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p. 133-214
HUITIÈME PARTIE DU TRAITÉ DES LUNETTES, DEDIÉ A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, Par Mr COMIERS d'Ambrun, Prevost de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris.
Début :
Tous les tuyaux des Lunetes portatives doivent estre [...]
Mots clefs :
Verre, Lunette, Objet, Image, Longueur, Objectif, Occulaire, Distance, Solaire, Table, Aérienne, Foyer, Rayons, Tuyaux, Diaphragme
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texteReconnaissance textuelle : HUITIÈME PARTIE DU TRAITÉ DES LUNETTES, DEDIÉ A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, Par Mr COMIERS d'Ambrun, Prevost de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris.
HUITIEME PARTIE
DU TRAITE
DES LUNETES,
DEDIE A MONSEIGNEUR
LE DUC DE BOURGOGNE,
Par M COMIERS d'Ambrun,
Prevoft de Ternant , Profeſſeur des
Mathematiques à Paris.
T
Ous les tuyaux des Lunetes portatives doivent eftre
cilindriques , car les tuyaux coniques ne peuvent garder leur
rectitude, eftant moins tirez pour
voir diſtinctement les objets plus
éloignez , & au contraire , fi la
134 Extraordinaire
longueur de la Lunete eft pour
voir diſtinctement les objets treséloignez , on ne peut les éloigner
davantage , pour voir les objets
qui font fenfiblement plus prés
de nous.
Les moindres tuyaux d'une Lunete , c'eſt à dire ceux qu'on infére dans les autres , auront tous
autour de la gorge extérieure,
des orles ou viroles , pour les
rendre tous d'égal diamétre; afin
que l'Axe de la Lunete foit paral
lele fur le plan de l'appuy. C'eft
à quoy M' Hevelius n'a pas pris
garde dans la Figure de la 40.
page de fa Selenographie de l'année 1647. car l'axe des verres &
du tuyau dela Lunete faifant angle für le plan d'appuy , le perpendicule ne peut marquer fur
du Mercure Galant. 135
le quart de cercle l'angle de l'élevation de l'objet que l'on mire.
Voyez.enicy la Fig. 1. Les bouts
des tuyaux par leſquels ils font
inferez dans les autres , feront
renforcez par des viroles de bois,
mifes en dedans, & qu'on arrefte
avec cole forte , ces viroles porteront les juftes ouvertures pour
ſervir de diafragmes , & maintiendront les tuyaux dans leur
parfaite rondeur , & toute la Lunete dans fa rectitude. Voyez la
Figure II.
C'eft enfinune loy indifpenfa.
ble , que l'Axe de tous les tuyaux
& celuy de tous les verres doivent eſtre dans une mefme li
gne droite. J'en excepte les Lunetes Catop- dioptriques , comme
auffi la Lunete Polemofcope , def
136 Extraordinaire
fon
quelles nous traiterons en par
ticulier. Eo quòd utraque lensfiopum ſuum affequatur , quum tamen
regione altera alteri non exactè
refpondeat , comme dit M Heve.
lius dans la 27. page de ſa Sele.
nographie , Hictubus tam à Catoptricis quàm Dioptricisparaturfundamentis , etenim duobus fpeculis planis
& gemino vitro Dioptrico conftat.
Il l'appelle Polemoſcope , pour
ufage en temps de guerre ,, puis
qu'eftant couverts du Parapet,
nous voyons ce que fait l'Ennemy, mefme lors qu'il eft dans le
Foffé , & au pied de la Muraille,
parce quefon tuyau eft recourbé
à angle droit. Nous découvrons
aufi par fon moyen tout ce qui
fe paffe dans une Rüe , fans
nous paroiffions à la Feneftre ;
que
duMercureGalant. 137
ayant cet avantage , auffi-bien
que lesLunetes communes, qu'on
les peut , comme a dit M'Hevelius dans la 29. page , mettre
dans une canne ou bafton d'un
pouce & huit lignes de diamètre,
avec le recourbement de deux
pouces. Nous en donnerons cyapres la conftruction.
Deux manieres diférêtes d'ajuſter
les Verres dans les Tuyaux.
Les Anglois mettent le verre
objectif dans le tuyau le plus
étroit, & les verres oculaires dans
les tuyaux les plus larges. Voyez
le tout dans la Figure III. Cette
difpofition a trois choſes avantageufes. 1° Les rayons inutiles
qui vont toujours en s'élargif
fant , s'affoibliffent plus facileQ. d'Octobre 1684, M
138 Extraordinairement dans cette concavité ſpa
cieuſe du tuyau. 2º On y peut pla…
cer des oculaires de plus grande
furface. 3º Cette Lunete eft plus
facile à manier , parce que le
centre de gravité de la pefanteur
eft comme dans la main de celuy
qui s'en fert ; & dans l'autre maniere, le centre de gravité eftant
audelà du point de l'appuy ou
Hypomoclion , pele davantage à la
main , & fatigue celuy qui s'en
fert. Il eft vray qu'il y a une
longueur de tuyau comme perdüe , par la néceffité de la dif
pofition des trois oculaires ; car
s'il n'y avoit qu'un oculaire, convexe ou concave , il n'y auroit
aucune difficulté .
En France , nos Ouvriers placent le verre objectif dans le plus 1
du Mercure Galant. 139
large tuyau , & les verres ocu--
laires dans les tuyaux les plus
étroits. Voicy là pofition la plus
commode des deux verres ocu--
laires qui font apres le verre objectif. Placez ces deux verres
oculaires , comme dans la Figu
re IV. à la diftance l'un de l'au
tre égale à la longueur de leursfoyers folaires , tellement que le
point fera leur foyer commun,
dans le tuyau C, qu'on coule dans
le tuyau B, par le bout qui eft du
cofté du verre objectif , car par
l'autre bout du mefme tuyau B¸-
on coulé le tuyau porte- oculaire A, avec fa boëte de recouvrement à pinnule , ou trou de
trois lignes de diamètre , qui eft
éloigné du verre d'un peu moins
quefon foyer folaire. Le tuyau B
1
Mij
140 Extraordinaire
porte encore le diafragme fur
lequel on place les brins de fimplefoye plate noire , qui fervent
de mire , ou le treillis , ou quatre brins qui fe croiſent en un
mefme point au centre de l'ou.
verture du diafragme , qu'lls divifent en huit parties égales
c'eft fur ces filets qu'on doit faire
aboutir précisément l'image aërienne & redreffée de l'objet,
puis qu'elle nous fert d'objet im
médiat , que nous voyons par le
troifiéme verre oculaire..
Ainfi pour voir bien diftincte..
mentavecune Lunete compofée.
de quatre verres convexes
furface du Soleil ( ne donnant
l'ouverture d'un trou d'épingle au
carton qui couvre le verre objectif),
la diſtance du verre objectif au
la.
que
du Mercure Galant 14.
I
premierverre oculaire, fera compofée de leurs foyers folaires, &
par conféquent l'image renverfee du Soleil , qui fert d'objet
immédiat , fe trouvant au foyer
antérieur du verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque
point de cette image folaire tombant divergens fur le verre oculaire , en fortiront paralleles ; &
tombant ainfi paralleles fur le
fecond verre oculaire , dont la
diftance au premier eft compofée de la longueur de leurs foyers,
les rayons en fortiront convergens , & formeront l'image redreffée du Soleil , au derriere de
ce ſecond verre oculaire , à la
diſtance de fon foyer folaire ,
& c'eft cette image qui fervira
d'objet immédiat ,, car cette imas
142 Extraordinaire"
ge eftant au foyer antérieur du
troifiéme verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque point en fortiront paralleles;
& tombant paralleles fur l'humeur cristallin , feront rendus
convergens , & formeront par
leur concours ou pinceau optique , l'image renversée du Soleil
& de fes taches fur la Retine , &
on verra le Soleil & fes taches
redreffées , c'eft à dire dans leur
fituation naturelle.
La diſtance des deux premiers
oculaires fera toujours invaria
ble, auffi bien que la diftancedu fecond verre oculaire aux filets du treillis , qu'on met précifément en fon foyer folaire. -
Quant au troifiéme oculaire , au
foyer duquel on met l'oil, ilfera:
3
du Mercure Galant. 143
pour les miopes qui racourci
fent un peu la longueur des Lunetes , un peu moins éloigné de
ces filets ; parce qu'en regardant
de plus prés cette image aërienne
des objets , ils en reçoivent les
rayons fenfiblement divergens ,
& tels tombant fur leur criftallin
trop rond & enflé , leurs concoursou image diftincte de l'objet, en eft retardé & prolongé
jufque fur la Retine.
Il eft abfolument néceffaire
que le foyer objectif, c'eft à dire
l'image aërienne de l'objet , fe
rencontre précisément fur ces
filets ou treillis mis à l'endroit
du foyer du verre objectif, fi la
Lunete n'a qu'un verré oculaire
convexe; & au foyer folaire du
fecond verre oculaire , fi la Lu-
144 Extraordinaire
nete eft composée de trois oculaires convexes. Mais comme la
Lune & tous les objets terreftres,
font comme infiniment moins
éloignés que le Soleil , les rayons.
de la radiation émanée de chaque point de l'objet, tombet fenfiblement divergens fur le verre
objectif, leur foyer ou image aërienne eft retardé & allongé, &
leur image portée plus loin, & audeça de ces filets ou treillis , c'eft
pourquoy il faut allonger davan
tage la Lunete , c'eft à dire, éloigner le verre objectif du verre
oculaire , afin d'avancer l'image
de l'objet précisément fur les
filets. J'ay crû devoir icy réfou
dre une Queſtion importante.
Si
du Mercure Galant. 145
QUESTION.
Si par la diferente longueur à
laquelle on tire les tuyaux de
laLunete à Oculaire convexe,
pour voir bien diftinctement
un objet , on peut déterminer
fa diftance , ou éloignement.
C
Ette image aërienne ne ſe
forme pas dans une diſtance
deprécifion geométrique au derriere du verre objectif , ny au
derriere du fecond verre oculaire. Elle a comme une certaine
épaiffeur ; ce que vous obſerve.
rez avec plaifir dans la chambre
noire , en recevant ſur un papier
blanc, les espéces ou images des
objets qui font au dehors , car
Q.d'Octobre 1684. N
146 Extraordinaire
ces images paroiftront diftinctes,
voſtre papier eftant arrivé à certaine diſtance du trou fait auvo,
let de la feneftre , & garny d'un
verre objectifde Lunete, foit que
vous l'approchiez ou quevous le
reculiez de quelques lign.de plus;
étantimpoffible de déterminer la
diftance préciſe où ces images
font dans leur plus grande diftintion. Vous obferverez la meſme
chofe , en regardant avec une Lunete un objet éloigné & bien
éclairé , que vous verrez toû¬
jours comme également bien,
quoy que vous allongiez ou racourciffiez de quelques lignes la
Lunete. Ainfrle Foyer, ou cette
image , n'eſt pas une chofe Mathematique , mais Phifique, &c.
On ne peut donc par l'expé-
du Mercure Galant. 147
rience déterminer précisément
la diſtance du verre objectif à
fon Foyer objectif , ou image de
tout autre objet que le Soleil.
D'où je conclus , qu de la
longueur de la Lunete tirée juf
ques à tant que les objets paroiffent bien diftinctemet , on ne
peut conclurre la diftance de
l'objet, bien qu'on foit perfuadé
par raiſon & par expérience, que
la Lunete doit eftre tirée de plus
grande longueur , à mesure que
les objets font moins éloignez ;
vray, comme nous avons déja
dit ailleurs , que l'objet eftant
éloigné du verre objectifde deux
fois la longueur de fon foyerfolaire , l'image aërienne de l'objet , égale à l'objet , fe formera
au derriere du verre , à la di
Nij
148 Extraordinaire
ftance de deux fois la longueur
de fon foyer folaire ; ainfi l'ima
ge & l'objet feront également
éloignez du verre.
·
Nea moins chacun pourra fatisfaire fa curiofité , par des di-'
ftances médiocres qu'on aura
mefurées actuellement ; & pour
cela je répéte icy les Problémes
que j'avois énoncé & donné de.
puis la 122 page du XXI.Volume:
du Mercure Extraordinaire.
PROBLEME I.
Eftant donnée la distance de l'objet au verre objectif, trouver la di
Stance du verre à l'image aërienne
diftincte de l'objet.
ANALOGIE,
Comme ladiftance de l'objet auverre,
moins la longueur defon Foyer folaire,
du Mercure Galant. 149
Eft à la longueur du mefme Foyer
Solaire:
Ainfi la diftance de l'objet au verre,
Eft à la distance du verre àl'image.
PROBLEME II.
Eftantdonnée la diſtance du verrc
objectifà l'image aërienne de l'objet,
& la longueur du Foyer folaire du
verre , trouver la diftance du verre
à l'objet.
ANALOGIE.
Comme la distance du verre àl'image
aërienne de l'objet, moins la longueur
du Foyerfolaire du verre,
1
Eft à la longueurdu mefme Foyer
folaire du verre objectif:
Ainfi la distance du verre à l'image
aërienne,
Eft à la distance du verre à l'objet.
On ne pourra jamais énoncer
& réfoudre ces Problémes en
N iij
150 Extraordinaire
termes plus formels & plus intelligibles que ceux que j'avois
employé dans les 122. & 123. pages du XXI. Tome du Mercure
Galant Extraordinaire du Quartier deJanvier 1683. Neanmoins
le fçavant M Fattio de Duiller,
de Genéve , dit dans leJournal
du 20. Novembre 1684. Qu'il a
cherché le moyen de trouver la diftance du verre aux filets , c'eſt à
dire à l'image de l'objet , la diftance
de l'objetau verre eftantfuppofée ou
donnée. Ilajoûte , Et qu'en pofant
Le Foyer de l'objectif = £ , &l'excés de la diftance de l'objet au verre
par deffus la longueur du foyer de
l'objectif= a, &la distance de l'objet à la croifée desfilets = b ; &
Qu'enfin par une grande attention
dans le calcul d'Algebre il a efté conduit à cette Equation
di Mercure Galant. 151
aaab― z af-ff
Cecyme fait fouvenir des Vers
fuivans , tirez de l'Epître chagrine de Madame des Houlieres.
Si tout voftre difcours n'eft obfcur,
emphatique,
Onfe dira tout- bas, C'eft- là ce bel
Efprit!
Commeles autres il s'explique,
Etl'on entend tout ce qu'il dit.
Il eft vray que l'Algebre , ou
l'Art de bien trouver , eft un langage relevé , & inconnu à bien
des Sçavans ; mais puis que toutes les Effections Geométriques
éſtant trouvées par la Spécienfe la
plus rafinée , il en faut venir au
Compas, à la Regle, &aux nombres , pour les réduire en pratique , pour épargner à bien des
Gens cettegrande attention du CalN iiij
152 Extraordinaire
culd'Algebre , qui leur cauſe bien
fouvent la Migraine , je veux répéter icy en langage connu &
utile , les autres Problémes dont
j'ay déja donné la folution en
1683 dans le XXI.Tome de l'Ex
traordinaire du Mercure Galant.
PROBLEME III.
Eftant donnée la grandeur, bauteur ou diametre de l'objet , ſon éloignement au verre objectif, & la longueur defon Foyerfolaire ; trouver
la grandeur ou diamétre de l'image
aerienne de l'objet , produite dans la
chambre noire, ou dans le creux du
tuyau de la Lunetefur lesfilets.
Trouvez premierement par le
premier Probléme , la diftance
du verre objectif à l'image diftin&te aërienne de l'objet , vous
aurez enfuite fa grandeur par la
fuivante
du Mercure Galant.
153
Analogie.
Commela diftance del'objet au verre,
Eft à lagrandeur de l'objet:
Ainfila diftance du verre à l'image,
Eft à lagrandeur de l'image.
PROBLEME IV.
Eftant donnée la grandeur de l'image diftincteaërienne de l'objet, &
fa diftance au verre objectif, &la
longueur de fon Foyerfolaire ; trouver la grandeur de l'objet.
Trouvez premiérément par le
fecond Probléme , la diftance de
l'objet au verre , vous aurez enfuite fa grandeur par la fuivante
Analogie.
Commeladiftance du verre à l'image,
Eft àlagrandeur de l'image :
Ainfi la distance du verre àl'objet,
Eft à la grandeur de l'objet.
154 Extraordinaire
PROBLEME V.
* Eftant donnée la distance de l'objet
àfon image aérienne , & la diftance
de l'objet au verre ( par conféquent
la diftance du verre à l'image eft
auffi connue ) trouver la longueur
du Foyerfolaire du verre.
Analogie.
Comme la distance de l'objet àfon
image,
Eft à la diftance de l'objet au verre:
Ainfi la diftance duverre à l'image,
Eft à la longueur du Foyerfolaire.
du verre.
PROBLEME VI.
Eftant donnée la diſtance de l'objet
à la table d'attente, linge , ou papier
blanc, poury recevoir l'image aërienne de l'objets déterminer le verre du
plus grandfoyer , qui y puiffe produire cette image diftincte.
du Mercure Galant.
ISS
Je dis r Que la qutriéme partie de la diftance de l'objet à la
table d'attente , eft la lougueur
du Foyer folaire du verre requis.
2°.Queleverre doit eftre placé
en égale distance de l'objet & de
la table d'attente , ce qui ſe vérifie par le premier Probléme.
3 Que la grandeur de l'image fera égale à la grandeur de
l'objet.
PROBLEME VIÍ.
Eftant donné ( comme dans la
Figure Va de l'Effection Geométrique ) la diftance de l'objet à
fon image diftinéte aërienne , &la
longueur du Foyer folaire du verre
qui l'a produite s trouver le point où
le verre eftoitplacé , &où il doit eftre
remis , pour reproduire cette image de
l'objet.
156 " Extraordinaire
De la diftance de l'image aërienne à fon objet ▲ , ôtez
F, qui eft deux fois la longueur du foyer folaire du verre
qui l'a produite , il vous reftera
FA, qu'il faut divifer au pointy
en deux fegmens Ay , &yF, en
forte que la longueur du foyer
folaire foit moyenne , proportionnelle entre ces deuxfegmens,
carajoûtant ce petit fegment y
à la longueurdu foyer folaire du
verre , vous aurez fa diſtance reF
quifè à l'image , & par confé
quentfon point de pofition en z.
Pour déterminer le pointy, qui
' fait les deux fegmens , diviſez
également 4 F au point C , duquel pris pour centre , faites le
demy cercle fur 4 F, prife pour
diamétre , fur lequel élevez la
du Mercure Galant. 157
perpendiculaire Fƒégale à la longueur du foyer folaire. Tirez ƒB
parallele au diamètre 4 F, furlequel du point s deſcendez la per
pendiculaire By, qui fera égale
à Ff, longueur du foyer folaire
du verre. Par la converſe de la
xiij Propofition du 6. Livre d'Eu
clide, By fera auffi moyenne pro
portionnelle entre les fegmens
Ay, & yoF. C'est pourquoy le
petit fegmenty F, Fflongueur.
du foyer folaire , fera la diftance
requife du verre depuis en z.
J'ay ajoûté des nombres à la
Figure V. afin d'en rendre la pratique plus intelligible. Ainfi A
diftance de l'objet à la table d'attente , linge ou papier blanc, fur
lequel l'image aerienne de l'ob.
jer dans la Chambre noire , ou
158 Extraordinaire
80-0
à l'endroit d'une Lunete , au.
quel elle paroiffoit fort diftincte,
eftant 80 , & la longueur du
foyer folaire du verre qui l'a
voit produite, eftant 15, deux fois
1530 pour la ligne F dans
la Figure & A 80 AP F
30 AF50. Donc la moitié FC
25 Tirez CB, elle fera auffi 25.
Or le triangle crв eft rectangle , donc par la 47. Propofition
du 1. Livre d'Euclide , le Quarré
de l'hypothenufe CB - leQuarré
du cofté Br eſt égal au Quarré
de l'autre cofté Cr. Mais l'hypothenufe C B eft 25, donc ion
Quarré eft eſt 225 , & 625— 225
400 Quarré du cofté cr.Mais
la Racine de 400 eſt 20 , donc
le cofté cr eft 20. Mais C F25
—— CYCr20 rF 5 , donc le petit
du Mercure Galant. 159
fegmentrFeft 5. C'est pourquoy
515 longueur du foyer folaire
du verre 20 pour de z diſtance
de la table d'attente de l'image
aërienne de l'objet au verre objectif z. Et parce que 4 la
diftance de l'objet A à fon imageeft 80 , il s'enfuit que A
80 -
Z20
du verre à l'objet.
cle
ZA60 diſtance
PROBLEME VIII.
L'objet& la table d'attente, papier
ou linge blanc , pour en recevoir l'image aerienne diftincte , eftant donnez depofitionfixe, eftant auſſi donné
un verre de quelconque longueur de
Foyerfolaire ( mais moindre quela
quatrième partie de la diſtance
de l'objet à la table d'attente ) determiner le point où il doit eftreplacé
entre le point de l'objet &la table
160 Extraordinaire
d'attente , pouryformer l'image aërienne diftincte de l'objet.
J'ay dit que la fongueur du
Foyerfolaire duverre , doit eftre
moindre que la quatrième partie
de la diſtance donnée de l'objet
à la table d'attente.
Car fi la longueur dufoyer folaire du verre eſtoit égale à la
quatrième partie de la diſtance
donnée,il faudroit placer le verre
préciſément au milieu de la diftance donnée entre l'objet & la
table d'atete; ce que vous reconnoiſtrez être vray, par le premier
Probléme , & par l'expérience.
Et fi la longueur du foyer folaire du verre eft plus grande
que cette quatrième partie de la
diſtance donnée ; fi on met le
verre moins éloigné de l'objet,
du Mercure Galant. 161
་
que la longueur de fon foyer fo
laire , les rayons émanez d'un
mefine point de l'objet , enfortiront divergens, c'eſt à dire, s'écartant les uns des autres , au lieu
de fe reunir , c'est pourquoy ils
ne peuvent former l'image de
l'objet.
Et fi on met le verre précifément éloigné de la longueur de
fon foyer folaire , les rayons en
fortiront paralleles c'eſt pour.
quoy ils ne peuvent former aucune image de l'objet.
Et fi on met le verre plus éloi
gné de l'objet , que de la lon.
gueur de fon foyer folaire , le
cone des rayons divergens émanez de chaque point de l'objec
ayant couvert la furface du verre, en fortiront convergens , &
Q. d'Octobre 1634,
162 Extraordinaired
ceux de la radiation d'un mefme
point, fe réuniffant à la pointe
deleur cone renverfé , peindront
l'image du point de l'objet ; ainfi
les rayons de la radiation conique émanée de chaque point de
l'objet , formant fon image aërienne , toute l'image de l'objet
fe trouvera diftinctement peinte, & avec les vives couleurs ,
mais plus loin que la table d'attente, & cette image eft renverfée ; ce que nous avons expliqué au long , & par Figures,
dans le XIX. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quar
tier de Juillet 1682.1.1
Enfin , fi la longueur dufoyer
folaire de ce verre objectif est
précisément la quatrième partie
de la diftance de l'objet , à la
du Mercure Galant. 163
table d'attente , papier , oufilets
mis dans la Lunete , fur lefquels
doit aboutir l'image renverfée,
aerienne & diftincte de l'objet,
il faut mettre le verre au milieu
de la diſtance , également éloigné de l'objet & du verre ; car
en quelque autre part que vous
le placiez , plus prés , ou plus
loin de l'objet , l'image fe formera plus loin que les filets, papier blanc, ou table d'attente,
dont la poſition eſt donnée.
RESOLUTION
du Probléme I X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la Table d'attente , & la longueur
du Foyerfolaire , déterminer le lieu
de fa pofition , auquel eftant placé,
il produira l'image aérienne diftin
&renversée de l'objet donné de poO ij
164 Extraordinaire
fition , far le papier ou table d'at
tente auffi donnée de pofition. Dela
distance donnée de l'objet à la table
d'attente , ôtez le double de la longueur du Foyer folaire du verre
donné, & du Quarré de la moitié
du reftant , ôtez le Quarré de la
longueur du Foyer folaire du verre,
& du reftant tirez la Racine quarrée. La diférence de cette racine,
softé , ou ligne , à la moitié de la
diférence de toute la diftance à deux
fois la longueur duFoyerfolaire du
verre, eftant ajoutée à la longueur
du Foyerfolaire du verre , eft la diftance requife des Filets , papier, on
table d'attente , au point où doit eftre
placé le verre, pour produire l'image
diftincte , aérienne & renversée de
L'objet , dont la pofition , auſſi- bien
que celle dela table d'attente avoient
du Mercure Galant. 165
cfté données. Doncfi de cette distance
donnée, vous ôtez la diftance dela table d'attente au verre , il vous restera
la diſtance du verre à l'objet.
Puis que toute cette opération
n'eft que l'application de l'Effe-
&tion Geométrique, confidéronsla dans la Figure VI. & afin de
vous y exercer , en voicy des
Exemples , que j'ay trouvez conformes à mes calculs , par les
expériences que j'en fis en l'année 1652. eftant pour le fervice
du Roy au Fort de l'Eclufe fur
le Rhône, quatre lieues au- def
fous de Genève , & que vous vérifierez par le I. & par le II. Probléme, apres que vous aurez trouvé la diſtance du verre à l'image.
I. EXEMPLE.
La diftancepropofée de l'objet aux
166 Extraordinaire
filets , papier blanc , ou Table d'at
tente A dans la Figure foit so
pieds , &la longueur du Foyer lolaire foit 12 pieds.
OPERATION.
2 X 12
& so
24 pour F.
2426 pour FA.
Et la moitiéde 26
Le Quarré de CB.
13 pour CB.
= 169
14 Et Quarré 169 144 quarré
de By 12 Quarré 2525,, dont la
Racines, eft la valeur de la li
gne Cy.
Et C F 13
Et 8
Cysy8
Z
la longueur du Foyer
folaire du verre 12-20pour
diftance de la Table d'attente
au point z où doit eftre pofé le
verre objectif. Mais A50- z
20 =Z A 30 pour la diſtance de
l'objet A au verre Z.
duMercure Galant. 167
2. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet A
à la table d'attente , papierou filets
eftant 36 pieds , & la longueur du
Foyerfolaire du verre eftat de spieds,
la diftance A Z de l'objet A au
verre Zfera de 30 pieds ; & par
conféquent la distance du verre Z
àla la table d'attente fera de 20
pieds.
"
3. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet à
la table d'attente , eftant 80pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera do pieds ; & par conféquent la diftance du verre à la table
d'attentefera 20 pieds.
4. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet
la table d'attente eftant 256pieds, &
$68 Extraordinaire
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera 240pieds ; &par confé.
quent 16pieds feront la distance du
verreàla table d'attente, papier blanc
ou filets de pofition , fur lesquels fe
Seformera l'image aérienne de l'objet.
5. EXEMPLE.
La diftance propofée de l'objet à
la table d'attente estant 90 pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
20 pieds ; la diftance de l'objet an
verrefera de 60 pieds ; &par con
féquent , la diftance du verre à la
table d'attente fera 30 pieds.
6. EXEMPLE.
La diftanceproposée étant 196pieds,
& la longueur du Foyer du verre
24.pieds à la diſtance de l'objet an
verrefera168pieds ; &celle duverre
àla Tablefera de 30 pieds.
PROBLEME X.
du Mercure Galant. 169
PROBLEME X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la table d'attente , papierblanc, où
filets, furlesquels l'image aërienne de
l'objet doit eftreformée distinctémět,
& le point ou distance de la pofition
duverre eftant auffi donnée ; détermi
nerla longueurde fon Foyerfolaire.
Puis que le point de la poſition du verre eft donné , on connoiſt d'abordfa diſtance à l'objet
& à la table d'attente.
donc la fuivante
Analogie.
Faites
Comme ladistance de l'objet à latable
d'attente,
Est à la distance du vere à la table .
d'attente:
Ainfi la distance de l'objet au verre,
Està lalongueur requife du Foyer
folaire du verre.
Q. d'Octobre 1684.
P
170 Extraordinaire
COROLLAIRE GENERAL.
L'objet & le verre eſtant placez fixement , en forte que la li
gne droite du milieu de l'objet
au centre de l'interfection des
filets , & à plomb fur l'objet &
fur le plan des filets , paffe par
le centre des deux furfaces du
verre , & perpendiculairement
fur icelles , il refte à faire voir
mefmeen plein jour cette image
aerienne de l'objet , parun verre
oculaire bien large ; tellement
que cette image vous fervant
d'objet immédiat , comme nous
avons dit ailleurs , un petit objet
vous paroiftra fort grand, & dans
fa fituation naturelle , fi vous
avez renversé l'objet , qui peut
eftre une petite Image en mignature ou une Médaille , &c.
Le petit objet doit eftre mis
en un lieu bien éclairé & placé
parmy quelques pierres, Livres,
ou autres chofes femblables , en
forte qu'on ne le puiffe décou
vrir, que lors qu'on appliquera
l'œil à la Pinnule , ou petit trou
d'environ trois lignes de diamétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , ajustée au bout d'un petit
tuyau d'environ un pied de longueur, & qui porte le verre oculaire. Voyez le tout dans la Figure XI.
Il ne faut pas que le diamétre de ce trou ou pinnule excéde la plus grande ouverture
que la prunelle pour acquerir
dans l'ombre , l'oeil eftant couvert de la boëte de recouvre
•
Pij
172 Extraordinaire
ment , garnie en dehors d'un
veloux noir , contre lequel on
appuye doucement le fourcil de
l'œil. Ce veloux noir fert encore
pour abforber les rayons , qui
tombant fur la cornée , fe reflé.
chiffent contre la Lunete , puis
que tous les yeux , excepté ceux
d'un Moribond, qui fe terniffent,
refléchiffent dans l'œil du regardant , fon image , de mefme
qu'un Miroir ; & c'est comme
dans la prunelle que paroift
peinte en mignature cette petite
image ou Poupée, de laquelle la
prunelle a tiré fon nom dans les
trois principales Langues ; car
les Hébreux l'appellent Bath, petite Fille ; les Grecs l'appellent
Corin , Fillete ; & les Latins difent Pupula, ou Pupilla, Poupée.
duMercure Galant. 173
Ce verre oculaire de deux ou
trois pouces au plus de longueur
de foyer folaire , ne doit eſtre
éloigné des filets , ou image aërienne de l'objet , que de deux
ou trois pouces , c'eft à dire de
la longueur de fon foyer folaire;
mais il en doit eftre un peu moins
éloigné pour les Miopes , qui font
ceux qui ont la veue baffe ou
courte car par ce moyen les
rayons fortent fenfiblement divergens ; & tels tombant fur
l'humeur cristallin , dont la furface antérieure eſt trop ronde,
leur concours ne fe faifant pas
fitoft que files rayons tomboient
paralleles , leur réunion eft portée plus loin jufques fur la Retine , qui eft l'organe formel de
la vifion. C'eft pourquoy j'ay
Piij
174 Extraordinaire
toujours fait monter à viz cette
bočte de recouvrement du tuyau
qui porte l'oculaire , afin de l'approcher plus ou moins du verre
oculaire. Voyez en la Figure X.
Quant à la pinnule , ou trou
d'environ tro's lignes de diзmétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , il doit eftre un peu moins
éloigné du verre oculaire , que
de la longueur de fon foyer folaire. C'eft pourquoy j'ay toû
jours fait monter à viz ce fonds
à pinnule , afin qu'on le puftapprocher ou éloigner , ce qui fert
à éviter les couleurs , & ce que
nous dirons encore plus parti
culiérement. Voyez en la Figure IX.
Vous fçavez qu'avec le verre
duMercure Galant. 175
concave contre lequel on doit
appliquer l'œil , on voit l'objet
mefme, puis qu'il eft mis de la
longueur de fon Foyer virtuelfolaire , avant le foyer objectif,
c'eſt à dire , avant que l'image
aërienne de l'objet foit formée , &c .
Il fufit donc d'enfermer le verre
objectif bien perpendiculairement dans le milieu d'un tuyau
d'environ un pied de longueur,
d'autant qu'il n'eſt pas néceffaire d'avoir un long tuyau de
Lunete , qui contienne le verre
objectif & le verre oculaire ; dequoy j'avois inftruit les Curieux
dans les pages 127. & 128. du
XXI. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quartier de Janvier
1682.
P iiij
176 Extraordinaire
AVIS.
J'aurois donné icy le moyen
de fe paffer des tuyaux pour les
grandes Lunetes , dequoy j'ay
depuis 20. ans parlé au Titre,
Maniere de braquerpromptement une
Lunete à deux verres convexesfans
aucun Tube , pour contempler les
Aftres , qui eft à la fin de mon
Traité des grandes Lunetes , imprimé à Lyon en l'année 1665.
avec mon Livre de la Nouvelle
Science de la Nature , & Préfage
des Cometes , fi l'illuftre , tresfçavant , expérimenté & vray
Philofophe Phyfico- Mathematicien, Monfieur Hugens de l'Académie Royale des Sciences, ne
m'euft prévenu par fon docte
Livre in 4° imprimé cette année
1684. à la Haye chez Arnoux
du Mercure Galant. 177
Leers , &intitulé Astroſcopia Compendiaria, Tubi Optici molimine liberata.
PROBLEME XI.
Le Verre dontla longueur du Foyer
= folaire est connüc , estant donné de
pofition , placer l'objet & la table
d'attente , pour y recevoir l'image
de l'objet aërienne &diftincte, mais
renversée.
Mettez l'objet du moins un
peu plus éloigné du verre que la
longueur de fon foyer folaire,
vous troverez enſuite par le 1. Probléme la diftance requife du verre
àla table d'attente. Nous avons
remarqué dans la 129. page du
XXI. Tome Extraordinaire Mercure Galant , Quartier de Janvier
1683. contre l' Autheur de la Dioptrique oculaire, & des deux Volu.
178 Extraordinaire
mes de fes vifions parfaitement
adioptriques & ageométres , que
l'objet eftant placé à 20 pieds
& 4 pouces audelà de fon verre
objectif plan- convexe de la longueur de 20 pieds de diamètre,
ou longueur de foyer folaire, l'image aërienne de cet objet fe
formera à la diftance de 1220
pieds audeçà du verre , au lieu
des Soixante dix ou 80 pieds , à
quoy cet Autheur l'avoit déterminé. Son erreur n'eft que de
1140 pieds.
Ou bien , mettez la table d'attente du moinsquelque peu plus
éloignée du verre , que n'eft la
longueur de fon foyer folaire ;
car les rayons de la radiation
émanée de chaque point d'un
objet terreftre , tombant fur le
du Mercure Galant. 179
verre plus diverges que les rayons
émanez de chaque point du So.
leil , leur concours eft retardé,
& par conféquent l'image aërienne de l'objet terreſtre eſt
formée plus loin du verre , que
l'image du Soleil , que nous ap.
pellons foyer folaire. La table
d'attente eltant pofée, vous trouverez enfuite par le 2 Probléme
la diftance requife du verre à
Fobjet.
EXEMPLE.
Le verre ayant 20 pieds de longueur de Foyerfolaire , fi vous pla
cez la table d'attente , à 20 pieds &
quatre pouces audeçà du verre, l'objetfera placé à 1220 pieds audelà du
verre.
PROBLEME XII.
Par la longucurdela Lunete com-
180 Extraordinaire
pofée de deux verres convexes , &
dont la longueur du Foyer folaire de
l'objectif est connüe , connoistre la
distance de l'objet , qu'on voit diftinctement par la Lunete .
Vous fçavez par raiſon & par
expérience , que pour bien &
diftinctement voir les objets par
la Lunete , il en faut tirer davantage les tuyaux, & l'allonger
à proportion que les objets font
moins éloignez, & cela toûjours
de plus en plus jufques à tant
quela diftance de l'objet au verre
objectif, foit précisément égale
à la longueur de fon foyer folaire ; car pour lors les rayons
enfortiront paralleles, & ne pouvant par conféquent concourir,
ne formeront plus d'image. Dans
ce Probléme l'on connoift par
du Mercure Galant. 181
la longueur de la Lunete , la diſtance du verre objectif aux filets ou image aërienne de l'objer. On connoift auffi la longueur du foyer folaire du verre
objectif. C'est donc le fecond
Probléme. Employez donc la
fuivante
Analogie.
