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1
p. 289-297
Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Début :
Apres quatre grands Article de Siam, qui ont remply une [...]
Mots clefs :
Siam, Mandarins, Départ, Ambassadeur extraordinaire, Mr le Chevalier de Chaumont, Piété, Épée, Instruire, Audience, Navires, Présents, Miroirs, Chandeliers, Lustres, Fusils, Draps, Tapis, Habits, Meubles, Portrait du roi, Pièces d'or, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Apres quatre grands Articles
de Siam , qui ont remply
une partie de mes qua
tre dernieres Lettres , yous
n'en devez pas attendre un
fort long dans celle cy, puis
qu'il ne me reſte à vous parler
que du Départ des Mandarins
qui eftoient icy & de
celuy de Male Chevalier de
Chaumont
, que le Roya
nomméfon Ambafladeur Ex-
Février
1685. Bb
290 MERCURE
traordinaire auprés du Roy
de Siam. On ne peut faire
un choix plus judicieux . Il
faloit envoyer auprés d'un
Monarque qui donne quelque
efpérance qu'il fe rendra
un jour Catholique, un Homme
fage , d'une vie exemplaire
, qui accordaſt la Pieté
avec l'Epée , & les fonctions
de Soldat avec celles de Chré
tien , & qui cuft de la naiſfance
& du fervice . Le Roy
qui s'eft apliqué à connoiſtre
jufques à l'intérieur de fes
Sujets diftinguez par le mé
rite , a trouvé toutes ces qua
d I
X
GALANT 291
litez dans Mile Chevalier de
1
Chaumont ; & c'eft ce qui l'a
obligé à le choisir pour une
Ambaffade , où il faut non
feulement foûtenir fa gloire,
mais encore travailler pour
celle de Dieu . Ce Chevalier
n'a rien épargné de fon coſté
pour le mettre en état de remplir
cet important Caractere .
Il a vû pour s'inftruire tous
ceux qui ont efté honorez de
pareils Emplois , & a confulté
foigneufement les plus fameuxVoyageurs
qui le foient
trouvez dans les Païs Etran-¿
gers quand on y a fait de
T
Bb ij
292 MERCURE
2
*
célébres Ambaffades , afin
de pouvoir apprendre d'eux
ce qu'il doit faire dans celle
qui vient de luy eſtre confiée.
Comme il a fçû que
M de S. Martin de Caen ,
dont je vous ay fi fouvent
entretenuë , avoit remarqué
avec une grande exactitude
tout ce qu'il a vû dans ſes
Voyages , il luy a écrit, pour
le prier de luy donner des
lumieres fur celuy qu'il entreprend
; & M' de S. Martin
luy a répondu par une longue
& curieufe Lettre , qu'on a
imprimées M' le Chevalier
ida
GALANT. 293
de Chaumont fçachant auffi
qu'il eft important d'avoir un
habile Secretaire, en a choify
un qui peut luy eftre d'une
grande utilité dans le Païs
où il va , puis que c'eft M'de
l'Abraffeau- Bourreau , Frere
de M' Deflandes- Bourreau,
qui depuis long - temps eft
Chefdu Comptoir de la Compagnie
Royale de France à
Siam. Les Mandarins parti
rent quelques jours apres la
derniere Audiance que leur
donna M' de Croiffy , & ils
doivent être défrayez fur leur
route aux dépens du Roy.
Bb iij
294 MERCURE
Je ne puis m'empefcher de
vous marquer encore icy une
chofe qui arriva quelque
temps avant leur départ. L'un
d'eux s'eftant trouvé comme
engagé de paffer fur les Armes
du Roy , qui estoient
au coin d'un Tapis de pied,
ne voulut jamais marcher fur
ces Armes , & fit connoiftre
qu'il regardoit ce peu de ref
pect comme une chofe qui
ne luy devoit
donnée. Ils doivent s'embarquer
fur le Navire du Roy
appellé L'Oiseau. Il eſt du
port de quatre cens cinquate
pas eftre parGALANT.
295
Hommes , & de 48 Canons.
La Frégate du Roy qui doit
leur fervir d'eſcorte , eft commandée
par M ' de Joyeuſe,
& s'appelle la Maligne. Elle
eft de cent quarante Hommes
& montée de trente
Canons. Voicy le Mémoire
des Prefens que M' le Chevalier
de Chaumont emporte
de la part du Roy.
3
6
Deux grands Miroirs d'argent.
Deux grands Chandeliers
d'argent à douze branches.
Deux Girandoles d'argent.
Deux grands Luftres de criftal.
Bb iiij
296 MERCURE
Douze tres - beaux Fuzils, &
buit paires de Piftolets .
Douze piéces de riches Bro!
carts d'or & d'argent, & cent
aunes de Drap écarlate, bleu,
& autres couleurs. 312
Deux Horloges à mouve
mens de Lune tres curieux , &
trois Pendules .
Trois Bureaux & trois Tables
de tres riche marqueterie
, avec fix Gueridons.
>
Deux grands Tapis de la
Savonnerie.
Un grand Baffin de criftal
de roche , garny d'or.
Deux Habits en broderie,
is da
GALANT. 297
L
C
avec plufieurs paires de Bas
de foye , Rubans , Chapeaux
de Caflor , Cravates & Manchettes
de Point , le tout à la
Françoife.
Une Epée avec un riche
Baudrier à Boucles d'or.
Un portrait du Roy à che
val.
Deux autres petits Portraits
du Roy en émail , garnis de
Diamans.
Et une Bourſe remplie de
plufieurs Medailles & Piéces
d'or, monnoye de France .
de Siam , qui ont remply
une partie de mes qua
tre dernieres Lettres , yous
n'en devez pas attendre un
fort long dans celle cy, puis
qu'il ne me reſte à vous parler
que du Départ des Mandarins
qui eftoient icy & de
celuy de Male Chevalier de
Chaumont
, que le Roya
nomméfon Ambafladeur Ex-
Février
1685. Bb
290 MERCURE
traordinaire auprés du Roy
de Siam. On ne peut faire
un choix plus judicieux . Il
faloit envoyer auprés d'un
Monarque qui donne quelque
efpérance qu'il fe rendra
un jour Catholique, un Homme
fage , d'une vie exemplaire
, qui accordaſt la Pieté
avec l'Epée , & les fonctions
de Soldat avec celles de Chré
tien , & qui cuft de la naiſfance
& du fervice . Le Roy
qui s'eft apliqué à connoiſtre
jufques à l'intérieur de fes
Sujets diftinguez par le mé
rite , a trouvé toutes ces qua
d I
X
GALANT 291
litez dans Mile Chevalier de
1
Chaumont ; & c'eft ce qui l'a
obligé à le choisir pour une
Ambaffade , où il faut non
feulement foûtenir fa gloire,
mais encore travailler pour
celle de Dieu . Ce Chevalier
n'a rien épargné de fon coſté
pour le mettre en état de remplir
cet important Caractere .
Il a vû pour s'inftruire tous
ceux qui ont efté honorez de
pareils Emplois , & a confulté
foigneufement les plus fameuxVoyageurs
qui le foient
trouvez dans les Païs Etran-¿
gers quand on y a fait de
T
Bb ij
292 MERCURE
2
*
célébres Ambaffades , afin
de pouvoir apprendre d'eux
ce qu'il doit faire dans celle
qui vient de luy eſtre confiée.
Comme il a fçû que
M de S. Martin de Caen ,
dont je vous ay fi fouvent
entretenuë , avoit remarqué
avec une grande exactitude
tout ce qu'il a vû dans ſes
Voyages , il luy a écrit, pour
le prier de luy donner des
lumieres fur celuy qu'il entreprend
; & M' de S. Martin
luy a répondu par une longue
& curieufe Lettre , qu'on a
imprimées M' le Chevalier
ida
GALANT. 293
de Chaumont fçachant auffi
qu'il eft important d'avoir un
habile Secretaire, en a choify
un qui peut luy eftre d'une
grande utilité dans le Païs
où il va , puis que c'eft M'de
l'Abraffeau- Bourreau , Frere
de M' Deflandes- Bourreau,
qui depuis long - temps eft
Chefdu Comptoir de la Compagnie
Royale de France à
Siam. Les Mandarins parti
rent quelques jours apres la
derniere Audiance que leur
donna M' de Croiffy , & ils
doivent être défrayez fur leur
route aux dépens du Roy.
Bb iij
294 MERCURE
Je ne puis m'empefcher de
vous marquer encore icy une
chofe qui arriva quelque
temps avant leur départ. L'un
d'eux s'eftant trouvé comme
engagé de paffer fur les Armes
du Roy , qui estoient
au coin d'un Tapis de pied,
ne voulut jamais marcher fur
ces Armes , & fit connoiftre
qu'il regardoit ce peu de ref
pect comme une chofe qui
ne luy devoit
donnée. Ils doivent s'embarquer
fur le Navire du Roy
appellé L'Oiseau. Il eſt du
port de quatre cens cinquate
pas eftre parGALANT.
295
Hommes , & de 48 Canons.
La Frégate du Roy qui doit
leur fervir d'eſcorte , eft commandée
par M ' de Joyeuſe,
& s'appelle la Maligne. Elle
eft de cent quarante Hommes
& montée de trente
Canons. Voicy le Mémoire
des Prefens que M' le Chevalier
de Chaumont emporte
de la part du Roy.
3
6
Deux grands Miroirs d'argent.
Deux grands Chandeliers
d'argent à douze branches.
Deux Girandoles d'argent.
Deux grands Luftres de criftal.
Bb iiij
296 MERCURE
Douze tres - beaux Fuzils, &
buit paires de Piftolets .
Douze piéces de riches Bro!
carts d'or & d'argent, & cent
aunes de Drap écarlate, bleu,
& autres couleurs. 312
Deux Horloges à mouve
mens de Lune tres curieux , &
trois Pendules .
Trois Bureaux & trois Tables
de tres riche marqueterie
, avec fix Gueridons.
>
Deux grands Tapis de la
Savonnerie.
Un grand Baffin de criftal
de roche , garny d'or.
Deux Habits en broderie,
is da
GALANT. 297
L
C
avec plufieurs paires de Bas
de foye , Rubans , Chapeaux
de Caflor , Cravates & Manchettes
de Point , le tout à la
Françoife.
Une Epée avec un riche
Baudrier à Boucles d'or.
Un portrait du Roy à che
val.
Deux autres petits Portraits
du Roy en émail , garnis de
Diamans.
Et une Bourſe remplie de
plufieurs Medailles & Piéces
d'or, monnoye de France .
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Résumé : Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
En février 1685, M. le Chevalier de Chaumont est nommé ambassadeur extraordinaire auprès du roi de Siam. Son choix est motivé par sa sagesse, sa piété, son dévouement et son expérience. Chaumont se prépare minutieusement en consultant des voyageurs et des secrétaires expérimentés, notamment M. de Saint-Martin de Caen. Il sélectionne également M. de l'Abrasseau-Bourreau comme secrétaire, ce dernier étant familier avec le pays de Siam. Les mandarins de Siam quittent la France quelques jours après leur dernière audience avec M. de Croissy. Leur voyage est financé par le roi. Avant leur départ, un incident survient lorsqu'un mandarin refuse de marcher sur les armes du roi, estimant cela irrespectueux. Les mandarins s'embarquent sur le navire royal 'L'Oiseau', escortés par la frégate 'La Maligne'. Chaumont emporte divers présents du roi de France destinés au roi de Siam. Ces présents incluent des miroirs, des chandeliers, des fusils, des brocards, des tapisseries, des habits brodés, des portraits du roi de France et des médailles. Ces cadeaux visent à renforcer les relations diplomatiques entre les deux royaumes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 327-330
Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Chevalier de Chaumont, les accompagna jusqu'à leur [...]
Mots clefs :
Départ, Voyage, Paris, France, Relation, Roi, Ambassadeurs, Storf, Monsieur de Ville, Chevalier de Chaumont, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Mle
Chevalier de Chaumont , les
accompagna juſqu'à leurCartofle,&
les vit partir , l'Am
328 IV . P. du Voyage
baffadeur parut fort touche.
