Auteur du texte (15)
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Détail
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Résultats : 15 texte(s)
1
p. 97-142
ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Début :
On distingue naturellement les animaux en trois classes, sçavoir les [...]
Mots clefs :
Circulation sanguine, Respiration, Poissons, Anatomie, Poumon, Veines et artères
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texteReconnaissance textuelle : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Lafamese dispute qui
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
Fermer
Résumé : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
En 1699, une dispute scientifique éclate entre les médecins Mery et Duvernay concernant la circulation du sang chez le fœtus humain. Cette controverse incite à l'étude de la circulation sanguine et des mécanismes respiratoires chez divers animaux terrestres, aquatiques et amphibies. Les observations et expériences de plusieurs savants anatomistes français et anglais sont compilées par M. Parem dans un abrégé. L'abrégé se concentre sur la circulation sanguine chez les fœtus, rapportant les expériences et raisonnements de Mery, Tauvry, Duvernay et Delire. Chez les animaux aquatiques, le cœur possède une seule oreillette et un seul ventricule, simplifiant la compréhension de la circulation sanguine. Chez les animaux terrestres, le cœur a deux ventricules et deux oreillettes, impliquant les poumons dans la circulation sanguine. Les amphibies, comme les tortues et les serpents, ont un cœur à trois cavités, compliquant davantage la circulation. Les auteurs s'accordent sur le fait que le sang des différentes parties du corps des amphibies se rassemble dans l'oreillette droite, tandis que le sang des poumons va dans l'oreillette gauche. Cependant, ils divergent sur les détails de la circulation et les comparaisons avec le système du fœtus humain. Mery propose un nouveau système où le sang passe par les poumons du fœtus, utilisant le trou ovale et le canal de Botall pour faciliter la circulation. Tauvry et Duvernay contestent ce modèle, présentant des observations anatomiques sur les variations des artères pulmonaires et aortiques chez les fœtus. Delire ajoute que le trou ovale peut rester ouvert chez les adultes, soutenant l'idée d'une circulation particulière chez les fœtus. Les débats portent également sur la respiration des amphibies et des poissons, qui adaptent leur circulation sanguine en fonction de leur environnement aquatique ou aérien. Les auteurs discutent des mécanismes de compression et de dilatation des poumons, influençant la circulation sanguine. Chez les poissons, les ouïes jouent le rôle des poumons, filtrant continuellement l'air dissous dans l'eau. La structure des ouïes est détaillée, avec des muscles et des vaisseaux sanguins complexes permettant la circulation du sang et l'absorption de l'air. Les artères et veines des ouïes se rejoignent pour former l'aorte, fournissant du sang vivifié à tout le corps du poisson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 97-175
LES MERVEILLES de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit & des sons.
Début :
Je ne m'arresteray pas à parler icy de l'oreille exterieure, [...]
Mots clefs :
Oreille, Sons, Anatomie, Membrane, Musique, Auditif, Voix, Bruit, Entendre, Cerveau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES MERVEILLES de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit & des sons.
Depuis que l'illuftre
M. Duverney, ficelebre
par fa profonde connoiffance de l'Anatomie
nous a donné fon Traité
de l'oreille, plufieurs ha
biles Anatomiftes , Medecins & Phyficiens de
France ,
d'Allemagne ,
d'Italie & deHollande ,
ont produit d'excellens
ouvrages fur le même
fujet, fans avoir cependant entierement épuiſé
cette matiere , ni même
96 MERCURE
s'être bien accordéz fur
fes parties , & fur leur
ufage. C'est ce qui a
porté M. Parent à joindre ce qu'il a vû de ſes
yeux , & ce qu'il a tirédefes reflexions aux découvertes de ces fçayants , en faveur du public ; coment il a fait le
mois précedent, à l'égard
de la circulation du fang
des animaux , & de leur
refpiration , & par le
même motif..
GALANT 97
LES MERVEILLES
de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit desfons.
JE nem'arrefteray pas à
parler icy de l'oreille exterieure , dont la ftructure &
l'uſage paroiffent aux yeux
de tout le monde. Car on
voit affez que ce n'est qu'une efpece de cornet mis à
l'entrée de l'oreille interieure pour raffembler le
bruit & les fons , pour les
fortifier & les introduire
dedans; ce qui fe confirme
Février 1712.
I
98 MERCURE
en ce que les animaux qui
enfont privez , ou à qui on
-les a coupées , entendent
moins clair que les autres ;
& que ceux au contraire
qui les ont plus grandes,
entendent le mieux; ou que
ceuxencore qui ont le plus
befoin d'entendre , ont les
plus grandes oreilles. A
l'égard de la figure appla
tie & repliée des oreilles
deshommes , on voit encore que la Nature ne les
a ainfi difposées , qu'afin
qu'elles parûffent moins
audehors , & qu'ils en ful-
GALANT. 29
fent moins embarraſſez, &
elle les a oftées aux oiſeaux,
& principalement auxpoif
fons,parce qu'elles les empefcheroient de voler & de
nager; ce qui leur appor
teroit plus de dommage
que d'utilité. Au reste la
direction dont la peau interne des oreilles eft frappée par le bruit & les fons ,
fait appercevoir le cofté
d'où ils viennent , à caufe
des ramifications du nerf
dur auditif , & du fecond
vertebral qui s'y répandent. Et c'est pour cela
I ij.
100 MERCURE
que cette partie eft fi fine ,
& fi fenfible dans les oifeaux qui ont l'ouye fort
fubtile , &mefmefi grande
dans les oifeaux nocturnes,
comme les Chouettes & les
Hiboux. La difference de
temps ou deforce dont une
oreille eft frappée pluftoft,
ou plus fort que l'autre ,
contribue encore beaucoup à faire appercevoir de
quel coftévient le bruit. A
l'égard des poiffons, & des
Tortues, &autres animaux
aquatiques qui ont l'entrée
de l'oreille fermée d'une
GALANT. 101 ΙΟΙ
membrane , la premiere
caufe de diftinction n'a.
point lieu chez eux.
2. Quant à l'oreille inte
rieure je fuppofe qu'on regarde de front celle d'un
homme , comme par exemple , la droite, lorfqu'il
eft dans fa fituation naturelle , & je remarque d'abord une espece de canal
fait en entonnoir un peu
tortueux , qui va en s'étreciffant &en baiffant un peu
du derriere vers le devant
de la tefte , fe terminer entre la bafe du crane &l'exI iij
102 MERCURE
tremité inferieure de l'os
des tempes à une portion
du crane appellée la Roche , laquelle contient le
refte de l'oreille que nous
appellons interieure, & qui
eft composée de quatre
chambres ou cavitez , de .
plufieurs challis , & d'autres parties dont on va faire le détail. Le fond de cett
entonnoir aboutit fous une
direction un peu inclinée à
une espece de chaffis que
j'appelle exterieur ou
grand chaffis , parce qu'il
eft tranfparent , & qu'on
GALANT 1931
1
peut y arriver immediatement de dehors. On l'ap
pelle la membrane du tambour , du nom de la premiere chambre interieure
qu'il ferme, qui aefté nommée le tambour , comme,
on va le dire. Ce chaflis
eſt enchaffé dans une portion d'anneau offeux qui
repreſente environ les
d'un cercle entier , lequel
eft collé fortement à l'entrée du trou du crane qui
communique du dehors à
F'oreille interieure , de telle
forte qu'il a fes deux corI iiij
104 MERCURE
:
nes tournées en haut , &
en cet endroit où cet anneau eft defectueux , le
grand chailis eft collé immediatement à l'os de la
refte.
C
3. Cette premiere chambre interieure qui eft fermée par le grand chaffis
reſſemble affez à la quaiffe
d'un tambour veu par le
devant , auffi l'appelle- t-on
encore fouvent la quaiffe ;
elle a cependant une efpece de cul de fac ou facaveugle appellé finus fupe.
rieur , qui s'étenden mon-
GALANT 105
tant du haut de la quaife
vers le derriere de la tefte ,
fur la main gauche , &
dont la longueur excede
mefme un peu toute celle
de cette chambre ; & tant
la quaiffe que fon cul de
fac font tapiffez d'une
membrane fort liffe , quoyque dans l'homme , le finge , le bœuf, &c. ces parties foient remplies d'un
nombre innombrable d'éminences & de foffettes ,
pareilles à celles que l'on
voit dans l'interieur de l'o
reille exterieure deschiens,
106 MERCURE
des chats & autres animaux ce qui ne fert pas
peu à multiplier & conferver les ébranlemens de l'air
contenu dans cette chambre & dans fon cul defac ;
commeonlediracy- aprés,
& comme chacun peut le
remarquer par le retentiffement qui le produit lorfqu'on jette une pierre dans
le puits d'une carriere .
4. On trouve vers le
haut de la quaiffe , & fur
la droite une espece de canal appellé Aqueduc.
Quoy qu'il ne ferve qu'à
GALANT. 107
conduire de l'air , fçavoir
de l'oreille dans la bouche ,
quand il eft trop dilaté
dans l'oreille par la chaleur
du fang ; & au contraire à
i en faire entrer de la bouche dans l'oreille quand celuy de l'oreille eft trop condensé le froid exte- par
rieur , le tout pour empef
cher le grand chaffis d'ef
tre offensé par le reffort de
Fair interieur ou extérieur.
•
. On voit encore en
face & aufond dela quaiffe
deux autres feneftres fer- Ax
mées chacune d'un chaffis
108 MERCURE
particulier , de mefme nature que le premier , dont
Pinferieure qui tire unpeu
fur la droite eft ronde, d'ou
elle a tiréfon nom , de mef
me que ſon chaffis. La fuperieure qui eft plus vers la
gauche & au deffus de la
ronde , eft de figure ovale ,
d'où elle a aufli pris fon
nom. Elle eft couchée en
travers & en defcendant,
un peu de droite à gauche ,
& fermée d'un troifiéme
chaffis de mefme figure &
de mefme nom qu'elle.
6. Cette derniere fenef
GALANT. 109
tre communique dans une
feconde cavité ou chambre appellée la Voute qui
eft fituée directement derriere la quaiffe du cofté du
cerveau. La Voute a tire
fon nom de fa figure arondie par le haut , elle eft un
peu plus petite que la quaif
fe , unie & tapiffée de mefme qu'elle. On la nomme
encore le Veſtibule , parce
qu'elleeft fituée entre deux
autres cavitéz , dont l'une
qui eft à droite , fe nomme
la Coquille , ou le limaçon;
& l'autre qui eft à gauche,
110 MERCURE
·
a efté nommée le labyrinthe avec lesquelles elle
communique par des por
tes toutes ouvertes , eftant
à peu prés au meſme niveau que la quaiffe & que
ces deux dernieres cavitez.
A l'égard de la feneftre
ronde , elle fait la communication de la quaiffe avec
la coquille , dont on donnera la defcription incontinent , de mefme que du
labyrinthe , & fon chaffis
n'eft qu'une continuation
de la membrane de la
quaiffe , de mefme que le
haffis ovale.
GALANT. IH
17. Quant aux autres parties qui fe trouvent dans
la premiere chambre , outre le cul de fac, l'aqueduc,
le grand chaffis , le rond ,
& l'ovale , dont on vient de
parler , on voit fur le mi
lieu du grand chaffis , &
commeenface un premier
offelet , dont la figure a
quelque rapport à celle
d'un marteau, cu pluſtoft
d'un gond, & qu'on a nom
méle marteau ; mais qui a
encore beaucoup plus de
rapport à la jambe d'un
homme, qu'on auroit cou-
112 MERCURE
ce
pée fous le genoüil , & qui
feroit collée contre
chaffis , dans un ſens renversé , ou de haut en bas ;
en forte que le talon fuft
appliqué contre fon bord
fuperieur , & le gras de la
jambe fur le chaffis, le bout
de la jambe finiffant au milien de cette membrane;
ainfi ce marteau où cette
jambe eft veuë comme par
derriere , & un peu panchée fur la gauche , par
l'œil qu'on fuppofe tousjours fitué au devant de
l'oreille. Le bout de cet
offelet
GALANT 113
offelet qu'on peut regarder comme le bout du
pied , eft arrondi , & contient deux éminences &
une petite cavité ; il eft
tourné vers le dedans de
la quaiffe , & va s'implan-,
ter fur la tefte d'un fecond
offelet appellé l'enclume
parrapport au premier. La
figure de ce fecond os ,
reffemble affez à celle d'u-.
ne groffe dent à deux fourchons , qui les auroit un
peu écartez l'un de l'autre ,
& inégaux en longueur.
La tefte de cette enclume
Février
1712.
K
114 MERCURE
ou dent , a auffi une émi
nence ronde , qui fe loge
dans la cavité de celle du
marteau , & deux cavitez
pour loger reciproquement les éminences rondes du bout du marteau
afin que ces deux os tiennent plus fortement attachez & articulez l'un à l'autre par leurs ligamens , &
par la membrane commune qui les enveloppe. La
plus petite des deux jambes de la dent va s'appuyer
dans un angle du bas & du
devant de la quaiffe du co-
GALANT. 15.
ſté gauche , où elle eft attachée mobilement dans
une petite cavité par un
ligament particulier au
delfous du cul de fac. La
plus grande jambe qui eft
un peu contournée par le
bout , va s'articuler avec
un troifiéme offelet nommé l'eftrier, fait commeun
triangle ifofcele , dont la
pointe oufommet eft joint
avec le bout de cette jambe par un quatriéme os
beaucoup plus petit que les
trois premiers , & de la figure d'une lentille, ou pluf
K ij
116 MERCURE
toft d'une menifque qui
leur fert comme de rotule
ou de genoüil. La baſe de
ce triangle qui eft un peu
plus groffe que les deux coftez , eft collée au chaffis
ovale, ou troifiéme chaffis,
en telle forte que ce chaffis.
la deborde tant foit peu
tout autour. L'enclume
la lentille , & l'eftrier font
articules entr'eux par des
ligamens particuliers , à
l'entrée du cul de fac , &
chacun recouverts de la
membrane de la quaiffe ,
qui eft fi fine , & fi adhe
1
GALANT. 117
rente aux os , que dans les
fujers un peu défeichez, elle
fuit prefque la veuë. Cela
n'empefche pas qu'elle ne
paroiffe avec le microfcope parfemée d'une infinité
de vaiffeaux fanguins &
nerveux , comme tous les
autres perioftes , pour fervir à la nourriture de ces
os ; elle fert encore à les
couvrir contre les injures
de l'air , à fortifier les jambes de l'eftrier , dont elle
couvremanifeftement l'ai-.
re & enfin à recevoir &
faire fentir les impreffions.
du bruit.
ཕྱི
IS MERCURE
8. Les trois offelets , le
marteau l'enclume , & l'ef
trier font remuez par trois
muſcles , dont le plus grand
qui part du fond, & du haut
de le quaiffe unpeu à droite , la traverſe de derriere
en devant , & vient s'attacher au milieu de la jambe
du marteau , de forte qu'en
tirant cette jambe , il l'a
meine avec legrand chaſſis
un peu en dedans , ce qui
le tend , & le rend mefme
un peu concave du cofté
de dehors , à peu près commeun entonnoir à poudre
GALANT. 11)
fort évasé. On l'appelle
le muſcle long ; on pourroit le nommer encore le
grand adducteur du chaf
fis exterieur. Un fecond
muſcle beaucoup plus
court , qui vient de dehors
la quaiffe , du cofté droit ,
la perce dans fa partie fuperieure, va s'attacher proche du talon du marteau
à une petite éminence qui
eft en cet endroit , laquelle
il tire & ferre contre la paroy exterieure de la quaiffe
en l'appuyant fur une pareille éminence de cette
120 MERCURE
partie, par ce moyenil retire le marteau , & tout le
chaffis en mefme temps
vers le dehors de la quaiffe,
& mefme l'enclume avec
l'eftrier, à caufe de la liai-,
fon de l'enclume avec l'ef
trier & le marteau ; au moyen de quoy il reftablic
toutes ces parties dans leur
eftat naturel lorfqu'elles
en ont efté oftées. Ainfion
peut le regarder comme le
moderateur des deux autres muſcles. Le troifiéme
& dernier muſcle eft attaché à le tefte ou pointe de
l'eftrier ,
GALANT. 121
l'eftrier , & part d'une petite cavité de la quaiffe fituée fur la gauche de l'ef
trier , mais fort proche &
un peu derriere ; en forte
quetoute fon action eſt de
retirer l'eftrier vers le fond
de la quaiffe , & de l'enfoncer par ce moyen dans
le trou ovale , en le renverfant tantfoit peu du cofté gauche , ce qui tend fa
membrane par deux raifons à la fois. Mais en mefme temps ce mufcle de
l'eftrier tire l'enclume & le
marteau vers le fond de la
Février 1712.
L
122 MERCURE
quaiffe , ce qui bande auſſi
le grand chaffis. Ainfi ces
chaffis peut eftre tendu
deuxmufcles independammentl'un de l'autre. Mais
par:
quand le muſcle long agit,
quoyque l'eftrier foit poufsé un peu par fa pointe ,
fçavoir par le bout de la
longue branche de la dent.
Cependant le chaffis ovale
n'eft pas confiderablement
tendu pour cela , comme
quand tous deux agiſſent
de concert , à caufe de l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'étrier.
GALANT. 123
19. Outre ces trois mufcles , l'enclume & le marteau font encore comme
fufpendus par un ligament
ou muſcle fourchu , attachépar fon tronc à la partie gauche &fuperieure de
la quaiffe au deffus de ces
deux os ; & par fes deux
branches à la tefte du marteau , & à celle de l'enclu
me, il fert à tenir ces deux
os en fituation & unis entre eux , & fuppléé à la delicateffe de leurs ligamens
communs...
10. Enfin il y a un filet
Lij
124 MERCURE
de nerf de la cinquième
paire fort fenfible qui entrant de dehors dans la
quaiffe avec le muſcle moderateur , paffe par derriere le milieu du grand chaf
fis fur lequel il eft couché
en croifant la jambe du
marteau , & de là continue
fon chemin vers le cofté
gauche & inferieur de la
quaiffe,pour s'aller joindre
au nerf dur auditif. Il fert
à fouftenir le grand chaſſis
contre l'effort du bruit , &
à en appercevoir les im
preffions & les varietéz.
GALANT. 125
Les branches du tronc de
ce mefme nerf fe refpandent dans les muſcles du
marteau & de l'eftrier , &
dans la membrane de la
quaiffe , ce qu'on doit bien
remarquer. oral setth
II. Le chaffis rond n'a
aucun muſcle qui le tende;
auffi n'en a- t- il pas befoin,
comme on le verra cyaprés. La coquille qu'il ferme du cofté de la quaiffe,
eft un double canal offeux
contourné en limaçon
creusé dans la fubftance
melmede la roche , dont la
Liij
126 MERCURE
baſe ou gros bout regarde le cerveau , & dont la
pointe eft tournée vers la
quaiffe , ou vers l'œil du
fpectateur. Ce canal devient double par le moyen
d'une lame offeufe tresgrefle, quile divife en deux
parties dans toute fa longueur , l'une fuperieure &
F'autre inferieure , en formant comme le bas d'une
vis , autour du noyau de ce
limaçon. On voit quelques limaçons dans les cabinets des curieux , dont
la coquille a de meſme un
GALANT. 127
double canal tout femblable. Ce canal eft chanfrené interieurement d'une
reneure ou fente qui regne
tout le long du bord exterieur de cette lame avec
laquelle elle eft jointe par
unemembranetres-deliée,
femblable aux précedentés, laquelle tapiffe tout ce
double canal en dedans.
Cette membrane eft au
refte tellement adherente
à l'arefte de cette lame ou
pas de vis & au canal
qu'une partie de ce doublecanaln'a point de comLiiij
128 MERCURE
munication avec l'autre ,
fi ce n'est au plus par la
pointe du limaçon ; mais
un des deux canaux du limaçon aboutit au chaffis
ou trou rond, & l'autre va
fe rendre à la voute par
une ouverture contigue à
ce trou rond. Ily a un ra
meau de la partie molle du
nerf auditif ou feptiéme
paire , qui paffant par la
bafe du limaçon fe répand
dans fa membrane en une
infinité de petits rameaux,
par autant de petits trous
qui ne font gueres vifibles.
GALANT. 129
qu'avec unbó microſcope.
12. Le labyrinthe contient trois canaux offeux ,
à peuprès femicirculaires,
qui s'implantent fur le co
fté gauche de la voute dans
laquelle ils s'ouvrent par
cinq embouchures feule
ment , & non pas par fix ,
parce qu'il y en a une qui
eft commune à deux canaux. Les fommets de ces
canaux ou arcades regardent le derriere de la tefte ,
& leurs embouchûres lei
devant ; de forte qu'ils fe
prefentent à l'œil du fpec-
130 MERCURE
tateur dans une fituation
prefque tout -à - fait couchée & renversée vers la
gauche. Ils font tapiſſez
en dedans d'une membrane ou periofte auffi tresfin , comme tous les autres os de l'oreille , dans
lequel periofte fe diftribuent cinq branches du
mefme nerf auditif , par
des cinq embouchûres des
trois canaux , fçavoir une
dans la membrane de chaque canal où elle ſe ramifie & fe perd en une infinité de branches , avec au-
GALANT. 131
tant de branches d'arreres
& de veines.
13. Voila en verité bien
des merveilles renfermées
dans un bien petit efpace,
trois chambres , un veftibule , un cul de fac , un
aqueduc , quatre chaffis, 4
offelets , 3. muſcles , un ligament ou muſclefourchu
un nerf, un double canal
fpiral avec fa lame & fon
nerf,trois canaux femicirculaires , avec cinq branches de nerfs : le tout recouvert d'une membrane
où ſe perdent une infinité
132 MERCURE
de rameaux d'arteres , de
veines , & de nerfs , fans
compter les anfractuofitez
de la premiere chambre ,
& defon cul de fac ; ni toute la ftructure de l'oreille
exterieure , & de fon entonnoir ; c'eſt à dire que la
3
Nature employe au moins
trente parties confiderables pour la perfection de
l'oüye , elle qui n'en employe qu'environ le tiers ,
pour celle de la veuë ; ce
qui fuffit pour faire juger
de quelle importance eſt
l'oüye à l'homme , &
que
GALANT. 133
ée fens ne cede en rien à
celuy de la veuë s'il ne la
furpaffe pas. Il ne refte
plus maintenant que de
faire voir que la Nature
n'a rien fait d'inutile dans
la conftruction de l'oreille,
& que nous n'avons pas décrit unepartie qui n'ait fon
ufage particulier.
14. Mais avant que d'expliquer tous ces uſages , il
eft bon de remarquer que
les unes font abfolument
neceffaires pour entendre ,
& que d'autres font faites
feulement pour entendre
134 MERCURE .
mieux. De plus que les unes
font faites pour entendre,
les bruits , ou fi l'on aime
mieux les fons , dont la durée eft fi courte qu'il ne
refte aucune idée de leur
degré ou ton ; d'autres font
données pour ouir & dif
tinguer les voix , dont la
durée n'eft pas tout-à-fait
fi courte que le bruit , &
dont il eft neceffaire de
reconnoiftre les degrez ou
tons qui en marquent les
differentes paffions & affections. Enfin il y a d'autres parties que la Nature
GALANT. 135
a faites pour entendre &
diftinguer les fons avec
toutes leurs varietez , inmodifications
flexions , gradations , &
quelconques , & les pouvoir retenir & mefme repeter. Er
pour diftinguer toutes ces
parties , il faut confiderer,
qu'un feul chaffis à l'entrée de l'oreille avec une
cavité ou chambre derrie
re , fuffit abfolument pour
entendre le bruit , puiſque
la plupart des poiffons
n'ont que cela, quoy qu'on
trouve dans quelques -un
136 MERCURE
les trois canaux du labyrinthe , ou feulement deux.
Ou fil'on veut l'entonnoir
avec fon chaffis au fond ,
&une cavité derriere, font
fuffifans , comme dans la
Taupe qui entend fi clair ,
& dans plufieurs oifeaux
& reptiles qui n'en ont pas
davantage. Ce chaſſis meſme peut eftre cartilagineux, du moins enfon centre , comme dans la Tortuë, dans laquelle il eft convexe en dehors & concave
en dedans pour recevoir le
bout de la queuë du marteau ,
CALANT. 137
i .
teau , lequel eft fait en cone , dont la bafe eft collée
immediatement au chaffis
ovale ; car dans tous les
ovipares ce feul offelet ou
ftylet fait l'office des quatre dont nous avons parlé.
De plus les anfractuofitez
des parois de la premiere
chambre, ou de la quaiffe
nefont pas non plus abfolument neceffaires ; puifque cette cavité eſt ſi´unie
dans les chiens , les chats ,
les brebis , les lions , &c.
La coquille mefme ou le limaçon ne fe trouve pas
Février 1712.
M
138 MERCURE
dans les oifeaux , & dans
plufieurs autres animaux ,
qui font cependant fort
clairoyants , comme dans
les tortuës &c. ce qui
prouve affez qu'elle n'eft
pas abfolument neceffaire
pour ouir le bruit , ni mefme les fons , dont les oifeaux font fi fufceptibles.
Mais il faut remarquer
auffi qu'il fe trouve en recompenfe dans les oiſeaux,
& dans les Tortuës , &c.
c'eft- à-dire , dans les ovipares , enla place de la coquille , un fac offeux tapif-
GALANT. 139
sé d'une membrane tresfine , lequel s'ouvre com
mela coquille dans la Voute. Souvent auffi il ne fe
trouve que deux canaux
femicirculaires au labyrin
the , au lieu de trois ; &
dans les Tortuës il ne s'en
trouve aucun , ainfi ils ne
font pas abfolument neceffaires pour entendre le
bruit.
2.
15. Cecy eſtant eſtablyje
confidere que pour appercevoir le bruit dont la du
rée eft fi courte , ( à moins
qu'il ne fuft rejetté pluMij
140 MERCURE
fieurs fois , ) il fuffit que les
chaffis exterieur foit frapé par l'air fans qu'il foit
neceffaire que fa tenfion
ny
foit à l'uniffon des fremiffements du bruit ,
mefme dans aucune confonance prochaine , comme il eft neceffaire pour
le fon. Car les premieres
impreffions du bruit choquant ce chaffis , l'ébranlent avec les efprits qu'il
contient , ou plufſtoft ceux
qui font contenus dans le
filet de nerfqui eft appliqué derriere ; & par là fe
GALANT 141
communiquentà l'air interieur , lequel eftant mis en
reffort , frappe à fon tour
tout ce qu'il rencontre
dans la premiere chambre;
de forte que s'il eft necef
faire pour la conſervation
de l'animal d'une tresprompte fenfation , elle fe
fait alors non feulement
fur le chaffis meſme & fur
fon nerf , dont l'ébranlement dure autant que celuy du bruit ; mais encore
fur la membrane qui tapiffe toute la quaiffe &fon
fac aveugle; & particulie-
142 MERCURE
rement fur la partie de cette membrane qui couvre
l'aire de l'eftrier ou le nerf
dur auditif, envoyeun rameau , laquelle eſt ſuſceptible des mefmes ébranlemens que le grand chaffis
&fon nerf; les muſcles de
la quaiffe n'ayant pas le
loifir de tendre le premier
chaffis , pour le mettre en
confonance prochaine avecle bruit. Quand la premiere impreffion de cet air
interieur fur les parois de
la quaiffe , fur l'aire de
l'eftrier , & fur le chaffis
GALANT. 943
rond eft passé , le cul de
fac fait fentir alors fes reflexions au dedans de葡 la
quaiffe , & par là prolonge la durée du bruit interieur , ce qui l'imprime
plus avant dans l'imagination.
A l'égard des animaux
qui n'ont que l'entonnoir
de l'oreille avec le premier
chaffis aufond , comme la
Taupe , ou mefme un feul
chaffis à l'entrée de l'oreille fans entonnoir , comme
la plupart des poiffons ,
( les Tortues ont auffi ce
144 MERCURE
premier chaffis à l'entrée
de l'oreille , outre celuy qui
eft à l'entrée de la quaiffe )
il est évident que le bruit
exterieur fait d'abord fon
impreffion fur ce chaffis
mefme , non pas en luy
communiquant des tremblements qui durent confiderablement, n'eftant tiré par aucun muſcle qui
le mette en confonance
parfaite avec ce bruit; mais
par quelques chocs & rechocs qui font un ébranlement dans les filers de
nerf répandus dans toute
la
GALANT. 145
是
la membrane qui tapiffe
la cavité qui eft derriere
ce chaffis. Il faut dire la
mefme chofe de la membrane de l'eftrier , pour les
animaux où elle fe trouve ,
laquelle n'eft non plus tendue par aucun muſcle.
Mais un fentiment confus
du fon ou bruit fuffit pour
avertir l'animal ,
lorfqu'il
ne s'agit point de diftinguer le ton , ny les degrez
desfons, & d'yrefpondre.
Le chaffis rond eft auffi
frappé & ébranlé de mef
me que la membrane de
N Février
1712.
146 MERCURE
Feſtrier ; mais comme il
n'eft point en conſonance
avec le bruit exterieur , fes
ébranlemens font bien toft
paffez , & ne fe communiquent que foiblement à
l'air contenu dans le canal
du limaçon qu'il couvre ,
& à la membrane qui tapiffe ce canal , ou pluftoft
aux efprits contenus dans
les filets de nerf qui s'y
diftribuent , & voilà tout
ce qui regarde les bruits
prompts , foibles ou violens , où il ne s'agit point
d'appercevoir les degrez
GALANT. 147
du fon , ou des autres modifications,mais feulement
de prendre fon parti dans
le moment. Al'égard des
differentes efpeces de
bruits , il eft évident qu'el
les ne confiftent que dans
les differentes rithmiques
des vibrations de l'air ; ces
tremblements n'eftant pas
fufceptibles d'autres varietez que de differentes for
ces &
promptitudes , comme on le remarque affez
dans la rithmique du tambour, &
commeje l'expli
que au long dans la melodie.
Nij
148 MERCURE
16. Pour ce qui eft des
bruits où il eft utile de
diftinguer les gradations ,
comme dans la parole, particulierement dans celle
qui procede par inflexions,
comme chez les Normands , Auvergnats , Gafcons , Dauphinois , Chinois , &c. dans laquelle cependant les fons ne doi
vent pas durer , de crainte
qu'ils ne fe confondent , le
grand chaffis eft alors tendu par le grand adducteur ,
pour eftre mis en quelque
confonance prochaine a-
GALANT. 149
vec lavoix qui parle , & en
mefme tempsavec le chaffis rond , pendant les inflexions les plus fenfibles
de la voix , comme dans
toutes les patetiques. Par
ce moyen le chaffis exterieur reçoit plus aisément,
& conferve plus longtemps les ébranlements du
fon de la voix , &les tranf
met à tout l'air de la quaiffe , lequel air fe fait fentir
encorefur la membrane de
l'eftrier qu'il ébranle , auſſi
bien que fur le chaffis rond
qu'il ébranle encore
Niij
150 MERCURE
mieux ; & celui cy à fon
tour ébranle fenfiblement
& affez long- temps l'air
du canal qu'il ferme , pour
donner à fa membrane le
fentiment de la parole , &
de fes inflexions differentes. Et c'eſt le nerf quieft
derriere le grand chaffis
qui par l'émotion des efprits qu'il contient , & par
la communication qu'il a
avec le mufcle long, fait
gonfler ce muſcle , & le
met en contraction , mais
foiblement à caufe du peu
de durée des fons de la
voix , & du peu de confo-
GALANTY IS!
nance qu'ils ont entr'eux ,
ce qui oblige ce muſcle d'e
ftre dans un changement
d'action continuel. A l'égardde l'eftrier , quoy qu'il
Toit alors pouflé en quel
que forte en arriere par fa
pointe , par la jambe de
l'enclume , comme on l'a
desja dit , il netend cependant que tres- foiblement
le chaffis ovale ; à caufe de
l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'ef
trier,(car c'eſt le feul uſage
de ces articulations ; ) autrement les ébranlements
2
Niiij
152 MERCURE
de la voix fe feroient fentir aux nerfs muficaux du
labyrinthe, & produiroient
des fons dans le cerveau
ou une espece de chant ,
court à la verité , mais non
pas un bruit tel que la
voix. Ainfi les paroles feroient confufes commeles
fons des cordes d'une harpe non affourdies , & non
pas diftinctes comme elles
le doivent. On peut adjoufter, fi l'on veut, que les
ébranlements de l'air dela
coquille caufez par la voix.
font fortifiez par le retre-
GALANT. 193
ciffement de fon canal vers
lefommet dulimaçon. Au
refte ces ébranlements doivent tousjours eftre trescourts , à caufe que le chaf
fis rond n'eft prefque ja
mais en confonance par
faite avec l'air exterieur,
C'est pour cela qu'il n'en
refte prefque pas de trace
au cerveau , & qu'il eft fi
difficile d'imiter & de rendre les gradations de la parole , & s'il en refte quelque idée foible , ce ne peut
eftre que par un leger ébranlement d'air qui peut
154 MERCURE
paffer de la coquille dans
le labyrinthe.
De là l'on peut juger que
les animaux qui font pri
vez de la coquille , comme
la plupart des oifeaux , les
Tortues , les Taupes , les
poiffons , &c . n'entendent
la parole que comme un
fimple bruit , c'eft-à- dire ,
confusément ; c'est pour
cela que ces animaux ne
reçoivent aucun nom , &
n'obeïffent pas à la parole
de l'homme; quoyque d'ail,
leurs la plufpart de ces animaux, principalement les
GALANT iss
Tortues &lesTaupes ayent
le fens de l'oreille tres fin ;
comme ceux qui prennent
des Taupes , ou qui vont
varrer les Tortues lors qu
elles pondent leurs œufs
fur le fable de la mer , s'en
apperçoivent affez. Mais
tous ces animaux ont derriere le chaffis interieur de
l'oreille des cavitez ou facs
aveugles tapiffez de membranes extremement fines,
ou la partie molle du nerf
auditif envoye des branches ; &la grandeur de ces
parties recompenfe ce qui
leur manque d'ailleurs.
*56 MERCURE
A l'égard des autres anímaux qui ont la coquille ,
commeles chiens , les chevaux , les finges , les élephans , &c. on trouve en
eux une espece de docilité
qui fait connoiftre qu'ils
diſtinguent les voix : car ils
entendent les noms qu'on
leur donne , & les commandements qu'on leur
fait ; ils diftinguent les paf
fions de la voix , la joye , l'a
colere , la triſteffe , la flatterie , &c. & y refpondent
par des fignes fenfibles ;
ce que ne font pas les au-
GALANT. 157
tres animaux qui en font
privez , les oifeaux ne laiffent pas d'ouir la voix lorfqu'on leur parle fur un cer1
tain ton qui eft celuy de
leurs chaffis ; mais pour les
faire bien entendre il faut
donner outre cela une certaine tenue ou durée à la
voix à peu près come fi l'on
chantoit, & repeter mefme
les mots plufieurs fois afin
que leur grand adducteur
ait le temps de bander
leurs chaffis. C'est pour
cela que les oifeaux n'ont
commerce entre eux que
158 MERCURE
par leurs chants,au lieu que
les quadrupedes & autres
animaux terreftres, comme
les chiens , les chats , les
brebis , les chevres , les
boeufs , les cigales , les grillons , les cloportes , les
couleuvres fonnantes , &c.
ont une espece de commerce entre eux à l'aide de
leurs voix , ou de quelque
inftrument qui fait en eux
le mefme office que la fimplevoix. Onpourroit pen.
fer de quelques hommes
qui n'entendent & n'apprennent que ce qu'on leur
GALANT. 159
chante , & qui ne refpondent qu'en chantant , la
mefme chofe que des oifeaux , fçavoir qu'ils font
peut -eftre privez tout - à -
fait de la coquille , ou du
moins que fon chaffis eft
extremement tendu , ou
extremementrelafché. Mr
Caffegrain le frere de celuy
qui nous a donné des proportions de la Trompette
Vocale, & qui eftoit fort de
mes amis , eftoit de cette
efpece , il eftoit undes plus
habiles Mouleurs du Roy,
& je luy ayparlé il y a bien
160 MERCURE
36 =
vingt cinq ans ; peuteftre n'y en a - t- il pas dix
qu'il eft mort, ainfi onen
pourroit encore fçavoir
des nouvelles chez les Scul
pteurs du Roy. Mais ne
pourroit -on point penfer
au contraire que ceux qui
font infenfibles à l'harmo
nie, comme unde mes parents d'llliers , dont j'ay
parlé ailleurs , & qui eſt
vivant , & pluſieurs autres
de mes amis , ou font privez du labyrinte , ou du
moinsdugrand adducteur,
& peut-eftre auffi de l'adducteur
GALANT. 161
ducteur de l'étrier. Quant
aux fourds qui entendent
tous clair au milieu du
grand bruit , on peut penfer que le nerf qui eft der
riere le grand chaffis de
leur oreille eft relaſché , ou
ce chaffis luy meſme , ou
tous les deux enſemble , ce
qui les rend peu fufceptibles des ébranlements du
bruit, Mais les bruits violents , les fecouffes des carolfes , &c. ébranlants les
efprits ou de l'oreille exte
rieure , ou mefme du cerveau , il s'en fait un reflus
·
Février 1712 . O
162 MERCURE
dans les muſcles de l'oreille interieure qui les mer en
contraction. Ce relafchement du grand chaffis
vient fouvent d'avoirfouffert une percuffion trop
violente , comme il eft arrivé à quelques perfonnes
par le bruit d'un canon
dont ils eftoient trop près.
17. Enfin à l'égard des
fons , comme ils ont une
durée fenfible , lorfqu'ils
viennent frizer le chaffis
exterieur & en mefme
temps le nerf qui eft couché derriere , ils mettent
GALANT: 163
les efprits qui y font contenus en action , laquelle fe
communique enfuite aux
mufcles adducteurs de la
quaiffe, qui tirent le marteau & l'étrier , & ces mufcles entrat en contraction
tendent le grand chaffis ,
& le chaffis ovale , pour
les mettre en confonance
parfaite avec le fon exterieur , fçavoir avec celuy
de la principale note du
mode , qui eft ordinairement la quinte fur la fi.
nale , & c'eft à cela principalement que les prélu
Ò ij
164 MERCURE
•
?
des font utiles. Alors toutes
les autres notes du mode ,
principalement la finale
la mediante , & l'octave ,
avec leurs repliques peuvent s'exprimer beaucoup
plus aisément fur ces deux
chaffis , c'eft à dire qu'ils
deviennent par ce moyen
plus fufceptibles de la ritmique dans laquelle confiftent les confonances &
les accords des fons de ce
mode , & mefme de toutes
fes notes accidentelles
tant diatoniques , que cromatiques ; quoyque les
GALANT. 165
rapports de leursvibrations
avec les bafes du mode
foient plus éloignés. Et
cette tenfion de ces deux
chaffis ne fe change que
quandon change la dominantedu premiermode en
celle d'un autre , ou que
quand on infifte trop longtempsfur le cromatique. Si
l'on veut avoir quelqu'idée
fenfible de cette ritmique
dans laquelle confifte toute l'effence des intervalles
muficaux , c'eft à dire des
confonances & des diffonances , il nefaut que pro
166 MERCURE
portionner les longueurs
des balanciers de deux ou
trois ou quatre Pendules ,
de telle ſorte qu'un faiſant
par exemple deux vibrations , un autre qui commence en mefme tems en
faffe 3. alors on entendra la
ritmique de la quinte, c'eftà dire la quinte. Si dans le
tems que le premier en fait
par exemple 4. le fecond
en fait cinq , le troifiéme
fix , & le quatriéme huit
tous quatre commençant
en meſme temps , on entendrala rithmique de l'ac
GALANT. 167
cord, ( ut mifol ut) c'est- àdire , en un mot on aura
une fenfation nette de cet
accord & non confuſe ,
comme elle l'eft pour les
oreilles non muficales. Et
ainfi de tous les autres accords , ce qu'on trouvera
plus amplement traité
dans noftre Melodie.
Les ébranlements que
le grand chaffis & fon marteau ontreceus , font communiquez immediatement
à l'enclume , & à l'eftrier
qui les communiquent à
leur tour au chaffis ovale,
168 MERCURE
& celui cy les fait paffer
à l'air de la voute ou veftibule avec toutes leurs va
rietez , lequel les communique fur les cinq ou fix
differents filets du nerfmufical répandus dans les canaux femicirculaires. On
peut mefme penfer qu'il y
a dans ces differents filets
des efprits plus ou moins
agitez , ou que ces filets
mefmes font tellement
proprtionnez en grof
feur , longueur & tenfion,
que commeils font en l'air,
ils font par confequentfuf
ceptibles
GALANT. 169
ceptibles , l'un des ébranlements de la finale , un
autre de ceux de la mediante , un troifiéme de
ceux de la dominante , un
autre de ceux de l'octave ,
& un cinquième enfin de
ceux de la dixiéme ou pluftoft ( ce qui peut revenir
au mefme ) comme unfon
eft prefque tousjours accompagné de fes multipliés , fçavoir l'octave , la
douzième , la double octave , la dix-feptieme , & la
dix- neuviéme ( quoyqu'ils
ne foient pas tousjours ai
Février 1712.
P
170 MERCURE
sés à appercevoir , particu
lierement dans les fons fort
aigus )on peut penser que
ces differens fons s'impriment fur ces filets , un fur,
chacun & comme ces
filets ne font au plus que
fix en nombre , on voit
que l'intervalle de ſept
un n'y peut avoir lieu , ny,
par confequent toutes les
autres relations ( 2,7,2,3, ( Z Z z
2 ,,, ) &c. qui en font dérivées ; au lieu que tous les
intervales ,,,, &c .
font renfermés dans les
précedens. Et comme la
8
-
GALANT. 171
parole eft fouvent jointe
avec la voix, on peut penfer qu'alors elle fe fait fentir dans le canal du limaçon qui répond à la voute
pluftoft que dans le labyrinthe , à caufe de la lame
fpirale de ce canal , qui eft
fufceptible d'une plus grande quantité de varietés de
bruit que les nerfs du labyrinthe , par fa figure triangulaire & par fa longueur.
Ileft évident que la mefme chofe doit fe paffer
dans tous les animaux qui
ont le labyrinthe. C'eft
Pij
172 MERCURE
pour cela qu'on trouve des
chiens , & mefme des chevauxqui font extremement
fufceptibles de la muſique ,
comme unbichon que j'ay
eu autrefois, & deux autres
chiens qui font encore
chez deux des premiers
muficiens de Paris de ma
connoiffance. Onfçait que
les Roffignols l'aiment
éperduement. Les Elephants , les cameleons , les
araignées nommées Tarentules , & c. enfont auffi
tres fufceptibles. Et comment penfer que tant d'a-
GALANT. 173
nimaux paffent une bonne
partie de leur vie à chan
ter , comme les oifeaux, les
grenouilles , les cigales, les
graiffets , &c. fans qu'ils y
prennent quelque plaifir ?
18. A l'égard de la correfpondance qu'il y a entre l'oreille & la glotte , ou
le larinx , qui fait qu'on répete dans le moment les
fons qu'ona entendus avec
toutes leurs varietez , il eft
évident qu'elle ne peut
confifter que dans la cor
refpondance qu'il y a entre
les racines du nerf auditif
Piij
174 MERCURE
ou de la feptiéme paire
& celles du nerf chanteur
qui eft la cinquiéme , laquelle fe répand dans l'o
reille , auffi bien que dans
-le larinx , car ces racines
communiquant entre elles
dans la bafe du cerveau, les
motions des efprits contenus dans le nerf auditif,
y
paffent aisément dans celuy de la glotte , outre que
celles de l'oreille interne
paffent auffi immediate
ment par les rameaux que
cette cinquième paire envoye à ces deux parties ,
GALANT 475
c'eft enfin par là qu'onpeut
expliquer pourquoy les
fourds de naiffance font
privez de l'ufage de la pa
role, &plufieurs autres que
ftions de cette nature.
M. Duverney, ficelebre
par fa profonde connoiffance de l'Anatomie
nous a donné fon Traité
de l'oreille, plufieurs ha
biles Anatomiftes , Medecins & Phyficiens de
France ,
d'Allemagne ,
d'Italie & deHollande ,
ont produit d'excellens
ouvrages fur le même
fujet, fans avoir cependant entierement épuiſé
cette matiere , ni même
96 MERCURE
s'être bien accordéz fur
fes parties , & fur leur
ufage. C'est ce qui a
porté M. Parent à joindre ce qu'il a vû de ſes
yeux , & ce qu'il a tirédefes reflexions aux découvertes de ces fçayants , en faveur du public ; coment il a fait le
mois précedent, à l'égard
de la circulation du fang
des animaux , & de leur
refpiration , & par le
même motif..
GALANT 97
LES MERVEILLES
de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit desfons.
JE nem'arrefteray pas à
parler icy de l'oreille exterieure , dont la ftructure &
l'uſage paroiffent aux yeux
de tout le monde. Car on
voit affez que ce n'est qu'une efpece de cornet mis à
l'entrée de l'oreille interieure pour raffembler le
bruit & les fons , pour les
fortifier & les introduire
dedans; ce qui fe confirme
Février 1712.
I
98 MERCURE
en ce que les animaux qui
enfont privez , ou à qui on
-les a coupées , entendent
moins clair que les autres ;
& que ceux au contraire
qui les ont plus grandes,
entendent le mieux; ou que
ceuxencore qui ont le plus
befoin d'entendre , ont les
plus grandes oreilles. A
l'égard de la figure appla
tie & repliée des oreilles
deshommes , on voit encore que la Nature ne les
a ainfi difposées , qu'afin
qu'elles parûffent moins
audehors , & qu'ils en ful-
GALANT. 29
fent moins embarraſſez, &
elle les a oftées aux oiſeaux,
& principalement auxpoif
fons,parce qu'elles les empefcheroient de voler & de
nager; ce qui leur appor
teroit plus de dommage
que d'utilité. Au reste la
direction dont la peau interne des oreilles eft frappée par le bruit & les fons ,
fait appercevoir le cofté
d'où ils viennent , à caufe
des ramifications du nerf
dur auditif , & du fecond
vertebral qui s'y répandent. Et c'est pour cela
I ij.
