,
bes,
furcelles de leurs jamde
leurs écailles.
Nous ne donnaſmes
qu'une idée fort fuperfi
154 MERCURE
,
cielle de ce Difcours dans
le Mercure du mois de
Novembre , mais nous en
promifmes un extrait plus
détaillé. Nous tenons tard
noftre promeffe , n'ayant
pas été en eftat de la tênir
pluftoft , les obfervations
fingulieres que contient
ce Diſcours , & les
applaudiffemens avec lefquels
elles furent reçues
nous affurent qu'on nous
fçaura gré de ce que nous
la tenons.
Monfieur de Reaumur
commença par faire reGALANT.
155
marquer que les Scavants
font autant en garde contre le
merveilleux que le vulgaire
lui donne volontiers croiance' ;
& que de là il arrive quelquefois
qu'ils nient les
faits furprenans
, comme
le Peuple les admet
fans les avoir examiné
d'affez prés. Les faits dont
il s'agit dans la fuite du
memoire
en font une
preuve , le peuple qui frequente
les bords des rivieres
, ou de la mer affure
que lorfque les Ecre-
-viffes , les Crabes , les O-
3
156 MERCURE
mars ont perdu une de
leurs groffes jambes ; qu'en
la place de la jambe perdue
il en renaiſt un autre ,
parce qu'ils ont vû divers
deces animaux qui avoient
une jambe plus petite que
l'autre. Les Sçavans au
contraire ont mis ce fait
au nombre des fables . La
reproduction d'un bras
& d'une jambe , ne leur a
pas paru plus facile , que
la formation de l'animal
entiere , & la nature
n'ayant rien difposé à l'origine
des jambes desEcreGALANT.
157
viffes qui reffemble au
grand appareil qu'elle employe
pour la formation de
l'animal , ils ont conclu de
leur là reproduction
que
>
eftoit impoffible .
Malgré la vraisemblance
de ce raifonnement
Monfieur de Reaumur ,
ayant eu occafion d'en
peſcher d'autres coſtez où
l'on rencontre beaucoup
de Crabes il ne puft
s'empefcher de foupçonner
que les Scavants
avoient tort fur cet article,
& que le peuple avoit rai158
MERCURE
fon. Mais avant de prendre
parti , il eut recours à
une efperance decifives ,
aprés avoir coupé des jambes
, ou des parties de jambes
à diverfes Ecreviffes ,
il renferma les Ecreviffes
dans un de ces batteaux
couverts où les peſcheurs
gardent le poiffon , & alla
enfuite de tems en tems obferver
les Ecreviffes pour
voir les changemens qui
leur arrivoient
au bout
d'un mois , ou 3. femaines
il vit de nouvelles
jambes
qui occupoient
la placeGALANT.
159
des anciennes , & lorsqu'il
n'avoit ofté à une Ecreviffe
qu'une partie de
jambe il vit de meſme une
nouvelle partie de jambe
qui s'étoit reproduite à la
grandeur prés la partie reproduite
eftoit femblable
à celle qui avoit eſté enlevé
à l'animal .
Cette partie ne paroift
aujour , ou ne n'aift comme
le foetus ,› pour ainfi
parler , que lorfqu'elle eſt
entierement formée . Au
bout de quelques jours
Monfieur de Reaumur
160 MERCURE
obferva qu'une membrane
recouvroit la playe qu'il
avoit faite à l'animal , cette
membrane platte alors
prit aprés une figure un
peu convexe , enfuite elle
s'allongea , & devint une
efpece de core , long de
quelques lignes ; on auroit
pris ce petit core pour une
fimple carnofité , il eftoit
pourtant la jambe naiffante
mais envelloppée comme
le foetus par d'épaiffes
membranes qui la deroboient
à la vue. Cette carnoſite
devenant plus grande
GALANT . 116
2.
de , les membranes dont
elle eft recouverte deviennent
plus minces , & deviennent
enfin minces à tel
point qu'elles fe briſent
& la jambe fortie de fon
fourreau paroift au jour :
elle eft molle alors , mais
au bout de quelques tems
elle eft recouverte d'une
écaille auffi dure que le
refte de l'écreviffe.
Au reste , c'eſt une circonftance
tres digne d'ef
tre remarqué , que ces
jambes naiffent plus ou
moins vite , dans certaines
O
Fanvier 1713 .
162 MERCURE
a
faifons que dans d'autres ,
une jambe qui ayant été
coupée en efté fe repare
au bout de trois ſemaines,
feroit à fe reparer plus de
cinq à fix mois fi on la
coupoit dans l'hyver. C'eſt
dequoy Monfieur de Reaumur
rendit une fort bonne
raiſon . Il fit obferver
que les Ecreviffes ne
mangent ny pendant l'hyver
, ny pendant quelques
autres mois de Fannée
alors elles ne doivent pas
avoir aflez de fucs nouri.
ciers pour fournir à de
.
GALANT . 163
nouvelles reproductions.
Mais fi il eft aisé de
rendre raison de cette circonſtance
du fait , rien ne
l'eft moins que d'expliquer
le fait lui-mefme. Mon.
fieur de Reaumur avoue
qu'on ne pouvoit qu'hazarder
des conjectures , &
qu'on ne devoit faire aucun
fond fur des conjectųres
lorfqu'il s'agiffoit de
rendre raifon d'une chofe
que des raifonnemens
clairs fembloient prouver
impoffible. Nous eufmes
tort de luy attribuer dans
O ij
164 MERCURE
le dernier Mercure , une
de ces conjectures , comme
fi elle eut efté fon veritable
ſentiment , car quoi
'qu'il eut dit qu'elle fourniffoit
en apparence une
explication affez commode
, il eut grand foin de
rapporter toutes les difficultez
qu'elle engageroit
à digerer.
Non feulement ces jambes
fe reproduifent plus
vifte lorfqu'elles ont efté
caffées en certaines faifons
, que lorfqu'elles ont
efté caffées dans d'autres :
GALANT. 165
mais auffi elles fe reproduifent
plus vifte felon l'endroit
où elles ont efté caffées.
Si on caffe une jambe
à la quatriéme jointure,
on prend pour la premiere
la plus proche des ferres
de l'écreviffe , elle revient
beaucoup
plus vifte que fi
elle avoit efté. rompue à
la cinquième
ou à la fixiéme
jointure. Mais fi on la
caffe à la troifiéme , on la
repete , & qu'on retourne
quelques jours aprés obferver
cette écreviffe , an
trouve cette jambe rom-
2
166 MERCURE
puëà la quatriéme jointure
, ce qui eft une chofe
fort finguliere , il ſemble
que les écreviffes inftrui- ,
tes que leurs jambes reviennent
plus vifte lorfqu'elles
font rompuës là
qu'ailleurs , prennent ſoin
de les y caffer.
Enfin , Monfieur de
Reaumur raconta un
grand nombre d'autres
faits tres curieux : il ex-
& plique en quel tems
comment les écreviffes
changent d'écaille. Il rapporta
que la nouvelle
GALANT. 167
écaille qui n'eft qu'une
efpece de membrane tres
molle , acquiert en deux
ou trois jours la confiftance
de la plus vieille écaille.
Mais tous ces faits feront
détaillés plus au long dans
les Memoires l'Académic
.
d'un
Difcours lu par
Monfieur
de Reaumur
dans la derniere
Affemblée publique de
Academie Royale
des Sciences fur les diverfesreproductions
qui
fe font dans lesEcrevif
fes,lesCrabes, les Omares,
c.5 entre autres,
bes,
furcelles de leurs jamde
leurs écailles.
Nous ne donnaſmes
qu'une idée fort fuperfi
154 MERCURE
,
cielle de ce Difcours dans
le Mercure du mois de
Novembre , mais nous en
promifmes un extrait plus
détaillé. Nous tenons tard
noftre promeffe , n'ayant
pas été en eftat de la tênir
pluftoft , les obfervations
fingulieres que contient
ce Diſcours , & les
applaudiffemens avec lefquels
elles furent reçues
nous affurent qu'on nous
fçaura gré de ce que nous
la tenons.
Monfieur de Reaumur
commença par faire reGALANT.
155
marquer que les Scavants
font autant en garde contre le
merveilleux que le vulgaire
lui donne volontiers croiance' ;
& que de là il arrive quelquefois
qu'ils nient les
faits furprenans
, comme
le Peuple les admet
fans les avoir examiné
d'affez prés. Les faits dont
il s'agit dans la fuite du
memoire
en font une
preuve , le peuple qui frequente
les bords des rivieres
, ou de la mer affure
que lorfque les Ecre-
-viffes , les Crabes , les O-
3
156 MERCURE
mars ont perdu une de
leurs groffes jambes ; qu'en
la place de la jambe perdue
il en renaiſt un autre ,
parce qu'ils ont vû divers
deces animaux qui avoient
une jambe plus petite que
l'autre. Les Sçavans au
contraire ont mis ce fait
au nombre des fables . La
reproduction d'un bras
& d'une jambe , ne leur a
pas paru plus facile , que
la formation de l'animal
entiere , & la nature
n'ayant rien difposé à l'origine
des jambes desEcreGALANT.
157
viffes qui reffemble au
grand appareil qu'elle employe
pour la formation de
l'animal , ils ont conclu de
leur là reproduction
que
>
eftoit impoffible .
Malgré la vraisemblance
de ce raifonnement
Monfieur de Reaumur ,
ayant eu occafion d'en
peſcher d'autres coſtez où
l'on rencontre beaucoup
de Crabes il ne puft
s'empefcher de foupçonner
que les Scavants
avoient tort fur cet article,
& que le peuple avoit rai158
MERCURE
fon. Mais avant de prendre
parti , il eut recours à
une efperance decifives ,
aprés avoir coupé des jambes
, ou des parties de jambes
à diverfes Ecreviffes ,
il renferma les Ecreviffes
dans un de ces batteaux
couverts où les peſcheurs
gardent le poiffon , & alla
enfuite de tems en tems obferver
les Ecreviffes pour
voir les changemens qui
leur arrivoient
au bout
d'un mois , ou 3. femaines
il vit de nouvelles
jambes
qui occupoient
la placeGALANT.
159
des anciennes , & lorsqu'il
n'avoit ofté à une Ecreviffe
qu'une partie de
jambe il vit de meſme une
nouvelle partie de jambe
qui s'étoit reproduite à la
grandeur prés la partie reproduite
eftoit femblable
à celle qui avoit eſté enlevé
à l'animal .
Cette partie ne paroift
aujour , ou ne n'aift comme
le foetus ,› pour ainfi
parler , que lorfqu'elle eſt
entierement formée . Au
bout de quelques jours
Monfieur de Reaumur
160 MERCURE
obferva qu'une membrane
recouvroit la playe qu'il
avoit faite à l'animal , cette
membrane platte alors
prit aprés une figure un
peu convexe , enfuite elle
s'allongea , & devint une
efpece de core , long de
quelques lignes ; on auroit
pris ce petit core pour une
fimple carnofité , il eftoit
pourtant la jambe naiffante
mais envelloppée comme
le foetus par d'épaiffes
membranes qui la deroboient
à la vue. Cette carnoſite
devenant plus grande
GALANT . 116
2.
de , les membranes dont
elle eft recouverte deviennent
plus minces , & deviennent
enfin minces à tel
point qu'elles fe briſent
& la jambe fortie de fon
fourreau paroift au jour :
elle eft molle alors , mais
au bout de quelques tems
elle eft recouverte d'une
écaille auffi dure que le
refte de l'écreviffe.
Au reste , c'eſt une circonftance
tres digne d'ef
tre remarqué , que ces
jambes naiffent plus ou
moins vite , dans certaines
O
Fanvier 1713 .
162 MERCURE
a
faifons que dans d'autres ,
une jambe qui ayant été
coupée en efté fe repare
au bout de trois ſemaines,
feroit à fe reparer plus de
cinq à fix mois fi on la
coupoit dans l'hyver. C'eſt
dequoy Monfieur de Reaumur
rendit une fort bonne
raiſon . Il fit obferver
que les Ecreviffes ne
mangent ny pendant l'hyver
, ny pendant quelques
autres mois de Fannée
alors elles ne doivent pas
avoir aflez de fucs nouri.
ciers pour fournir à de
.
GALANT . 163
nouvelles reproductions.
Mais fi il eft aisé de
rendre raison de cette circonſtance
du fait , rien ne
l'eft moins que d'expliquer
le fait lui-mefme. Mon.
fieur de Reaumur avoue
qu'on ne pouvoit qu'hazarder
des conjectures , &
qu'on ne devoit faire aucun
fond fur des conjectųres
lorfqu'il s'agiffoit de
rendre raifon d'une chofe
que des raifonnemens
clairs fembloient prouver
impoffible. Nous eufmes
tort de luy attribuer dans
O ij
164 MERCURE
le dernier Mercure , une
de ces conjectures , comme
fi elle eut efté fon veritable
ſentiment , car quoi
'qu'il eut dit qu'elle fourniffoit
en apparence une
explication affez commode
, il eut grand foin de
rapporter toutes les difficultez
qu'elle engageroit
à digerer.
Non feulement ces jambes
fe reproduifent plus
vifte lorfqu'elles ont efté
caffées en certaines faifons
, que lorfqu'elles ont
efté caffées dans d'autres :
GALANT. 165
mais auffi elles fe reproduifent
plus vifte felon l'endroit
où elles ont efté caffées.
Si on caffe une jambe
à la quatriéme jointure,
on prend pour la premiere
la plus proche des ferres
de l'écreviffe , elle revient
beaucoup
plus vifte que fi
elle avoit efté. rompue à
la cinquième
ou à la fixiéme
jointure. Mais fi on la
caffe à la troifiéme , on la
repete , & qu'on retourne
quelques jours aprés obferver
cette écreviffe , an
trouve cette jambe rom-
2
166 MERCURE
puëà la quatriéme jointure
, ce qui eft une chofe
fort finguliere , il ſemble
que les écreviffes inftrui- ,
tes que leurs jambes reviennent
plus vifte lorfqu'elles
font rompuës là
qu'ailleurs , prennent ſoin
de les y caffer.
Enfin , Monfieur de
Reaumur raconta un
grand nombre d'autres
faits tres curieux : il ex-
& plique en quel tems
comment les écreviffes
changent d'écaille. Il rapporta
que la nouvelle
GALANT. 167
écaille qui n'eft qu'une
efpece de membrane tres
molle , acquiert en deux
ou trois jours la confiftance
de la plus vieille écaille.
Mais tous ces faits feront
détaillés plus au long dans
les Memoires l'Académic
.
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Résumé : EXTRAIT d'un Discours lû par Monsieur de Reaumur dans la derniere Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences sur les diverses reproductions qui se font dans les Ecrevisses, les Crabes, les Omares, &c. & entre autres, sur celles de leurs jambes, & de leurs écailles.
Monsieur de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur les capacités de régénération des écrevisses, des crabes et des homards. Il commence par noter que les savants et le peuple peuvent se tromper sur des faits surprenants, comme la régénération des pattes chez les crustacés. Le peuple observe souvent ce phénomène, tandis que les savants le considèrent comme une fable en raison de sa complexité apparente. Pour vérifier cette observation, Reaumur a mené des expériences en coupant des pattes d'écrevisses et en observant leur régénération. Après un mois ou trois semaines, il a constaté que de nouvelles pattes avaient repoussé, similaires aux anciennes. La régénération se fait par étapes : une membrane recouvre d'abord la plaie, puis une petite excroissance apparaît, qui grandit et se transforme en une nouvelle patte recouverte d'une écaille dure. Reaumur observe que la vitesse de régénération varie selon la saison et l'endroit où la patte a été coupée. Par exemple, une patte coupée en hiver met plus de temps à repousser en raison du manque de nourriture. Il explique aussi que les écrevisses semblent préférer couper leurs pattes à certaines jointures pour favoriser une régénération plus rapide. Enfin, Reaumur mentionne d'autres faits curieux, comme le changement d'écaille des écrevisses, qui acquiert rapidement la consistance de l'ancienne écaille. Tous ces détails seront développés plus en profondeur dans les Mémoires de l'Académie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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640
p. 232
Definition d'un Poëte Arabe sur la Justice.
Début :
La Justice est la fille aisnée de la raison. Le Genie [...]
Mots clefs :
Justice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Definition d'un Poëte Arabe sur la Justice.
Definition d'un Poëte
Arabefur laJustice.
i La Juftice eft la fille
aifnée de la raison . Le Genie
Protecteur des Empi
res , & la main qui tient
enchaifnée
la profperité
des Royaumes & la gloire
des Potentats .
Arabefur laJustice.
i La Juftice eft la fille
aifnée de la raison . Le Genie
Protecteur des Empi
res , & la main qui tient
enchaifnée
la profperité
des Royaumes & la gloire
des Potentats .
Fermer
641
p. 38-53
REMARQUES faites sur la Moule des Etangs.
Début :
Les coquilles de la Moule s'entr'ouvrent par le moyen [...]
Mots clefs :
Coquilles, Moule, Poisson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES faites sur la Moule des Etangs.
REMARQVESi11
faites sur la Moule
des Etangs.
ParMonsieurM.
:.
:_' L - Il ..::' Es coquilles delaMoule
s'entr'ouvrent par le
moyend'un puissant rer.
sort, se ferment parla contractionde
deux forts muscles.
Leur ressort qui cit.
situé sur le dos de ce poifson
, a environ un pouce
& demi de long sur deux
lignes delarge dans une
Moule de huit à neu f pouces
de grandeur. Ceres
sort dont les bords font
enchaflfez dans lcpaiflcur
,des coquilles, estconvexe,
par dessus, & concave en
dedans. Il est formé de
deux sortes de matières,
l'une écailleuse & de couleur
grise,l'autreblanche
ôc semblable à du, talc,
Leurs muscles [ont trauCversalement
attachez à la
partie interne de chaque
coquille,l'un en devant,
&l'autresurledeniere9
quiest plus grosquelepremier.
Lesmu/clesfo^:liixs
de l'assemblage de pluceurs
paquets de fibres
charnuës
,
croisées par
d'autres petites fibres ligamenteuses
& élastiques. Ce
font les moyens par lesquels
les coquilles s'ouvrent
& se ferment, &c.
L'autheurcontinuë d'expliquer
comment se fait le
mouvement de ces coquilles
par des observations
qu'il a faites là dessus. Ce
poisson nage dans l'eau &
quelquefois sur la surface,
mais tres-rarement:le plus
souvent il rampe dans sa
vase
vase sur laquelle il reste
presque tousjours en repos:
mais soit qu'il nage ou qu'il
rampe on ne voit que son
ventre sortir hors de sa coquille
, & s'avancer de
deux pouces ou environ
au delà de leurs bords.
: -
Monsieur Meri s'étend
ici sur la description de la
figure & de la compositiondu
corps de la Moule.
Ilfait voirensuite de quelle
manière ce poisson reçoit
sa nourriture: Il die
que sa bouche est si étroitement
attachée à la partie
posterieure du muscle
du devant des coquilles,
qu'il est absolument impossible
qu'elle puisse sortir
pour chercher l'aliment
qui luyconvient; ainsi il
faut qu'il ait dans l'eaudes
parties nourricières ,afin
que quand les coquilles
s'ouvrent la bouche puisse
lesrecevoir. Mais parce
que les coquilles restent
presque tousjours fermées,
il n'y a pas d'apparence
qu'il pust vivrecommodément
en cet estat si la nature
ne luy avoit donne
quelques lieux particuliers
pour tenir en reserve l'eau
qu'il reçoit quand ses coquilles
s'ouvrent,&pour
empescher qu'elles ne s'écoulent
lora"elles se ferment.
C'est a quoy la nature
a sagement pourveu
enplaçant de chaque costé
du
ventre de ce poisson
un grand reservoir, & proche
le bord de chaque coquille
un canal pour le sejour
de Feau., &c.
, Il continuë d'expliquer
les fibres &. les autres par- ties dont ce reservoir &
cc canal font composez ,
& les ressorts qui le font
joüer pour faire entrer la
nourriture dans le ventre
de ce poisson ,&les parties
qui la reçoivent:après
quoi il fait voir comment
sefait sagénération. Je ne
remarque, dit
-
il, dans la
Moule que quatre parties
qui puissent sèrvir à la génération
de ce petit animal
; deux que j'appelle
ovaires, parce qu'elles contiennent
Ces oeufs, & deux
-
autres que je nomme vesiculesseminales,
parcequ'aelles
renferment sa femeo*
ce qui est blanche & laitteuse.
Laconformation des
uns & des autres paroiftfent
semblables tant en dedans
qu'en dehors; il y a
cependant quelque chose
de particulier dans les ovaires
qui n'est pas dans les
autres puisque leurs foncrions
font différentes.
Ces parties representent
assez bien par leur superfi,
cie exterieure uncroissant
fort ouvert, convexe par
le bas , concave par en
haut, & applatipar fescot
*cz,&c.Leurfuperfici*
-tft tissuë de deux plants de
libres qui s'étendent differemment
d'un bouc à l'au,..
ttQ yÔCC. -.
.: A l'égard de leurstructurc.
exteriure elle a encore
quelque chosede plus
toerveilleuv, chaque veficule
est parcage en plalieur.
petits tuyaux fepa-
':rrz les uns des autres par
^es cloisons
) &quicontiennent
tes uns les ccufs,
& les autres la semence;
tous ces petits tuyaux ont ieor^mbouchquredans un
canal formé par l'extremite
qui regarde la telle, &
ouvert par l'autre dans l'anus,
&c. Au reste il est à reJ
marquer que les ovaires de
la Moule ne vuident leurs
oeufsqu'au printemps,
3
&
ne s'en remplirentqu'en
automne;de là vient qu'on
les trouve tousjours vuides
en Esté & pleins pendant
l'hyver. Il n'en cft pas de
mesme des vesicules feminales
qu'on trouve en tou-i
, tesfaisons plus vuides que
pleins,&c.
Quelque admirableque
soitla ftrudture des ovair
res & des vesicules femi-
Jiales - celle du coeur est
picore plus furpfcnantc
outre qu'il est placé immcdiatement
sur le dos des
jjpqyûHqs& au dpffus des
gou^o^s3safyafe esttou^
jours,ducostéde l'anus,
ôc sapointe regarde la tefte
yd'ailleurs il n'a qu'un
seul ventricule quoy qu'il
flit deux oreillecesqui paroissent,
&c. Ce coeur n'ayant
nyveines ny arteres,
il ne peut y avoir dans ce
poisson qu'un flux d'eau
4 qui
qui se fait de la bouche au
coeur par le moyen d'un
canal, ainsi que dans toutes
les autres parties de Ton
corps sans circulation &
sansreflux,&c. L'Autheur
continuant icy la description
de toutes ces parties,
respond à une objeaion
qu'on luy pourroit faire.
Il adjouste quela conformation
des poumons de
la Moule n'est pas moins
extraordinaire que celle de
son coeur. La voye par laquelle
elle respire est diametralemét
opposée à celle
des autres poissons; setpoumons
sont situez entre
le pericarde & les parties
de la génération, l'un à
droit,& l'autre à gauche;
ils ont environ trois pouces
de long ..& cinq à six
lignes de large dans les
plus grands de ces poissons;
leur figure estcylindrique,
leur membrane est
tissuë de fibres circulaires,
partagées en plusieurs cellules
qui se communiquent
les unes aux autres, &c.
-
Quand ces fibres circulaires
se relaschent ,Tair
qui les comprime le dilate,
&. la. Moule s'esleve sur la
surface de l'eau; alorsl'air
exterieur pressé. au dehors
par les coquilles qui s'écartent,
entre dans l'anus, ou
trouvant moins de resistance
qu'ailleurs, il s'insinuë
par deux conduits dans les
cellules posterieures des
poumons qu'il remplit d'à*
bord, ensuite de quoy il
passe dans le canal qui est
placé entre eux, & va remplir
leurs cellules posterieures
& celles du milieu,
Quand après cela les coquilles
se referment, alors
les fibres circulaires des
poumons venant à se rer
trecir, leur capacité diminuë,
& l'air y estant comprimé
le corps en devient
plus pesant, & la Moule
retombe au fond de l'eau,
& comme elle y est presque
tousjours plongée elle
ne peut joüir de la respiration
que dans quelques
momensfort éloignez les
uns desautres; enfin il conclut
ce discoursen disant
qu'il n'y a pas d'apparence
que la rcfpiration puisse
servir à entretenir dans la
Moule la circulation de
l'eau comme elle sert àentretenir
la circulation du
fang dans les autres animaux.
faites sur la Moule
des Etangs.
ParMonsieurM.
:.
:_' L - Il ..::' Es coquilles delaMoule
s'entr'ouvrent par le
moyend'un puissant rer.
sort, se ferment parla contractionde
deux forts muscles.