Ils feront traités juſques à
Breft par M. de Ville , qui eſt
le Maître d'Hôtel que leRoy
leur a donné , de forte qu'en
quelque lieu que ce foit , ils
feront fervis de la meſme forte
qu'ils l'ont eſté à Paris , &
dans leVoyage qu'ils ont fait
en France , oula inagnificence
a toûjours efté égale. Je finis
cette Relation à leur départ
part de Paris, parce qu'ils vont
àBreft par le meſme chemin
qu'ils en font venus , & que
dans ma premiere Relation ,
je vous ay parlé de tout ce
'des Amb. de Siam, 329
qui regarde cette route. On
avoit eu deſſein de les faire
pafſer en Normandie , afinde
leur faire voir de nouvelles
Villes , mais les chemins n'étant
pas ſi praticables , & le
temps de l'embarquement
preffant , on a craint quelque
retardement qui les empefchaft
de faire voile au premier
vent favorable.
M. Torf , Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy, & dont je vous ay fouventparlédans
ces quatreRelations
, les doit conduire à
Breſt , où il a eſté les prendre.
Ee
330 IV. P. du Voyage
On ne peut mieux s'acquitten
que luy de ces fortes de fon-
Stions , & la maniere dont il
a remply cette derniere, marque
le bon choix du Roy. II
a fatisfait Sa Majesté , & les
Ambaſſadeurs , & l'on peut
dire qu'en faiſant ſon devoir,
il a trouvé moyen d'obligert
toute la France pendantneuf
mois.
Chevalier de Chaumont , les
accompagna juſqu'à leurCartofle,&
les vit partir , l'Am
328 IV . P. du Voyage
baffadeur parut fort touche.
Ils feront traités juſques à
Breft par M. de Ville , qui eſt
le Maître d'Hôtel que leRoy
leur a donné , de forte qu'en
quelque lieu que ce foit , ils
feront fervis de la meſme forte
qu'ils l'ont eſté à Paris , &
dans leVoyage qu'ils ont fait
en France , oula inagnificence
a toûjours efté égale. Je finis
cette Relation à leur départ
part de Paris, parce qu'ils vont
àBreft par le meſme chemin
qu'ils en font venus , & que
dans ma premiere Relation ,
je vous ay parlé de tout ce
'des Amb. de Siam, 329
qui regarde cette route. On
avoit eu deſſein de les faire
pafſer en Normandie , afinde
leur faire voir de nouvelles
Villes , mais les chemins n'étant
pas ſi praticables , & le
temps de l'embarquement
preffant , on a craint quelque
retardement qui les empefchaft
de faire voile au premier
vent favorable.
M. Torf , Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy, & dont je vous ay fouventparlédans
ces quatreRelations
, les doit conduire à
Breſt , où il a eſté les prendre.
Ee
330 IV. P. du Voyage
On ne peut mieux s'acquitten
que luy de ces fortes de fon-
Stions , & la maniere dont il
a remply cette derniere, marque
le bon choix du Roy. II
a fatisfait Sa Majesté , & les
Ambaſſadeurs , & l'on peut
dire qu'en faiſant ſon devoir,
il a trouvé moyen d'obligert
toute la France pendantneuf
mois.
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3
p. 97-120
LETTRE DE GENES. Evenement singulier d'une mort arrivée au mois de Juin 1712.
Début :
UN riche Marchand, homme capricieux, ayant toujours été heureux dans [...]
Mots clefs :
Gênes, Mort, Marchand, Voyage, Perte, Peur, Avarice, Mariage, Départ, Femme, Caprice, Vaisseau, Chute, Séparation, Catastrophe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE GENES. Evenement singulier d'une mort arrivée au mois de Juin 1712.
LETTRE DE GENES.
Evénement singulierd'une mort
arrivée au mois de Juin1712.
UN riche Marchand,
hône capricieux, ayant
toûjours été heureux
dans son commerce, avoit en tête que le premier voyage qu'il feroit
lui porteroit malheur
cependant il risquoitde
perdre une sommeconfiderable s'il nerctournoit
affzz-dc-bica poursupporter cette perte, &
dans. un moment où son
avarice l'emportoit fu*.
la peur qu'il s'étoit mise -
dans l'esprit
,
il se determina à partir quelquesjours aprés.
A la veille- de son départ la peur le reprit, Se
il se mit en-tête d'achever de se rendre amoureux d'une très- belle
personne, qu'il-avoit
vuë, afin que son amour
se joignant à sa peur,
l'avaricedevînt la moins
forte. En effetcet amour luireüssit, S6 devint si
violent, qu'ayant resolu
de ne plus s'exposer sur
mer, ilsemaria, pour fortifier sa resolution. Les
complaisances que sa
femme eut pour lui la
rendaient digne deson
attachement & n'ayant
nul su jet des'enplaindre,
un de Ces capricesle prit,
&ils'imaginaqu'ilman-
quoità son bonheur une
femme dont l'amourfust
à l'épreuved'une absence
de six mois. Il crutaussi
par cette absence se preparer un renouvellement de passion, dont il
croyoitavoir besoin, à
cause d'un refroidissement qu'il commençoit
à sentir. Sur ces entrefaites il reçut une lettre
de son correspondant
,
qui lui proposoit un bon
coup à faire,pourvu qu'-
il fist aux Indes un voyage de sept à huit mois.
L'occasion d'un vaisseau
&: d'un ami qui partoit,
le determinerent.
Jamais départ d'unmari ne fut plus sensible à
une femme: elle vouloit
absolument suivre son
mari dans ce voyage, &
en fit de si tend res instances, que son mari qui
changeoit souvent de
fantaisies, crut que l'épreuve d'un tel voyage é-
toit aussi feure pour l'amour d'une femmeque
celle de l'absence.Il pria
son ami deretarder quelques jours le départ du
navire dont il croitmaître :
mais l'ami n'employa ce peu de jours
qu'à s'opposer au départ
de la femme, & represensa au mari qu'il ne
devoit pas l'exposeraux
fatigues& aux perils de
la mer, pour le seul plaisir de contenter son ca-
price.Enfin le mari se
rendit, la femme obeïtJ
resta, & le navire partit.
L'ami ressentit en partant une joye & une
douleur qui avoient des
causes differentes,il étoit
devenu passionnément
amoureux de cette semme,dont la beautél'avoit
frapé d'abord. Les rendres adieux qu'elle fit à
son mari achevevent (tu
lecharmer.IlfalotJonc
quitter cequ'il aimoit,
voila sa dou leur: mais il
étoit honnête liomiiiç
bon ami, Ez il futravi
d'avoirempêché la femme de s'embarquerade
s'en separerpour tâcher
de l'ou blier.Mais commenteût-ilpû l'oublier?
sonmari ne luiparlait
d'aucrechose. Imaginezvousquel embarras étoit
le lien; son ami n'avoit
pas d'autre plaisir quecet
entretien, qui faisoit son
suplice par la contrainte
où il setrouvait. Elle fut
pousséeau point, quel'ami ne voulant pas absolument que le mari lui
parlât de sa femme, le
mari soupçonna la chose. Il n'étoit naturellement que capricieux,
& peu jaloux } & l'ami
setrouvant contraint de
luitoutavouer,lui dit en
même temps qu'il nedevoit pascraindre qu'ilrevît jamais sa femme, puis
qu'il avoit voulu de si
bonne foi s'en separer.En
effet des que le marieut
fait ses affaires, l'ami le
pressaderetournerseul à
Genes,&montaun autre
vaisseau qui venoit en
France,où il avoitenvie
de se venir établir,même
avant son avanture. Ainsi les deux amis se dirent
adieu pour toute la vie.
Le Marchand mari
fut plus song-temps sur
mer qu'ilnecroyoit, Se
battu d'une tempête,
fut contraint de relâcher à larade de. Il
fut contraint d'y sejourner quelques semaines. Cependant il prit
patience,n'ayant plus
qu'un petittrajet à faire
pour revoir sa chere
femme: mais un de ses
caprices le prit, & ce fut
le plus extravagant qu'il
eût eu de sa vie; car craignant de retrouversa
femme trop insensible au
plaisir de le revoir
,
il
voulue lui donner une
alarme: & voyant partir
de la rade où ilétoit un
vaisseauqu'il croyoit
suivrede prés, il chargea
quelqu'un de ce vaisseau
d'un paquet de lettres,
sans dire qui il étoit.
Dans ce paquet étoit une
lettre, qu'il fit écrire par
le Capitaine du vaisseau
oùil étoit, &: cette lettre
adressée à sa femme lui racontoit la mort de son
mari avec les plusten-
dres Ô£ les plus tocuhantes circonstances qu'il
put imaginer; &C pour
donner plusde certitude
àcette faussenouvelle,il
écrivit de sa main propre
unbillet., dont lescaracteres tremblans 6C mal
formez paroissoient d'un
homme mourant, & par
ce billet de cinq ou six lignes il témoignoit à sa
femme qu'étant prés de
quiter lavie,ilemployoit
ses dern iers momens à
lui direunéternel adieu.
Ce dernier caprice paroîtra peu vrai-semblable
: maisce n'est point
ici une avanture où il
s'agisse de vrai-semblance
,
puisque c'est une
simple relation- où l'on
n'a ajoûté aucune cir-q
confiance romanesque.
Ce mari imprudent
s'embarqua peu de jours
aprés, &£ eut trés-m-luvais tem ps,&des évé-
.nomen-s de mercontrai-
r€$àl'impatiencequ'ilavoit
devoirlaréussicedeson billet i car ib n'arriva à Gencs;
que 6. ou7.semainesaprès.
Ceuxquiporterentlalettrefirent aucontraire une
navigation trés-heureuse &
trés-prompte. La lettre fut
renduë àlafemme, quifut à
la mort pendant huitjours.
Il yavoitdéjalongtems
que IIyavoitdéjàlongtemsque
l'amiamoureux étoit arrivé
à Marseille, toûjours tourmentéde son amour; quand
se promenant sur le port,
il vit aborder un' vaisseau
Génois.Ils'informade ceux
quiétoient dedans sileMar-
chand son ami étoit de retour à Genes. Un de ceux à
qui il s'adressa lui dit qu'il
connoissoit sa veuve,& qu'il
l'avoit bissée dans une affliction qui faisoit craindre
pour sa vie.
:
Il seroit difficile d'exprimer les mouvemens divers
dont cet amant & ami fut
agité. Il fut 24. heures dans
uneagitation terrible, &
le lendemain se jetta dans
uiv vaisseau qui reparroit
pour Genes, & se rendit auprès de la veuve, dont il renouvella la douleur par son
arri-
arrivée. Enfinaprès avoir
pleuré quelques jours ensemble, il lui proposa de rétablir Ses affaires en l'épousant. N'ayant point encore
d'enfans de Son mari,& ayât
peu de bien par elle-même,
elle eût eu grand besoin de
se remarier si elle eûtétéveritablementveuve
; cependant l'interêt ne la toucha
point:mais ce Negociant-ci
étoit jeune,assezaimable.En
un mot il ne fut plus question pour elle que du temps
6c des bienseances
;
elle ne
pouvoit se resoudre à se re-
marier après un mois de
veuvage ou environ.Cependant leNegociantétoit obligé de s'en retourner promtement àMarseille.Elleprit
le parti de l'epousersecretement, de quitter Genes,&
d'allers'établir en France avec ce nouveau mari. Elle
n'avoit chez elle qu'unefervante, & une parente de fôn
mari,qui étoit trés-vieille&
trés-folle. Elleluilassatout
te qu'elle avoit, &avec sa
servante seule elle partitdipantàcettevieillequ'ellealloit se jetter dansunConvent;&ellealla 4e marier,
&s'embarquerensuite avec
son mari pour Marseille.
Quelques joursaprés le
premiermari arriva à Genes,&rencontra,avantque
d'entrerchez lui, quelques
amis & voisins, qui ayant vû
réellement sa femme deses-
,'perée & malade à la mort,
exagererentencore son desespoir, pour faire sa courà
son mari, qui courut fort alarméjusqu'à son logis,où
la vieille parente,aprés être
revenuë de la peur que le revenant lui causa, lui raconta d'abord le desespoir de
sa femme
3
6c lui dit ensuite
qu'étant sortie de chezelle,
pour s'aller jetter dans un
Convent, il étoit revenu un
bruit le lendemain que
quelques gens l'avoient vû
aller du côté de la mer, &
même que quelques autres
l'avoient vû s'y precipirer.