-Commel'excés dela distance du verre
objectifauxfilets, ou image aërienne
de l'objet, pardeffus la longueur du
Foyer folaire du mesme verre,
Està la mefme longueur du Foyer:
Ainfila diftance de l'image au verre,
Est à la diftance du verre à l'objet,
Souvenez- vous de ce quej'ay
dit au commencement.
cette image aërienne de l'objet
a quelque forte ou eſpèce d'épaiffeur , ou profondeur, & qu'il
Que
182 Extraordinaire
eft impoffible de juger avec certitude , dans quelle diſtance elle
eft plus diftincte , car le verre objectifnepeut faire cocourir en un
mêmepoint mathematique de la
baſe de diftinction, tousles rayons
qu'il a reçûs de la radiation émanée d'un mefme point de l'objet, d'autant que ceux qui tombant plus éloignez de l'axe du
verre ,
feréüniffent plûtoſt ; outre que tout l'œil fe conforme en
s'allongeant ou fe racourciffant,
& l'humeur criftallin fe convexe
plus ou moins , fuivant qu'il en
eftbefoin, pour porter fur la Retine la baze de diftinction, foyer
objectif, on image diftincte de
l'objet. C'est pourquoy lors qu'il
s'agit de conclure & déterminer par la diférente longueur de
du Mercure Galant. 183
La Lunete, la diférence qu'il y a
entre deux objets inégalement
éloignez , mais tous deux treséloignez de nous , les calculs tirez de la longueur de la Lunete
fe trouvent inutiles , parce que
les rayons émanez d'un mefme
point d'un objet tres- éloigné
tombentfurle verre objectifavec
une diférence phyfiquement in,
fible, &la diférence de la diftance
du mefmeverre objectifà l'image
d'un autre objet encore nota
blement plus éloigné , fera auffi
phyfiquement infenfible , puis
que la diférence de la divergence
des rayons des deux objets eft
phyfiquement infenfible, d'autāt
que les deux rayons de la radiation émanée du point central du
Soleil , qui embraffent la terre,
184 Extraordinaire
quand ils toucheroient mefme
les deux points extrémes de fon
diamétre , ne comprennent au
plus qu'un angle d'une minute,
dont la moitié eft ce que nous
appellons l'angle de la Parallaxe
Horizontale du Soleil.
Et comme à mesure que l'ob.
jets'approche du foyer antérieur
du verre , l'image aërienne de
l'objet formée par la refraction,
s'en éloigne , de meſme auffi au
miroir fphériquement concave,
Fig. XII, dont la portion M.i.M
ne doit eftre découverte que de
18 degrez , les rayons R.M. RM
de la radiation émanée d'un mê
me point de l'objet , n'eftant
éloignez fur le miroir que de9
degrez du rayon AI qui eft l'axe
de la portion découverte M.i.M
du Mercure Galant. 185
font prefque mathematiquement
paralleles , à caufe que la baze
qui foûtient l'angle , formé au
Soleil , n'eft que la corde des 18
degrez du miroir ; & d'autant
que l'angle de réflexion C M0,
eft égal à l'angle d'incidence
RMC, le point o auquel ils fe
reüniffent fur l'axe A I , eft plus
prés du point I fonds du miroir,
que de fon centre C, de prefque
une partie des 160 de tout le
diamétre C. Ce que j'ay déja
remarqué dans une Differtation
fur les Miroirs ardens. Voyez les
pages 288. & 291. du Mercure Galant du mois de Juin 1681. Ainſi
le foyer folaire ou image du So
leil , fe forme prefque éloignée
du fonds du miroir de la qua
triéme partie de fon axe AI ;
Q. d'Octobre 1684. Q
186 Extraordinaire
C'eſt pourquoy à mesure que
les autres objets s'approchent
davantage du foyer folaire du
miroir , leurs images s'en éloignent , & viennent à la rencontre de l'objet. Ainfi un objet
mis au bout d'un baſton, paroiſt
fortir tout au dehors du miroir,
pour venir rencontrer fon objet,
fi vray qu'il vous femble que
vous maniez voftre main. Cette
image formée par réflexion a
cet avantage , qu'elle fe voit
mefme au plus grand jour ; &
l'image formée par la réfraction
des verres , laquelle ne peut jamais fe rencontrer avec fon ob
jet , ne peut paroiftre que dans
la chambre noire , ou dans l'ob
fcurité du tuyau de la Lunete..
Neanmoins bien des Gens,
du Mercure Galant. 187
commeauffi le R.P.Antonius Maria de Rheita , ce fçavant & religieux Capucin', qui apres Daniel
Chorez publia en l'année 1647.
dans un gros Volume in folio,
intitulé Oculus Enoch & Elia, tout
ce qui conce¡ne la conſtruction
des grands Binocles , qu'il travailloit luy mefme dans la derniere perfection , & que toute
PEurope a admiré, comme nous
l'avons prouvédepuisla 120. page
du XXVI. Tome Extraordinaire
Mercure Galant , Quartier d'A
vril 1684-
Le R. P. Balthazar Conrard,Jéfuîte , écrivit de Glacio 7. Ianvar.
1660. les termes fuivans au R. P.
Gafpard Schot , auffi Jéfuîte , qui
en l'année 1664. les a donnez au
Public dans la 857- page de Tech
nica Curiofa,,
188 Extraordinaire
De diftantiis objectorum per Tubum metiendis, pridem cogitavi egos
nifi fallor, etiam Pater Scheinerus. Sine dubio Rheita Capucinus id
voluit tentare per Tubum duplicatum. Voco eum per quem uterque
oculus hominis fimul&femel trans
picere poteft. Verùm ipfa videt Reverentia Veftra , in diftantiis maguis , ne magna quidem intervalla
fentiri. Unde quid judicandum fit
detali invento inferet. Nihil tamen
adhuc determino , qui nondum cò
Speculationum perveni.
Si le Pere Conrard euſtajoûté
àl'expérience , le calcul & la démonſtration , comme j'ay fait, il
auroit prononcé , que tout ce
qu'on ne peut conclure de la diférente longueur d'une mefme
Lunete, pour voir bien diftincte-
"
du Mercure Galant. 189
ment deux objets diféremment
éloignez,que la diſtance de celuy
des deux objets fera plus grande,
pour lequel on tire moins la Lu.
nete; & la diſtance de l'objet fera
moindre , pour lequel auffi voir
bien diftin&tement , il faut allonger davantage la Lunete.
>
Cela eft fi vray , qu'à cauſe
que la longueur des plus gran
des Lunetes eft toûjours comme infiniment petite à proportion de la diftance du Soleil
& la diſtance du verre au foyer
folaire , ou image diftincte du
Soleil Périgée , n'eſt pas fenfiblement plus longue que celle du
Soleil Apogée. Ainfi bien que la
diſtance du Soleil en Eté dans
fon Apogée , foit tres- notablement plus grande, que lors qu'en
190 Extraordinaire
Hyver il est dans fon Perigées
neanmoins la diférence de la
diſtance du verre à fon Foyer ou
image eft diftincte imperceptible
par la longueur de la Lunete.
LUNETE A DEUX VERRES.
Et de la grandeur de la Baze qu'on
découvre.
L
A Lunete à deux Verres
convexes, quoy qu'elle faffe
voir les objets renverfez , eft
fans doute la plus commode pour
l'obfervation des Aftres. Elle dé
couvre une grande baze du cone
vifuel , le diamètre de laquelle
eft compris fous un angle qu'on
détermine en divifant les degrez
que contient l'arc de la convexité découverte du verre ocu.
laire , par l'Expofant de la raiſon
de la longueur du foyer folaire
du Mercure Galant. 191
du verre oculaire à la longueur
du foyer folaire du verre objectif, car le quotient eft le nombre des degrez de l'angle , qui
comprend le diamètre de toute
la baze qu'on découvre.
Ainfi le verre objectif eftant
par exemple au verre oculaire ,
comme 84 à 3, l'expofant de la
raiſon eft 28 ; & la partie décou
verte du verre oculaire eftant par
exemple fegment de 35 degrez,
divilez 35. par 28 , le quotient
fera 1 degré & 15 minutes ; fous
lequel angle eft compris le diamétre du terrain , efpace des ob
jets vûs par cette Lunete.
Lunete à trois Verres.
2
La Lunete à trois verres convexes redreſſe les objets , mais
elle devient notablement plus
192 Extraordinaire
longue , & les objets paroiffent
moins clairs. Le R. P. de Rheïta
dans la page 351. d'Oculus Enoch
&Elia, dit , objecta autem duobus
convexis everfa , tribus pulcherrimè
&liffimo obtutu eriguntur. Scilicet duobus ocularibus & uno ebjectivo , ritatamen proportione inter
fe & àfe invicem difpofitis. Tali
tubo pro terreftribus nos utimur , qui
&uno obtutu centies quafiplus fpatii
repræfentat, quàmconcavo- convexu.
Le P. Rheita a fait un miftere de la proportion des deux
oculaires , & de leur diftance.
1º Lepremier oculaire apres l'objectif doit eftre d'un plus grand
foyer que le dernier oculaire.
Quant à leur diſtance , puis que
l'image aërienne fert d'objet immédiat , mettez le premier ocu
laire
du Mercure Galant. 193
·
laire au deçà , éloigné de cette
image de deux fois la longueur de
fon foyer, il fe formera uneimage
redreffée & égale au derriere de
l'oculaire , éloignée auffi de deux
longueurs de fon foyer , par nô.
tre Probleme VII. Cette image
doit fervir d'objet , que vous regarderez avec le ſecond oculaire.
Lunete à quatre Verves.
La Lunete à quatre verres
convexes , un objectif & trois
oculaires , eft la plus parfaite,
puis qu'elle fait découvrir une
grande baze du cone vifuel , &
voir les objets dans leur fituation
naturelle , & en augmente fuffifammentl'apparence naturelle.
Nous avons dit que les trois
oculaires peuvent eſtre d'une
mefme puiffance ou longueur de
Q. d'Octobre 1684. R
194 Extraordinaire
toyer folaire , ou bien le premier
oculaire apres le verre objectif
eftant à l'objectif comme i à 36
ou à 40 , ces deux verres eftant
poſez à la diſtance de leurs deux
foyers , & ayant placé les filets
de mire à leur foyer commun,
forment la premiere Lunete, qui
fait paroiftre les objets à la renverſe. Le fecond oculaire doit
avoir une plus grande longueur
de foyer , & letroifiéme oculaire
doit estre de mefme que le premier oculaire , & mefme d'un
peu moindre longueur de foyer.
Ainfi le verre objectif eſtant au
premier oculaire comme 36 à 1,
ilfera au troifiéme oculaire comme 40 à 1.
Lunete à cinq Verres.
La Lunete àcinq verres ne dé
du Mercure Galant. 195
couvre pas un plus grand champ,
ou plus grande quantité d'ob
jets , elle augmente feulement
l'apparence des objets , en la rendant un peu plus obfcure , à quoy
on remédiera en partie ; fi la fuperficie des verres oculaires également convexes font bien grandes. Voicy leur arrangement &
leur proportion.
Le troifiéme oculaire eft d'un
plus long foyer , & on ne l'éloi
gne pas du fecond oculaire de
la longueur de leurs deux foyers
folaires. Ainfi les rayons en fortiront divergens , & tomberont
divergens fur le quatrièmeverre
oculaire , au derriere duquel les
axes des cones renverfez de la
radiation de chaque point de
l'objet , fe croiſent davantage
Rij
196 Extraordinaire
avant que d'entrer dans l'œil ;
c'est pourquoy apres avoir traverfé l'humeur criftallin , ils peignentfur laRetine une plus grande image de l'objet.
Il y a d'autres manieres de conftruire cette Lunete à cinq verres convexes , qui eft une Lunete
composée de deux Lunetes, chacune defquelles fait voir les objers renverfez. La premiere Lunete eft compofée à l'ordinaire
du grand objectif & de fonoculaire. La feconde eft composée
de trois verres ; le premier eft
femblable à celuy qui luy fert
d'oculaire , & l'un & l'autre
doivent eſtre d'une longueur de
foyer , double du foyer de l'oculaire de la premiere Lunete,
& le foyer du verre qu'on met
du Mercure Galant. 197
juſtement au milieu des deux autres, fera de la moitié plus long.
Joignez ces deux Lunetes , les
approchant peu à peu juſques à
tant que vous découvriez la
plus grande baze du Cone vi
fuel , ou quantité d'objets avec
grande clarté & diftinction. Apres quoy marquez à l'inftant
des repaires fur les tuyaux. Tirez enfuite un peu le tuyau qui
porte le verre objectif, afin d'éloigner davantage les deux premiers. verres ; ce qui fera que
l'image de l'objet ſe trouvant
plus éloignée du premier oculaire , que de la longueur de fon
antérieur foyerfolaire, les rayons
qui auparavant en fortoient paralleles , en fortiront convergens. Il faut auffi éloigner un
Rij
198 Extraordinaire
peu davantage les deux derniers.
verres.
Le R. P. Zucchi , Jéfuîte , qui
s'eft toûjours expliqué affez ob.
fcurement , apres avoir dit au
num. 3 de la 370 page de la feconde partie de fon Philofophia
Optica, imprimée à Lyon en l'année 1656. Collocatio autem convexorum intermediorum ad excipiendos omnes radios , & tranfmitiendos
apta erit , fifequensftatuatur ad Focum præcedentis. Vltimum enim
convexum ad impreffionem diftinEtam obtinendam , longius ultra Focum constituendum. Apres quoy
dans le Numero 1 v. il ajoúte,.
Quod quatuorconvexapræftant, habetur exactiu per quinque , fi difponantur ut fecundum collocetur tantifper ultra Focum primi , tertium
BLIOTHEE
du Mercure Galake
citra Focumfecundi, per quartame
eiterpartem diftantia Foci ab ipfofecundo. Quartumfimiliter adtertium.
Quinque convexafolă æquivalebunt
quatuor convexis , in excipienda
multitudine radiorum ; fed quia tertium , ante determinationem Bafis
-diftinétionis ex vifecundi accedetad
illud , dum hujufmodi Bafim accelerabit, &ad minus fpatium reftringet, deducet radios ad fingula in
Objecto condiftinguenda pertinentes,
totrus imaginis comprehenfivos;quare
neceſſario diſponentur , ut ad con.
vexa fequentia , ipfumque oculam,
cum majori inclinatione fub majori
angulo incidant , ad majorem nota.
biliter imaginem imprimendam in
Retina. Hancdifpofitionem quinque
convexorum invenit D. Euftachius
Divinius , quam meritò aliis præ--
R. iiij .
200 Extraordinaire
tulit , quia notabiliter auget Appa
rentiam Totius , & diftinctionem
partium in toto ; licet nonnihil minuat claritatem , dum pauciores radios colligunt vitrafic difpofita,quàm
fi difponunturjuxta dicta Numero3.
Des Lunetes compofees de dixneufVerres convexes.-
J
'Ay tiré ce que j'en diray de
la 184. page d'un Livre intitulé Nervus Opticus , imprimé à
Vienne en Auftriche en l'année
1675. Le R. P. Zacharias Traber
en eft l'Autheur , le croira qui
voudra , quand il dit,
Artifex Romanus
mine, Tubum fecerat cum octo convexis , ad unum milliare Germanicum res minutiffimas clarè cxhiben.
Fontana no-
du Mercure Galant. (2011
1
zor
tem, qui ab Eminentiſſime Cardinali
Nepote , Coronatis comparatus octingentis , magno Florentie Duci prafentatus fuerat.
Alium idem Dax noftro cuidam
Patri vifendum præbuit ; qui à quodam Eustachio Neapolitano cum No-- VEMDECIM lentibus convexis in
longitudinefiftularum 19 cubitorum
confectus , & quia aliquâ vitrafubtiliffimâ interpofita , Specierum decolorationem impediebant.
L
Il a fans doute compté les ou
vertures des diafragmes pour au
tant de verres.
SECRET
De Jérôme Syrturus , Milanois,
concernant les Lunetes.
N
Unc celebre omni evo futurum adinventum tibi referatum co, ut ftudii &laboris mei ma-
• 202 Extraordinaire
numentum aliquod perpetuò apud te
& alios ftudiofos extet.
Teleſcopium id autem est ex duabus lentibus & cavo specillo ; fecunda lens ponitur in medioTubi.
DES DIAFRAGMES.
Les images ou efpéces des objets ne paroiffent jamais bien fur
la table d'attente , que lors que
la chambre eft rendüe tres-noire,
& que la lumiere ne trouve d'entrée que par le verre qu'on met
au trou de la feneftre , & qui eſt
inferé en dedans de la chambre
dans l'extrémité d'un tuyau d'un
pied de longueur , dont l'autre
extrémité fort en dehors. Il en
eft de mefine de l'image qui fe
forme dans les tuyaux ; c'el
pourquoy pour exclurre & dé.
fendre l'entrée aux rayons des
du Mercure Galant.
203
objets latéraux , la boëte qui
porte le verre objectif , a du
moins un pouce & demy de longueur au-delà du verre. Voyez
en la Figure XIII. Cette boëte
a fon fonds du cofté de l'objet,
qui fe monte auffi à- viz , & ce
fonds a bien moins d'ouverture
que le verre. On peut couvrir
ce diafragme de plufieurs cartons noirs de diférente ouverture , bien qu'on la puiffe dérerminer par l'angle fous lequel on
voit l'objet , que nous avons cydevant demontré.
Les autres diafragmes font intérieurs. Le principal eft mis au
foyer antérieur dupremier verreoculaire, ou foyer poftérieur du
verre objectif, où le forme l'image aërienne diftincte de l'ob
204 Extraordinaire
jet , fur laquelle les filets de mire
doivent toûjours le trouver précifément. Če diafragme détermine la quantité des objets qu'on
veut découvrir , & voir leur apparence trés- augmentée , en re.
gardant par les verres oculaires
leurs images , qui fervent d'ob
jer immédiat , tout de mefme
que fices mefmes images eftant
reçeües dans la chambre noire
fur un papier , vous appliquiez
pardeffus ce carton qui porteau
milieu fon ouverture , car en re:
gardant par derriere le papier,
vous ne verriez que les images
comprifes dans l'ouverture de ce
diafragme. Cette ouverture doit
eftre retreffie juſques à ce que
fon trop d'ouverture ne foit pas
la caufe des couleurs de l'Iris,
duMercure Galant. 205
qui peignent les bords des ob
jets comprisdans la baze du cone
vifuel.
Je dis donc que l'ouverture
circulaire de ce diafragme , &
celle de tous les autres, y compris l'ouverture du verre objectif, font parties d'un cone tron.
qué , dont la pointe eſt du coſté,
du verre oculaire , fi l'ouverture
de ce principal diafragme eft
moindre que celle du verre ob.
jectif, qui en fera la baſe, comme
en la Figure XV. Et au contraire,
fi l'ouverture du verre objectif
cft moindre que celle de ce diafragme, ce diafragmefera la baze
du cone tronqué , dont la pointe
fera hors de la Lunete , comme
en la Figure XV.
206 Extraordinaire
Déterminer l'ouverture des
Diafragmes.
Tirez voftre Lunete comme
en la Fig. XVI. pour voir diſtin .
ctement les objets terreftres les
plus éloignez , pour lors la diftance A B de l'image Bau verre
objectif A, fera plus grande que
la longueur de fon foyer folaire;
outre qu'il faut allonger un peu
davantage la Lunete , & y mettre un verre oculaire de plus
long foyer , pour voir les objets
bien clairs & diftincts , lors que
le temps eft humide , ou que
Euros fouf , comme auffi dans
les Païs où l'air eft plus groffier,
l'apparence de l'objet fera plus
diftincte , mais un peu diminuée.
Déterminez l'ouverture du verre
objectif , comme par exemple
du Mercure Galant. 207
de deux pouces de diamètre , ſi
le verre a dix pieds de longueur
de foyer folaire , qui eft la plus
grande ouverture qu'il puiffe
foufrir avec diftinction pour voir
bien diftinctement les objets les
plus fombres , car il la faut retreffir pour voir bien diſtinctement les objets fortement éclairez , de mefme qu'il faut retreffir
l'ouverture de l'objectif des plus
grandes Lunetes Aftro-fpiques,
pour voir le difque ou rondeur
bien terminée des Etoiles fort lu
mineuſes, Syrius , Arcturus, &Aldebaran, & des Planetes fortement éclairées par le Soleil,
comme Mercure , Vénus, &Mars,
lors qu'ils font Périgées. C'eſt
cela fans doute qui a obligé
Mi Hevelius de dire dans fa Se-
208. Extraordinaire
lenographie en la page 17. H
afus & experientia me docuit, quòd
foramen vitri objectivi , magnorum
Teleſcopiorum indiametro fefquipollicem non excedere debeat. Qua
quantitas etfi alicui valde exigua
aideri poteft , tamen praxis quemibet edocebit hanc proportionem foraminis majori tubo omnium optimè
refpondere.
Enfin le diametre de l'ouverture du verre objectif eftant déterminée, comme auffi fa diftance
au diafragme des filets , faites en
la Figure XVI. fur un plan, tirez
les deux lignes e C e C, comme
auffi les lignes traverfantes eo.
MM. ii. leurs parties compriſes
entre les lignes e C. eC feront les
diamètres des ouvertures des diafragmes des tuyaux. Vous mar-
du Mercure Galant. 209
querez leurs repaires , afin que
tous les diafragmes puiffent toujours eftre mis en mefmediftance
les uns des autres , pour toûjours compofer le cone tronqué.
On peut facilement déterminer par le calcul le diamètre des
diafragmes , car vous connoif
fez la diftance A B du verre objectif A au point B, interfection
des filets mis fur l'ouverture du
diafragme , dans laquelle fedoit
toûjours terminer l'image de
l'objet. Vous connoiffez bc demy-diamétre de l'ouverture dư
diafragme principal , ou baze de
l'image aërienne de l'objet. Vous
connoiffez auffi a E demy.diamétre de l'ouverture du verre
objectif.
Il faut par ces connus trou ~
2. d'Octobre 1684. Sp
240 Extraordinaire
ver premiérement par le calcul.
le point R pointe du coqe tronqué, c'eft à dire la longueur de
fon axe b R. Faites cette
Analogie.
bc-a E. ba :: bc. b R
Voustrouverez enfuite les demy..
diamètres x 0. y M. z I. de l'ou
verture des diafragmes par les
fuivantes
Analogies.
b.bc:: Rx . x 0.
Rb.bc:: Ry.y M.
Rb.bc:: Rz.ZI.
Moyen facile de faire coffer les
Couleurs qui paroiffent
entourer les Objets.
Our guérir un mal , il en
Pofaut connoiftre la caufe
ainfi pour remédier à ce defaut
du Mercure Galant. 211
3
des Lunetes ·
, de faire voir les
objets qui font au bord de la
baze du cone vifuel , teints des
couleurs del'Arc- en- Ciel , il faut
fçavoir qui les caufe , & d'où
elles procédent , n'eftant que le
meflange & confufion qui le fait
fur un melme point de la Re
tine , de plufieurs rayons éma--
nez de diférens points de l'ob
jet. Ce meflange peut venir
1° De la trop grande ouverture du verre objectif..
2° De la trop grande ouverture du diafragme qui porte les
filets de mire , fur lefquels fe :
forme l'image aerienne de l'objet -
3 Du trop de convexité du
verre oculaire .
4° De la trop grande ouver
ture du verre oculaire.
Sip
212 ExtraordinaireAyant remédié à ces quatre
defauts, fi l'oculaire eft trop prés
de l'image , les rayons trop ferrez & confus , feront paroiftre
les extrémitez de leurs objets
jbordez de couleurs rouges &
aunes ; . c'est pourquoy il faut
P'en éloigner davantage , comme
auffi le trou ou pinnule contre
laquelle on applique l'œil ce
que je fais commodément , en
tournant la pinnule par le moyen
de la viz , quia plufieurs filets ou
pas. Que fi vous l'en éloignez
trop , les bords des objets paroîtront bluâtres , Jes rayons eftant
reçûs trop dilatez & confus. De
cette jufte diftance de la pinnule
au dernier verre oculaire , dépend la plus grande baze du
cone vifuel , ou de la quantité
du Mercure Galant. 21329
d'objets , car on en voit beaucoup moins d'étendue de Païs,
fi cette pinnule eft trop éloignée
de fon oculaire , lequel doit être
également convexe des deux cô.
tez , & bien tranchant fur les
bords , & avoir du moins 20 lignes de diamétre en fa furface
pour un objectif de dix pieds de
foyer , & environ 10 lignes pour
les petites Lunetes . Je fais monter à viz toutes les piéces de la
boëte du porte.oculaire , afin
que les Miepes puiffent approcher davantage l'œil du dernierverre oculaire , & cet oculaire
des filets ou image aërienne &.
diftincte de l'objet. Voyez le
tout dans la Figure
214 Extraordinaire
Dans le dernier Mercure Extraordi
naire , Torse XXVII.
Page 149. ligne 15. lifez copiofioris..
Page 166. ligne 5. lifez 1460.
Page 173 ligne 4 lifez alfez précifément. Ligne 9. ajoûtez ou
le produit du diamétre par la
circonférence. Et en la ligne
16. apres le mot Axe ajoutez car
le cone, la fphere &le cilindre
font comme 1.2.3..
Page 187. ligne 8. lifez Henry II .
Page 200. ligne 12. lifez deux fois
1635794 , quifōt 3271588 toiles.
Page 203 ligne 18. apres ST.
lifez & doublezle produit.
Page 208. ligne 17. lifez deffus.
COMIERS.
On donnera la fuite de ce Traité
des Lunetes , dans lesfuivans Mer--
Cures Extraordinaires.
DU TRAITE
DES LUNETES,
DEDIE A MONSEIGNEUR
LE DUC DE BOURGOGNE,
Par M COMIERS d'Ambrun,
Prevoft de Ternant , Profeſſeur des
Mathematiques à Paris.
T
Ous les tuyaux des Lunetes portatives doivent eftre
cilindriques , car les tuyaux coniques ne peuvent garder leur
rectitude, eftant moins tirez pour
voir diſtinctement les objets plus
éloignez , & au contraire , fi la
134 Extraordinaire
longueur de la Lunete eft pour
voir diſtinctement les objets treséloignez , on ne peut les éloigner
davantage , pour voir les objets
qui font fenfiblement plus prés
de nous.
Les moindres tuyaux d'une Lunete , c'eſt à dire ceux qu'on infére dans les autres , auront tous
autour de la gorge extérieure,
des orles ou viroles , pour les
rendre tous d'égal diamétre; afin
que l'Axe de la Lunete foit paral
lele fur le plan de l'appuy. C'eft
à quoy M' Hevelius n'a pas pris
garde dans la Figure de la 40.
page de fa Selenographie de l'année 1647. car l'axe des verres &
du tuyau dela Lunete faifant angle für le plan d'appuy , le perpendicule ne peut marquer fur
du Mercure Galant. 135
le quart de cercle l'angle de l'élevation de l'objet que l'on mire.
Voyez.enicy la Fig. 1. Les bouts
des tuyaux par leſquels ils font
inferez dans les autres , feront
renforcez par des viroles de bois,
mifes en dedans, & qu'on arrefte
avec cole forte , ces viroles porteront les juftes ouvertures pour
ſervir de diafragmes , & maintiendront les tuyaux dans leur
parfaite rondeur , & toute la Lunete dans fa rectitude. Voyez la
Figure II.
C'eft enfinune loy indifpenfa.
ble , que l'Axe de tous les tuyaux
& celuy de tous les verres doivent eſtre dans une mefme li
gne droite. J'en excepte les Lunetes Catop- dioptriques , comme
auffi la Lunete Polemofcope , def
136 Extraordinaire
fon
quelles nous traiterons en par
ticulier. Eo quòd utraque lensfiopum ſuum affequatur , quum tamen
regione altera alteri non exactè
refpondeat , comme dit M Heve.
lius dans la 27. page de ſa Sele.
nographie , Hictubus tam à Catoptricis quàm Dioptricisparaturfundamentis , etenim duobus fpeculis planis
& gemino vitro Dioptrico conftat.
Il l'appelle Polemoſcope , pour
ufage en temps de guerre ,, puis
qu'eftant couverts du Parapet,
nous voyons ce que fait l'Ennemy, mefme lors qu'il eft dans le
Foffé , & au pied de la Muraille,
parce quefon tuyau eft recourbé
à angle droit. Nous découvrons
aufi par fon moyen tout ce qui
fe paffe dans une Rüe , fans
nous paroiffions à la Feneftre ;
que
duMercureGalant. 137
ayant cet avantage , auffi-bien
que lesLunetes communes, qu'on
les peut , comme a dit M'Hevelius dans la 29. page , mettre
dans une canne ou bafton d'un
pouce & huit lignes de diamètre,
avec le recourbement de deux
pouces. Nous en donnerons cyapres la conftruction.
Deux manieres diférêtes d'ajuſter
les Verres dans les Tuyaux.
Les Anglois mettent le verre
objectif dans le tuyau le plus
étroit, & les verres oculaires dans
les tuyaux les plus larges. Voyez
le tout dans la Figure III. Cette
difpofition a trois choſes avantageufes. 1° Les rayons inutiles
qui vont toujours en s'élargif
fant , s'affoibliffent plus facileQ. d'Octobre 1684, M
138 Extraordinairement dans cette concavité ſpa
cieuſe du tuyau. 2º On y peut pla…
cer des oculaires de plus grande
furface. 3º Cette Lunete eft plus
facile à manier , parce que le
centre de gravité de la pefanteur
eft comme dans la main de celuy
qui s'en fert ; & dans l'autre maniere, le centre de gravité eftant
audelà du point de l'appuy ou
Hypomoclion , pele davantage à la
main , & fatigue celuy qui s'en
fert. Il eft vray qu'il y a une
longueur de tuyau comme perdüe , par la néceffité de la dif
pofition des trois oculaires ; car
s'il n'y avoit qu'un oculaire, convexe ou concave , il n'y auroit
aucune difficulté .
En France , nos Ouvriers placent le verre objectif dans le plus 1
du Mercure Galant. 139
large tuyau , & les verres ocu--
laires dans les tuyaux les plus
étroits. Voicy là pofition la plus
commode des deux verres ocu--
laires qui font apres le verre objectif. Placez ces deux verres
oculaires , comme dans la Figu
re IV. à la diftance l'un de l'au
tre égale à la longueur de leursfoyers folaires , tellement que le
point fera leur foyer commun,
dans le tuyau C, qu'on coule dans
le tuyau B, par le bout qui eft du
cofté du verre objectif , car par
l'autre bout du mefme tuyau B¸-
on coulé le tuyau porte- oculaire A, avec fa boëte de recouvrement à pinnule , ou trou de
trois lignes de diamètre , qui eft
éloigné du verre d'un peu moins
quefon foyer folaire. Le tuyau B
1
Mij
140 Extraordinaire
porte encore le diafragme fur
lequel on place les brins de fimplefoye plate noire , qui fervent
de mire , ou le treillis , ou quatre brins qui fe croiſent en un
mefme point au centre de l'ou.
verture du diafragme , qu'lls divifent en huit parties égales
c'eft fur ces filets qu'on doit faire
aboutir précisément l'image aërienne & redreffée de l'objet,
puis qu'elle nous fert d'objet im
médiat , que nous voyons par le
troifiéme verre oculaire..
Ainfi pour voir bien diftincte..
mentavecune Lunete compofée.
de quatre verres convexes
furface du Soleil ( ne donnant
l'ouverture d'un trou d'épingle au
carton qui couvre le verre objectif),
la diſtance du verre objectif au
la.
que
du Mercure Galant 14.
I
premierverre oculaire, fera compofée de leurs foyers folaires, &
par conféquent l'image renverfee du Soleil , qui fert d'objet
immédiat , fe trouvant au foyer
antérieur du verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque
point de cette image folaire tombant divergens fur le verre oculaire , en fortiront paralleles ; &
tombant ainfi paralleles fur le
fecond verre oculaire , dont la
diftance au premier eft compofée de la longueur de leurs foyers,
les rayons en fortiront convergens , & formeront l'image redreffée du Soleil , au derriere de
ce ſecond verre oculaire , à la
diſtance de fon foyer folaire ,
& c'eft cette image qui fervira
d'objet immédiat ,, car cette imas
142 Extraordinaire"
ge eftant au foyer antérieur du
troifiéme verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque point en fortiront paralleles;
& tombant paralleles fur l'humeur cristallin , feront rendus
convergens , & formeront par
leur concours ou pinceau optique , l'image renversée du Soleil
& de fes taches fur la Retine , &
on verra le Soleil & fes taches
redreffées , c'eft à dire dans leur
fituation naturelle.
La diſtance des deux premiers
oculaires fera toujours invaria
ble, auffi bien que la diftancedu fecond verre oculaire aux filets du treillis , qu'on met précifément en fon foyer folaire. -
Quant au troifiéme oculaire , au
foyer duquel on met l'oil, ilfera:
3
du Mercure Galant. 143
pour les miopes qui racourci
fent un peu la longueur des Lunetes , un peu moins éloigné de
ces filets ; parce qu'en regardant
de plus prés cette image aërienne
des objets , ils en reçoivent les
rayons fenfiblement divergens ,
& tels tombant fur leur criftallin
trop rond & enflé , leurs concoursou image diftincte de l'objet, en eft retardé & prolongé
jufque fur la Retine.
Il eft abfolument néceffaire
que le foyer objectif, c'eft à dire
l'image aërienne de l'objet , fe
rencontre précisément fur ces
filets ou treillis mis à l'endroit
du foyer du verre objectif, fi la
Lunete n'a qu'un verré oculaire
convexe; & au foyer folaire du
fecond verre oculaire , fi la Lu-
144 Extraordinaire
nete eft composée de trois oculaires convexes. Mais comme la
Lune & tous les objets terreftres,
font comme infiniment moins
éloignés que le Soleil , les rayons.
de la radiation émanée de chaque point de l'objet, tombet fenfiblement divergens fur le verre
objectif, leur foyer ou image aërienne eft retardé & allongé, &
leur image portée plus loin, & audeça de ces filets ou treillis , c'eft
pourquoy il faut allonger davan
tage la Lunete , c'eft à dire, éloigner le verre objectif du verre
oculaire , afin d'avancer l'image
de l'objet précisément fur les
filets. J'ay crû devoir icy réfou
dre une Queſtion importante.
Si
du Mercure Galant. 145
QUESTION.
Si par la diferente longueur à
laquelle on tire les tuyaux de
laLunete à Oculaire convexe,
pour voir bien diftinctement
un objet , on peut déterminer
fa diftance , ou éloignement.
C
Ette image aërienne ne ſe
forme pas dans une diſtance
deprécifion geométrique au derriere du verre objectif , ny au
derriere du fecond verre oculaire. Elle a comme une certaine
épaiffeur ; ce que vous obſerve.
rez avec plaifir dans la chambre
noire , en recevant ſur un papier
blanc, les espéces ou images des
objets qui font au dehors , car
Q.d'Octobre 1684. N
146 Extraordinaire
ces images paroiftront diftinctes,
voſtre papier eftant arrivé à certaine diſtance du trou fait auvo,
let de la feneftre , & garny d'un
verre objectifde Lunete, foit que
vous l'approchiez ou quevous le
reculiez de quelques lign.de plus;
étantimpoffible de déterminer la
diftance préciſe où ces images
font dans leur plus grande diftintion. Vous obferverez la meſme
chofe , en regardant avec une Lunete un objet éloigné & bien
éclairé , que vous verrez toû¬
jours comme également bien,
quoy que vous allongiez ou racourciffiez de quelques lignes la
Lunete. Ainfrle Foyer, ou cette
image , n'eſt pas une chofe Mathematique , mais Phifique, &c.
