Résultats : 8 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 281-292
SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
Début :
Mille remercîmens, Madame, de ceux que vous me faites [...]
Mots clefs :
Académie française, Dauphin, Empire, Éducation, Pièces galantes, Prix, Leçons, France, Héros, Successeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
Mille remercîmens , Madame, de ceuxque vous me fai- tes de la part de vos Amies pour le Marqués de Monfieur de Fontenelle que je vous en- voyay la derniere fois. Je ſuis bien aiſe que vous luy ayez fait rendre juſtice dans voſtre Province , & fatisferay avec joye à l'ordre que vous me donnez de ramaſſer tout ce
queje pourray trouverdePie- ces Galantes de ſa façon. Ne croyez pas cependant qu'il ne ſoit propre qu'au Stile badin.
Quoyqu'il convienne mieux à
fon âgeque le ſérieux , voyez,
4
198 LE MERCURE
jevous prie, comme il ſe tire d'affaires quand il a de grandes matieres à traiter. Ses Amis
luy ayant conſeillé de travail- lerſur celle que Meſſieurs de l'Academie Françoiſe avoient choiſie pour le Prix qui s'y donne touslesdeux ans, il leur
envoya les Vers qui fuivent.
SUR L'EDUCATION
deMonſeigneur le DAUPHIN, &
✔le ſoin que prend le ROY de dreffer luy-meſme les Memoires
de fon Regne , pour ſervir d'in- ſtruction à ce Prince.
:
CRANCE , de ton pouvoir . F temple l'étenduë
conVoy de tes Ennemis l'Union confondue;
Ils n'ont fait après tout par leurs
vains attentats
Que
GALANT. 199 Que te donner le droit de dompter
leurs Etats.
Floriſſante au dedans , au dehors redoutée,
Enfin au plus haut point ta grandew estmontée.
Maisce rare bonheur , France , dont tujoüis;
Niroit pas au delà du Regne de
Loüis;
Ton Empire chargée des Donsde la
Victoire ,
Succomberoit un jour ſous l'amas de
fagloire,
Si Loüis dont les soins embraſſent l'avenir , [Soûtenir.
Ne te formoit un Roy qui ſçeuſt la Il faut tout un Héros pour le rang qu'il poſſede ,
Amoins qu'on ne l'imite en vain on
luyfuccede.
Que le Sceptre est pénible apres qu'il l'aporté!
Partant d'Etatsfoûmissonpoids s'est augmenté;
イ
Etpar unsi grand Royces Provinces conquiſes,
Tome VI. S
200 LE MERCURE
Dans les mains d'un grand Roy veu- lent estreremiſes.
Peut-estre estoit-ce affez pour remplir cedeſtin,
Quele Sangde Loüis nousdonnât
UN DAUPHIN.
Sorty d'une origine &fi noble &fi
pure,
Que de vertus en lay promettoit la Nature ,
Etqui nese fûtpas repoféſurſafoy?
Mais commeelle auroit pû nefaire en luy qu'unRoy,
Loüis fait un Héros si digne de l'Empire,
Que nous l'élirions tous s'il fe devoie
élire.
Peuples , le croirez-vous ? de cette mesmemain Dont le Foudre vangeur ne part jamaisen vain ,
Sous qui l'audace tremble , & l'or.
gueil s'humilie ,
Iltrace pource Fils l'Histoire de ſa
vie,
Ce long enchaînement bautsFaits,
ce tiffu de
GALANT. 201
Qu'aucuns momens oyſifs n'interrom
pentjamais ;
Ne nousfigurons point qu'il la borne àdécrire
Vn Empire nouveauqui groſſit nostre
Empire ,
Nos Drapeauxarborezfur ces fuper- bes Forts
D'où Cambray défioit nos plus vail lans efforts,
Etd'Espagnolsdéfaits ces Campagnes
couvertes,
Et la riche Sicile adjoûtée à leurs
pertes, [laiſfer Exploits trop publiez, &dont il veur L'exemple à tous les Roiss'ils l'ofent embraffer.
Maisles profondsſecrets desa baute Sagesse,
Ce n'est qu'àſon DAUPHIN que ce Hérosteslaiffe:
Tousces vaftes deffeins qu'execute un
instant,
Etdontil nenousvient que le bruit éclatant,
Lesyeux seulsde fon Fils découvrens teurnaiſſance.
Sij
202 LE MERCVRE
Il les voit lentement meurir dans le
filence,
Et recevoir toûjours d'inſenſiblesprogrés,
'Tant que tout à l'envy réponde dis Succés,
Etque de tous coſtez la Fortunefoû- mise Se trouve hors d'état de trahir l'entrepriſe.
Tremblez, fiers Espagnols; Belges,
reconnoissez Dequoyparces Leçons vous estes me-.
nacez.
Quand Loüis affrontant vos feux
vos machines ,
Devos murs abbatus entaſſe lesruïnes,
Querien nese dérobe àson juste conroux ,
Peut- estre n'est-il pas plus à craindre
pourvous ,
Que quand avec les Soins de l'amour paternelle ,
Ils'attache àformer fon Fils furfon
modele.
Dans ce Present qu'il fait àſes i en plescharmez2
GALANT. 203 Combien d'autres Preſensse trouvent
renfermez!
Ilnousdonne en luyfeuldes Victoires certaines,
Ilnous donne l'Ibere accablé de nos
chaînes.
Combien, heureuxFraçois,devez-vous
àLoüis 7
Pour toutes les vertus dont il orne co
Fils!
Maiss'il falloit encor, qu'à cesvertus
guerrieres ,
LesMuses, tes beaux Artspretaffent
leurslumieres,
Combienluy devez-vous pourlegrand
Montaufier,
Qu'à ce noble travail ildaigne af- focier!
Il est cent ¢ Rois dont peut-eftre l'Histoire,
Dans lafoule desRoiscacheroit lame
moire,
Si de leurs Succeſſeurs l'indigne lacheté, [pas merité;
Ne leur donnoit l'éclat qu'ils n'ont
Princés de qui les Noms avec gloire furvivent,
Sij
204 LE MERCURE
Parce qu'on les compare avec ceux qui lesſuivent.
Quelquefois mesme un Roy qui ne se répond pas Qued'affez longs regrets honorentfon trépas ,
Par un tourpolitiqueen ſecretſeménage D'un indigne Heritier le honteux .
anantage. [defau's;
Tibere deût l'Empire à ses beurenxx
Anguste eust pû d'ailleurs craindre pen de Rivaux;
1
<
Maisenfin aux Romainssa vertufut plus chere Quand elle eutleſecours desvicesde
Tibere :
Tudédaignes , Loüis , ces Maximes d'Etat,
Tu veux qu'un Succeffeur augmente ton éclat
Mais loin qu'à ses dépens ton grand Nomſe ſoutienne ,
Tu veux queparsagloire il augmente la tienne.. Animé de ton Sang, formé par tes Leçons
GALANT. 20
DeDisciple &de Fils reüniſſant les Noms ,
Quelleshautes vertuspeut- ilfaire pa- rolltre ,
Qu'il n'herite d'un Pere,ou n'apprenned'un Maistre?
Les Peuples conteront aurang de tes
bien-faits Lebonheurdontfamain comblera leurs Souhaits ;
Etpar fon bras vainqueur nos Ennemis en fuite ,
N'imputeront qu'à toy beur Puiſſance
détruite.
Déjatous nos François Spectateurs de
tes Soins ,
Dans ces voix d'allegreffe àl'envy se
font joins.
Noftre jeune DAUPHINdes beauxde
firs s'enflame,
1
Loüis par ses Leçons luy transmet
-fagrande ame Il attend qu'il le ſuive un jour d'un
pas égal,
Et dans son propre Filsſepromet un Rinal.
MBLANTR
queje pourray trouverdePie- ces Galantes de ſa façon. Ne croyez pas cependant qu'il ne ſoit propre qu'au Stile badin.
Quoyqu'il convienne mieux à
fon âgeque le ſérieux , voyez,
4
198 LE MERCURE
jevous prie, comme il ſe tire d'affaires quand il a de grandes matieres à traiter. Ses Amis
luy ayant conſeillé de travail- lerſur celle que Meſſieurs de l'Academie Françoiſe avoient choiſie pour le Prix qui s'y donne touslesdeux ans, il leur
envoya les Vers qui fuivent.
SUR L'EDUCATION
deMonſeigneur le DAUPHIN, &
✔le ſoin que prend le ROY de dreffer luy-meſme les Memoires
de fon Regne , pour ſervir d'in- ſtruction à ce Prince.
:
CRANCE , de ton pouvoir . F temple l'étenduë
conVoy de tes Ennemis l'Union confondue;
Ils n'ont fait après tout par leurs
vains attentats
Que
GALANT. 199 Que te donner le droit de dompter
leurs Etats.
Floriſſante au dedans , au dehors redoutée,
Enfin au plus haut point ta grandew estmontée.
Maisce rare bonheur , France , dont tujoüis;
Niroit pas au delà du Regne de
Loüis;
Ton Empire chargée des Donsde la
Victoire ,
Succomberoit un jour ſous l'amas de
fagloire,
Si Loüis dont les soins embraſſent l'avenir , [Soûtenir.
Ne te formoit un Roy qui ſçeuſt la Il faut tout un Héros pour le rang qu'il poſſede ,
Amoins qu'on ne l'imite en vain on
luyfuccede.
Que le Sceptre est pénible apres qu'il l'aporté!
Partant d'Etatsfoûmissonpoids s'est augmenté;
イ
Etpar unsi grand Royces Provinces conquiſes,
Tome VI. S
200 LE MERCURE
Dans les mains d'un grand Roy veu- lent estreremiſes.
Peut-estre estoit-ce affez pour remplir cedeſtin,
Quele Sangde Loüis nousdonnât
UN DAUPHIN.
Sorty d'une origine &fi noble &fi
pure,
Que de vertus en lay promettoit la Nature ,
Etqui nese fûtpas repoféſurſafoy?
Mais commeelle auroit pû nefaire en luy qu'unRoy,
Loüis fait un Héros si digne de l'Empire,
Que nous l'élirions tous s'il fe devoie
élire.
Peuples , le croirez-vous ? de cette mesmemain Dont le Foudre vangeur ne part jamaisen vain ,
Sous qui l'audace tremble , & l'or.
gueil s'humilie ,
Iltrace pource Fils l'Histoire de ſa
vie,
Ce long enchaînement bautsFaits,
ce tiffu de
GALANT. 201
Qu'aucuns momens oyſifs n'interrom
pentjamais ;
Ne nousfigurons point qu'il la borne àdécrire
Vn Empire nouveauqui groſſit nostre
Empire ,
Nos Drapeauxarborezfur ces fuper- bes Forts
D'où Cambray défioit nos plus vail lans efforts,
Etd'Espagnolsdéfaits ces Campagnes
couvertes,
Et la riche Sicile adjoûtée à leurs
pertes, [laiſfer Exploits trop publiez, &dont il veur L'exemple à tous les Roiss'ils l'ofent embraffer.
Maisles profondsſecrets desa baute Sagesse,
Ce n'est qu'àſon DAUPHIN que ce Hérosteslaiffe:
Tousces vaftes deffeins qu'execute un
instant,
Etdontil nenousvient que le bruit éclatant,
Lesyeux seulsde fon Fils découvrens teurnaiſſance.
Sij
202 LE MERCVRE
Il les voit lentement meurir dans le
filence,
Et recevoir toûjours d'inſenſiblesprogrés,
'Tant que tout à l'envy réponde dis Succés,
Etque de tous coſtez la Fortunefoû- mise Se trouve hors d'état de trahir l'entrepriſe.
Tremblez, fiers Espagnols; Belges,
reconnoissez Dequoyparces Leçons vous estes me-.
nacez.
Quand Loüis affrontant vos feux
vos machines ,
Devos murs abbatus entaſſe lesruïnes,
Querien nese dérobe àson juste conroux ,
Peut- estre n'est-il pas plus à craindre
pourvous ,
Que quand avec les Soins de l'amour paternelle ,
Ils'attache àformer fon Fils furfon
modele.
Dans ce Present qu'il fait àſes i en plescharmez2
GALANT. 203 Combien d'autres Preſensse trouvent
renfermez!
Ilnousdonne en luyfeuldes Victoires certaines,
Ilnous donne l'Ibere accablé de nos
chaînes.
Combien, heureuxFraçois,devez-vous
àLoüis 7
Pour toutes les vertus dont il orne co
Fils!
Maiss'il falloit encor, qu'à cesvertus
guerrieres ,
LesMuses, tes beaux Artspretaffent
leurslumieres,
Combienluy devez-vous pourlegrand
Montaufier,
Qu'à ce noble travail ildaigne af- focier!
Il est cent ¢ Rois dont peut-eftre l'Histoire,
Dans lafoule desRoiscacheroit lame
moire,
Si de leurs Succeſſeurs l'indigne lacheté, [pas merité;
Ne leur donnoit l'éclat qu'ils n'ont
Princés de qui les Noms avec gloire furvivent,
Sij
204 LE MERCURE
Parce qu'on les compare avec ceux qui lesſuivent.
Quelquefois mesme un Roy qui ne se répond pas Qued'affez longs regrets honorentfon trépas ,
Par un tourpolitiqueen ſecretſeménage D'un indigne Heritier le honteux .
anantage. [defau's;
Tibere deût l'Empire à ses beurenxx
Anguste eust pû d'ailleurs craindre pen de Rivaux;
1
<
Maisenfin aux Romainssa vertufut plus chere Quand elle eutleſecours desvicesde
Tibere :
Tudédaignes , Loüis , ces Maximes d'Etat,
Tu veux qu'un Succeffeur augmente ton éclat
Mais loin qu'à ses dépens ton grand Nomſe ſoutienne ,
Tu veux queparsagloire il augmente la tienne.. Animé de ton Sang, formé par tes Leçons
GALANT. 20
DeDisciple &de Fils reüniſſant les Noms ,
Quelleshautes vertuspeut- ilfaire pa- rolltre ,
Qu'il n'herite d'un Pere,ou n'apprenned'un Maistre?
Les Peuples conteront aurang de tes
bien-faits Lebonheurdontfamain comblera leurs Souhaits ;
Etpar fon bras vainqueur nos Ennemis en fuite ,
N'imputeront qu'à toy beur Puiſſance
détruite.
Déjatous nos François Spectateurs de
tes Soins ,
Dans ces voix d'allegreffe àl'envy se
font joins.
Noftre jeune DAUPHINdes beauxde
firs s'enflame,
1
Loüis par ses Leçons luy transmet
-fagrande ame Il attend qu'il le ſuive un jour d'un
pas égal,
Et dans son propre Filsſepromet un Rinal.
MBLANTR
Fermer
Résumé : SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
L'auteur d'une lettre et d'un poème exprime sa satisfaction que la dame à qui il écrit ait rendu hommage au marquis de Fontenelle dans sa province. Il accepte de rassembler des pièces galantes de Fontenelle, soulignant que ce dernier est capable de traiter des sujets sérieux malgré son style badin. Le poème, intitulé 'Sur l'éducation de Monseigneur le Dauphin', célèbre les vertus et les réalisations du roi Louis XIV et de son fils, le Dauphin. Il met en avant les succès militaires de la France sous Louis XIV, notamment la prise de Cambrai et de la Sicile. Le poème souligne également les soins que le roi prend pour éduquer le Dauphin, lui transmettant ses connaissances et ses victoires. Cette éducation vise à former le Dauphin selon le modèle de son père, afin qu'il puisse continuer et augmenter la gloire de la France. Le texte insiste sur l'importance de cette éducation, espérant que le Dauphin suivra les pas de son père et continuera à apporter bonheur et victoire à la France. Le poème se conclut par cet espoir, soulignant la transmission des valeurs et des succès militaires de Louis XIV à son fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 177-183
REPONSE DE Mr P*** à Madame de F***
Début :
Il faut vous dire, Madame, par quelle occasion je connus Mademoiselle [...]
Mots clefs :
Curiosité, Bel esprit, Libre, Joyeuse, Qualités, Amie, Naturel, Talents, Leçons, Écriture, Chant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE DE Mr P*** à Madame de F***
REPONSE DE M' P***
à Madame de F ***
I
L faut vous dire , Madame,
par quelle occafion je connus.
Mademoiſelle de C *** & fatisfaire
en fuite voftre curiofité.
Mademoiſelle de C *** paffoit
pour une Perfonne fort bien faite
; on ne pouvoit point luy contefter
cela. Bien des Gens
trouvoient qu'elle avoit beaucoup
d'efprit. Elle eftoit libre,
agréable & fort enjoüée. Elle
378
Extraordinaire
avoit la voix fort belle ; elle écri
voit galamment , & faifoit des
Vers avec un tres - grand naturel,
Avec cela les Connoiffeurs ne
luy trouvoient rien de reglé , fi
bien qu'ils ne pouvoient qu'à
peine donner leur approbation à
des qualitez qui ébloüiffoient les
Perfonnes qui n'avoient point de
gouft , & qu'ils trouvoient fort
imparfaites . Elle avoit une A mie
affez éclairée , & de qui j'eftois
un peu connu , qui luy apprit
les fentimens que les honneftes
Gens avoient d'elle . Cette Amie
luy fit comprendre qu'elle ne fe
roit jamais qu'une Perſonne fort
médiocre , fi elle ne s'attachoir à
fe perfectionner. Dans ce temps.
là un Homme de fon voifinage
me mena chez elle. Cette mef
du Mercure Galant. 179
me Amie s'y rencontra . Pen ?
dant une heure & demie de con ,
verfation , Mademoiſelle C ***
m'étala toutes fes belles qualitez:
Je luy trouvay un efprit brillant
& plein de feu , & je vous avouë
que je fus touché d'un fi beau naturel
. Je luy dis avec ma franchife
ordinaire, que c'eftoit domi
mage qu'elle ne cultivaft avec
un peu d'art tous ces rares talens.
qu'elle avoit receus du Ciel. Elle
me témoigna qu'elle connoifloit
affez le befoin qu'elle avoit , que:
quelqu'un luy donnaft de bonnes.
·leçons , & qu'elle s'eftimeroit
heureufe de trouver un honnefte
Homme , qui fuft affez charitable
pour fe charger de luy regler
l'efprit & la voix . En fuite ces.
deux Perfonnes luy firent naiftre
180 Extraordinaire
l'occafion de s'addreſſer à moy,
& de me dire qu'elle avoit eu un
tres grand defir de me connoître,
& qu'elle fouhaiteroit pouvoir
meriter que je vouluffe prendre
quelque foin d'elle . Vous pou.
vez juger , Madame , que je ne
manquay point de luy offrir mon
ſervice autant que j'en eftois capable.
Je luy promis qu'elle fe
roit tout autre chofe , & qu'elle
deviendroit la perfonne du mondé
la plus dangereuse , fi elle
vouloit fe donner quelque foin. Je
croy que je luy ay tenu parole.
Il y a un peu plus d'une année
que nous fimes connoiffance .
Elle s'eft fi bien aidée de fon câ
té , qu'on luy trouve une jufteffe
dans l'efprit , dont on ne la
croyoit pas capable . Vous ne
du Mercure Galant. 181
fçauriez croire combien elle a
d'agréement & de bon fens dans
fes difcours , & dans toutes les
manieres. Quand elle ne fe fe
roit connoiftre que par ce feul
endroit, faite comme elle eft, elle
fe feroit aimer par tout. Sa voix
eft devenue fort touchante , &
pour une Perfonne qui ne fait pas
profeffion d'eftre chanteuse , l'on
ne fçauroit guere chanter plus
proprement. Elle fçait autant de
Mufique qu'il luy en faut , pour
fçavoir trouver la meilleure execution
de toute forte d'Airs ; &
fon plus grand art dans le chant,
c'eft de le fçavoir cacher.
Pour ce qui eft de fa manière
d'écrire , vous en jugerez , Madame
, par ce petit mot de réponfe
qu'elle fit il y a quelque
182 3. Extraordinaire
O
a
temps à un Homme , avec qui elle
eft fort familiere. Vous remarque.
rez , s'il vous plaiſt, que cet Homme-
là a une tres- forte inclination
pour elle, qu'il eft fort Amy de fa
Mere, & qu'elle ne l'aime point.
Velle neceffité y avoit - il de
m'écrire un Billet , pour m'apprendre
que vous vousfaites un plaifir
de penfer amoy ? Penfez à moy, Monfieur,
tant qu'il vous plaira, je ne vous
en empefche point ; mais dois- je eftre
expofée à lire un Billet de trois pages,
où vous n'avez point autre chose à
me dire ? Je ne crois pas vous avoir
jamais obligé d'en ufer de la forte
avec moy. Cependant il faut que je
vous réponde. Cela eft- iljuste ? No
m'en ayez point toute l'obligation.
Ma Mere me gronderoit , li je ne
vous faifois point de réponfe.
du Mercure Galant. 183
•
Les Vers qui fuiventfont d'un ga
lant Homme , qui ayant efté Priſonnier
pendant quelques mois, fe divertiffoit
à en faire dans le temps de fa
difgrace.
à Madame de F ***
I
L faut vous dire , Madame,
par quelle occafion je connus.
Mademoiſelle de C *** & fatisfaire
en fuite voftre curiofité.
Mademoiſelle de C *** paffoit
pour une Perfonne fort bien faite
; on ne pouvoit point luy contefter
cela. Bien des Gens
trouvoient qu'elle avoit beaucoup
d'efprit. Elle eftoit libre,
agréable & fort enjoüée. Elle
378
Extraordinaire
avoit la voix fort belle ; elle écri
voit galamment , & faifoit des
Vers avec un tres - grand naturel,
Avec cela les Connoiffeurs ne
luy trouvoient rien de reglé , fi
bien qu'ils ne pouvoient qu'à
peine donner leur approbation à
des qualitez qui ébloüiffoient les
Perfonnes qui n'avoient point de
gouft , & qu'ils trouvoient fort
imparfaites . Elle avoit une A mie
affez éclairée , & de qui j'eftois
un peu connu , qui luy apprit
les fentimens que les honneftes
Gens avoient d'elle . Cette Amie
luy fit comprendre qu'elle ne fe
roit jamais qu'une Perſonne fort
médiocre , fi elle ne s'attachoir à
fe perfectionner. Dans ce temps.
là un Homme de fon voifinage
me mena chez elle. Cette mef
du Mercure Galant. 179
me Amie s'y rencontra . Pen ?
dant une heure & demie de con ,
verfation , Mademoiſelle C ***
m'étala toutes fes belles qualitez:
Je luy trouvay un efprit brillant
& plein de feu , & je vous avouë
que je fus touché d'un fi beau naturel
. Je luy dis avec ma franchife
ordinaire, que c'eftoit domi
mage qu'elle ne cultivaft avec
un peu d'art tous ces rares talens.
qu'elle avoit receus du Ciel. Elle
me témoigna qu'elle connoifloit
affez le befoin qu'elle avoit , que:
quelqu'un luy donnaft de bonnes.
·leçons , & qu'elle s'eftimeroit
heureufe de trouver un honnefte
Homme , qui fuft affez charitable
pour fe charger de luy regler
l'efprit & la voix . En fuite ces.
deux Perfonnes luy firent naiftre
180 Extraordinaire
l'occafion de s'addreſſer à moy,
& de me dire qu'elle avoit eu un
tres grand defir de me connoître,
& qu'elle fouhaiteroit pouvoir
meriter que je vouluffe prendre
quelque foin d'elle . Vous pou.
vez juger , Madame , que je ne
manquay point de luy offrir mon
ſervice autant que j'en eftois capable.
Je luy promis qu'elle fe
roit tout autre chofe , & qu'elle
deviendroit la perfonne du mondé
la plus dangereuse , fi elle
vouloit fe donner quelque foin. Je
croy que je luy ay tenu parole.
Il y a un peu plus d'une année
que nous fimes connoiffance .
Elle s'eft fi bien aidée de fon câ
té , qu'on luy trouve une jufteffe
dans l'efprit , dont on ne la
croyoit pas capable . Vous ne
du Mercure Galant. 181
fçauriez croire combien elle a
d'agréement & de bon fens dans
fes difcours , & dans toutes les
manieres. Quand elle ne fe fe
roit connoiftre que par ce feul
endroit, faite comme elle eft, elle
fe feroit aimer par tout. Sa voix
eft devenue fort touchante , &
pour une Perfonne qui ne fait pas
profeffion d'eftre chanteuse , l'on
ne fçauroit guere chanter plus
proprement. Elle fçait autant de
Mufique qu'il luy en faut , pour
fçavoir trouver la meilleure execution
de toute forte d'Airs ; &
fon plus grand art dans le chant,
c'eft de le fçavoir cacher.
Pour ce qui eft de fa manière
d'écrire , vous en jugerez , Madame
, par ce petit mot de réponfe
qu'elle fit il y a quelque
182 3. Extraordinaire
O
a
temps à un Homme , avec qui elle
eft fort familiere. Vous remarque.
rez , s'il vous plaiſt, que cet Homme-
là a une tres- forte inclination
pour elle, qu'il eft fort Amy de fa
Mere, & qu'elle ne l'aime point.
Velle neceffité y avoit - il de
m'écrire un Billet , pour m'apprendre
que vous vousfaites un plaifir
de penfer amoy ? Penfez à moy, Monfieur,
tant qu'il vous plaira, je ne vous
en empefche point ; mais dois- je eftre
expofée à lire un Billet de trois pages,
où vous n'avez point autre chose à
me dire ? Je ne crois pas vous avoir
jamais obligé d'en ufer de la forte
avec moy. Cependant il faut que je
vous réponde. Cela eft- iljuste ? No
m'en ayez point toute l'obligation.
Ma Mere me gronderoit , li je ne
vous faifois point de réponfe.
du Mercure Galant. 183
•
Les Vers qui fuiventfont d'un ga
lant Homme , qui ayant efté Priſonnier
pendant quelques mois, fe divertiffoit
à en faire dans le temps de fa
difgrace.
Fermer
Résumé : REPONSE DE Mr P*** à Madame de F***
La lettre de M. P*** à Madame de F*** décrit la rencontre et l'évolution de Mademoiselle de C***. Cette jeune femme était célèbre pour sa beauté, son esprit vif et ses talents artistiques, notamment sa belle voix et son aptitude à écrire des vers. Cependant, ses qualités étaient jugées imparfaites et irrégulières par les connaisseurs. Une amie éclairée de Mademoiselle de C*** lui fit comprendre la nécessité de se perfectionner. Lors d'une visite, M. P*** rencontra Mademoiselle de C*** et fut impressionné par son naturel et son esprit brillant. Il lui conseilla de cultiver ses talents avec plus d'art. Mademoiselle de C*** exprima son désir de trouver un mentor pour améliorer son esprit et sa voix. Après une année de travail, elle montra des progrès significatifs, gagnant en justesse d'esprit et en agrément dans ses discours. Sa voix devint touchante et elle maîtrisait suffisamment la musique pour bien interpréter les airs. La lettre se conclut par un exemple de la manière d'écrire de Mademoiselle de C***, illustrant sa capacité à répondre de manière appropriée et élégante.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 145-206
PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
Début :
Cebés nous represente d'abord la vie humaine sous la [...]
