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1
p. 126-137
Composition de la Thériaque, [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay souvent parlé des Arts, que les soins, [...]
Mots clefs :
Soins, Médecine, Remèdes, Apothicaire, Thériaque, Composition, Hôpitaux, Abeilles, Boeuf, Excréments, Peuple, Monarque, Animal solaire, Âme, Planètes, Astres, Morsure, Mort
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texteReconnaissance textuelle : Composition de la Thériaque, [titre d'après la table]
Je vous ay fouvent
parlé
des Arts , que les foins ,
bien faits , & la magnificence
du Roy font fleurir en
France avec tant d'eclat, mais
je ne vous ay rien dit de la
Medecine
. Vous ne devez
pas vous en étonner
; c'eft
un Art long , difficile , & inGALANT.
127
certain . Elle eft , enfin , for
tie de l'affoupiffement , où
elle étoit depuis plufieurs
Siécles , à l'égard de la pré--
paration des Remedes Specifiques
, & celuy qui eſt le
plus néceffaire , paroift maintenant
dans fa perfection.
C'eft la Theriaque. Ms Jof.
froy, Jauffon, & Bolduc, tous
trois Maiftres Apotiquaires
Paris , en ont fait publiquement
devant la Faculté de
Medecine . M' le Lieutenant
General de Police , & M' le
Procureur du Roy y ont af
fifté , felon ce qui fe pratique
Liiij .
128 MERCURE
dans tous les lieux où cette
compofition fe fait. M' de
Rouviere Apotiquaire du
Roy , & Major des Camps &
Armées de Sa Majefté , & de
fes Hôpitaux , a entrepris luy
feul la mefme compofition .
On a déja veu deux Theſes
de luy fur ce fujet , & fi l'on
juge de la fin par ces commencemens
, on n'en peut
rien attendre que de fort extraordinaire
. Je vous envoye
FEftampe de l'Emblême Enigmatique
, mife au haut de la
derniere de ces Thefes . On
y voit fortir un grand nom.
GALANT. 129
les
pre de Mouches à Miel , des
entrailles d'un Boeuf mort,
pour faire connoiftre ce que
nous apprennent les Natura-
¡ liftes , qui veulent que
Abeilles foient engendrées
d'un Boeuf, ou d'un Taureau.
Cet Animal eft mis dans un
lieu bas , & plein de fange,
afin de marquer la baffeffe & -*
l'origine de ces Mouches . Ce
qui a fait mefme dire à quel
ques Autheurs , qu'elles n'étoient
produites que des excremens
d'un Boeuf, comme
plufieurs autres Infectes de
pareille nature le font d'ex130
MERCURE
crémens d'autres Animaux
Les plus curieux d'entre les-
Naturaliftes , qui fe font attachez
à connoiftre la nature ,,
les moeurs , & le gouvernement
des Abeilles , ont remarqué
qu'elles conſtituoient
un Etat Monarchique fous un
Roy , & ont prétendu qu'il
n'étoit pas vray femblable
que ce Roy fuft tiré de la lie
du Peuple. Apres avoir recherché
fon origine, avec une
exacte application , ils ont re
connu qu'il étoit choify ordinairement
d'entre les Abeil.
les qui font engendrées du
GALANT. 131
f
Lyon , qui comme l'on fçait
eft un Animal Solaire , & par
conſequent qui marque la
Royauté , de mefme que le
Taureau eft un Animal Lunaire
qui marque la Populace
; & comme le Soleil fur
paffe infiniment la Lune , &
toutes les Planettes en force,
en vertu , & en lumiere , ainfi
le Lyon doit l'emporter fur
les autres Animaux , comme
Animal Solaire , & dont les
productions font plus nobles .
C'est pour cela qu'on l'a mis
dans une fituation plus éle
vée. Il est l'Ame de l'Em
132 MERCURE
blême , & a cette Infcription
pour marquer la Nobleffe des
Abeilles qui en fortent, Phabi
ab origine præftant. L'autre Infcription
fait voir le bon- heur
des Abeilles , qui font gouvernées
& conduites par um
Roy. En effet , l'Etat Monarchique
étant le meilleur
de tous les Etars , ceux qui
font les plus foûmis à leur
Roy , doivent s'eftimer les
plus heureux , &fe vanter que
Uno fub Rege beantur. Je ne
m'arrefteray point à vous faire
le détail de toutes les parties
du Tableau. Le deffein n'a
GALANT. 133
rien d'obfcur pour ceux qui
1 font éclairez . On fçait que le
Belier eft un Animal Solaire,
ainfi qu'entre les Plantes,
l'Heliotrope
ou le Tournefol
, qui eft toûjours tourné
vers le Soleil ; que fi l'Heliotrope
eft oppofé à cet Aſtre,
on en doit attribuer la faute
au Graveur. Ce n'eſt pas non
plus fans deffein , que l'on a
repreſenté
un Lezard , qui
s'attache & s'éleve au Piedeftal
, fur lequel font pofées les
Armes du Roy , puifque fa
couleur & fa nature , montrent
affez qu'il s'attache
134 MERCURE
toûjours aux bonnes chofes,
& aux plus folides, & qu'il n'a
point de plus grand plaifir
que celuy de regarder le Soleil
, ou d'en eſtre regardé.
Quant à la Vipere qui paroift
rampante au bas , on peut dire
que comme elle entre dans
la compofition de la Theriaque
, elle fournit le plus falutaire
, & le plus univerſel de
tous les Remedes, & qui ne fe
faifoit autrefois que pour les
Empereurs , les Roys & les
Princes , dont la vie doit toû
jours eftre tres-chere à leurs
Sujets. La morfure de la Vi
GALANT. 135
•
5
pere eft mortelle , lors quelle
eft en colere , & la mort eft
le remede au mal qu'elle a
fait. Ainfi ce qui eft écrit au
deffous cft tres vray , Ut dat
viva necem , fic mortua vitam.
Sur le Piedeſtal eft un Brazier
où brûlent des parfums , pour
rendre hommage au Soleil.
Les Abeilles s'en approchent
afin de marquer qu'elles luy
rendent cet hommage comme
au principe, d'où leur Roy
tire fon origine. Pour ce qui
regarde la Devife de Sa Majefté
qui eft autour du Soleil,
& fes Armes gravées fur un
136 MERCURE
Monde au Piedeſtal ; il eft
aiſé de connoiſtre que le principal
deffein de cette Emblême
Enigmatique , eft de
faire entendre que tous les
Peuples de la Terre feroiest
heureux , s'ils étoient fous la
domination de noftre Augufte
Monarque. A l'égard
du Serpent ou Dragon , qui
eft dans un Ecu foûtenu par
un Ange au coin de la Planche
, il n'y a perfonne qui ne
connoiffe qu'il repreſente ELculape,
Dieu de la Medecine,
qui parut fous la figure d'un
Serpent , dans le Vaiffeau des
GALANT. 137
Romains , au retour d'Epi--
daure , où ils allerent demander
ce Dieu qu'on y adoroit,,
pour les delivrer de la Pefte
qui dépeuploit la Ville de
Rome. Il a la Tefte environ--
née de rayons pour montrer
qu'il étoit Fils du Soleil . Ses
Âîles marquent non fèulement
fa vieilleffe , mais auffi
la qualité des Dragons aiflez
qui font fans venin....
parlé
des Arts , que les foins ,
bien faits , & la magnificence
du Roy font fleurir en
France avec tant d'eclat, mais
je ne vous ay rien dit de la
Medecine
. Vous ne devez
pas vous en étonner
; c'eft
un Art long , difficile , & inGALANT.
127
certain . Elle eft , enfin , for
tie de l'affoupiffement , où
elle étoit depuis plufieurs
Siécles , à l'égard de la pré--
paration des Remedes Specifiques
, & celuy qui eſt le
plus néceffaire , paroift maintenant
dans fa perfection.
C'eft la Theriaque. Ms Jof.
froy, Jauffon, & Bolduc, tous
trois Maiftres Apotiquaires
Paris , en ont fait publiquement
devant la Faculté de
Medecine . M' le Lieutenant
General de Police , & M' le
Procureur du Roy y ont af
fifté , felon ce qui fe pratique
Liiij .
128 MERCURE
dans tous les lieux où cette
compofition fe fait. M' de
Rouviere Apotiquaire du
Roy , & Major des Camps &
Armées de Sa Majefté , & de
fes Hôpitaux , a entrepris luy
feul la mefme compofition .
On a déja veu deux Theſes
de luy fur ce fujet , & fi l'on
juge de la fin par ces commencemens
, on n'en peut
rien attendre que de fort extraordinaire
. Je vous envoye
FEftampe de l'Emblême Enigmatique
, mife au haut de la
derniere de ces Thefes . On
y voit fortir un grand nom.
GALANT. 129
les
pre de Mouches à Miel , des
entrailles d'un Boeuf mort,
pour faire connoiftre ce que
nous apprennent les Natura-
¡ liftes , qui veulent que
Abeilles foient engendrées
d'un Boeuf, ou d'un Taureau.
Cet Animal eft mis dans un
lieu bas , & plein de fange,
afin de marquer la baffeffe & -*
l'origine de ces Mouches . Ce
qui a fait mefme dire à quel
ques Autheurs , qu'elles n'étoient
produites que des excremens
d'un Boeuf, comme
plufieurs autres Infectes de
pareille nature le font d'ex130
MERCURE
crémens d'autres Animaux
Les plus curieux d'entre les-
Naturaliftes , qui fe font attachez
à connoiftre la nature ,,
les moeurs , & le gouvernement
des Abeilles , ont remarqué
qu'elles conſtituoient
un Etat Monarchique fous un
Roy , & ont prétendu qu'il
n'étoit pas vray femblable
que ce Roy fuft tiré de la lie
du Peuple. Apres avoir recherché
fon origine, avec une
exacte application , ils ont re
connu qu'il étoit choify ordinairement
d'entre les Abeil.
les qui font engendrées du
GALANT. 131
f
Lyon , qui comme l'on fçait
eft un Animal Solaire , & par
conſequent qui marque la
Royauté , de mefme que le
Taureau eft un Animal Lunaire
qui marque la Populace
; & comme le Soleil fur
paffe infiniment la Lune , &
toutes les Planettes en force,
en vertu , & en lumiere , ainfi
le Lyon doit l'emporter fur
les autres Animaux , comme
Animal Solaire , & dont les
productions font plus nobles .
C'est pour cela qu'on l'a mis
dans une fituation plus éle
vée. Il est l'Ame de l'Em
132 MERCURE
blême , & a cette Infcription
pour marquer la Nobleffe des
Abeilles qui en fortent, Phabi
ab origine præftant. L'autre Infcription
fait voir le bon- heur
des Abeilles , qui font gouvernées
& conduites par um
Roy. En effet , l'Etat Monarchique
étant le meilleur
de tous les Etars , ceux qui
font les plus foûmis à leur
Roy , doivent s'eftimer les
plus heureux , &fe vanter que
Uno fub Rege beantur. Je ne
m'arrefteray point à vous faire
le détail de toutes les parties
du Tableau. Le deffein n'a
GALANT. 133
rien d'obfcur pour ceux qui
1 font éclairez . On fçait que le
Belier eft un Animal Solaire,
ainfi qu'entre les Plantes,
l'Heliotrope
ou le Tournefol
, qui eft toûjours tourné
vers le Soleil ; que fi l'Heliotrope
eft oppofé à cet Aſtre,
on en doit attribuer la faute
au Graveur. Ce n'eſt pas non
plus fans deffein , que l'on a
repreſenté
un Lezard , qui
s'attache & s'éleve au Piedeftal
, fur lequel font pofées les
Armes du Roy , puifque fa
couleur & fa nature , montrent
affez qu'il s'attache
134 MERCURE
toûjours aux bonnes chofes,
& aux plus folides, & qu'il n'a
point de plus grand plaifir
que celuy de regarder le Soleil
, ou d'en eſtre regardé.
Quant à la Vipere qui paroift
rampante au bas , on peut dire
que comme elle entre dans
la compofition de la Theriaque
, elle fournit le plus falutaire
, & le plus univerſel de
tous les Remedes, & qui ne fe
faifoit autrefois que pour les
Empereurs , les Roys & les
Princes , dont la vie doit toû
jours eftre tres-chere à leurs
Sujets. La morfure de la Vi
GALANT. 135
•
5
pere eft mortelle , lors quelle
eft en colere , & la mort eft
le remede au mal qu'elle a
fait. Ainfi ce qui eft écrit au
deffous cft tres vray , Ut dat
viva necem , fic mortua vitam.
Sur le Piedeſtal eft un Brazier
où brûlent des parfums , pour
rendre hommage au Soleil.
Les Abeilles s'en approchent
afin de marquer qu'elles luy
rendent cet hommage comme
au principe, d'où leur Roy
tire fon origine. Pour ce qui
regarde la Devife de Sa Majefté
qui eft autour du Soleil,
& fes Armes gravées fur un
136 MERCURE
Monde au Piedeſtal ; il eft
aiſé de connoiſtre que le principal
deffein de cette Emblême
Enigmatique , eft de
faire entendre que tous les
Peuples de la Terre feroiest
heureux , s'ils étoient fous la
domination de noftre Augufte
Monarque. A l'égard
du Serpent ou Dragon , qui
eft dans un Ecu foûtenu par
un Ange au coin de la Planche
, il n'y a perfonne qui ne
connoiffe qu'il repreſente ELculape,
Dieu de la Medecine,
qui parut fous la figure d'un
Serpent , dans le Vaiffeau des
GALANT. 137
Romains , au retour d'Epi--
daure , où ils allerent demander
ce Dieu qu'on y adoroit,,
pour les delivrer de la Pefte
qui dépeuploit la Ville de
Rome. Il a la Tefte environ--
née de rayons pour montrer
qu'il étoit Fils du Soleil . Ses
Âîles marquent non fèulement
fa vieilleffe , mais auffi
la qualité des Dragons aiflez
qui font fans venin....