Lavieillefolle luiconfirma
ce dernier bruit, qui n'avoit
nul fondement que quelques préjugez de bonnes
femmes. Le mari fut déja
fort malade de ce premier
coup :
maisil ne sur au desespoir quecontre lui-même;&
aprés être un peu revenu à
lui,&avoirsuivideplusprés
les bruits differens qui couroient, il apprit feulement
qu'onl'avoit vû monter avec un homme pour Marseille. La douleur,la rage lui
donnerent une attaqueplus
vive que la premiere,&il fut
deux jours dans unesituation cruelle,sanssavoir quel
parti prendre. Enfin ayant
pris celui d'aller à Marseille
pour approfondir la chose,il
y
arriva dans un état pitoyablé, & ressemblant plûtôt à
un spectre qu'à un homme.
Il demanda,enarrivant,de
nouvelles de son ami, eiperant se conioler au moins
avec lui de son malheur, Se
qu'il lui aideroit à faire des
perquisitionsdecelui qui avoit enlevé sa femme à Gcmes. Il n'eut pas de peine à
trouver oùlogeoit sonami,
tkle hazard voulut que ceux
qui luienseignement son logisne lui parlerentpoint
qu'il eût une femme avec
lui, jusqu'à ce qu'il fut parvenu à la porte de sa chambre, que lui ouvrit un valet
nouveau des nouveaux mariez,qui le pria d'atendre un
moment, parce que lafemme de Monsieur étoitavec
lui.Le pauvre homme n'eut
d'abord aucun soupçon de la
verité:mais crutque son ami
Vétoit marié parraison3 on
pour oublier la femme; &.Çc
Croyant assez intime ami
pour encrersans ceremonie,
:&, troublé d'ailleurs par son
malheur, il pouffa la porte
sortement,&entra malgré
le valet dans une fécondé
chambre, où le mari & la
femme étoient tête à tête.
On ne peut pas exprimer
l'effet de cette apparition.
La femme prit son mari
pour un deterré,outre qu'il
en avoir assezl'air;la vue de
sa femme le rendit-immobi-
le comme un [peétre. La
femme tomba à la renverse,
& le revenant tomba un
moment après, ôc ne releva
de cette chute que peur languir quelques jours. Il pardonna en mourant à son ami
6c àsa femme, à qui illaissa
même une partie de son
bien.Ils furent si penetrés de
douleur l'un & raurre,qu'iIs
font encore à present enretraite chacun dans un Convent.On,¡}e sçait point combien durera cette separation
volontaire:maisils n'ont pas
eu un moment de santé depuis cette triste catastrofe
Evénement singulierd'une mort
arrivée au mois de Juin1712.
UN riche Marchand,
hône capricieux, ayant
toûjours été heureux
dans son commerce, avoit en tête que le premier voyage qu'il feroit
lui porteroit malheur
cependant il risquoitde
perdre une sommeconfiderable s'il nerctournoit
affzz-dc-bica poursupporter cette perte, &
dans. un moment où son
avarice l'emportoit fu*.
la peur qu'il s'étoit mise -
dans l'esprit
,
il se determina à partir quelquesjours aprés.
A la veille- de son départ la peur le reprit, Se
il se mit en-tête d'achever de se rendre amoureux d'une très- belle
personne, qu'il-avoit
vuë, afin que son amour
se joignant à sa peur,
l'avaricedevînt la moins
forte. En effetcet amour luireüssit, S6 devint si
violent, qu'ayant resolu
de ne plus s'exposer sur
mer, ilsemaria, pour fortifier sa resolution. Les
complaisances que sa
femme eut pour lui la
rendaient digne deson
attachement & n'ayant
nul su jet des'enplaindre,
un de Ces capricesle prit,
&ils'imaginaqu'ilman-
quoità son bonheur une
femme dont l'amourfust
à l'épreuved'une absence
de six mois. Il crutaussi
par cette absence se preparer un renouvellement de passion, dont il
croyoitavoir besoin, à
cause d'un refroidissement qu'il commençoit
à sentir. Sur ces entrefaites il reçut une lettre
de son correspondant
,
qui lui proposoit un bon
coup à faire,pourvu qu'-
il fist aux Indes un voyage de sept à huit mois.
L'occasion d'un vaisseau
&: d'un ami qui partoit,
le determinerent.
Jamais départ d'unmari ne fut plus sensible à
une femme: elle vouloit
absolument suivre son
mari dans ce voyage, &
en fit de si tend res instances, que son mari qui
changeoit souvent de
fantaisies, crut que l'épreuve d'un tel voyage é-
toit aussi feure pour l'amour d'une femmeque
celle de l'absence.Il pria
son ami deretarder quelques jours le départ du
navire dont il croitmaître :
mais l'ami n'employa ce peu de jours
qu'à s'opposer au départ
de la femme, & represensa au mari qu'il ne
devoit pas l'exposeraux
fatigues& aux perils de
la mer, pour le seul plaisir de contenter son ca-
price.Enfin le mari se
rendit, la femme obeïtJ
resta, & le navire partit.
L'ami ressentit en partant une joye & une
douleur qui avoient des
causes differentes,il étoit
devenu passionnément
amoureux de cette semme,dont la beautél'avoit
frapé d'abord. Les rendres adieux qu'elle fit à
son mari achevevent (tu
lecharmer.IlfalotJonc
quitter cequ'il aimoit,
voila sa dou leur: mais il
étoit honnête liomiiiç
bon ami, Ez il futravi
d'avoirempêché la femme de s'embarquerade
s'en separerpour tâcher
de l'ou blier.Mais commenteût-ilpû l'oublier?
sonmari ne luiparlait
d'aucrechose. Imaginezvousquel embarras étoit
le lien; son ami n'avoit
pas d'autre plaisir quecet
entretien, qui faisoit son
suplice par la contrainte
où il setrouvait. Elle fut
pousséeau point, quel'ami ne voulant pas absolument que le mari lui
parlât de sa femme, le
mari soupçonna la chose. Il n'étoit naturellement que capricieux,
& peu jaloux } & l'ami
setrouvant contraint de
luitoutavouer,lui dit en
même temps qu'il nedevoit pascraindre qu'ilrevît jamais sa femme, puis
qu'il avoit voulu de si
bonne foi s'en separer.En
effet des que le marieut
fait ses affaires, l'ami le
pressaderetournerseul à
Genes,&montaun autre
vaisseau qui venoit en
France,où il avoitenvie
de se venir établir,même
avant son avanture. Ainsi les deux amis se dirent
adieu pour toute la vie.
Le Marchand mari
fut plus song-temps sur
mer qu'ilnecroyoit, Se
battu d'une tempête,
fut contraint de relâcher à larade de. Il
fut contraint d'y sejourner quelques semaines. Cependant il prit
patience,n'ayant plus
qu'un petittrajet à faire
pour revoir sa chere
femme: mais un de ses
caprices le prit, & ce fut
le plus extravagant qu'il
eût eu de sa vie; car craignant de retrouversa
femme trop insensible au
plaisir de le revoir
,
il
voulue lui donner une
alarme: & voyant partir
de la rade où ilétoit un
vaisseauqu'il croyoit
suivrede prés, il chargea
quelqu'un de ce vaisseau
d'un paquet de lettres,
sans dire qui il étoit.
Dans ce paquet étoit une
lettre, qu'il fit écrire par
le Capitaine du vaisseau
oùil étoit, &: cette lettre
adressée à sa femme lui racontoit la mort de son
mari avec les plusten-
dres Ô£ les plus tocuhantes circonstances qu'il
put imaginer; &C pour
donner plusde certitude
àcette faussenouvelle,il
écrivit de sa main propre
unbillet., dont lescaracteres tremblans 6C mal
formez paroissoient d'un
homme mourant, & par
ce billet de cinq ou six lignes il témoignoit à sa
femme qu'étant prés de
quiter lavie,ilemployoit
ses dern iers momens à
lui direunéternel adieu.
Ce dernier caprice paroîtra peu vrai-semblable
: maisce n'est point
ici une avanture où il
s'agisse de vrai-semblance
,
puisque c'est une
simple relation- où l'on
n'a ajoûté aucune cir-q
confiance romanesque.
Ce mari imprudent
s'embarqua peu de jours
aprés, &£ eut trés-m-luvais tem ps,&des évé-
.nomen-s de mercontrai-
r€$àl'impatiencequ'ilavoit
devoirlaréussicedeson billet i car ib n'arriva à Gencs;
que 6. ou7.semainesaprès.
Ceuxquiporterentlalettrefirent aucontraire une
navigation trés-heureuse &
trés-prompte. La lettre fut
renduë àlafemme, quifut à
la mort pendant huitjours.
Il yavoitdéjalongtems
que IIyavoitdéjàlongtemsque
l'amiamoureux étoit arrivé
à Marseille, toûjours tourmentéde son amour; quand
se promenant sur le port,
il vit aborder un' vaisseau
Génois.Ils'informade ceux
quiétoient dedans sileMar-
chand son ami étoit de retour à Genes. Un de ceux à
qui il s'adressa lui dit qu'il
connoissoit sa veuve,& qu'il
l'avoit bissée dans une affliction qui faisoit craindre
pour sa vie.
:
Il seroit difficile d'exprimer les mouvemens divers
dont cet amant & ami fut
agité. Il fut 24. heures dans
uneagitation terrible, &
le lendemain se jetta dans
uiv vaisseau qui reparroit
pour Genes, & se rendit auprès de la veuve, dont il renouvella la douleur par son
arri-
arrivée. Enfinaprès avoir
pleuré quelques jours ensemble, il lui proposa de rétablir Ses affaires en l'épousant. N'ayant point encore
d'enfans de Son mari,& ayât
peu de bien par elle-même,
elle eût eu grand besoin de
se remarier si elle eûtétéveritablementveuve
; cependant l'interêt ne la toucha
point:mais ce Negociant-ci
étoit jeune,assezaimable.En
un mot il ne fut plus question pour elle que du temps
6c des bienseances
;
elle ne
pouvoit se resoudre à se re-
marier après un mois de
veuvage ou environ.Cependant leNegociantétoit obligé de s'en retourner promtement àMarseille.Elleprit
le parti de l'epousersecretement, de quitter Genes,&
d'allers'établir en France avec ce nouveau mari. Elle
n'avoit chez elle qu'unefervante, & une parente de fôn
mari,qui étoit trés-vieille&
trés-folle. Elleluilassatout
te qu'elle avoit, &avec sa
servante seule elle partitdipantàcettevieillequ'ellealloit se jetter dansunConvent;&ellealla 4e marier,
&s'embarquerensuite avec
son mari pour Marseille.
Quelques joursaprés le
premiermari arriva à Genes,&rencontra,avantque
d'entrerchez lui, quelques
amis & voisins, qui ayant vû
réellement sa femme deses-
,'perée & malade à la mort,
exagererentencore son desespoir, pour faire sa courà
son mari, qui courut fort alarméjusqu'à son logis,où
la vieille parente,aprés être
revenuë de la peur que le revenant lui causa, lui raconta d'abord le desespoir de
sa femme
3
6c lui dit ensuite
qu'étant sortie de chezelle,
pour s'aller jetter dans un
Convent, il étoit revenu un
bruit le lendemain que
quelques gens l'avoient vû
aller du côté de la mer, &
même que quelques autres
l'avoient vû s'y precipirer.
Lavieillefolle luiconfirma
ce dernier bruit, qui n'avoit
nul fondement que quelques préjugez de bonnes
femmes. Le mari fut déja
fort malade de ce premier
coup :
maisil ne sur au desespoir quecontre lui-même;&
aprés être un peu revenu à
lui,&avoirsuivideplusprés
les bruits differens qui couroient, il apprit feulement
qu'onl'avoit vû monter avec un homme pour Marseille. La douleur,la rage lui
donnerent une attaqueplus
vive que la premiere,&il fut
deux jours dans unesituation cruelle,sanssavoir quel
parti prendre. Enfin ayant
pris celui d'aller à Marseille
pour approfondir la chose,il
y
arriva dans un état pitoyablé, & ressemblant plûtôt à
un spectre qu'à un homme.