Mots clefs :
Paraphrase, Cébès, Tableau de la vie humaine, Philosophes, Hommes, Vertus, Maux, Sciences, Chemin, Femmes, Monde, Savoir, Génie, Fortune, Courtisanes, Vices, Malheur, Moeurs et coutumes, Félicité, Leçons, Santé, Esprit, Conception, Volonté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
PARAPHRASE
on Explication du Tableau
de la Vie humaine de Cebés
Tébain de Grece , difciple
de Socrate ,
moral.
Philofophe
Où l'on a fuivi lefens de l'Autheur le plus exactement
qu'il a efté poffible , fans
s'éloigner de l'efprit general
de tous les peuples.
CEbés nous reprefente
d'abord la vie humainefous
la figure d'un grand parc
qui renferme plufieurs reduits , avec des perfonnes
1712. Octobre. N
146 MERCURE
de toutes efpeces , tant à
l'entrée qu'au dedans de
chacun. Mais avant que de
propofer fon embléme , de
l'intelligence duquel il prétend que dépend noftre
bonheur ou noftre malheur ;il prend foin de nous
avertir , que noftre ignorance eft une espece de
Sphinx à noftre égard , par
la connoiffance obfcure &
ambiguë qu'elle nous propoſe du bien & du mal, ou
de ce qui peut eftre regardé comme de foy - mefme
indifferent. Car cette con-
GALANT. 147
noiffance devient pour
nous une énigme , laquelle
faute de pouvoir eftre penetrée, nous rend malheureux le reste de nos jours.
Au lieu que fi nous nous
appliquons à en découvrir
le fecret , nous pouvons efperer une vie exempte de
tous maux & veritable
ment heureuſe.
Noftre Philofophe nous
fait voir enſuite une grande multitude d'hommes &
de femmes à la porte de de
parc , qui fe preſentent
pour y entrer , & qui nous
Nij
148 MERCURE
marquent les enfans avant
qu'ils fortent du ventre de
leur mere pour venir au
monde. Au milieu de cet- :
te multitude on voit le Genie ou l'Intelligence , à qui
l'Autheur de la nature a
commis ( felon Cebés ) le
foin de noftre naiſſance ,
fous la figure d'un fagevieillard , qui enfeigne aux
uns & aux autres la maniere dont ils doivent fe
comporter lorfqu'ils feront
entrez dans la vie , & le
chemin qu'ils doivent teir pour y eftre heureux,
3
GALANT. 149
Mais à peine ces nouveaux
nez ont-ils paffé la porte
du parc , qu'ils oublient en
peu de temps les bonnes
leçons qu'ils ont receuës de
leur Genie ; car la convoitife qu'ils rencontrent
l'entrée de ce lieu , dont
elle eft comme la Reine , &
où elle préfide comme
dans fon throfne , les feduit bien - toft en leur faifant avaler dans une coupe qu'elle leur prefente ,
l'erreur & Pignorance. Les
nouveaux nez munis de ces
deux paffeports , s'avancent
N iij
150 MERCURE
**
dans le parc comme des
hommes enchantez les uns
plus les autres moins , à
proportion qu'ils en ont
beu. Mais ils ne vont pas
fort loin , que voicy une
troupe de femmes agreables de toutes fortes de figures qui les environnent ,
& les embraffent avec empreffement ; & ce font les
opinions , les defirs , & les
delices , par lesquelles ils
fe laiffent tous entraifner.
Les unes les emmennent
dans le chemin de la felicité , les autres dans celuy
GALANT. II
du malheur & de la perdition après les avoir feduites. Car les unes & les autres leur promettent à la
verité une vie heureuſe &
tranquille ; mais parce qu'
ils ont avalé le poiſon de
l'ignorance & de l'erreur ,
ceux qui ont efté feduits
paffent leur vie à errer ça
& là comme des perfonnes yvres , fans pouvoir jamais trouver le chemin qui
devroit les conduire au vrai
bonheur.
Cebés nous fait voir enfuite au milieu du Parcune
N iiij
152 MERCURE
eſpece de Divinité ſous la
figure d'une femme , que
l'aveuglement des hommes
a dépeinte fans yeux , &
comme fourde , & mefme
capricieuſe , parce qu'elle
enrichit les uns des biens
de ce monde , & qu'elle
ofte aux autres ceux mefme qu'elle leur avoit donnez & cela felon fa volonté, & fuivant des decrets
impenetrables. Ils l'ont
nommée la Fortune , & ont
figuré l'inconftance de fes
faveurs par une boule fur
laquelle ils la font mar-
GALANT. 153
cher à caufe des difgraces
qu'éprouvent tous les jours
ceux qui mettent leur efperance dans les biens de la
vie. Il nous reprefente donc
cette fortune comme environnée d'une grande multitude de ces hommes enyvrez du poiſon de la convoitife, qu'il nomme les ambitieux. Tous luy preſentent leurs requeſtes , mais
elle écoute les uns & rejette les autres , ce qui rend
leurs vifages tous differens ;
les uns paroiffants tres -joyeux , & les autres fort
154 MERCURE
triftes . Les premiers ſont
ceux dont les demandes
ont efté receuës favorablement , & ceux-cy la nomment bonne fortune. Les
derniers au contraire levent leurs mains vers elle
tout éplorez , parce qu'elle leur a mefme ofté ce
qu'elle leur avoit autrefois
accordé , pour le donner à
d'autres , & à caufe de cela
ils l'appellent mauvaiſe fortune. Ornoftre Philoſophe
nous fait remarquer que
ces biens qui attriſtent fi
fort les uns & réjoüiſſent
1
GALANT. ISS
4
tant les autres , font les richeffes , les honneurs , la
qualité , les defcendants ,
les commandements , les
Couronnes , & generalement tous les biens temporels ou du corps , qu'il
prétend n'eftre pas de veritables biens ; parce qu'ils
ne nous rendent en rien
plus parfaits , comme il effaye de le démontrer fur
la fin de fon emblême.
༣.
De là il nous conduit à
un premier reduit , & nous
fait voir plufieurs femmes
à la porte , parées comme
156 MERCURE,
des courtisannes , l'une fe
nomme l'intemperance ,
l'autre la luxure , une autre
l'avarice , une autre l'ambition , &c. Elles font toutes
là comme en ſentinelle ,
pour remarquer ceux à qui
la Fortune a efté favorable ,
& qu'elle a enrichis de fes
dons. Dès qu'elles en apperçoivent quelqu'un , elles
courent à luy , elles le careffent & l'embraffent , &
font tant par leurs flatteries , qu'elles l'engagent à
entrer dans leur azile, en lui
promettant une vie tran-
GALANT. 157
quille , exempte de tout ennuy , & remplie de delices.
Ceux qui font affez inconfiderez pour fe laiffer aller
No
aux promeffes de ces Sirenes , gouftent à la verité
les plaifirs de la vie pendant
un temps , ou du moins
croyent les goufter ; mais
quand par la fuite du temps
ils réfléchiffent ferieufe-'
ment fur cette maniere de
vivre , ils s'apperçoivent
qu'ils ont efté feduits ; que
ce qu'ils ont creu de folides plaiſirs , n'en avoient
tout au plus que l'apparen-
158 MERCURE
ce ; & qu'en un mot ils en
font la dupe , par la honte
qu'ils leur ont attirée , & les
malheurs où ils les ont précipitez. Car aprés avoir
confommé avec ces Courtiſannes tous les biens qu'ils
avoient receuës de la Fortune , ils fe trouvent malheureuſement reduits à devenir leurs efclaves , & à
commettre toutes les baf
feffes, & tous les crimes auf
quels ces cruelles maiftreffes les engagent. Ainfi ils
deviennent des affronteurs,
des facrileges, des parjures,
GALANT. 159
des traiftres , des larrons
& tout ce qu'on peut imaginer de plus mauvais,
A
#
>
Enfin cette vie mifera
ble n'a qu'un temps , mefme fouvent fort court
après lequel ( dit Cébés ) la
vengeance du Ciel éclate
fur eux ; alors il les livre à
la punition , que ce Philofophe nous reprefente fous
la figure d'une femme couverte de haillons , & fort
défigurée , tenant un foüet
en la main. Elle paroift
dans ce premier reduit à la
porte d'une efpece de ca-
>
160 MERCURE
chot , ou lieu ténebreux ,
dont l'afpect fait horreur ,
ayant pour compagnes la,
trifteffe , & l'angoiffe. I '
nous dépeint la premiere
la tefte panchée jufques fur
fes genoux , & la derniere
s'arrachant les cheveux.
Elle a encore pour, voiſins
les pleurs & le defefpoir
qui font des perfonnages
difformes , extenuez , tous
nuds , & horribles à voir.
C'eft entre les mains de
ces derniers qu'ils font li
vrez en dernier reffort ,
après avoir effuyé toute la
fureur
GALANT. 161
fureur des premieres . Alors
ils fe voyent accablez de
tourments & de maux , &
reduits à paffer le refte de
leurs jours dans ce cachot
affreux de la maniere la
plus miferable ; c'eſt pour
cela qu'il nomme cette pri
fon le fejour du malheur
Dans ce funefte eftat no
ftre Philofophe ne leur laiffe qu'une feule reſſource
fçavoir qu'enfin le Ciel ait
pitié d'eux , & leur envoye
le repentir pour les retirer
du gouffre de malheur où
ils fontplongez. Or le preOctobre. 1712. O
162 MERCURE
mier effet que cet heureux
repentir produit en eux , eft
de chaffer ces mauvaiſes
préventions dont ils s'eftoient laiffez préoccuper
dans leur jeuneffe , & de
leur fuggerer de plus juftes
opinions , & des defirs plus
raifonnables. Alors ils fe
trouvent avoir de l'eftime
& de l'inclination pour les
ſciences ; heureux s'ils font
affez aviſez pour choiſir la
veritable , je veux dire celle
qui enfeigne aux hommes
à regler leurs mœurs , &
qu'on appelle pour cette
GALANT. 163
raifon la Morale ! car cette
morale les purifie infailliblement de toutes leurs ha
bitudes vicieuſes , & les met
en eftat de paffer le reſte
de leur vie dans le repos &
dans la felicité , à l'abry de
tous leurs maux paffez.
Mais s'ils font au contraire affez imprudens pour
fe laiffer efbloüir par l'éclat
de la vaine ſcience , & de
la fauffe reputation , noſtre
Philofophe nous fait voir
un fecond reduit , à l'entrée.
duquel paroift une femme
fort parée , & tres- enga
O ij
164 MERCURE
geante, que les petits efprits
& le commun des hommes
nomment la ſcience , quoyque ce ne foit que la vaine
fcience. Car la plupart de
ceux qui dès l'entrée de la
vie ont fuivi la bonne route , ou ceux que le repentir
a retirez de la maifon du
malheur , defirant s'occuper le refte de leur vie aux
ſciences , donnent ordinai.
rement dans cette fauffe
ſcience. Auffi cet afile eftil rempli de Poëtes , d'Orateurs , de Dialecticiens ,
de Muficiens , d'Arithme
GALANT. 165
ticiens,de Géometres, d'Af
trologues, d'Epicuriens , de
Peripateticiens , de Critiques , & de quantité de
gens de cette nature , par-.
mi lefquels on voit encore
de ces Courtifannes du premier reduit , comme l'incontinence , l'intemperance , & leurs autres compagnes. Car ces fortes de
Sçavants en font auffi fouvént les esclaves , quoyque
plus rarement, parce qu'ils
ont plus de foin de s'occuper que les autres . Les préventions ou fauffes opi-
166 MERCURE
nions s'y meſlent auſſi , à
caufe dupoifon que la convoitife leur a fait avaler en
entrant dans la vie , qui les
empefche de connoiſtre
leur ignorance, pour ne pas
dire leur erreur. Et il n'y a
point pour eux , ſelon noftre Philofophe , d'autre
moyen de s'arracher des
pieges de ces mauvaiſes
amies , que de renoncer
pour jamais à la vaine ſcience ; car avec fon feul fe-.
cours ils ne doivent pas efperer de s'affranchir jamais
de leur joug , ny d'éviter les
GALANT. 167
malheurs de la vie.
Mais s'ils font affez heureux de rentrer dans le chemin de la verité , elle leur
fera ( dit - il ) goufter d'un
breuvage qui les purgera de
tous leurs vices , & de toutes leurs erreurs , & qui enfin les mettra dans un eſtat
de fecurité. C'eftpour cela
que noftre Philofophe nous
fait enviſager dans fon tableau un troifiéme reduit
plus élevé que les précedents , mais defert , & habité d'un tres-petit nombre
d'hommes ; la porte en eft
168 MERCURE
*
eftroite , & le chemin pour
y arriver fort ferré , & peu
frequenté ; il paroiſt de
plus difficile & efcarpé.
C'eft le chemin de la veritable ſcience , duquel l'af
pect a quelque chofe de
rude & d'effrayant. Il nous
reprefente à l'entrée de ce
lieu deux femmes d'une
fantéparfaite, pleines d'embonpoint & de vigueur
affifes fur une roche élevée ,
& escarpée de tous coſtez ,
qui tendent la main aux
paffants d'un air affable , &
avec un viſage plein de ſerenité :
f
GALANT. 169
renité ; l'une d'elle fe nomme la conftance , & l'autre
la continence. Ce font deux
fœurs toutes aimables , qui
invitent les paſſants à s'approcher d'elles , à s'armer
de courage , & à ne ſe laiffer
pas vaincre par une laſche
timidité , leur promettant
de les faire entrer dans un
chemin de delices , aprés
qu'ils auront furmonté
quelques legeres difficultez , qui feront bien toft
diffipées . Et pour leur en
faciliter le moyen , elles
veulent bien defcendre
Octobre.
1712. Р
170 MERCURE
quelques marches de ce
précipice où elles font , afin
de leur donner la main , &
de les attirer au deffus.
Là elles les font reſpirer
en leur donnant pour compagnes la force & l'efperance , & leur promettant
de les faire bien- toft arri-:
ver à la veritable ſcience.
Et pour les encourager davantage , elles leur font enviſager combien le chemin
en eft agréable , aisé , &
exempt de tous dangers.
Ce chemin conduit à un
quatriéme & dernier re-
GALANT. 171
*
duit renfermé dans le précedent; c'eft un fejour char-
'mantfemblable à une grande prairie , & fort éclairée
des rayons du Soleil ; on le
nomme le fejour des hom
mes heureux , parce que
toutes les vertus y habitent ,
& que c'est la demeure de
la felicité. Il paroiſt à l'entrée une Dame fort gra
cieuſe avec un viſage égal ,
& dans un âge peu avancé;
fon habit eft fimple &fans
ornemens eftrangers ; elle
eft affife fur une pierre ferme & d'une large affiette ;
Pij
172 MERCURE
c'efl la veritableſcience qui
eft accompagnée de ces
deux filles , dont une s'ap-:
pelle la verité , & l'autre la
perfuafion. Son fiege tefmoigne affez qu'il eft feur
de le fier à elle , & que fes
biens font conftants. Mais
qui font ces biens ( dit Cebés ) ce font la confiance ,
la privation d'ennuis , la
conviction que rien ne peut
deformais leur nuire. Or
cette honnefte mere eft à
l'entrée de cet afile pour
guerir les hoftes qui luy arrivent , enleur faifant pren-
GALANT. 173
-dreune potion cordiale qui
les purifie de toutes les imperfections qu'ils avoient
contractées en paſſant par
les premiers reduits , telles
que l'ignorance , l'erreur ,
la prévention , l'arrogance,
l'incontinence , la colere ,
l'avarice , & les autres vices : après quoy elle les
fait entrer dans le fejour
des vertus.
Or noftre Philofophe
nous reprefente ces vertus
fous la forme de Damesfages & belles , fans aucun
fard ny ajuftemens , en un
P iij
174 MERCURE
motfort differentes des premieres ; on les nomme la
pieté , la juftice , l'integrité , la temperance , la modeftie , la liberalité , la clemence , &c. Après donc
que les vertus ont admis
ces nouveaux hoftes dans
leur focieté , elles n'en demeurent pas là ; mais Cebés nous fait enviſager une
eſpece de donjon en forme
de citadelle au milieu de
ce dernier reduit , & fur
l'endroit le plus eflevé ; c'eſt
le palais de la felicité , la
mere de toutes les vertus ;
GALANT. 175
c'eft dans ce fejour heureux qu'elles les introduifent pour les prefenter à
leur mere. Au refte il dépeint cette mere comme
une Reine affife fur un
throfne à l'entrée de fon
palais , qui eftant parfaitement belle , & dans un âge
de confiſtance , eſt ornée
d'une manière honnefte ;
& fans fafte , ayant la tefte
ceinte d'une couronne de
fleurs , avecun air plein de
majefté. Cette Dame &
fes filles les vertus couronnent ceux qui s'élevent juf
P
iiij
176 MERCURE
ques à elles , comme des
Héros qui ont remporté de
grandes victoires fur diffe .
rens monftres qui leur faifoient la guerre ; & elles
leur adjouftent de nouvelles forces pour domptér
des ennemis , qui auparavant les reduifoient en fervitude , & les dévoroient
aprés leur avoir fait fouffrir
plufieurs divers tourments.
Ces monftres font l'ignorance & l'erreur , la douleur , & la trifteffe , l'avarice , l'intemperance , & en
general tous les vices. Ce
GALANT. 177
font là les ennemis aufquels
ils commandent dorefnavant; bien loin de leur obeir
&de leur eftre foumis comme autrefois. Mais ce n'eft
pas tout cette couronne
que nos Héros ont receuë ,
outre la force qu'elle leur
donne , les rend encore
bienheureux, & les affran
chit de tous les maux de la
vie , en leur apprenant à ne
plus mettre leur felicité
dans les biens paffagers ,
mais uniquement dans la
poffeffion de la vertu , &
dans la joye de la bonne
confcience.
178 MERCURE
Apres que ces hommes
vertueux ont efté ainfi couronnez , Cebés les fait revenir accompagnez de toutes les vertus dans les lieux
par où ils ont paffé autrefois. Là ces fages guides
leur font voir tous ceux qui
menent une vie miſerable,
errants çà là , tousjours
prefts à faire nauffrage , &
tousjours esclaves de leurs
ennemis , les uns de l'incontinence , d'autres de la
fuperbe , les autres de l'avarice , ou du defir de la
vaine gloire , d'autres enfin
GALANT. 179
"
par d'autres vices fans
pouvoir jamais d'eux- meſmes s'affranchir de leur fervitude , ny parvenir au ſejour des vertus , & au palais de la felicité.. La caufe de ce malheur , ( dit noſtre Philofophe ) vient de
ce qu'ils ont oublié le chemin que leur Génie tuter
laire leur avoit enfeigné, &
les préceptes qu'il leur avoit
donnez avant qu'ils entraf
fent dans le monde. C'eſt
alors que ces nouveaux éleves prennent une veritable connoiffance du bien
180 MERCURE
& du mal ; au lieu de l'ignorance & de l'erreur où
ils avoient vefcu pendant
leur aveuglement , qui leur
faifoit eftimer un bien ce
qui veritablement eftoit un
mal , & prendre pour un
mal ce qui eftoit un bien ,
& les engageoit par là dans
une vie déreglée & perverfe , & cette connoiffance
regle leurs mœurs , & les
fait profiter des folies des
autres. Aprés quoy , dit
Cebés , ils peuvent aller
fans crainte où ils veulent ,
parce qu'ils font par tout
GALANT. 181
,
à l'abri de leurs ennemis ,
& qu'en quelque lieu qu'ils
aillent ils font affeurez d'y
vivre dans la droiture de
cœur & dans l'amour de
la vertu , exempts de tout
peril & de toutes fortes de
maux. De plus chacun fe
fait un plaifir, de les recevoir, comme un malade en
reffent lorfque fon medecin
le vient voir. Outre qu'ils
n'ont plus à craindre ces
beftes fauvages qui leur faifoient auparavantuneguerre fi cruelle ; puifque ny
la douleur , ny les chagrins,
182 MERCURE
ny l'incontinence , ny l'avarice, ny la pauvreté n'ont
plus aucun pouvoir fur leur
efprit pour luy faire perdre
l'amour de la verité.
Cebés nous fait remarquer enfuite une autre ef
pece d'hommes qui defcendent auffi de l'afile des vertus fans aucunes couronnes , mais au contraire avec
des vifages de defefperez ,
des cheveux arrachez , &
quifont enchaifnez par des
femmes. Ce font ou ceux
qui eftant arrivez à la veritable ſcience , en ont efté
GALANT. 18 ;
mal receus , comme en eftant indignes ; ou ceux qui
ont manqué de courage
lorfqu'ils ontvoulu s'eflever
fur la roche , où la conf
tance les invitoit de monter , & qui ayant lafché le
pied honteufement , demeurent vagabonds , fans
fçavoir où ils doivent aller.
Les uns & les autres de-.
viennent la proye des chagrins , des angoiffes , dul
deſeſpoir, de la honte & de
l'ignorance ; & pour furcroift de malheur ils retournent au parc de la lu-
184 MERCURE
xure & de l'intemperance ,
oùces infenfez maudiffent
le refte de leurs jours la
veritable ſcience , & les ve
ritables fçavants, regardant
ces derniers comme des
malheureux, qui ne fçavent
pas goufter les plaifirs , &
joüir de la vie comme eux ,
bien loin de fentir euxmefmes l'eftat déplorable
où ils fe font plongez, Car
la brutalité dont ils font
aveuglez , fait qu'ils mettent leur fouverain bien
dans la gourmandiſe , dans
le luxe & dans l'incontiEnfin nence.
GALANT. 185
Enfin noftre Philofophe
entre dans un plus grand
détail fur ce qu'il prétend
que le Génie de chaque
homme luy infinuë avant
fa naiffance. Premieremenp
il leur donne avis ( dit-il
de s'armer de courage , &
de conftance, comme ayant
plufieurs combats à fouftenir dans le monde lorfqu'ils
y
feront entrez : feconde-l
ment il les exhorte à né
point mettre leur efperance dans les biens temporels & paffagers , que la
fortune donne & ofte à fon
Octobre. 1712,
C
i
186 MERCURE
gré , & parconfequent de
ne s'abandonner point à la
joye , quand elle nous les
envoye , ou à la trifteffe
quand elle les retire , parce
qu'elle en ufe comme d'un
bien qui eft à elle , & non
pasà nous. C'eſt pourquoy
il nous avertit de ne reffembler pas ces mauvais Banquiers qui ayant receu.
Fargent d'autruy , le regardent comme leur appartenant, & en ont la meſme
joye que s'il eftoid à eux en
propre , & qui quand on
le repete s'en trouvent auſſi
GALANT. 187
offenfez, & en conçoivent
autant de chagrin que fi
on le leur raviffoit mais
de recevoir au contraire
avec reconnoiffance les
biens temporels qu'il luy
plaiſt de nous départir , &
de nous en fervir pour ar
river en hafte à la fource
feconde & certaine de tous
les biens, qui eft la veritable
fcience , c'est-à - dire , la
fcience qui peut nous rendre heureux. Ainfi nous
devons ( dit il ) éviter d'abord foigneusement les
courtiſannes done on apar-
-
Q ij
188 MERCURE
lé , fçavoir l'intemperance,
la luxure , & les autres vi-
& prendre garde de ces
nous laiffer enchanter de
leurs attraits. ។
A l'égard de la vaine
ſcience nous pouvons luy
donner , felon luy , quelques années de notre vie ,
& prendre quelques -unes
de fes leçons pour nous aider à paffer outre , car nous
devons nous hafter d'arriver à la veritable ſcience ,
& à la pratique des vertus
le pluftoft que nous pourrons , & regarder tout le
GALANT. 189
temps que nous employons
à autre chofe , comme autant de rabbatu fur la durée de noftre felicité.
Tous les emblefmes eftant finis , Cebés examine
quelles font les leçons qu'-
on peut tirer de la vaine
fcience, & conclud que ce
font les Lettres & les autres
difciplines , que Platon dit
eftre le frein des fougues
de la jeuneffe. Il prétend
au refte que ces leçons ne
font point abfolument neceffaires pour acquerir la
morale , & qu'on doit les
190 MERCURE
regarderſeulement comme
des moyens pour y arriver
plus communément, mais
qui ne nousfervent de rien
pour augmenteren nous la
vertu: &la raiſon qu'il en ap
porte, c'eſt qu'on peut eftre
vertueux fans elles , comme
l'experience journaliere le
confi me. On ne doit pas
cependant, felon luy,les re
garder commeinutiles . Car
(dit il ) quoy qu'on puiſſe
abſolument entendre une
langue estrangere avec le
fecours feul d'un Interpre
te , on ne laiſſe pas de trou-
GALANT. 191
ver quelque foulagement
& quelque ſatisfaction lors
qu'on peut encore y joindre fa propre connoiffan
ce. Il en eft de mefme de
la vaine fcience qu'on ne
doit regarder que comme
un fecours pour arriver plus
aisément à la veritable.
De là noſtre Philoſophe
tire cette fafcheufe confequence contre les faux fçavants , qui prétendent s'attribuer quelque préference
fur les autres hommes , fçavoir qu'ils n'ont là aucun avantage pour devenir
par
192 MERCURE
plus parfaits qu'eux ; puifqu'il eft conftant qu'ils ne
jugent pas plus fainement
du bien & du mal que le
refte des hommes , & qu'ils
font fujets aux meſmes vices; car qui empefche ( ditil ) d'eftre lettré , de poffe
der toutes les fciences vaines , & d'eftre cependant
toujours un yvrogne , un
intemperant , un avaricieux , un calomniateur, un
traiftre , & en un mot un
infensé, puifque ces fortes
de fciences ne s'occupent
point à la connoiffance des
vertus ,
GALANT. 193
7
vertus & des vices La cau
fe de ce malheur , dit noftre Philofophe , vient de
ce que ces fortes de fça
vants ont la vanité de croi
re fçavoir ce qu'effectivement ils ignorent : c'eft ce
qui les rend indociles &
pareffeux à fe faire inftruire de la veritable ſcience,
D'un autre cofté ils font
fujets comme le reſte des
hommes à fe laiffer emporter par leurs fauffes préventions qui les rendent
opiniaftres & intraitables.
De forte qu'ils ne ſçauOctobre 1712.
R
194 MERCURE
roient fe flatter d'avoir aucun avantage ſur eux ,
moins que le Ciel ne leur
à
envoye quelque rayon de
lumiere qui leur faffe connoiftre la vanité de leur
fcience , & les porte à rechercher la verité.