Leur ressort qui cit.
situé sur le dos de ce poifson
, a environ un pouce
& demi de long sur deux
lignes delarge dans une
Moule de huit à neu f pouces
de grandeur. Ceres
sort dont les bords font
enchaflfez dans lcpaiflcur
,des coquilles, estconvexe,
par dessus, & concave en
dedans. Il est formé de
deux sortes de matières,
l'une écailleuse & de couleur
grise,l'autreblanche
ôc semblable à du, talc,
Leurs muscles [ont trauCversalement
attachez à la
partie interne de chaque
coquille,l'un en devant,
&l'autresurledeniere9
quiest plus grosquelepremier.
Lesmu/clesfo^:liixs
de l'assemblage de pluceurs
paquets de fibres
charnuës
,
croisées par
d'autres petites fibres ligamenteuses
& élastiques. Ce
font les moyens par lesquels
les coquilles s'ouvrent
& se ferment, &c.
L'autheurcontinuë d'expliquer
comment se fait le
mouvement de ces coquilles
par des observations
qu'il a faites là dessus. Ce
poisson nage dans l'eau &
quelquefois sur la surface,
mais tres-rarement:le plus
souvent il rampe dans sa
vase
vase sur laquelle il reste
presque tousjours en repos:
mais soit qu'il nage ou qu'il
rampe on ne voit que son
ventre sortir hors de sa coquille
, & s'avancer de
deux pouces ou environ
au delà de leurs bords.
: -
Monsieur Meri s'étend
ici sur la description de la
figure & de la compositiondu
corps de la Moule.
Ilfait voirensuite de quelle
manière ce poisson reçoit
sa nourriture: Il die
que sa bouche est si étroitement
attachée à la partie
posterieure du muscle
du devant des coquilles,
qu'il est absolument impossible
qu'elle puisse sortir
pour chercher l'aliment
qui luyconvient; ainsi il
faut qu'il ait dans l'eaudes
parties nourricières ,afin
que quand les coquilles
s'ouvrent la bouche puisse
lesrecevoir. Mais parce
que les coquilles restent
presque tousjours fermées,
il n'y a pas d'apparence
qu'il pust vivrecommodément
en cet estat si la nature
ne luy avoit donne
quelques lieux particuliers
pour tenir en reserve l'eau
qu'il reçoit quand ses coquilles
s'ouvrent,&pour
empescher qu'elles ne s'écoulent
lora"elles se ferment.
C'est a quoy la nature
a sagement pourveu
enplaçant de chaque costé
du
ventre de ce poisson
un grand reservoir, & proche
le bord de chaque coquille
un canal pour le sejour
de Feau., &c.
, Il continuë d'expliquer
les fibres &. les autres par- ties dont ce reservoir &
cc canal font composez ,
& les ressorts qui le font
joüer pour faire entrer la
nourriture dans le ventre
de ce poisson ,&les parties
qui la reçoivent:après
quoi il fait voir comment
sefait sagénération. Je ne
remarque, dit
-
il, dans la
Moule que quatre parties
qui puissent sèrvir à la génération
de ce petit animal
; deux que j'appelle
ovaires, parce qu'elles contiennent
Ces oeufs, & deux
-
autres que je nomme vesiculesseminales,
parcequ'aelles
renferment sa femeo*
ce qui est blanche & laitteuse.
Laconformation des
uns & des autres paroiftfent
semblables tant en dedans
qu'en dehors; il y a
cependant quelque chose
de particulier dans les ovaires
qui n'est pas dans les
autres puisque leurs foncrions
font différentes.
Ces parties representent
assez bien par leur superfi,
cie exterieure uncroissant
fort ouvert, convexe par
le bas , concave par en
haut, & applatipar fescot
*cz,&c.Leurfuperfici*
-tft tissuë de deux plants de
libres qui s'étendent differemment
d'un bouc à l'au,..
ttQ yÔCC. -.
.: A l'égard de leurstructurc.
exteriure elle a encore
quelque chosede plus
toerveilleuv, chaque veficule
est parcage en plalieur.
petits tuyaux fepa-
':rrz les uns des autres par
^es cloisons
) &quicontiennent
tes uns les ccufs,
& les autres la semence;
tous ces petits tuyaux ont ieor^mbouchquredans un
canal formé par l'extremite
qui regarde la telle, &
ouvert par l'autre dans l'anus,
&c. Au reste il est à reJ
marquer que les ovaires de
la Moule ne vuident leurs
oeufsqu'au printemps,
3
&
ne s'en remplirentqu'en
automne;de là vient qu'on
les trouve tousjours vuides
en Esté & pleins pendant
l'hyver. Il n'en cft pas de
mesme des vesicules feminales
qu'on trouve en tou-i
, tesfaisons plus vuides que
pleins,&c.
Quelque admirableque
soitla ftrudture des ovair
res & des vesicules femi-
Jiales - celle du coeur est
picore plus furpfcnantc
outre qu'il est placé immcdiatement
sur le dos des
jjpqyûHqs& au dpffus des
gou^o^s3safyafe esttou^
jours,ducostéde l'anus,
ôc sapointe regarde la tefte
yd'ailleurs il n'a qu'un
seul ventricule quoy qu'il
flit deux oreillecesqui paroissent,
&c. Ce coeur n'ayant
nyveines ny arteres,
il ne peut y avoir dans ce
poisson qu'un flux d'eau
4 qui
qui se fait de la bouche au
coeur par le moyen d'un
canal, ainsi que dans toutes
les autres parties de Ton
corps sans circulation &
sansreflux,&c. L'Autheur
continuant icy la description
de toutes ces parties,
respond à une objeaion
qu'on luy pourroit faire.
Il adjouste quela conformation
des poumons de
la Moule n'est pas moins
extraordinaire que celle de
son coeur. La voye par laquelle
elle respire est diametralemét
opposée à celle
des autres poissons; setpoumons
sont situez entre
le pericarde & les parties
de la génération, l'un à
droit,& l'autre à gauche;
ils ont environ trois pouces
de long ..& cinq à six
lignes de large dans les
plus grands de ces poissons;
leur figure estcylindrique,
leur membrane est
tissuë de fibres circulaires,
partagées en plusieurs cellules
qui se communiquent
les unes aux autres, &c.
-
Quand ces fibres circulaires
se relaschent ,Tair
qui les comprime le dilate,
&. la. Moule s'esleve sur la
surface de l'eau; alorsl'air
exterieur pressé. au dehors
par les coquilles qui s'écartent,
entre dans l'anus, ou
trouvant moins de resistance
qu'ailleurs, il s'insinuë
par deux conduits dans les
cellules posterieures des
poumons qu'il remplit d'à*
bord, ensuite de quoy il
passe dans le canal qui est
placé entre eux, & va remplir
leurs cellules posterieures
& celles du milieu,
Quand après cela les coquilles
se referment, alors
les fibres circulaires des
poumons venant à se rer
trecir, leur capacité diminuë,
& l'air y estant comprimé
le corps en devient
plus pesant, & la Moule
retombe au fond de l'eau,
& comme elle y est presque
tousjours plongée elle
ne peut joüir de la respiration
que dans quelques
momensfort éloignez les
uns desautres; enfin il conclut
ce discoursen disant
qu'il n'y a pas d'apparence
que la rcfpiration puisse
servir à entretenir dans la
Moule la circulation de
l'eau comme elle sert àentretenir
la circulation du
fang dans les autres animaux.
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Résumé : REMARQUES faites sur la Moule des Etangs.
Dans le texte 'Remarques sur la Moule des Etangs' de Monsieur Meri, la structure et les fonctions de la moule sont décrites en détail. Les coquilles de la moule s'ouvrent grâce à un puissant ressort situé sur son dos et se ferment par la contraction de deux muscles forts attachés à la partie interne des coquilles. Ces muscles sont composés de fibres charnues et élastiques. La moule préfère ramper dans la vase, ne sortant que son ventre de sa coquille, et nage rarement. La moule se nourrit en recevant des particules nourricières dans l'eau lorsqu'elle ouvre ses coquilles. Elle possède des réservoirs et des canaux pour stocker l'eau et empêcher qu'elle ne s'écoule lorsqu'elle se ferme. La reproduction de la moule est également abordée : elle possède deux ovaires et deux vésicules séminales. Les ovaires produisent des œufs au printemps et se remplissent en automne, tandis que les vésicules séminales contiennent la semence et sont plus souvent vides que pleines. Le cœur de la moule est situé sur le dos des poumons et près de l'anus. Il n'a qu'un seul ventricule et fonctionne sans veines ni artères, permettant un flux d'eau de la bouche au cœur. Les poumons de la moule sont situés entre le péricarde et les organes de reproduction et fonctionnent de manière opposée à ceux des autres poissons. La moule respire en utilisant l'air extérieur qui entre par l'anus et remplit les cellules des poumons, permettant à la moule de s'élever à la surface de l'eau avant de redescendre.
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642
p. 53-57
LIVRE NOUVEAU. Avis donné par l'Autheur.
Début :
On vend à Paris chez Claude Jombert, à la descente [...]
Mots clefs :
Claude Jombert, Livre, Promenade du Luxembourg, Raccommodement, Incidents, Caractères, Ouvrage, Anonyme
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texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU. Avis donné par l'Autheur.
LIVRE NOUVEAU.
Avis donné par VAutheur.
ON vend à Paris chez
Claude Jombert, à la descente
du Pont neuf, prés
les Augustins, à l'Image
Nostre Dame) un Livre
nouveau intitulé: LaPromenadedu
Luxembourg. Cette
promenade contient onze
Journées
,
& chaque
Journée est remplie d'incidents
tous plus beaux les
uns que les autres.On y
voit des passions & des évenements
extraordinaires
; des ruptures & des
ihfidelÜez surprenantes ;
des raccommodements
feints & dissimulez; d'autres
qui font veritables &
de bonne foy
, & dont la
fin a esté heureuse.On y
voit encore des apparitions
d'esprits,des jalousies sans
exemples, & des victimes
que l'amour & la colere
sacrifient au desespoir.
D'ailleurs on y trouvera
des conversations galantes
& serieuses sur des questionsqui
n'ont jamais eftç
traitées, & qui font également
propres à polir l'esprit
, & à former les
moeurs ; des caracteres 6c
des portraits singuliers tirez
d'après nature,y paroissent
en plusieursendroits.
Enfin on y verra
çent choses différentes qui
feroient trop longues à
rapporter icy,&qui donneront
tousjours beaucoup
plus de plaisir au Loueur
quand il les apprendra par
luy -
mesme. A l'égard du
stile il est pur, les pensées
en sont vives, & le tour en
est ingenieux. Il ne manqueà
cet ouvrage que le
nom de l'Autheur. On ne
peut pas s'empescher de
s'enplaindre, & il est de
l'interest du public de connoistre
un homme qui écric
si noblement, & avec
tantdejustesse.On trouvera
chezlemesmeLibraire
plusieurs autres ouvrages
curieux du mesme Autheur
anonyme.
Avis donné par VAutheur.
ON vend à Paris chez
Claude Jombert, à la descente
du Pont neuf, prés
les Augustins, à l'Image
Nostre Dame) un Livre
nouveau intitulé: LaPromenadedu
Luxembourg. Cette
promenade contient onze
Journées
,
& chaque
Journée est remplie d'incidents
tous plus beaux les
uns que les autres.On y
voit des passions & des évenements
extraordinaires
; des ruptures & des
ihfidelÜez surprenantes ;
des raccommodements
feints & dissimulez; d'autres
qui font veritables &
de bonne foy
, & dont la
fin a esté heureuse.On y
voit encore des apparitions
d'esprits,des jalousies sans
exemples, & des victimes
que l'amour & la colere
sacrifient au desespoir.
D'ailleurs on y trouvera
des conversations galantes
& serieuses sur des questionsqui
n'ont jamais eftç
traitées, & qui font également
propres à polir l'esprit
, & à former les
moeurs ; des caracteres 6c
des portraits singuliers tirez
d'après nature,y paroissent
en plusieursendroits.
Enfin on y verra
çent choses différentes qui
feroient trop longues à
rapporter icy,&qui donneront
tousjours beaucoup
plus de plaisir au Loueur
quand il les apprendra par
luy -
mesme. A l'égard du
stile il est pur, les pensées
en sont vives, & le tour en
est ingenieux. Il ne manqueà
cet ouvrage que le
nom de l'Autheur. On ne
peut pas s'empescher de
s'enplaindre, & il est de
l'interest du public de connoistre
un homme qui écric
si noblement, & avec
tantdejustesse.On trouvera
chezlemesmeLibraire
plusieurs autres ouvrages
curieux du mesme Autheur
anonyme.
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Résumé : LIVRE NOUVEAU. Avis donné par l'Autheur.
Le texte annonce la vente à Paris d'un livre intitulé 'La Promenade du Luxembourg'. Cet ouvrage, composé de onze journées, relate des incidents variés et captivants. Il explore des passions et des événements extraordinaires, des ruptures et des infidélités, ainsi que des raccommodements feints ou sincères. Le livre inclut des apparitions d'esprits, des jalousies intenses et des victimes sacrifiées par l'amour et la colère. Il propose également des conversations galantes et sérieuses sur des questions inédites, visant à polir l'esprit et à former les mœurs. Des personnages et portraits singuliers, inspirés de la nature, apparaissent tout au long du récit. Le style est pur, les pensées vives et le tour ingénieux. L'auteur reste anonyme, ce qui est regretté, car le public mériterait de connaître cet écrivain qui écrit avec noblesse et justesse. Le libraire Claude Jombert propose également d'autres ouvrages curieux du même auteur anonyme.
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643
p. 121-153
A MADEMOISELLE de P*** Sur la bonté du cœur.
Début :
Depuis l'instant que j'eus l'honneur de vous voir pour [...]
Mots clefs :
Cœur, Pénétration, Innocence, Faiblesses, Vertus, Abus, Excès, Pitoyable, Équité, Complaisance, Sincérité, Gens de bien, Bonté du cœur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADEMOISELLE de P*** Sur la bonté du cœur.
A MADEMOISELLE
deP***
Sur la bonté du coeur.., DEpuis l'instant que j'eus
l'honneur de vous voir pour
la premiere fois, je vous ai
si souvent entendu parler
de la bonté du
-
coeur, que
je me fuis enfin determiné
à
-
approfondir une matiere
qfourit.semble vous occuper si
Souffrez que je vous
fasse part de mes reflexions;
non que je pretende ajoûter
par là quelque chose à
vos lumieres. Je sçai trop
que rien n'échape à vôtre
penetration: mais si vous
ne trouvez rien ici que vous
n'ayez déja apperçû de
vous-même, du moins ne
ferez-vous pas fâchée de
voir dans tout ce que je dirai
de la bonté du coeur,
une fidelle peinture du Vô-" trc.1 A mesure que les honw
mes se sont éloignez de la
première innocence, H%
ont perdu peuà peu lideQ
des vertusqui pouvoient les
y maintenir. Ils n'en ont
confervé que quelques apparences
dont ils ont fait
des marques à leurs désauts,
& ont enfin donné
à leurs foiblesses ainsi marquées
le nom des vertus
qu'ils ne connoissent plus,
& qui semblent n'oser paroîtrecequelles
sont, de
pmeur d'êétrepen brutteiàsleu.rs
Ils ont porté cet abus à
un tel excés, que je craindrois
devoir par-tout desa
voüer la bonté du coeur,
lorsque je la produirai sous
sa veritable figure, si je
n'appercevois en vous de
quoy justifier ce que je vais
dire à son sujet. Consuiltez
vous, confrontez vôtre in-i
terieur avec le portrait que
je vous donne
; Ôc s'ils se
rapportent, vous conviendrez
que je n'ai pas entier
rement participé à l'extrê-*
me aveuglement de laplû
part des hommes.
La bonté du coeur est ur
tendre sentiment de l'ame,
fondé sur la raison ôç sur la
vertu.
ld
Je dis, fondé sur la raison
& sur la vertu, parce
que, comme je le ferai voir
dans la suite, si l'un & l'autre
ne s'accompagnent pas,
le tendre sentiment n'est
qu'une foiblesse du temperamment,
dont on n'est pas
maître, & qu'on doit éviter
avec foin comme un
mauvais guide, capable de
nousfaire tomber dans de
grands inconveniens.
Pouravoir lecoeur veritablement
bon, il faut être
pitoyable envers tout le
monde:mais il ne suffit pas
de
-
compâtir aux peines
d'autrui ; ces sentimensde
pieté doivent encore nous
porter à chercher les
moyens de les faire cesser,,
sans examiner ce qu'il pour?
roit nous en coûterde démarches,
de soins, de veilles
, & de bien ruqinesi
nous étionsenétatd'en
employer à un si belusage:
&pour que ces sentimens
ayent toute leur pureté,il
est necessairequ'ils soient
desinteresseèz à unpoint ;
que nous nenvifàgiàâsdans
toutce qu'il nous faut faû
te1.que le bien &le repos
».
-
de ceux que nous voulons
obliger, sans avoir égard à
nous-mêmes, tant que no*,
tre innocence ne court aucun
risque.
Cette situation emporte
infailliblement avec elle k
reconnoissance, la generosité,
la discretion,l'équité,
la docilité, la complaisance
, la sincerité
,
& toutes
les autres qualitez qui nous
rendent propres à la societé
des gens de bien:elles sont
tellement enchaînées ensemble,
qu'on n'en peut séparer
aucune, sans altérer
& détruiremême toutes les
autres ; & si l'on, fait bien
attention a toutes ces circonfiances,
on trouvera
que la bonté du coeur qui
elles déterminent n'est au.
trechose que la charité elle-
même,à qui l'on a donné
un nom plusàl'usagedu monde.
Que cette peinture est
différente de l'idée qu'on a
aujourd'hui de la bonté du
coeur! Pour peu qu'on se
sente, une ame tendre &',
facile, on se l'attribuë, ont
s'en fait gloire,&on l'accporde
arux aiutrexs au m.ême Que Cloris, dit-on, a le
coeur bon! les chagrins de
ses amis la touchent comme
les siens propres, &elle
en est si affligée, que bien
loin d'être en état de se consoler
alors,elle a besoin el
le-mêmedeconsolation.
Elle est d'une douceur qui
charme, & sa complaisance
passe l'imagination.
Je l'avouë : mais qu'on
l'examine sans la perdre de
vûe. La raison & lavertu
accompagnentelles la sensibilité
qu'on lui voit pôiïï
ses amis? s'empresse-t-elle
à les soulager après les a
voirplaints ? & la voit-or
dans l'occasionprévenu
leurs demandes par des ser,
vices effectifs, danssedes
fein de leur épargner la
mortification & l'embarra
oùl'on se trouve, lors qu'
on est contraint par neceÍ;
sité d'avoir recours à se
amis? Si c'est là la conduit
de Cloris, qu'elle a le coeur
bon! que son procedé esrare!
Mais si elle s'en tien
aux pleurs & aux gemisse
mens sans passer outre, loin
que cette sensibilitéson guil
dée par la raison & la ver-*
tu, & parte de la bonté du
coeur, ce n'est en effet qu*
punneesseennssiibbiliiltiétéddeerteemrnppee--
ramment, une émotion na*
turelle causéepar la fynu
patie, & de la nature de
celles qu'excite en nous la
tenture de quelque avanT
cure touchante. Tant que
lesobjets sont presensà noa
yeux ou a nôtre Imagina.
tion,ils nous frapent &
nous interessent : mais à
peine font-ilsdisparusyqu€
nôtreémotion cesse&;
que nous en perdonsjusqu'à
la moindre idée. Doit.
ocn apopellerccelaubontrédu 1 Cette grande douceur
3! cette complaisanceaveugle
qu'on écoute dans Cloris,
font
des fuites de sa foifolefle
y- & pourlesdéfini
ju ftcs^ ce sontdes effets involontaires
d'une indolen.
ce naturelle qui la suitdans
toutes lesavionsde savie
ôc qu'on doit bannir dela
societé
, comme n'étant
d'aucun ufàge»
Mes amis me font si
chers, dit Doronte, que je
voudrois les voir parvenus
à la dernicre perfection.Je
souffre une peine extrême,
quand j'apperçois en eux
quelques défauts capables
de leur faire tort dans le
monde, & je voudrois les
en pouvoir corriger à quelque
prix que ce fût. Un tel,
par exemple, que je cheris
plus que moy-même) est à
la vérité recommandable
par mille belles qualitez:
mais certainesfoiblesses
viennent par malheur de*>
truire la belle idée qu'onen
pouvoit concevoir. Je l'eravertis
souvent avec douleur
, & il ne tient pas
moy qu'il ne s'en défasse
Est-il un meilleur CoeUJi
dans le monde,s'ecrient
alors ceux qui l'entendent
est-il un ami plus véritable?
Mais le sage, que ce:
apparences & ces détour
ne peuvent surprendre, de
couvre dans ce discours
un grand fond de malice
pu beaucoup de sotises dind<iscIre.tion.
-
Eneffet,siDoronteche
chepar là à décrier celui,
ont il paroîtavoir les incrêts
si fort à coeur, c'est
ne medisance, & une ma- ignité d'autant pluspernitieuse,
qu'elle cit plus eculiée
,
& qu'elle s'insinuë
pus lesapparences de l'anitié
la plus sincere & si
[ans le fond c'est sans desein
sans intention mauaise
qu'il parle; s'U ne fait
p.te suivre l'habitude qu'il.
contractée de dire tout.
ce qui lui est venu à la connoissance,
c'est une stups.,
jticé, une sotise & une indiscretion,
qu'on ne doit
pas moins bannirde la fo;
cieté que s'il pechoit par
malice, puisque les suites
en font les mêmes, & qu'i.
laisse les mêmesimpressions
dans l'esprit de ceux
qui l'écoutent. >h Quiconque a le coeur
bon regarde les défauts de
ses amis avec une pitié tendre
,il les cache,&pâlis
s'ils sont connus. Il n'en
parle jamais qu'à eux-mêmes
} encore lors qu'ille
en avertit, il le faitavec
discretion & retenue pour
; menaiilenager:
leur amour pr0
pre , qui pourroit les revolterys'ilallait
leur dire
ero face qu'il a remarqué
leurs foiblesses.
,,
Voila la route qu'on de-
~vroit tenir, au lieu d'aller.
comme Doronte dire tout,
~haut en publicyqu'on est
au desespoir de s'être apperçu
detels & tels défauts
en tels & tels amis, parce
qu'ils pourroient nuire à
teur réputation,s'ils ve*-
~loient à être connus dans
monde..
Cependant Doronte a
dit-on, leccciirïucles léj
vres; il est sincere ildit
tout ce qu'il pense, même
jusqu'a ses défauts&l'on
conclut de là qu'il alecoeur
bon:mais cette ouverture
cette sincerité apparente
cet aveu de sesdéfauts,
qu'on accribue à labonté
defon coeur,se trouveront
sion les examine- deAmples
effetsde sa maliceou
de sa forife; & quel quece
soit de ces deux principes
qui fasse parlerDoronte, il~
est toujours ou à crainte om
àIl mé,p"ris.
Si Doronte avoüoit les
défauts par bonté de coeue,
il en rougiroit;ce feroit un
retour qu'il feroit sur luimême
par repentir & par
"Vertui & cette même vertu
'le porteroit à s'en corriger,
pour n'avoir plus à en rout
gir : mais il a toujours la
iiriême confidence à faire
Ar ses foiblesses; au lieu,
d'amendement on n'ap-
~perçoit en lui que plus de
~fermeté, &plus d'art dans
d'aveu de ses foiblesses. Il
~faut donc qu'il le fasse par
d'autres motifs, & tout autre
motif que le repentir
& lavertu dans cette occa
fion ne peut partir quede
sa malice oude sa forife.
S'il agit par malice, c'est
un piegequ'il tend pour
acquerir la confiance par
cette fausse sincerité, afin
de s'établir sur le pied d'un
homme amateur dela verité,
à qui l'on doit ajouter
foy lors qu'il fait le portrait
d'autrui. En effet, si l'on
fait atention , on remarquera
qu'ilpassetoujours
de ses défauts à ceux des
aUJrcs) & qu'il fait si bien *
en forte, que lorsque l'on
en vient insensiblement au
parallele,on le regardé
comme un Saint à canoniser,
en comparaison de
ceux dont il a parlé.
Si ce n'est pas dans cette
vue qu'il declare fifouvenr
ses foiblesses, on doit peiu
ser que c'est un vicieuxen-L.
durci qui veut par là que le
monde se familiarise avec
elles) & s'accoûtume à le*
lui faire connoître, parce
qfu'ail nie rveeut p.as s'en dé-
Enfin si c'estpar [oti[e"
on doit en accuserune facilité&
une foiblesse natifc
relle qui le rend infaillible.
ment aussi indiscret pour
les autres que pour lui-même
; ôc toute indiscretion
tft contraire au commerce
des honnêtes gens. Voilà
cependant le plus grandindice
par lequel on doit connoître
la bonté du coeur
Onse laisse éblouir par ses
confessions étudiées, Ôcc
n'est dans le fond rien
moins que ce qu'on s'imagine.