100 MERCURE
que cette partie eft fi fine ,
& fi fenfible dans les oifeaux qui ont l'ouye fort
fubtile , &mefmefi grande
dans les oifeaux nocturnes,
comme les Chouettes & les
Hiboux. La difference de
temps ou deforce dont une
oreille eft frappée pluftoft,
ou plus fort que l'autre ,
contribue encore beaucoup à faire appercevoir de
quel coftévient le bruit. A
l'égard des poiffons, & des
Tortues, &autres animaux
aquatiques qui ont l'entrée
de l'oreille fermée d'une
GALANT. 101 ΙΟΙ
membrane , la premiere
caufe de diftinction n'a.
point lieu chez eux.
2. Quant à l'oreille inte
rieure je fuppofe qu'on regarde de front celle d'un
homme , comme par exemple , la droite, lorfqu'il
eft dans fa fituation naturelle , & je remarque d'abord une espece de canal
fait en entonnoir un peu
tortueux , qui va en s'étreciffant &en baiffant un peu
du derriere vers le devant
de la tefte , fe terminer entre la bafe du crane &l'exI iij
102 MERCURE
tremité inferieure de l'os
des tempes à une portion
du crane appellée la Roche , laquelle contient le
refte de l'oreille que nous
appellons interieure, & qui
eft composée de quatre
chambres ou cavitez , de .
plufieurs challis , & d'autres parties dont on va faire le détail. Le fond de cett
entonnoir aboutit fous une
direction un peu inclinée à
une espece de chaffis que
j'appelle exterieur ou
grand chaffis , parce qu'il
eft tranfparent , & qu'on
GALANT 1931
1
peut y arriver immediatement de dehors. On l'ap
pelle la membrane du tambour , du nom de la premiere chambre interieure
qu'il ferme, qui aefté nommée le tambour , comme,
on va le dire. Ce chaflis
eſt enchaffé dans une portion d'anneau offeux qui
repreſente environ les
d'un cercle entier , lequel
eft collé fortement à l'entrée du trou du crane qui
communique du dehors à
F'oreille interieure , de telle
forte qu'il a fes deux corI iiij
104 MERCURE
:
nes tournées en haut , &
en cet endroit où cet anneau eft defectueux , le
grand chailis eft collé immediatement à l'os de la
refte.
C
3. Cette premiere chambre interieure qui eft fermée par le grand chaffis
reſſemble affez à la quaiffe
d'un tambour veu par le
devant , auffi l'appelle- t-on
encore fouvent la quaiffe ;
elle a cependant une efpece de cul de fac ou facaveugle appellé finus fupe.
rieur , qui s'étenden mon-
GALANT 105
tant du haut de la quaife
vers le derriere de la tefte ,
fur la main gauche , &
dont la longueur excede
mefme un peu toute celle
de cette chambre ; & tant
la quaiffe que fon cul de
fac font tapiffez d'une
membrane fort liffe , quoyque dans l'homme , le finge , le bœuf, &c. ces parties foient remplies d'un
nombre innombrable d'éminences & de foffettes ,
pareilles à celles que l'on
voit dans l'interieur de l'o
reille exterieure deschiens,
106 MERCURE
des chats & autres animaux ce qui ne fert pas
peu à multiplier & conferver les ébranlemens de l'air
contenu dans cette chambre & dans fon cul defac ;
commeonlediracy- aprés,
& comme chacun peut le
remarquer par le retentiffement qui le produit lorfqu'on jette une pierre dans
le puits d'une carriere .
4. On trouve vers le
haut de la quaiffe , & fur
la droite une espece de canal appellé Aqueduc.
Quoy qu'il ne ferve qu'à
GALANT. 107
conduire de l'air , fçavoir
de l'oreille dans la bouche ,
quand il eft trop dilaté
dans l'oreille par la chaleur
du fang ; & au contraire à
i en faire entrer de la bouche dans l'oreille quand celuy de l'oreille eft trop condensé le froid exte- par
rieur , le tout pour empef
cher le grand chaffis d'ef
tre offensé par le reffort de
Fair interieur ou extérieur.
•
. On voit encore en
face & aufond dela quaiffe
deux autres feneftres fer- Ax
mées chacune d'un chaffis
108 MERCURE
particulier , de mefme nature que le premier , dont
Pinferieure qui tire unpeu
fur la droite eft ronde, d'ou
elle a tiréfon nom , de mef
me que ſon chaffis. La fuperieure qui eft plus vers la
gauche & au deffus de la
ronde , eft de figure ovale ,
d'où elle a aufli pris fon
nom. Elle eft couchée en
travers & en defcendant,
un peu de droite à gauche ,
& fermée d'un troifiéme
chaffis de mefme figure &
de mefme nom qu'elle.
6. Cette derniere fenef
GALANT. 109
tre communique dans une
feconde cavité ou chambre appellée la Voute qui
eft fituée directement derriere la quaiffe du cofté du
cerveau. La Voute a tire
fon nom de fa figure arondie par le haut , elle eft un
peu plus petite que la quaif
fe , unie & tapiffée de mefme qu'elle. On la nomme
encore le Veſtibule , parce
qu'elleeft fituée entre deux
autres cavitéz , dont l'une
qui eft à droite , fe nomme
la Coquille , ou le limaçon;
& l'autre qui eft à gauche,
110 MERCURE
·
a efté nommée le labyrinthe avec lesquelles elle
communique par des por
tes toutes ouvertes , eftant
à peu prés au meſme niveau que la quaiffe & que
ces deux dernieres cavitez.
A l'égard de la feneftre
ronde , elle fait la communication de la quaiffe avec
la coquille , dont on donnera la defcription incontinent , de mefme que du
labyrinthe , & fon chaffis
n'eft qu'une continuation
de la membrane de la
quaiffe , de mefme que le
haffis ovale.
GALANT. IH
17. Quant aux autres parties qui fe trouvent dans
la premiere chambre , outre le cul de fac, l'aqueduc,
le grand chaffis , le rond ,
& l'ovale , dont on vient de
parler , on voit fur le mi
lieu du grand chaffis , &
commeenface un premier
offelet , dont la figure a
quelque rapport à celle
d'un marteau, cu pluſtoft
d'un gond, & qu'on a nom
méle marteau ; mais qui a
encore beaucoup plus de
rapport à la jambe d'un
homme, qu'on auroit cou-
112 MERCURE
ce
pée fous le genoüil , & qui
feroit collée contre
chaffis , dans un ſens renversé , ou de haut en bas ;
en forte que le talon fuft
appliqué contre fon bord
fuperieur , & le gras de la
jambe fur le chaffis, le bout
de la jambe finiffant au milien de cette membrane;
ainfi ce marteau où cette
jambe eft veuë comme par
derriere , & un peu panchée fur la gauche , par
l'œil qu'on fuppofe tousjours fitué au devant de
l'oreille. Le bout de cet
offelet
GALANT 113
offelet qu'on peut regarder comme le bout du
pied , eft arrondi , & contient deux éminences &
une petite cavité ; il eft
tourné vers le dedans de
la quaiffe , & va s'implan-,
ter fur la tefte d'un fecond
offelet appellé l'enclume
parrapport au premier. La
figure de ce fecond os ,
reffemble affez à celle d'u-.
ne groffe dent à deux fourchons , qui les auroit un
peu écartez l'un de l'autre ,
& inégaux en longueur.
La tefte de cette enclume
Février
1712.
K
114 MERCURE
ou dent , a auffi une émi
nence ronde , qui fe loge
dans la cavité de celle du
marteau , & deux cavitez
pour loger reciproquement les éminences rondes du bout du marteau
afin que ces deux os tiennent plus fortement attachez & articulez l'un à l'autre par leurs ligamens , &
par la membrane commune qui les enveloppe. La
plus petite des deux jambes de la dent va s'appuyer
dans un angle du bas & du
devant de la quaiffe du co-
GALANT. 15.
ſté gauche , où elle eft attachée mobilement dans
une petite cavité par un
ligament particulier au
delfous du cul de fac. La
plus grande jambe qui eft
un peu contournée par le
bout , va s'articuler avec
un troifiéme offelet nommé l'eftrier, fait commeun
triangle ifofcele , dont la
pointe oufommet eft joint
avec le bout de cette jambe par un quatriéme os
beaucoup plus petit que les
trois premiers , & de la figure d'une lentille, ou pluf
K ij
116 MERCURE
toft d'une menifque qui
leur fert comme de rotule
ou de genoüil. La baſe de
ce triangle qui eft un peu
plus groffe que les deux coftez , eft collée au chaffis
ovale, ou troifiéme chaffis,
en telle forte que ce chaffis.
la deborde tant foit peu
tout autour. L'enclume
la lentille , & l'eftrier font
articules entr'eux par des
ligamens particuliers , à
l'entrée du cul de fac , &
chacun recouverts de la
membrane de la quaiffe ,
qui eft fi fine , & fi adhe
1
GALANT. 117
rente aux os , que dans les
fujers un peu défeichez, elle
fuit prefque la veuë. Cela
n'empefche pas qu'elle ne
paroiffe avec le microfcope parfemée d'une infinité
de vaiffeaux fanguins &
nerveux , comme tous les
autres perioftes , pour fervir à la nourriture de ces
os ; elle fert encore à les
couvrir contre les injures
de l'air , à fortifier les jambes de l'eftrier , dont elle
couvremanifeftement l'ai-.
re & enfin à recevoir &
faire fentir les impreffions.
du bruit.
ཕྱི
IS MERCURE
8. Les trois offelets , le
marteau l'enclume , & l'ef
trier font remuez par trois
muſcles , dont le plus grand
qui part du fond, & du haut
de le quaiffe unpeu à droite , la traverſe de derriere
en devant , & vient s'attacher au milieu de la jambe
du marteau , de forte qu'en
tirant cette jambe , il l'a
meine avec legrand chaſſis
un peu en dedans , ce qui
le tend , & le rend mefme
un peu concave du cofté
de dehors , à peu près commeun entonnoir à poudre
GALANT. 11)
fort évasé. On l'appelle
le muſcle long ; on pourroit le nommer encore le
grand adducteur du chaf
fis exterieur. Un fecond
muſcle beaucoup plus
court , qui vient de dehors
la quaiffe , du cofté droit ,
la perce dans fa partie fuperieure, va s'attacher proche du talon du marteau
à une petite éminence qui
eft en cet endroit , laquelle
il tire & ferre contre la paroy exterieure de la quaiffe
en l'appuyant fur une pareille éminence de cette
120 MERCURE
partie, par ce moyenil retire le marteau , & tout le
chaffis en mefme temps
vers le dehors de la quaiffe,
& mefme l'enclume avec
l'eftrier, à caufe de la liai-,
fon de l'enclume avec l'ef
trier & le marteau ; au moyen de quoy il reftablic
toutes ces parties dans leur
eftat naturel lorfqu'elles
en ont efté oftées. Ainfion
peut le regarder comme le
moderateur des deux autres muſcles. Le troifiéme
& dernier muſcle eft attaché à le tefte ou pointe de
l'eftrier ,
GALANT. 121
l'eftrier , & part d'une petite cavité de la quaiffe fituée fur la gauche de l'ef
trier , mais fort proche &
un peu derriere ; en forte
quetoute fon action eſt de
retirer l'eftrier vers le fond
de la quaiffe , & de l'enfoncer par ce moyen dans
le trou ovale , en le renverfant tantfoit peu du cofté gauche , ce qui tend fa
membrane par deux raifons à la fois. Mais en mefme temps ce mufcle de
l'eftrier tire l'enclume & le
marteau vers le fond de la
Février 1712.
L
122 MERCURE
quaiffe , ce qui bande auſſi
le grand chaffis. Ainfi ces
chaffis peut eftre tendu
deuxmufcles independammentl'un de l'autre. Mais
par:
quand le muſcle long agit,
quoyque l'eftrier foit poufsé un peu par fa pointe ,
fçavoir par le bout de la
longue branche de la dent.
Cependant le chaffis ovale
n'eft pas confiderablement
tendu pour cela , comme
quand tous deux agiſſent
de concert , à caufe de l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'étrier.
GALANT. 123
19. Outre ces trois mufcles , l'enclume & le marteau font encore comme
fufpendus par un ligament
ou muſcle fourchu , attachépar fon tronc à la partie gauche &fuperieure de
la quaiffe au deffus de ces
deux os ; & par fes deux
branches à la tefte du marteau , & à celle de l'enclu
me, il fert à tenir ces deux
os en fituation & unis entre eux , & fuppléé à la delicateffe de leurs ligamens
communs...
10. Enfin il y a un filet
Lij
124 MERCURE
de nerf de la cinquième
paire fort fenfible qui entrant de dehors dans la
quaiffe avec le muſcle moderateur , paffe par derriere le milieu du grand chaf
fis fur lequel il eft couché
en croifant la jambe du
marteau , & de là continue
fon chemin vers le cofté
gauche & inferieur de la
quaiffe,pour s'aller joindre
au nerf dur auditif. Il fert
à fouftenir le grand chaſſis
contre l'effort du bruit , &
à en appercevoir les im
preffions & les varietéz.
GALANT. 125
Les branches du tronc de
ce mefme nerf fe refpandent dans les muſcles du
marteau & de l'eftrier , &
dans la membrane de la
quaiffe , ce qu'on doit bien
remarquer. oral setth
II. Le chaffis rond n'a
aucun muſcle qui le tende;
auffi n'en a- t- il pas befoin,
comme on le verra cyaprés. La coquille qu'il ferme du cofté de la quaiffe,
eft un double canal offeux
contourné en limaçon
creusé dans la fubftance
melmede la roche , dont la
Liij
126 MERCURE
baſe ou gros bout regarde le cerveau , & dont la
pointe eft tournée vers la
quaiffe , ou vers l'œil du
fpectateur. Ce canal devient double par le moyen
d'une lame offeufe tresgrefle, quile divife en deux
parties dans toute fa longueur , l'une fuperieure &
F'autre inferieure , en formant comme le bas d'une
vis , autour du noyau de ce
limaçon. On voit quelques limaçons dans les cabinets des curieux , dont
la coquille a de meſme un
GALANT. 127
double canal tout femblable. Ce canal eft chanfrené interieurement d'une
reneure ou fente qui regne
tout le long du bord exterieur de cette lame avec
laquelle elle eft jointe par
unemembranetres-deliée,
femblable aux précedentés, laquelle tapiffe tout ce
double canal en dedans.
Cette membrane eft au
refte tellement adherente
à l'arefte de cette lame ou
pas de vis & au canal
qu'une partie de ce doublecanaln'a point de comLiiij
128 MERCURE
munication avec l'autre ,
fi ce n'est au plus par la
pointe du limaçon ; mais
un des deux canaux du limaçon aboutit au chaffis
ou trou rond, & l'autre va
fe rendre à la voute par
une ouverture contigue à
ce trou rond. Ily a un ra
meau de la partie molle du
nerf auditif ou feptiéme
paire , qui paffant par la
bafe du limaçon fe répand
dans fa membrane en une
infinité de petits rameaux,
par autant de petits trous
qui ne font gueres vifibles.
GALANT. 129
qu'avec unbó microſcope.
12. Le labyrinthe contient trois canaux offeux ,
à peuprès femicirculaires,
qui s'implantent fur le co
fté gauche de la voute dans
laquelle ils s'ouvrent par
cinq embouchures feule
ment , & non pas par fix ,
parce qu'il y en a une qui
eft commune à deux canaux. Les fommets de ces
canaux ou arcades regardent le derriere de la tefte ,
& leurs embouchûres lei
devant ; de forte qu'ils fe
prefentent à l'œil du fpec-
130 MERCURE
tateur dans une fituation
prefque tout -à - fait couchée & renversée vers la
gauche. Ils font tapiſſez
en dedans d'une membrane ou periofte auffi tresfin , comme tous les autres os de l'oreille , dans
lequel periofte fe diftribuent cinq branches du
mefme nerf auditif , par
des cinq embouchûres des
trois canaux , fçavoir une
dans la membrane de chaque canal où elle ſe ramifie & fe perd en une infinité de branches , avec au-
GALANT. 131
tant de branches d'arreres
& de veines.
13. Voila en verité bien
des merveilles renfermées
dans un bien petit efpace,
trois chambres , un veftibule , un cul de fac , un
aqueduc , quatre chaffis, 4
offelets , 3. muſcles , un ligament ou muſclefourchu
un nerf, un double canal
fpiral avec fa lame & fon
nerf,trois canaux femicirculaires , avec cinq branches de nerfs : le tout recouvert d'une membrane
où ſe perdent une infinité
132 MERCURE
de rameaux d'arteres , de
veines , & de nerfs , fans
compter les anfractuofitez
de la premiere chambre ,
& defon cul de fac ; ni toute la ftructure de l'oreille
exterieure , & de fon entonnoir ; c'eſt à dire que la
3
Nature employe au moins
trente parties confiderables pour la perfection de
l'oüye , elle qui n'en employe qu'environ le tiers ,
pour celle de la veuë ; ce
qui fuffit pour faire juger
de quelle importance eſt
l'oüye à l'homme , &
que
GALANT. 133
ée fens ne cede en rien à
celuy de la veuë s'il ne la
furpaffe pas. Il ne refte
plus maintenant que de
faire voir que la Nature
n'a rien fait d'inutile dans
la conftruction de l'oreille,
& que nous n'avons pas décrit unepartie qui n'ait fon
ufage particulier.
14. Mais avant que d'expliquer tous ces uſages , il
eft bon de remarquer que
les unes font abfolument
neceffaires pour entendre ,
& que d'autres font faites
feulement pour entendre
134 MERCURE .
mieux. De plus que les unes
font faites pour entendre,
les bruits , ou fi l'on aime
mieux les fons , dont la durée eft fi courte qu'il ne
refte aucune idée de leur
degré ou ton ; d'autres font
données pour ouir & dif
tinguer les voix , dont la
durée n'eft pas tout-à-fait
fi courte que le bruit , &
dont il eft neceffaire de
reconnoiftre les degrez ou
tons qui en marquent les
differentes paffions & affections. Enfin il y a d'autres parties que la Nature
GALANT. 135
a faites pour entendre &
diftinguer les fons avec
toutes leurs varietez , inmodifications
flexions , gradations , &
quelconques , & les pouvoir retenir & mefme repeter. Er
pour diftinguer toutes ces
parties , il faut confiderer,
qu'un feul chaffis à l'entrée de l'oreille avec une
cavité ou chambre derrie
re , fuffit abfolument pour
entendre le bruit , puiſque
la plupart des poiffons
n'ont que cela, quoy qu'on
trouve dans quelques -un
136 MERCURE
les trois canaux du labyrinthe , ou feulement deux.
Ou fil'on veut l'entonnoir
avec fon chaffis au fond ,
&une cavité derriere, font
fuffifans , comme dans la
Taupe qui entend fi clair ,
& dans plufieurs oifeaux
& reptiles qui n'en ont pas
davantage. Ce chaſſis meſme peut eftre cartilagineux, du moins enfon centre , comme dans la Tortuë, dans laquelle il eft convexe en dehors & concave
en dedans pour recevoir le
bout de la queuë du marteau ,
CALANT. 137
i .
teau , lequel eft fait en cone , dont la bafe eft collée
immediatement au chaffis
ovale ; car dans tous les
ovipares ce feul offelet ou
ftylet fait l'office des quatre dont nous avons parlé.
De plus les anfractuofitez
des parois de la premiere
chambre, ou de la quaiffe
nefont pas non plus abfolument neceffaires ; puifque cette cavité eſt ſi´unie
dans les chiens , les chats ,
les brebis , les lions , &c.
La coquille mefme ou le limaçon ne fe trouve pas
Février 1712.
M
138 MERCURE
dans les oifeaux , & dans
plufieurs autres animaux ,
qui font cependant fort
clairoyants , comme dans
les tortuës &c. ce qui
prouve affez qu'elle n'eft
pas abfolument neceffaire
pour ouir le bruit , ni mefme les fons , dont les oifeaux font fi fufceptibles.
Mais il faut remarquer
auffi qu'il fe trouve en recompenfe dans les oiſeaux,
& dans les Tortuës , &c.
c'eft- à-dire , dans les ovipares , enla place de la coquille , un fac offeux tapif-
GALANT. 139
sé d'une membrane tresfine , lequel s'ouvre com
mela coquille dans la Voute. Souvent auffi il ne fe
trouve que deux canaux
femicirculaires au labyrin
the , au lieu de trois ; &
dans les Tortuës il ne s'en
trouve aucun , ainfi ils ne
font pas abfolument neceffaires pour entendre le
bruit.
2.
15. Cecy eſtant eſtablyje
confidere que pour appercevoir le bruit dont la du
rée eft fi courte , ( à moins
qu'il ne fuft rejetté pluMij
140 MERCURE
fieurs fois , ) il fuffit que les
chaffis exterieur foit frapé par l'air fans qu'il foit
neceffaire que fa tenfion
ny
foit à l'uniffon des fremiffements du bruit ,
mefme dans aucune confonance prochaine , comme il eft neceffaire pour
le fon. Car les premieres
impreffions du bruit choquant ce chaffis , l'ébranlent avec les efprits qu'il
contient , ou plufſtoft ceux
qui font contenus dans le
filet de nerfqui eft appliqué derriere ; & par là fe
GALANT 141
communiquentà l'air interieur , lequel eftant mis en
reffort , frappe à fon tour
tout ce qu'il rencontre
dans la premiere chambre;
de forte que s'il eft necef
faire pour la conſervation
de l'animal d'une tresprompte fenfation , elle fe
fait alors non feulement
fur le chaffis meſme & fur
fon nerf , dont l'ébranlement dure autant que celuy du bruit ; mais encore
fur la membrane qui tapiffe toute la quaiffe &fon
fac aveugle; & particulie-
142 MERCURE
rement fur la partie de cette membrane qui couvre
l'aire de l'eftrier ou le nerf
dur auditif, envoyeun rameau , laquelle eſt ſuſceptible des mefmes ébranlemens que le grand chaffis
&fon nerf; les muſcles de
la quaiffe n'ayant pas le
loifir de tendre le premier
chaffis , pour le mettre en
confonance prochaine avecle bruit. Quand la premiere impreffion de cet air
interieur fur les parois de
la quaiffe , fur l'aire de
l'eftrier , & fur le chaffis
GALANT. 943
rond eft passé , le cul de
fac fait fentir alors fes reflexions au dedans de葡 la
quaiffe , & par là prolonge la durée du bruit interieur , ce qui l'imprime
plus avant dans l'imagination.
A l'égard des animaux
qui n'ont que l'entonnoir
de l'oreille avec le premier
chaffis aufond , comme la
Taupe , ou mefme un feul
chaffis à l'entrée de l'oreille fans entonnoir , comme
la plupart des poiffons ,
( les Tortues ont auffi ce
144 MERCURE
premier chaffis à l'entrée
de l'oreille , outre celuy qui
eft à l'entrée de la quaiffe )
il est évident que le bruit
exterieur fait d'abord fon
impreffion fur ce chaffis
mefme , non pas en luy
communiquant des tremblements qui durent confiderablement, n'eftant tiré par aucun muſcle qui
le mette en confonance
parfaite avec ce bruit; mais
par quelques chocs & rechocs qui font un ébranlement dans les filers de
nerf répandus dans toute
la
GALANT. 145
是
la membrane qui tapiffe
la cavité qui eft derriere
ce chaffis. Il faut dire la
mefme chofe de la membrane de l'eftrier , pour les
animaux où elle fe trouve ,
laquelle n'eft non plus tendue par aucun muſcle.
Mais un fentiment confus
du fon ou bruit fuffit pour
avertir l'animal ,
lorfqu'il
ne s'agit point de diftinguer le ton , ny les degrez
desfons, & d'yrefpondre.
Le chaffis rond eft auffi
frappé & ébranlé de mef
me que la membrane de
N Février
1712.
146 MERCURE
Feſtrier ; mais comme il
n'eft point en conſonance
avec le bruit exterieur , fes
ébranlemens font bien toft
paffez , & ne fe communiquent que foiblement à
l'air contenu dans le canal
du limaçon qu'il couvre ,
& à la membrane qui tapiffe ce canal , ou pluftoft
aux efprits contenus dans
les filets de nerf qui s'y
diftribuent , & voilà tout
ce qui regarde les bruits
prompts , foibles ou violens , où il ne s'agit point
d'appercevoir les degrez
GALANT. 147
du fon , ou des autres modifications,mais feulement
de prendre fon parti dans
le moment. Al'égard des
differentes efpeces de
bruits , il eft évident qu'el
les ne confiftent que dans
les differentes rithmiques
des vibrations de l'air ; ces
tremblements n'eftant pas
fufceptibles d'autres varietez que de differentes for
ces &
promptitudes , comme on le remarque affez
dans la rithmique du tambour, &
commeje l'expli
que au long dans la melodie.
Nij
148 MERCURE
16. Pour ce qui eft des
bruits où il eft utile de
diftinguer les gradations ,
comme dans la parole, particulierement dans celle
qui procede par inflexions,
comme chez les Normands , Auvergnats , Gafcons , Dauphinois , Chinois , &c. dans laquelle cependant les fons ne doi
vent pas durer , de crainte
qu'ils ne fe confondent , le
grand chaffis eft alors tendu par le grand adducteur ,
pour eftre mis en quelque
confonance prochaine a-
GALANT. 149
vec lavoix qui parle , & en
mefme tempsavec le chaffis rond , pendant les inflexions les plus fenfibles
de la voix , comme dans
toutes les patetiques. Par
ce moyen le chaffis exterieur reçoit plus aisément,
& conferve plus longtemps les ébranlements du
fon de la voix , &les tranf
met à tout l'air de la quaiffe , lequel air fe fait fentir
encorefur la membrane de
l'eftrier qu'il ébranle , auſſi
bien que fur le chaffis rond
qu'il ébranle encore
Niij
150 MERCURE
mieux ; & celui cy à fon
tour ébranle fenfiblement
& affez long- temps l'air
du canal qu'il ferme , pour
donner à fa membrane le
fentiment de la parole , &
de fes inflexions differentes. Et c'eſt le nerf quieft
derriere le grand chaffis
qui par l'émotion des efprits qu'il contient , & par
la communication qu'il a
avec le mufcle long, fait
gonfler ce muſcle , & le
met en contraction , mais
foiblement à caufe du peu
de durée des fons de la
voix , & du peu de confo-
GALANTY IS!
nance qu'ils ont entr'eux ,
ce qui oblige ce muſcle d'e
ftre dans un changement
d'action continuel. A l'égardde l'eftrier , quoy qu'il
Toit alors pouflé en quel
que forte en arriere par fa
pointe , par la jambe de
l'enclume , comme on l'a
desja dit , il netend cependant que tres- foiblement
le chaffis ovale ; à caufe de
l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'ef
trier,(car c'eſt le feul uſage
de ces articulations ; ) autrement les ébranlements
2
Niiij
152 MERCURE
de la voix fe feroient fentir aux nerfs muficaux du
labyrinthe, & produiroient
des fons dans le cerveau
ou une espece de chant ,
court à la verité , mais non
pas un bruit tel que la
voix. Ainfi les paroles feroient confufes commeles
fons des cordes d'une harpe non affourdies , & non
pas diftinctes comme elles
le doivent. On peut adjoufter, fi l'on veut, que les
ébranlements de l'air dela
coquille caufez par la voix.
font fortifiez par le retre-
GALANT. 193
ciffement de fon canal vers
lefommet dulimaçon. Au
refte ces ébranlements doivent tousjours eftre trescourts , à caufe que le chaf
fis rond n'eft prefque ja
mais en confonance par
faite avec l'air exterieur,
C'est pour cela qu'il n'en
refte prefque pas de trace
au cerveau , & qu'il eft fi
difficile d'imiter & de rendre les gradations de la parole , & s'il en refte quelque idée foible , ce ne peut
eftre que par un leger ébranlement d'air qui peut
154 MERCURE
paffer de la coquille dans
le labyrinthe.
De là l'on peut juger que
les animaux qui font pri
vez de la coquille , comme
la plupart des oifeaux , les
Tortues , les Taupes , les
poiffons , &c . n'entendent
la parole que comme un
fimple bruit , c'eft-à- dire ,
confusément ; c'est pour
cela que ces animaux ne
reçoivent aucun nom , &
n'obeïffent pas à la parole
de l'homme; quoyque d'ail,
leurs la plufpart de ces animaux, principalement les
GALANT iss
Tortues &lesTaupes ayent
le fens de l'oreille tres fin ;
comme ceux qui prennent
des Taupes , ou qui vont
varrer les Tortues lors qu
elles pondent leurs œufs
fur le fable de la mer , s'en
apperçoivent affez. Mais
tous ces animaux ont derriere le chaffis interieur de
l'oreille des cavitez ou facs
aveugles tapiffez de membranes extremement fines,
ou la partie molle du nerf
auditif envoye des branches ; &la grandeur de ces
parties recompenfe ce qui
leur manque d'ailleurs.
*56 MERCURE
A l'égard des autres anímaux qui ont la coquille ,
commeles chiens , les chevaux , les finges , les élephans , &c. on trouve en
eux une espece de docilité
qui fait connoiftre qu'ils
diſtinguent les voix : car ils
entendent les noms qu'on
leur donne , & les commandements qu'on leur
fait ; ils diftinguent les paf
fions de la voix , la joye , l'a
colere , la triſteffe , la flatterie , &c. & y refpondent
par des fignes fenfibles ;
ce que ne font pas les au-
GALANT. 157
tres animaux qui en font
privez , les oifeaux ne laiffent pas d'ouir la voix lorfqu'on leur parle fur un cer1
tain ton qui eft celuy de
leurs chaffis ; mais pour les
faire bien entendre il faut
donner outre cela une certaine tenue ou durée à la
voix à peu près come fi l'on
chantoit, & repeter mefme
les mots plufieurs fois afin
que leur grand adducteur
ait le temps de bander
leurs chaffis. C'est pour
cela que les oifeaux n'ont
commerce entre eux que
158 MERCURE
par leurs chants,au lieu que
les quadrupedes & autres
animaux terreftres, comme
les chiens , les chats , les
brebis , les chevres , les
boeufs , les cigales , les grillons , les cloportes , les
couleuvres fonnantes , &c.
ont une espece de commerce entre eux à l'aide de
leurs voix , ou de quelque
inftrument qui fait en eux
le mefme office que la fimplevoix. Onpourroit pen.
fer de quelques hommes
qui n'entendent & n'apprennent que ce qu'on leur
GALANT. 159
chante , & qui ne refpondent qu'en chantant , la
mefme chofe que des oifeaux , fçavoir qu'ils font
peut -eftre privez tout - à -
fait de la coquille , ou du
moins que fon chaffis eft
extremement tendu , ou
extremementrelafché. Mr
Caffegrain le frere de celuy
qui nous a donné des proportions de la Trompette
Vocale, & qui eftoit fort de
mes amis , eftoit de cette
efpece , il eftoit undes plus
habiles Mouleurs du Roy,
& je luy ayparlé il y a bien
160 MERCURE
36 =
vingt cinq ans ; peuteftre n'y en a - t- il pas dix
qu'il eft mort, ainfi onen
pourroit encore fçavoir
des nouvelles chez les Scul
pteurs du Roy. Mais ne
pourroit -on point penfer
au contraire que ceux qui
font infenfibles à l'harmo
nie, comme unde mes parents d'llliers , dont j'ay
parlé ailleurs , & qui eſt
vivant , & pluſieurs autres
de mes amis , ou font privez du labyrinte , ou du
moinsdugrand adducteur,
& peut-eftre auffi de l'adducteur
GALANT. 161
ducteur de l'étrier. Quant
aux fourds qui entendent
tous clair au milieu du
grand bruit , on peut penfer que le nerf qui eft der
riere le grand chaffis de
leur oreille eft relaſché , ou
ce chaffis luy meſme , ou
tous les deux enſemble , ce
qui les rend peu fufceptibles des ébranlements du
bruit, Mais les bruits violents , les fecouffes des carolfes , &c. ébranlants les
efprits ou de l'oreille exte
rieure , ou mefme du cerveau , il s'en fait un reflus
·
Février 1712 . O
162 MERCURE
dans les muſcles de l'oreille interieure qui les mer en
contraction. Ce relafchement du grand chaffis
vient fouvent d'avoirfouffert une percuffion trop
violente , comme il eft arrivé à quelques perfonnes
par le bruit d'un canon
dont ils eftoient trop près.
17. Enfin à l'égard des
fons , comme ils ont une
durée fenfible , lorfqu'ils
viennent frizer le chaffis
exterieur & en mefme
temps le nerf qui eft couché derriere , ils mettent
GALANT: 163
les efprits qui y font contenus en action , laquelle fe
communique enfuite aux
mufcles adducteurs de la
quaiffe, qui tirent le marteau & l'étrier , & ces mufcles entrat en contraction
tendent le grand chaffis ,
& le chaffis ovale , pour
les mettre en confonance
parfaite avec le fon exterieur , fçavoir avec celuy
de la principale note du
mode , qui eft ordinairement la quinte fur la fi.
nale , & c'eft à cela principalement que les prélu
Ò ij
164 MERCURE
•
?
des font utiles. Alors toutes
les autres notes du mode ,
principalement la finale
la mediante , & l'octave ,
avec leurs repliques peuvent s'exprimer beaucoup
plus aisément fur ces deux
chaffis , c'eft à dire qu'ils
deviennent par ce moyen
plus fufceptibles de la ritmique dans laquelle confiftent les confonances &
les accords des fons de ce
mode , & mefme de toutes
fes notes accidentelles
tant diatoniques , que cromatiques ; quoyque les
GALANT. 165
rapports de leursvibrations
avec les bafes du mode
foient plus éloignés. Et
cette tenfion de ces deux
chaffis ne fe change que
quandon change la dominantedu premiermode en
celle d'un autre , ou que
quand on infifte trop longtempsfur le cromatique. Si
l'on veut avoir quelqu'idée
fenfible de cette ritmique
dans laquelle confifte toute l'effence des intervalles
muficaux , c'eft à dire des
confonances & des diffonances , il nefaut que pro
166 MERCURE
portionner les longueurs
des balanciers de deux ou
trois ou quatre Pendules ,
de telle ſorte qu'un faiſant
par exemple deux vibrations , un autre qui commence en mefme tems en
faffe 3. alors on entendra la
ritmique de la quinte, c'eftà dire la quinte. Si dans le
tems que le premier en fait
par exemple 4. le fecond
en fait cinq , le troifiéme
fix , & le quatriéme huit
tous quatre commençant
en meſme temps , on entendrala rithmique de l'ac
GALANT. 167
cord, ( ut mifol ut) c'est- àdire , en un mot on aura
une fenfation nette de cet
accord & non confuſe ,
comme elle l'eft pour les
oreilles non muficales. Et
ainfi de tous les autres accords , ce qu'on trouvera
plus amplement traité
dans noftre Melodie.
Les ébranlements que
le grand chaffis & fon marteau ontreceus , font communiquez immediatement
à l'enclume , & à l'eftrier
qui les communiquent à
leur tour au chaffis ovale,
168 MERCURE
& celui cy les fait paffer
à l'air de la voute ou veftibule avec toutes leurs va
rietez , lequel les communique fur les cinq ou fix
differents filets du nerfmufical répandus dans les canaux femicirculaires. On
peut mefme penfer qu'il y
a dans ces differents filets
des efprits plus ou moins
agitez , ou que ces filets
mefmes font tellement
proprtionnez en grof
feur , longueur & tenfion,
que commeils font en l'air,
ils font par confequentfuf
ceptibles
GALANT. 169
ceptibles , l'un des ébranlements de la finale , un
autre de ceux de la mediante , un troifiéme de
ceux de la dominante , un
autre de ceux de l'octave ,
& un cinquième enfin de
ceux de la dixiéme ou pluftoft ( ce qui peut revenir
au mefme ) comme unfon
eft prefque tousjours accompagné de fes multipliés , fçavoir l'octave , la
douzième , la double octave , la dix-feptieme , & la
dix- neuviéme ( quoyqu'ils
ne foient pas tousjours ai
Février 1712.
P
170 MERCURE
sés à appercevoir , particu
lierement dans les fons fort
aigus )on peut penser que
ces differens fons s'impriment fur ces filets , un fur,
chacun & comme ces
filets ne font au plus que
fix en nombre , on voit
que l'intervalle de ſept
un n'y peut avoir lieu , ny,
par confequent toutes les
autres relations ( 2,7,2,3, ( Z Z z
2 ,,, ) &c. qui en font dérivées ; au lieu que tous les
intervales ,,,, &c .
font renfermés dans les
précedens. Et comme la
8
-
GALANT. 171
parole eft fouvent jointe
avec la voix, on peut penfer qu'alors elle fe fait fentir dans le canal du limaçon qui répond à la voute
pluftoft que dans le labyrinthe , à caufe de la lame
fpirale de ce canal , qui eft
fufceptible d'une plus grande quantité de varietés de
bruit que les nerfs du labyrinthe , par fa figure triangulaire & par fa longueur.
Ileft évident que la mefme chofe doit fe paffer
dans tous les animaux qui
ont le labyrinthe. C'eft
Pij
172 MERCURE
pour cela qu'on trouve des
chiens , & mefme des chevauxqui font extremement
fufceptibles de la muſique ,
comme unbichon que j'ay
eu autrefois, & deux autres
chiens qui font encore
chez deux des premiers
muficiens de Paris de ma
connoiffance. Onfçait que
les Roffignols l'aiment
éperduement. Les Elephants , les cameleons , les
araignées nommées Tarentules , & c. enfont auffi
tres fufceptibles. Et comment penfer que tant d'a-
GALANT. 173
nimaux paffent une bonne
partie de leur vie à chan
ter , comme les oifeaux, les
grenouilles , les cigales, les
graiffets , &c. fans qu'ils y
prennent quelque plaifir ?
18. A l'égard de la correfpondance qu'il y a entre l'oreille & la glotte , ou
le larinx , qui fait qu'on répete dans le moment les
fons qu'ona entendus avec
toutes leurs varietez , il eft
évident qu'elle ne peut
confifter que dans la cor
refpondance qu'il y a entre
les racines du nerf auditif
Piij
174 MERCURE
ou de la feptiéme paire
& celles du nerf chanteur
qui eft la cinquiéme , laquelle fe répand dans l'o
reille , auffi bien que dans
-le larinx , car ces racines
communiquant entre elles
dans la bafe du cerveau, les
motions des efprits contenus dans le nerf auditif,
y
paffent aisément dans celuy de la glotte , outre que
celles de l'oreille interne
paffent auffi immediate
ment par les rameaux que
cette cinquième paire envoye à ces deux parties ,
GALANT 475
c'eft enfin par là qu'onpeut
expliquer pourquoy les
fourds de naiffance font
privez de l'ufage de la pa
role, &plufieurs autres que
ftions de cette nature.
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Résumé : LES MERVEILLES de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit & des sons.
Depuis la publication du traité de l'oreille par M. Duverney, plusieurs anatomistes, médecins et physiciens européens ont exploré le sujet sans parvenir à un consensus complet. M. Parent a décidé de contribuer à ce domaine en ajoutant ses observations sur l'oreille, comme il l'avait fait précédemment sur la circulation du sang et la respiration des animaux. Le texte décrit l'oreille externe, comparée à un cornet recueillant et amplifiant les sons pour les diriger vers l'oreille interne. Les animaux privés d'oreilles externes entendent moins bien, tandis que ceux avec de grandes oreilles ont une meilleure audition. La structure des oreilles humaines est adaptée pour minimiser l'encombrement, contrairement aux oiseaux qui volent ou nagent. L'oreille interne est présentée comme un canal en entonnoir menant à plusieurs chambres. La première chambre, appelée 'quaiffe', est fermée par la membrane du tympan. Elle contient des éminences et des soffettes qui multiplient et conservent les vibrations de l'air. Un canal, l'aqueduc, permet la circulation de l'air entre l'oreille et la bouche pour protéger la membrane du tympan. La 'quaiffe' communique avec d'autres cavités via des fenêtres fermées par des membranes. La 'voute' ou 'vestibule' est située derrière la 'quaiffe' et communique avec la 'coquille' ou 'limacon' et le 'labyrinthe'. La fenêtre ronde relie la 'quaiffe' à la 'coquille', et la fenêtre ovale communique avec la 'voute'. La 'quaiffe' contient également trois osselets : le marteau, l'enclume et l'étrier, actionnés par trois muscles. Ces osselets sont articulés et recouverts d'une membrane fine. Le muscle long tend la membrane du tympan, et le muscle court rétablit les parties dans leur état naturel. Le troisième muscle agit sur l'étrier pour tendre la membrane du tympan. Le texte mentionne également un nerf de la cinquième paire traversant la 'quaiffe' et se joignant au nerf auditif. La 'coquille' est protégée par une membrane délicate et contient des rameaux nerveux. Le labyrinthe de l'oreille interne contient trois canaux semi-circulaires impliqués dans l'équilibre. Les ébranlements de la voix sont transmis par les osselets et atteignent le labyrinthe, évitant ainsi des interférences. Les animaux privés de la coquille de l'oreille perçoivent les sons de manière confuse, tandis que ceux dotés de la coquille montrent une meilleure perception des sons et des voix. Les oiseaux communiquent principalement par des chants, tandis que les quadrupèdes utilisent des voix ou des instruments similaires. Les sons, en particulier les notes musicales, mettent en action les esprits contenus dans les nerfs auditifs, permettant une perception rythmique et harmonique. Les ébranlements sont transmis à travers les différents filets du nerf musical, chacun étant sensible à des fréquences spécifiques. La parole est perçue dans le canal du limaçon plutôt que dans le labyrinthe, en raison de la structure spirale de ce canal. Enfin, la correspondance entre l'oreille et la glotte explique pourquoi les sons entendus sont répétés immédiatement.
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3
p. 25-26
SUR LES MESURES geometriques des Voutes. par M. PARENT.
Début :
Un sçavant Architecte de Paris m'ayant representé que les mesures [...]
Mots clefs :
Mesures, Géométrie, Voûtes, Architecture
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texteReconnaissance textuelle : SUR LES MESURES geometriques des Voutes. par M. PARENT.
svR LES MESURES
geométriques des Voutes.
PARM- PARENT.
UN sçavantArchitecte
de Paris m'ayant representé que les mesures géomé- triques des voutes en dosnies oblongs ou applatis,
manquoient dans l'Architecture, ou du moins n'avoient point esté mises à
la portée de tout le monde, ce qui oblige à en employer de fausses., & mesme de grossieres au lieu
des véritables, je luy envoiay celles-cy deux jours
après, & j'ai creu faire le
mesme plaisir au public, en
les luy communiquant
d'une maniere pratiquable, avec les Tables dont
on se fert ordinairement
pour resoudre les problèmes de geometrie pratique.
geométriques des Voutes.
PARM- PARENT.
UN sçavantArchitecte
de Paris m'ayant representé que les mesures géomé- triques des voutes en dosnies oblongs ou applatis,
manquoient dans l'Architecture, ou du moins n'avoient point esté mises à
la portée de tout le monde, ce qui oblige à en employer de fausses., & mesme de grossieres au lieu
des véritables, je luy envoiay celles-cy deux jours
après, & j'ai creu faire le
mesme plaisir au public, en
les luy communiquant
d'une maniere pratiquable, avec les Tables dont
on se fert ordinairement
pour resoudre les problèmes de geometrie pratique.
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Résumé : SUR LES MESURES geometriques des Voutes. par M. PARENT.
L'absence de mesures géométriques précises pour les voûtes en dos d'âne a été signalée par un architecte parisien. L'auteur a fourni les mesures appropriées deux jours plus tard et les a partagées avec le public. Ces mesures sont présentées de manière pratique, accompagnées de tables couramment utilisées pour résoudre les problèmes de géométrie.
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4
p. 26-30
Sur la mesure geometrique des Voutes surhaussées, ou des demi spheroïdes oblongs.
Début :
1. Ayant mesuré la hauteur du dosme qu'on suppose demi elliptique [...]
Mots clefs :
Voûtes, Géométrie, Mesure, Dômes
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texteReconnaissance textuelle : Sur la mesure geometrique des Voutes surhaussées, ou des demi spheroïdes oblongs.
Sur lamesure geometrique des
Voutes surbaussées
5
ou des
demispheroïdes oblongs.
I. Ayant mesure la hau-
.teur du dosme qu'on suppose demi elliptique, &
l'ayant doublée, on luy ajouxtera sa plus grande
largeur, c'est à direlediametre de la base, & on l'en
retranchera,on multipliera
la somme parle reste,& on
tirera la racine quarrée du
produit, pour faire l'analogie suivante.
2. Si le double de la hauteur du dosme, donne la
racine quarrée cy-dessus
;
que donnera le finustotal?
Il viendra au quatriéme
termie un finus, qui mar-
quera un nombre de degrez & de minutes, dont
on se servira pour multiplier le double de la hauteur, afin d'avoir un produit.
3. Comme le nombre absolu ( 180000. ) est à l'absolu ( 3141. ) ainsi le produit
cy-deflfus,est àun quatriéme terme.
4. Comme la racine du
premier article est au double de la hauteur, ainsi le
quatrième terme de l'article precedent
5
a un qua-
,
trième e
terme nouveau, au-
quel on adjoustera le diametre de la bafe pour avoir
une somme qu'on multipliera par la largeur.
5. Enfin si (4ooo. ) nombre absolu, donnent (3141.)
que donnera le produit de
l'article precedent :
Il
viendra un quatriéme terme, qui fera la surface de
la Voûte ;
sçavoir l'interieure, si les mesures ont
este' prises en dedans, &
l'exterieure sielles onteste
prises en dehors.
Et pour avoir la solidité
on prendra la hauteur &
k largeur par le milieu de
l'épaisseur, pour avoir une
superficie moyenne, qu'on
multipliera par son épaiC.
seur, ce qui donnera la soliditédesirée.
Voutes surbaussées
5
ou des
demispheroïdes oblongs.
I. Ayant mesure la hau-
.teur du dosme qu'on suppose demi elliptique, &
l'ayant doublée, on luy ajouxtera sa plus grande
largeur, c'est à direlediametre de la base, & on l'en
retranchera,on multipliera
la somme parle reste,& on
tirera la racine quarrée du
produit, pour faire l'analogie suivante.
2. Si le double de la hauteur du dosme, donne la
racine quarrée cy-dessus
;
que donnera le finustotal?
Il viendra au quatriéme
termie un finus, qui mar-
quera un nombre de degrez & de minutes, dont
on se servira pour multiplier le double de la hauteur, afin d'avoir un produit.
3. Comme le nombre absolu ( 180000. ) est à l'absolu ( 3141. ) ainsi le produit
cy-deflfus,est àun quatriéme terme.