Enfin Cebés prouve la
propofition qu'il a avancée au commencement de
fon difcours , fçavoir que
les dons de lafortune, com+
me la vie , la fanté , les richeffes , la nobleſſe , les
honneurs , les victoires , &
les autres biens temporels
GALANT. 195
ne font pas de veritables
biens ; ny par confequent
les maux qui leur font oppofez, commeles maladies,
la mort mefme , &c. ne
font pas deveritables maux;
maisil prétend aucontraire
que toutes ces chofes d'elles-mefmesfont indifferentes pour noftre perfection.
La vie , dit - il , eft un bien
à celuy qui vit bien , & c'eſt
fans doute unmal à l'égard
de celuy qui fe comporte
mal, par les maux aufquels
elle l'expofe toft ou tard.
D'un autre cofté la vie eft
R ij
196 MERCURE
commune aux meſchants
comme aux bons , aux malheureux commeà ceux qui
font heureux , d'où il conclud que la vie en elle meſme eft une chofe indifferente. De mefme que de
couper un bras à un hom-
-me qui fe porte bien , eft
pour luy un mal ; & c'eſt
rau contraire un bien à celuy
qui a la gangrenne , d'où il
fuit que l'amputation d'un
bras eft une chofe qui n'eft
abfolument parlant , ou en
foy, nybonne n'y mauvaiſe.
Il rafonne de melme des
GALANT. 197
richeffes , de la fanté, & des
autres biens du corps : car
ilferoit, dit il , tres- louvent
à defirer pour celuy qui a
fait un mauvais coup , qu'il
euft efté malade pendant le
temps qu'il l'a fait ; c'eft
pourquoy la fanté eft en
ce cas un vray mal pour
luy , quoyque ce foit d'ailleurs un bien pour les honneftes gens. A l'égard des
richeffes on voit fouvent.
que ceux qui les poffedent
ne font pas les plus heureux ny les plus honneftes.
gens ; d'où il faut conclure
Riij.
198 MERCURE
&
qu'elles ne fervent de rien
pour noftre felicité
qu'ainfi par elles mefmes
elles ne font pas un bien
pluftoft qu'un mal , puifqu'il feroit à fouhaitter pour
ceux qui n'en fçavent pas
ufer , qu'ils en fuffent privez à caufe des miferes qu'-
elles leur attirent.
Noftre Philofophe conclud en difant qu'on peut
appeller les biens temporels, des biens pourceux qui
fçavent s'en bien fervir , &
des maux à l'égard de ceux
qui en font un mauvais ufa-
GALANT. 199
ge , & finit en remarquant
que ce qui nous trouble &
nous agite en cette vie c'eft
le faux jugement que nous
portons fur les biens & fur
les maux temporels , fur lequelfauxjugement nous reglons enfuite toute la conduite de noftre vie pour le
bien ou pour le mal; & cela
parce que nous ne travaillons pas affez à connoiſtre
l'un & l'aure.
On connoift affez au
refte par cet exposé que les
mefmes inclinations & les
mefmes vices qui dominent
R iiij
200 MERCURE
aujourd'huy , regnoient dès
ces premiers temps , & que
la Providence a toujours eu
foin de faire naiftre des
hommes , qui au milieu de
la corruption de leur fiecle
rendiſſent teſmoignage à
la vertu & aux veritez morales , afin qu'elles n'en
fuffent pas entierement étouffées , & afin que les
hommes dépravez n'euffent pas à fe plaindre d'avoir manqué d'inftructions,
& mefme d'exemples pour
les mettre en pratique , &
d'avertiffements pour con-
GALANT. 201
noiftre les fuites fafcheufes
des paffions & des vices ,
& pour en concevoir de
l'horreur. Mais ce que nous
devions , ce mefemble , admirer icy le plus , ce font
ces repentirs & ces rayons
de lumiere que Cebés reconnoift eftre envoyez du
Ciel pour retirer les hommes de l'esclavage de leurs
paffions , & les faire rentrer dans le fein des vertus. Certes fila chofe eftoit
telle dans ces temps du pai
ganisme , plus de trois cens
ans avant la venue du Mef-
202 MERCURE
fie , comme il femble qu'on
n'en puiffe douter , par le
recit de cet autheur , je ne
crois pas qu'on puiſſe douter auffi que le Ciel n'exerçaft fes mifericordes fur
ces peuples corrompus , de
mefme que fur le peuple
Juif: car effectivement que
peut il y avoir qu'une lumiere divine qui faffe connoiftre à l'efprit de l'homme la vanité des voluptez ,
& qui luy faffe diftinguer
la vaine ſcience de la veri
table , & les vicès des vertus ? L
GALANT. 203
A l'égard du Génie que
Cebés a creu préfider à noftre conception , & nous
inftruire dès le ventre de
noftre mere de nos devoirs
pour la vie à laquelle nous
fommes deftinez , on ne
fçauroit , ce me femble ,
penfer que ce foit autre
que la lumiere de la
raifon où l'ame raiſonnable que Dieu met dans le
corps dés qu'elle peut y
exercer fes fonctions , la
quelle lumiere feroit fuffifante pour nous faire éviter
tous les écueils des paffions
chofe
204 MERCURE
& des vices , fans les fauffes
préventions aufquelles nous
nous abandonnons pendant la jeuneffe , au lieu de
confulter la lumiere de noftre raison. Quand à la fortune qui, felon luy , difpenfe les biens temporels & les
maux à fon gré , on voit
affez qu'on ne peut entendre par là , que la Provi
dence qui a créé toutes chofes , à qui par confequent
toutes chofes appartiennent en propre , & qui ef
tant la maiftrelle du fort
des hommes , en peut difC
GALANT. 203
poſer felon fa volonté. De
plus lorsqu'il nous dit que
la douleur , les chagrins , la
pauvreté , &c. n'ont plus
d'empire fur l'homme devenu vertueux , il nous fait
connoiftre combien eftoit
grande la fecurité , la confiance , la conſtance , & là
tranquillité de l'efprit de
l'honnefte homme , & que
les hommes vertueux de ce
temps là participoient dès
ce monde aux recompenfes des veritablesChrêtiens,
parce qu'ils pratiquoientles
-mefmes bonnes œuvres.
206 MERCURE
Car quoyqu'ils ne conneuffent pas Dieu auffi clairement , & qu'ils ne le creuffent peut-eftre pas auffi prefent à toutes leurs démarches que nous , ils ne laiffoient pas d'envisager la
vertucomme la loy de l'Autheur de la nature , gravée
dans le cœur des hommes,
& d'eftre perfuadez que
ceux- là offenfoient Dieu
qui trahiſſoient la vertu
ainfi ils pratiquoient la ver.
tu dans la veuë de plaire à
Dieu , d'où naiflóit dès ce
monde la joye & la ferenité de leur conſcience.
on Explication du Tableau
de la Vie humaine de Cebés
Tébain de Grece , difciple
de Socrate ,
moral.
Philofophe
Où l'on a fuivi lefens de l'Autheur le plus exactement
qu'il a efté poffible , fans
s'éloigner de l'efprit general
de tous les peuples.
CEbés nous reprefente
d'abord la vie humainefous
la figure d'un grand parc
qui renferme plufieurs reduits , avec des perfonnes
1712. Octobre. N
146 MERCURE
de toutes efpeces , tant à
l'entrée qu'au dedans de
chacun. Mais avant que de
propofer fon embléme , de
l'intelligence duquel il prétend que dépend noftre
bonheur ou noftre malheur ;il prend foin de nous
avertir , que noftre ignorance eft une espece de
Sphinx à noftre égard , par
la connoiffance obfcure &
ambiguë qu'elle nous propoſe du bien & du mal, ou
de ce qui peut eftre regardé comme de foy - mefme
indifferent. Car cette con-
GALANT. 147
noiffance devient pour
nous une énigme , laquelle
faute de pouvoir eftre penetrée, nous rend malheureux le reste de nos jours.
Au lieu que fi nous nous
appliquons à en découvrir
le fecret , nous pouvons efperer une vie exempte de
tous maux & veritable
ment heureuſe.
Noftre Philofophe nous
fait voir enſuite une grande multitude d'hommes &
de femmes à la porte de de
parc , qui fe preſentent
pour y entrer , & qui nous
Nij
148 MERCURE
marquent les enfans avant
qu'ils fortent du ventre de
leur mere pour venir au
monde. Au milieu de cet- :
te multitude on voit le Genie ou l'Intelligence , à qui
l'Autheur de la nature a
commis ( felon Cebés ) le
foin de noftre naiſſance ,
fous la figure d'un fagevieillard , qui enfeigne aux
uns & aux autres la maniere dont ils doivent fe
comporter lorfqu'ils feront
entrez dans la vie , & le
chemin qu'ils doivent teir pour y eftre heureux,
3
GALANT. 149
Mais à peine ces nouveaux
nez ont-ils paffé la porte
du parc , qu'ils oublient en
peu de temps les bonnes
leçons qu'ils ont receuës de
leur Genie ; car la convoitife qu'ils rencontrent
l'entrée de ce lieu , dont
elle eft comme la Reine , &
où elle préfide comme
dans fon throfne , les feduit bien - toft en leur faifant avaler dans une coupe qu'elle leur prefente ,
l'erreur & Pignorance. Les
nouveaux nez munis de ces
deux paffeports , s'avancent
N iij
150 MERCURE
**
dans le parc comme des
hommes enchantez les uns
plus les autres moins , à
proportion qu'ils en ont
beu. Mais ils ne vont pas
fort loin , que voicy une
troupe de femmes agreables de toutes fortes de figures qui les environnent ,
& les embraffent avec empreffement ; & ce font les
opinions , les defirs , & les
delices , par lesquelles ils
fe laiffent tous entraifner.
Les unes les emmennent
dans le chemin de la felicité , les autres dans celuy
GALANT. II
du malheur & de la perdition après les avoir feduites. Car les unes & les autres leur promettent à la
verité une vie heureuſe &
tranquille ; mais parce qu'
ils ont avalé le poiſon de
l'ignorance & de l'erreur ,
ceux qui ont efté feduits
paffent leur vie à errer ça
& là comme des perfonnes yvres , fans pouvoir jamais trouver le chemin qui
devroit les conduire au vrai
bonheur.
Cebés nous fait voir enfuite au milieu du Parcune
N iiij
152 MERCURE
eſpece de Divinité ſous la
figure d'une femme , que
l'aveuglement des hommes
a dépeinte fans yeux , &
comme fourde , & mefme
capricieuſe , parce qu'elle
enrichit les uns des biens
de ce monde , & qu'elle
ofte aux autres ceux mefme qu'elle leur avoit donnez & cela felon fa volonté, & fuivant des decrets
impenetrables. Ils l'ont
nommée la Fortune , & ont
figuré l'inconftance de fes
faveurs par une boule fur
laquelle ils la font mar-
GALANT. 153
cher à caufe des difgraces
qu'éprouvent tous les jours
ceux qui mettent leur efperance dans les biens de la
vie. Il nous reprefente donc
cette fortune comme environnée d'une grande multitude de ces hommes enyvrez du poiſon de la convoitife, qu'il nomme les ambitieux. Tous luy preſentent leurs requeſtes , mais
elle écoute les uns & rejette les autres , ce qui rend
leurs vifages tous differens ;
les uns paroiffants tres -joyeux , & les autres fort
154 MERCURE
triftes . Les premiers ſont
ceux dont les demandes
ont efté receuës favorablement , & ceux-cy la nomment bonne fortune. Les
derniers au contraire levent leurs mains vers elle
tout éplorez , parce qu'elle leur a mefme ofté ce
qu'elle leur avoit autrefois
accordé , pour le donner à
d'autres , & à caufe de cela
ils l'appellent mauvaiſe fortune. Ornoftre Philoſophe
nous fait remarquer que
ces biens qui attriſtent fi
fort les uns & réjoüiſſent
1
GALANT. ISS
4
tant les autres , font les richeffes , les honneurs , la
qualité , les defcendants ,
les commandements , les
Couronnes , & generalement tous les biens temporels ou du corps , qu'il
prétend n'eftre pas de veritables biens ; parce qu'ils
ne nous rendent en rien
plus parfaits , comme il effaye de le démontrer fur
la fin de fon emblême.
༣.
De là il nous conduit à
un premier reduit , & nous
fait voir plufieurs femmes
à la porte , parées comme
156 MERCURE,
des courtisannes , l'une fe
nomme l'intemperance ,
l'autre la luxure , une autre
l'avarice , une autre l'ambition , &c. Elles font toutes
là comme en ſentinelle ,
pour remarquer ceux à qui
la Fortune a efté favorable ,
& qu'elle a enrichis de fes
dons. Dès qu'elles en apperçoivent quelqu'un , elles
courent à luy , elles le careffent & l'embraffent , &
font tant par leurs flatteries , qu'elles l'engagent à
entrer dans leur azile, en lui
promettant une vie tran-
GALANT. 157
quille , exempte de tout ennuy , & remplie de delices.
Ceux qui font affez inconfiderez pour fe laiffer aller
No
aux promeffes de ces Sirenes , gouftent à la verité
les plaifirs de la vie pendant
un temps , ou du moins
croyent les goufter ; mais
quand par la fuite du temps
ils réfléchiffent ferieufe-'
ment fur cette maniere de
vivre , ils s'apperçoivent
qu'ils ont efté feduits ; que
ce qu'ils ont creu de folides plaiſirs , n'en avoient
tout au plus que l'apparen-
158 MERCURE
ce ; & qu'en un mot ils en
font la dupe , par la honte
qu'ils leur ont attirée , & les
malheurs où ils les ont précipitez. Car aprés avoir
confommé avec ces Courtiſannes tous les biens qu'ils
avoient receuës de la Fortune , ils fe trouvent malheureuſement reduits à devenir leurs efclaves , & à
commettre toutes les baf
feffes, & tous les crimes auf
quels ces cruelles maiftreffes les engagent. Ainfi ils
deviennent des affronteurs,
des facrileges, des parjures,
GALANT. 159
des traiftres , des larrons
& tout ce qu'on peut imaginer de plus mauvais,
A
#
>
Enfin cette vie mifera
ble n'a qu'un temps , mefme fouvent fort court
après lequel ( dit Cébés ) la
vengeance du Ciel éclate
fur eux ; alors il les livre à
la punition , que ce Philofophe nous reprefente fous
la figure d'une femme couverte de haillons , & fort
défigurée , tenant un foüet
en la main. Elle paroift
dans ce premier reduit à la
porte d'une efpece de ca-
>
160 MERCURE
chot , ou lieu ténebreux ,
dont l'afpect fait horreur ,
ayant pour compagnes la,
trifteffe , & l'angoiffe. I '
nous dépeint la premiere
la tefte panchée jufques fur
fes genoux , & la derniere
s'arrachant les cheveux.
Elle a encore pour, voiſins
les pleurs & le defefpoir
qui font des perfonnages
difformes , extenuez , tous
nuds , & horribles à voir.
C'eft entre les mains de
ces derniers qu'ils font li
vrez en dernier reffort ,
après avoir effuyé toute la
fureur
GALANT. 161
fureur des premieres . Alors
ils fe voyent accablez de
tourments & de maux , &
reduits à paffer le refte de
leurs jours dans ce cachot
affreux de la maniere la
plus miferable ; c'eſt pour
cela qu'il nomme cette pri
fon le fejour du malheur
Dans ce funefte eftat no
ftre Philofophe ne leur laiffe qu'une feule reſſource
fçavoir qu'enfin le Ciel ait
pitié d'eux , & leur envoye
le repentir pour les retirer
du gouffre de malheur où
ils fontplongez. Or le preOctobre. 1712. O
162 MERCURE
mier effet que cet heureux
repentir produit en eux , eft
de chaffer ces mauvaiſes
préventions dont ils s'eftoient laiffez préoccuper
dans leur jeuneffe , & de
leur fuggerer de plus juftes
opinions , & des defirs plus
raifonnables. Alors ils fe
trouvent avoir de l'eftime
& de l'inclination pour les
ſciences ; heureux s'ils font
affez aviſez pour choiſir la
veritable , je veux dire celle
qui enfeigne aux hommes
à regler leurs mœurs , &
qu'on appelle pour cette
GALANT. 163
raifon la Morale ! car cette
morale les purifie infailliblement de toutes leurs ha
bitudes vicieuſes , & les met
en eftat de paffer le reſte
de leur vie dans le repos &
dans la felicité , à l'abry de
tous leurs maux paffez.
Mais s'ils font au contraire affez imprudens pour
fe laiffer efbloüir par l'éclat
de la vaine ſcience , & de
la fauffe reputation , noſtre
Philofophe nous fait voir
un fecond reduit , à l'entrée.
duquel paroift une femme
fort parée , & tres- enga
O ij
164 MERCURE
geante, que les petits efprits
& le commun des hommes
nomment la ſcience , quoyque ce ne foit que la vaine
fcience. Car la plupart de
ceux qui dès l'entrée de la
vie ont fuivi la bonne route , ou ceux que le repentir
a retirez de la maifon du
malheur , defirant s'occuper le refte de leur vie aux
ſciences , donnent ordinai.
rement dans cette fauffe
ſcience. Auffi cet afile eftil rempli de Poëtes , d'Orateurs , de Dialecticiens ,
de Muficiens , d'Arithme
GALANT. 165
ticiens,de Géometres, d'Af
trologues, d'Epicuriens , de
Peripateticiens , de Critiques , & de quantité de
gens de cette nature , par-.
mi lefquels on voit encore
de ces Courtifannes du premier reduit , comme l'incontinence , l'intemperance , & leurs autres compagnes. Car ces fortes de
Sçavants en font auffi fouvént les esclaves , quoyque
plus rarement, parce qu'ils
ont plus de foin de s'occuper que les autres . Les préventions ou fauffes opi-
166 MERCURE
nions s'y meſlent auſſi , à
caufe dupoifon que la convoitife leur a fait avaler en
entrant dans la vie , qui les
empefche de connoiſtre
leur ignorance, pour ne pas
dire leur erreur. Et il n'y a
point pour eux , ſelon noftre Philofophe , d'autre
moyen de s'arracher des
pieges de ces mauvaiſes
amies , que de renoncer
pour jamais à la vaine ſcience ; car avec fon feul fe-.
cours ils ne doivent pas efperer de s'affranchir jamais
de leur joug , ny d'éviter les
GALANT. 167
malheurs de la vie.
Mais s'ils font affez heureux de rentrer dans le chemin de la verité , elle leur
fera ( dit - il ) goufter d'un
breuvage qui les purgera de
tous leurs vices , & de toutes leurs erreurs , & qui enfin les mettra dans un eſtat
de fecurité. C'eftpour cela
que noftre Philofophe nous
fait enviſager dans fon tableau un troifiéme reduit
plus élevé que les précedents , mais defert , & habité d'un tres-petit nombre
d'hommes ; la porte en eft
168 MERCURE
*
eftroite , & le chemin pour
y arriver fort ferré , & peu
frequenté ; il paroiſt de
plus difficile & efcarpé.
C'eft le chemin de la veritable ſcience , duquel l'af
pect a quelque chofe de
rude & d'effrayant. Il nous
reprefente à l'entrée de ce
lieu deux femmes d'une
fantéparfaite, pleines d'embonpoint & de vigueur
affifes fur une roche élevée ,
& escarpée de tous coſtez ,
qui tendent la main aux
paffants d'un air affable , &
avec un viſage plein de ſerenité :
f
GALANT. 169
renité ; l'une d'elle fe nomme la conftance , & l'autre
la continence. Ce font deux
fœurs toutes aimables , qui
invitent les paſſants à s'approcher d'elles , à s'armer
de courage , & à ne ſe laiffer
pas vaincre par une laſche
timidité , leur promettant
de les faire entrer dans un
chemin de delices , aprés
qu'ils auront furmonté
quelques legeres difficultez , qui feront bien toft
diffipées . Et pour leur en
faciliter le moyen , elles
veulent bien defcendre
Octobre.
1712. Р
170 MERCURE
quelques marches de ce
précipice où elles font , afin
de leur donner la main , &
de les attirer au deffus.
Là elles les font reſpirer
en leur donnant pour compagnes la force & l'efperance , & leur promettant
de les faire bien- toft arri-:
ver à la veritable ſcience.
Et pour les encourager davantage , elles leur font enviſager combien le chemin
en eft agréable , aisé , &
exempt de tous dangers.
Ce chemin conduit à un
quatriéme & dernier re-
GALANT. 171
*
duit renfermé dans le précedent; c'eft un fejour char-
'mantfemblable à une grande prairie , & fort éclairée
des rayons du Soleil ; on le
nomme le fejour des hom
mes heureux , parce que
toutes les vertus y habitent ,
& que c'est la demeure de
la felicité. Il paroiſt à l'entrée une Dame fort gra
cieuſe avec un viſage égal ,
& dans un âge peu avancé;
fon habit eft fimple &fans
ornemens eftrangers ; elle
eft affife fur une pierre ferme & d'une large affiette ;
Pij
172 MERCURE
c'efl la veritableſcience qui
eft accompagnée de ces
deux filles , dont une s'ap-:
pelle la verité , & l'autre la
perfuafion. Son fiege tefmoigne affez qu'il eft feur
de le fier à elle , & que fes
biens font conftants. Mais
qui font ces biens ( dit Cebés ) ce font la confiance ,
la privation d'ennuis , la
conviction que rien ne peut
deformais leur nuire. Or
cette honnefte mere eft à
l'entrée de cet afile pour
guerir les hoftes qui luy arrivent , enleur faifant pren-
GALANT. 173
-dreune potion cordiale qui
les purifie de toutes les imperfections qu'ils avoient
contractées en paſſant par
les premiers reduits , telles
que l'ignorance , l'erreur ,
la prévention , l'arrogance,
l'incontinence , la colere ,
l'avarice , & les autres vices : après quoy elle les
fait entrer dans le fejour
des vertus.
Or noftre Philofophe
nous reprefente ces vertus
fous la forme de Damesfages & belles , fans aucun
fard ny ajuftemens , en un
P iij
174 MERCURE
motfort differentes des premieres ; on les nomme la
pieté , la juftice , l'integrité , la temperance , la modeftie , la liberalité , la clemence , &c. Après donc
que les vertus ont admis
ces nouveaux hoftes dans
leur focieté , elles n'en demeurent pas là ; mais Cebés nous fait enviſager une
eſpece de donjon en forme
de citadelle au milieu de
ce dernier reduit , & fur
l'endroit le plus eflevé ; c'eſt
le palais de la felicité , la
mere de toutes les vertus ;
GALANT. 175
c'eft dans ce fejour heureux qu'elles les introduifent pour les prefenter à
leur mere. Au refte il dépeint cette mere comme
une Reine affife fur un
throfne à l'entrée de fon
palais , qui eftant parfaitement belle , & dans un âge
de confiſtance , eſt ornée
d'une manière honnefte ;
& fans fafte , ayant la tefte
ceinte d'une couronne de
fleurs , avecun air plein de
majefté. Cette Dame &
fes filles les vertus couronnent ceux qui s'élevent juf
P
iiij
176 MERCURE
ques à elles , comme des
Héros qui ont remporté de
grandes victoires fur diffe .
rens monftres qui leur faifoient la guerre ; & elles
leur adjouftent de nouvelles forces pour domptér
des ennemis , qui auparavant les reduifoient en fervitude , & les dévoroient
aprés leur avoir fait fouffrir
plufieurs divers tourments.
Ces monftres font l'ignorance & l'erreur , la douleur , & la trifteffe , l'avarice , l'intemperance , & en
general tous les vices. Ce
GALANT. 177
font là les ennemis aufquels
ils commandent dorefnavant; bien loin de leur obeir
&de leur eftre foumis comme autrefois. Mais ce n'eft
pas tout cette couronne
que nos Héros ont receuë ,
outre la force qu'elle leur
donne , les rend encore
bienheureux, & les affran
chit de tous les maux de la
vie , en leur apprenant à ne
plus mettre leur felicité
dans les biens paffagers ,
mais uniquement dans la
poffeffion de la vertu , &
dans la joye de la bonne
confcience.
178 MERCURE
Apres que ces hommes
vertueux ont efté ainfi couronnez , Cebés les fait revenir accompagnez de toutes les vertus dans les lieux
par où ils ont paffé autrefois. Là ces fages guides
leur font voir tous ceux qui
menent une vie miſerable,
errants çà là , tousjours
prefts à faire nauffrage , &
tousjours esclaves de leurs
ennemis , les uns de l'incontinence , d'autres de la
fuperbe , les autres de l'avarice , ou du defir de la
vaine gloire , d'autres enfin
GALANT. 179
"
par d'autres vices fans
pouvoir jamais d'eux- meſmes s'affranchir de leur fervitude , ny parvenir au ſejour des vertus , & au palais de la felicité.. La caufe de ce malheur , ( dit noſtre Philofophe ) vient de
ce qu'ils ont oublié le chemin que leur Génie tuter
laire leur avoit enfeigné, &
les préceptes qu'il leur avoit
donnez avant qu'ils entraf
fent dans le monde. C'eſt
alors que ces nouveaux éleves prennent une veritable connoiffance du bien
180 MERCURE
& du mal ; au lieu de l'ignorance & de l'erreur où
ils avoient vefcu pendant
leur aveuglement , qui leur
faifoit eftimer un bien ce
qui veritablement eftoit un
mal , & prendre pour un
mal ce qui eftoit un bien ,
& les engageoit par là dans
une vie déreglée & perverfe , & cette connoiffance
regle leurs mœurs , & les
fait profiter des folies des
autres. Aprés quoy , dit
Cebés , ils peuvent aller
fans crainte où ils veulent ,
parce qu'ils font par tout
GALANT. 181
,
à l'abri de leurs ennemis ,
& qu'en quelque lieu qu'ils
aillent ils font affeurez d'y
vivre dans la droiture de
cœur & dans l'amour de
la vertu , exempts de tout
peril & de toutes fortes de
maux. De plus chacun fe
fait un plaifir, de les recevoir, comme un malade en
reffent lorfque fon medecin
le vient voir. Outre qu'ils
n'ont plus à craindre ces
beftes fauvages qui leur faifoient auparavantuneguerre fi cruelle ; puifque ny
la douleur , ny les chagrins,
182 MERCURE
ny l'incontinence , ny l'avarice, ny la pauvreté n'ont
plus aucun pouvoir fur leur
efprit pour luy faire perdre
l'amour de la verité.
Cebés nous fait remarquer enfuite une autre ef
pece d'hommes qui defcendent auffi de l'afile des vertus fans aucunes couronnes , mais au contraire avec
des vifages de defefperez ,
des cheveux arrachez , &
quifont enchaifnez par des
femmes. Ce font ou ceux
qui eftant arrivez à la veritable ſcience , en ont efté
GALANT. 18 ;
mal receus , comme en eftant indignes ; ou ceux qui
ont manqué de courage
lorfqu'ils ontvoulu s'eflever
fur la roche , où la conf
tance les invitoit de monter , & qui ayant lafché le
pied honteufement , demeurent vagabonds , fans
fçavoir où ils doivent aller.