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Résumé : Composition de la Thériaque, [titre d'après la table]
Le texte aborde la médecine et la thériaque, un remède spécifique. La médecine est décrite comme un art long, difficile et inélégant, mais elle émerge d'une période d'oubli grâce à la préparation de remèdes spécifiques, notamment la thériaque. À Paris, des apothicaires tels que Jos. Froy, Jauffon et Bolduc ont préparé publiquement cette composition devant la Faculté de Médecine, en présence de M. le Lieutenant Général de Police et de M. le Procureur du Roy. M. de Rouvière, apothicaire du Roy, a également entrepris cette composition et a publié des thèses à ce sujet. Le texte inclut une description d'un emblème énigmatique lié à la thériaque. Cet emblème représente des abeilles sortant des entrailles d'un bœuf mort, symbolisant la royauté et le gouvernement monarchique des abeilles. L'emblème utilise des symboles astronomiques et animaux pour illustrer la noblesse et le bonheur sous un roi. Parmi les éléments mentionnés figurent le bélier, le lézard, la vipère et le serpent, chacun ayant une signification spécifique dans le contexte de la médecine et de la royauté. L'emblème vise à montrer que les peuples seraient heureux sous la domination du monarque français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 265-300
LES MERVEILLES des Abeilles, ou analyse du fond des Alveoles, dont leurs Rayons sont composez. Par Mr PARENT.
Début :
1. Plusieurs Naturalistes habilles ont admiré la figure exagonale des [...]
Mots clefs :
Abeilles, Rhombes, Alvéoles, Figures, Angles, Sphères, Géométrie
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texteReconnaissance textuelle : LES MERVEILLES des Abeilles, ou analyse du fond des Alveoles, dont leurs Rayons sont composez. Par Mr PARENT.
LES MERVEILLES des Abeilles> ouanayse du fond des Alveoles, dont leurs Rayonssont composez. ParMrPARENT, I#l? Lufieurs Naturalistes habilles ont admiré la figure exagonale des alveoles ou cellules des mouches à miel; mais il ne me fouvienc pas quaucun ait rien écric sur celle du fond de ces cellules merveilleuses, & sur la maniere donc ellesfont as. semblees& opposées entre elles, quoyque ce (bit peut estre tout ce qu'il y à d'admirable dans cesujet, des figures exagonales pouvant estre forméesnaturellement , & par le seul mouvement descorps, sans presupposeraucune connoissance , comme je l'ayexpliqué dans une autre occasion Mais en examinant la figure du fond de ces Alveoles avec application , on trouve qu'elle renferme toute la perfection que l'esprit hu- main, muni de la plus subtile geometrie peut imaginer. Car elles ont de toutes les figures qu'elles pourroient recevoir la plus reguliere, par consequent la plus belle , & la plus aisée à bastir, & aussi la plus logeable, à moindres frais, ou la plus spatieuse , avec mesme surface, la plus aisée à s'y tourner en tout sens , & en mesme temps la plus solide , quiest tout ce quele plus habile Archirecte pourroit souhaiter. C'est ce qui ma fait penser que te public ne seroit peutestre pas fasché que je luy communiquasse mes re flexions fijr un sujet aussi curieux, & qui semble nous ouvrir une voye à la connoissance de l'ame des bestes; d'autant plus que j'espere l'y faire parvenir par la voye la plus abrégée , laquelle estant exempted'Algèbre, ôc de triangles spheriques, (quim'ont servi à - le developer)lemet à la portée de ceux qui ont les moindres teintures dela geometrie. 2.. Soit donc BSDTFR la base d'un tuyau prifmatique exagonal perpendiculaire à son axe VOI, lequel tuyau represente une des Alvéoles des Abeilles. Spit X le cenrre de cette bafe : soient R A K , BI,SCM,DN,TEP&FQ les six cotiez ou arestes des faces de l'Alveole; qu'on suppose veuë si l'on veut par le dedans,l'œil respondant directement au point V de la bafe qui est entre son centre X & sa circonférence , si l'on prend un point Ofùrl^âxc VOIau dessousde cette bafe, duquel onmene trois plans par les rrois collez BF,BD,DF,dutriangle équilateral inscrit à l'exagone, sçavoir AB O Fqui coupe AFenA; & les deux faces KAFQ, KABL, de l'Alveole enAF&AB; BODC qui coupe CMen Ç9 & les faces~BCML, DCMN en RC , & CD; DOFEqui coupe EPT enE , &les faces NDEP,PEFQ,enDE, EF ; ces trois plans se cou- pant les uns les autres dans les droites OB, OD,OF; le fond de l'Alveole se trouvera fermépartrois rhombesOBAF,ODEF,ODCB, qui feront égaux &semblables en tout, comme il est assez évident;car FB, par exemple , estant le costé' du triangle équilateral inscrit à l'exagone , si l'on mene le rayon XR de , l'exagone qui rencontre BF perpendiculairement: dans son milieu G, & qui est égal au rayon X F; on aura ( à cause de l'angle. XFG de trente degrez) X G égale à la moitié de XF, & par consequent aussi à la moitié de XR; menant donc encore la droite OA, elle rencontrera XRau point G,carelles font toutes deux dans le plan des paralleles VOI, KAR) & ne scauroient avoir que G de commun. On aura donc ( à cause des triangles rectangles semblablesAGR,XGO)l'analogie (QG: GA::XG'• GR. ) Donc G est le milieu des deux droites AO, FB. M Ainsi,) àcause des angles opposezégaux AGF,BGO, & AGB, OGF, ilest évident que les deux triangles AGF, BGO, & AGB,FGO, font parfaitement égaux ; c'est pourquoi AF est parallele &égale à OB,&AB, àFO: doncABOFestun Rhombe, puisque OB & OFsont égales. On prouvera de mesme que ODEF, OBCD font aussi des Rhombes; & d'aiileurs la régularité de la construction fait voir que ces 3. Rhombes font égaux en tout. 3. Il ne s'agit donc plus maintenant, que de trouver quelle doit estrel'inclinaifon des Rhombes B AFO,DEFO,DOBC, sur l'axe VOI,afin que l'Alveole ait toutes les persections dont on a parlé cy-dessus. Pour y parvenir je considerequ'à mesure qu'on prend le point A sur K AR plus proche de K, pour mener les droites AF,AB,( ou ce quiestle mesme , à mesure qu'on prend le point O plus audessous de X pour mener la faceABOF,) l'angle B A F devient moindre que l'angle BRF de 120. degrez , & l'angle F A K ou BAK , plus grand que l'angle droit ARF ou, A RB ; c'est pourquoy on peut prendre ces points A & O à telle distance de R ou X , que les 3. angles autour de A, feront égaux; ce qui est une des conditions proposées à trouver, &laplussimplede toutes: Et l'on verra ensuite que toutes les autres perfections en derivent, & que la prudente, & subtile Abeille ne s'y trompe jamais. Or je dis qu'il faut que pour cet effet ARou OX, (car ces 2. lignes font égales, puisque GXest égale à GR) soit le tiers de A F;ce.quiestàlavérité une équation d'Algèbre à réfoudre , puisque ces 2. lignes sontinconnues. Mais supposant la chose telle, le quarré de AR que je suppose valoir, I, estans I, celuy de A F vaudra 9, & celuy deF R 8.(à cause de l'an.;, gle droitA RF.) Mais Yans gleRFGestantde 30. degrez, demesme queXFG; 1,G fera la moitié de RF & son quarré fera le quart deceluy de RF, c'est à-dire qu'il vaudra 2; donc celuy de A G fera de3 )( à cause de l'angle droit AR G,) & celuy de F G de6. tà causedel'angle droit A - GF , ou,RGF,) donc le quarré de A G fera la moitié deceluy de FG, ou celuy de A O la moitié de celuy deFB.AinsiAOfera à F B, comme le costé d'un quarréest à sa diagonale. Si l'on mene maintenant AHsurFR qui fasse l'angleHARégalàFAG,les triangles rectangles ARH, AGF, feront semblables ; ainsi le quarré de AR fera aussi le double de celuy de HR, qui par conséquent vaudraiSciera la seiziéme partie de celui de RF Aui vaut 8. donc RH serale quart de RF, & le tiers de HF , demesmequeARest sup posée le tiers de AF; ainsi l'angle RAF fera double de l'angle RAH & double de AFG. Donc RAFfe- ra égal à AFO com plément au demi cercle de BAF(àcauseduRhombe BAFO. ) Mais le mesme R AF est le complement au demi cercle de l'angle K AF;donc les anglesBAF , KAF , & par consequent aussi KAB feront égaux, ce qu'il falloitprouver. Si l'on confidere maintenant que les angles alternes FA R, AFQ, font égaux, (à cause des parallèles KAR, QFO)on verra aussi-tost que les angles AFO,AF Q; & parconsequent aussi EFO , EFQ, font encore égaux, & les complemens au demi cercle des angles autour de A, donc les n. angles plans autour de B, F,D, font touségauxen- t'reux, de mesme que les îr. autour de A,C,E,O, & les uns font les complemens des autres au demi cercle. 4. De plus on ne peut douter que les Angles des faces autour de ACEO ne soient encore égaux entr'eux;de mesme qu'autour de BDF; puisqu'iln'y a a aucune raison, pourquoy quelqu'un feroit plus grand ou ,moindre que les autres, dumoment que touslesangles plansysont égaux ; & qu'ondémontre qu'un trian gle spherique quiales troiscostez égaux, a aussi les trois angles égaux -, donc tous les angles des faces, & du fond de l'Alveole,ou ses iy arestes font de 120.degrez chacune, puisque ceux de son contoursçavoir, BRF) BSD, SBR &c, ont cette valeur. D'ou il fuit évidem- ment que cette figure est plus commode pour se loger , que si les angles estoient inégaux; & que de plus une mesme Sphère en peut toucher toutes les faces. Or elle touchera celles du fond dans leurs centres G., Y, Z, & son centre fera sur l'axe VOI , comme en I, ensorte que les perpendiculaires IG, IY,IZ)'(eronc égales à ses rayons ce qui est évident par l'égalité desangles des faces & des Rhombes.Ainsila figure du fond de ces Alveoles doit participer de celle de cette Sphere , qui est de contenir plus d'espace que tout autre, qui auroit mesme surface &un mesme nombre de faces. 5. Pourconnoistre maintenant les angles BAF , AFO , des Rhombes , & en général tous les angles tant obtusqu'aigus autour des points A,C)E"0)lk B, D, F,on se souviendra de ce qu'on vient de voir; que le quarré de AF, étant de 9 celui de AG vaut 3, celui de FG , 6 , celui de FR, 8,ainsi celui de AO vaudra12,, & celui BF 24; parconséquentces4.quarrez feront entr'eux comme les nombres9. 8-11.2.4. & les lignes AF, RF, AO,FB, comme lesnombres3. 2R2.2R3.&2R6.)ou, Rt.R3.R6) connoissant donc les raportsdescostez FA,FO, AG, qui fontles finus des angles opposez, , dans le triangle rectangle : AGF, on aura aussi-tofi la valeur de ses angles aigus , qui font les moitiés des angles du Rhombe. Ou pluitolt prenant AR qui vaut 1. pour finustotal,ôc RF qui eu la racine de 8. oui 2R2. ) pour la tangente de l'angle FAR égal AFO on en tirera l'analogie ( si 1. donne 2. R 2.. combien 100000 )dontle quatrième terme 182842. est la tangente de 70. degrez 32.minutes 8. ou de AFO, ce qui fait voir que son complément BAF est de L09. d.28. ,min.conformémentaux experiences que les sçavants Mrs. de Cassini & Maraldi en ont faites avec toute la justesse que des figures aus si petites que celles de ces Alvéolés peuvent recevoir. Car ces Mefifeurs m'ont assuré les avoir toûjours trouves; de 70. & de 110. degrez. Je leur dois au reftecettejustice d'avouerque je leur ai l'obligation de m'avoir tiré de l'erreur où j'etois, que les Abeilles travaillassenten commun, & non feulesà seules comme elles font -,& quelles fissent'leurs Alvéoles plates parie fond; & de m'avoir par-là doané occasiond'ii magmer quelle devoit estre donc la figure du fond de ces cellules qui renfermoit le plus de perfection. Il est bon d'ajouster cnco. re icy qu'on peut parvenir à la connoissance du fond de ces cellules en fupofanc d'abord les angles en AEF chacun de 120. degrez concevant chacun de ces points au centre d'une Sphère, & les rayons A,B, AB, AK, AF, prolongées jusquà sa surface , ce qui donnera un triangle spherique à résoudre , dont chaqueangle fera de 120: degrez &dontontrouvera les costez de 109. degrez 28. minuteschacun, , 6. Il restemaintenantAc Faire voir quelafigure exagonale de ces cellulesleur a donne plusde régularité , que toute autre imaginable. Pour cet effet il est premierement évident quelles ne .peuvent avoir outre la figure exagonale , que taquarree,ou la triangulaire; puisqu'il n'y aque ces 3. figures régulières qui j>ui(Tenç feules couvrir un plan quarré , ou d'un triangulaire , ( comme nous avons fait ceuxd'un exagonal) parles milieux des cotez de sà bafe, les faces du fonds ; feront avec celles du contour des angles obtus; tandis que ces derniers en font de droits entrelles, ou de 60. degrez. Ainsi ces cellules triangulaires ou quarrées auroient moins de regularité & de commodité que les exagonales, & même moins de capacitépour une surface égale, puis quelles auroient un moindre nombre de faces. On peut même tirer de là que les éxagonales ont encore plus de solidité, puis quelles tiennent les unes avec les autres par plus de faces, & que lestuyaux les plusronds sont plus solides que ceux qui ont moins de faces, comme on le voit dans toutes les productions de la nature. 7. Il reste donc de conclure que ces alveoles admirables ont toute la per- , session qu'on pouvoit fou. haiter. Par où l'on voit que l'auteur dela nature, qui conduit ces animaux,Semble nous inviterà approfondir lesfecrets dela Geometrie & de la Physique, bien loin de les'meprHer ,comme font laplupart de ceux qui neconnoissent pasces merveilles. Cest cequima porte à chercher encore la valeur du rayon G de la sphere infcriptible àl'alveole; &pour y parvenir,jeconsidereque cette sphere (touchant les faces de l'alveoleopposées diametralehicnc ;tellesqtffc DC, EF AB,DE;AF, DC, & qui font paralleles entrelles, il est évidentque son diametre doit être égal à la distance de ces mêmes faces. Or cette distance est égale à chacun des côtez BF;, B D, DF, du triangle équilateral inscrit à l'exagone , ou à chacune des grandes diagonales des rhombes ; ce qui est aisé à voir, en ce que de l'angle de l'exagone AEF deno. degrez ôtant l'angle BFD de 60, il reste 60 degrez, dont la moitié est la valeur deIangleEFD ; lequel étant ajoutéà l'angle BFD, donne Fangle-BFE droit, &de même de FBC.Ainsi BFest perpendiculaire à ces mêmes faces, & en est par consequent atiffi la distance. Donc ce diametreest à FR comme R3 a ï , & à FA comme 2R6 à 3, ou comme 6 à —R 6. 8. J'ai été plus loin. J'ai terminé le dessus d'une alvéolé par 3 rhombes égaux & semblables à ceux du fond, en faisent en sorte que les faces du contour fuflènç aussi des rhombes pareils ; ce qui sefait, en prenant les arêtesAK,BL, &c.égales aux cotes des. fbpç&t}es:du fond, & leur menant par KL, &c. des ) paralleles,commeonlevoit dans la figure solide reprefernée en perspective. Ce qui m'a donné un nouveau corps solide terminé par ix rhombestous égaux & femblables, ayant tous les angles de ses faces égaux, & de 120 degrez ; de plus 14 angles plans aigus, chacun de 70 deg. 31. min. & 2.4 obtus, chacun de 109,28, & qui est circonscriptible à ,. une (pbcfe. Il est vrai qu'il a 6 angles solides composez chacun de4anglesplans aigus de70deg. 52. min. chacun, & 8 autres angles solides corpposez de 3 angles plans obtus, chacun de 109 deg. 28 min. Ainsi il n'est pas inscriptible, àune sphere. Ce nouveau corps ta au/ïi deux especes d'axes ; & ecanc coupe perpendiculairement a ceux qui passent par les premiers anglessolides opposez,sça- voir par son centre, la coupe cA toujours un quarré: au lieu que si on le coupe de même perpendiculairement a ceuxqui passent par les derniers opposez,lecoupe est toûjours un exagone. Ce qui fait que ce corps re- presente en tout sens (étant vu selon les derniers axes) des alveoles exagonales >- & étant vu selon les premiers, il represente des alveoles quarrees. 9. De plus, on peut l'environner de iz autres corps - tous pareils, posez sur cha- cuftc de ses faces; en forte qu'il ne restera aucun jour encre ces 13 corps, à cause que les angles de ces mêmes faces font chacun de 110 degrez : d'où il luit que ce nouveau corps (que je nomme dedecaëdre apiain ou rhombique ) peur exactement remplir l'univers; de même que l'exaëdre rhombique; dont le cube ri'est qu'une espece ; ou si l'on veut, de même que l'octaëdre joint avec le tetraedre , comme jel'ai demontré ailleurs. Nous a- vous joint ici le developemenr de ce nouveau dedecaëdre. 9. Enfin il est évident qu'on peut supposer une Sphère en chacun de ces 12, corps environnans qui les touche dans les centres de leursfaces. Ce qui nousfait connoître de quelle maniéré ezspheres doivent être rangées autour d'une treizièmeégale à chacune -d'elles, pour se toucher toutes ; & on voit qu'il n'y en a pas une feule des 13 qui n'en doivetoucher 5. au- -~ ••.7 1: 4 tres, & que de pluselles se touchenttoutes4à 4^.entfin elles sont rangées 6.z:6 autour de grands cercles de la premiere , qui font entr'eux les anglesdes r hombes ci-dessus ; & chaque cercle en a de plus3 dechaque côté dè son plan , qui se tou- chent mutuellement , & quitouchentles ô.xjiji sont toutautour delui.At (a, mirâtiliu*&>
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Résumé : LES MERVEILLES des Abeilles, ou analyse du fond des Alveoles, dont leurs Rayons sont composez. Par Mr PARENT.