Il demanda,enarrivant,de
nouvelles de son ami, eiperant se conioler au moins
avec lui de son malheur, Se
qu'il lui aideroit à faire des
perquisitionsdecelui qui avoit enlevé sa femme à Gcmes. Il n'eut pas de peine à
trouver oùlogeoit sonami,
tkle hazard voulut que ceux
qui luienseignement son logisne lui parlerentpoint
qu'il eût une femme avec
lui, jusqu'à ce qu'il fut parvenu à la porte de sa chambre, que lui ouvrit un valet
nouveau des nouveaux mariez,qui le pria d'atendre un
moment, parce que lafemme de Monsieur étoitavec
lui.Le pauvre homme n'eut
d'abord aucun soupçon de la
verité:mais crutque son ami
Vétoit marié parraison3 on
pour oublier la femme; &.Çc
Croyant assez intime ami
pour encrersans ceremonie,
:&, troublé d'ailleurs par son
malheur, il pouffa la porte
sortement,&entra malgré
le valet dans une fécondé
chambre, où le mari & la
femme étoient tête à tête.
On ne peut pas exprimer
l'effet de cette apparition.
La femme prit son mari
pour un deterré,outre qu'il
en avoir assezl'air;la vue de
sa femme le rendit-immobi-
le comme un [peétre. La
femme tomba à la renverse,
& le revenant tomba un
moment après, ôc ne releva
de cette chute que peur languir quelques jours. Il pardonna en mourant à son ami
6c àsa femme, à qui illaissa
même une partie de son
bien.Ils furent si penetrés de
douleur l'un & raurre,qu'iIs
font encore à present enretraite chacun dans un Convent.On,¡}e sçait point combien durera cette separation
volontaire:maisils n'ont pas
eu un moment de santé depuis cette triste catastrofe
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Résumé : LETTRE DE GENES. Evenement singulier d'une mort arrivée au mois de Juin 1712.
La 'Lettre de Gênes' raconte une série d'événements survenus en juin 1712, impliquant un riche marchand superstitieux et son épouse. Le marchand, bien que craignant que son premier voyage maritime lui porte malheur, fut poussé par son avarice à partir. Pour renforcer sa résolution, il se rendit amoureux d'une belle personne qu'il épousa. Cependant, un caprice le poussa à tester la fidélité de son épouse en partant pour un voyage aux Indes, malgré les supplications de celle-ci de l'accompagner. Un ami du marchand, secrètement amoureux de son épouse, s'opposa à son départ et réussit à convaincre le marchand de laisser son épouse à terre. Le marchand partit seul et, après plusieurs semaines en mer, décida de faire croire à sa femme qu'il était mort en lui envoyant une lettre falsifiée. Cette lettre plongea l'épouse dans un désespoir profond. Pendant ce temps, l'ami amoureux, ayant appris la fausse nouvelle de la mort du marchand, se rendit à Gênes et épousa secrètement la veuve. Quelques jours plus tard, le marchand revint à Gênes et découvrit la trahison. Il se rendit à Marseille, où il trouva son ami et son épouse. La surprise et le choc le tuèrent. Avant de mourir, il pardonna à son ami et à son épouse, leur laissant une partie de sa fortune. Les deux coupables, rongés par la culpabilité, se retirèrent chacun dans un couvent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1201-1210
LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour Supposé, Comédie, en un Acte, représentée au Théatre François avec beaucoup de succès, le 27. May. Extrait.
Début :
ACTEURS. Lucile, jeune veuve. La Dlle Gaussin. Valere, Le [...]
Mots clefs :
Rendez-vous, Lucile, Valère, Lisette, Crispin, Amour, Départ, Succès, Entendre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour Supposé, Comédie, en un Acte, représentée au Théatre François avec beaucoup de succès, le 27. May. Extrait.
LE RENDEZ -VOUS , ou l'Amour
Supposé , Comédie , en un Acte , représentée
au Théatre François avec beaucoup
de succès , le 27. May. Exttait.
·
ACTEURS.
Lucile , jeune veuve.
Valere
و
La Dlle Gaussin.
Le sieur Dufresne.
Lisette , Suivante de Lucile , La Dlle Quinauit
,
Crispin , Valet de Valere, Le sieur Poisson ,
M. Jacquemin , Sous - Fermier , amoureux
, & c. Le sieur Lathorilliere.
Charlot , Jardinier de Lucile , Le sieur
de Montmesnil.
La Scene est dans une Ville de Bretagne
et le Théatre représente l'Avenuë d'un
Château.
Valere et Lucile , qui sont les principaux
Personnages de cette Piece , viennent
de terminer un Procès , auquel un
Testament qui les nommoit , l'un héritier
, et l'autre Légataire , avoit donné
lieu . Valere est sur le point de partir
de Bretagne pour s'en retourner à
Paris ; ce prompt départ n'est pas au
gré de Crispin , non plus que de Lisette
; ils s'aiment et voudroient bien n'ê
I. Vol.
tre
1202 MERCURE DE FRANCE
tre pas séparez. C'est ici que l'action
theatrale commence ; ils ont imaginé
une ruse dont le succès est fondé
sur cette maxime : aimez et vous serez
aimé ; en effet , à peine Crispin a- t'il fait
croire à Valere que Lucile l'aime , que
la reconnoissance prépare son coeur à l'amour
; il en est de même de Lucile , à qui
Lisette fait entendre que Valere l'adore ,
sans avoir jamais osé le lui déclarer . Crispin
dit à son Maître que Lucile doit se
promener ce soir dans le Jardin , dans
P'esperance de l'y trouver et de le voir
du moins pour quelques momens avant
un départ qui doit lui donner la mort.
Voici les propres termes de Crispin :
Sous cet épais feuillage ,
Cette Beauté cedant à l'amour qui l'engage ,
Comme pour prendre l'air , doit se trouver ce
soir ;
Avant votre départ , elle voudroit vous voir ;
On m'a sollicité pour vous le faire entendre ,
Si donc , ce soir aussi, vous vouliez vous y ren
dre ,
Notre Veuve discrette , aux yeux de son vainqueur
,
Exposeroit le feu qu'elle cache en son coeur ,
Sans causer de scandale et sans qu'on en murmure.
I. Vol. Valere
JUIN. 1733. 1203
Valere donne dans le piége ; Crispin
lui a déja fait entendre que Lucile a
donné des indices plus sûrs de l'amour
secret qu'elle a pour lui et dont Lisette
lui a fait confidence ; il lui a appris que
Lucile n'avoit pû soutenir la funeste
nouvelle de son départ , et qu'elle étoit
tombée en pamoison entre les bras de sa
Suivante.Cet adroit mensonge ne le laisse
point douter qu'il ne soit éperdument
aimé ; mais son amour propre le lui
suade bien mieux , comme Crispin le fait
connoître par ce petit Monologue.
per-
Le mensonge est lâché ; courage , il croit qu'on
l'aime ;
La bonne opinion et l'amour de soi - même ,
Chez lui seront encore , à ce que je conçoi ,
Et meilleurs Orateurs et plus fourbes que moi.'
Lisette joie à peu près le même côle
auprès de sa Maîtresse ; elle lui dit , nonseulement
qu'elle est adorée de Valere ,
mais qu'elle est surprise qu'elle ne s'en
soit pas apperçuë . Elle lui parle entre autres
choses d'une Lettre de Valere qu'elle
a trouvée sur sa Toilette , et qui , ditelle
, sous des termes ordinaires , cache
adroitement une déclaration d'amour
dans toutes les formes ; cette Lettre déją
lûë par Lisette , autorise le Commentaire
1. Vol. in1204
MERCURE DE FRANCE
ingénieux qu'elle semble en faire sur le
champ, et qui ne seroit pas si vrai- semblable
, s'il n'avoit été étudié à loisir ; voila
donc nos deuxAmans disposez à se trouver
au rendez -vous imaginé par leurs Domesti
ques ; Lucile y résiste d'abord , mais Lisette
tranche toutes les difficultez par
ce Vers :
Enfin que voulez- vous ? j'ai donné ma parole,
Ce qui confirme Lucile dans l'opinion
qu'elle est aimée de Valere , c'est là brusque
incartade que lui vient faire M. Jac
quemin , Sous- Fermier et l'un de ses soupirans
, à qui , par une nouvelle fourberie
, Crispin à fait entendre que son
Maître est son Rival . Jacquemin éclate
contre Lucile et retire la parole qu'il
lui avoit donnée de l'épouser .
Crispin et Lisette s'applaudissent déja
d'un plein succès , mais par malheur ils
ont été entendus de Charlot , Amoureux
de Lisette , qui pour se venger de la préference
qu'elle donne à Crispin , veut
observer de plus près ce complot , dont
il n'a encore qu'une legere connoissance
, et en empêcher la réussite .
Valere se trouve le premier au prétendu
rendez - vous , accompagné de Crispin
; Lucile ne tarde pas d'y venir , sui-
I. Vel.
vie
JUIN. 1733. 1205
vie de Lisette. Cette Scene , est sans contredit
, neuve et charmante ; ce qui nous
engage à en inserer ici quelques fragmens.
Valere à Lucile.
Puis qu'un hazard heureux auprès de vous me
guide ,
Avant que de partir , Madame , il m'est bien
doux ,
De pouvoir librement prendre congé de vous.
Lucile.
Vous partez donc , Valere
Helas !
Crispin.
Il le faut bien , Madame ;
Lisette.
Crispin.
Tais-toi , Lisette , où je vais rendre l'ame.
Valere.
Je l'avouerai pourtant , si , contre mon espoir ,
En ce dernier moment je pouvois entrevoir ,
Un destin trop flateur pour moi , trop favo
rable ,
L'Arrêt de mon départ n'est point irrévocable,
Lucile.
Quel sort attendez - vous ? quand on n'ose parler,
Quand l'amour avec art prend soin de se voiler ,
Ses feux sont étouffez par l'extrême prudence ,
I. Vol. Et
1207 MERCURE DE FRANCE
Et l'on est quelquefois victime du silence.
Valere.
Ah ! lorsque cent raisons nous forcent de cou
vrir ,
Un penchant dont le coeur se plaît à se nourrir ,
Dans un objet épris tout en rend témoignage ;
Il est pour s'exprimer, il est plus d'un langage ;
Un regard , un soupir , au défaut de la voix
Ont souvent malgré nous déclaré notre choix.
Oui , madame , les yeux les yeux révelent le mystere , & c.
"
>
A ce dernier Vers prononcé passionné
ment , Crispin baise la main de Lucile
qui croit que c'est Valere même à qui
l'excès de sa passion a fait prendre cette
liberté ; le reproche qu'elle lui en fait est
conçû en des termes qui lui font croire
qu'elle l'y invite elle même ; il lui baisë
la main avec transport , en disant :
Ah ! que m'accordez- vous !
à part.
Quelle aimable franchise !
Je n'en sçaurois douter , elle m'aime éperdument.
Il la presse de prononcer sur son départ
; comme elle ne répond rien , il veut
se retirer ; mais Lisette le retient secrettement
; il croit que c'est Lucile mê
me qui s'oppose à son départ , et ce qui
I. Vol. Ty
JUI N.
1733. 1207
l'y confirme , c'est que Lucile lui dit dans
le moment.
Pourquoi donc vous livrer à tant de défiance?
Ah ! concevez plutôt une juste esperance , &c.
Jusques- là Crispin et Lisette chantent
victoire ; mais Charlot qui a tout entendu
sans être apperçû , les fait bientôt déchanter.
Cette nouvelle Scene est toutà
-fait comique ; Crispin et Lisette s'efforcent
de fermer la bouche à Charlot ;
mais il ne laisse pas de jaser et de dire
à Valere et à Lucile ;
Vous ne vous aimez pas , je vous en avertis ;
Valere,
Il a bu surement,
Charlot,
Non , morgué, je le dis
Vous n'avez nullement d'amiquié . l'un pous
l'autre ;
C'est cette fine mouche avec ce bon Apotre ,
Qui vous laissont tous deux donner dans le pa¬
niau ;
Tout votre bel amour n'est que dans leur cer
yiau ;
Ils avont à par eux manigancé la chose ,
Et si vous vous aimez , j'en devine la cause ;
I. Vol.
11
108 MERCURE DE FRANCE
•
Il faut qu'ils soient sorciez comme des bas Normands
,
Et sçachiont un secret pour faire aimer les
.gens.