Les uns & les autres de-.
viennent la proye des chagrins , des angoiffes , dul
deſeſpoir, de la honte & de
l'ignorance ; & pour furcroift de malheur ils retournent au parc de la lu-
184 MERCURE
xure & de l'intemperance ,
oùces infenfez maudiffent
le refte de leurs jours la
veritable ſcience , & les ve
ritables fçavants, regardant
ces derniers comme des
malheureux, qui ne fçavent
pas goufter les plaifirs , &
joüir de la vie comme eux ,
bien loin de fentir euxmefmes l'eftat déplorable
où ils fe font plongez, Car
la brutalité dont ils font
aveuglez , fait qu'ils mettent leur fouverain bien
dans la gourmandiſe , dans
le luxe & dans l'incontiEnfin nence.
GALANT. 185
Enfin noftre Philofophe
entre dans un plus grand
détail fur ce qu'il prétend
que le Génie de chaque
homme luy infinuë avant
fa naiffance. Premieremenp
il leur donne avis ( dit-il
de s'armer de courage , &
de conftance, comme ayant
plufieurs combats à fouftenir dans le monde lorfqu'ils
y
feront entrez : feconde-l
ment il les exhorte à né
point mettre leur efperance dans les biens temporels & paffagers , que la
fortune donne & ofte à fon
Octobre. 1712,
C
i
186 MERCURE
gré , & parconfequent de
ne s'abandonner point à la
joye , quand elle nous les
envoye , ou à la trifteffe
quand elle les retire , parce
qu'elle en ufe comme d'un
bien qui eft à elle , & non
pasà nous. C'eſt pourquoy
il nous avertit de ne reffembler pas ces mauvais Banquiers qui ayant receu.
Fargent d'autruy , le regardent comme leur appartenant, & en ont la meſme
joye que s'il eftoid à eux en
propre , & qui quand on
le repete s'en trouvent auſſi
GALANT. 187
offenfez, & en conçoivent
autant de chagrin que fi
on le leur raviffoit mais
de recevoir au contraire
avec reconnoiffance les
biens temporels qu'il luy
plaiſt de nous départir , &
de nous en fervir pour ar
river en hafte à la fource
feconde & certaine de tous
les biens, qui eft la veritable
fcience , c'est-à - dire , la
fcience qui peut nous rendre heureux. Ainfi nous
devons ( dit il ) éviter d'abord foigneusement les
courtiſannes done on apar-
-
Q ij
188 MERCURE
lé , fçavoir l'intemperance,
la luxure , & les autres vi-
& prendre garde de ces
nous laiffer enchanter de
leurs attraits. ។
A l'égard de la vaine
ſcience nous pouvons luy
donner , felon luy , quelques années de notre vie ,
& prendre quelques -unes
de fes leçons pour nous aider à paffer outre , car nous
devons nous hafter d'arriver à la veritable ſcience ,
& à la pratique des vertus
le pluftoft que nous pourrons , & regarder tout le
GALANT. 189
temps que nous employons
à autre chofe , comme autant de rabbatu fur la durée de noftre felicité.
Tous les emblefmes eftant finis , Cebés examine
quelles font les leçons qu'-
on peut tirer de la vaine
fcience, & conclud que ce
font les Lettres & les autres
difciplines , que Platon dit
eftre le frein des fougues
de la jeuneffe. Il prétend
au refte que ces leçons ne
font point abfolument neceffaires pour acquerir la
morale , & qu'on doit les
190 MERCURE
regarderſeulement comme
des moyens pour y arriver
plus communément, mais
qui ne nousfervent de rien
pour augmenteren nous la
vertu: &la raiſon qu'il en ap
porte, c'eſt qu'on peut eftre
vertueux fans elles , comme
l'experience journaliere le
confi me. On ne doit pas
cependant, felon luy,les re
garder commeinutiles . Car
(dit il ) quoy qu'on puiſſe
abſolument entendre une
langue estrangere avec le
fecours feul d'un Interpre
te , on ne laiſſe pas de trou-
GALANT. 191
ver quelque foulagement
& quelque ſatisfaction lors
qu'on peut encore y joindre fa propre connoiffan
ce. Il en eft de mefme de
la vaine fcience qu'on ne
doit regarder que comme
un fecours pour arriver plus
aisément à la veritable.
De là noſtre Philoſophe
tire cette fafcheufe confequence contre les faux fçavants , qui prétendent s'attribuer quelque préference
fur les autres hommes , fçavoir qu'ils n'ont là aucun avantage pour devenir
par
192 MERCURE
plus parfaits qu'eux ; puifqu'il eft conftant qu'ils ne
jugent pas plus fainement
du bien & du mal que le
refte des hommes , & qu'ils
font fujets aux meſmes vices; car qui empefche ( ditil ) d'eftre lettré , de poffe
der toutes les fciences vaines , & d'eftre cependant
toujours un yvrogne , un
intemperant , un avaricieux , un calomniateur, un
traiftre , & en un mot un
infensé, puifque ces fortes
de fciences ne s'occupent
point à la connoiffance des
vertus ,
GALANT. 193
7
vertus & des vices La cau
fe de ce malheur , dit noftre Philofophe , vient de
ce que ces fortes de fça
vants ont la vanité de croi
re fçavoir ce qu'effectivement ils ignorent : c'eft ce
qui les rend indociles &
pareffeux à fe faire inftruire de la veritable ſcience,
D'un autre cofté ils font
fujets comme le reſte des
hommes à fe laiffer emporter par leurs fauffes préventions qui les rendent
opiniaftres & intraitables.
De forte qu'ils ne ſçauOctobre 1712.
R
194 MERCURE
roient fe flatter d'avoir aucun avantage ſur eux ,
moins que le Ciel ne leur
à
envoye quelque rayon de
lumiere qui leur faffe connoiftre la vanité de leur
fcience , & les porte à rechercher la verité.
Enfin Cebés prouve la
propofition qu'il a avancée au commencement de
fon difcours , fçavoir que
les dons de lafortune, com+
me la vie , la fanté , les richeffes , la nobleſſe , les
honneurs , les victoires , &
les autres biens temporels
GALANT. 195
ne font pas de veritables
biens ; ny par confequent
les maux qui leur font oppofez, commeles maladies,
la mort mefme , &c. ne
font pas deveritables maux;
maisil prétend aucontraire
que toutes ces chofes d'elles-mefmesfont indifferentes pour noftre perfection.
La vie , dit - il , eft un bien
à celuy qui vit bien , & c'eſt
fans doute unmal à l'égard
de celuy qui fe comporte
mal, par les maux aufquels
elle l'expofe toft ou tard.
D'un autre cofté la vie eft
R ij
196 MERCURE
commune aux meſchants
comme aux bons , aux malheureux commeà ceux qui
font heureux , d'où il conclud que la vie en elle meſme eft une chofe indifferente. De mefme que de
couper un bras à un hom-
-me qui fe porte bien , eft
pour luy un mal ; & c'eſt
rau contraire un bien à celuy
qui a la gangrenne , d'où il
fuit que l'amputation d'un
bras eft une chofe qui n'eft
abfolument parlant , ou en
foy, nybonne n'y mauvaiſe.
Il rafonne de melme des
GALANT. 197
richeffes , de la fanté, & des
autres biens du corps : car
ilferoit, dit il , tres- louvent
à defirer pour celuy qui a
fait un mauvais coup , qu'il
euft efté malade pendant le
temps qu'il l'a fait ; c'eft
pourquoy la fanté eft en
ce cas un vray mal pour
luy , quoyque ce foit d'ailleurs un bien pour les honneftes gens. A l'égard des
richeffes on voit fouvent.
que ceux qui les poffedent
ne font pas les plus heureux ny les plus honneftes.
gens ; d'où il faut conclure
Riij.
198 MERCURE
&
qu'elles ne fervent de rien
pour noftre felicité
qu'ainfi par elles mefmes
elles ne font pas un bien
pluftoft qu'un mal , puifqu'il feroit à fouhaitter pour
ceux qui n'en fçavent pas
ufer , qu'ils en fuffent privez à caufe des miferes qu'-
elles leur attirent.
Noftre Philofophe conclud en difant qu'on peut
appeller les biens temporels, des biens pourceux qui
fçavent s'en bien fervir , &
des maux à l'égard de ceux
qui en font un mauvais ufa-
GALANT. 199
ge , & finit en remarquant
que ce qui nous trouble &
nous agite en cette vie c'eft
le faux jugement que nous
portons fur les biens & fur
les maux temporels , fur lequelfauxjugement nous reglons enfuite toute la conduite de noftre vie pour le
bien ou pour le mal; & cela
parce que nous ne travaillons pas affez à connoiſtre
l'un & l'aure.
On connoift affez au
refte par cet exposé que les
mefmes inclinations & les
mefmes vices qui dominent
R iiij
200 MERCURE
aujourd'huy , regnoient dès
ces premiers temps , & que
la Providence a toujours eu
foin de faire naiftre des
hommes , qui au milieu de
la corruption de leur fiecle
rendiſſent teſmoignage à
la vertu & aux veritez morales , afin qu'elles n'en
fuffent pas entierement étouffées , & afin que les
hommes dépravez n'euffent pas à fe plaindre d'avoir manqué d'inftructions,
& mefme d'exemples pour
les mettre en pratique , &
d'avertiffements pour con-
GALANT. 201
noiftre les fuites fafcheufes
des paffions & des vices ,
& pour en concevoir de
l'horreur. Mais ce que nous
devions , ce mefemble , admirer icy le plus , ce font
ces repentirs & ces rayons
de lumiere que Cebés reconnoift eftre envoyez du
Ciel pour retirer les hommes de l'esclavage de leurs
paffions , & les faire rentrer dans le fein des vertus. Certes fila chofe eftoit
telle dans ces temps du pai
ganisme , plus de trois cens
ans avant la venue du Mef-
202 MERCURE
fie , comme il femble qu'on
n'en puiffe douter , par le
recit de cet autheur , je ne
crois pas qu'on puiſſe douter auffi que le Ciel n'exerçaft fes mifericordes fur
ces peuples corrompus , de
mefme que fur le peuple
Juif: car effectivement que
peut il y avoir qu'une lumiere divine qui faffe connoiftre à l'efprit de l'homme la vanité des voluptez ,
& qui luy faffe diftinguer
la vaine ſcience de la veri
table , & les vicès des vertus ? L
GALANT. 203
A l'égard du Génie que
Cebés a creu préfider à noftre conception , & nous
inftruire dès le ventre de
noftre mere de nos devoirs
pour la vie à laquelle nous
fommes deftinez , on ne
fçauroit , ce me femble ,
penfer que ce foit autre
que la lumiere de la
raifon où l'ame raiſonnable que Dieu met dans le
corps dés qu'elle peut y
exercer fes fonctions , la
quelle lumiere feroit fuffifante pour nous faire éviter
tous les écueils des paffions
chofe
204 MERCURE
& des vices , fans les fauffes
préventions aufquelles nous
nous abandonnons pendant la jeuneffe , au lieu de
confulter la lumiere de noftre raison. Quand à la fortune qui, felon luy , difpenfe les biens temporels & les
maux à fon gré , on voit
affez qu'on ne peut entendre par là , que la Provi
dence qui a créé toutes chofes , à qui par confequent
toutes chofes appartiennent en propre , & qui ef
tant la maiftrelle du fort
des hommes , en peut difC
GALANT. 203
poſer felon fa volonté. De
plus lorsqu'il nous dit que
la douleur , les chagrins , la
pauvreté , &c. n'ont plus
d'empire fur l'homme devenu vertueux , il nous fait
connoiftre combien eftoit
grande la fecurité , la confiance , la conſtance , & là
tranquillité de l'efprit de
l'honnefte homme , & que
les hommes vertueux de ce
temps là participoient dès
ce monde aux recompenfes des veritablesChrêtiens,
parce qu'ils pratiquoientles
-mefmes bonnes œuvres.
206 MERCURE
Car quoyqu'ils ne conneuffent pas Dieu auffi clairement , & qu'ils ne le creuffent peut-eftre pas auffi prefent à toutes leurs démarches que nous , ils ne laiffoient pas d'envisager la
vertucomme la loy de l'Autheur de la nature , gravée
dans le cœur des hommes,
& d'eftre perfuadez que
ceux- là offenfoient Dieu
qui trahiſſoient la vertu
ainfi ils pratiquoient la ver.
tu dans la veuë de plaire à
Dieu , d'où naiflóit dès ce
monde la joye & la ferenité de leur conſcience.
Fermer
Résumé : PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
Le texte présente une allégorie philosophique de la vie humaine, comparée à un grand parc avec divers réduits symbolisant les étapes et expériences de la vie. Cebés, disciple de Socrate, utilise cette métaphore pour illustrer les défis et les choix que les individus doivent affronter. Au début de la vie, les individus sont guidés par une intelligence qui leur enseigne comment être heureux, mais ils oublient rapidement ces leçons à cause de la convoitise et de l'ignorance, personnifiées par une reine séductrice. Dans ce parc, la Fortune, une divinité aveugle et capricieuse, distribue des biens temporels. Les ambitieux la supplient, mais elle favorise certains et rejette d'autres, créant ainsi des joies et des tristesses. Ces biens temporels ne sont pas considérés comme de vrais biens, car ils ne rendent pas les hommes plus parfaits. Le parc comporte plusieurs réduits. Le premier est gardé par des femmes représentant des vices comme l'intempérance et l'avarice, qui séduisent ceux que la Fortune a favorisés. Ces individus goûtent des plaisirs éphémères avant de tomber dans le malheur et la misère. Leur seule ressource est le repentir, qui les conduit vers des opinions plus justes et un intérêt pour les sciences, notamment la morale. Un second réduit est habité par ceux qui se laissent séduire par la fausse science, représentée par des poètes, orateurs, et autres savants. Ces individus sont souvent esclaves de leurs vices et de leurs erreurs. Un troisième réduit, plus élevé et difficile d'accès, mène à la véritable science. À son entrée, deux femmes, la Constance et la Continence, aident les passants à surmonter les difficultés. Ce chemin conduit à un quatrième réduit, le séjour des hommes heureux, où habitent toutes les vertus et la véritable science, accompagnée de la Vérité et de la Persuasion. Le texte décrit également une allégorie où les âmes, appelées 'Cébés', traversent divers états pour atteindre la vertu et la félicité. À l'entrée de ce chemin, une 'honnête mère' purifie les âmes des imperfections comme l'ignorance, l'erreur, et l'arrogance, les préparant ainsi à entrer dans le séjour des vertus. Ces vertus sont représentées par des dames sages et belles, telles que la piété, la justice, l'intégrité, et la tempérance. Après avoir été admises dans cette société, les âmes sont conduites vers un donjon en forme de citadelle, le palais de la félicité, où règne une Reine assise sur un trône. Cette Reine et ses filles, les vertus, couronnent les âmes vertueuses, leur donnant force et bonheur, et les libérant des maux de la vie. Ces âmes, désormais héroïques, dominent les monstres symbolisant les vices et vivent dans la droiture et l'amour de la vertu. Le texte distingue également ceux qui, ayant atteint la véritable science, sont mal reçus ou manquent de courage, devenant ainsi des esclaves des chagrins et des vices. Ces derniers maudissent la véritable science et les savants, préférant les plaisirs matériels. Le philosophe Cebés enseigne que les biens temporels, comme la vie, la santé, et les richesses, ne sont ni véritables biens ni véritables maux en eux-mêmes. Ils dépendent de l'usage que l'on en fait. Il exhorte à ne pas se réjouir ou se lamenter excessivement face à ces biens, mais à les utiliser pour atteindre la véritable science et la vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 1319-1330
LETTRE pour servir de réponse à la Letre de M.... écrite de Grenoble, & inserée dans le Mercure du mois de Mai 1730.
Début :
Il est vrai, Monsieur, que le livre anoncé sous le titre, d'ABC DE CANDIAC [...]
Mots clefs :
Enfants, Étude, Réflexions, A, B, C Français, A, B, C Latin, Leçons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE pour servir de réponse à la Letre de M.... écrite de Grenoble, & inserée dans le Mercure du mois de Mai 1730.
LETRE pour fervir de réponse à la
Letre de M.... écrite de Grenoble , &
inferée dans le Mercure du mois de Mai
1730 .
I
Left vrai , Monfieur , que le livre
anoncé fous le titre , d'A B C DE CANDIAC
auroit déja du paroitre , mais cela
n'a pas abfolument dépendu de l'auteur ;
come il fouhaite doner une Edition paffable
& corecte , il n'a voulu prendre au
cun engagement avec des libraires , fe
fatant d'avoir dans peu la liberté de
mieux faire avec quelque imprimeur . Le
titre d'ABC de Candiac aïant paru
trop fimple à bien des perfones , on lui
a confeillé d'en prendre un autre moins
vague , & qui donat une idée plus exacte
de fon ouvrage ; c'eft pourquoi il l'a intitulé
, LA BIBLIOTEQUE DES ENFANS , OU
LES PREMIERS ELEMENS DES LETRES , &c.
11. Vol. Cvj & c'eft
1320 MERCURE DE FRANCE
& c'eft fous ce titre qu'il en a obtenu le
privilege.
Voici , Monfieur , le plan de fon ouvrage.
Il eft divifé en deux volumes , l'un
pour le maitre , & l'autre
pour l'enfant. >
Celui de l'enfant, ou de pure pratique , eft.
divifé en cinq parties.
La premiere partie contient en cinquante
leçons, trois A B C latins ; favoir,
le premier en vint & une petites leçons ?
pour les letres , voyeles ou confones ;
grandes & petites : les confones avec
leur nom ou fans leur nom ; reffemblantes
ou non reffemblantes ; letres grifes
romaines , & italiques ; letres à poins , à
titres , à trema , à accens ; voyeles naza
fes ; diftongues , fons fimples , ou compofés
; confones fortes , confones foibles ; letres
fiflantes , afpirées ; letres doubles , ligatures
, &s ..... Le fegond A B C´latin
en quinze petites leçons , eft pour les
combinaiſons des confones avec les voye
fes initiales , finales , & mediales ; pour:
les combinaiſons des confones à double
emploi , ufage ou valeur , come font les .
letres c, g ,f, t, x, y , & c. pour les combinaifons
des letres liquides ou coulantes.
1, r; pour les combinaifons des caracte
resch , ph , rb , th , & des letres dificiles
pour les combinaifons des confones fimples
, doubles , fortes ou foibles , & c. ....
2.
II. Fol
Le
JUIN 1730. 1321
Le troifiéme A B C latin en quatorze petites
leçons , contient les monofilabes latins
la filabifation , ou l'art d'épeler toute
forte de polifilabes & de mots dificiles
faits exprès , ou choifis dans les livres ; des
mots , fans voyeles , & de vieux mots la
tins abregés ou non abrégés.
La fegonde partie contient auffi trois
ABC françois en deux cens & tant de
leçons ; favoir le premier en huit petites
leçons pour les voyeles latines & les
voyeles françoifes; pour les confones avec:
leur nom ou fans leur nom ; pour les fons .
fimples ou compofés ; pour toutes les combinaiſons
des confonnes , foibles ou fortes;
pour les combinaiſons des fons fecs, liquides,
& mouillés , &c....Le fegond ABC
françois en fix petites leçons contient les
monofilabes françois , & la filabifation ,
ou l'art d'épeler toute forte de mots &c.
... Le troifiéme ABC plus étendu ,
contient toutes les autres combinaiſons.
neceffaires , & quantité de leçons de lecture,
variées par diferens fujets fur les le
tres & fur les nombres ; & enfin une no →
menclature des arts & des fiences , fuivie
de la doctrine chrétienne , & du calen--
drier de Jules-Cefar à côté de notre al--
manac. On parlera des autres trois parties
dans le mercure du mois prochain .
Le volume du maître , qui fervira en-
JI. Vol fuite
122 MERCURE DE FRANCE
fuite à l'enfant , eft auffi diviſé en cinq
parties ; la premiere partie contient en
cent & tant de pages la preface de l'ou--
vrage, & les réflexions ou inftructions neceffaires
fur tout l'atirail literaire que l'on
peut doner à un petit enfant , come
des jeux de cartes , une caffete , & un bureau
abécédiques ; une caffe d'imprimerie
, en colombier , la fuite du bureau tipografique
, latin- françois , un rudiment
pratique ; & enfin le dictionaire du bureau
tipografique ; cette même partie con--
tient les reflexions , & les remarques fur
les cinquante leçons des trois A B C la
rins.
ge.
La fegonde partie en cent & tant de
pages , contient d'abord les reflexions
nerales , & préliminaires fur l'étude de la
langue françoife , & des fons qui la dif--
tinguent des autres langues ; & enſuite
des remarques grammaticales fur les leçons
des trois A B C françois.
La troifiéme partie en trente & tant de
pages , contient une réponse aux raifonemens
, ou aux préjugés de M. l'Abe
Regnier dans fon traité de l'ortografe , &
quelques reflexions fur l'ortografe des dic
tionaires de Richelet , de Furetiere , det
Trevoux , de l'Academie Françoife , & def
Academie d'Espagne.
La quatrième partie , en foixanté &
II. Vol.
*tane™
JUIN. 1730 1323
tant de pages , contient
dans un ordre
cronologique
des extraits
critiques
d'une'
trentaine
d'auteurs
, par rapport à la tradition
de l'ortografe
& de les principes
,
fuivis ou changés
depuis
près de deux
fiecles. Cette partie poura être augmen
tée à mesure que les ortografiftes
anciens
ou modernes
tomberont
fous la main de
l'auteur de ce petit ouvrage.
La cinquième partie contient les inf
tructions préliminaires fur le rudiment
pratique de la langue latine , & des refle
xions fur les petits exercices de l'enfant ,
auquel les parens fouhaitent de doner
une noble & belle éducation .
Voilà , Monfieur , l'idée la plus apro
chante que je puiffe vous doner de cet
ouvrage , l'auteur , felon les principes de
Ramus , infifte toujours beaucoup fur la
pratique , parce qu'il croit plus aife de faire
agir les enfans , que de les faire raifo- '
ner ; c'eft travaillet en pure perte que de
les arêter lontems fur des fpeculations
qui vont à prouver l'utilité des regles ,
au lieu de les faire paffer au plutôt à la
pratique même de ces regles. Il a ceperdant
expliqué fa métode auffi clairement
qu'il lui a été poffible , il a même pris à
tâche de rendre raifon de tout dans le
corps de l'ouvrage , & de répondre à
toutes les dificultés raifonables qu'on
NII Vol
peut
1324 MERCURE DE FRANCE
R
peut former contre cette nouvele maniere
d'inftruire les enfans .
Il ya deux fortes de perfones que l'auteur
ne s'eft jamais flaté de pouvoir convaincre.
Il met au premier rang ceux qui ,
par un entêtement exceffiffur l'exactitude,
de leurs recherches , croient que tout eft
trouvé , parce qu'il leur plaît de croire
qu'ils n'ont plus rien à aprendre ; dans
cette idée ils n'ont que du mépris pour les
nouveles découvertes , & ne laiffent tout
au plus aux autres que la gloire d'ateindre
au dégré de favoir ,
ou la. la trop
opinion de leur fufifance les a placés. Le
plus court avec eux , c'eft de les abandoner
à leur fauffe préfomtion , qui n'a rien
de réel que l'ignorance où elle les retient,
& le ridicule qui en eft inféparable.
bone
La fegonde efpece de gens , ce font
ceux qui par une déference aveugle pour
ceux qui nous ont devancés dans la catiere
des belles letres , fe bornent uniquement
à favoir les opinions des autres ;
come le travail eft inféparable de la recherche
, ils aiment mieux fupofer que les
ancienes métodes font bones & fufifan--
tes , que de fe charger du foin d'examiner :
fi les nouveles ne valent pas mieux . On va .
toujours bien felon eux , quand on eft
dans un chemin batu , quelque long qu'il
Loit , & quelque embaras qu'on y trouve ;
II. Vol. comme™
y
JUIN 1730 1325
come fi l'avantage d'ariver plutot , &
plus comodément ne valoit pas la peine
de tenter une nouvele route. Du refte
fujets modeftes & foumis dans la republique
des letres , ils ne mettent point de
diference entre une hardieffe outrée, toujours
prete à tout contredire , & une ho
nete liberté qui fe referve le droit de
choifir entre le bien & le mieux : fcrupu
leufement atachés à leur routine , ils s'y
repofent come dans une poffeffionoù perfone
n'eft en droit de les troubler. Les
premiers qu'on peut apeler des demi-favans
glorieux , font trop entêtés de leur
propre merite , ceux- ci de celui d'autruis
cette double difpofition , également bla
mable & dans les uns & dans les autres ,
aretera toujours le progrès des fiences.
à moins qu'on ne prene le parti de fe metre
au-deflus de la fote vanité des premiers
, & de la timidité de ces derniers .
Il y a plus de quinfe ans que l'Auteur
de cette metode fit quelque étude des fons
de la langue françoife , & cela pour profiter
un peu du fejour de Paris où il fe
trouvoit alors. Il mit fes reflexions fur le
papier , mais pour lui feul , ou tout au
plus pour quelques amis . De retour en
province , il eut ocafion de faire l'effai
de cette doctrine des fons : & avec un
peu d'aplication & de travail , il mit dans
II. Vol
peu
1326 MERCURE DE FRANCE
peu de tems une gouvernante en état de
montrer les letres & les fons à un enfant
de deux ans ; ce qu'on pouroit même
pratiquer encore plutôt , fi les enfans
étoient pour l'ordinaire capables d'articuler
des fons avant ce tems là. Cet effai
réuffit fi bien , que l'enfant conut toutes
les letres grandes & petites à l'âge de
trente mois , & qu'à trois ans il lut paſſablement
le françois & le latin , l'heureux
fuccès fur la premiere de ces deux langues
aïant porté l'auteur à tenter la même
chofe fur la fegonde.
On croit ordinairement qu'il eft inutile
, indiferent , & peut- etre meme dangereux
de montrer les lètres à un enfant
dès qu'il fait articuler quelques filabes .
Bien des gens s'imaginent que de comancer
deux ou trois ans plutot ou plus tard, cela
ne fauroit guere influer ni en bien nien mak
dans le refte de la vie ; & qu'enfin l'education
tardive peut mener également à la
perfection ; c'eft là , ce me femble , un
prejugé que l'ignorance & la coutume
paroiffent n'avoir déja que trop autorifé;
car le degout de la plupart des écoliers
ne vient peut- etre pas moins d'une édu
cation tardive que d'un defaut de difpo
fition à l'étude. Je penfe donc avec l'auteur
qu'il feroit très utile que l'enfant pût
lire auffi tot qu'il fait parler ; cela lui do-
I I. Vol. neroit
UIN. 1730.
1327
neroit plus de facilité dans toutes les études.
La diference d'un enfant qui lit à
trois ans , & de celui qui à peine lit à ſept ,
doit etre contée pour beaucoup dans la
fuite des études. Il y a tant de chofes à
aprendre , qu'on ne fauroit trop tôt comancer.