Damis rend service
K\itlefihoridequand il
se peut ; il topeà tout; il
faittout ce qu'on veut, &:
l'on n'en doit jamaiscraint
dreun refus,';quelqtiepropositionqu'on
lui fasse,
Voila ce qui s'appelle un
toncoeurà, touteép, reuve.
juges indiscrets,entrezplus
toàric danslesdémarches
de Damis, pour décider des
sentimens de son coeur.Il
rend service
,
il est vrai:
mais il va par tout faire
fruitde sa generosité il
appelle à témoins, ceuxqui
lui ont obligation,&fait
voir par là qu'ilcherche
plus à passer pour obligeant
& genereux, qu'à l'être en effet. D'ailleurs, quandl'occafion
s'enpresente, il sacrifie
les amis & leurs intérêtsà
ses pallions & à ses plaisirs
& ne fait pas difficulté d'exiger
deux le pardon de
son procedé,. pour reconnoissance
de quelques services
peu considerables qu'-^
il leur a rendus lors qu'il
n'avoit rien de meilleur à
faire. , : Il tope à tout,OÎIneDOIÇ
1 jamais.
Jamais craindre de refus,
quelque propofirion qu'on
lui fasse , j'en conviens:
mais les libertins ont sur
luile même privilege. Il
consent à donner dans le
viceaussi-bien que dans la
vertu; la raison ni la vertu
ne font point ses guides, 6c
ce que vous appeliez bonté
du coeur est une molesse,
une facilité, une foiblesse
de temperamment, qui est
sausequ'il se laisse indifféremment
entraîner par tous
les objets qui le sollicitent,
quels qu'ils puissent être.
co'.
Si je voulois poursuivre
sur ce ton, & montrer dans
leur vrai jour les actions de
la plupart des hommes ,
qu'on attribueàla bonté du
coeur,au lieu de quelques
reflexions en passant, il me
faudroit entreprendreune
histoire universelle, qui,
loin de vous amuser, vou|
deviendroit ennuyeuse. Il
me suffirad'avoir fait que
ques portraits au naturel
& d'avoir par là tracé un
chemin pourdécouvrir la
vérité des intentions quofl
a trouvé le secret de déguiser
sous de fidelles ap- parences. -c '1'';"n;)
Il me reste encoreà vous
dire que la fausse idéeque
bous avons de la bontédu
coeur cause presque tous les
desordres qui arrivent dans
la societé civile. Comme
peu de choses nous persuadent
que nous avons cette
bonté du coeur-, peu de
choses aussi nous la déterminent
dans les autres,&
voici ce qui en arrive.
On entend diretous les
jours dans le monde : J'ai
fait une nouvelleconnois
sance,la perfonnc en question
me paroît avoir un bon
coeur , je veux en faire un
bon usage. Fondé sur ce
principe, on lie commerce
des deux cotez, on se confie
, on s'abandonne; &:
comme les simples apparences
de la bonté du coeur
font les feules liaisons de
cet assemblage, unnoeud
si foible ne subsiste pas
long-temps sans se rompre;
onne trouve par-tou
(
que des demonstration.
r
d'amitié, Se point d'amis.
Tous les hommes son
ssir le même pied; ils le
trompent également dans
les dispositions qu'ils apportent
à leur societé
; &ç
après s'être unis sans diverscemrent,
ilsse confient sans i& font réciproquement
la dupe les uns
des autres. Ils s'en apperçoivent
bientôt à la vérité:
mais aucund'eux ne veut
s'en attribuer la faute -, elle
est pourtant commune, &
telle prévention injuste les
desunit,les aigrit,& les rend
incapables de reconnoîgtre
leurs erreurs, & c'est ce
qui s'oppose a une union
plus solide.
Si quelqu'un veut ne pas
se tromper dans le choix de
ceux avec lesquels il pretend
s'associer il doit commencer
par rectifier ses
sentimens & pour avoir
une veritable idée de lai
bontédu coeur, s'empresser à l'acquerir selon le modele
quej'en ai donné. IL
examinera enfuite à leur
insçû la conduite de ceux,,
sur lesquels il aura jetté la
vûe. Il confrontera leurs
démarches avec le modele
qu'il aura gravé dans son
ame; & s'illes crquvçiçpn,
formes dans le temps qu'ils
n'auronr pris aucun soinde
se contraindre & de se déguifer,
voila ce qu'il cherche,
il peut s'y abandon
ner avec confiance.
Je croisenavoir dit aI:
fez, pour vous faire convenir
qu'on prostituë sans
ceIfe le titre de bonté du
eaur, en l'appropriant à des
Situations qui lui sont toutà-
fait opposées.Vous-verrez
aussi
par mes reflexions
l'aveuglement: où L'on, est
aujourd'hui, & le desordre
quiregne dans le eoejir de
la plûpart des hommes.
Comme le vôtre en este
xempt, & qu'il est venta,,
blement bon, vous en con
-cevez unepitié charitable.
Ce tendre sentiment fera
fondésur laraison & lavertu
comme ildoitl'être,
ainsi que je l'aifait voit
dans ma définition ,afin
qu'on puisse avec justice
l'attribuer à la bonté du
coeur; ôclifant dans le mien
..fan', être abusée, vous con- noîtrez que mes protesia
tions sont sinceres
,
lorsque
je vous jureque je fuis
avec zele & respect, &:.c.
deP***
Sur la bonté du coeur.., DEpuis l'instant que j'eus
l'honneur de vous voir pour
la premiere fois, je vous ai
si souvent entendu parler
de la bonté du
-
coeur, que
je me fuis enfin determiné
à
-
approfondir une matiere
qfourit.semble vous occuper si
Souffrez que je vous
fasse part de mes reflexions;
non que je pretende ajoûter
par là quelque chose à
vos lumieres. Je sçai trop
que rien n'échape à vôtre
penetration: mais si vous
ne trouvez rien ici que vous
n'ayez déja apperçû de
vous-même, du moins ne
ferez-vous pas fâchée de
voir dans tout ce que je dirai
de la bonté du coeur,
une fidelle peinture du Vô-" trc.1 A mesure que les honw
mes se sont éloignez de la
première innocence, H%
ont perdu peuà peu lideQ
des vertusqui pouvoient les
y maintenir. Ils n'en ont
confervé que quelques apparences
dont ils ont fait
des marques à leurs désauts,
& ont enfin donné
à leurs foiblesses ainsi marquées
le nom des vertus
qu'ils ne connoissent plus,
& qui semblent n'oser paroîtrecequelles
sont, de
pmeur d'êétrepen brutteiàsleu.rs
Ils ont porté cet abus à
un tel excés, que je craindrois
devoir par-tout desa
voüer la bonté du coeur,
lorsque je la produirai sous
sa veritable figure, si je
n'appercevois en vous de
quoy justifier ce que je vais
dire à son sujet. Consuiltez
vous, confrontez vôtre in-i
terieur avec le portrait que
je vous donne
; Ôc s'ils se
rapportent, vous conviendrez
que je n'ai pas entier
rement participé à l'extrê-*
me aveuglement de laplû
part des hommes.
La bonté du coeur est ur
tendre sentiment de l'ame,
fondé sur la raison ôç sur la
vertu.
ld
Je dis, fondé sur la raison
& sur la vertu, parce
que, comme je le ferai voir
dans la suite, si l'un & l'autre
ne s'accompagnent pas,
le tendre sentiment n'est
qu'une foiblesse du temperamment,
dont on n'est pas
maître, & qu'on doit éviter
avec foin comme un
mauvais guide, capable de
nousfaire tomber dans de
grands inconveniens.
Pouravoir lecoeur veritablement
bon, il faut être
pitoyable envers tout le
monde:mais il ne suffit pas
de
-
compâtir aux peines
d'autrui ; ces sentimensde
pieté doivent encore nous
porter à chercher les
moyens de les faire cesser,,
sans examiner ce qu'il pour?
roit nous en coûterde démarches,
de soins, de veilles
, & de bien ruqinesi
nous étionsenétatd'en
employer à un si belusage:
&pour que ces sentimens
ayent toute leur pureté,il
est necessairequ'ils soient
desinteresseèz à unpoint ;
que nous nenvifàgiàâsdans
toutce qu'il nous faut faû
te1.que le bien &le repos
».
-
de ceux que nous voulons
obliger, sans avoir égard à
nous-mêmes, tant que no*,
tre innocence ne court aucun
risque.
Cette situation emporte
infailliblement avec elle k
reconnoissance, la generosité,
la discretion,l'équité,
la docilité, la complaisance
, la sincerité
,
& toutes
les autres qualitez qui nous
rendent propres à la societé
des gens de bien:elles sont
tellement enchaînées ensemble,
qu'on n'en peut séparer
aucune, sans altérer
& détruiremême toutes les
autres ; & si l'on, fait bien
attention a toutes ces circonfiances,
on trouvera
que la bonté du coeur qui
elles déterminent n'est au.
trechose que la charité elle-
même,à qui l'on a donné
un nom plusàl'usagedu monde.
Que cette peinture est
différente de l'idée qu'on a
aujourd'hui de la bonté du
coeur! Pour peu qu'on se
sente, une ame tendre &',
facile, on se l'attribuë, ont
s'en fait gloire,&on l'accporde
arux aiutrexs au m.ême Que Cloris, dit-on, a le
coeur bon! les chagrins de
ses amis la touchent comme
les siens propres, &elle
en est si affligée, que bien
loin d'être en état de se consoler
alors,elle a besoin el
le-mêmedeconsolation.
Elle est d'une douceur qui
charme, & sa complaisance
passe l'imagination.
Je l'avouë : mais qu'on
l'examine sans la perdre de
vûe. La raison & lavertu
accompagnentelles la sensibilité
qu'on lui voit pôiïï
ses amis? s'empresse-t-elle
à les soulager après les a
voirplaints ? & la voit-or
dans l'occasionprévenu
leurs demandes par des ser,
vices effectifs, danssedes
fein de leur épargner la
mortification & l'embarra
oùl'on se trouve, lors qu'
on est contraint par neceÍ;
sité d'avoir recours à se
amis? Si c'est là la conduit
de Cloris, qu'elle a le coeur
bon! que son procedé esrare!
Mais si elle s'en tien
aux pleurs & aux gemisse
mens sans passer outre, loin
que cette sensibilitéson guil
dée par la raison & la ver-*
tu, & parte de la bonté du
coeur, ce n'est en effet qu*
punneesseennssiibbiliiltiétéddeerteemrnppee--
ramment, une émotion na*
turelle causéepar la fynu
patie, & de la nature de
celles qu'excite en nous la
tenture de quelque avanT
cure touchante. Tant que
lesobjets sont presensà noa
yeux ou a nôtre Imagina.
tion,ils nous frapent &
nous interessent : mais à
peine font-ilsdisparusyqu€
nôtreémotion cesse&;
que nous en perdonsjusqu'à
la moindre idée. Doit.
ocn apopellerccelaubontrédu 1 Cette grande douceur
3! cette complaisanceaveugle
qu'on écoute dans Cloris,
font
des fuites de sa foifolefle
y- & pourlesdéfini
ju ftcs^ ce sontdes effets involontaires
d'une indolen.
ce naturelle qui la suitdans
toutes lesavionsde savie
ôc qu'on doit bannir dela
societé
, comme n'étant
d'aucun ufàge»
Mes amis me font si
chers, dit Doronte, que je
voudrois les voir parvenus
à la dernicre perfection.Je
souffre une peine extrême,
quand j'apperçois en eux
quelques défauts capables
de leur faire tort dans le
monde, & je voudrois les
en pouvoir corriger à quelque
prix que ce fût. Un tel,
par exemple, que je cheris
plus que moy-même) est à
la vérité recommandable
par mille belles qualitez:
mais certainesfoiblesses
viennent par malheur de*>
truire la belle idée qu'onen
pouvoit concevoir. Je l'eravertis
souvent avec douleur
, & il ne tient pas
moy qu'il ne s'en défasse
Est-il un meilleur CoeUJi
dans le monde,s'ecrient
alors ceux qui l'entendent
est-il un ami plus véritable?
Mais le sage, que ce:
apparences & ces détour
ne peuvent surprendre, de
couvre dans ce discours
un grand fond de malice
pu beaucoup de sotises dind<iscIre.tion.
-
Eneffet,siDoronteche
chepar là à décrier celui,
ont il paroîtavoir les incrêts
si fort à coeur, c'est
ne medisance, & une ma- ignité d'autant pluspernitieuse,
qu'elle cit plus eculiée
,
& qu'elle s'insinuë
pus lesapparences de l'anitié
la plus sincere & si
[ans le fond c'est sans desein
sans intention mauaise
qu'il parle; s'U ne fait
p.te suivre l'habitude qu'il.
contractée de dire tout.
ce qui lui est venu à la connoissance,
c'est une stups.,
jticé, une sotise & une indiscretion,
qu'on ne doit
pas moins bannirde la fo;
cieté que s'il pechoit par
malice, puisque les suites
en font les mêmes, & qu'i.
laisse les mêmesimpressions
dans l'esprit de ceux
qui l'écoutent. >h Quiconque a le coeur
bon regarde les défauts de
ses amis avec une pitié tendre
,il les cache,&pâlis
s'ils sont connus. Il n'en
parle jamais qu'à eux-mêmes
} encore lors qu'ille
en avertit, il le faitavec
discretion & retenue pour
; menaiilenager:
leur amour pr0
pre , qui pourroit les revolterys'ilallait
leur dire
ero face qu'il a remarqué
leurs foiblesses.
,,
Voila la route qu'on de-
~vroit tenir, au lieu d'aller.
comme Doronte dire tout,
~haut en publicyqu'on est
au desespoir de s'être apperçu
detels & tels défauts
en tels & tels amis, parce
qu'ils pourroient nuire à
teur réputation,s'ils ve*-
~loient à être connus dans
monde..
Cependant Doronte a
dit-on, leccciirïucles léj
vres; il est sincere ildit
tout ce qu'il pense, même
jusqu'a ses défauts&l'on
conclut de là qu'il alecoeur
bon:mais cette ouverture
cette sincerité apparente
cet aveu de sesdéfauts,
qu'on accribue à labonté
defon coeur,se trouveront
sion les examine- deAmples
effetsde sa maliceou
de sa forife; & quel quece
soit de ces deux principes
qui fasse parlerDoronte, il~
est toujours ou à crainte om
àIl mé,p"ris.
Si Doronte avoüoit les
défauts par bonté de coeue,
il en rougiroit;ce feroit un
retour qu'il feroit sur luimême
par repentir & par
"Vertui & cette même vertu
'le porteroit à s'en corriger,
pour n'avoir plus à en rout
gir : mais il a toujours la
iiriême confidence à faire
Ar ses foiblesses; au lieu,
d'amendement on n'ap-
~perçoit en lui que plus de
~fermeté, &plus d'art dans
d'aveu de ses foiblesses. Il
~faut donc qu'il le fasse par
d'autres motifs, & tout autre
motif que le repentir
& lavertu dans cette occa
fion ne peut partir quede
sa malice oude sa forife.
S'il agit par malice, c'est
un piegequ'il tend pour
acquerir la confiance par
cette fausse sincerité, afin
de s'établir sur le pied d'un
homme amateur dela verité,
à qui l'on doit ajouter
foy lors qu'il fait le portrait
d'autrui. En effet, si l'on
fait atention , on remarquera
qu'ilpassetoujours
de ses défauts à ceux des
aUJrcs) & qu'il fait si bien *
en forte, que lorsque l'on
en vient insensiblement au
parallele,on le regardé
comme un Saint à canoniser,
en comparaison de
ceux dont il a parlé.
Si ce n'est pas dans cette
vue qu'il declare fifouvenr
ses foiblesses, on doit peiu
ser que c'est un vicieuxen-L.
durci qui veut par là que le
monde se familiarise avec
elles) & s'accoûtume à le*
lui faire connoître, parce
qfu'ail nie rveeut p.as s'en dé-
Enfin si c'estpar [oti[e"
on doit en accuserune facilité&
une foiblesse natifc
relle qui le rend infaillible.
ment aussi indiscret pour
les autres que pour lui-même
; ôc toute indiscretion
tft contraire au commerce
des honnêtes gens. Voilà
cependant le plus grandindice
par lequel on doit connoître
la bonté du coeur
Onse laisse éblouir par ses
confessions étudiées, Ôcc
n'est dans le fond rien
moins que ce qu'on s'imagine.
Damis rend service
K\itlefihoridequand il
se peut ; il topeà tout; il
faittout ce qu'on veut, &:
l'on n'en doit jamaiscraint
dreun refus,';quelqtiepropositionqu'on
lui fasse,
Voila ce qui s'appelle un
toncoeurà, touteép, reuve.
juges indiscrets,entrezplus
toàric danslesdémarches
de Damis, pour décider des
sentimens de son coeur.Il
rend service
,
il est vrai:
mais il va par tout faire
fruitde sa generosité il
appelle à témoins, ceuxqui
lui ont obligation,&fait
voir par là qu'ilcherche
plus à passer pour obligeant
& genereux, qu'à l'être en effet. D'ailleurs, quandl'occafion
s'enpresente, il sacrifie
les amis & leurs intérêtsà
ses pallions & à ses plaisirs
& ne fait pas difficulté d'exiger
deux le pardon de
son procedé,. pour reconnoissance
de quelques services
peu considerables qu'-^
il leur a rendus lors qu'il
n'avoit rien de meilleur à
faire. , : Il tope à tout,OÎIneDOIÇ
1 jamais.
Jamais craindre de refus,
quelque propofirion qu'on
lui fasse , j'en conviens:
mais les libertins ont sur
luile même privilege. Il
consent à donner dans le
viceaussi-bien que dans la
vertu; la raison ni la vertu
ne font point ses guides, 6c
ce que vous appeliez bonté
du coeur est une molesse,
une facilité, une foiblesse
de temperamment, qui est
sausequ'il se laisse indifféremment
entraîner par tous
les objets qui le sollicitent,
quels qu'ils puissent être.
co'.
Si je voulois poursuivre
sur ce ton, & montrer dans
leur vrai jour les actions de
la plupart des hommes ,
qu'on attribueàla bonté du
coeur,au lieu de quelques
reflexions en passant, il me
faudroit entreprendreune
histoire universelle, qui,
loin de vous amuser, vou|
deviendroit ennuyeuse. Il
me suffirad'avoir fait que
ques portraits au naturel
& d'avoir par là tracé un
chemin pourdécouvrir la
vérité des intentions quofl
a trouvé le secret de déguiser
sous de fidelles ap- parences. -c '1'';"n;)
Il me reste encoreà vous
dire que la fausse idéeque
bous avons de la bontédu
coeur cause presque tous les
desordres qui arrivent dans
la societé civile. Comme
peu de choses nous persuadent
que nous avons cette
bonté du coeur-, peu de
choses aussi nous la déterminent
dans les autres,&
voici ce qui en arrive.
On entend diretous les
jours dans le monde : J'ai
fait une nouvelleconnois
sance,la perfonnc en question
me paroît avoir un bon
coeur , je veux en faire un
bon usage. Fondé sur ce
principe, on lie commerce
des deux cotez, on se confie
, on s'abandonne; &:
comme les simples apparences
de la bonté du coeur
font les feules liaisons de
cet assemblage, unnoeud
si foible ne subsiste pas
long-temps sans se rompre;
onne trouve par-tou
(
que des demonstration.
r
d'amitié, Se point d'amis.
Tous les hommes son
ssir le même pied; ils le
trompent également dans
les dispositions qu'ils apportent
à leur societé
; &ç
après s'être unis sans diverscemrent,
ilsse confient sans i& font réciproquement
la dupe les uns
des autres. Ils s'en apperçoivent
bientôt à la vérité:
mais aucund'eux ne veut
s'en attribuer la faute -, elle
est pourtant commune, &
telle prévention injuste les
desunit,les aigrit,& les rend
incapables de reconnoîgtre
leurs erreurs, & c'est ce
qui s'oppose a une union
plus solide.
Si quelqu'un veut ne pas
se tromper dans le choix de
ceux avec lesquels il pretend
s'associer il doit commencer
par rectifier ses
sentimens & pour avoir
une veritable idée de lai
bontédu coeur, s'empresser à l'acquerir selon le modele
quej'en ai donné. IL
examinera enfuite à leur
insçû la conduite de ceux,,
sur lesquels il aura jetté la
vûe. Il confrontera leurs
démarches avec le modele
qu'il aura gravé dans son
ame; & s'illes crquvçiçpn,
formes dans le temps qu'ils
n'auronr pris aucun soinde
se contraindre & de se déguifer,
voila ce qu'il cherche,
il peut s'y abandon
ner avec confiance.
Je croisenavoir dit aI:
fez, pour vous faire convenir
qu'on prostituë sans
ceIfe le titre de bonté du
eaur, en l'appropriant à des
Situations qui lui sont toutà-
fait opposées.Vous-verrez
aussi
par mes reflexions
l'aveuglement: où L'on, est
aujourd'hui, & le desordre
quiregne dans le eoejir de
la plûpart des hommes.
Comme le vôtre en este
xempt, & qu'il est venta,,
blement bon, vous en con
-cevez unepitié charitable.
Ce tendre sentiment fera
fondésur laraison & lavertu
comme ildoitl'être,
ainsi que je l'aifait voit
dans ma définition ,afin
qu'on puisse avec justice
l'attribuer à la bonté du
coeur; ôclifant dans le mien
..fan', être abusée, vous con- noîtrez que mes protesia
tions sont sinceres
,
lorsque
je vous jureque je fuis
avec zele & respect, &:.c.
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Résumé : A MADEMOISELLE de P*** Sur la bonté du cœur.
La lettre examine la véritable nature de la bonté du cœur, soulignant que les hommes, en s'éloignant de leur innocence originelle, ont perdu le sens des vertus, les remplaçant par des apparences trompeuses. La bonté du cœur est définie comme un sentiment tendre de l'âme, fondé sur la raison et la vertu, et doit être désintéressé et actif, visant à soulager les peines d'autrui sans attendre de reconnaissance. L'auteur critique les fausses manifestations de la bonté du cœur, telles que les pleurs et les lamentations sans actions concrètes. Il analyse les comportements de personnages comme Cloris, Doronte et Damis pour révéler leur manque de véritable bonté. Cloris est émotive mais ne passe pas à l'action, Doronte utilise ses aveux de défauts pour manipuler les autres, et Damis rend service pour être perçu comme généreux mais sacrifie ses amis pour ses plaisirs. La fausse idée de la bonté du cœur cause des désordres dans la société civile, menant à des relations superficielles et à la méfiance. Pour éviter ces erreurs, l'auteur recommande de rectifier ses sentiments et d'examiner la conduite des autres à la lumière du véritable modèle de bonté du cœur. Il exprime également une pitié charitable envers le destinataire, dont le cœur est exempt de défauts et est véritablement bon. Le texte vise à clarifier les sentiments et les intentions de l'auteur, en se basant sur des réflexions personnelles et des définitions de la bonté et de la vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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644
p. 202-207
REFLEXIONS sur la médisance.
Début :
La médisance est la seule injustice contre laquelle on ne [...]
Mots clefs :
Médisance, Réflexions, Parlement, Malignité, Malicieux, Médisants, Mensonge, Envie, Calomnie, Oisiveté
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texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS sur la médisance.
REFLEXIONS
sur la médijAnct.
LA médisanceest la feule
injusticecontrelaquelle on
ne sçauroit jamais gagner
son procés sans dépens: elle
casse les Arrêts du Parlement.
Les mouvemens qu'-
on se donne pour se justifier
ne fervent qu'à augmenter
le branle de la mé-,
difance. Quand l'air est agité
, tous les corpsqu'on
tneuc en augmententl'agitation
; ilfaut le laisser le
reposer delui-même, Se
mprendure egarrde.de le re-t aplusde
La médisanceaplusde
talent pour persuader que
l'éloquence & la raisonjon
ne croit aisément le mal
qu'on nous dit dautrui^
que parce qu'on s'enient
capable. ? -Une bonne c hose dans
la bouche d'un homme
d'esprit devient une forifa
dans l'oreille d'un sot. i>
."h Pourquoy voulez',;"",vous
que leshommes ménagent
vos défauts, quand vousne
ménagez pas leur maligni- e&qu'au contraire vous
l'augmentez par vôtre imprudence?
Celui qui commence
l'embrasement, & celui qui
le nourrit sont également
coupables
.- Il faut moins d:çlprit
pour être malin que pour
z.icre bon , quand onest
malicieux dans le coeur. Il
faut plus d'esprit pour découvrir
les bons endroits
.ties hommes, comme plus
tares &plus difficiles, que
es mauvais, qui fautent aux
yeux.
Nous devons sçavoir gré
lux médisans, de nous don-1
ties tout le plaisir qu'il y a, irire de son prochain.