Valere et Lucile ne doutent point que
Charlot ne soit yvre ; 'on le chasse : Lisette
ajoute à ce soupçon d'yvresse un
autre motif , et dit :
Non , Madame , voici la vérité du fait ;
Charlot m'aime , et Crispin lui donne de l'ombrage
;
La peur qu'il a , je crois que Monsieur ne s'enj
gage
Par estime pour vous , à séjourner icy ,
Sans rime et sans raison , le fait parler ainsi.
Crispin et Lisette sont à peine sortis de
la premiere allarme que Charlot leur a
donnée , qu'ils retombent dans une seconde
, dont ils désesperent de pouvoir
se tirer.
Valere demande à Lucile si elle est toutà
- fait remise de l'indisposition qu'elle a
euë le jour précédent Lucile fort étonnée
, lui répond qu'elle n'a nullement
été indisposée ; elle lui parle à son tour
de la Lettre énigmatique que Lisette a si
joliment commentée.
Valere lui répond qu'il ne sçait ce que
c'est que cette Lettre , il ajoute :
I. Vol. Jc
JUIN.
1209 1733
Je n'ai point eu , je croi , l'honneur de vous
écrire
,
Si ce n'est quatre mots , quand vous me fîtes
dire ,
Que sur nos différens vous vouliez terminer ;
Mon Procureur dicta , je ne fis que signer.
7
Cette double explication déconcerte
entierement Crispin et Lisette ; Valere
outré de colere contre Crispin , lui jure
de lui faire payer cher son mensonge ;
Lucile en promet autant à Lisette ; pour
surcroit de malheur M.Jacquemin , désabusé
par Charlot , fait dire à Lucile qu'il
viendra la voir pour faire sa paix avec
elle.Lucile répond froidement au Laquais
de M. Jacquemin ;
Dis lui que rien ne presse et que je len tiens
quitte.
lere
Cette froide réponse fait esperer à Vaque
la feinte pourroit bien devenir
ane vérité , comme il le souhaite. Il coninue
à lui parler d'amour ; elle l'écoute
vec plaisir ; il pardonne à Crispin , elle
ait grace à Lisette ; et le rendez - vous a
out le succès que le Valet et la Suivante
uroient pû esperer.
Cette Piece a paruë tres - jolie , et a fait
ouhaiter au public que M, Fagan, qui en
I. Vol. est
210 MERCURE DE FRANCE
est l'Auteur , continuât à lui faire part de
ses productions. Au reste les Acteurs s'y
sont tous distinguez par leur maniere de
joier.
Supposé , Comédie , en un Acte , représentée
au Théatre François avec beaucoup
de succès , le 27. May. Exttait.
·
ACTEURS.
Lucile , jeune veuve.
Valere
و
La Dlle Gaussin.
Le sieur Dufresne.
Lisette , Suivante de Lucile , La Dlle Quinauit
,
Crispin , Valet de Valere, Le sieur Poisson ,
M. Jacquemin , Sous - Fermier , amoureux
, & c. Le sieur Lathorilliere.
Charlot , Jardinier de Lucile , Le sieur
de Montmesnil.
La Scene est dans une Ville de Bretagne
et le Théatre représente l'Avenuë d'un
Château.
Valere et Lucile , qui sont les principaux
Personnages de cette Piece , viennent
de terminer un Procès , auquel un
Testament qui les nommoit , l'un héritier
, et l'autre Légataire , avoit donné
lieu . Valere est sur le point de partir
de Bretagne pour s'en retourner à
Paris ; ce prompt départ n'est pas au
gré de Crispin , non plus que de Lisette
; ils s'aiment et voudroient bien n'ê
I. Vol.
tre
1202 MERCURE DE FRANCE
tre pas séparez. C'est ici que l'action
theatrale commence ; ils ont imaginé
une ruse dont le succès est fondé
sur cette maxime : aimez et vous serez
aimé ; en effet , à peine Crispin a- t'il fait
croire à Valere que Lucile l'aime , que
la reconnoissance prépare son coeur à l'amour
; il en est de même de Lucile , à qui
Lisette fait entendre que Valere l'adore ,
sans avoir jamais osé le lui déclarer . Crispin
dit à son Maître que Lucile doit se
promener ce soir dans le Jardin , dans
P'esperance de l'y trouver et de le voir
du moins pour quelques momens avant
un départ qui doit lui donner la mort.
Voici les propres termes de Crispin :
Sous cet épais feuillage ,
Cette Beauté cedant à l'amour qui l'engage ,
Comme pour prendre l'air , doit se trouver ce
soir ;
Avant votre départ , elle voudroit vous voir ;
On m'a sollicité pour vous le faire entendre ,
Si donc , ce soir aussi, vous vouliez vous y ren
dre ,
Notre Veuve discrette , aux yeux de son vainqueur
,
Exposeroit le feu qu'elle cache en son coeur ,
Sans causer de scandale et sans qu'on en murmure.
I. Vol. Valere
JUIN. 1733. 1203
Valere donne dans le piége ; Crispin
lui a déja fait entendre que Lucile a
donné des indices plus sûrs de l'amour
secret qu'elle a pour lui et dont Lisette
lui a fait confidence ; il lui a appris que
Lucile n'avoit pû soutenir la funeste
nouvelle de son départ , et qu'elle étoit
tombée en pamoison entre les bras de sa
Suivante.Cet adroit mensonge ne le laisse
point douter qu'il ne soit éperdument
aimé ; mais son amour propre le lui
suade bien mieux , comme Crispin le fait
connoître par ce petit Monologue.
per-
Le mensonge est lâché ; courage , il croit qu'on
l'aime ;
La bonne opinion et l'amour de soi - même ,
Chez lui seront encore , à ce que je conçoi ,
Et meilleurs Orateurs et plus fourbes que moi.'
Lisette joie à peu près le même côle
auprès de sa Maîtresse ; elle lui dit , nonseulement
qu'elle est adorée de Valere ,
mais qu'elle est surprise qu'elle ne s'en
soit pas apperçuë . Elle lui parle entre autres
choses d'une Lettre de Valere qu'elle
a trouvée sur sa Toilette , et qui , ditelle
, sous des termes ordinaires , cache
adroitement une déclaration d'amour
dans toutes les formes ; cette Lettre déją
lûë par Lisette , autorise le Commentaire
1. Vol. in1204
MERCURE DE FRANCE
ingénieux qu'elle semble en faire sur le
champ, et qui ne seroit pas si vrai- semblable
, s'il n'avoit été étudié à loisir ; voila
donc nos deuxAmans disposez à se trouver
au rendez -vous imaginé par leurs Domesti
ques ; Lucile y résiste d'abord , mais Lisette
tranche toutes les difficultez par
ce Vers :
Enfin que voulez- vous ? j'ai donné ma parole,
Ce qui confirme Lucile dans l'opinion
qu'elle est aimée de Valere , c'est là brusque
incartade que lui vient faire M. Jac
quemin , Sous- Fermier et l'un de ses soupirans
, à qui , par une nouvelle fourberie
, Crispin à fait entendre que son
Maître est son Rival . Jacquemin éclate
contre Lucile et retire la parole qu'il
lui avoit donnée de l'épouser .
Crispin et Lisette s'applaudissent déja
d'un plein succès , mais par malheur ils
ont été entendus de Charlot , Amoureux
de Lisette , qui pour se venger de la préference
qu'elle donne à Crispin , veut
observer de plus près ce complot , dont
il n'a encore qu'une legere connoissance
, et en empêcher la réussite .
Valere se trouve le premier au prétendu
rendez - vous , accompagné de Crispin
; Lucile ne tarde pas d'y venir , sui-
I. Vel.
vie
JUIN. 1733. 1205
vie de Lisette. Cette Scene , est sans contredit
, neuve et charmante ; ce qui nous
engage à en inserer ici quelques fragmens.
Valere à Lucile.
Puis qu'un hazard heureux auprès de vous me
guide ,
Avant que de partir , Madame , il m'est bien
doux ,
De pouvoir librement prendre congé de vous.
Lucile.
Vous partez donc , Valere
Helas !
Crispin.
Il le faut bien , Madame ;
Lisette.
Crispin.
Tais-toi , Lisette , où je vais rendre l'ame.
Valere.
Je l'avouerai pourtant , si , contre mon espoir ,
En ce dernier moment je pouvois entrevoir ,
Un destin trop flateur pour moi , trop favo
rable ,
L'Arrêt de mon départ n'est point irrévocable,
Lucile.
Quel sort attendez - vous ? quand on n'ose parler,
Quand l'amour avec art prend soin de se voiler ,
Ses feux sont étouffez par l'extrême prudence ,
I. Vol. Et
1207 MERCURE DE FRANCE
Et l'on est quelquefois victime du silence.
Valere.
Ah ! lorsque cent raisons nous forcent de cou
vrir ,
Un penchant dont le coeur se plaît à se nourrir ,
Dans un objet épris tout en rend témoignage ;
Il est pour s'exprimer, il est plus d'un langage ;
Un regard , un soupir , au défaut de la voix
Ont souvent malgré nous déclaré notre choix.
Oui , madame , les yeux les yeux révelent le mystere , & c.
"
>
A ce dernier Vers prononcé passionné
ment , Crispin baise la main de Lucile
qui croit que c'est Valere même à qui
l'excès de sa passion a fait prendre cette
liberté ; le reproche qu'elle lui en fait est
conçû en des termes qui lui font croire
qu'elle l'y invite elle même ; il lui baisë
la main avec transport , en disant :
Ah ! que m'accordez- vous !
à part.
Quelle aimable franchise !
Je n'en sçaurois douter , elle m'aime éperdument.
Il la presse de prononcer sur son départ
; comme elle ne répond rien , il veut
se retirer ; mais Lisette le retient secrettement
; il croit que c'est Lucile mê
me qui s'oppose à son départ , et ce qui
I. Vol. Ty
JUI N.
1733. 1207
l'y confirme , c'est que Lucile lui dit dans
le moment.
Pourquoi donc vous livrer à tant de défiance?
Ah ! concevez plutôt une juste esperance , &c.
Jusques- là Crispin et Lisette chantent
victoire ; mais Charlot qui a tout entendu
sans être apperçû , les fait bientôt déchanter.
Cette nouvelle Scene est toutà
-fait comique ; Crispin et Lisette s'efforcent
de fermer la bouche à Charlot ;
mais il ne laisse pas de jaser et de dire
à Valere et à Lucile ;
Vous ne vous aimez pas , je vous en avertis ;
Valere,
Il a bu surement,
Charlot,
Non , morgué, je le dis
Vous n'avez nullement d'amiquié . l'un pous
l'autre ;
C'est cette fine mouche avec ce bon Apotre ,
Qui vous laissont tous deux donner dans le pa¬
niau ;
Tout votre bel amour n'est que dans leur cer
yiau ;
Ils avont à par eux manigancé la chose ,
Et si vous vous aimez , j'en devine la cause ;
I. Vol.
11
108 MERCURE DE FRANCE
•
Il faut qu'ils soient sorciez comme des bas Normands
,
Et sçachiont un secret pour faire aimer les
.gens.
Valere et Lucile ne doutent point que
Charlot ne soit yvre ; 'on le chasse : Lisette
ajoute à ce soupçon d'yvresse un
autre motif , et dit :
Non , Madame , voici la vérité du fait ;
Charlot m'aime , et Crispin lui donne de l'ombrage
;
La peur qu'il a , je crois que Monsieur ne s'enj
gage
Par estime pour vous , à séjourner icy ,
Sans rime et sans raison , le fait parler ainsi.
Crispin et Lisette sont à peine sortis de
la premiere allarme que Charlot leur a
donnée , qu'ils retombent dans une seconde
, dont ils désesperent de pouvoir
se tirer.
Valere demande à Lucile si elle est toutà
- fait remise de l'indisposition qu'elle a
euë le jour précédent Lucile fort étonnée
, lui répond qu'elle n'a nullement
été indisposée ; elle lui parle à son tour
de la Lettre énigmatique que Lisette a si
joliment commentée.
Valere lui répond qu'il ne sçait ce que
c'est que cette Lettre , il ajoute :
I. Vol. Jc
JUIN.