On ne prend pour pretexte la
fanté , la foibleffe , ou la vivacité d'un enfant
, que pour fe juftifier foi meme , &
pour excufer un ufage fuivi par imitation
plutot que par raifon ; chacun pouroit
fournir fur autrui , & peut-etre fur foi
même , des exemples de cet abus .
D'où vient que les ainés , les enfans uniques
, ou les enfans le plus cheris , font
ordinairement moins avancés dans les étu
des que les autres : c'eft qu'on les a mis
trop tard à l'abc , ou peut être trop tôt
fur des livres ordinaires & mal faits : on
a rempli de fimples puerilités leur imagination
tendre ; ils ont grandi dans l'exereice
continuel des badinages ; ils ont enfuite
peine à les facrifier aux leçons inftructives
& penibles qu'on leur done
D'ailleurs enfeveli dans les prejugés , on
aime mieux en general voir vivre fon
enfant dans l'ignorance , que de s'expofer
à la crainte mal fondée , de le perdre fort
favant ; & l'on conclud fans raifon que la
frence abrege leurs jours , come fi l'ignorance
& l'oifiveté prometoient une plus
II. Vol. longue
1328 MERCURE DE FRANCE
longue vie . Quelques particuliers peuvent,
l'imaginer ainfi , mais le Public penſe &
taifone plus jufte.
pas mal
Puifque les autorités & les exemples
font ordinairement plus d'impreffion que
les fimples raifonemens , il n'eft
d'en raporter ici quelques uns. Certaines
perfones ont cru , dit Quintilien , qu'il ne
faut pas entreprendre de rien enfeigner
aux enfans avant fept ans : mais ceux qui
come Chrifipe , ne veulent pas qu'aucun
age foit exemt d'aplication , l'entendent
bien mieux. Car quoiqu'il laiffe l'enfant
entre les mains des femmes jufqu'à trois
ans , il veut qu'elles prenent foin dès ce
tems là de lui former l'efprit par les meil-
Ieures inftructions qu'elles font capables
de doner. Et pourquoi ce meme age , qui
eft déja fufceptible d'impreffion pour
les
moeurs , ne le feroit- il pas auffi des premiers
elemens de literature ?
Socrate lontems auparavant avoit fait
comprendre à fes diciples que les enfans
qui favent parler , & qui comancent à
faire paroitre du dicernement , ne font
point trop jeunes pour les fiences. Ariftote
& Platon l'ont penfé de même : &
fi Quintilien déja cité , M. le Fevre , Madame
Dacier , & beaucoup de favans , ont
eu le malheur de perdre leurs enfans ce-
Jebres , doit on conclure qu'il font morts
II. Vol. par
JUIN. 1730. 1329
par des excès d'étude ? la tendreffe paternele
des favans eft elle moins naturele que
celle des autres homes ? font ils plus avcuglés
, & moins atentifs lorfqu'il s'agit
des égars & des menagemens neceffaires à
la confervation des enfans le plus cheris ?
Il eft vrai que les énemis de l'étude l'a
cufent d'etre meurtriere , & difent qu'elle
affaffine les enfans ou qu'elle les empêche
de croitre. Dès qu'il meurt quelque enfant
celebre les études , les ignorans
ne manquent pas d'en acufer ces mêmes
études ; c'eft la maniere dont ils s'y prenent
pour confoler des parens afligés , &
cela fans faire atention au nombre infini
d'enfans qui restent nains ou qui meurent
malgré leur parfaite ignorance & au
par
و
grand nombre de ceux qui vivent au delà
de quatre vints ans quoiqu'ils aient comencé
de fort bone heure à étudier . On
fait que le Cardinal Lugo dès l'âge de trois
ans fit paroitre fon heureux genie ; car il
favoit lire les imprimés & les manufcrits.
Bayle en parle dans fon dictionaire. Le
Taffe à l'age de trois ans , comença à étu
dier la gramaire ; & il fe portoit à l'étude
avec tant d'ardeur & tant de gout , que
fon pere n'hefita point à l'envoyer au co
lege des Jefuites , dès l'ege de quatre ans.
Sous ces habiles maitres le petit Torquato
fit de fi grans progrès , qu'à fept ans il
II. Vol. favoir
1330 MERCURE DE FRANCE
favoit parfaitement le latin , & tres palla
blement le grec. La fuite des nouveles
d'Amfterdam du 30 avril 1726 parloit
du petit Jean Filipe Baratier de Schwal
bach , qui comença d'aprendre les letres
avant l'age de deux ans. Mais ctier des
enfans morts, aux ïeux des ignorans , c'eſt
prefque decrier une métode : citer das
enfans étrangers , c'eft s'expofer à n'etre
pas cru : il en faut donc citer qui foient
en vie , & à Paris , la choſe eft aisée , &
ce fera pour un autre Mercure.Je fuis, &c.
Letre de M.... écrite de Grenoble , &
inferée dans le Mercure du mois de Mai
1730 .
I
Left vrai , Monfieur , que le livre
anoncé fous le titre , d'A B C DE CANDIAC
auroit déja du paroitre , mais cela
n'a pas abfolument dépendu de l'auteur ;
come il fouhaite doner une Edition paffable
& corecte , il n'a voulu prendre au
cun engagement avec des libraires , fe
fatant d'avoir dans peu la liberté de
mieux faire avec quelque imprimeur . Le
titre d'ABC de Candiac aïant paru
trop fimple à bien des perfones , on lui
a confeillé d'en prendre un autre moins
vague , & qui donat une idée plus exacte
de fon ouvrage ; c'eft pourquoi il l'a intitulé
, LA BIBLIOTEQUE DES ENFANS , OU
LES PREMIERS ELEMENS DES LETRES , &c.
11. Vol. Cvj & c'eft
1320 MERCURE DE FRANCE
& c'eft fous ce titre qu'il en a obtenu le
privilege.
Voici , Monfieur , le plan de fon ouvrage.
Il eft divifé en deux volumes , l'un
pour le maitre , & l'autre
pour l'enfant. >
Celui de l'enfant, ou de pure pratique , eft.
divifé en cinq parties.
La premiere partie contient en cinquante
leçons, trois A B C latins ; favoir,
le premier en vint & une petites leçons ?
pour les letres , voyeles ou confones ;
grandes & petites : les confones avec
leur nom ou fans leur nom ; reffemblantes
ou non reffemblantes ; letres grifes
romaines , & italiques ; letres à poins , à
titres , à trema , à accens ; voyeles naza
fes ; diftongues , fons fimples , ou compofés
; confones fortes , confones foibles ; letres
fiflantes , afpirées ; letres doubles , ligatures
, &s ..... Le fegond A B C´latin
en quinze petites leçons , eft pour les
combinaiſons des confones avec les voye
fes initiales , finales , & mediales ; pour:
les combinaiſons des confones à double
emploi , ufage ou valeur , come font les .
letres c, g ,f, t, x, y , & c. pour les combinaifons
des letres liquides ou coulantes.
1, r; pour les combinaifons des caracte
resch , ph , rb , th , & des letres dificiles
pour les combinaifons des confones fimples
, doubles , fortes ou foibles , & c. ....
2.
II. Fol
Le
JUIN 1730. 1321
Le troifiéme A B C latin en quatorze petites
leçons , contient les monofilabes latins
la filabifation , ou l'art d'épeler toute
forte de polifilabes & de mots dificiles
faits exprès , ou choifis dans les livres ; des
mots , fans voyeles , & de vieux mots la
tins abregés ou non abrégés.
La fegonde partie contient auffi trois
ABC françois en deux cens & tant de
leçons ; favoir le premier en huit petites
leçons pour les voyeles latines & les
voyeles françoifes; pour les confones avec:
leur nom ou fans leur nom ; pour les fons .
fimples ou compofés ; pour toutes les combinaiſons
des confonnes , foibles ou fortes;
pour les combinaiſons des fons fecs, liquides,
& mouillés , &c....Le fegond ABC
françois en fix petites leçons contient les
monofilabes françois , & la filabifation ,
ou l'art d'épeler toute forte de mots &c.
... Le troifiéme ABC plus étendu ,
contient toutes les autres combinaiſons.
neceffaires , & quantité de leçons de lecture,
variées par diferens fujets fur les le
tres & fur les nombres ; & enfin une no →
menclature des arts & des fiences , fuivie
de la doctrine chrétienne , & du calen--
drier de Jules-Cefar à côté de notre al--
manac. On parlera des autres trois parties
dans le mercure du mois prochain .
Le volume du maître , qui fervira en-
JI. Vol fuite
122 MERCURE DE FRANCE
fuite à l'enfant , eft auffi diviſé en cinq
parties ; la premiere partie contient en
cent & tant de pages la preface de l'ou--
vrage, & les réflexions ou inftructions neceffaires
fur tout l'atirail literaire que l'on
peut doner à un petit enfant , come
des jeux de cartes , une caffete , & un bureau
abécédiques ; une caffe d'imprimerie
, en colombier , la fuite du bureau tipografique
, latin- françois , un rudiment
pratique ; & enfin le dictionaire du bureau
tipografique ; cette même partie con--
tient les reflexions , & les remarques fur
les cinquante leçons des trois A B C la
rins.
ge.
La fegonde partie en cent & tant de
pages , contient d'abord les reflexions
nerales , & préliminaires fur l'étude de la
langue françoife , & des fons qui la dif--
tinguent des autres langues ; & enſuite
des remarques grammaticales fur les leçons
des trois A B C françois.
La troifiéme partie en trente & tant de
pages , contient une réponse aux raifonemens
, ou aux préjugés de M. l'Abe
Regnier dans fon traité de l'ortografe , &
quelques reflexions fur l'ortografe des dic
tionaires de Richelet , de Furetiere , det
Trevoux , de l'Academie Françoife , & def
Academie d'Espagne.
La quatrième partie , en foixanté &
II. Vol.
*tane™
JUIN. 1730 1323
tant de pages , contient
dans un ordre
cronologique
des extraits
critiques
d'une'
trentaine
d'auteurs
, par rapport à la tradition
de l'ortografe
& de les principes
,
fuivis ou changés
depuis
près de deux
fiecles. Cette partie poura être augmen
tée à mesure que les ortografiftes
anciens
ou modernes
tomberont
fous la main de
l'auteur de ce petit ouvrage.
La cinquième partie contient les inf
tructions préliminaires fur le rudiment
pratique de la langue latine , & des refle
xions fur les petits exercices de l'enfant ,
auquel les parens fouhaitent de doner
une noble & belle éducation .
Voilà , Monfieur , l'idée la plus apro
chante que je puiffe vous doner de cet
ouvrage , l'auteur , felon les principes de
Ramus , infifte toujours beaucoup fur la
pratique , parce qu'il croit plus aife de faire
agir les enfans , que de les faire raifo- '
ner ; c'eft travaillet en pure perte que de
les arêter lontems fur des fpeculations
qui vont à prouver l'utilité des regles ,
au lieu de les faire paffer au plutôt à la
pratique même de ces regles. Il a ceperdant
expliqué fa métode auffi clairement
qu'il lui a été poffible , il a même pris à
tâche de rendre raifon de tout dans le
corps de l'ouvrage , & de répondre à
toutes les dificultés raifonables qu'on
NII Vol
peut
1324 MERCURE DE FRANCE
R
peut former contre cette nouvele maniere
d'inftruire les enfans .
Il ya deux fortes de perfones que l'auteur
ne s'eft jamais flaté de pouvoir convaincre.
Il met au premier rang ceux qui ,
par un entêtement exceffiffur l'exactitude,
de leurs recherches , croient que tout eft
trouvé , parce qu'il leur plaît de croire
qu'ils n'ont plus rien à aprendre ; dans
cette idée ils n'ont que du mépris pour les
nouveles découvertes , & ne laiffent tout
au plus aux autres que la gloire d'ateindre
au dégré de favoir ,
ou la. la trop
opinion de leur fufifance les a placés. Le
plus court avec eux , c'eft de les abandoner
à leur fauffe préfomtion , qui n'a rien
de réel que l'ignorance où elle les retient,
& le ridicule qui en eft inféparable.
bone
La fegonde efpece de gens , ce font
ceux qui par une déference aveugle pour
ceux qui nous ont devancés dans la catiere
des belles letres , fe bornent uniquement
à favoir les opinions des autres ;
come le travail eft inféparable de la recherche
, ils aiment mieux fupofer que les
ancienes métodes font bones & fufifan--
tes , que de fe charger du foin d'examiner :
fi les nouveles ne valent pas mieux . On va .
toujours bien felon eux , quand on eft
dans un chemin batu , quelque long qu'il
Loit , & quelque embaras qu'on y trouve ;
II. Vol. comme™
y
JUIN 1730 1325
come fi l'avantage d'ariver plutot , &
plus comodément ne valoit pas la peine
de tenter une nouvele route. Du refte
fujets modeftes & foumis dans la republique
des letres , ils ne mettent point de
diference entre une hardieffe outrée, toujours
prete à tout contredire , & une ho
nete liberté qui fe referve le droit de
choifir entre le bien & le mieux : fcrupu
leufement atachés à leur routine , ils s'y
repofent come dans une poffeffionoù perfone
n'eft en droit de les troubler. Les
premiers qu'on peut apeler des demi-favans
glorieux , font trop entêtés de leur
propre merite , ceux- ci de celui d'autruis
cette double difpofition , également bla
mable & dans les uns & dans les autres ,
aretera toujours le progrès des fiences.
à moins qu'on ne prene le parti de fe metre
au-deflus de la fote vanité des premiers
, & de la timidité de ces derniers .
Il y a plus de quinfe ans que l'Auteur
de cette metode fit quelque étude des fons
de la langue françoife , & cela pour profiter
un peu du fejour de Paris où il fe
trouvoit alors. Il mit fes reflexions fur le
papier , mais pour lui feul , ou tout au
plus pour quelques amis . De retour en
province , il eut ocafion de faire l'effai
de cette doctrine des fons : & avec un
peu d'aplication & de travail , il mit dans
II. Vol
peu
1326 MERCURE DE FRANCE
peu de tems une gouvernante en état de
montrer les letres & les fons à un enfant
de deux ans ; ce qu'on pouroit même
pratiquer encore plutôt , fi les enfans
étoient pour l'ordinaire capables d'articuler
des fons avant ce tems là. Cet effai
réuffit fi bien , que l'enfant conut toutes
les letres grandes & petites à l'âge de
trente mois , & qu'à trois ans il lut paſſablement
le françois & le latin , l'heureux
fuccès fur la premiere de ces deux langues
aïant porté l'auteur à tenter la même
chofe fur la fegonde.
On croit ordinairement qu'il eft inutile
, indiferent , & peut- etre meme dangereux
de montrer les lètres à un enfant
dès qu'il fait articuler quelques filabes .
Bien des gens s'imaginent que de comancer
deux ou trois ans plutot ou plus tard, cela
ne fauroit guere influer ni en bien nien mak
dans le refte de la vie ; & qu'enfin l'education
tardive peut mener également à la
perfection ; c'eft là , ce me femble , un
prejugé que l'ignorance & la coutume
paroiffent n'avoir déja que trop autorifé;
car le degout de la plupart des écoliers
ne vient peut- etre pas moins d'une édu
cation tardive que d'un defaut de difpo
fition à l'étude. Je penfe donc avec l'auteur
qu'il feroit très utile que l'enfant pût
lire auffi tot qu'il fait parler ; cela lui do-
I I. Vol. neroit
UIN. 1730.
1327
neroit plus de facilité dans toutes les études.
La diference d'un enfant qui lit à
trois ans , & de celui qui à peine lit à ſept ,
doit etre contée pour beaucoup dans la
fuite des études. Il y a tant de chofes à
aprendre , qu'on ne fauroit trop tôt comancer.
On ne prend pour pretexte la
fanté , la foibleffe , ou la vivacité d'un enfant
, que pour fe juftifier foi meme , &
pour excufer un ufage fuivi par imitation
plutot que par raifon ; chacun pouroit
fournir fur autrui , & peut-etre fur foi
même , des exemples de cet abus .
D'où vient que les ainés , les enfans uniques
, ou les enfans le plus cheris , font
ordinairement moins avancés dans les étu
des que les autres : c'eft qu'on les a mis
trop tard à l'abc , ou peut être trop tôt
fur des livres ordinaires & mal faits : on
a rempli de fimples puerilités leur imagination
tendre ; ils ont grandi dans l'exereice
continuel des badinages ; ils ont enfuite
peine à les facrifier aux leçons inftructives
& penibles qu'on leur done
D'ailleurs enfeveli dans les prejugés , on
aime mieux en general voir vivre fon
enfant dans l'ignorance , que de s'expofer
à la crainte mal fondée , de le perdre fort
favant ; & l'on conclud fans raifon que la
frence abrege leurs jours , come fi l'ignorance
& l'oifiveté prometoient une plus
II. Vol. longue
1328 MERCURE DE FRANCE
longue vie . Quelques particuliers peuvent,
l'imaginer ainfi , mais le Public penſe &
taifone plus jufte.
pas mal
Puifque les autorités & les exemples
font ordinairement plus d'impreffion que
les fimples raifonemens , il n'eft
d'en raporter ici quelques uns. Certaines
perfones ont cru , dit Quintilien , qu'il ne
faut pas entreprendre de rien enfeigner
aux enfans avant fept ans : mais ceux qui
come Chrifipe , ne veulent pas qu'aucun
age foit exemt d'aplication , l'entendent
bien mieux. Car quoiqu'il laiffe l'enfant
entre les mains des femmes jufqu'à trois
ans , il veut qu'elles prenent foin dès ce
tems là de lui former l'efprit par les meil-
Ieures inftructions qu'elles font capables
de doner. Et pourquoi ce meme age , qui
eft déja fufceptible d'impreffion pour
les
moeurs , ne le feroit- il pas auffi des premiers
elemens de literature ?
Socrate lontems auparavant avoit fait
comprendre à fes diciples que les enfans
qui favent parler , & qui comancent à
faire paroitre du dicernement , ne font
point trop jeunes pour les fiences. Ariftote
& Platon l'ont penfé de même : &
fi Quintilien déja cité , M. le Fevre , Madame
Dacier , & beaucoup de favans , ont
eu le malheur de perdre leurs enfans ce-
Jebres , doit on conclure qu'il font morts
II. Vol. par
JUIN. 1730. 1329
par des excès d'étude ? la tendreffe paternele
des favans eft elle moins naturele que
celle des autres homes ? font ils plus avcuglés
, & moins atentifs lorfqu'il s'agit
des égars & des menagemens neceffaires à
la confervation des enfans le plus cheris ?
Il eft vrai que les énemis de l'étude l'a
cufent d'etre meurtriere , & difent qu'elle
affaffine les enfans ou qu'elle les empêche
de croitre. Dès qu'il meurt quelque enfant
celebre les études , les ignorans
ne manquent pas d'en acufer ces mêmes
études ; c'eft la maniere dont ils s'y prenent
pour confoler des parens afligés , &
cela fans faire atention au nombre infini
d'enfans qui restent nains ou qui meurent
malgré leur parfaite ignorance & au
par
و
grand nombre de ceux qui vivent au delà
de quatre vints ans quoiqu'ils aient comencé
de fort bone heure à étudier . On
fait que le Cardinal Lugo dès l'âge de trois
ans fit paroitre fon heureux genie ; car il
favoit lire les imprimés & les manufcrits.
Bayle en parle dans fon dictionaire. Le
Taffe à l'age de trois ans , comença à étu
dier la gramaire ; & il fe portoit à l'étude
avec tant d'ardeur & tant de gout , que
fon pere n'hefita point à l'envoyer au co
lege des Jefuites , dès l'ege de quatre ans.
Sous ces habiles maitres le petit Torquato
fit de fi grans progrès , qu'à fept ans il
II. Vol. favoir
1330 MERCURE DE FRANCE
favoit parfaitement le latin , & tres palla
blement le grec. La fuite des nouveles
d'Amfterdam du 30 avril 1726 parloit
du petit Jean Filipe Baratier de Schwal
bach , qui comença d'aprendre les letres
avant l'age de deux ans. Mais ctier des
enfans morts, aux ïeux des ignorans , c'eſt
prefque decrier une métode : citer das
enfans étrangers , c'eft s'expofer à n'etre
pas cru : il en faut donc citer qui foient
en vie , & à Paris , la choſe eft aisée , &
ce fera pour un autre Mercure.Je fuis, &c.
Fermer
Résumé : LETTRE pour servir de réponse à la Letre de M.... écrite de Grenoble, & inserée dans le Mercure du mois de Mai 1730.
La lettre répond à une précédente missive de M.... concernant la publication d'un ouvrage initialement intitulé 'A B C DE CANDIAC'. L'auteur a retardé la publication pour garantir une édition correcte et a changé le titre en 'LA BIBLIOTEQUE DES ENFANS, OU LES PREMIERS ELEMENS DES LETRES'. Cet ouvrage est divisé en deux volumes : un destiné au maître et un autre à l'enfant. Le volume de l'enfant est structuré en cinq parties, chacune contenant des leçons sur les lettres latines et françaises, les combinaisons de consonnes et de voyelles, ainsi que des exercices de lecture. Le volume du maître inclut des préfaces, des instructions et des réflexions sur l'enseignement des lettres. L'auteur souligne l'importance de la pratique et de l'apprentissage précoce des lettres, critiquant ceux qui s'opposent aux nouvelles méthodes éducatives par entêtement ou par déférence aveugle aux anciennes méthodes. Il mentionne des exemples historiques, tels que Quintilien, Socrate, Aristote et Platon, pour soutenir l'idée que les enfants peuvent commencer à apprendre dès un jeune âge. Le texte aborde également les cas exceptionnels de jeunes enfants prodiges et les critiques associées à ces exemples. Il note que certains enfants montrent des talents précoces malgré les nombreux cas d'enfants qui restent en retard ou meurent. Par exemple, le Cardinal Lugo lisait à l'âge de trois ans, comme le rapporte Bayle dans son dictionnaire. Torquato Tasso, à trois ans, commençait à étudier la grammaire avec une telle ardeur que son père l'envoya au collège des Jésuites à quatre ans. À sept ans, Tasso maîtrisait parfaitement le latin et avait des connaissances en grec. Le texte cite également Jean Philippe Baratier de Schwalbach, qui apprenait à lire avant l'âge de deux ans, selon des nouvelles d'Amsterdam du 30 avril 1726. Cependant, mentionner des enfants morts ou étrangers peut discréditer une méthode ou sembler incroyable. Le texte conclut en indiquant qu'il est facile de trouver des exemples d'enfants prodiges à Paris et promet de les citer dans un autre Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 234-240
AVIS.
Début :
Pour la comodité du public, on a divisé le bureau tipographique en quatre classes qui pourront [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Classes, Lettres, Exemplaire, Ordre abécédaire, Leçons, Méthodes vulgaires, Bibliothèque des enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
AVIS.
la comodité du public , on a divisé le
bureau tipografique en quatre classes qui pouront
ètre vendues et achetées séparément , et les
unes après les autres à mesure que l'enfant croitra
en age et en conoissance.
La premiere classe contient 1 °. une table sans
pié , avec ses rebors dans les deus extremités , er
la tringle ou la regle du derriere sur laquelle on a
imprimé les grandes et les petites lètres dans l'ordre
abécédique , ainsi qu'il a été dit en parlant du
premier bureau tipografique pour un enfant de
deus à trois ans. 2 °. Deus jeus de cartes élémentaires
, c'est- à-dire au dos desquelles on a mis
les grandes et les petites lètres que l'enfant aprend
a. ranger vis-à-vis cèles de la regle sur la table
de ce premier bureau. 3 °. Deus petits cartons élémentaires
contenant huit leçons abécédiques , et
le vrai nom ou la vraiè dénomination des lètres
dans
FEVRIER . 235 1731.
dans un ordre nouveau métodique et facile.
4. Là feuille élémentaire des mèmes combinai
sons et en placard pour le segond exemplaire.
5. Une planche gravée pour le plan des quatre
classes , et du dictionaire du bureau tipografique.
6. une brochure de neuf feuilles sur la
bibliotèque des enfans , etc. et pour l'instruction
préliminaire touchant la métode du bureau tipografique.
7. une cassète de gros cartón , renforcée
de parchemin à tous les angles exterieurs ,
bordés de papier de couleur , et couverte des huir
leçons de la feuille élémentaire. cette cassète sert
à tenir le petit atirail literaire qui doit servir d'a
musement instructif à un enfant de deus à trois:
ans ou au - dessus de cer age. Le tout ne coutera
que
la some de dis livres.
La segonde classe consiste , 1 ° . en une table
sans pié , un peu plus large que celle de la premiere
classe. 2 °. En un casseau de deus rans de cas--
setins. 3 °. En leurs étiquetes tipografiques au bas
de chaque logète pour indiquer l'espece des .
cartes que l'on doit tenir dans ces mèmes logètes.
4. En une garniture de cartes imprimées
pour l'atirail des soissantes logètes , et le tout pour
le pris de vint livres . on rabatra quatre francs à
ceus qui rendront la table de la premiere classe
desorte que la segonde ne leur reviendra qu'à scise:
livres.
La troisieme classe comprend , 1. une table
sans pié. 2 ° . un casseau de quatre rans de logè..
tés ou de cent-vint cassetins. 3. Leurs étiquetes.
tipografiques au bas de chaque celule pour indiquer
les cartes qu'on y doit tenir. 4° . La garniture
des cartes imprimées pour les 120. cassetins:
contenant les grandes et les petites lètres de la
segonde classe , plus les sons simples et compo
sés , les chifres , et tous les signes nécessaires pour
imprimer du latin er du françois sur la table du
B vj
bureau
236 MERCURE DE FRANCE
bureau ; le tout pour la some de
quarante livres , et
l'on rabatra vint francs à ceus qui rendront le bu
reau de la deusième classe , ainsi celui de la
troisième ne leur reviendra qu'à vint livres.
D
La quatrième classe comprend , r . une table
brisée et ferrée , sans pié . 2 ° . Un casseau de sis
rans de cassetins , c'est-à- dire , les quatre rans de.
la troisiéme classe , et les deus rans du rudiment.
pratique. 3º . Les etiquètes de 180. celules. 4
L'assortiment necessaire pour garnir les quatre
rans de l'imprimerie, et les deus rans du rudiment:
pratique de la langue françoise et de la langue latine,
ainsi qu'on l'a détaillé dans la sètiéme lètre
de la bibliotèque des enfans , et cela pour le pris
de quatre-vint dis livres , sur lesquèles on rabatra.
quarante livres aus persones qui rendront le bu
reau de la troisième classe , de sorte que celui de
la quatrième ne leur reviendra qu'à so. livres.
Ceus qui voudront le bureau complet avec un
pié pour la table brisée , ferrée et fermant à clé
doneront une pistole de plus , c'est -à- dire en tout
cent francs ou soissante livres en rendant le bureau.
de la troisième classe ou de quarante livres.