Le Tasserépondit un
jour, sur ce qu'on lui dit
dqiur'auint certain homme méde
lui par-tout:LaisfeXjéfaire,
dit-il en riant,
encore ,({J.au'.-il bien mieux
qu'il dise mal de moy à tout
le monde, que tout le monde
lui en dije de moy. •
;: Comme on disoit un
joijr àNicandre que les 4*-
giensparloient mal de lui
LaiffeZ-les faire, dit-il,il
fbnt A.D?{punk de parler ma
dun homme de bien.
Unhomme accusé à tort
devant Auguste, après skétre
justifié : Une Autre fiisJ
dit-il, ne IfJOIU enqueréz des
honnêtes gens qu'à ceux qui
leur rejjembltnt. *
Le mensonge & l'envie
pere Ôc meredela calomnie,
& la curiosité sa nour.
rice,habitét chez l'oisivété.
Elle s'exerce continuellement
à renverser les bâtimens
de la societé, commence
par enenlever les
piliers , & en mine peu à
peulavoûte. Quandelle ne
peut blesser la vertu, elle
fenfume)lx.-la facilite à se
faire croire par un Juge
qui examine tout, & qui
est toujours disposé à coniUwncr,
sur la médijAnct.
LA médisanceest la feule
injusticecontrelaquelle on
ne sçauroit jamais gagner
son procés sans dépens: elle
casse les Arrêts du Parlement.
Les mouvemens qu'-
on se donne pour se justifier
ne fervent qu'à augmenter
le branle de la mé-,
difance. Quand l'air est agité
, tous les corpsqu'on
tneuc en augmententl'agitation
; ilfaut le laisser le
reposer delui-même, Se
mprendure egarrde.de le re-t aplusde
La médisanceaplusde
talent pour persuader que
l'éloquence & la raisonjon
ne croit aisément le mal
qu'on nous dit dautrui^
que parce qu'on s'enient
capable. ? -Une bonne c hose dans
la bouche d'un homme
d'esprit devient une forifa
dans l'oreille d'un sot. i>
."h Pourquoy voulez',;"",vous
que leshommes ménagent
vos défauts, quand vousne
ménagez pas leur maligni- e&qu'au contraire vous
l'augmentez par vôtre imprudence?
Celui qui commence
l'embrasement, & celui qui
le nourrit sont également
coupables
.- Il faut moins d:çlprit
pour être malin que pour
z.icre bon , quand onest
malicieux dans le coeur. Il
faut plus d'esprit pour découvrir
les bons endroits
.ties hommes, comme plus
tares &plus difficiles, que
es mauvais, qui fautent aux
yeux.
Nous devons sçavoir gré
lux médisans, de nous don-1
ties tout le plaisir qu'il y a, irire de son prochain.
Le Tasserépondit un
jour, sur ce qu'on lui dit
dqiur'auint certain homme méde
lui par-tout:LaisfeXjéfaire,
dit-il en riant,
encore ,({J.au'.-il bien mieux
qu'il dise mal de moy à tout
le monde, que tout le monde
lui en dije de moy. •
;: Comme on disoit un
joijr àNicandre que les 4*-
giensparloient mal de lui
LaiffeZ-les faire, dit-il,il
fbnt A.D?{punk de parler ma
dun homme de bien.
Unhomme accusé à tort
devant Auguste, après skétre
justifié : Une Autre fiisJ
dit-il, ne IfJOIU enqueréz des
honnêtes gens qu'à ceux qui
leur rejjembltnt. *
Le mensonge & l'envie
pere Ôc meredela calomnie,
& la curiosité sa nour.
rice,habitét chez l'oisivété.
Elle s'exerce continuellement
à renverser les bâtimens
de la societé, commence
par enenlever les
piliers , & en mine peu à
peulavoûte. Quandelle ne
peut blesser la vertu, elle
fenfume)lx.-la facilite à se
faire croire par un Juge
qui examine tout, & qui
est toujours disposé à coniUwncr,
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Résumé : REFLEXIONS sur la médisance.
Le texte aborde la médisance comme une injustice difficile à contrer sans en subir les conséquences. Les tentatives de justification exacerbent le problème, à l'instar des corps qui augmentent l'agitation de l'air. La médisance est plus convaincante que l'éloquence et la raison, car les individus croient plus facilement les mauvaises rumeurs s'ils s'estiment capables de les commettre. Une parole sage peut devenir une folie selon l'interprétation. Les hommes doivent donc éviter de nourrir la malignité des autres, car ceux qui initient et entretiennent la médisance sont également responsables. Il faut plus d'esprit pour être bon que pour être malin. Les médisants trouvent du plaisir à critiquer autrui. Des exemples historiques, comme le Tasse et Nicandre, montrent qu'il vaut mieux ignorer les médisants. Auguste, quant à lui, ne s'informait des honnêtes gens qu'auprès de ceux qui leur ressemblaient. Le mensonge, l'envie et la curiosité alimentent la calomnie, tandis que l'oisiveté l'héberge. La médisance vise à détruire la société en attaquant d'abord ses piliers, puis la voûte. Lorsqu'elle ne peut blesser la vertu, elle se contente de la souiller, exploitant la facilité à se faire croire par un juge curieux et disposé à condamner.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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645
p. 241-252
Nouvelle Demonstration de l'existence de Dieu.
Début :
Puisque nostre esprit conçoit tres clairement que l'indépendance, l'existence [...]
Mots clefs :
Abbé, Dieu, Parfait, Existence réelle, Néant, Triangle, Possibilité
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Demonstration de l'existence de Dieu.
Nouvelle Demonstration de
L'existence deDieu. pUsque notre esprit
conçoit rrcs clairement
tue l'independence,l'exisence
necessaire, la toutepuissance,
la justice, la routes
cience, &c. sont des pro-^
~nictez& des perfectionsque
loir indispenlablementavoir
un être souverainement parfait;&
que Jî dépende nce, la
caducité,l'inipuiflance,riû«
justice, l'ignorance, &c. qui
fonr des impcrfc£tions opposées,
ne sçauroient en aucune
manière luyappartenir
Il estévident qu'ilacertainement
l'idée d'un être fou.,
versement parfait,puisqu'il
fait distinguer les proprierez
essentielles d'un tel,
être, & qu'il doit indifpen..;J
sablement avoir decelles qui
ne sçauroienten aucune manierc
luy appartenir, & qu'il
cxcl ut necessairement, corn.J
me contraires à son essence,*;
& absolument incompatibles
avec elle.
Tâchons maintenant de
prouverd'une manière évidente
& précise, & en même
temps invincible, & qui ne
permette point de replique,
( ce qui n'a point encore esié:
fait lu l'existence
réele & actuele de cet être
souvrainement parfait, dont
nous avons l'idée, & par
consequent celle d'un Deu,
qu'il faut entendre par un
être souvrainement par fait.
Il cil évident à l'esprit,
& il conçoit très-par faitement,
qu'il n'y a que le
néant,l'impossible, & le pur
possible, àqui l existence
réele & aûnde, puisse être
refu sée, ou que ce qui n'a,
point une existence réele &
actuele, ne peut être que le
néant, l'impodible,&cequi
est purement possible, &
par consequent que si un
êtresouverainement parfait
ri'est pas le néint ny
unechoseimpossible, ny
purement possible, il doiclI:
in~failliblement avoir une
existence réele & a&'Je!eg;
puisqu'ilest aussi évident,
que ce qui n'est rien de tout
ce. quin'existe point^ciilie^j
que ce qui n tltiicn,de tout
ce qui existe, n'existe point.
Or il est premierement
évident,qu'unêtre souverainement
parfait,n'est pas le
néant, ou le TicR., puisque
lerien,n'a aucune proillicté.
& que l'entendement, ne
luyen sçauroit attribuer aucune&
qu'un être souverainement
par fait, au contraire
renferme necessairement des
propnetez & des per fcdfrons
infinies, qtllcl'ciplit ne
sçauroit se dispenser, de
concevoir & de luy attribuer
comme essentielles à un tel
être, lorsqu'il se le.(t'pre.
fente ou qu'il pensera àuy.
Il esten second lieu pareillement
évident, qu'un eftrc
suverainement parfait,n'est
pas une chose impossible,
puisquel'impossible,comme
impossible exclut évidemment
la realité, & que l'entendement,
la lui refuse necessairement,
& qu'un être
souverainement parfait , la renferme indispensablement,
comme essentielle à
lasouveraine perfection, &
que l'entendement ou la
pensée la luy attribue pareillement,
cetant absolument
impossible de concevoir, ou
de se representer unêtre
fouverainemenr parfait, que
comme quelque chose de
réel & d'indépendant de la
penséc,&de souverainement
indépendent, au lieu qu'il
est absolument impossible,
de concevoir de cette manière
aucun impossible, &
puisqu'unechose n'est reputéeimpossible
que par
ropposition&lacontrariété
quelle a avec sa véritable
idée, qui la represente, naturellement
à l'esprit
#
comme une Montagne (ans*
Vallée, par exemple, qui
exclue ce que l'idée d'une
Montagne renferme neeek
sairement à sçivoir une vallée,
ou comme un Triangle
quarré, qui renferme quatre
collez, que l'idée d'un Triangle
exclut, &que qui die
aucontraire un estre fouveramemenc
parfaitdit ne.
ceffurement une chose, entièrement
ôc parfaitement
conforme à l'idée qui reprefente
un teléstre, & qui
renferme & exclut, tout ce
que cetre mesme idée ren.,-
ferme & exclut elle-même
necessairement,de même que
qui dIt un Quarté, un Triangle
& un Cercle, &c. dit
necessairement des figures
conformes aux idées d'un
Q,iar¡ré d'unTriangle&d'un
Cercle,&c.
1
Trosémement ilestencore
de la derniere évidence~
qu'unestre souverainement
parfait, n'est pas une chose
purement possible, ou qui-,
puisseavoir simplement U<
possibilité
,
sans avoir l'existence
réele & aétude, &.:
qu'ilsuffit, par consequence
de connoistre & d cltrc certain,
qu'un tel estre, est
possible pour estre certain
qu'il existe, puisqu'un estre
souverainement parfait, ne
sçauroitestrecapable d'estre,
& de n'estre pas, & que la
pure possibilité renfermenecessairement,
la capacité
d'estre& de ne pasestre,
qui est incompatible avec la
souveraine ~peis£hon,& que
toutes les choses cap ables
d'estre purement possibles,
ou qui ont simplementla
possibilité, sansavoir l'existence
iiducle , sont non (eulement
imparfaites comme
estant penfiJbles & capables
de n'estre pas, mais encore
dependentes, & incapables
d'exister par elles-mêmes,
sans un principe, qui a luimême
une existence réele &
actuele, & enfin puisqu'il
paroist par-là, évidemment,
qu'un estre indépendent &
souveramement par fait, serior
impossible,comme incapable,
d'avoir par lui même
une semblable, existence, s'il
n'existoit pas aductement.
Donc il est évident, qu'un
cfire fouvcraincmenc parfait
& par consequent un Dieu
existe puisqu'il n'y a que le
néant,l'impossible, & ce
qui est imparfait & purement
possible qui n'existentpoint,
&que parun Dieu,l'onn'entend
précisément qu'un etère
souverainementparfait.
Par l'Abbé Gérard
L'existence deDieu. pUsque notre esprit
conçoit rrcs clairement
tue l'independence,l'exisence
necessaire, la toutepuissance,
la justice, la routes
cience, &c. sont des pro-^
~nictez& des perfectionsque
loir indispenlablementavoir
un être souverainement parfait;&
que Jî dépende nce, la
caducité,l'inipuiflance,riû«
justice, l'ignorance, &c. qui
fonr des impcrfc£tions opposées,
ne sçauroient en aucune
manière luyappartenir
Il estévident qu'ilacertainement
l'idée d'un être fou.,
versement parfait,puisqu'il
fait distinguer les proprierez
essentielles d'un tel,
être, & qu'il doit indifpen..;J
sablement avoir decelles qui
ne sçauroienten aucune manierc
luy appartenir, & qu'il
cxcl ut necessairement, corn.J
me contraires à son essence,*;
& absolument incompatibles
avec elle.
Tâchons maintenant de
prouverd'une manière évidente
& précise, & en même
temps invincible, & qui ne
permette point de replique,
( ce qui n'a point encore esié:
fait lu l'existence
réele & actuele de cet être
souvrainement parfait, dont
nous avons l'idée, & par
consequent celle d'un Deu,
qu'il faut entendre par un
être souvrainement par fait.
Il cil évident à l'esprit,
& il conçoit très-par faitement,
qu'il n'y a que le
néant,l'impossible, & le pur
possible, àqui l existence
réele & aûnde, puisse être
refu sée, ou que ce qui n'a,
point une existence réele &
actuele, ne peut être que le
néant, l'impodible,&cequi
est purement possible, &
par consequent que si un
êtresouverainement parfait
ri'est pas le néint ny
unechoseimpossible, ny
purement possible, il doiclI:
in~failliblement avoir une
existence réele & a&'Je!eg;
puisqu'ilest aussi évident,
que ce qui n'est rien de tout
ce. quin'existe point^ciilie^j
que ce qui n tltiicn,de tout
ce qui existe, n'existe point.
Or il est premierement
évident,qu'unêtre souverainement
parfait,n'est pas le
néant, ou le TicR., puisque
lerien,n'a aucune proillicté.
& que l'entendement, ne
luyen sçauroit attribuer aucune&
qu'un être souverainement
par fait, au contraire
renferme necessairement des
propnetez & des per fcdfrons
infinies, qtllcl'ciplit ne
sçauroit se dispenser, de
concevoir & de luy attribuer
comme essentielles à un tel
être, lorsqu'il se le.(t'pre.
fente ou qu'il pensera àuy.
Il esten second lieu pareillement
évident, qu'un eftrc
suverainement parfait,n'est
pas une chose impossible,
puisquel'impossible,comme
impossible exclut évidemment
la realité, & que l'entendement,
la lui refuse necessairement,
& qu'un être
souverainement parfait , la renferme indispensablement,
comme essentielle à
lasouveraine perfection, &
que l'entendement ou la
pensée la luy attribue pareillement,
cetant absolument
impossible de concevoir, ou
de se representer unêtre
fouverainemenr parfait, que
comme quelque chose de
réel & d'indépendant de la
penséc,&de souverainement
indépendent, au lieu qu'il
est absolument impossible,
de concevoir de cette manière
aucun impossible, &
puisqu'unechose n'est reputéeimpossible
que par
ropposition&lacontrariété
quelle a avec sa véritable
idée, qui la represente, naturellement
à l'esprit
#
comme une Montagne (ans*
Vallée, par exemple, qui
exclue ce que l'idée d'une
Montagne renferme neeek
sairement à sçivoir une vallée,
ou comme un Triangle
quarré, qui renferme quatre
collez, que l'idée d'un Triangle
exclut, &que qui die
aucontraire un estre fouveramemenc
parfaitdit ne.
ceffurement une chose, entièrement
ôc parfaitement
conforme à l'idée qui reprefente
un teléstre, & qui
renferme & exclut, tout ce
que cetre mesme idée ren.,-
ferme & exclut elle-même
necessairement,de même que
qui dIt un Quarté, un Triangle
& un Cercle, &c. dit
necessairement des figures
conformes aux idées d'un
Q,iar¡ré d'unTriangle&d'un
Cercle,&c.
1
Trosémement ilestencore
de la derniere évidence~
qu'unestre souverainement
parfait, n'est pas une chose
purement possible, ou qui-,
puisseavoir simplement U<
possibilité
,
sans avoir l'existence
réele & aétude, &.:
qu'ilsuffit, par consequence
de connoistre & d cltrc certain,
qu'un tel estre, est
possible pour estre certain
qu'il existe, puisqu'un estre
souverainement parfait, ne
sçauroitestrecapable d'estre,
& de n'estre pas, & que la
pure possibilité renfermenecessairement,
la capacité
d'estre& de ne pasestre,
qui est incompatible avec la
souveraine ~peis£hon,& que
toutes les choses cap ables
d'estre purement possibles,
ou qui ont simplementla
possibilité, sansavoir l'existence
iiducle , sont non (eulement
imparfaites comme
estant penfiJbles & capables
de n'estre pas, mais encore
dependentes, & incapables
d'exister par elles-mêmes,
sans un principe, qui a luimême
une existence réele &
actuele, & enfin puisqu'il
paroist par-là, évidemment,
qu'un estre indépendent &
souveramement par fait, serior
impossible,comme incapable,
d'avoir par lui même
une semblable, existence, s'il
n'existoit pas aductement.
Donc il est évident, qu'un
cfire fouvcraincmenc parfait
& par consequent un Dieu
existe puisqu'il n'y a que le
néant,l'impossible, & ce
qui est imparfait & purement
possible qui n'existentpoint,
&que parun Dieu,l'onn'entend
précisément qu'un etère
souverainementparfait.
Par l'Abbé Gérard
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Résumé : Nouvelle Demonstration de l'existence de Dieu.
Le texte expose une démonstration de l'existence de Dieu en se fondant sur les notions de perfections et d'imperfections. L'esprit humain reconnaît des qualités telles que l'indépendance, l'existence nécessaire, la toute-puissance, la justice et l'omniscience comme des perfections essentielles à un être souverainement parfait. À l'inverse, des qualités comme la caducité, l'impuissance, l'injustice et l'ignorance sont considérées comme des imperfections incompatibles avec un tel être. L'auteur soutient qu'il est évident que l'idée d'un être souverainement parfait exclut nécessairement les imperfections. Il cherche ensuite à prouver l'existence réelle et actuelle de cet être parfait. Selon lui, seul le néant, l'impossible et le pur possible peuvent être privés d'existence réelle. Un être souverainement parfait ne peut être ni le néant, ni une chose impossible, ni purement possible. Il doit donc avoir une existence réelle et actuelle. L'auteur explique que l'entendement attribue nécessairement des propriétés infinies à un être souverainement parfait. Un tel être ne peut être conçu comme impossible ou purement possible, car cela contredirait sa perfection. Il conclut que, puisque l'être souverainement parfait ne peut être ni néant, ni impossible, ni purement possible, il doit exister réellement. Ainsi, l'existence de Dieu, en tant qu'être souverainement parfait, est démontrée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
646
p. 49-69
Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Début :
Les auteurs qui ont parlé de la preuve de la Multiplication [...]
Mots clefs :
Preuve, Produit, Somme, Chiffres, Multiplication, Compensation, Tranche, Double
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Nouvelle preuve de lA Multiplication,
e nouvelle
maniéré de faire la D/i;/-
sion,plus courtequ'aucune
qui ait paruë jusques ici.
LEs auteurs'quiont parlé
de la preuve de la Multiplication
par ( 9 ) ont eu raison
de la traiter de défectueuse,
en ce qu'elle peut paroître
bonne, quoique la Multiplication
soit fausse
: mais
t il me paroîtqu'ils nont pû
la regarder comme une
preuve moralement bonne;
puis qu'à l'égard d'un calculateur,
qui de deux Multiplicationns
qu'il feroit,
commettroit toujours une
faute en une des deux, la
preuve de 9 devroit de 32,
coups contre 1 paroître bonnc
quoique la Multiplication
fùt fausse: ce qui est
bien éloigné d'être moralement
bonne;car dans ceux
qui ne calculent pas souvent
il en est peu qui ne
fassent une faute en 1 o
coups.Or à l'égard de ceuxlà,
la preuve de 9 doit être
fallacieuse de 160 coups contre
,parce que pour que
cette preuve devienne
fallacieuse,
il faut dans la même
Multiplication faire une
seconde faute qui releve la
premiere ; & pour cela il
faut 20 coups par la supposition,
& en chaque coup
il y a neuf chiffres à poser,
dont il n'yen a qu'un qui
doive faire la compensation,
contre huit qui ne la
feront pas; ce qui fait huit
fois
,
2.0 coups,ou160contre
un : ce qui ne peut point
encore établir une preuve
morale. Pour rendre donc
cette preuve plus fidelle du
double, en forte qu'il faille
3 2o coups contre un, moralement
parlant, pour qu'-
elle puisse paroîtreinfidelle,
je me sers de la preuve de
11 en cette forte.
Soit le nombre (73904) à
multiplier par ( 50871 ) la
multiplication étant faite,
je trouve. pour produit (3759570384. ) Or pour m'as
furer par la preuve de 9 que
ce produit est le veritable,
tout le monde sçait qu'il
faut faire une somme des
chiffres de chacun de ces
trois nombres, rejettant 9
toujours dés qu'on y arrive,
ou qu'on passe 9 ; ce qui
donne trois restes,sçavoir
5 pour le premier, 5 pour
le second
,
& 6 pour le troisiéme.
Je multiplie donc les
deux premiers restes, 5 &
3, l'un par l'autre j ce qui
donne 15 :
d'où ôtant 9, il
reste 6, qu'on appelle la
preuve des produifans. Or
cette preuve est égale au ref.
te 6 du produit 3759570384, (qu'on appelle aussi la preuve
du produit)comme elle
le doit toujours être lorsque
laMultiplicationest bonne
comme ici : mais il se pourroit
faire, sans grand miracle,
quela Multiplication
étant fausse, ces deux preuves
du produisant &du produit
feroient cependant
égales; comme il nveft arrivea
moy-même, la premiere
fois que j'ai voulu en
faire épreuve. C'est pourquoy
je fais encore la preuve
par 11, & pour cela je
tranche tous les chiffres des
lieux pairs, tant des multiplicateurs
que du produit
*
en commençant à droite,
&je mets en leur place leur
différence à n. Ainsi en
73904 je tranche le 3, & je
mets un 8 en la place, ou
au-dessus;en50871 jetranche
7y & je mets 4 en la
place & en 3759570 84 je
tranche 8,5,5,3,& je mets
3,6,6j8 en leur place. Ce
preparatif étant fait, j'achève
la preuve par 11, comme
par 9, ajoûtant tous les
chiffres des trois nombres
préparez, (78904) (50841)
( 8769670334 ) & rejettant
toujours II,àchaque fois
qu'il vient 11 ou plus
y ce
qui donne pour les restes
des deux premiers 6&7;
pour le reste ou la preuve
,
du dernier (9.) Multipliant
donc lesdeux premiers restes
6, & 7 entr'eux, le produit
est 41 ;
d'où ôtant tous
les II, il reste 9 pour la
preuve des produisans, laquelle
est aussi égale à celle
du produit, commeelle le
doit, puisque la Multiplication
est juste;&je dis que
la certitude de sa bonté est
précisément double de ce
qu'elle seroit, si je ntavois.
fait que la regle de 9, c'est
à dire moralement de 310
coups contre un..
Maintenant, pour la demonstration
de ces deux
preuves, il ne faut que considerer
que quand on ôte,
de quelque nombre de dixaines
que ce soit, comme
de 80,les 9, autant qu'on
le peut, leleste est le chiffre
8, même de 80-r parce
qu'otant9 de 10,le resteest
de 1. De même ôtant tous
les 9 r
de quelque nombre
de centaines que ce soit,
comme de 700, le reste est
le y, même de 700 ; parce
qu'ôtant tous les 9 de ioo,
(ou 99 ) le refle est 1. On
trouve la même chose en
ôtant tous les 9 desnombres
de looo>de lOOOO, de
100000, &c. comme de
2.000, de 3oooo,de 400000,
&c. C'est précisément la
même chose pour 11 que
pour 9, à l'égard des lieux
impairs feulement,sçavoir
des centaines
>
des dix mil ,
des millions, &c. comme
de 400 y
de 5°000, de
éoooooo, à cause que ( 99)
( 9999 ) C99|999) fone auÍfltbien
des multiples de Il
que de 9,comme on peut
le voir aisémentendivisànt
ces nombres par 11.
Maisà
l'égard des lieux pairs qui
contiennent les centaines,
les 10000, les 100000, &c.
lorsqu'on en ôte tous les
11 »
il reste la différence de
leurs chiffres à II. Ainsi
ocanc les u de 30, il reste8
y qui est la différence de 11
au chiffre
5
de 50,& cela à
cause que II surpasse 10 de
i ; car il fuit de là que 3$
doit surpasser30 de 3, &
que par consequent 30 doit
surpasser 22 de 8 : difference
dde Il a y DDe mAême"ôtant,
tous les ir de 4000, il reste
7, qui êlt la difference de
JI à 4, chiffre de 4000, &
cela à cause que r001 qui
est un multiple de II, surpasse
1000 de
1 :
d'où il suit
que 1ooo doit surpasser un
multiple de
1 r, de la différence
de II. à I ,
& de même
des autres lieux pairs
lOOOOO', 10000000, &c.
qui sont toujours suivis immédiatement
des multiples
de r1 ; ravoir
, icoooi 10000001, &c. comme on
peut aisément le voir en divisant
ces nombres par 11.