1209 1733
Je n'ai point eu , je croi , l'honneur de vous
écrire
,
Si ce n'est quatre mots , quand vous me fîtes
dire ,
Que sur nos différens vous vouliez terminer ;
Mon Procureur dicta , je ne fis que signer.
7
Cette double explication déconcerte
entierement Crispin et Lisette ; Valere
outré de colere contre Crispin , lui jure
de lui faire payer cher son mensonge ;
Lucile en promet autant à Lisette ; pour
surcroit de malheur M.Jacquemin , désabusé
par Charlot , fait dire à Lucile qu'il
viendra la voir pour faire sa paix avec
elle.Lucile répond froidement au Laquais
de M. Jacquemin ;
Dis lui que rien ne presse et que je len tiens
quitte.
lere
Cette froide réponse fait esperer à Vaque
la feinte pourroit bien devenir
ane vérité , comme il le souhaite. Il coninue
à lui parler d'amour ; elle l'écoute
vec plaisir ; il pardonne à Crispin , elle
ait grace à Lisette ; et le rendez - vous a
out le succès que le Valet et la Suivante
uroient pû esperer.
Cette Piece a paruë tres - jolie , et a fait
ouhaiter au public que M, Fagan, qui en
I. Vol. est
210 MERCURE DE FRANCE
est l'Auteur , continuât à lui faire part de
ses productions. Au reste les Acteurs s'y
sont tous distinguez par leur maniere de
joier.
Fermer
Résumé : LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour Supposé, Comédie, en un Acte, représentée au Théatre François avec beaucoup de succès, le 27. May. Extrait.
La pièce 'LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour' est une comédie en un acte représentée avec succès le 27 mai. L'action se déroule dans une ville de Bretagne et met en scène plusieurs personnages, dont Lucile, une jeune veuve, et Valere, son héritier. Après un procès lié à un testament, Valere s'apprête à partir pour Paris, ce qui attriste ses serviteurs, Crispin et Lisette, qui sont amoureux l'un de l'autre et ne veulent pas être séparés. Crispin et Lisette élaborent un plan pour réunir Lucile et Valere, en leur faisant croire mutuellement qu'ils sont aimés. Crispin convainc Valere que Lucile l'aime secrètement et l'invite à un rendez-vous dans le jardin. De même, Lisette persuade Lucile que Valere l'adore. Lucile résiste d'abord, mais accepte après que Lisette lui montre une lettre prétendument écrite par Valere. Au rendez-vous, Valere et Lucile se retrouvent et échangent des mots tendres. Cependant, Charlot, le jardinier amoureux de Lisette, révèle la supercherie. Valere et Lucile découvrent la vérité et sont furieux contre leurs serviteurs. Jacquemin, un soupirant de Lucile, désabusé par Charlot, tente de se réconcilier avec Lucile, mais elle reste froide. Finalement, Valere et Lucile pardonnent à leurs serviteurs et la pièce se termine sur une note positive. La pièce a été bien accueillie par le public et les acteurs ont été salués pour leur performance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 564-576
LA FAUSSE ANTIPATIE, Comedie Nouvelle. Extrait.
Début :
ACTEURS DU PROLOGUE. Le Génie de la Comédie, Le Sr [...]
Mots clefs :
Antipathie, Léonore, Damon, Orphise, Comédie, Nérine, Géronte, Génie, Frontin, Maître, Public, Pièce, Époux, Bon sens, Mort, Départ, Comédie-Française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FAUSSE ANTIPATIE, Comedie Nouvelle. Extrait.
LA FAUSSE ANTIPATIE , Comedie
Nouvelle. Extrait.
ACTEURS DU PROLOGUE.
Le Génie de la
Le Sr Granval.
Comédie ,
La Folie , La Dlle Quinaut.
Le Bon sens ,
Le Sr de Montménil.
Un
MARS 1734 565
Un Bourgeois , une Précieuse , un Admirateur
, un Critique , un Petit- Maître
un Homme sensé .
Les Sieurs Duchemin , Dlle du Breuil ,
Dangeville , Armand, Dufresne , Dubreuil.
La Dlle du Bocage .
Thalie ,
La Scene est sur le Théatre de la Comédie
Françoise.
C'est M. de la Chaussée qui a enrichi le
Théatre François de cette Comédie . Le
Public lui rend tous les jours la justice
que mérite son coup d'essay , pour l'inviter
à continuer une carriere qu'il vient
de commencer avec tant d'éclat. Il fait
l'éloge de ce véritable Fublic dans un
Prologue , qui marque la noble hardies-.
se de son Auteur. Voici de quoi il s'agit :
Le Génie de la Comédie Françoise vient,
demander au Public , par où il pourra
avoir le bonheur de lui plaire ; ce Public
est composé des Personnages qu'on vient
de nommer ; le Bon Sens est de la partie ,
mais il est assez maltraité , sur tout par la
Folie , qui natureilement ne doit jamais
s'accorder avec lui ; les sentimens de cette
assemblée , dont chaque membre usurpe
le respectable nom de Public , se trouvent
si opposez, que le Génie ne sçait de
quel
366 MERCURE DE FRANCE
quel côté pancher ; l'un blâme tout ;
Fautre approuve tout ; le Bourgeois don
ne dans la Farce ; la Précieuse dans la Métaphisique
; le Petit - Maître ne se soucie
que de voir et de se montrer : Voici
comment s'explique ce dernier , qui n'a
que trop d'imitateurs.
Ma décision roule alternativement ,
Sur ces deux mots , divin , ou détestable ;
Et souvent le dernier est le plus véritable .
Enfin les Spectacles que j'aime ,
Sont ceux où la presse est extrême..
Les nouveautez sont toujours belles ;
Sans vous embarrasser du choix ;
Ne nous donnez jamais que des Piéces nouvelles
Affichez-les d'abord pour la derniere fois ;
Prenez double , rendez vos plaisirs impayables;
Exceptez le Parterre ; ilpourroit au surplus ,
Vous envoyer à tous les Diables ;
C'est à quoi je conclus.
Toute l'Assemblée qui compose ce Public
, que le Génie a voulu consulter sur
le choix des pièces , disparoit insensiblement
; le Génie reste , accompagné du
Bon Sens , er d'un homme sensé ; ce dernier
s'explique avec tant de réserve , que
le Bon Sens après son départ , dit au Génie
que c'est là ce véritable Public qu'il
lui
MARS 1734. 567
lui a d'abord annoncé ; Thalie vient enfin
apporter une Comédie; le Génie l'adopte
à tout hazard , et finit le Prologue en
disant à Thalie.
Donnez , donnez toujours ; les temps sont mal
heureux .
Argument de la Comédie.
Damon et Leonore , qui sont les Héros
de la Piéce , ont été mariez malgré eux ,
ce qui a produit dans leurs coeurs une
antipathie réciproque ; leurs véritables
noms sont Sainflore et Sylvie, et ils n'en
ont changé que parce que leur interêt l'a
demandé. Sainflore en sortant de l'Eglise,
a été attaqué par un de ses Rivaux , que
son prochain bonheur a mis au désespoir ;
l'agresseur a été tué , et Sainflore a pris la
fuite , pour se dérober à la poursuite des
Parens de son ennemi ; c'est pour plus de
sureté qu'il a pris le nom de Damon ;)
Sylvie voyant disparoître Sainflore , se
jette dans un Convent , où elle se cache
sa mere et à tous ses parens , sous le
nom de Léonore. Un bruit , que son
Epoux fait courir lui- même , et la mort
de sa mere , la déterminent à sortir de
son azyle . Un oncle officieux vient l'en
tirer ; mais elle ne reprend pas encore
son
568 MERCURE DE FRANCE
son premier nom , parce que l'état de ses
affaires l'exige . Sortie du Convent où
elle a été cachée pendant dix ou douze
ans , elle va à une Maison de Campagne
de Géronte , son oncle . C'est - là que Sainflore
la voit pour la premiere fois , il en
devient amoureux , il s'en fait aimer
sous le nom de Damon ; ils ne se reconnoissent
pas , parce qu'ils ne se sont jamais
vûs ; l'aversion qu'ils avoient l'un
pour l'autre , pour des noeuds qu'on formoit
malgré eux , les a empêchés de se
regarder en face , quand ils ont prononcé
leur Arrêt ; ils se trouvent aussi aimables
qu'ils se sont crus haïssables ; cette
simpathie naissante , trouve pourtant des
obstacles à surmonter , comme on le verra
dans la Piéce ; mais ces mêmes obstacles
venant à être levez , ils éprouvent
heureusement que leur antipathie étoit
fausse.
Nérine , Suivante de Leonore , ouvre la
premiere Scene avec Frontin , valet de
Damon ; ils exposent le sujet et apprenent
aux Spectateurs que Léonore a été
mariée autrefois et qu'elle se trouva
presque veuve un moment après son mariage
, par l'accident que nous avons dit ;
ils font entendre que douze ans se sont
passez depuis ce prétendu veuvage ; que
,
LéoMARS
1734: 569
Léonore croyant son mari mort , fut tirée
d'un Convent qu'elle avoit choisi pour
azyle , par les soins de Géronte , son oncle
, et que la mere de Léonore étoit
morte de regret d'avoir marié sa fille
malgré elle.
On apprend encore dans cette premiere
Scene que Damon et Léonore paroissent
s'aimer , sans oser se le dire.
Frontin se retire à l'approche de Léonóre.
Nérine tire avec adresse le secret.
de sa Maîtrese ; Léonore lui avouë que
Damon ne lui est pas indifferent ; mais
elle doute qu'il l'aime à son tour.
Orphise , femme de Géronte , vient
prier Léonore d'empêcher le départ de
Damon , qui est prêt à les quitter ; elle
lui dit en confidence , qu'elle voudroit
bien en faire sonGendre et le marier avec
sa fille , qu'elle a euë d'un premier lit ;
Léonore n'a garde d'accepter une commission
si fatale à son amour ; elle s'en
défend autant qu'elle peut . Orphise la
quitte , en se promettant qu'elle ne lui
refusera pas ce bon office. Léonore ne
sçait ce qu'elle doit faire dans une conjoncture
si embarrassante , elle veut laisser
partir Damon sans le voir.
Damon vient , il prend congé de Léonore
; elle lui dit , qu'elle consent à son
départ
570 MERCURE DE FRANCE
départ , puisqu'apparemment il a des raisons
pour partir; Damon , croyant qu'elle
le soupçonne de quelque engagement secret
, ne peut plus résister à l'interêt secret
qu'il a de la dérromper ; il lui parle
ainsi :
Moi, des raisons ! Je voy vos injustes soupçons ;
Vous croyez que je vole où mon amour m'appelle
!
Si vous sçaviez combien votre erreur m'est
cruelle ? .
Puisque vous m'y forcez , apprenez mon état ;
Si j'aimois , mon amour éviteroit l'éclat ;
Je dis plus; mon amour deviendroit un outrage,
Qui déshonoreroit l'objet de mon hommage ;
Mon vainqueur n'oseroit répondre à mon amours
Eh ! que lui serviroit le plus tendre retour ?
Il feroit le malheur de cette infortunée ;
Je gémis dans les fers d'un cruel Hyménée.
Ce dernier Vers est un coup mortel
pour la tendre Léonore; elle est trop vertueuse
pour retenir Damon après cet
aveu. Il sort en lui disant que son malheur
n'est pas sans remede . Léonore mortellement
affligée d'aimer un homme qui
ne peut être à elle , se retire dans son appartement
, où elle ne veut voir personne.
Frontin
MARS. 1734 571
Frontin arrive , tenant une Lettre; Nerine
le veut étrangler pour lui avoir caché
que son Maître est marié ; Frontin .
lui proteste qu'il l'ignore , et que si Damon
a pris femme , ce n'est pas de son
bail. Nérine se rappellant ce que Damon
a dit , que son malheur n'est pas sans remede
, demande à Frontin , s'il ne sçait
rien de ce qui doit être dans cette Lettre
qu'il va porter à son Maître. Frontin lui
répond qu'il ne sçauroit le deviner à
moins que d'être sorcier ; il lui dit seulement
qu'un Avocat qui est en vacance
dans le voisinage , la lui a remise , en lui
disant : Voilà votre Maître en repos. Nérine
conçoit quelque esperance et finit l'Acte
par ce Vers:
Je ne sçais pas pourquoi j'ose encore esperer.