NM le grammairien de Ventabrèn en Provence
, trouvera pour son instruction dans le
Mercure du mois prochain, la critique d'un Professeur
anonime de l'Université de Paris, ennemi
déclaré de la metode du bureau tipografique , et:
fameus champion des métodes vulgaires : en atendant
la réponse à ces deus critiques , le grammairien
est, prié de lire les sis dernieres lètres
sur la bibliotèqu des enfans inserées dans les
Mercures depuis le mois d'octobre dernier jusqu'au
present mois de fevrier. On se flate que
cète ètre radoucira un peu les, adversaires du
bureau tipografique, du moins ceus qui sans prévention
n'agiront que de bone foi et dans la
soule vue du bien public, sur lequel influra ton
jours lapremiere éducation des enfans.
FEVRIER.
173.1. 237
§. 13. A BC FRANÇOIS- LATIN..
Carac- Noms vul. Nomséfectifs ,
teres . gaires et valeur réele.
Figures. souvert veritable
Signes. faus , équi- dénomination
Letres. voques ou
captieus.
Exemplest
A.. a..
B.. b.
a.
be.
ce. C. c.
D. d. de.
E. e.
هن
a.
be.
de.
ce-ka- qu.
c muet.
é fermé.
è ouvert.
Aaron.
bombe.
cecrops.
ode:
juste.
bonté.
procès.
F. f.
effe..
fe. vif.
G.
g. ge. ge-ga-gu.
H. h. ache. he.
gigot.
héros.
I. i. i. i. if.
J. j. j. consone. je -ja .
K. k. Ka, ka-qu.
L. 1. elle. le.
jauge.
quiconque
seul.
M m. emme . me. ame,
N. n. enne. ne. mine.
O. o.
P. P
Q.
q.
R. r.
pe.
qu .
erre
0. 0.
coq..
pe.
qu-ka.
Gap.
quand.
re.
S. f. esse. se- ze.
rire.
Suson.
T. t. t. te- ci.. intention.
U. u. u. u. busc.
V. v. V. consone. ve. vive .
X. X. icse. kse-gze. axe. exil.
Y.
Y. y. grec.
i-ïe.
ny. payen
Z. z. zede . ze -ce.. zést . Usez...
EL & Cle &-et etc. et lui.
Letra
238 MERCURE DE FRANCE
Letres. Noms
vulgaires.
a. a.
e.
Noms Exem
éfectifs.
a . Bala.
e muet. vie.
§.14. TRENTE -DEUS SONS DELA LANGUE FRANÇOISE .
18. sons avec les consones françoises ,
J
1.vfo4ry.aenlçeosises
-V
amouillés 4liquides .12. sons ,6.forts ,6.forbles .s.voyeles naz .9.ordinaires .
i..
éfermé. clarté.
è ouvert
. accès.
Isaïe.
mot. Οι
u. u. une./
eu.se ,
ou. O ,
ü. cu . feu.
ü.. ou. cou.
ajenneja,titre.a.
é, enne;e , titre.é.
i, ennesi, titre.ĩ.
o,enne;o,titre.o.
u,enne;u,titre.ú.
tát.
bié
igrat.
pot.
"
ludi..
d .
come dans l'ABC'françoislatin..
BASEÒN BOX NATÉ
ch. ce , ache. che. chiche
come dans l'AB C. françoislatin.
三晶
ill. i , elle, elle. lhe paille
gn. ( g , enne .. gne, vigne
FEVRIER. 1731. 2397
S. 15. ABC PRONONCE'.
Initial Médial. Final
i.
1..
n.
P
ASJIJE BCAA62
abé,. téatre. Goá.
b. benir. Abel. Raab
cerise. recevoir. croc.
d..
dépit.
élant.
femele.
perdreaus jod
javelot. poste
rafle.. vif.
géất , gai. regard. Agag..
heron.
idée..
j. jujube.
k. kiriele .
Chathuant. ah !
élire . ni.
rejouir.
alkali . talk.
levreau: Alexis. bal.
m.. Mnemosine. Homere. Sem.
Nevers. anerie. Himen.
ognoi. adorer. Cacao.
pelican. adopter. Cap.
q: queue. aquerir. coq.
r. renard.
perdris. mer.
S. saucisse. Samson. as.
t. teton. rectitude. brut.
u. Uranic. chathuant. cocu.
V. Venus. revenir. verve..
X. Xénophon. Alexandre. styx .
y..
Z.
yeus. moyen. Henry.
Zenon. azile. dez à joue
eu. heureus.. demeure. jeu.
1
ou. ouaille.
jalousie.
hibou.
ch . cheval. acheter. hache.
gn. gniole. magnifique. regne.
ill. ailleurs. paille.
oi. oie. envoyé. \ loi.
ui. huile. reduire. lui.
ã. ange, enfance, an.
240 MERCURE DE FRANCE
ĕ. chrétienté. mien.
i. ingrat.
distincte.. vin.
ö. onde.
répondre.
thon .
Hun. lundi. brun.
&t. Ctesias. arctique. aspect.
ft. stile. histoire.
protest.
6. 16 . A B C MUET.
Initial Medial. Final
2. Août. Saone.
b. debte.
plomb.
Jacques .
banc.
d.
advis. nord.
Europe.
nuement. vie.
£. juifve . cléf
Magdelaine. loing.
habit. Jehan.
i.
gaigner..
j.
k. } nul exemple.
1. tiltre. baril.
m.
n.
commode, Montcalm
donner.
Θα oeconome.. choeur.
P. ptisane. baptême. camp.
coqdinde. cocq .
arriver. monsieur.
asne.
paradis.
chathuant .
vuide.
r.
S..
t.
u..
v, &c. nul exemple.
,
& , ét.
Voilà ce que j'avois à dire touchant l'essai de
Portografe passagère , et sur la métode du bureau
tipografique. Il faut apresent se mètre en garde
et songer à parer les coups que l'ignorance , la
prévention et peut -ètrel'envie ou la mauvaise for
méditent de porter contre la nouveauté , la simplicité
et l'utilité decète métode. J'ai l'honeur.etc.
la comodité du public , on a divisé le
bureau tipografique en quatre classes qui pouront
ètre vendues et achetées séparément , et les
unes après les autres à mesure que l'enfant croitra
en age et en conoissance.
La premiere classe contient 1 °. une table sans
pié , avec ses rebors dans les deus extremités , er
la tringle ou la regle du derriere sur laquelle on a
imprimé les grandes et les petites lètres dans l'ordre
abécédique , ainsi qu'il a été dit en parlant du
premier bureau tipografique pour un enfant de
deus à trois ans. 2 °. Deus jeus de cartes élémentaires
, c'est- à-dire au dos desquelles on a mis
les grandes et les petites lètres que l'enfant aprend
a. ranger vis-à-vis cèles de la regle sur la table
de ce premier bureau. 3 °. Deus petits cartons élémentaires
contenant huit leçons abécédiques , et
le vrai nom ou la vraiè dénomination des lètres
dans
FEVRIER . 235 1731.
dans un ordre nouveau métodique et facile.
4. Là feuille élémentaire des mèmes combinai
sons et en placard pour le segond exemplaire.
5. Une planche gravée pour le plan des quatre
classes , et du dictionaire du bureau tipografique.
6. une brochure de neuf feuilles sur la
bibliotèque des enfans , etc. et pour l'instruction
préliminaire touchant la métode du bureau tipografique.
7. une cassète de gros cartón , renforcée
de parchemin à tous les angles exterieurs ,
bordés de papier de couleur , et couverte des huir
leçons de la feuille élémentaire. cette cassète sert
à tenir le petit atirail literaire qui doit servir d'a
musement instructif à un enfant de deus à trois:
ans ou au - dessus de cer age. Le tout ne coutera
que
la some de dis livres.
La segonde classe consiste , 1 ° . en une table
sans pié , un peu plus large que celle de la premiere
classe. 2 °. En un casseau de deus rans de cas--
setins. 3 °. En leurs étiquetes tipografiques au bas
de chaque logète pour indiquer l'espece des .
cartes que l'on doit tenir dans ces mèmes logètes.
4. En une garniture de cartes imprimées
pour l'atirail des soissantes logètes , et le tout pour
le pris de vint livres . on rabatra quatre francs à
ceus qui rendront la table de la premiere classe
desorte que la segonde ne leur reviendra qu'à scise:
livres.
La troisieme classe comprend , 1. une table
sans pié. 2 ° . un casseau de quatre rans de logè..
tés ou de cent-vint cassetins. 3. Leurs étiquetes.
tipografiques au bas de chaque celule pour indiquer
les cartes qu'on y doit tenir. 4° . La garniture
des cartes imprimées pour les 120. cassetins:
contenant les grandes et les petites lètres de la
segonde classe , plus les sons simples et compo
sés , les chifres , et tous les signes nécessaires pour
imprimer du latin er du françois sur la table du
B vj
bureau
236 MERCURE DE FRANCE
bureau ; le tout pour la some de
quarante livres , et
l'on rabatra vint francs à ceus qui rendront le bu
reau de la deusième classe , ainsi celui de la
troisième ne leur reviendra qu'à vint livres.
D
La quatrième classe comprend , r . une table
brisée et ferrée , sans pié . 2 ° . Un casseau de sis
rans de cassetins , c'est-à- dire , les quatre rans de.
la troisiéme classe , et les deus rans du rudiment.
pratique. 3º . Les etiquètes de 180. celules. 4
L'assortiment necessaire pour garnir les quatre
rans de l'imprimerie, et les deus rans du rudiment:
pratique de la langue françoise et de la langue latine,
ainsi qu'on l'a détaillé dans la sètiéme lètre
de la bibliotèque des enfans , et cela pour le pris
de quatre-vint dis livres , sur lesquèles on rabatra.
quarante livres aus persones qui rendront le bu
reau de la troisième classe , de sorte que celui de
la quatrième ne leur reviendra qu'à so. livres.
Ceus qui voudront le bureau complet avec un
pié pour la table brisée , ferrée et fermant à clé
doneront une pistole de plus , c'est -à- dire en tout
cent francs ou soissante livres en rendant le bureau.
de la troisième classe ou de quarante livres.
NM le grammairien de Ventabrèn en Provence
, trouvera pour son instruction dans le
Mercure du mois prochain, la critique d'un Professeur
anonime de l'Université de Paris, ennemi
déclaré de la metode du bureau tipografique , et:
fameus champion des métodes vulgaires : en atendant
la réponse à ces deus critiques , le grammairien
est, prié de lire les sis dernieres lètres
sur la bibliotèqu des enfans inserées dans les
Mercures depuis le mois d'octobre dernier jusqu'au
present mois de fevrier. On se flate que
cète ètre radoucira un peu les, adversaires du
bureau tipografique, du moins ceus qui sans prévention
n'agiront que de bone foi et dans la
soule vue du bien public, sur lequel influra ton
jours lapremiere éducation des enfans.
FEVRIER.
173.1. 237
§. 13. A BC FRANÇOIS- LATIN..
Carac- Noms vul. Nomséfectifs ,
teres . gaires et valeur réele.
Figures. souvert veritable
Signes. faus , équi- dénomination
Letres. voques ou
captieus.
Exemplest
A.. a..
B.. b.
a.
be.
ce. C. c.
D. d. de.
E. e.
هن
a.
be.
de.
ce-ka- qu.
c muet.
é fermé.
è ouvert.
Aaron.
bombe.
cecrops.
ode:
juste.
bonté.
procès.
F. f.
effe..
fe. vif.
G.
g. ge. ge-ga-gu.
H. h. ache. he.
gigot.
héros.
I. i. i. i. if.
J. j. j. consone. je -ja .
K. k. Ka, ka-qu.
L. 1. elle. le.
jauge.
quiconque
seul.
M m. emme . me. ame,
N. n. enne. ne. mine.
O. o.
P. P
Q.
q.
R. r.
pe.
qu .
erre
0. 0.
coq..
pe.
qu-ka.
Gap.
quand.
re.
S. f. esse. se- ze.
rire.
Suson.
T. t. t. te- ci.. intention.
U. u. u. u. busc.
V. v. V. consone. ve. vive .
X. X. icse. kse-gze. axe. exil.
Y.
Y. y. grec.
i-ïe.
ny. payen
Z. z. zede . ze -ce.. zést . Usez...
EL & Cle &-et etc. et lui.
Letra
238 MERCURE DE FRANCE
Letres. Noms
vulgaires.
a. a.
e.
Noms Exem
éfectifs.
a . Bala.
e muet. vie.
§.14. TRENTE -DEUS SONS DELA LANGUE FRANÇOISE .
18. sons avec les consones françoises ,
J
1.vfo4ry.aenlçeosises
-V
amouillés 4liquides .12. sons ,6.forts ,6.forbles .s.voyeles naz .9.ordinaires .
i..
éfermé. clarté.
è ouvert
. accès.
Isaïe.
mot. Οι
u. u. une./
eu.se ,
ou. O ,
ü. cu . feu.
ü.. ou. cou.
ajenneja,titre.a.
é, enne;e , titre.é.
i, ennesi, titre.ĩ.
o,enne;o,titre.o.
u,enne;u,titre.ú.
tát.
bié
igrat.
pot.
"
ludi..
d .
come dans l'ABC'françoislatin..
BASEÒN BOX NATÉ
ch. ce , ache. che. chiche
come dans l'AB C. françoislatin.
三晶
ill. i , elle, elle. lhe paille
gn. ( g , enne .. gne, vigne
FEVRIER. 1731. 2397
S. 15. ABC PRONONCE'.
Initial Médial. Final
i.
1..
n.
P
ASJIJE BCAA62
abé,. téatre. Goá.
b. benir. Abel. Raab
cerise. recevoir. croc.
d..
dépit.
élant.
femele.
perdreaus jod
javelot. poste
rafle.. vif.
géất , gai. regard. Agag..
heron.
idée..
j. jujube.
k. kiriele .
Chathuant. ah !
élire . ni.
rejouir.
alkali . talk.
levreau: Alexis. bal.
m.. Mnemosine. Homere. Sem.
Nevers. anerie. Himen.
ognoi. adorer. Cacao.
pelican. adopter. Cap.
q: queue. aquerir. coq.
r. renard.
perdris. mer.
S. saucisse. Samson. as.
t. teton. rectitude. brut.
u. Uranic. chathuant. cocu.
V. Venus. revenir. verve..
X. Xénophon. Alexandre. styx .
y..
Z.
yeus. moyen. Henry.
Zenon. azile. dez à joue
eu. heureus.. demeure. jeu.
1
ou. ouaille.
jalousie.
hibou.
ch . cheval. acheter. hache.
gn. gniole. magnifique. regne.
ill. ailleurs. paille.
oi. oie. envoyé. \ loi.
ui. huile. reduire. lui.
ã. ange, enfance, an.
240 MERCURE DE FRANCE
ĕ. chrétienté. mien.
i. ingrat.
distincte.. vin.
ö. onde.
répondre.
thon .
Hun. lundi. brun.
&t. Ctesias. arctique. aspect.
ft. stile. histoire.
protest.
6. 16 . A B C MUET.
Initial Medial. Final
2. Août. Saone.
b. debte.
plomb.
Jacques .
banc.
d.
advis. nord.
Europe.
nuement. vie.
£. juifve . cléf
Magdelaine. loing.
habit. Jehan.
i.
gaigner..
j.
k. } nul exemple.
1. tiltre. baril.
m.
n.
commode, Montcalm
donner.
Θα oeconome.. choeur.
P. ptisane. baptême. camp.
coqdinde. cocq .
arriver. monsieur.
asne.
paradis.
chathuant .
vuide.
r.
S..
t.
u..
v, &c. nul exemple.
,
& , ét.
Voilà ce que j'avois à dire touchant l'essai de
Portografe passagère , et sur la métode du bureau
tipografique. Il faut apresent se mètre en garde
et songer à parer les coups que l'ignorance , la
prévention et peut -ètrel'envie ou la mauvaise for
méditent de porter contre la nouveauté , la simplicité
et l'utilité decète métode. J'ai l'honeur.etc.
Fermer
Résumé : AVIS.
Le texte décrit une division du bureau typographique en quatre classes, destinées à être vendues et achetées séparément en fonction de l'âge de l'enfant. Chaque classe contient des éléments spécifiques pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. La première classe, pour les enfants de deux à trois ans, inclut une table sans pied avec des lettres imprimées, des jeux de cartes élémentaires, des cartons contenant des leçons abécédiques, une feuille élémentaire, une planche gravée, une brochure sur la bibliothèque des enfants, et une cassette pour ranger le matériel. Le coût total est de dix livres. La deuxième classe comprend une table plus large, un casseau de deux rangs de cassetins, des étiquettes typographiques, et une garniture de cartes imprimées. Le prix est de vingt livres, avec une réduction de quatre francs pour ceux qui rendent la table de la première classe. La troisième classe inclut une table, un casseau de quatre rangs de cassetins, des étiquettes typographiques, et des cartes imprimées pour les cassetins. Le coût est de quarante livres, avec une réduction de vingt francs pour ceux qui rendent le bureau de la deuxième classe. La quatrième classe, la plus complète, comprend une table brisée et ferrée, un casseau de six rangs de cassetins, des étiquettes pour 180 cellules, et un assortiment nécessaire pour l'imprimerie et le rudiment pratique des langues française et latine. Le prix est de quatre-vingt-dix livres, avec une réduction de quarante livres pour ceux qui rendent le bureau de la troisième classe. Le texte mentionne également une critique d'un professeur anonyme de l'Université de Paris, adversaire de la méthode du bureau typographique. Il invite le grammairien de Ventabrèn à lire les lettres sur la bibliothèque des enfants pour se préparer à cette critique. Enfin, le texte liste les lettres de l'alphabet français et latin avec leurs noms vulgaires et effectifs, ainsi que des exemples de mots et des sons de la langue française.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 2584-2594
DIXIEME LETTRE sur la Méthode du Bureau Tipographique.
Début :
On a remarqué, Monsieur, que les enfans de deux à trois ans, afamez d'idées et d'images [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Images, Enfants, Méthode vulgaire, Étude des Lettres, Jeux, Exercices, Leçons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DIXIEME LETTRE sur la Méthode du Bureau Tipographique.
DIXIEME LETTRE sur la
Méthode du Bureau Tipographique...
ON
Na remarqué , Monsieur , que les enfans
de deux à trois ans , afamez d'idées et d'images
, s'amusoient plus volontiers au Bureau
sans le comprendre , que des enfans de quatre à
six ans , déjà remplis de trop d'idées inutiles et
nuisibles aux prémiers élemens des Lettres. L'enfant
qui commence de bonne heure les jeux ou
les exercices du Bureau Tipographique , apprend
à lire avec plaisir , ou avec moins de peine que
par la Méthode vulgaire;il ne se souvient pas dans
la suite d'avoir commencé l'étude des lettres , il
est exemt du triste souvenir qui a dégouté et qui
dégoute ordinairement les autres enfans trop
avancez en âge , et conduits par la méthode vulgaire.
C'est une erreur et une suite du préjugé ,
que
NOVEMBRE 1731. 2585
que de croire toujours pénible pour un enfant
ce qu'on Ini montre méthodiquement ; la peine
et les épines sont pour le bon Maître méthodique
, qui ne prépare que des jeux et des roses
pour ses enfans. Dans la Méthode vulgaire,, bien
des Maîtres prendroient volontiers les roses pour
eux , et laisseroient les épines aux enfans qu'ils
ne recherchent que comme une Marchandise lucrative
. Il faut cependant convenir qu'il y a de
très- bons Maîtres qui partagent les épines avec
leurs enfans , et qui tâchent de leur en épargner
une bonne partie. Voici , Monsieur , la suite que
je vous ai promise , des diverses opérations tipographiques.
JEUX , EXERCICES , Operations
et Leçons , qu'on pourra pratiquer avec
des enfans de 2. à 6. et à 7. ans , mis
aux classes du Bureau Tipographique.
Pour l'exercice de la premiere et de la seconde
Classe du Bureau en Latin .
JEF
Eu du Singe ou de pure imitation , pour ran
ger les cartes ou les lettres sur la table de la
premiere classe du Bureau Tipographique.
de l'Echo ou de pure articulation pour la dé-
* monstration et la vraye dénomination des lettres .
de l'homme ou d'operation téorique et pratique
, dont voici les especes.
Jeu des cinq voyeles capitales et de 25. cartes ,
sçavoir 5. pour chaque voyelle , A , E , I , O , U.
N°. 1.
des consonnes capitales , B , D , P , ajoutées
au jeu des cinq voyelles, et dont la dénomination
E v vulgaire
2586, MERCURE DE FRANCE
vulgaire , Be, De , Pe , est bonne comme dans les
mots , Job , Gad ; Gap , &c . Nº. 2 .
des premieres capitales qui n'ayant qu'un
son , qu'une valeur , n'ont aussi qu'une dénomi
nation simple et monosillabe , comme F , V , M , N,
qu'il faut appeller Fe , Ve , Me , Ne , exemple ,
dans les mots vif, Joseph , venir , Sem , bimen ,
none , & c. N°. 3 .
des autres capitales à simple valeur , comme
H, K, Q, qu'on peut appeller He , Ka , Qu ,
exemple, dans les mots Heros, Kam, Quï &c . Nº.4
-des deux liquides, L,R, et du J, qu'on doit appeller
Le, Re , Jeja , ou Ja , comme dans les mots
Sol , Mer , Jujube , jamais , &c. No. 5.
des quatre capitales qui ayant double valeur
ou double son , ont aussi une dénomination composée
ou polisillabe , comme C , G , S , Z , qu'on
doit nommer Ceke, Ge - ga, Se- ze, Ze- ce, exemple,
dans les mots Cecrops, gigot, Suson, Uscz, Zelez,
&c. N° . 6.
des trois autres consonnes capitales à dénomination
polisillabe , comme T , X , Y , qu'on
doit nommer Te-ci , Kze- gze , I - ïe , exemple ,
dans les mots tentation , Alexis , axe , exil ,
exemple , mystere , payen , païen , &c. Nº. 7.
Jeu de réduction à moins de cartes, où l'on donne
une seule carte pour toutes les lettres de chaque
jeu, c'est-à- dire sept cartes pour les sept jeux
specifiez cy- dessus , une carte pour chaque jeu :
ane seule carte pour le jeu des cinq voyeles , &c.
Cartes No. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7 .
des cinq voyelles capitales à côté des cinq
petites voyelles en forme de croix , ou tout de
suite , comme Aa , Ee , li , Oo , Uu , sur une
seule carte. N. 1 .
des autres capitales que l'on mettra avec les
petites
1
NOVEMBRE .. 1731. 2587
petites consonnes , chaque jeu sur une carte ,
comme 3b , Dd , Pp , sur une autre carte Nº . 2
Ff, Vv , Mm , Nn , sur une autre carte , No. 3.
Hh , Kk , Qq , Sur une autre carte , Nº. Ll,
Rr, Jj , sur une autre carte , No. 5. Cc , Gg , Ss ,
Zz, sur une autre carte , N° . 6. Tt , Xx , Yy ,
sur une autre carte , Ѻ. 7.
4..
Jeu des grandes ressemblantes, comme AV, CG,
EF , BP , TL , BR , OQ , sur une autre carte ,
No. 8.
des quatre petites ressemblantes b , d , p , q.
mises à côté de leurs capitales , coinme Bb , Dd
Pp, Qq , sur une autre carte , Nº. 9%
des quatre petites ressemblantes differamment
combinées sans capitales , comme b , d , p , q ; d ,
q, p, b , &c. sur une autre carte ,
N°. 10% (
des autres lettres ressemblantes , I , ff , fJ ,
hy , ec , irt , qu , sur une autre carte , Nº. II .
des ch , ph , rh , th , en petites et en grandes
lettres , ensemble ou séparement , comme CH ch,
PH ph , & c. sur une autre carte , No. 12.
- des lettres doubles ou redoublées , &t , ft , &,
æ, æ , &c. Nº. 13 .
des cinq voyelles nasales ou à titre , a , e, i,
☎ , ũ , N°. 14.
des cinq même voyelles nasales , á , e , i , o ,
-ũ, à côté des voyelles an , en , in , on, un, comme
an en in on un › N°. 15.
>
de la dénomination des consones imprimées
sur la table du Bureau d'après la copie Be, Ce-ke,
De , Fe , Ge-gu , He , Ja , Ka , Le , Me , Ne , Pe-
Qu , Re, Se-ze , Te-ci , Ve , Kse- gze , Yi- ie , Zeee
, & c. Nº . 16.
Six jeux des combinaisons élementaires , sça
voir des combinaisons Ab , cb, ib , ob , ub , &c.
Mo
2588 MERCURE DE FRANCE
N°.P. 1 , Aba , ebe , ibi , obo , ubu , &c. Nº. 2. Ba ,
be , bi, bo , bu , &c . N. ° . 3. Bab , beb , bib ,
"bob, bub , &c. No. 4. Bla , ble , bli , blo ,
blu >
&c. No. 5. Bia , bre , bri , bro , bru , &c N°. 6.
Exercice à imprimer lettre à lettre sur la table
de la seconde classe , les sillabes des mots latins
donnez pour copie à l'enfant , exemple , Do - minus
, Do mi- no- rum , Nº . 1. N°. 2. &c.
des monosillabes latins à lire et à imprimer ,
exemple , Abs , bis , clam , &c. Nº. 1. Nº. 2. & c.
des noms propres et des mots connus et aisez
à imprimer lettre à lettre Ex . Pe-trus Lu- do- vicus
, &c. Paris , Samuel , Monomotapa , Abel ,
Phanix , &c. Nº. 1. 2. & c.
Exercice Tipographique sur la copie du discours
donné à imprimer. Ex. Pater noster qui es in
calis , &c; Nº. 1. N°. 2 , &c.
Pourl'exercice des quatre classes du Bureau,
soit en latin , soit en François .
>
Exercice des sons François simples , ou des quatorze
voyelles a , e , i , o , u‚ã‚é‚í‚õ , ú, eu ,
è , é , ou : comme dans les mots la , le , ni , со
nu , an , bien , ingrat , onde , lundi , Dieu , proz
cès , bonté , cou & c . No. 1 .
,
des sons composez oudes consonnes latines et
françoises qui sonnent comme dans les mots robe,
face , croc, grade , Caiphe , étoffe , juge, gigue,
heros, seule, ame , aune , coupe , quicõque, rare,
saisă , Fraçois , tête , tetatio , vive , Xerxès
axe , exil , fixe , taxe , chevreau , agneau ,
ouaille , loi , lui , ludi , &c. Nº. 2.
des diftongues à l'oeil seulement ou par rap-
Iport aux signes , comme au , eu , ou , &c. dans
es mots haubois , feu , sou , &c. N° . 3.
des diftongues à l'oreille et aux yeux , ou par
rapport
NOVEMBRE. 1731. 2589
rapport aux sons , comme ui , oi , & c. dans les
mots nuit , toit ; &c. Nº . 4,
des combinaisons élementaires foibles et fortes
, comme dans les sillabes ba , pa ; da , ta ; cla,
gla ; fra , vra , &c. et dans les mots bas , pas ;
don , ton ; gris , cris ; zele , sele ; vin , fini
Gige , chiche , &c . Nº . f.