Il fuit de là que pour avoir
le reste des dixaines, des
IOOOJ des ioooco, &c.apres
en avoir ôté tous les JI,
comme par exemple le reste
de 70, de 80, de 3000,
de 500000 ,
de 50000000,
de 3000000000, (qui sont
renfermez dans les trois
nombres de la question) il
faut ôter tous les chiffres,
7, 8>3> 5,& mettre en
leur place leur différence à
II; sçavoir 4,3,8,6, com-
- me nous avons fait dans la
pratique ci-dessus. A l'égard
des zéro, il est inutile
d'yavoir égard, parce que ç'est.limême qui est leur
différence à II, & qu'il faut
rejetter II dans l'addition
de tous les chiffres, comme
on l'a dit. Donc aprés
cette correction, la somme
de tous les chiffres de chaque
nombre proposé fera
(on reste, après en avoir
ôtè tous les 115 de même
qu'après en avoir ôtétous
les 9, puisque le premier
chiffre à droite peut toûjours
eêrtrree regardeé comme
un reste , étant toujours
moindre que II, & au plus
9. On doit donc regarder
chacun des trois nombres
proposez (apres le préparatiffait
pour II ) comme une
somme de 9 ou de II, plus
un reste,lequel reste soit la
somme de ses c hiffres,aprés
avoir ôté de cette somme
tous les 9 ou tous les II. On
a donc pour les deux multiplicateurs
une somme de
9 ou de II, plus un reste,
5 ou 6 à multiplier par une
somme de 9 ou de II ,
plus
un reste, 3 ou7 ; ce qui
doit donner trois especes de
produits; sçavoir, celui du
premier reste par le second,
c'est à dire de 5 par 3, qui
est 15 ; ou de 6 par 7, qui
est 42. Ensuite le produit de
la premiere somme de 9 ou
de II par 3 ou 7, & reciproquement
celui de 5 ou
6 par la seconde somme de
9 ou de fI; & pour la troisième
espece le produit de
la premiere somme par la
feconde. Or ces trois derniers
produits ne sonttoûjours
que des sommes de 9
ou de II, comme il est évident.
dent. Donc tous les 9 ou
tous les
11 étant rejettez du
produit proposé 3759570384,
il ne reste que le produit 15.
ou 41 des restes 5 & 3ou
6 & 7 ;c'est pourquoy si
l'on ôte encore de ces deux
produits tous les 9 ou tous
les 11, il restera la même
chose, que si l'on avoit ôté
du produit 3759570384 tous
les 9 ou tous les 11 ) autant
de fois qu'il est possible;
sçavoir, 6 ou 9. Or prenant
la somme des chiffres
( 3759, &C. ) corrigez pour
il en rejettant toujours9
ou ii, on trouve les mêmes
restes 6 ou 9. De mêmeprenant
lasomme des chiffres
des produifans
,
corrigez
pour 11, en rejettant toujours
les 9 ou les II,on trouve
les reltes 5 ôc 3,ou 6 &-
7, comme on l'a démontré
ci- dessus. Donc la preuve
des produifansdoit être é.-
gale à celle du produit'
quand laMultiplication est;
bonne.
Il est maintenant évident
que si les deux fautesqu'oa
sùppose avoir faites tombent
sur des lieux pairs tour
tesdeux,outoutes deux sur
des lieux impairs, savoir
l'une en plus, & l'autre en
moins,(comme la preuve
le demande pour faire compensation
) on aura auni
compensation dans la preuve
deII. A l'égard des lieux:
pairs , la chose est toute
ciaire ; & pour les impairs,
il ne faut que considerer
que la faute en plus deviendra
une faute en mOIns, ôc
celle en moins une en plus,
après le preparatif fait; le
tout comme la compensa.
don le demande:mais la
secondè faute peut tomber
sur un lieu de diiïërenieeîL
pece,du lieu de la premiere
aussitôt que sur un lieu de
mêmeespece,c'est à dire:
sur un impair , quand la.
premiere tombe sur un
pair, ou tout au contraire.
Alors aprés la correction
faire , les deux fautes seroient
toutes deux en plus,,
ou toutes deux en moins;
ce qui ne produiroit pas de
compensation seroitparoître
la preuve fausse, de
même que la Multiplication.
Ce qui demande evidemment
deux fois plus de
coups pour faire paroîtrela
preuve de 11 fallacieuse,
comprise celle de 9, que
pour celle de 9 ou de Il toute
feule
y
& ce qui par con.
sequens affure la certitude
de ces deux preuves du double
de ce qu'elleest,lors.
qu'elles sont separées..
Ceci servira pour nousacquitter
de la promesse
que nous avons faite sur la
preuve de (9) dans le sécond
tome de nos Recherc
hes ou Essais
)
première
édition.
e nouvelle
maniéré de faire la D/i;/-
sion,plus courtequ'aucune
qui ait paruë jusques ici.
LEs auteurs'quiont parlé
de la preuve de la Multiplication
par ( 9 ) ont eu raison
de la traiter de défectueuse,
en ce qu'elle peut paroître
bonne, quoique la Multiplication
soit fausse
: mais
t il me paroîtqu'ils nont pû
la regarder comme une
preuve moralement bonne;
puis qu'à l'égard d'un calculateur,
qui de deux Multiplicationns
qu'il feroit,
commettroit toujours une
faute en une des deux, la
preuve de 9 devroit de 32,
coups contre 1 paroître bonnc
quoique la Multiplication
fùt fausse: ce qui est
bien éloigné d'être moralement
bonne;car dans ceux
qui ne calculent pas souvent
il en est peu qui ne
fassent une faute en 1 o
coups.Or à l'égard de ceuxlà,
la preuve de 9 doit être
fallacieuse de 160 coups contre
,parce que pour que
cette preuve devienne
fallacieuse,
il faut dans la même
Multiplication faire une
seconde faute qui releve la
premiere ; & pour cela il
faut 20 coups par la supposition,
& en chaque coup
il y a neuf chiffres à poser,
dont il n'yen a qu'un qui
doive faire la compensation,
contre huit qui ne la
feront pas; ce qui fait huit
fois
,
2.0 coups,ou160contre
un : ce qui ne peut point
encore établir une preuve
morale. Pour rendre donc
cette preuve plus fidelle du
double, en forte qu'il faille
3 2o coups contre un, moralement
parlant, pour qu'-
elle puisse paroîtreinfidelle,
je me sers de la preuve de
11 en cette forte.
Soit le nombre (73904) à
multiplier par ( 50871 ) la
multiplication étant faite,
je trouve. pour produit (3759570384. ) Or pour m'as
furer par la preuve de 9 que
ce produit est le veritable,
tout le monde sçait qu'il
faut faire une somme des
chiffres de chacun de ces
trois nombres, rejettant 9
toujours dés qu'on y arrive,
ou qu'on passe 9 ; ce qui
donne trois restes,sçavoir
5 pour le premier, 5 pour
le second
,
& 6 pour le troisiéme.
Je multiplie donc les
deux premiers restes, 5 &
3, l'un par l'autre j ce qui
donne 15 :
d'où ôtant 9, il
reste 6, qu'on appelle la
preuve des produifans. Or
cette preuve est égale au ref.
te 6 du produit 3759570384, (qu'on appelle aussi la preuve
du produit)comme elle
le doit toujours être lorsque
laMultiplicationest bonne
comme ici : mais il se pourroit
faire, sans grand miracle,
quela Multiplication
étant fausse, ces deux preuves
du produisant &du produit
feroient cependant
égales; comme il nveft arrivea
moy-même, la premiere
fois que j'ai voulu en
faire épreuve. C'est pourquoy
je fais encore la preuve
par 11, & pour cela je
tranche tous les chiffres des
lieux pairs, tant des multiplicateurs
que du produit
*
en commençant à droite,
&je mets en leur place leur
différence à n. Ainsi en
73904 je tranche le 3, & je
mets un 8 en la place, ou
au-dessus;en50871 jetranche
7y & je mets 4 en la
place & en 3759570 84 je
tranche 8,5,5,3,& je mets
3,6,6j8 en leur place. Ce
preparatif étant fait, j'achève
la preuve par 11, comme
par 9, ajoûtant tous les
chiffres des trois nombres
préparez, (78904) (50841)
( 8769670334 ) & rejettant
toujours II,àchaque fois
qu'il vient 11 ou plus
y ce
qui donne pour les restes
des deux premiers 6&7;
pour le reste ou la preuve
,
du dernier (9.) Multipliant
donc lesdeux premiers restes
6, & 7 entr'eux, le produit
est 41 ;
d'où ôtant tous
les II, il reste 9 pour la
preuve des produisans, laquelle
est aussi égale à celle
du produit, commeelle le
doit, puisque la Multiplication
est juste;&je dis que
la certitude de sa bonté est
précisément double de ce
qu'elle seroit, si je ntavois.
fait que la regle de 9, c'est
à dire moralement de 310
coups contre un..
Maintenant, pour la demonstration
de ces deux
preuves, il ne faut que considerer
que quand on ôte,
de quelque nombre de dixaines
que ce soit, comme
de 80,les 9, autant qu'on
le peut, leleste est le chiffre
8, même de 80-r parce
qu'otant9 de 10,le resteest
de 1. De même ôtant tous
les 9 r
de quelque nombre
de centaines que ce soit,
comme de 700, le reste est
le y, même de 700 ; parce
qu'ôtant tous les 9 de ioo,
(ou 99 ) le refle est 1. On
trouve la même chose en
ôtant tous les 9 desnombres
de looo>de lOOOO, de
100000, &c. comme de
2.000, de 3oooo,de 400000,
&c. C'est précisément la
même chose pour 11 que
pour 9, à l'égard des lieux
impairs feulement,sçavoir
des centaines
>
des dix mil ,
des millions, &c. comme
de 400 y
de 5°000, de
éoooooo, à cause que ( 99)
( 9999 ) C99|999) fone auÍfltbien
des multiples de Il
que de 9,comme on peut
le voir aisémentendivisànt
ces nombres par 11.
Maisà
l'égard des lieux pairs qui
contiennent les centaines,
les 10000, les 100000, &c.
lorsqu'on en ôte tous les
11 »
il reste la différence de
leurs chiffres à II. Ainsi
ocanc les u de 30, il reste8
y qui est la différence de 11
au chiffre
5
de 50,& cela à
cause que II surpasse 10 de
i ; car il fuit de là que 3$
doit surpasser30 de 3, &
que par consequent 30 doit
surpasser 22 de 8 : difference
dde Il a y DDe mAême"ôtant,
tous les ir de 4000, il reste
7, qui êlt la difference de
JI à 4, chiffre de 4000, &
cela à cause que r001 qui
est un multiple de II, surpasse
1000 de
1 :
d'où il suit
que 1ooo doit surpasser un
multiple de
1 r, de la différence
de II. à I ,
& de même
des autres lieux pairs
lOOOOO', 10000000, &c.
qui sont toujours suivis immédiatement
des multiples
de r1 ; ravoir
, icoooi 10000001, &c. comme on
peut aisément le voir en divisant
ces nombres par 11.
Il fuit de là que pour avoir
le reste des dixaines, des
IOOOJ des ioooco, &c.apres
en avoir ôté tous les JI,
comme par exemple le reste
de 70, de 80, de 3000,
de 500000 ,
de 50000000,
de 3000000000, (qui sont
renfermez dans les trois
nombres de la question) il
faut ôter tous les chiffres,
7, 8>3> 5,& mettre en
leur place leur différence à
II; sçavoir 4,3,8,6, com-
- me nous avons fait dans la
pratique ci-dessus. A l'égard
des zéro, il est inutile
d'yavoir égard, parce que ç'est.limême qui est leur
différence à II, & qu'il faut
rejetter II dans l'addition
de tous les chiffres, comme
on l'a dit. Donc aprés
cette correction, la somme
de tous les chiffres de chaque
nombre proposé fera
(on reste, après en avoir
ôtè tous les 115 de même
qu'après en avoir ôtétous
les 9, puisque le premier
chiffre à droite peut toûjours
eêrtrree regardeé comme
un reste , étant toujours
moindre que II, & au plus
9. On doit donc regarder
chacun des trois nombres
proposez (apres le préparatiffait
pour II ) comme une
somme de 9 ou de II, plus
un reste,lequel reste soit la
somme de ses c hiffres,aprés
avoir ôté de cette somme
tous les 9 ou tous les II. On
a donc pour les deux multiplicateurs
une somme de
9 ou de II, plus un reste,
5 ou 6 à multiplier par une
somme de 9 ou de II ,
plus
un reste, 3 ou7 ; ce qui
doit donner trois especes de
produits; sçavoir, celui du
premier reste par le second,
c'est à dire de 5 par 3, qui
est 15 ; ou de 6 par 7, qui
est 42. Ensuite le produit de
la premiere somme de 9 ou
de II par 3 ou 7, & reciproquement
celui de 5 ou
6 par la seconde somme de
9 ou de fI; & pour la troisième
espece le produit de
la premiere somme par la
feconde. Or ces trois derniers
produits ne sonttoûjours
que des sommes de 9
ou de II, comme il est évident.
dent. Donc tous les 9 ou
tous les
11 étant rejettez du
produit proposé 3759570384,
il ne reste que le produit 15.
ou 41 des restes 5 & 3ou
6 & 7 ;c'est pourquoy si
l'on ôte encore de ces deux
produits tous les 9 ou tous
les 11, il restera la même
chose, que si l'on avoit ôté
du produit 3759570384 tous
les 9 ou tous les 11 ) autant
de fois qu'il est possible;
sçavoir, 6 ou 9. Or prenant
la somme des chiffres
( 3759, &C. ) corrigez pour
il en rejettant toujours9
ou ii, on trouve les mêmes
restes 6 ou 9. De mêmeprenant
lasomme des chiffres
des produifans
,
corrigez
pour 11, en rejettant toujours
les 9 ou les II,on trouve
les reltes 5 ôc 3,ou 6 &-
7, comme on l'a démontré
ci- dessus. Donc la preuve
des produifansdoit être é.-
gale à celle du produit'
quand laMultiplication est;
bonne.
Il est maintenant évident
que si les deux fautesqu'oa
sùppose avoir faites tombent
sur des lieux pairs tour
tesdeux,outoutes deux sur
des lieux impairs, savoir
l'une en plus, & l'autre en
moins,(comme la preuve
le demande pour faire compensation
) on aura auni
compensation dans la preuve
deII. A l'égard des lieux:
pairs , la chose est toute
ciaire ; & pour les impairs,
il ne faut que considerer
que la faute en plus deviendra
une faute en mOIns, ôc
celle en moins une en plus,
après le preparatif fait; le
tout comme la compensa.
don le demande:mais la
secondè faute peut tomber
sur un lieu de diiïërenieeîL
pece,du lieu de la premiere
aussitôt que sur un lieu de
mêmeespece,c'est à dire:
sur un impair , quand la.
premiere tombe sur un
pair, ou tout au contraire.
Alors aprés la correction
faire , les deux fautes seroient
toutes deux en plus,,
ou toutes deux en moins;
ce qui ne produiroit pas de
compensation seroitparoître
la preuve fausse, de
même que la Multiplication.
Ce qui demande evidemment
deux fois plus de
coups pour faire paroîtrela
preuve de 11 fallacieuse,
comprise celle de 9, que
pour celle de 9 ou de Il toute
feule
y
& ce qui par con.
sequens affure la certitude
de ces deux preuves du double
de ce qu'elleest,lors.
qu'elles sont separées..
Ceci servira pour nousacquitter
de la promesse
que nous avons faite sur la
preuve de (9) dans le sécond
tome de nos Recherc
hes ou Essais
)
première
édition.
Fermer
Résumé : Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Le texte expose une nouvelle méthode pour vérifier la validité d'une multiplication en utilisant les preuves de 9 et de 11. Les auteurs précédents ont critiqué la preuve de 9 pour sa fiabilité, car elle peut sembler correcte même si la multiplication est fausse. La preuve de 9 est jugée moralement insuffisante, surtout pour ceux qui ne calculent pas fréquemment, car elle peut donner une impression de justesse même en cas d'erreur. Pour améliorer la fiabilité, l'auteur propose d'utiliser la preuve de 11 en complément de celle de 9. Il illustre cette méthode avec un exemple de multiplication : 73904 multiplié par 50871, donnant le produit 3759570384. La preuve de 9 consiste à sommer les chiffres de chaque nombre, en rejetant les multiples de 9, et à vérifier que les restes des multiplicateurs et du produit sont égaux. Cependant, cette méthode peut être trompeuse. L'auteur introduit donc la preuve de 11, qui consiste à tronquer les chiffres des lieux pairs et à remplacer chaque chiffre par sa différence avec 11. Ensuite, il somme les chiffres des trois nombres ainsi modifiés et rejette les multiples de 11. La preuve de 11 permet de doubler la certitude de la preuve de 9, car elle nécessite deux fois plus de fautes pour apparaître fausse. Le texte conclut en expliquant que la preuve de 11 est particulièrement utile pour détecter les erreurs dans les lieux pairs et impairs, et qu'elle assure une vérification plus fiable de la multiplication.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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647
p. 70-78
Nouvelle maniere de diviser, composée de l'Italienne & de la Françoise.
Début :
Ce n'est pas sans raison qu'un auteur moderne des plus celebres [...]
Mots clefs :
Zéro, Division, Diviseur, Quotient, Produit, Arithmétique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle maniere de diviser, composée de l'Italienne & de la Françoise.
Nouvelle mortiere Je diviser,
composéedel'Italienne
&delaFrançoise..
Ce n'est pas sans raiÍÕnt
cib'un, auteur moderne des
plus célébrés en Arithmétique
a nommé la Division
l'épine de l'Arithmétique,
puis qu'elle en contient
presque seule toute la difficulté,
c'efl à dire les trois
plus difficiles opérations; savoir,
une Division,une Multiplicarion,
&uneSouftraction,
réitérées pluficurs fois
tout de fuite. C'est pour
cela qu'on doit s'appliquer
à la simplifier autant qu'il
est possible, pour la commodité
des commençans,
Nous en proposons, ici
une ,
qui etant compofee*
de la Division Françoise
& de l'Italienne, comme
des deux plus abrégées,
évite cependant les emprunts
frequens & réitérez
de la premiere, & les
longues répétitionsdu Diviseur
de la derniere.
-.
Soit pour cet effet le
nombre (9807950450 ) a
QOOO0.0 2450 1.5
1
735Q.4
7 3 5.0 o0073.5
- 9307.9 49Q0.3
20OI50
diviser par
le nombre
(49003)j'écris
d'abord
le diviseur
49003,&au
dessus le dividens
9807950450>en forte
que les premiers chiffresde
ce dernier 980, &c. contiennent
les premiers 49 y
&c. du diviseur. Et s'il y
avoit, par exemple,ig dansles
deux premiers chiffres,
du dividensyau lieu de 98V
fécrirois le 8 sur le 4 du diviseur
y
ôc le 2.
de 28 plus
avancé
avancé d'une place vers la
gauche, & le reste comme
dans la Division ordinaire.
A l'égard du reste du dividens
de (50450) donc il
déborde le diviseur vers la
droite, je récris au- dessus
des derniers chiffres 9 & 5
du dividcns ou du diviseur
en ligne perpendiculaire,
comme on le voit en l'exemple
cy joint. Divisant
donc 9 par 4 à l'ordinaire,
il vient pour quotient 1,
que j'écris fous une barre
au-dessous de 4. Je fais enfuite
la preuve à. l'Italienne,
en disant [2 fois 3 font 6.
que j'ôte de 9 qui est audessus,
il reste 3 ] que j'écris
sur le reste du dividens,
audevant de 5. Ensuite [2
fois zero ne font rien, que
j'ôte de 7, il reste 7 ]quej'écris
sur le zero du dividens,
devant le dernier 3. Ensuite
encore [ z fois rien ne font
rien]que j'écris devant le
7 au-dessus du 8. Puis [ z
fois 9 font 18 , que j'ôte de
18 ,
le reste est zéro] que
j'écris sur le 9 du dividens,
retenant l'emprunt 1. Enfin
[ 1 fois 4 font 8,de1 que je
retiens font 9, que j'ôte du
9 du dividens, le reste est
encore zéro] que j'écris audevant
du dernier zero sur
le même alignement.
Ainsi mon restetotal,
ou nouveau dividens est
( 000735) que je separe du
premier par une barre. Je
continuë donc ma Division.
en disant [4en zero,le
quotient est zéro,que j'écris
fous la barre à côté du
i ; & multipliant le diviseur
49003 par zéro, le produit
est zero) qui étant ore de
735) ilreste 735, quej'écris
au- dessus du dividens
000735 au-devant du zero,
& c'est le troisiéme dividens
, lequel étant encore
divisé par 4, le quotient est
encore zero; & le produit
de 49005 par ce zero étant
encore ôté de 7350,le reste
est 7550, que j'écris au-des
fus
J
au-devant du 4 :
ainsi
le quatriémedividens est
73504, lequel étant aussi divisé
par 4, le quotient est 1,
que j'écris sous la barre aprés
le 1 ôc les deux zéro;
& multipliant49003 par cet
1, en commençantparle
dernier chiffre3,&le produit
étant ôté de 73 504, en
commençant par le dernier
chiffre, 4,il reste 14501, que
j'écris au-dessous de 73504,
au-devant du 5, pour avoir
le 5e dividens, 145015. Enfin
divisant245015 par 4,1e quo.
tient est 5, que j'écris fous la
barre après 1; & multipliant
49003 par ce 5,le produit est
145015 ,
qui étant ôté de
2,4^015,le reste est zero, que
j'écris audessus de 14501, audevant
du zero du premier
dividens. Enfin divisant ce
reste zéro ou dernier dividens
par 4, le quotient est
zero, quejécris à la fuite
despremierschiffres du diviseur
: & comme je fuis arrivé
à un dividens(000000)
dont le dernier chiffre zéro
du dividens proposé,
9807950450, fait partie,je
conclus que la Division est
finie, Ce que le quotient
cherché est ( 100150 ).& k
reste de la Divisionzéro,
Il faut faire de mêmeà pro.
portion pour tous les autres
exemples que l'on peut proposer;
ce qu'il n'est pas poffi- le de faire ici dans un plus
grand détail.
composéedel'Italienne
&delaFrançoise..
Ce n'est pas sans raiÍÕnt
cib'un, auteur moderne des
plus célébrés en Arithmétique
a nommé la Division
l'épine de l'Arithmétique,
puis qu'elle en contient
presque seule toute la difficulté,
c'efl à dire les trois
plus difficiles opérations; savoir,
une Division,une Multiplicarion,
&uneSouftraction,
réitérées pluficurs fois
tout de fuite. C'est pour
cela qu'on doit s'appliquer
à la simplifier autant qu'il
est possible, pour la commodité
des commençans,
Nous en proposons, ici
une ,
qui etant compofee*
de la Division Françoise
& de l'Italienne, comme
des deux plus abrégées,
évite cependant les emprunts
frequens & réitérez
de la premiere, & les
longues répétitionsdu Diviseur
de la derniere.
-.
Soit pour cet effet le
nombre (9807950450 ) a
QOOO0.0 2450 1.5
1
735Q.4
7 3 5.0 o0073.5
- 9307.9 49Q0.3
20OI50
diviser par
le nombre
(49003)j'écris
d'abord
le diviseur
49003,&au
dessus le dividens
9807950450>en forte
que les premiers chiffresde
ce dernier 980, &c. contiennent
les premiers 49 y
&c. du diviseur. Et s'il y
avoit, par exemple,ig dansles
deux premiers chiffres,
du dividensyau lieu de 98V
fécrirois le 8 sur le 4 du diviseur
y
ôc le 2.
de 28 plus
avancé
avancé d'une place vers la
gauche, & le reste comme
dans la Division ordinaire.
A l'égard du reste du dividens
de (50450) donc il
déborde le diviseur vers la
droite, je récris au- dessus
des derniers chiffres 9 & 5
du dividcns ou du diviseur
en ligne perpendiculaire,
comme on le voit en l'exemple
cy joint. Divisant
donc 9 par 4 à l'ordinaire,
il vient pour quotient 1,
que j'écris fous une barre
au-dessous de 4. Je fais enfuite
la preuve à. l'Italienne,
en disant [2 fois 3 font 6.
que j'ôte de 9 qui est audessus,
il reste 3 ] que j'écris
sur le reste du dividens,
audevant de 5. Ensuite [2
fois zero ne font rien, que
j'ôte de 7, il reste 7 ]quej'écris
sur le zero du dividens,
devant le dernier 3. Ensuite
encore [ z fois rien ne font
rien]que j'écris devant le
7 au-dessus du 8. Puis [ z
fois 9 font 18 , que j'ôte de
18 ,
le reste est zéro] que
j'écris sur le 9 du dividens,
retenant l'emprunt 1. Enfin
[ 1 fois 4 font 8,de1 que je
retiens font 9, que j'ôte du
9 du dividens, le reste est
encore zéro] que j'écris audevant
du dernier zero sur
le même alignement.