Le texte 'LES MERVEILLES des Abeilles' de Mr Parent explore la structure des alvéoles des abeilles, en se concentrant particulièrement sur la forme hexagonale de leur fond. Les naturalistes ont souvent admiré la figure hexagonale des alvéoles, mais peu ont étudié la forme du fond de ces cellules. Parent découvre que cette forme est d'une perfection géométrique remarquable. Les alvéoles ont une forme hexagonale régulière, ce qui les rend esthétiques, faciles à construire et économes en espace. Cette structure assure également une grande solidité et une capacité maximale pour une surface donnée. Le texte décrit en détail la géométrie des alvéoles, utilisant des concepts de géométrie et d'algèbre pour expliquer comment les abeilles construisent ces structures parfaites. Les angles des rhombes formés au fond des alvéoles sont de 120 degrés, et ces rhombes sont égaux et semblables. Parent souligne que la structure hexagonale est la plus régulière et la plus efficace, comparée aux formes triangulaires ou carrées. Par ailleurs, le texte décrit les propriétés géométriques d'un corps solide et ses interactions avec d'autres corps similaires. Lorsqu'on coupe ce corps perpendiculairement à travers ses axes, la section obtenue est un carré si le coupe passe par les premiers angles solides opposés, et un hexagone si elle passe par les derniers angles opposés. Cela signifie que le corps présente des alvéoles carrées lorsqu'il est vu selon les premiers axes et des alvéoles hexagonales selon les derniers axes. Il est possible d'entourer ce corps de 12 autres corps identiques, chacun posé sur une face du corps central. Les angles des faces, chacun mesurant 110 degrés, permettent à ces 13 corps de s'emboîter parfaitement sans laisser d'espace vide. Ce nouvel ensemble, nommé 'dédécacèdre aplain ou rhombique', peut remplir l'univers de manière exacte, similaire à l'hexacèdre rhombique ou à la combinaison de l'octaèdre et du tétraèdre. De plus, il est possible de supposer une sphère en chacun des 12 corps environnants, touchant les centres des faces. Cela permet de comprendre comment les sphères doivent être disposées autour d'une treizième sphère égale pour se toucher toutes. Chaque sphère touche 5 autres sphères, et elles sont organisées en cercles autour de la sphère centrale. Ces cercles forment des angles rhombiques et chaque cercle a trois autres cercles de chaque côté de son plan, qui se touchent mutuellement et touchent ceux qui sont autour d'eux.
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3
p. 71-73
Errata pour le Memoire des Abeilles du Mercure precedent
Début :
Page 269 ligne 9. metteZ, soient RAK, BL, SCM, &c. [...]
Mots clefs :
Errata, Abeilles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Errata pour le Memoire des Abeilles du Mercure precedent
rrata pour le Memoire des
Abeilles du Mercureprecedent.
Page 269 ligne 19. metteZ,
foient RAK, BL, SEM,
72 MERCURE
མ་
-
Sec. Page 270. ligne 8. mette , qui coupe AR en A,
&6. Page 276. l. 14. étant
1, celui de , &c. Page 27
13. égale à AFG , les . Page
280.1.14, autour de A ,.
E, O. Ligne dern . autour de
B, D , F , puis qu'il. P. 284
LI EA, FG, AG, qui
P.285.. 11 minutes , ou de.
P. 287. 1.9 angles en A,E, F,
&c. chacun de 120 degrez
en. Ligne 13. rayons AB ,
AK, &c. Page 289. 1. prem.
coupant donc les arétes
d'un tuyau quarré. P. 292.
lig. 1. & 2. BCML , EFPQ,
ABLK 2
GALANT. 73
ABLK , DEPN, AFQK,
DCMV , & qui. Lig. 14.
l'exagone RFT de 120 .
Page293. ligne prem, de l'angle TFD lequel. Ligne 3 .
4. l'angle BFT droit ,
& de même FBS. Ainfi.
Ligne 11.65 &R6 Page
297. 1. 8. Dodecaedre , &c.
Page 298, ligne 2. Dodecae
dre.
Abeilles du Mercureprecedent.
Page 269 ligne 19. metteZ,
foient RAK, BL, SEM,
72 MERCURE
མ་
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Sec. Page 270. ligne 8. mette , qui coupe AR en A,
&6. Page 276. l. 14. étant
1, celui de , &c. Page 27
13. égale à AFG , les . Page
280.1.14, autour de A ,.
E, O. Ligne dern . autour de
B, D , F , puis qu'il. P. 284
LI EA, FG, AG, qui
P.285.. 11 minutes , ou de.
P. 287. 1.9 angles en A,E, F,
&c. chacun de 120 degrez
en. Ligne 13. rayons AB ,
AK, &c. Page 289. 1. prem.
coupant donc les arétes
d'un tuyau quarré. P. 292.
lig. 1. & 2. BCML , EFPQ,
ABLK 2
GALANT. 73
ABLK , DEPN, AFQK,
DCMV , & qui. Lig. 14.
l'exagone RFT de 120 .
Page293. ligne prem, de l'angle TFD lequel. Ligne 3 .
4. l'angle BFT droit ,
& de même FBS. Ainfi.
Ligne 11.65 &R6 Page
297. 1. 8. Dodecaedre , &c.
Page 298, ligne 2. Dodecae
dre.
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Résumé : Errata pour le Memoire des Abeilles du Mercure precedent
Le texte fournit des instructions et des références pour un mémoire sur les abeilles, mentionnant des figures géométriques comme des triangles, des hexagones et des dodécaèdres. Il cite des pages et lignes spécifiques, telles que la page 269 ligne 19 et la page 298 ligne 2. Des angles de 120 degrés et des rayons comme AB et AK sont également mentionnés.
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4
p. 173-185
EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Début :
L'Académie Royale des Sciences fit l'ouverture de ses [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Assemblée publique, Fontenelles, Cassini, Éloges, Mémoires, Machine, Réaumur, Abeilles, Crabes, Écrevisses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
AIT
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
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Résumé : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Le 16 novembre 1712, l'Académie Royale des Sciences inaugura ses exercices par une assemblée publique. Monsieur de Fontenelle prononça l'éloge de deux académiciens décédés : Monsieur Berger, médecin et chimiste, et Monsieur Cassini, renommé pour ses découvertes astronomiques. L'éloge de Cassini fut particulièrement apprécié mais ne fut pas publié pour en préserver l'intégralité. Monsieur de la Hire présenta une machine permettant à un homme dans son carrosse de détacher rapidement les chevaux qui prennent le mors aux dents. Monsieur Maraldi exposa un mémoire sur les abeilles, les classant en mâles, femelles et faussaires. Il décrivit leur mode de construction des cellules, la ponte des œufs, la fermeture et l'ouverture des cellules, l'élimination des faussaires, et le stockage de miel pour l'hiver. Monsieur de Reaumur lut un mémoire sur la reproduction des pattes des écrevisses et des crabes. Il démontra que les savants, comme le vulgaire, peuvent avoir des préjugés. Les paysans observaient souvent des écrevisses avec des pattes plus courtes, pensant qu'elles repoussaient. Un savant contesta cette idée, affirmant que la structure des pattes ne permettait pas leur reproduction. Reaumur prouva par expérience que les pattes coupées repoussaient effectivement, confondant ainsi le savant et son raisonnement. L'abbé Bignon, président de l'assemblée, conclut en louant les auteurs des mémoires et en soulignant la beauté et l'utilité des discours présentés. Les extraits des discours les plus curieux et solides seront publiés séparément dans les lettres suivantes.
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5
p. 145-214
Suite de la Dissertation Philosophique sur l'ame des bestes.
Début :
Une personne de ma connoissance qui a vescu pendant 9. [...]
Mots clefs :
Dissertation philosophique, Âme, Bêtes, Castors, Sociétés animales , Éducation des petits , Remèdes naturels , Prévoyance , Société, Instinct, Architectures animales, Médecine animale , Machines, Liberté, Intelligence, Fidélité, Reconnaissance, Chien, Observation, Vertus animales, Chasse, Perfection, Construction, Architecture, Géométrie, Abeilles, Taons , Fourmis, Pigeons, Mouches à miel, Diligence, Enfants animaux, Jeux, Éducation, Perception
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de la Dissertation Philosophique sur l'ame des bestes.
Suite de la DijjertationPhilofopbiquesur
lame des befles.
w Une personne de ma
connoissance qui a vescu
pendant9.années dans la
Loüiziane au Canada,m'a
assuré que rien n'etf plus
certain,que ce que Lahontan
& autres Auteurs rapportent
des Castors de ce
Pays; sçavoir
, que ces
animaux s'assemblent en
quantité, & rongent par le
pied,des arbres qui font le
long des bords des ruisseaux
, en telle forte qu'ils
les font tomber dans le
travers de l'eau pour en arrester
le cours, & soustenir
la terre qu'ils jettent
ensuite dedans au devant
de ces arbres,& dontils
font des Chaussées. Et pour
cet effet la societé de ces..,
ouvriers est commandée
par un chef; les uns cernent
& arrachent à belles
dents des gazons, & les
chargent ensuite sur les
queuës des autres ,
qui
font faites comme une
fole ; ceux-cy marchant
gravement & droits sur
leurs jambes de derriere,
traifnent leur charge jusques
surces arbres, &la
déchargent ensuite dans
l'eau. A mesure que la digue
s'esleve il y a des ouvriers
qui ont soin d'y pratiquer
des appartements
pour se loger
,
des greniers
pour conserverl'écorce
d'arbre qu'ils y amassent
pour leur nourriture; & des
galleries souterraines pour
aller à la pesche dans les
estangs formez par ces digues.
Ily a jusqu'à des hospitaux
pour retirer leurs
malades fatiguez du travail
; & d'un autre costéles
faineants qui se couchent
sur le dos pour sereposer,
sans avoir le dessous de la
queuë écorché,à force de
charier des gazons, y sont
rigoureusement punis &
chassez. Les digues sontartissement
recouverres de
gazon,ensorteque la pluye
ne peut les endommager,
&qu'on passe aifémenc desfus
sans se douter de rien.