4. Comme la racine du
premier article est au double de la hauteur, ainsi le
quatrième terme de l'article precedent
5
a un qua-
,
trième e
terme nouveau, au-
quel on adjoustera le diametre de la bafe pour avoir
une somme qu'on multipliera par la largeur.
5. Enfin si (4ooo. ) nombre absolu, donnent (3141.)
que donnera le produit de
l'article precedent :
Il
viendra un quatriéme terme, qui fera la surface de
la Voûte ;
sçavoir l'interieure, si les mesures ont
este' prises en dedans, &
l'exterieure sielles onteste
prises en dehors.
Et pour avoir la solidité
on prendra la hauteur &
k largeur par le milieu de
l'épaisseur, pour avoir une
superficie moyenne, qu'on
multipliera par son épaiC.
seur, ce qui donnera la soliditédesirée.
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Résumé : Sur la mesure geometrique des Voutes surhaussées, ou des demi spheroïdes oblongs.
Le texte décrit une méthode pour mesurer géométriquement des voûtes surbaissées ou des demi-sphéroïdes oblongs. La procédure commence par mesurer la hauteur du dôme, supposée demi-elliptique, et la doubler. Ensuite, on ajoute le diamètre de la base et on retranche la somme obtenue. Le résultat est multiplié par le reste, et on extrait la racine carrée du produit. Si le double de la hauteur donne la racine carrée, le sinus total fournit un nombre de degrés et de minutes, utilisé pour multiplier le double de la hauteur. Des proportions sont établies entre des nombres absolus et les produits obtenus. Une autre proportion est créée entre la racine du premier article et le double de la hauteur, ainsi qu'entre un quatrième terme et un troisième terme nouveau. À ce troisième terme, on ajoute le diamètre de la base, puis on multiplie la somme par la largeur pour obtenir la surface de la voûte. La surface intérieure est obtenue si les mesures sont prises à l'intérieur, et la surface extérieure si elles sont prises à l'extérieur. Pour déterminer la solidité, on multiplie la hauteur et la largeur au milieu de l'épaisseur pour obtenir une superficie moyenne, que l'on multiplie par l'épaisseur.
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5
p. 30-34
Sur la mesure des Voutes surbaissées, ou des demi spheroïdes applatis.
Début :
1. Ayant mesuré, comme cy-dessus, le dosme qu'on suppose encore [...]
Mots clefs :
Voûtes, Dômes, Géométrie, Mesure
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texteReconnaissance textuelle : Sur la mesure des Voutes surbaissées, ou des demi spheroïdes applatis.
Sur la mesure des Voutessurbaissées,
ou des demispheroidesaplatis,
1. Ayant mesuré, comme
cy-dessus, le dosme qu'on
suppose encore demi elliptique, on dou blera la hauteur qu'on adjoustera avec
la largeur, pour avoir une
somme onosteraaussi de
la mesme largeur la hauteur doublée, pour avoir
un reste;on multipliera la
somme par le reste, & ofi
tirera la racine quarrée du
produit ( ce qui donnera la
distance desfoyers.)
2. Adjoustez la largeurà
cette racine ou distance
des foyers prenez le logaritme de la somme,&ostezen le logaritme du double
de la hauteur, pour avoir
un second reste.
3. Multipliez ce second
reste par le quarré du double de la hauteur, & divisez
tousjours le produit par
3010300 fois la racine quarrée du premier article
,
pour avoir un quotient.
4. Adjouftez la largeur
à
ce quotient; multipliez
la somme par la mesme
largeur, & faites l'analogie
suivante.
5. Si(4000. ) nombre absolu, donnent (3141. absolu) que donnera le produit cy -
dessus ?
il viendra au quatrième terme U
surface du spheroïde elliptique applati, sur laquelle
on fera les mesmes reHc-
xions que pour l'oblong.
Si les dosmes sont à arrestes
,
au lieu de l'analogie si4000. donnent 214.1.
&c. faites cette autre:si huit
foisle demi diamettre de
la base donne son circuit,
que donnera le produit
trouve, &c.
Voicy donc les Réglés
queMrHuygens n'a donnéesqu'en énigme à,sa manicre ordinaire,dans son
Traité de la Pendule, &
par des voyes beaucoup
plus longues:j'en donneray
les demonstrations
quand l'occasion s'en presentera
ou des demispheroidesaplatis,
1. Ayant mesuré, comme
cy-dessus, le dosme qu'on
suppose encore demi elliptique, on dou blera la hauteur qu'on adjoustera avec
la largeur, pour avoir une
somme onosteraaussi de
la mesme largeur la hauteur doublée, pour avoir
un reste;on multipliera la
somme par le reste, & ofi
tirera la racine quarrée du
produit ( ce qui donnera la
distance desfoyers.)
2. Adjoustez la largeurà
cette racine ou distance
des foyers prenez le logaritme de la somme,&ostezen le logaritme du double
de la hauteur, pour avoir
un second reste.
3. Multipliez ce second
reste par le quarré du double de la hauteur, & divisez
tousjours le produit par
3010300 fois la racine quarrée du premier article
,
pour avoir un quotient.
4. Adjouftez la largeur
à
ce quotient; multipliez
la somme par la mesme
largeur, & faites l'analogie
suivante.
5. Si(4000. ) nombre absolu, donnent (3141. absolu) que donnera le produit cy -
dessus ?
il viendra au quatrième terme U
surface du spheroïde elliptique applati, sur laquelle
on fera les mesmes reHc-
xions que pour l'oblong.
Si les dosmes sont à arrestes
,
au lieu de l'analogie si4000. donnent 214.1.
&c. faites cette autre:si huit
foisle demi diamettre de
la base donne son circuit,
que donnera le produit
trouve, &c.
Voicy donc les Réglés
queMrHuygens n'a donnéesqu'en énigme à,sa manicre ordinaire,dans son
Traité de la Pendule, &
par des voyes beaucoup
plus longues:j'en donneray
les demonstrations
quand l'occasion s'en presentera
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Résumé : Sur la mesure des Voutes surbaissées, ou des demi spheroïdes applatis.
Le texte présente une méthode pour mesurer les vitesses surbaissées ou les demi-sphéroïdes aplatis. La procédure comprend plusieurs étapes. Premièrement, on mesure le dosme supposé demi-elliptique, on double la hauteur et on l'ajoute à la largeur pour obtenir une somme. On double également la hauteur pour obtenir un reste. Ensuite, on multiplie la somme par le reste et on extrait la racine carrée du produit, ce qui donne la distance des foyers. Deuxièmement, on ajoute la largeur à cette racine et on prend le logarithme de la somme. On soustrait le logarithme du double de la hauteur pour obtenir un second reste. Troisièmement, on multiplie ce second reste par le carré du double de la hauteur et on divise le produit par 3010300 fois la racine carrée du premier article pour obtenir un quotient. Quatrièmement, on ajoute la largeur à ce quotient et on multiplie la somme par la même largeur pour effectuer une analogie. Le texte mentionne des ajustements spécifiques si les dosmes sont à arêtes. Ces règles ont été données par Mr. Huygens sous forme d'énigme dans son Traité de la Pendule, et des démonstrations seront fournies ultérieurement.
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6
p. 34-43
Supplement au Memoire inseré dans le Mercure de Trévoux de Janvier 1711. Sur les changements arrivez à la surface de la Terre. Par Mr PARENT Autheur du Memoire.
Début :
Pour ne pas grossir trop ce premier Memoire, je me [...]
Mots clefs :
Terre, Surfaces, Couches, Montagnes, Souterrain
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texteReconnaissance textuelle : Supplement au Memoire inseré dans le Mercure de Trévoux de Janvier 1711. Sur les changements arrivez à la surface de la Terre. Par Mr PARENT Autheur du Memoire.
Supplément au Mémoire insere dans le Mercure de Trévoux deJanvier 1711.sur
les changements arrive% à
lasurface de la Terre.
Par Mr PARENT Antheur
du Memoire.
Pour ne pas grossir trop
ce premier Memoire,je me
fuis exprèsabstenu d'expliquer alors les causes de
quelquessingularitez qu'-
on trouve dans la Terre,
à différentes profondeurs,
comme des restes de navires
,
differents
u
stancilles,
sçavoir des ferrements, des
tests de pots
3
du charbon
,
&c. différents lits de terre
cultivée, des terres marescageuses
,
des plantes de
toutes especes desechees
,
des animaux secs., ou pe- trisiez, ou feulement terrifiez
,
différents coquillages de mer, despoissons
de mer de toutes especes,
deseichez ou petrifiez, des
grands chemins pavez, &
jusqu'à des Villes entieres,
des squelettes d'hommes,
d'éléphants, de tigres,&c.
je n'ay pas mesme approfondi la cause des embrasements souterrains qui
produisent les tremblemens de terre.Voicy maintenant ce que j'en pense en
deux mots. Premierement
quant aux particularirez de
laTerre corticale, elles démonstrent manifestement
que la surface de la Terre
habitée, s
est trouvée à
toures ces différentes profondeurs, où l'on rencontre les vestiges que nous
venons de citer. Il reste
donc d'expliquer de quelle
maniere ces différentesfurfaces ont par succession de
temps esté couvertes de
nouvelles couches de terre ; & cela jusqu'à six ou
sept reprises differentes, ôc
jusqu'à la profondeur de
prés de cent pieds. Or il
suffit pour expliquer toutes
ces couches de concevoir
que la Terre a
esté formée à différentes fois, par
un concours d'atofmes qui
tendent tous vers son centre par leur pesanteur
,
Ôc
cela dans des intervalles
de -
temps fort esloignez
les uns desaurres; &jene
trouve point qu'il soit plus
difficile
,
ny moins physique, de la concevoir ainsi
formée, que de supposer
qu'elle ait esté formée tout
de suite, sans interruption,
jusqu'à la grosseur où nous
la trouvons aujourd'huy.
Mais outre cette cause génerale, &que tout le monde peut aisément deviner,
il y en a une seconde particulière
,
un peu plus cachée. Ce sont les pluyes
extraordinaires, ou delu-
ges d'eauxtombées sur les
montagnes, qui doivent en
avoir détrempé & emporté les terres labourables
dans les vallées
,
& les y
avoir déposées pendant
leurs inondations. Ainsi
une de ces premieresinondations aura couvert la premieresurface de la Terre
d'une seconde surface; &
celle cy aura enseveli fous
elle tout ce qui se trouvoit
sur Il premiere
,
plantes,
animaux, coquillages, ustancHes, Villes
,
&c. qui
se seront par succession ou
corrompus, ou déseichez,
ou mesme pérrifiez
,
selon
la nature de la Terre
,
où
toutes ces choses se feront
trouvées. Parce moyen les
vallées se feront élevées
peu à peu, à mesure que les
Commets des montagnes se
feront dépoüilleet de leurs
terres; & les mers auront
(fié obligées de s'éloigner.
en me sme temps du pied
des montagnes. Il n'y a
rien aureste encela quine
soit conforme à l'experience journalière, & il ne ferait pas difficile d'en apporter
porter quantité d'exemples connus.
A l'égard des embrasementssousterrains, la cause generale n'est pas différente de celle qui fait allumer le Tonnerre) le foin
dans les granges; la va-
,
peur qui sort de la fameuse
fontaine de Varsovie, ou
des lacs qui sont sur une
des montagnes d'Auvergne
,
ou sur une des Pyrenées,ou de ces puits de feu
Ci communs'à la Chine.&c.
sçavoir que quand l'exhalasson sulphurée est asem-
bleeenassez grande quan- tité pour pouvoir ecarter
l'air environnant, cjlefidu
feu. Il est vray que ces
feux échauffent les eaux
sousterraines, & leur font
jetter quantité de vapeurs,
qui estant poussées par la
violence du feu
,
ont une
force prodigieuse pour se
faire jour, & rompre tous
les obstacles qui les resserrent, ainsi qu'on l'éprouve
dans. les, Eolipiles qui crevent comme des bombes.
Il y a
aussi quelques eau..
fçî. particulieres qui peu.
vent allumer du feu,comme des meslanges d'eau,
de matiere ferrugineuse,
& de souffre(ainsi que Mr
Emery le rapporte) & autres fermentations encore
inconnuës; & mesme lorsque l'exhalaisonest fort
seiche comme dans les mines de charbon, la deule
cheute d'une pierre sur une
autre, sufffit pour faire un embrasement épouventable.
les changements arrive% à
lasurface de la Terre.
Par Mr PARENT Antheur
du Memoire.
Pour ne pas grossir trop
ce premier Memoire,je me
fuis exprèsabstenu d'expliquer alors les causes de
quelquessingularitez qu'-
on trouve dans la Terre,
à différentes profondeurs,
comme des restes de navires
,
differents
u
stancilles,
sçavoir des ferrements, des
tests de pots
3
du charbon
,
&c. différents lits de terre
cultivée, des terres marescageuses
,
des plantes de
toutes especes desechees
,
des animaux secs., ou pe- trisiez, ou feulement terrifiez
,
différents coquillages de mer, despoissons
de mer de toutes especes,
deseichez ou petrifiez, des
grands chemins pavez, &
jusqu'à des Villes entieres,
des squelettes d'hommes,
d'éléphants, de tigres,&c.
je n'ay pas mesme approfondi la cause des embrasements souterrains qui
produisent les tremblemens de terre.Voicy maintenant ce que j'en pense en
deux mots. Premierement
quant aux particularirez de
laTerre corticale, elles démonstrent manifestement
que la surface de la Terre
habitée, s
est trouvée à
toures ces différentes profondeurs, où l'on rencontre les vestiges que nous
venons de citer. Il reste
donc d'expliquer de quelle
maniere ces différentesfurfaces ont par succession de
temps esté couvertes de
nouvelles couches de terre ; & cela jusqu'à six ou
sept reprises differentes, ôc
jusqu'à la profondeur de
prés de cent pieds. Or il
suffit pour expliquer toutes
ces couches de concevoir
que la Terre a
esté formée à différentes fois, par
un concours d'atofmes qui
tendent tous vers son centre par leur pesanteur
,
Ôc
cela dans des intervalles
de -
temps fort esloignez
les uns desaurres; &jene
trouve point qu'il soit plus
difficile
,
ny moins physique, de la concevoir ainsi
formée, que de supposer
qu'elle ait esté formée tout
de suite, sans interruption,
jusqu'à la grosseur où nous
la trouvons aujourd'huy.
Mais outre cette cause génerale, &que tout le monde peut aisément deviner,
il y en a une seconde particulière
,
un peu plus cachée. Ce sont les pluyes
extraordinaires, ou delu-
ges d'eauxtombées sur les
montagnes, qui doivent en
avoir détrempé & emporté les terres labourables
dans les vallées
,
& les y
avoir déposées pendant
leurs inondations. Ainsi
une de ces premieresinondations aura couvert la premieresurface de la Terre
d'une seconde surface; &
celle cy aura enseveli fous
elle tout ce qui se trouvoit
sur Il premiere
,
plantes,
animaux, coquillages, ustancHes, Villes
,
&c. qui
se seront par succession ou
corrompus, ou déseichez,
ou mesme pérrifiez
,
selon
la nature de la Terre
,
où
toutes ces choses se feront
trouvées. Parce moyen les
vallées se feront élevées
peu à peu, à mesure que les
Commets des montagnes se
feront dépoüilleet de leurs
terres; & les mers auront
(fié obligées de s'éloigner.
en me sme temps du pied
des montagnes. Il n'y a
rien aureste encela quine
soit conforme à l'experience journalière, & il ne ferait pas difficile d'en apporter
porter quantité d'exemples connus.
A l'égard des embrasementssousterrains, la cause generale n'est pas différente de celle qui fait allumer le Tonnerre) le foin
dans les granges; la va-
,
peur qui sort de la fameuse
fontaine de Varsovie, ou
des lacs qui sont sur une
des montagnes d'Auvergne
,
ou sur une des Pyrenées,ou de ces puits de feu
Ci communs'à la Chine.&c.
sçavoir que quand l'exhalasson sulphurée est asem-
bleeenassez grande quan- tité pour pouvoir ecarter
l'air environnant, cjlefidu
feu. Il est vray que ces
feux échauffent les eaux
sousterraines, & leur font
jetter quantité de vapeurs,
qui estant poussées par la
violence du feu
,
ont une
force prodigieuse pour se
faire jour, & rompre tous
les obstacles qui les resserrent, ainsi qu'on l'éprouve
dans. les, Eolipiles qui crevent comme des bombes.
Il y a
aussi quelques eau..
fçî. particulieres qui peu.
vent allumer du feu,comme des meslanges d'eau,
de matiere ferrugineuse,
& de souffre(ainsi que Mr
Emery le rapporte) & autres fermentations encore
inconnuës; & mesme lorsque l'exhalaisonest fort
seiche comme dans les mines de charbon, la deule
cheute d'une pierre sur une
autre, sufffit pour faire un embrasement épouventable.
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Résumé : Supplement au Memoire inseré dans le Mercure de Trévoux de Janvier 1711. Sur les changements arrivez à la surface de la Terre. Par Mr PARENT Autheur du Memoire.
Le texte, rédigé par M. Parent, est un supplément au Mémoire inséré dans le Mercure de Trévoux de janvier 1711. L'auteur y décrit diverses singularités trouvées à différentes profondeurs dans la Terre, telles que des restes de navires, des ustensiles, des charbons, des lits de terre cultivée, des plantes et des animaux desséchés ou pétrifiés, des coquillages, des poissons, des chemins pavés, des villes entières, et des squelettes d'hommes et d'animaux. Il ne s'attarde pas sur les causes des embrasements souterrains produisant les tremblements de terre. L'auteur propose que la surface habitée de la Terre a été à diverses profondeurs et que ces différentes surfaces ont été couvertes par des couches de terre successives. Il suggère que la Terre s'est formée par un concours d'atomes attirés vers son centre à des intervalles de temps éloignés. En plus de cette cause générale, il mentionne les pluies extraordinaires ou déluges qui ont détrempé et emporté les terres des montagnes vers les vallées, couvrant ainsi les surfaces précédentes. Concernant les embrasements souterrains, l'auteur compare leur cause à celle de l'allumage du tonnerre ou du foin dans les granges. Il explique que l'exhalaison sulfureuse, en quantité suffisante, peut écarter l'air environnant et provoquer un feu. Les vapeurs ainsi produites peuvent avoir une force prodigieuse, rompant tous les obstacles sur leur passage. Il mentionne également des mélanges spécifiques d'eau, de matière ferrugineuse et de soufre pouvant allumer du feu, ainsi que des fermentations inconnues. Même une chute de pierre peut suffire à provoquer un embrasement dans des mines de charbon.
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7
p. 44-47
D'une espece d'homme marin, pesché au Conquet.
Début :
Mr Savary Ecrivain de Vaisseau, m'a dit qu'en l'année [...]
Mots clefs :
Vaisseau, Monstre marin, Homme de mer
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texteReconnaissance textuelle : D'une espece d'homme marin, pesché au Conquet.
D'une espece d'homme mariny
pesche ait Conquet.
r>
- Mr Savary Ecrivain de
Vaisseau
,
m'a dit qu'en
l'année 1703. ilassistaàune
pesche qui Ce fit au Conquec> dans laquelleon prit
un Monstremarin
,
semblable en toutes choses à
un enfant de deux ans, &
de la mesmegrandeur
:
sa
peau estoit brune.& sans
poil, comme celle d'un
Chien de mer. Il avoit les
doigts des mains & des
pieds aussi fendus que ceux
d'un Singe, ôc armez d'ongles
,
mais sans toiles. Il
portoic au haut des bras,
& sur les os des jambes des
nageoires comme un poisson. Il ne pouvoit se tenir
debout, ne criait point, ne
remuoic point ses yeux qui
estoientronds comme ceux
d'unpoisson, sans sourcils,
ny paupieres. Il n'avoit
pour oreilles que deux
trous; sa bouche estoit plate,
son nez & son menton
allongés
,
sa teste ronde &
sans poil;il battoit continuellemenfidesjbras & des
jambes comme pour nager. Il ne vécut qu'une demi journée hors de l'eau.
Mr Savary m'a asseuré
que les fleurs du Ménay
Lieutenant de Vaisseau
, Claron Pilote du Conquer,
ôc plusieurs autres, particulierement les Religieux
de saint Matthieu de ce
lieu, l'ont veu&examiné,
de mesmequequantité
d'anciens Officiels de mer, quiaffeurent n'avoir jamais rien veu de pareil.
::.
Ce Metnoire'noiis|^eftç
communiquépar Mj~'F~
rent
,
à qui Mr Savary a
raconté la chose de vive
voix, telle que nous la
rapportons.
pesche ait Conquet.
r>
- Mr Savary Ecrivain de
Vaisseau
,
m'a dit qu'en
l'année 1703. ilassistaàune
pesche qui Ce fit au Conquec> dans laquelleon prit
un Monstremarin
,
semblable en toutes choses à
un enfant de deux ans, &
de la mesmegrandeur
:
sa
peau estoit brune.& sans
poil, comme celle d'un
Chien de mer. Il avoit les
doigts des mains & des
pieds aussi fendus que ceux
d'un Singe, ôc armez d'ongles
,
mais sans toiles. Il
portoic au haut des bras,
& sur les os des jambes des
nageoires comme un poisson. Il ne pouvoit se tenir
debout, ne criait point, ne
remuoic point ses yeux qui
estoientronds comme ceux
d'unpoisson, sans sourcils,
ny paupieres. Il n'avoit
pour oreilles que deux
trous; sa bouche estoit plate,
son nez & son menton
allongés
,
sa teste ronde &
sans poil;il battoit continuellemenfidesjbras & des
jambes comme pour nager. Il ne vécut qu'une demi journée hors de l'eau.
Mr Savary m'a asseuré
que les fleurs du Ménay
Lieutenant de Vaisseau
, Claron Pilote du Conquer,
ôc plusieurs autres, particulierement les Religieux
de saint Matthieu de ce
lieu, l'ont veu&examiné,
de mesmequequantité
d'anciens Officiels de mer, quiaffeurent n'avoir jamais rien veu de pareil.
::.
Ce Metnoire'noiis|^eftç
communiquépar Mj~'F~
rent
,
à qui Mr Savary a
raconté la chose de vive
voix, telle que nous la
rapportons.
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Résumé : D'une espece d'homme marin, pesché au Conquet.
En 1703, au Conquet, M. Savary, écrivain de vaisseau, observa une créature marine capturée lors d'une pêche. Cet être, de la taille d'un enfant de deux ans, avait une peau brune sans poil. Il possédait des doigts fendus avec des ongles, des nageoires aux bras et aux jambes, et ne pouvait se tenir debout. Ses yeux étaient ronds sans sourcils ni paupières, et il avait deux trous à la place des oreilles. Sa bouche était plate, son nez et son menton allongés, et sa tête ronde sans poil. La créature battait continuellement des bras et des jambes comme pour nager et ne survécut qu'une demi-journée hors de l'eau. Plusieurs témoins, dont le lieutenant de vaisseau Ménay, le pilote Claron, des religieux de Saint-Mathieu, et des anciens officiers de mer, confirmèrent avoir vu et examiné cette créature. Le récit fut communiqué par M. F*** à qui M. Savary l'avait raconté de vive voix.
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8
p. 265-300
LES MERVEILLES des Abeilles, ou analyse du fond des Alveoles, dont leurs Rayons sont composez. Par Mr PARENT.
Début :
1. Plusieurs Naturalistes habilles ont admiré la figure exagonale des [...]
Mots clefs :
Abeilles, Rhombes, Alvéoles, Figures, Angles, Sphères, Géométrie
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texteReconnaissance textuelle : LES MERVEILLES des Abeilles, ou analyse du fond des Alveoles, dont leurs Rayons sont composez. Par Mr PARENT.
LES MERVEILLES des Abeilles> ouanayse du fond des Alveoles, dont leurs Rayonssont composez. ParMrPARENT, I#l? Lufieurs Naturalistes habilles ont admiré la figure exagonale des alveoles ou cellules des mouches à miel; mais il ne me fouvienc pas quaucun ait rien écric sur celle du fond de ces cellules merveilleuses, & sur la maniere donc ellesfont as. semblees& opposées entre elles, quoyque ce (bit peut estre tout ce qu'il y à d'admirable dans cesujet, des figures exagonales pouvant estre forméesnaturellement , & par le seul mouvement descorps, sans presupposeraucune connoissance , comme je l'ayexpliqué dans une autre occasion Mais en examinant la figure du fond de ces Alveoles avec application , on trouve qu'elle renferme toute la perfection que l'esprit hu- main, muni de la plus subtile geometrie peut imaginer. Car elles ont de toutes les figures qu'elles pourroient recevoir la plus reguliere, par consequent la plus belle , & la plus aisée à bastir, & aussi la plus logeable, à moindres frais, ou la plus spatieuse , avec mesme surface, la plus aisée à s'y tourner en tout sens , & en mesme temps la plus solide , quiest tout ce quele plus habile Archirecte pourroit souhaiter. C'est ce qui ma fait penser que te public ne seroit peutestre pas fasché que je luy communiquasse mes re flexions fijr un sujet aussi curieux, & qui semble nous ouvrir une voye à la connoissance de l'ame des bestes; d'autant plus que j'espere l'y faire parvenir par la voye la plus abrégée , laquelle estant exempted'Algèbre, ôc de triangles spheriques, (quim'ont servi à - le developer)lemet à la portée de ceux qui ont les moindres teintures dela geometrie. 2.. Soit donc BSDTFR la base d'un tuyau prifmatique exagonal perpendiculaire à son axe VOI, lequel tuyau represente une des Alvéoles des Abeilles. Spit X le cenrre de cette bafe : soient R A K , BI,SCM,DN,TEP&FQ les six cotiez ou arestes des faces de l'Alveole; qu'on suppose veuë si l'on veut par le dedans,l'œil respondant directement au point V de la bafe qui est entre son centre X & sa circonférence , si l'on prend un point Ofùrl^âxc VOIau dessousde cette bafe, duquel onmene trois plans par les rrois collez BF,BD,DF,dutriangle équilateral inscrit à l'exagone, sçavoir AB O Fqui coupe AFenA; & les deux faces KAFQ, KABL, de l'Alveole enAF&AB; BODC qui coupe CMen Ç9 & les faces~BCML, DCMN en RC , & CD; DOFEqui coupe EPT enE , &les faces NDEP,PEFQ,enDE, EF ; ces trois plans se cou- pant les uns les autres dans les droites OB, OD,OF; le fond de l'Alveole se trouvera fermépartrois rhombesOBAF,ODEF,ODCB, qui feront égaux &semblables en tout, comme il est assez évident;car FB, par exemple , estant le costé' du triangle équilateral inscrit à l'exagone , si l'on mene le rayon XR de , l'exagone qui rencontre BF perpendiculairement: dans son milieu G, & qui est égal au rayon X F; on aura ( à cause de l'angle. XFG de trente degrez) X G égale à la moitié de XF, & par consequent aussi à la moitié de XR; menant donc encore la droite OA, elle rencontrera XRau point G,carelles font toutes deux dans le plan des paralleles VOI, KAR) & ne scauroient avoir que G de commun. On aura donc ( à cause des triangles rectangles semblablesAGR,XGO)l'analogie (QG: GA::XG'• GR. ) Donc G est le milieu des deux droites AO, FB. M Ainsi,) àcause des angles opposezégaux AGF,BGO, & AGB, OGF, ilest évident que les deux triangles AGF, BGO, & AGB,FGO, font parfaitement égaux ; c'est pourquoi AF est parallele &égale à OB,&AB, àFO: doncABOFestun Rhombe, puisque OB & OFsont égales. On prouvera de mesme que ODEF, OBCD font aussi des Rhombes; & d'aiileurs la régularité de la construction fait voir que ces 3. Rhombes font égaux en tout. 3. Il ne s'agit donc plus maintenant, que de trouver quelle doit estrel'inclinaifon des Rhombes B AFO,DEFO,DOBC, sur l'axe VOI,afin que l'Alveole ait toutes les persections dont on a parlé cy-dessus. Pour y parvenir je considerequ'à mesure qu'on prend le point A sur K AR plus proche de K, pour mener les droites AF,AB,( ou ce quiestle mesme , à mesure qu'on prend le point O plus audessous de X pour mener la faceABOF,) l'angle B A F devient moindre que l'angle BRF de 120. degrez , & l'angle F A K ou BAK , plus grand que l'angle droit ARF ou, A RB ; c'est pourquoy on peut prendre ces points A & O à telle distance de R ou X , que les 3. angles autour de A, feront égaux; ce qui est une des conditions proposées à trouver, &laplussimplede toutes: Et l'on verra ensuite que toutes les autres perfections en derivent, & que la prudente, & subtile Abeille ne s'y trompe jamais. Or je dis qu'il faut que pour cet effet ARou OX, (car ces 2. lignes font égales, puisque GXest égale à GR) soit le tiers de A F;ce.quiestàlavérité une équation d'Algèbre à réfoudre , puisque ces 2. lignes sontinconnues. Mais supposant la chose telle, le quarré de AR que je suppose valoir, I, estans I, celuy de A F vaudra 9, & celuy deF R 8.(à cause de l'an.;, gle droitA RF.) Mais Yans gleRFGestantde 30. degrez, demesme queXFG; 1,G fera la moitié de RF & son quarré fera le quart deceluy de RF, c'est à-dire qu'il vaudra 2; donc celuy de A G fera de3 )( à cause de l'angle droit AR G,) & celuy de F G de6. tà causedel'angle droit A - GF , ou,RGF,) donc le quarré de A G fera la moitié deceluy de FG, ou celuy de A O la moitié de celuy deFB.AinsiAOfera à F B, comme le costé d'un quarréest à sa diagonale. Si l'on mene maintenant AHsurFR qui fasse l'angleHARégalàFAG,les triangles rectangles ARH, AGF, feront semblables ; ainsi le quarré de AR fera aussi le double de celuy de HR, qui par conséquent vaudraiSciera la seiziéme partie de celui de RF Aui vaut 8. donc RH serale quart de RF, & le tiers de HF , demesmequeARest sup posée le tiers de AF; ainsi l'angle RAF fera double de l'angle RAH & double de AFG. Donc RAFfe- ra égal à AFO com plément au demi cercle de BAF(àcauseduRhombe BAFO. ) Mais le mesme R AF est le complement au demi cercle de l'angle K AF;donc les anglesBAF , KAF , & par consequent aussi KAB feront égaux, ce qu'il falloitprouver. Si l'on confidere maintenant que les angles alternes FA R, AFQ, font égaux, (à cause des parallèles KAR, QFO)on verra aussi-tost que les angles AFO,AF Q; & parconsequent aussi EFO , EFQ, font encore égaux, & les complemens au demi cercle des angles autour de A, donc les n. angles plans autour de B, F,D, font touségauxen- t'reux, de mesme que les îr. autour de A,C,E,O, & les uns font les complemens des autres au demi cercle. 4. De plus on ne peut douter que les Angles des faces autour de ACEO ne soient encore égaux entr'eux;de mesme qu'autour de BDF; puisqu'iln'y a a aucune raison, pourquoy quelqu'un feroit plus grand ou ,moindre que les autres, dumoment que touslesangles plansysont égaux ; & qu'ondémontre qu'un trian gle spherique quiales troiscostez égaux, a aussi les trois angles égaux -, donc tous les angles des faces, & du fond de l'Alveole,ou ses iy arestes font de 120.degrez chacune, puisque ceux de son contoursçavoir, BRF) BSD, SBR &c, ont cette valeur. D'ou il fuit évidem- ment que cette figure est plus commode pour se loger , que si les angles estoient inégaux; & que de plus une mesme Sphère en peut toucher toutes les faces. Or elle touchera celles du fond dans leurs centres G., Y, Z, & son centre fera sur l'axe VOI , comme en I, ensorte que les perpendiculaires IG, IY,IZ)'(eronc égales à ses rayons ce qui est évident par l'égalité desangles des faces & des Rhombes.Ainsila figure du fond de ces Alveoles doit participer de celle de cette Sphere , qui est de contenir plus d'espace que tout autre, qui auroit mesme surface &un mesme nombre de faces. 5. Pourconnoistre maintenant les angles BAF , AFO , des Rhombes , & en général tous les angles tant obtusqu'aigus autour des points A,C)E"0)lk B, D, F,on se souviendra de ce qu'on vient de voir; que le quarré de AF, étant de 9 celui de AG vaut 3, celui de FG , 6 , celui de FR, 8,ainsi celui de AO vaudra12,, & celui BF 24; parconséquentces4.quarrez feront entr'eux comme les nombres9. 8-11.2.4. & les lignes AF, RF, AO,FB, comme lesnombres3. 2R2.2R3.&2R6.)ou, Rt.R3.R6) connoissant donc les raportsdescostez FA,FO, AG, qui fontles finus des angles opposez, , dans le triangle rectangle : AGF, on aura aussi-tofi la valeur de ses angles aigus , qui font les moitiés des angles du Rhombe. Ou pluitolt prenant AR qui vaut 1. pour finustotal,ôc RF qui eu la racine de 8. oui 2R2. ) pour la tangente de l'angle FAR égal AFO on en tirera l'analogie ( si 1. donne 2. R 2.. combien 100000 )dontle quatrième terme 182842. est la tangente de 70. degrez 32.minutes 8. ou de AFO, ce qui fait voir que son complément BAF est de L09. d.28. ,min.conformémentaux experiences que les sçavants Mrs. de Cassini & Maraldi en ont faites avec toute la justesse que des figures aus si petites que celles de ces Alvéolés peuvent recevoir. Car ces Mefifeurs m'ont assuré les avoir toûjours trouves; de 70. & de 110. degrez. Je leur dois au reftecettejustice d'avouerque je leur ai l'obligation de m'avoir tiré de l'erreur où j'etois, que les Abeilles travaillassenten commun, & non feulesà seules comme elles font -,& quelles fissent'leurs Alvéoles plates parie fond; & de m'avoir par-là doané occasiond'ii magmer quelle devoit estre donc la figure du fond de ces cellules qui renfermoit le plus de perfection. Il est bon d'ajouster cnco. re icy qu'on peut parvenir à la connoissance du fond de ces cellules en fupofanc d'abord les angles en AEF chacun de 120. degrez concevant chacun de ces points au centre d'une Sphère, & les rayons A,B, AB, AK, AF, prolongées jusquà sa surface , ce qui donnera un triangle spherique à résoudre , dont chaqueangle fera de 120: degrez &dontontrouvera les costez de 109. degrez 28. minuteschacun, , 6. Il restemaintenantAc Faire voir quelafigure exagonale de ces cellulesleur a donne plusde régularité , que toute autre imaginable. Pour cet effet il est premierement évident quelles ne .peuvent avoir outre la figure exagonale , que taquarree,ou la triangulaire; puisqu'il n'y aque ces 3. figures régulières qui j>ui(Tenç feules couvrir un plan quarré , ou d'un triangulaire , ( comme nous avons fait ceuxd'un exagonal) parles milieux des cotez de sà bafe, les faces du fonds ; feront avec celles du contour des angles obtus; tandis que ces derniers en font de droits entrelles, ou de 60. degrez. Ainsi ces cellules triangulaires ou quarrées auroient moins de regularité & de commodité que les exagonales, & même moins de capacitépour une surface égale, puis quelles auroient un moindre nombre de faces. On peut même tirer de là que les éxagonales ont encore plus de solidité, puis quelles tiennent les unes avec les autres par plus de faces, & que lestuyaux les plusronds sont plus solides que ceux qui ont moins de faces, comme on le voit dans toutes les productions de la nature. 7. Il reste donc de conclure que ces alveoles admirables ont toute la per- , session qu'on pouvoit fou. haiter. Par où l'on voit que l'auteur dela nature, qui conduit ces animaux,Semble nous inviterà approfondir lesfecrets dela Geometrie & de la Physique, bien loin de les'meprHer ,comme font laplupart de ceux qui neconnoissent pasces merveilles. Cest cequima porte à chercher encore la valeur du rayon G de la sphere infcriptible àl'alveole; &pour y parvenir,jeconsidereque cette sphere (touchant les faces de l'alveoleopposées diametralehicnc ;tellesqtffc DC, EF AB,DE;AF, DC, & qui font paralleles entrelles, il est évidentque son diametre doit être égal à la distance de ces mêmes faces. Or cette distance est égale à chacun des côtez BF;, B D, DF, du triangle équilateral inscrit à l'exagone , ou à chacune des grandes diagonales des rhombes ; ce qui est aisé à voir, en ce que de l'angle de l'exagone AEF deno. degrez ôtant l'angle BFD de 60, il reste 60 degrez, dont la moitié est la valeur deIangleEFD ; lequel étant ajoutéà l'angle BFD, donne Fangle-BFE droit, &de même de FBC.Ainsi BFest perpendiculaire à ces mêmes faces, & en est par consequent atiffi la distance. Donc ce diametreest à FR comme R3 a ï , & à FA comme 2R6 à 3, ou comme 6 à —R 6. 8. J'ai été plus loin. J'ai terminé le dessus d'une alvéolé par 3 rhombes égaux & semblables à ceux du fond, en faisent en sorte que les faces du contour fuflènç aussi des rhombes pareils ; ce qui sefait, en prenant les arêtesAK,BL, &c.égales aux cotes des. fbpç&t}es:du fond, & leur menant par KL, &c. des ) paralleles,commeonlevoit dans la figure solide reprefernée en perspective. Ce qui m'a donné un nouveau corps solide terminé par ix rhombestous égaux & femblables, ayant tous les angles de ses faces égaux, & de 120 degrez ; de plus 14 angles plans aigus, chacun de 70 deg. 31. min. & 2.4 obtus, chacun de 109,28, & qui est circonscriptible à ,. une (pbcfe. Il est vrai qu'il a 6 angles solides composez chacun de4anglesplans aigus de70deg. 52. min. chacun, & 8 autres angles solides corpposez de 3 angles plans obtus, chacun de 109 deg. 28 min. Ainsi il n'est pas inscriptible, àune sphere. Ce nouveau corps ta au/ïi deux especes d'axes ; & ecanc coupe perpendiculairement a ceux qui passent par les premiers anglessolides opposez,sça- voir par son centre, la coupe cA toujours un quarré: au lieu que si on le coupe de même perpendiculairement a ceuxqui passent par les derniers opposez,lecoupe est toûjours un exagone. Ce qui fait que ce corps re- presente en tout sens (étant vu selon les derniers axes) des alveoles exagonales >- & étant vu selon les premiers, il represente des alveoles quarrees. 9. De plus, on peut l'environner de iz autres corps - tous pareils, posez sur cha- cuftc de ses faces; en forte qu'il ne restera aucun jour encre ces 13 corps, à cause que les angles de ces mêmes faces font chacun de 110 degrez : d'où il luit que ce nouveau corps (que je nomme dedecaëdre apiain ou rhombique ) peur exactement remplir l'univers; de même que l'exaëdre rhombique; dont le cube ri'est qu'une espece ; ou si l'on veut, de même que l'octaëdre joint avec le tetraedre , comme jel'ai demontré ailleurs. Nous a- vous joint ici le developemenr de ce nouveau dedecaëdre. 9. Enfin il est évident qu'on peut supposer une Sphère en chacun de ces 12, corps environnans qui les touche dans les centres de leursfaces. Ce qui nousfait connoître de quelle maniéré ezspheres doivent être rangées autour d'une treizièmeégale à chacune -d'elles, pour se toucher toutes ; & on voit qu'il n'y en a pas une feule des 13 qui n'en doivetoucher 5. au- -~ ••.7 1: 4 tres, & que de pluselles se touchenttoutes4à 4^.entfin elles sont rangées 6.z:6 autour de grands cercles de la premiere , qui font entr'eux les anglesdes r hombes ci-dessus ; & chaque cercle en a de plus3 dechaque côté dè son plan , qui se tou- chent mutuellement , & quitouchentles ô.xjiji sont toutautour delui.At (a, mirâtiliu*&>
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Résumé : LES MERVEILLES des Abeilles, ou analyse du fond des Alveoles, dont leurs Rayons sont composez. Par Mr PARENT.
Le texte 'LES MERVEILLES des Abeilles' de Mr Parent explore la structure des alvéoles des abeilles, en se concentrant particulièrement sur la forme hexagonale de leur fond. Les naturalistes ont souvent admiré la figure hexagonale des alvéoles, mais peu ont étudié la forme du fond de ces cellules. Parent découvre que cette forme est d'une perfection géométrique remarquable. Les alvéoles ont une forme hexagonale régulière, ce qui les rend esthétiques, faciles à construire et économes en espace. Cette structure assure également une grande solidité et une capacité maximale pour une surface donnée. Le texte décrit en détail la géométrie des alvéoles, utilisant des concepts de géométrie et d'algèbre pour expliquer comment les abeilles construisent ces structures parfaites. Les angles des rhombes formés au fond des alvéoles sont de 120 degrés, et ces rhombes sont égaux et semblables. Parent souligne que la structure hexagonale est la plus régulière et la plus efficace, comparée aux formes triangulaires ou carrées. Par ailleurs, le texte décrit les propriétés géométriques d'un corps solide et ses interactions avec d'autres corps similaires. Lorsqu'on coupe ce corps perpendiculairement à travers ses axes, la section obtenue est un carré si le coupe passe par les premiers angles solides opposés, et un hexagone si elle passe par les derniers angles opposés. Cela signifie que le corps présente des alvéoles carrées lorsqu'il est vu selon les premiers axes et des alvéoles hexagonales selon les derniers axes. Il est possible d'entourer ce corps de 12 autres corps identiques, chacun posé sur une face du corps central. Les angles des faces, chacun mesurant 110 degrés, permettent à ces 13 corps de s'emboîter parfaitement sans laisser d'espace vide. Ce nouvel ensemble, nommé 'dédécacèdre aplain ou rhombique', peut remplir l'univers de manière exacte, similaire à l'hexacèdre rhombique ou à la combinaison de l'octaèdre et du tétraèdre. De plus, il est possible de supposer une sphère en chacun des 12 corps environnants, touchant les centres des faces. Cela permet de comprendre comment les sphères doivent être disposées autour d'une treizième sphère égale pour se toucher toutes. Chaque sphère touche 5 autres sphères, et elles sont organisées en cercles autour de la sphère centrale. Ces cercles forment des angles rhombiques et chaque cercle a trois autres cercles de chaque côté de son plan, qui se touchent mutuellement et touchent ceux qui sont autour d'eux.
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9
p. 73-98
DISCOURS préliminaire sur la lumiere.
Début :
Quoyque ce discours ne soit pas une piece complette, ny [...]
Mots clefs :
Miroirs, Lumière, Yeux, Esprit, Animaux, Objets, Obscurité, Cerveau, Matière, Corps lumineux
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS préliminaire sur la lumiere.
DISCO U R S
préliminaire fur la
lumiere.
QUoyque ce difcours ne
foit pas une piece com-.
plette , nyabfolument nouvelle , on n'a pas cru cependant devoir la laiffer
dans l'oubli non feulement parce qu'on y expli
que unfyfteme de la lumiere qui commence à avoir
de la vogue , mais encore
parce que la fuite va paFuillet 17120 G
74 MERCURE
roiftre inceffamment dans
un troifiéme volume des
effais & recherches de Mathematique & de Phyſique.
Premierement pour ce qui
regarde la nature de la lumiere , il n'eft rien aujour
d'huy de plus univerfellement reconnu que l'erreur des anciens Philofophes. Car fi on dit avec
quelques- uns que c'est une
qualité fenfible , fans expliquer quelle eft la nature & l'origine de cette qualité , il est évident que par
cette reſponſe , on ne nous
1
GALANT. 75
rend pas plus fçavans de
rien ; puifqu'il faudroit eftre aveugle pour ne fçavoir
pas que la lumiere eft fenfible & ennemi de la
clarté ,
ſe contenter , pour
des termes de qualitez occultes. Si on prétend avec
quelques autres que la lumiere n'eft autre chofe qu'-
une émanation d'efprits
animaux , qui fortant de
nos yeux , vont parcourir ,
& pour ainsi dire , vifiter
tous les objets qui font au
devant de nous pour en faire enfuite un fidelle rapGij
78 MERCURE
port à l'ame. Dans quelle
obfcurité ne tombe-t - on
pas, de prétendre qu'il puft
fortir d'un reſervoir aufli
borné , que l'eft celuy du
cerveau d'un animal , affez
de particules de matiere
pour s'eftendre non feulement à tous les corps qui
font autour de nous , dans
une diſtance de huit ou dix
lieuës à la ronde , mais
mefme jufques à la Lune ,
au Soleil , &juſques au Firmament , & de vouloir que
la viteffe de ces efprits ſoit
affez grande , pour parcou
1
GALANT. - 77
rir de tels efpaces deux fois
dans un clin d'œil , c'eſt àdire , dans un inftant fenfible ? Mais quand mefme
on leur accorderoit ces
deux paradoxes , quelle eft
la connoiffance de ces particules de matiere , pour
examiner les figures des
objets; & quelle eft leur memoire , pour retrouver les
yeux d'où elles font forties,
& pour en faire un fidelle
rapport à l'ame ? Pourquoy
ces meffageres ne nous
rendent - elles compte que
de la partie des corps qui
G iij
78 MERCURE
nous regarde , & non pas
auffi de celle qui eft derriere ces mefmes corps ?
Pourquoy ces efprits lumineux ne peuvent ils pas
faire leur effet , auffi bien
tandis que le Soleil & la
Lune font fous l'horizon ,
que lorsqu'ils font deffous ?
Eft - ce qu'ils ont quelque
fecrette fympathie avec ces
deux aftres , pluftoft qu'avec une infinité d'autres ,
dont le Ciel paroiſt parſemé pendant la nuit ? Ontils quelque antipathie pour
les ombres des corps, pour
GALANT. 79
ne s'y porter jamais qu'en
petite quantité, & avec peu
de force , quoyque d'ail .
leurs nos yeux foient expofez à la lumiere."
Enfiu posé que nos of
prits animaux fuffent en
affez grande quantité , qu'-
ils euffent toute la viteffe
neceffaire , & toutes les
connoiffances , & la memoire requifes , pour une
vifion parfaire , ce feroit
encore une preuve tres- infuffifante pour nous convaincre qu'ils font ce qu'on
doit entendre par la lumieG iiij
80 MERCURE
re naturelle. Car l'experience journaliere nous oblige toujours d'avouer qu'il
fort des corps lumineux
quelque chofe qui eft ca
pable de produire des effets
qu'on ne peut attribuer
qu'à des corpufcules , tels
que font ceux d'echauffer
de brufler , de fondre , &
de vitrifier toutesfortes de
corps , mefme l'or & les
diamants ; & d'où il n'eft
pas impoffible au contraire
de deduire tous ceux que
ces anciens Philofophes
attribuoient aux efprits lu-
GALANT.