Ainsi mon restetotal,
ou nouveau dividens est
( 000735) que je separe du
premier par une barre. Je
continuë donc ma Division.
en disant [4en zero,le
quotient est zéro,que j'écris
fous la barre à côté du
i ; & multipliant le diviseur
49003 par zéro, le produit
est zero) qui étant ore de
735) ilreste 735, quej'écris
au- dessus du dividens
000735 au-devant du zero,
& c'est le troisiéme dividens
, lequel étant encore
divisé par 4, le quotient est
encore zero; & le produit
de 49005 par ce zero étant
encore ôté de 7350,le reste
est 7550, que j'écris au-des
fus
J
au-devant du 4 :
ainsi
le quatriémedividens est
73504, lequel étant aussi divisé
par 4, le quotient est 1,
que j'écris sous la barre aprés
le 1 ôc les deux zéro;
& multipliant49003 par cet
1, en commençantparle
dernier chiffre3,&le produit
étant ôté de 73 504, en
commençant par le dernier
chiffre, 4,il reste 14501, que
j'écris au-dessous de 73504,
au-devant du 5, pour avoir
le 5e dividens, 145015. Enfin
divisant245015 par 4,1e quo.
tient est 5, que j'écris fous la
barre après 1; & multipliant
49003 par ce 5,le produit est
145015 ,
qui étant ôté de
2,4^015,le reste est zero, que
j'écris audessus de 14501, audevant
du zero du premier
dividens. Enfin divisant ce
reste zéro ou dernier dividens
par 4, le quotient est
zero, quejécris à la fuite
despremierschiffres du diviseur
: & comme je fuis arrivé
à un dividens(000000)
dont le dernier chiffre zéro
du dividens proposé,
9807950450, fait partie,je
conclus que la Division est
finie, Ce que le quotient
cherché est ( 100150 ).& k
reste de la Divisionzéro,
Il faut faire de mêmeà pro.
portion pour tous les autres
exemples que l'on peut proposer;
ce qu'il n'est pas poffi- le de faire ici dans un plus
grand détail.
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Résumé : Nouvelle maniere de diviser, composée de l'Italienne & de la Françoise.
Le texte expose une méthode de division combinant les techniques italiennes et françaises pour simplifier les opérations arithmétiques. La division est considérée comme l'opération la plus complexe en arithmétique, impliquant des répétitions de division, multiplication et soustraction. La méthode proposée vise à réduire les emprunts fréquents et les répétitions longues en utilisant les techniques les plus abrégées. Pour illustrer cette méthode, le texte présente un exemple de division du nombre 9807950450 par 49003. Le processus commence par l'alignement du diviseur et du dividende. Ensuite, des opérations de division, multiplication et soustraction sont effectuées de manière itérative. Chaque étape est détaillée, montrant comment les quotients et les restes sont calculés et écrits. Le texte conclut que la division est terminée lorsque le dividende devient zéro. Le quotient recherché est 100150, avec un reste de zéro. Cette méthode peut être appliquée à d'autres exemples de division de manière similaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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648
p. 168
« Monsieur Savary des Bruslons donne avis, que le Parfait Negociant [...] »
Début :
Monsieur Savary des Bruslons donne avis, que le Parfait Negociant [...]
Mots clefs :
Livre, Parfait Négociant, Paraphé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monsieur Savary des Bruslons donne avis, que le Parfait Negociant [...] »
Monsieur Savary des
Bruslons donne avis., que
le Parfait Négociant de
feu M. Savary sonPere
qu'il a fait réimprimer
& considérablement augmenté
,
est en vente chez
Guignard & RobustesLibraires
à Paris rue S. Jacques
; & pour connoistre
plus facilementcette nouvelle
Edition, onavertit
de prendre garde à la premiere
Page de la matière
du Livre
,
qu'elle soit signée
& paraphée dudit
Sieur Savary des Bruslns.
Bruslons donne avis., que
le Parfait Négociant de
feu M. Savary sonPere
qu'il a fait réimprimer
& considérablement augmenté
,
est en vente chez
Guignard & RobustesLibraires
à Paris rue S. Jacques
; & pour connoistre
plus facilementcette nouvelle
Edition, onavertit
de prendre garde à la premiere
Page de la matière
du Livre
,
qu'elle soit signée
& paraphée dudit
Sieur Savary des Bruslns.
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649
p. 71-118
SUITE DE LA nouvelle Théorie de Musique, où l'on demontre plusieurs choses nouvelles. III. MEMOIRE.
Début :
De la Melodie ou Chant à une seule partie. I. La [...]
Mots clefs :
Théorie de musique, Cordes, Octave, Air, Unisson, Vibrations, Proportion, Rythmique, Consonnances, Quadruple
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE LA nouvelle Théorie de Musique, où l'on demontre plusieurs choses nouvelles. III. MEMOIRE.
SVITtEDELA
ynouv~clle Tleorie de j
ou ïon demontre
piufieurs chojes
nouvelles.
III. MEMOIRE.
De la Melodie ou Chant à
une feule partie.
I. LA Melodie ou Melopée
est un progrés de sons
agréab2agreables a l'oreilllee. .OOrrcceect
agrement vient de trois
causes. La premiere de ce
quechaque son en particulier
meut l'organe dc.
l'ouye,sçavoir principalement
le nerf auditif, ou
les efprics qui y sont contenus
d'une maniere qui fait
plaisir
, par une espece de
chatouillement qu'il y cause.
La seconde en ce que
l'action des sans passez reste
quelque tem ps dans la
memoire,ce qui cause entre
ces fons & lettons présens,
une harmonie fort
semblable à celle de plusieurs
sons quisefontoüir
actuellement en mesme
temps. Cette harmonie de
souvenir
-
souvenir se nomme encore
des relations harmonieu-
[es, & fait le principal
agrément duchant.Latroisiéme
enfin de ce qu'un air
paroist agréable à proportion
qu'il flate la passion
dont nous sommespréoccupez.
Car les hommes de -
guerre, par exemple, trouvent
sans contredit plus de
plaisir dans les airs vifs &
prompts, que dans les
languissants & les tristes ;
ceux qui sont dans l'affliction
ne sçauroient souffrir
les chants joyeux ;
les Amans
ne prennent de goust
qu'aux airs tendres; les yvrognes
nJaftcétent que les
airs gais; les personnes serieuses
au contraire n'ai-
- ment que les chansons graves
; & les jeunes gens ne
cherchent que les airs badins.
De forte qu'on peut
presque juger de la passion
qui domine dans quelqu'
un, par les airs qu'il affecte.
Mais sans m'arrester à ce
qui fait l'agrément des sons
en particulier (ce qui m'engageroit
dans un détail de
phvGue peut- estre trèsennuyeux
pour beaucoup
1
de personnes) je commenceray
par examiner les Relations
des sons considerées
en elles, mesmes
,
&
par rapport au chant; &
je finiray par les comparer
avec nos differentes passions.
Il. Pour traitter des Relations
des fons
,
il faut
d'abord en establir le premier
principe, sçavoir,
Que les corps sonores es
-
tant frappez ou tirez, impriment
par leur ressort à ,
l'air qui les environne, 6c
celui-cy à l'air naturel qui
est dans le labyrinthe de
l'oreille des fremissements
plus ou moins prompts,
dans la mesme proportion
geometrique & reciproque,
que ces corps ont de
plus petites ou de plus
grandes dimensions,àtréspeu
de choseprès. Car
cette proportion reciproque
n'est vraye dans le
plein ou dans l'air, que
sensiblement,& feroit veritable
à la rigueur dans le
< Vide,siles sons pouvoienc
yestre entendus.
Et pourenestreconvaincu
il ne faut que supposer
premierement dans le Vide
deux cordes égales en
grosseur & en tension,mais
dont l'une foit, si l'on veut,
double de l'autre en longueur
, & qui soient tirées
chacune par leur milieu
perpendiculairement àleur
longueur, sçavoir la plus
longue de la valeur d'une
ligne(par exemple) & la
plus courte feulement de
demi ligne. Il est évident
que ces deux cordes ainsi
tirées feront chacune encore
également andéfs;
&que si on les lasche toutes
deux elles partiront par
consequent avec des vitesseségales.
Et comme la plus
longue a un trajet deux fois
plus grand à parcourir que
la plus courre, il estmanifeste
qu'elle doit employer
deux fois plus de temps a le
faire que celle- cy à faire
le sien. Car à cause de la
petitesse des espaces à parcourir,
on peut regarder
- ces espaces çomme parcourus
d'un mouvement
uniforme; ainsila plus Iongue
ne fera que la moitié
des tremblements que la
plus courte fera dans le
mesme temps. Ce fera la
mesmechose lors qu'une
des deux cordes sera, par
exemple, tripleou quadruple
de l'autre, ou dans tou-
,
te autre proportion à fouhait
; c'est-dire que celle
qui fera triple en longueur
fera trois moins de vibrations,
que la plus courte
dans un tem ps égal & ainsi
des autres. Ainsiles nombres
des vibrations de deux
telles cordes feront tousjours
entre eux dans le rapport
rcciproque ou renversé
des longueurs de ces
deux mesmes cordes,
comme Mersenne l'avoit
desja démontré dans le 1.
Tome de l'Harmonie universe
lle.
Mais lorsqu'on suppose
ces deux mesmes cordes
dans le Plein, il fautconsiderer
que la corde qui est,
par exemple
,
double en
longueur, rencontre quatre
fois plus d'air en parcourant
sa vibration, que
la plus petite. en parcourant
la sienne
,
puisque la
premiere a un trajet à parcourir
double de celuy de
la derniere. De melme la
corde triple en longueur
rencontrera neuf fois plus
d'air que la plus petite,
ayant uu tra jet trois fois
plus grand à faire; la corde
quadrupleayant un espace
quadruple à parcourir
) en rencontrera seize
fois davantage
; & ainsi de
suite dans la proportion
des quarrez 4. 9. 16. 2. 5.
36. &c. des longueurs des
cordes 2. 3. 4. 5. 6. &c.
( les superficies semblables
estant entre elles dans le
rapport des quarrez de
leurs longueurs, ou largeurs
comme on le démontre
en geometrie. )
Mais d'un autre costé la
corde deux fois plus courte
faisant deux vibrations
contre ladouble une dans
le mesme temps, celle qui
est trois foisplus courte en
faisant trois contre la triple
une; celle qui l'est quatre
fuis. en faisant quatre contre
la quadruple une, &
ainsi de suite,la double rentrera
feulement dans ses
premieres vibrations deux
fois plus d'air que la simple
pendant le mesme temps;
la triple feulement trois
fois davantage ,
la quadruple
seulement quatre fois
plus que la simple, & aioli
de fuite. Donc les vitesses
de toutes ces cordes estant
d'ailleurs regardées comme
égales & uniformes à
cause de la petitesse du trajet
, comme on a fait cyd,
ssus, l'air opposera une
resistance double à la corde
double, unetriple à la
1
triple,une quadruple à Iæ
quadruple, & ainsi des autres;
ce qui de ce costé devra
faire une diminution
de vibrations égale dans
chacune de ces cordes en
mesme temps. Mais d'un
aure costé lacorde deux
fois plus courte rencontre
deux fois l'air à contre sens
pendant ses deux vibrations,
au lieu que la dou
ble ne le renconcre qu'une;
lacorde trois fois plus courte
le rencontre trois fois
contre la triple une; celle
qui est quatre fois plus
courte le rencontre quatre
fois contre la quadruple
une seulement; ces oppositions
ou chocs de front se
faisantà chaque retour de
corde
,
& le nombre des
retours estant égal au nombre
des vibrations. C'est
pourquoy tout compensé
l'air opposé deux fois en
mesme temps plusde resistanceà
la corde deux fois
plus petite,trois fois à celle
qui est trois fois plus
courte, quatre fois à la souquadruple,
& ainsi de suite
dans la proportion inverse
des longueurs; d'où il suit
que la proportion inverse
des nombres de vibrations
avec les longueurs des cordes
n'a plus lieu absolument
parlant dans le Plein,
comme on la creu jusques
icy; mais que les petites
cordes estant reglées suivant
cette prétenduë proportion
reciproque, seront
tousjoursun peu trop basses,
c'est pourquoy il faudra
les accourcir de quelque
chose pour leur donner
le nombre de vibrations
desiré:c'est-à-dire,
que pour qu'une premiere
corde égale en grosseur ôc
en cenfion à une seconde
fasse deux fois plus de vibrations
qu'elle en mesme
temps, il la faudra tenir
plus courte que la moitié
de la plus grande de quelque
chose
, comme d'environ
1:0 de la plus longue
corde, & pour les autres
ra pports à proportion, ce
que j'ay experimentésur
toutes sortes de cordes «3c
de proportions en toutes
fortes de temps, & dont je
pourray donner quelque
jourune table; mais il n'est
pas aisé au reste de fixer ces
accourcissements à cause
que les differents estats de
- l'air y apportent des changementstres-
sensibles; de
sortequ'un clavessin accordé
pendant un temps ferain
,
le desaccorde comme
de Iuy.
-
mesme par un
tem ps humide, & se raccorde
ensuite de luymesme
quand le temps devient
[ec, ou lors qu'on l'approche
du feu; ou si le feu ou letemps sec l'afait desaccorder,
le temps humide
1 -
le restablit; ce qu'on peut
fore bien expliquer par le
plus ou le moins de resistance
que l'air fait aux petites
cordes, à proportion
qu'il est plus épais ou plus
leger.Voicy donc desja
deux especes de Paradoxes
de musique éclaircis, nous
déduirons les autres en leur
lieu. Au reste ce que nous
venons d'establir pour les
cordes,doit s'entendre aussi
des anches, des timbres,
des regales, & autres instrumens
de musique.
Des Consonances& des- Diffonmces
en général.
- III. C'a esté de tout
temps une question des
plu celebres de la Musique
desçavoir quelles font
lesConsonances& lesDisfonances
& leur dégré
d'harmonie ou de douceur;
car tous les Anciens au
dessusdesixcentsansenviron,
n'ont reconnu pour
Consonances que l'unisson,
l'octave
,
la quinte & la
quarte avec leurs repliques
,
sçavoir la 15*11. &c.
la12 19. &c. jusques là que
les Pythagoriciens ont pris
les répliques de la quarte
sçavoir l'II. la 18. &c. pour
des Dissonances, quoy qu'-
ils a yent reglé toute leur
musique sur la quarte: au
lieu que tous les Musiciens
modernes reconnoissent
non seulement la quarte &
ses repliques pour des Confonancesen
lesconsiderant
toutes feules; mais ils y
adjoustent encore les tierces
majeures& mineures,
les sextes majeures & mineures
,
& quelques
- uns
mesme la septiéme moyenne
(la sol) ce qui fait voir
que la finesse de l'oreille,
l'habitude & le goust ont
- autant de part aujugement
des Consonances
, que la
raison & le jugement.Car
si l'on considere premierement
lunissonjon trouvera
que les fremissements
des deux corps qui le produisent,
sont parfaitement
isocrones ou d'égaledurée,
& que s'estant une fois accordez
à commencer en
semble,ils continuent tousjours
de commencer& de
finir en mesme temps, ce
qui renferme une uniformité
parfaire. De plus si
l'on pince feulement une
de deux cordes à l'unisson,
on verra l'autre qui estoit
en repos tressaillir tres sensiblement
; ce qui deviendra
encore plus sensible si
l'on entortille autour un
petit bout de corde à boyau
fort leger
, & fort lasche ;
d'où l'on doit conclure que
les unissonsfortifient les
sons. Voilà deux fortes raifons
pour donner la préférence
à l'unisson sur toutes
les autres Consonances.Ce
n'est pas cependant celle
qui fait le plus de plaisir
;
parce que l'oreille cherche
aussi de la variété.On ne
peut donc pas establir en
general que les intervalles
dont les exposants sont les
plus simples, sont les plus
agreables, ainsi deux vibrations
contre une en mesme
temps, feront plus de plaisir
qu'une seule contre une
seule; parce que ces vibrations
'accordent de deux
coups en deux coups, à
frapper ensemble le chassis
de l'oreille d'un coup plus
fort, & forment parce moyen
une ritmique ou batterie
compasée de temps égaux
à la verité
,
mais qui
renfermentun coup fort &
un foible tour à tour. c'est
pourquoy cette ritmique
joignant également la variété
& l'uniformité, fait
plusde plaisir que l'unisson
qui n'a que l'uniformité
sans varieté
, quoy qu'une
corde à l'octave d'une autre
en repos la fasse moins
fremir que si elles estoient
à l'unisson. Si quelqu'un
préfere la diversitéà l'uniformité,
il trouvera encore
plus de douceur dans une
ritmique qui battra trois
corps contre deux en mesme
temps, parce qu'elle
contient perpetuellement
trois coups de suite égaux
en force, & un quatriéme
plus fort du double;deplus
ses quatre temps ou intervalles
separtagent en deux
moitiez touteségales ôc
contraires; car le premier
vaut deux moments, le second
un; le troisiéme unJ
& le quatriéme deux,ce qui
- joint
joint trois varietez avec
deux uniformitez
, ce que
j'exprime par ces nombres
( 2. 1.1. i-) On peut cependant
asseurer en general,
que la rirmique la plus
confuseest la plus desagréable.
Or elle devient
confuselorsqu'il y a une
trop grande multitude de
coups égaux & tres-promts
contre un , comme 10. I.
16. &c, contre un, &aussi
lorsqu'entre deux coups
forts il y a trop de variété,
comme dans h rirmique
de neufcentre huit, dans
laquelle les temps compris
entre deux chutes ou coups
forts, fontcomposez de (8.
1.7.2.6.3.5.4.4.53.62.7.1.8.)
moments; au lieu que dans
la ritmique de quatre contre
trois, par exemple,les
tempscompris entre deux
coups forts sont ( 3. 1.2. 1.
I. 3. ) moments. Or ces
deux ritmiques renferment
une symmetrie éga
k; mais la premiere offreà
l'esprit beaucoup plus de
confusion
,
ainsi est-elle
bienmoinsagréable à l'oreille.
D'où je conclus que
le plus court &le plus leur
moyen pour juger de l'agrément
des Consonances,
c'est de marquer leur
ritmique sur une mesme
ligne droite, divisée, par
exemple, en douze parties
égales, pour la ritmique de
quatre contre trois, & pour
les autres à proportion, entre
lesquelles partieson dis.
tinguera ses quatre quarts
par une ligne droite, par
exemple, & ses trois tiers
par une ligne ondée; alors
cette ligne ainsi distinguée
presentera par les yeux à
l'esprit la nature de cette
Consonance,&on pourra
se l'imprimer aussi par l'oreille,
si l'on s'accoustume
à frapper sur une table ou
autre corps dur les coups,
& les tems marquez & distinguez
par ces deux sortes
de lignes, à peu prés comme
on apprend à battre
du tambour,des castagnettes,
des timbales,du daïre
& autres instruments de
percussion car par ce moyen
l'esprit, le goust ,&
l'habitude, auront chacun
leur partau jugement des
Consonances & des Disfonances.
On pourra par
la mesme methode comparer
des accords composez
de trois sons
Ut mi sol
, Ut fol ut, Ut sa la, &c. ou
de quatre ou d'un plus
grand nombre,
& par là
se satisfaireautant qu'il est
possiblesur un pareil sujet.
C'est surces principes, &
sur une experience de plus
de vingt cinq ans que je
vais ex pliquer les noms, la
nature & la perfection des
Consonances, pour passer
ensuite aux Dissonances
les plus usitées, le nombre
des autres estant infini.
Et pour abreger cetexamen,&
rendre lemoins
ennuyeux qu'il est possible,
je traitteray dansun mesme
article d'une Consonance
,
de son comple
f
ment,c'est-à-dire, decelle
qui accomplit l'oétave.
avec elle,&deses repliques.
On entend ordinairement
par une octave
une suite de huit Cons, &:
par la répliqued'une Consonance
ou Dissonance la
mesme Contenance ou
Dissonance augmentée
d'une octave; par saduplique
la mêmeCosonance ou
Dissonance augmentée de
deux octaves
,
& ainsi des
autres. Je crois qu'il est
aussi fort à propos de mettre
icy une fuite de nombre
dont nous nous servirons
souvent pour expliquer les
intervalles des fons & les
comparer entre eux, afin
; d'épargner au lecteur la
peine de faire des operations
d'arithmetique ennuyeuses.
Cesnombres sont
71.( 80.81.^0.96. 108.120.
14j. 144, que l'on peut
continuer à souhait, en
doublant seulement les
premiers comme le dernier
144. est doublé du I.
72. & je conseillemesme
à ceux qui voudront s'avancer
dans la theorie de la
Musique, de les apprendre
par coeur, parce qu'ils en
contiennent toute la perfection.
Des ConsOnances. De tVnifson
,
Comphmeïit3 çjr «
Répliques.
- Il y a peu de chose à adjouster
à ce que nous avons
dit cy -
dessus de l'unisson ;
on remarquera feulement
qu'un parfait unisson doit
unir tellement deux sons
qu'on n'en entende qu'un,
sans aucun fremissement
ou battement quelconque.
L'unisson ne fait doncautre
chose que multiplier la
force des sonsen laissant à
chacun son caractere particulier.
On peur envisager
l'unisson dans toutes
fortesde ritmiques, en ne
divisant point par pensée
tout le temps compris entre
deux cheutes; de sorte
que pluscescheutes seront
frequentes dans une ritmique,
& plus il y aura d'unissons,
plus les fons seront
unis & comme fondus
ensemble; & plus une
corde en mouvement fera
trembler ce lle qui est en
repos ; au restel'unisson à
Toélave pour son cotnpIeJ)
ment & pour sa replique
comme il est aisé de le voir,
&sa ritmique est I.
De l'Oflave
,
Complément
& Répliqués.
V. Si l'on fait sonner ensemble
deux cordesd'égale
grosseur &-,cenfion,m-ais,
dont l'une soit deux fois
plus courte que l'autre, un
peu moins comme d'un
centiéme environ, ce que
l'oreille feule peut decider,
on entendra une Consonancetres
agréable, à qui
l'on a donné le nom d'octave
, parce qu'il se trouve
dans l'usage le plus ordinaire
six fons différents,
encre ses deux sons. La
pluspart des peuples ont
donné à ces sons les noms
des premieres lettres de
leurs Alphabets. ( a,b, d,e.f.,g, c, h)(a,d,gh,
ya»yd»yg.yh-?Leslta- ,
•
liens & les François les ont
nommez (Ut, rc, mi, sa,
sol, la, si,ut,)(pa,ra, ga,
so, bo, lo
,
doTa ) pour
quelques commodtcezqu'il
seroit assez inutile de deduireicy.
Maiscommeune
Consonance aussi harmonieuse
que l'octave ne peut
procéder que d'un rapport
L.de tremblements tresparfaits,
leparfait ne pouvant
f¡,
naistre de l'imperfection
il , cil: évident que les premiers
Musiciens
,
soit Pythagore
, foit Lycaon ou
autres ont eu raison d'establir
que la ritmique de l'octave
consistoit dans le rapport,
du moins sensible, de
deuxcontreun, ou de deux
r
à un, ou sil'onveut de 144. à72.cy dessus. Je dis sensible
, car on peut eslever
t ou abbaisser tant foit peu
un des deux sons qui forment
une Consonance sans
presque l'alterer sensiblement,
à cause que la difficulté
que l'airsouffreà se
subdiviser
,
oblige les sons
à s'unir quand ils sont trespeu
éloignez de la Consonance.
Aureste l'octave
unit deux sons presqueaussi
parfaitement que l'unisson
mesme;c'est pour cela que
quand quelqu'un ne sçauroic
chanter à l'unisson
avec un autre, dont la voix
ca ou trop hauteou trop
ba(Te, il ne manque pre£
que jamais de chanter à son
octave. Et dans les coeurs
-
les voix des jeunes gens qui
n'ont point encore souffert
laMuance,sonttoutes à
l'octave, & souvent mesme
j à la double octave de celles
des hommes faits, comme
nous l'avons remarqué
dans le Memoire précedent
sur la voix. Il en effc
de mesme à l'égard des
voix des femmes. C'est
pourcela encore que l'on
confond dans la pratique
de la composition un son
avec ses octaves
,
& que
l'on ne fait point de façon
d'eslever tout d'un coup le
dessus, ou d'abbaisser la
basse d'uneou de deux octaves.
C'est auni pour cela
qu'on regarde les sons compris
dans l'octave, comme
un tout complet
,
& ceux
qui sont au dessus ou au
dessous des octaves comme
de simplesredites des premiers
, ainsi l'octave devient
par là un cercle musical
qui rentre perpetuel
lement en luy
-
mesme, &
qui n'a pour bornes que la
difficulté' de l'execution.