On ne peut donc par l'expé-
du Mercure Galant. 147
rience déterminer précisément
la diſtance du verre objectif à
fon Foyer objectif , ou image de
tout autre objet que le Soleil.
D'où je conclus , qu de la
longueur de la Lunete tirée juf
ques à tant que les objets paroiffent bien diftinctemet , on ne
peut conclurre la diftance de
l'objet, bien qu'on foit perfuadé
par raiſon & par expérience, que
la Lunete doit eftre tirée de plus
grande longueur , à mesure que
les objets font moins éloignez ;
vray, comme nous avons déja
dit ailleurs , que l'objet eftant
éloigné du verre objectifde deux
fois la longueur de fon foyerfolaire , l'image aërienne de l'objet , égale à l'objet , fe formera
au derriere du verre , à la di
Nij
148 Extraordinaire
ftance de deux fois la longueur
de fon foyer folaire ; ainfi l'ima
ge & l'objet feront également
éloignez du verre.
·
Nea moins chacun pourra fatisfaire fa curiofité , par des di-'
ftances médiocres qu'on aura
mefurées actuellement ; & pour
cela je répéte icy les Problémes
que j'avois énoncé & donné de.
puis la 122 page du XXI.Volume:
du Mercure Extraordinaire.
PROBLEME I.
Eftant donnée la distance de l'objet au verre objectif, trouver la di
Stance du verre à l'image aërienne
diftincte de l'objet.
ANALOGIE,
Comme ladiftance de l'objet auverre,
moins la longueur defon Foyer folaire,
du Mercure Galant. 149
Eft à la longueur du mefme Foyer
Solaire:
Ainfi la diftance de l'objet au verre,
Eft à la distance du verre àl'image.
PROBLEME II.
Eftantdonnée la diſtance du verrc
objectifà l'image aërienne de l'objet,
& la longueur du Foyer folaire du
verre , trouver la diftance du verre
à l'objet.
ANALOGIE.
Comme la distance du verre àl'image
aërienne de l'objet, moins la longueur
du Foyerfolaire du verre,
1
Eft à la longueurdu mefme Foyer
folaire du verre objectif:
Ainfi la distance du verre à l'image
aërienne,
Eft à la distance du verre à l'objet.
On ne pourra jamais énoncer
& réfoudre ces Problémes en
N iij
150 Extraordinaire
termes plus formels & plus intelligibles que ceux que j'avois
employé dans les 122. & 123. pages du XXI. Tome du Mercure
Galant Extraordinaire du Quartier deJanvier 1683. Neanmoins
le fçavant M Fattio de Duiller,
de Genéve , dit dans leJournal
du 20. Novembre 1684. Qu'il a
cherché le moyen de trouver la diftance du verre aux filets , c'eſt à
dire à l'image de l'objet , la diftance
de l'objetau verre eftantfuppofée ou
donnée. Ilajoûte , Et qu'en pofant
Le Foyer de l'objectif = £ , &l'excés de la diftance de l'objet au verre
par deffus la longueur du foyer de
l'objectif= a, &la distance de l'objet à la croifée desfilets = b ; &
Qu'enfin par une grande attention
dans le calcul d'Algebre il a efté conduit à cette Equation
di Mercure Galant. 151
aaab― z af-ff
Cecyme fait fouvenir des Vers
fuivans , tirez de l'Epître chagrine de Madame des Houlieres.
Si tout voftre difcours n'eft obfcur,
emphatique,
Onfe dira tout- bas, C'eft- là ce bel
Efprit!
Commeles autres il s'explique,
Etl'on entend tout ce qu'il dit.
Il eft vray que l'Algebre , ou
l'Art de bien trouver , eft un langage relevé , & inconnu à bien
des Sçavans ; mais puis que toutes les Effections Geométriques
éſtant trouvées par la Spécienfe la
plus rafinée , il en faut venir au
Compas, à la Regle, &aux nombres , pour les réduire en pratique , pour épargner à bien des
Gens cettegrande attention du CalN iiij
152 Extraordinaire
culd'Algebre , qui leur cauſe bien
fouvent la Migraine , je veux répéter icy en langage connu &
utile , les autres Problémes dont
j'ay déja donné la folution en
1683 dans le XXI.Tome de l'Ex
traordinaire du Mercure Galant.
PROBLEME III.
Eftant donnée la grandeur, bauteur ou diametre de l'objet , ſon éloignement au verre objectif, & la longueur defon Foyerfolaire ; trouver
la grandeur ou diamétre de l'image
aerienne de l'objet , produite dans la
chambre noire, ou dans le creux du
tuyau de la Lunetefur lesfilets.
Trouvez premierement par le
premier Probléme , la diftance
du verre objectif à l'image diftin&te aërienne de l'objet , vous
aurez enfuite fa grandeur par la
fuivante
du Mercure Galant.
153
Analogie.
Commela diftance del'objet au verre,
Eft à lagrandeur de l'objet:
Ainfila diftance du verre à l'image,
Eft à lagrandeur de l'image.
PROBLEME IV.
Eftant donnée la grandeur de l'image diftincteaërienne de l'objet, &
fa diftance au verre objectif, &la
longueur de fon Foyerfolaire ; trouver la grandeur de l'objet.
Trouvez premiérément par le
fecond Probléme , la diftance de
l'objet au verre , vous aurez enfuite fa grandeur par la fuivante
Analogie.
Commeladiftance du verre à l'image,
Eft àlagrandeur de l'image :
Ainfi la distance du verre àl'objet,
Eft à la grandeur de l'objet.
154 Extraordinaire
PROBLEME V.
* Eftant donnée la distance de l'objet
àfon image aérienne , & la diftance
de l'objet au verre ( par conféquent
la diftance du verre à l'image eft
auffi connue ) trouver la longueur
du Foyerfolaire du verre.
Analogie.
Comme la distance de l'objet àfon
image,
Eft à la diftance de l'objet au verre:
Ainfi la diftance duverre à l'image,
Eft à la longueur du Foyerfolaire.
du verre.
PROBLEME VI.
Eftant donnée la diſtance de l'objet
à la table d'attente, linge , ou papier
blanc, poury recevoir l'image aërienne de l'objets déterminer le verre du
plus grandfoyer , qui y puiffe produire cette image diftincte.
du Mercure Galant.
ISS
Je dis r Que la qutriéme partie de la diftance de l'objet à la
table d'attente , eft la lougueur
du Foyer folaire du verre requis.
2°.Queleverre doit eftre placé
en égale distance de l'objet & de
la table d'attente , ce qui ſe vérifie par le premier Probléme.
3 Que la grandeur de l'image fera égale à la grandeur de
l'objet.
PROBLEME VIÍ.
Eftant donné ( comme dans la
Figure Va de l'Effection Geométrique ) la diftance de l'objet à
fon image diftinéte aërienne , &la
longueur du Foyer folaire du verre
qui l'a produite s trouver le point où
le verre eftoitplacé , &où il doit eftre
remis , pour reproduire cette image de
l'objet.
156 " Extraordinaire
De la diftance de l'image aërienne à fon objet ▲ , ôtez
F, qui eft deux fois la longueur du foyer folaire du verre
qui l'a produite , il vous reftera
FA, qu'il faut divifer au pointy
en deux fegmens Ay , &yF, en
forte que la longueur du foyer
folaire foit moyenne , proportionnelle entre ces deuxfegmens,
carajoûtant ce petit fegment y
à la longueurdu foyer folaire du
verre , vous aurez fa diſtance reF
quifè à l'image , & par confé
quentfon point de pofition en z.
Pour déterminer le pointy, qui
' fait les deux fegmens , diviſez
également 4 F au point C , duquel pris pour centre , faites le
demy cercle fur 4 F, prife pour
diamétre , fur lequel élevez la
du Mercure Galant. 157
perpendiculaire Fƒégale à la longueur du foyer folaire. Tirez ƒB
parallele au diamètre 4 F, furlequel du point s deſcendez la per
pendiculaire By, qui fera égale
à Ff, longueur du foyer folaire
du verre. Par la converſe de la
xiij Propofition du 6. Livre d'Eu
clide, By fera auffi moyenne pro
portionnelle entre les fegmens
Ay, & yoF. C'est pourquoy le
petit fegmenty F, Fflongueur.
du foyer folaire , fera la diftance
requife du verre depuis en z.
J'ay ajoûté des nombres à la
Figure V. afin d'en rendre la pratique plus intelligible. Ainfi A
diftance de l'objet à la table d'attente , linge ou papier blanc, fur
lequel l'image aerienne de l'ob.
jer dans la Chambre noire , ou
158 Extraordinaire
80-0
à l'endroit d'une Lunete , au.
quel elle paroiffoit fort diftincte,
eftant 80 , & la longueur du
foyer folaire du verre qui l'a
voit produite, eftant 15, deux fois
1530 pour la ligne F dans
la Figure & A 80 AP F
30 AF50. Donc la moitié FC
25 Tirez CB, elle fera auffi 25.
Or le triangle crв eft rectangle , donc par la 47. Propofition
du 1. Livre d'Euclide , le Quarré
de l'hypothenufe CB - leQuarré
du cofté Br eſt égal au Quarré
de l'autre cofté Cr. Mais l'hypothenufe C B eft 25, donc ion
Quarré eft eſt 225 , & 625— 225
400 Quarré du cofté cr.Mais
la Racine de 400 eſt 20 , donc
le cofté cr eft 20. Mais C F25
—— CYCr20 rF 5 , donc le petit
du Mercure Galant. 159
fegmentrFeft 5. C'est pourquoy
515 longueur du foyer folaire
du verre 20 pour de z diſtance
de la table d'attente de l'image
aërienne de l'objet au verre objectif z. Et parce que 4 la
diftance de l'objet A à fon imageeft 80 , il s'enfuit que A
80 -
Z20
du verre à l'objet.
cle
ZA60 diſtance
PROBLEME VIII.
L'objet& la table d'attente, papier
ou linge blanc , pour en recevoir l'image aerienne diftincte , eftant donnez depofitionfixe, eftant auſſi donné
un verre de quelconque longueur de
Foyerfolaire ( mais moindre quela
quatrième partie de la diſtance
de l'objet à la table d'attente ) determiner le point où il doit eftreplacé
entre le point de l'objet &la table
160 Extraordinaire
d'attente , pouryformer l'image aërienne diftincte de l'objet.
J'ay dit que la fongueur du
Foyerfolaire duverre , doit eftre
moindre que la quatrième partie
de la diſtance donnée de l'objet
à la table d'attente.
Car fi la longueur dufoyer folaire du verre eſtoit égale à la
quatrième partie de la diſtance
donnée,il faudroit placer le verre
préciſément au milieu de la diftance donnée entre l'objet & la
table d'atete; ce que vous reconnoiſtrez être vray, par le premier
Probléme , & par l'expérience.
Et fi la longueur du foyer folaire du verre eft plus grande
que cette quatrième partie de la
diſtance donnée ; fi on met le
verre moins éloigné de l'objet,
du Mercure Galant. 161
་
que la longueur de fon foyer fo
laire , les rayons émanez d'un
mefine point de l'objet , enfortiront divergens, c'eſt à dire, s'écartant les uns des autres , au lieu
de fe reunir , c'est pourquoy ils
ne peuvent former l'image de
l'objet.
Et fi on met le verre précifément éloigné de la longueur de
fon foyer folaire , les rayons en
fortiront paralleles c'eſt pour.
quoy ils ne peuvent former aucune image de l'objet.
Et fi on met le verre plus éloi
gné de l'objet , que de la lon.
gueur de fon foyer folaire , le
cone des rayons divergens émanez de chaque point de l'objec
ayant couvert la furface du verre, en fortiront convergens , &
Q. d'Octobre 1634,
162 Extraordinaired
ceux de la radiation d'un mefme
point, fe réuniffant à la pointe
deleur cone renverfé , peindront
l'image du point de l'objet ; ainfi
les rayons de la radiation conique émanée de chaque point de
l'objet , formant fon image aërienne , toute l'image de l'objet
fe trouvera diftinctement peinte, & avec les vives couleurs ,
mais plus loin que la table d'attente, & cette image eft renverfée ; ce que nous avons expliqué au long , & par Figures,
dans le XIX. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quar
tier de Juillet 1682.1.1
Enfin , fi la longueur dufoyer
folaire de ce verre objectif est
précisément la quatrième partie
de la diftance de l'objet , à la
du Mercure Galant. 163
table d'attente , papier , oufilets
mis dans la Lunete , fur lefquels
doit aboutir l'image renverfée,
aerienne & diftincte de l'objet,
il faut mettre le verre au milieu
de la diſtance , également éloigné de l'objet & du verre ; car
en quelque autre part que vous
le placiez , plus prés , ou plus
loin de l'objet , l'image fe formera plus loin que les filets, papier blanc, ou table d'attente,
dont la poſition eſt donnée.
RESOLUTION
du Probléme I X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la Table d'attente , & la longueur
du Foyerfolaire , déterminer le lieu
de fa pofition , auquel eftant placé,
il produira l'image aérienne diftin
&renversée de l'objet donné de poO ij
164 Extraordinaire
fition , far le papier ou table d'at
tente auffi donnée de pofition. Dela
distance donnée de l'objet à la table
d'attente , ôtez le double de la longueur du Foyer folaire du verre
donné, & du Quarré de la moitié
du reftant , ôtez le Quarré de la
longueur du Foyer folaire du verre,
& du reftant tirez la Racine quarrée. La diférence de cette racine,
softé , ou ligne , à la moitié de la
diférence de toute la diftance à deux
fois la longueur duFoyerfolaire du
verre, eftant ajoutée à la longueur
du Foyerfolaire du verre , eft la diftance requife des Filets , papier, on
table d'attente , au point où doit eftre
placé le verre, pour produire l'image
diftincte , aérienne & renversée de
L'objet , dont la pofition , auſſi- bien
que celle dela table d'attente avoient
du Mercure Galant. 165
cfté données. Doncfi de cette distance
donnée, vous ôtez la diftance dela table d'attente au verre , il vous restera
la diſtance du verre à l'objet.
Puis que toute cette opération
n'eft que l'application de l'Effe-
&tion Geométrique, confidéronsla dans la Figure VI. & afin de
vous y exercer , en voicy des
Exemples , que j'ay trouvez conformes à mes calculs , par les
expériences que j'en fis en l'année 1652. eftant pour le fervice
du Roy au Fort de l'Eclufe fur
le Rhône, quatre lieues au- def
fous de Genève , & que vous vérifierez par le I. & par le II. Probléme, apres que vous aurez trouvé la diſtance du verre à l'image.
I. EXEMPLE.
La diftancepropofée de l'objet aux
166 Extraordinaire
filets , papier blanc , ou Table d'at
tente A dans la Figure foit so
pieds , &la longueur du Foyer lolaire foit 12 pieds.
OPERATION.
2 X 12
& so
24 pour F.
2426 pour FA.
Et la moitiéde 26
Le Quarré de CB.
13 pour CB.
= 169
14 Et Quarré 169 144 quarré
de By 12 Quarré 2525,, dont la
Racines, eft la valeur de la li
gne Cy.
Et C F 13
Et 8
Cysy8
Z
la longueur du Foyer
folaire du verre 12-20pour
diftance de la Table d'attente
au point z où doit eftre pofé le
verre objectif. Mais A50- z
20 =Z A 30 pour la diſtance de
l'objet A au verre Z.
duMercure Galant. 167
2. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet A
à la table d'attente , papierou filets
eftant 36 pieds , & la longueur du
Foyerfolaire du verre eftat de spieds,
la diftance A Z de l'objet A au
verre Zfera de 30 pieds ; & par
conféquent la distance du verre Z
àla la table d'attente fera de 20
pieds.
"
3. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet à
la table d'attente , eftant 80pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera do pieds ; & par conféquent la diftance du verre à la table
d'attentefera 20 pieds.
4. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet
la table d'attente eftant 256pieds, &
$68 Extraordinaire
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera 240pieds ; &par confé.
quent 16pieds feront la distance du
verreàla table d'attente, papier blanc
ou filets de pofition , fur lesquels fe
Seformera l'image aérienne de l'objet.
5. EXEMPLE.
La diftance propofée de l'objet à
la table d'attente estant 90 pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
20 pieds ; la diftance de l'objet an
verrefera de 60 pieds ; &par con
féquent , la diftance du verre à la
table d'attente fera 30 pieds.
6. EXEMPLE.
La diftanceproposée étant 196pieds,
& la longueur du Foyer du verre
24.pieds à la diſtance de l'objet an
verrefera168pieds ; &celle duverre
àla Tablefera de 30 pieds.
PROBLEME X.
du Mercure Galant. 169
PROBLEME X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la table d'attente , papierblanc, où
filets, furlesquels l'image aërienne de
l'objet doit eftreformée distinctémět,
& le point ou distance de la pofition
duverre eftant auffi donnée ; détermi
nerla longueurde fon Foyerfolaire.
Puis que le point de la poſition du verre eft donné , on connoiſt d'abordfa diſtance à l'objet
& à la table d'attente.
donc la fuivante
Analogie.
Faites
Comme ladistance de l'objet à latable
d'attente,
Est à la distance du vere à la table .
d'attente:
Ainfi la distance de l'objet au verre,
Està lalongueur requife du Foyer
folaire du verre.
Q. d'Octobre 1684.
P
170 Extraordinaire
COROLLAIRE GENERAL.
L'objet & le verre eſtant placez fixement , en forte que la li
gne droite du milieu de l'objet
au centre de l'interfection des
filets , & à plomb fur l'objet &
fur le plan des filets , paffe par
le centre des deux furfaces du
verre , & perpendiculairement
fur icelles , il refte à faire voir
mefmeen plein jour cette image
aerienne de l'objet , parun verre
oculaire bien large ; tellement
que cette image vous fervant
d'objet immédiat , comme nous
avons dit ailleurs , un petit objet
vous paroiftra fort grand, & dans
fa fituation naturelle , fi vous
avez renversé l'objet , qui peut
eftre une petite Image en mignature ou une Médaille , &c.
Le petit objet doit eftre mis
en un lieu bien éclairé & placé
parmy quelques pierres, Livres,
ou autres chofes femblables , en
forte qu'on ne le puiffe décou
vrir, que lors qu'on appliquera
l'œil à la Pinnule , ou petit trou
d'environ trois lignes de diamétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , ajustée au bout d'un petit
tuyau d'environ un pied de longueur, & qui porte le verre oculaire. Voyez le tout dans la Figure XI.
Il ne faut pas que le diamétre de ce trou ou pinnule excéde la plus grande ouverture
que la prunelle pour acquerir
dans l'ombre , l'oeil eftant couvert de la boëte de recouvre
•
Pij
172 Extraordinaire
ment , garnie en dehors d'un
veloux noir , contre lequel on
appuye doucement le fourcil de
l'œil. Ce veloux noir fert encore
pour abforber les rayons , qui
tombant fur la cornée , fe reflé.
chiffent contre la Lunete , puis
que tous les yeux , excepté ceux
d'un Moribond, qui fe terniffent,
refléchiffent dans l'œil du regardant , fon image , de mefme
qu'un Miroir ; & c'est comme
dans la prunelle que paroift
peinte en mignature cette petite
image ou Poupée, de laquelle la
prunelle a tiré fon nom dans les
trois principales Langues ; car
les Hébreux l'appellent Bath, petite Fille ; les Grecs l'appellent
Corin , Fillete ; & les Latins difent Pupula, ou Pupilla, Poupée.
duMercure Galant. 173
Ce verre oculaire de deux ou
trois pouces au plus de longueur
de foyer folaire , ne doit eſtre
éloigné des filets , ou image aërienne de l'objet , que de deux
ou trois pouces , c'eft à dire de
la longueur de fon foyer folaire;
mais il en doit eftre un peu moins
éloigné pour les Miopes , qui font
ceux qui ont la veue baffe ou
courte car par ce moyen les
rayons fortent fenfiblement divergens ; & tels tombant fur
l'humeur cristallin , dont la furface antérieure eſt trop ronde,
leur concours ne fe faifant pas
fitoft que files rayons tomboient
paralleles , leur réunion eft portée plus loin jufques fur la Retine , qui eft l'organe formel de
la vifion. C'eft pourquoy j'ay
Piij
174 Extraordinaire
toujours fait monter à viz cette
bočte de recouvrement du tuyau
qui porte l'oculaire , afin de l'approcher plus ou moins du verre
oculaire. Voyez en la Figure X.
Quant à la pinnule , ou trou
d'environ tro's lignes de diзmétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , il doit eftre un peu moins
éloigné du verre oculaire , que
de la longueur de fon foyer folaire. C'eft pourquoy j'ay toû
jours fait monter à viz ce fonds
à pinnule , afin qu'on le puftapprocher ou éloigner , ce qui fert
à éviter les couleurs , & ce que
nous dirons encore plus parti
culiérement. Voyez en la Figure IX.
Vous fçavez qu'avec le verre
duMercure Galant. 175
concave contre lequel on doit
appliquer l'œil , on voit l'objet
mefme, puis qu'il eft mis de la
longueur de fon Foyer virtuelfolaire , avant le foyer objectif,
c'eſt à dire , avant que l'image
aërienne de l'objet foit formée , &c .
Il fufit donc d'enfermer le verre
objectif bien perpendiculairement dans le milieu d'un tuyau
d'environ un pied de longueur,
d'autant qu'il n'eſt pas néceffaire d'avoir un long tuyau de
Lunete , qui contienne le verre
objectif & le verre oculaire ; dequoy j'avois inftruit les Curieux
dans les pages 127. & 128. du
XXI. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quartier de Janvier
1682.
P iiij
176 Extraordinaire
AVIS.
J'aurois donné icy le moyen
de fe paffer des tuyaux pour les
grandes Lunetes , dequoy j'ay
depuis 20. ans parlé au Titre,
Maniere de braquerpromptement une
Lunete à deux verres convexesfans
aucun Tube , pour contempler les
Aftres , qui eft à la fin de mon
Traité des grandes Lunetes , imprimé à Lyon en l'année 1665.
avec mon Livre de la Nouvelle
Science de la Nature , & Préfage
des Cometes , fi l'illuftre , tresfçavant , expérimenté & vray
Philofophe Phyfico- Mathematicien, Monfieur Hugens de l'Académie Royale des Sciences, ne
m'euft prévenu par fon docte
Livre in 4° imprimé cette année
1684. à la Haye chez Arnoux
du Mercure Galant. 177
Leers , &intitulé Astroſcopia Compendiaria, Tubi Optici molimine liberata.
PROBLEME XI.
Le Verre dontla longueur du Foyer
= folaire est connüc , estant donné de
pofition , placer l'objet & la table
d'attente , pour y recevoir l'image
de l'objet aërienne &diftincte, mais
renversée.
Mettez l'objet du moins un
peu plus éloigné du verre que la
longueur de fon foyer folaire,
vous troverez enſuite par le 1. Probléme la diftance requife du verre
àla table d'attente. Nous avons
remarqué dans la 129. page du
XXI. Tome Extraordinaire Mercure Galant , Quartier de Janvier
1683. contre l' Autheur de la Dioptrique oculaire, & des deux Volu.
178 Extraordinaire
mes de fes vifions parfaitement
adioptriques & ageométres , que
l'objet eftant placé à 20 pieds
& 4 pouces audelà de fon verre
objectif plan- convexe de la longueur de 20 pieds de diamètre,
ou longueur de foyer folaire, l'image aërienne de cet objet fe
formera à la diftance de 1220
pieds audeçà du verre , au lieu
des Soixante dix ou 80 pieds , à
quoy cet Autheur l'avoit déterminé. Son erreur n'eft que de
1140 pieds.
Ou bien , mettez la table d'attente du moinsquelque peu plus
éloignée du verre , que n'eft la
longueur de fon foyer folaire ;
car les rayons de la radiation
émanée de chaque point d'un
objet terreftre , tombant fur le
du Mercure Galant. 179
verre plus diverges que les rayons
émanez de chaque point du So.
leil , leur concours eft retardé,
& par conféquent l'image aërienne de l'objet terreſtre eſt
formée plus loin du verre , que
l'image du Soleil , que nous ap.
pellons foyer folaire. La table
d'attente eltant pofée, vous trouverez enfuite par le 2 Probléme
la diftance requife du verre à
Fobjet.
EXEMPLE.
Le verre ayant 20 pieds de longueur de Foyerfolaire , fi vous pla
cez la table d'attente , à 20 pieds &
quatre pouces audeçà du verre, l'objetfera placé à 1220 pieds audelà du
verre.
PROBLEME XII.
Par la longucurdela Lunete com-
180 Extraordinaire
pofée de deux verres convexes , &
dont la longueur du Foyer folaire de
l'objectif est connüe , connoistre la
distance de l'objet , qu'on voit diftinctement par la Lunete .
Vous fçavez par raiſon & par
expérience , que pour bien &
diftinctement voir les objets par
la Lunete , il en faut tirer davantage les tuyaux, & l'allonger
à proportion que les objets font
moins éloignez, & cela toûjours
de plus en plus jufques à tant
quela diftance de l'objet au verre
objectif, foit précisément égale
à la longueur de fon foyer folaire ; car pour lors les rayons
enfortiront paralleles, & ne pouvant par conféquent concourir,
ne formeront plus d'image. Dans
ce Probléme l'on connoift par
du Mercure Galant. 181
la longueur de la Lunete , la diſtance du verre objectif aux filets ou image aërienne de l'objer. On connoift auffi la longueur du foyer folaire du verre
objectif. C'est donc le fecond
Probléme. Employez donc la
fuivante
Analogie.
-Commel'excés dela distance du verre
objectifauxfilets, ou image aërienne
de l'objet, pardeffus la longueur du
Foyer folaire du mesme verre,
Està la mefme longueur du Foyer:
Ainfila diftance de l'image au verre,
Est à la diftance du verre à l'objet,
Souvenez- vous de ce quej'ay
dit au commencement.
cette image aërienne de l'objet
a quelque forte ou eſpèce d'épaiffeur , ou profondeur, & qu'il
Que
182 Extraordinaire
eft impoffible de juger avec certitude , dans quelle diſtance elle
eft plus diftincte , car le verre objectifnepeut faire cocourir en un
mêmepoint mathematique de la
baſe de diftinction, tousles rayons
qu'il a reçûs de la radiation émanée d'un mefme point de l'objet, d'autant que ceux qui tombant plus éloignez de l'axe du
verre ,
feréüniffent plûtoſt ; outre que tout l'œil fe conforme en
s'allongeant ou fe racourciffant,
& l'humeur criftallin fe convexe
plus ou moins , fuivant qu'il en
eftbefoin, pour porter fur la Retine la baze de diftinction, foyer
objectif, on image diftincte de
l'objet. C'est pourquoy lors qu'il
s'agit de conclure & déterminer par la diférente longueur de
du Mercure Galant. 183
La Lunete, la diférence qu'il y a
entre deux objets inégalement
éloignez , mais tous deux treséloignez de nous , les calculs tirez de la longueur de la Lunete
fe trouvent inutiles , parce que
les rayons émanez d'un mefme
point d'un objet tres- éloigné
tombentfurle verre objectifavec
une diférence phyfiquement in,
fible, &la diférence de la diftance
du mefmeverre objectifà l'image
d'un autre objet encore nota
blement plus éloigné , fera auffi
phyfiquement infenfible , puis
que la diférence de la divergence
des rayons des deux objets eft
phyfiquement infenfible, d'autāt
que les deux rayons de la radiation émanée du point central du
Soleil , qui embraffent la terre,
184 Extraordinaire
quand ils toucheroient mefme
les deux points extrémes de fon
diamétre , ne comprennent au
plus qu'un angle d'une minute,
dont la moitié eft ce que nous
appellons l'angle de la Parallaxe
Horizontale du Soleil.
Et comme à mesure que l'ob.
jets'approche du foyer antérieur
du verre , l'image aërienne de
l'objet formée par la refraction,
s'en éloigne , de meſme auffi au
miroir fphériquement concave,
Fig. XII, dont la portion M.i.M
ne doit eftre découverte que de
18 degrez , les rayons R.M. RM
de la radiation émanée d'un mê
me point de l'objet , n'eftant
éloignez fur le miroir que de9
degrez du rayon AI qui eft l'axe
de la portion découverte M.i.M
du Mercure Galant. 185
font prefque mathematiquement
paralleles , à caufe que la baze
qui foûtient l'angle , formé au
Soleil , n'eft que la corde des 18
degrez du miroir ; & d'autant
que l'angle de réflexion C M0,
eft égal à l'angle d'incidence
RMC, le point o auquel ils fe
reüniffent fur l'axe A I , eft plus
prés du point I fonds du miroir,
que de fon centre C, de prefque
une partie des 160 de tout le
diamétre C. Ce que j'ay déja
remarqué dans une Differtation
fur les Miroirs ardens. Voyez les
pages 288. & 291. du Mercure Galant du mois de Juin 1681. Ainſi
le foyer folaire ou image du So
leil , fe forme prefque éloignée
du fonds du miroir de la qua
triéme partie de fon axe AI ;
Q. d'Octobre 1684. Q
186 Extraordinaire
C'eſt pourquoy à mesure que
les autres objets s'approchent
davantage du foyer folaire du
miroir , leurs images s'en éloignent , & viennent à la rencontre de l'objet. Ainfi un objet
mis au bout d'un baſton, paroiſt
fortir tout au dehors du miroir,
pour venir rencontrer fon objet,
fi vray qu'il vous femble que
vous maniez voftre main. Cette
image formée par réflexion a
cet avantage , qu'elle fe voit
mefme au plus grand jour ; &
l'image formée par la réfraction
des verres , laquelle ne peut jamais fe rencontrer avec fon ob
jet , ne peut paroiftre que dans
la chambre noire , ou dans l'ob
fcurité du tuyau de la Lunete..
Neanmoins bien des Gens,
du Mercure Galant. 187
commeauffi le R.P.Antonius Maria de Rheita , ce fçavant & religieux Capucin', qui apres Daniel
Chorez publia en l'année 1647.
dans un gros Volume in folio,
intitulé Oculus Enoch & Elia, tout
ce qui conce¡ne la conſtruction
des grands Binocles , qu'il travailloit luy mefme dans la derniere perfection , & que toute
PEurope a admiré, comme nous
l'avons prouvédepuisla 120. page
du XXVI. Tome Extraordinaire
Mercure Galant , Quartier d'A
vril 1684-
Le R. P. Balthazar Conrard,Jéfuîte , écrivit de Glacio 7. Ianvar.
1660. les termes fuivans au R. P.
Gafpard Schot , auffi Jéfuîte , qui
en l'année 1664. les a donnez au
Public dans la 857- page de Tech
nica Curiofa,,
188 Extraordinaire
De diftantiis objectorum per Tubum metiendis, pridem cogitavi egos
nifi fallor, etiam Pater Scheinerus. Sine dubio Rheita Capucinus id
voluit tentare per Tubum duplicatum. Voco eum per quem uterque
oculus hominis fimul&femel trans
picere poteft. Verùm ipfa videt Reverentia Veftra , in diftantiis maguis , ne magna quidem intervalla
fentiri. Unde quid judicandum fit
detali invento inferet. Nihil tamen
adhuc determino , qui nondum cò
Speculationum perveni.
Si le Pere Conrard euſtajoûté
àl'expérience , le calcul & la démonſtration , comme j'ay fait, il
auroit prononcé , que tout ce
qu'on ne peut conclure de la diférente longueur d'une mefme
Lunete, pour voir bien diftincte-
"
du Mercure Galant. 189
ment deux objets diféremment
éloignez,que la diſtance de celuy
des deux objets fera plus grande,
pour lequel on tire moins la Lu.
nete; & la diſtance de l'objet fera
moindre , pour lequel auffi voir
bien diftin&tement , il faut allonger davantage la Lunete.
>
Cela eft fi vray , qu'à cauſe
que la longueur des plus gran
des Lunetes eft toûjours comme infiniment petite à proportion de la diftance du Soleil
& la diſtance du verre au foyer
folaire , ou image diftincte du
Soleil Périgée , n'eſt pas fenfiblement plus longue que celle du
Soleil Apogée. Ainfi bien que la
diſtance du Soleil en Eté dans
fon Apogée , foit tres- notablement plus grande, que lors qu'en
190 Extraordinaire
Hyver il est dans fon Perigées
neanmoins la diférence de la
diſtance du verre à fon Foyer ou
image eft diftincte imperceptible
par la longueur de la Lunete.
LUNETE A DEUX VERRES.
Et de la grandeur de la Baze qu'on
découvre.
L
A Lunete à deux Verres
convexes, quoy qu'elle faffe
voir les objets renverfez , eft
fans doute la plus commode pour
l'obfervation des Aftres. Elle dé
couvre une grande baze du cone
vifuel , le diamètre de laquelle
eft compris fous un angle qu'on
détermine en divifant les degrez
que contient l'arc de la convexité découverte du verre ocu.
laire , par l'Expofant de la raiſon
de la longueur du foyer folaire
du Mercure Galant. 191
du verre oculaire à la longueur
du foyer folaire du verre objectif, car le quotient eft le nombre des degrez de l'angle , qui
comprend le diamètre de toute
la baze qu'on découvre.
Ainfi le verre objectif eftant
par exemple au verre oculaire ,
comme 84 à 3, l'expofant de la
raiſon eft 28 ; & la partie décou
verte du verre oculaire eftant par
exemple fegment de 35 degrez,
divilez 35. par 28 , le quotient
fera 1 degré & 15 minutes ; fous
lequel angle eft compris le diamétre du terrain , efpace des ob
jets vûs par cette Lunete.
Lunete à trois Verres.
2
La Lunete à trois verres convexes redreſſe les objets , mais
elle devient notablement plus
192 Extraordinaire
longue , & les objets paroiffent
moins clairs. Le R. P. de Rheïta
dans la page 351. d'Oculus Enoch
&Elia, dit , objecta autem duobus
convexis everfa , tribus pulcherrimè
&liffimo obtutu eriguntur. Scilicet duobus ocularibus & uno ebjectivo , ritatamen proportione inter
fe & àfe invicem difpofitis. Tali
tubo pro terreftribus nos utimur , qui
&uno obtutu centies quafiplus fpatii
repræfentat, quàmconcavo- convexu.
Le P. Rheita a fait un miftere de la proportion des deux
oculaires , & de leur diftance.
1º Lepremier oculaire apres l'objectif doit eftre d'un plus grand
foyer que le dernier oculaire.
Quant à leur diſtance , puis que
l'image aërienne fert d'objet immédiat , mettez le premier ocu
laire
du Mercure Galant. 193
·
laire au deçà , éloigné de cette
image de deux fois la longueur de
fon foyer, il fe formera uneimage
redreffée & égale au derriere de
l'oculaire , éloignée auffi de deux
longueurs de fon foyer , par nô.
tre Probleme VII. Cette image
doit fervir d'objet , que vous regarderez avec le ſecond oculaire.
Lunete à quatre Verves.
La Lunete à quatre verres
convexes , un objectif & trois
oculaires , eft la plus parfaite,
puis qu'elle fait découvrir une
grande baze du cone vifuel , &
voir les objets dans leur fituation
naturelle , & en augmente fuffifammentl'apparence naturelle.
Nous avons dit que les trois
oculaires peuvent eſtre d'une
mefme puiffance ou longueur de
Q. d'Octobre 1684. R
194 Extraordinaire
toyer folaire , ou bien le premier
oculaire apres le verre objectif
eftant à l'objectif comme i à 36
ou à 40 , ces deux verres eftant
poſez à la diſtance de leurs deux
foyers , & ayant placé les filets
de mire à leur foyer commun,
forment la premiere Lunete, qui
fait paroiftre les objets à la renverſe. Le fecond oculaire doit
avoir une plus grande longueur
de foyer , & letroifiéme oculaire
doit estre de mefme que le premier oculaire , & mefme d'un
peu moindre longueur de foyer.
Ainfi le verre objectif eſtant au
premier oculaire comme 36 à 1,
ilfera au troifiéme oculaire comme 40 à 1.
Lunete à cinq Verres.