Beaux exemples que les
stupides bestes nous fournissent,
nonseulement pour
avoir soin des malheureux,
mais encore pour ne point
souffrir dans les Etats de
ces gens qui se croyent
uniquement faits pour vivre
& joüir du travail d'autruy.
f
4. On sçait assez que les
bestes ontaussil'instinctde
chercher des remedes pour
leurs malades; que les
Chiens mangent du chiendant
pour s'exciter à vomir;
que les Gruës se donnent
des lavements;que
les Macreuses qui n'ont
pointde jabot avalent force
petits cailloux, pour broyer
dans leur gozier les petits
coquillages dont elles se
nourrissent
, & quantité
d'autres singularitez qui
regardent leur santé. Et
peut estre les hommessont
ils encore redevables aux
bestes des premieres régles,
de la Medecine.
Prétendra-t-on donc en-»
core que les machines font
aussi capables de prévoyance
& de crainte, de former
des societez, de bastir des
domicilles, d'avoir pitié
des malheureux,de punir
les vauriens,& en un mot
1
de trouver des remedes
contre ce qui peut les endommager?
Il vaut mieux
penser que les premiersAuteurs
de ce beau systesme
n'avoient pasune parfaite
connoissance des proprietez
des bestes, & que leurs
Sectateurs ont mieux aimé
s'attacher servilement à
leur opinion; que dese
donner la peine d'examiner
eux mêmes la question
avec toute rexaaitlldeù'loo
elle demande,comme ce
n'est que trop l'ordinaire.
5. A l'égard de rinfiind:
des belles pour ce qui regarde
l'éducation de leurs
petits, qu'yac-il de plus
admirable que de voir cette
méprisable & stupide
Araignée, dont nousavons
déjà parle, s'ourdir un sac
d'une toiletres-fine& trèsforte,
pour y pondre & y
conserver ses oeufs. & ses
petits : Un Loriot suspendre
son nid à 3. branches
d'arbre par trois fils de plus
d'une demie aulne-de longueur
chacun, de crainte
apparemment que les Ecureuils
ou les Belettes ne.
viennent manger les oeufs,
ou ses petits; & qui fçaic
aussi si ce n'est point en^-
core pour bercer ces nouveaux
nez, & les endor*-
mir, tandis que leurs pa.
rens leur cherchent la vie?
UnTirarache ou Moineau
aquatique attache le ben
librement à deux ou trois
roseaux
,
afin qu'il puisse
flotter sur l'eau-, hausser &
baisser comme eUe, rani
en estré emporré, c'estce
que j'ay vû plusieurs fois
avec beaucoup d'admiration.
On raconteaussi
Jes stupides Hiboux ont
foin decasser les pattesaux
souris qu'ils apportent à
leurs petits, & qu'ils la-if.
sent en reserve dans leurs
trous, ôc mesme d'appor.
ter dubledà ces souris pour
vivre, afin que leurs jeunes
éleves ayent le plaisir de
lescroquertoutesvivantes^
quand la faim les prend
e qu'ils trouvent tousjours,
par ce moyen dela viande
fraischeàmanger.Sur tout
les Aigles ont grand foin
de plumer ôc çl'a^acher le
poil des animaux qu'ils apportent
à leurs petits, de
crainte qu'un peu trop de
gloutonnerie ne les sasse
étrangler. Jeneparle point
des Guenons qui portent
leurs petits sur leurs épau*
les jusques au haut des
toits & des arbres, pour
leur apprendre à grimperr
& peut estreaussiàmépris
ser les dangers.
Mais je ne fçauroisassez
admirerlirft'nd: qui don
ne une intrépidité & un
courage surprenant
, ( &
qui va quelquefois jusqu'à
la sureur)aux animaux qui
ont des petits, pourenoser
attaquer d'autres d'ailleurs
beaucoup plus méchants
qu'eux,& les chasser, lorsqu'ils
s'en veulent approcher
; ny cette tendresse
plus que maternelle qui
porte les Perd rix à se jetter
pour ainsi dire dans la
gueule des chiens de chasse
pour les amuser,& don
ner lieu à leur petits de
sévader; cVil ce que j'ay
veu cent fois, non
lins
un
veritible estonnement.
Qu'y a t il deplusconstante.
& en mesme temps
de plus inconcevable que
l'histoire des Pigeons qu'on
emporte d'Alep à Alexandrette
en Syrie( ou tout au
contraire) par l'espace de
50. ou 60. lieuës, & qu'on
lasche ensuite avec une lettre
aucol, sitostqu'on est
arrive; car ces courriers
de l'air prennent aussitost
leur essor jurques au dessus
des nuées, & montent tant
qu'ils apperçoivent leur
chere patrie, & le lieu de
leurs petits,& de leurcompagne,
où ils se rendent en
trois ou quatre heures de
temps au plus. Par ce moyen
on apprend des nouvelles
toutes recentes, quon
ne pourroit sçavoir,que
plusieurs jours aprés. Ilest
évident aussi que les différentes
especes de Mouches
à miel, comme les Abeilles,
lesGuespes, les Freflons
,
Bourdons) Taons
,
&c. doivent avoir une sagacité
pareille à celle des
oiseaux,pourreconnoistre
le lieu de leur domicile &
leurs rusches. Goedart écrit
dans son Livre des insectes,
qu'il a eu chez luy
unetaniereouil aobserve
que les Taons, lorsqu'ils
travaillent aux cellules devinées
pour leurs oeufs, ont
aussi un Commandant
comme les Castors, lequel
a soind'eveillerles ouvriers
dès la pointe du jour par le
bruit de Ces ailes. Qu'auuitost
chacun s'en va à son
ouvrage , ceux qui ont un
an paffé vont chercher la
cire & le miel, pour bastir
les cellules ou nids, & pour
vivre, & outre cela de l'eau
pour détrem per de la terre
& en former des voûtes.
Les jeunes Taons comme
aides maçons,détrempent
cette terre, & en font des
boulins ou rouleaux qu'ils
roulent ensuite avec leurs
pieds dederrière jusqu'aux
sommets des ouvrages, ou
les plus anciens qui ne sont
plus propres qu'à bastir les
reçoivent, & en forment
des voutes au dessus deces
nids, de crainte qu'il ne
tombe de la terre dedans.
Les plus vigoureux ont foin
de faire la chatTe) & d'étrangler
sans misericorde
les vauriens, qui non contens
tens dene pointtravailler,
vont encore manger la
nourriture des leur, ouvriers en absence,;
Sil'ontraittoit ainsitous
ceux qui en usent de mesme
dans les Estars policez,
il n'y auroit pas tant
de faineants& de voleurs
& l'abondance y regneroic
en la place du brigandage.
Au reste quoyque je n'aye
pas de témoin oculaire des
merveilles des Taons, il
n'y a pas
@
cependant plus
de peine à les-croire que
celles des;Fourmis& dee
Castors dont je suis certain,
ou que celles des Abeilles
qui les surpassent
peut-estre encore de bien
loin, comme on laveudans
le Mercure de Paris de fan.
née1712.. au mois d'Avril.
Car on peut asseurer qu'il
n'y a peut-estrepasd'animal
si brute qu'il foit
;
qui ne devienne comme
sensé &intelligent lorsqu'il
s'agit de sa conservation,
ou de la production
de ses petits. Est- il rien
qi4i paroiiflcplustbFute ql.Í.
ui* Limaçon?ilcreuse cc*
pendant un nid en terre
pour y pondte ses oettfs; il
les couvre ensuite d'une
especedecole quise durcit
extrêmement, & qui les
conserve contre les insectes
& contre toutes les injures
du temps. Qu'estildeplus
pefanc qu'une Tortue, elle
fort néanmoins du fond de
la mer, elle vient creuser
un nid dans le fable où elle
fait sa ponte,& recouvre
ensuite ses oeufs de ce met
me fable,afin que la chaleur
du soleil suppléé au
deffaut de lasienne
, qui
ne feroit pas suffisante pour
les faire éclorre. Les Saumons
& plusieurs autres
poissons remontent les ri.
vieres jusqu'à leur source,
& fouvenc par. respace de
plus de cent cinquante
lieues
, pour femer leurs
oeufs sur la bouë Ôc dans
une eau peu profonde afin
que la chaleur du Soleil
puisse les faire éclorre.
Faut-il que desbestes
pour qui nous avons tant
de mépris., surpassent la
,
pluspart des Peres & Meres
en tendresse &.. en soins
1
pour l'éducation de leurs
enfants?
•
Quoy donc les Machines
opereront-elles aussi des
prodiges pour enfanter
d'autres Machines, pour
les conserver, & pour leur
sauverla vie; & a pprendront-
elles à nos amesraisonnables
à avoir des sentimens
de rendresse & de
crainte;àestrelaborieuses,
soigneuses , courageuses ,
& tantd'autres vertus necessaires
à l'éducation des
pietits?Mais auparavant que
de quitter ce sujet,considerons
un peu quel plaisir
nos bestes brutes prennent
à exercer leurs jeunes adul.A
Ks, désqu'ils commencent
à courir, voler, ou
nager. Ne diroit-on pas
qu'elles ont recouvert une
nouvelle jeunesse pour
jouër & folastreravec eux?
Que ne doit.on point penser
aussi des jeux de ces
jeunes animaux,qui sont
remplis de feintises,d'imitations
,
& de singeries ;
tantost ils feignent d'estre
fort en colere ; & dese
mordre tantost de fuïr tantost de poursuivre,tan-r
tost de flatter
,
tantost
-
de
craindre,en un mot ils imitent
parfaitement les jeux
des enfants, qui ne font
jeux qu'en ce qu'ils ne sont,
comme ceux- là
, que de
pures fictions. Il n'est pas
jusques aux plus stupides
animaux,dont les amufementis
de jeunesse ne eausent
beaucou p d'admiration
,
& de plaisir à ceux
qui les observent. Si quelqu'un
en doute,iln'a qu'à
considerer pendant quelque
beau jour de Printems,
les jeux des jeunes Arai-r gnées des jardins. On les
trouve au iixleil contre les
muraillesqui selivrent mita
le combats,moitié feints,
moitié san g lants
; là elles
(e mordent
,
se précipitent.
s'arrachent les pattes, 5e..
tranglent, & surpassent de
bien loin,tout ce qu'on rapporte
des gladiateuts sur les
arenes.
Les Machines seront-elles
donc encore capables
de fictions
,
& d'imitation
comme les enfants, & produiront-
elles
duiront-elles des opera»
tions pour lesquelles e lles
ne sont pas veritablement
montées? Une montre par
exemple qui est montée
pour marquer deux fois
douze heures par jour, s'a).
visera-t-elle, pour se divertir
, & pour nous jouër, de
les marquer en une heure,
& reprendra telle ensuite
d'elle-mesme son serieux,
& son veritable train. J'avouë
qu'on entrevoit des
étincelles de liberté dans le
delire des enfants, par la
communication qu'ils ont
avec nous de leurs pensées
, & que nous ne pouvons
rien appercevoir de
semblable dans les animaux,
avec lesquels nous ne
pouvons point avoir cette
sorte de commerce. Mais
avantd'entrer plus avant
dans cette discussion, examinons
encore quc!qucs
vertus des bef.l:e)q.ui nous
aideront à prendre parti
plusseurement.
7. Tout le monde sçait
assez l'arrache,la fidélité,
la soumission & la reconnoissance
, que les Chiens
ont pour leurs maistres,leur
docilité,l'impatience qu'ils
ont de les revoir quand
ils sont absens
,
la tristesse
que cette absence leurcause
,& la joye qu'ils marquent
quand ils les retrouvent,
ou lorsqu'ils peuvent
leur rendre quelque service;
avec quelle chaleur ils
prennent leur deffense,
leur patience à en souffrir,
leur perseverance à leur
estresoumis,leur contrain- te&leurcomplaisance pour
eux. Undemesamisayant
fait emporter à dix lieuës
de Paris un vilain Chien ,
qui s'estoit addonné chez
luy
5
& qu'on n'avoit pû en
estranger à force de coups
de baston; ce Chien revintà
samaison aprésquelques
jours.Le maistre las de
lemaltraiter luy fit lier les
quatre pattes, attacher une
pierre au col, & lefit jetter
de dessus le pont Marie
dans la Seine. Le Chien ne
laissa pas de se sauver, ( ce
que j'aurois toutes les peines
du monde à croire,s'il
ne m'estoit arrivé une chose
toute pareille, ) & s en
revint au plus viste donner
de nouveaux tefmoignages
d'une fidélité & d'une foumission
inviolables à son
maistre adoptif, lequel en
fut tellement touché d'estonnement,
qu'il changea
dans le moment toute sa
rigueur enaffection.Tout
Paris a veu avec surprise, il
y a eennYvilrroonncfi.:nlnqquuaannttec 'ilnn's)
la constanceinvincible
d'un Chien,qui demeura
pendant plusieurs années
collé sur la fosse de son maistre,
dans le cimetiere des
saints Innocens , sans que
"Dy flatteries, ny nlrnaces.
ny lâFhecelïite peussent l'en
tirer. Ayantblesséunefois
un Lievre,il k sauva dans
tuàfe vigne
y
oùje le suivis
à lâ vbix de mes Chiens;
peu dete-n, psaprês;les voix
ayant etffé-,jc&urav
qu'ils*T-avoientafrêïïé-,<K
comme je les clltrèhÓisa
costé & d'autre
,
j'en ap -
perceus un qui venoit à
moyen grande diligence;
me flattant & thc caressant
,
aprés quoy il s'en
retourna avec beaucoup
-V
d'em pressement,ce qui me
fit comprendre qu'il falloir
le suivre: pendant que je
marchois, il prenoit le devant,
& revenoit fouvenc
sur ses pas, marquant tousjours
de l'im patience; à la
fin il ne revint plus, &
m'estant un peu avancé,
j'entendis mes deuxChiens
( d'ailleurs tousjours tresbons
amis) qui se mangeoient
l'un l'autre.Dés que
le second m'aperceut il prit
aussitost la suite
,
fentané
apparemment que ficatifë
n'estoit pas bonne. 1c vis
effectivement que le sujet
de leur querelle estoit que
le second avoit fort endommage
le Lievre pendantl'absence
dupremier,
lequel au contraire me caressoit
avec beaucoup de
confiance,comme pour me
marquer son innocence de
sa Cfiodmélibtiée.n
de belles regles
de morale ne peut-on
pas tirer de tousces exemples
; mais il vaut mieux
que chacun aitle plaisir de
les endeduire, que d'ennuyer
icy le kdieur par des
reflexions qu'il peut faire
aisément luy-mesme.