81*
mineux des animaux , ou à
des qualitez encore plus.
occultes , comme vous allez le voir maintenant.
Bien loin donc , de tirer
de nos foibles yeux la lumiere mefme qui doit les
éclairer , & de nous rendre
avec les Anciens par ce
procedé fufpects en quel
que façon d'arrogance
nous irons chercher fonorigine dans les corps mefmes.
qu'on appellelumineux, tels.
que le Soleil , la Lune , lés
Etoilles , une chandelle &
autres de mefme nature..
1 82 MERCURE
,. que
Et nous fommes portez à
prendre ce parti avec d'autant plus de raiſon
nous avons par l'experience journaliere, que plus
il y a de corps lumineux.
dans un mefme lieu , &
plus ils font vifs ou ardents;
plus nos yeuxenfont éclairez ; & tout au contraire à
mefure qu'on diminuë le
nombre & la force des
corps lumineux , la vifion
s'affoiblit. On a une preuve inconteſtable de cette
émanation de lumiere des
corps lumineux dans les
1
>:
GALANT. 83
miroirs ardents , qui eſtant
expofez directement à des
corps lumineux , raffemblent leur lumiere , & la
répandent en abondance
fur les objets qu'on veut
éclairer fortement. Mais
ce qui mefemble détruire
entre autres chofes, le ſyſtefmedes efprits lumineux des
Anciens, c'eft qu'on nelaiffe
pas quelquefois de voir fort
clair , quoyque le corps lumineux foit abfent, comme
il arrive pendant le temps.
de l'aurore & du crepufcule , c'est- à-dire, par l'efpace
84 MERCURE
de près de deux heures le
matin , & le foir dans les
longs jours d'Efté de ces
contrées; à moins qu'on ne
vouluſt dire que ces efprits
lumineux n'ont pas befoin .
alors abfolument du Soleil pour nous faire voir
clair ; mais la refponfe eft
aisée , car pourquoy cette
prétendue dépendance des
efprits animaux à l'égard
des corps lumineux n'auroit - elle lieu que pendant
le jour , & cefferoit- elle au
lever de l'aurore, ou au cou--
cher. du Soleil.
GALANT. 85
On nene peut cependant , fe difpenfer ablolument d'avouër icy en faveur des anciens partiſans
des efprits lumineux , qu'il
y a des yeux de certains
animauxd'où ilfemblefortir quelque chofe de fort
femblable à de la lumiere.
car outre que nous enfommes témoins en quelque
façon par nous - mefmes ,
quand nous regardons la
Ruit les yeux de quelque
animal nocturne comme
ceux des lapins, des hiboux,
& autres , principalement
86 MERCURE
fi ces animaux font carnaciers , tels les loups , les
renads , les tigres. Il paroift d'abord fort difficile.
d'expliquer fans le ſecours
de ces efprits , comment.
ces animaux pourroient
courirpendant la plus fombre nuit , avec autant de
rapidité qu'ils font , ſoit
pour le fauver
chaffer leur proye au travers des bleds , des vignes,
des bois , & des broufailles,
ou pour s'affembler , &
comment tant d'autres
ou pour
pourroient paſſer la moitié
GALAN . 87
de leur vie , enfermez dans
des terriers , ou tanieres, ou
dans des caves tres obfcures. D'un autre cofté il
femble qu'on peut tresbien douter auffi qu'il forte aucune telle lumiere des
yeux de ces animaux lorfque tout corps lumineux
eft abſent , comme chacun
peut s'en convaincre par
experience , & comme je
l'ay experimenté plufieurs
fois fur les chats , quoyqu'on foit affez communement perfuadé du contraire.
88. MERGURE
Mais après tout cette
prétenduë lumiere , quand
mefme elle viendroit de
ces animaux , eft tres- rare ;
& on ne peut pas meſme
dire qu'elle leur ſerve de
quelque chofe pendant le
jour, puifqu'elle difparoift
alors à nos yeux. A combien plus forte raifon donc
doit- on conclure que la lumiere qui nous éclaire
dant le jour ou la nuit , ne
vient pas de nos yeux, puifque dans quelque occafion que ce foit , on n'en
voit rien fortir de pareil.
penDe
GALANT. 89
De plus , il eft certain
que la lumiere qu'on raf
femble avecles miroirs ardents expofez directement
aux corps lumineux , agit
fur les corps , comme on
l'a dit cy- deffus , & comme on le peut voir au mo
yen du grand miroir de
métal qui eft à l'Obfervatoire , & d'un autre de verre
qui eft au Palais Royal,
avec lesquels onfond , on
vitrifie , & on calcine en
tres peu de temps toutes
fortes de corps , fans qu'il
foit neceffaire de recourir
Fuillet 17120 H
90 MERCURE
aux hiftoires fabuleuſes ,
qui pour relever l'excellen
ce des inventions d'Archimede nous racontent qu'il
brufloit du haut des murs.
de Siracufe , les vaiffeaux
des Romains qui la tenoient affiegée ; il faut
donc eftablir pour principe , que la lumiere eſt un
corps materiel comme les
corps mefmes , fur lesquels
elle agit , avec cette difference cependant , que fa
fubtilité , fa viteffe , & fa
fluidité , font prefque inconcevables , & qu'elle
émanedu corps lumineux ,
GALANT. 91
& non pas de nos yeux.
Quant à la fubtilité de
la lumiere , il faut qu'elle
foit extrême pour penetrer
en auffi peu de temps les
corps les plus durs & les
plus ferrez , comme les cryftaux, les diamants , & pref
que toutes les autres pierres précieuſes , fans parler
des nœuds des bois réfineux qu'elle penetre quelquefois juſqu'à l'épaiſſeur
de plus d'un pouce. Les
corps fluides ne font pas
plus à l'épreuve de ſa ſubtilité , que ceux dont on
Hij
94´ MERCURE
vient de parler ; & on peut
dire mefme queles yeuxde
la plufpart des poiffons leur
feroient prefque inutiles ,
s'ils ne pouvoient s'en ſervir que vers la fuperficie ·
de l'eau , & non pas au fond
des abysmes de la mer, où:
ils trouvent leur nourritu
re. Car il eft prefque inoui ,
qu'on ait apperceu aucune
lumiere fortir des yeux des
poiffons , ou des monstres
marins , quoyque pendant
la nuit les écailles de plufieurs en répandent en
abondance.
A l'égard de la viteffe
GALANT. 93 .
de la lumiere elle n'eft pas
moins prodigieufe que fa
fubtilité ,
puifqu'elle parcourt dans un temps fort
petit comme de deux heures environ des efpaces immenfes , tels que celuy qui
eft entre Saturne , c'est- àdire , entre la plus haute
Planette & la terre ; deforte qu'il n'y a aucune viteſſe
fenfible fur la terre , foit
d'une fleche ou d'un boulet de canon, qui ne foit à
l'égard de celle de la lu
miere moindre , que celled'une tortue ou d'un lima,
*
94 MERCURE
çon à l'égard de celles là.
On peut s'en convaincre
en confiderant de combien
la lumiere de la flamme
d'un canon précede le coup
fon boulet donné à une demielieuë du canon. Enfin
que la lumiere foit uncorps
tres fluide , perfonne n'en
doit douter , puifqu'elle
n'empefche aucunement
les divers mouvemens des
corps qui fe trouvent entre l'œil & le corps lumineux.
La nature de la lumiere
eſtant donc ainſi eſtablie ,
GALANT. 95
fçavoir qu'elle eft un corps
fluide , tres- rapide , &tresfubril , & eftant certain
aufli qu'elle dérive des
corps qu'on appelle lumineux , comme on l'a prouvécy- devant , il nous refte
d'expliquer de quelle maniere elle eft contenue
dans le corps lumineux ,
comment elle en découle
dans nos yeux , & enfin
comment nous appercevons parfon moyen tout ce
qui compofe ce qu'on appelle le monde. vifible.
Pour vous faire connoif
96 MERCURE
tre de quelle maniere elle eft contenue dans le
>
corps lumineux-, j'eſtabli
ray pour principe que le
corps lumineux , ou du
moins fa fuperficie , n'eſt
autre chofe qu'un amas de
matiere fort fubtile , forts
agitée , & tres fluide , lequel eft environné d'air ,
ou de quelque autre matiere fluide plus groffiere ,
qui le preffant de tous coftez lui fait prendre la figure
ronde fous laquelle il nous
paroift.Jefuppoferay encore que l'air que nous refpirons ,
GALANT. 97
rons , auffi bien que la
region aërée qui s'étend tout
autour de la terre à l'infini ,
font remplis de la matiere
que j'ay dit eftre la lumiere , laquelle lumiere doit
eftre differente de celle qui
compofe le corps lumineux , puiſqu'il a des bornes , & que celle - cy n'en
a point. Cecy eſtant ſupposé , voicy comme j'explique de quelle maniere
elle eft contenue dans le
corps lumineux.
Ce difcours s'eft trouvé
Juillet 1712.
I
98 MERCURE
trop long , pour le mettre
dans un feul Mercure , on
la partagé en deux , & l'on
donnera le refte le mois
prochain.
préliminaire fur la
lumiere.
QUoyque ce difcours ne
foit pas une piece com-.
plette , nyabfolument nouvelle , on n'a pas cru cependant devoir la laiffer
dans l'oubli non feulement parce qu'on y expli
que unfyfteme de la lumiere qui commence à avoir
de la vogue , mais encore
parce que la fuite va paFuillet 17120 G
74 MERCURE
roiftre inceffamment dans
un troifiéme volume des
effais & recherches de Mathematique & de Phyſique.
Premierement pour ce qui
regarde la nature de la lumiere , il n'eft rien aujour
d'huy de plus univerfellement reconnu que l'erreur des anciens Philofophes. Car fi on dit avec
quelques- uns que c'est une
qualité fenfible , fans expliquer quelle eft la nature & l'origine de cette qualité , il est évident que par
cette reſponſe , on ne nous
1
GALANT. 75
rend pas plus fçavans de
rien ; puifqu'il faudroit eftre aveugle pour ne fçavoir
pas que la lumiere eft fenfible & ennemi de la
clarté ,
ſe contenter , pour
des termes de qualitez occultes. Si on prétend avec
quelques autres que la lumiere n'eft autre chofe qu'-
une émanation d'efprits
animaux , qui fortant de
nos yeux , vont parcourir ,
& pour ainsi dire , vifiter
tous les objets qui font au
devant de nous pour en faire enfuite un fidelle rapGij
78 MERCURE
port à l'ame. Dans quelle
obfcurité ne tombe-t - on
pas, de prétendre qu'il puft
fortir d'un reſervoir aufli
borné , que l'eft celuy du
cerveau d'un animal , affez
de particules de matiere
pour s'eftendre non feulement à tous les corps qui
font autour de nous , dans
une diſtance de huit ou dix
lieuës à la ronde , mais
mefme jufques à la Lune ,
au Soleil , &juſques au Firmament , & de vouloir que
la viteffe de ces efprits ſoit
affez grande , pour parcou
1
GALANT. - 77
rir de tels efpaces deux fois
dans un clin d'œil , c'eſt àdire , dans un inftant fenfible ? Mais quand mefme
on leur accorderoit ces
deux paradoxes , quelle eft
la connoiffance de ces particules de matiere , pour
examiner les figures des
objets; & quelle eft leur memoire , pour retrouver les
yeux d'où elles font forties,
& pour en faire un fidelle
rapport à l'ame ? Pourquoy
ces meffageres ne nous
rendent - elles compte que
de la partie des corps qui
G iij
78 MERCURE
nous regarde , & non pas
auffi de celle qui eft derriere ces mefmes corps ?
Pourquoy ces efprits lumineux ne peuvent ils pas
faire leur effet , auffi bien
tandis que le Soleil & la
Lune font fous l'horizon ,
que lorsqu'ils font deffous ?
Eft - ce qu'ils ont quelque
fecrette fympathie avec ces
deux aftres , pluftoft qu'avec une infinité d'autres ,
dont le Ciel paroiſt parſemé pendant la nuit ? Ontils quelque antipathie pour
les ombres des corps, pour
GALANT. 79
ne s'y porter jamais qu'en
petite quantité, & avec peu
de force , quoyque d'ail .
leurs nos yeux foient expofez à la lumiere."
Enfiu posé que nos of
prits animaux fuffent en
affez grande quantité , qu'-
ils euffent toute la viteffe
neceffaire , & toutes les
connoiffances , & la memoire requifes , pour une
vifion parfaire , ce feroit
encore une preuve tres- infuffifante pour nous convaincre qu'ils font ce qu'on
doit entendre par la lumieG iiij
80 MERCURE
re naturelle. Car l'experience journaliere nous oblige toujours d'avouer qu'il
fort des corps lumineux
quelque chofe qui eft ca
pable de produire des effets
qu'on ne peut attribuer
qu'à des corpufcules , tels
que font ceux d'echauffer
de brufler , de fondre , &
de vitrifier toutesfortes de
corps , mefme l'or & les
diamants ; & d'où il n'eft
pas impoffible au contraire
de deduire tous ceux que
ces anciens Philofophes
attribuoient aux efprits lu-
GALANT.
81*
mineux des animaux , ou à
des qualitez encore plus.
occultes , comme vous allez le voir maintenant.
Bien loin donc , de tirer
de nos foibles yeux la lumiere mefme qui doit les
éclairer , & de nous rendre
avec les Anciens par ce
procedé fufpects en quel
que façon d'arrogance
nous irons chercher fonorigine dans les corps mefmes.
qu'on appellelumineux, tels.
que le Soleil , la Lune , lés
Etoilles , une chandelle &
autres de mefme nature..
1 82 MERCURE
,. que
Et nous fommes portez à
prendre ce parti avec d'autant plus de raiſon
nous avons par l'experience journaliere, que plus
il y a de corps lumineux.
dans un mefme lieu , &
plus ils font vifs ou ardents;
plus nos yeuxenfont éclairez ; & tout au contraire à
mefure qu'on diminuë le
nombre & la force des
corps lumineux , la vifion
s'affoiblit. On a une preuve inconteſtable de cette
émanation de lumiere des
corps lumineux dans les
1
>:
GALANT. 83
miroirs ardents , qui eſtant
expofez directement à des
corps lumineux , raffemblent leur lumiere , & la
répandent en abondance
fur les objets qu'on veut
éclairer fortement. Mais
ce qui mefemble détruire
entre autres chofes, le ſyſtefmedes efprits lumineux des
Anciens, c'eft qu'on nelaiffe
pas quelquefois de voir fort
clair , quoyque le corps lumineux foit abfent, comme
il arrive pendant le temps.
de l'aurore & du crepufcule , c'est- à-dire, par l'efpace
84 MERCURE
de près de deux heures le
matin , & le foir dans les
longs jours d'Efté de ces
contrées; à moins qu'on ne
vouluſt dire que ces efprits
lumineux n'ont pas befoin .
alors abfolument du Soleil pour nous faire voir
clair ; mais la refponfe eft
aisée , car pourquoy cette
prétendue dépendance des
efprits animaux à l'égard
des corps lumineux n'auroit - elle lieu que pendant
le jour , & cefferoit- elle au
lever de l'aurore, ou au cou--
cher. du Soleil.
GALANT. 85
On nene peut cependant , fe difpenfer ablolument d'avouër icy en faveur des anciens partiſans
des efprits lumineux , qu'il
y a des yeux de certains
animauxd'où ilfemblefortir quelque chofe de fort
femblable à de la lumiere.
car outre que nous enfommes témoins en quelque
façon par nous - mefmes ,
quand nous regardons la
Ruit les yeux de quelque
animal nocturne comme
ceux des lapins, des hiboux,
& autres , principalement
86 MERCURE
fi ces animaux font carnaciers , tels les loups , les
renads , les tigres. Il paroift d'abord fort difficile.
d'expliquer fans le ſecours
de ces efprits , comment.
ces animaux pourroient
courirpendant la plus fombre nuit , avec autant de
rapidité qu'ils font , ſoit
pour le fauver
chaffer leur proye au travers des bleds , des vignes,
des bois , & des broufailles,
ou pour s'affembler , &
comment tant d'autres
ou pour
pourroient paſſer la moitié
GALAN . 87
de leur vie , enfermez dans
des terriers , ou tanieres, ou
dans des caves tres obfcures. D'un autre cofté il
femble qu'on peut tresbien douter auffi qu'il forte aucune telle lumiere des
yeux de ces animaux lorfque tout corps lumineux
eft abſent , comme chacun
peut s'en convaincre par
experience , & comme je
l'ay experimenté plufieurs
fois fur les chats , quoyqu'on foit affez communement perfuadé du contraire.
88. MERGURE
Mais après tout cette
prétenduë lumiere , quand
mefme elle viendroit de
ces animaux , eft tres- rare ;
& on ne peut pas meſme
dire qu'elle leur ſerve de
quelque chofe pendant le
jour, puifqu'elle difparoift
alors à nos yeux. A combien plus forte raifon donc
doit- on conclure que la lumiere qui nous éclaire
dant le jour ou la nuit , ne
vient pas de nos yeux, puifque dans quelque occafion que ce foit , on n'en
voit rien fortir de pareil.
penDe
GALANT. 89
De plus , il eft certain
que la lumiere qu'on raf
femble avecles miroirs ardents expofez directement
aux corps lumineux , agit
fur les corps , comme on
l'a dit cy- deffus , & comme on le peut voir au mo
yen du grand miroir de
métal qui eft à l'Obfervatoire , & d'un autre de verre
qui eft au Palais Royal,
avec lesquels onfond , on
vitrifie , & on calcine en
tres peu de temps toutes
fortes de corps , fans qu'il
foit neceffaire de recourir
Fuillet 17120 H
90 MERCURE
aux hiftoires fabuleuſes ,
qui pour relever l'excellen
ce des inventions d'Archimede nous racontent qu'il
brufloit du haut des murs.
de Siracufe , les vaiffeaux
des Romains qui la tenoient affiegée ; il faut
donc eftablir pour principe , que la lumiere eſt un
corps materiel comme les
corps mefmes , fur lesquels
elle agit , avec cette difference cependant , que fa
fubtilité , fa viteffe , & fa
fluidité , font prefque inconcevables , & qu'elle
émanedu corps lumineux ,
GALANT. 91
& non pas de nos yeux.
Quant à la fubtilité de
la lumiere , il faut qu'elle
foit extrême pour penetrer
en auffi peu de temps les
corps les plus durs & les
plus ferrez , comme les cryftaux, les diamants , & pref
que toutes les autres pierres précieuſes , fans parler
des nœuds des bois réfineux qu'elle penetre quelquefois juſqu'à l'épaiſſeur
de plus d'un pouce. Les
corps fluides ne font pas
plus à l'épreuve de ſa ſubtilité , que ceux dont on
Hij
94´ MERCURE
vient de parler ; & on peut
dire mefme queles yeuxde
la plufpart des poiffons leur
feroient prefque inutiles ,
s'ils ne pouvoient s'en ſervir que vers la fuperficie ·
de l'eau , & non pas au fond
des abysmes de la mer, où:
ils trouvent leur nourritu
re. Car il eft prefque inoui ,
qu'on ait apperceu aucune
lumiere fortir des yeux des
poiffons , ou des monstres
marins , quoyque pendant
la nuit les écailles de plufieurs en répandent en
abondance.
A l'égard de la viteffe
GALANT. 93 .
de la lumiere elle n'eft pas
moins prodigieufe que fa
fubtilité ,
puifqu'elle parcourt dans un temps fort
petit comme de deux heures environ des efpaces immenfes , tels que celuy qui
eft entre Saturne , c'est- àdire , entre la plus haute
Planette & la terre ; deforte qu'il n'y a aucune viteſſe
fenfible fur la terre , foit
d'une fleche ou d'un boulet de canon, qui ne foit à
l'égard de celle de la lu
miere moindre , que celled'une tortue ou d'un lima,
*
94 MERCURE
çon à l'égard de celles là.
On peut s'en convaincre
en confiderant de combien
la lumiere de la flamme
d'un canon précede le coup
fon boulet donné à une demielieuë du canon. Enfin
que la lumiere foit uncorps
tres fluide , perfonne n'en
doit douter , puifqu'elle
n'empefche aucunement
les divers mouvemens des
corps qui fe trouvent entre l'œil & le corps lumineux.
La nature de la lumiere
eſtant donc ainſi eſtablie ,
GALANT. 95
fçavoir qu'elle eft un corps
fluide , tres- rapide , &tresfubril , & eftant certain
aufli qu'elle dérive des
corps qu'on appelle lumineux , comme on l'a prouvécy- devant , il nous refte
d'expliquer de quelle maniere elle eft contenue
dans le corps lumineux ,
comment elle en découle
dans nos yeux , & enfin
comment nous appercevons parfon moyen tout ce
qui compofe ce qu'on appelle le monde. vifible.
Pour vous faire connoif
96 MERCURE
tre de quelle maniere elle eft contenue dans le
>
corps lumineux-, j'eſtabli
ray pour principe que le
corps lumineux , ou du
moins fa fuperficie , n'eſt
autre chofe qu'un amas de
matiere fort fubtile , forts
agitée , & tres fluide , lequel eft environné d'air ,
ou de quelque autre matiere fluide plus groffiere ,
qui le preffant de tous coftez lui fait prendre la figure
ronde fous laquelle il nous
paroift.Jefuppoferay encore que l'air que nous refpirons ,
GALANT. 97
rons , auffi bien que la
region aërée qui s'étend tout
autour de la terre à l'infini ,
font remplis de la matiere
que j'ay dit eftre la lumiere , laquelle lumiere doit
eftre differente de celle qui
compofe le corps lumineux , puiſqu'il a des bornes , & que celle - cy n'en
a point. Cecy eſtant ſupposé , voicy comme j'explique de quelle maniere
elle eft contenue dans le
corps lumineux.
Ce difcours s'eft trouvé
Juillet 1712.
I
98 MERCURE
trop long , pour le mettre
dans un feul Mercure , on
la partagé en deux , & l'on
donnera le refte le mois
prochain.
Fermer
Résumé : DISCOURS préliminaire sur la lumiere.
Le texte est un discours préliminaire sur la lumière, destiné à être publié en deux parties. L'auteur justifie la publication de ce discours en soulignant qu'il expose un système de la lumière en vogue, qui sera inclus dans un troisième volume de ses œuvres de mathématiques et de physique. L'auteur critique les erreurs des anciens philosophes concernant la nature de la lumière. Certains la considéraient comme une qualité sensible sans en expliquer la nature et l'origine. D'autres la voyaient comme une émanation d'esprits animaux sortant des yeux pour explorer les objets et en informer l'âme. Cette dernière théorie est jugée improbable car elle implique que des particules de matière sortent du cerveau pour parcourir de grandes distances à une vitesse incroyable. L'auteur affirme que la lumière est un corps matériel émanant des objets lumineux tels que le Soleil, la Lune, les étoiles et les chandelles. Cette théorie est soutenue par l'observation que plus il y a de corps lumineux, plus la vision est éclairée. Les miroirs ardents, qui concentrent la lumière, sont une preuve de cette émanation. Le texte mentionne également que certains animaux semblent émettre une lumière, mais cette lumière est rare et ne sert pas pendant le jour. La lumière est décrite comme extrêmement subtile, rapide et fluide, capable de pénétrer les corps durs et les fluides. Sa vitesse est telle qu'elle parcourt des distances immenses en peu de temps. Enfin, l'auteur propose que les corps lumineux contiennent une matière subtile et fluide qui est pressée par l'air ou une autre matière fluide, lui donnant une forme ronde. Cette lumière est différente de celle qui compose le corps lumineux car elle n'a pas de bornes. Le discours sera poursuivi dans le prochain numéro du Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 87-109
SUITE DU DISCOURS préliminaire sur la Lumiere, inseré das le Mercure précedent.
Début :
La lumiere entant qu'elle est contenuë dans le corps [...]
Mots clefs :
Corps lumineux, Lumière, Corps opaque, Ombres, Catoptrique, Dioptrique, Arc-en-ciel, Parélie, Microscopes, Couronnes célestes, Vision
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DU DISCOURS préliminaire sur la Lumiere, inseré das le Mercure précedent.
SUITE DU DISCOURS
préliminairesur la Lumiere
,
inféré dans le Mercure'
précèdent,
La lumiere entant qu'elle est contenue dans le
corps lumineux, n'est autre chose que l'avion mesme du corps lumineux,
par laquelle il pouffe à la
ronde autour de luy la lumiere matérielle qui l'environne. Or cette action
du corps lumineux vient
de ce que sa surface estant
composée ou couverte d'u.
ne matière tres fluide, &
tres agitée
,
son mouvement tend tousjours à la
faire écarter de son propre
centre; desorte que sans
la matiere plus grossiere
qui resserreexterieurement
le corps lumineux, ilest
certain qu'il se dissiperoît
incontinent, ou du moins
sa su perficie.C'est pourquoy il y a une espece de
combat perpetuel entre la
matiere du corps lumineux
qui tend à s'estendre
,
&
celle de l'ether qui l'environne
,
laquelle tend à le
resserrer.
resserrer. Dans ce combat
chacun est vaincu, & vain.
queurtouràtour,sansque
jamais la victoire cede entièrement àaucun des deux,
si ce n'est peut- estre quand
le corps lumineux s'estend
tout à fait, ce qu'on peut
plustost attribuer au défaut d'alimens qu'à la prêt
sion de l'ether environnant. Cet effort du corps
lumineux pour s'estendre,
peut se comparer, si l'on
veut, à celuy dîme éponge que l'on presseroit, 6c
qu'on lafcheroit successi-
vemenr entre ses doigts, &
l'action par laquelle l'effort
que le corps lumineux fait
pour s'estendre, poulie la
lumiere autour de luy
,
a
beaucoup de rapportàcelle
par laquelle on dit que les
Porcs
-
épies lancent à la
ronde contre ceux qui les
poursuivent & qui les pres
,[enr,les poils, ou plustost
les dards donc leur peau est
toute herissée, quoy qu'on
ait tout droit de douter de
cet effet.
Il n'est pas difficileapre's
celad'imaginer comment
la lumierequi environne
le corps lumineux estant
pouffée, pouffe celie qui
e
st
plus esloignée qu'<)!e/&:
celle cy ce lle qui est encore plus loin, jusquaceque
cet effort à force de s'entendre, soit tour
-
à fait aneanti
; & comment il se
forme par ce moyen au
tour du corps lumineux des
spheres concentriques de
lumiere qui se poussentmutuel lement & continue ilement les unes les autres
,
comme on voitqu'ilarrive aux cercles qui sefor-
ment dans l'eau quand on
y
jetre quelque pierre. De
plus il est encore aisé de
concevoir par ce moyen
comment en quelque endroit qu'on mette l'oeil autour d'un corps lumineux,,
il parvient tousjours de la
lumiere jusques à nous. Enfin si l'on considere que
l'œil est composé de parties transparentes, telles
que sont la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin
,
l'humeur vitrée & la
retine, on verrasans peine
quci la lumière estant un
corps tres-subtil & tresfluide, pénétré avec facilité toutes ces humeurs*
pour venir faire son impression sur lesesprits ani-
-
maux qui font contenus
dans les membranes qui
tapissent le fond de l'oeil,
& c'est de cette manière
que la lumière découle du
corps lumineux, pour venir dans nos yeux..
-
Ce n'est pas que je prétende pour cela, qu'il faille
qu'à chaque fois que nous
voyons un corpslumineux,
la lumière qui l'environne
immédiatement parvienne
jusques à nos yeux; car si
cela estoitil faudroit peucestre
,
non pas un temps
de deux heures environ
,
-
pour qu'elle pust faire sentir son impression depuis
Saturne >ulcjues - ,
a nous
comme on la dir cy-devant ;
mais un temps de
plusieursjours, ou mesme
de plusieurs mois.
Pour imaginer donc comme cette impression peut
parvenir à nos yeux de si
loin dans un temps si court,
il faut considerer que tout
l'Univers estant rempli de
matière et herée
,
ce qui
reste de vuide enrre les parties de la lumiere
,
peut
estre réputé pour rien; &
c'est pour cela que les partics de lumiere qui sont
proche de nos yeux font
presque meuês en mefmc
temps quecelles qui environnent le corps lumineux.
Quant à lamaniere dont
la lumiere se fait sentir,
elle est peu différente de
celle en laquelle les objets
des autres sens s'apperçoi-
vent; desorte que pour bien
expliquer raébon de la lumiere au dedans du cerveau, on peut asseurer.
qu'elle n'est autre chose
qu'une motion ou un ébranlement qu'elle cause
dans les esprits
,
sur les
quels elle fait impression
en arrivant au fond de l'oeil;
car ces esprits, comme
ceux detous les autres sens,
n'arrivant au fond de l'œil,
que par de petits canaux
appeliez nerfs, qui respon-,
dentautond du cerveau,
il est aisé de concevoir
comme
comme les motions que la
lumiere cause dans ces esprits parviennent jusques
à la partie la plus reculée
de sa substance, &c'en est
assez pour que le corps lumineux puisse dit estre veu.
Comme c'est assez pour
qu'un corps sonore soit
entendu, ou un corps odoriférant senti,ou un corps
savoureux gousté,ou enfin
un corps doux ou rude
mou ou dur, apperceu par
le toucher, que l'ébranlement que ses parties, ou
ses sucs ou sa surface eau-
sent dans les esprits animaux qui abondent dans
les organes de l'ouie
,
de
l'odorat ;
du goust & du
toucher, arrive jusques au
fond du cerveau.
De la mesme maniere
dont un corps lumineux est
apperceu; on peut dire aussi
qu on voit tous les autres
corps: car la lumiere que
le corps lumineux chasse à
la ronde
,
arrivant sur des
objets qu'elle ne peut penetrer
,
cft obligée de se
réfléchir
,
comme l'experience des miroirs le fait
voir; & cette refléxion ne
changeant rien dans la nature dela lumiere,non plus
que le mouvement d'une
baie de jeu de paume ne
change pas de nature pour
réflechir sur le pavé ou sur
la raquette, il est évident
que nos yeux sont toucher
recette lumiere réflechie.
comme ils le seroient,sielle
parvenoit à eux immédiatement du corps lumineux;
c'estpourquoy elle forme
encore les mesmes modifications dans le cerveau.
Et. par la mesmeraison
que nous voyons les corps
lumineux par leur lumiere
immediate
,
on peut dire
que nous voyons les objets éclairez par les corps
lumineux
,
au moyen de
leur lumiere réflechie. Car
alors les corps qui réflechissent la lumiere peuvent
eux-mesmes estre regardez comme des corps lumineux.
Enfin le sentiment des
cou leurs ne differant de
celuy de la lumiere, qu'en
ce-qu'il est accompagné
de quelque circonstance
accidentelle
,
qui modifie
la sensation, il est confiant
qu'on doit l'expliquer aussi
de la mesme maniere que
celuy de la lumiere immediate, ou directe & de la ré- flechie. Ainsi ilfera vray
de dire, par exemple, qu'-
un corps paroist coloré,
parce qu'ily a un corps lumineux qui pouffe de la
lumiere sur luy, & que ce
corps réflechissant cette lumiere
,
luy laisse une certaine impression qu'elle
navoit pas auparavant,
comme il arrive aux vents,
qui passant par de certaines regions froides ou
chaudes, retiennent quelque chose de leur temperature.
On peut adjouster à cette explication celle de la
formation des ombres des
corps; & on dira qu'un
corps opaque devant empescher la lumiere du corps
lumineux de tomber immediatement sur les corps qui
font derriere luy
;
il ne faut
pas s'estonner si ces corps
ne se font point sentir du
tout; ou du moins que très*
peu; sçavoir à proportion
de la lumiere qu'ils peuvent recevoir par laréflexion des autres corps qui
les environnent; laquelle
lumiere appellée réflet, ne
venant dans nos yeux tout
au plus qu'après deux réflexions, n'y doit causer
que des motions bien plus
foibles.
Outre la.lumiere & l'ombre
,
il y a encore quelque
chose de moyen entre l'un
& l'autre qu'on appelle Pénombre, dont on parlera
dans la fuite.
Enfin il n'arrive pas seulement dela lumiere d'un
corps lumineux dans nos
yeux, par les réflections
qu'elle souffre sur les corps
durs,qu'elle ne peut penetrer; mais il y en vient
aussi aprèsqu'elle a
passé
au travers d'autres
,
qu'on
appelle transparents, tel
que sont les verres
,
les
cristaux
,
les pierres précieuses, les bois,les gomroes) les sels
,
& les liqueurs, dans lesquels ourre
qu'elle ceflfe de continuer
son chemin en ligne droi-
te
,
comme on le dira en
son lieu, elle contracte aussi decertaines qualitez qui
forment des couleurs.
De sorte
que pour traiter
le sujet de la lumiere dans
toute son estenduë
,
il ne
resteroit,aprèsavoirparlé
de l'origine de la lumiere
directe, de sa nature & de
son progrez, de continuer
dans les discours suivants
à parler des ombres & des
pénombres, qui sont des
effets de la lumiere directe, d'entreprendre ensuite
d'expliquer la lumiere ré-
flechie,& de finir par la
lumiere rompuë & par les
couleurs.
Dans le traité des ombres & des pénombres on
explique comment les figures des corps opaques
se trouvent representées
par leur moyen en grand,
ou en petit.
Dans celuy de la Catoptrique ou de la lumiere ré
flechie, on explique les
differentes proprietez des
miroirs plats, des convexes & des concaves, d'où
vient qu'ils grosissent,ou
qu'ils diminuent, qu'ils redressent, ou qu'ils renversent les objets, qu'ils les
representent au juste, ou
qu'ils les defigurent,qu'ils
les approchent, ou les éloignent,& d'où vientenfin que lesunsbruslent, Ôc
que les autres n'échauffent pas seulement,ou mesme causent du froid.
Enfin dans le traité de
la Dioptrique ou de la lu-
-
miere rompuë, on fait connoistre toutes les proprietez des verres plats
,
des
convexes, ôc des concaves ;
d'où vient qu'ils font les
mesmes effets par refraction, que les miroirs précedens par réflection
;
de
quelle maniere on enfait
des microscopes
,
& des
telescopes pour grossir ou
approcher lesobjets;comment se forment les couleurs primitives;quelle est
la mechanique de l'œil, &
comment on peut perfectionner la vision: & aprés
avoir developpé les miracles que la lumiere produit sur la terre ;
il reste
de nous élever à confide-
rer ceux qui se passent dans
les Cieux,tels que font les
Arcs en-ciels,les Parélies,
& les Couronnes celestes,
dont je me flatte que l'explication ne donnera pas
moins de plaisir que ces
phenomenes ont pû causer
d'admiration.
préliminairesur la Lumiere
,
inféré dans le Mercure'
précèdent,
La lumiere entant qu'elle est contenue dans le
corps lumineux, n'est autre chose que l'avion mesme du corps lumineux,
par laquelle il pouffe à la
ronde autour de luy la lumiere matérielle qui l'environne. Or cette action
du corps lumineux vient
de ce que sa surface estant
composée ou couverte d'u.
ne matière tres fluide, &
tres agitée
,
son mouvement tend tousjours à la
faire écarter de son propre
centre; desorte que sans
la matiere plus grossiere
qui resserreexterieurement
le corps lumineux, ilest
certain qu'il se dissiperoît
incontinent, ou du moins
sa su perficie.C'est pourquoy il y a une espece de
combat perpetuel entre la
matiere du corps lumineux
qui tend à s'estendre
,
&
celle de l'ether qui l'environne
,
laquelle tend à le
resserrer.
resserrer. Dans ce combat
chacun est vaincu, & vain.
queurtouràtour,sansque
jamais la victoire cede entièrement àaucun des deux,
si ce n'est peut- estre quand
le corps lumineux s'estend
tout à fait, ce qu'on peut
plustost attribuer au défaut d'alimens qu'à la prêt
sion de l'ether environnant. Cet effort du corps
lumineux pour s'estendre,
peut se comparer, si l'on
veut, à celuy dîme éponge que l'on presseroit, 6c
qu'on lafcheroit successi-
vemenr entre ses doigts, &
l'action par laquelle l'effort
que le corps lumineux fait
pour s'estendre, poulie la
lumiere autour de luy
,
a
beaucoup de rapportàcelle
par laquelle on dit que les
Porcs
-
épies lancent à la
ronde contre ceux qui les
poursuivent & qui les pres
,[enr,les poils, ou plustost
les dards donc leur peau est
toute herissée, quoy qu'on
ait tout droit de douter de
cet effet.
Il n'est pas difficileapre's
celad'imaginer comment
la lumierequi environne
le corps lumineux estant
pouffée, pouffe celie qui
e
st
plus esloignée qu'<)!e/&:
celle cy ce lle qui est encore plus loin, jusquaceque
cet effort à force de s'entendre, soit tour
-
à fait aneanti
; & comment il se
forme par ce moyen au
tour du corps lumineux des
spheres concentriques de
lumiere qui se poussentmutuel lement & continue ilement les unes les autres
,
comme on voitqu'ilarrive aux cercles qui sefor-
ment dans l'eau quand on
y
jetre quelque pierre. De
plus il est encore aisé de
concevoir par ce moyen
comment en quelque endroit qu'on mette l'oeil autour d'un corps lumineux,,
il parvient tousjours de la
lumiere jusques à nous. Enfin si l'on considere que
l'œil est composé de parties transparentes, telles
que sont la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin
,
l'humeur vitrée & la
retine, on verrasans peine
quci la lumière estant un
corps tres-subtil & tresfluide, pénétré avec facilité toutes ces humeurs*
pour venir faire son impression sur lesesprits ani-
-
maux qui font contenus
dans les membranes qui
tapissent le fond de l'oeil,
& c'est de cette manière
que la lumière découle du
corps lumineux, pour venir dans nos yeux..
-
Ce n'est pas que je prétende pour cela, qu'il faille
qu'à chaque fois que nous
voyons un corpslumineux,
la lumière qui l'environne
immédiatement parvienne
jusques à nos yeux; car si
cela estoitil faudroit peucestre
,
non pas un temps
de deux heures environ
,
-
pour qu'elle pust faire sentir son impression depuis
Saturne >ulcjues - ,
a nous
comme on la dir cy-devant ;
mais un temps de
plusieursjours, ou mesme
de plusieurs mois.
Pour imaginer donc comme cette impression peut
parvenir à nos yeux de si
loin dans un temps si court,
il faut considerer que tout
l'Univers estant rempli de
matière et herée
,
ce qui
reste de vuide enrre les parties de la lumiere
,
peut
estre réputé pour rien; &
c'est pour cela que les partics de lumiere qui sont
proche de nos yeux font
presque meuês en mefmc
temps quecelles qui environnent le corps lumineux.
Quant à lamaniere dont
la lumiere se fait sentir,
elle est peu différente de
celle en laquelle les objets
des autres sens s'apperçoi-
vent; desorte que pour bien
expliquer raébon de la lumiere au dedans du cerveau, on peut asseurer.
qu'elle n'est autre chose
qu'une motion ou un ébranlement qu'elle cause
dans les esprits
,
sur les
quels elle fait impression
en arrivant au fond de l'oeil;
car ces esprits, comme
ceux detous les autres sens,
n'arrivant au fond de l'œil,
que par de petits canaux
appeliez nerfs, qui respon-,
dentautond du cerveau,
il est aisé de concevoir
comme
comme les motions que la
lumiere cause dans ces esprits parviennent jusques
à la partie la plus reculée
de sa substance, &c'en est
assez pour que le corps lumineux puisse dit estre veu.
Comme c'est assez pour
qu'un corps sonore soit
entendu, ou un corps odoriférant senti,ou un corps
savoureux gousté,ou enfin
un corps doux ou rude
mou ou dur, apperceu par
le toucher, que l'ébranlement que ses parties, ou
ses sucs ou sa surface eau-
sent dans les esprits animaux qui abondent dans
les organes de l'ouie
,
de
l'odorat ;
du goust & du
toucher, arrive jusques au
fond du cerveau.
De la mesme maniere
dont un corps lumineux est
apperceu; on peut dire aussi
qu on voit tous les autres
corps: car la lumiere que
le corps lumineux chasse à
la ronde
,
arrivant sur des
objets qu'elle ne peut penetrer
,
cft obligée de se
réfléchir
,
comme l'experience des miroirs le fait
voir; & cette refléxion ne
changeant rien dans la nature dela lumiere,non plus
que le mouvement d'une
baie de jeu de paume ne
change pas de nature pour
réflechir sur le pavé ou sur
la raquette, il est évident
que nos yeux sont toucher
recette lumiere réflechie.
comme ils le seroient,sielle
parvenoit à eux immédiatement du corps lumineux;
c'estpourquoy elle forme
encore les mesmes modifications dans le cerveau.
Et. par la mesmeraison
que nous voyons les corps
lumineux par leur lumiere
immediate
,
on peut dire
que nous voyons les objets éclairez par les corps
lumineux
,
au moyen de
leur lumiere réflechie. Car
alors les corps qui réflechissent la lumiere peuvent
eux-mesmes estre regardez comme des corps lumineux.
Enfin le sentiment des
cou leurs ne differant de
celuy de la lumiere, qu'en
ce-qu'il est accompagné
de quelque circonstance
accidentelle
,
qui modifie
la sensation, il est confiant
qu'on doit l'expliquer aussi
de la mesme maniere que
celuy de la lumiere immediate, ou directe & de la ré- flechie. Ainsi ilfera vray
de dire, par exemple, qu'-
un corps paroist coloré,
parce qu'ily a un corps lumineux qui pouffe de la
lumiere sur luy, & que ce
corps réflechissant cette lumiere
,
luy laisse une certaine impression qu'elle
navoit pas auparavant,
comme il arrive aux vents,
qui passant par de certaines regions froides ou
chaudes, retiennent quelque chose de leur temperature.
On peut adjouster à cette explication celle de la
formation des ombres des
corps; & on dira qu'un
corps opaque devant empescher la lumiere du corps
lumineux de tomber immediatement sur les corps qui
font derriere luy
;
il ne faut
pas s'estonner si ces corps
ne se font point sentir du
tout; ou du moins que très*
peu; sçavoir à proportion
de la lumiere qu'ils peuvent recevoir par laréflexion des autres corps qui
les environnent; laquelle
lumiere appellée réflet, ne
venant dans nos yeux tout
au plus qu'après deux réflexions, n'y doit causer
que des motions bien plus
foibles.
Outre la.lumiere & l'ombre
,
il y a encore quelque
chose de moyen entre l'un
& l'autre qu'on appelle Pénombre, dont on parlera
dans la fuite.
Enfin il n'arrive pas seulement dela lumiere d'un
corps lumineux dans nos
yeux, par les réflections
qu'elle souffre sur les corps
durs,qu'elle ne peut penetrer; mais il y en vient
aussi aprèsqu'elle a
passé
au travers d'autres
,
qu'on
appelle transparents, tel
que sont les verres
,
les
cristaux
,
les pierres précieuses, les bois,les gomroes) les sels
,
& les liqueurs, dans lesquels ourre
qu'elle ceflfe de continuer
son chemin en ligne droi-
te
,
comme on le dira en
son lieu, elle contracte aussi decertaines qualitez qui
forment des couleurs.
De sorte
que pour traiter
le sujet de la lumiere dans
toute son estenduë
,
il ne
resteroit,aprèsavoirparlé
de l'origine de la lumiere
directe, de sa nature & de
son progrez, de continuer
dans les discours suivants
à parler des ombres & des
pénombres, qui sont des
effets de la lumiere directe, d'entreprendre ensuite
d'expliquer la lumiere ré-
flechie,& de finir par la
lumiere rompuë & par les
couleurs.
Dans le traité des ombres & des pénombres on
explique comment les figures des corps opaques
se trouvent representées
par leur moyen en grand,
ou en petit.
Dans celuy de la Catoptrique ou de la lumiere ré
flechie, on explique les
differentes proprietez des
miroirs plats, des convexes & des concaves, d'où
vient qu'ils grosissent,ou
qu'ils diminuent, qu'ils redressent, ou qu'ils renversent les objets, qu'ils les
representent au juste, ou
qu'ils les defigurent,qu'ils
les approchent, ou les éloignent,& d'où vientenfin que lesunsbruslent, Ôc
que les autres n'échauffent pas seulement,ou mesme causent du froid.
Enfin dans le traité de
la Dioptrique ou de la lu-
-
miere rompuë, on fait connoistre toutes les proprietez des verres plats
,
des
convexes, ôc des concaves ;
d'où vient qu'ils font les
mesmes effets par refraction, que les miroirs précedens par réflection
;
de
quelle maniere on enfait
des microscopes
,
& des
telescopes pour grossir ou
approcher lesobjets;comment se forment les couleurs primitives;quelle est
la mechanique de l'œil, &
comment on peut perfectionner la vision: & aprés
avoir developpé les miracles que la lumiere produit sur la terre ;
il reste
de nous élever à confide-
rer ceux qui se passent dans
les Cieux,tels que font les
Arcs en-ciels,les Parélies,
& les Couronnes celestes,
dont je me flatte que l'explication ne donnera pas
moins de plaisir que ces
phenomenes ont pû causer
d'admiration.
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Résumé : SUITE DU DISCOURS préliminaire sur la Lumiere, inseré das le Mercure précedent.
Le texte explore la nature et la propagation de la lumière. La lumière, issue d'un corps lumineux, est décrite comme une action par laquelle ce corps émet de la lumière matérielle autour de lui. Cette émission résulte du mouvement d'une matière fluide et agitée à la surface du corps lumineux, qui tend à s'étendre. Un combat perpétuel oppose cette matière à l'éther environnant, chacun alternant entre victoire et défaite. La lumière se propage en poussant les couches de lumière environnantes, formant des sphères concentriques similaires aux cercles dans l'eau après un impact. La lumière pénètre facilement les parties transparentes de l'œil pour impressionner les esprits animaux au fond de l'œil, permettant ainsi la vision. Le texte distingue entre la lumière directe et la lumière réfléchie, expliquant que les objets sont vus grâce à la lumière réfléchie par leur surface. Les couleurs et les ombres sont également mentionnées comme des effets de la lumière. Le texte annonce une suite de discours sur les ombres, les pénombres, la lumière réfléchie et la lumière réfractée, ainsi que sur les propriétés des miroirs et des verres. Il mentionne également des phénomènes célestes comme les arcs-en-ciel et les parhélies, dont l'explication sera développée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 145-206
PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
Début :
Cebés nous represente d'abord la vie humaine sous la [...]