La Lunete àcinq verres ne dé
du Mercure Galant. 195
couvre pas un plus grand champ,
ou plus grande quantité d'ob
jets , elle augmente feulement
l'apparence des objets , en la rendant un peu plus obfcure , à quoy
on remédiera en partie ; fi la fuperficie des verres oculaires également convexes font bien grandes. Voicy leur arrangement &
leur proportion.
Le troifiéme oculaire eft d'un
plus long foyer , & on ne l'éloi
gne pas du fecond oculaire de
la longueur de leurs deux foyers
folaires. Ainfi les rayons en fortiront divergens , & tomberont
divergens fur le quatrièmeverre
oculaire , au derriere duquel les
axes des cones renverfez de la
radiation de chaque point de
l'objet , fe croiſent davantage
Rij
196 Extraordinaire
avant que d'entrer dans l'œil ;
c'est pourquoy apres avoir traverfé l'humeur criftallin , ils peignentfur laRetine une plus grande image de l'objet.
Il y a d'autres manieres de conftruire cette Lunete à cinq verres convexes , qui eft une Lunete
composée de deux Lunetes, chacune defquelles fait voir les objers renverfez. La premiere Lunete eft compofée à l'ordinaire
du grand objectif & de fonoculaire. La feconde eft composée
de trois verres ; le premier eft
femblable à celuy qui luy fert
d'oculaire , & l'un & l'autre
doivent eſtre d'une longueur de
foyer , double du foyer de l'oculaire de la premiere Lunete,
& le foyer du verre qu'on met
du Mercure Galant. 197
juſtement au milieu des deux autres, fera de la moitié plus long.
Joignez ces deux Lunetes , les
approchant peu à peu juſques à
tant que vous découvriez la
plus grande baze du Cone vi
fuel , ou quantité d'objets avec
grande clarté & diftinction. Apres quoy marquez à l'inftant
des repaires fur les tuyaux. Tirez enfuite un peu le tuyau qui
porte le verre objectif, afin d'éloigner davantage les deux premiers. verres ; ce qui fera que
l'image de l'objet ſe trouvant
plus éloignée du premier oculaire , que de la longueur de fon
antérieur foyerfolaire, les rayons
qui auparavant en fortoient paralleles , en fortiront convergens. Il faut auffi éloigner un
Rij
198 Extraordinaire
peu davantage les deux derniers.
verres.
Le R. P. Zucchi , Jéfuîte , qui
s'eft toûjours expliqué affez ob.
fcurement , apres avoir dit au
num. 3 de la 370 page de la feconde partie de fon Philofophia
Optica, imprimée à Lyon en l'année 1656. Collocatio autem convexorum intermediorum ad excipiendos omnes radios , & tranfmitiendos
apta erit , fifequensftatuatur ad Focum præcedentis. Vltimum enim
convexum ad impreffionem diftinEtam obtinendam , longius ultra Focum constituendum. Apres quoy
dans le Numero 1 v. il ajoúte,.
Quod quatuorconvexapræftant, habetur exactiu per quinque , fi difponantur ut fecundum collocetur tantifper ultra Focum primi , tertium
BLIOTHEE
du Mercure Galake
citra Focumfecundi, per quartame
eiterpartem diftantia Foci ab ipfofecundo. Quartumfimiliter adtertium.
Quinque convexafolă æquivalebunt
quatuor convexis , in excipienda
multitudine radiorum ; fed quia tertium , ante determinationem Bafis
-diftinétionis ex vifecundi accedetad
illud , dum hujufmodi Bafim accelerabit, &ad minus fpatium reftringet, deducet radios ad fingula in
Objecto condiftinguenda pertinentes,
totrus imaginis comprehenfivos;quare
neceſſario diſponentur , ut ad con.
vexa fequentia , ipfumque oculam,
cum majori inclinatione fub majori
angulo incidant , ad majorem nota.
biliter imaginem imprimendam in
Retina. Hancdifpofitionem quinque
convexorum invenit D. Euftachius
Divinius , quam meritò aliis præ--
R. iiij .
200 Extraordinaire
tulit , quia notabiliter auget Appa
rentiam Totius , & diftinctionem
partium in toto ; licet nonnihil minuat claritatem , dum pauciores radios colligunt vitrafic difpofita,quàm
fi difponunturjuxta dicta Numero3.
Des Lunetes compofees de dixneufVerres convexes.-
J
'Ay tiré ce que j'en diray de
la 184. page d'un Livre intitulé Nervus Opticus , imprimé à
Vienne en Auftriche en l'année
1675. Le R. P. Zacharias Traber
en eft l'Autheur , le croira qui
voudra , quand il dit,
Artifex Romanus
mine, Tubum fecerat cum octo convexis , ad unum milliare Germanicum res minutiffimas clarè cxhiben.
Fontana no-
du Mercure Galant. (2011
1
zor
tem, qui ab Eminentiſſime Cardinali
Nepote , Coronatis comparatus octingentis , magno Florentie Duci prafentatus fuerat.
Alium idem Dax noftro cuidam
Patri vifendum præbuit ; qui à quodam Eustachio Neapolitano cum No-- VEMDECIM lentibus convexis in
longitudinefiftularum 19 cubitorum
confectus , & quia aliquâ vitrafubtiliffimâ interpofita , Specierum decolorationem impediebant.
L
Il a fans doute compté les ou
vertures des diafragmes pour au
tant de verres.
SECRET
De Jérôme Syrturus , Milanois,
concernant les Lunetes.
N
Unc celebre omni evo futurum adinventum tibi referatum co, ut ftudii &laboris mei ma-
• 202 Extraordinaire
numentum aliquod perpetuò apud te
& alios ftudiofos extet.
Teleſcopium id autem est ex duabus lentibus & cavo specillo ; fecunda lens ponitur in medioTubi.
DES DIAFRAGMES.
Les images ou efpéces des objets ne paroiffent jamais bien fur
la table d'attente , que lors que
la chambre eft rendüe tres-noire,
& que la lumiere ne trouve d'entrée que par le verre qu'on met
au trou de la feneftre , & qui eſt
inferé en dedans de la chambre
dans l'extrémité d'un tuyau d'un
pied de longueur , dont l'autre
extrémité fort en dehors. Il en
eft de mefine de l'image qui fe
forme dans les tuyaux ; c'el
pourquoy pour exclurre & dé.
fendre l'entrée aux rayons des
du Mercure Galant.
203
objets latéraux , la boëte qui
porte le verre objectif , a du
moins un pouce & demy de longueur au-delà du verre. Voyez
en la Figure XIII. Cette boëte
a fon fonds du cofté de l'objet,
qui fe monte auffi à- viz , & ce
fonds a bien moins d'ouverture
que le verre. On peut couvrir
ce diafragme de plufieurs cartons noirs de diférente ouverture , bien qu'on la puiffe dérerminer par l'angle fous lequel on
voit l'objet , que nous avons cydevant demontré.
Les autres diafragmes font intérieurs. Le principal eft mis au
foyer antérieur dupremier verreoculaire, ou foyer poftérieur du
verre objectif, où le forme l'image aërienne diftincte de l'ob
204 Extraordinaire
jet , fur laquelle les filets de mire
doivent toûjours le trouver précifément. Če diafragme détermine la quantité des objets qu'on
veut découvrir , & voir leur apparence trés- augmentée , en re.
gardant par les verres oculaires
leurs images , qui fervent d'ob
jer immédiat , tout de mefme
que fices mefmes images eftant
reçeües dans la chambre noire
fur un papier , vous appliquiez
pardeffus ce carton qui porteau
milieu fon ouverture , car en re:
gardant par derriere le papier,
vous ne verriez que les images
comprifes dans l'ouverture de ce
diafragme. Cette ouverture doit
eftre retreffie juſques à ce que
fon trop d'ouverture ne foit pas
la caufe des couleurs de l'Iris,
duMercure Galant. 205
qui peignent les bords des ob
jets comprisdans la baze du cone
vifuel.
Je dis donc que l'ouverture
circulaire de ce diafragme , &
celle de tous les autres, y compris l'ouverture du verre objectif, font parties d'un cone tron.
qué , dont la pointe eſt du coſté,
du verre oculaire , fi l'ouverture
de ce principal diafragme eft
moindre que celle du verre ob.
jectif, qui en fera la baſe, comme
en la Figure XV. Et au contraire,
fi l'ouverture du verre objectif
cft moindre que celle de ce diafragme, ce diafragmefera la baze
du cone tronqué , dont la pointe
fera hors de la Lunete , comme
en la Figure XV.
206 Extraordinaire
Déterminer l'ouverture des
Diafragmes.
Tirez voftre Lunete comme
en la Fig. XVI. pour voir diſtin .
ctement les objets terreftres les
plus éloignez , pour lors la diftance A B de l'image Bau verre
objectif A, fera plus grande que
la longueur de fon foyer folaire;
outre qu'il faut allonger un peu
davantage la Lunete , & y mettre un verre oculaire de plus
long foyer , pour voir les objets
bien clairs & diftincts , lors que
le temps eft humide , ou que
Euros fouf , comme auffi dans
les Païs où l'air eft plus groffier,
l'apparence de l'objet fera plus
diftincte , mais un peu diminuée.
Déterminez l'ouverture du verre
objectif , comme par exemple
du Mercure Galant. 207
de deux pouces de diamètre , ſi
le verre a dix pieds de longueur
de foyer folaire , qui eft la plus
grande ouverture qu'il puiffe
foufrir avec diftinction pour voir
bien diftinctement les objets les
plus fombres , car il la faut retreffir pour voir bien diſtinctement les objets fortement éclairez , de mefme qu'il faut retreffir
l'ouverture de l'objectif des plus
grandes Lunetes Aftro-fpiques,
pour voir le difque ou rondeur
bien terminée des Etoiles fort lu
mineuſes, Syrius , Arcturus, &Aldebaran, & des Planetes fortement éclairées par le Soleil,
comme Mercure , Vénus, &Mars,
lors qu'ils font Périgées. C'eſt
cela fans doute qui a obligé
Mi Hevelius de dire dans fa Se-
208. Extraordinaire
lenographie en la page 17. H
afus & experientia me docuit, quòd
foramen vitri objectivi , magnorum
Teleſcopiorum indiametro fefquipollicem non excedere debeat. Qua
quantitas etfi alicui valde exigua
aideri poteft , tamen praxis quemibet edocebit hanc proportionem foraminis majori tubo omnium optimè
refpondere.
Enfin le diametre de l'ouverture du verre objectif eftant déterminée, comme auffi fa diftance
au diafragme des filets , faites en
la Figure XVI. fur un plan, tirez
les deux lignes e C e C, comme
auffi les lignes traverfantes eo.
MM. ii. leurs parties compriſes
entre les lignes e C. eC feront les
diamètres des ouvertures des diafragmes des tuyaux. Vous mar-
du Mercure Galant. 209
querez leurs repaires , afin que
tous les diafragmes puiffent toujours eftre mis en mefmediftance
les uns des autres , pour toûjours compofer le cone tronqué.
On peut facilement déterminer par le calcul le diamètre des
diafragmes , car vous connoif
fez la diftance A B du verre objectif A au point B, interfection
des filets mis fur l'ouverture du
diafragme , dans laquelle fedoit
toûjours terminer l'image de
l'objet. Vous connoiffez bc demy-diamétre de l'ouverture dư
diafragme principal , ou baze de
l'image aërienne de l'objet. Vous
connoiffez auffi a E demy.diamétre de l'ouverture du verre
objectif.
Il faut par ces connus trou ~
2. d'Octobre 1684. Sp
240 Extraordinaire
ver premiérement par le calcul.
le point R pointe du coqe tronqué, c'eft à dire la longueur de
fon axe b R. Faites cette
Analogie.
bc-a E. ba :: bc. b R
Voustrouverez enfuite les demy..
diamètres x 0. y M. z I. de l'ou
verture des diafragmes par les
fuivantes
Analogies.
b.bc:: Rx . x 0.
Rb.bc:: Ry.y M.
Rb.bc:: Rz.ZI.
Moyen facile de faire coffer les
Couleurs qui paroiffent
entourer les Objets.
Our guérir un mal , il en
Pofaut connoiftre la caufe
ainfi pour remédier à ce defaut
du Mercure Galant. 211
3
des Lunetes ·
, de faire voir les
objets qui font au bord de la
baze du cone vifuel , teints des
couleurs del'Arc- en- Ciel , il faut
fçavoir qui les caufe , & d'où
elles procédent , n'eftant que le
meflange & confufion qui le fait
fur un melme point de la Re
tine , de plufieurs rayons éma--
nez de diférens points de l'ob
jet. Ce meflange peut venir
1° De la trop grande ouverture du verre objectif..
2° De la trop grande ouverture du diafragme qui porte les
filets de mire , fur lefquels fe :
forme l'image aerienne de l'objet -
3 Du trop de convexité du
verre oculaire .
4° De la trop grande ouver
ture du verre oculaire.
Sip
212 ExtraordinaireAyant remédié à ces quatre
defauts, fi l'oculaire eft trop prés
de l'image , les rayons trop ferrez & confus , feront paroiftre
les extrémitez de leurs objets
jbordez de couleurs rouges &
aunes ; . c'est pourquoy il faut
P'en éloigner davantage , comme
auffi le trou ou pinnule contre
laquelle on applique l'œil ce
que je fais commodément , en
tournant la pinnule par le moyen
de la viz , quia plufieurs filets ou
pas. Que fi vous l'en éloignez
trop , les bords des objets paroîtront bluâtres , Jes rayons eftant
reçûs trop dilatez & confus. De
cette jufte diftance de la pinnule
au dernier verre oculaire , dépend la plus grande baze du
cone vifuel , ou de la quantité
du Mercure Galant. 21329
d'objets , car on en voit beaucoup moins d'étendue de Païs,
fi cette pinnule eft trop éloignée
de fon oculaire , lequel doit être
également convexe des deux cô.
tez , & bien tranchant fur les
bords , & avoir du moins 20 lignes de diamétre en fa furface
pour un objectif de dix pieds de
foyer , & environ 10 lignes pour
les petites Lunetes . Je fais monter à viz toutes les piéces de la
boëte du porte.oculaire , afin
que les Miepes puiffent approcher davantage l'œil du dernierverre oculaire , & cet oculaire
des filets ou image aërienne &.
diftincte de l'objet. Voyez le
tout dans la Figure
214 Extraordinaire
Dans le dernier Mercure Extraordi
naire , Torse XXVII.
Page 149. ligne 15. lifez copiofioris..
Page 166. ligne 5. lifez 1460.
Page 173 ligne 4 lifez alfez précifément. Ligne 9. ajoûtez ou
le produit du diamétre par la
circonférence. Et en la ligne
16. apres le mot Axe ajoutez car
le cone, la fphere &le cilindre
font comme 1.2.3..
Page 187. ligne 8. lifez Henry II .
Page 200. ligne 12. lifez deux fois
1635794 , quifōt 3271588 toiles.
Page 203 ligne 18. apres ST.
lifez & doublezle produit.
Page 208. ligne 17. lifez deffus.
COMIERS.
On donnera la fuite de ce Traité
des Lunetes , dans lesfuivans Mer--
Cures Extraordinaires.
Fermer
Résumé : HUITIÈME PARTIE DU TRAITÉ DES LUNETTES, DEDIÉ A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, Par Mr COMIERS d'Ambrun, Prevost de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris.
Le texte traite de la construction et de l'optimisation des lunettes portatives, en insistant sur la rectitude et la précision des éléments optiques. Les tuyaux des lunettes doivent être cylindriques pour assurer une vision distincte des objets éloignés. Les petits tuyaux doivent être équipés de viroles pour maintenir un diamètre égal et un axe parallèle au plan d'appui. Les extrémités des tuyaux sont renforcées par des viroles de bois pour préserver leur rondeur et leur rectitude. L'alignement des axes de tous les tuyaux et des verres est crucial, sauf pour les lunettes catop-dioptriques et la lunette polémoscope utilisée en temps de guerre. Les Anglais et les Français diffèrent dans la disposition des verres : les Anglais placent le verre objectif dans le tuyau le plus étroit, tandis que les Français le placent dans le plus large. Le texte détaille deux méthodes pour ajuster les verres dans les tuyaux et explique les avantages de chaque méthode. Il aborde également la détermination de la distance des objets observés à travers une lunette et propose des problèmes mathématiques pour calculer la distance entre l'objet, le verre objectif et l'image aérienne. Le texte critique l'usage de l'algèbre pour résoudre ces problèmes, préférant des méthodes plus accessibles. Le texte présente plusieurs problèmes et leurs solutions pour déterminer des distances et des tailles d'images en fonction de la grandeur de l'objet, de son éloignement, et de la longueur focale de la lentille. Il inclut des exemples numériques et des analogies pour illustrer les solutions des problèmes. Le texte décrit également la structure et le fonctionnement d'une lunette astronomique. L'œil observe à travers un petit trou, appelé pinnule, situé dans une boîte de recouvrement ajustée à un tuyau portant le verre oculaire. La boîte est garnie de velours noir pour absorber les rayons réfléchis. Le verre oculaire doit être positionné à une distance équivalente de l'image aérienne de l'objet. Pour les myopes, ce verre doit être légèrement moins éloigné des filets. La pinnule doit être ajustable pour éviter les couleurs. La lunette à deux verres convexes est décrite comme la plus commode pour l'observation des astres, permettant de découvrir une grande base du cône visuel. La lunette à trois verres convexes redresse les objets mais est plus longue et moins claire. La lunette à quatre verres convexes est considérée comme la plus parfaite, offrant une grande base du cône visuel et une vision naturelle des objets. La lunette à cinq verres convexes améliore l'apparence des objets, bien que cela puisse rendre l'image plus obscure. Le texte mentionne également des lunettes composées de dix-neuf verres convexes, attribuées à des inventeurs comme Zacharias Traber et Eustachio Divinius. Ces configurations permettent une observation détaillée des objets à grande distance. Enfin, le texte aborde l'utilisation des diaphragmes pour améliorer la qualité des images observées à travers les lunettes. Les diaphragmes déterminent la quantité d'objets visibles et augmentent l'apparence des images en excluant les rayons latéraux indésirables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 75-96
Dissertation academique sur les Miroirs ardens.
Début :
L'Art perfectionne toûjours, & surmonte même souvent la nature. [...]
Mots clefs :
Miroirs ardents, Centre, Archimède, Rayons, Foyer, Feu, Lois de la réflexion, Défense, Miroirs concaves, Oeil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dissertation academique sur les Miroirs ardens.
Dissertation académique sur
les Miroirsardens.
L'Art perfectionne toûjours, & surmonte même
souvent la nature. Le Miroir spherique concave,
que M. V** de Lyon mon-
tre publiquement aux curieuxy & celui que je vous
envoyé, le prouvent par
experience. La surface du
Miroir cte M. V*
*
a
trois
pieds & sept pouces de diametre. Il reçoit par consequent seize mille cinq cent
lignes quarrées des rayons
du Soleil, qu'il reünit, à
trois pieds & demi au- devant de soy dans l'espace
de dix ou douze lignes. Cet
espace de la concentration
des rayons est par analogie
appelle Foyer. C'est la veritable image du Soleil:
elle est si brillante, que les
yeux ne peuvent la fupporrer.
Le feu de la fâme du Soleil est si violent en ce foyer,.
qu'il embrase d'abord toutes les matieres combustibles, & en peu de momens
il fond le fer, l'or, l'argent,
& les autres metaux, &
vitrifiel'argile & la brique.
J'ai démontre en d'autres discours
,
que ce prodigieux effet n'est que la
terebration & violent poussement que les rayons de la
substance liquide, dont l'amas compote le Soleil, font
en passant serrez & condensez dans ce petit espace où
les loix de la reflexion les
reünissent Il en arrive de
même à l'eau
,
qui s'élance
avec violence d'autant plus
haut dans l'air, que sa
source est plus élevée & abondante, & que le diametre
du trou du jet fait sans ajustage, est plus petit.
Archimede, dont le seul
nom fait le panegyrique)
est l'inventeur des Miroirs,
ardens.
Cardan assure, sur le
rapport d'Anroine Gogava, qu'Archimede a
bien
démontré tout ce qui concerne cette forte de Miroirs. C'en: le même Gogava que le docte Rivaltus
dansla vie d'Archirmede dit
avoirété l'interprete de
son livre des Miroirs brûlans.
-
Personne n'ignore que
lors qu'Appius & Marcus
Marcellus assiegerent Syracuse, ville capitale de Sicile, ce grand Archimedc
foûrnit lui seul l'effort de la
-
plus puissante armée des
Romains. C'est Tire-Live
qui l'assure dans le quatriéme livre de la troisiéme Decade.Voici les termes, rendus en nôtre langue par M.
du Ryer. Et il ne fautpoint,
douter que,cette entreprise
ncût eu dusuccésy sans lesecours d'unseul homme pli étoit alors dans Syracuse.C'était le fameux Archimede,
personnage sçavant dans la.
connossance des cieux & des
djîres
: mais admirable surtout par l'invention des ma-,
chines de guerre f
avec lejl
quelles il détruisoitfacilement.
tout ce que les ennemis nepouvaient faire qu'avec beaucoup>
de peines & de grands tra
Vaux.Ce'venerable vieillard
combatant matllematique.
ment,auroitlui seul forcéles
Romains - à lever honteusement le siege si le traître
Mericus, Preret d'Acradine, n'eût pas livré une porte à Marcellus
,
qui avoic
ordonné à son armée de
sauver Archimede, comme
le fruit de la plus g
lorieuse
conquête des Romains.
Bien des gens veulent
qu'Archimede ait employé
les Miroirs, ardens pour la
défensedeSyracuse; ce qui
merite cette petite dissertation.
Diodore Sicilien dit qu'-
Archimede brûla les navires à la distance de troisstades, qui valent sept cent
trente-cinqpas :mais cet
auteur ne
fait
aucune mention du Miroir, bien que
dansle chapitre du premier
livre des Antiquitez il air
remarquéque lesEgyptiens
se servoient de la viz d'Archimede pour élever les.
eaux.
Polibe, qui dans son-huitiéme livre fait le détail des
artifices par lesquels Archimede ion contemporain
défendoit Syracuse, ne parle point des Miroirs.
Les Historiens plus jeunes que Diodore Sicilien,
n'en parlent non plus que lui, bien que Tite-Live
dans sa troisiéme Decade,
& Plutarque dans la vie de
Marcellus,ayent écritavec
foin l'histoire de ce qui se
passa au siege de Syracuse.
Galien dans les premiers pages de son troisiéme
livre, des Temperamens,
parle en cestermes :
On
ditquArchimede embrasa les
navires des ennemis par le
moyen de ses Miroirs brulans.
Dion Historien celebre,
& Tzezez Historien Grec*,
en disent autant. -
Zonaras,au troisiéme tome de ses Histoires dans
Anastase Dicoro
, parle
comme Galien. On dit que
Proclus, à l'imitation d'Llrchimede, fabriquadans Bysance, à present Conftantinople, des Miroirs brû-
tans, lesquels étant exposez
aux rayons du Soleil, lance--
rent des flâmes qui consumerent l'armée navale de Vita-" 1
lian.
Cardan ayant supposéce
que Galien n'avance que
par on dit, enseigna en l'anfit née 1559. dans le quatriéme
livre de la Subtilité,samaniere de construire des Miroirs concaves pour brûler
à mille pas loin. Ce fut avec
juste raison que le Docte
Napolitain Jean
-
Baptiste
Porta,auch.15.du dix-septiéme livre de saMagie na-
turelle, s'écria: Bon Dieu!
combien Cardan dit desotises
fit peu de mots! Il ajoute,
quil est impossible de faire des
Miroirs concaves qui brûlent
à trente pas loin.
Parlons maintenant des
effetsdesMiroirs concaves. Le premier est d'éclairer & de découvrir pendant les nuits les plus sombres les lieux & les objets
très- éloignez, en mettant
la flâme d'un flambeau au
foyer d'un Miroir; car puisque les rayons de chaque
point du disque du Soleil,
qui tombent physiquement
paralleles sur la surface du
Miroir concave, font roflechis convergens, 6c se
ramassenten un foyer; aussi
les rayons de la flâme du
flambeau mise dans le verger tombant divergens sur
la surface du Miroir, en
feront reflechis paralleles
en une colonne de lumiere
éclatante, donc une base est
en la superficie du Miroir,
& l'autre sur les objets éclairez. On les pourra ensuite reconnoître très-distinctement par une lunette
à quatre vers, donc nous
avons donné la construction en l'année 1665. &en
avoir la veritable vision
parfaite ou vue difiinéte)
avec un binocle de la bonne & facile construction
que Daniel Chorez inventa
& executa heureusement,
& qu'il presenta au Royen
l'annee 1625.
Lesecond effetest de
porter, pendant la nuit la
plus noire, telles figures ou
écritures qu'on voudra sur
une muraille éloignée de
plus de trois cent pas, aprés
les
les avoir écrites en ordre
renversé sur la surface du
Miroir, & allumant un
flambeau au point du foyer.
Le troisiéme effet est plus
surprenant
; car si avec de
l'encre ordinaire, qu'on appelle encre double & bien
gommée, vous tracez quelque image sur la surface du
Miroir, vous en jetterez
la representation à plus de
trois cent pas, loin, & lafaifant entrer dans une chambre obscure, la figureparoîtrad'une grandeur gigantesquesur la muraille,
& comme revêtuë de gloire, étant paréedemille,
couleurs que produit la differente refraction & modification de la lumiere.
Le quatriémeeffet est
plus ordinaire, quoique
trés-surprenant. Un objet
mis entre la surface & le
centre du Miroir
,
paroît
hors du Miroir comme un
fantôme suspendu en l'air,
à
ceux qui en sontéloignez
de quinze ou vingt pieds.
Ainsi une courte épée sanble sortir plusgrandedu
Miroir pour venir percer
* ..)[-::-:. t
le regardant, qui peut être
entelle distance qu'il croira que la pointe lui donne
dans l'œil. Si le Miroir de
M. V** étoitattaché au
plancher d'une salle, en
forte que sa surface regardât à plomb le pavé, &
qu'un homme fût directement au-dessous du Miroir, on le verroit en l'air
& comme pendu par les.
pieds. Que si on met quelque petite statuë renversée
au-devant du Miroir, l'image en paroîtra redressee
en l'air.
Enfin je ramasse en un
article tous les autres ef.:
fets furprenans des Miroirs
concaves. z>
L'objet mis entre la surface du Miroir concave Se
son centre, & l'œil étant
situé au-deçà du centre ;
il
en verra toujours l'image
droite plus petite & plus
enfoncée dans le Miroir,
que l'objet n'en est éloigné
par devant, & cela plus ou
moins, suivant lesdifférentes positionsou places de
l'oeit; ce quin'arrive pasaux
Miroirs plans, qui.repre-
sentent toujours les objets
aussi grands & autant enfoncez dans le Miroir,
qu'ils, font éloignez de si
surface.
Si vous mettez la tête,
entre le centre duMiroir.
& sa surface., vous verrez
vôtrevisage plus grand, &.
dans la situation ordinaire.
Eloignez-vous, peu à peu
du devant de la surface
du Miroir concave,limage de votre face s'agrandit jnfcjuà devenir d'unetaille gigantesque
,
& cela
est trés
-
commode pour
reconnoître & remedier
aux défauts du visage;
comme canes, rougeurs poils,&c.En vous éloignant peu a peu, l'image
de vôtre visage paroîtra
toujours droite, & s'agrandira en s'avançant sur
la surface du Miroir
,
jusques à ce que l'œil étant
arrive au centre du Miroir, il ne voit que son image
,
qui est aussi grande
que tout le Miroir. Enfin
vôtreœil s'étant un peuplus éloigné du Miroir, il
verra vôtre visage encore
fort grand, mais renversé & hors du Miroir; & à
mesure que vous vous err
éloignerez davantage, la
grandeur de l'image diminuëra jusqu'à devenir
égale à vôtre visage, &
enfin elle paroîtra d'autant plus petite, que vous
vous éloignerez davantage
du Miroir.
Le Miroir étant couché
horizontalement, sa concavité en haut, un objet
ou statuë suspenduë à plomb
sur sa concavité, entre sa
surface & son centre, vous
paroîtra droite ou renversée, suivant que vous serez plus ou moins éloigné
du Miroir.
les Miroirsardens.
L'Art perfectionne toûjours, & surmonte même
souvent la nature. Le Miroir spherique concave,
que M. V** de Lyon mon-
tre publiquement aux curieuxy & celui que je vous
envoyé, le prouvent par
experience. La surface du
Miroir cte M. V*
*
a
trois
pieds & sept pouces de diametre. Il reçoit par consequent seize mille cinq cent
lignes quarrées des rayons
du Soleil, qu'il reünit, à
trois pieds & demi au- devant de soy dans l'espace
de dix ou douze lignes. Cet
espace de la concentration
des rayons est par analogie
appelle Foyer. C'est la veritable image du Soleil:
elle est si brillante, que les
yeux ne peuvent la fupporrer.
Le feu de la fâme du Soleil est si violent en ce foyer,.
qu'il embrase d'abord toutes les matieres combustibles, & en peu de momens
il fond le fer, l'or, l'argent,
& les autres metaux, &
vitrifiel'argile & la brique.
J'ai démontre en d'autres discours
,
que ce prodigieux effet n'est que la
terebration & violent poussement que les rayons de la
substance liquide, dont l'amas compote le Soleil, font
en passant serrez & condensez dans ce petit espace où
les loix de la reflexion les
reünissent Il en arrive de
même à l'eau
,
qui s'élance
avec violence d'autant plus
haut dans l'air, que sa
source est plus élevée & abondante, & que le diametre
du trou du jet fait sans ajustage, est plus petit.
Archimede, dont le seul
nom fait le panegyrique)
est l'inventeur des Miroirs,
ardens.
Cardan assure, sur le
rapport d'Anroine Gogava, qu'Archimede a
bien
démontré tout ce qui concerne cette forte de Miroirs. C'en: le même Gogava que le docte Rivaltus
dansla vie d'Archirmede dit
avoirété l'interprete de
son livre des Miroirs brûlans.
-
Personne n'ignore que
lors qu'Appius & Marcus
Marcellus assiegerent Syracuse, ville capitale de Sicile, ce grand Archimedc
foûrnit lui seul l'effort de la
-
plus puissante armée des
Romains. C'est Tire-Live
qui l'assure dans le quatriéme livre de la troisiéme Decade.Voici les termes, rendus en nôtre langue par M.
du Ryer. Et il ne fautpoint,
douter que,cette entreprise
ncût eu dusuccésy sans lesecours d'unseul homme pli étoit alors dans Syracuse.C'était le fameux Archimede,
personnage sçavant dans la.
connossance des cieux & des
djîres
: mais admirable surtout par l'invention des ma-,
chines de guerre f
avec lejl
quelles il détruisoitfacilement.
tout ce que les ennemis nepouvaient faire qu'avec beaucoup>
de peines & de grands tra
Vaux.Ce'venerable vieillard
combatant matllematique.
ment,auroitlui seul forcéles
Romains - à lever honteusement le siege si le traître
Mericus, Preret d'Acradine, n'eût pas livré une porte à Marcellus
,
qui avoic
ordonné à son armée de
sauver Archimede, comme
le fruit de la plus g
lorieuse
conquête des Romains.
Bien des gens veulent
qu'Archimede ait employé
les Miroirs, ardens pour la
défensedeSyracuse; ce qui
merite cette petite dissertation.
Diodore Sicilien dit qu'-
Archimede brûla les navires à la distance de troisstades, qui valent sept cent
trente-cinqpas :mais cet
auteur ne
fait
aucune mention du Miroir, bien que
dansle chapitre du premier
livre des Antiquitez il air
remarquéque lesEgyptiens
se servoient de la viz d'Archimede pour élever les.
eaux.
Polibe, qui dans son-huitiéme livre fait le détail des
artifices par lesquels Archimede ion contemporain
défendoit Syracuse, ne parle point des Miroirs.
Les Historiens plus jeunes que Diodore Sicilien,
n'en parlent non plus que lui, bien que Tite-Live
dans sa troisiéme Decade,
& Plutarque dans la vie de
Marcellus,ayent écritavec
foin l'histoire de ce qui se
passa au siege de Syracuse.
Galien dans les premiers pages de son troisiéme
livre, des Temperamens,
parle en cestermes :
On
ditquArchimede embrasa les
navires des ennemis par le
moyen de ses Miroirs brulans.
Dion Historien celebre,
& Tzezez Historien Grec*,
en disent autant. -
Zonaras,au troisiéme tome de ses Histoires dans
Anastase Dicoro
, parle
comme Galien. On dit que
Proclus, à l'imitation d'Llrchimede, fabriquadans Bysance, à present Conftantinople, des Miroirs brû-
tans, lesquels étant exposez
aux rayons du Soleil, lance--
rent des flâmes qui consumerent l'armée navale de Vita-" 1
lian.
Cardan ayant supposéce
que Galien n'avance que
par on dit, enseigna en l'anfit née 1559. dans le quatriéme
livre de la Subtilité,samaniere de construire des Miroirs concaves pour brûler
à mille pas loin. Ce fut avec
juste raison que le Docte
Napolitain Jean
-
Baptiste
Porta,auch.15.du dix-septiéme livre de saMagie na-
turelle, s'écria: Bon Dieu!
combien Cardan dit desotises
fit peu de mots! Il ajoute,
quil est impossible de faire des
Miroirs concaves qui brûlent
à trente pas loin.
Parlons maintenant des
effetsdesMiroirs concaves. Le premier est d'éclairer & de découvrir pendant les nuits les plus sombres les lieux & les objets
très- éloignez, en mettant
la flâme d'un flambeau au
foyer d'un Miroir; car puisque les rayons de chaque
point du disque du Soleil,
qui tombent physiquement
paralleles sur la surface du
Miroir concave, font roflechis convergens, 6c se
ramassenten un foyer; aussi
les rayons de la flâme du
flambeau mise dans le verger tombant divergens sur
la surface du Miroir, en
feront reflechis paralleles
en une colonne de lumiere
éclatante, donc une base est
en la superficie du Miroir,
& l'autre sur les objets éclairez. On les pourra ensuite reconnoître très-distinctement par une lunette
à quatre vers, donc nous
avons donné la construction en l'année 1665. &en
avoir la veritable vision
parfaite ou vue difiinéte)
avec un binocle de la bonne & facile construction
que Daniel Chorez inventa
& executa heureusement,
& qu'il presenta au Royen
l'annee 1625.
Lesecond effetest de
porter, pendant la nuit la
plus noire, telles figures ou
écritures qu'on voudra sur
une muraille éloignée de
plus de trois cent pas, aprés
les
les avoir écrites en ordre
renversé sur la surface du
Miroir, & allumant un
flambeau au point du foyer.
Le troisiéme effet est plus
surprenant
; car si avec de
l'encre ordinaire, qu'on appelle encre double & bien
gommée, vous tracez quelque image sur la surface du
Miroir, vous en jetterez
la representation à plus de
trois cent pas, loin, & lafaifant entrer dans une chambre obscure, la figureparoîtrad'une grandeur gigantesquesur la muraille,
& comme revêtuë de gloire, étant paréedemille,
couleurs que produit la differente refraction & modification de la lumiere.
Le quatriémeeffet est
plus ordinaire, quoique
trés-surprenant. Un objet
mis entre la surface & le
centre du Miroir
,
paroît
hors du Miroir comme un
fantôme suspendu en l'air,
à
ceux qui en sontéloignez
de quinze ou vingt pieds.
Ainsi une courte épée sanble sortir plusgrandedu
Miroir pour venir percer
* ..)[-::-:. t
le regardant, qui peut être
entelle distance qu'il croira que la pointe lui donne
dans l'œil. Si le Miroir de
M. V** étoitattaché au
plancher d'une salle, en
forte que sa surface regardât à plomb le pavé, &
qu'un homme fût directement au-dessous du Miroir, on le verroit en l'air
& comme pendu par les.
pieds. Que si on met quelque petite statuë renversée
au-devant du Miroir, l'image en paroîtra redressee
en l'air.