Je ne sçaurois cependant
m'empescher de luy
faire observer,que ces marques
de fidelité, de complaisance
& de retenuë,
n'ont gueres de compatibilité
avec l'idée que nous
avons d'une machine, qui
doit tousjours aller son
train, & tendre droit à sa
fin, dez qu'elle est une fois
desmontée d'une certaine
façon.
8. Que ne devons. nous
point penser encore de la
réglé que la pluspart des
belles observent dans toutes
leurs actions; les unes
ne sortent jamais qu'à une
certaine heure de nuit pour
chercher leur vie, ou une
com pagne,comme les Becasses,
les Lapins,les Limaces
,
les Herissons
,
les
Hiboux, & quantité d'autres
animaufc nocturnes
& sauvages qui rentrent
tous constamment à une
certaine heure du matin;
D'autres au contraire tid
manquent jamais de s'éJ
Veiller au lever du soleilJ
&de se rendormir à ion
coucher, ne perdanr pas
pour ainsi dire un seul ravon
de sa lumiere. En
Jquoy certes ils font beaucoup
plus dignes de louanges
que tant d'hommes déréglées,
qui paissentléurvie
comme les Hiboux, veillant
toute la nuit, & dormant
tout le jour.
On sçaicaussi que quan
tité d'oiseauxpassent tous
les ans des pays chauds:
dans des contrées plus temperées,
pour se sauver de
l'ardeurdusoleil. D'autres
au contraire
, vont des
paysfroids dans les mesmes
comrees, pour eviter
la rigueur de l'hyver, & les
uns & les autres s'en retournent
tous les ans d'où
ils font venus; sans que la
distance decinq ousixcens,
lieuës de pays, ny les trajets
des mers,soient capables
de leur faire Interrompre
leur réglé ( passant airtsi
toute leur vie comme des
voyageurs .& des étrangers
sur la rerre) Entre les differens
oisèaux les uns se
marient pour un temps,
d'autres mesme pour toute
leur vie) comme les
Tourterelles. Ils ne connoissent
point le divorce,
&. leurs mariages demeurent
inviolables, jusques à
ce que leurs petits n'ayent
plus besoin de leur secours.
Quel sujet de confusion
pour tant d'hommes d'ailleurs
raisonnables, mais
certainement inférieurs en
cecy aux bestes. De plus
le mariage n'est point en
eux une lubricitépuisqu'il
ne se contracte unique.
ment que pour la generation.
C'est pour cela que
leur rut dure si peu,&qu'il
ne vient que dans des tems
reglez& propres pour l'é.
ducatiori des petits; au lieu
que la lubricité des hommes
débauchez est perpetuelle.
«>. Disons encore un mot
de la chanté, de l'honnes.
teté & de lajustice que les
belles exercent entre elles,
outre ce que nous avons
remarqué des Cerfs à l'égard
de leurs compagnons
fatiguez, des Castors, des
Taons,& des peres &meres
a regard de leurs petits.
Plusieurs, ont apparemment
entendu dire un ancien
Proverbe, asinus asinum
fricat, mais peu en
gavent la vericable raison,
& peut estre que çeluy qui
la mis au jour ne la sçavoit
pas bien IUY.tesme. Pour
donc l'entendre
,
il faut
considererque quandun
Cheval, Asne ouMulet ne
sçauroit se gratter en quel.
que partie de son corps qui
: hlY démange, comme sur
le dos, le col, ou la teste, ils'approche de son cama.
rade, & le grate al'endroit
pareil à celuy quiluy démange.
Aussitost ce compagnon
charitable ne manque
pas, comme comprenant
le besoin de son camarade
, de le grater au
mesme endroit où il a esté
graté, & souventmesme
de l'avertir d'un endroit
qui luy demange aussi
> ôc
c'est alors qu'il est vray de
dire (qu'un Cheval grate
un autre Cheval, ) ces animaux
se prellant alors un
secours mutuel, dont chacun
a bes•oin, & dans l'en. k droic
droit qu'il souhaine. Qui
est-ce qui n'a pas veu les
Chiens d'un logis, & mesme
d'une rue, courir à la
deffense d'un de leurs camarades
attaque par quelqu'autre?
Qui ne sçait pas
la complaisance & les égards
qu'un animal a pour
un autre de mesme espece
plus jeune, ou plus foible
que luy
, & celle que les
masles en general ont pour
toutes les femelles? Qui
est:ce qui n'a pas remarque
le soin que les Chats
ont de cacher leur ordure,
ôc de nettoyer leur toison ?
Les oiseaux ont le mesme
foin de nettoyer les nids de
leurs petits, & les fourmis
leurs fourmillieresOnsçait
assez que les animaux corrigent
leurs perirs,-& quemesme
cespetits ont pour
létor^merèstoute'sa fbumissionpossible,
mais peutestre
tout le rriendenè sçait
f>rs queles Fôùrrftfa àidenif
courêS en : tbminun 'ccllè&:.
quiviennent s'estabmordans
fëurvôisinàge^Icdnftrmfé
fài/tfelji^iltiere*, qu'elfes
tfeÂir1 ^rêft?entdateur'graiiï
pendant ce temps-là, &
que celles-cy le leur rendent
fidellement
,
quand
leurestablissement est fini.
Que les Fourmis exercent
en rigoureux supplice contre
les Fourmis larronnefses
ou paresseuses, en les
déchirant à quatre. Mais
on ne finiroit jamais, si l'on
vouloit ra pporter toutes les
singularitez morales qu'on
remarque dans la conduite
des animaux;& peut-estre
arriveroit- on à s'asseurer
un repos & un bonheur
parfait dés cette vie, si on
estoit allez prudent pour
en bien profiter.
Qui pourra penser aprés
cela que les belles soient
de pures Machines, toutes
matérielles, meuës feule-
X ment par des loix du mouvement
générales & estoignées
J
dépendemment
d'une organisation de parties.
Il vaudroit autant faire
tout d'un cou p de la raison
& de la prudence hu-,
maine une espece de Ma-,
chine, necessitée aussipar
les mesmes loix, & par consequent
aveugle & sans li.
berté; mais dans quel excez
d'aveuglement faudroit-
il tomber pour imaginer
une telle chimere;
& quand mesme uneraison
dérangée pourroit y consentir,
nostre sentiment intérieur
ladementiroittousjours.
10. Que penser donc
maintenant sur la nature
du principe qui meut les
bestes, voyant qu'il est
pourveu de tant de belles
& bonnes qualirez ; qu'il
cft si judicieux, si vigilant,
si prudent, & si reglé dans
toutes ses opérations; tandis
que nostre amé au contraire
est sujette à tant
d'imperëfdibns&devices;
à T-éVréur5 à linjtTftice; à
l'ingràtitude, à l'infidélité,
àl'oisivetéà l'inhumanité,
à: l'impicte,a I'hypocrifie&
au dereglementdes moeurs.
Mais cette différence est
encore peu de chose, (s'il
rit permis de le dire) en
comparaison de cettequi
setire de la sagacité des
bestes à executer leursou.
vrages sans aucune estude,
&mesme sans aucun inftrument
étranger; tandis
que nos ouvriers font au
contraire obligez de faire
dé longs apprentissages,
d'où souvent ils sortent encore
fort ignorants, quelquefois
mesme font-ils
tout-à-fair incapables dé
rien apprendre. Nos Architectes
( par exemple) ne
sçatiroient bastirsansavoir
âppris avec bien du temps
&des peines les réglés dé
la Geornerrie& de l'Archirecture.
Cependant les Gac.
tors duCanada font des
digues&desappartements
pourse loger, conformes
à la droite architeaure sans
avoirappris aucunes réglés.;
Les Taons font de
mesme leurs voûtes sans le.
secours d'aucuns precepres,
que de leur bon genie. En
un mot les animaux construisent
leurs ouvrages de
la maniere qu! est tousjours
la plus parfaite en
chaque espece, comme
nous l'avons fait voir par
l'examen des raïons des Abeilles;
dans le mémoire
cite cy- devant, article l.
J'avoue qu'en cela mesme
me les bestes paroissent
bornées dans leurs operations;
elles ne sçavent point
varier leurs ouvrages en
uneinfinité de manieres.
comme l'homme, elles
sont, pour ainsi dire, asservies
à leur sujet ;au lieu que
l'homme travailleen maistre
dans ce qu'il possede.
Outre qu'il rassemble, pour
ainsi dire, éminemment en
luy toutes les inventions
dont les différents animaux
sont capables;& quoyqu'ii
n'y parvienne qu'à force
de travail&de temps,cela
ne laisse pas de prouver
parfaitement la fecondité
de son genie. Mais cette
secondité ne suffit pas pour
luy donner la Préférence
du codé de la perfection;
d'autant plus que les bestes
sont aussi capables par leur
docilité, d'apprendre une
infinité dechosestrès singuliere,
outre celles qu'elles
tiennent de leur inClinét
naturel. Ensorte que si les
bestes pouvoient le communiquer
leurs idées comme
les hommes font entre
eux, & si elles avoient des
mains, & des instruments
propres à tout executer
comme nous, peut-estre
auroient-elles aussi chez elles
des arts beaucoup plus
parfairs que lesnostres.J'ay
veu il y a environ dix ans
à la foire de saint Germain
un animal appelle Fecan,
assez semblable à un Renard
,
excepté qu'il a les
pattes d'un Singe, il se fervoit
de celles de devant
avec une adresse surprenante.
Au contraire les animaux
les plus stupides ont
les pieds ordinairement les
moins divitez. Il y a plusieurs
animaux qui ont la
partie de l'oreille appellée
le labyrinthe, semblable à
celle de l'homme, comme
les Chiens
J
les Chevaux,
les Elephans, les oiseaux
,
&c. lesquels sont tres- sensïbles
à la musique;ôc ceux
au contraire qui en font
privez y sont tout-a-fait in.
sensibles, furquoy l'on peut
voir nostre discours de l'oreille
imprimé en 1711.
dans le Mercure de Février,
d'où l'on pourroit inferer,
que si les bestes paroissent
si bornées, c'est du moins
en partie, parce que les instruments
leur manquent.
Mais du costé de la perfection
il ne faut qu'examiner
leurs ouvrages avec exactitude
, pour voir qu'elles
remportent de bien loin
sur nous. Si l'on se donne
la peine, par exemple,de
considerer la figure du
fond des cellules des Abeil.
les, & de quelle maniere
cescellules sontassemble'es
&oppocées les unes aux autres,
on fera forcé d'avouer
que l'intelligence qui les
conduit,est naturellement
pourveuë des connoissances
de la Géométrie,& de
l'Architeâure, & que pour
donner la mesure la plus
parfaite aux angles plans
ôc solides qui s'y rencontrent,
il faut qu'ellesçache
non seulementle calcu l des
triangles, mais mesme l'Algebre
; qu'elle possede les
proprietez de la sphere, &
des polyedres in scrits ôc
circonscrits; & en un mot
tout ce que nos plus habiles
Architectes ne sçavent
que fort mediocrement;
puisque ces cellules admirables
renferment toute la
perfeaion quecessciences
demandent,tant pour avoir
de la solidité & de la régularité
, que pour s'assembler
les unes avec les autres,&
pour s'y loger commodément
& seurement j ôc je
ne douté nullement que si
l'on faisoit un examen pareil
à celuy-cy des ouvrages
des Castors, des Taons ôc
des autres animaux archicettes)
on y trouveroit la
mesme perfection que dans
les raïons desAbeilles.
11. Nous voicy donc forcez
par nostre propre experience
d'avouer que l'intelligence
qui guide les animaux,
de quelque nature
qu'elle foit, est infiniment
plus parfaite en son essence
, que l'esprit de l'homme.
Maisenmesmetemps
quelle honte n'est
- ce pas
pour nous, si nous faisons
cet aveu en faveur de créatures,
que nous traittons de
stupides, & pour lesquelles
nous avons le dernier mépris-
N'est-ce pas la nous
précipiter nous-mesmes de
ce throne de gloire ou nous
nous estions placez au def-
-
fus detoutce quirespire?
- Quel parti prendré dans
une telle conjoncture,ne
pouvant ny osterla raison
aux belles pour en faire de
pures Machines, sans tomber
dans un ridicule intolérable
; ny leur donner un
principe spirituel sans estre
obligezd'abbaisser nostre
amour proprejusquà consentir
de le faire infiniment
plus parfait que nostre
ame.
Je ne voy plus d'autre
parti que de reconnoistre
dans tous ces effets singuliers,
oùla raison & le jugement
reluisent, le doigt
de l'Autheur de la nature,
( vereeniimdigitus Dei hi,cess )
ôc d'avouer que c'est sa
main qui se fert alors librement
des bestes, comme
d'un instrument sensible
pour se faire admirer, 0&
pour nous enseigner les leçons
de sa sagesse & de sa
justice. Voilàcetteintelligence
toujours libre, & infiniment
estevée au dessus
dela nostre, qui n'a besoin
ny de regles,ny d'apprentissage,
ny d'instruments,
pour operer tous ses miracles;
qui est toute en toutes
ses créatures,& toute en
chacune, sans leur estre aucunement
asservie,,& sans
estre déterminée par leurs
organizations presentes,
comme les Carthesiens le
prétendent, puisque c'est
elle au contraire qui en
produit librement tous les
mouven ens judicieux,selon
les differentes conjonétures
où elles se trouvent; le
tout uniquement pour leur
conservation
, pour nostre
utilité, 6c pour sa gloire.