Exercice des combinaisons avec les lettres liqui
des , sons mouillez , &c. comme dans les sillabes ,
Lé , lè , leu , lou , lau.
:
Ré , rè , reu , roù , rau.
Gné, gnè , gneu , gnou , gnau.
Lhé , lhè , Iheu , Thou , Ihau , et dans les
mots , plat , croc , oignon , paille , chignon ,
païen , &c. Nº. 6.
sur les combinaisons difficiles et plus compo
sées , comme dans les mots Stix , Sphinx , constant
, arctique , Amsterdam , &c. N °. 7.
des monosillabes françois masculins . Exemple,
as , bec , cri , dol , &c. N° . 8 .
des monosillabes feminins ou des mots ,
qui
outre leur sillabe, ont encore de plus l'é muet ou
la rime feminine, comme vie, lue, roue, & c.N ° . 9 .
des noms propres et des mots sensibles conaus
et aisez à imprimer son à son , comme Louis,
Charles , Agnès , soupe , mouchoir , paille , &c.
N°. 10.
Exercice tipographique sur la copie donnée à
imprimer. Exemple , Mon Dieu , je vous aime
bien , & c. N°. 11 .
à deviner la premiere voyelle d'un mot prononcé
, comme la premiere voyelle des mots
table , café , diner , doner , curé , venir , &c.
N°. 12.
à deviner la consonne initiale d'un mot prononcé
comme la premiere consonne des mots
bal , Dieu , pome , &c . N. 13.
1490 MERCURE DE FRANCE
·
à deviner toutes les lettres d'un mot latin
prononcé , comme celle des mots , Dominus, omnipotens
, &c. Nº. 14.
à deviner les sons d'un mot françois prononcé
, comme les sons du mot ouaille , & c N° . 15
à deviner les mots qui donnent les sons proposez
, initiaux , médiaux , ou finaux . Exemple
le son on étant donné , on trouve les mots oži ,
pour , trou , & c . N'. 16.
-à dicter à l'enfant Tipographe , c'est - à- dire
qui imprime la dictée sur la table de son Bureau
selon l'ortographe passagere d'enfant , ou l'ortographe
des sons et de l'oreille , en attendant de
pouvoir imprimer selon l'ortographe permanente
d'homme , ou celle des Lettres , des yeux et de
Fusage. Exemple , chapo , pèn , rèzon , au lieu de
chapeau , pain , raison , &c. Nº. 17.
-à trouver des rimes . Exemple , des rimes en
able , table , miserable, pardonnable, &c. No. 18%-
-à imprimer de petits Vers françois. Exemple.
Sarrasin ,
Mon voisin , &c . Nɔ. 19.
des têmes scientifiques et manuscrits pour la
lecture.
Na. On appelle témes scientifiques, les cartes
au dos desquelles on écrit une ou plusieurs li
gnes de françois avec toute l'exactitude possible
sur les accens , sur les sons de la langue et sur la
veritable ortographe , ensorte que l'enfant puisse
pratiquer les principes de lecture qu'on lui a
donnez et qu'il ne soit jamais induit en erreur,
NOVEMBRE 1731 . 2598
d'un tême seientifique.
EXEMPLE
La troisième classe imprime lettreà lettre, et
La seconde classe du Bureau imprime lettreà lettre
La premiere classe du Bureau montre les lettres.
sonà son.
La quatrième classe imprime lettre lettre, son
à sonet motà mot.
No.20.
Pour l'étude des deux Langues.
Leçon de la glose interlinaire une Langue
sous l'autre , mot à mot. Exemple :
{{
Seigneur , sauvez le Roi.
Domine , salvum fac Regem.
Leçon en glose , une Langue sous l'autre,
et non mot à mot comme dans
Il n'en ira pas ainsi
2 Nonentre pasains
Exercice de la version.
de la composition.
à imprimer sur la même ligne , une Langne
après
2592 MERCURE DE FRANCE
après l'autre pour la version et pour la composi
tion. Ex. celui qui , Ille qui , &c. ou Ille qui' ,
celui qui , &c.
Leçon du Phedre construit numeroté, exemple :
I 2 3 4 6 7 &
Lupus et agnus compulsi siti venerant ad eundem_
rivum , & c.
à imprimer des Vers latins avec la quantité ,
les pieds , &c. Exemple :
Tot tibi sunt do tes vir go quot sïděra coelo .
omniă sunt homi num teuŭ i pën dentiă filō.
Et subi tō cā sū , quæ vălu ērẽ rù ūnt.
des Vers tournez sur la table du Bureau
après avoir donné à l'enfant tous les mots sur
autant de cartes , comme les mots des Vers précedens
.
des Anagrammes sur la table du Bureau.
Exemple : sac, cas , beau , aube , Abel , bale , &c.
Du Vocabulaire ou du Dictionnaire de l'enfant.
Pour l'agréable et utile varieté.
Operation des lettres grecques à côté des lettres
latines.
des lettres hebraïques à côté des lettres françoises.
de la casse françoise de droit à gauche.
à imprimer sans voyelles et à lire avec les
seules consonnes , comme Srpns , au lieu de Serpens
en latin , et emndmnt , au lieu de comandement
en françois.
A imprimer le latin et le françois en caracteres
grecs ou hebreux , en attendant de pouvoir imprimer
ces deux dernieres.Langues.
de la casse grecque , hebraïque , &c.
Leçons numeriques , algebriques , &c.
Pour
NOVEMBRE. 1731. 2593
Pour ranger et relire à haute voix des suites
numerotées sur des cartes.
Leçon pour ranger les suites des têmes sientifiques
, ou des copies que l'enfant a déja imprimées.
à ranger en glose interlinaire les têmes que
l'enfant a déja imprimez sur la table de son Burcau .
Leçon des indéclinables que l'enfant a lûs et imprimez.
des déclinables et des cinq déclinaisons que
P'enfant aura sur des cartes differentes , comme
les cinq paradigmes de Luna , Lupus , Soror ,
fructus , facies.
des cinq pronoms , Ego , tu , ille , hic, qui.
des terminaisons des déclinaisons des noms.
Exemple : a , a , a , am , &c.
pour lire et ranger les cartes numerotées du
verbe substantif sum ( je suis ) &c.
de la conjugaison active , &c.
des terminaisons actives , & c.
de la conjugaison passive , &c .
des terminaisons passives , &c.
des tems et des modes , &c.
de l'Echo grammatical pour décliner et
conjuguer tous les mots donnez et proposez sur
les paradigmes
du Breviaire grammatical et journalier pour
mettre un enfant en état de répondre et de pratiquer.
de la Sintaxe téorique et pratique,
de l'interrogation et des exemples .
de la récitation et de la memoire.
des racines des Langues et des étimologies.
du recueil des fautes et des corrections
grammaticales sur le françois et le latin.
des regles et des exceptions grammaticales.
de
2594 MERCURE DE FRANCE
de la garniture du Bureau et des étiquetes
tipographiques.
Leçon pour ranger les faits de l'Histoire Sainte.
les faits de l'Histoire Profane,
les suites géographiques
.
les suites chronologigues.
les suites heraldiques.
les cartes sur la Mitologie.
le Calendrier.
la Table de Pitagore.
les Signes tipographiques.
les miscellanées et le Supplement.
Voilà , Monsieur , de quoi exercer les Maîtres
et les enfans , en attendant la suite des Lettres
promises sur les articles de la Version , de la
composition , de la memoire , de l'écriture , des
Méthodes, &c. J'ai toujours l'honneur d'être,&c.
Méthode du Bureau Tipographique...
ON
Na remarqué , Monsieur , que les enfans
de deux à trois ans , afamez d'idées et d'images
, s'amusoient plus volontiers au Bureau
sans le comprendre , que des enfans de quatre à
six ans , déjà remplis de trop d'idées inutiles et
nuisibles aux prémiers élemens des Lettres. L'enfant
qui commence de bonne heure les jeux ou
les exercices du Bureau Tipographique , apprend
à lire avec plaisir , ou avec moins de peine que
par la Méthode vulgaire;il ne se souvient pas dans
la suite d'avoir commencé l'étude des lettres , il
est exemt du triste souvenir qui a dégouté et qui
dégoute ordinairement les autres enfans trop
avancez en âge , et conduits par la méthode vulgaire.
C'est une erreur et une suite du préjugé ,
que
NOVEMBRE 1731. 2585
que de croire toujours pénible pour un enfant
ce qu'on Ini montre méthodiquement ; la peine
et les épines sont pour le bon Maître méthodique
, qui ne prépare que des jeux et des roses
pour ses enfans. Dans la Méthode vulgaire,, bien
des Maîtres prendroient volontiers les roses pour
eux , et laisseroient les épines aux enfans qu'ils
ne recherchent que comme une Marchandise lucrative
. Il faut cependant convenir qu'il y a de
très- bons Maîtres qui partagent les épines avec
leurs enfans , et qui tâchent de leur en épargner
une bonne partie. Voici , Monsieur , la suite que
je vous ai promise , des diverses opérations tipographiques.
JEUX , EXERCICES , Operations
et Leçons , qu'on pourra pratiquer avec
des enfans de 2. à 6. et à 7. ans , mis
aux classes du Bureau Tipographique.
Pour l'exercice de la premiere et de la seconde
Classe du Bureau en Latin .
JEF
Eu du Singe ou de pure imitation , pour ran
ger les cartes ou les lettres sur la table de la
premiere classe du Bureau Tipographique.
de l'Echo ou de pure articulation pour la dé-
* monstration et la vraye dénomination des lettres .
de l'homme ou d'operation téorique et pratique
, dont voici les especes.
Jeu des cinq voyeles capitales et de 25. cartes ,
sçavoir 5. pour chaque voyelle , A , E , I , O , U.
N°. 1.
des consonnes capitales , B , D , P , ajoutées
au jeu des cinq voyelles, et dont la dénomination
E v vulgaire
2586, MERCURE DE FRANCE
vulgaire , Be, De , Pe , est bonne comme dans les
mots , Job , Gad ; Gap , &c . Nº. 2 .
des premieres capitales qui n'ayant qu'un
son , qu'une valeur , n'ont aussi qu'une dénomi
nation simple et monosillabe , comme F , V , M , N,
qu'il faut appeller Fe , Ve , Me , Ne , exemple ,
dans les mots vif, Joseph , venir , Sem , bimen ,
none , & c. N°. 3 .
des autres capitales à simple valeur , comme
H, K, Q, qu'on peut appeller He , Ka , Qu ,
exemple, dans les mots Heros, Kam, Quï &c . Nº.4
-des deux liquides, L,R, et du J, qu'on doit appeller
Le, Re , Jeja , ou Ja , comme dans les mots
Sol , Mer , Jujube , jamais , &c. No. 5.
des quatre capitales qui ayant double valeur
ou double son , ont aussi une dénomination composée
ou polisillabe , comme C , G , S , Z , qu'on
doit nommer Ceke, Ge - ga, Se- ze, Ze- ce, exemple,
dans les mots Cecrops, gigot, Suson, Uscz, Zelez,
&c. N° . 6.
des trois autres consonnes capitales à dénomination
polisillabe , comme T , X , Y , qu'on
doit nommer Te-ci , Kze- gze , I - ïe , exemple ,
dans les mots tentation , Alexis , axe , exil ,
exemple , mystere , payen , païen , &c. Nº. 7.
Jeu de réduction à moins de cartes, où l'on donne
une seule carte pour toutes les lettres de chaque
jeu, c'est-à- dire sept cartes pour les sept jeux
specifiez cy- dessus , une carte pour chaque jeu :
ane seule carte pour le jeu des cinq voyeles , &c.
Cartes No. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7 .
des cinq voyelles capitales à côté des cinq
petites voyelles en forme de croix , ou tout de
suite , comme Aa , Ee , li , Oo , Uu , sur une
seule carte. N. 1 .
des autres capitales que l'on mettra avec les
petites
1
NOVEMBRE .. 1731. 2587
petites consonnes , chaque jeu sur une carte ,
comme 3b , Dd , Pp , sur une autre carte Nº . 2
Ff, Vv , Mm , Nn , sur une autre carte , No. 3.
Hh , Kk , Qq , Sur une autre carte , Nº. Ll,
Rr, Jj , sur une autre carte , No. 5. Cc , Gg , Ss ,
Zz, sur une autre carte , N° . 6. Tt , Xx , Yy ,
sur une autre carte , Ѻ. 7.
4..
Jeu des grandes ressemblantes, comme AV, CG,
EF , BP , TL , BR , OQ , sur une autre carte ,
No. 8.
des quatre petites ressemblantes b , d , p , q.
mises à côté de leurs capitales , coinme Bb , Dd
Pp, Qq , sur une autre carte , Nº. 9%
des quatre petites ressemblantes differamment
combinées sans capitales , comme b , d , p , q ; d ,
q, p, b , &c. sur une autre carte ,
N°. 10% (
des autres lettres ressemblantes , I , ff , fJ ,
hy , ec , irt , qu , sur une autre carte , Nº. II .
des ch , ph , rh , th , en petites et en grandes
lettres , ensemble ou séparement , comme CH ch,
PH ph , & c. sur une autre carte , No. 12.
- des lettres doubles ou redoublées , &t , ft , &,
æ, æ , &c. Nº. 13 .
des cinq voyelles nasales ou à titre , a , e, i,
☎ , ũ , N°. 14.
des cinq même voyelles nasales , á , e , i , o ,
-ũ, à côté des voyelles an , en , in , on, un, comme
an en in on un › N°. 15.
>
de la dénomination des consones imprimées
sur la table du Bureau d'après la copie Be, Ce-ke,
De , Fe , Ge-gu , He , Ja , Ka , Le , Me , Ne , Pe-
Qu , Re, Se-ze , Te-ci , Ve , Kse- gze , Yi- ie , Zeee
, & c. Nº . 16.
Six jeux des combinaisons élementaires , sça
voir des combinaisons Ab , cb, ib , ob , ub , &c.
Mo
2588 MERCURE DE FRANCE
N°.P. 1 , Aba , ebe , ibi , obo , ubu , &c. Nº. 2. Ba ,
be , bi, bo , bu , &c . N. ° . 3. Bab , beb , bib ,
"bob, bub , &c. No. 4. Bla , ble , bli , blo ,
blu >
&c. No. 5. Bia , bre , bri , bro , bru , &c N°. 6.
Exercice à imprimer lettre à lettre sur la table
de la seconde classe , les sillabes des mots latins
donnez pour copie à l'enfant , exemple , Do - minus
, Do mi- no- rum , Nº . 1. N°. 2. &c.
des monosillabes latins à lire et à imprimer ,
exemple , Abs , bis , clam , &c. Nº. 1. Nº. 2. & c.
des noms propres et des mots connus et aisez
à imprimer lettre à lettre Ex . Pe-trus Lu- do- vicus
, &c. Paris , Samuel , Monomotapa , Abel ,
Phanix , &c. Nº. 1. 2. & c.
Exercice Tipographique sur la copie du discours
donné à imprimer. Ex. Pater noster qui es in
calis , &c; Nº. 1. N°. 2 , &c.
Pourl'exercice des quatre classes du Bureau,
soit en latin , soit en François .
>
Exercice des sons François simples , ou des quatorze
voyelles a , e , i , o , u‚ã‚é‚í‚õ , ú, eu ,
è , é , ou : comme dans les mots la , le , ni , со
nu , an , bien , ingrat , onde , lundi , Dieu , proz
cès , bonté , cou & c . No. 1 .
,
des sons composez oudes consonnes latines et
françoises qui sonnent comme dans les mots robe,
face , croc, grade , Caiphe , étoffe , juge, gigue,
heros, seule, ame , aune , coupe , quicõque, rare,
saisă , Fraçois , tête , tetatio , vive , Xerxès
axe , exil , fixe , taxe , chevreau , agneau ,
ouaille , loi , lui , ludi , &c. Nº. 2.
des diftongues à l'oeil seulement ou par rap-
Iport aux signes , comme au , eu , ou , &c. dans
es mots haubois , feu , sou , &c. N° . 3.
des diftongues à l'oreille et aux yeux , ou par
rapport
NOVEMBRE. 1731. 2589
rapport aux sons , comme ui , oi , & c. dans les
mots nuit , toit ; &c. Nº . 4,
des combinaisons élementaires foibles et fortes
, comme dans les sillabes ba , pa ; da , ta ; cla,
gla ; fra , vra , &c. et dans les mots bas , pas ;
don , ton ; gris , cris ; zele , sele ; vin , fini
Gige , chiche , &c . Nº . f.
Exercice des combinaisons avec les lettres liqui
des , sons mouillez , &c. comme dans les sillabes ,
Lé , lè , leu , lou , lau.
:
Ré , rè , reu , roù , rau.
Gné, gnè , gneu , gnou , gnau.
Lhé , lhè , Iheu , Thou , Ihau , et dans les
mots , plat , croc , oignon , paille , chignon ,
païen , &c. Nº. 6.
sur les combinaisons difficiles et plus compo
sées , comme dans les mots Stix , Sphinx , constant
, arctique , Amsterdam , &c. N °. 7.
des monosillabes françois masculins . Exemple,
as , bec , cri , dol , &c. N° . 8 .
des monosillabes feminins ou des mots ,
qui
outre leur sillabe, ont encore de plus l'é muet ou
la rime feminine, comme vie, lue, roue, & c.N ° . 9 .
des noms propres et des mots sensibles conaus
et aisez à imprimer son à son , comme Louis,
Charles , Agnès , soupe , mouchoir , paille , &c.
N°. 10.
Exercice tipographique sur la copie donnée à
imprimer. Exemple , Mon Dieu , je vous aime
bien , & c. N°. 11 .
à deviner la premiere voyelle d'un mot prononcé
, comme la premiere voyelle des mots
table , café , diner , doner , curé , venir , &c.
N°. 12.
à deviner la consonne initiale d'un mot prononcé
comme la premiere consonne des mots
bal , Dieu , pome , &c . N. 13.
1490 MERCURE DE FRANCE
·
à deviner toutes les lettres d'un mot latin
prononcé , comme celle des mots , Dominus, omnipotens
, &c. Nº. 14.
à deviner les sons d'un mot françois prononcé
, comme les sons du mot ouaille , & c N° . 15
à deviner les mots qui donnent les sons proposez
, initiaux , médiaux , ou finaux . Exemple
le son on étant donné , on trouve les mots oži ,
pour , trou , & c . N'. 16.
-à dicter à l'enfant Tipographe , c'est - à- dire
qui imprime la dictée sur la table de son Bureau
selon l'ortographe passagere d'enfant , ou l'ortographe
des sons et de l'oreille , en attendant de
pouvoir imprimer selon l'ortographe permanente
d'homme , ou celle des Lettres , des yeux et de
Fusage. Exemple , chapo , pèn , rèzon , au lieu de
chapeau , pain , raison , &c. Nº. 17.
-à trouver des rimes . Exemple , des rimes en
able , table , miserable, pardonnable, &c. No. 18%-
-à imprimer de petits Vers françois. Exemple.
Sarrasin ,
Mon voisin , &c . Nɔ. 19.
des têmes scientifiques et manuscrits pour la
lecture.
Na. On appelle témes scientifiques, les cartes
au dos desquelles on écrit une ou plusieurs li
gnes de françois avec toute l'exactitude possible
sur les accens , sur les sons de la langue et sur la
veritable ortographe , ensorte que l'enfant puisse
pratiquer les principes de lecture qu'on lui a
donnez et qu'il ne soit jamais induit en erreur,
NOVEMBRE 1731 . 2598
d'un tême seientifique.
EXEMPLE
La troisième classe imprime lettreà lettre, et
La seconde classe du Bureau imprime lettreà lettre
La premiere classe du Bureau montre les lettres.
sonà son.
La quatrième classe imprime lettre lettre, son
à sonet motà mot.
No.20.
Pour l'étude des deux Langues.
Leçon de la glose interlinaire une Langue
sous l'autre , mot à mot. Exemple :
{{
Seigneur , sauvez le Roi.
Domine , salvum fac Regem.
Leçon en glose , une Langue sous l'autre,
et non mot à mot comme dans
Il n'en ira pas ainsi
2 Nonentre pasains
Exercice de la version.
de la composition.
à imprimer sur la même ligne , une Langne
après
2592 MERCURE DE FRANCE
après l'autre pour la version et pour la composi
tion. Ex. celui qui , Ille qui , &c. ou Ille qui' ,
celui qui , &c.
Leçon du Phedre construit numeroté, exemple :
I 2 3 4 6 7 &
Lupus et agnus compulsi siti venerant ad eundem_
rivum , & c.
à imprimer des Vers latins avec la quantité ,
les pieds , &c. Exemple :
Tot tibi sunt do tes vir go quot sïděra coelo .
omniă sunt homi num teuŭ i pën dentiă filō.
Et subi tō cā sū , quæ vălu ērẽ rù ūnt.
des Vers tournez sur la table du Bureau
après avoir donné à l'enfant tous les mots sur
autant de cartes , comme les mots des Vers précedens
.
des Anagrammes sur la table du Bureau.
Exemple : sac, cas , beau , aube , Abel , bale , &c.
Du Vocabulaire ou du Dictionnaire de l'enfant.
Pour l'agréable et utile varieté.
Operation des lettres grecques à côté des lettres
latines.
des lettres hebraïques à côté des lettres françoises.
de la casse françoise de droit à gauche.
à imprimer sans voyelles et à lire avec les
seules consonnes , comme Srpns , au lieu de Serpens
en latin , et emndmnt , au lieu de comandement
en françois.
A imprimer le latin et le françois en caracteres
grecs ou hebreux , en attendant de pouvoir imprimer
ces deux dernieres.Langues.
de la casse grecque , hebraïque , &c.
Leçons numeriques , algebriques , &c.
Pour
NOVEMBRE. 1731. 2593
Pour ranger et relire à haute voix des suites
numerotées sur des cartes.
Leçon pour ranger les suites des têmes sientifiques
, ou des copies que l'enfant a déja imprimées.
à ranger en glose interlinaire les têmes que
l'enfant a déja imprimez sur la table de son Burcau .
Leçon des indéclinables que l'enfant a lûs et imprimez.
des déclinables et des cinq déclinaisons que
P'enfant aura sur des cartes differentes , comme
les cinq paradigmes de Luna , Lupus , Soror ,
fructus , facies.
des cinq pronoms , Ego , tu , ille , hic, qui.
des terminaisons des déclinaisons des noms.
Exemple : a , a , a , am , &c.
pour lire et ranger les cartes numerotées du
verbe substantif sum ( je suis ) &c.
de la conjugaison active , &c.
des terminaisons actives , & c.
de la conjugaison passive , &c .
des terminaisons passives , &c.
des tems et des modes , &c.
de l'Echo grammatical pour décliner et
conjuguer tous les mots donnez et proposez sur
les paradigmes
du Breviaire grammatical et journalier pour
mettre un enfant en état de répondre et de pratiquer.
de la Sintaxe téorique et pratique,
de l'interrogation et des exemples .
de la récitation et de la memoire.
des racines des Langues et des étimologies.
du recueil des fautes et des corrections
grammaticales sur le françois et le latin.
des regles et des exceptions grammaticales.
de
2594 MERCURE DE FRANCE
de la garniture du Bureau et des étiquetes
tipographiques.
Leçon pour ranger les faits de l'Histoire Sainte.
les faits de l'Histoire Profane,
les suites géographiques
.
les suites chronologigues.
les suites heraldiques.
les cartes sur la Mitologie.
le Calendrier.
la Table de Pitagore.
les Signes tipographiques.
les miscellanées et le Supplement.
Voilà , Monsieur , de quoi exercer les Maîtres
et les enfans , en attendant la suite des Lettres
promises sur les articles de la Version , de la
composition , de la memoire , de l'écriture , des
Méthodes, &c. J'ai toujours l'honneur d'être,&c.
Fermer
Résumé : DIXIEME LETTRE sur la Méthode du Bureau Tipographique.
Le texte décrit une méthode d'enseignement de la lecture et de l'écriture destinée aux enfants âgés de 2 à 7 ans, au sein d'un Bureau Tipographique. Les enfants de 2 à 3 ans apprennent à lire avec plus de plaisir et de facilité que ceux de 4 à 6 ans, car ils sont moins encombrés d'idées inutiles. La méthode vise à rendre l'apprentissage des lettres agréable et à éviter les souvenirs pénibles souvent associés à l'apprentissage traditionnel. Contrairement à certaines méthodes où les maîtres privilégient leur confort, cette approche prépare des jeux et des activités ludiques pour les élèves. Le texte détaille divers jeux et exercices, tels que le rangement des cartes ou des lettres, la dénomination des lettres, et des jeux spécifiques pour les voyelles et les consonnes. Il mentionne également des exercices de réduction de cartes, de ressemblances entre lettres, et des jeux de combinaison de lettres. Pour les classes de latin et de français, des exercices variés sont proposés, allant des sons simples aux combinaisons plus complexes, en passant par des jeux de devinettes et de dictée. Le texte inclut aussi des leçons de glose interlinéaire, de version, et de composition, ainsi que des exercices sur les anagrammes et les déclinaisons latines. Des opérations sur les lettres grecques et hébraïques, ainsi que des leçons numériques et algébriques, sont également mentionnées. Enfin, le texte évoque des exercices de mémorisation, de récitation, et de correction grammaticale. Le document présente également une liste de sujets et d'outils pédagogiques destinés à l'enseignement de divers domaines. Il inclut des leçons pour organiser les événements de l'Histoire Sainte et de l'Histoire Profane, ainsi que des études sur les suites géographiques, chronologiques et héraldiques. Le texte mentionne également des cartes sur la Mythologie, un calendrier, la table de Pythagore et divers signes typographiques. De plus, il fait référence à des miscellanées et à un supplément. Ces ressources sont destinées à exercer à la fois les maîtres et les élèves en attendant la publication de lettres supplémentaires sur des sujets tels que la version, la composition, la mémoire, l'écriture et les méthodes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 163-169
Méthode du Bureau typographique pour la Musique. Par M. Dumas.
Début :
Cette invention qui date de l'année derniere, a eu des censeurs & des partisans [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Musique, Leçons, Louis Dumas, Tons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Méthode du Bureau typographique pour la Musique. Par M. Dumas.
Méthode du Bureau typographique pour la
Mufique. Par M. Dumas.
ETTE invention qui date de l'année
derniere , a eu des cenfeurs & des partifans
. Nous allons difcuter avec impartialité
les raifons des uns & des autres . Il
réfultera de cet examen une lumiere fuffifante
pour mettre nos lecteurs en état de
prononcer.