Enfinl'octavefiluneConsonance
sinaturelle, qu'on
l'entend
l'entend toujours meslée
avec le son des corps
qui ont une estenduë
suffisante comme dans le
t son des grosses cloches,
des longues cordes, des
t grandes tringues de fer,
&c. Ce quine peut provenir
que de ce coup qu'on
leur imprime ne fçauroic
comprimerqu'u, ne portion
de ces grands corps à la
fois, laquelle portion venantà
se débander excite
[es voisines à trembler
comme elle, &celles-cy
celles qui sont encore plus
éloignees,jusques àce gu.-
enfin le tout se soit mis
dans une especed'équilibre
d'agitation,qui ne se
fait jamais que quand les
deux moitiés battent l'une
contre l'autre. A l'égard
des longues cordes quel'on
tire violemment & qu'on
lasche ensuite
,
c'est la resistance
de l'air qui les divise
d'abord par ondes, &
leur ressort acheve le reste
commecy-dessus.On pourroit
adjouster icy que l'octave
se produit encore
comme d'elle-mesme dans
le fon des
trompettes ,
cors , & autres tels inftruments
à vent , en pouſſant
le vent par degrez , mais
comme
j'auray
occafion
d'expliquer
ces phénomenes
dans le difcours
fuivant
, je n'en diray rien icy
davantage
. Nous avons dit
auffi que le complement
de l'octave
eft l'uniffon
, ce
qui eft bien manifefte
, puifqu'ajouftant
l'uniffon
avec
l'octave
on ne forme tousjours
que l'octave ; enfin
nous avons comparécy- devant
la ritmique de l'octa-
Kij
116 MERCURE
ve I ou 1. 1. avec celle de
l'uniffon ou 1. & nous avons
conclu que celle de
l'octave eftoit plus propre
à delecter que celle de l'uniffon,
quoyque moins propre
à unir les fons.
Il ne nous refte donc que
de parler des repliques de
l'octave , fçavoir la 15. la
22º. la 29°. qui ſont ſa replique
, fa duplique , triplique
, & c. & qui prennent
tousjours leurs noms du
nombre des tons qu'elles
comprennent ; leurs expofants
font qui fe trouGALANT.
117
vent en doublant continuellement
le numerateur
deux des termes de l'octave
; de forte que pour entendre
ces repliques il faut
faire fonner avec la corde
fondamentale une feconde
corde qui en foit un peu
moins que le quart , ou
que ou fuivant le fecond
article cy- devant , alors
on entendra trois nou ?
velles Conſonances
, qui di
minuent de beauté à mefure
qu'elles s'éloignent de
l'octave , parce qu'elle de
viennent à la fin trop con-
-
16
118 MERCURE
8 16
pas
fuſes. On ne doit donc
douter non plus que la perfection
de ces Confonances
ne vienne de celle de
leurs intervalles ÷ ÷ ÷ ou
de leurs ritmiques 1111 ,
11111111 , &c. à quoy l'on
doit adjoufter que la double
octave s'entend auffi
dans le fon des grands
corps , ce qui nous prouve
qu'ils fe fubdivifent en quatre
parties égales par la
vertu de leur reffort , & par
le choc de l'air, comme on
l'a expliqué cy.deffus.
ynouv~clle Tleorie de j
ou ïon demontre
piufieurs chojes
nouvelles.
III. MEMOIRE.
De la Melodie ou Chant à
une feule partie.
I. LA Melodie ou Melopée
est un progrés de sons
agréab2agreables a l'oreilllee. .OOrrcceect
agrement vient de trois
causes. La premiere de ce
quechaque son en particulier
meut l'organe dc.
l'ouye,sçavoir principalement
le nerf auditif, ou
les efprics qui y sont contenus
d'une maniere qui fait
plaisir
, par une espece de
chatouillement qu'il y cause.
La seconde en ce que
l'action des sans passez reste
quelque tem ps dans la
memoire,ce qui cause entre
ces fons & lettons présens,
une harmonie fort
semblable à celle de plusieurs
sons quisefontoüir
actuellement en mesme
temps. Cette harmonie de
souvenir
-
souvenir se nomme encore
des relations harmonieu-
[es, & fait le principal
agrément duchant.Latroisiéme
enfin de ce qu'un air
paroist agréable à proportion
qu'il flate la passion
dont nous sommespréoccupez.
Car les hommes de -
guerre, par exemple, trouvent
sans contredit plus de
plaisir dans les airs vifs &
prompts, que dans les
languissants & les tristes ;
ceux qui sont dans l'affliction
ne sçauroient souffrir
les chants joyeux ;
les Amans
ne prennent de goust
qu'aux airs tendres; les yvrognes
nJaftcétent que les
airs gais; les personnes serieuses
au contraire n'ai-
- ment que les chansons graves
; & les jeunes gens ne
cherchent que les airs badins.
De forte qu'on peut
presque juger de la passion
qui domine dans quelqu'
un, par les airs qu'il affecte.
Mais sans m'arrester à ce
qui fait l'agrément des sons
en particulier (ce qui m'engageroit
dans un détail de
phvGue peut- estre trèsennuyeux
pour beaucoup
1
de personnes) je commenceray
par examiner les Relations
des sons considerées
en elles, mesmes
,
&
par rapport au chant; &
je finiray par les comparer
avec nos differentes passions.
Il. Pour traitter des Relations
des fons
,
il faut
d'abord en establir le premier
principe, sçavoir,
Que les corps sonores es
-
tant frappez ou tirez, impriment
par leur ressort à ,
l'air qui les environne, 6c
celui-cy à l'air naturel qui
est dans le labyrinthe de
l'oreille des fremissements
plus ou moins prompts,
dans la mesme proportion
geometrique & reciproque,
que ces corps ont de
plus petites ou de plus
grandes dimensions,àtréspeu
de choseprès. Car
cette proportion reciproque
n'est vraye dans le
plein ou dans l'air, que
sensiblement,& feroit veritable
à la rigueur dans le
< Vide,siles sons pouvoienc
yestre entendus.
Et pourenestreconvaincu
il ne faut que supposer
premierement dans le Vide
deux cordes égales en
grosseur & en tension,mais
dont l'une foit, si l'on veut,
double de l'autre en longueur
, & qui soient tirées
chacune par leur milieu
perpendiculairement àleur
longueur, sçavoir la plus
longue de la valeur d'une
ligne(par exemple) & la
plus courte feulement de
demi ligne. Il est évident
que ces deux cordes ainsi
tirées feront chacune encore
également andéfs;
&que si on les lasche toutes
deux elles partiront par
consequent avec des vitesseségales.
Et comme la plus
longue a un trajet deux fois
plus grand à parcourir que
la plus courre, il estmanifeste
qu'elle doit employer
deux fois plus de temps a le
faire que celle- cy à faire
le sien. Car à cause de la
petitesse des espaces à parcourir,
on peut regarder
- ces espaces çomme parcourus
d'un mouvement
uniforme; ainsila plus Iongue
ne fera que la moitié
des tremblements que la
plus courte fera dans le
mesme temps. Ce fera la
mesmechose lors qu'une
des deux cordes sera, par
exemple, tripleou quadruple
de l'autre, ou dans tou-
,
te autre proportion à fouhait
; c'est-dire que celle
qui fera triple en longueur
fera trois moins de vibrations,
que la plus courte
dans un tem ps égal & ainsi
des autres. Ainsiles nombres
des vibrations de deux
telles cordes feront tousjours
entre eux dans le rapport
rcciproque ou renversé
des longueurs de ces
deux mesmes cordes,
comme Mersenne l'avoit
desja démontré dans le 1.
Tome de l'Harmonie universe
lle.
Mais lorsqu'on suppose
ces deux mesmes cordes
dans le Plein, il fautconsiderer
que la corde qui est,
par exemple
,
double en
longueur, rencontre quatre
fois plus d'air en parcourant
sa vibration, que
la plus petite. en parcourant
la sienne
,
puisque la
premiere a un trajet à parcourir
double de celuy de
la derniere. De melme la
corde triple en longueur
rencontrera neuf fois plus
d'air que la plus petite,
ayant uu tra jet trois fois
plus grand à faire; la corde
quadrupleayant un espace
quadruple à parcourir
) en rencontrera seize
fois davantage
; & ainsi de
suite dans la proportion
des quarrez 4. 9. 16. 2. 5.
36. &c. des longueurs des
cordes 2. 3. 4. 5. 6. &c.
( les superficies semblables
estant entre elles dans le
rapport des quarrez de
leurs longueurs, ou largeurs
comme on le démontre
en geometrie. )
Mais d'un autre costé la
corde deux fois plus courte
faisant deux vibrations
contre ladouble une dans
le mesme temps, celle qui
est trois foisplus courte en
faisant trois contre la triple
une; celle qui l'est quatre
fuis. en faisant quatre contre
la quadruple une, &
ainsi de suite,la double rentrera
feulement dans ses
premieres vibrations deux
fois plus d'air que la simple
pendant le mesme temps;
la triple feulement trois
fois davantage ,
la quadruple
seulement quatre fois
plus que la simple, & aioli
de fuite. Donc les vitesses
de toutes ces cordes estant
d'ailleurs regardées comme
égales & uniformes à
cause de la petitesse du trajet
, comme on a fait cyd,
ssus, l'air opposera une
resistance double à la corde
double, unetriple à la
1
triple,une quadruple à Iæ
quadruple, & ainsi des autres;
ce qui de ce costé devra
faire une diminution
de vibrations égale dans
chacune de ces cordes en
mesme temps. Mais d'un
aure costé lacorde deux
fois plus courte rencontre
deux fois l'air à contre sens
pendant ses deux vibrations,
au lieu que la dou
ble ne le renconcre qu'une;
lacorde trois fois plus courte
le rencontre trois fois
contre la triple une; celle
qui est quatre fois plus
courte le rencontre quatre
fois contre la quadruple
une seulement; ces oppositions
ou chocs de front se
faisantà chaque retour de
corde
,
& le nombre des
retours estant égal au nombre
des vibrations. C'est
pourquoy tout compensé
l'air opposé deux fois en
mesme temps plusde resistanceà
la corde deux fois
plus petite,trois fois à celle
qui est trois fois plus
courte, quatre fois à la souquadruple,
& ainsi de suite
dans la proportion inverse
des longueurs; d'où il suit
que la proportion inverse
des nombres de vibrations
avec les longueurs des cordes
n'a plus lieu absolument
parlant dans le Plein,
comme on la creu jusques
icy; mais que les petites
cordes estant reglées suivant
cette prétenduë proportion
reciproque, seront
tousjoursun peu trop basses,
c'est pourquoy il faudra
les accourcir de quelque
chose pour leur donner
le nombre de vibrations
desiré:c'est-à-dire,
que pour qu'une premiere
corde égale en grosseur ôc
en cenfion à une seconde
fasse deux fois plus de vibrations
qu'elle en mesme
temps, il la faudra tenir
plus courte que la moitié
de la plus grande de quelque
chose
, comme d'environ
1:0 de la plus longue
corde, & pour les autres
ra pports à proportion, ce
que j'ay experimentésur
toutes sortes de cordes «3c
de proportions en toutes
fortes de temps, & dont je
pourray donner quelque
jourune table; mais il n'est
pas aisé au reste de fixer ces
accourcissements à cause
que les differents estats de
- l'air y apportent des changementstres-
sensibles; de
sortequ'un clavessin accordé
pendant un temps ferain
,
le desaccorde comme
de Iuy.
-
mesme par un
tem ps humide, & se raccorde
ensuite de luymesme
quand le temps devient
[ec, ou lors qu'on l'approche
du feu; ou si le feu ou letemps sec l'afait desaccorder,
le temps humide
1 -
le restablit; ce qu'on peut
fore bien expliquer par le
plus ou le moins de resistance
que l'air fait aux petites
cordes, à proportion
qu'il est plus épais ou plus
leger.Voicy donc desja
deux especes de Paradoxes
de musique éclaircis, nous
déduirons les autres en leur
lieu. Au reste ce que nous
venons d'establir pour les
cordes,doit s'entendre aussi
des anches, des timbres,
des regales, & autres instrumens
de musique.
Des Consonances& des- Diffonmces
en général.
- III. C'a esté de tout
temps une question des
plu celebres de la Musique
desçavoir quelles font
lesConsonances& lesDisfonances
& leur dégré
d'harmonie ou de douceur;
car tous les Anciens au
dessusdesixcentsansenviron,
n'ont reconnu pour
Consonances que l'unisson,
l'octave
,
la quinte & la
quarte avec leurs repliques
,
sçavoir la 15*11. &c.
la12 19. &c. jusques là que
les Pythagoriciens ont pris
les répliques de la quarte
sçavoir l'II. la 18. &c. pour
des Dissonances, quoy qu'-
ils a yent reglé toute leur
musique sur la quarte: au
lieu que tous les Musiciens
modernes reconnoissent
non seulement la quarte &
ses repliques pour des Confonancesen
lesconsiderant
toutes feules; mais ils y
adjoustent encore les tierces
majeures& mineures,
les sextes majeures & mineures
,
& quelques
- uns
mesme la septiéme moyenne
(la sol) ce qui fait voir
que la finesse de l'oreille,
l'habitude & le goust ont
- autant de part aujugement
des Consonances
, que la
raison & le jugement.Car
si l'on considere premierement
lunissonjon trouvera
que les fremissements
des deux corps qui le produisent,
sont parfaitement
isocrones ou d'égaledurée,
& que s'estant une fois accordez
à commencer en
semble,ils continuent tousjours
de commencer& de
finir en mesme temps, ce
qui renferme une uniformité
parfaire. De plus si
l'on pince feulement une
de deux cordes à l'unisson,
on verra l'autre qui estoit
en repos tressaillir tres sensiblement
; ce qui deviendra
encore plus sensible si
l'on entortille autour un
petit bout de corde à boyau
fort leger
, & fort lasche ;
d'où l'on doit conclure que
les unissonsfortifient les
sons. Voilà deux fortes raifons
pour donner la préférence
à l'unisson sur toutes
les autres Consonances.Ce
n'est pas cependant celle
qui fait le plus de plaisir
;
parce que l'oreille cherche
aussi de la variété.On ne
peut donc pas establir en
general que les intervalles
dont les exposants sont les
plus simples, sont les plus
agreables, ainsi deux vibrations
contre une en mesme
temps, feront plus de plaisir
qu'une seule contre une
seule; parce que ces vibrations
'accordent de deux
coups en deux coups, à
frapper ensemble le chassis
de l'oreille d'un coup plus
fort, & forment parce moyen
une ritmique ou batterie
compasée de temps égaux
à la verité
,
mais qui
renfermentun coup fort &
un foible tour à tour. c'est
pourquoy cette ritmique
joignant également la variété
& l'uniformité, fait
plusde plaisir que l'unisson
qui n'a que l'uniformité
sans varieté
, quoy qu'une
corde à l'octave d'une autre
en repos la fasse moins
fremir que si elles estoient
à l'unisson. Si quelqu'un
préfere la diversitéà l'uniformité,
il trouvera encore
plus de douceur dans une
ritmique qui battra trois
corps contre deux en mesme
temps, parce qu'elle
contient perpetuellement
trois coups de suite égaux
en force, & un quatriéme
plus fort du double;deplus
ses quatre temps ou intervalles
separtagent en deux
moitiez touteségales ôc
contraires; car le premier
vaut deux moments, le second
un; le troisiéme unJ
& le quatriéme deux,ce qui
- joint
joint trois varietez avec
deux uniformitez
, ce que
j'exprime par ces nombres
( 2. 1.1. i-) On peut cependant
asseurer en general,
que la rirmique la plus
confuseest la plus desagréable.
Or elle devient
confuselorsqu'il y a une
trop grande multitude de
coups égaux & tres-promts
contre un , comme 10. I.
16. &c, contre un, &aussi
lorsqu'entre deux coups
forts il y a trop de variété,
comme dans h rirmique
de neufcentre huit, dans
laquelle les temps compris
entre deux chutes ou coups
forts, fontcomposez de (8.
1.7.2.6.3.5.4.4.53.62.7.1.8.)
moments; au lieu que dans
la ritmique de quatre contre
trois, par exemple,les
tempscompris entre deux
coups forts sont ( 3. 1.2. 1.
I. 3. ) moments. Or ces
deux ritmiques renferment
une symmetrie éga
k; mais la premiere offreà
l'esprit beaucoup plus de
confusion
,
ainsi est-elle
bienmoinsagréable à l'oreille.
D'où je conclus que
le plus court &le plus leur
moyen pour juger de l'agrément
des Consonances,
c'est de marquer leur
ritmique sur une mesme
ligne droite, divisée, par
exemple, en douze parties
égales, pour la ritmique de
quatre contre trois, & pour
les autres à proportion, entre
lesquelles partieson dis.
tinguera ses quatre quarts
par une ligne droite, par
exemple, & ses trois tiers
par une ligne ondée; alors
cette ligne ainsi distinguée
presentera par les yeux à
l'esprit la nature de cette
Consonance,&on pourra
se l'imprimer aussi par l'oreille,
si l'on s'accoustume
à frapper sur une table ou
autre corps dur les coups,
& les tems marquez & distinguez
par ces deux sortes
de lignes, à peu prés comme
on apprend à battre
du tambour,des castagnettes,
des timbales,du daïre
& autres instruments de
percussion car par ce moyen
l'esprit, le goust ,&
l'habitude, auront chacun
leur partau jugement des
Consonances & des Disfonances.
On pourra par
la mesme methode comparer
des accords composez
de trois sons
Ut mi sol
, Ut fol ut, Ut sa la, &c. ou
de quatre ou d'un plus
grand nombre,
& par là
se satisfaireautant qu'il est
possiblesur un pareil sujet.
C'est surces principes, &
sur une experience de plus
de vingt cinq ans que je
vais ex pliquer les noms, la
nature & la perfection des
Consonances, pour passer
ensuite aux Dissonances
les plus usitées, le nombre
des autres estant infini.
Et pour abreger cetexamen,&
rendre lemoins
ennuyeux qu'il est possible,
je traitteray dansun mesme
article d'une Consonance
,
de son comple
f
ment,c'est-à-dire, decelle
qui accomplit l'oétave.
avec elle,&deses repliques.
On entend ordinairement
par une octave
une suite de huit Cons, &:
par la répliqued'une Consonance
ou Dissonance la
mesme Contenance ou
Dissonance augmentée
d'une octave; par saduplique
la mêmeCosonance ou
Dissonance augmentée de
deux octaves
,
& ainsi des
autres. Je crois qu'il est
aussi fort à propos de mettre
icy une fuite de nombre
dont nous nous servirons
souvent pour expliquer les
intervalles des fons & les
comparer entre eux, afin
; d'épargner au lecteur la
peine de faire des operations
d'arithmetique ennuyeuses.
Cesnombres sont
71.( 80.81.^0.96. 108.120.
14j. 144, que l'on peut
continuer à souhait, en
doublant seulement les
premiers comme le dernier
144. est doublé du I.
72. & je conseillemesme
à ceux qui voudront s'avancer
dans la theorie de la
Musique, de les apprendre
par coeur, parce qu'ils en
contiennent toute la perfection.
Des ConsOnances. De tVnifson
,
Comphmeïit3 çjr «
Répliques.
- Il y a peu de chose à adjouster
à ce que nous avons
dit cy -
dessus de l'unisson ;
on remarquera feulement
qu'un parfait unisson doit
unir tellement deux sons
qu'on n'en entende qu'un,
sans aucun fremissement
ou battement quelconque.
L'unisson ne fait doncautre
chose que multiplier la
force des sonsen laissant à
chacun son caractere particulier.
On peur envisager
l'unisson dans toutes
fortesde ritmiques, en ne
divisant point par pensée
tout le temps compris entre
deux cheutes; de sorte
que pluscescheutes seront
frequentes dans une ritmique,
& plus il y aura d'unissons,
plus les fons seront
unis & comme fondus
ensemble; & plus une
corde en mouvement fera
trembler ce lle qui est en
repos ; au restel'unisson à
Toélave pour son cotnpIeJ)
ment & pour sa replique
comme il est aisé de le voir,
&sa ritmique est I.
De l'Oflave
,
Complément
& Répliqués.
V. Si l'on fait sonner ensemble
deux cordesd'égale
grosseur &-,cenfion,m-ais,
dont l'une soit deux fois
plus courte que l'autre, un
peu moins comme d'un
centiéme environ, ce que
l'oreille feule peut decider,
on entendra une Consonancetres
agréable, à qui
l'on a donné le nom d'octave
, parce qu'il se trouve
dans l'usage le plus ordinaire
six fons différents,
encre ses deux sons. La
pluspart des peuples ont
donné à ces sons les noms
des premieres lettres de
leurs Alphabets. ( a,b, d,e.f.,g, c, h)(a,d,gh,
ya»yd»yg.yh-?Leslta- ,
•
liens & les François les ont
nommez (Ut, rc, mi, sa,
sol, la, si,ut,)(pa,ra, ga,
so, bo, lo
,
doTa ) pour
quelques commodtcezqu'il
seroit assez inutile de deduireicy.
Maiscommeune
Consonance aussi harmonieuse
que l'octave ne peut
procéder que d'un rapport
L.de tremblements tresparfaits,
leparfait ne pouvant
f¡,
naistre de l'imperfection
il , cil: évident que les premiers
Musiciens
,
soit Pythagore
, foit Lycaon ou
autres ont eu raison d'establir
que la ritmique de l'octave
consistoit dans le rapport,
du moins sensible, de
deuxcontreun, ou de deux
r
à un, ou sil'onveut de 144. à72.cy dessus. Je dis sensible
, car on peut eslever
t ou abbaisser tant foit peu
un des deux sons qui forment
une Consonance sans
presque l'alterer sensiblement,
à cause que la difficulté
que l'airsouffreà se
subdiviser
,
oblige les sons
à s'unir quand ils sont trespeu
éloignez de la Consonance.
Aureste l'octave
unit deux sons presqueaussi
parfaitement que l'unisson
mesme;c'est pour cela que
quand quelqu'un ne sçauroic
chanter à l'unisson
avec un autre, dont la voix
ca ou trop hauteou trop
ba(Te, il ne manque pre£
que jamais de chanter à son
octave. Et dans les coeurs
-
les voix des jeunes gens qui
n'ont point encore souffert
laMuance,sonttoutes à
l'octave, & souvent mesme
j à la double octave de celles
des hommes faits, comme
nous l'avons remarqué
dans le Memoire précedent
sur la voix. Il en effc
de mesme à l'égard des
voix des femmes. C'est
pourcela encore que l'on
confond dans la pratique
de la composition un son
avec ses octaves
,
& que
l'on ne fait point de façon
d'eslever tout d'un coup le
dessus, ou d'abbaisser la
basse d'uneou de deux octaves.
C'est auni pour cela
qu'on regarde les sons compris
dans l'octave, comme
un tout complet
,
& ceux
qui sont au dessus ou au
dessous des octaves comme
de simplesredites des premiers
, ainsi l'octave devient
par là un cercle musical
qui rentre perpetuel
lement en luy
-
mesme, &
qui n'a pour bornes que la
difficulté' de l'execution.
Enfinl'octavefiluneConsonance
sinaturelle, qu'on
l'entend
l'entend toujours meslée
avec le son des corps
qui ont une estenduë
suffisante comme dans le
t son des grosses cloches,
des longues cordes, des
t grandes tringues de fer,
&c. Ce quine peut provenir
que de ce coup qu'on
leur imprime ne fçauroic
comprimerqu'u, ne portion
de ces grands corps à la
fois, laquelle portion venantà
se débander excite
[es voisines à trembler
comme elle, &celles-cy
celles qui sont encore plus
éloignees,jusques àce gu.-
enfin le tout se soit mis
dans une especed'équilibre
d'agitation,qui ne se
fait jamais que quand les
deux moitiés battent l'une
contre l'autre. A l'égard
des longues cordes quel'on
tire violemment & qu'on
lasche ensuite
,
c'est la resistance
de l'air qui les divise
d'abord par ondes, &
leur ressort acheve le reste
commecy-dessus.On pourroit
adjouster icy que l'octave
se produit encore
comme d'elle-mesme dans
le fon des
trompettes ,
cors , & autres tels inftruments
à vent , en pouſſant
le vent par degrez , mais
comme
j'auray
occafion
d'expliquer
ces phénomenes
dans le difcours
fuivant
, je n'en diray rien icy
davantage
. Nous avons dit
auffi que le complement
de l'octave
eft l'uniffon
, ce
qui eft bien manifefte
, puifqu'ajouftant
l'uniffon
avec
l'octave
on ne forme tousjours
que l'octave ; enfin
nous avons comparécy- devant
la ritmique de l'octa-
Kij
116 MERCURE
ve I ou 1. 1. avec celle de
l'uniffon ou 1. & nous avons
conclu que celle de
l'octave eftoit plus propre
à delecter que celle de l'uniffon,
quoyque moins propre
à unir les fons.
Il ne nous refte donc que
de parler des repliques de
l'octave , fçavoir la 15. la
22º. la 29°. qui ſont ſa replique
, fa duplique , triplique
, & c. & qui prennent
tousjours leurs noms du
nombre des tons qu'elles
comprennent ; leurs expofants
font qui fe trouGALANT.