Et si elle ne tire pas de chaque
sujettout ce qu'elle
pourroiten tirer, c'est quelle
a voulu manifester sa
secondité, en multipliant
& variant ses sujets indefiniment,
afin d'exciter davantage
nostre admiration,
&de lareveiller continuellement
; au lieu qu'elle languiroit
bien tost, si nous
trouvions les mesmes operations
dans coures les bestes.
Par ce moyen toutes
les difficultez sont levées;
nous nous délivrons du ridicule,
de vouloir tirer une
raison ( & une raison tressuperieure
à la nostre ) d'une
Machine purement materielle;
& ceux à quila propre
conscience de leur libertédans
les operations
intellectuelles,nefuflitpas
pour les sauver de la terreur
panique de devenir aussi de
pures Machines,files bestes
estoient telles, font entièrement
rasseurez. Nous
ne nous dégradons point
de nostre estat,en nous mettant
au dessous de l'intelli*
gence qui meut les bestes;
puisque nous y reconnoissons
l'Auteur de la nature,
qui se dévoile, pour ainsi
dire, librement & de luymesme
à nos yeux; nous
confondons aussi l'endurcissement
des Athées, en
adorant sa providence, &
nous trouvons un moyen
facile pour expliquer tout
ce qui paroist de plusmerveilleux
dans les actions
des bestes, sans qu'il nous
en couste aucun travail, ny
aucune estude.
12. Je ne prérends pas
cependant par là osteraux
belles une espece d'ame
materielle
,
qui préside à
leurs operations vitales, &
qui soit mesme susceptible
desentiments,&de perceptions,
de plaisir,de douleur,
de joye,de tristesse,de colere,
d'amour,decrainte, de
haine, de jalousie,&de toutes
les autres passionsqu'on
remarque dans les bestes;
même encore si on le veut,
d'imagination, de memoire&
d'action,parce que ces
operations sont encore infiniment
esloignées de la raison.
Je soustiens au contraire
que toutes ces passions
ou actions se passent
uniquement dans les esprits
animaux,qui sont contenus
dans leur cerveau, ans leurs nerfs, & dans
leurs membranes. Car il
suffit pour cela que ces cCprits
coulent continuellement
dans le sang, dans les
autres humeurs, & dans
toutes les parties de leur
corps; & que de plus ils
soient capables de recevoir
les impressions des objets
extérieurs par les sens, d'en
conserver
conserver les motions ou
images, & que ces images
ayenc communication les
unes avec les autres, pour
produire toutes les actions
destituées de jugement ôc
de raison
, ce que je n'ay
pas entrepris d'expliquer
icy en détail. Je dis seulement
icy que ces esprits
animaux sont la feule ame
matérielle
,
sensitive & animale,
Ôc la forme substantielle
des bestes, dont l'Autheur
de la nature se sert librement
pour produire
tout ce qui est au dessus de
la nature, je veux dire ce
qui tient de la raison & du
jugementsans qu'il soitnecessaire
de leur donner encoreune
ame spirituelle,qui
compare ces images formées
dans les esprits,qui
conçoive des idées & des
partions à leuroccasionqui
reflechissesur elle
-
mesme,
& sursesoperations,qui soit
capabledese déterminer la
première,&quisoitsusceptible
de rtgles.)ou de connoissances
universelles &
âb'ftriiittcs,comme la nostre,&
cela par lesraisons
que nous avons rapportées.
Il est évident que nous
ostons par là toute connoissance
aux bestes, pour leur
laisser feulement la vie, la
perception, & le mouvement
, comme font les CarteGens;
parce que cela
suffit pour leurs opérations
naturelles & vitales; &
qu'à l'égard des autres ope- A rations, cette âme materielle
,
sensitive & animale
, cette forme substantielle
n'enest que l'organe
& l'instrument
,
qui bien
loin de déterminer l'Auteur
de la nature à agir d'ue maniere
machinale&fcrvile,
comme le prétendent ces
Messieurs,est au contraire
déterminée par ce mesme
Auteur àsuivre ses impressions,
& à produire les actions
dont la matière est incapable
par elle.'-mefnJc.
Ainsi nous devons bien distinguer
deux especes d'operations
de Dieu dans les
bestes; la premiere qui est
leur vie est generale& éloignée
,
elle est déterminée
par les loix qu'il a establies
en formant le monde&a
parconsequent une connexion
necessaire avec tous
les autres mouvemens qui
s'y font; on peut l'appeller
à cause de cela naturelle &
necessaire; la secon de au
contraire estlibre & comme
surnaturelle,elle ne dépend
au plus que des conjonctures
presentes, & nullement
des organes ou des
loix gencrales. La première
est ce qu'on entend par
le simple concours de Dieu;
la feconde est l'effet d'une
Providence qui ne differe
du miracle, qu'en ce
qu'il ne produit aucun dé..
rangement sensible dans la
nature, &qu'il ne manque
jamais de se faire dans IC4
mesmescirconstances, parce
que Dieu est toujours le,
mesme;c'est si l'on veut un*
miracle naturel & ordinaire>
qui n'est méconnu ôc
ignoré
, que parce qu'il est
tousjours present aux yeux
detous les hommes.
lame des befles.
w Une personne de ma
connoissance qui a vescu
pendant9.années dans la
Loüiziane au Canada,m'a
assuré que rien n'etf plus
certain,que ce que Lahontan
& autres Auteurs rapportent
des Castors de ce
Pays; sçavoir
, que ces
animaux s'assemblent en
quantité, & rongent par le
pied,des arbres qui font le
long des bords des ruisseaux
, en telle forte qu'ils
les font tomber dans le
travers de l'eau pour en arrester
le cours, & soustenir
la terre qu'ils jettent
ensuite dedans au devant
de ces arbres,& dontils
font des Chaussées. Et pour
cet effet la societé de ces..,
ouvriers est commandée
par un chef; les uns cernent
& arrachent à belles
dents des gazons, & les
chargent ensuite sur les
queuës des autres ,
qui
font faites comme une
fole ; ceux-cy marchant
gravement & droits sur
leurs jambes de derriere,
traifnent leur charge jusques
surces arbres, &la
déchargent ensuite dans
l'eau. A mesure que la digue
s'esleve il y a des ouvriers
qui ont soin d'y pratiquer
des appartements
pour se loger
,
des greniers
pour conserverl'écorce
d'arbre qu'ils y amassent
pour leur nourriture; & des
galleries souterraines pour
aller à la pesche dans les
estangs formez par ces digues.
Ily a jusqu'à des hospitaux
pour retirer leurs
malades fatiguez du travail
; & d'un autre costéles
faineants qui se couchent
sur le dos pour sereposer,
sans avoir le dessous de la
queuë écorché,à force de
charier des gazons, y sont
rigoureusement punis &
chassez. Les digues sontartissement
recouverres de
gazon,ensorteque la pluye
ne peut les endommager,
&qu'on passe aifémenc desfus
sans se douter de rien.
Beaux exemples que les
stupides bestes nous fournissent,
nonseulement pour
avoir soin des malheureux,
mais encore pour ne point
souffrir dans les Etats de
ces gens qui se croyent
uniquement faits pour vivre
& joüir du travail d'autruy.
f
4. On sçait assez que les
bestes ontaussil'instinctde
chercher des remedes pour
leurs malades; que les
Chiens mangent du chiendant
pour s'exciter à vomir;
que les Gruës se donnent
des lavements;que
les Macreuses qui n'ont
pointde jabot avalent force
petits cailloux, pour broyer
dans leur gozier les petits
coquillages dont elles se
nourrissent
, & quantité
d'autres singularitez qui
regardent leur santé. Et
peut estre les hommessont
ils encore redevables aux
bestes des premieres régles,
de la Medecine.
Prétendra-t-on donc en-»
core que les machines font
aussi capables de prévoyance
& de crainte, de former
des societez, de bastir des
domicilles, d'avoir pitié
des malheureux,de punir
les vauriens,& en un mot
1
de trouver des remedes
contre ce qui peut les endommager?
Il vaut mieux
penser que les premiersAuteurs
de ce beau systesme
n'avoient pasune parfaite
connoissance des proprietez
des bestes, & que leurs
Sectateurs ont mieux aimé
s'attacher servilement à
leur opinion; que dese
donner la peine d'examiner
eux mêmes la question
avec toute rexaaitlldeù'loo
elle demande,comme ce
n'est que trop l'ordinaire.
5. A l'égard de rinfiind:
des belles pour ce qui regarde
l'éducation de leurs
petits, qu'yac-il de plus
admirable que de voir cette
méprisable & stupide
Araignée, dont nousavons
déjà parle, s'ourdir un sac
d'une toiletres-fine& trèsforte,
pour y pondre & y
conserver ses oeufs. & ses
petits : Un Loriot suspendre
son nid à 3. branches
d'arbre par trois fils de plus
d'une demie aulne-de longueur
chacun, de crainte
apparemment que les Ecureuils
ou les Belettes ne.
viennent manger les oeufs,
ou ses petits; & qui fçaic
aussi si ce n'est point en^-
core pour bercer ces nouveaux
nez, & les endor*-
mir, tandis que leurs pa.
rens leur cherchent la vie?
UnTirarache ou Moineau
aquatique attache le ben
librement à deux ou trois
roseaux
,
afin qu'il puisse
flotter sur l'eau-, hausser &
baisser comme eUe, rani
en estré emporré, c'estce
que j'ay vû plusieurs fois
avec beaucoup d'admiration.
On raconteaussi
Jes stupides Hiboux ont
foin decasser les pattesaux
souris qu'ils apportent à
leurs petits, & qu'ils la-if.
sent en reserve dans leurs
trous, ôc mesme d'appor.
ter dubledà ces souris pour
vivre, afin que leurs jeunes
éleves ayent le plaisir de
lescroquertoutesvivantes^
quand la faim les prend
e qu'ils trouvent tousjours,
par ce moyen dela viande
fraischeàmanger.Sur tout
les Aigles ont grand foin
de plumer ôc çl'a^acher le
poil des animaux qu'ils apportent
à leurs petits, de
crainte qu'un peu trop de
gloutonnerie ne les sasse
étrangler. Jeneparle point
des Guenons qui portent
leurs petits sur leurs épau*
les jusques au haut des
toits & des arbres, pour
leur apprendre à grimperr
& peut estreaussiàmépris
ser les dangers.
Mais je ne fçauroisassez
admirerlirft'nd: qui don
ne une intrépidité & un
courage surprenant
, ( &
qui va quelquefois jusqu'à
la sureur)aux animaux qui
ont des petits, pourenoser
attaquer d'autres d'ailleurs
beaucoup plus méchants
qu'eux,& les chasser, lorsqu'ils
s'en veulent approcher
; ny cette tendresse
plus que maternelle qui
porte les Perd rix à se jetter
pour ainsi dire dans la
gueule des chiens de chasse
pour les amuser,& don
ner lieu à leur petits de
sévader; cVil ce que j'ay
veu cent fois, non
lins
un
veritible estonnement.
Qu'y a t il deplusconstante.
& en mesme temps
de plus inconcevable que
l'histoire des Pigeons qu'on
emporte d'Alep à Alexandrette
en Syrie( ou tout au
contraire) par l'espace de
50. ou 60. lieuës, & qu'on
lasche ensuite avec une lettre
aucol, sitostqu'on est
arrive; car ces courriers
de l'air prennent aussitost
leur essor jurques au dessus
des nuées, & montent tant
qu'ils apperçoivent leur
chere patrie, & le lieu de
leurs petits,& de leurcompagne,
où ils se rendent en
trois ou quatre heures de
temps au plus. Par ce moyen
on apprend des nouvelles
toutes recentes, quon
ne pourroit sçavoir,que
plusieurs jours aprés. Ilest
évident aussi que les différentes
especes de Mouches
à miel, comme les Abeilles,
lesGuespes, les Freflons
,
Bourdons) Taons
,
&c. doivent avoir une sagacité
pareille à celle des
oiseaux,pourreconnoistre
le lieu de leur domicile &
leurs rusches. Goedart écrit
dans son Livre des insectes,
qu'il a eu chez luy
unetaniereouil aobserve
que les Taons, lorsqu'ils
travaillent aux cellules devinées
pour leurs oeufs, ont
aussi un Commandant
comme les Castors, lequel
a soind'eveillerles ouvriers
dès la pointe du jour par le
bruit de Ces ailes. Qu'auuitost
chacun s'en va à son
ouvrage , ceux qui ont un
an paffé vont chercher la
cire & le miel, pour bastir
les cellules ou nids, & pour
vivre, & outre cela de l'eau
pour détrem per de la terre
& en former des voûtes.
Les jeunes Taons comme
aides maçons,détrempent
cette terre, & en font des
boulins ou rouleaux qu'ils
roulent ensuite avec leurs
pieds dederrière jusqu'aux
sommets des ouvrages, ou
les plus anciens qui ne sont
plus propres qu'à bastir les
reçoivent, & en forment
des voutes au dessus deces
nids, de crainte qu'il ne
tombe de la terre dedans.
Les plus vigoureux ont foin
de faire la chatTe) & d'étrangler
sans misericorde
les vauriens, qui non contens
tens dene pointtravailler,
vont encore manger la
nourriture des leur, ouvriers en absence,;
Sil'ontraittoit ainsitous
ceux qui en usent de mesme
dans les Estars policez,
il n'y auroit pas tant
de faineants& de voleurs
& l'abondance y regneroic
en la place du brigandage.
Au reste quoyque je n'aye
pas de témoin oculaire des
merveilles des Taons, il
n'y a pas
@
cependant plus
de peine à les-croire que
celles des;Fourmis& dee
Castors dont je suis certain,
ou que celles des Abeilles
qui les surpassent
peut-estre encore de bien
loin, comme on laveudans
le Mercure de Paris de fan.
née1712.. au mois d'Avril.