Mots clefs :
Paraphrase, Cébès, Tableau de la vie humaine, Philosophes, Hommes, Vertus, Maux, Sciences, Chemin, Femmes, Monde, Savoir, Génie, Fortune, Courtisanes, Vices, Malheur, Moeurs et coutumes, Félicité, Leçons, Santé, Esprit, Conception, Volonté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
PARAPHRASE
on Explication du Tableau
de la Vie humaine de Cebés
Tébain de Grece , difciple
de Socrate ,
moral.
Philofophe
Où l'on a fuivi lefens de l'Autheur le plus exactement
qu'il a efté poffible , fans
s'éloigner de l'efprit general
de tous les peuples.
CEbés nous reprefente
d'abord la vie humainefous
la figure d'un grand parc
qui renferme plufieurs reduits , avec des perfonnes
1712. Octobre. N
146 MERCURE
de toutes efpeces , tant à
l'entrée qu'au dedans de
chacun. Mais avant que de
propofer fon embléme , de
l'intelligence duquel il prétend que dépend noftre
bonheur ou noftre malheur ;il prend foin de nous
avertir , que noftre ignorance eft une espece de
Sphinx à noftre égard , par
la connoiffance obfcure &
ambiguë qu'elle nous propoſe du bien & du mal, ou
de ce qui peut eftre regardé comme de foy - mefme
indifferent. Car cette con-
GALANT. 147
noiffance devient pour
nous une énigme , laquelle
faute de pouvoir eftre penetrée, nous rend malheureux le reste de nos jours.
Au lieu que fi nous nous
appliquons à en découvrir
le fecret , nous pouvons efperer une vie exempte de
tous maux & veritable
ment heureuſe.
Noftre Philofophe nous
fait voir enſuite une grande multitude d'hommes &
de femmes à la porte de de
parc , qui fe preſentent
pour y entrer , & qui nous
Nij
148 MERCURE
marquent les enfans avant
qu'ils fortent du ventre de
leur mere pour venir au
monde. Au milieu de cet- :
te multitude on voit le Genie ou l'Intelligence , à qui
l'Autheur de la nature a
commis ( felon Cebés ) le
foin de noftre naiſſance ,
fous la figure d'un fagevieillard , qui enfeigne aux
uns & aux autres la maniere dont ils doivent fe
comporter lorfqu'ils feront
entrez dans la vie , & le
chemin qu'ils doivent teir pour y eftre heureux,
3
GALANT. 149
Mais à peine ces nouveaux
nez ont-ils paffé la porte
du parc , qu'ils oublient en
peu de temps les bonnes
leçons qu'ils ont receuës de
leur Genie ; car la convoitife qu'ils rencontrent
l'entrée de ce lieu , dont
elle eft comme la Reine , &
où elle préfide comme
dans fon throfne , les feduit bien - toft en leur faifant avaler dans une coupe qu'elle leur prefente ,
l'erreur & Pignorance. Les
nouveaux nez munis de ces
deux paffeports , s'avancent
N iij
150 MERCURE
**
dans le parc comme des
hommes enchantez les uns
plus les autres moins , à
proportion qu'ils en ont
beu. Mais ils ne vont pas
fort loin , que voicy une
troupe de femmes agreables de toutes fortes de figures qui les environnent ,
& les embraffent avec empreffement ; & ce font les
opinions , les defirs , & les
delices , par lesquelles ils
fe laiffent tous entraifner.
Les unes les emmennent
dans le chemin de la felicité , les autres dans celuy
GALANT. II
du malheur & de la perdition après les avoir feduites. Car les unes & les autres leur promettent à la
verité une vie heureuſe &
tranquille ; mais parce qu'
ils ont avalé le poiſon de
l'ignorance & de l'erreur ,
ceux qui ont efté feduits
paffent leur vie à errer ça
& là comme des perfonnes yvres , fans pouvoir jamais trouver le chemin qui
devroit les conduire au vrai
bonheur.
Cebés nous fait voir enfuite au milieu du Parcune
N iiij
152 MERCURE
eſpece de Divinité ſous la
figure d'une femme , que
l'aveuglement des hommes
a dépeinte fans yeux , &
comme fourde , & mefme
capricieuſe , parce qu'elle
enrichit les uns des biens
de ce monde , & qu'elle
ofte aux autres ceux mefme qu'elle leur avoit donnez & cela felon fa volonté, & fuivant des decrets
impenetrables. Ils l'ont
nommée la Fortune , & ont
figuré l'inconftance de fes
faveurs par une boule fur
laquelle ils la font mar-
GALANT. 153
cher à caufe des difgraces
qu'éprouvent tous les jours
ceux qui mettent leur efperance dans les biens de la
vie. Il nous reprefente donc
cette fortune comme environnée d'une grande multitude de ces hommes enyvrez du poiſon de la convoitife, qu'il nomme les ambitieux. Tous luy preſentent leurs requeſtes , mais
elle écoute les uns & rejette les autres , ce qui rend
leurs vifages tous differens ;
les uns paroiffants tres -joyeux , & les autres fort
154 MERCURE
triftes . Les premiers ſont
ceux dont les demandes
ont efté receuës favorablement , & ceux-cy la nomment bonne fortune. Les
derniers au contraire levent leurs mains vers elle
tout éplorez , parce qu'elle leur a mefme ofté ce
qu'elle leur avoit autrefois
accordé , pour le donner à
d'autres , & à caufe de cela
ils l'appellent mauvaiſe fortune. Ornoftre Philoſophe
nous fait remarquer que
ces biens qui attriſtent fi
fort les uns & réjoüiſſent
1
GALANT. ISS
4
tant les autres , font les richeffes , les honneurs , la
qualité , les defcendants ,
les commandements , les
Couronnes , & generalement tous les biens temporels ou du corps , qu'il
prétend n'eftre pas de veritables biens ; parce qu'ils
ne nous rendent en rien
plus parfaits , comme il effaye de le démontrer fur
la fin de fon emblême.
༣.
De là il nous conduit à
un premier reduit , & nous
fait voir plufieurs femmes
à la porte , parées comme
156 MERCURE,
des courtisannes , l'une fe
nomme l'intemperance ,
l'autre la luxure , une autre
l'avarice , une autre l'ambition , &c. Elles font toutes
là comme en ſentinelle ,
pour remarquer ceux à qui
la Fortune a efté favorable ,
& qu'elle a enrichis de fes
dons. Dès qu'elles en apperçoivent quelqu'un , elles
courent à luy , elles le careffent & l'embraffent , &
font tant par leurs flatteries , qu'elles l'engagent à
entrer dans leur azile, en lui
promettant une vie tran-
GALANT. 157
quille , exempte de tout ennuy , & remplie de delices.
Ceux qui font affez inconfiderez pour fe laiffer aller
No
aux promeffes de ces Sirenes , gouftent à la verité
les plaifirs de la vie pendant
un temps , ou du moins
croyent les goufter ; mais
quand par la fuite du temps
ils réfléchiffent ferieufe-'
ment fur cette maniere de
vivre , ils s'apperçoivent
qu'ils ont efté feduits ; que
ce qu'ils ont creu de folides plaiſirs , n'en avoient
tout au plus que l'apparen-
158 MERCURE
ce ; & qu'en un mot ils en
font la dupe , par la honte
qu'ils leur ont attirée , & les
malheurs où ils les ont précipitez. Car aprés avoir
confommé avec ces Courtiſannes tous les biens qu'ils
avoient receuës de la Fortune , ils fe trouvent malheureuſement reduits à devenir leurs efclaves , & à
commettre toutes les baf
feffes, & tous les crimes auf
quels ces cruelles maiftreffes les engagent. Ainfi ils
deviennent des affronteurs,
des facrileges, des parjures,
GALANT. 159
des traiftres , des larrons
& tout ce qu'on peut imaginer de plus mauvais,
A
#
>
Enfin cette vie mifera
ble n'a qu'un temps , mefme fouvent fort court
après lequel ( dit Cébés ) la
vengeance du Ciel éclate
fur eux ; alors il les livre à
la punition , que ce Philofophe nous reprefente fous
la figure d'une femme couverte de haillons , & fort
défigurée , tenant un foüet
en la main. Elle paroift
dans ce premier reduit à la
porte d'une efpece de ca-
>
160 MERCURE
chot , ou lieu ténebreux ,
dont l'afpect fait horreur ,
ayant pour compagnes la,
trifteffe , & l'angoiffe. I '
nous dépeint la premiere
la tefte panchée jufques fur
fes genoux , & la derniere
s'arrachant les cheveux.
Elle a encore pour, voiſins
les pleurs & le defefpoir
qui font des perfonnages
difformes , extenuez , tous
nuds , & horribles à voir.
C'eft entre les mains de
ces derniers qu'ils font li
vrez en dernier reffort ,
après avoir effuyé toute la
fureur
GALANT. 161
fureur des premieres . Alors
ils fe voyent accablez de
tourments & de maux , &
reduits à paffer le refte de
leurs jours dans ce cachot
affreux de la maniere la
plus miferable ; c'eſt pour
cela qu'il nomme cette pri
fon le fejour du malheur
Dans ce funefte eftat no
ftre Philofophe ne leur laiffe qu'une feule reſſource
fçavoir qu'enfin le Ciel ait
pitié d'eux , & leur envoye
le repentir pour les retirer
du gouffre de malheur où
ils fontplongez. Or le preOctobre. 1712. O
162 MERCURE
mier effet que cet heureux
repentir produit en eux , eft
de chaffer ces mauvaiſes
préventions dont ils s'eftoient laiffez préoccuper
dans leur jeuneffe , & de
leur fuggerer de plus juftes
opinions , & des defirs plus
raifonnables. Alors ils fe
trouvent avoir de l'eftime
& de l'inclination pour les
ſciences ; heureux s'ils font
affez aviſez pour choiſir la
veritable , je veux dire celle
qui enfeigne aux hommes
à regler leurs mœurs , &
qu'on appelle pour cette
GALANT. 163
raifon la Morale ! car cette
morale les purifie infailliblement de toutes leurs ha
bitudes vicieuſes , & les met
en eftat de paffer le reſte
de leur vie dans le repos &
dans la felicité , à l'abry de
tous leurs maux paffez.
Mais s'ils font au contraire affez imprudens pour
fe laiffer efbloüir par l'éclat
de la vaine ſcience , & de
la fauffe reputation , noſtre
Philofophe nous fait voir
un fecond reduit , à l'entrée.
duquel paroift une femme
fort parée , & tres- enga
O ij
164 MERCURE
geante, que les petits efprits
& le commun des hommes
nomment la ſcience , quoyque ce ne foit que la vaine
fcience. Car la plupart de
ceux qui dès l'entrée de la
vie ont fuivi la bonne route , ou ceux que le repentir
a retirez de la maifon du
malheur , defirant s'occuper le refte de leur vie aux
ſciences , donnent ordinai.
rement dans cette fauffe
ſcience. Auffi cet afile eftil rempli de Poëtes , d'Orateurs , de Dialecticiens ,
de Muficiens , d'Arithme
GALANT. 165
ticiens,de Géometres, d'Af
trologues, d'Epicuriens , de
Peripateticiens , de Critiques , & de quantité de
gens de cette nature , par-.
mi lefquels on voit encore
de ces Courtifannes du premier reduit , comme l'incontinence , l'intemperance , & leurs autres compagnes. Car ces fortes de
Sçavants en font auffi fouvént les esclaves , quoyque
plus rarement, parce qu'ils
ont plus de foin de s'occuper que les autres . Les préventions ou fauffes opi-
166 MERCURE
nions s'y meſlent auſſi , à
caufe dupoifon que la convoitife leur a fait avaler en
entrant dans la vie , qui les
empefche de connoiſtre
leur ignorance, pour ne pas
dire leur erreur. Et il n'y a
point pour eux , ſelon noftre Philofophe , d'autre
moyen de s'arracher des
pieges de ces mauvaiſes
amies , que de renoncer
pour jamais à la vaine ſcience ; car avec fon feul fe-.
cours ils ne doivent pas efperer de s'affranchir jamais
de leur joug , ny d'éviter les
GALANT. 167
malheurs de la vie.
Mais s'ils font affez heureux de rentrer dans le chemin de la verité , elle leur
fera ( dit - il ) goufter d'un
breuvage qui les purgera de
tous leurs vices , & de toutes leurs erreurs , & qui enfin les mettra dans un eſtat
de fecurité. C'eftpour cela
que noftre Philofophe nous
fait enviſager dans fon tableau un troifiéme reduit
plus élevé que les précedents , mais defert , & habité d'un tres-petit nombre
d'hommes ; la porte en eft
168 MERCURE
*
eftroite , & le chemin pour
y arriver fort ferré , & peu
frequenté ; il paroiſt de
plus difficile & efcarpé.
C'eft le chemin de la veritable ſcience , duquel l'af
pect a quelque chofe de
rude & d'effrayant. Il nous
reprefente à l'entrée de ce
lieu deux femmes d'une
fantéparfaite, pleines d'embonpoint & de vigueur
affifes fur une roche élevée ,
& escarpée de tous coſtez ,
qui tendent la main aux
paffants d'un air affable , &
avec un viſage plein de ſerenité :
f
GALANT. 169
renité ; l'une d'elle fe nomme la conftance , & l'autre
la continence. Ce font deux
fœurs toutes aimables , qui
invitent les paſſants à s'approcher d'elles , à s'armer
de courage , & à ne ſe laiffer
pas vaincre par une laſche
timidité , leur promettant
de les faire entrer dans un
chemin de delices , aprés
qu'ils auront furmonté
quelques legeres difficultez , qui feront bien toft
diffipées . Et pour leur en
faciliter le moyen , elles
veulent bien defcendre
Octobre.
1712. Р
170 MERCURE
quelques marches de ce
précipice où elles font , afin
de leur donner la main , &
de les attirer au deffus.
Là elles les font reſpirer
en leur donnant pour compagnes la force & l'efperance , & leur promettant
de les faire bien- toft arri-:
ver à la veritable ſcience.
Et pour les encourager davantage , elles leur font enviſager combien le chemin
en eft agréable , aisé , &
exempt de tous dangers.
Ce chemin conduit à un
quatriéme & dernier re-
GALANT. 171
*
duit renfermé dans le précedent; c'eft un fejour char-
'mantfemblable à une grande prairie , & fort éclairée
des rayons du Soleil ; on le
nomme le fejour des hom
mes heureux , parce que
toutes les vertus y habitent ,
& que c'est la demeure de
la felicité. Il paroiſt à l'entrée une Dame fort gra
cieuſe avec un viſage égal ,
& dans un âge peu avancé;
fon habit eft fimple &fans
ornemens eftrangers ; elle
eft affife fur une pierre ferme & d'une large affiette ;
Pij
172 MERCURE
c'efl la veritableſcience qui
eft accompagnée de ces
deux filles , dont une s'ap-:
pelle la verité , & l'autre la
perfuafion. Son fiege tefmoigne affez qu'il eft feur
de le fier à elle , & que fes
biens font conftants. Mais
qui font ces biens ( dit Cebés ) ce font la confiance ,
la privation d'ennuis , la
conviction que rien ne peut
deformais leur nuire. Or
cette honnefte mere eft à
l'entrée de cet afile pour
guerir les hoftes qui luy arrivent , enleur faifant pren-
GALANT. 173
-dreune potion cordiale qui
les purifie de toutes les imperfections qu'ils avoient
contractées en paſſant par
les premiers reduits , telles
que l'ignorance , l'erreur ,
la prévention , l'arrogance,
l'incontinence , la colere ,
l'avarice , & les autres vices : après quoy elle les
fait entrer dans le fejour
des vertus.
Or noftre Philofophe
nous reprefente ces vertus
fous la forme de Damesfages & belles , fans aucun
fard ny ajuftemens , en un
P iij
174 MERCURE
motfort differentes des premieres ; on les nomme la
pieté , la juftice , l'integrité , la temperance , la modeftie , la liberalité , la clemence , &c. Après donc
que les vertus ont admis
ces nouveaux hoftes dans
leur focieté , elles n'en demeurent pas là ; mais Cebés nous fait enviſager une
eſpece de donjon en forme
de citadelle au milieu de
ce dernier reduit , & fur
l'endroit le plus eflevé ; c'eſt
le palais de la felicité , la
mere de toutes les vertus ;
GALANT. 175
c'eft dans ce fejour heureux qu'elles les introduifent pour les prefenter à
leur mere. Au refte il dépeint cette mere comme
une Reine affife fur un
throfne à l'entrée de fon
palais , qui eftant parfaitement belle , & dans un âge
de confiſtance , eſt ornée
d'une manière honnefte ;
& fans fafte , ayant la tefte
ceinte d'une couronne de
fleurs , avecun air plein de
majefté. Cette Dame &
fes filles les vertus couronnent ceux qui s'élevent juf
P
iiij
176 MERCURE
ques à elles , comme des
Héros qui ont remporté de
grandes victoires fur diffe .
rens monftres qui leur faifoient la guerre ; & elles
leur adjouftent de nouvelles forces pour domptér
des ennemis , qui auparavant les reduifoient en fervitude , & les dévoroient
aprés leur avoir fait fouffrir
plufieurs divers tourments.
Ces monftres font l'ignorance & l'erreur , la douleur , & la trifteffe , l'avarice , l'intemperance , & en
general tous les vices. Ce
GALANT. 177
font là les ennemis aufquels
ils commandent dorefnavant; bien loin de leur obeir
&de leur eftre foumis comme autrefois. Mais ce n'eft
pas tout cette couronne
que nos Héros ont receuë ,
outre la force qu'elle leur
donne , les rend encore
bienheureux, & les affran
chit de tous les maux de la
vie , en leur apprenant à ne
plus mettre leur felicité
dans les biens paffagers ,
mais uniquement dans la
poffeffion de la vertu , &
dans la joye de la bonne
confcience.
178 MERCURE
Apres que ces hommes
vertueux ont efté ainfi couronnez , Cebés les fait revenir accompagnez de toutes les vertus dans les lieux
par où ils ont paffé autrefois. Là ces fages guides
leur font voir tous ceux qui
menent une vie miſerable,
errants çà là , tousjours
prefts à faire nauffrage , &
tousjours esclaves de leurs
ennemis , les uns de l'incontinence , d'autres de la
fuperbe , les autres de l'avarice , ou du defir de la
vaine gloire , d'autres enfin
GALANT. 179
"
par d'autres vices fans
pouvoir jamais d'eux- meſmes s'affranchir de leur fervitude , ny parvenir au ſejour des vertus , & au palais de la felicité.. La caufe de ce malheur , ( dit noſtre Philofophe ) vient de
ce qu'ils ont oublié le chemin que leur Génie tuter
laire leur avoit enfeigné, &
les préceptes qu'il leur avoit
donnez avant qu'ils entraf
fent dans le monde. C'eſt
alors que ces nouveaux éleves prennent une veritable connoiffance du bien
180 MERCURE
& du mal ; au lieu de l'ignorance & de l'erreur où
ils avoient vefcu pendant
leur aveuglement , qui leur
faifoit eftimer un bien ce
qui veritablement eftoit un
mal , & prendre pour un
mal ce qui eftoit un bien ,
& les engageoit par là dans
une vie déreglée & perverfe , & cette connoiffance
regle leurs mœurs , & les
fait profiter des folies des
autres. Aprés quoy , dit
Cebés , ils peuvent aller
fans crainte où ils veulent ,
parce qu'ils font par tout
GALANT. 181
,
à l'abri de leurs ennemis ,
& qu'en quelque lieu qu'ils
aillent ils font affeurez d'y
vivre dans la droiture de
cœur & dans l'amour de
la vertu , exempts de tout
peril & de toutes fortes de
maux. De plus chacun fe
fait un plaifir, de les recevoir, comme un malade en
reffent lorfque fon medecin
le vient voir. Outre qu'ils
n'ont plus à craindre ces
beftes fauvages qui leur faifoient auparavantuneguerre fi cruelle ; puifque ny
la douleur , ny les chagrins,
182 MERCURE
ny l'incontinence , ny l'avarice, ny la pauvreté n'ont
plus aucun pouvoir fur leur
efprit pour luy faire perdre
l'amour de la verité.
Cebés nous fait remarquer enfuite une autre ef
pece d'hommes qui defcendent auffi de l'afile des vertus fans aucunes couronnes , mais au contraire avec
des vifages de defefperez ,
des cheveux arrachez , &
quifont enchaifnez par des
femmes. Ce font ou ceux
qui eftant arrivez à la veritable ſcience , en ont efté
GALANT. 18 ;
mal receus , comme en eftant indignes ; ou ceux qui
ont manqué de courage
lorfqu'ils ontvoulu s'eflever
fur la roche , où la conf
tance les invitoit de monter , & qui ayant lafché le
pied honteufement , demeurent vagabonds , fans
fçavoir où ils doivent aller.
Les uns & les autres de-.
viennent la proye des chagrins , des angoiffes , dul
deſeſpoir, de la honte & de
l'ignorance ; & pour furcroift de malheur ils retournent au parc de la lu-
184 MERCURE
xure & de l'intemperance ,
oùces infenfez maudiffent
le refte de leurs jours la
veritable ſcience , & les ve
ritables fçavants, regardant
ces derniers comme des
malheureux, qui ne fçavent
pas goufter les plaifirs , &
joüir de la vie comme eux ,
bien loin de fentir euxmefmes l'eftat déplorable
où ils fe font plongez, Car
la brutalité dont ils font
aveuglez , fait qu'ils mettent leur fouverain bien
dans la gourmandiſe , dans
le luxe & dans l'incontiEnfin nence.
GALANT. 185
Enfin noftre Philofophe
entre dans un plus grand
détail fur ce qu'il prétend
que le Génie de chaque
homme luy infinuë avant
fa naiffance. Premieremenp
il leur donne avis ( dit-il
de s'armer de courage , &
de conftance, comme ayant
plufieurs combats à fouftenir dans le monde lorfqu'ils
y
feront entrez : feconde-l
ment il les exhorte à né
point mettre leur efperance dans les biens temporels & paffagers , que la
fortune donne & ofte à fon
Octobre. 1712,
C
i
186 MERCURE
gré , & parconfequent de
ne s'abandonner point à la
joye , quand elle nous les
envoye , ou à la trifteffe
quand elle les retire , parce
qu'elle en ufe comme d'un
bien qui eft à elle , & non
pasà nous. C'eſt pourquoy
il nous avertit de ne reffembler pas ces mauvais Banquiers qui ayant receu.
Fargent d'autruy , le regardent comme leur appartenant, & en ont la meſme
joye que s'il eftoid à eux en
propre , & qui quand on
le repete s'en trouvent auſſi
GALANT. 187
offenfez, & en conçoivent
autant de chagrin que fi
on le leur raviffoit mais
de recevoir au contraire
avec reconnoiffance les
biens temporels qu'il luy
plaiſt de nous départir , &
de nous en fervir pour ar
river en hafte à la fource
feconde & certaine de tous
les biens, qui eft la veritable
fcience , c'est-à - dire , la
fcience qui peut nous rendre heureux. Ainfi nous
devons ( dit il ) éviter d'abord foigneusement les
courtiſannes done on apar-
-
Q ij
188 MERCURE
lé , fçavoir l'intemperance,
la luxure , & les autres vi-
& prendre garde de ces
nous laiffer enchanter de
leurs attraits. ។
A l'égard de la vaine
ſcience nous pouvons luy
donner , felon luy , quelques années de notre vie ,
& prendre quelques -unes
de fes leçons pour nous aider à paffer outre , car nous
devons nous hafter d'arriver à la veritable ſcience ,
& à la pratique des vertus
le pluftoft que nous pourrons , & regarder tout le
GALANT. 189
temps que nous employons
à autre chofe , comme autant de rabbatu fur la durée de noftre felicité.
Tous les emblefmes eftant finis , Cebés examine
quelles font les leçons qu'-
on peut tirer de la vaine
fcience, & conclud que ce
font les Lettres & les autres
difciplines , que Platon dit
eftre le frein des fougues
de la jeuneffe. Il prétend
au refte que ces leçons ne
font point abfolument neceffaires pour acquerir la
morale , & qu'on doit les
190 MERCURE
regarderſeulement comme
des moyens pour y arriver
plus communément, mais
qui ne nousfervent de rien
pour augmenteren nous la
vertu: &la raiſon qu'il en ap
porte, c'eſt qu'on peut eftre
vertueux fans elles , comme
l'experience journaliere le
confi me. On ne doit pas
cependant, felon luy,les re
garder commeinutiles . Car
(dit il ) quoy qu'on puiſſe
abſolument entendre une
langue estrangere avec le
fecours feul d'un Interpre
te , on ne laiſſe pas de trou-
GALANT. 191
ver quelque foulagement
& quelque ſatisfaction lors
qu'on peut encore y joindre fa propre connoiffan
ce. Il en eft de mefme de
la vaine fcience qu'on ne
doit regarder que comme
un fecours pour arriver plus
aisément à la veritable.
De là noſtre Philoſophe
tire cette fafcheufe confequence contre les faux fçavants , qui prétendent s'attribuer quelque préference
fur les autres hommes , fçavoir qu'ils n'ont là aucun avantage pour devenir
par
192 MERCURE
plus parfaits qu'eux ; puifqu'il eft conftant qu'ils ne
jugent pas plus fainement
du bien & du mal que le
refte des hommes , & qu'ils
font fujets aux meſmes vices; car qui empefche ( ditil ) d'eftre lettré , de poffe
der toutes les fciences vaines , & d'eftre cependant
toujours un yvrogne , un
intemperant , un avaricieux , un calomniateur, un
traiftre , & en un mot un
infensé, puifque ces fortes
de fciences ne s'occupent
point à la connoiffance des
vertus ,
GALANT. 193
7
vertus & des vices La cau
fe de ce malheur , dit noftre Philofophe , vient de
ce que ces fortes de fça
vants ont la vanité de croi
re fçavoir ce qu'effectivement ils ignorent : c'eft ce
qui les rend indociles &
pareffeux à fe faire inftruire de la veritable ſcience,
D'un autre cofté ils font
fujets comme le reſte des
hommes à fe laiffer emporter par leurs fauffes préventions qui les rendent
opiniaftres & intraitables.
De forte qu'ils ne ſçauOctobre 1712.
R
194 MERCURE
roient fe flatter d'avoir aucun avantage ſur eux ,
moins que le Ciel ne leur
à
envoye quelque rayon de
lumiere qui leur faffe connoiftre la vanité de leur
fcience , & les porte à rechercher la verité.
Enfin Cebés prouve la
propofition qu'il a avancée au commencement de
fon difcours , fçavoir que
les dons de lafortune, com+
me la vie , la fanté , les richeffes , la nobleſſe , les
honneurs , les victoires , &
les autres biens temporels
GALANT. 195
ne font pas de veritables
biens ; ny par confequent
les maux qui leur font oppofez, commeles maladies,
la mort mefme , &c. ne
font pas deveritables maux;
maisil prétend aucontraire
que toutes ces chofes d'elles-mefmesfont indifferentes pour noftre perfection.
La vie , dit - il , eft un bien
à celuy qui vit bien , & c'eſt
fans doute unmal à l'égard
de celuy qui fe comporte
mal, par les maux aufquels
elle l'expofe toft ou tard.
D'un autre cofté la vie eft
R ij
196 MERCURE
commune aux meſchants
comme aux bons , aux malheureux commeà ceux qui
font heureux , d'où il conclud que la vie en elle meſme eft une chofe indifferente. De mefme que de
couper un bras à un hom-
-me qui fe porte bien , eft
pour luy un mal ; & c'eſt
rau contraire un bien à celuy
qui a la gangrenne , d'où il
fuit que l'amputation d'un
bras eft une chofe qui n'eft
abfolument parlant , ou en
foy, nybonne n'y mauvaiſe.
Il rafonne de melme des
GALANT. 197
richeffes , de la fanté, & des
autres biens du corps : car
ilferoit, dit il , tres- louvent
à defirer pour celuy qui a
fait un mauvais coup , qu'il
euft efté malade pendant le
temps qu'il l'a fait ; c'eft
pourquoy la fanté eft en
ce cas un vray mal pour
luy , quoyque ce foit d'ailleurs un bien pour les honneftes gens. A l'égard des
richeffes on voit fouvent.
que ceux qui les poffedent
ne font pas les plus heureux ny les plus honneftes.
gens ; d'où il faut conclure
Riij.
198 MERCURE
&
qu'elles ne fervent de rien
pour noftre felicité
qu'ainfi par elles mefmes
elles ne font pas un bien
pluftoft qu'un mal , puifqu'il feroit à fouhaitter pour
ceux qui n'en fçavent pas
ufer , qu'ils en fuffent privez à caufe des miferes qu'-
elles leur attirent.
Noftre Philofophe conclud en difant qu'on peut
appeller les biens temporels, des biens pourceux qui
fçavent s'en bien fervir , &
des maux à l'égard de ceux
qui en font un mauvais ufa-
GALANT. 199
ge , & finit en remarquant
que ce qui nous trouble &
nous agite en cette vie c'eft
le faux jugement que nous
portons fur les biens & fur
les maux temporels , fur lequelfauxjugement nous reglons enfuite toute la conduite de noftre vie pour le
bien ou pour le mal; & cela
parce que nous ne travaillons pas affez à connoiſtre
l'un & l'aure.
On connoift affez au
refte par cet exposé que les
mefmes inclinations & les
mefmes vices qui dominent
R iiij
200 MERCURE
aujourd'huy , regnoient dès
ces premiers temps , & que
la Providence a toujours eu
foin de faire naiftre des
hommes , qui au milieu de
la corruption de leur fiecle
rendiſſent teſmoignage à
la vertu & aux veritez morales , afin qu'elles n'en
fuffent pas entierement étouffées , & afin que les
hommes dépravez n'euffent pas à fe plaindre d'avoir manqué d'inftructions,
& mefme d'exemples pour
les mettre en pratique , &
d'avertiffements pour con-
GALANT. 201
noiftre les fuites fafcheufes
des paffions & des vices ,
& pour en concevoir de
l'horreur. Mais ce que nous
devions , ce mefemble , admirer icy le plus , ce font
ces repentirs & ces rayons
de lumiere que Cebés reconnoift eftre envoyez du
Ciel pour retirer les hommes de l'esclavage de leurs
paffions , & les faire rentrer dans le fein des vertus. Certes fila chofe eftoit
telle dans ces temps du pai
ganisme , plus de trois cens
ans avant la venue du Mef-
202 MERCURE
fie , comme il femble qu'on
n'en puiffe douter , par le
recit de cet autheur , je ne
crois pas qu'on puiſſe douter auffi que le Ciel n'exerçaft fes mifericordes fur
ces peuples corrompus , de
mefme que fur le peuple
Juif: car effectivement que
peut il y avoir qu'une lumiere divine qui faffe connoiftre à l'efprit de l'homme la vanité des voluptez ,
& qui luy faffe diftinguer
la vaine ſcience de la veri
table , & les vicès des vertus ? L
GALANT. 203
A l'égard du Génie que
Cebés a creu préfider à noftre conception , & nous
inftruire dès le ventre de
noftre mere de nos devoirs
pour la vie à laquelle nous
fommes deftinez , on ne
fçauroit , ce me femble ,
penfer que ce foit autre
que la lumiere de la
raifon où l'ame raiſonnable que Dieu met dans le
corps dés qu'elle peut y
exercer fes fonctions , la
quelle lumiere feroit fuffifante pour nous faire éviter
tous les écueils des paffions
chofe
204 MERCURE
& des vices , fans les fauffes
préventions aufquelles nous
nous abandonnons pendant la jeuneffe , au lieu de
confulter la lumiere de noftre raison. Quand à la fortune qui, felon luy , difpenfe les biens temporels & les
maux à fon gré , on voit
affez qu'on ne peut entendre par là , que la Provi
dence qui a créé toutes chofes , à qui par confequent
toutes chofes appartiennent en propre , & qui ef
tant la maiftrelle du fort
des hommes , en peut difC
GALANT. 203
poſer felon fa volonté. De
plus lorsqu'il nous dit que
la douleur , les chagrins , la
pauvreté , &c. n'ont plus
d'empire fur l'homme devenu vertueux , il nous fait
connoiftre combien eftoit
grande la fecurité , la confiance , la conſtance , & là
tranquillité de l'efprit de
l'honnefte homme , & que
les hommes vertueux de ce
temps là participoient dès
ce monde aux recompenfes des veritablesChrêtiens,
parce qu'ils pratiquoientles
-mefmes bonnes œuvres.
206 MERCURE
Car quoyqu'ils ne conneuffent pas Dieu auffi clairement , & qu'ils ne le creuffent peut-eftre pas auffi prefent à toutes leurs démarches que nous , ils ne laiffoient pas d'envisager la
vertucomme la loy de l'Autheur de la nature , gravée
dans le cœur des hommes,
& d'eftre perfuadez que
ceux- là offenfoient Dieu
qui trahiſſoient la vertu
ainfi ils pratiquoient la ver.
tu dans la veuë de plaire à
Dieu , d'où naiflóit dès ce
monde la joye & la ferenité de leur conſcience.
on Explication du Tableau
de la Vie humaine de Cebés
Tébain de Grece , difciple
de Socrate ,
moral.
Philofophe
Où l'on a fuivi lefens de l'Autheur le plus exactement
qu'il a efté poffible , fans
s'éloigner de l'efprit general
de tous les peuples.
CEbés nous reprefente
d'abord la vie humainefous
la figure d'un grand parc
qui renferme plufieurs reduits , avec des perfonnes
1712. Octobre. N
146 MERCURE
de toutes efpeces , tant à
l'entrée qu'au dedans de
chacun. Mais avant que de
propofer fon embléme , de
l'intelligence duquel il prétend que dépend noftre
bonheur ou noftre malheur ;il prend foin de nous
avertir , que noftre ignorance eft une espece de
Sphinx à noftre égard , par
la connoiffance obfcure &
ambiguë qu'elle nous propoſe du bien & du mal, ou
de ce qui peut eftre regardé comme de foy - mefme
indifferent. Car cette con-
GALANT. 147
noiffance devient pour
nous une énigme , laquelle
faute de pouvoir eftre penetrée, nous rend malheureux le reste de nos jours.
Au lieu que fi nous nous
appliquons à en découvrir
le fecret , nous pouvons efperer une vie exempte de
tous maux & veritable
ment heureuſe.
Noftre Philofophe nous
fait voir enſuite une grande multitude d'hommes &
de femmes à la porte de de
parc , qui fe preſentent
pour y entrer , & qui nous
Nij
148 MERCURE
marquent les enfans avant
qu'ils fortent du ventre de
leur mere pour venir au
monde. Au milieu de cet- :
te multitude on voit le Genie ou l'Intelligence , à qui
l'Autheur de la nature a
commis ( felon Cebés ) le
foin de noftre naiſſance ,
fous la figure d'un fagevieillard , qui enfeigne aux
uns & aux autres la maniere dont ils doivent fe
comporter lorfqu'ils feront
entrez dans la vie , & le
chemin qu'ils doivent teir pour y eftre heureux,
3
GALANT. 149
Mais à peine ces nouveaux
nez ont-ils paffé la porte
du parc , qu'ils oublient en
peu de temps les bonnes
leçons qu'ils ont receuës de
leur Genie ; car la convoitife qu'ils rencontrent
l'entrée de ce lieu , dont
elle eft comme la Reine , &
où elle préfide comme
dans fon throfne , les feduit bien - toft en leur faifant avaler dans une coupe qu'elle leur prefente ,
l'erreur & Pignorance. Les
nouveaux nez munis de ces
deux paffeports , s'avancent
N iij
150 MERCURE
**
dans le parc comme des
hommes enchantez les uns
plus les autres moins , à
proportion qu'ils en ont
beu. Mais ils ne vont pas
fort loin , que voicy une
troupe de femmes agreables de toutes fortes de figures qui les environnent ,
& les embraffent avec empreffement ; & ce font les
opinions , les defirs , & les
delices , par lesquelles ils
fe laiffent tous entraifner.
Les unes les emmennent
dans le chemin de la felicité , les autres dans celuy
GALANT. II
du malheur & de la perdition après les avoir feduites. Car les unes & les autres leur promettent à la
verité une vie heureuſe &
tranquille ; mais parce qu'
ils ont avalé le poiſon de
l'ignorance & de l'erreur ,
ceux qui ont efté feduits
paffent leur vie à errer ça
& là comme des perfonnes yvres , fans pouvoir jamais trouver le chemin qui
devroit les conduire au vrai
bonheur.
Cebés nous fait voir enfuite au milieu du Parcune
N iiij
152 MERCURE
eſpece de Divinité ſous la
figure d'une femme , que
l'aveuglement des hommes
a dépeinte fans yeux , &
comme fourde , & mefme
capricieuſe , parce qu'elle
enrichit les uns des biens
de ce monde , & qu'elle
ofte aux autres ceux mefme qu'elle leur avoit donnez & cela felon fa volonté, & fuivant des decrets
impenetrables. Ils l'ont
nommée la Fortune , & ont
figuré l'inconftance de fes
faveurs par une boule fur
laquelle ils la font mar-
GALANT. 153
cher à caufe des difgraces
qu'éprouvent tous les jours
ceux qui mettent leur efperance dans les biens de la
vie. Il nous reprefente donc
cette fortune comme environnée d'une grande multitude de ces hommes enyvrez du poiſon de la convoitife, qu'il nomme les ambitieux. Tous luy preſentent leurs requeſtes , mais
elle écoute les uns & rejette les autres , ce qui rend
leurs vifages tous differens ;
les uns paroiffants tres -joyeux , & les autres fort
154 MERCURE
triftes . Les premiers ſont
ceux dont les demandes
ont efté receuës favorablement , & ceux-cy la nomment bonne fortune. Les
derniers au contraire levent leurs mains vers elle
tout éplorez , parce qu'elle leur a mefme ofté ce
qu'elle leur avoit autrefois
accordé , pour le donner à
d'autres , & à caufe de cela
ils l'appellent mauvaiſe fortune. Ornoftre Philoſophe
nous fait remarquer que
ces biens qui attriſtent fi
fort les uns & réjoüiſſent
1
GALANT. ISS
4
tant les autres , font les richeffes , les honneurs , la
qualité , les defcendants ,
les commandements , les
Couronnes , & generalement tous les biens temporels ou du corps , qu'il
prétend n'eftre pas de veritables biens ; parce qu'ils
ne nous rendent en rien
plus parfaits , comme il effaye de le démontrer fur
la fin de fon emblême.
༣.
De là il nous conduit à
un premier reduit , & nous
fait voir plufieurs femmes
à la porte , parées comme
156 MERCURE,
des courtisannes , l'une fe
nomme l'intemperance ,
l'autre la luxure , une autre
l'avarice , une autre l'ambition , &c. Elles font toutes
là comme en ſentinelle ,
pour remarquer ceux à qui
la Fortune a efté favorable ,
& qu'elle a enrichis de fes
dons. Dès qu'elles en apperçoivent quelqu'un , elles
courent à luy , elles le careffent & l'embraffent , &
font tant par leurs flatteries , qu'elles l'engagent à
entrer dans leur azile, en lui
promettant une vie tran-
GALANT. 157
quille , exempte de tout ennuy , & remplie de delices.
Ceux qui font affez inconfiderez pour fe laiffer aller
No
aux promeffes de ces Sirenes , gouftent à la verité
les plaifirs de la vie pendant
un temps , ou du moins
croyent les goufter ; mais
quand par la fuite du temps
ils réfléchiffent ferieufe-'
ment fur cette maniere de
vivre , ils s'apperçoivent
qu'ils ont efté feduits ; que
ce qu'ils ont creu de folides plaiſirs , n'en avoient
tout au plus que l'apparen-
158 MERCURE
ce ; & qu'en un mot ils en
font la dupe , par la honte
qu'ils leur ont attirée , & les
malheurs où ils les ont précipitez. Car aprés avoir
confommé avec ces Courtiſannes tous les biens qu'ils
avoient receuës de la Fortune , ils fe trouvent malheureuſement reduits à devenir leurs efclaves , & à
commettre toutes les baf
feffes, & tous les crimes auf
quels ces cruelles maiftreffes les engagent. Ainfi ils
deviennent des affronteurs,
des facrileges, des parjures,
GALANT. 159
des traiftres , des larrons
& tout ce qu'on peut imaginer de plus mauvais,
A
#
>
Enfin cette vie mifera
ble n'a qu'un temps , mefme fouvent fort court
après lequel ( dit Cébés ) la
vengeance du Ciel éclate
fur eux ; alors il les livre à
la punition , que ce Philofophe nous reprefente fous
la figure d'une femme couverte de haillons , & fort
défigurée , tenant un foüet
en la main. Elle paroift
dans ce premier reduit à la
porte d'une efpece de ca-
>
160 MERCURE
chot , ou lieu ténebreux ,
dont l'afpect fait horreur ,
ayant pour compagnes la,
trifteffe , & l'angoiffe. I '
nous dépeint la premiere
la tefte panchée jufques fur
fes genoux , & la derniere
s'arrachant les cheveux.
Elle a encore pour, voiſins
les pleurs & le defefpoir
qui font des perfonnages
difformes , extenuez , tous
nuds , & horribles à voir.
C'eft entre les mains de
ces derniers qu'ils font li
vrez en dernier reffort ,
après avoir effuyé toute la
fureur
GALANT. 161
fureur des premieres . Alors
ils fe voyent accablez de
tourments & de maux , &
reduits à paffer le refte de
leurs jours dans ce cachot
affreux de la maniere la
plus miferable ; c'eſt pour
cela qu'il nomme cette pri
fon le fejour du malheur
Dans ce funefte eftat no
ftre Philofophe ne leur laiffe qu'une feule reſſource
fçavoir qu'enfin le Ciel ait
pitié d'eux , & leur envoye
le repentir pour les retirer
du gouffre de malheur où
ils fontplongez. Or le preOctobre. 1712. O
162 MERCURE
mier effet que cet heureux
repentir produit en eux , eft
de chaffer ces mauvaiſes
préventions dont ils s'eftoient laiffez préoccuper
dans leur jeuneffe , & de
leur fuggerer de plus juftes
opinions , & des defirs plus
raifonnables. Alors ils fe
trouvent avoir de l'eftime
& de l'inclination pour les
ſciences ; heureux s'ils font
affez aviſez pour choiſir la
veritable , je veux dire celle
qui enfeigne aux hommes
à regler leurs mœurs , &
qu'on appelle pour cette
GALANT. 163
raifon la Morale ! car cette
morale les purifie infailliblement de toutes leurs ha
bitudes vicieuſes , & les met
en eftat de paffer le reſte
de leur vie dans le repos &
dans la felicité , à l'abry de
tous leurs maux paffez.
Mais s'ils font au contraire affez imprudens pour
fe laiffer efbloüir par l'éclat
de la vaine ſcience , & de
la fauffe reputation , noſtre
Philofophe nous fait voir
un fecond reduit , à l'entrée.
duquel paroift une femme
fort parée , & tres- enga
O ij
164 MERCURE
geante, que les petits efprits
& le commun des hommes
nomment la ſcience , quoyque ce ne foit que la vaine
fcience. Car la plupart de
ceux qui dès l'entrée de la
vie ont fuivi la bonne route , ou ceux que le repentir
a retirez de la maifon du
malheur , defirant s'occuper le refte de leur vie aux
ſciences , donnent ordinai.
rement dans cette fauffe
ſcience. Auffi cet afile eftil rempli de Poëtes , d'Orateurs , de Dialecticiens ,
de Muficiens , d'Arithme
GALANT. 165
ticiens,de Géometres, d'Af
trologues, d'Epicuriens , de
Peripateticiens , de Critiques , & de quantité de
gens de cette nature , par-.
mi lefquels on voit encore
de ces Courtifannes du premier reduit , comme l'incontinence , l'intemperance , & leurs autres compagnes. Car ces fortes de
Sçavants en font auffi fouvént les esclaves , quoyque
plus rarement, parce qu'ils
ont plus de foin de s'occuper que les autres . Les préventions ou fauffes opi-
166 MERCURE
nions s'y meſlent auſſi , à
caufe dupoifon que la convoitife leur a fait avaler en
entrant dans la vie , qui les
empefche de connoiſtre
leur ignorance, pour ne pas
dire leur erreur. Et il n'y a
point pour eux , ſelon noftre Philofophe , d'autre
moyen de s'arracher des
pieges de ces mauvaiſes
amies , que de renoncer
pour jamais à la vaine ſcience ; car avec fon feul fe-.
cours ils ne doivent pas efperer de s'affranchir jamais
de leur joug , ny d'éviter les
GALANT. 167
malheurs de la vie.
Mais s'ils font affez heureux de rentrer dans le chemin de la verité , elle leur
fera ( dit - il ) goufter d'un
breuvage qui les purgera de
tous leurs vices , & de toutes leurs erreurs , & qui enfin les mettra dans un eſtat
de fecurité. C'eftpour cela
que noftre Philofophe nous
fait enviſager dans fon tableau un troifiéme reduit
plus élevé que les précedents , mais defert , & habité d'un tres-petit nombre
d'hommes ; la porte en eft
168 MERCURE
*
eftroite , & le chemin pour
y arriver fort ferré , & peu
frequenté ; il paroiſt de
plus difficile & efcarpé.
C'eft le chemin de la veritable ſcience , duquel l'af
pect a quelque chofe de
rude & d'effrayant. Il nous
reprefente à l'entrée de ce
lieu deux femmes d'une
fantéparfaite, pleines d'embonpoint & de vigueur
affifes fur une roche élevée ,
& escarpée de tous coſtez ,
qui tendent la main aux
paffants d'un air affable , &
avec un viſage plein de ſerenité :
f
GALANT. 169
renité ; l'une d'elle fe nomme la conftance , & l'autre
la continence. Ce font deux
fœurs toutes aimables , qui
invitent les paſſants à s'approcher d'elles , à s'armer
de courage , & à ne ſe laiffer
pas vaincre par une laſche
timidité , leur promettant
de les faire entrer dans un
chemin de delices , aprés
qu'ils auront furmonté
quelques legeres difficultez , qui feront bien toft
diffipées . Et pour leur en
faciliter le moyen , elles
veulent bien defcendre
Octobre.
1712. Р
170 MERCURE
quelques marches de ce
précipice où elles font , afin
de leur donner la main , &
de les attirer au deffus.