Orphise et Léonore commencent le second
Acte ; Léonore est tres - surprise des remercimens
que lui fait Orphise au sujet
de Damon ; ce dernier ne part point , et'
Orphise croit que c'est Léonore qui lui a
rendu ce bon office . Léonore lui assure
qu'elle n'y a point de part. Orphise
croyant que sa Fille ne doit ce bonheur
qu'à ses attraits , et picquée de ce que
Léonore n'a pas daigné y contribuer, par$
72 MERCURE DE FRANCE
•
ce qu'elle auroit voulu ménager le coeur
de Damon pour elle- même , lui en fait
un reproche plein d'aigreur , qui lui attire
cette réponse :
Oui , je sçais qu'une femme aime un peu trop à
plaire ;
C'est de l'âge où je suis la foiblesse ordinaire :
Dans l'arriere saison on ne fait qu'en changer ;
Du monde qui nous quitte, on cherche à se vanger
, & c.
On se croit vertueuse , en voulant le paroître ;
Tandis qu'au fond du coeur on néglige de l'être,
Qu'au contraire on se fait un plaisir inhumain
De nourrir son orgueil aux dépens du prochain,
& c.
Elle lui apprend que Damon est marié ;
Orphise lui demande malignement si
c'est avec elle , et la quitte en lui faisant
entendre qu'elle n'en doute point. Léonore
vivement picquée de ce qu'Orphise
lui a reproché , se détermine à ne plus
voir Damon, et sort pour lui aller écrire.
Nérine la suit.
Damon vient et témoigne la joye qu'il
ressent d'une heureuse nouvelle qu'il a
reçue ; il fait entendre que celle qu'il a
épousée malgré lui et malgré elle- même,
consent à la rupture d'un mariage , si fumeste
à tous les deux . Il ajoûte :
Celle
MARS 573 1734.
Se porte
Celle à qui mon malheur avoit uni ma vie ,
à dénouer la chaîne qui nous lie.
Cette maniere positive de s'exprimer a
produit quelque sorte d'obscurité ; on n'a
pas bien pû comprendre comment cette
même Leonore, qui doit redevenir Sylvie
à la fin de la Piéce, a pû donner les mains
à une rupture si opposée à son caractere ;
il est vrai que l'Auteur ajoute ensuite: Da
moins on s'en fait fort ; mais les deux
miers Vers ayant déja fait leur impression
, on n'a pas assez refléchi sur le troisieme;
et d'ailleurs, dans un autre endroit
de la Comédie, Damon dit à Léonore, en
parlant de Sylvie :
Une heureuse rupture ,
pre-
Nous dégage tous deux d'une Chaine trop dure
& c.
Reprenons le fil de la Piéce. Damon '
par une adresse tres - neuve , engage Nérine
à porter à sa Maîtresse un Billet qu'il
va écrire ; il le rapporte dans le même
temps que Léonore vient remettre le sien
entre les mains de Nérine pour le donner
à Damon. Léonore veut se retirer ; Damon
la retient et lui apprend que celle
qu'il a épousée consent à faire dissoudre
leur Hymen ; Léonore a assez de verta
FOUT
574 MERCURE DE FRANCE
-
pour refuser son consentement à cette
rupture , qu'elle croit forcée de la part
de l'Epouse ; elle laisse pourtant échapper
quelques mots , qui témoignent le regret
qu'elle a de ne pouvoir être à Da
mon ; il se jerte à ses pieds pour l'en remercier
: Orphise le surprend dans cette
attitude ; il se sauve. Orphise dit des paroles
insultantes à Léonore , qui l'obligent
à avouer qu'elle aime Damon et
qu'elle le peut , puisque son mariage est
rompu . Orphise lui dit que si Damon
est libre, elle ne l'est pas , et que Géronte
vient de lui apprendre que son Epoux
n'est pas mort ; c'est un coup de foudre
pour Orphise , qui se retire dans la noble
résolution d'aller retrouver son
Epoux , malgré son antipathie , qu'ellé
se fatte de surmonter .
Pour abréger le dernier Acte , nous
passons les premieres Scenes : Orphise
presse en vain Géronte de porter Léonore
à exécuter le projet qu'elle a noblement
formé d'aller se livrer à Sain
flore son Epoux , et de reprendre son
nom de Sylvie. Géronte n'y veut pas
consentir . Damon vient , il se plaint de
la trop austere vertu de Léonore , qui ne
veut pas donner les mains à une rupture
que sonEpoux a demandée.Léonore vient
à
MARS 1734. 575
ル
à son tour et demeure ferme, dans le dessein
que sa vertu lui a fait prendre ; sa
conversation avec Damon est aussi vertueuse
que tendre ; enfin Damon ouvre
les yeux par le portrait que Géronte fait
de l'Epoux , à qui Léonore veut se rejoindre
: Le voici.
Si c'étoit un Epoux , tel qu'eût été Damon
Passe ; mais c'en est un qui n'en a que le nom
Un jeune écervelé qui laisse sa compagne ,
Et pour libertiner , va battre la campagne ,
Que je ne connois point , car ma soeur , Dieu
merci ,
Ne consultoit
personne en tout comme en ceci ;
Un homme qui n'agit que par des Emissaires ,
Et n'ose se montrer que par ses gens d'affaires ,
Qui lorsqu'on le croit mort, revient après douze
ans ,
Pour se démarier . ...
Damon ne peut plus se méconnoître
à ces traits , il se jette aux pieds de Léonore
pour lui demander si elle n'est pas
Sylvie , comme il est Sainflore ; cela
produit
une reconnoissance des plus interessantes
, et finit la Piéce de la maniere la
plus satisfaisante et la plus heureuse.
L'art ingénieux avec lequel cette Comédie
est conduite , la maniere élegante,
simple
576 MERCURE DE FRANCE
>
sans
simple et naturelle dont elle est écrite
et sur tout les moeurs admirables
être austeres , d'après lesquelles chaque
caractere est peint de main de Maître ,
font grand plaisir aux honnêtes gens ,
qui sont agréablement amusez, interessez
attendris et même édifiez.
Au reste cette Piece est parfaitement
représentée par les sieurs Dufresne , Duchemin
et Armand , et par les Dlles Gaussin
, la Motte et Quinault.
Nouvelle. Extrait.
ACTEURS DU PROLOGUE.
Le Génie de la
Le Sr Granval.
Comédie ,
La Folie , La Dlle Quinaut.
Le Bon sens ,
Le Sr de Montménil.
Un
MARS 1734 565
Un Bourgeois , une Précieuse , un Admirateur
, un Critique , un Petit- Maître
un Homme sensé .
Les Sieurs Duchemin , Dlle du Breuil ,
Dangeville , Armand, Dufresne , Dubreuil.
La Dlle du Bocage .
Thalie ,
La Scene est sur le Théatre de la Comédie
Françoise.
C'est M. de la Chaussée qui a enrichi le
Théatre François de cette Comédie . Le
Public lui rend tous les jours la justice
que mérite son coup d'essay , pour l'inviter
à continuer une carriere qu'il vient
de commencer avec tant d'éclat. Il fait
l'éloge de ce véritable Fublic dans un
Prologue , qui marque la noble hardies-.
se de son Auteur. Voici de quoi il s'agit :
Le Génie de la Comédie Françoise vient,
demander au Public , par où il pourra
avoir le bonheur de lui plaire ; ce Public
est composé des Personnages qu'on vient
de nommer ; le Bon Sens est de la partie ,
mais il est assez maltraité , sur tout par la
Folie , qui natureilement ne doit jamais
s'accorder avec lui ; les sentimens de cette
assemblée , dont chaque membre usurpe
le respectable nom de Public , se trouvent
si opposez, que le Génie ne sçait de
quel
366 MERCURE DE FRANCE
quel côté pancher ; l'un blâme tout ;
Fautre approuve tout ; le Bourgeois don
ne dans la Farce ; la Précieuse dans la Métaphisique
; le Petit - Maître ne se soucie
que de voir et de se montrer : Voici
comment s'explique ce dernier , qui n'a
que trop d'imitateurs.
Ma décision roule alternativement ,
Sur ces deux mots , divin , ou détestable ;
Et souvent le dernier est le plus véritable .
Enfin les Spectacles que j'aime ,
Sont ceux où la presse est extrême..
Les nouveautez sont toujours belles ;
Sans vous embarrasser du choix ;
Ne nous donnez jamais que des Piéces nouvelles
Affichez-les d'abord pour la derniere fois ;
Prenez double , rendez vos plaisirs impayables;
Exceptez le Parterre ; ilpourroit au surplus ,
Vous envoyer à tous les Diables ;
C'est à quoi je conclus.
Toute l'Assemblée qui compose ce Public
, que le Génie a voulu consulter sur
le choix des pièces , disparoit insensiblement
; le Génie reste , accompagné du
Bon Sens , er d'un homme sensé ; ce dernier
s'explique avec tant de réserve , que
le Bon Sens après son départ , dit au Génie
que c'est là ce véritable Public qu'il
lui
MARS 1734. 567
lui a d'abord annoncé ; Thalie vient enfin
apporter une Comédie; le Génie l'adopte
à tout hazard , et finit le Prologue en
disant à Thalie.
Donnez , donnez toujours ; les temps sont mal
heureux .
Argument de la Comédie.
Damon et Leonore , qui sont les Héros
de la Piéce , ont été mariez malgré eux ,
ce qui a produit dans leurs coeurs une
antipathie réciproque ; leurs véritables
noms sont Sainflore et Sylvie, et ils n'en
ont changé que parce que leur interêt l'a
demandé. Sainflore en sortant de l'Eglise,
a été attaqué par un de ses Rivaux , que
son prochain bonheur a mis au désespoir ;
l'agresseur a été tué , et Sainflore a pris la
fuite , pour se dérober à la poursuite des
Parens de son ennemi ; c'est pour plus de
sureté qu'il a pris le nom de Damon ;)
Sylvie voyant disparoître Sainflore , se
jette dans un Convent , où elle se cache
sa mere et à tous ses parens , sous le
nom de Léonore. Un bruit , que son
Epoux fait courir lui- même , et la mort
de sa mere , la déterminent à sortir de
son azyle . Un oncle officieux vient l'en
tirer ; mais elle ne reprend pas encore
son
568 MERCURE DE FRANCE
son premier nom , parce que l'état de ses
affaires l'exige . Sortie du Convent où
elle a été cachée pendant dix ou douze
ans , elle va à une Maison de Campagne
de Géronte , son oncle . C'est - là que Sainflore
la voit pour la premiere fois , il en
devient amoureux , il s'en fait aimer
sous le nom de Damon ; ils ne se reconnoissent
pas , parce qu'ils ne se sont jamais
vûs ; l'aversion qu'ils avoient l'un
pour l'autre , pour des noeuds qu'on formoit
malgré eux , les a empêchés de se
regarder en face , quand ils ont prononcé
leur Arrêt ; ils se trouvent aussi aimables
qu'ils se sont crus haïssables ; cette
simpathie naissante , trouve pourtant des
obstacles à surmonter , comme on le verra
dans la Piéce ; mais ces mêmes obstacles
venant à être levez , ils éprouvent
heureusement que leur antipathie étoit
fausse.
Nérine , Suivante de Leonore , ouvre la
premiere Scene avec Frontin , valet de
Damon ; ils exposent le sujet et apprenent
aux Spectateurs que Léonore a été
mariée autrefois et qu'elle se trouva
presque veuve un moment après son mariage
, par l'accident que nous avons dit ;
ils font entendre que douze ans se sont
passez depuis ce prétendu veuvage ; que
,
LéoMARS
1734: 569
Léonore croyant son mari mort , fut tirée
d'un Convent qu'elle avoit choisi pour
azyle , par les soins de Géronte , son oncle
, et que la mere de Léonore étoit
morte de regret d'avoir marié sa fille
malgré elle.
On apprend encore dans cette premiere
Scene que Damon et Léonore paroissent
s'aimer , sans oser se le dire.
Frontin se retire à l'approche de Léonóre.