Enfin je ramasse en un
article tous les autres ef.:
fets furprenans des Miroirs
concaves. z>
L'objet mis entre la surface du Miroir concave Se
son centre, & l'œil étant
situé au-deçà du centre ;
il
en verra toujours l'image
droite plus petite & plus
enfoncée dans le Miroir,
que l'objet n'en est éloigné
par devant, & cela plus ou
moins, suivant lesdifférentes positionsou places de
l'oeit; ce quin'arrive pasaux
Miroirs plans, qui.repre-
sentent toujours les objets
aussi grands & autant enfoncez dans le Miroir,
qu'ils, font éloignez de si
surface.
Si vous mettez la tête,
entre le centre duMiroir.
& sa surface., vous verrez
vôtrevisage plus grand, &.
dans la situation ordinaire.
Eloignez-vous, peu à peu
du devant de la surface
du Miroir concave,limage de votre face s'agrandit jnfcjuà devenir d'unetaille gigantesque
,
& cela
est trés
-
commode pour
reconnoître & remedier
aux défauts du visage;
comme canes, rougeurs poils,&c.En vous éloignant peu a peu, l'image
de vôtre visage paroîtra
toujours droite, & s'agrandira en s'avançant sur
la surface du Miroir
,
jusques à ce que l'œil étant
arrive au centre du Miroir, il ne voit que son image
,
qui est aussi grande
que tout le Miroir. Enfin
vôtreœil s'étant un peuplus éloigné du Miroir, il
verra vôtre visage encore
fort grand, mais renversé & hors du Miroir; & à
mesure que vous vous err
éloignerez davantage, la
grandeur de l'image diminuëra jusqu'à devenir
égale à vôtre visage, &
enfin elle paroîtra d'autant plus petite, que vous
vous éloignerez davantage
du Miroir.
Le Miroir étant couché
horizontalement, sa concavité en haut, un objet
ou statuë suspenduë à plomb
sur sa concavité, entre sa
surface & son centre, vous
paroîtra droite ou renversée, suivant que vous serez plus ou moins éloigné
du Miroir.
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Résumé : Dissertation academique sur les Miroirs ardens.
La dissertation académique examine les miroirs ardents, des dispositifs capables de concentrer les rayons du soleil pour générer une chaleur intense. Un miroir sphérique concave, mesurant trois pieds et sept pouces de diamètre, concentre les rayons solaires dans un point focal appelé foyer, créant une image lumineuse du soleil. Cette concentration de chaleur permet d'enflammer des matériaux combustibles et de fondre des métaux tels que le fer, l'or et l'argent. Le phénomène est expliqué par la réflexion et la concentration des rayons solaires dans un espace restreint. L'auteur compare ce processus à l'élévation de l'eau par un jet, où la hauteur et la violence du jet dépendent de la source et du diamètre du trou. Archimède est souvent crédité comme l'inventeur des miroirs ardents. Selon Cardan et d'autres sources, Archimède aurait utilisé ces miroirs pour défendre Syracuse contre les Romains lors du siège de la ville. Cependant, des historiens comme Polybius et Tite-Live ne mentionnent pas l'utilisation de miroirs ardents dans leurs récits du siège. La dissertation explore également divers effets des miroirs concaves, tels que l'éclairage de lieux éloignés pendant la nuit, la projection de figures ou d'écritures sur des murs distants, et la création d'images gigantesques ou renversées. Ces effets sont démontrés par des expériences et des observations précises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2580-2581
LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
Début :
Jaloux de la Lueur féconde, [...]
Mots clefs :
Fable, Intendant, La Tour, Nuages, Rayons, Vice, Lieux, Nuages, Soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
LE SOLEIL ET LES NUAGES.
FABLE
AM. DE LA TOUR , Intendant de Bretagne
; par Mlle DE MALCRA IS... de
la Vigne du Croisic...
JA
Aloux de la Lueur féconde ,
Que répand en tous lieux , sur la Terre et dans
l'Onde ,
Le brillant Astre des Saisons ,
Les Nuages un jour , contre lui se liguérent ,
Résolus d'obscurcir à jamais ses rayons.
Au jour prescrit en foule ils arriverents
Des différentes Régions.
Alors dans les Hautes campagnes™
Ces Escadrons épais s'élevant en Montagnes
Formant des Bastions,des Ramparts et des Forts,
S'entasserent, se condenserent ,
Au devant des Rayons de leur mieux se placerent.
Mais qu'en arri va til 2 après tous leurs efforts
1. Vol.
Pour
DECEMBRE. 1733. 2581
Pour trop s'enfler les uns créverent , -
D'autres furent fondus , les autres promptement ,
A bâtons rompus s'échapperent ,.
Portez sur les aîles du vent..
En vain le vice et sa sequele ,
Tâchent d'opprimer la vertu ♬
La vérité combat pour elle ,
Et le vice s'enfuit , ou demeure abbatu .
Intendant des Bretons , dont le rare mérite
D'un Employ souverain , soutient la dignité ,
Qui sçais conformer ta conduite ,
Aux Regles de la Probité ,
Ton esprit obligeant , humain , docte , équitable
Doit trouver en tous Lieux des coeurs reconnoissan
LA TOUR , je t'addresse ma Fable ;
Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer lé sens .
FABLE
AM. DE LA TOUR , Intendant de Bretagne
; par Mlle DE MALCRA IS... de
la Vigne du Croisic...
JA
Aloux de la Lueur féconde ,
Que répand en tous lieux , sur la Terre et dans
l'Onde ,
Le brillant Astre des Saisons ,
Les Nuages un jour , contre lui se liguérent ,
Résolus d'obscurcir à jamais ses rayons.
Au jour prescrit en foule ils arriverents
Des différentes Régions.
Alors dans les Hautes campagnes™
Ces Escadrons épais s'élevant en Montagnes
Formant des Bastions,des Ramparts et des Forts,
S'entasserent, se condenserent ,
Au devant des Rayons de leur mieux se placerent.
Mais qu'en arri va til 2 après tous leurs efforts
1. Vol.
Pour
DECEMBRE. 1733. 2581
Pour trop s'enfler les uns créverent , -
D'autres furent fondus , les autres promptement ,
A bâtons rompus s'échapperent ,.
Portez sur les aîles du vent..
En vain le vice et sa sequele ,
Tâchent d'opprimer la vertu ♬
La vérité combat pour elle ,
Et le vice s'enfuit , ou demeure abbatu .
Intendant des Bretons , dont le rare mérite
D'un Employ souverain , soutient la dignité ,
Qui sçais conformer ta conduite ,
Aux Regles de la Probité ,
Ton esprit obligeant , humain , docte , équitable
Doit trouver en tous Lieux des coeurs reconnoissan
LA TOUR , je t'addresse ma Fable ;
Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer lé sens .
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Résumé : LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
La fable 'Le Soleil et les Nuages' relate la tentative des nuages de se liguer contre le soleil pour obscurcir ses rayons. Ils se rassemblèrent en masse pour former des obstacles, mais leurs efforts échouèrent. Certains nuages éclatèrent, d'autres fondirent, et les autres furent dispersés par le vent. Cette fable illustre que le vice et ses partisans tentent d'opprimer la vertu, mais la vérité finit toujours par triompher. Le texte loue également l'intendant de Bretagne pour son mérite, sa probité, et son esprit humain et équitable. L'auteur adresse cette fable à l'intendant, suggérant qu'il est particulièrement apte à en comprendre le sens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 659-669
SECONDE Partie de la Comparaison de Descartes et de Newton.
Début :
Les Newtoniens s'efforcent d'abord d'élever leur Philosophie sur les ruines de celle de [...]
Mots clefs :
Descartes, Newton, Mouvement, Matière, Force, Corps, Espace, Comètes, Lieu, Rayons, Tourbillons, Principe, Pesanteur, Action, Attraction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE Partie de la Comparaison de Descartes et de Newton.
SECONDE Partie de la Comparaison
de Descartes et de Newton .
•
Es Newtoniens s'efforcent d'abord d'élever
LeurPhilosophie sur les ruines de celle de
>
Descartes. Ils soutiennent que le vuide est nécessaire
dans la Nature , pour qu'il puisse y
avoir du mouvement. Si la matiere peut être
plus ou moins rarefiée dit Newton , f Prin
cip. Math. p. 368. Edit. 1723. ) rien n'empêche
qu'elle ne le soit à l'infini , et il conclut
de ce principe , que non- seulement il y a du
vuide dans les espaces éthérées , mais encore que
ces espaces sont ( Nevv. Optic. ) entierement vuides.
Newton avance comme des axiomes dont il
n'est pas permis de douter , qu'il y a des lieux
( Princip. Math. définit, 8. Schol . p. 7. ) absolus
et primitifs , qui sont tels par leur essence et
auxquels on ne peut attribuer le mouvement.
ΤΟΙ
660 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Principes de Newton sont insoute
nables , suivant le plus grand nombre des Physiciens
qui rejettent le vuide. Il n'y a point de
lieux absolus et primitifs ; et l'opinion du vuide
l'une des fondamentales de la Philosophie Newtonienne
tombant en ruine , entraîne toute cette
Philosophie avec elle. Le lieu ne devient tel, que
par la matiere ou l'étenduë qu'il contient. S'il
est sans matiere , il est sans étenduë , il cesse
d'être ; car le néant ne peut être étendu , et des
espaces séparez par rien , sont des espaces non
séparez , ou qui se touchent immédiatement.
L'espace ne peut pas davantage exister sans matiere
, ( Cartes. princip . part. 2. ) qu'une Montagne
sans vallée . L'étendue et l'espace ont commencé
par la création de la matiere et ont les
mêmes limites qu'elle. Penser autrement , c'est
se laisser éblouir par une image superficielle tracée
dans l'imagination et par l'habitude que les
rapports des sens ont causée en elle , en nous réprésentant
certains espaces comme vuides , parce
qu'ils sont remplis d'air ou de quelque autre
matiere encore plus déliée et plus imperceptible .
Au- delà des bornes du Monde matériel il n'y a
ni lieu ni espace ; autrement le lieu et l'espace
seroient infinis et éternels , ce qui mene aux consequences
les plus absurdes. Je suppose que les
derniers tourbillons qui composent l'Univers ,
s'étendent ou se resserrent , comme il seroit trèspossible
à l'Etre Souverain de les étendre ou de
les resserrer , le lieu et l'espace seroient augmentez
ou diminuez à proportion ; ce qui n'étoit pas
lieu , deviendroit tel , ou ce qui étoit lieu cesseroit
de l'être. Il n'y a donc ni espace ni lieu absolus
et primitifs , qui existent indépendamment
ou séparément du corps qui les remplit. Le lieu
AVRIL. 1734. 661
et l'espace ne sont autre chose que le corps luimême
, ayant differentes relations aux corps qui
l'environnent. Ils ne sont pas plus réels que la
situation ou la relation du corps . Le mouvement
se fait sans obstacle dans le plein . Pour peu que
la matiere soit rarefiée , elle cede facilement à un
corps plus massif. Il faut seulement que la force
motrice surpasse la résistance du fluide. Alors
il est également certain par le raisonnement et
par les experiences , qu'un corps avançant dans
le plein , la matiere dont il prend la place , reflue
vers ses côtez , et qu'en même temps la matiere
des côtez passe en arriere ; ensorte qu'un
mouvement direct en produit plusieurs circulaires,
ce qui n'arriveroit pas dans le vuide . Suivant
Descartes , dans tout espace égal , il y a toujours
même quantité de matiere , soit rarefiée , soit
condensée ; la situation , la figure et le mouvement
des particules en font toute la difference .
Les Newtoniens ( Prafat. editor . in Nevvton. )
objectent à la Physique corpusculaire de Descartes
, que la licence d'imaginer à son gré les figures
et les mouvemens d'une matiere imperceptible
, de supposer l'arrangement et l'impulsion
de ses particules , suivant le besoin qu'on
en a , de feindre des corps si déliez et si subtils ,
qu'ils traversent et remplissent toutes sortes d'interstices
avec une rapidité et une force de mouvement
qui n'ont aucune vrai - semblance ,
renoncer à ce qu'il y a de réel dans la Physique
pour s'attacher à des entitez inconnues , que
c'est abandonner la vraie constitution des choses
, pour s'appuyer sur des conjectures chimeri-
.ques ; que les causes occultes ne sont pas celles
qui produisent des effets évidents , et certains
comme la gravité, mais plutôt celles qui depenc'est
dent
662 MERCURE DE FRANCE
,
dent d'hypothèses purement imaginaires , comme
une matiere subtile et des tourbillons. Qu'une
cause n'est point occulte pour être primitive
et très-simple , et qu'une pareille cause n'est point
susceptible d'explications méchaniques. Que
pour expliquer la constitution d'une Horloge
il ne s'agit pas d'une supposition vague de ressorts
inconnus , qu'il faut faire connoître quelle
est la proportion et l'action de toutes les machines
qui la composent , et quel est leur effet
sensible. Que Galilée , par exemple , ayant établi
cette regle conforme à l'experience ; que les
corps jettez décrivent une parabole , si un Philosophe
vient dire que le corps jetté décrit cette
courbe , parce qu'il y a dans l'air une matiere
subtile qui la décrit aussi , un pareil raisonnement
ne peut paroître ai solide ni utile. Que si
vous mêlez dans un vase plusieurs liqueurs d'une
pesanteur inégale , il n'y aura de mouvement
entr'elles que jusqu'à ce qu'elles se soient arrangées
aux differentes hauteurs proportionnées à
leur gravité , et que de même dans les tourbillons
Cartésiens le mouvement doit cesser , lorsque
les Elemens occupent la place qui convient à
leurs forces centrifuges.
Les Cartésiens répondent que ce seroit faire
grand tort au raisonnement , que de ne vouloir
pas qu'il pénetre plus loin que les yeux ;
que si l'on considere l'augmentation et diminution
des corps dont l'experience est continuelle,
si l'on fait attention aux découvertes surprenantes
qui ont été faites par les Microscopes , on
ne peut nier que les parties imperceptibles ne
soient aussi réelles dans la Nature que celles
qui donnent prise à nos sens . Que puisque nous
sommes assurez que chaque corps est composé
de
AVRIL. 1734. 663
de plusieurs autres corps si petits , que nous ne
pouvons en avoir qu'une connoissance intellectuelle
tout Philosophe doit avouer qu'il est
très - avantageux de juger des Phénomenes perceptibles
aux sens , par une méchanique supposée
avec beaucoup de vrai- semblance dans les
Elemens imperceptibles ; de rendre raison par ce
moyen de tout ce qui est en la Nature; et de substituer
des causes vraiment physiques à des termes
qui ne signifient rien, comme les formes substan
tielles des Péripatéticiens, ou à des qualitez dont
on suppose des effets , sans expliquer de quelle
maniere ces effets peuvent être produits , comme
dans le Sistême de l'attraction Newtonienne.
Que les liqueurs mêlées dans un vase , demeurent
en repos après s'être arrangées convenablement
à leur pesanteur, parce que la résistance que
leur mouvement est obligé de vaincre , anéantit
à la fin ce mouvement , mais que les tourbillons
n'éprouvent aucune résistance pareille.
Que ces mouvemens nécessaires à la conservation
de l'Univers sont entretenus par la même
Providence qui les a créez et établis. Et bien loin
que la matiere liquide dont les Cieux sont remplis
dans le Systême Cartésien , nuise au mouvement
rapide des corps Celestes , comme Newton
l'a prétendu, rien n'est plus capable d'aider le
mouvement d'un Globe qui circule , qu'un fluide
déterminé à se mouvoir vers le même côté avec
autant et plus de force que le Globe lui- même; et
ce véhicule paroît absolument nécessaire pour
imaginer les révolutions rapides des corps celestes .
L'objection contre le Systême Cartésien , sur
laquelle Neuwton paroît se fonder avec le plus
de confiance , est tirée des Cométes. Il est impossible
, dit- il , ( Nevut. Princip. Math . p.
481. )
664 MERCURE DE FRANCE
ton ,
481. ) que les tourbillons subsistent et puissent
être conciliez avec les mouvemens irréguliers des
Cométes qui les font errer dans toutes les parties
du Ciel. Cette objection se rétorque contre Newcar
les Cométes ne sont pas plus fideles
aux loix de l'attraction , à moins que quelque
Newtonien , à l'exemple du Maître , ne nous
donne dans un calcul précis le degré de pesanteur
réciproque de chaque Planette sur chaque
Cométe ; car la précision des calculs ne coute
rien à cette Philosophie. Dans le Systême Cartésien
il est aisé de répondre , touchant l'irrégularité
du cours des Cométes , que ces Phénomenes
passagers ne doivent pas suivre le mouvement
des Cieux des Planetes ; si les Cometes ne
sont autre chose que des amas de matiere , irréguliers
dans le temps de leur durée et dans leur
cours , la cause qui les produit est aussi celle qui
dirige leur mouvement ; comme les vents dans
notre atmosphere ont une égale violence en tout
sens , et ne sont point assujettis au cours uniforme
du fluide qui accompagne la révolution du
Globle Terrestre , ni aux loix de l'attraction
Newtonienne. Si les Cométes sont des Astres
dont le cours soit reglé et qui ne soient visibles
pour nous , que lorsque leurs révolutions périodiques
les ramenent aux confins de notre
tourbillon , les Cometes suivent le courant d'un
Auide étranger , qui n'a rien de commun avec
ceux de nos Planetes. Alors les Cométes sont à
peu près dans la Région de Saturne , et peut- être
même plus proches. Car les tourbillons remplis
à leurs extremitez d'une matiere fort déliée , cédent
facilement à la moindre impression ; et il
est assez vrai semblable que les courants d'un
tourbillon peuvent penetrer dans un tourbillon
voiAVRIL.
173 4. 565
voisin , à peu près comme les eaux de la
Mer entrent dans un Golphe, Ces fluides des
differents tourbillons ne se mêlent pas pour cela
et ne changent pas la direction de leur mouvement.
On remarque néanmoins que les Cométes
approchant du Soleil , reçoivent une impression
sensible de ses rayons ; car la queue ou plutôt
l'atmosphere de la Cométe , qui , suivant l'observation
de Képler , paroît toujours opposée au
Soleil, est rejettée en arriere par l'impulsion de ses
rayons , comme une chevelure exposée aux vents.
Newton a mieux traité le mouvement que
Descartes , mais ni l'un ni l'autre ne sont parvenus
à en donner une idée entierement juste .
Descartes entend par le mouvement les differentes
relations d'un corps. Il avoue ( Prin
cip. part. 2. ) que , suivant ses principes , on peut
dire qu'un corps se meut en même -temps et ne
se meut pas. Il soutient qu'il ne faut pas plus
d'action pour le mouvement que pour le repos .
D'où l'on peut conclure qu'une Statuë est dans
le même mouvement qu'un homme qui s'éloigne
d'elle. Il attribue le mouvement d'un corps
à la relation des corps qui le touchent immédiatement
; ce qui étant pris au pied de la lettre ,
signifie qu'un homme qui feroit à pied le tour
du Monde dans les mêmes habits , në se remuëroit
pas , et il s'ensuivroit cette conséquence .
qu'un corps seroit mû en même- temps dans des
sens contraires , comme un Plan sur lequel
deux corps seroient poussez l'un à droite ,
l'autre à gauche. Newton ( Princip . Math . définit,
8. Schol. p . 8. et 9. et axiom . p . 18. ) distingue
le mouvement vrai du mouvement relatif. Suivant
les explications qu'il donne , le mouvement
vrai consiste dans la force qui agity soit que
cette
€65 MERCURE DE FRANCE
le cette force soit dans le corps même , soit que
corps la reçoive d'ailleurs . Le mouvement relatif
ne dépend que des changemens de situation
des corps , les uns à l'égard des autres . Il suit de
ces principes , qu'il peut y avoir un mouvement
veritable avec plusieurs repos relatifs , comme
lorsqu'un corps avance et que plusieurs corps
qui l'environnent , avancent en même temps ; et
qu'il peut y avoir au contraire plusieurs mouvemens
relatifs sans aucun mouvement veritable ,
comme lorsqu'un homme est tranquille dans un
vaisseau dont le mouvement est égal et uniforme
; et qu'ainsi le mouvement véritable ne consiste
pas dans les relations .Mais quoique le mou
vement veritable ne consiste pas uniquement
dans les relations , il ne peut être neanmoins
sans quelque changement de rapports , sinon aux
objets prochains , du moins aux éloignez . La
force seule ne fait pas le mouvement ; car si elle
rencontre des obstacles plus puissants qu'elle , le
coips reste dans un veritable repos . En réunissant
donc ces principes , le mouvement peut être
défini , ce me semble , le changement de relations
d'un corps à des objets prochains ou éloignez
par l'action d'une force que ce corps a en luimême
ou qu'il a reçûë d'ailleurs .
Newton a penetré plus avant que Descartes
dans la théorie des couleurs . Suivant les principes
Cartésiens , si la superficie des corps ne laisse
aucun accès dans ses interstices aux globules
du second Element , les corps paroissent lumineux
ou sont au moins fort blancs , lorsqu'ils
ne sont pas enflammez , et les globules repoussez
ont une force qui éblouit. Si les pores fort
ouverts , comme un petit crible , reçoivent dans
toute leur surface les globules du second Element
AVRIL. 1734. 667
>
ment , ils absorbent les rayons de lumiere , et
leur couleur est très - noire . Si l'angle de reflexion
est tel , que les globules flattent l'organe visuel ,
la couleur est agréable , comme le verd . Newton
a suivi une route differente . Il établit une espece
de gamme des couleurs élementaires , et entreprenant
en quelque sorte l'anatomie de la lumiere
, il pose pour principes sept especes de
rayons , dont chacun porte sa couleur particuliere
; sçavoir , rouge , orangé , jaune , verd
bleu , indigo , violet ; en sorte que le rayon qui
porte une couleur , n'en porte jamais d'autre.
Exposez aux rayons du Soleil un prisme triangulaire
à une certaine distance d'un papier , qui
puisse renvoyer les rayons rompus et séparez ;
Vous voyez sur le papier sept couleurs bien distinctes
et disposées dans l'ordre qui vient d'être
rémarqué , de la couleur rouge , orangée , jaune
verte , bleue , indigo et violette. Newton a de
plus remarqué que les espaces occupés par les
couleurs sur le papier , sont en même proportion
que les chiffres qui expriment les intervales
des sept tons de Musique. Faites au papier une
petite ouverture , qui ne laisse passer qu'une espece
de rayon qui porte , par exemple , le rouge
ou le violet , rompez de nouveau le rayon avec
un second prisme , un troisiéme ; faites - les tourner
sur les axes ; le rayon differemment rompu,
refléchi differemment , présente toûjours la même
sorte de couleur. Dans cette hypothèse , le blanc
résulte du mêlange des sept couleurs principales,
et les corps paroissent differemment colorez ,
parce que la figure de leurs pores , la tissure et
la consistance de leurs parties refléchissent une
plus grande quantité de rayons d'une certaine
espece , tandis que les interstices de ces corps
trans668
MERCURE DE FRANCE
transmettent la plupart des autres rayons ou
qu'ils les absorbent.
Newton a été moins heureux dans les loix du
mouvement qu'il a établies ; il prétend que les
actions de deux corps sont toujours mutuelles
égales et opposées, ( Nevvt, Princip . Math. axiom.
leg. 3. p. 13. ) ensorte que la réaction est toujours
contraire et égale à l'action . Ce principe
dont il fait l'axiome fondamental ( Ib . Coroll. 3 .
p. 15, et seq. ) de ses démonstrations , détruit
toutes les loix de la statique et de l'équilibre ; car
si la réaction est toujours égale à l'action ,
les corps agiront avec des forces égales et tous
les contrepoids demeureront en suspens et sans
action. Le prétendu axiome , au lieu d'être un
principe de mouvement , seroit le principe d'une
immobilité generale , puisqu'il est certain
qu'un carosse et six chevaux demeureront immobiles
, si la réaction du carosse est égale et
opposée à l'action des six chevaux.
tous
Newton dit ailleurs que la pesanteur ou la gra
vité des corps ( Princip. Math. lib . 3. Propos.
7. Theor. 7.p.369 . ) est universelle et qu'elle est
proportionnée à la quantité de matiere qui est
en eux. Les calculs de la pesanteur des Planetes
roulent sur cet axiome contraire au sentiment du
plus grand nombre des Physiciens qui rejettent
le vuide , et suivant lesquels chaque espace égal
contient toujours une égale quantité de matiere.
Newton avance un autre principe fort opposé
aux idées naturelles, sçavoir , que moins un
corps qu'on jette ( Princip. Math definit . 5. p. 3. )
a de gravité , moins il s'écarte de la ligne droite
et plus il va loin. Suivant ce principe , un
Globe de liége . poussé avec beaucoup de force ,
devroit aller plus loin qu'un Globe de plomb ,
poussé
AVRIL. 1734. 669
poussé avec une force égale , le Globe de liege
ayant moins de gravité ; à moins qu'on ne regarde
le Globe de liege comme ayant plus de
gravité qu'un Globe de plomb , parce que le Globe
de liege est attiré plus promptement vers la
terre ; et alors celui qui auroit , suivant Newton,
le moins de matiere , auroit le plus de gravité.
Le fondement géneral du Systême Newtonien,
l'axe, pour ainsi- dire, sur lequel toute cette Philosophie
tourne , c'est l'attraction . Newton admet
aussi dans la matiere une hétérogénéïté ou diversité
de genres , qualité aussi occulte que l'attraction,
et qui n'a aucune signification Physique.Descartes
ne reconnoît dans la Nature qu'un mouvement
d'impulsion, et il rapporte le mouvement au
Créateur, comme à sa cause unique et immédiate
Newton regarde le mouvement comme l'effet de
Pattraction. Il y a donc entre ces deux Philosophes
une opposition de sentimens sur la cause
physique generale et primitive ; ce que l'un considére
comme la causé , l'autre lui donne la qualification
d'effet ; Descartes déduit la pesanteur
du mouvement , Newton déduit le mouvement
de la pesanteur ou de l'attraction .
La suite dans le Mercure prochain.
de Descartes et de Newton .
•
Es Newtoniens s'efforcent d'abord d'élever
LeurPhilosophie sur les ruines de celle de
>
Descartes. Ils soutiennent que le vuide est nécessaire
dans la Nature , pour qu'il puisse y
avoir du mouvement. Si la matiere peut être
plus ou moins rarefiée dit Newton , f Prin
cip. Math. p. 368. Edit. 1723. ) rien n'empêche
qu'elle ne le soit à l'infini , et il conclut
de ce principe , que non- seulement il y a du
vuide dans les espaces éthérées , mais encore que
ces espaces sont ( Nevv. Optic. ) entierement vuides.
Newton avance comme des axiomes dont il
n'est pas permis de douter , qu'il y a des lieux
( Princip. Math. définit, 8. Schol . p. 7. ) absolus
et primitifs , qui sont tels par leur essence et
auxquels on ne peut attribuer le mouvement.
ΤΟΙ
660 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Principes de Newton sont insoute
nables , suivant le plus grand nombre des Physiciens
qui rejettent le vuide. Il n'y a point de
lieux absolus et primitifs ; et l'opinion du vuide
l'une des fondamentales de la Philosophie Newtonienne
tombant en ruine , entraîne toute cette
Philosophie avec elle. Le lieu ne devient tel, que
par la matiere ou l'étenduë qu'il contient. S'il
est sans matiere , il est sans étenduë , il cesse
d'être ; car le néant ne peut être étendu , et des
espaces séparez par rien , sont des espaces non
séparez , ou qui se touchent immédiatement.
L'espace ne peut pas davantage exister sans matiere
, ( Cartes. princip . part. 2. ) qu'une Montagne
sans vallée . L'étendue et l'espace ont commencé
par la création de la matiere et ont les
mêmes limites qu'elle. Penser autrement , c'est
se laisser éblouir par une image superficielle tracée
dans l'imagination et par l'habitude que les
rapports des sens ont causée en elle , en nous réprésentant
certains espaces comme vuides , parce
qu'ils sont remplis d'air ou de quelque autre
matiere encore plus déliée et plus imperceptible .
Au- delà des bornes du Monde matériel il n'y a
ni lieu ni espace ; autrement le lieu et l'espace
seroient infinis et éternels , ce qui mene aux consequences
les plus absurdes. Je suppose que les
derniers tourbillons qui composent l'Univers ,
s'étendent ou se resserrent , comme il seroit trèspossible
à l'Etre Souverain de les étendre ou de
les resserrer , le lieu et l'espace seroient augmentez
ou diminuez à proportion ; ce qui n'étoit pas
lieu , deviendroit tel , ou ce qui étoit lieu cesseroit
de l'être. Il n'y a donc ni espace ni lieu absolus
et primitifs , qui existent indépendamment
ou séparément du corps qui les remplit. Le lieu
AVRIL. 1734. 661
et l'espace ne sont autre chose que le corps luimême
, ayant differentes relations aux corps qui
l'environnent. Ils ne sont pas plus réels que la
situation ou la relation du corps . Le mouvement
se fait sans obstacle dans le plein . Pour peu que
la matiere soit rarefiée , elle cede facilement à un
corps plus massif. Il faut seulement que la force
motrice surpasse la résistance du fluide. Alors
il est également certain par le raisonnement et
par les experiences , qu'un corps avançant dans
le plein , la matiere dont il prend la place , reflue
vers ses côtez , et qu'en même temps la matiere
des côtez passe en arriere ; ensorte qu'un
mouvement direct en produit plusieurs circulaires,
ce qui n'arriveroit pas dans le vuide . Suivant
Descartes , dans tout espace égal , il y a toujours
même quantité de matiere , soit rarefiée , soit
condensée ; la situation , la figure et le mouvement
des particules en font toute la difference .
Les Newtoniens ( Prafat. editor . in Nevvton. )
objectent à la Physique corpusculaire de Descartes
, que la licence d'imaginer à son gré les figures
et les mouvemens d'une matiere imperceptible
, de supposer l'arrangement et l'impulsion
de ses particules , suivant le besoin qu'on
en a , de feindre des corps si déliez et si subtils ,
qu'ils traversent et remplissent toutes sortes d'interstices
avec une rapidité et une force de mouvement
qui n'ont aucune vrai - semblance ,
renoncer à ce qu'il y a de réel dans la Physique
pour s'attacher à des entitez inconnues , que
c'est abandonner la vraie constitution des choses
, pour s'appuyer sur des conjectures chimeri-
.ques ; que les causes occultes ne sont pas celles
qui produisent des effets évidents , et certains
comme la gravité, mais plutôt celles qui depenc'est
dent
662 MERCURE DE FRANCE
,
dent d'hypothèses purement imaginaires , comme
une matiere subtile et des tourbillons. Qu'une
cause n'est point occulte pour être primitive
et très-simple , et qu'une pareille cause n'est point
susceptible d'explications méchaniques. Que
pour expliquer la constitution d'une Horloge
il ne s'agit pas d'une supposition vague de ressorts
inconnus , qu'il faut faire connoître quelle
est la proportion et l'action de toutes les machines
qui la composent , et quel est leur effet
sensible. Que Galilée , par exemple , ayant établi
cette regle conforme à l'experience ; que les
corps jettez décrivent une parabole , si un Philosophe
vient dire que le corps jetté décrit cette
courbe , parce qu'il y a dans l'air une matiere
subtile qui la décrit aussi , un pareil raisonnement
ne peut paroître ai solide ni utile. Que si
vous mêlez dans un vase plusieurs liqueurs d'une
pesanteur inégale , il n'y aura de mouvement
entr'elles que jusqu'à ce qu'elles se soient arrangées
aux differentes hauteurs proportionnées à
leur gravité , et que de même dans les tourbillons
Cartésiens le mouvement doit cesser , lorsque
les Elemens occupent la place qui convient à
leurs forces centrifuges.
Les Cartésiens répondent que ce seroit faire
grand tort au raisonnement , que de ne vouloir
pas qu'il pénetre plus loin que les yeux ;
que si l'on considere l'augmentation et diminution
des corps dont l'experience est continuelle,
si l'on fait attention aux découvertes surprenantes
qui ont été faites par les Microscopes , on
ne peut nier que les parties imperceptibles ne
soient aussi réelles dans la Nature que celles
qui donnent prise à nos sens . Que puisque nous
sommes assurez que chaque corps est composé
de
AVRIL. 1734. 663
de plusieurs autres corps si petits , que nous ne
pouvons en avoir qu'une connoissance intellectuelle
tout Philosophe doit avouer qu'il est
très - avantageux de juger des Phénomenes perceptibles
aux sens , par une méchanique supposée
avec beaucoup de vrai- semblance dans les
Elemens imperceptibles ; de rendre raison par ce
moyen de tout ce qui est en la Nature; et de substituer
des causes vraiment physiques à des termes
qui ne signifient rien, comme les formes substan
tielles des Péripatéticiens, ou à des qualitez dont
on suppose des effets , sans expliquer de quelle
maniere ces effets peuvent être produits , comme
dans le Sistême de l'attraction Newtonienne.
Que les liqueurs mêlées dans un vase , demeurent
en repos après s'être arrangées convenablement
à leur pesanteur, parce que la résistance que
leur mouvement est obligé de vaincre , anéantit
à la fin ce mouvement , mais que les tourbillons
n'éprouvent aucune résistance pareille.
Que ces mouvemens nécessaires à la conservation
de l'Univers sont entretenus par la même
Providence qui les a créez et établis. Et bien loin
que la matiere liquide dont les Cieux sont remplis
dans le Systême Cartésien , nuise au mouvement
rapide des corps Celestes , comme Newton
l'a prétendu, rien n'est plus capable d'aider le
mouvement d'un Globe qui circule , qu'un fluide
déterminé à se mouvoir vers le même côté avec
autant et plus de force que le Globe lui- même; et
ce véhicule paroît absolument nécessaire pour
imaginer les révolutions rapides des corps celestes .
L'objection contre le Systême Cartésien , sur
laquelle Neuwton paroît se fonder avec le plus
de confiance , est tirée des Cométes. Il est impossible
, dit- il , ( Nevut. Princip. Math . p.
481. )
664 MERCURE DE FRANCE
ton ,
481. ) que les tourbillons subsistent et puissent
être conciliez avec les mouvemens irréguliers des
Cométes qui les font errer dans toutes les parties
du Ciel. Cette objection se rétorque contre Newcar
les Cométes ne sont pas plus fideles
aux loix de l'attraction , à moins que quelque
Newtonien , à l'exemple du Maître , ne nous
donne dans un calcul précis le degré de pesanteur
réciproque de chaque Planette sur chaque
Cométe ; car la précision des calculs ne coute
rien à cette Philosophie. Dans le Systême Cartésien
il est aisé de répondre , touchant l'irrégularité
du cours des Cométes , que ces Phénomenes
passagers ne doivent pas suivre le mouvement
des Cieux des Planetes ; si les Cometes ne
sont autre chose que des amas de matiere , irréguliers
dans le temps de leur durée et dans leur
cours , la cause qui les produit est aussi celle qui
dirige leur mouvement ; comme les vents dans
notre atmosphere ont une égale violence en tout
sens , et ne sont point assujettis au cours uniforme
du fluide qui accompagne la révolution du
Globle Terrestre , ni aux loix de l'attraction
Newtonienne. Si les Cométes sont des Astres
dont le cours soit reglé et qui ne soient visibles
pour nous , que lorsque leurs révolutions périodiques
les ramenent aux confins de notre
tourbillon , les Cometes suivent le courant d'un
Auide étranger , qui n'a rien de commun avec
ceux de nos Planetes. Alors les Cométes sont à
peu près dans la Région de Saturne , et peut- être
même plus proches. Car les tourbillons remplis
à leurs extremitez d'une matiere fort déliée , cédent
facilement à la moindre impression ; et il
est assez vrai semblable que les courants d'un
tourbillon peuvent penetrer dans un tourbillon
voiAVRIL.
173 4. 565
voisin , à peu près comme les eaux de la
Mer entrent dans un Golphe, Ces fluides des
differents tourbillons ne se mêlent pas pour cela
et ne changent pas la direction de leur mouvement.