Là elles les font reſpirer
en leur donnant pour compagnes la force & l'efperance , & leur promettant
de les faire bien- toft arri-:
ver à la veritable ſcience.
Et pour les encourager davantage , elles leur font enviſager combien le chemin
en eft agréable , aisé , &
exempt de tous dangers.
Ce chemin conduit à un
quatriéme & dernier re-
GALANT. 171
*
duit renfermé dans le précedent; c'eft un fejour char-
'mantfemblable à une grande prairie , & fort éclairée
des rayons du Soleil ; on le
nomme le fejour des hom
mes heureux , parce que
toutes les vertus y habitent ,
& que c'est la demeure de
la felicité. Il paroiſt à l'entrée une Dame fort gra
cieuſe avec un viſage égal ,
& dans un âge peu avancé;
fon habit eft fimple &fans
ornemens eftrangers ; elle
eft affife fur une pierre ferme & d'une large affiette ;
Pij
172 MERCURE
c'efl la veritableſcience qui
eft accompagnée de ces
deux filles , dont une s'ap-:
pelle la verité , & l'autre la
perfuafion. Son fiege tefmoigne affez qu'il eft feur
de le fier à elle , & que fes
biens font conftants. Mais
qui font ces biens ( dit Cebés ) ce font la confiance ,
la privation d'ennuis , la
conviction que rien ne peut
deformais leur nuire. Or
cette honnefte mere eft à
l'entrée de cet afile pour
guerir les hoftes qui luy arrivent , enleur faifant pren-
GALANT. 173
-dreune potion cordiale qui
les purifie de toutes les imperfections qu'ils avoient
contractées en paſſant par
les premiers reduits , telles
que l'ignorance , l'erreur ,
la prévention , l'arrogance,
l'incontinence , la colere ,
l'avarice , & les autres vices : après quoy elle les
fait entrer dans le fejour
des vertus.
Or noftre Philofophe
nous reprefente ces vertus
fous la forme de Damesfages & belles , fans aucun
fard ny ajuftemens , en un
P iij
174 MERCURE
motfort differentes des premieres ; on les nomme la
pieté , la juftice , l'integrité , la temperance , la modeftie , la liberalité , la clemence , &c. Après donc
que les vertus ont admis
ces nouveaux hoftes dans
leur focieté , elles n'en demeurent pas là ; mais Cebés nous fait enviſager une
eſpece de donjon en forme
de citadelle au milieu de
ce dernier reduit , & fur
l'endroit le plus eflevé ; c'eſt
le palais de la felicité , la
mere de toutes les vertus ;
GALANT. 175
c'eft dans ce fejour heureux qu'elles les introduifent pour les prefenter à
leur mere. Au refte il dépeint cette mere comme
une Reine affife fur un
throfne à l'entrée de fon
palais , qui eftant parfaitement belle , & dans un âge
de confiſtance , eſt ornée
d'une manière honnefte ;
& fans fafte , ayant la tefte
ceinte d'une couronne de
fleurs , avecun air plein de
majefté. Cette Dame &
fes filles les vertus couronnent ceux qui s'élevent juf
P
iiij
176 MERCURE
ques à elles , comme des
Héros qui ont remporté de
grandes victoires fur diffe .
rens monftres qui leur faifoient la guerre ; & elles
leur adjouftent de nouvelles forces pour domptér
des ennemis , qui auparavant les reduifoient en fervitude , & les dévoroient
aprés leur avoir fait fouffrir
plufieurs divers tourments.
Ces monftres font l'ignorance & l'erreur , la douleur , & la trifteffe , l'avarice , l'intemperance , & en
general tous les vices. Ce
GALANT. 177
font là les ennemis aufquels
ils commandent dorefnavant; bien loin de leur obeir
&de leur eftre foumis comme autrefois. Mais ce n'eft
pas tout cette couronne
que nos Héros ont receuë ,
outre la force qu'elle leur
donne , les rend encore
bienheureux, & les affran
chit de tous les maux de la
vie , en leur apprenant à ne
plus mettre leur felicité
dans les biens paffagers ,
mais uniquement dans la
poffeffion de la vertu , &
dans la joye de la bonne
confcience.
178 MERCURE
Apres que ces hommes
vertueux ont efté ainfi couronnez , Cebés les fait revenir accompagnez de toutes les vertus dans les lieux
par où ils ont paffé autrefois. Là ces fages guides
leur font voir tous ceux qui
menent une vie miſerable,
errants çà là , tousjours
prefts à faire nauffrage , &
tousjours esclaves de leurs
ennemis , les uns de l'incontinence , d'autres de la
fuperbe , les autres de l'avarice , ou du defir de la
vaine gloire , d'autres enfin
GALANT. 179
"
par d'autres vices fans
pouvoir jamais d'eux- meſmes s'affranchir de leur fervitude , ny parvenir au ſejour des vertus , & au palais de la felicité.. La caufe de ce malheur , ( dit noſtre Philofophe ) vient de
ce qu'ils ont oublié le chemin que leur Génie tuter
laire leur avoit enfeigné, &
les préceptes qu'il leur avoit
donnez avant qu'ils entraf
fent dans le monde. C'eſt
alors que ces nouveaux éleves prennent une veritable connoiffance du bien
180 MERCURE
& du mal ; au lieu de l'ignorance & de l'erreur où
ils avoient vefcu pendant
leur aveuglement , qui leur
faifoit eftimer un bien ce
qui veritablement eftoit un
mal , & prendre pour un
mal ce qui eftoit un bien ,
& les engageoit par là dans
une vie déreglée & perverfe , & cette connoiffance
regle leurs mœurs , & les
fait profiter des folies des
autres. Aprés quoy , dit
Cebés , ils peuvent aller
fans crainte où ils veulent ,
parce qu'ils font par tout
GALANT. 181
,
à l'abri de leurs ennemis ,
& qu'en quelque lieu qu'ils
aillent ils font affeurez d'y
vivre dans la droiture de
cœur & dans l'amour de
la vertu , exempts de tout
peril & de toutes fortes de
maux. De plus chacun fe
fait un plaifir, de les recevoir, comme un malade en
reffent lorfque fon medecin
le vient voir. Outre qu'ils
n'ont plus à craindre ces
beftes fauvages qui leur faifoient auparavantuneguerre fi cruelle ; puifque ny
la douleur , ny les chagrins,
182 MERCURE
ny l'incontinence , ny l'avarice, ny la pauvreté n'ont
plus aucun pouvoir fur leur
efprit pour luy faire perdre
l'amour de la verité.
Cebés nous fait remarquer enfuite une autre ef
pece d'hommes qui defcendent auffi de l'afile des vertus fans aucunes couronnes , mais au contraire avec
des vifages de defefperez ,
des cheveux arrachez , &
quifont enchaifnez par des
femmes. Ce font ou ceux
qui eftant arrivez à la veritable ſcience , en ont efté
GALANT. 18 ;
mal receus , comme en eftant indignes ; ou ceux qui
ont manqué de courage
lorfqu'ils ontvoulu s'eflever
fur la roche , où la conf
tance les invitoit de monter , & qui ayant lafché le
pied honteufement , demeurent vagabonds , fans
fçavoir où ils doivent aller.
Les uns & les autres de-.
viennent la proye des chagrins , des angoiffes , dul
deſeſpoir, de la honte & de
l'ignorance ; & pour furcroift de malheur ils retournent au parc de la lu-
184 MERCURE
xure & de l'intemperance ,
oùces infenfez maudiffent
le refte de leurs jours la
veritable ſcience , & les ve
ritables fçavants, regardant
ces derniers comme des
malheureux, qui ne fçavent
pas goufter les plaifirs , &
joüir de la vie comme eux ,
bien loin de fentir euxmefmes l'eftat déplorable
où ils fe font plongez, Car
la brutalité dont ils font
aveuglez , fait qu'ils mettent leur fouverain bien
dans la gourmandiſe , dans
le luxe & dans l'incontiEnfin nence.
GALANT. 185
Enfin noftre Philofophe
entre dans un plus grand
détail fur ce qu'il prétend
que le Génie de chaque
homme luy infinuë avant
fa naiffance. Premieremenp
il leur donne avis ( dit-il
de s'armer de courage , &
de conftance, comme ayant
plufieurs combats à fouftenir dans le monde lorfqu'ils
y
feront entrez : feconde-l
ment il les exhorte à né
point mettre leur efperance dans les biens temporels & paffagers , que la
fortune donne & ofte à fon
Octobre. 1712,
C
i
186 MERCURE
gré , & parconfequent de
ne s'abandonner point à la
joye , quand elle nous les
envoye , ou à la trifteffe
quand elle les retire , parce
qu'elle en ufe comme d'un
bien qui eft à elle , & non
pasà nous. C'eſt pourquoy
il nous avertit de ne reffembler pas ces mauvais Banquiers qui ayant receu.
Fargent d'autruy , le regardent comme leur appartenant, & en ont la meſme
joye que s'il eftoid à eux en
propre , & qui quand on
le repete s'en trouvent auſſi
GALANT. 187
offenfez, & en conçoivent
autant de chagrin que fi
on le leur raviffoit mais
de recevoir au contraire
avec reconnoiffance les
biens temporels qu'il luy
plaiſt de nous départir , &
de nous en fervir pour ar
river en hafte à la fource
feconde & certaine de tous
les biens, qui eft la veritable
fcience , c'est-à - dire , la
fcience qui peut nous rendre heureux. Ainfi nous
devons ( dit il ) éviter d'abord foigneusement les
courtiſannes done on apar-
-
Q ij
188 MERCURE
lé , fçavoir l'intemperance,
la luxure , & les autres vi-
& prendre garde de ces
nous laiffer enchanter de
leurs attraits. ។
A l'égard de la vaine
ſcience nous pouvons luy
donner , felon luy , quelques années de notre vie ,
& prendre quelques -unes
de fes leçons pour nous aider à paffer outre , car nous
devons nous hafter d'arriver à la veritable ſcience ,
& à la pratique des vertus
le pluftoft que nous pourrons , & regarder tout le
GALANT. 189
temps que nous employons
à autre chofe , comme autant de rabbatu fur la durée de noftre felicité.
Tous les emblefmes eftant finis , Cebés examine
quelles font les leçons qu'-
on peut tirer de la vaine
fcience, & conclud que ce
font les Lettres & les autres
difciplines , que Platon dit
eftre le frein des fougues
de la jeuneffe. Il prétend
au refte que ces leçons ne
font point abfolument neceffaires pour acquerir la
morale , & qu'on doit les
190 MERCURE
regarderſeulement comme
des moyens pour y arriver
plus communément, mais
qui ne nousfervent de rien
pour augmenteren nous la
vertu: &la raiſon qu'il en ap
porte, c'eſt qu'on peut eftre
vertueux fans elles , comme
l'experience journaliere le
confi me. On ne doit pas
cependant, felon luy,les re
garder commeinutiles . Car
(dit il ) quoy qu'on puiſſe
abſolument entendre une
langue estrangere avec le
fecours feul d'un Interpre
te , on ne laiſſe pas de trou-
GALANT. 191
ver quelque foulagement
& quelque ſatisfaction lors
qu'on peut encore y joindre fa propre connoiffan
ce. Il en eft de mefme de
la vaine fcience qu'on ne
doit regarder que comme
un fecours pour arriver plus
aisément à la veritable.
De là noſtre Philoſophe
tire cette fafcheufe confequence contre les faux fçavants , qui prétendent s'attribuer quelque préference
fur les autres hommes , fçavoir qu'ils n'ont là aucun avantage pour devenir
par
192 MERCURE
plus parfaits qu'eux ; puifqu'il eft conftant qu'ils ne
jugent pas plus fainement
du bien & du mal que le
refte des hommes , & qu'ils
font fujets aux meſmes vices; car qui empefche ( ditil ) d'eftre lettré , de poffe
der toutes les fciences vaines , & d'eftre cependant
toujours un yvrogne , un
intemperant , un avaricieux , un calomniateur, un
traiftre , & en un mot un
infensé, puifque ces fortes
de fciences ne s'occupent
point à la connoiffance des
vertus ,
GALANT. 193
7
vertus & des vices La cau
fe de ce malheur , dit noftre Philofophe , vient de
ce que ces fortes de fça
vants ont la vanité de croi
re fçavoir ce qu'effectivement ils ignorent : c'eft ce
qui les rend indociles &
pareffeux à fe faire inftruire de la veritable ſcience,
D'un autre cofté ils font
fujets comme le reſte des
hommes à fe laiffer emporter par leurs fauffes préventions qui les rendent
opiniaftres & intraitables.
De forte qu'ils ne ſçauOctobre 1712.
R
194 MERCURE
roient fe flatter d'avoir aucun avantage ſur eux ,
moins que le Ciel ne leur
à
envoye quelque rayon de
lumiere qui leur faffe connoiftre la vanité de leur
fcience , & les porte à rechercher la verité.
Enfin Cebés prouve la
propofition qu'il a avancée au commencement de
fon difcours , fçavoir que
les dons de lafortune, com+
me la vie , la fanté , les richeffes , la nobleſſe , les
honneurs , les victoires , &
les autres biens temporels
GALANT. 195
ne font pas de veritables
biens ; ny par confequent
les maux qui leur font oppofez, commeles maladies,
la mort mefme , &c. ne
font pas deveritables maux;
maisil prétend aucontraire
que toutes ces chofes d'elles-mefmesfont indifferentes pour noftre perfection.
La vie , dit - il , eft un bien
à celuy qui vit bien , & c'eſt
fans doute unmal à l'égard
de celuy qui fe comporte
mal, par les maux aufquels
elle l'expofe toft ou tard.
D'un autre cofté la vie eft
R ij
196 MERCURE
commune aux meſchants
comme aux bons , aux malheureux commeà ceux qui
font heureux , d'où il conclud que la vie en elle meſme eft une chofe indifferente. De mefme que de
couper un bras à un hom-
-me qui fe porte bien , eft
pour luy un mal ; & c'eſt
rau contraire un bien à celuy
qui a la gangrenne , d'où il
fuit que l'amputation d'un
bras eft une chofe qui n'eft
abfolument parlant , ou en
foy, nybonne n'y mauvaiſe.
Il rafonne de melme des
GALANT. 197
richeffes , de la fanté, & des
autres biens du corps : car
ilferoit, dit il , tres- louvent
à defirer pour celuy qui a
fait un mauvais coup , qu'il
euft efté malade pendant le
temps qu'il l'a fait ; c'eft
pourquoy la fanté eft en
ce cas un vray mal pour
luy , quoyque ce foit d'ailleurs un bien pour les honneftes gens. A l'égard des
richeffes on voit fouvent.
que ceux qui les poffedent
ne font pas les plus heureux ny les plus honneftes.
gens ; d'où il faut conclure
Riij.
198 MERCURE
&
qu'elles ne fervent de rien
pour noftre felicité
qu'ainfi par elles mefmes
elles ne font pas un bien
pluftoft qu'un mal , puifqu'il feroit à fouhaitter pour
ceux qui n'en fçavent pas
ufer , qu'ils en fuffent privez à caufe des miferes qu'-
elles leur attirent.
Noftre Philofophe conclud en difant qu'on peut
appeller les biens temporels, des biens pourceux qui
fçavent s'en bien fervir , &
des maux à l'égard de ceux
qui en font un mauvais ufa-
GALANT. 199
ge , & finit en remarquant
que ce qui nous trouble &
nous agite en cette vie c'eft
le faux jugement que nous
portons fur les biens & fur
les maux temporels , fur lequelfauxjugement nous reglons enfuite toute la conduite de noftre vie pour le
bien ou pour le mal; & cela
parce que nous ne travaillons pas affez à connoiſtre
l'un & l'aure.
On connoift affez au
refte par cet exposé que les
mefmes inclinations & les
mefmes vices qui dominent
R iiij
200 MERCURE
aujourd'huy , regnoient dès
ces premiers temps , & que
la Providence a toujours eu
foin de faire naiftre des
hommes , qui au milieu de
la corruption de leur fiecle
rendiſſent teſmoignage à
la vertu & aux veritez morales , afin qu'elles n'en
fuffent pas entierement étouffées , & afin que les
hommes dépravez n'euffent pas à fe plaindre d'avoir manqué d'inftructions,
& mefme d'exemples pour
les mettre en pratique , &
d'avertiffements pour con-
GALANT. 201
noiftre les fuites fafcheufes
des paffions & des vices ,
& pour en concevoir de
l'horreur. Mais ce que nous
devions , ce mefemble , admirer icy le plus , ce font
ces repentirs & ces rayons
de lumiere que Cebés reconnoift eftre envoyez du
Ciel pour retirer les hommes de l'esclavage de leurs
paffions , & les faire rentrer dans le fein des vertus. Certes fila chofe eftoit
telle dans ces temps du pai
ganisme , plus de trois cens
ans avant la venue du Mef-
202 MERCURE
fie , comme il femble qu'on
n'en puiffe douter , par le
recit de cet autheur , je ne
crois pas qu'on puiſſe douter auffi que le Ciel n'exerçaft fes mifericordes fur
ces peuples corrompus , de
mefme que fur le peuple
Juif: car effectivement que
peut il y avoir qu'une lumiere divine qui faffe connoiftre à l'efprit de l'homme la vanité des voluptez ,
& qui luy faffe diftinguer
la vaine ſcience de la veri
table , & les vicès des vertus ? L
GALANT. 203
A l'égard du Génie que
Cebés a creu préfider à noftre conception , & nous
inftruire dès le ventre de
noftre mere de nos devoirs
pour la vie à laquelle nous
fommes deftinez , on ne
fçauroit , ce me femble ,
penfer que ce foit autre
que la lumiere de la
raifon où l'ame raiſonnable que Dieu met dans le
corps dés qu'elle peut y
exercer fes fonctions , la
quelle lumiere feroit fuffifante pour nous faire éviter
tous les écueils des paffions
chofe
204 MERCURE
& des vices , fans les fauffes
préventions aufquelles nous
nous abandonnons pendant la jeuneffe , au lieu de
confulter la lumiere de noftre raison. Quand à la fortune qui, felon luy , difpenfe les biens temporels & les
maux à fon gré , on voit
affez qu'on ne peut entendre par là , que la Provi
dence qui a créé toutes chofes , à qui par confequent
toutes chofes appartiennent en propre , & qui ef
tant la maiftrelle du fort
des hommes , en peut difC
GALANT. 203
poſer felon fa volonté. De
plus lorsqu'il nous dit que
la douleur , les chagrins , la
pauvreté , &c. n'ont plus
d'empire fur l'homme devenu vertueux , il nous fait
connoiftre combien eftoit
grande la fecurité , la confiance , la conſtance , & là
tranquillité de l'efprit de
l'honnefte homme , & que
les hommes vertueux de ce
temps là participoient dès
ce monde aux recompenfes des veritablesChrêtiens,
parce qu'ils pratiquoientles
-mefmes bonnes œuvres.
206 MERCURE
Car quoyqu'ils ne conneuffent pas Dieu auffi clairement , & qu'ils ne le creuffent peut-eftre pas auffi prefent à toutes leurs démarches que nous , ils ne laiffoient pas d'envisager la
vertucomme la loy de l'Autheur de la nature , gravée
dans le cœur des hommes,
& d'eftre perfuadez que
ceux- là offenfoient Dieu
qui trahiſſoient la vertu
ainfi ils pratiquoient la ver.
tu dans la veuë de plaire à
Dieu , d'où naiflóit dès ce
monde la joye & la ferenité de leur conſcience.
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Résumé : PARAPHRASE ou Explication du Tableau de la Vie humaine de Cebés Tébain de Grece disciple de Socrate, & Philosophe moral. Où l'on a suivi le sens de l'Autheur le plus exactement qu'il a esté possible, sans s'éloigner de l'esprit general de tous les peuples.
Le texte présente une allégorie philosophique de la vie humaine, comparée à un grand parc avec divers réduits symbolisant les étapes et expériences de la vie. Cebés, disciple de Socrate, utilise cette métaphore pour illustrer les défis et les choix que les individus doivent affronter. Au début de la vie, les individus sont guidés par une intelligence qui leur enseigne comment être heureux, mais ils oublient rapidement ces leçons à cause de la convoitise et de l'ignorance, personnifiées par une reine séductrice. Dans ce parc, la Fortune, une divinité aveugle et capricieuse, distribue des biens temporels. Les ambitieux la supplient, mais elle favorise certains et rejette d'autres, créant ainsi des joies et des tristesses. Ces biens temporels ne sont pas considérés comme de vrais biens, car ils ne rendent pas les hommes plus parfaits. Le parc comporte plusieurs réduits. Le premier est gardé par des femmes représentant des vices comme l'intempérance et l'avarice, qui séduisent ceux que la Fortune a favorisés. Ces individus goûtent des plaisirs éphémères avant de tomber dans le malheur et la misère. Leur seule ressource est le repentir, qui les conduit vers des opinions plus justes et un intérêt pour les sciences, notamment la morale. Un second réduit est habité par ceux qui se laissent séduire par la fausse science, représentée par des poètes, orateurs, et autres savants. Ces individus sont souvent esclaves de leurs vices et de leurs erreurs. Un troisième réduit, plus élevé et difficile d'accès, mène à la véritable science. À son entrée, deux femmes, la Constance et la Continence, aident les passants à surmonter les difficultés. Ce chemin conduit à un quatrième réduit, le séjour des hommes heureux, où habitent toutes les vertus et la véritable science, accompagnée de la Vérité et de la Persuasion. Le texte décrit également une allégorie où les âmes, appelées 'Cébés', traversent divers états pour atteindre la vertu et la félicité. À l'entrée de ce chemin, une 'honnête mère' purifie les âmes des imperfections comme l'ignorance, l'erreur, et l'arrogance, les préparant ainsi à entrer dans le séjour des vertus. Ces vertus sont représentées par des dames sages et belles, telles que la piété, la justice, l'intégrité, et la tempérance. Après avoir été admises dans cette société, les âmes sont conduites vers un donjon en forme de citadelle, le palais de la félicité, où règne une Reine assise sur un trône. Cette Reine et ses filles, les vertus, couronnent les âmes vertueuses, leur donnant force et bonheur, et les libérant des maux de la vie. Ces âmes, désormais héroïques, dominent les monstres symbolisant les vices et vivent dans la droiture et l'amour de la vertu. Le texte distingue également ceux qui, ayant atteint la véritable science, sont mal reçus ou manquent de courage, devenant ainsi des esclaves des chagrins et des vices. Ces derniers maudissent la véritable science et les savants, préférant les plaisirs matériels. Le philosophe Cebés enseigne que les biens temporels, comme la vie, la santé, et les richesses, ne sont ni véritables biens ni véritables maux en eux-mêmes. Ils dépendent de l'usage que l'on en fait. Il exhorte à ne pas se réjouir ou se lamenter excessivement face à ces biens, mais à les utiliser pour atteindre la véritable science et la vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 97-173
Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Début :
L'Organe de la voix ou de la parole est [...]
Mots clefs :
Oreille, Musique, Veines et artères, Anatomie, Glotte, Gosier, Muscles, Air, Parole, Voix, Anneaux, Corps, Larynx, Homme, Cordon, Canal, Fente, Oiseaux, Dilatateur, Membrane, Bouche, Diaphragme, Aplatisseur, Vibrations, Souffle, Lèvres, Cartilage, Lobe du poumon, Organe, Épiglotte, Anatomiste
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texteReconnaissance textuelle : Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la
musique
,
ou lesmerveilles de la Trachée
artere,tirées des observations desplus habiles Anatomistes, f5 de
l'anatomiecomparée.
L'Organe de la voix ou
de la parole est le gosier,
nommé par les Anatomie:
tes âpre ou trachéeartere,
pour le distinguer du go.
iiêr par où passent les alimens qu'ils appellent l'éso-
phage, & qu'on peut à eause de cela nommer en françois le passage des vivres.
Le gosier ou trachée artere
est composé de quarante
quatre parties qui fervent
à former la voix, sçavoir
de vingt six cartilages osseux, de douze muscles, de
trois especes de membranes
,
& de trois especes de
nerfs, sanscompter les arteres, les veines, les glandes, & autres parties qui
entrent encore dans sa
composition. Toutes ces
quarante quatre parties ont
leurs usages par rapport à
la voix, qu'il s'agit d'expliquer
,
c'est à-dire, de reduire aux regles de la mechanique & de la musique.
Nous appellons osseux les
vingt-six cartilages, parcequ'ils tiennent effectivement de la nature de l'os,
puisqu'ils contiennent tous
une espece de moëlle dans
le milieu de leur substance,
& qu'ils deviennent mesme des os parfaits dans
beaucoup de vieillards. Il
faut encore joindre à ces
quarante quatre organes le
diaphragme qui est un des
principaux instruments de
la voix, ce qui fait au moins
quarante cinq organes en
tout.
I. On a
de coustume de
distinguer le gosier en deux
partiesprincipales,quisont
a teste
,
nommée par les
Anatomistes, larinx
,
en
françois siffletou cornet,
& le corps du gosier. Ce
corps est un canal plus que
demy circulaire, dont la
convexité est tournée du
poflx du visage, & qui commençant à l'entrée des pou-
mons, monte le long du
passage des vivres sur lequel il est couché & applique par sa base. Il est composé ordinairement de
vingt un cartilages formez
chacun comme un grand
croissant
,
& qui sont fermez du costé de leur bafe
par une membrane musculeuse,laquelle regnant tout
le long de ce canal ,forme
cette base que je nomme
le MurcIe posterieur. Ces
cartilages sont liez les uns
aux autres par les fibres
longitudinaires de cette
membranemusculeuse,qui
s'inserent entre chacun
d'eux, &s'y attachent dans
tout leur contour. Par ce
moyen les fibres circulaires
de la mesme membrane,
qui traversent ces premiers
angles droits, se gonflant,
& se racourcissant par l'arrivée des esprits, ferment
ces anneaux ,& retrecissent la capacité du gosier;
& lorsque les fibres longitudinaires se gonflent & se
racourcissent, le canal en
est en mesme temps racourci
;
desorte que si l'on
souffle alors le vent sort
hors la poitrine avec effort,
ce canal s'enfle considerablement, le ressort des mes.
mes anneaux contribuë aussi à les dilater. Mais ce
racourcissement se fait encore parune autre membrane tendineuse qui tapisse intérieurement le
corps du gosier, & dont les
fibres longitudinaires qui
attachent intérieurement,
les mesmes anneaux pu
croiffans les uns aux autres,
les rapprochent les uns des
autres en se racourcissant
par leur ressort
,
quand le
gosier a
ététiré selon sa
longueur, & laissé ensuite
en liberté. :,
,
2. La teste du gosier ou le larinx
,
ou cornet
,
est
composée de cinq cartilages osseux comme les précedens, dent le plussolide
ala forme de l'embouchoir
d'une flute douce ou à bec,
coupé perpendiculaire
ment à sa longueur après
en avoir osté le tampon;
c'està dire que c'est une
espece d'anneau à tirer de
l'arc beaucoup plus large
dans une partie de son
corps que dansla partie opposée, aussi l'appelle-t'on
l'anneau. Le haut du corps
du gosier est joint avec le
bas de cet anneau par des
ligaments particuliers en
telle forte que la partie large de l'anneau est rootnée
vers le derriere de la teste
,
& posée sur l'esophage, &
la partie vuide & anterieure du mesme anneau est
recouverte par un second
cartilage nommé l'écu &
le bouclier
,
qui ressemble
assez à une cuirasse de fer,
estant voutéde mesme par
le devant. Ce cartilage ou
l'écu estant applari auroit
la figure d'un tra peze donc
la plus grande baze seroit
tournée en haut. Ilestfortement adherent au corps
de l'anneau par des ligaments propres; il s'esleve
mesme plus haut pour s'aller attacher parfesdeux angles ou cornes superieurcs
aux deux cornes de l'os de
la langue, appelle Joïde,
lequel tient par ce moyen
tout le gosier de l'homme
suspendu dans une situation
verticale.C'est cette partie voutée dumilieu de ré.
cu qu'on appelle le nœud
de la gorge
,
d'autres disent la pomme d'Adam,
au dessous duquel nœud on
sent en tastant avec les
doigts le bord estroit de
l'anneau. Par ce moyen
l'anneau &l'écuforment
ensemble le canal rond de
lateste du gosier,lequel
canal a
huit ou neuf lignes
de diamettre dans un homme fait. Ce canal est recouvert par le haut de deux
membranes fort épaisses,
& presque semicirculaires,
attachées horizontalement
par leur circonference exterieure dans son contour
interieur. Ces deux membranes laissent entre leurs
bords intérieurs terminez
chacun par un cordon solidetendineux, une ouverture triangulaire isocele appellée la glotte ou
la bouche du gosier dont
la pointe se termine au milieu du dedans de l'écu,
dans l'endroit où ces deux
membranes qu'on nomme
les lèvres de la glotte se
réunissent, & donc la base
est située sur !c bord large
de l'anneau, oùil y a
deux
petits cartilages triangulaires osseux attachez par leur
base sur le mesme bord,
environ àune ligne l'un de
l'autre. On les nomme guttauxou becs, à cause de
leur figure pointuë
;
c'est
apparemment eux qui ont
donné le nom au gosier.
Les deux bouts de ces deux
cordons font collez chacun à la base d'un de ces
deux osselets. Et ily a
des
Autheurs qui prétendent
que ces deux cordons,&
mesmeleurs membranes
font des muscles, mais cela ne m'a paru ainsi
,
on
verra dans la fuite que ce
font principalement ces
deux membranes & leurs
cordons qui forment la
voix ou la parole ,& ces
deux osselets qui la modifient en les approchant ou
écartant l'un de l'autre,
ainsi on peut les nommer
les portiers de laglotte. Enfin cette sente, bouche ou
glotte est recouverte par
un couvercle ou clapet car-
tilagineux de forme triangulaire, un peu arrondi par
la pointe, nommé à cause
de cela l'epiglotte, comme
qui diroit le couvercle de
la glotte. L'epiglotte tient
interieurement parsa base
irl'écu proche le milieu de
son bord superieur au dessus de la glotte, ensorte que
le vent souffléde la poitrine
par la glotte, ouvre cette
porte pour sortir, par la
bouche, & celuy que l'on
respire joint au poids de
cette glotte,la referme dans
l'homme. Mais danslesanir.
maux à quatre pieds qui
ont presque tousjours la
teste baissée, & dont la glotteest très spacieuse
,
& l'épiglotte plus pesante
,
la
nature a
esté obligée de
luy donner des muscles particuliers pour l'ouvrir &
la fermer, de crainte que
les alimens n'encrassent par
la glotte pendant la respiration.
3. Dans les oiseaux aquatiques comme les canards,
gruës,oyes,macreuses, &c.
qui retirent continuellement de l'eau, de l'air, &
- de
de la vasemeslez ensemble, ( ce qu'on appelle
communément barboter,)
la nature prévoyance a
situé
le principal organe de leur
voix au bas de leur gosier
au dedans de leur poitrine,
ensorte que dans plusieurs
il est caché mesme dans la
substance du poumon. De
plus cet organe est double,
car du costé gauche du
corps du gosier cest un anneau osseux semicirculaire
-
beaucoup plus large, plus
solide
,
& plus ample que
les autres,ayant à sa base
une fente percée du devant.
au derriere,dont les lévres
font membraneuses. A cette fente,s'abouche la branche gauche de l'Apre artere qui se répand, dans le
poumon; desorte qu'en
soufflant par cette branche,
le vent qui fort par cette
fente ou glotte inférieure,
& par celle qui est outre
cela au haut du larinx à la
racine de la langue
,
rend
un son enroüé
,
que les paysans nomment ( pire) &
qui est le chant ordinaire
avec lequel ces oiseaux s'ap-
pellent de près; mais du
costé droit la nature a
joint
à
ce demi anneau osseux un
veritable sifflet rond, osfeux semblable en quelque
façon aux sifflets de terre
donc les enfans contrefont
les Rossignols. Ce sifflet
tres-dur en dehors, est rapissé en dedans d'un cartilage fort épais, ayant deux
bouches, dont la su perieure s'ouvre dans le bas du
corps du gosier par son cosséJ & l'inférieure respond
dans le lobe du poumon
droit par la branchedroi-
te de l'âpre artere
,
estant
presque en tout semblable
à la bouche ou glotte qui
est du costé droit. le vent
soufflé avec violence par
cette branche droite frappant l'interieur de ce siffier,
rend un sontres-fort par la
glotte superieure ,lequel
les paysans appellent (can)
& de crainte que ce vent
ne rentre danslelobe gauche, la nature a
separé la
bafe du corps du gosier en
cet endroit par un cartilage
osseux qui sertde guideaux
deux airs, qui sortent des
poumons, & qu'on appek
le le coûtre. Ce vent qui
vient du sifflet entrant avec
rapidité dans lescavitez
que ces oiseaux ont au palais en plus grande quantite que les autres oiseaux
,
plus grandes,& plus profondes,y prend un sonnazard qui s'y augmente
merveilleusement. C'est ar,
vecce son nazard qu'ils
appellent leurs camarades
qui sont fortesloignez
d'eux. Il faut dé plus remarquer que les cartilages
du corps du goder de ces
fortes d'oiseaux sont des
cercles presque entiers enchassezquelquefois les uns
dans les autres, pour avoir
plus de solidité; & ceux au
contraire de ses branches
quise répandent dans les
poumons font des cercles
plus imparfaits, avec une
membrane charnuë qui les
lie à peu près comma le
corps du gosier dans l'homme.
4. A l'égard des autres
muscles du gosier, qui dans
l'homme font au nombre
de onze, ils sont tous atta-)
chez à sa teste ou larinx
;
sçavoir deux qui fervent à
la tirer en bas, sont attachez chacun d'un bout au
bord inférieur de l'ecu des
deux costez de son nœud
ou milieu, & de l'autre
bout au haut du poitral
,
ces
muscles donnent encore
lieu au gosier de s'enfler
davantage par cet abbaissement, & aidentl'action
de sa membrane musculeuse posterieure, & de sa
membrane tendineuse intérieure
,
on peut à cause de
cela les nommer les depri-
meurs du gosier. En abbaissant aussi lateste du gofier ils facilitent la déglution,& garantissent la cheute des alimens dans la glotte. La teste du gosier est
retirée en haut, & en mesme temps suspenduë par
deux autres muscles attachez d'un bout aux deux
costez du noeud de l'écu
vers son milieu parle devant, sçavoir au dessus des
précédents, & par l'autre
b out aumesme os de la langue dont on a
parlécy devant, Ces deux muscles au
reste
reste n'ont que deux pouces de longueur. Ils lér-'
vent aussi à faire allonger
lecorps du gosier lorsqu'ils
viennent à se raccourcir,
& de plus en tirant la teste
du gosier en haut, ils facilitent la respiration, & présentent laglotte à la bouche pour faire davantage
éclater la voix;On peuc
donc les nommer les Elc^
veurs du larinx.
f'
;
Déplus l'ecu est comme
ouvert en dehors ou appla-
¡,. ti par une troisiéme paire
f' de muscle
,
qui partant du
bord estroit ôcinférieur de
l'anneau au devant de la
gorge, vont s'atracher
aux deux angles de la base inferieure de l'écu à
droite & à gauche. Car
il est évident que ces muscles en se raccourcissantretirent par ce moyen les ailes de l'écu en dehors, comme pour le rendre moins
vouté, mais ce n'est effectivement que pour attirer la
partie posterieure de la ted
te du gosier vers son anterieure,c'est à dire pourl'applatir un peu du devant en
derriere
,
& l'allonger en
mesme ,
temps d'autant vers
les deux costez, ou en un
mot pour rendre sa cavité
ovale, afin de rendre la double membrane qui compose
la glotte, laquelle sans cela
demeureroit lasche & ridée
lorsque la glotte est fore
ouverte, ce qui causeroit un
son bas & tremblant. Et
afinaussi que les deux lévres de la glotte ou ses
deux cordons puissent plus
aisément estre écartées l'un
del'autre par les muscles
destinez à cet effet donc
nous allons parler. Onpeut
donc nommer cetre troisiéme paire de muscles les
Applatisseurs du larinx. Ces
trois premieres paires qu'-
on appelle ordinairement
exterieurs par rapportà récit
,
pourroient encore
mieux estre nommez antérieurs, parce qu'ils sont situez ducollet duvirage,par
rapport aux cinq dont nous
allons parler, qui sontplacez sur le partage des vivres vers le derriere du col,
& qu'on pourroit nommer
a cause de cela posterieurs
aussi bien qu'interieurs par
rapport à l'ecu, mais ces
denominations ne regardant que l'anatomiste
,
&
nullement le musicien ( si
ce n'est tout au plus pour
s'orienter,) nous passerons
maintenant à la description
& aux usages de ces derniers. La quatrième paire
de muscles part donc des
deux costez de la partie large, & posterieure de l'anneau en dehors, & va s'attacher à la bafe des deux
portiers de la glotte, sçavoir proche les angles de
cette bafe les plus esloignez
du milieu de la glotte
,
&
cela après avoir passé derriere deux petites éminences de la partie large de
l'anneau qui leur fervent
comme de poulies de retour, afin de leur donner
à chacun un plus grand
jeu dans leur raccourcissement, & une direction plus
propre à écarrer ces portiers l'un de l'autre en les
faisantglisser sur le bord de
l'anneau. On peutappeller
cette paire les grands Dilatateurs de la glotte parrap-
port a une cinquiéme paire
beaucoup plus courte &
plus gresle, qui partant des
deux costez de la mesme
partie de l'anneau fous l'écuà costé des deux précedents, mais plus loin du milieu de l'anneau, va s'attacher aux mesmes portiers
joignantles deux précedents à l'anglemesme de
leur base; par ce moyen la
direction de ces derniers
muscles est encore plus propre à écarter les deux portiers l'un de l'autre, mais
avec un moindre jeu que les
deux précedents; c'est pour
cela qu'on nommera cette
cinquiéme paire les petits
Dilatateurs de la glotte. ERfin l'onziéme muscle du larinx qui est le douziéme de
tout le gosier,lie exterieurement les deux portiers l'un
à l'autre parleur base,afin
de pouvoir en se gonflant
6c se racourciffant les approcherl'un vers l'autre,&
fermer en mesme temps les
cordons de la glotte. Gn
peut donc le nommer l'Adducteur des cordons ou:des
lévres delaglotte,ausil'oi>
veut tout d'un coup le Fer-
-
meurde la glotte. Plusieurs anatomistes habiles
veulent que cederniermuscle foit encore double comme les précedents
; mais la
chosenema pas paru ainsi.
Il y a
donc treize muscles
quifervent à la formation
-
de la voix en y comprenant le diaphragme donc
on parlera cy-a prés.
5. A l'égard des nerfs du
larinx il y en a
de trois sortes,sçavoirune branche de
la quatriéme paire qui envoye un rameau à toreilla
& l'autre à la langue, une
de la septiéme paire qui en
fait autant, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille, dansle Mercure de
Paris du mois de Janvier
1712.&qui de plusenvoye
un rameau à la racine des
dents; & enfin une bran**
che de la cinquiéme paire
du nerfrecurrent, qui après
s'estre entortillée autour de
l'aorte descendante, monte au gosier, ou elle distribuë, des rameaux à son
corps&àsateste. Une pareille branche du mesme
nerf fait la mesme chose
aprés s'estre contournée
autour de l'artereaxillaire
droite, & ces deux branches envoyent en mesme
temps des rameaux au
cœur. De plus ces deux dernieres paires, aprés s'estre
unies, envoyent encore des
rameaux à la langue & aux
oreilles. Par le moyen de
ces nerfs l'animal entre en
action pour crier, & se deffendre en mesme temps
,
ou pour fuir selon l'occasion; pour exprimer sa joye,
son admiration, sa douleur,,
& toutes ses autres passions.
Ce nerf dela huitiéme paire estant coupé, l'animal
cesse dans le moment de
crier, ce qui marque en general que les nerfs font
toute l'action des animaux;
&en particulier que c'est
celuy-cy qui sert à former
le cri de la voix en se distribuant dans les muscles
du larinx, sans que l'oreille
y ait part, comme ilarrive à tous les sourds & muets
lorsqu'ils sont agitez de
quelque passion.
6, Quant à
laformation
de la voix il y a
des Anatol"-
missesouPhysiciens qui
ont dit que la glotte en estoit l'organe
,
d'autres les
muscles du larinx; & enfin
les autres le corps mesme
du gosier ; & tous ensemble ont raison
; car le corps
du gosier contribuë à la
voix,en foumissant l'air qui
en fait le son
;
les lévres&
cordons de la glotte contre
lesquels cet air se brise, forment ce sonpar leurs tremblements
,
& les muscles
qui servent à serrer ou à
écarter ces mesmes cor-
dons & leurs membranes
l'une de l'autre, & à étendre ces mesmes membranes
,
forment le degré
,
la
force, & la netteté de ce
son. A quoy l'on doit encore adjouster les muscles
de la poitrine, principalement le diaphragme, qui
pressant les poumons(à peu
près comme un berber
presse sa musette avec son
bras, ou comme un preneur de cailles presse son
apeau) fournissent au gofier l'air qui forme la parole & la voix. Voila donc
au moins quarante cinq instrumens qui fervent à former la voix.
Mais pour expliquer
maintenant cette formation dans le détail qu'elle
demande,il faut remarquer
que la voix de l'homme n'a
pas feulement besoin de
monter & dedescendre par
differents intervalles
,
loic
pour chanter, pour appeller, pour crier ou pour exprimer ses différentes passions; mais elle a
besoinencore d'estre plus forte ou
plus foible en
-
chaque dé-
gréde son, afin de se faire
entendre à differentes distances, ou pour varier son
chant 6c ses paroles selon
le besoin: ainsielle doit devenir quelquefois plus foible en montant
,
ôc plus
forteen descendant
,
ou
tout au contraire. Or le vent
poussé au travers de laglot-
.te.) soit dedans en dehors,
(ou mesme. de dehors en
dedans)forme lesonde la
voix, le bruit de la parole,
les cris, les éclats, les sanglots, &c.selon que ce bruit
estplus longou plus court,
plus
plus fort ou plus foible
,
comme nous l'avons dit
dans le Mercure cité cydessus
; & cela en faisant
trembler les deux membranes de la glotte, mais principalement ses deux cordons qui sont tousjours entretenus dans un certain
estat de tension ou de ressort, tant par leur solidité
particuliere,que par le mue.
cle fermeur
,
qui tire les
deux portiers l'un vers l'autre; & cet air devient son
en se brisant contre ces
mesmes cordon,de la mes-
me maniere que l'air pressé
au travers des lévres de la
bouche devient un fifllement qui estune espece de
son en les faisant trembler,
ou si l'on veut comme le
vent chassé violemment à
travers la fente d'un chasEs décolé en quelque endroit, y
forme unson qui
imite fort la voix humaine
par les tremblements qu'il
luy cause
; ou enfin encore
comme l'air pouffé au travers une fente faite au costé d'un roseau ouvert par
un bout,& fermé par l'au,
tre, lorsqu'on souffle par le
bout ouvert; car cet air ne
pouvant passer par cette
fente sans en écarter les lévres, les met en ressort, &
leur combat mutuel forme
des vibrations dans l'air environnant, dans lesquelles
consiste le [on, & ce son
imiteroit encore plus parfaitement la voix humaine
si l'on avoit foin d'arrondir
un peu ces deux lévres
,
à
peu près comme les bords
de la glotte. Au reste le
chassis bruyant,& les firingues ou roseaux des An-
ciens n'imitent encore la
voix humaine qu'imparfaitement, en ce que leur son
ne monte jamais, qu'il nc,\
devienne en mesme temps
plus fort, & qu'il descend
tousjours à mesurequ'il
s'affoibltr. Car ce son ne
monte, que par l'acceleration de ses vibrations, laquelle ne vient que de la
force de l'air qui est poussépar la fente; au contraire
lorsque cet air passe plus.
lentement
,
ses vibrations
devenant plus lentes, le son
baisse enmesmetemps. La.
mesme chose arrive à quantité d'oiseaux dont la glotte
n'est ouverte ou fermée que
par l'air qui passe au travers, particulièrement aux
oiseaux aquatiques donc
nous avons parlécy -devant, & dont la voix se forme au travers de leurs glotte
,
comme le son à travers la fente d'un chassis
bruyant, ou d'une siringue,
& non pas par le jeu d'aucuns muscles.C'est cequ'on
entend tous les jours sur les
estangs où il y a
des canards lorsqu'il en passe
d'autres en l'air au détins
d'eux, car ils les appellent
en eslevant d'abord leurs
ailes afin d'enflerleurs poumons
,
& planant ensuite
fortement pour en chasser
l'air avec violence, ce qui
esleve extremement leur
voix,& forme un cancan treséclattant,lequel baisse peu h,
,
peu à mesure que leur poitrine se vuide d'air;les coqs
font à peu près la mesme
chose avant de chanter.
7. Il n'en est pas de mesme dans l'homme, & mesme dans plusieurs animaux
terrestres, comme les
chiens, les chats, l'Elan du
Bresil, & dans quantité
d'oiseaux dont la glotte
estouverte & fermée par
des muscles: car lemuscle fermeur de la glotte
venant à se raccourcir, ap*
proche les portiers l'un de
l'autre & de son milieu, ce
qui bande ses cordons, parce que ces portiers estant
posez sur la circonférence
de l'anneau, & les deux
cordons qu'ils tirent estant
attachez à la partie opposée diametralement du ca.
nal du larinxil est bien evh
dent qu'on ne sçauroit approcher les portiers du diamettre de ce canal sans en
mesme temps allonger ces
cordons, ( comme Euclide
lademontré) & sans estendre aussi les deux membranesqu'ils bordent, & qui
couvrant ce canal, forment
la glotte. Ainsi la voix ou la
parole est obligée de monter par l'acceleration des
tremblements de ces cordons ,& elle s'affoiblit en
mesme temps,par le jet d'air
quisort de la glotte, lequel
est
est d'autant plus gresle
qu'elle est plus rétrecie.