Car on peut asseurer qu'il
n'y a peut-estrepasd'animal
si brute qu'il foit
;
qui ne devienne comme
sensé &intelligent lorsqu'il
s'agit de sa conservation,
ou de la production
de ses petits. Est- il rien
qi4i paroiiflcplustbFute ql.Í.
ui* Limaçon?ilcreuse cc*
pendant un nid en terre
pour y pondte ses oettfs; il
les couvre ensuite d'une
especedecole quise durcit
extrêmement, & qui les
conserve contre les insectes
& contre toutes les injures
du temps. Qu'estildeplus
pefanc qu'une Tortue, elle
fort néanmoins du fond de
la mer, elle vient creuser
un nid dans le fable où elle
fait sa ponte,& recouvre
ensuite ses oeufs de ce met
me fable,afin que la chaleur
du soleil suppléé au
deffaut de lasienne
, qui
ne feroit pas suffisante pour
les faire éclorre. Les Saumons
& plusieurs autres
poissons remontent les ri.
vieres jusqu'à leur source,
& fouvenc par. respace de
plus de cent cinquante
lieues
, pour femer leurs
oeufs sur la bouë Ôc dans
une eau peu profonde afin
que la chaleur du Soleil
puisse les faire éclorre.
Faut-il que desbestes
pour qui nous avons tant
de mépris., surpassent la
,
pluspart des Peres & Meres
en tendresse &.. en soins
1
pour l'éducation de leurs
enfants?
•
Quoy donc les Machines
opereront-elles aussi des
prodiges pour enfanter
d'autres Machines, pour
les conserver, & pour leur
sauverla vie; & a pprendront-
elles à nos amesraisonnables
à avoir des sentimens
de rendresse & de
crainte;àestrelaborieuses,
soigneuses , courageuses ,
& tantd'autres vertus necessaires
à l'éducation des
pietits?Mais auparavant que
de quitter ce sujet,considerons
un peu quel plaisir
nos bestes brutes prennent
à exercer leurs jeunes adul.A
Ks, désqu'ils commencent
à courir, voler, ou
nager. Ne diroit-on pas
qu'elles ont recouvert une
nouvelle jeunesse pour
jouër & folastreravec eux?
Que ne doit.on point penser
aussi des jeux de ces
jeunes animaux,qui sont
remplis de feintises,d'imitations
,
& de singeries ;
tantost ils feignent d'estre
fort en colere ; & dese
mordre tantost de fuïr tantost de poursuivre,tan-r
tost de flatter
,
tantost
-
de
craindre,en un mot ils imitent
parfaitement les jeux
des enfants, qui ne font
jeux qu'en ce qu'ils ne sont,
comme ceux- là
, que de
pures fictions. Il n'est pas
jusques aux plus stupides
animaux,dont les amufementis
de jeunesse ne eausent
beaucou p d'admiration
,
& de plaisir à ceux
qui les observent. Si quelqu'un
en doute,iln'a qu'à
considerer pendant quelque
beau jour de Printems,
les jeux des jeunes Arai-r gnées des jardins. On les
trouve au iixleil contre les
muraillesqui selivrent mita
le combats,moitié feints,
moitié san g lants
; là elles
(e mordent
,
se précipitent.
s'arrachent les pattes, 5e..
tranglent, & surpassent de
bien loin,tout ce qu'on rapporte
des gladiateuts sur les
arenes.
Les Machines seront-elles
donc encore capables
de fictions
,
& d'imitation
comme les enfants, & produiront-
elles
duiront-elles des opera»
tions pour lesquelles e lles
ne sont pas veritablement
montées? Une montre par
exemple qui est montée
pour marquer deux fois
douze heures par jour, s'a).
visera-t-elle, pour se divertir
, & pour nous jouër, de
les marquer en une heure,
& reprendra telle ensuite
d'elle-mesme son serieux,
& son veritable train. J'avouë
qu'on entrevoit des
étincelles de liberté dans le
delire des enfants, par la
communication qu'ils ont
avec nous de leurs pensées
, & que nous ne pouvons
rien appercevoir de
semblable dans les animaux,
avec lesquels nous ne
pouvons point avoir cette
sorte de commerce. Mais
avantd'entrer plus avant
dans cette discussion, examinons
encore quc!qucs
vertus des bef.l:e)q.ui nous
aideront à prendre parti
plusseurement.
7. Tout le monde sçait
assez l'arrache,la fidélité,
la soumission & la reconnoissance
, que les Chiens
ont pour leurs maistres,leur
docilité,l'impatience qu'ils
ont de les revoir quand
ils sont absens
,
la tristesse
que cette absence leurcause
,& la joye qu'ils marquent
quand ils les retrouvent,
ou lorsqu'ils peuvent
leur rendre quelque service;
avec quelle chaleur ils
prennent leur deffense,
leur patience à en souffrir,
leur perseverance à leur
estresoumis,leur contrain- te&leurcomplaisance pour
eux. Undemesamisayant
fait emporter à dix lieuës
de Paris un vilain Chien ,
qui s'estoit addonné chez
luy
5
& qu'on n'avoit pû en
estranger à force de coups
de baston; ce Chien revintà
samaison aprésquelques
jours.Le maistre las de
lemaltraiter luy fit lier les
quatre pattes, attacher une
pierre au col, & lefit jetter
de dessus le pont Marie
dans la Seine. Le Chien ne
laissa pas de se sauver, ( ce
que j'aurois toutes les peines
du monde à croire,s'il
ne m'estoit arrivé une chose
toute pareille, ) & s en
revint au plus viste donner
de nouveaux tefmoignages
d'une fidélité & d'une foumission
inviolables à son
maistre adoptif, lequel en
fut tellement touché d'estonnement,
qu'il changea
dans le moment toute sa
rigueur enaffection.Tout
Paris a veu avec surprise, il
y a eennYvilrroonncfi.:nlnqquuaannttec 'ilnn's)
la constanceinvincible
d'un Chien,qui demeura
pendant plusieurs années
collé sur la fosse de son maistre,
dans le cimetiere des
saints Innocens , sans que
"Dy flatteries, ny nlrnaces.
ny lâFhecelïite peussent l'en
tirer. Ayantblesséunefois
un Lievre,il k sauva dans
tuàfe vigne
y
oùje le suivis
à lâ vbix de mes Chiens;
peu dete-n, psaprês;les voix
ayant etffé-,jc&urav
qu'ils*T-avoientafrêïïé-,<K
comme je les clltrèhÓisa
costé & d'autre
,
j'en ap -
perceus un qui venoit à
moyen grande diligence;
me flattant & thc caressant
,
aprés quoy il s'en
retourna avec beaucoup
-V
d'em pressement,ce qui me
fit comprendre qu'il falloir
le suivre: pendant que je
marchois, il prenoit le devant,
& revenoit fouvenc
sur ses pas, marquant tousjours
de l'im patience; à la
fin il ne revint plus, &
m'estant un peu avancé,
j'entendis mes deuxChiens
( d'ailleurs tousjours tresbons
amis) qui se mangeoient
l'un l'autre.Dés que
le second m'aperceut il prit
aussitost la suite
,
fentané
apparemment que ficatifë
n'estoit pas bonne. 1c vis
effectivement que le sujet
de leur querelle estoit que
le second avoit fort endommage
le Lievre pendantl'absence
dupremier,
lequel au contraire me caressoit
avec beaucoup de
confiance,comme pour me
marquer son innocence de
sa Cfiodmélibtiée.n
de belles regles
de morale ne peut-on
pas tirer de tousces exemples
; mais il vaut mieux
que chacun aitle plaisir de
les endeduire, que d'ennuyer
icy le kdieur par des
reflexions qu'il peut faire
aisément luy-mesme.
Je ne sçaurois cependant
m'empescher de luy
faire observer,que ces marques
de fidelité, de complaisance
& de retenuë,
n'ont gueres de compatibilité
avec l'idée que nous
avons d'une machine, qui
doit tousjours aller son
train, & tendre droit à sa
fin, dez qu'elle est une fois
desmontée d'une certaine
façon.
8. Que ne devons. nous
point penser encore de la
réglé que la pluspart des
belles observent dans toutes
leurs actions; les unes
ne sortent jamais qu'à une
certaine heure de nuit pour
chercher leur vie, ou une
com pagne,comme les Becasses,
les Lapins,les Limaces
,
les Herissons
,
les
Hiboux, & quantité d'autres
animaufc nocturnes
& sauvages qui rentrent
tous constamment à une
certaine heure du matin;
D'autres au contraire tid
manquent jamais de s'éJ
Veiller au lever du soleilJ
&de se rendormir à ion
coucher, ne perdanr pas
pour ainsi dire un seul ravon
de sa lumiere. En
Jquoy certes ils font beaucoup
plus dignes de louanges
que tant d'hommes déréglées,
qui paissentléurvie
comme les Hiboux, veillant
toute la nuit, & dormant
tout le jour.
On sçaicaussi que quan
tité d'oiseauxpassent tous
les ans des pays chauds:
dans des contrées plus temperées,
pour se sauver de
l'ardeurdusoleil. D'autres
au contraire
, vont des
paysfroids dans les mesmes
comrees, pour eviter
la rigueur de l'hyver, & les
uns & les autres s'en retournent
tous les ans d'où
ils font venus; sans que la
distance decinq ousixcens,
lieuës de pays, ny les trajets
des mers,soient capables
de leur faire Interrompre
leur réglé ( passant airtsi
toute leur vie comme des
voyageurs .& des étrangers
sur la rerre) Entre les differens
oisèaux les uns se
marient pour un temps,
d'autres mesme pour toute
leur vie) comme les
Tourterelles. Ils ne connoissent
point le divorce,
&. leurs mariages demeurent
inviolables, jusques à
ce que leurs petits n'ayent
plus besoin de leur secours.
Quel sujet de confusion
pour tant d'hommes d'ailleurs
raisonnables, mais
certainement inférieurs en
cecy aux bestes. De plus
le mariage n'est point en
eux une lubricitépuisqu'il
ne se contracte unique.
ment que pour la generation.
C'est pour cela que
leur rut dure si peu,&qu'il
ne vient que dans des tems
reglez& propres pour l'é.
ducatiori des petits; au lieu
que la lubricité des hommes
débauchez est perpetuelle.
«>. Disons encore un mot
de la chanté, de l'honnes.
teté & de lajustice que les
belles exercent entre elles,
outre ce que nous avons
remarqué des Cerfs à l'égard
de leurs compagnons
fatiguez, des Castors, des
Taons,& des peres &meres
a regard de leurs petits.
Plusieurs, ont apparemment
entendu dire un ancien
Proverbe, asinus asinum
fricat, mais peu en
gavent la vericable raison,
& peut estre que çeluy qui
la mis au jour ne la sçavoit
pas bien IUY.tesme. Pour
donc l'entendre
,
il faut
considererque quandun
Cheval, Asne ouMulet ne
sçauroit se gratter en quel.
que partie de son corps qui
: hlY démange, comme sur
le dos, le col, ou la teste, ils'approche de son cama.
rade, & le grate al'endroit
pareil à celuy quiluy démange.
Aussitost ce compagnon
charitable ne manque
pas, comme comprenant
le besoin de son camarade
, de le grater au
mesme endroit où il a esté
graté, & souventmesme
de l'avertir d'un endroit
qui luy demange aussi
> ôc
c'est alors qu'il est vray de
dire (qu'un Cheval grate
un autre Cheval, ) ces animaux
se prellant alors un
secours mutuel, dont chacun
a bes•oin, & dans l'en. k droic
droit qu'il souhaine. Qui
est-ce qui n'a pas veu les
Chiens d'un logis, & mesme
d'une rue, courir à la
deffense d'un de leurs camarades
attaque par quelqu'autre?
Qui ne sçait pas
la complaisance & les égards
qu'un animal a pour
un autre de mesme espece
plus jeune, ou plus foible
que luy
, & celle que les
masles en general ont pour
toutes les femelles? Qui
est:ce qui n'a pas remarque
le soin que les Chats
ont de cacher leur ordure,
ôc de nettoyer leur toison ?
Les oiseaux ont le mesme
foin de nettoyer les nids de
leurs petits, & les fourmis
leurs fourmillieresOnsçait
assez que les animaux corrigent
leurs perirs,-& quemesme
cespetits ont pour
létor^merèstoute'sa fbumissionpossible,
mais peutestre
tout le rriendenè sçait
f>rs queles Fôùrrftfa àidenif
courêS en : tbminun 'ccllè&:.
quiviennent s'estabmordans
fëurvôisinàge^Icdnftrmfé
fài/tfelji^iltiere*, qu'elfes
tfeÂir1 ^rêft?entdateur'graiiï
pendant ce temps-là, &
que celles-cy le leur rendent
fidellement
,
quand
leurestablissement est fini.
Que les Fourmis exercent
en rigoureux supplice contre
les Fourmis larronnefses
ou paresseuses, en les
déchirant à quatre. Mais
on ne finiroit jamais, si l'on
vouloit ra pporter toutes les
singularitez morales qu'on
remarque dans la conduite
des animaux;& peut-estre
arriveroit- on à s'asseurer
un repos & un bonheur
parfait dés cette vie, si on
estoit allez prudent pour
en bien profiter.
Qui pourra penser aprés
cela que les belles soient
de pures Machines, toutes
matérielles, meuës feule-
X ment par des loix du mouvement
générales & estoignées
J
dépendemment
d'une organisation de parties.
Il vaudroit autant faire
tout d'un cou p de la raison
& de la prudence hu-,
maine une espece de Ma-,
chine, necessitée aussipar
les mesmes loix, & par consequent
aveugle & sans li.
berté; mais dans quel excez
d'aveuglement faudroit-
il tomber pour imaginer
une telle chimere;
& quand mesme uneraison
dérangée pourroit y consentir,
nostre sentiment intérieur
ladementiroittousjours.
10. Que penser donc
maintenant sur la nature
du principe qui meut les
bestes, voyant qu'il est
pourveu de tant de belles
& bonnes qualirez ; qu'il
cft si judicieux, si vigilant,
si prudent, & si reglé dans
toutes ses opérations; tandis
que nostre amé au contraire
est sujette à tant
d'imperëfdibns&devices;
à T-éVréur5 à linjtTftice; à
l'ingràtitude, à l'infidélité,
àl'oisivetéà l'inhumanité,
à: l'impicte,a I'hypocrifie&
au dereglementdes moeurs.