On remarque néanmoins que les Cométes
approchant du Soleil , reçoivent une impression
sensible de ses rayons ; car la queue ou plutôt
l'atmosphere de la Cométe , qui , suivant l'observation
de Képler , paroît toujours opposée au
Soleil, est rejettée en arriere par l'impulsion de ses
rayons , comme une chevelure exposée aux vents.
Newton a mieux traité le mouvement que
Descartes , mais ni l'un ni l'autre ne sont parvenus
à en donner une idée entierement juste .
Descartes entend par le mouvement les differentes
relations d'un corps. Il avoue ( Prin
cip. part. 2. ) que , suivant ses principes , on peut
dire qu'un corps se meut en même -temps et ne
se meut pas. Il soutient qu'il ne faut pas plus
d'action pour le mouvement que pour le repos .
D'où l'on peut conclure qu'une Statuë est dans
le même mouvement qu'un homme qui s'éloigne
d'elle. Il attribue le mouvement d'un corps
à la relation des corps qui le touchent immédiatement
; ce qui étant pris au pied de la lettre ,
signifie qu'un homme qui feroit à pied le tour
du Monde dans les mêmes habits , në se remuëroit
pas , et il s'ensuivroit cette conséquence .
qu'un corps seroit mû en même- temps dans des
sens contraires , comme un Plan sur lequel
deux corps seroient poussez l'un à droite ,
l'autre à gauche. Newton ( Princip . Math . définit,
8. Schol. p . 8. et 9. et axiom . p . 18. ) distingue
le mouvement vrai du mouvement relatif. Suivant
les explications qu'il donne , le mouvement
vrai consiste dans la force qui agity soit que
cette
€65 MERCURE DE FRANCE
le cette force soit dans le corps même , soit que
corps la reçoive d'ailleurs . Le mouvement relatif
ne dépend que des changemens de situation
des corps , les uns à l'égard des autres . Il suit de
ces principes , qu'il peut y avoir un mouvement
veritable avec plusieurs repos relatifs , comme
lorsqu'un corps avance et que plusieurs corps
qui l'environnent , avancent en même temps ; et
qu'il peut y avoir au contraire plusieurs mouvemens
relatifs sans aucun mouvement veritable ,
comme lorsqu'un homme est tranquille dans un
vaisseau dont le mouvement est égal et uniforme
; et qu'ainsi le mouvement véritable ne consiste
pas dans les relations .Mais quoique le mou
vement veritable ne consiste pas uniquement
dans les relations , il ne peut être neanmoins
sans quelque changement de rapports , sinon aux
objets prochains , du moins aux éloignez . La
force seule ne fait pas le mouvement ; car si elle
rencontre des obstacles plus puissants qu'elle , le
coips reste dans un veritable repos . En réunissant
donc ces principes , le mouvement peut être
défini , ce me semble , le changement de relations
d'un corps à des objets prochains ou éloignez
par l'action d'une force que ce corps a en luimême
ou qu'il a reçûë d'ailleurs .
Newton a penetré plus avant que Descartes
dans la théorie des couleurs . Suivant les principes
Cartésiens , si la superficie des corps ne laisse
aucun accès dans ses interstices aux globules
du second Element , les corps paroissent lumineux
ou sont au moins fort blancs , lorsqu'ils
ne sont pas enflammez , et les globules repoussez
ont une force qui éblouit. Si les pores fort
ouverts , comme un petit crible , reçoivent dans
toute leur surface les globules du second Element
AVRIL. 1734. 667
>
ment , ils absorbent les rayons de lumiere , et
leur couleur est très - noire . Si l'angle de reflexion
est tel , que les globules flattent l'organe visuel ,
la couleur est agréable , comme le verd . Newton
a suivi une route differente . Il établit une espece
de gamme des couleurs élementaires , et entreprenant
en quelque sorte l'anatomie de la lumiere
, il pose pour principes sept especes de
rayons , dont chacun porte sa couleur particuliere
; sçavoir , rouge , orangé , jaune , verd
bleu , indigo , violet ; en sorte que le rayon qui
porte une couleur , n'en porte jamais d'autre.
Exposez aux rayons du Soleil un prisme triangulaire
à une certaine distance d'un papier , qui
puisse renvoyer les rayons rompus et séparez ;
Vous voyez sur le papier sept couleurs bien distinctes
et disposées dans l'ordre qui vient d'être
rémarqué , de la couleur rouge , orangée , jaune
verte , bleue , indigo et violette. Newton a de
plus remarqué que les espaces occupés par les
couleurs sur le papier , sont en même proportion
que les chiffres qui expriment les intervales
des sept tons de Musique. Faites au papier une
petite ouverture , qui ne laisse passer qu'une espece
de rayon qui porte , par exemple , le rouge
ou le violet , rompez de nouveau le rayon avec
un second prisme , un troisiéme ; faites - les tourner
sur les axes ; le rayon differemment rompu,
refléchi differemment , présente toûjours la même
sorte de couleur. Dans cette hypothèse , le blanc
résulte du mêlange des sept couleurs principales,
et les corps paroissent differemment colorez ,
parce que la figure de leurs pores , la tissure et
la consistance de leurs parties refléchissent une
plus grande quantité de rayons d'une certaine
espece , tandis que les interstices de ces corps
trans668
MERCURE DE FRANCE
transmettent la plupart des autres rayons ou
qu'ils les absorbent.
Newton a été moins heureux dans les loix du
mouvement qu'il a établies ; il prétend que les
actions de deux corps sont toujours mutuelles
égales et opposées, ( Nevvt, Princip . Math. axiom.
leg. 3. p. 13. ) ensorte que la réaction est toujours
contraire et égale à l'action . Ce principe
dont il fait l'axiome fondamental ( Ib . Coroll. 3 .
p. 15, et seq. ) de ses démonstrations , détruit
toutes les loix de la statique et de l'équilibre ; car
si la réaction est toujours égale à l'action ,
les corps agiront avec des forces égales et tous
les contrepoids demeureront en suspens et sans
action. Le prétendu axiome , au lieu d'être un
principe de mouvement , seroit le principe d'une
immobilité generale , puisqu'il est certain
qu'un carosse et six chevaux demeureront immobiles
, si la réaction du carosse est égale et
opposée à l'action des six chevaux.
tous
Newton dit ailleurs que la pesanteur ou la gra
vité des corps ( Princip. Math. lib . 3. Propos.
7. Theor. 7.p.369 . ) est universelle et qu'elle est
proportionnée à la quantité de matiere qui est
en eux. Les calculs de la pesanteur des Planetes
roulent sur cet axiome contraire au sentiment du
plus grand nombre des Physiciens qui rejettent
le vuide , et suivant lesquels chaque espace égal
contient toujours une égale quantité de matiere.
Newton avance un autre principe fort opposé
aux idées naturelles, sçavoir , que moins un
corps qu'on jette ( Princip. Math definit . 5. p. 3. )
a de gravité , moins il s'écarte de la ligne droite
et plus il va loin. Suivant ce principe , un
Globe de liége . poussé avec beaucoup de force ,
devroit aller plus loin qu'un Globe de plomb ,
poussé
AVRIL. 1734. 669
poussé avec une force égale , le Globe de liege
ayant moins de gravité ; à moins qu'on ne regarde
le Globe de liege comme ayant plus de
gravité qu'un Globe de plomb , parce que le Globe
de liege est attiré plus promptement vers la
terre ; et alors celui qui auroit , suivant Newton,
le moins de matiere , auroit le plus de gravité.
Le fondement géneral du Systême Newtonien,
l'axe, pour ainsi- dire, sur lequel toute cette Philosophie
tourne , c'est l'attraction . Newton admet
aussi dans la matiere une hétérogénéïté ou diversité
de genres , qualité aussi occulte que l'attraction,
et qui n'a aucune signification Physique.Descartes
ne reconnoît dans la Nature qu'un mouvement
d'impulsion, et il rapporte le mouvement au
Créateur, comme à sa cause unique et immédiate
Newton regarde le mouvement comme l'effet de
Pattraction. Il y a donc entre ces deux Philosophes
une opposition de sentimens sur la cause
physique generale et primitive ; ce que l'un considére
comme la causé , l'autre lui donne la qualification
d'effet ; Descartes déduit la pesanteur
du mouvement , Newton déduit le mouvement
de la pesanteur ou de l'attraction .
La suite dans le Mercure prochain.
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Résumé : SECONDE Partie de la Comparaison de Descartes et de Newton.
Le texte compare les philosophies de Descartes et de Newton, en soulignant les divergences entre les Newtoniens et les Cartésiens. Les Newtoniens affirment que le vide est nécessaire pour le mouvement et qu'il existe des lieux absolus et primitifs. Ils considèrent l'espace éthéré comme entièrement vide. En revanche, les Cartésiens rejettent l'idée de lieux absolus et de vide, estimant que l'espace est rempli de matière, même si elle est rarefiée. Ils pensent que l'espace et l'étendue commencent avec la création de la matière et sont limités par elle. Les Newtoniens critiquent la physique corpusculaire de Descartes, la jugeant trop spéculative et imaginative, tandis que les Cartésiens défendent l'idée que les phénomènes perceptibles peuvent être expliqués par des mécanismes imperceptibles. Le texte aborde également la question des comètes. Les Cartésiens expliquent leur mouvement par des courants de fluides, tandis que Newton utilise les comètes pour critiquer les tourbillons cartésiens. De plus, le texte compare les conceptions du mouvement chez Descartes et Newton. Newton distingue le mouvement vrai du mouvement relatif, contrairement à Descartes. Le texte traite également des théories de Newton sur la lumière et la gravité. Newton a établi une gamme de sept couleurs élémentaires : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo et violet. En exposant les rayons du Soleil à travers un prisme, ces couleurs apparaissent distinctement et dans un ordre spécifique. Newton a noté que les proportions des espaces occupés par ces couleurs sur un papier correspondent aux intervalles des tons musicaux. Il a démontré que chaque couleur reste inchangée même après être passée à travers plusieurs prismes. Selon Newton, le blanc résulte du mélange de ces sept couleurs principales, et les objets apparaissent colorés en fonction de la réflexion et de l'absorption des rayons lumineux par leurs pores et interstices. Le texte critique les lois du mouvement de Newton, notamment son principe selon lequel les actions de deux corps sont toujours mutuelles, égales et opposées. Ce principe est jugé destructeur des lois de la statique et de l'équilibre, car il conduirait à une immobilité générale. Newton a également affirmé que la gravité est universelle et proportionnelle à la quantité de matière dans un corps, une idée contraire à celle de nombreux physiciens de l'époque. Il a proposé que moins un corps a de gravité, plus il s'écarte de la ligne droite. Le fondement du système newtonien repose sur l'attraction, une qualité occulte selon le texte. Newton et Descartes ont des opinions opposées sur la cause physique générale et primitive : Descartes attribue le mouvement au Créateur, tandis que Newton le voit comme un effet de l'attraction.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 97-123
« LEÇONS de Physique expérimentale, par M. l'Abbé Nollet, de l'Académie royale [...] »
Début :
LEÇONS de Physique expérimentale, par M. l'Abbé Nollet, de l'Académie royale [...]
Mots clefs :
Lumières, Expérience, Expériences, Rayons, Yeux, Physique expérimentale, Physique, Couleurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LEÇONS de Physique expérimentale, par M. l'Abbé Nollet, de l'Académie royale [...] »
LEÇONS de Phyfique expérimentale ,
par M.l'Abbé Nollet , de l'Académie roya
le des Sciences , Profeffeur de Phyfique
expérimentale au College de Navarre , &c.
tome v. A Paris , chez Guerrin & De Latour
, rue S. Jacques , à S. Thomas d'Acquin
.
Ce volume , que le public attendoit depuis
long-tems , traite de la lumiere & des
couleurs , matiere intéreſſante , & qui
s'affujettit mieux qu'aucune autre partie
de la phyfique aux régles de la Géométrie
& au calcul , mais que l'auteur , obligé de
fuivre la méthode qu'il a embraffée pour
tout l'ouvrage , s'eft appliqué à rendre
fenfible par la voie de l'expérience. Cela
nous met à portée de voir jufqu'à quel
point les faits quadrent avec la théorie ;
& nous voyons que les perfonnes qui commencent
à s'appliquer à cette fcience
prendront facilement par la lecture de
ces leçons des idées claires & méthodiques
qu'elles auroient peine à acquerir autrement.
Nous en avions conçu cette opinion en
confidérant que les principes y font expo
E
98 MERCURE DE FRANCE.
fés avec clarté , que les expériences qui
leur fervent de preuves , font curieuſes
décifives , & très bien repréfentées par les
figures ; mais nous en fommes encore plus
perfuadés , en apprenant par la voie du
public , avec quel intérêt & quelle affiduité
des perfonnes de tout âge & de toute
condition , fe font affemblées pendant les
mois de Juin & de Juillet derniers au
Collége de Navarre , pour continuer d'entendre
M. l'Abbé Nollet , & lui voir exécuter
les expériences qui concernent cette
matiere ; c'est peut- être la premiere fois
qu'on ait entrepris avec fuccès de les faire
voir à soo , à 600 perfonnes en même
terns.
Le volume dont nous parlons , contient
trois leçons ; fçavoir , la quinziéme , la
feizième , & la dix-feptiéme, & voici l'ordre
dans lequel les matieres fe préfentént.
L'auteur expofe d'abord l'état de la que
ftion qu'il fe propofe de traiter , il en fait
l'hiftoire ; & après avoir annoncé des propofitions
, il les établit par des raifons ou
par des expériences dont il a foin de bien
expliquer le méchanifme : après quoi il
fait venir par forme de remarques ou d'applications
les effets naturels qui peuvent
dériver du principe établi , ou avoir quelSEPTEMBRE.
1755. 99
j
que rapport avec les expériences qui ont
fervi de preuves.
Dans la quinziéme leçon , par exemple,
où il s'agit d'abord de la nature & de la
propagation de la lumiere , M. L. N. expofe
au Lecteur les deux principales opinions
qui partagent aujourd'hui les Phyficiens
, celle de Defcartes & celle de
Newton ; il embraffe la premiere avec
quelques modifications , il rend raifon du
parti qu'il prend , il prévient les objections
qu'on pourroit lui faire ; & enfin il
en vient à des expériences par lefquelles
il prétend prouver que la lumiere eft une
matiere fubtile univerfellement répandue
au- dehors , comme au- dedans des corps ,
& toujours prête à devenir fenfible par le
mouvement qu'elle peut recevoir des corps
enflammés , ou par la clarté du jour auquel
elle fe trouve expofée . Ces expériences
donnent lieu à une hiftoire trèscurieufe
des phofphores , où l'on trouve
des nouvelles découvertes .
L'auteur examine enfuite les directions
que la lumiere fuit dans fes mouvemens ,
foit qu'elle vienne directement du corps
lumineux vers nos yeux , foit qu'elle rencontre
en fon chemin un obftacle qui l'oblige
à fe refléchir , foit enfin qu'elle paffe
d'un milieu dans un autre de différente
denfité. E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
Il s'arrête d'abord au mouvement direct
, & après quelques définitions néceffaires
pour l'intelligence de la queſtion ,
il énonce le principe de l'Optique , proprement
dite , en quatre propofitions , dont
voici les deux premieres. 1 ° . En quelque
endroit qu'on préfente un plan vis- à - vis
d'un point radieux , ce plan devient comme
la bafe d'une pyramide de lumiere.
2º. Ce plan eſt moins éclairé à meſure
qu'il s'éloigne du point radieux.
Deux expériences mettent ces faits fous
les yeux , & apprennent en même tems
dans quel rapport fe fait le décroiffement
de la lumiere , & l'accroiffement de l'ombre.
En comparant avec ces deux épreuves
ce qui fe paffe à l'égard de l'oeil qui ſe
préfente vis- à- vis d'un objet éclairé , on
conçoit d'abord & très facilement , comment
plufieurs perfonnes placées en différens
endroits apperçoivent enfemble le
même corps , fi petit qu'il foit ; pourquoi
nous ne pouvons voir qu'en ligne droite ;
par quels moyens nous jugeons de la diftance
quand elle eft petite ; quelle eſt la
caufe des ombres , ce qui régle leur grandeur
& leurs figures ; par quels moyens
la lumiere peut augmenter ou diminuer
pour le même oeil , & c.
SEPTEMBRE . 1755. 101
Les deux autres propofitions font énoncées
ainfi . 3 ° .Si le corps lumineux eft d'une
grandeur & d'une figure fenfibles , le plan
qu'on lui préfente , devient la bafe commune
d'autant de pyramides de lumiere ,
qu'il y a de points radieux tournés vers
lui. 4 ° . Si au lieu d'un plan qui arrête la
lumiere , on fait un trou dans une planche
mince , les pyramides lumineufes qui
viennent des différens points de l'objet
s'y croifent , paffant de droite à gauche
de haut en bas , &c . Deux expériences qui
mettent ces faits fous les yeux , font naître
naturellement les applications fuivan
tes.
,
>
Comment fe forment les images des
objets au fond de l'oeil ? pourquoi nous
voyons ces objets droits , quoique leurs
images foient renversées fur l'organe ;
par quels moyens nous jugeons des grandeurs
& des diftances des corps que nous
appercevons ; d'où vient que deux files de
foldats ou deux murailles paralleles feniblent
fe rapprocher l'une de l'autre , à mefure
qu'elle s'éloignent de nous ; pour
quelle raifon la furface d'un canal femble
s'élever dans l'éloignement ; pourquoi la
figure d'un grand corps apperçu de loin ,
change fuivant la direction de nos regards ?
Şur quelles régles eft fondée la perfpe-
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
&tive ? Comment les mouvemens apparens
des corps qu'on regarde dans le lointain ,
différent des mouvemens réels , tant pour
la direction que pour la vîteffe Dans
quels cas leur viteffe paroit nulle , ou devient
infenfible ? Comment l'habitude , le
préjugé , les connoiffances précédemment
acquifes , nous font juger des grandeurs
& des diftances ? d'où vient que nous
voyons la voûte du ciel comme furbaiffée ,
le foleil & la lune plus grands à leur lever
qu'au zénith , & c.
La feizième leçon comprend la catoptrique
& la dioptrique , c'est - à - dire les
mouvemens de la lumiere refléchie , &
ceux de la lumiere refractée .
L'Auteur commence par une differtation
qui nous a paru curieufe , & dans laquelle
il entreprend de prouver contre
l'opinion commune que la lumiere ne ſe
refléchit point de deffus les parties propres
des corps polis , des miroirs par exemple
, mais de deffus les particules de lumiere
qui font logées & comme enchaffées
dans les pores de ces furfaces. M. L. N.
s'attend bien que cette opinion aura de
la peine à prendre dans l'efprit de fes lecteurs.
J'avoue , dit - il , qu'en embraf-
» fant cette opinion , on fe met dans la
» néceffité de renoncer aux idées les plus
SEPTEMBRE. 1755. 103
33
communes , & de fe roidir contre des
préjugés bien accrédités & bien difficiles
à vaincre. Se perfuadera - t - on , par
exemple , que les corps ne foient pas
vifibles par eux-mêmes , mais feulement
par les points de lumiere , dont les fur-
» faces font parfemées ? qu'à proprement
» parler , nous n'avons jamais rien vû de
" tout ce que nous avons touché : cepen-
» dant , quel moyen de penfer autrement ,
» fi nous ne pouvons rien voir que ce qui
» nous renvoie de la lumiere , & fi les
» rayons qui nous tracent les images des
objets ne peuvent être renvoyés vers nos
»yeux que par les globules de cette ma-
» tiere impalpable qui fe trouve dans la
» même fuperficie , avec les parties pro-
»pres des corps .
Voici une comparaifon qui vient à
l'aide .
d'a
Quand vous jettez la vûe fur un mor-
» ceau de drap teint en écarlatte , continue
" M. L. N. votre premiere penſée n'eft-
"elle pas que vous voyez un tiffu de lai-
» ne , & ne vous revolterez - vous pas
» bord contre quiconque vous foutien-
» droit que vous voyez toute autre chofe
" que cela ? cependant , fi vous y faites
» attention , vous ferez obligé de convenir
que vous n'appercevrez qu'un enduit
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
ور
de cochenille adhérent à la matiere
»propre de l'étoffe , des particules colo-
» rantes incruftées dans les pores de la
» laine ; en un mot , une fubftance étran-
» gere à l'objet que vous avez en penſée ,
» & qui ne vous laiffe voir de lui que fa
"grandeur , fa fituation , fa figure , & nul-
» lement fa matiere propre ... Voilà donc
» des cas avoués de tout le monde , où les
" corps ne font pas vifibles
leur
par
pro-
" pre matiere
, mais par une ſubſtance
» étrangere
qui s'eft logée dans leurs pores.
Il faut voir dans l'ouvrage même
les autres raifons que l'Auteur fait valoir
en faveur de cette hypothèfe , & de quelle
maniere il prévient les difficultés qu'on
pourroit alléguer contre.
On trouve enfuite la defcription d'un
inftrument nouveau & commode pour me
furer l'angle de réflection de la lumiere
dans toutes fortes de cas , & l'on voit par
une premiere expérience qui fert comme
de bafe à toutes les autres du même genre ,
qu'un rayon fimple étant refléchi par un
miroir , fait fon angle de réflection égal
à celui de fon incidence.
Les principales conféquences de ce premier
principe fe rendent fenfibles par des
expériences où l'on emploie fucceffivement
des rayons paralleles , convergens &
SEPTEMBRE. 1755. 105
divergens , d'abord avec un miroir plan ,
enfuite avec un miroir convexe , & enfin
avec un miroir concave ; cela fait neuf
combinaiſons , dont les trois premieres
font connoître , que le miroir plan en renvoyoiant
la lumiere, ne change rien à la fituation
refpective des rayons incidens , &
l'on en tire les raifons des effets fuivans .
On apprend pourquoi un feul miroir
plan ne peut fervir à raffembler les rayons
folaires dans un foyer. D'où vient que
dans un tel miroir l'image fe voit derriere
, & auffi loin que l'objet en eft éloigné
par-devant. Par quelle raifon la grandeur
& la figure apparentes font conformes à
celles de l'objet que l'on regarderoit direêtement
de la même diftance. De quelle
grandeur doit être le miroir plan , pour
qu'on puiffe s'y voir tout entier? Comment
la fituation de l'image fe régle relativement
à celle de l'objet qui eft placé devant
une glace ? Pourquoi & comment les images
fe multiplient entre deux miroirs ? De
quelle maniere on doit expliquer les effets
des miroirs prifmatiques & pyramidaux ,
& c .
Les trois combinaiſons fuivantes fè font
avec un miroir convexe , & font voir : 1º .
que tous les miroirs de cette efpece , petits
ou grands , diminuent pour le moins
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
la convergence des rayons qui tendroient
à fe réunir. 2 ° . Qu'ils rendent divergens
ceux qui ne font que paralleles . 3". Qu'ils
augmentent la divergence de ceux qui en
avoient déja avant que de refléchir. Ce
qui fert à expliquer
Pourquoi de tels miroirs rarefient la
lumiere , & par quelle raifon celle qui
nous vient de la lune & des autres planetes
eft fi foible ? Pourquoi l'image dans
ces fortes de miroirs paroît plus petite que
fon objet , plus près que lui du miroir ,
& fouvent défigurée ?
le
Enfin les trois dernieres combinaiſons.
fe font avec le miroir concave , & montrent
, 1 °. que les rayons paralleles deviennent
convergens. 2 ° . Que ceux qui
font convergens dans leur incidence
font davantage après la réflection . 3 °. Que
ceux qui font divergens , le deviennent
moins , ce qui peut aller jufqu'à les rendre
paralleles , ou même convergens .
›
Ces faits fourniffent des raifons pour
expliquer , pourquoi un charbon ardent
placé au foyer d'un miroir concave , &
excité par le vent d'un foufflet , allume de
l'amadoue au foyer d'un femblable miroir
, élevé parallelement en face du premier
, à la diſtance de trente ou quarante
pieds. Combien les rayons folaires renSEPTEMBRE.
1755. 107
voyés par ces fortes de miroirs , deviennent
capables d'embrafer ou de fondre les
corps les plus durs & les plus compactes :
d'où vient que dans certains cas les images
fe voyent entre la furface réfléchiffante
& l'oeil du fpectateur. Par quelle raifon
l'image y paroît plus grande que l'objet
& renversée , &c .
M. L. N. enfeigne ici par occafion , de
quelle maniere on fait des miroirs concaves
de verre , foit de plufieurs pieces , ſoit
d'une feule glace pliée au feu , & comment
ces derniers fe mettent au tain . Après
quoi il traite des miroirs mixtes , & explique
les effets de ceux qui font cylindriques
& côniques .
Il s'agit après cela des principes de dioptrique
, ou de la lumiere réfractée. L'auteur
déduit les loix de la réfraction , d'une
expérience dans laquelle il employe
une machine très- commode , & qu'il décrit
avec beaucoup d'exactitude : il rap-
-porte les différens fentimens des Phyficiens
fur les caufes de la réfraction , il embraffe
celui des Carthéfiens en expofant
les raifons qui le déterminent , & paffe à
l'explication de certains effets qui ont rapport
à fa premiere expérience.
Il enfeigne pourquoi un bâton en partie
plongé obliquement dans l'eau paroît
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
comme rompu ; par quelle raifon une piece
de monnoye placée au fond d'une cuvette
remplie d'eau , fe fait voir à ceux qui
ne l'appercevoient pas quand le vafe ne
contenoit que de l'air. M. L. N. remarque
comme une conféquence naturelle de
ces effets , que le poiffon qui eft dans un
étang voit au- delà des bords , des objets
qu'il ne pourroit appercevoir en droite
ligne : que nous voyons de même le foleil,
la lune , les étoiles , & c. avant que ces
aftres foient réellement fur l'horton , à
caufe des réfractions de la lumiere dans
l'atmosphere terreftre ; il fait fentir pourquoi
ce dernier effet diminue à meſure que
l'aftre s'éleve ; comment il peut arriver que
le foleil ou la pleine lune paroiffe ovale ,
dans quel cas l'on peut voir la lune éclipfée
, le foleil n'étant pas encore couché :
pourquoi la lune éclipfée paroît à nos yeux
d'un rouge obfcur. &c.
M. L. N. confidérant que les milieux
réfringens ne peuvent être terminés que
par des furfaces planes , concaves ou convexes
, examine dans ces différens cas quels
changemens il doit arriver ; 1 ° à des
rayons paralleles , enfuite à des rayons divergens
, & enfin à des rayons convergens;
ce qui fait encore neuf combinaifons que
l'auteur met en expériences.
SEPTEMBRE. 1755 . 109
Des trois premieres dans lefquelles on
employe un milieu réfringent terminé
par deux furfaces planes & paralleles entr'elles
, il réfulte 1 ° que des rayons qui
font paralleles entr'eux dans leur incidence
, reftent paralleles après la réfraction ,
foit en paffant du milieu le plus rare dans
le plus denfe , foit en paffant de celui- ci
dans l'autre , au moins dans le cas ou le
milieu réfringent n'a qu'une médiocre
épaiffeur : 2 ° que dans le premier de ces
deux cas les rayons convergens le deviennent
moins , & que dans le fecond ils reprennent
le degré de convergence qu'ils
avoient perdu : 3 ° que des rayons divergens
mis à pareille épreuve , perdent d'abord
une partie de leur divergence & la
reprennent enfuite.
On apprend dans deux corollaires qui
fuivent ces expériences , ce qu'on doit attendre
d'un milieu réfringent qui feroit
terminé par deux furfaces courbes , mais
concentriques , ou de celui dont les furfaces
oppofées feroient planes , mais inclinées
l'une vers l'autre .
Par des applications naturelles de ces
faits , on voit pourquoi tout ce que nous
appercevons en regardant dans l'eau , nous
paroît élevé vers la furface ; par quelle raifon
les baffins remplis d'eau nous paroifITO
MERCURE DE FRANCE.
fent moins profonds qu'ils ne le font en
effet , d'où vient que le fond de l'eau , s'il
eft d'une grande étendue nous ſemble courbe
quoiqu'il foit droit ; pourquoi les verres
taillés en prifmes nous changent le lieu de
l'objet , & par quelle raifon ceux qui font
à facettes , nous en multiplient l'image,
& c.
par
Les quatrieme , cinquieme & fixieme
combinaiſons ſe font avec un milieu plus
denfe que l'air , l'air , terminé des furfaces
convexes , & apprennent 1 ° que des rayons
paralleles en entrant dans un tel milieu
deviennent convergents. 2° que fi dans
leur incidence , ils convergeoient au centre
de la ſphéricité du milieu réfringent
il ne leur arrive aucun changement . 3 ° que
leur convergence diminue s'ils tendoient
à fe réunir plus près que le centre , & qu'ellé
augmente au contraire dans le cas oppofé
: 4° que les rayons divergens y perdent
au moins une partie de leur divergence ,
ce qui peut aller jufqu'à les rendre paralleles
, & même convergens.
De cette théorie rendue fenfible par l'expérience
, on tire naturellement l'explication
des faits que voici.
Pourquoi l'ufage des bocaux de verre
remplis d'eau , eft- il fi utile aux artiſtes qui
ont be foin d'une lumiere vive. D'où vient
1
SEPTEMBRE. 1755. III
que les corps plongés dans des vafes de
verre , ordinairement cylindriques , ou à
peu près , nous paroiffent difformes quand
ces vafes font pleins d'eau . Pourquoi les
corps tranfparens & fphériques , raffemblent
les rayons du foleil dans un foyer ; à
quelle diſtance on doit attendre le foyer ;
pourquoi en cherchant à former des foyers,
on a fubftitué les lentilles aux globes , fur
quelles confidérations on a réglé la largeur
des lentilles tranfparentes. Comment les
verres lenticulaires amplifient les images
des objets ; comment dans certains cas
elles nous font voir entr'elles & nous : d'où
vient qu'elles defforment quelques fois ces
images , & c .
>
Par les trois dernieres combinaifons qui
fe font avec un milieu réfringent terminé
par des furfaces concaves , on apprend
1º que par de tels milieux , les rayons paralleles
font rendus divergens ; 2° que
ceux qui font convergens y perdent une
partie de leur convergence , ce qui peut
aller jufqu'à les rendre paralleles ou même
divergens ; 3 ° que des rayons divergens
qui ont leur point de difperfion au centre
même de la concavité du milieu réfringent
, ne fouffrent aucun changement ;
mais que ceux qui viennent de plus loin
que ce centre , augmentent en divergence ,
112 MERCURE DE FRANCE.
<
& qu'il arrive tout le contraire à ceux qui
viennent de plus près.
On voit par là pourquoi les verres concaves
dont fe fervent les perfonnes qui ont
la vûe courte ; font voir les objets plus
petits qu'on ne les voit à la vûe fimple ;
pourquoi l'image eft plus près du verre par
derriere , que l'objet ne l'eſt par-devant ;
d'où vient que ces fortes de verres , diminuent
la clarté de la vifion , & c. 1
Dans la dix- feptieme leçon M. L. N.
commence par traiter des couleurs : « Nous
diftinguons , dit- il , les objets vifibles ,
» non-feulement par leur grandeur , leur
» figure, leur fituation , leur diftance , leurs
dégrés de clarté , & c. mais encore par
» une forte d'illumination qui fait que
» chacun d'eux brille à nos yeux d'une
>>
و ر
façon particuliere , & qui ne dépend
»pas de la quantité de lumiere qui l'éclaire
, c'eft ce dernier moyen de vifibilité
que la nature varie avec une magni-
» ficence fans égale , & dont elle embellit
» toutes fes productions ; c'eft , dis- je ,
» cette apparence particuliere des furfaces
» que nous nommons couleur en général ,
» & dont nous exprimons les efpeces par
les noms de blanc , de rouge , de jaune ,
» de bleu , & c.
Les couleurs peuvent être confidérées
SEPTEMBRE. 1755. 113
1° dans la lumiere à qui elles appartiennent
effentiellement ; 2 ° . dans les corps
en tant que colorés . 3 ° . & dans celui de
nos fens qu'elles affectent particulierement
, & par lequel nous les diftinguons ;
c'eft aufli l'ordre dans lequel l'auteur traite
cette partie ; il préfere le fentiment de
Newton à celui de Defcartes , ou plutôt
il les adopte tous deux , en faifant remarquer
qu'ils ne font pas incompatibles ; &
après avoir rapporté hiftoriquement ce qui
donna occafion aux découvertes du philofophe
Anglois , il remet fous les yeux l'expérience
fondamentale , qui lui fir foupçonner
les deux points capitaux de tout
fon fyftême , fçavoir 1 ° que la lumiere
naturelle eft compofée de fept efpeces de
rayons plus réfrangibles , & plus réflectibles
les uns que les autres ; 2 ° que chacun
de ces rayons a le pouvoir d'exciter conftamment
en nous l'idée d'une couleur particuliere,
D'où il fuit que le défaut de couleur
dans la lumiere naturelle , vient de
l'affemblage complet de tous les rayons
colorés , & que le noir n'eft qu'une privation
de lumiere , plus ou moins parfaite.
M. L. N. rapporte , non pas toutes les
expériences que Newton a faites pour établir
cette doctrine , mais les plus décifives
& les moins difficiles à exécuter , afin , dit114
MERCURE DE FRANCE.
il , que chacun de fes lecteurs puiffe entreprendre
de les répéter , fans craindre de les
manquer. C'eft dans cette vue fans doute ,
qu'il avertit dans des notes , des précautions
qu'il faut prendre en certains cas , du
choix qu'il faut faire des inftrumens & des
manipulations les plus propres à procurer
un heureux fuccès.
A l'occafion de ces expériences , l'auteur
fuivant toujours fa méthode , ne manque
pas de rendre raifon des effets naturels qui
peuvent s'y rapporter. Il apprend par exemple,
pourquoi les objets paroiffent teints
de diverfes couleurs quand on les regarde
au travers d'un prifme de verre , pourquoi
ces couleurs font fituées différemment
quand l'objet eft brun fur un fond clair ,
que quand il eft blanc fur un fond obfcur :
d'où vient qu'une riviere ou un canal vû à
travers un prifme , prend la forme d'un arc
de diverfes couleurs dont la convexité eft
tournée vers la terre : par quelle raiſon un
verre plein d'eau fait paroître dans certaines
occafions avec diverfes couleurs , les
rayons folaires qui le traverfent ; pourquoi
les diamans & les pierres fauffes qui font
brillantées , repréfentent les mêmes couleurs
que le prifme ; enfin comment ſe
forme l'arc-en-ciel , & quelles font les caufes
de fes diverfes apparences.
Après avoir confidéré les couleurs dans
SEPTEMBRE . 1755. 115
la lumiere , M. L. N. examine comment il
peut fe faire que parmi différens corps expofés
à la lumiere naturelle du jour , les
uns fe teignent conftamment des rayons
d'une certaine espece , tandis que d'autres
fe colorent autrement : il penfe que cela
dépend de leurs différentes porofités &
primitivement de la grandeur & de la figure
de leurs parties infenfibles ; car fi les
pores d'une furface font propres à loger
une certaine efpece de lumiere , on conçoit
que les rayons de même nature qui
tomberont deffus , feront réfléchis plus
complettement & en plus grande abondance
que les autres ; & fi c'eft un corps
tranfparent qui foit imbu de cette efpece
particuliere de lumiere , les rayons incidens
de la même efpece , pourront mieux
que d'autres tranfmettre leur action à ceux
qui font au-delà : ainfi , fuivant cette opinion
, tous les corps font pleins de lumiere ;
ceux qui la contiennent avec toutes fes
efpeces , font propres à réfléchir ou à tranf
mettre toutes celles qui fe préfentent à leur
furface , s'ils font opaques ils nous paroiffent
blancs ou brillans , s'ils font tranfparens
, nous les voyons clairs & limpides
comme le verre ou l'eau . Ceux qui n'ont
admis dans leurs pores qu'une forte de
lumiere , ne renvoyent ou ne tranfmettent
116 MERCURE DE FRANCE.
que celle- là , & nous paroiffent rouges ;
verts, bleux , jaunes , & c. Ceux enfin qui
par une contention particuliere de leurs
parties propres ou par le mauvais alignement
de leurs pores , ne peuvent ni renvoyer
ni tranfmettre l'action d'aucune
efpece de lumiere , nous leur avons donné
le nom de noirs ou d'obscurs.