Maissi l'on veut augmenter au contraire laforce de la voix sans l'eslever
il ne faut que pouffer une
plus grande quantité d'air
de la poitrine,& ouvrir un
peu les portiers de la glotte,
en bandant les dilatateurs
grands ou petits, & relaschant à proportion le Fermeur,afin que les cordons
ne soient pas plustenduspar
l'augmentation de la quantité de l'air qui passe entre
eux qu'ilsl'estoient en pre-
micrlieu: parcemoyen cet
air passant en plus grande
quantité par la glotte produira un son plus fortsans
estre cependant plus estevé
; au lieu que si les cordons n'avoient point esté
relaschez, la voix auroit
monté
,
en mesme temps
qu'elle feroit devenuë plus
forte1, comme dansles oiseauxaquatiques. Je dis
de plus que les Applatifseursdu larinx doivent aussi entrer en contraction,
afin de faciliter touvenure de la glotte, & tenir en
mesme temps les deux
membranes tenduës, comme nous l'avons dit. Si l'on
veut outre cela que la voix
monte à mesure qu'elle devient plus forte
;
alors les
Eleveursdu larinx doivent
le tirer en haut,afinde présenter la glotte à l'entrée
de la bouche, pour que l'air
qui en fort allant frapper
contre toutes ses parties solides, comme le palais, &
les dents,&c. y
fouffredes
réflexions,s'y brise& y
augmenta la force de son
ressort,comme nous l'avons
dit de l'entonnoir, & de la
caisse de l'oreille, & afin
aussi que le canal exterieur
composé de la bouche & de
son entonnoir, lequel s'estend jurqu'au larinx & que -
l'on nomme le creux, ou le
port de voix) estant par là
plus racourci, la voix en
devienne plus eslevée,comme)1 arrive dans les flutes,
hautbois
,
flageolets, &c.
Enfin la membrane charnuë ou le muscle qui lie les
croissansdu corps du gosier
,
doit aussiroidir les-fibres circulaires, afin de ré-
trecir tout ce corps, & de
donner plus de rapidité à
l'air qui couleau dedans,
sans quoy l'effort du diaphragme deviendroit inutile. Ainsi l'on voit que pour
produire cet effet la pluspart des muscles font en
action
; car la voix devant
durer quelque temps sur un
mesme degré, il faut necet:
sairement que tous les muscles antagonistes soient
contrebandez, c'est-à-dire,
que les Abaisseurs du gofier le soient contre les Eleveurs
,
& que ses Dilata-*
teurs le soient contre le Fermeur, aussi bien que le diaphragme; sans quoy la glotte se sersieroit)&s'efleveroit en mesme temps, aussi toit que le Fermeur & les
Eleveursagiroient
,
& ne
demeureroit pas dans un
mesme estat, mais le son,
hausseroit ôc. deviendroit
plus foible en mesme
tems.
Mais si l'on veut que la
voix augmente encore de
force & descende ou grossisse en mesme temps, il
faut relascher davantage le
-
Fermeur, & par ce moyen
les cordons & les lèvres de
la glotte, bander davantage les Dilatateurs de la
glotte, & les Applatisseurs
du larinx
,
& pousser l'air
avec plus d'effort: car cet
air ouvrira & arrondira davantage le corps du gosier,
& fera un jet plus gros,
plus solide
,
& par consequent plus capable d'ébranler tout l'airenvironnant,
- ce que ne pouvant faire sans
tendre les cordons de la
glotte, il est évident qu'il
faut donc d'ailleurs les re-
lascher. Il faut de plus que
les Déprimeurs du larinx
seroidissent,&l'emportent
sur ses Eleveurs,afinde donner lieu à l'air qui passe par
le corps du gosier de l'enfler, & d'y couler par consequens avec moins de rapidité, quoy qu'en plus
grande quantité, ce qui formera dans la glotte un jet
plus fort, quoyque d'un son
moins eslevé. Il arrivera
de plusde cet abbaissement
du gosier
,
que le creux,
ou port de voix, ou l'entonnoir en deviendra plus
profond à mesure qu'il s'élargira
,
ce qui rendra encore la voix plus masculine,
& plus baffe. Se fera tout
le contraire lorsqu'on voudra que la voix devienne
plus foible, à mesure qu'elle baissera
,
comme dans
l'estas le plus ordinaire. Car
le diaphragme pouffant
moins d'air de la poitrine,
la glotte pourra se rétressir,
& par consequent le Dilatateur & l'Aplatisseur se relascher à proportion; en
telle sorte que le peu d'air
qui passera par la glotte, y
coulera lentement, & y excitera des fremissements
lents,c'est- dire un son
grave & foible
,
ce qui se
perfectionnera encore par
l'élargissement & l'abbaissement du gosier, & par Fa"
longement de son creux,
comme on vient de l'expliquer, cette acttion estant
en partie opposée à la précedente & plus simple, que
si la glotte s'ouvroit par raaion du Dilatateur & de
l'Aplatisseur: ce qui fait
voir que les différentes modifications de la voix con-
latentdansun combat entre le diaphragme & les
muscles du gosier.
8. C'est la mesme chose
pour la parole que pour la
voix
,
excepté feulement
que la parole est une voix
pluscourte l3) plus unie.
Ilya cependant biendes
nations comme les Normans3 les Gascons
,
mais
principalement les Chinois, dont la paroleestun
veritable chant; & le systeme enharmonique des
Grecs, n'estoit inventé que
pour noter leur déclama-
tion qui estoit un vray
chant. Lors qu'on dit que
l'on reconnoistun homme
à la voix, ou quand on commande d'obéir à sa voix, on
entend non le chant d'un
homme maissa parole, tant
il est vray que ces deux
choses considerées en ellesmesmes ne font qu'une
mesme chose. Mais les gradations de la parole sont
différences de celles de la
voix, comme estant regléees par un autreorgane,
sçavoir le limaçon; au lieu
que la voix est guidée par
lelabyrinthe, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille;c'e stce quifait que
la parole reçoit toutes sortes de gradations à l'infini,
de mesmeque le chant des
Chinois; au lieu que le
chant desOccidentaux, ôc
mesme celuy des Arabes,
des Perses, &c. a
des gradations choisies
,
comme
nous le dirons dans la Me*
lodie qui doit suivre ce Mémoire. Ce qui nous convainc encore que la parole
& la voix s0nt formées par
lçs mesmesorganes
,
du
-
moins dans la pluspart des.
hommes, c'est que si Ion
donac-tquelque teneur ou
durée à ses paroles, elles
deviennent une veritable
voix, comme chacun peut
l'éprouver; desorte que des
paroles qui ont chacune
une durée sensible,sans gradation,ou avec des gradations mélodieuses,nedif- -
ferent en rien d'une voix.
Il faut cependant avouër
que ceux qui ont appris à
chanteri,méfientAc%orne^
mens
mesme dans chaque
ton, commede pousser leur
voix, par diminutions, par
accroissemens, par ondes,
&c. qui ne se trouvent pas
dans les voix unies ny dans
la parole. Mais au resteces
differences aussibien que
les gradations font tousjours accidentelles,&nempeschent pas que le son de
la parole, & celuy de la voix
ne soient le plus fouventy
le mesmeson
,
& formez
par les mesmesorganes. On
peut s'en convaincre encore en considerant que les
accidens de la voix sont
communs aussi à la parole.
Si la voix est(par exemple )
enroüée, ou cassée, ou nazarde, ou cornante, ou glapissante,&c. la parole l'est
aussi. DesortequeIon peut
pour l'ordinaire aisément
juger du son de la voix d'un
homme en l'entendant seulement parler.
-
Quant au degré de la parolepar rapportà la voix,
il est ordinairementau milieu desonestenduë,qui est
l'estat où les Eleveurs du
larinxonttoute leur extension, si ce n'estlors quon
ell enroüé; car alors les Dilatateurs
lacateurs de la glotte.la tenant plus ouverte qu'à l'ordinaire par leur gonflement )
la voix en devient
plus grosse& plus basse,&
quelquefois si basse qu'elle
s'éteint tout- à fait, à moins
qu'on ri'arrose le Fermeur
de quelque eaustiptique,qui
le gonflant à son tour fasse
rétrécir la glotte, & rende
la parole,ce qui ne peut pas
durer long
-
temps. Il y a
des personnes dont la voix
est beaucoup plus agréable
quela parole, parce que les
Eleveurs du larinx sont plus
longs chez eux que dans
l'estat ordinaire, cequi fait
que toute l'estenduë de leur
voix est presque au dessus
de celle de leur parole, &
que leur voix est nette, claire& éclatante, tandis que
leur voix peut estrebasse
,
rude,chevrotante, &c. mais
c'est un cas extraordinaire.
Enfin il y en a
dont lavoix
estfausse, c'est-à-dirènaturellement diflbnantc,quoique leur parole foit agréable, & pathétique. Gélaft
trouve en deux personnes
qui me sont très-proches
parentes, lesquelles ont le
son de la voix & de la parole fort beau, & le patetique
bon, quoy qu'elles n'ayent
pû jamais apprendre à entonner juste aucun air, ce
qui me confirme encore
que le patetique de la pa..
role n'est pas reglé par le
mesme organe de l'oreille,
que les gradations de la
voix, puisque l'un peut-estre juste tandis que cellescy font fausses.
- 9. Il faut au refiercmar.
quer qu'il
y a
deux fortes de
voix dansles hommes, dans
les femmes, & dans les en- fants, donc l'une s'appelle
voix naturelle, parce qu'elle est la mesme que le son
de la parole; & l'autre se
nomme le fausset,principalement en parlant de
l'homme fait, dans quielle
est ordinairement plus deagréable, que la voix naturelle, au contraire des femmes & des enfans.Cefausset a
presque toute son cftendueau dessus dela voix
naturelle;,,n'ayant qut quatre ou cinq tons plus bas
-que les plus hauts de celles
cy. Au relie ces deux voix
se forment par des instruments differents,Comme on
le sent lors qu'on passe de
l'une à l'autre, ce qui ne
sçauroit se faire sans une
espece de repos & d'attention particulière,&mesme
sans quelque violence &
quelque fausseté,àcause du
changement demuscles. Il
faut donc considerer que
tandis que la voix naturelle
monte depuis son ton le
plus bas jusques proche de
son plus haut, cestà-dire
parl'cftenduç d'une pouzié-
me environ; il n'y a que le
grand Dilatateur de laglotte qui foie en contraction
avec le Fermeur, le petit
estant relasche pendant
tout ce temps, à cause de
Tecartement des deux portiers l'un del'autre. Mais
quand la voix
-
est arriver
dansses tons les plus hauts
,
le petit Dilatateur corn?
mence a
estre tèndu)ôc
devient capable d'entreren
contraction avec le Fermeur, le grand Dilatateur
estant alors au bout de son
aâion,te pouvant seule-
ment prester comme une
corde qu'on allonge. Deforte que si le Fermeur continuë de se contracter, &
que le petit Dilatateur seroidisse
)
leur combat produira alors la voix de Fausset,qui pourra contenir encore beaucoupde tons,c'est
à dire quelquefois une douzième. Mais il est évident
que cettevoix doit estre
très gresle &tres- eslevée,
parce que la glotte est alors
très-serrée,&que ses cor-
@d'Dn'S*'&! membranes sont
extrêmement tendus.
vn
Quand au contraire le petit
Dilatateur s'est gonflé autant qu'il a pu pour rouvrirla glotte, & que la voix
de Fausset a
descendu
jusques à son ton le plus bas,
le grand Dilatateur peut se
gonfler , à son tour, & mesme un peu auparavant; &
la voix naturelle commencer à se former dans ses tons
les plus hauts pour descendre delà jusques, dans ses
plusbas. Jay connu plusieursChantres qui possedoient,ces deuxfortesde
voix presque également
bien.
bien. Les femmes & lesensans affectent de se servir
de la voix de fausset, comme convenant mieux à leur
d~licateffe ou à leur â
~e ,.
delicateffe ou à leur à,le,
& comme estant plus tendre & plusflexible, leur gosier ne pouvant pas s'estendre assez pour pratiquer la
voix naturelle dans uneestenduë suffisante
10. Mais lorsque le go:"
fier des jeunes homm s
s'est accreu & dilatéjusques
à un certain point; par l'accroissement de l'âge,le Fermeur de la glotte ne peut
plusla fermer alorssuffisamment, ny bander assez ses
Dilatateurs pour entonner
sa voix haute; c'est pourquoy on est obligé d'abandonner pour l'ordinaire le
Fausset,&de s'entenirà la
voix naturelle. qui devient
alors une Hautecontre, ou
uneTaille pour le reste de
lavie,& c'estce qu'onappelle la Muance; siau contraire le jeune homme entonnoit sa voix naturelle
avant la Muance; aprés
qu'i) a mué il ne sçauroit
pl41 ertfonner que rO£tajJ
ve basse de cette voix naturelle, quiestalors àl'unisson destailles,destailles baP
ses, ou des bassescontres, ce
qui se fait toujours cependant avec les mesmes muscles. Maisilluy reste encore un
Faussetquiestlemesme qu'avant la muance ,
c'est à-dire, toujours tresdur, & tres-aigre dans ces
fortes de gosiers.
II. Enfin quant aux cadences ou tremblements,
tant en montant qu'en dcC.
cendant, on sçait qu'elles se
font en répétant tres- prom-
ptement deux fons esloignez l'un de l'autre d'un ton,
d'un demy ton,ou d'une
dieze
,
soit en montan,soit
en descendant;ainsi la glotte s'ouvre & se ferme alors
successivement
,
quoyque
presque insensiblement par
le combat du muscle fermeur, & du grand, ou du
petit Dilatateur;outrecela
les muscles Eleveurs & Deprimeurs du gosier entrent
aussi en combat entre eux,
ce que l'on sent mesme en
portant le doigt sur le nœud
de la gorge: & il ne faut pas
douter que l'Aplatisseur
,
le -
diaphragme
,
& les autres
musclesdu gosier, & mesme
de la poitrine ne soient alors
en combat les uns contre
les autres pour enfanter ces
filles de laMelodie. EXTRA
musique
,
ou lesmerveilles de la Trachée
artere,tirées des observations desplus habiles Anatomistes, f5 de
l'anatomiecomparée.
L'Organe de la voix ou
de la parole est le gosier,
nommé par les Anatomie:
tes âpre ou trachéeartere,
pour le distinguer du go.
iiêr par où passent les alimens qu'ils appellent l'éso-
phage, & qu'on peut à eause de cela nommer en françois le passage des vivres.
Le gosier ou trachée artere
est composé de quarante
quatre parties qui fervent
à former la voix, sçavoir
de vingt six cartilages osseux, de douze muscles, de
trois especes de membranes
,
& de trois especes de
nerfs, sanscompter les arteres, les veines, les glandes, & autres parties qui
entrent encore dans sa
composition. Toutes ces
quarante quatre parties ont
leurs usages par rapport à
la voix, qu'il s'agit d'expliquer
,
c'est à-dire, de reduire aux regles de la mechanique & de la musique.
Nous appellons osseux les
vingt-six cartilages, parcequ'ils tiennent effectivement de la nature de l'os,
puisqu'ils contiennent tous
une espece de moëlle dans
le milieu de leur substance,
& qu'ils deviennent mesme des os parfaits dans
beaucoup de vieillards. Il
faut encore joindre à ces
quarante quatre organes le
diaphragme qui est un des
principaux instruments de
la voix, ce qui fait au moins
quarante cinq organes en
tout.
I. On a
de coustume de
distinguer le gosier en deux
partiesprincipales,quisont
a teste
,
nommée par les
Anatomistes, larinx
,
en
françois siffletou cornet,
& le corps du gosier. Ce
corps est un canal plus que
demy circulaire, dont la
convexité est tournée du
poflx du visage, & qui commençant à l'entrée des pou-
mons, monte le long du
passage des vivres sur lequel il est couché & applique par sa base. Il est composé ordinairement de
vingt un cartilages formez
chacun comme un grand
croissant
,
& qui sont fermez du costé de leur bafe
par une membrane musculeuse,laquelle regnant tout
le long de ce canal ,forme
cette base que je nomme
le MurcIe posterieur. Ces
cartilages sont liez les uns
aux autres par les fibres
longitudinaires de cette
membranemusculeuse,qui
s'inserent entre chacun
d'eux, &s'y attachent dans
tout leur contour. Par ce
moyen les fibres circulaires
de la mesme membrane,
qui traversent ces premiers
angles droits, se gonflant,
& se racourcissant par l'arrivée des esprits, ferment
ces anneaux ,& retrecissent la capacité du gosier;
& lorsque les fibres longitudinaires se gonflent & se
racourcissent, le canal en
est en mesme temps racourci
;
desorte que si l'on
souffle alors le vent sort
hors la poitrine avec effort,
ce canal s'enfle considerablement, le ressort des mes.
mes anneaux contribuë aussi à les dilater. Mais ce
racourcissement se fait encore parune autre membrane tendineuse qui tapisse intérieurement le
corps du gosier, & dont les
fibres longitudinaires qui
attachent intérieurement,
les mesmes anneaux pu
croiffans les uns aux autres,
les rapprochent les uns des
autres en se racourcissant
par leur ressort
,
quand le
gosier a
ététiré selon sa
longueur, & laissé ensuite
en liberté. :,
,
2. La teste du gosier ou le larinx
,
ou cornet
,
est
composée de cinq cartilages osseux comme les précedens, dent le plussolide
ala forme de l'embouchoir
d'une flute douce ou à bec,
coupé perpendiculaire
ment à sa longueur après
en avoir osté le tampon;
c'està dire que c'est une
espece d'anneau à tirer de
l'arc beaucoup plus large
dans une partie de son
corps que dansla partie opposée, aussi l'appelle-t'on
l'anneau. Le haut du corps
du gosier est joint avec le
bas de cet anneau par des
ligaments particuliers en
telle forte que la partie large de l'anneau est rootnée
vers le derriere de la teste
,
& posée sur l'esophage, &
la partie vuide & anterieure du mesme anneau est
recouverte par un second
cartilage nommé l'écu &
le bouclier
,
qui ressemble
assez à une cuirasse de fer,
estant voutéde mesme par
le devant. Ce cartilage ou
l'écu estant applari auroit
la figure d'un tra peze donc
la plus grande baze seroit
tournée en haut. Ilestfortement adherent au corps
de l'anneau par des ligaments propres; il s'esleve
mesme plus haut pour s'aller attacher parfesdeux angles ou cornes superieurcs
aux deux cornes de l'os de
la langue, appelle Joïde,
lequel tient par ce moyen
tout le gosier de l'homme
suspendu dans une situation
verticale.C'est cette partie voutée dumilieu de ré.
cu qu'on appelle le nœud
de la gorge
,
d'autres disent la pomme d'Adam,
au dessous duquel nœud on
sent en tastant avec les
doigts le bord estroit de
l'anneau. Par ce moyen
l'anneau &l'écuforment
ensemble le canal rond de
lateste du gosier,lequel
canal a
huit ou neuf lignes
de diamettre dans un homme fait. Ce canal est recouvert par le haut de deux
membranes fort épaisses,
& presque semicirculaires,
attachées horizontalement
par leur circonference exterieure dans son contour
interieur. Ces deux membranes laissent entre leurs
bords intérieurs terminez
chacun par un cordon solidetendineux, une ouverture triangulaire isocele appellée la glotte ou
la bouche du gosier dont
la pointe se termine au milieu du dedans de l'écu,
dans l'endroit où ces deux
membranes qu'on nomme
les lèvres de la glotte se
réunissent, & donc la base
est située sur !c bord large
de l'anneau, oùil y a
deux
petits cartilages triangulaires osseux attachez par leur
base sur le mesme bord,
environ àune ligne l'un de
l'autre. On les nomme guttauxou becs, à cause de
leur figure pointuë
;
c'est
apparemment eux qui ont
donné le nom au gosier.
Les deux bouts de ces deux
cordons font collez chacun à la base d'un de ces
deux osselets. Et ily a
des
Autheurs qui prétendent
que ces deux cordons,&
mesmeleurs membranes
font des muscles, mais cela ne m'a paru ainsi
,
on
verra dans la fuite que ce
font principalement ces
deux membranes & leurs
cordons qui forment la
voix ou la parole ,& ces
deux osselets qui la modifient en les approchant ou
écartant l'un de l'autre,
ainsi on peut les nommer
les portiers de laglotte. Enfin cette sente, bouche ou
glotte est recouverte par
un couvercle ou clapet car-
tilagineux de forme triangulaire, un peu arrondi par
la pointe, nommé à cause
de cela l'epiglotte, comme
qui diroit le couvercle de
la glotte. L'epiglotte tient
interieurement parsa base
irl'écu proche le milieu de
son bord superieur au dessus de la glotte, ensorte que
le vent souffléde la poitrine
par la glotte, ouvre cette
porte pour sortir, par la
bouche, & celuy que l'on
respire joint au poids de
cette glotte,la referme dans
l'homme. Mais danslesanir.
maux à quatre pieds qui
ont presque tousjours la
teste baissée, & dont la glotteest très spacieuse
,
& l'épiglotte plus pesante
,
la
nature a
esté obligée de
luy donner des muscles particuliers pour l'ouvrir &
la fermer, de crainte que
les alimens n'encrassent par
la glotte pendant la respiration.
3. Dans les oiseaux aquatiques comme les canards,
gruës,oyes,macreuses, &c.
qui retirent continuellement de l'eau, de l'air, &
- de
de la vasemeslez ensemble, ( ce qu'on appelle
communément barboter,)
la nature prévoyance a
situé
le principal organe de leur
voix au bas de leur gosier
au dedans de leur poitrine,
ensorte que dans plusieurs
il est caché mesme dans la
substance du poumon. De
plus cet organe est double,
car du costé gauche du
corps du gosier cest un anneau osseux semicirculaire
-
beaucoup plus large, plus
solide
,
& plus ample que
les autres,ayant à sa base
une fente percée du devant.
au derriere,dont les lévres
font membraneuses. A cette fente,s'abouche la branche gauche de l'Apre artere qui se répand, dans le
poumon; desorte qu'en
soufflant par cette branche,
le vent qui fort par cette
fente ou glotte inférieure,
& par celle qui est outre
cela au haut du larinx à la
racine de la langue
,
rend
un son enroüé
,
que les paysans nomment ( pire) &
qui est le chant ordinaire
avec lequel ces oiseaux s'ap-
pellent de près; mais du
costé droit la nature a
joint
à
ce demi anneau osseux un
veritable sifflet rond, osfeux semblable en quelque
façon aux sifflets de terre
donc les enfans contrefont
les Rossignols. Ce sifflet
tres-dur en dehors, est rapissé en dedans d'un cartilage fort épais, ayant deux
bouches, dont la su perieure s'ouvre dans le bas du
corps du gosier par son cosséJ & l'inférieure respond
dans le lobe du poumon
droit par la branchedroi-
te de l'âpre artere
,
estant
presque en tout semblable
à la bouche ou glotte qui
est du costé droit. le vent
soufflé avec violence par
cette branche droite frappant l'interieur de ce siffier,
rend un sontres-fort par la
glotte superieure ,lequel
les paysans appellent (can)
& de crainte que ce vent
ne rentre danslelobe gauche, la nature a
separé la
bafe du corps du gosier en
cet endroit par un cartilage
osseux qui sertde guideaux
deux airs, qui sortent des
poumons, & qu'on appek
le le coûtre. Ce vent qui
vient du sifflet entrant avec
rapidité dans lescavitez
que ces oiseaux ont au palais en plus grande quantite que les autres oiseaux
,
plus grandes,& plus profondes,y prend un sonnazard qui s'y augmente
merveilleusement. C'est ar,
vecce son nazard qu'ils
appellent leurs camarades
qui sont fortesloignez
d'eux. Il faut dé plus remarquer que les cartilages
du corps du goder de ces
fortes d'oiseaux sont des
cercles presque entiers enchassezquelquefois les uns
dans les autres, pour avoir
plus de solidité; & ceux au
contraire de ses branches
quise répandent dans les
poumons font des cercles
plus imparfaits, avec une
membrane charnuë qui les
lie à peu près comma le
corps du gosier dans l'homme.
4. A l'égard des autres
muscles du gosier, qui dans
l'homme font au nombre
de onze, ils sont tous atta-)
chez à sa teste ou larinx
;
sçavoir deux qui fervent à
la tirer en bas, sont attachez chacun d'un bout au
bord inférieur de l'ecu des
deux costez de son nœud
ou milieu, & de l'autre
bout au haut du poitral
,
ces
muscles donnent encore
lieu au gosier de s'enfler
davantage par cet abbaissement, & aidentl'action
de sa membrane musculeuse posterieure, & de sa
membrane tendineuse intérieure
,
on peut à cause de
cela les nommer les depri-
meurs du gosier. En abbaissant aussi lateste du gofier ils facilitent la déglution,& garantissent la cheute des alimens dans la glotte. La teste du gosier est
retirée en haut, & en mesme temps suspenduë par
deux autres muscles attachez d'un bout aux deux
costez du noeud de l'écu
vers son milieu parle devant, sçavoir au dessus des
précédents, & par l'autre
b out aumesme os de la langue dont on a
parlécy devant, Ces deux muscles au
reste
reste n'ont que deux pouces de longueur. Ils lér-'
vent aussi à faire allonger
lecorps du gosier lorsqu'ils
viennent à se raccourcir,
& de plus en tirant la teste
du gosier en haut, ils facilitent la respiration, & présentent laglotte à la bouche pour faire davantage
éclater la voix;On peuc
donc les nommer les Elc^
veurs du larinx.
f'
;
Déplus l'ecu est comme
ouvert en dehors ou appla-
¡,. ti par une troisiéme paire
f' de muscle
,
qui partant du
bord estroit ôcinférieur de
l'anneau au devant de la
gorge, vont s'atracher
aux deux angles de la base inferieure de l'écu à
droite & à gauche. Car
il est évident que ces muscles en se raccourcissantretirent par ce moyen les ailes de l'écu en dehors, comme pour le rendre moins
vouté, mais ce n'est effectivement que pour attirer la
partie posterieure de la ted
te du gosier vers son anterieure,c'est à dire pourl'applatir un peu du devant en
derriere
,
& l'allonger en
mesme ,
temps d'autant vers
les deux costez, ou en un
mot pour rendre sa cavité
ovale, afin de rendre la double membrane qui compose
la glotte, laquelle sans cela
demeureroit lasche & ridée
lorsque la glotte est fore
ouverte, ce qui causeroit un
son bas & tremblant. Et
afinaussi que les deux lévres de la glotte ou ses
deux cordons puissent plus
aisément estre écartées l'un
del'autre par les muscles
destinez à cet effet donc
nous allons parler. Onpeut
donc nommer cetre troisiéme paire de muscles les
Applatisseurs du larinx. Ces
trois premieres paires qu'-
on appelle ordinairement
exterieurs par rapportà récit
,
pourroient encore
mieux estre nommez antérieurs, parce qu'ils sont situez ducollet duvirage,par
rapport aux cinq dont nous
allons parler, qui sontplacez sur le partage des vivres vers le derriere du col,
& qu'on pourroit nommer
a cause de cela posterieurs
aussi bien qu'interieurs par
rapport à l'ecu, mais ces
denominations ne regardant que l'anatomiste
,
&
nullement le musicien ( si
ce n'est tout au plus pour
s'orienter,) nous passerons
maintenant à la description
& aux usages de ces derniers. La quatrième paire
de muscles part donc des
deux costez de la partie large, & posterieure de l'anneau en dehors, & va s'attacher à la bafe des deux
portiers de la glotte, sçavoir proche les angles de
cette bafe les plus esloignez
du milieu de la glotte
,
&
cela après avoir passé derriere deux petites éminences de la partie large de
l'anneau qui leur fervent
comme de poulies de retour, afin de leur donner
à chacun un plus grand
jeu dans leur raccourcissement, & une direction plus
propre à écarrer ces portiers l'un de l'autre en les
faisantglisser sur le bord de
l'anneau. On peutappeller
cette paire les grands Dilatateurs de la glotte parrap-
port a une cinquiéme paire
beaucoup plus courte &
plus gresle, qui partant des
deux costez de la mesme
partie de l'anneau fous l'écuà costé des deux précedents, mais plus loin du milieu de l'anneau, va s'attacher aux mesmes portiers
joignantles deux précedents à l'anglemesme de
leur base; par ce moyen la
direction de ces derniers
muscles est encore plus propre à écarter les deux portiers l'un de l'autre, mais
avec un moindre jeu que les
deux précedents; c'est pour
cela qu'on nommera cette
cinquiéme paire les petits
Dilatateurs de la glotte. ERfin l'onziéme muscle du larinx qui est le douziéme de
tout le gosier,lie exterieurement les deux portiers l'un
à l'autre parleur base,afin
de pouvoir en se gonflant
6c se racourciffant les approcherl'un vers l'autre,&
fermer en mesme temps les
cordons de la glotte. Gn
peut donc le nommer l'Adducteur des cordons ou:des
lévres delaglotte,ausil'oi>
veut tout d'un coup le Fer-
-
meurde la glotte. Plusieurs anatomistes habiles
veulent que cederniermuscle foit encore double comme les précedents
; mais la
chosenema pas paru ainsi.
Il y a
donc treize muscles
quifervent à la formation
-
de la voix en y comprenant le diaphragme donc
on parlera cy-a prés.
5. A l'égard des nerfs du
larinx il y en a
de trois sortes,sçavoirune branche de
la quatriéme paire qui envoye un rameau à toreilla
& l'autre à la langue, une
de la septiéme paire qui en
fait autant, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille, dansle Mercure de
Paris du mois de Janvier
1712.&qui de plusenvoye
un rameau à la racine des
dents; & enfin une bran**
che de la cinquiéme paire
du nerfrecurrent, qui après
s'estre entortillée autour de
l'aorte descendante, monte au gosier, ou elle distribuë, des rameaux à son
corps&àsateste. Une pareille branche du mesme
nerf fait la mesme chose
aprés s'estre contournée
autour de l'artereaxillaire
droite, & ces deux branches envoyent en mesme
temps des rameaux au
cœur. De plus ces deux dernieres paires, aprés s'estre
unies, envoyent encore des
rameaux à la langue & aux
oreilles. Par le moyen de
ces nerfs l'animal entre en
action pour crier, & se deffendre en mesme temps
,
ou pour fuir selon l'occasion; pour exprimer sa joye,
son admiration, sa douleur,,
& toutes ses autres passions.
Ce nerf dela huitiéme paire estant coupé, l'animal
cesse dans le moment de
crier, ce qui marque en general que les nerfs font
toute l'action des animaux;
&en particulier que c'est
celuy-cy qui sert à former
le cri de la voix en se distribuant dans les muscles
du larinx, sans que l'oreille
y ait part, comme ilarrive à tous les sourds & muets
lorsqu'ils sont agitez de
quelque passion.
6, Quant à
laformation
de la voix il y a
des Anatol"-
missesouPhysiciens qui
ont dit que la glotte en estoit l'organe
,
d'autres les
muscles du larinx; & enfin
les autres le corps mesme
du gosier ; & tous ensemble ont raison
; car le corps
du gosier contribuë à la
voix,en foumissant l'air qui
en fait le son
;
les lévres&
cordons de la glotte contre
lesquels cet air se brise, forment ce sonpar leurs tremblements
,
& les muscles
qui servent à serrer ou à
écarter ces mesmes cor-
dons & leurs membranes
l'une de l'autre, & à étendre ces mesmes membranes
,
forment le degré
,
la
force, & la netteté de ce
son. A quoy l'on doit encore adjouster les muscles
de la poitrine, principalement le diaphragme, qui
pressant les poumons(à peu
près comme un berber
presse sa musette avec son
bras, ou comme un preneur de cailles presse son
apeau) fournissent au gofier l'air qui forme la parole & la voix. Voila donc
au moins quarante cinq instrumens qui fervent à former la voix.
Mais pour expliquer
maintenant cette formation dans le détail qu'elle
demande,il faut remarquer
que la voix de l'homme n'a
pas feulement besoin de
monter & dedescendre par
differents intervalles
,
loic
pour chanter, pour appeller, pour crier ou pour exprimer ses différentes passions; mais elle a
besoinencore d'estre plus forte ou
plus foible en
-
chaque dé-
gréde son, afin de se faire
entendre à differentes distances, ou pour varier son
chant 6c ses paroles selon
le besoin: ainsielle doit devenir quelquefois plus foible en montant
,
ôc plus
forteen descendant
,
ou
tout au contraire. Or le vent
poussé au travers de laglot-
.te.) soit dedans en dehors,
(ou mesme. de dehors en
dedans)forme lesonde la
voix, le bruit de la parole,
les cris, les éclats, les sanglots, &c.selon que ce bruit
estplus longou plus court,
plus
plus fort ou plus foible
,
comme nous l'avons dit
dans le Mercure cité cydessus
; & cela en faisant
trembler les deux membranes de la glotte, mais principalement ses deux cordons qui sont tousjours entretenus dans un certain
estat de tension ou de ressort, tant par leur solidité
particuliere,que par le mue.
cle fermeur
,
qui tire les
deux portiers l'un vers l'autre; & cet air devient son
en se brisant contre ces
mesmes cordon,de la mes-
me maniere que l'air pressé
au travers des lévres de la
bouche devient un fifllement qui estune espece de
son en les faisant trembler,
ou si l'on veut comme le
vent chassé violemment à
travers la fente d'un chasEs décolé en quelque endroit, y
forme unson qui
imite fort la voix humaine
par les tremblements qu'il
luy cause
; ou enfin encore
comme l'air pouffé au travers une fente faite au costé d'un roseau ouvert par
un bout,& fermé par l'au,
tre, lorsqu'on souffle par le
bout ouvert; car cet air ne
pouvant passer par cette
fente sans en écarter les lévres, les met en ressort, &
leur combat mutuel forme
des vibrations dans l'air environnant, dans lesquelles
consiste le [on, & ce son
imiteroit encore plus parfaitement la voix humaine
si l'on avoit foin d'arrondir
un peu ces deux lévres
,
à
peu près comme les bords
de la glotte. Au reste le
chassis bruyant,& les firingues ou roseaux des An-
ciens n'imitent encore la
voix humaine qu'imparfaitement, en ce que leur son
ne monte jamais, qu'il nc,\
devienne en mesme temps
plus fort, & qu'il descend
tousjours à mesurequ'il
s'affoibltr. Car ce son ne
monte, que par l'acceleration de ses vibrations, laquelle ne vient que de la
force de l'air qui est poussépar la fente; au contraire
lorsque cet air passe plus.
lentement
,
ses vibrations
devenant plus lentes, le son
baisse enmesmetemps. La.
mesme chose arrive à quantité d'oiseaux dont la glotte
n'est ouverte ou fermée que
par l'air qui passe au travers, particulièrement aux
oiseaux aquatiques donc
nous avons parlécy -devant, & dont la voix se forme au travers de leurs glotte
,
comme le son à travers la fente d'un chassis
bruyant, ou d'une siringue,
& non pas par le jeu d'aucuns muscles.C'est cequ'on
entend tous les jours sur les
estangs où il y a
des canards lorsqu'il en passe
d'autres en l'air au détins
d'eux, car ils les appellent
en eslevant d'abord leurs
ailes afin d'enflerleurs poumons
,
& planant ensuite
fortement pour en chasser
l'air avec violence, ce qui
esleve extremement leur
voix,& forme un cancan treséclattant,lequel baisse peu h,
,
peu à mesure que leur poitrine se vuide d'air;les coqs
font à peu près la mesme
chose avant de chanter.
7. Il n'en est pas de mesme dans l'homme, & mesme dans plusieurs animaux
terrestres, comme les
chiens, les chats, l'Elan du
Bresil, & dans quantité
d'oiseaux dont la glotte
estouverte & fermée par
des muscles: car lemuscle fermeur de la glotte
venant à se raccourcir, ap*
proche les portiers l'un de
l'autre & de son milieu, ce
qui bande ses cordons, parce que ces portiers estant
posez sur la circonférence
de l'anneau, & les deux
cordons qu'ils tirent estant
attachez à la partie opposée diametralement du ca.
nal du larinxil est bien evh
dent qu'on ne sçauroit approcher les portiers du diamettre de ce canal sans en
mesme temps allonger ces
cordons, ( comme Euclide
lademontré) & sans estendre aussi les deux membranesqu'ils bordent, & qui
couvrant ce canal, forment
la glotte. Ainsi la voix ou la
parole est obligée de monter par l'acceleration des
tremblements de ces cordons ,& elle s'affoiblit en
mesme temps,par le jet d'air
quisort de la glotte, lequel
est
est d'autant plus gresle
qu'elle est plus rétrecie.
Maissi l'on veut augmenter au contraire laforce de la voix sans l'eslever
il ne faut que pouffer une
plus grande quantité d'air
de la poitrine,& ouvrir un
peu les portiers de la glotte,
en bandant les dilatateurs
grands ou petits, & relaschant à proportion le Fermeur,afin que les cordons
ne soient pas plustenduspar
l'augmentation de la quantité de l'air qui passe entre
eux qu'ilsl'estoient en pre-
micrlieu: parcemoyen cet
air passant en plus grande
quantité par la glotte produira un son plus fortsans
estre cependant plus estevé
; au lieu que si les cordons n'avoient point esté
relaschez, la voix auroit
monté
,
en mesme temps
qu'elle feroit devenuë plus
forte1, comme dansles oiseauxaquatiques. Je dis
de plus que les Applatifseursdu larinx doivent aussi entrer en contraction,
afin de faciliter touvenure de la glotte, & tenir en
mesme temps les deux
membranes tenduës, comme nous l'avons dit. Si l'on
veut outre cela que la voix
monte à mesure qu'elle devient plus forte
;
alors les
Eleveursdu larinx doivent
le tirer en haut,afinde présenter la glotte à l'entrée
de la bouche, pour que l'air
qui en fort allant frapper
contre toutes ses parties solides, comme le palais, &
les dents,&c. y
fouffredes
réflexions,s'y brise& y
augmenta la force de son
ressort,comme nous l'avons
dit de l'entonnoir, & de la
caisse de l'oreille, & afin
aussi que le canal exterieur
composé de la bouche & de
son entonnoir, lequel s'estend jurqu'au larinx & que -
l'on nomme le creux, ou le
port de voix) estant par là
plus racourci, la voix en
devienne plus eslevée,comme)1 arrive dans les flutes,
hautbois
,
flageolets, &c.
Enfin la membrane charnuë ou le muscle qui lie les
croissansdu corps du gosier
,
doit aussiroidir les-fibres circulaires, afin de ré-
trecir tout ce corps, & de
donner plus de rapidité à
l'air qui couleau dedans,
sans quoy l'effort du diaphragme deviendroit inutile. Ainsi l'on voit que pour
produire cet effet la pluspart des muscles font en
action
; car la voix devant
durer quelque temps sur un
mesme degré, il faut necet:
sairement que tous les muscles antagonistes soient
contrebandez, c'est-à-dire,
que les Abaisseurs du gofier le soient contre les Eleveurs
,
& que ses Dilata-*
teurs le soient contre le Fermeur, aussi bien que le diaphragme; sans quoy la glotte se sersieroit)&s'efleveroit en mesme temps, aussi toit que le Fermeur & les
Eleveursagiroient
,
& ne
demeureroit pas dans un
mesme estat, mais le son,
hausseroit ôc. deviendroit
plus foible en mesme
tems.
Mais si l'on veut que la
voix augmente encore de
force & descende ou grossisse en mesme temps, il
faut relascher davantage le
-
Fermeur, & par ce moyen
les cordons & les lèvres de
la glotte, bander davantage les Dilatateurs de la
glotte, & les Applatisseurs
du larinx
,
& pousser l'air
avec plus d'effort: car cet
air ouvrira & arrondira davantage le corps du gosier,
& fera un jet plus gros,
plus solide
,
& par consequent plus capable d'ébranler tout l'airenvironnant,
- ce que ne pouvant faire sans
tendre les cordons de la
glotte, il est évident qu'il
faut donc d'ailleurs les re-
lascher. Il faut de plus que
les Déprimeurs du larinx
seroidissent,&l'emportent
sur ses Eleveurs,afinde donner lieu à l'air qui passe par
le corps du gosier de l'enfler, & d'y couler par consequens avec moins de rapidité, quoy qu'en plus
grande quantité, ce qui formera dans la glotte un jet
plus fort, quoyque d'un son
moins eslevé. Il arrivera
de plusde cet abbaissement
du gosier
,
que le creux,
ou port de voix, ou l'entonnoir en deviendra plus
profond à mesure qu'il s'élargira
,
ce qui rendra encore la voix plus masculine,
& plus baffe. Se fera tout
le contraire lorsqu'on voudra que la voix devienne
plus foible, à mesure qu'elle baissera
,
comme dans
l'estas le plus ordinaire. Car
le diaphragme pouffant
moins d'air de la poitrine,
la glotte pourra se rétressir,
& par consequent le Dilatateur & l'Aplatisseur se relascher à proportion; en
telle sorte que le peu d'air
qui passera par la glotte, y
coulera lentement, & y excitera des fremissements
lents,c'est- dire un son
grave & foible
,
ce qui se
perfectionnera encore par
l'élargissement & l'abbaissement du gosier, & par Fa"
longement de son creux,
comme on vient de l'expliquer, cette acttion estant
en partie opposée à la précedente & plus simple, que
si la glotte s'ouvroit par raaion du Dilatateur & de
l'Aplatisseur: ce qui fait
voir que les différentes modifications de la voix con-
latentdansun combat entre le diaphragme & les
muscles du gosier.
8. C'est la mesme chose
pour la parole que pour la
voix
,
excepté feulement
que la parole est une voix
pluscourte l3) plus unie.
Ilya cependant biendes
nations comme les Normans3 les Gascons
,
mais
principalement les Chinois, dont la paroleestun
veritable chant; & le systeme enharmonique des
Grecs, n'estoit inventé que
pour noter leur déclama-
tion qui estoit un vray
chant. Lors qu'on dit que
l'on reconnoistun homme
à la voix, ou quand on commande d'obéir à sa voix, on
entend non le chant d'un
homme maissa parole, tant
il est vray que ces deux
choses considerées en ellesmesmes ne font qu'une
mesme chose. Mais les gradations de la parole sont
différences de celles de la
voix, comme estant regléees par un autreorgane,
sçavoir le limaçon; au lieu
que la voix est guidée par
lelabyrinthe, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille;c'e stce quifait que
la parole reçoit toutes sortes de gradations à l'infini,
de mesmeque le chant des
Chinois; au lieu que le
chant desOccidentaux, ôc
mesme celuy des Arabes,
des Perses, &c. a
des gradations choisies
,
comme
nous le dirons dans la Me*
lodie qui doit suivre ce Mémoire. Ce qui nous convainc encore que la parole
& la voix s0nt formées par
lçs mesmesorganes
,
du
-
moins dans la pluspart des.
hommes, c'est que si Ion
donac-tquelque teneur ou
durée à ses paroles, elles
deviennent une veritable
voix, comme chacun peut
l'éprouver; desorte que des
paroles qui ont chacune
une durée sensible,sans gradation,ou avec des gradations mélodieuses,nedif- -
ferent en rien d'une voix.
Il faut cependant avouër
que ceux qui ont appris à
chanteri,méfientAc%orne^
mens
mesme dans chaque
ton, commede pousser leur
voix, par diminutions, par
accroissemens, par ondes,
&c. qui ne se trouvent pas
dans les voix unies ny dans
la parole. Mais au resteces
differences aussibien que
les gradations font tousjours accidentelles,&nempeschent pas que le son de
la parole, & celuy de la voix
ne soient le plus fouventy
le mesmeson
,
& formez
par les mesmesorganes. On
peut s'en convaincre encore en considerant que les
accidens de la voix sont
communs aussi à la parole.
Si la voix est(par exemple )
enroüée, ou cassée, ou nazarde, ou cornante, ou glapissante,&c. la parole l'est
aussi. DesortequeIon peut
pour l'ordinaire aisément
juger du son de la voix d'un
homme en l'entendant seulement parler.
-
Quant au degré de la parolepar rapportà la voix,
il est ordinairementau milieu desonestenduë,qui est
l'estat où les Eleveurs du
larinxonttoute leur extension, si ce n'estlors quon
ell enroüé; car alors les Dilatateurs
lacateurs de la glotte.la tenant plus ouverte qu'à l'ordinaire par leur gonflement )
la voix en devient
plus grosse& plus basse,&
quelquefois si basse qu'elle
s'éteint tout- à fait, à moins
qu'on ri'arrose le Fermeur
de quelque eaustiptique,qui
le gonflant à son tour fasse
rétrécir la glotte, & rende
la parole,ce qui ne peut pas
durer long
-
temps. Il y a
des personnes dont la voix
est beaucoup plus agréable
quela parole, parce que les
Eleveurs du larinx sont plus
longs chez eux que dans
l'estat ordinaire, cequi fait
que toute l'estenduë de leur
voix est presque au dessus
de celle de leur parole, &
que leur voix est nette, claire& éclatante, tandis que
leur voix peut estrebasse
,
rude,chevrotante, &c. mais
c'est un cas extraordinaire.
Enfin il y en a
dont lavoix
estfausse, c'est-à-dirènaturellement diflbnantc,quoique leur parole foit agréable, & pathétique. Gélaft
trouve en deux personnes
qui me sont très-proches
parentes, lesquelles ont le
son de la voix & de la parole fort beau, & le patetique
bon, quoy qu'elles n'ayent
pû jamais apprendre à entonner juste aucun air, ce
qui me confirme encore
que le patetique de la pa..
role n'est pas reglé par le
mesme organe de l'oreille,
que les gradations de la
voix, puisque l'un peut-estre juste tandis que cellescy font fausses.