Mais cette différence est
encore peu de chose, (s'il
rit permis de le dire) en
comparaison de cettequi
setire de la sagacité des
bestes à executer leursou.
vrages sans aucune estude,
&mesme sans aucun inftrument
étranger; tandis
que nos ouvriers font au
contraire obligez de faire
dé longs apprentissages,
d'où souvent ils sortent encore
fort ignorants, quelquefois
mesme font-ils
tout-à-fair incapables dé
rien apprendre. Nos Architectes
( par exemple) ne
sçatiroient bastirsansavoir
âppris avec bien du temps
&des peines les réglés dé
la Geornerrie& de l'Archirecture.
Cependant les Gac.
tors duCanada font des
digues&desappartements
pourse loger, conformes
à la droite architeaure sans
avoirappris aucunes réglés.;
Les Taons font de
mesme leurs voûtes sans le.
secours d'aucuns precepres,
que de leur bon genie. En
un mot les animaux construisent
leurs ouvrages de
la maniere qu! est tousjours
la plus parfaite en
chaque espece, comme
nous l'avons fait voir par
l'examen des raïons des Abeilles;
dans le mémoire
cite cy- devant, article l.
J'avoue qu'en cela mesme
me les bestes paroissent
bornées dans leurs operations;
elles ne sçavent point
varier leurs ouvrages en
uneinfinité de manieres.
comme l'homme, elles
sont, pour ainsi dire, asservies
à leur sujet ;au lieu que
l'homme travailleen maistre
dans ce qu'il possede.
Outre qu'il rassemble, pour
ainsi dire, éminemment en
luy toutes les inventions
dont les différents animaux
sont capables;& quoyqu'ii
n'y parvienne qu'à force
de travail&de temps,cela
ne laisse pas de prouver
parfaitement la fecondité
de son genie. Mais cette
secondité ne suffit pas pour
luy donner la Préférence
du codé de la perfection;
d'autant plus que les bestes
sont aussi capables par leur
docilité, d'apprendre une
infinité dechosestrès singuliere,
outre celles qu'elles
tiennent de leur inClinét
naturel. Ensorte que si les
bestes pouvoient le communiquer
leurs idées comme
les hommes font entre
eux, & si elles avoient des
mains, & des instruments
propres à tout executer
comme nous, peut-estre
auroient-elles aussi chez elles
des arts beaucoup plus
parfairs que lesnostres.J'ay
veu il y a environ dix ans
à la foire de saint Germain
un animal appelle Fecan,
assez semblable à un Renard
,
excepté qu'il a les
pattes d'un Singe, il se fervoit
de celles de devant
avec une adresse surprenante.
Au contraire les animaux
les plus stupides ont
les pieds ordinairement les
moins divitez. Il y a plusieurs
animaux qui ont la
partie de l'oreille appellée
le labyrinthe, semblable à
celle de l'homme, comme
les Chiens
J
les Chevaux,
les Elephans, les oiseaux
,
&c. lesquels sont tres- sensïbles
à la musique;ôc ceux
au contraire qui en font
privez y sont tout-a-fait in.
sensibles, furquoy l'on peut
voir nostre discours de l'oreille
imprimé en 1711.
dans le Mercure de Février,
d'où l'on pourroit inferer,
que si les bestes paroissent
si bornées, c'est du moins
en partie, parce que les instruments
leur manquent.
Mais du costé de la perfection
il ne faut qu'examiner
leurs ouvrages avec exactitude
, pour voir qu'elles
remportent de bien loin
sur nous. Si l'on se donne
la peine, par exemple,de
considerer la figure du
fond des cellules des Abeil.
les, & de quelle maniere
cescellules sontassemble'es
&oppocées les unes aux autres,
on fera forcé d'avouer
que l'intelligence qui les
conduit,est naturellement
pourveuë des connoissances
de la Géométrie,& de
l'Architeâure, & que pour
donner la mesure la plus
parfaite aux angles plans
ôc solides qui s'y rencontrent,
il faut qu'ellesçache
non seulementle calcu l des
triangles, mais mesme l'Algebre
; qu'elle possede les
proprietez de la sphere, &
des polyedres in scrits ôc
circonscrits; & en un mot
tout ce que nos plus habiles
Architectes ne sçavent
que fort mediocrement;
puisque ces cellules admirables
renferment toute la
perfeaion quecessciences
demandent,tant pour avoir
de la solidité & de la régularité
, que pour s'assembler
les unes avec les autres,&
pour s'y loger commodément
& seurement j ôc je
ne douté nullement que si
l'on faisoit un examen pareil
à celuy-cy des ouvrages
des Castors, des Taons ôc
des autres animaux archicettes)
on y trouveroit la
mesme perfection que dans
les raïons desAbeilles.
11. Nous voicy donc forcez
par nostre propre experience
d'avouer que l'intelligence
qui guide les animaux,
de quelque nature
qu'elle foit, est infiniment
plus parfaite en son essence
, que l'esprit de l'homme.
Maisenmesmetemps
quelle honte n'est
- ce pas
pour nous, si nous faisons
cet aveu en faveur de créatures,
que nous traittons de
stupides, & pour lesquelles
nous avons le dernier mépris-
N'est-ce pas la nous
précipiter nous-mesmes de
ce throne de gloire ou nous
nous estions placez au def-
-
fus detoutce quirespire?
- Quel parti prendré dans
une telle conjoncture,ne
pouvant ny osterla raison
aux belles pour en faire de
pures Machines, sans tomber
dans un ridicule intolérable
; ny leur donner un
principe spirituel sans estre
obligezd'abbaisser nostre
amour proprejusquà consentir
de le faire infiniment
plus parfait que nostre
ame.
Je ne voy plus d'autre
parti que de reconnoistre
dans tous ces effets singuliers,
oùla raison & le jugement
reluisent, le doigt
de l'Autheur de la nature,
( vereeniimdigitus Dei hi,cess )
ôc d'avouer que c'est sa
main qui se fert alors librement
des bestes, comme
d'un instrument sensible
pour se faire admirer, 0&
pour nous enseigner les leçons
de sa sagesse & de sa
justice. Voilàcetteintelligence
toujours libre, & infiniment
estevée au dessus
dela nostre, qui n'a besoin
ny de regles,ny d'apprentissage,
ny d'instruments,
pour operer tous ses miracles;
qui est toute en toutes
ses créatures,& toute en
chacune, sans leur estre aucunement
asservie,,& sans
estre déterminée par leurs
organizations presentes,
comme les Carthesiens le
prétendent, puisque c'est
elle au contraire qui en
produit librement tous les
mouven ens judicieux,selon
les differentes conjonétures
où elles se trouvent; le
tout uniquement pour leur
conservation
, pour nostre
utilité, 6c pour sa gloire.
Et si elle ne tire pas de chaque
sujettout ce qu'elle
pourroiten tirer, c'est quelle
a voulu manifester sa
secondité, en multipliant
& variant ses sujets indefiniment,
afin d'exciter davantage
nostre admiration,
&de lareveiller continuellement
; au lieu qu'elle languiroit
bien tost, si nous
trouvions les mesmes operations
dans coures les bestes.
Par ce moyen toutes
les difficultez sont levées;
nous nous délivrons du ridicule,
de vouloir tirer une
raison ( & une raison tressuperieure
à la nostre ) d'une
Machine purement materielle;
& ceux à quila propre
conscience de leur libertédans
les operations
intellectuelles,nefuflitpas
pour les sauver de la terreur
panique de devenir aussi de
pures Machines,files bestes
estoient telles, font entièrement
rasseurez. Nous
ne nous dégradons point
de nostre estat,en nous mettant
au dessous de l'intelli*
gence qui meut les bestes;
puisque nous y reconnoissons
l'Auteur de la nature,
qui se dévoile, pour ainsi
dire, librement & de luymesme
à nos yeux; nous
confondons aussi l'endurcissement
des Athées, en
adorant sa providence, &
nous trouvons un moyen
facile pour expliquer tout
ce qui paroist de plusmerveilleux
dans les actions
des bestes, sans qu'il nous
en couste aucun travail, ny
aucune estude.
12. Je ne prérends pas
cependant par là osteraux
belles une espece d'ame
materielle
,
qui préside à
leurs operations vitales, &
qui soit mesme susceptible
desentiments,&de perceptions,
de plaisir,de douleur,
de joye,de tristesse,de colere,
d'amour,decrainte, de
haine, de jalousie,&de toutes
les autres passionsqu'on
remarque dans les bestes;
même encore si on le veut,
d'imagination, de memoire&
d'action,parce que ces
operations sont encore infiniment
esloignées de la raison.
Je soustiens au contraire
que toutes ces passions
ou actions se passent
uniquement dans les esprits
animaux,qui sont contenus
dans leur cerveau, ans leurs nerfs, & dans
leurs membranes. Car il
suffit pour cela que ces cCprits
coulent continuellement
dans le sang, dans les
autres humeurs, & dans
toutes les parties de leur
corps; & que de plus ils
soient capables de recevoir
les impressions des objets
extérieurs par les sens, d'en
conserver
conserver les motions ou
images, & que ces images
ayenc communication les
unes avec les autres, pour
produire toutes les actions
destituées de jugement ôc
de raison
, ce que je n'ay
pas entrepris d'expliquer
icy en détail. Je dis seulement
icy que ces esprits
animaux sont la feule ame
matérielle
,
sensitive & animale,
Ôc la forme substantielle
des bestes, dont l'Autheur
de la nature se sert librement
pour produire
tout ce qui est au dessus de
la nature, je veux dire ce
qui tient de la raison & du
jugementsans qu'il soitnecessaire
de leur donner encoreune
ame spirituelle,qui
compare ces images formées
dans les esprits,qui
conçoive des idées & des
partions à leuroccasionqui
reflechissesur elle
-
mesme,
& sursesoperations,qui soit
capabledese déterminer la
première,&quisoitsusceptible
de rtgles.)ou de connoissances
universelles &
âb'ftriiittcs,comme la nostre,&
cela par lesraisons
que nous avons rapportées.
Il est évident que nous
ostons par là toute connoissance
aux bestes, pour leur
laisser feulement la vie, la
perception, & le mouvement
, comme font les CarteGens;
parce que cela
suffit pour leurs opérations
naturelles & vitales; &
qu'à l'égard des autres ope- A rations, cette âme materielle
,
sensitive & animale
, cette forme substantielle
n'enest que l'organe
& l'instrument
,
qui bien
loin de déterminer l'Auteur
de la nature à agir d'ue maniere
machinale&fcrvile,
comme le prétendent ces
Messieurs,est au contraire
déterminée par ce mesme
Auteur àsuivre ses impressions,
& à produire les actions
dont la matière est incapable
par elle.'-mefnJc.
Ainsi nous devons bien distinguer
deux especes d'operations
de Dieu dans les
bestes; la premiere qui est
leur vie est generale& éloignée
,
elle est déterminée
par les loix qu'il a establies
en formant le monde&a
parconsequent une connexion
necessaire avec tous
les autres mouvemens qui
s'y font; on peut l'appeller
à cause de cela naturelle &
necessaire; la secon de au
contraire estlibre & comme
surnaturelle,elle ne dépend
au plus que des conjonctures
presentes, & nullement
des organes ou des
loix gencrales. La première
est ce qu'on entend par
le simple concours de Dieu;
la feconde est l'effet d'une
Providence qui ne differe
du miracle, qu'en ce
qu'il ne produit aucun dé..
rangement sensible dans la
nature, &qu'il ne manque
jamais de se faire dans IC4
mesmescirconstances, parce
que Dieu est toujours le,
mesme;c'est si l'on veut un*
miracle naturel & ordinaire>
qui n'est méconnu ôc
ignoré
, que parce qu'il est
tousjours present aux yeux
detous les hommes.
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Résumé : Suite de la Dissertation Philosophique sur l'ame des bestes.
Le texte explore les comportements remarquables et les capacités des animaux, illustrant leur intelligence et leur organisation sociale. Les castors, par exemple, construisent des digues et des logements en abattant des arbres et en travaillant en société organisée. Ils prennent soin de leurs malades et punissent les fainéants. Les animaux cherchent également des remèdes pour leurs maladies, comme les chiens qui mangent du chiendent pour vomir. Les araignées construisent des sacs pour leurs œufs, les loriots suspendent leurs nids pour protéger leurs petits, et les hiboux cassent les pattes des souris pour les conserver. Les pigeons voyageurs sont capables de retrouver leur domicile après avoir été transportés sur de longues distances. Les fourmis et les abeilles démontrent une organisation sociale complexe, avec des rôles spécifiques pour chaque membre de la colonie. Le texte souligne la fidélité et la soumission des chiens envers leurs maîtres, illustrées par des exemples de chiens revenant chez eux malgré les obstacles. Les animaux montrent également des comportements admirables dans l'éducation de leurs petits, comme les chats qui cachent leur ordure et nettoient leur toison, et les oiseaux et les fourmis qui entretiennent leurs nids et fourmilières. Les animaux corrigent leurs petits et leur montrent de la soumission. Les fourmis, par exemple, aident celles qui déménagent et punissent les paresseuses. Le texte insiste sur le fait que les animaux ne sont pas de simples machines, mais possèdent des qualités morales et une intelligence remarquable. Ils construisent des ouvrages parfaits sans étude ni instruments, comme les castors et les taons. Les abeilles, par exemple, construisent des cellules géométriquement parfaites, démontrant une connaissance avancée de la géométrie et de l'architecture. Le texte conclut que l'intelligence qui guide les animaux est supérieure à celle des humains, qui sont sujets à des imperfections morales. Il propose que cette intelligence est l'œuvre de l'Auteur de la nature, qui se manifeste librement à travers les animaux. Enfin, il reconnaît que les animaux possèdent une âme matérielle capable de sentiments et de perceptions, mais sans raison ni jugement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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