Cette hippothefe eft appuyée par une
fuite d'expériences curieufes , dans lef
quelles on voit 1 ° que deux liqueurs claires
comme de l'eau , étant mêlées enfemble
, fe montrent fous une couleur qu'elles
n'avoient ni l'une ni l'autre. 2 ° . Qu'ane
liqueur fans couleur , fait paffer du
bleu au rouge , ou du verd au violet une
autre liqueur avec laquelle on la mêle .
3 °. Qu'une couleur très- limpide rend
opaque une autre liqueur qui ne l'étoit
pas plus qu'elle ; 4° . enfin , qu'une goute
ou deux d'une certaine liqueur , rend la
limpidité à un mélange qui étoit opaque
& coloré.
A l'appui de ces expériences , arrivent
les obfervations fuivantes , qui s'expliquent
comme elles d'une maniere affez
plaufible , en fuppofant qu'un changement
de porofité fuperficielle ou intime
dans les corps , eft la principale caufe de
leurs changemens de couleur.
2
SEPTEMBRE. 1755 117
On obferve que le papier bleu ou violet,
devient rouge , quand il eft touché par un
acide , que les étoffes fe tachent , par l'attouchement
des matieres qui peuvent en
altérer la texture : que l'action du feu ,
celle du foleil rougit les écreviffes , les
crabes & les autres poiffons cruftalés , que
l'impreffion continuelle de l'air fait prêndre
la couleur verte aux plantes , & qu'en
les en privant on les fait blanchir ; que
plufieurs teintures ou fucs naturels , paffent
d'une couleur à l'autre par la même caufe ;
qu'une legere fomentation fuffit fouvent
pour produire des effets ſemblables , &c .
L'auteur cherche enfuite qu'elle eft la
caufe de la tranſparence des corps : après
avoir remarqué , qu'il n'y a aucun corps .
ni abfolument tranfparent , ni abfolument
opaque , il prouve par plufieurs expériences
& obfervations , qu'un corps , toutes
chofes égales d'ailleurs , trafmet d'autant
mieux la lumiere , que fes parties font plus.
homogenes , ou d'une denfité plus uniforme.
Ces expériences apprennent à ſe défier
de la mauvaiſe foi de certaines gens qui
alterent & changent les écritures , elles
expliquent auffi pourquoi dans certains
tems , le foleil paroît d'un rouge de fang,
= & fe laiffe voir fans bleffer la vûe : par
118 MERCURE DE FRANCE.
quelle raifon la teinture noire eft plus belle
& plus durable quand cette étoffe a été
mife au bleu auparavant.
Le refte de la dix- feptieme leçon roule
fur la vifion , tant naturelle qu'artificielle ;
M. L. N. diftingue ainfi celle qui fe fait à
la vûe fimple de celle qui eft aidée par
quelque inftrument de dioptrique ou de
catoptrique .
par
*
Cette partie commence par une defcription
de l'oeil qui expoſe en détail les parties
de cet organe, leurs différentes fonctions
que l'on imite des expériences
fort curieufes , fort inftructives , & qui
donnent lieu aux explications fuivantes.
Pourquoi la prunelle de l'oeil fe retire
au grand jour , & fe dilate dans l'obfcurité
: comment varient les limites de la
vifion diſtincte ; en quoi confifte le défaut
de la vûe courte , & celui de la vûe longue
: d'où vient que les Myopes , regar- 2
dent de fort près , & les Prefbites de fort
loin : par quelles raiſons l'on croit
que la
vifion s'accomplit fur la choroïde , & non
pas fur la retine : quels moyens contribuent
à la clarté des images , qui fe peignent
au fond de l'oeil. Pourquoi les objets
vifibles qui fe meuvent rapidement ,
produifent des images qui ne leur reflemblent
pas d'ou vient qu'avec les deux
SEPTEMBRE. 1755. 119
yeux nous ne voyons ordinairement qu'une
fois le même objet , quoiqu'il fe peigne
également dans les deux. Comment l'uſage
fimultané des deux yeux nous aide à juger
des petites diſtances. Quelle eft la caufe
duftrabisme ou vûe louche. En quoi confifte
cette maladie de l'oeil appellée cararacle
, comment on y remédie ; pourquoi
dans certaines circonftances on voit tous
les objets teints de la même couleur.
A la fuite de ces obfervations , M. L. N.
explique d'où peuvent naître ces éclats de
lumiere qu'on appeçoit la nuit en ſe frottant
les yeux , ou lorfqu'on fe donne quelque
coup à la tête ; il parle auffi de ces couleurs
que l'on continue de voir , lorsqu'on
ferme les yeux après avoir regardé lé foleik
couchant , ou bien lorfqu'on applique la
vûe pendant quelque tems fur un même
corps de quelque couleur éclatante .
M. L. N. finit , par expliquer les effets
des principaux inftrumens qui fervent à
aider la vûe : « La vifion naturelle , dit-il,
lorfqu'elle eft dans fa plus grande force ,
» dans fon état le plus parfait , eft afſujet-
» tie à des conditions & renfermée dans
» des limites ; fi l'objet n'eft pas découvert
» au point que de lui à nous on puiffe tirer
une ligne droite fans obftacle , nous ne
l'appercevons pas fût-il même conve
120 MERCURE DE FRANCE.
» nablement exposé à nos regards , s'il eft
» trop loin ou trop petit , il nous échappe :
» & c'est encore pis fi l'oeil eft affoibli ou
» mal conformé ; la petiteffe & la diſtance
» le gênent encore davantage.
33
33
33
» Ces inconvéniens ont fubfifté longtems
fans remede ; mais enfin le hazard
» d'un côté , l'induſtrie de l'autre éclairée
& foutenue par l'étude , nous en ont
» affranchis en quelque façon ; par le fecours
des miroirs & des verres taillés
d'une certaine maniere , nous pouvons
» appercevoir ce qui eft caché à nos regards
» directs ; nous découvrons dans le fein de
la nature des êtres qui fembloient devoir
être à jamais imperceptibles pour nous :
» les objets trop éloignés fe rapprochent ,
»pour ainfi dire , & fe laiffent voir dif-
» tinctement : la vûe des vieillards à moitié
» éteinte ſe ranime ; celle qui eft trop
courte devient plus étendue. Enfin ,
quand nos befoins font fatisfaits , les
» mêmes moyens fourniffent encore des
amufemens très-dignes de notre curiofité
n
"
Il eft donc queftion dans cette derniere
partie des lunettes à lire , tant à deux qu'à
un feul verre ; des chambres obfcures , tant
fixes que portatives ; des polemofcopes
grands & petits ; des boëtes optiques ou perf
pectives
1
1
SEPTEMBRE 1755 12r
"
pectives avec des verres convexes , & avec
des miroirs ; des lunettes d'approche à deux
& à quatre verres ; des télescopes de réflection
; des microscopes fimples & compofés ;
du mycrofcope folaire & de la lanterne
magique , « inftrument , dit M. L. N. qu'une
trop grande célébrité a prefque ren-
» du ridicule aux yeux de bien des gens :
on la promene dans les rues , on en
divertit les enfans & le peuple ; cela
» prouve avec le nom qu'elle porte , que
» les effets font curieux & furprenans : &
» parce que les trois quarts de ceux qui les
» voyent , ne font pas en état d'en com-
» prendre les caufes , eft ce une raiſon
» pour ſe diſpenſer d'en inftruire les perfonnes
qui peuvent les entendre ? &c.
En parlant de ces inftrumens , il remon
te aux tems de leur invention , il en défigne
les auteurs , il fait connoître ceux qui
Les ont perfectionnés , & il marque par
des figures bien correctes , la marche des
rayons de la lumiere dans chacun d'eux .
Voilà à peu près les matieres contenues
dans ce cinquieme tome des leçons de phy-
Lique ; leur grande abondance pouvoit faire
craindre qu'elles ne s'y préfentaffent avec
confufion , mais l'auteur en y faiſant régner
beaucoup d'ordre & de précifion , a
fçu éviter cet inconvénient ; & nous
F
#21 MERCURE DE FRANCE.
croyons que le public recevra ce volume
aufi favorablement qu'il a reçu ceux qui
l'ont précédé.
aux
OEUVRES de M. Clermont , Commiffaire
d'Artillerie , en un volume in-4°.
contenant la Géométrie - pratique de l'Ingénieur
, ou l'art de mefurer, ouvrage éga
lement néceffaire aux Ingénieurs
Toifeurs & aux Arpenteurs , avec figures ;
& l'arithmétique militaire , ou l'Arithmétique
pratique de l'Ingénieur & de l'Officier
, divifée en trois parties. Ouvrage
également utile aux Officiers , aux ingênieurs
& aux Commerçans. Nouvelle édition
, corrigée , & de beaucoup augmentée
A Paris , chez Briaffon , rue S. Jacques
,
à la Science. 1755 .
ARCHITECTURE - PRATIQUE , qui comprend
la conftruction générale & particuliere
des bâtimens ; le détail , toiſé & dévis
de chaque partie ; fçavoir , maçonnerie
, charpenterie , couverture , ménuiferie
, ferrurerie , vitrerie , plomberie, peinture
d'impreffion , dorure , fculpture , mar
brerie , miroiterie , &c. avec une explication
des trente- fix articles de la coutume
de Paris fur le titre des fervitudes & rapports
qui concernent les bâtimens , & də
SEPTEMBRE. 1755. 123-
l'ordonnance de 1673 ; par M. Bullet
Architecte du Roi , & de l'Académie roya
le d'Architecture.
: Nouvelle édition , revûe , corrigée , &
confidérablement augmentée , fur- tout des
détails effentiels à l'ufage actuel du toiſé
des bâtimens , aux us & coutumes de Paris
, & aux réglemens des Mémoires , par
M *** Architecte , ancien Infpecteurtoifeur
de bâtiment . Ouvrage très - utile
aux Architectes & Entrepreneurs , à tous
propriétaires de maifons , & à ceux qui
veulent bâtir . A Paris , chez Hériffant &
Savoye , rue S. Jacques ; chez Didot , Nyon
& Damonneville , quai des Auguft. 1755.
Le quatriéme & le cinquiéme tomes des
traités des collations & provifions des Bénéfices
, par M. Piales , Avocat au Parlement
, paroiffent ; & fe vendent à Paris ,
chez Briaffon , rue S. Jacques , à la Science
; & à Chartres , chez Le Tellier , Imprimeur
, au bon Paſteur.
Le quatriéme volume contient les permutations
& réfignations pures & fimples ,
ou démiffions.
Le cinquième comprend les collations
& provifions fur réfignations , avec réſerve
de penfion.
par M.l'Abbé Nollet , de l'Académie roya
le des Sciences , Profeffeur de Phyfique
expérimentale au College de Navarre , &c.
tome v. A Paris , chez Guerrin & De Latour
, rue S. Jacques , à S. Thomas d'Acquin
.
Ce volume , que le public attendoit depuis
long-tems , traite de la lumiere & des
couleurs , matiere intéreſſante , & qui
s'affujettit mieux qu'aucune autre partie
de la phyfique aux régles de la Géométrie
& au calcul , mais que l'auteur , obligé de
fuivre la méthode qu'il a embraffée pour
tout l'ouvrage , s'eft appliqué à rendre
fenfible par la voie de l'expérience. Cela
nous met à portée de voir jufqu'à quel
point les faits quadrent avec la théorie ;
& nous voyons que les perfonnes qui commencent
à s'appliquer à cette fcience
prendront facilement par la lecture de
ces leçons des idées claires & méthodiques
qu'elles auroient peine à acquerir autrement.
Nous en avions conçu cette opinion en
confidérant que les principes y font expo
E
98 MERCURE DE FRANCE.
fés avec clarté , que les expériences qui
leur fervent de preuves , font curieuſes
décifives , & très bien repréfentées par les
figures ; mais nous en fommes encore plus
perfuadés , en apprenant par la voie du
public , avec quel intérêt & quelle affiduité
des perfonnes de tout âge & de toute
condition , fe font affemblées pendant les
mois de Juin & de Juillet derniers au
Collége de Navarre , pour continuer d'entendre
M. l'Abbé Nollet , & lui voir exécuter
les expériences qui concernent cette
matiere ; c'est peut- être la premiere fois
qu'on ait entrepris avec fuccès de les faire
voir à soo , à 600 perfonnes en même
terns.
Le volume dont nous parlons , contient
trois leçons ; fçavoir , la quinziéme , la
feizième , & la dix-feptiéme, & voici l'ordre
dans lequel les matieres fe préfentént.
L'auteur expofe d'abord l'état de la que
ftion qu'il fe propofe de traiter , il en fait
l'hiftoire ; & après avoir annoncé des propofitions
, il les établit par des raifons ou
par des expériences dont il a foin de bien
expliquer le méchanifme : après quoi il
fait venir par forme de remarques ou d'applications
les effets naturels qui peuvent
dériver du principe établi , ou avoir quelSEPTEMBRE.
1755. 99
j
que rapport avec les expériences qui ont
fervi de preuves.
Dans la quinziéme leçon , par exemple,
où il s'agit d'abord de la nature & de la
propagation de la lumiere , M. L. N. expofe
au Lecteur les deux principales opinions
qui partagent aujourd'hui les Phyficiens
, celle de Defcartes & celle de
Newton ; il embraffe la premiere avec
quelques modifications , il rend raifon du
parti qu'il prend , il prévient les objections
qu'on pourroit lui faire ; & enfin il
en vient à des expériences par lefquelles
il prétend prouver que la lumiere eft une
matiere fubtile univerfellement répandue
au- dehors , comme au- dedans des corps ,
& toujours prête à devenir fenfible par le
mouvement qu'elle peut recevoir des corps
enflammés , ou par la clarté du jour auquel
elle fe trouve expofée . Ces expériences
donnent lieu à une hiftoire trèscurieufe
des phofphores , où l'on trouve
des nouvelles découvertes .
L'auteur examine enfuite les directions
que la lumiere fuit dans fes mouvemens ,
foit qu'elle vienne directement du corps
lumineux vers nos yeux , foit qu'elle rencontre
en fon chemin un obftacle qui l'oblige
à fe refléchir , foit enfin qu'elle paffe
d'un milieu dans un autre de différente
denfité. E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
Il s'arrête d'abord au mouvement direct
, & après quelques définitions néceffaires
pour l'intelligence de la queſtion ,
il énonce le principe de l'Optique , proprement
dite , en quatre propofitions , dont
voici les deux premieres. 1 ° . En quelque
endroit qu'on préfente un plan vis- à - vis
d'un point radieux , ce plan devient comme
la bafe d'une pyramide de lumiere.
2º. Ce plan eſt moins éclairé à meſure
qu'il s'éloigne du point radieux.
Deux expériences mettent ces faits fous
les yeux , & apprennent en même tems
dans quel rapport fe fait le décroiffement
de la lumiere , & l'accroiffement de l'ombre.
En comparant avec ces deux épreuves
ce qui fe paffe à l'égard de l'oeil qui ſe
préfente vis- à- vis d'un objet éclairé , on
conçoit d'abord & très facilement , comment
plufieurs perfonnes placées en différens
endroits apperçoivent enfemble le
même corps , fi petit qu'il foit ; pourquoi
nous ne pouvons voir qu'en ligne droite ;
par quels moyens nous jugeons de la diftance
quand elle eft petite ; quelle eſt la
caufe des ombres , ce qui régle leur grandeur
& leurs figures ; par quels moyens
la lumiere peut augmenter ou diminuer
pour le même oeil , & c.
SEPTEMBRE . 1755. 101
Les deux autres propofitions font énoncées
ainfi . 3 ° .Si le corps lumineux eft d'une
grandeur & d'une figure fenfibles , le plan
qu'on lui préfente , devient la bafe commune
d'autant de pyramides de lumiere ,
qu'il y a de points radieux tournés vers
lui. 4 ° . Si au lieu d'un plan qui arrête la
lumiere , on fait un trou dans une planche
mince , les pyramides lumineufes qui
viennent des différens points de l'objet
s'y croifent , paffant de droite à gauche
de haut en bas , &c . Deux expériences qui
mettent ces faits fous les yeux , font naître
naturellement les applications fuivan
tes.
,
>
Comment fe forment les images des
objets au fond de l'oeil ? pourquoi nous
voyons ces objets droits , quoique leurs
images foient renversées fur l'organe ;
par quels moyens nous jugeons des grandeurs
& des diftances des corps que nous
appercevons ; d'où vient que deux files de
foldats ou deux murailles paralleles feniblent
fe rapprocher l'une de l'autre , à mefure
qu'elle s'éloignent de nous ; pour
quelle raifon la furface d'un canal femble
s'élever dans l'éloignement ; pourquoi la
figure d'un grand corps apperçu de loin ,
change fuivant la direction de nos regards ?
Şur quelles régles eft fondée la perfpe-
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
&tive ? Comment les mouvemens apparens
des corps qu'on regarde dans le lointain ,
différent des mouvemens réels , tant pour
la direction que pour la vîteffe Dans
quels cas leur viteffe paroit nulle , ou devient
infenfible ? Comment l'habitude , le
préjugé , les connoiffances précédemment
acquifes , nous font juger des grandeurs
& des diftances ? d'où vient que nous
voyons la voûte du ciel comme furbaiffée ,
le foleil & la lune plus grands à leur lever
qu'au zénith , & c.
La feizième leçon comprend la catoptrique
& la dioptrique , c'est - à - dire les
mouvemens de la lumiere refléchie , &
ceux de la lumiere refractée .
L'Auteur commence par une differtation
qui nous a paru curieufe , & dans laquelle
il entreprend de prouver contre
l'opinion commune que la lumiere ne ſe
refléchit point de deffus les parties propres
des corps polis , des miroirs par exemple
, mais de deffus les particules de lumiere
qui font logées & comme enchaffées
dans les pores de ces furfaces. M. L. N.
s'attend bien que cette opinion aura de
la peine à prendre dans l'efprit de fes lecteurs.
J'avoue , dit - il , qu'en embraf-
» fant cette opinion , on fe met dans la
» néceffité de renoncer aux idées les plus
SEPTEMBRE. 1755. 103
33
communes , & de fe roidir contre des
préjugés bien accrédités & bien difficiles
à vaincre. Se perfuadera - t - on , par
exemple , que les corps ne foient pas
vifibles par eux-mêmes , mais feulement
par les points de lumiere , dont les fur-
» faces font parfemées ? qu'à proprement
» parler , nous n'avons jamais rien vû de
" tout ce que nous avons touché : cepen-
» dant , quel moyen de penfer autrement ,
» fi nous ne pouvons rien voir que ce qui
» nous renvoie de la lumiere , & fi les
» rayons qui nous tracent les images des
objets ne peuvent être renvoyés vers nos
»yeux que par les globules de cette ma-
» tiere impalpable qui fe trouve dans la
» même fuperficie , avec les parties pro-
»pres des corps .
Voici une comparaifon qui vient à
l'aide .
d'a
Quand vous jettez la vûe fur un mor-
» ceau de drap teint en écarlatte , continue
" M. L. N. votre premiere penſée n'eft-
"elle pas que vous voyez un tiffu de lai-
» ne , & ne vous revolterez - vous pas
» bord contre quiconque vous foutien-
» droit que vous voyez toute autre chofe
" que cela ? cependant , fi vous y faites
» attention , vous ferez obligé de convenir
que vous n'appercevrez qu'un enduit
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
ور
de cochenille adhérent à la matiere
»propre de l'étoffe , des particules colo-
» rantes incruftées dans les pores de la
» laine ; en un mot , une fubftance étran-
» gere à l'objet que vous avez en penſée ,
» & qui ne vous laiffe voir de lui que fa
"grandeur , fa fituation , fa figure , & nul-
» lement fa matiere propre ... Voilà donc
» des cas avoués de tout le monde , où les
" corps ne font pas vifibles
leur
par
pro-
" pre matiere
, mais par une ſubſtance
» étrangere
qui s'eft logée dans leurs pores.
Il faut voir dans l'ouvrage même
les autres raifons que l'Auteur fait valoir
en faveur de cette hypothèfe , & de quelle
maniere il prévient les difficultés qu'on
pourroit alléguer contre.
On trouve enfuite la defcription d'un
inftrument nouveau & commode pour me
furer l'angle de réflection de la lumiere
dans toutes fortes de cas , & l'on voit par
une premiere expérience qui fert comme
de bafe à toutes les autres du même genre ,
qu'un rayon fimple étant refléchi par un
miroir , fait fon angle de réflection égal
à celui de fon incidence.
Les principales conféquences de ce premier
principe fe rendent fenfibles par des
expériences où l'on emploie fucceffivement
des rayons paralleles , convergens &
SEPTEMBRE. 1755. 105
divergens , d'abord avec un miroir plan ,
enfuite avec un miroir convexe , & enfin
avec un miroir concave ; cela fait neuf
combinaiſons , dont les trois premieres
font connoître , que le miroir plan en renvoyoiant
la lumiere, ne change rien à la fituation
refpective des rayons incidens , &
l'on en tire les raifons des effets fuivans .
On apprend pourquoi un feul miroir
plan ne peut fervir à raffembler les rayons
folaires dans un foyer. D'où vient que
dans un tel miroir l'image fe voit derriere
, & auffi loin que l'objet en eft éloigné
par-devant. Par quelle raifon la grandeur
& la figure apparentes font conformes à
celles de l'objet que l'on regarderoit direêtement
de la même diftance. De quelle
grandeur doit être le miroir plan , pour
qu'on puiffe s'y voir tout entier? Comment
la fituation de l'image fe régle relativement
à celle de l'objet qui eft placé devant
une glace ? Pourquoi & comment les images
fe multiplient entre deux miroirs ? De
quelle maniere on doit expliquer les effets
des miroirs prifmatiques & pyramidaux ,
& c .
Les trois combinaiſons fuivantes fè font
avec un miroir convexe , & font voir : 1º .
que tous les miroirs de cette efpece , petits
ou grands , diminuent pour le moins
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
la convergence des rayons qui tendroient
à fe réunir. 2 ° . Qu'ils rendent divergens
ceux qui ne font que paralleles . 3". Qu'ils
augmentent la divergence de ceux qui en
avoient déja avant que de refléchir. Ce
qui fert à expliquer
Pourquoi de tels miroirs rarefient la
lumiere , & par quelle raifon celle qui
nous vient de la lune & des autres planetes
eft fi foible ? Pourquoi l'image dans
ces fortes de miroirs paroît plus petite que
fon objet , plus près que lui du miroir ,
& fouvent défigurée ?
le
Enfin les trois dernieres combinaiſons.
fe font avec le miroir concave , & montrent
, 1 °. que les rayons paralleles deviennent
convergens. 2 ° . Que ceux qui
font convergens dans leur incidence
font davantage après la réflection . 3 °. Que
ceux qui font divergens , le deviennent
moins , ce qui peut aller jufqu'à les rendre
paralleles , ou même convergens .
›
Ces faits fourniffent des raifons pour
expliquer , pourquoi un charbon ardent
placé au foyer d'un miroir concave , &
excité par le vent d'un foufflet , allume de
l'amadoue au foyer d'un femblable miroir
, élevé parallelement en face du premier
, à la diſtance de trente ou quarante
pieds. Combien les rayons folaires renSEPTEMBRE.
1755. 107
voyés par ces fortes de miroirs , deviennent
capables d'embrafer ou de fondre les
corps les plus durs & les plus compactes :
d'où vient que dans certains cas les images
fe voyent entre la furface réfléchiffante
& l'oeil du fpectateur. Par quelle raifon
l'image y paroît plus grande que l'objet
& renversée , &c .
M. L. N. enfeigne ici par occafion , de
quelle maniere on fait des miroirs concaves
de verre , foit de plufieurs pieces , ſoit
d'une feule glace pliée au feu , & comment
ces derniers fe mettent au tain . Après
quoi il traite des miroirs mixtes , & explique
les effets de ceux qui font cylindriques
& côniques .
Il s'agit après cela des principes de dioptrique
, ou de la lumiere réfractée. L'auteur
déduit les loix de la réfraction , d'une
expérience dans laquelle il employe
une machine très- commode , & qu'il décrit
avec beaucoup d'exactitude : il rap-
-porte les différens fentimens des Phyficiens
fur les caufes de la réfraction , il embraffe
celui des Carthéfiens en expofant
les raifons qui le déterminent , & paffe à
l'explication de certains effets qui ont rapport
à fa premiere expérience.
Il enfeigne pourquoi un bâton en partie
plongé obliquement dans l'eau paroît
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
comme rompu ; par quelle raifon une piece
de monnoye placée au fond d'une cuvette
remplie d'eau , fe fait voir à ceux qui
ne l'appercevoient pas quand le vafe ne
contenoit que de l'air. M. L. N. remarque
comme une conféquence naturelle de
ces effets , que le poiffon qui eft dans un
étang voit au- delà des bords , des objets
qu'il ne pourroit appercevoir en droite
ligne : que nous voyons de même le foleil,
la lune , les étoiles , & c. avant que ces
aftres foient réellement fur l'horton , à
caufe des réfractions de la lumiere dans
l'atmosphere terreftre ; il fait fentir pourquoi
ce dernier effet diminue à meſure que
l'aftre s'éleve ; comment il peut arriver que
le foleil ou la pleine lune paroiffe ovale ,
dans quel cas l'on peut voir la lune éclipfée
, le foleil n'étant pas encore couché :
pourquoi la lune éclipfée paroît à nos yeux
d'un rouge obfcur. &c.
M. L. N. confidérant que les milieux
réfringens ne peuvent être terminés que
par des furfaces planes , concaves ou convexes
, examine dans ces différens cas quels
changemens il doit arriver ; 1 ° à des
rayons paralleles , enfuite à des rayons divergens
, & enfin à des rayons convergens;
ce qui fait encore neuf combinaifons que
l'auteur met en expériences.
SEPTEMBRE. 1755 . 109
Des trois premieres dans lefquelles on
employe un milieu réfringent terminé
par deux furfaces planes & paralleles entr'elles
, il réfulte 1 ° que des rayons qui
font paralleles entr'eux dans leur incidence
, reftent paralleles après la réfraction ,
foit en paffant du milieu le plus rare dans
le plus denfe , foit en paffant de celui- ci
dans l'autre , au moins dans le cas ou le
milieu réfringent n'a qu'une médiocre
épaiffeur : 2 ° que dans le premier de ces
deux cas les rayons convergens le deviennent
moins , & que dans le fecond ils reprennent
le degré de convergence qu'ils
avoient perdu : 3 ° que des rayons divergens
mis à pareille épreuve , perdent d'abord
une partie de leur divergence & la
reprennent enfuite.
On apprend dans deux corollaires qui
fuivent ces expériences , ce qu'on doit attendre
d'un milieu réfringent qui feroit
terminé par deux furfaces courbes , mais
concentriques , ou de celui dont les furfaces
oppofées feroient planes , mais inclinées
l'une vers l'autre .
Par des applications naturelles de ces
faits , on voit pourquoi tout ce que nous
appercevons en regardant dans l'eau , nous
paroît élevé vers la furface ; par quelle raifon
les baffins remplis d'eau nous paroifITO
MERCURE DE FRANCE.
fent moins profonds qu'ils ne le font en
effet , d'où vient que le fond de l'eau , s'il
eft d'une grande étendue nous ſemble courbe
quoiqu'il foit droit ; pourquoi les verres
taillés en prifmes nous changent le lieu de
l'objet , & par quelle raifon ceux qui font
à facettes , nous en multiplient l'image,
& c.
par
Les quatrieme , cinquieme & fixieme
combinaiſons ſe font avec un milieu plus
denfe que l'air , l'air , terminé des furfaces
convexes , & apprennent 1 ° que des rayons
paralleles en entrant dans un tel milieu
deviennent convergents. 2° que fi dans
leur incidence , ils convergeoient au centre
de la ſphéricité du milieu réfringent
il ne leur arrive aucun changement . 3 ° que
leur convergence diminue s'ils tendoient
à fe réunir plus près que le centre , & qu'ellé
augmente au contraire dans le cas oppofé
: 4° que les rayons divergens y perdent
au moins une partie de leur divergence ,
ce qui peut aller jufqu'à les rendre paralleles
, & même convergens.
De cette théorie rendue fenfible par l'expérience
, on tire naturellement l'explication
des faits que voici.
Pourquoi l'ufage des bocaux de verre
remplis d'eau , eft- il fi utile aux artiſtes qui
ont be foin d'une lumiere vive. D'où vient
1
SEPTEMBRE. 1755. III
que les corps plongés dans des vafes de
verre , ordinairement cylindriques , ou à
peu près , nous paroiffent difformes quand
ces vafes font pleins d'eau . Pourquoi les
corps tranfparens & fphériques , raffemblent
les rayons du foleil dans un foyer ; à
quelle diſtance on doit attendre le foyer ;
pourquoi en cherchant à former des foyers,
on a fubftitué les lentilles aux globes , fur
quelles confidérations on a réglé la largeur
des lentilles tranfparentes. Comment les
verres lenticulaires amplifient les images
des objets ; comment dans certains cas
elles nous font voir entr'elles & nous : d'où
vient qu'elles defforment quelques fois ces
images , & c .
>
Par les trois dernieres combinaifons qui
fe font avec un milieu réfringent terminé
par des furfaces concaves , on apprend
1º que par de tels milieux , les rayons paralleles
font rendus divergens ; 2° que
ceux qui font convergens y perdent une
partie de leur convergence , ce qui peut
aller jufqu'à les rendre paralleles ou même
divergens ; 3 ° que des rayons divergens
qui ont leur point de difperfion au centre
même de la concavité du milieu réfringent
, ne fouffrent aucun changement ;
mais que ceux qui viennent de plus loin
que ce centre , augmentent en divergence ,
112 MERCURE DE FRANCE.
<
& qu'il arrive tout le contraire à ceux qui
viennent de plus près.
On voit par là pourquoi les verres concaves
dont fe fervent les perfonnes qui ont
la vûe courte ; font voir les objets plus
petits qu'on ne les voit à la vûe fimple ;
pourquoi l'image eft plus près du verre par
derriere , que l'objet ne l'eſt par-devant ;
d'où vient que ces fortes de verres , diminuent
la clarté de la vifion , & c. 1
Dans la dix- feptieme leçon M. L. N.
commence par traiter des couleurs : « Nous
diftinguons , dit- il , les objets vifibles ,
» non-feulement par leur grandeur , leur
» figure, leur fituation , leur diftance , leurs
dégrés de clarté , & c. mais encore par
» une forte d'illumination qui fait que
» chacun d'eux brille à nos yeux d'une
>>
و ر
façon particuliere , & qui ne dépend
»pas de la quantité de lumiere qui l'éclaire
, c'eft ce dernier moyen de vifibilité
que la nature varie avec une magni-
» ficence fans égale , & dont elle embellit
» toutes fes productions ; c'eft , dis- je ,
» cette apparence particuliere des furfaces
» que nous nommons couleur en général ,
» & dont nous exprimons les efpeces par
les noms de blanc , de rouge , de jaune ,
» de bleu , & c.
Les couleurs peuvent être confidérées
SEPTEMBRE. 1755. 113
1° dans la lumiere à qui elles appartiennent
effentiellement ; 2 ° . dans les corps
en tant que colorés . 3 ° . & dans celui de
nos fens qu'elles affectent particulierement
, & par lequel nous les diftinguons ;
c'eft aufli l'ordre dans lequel l'auteur traite
cette partie ; il préfere le fentiment de
Newton à celui de Defcartes , ou plutôt
il les adopte tous deux , en faifant remarquer
qu'ils ne font pas incompatibles ; &
après avoir rapporté hiftoriquement ce qui
donna occafion aux découvertes du philofophe
Anglois , il remet fous les yeux l'expérience
fondamentale , qui lui fir foupçonner
les deux points capitaux de tout
fon fyftême , fçavoir 1 ° que la lumiere
naturelle eft compofée de fept efpeces de
rayons plus réfrangibles , & plus réflectibles
les uns que les autres ; 2 ° que chacun
de ces rayons a le pouvoir d'exciter conftamment
en nous l'idée d'une couleur particuliere,
D'où il fuit que le défaut de couleur
dans la lumiere naturelle , vient de
l'affemblage complet de tous les rayons
colorés , & que le noir n'eft qu'une privation
de lumiere , plus ou moins parfaite.
M. L. N. rapporte , non pas toutes les
expériences que Newton a faites pour établir
cette doctrine , mais les plus décifives
& les moins difficiles à exécuter , afin , dit114
MERCURE DE FRANCE.
il , que chacun de fes lecteurs puiffe entreprendre
de les répéter , fans craindre de les
manquer. C'eft dans cette vue fans doute ,
qu'il avertit dans des notes , des précautions
qu'il faut prendre en certains cas , du
choix qu'il faut faire des inftrumens & des
manipulations les plus propres à procurer
un heureux fuccès.
A l'occafion de ces expériences , l'auteur
fuivant toujours fa méthode , ne manque
pas de rendre raifon des effets naturels qui
peuvent s'y rapporter. Il apprend par exemple,
pourquoi les objets paroiffent teints
de diverfes couleurs quand on les regarde
au travers d'un prifme de verre , pourquoi
ces couleurs font fituées différemment
quand l'objet eft brun fur un fond clair ,
que quand il eft blanc fur un fond obfcur :
d'où vient qu'une riviere ou un canal vû à
travers un prifme , prend la forme d'un arc
de diverfes couleurs dont la convexité eft
tournée vers la terre : par quelle raiſon un
verre plein d'eau fait paroître dans certaines
occafions avec diverfes couleurs , les
rayons folaires qui le traverfent ; pourquoi
les diamans & les pierres fauffes qui font
brillantées , repréfentent les mêmes couleurs
que le prifme ; enfin comment ſe
forme l'arc-en-ciel , & quelles font les caufes
de fes diverfes apparences.
Après avoir confidéré les couleurs dans
SEPTEMBRE . 1755. 115
la lumiere , M. L. N. examine comment il
peut fe faire que parmi différens corps expofés
à la lumiere naturelle du jour , les
uns fe teignent conftamment des rayons
d'une certaine espece , tandis que d'autres
fe colorent autrement : il penfe que cela
dépend de leurs différentes porofités &
primitivement de la grandeur & de la figure
de leurs parties infenfibles ; car fi les
pores d'une furface font propres à loger
une certaine efpece de lumiere , on conçoit
que les rayons de même nature qui
tomberont deffus , feront réfléchis plus
complettement & en plus grande abondance
que les autres ; & fi c'eft un corps
tranfparent qui foit imbu de cette efpece
particuliere de lumiere , les rayons incidens
de la même efpece , pourront mieux
que d'autres tranfmettre leur action à ceux
qui font au-delà : ainfi , fuivant cette opinion
, tous les corps font pleins de lumiere ;
ceux qui la contiennent avec toutes fes
efpeces , font propres à réfléchir ou à tranf
mettre toutes celles qui fe préfentent à leur
furface , s'ils font opaques ils nous paroiffent
blancs ou brillans , s'ils font tranfparens
, nous les voyons clairs & limpides
comme le verre ou l'eau . Ceux qui n'ont
admis dans leurs pores qu'une forte de
lumiere , ne renvoyent ou ne tranfmettent
116 MERCURE DE FRANCE.
que celle- là , & nous paroiffent rouges ;
verts, bleux , jaunes , & c. Ceux enfin qui
par une contention particuliere de leurs
parties propres ou par le mauvais alignement
de leurs pores , ne peuvent ni renvoyer
ni tranfmettre l'action d'aucune
efpece de lumiere , nous leur avons donné
le nom de noirs ou d'obscurs.
Cette hippothefe eft appuyée par une
fuite d'expériences curieufes , dans lef
quelles on voit 1 ° que deux liqueurs claires
comme de l'eau , étant mêlées enfemble
, fe montrent fous une couleur qu'elles
n'avoient ni l'une ni l'autre. 2 ° . Qu'ane
liqueur fans couleur , fait paffer du
bleu au rouge , ou du verd au violet une
autre liqueur avec laquelle on la mêle .