Nérine tire avec adresse le secret.
de sa Maîtrese ; Léonore lui avouë que
Damon ne lui est pas indifferent ; mais
elle doute qu'il l'aime à son tour.
Orphise , femme de Géronte , vient
prier Léonore d'empêcher le départ de
Damon , qui est prêt à les quitter ; elle
lui dit en confidence , qu'elle voudroit
bien en faire sonGendre et le marier avec
sa fille , qu'elle a euë d'un premier lit ;
Léonore n'a garde d'accepter une commission
si fatale à son amour ; elle s'en
défend autant qu'elle peut . Orphise la
quitte , en se promettant qu'elle ne lui
refusera pas ce bon office. Léonore ne
sçait ce qu'elle doit faire dans une conjoncture
si embarrassante , elle veut laisser
partir Damon sans le voir.
Damon vient , il prend congé de Léonore
; elle lui dit , qu'elle consent à son
départ
570 MERCURE DE FRANCE
départ , puisqu'apparemment il a des raisons
pour partir; Damon , croyant qu'elle
le soupçonne de quelque engagement secret
, ne peut plus résister à l'interêt secret
qu'il a de la dérromper ; il lui parle
ainsi :
Moi, des raisons ! Je voy vos injustes soupçons ;
Vous croyez que je vole où mon amour m'appelle
!
Si vous sçaviez combien votre erreur m'est
cruelle ? .
Puisque vous m'y forcez , apprenez mon état ;
Si j'aimois , mon amour éviteroit l'éclat ;
Je dis plus; mon amour deviendroit un outrage,
Qui déshonoreroit l'objet de mon hommage ;
Mon vainqueur n'oseroit répondre à mon amours
Eh ! que lui serviroit le plus tendre retour ?
Il feroit le malheur de cette infortunée ;
Je gémis dans les fers d'un cruel Hyménée.
Ce dernier Vers est un coup mortel
pour la tendre Léonore; elle est trop vertueuse
pour retenir Damon après cet
aveu. Il sort en lui disant que son malheur
n'est pas sans remede . Léonore mortellement
affligée d'aimer un homme qui
ne peut être à elle , se retire dans son appartement
, où elle ne veut voir personne.
Frontin
MARS. 1734 571
Frontin arrive , tenant une Lettre; Nerine
le veut étrangler pour lui avoir caché
que son Maître est marié ; Frontin .
lui proteste qu'il l'ignore , et que si Damon
a pris femme , ce n'est pas de son
bail. Nérine se rappellant ce que Damon
a dit , que son malheur n'est pas sans remede
, demande à Frontin , s'il ne sçait
rien de ce qui doit être dans cette Lettre
qu'il va porter à son Maître. Frontin lui
répond qu'il ne sçauroit le deviner à
moins que d'être sorcier ; il lui dit seulement
qu'un Avocat qui est en vacance
dans le voisinage , la lui a remise , en lui
disant : Voilà votre Maître en repos. Nérine
conçoit quelque esperance et finit l'Acte
par ce Vers:
Je ne sçais pas pourquoi j'ose encore esperer.
Orphise et Léonore commencent le second
Acte ; Léonore est tres - surprise des remercimens
que lui fait Orphise au sujet
de Damon ; ce dernier ne part point , et'
Orphise croit que c'est Léonore qui lui a
rendu ce bon office . Léonore lui assure
qu'elle n'y a point de part. Orphise
croyant que sa Fille ne doit ce bonheur
qu'à ses attraits , et picquée de ce que
Léonore n'a pas daigné y contribuer, par$
72 MERCURE DE FRANCE
•
ce qu'elle auroit voulu ménager le coeur
de Damon pour elle- même , lui en fait
un reproche plein d'aigreur , qui lui attire
cette réponse :
Oui , je sçais qu'une femme aime un peu trop à
plaire ;
C'est de l'âge où je suis la foiblesse ordinaire :
Dans l'arriere saison on ne fait qu'en changer ;
Du monde qui nous quitte, on cherche à se vanger
, & c.
On se croit vertueuse , en voulant le paroître ;
Tandis qu'au fond du coeur on néglige de l'être,
Qu'au contraire on se fait un plaisir inhumain
De nourrir son orgueil aux dépens du prochain,
& c.
Elle lui apprend que Damon est marié ;
Orphise lui demande malignement si
c'est avec elle , et la quitte en lui faisant
entendre qu'elle n'en doute point. Léonore
vivement picquée de ce qu'Orphise
lui a reproché , se détermine à ne plus
voir Damon, et sort pour lui aller écrire.
Nérine la suit.
Damon vient et témoigne la joye qu'il
ressent d'une heureuse nouvelle qu'il a
reçue ; il fait entendre que celle qu'il a
épousée malgré lui et malgré elle- même,
consent à la rupture d'un mariage , si fumeste
à tous les deux . Il ajoûte :
Celle
MARS 573 1734.
Se porte
Celle à qui mon malheur avoit uni ma vie ,
à dénouer la chaîne qui nous lie.
Cette maniere positive de s'exprimer a
produit quelque sorte d'obscurité ; on n'a
pas bien pû comprendre comment cette
même Leonore, qui doit redevenir Sylvie
à la fin de la Piéce, a pû donner les mains
à une rupture si opposée à son caractere ;
il est vrai que l'Auteur ajoute ensuite: Da
moins on s'en fait fort ; mais les deux
miers Vers ayant déja fait leur impression
, on n'a pas assez refléchi sur le troisieme;
et d'ailleurs, dans un autre endroit
de la Comédie, Damon dit à Léonore, en
parlant de Sylvie :
Une heureuse rupture ,
pre-
Nous dégage tous deux d'une Chaine trop dure
& c.
Reprenons le fil de la Piéce. Damon '
par une adresse tres - neuve , engage Nérine
à porter à sa Maîtresse un Billet qu'il
va écrire ; il le rapporte dans le même
temps que Léonore vient remettre le sien
entre les mains de Nérine pour le donner
à Damon. Léonore veut se retirer ; Damon
la retient et lui apprend que celle
qu'il a épousée consent à faire dissoudre
leur Hymen ; Léonore a assez de verta
FOUT
574 MERCURE DE FRANCE
-
pour refuser son consentement à cette
rupture , qu'elle croit forcée de la part
de l'Epouse ; elle laisse pourtant échapper
quelques mots , qui témoignent le regret
qu'elle a de ne pouvoir être à Da
mon ; il se jerte à ses pieds pour l'en remercier
: Orphise le surprend dans cette
attitude ; il se sauve. Orphise dit des paroles
insultantes à Léonore , qui l'obligent
à avouer qu'elle aime Damon et
qu'elle le peut , puisque son mariage est
rompu . Orphise lui dit que si Damon
est libre, elle ne l'est pas , et que Géronte
vient de lui apprendre que son Epoux
n'est pas mort ; c'est un coup de foudre
pour Orphise , qui se retire dans la noble
résolution d'aller retrouver son
Epoux , malgré son antipathie , qu'ellé
se fatte de surmonter .
Pour abréger le dernier Acte , nous
passons les premieres Scenes : Orphise
presse en vain Géronte de porter Léonore
à exécuter le projet qu'elle a noblement
formé d'aller se livrer à Sain
flore son Epoux , et de reprendre son
nom de Sylvie. Géronte n'y veut pas
consentir . Damon vient , il se plaint de
la trop austere vertu de Léonore , qui ne
veut pas donner les mains à une rupture
que sonEpoux a demandée.Léonore vient
à
MARS 1734. 575
ル
à son tour et demeure ferme, dans le dessein
que sa vertu lui a fait prendre ; sa
conversation avec Damon est aussi vertueuse
que tendre ; enfin Damon ouvre
les yeux par le portrait que Géronte fait
de l'Epoux , à qui Léonore veut se rejoindre
: Le voici.
Si c'étoit un Epoux , tel qu'eût été Damon
Passe ; mais c'en est un qui n'en a que le nom
Un jeune écervelé qui laisse sa compagne ,
Et pour libertiner , va battre la campagne ,
Que je ne connois point , car ma soeur , Dieu
merci ,
Ne consultoit
personne en tout comme en ceci ;
Un homme qui n'agit que par des Emissaires ,
Et n'ose se montrer que par ses gens d'affaires ,
Qui lorsqu'on le croit mort, revient après douze
ans ,
Pour se démarier . ...
Damon ne peut plus se méconnoître
à ces traits , il se jette aux pieds de Léonore
pour lui demander si elle n'est pas
Sylvie , comme il est Sainflore ; cela
produit
une reconnoissance des plus interessantes
, et finit la Piéce de la maniere la
plus satisfaisante et la plus heureuse.
L'art ingénieux avec lequel cette Comédie
est conduite , la maniere élegante,
simple
576 MERCURE DE FRANCE
>
sans
simple et naturelle dont elle est écrite
et sur tout les moeurs admirables
être austeres , d'après lesquelles chaque
caractere est peint de main de Maître ,
font grand plaisir aux honnêtes gens ,
qui sont agréablement amusez, interessez
attendris et même édifiez.
Au reste cette Piece est parfaitement
représentée par les sieurs Dufresne , Duchemin
et Armand , et par les Dlles Gaussin
, la Motte et Quinault.
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Résumé : LA FAUSSE ANTIPATIE, Comedie Nouvelle. Extrait.
La pièce 'La Fausse Antipathie' est une comédie écrite par M. de la Chaussée, représentée pour la première fois en mars 1734 au Théâtre de la Comédie Française. Le prologue introduit divers personnages représentant le public, tels qu'un Bourgeois, une Précieuse, un Admirateur, un Critique, un Petit-Maître, et un Homme sensé. Le Génie de la Comédie Française consulte ce public pour savoir comment lui plaire, mais les avis divergent, rendant la tâche difficile. Finalement, le Bon Sens et un homme sensé guident le Génie vers une comédie appropriée. L'intrigue principale suit Damon et Léonore, initialement mariés contre leur gré et développant une antipathie réciproque. Leurs vrais noms sont Sainflore et Sylvie, qu'ils ont changés pour des raisons de sécurité. Sainflore, après un incident, prend la fuite et change d'identité. Sylvie, croyant Sainflore mort, se retire dans un couvent. Des années plus tard, ils se rencontrent sans se reconnaître et tombent amoureux sous leurs nouvelles identités. La pièce explore les obstacles à leur amour naissant et leur reconnaissance mutuelle. Les personnages secondaires, comme Nérine et Frontin, valets de Léonore et Damon, ainsi qu'Orphise, femme de Géronte, jouent des rôles cruciaux dans le développement de l'intrigue. La pièce se conclut par la reconnaissance des héros et la dissolution de leur fausse antipathie, offrant une fin heureuse et satisfaisante. La comédie est louée pour son art ingénieux, son écriture élégante et naturelle, et ses mœurs austères, plaisant ainsi aux honnêtes gens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 201
DE MADRID, le 20 Mars.
Début :
La plupart des vaisseaux dont l'armement a été ordonné, sont prêts à mettre [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Armements, Départ
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texteReconnaissance textuelle : DE MADRID, le 20 Mars.
De MADRID , le 20 Mars.
La plupart des vaiffeaux dont l'armement a
été ordonné , font prêts à mettre à la voile. Il y
en a quarante, tant à Barcelone, qu'à Carthagene,
& à Cadix.
La plupart des vaiffeaux dont l'armement a
été ordonné , font prêts à mettre à la voile. Il y
en a quarante, tant à Barcelone, qu'à Carthagene,
& à Cadix.
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7
p. 184
DE WARSOVIE, le 15 Octobre 1763.
Début :
Le Comte Bielinsky, neveu du Grand-Maréchal de la Couronne, a été choisi pour aller [...]
Mots clefs :
Comte, Grand Maréchal de la Couronne, Départ
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE WARSOVIE, le 15 Octobre 1763.
DE WARSOVIE , le 15 Octobre 1763.
Le Comte Bielinsky , neveu du Grand- Maréchal
de la Couronne , a été choifi pour aller notifier à
Sa Majefté Très- Chrétienne la mort du Roi . Il ſe
difpofe à partir inceffamment.
Le Comte Bielinsky , neveu du Grand- Maréchal
de la Couronne , a été choifi pour aller notifier à
Sa Majefté Très- Chrétienne la mort du Roi . Il ſe
difpofe à partir inceffamment.
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