- 9. Il faut au refiercmar.
quer qu'il
y a
deux fortes de
voix dansles hommes, dans
les femmes, & dans les en- fants, donc l'une s'appelle
voix naturelle, parce qu'elle est la mesme que le son
de la parole; & l'autre se
nomme le fausset,principalement en parlant de
l'homme fait, dans quielle
est ordinairement plus deagréable, que la voix naturelle, au contraire des femmes & des enfans.Cefausset a
presque toute son cftendueau dessus dela voix
naturelle;,,n'ayant qut quatre ou cinq tons plus bas
-que les plus hauts de celles
cy. Au relie ces deux voix
se forment par des instruments differents,Comme on
le sent lors qu'on passe de
l'une à l'autre, ce qui ne
sçauroit se faire sans une
espece de repos & d'attention particulière,&mesme
sans quelque violence &
quelque fausseté,àcause du
changement demuscles. Il
faut donc considerer que
tandis que la voix naturelle
monte depuis son ton le
plus bas jusques proche de
son plus haut, cestà-dire
parl'cftenduç d'une pouzié-
me environ; il n'y a que le
grand Dilatateur de laglotte qui foie en contraction
avec le Fermeur, le petit
estant relasche pendant
tout ce temps, à cause de
Tecartement des deux portiers l'un del'autre. Mais
quand la voix
-
est arriver
dansses tons les plus hauts
,
le petit Dilatateur corn?
mence a
estre tèndu)ôc
devient capable d'entreren
contraction avec le Fermeur, le grand Dilatateur
estant alors au bout de son
aâion,te pouvant seule-
ment prester comme une
corde qu'on allonge. Deforte que si le Fermeur continuë de se contracter, &
que le petit Dilatateur seroidisse
)
leur combat produira alors la voix de Fausset,qui pourra contenir encore beaucoupde tons,c'est
à dire quelquefois une douzième. Mais il est évident
que cettevoix doit estre
très gresle &tres- eslevée,
parce que la glotte est alors
très-serrée,&que ses cor-
@d'Dn'S*'&! membranes sont
extrêmement tendus.
vn
Quand au contraire le petit
Dilatateur s'est gonflé autant qu'il a pu pour rouvrirla glotte, & que la voix
de Fausset a
descendu
jusques à son ton le plus bas,
le grand Dilatateur peut se
gonfler , à son tour, & mesme un peu auparavant; &
la voix naturelle commencer à se former dans ses tons
les plus hauts pour descendre delà jusques, dans ses
plusbas. Jay connu plusieursChantres qui possedoient,ces deuxfortesde
voix presque également
bien.
bien. Les femmes & lesensans affectent de se servir
de la voix de fausset, comme convenant mieux à leur
d~licateffe ou à leur â
~e ,.
delicateffe ou à leur à,le,
& comme estant plus tendre & plusflexible, leur gosier ne pouvant pas s'estendre assez pour pratiquer la
voix naturelle dans uneestenduë suffisante
10. Mais lorsque le go:"
fier des jeunes homm s
s'est accreu & dilatéjusques
à un certain point; par l'accroissement de l'âge,le Fermeur de la glotte ne peut
plusla fermer alorssuffisamment, ny bander assez ses
Dilatateurs pour entonner
sa voix haute; c'est pourquoy on est obligé d'abandonner pour l'ordinaire le
Fausset,&de s'entenirà la
voix naturelle. qui devient
alors une Hautecontre, ou
uneTaille pour le reste de
lavie,& c'estce qu'onappelle la Muance; siau contraire le jeune homme entonnoit sa voix naturelle
avant la Muance; aprés
qu'i) a mué il ne sçauroit
pl41 ertfonner que rO£tajJ
ve basse de cette voix naturelle, quiestalors àl'unisson destailles,destailles baP
ses, ou des bassescontres, ce
qui se fait toujours cependant avec les mesmes muscles. Maisilluy reste encore un
Faussetquiestlemesme qu'avant la muance ,
c'est à-dire, toujours tresdur, & tres-aigre dans ces
fortes de gosiers.
II. Enfin quant aux cadences ou tremblements,
tant en montant qu'en dcC.
cendant, on sçait qu'elles se
font en répétant tres- prom-
ptement deux fons esloignez l'un de l'autre d'un ton,
d'un demy ton,ou d'une
dieze
,
soit en montan,soit
en descendant;ainsi la glotte s'ouvre & se ferme alors
successivement
,
quoyque
presque insensiblement par
le combat du muscle fermeur, & du grand, ou du
petit Dilatateur;outrecela
les muscles Eleveurs & Deprimeurs du gosier entrent
aussi en combat entre eux,
ce que l'on sent mesme en
portant le doigt sur le nœud
de la gorge: & il ne faut pas
douter que l'Aplatisseur
,
le -
diaphragme
,
& les autres
musclesdu gosier, & mesme
de la poitrine ne soient alors
en combat les uns contre
les autres pour enfanter ces
filles de laMelodie. EXTRA
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Résumé : Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Le texte explore l'anatomie et les fonctions de l'organe de la voix, également appelé gosier ou trachée artère, en le distinguant de l'œsophage. Le gosier est composé de quarante-quatre parties, incluant vingt-six cartilages osseux, douze muscles, trois types de membranes, trois types de nerfs, ainsi que des artères, veines et glandes. Ces éléments contribuent à la formation de la voix et sont analysés selon les règles de la mécanique et de la musique. Le gosier se divise en deux parties principales : la tête, ou larynx, et le corps du gosier. La tête du gosier comprend cinq cartilages osseux formant un anneau, recouvert par un cartilage nommé l'écu. La glotte, ou bouche du gosier, est située dans cette région et est recouverte par l'épiglotte. Les oiseaux aquatiques possèdent des organes vocaux spécifiques situés au bas de leur gosier, permettant de produire différents sons. Le texte décrit également les muscles du gosier, qui facilitent la déglutition, la respiration et la modulation de la voix. Il existe treize muscles impliqués dans la formation de la voix, y compris le diaphragme. Les muscles dilatateurs de la glotte permettent d'écarter les portiers de la glotte, tandis que l'adducteur des cordons rapproche les portiers pour fermer les cordons. Les nerfs du larynx sont de trois types : une branche de la quatrième paire, une de la septième paire, et une de la cinquième paire du nerf récurrent. Ces nerfs permettent à l'animal de crier, de se défendre ou de fuir, et d'exprimer ses émotions. La formation de la voix implique plusieurs éléments : le corps du gosier fournit l'air, les cordes vocales forment le son par leurs vibrations, et les muscles ajustent la tension et l'ouverture des cordes pour moduler la voix. La voix peut monter ou descendre en intensité et en hauteur grâce à l'action coordonnée de ces muscles et à la pression de l'air. Les oiseaux aquatiques produisent des sons sans muscles, contrairement à l'homme et certains animaux terrestres. Pour augmenter la force de la voix sans l'élever, il faut ouvrir légèrement les portiers de la glotte et ajuster les muscles dilatateurs et fermateurs. La contraction des muscles aplatisseurs et éleveurs du larynx facilite également la production de la voix. Enfin, la membrane charnue du gosier doit se raidir pour rétrécir le corps du gosier et augmenter la rapidité de l'air. Le texte traite également des mécanismes de production de la voix et de la parole, en mettant en évidence les différences et les similitudes entre les deux. La voix est produite par le passage de l'air à travers la glotte, générant des sons graves et faibles, modifiés par l'élargissement et l'abaissement du gosier. La parole, quant à elle, est une voix plus courte et plus unie, bien que certaines nations, comme les Chinois, utilisent une parole chantante. La voix et la parole sont régies par des organes différents : la parole par le limaçon et la voix par le labyrinthe de l'oreille. Les gradations de la parole sont infinies, contrairement au chant occidental qui a des gradations choisies. La voix et la parole sont formées par les mêmes organes, comme le montre la transformation des paroles en voix lorsqu'elles sont prolongées. Les accidents de la voix, comme l'enrouement ou la nasalité, affectent également la parole. La voix naturelle, identique au son de la parole, et le fausset, plus agréable chez l'homme adulte, sont deux types de voix distincts. La muance, qui survient avec l'âge, conduit à l'abandon du fausset au profit de la voix naturelle. Enfin, les cadences ou tremblements dans la voix résultent du combat entre divers muscles du gosier et de la poitrine, créant ainsi les variations mélodiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 49-69
Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Début :
Les auteurs qui ont parlé de la preuve de la Multiplication [...]
Mots clefs :
Preuve, Produit, Somme, Chiffres, Multiplication, Compensation, Tranche, Double
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Nouvelle preuve de lA Multiplication,
e nouvelle
maniéré de faire la D/i;/-
sion,plus courtequ'aucune
qui ait paruë jusques ici.
LEs auteurs'quiont parlé
de la preuve de la Multiplication
par ( 9 ) ont eu raison
de la traiter de défectueuse,
en ce qu'elle peut paroître
bonne, quoique la Multiplication
soit fausse
: mais
t il me paroîtqu'ils nont pû
la regarder comme une
preuve moralement bonne;
puis qu'à l'égard d'un calculateur,
qui de deux Multiplicationns
qu'il feroit,
commettroit toujours une
faute en une des deux, la
preuve de 9 devroit de 32,
coups contre 1 paroître bonnc
quoique la Multiplication
fùt fausse: ce qui est
bien éloigné d'être moralement
bonne;car dans ceux
qui ne calculent pas souvent
il en est peu qui ne
fassent une faute en 1 o
coups.Or à l'égard de ceuxlà,
la preuve de 9 doit être
fallacieuse de 160 coups contre
,parce que pour que
cette preuve devienne
fallacieuse,
il faut dans la même
Multiplication faire une
seconde faute qui releve la
premiere ; & pour cela il
faut 20 coups par la supposition,
& en chaque coup
il y a neuf chiffres à poser,
dont il n'yen a qu'un qui
doive faire la compensation,
contre huit qui ne la
feront pas; ce qui fait huit
fois
,
2.0 coups,ou160contre
un : ce qui ne peut point
encore établir une preuve
morale. Pour rendre donc
cette preuve plus fidelle du
double, en forte qu'il faille
3 2o coups contre un, moralement
parlant, pour qu'-
elle puisse paroîtreinfidelle,
je me sers de la preuve de
11 en cette forte.
Soit le nombre (73904) à
multiplier par ( 50871 ) la
multiplication étant faite,
je trouve. pour produit (3759570384. ) Or pour m'as
furer par la preuve de 9 que
ce produit est le veritable,
tout le monde sçait qu'il
faut faire une somme des
chiffres de chacun de ces
trois nombres, rejettant 9
toujours dés qu'on y arrive,
ou qu'on passe 9 ; ce qui
donne trois restes,sçavoir
5 pour le premier, 5 pour
le second
,
& 6 pour le troisiéme.
Je multiplie donc les
deux premiers restes, 5 &
3, l'un par l'autre j ce qui
donne 15 :
d'où ôtant 9, il
reste 6, qu'on appelle la
preuve des produifans. Or
cette preuve est égale au ref.
te 6 du produit 3759570384, (qu'on appelle aussi la preuve
du produit)comme elle
le doit toujours être lorsque
laMultiplicationest bonne
comme ici : mais il se pourroit
faire, sans grand miracle,
quela Multiplication
étant fausse, ces deux preuves
du produisant &du produit
feroient cependant
égales; comme il nveft arrivea
moy-même, la premiere
fois que j'ai voulu en
faire épreuve. C'est pourquoy
je fais encore la preuve
par 11, & pour cela je
tranche tous les chiffres des
lieux pairs, tant des multiplicateurs
que du produit
*
en commençant à droite,
&je mets en leur place leur
différence à n. Ainsi en
73904 je tranche le 3, & je
mets un 8 en la place, ou
au-dessus;en50871 jetranche
7y & je mets 4 en la
place & en 3759570 84 je
tranche 8,5,5,3,& je mets
3,6,6j8 en leur place. Ce
preparatif étant fait, j'achève
la preuve par 11, comme
par 9, ajoûtant tous les
chiffres des trois nombres
préparez, (78904) (50841)
( 8769670334 ) & rejettant
toujours II,àchaque fois
qu'il vient 11 ou plus
y ce
qui donne pour les restes
des deux premiers 6&7;
pour le reste ou la preuve
,
du dernier (9.) Multipliant
donc lesdeux premiers restes
6, & 7 entr'eux, le produit
est 41 ;
d'où ôtant tous
les II, il reste 9 pour la
preuve des produisans, laquelle
est aussi égale à celle
du produit, commeelle le
doit, puisque la Multiplication
est juste;&je dis que
la certitude de sa bonté est
précisément double de ce
qu'elle seroit, si je ntavois.
fait que la regle de 9, c'est
à dire moralement de 310
coups contre un..
Maintenant, pour la demonstration
de ces deux
preuves, il ne faut que considerer
que quand on ôte,
de quelque nombre de dixaines
que ce soit, comme
de 80,les 9, autant qu'on
le peut, leleste est le chiffre
8, même de 80-r parce
qu'otant9 de 10,le resteest
de 1. De même ôtant tous
les 9 r
de quelque nombre
de centaines que ce soit,
comme de 700, le reste est
le y, même de 700 ; parce
qu'ôtant tous les 9 de ioo,
(ou 99 ) le refle est 1. On
trouve la même chose en
ôtant tous les 9 desnombres
de looo>de lOOOO, de
100000, &c. comme de
2.000, de 3oooo,de 400000,
&c. C'est précisément la
même chose pour 11 que
pour 9, à l'égard des lieux
impairs feulement,sçavoir
des centaines
>
des dix mil ,
des millions, &c. comme
de 400 y
de 5°000, de
éoooooo, à cause que ( 99)
( 9999 ) C99|999) fone auÍfltbien
des multiples de Il
que de 9,comme on peut
le voir aisémentendivisànt
ces nombres par 11.
Maisà
l'égard des lieux pairs qui
contiennent les centaines,
les 10000, les 100000, &c.
lorsqu'on en ôte tous les
11 »
il reste la différence de
leurs chiffres à II. Ainsi
ocanc les u de 30, il reste8
y qui est la différence de 11
au chiffre
5
de 50,& cela à
cause que II surpasse 10 de
i ; car il fuit de là que 3$
doit surpasser30 de 3, &
que par consequent 30 doit
surpasser 22 de 8 : difference
dde Il a y DDe mAême"ôtant,
tous les ir de 4000, il reste
7, qui êlt la difference de
JI à 4, chiffre de 4000, &
cela à cause que r001 qui
est un multiple de II, surpasse
1000 de
1 :
d'où il suit
que 1ooo doit surpasser un
multiple de
1 r, de la différence
de II. à I ,
& de même
des autres lieux pairs
lOOOOO', 10000000, &c.
qui sont toujours suivis immédiatement
des multiples
de r1 ; ravoir
, icoooi 10000001, &c. comme on
peut aisément le voir en divisant
ces nombres par 11.
Il fuit de là que pour avoir
le reste des dixaines, des
IOOOJ des ioooco, &c.apres
en avoir ôté tous les JI,
comme par exemple le reste
de 70, de 80, de 3000,
de 500000 ,
de 50000000,
de 3000000000, (qui sont
renfermez dans les trois
nombres de la question) il
faut ôter tous les chiffres,
7, 8>3> 5,& mettre en
leur place leur différence à
II; sçavoir 4,3,8,6, com-
- me nous avons fait dans la
pratique ci-dessus. A l'égard
des zéro, il est inutile
d'yavoir égard, parce que ç'est.limême qui est leur
différence à II, & qu'il faut
rejetter II dans l'addition
de tous les chiffres, comme
on l'a dit. Donc aprés
cette correction, la somme
de tous les chiffres de chaque
nombre proposé fera
(on reste, après en avoir
ôtè tous les 115 de même
qu'après en avoir ôtétous
les 9, puisque le premier
chiffre à droite peut toûjours
eêrtrree regardeé comme
un reste , étant toujours
moindre que II, & au plus
9. On doit donc regarder
chacun des trois nombres
proposez (apres le préparatiffait
pour II ) comme une
somme de 9 ou de II, plus
un reste,lequel reste soit la
somme de ses c hiffres,aprés
avoir ôté de cette somme
tous les 9 ou tous les II. On
a donc pour les deux multiplicateurs
une somme de
9 ou de II, plus un reste,
5 ou 6 à multiplier par une
somme de 9 ou de II ,
plus
un reste, 3 ou7 ; ce qui
doit donner trois especes de
produits; sçavoir, celui du
premier reste par le second,
c'est à dire de 5 par 3, qui
est 15 ; ou de 6 par 7, qui
est 42. Ensuite le produit de
la premiere somme de 9 ou
de II par 3 ou 7, & reciproquement
celui de 5 ou
6 par la seconde somme de
9 ou de fI; & pour la troisième
espece le produit de
la premiere somme par la
feconde. Or ces trois derniers
produits ne sonttoûjours
que des sommes de 9
ou de II, comme il est évident.
dent. Donc tous les 9 ou
tous les
11 étant rejettez du
produit proposé 3759570384,
il ne reste que le produit 15.
ou 41 des restes 5 & 3ou
6 & 7 ;c'est pourquoy si
l'on ôte encore de ces deux
produits tous les 9 ou tous
les 11, il restera la même
chose, que si l'on avoit ôté
du produit 3759570384 tous
les 9 ou tous les 11 ) autant
de fois qu'il est possible;
sçavoir, 6 ou 9. Or prenant
la somme des chiffres
( 3759, &C. ) corrigez pour
il en rejettant toujours9
ou ii, on trouve les mêmes
restes 6 ou 9. De mêmeprenant
lasomme des chiffres
des produifans
,
corrigez
pour 11, en rejettant toujours
les 9 ou les II,on trouve
les reltes 5 ôc 3,ou 6 &-
7, comme on l'a démontré
ci- dessus. Donc la preuve
des produifansdoit être é.-
gale à celle du produit'
quand laMultiplication est;
bonne.
Il est maintenant évident
que si les deux fautesqu'oa
sùppose avoir faites tombent
sur des lieux pairs tour
tesdeux,outoutes deux sur
des lieux impairs, savoir
l'une en plus, & l'autre en
moins,(comme la preuve
le demande pour faire compensation
) on aura auni
compensation dans la preuve
deII. A l'égard des lieux:
pairs , la chose est toute
ciaire ; & pour les impairs,
il ne faut que considerer
que la faute en plus deviendra
une faute en mOIns, ôc
celle en moins une en plus,
après le preparatif fait; le
tout comme la compensa.
don le demande:mais la
secondè faute peut tomber
sur un lieu de diiïërenieeîL
pece,du lieu de la premiere
aussitôt que sur un lieu de
mêmeespece,c'est à dire:
sur un impair , quand la.
premiere tombe sur un
pair, ou tout au contraire.
Alors aprés la correction
faire , les deux fautes seroient
toutes deux en plus,,
ou toutes deux en moins;
ce qui ne produiroit pas de
compensation seroitparoître
la preuve fausse, de
même que la Multiplication.
Ce qui demande evidemment
deux fois plus de
coups pour faire paroîtrela
preuve de 11 fallacieuse,
comprise celle de 9, que
pour celle de 9 ou de Il toute
feule
y
& ce qui par con.
sequens affure la certitude
de ces deux preuves du double
de ce qu'elleest,lors.
qu'elles sont separées..
Ceci servira pour nousacquitter
de la promesse
que nous avons faite sur la
preuve de (9) dans le sécond
tome de nos Recherc
hes ou Essais
)
première
édition.
e nouvelle
maniéré de faire la D/i;/-
sion,plus courtequ'aucune
qui ait paruë jusques ici.
LEs auteurs'quiont parlé
de la preuve de la Multiplication
par ( 9 ) ont eu raison
de la traiter de défectueuse,
en ce qu'elle peut paroître
bonne, quoique la Multiplication
soit fausse
: mais
t il me paroîtqu'ils nont pû
la regarder comme une
preuve moralement bonne;
puis qu'à l'égard d'un calculateur,
qui de deux Multiplicationns
qu'il feroit,
commettroit toujours une
faute en une des deux, la
preuve de 9 devroit de 32,
coups contre 1 paroître bonnc
quoique la Multiplication
fùt fausse: ce qui est
bien éloigné d'être moralement
bonne;car dans ceux
qui ne calculent pas souvent
il en est peu qui ne
fassent une faute en 1 o
coups.Or à l'égard de ceuxlà,
la preuve de 9 doit être
fallacieuse de 160 coups contre
,parce que pour que
cette preuve devienne
fallacieuse,
il faut dans la même
Multiplication faire une
seconde faute qui releve la
premiere ; & pour cela il
faut 20 coups par la supposition,
& en chaque coup
il y a neuf chiffres à poser,
dont il n'yen a qu'un qui
doive faire la compensation,
contre huit qui ne la
feront pas; ce qui fait huit
fois
,
2.0 coups,ou160contre
un : ce qui ne peut point
encore établir une preuve
morale. Pour rendre donc
cette preuve plus fidelle du
double, en forte qu'il faille
3 2o coups contre un, moralement
parlant, pour qu'-
elle puisse paroîtreinfidelle,
je me sers de la preuve de
11 en cette forte.
Soit le nombre (73904) à
multiplier par ( 50871 ) la
multiplication étant faite,
je trouve. pour produit (3759570384. ) Or pour m'as
furer par la preuve de 9 que
ce produit est le veritable,
tout le monde sçait qu'il
faut faire une somme des
chiffres de chacun de ces
trois nombres, rejettant 9
toujours dés qu'on y arrive,
ou qu'on passe 9 ; ce qui
donne trois restes,sçavoir
5 pour le premier, 5 pour
le second
,
& 6 pour le troisiéme.
Je multiplie donc les
deux premiers restes, 5 &
3, l'un par l'autre j ce qui
donne 15 :
d'où ôtant 9, il
reste 6, qu'on appelle la
preuve des produifans. Or
cette preuve est égale au ref.
te 6 du produit 3759570384, (qu'on appelle aussi la preuve
du produit)comme elle
le doit toujours être lorsque
laMultiplicationest bonne
comme ici : mais il se pourroit
faire, sans grand miracle,
quela Multiplication
étant fausse, ces deux preuves
du produisant &du produit
feroient cependant
égales; comme il nveft arrivea
moy-même, la premiere
fois que j'ai voulu en
faire épreuve. C'est pourquoy
je fais encore la preuve
par 11, & pour cela je
tranche tous les chiffres des
lieux pairs, tant des multiplicateurs
que du produit
*
en commençant à droite,
&je mets en leur place leur
différence à n. Ainsi en
73904 je tranche le 3, & je
mets un 8 en la place, ou
au-dessus;en50871 jetranche
7y & je mets 4 en la
place & en 3759570 84 je
tranche 8,5,5,3,& je mets
3,6,6j8 en leur place. Ce
preparatif étant fait, j'achève
la preuve par 11, comme
par 9, ajoûtant tous les
chiffres des trois nombres
préparez, (78904) (50841)
( 8769670334 ) & rejettant
toujours II,àchaque fois
qu'il vient 11 ou plus
y ce
qui donne pour les restes
des deux premiers 6&7;
pour le reste ou la preuve
,
du dernier (9.) Multipliant
donc lesdeux premiers restes
6, & 7 entr'eux, le produit
est 41 ;
d'où ôtant tous
les II, il reste 9 pour la
preuve des produisans, laquelle
est aussi égale à celle
du produit, commeelle le
doit, puisque la Multiplication
est juste;&je dis que
la certitude de sa bonté est
précisément double de ce
qu'elle seroit, si je ntavois.
fait que la regle de 9, c'est
à dire moralement de 310
coups contre un..
Maintenant, pour la demonstration
de ces deux
preuves, il ne faut que considerer
que quand on ôte,
de quelque nombre de dixaines
que ce soit, comme
de 80,les 9, autant qu'on
le peut, leleste est le chiffre
8, même de 80-r parce
qu'otant9 de 10,le resteest
de 1. De même ôtant tous
les 9 r
de quelque nombre
de centaines que ce soit,
comme de 700, le reste est
le y, même de 700 ; parce
qu'ôtant tous les 9 de ioo,
(ou 99 ) le refle est 1. On
trouve la même chose en
ôtant tous les 9 desnombres
de looo>de lOOOO, de
100000, &c. comme de
2.000, de 3oooo,de 400000,
&c. C'est précisément la
même chose pour 11 que
pour 9, à l'égard des lieux
impairs feulement,sçavoir
des centaines
>
des dix mil ,
des millions, &c. comme
de 400 y
de 5°000, de
éoooooo, à cause que ( 99)
( 9999 ) C99|999) fone auÍfltbien
des multiples de Il
que de 9,comme on peut
le voir aisémentendivisànt
ces nombres par 11.
Maisà
l'égard des lieux pairs qui
contiennent les centaines,
les 10000, les 100000, &c.
lorsqu'on en ôte tous les
11 »
il reste la différence de
leurs chiffres à II. Ainsi
ocanc les u de 30, il reste8
y qui est la différence de 11
au chiffre
5
de 50,& cela à
cause que II surpasse 10 de
i ; car il fuit de là que 3$
doit surpasser30 de 3, &
que par consequent 30 doit
surpasser 22 de 8 : difference
dde Il a y DDe mAême"ôtant,
tous les ir de 4000, il reste
7, qui êlt la difference de
JI à 4, chiffre de 4000, &
cela à cause que r001 qui
est un multiple de II, surpasse
1000 de
1 :
d'où il suit
que 1ooo doit surpasser un
multiple de
1 r, de la différence
de II. à I ,
& de même
des autres lieux pairs
lOOOOO', 10000000, &c.
qui sont toujours suivis immédiatement
des multiples
de r1 ; ravoir
, icoooi 10000001, &c. comme on
peut aisément le voir en divisant
ces nombres par 11.
Il fuit de là que pour avoir
le reste des dixaines, des
IOOOJ des ioooco, &c.apres
en avoir ôté tous les JI,
comme par exemple le reste
de 70, de 80, de 3000,
de 500000 ,
de 50000000,
de 3000000000, (qui sont
renfermez dans les trois
nombres de la question) il
faut ôter tous les chiffres,
7, 8>3> 5,& mettre en
leur place leur différence à
II; sçavoir 4,3,8,6, com-
- me nous avons fait dans la
pratique ci-dessus. A l'égard
des zéro, il est inutile
d'yavoir égard, parce que ç'est.limême qui est leur
différence à II, & qu'il faut
rejetter II dans l'addition
de tous les chiffres, comme
on l'a dit. Donc aprés
cette correction, la somme
de tous les chiffres de chaque
nombre proposé fera
(on reste, après en avoir
ôtè tous les 115 de même
qu'après en avoir ôtétous
les 9, puisque le premier
chiffre à droite peut toûjours
eêrtrree regardeé comme
un reste , étant toujours
moindre que II, & au plus
9. On doit donc regarder
chacun des trois nombres
proposez (apres le préparatiffait
pour II ) comme une
somme de 9 ou de II, plus
un reste,lequel reste soit la
somme de ses c hiffres,aprés
avoir ôté de cette somme
tous les 9 ou tous les II. On
a donc pour les deux multiplicateurs
une somme de
9 ou de II, plus un reste,
5 ou 6 à multiplier par une
somme de 9 ou de II ,
plus
un reste, 3 ou7 ; ce qui
doit donner trois especes de
produits; sçavoir, celui du
premier reste par le second,
c'est à dire de 5 par 3, qui
est 15 ; ou de 6 par 7, qui
est 42. Ensuite le produit de
la premiere somme de 9 ou
de II par 3 ou 7, & reciproquement
celui de 5 ou
6 par la seconde somme de
9 ou de fI; & pour la troisième
espece le produit de
la premiere somme par la
feconde. Or ces trois derniers
produits ne sonttoûjours
que des sommes de 9
ou de II, comme il est évident.
dent. Donc tous les 9 ou
tous les
11 étant rejettez du
produit proposé 3759570384,
il ne reste que le produit 15.
ou 41 des restes 5 & 3ou
6 & 7 ;c'est pourquoy si
l'on ôte encore de ces deux
produits tous les 9 ou tous
les 11, il restera la même
chose, que si l'on avoit ôté
du produit 3759570384 tous
les 9 ou tous les 11 ) autant
de fois qu'il est possible;
sçavoir, 6 ou 9. Or prenant
la somme des chiffres
( 3759, &C. ) corrigez pour
il en rejettant toujours9
ou ii, on trouve les mêmes
restes 6 ou 9. De mêmeprenant
lasomme des chiffres
des produifans
,
corrigez
pour 11, en rejettant toujours
les 9 ou les II,on trouve
les reltes 5 ôc 3,ou 6 &-
7, comme on l'a démontré
ci- dessus. Donc la preuve
des produifansdoit être é.-
gale à celle du produit'
quand laMultiplication est;
bonne.
Il est maintenant évident
que si les deux fautesqu'oa
sùppose avoir faites tombent
sur des lieux pairs tour
tesdeux,outoutes deux sur
des lieux impairs, savoir
l'une en plus, & l'autre en
moins,(comme la preuve
le demande pour faire compensation
) on aura auni
compensation dans la preuve
deII. A l'égard des lieux:
pairs , la chose est toute
ciaire ; & pour les impairs,
il ne faut que considerer
que la faute en plus deviendra
une faute en mOIns, ôc
celle en moins une en plus,
après le preparatif fait; le
tout comme la compensa.
don le demande:mais la
secondè faute peut tomber
sur un lieu de diiïërenieeîL
pece,du lieu de la premiere
aussitôt que sur un lieu de
mêmeespece,c'est à dire:
sur un impair , quand la.
premiere tombe sur un
pair, ou tout au contraire.
Alors aprés la correction
faire , les deux fautes seroient
toutes deux en plus,,
ou toutes deux en moins;
ce qui ne produiroit pas de
compensation seroitparoître
la preuve fausse, de
même que la Multiplication.
Ce qui demande evidemment
deux fois plus de
coups pour faire paroîtrela
preuve de 11 fallacieuse,
comprise celle de 9, que
pour celle de 9 ou de Il toute
feule
y
& ce qui par con.
sequens affure la certitude
de ces deux preuves du double
de ce qu'elleest,lors.
qu'elles sont separées..
Ceci servira pour nousacquitter
de la promesse
que nous avons faite sur la
preuve de (9) dans le sécond
tome de nos Recherc
hes ou Essais
)
première
édition.
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Résumé : Nouvelle preuve de la Multiplication, et nouvelle maniere de faire la Division, plus courte qu'aucune qui ait paruë jusques ici.
Le texte expose une nouvelle méthode pour vérifier la validité d'une multiplication en utilisant les preuves de 9 et de 11. Les auteurs précédents ont critiqué la preuve de 9 pour sa fiabilité, car elle peut sembler correcte même si la multiplication est fausse. La preuve de 9 est jugée moralement insuffisante, surtout pour ceux qui ne calculent pas fréquemment, car elle peut donner une impression de justesse même en cas d'erreur. Pour améliorer la fiabilité, l'auteur propose d'utiliser la preuve de 11 en complément de celle de 9. Il illustre cette méthode avec un exemple de multiplication : 73904 multiplié par 50871, donnant le produit 3759570384. La preuve de 9 consiste à sommer les chiffres de chaque nombre, en rejetant les multiples de 9, et à vérifier que les restes des multiplicateurs et du produit sont égaux. Cependant, cette méthode peut être trompeuse. L'auteur introduit donc la preuve de 11, qui consiste à tronquer les chiffres des lieux pairs et à remplacer chaque chiffre par sa différence avec 11. Ensuite, il somme les chiffres des trois nombres ainsi modifiés et rejette les multiples de 11. La preuve de 11 permet de doubler la certitude de la preuve de 9, car elle nécessite deux fois plus de fautes pour apparaître fausse. Le texte conclut en expliquant que la preuve de 11 est particulièrement utile pour détecter les erreurs dans les lieux pairs et impairs, et qu'elle assure une vérification plus fiable de la multiplication.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 70-78
Nouvelle maniere de diviser, composée de l'Italienne & de la Françoise.
Début :
Ce n'est pas sans raison qu'un auteur moderne des plus celebres [...]
Mots clefs :
Zéro, Division, Diviseur, Quotient, Produit, Arithmétique
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelle maniere de diviser, composée de l'Italienne & de la Françoise.
Nouvelle mortiere Je diviser,
composéedel'Italienne
&delaFrançoise..
Ce n'est pas sans raiÍÕnt
cib'un, auteur moderne des
plus célébrés en Arithmétique
a nommé la Division
l'épine de l'Arithmétique,
puis qu'elle en contient
presque seule toute la difficulté,
c'efl à dire les trois
plus difficiles opérations; savoir,
une Division,une Multiplicarion,
&uneSouftraction,
réitérées pluficurs fois
tout de fuite. C'est pour
cela qu'on doit s'appliquer
à la simplifier autant qu'il
est possible, pour la commodité
des commençans,
Nous en proposons, ici
une ,
qui etant compofee*
de la Division Françoise
& de l'Italienne, comme
des deux plus abrégées,
évite cependant les emprunts
frequens & réitérez
de la premiere, & les
longues répétitionsdu Diviseur
de la derniere.
-.
Soit pour cet effet le
nombre (9807950450 ) a
QOOO0.0 2450 1.5
1
735Q.4
7 3 5.0 o0073.5
- 9307.9 49Q0.3
20OI50
diviser par
le nombre
(49003)j'écris
d'abord
le diviseur
49003,&au
dessus le dividens
9807950450>en forte
que les premiers chiffresde
ce dernier 980, &c. contiennent
les premiers 49 y
&c. du diviseur. Et s'il y
avoit, par exemple,ig dansles
deux premiers chiffres,
du dividensyau lieu de 98V
fécrirois le 8 sur le 4 du diviseur
y
ôc le 2.
de 28 plus
avancé
avancé d'une place vers la
gauche, & le reste comme
dans la Division ordinaire.
A l'égard du reste du dividens
de (50450) donc il
déborde le diviseur vers la
droite, je récris au- dessus
des derniers chiffres 9 & 5
du dividcns ou du diviseur
en ligne perpendiculaire,
comme on le voit en l'exemple
cy joint. Divisant
donc 9 par 4 à l'ordinaire,
il vient pour quotient 1,
que j'écris fous une barre
au-dessous de 4. Je fais enfuite
la preuve à. l'Italienne,
en disant [2 fois 3 font 6.
que j'ôte de 9 qui est audessus,
il reste 3 ] que j'écris
sur le reste du dividens,
audevant de 5. Ensuite [2
fois zero ne font rien, que
j'ôte de 7, il reste 7 ]quej'écris
sur le zero du dividens,
devant le dernier 3. Ensuite
encore [ z fois rien ne font
rien]que j'écris devant le
7 au-dessus du 8. Puis [ z
fois 9 font 18 , que j'ôte de
18 ,
le reste est zéro] que
j'écris sur le 9 du dividens,
retenant l'emprunt 1. Enfin
[ 1 fois 4 font 8,de1 que je
retiens font 9, que j'ôte du
9 du dividens, le reste est
encore zéro] que j'écris audevant
du dernier zero sur
le même alignement.
Ainsi mon restetotal,
ou nouveau dividens est
( 000735) que je separe du
premier par une barre. Je
continuë donc ma Division.
en disant [4en zero,le
quotient est zéro,que j'écris
fous la barre à côté du
i ; & multipliant le diviseur
49003 par zéro, le produit
est zero) qui étant ore de
735) ilreste 735, quej'écris
au- dessus du dividens
000735 au-devant du zero,
& c'est le troisiéme dividens
, lequel étant encore
divisé par 4, le quotient est
encore zero; & le produit
de 49005 par ce zero étant
encore ôté de 7350,le reste
est 7550, que j'écris au-des
fus
J
au-devant du 4 :
ainsi
le quatriémedividens est
73504, lequel étant aussi divisé
par 4, le quotient est 1,
que j'écris sous la barre aprés
le 1 ôc les deux zéro;
& multipliant49003 par cet
1, en commençantparle
dernier chiffre3,&le produit
étant ôté de 73 504, en
commençant par le dernier
chiffre, 4,il reste 14501, que
j'écris au-dessous de 73504,
au-devant du 5, pour avoir
le 5e dividens, 145015. Enfin
divisant245015 par 4,1e quo.
tient est 5, que j'écris fous la
barre après 1; & multipliant
49003 par ce 5,le produit est
145015 ,
qui étant ôté de
2,4^015,le reste est zero, que
j'écris audessus de 14501, audevant
du zero du premier
dividens. Enfin divisant ce
reste zéro ou dernier dividens
par 4, le quotient est
zero, quejécris à la fuite
despremierschiffres du diviseur
: & comme je fuis arrivé
à un dividens(000000)
dont le dernier chiffre zéro
du dividens proposé,
9807950450, fait partie,je
conclus que la Division est
finie, Ce que le quotient
cherché est ( 100150 ).& k
reste de la Divisionzéro,
Il faut faire de mêmeà pro.
portion pour tous les autres
exemples que l'on peut proposer;
ce qu'il n'est pas poffi- le de faire ici dans un plus
grand détail.
composéedel'Italienne
&delaFrançoise..
Ce n'est pas sans raiÍÕnt
cib'un, auteur moderne des
plus célébrés en Arithmétique
a nommé la Division
l'épine de l'Arithmétique,
puis qu'elle en contient
presque seule toute la difficulté,
c'efl à dire les trois
plus difficiles opérations; savoir,
une Division,une Multiplicarion,
&uneSouftraction,
réitérées pluficurs fois
tout de fuite. C'est pour
cela qu'on doit s'appliquer
à la simplifier autant qu'il
est possible, pour la commodité
des commençans,
Nous en proposons, ici
une ,
qui etant compofee*
de la Division Françoise
& de l'Italienne, comme
des deux plus abrégées,
évite cependant les emprunts
frequens & réitérez
de la premiere, & les
longues répétitionsdu Diviseur
de la derniere.
-.
Soit pour cet effet le
nombre (9807950450 ) a
QOOO0.0 2450 1.5
1
735Q.4
7 3 5.0 o0073.5
- 9307.9 49Q0.3
20OI50
diviser par
le nombre
(49003)j'écris
d'abord
le diviseur
49003,&au
dessus le dividens
9807950450>en forte
que les premiers chiffresde
ce dernier 980, &c. contiennent
les premiers 49 y
&c. du diviseur. Et s'il y
avoit, par exemple,ig dansles
deux premiers chiffres,
du dividensyau lieu de 98V
fécrirois le 8 sur le 4 du diviseur
y
ôc le 2.
de 28 plus
avancé
avancé d'une place vers la
gauche, & le reste comme
dans la Division ordinaire.
A l'égard du reste du dividens
de (50450) donc il
déborde le diviseur vers la
droite, je récris au- dessus
des derniers chiffres 9 & 5
du dividcns ou du diviseur
en ligne perpendiculaire,
comme on le voit en l'exemple
cy joint. Divisant
donc 9 par 4 à l'ordinaire,
il vient pour quotient 1,
que j'écris fous une barre
au-dessous de 4. Je fais enfuite
la preuve à. l'Italienne,
en disant [2 fois 3 font 6.
que j'ôte de 9 qui est audessus,
il reste 3 ] que j'écris
sur le reste du dividens,
audevant de 5. Ensuite [2
fois zero ne font rien, que
j'ôte de 7, il reste 7 ]quej'écris
sur le zero du dividens,
devant le dernier 3. Ensuite
encore [ z fois rien ne font
rien]que j'écris devant le
7 au-dessus du 8. Puis [ z
fois 9 font 18 , que j'ôte de
18 ,
le reste est zéro] que
j'écris sur le 9 du dividens,
retenant l'emprunt 1. Enfin
[ 1 fois 4 font 8,de1 que je
retiens font 9, que j'ôte du
9 du dividens, le reste est
encore zéro] que j'écris audevant
du dernier zero sur
le même alignement.
Ainsi mon restetotal,
ou nouveau dividens est
( 000735) que je separe du
premier par une barre. Je
continuë donc ma Division.
en disant [4en zero,le
quotient est zéro,que j'écris
fous la barre à côté du
i ; & multipliant le diviseur
49003 par zéro, le produit
est zero) qui étant ore de
735) ilreste 735, quej'écris
au- dessus du dividens
000735 au-devant du zero,
& c'est le troisiéme dividens
, lequel étant encore
divisé par 4, le quotient est
encore zero; & le produit
de 49005 par ce zero étant
encore ôté de 7350,le reste
est 7550, que j'écris au-des
fus
J
au-devant du 4 :
ainsi
le quatriémedividens est
73504, lequel étant aussi divisé
par 4, le quotient est 1,
que j'écris sous la barre aprés
le 1 ôc les deux zéro;
& multipliant49003 par cet
1, en commençantparle
dernier chiffre3,&le produit
étant ôté de 73 504, en
commençant par le dernier
chiffre, 4,il reste 14501, que
j'écris au-dessous de 73504,
au-devant du 5, pour avoir
le 5e dividens, 145015. Enfin
divisant245015 par 4,1e quo.
tient est 5, que j'écris fous la
barre après 1; & multipliant
49003 par ce 5,le produit est
145015 ,
qui étant ôté de
2,4^015,le reste est zero, que
j'écris audessus de 14501, audevant
du zero du premier
dividens. Enfin divisant ce
reste zéro ou dernier dividens
par 4, le quotient est
zero, quejécris à la fuite
despremierschiffres du diviseur
: & comme je fuis arrivé
à un dividens(000000)
dont le dernier chiffre zéro
du dividens proposé,
9807950450, fait partie,je
conclus que la Division est
finie, Ce que le quotient
cherché est ( 100150 ).& k
reste de la Divisionzéro,
Il faut faire de mêmeà pro.
portion pour tous les autres
exemples que l'on peut proposer;
ce qu'il n'est pas poffi- le de faire ici dans un plus
grand détail.
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Résumé : Nouvelle maniere de diviser, composée de l'Italienne & de la Françoise.
Le texte expose une méthode de division combinant les techniques italiennes et françaises pour simplifier les opérations arithmétiques. La division est considérée comme l'opération la plus complexe en arithmétique, impliquant des répétitions de division, multiplication et soustraction. La méthode proposée vise à réduire les emprunts fréquents et les répétitions longues en utilisant les techniques les plus abrégées. Pour illustrer cette méthode, le texte présente un exemple de division du nombre 9807950450 par 49003. Le processus commence par l'alignement du diviseur et du dividende. Ensuite, des opérations de division, multiplication et soustraction sont effectuées de manière itérative. Chaque étape est détaillée, montrant comment les quotients et les restes sont calculés et écrits. Le texte conclut que la division est terminée lorsque le dividende devient zéro. Le quotient recherché est 100150, avec un reste de zéro. Cette méthode peut être appliquée à d'autres exemples de division de manière similaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 163-166
Observations sur les changemens du Barometre par rapport au temps, tirées des Memoires de M** Par M. Parent.
Début :
Quelques exactes Observateurs ayant bien voulu me communiquer leurs Memoires [...]
Mots clefs :
Baromètre, Observations, Températures, Pluie, Brouillard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Observations sur les changemens du Barometre par rapport au temps, tirées des Memoires de M** Par M. Parent.
Observations sur les change..
ments du Barometre par rapport
au temps, tirées des
Memoires de M* *
Par M. Parent.
Quelques exactes Observateurs
ayant bien voulu
me communiquer leursMemoires
touchant les temperatures,
j'ay pris 148. ob.-
fervations faites sur le Barometre
dans les lunaisonsdes
années 1696.1697. &
1698. dont fay fait une
somme , que j'ay divisée
par 148. pour avoir une
hauteur moyenne de Barometre
qui s'est trouvée de
27. poulces 6. lignes36 ou
de 27. poulces 7. lignes.
J'ay ensuite pris les obfervations
marquées,
( pluye,neige,broüillard,
humide, couvert, trouble,)
ôc j'en ay trouvé. 3. audeffous
de la moyenne, & 51»
audessus.Ayant pris encare
les observations marquées,
( pluye, brouillard,
neige, ) feulement j'en ay
trouvé 18. au dessous,&13.
au dessus. Ayant continué
de prendre les observations
marcluces,pluye neige, )
seulement,j'en ay trouve
15. au dessous &7. au desfus.
Et ay ant pris feulement
les observations marquées,
( pluye ) feulement, j'en ay
trouvé 12.. au dessous, &
6. au dessus.
J'ay pris aussi les observations
marquées, (beau,
~rain, j'en, ay trouvéLau
dessous; de U hauteur
moyenne 7. seulement, &
Ljf, audeflbs.f„ce>qui suffit:
pourconvaincre que le Barometre
est bas dans le
temps humide,& haut
dans Iç[epain..,;0';,,; Quoyquon » ait. parlé dans
le MçreuFe precedent des
Abbayes que le Roy a donné
laveillede laToussaints;
cpii>iT)c on estoit fuir la fin
dçriqmprçiTion
, on n'a pu
donner au Public les remarques
qu'on a coustume
defaire.
ments du Barometre par rapport
au temps, tirées des
Memoires de M* *
Par M. Parent.
Quelques exactes Observateurs
ayant bien voulu
me communiquer leursMemoires
touchant les temperatures,
j'ay pris 148. ob.-
fervations faites sur le Barometre
dans les lunaisonsdes
années 1696.1697. &
1698. dont fay fait une
somme , que j'ay divisée
par 148. pour avoir une
hauteur moyenne de Barometre
qui s'est trouvée de
27. poulces 6. lignes36 ou
de 27. poulces 7. lignes.
J'ay ensuite pris les obfervations
marquées,
( pluye,neige,broüillard,
humide, couvert, trouble,)
ôc j'en ay trouvé. 3. audeffous
de la moyenne, & 51»
audessus.Ayant pris encare
les observations marquées,
( pluye, brouillard,
neige, ) feulement j'en ay
trouvé 18. au dessous,&13.
au dessus. Ayant continué
de prendre les observations
marcluces,pluye neige, )
seulement,j'en ay trouve
15. au dessous &7. au desfus.
Et ay ant pris feulement
les observations marquées,
( pluye ) feulement, j'en ay
trouvé 12.. au dessous, &
6. au dessus.
J'ay pris aussi les observations
marquées, (beau,
~rain, j'en, ay trouvéLau
dessous; de U hauteur
moyenne 7. seulement, &
Ljf, audeflbs.f„ce>qui suffit:
pourconvaincre que le Barometre
est bas dans le
temps humide,& haut
dans Iç[epain..,;0';,,; Quoyquon » ait. parlé dans
le MçreuFe precedent des
Abbayes que le Roy a donné
laveillede laToussaints;
cpii>iT)c on estoit fuir la fin
dçriqmprçiTion
, on n'a pu
donner au Public les remarques
qu'on a coustume
defaire.
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Résumé : Observations sur les changemens du Barometre par rapport au temps, tirées des Memoires de M** Par M. Parent.
Le texte 'Observations sur les changements du Baromètre par rapport au temps, tirées des Mémoires de M*' par M. Parent analyse les observations météorologiques réalisées entre 1696 et 1698. M. Parent a compilé 148 observations du baromètre, avec une hauteur moyenne de 27 pouces 6 lignes 36 ou 27 pouces 7 lignes. Il a classé ces observations selon les conditions météorologiques telles que la pluie, la neige, le brouillard, l'humidité, le ciel couvert ou trouble. Il a noté que 3 observations étaient en dessous de la moyenne et 51 au-dessus. Pour des conditions spécifiques comme la pluie, le brouillard et la neige, il a trouvé 18 observations en dessous et 13 au-dessus de la moyenne. Pour la pluie et la neige seules, il a trouvé 15 observations en dessous et 7 au-dessus. Pour la pluie seule, il a trouvé 12 observations en dessous et 6 au-dessus. Ces données montrent que le baromètre est généralement bas dans les temps humides et haut dans les temps beaux. Le texte mentionne également des abbayes données par le roi la veille de la Toussaint, mais précise que les remarques habituelles n'ont pas pu être publiées en raison de la fin de l'impression.
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