3 °. Qu'une couleur très- limpide rend
opaque une autre liqueur qui ne l'étoit
pas plus qu'elle ; 4° . enfin , qu'une goute
ou deux d'une certaine liqueur , rend la
limpidité à un mélange qui étoit opaque
& coloré.
A l'appui de ces expériences , arrivent
les obfervations fuivantes , qui s'expliquent
comme elles d'une maniere affez
plaufible , en fuppofant qu'un changement
de porofité fuperficielle ou intime
dans les corps , eft la principale caufe de
leurs changemens de couleur.
2
SEPTEMBRE. 1755 117
On obferve que le papier bleu ou violet,
devient rouge , quand il eft touché par un
acide , que les étoffes fe tachent , par l'attouchement
des matieres qui peuvent en
altérer la texture : que l'action du feu ,
celle du foleil rougit les écreviffes , les
crabes & les autres poiffons cruftalés , que
l'impreffion continuelle de l'air fait prêndre
la couleur verte aux plantes , & qu'en
les en privant on les fait blanchir ; que
plufieurs teintures ou fucs naturels , paffent
d'une couleur à l'autre par la même caufe ;
qu'une legere fomentation fuffit fouvent
pour produire des effets ſemblables , &c .
L'auteur cherche enfuite qu'elle eft la
caufe de la tranſparence des corps : après
avoir remarqué , qu'il n'y a aucun corps .
ni abfolument tranfparent , ni abfolument
opaque , il prouve par plufieurs expériences
& obfervations , qu'un corps , toutes
chofes égales d'ailleurs , trafmet d'autant
mieux la lumiere , que fes parties font plus.
homogenes , ou d'une denfité plus uniforme.
Ces expériences apprennent à ſe défier
de la mauvaiſe foi de certaines gens qui
alterent & changent les écritures , elles
expliquent auffi pourquoi dans certains
tems , le foleil paroît d'un rouge de fang,
= & fe laiffe voir fans bleffer la vûe : par
118 MERCURE DE FRANCE.
quelle raifon la teinture noire eft plus belle
& plus durable quand cette étoffe a été
mife au bleu auparavant.
Le refte de la dix- feptieme leçon roule
fur la vifion , tant naturelle qu'artificielle ;
M. L. N. diftingue ainfi celle qui fe fait à
la vûe fimple de celle qui eft aidée par
quelque inftrument de dioptrique ou de
catoptrique .
par
*
Cette partie commence par une defcription
de l'oeil qui expoſe en détail les parties
de cet organe, leurs différentes fonctions
que l'on imite des expériences
fort curieufes , fort inftructives , & qui
donnent lieu aux explications fuivantes.
Pourquoi la prunelle de l'oeil fe retire
au grand jour , & fe dilate dans l'obfcurité
: comment varient les limites de la
vifion diſtincte ; en quoi confifte le défaut
de la vûe courte , & celui de la vûe longue
: d'où vient que les Myopes , regar- 2
dent de fort près , & les Prefbites de fort
loin : par quelles raiſons l'on croit
que la
vifion s'accomplit fur la choroïde , & non
pas fur la retine : quels moyens contribuent
à la clarté des images , qui fe peignent
au fond de l'oeil. Pourquoi les objets
vifibles qui fe meuvent rapidement ,
produifent des images qui ne leur reflemblent
pas d'ou vient qu'avec les deux
SEPTEMBRE. 1755. 119
yeux nous ne voyons ordinairement qu'une
fois le même objet , quoiqu'il fe peigne
également dans les deux. Comment l'uſage
fimultané des deux yeux nous aide à juger
des petites diſtances. Quelle eft la caufe
duftrabisme ou vûe louche. En quoi confifte
cette maladie de l'oeil appellée cararacle
, comment on y remédie ; pourquoi
dans certaines circonftances on voit tous
les objets teints de la même couleur.
A la fuite de ces obfervations , M. L. N.
explique d'où peuvent naître ces éclats de
lumiere qu'on appeçoit la nuit en ſe frottant
les yeux , ou lorfqu'on fe donne quelque
coup à la tête ; il parle auffi de ces couleurs
que l'on continue de voir , lorsqu'on
ferme les yeux après avoir regardé lé foleik
couchant , ou bien lorfqu'on applique la
vûe pendant quelque tems fur un même
corps de quelque couleur éclatante .
M. L. N. finit , par expliquer les effets
des principaux inftrumens qui fervent à
aider la vûe : « La vifion naturelle , dit-il,
lorfqu'elle eft dans fa plus grande force ,
» dans fon état le plus parfait , eft afſujet-
» tie à des conditions & renfermée dans
» des limites ; fi l'objet n'eft pas découvert
» au point que de lui à nous on puiffe tirer
une ligne droite fans obftacle , nous ne
l'appercevons pas fût-il même conve
120 MERCURE DE FRANCE.
» nablement exposé à nos regards , s'il eft
» trop loin ou trop petit , il nous échappe :
» & c'est encore pis fi l'oeil eft affoibli ou
» mal conformé ; la petiteffe & la diſtance
» le gênent encore davantage.
33
33
33
» Ces inconvéniens ont fubfifté longtems
fans remede ; mais enfin le hazard
» d'un côté , l'induſtrie de l'autre éclairée
& foutenue par l'étude , nous en ont
» affranchis en quelque façon ; par le fecours
des miroirs & des verres taillés
d'une certaine maniere , nous pouvons
» appercevoir ce qui eft caché à nos regards
» directs ; nous découvrons dans le fein de
la nature des êtres qui fembloient devoir
être à jamais imperceptibles pour nous :
» les objets trop éloignés fe rapprochent ,
»pour ainfi dire , & fe laiffent voir dif-
» tinctement : la vûe des vieillards à moitié
» éteinte ſe ranime ; celle qui eft trop
courte devient plus étendue. Enfin ,
quand nos befoins font fatisfaits , les
» mêmes moyens fourniffent encore des
amufemens très-dignes de notre curiofité
n
"
Il eft donc queftion dans cette derniere
partie des lunettes à lire , tant à deux qu'à
un feul verre ; des chambres obfcures , tant
fixes que portatives ; des polemofcopes
grands & petits ; des boëtes optiques ou perf
pectives
1
1
SEPTEMBRE 1755 12r
"
pectives avec des verres convexes , & avec
des miroirs ; des lunettes d'approche à deux
& à quatre verres ; des télescopes de réflection
; des microscopes fimples & compofés ;
du mycrofcope folaire & de la lanterne
magique , « inftrument , dit M. L. N. qu'une
trop grande célébrité a prefque ren-
» du ridicule aux yeux de bien des gens :
on la promene dans les rues , on en
divertit les enfans & le peuple ; cela
» prouve avec le nom qu'elle porte , que
» les effets font curieux & furprenans : &
» parce que les trois quarts de ceux qui les
» voyent , ne font pas en état d'en com-
» prendre les caufes , eft ce une raiſon
» pour ſe diſpenſer d'en inftruire les perfonnes
qui peuvent les entendre ? &c.
En parlant de ces inftrumens , il remon
te aux tems de leur invention , il en défigne
les auteurs , il fait connoître ceux qui
Les ont perfectionnés , & il marque par
des figures bien correctes , la marche des
rayons de la lumiere dans chacun d'eux .
Voilà à peu près les matieres contenues
dans ce cinquieme tome des leçons de phy-
Lique ; leur grande abondance pouvoit faire
craindre qu'elles ne s'y préfentaffent avec
confufion , mais l'auteur en y faiſant régner
beaucoup d'ordre & de précifion , a
fçu éviter cet inconvénient ; & nous
F
#21 MERCURE DE FRANCE.
croyons que le public recevra ce volume
aufi favorablement qu'il a reçu ceux qui
l'ont précédé.
aux
OEUVRES de M. Clermont , Commiffaire
d'Artillerie , en un volume in-4°.
contenant la Géométrie - pratique de l'Ingénieur
, ou l'art de mefurer, ouvrage éga
lement néceffaire aux Ingénieurs
Toifeurs & aux Arpenteurs , avec figures ;
& l'arithmétique militaire , ou l'Arithmétique
pratique de l'Ingénieur & de l'Officier
, divifée en trois parties. Ouvrage
également utile aux Officiers , aux ingênieurs
& aux Commerçans. Nouvelle édition
, corrigée , & de beaucoup augmentée
A Paris , chez Briaffon , rue S. Jacques
,
à la Science. 1755 .
ARCHITECTURE - PRATIQUE , qui comprend
la conftruction générale & particuliere
des bâtimens ; le détail , toiſé & dévis
de chaque partie ; fçavoir , maçonnerie
, charpenterie , couverture , ménuiferie
, ferrurerie , vitrerie , plomberie, peinture
d'impreffion , dorure , fculpture , mar
brerie , miroiterie , &c. avec une explication
des trente- fix articles de la coutume
de Paris fur le titre des fervitudes & rapports
qui concernent les bâtimens , & də
SEPTEMBRE. 1755. 123-
l'ordonnance de 1673 ; par M. Bullet
Architecte du Roi , & de l'Académie roya
le d'Architecture.
: Nouvelle édition , revûe , corrigée , &
confidérablement augmentée , fur- tout des
détails effentiels à l'ufage actuel du toiſé
des bâtimens , aux us & coutumes de Paris
, & aux réglemens des Mémoires , par
M *** Architecte , ancien Infpecteurtoifeur
de bâtiment . Ouvrage très - utile
aux Architectes & Entrepreneurs , à tous
propriétaires de maifons , & à ceux qui
veulent bâtir . A Paris , chez Hériffant &
Savoye , rue S. Jacques ; chez Didot , Nyon
& Damonneville , quai des Auguft. 1755.
Le quatriéme & le cinquiéme tomes des
traités des collations & provifions des Bénéfices
, par M. Piales , Avocat au Parlement
, paroiffent ; & fe vendent à Paris ,
chez Briaffon , rue S. Jacques , à la Science
; & à Chartres , chez Le Tellier , Imprimeur
, au bon Paſteur.
Le quatriéme volume contient les permutations
& réfignations pures & fimples ,
ou démiffions.
Le cinquième comprend les collations
& provifions fur réfignations , avec réſerve
de penfion.
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Résumé : « LEÇONS de Physique expérimentale, par M. l'Abbé Nollet, de l'Académie royale [...] »
Le texte présente l'ouvrage 'Leçons de Physique expérimentale' de l'Abbé Nollet, professeur au Collège de Navarre, qui traite de la lumière et des couleurs. Ce volume, structuré en trois leçons, rend accessible un sujet complexe grâce à des expériences pratiques. Dans la quinzième leçon, Nollet expose les principales théories sur la nature et la propagation de la lumière, adoptant celle de Descartes avec des modifications. Il utilise des expériences pour prouver que la lumière est une matière subtile répandue dans et autour des corps. Il explore également les directions de la lumière, son mouvement direct, et les principes de l'optique, illustrés par des expériences et des figures. La seizième leçon aborde la catoptrique et la dioptrique, c'est-à-dire les mouvements de la lumière réfléchie et réfractée. Nollet propose une théorie selon laquelle la lumière se réfléchit non pas sur les surfaces des corps polis, mais sur les particules de lumière logées dans les pores de ces surfaces. Il décrit un instrument pour mesurer l'angle de réflexion et présente des expériences avec des miroirs plans, convexes et concaves. Enfin, la dix-septième leçon traite des principes de la dioptrique, expliquant les lois de la réfraction à travers des expériences et des descriptions d'instruments. Nollet rapporte également les différents avis des physiciens sur les causes de la réfraction et adopte la théorie des Cartésiens. Le texte explore ensuite divers phénomènes optiques liés à la réfraction de la lumière, comme l'apparence rompue d'un bâton plongé obliquement dans l'eau ou la visibilité d'une pièce de monnaie au fond d'une cuvette remplie d'eau. Il mentionne également la perception des poissons dans un étang et la vision du soleil, de la lune et des étoiles avant qu'ils ne soient à l'horizon. Il détaille neuf combinaisons d'expériences avec différents types de milieux réfringents et leurs effets sur les rayons lumineux. Le texte aborde également les applications pratiques de ces principes, comme l'utilisation des bocaux de verre remplis d'eau pour obtenir une lumière vive et l'explication de la formation des foyers par les corps transparents sphériques. Il traite des verres concaves utilisés par les personnes ayant une vue courte et de leur effet sur la vision. Enfin, le texte introduit la question des couleurs, distinguant les objets visibles par leur grandeur, figure, situation, distance, degrés de clarté et illumination particulière. Il explique que les couleurs peuvent être considérées dans la lumière, dans les corps colorés, et dans la perception par nos sens. Le texte suit les découvertes de Newton sur la composition de la lumière naturelle et les expériences fondamentales qui les soutiennent. Il explore également les raisons pour lesquelles les objets apparaissent teints de diverses couleurs lorsqu'ils sont regardés à travers un prisme et comment se forme l'arc-en-ciel. Le texte traite également de l'anatomie et des fonctions de l'œil, ainsi que des instruments optiques utilisés pour améliorer la vision. Il commence par une description détaillée des parties de l'œil et de leurs fonctions, illustrée par des expériences instructives. Les sujets abordés incluent la réaction de la prunelle à la lumière, les variations de la vision distincte, les défauts de la vue courte et longue, et les raisons pour lesquelles les myopes et les presbytes voient différemment. Le texte explore également des phénomènes optiques comme la perception des images en mouvement et l'utilisation des deux yeux pour juger des distances. Il mentionne des maladies oculaires telles que le strabisme et le cararacle, ainsi que des phénomènes visuels comme les éclats de lumière perçus la nuit ou après avoir regardé des objets lumineux. Le texte se penche ensuite sur les instruments optiques qui aident la vision, tels que les lunettes, les chambres obscures, les poléométroscopes, les boîtes optiques, les télescopes, les microscopes et la lanterne magique. Il explique comment ces instruments permettent de voir des objets éloignés ou petits, et comment ils ont été perfectionnés au fil du temps. Le texte conclut en soulignant l'importance de ces instruments pour satisfaire les besoins visuels et offrir des amusements curieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 210-211
AVIS.
Début :
La Manufacture des Miroirs de Réflection, & des Glaces courbées, [...]
Mots clefs :
Manufacture, Miroirs, Glaces, Effets d'optique, Image, Rayons, Sphère, Loupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
AVIS.
A MANUFACTURE des Miroirs de Réflection ,
& des Glaces courbées , établie par Arrêt du Confeil
, vient de former fon entrepôt , pour la com
modité des Curieux , dans la rue des Prouvaires ,
la premiere porte - cochère à gauche , en entrant
par la rue S. Honoré .
Ces Miroirs font feuls tous les effets des Optiques
ordinaires , en leur repréfentant des Estampes
enluminées ou des Tableaux . Ils ont de plus , la
propriété de faire voir l'image d'un objet entre
leur furface & cet objet , enforte qu'un homme
touche avec fa main l'image de la main , voit un
bouquet ou une petite ftatue en l'air entre le miroir
& lui , voit revenir jufqu'à lui l'image de fon
épée nue , & c.
On fçait auffi que les rayons folaires réunis en
leurs foyers , donnent le feu le plus actif & le plus
violent , par le moyen duquel on peut fondre ,
calciner , analyſer tous les corps de la nature qui
rétiftent au feu commun ; enfin , en tenant, une
bougie commune à leur foyer , ils portent à plus
de , o pieds , une clarté figrande , qu'on peut lire
à cette distance pendant la nuit la plus obfcure.
On peut dans cette Manufacture faire courber
des Glaces ou Verres en toutes formes & grandeurs
, pour garnir des Croifées courbes , des Bibliothéques,
des Encoignures , &c. On peut même
les avoir étamées dans ces diverfes formes , s'il eft
néceflaire.
*
MAI. 1760.
21F
On y fait auffi des Louppes à l'eau , compofées
de deux Glaces courbées en portion de fphère,
& tellement travaillées , qu'elles tiennent l'eau
entr'elles , fans monture ni mnaſtic : elles peuvent
ainfi être fucceffivement remplies des diverfes
liqueurs dont on veut comparer la réfraction. La
poffibilité de faire ces Louppes de toutes grandeurs
, jointe à leur parfaite tranfparence , leur
donne fur celles de verre folide des avantages
qu'il feroir fuperflu de détailler.
On trouve de plus dans cette Manufacture des
Cryftaux de Pendules auffi réguliers & auffi beaux
que ceux d'Angleterre ; & comme il y en a plus
3000 tout faits , les Horlogers peuvent les
avoit fur le champ ; ce qui ne leur étoit pas poffible
avant cet établiffement ..
Enfin , les Curieux & les Artiftes font invités à
faire part de leurs idées fur les différentes applications
que l'on peut faire de cette manière de courber
& d'éta mer les Glaces : ils trouveront dans ce
nouvel établiffement toute la docilité & toutes
les facilités poffibles.
A MANUFACTURE des Miroirs de Réflection ,
& des Glaces courbées , établie par Arrêt du Confeil
, vient de former fon entrepôt , pour la com
modité des Curieux , dans la rue des Prouvaires ,
la premiere porte - cochère à gauche , en entrant
par la rue S. Honoré .
Ces Miroirs font feuls tous les effets des Optiques
ordinaires , en leur repréfentant des Estampes
enluminées ou des Tableaux . Ils ont de plus , la
propriété de faire voir l'image d'un objet entre
leur furface & cet objet , enforte qu'un homme
touche avec fa main l'image de la main , voit un
bouquet ou une petite ftatue en l'air entre le miroir
& lui , voit revenir jufqu'à lui l'image de fon
épée nue , & c.
On fçait auffi que les rayons folaires réunis en
leurs foyers , donnent le feu le plus actif & le plus
violent , par le moyen duquel on peut fondre ,
calciner , analyſer tous les corps de la nature qui
rétiftent au feu commun ; enfin , en tenant, une
bougie commune à leur foyer , ils portent à plus
de , o pieds , une clarté figrande , qu'on peut lire
à cette distance pendant la nuit la plus obfcure.
On peut dans cette Manufacture faire courber
des Glaces ou Verres en toutes formes & grandeurs
, pour garnir des Croifées courbes , des Bibliothéques,
des Encoignures , &c. On peut même
les avoir étamées dans ces diverfes formes , s'il eft
néceflaire.
*
MAI. 1760.
21F
On y fait auffi des Louppes à l'eau , compofées
de deux Glaces courbées en portion de fphère,
& tellement travaillées , qu'elles tiennent l'eau
entr'elles , fans monture ni mnaſtic : elles peuvent
ainfi être fucceffivement remplies des diverfes
liqueurs dont on veut comparer la réfraction. La
poffibilité de faire ces Louppes de toutes grandeurs
, jointe à leur parfaite tranfparence , leur
donne fur celles de verre folide des avantages
qu'il feroir fuperflu de détailler.
On trouve de plus dans cette Manufacture des
Cryftaux de Pendules auffi réguliers & auffi beaux
que ceux d'Angleterre ; & comme il y en a plus
3000 tout faits , les Horlogers peuvent les
avoit fur le champ ; ce qui ne leur étoit pas poffible
avant cet établiffement ..
Enfin , les Curieux & les Artiftes font invités à
faire part de leurs idées fur les différentes applications
que l'on peut faire de cette manière de courber
& d'éta mer les Glaces : ils trouveront dans ce
nouvel établiffement toute la docilité & toutes
les facilités poffibles.
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Résumé : AVIS.
L'avis annonce la création d'une manufacture de miroirs de réflexion et de glaces courbées, située rue des Prouvaires, première porte cochère à gauche en entrant par la rue Saint-Honoré. Ces miroirs permettent de reproduire des estampes ou des tableaux et de voir l'image d'un objet entre la surface du miroir et l'objet lui-même. Ils concentrent également les rayons solaires pour produire un feu actif capable de fondre, calciner ou analyser divers corps naturels. De plus, ils projettent une lumière suffisante pour lire à plus de dix pieds de distance pendant la nuit. La manufacture propose des glaces courbées pour garnir des croisées, bibliothèques ou encoignures, et peut les fournir étamées. Elle fabrique également des loupes à l'eau composées de deux glaces courbées, permettant de comparer la réfraction de différents liquides. La manufacture produit aussi des cristaux de pendules réguliers et beaux, disponibles en grande quantité pour les horlogers. Les curieux et les artisans sont invités à partager leurs idées sur les applications possibles des glaces courbées et étamées, et trouveront toute la coopération nécessaire dans cet établissement.
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7
p. 157-162
PEINTURE. LETTRE à MM. de la Société des Amateurs, Sur le Tableau allégorique des Vertus formant le Portrait du ROI, peint par M. AMÉDÉE VAN LOO.
Début :
MESSIEURS, j'ai vu avec le plus grand plaisir le Tableau des vertus [...]
Mots clefs :
Tableau, Roi, Portrait, Verre, Disposition, Objet, Figures, Rayons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. LETTRE à MM. de la Société des Amateurs, Sur le Tableau allégorique des Vertus formant le Portrait du ROI, peint par M. AMÉDÉE VAN LOO.
PEINTURE.
LETTRE à MM. de la Société des
Amateurs , fur le Tableau allégorique
des Vertus formant le Portrait
du Roi , peint par M. AMÉDÉE
VAN LOO .
MESSIEURS ,
ESSIEURS , j'ai vu avec le plus
grand plaifir le Tableau des vertus
royales que M. Amédée Vanloo a expofé
aux regards des Curieux dans fon
attelier au Vieux Louvre. Cet Artiſte
a recu fur cette production les
plus grands éloges : fon art lui a fervi à
rendre fur la toile les qualités dont tout
François fçait qu'eft formé le caractère
d'un Maître chéri. Inftruit par vos
judicieuſes obfervations , auxquelles je
dois le goût que j'ai pris pour les Arts ,
je n'ai pas confidéré ce Tableau avec
la ftupide admiration qui diminue fi fort
58 MERCURE DE FRANCE.
le prix des louanges qu'elle donne , &
dont un Artifte eft bien moins flatté
que des fuffrages accordés avec connoiffance
de caufe.En vous prenant pour
guides , je n'ai garde de prononcer fur
le talent manuel du Peintre : il eft für
qu'il ne faut pas juger rigoureufement
le tableau en lui-même , en faisant abftraction
de l'effet fingulier qu'il produit
lorfqu'on le regarde à travers un
verre la difpofition des figures devoit
être relative à cet effet. Il ne s'agit pas
de difcuter en métaphyficien fi la valeur,
l'intrépidité , & la vertu héroïque confidérée
comme vertu militaire , font des
êtres moraux bien diftingués ; & fi la
magnanimité dans un Roi guerrier eſt
autre chofe que la vertu héroïque . Je
ne dirai rien non plus des attributs qui
caractériſent ces différentes vertus , pour
ne vous parler que du preftige ou de
la magie naturelle de ce tableau . On
le regarde avec une lunette fixée dans
un point ; & au lieu d'appercevoir toutes
les figures du tableau , dont on a décrit
les fymboles dans le Mercure du
mois de Mars , on voit uniquement le
Portrait du Roi. L'idée est belle , &
l'éxécution très-fatisfaifante mais cet
effet ne s'eſt pas préfenté à mon efprit
AVRIL. 1763. 149
comme une chofe fi miraculeuse , & je
ferois furpris qu'un Phyficien l'eût qualifié
de probleme qui paroît comme . impoffible
, & eût dit que le fuccès feul!
paroit juftifier l'entreprife. Il n'eft quef .
tion ici , fi je ne me trompe , que d'un
phénomène d'optique affez facile à réfoudre.
Je ne fuis pas étonné qu'on foit
embaraffé dans la recherche de fa folution
lorfqu'on voudra la trouver dans
les principes de la perfpective , à laquelle
il n'appartient point ; & en confondant.
dans les explications qu'on voudroit en
donner , la catoptrique qui eft la connoiffance
des rayons réfléchis , & conféquemment
celle des miroirs qui les
renvoyent , avec la dioptrique qui eft la
fcience des réfractions , & des verres
qui rompent les rayons aufquels ils don-
' nent paffage. M. Muffchenbroek , tom .
II . de fon Effai phyfique , à l'Article de
la catoptrique , parle des images régulières
tracées dans plufieurs efpéces de
miroirs auxquels on préfente des figures
qui font entiérement irrégulières . Il
dit , § 1313 , que celles - ci peuvent être
tracées fuivant les régles infaillibles des
mathématiques ; & plus bas , § 1317 ,
qu'on peut trouver les régles pour former
les différens plans de ces fortes
160 MERCURE DE FRANCE.
de miroirs dans un Auteur François
qui a traité de la perfpective avec beaucoup
d'éxactitude , mais qui a caché
fon nom. Il doit certainement y avoir
auffi des régles certaines pour former
l'effet qu'on obferve à l'infpection du
tableau allégorique ; & c'eft aux principes
de la dioptrique à les fournir. On
fçait en général que les rayons de lumière
paffant au travers d'un verre qui
contient plufieurs furfaces planes différemment
inclinées , font rompus dans
chaque furface , & vont avec leur inclinaifon
propre fe réunir dans un foyer
commun . L'oeil placé dans ce foyer reçoit
de toutes les furfaces , des impreffions
diftinguées , mais propres du même
objet ; & comme l'efprit porte naturellement
les objets à l'extrémité des
rayons droits , un même objet ſe voit
multiplié par toutes les furfaces du verre .
De-là , l'effet prétendu merveilleux ,
mais fort fimple , des verres à facettes.
Dans l'inverfe , un verre taillé d'une
manière déterminée ne laiffera voir d'un
tableau que certains points , lefquels
paroîffant réunis formeront un objet
tout différent de celui que préfente ce
même tableau à l'oeil nud ; cela eft aifé
à concevoir. Il faut dabord fe défaire de
AVRIL. 1763. 161
Tidée que toutes les parties qui compofent
le tableau allégorique , fervent
a former le Portrait du Roi : c'eft une
chofe impoffible ; des objets colorés dans
une difpofition déterminée & fort étendue
> ne peuvent fe concentrer & s'identifier
pour repréfenter un autre objet
avec lequel ils n'ont aucun rapport
phyfique dans leur enfemble. Mais le
phénomène s'explique aifément, en prenant
dans les différens points du tableau
des parties toutes faites , dont la réunion
formera le Portrait du Roi. Ceux
qui y ont donné quelque attention
doivent fe fouvenir qu'il n'y a aucune
des figures qui n'ait quelque chofe des
traits majestueux du Roi ; l'une les yeux ,
l'autre la bouche , l'autre le front , & c .
Le talent du Peintre doit être diftingué
de l'effet optique de fon tableau. A
cet égard , il eft fait fuivant des régles
certaines , & fa difpofition a été mefurée
à la régle & au compas. M. Vanloo
eft le maître de fon fecret ; mais je fuis
perfuadé qu'il pourroit avec le même
verre faire voir le Portrait du Roi fur
un tableau tout différent du premier ,
pourvu qu'il fût dans les mêmes proportions
& que les parties dont la
réunion fait l'image du Monarque , fuf
>
162 MERCURE DE FRANCE.
fent dans la même difpofition . La mế-
chanique de ce travail eft füre ; le mérite
du Peintre dans l'éxécution , eft un
objet à part , & le génie de la compofition
eft encore un fait différent ; c'eft
furtout l'idée ingénieufe qu'il faut louer
ici. M. Vanloo étoit bien für de plaire ,
en parlant aux François le langage de
leur coeur. Perfonne ne voit le Portrait
du Roi fans fe rappeller toutes les ver+
tus qui font le fujet du tableau allégo ÷
rique. Chaque fois que j'ai été contem→
pler la belle Statue que la Ville vient
de faire ériger dans la Place de LOUIS
XV , pour conferver à la postérité la
plus reculée les traits du Monarque
Bien-aimé, dans ceMonument de l'amour
de fon Peuple , je me rappelle le vers
de Martialfur la Statue d'un Empereur
Romain.
Hæcmundifacies , hæcfunt Jovis orafereni.
J'ai l'honneur d'être , & c..
LETTRE à MM. de la Société des
Amateurs , fur le Tableau allégorique
des Vertus formant le Portrait
du Roi , peint par M. AMÉDÉE
VAN LOO .
MESSIEURS ,
ESSIEURS , j'ai vu avec le plus
grand plaifir le Tableau des vertus
royales que M. Amédée Vanloo a expofé
aux regards des Curieux dans fon
attelier au Vieux Louvre. Cet Artiſte
a recu fur cette production les
plus grands éloges : fon art lui a fervi à
rendre fur la toile les qualités dont tout
François fçait qu'eft formé le caractère
d'un Maître chéri. Inftruit par vos
judicieuſes obfervations , auxquelles je
dois le goût que j'ai pris pour les Arts ,
je n'ai pas confidéré ce Tableau avec
la ftupide admiration qui diminue fi fort
58 MERCURE DE FRANCE.
le prix des louanges qu'elle donne , &
dont un Artifte eft bien moins flatté
que des fuffrages accordés avec connoiffance
de caufe.En vous prenant pour
guides , je n'ai garde de prononcer fur
le talent manuel du Peintre : il eft für
qu'il ne faut pas juger rigoureufement
le tableau en lui-même , en faisant abftraction
de l'effet fingulier qu'il produit
lorfqu'on le regarde à travers un
verre la difpofition des figures devoit
être relative à cet effet. Il ne s'agit pas
de difcuter en métaphyficien fi la valeur,
l'intrépidité , & la vertu héroïque confidérée
comme vertu militaire , font des
êtres moraux bien diftingués ; & fi la
magnanimité dans un Roi guerrier eſt
autre chofe que la vertu héroïque . Je
ne dirai rien non plus des attributs qui
caractériſent ces différentes vertus , pour
ne vous parler que du preftige ou de
la magie naturelle de ce tableau . On
le regarde avec une lunette fixée dans
un point ; & au lieu d'appercevoir toutes
les figures du tableau , dont on a décrit
les fymboles dans le Mercure du
mois de Mars , on voit uniquement le
Portrait du Roi. L'idée est belle , &
l'éxécution très-fatisfaifante mais cet
effet ne s'eſt pas préfenté à mon efprit
AVRIL. 1763. 149
comme une chofe fi miraculeuse , & je
ferois furpris qu'un Phyficien l'eût qualifié
de probleme qui paroît comme . impoffible
, & eût dit que le fuccès feul!
paroit juftifier l'entreprife. Il n'eft quef .
tion ici , fi je ne me trompe , que d'un
phénomène d'optique affez facile à réfoudre.
Je ne fuis pas étonné qu'on foit
embaraffé dans la recherche de fa folution
lorfqu'on voudra la trouver dans
les principes de la perfpective , à laquelle
il n'appartient point ; & en confondant.
dans les explications qu'on voudroit en
donner , la catoptrique qui eft la connoiffance
des rayons réfléchis , & conféquemment
celle des miroirs qui les
renvoyent , avec la dioptrique qui eft la
fcience des réfractions , & des verres
qui rompent les rayons aufquels ils don-
' nent paffage. M. Muffchenbroek , tom .
II . de fon Effai phyfique , à l'Article de
la catoptrique , parle des images régulières
tracées dans plufieurs efpéces de
miroirs auxquels on préfente des figures
qui font entiérement irrégulières . Il
dit , § 1313 , que celles - ci peuvent être
tracées fuivant les régles infaillibles des
mathématiques ; & plus bas , § 1317 ,
qu'on peut trouver les régles pour former
les différens plans de ces fortes
160 MERCURE DE FRANCE.
de miroirs dans un Auteur François
qui a traité de la perfpective avec beaucoup
d'éxactitude , mais qui a caché
fon nom. Il doit certainement y avoir
auffi des régles certaines pour former
l'effet qu'on obferve à l'infpection du
tableau allégorique ; & c'eft aux principes
de la dioptrique à les fournir. On
fçait en général que les rayons de lumière
paffant au travers d'un verre qui
contient plufieurs furfaces planes différemment
inclinées , font rompus dans
chaque furface , & vont avec leur inclinaifon
propre fe réunir dans un foyer
commun . L'oeil placé dans ce foyer reçoit
de toutes les furfaces , des impreffions
diftinguées , mais propres du même
objet ; & comme l'efprit porte naturellement
les objets à l'extrémité des
rayons droits , un même objet ſe voit
multiplié par toutes les furfaces du verre .
De-là , l'effet prétendu merveilleux ,
mais fort fimple , des verres à facettes.
Dans l'inverfe , un verre taillé d'une
manière déterminée ne laiffera voir d'un
tableau que certains points , lefquels
paroîffant réunis formeront un objet
tout différent de celui que préfente ce
même tableau à l'oeil nud ; cela eft aifé
à concevoir. Il faut dabord fe défaire de
AVRIL. 1763. 161
Tidée que toutes les parties qui compofent
le tableau allégorique , fervent
a former le Portrait du Roi : c'eft une
chofe impoffible ; des objets colorés dans
une difpofition déterminée & fort étendue
> ne peuvent fe concentrer & s'identifier
pour repréfenter un autre objet
avec lequel ils n'ont aucun rapport
phyfique dans leur enfemble. Mais le
phénomène s'explique aifément, en prenant
dans les différens points du tableau
des parties toutes faites , dont la réunion
formera le Portrait du Roi. Ceux
qui y ont donné quelque attention
doivent fe fouvenir qu'il n'y a aucune
des figures qui n'ait quelque chofe des
traits majestueux du Roi ; l'une les yeux ,
l'autre la bouche , l'autre le front , & c .
Le talent du Peintre doit être diftingué
de l'effet optique de fon tableau. A
cet égard , il eft fait fuivant des régles
certaines , & fa difpofition a été mefurée
à la régle & au compas. M. Vanloo
eft le maître de fon fecret ; mais je fuis
perfuadé qu'il pourroit avec le même
verre faire voir le Portrait du Roi fur
un tableau tout différent du premier ,
pourvu qu'il fût dans les mêmes proportions
& que les parties dont la
réunion fait l'image du Monarque , fuf
>
162 MERCURE DE FRANCE.
fent dans la même difpofition . La mế-
chanique de ce travail eft füre ; le mérite
du Peintre dans l'éxécution , eft un
objet à part , & le génie de la compofition
eft encore un fait différent ; c'eft
furtout l'idée ingénieufe qu'il faut louer
ici. M. Vanloo étoit bien für de plaire ,
en parlant aux François le langage de
leur coeur. Perfonne ne voit le Portrait
du Roi fans fe rappeller toutes les ver+
tus qui font le fujet du tableau allégo ÷
rique. Chaque fois que j'ai été contem→
pler la belle Statue que la Ville vient
de faire ériger dans la Place de LOUIS
XV , pour conferver à la postérité la
plus reculée les traits du Monarque
Bien-aimé, dans ceMonument de l'amour
de fon Peuple , je me rappelle le vers
de Martialfur la Statue d'un Empereur
Romain.
Hæcmundifacies , hæcfunt Jovis orafereni.
J'ai l'honneur d'être , & c..
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Résumé : PEINTURE. LETTRE à MM. de la Société des Amateurs, Sur le Tableau allégorique des Vertus formant le Portrait du ROI, peint par M. AMÉDÉE VAN LOO.
La lettre adressée à la Société des Amateurs traite d'un tableau allégorique des vertus royales, réalisé par Amédée Van Loo. L'auteur exprime son admiration pour cette œuvre, qui illustre les qualités du roi à travers des symboles décrits dans le Mercure de France. Le tableau présente un effet optique particulier : lorsqu'il est observé à travers une lunette placée à un point précis, seules les figures représentant le portrait du roi deviennent visibles. Cet effet est expliqué par des principes de dioptrique et de catoptrique, impliquant la réfraction et la réflexion des rayons lumineux à travers un verre à facettes. L'auteur précise que cet effet optique est simple et mathématiquement explicable, distinct du talent artistique du peintre. Il conclut en louant l'idée ingénieuse de Van Loo, qui permet d'évoquer les vertus royales à travers le portrait du roi, comparant cette œuvre à une statue érigée en l'honneur du monarque.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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