117
vent en doublant continuellement
le numerateur
deux des termes de l'octave
; de forte que pour entendre
ces repliques il faut
faire fonner avec la corde
fondamentale une feconde
corde qui en foit un peu
moins que le quart , ou
que ou fuivant le fecond
article cy- devant , alors
on entendra trois nou ?
velles Conſonances
, qui di
minuent de beauté à mefure
qu'elles s'éloignent de
l'octave , parce qu'elle de
viennent à la fin trop con-
-
16
118 MERCURE
8 16
pas
fuſes. On ne doit donc
douter non plus que la perfection
de ces Confonances
ne vienne de celle de
leurs intervalles ÷ ÷ ÷ ou
de leurs ritmiques 1111 ,
11111111 , &c. à quoy l'on
doit adjoufter que la double
octave s'entend auffi
dans le fon des grands
corps , ce qui nous prouve
qu'ils fe fubdivifent en quatre
parties égales par la
vertu de leur reffort , & par
le choc de l'air, comme on
l'a expliqué cy.deffus.
Fermer
Résumé : SUITE DE LA nouvelle Théorie de Musique, où l'on demontre plusieurs choses nouvelles. III. MEMOIRE.
Le texte 'SVITtEDELA' présente une nouvelle théorie sur la mélodie et les relations harmoniques des sons. La mélodie, ou chant à une seule partie, est définie comme une progression de sons agréables à l'oreille. Cet agrément provient de trois causes principales : l'effet des sons sur l'organe de l'ouïe, la persistance des sons dans la mémoire, et la correspondance entre les airs et les passions humaines. Par exemple, les airs vifs plaisent aux hommes de guerre, tandis que les personnes affligées préfèrent les chants tristes. Le texte explore ensuite les relations des sons en établissant que les corps sonores, lorsqu'ils sont frappés ou tirés, impriment des fremissements à l'air environnant. Ces fremissements sont proportionnels aux dimensions des corps sonores. Des expériences avec des cordes de différentes longueurs illustrent cette proportion. Dans le vide, les cordes produisent des vibrations inversement proportionnelles à leur longueur. Cependant, dans l'air, la résistance de l'air modifie cette proportion, nécessitant des ajustements pour obtenir les vibrations désirées. Le texte aborde également la question des consonances et des dissonances en musique. Les Anciens reconnaissaient seulement l'unisson, l'octave, la quinte et la quarte comme consonances, tandis que les musiciens modernes incluent les tierces, les sextes et même la septième. L'unisson, bien qu'uniforme, n'est pas toujours le plus agréable car l'oreille cherche de la variété. Les ritmiques, ou battements réguliers, sont analysées pour déterminer leur agrément. Une ritmique trop confuse, avec une multitude de coups rapides, est désagréable. L'auteur propose une méthode pour juger de l'agrément des consonances en marquant leur ritmique sur une ligne droite divisée en parties égales. Il suggère d'apprendre à marquer des coups sur des surfaces dures pour développer l'habitude et le goût des consonances et des dissonances. L'unisson est défini comme l'union de deux sons qui semblent n'en former qu'un seul, sans battements ou tremblements. L'octave, quant à elle, est une consonance très agréable, formée par deux sons dont l'un est deux fois plus court que l'autre. Les peuples ont donné des noms variés à ces sons, comme les lettres de l'alphabet ou les syllabes 'Ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut'. L'octave est considérée comme une consonance naturelle, présente dans le son de nombreux corps étendus comme les cloches ou les cordes. L'auteur explique également les répliques de l'octave, qui sont des consonances augmentées d'une ou plusieurs octaves. La perfection de ces consonances dépend de leurs intervalles et de leurs rythmiques. Enfin, il note que la double octave peut également être entendue dans le son de grands corps, prouvant leur subdivision en parties égales par la vertu de leur ressort et le choc de l'air.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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650
p. 193-211
Origine des Ducs d'Alençon.
Début :
Alençon, Duché-Pairie en Normandie sur la riviere de Sarte, a été donné [...]
Mots clefs :
Duc d'Alençon, Roi Philippe-Auguste, État ecclésiastique, Couronne, Duc d'Orléans, Louis XIV
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Origine des Ducs d'Alençon.
Origine des Ducs tÏAUnçon.
Alençon, Duché-Pairie
en Normandie sur la riviere
de Sarre,aétédonné
en appanage à M. le Duc
de Berry par Lettres du
mois de Juin 1710. verifiées
en Parlement le 10. Juillet
suivant.
Alençon a eu des Seigneurs
particuliers, & fut
acquise par le Roy Philippe-
Auguste, & saint Louis
la donna avec titrede Comté
à son filsPierre, qui
mourut sans posterité de
Jeanne de Châtillon son
épouse,au retour du voyage
d'Afrique le 6. Avril
1283. Depuis le Roy Philippe
le Hardi le donna à
son fils Charles de France
Comte de Valois, qui en
fit l'appanage de. Charles
de Valois ion second fils,
qui a été la tige des Comces
& Ducs dAlençon, finie
à Charles Duc d'Alençon,
qui mourut sans posterité
en 1525.
Charles de Valois, Comte
d'Alençon, futmarié
deux fois: la premiere en
1314. à Jeanne de Joigny,
de laquelle il n'eut point
d'enfans; & la seconde en
1336. avec Marie d'Espagne,
Comtesse de Biscaye
, &
Dame de Lara en Castille,
qui le rendit pere de plusieurs
cnfans
,
& entr'autres
de Charles & Pierre,
qui furent tous deux Comtes
d'Alençon l'un aprés
l'autre. Charles, qui fut
troisiéme du nom )
Comte
d'Alençon, ayant embrassé
l'étatecclesiastique, fut Archevêque
de Lion,laissa
le Comtéd'Alençon
à son frere cadet Pierre,
qui prit alliance avec Marie
Chamaillart
,
fille de
Guillaume Chamaillart,
Seigneur d'Anthenaise, qui
le rendit pere de Jean Comte
d'Alençon premier du
nom, en faveur de qui le
Roy Charles VI. erigea en
Duché-Pairie Alençon le
premier Janvier 1414.verifié
en Parlement le ij.
May 1415. Il fut allié par
mariage avec Marie, fille
aînée de Jean V. du nom,
Duc de Bretagne. Il fut pere
de Jean II. du nom Duc
d'Alençon, Pair de France,
qui fut marié deux fois: la
premiere avec Jeanne d'Orleans,
fille de Charles Duc
d'Orléans; & la seconde
avec Marie d'Armagnac,
fille de Jean IV. Comte
d'Armagnac
,
de laquelle
il eut René Comte d'Alençon,
marié en 1488. à Marguerite
de Lorraine, fille
de Ferry de Lorraine, Comte
deVaudemont, &d'Yoland
d'Anjou. Ce Prince
mourut en 1492. laissant
Charles son fils, qui fut
Duc d'Alençon aprés lui,
lequel épousa Marguerite
d'Orléans, dit de Valois,
soeur du Roy François Premier.
Il mourut sans posterité
en 1525 ainsi le Duché
d'Alençon fut reüni à la
Couronne. Le Roy Henry
II. le donna à son troisiéme
fils Charles, qui fut depuis
Roy de France neuviéme
du nom, qui fit Alençon
une partie de l'appanage de
son frere François,qui fut
Duc d'Alençon, de Tou.
raine, d'Anjou, de Berry,
&c.Il mourut sans posterité
fie sans alliance en 1584. ain-
,
si leDuché d'Alençon fut
encore reüni à la Couronne,&
il fut engagé pour
plusieurs sommes au Duc
de Vvirtemberg
,
qui fut
remboursé par la Reine
Marie deMedicis, qui le
renira; & depuis donné pour
partie de l'appanage à Gastonde
France, Duc d'Orleans,
après la mort duquel
Isabelle d'Orléans,sa lîlle
du second lit, l'eut en appanage.
Elle épousa Loiiis-
Joseph de Lorraine, Duc
de Guise, qui mourut en
16 7 1. laissant un seul siss;
qui fut François de Lorraine,
Duc d'Alençon, de
Guise, &c. qui mourut âgé
de cinq ans en 1675. & Madame
la Duchesse d'Alençon
& de Guise, sa mere,
étant morte en 1696. le Duché
fut encore reüni à la
Couronne, & ensuite donné
en 1710. à M. le Duc de
Berry, qui en a donné le
nom à son fils aîné, qui
vient de naître le 26. Mars
1713. & elt mort le
Avril suivant.
M. le Duc de Louvigny
a pris seance au Parlement
en qualité de Pair de France
le 6. du mois d'Avril; Se
quoy qu'on le nomme Duc
de Louvigny
,
il est cependant
Duc de Gramont. Le
nom de Louvignyn'est que
la qualité qu'il portoit avant
d'être Duc de Gramont,&
l'on peut dire que
nous avons aujourd'hui
trois Ducs de Gramont qui
Vivent en même tem ps ; ravoir, M. le Duc de Gramont,
M. le Duc de Guiche
sonfils, & M. le Duç
de Louvigny,fils de M. le
Duc de Guiche,& petitfils
de M. le Duc de Gramont.
Cependant il n'y a
que M. le Duc deLouvigny
qui soit titulaire, comme
je le dirai ci-aprés.
La Duché de Gramont,
qui est un bourg dans la
basle Navarre
J
rut
érigée
en Duché par le Roy Loüis
XIV. qui donna d'abord un
Brevet de Duc le
1 5. Decembre1643.
en faveur
d'Antoine Comte de Gramont,
second du nom, qui
mourut en 1644. La même
année le Roy donna de nouvelles
Lettres en Duché-
Pairie en faveur d'Antoine
troisiéme du nom, son fils,
qui fut Duc de Gramont,
Pair & Maréchal de France
;
lesquelles Lettres furent
vérifiées au Parlement
le 15. Décembre 1663. Ce
Maréchal de Gramontépousa
Marguerite deChivré,
fille de Hector, Seigneur
du Plessis, & mourut
en 1678. Il eut pour fils
Antoine quatriéme du nom
Duc de Gramont, Pair de
France, après son pere. Il
épousaen1668.Marie-Charlotte
de Castelnau, fille de
Jacques deCastelnau, Maréchal
de France; duquel
mariage est forti Antoine
de Gramont, Comte de
Guiche, quiaépôusé Marie-
Charlotte de Noailles,
- fille d'Anne-Jules Duc de
Noailles, Pair & Maréchal
deFrance. Ce sur en faveur
de ce mariage que M.
le Duc de Gramont son pere
se démit de la Duchéen
faveur du Comte de Guiche
son fils, le Roy lui
ayant donné un Brevet
pour lui conserver les honneurs
de Duc: & parcon.,,.
sequent leComte de Guiche
est Antoine cinquiérne
du nom, Duc de Gramont,
connu fous le nom de Duc
de Guiche, pour le distinguer
d'avec Monsieur son
pere, qui est connu fous le
nom de Duc de Gramont;
comme aujourd'hui on dit
tingue M. le Duc de Lou--
vigny /qui est cependant
Duc de Gramont, par la
cession que le Duc de Guiche
son pere a faite en sa
faveur, en le mariant en
1710. avecLoüise-Françoise
d'Aumont
,
fille de M. le
Duc d'Humieres
,
le Roy
ayant accordé à M. le Duc
de Guiche un Brevet comme
à M. le Duc de Gramont
, pour lui conserver
les honneurs de Duc. Ainsi
on peut dire qu'il y a aujourd'hui
trois Ducs de Gra.
mont vivans : maisil n'y a
que le dernier de titulaire.
Le 18. du mois de Mars
M. le Duc d'Albret prit
seance au Parlement en
qualité de Pair de France.
Albret, ville & pays en
Gascogne, dans les Landes
de Bordeaux, fut érigé en
Duché par le Roy Henry
II. en 1556. en faveur d'Antoine
de Bourbon Roy de
Navarre,& de Jeanne d'Albret
son épouse. Henry IV.
Roy de France, leur fils,
reunit le Duché d'Albret à
la Couronne de France lors
qu'il y fut parvenu. Le Cardinal
de Richelieu posseda
le Duché d'Albret par engagement,
aprés lequel il
a passé à Louis second du
-nom ,
Prince de Condé,
--*h
au moyen de son mariage
avec Dame Claire Clémence
de Maillé-Breze,
niece de M. le Cardinal de
Richelieu. Le Prince de
Condé eut en échange le
Duché de Bourbon en1651.
Henry -
Jules de Bourbon
fan fils porta en sa jeunesse
la qualité de Duc d'Albrec.
En 1651.leRoy Loüis
XIV. traita avec Federic-
Maurice de la Tour d'Auvergne,
qui lui ceda la
Principauté, de Sedan & de
Raucourt ; &enéchange
le Roy lui donna le Duché
d'Ald'Albret,
celui de Châteauthierry
, pour en jouir du
jour de la premiere érection,
& aussi le Duché d'Evreux
en titre de Comté,
avec le Comté d'Auvergne
; ce qui fut vérifié le
20.Février 1651. Ainsi par
cet échange Federic-Maurice
de la Tour d'Auvergne,
Duc de Boüillon, fut
Duc dAlbret, de Châteauthierry,
Comte d'A uvergne
& d'Evreux, lesquels
ont passé à Godefroy. Maurice
de la Tour d'Auverr
gne son fils père d'Emanuel-
Theodose de la Tour
d'Auvergne, aujourd'hui
Duc d'Albret, lequel a
épousé en 1696. Dame Armande-
Vidtoire de la Tremoille
)
fille de feu M. le
Duc de la Tremoille, & de
Dame Madeleine de Crequy.
On peur voir les ércdions
de coures ces Duchez
& Pairies de France
dans les onze Cartes de
tous les Ducs Pairs, & des
-
Duchesses leurs épouses,
que M. Chevillard,Genea- i
-
logiste du Roy, ôc Historiographe,
adonnées au Public
il y a quelques années
Alençon, Duché-Pairie
en Normandie sur la riviere
de Sarre,aétédonné
en appanage à M. le Duc
de Berry par Lettres du
mois de Juin 1710. verifiées
en Parlement le 10. Juillet
suivant.
Alençon a eu des Seigneurs
particuliers, & fut
acquise par le Roy Philippe-
Auguste, & saint Louis
la donna avec titrede Comté
à son filsPierre, qui
mourut sans posterité de
Jeanne de Châtillon son
épouse,au retour du voyage
d'Afrique le 6. Avril
1283. Depuis le Roy Philippe
le Hardi le donna à
son fils Charles de France
Comte de Valois, qui en
fit l'appanage de. Charles
de Valois ion second fils,
qui a été la tige des Comces
& Ducs dAlençon, finie
à Charles Duc d'Alençon,
qui mourut sans posterité
en 1525.
Charles de Valois, Comte
d'Alençon, futmarié
deux fois: la premiere en
1314. à Jeanne de Joigny,
de laquelle il n'eut point
d'enfans; & la seconde en
1336. avec Marie d'Espagne,
Comtesse de Biscaye
, &
Dame de Lara en Castille,
qui le rendit pere de plusieurs
cnfans
,
& entr'autres
de Charles & Pierre,
qui furent tous deux Comtes
d'Alençon l'un aprés
l'autre. Charles, qui fut
troisiéme du nom )
Comte
d'Alençon, ayant embrassé
l'étatecclesiastique, fut Archevêque
de Lion,laissa
le Comtéd'Alençon
à son frere cadet Pierre,
qui prit alliance avec Marie
Chamaillart
,
fille de
Guillaume Chamaillart,
Seigneur d'Anthenaise, qui
le rendit pere de Jean Comte
d'Alençon premier du
nom, en faveur de qui le
Roy Charles VI. erigea en
Duché-Pairie Alençon le
premier Janvier 1414.verifié
en Parlement le ij.
May 1415. Il fut allié par
mariage avec Marie, fille
aînée de Jean V. du nom,
Duc de Bretagne. Il fut pere
de Jean II. du nom Duc
d'Alençon, Pair de France,
qui fut marié deux fois: la
premiere avec Jeanne d'Orleans,
fille de Charles Duc
d'Orléans; & la seconde
avec Marie d'Armagnac,
fille de Jean IV. Comte
d'Armagnac
,
de laquelle
il eut René Comte d'Alençon,
marié en 1488. à Marguerite
de Lorraine, fille
de Ferry de Lorraine, Comte
deVaudemont, &d'Yoland
d'Anjou. Ce Prince
mourut en 1492. laissant
Charles son fils, qui fut
Duc d'Alençon aprés lui,
lequel épousa Marguerite
d'Orléans, dit de Valois,
soeur du Roy François Premier.
Il mourut sans posterité
en 1525 ainsi le Duché
d'Alençon fut reüni à la
Couronne. Le Roy Henry
II. le donna à son troisiéme
fils Charles, qui fut depuis
Roy de France neuviéme
du nom, qui fit Alençon
une partie de l'appanage de
son frere François,qui fut
Duc d'Alençon, de Tou.
raine, d'Anjou, de Berry,
&c.Il mourut sans posterité
fie sans alliance en 1584. ain-
,
si leDuché d'Alençon fut
encore reüni à la Couronne,&
il fut engagé pour
plusieurs sommes au Duc
de Vvirtemberg
,
qui fut
remboursé par la Reine
Marie deMedicis, qui le
renira; & depuis donné pour
partie de l'appanage à Gastonde
France, Duc d'Orleans,
après la mort duquel
Isabelle d'Orléans,sa lîlle
du second lit, l'eut en appanage.
Elle épousa Loiiis-
Joseph de Lorraine, Duc
de Guise, qui mourut en
16 7 1. laissant un seul siss;
qui fut François de Lorraine,
Duc d'Alençon, de
Guise, &c. qui mourut âgé
de cinq ans en 1675. & Madame
la Duchesse d'Alençon
& de Guise, sa mere,
étant morte en 1696. le Duché
fut encore reüni à la
Couronne, & ensuite donné
en 1710. à M. le Duc de
Berry, qui en a donné le
nom à son fils aîné, qui
vient de naître le 26. Mars
1713. & elt mort le
Avril suivant.
M. le Duc de Louvigny
a pris seance au Parlement
en qualité de Pair de France
le 6. du mois d'Avril; Se
quoy qu'on le nomme Duc
de Louvigny
,
il est cependant
Duc de Gramont. Le
nom de Louvignyn'est que
la qualité qu'il portoit avant
d'être Duc de Gramont,&
l'on peut dire que
nous avons aujourd'hui
trois Ducs de Gramont qui
Vivent en même tem ps ; ravoir, M. le Duc de Gramont,
M. le Duc de Guiche
sonfils, & M. le Duç
de Louvigny,fils de M. le
Duc de Guiche,& petitfils
de M. le Duc de Gramont.
Cependant il n'y a
que M. le Duc deLouvigny
qui soit titulaire, comme
je le dirai ci-aprés.
La Duché de Gramont,
qui est un bourg dans la
basle Navarre
J
rut
érigée
en Duché par le Roy Loüis
XIV. qui donna d'abord un
Brevet de Duc le
1 5. Decembre1643.
en faveur
d'Antoine Comte de Gramont,
second du nom, qui
mourut en 1644. La même
année le Roy donna de nouvelles
Lettres en Duché-
Pairie en faveur d'Antoine
troisiéme du nom, son fils,
qui fut Duc de Gramont,
Pair & Maréchal de France
;
lesquelles Lettres furent
vérifiées au Parlement
le 15. Décembre 1663. Ce
Maréchal de Gramontépousa
Marguerite deChivré,
fille de Hector, Seigneur
du Plessis, & mourut
en 1678. Il eut pour fils
Antoine quatriéme du nom
Duc de Gramont, Pair de
France, après son pere. Il
épousaen1668.Marie-Charlotte
de Castelnau, fille de
Jacques deCastelnau, Maréchal
de France; duquel
mariage est forti Antoine
de Gramont, Comte de
Guiche, quiaépôusé Marie-
Charlotte de Noailles,
- fille d'Anne-Jules Duc de
Noailles, Pair & Maréchal
deFrance. Ce sur en faveur
de ce mariage que M.
le Duc de Gramont son pere
se démit de la Duchéen
faveur du Comte de Guiche
son fils, le Roy lui
ayant donné un Brevet
pour lui conserver les honneurs
de Duc: & parcon.,,.
sequent leComte de Guiche
est Antoine cinquiérne
du nom, Duc de Gramont,
connu fous le nom de Duc
de Guiche, pour le distinguer
d'avec Monsieur son
pere, qui est connu fous le
nom de Duc de Gramont;
comme aujourd'hui on dit
tingue M. le Duc de Lou--
vigny /qui est cependant
Duc de Gramont, par la
cession que le Duc de Guiche
son pere a faite en sa
faveur, en le mariant en
1710. avecLoüise-Françoise
d'Aumont
,
fille de M. le
Duc d'Humieres
,
le Roy
ayant accordé à M. le Duc
de Guiche un Brevet comme
à M. le Duc de Gramont
, pour lui conserver
les honneurs de Duc. Ainsi
on peut dire qu'il y a aujourd'hui
trois Ducs de Gra.
mont vivans : maisil n'y a
que le dernier de titulaire.
Le 18. du mois de Mars
M. le Duc d'Albret prit
seance au Parlement en
qualité de Pair de France.
Albret, ville & pays en
Gascogne, dans les Landes
de Bordeaux, fut érigé en
Duché par le Roy Henry
II. en 1556. en faveur d'Antoine
de Bourbon Roy de
Navarre,& de Jeanne d'Albret
son épouse. Henry IV.
Roy de France, leur fils,
reunit le Duché d'Albret à
la Couronne de France lors
qu'il y fut parvenu. Le Cardinal
de Richelieu posseda
le Duché d'Albret par engagement,
aprés lequel il
a passé à Louis second du
-nom ,
Prince de Condé,
--*h
au moyen de son mariage
avec Dame Claire Clémence
de Maillé-Breze,
niece de M. le Cardinal de
Richelieu. Le Prince de
Condé eut en échange le
Duché de Bourbon en1651.
Henry -
Jules de Bourbon
fan fils porta en sa jeunesse
la qualité de Duc d'Albrec.
En 1651.leRoy Loüis
XIV. traita avec Federic-
Maurice de la Tour d'Auvergne,
qui lui ceda la
Principauté, de Sedan & de
Raucourt ; &enéchange
le Roy lui donna le Duché
d'Ald'Albret,
celui de Châteauthierry
, pour en jouir du
jour de la premiere érection,
& aussi le Duché d'Evreux
en titre de Comté,
avec le Comté d'Auvergne
; ce qui fut vérifié le
20.Février 1651. Ainsi par
cet échange Federic-Maurice
de la Tour d'Auvergne,
Duc de Boüillon, fut
Duc dAlbret, de Châteauthierry,
Comte d'A uvergne
& d'Evreux, lesquels
ont passé à Godefroy. Maurice
de la Tour d'Auverr
gne son fils père d'Emanuel-
Theodose de la Tour
d'Auvergne, aujourd'hui
Duc d'Albret, lequel a
épousé en 1696. Dame Armande-
Vidtoire de la Tremoille
)
fille de feu M. le
Duc de la Tremoille, & de
Dame Madeleine de Crequy.
On peur voir les ércdions
de coures ces Duchez
& Pairies de France
dans les onze Cartes de
tous les Ducs Pairs, & des
-
Duchesses leurs épouses,
que M. Chevillard,Genea- i
-
logiste du Roy, ôc Historiographe,
adonnées au Public
il y a quelques années
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Résumé : Origine des Ducs d'Alençon.
Le texte traite de l'histoire des duchés d'Alençon, de Gramont et d'Albret en France. Le duché d'Alençon, situé en Normandie sur la rivière de Sarre, a été donné en appanage à M. le Duc de Berry en juin 1710, vérifié en Parlement le 10 juillet suivant. Avant cette date, Alençon a eu plusieurs seigneurs particuliers. Philippe-Auguste l'a acquis et Saint Louis en fit un comté pour son fils Pierre, qui mourut sans héritier en 1283. Philippe le Hardi le donna ensuite à son fils Charles de Valois, comte de Valois. La lignée des comtes et ducs d'Alençon s'est éteinte avec Charles Duc d'Alençon en 1525. Le duché a été réuni à la couronne à plusieurs reprises, notamment après la mort de François, duc d'Alençon, en 1584, et après la mort de la duchesse d'Alençon en 1696. Il a été donné à divers membres de la famille royale, dont le duc de Berry en 1710. Le duché de Gramont, situé dans la basse Navarre, a été érigé en duché par Louis XIV en 1643 en faveur d'Antoine de Gramont. La lignée des ducs de Gramont inclut plusieurs générations, avec des transmissions de titres et des mariages stratégiques. Actuellement, il y a trois ducs de Gramont vivants, mais seul le duc de Louvigny est titulaire du duché. Le duché d'Albret, situé en Gascogne, a été érigé en duché par Henri II en 1556 en faveur d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret. Henri IV a réuni le duché à la couronne de France. Le duché a ensuite été possédé par divers personnages, dont le cardinal de Richelieu et le prince de Condé. En 1651, Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne a reçu le duché en échange de la principauté de Sedan. Actuellement, Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne est duc d'Albret.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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