On impute à la méthode que nous annonçons
, 1. un ordre brouillé dans fa
diftribution. 2°. On prétend qu'elle exige
dix années d'étude . 3 ° . On croit trouver
la caufe de cette perte de tems dans les
opérations de double emploi dans les leçons.
4. On dit la dépenſe du bureau indifpenfable
à toute perfonne pour apprendre
la Mufique . Voici la réponſe à ces objections.
Le Bureau typographique eft divifé en
trois parties. La premiere contient les élémens
de la Mufique renfermés dans trois
colonnes. La feconde parcourt dix- huit colonnes
, qui contiennent les cartes fervant
à l'ufage convenable pour tracer les leçons
notées dans la méthode. La troifieme remplit
les neuf dernieres colonnes , qui font
voir la preuve du progrès que l'on doit
164 MERCURE DE FRANCE.
avoir fait lorfqu'on y eft parvenu ; & enfin
la méthode de chanter dans la partition.
On a vû jufqu'à préfent au commencement
du livre de M. Dumas , une grande
carte qui préfentoit le plan général de fon
entrepriſe : elle fera fupprimée à l'avenir ,
pour ôter le prétexte qu'on a pris de faire
entendre au public la néceffité de la comprendre
pour apprendre la Mufique.
Dans la premiere divifion , on trouve
à la premiere colonne les inftructions concernant
l'ufage des deux tables qui renferment
les monofyllabes ainfi rangées en forme
d'échelle , la , fi , ut , re , mi , fa , fol,
la , qui donnent à entendre par les plans
fuivans , qu'il s'agit dans la Mufique de dégrès
& d'intervalles pour diftinguer les
fons , & pour enfeigner le premier langage
qui les caracteriſe .
La feconde colonne contient les inftruc
tions du détail de la portée muficale . L'on
y voit l'application des mêmes monofyllabes
pour enfeigner à un éleve le nom de
chacun de fes dégrès & du fon qu'il indique.
On y voit fucceffivement les huit pofitions
des trois clefs de la Mufique , le
tout en ordre dans chaque cafe , qui forme
le plan général de cette colonne . L'Auteur
a la fatisfaction de voir que par ces
fimples monofyllabes fes éleves forment
C
DECEMBRE. 1754. 165
aifément toute efpece de fons , tant natu
rels que tranfpofés , foit en montant ou en
defcendant , par les échelles des deux tons
naturels d'a-mi-la & de c-fol- ut , avantage
qui eft de la derniere conféquence.
La troifieme colonne fubftitue les notes
de la Musique aux monofyllabes que l'on
vient de pratiquer fur la portée . On y fait
connoître leur valeur par leurs différentes
figures & par un détail très bien circonftancié.
L'Auteur n'a pas négligé de fimplifier
le moyen important de rendre fenfible
l'application du mouvement convenable à
chaque note de différente figure . Dans cette
vûe il a eu recours aux monofyllabes
dont nous avons parlé . Il fuffit de les lire.
dans l'ordre qu'il preferit , pour remporter
en peu de tems tout ce qu'il y a de plus
difficile à apprendre dans les commencemens
de la Mufique par toute autre voie .
Voilà qui ne s'accorde pas avec l'imputation
d'une méthode brouillée dans fa
diftribution , non plus qu'avec les dix années
d'étude , puifqu'on apprend dans cette
méthode à pratiquer par de fimples mo
nofyllabes , 1. la nomination hardie des
notes . 2 °. La formation des fons , tant na
turels que tranfpofés . 3 ° . Enfin les mouvemens
précis & convenables à toutes les
166 MERCURE DE FRANCE.
différentes valeurs de notes . Ces difficultés
levées , le reste de la méthode devient un
amufement.
La feconde divifion compriſe dans dixhuit
colonnes , renferme le moyen de pratiquer
un premier cours de leçons dans les
tons naturels & tranfpofés , ainfi que dans
leur mode , pour perfectionner un éleve
dans tout ce qu'il vient d'apprendre par les
monofyllabes , je veux dire , la plus parfaite
exécution , tant du chant que des
mouvemens qu'il puiffe acquerir felon les
fignes de mefures , tant fimples que compofés.
L'accufation du double emploi qu'on
prétend être dans les leçons de M. Dumas ,
nous paroît hazardée par des perfonnes
qui n'ont pas fenti que la leçon naturelle
que l'Auteur place au-deffous d'une autre
leçon tranfpofée , doit fervir à un éleve
de modele dans la progreffion de fon échelle
. D'ailleurs , il a prétendu favorifer les
perfonnes qui ne font pas dans l'ufage ou
l'habitude de chanter fans tranſpoſer .
-
Les nouvelles tables que M. Dumas préfente
ici touchant les tranfpofitions & leur
origine , nous paroiffent d'un très bon
ufage , fur-tout celles par lefquelles il en
feigne la Mufique à toutes perfonnes , quelle
voix qu'elles ayent , par le moyen d'une
feule clef.
DECEMBRE. 1754. 167
L'Auteur donne des regles diftribuées
par leçons dans l'ordre de demandes & de
réponſes , qui traitent non feulement des
tranfpofitions , mais encore des principes
fondamentaux de la Mufique , que tout habile
concertant ne doit pas ignorer , ce qui
n'a jamais été donné au public. Il fait précéder
les deux tables qui préfentent l'origine
des tranfpofitions , dans les exemplaires
qu'il délivre à préfent , par des inftructions
qui démontrent certains défauts où
l'on eft tombé pour n'avoir pas encore fait
attention au principe qui les établit. Il
donne enfuite la maniere de remédier à
ces défauts.
Il termine enfin cette feconde partie par
les régles , qui font connoître les tons naturels
& tranfpofés à l'afpect de la clef & des
tranfpofitions , lorfqu'elles lui font appliquées
, & non par la derniere note d'une
leçon. Ce qui lui a donné lieu de repréfenter
un plan des douze demi-tons , qui
porte la preuve des inftructions qu'il y a
établi ; comme auffi celle des vingt - quatre
tons que la Mufique renferme .
Par les deux tables fuivantes il donne la
derniere conviction de la véritable quantité
de dièzes & de bémols qui convient
aux tons ; la relation tonique qu'elles font
voir , en eft la preuve. Elles font établies
168 MERCURE DE FRANCE.
avec tant de folidité & de lumiere qu'elles
donnent le moyen de baiffer ou d'élever
une piece de Mufique un demi- ton plus
haut ou plus bas qu'elle n'a été compoſée.
Enfin la troifieme divifion qui parcourt
les neuf dernieres colonnes du Bureau ,
contient un fecond cours de leçons de Mufique
, qui fervent de preuve au progrès
qu'on doit avoir fait lorfqu'on y eft parvenu
. Ici on apprend à chanter , comme on
appelle improprement , fans tranfpofer,
Nous difons improprement , parce qu'il paroft
avec évidence que la tranfpofition eft
inféparable du chant , & qu'il n'y a que là
lecture qui puiffe être naturelle. Le progrès
en queftion confifte à fçavoir appliquer la
clef & la tranfpofition convenable à ces
leçons , comme auffi les fignes de meſures.
Il y a encore deux tables à la fin du livre ,
par lesquelles on peut élever ou baiffer
toutes les leçons de ce fecond cours , dans
tous les tons de la Mufique.
Il ne refte donc plus qu'à refuter la prétendue
néceffité de faire la dépenfe du Bureau,
pour apprendre la Mufique. Voici
comment s'exprime l'Auteur dans le feuillet
de fa méthode qui précéde la grande carte.
L'ufage du Bureau ayant été imaginé en faveur
de la jeuneffe , les perfonnes plus avancées
en âge peuvent parfaitement apprendre
La
1
Σ
DECEMBRE.
17540 169
la Mufique par le feul fecours de la méthode,
& c .
Nous croyons ce que nous venons de
dire fuffifant pour déterminer les parens
qui veulent que leurs enfans apprennent
la Mufique , à fe fervir de la méthode ingénieufe
& raifonnable de M. Dumas. Elle
fe vend vingt livres : on ne la trouve que
chez l'Auteur , rue Montmartre , vis - à- vis
les Charniers , la porte cochere entre la
Communauté des Prêtres , & les Soeurs
grifes de S. Euftache .
Mufique. Par M. Dumas.
ETTE invention qui date de l'année
derniere , a eu des cenfeurs & des partifans
. Nous allons difcuter avec impartialité
les raifons des uns & des autres . Il
réfultera de cet examen une lumiere fuffifante
pour mettre nos lecteurs en état de
prononcer.
On impute à la méthode que nous annonçons
, 1. un ordre brouillé dans fa
diftribution. 2°. On prétend qu'elle exige
dix années d'étude . 3 ° . On croit trouver
la caufe de cette perte de tems dans les
opérations de double emploi dans les leçons.
4. On dit la dépenſe du bureau indifpenfable
à toute perfonne pour apprendre
la Mufique . Voici la réponſe à ces objections.
Le Bureau typographique eft divifé en
trois parties. La premiere contient les élémens
de la Mufique renfermés dans trois
colonnes. La feconde parcourt dix- huit colonnes
, qui contiennent les cartes fervant
à l'ufage convenable pour tracer les leçons
notées dans la méthode. La troifieme remplit
les neuf dernieres colonnes , qui font
voir la preuve du progrès que l'on doit
164 MERCURE DE FRANCE.
avoir fait lorfqu'on y eft parvenu ; & enfin
la méthode de chanter dans la partition.
On a vû jufqu'à préfent au commencement
du livre de M. Dumas , une grande
carte qui préfentoit le plan général de fon
entrepriſe : elle fera fupprimée à l'avenir ,
pour ôter le prétexte qu'on a pris de faire
entendre au public la néceffité de la comprendre
pour apprendre la Mufique.
Dans la premiere divifion , on trouve
à la premiere colonne les inftructions concernant
l'ufage des deux tables qui renferment
les monofyllabes ainfi rangées en forme
d'échelle , la , fi , ut , re , mi , fa , fol,
la , qui donnent à entendre par les plans
fuivans , qu'il s'agit dans la Mufique de dégrès
& d'intervalles pour diftinguer les
fons , & pour enfeigner le premier langage
qui les caracteriſe .
La feconde colonne contient les inftruc
tions du détail de la portée muficale . L'on
y voit l'application des mêmes monofyllabes
pour enfeigner à un éleve le nom de
chacun de fes dégrès & du fon qu'il indique.
On y voit fucceffivement les huit pofitions
des trois clefs de la Mufique , le
tout en ordre dans chaque cafe , qui forme
le plan général de cette colonne . L'Auteur
a la fatisfaction de voir que par ces
fimples monofyllabes fes éleves forment
C
DECEMBRE. 1754. 165
aifément toute efpece de fons , tant natu
rels que tranfpofés , foit en montant ou en
defcendant , par les échelles des deux tons
naturels d'a-mi-la & de c-fol- ut , avantage
qui eft de la derniere conféquence.
La troifieme colonne fubftitue les notes
de la Musique aux monofyllabes que l'on
vient de pratiquer fur la portée . On y fait
connoître leur valeur par leurs différentes
figures & par un détail très bien circonftancié.
L'Auteur n'a pas négligé de fimplifier
le moyen important de rendre fenfible
l'application du mouvement convenable à
chaque note de différente figure . Dans cette
vûe il a eu recours aux monofyllabes
dont nous avons parlé . Il fuffit de les lire.
dans l'ordre qu'il preferit , pour remporter
en peu de tems tout ce qu'il y a de plus
difficile à apprendre dans les commencemens
de la Mufique par toute autre voie .
Voilà qui ne s'accorde pas avec l'imputation
d'une méthode brouillée dans fa
diftribution , non plus qu'avec les dix années
d'étude , puifqu'on apprend dans cette
méthode à pratiquer par de fimples mo
nofyllabes , 1. la nomination hardie des
notes . 2 °. La formation des fons , tant na
turels que tranfpofés . 3 ° . Enfin les mouvemens
précis & convenables à toutes les
166 MERCURE DE FRANCE.
différentes valeurs de notes . Ces difficultés
levées , le reste de la méthode devient un
amufement.
La feconde divifion compriſe dans dixhuit
colonnes , renferme le moyen de pratiquer
un premier cours de leçons dans les
tons naturels & tranfpofés , ainfi que dans
leur mode , pour perfectionner un éleve
dans tout ce qu'il vient d'apprendre par les
monofyllabes , je veux dire , la plus parfaite
exécution , tant du chant que des
mouvemens qu'il puiffe acquerir felon les
fignes de mefures , tant fimples que compofés.
L'accufation du double emploi qu'on
prétend être dans les leçons de M. Dumas ,
nous paroît hazardée par des perfonnes
qui n'ont pas fenti que la leçon naturelle
que l'Auteur place au-deffous d'une autre
leçon tranfpofée , doit fervir à un éleve
de modele dans la progreffion de fon échelle
. D'ailleurs , il a prétendu favorifer les
perfonnes qui ne font pas dans l'ufage ou
l'habitude de chanter fans tranſpoſer .
-
Les nouvelles tables que M. Dumas préfente
ici touchant les tranfpofitions & leur
origine , nous paroiffent d'un très bon
ufage , fur-tout celles par lefquelles il en
feigne la Mufique à toutes perfonnes , quelle
voix qu'elles ayent , par le moyen d'une
feule clef.
DECEMBRE. 1754. 167
L'Auteur donne des regles diftribuées
par leçons dans l'ordre de demandes & de
réponſes , qui traitent non feulement des
tranfpofitions , mais encore des principes
fondamentaux de la Mufique , que tout habile
concertant ne doit pas ignorer , ce qui
n'a jamais été donné au public. Il fait précéder
les deux tables qui préfentent l'origine
des tranfpofitions , dans les exemplaires
qu'il délivre à préfent , par des inftructions
qui démontrent certains défauts où
l'on eft tombé pour n'avoir pas encore fait
attention au principe qui les établit. Il
donne enfuite la maniere de remédier à
ces défauts.
Il termine enfin cette feconde partie par
les régles , qui font connoître les tons naturels
& tranfpofés à l'afpect de la clef & des
tranfpofitions , lorfqu'elles lui font appliquées
, & non par la derniere note d'une
leçon. Ce qui lui a donné lieu de repréfenter
un plan des douze demi-tons , qui
porte la preuve des inftructions qu'il y a
établi ; comme auffi celle des vingt - quatre
tons que la Mufique renferme .
Par les deux tables fuivantes il donne la
derniere conviction de la véritable quantité
de dièzes & de bémols qui convient
aux tons ; la relation tonique qu'elles font
voir , en eft la preuve. Elles font établies
168 MERCURE DE FRANCE.
avec tant de folidité & de lumiere qu'elles
donnent le moyen de baiffer ou d'élever
une piece de Mufique un demi- ton plus
haut ou plus bas qu'elle n'a été compoſée.
Enfin la troifieme divifion qui parcourt
les neuf dernieres colonnes du Bureau ,
contient un fecond cours de leçons de Mufique
, qui fervent de preuve au progrès
qu'on doit avoir fait lorfqu'on y eft parvenu
. Ici on apprend à chanter , comme on
appelle improprement , fans tranfpofer,
Nous difons improprement , parce qu'il paroft
avec évidence que la tranfpofition eft
inféparable du chant , & qu'il n'y a que là
lecture qui puiffe être naturelle. Le progrès
en queftion confifte à fçavoir appliquer la
clef & la tranfpofition convenable à ces
leçons , comme auffi les fignes de meſures.
Il y a encore deux tables à la fin du livre ,
par lesquelles on peut élever ou baiffer
toutes les leçons de ce fecond cours , dans
tous les tons de la Mufique.
Il ne refte donc plus qu'à refuter la prétendue
néceffité de faire la dépenfe du Bureau,
pour apprendre la Mufique. Voici
comment s'exprime l'Auteur dans le feuillet
de fa méthode qui précéde la grande carte.
L'ufage du Bureau ayant été imaginé en faveur
de la jeuneffe , les perfonnes plus avancées
en âge peuvent parfaitement apprendre
La
1
Σ
DECEMBRE.
17540 169
la Mufique par le feul fecours de la méthode,
& c .
Nous croyons ce que nous venons de
dire fuffifant pour déterminer les parens
qui veulent que leurs enfans apprennent
la Mufique , à fe fervir de la méthode ingénieufe
& raifonnable de M. Dumas. Elle
fe vend vingt livres : on ne la trouve que
chez l'Auteur , rue Montmartre , vis - à- vis
les Charniers , la porte cochere entre la
Communauté des Prêtres , & les Soeurs
grifes de S. Euftache .
Fermer
Résumé : Méthode du Bureau typographique pour la Musique. Par M. Dumas.
Le texte décrit la méthode du Bureau typographique pour la musique, inventée par M. Dumas l'année précédente. Cette méthode a suscité des critiques et des partisans, et l'auteur se propose de discuter impartialement des arguments des deux camps. Les principales objections à la méthode sont un ordre brouillé dans la distribution, une durée d'étude de dix années, des opérations de double emploi dans les leçons, et une dépense jugée indispensable pour apprendre la musique. Le Bureau typographique est divisé en trois parties. La première contient les éléments de la musique répartis en trois colonnes. La deuxième, en dix-huit colonnes, présente les cartes pour tracer les leçons notées dans la méthode. La troisième, en neuf colonnes, montre la preuve du progrès réalisé et la méthode de chanter dans la partition. La première division inclut des instructions sur l'usage des monofyllabes (la, si, ut, re, mi, fa, sol, la) pour enseigner les degrés et intervalles musicaux. La deuxième colonne détaille la portée musicale et les positions des clefs. La troisième colonne substitue les notes de musique aux monofyllabes et explique leur valeur. La deuxième division, en dix-huit colonnes, propose un premier cours de leçons dans les tons naturels et transposés, ainsi que dans leur mode, pour perfectionner l'élève. L'accusation de double emploi est réfutée par l'auteur, qui explique que les leçons naturelles servent de modèle pour la progression. La troisième division, en neuf colonnes, offre un second cours de leçons pour prouver le progrès réalisé. Elle enseigne à chanter sans transposer, bien que la transposition soit considérée comme indispensable au chant. Enfin, l'auteur réfute la nécessité de dépenser pour le Bureau, affirmant que la méthode peut être apprise seule. La méthode se vend vingt livres et est disponible chez l'auteur à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 206-208
Ecole Latine & Grecque, où l'on enseigne les Langues Françoise, Italienne, Espagnole, Angloise & Allemande.
Début :
L'Abbé Choquart, par une longue étude de tout ce qui peut abréger [...]
Mots clefs :
Abbé, Éducation morale, Éducation politique, Élèves, Essais, Expériences, Exercices, Attention, Leçons, Emploi du temps, Connaissances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ecole Latine & Grecque, où l'on enseigne les Langues Françoise, Italienne, Espagnole, Angloise & Allemande.
Ecole Latine & Grecque , où l'on enfeigne les Lan
gues Françoife , Italienne , Eſpagnole , Angloife
& Allemande.
L'Abbé Chocquart , par une longue étude de
tout ce qui peut abréger l'éducation morale &
politique de l'homme , par les divers Effais qu'il
a fait fur les Eléves qu'il a formés , a trouvé le
moyen d'ouvrir une route facile vers les Vertus
M'AR S. 1760 . 207
C
& les Sciences. La conduite que tenoient certains
Peuples , pour rendre chez eux l'amour de la
gloire , comme héréditaire , a facilité les recherches
qu'il a faites pour infpirer plus efficacement
à la jeunelle l'amour du vrai bien : & la nature ,
dont la marche eſt toujours heureuſe & rapide , lui
fert de guide dans les Belles- Lettres & les Beaux-
Arts. Si l'Enfant , fous les yeux de la Nourrice ,
apprend fans peine la langue qu'elle parle , pourquoi
faudroit- il confacrer tant d'années à l'uſage
d'une langue fouvent plus facile ? Les oreilles ontelles
plus d'empire fur l'ame , que les yeux ?
Convaincu d'ailleurs par l'experience , que rien
ne retarde tant nos études que le dégoût & l'ennui
qui les accompagnent ; il fait évanouir l'un &
l'autre , en diverfifiant tellement les exercices de la
journée , qu'une leçon devient comme le délaffement
de celle qui l'a précédée. Les premieres
heures de l'une & l'autre partie du jour , font don
nées aux études qui demandent le plus d'application
: des objets capables de réveiller l'attention
leur fuccédent , & font eux- mêmes fuivis par des
leçons plus amufantes. Ainfi les Langues Latine
& Françoife , le Calcul Numérique , la Mufiqué
& tous les exercices du Corps , qui peuvent entrer
dans une éducation noble & polie , occupent fuc
ceffivement les matinées.
Après la récréation qui fuit le dîné , l'Algébre ,
la Géométrie & les Fortifications , fous une même
marche ; les loix de l'Optique & le Deffein ; les
proportions des Méchaniques démontrées , conformes
aux Loix de l'Univers , & aux Expériences de
Phyfique ; la Géographie enfin & l'Hiftoire , réunies
par le moyen de Cartes pliées : de forte que
les faits & les lieux fe rappellent mutuellement ,
occupent toutes les heures de l'après -dîné .
Les leçons de Langue Françoife , d'Arithméti
208 MERCURE DE FRANCE.
que , de Géographie & d'Hiftoire , n'employant
que fort peu de temps dans le cours d'études ,
on donne les heures qu'elles occupoient , aux Langues
Allemande , Italienne , Angloife ou Efpagnoles
ou l'on s'occupe à des exercices militaires ,
ou à conftruire des Plans de Villes avec des pićces
rapportées , ou l'on s'exerce à des travaux du
Tour , de la Lime , &c. ou même à quelque
ſcience relative à l'état auquel on eſt deſtiné.
L'ufage , accompagnant partout la fpéculation ,
& l'Harmonie difpenfant tous les travaux , il eſt
facile de concevoir combien les jeunes gens deviennent
avides du fçavoir & quelle doit être la rapidité
de leurs progrès.
Pour les externes & tous ceux qui feront encore
dans le cas d'aller au Collége , on donnera des
leçons à part.
Les Maîtres, en chaque partie, font tous des hommes
choifis & connus.
- Les Curieux trouveront auffi chez l'Abbé Chocquart
, des machines de Phylique & furtout d'Optique
.
Il demeure dans la grande rue Taranne,Fauxbourg
S. Germain , entre la rue du Sépulchre &
le Carrefour S. Benoît à Paris.
gues Françoife , Italienne , Eſpagnole , Angloife
& Allemande.
L'Abbé Chocquart , par une longue étude de
tout ce qui peut abréger l'éducation morale &
politique de l'homme , par les divers Effais qu'il
a fait fur les Eléves qu'il a formés , a trouvé le
moyen d'ouvrir une route facile vers les Vertus
M'AR S. 1760 . 207
C
& les Sciences. La conduite que tenoient certains
Peuples , pour rendre chez eux l'amour de la
gloire , comme héréditaire , a facilité les recherches
qu'il a faites pour infpirer plus efficacement
à la jeunelle l'amour du vrai bien : & la nature ,
dont la marche eſt toujours heureuſe & rapide , lui
fert de guide dans les Belles- Lettres & les Beaux-
Arts. Si l'Enfant , fous les yeux de la Nourrice ,
apprend fans peine la langue qu'elle parle , pourquoi
faudroit- il confacrer tant d'années à l'uſage
d'une langue fouvent plus facile ? Les oreilles ontelles
plus d'empire fur l'ame , que les yeux ?
Convaincu d'ailleurs par l'experience , que rien
ne retarde tant nos études que le dégoût & l'ennui
qui les accompagnent ; il fait évanouir l'un &
l'autre , en diverfifiant tellement les exercices de la
journée , qu'une leçon devient comme le délaffement
de celle qui l'a précédée. Les premieres
heures de l'une & l'autre partie du jour , font don
nées aux études qui demandent le plus d'application
: des objets capables de réveiller l'attention
leur fuccédent , & font eux- mêmes fuivis par des
leçons plus amufantes. Ainfi les Langues Latine
& Françoife , le Calcul Numérique , la Mufiqué
& tous les exercices du Corps , qui peuvent entrer
dans une éducation noble & polie , occupent fuc
ceffivement les matinées.
Après la récréation qui fuit le dîné , l'Algébre ,
la Géométrie & les Fortifications , fous une même
marche ; les loix de l'Optique & le Deffein ; les
proportions des Méchaniques démontrées , conformes
aux Loix de l'Univers , & aux Expériences de
Phyfique ; la Géographie enfin & l'Hiftoire , réunies
par le moyen de Cartes pliées : de forte que
les faits & les lieux fe rappellent mutuellement ,
occupent toutes les heures de l'après -dîné .
Les leçons de Langue Françoife , d'Arithméti
208 MERCURE DE FRANCE.
que , de Géographie & d'Hiftoire , n'employant
que fort peu de temps dans le cours d'études ,
on donne les heures qu'elles occupoient , aux Langues
Allemande , Italienne , Angloife ou Efpagnoles
ou l'on s'occupe à des exercices militaires ,
ou à conftruire des Plans de Villes avec des pićces
rapportées , ou l'on s'exerce à des travaux du
Tour , de la Lime , &c. ou même à quelque
ſcience relative à l'état auquel on eſt deſtiné.
L'ufage , accompagnant partout la fpéculation ,
& l'Harmonie difpenfant tous les travaux , il eſt
facile de concevoir combien les jeunes gens deviennent
avides du fçavoir & quelle doit être la rapidité
de leurs progrès.
Pour les externes & tous ceux qui feront encore
dans le cas d'aller au Collége , on donnera des
leçons à part.
Les Maîtres, en chaque partie, font tous des hommes
choifis & connus.
- Les Curieux trouveront auffi chez l'Abbé Chocquart
, des machines de Phylique & furtout d'Optique
.
Il demeure dans la grande rue Taranne,Fauxbourg
S. Germain , entre la rue du Sépulchre &
le Carrefour S. Benoît à Paris.
Fermer
Résumé : Ecole Latine & Grecque, où l'on enseigne les Langues Françoise, Italienne, Espagnole, Angloise & Allemande.
L'école dirigée par l'Abbé Chocquart enseigne les langues française, italienne, espagnole, anglaise et allemande. L'Abbé Chocquart a élaboré une méthode pédagogique pour l'éducation morale et scientifique des élèves, s'inspirant des pratiques de certains peuples pour inculquer l'amour de la gloire et du bien. L'école diversifie les exercices quotidiens pour éviter le dégoût et l'ennui. Les matinées sont dédiées aux langues latine et française, au calcul numérique, à la musique et aux exercices physiques. L'après-midi, après la récréation, les élèves étudient l'algèbre, la géométrie, les fortifications, l'optique, le dessin, les mécaniques, la géographie et l'histoire. Le programme inclut également les langues étrangères, les exercices militaires, la construction de plans de villes et divers travaux manuels. Les enseignants sont des hommes choisis et reconnus. L'Abbé Chocquart propose des machines de physique et d'optique. L'école est située dans la grande rue Taranne, Faubourg Saint-Germain, à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer