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p. 133-214
HUITIÈME PARTIE DU TRAITÉ DES LUNETTES, DEDIÉ A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, Par Mr COMIERS d'Ambrun, Prevost de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris.
Début :
Tous les tuyaux des Lunetes portatives doivent estre [...]
Mots clefs :
Verre, Lunette, Objet, Image, Longueur, Objectif, Occulaire, Distance, Solaire, Table, Aérienne, Foyer, Rayons, Tuyaux, Diaphragme
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texteReconnaissance textuelle : HUITIÈME PARTIE DU TRAITÉ DES LUNETTES, DEDIÉ A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, Par Mr COMIERS d'Ambrun, Prevost de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris.
HUITIEME PARTIE
DU TRAITE
DES LUNETES,
DEDIE A MONSEIGNEUR
LE DUC DE BOURGOGNE,
Par M COMIERS d'Ambrun,
Prevoft de Ternant , Profeſſeur des
Mathematiques à Paris.
T
Ous les tuyaux des Lunetes portatives doivent eftre
cilindriques , car les tuyaux coniques ne peuvent garder leur
rectitude, eftant moins tirez pour
voir diſtinctement les objets plus
éloignez , & au contraire , fi la
134 Extraordinaire
longueur de la Lunete eft pour
voir diſtinctement les objets treséloignez , on ne peut les éloigner
davantage , pour voir les objets
qui font fenfiblement plus prés
de nous.
Les moindres tuyaux d'une Lunete , c'eſt à dire ceux qu'on infére dans les autres , auront tous
autour de la gorge extérieure,
des orles ou viroles , pour les
rendre tous d'égal diamétre; afin
que l'Axe de la Lunete foit paral
lele fur le plan de l'appuy. C'eft
à quoy M' Hevelius n'a pas pris
garde dans la Figure de la 40.
page de fa Selenographie de l'année 1647. car l'axe des verres &
du tuyau dela Lunete faifant angle für le plan d'appuy , le perpendicule ne peut marquer fur
du Mercure Galant. 135
le quart de cercle l'angle de l'élevation de l'objet que l'on mire.
Voyez.enicy la Fig. 1. Les bouts
des tuyaux par leſquels ils font
inferez dans les autres , feront
renforcez par des viroles de bois,
mifes en dedans, & qu'on arrefte
avec cole forte , ces viroles porteront les juftes ouvertures pour
ſervir de diafragmes , & maintiendront les tuyaux dans leur
parfaite rondeur , & toute la Lunete dans fa rectitude. Voyez la
Figure II.
C'eft enfinune loy indifpenfa.
ble , que l'Axe de tous les tuyaux
& celuy de tous les verres doivent eſtre dans une mefme li
gne droite. J'en excepte les Lunetes Catop- dioptriques , comme
auffi la Lunete Polemofcope , def
136 Extraordinaire
fon
quelles nous traiterons en par
ticulier. Eo quòd utraque lensfiopum ſuum affequatur , quum tamen
regione altera alteri non exactè
refpondeat , comme dit M Heve.
lius dans la 27. page de ſa Sele.
nographie , Hictubus tam à Catoptricis quàm Dioptricisparaturfundamentis , etenim duobus fpeculis planis
& gemino vitro Dioptrico conftat.
Il l'appelle Polemoſcope , pour
ufage en temps de guerre ,, puis
qu'eftant couverts du Parapet,
nous voyons ce que fait l'Ennemy, mefme lors qu'il eft dans le
Foffé , & au pied de la Muraille,
parce quefon tuyau eft recourbé
à angle droit. Nous découvrons
aufi par fon moyen tout ce qui
fe paffe dans une Rüe , fans
nous paroiffions à la Feneftre ;
que
duMercureGalant. 137
ayant cet avantage , auffi-bien
que lesLunetes communes, qu'on
les peut , comme a dit M'Hevelius dans la 29. page , mettre
dans une canne ou bafton d'un
pouce & huit lignes de diamètre,
avec le recourbement de deux
pouces. Nous en donnerons cyapres la conftruction.
Deux manieres diférêtes d'ajuſter
les Verres dans les Tuyaux.
Les Anglois mettent le verre
objectif dans le tuyau le plus
étroit, & les verres oculaires dans
les tuyaux les plus larges. Voyez
le tout dans la Figure III. Cette
difpofition a trois choſes avantageufes. 1° Les rayons inutiles
qui vont toujours en s'élargif
fant , s'affoibliffent plus facileQ. d'Octobre 1684, M
138 Extraordinairement dans cette concavité ſpa
cieuſe du tuyau. 2º On y peut pla…
cer des oculaires de plus grande
furface. 3º Cette Lunete eft plus
facile à manier , parce que le
centre de gravité de la pefanteur
eft comme dans la main de celuy
qui s'en fert ; & dans l'autre maniere, le centre de gravité eftant
audelà du point de l'appuy ou
Hypomoclion , pele davantage à la
main , & fatigue celuy qui s'en
fert. Il eft vray qu'il y a une
longueur de tuyau comme perdüe , par la néceffité de la dif
pofition des trois oculaires ; car
s'il n'y avoit qu'un oculaire, convexe ou concave , il n'y auroit
aucune difficulté .
En France , nos Ouvriers placent le verre objectif dans le plus 1
du Mercure Galant. 139
large tuyau , & les verres ocu--
laires dans les tuyaux les plus
étroits. Voicy là pofition la plus
commode des deux verres ocu--
laires qui font apres le verre objectif. Placez ces deux verres
oculaires , comme dans la Figu
re IV. à la diftance l'un de l'au
tre égale à la longueur de leursfoyers folaires , tellement que le
point fera leur foyer commun,
dans le tuyau C, qu'on coule dans
le tuyau B, par le bout qui eft du
cofté du verre objectif , car par
l'autre bout du mefme tuyau B¸-
on coulé le tuyau porte- oculaire A, avec fa boëte de recouvrement à pinnule , ou trou de
trois lignes de diamètre , qui eft
éloigné du verre d'un peu moins
quefon foyer folaire. Le tuyau B
1
Mij
140 Extraordinaire
porte encore le diafragme fur
lequel on place les brins de fimplefoye plate noire , qui fervent
de mire , ou le treillis , ou quatre brins qui fe croiſent en un
mefme point au centre de l'ou.
verture du diafragme , qu'lls divifent en huit parties égales
c'eft fur ces filets qu'on doit faire
aboutir précisément l'image aërienne & redreffée de l'objet,
puis qu'elle nous fert d'objet im
médiat , que nous voyons par le
troifiéme verre oculaire..
Ainfi pour voir bien diftincte..
mentavecune Lunete compofée.
de quatre verres convexes
furface du Soleil ( ne donnant
l'ouverture d'un trou d'épingle au
carton qui couvre le verre objectif),
la diſtance du verre objectif au
la.
que
du Mercure Galant 14.
I
premierverre oculaire, fera compofée de leurs foyers folaires, &
par conféquent l'image renverfee du Soleil , qui fert d'objet
immédiat , fe trouvant au foyer
antérieur du verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque
point de cette image folaire tombant divergens fur le verre oculaire , en fortiront paralleles ; &
tombant ainfi paralleles fur le
fecond verre oculaire , dont la
diftance au premier eft compofée de la longueur de leurs foyers,
les rayons en fortiront convergens , & formeront l'image redreffée du Soleil , au derriere de
ce ſecond verre oculaire , à la
diſtance de fon foyer folaire ,
& c'eft cette image qui fervira
d'objet immédiat ,, car cette imas
142 Extraordinaire"
ge eftant au foyer antérieur du
troifiéme verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque point en fortiront paralleles;
& tombant paralleles fur l'humeur cristallin , feront rendus
convergens , & formeront par
leur concours ou pinceau optique , l'image renversée du Soleil
& de fes taches fur la Retine , &
on verra le Soleil & fes taches
redreffées , c'eft à dire dans leur
fituation naturelle.
La diſtance des deux premiers
oculaires fera toujours invaria
ble, auffi bien que la diftancedu fecond verre oculaire aux filets du treillis , qu'on met précifément en fon foyer folaire. -
Quant au troifiéme oculaire , au
foyer duquel on met l'oil, ilfera:
3
du Mercure Galant. 143
pour les miopes qui racourci
fent un peu la longueur des Lunetes , un peu moins éloigné de
ces filets ; parce qu'en regardant
de plus prés cette image aërienne
des objets , ils en reçoivent les
rayons fenfiblement divergens ,
& tels tombant fur leur criftallin
trop rond & enflé , leurs concoursou image diftincte de l'objet, en eft retardé & prolongé
jufque fur la Retine.
Il eft abfolument néceffaire
que le foyer objectif, c'eft à dire
l'image aërienne de l'objet , fe
rencontre précisément fur ces
filets ou treillis mis à l'endroit
du foyer du verre objectif, fi la
Lunete n'a qu'un verré oculaire
convexe; & au foyer folaire du
fecond verre oculaire , fi la Lu-
144 Extraordinaire
nete eft composée de trois oculaires convexes. Mais comme la
Lune & tous les objets terreftres,
font comme infiniment moins
éloignés que le Soleil , les rayons.
de la radiation émanée de chaque point de l'objet, tombet fenfiblement divergens fur le verre
objectif, leur foyer ou image aërienne eft retardé & allongé, &
leur image portée plus loin, & audeça de ces filets ou treillis , c'eft
pourquoy il faut allonger davan
tage la Lunete , c'eft à dire, éloigner le verre objectif du verre
oculaire , afin d'avancer l'image
de l'objet précisément fur les
filets. J'ay crû devoir icy réfou
dre une Queſtion importante.
Si
du Mercure Galant. 145
QUESTION.
Si par la diferente longueur à
laquelle on tire les tuyaux de
laLunete à Oculaire convexe,
pour voir bien diftinctement
un objet , on peut déterminer
fa diftance , ou éloignement.
C
Ette image aërienne ne ſe
forme pas dans une diſtance
deprécifion geométrique au derriere du verre objectif , ny au
derriere du fecond verre oculaire. Elle a comme une certaine
épaiffeur ; ce que vous obſerve.
rez avec plaifir dans la chambre
noire , en recevant ſur un papier
blanc, les espéces ou images des
objets qui font au dehors , car
Q.d'Octobre 1684. N
146 Extraordinaire
ces images paroiftront diftinctes,
voſtre papier eftant arrivé à certaine diſtance du trou fait auvo,
let de la feneftre , & garny d'un
verre objectifde Lunete, foit que
vous l'approchiez ou quevous le
reculiez de quelques lign.de plus;
étantimpoffible de déterminer la
diftance préciſe où ces images
font dans leur plus grande diftintion. Vous obferverez la meſme
chofe , en regardant avec une Lunete un objet éloigné & bien
éclairé , que vous verrez toû¬
jours comme également bien,
quoy que vous allongiez ou racourciffiez de quelques lignes la
Lunete. Ainfrle Foyer, ou cette
image , n'eſt pas une chofe Mathematique , mais Phifique, &c.
On ne peut donc par l'expé-
du Mercure Galant. 147
rience déterminer précisément
la diſtance du verre objectif à
fon Foyer objectif , ou image de
tout autre objet que le Soleil.
D'où je conclus , qu de la
longueur de la Lunete tirée juf
ques à tant que les objets paroiffent bien diftinctemet , on ne
peut conclurre la diftance de
l'objet, bien qu'on foit perfuadé
par raiſon & par expérience, que
la Lunete doit eftre tirée de plus
grande longueur , à mesure que
les objets font moins éloignez ;
vray, comme nous avons déja
dit ailleurs , que l'objet eftant
éloigné du verre objectifde deux
fois la longueur de fon foyerfolaire , l'image aërienne de l'objet , égale à l'objet , fe formera
au derriere du verre , à la di
Nij
148 Extraordinaire
ftance de deux fois la longueur
de fon foyer folaire ; ainfi l'ima
ge & l'objet feront également
éloignez du verre.
·
Nea moins chacun pourra fatisfaire fa curiofité , par des di-'
ftances médiocres qu'on aura
mefurées actuellement ; & pour
cela je répéte icy les Problémes
que j'avois énoncé & donné de.
puis la 122 page du XXI.Volume:
du Mercure Extraordinaire.
PROBLEME I.
Eftant donnée la distance de l'objet au verre objectif, trouver la di
Stance du verre à l'image aërienne
diftincte de l'objet.
ANALOGIE,
Comme ladiftance de l'objet auverre,
moins la longueur defon Foyer folaire,
du Mercure Galant. 149
Eft à la longueur du mefme Foyer
Solaire:
Ainfi la diftance de l'objet au verre,
Eft à la distance du verre àl'image.
PROBLEME II.
Eftantdonnée la diſtance du verrc
objectifà l'image aërienne de l'objet,
& la longueur du Foyer folaire du
verre , trouver la diftance du verre
à l'objet.
ANALOGIE.
Comme la distance du verre àl'image
aërienne de l'objet, moins la longueur
du Foyerfolaire du verre,
1
Eft à la longueurdu mefme Foyer
folaire du verre objectif:
Ainfi la distance du verre à l'image
aërienne,
Eft à la distance du verre à l'objet.
On ne pourra jamais énoncer
& réfoudre ces Problémes en
N iij
150 Extraordinaire
termes plus formels & plus intelligibles que ceux que j'avois
employé dans les 122. & 123. pages du XXI. Tome du Mercure
Galant Extraordinaire du Quartier deJanvier 1683. Neanmoins
le fçavant M Fattio de Duiller,
de Genéve , dit dans leJournal
du 20. Novembre 1684. Qu'il a
cherché le moyen de trouver la diftance du verre aux filets , c'eſt à
dire à l'image de l'objet , la diftance
de l'objetau verre eftantfuppofée ou
donnée. Ilajoûte , Et qu'en pofant
Le Foyer de l'objectif = £ , &l'excés de la diftance de l'objet au verre
par deffus la longueur du foyer de
l'objectif= a, &la distance de l'objet à la croifée desfilets = b ; &
Qu'enfin par une grande attention
dans le calcul d'Algebre il a efté conduit à cette Equation
di Mercure Galant. 151
aaab― z af-ff
Cecyme fait fouvenir des Vers
fuivans , tirez de l'Epître chagrine de Madame des Houlieres.
Si tout voftre difcours n'eft obfcur,
emphatique,
Onfe dira tout- bas, C'eft- là ce bel
Efprit!
Commeles autres il s'explique,
Etl'on entend tout ce qu'il dit.
Il eft vray que l'Algebre , ou
l'Art de bien trouver , eft un langage relevé , & inconnu à bien
des Sçavans ; mais puis que toutes les Effections Geométriques
éſtant trouvées par la Spécienfe la
plus rafinée , il en faut venir au
Compas, à la Regle, &aux nombres , pour les réduire en pratique , pour épargner à bien des
Gens cettegrande attention du CalN iiij
152 Extraordinaire
culd'Algebre , qui leur cauſe bien
fouvent la Migraine , je veux répéter icy en langage connu &
utile , les autres Problémes dont
j'ay déja donné la folution en
1683 dans le XXI.Tome de l'Ex
traordinaire du Mercure Galant.
PROBLEME III.
Eftant donnée la grandeur, bauteur ou diametre de l'objet , ſon éloignement au verre objectif, & la longueur defon Foyerfolaire ; trouver
la grandeur ou diamétre de l'image
aerienne de l'objet , produite dans la
chambre noire, ou dans le creux du
tuyau de la Lunetefur lesfilets.
Trouvez premierement par le
premier Probléme , la diftance
du verre objectif à l'image diftin&te aërienne de l'objet , vous
aurez enfuite fa grandeur par la
fuivante
du Mercure Galant.
153
Analogie.
Commela diftance del'objet au verre,
Eft à lagrandeur de l'objet:
Ainfila diftance du verre à l'image,
Eft à lagrandeur de l'image.
PROBLEME IV.
Eftant donnée la grandeur de l'image diftincteaërienne de l'objet, &
fa diftance au verre objectif, &la
longueur de fon Foyerfolaire ; trouver la grandeur de l'objet.
Trouvez premiérément par le
fecond Probléme , la diftance de
l'objet au verre , vous aurez enfuite fa grandeur par la fuivante
Analogie.
Commeladiftance du verre à l'image,
Eft àlagrandeur de l'image :
Ainfi la distance du verre àl'objet,
Eft à la grandeur de l'objet.
154 Extraordinaire
PROBLEME V.
* Eftant donnée la distance de l'objet
àfon image aérienne , & la diftance
de l'objet au verre ( par conféquent
la diftance du verre à l'image eft
auffi connue ) trouver la longueur
du Foyerfolaire du verre.
Analogie.
Comme la distance de l'objet àfon
image,
Eft à la diftance de l'objet au verre:
Ainfi la diftance duverre à l'image,
Eft à la longueur du Foyerfolaire.
du verre.
PROBLEME VI.
Eftant donnée la diſtance de l'objet
à la table d'attente, linge , ou papier
blanc, poury recevoir l'image aërienne de l'objets déterminer le verre du
plus grandfoyer , qui y puiffe produire cette image diftincte.
du Mercure Galant.
ISS
Je dis r Que la qutriéme partie de la diftance de l'objet à la
table d'attente , eft la lougueur
du Foyer folaire du verre requis.
2°.Queleverre doit eftre placé
en égale distance de l'objet & de
la table d'attente , ce qui ſe vérifie par le premier Probléme.
3 Que la grandeur de l'image fera égale à la grandeur de
l'objet.
PROBLEME VIÍ.
Eftant donné ( comme dans la
Figure Va de l'Effection Geométrique ) la diftance de l'objet à
fon image diftinéte aërienne , &la
longueur du Foyer folaire du verre
qui l'a produite s trouver le point où
le verre eftoitplacé , &où il doit eftre
remis , pour reproduire cette image de
l'objet.
156 " Extraordinaire
De la diftance de l'image aërienne à fon objet ▲ , ôtez
F, qui eft deux fois la longueur du foyer folaire du verre
qui l'a produite , il vous reftera
FA, qu'il faut divifer au pointy
en deux fegmens Ay , &yF, en
forte que la longueur du foyer
folaire foit moyenne , proportionnelle entre ces deuxfegmens,
carajoûtant ce petit fegment y
à la longueurdu foyer folaire du
verre , vous aurez fa diſtance reF
quifè à l'image , & par confé
quentfon point de pofition en z.
Pour déterminer le pointy, qui
' fait les deux fegmens , diviſez
également 4 F au point C , duquel pris pour centre , faites le
demy cercle fur 4 F, prife pour
diamétre , fur lequel élevez la
du Mercure Galant. 157
perpendiculaire Fƒégale à la longueur du foyer folaire. Tirez ƒB
parallele au diamètre 4 F, furlequel du point s deſcendez la per
pendiculaire By, qui fera égale
à Ff, longueur du foyer folaire
du verre. Par la converſe de la
xiij Propofition du 6. Livre d'Eu
clide, By fera auffi moyenne pro
portionnelle entre les fegmens
Ay, & yoF. C'est pourquoy le
petit fegmenty F, Fflongueur.
du foyer folaire , fera la diftance
requife du verre depuis en z.
J'ay ajoûté des nombres à la
Figure V. afin d'en rendre la pratique plus intelligible. Ainfi A
diftance de l'objet à la table d'attente , linge ou papier blanc, fur
lequel l'image aerienne de l'ob.
jer dans la Chambre noire , ou
158 Extraordinaire
80-0
à l'endroit d'une Lunete , au.
quel elle paroiffoit fort diftincte,
eftant 80 , & la longueur du
foyer folaire du verre qui l'a
voit produite, eftant 15, deux fois
1530 pour la ligne F dans
la Figure & A 80 AP F
30 AF50. Donc la moitié FC
25 Tirez CB, elle fera auffi 25.
Or le triangle crв eft rectangle , donc par la 47. Propofition
du 1. Livre d'Euclide , le Quarré
de l'hypothenufe CB - leQuarré
du cofté Br eſt égal au Quarré
de l'autre cofté Cr. Mais l'hypothenufe C B eft 25, donc ion
Quarré eft eſt 225 , & 625— 225
400 Quarré du cofté cr.Mais
la Racine de 400 eſt 20 , donc
le cofté cr eft 20. Mais C F25
—— CYCr20 rF 5 , donc le petit
du Mercure Galant. 159
fegmentrFeft 5. C'est pourquoy
515 longueur du foyer folaire
du verre 20 pour de z diſtance
de la table d'attente de l'image
aërienne de l'objet au verre objectif z. Et parce que 4 la
diftance de l'objet A à fon imageeft 80 , il s'enfuit que A
80 -
Z20
du verre à l'objet.
cle
ZA60 diſtance
PROBLEME VIII.
L'objet& la table d'attente, papier
ou linge blanc , pour en recevoir l'image aerienne diftincte , eftant donnez depofitionfixe, eftant auſſi donné
un verre de quelconque longueur de
Foyerfolaire ( mais moindre quela
quatrième partie de la diſtance
de l'objet à la table d'attente ) determiner le point où il doit eftreplacé
entre le point de l'objet &la table
160 Extraordinaire
d'attente , pouryformer l'image aërienne diftincte de l'objet.
J'ay dit que la fongueur du
Foyerfolaire duverre , doit eftre
moindre que la quatrième partie
de la diſtance donnée de l'objet
à la table d'attente.
Car fi la longueur dufoyer folaire du verre eſtoit égale à la
quatrième partie de la diſtance
donnée,il faudroit placer le verre
préciſément au milieu de la diftance donnée entre l'objet & la
table d'atete; ce que vous reconnoiſtrez être vray, par le premier
Probléme , & par l'expérience.
Et fi la longueur du foyer folaire du verre eft plus grande
que cette quatrième partie de la
diſtance donnée ; fi on met le
verre moins éloigné de l'objet,
du Mercure Galant. 161
་
que la longueur de fon foyer fo
laire , les rayons émanez d'un
mefine point de l'objet , enfortiront divergens, c'eſt à dire, s'écartant les uns des autres , au lieu
de fe reunir , c'est pourquoy ils
ne peuvent former l'image de
l'objet.
Et fi on met le verre précifément éloigné de la longueur de
fon foyer folaire , les rayons en
fortiront paralleles c'eſt pour.
quoy ils ne peuvent former aucune image de l'objet.
Et fi on met le verre plus éloi
gné de l'objet , que de la lon.
gueur de fon foyer folaire , le
cone des rayons divergens émanez de chaque point de l'objec
ayant couvert la furface du verre, en fortiront convergens , &
Q. d'Octobre 1634,
162 Extraordinaired
ceux de la radiation d'un mefme
point, fe réuniffant à la pointe
deleur cone renverfé , peindront
l'image du point de l'objet ; ainfi
les rayons de la radiation conique émanée de chaque point de
l'objet , formant fon image aërienne , toute l'image de l'objet
fe trouvera diftinctement peinte, & avec les vives couleurs ,
mais plus loin que la table d'attente, & cette image eft renverfée ; ce que nous avons expliqué au long , & par Figures,
dans le XIX. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quar
tier de Juillet 1682.1.1
Enfin , fi la longueur dufoyer
folaire de ce verre objectif est
précisément la quatrième partie
de la diftance de l'objet , à la
du Mercure Galant. 163
table d'attente , papier , oufilets
mis dans la Lunete , fur lefquels
doit aboutir l'image renverfée,
aerienne & diftincte de l'objet,
il faut mettre le verre au milieu
de la diſtance , également éloigné de l'objet & du verre ; car
en quelque autre part que vous
le placiez , plus prés , ou plus
loin de l'objet , l'image fe formera plus loin que les filets, papier blanc, ou table d'attente,
dont la poſition eſt donnée.
RESOLUTION
du Probléme I X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la Table d'attente , & la longueur
du Foyerfolaire , déterminer le lieu
de fa pofition , auquel eftant placé,
il produira l'image aérienne diftin
&renversée de l'objet donné de poO ij
164 Extraordinaire
fition , far le papier ou table d'at
tente auffi donnée de pofition. Dela
distance donnée de l'objet à la table
d'attente , ôtez le double de la longueur du Foyer folaire du verre
donné, & du Quarré de la moitié
du reftant , ôtez le Quarré de la
longueur du Foyer folaire du verre,
& du reftant tirez la Racine quarrée. La diférence de cette racine,
softé , ou ligne , à la moitié de la
diférence de toute la diftance à deux
fois la longueur duFoyerfolaire du
verre, eftant ajoutée à la longueur
du Foyerfolaire du verre , eft la diftance requife des Filets , papier, on
table d'attente , au point où doit eftre
placé le verre, pour produire l'image
diftincte , aérienne & renversée de
L'objet , dont la pofition , auſſi- bien
que celle dela table d'attente avoient
du Mercure Galant. 165
cfté données. Doncfi de cette distance
donnée, vous ôtez la diftance dela table d'attente au verre , il vous restera
la diſtance du verre à l'objet.
Puis que toute cette opération
n'eft que l'application de l'Effe-
&tion Geométrique, confidéronsla dans la Figure VI. & afin de
vous y exercer , en voicy des
Exemples , que j'ay trouvez conformes à mes calculs , par les
expériences que j'en fis en l'année 1652. eftant pour le fervice
du Roy au Fort de l'Eclufe fur
le Rhône, quatre lieues au- def
fous de Genève , & que vous vérifierez par le I. & par le II. Probléme, apres que vous aurez trouvé la diſtance du verre à l'image.
I. EXEMPLE.
La diftancepropofée de l'objet aux
166 Extraordinaire
filets , papier blanc , ou Table d'at
tente A dans la Figure foit so
pieds , &la longueur du Foyer lolaire foit 12 pieds.
OPERATION.
2 X 12
& so
24 pour F.
2426 pour FA.
Et la moitiéde 26
Le Quarré de CB.
13 pour CB.
= 169
14 Et Quarré 169 144 quarré
de By 12 Quarré 2525,, dont la
Racines, eft la valeur de la li
gne Cy.
Et C F 13
Et 8
Cysy8
Z
la longueur du Foyer
folaire du verre 12-20pour
diftance de la Table d'attente
au point z où doit eftre pofé le
verre objectif. Mais A50- z
20 =Z A 30 pour la diſtance de
l'objet A au verre Z.
duMercure Galant. 167
2. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet A
à la table d'attente , papierou filets
eftant 36 pieds , & la longueur du
Foyerfolaire du verre eftat de spieds,
la diftance A Z de l'objet A au
verre Zfera de 30 pieds ; & par
conféquent la distance du verre Z
àla la table d'attente fera de 20
pieds.
"
3. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet à
la table d'attente , eftant 80pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera do pieds ; & par conféquent la diftance du verre à la table
d'attentefera 20 pieds.
4. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet
la table d'attente eftant 256pieds, &
$68 Extraordinaire
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera 240pieds ; &par confé.
quent 16pieds feront la distance du
verreàla table d'attente, papier blanc
ou filets de pofition , fur lesquels fe
Seformera l'image aérienne de l'objet.
5. EXEMPLE.
La diftance propofée de l'objet à
la table d'attente estant 90 pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
20 pieds ; la diftance de l'objet an
verrefera de 60 pieds ; &par con
féquent , la diftance du verre à la
table d'attente fera 30 pieds.
6. EXEMPLE.
La diftanceproposée étant 196pieds,
& la longueur du Foyer du verre
24.pieds à la diſtance de l'objet an
verrefera168pieds ; &celle duverre
àla Tablefera de 30 pieds.
PROBLEME X.
du Mercure Galant. 169
PROBLEME X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la table d'attente , papierblanc, où
filets, furlesquels l'image aërienne de
l'objet doit eftreformée distinctémět,
& le point ou distance de la pofition
duverre eftant auffi donnée ; détermi
nerla longueurde fon Foyerfolaire.
Puis que le point de la poſition du verre eft donné , on connoiſt d'abordfa diſtance à l'objet
& à la table d'attente.
donc la fuivante
Analogie.
Faites
Comme ladistance de l'objet à latable
d'attente,
Est à la distance du vere à la table .
d'attente:
Ainfi la distance de l'objet au verre,
Està lalongueur requife du Foyer
folaire du verre.
Q. d'Octobre 1684.
P
170 Extraordinaire
COROLLAIRE GENERAL.
L'objet & le verre eſtant placez fixement , en forte que la li
gne droite du milieu de l'objet
au centre de l'interfection des
filets , & à plomb fur l'objet &
fur le plan des filets , paffe par
le centre des deux furfaces du
verre , & perpendiculairement
fur icelles , il refte à faire voir
mefmeen plein jour cette image
aerienne de l'objet , parun verre
oculaire bien large ; tellement
que cette image vous fervant
d'objet immédiat , comme nous
avons dit ailleurs , un petit objet
vous paroiftra fort grand, & dans
fa fituation naturelle , fi vous
avez renversé l'objet , qui peut
eftre une petite Image en mignature ou une Médaille , &c.
Le petit objet doit eftre mis
en un lieu bien éclairé & placé
parmy quelques pierres, Livres,
ou autres chofes femblables , en
forte qu'on ne le puiffe décou
vrir, que lors qu'on appliquera
l'œil à la Pinnule , ou petit trou
d'environ trois lignes de diamétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , ajustée au bout d'un petit
tuyau d'environ un pied de longueur, & qui porte le verre oculaire. Voyez le tout dans la Figure XI.
Il ne faut pas que le diamétre de ce trou ou pinnule excéde la plus grande ouverture
que la prunelle pour acquerir
dans l'ombre , l'oeil eftant couvert de la boëte de recouvre
•
Pij
172 Extraordinaire
ment , garnie en dehors d'un
veloux noir , contre lequel on
appuye doucement le fourcil de
l'œil. Ce veloux noir fert encore
pour abforber les rayons , qui
tombant fur la cornée , fe reflé.
chiffent contre la Lunete , puis
que tous les yeux , excepté ceux
d'un Moribond, qui fe terniffent,
refléchiffent dans l'œil du regardant , fon image , de mefme
qu'un Miroir ; & c'est comme
dans la prunelle que paroift
peinte en mignature cette petite
image ou Poupée, de laquelle la
prunelle a tiré fon nom dans les
trois principales Langues ; car
les Hébreux l'appellent Bath, petite Fille ; les Grecs l'appellent
Corin , Fillete ; & les Latins difent Pupula, ou Pupilla, Poupée.
duMercure Galant. 173
Ce verre oculaire de deux ou
trois pouces au plus de longueur
de foyer folaire , ne doit eſtre
éloigné des filets , ou image aërienne de l'objet , que de deux
ou trois pouces , c'eft à dire de
la longueur de fon foyer folaire;
mais il en doit eftre un peu moins
éloigné pour les Miopes , qui font
ceux qui ont la veue baffe ou
courte car par ce moyen les
rayons fortent fenfiblement divergens ; & tels tombant fur
l'humeur cristallin , dont la furface antérieure eſt trop ronde,
leur concours ne fe faifant pas
fitoft que files rayons tomboient
paralleles , leur réunion eft portée plus loin jufques fur la Retine , qui eft l'organe formel de
la vifion. C'eft pourquoy j'ay
Piij
174 Extraordinaire
toujours fait monter à viz cette
bočte de recouvrement du tuyau
qui porte l'oculaire , afin de l'approcher plus ou moins du verre
oculaire. Voyez en la Figure X.
Quant à la pinnule , ou trou
d'environ tro's lignes de diзmétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , il doit eftre un peu moins
éloigné du verre oculaire , que
de la longueur de fon foyer folaire. C'eft pourquoy j'ay toû
jours fait monter à viz ce fonds
à pinnule , afin qu'on le puftapprocher ou éloigner , ce qui fert
à éviter les couleurs , & ce que
nous dirons encore plus parti
culiérement. Voyez en la Figure IX.
Vous fçavez qu'avec le verre
duMercure Galant. 175
concave contre lequel on doit
appliquer l'œil , on voit l'objet
mefme, puis qu'il eft mis de la
longueur de fon Foyer virtuelfolaire , avant le foyer objectif,
c'eſt à dire , avant que l'image
aërienne de l'objet foit formée , &c .
Il fufit donc d'enfermer le verre
objectif bien perpendiculairement dans le milieu d'un tuyau
d'environ un pied de longueur,
d'autant qu'il n'eſt pas néceffaire d'avoir un long tuyau de
Lunete , qui contienne le verre
objectif & le verre oculaire ; dequoy j'avois inftruit les Curieux
dans les pages 127. & 128. du
XXI. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quartier de Janvier
1682.
P iiij
176 Extraordinaire
AVIS.
J'aurois donné icy le moyen
de fe paffer des tuyaux pour les
grandes Lunetes , dequoy j'ay
depuis 20. ans parlé au Titre,
Maniere de braquerpromptement une
Lunete à deux verres convexesfans
aucun Tube , pour contempler les
Aftres , qui eft à la fin de mon
Traité des grandes Lunetes , imprimé à Lyon en l'année 1665.
avec mon Livre de la Nouvelle
Science de la Nature , & Préfage
des Cometes , fi l'illuftre , tresfçavant , expérimenté & vray
Philofophe Phyfico- Mathematicien, Monfieur Hugens de l'Académie Royale des Sciences, ne
m'euft prévenu par fon docte
Livre in 4° imprimé cette année
1684. à la Haye chez Arnoux
du Mercure Galant. 177
Leers , &intitulé Astroſcopia Compendiaria, Tubi Optici molimine liberata.
PROBLEME XI.
Le Verre dontla longueur du Foyer
= folaire est connüc , estant donné de
pofition , placer l'objet & la table
d'attente , pour y recevoir l'image
de l'objet aërienne &diftincte, mais
renversée.
Mettez l'objet du moins un
peu plus éloigné du verre que la
longueur de fon foyer folaire,
vous troverez enſuite par le 1. Probléme la diftance requife du verre
àla table d'attente. Nous avons
remarqué dans la 129. page du
XXI. Tome Extraordinaire Mercure Galant , Quartier de Janvier
1683. contre l' Autheur de la Dioptrique oculaire, & des deux Volu.
178 Extraordinaire
mes de fes vifions parfaitement
adioptriques & ageométres , que
l'objet eftant placé à 20 pieds
& 4 pouces audelà de fon verre
objectif plan- convexe de la longueur de 20 pieds de diamètre,
ou longueur de foyer folaire, l'image aërienne de cet objet fe
formera à la diftance de 1220
pieds audeçà du verre , au lieu
des Soixante dix ou 80 pieds , à
quoy cet Autheur l'avoit déterminé. Son erreur n'eft que de
1140 pieds.
Ou bien , mettez la table d'attente du moinsquelque peu plus
éloignée du verre , que n'eft la
longueur de fon foyer folaire ;
car les rayons de la radiation
émanée de chaque point d'un
objet terreftre , tombant fur le
du Mercure Galant. 179
verre plus diverges que les rayons
émanez de chaque point du So.
leil , leur concours eft retardé,
& par conféquent l'image aërienne de l'objet terreſtre eſt
formée plus loin du verre , que
l'image du Soleil , que nous ap.
pellons foyer folaire. La table
d'attente eltant pofée, vous trouverez enfuite par le 2 Probléme
la diftance requife du verre à
Fobjet.
EXEMPLE.
Le verre ayant 20 pieds de longueur de Foyerfolaire , fi vous pla
cez la table d'attente , à 20 pieds &
quatre pouces audeçà du verre, l'objetfera placé à 1220 pieds audelà du
verre.
PROBLEME XII.
Par la longucurdela Lunete com-
180 Extraordinaire
pofée de deux verres convexes , &
dont la longueur du Foyer folaire de
l'objectif est connüe , connoistre la
distance de l'objet , qu'on voit diftinctement par la Lunete .
Vous fçavez par raiſon & par
expérience , que pour bien &
diftinctement voir les objets par
la Lunete , il en faut tirer davantage les tuyaux, & l'allonger
à proportion que les objets font
moins éloignez, & cela toûjours
de plus en plus jufques à tant
quela diftance de l'objet au verre
objectif, foit précisément égale
à la longueur de fon foyer folaire ; car pour lors les rayons
enfortiront paralleles, & ne pouvant par conféquent concourir,
ne formeront plus d'image. Dans
ce Probléme l'on connoift par
du Mercure Galant. 181
la longueur de la Lunete , la diſtance du verre objectif aux filets ou image aërienne de l'objer. On connoift auffi la longueur du foyer folaire du verre
objectif. C'est donc le fecond
Probléme. Employez donc la
fuivante
Analogie.
-Commel'excés dela distance du verre
objectifauxfilets, ou image aërienne
de l'objet, pardeffus la longueur du
Foyer folaire du mesme verre,
Està la mefme longueur du Foyer:
Ainfila diftance de l'image au verre,
Est à la diftance du verre à l'objet,
Souvenez- vous de ce quej'ay
dit au commencement.
cette image aërienne de l'objet
a quelque forte ou eſpèce d'épaiffeur , ou profondeur, & qu'il
Que
182 Extraordinaire
eft impoffible de juger avec certitude , dans quelle diſtance elle
eft plus diftincte , car le verre objectifnepeut faire cocourir en un
mêmepoint mathematique de la
baſe de diftinction, tousles rayons
qu'il a reçûs de la radiation émanée d'un mefme point de l'objet, d'autant que ceux qui tombant plus éloignez de l'axe du
verre ,
feréüniffent plûtoſt ; outre que tout l'œil fe conforme en
s'allongeant ou fe racourciffant,
& l'humeur criftallin fe convexe
plus ou moins , fuivant qu'il en
eftbefoin, pour porter fur la Retine la baze de diftinction, foyer
objectif, on image diftincte de
l'objet. C'est pourquoy lors qu'il
s'agit de conclure & déterminer par la diférente longueur de
du Mercure Galant. 183
La Lunete, la diférence qu'il y a
entre deux objets inégalement
éloignez , mais tous deux treséloignez de nous , les calculs tirez de la longueur de la Lunete
fe trouvent inutiles , parce que
les rayons émanez d'un mefme
point d'un objet tres- éloigné
tombentfurle verre objectifavec
une diférence phyfiquement in,
fible, &la diférence de la diftance
du mefmeverre objectifà l'image
d'un autre objet encore nota
blement plus éloigné , fera auffi
phyfiquement infenfible , puis
que la diférence de la divergence
des rayons des deux objets eft
phyfiquement infenfible, d'autāt
que les deux rayons de la radiation émanée du point central du
Soleil , qui embraffent la terre,
184 Extraordinaire
quand ils toucheroient mefme
les deux points extrémes de fon
diamétre , ne comprennent au
plus qu'un angle d'une minute,
dont la moitié eft ce que nous
appellons l'angle de la Parallaxe
Horizontale du Soleil.
Et comme à mesure que l'ob.
jets'approche du foyer antérieur
du verre , l'image aërienne de
l'objet formée par la refraction,
s'en éloigne , de meſme auffi au
miroir fphériquement concave,
Fig. XII, dont la portion M.i.M
ne doit eftre découverte que de
18 degrez , les rayons R.M. RM
de la radiation émanée d'un mê
me point de l'objet , n'eftant
éloignez fur le miroir que de9
degrez du rayon AI qui eft l'axe
de la portion découverte M.i.M
du Mercure Galant. 185
font prefque mathematiquement
paralleles , à caufe que la baze
qui foûtient l'angle , formé au
Soleil , n'eft que la corde des 18
degrez du miroir ; & d'autant
que l'angle de réflexion C M0,
eft égal à l'angle d'incidence
RMC, le point o auquel ils fe
reüniffent fur l'axe A I , eft plus
prés du point I fonds du miroir,
que de fon centre C, de prefque
une partie des 160 de tout le
diamétre C. Ce que j'ay déja
remarqué dans une Differtation
fur les Miroirs ardens. Voyez les
pages 288. & 291. du Mercure Galant du mois de Juin 1681. Ainſi
le foyer folaire ou image du So
leil , fe forme prefque éloignée
du fonds du miroir de la qua
triéme partie de fon axe AI ;
Q. d'Octobre 1684. Q
186 Extraordinaire
C'eſt pourquoy à mesure que
les autres objets s'approchent
davantage du foyer folaire du
miroir , leurs images s'en éloignent , & viennent à la rencontre de l'objet. Ainfi un objet
mis au bout d'un baſton, paroiſt
fortir tout au dehors du miroir,
pour venir rencontrer fon objet,
fi vray qu'il vous femble que
vous maniez voftre main. Cette
image formée par réflexion a
cet avantage , qu'elle fe voit
mefme au plus grand jour ; &
l'image formée par la réfraction
des verres , laquelle ne peut jamais fe rencontrer avec fon ob
jet , ne peut paroiftre que dans
la chambre noire , ou dans l'ob
fcurité du tuyau de la Lunete..
Neanmoins bien des Gens,
du Mercure Galant. 187
commeauffi le R.P.Antonius Maria de Rheita , ce fçavant & religieux Capucin', qui apres Daniel
Chorez publia en l'année 1647.
dans un gros Volume in folio,
intitulé Oculus Enoch & Elia, tout
ce qui conce¡ne la conſtruction
des grands Binocles , qu'il travailloit luy mefme dans la derniere perfection , & que toute
PEurope a admiré, comme nous
l'avons prouvédepuisla 120. page
du XXVI. Tome Extraordinaire
Mercure Galant , Quartier d'A
vril 1684-
Le R. P. Balthazar Conrard,Jéfuîte , écrivit de Glacio 7. Ianvar.
1660. les termes fuivans au R. P.
Gafpard Schot , auffi Jéfuîte , qui
en l'année 1664. les a donnez au
Public dans la 857- page de Tech
nica Curiofa,,
188 Extraordinaire
De diftantiis objectorum per Tubum metiendis, pridem cogitavi egos
nifi fallor, etiam Pater Scheinerus. Sine dubio Rheita Capucinus id
voluit tentare per Tubum duplicatum. Voco eum per quem uterque
oculus hominis fimul&femel trans
picere poteft. Verùm ipfa videt Reverentia Veftra , in diftantiis maguis , ne magna quidem intervalla
fentiri. Unde quid judicandum fit
detali invento inferet. Nihil tamen
adhuc determino , qui nondum cò
Speculationum perveni.
Si le Pere Conrard euſtajoûté
àl'expérience , le calcul & la démonſtration , comme j'ay fait, il
auroit prononcé , que tout ce
qu'on ne peut conclure de la diférente longueur d'une mefme
Lunete, pour voir bien diftincte-
"
du Mercure Galant. 189
ment deux objets diféremment
éloignez,que la diſtance de celuy
des deux objets fera plus grande,
pour lequel on tire moins la Lu.
nete; & la diſtance de l'objet fera
moindre , pour lequel auffi voir
bien diftin&tement , il faut allonger davantage la Lunete.
>
Cela eft fi vray , qu'à cauſe
que la longueur des plus gran
des Lunetes eft toûjours comme infiniment petite à proportion de la diftance du Soleil
& la diſtance du verre au foyer
folaire , ou image diftincte du
Soleil Périgée , n'eſt pas fenfiblement plus longue que celle du
Soleil Apogée. Ainfi bien que la
diſtance du Soleil en Eté dans
fon Apogée , foit tres- notablement plus grande, que lors qu'en
190 Extraordinaire
Hyver il est dans fon Perigées
neanmoins la diférence de la
diſtance du verre à fon Foyer ou
image eft diftincte imperceptible
par la longueur de la Lunete.
LUNETE A DEUX VERRES.
Et de la grandeur de la Baze qu'on
découvre.
L
A Lunete à deux Verres
convexes, quoy qu'elle faffe
voir les objets renverfez , eft
fans doute la plus commode pour
l'obfervation des Aftres. Elle dé
couvre une grande baze du cone
vifuel , le diamètre de laquelle
eft compris fous un angle qu'on
détermine en divifant les degrez
que contient l'arc de la convexité découverte du verre ocu.
laire , par l'Expofant de la raiſon
de la longueur du foyer folaire
du Mercure Galant. 191
du verre oculaire à la longueur
du foyer folaire du verre objectif, car le quotient eft le nombre des degrez de l'angle , qui
comprend le diamètre de toute
la baze qu'on découvre.
Ainfi le verre objectif eftant
par exemple au verre oculaire ,
comme 84 à 3, l'expofant de la
raiſon eft 28 ; & la partie décou
verte du verre oculaire eftant par
exemple fegment de 35 degrez,
divilez 35. par 28 , le quotient
fera 1 degré & 15 minutes ; fous
lequel angle eft compris le diamétre du terrain , efpace des ob
jets vûs par cette Lunete.
Lunete à trois Verres.
2
La Lunete à trois verres convexes redreſſe les objets , mais
elle devient notablement plus
192 Extraordinaire
longue , & les objets paroiffent
moins clairs. Le R. P. de Rheïta
dans la page 351. d'Oculus Enoch
&Elia, dit , objecta autem duobus
convexis everfa , tribus pulcherrimè
&liffimo obtutu eriguntur. Scilicet duobus ocularibus & uno ebjectivo , ritatamen proportione inter
fe & àfe invicem difpofitis. Tali
tubo pro terreftribus nos utimur , qui
&uno obtutu centies quafiplus fpatii
repræfentat, quàmconcavo- convexu.
Le P. Rheita a fait un miftere de la proportion des deux
oculaires , & de leur diftance.
1º Lepremier oculaire apres l'objectif doit eftre d'un plus grand
foyer que le dernier oculaire.
Quant à leur diſtance , puis que
l'image aërienne fert d'objet immédiat , mettez le premier ocu
laire
du Mercure Galant. 193
·
laire au deçà , éloigné de cette
image de deux fois la longueur de
fon foyer, il fe formera uneimage
redreffée & égale au derriere de
l'oculaire , éloignée auffi de deux
longueurs de fon foyer , par nô.
tre Probleme VII. Cette image
doit fervir d'objet , que vous regarderez avec le ſecond oculaire.
Lunete à quatre Verves.
La Lunete à quatre verres
convexes , un objectif & trois
oculaires , eft la plus parfaite,
puis qu'elle fait découvrir une
grande baze du cone vifuel , &
voir les objets dans leur fituation
naturelle , & en augmente fuffifammentl'apparence naturelle.
Nous avons dit que les trois
oculaires peuvent eſtre d'une
mefme puiffance ou longueur de
Q. d'Octobre 1684. R
194 Extraordinaire
toyer folaire , ou bien le premier
oculaire apres le verre objectif
eftant à l'objectif comme i à 36
ou à 40 , ces deux verres eftant
poſez à la diſtance de leurs deux
foyers , & ayant placé les filets
de mire à leur foyer commun,
forment la premiere Lunete, qui
fait paroiftre les objets à la renverſe. Le fecond oculaire doit
avoir une plus grande longueur
de foyer , & letroifiéme oculaire
doit estre de mefme que le premier oculaire , & mefme d'un
peu moindre longueur de foyer.
Ainfi le verre objectif eſtant au
premier oculaire comme 36 à 1,
ilfera au troifiéme oculaire comme 40 à 1.
Lunete à cinq Verres.
La Lunete àcinq verres ne dé
du Mercure Galant. 195
couvre pas un plus grand champ,
ou plus grande quantité d'ob
jets , elle augmente feulement
l'apparence des objets , en la rendant un peu plus obfcure , à quoy
on remédiera en partie ; fi la fuperficie des verres oculaires également convexes font bien grandes. Voicy leur arrangement &
leur proportion.
Le troifiéme oculaire eft d'un
plus long foyer , & on ne l'éloi
gne pas du fecond oculaire de
la longueur de leurs deux foyers
folaires. Ainfi les rayons en fortiront divergens , & tomberont
divergens fur le quatrièmeverre
oculaire , au derriere duquel les
axes des cones renverfez de la
radiation de chaque point de
l'objet , fe croiſent davantage
Rij
196 Extraordinaire
avant que d'entrer dans l'œil ;
c'est pourquoy apres avoir traverfé l'humeur criftallin , ils peignentfur laRetine une plus grande image de l'objet.
Il y a d'autres manieres de conftruire cette Lunete à cinq verres convexes , qui eft une Lunete
composée de deux Lunetes, chacune defquelles fait voir les objers renverfez. La premiere Lunete eft compofée à l'ordinaire
du grand objectif & de fonoculaire. La feconde eft composée
de trois verres ; le premier eft
femblable à celuy qui luy fert
d'oculaire , & l'un & l'autre
doivent eſtre d'une longueur de
foyer , double du foyer de l'oculaire de la premiere Lunete,
& le foyer du verre qu'on met
du Mercure Galant. 197
juſtement au milieu des deux autres, fera de la moitié plus long.
Joignez ces deux Lunetes , les
approchant peu à peu juſques à
tant que vous découvriez la
plus grande baze du Cone vi
fuel , ou quantité d'objets avec
grande clarté & diftinction. Apres quoy marquez à l'inftant
des repaires fur les tuyaux. Tirez enfuite un peu le tuyau qui
porte le verre objectif, afin d'éloigner davantage les deux premiers. verres ; ce qui fera que
l'image de l'objet ſe trouvant
plus éloignée du premier oculaire , que de la longueur de fon
antérieur foyerfolaire, les rayons
qui auparavant en fortoient paralleles , en fortiront convergens. Il faut auffi éloigner un
Rij
198 Extraordinaire
peu davantage les deux derniers.
verres.
Le R. P. Zucchi , Jéfuîte , qui
s'eft toûjours expliqué affez ob.
fcurement , apres avoir dit au
num. 3 de la 370 page de la feconde partie de fon Philofophia
Optica, imprimée à Lyon en l'année 1656. Collocatio autem convexorum intermediorum ad excipiendos omnes radios , & tranfmitiendos
apta erit , fifequensftatuatur ad Focum præcedentis. Vltimum enim
convexum ad impreffionem diftinEtam obtinendam , longius ultra Focum constituendum. Apres quoy
dans le Numero 1 v. il ajoúte,.
Quod quatuorconvexapræftant, habetur exactiu per quinque , fi difponantur ut fecundum collocetur tantifper ultra Focum primi , tertium
BLIOTHEE
du Mercure Galake
citra Focumfecundi, per quartame
eiterpartem diftantia Foci ab ipfofecundo. Quartumfimiliter adtertium.
Quinque convexafolă æquivalebunt
quatuor convexis , in excipienda
multitudine radiorum ; fed quia tertium , ante determinationem Bafis
-diftinétionis ex vifecundi accedetad
illud , dum hujufmodi Bafim accelerabit, &ad minus fpatium reftringet, deducet radios ad fingula in
Objecto condiftinguenda pertinentes,
totrus imaginis comprehenfivos;quare
neceſſario diſponentur , ut ad con.
vexa fequentia , ipfumque oculam,
cum majori inclinatione fub majori
angulo incidant , ad majorem nota.
biliter imaginem imprimendam in
Retina. Hancdifpofitionem quinque
convexorum invenit D. Euftachius
Divinius , quam meritò aliis præ--
R. iiij .
200 Extraordinaire
tulit , quia notabiliter auget Appa
rentiam Totius , & diftinctionem
partium in toto ; licet nonnihil minuat claritatem , dum pauciores radios colligunt vitrafic difpofita,quàm
fi difponunturjuxta dicta Numero3.
Des Lunetes compofees de dixneufVerres convexes.-
J
'Ay tiré ce que j'en diray de
la 184. page d'un Livre intitulé Nervus Opticus , imprimé à
Vienne en Auftriche en l'année
1675. Le R. P. Zacharias Traber
en eft l'Autheur , le croira qui
voudra , quand il dit,
Artifex Romanus
mine, Tubum fecerat cum octo convexis , ad unum milliare Germanicum res minutiffimas clarè cxhiben.
Fontana no-
du Mercure Galant. (2011
1
zor
tem, qui ab Eminentiſſime Cardinali
Nepote , Coronatis comparatus octingentis , magno Florentie Duci prafentatus fuerat.
Alium idem Dax noftro cuidam
Patri vifendum præbuit ; qui à quodam Eustachio Neapolitano cum No-- VEMDECIM lentibus convexis in
longitudinefiftularum 19 cubitorum
confectus , & quia aliquâ vitrafubtiliffimâ interpofita , Specierum decolorationem impediebant.
L
Il a fans doute compté les ou
vertures des diafragmes pour au
tant de verres.
SECRET
De Jérôme Syrturus , Milanois,
concernant les Lunetes.
N
Unc celebre omni evo futurum adinventum tibi referatum co, ut ftudii &laboris mei ma-
• 202 Extraordinaire
numentum aliquod perpetuò apud te
& alios ftudiofos extet.
Teleſcopium id autem est ex duabus lentibus & cavo specillo ; fecunda lens ponitur in medioTubi.
DES DIAFRAGMES.
Les images ou efpéces des objets ne paroiffent jamais bien fur
la table d'attente , que lors que
la chambre eft rendüe tres-noire,
& que la lumiere ne trouve d'entrée que par le verre qu'on met
au trou de la feneftre , & qui eſt
inferé en dedans de la chambre
dans l'extrémité d'un tuyau d'un
pied de longueur , dont l'autre
extrémité fort en dehors. Il en
eft de mefine de l'image qui fe
forme dans les tuyaux ; c'el
pourquoy pour exclurre & dé.
fendre l'entrée aux rayons des
du Mercure Galant.
203
objets latéraux , la boëte qui
porte le verre objectif , a du
moins un pouce & demy de longueur au-delà du verre. Voyez
en la Figure XIII. Cette boëte
a fon fonds du cofté de l'objet,
qui fe monte auffi à- viz , & ce
fonds a bien moins d'ouverture
que le verre. On peut couvrir
ce diafragme de plufieurs cartons noirs de diférente ouverture , bien qu'on la puiffe dérerminer par l'angle fous lequel on
voit l'objet , que nous avons cydevant demontré.
Les autres diafragmes font intérieurs. Le principal eft mis au
foyer antérieur dupremier verreoculaire, ou foyer poftérieur du
verre objectif, où le forme l'image aërienne diftincte de l'ob
204 Extraordinaire
jet , fur laquelle les filets de mire
doivent toûjours le trouver précifément. Če diafragme détermine la quantité des objets qu'on
veut découvrir , & voir leur apparence trés- augmentée , en re.
gardant par les verres oculaires
leurs images , qui fervent d'ob
jer immédiat , tout de mefme
que fices mefmes images eftant
reçeües dans la chambre noire
fur un papier , vous appliquiez
pardeffus ce carton qui porteau
milieu fon ouverture , car en re:
gardant par derriere le papier,
vous ne verriez que les images
comprifes dans l'ouverture de ce
diafragme. Cette ouverture doit
eftre retreffie juſques à ce que
fon trop d'ouverture ne foit pas
la caufe des couleurs de l'Iris,
duMercure Galant. 205
qui peignent les bords des ob
jets comprisdans la baze du cone
vifuel.
Je dis donc que l'ouverture
circulaire de ce diafragme , &
celle de tous les autres, y compris l'ouverture du verre objectif, font parties d'un cone tron.
qué , dont la pointe eſt du coſté,
du verre oculaire , fi l'ouverture
de ce principal diafragme eft
moindre que celle du verre ob.
jectif, qui en fera la baſe, comme
en la Figure XV. Et au contraire,
fi l'ouverture du verre objectif
cft moindre que celle de ce diafragme, ce diafragmefera la baze
du cone tronqué , dont la pointe
fera hors de la Lunete , comme
en la Figure XV.
206 Extraordinaire
Déterminer l'ouverture des
Diafragmes.
Tirez voftre Lunete comme
en la Fig. XVI. pour voir diſtin .
ctement les objets terreftres les
plus éloignez , pour lors la diftance A B de l'image Bau verre
objectif A, fera plus grande que
la longueur de fon foyer folaire;
outre qu'il faut allonger un peu
davantage la Lunete , & y mettre un verre oculaire de plus
long foyer , pour voir les objets
bien clairs & diftincts , lors que
le temps eft humide , ou que
Euros fouf , comme auffi dans
les Païs où l'air eft plus groffier,
l'apparence de l'objet fera plus
diftincte , mais un peu diminuée.
Déterminez l'ouverture du verre
objectif , comme par exemple
du Mercure Galant. 207
de deux pouces de diamètre , ſi
le verre a dix pieds de longueur
de foyer folaire , qui eft la plus
grande ouverture qu'il puiffe
foufrir avec diftinction pour voir
bien diftinctement les objets les
plus fombres , car il la faut retreffir pour voir bien diſtinctement les objets fortement éclairez , de mefme qu'il faut retreffir
l'ouverture de l'objectif des plus
grandes Lunetes Aftro-fpiques,
pour voir le difque ou rondeur
bien terminée des Etoiles fort lu
mineuſes, Syrius , Arcturus, &Aldebaran, & des Planetes fortement éclairées par le Soleil,
comme Mercure , Vénus, &Mars,
lors qu'ils font Périgées. C'eſt
cela fans doute qui a obligé
Mi Hevelius de dire dans fa Se-
208. Extraordinaire
lenographie en la page 17. H
afus & experientia me docuit, quòd
foramen vitri objectivi , magnorum
Teleſcopiorum indiametro fefquipollicem non excedere debeat. Qua
quantitas etfi alicui valde exigua
aideri poteft , tamen praxis quemibet edocebit hanc proportionem foraminis majori tubo omnium optimè
refpondere.
Enfin le diametre de l'ouverture du verre objectif eftant déterminée, comme auffi fa diftance
au diafragme des filets , faites en
la Figure XVI. fur un plan, tirez
les deux lignes e C e C, comme
auffi les lignes traverfantes eo.
MM. ii. leurs parties compriſes
entre les lignes e C. eC feront les
diamètres des ouvertures des diafragmes des tuyaux. Vous mar-
du Mercure Galant. 209
querez leurs repaires , afin que
tous les diafragmes puiffent toujours eftre mis en mefmediftance
les uns des autres , pour toûjours compofer le cone tronqué.
On peut facilement déterminer par le calcul le diamètre des
diafragmes , car vous connoif
fez la diftance A B du verre objectif A au point B, interfection
des filets mis fur l'ouverture du
diafragme , dans laquelle fedoit
toûjours terminer l'image de
l'objet. Vous connoiffez bc demy-diamétre de l'ouverture dư
diafragme principal , ou baze de
l'image aërienne de l'objet. Vous
connoiffez auffi a E demy.diamétre de l'ouverture du verre
objectif.
Il faut par ces connus trou ~
2. d'Octobre 1684. Sp
240 Extraordinaire
ver premiérement par le calcul.
le point R pointe du coqe tronqué, c'eft à dire la longueur de
fon axe b R. Faites cette
Analogie.
bc-a E. ba :: bc. b R
Voustrouverez enfuite les demy..
diamètres x 0. y M. z I. de l'ou
verture des diafragmes par les
fuivantes
Analogies.
b.bc:: Rx . x 0.
Rb.bc:: Ry.y M.
Rb.bc:: Rz.ZI.
Moyen facile de faire coffer les
Couleurs qui paroiffent
entourer les Objets.
Our guérir un mal , il en
Pofaut connoiftre la caufe
ainfi pour remédier à ce defaut
du Mercure Galant. 211
3
des Lunetes ·
, de faire voir les
objets qui font au bord de la
baze du cone vifuel , teints des
couleurs del'Arc- en- Ciel , il faut
fçavoir qui les caufe , & d'où
elles procédent , n'eftant que le
meflange & confufion qui le fait
fur un melme point de la Re
tine , de plufieurs rayons éma--
nez de diférens points de l'ob
jet. Ce meflange peut venir
1° De la trop grande ouverture du verre objectif..
2° De la trop grande ouverture du diafragme qui porte les
filets de mire , fur lefquels fe :
forme l'image aerienne de l'objet -
3 Du trop de convexité du
verre oculaire .
4° De la trop grande ouver
ture du verre oculaire.
Sip
212 ExtraordinaireAyant remédié à ces quatre
defauts, fi l'oculaire eft trop prés
de l'image , les rayons trop ferrez & confus , feront paroiftre
les extrémitez de leurs objets
jbordez de couleurs rouges &
aunes ; . c'est pourquoy il faut
P'en éloigner davantage , comme
auffi le trou ou pinnule contre
laquelle on applique l'œil ce
que je fais commodément , en
tournant la pinnule par le moyen
de la viz , quia plufieurs filets ou
pas. Que fi vous l'en éloignez
trop , les bords des objets paroîtront bluâtres , Jes rayons eftant
reçûs trop dilatez & confus. De
cette jufte diftance de la pinnule
au dernier verre oculaire , dépend la plus grande baze du
cone vifuel , ou de la quantité
du Mercure Galant. 21329
d'objets , car on en voit beaucoup moins d'étendue de Païs,
fi cette pinnule eft trop éloignée
de fon oculaire , lequel doit être
également convexe des deux cô.
tez , & bien tranchant fur les
bords , & avoir du moins 20 lignes de diamétre en fa furface
pour un objectif de dix pieds de
foyer , & environ 10 lignes pour
les petites Lunetes . Je fais monter à viz toutes les piéces de la
boëte du porte.oculaire , afin
que les Miepes puiffent approcher davantage l'œil du dernierverre oculaire , & cet oculaire
des filets ou image aërienne &.
diftincte de l'objet. Voyez le
tout dans la Figure
214 Extraordinaire
Dans le dernier Mercure Extraordi
naire , Torse XXVII.
Page 149. ligne 15. lifez copiofioris..
Page 166. ligne 5. lifez 1460.
Page 173 ligne 4 lifez alfez précifément. Ligne 9. ajoûtez ou
le produit du diamétre par la
circonférence. Et en la ligne
16. apres le mot Axe ajoutez car
le cone, la fphere &le cilindre
font comme 1.2.3..
Page 187. ligne 8. lifez Henry II .
Page 200. ligne 12. lifez deux fois
1635794 , quifōt 3271588 toiles.
Page 203 ligne 18. apres ST.
lifez & doublezle produit.
Page 208. ligne 17. lifez deffus.
COMIERS.
On donnera la fuite de ce Traité
des Lunetes , dans lesfuivans Mer--
Cures Extraordinaires.
DU TRAITE
DES LUNETES,
DEDIE A MONSEIGNEUR
LE DUC DE BOURGOGNE,
Par M COMIERS d'Ambrun,
Prevoft de Ternant , Profeſſeur des
Mathematiques à Paris.
T
Ous les tuyaux des Lunetes portatives doivent eftre
cilindriques , car les tuyaux coniques ne peuvent garder leur
rectitude, eftant moins tirez pour
voir diſtinctement les objets plus
éloignez , & au contraire , fi la
134 Extraordinaire
longueur de la Lunete eft pour
voir diſtinctement les objets treséloignez , on ne peut les éloigner
davantage , pour voir les objets
qui font fenfiblement plus prés
de nous.
Les moindres tuyaux d'une Lunete , c'eſt à dire ceux qu'on infére dans les autres , auront tous
autour de la gorge extérieure,
des orles ou viroles , pour les
rendre tous d'égal diamétre; afin
que l'Axe de la Lunete foit paral
lele fur le plan de l'appuy. C'eft
à quoy M' Hevelius n'a pas pris
garde dans la Figure de la 40.
page de fa Selenographie de l'année 1647. car l'axe des verres &
du tuyau dela Lunete faifant angle für le plan d'appuy , le perpendicule ne peut marquer fur
du Mercure Galant. 135
le quart de cercle l'angle de l'élevation de l'objet que l'on mire.
Voyez.enicy la Fig. 1. Les bouts
des tuyaux par leſquels ils font
inferez dans les autres , feront
renforcez par des viroles de bois,
mifes en dedans, & qu'on arrefte
avec cole forte , ces viroles porteront les juftes ouvertures pour
ſervir de diafragmes , & maintiendront les tuyaux dans leur
parfaite rondeur , & toute la Lunete dans fa rectitude. Voyez la
Figure II.
C'eft enfinune loy indifpenfa.
ble , que l'Axe de tous les tuyaux
& celuy de tous les verres doivent eſtre dans une mefme li
gne droite. J'en excepte les Lunetes Catop- dioptriques , comme
auffi la Lunete Polemofcope , def
136 Extraordinaire
fon
quelles nous traiterons en par
ticulier. Eo quòd utraque lensfiopum ſuum affequatur , quum tamen
regione altera alteri non exactè
refpondeat , comme dit M Heve.
lius dans la 27. page de ſa Sele.
nographie , Hictubus tam à Catoptricis quàm Dioptricisparaturfundamentis , etenim duobus fpeculis planis
& gemino vitro Dioptrico conftat.
Il l'appelle Polemoſcope , pour
ufage en temps de guerre ,, puis
qu'eftant couverts du Parapet,
nous voyons ce que fait l'Ennemy, mefme lors qu'il eft dans le
Foffé , & au pied de la Muraille,
parce quefon tuyau eft recourbé
à angle droit. Nous découvrons
aufi par fon moyen tout ce qui
fe paffe dans une Rüe , fans
nous paroiffions à la Feneftre ;
que
duMercureGalant. 137
ayant cet avantage , auffi-bien
que lesLunetes communes, qu'on
les peut , comme a dit M'Hevelius dans la 29. page , mettre
dans une canne ou bafton d'un
pouce & huit lignes de diamètre,
avec le recourbement de deux
pouces. Nous en donnerons cyapres la conftruction.
Deux manieres diférêtes d'ajuſter
les Verres dans les Tuyaux.
Les Anglois mettent le verre
objectif dans le tuyau le plus
étroit, & les verres oculaires dans
les tuyaux les plus larges. Voyez
le tout dans la Figure III. Cette
difpofition a trois choſes avantageufes. 1° Les rayons inutiles
qui vont toujours en s'élargif
fant , s'affoibliffent plus facileQ. d'Octobre 1684, M
138 Extraordinairement dans cette concavité ſpa
cieuſe du tuyau. 2º On y peut pla…
cer des oculaires de plus grande
furface. 3º Cette Lunete eft plus
facile à manier , parce que le
centre de gravité de la pefanteur
eft comme dans la main de celuy
qui s'en fert ; & dans l'autre maniere, le centre de gravité eftant
audelà du point de l'appuy ou
Hypomoclion , pele davantage à la
main , & fatigue celuy qui s'en
fert. Il eft vray qu'il y a une
longueur de tuyau comme perdüe , par la néceffité de la dif
pofition des trois oculaires ; car
s'il n'y avoit qu'un oculaire, convexe ou concave , il n'y auroit
aucune difficulté .
En France , nos Ouvriers placent le verre objectif dans le plus 1
du Mercure Galant. 139
large tuyau , & les verres ocu--
laires dans les tuyaux les plus
étroits. Voicy là pofition la plus
commode des deux verres ocu--
laires qui font apres le verre objectif. Placez ces deux verres
oculaires , comme dans la Figu
re IV. à la diftance l'un de l'au
tre égale à la longueur de leursfoyers folaires , tellement que le
point fera leur foyer commun,
dans le tuyau C, qu'on coule dans
le tuyau B, par le bout qui eft du
cofté du verre objectif , car par
l'autre bout du mefme tuyau B¸-
on coulé le tuyau porte- oculaire A, avec fa boëte de recouvrement à pinnule , ou trou de
trois lignes de diamètre , qui eft
éloigné du verre d'un peu moins
quefon foyer folaire. Le tuyau B
1
Mij
140 Extraordinaire
porte encore le diafragme fur
lequel on place les brins de fimplefoye plate noire , qui fervent
de mire , ou le treillis , ou quatre brins qui fe croiſent en un
mefme point au centre de l'ou.
verture du diafragme , qu'lls divifent en huit parties égales
c'eft fur ces filets qu'on doit faire
aboutir précisément l'image aërienne & redreffée de l'objet,
puis qu'elle nous fert d'objet im
médiat , que nous voyons par le
troifiéme verre oculaire..
Ainfi pour voir bien diftincte..
mentavecune Lunete compofée.
de quatre verres convexes
furface du Soleil ( ne donnant
l'ouverture d'un trou d'épingle au
carton qui couvre le verre objectif),
la diſtance du verre objectif au
la.
que
du Mercure Galant 14.
I
premierverre oculaire, fera compofée de leurs foyers folaires, &
par conféquent l'image renverfee du Soleil , qui fert d'objet
immédiat , fe trouvant au foyer
antérieur du verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque
point de cette image folaire tombant divergens fur le verre oculaire , en fortiront paralleles ; &
tombant ainfi paralleles fur le
fecond verre oculaire , dont la
diftance au premier eft compofée de la longueur de leurs foyers,
les rayons en fortiront convergens , & formeront l'image redreffée du Soleil , au derriere de
ce ſecond verre oculaire , à la
diſtance de fon foyer folaire ,
& c'eft cette image qui fervira
d'objet immédiat ,, car cette imas
142 Extraordinaire"
ge eftant au foyer antérieur du
troifiéme verre oculaire , les
rayons de la radiation de chaque point en fortiront paralleles;
& tombant paralleles fur l'humeur cristallin , feront rendus
convergens , & formeront par
leur concours ou pinceau optique , l'image renversée du Soleil
& de fes taches fur la Retine , &
on verra le Soleil & fes taches
redreffées , c'eft à dire dans leur
fituation naturelle.
La diſtance des deux premiers
oculaires fera toujours invaria
ble, auffi bien que la diftancedu fecond verre oculaire aux filets du treillis , qu'on met précifément en fon foyer folaire. -
Quant au troifiéme oculaire , au
foyer duquel on met l'oil, ilfera:
3
du Mercure Galant. 143
pour les miopes qui racourci
fent un peu la longueur des Lunetes , un peu moins éloigné de
ces filets ; parce qu'en regardant
de plus prés cette image aërienne
des objets , ils en reçoivent les
rayons fenfiblement divergens ,
& tels tombant fur leur criftallin
trop rond & enflé , leurs concoursou image diftincte de l'objet, en eft retardé & prolongé
jufque fur la Retine.
Il eft abfolument néceffaire
que le foyer objectif, c'eft à dire
l'image aërienne de l'objet , fe
rencontre précisément fur ces
filets ou treillis mis à l'endroit
du foyer du verre objectif, fi la
Lunete n'a qu'un verré oculaire
convexe; & au foyer folaire du
fecond verre oculaire , fi la Lu-
144 Extraordinaire
nete eft composée de trois oculaires convexes. Mais comme la
Lune & tous les objets terreftres,
font comme infiniment moins
éloignés que le Soleil , les rayons.
de la radiation émanée de chaque point de l'objet, tombet fenfiblement divergens fur le verre
objectif, leur foyer ou image aërienne eft retardé & allongé, &
leur image portée plus loin, & audeça de ces filets ou treillis , c'eft
pourquoy il faut allonger davan
tage la Lunete , c'eft à dire, éloigner le verre objectif du verre
oculaire , afin d'avancer l'image
de l'objet précisément fur les
filets. J'ay crû devoir icy réfou
dre une Queſtion importante.
Si
du Mercure Galant. 145
QUESTION.
Si par la diferente longueur à
laquelle on tire les tuyaux de
laLunete à Oculaire convexe,
pour voir bien diftinctement
un objet , on peut déterminer
fa diftance , ou éloignement.
C
Ette image aërienne ne ſe
forme pas dans une diſtance
deprécifion geométrique au derriere du verre objectif , ny au
derriere du fecond verre oculaire. Elle a comme une certaine
épaiffeur ; ce que vous obſerve.
rez avec plaifir dans la chambre
noire , en recevant ſur un papier
blanc, les espéces ou images des
objets qui font au dehors , car
Q.d'Octobre 1684. N
146 Extraordinaire
ces images paroiftront diftinctes,
voſtre papier eftant arrivé à certaine diſtance du trou fait auvo,
let de la feneftre , & garny d'un
verre objectifde Lunete, foit que
vous l'approchiez ou quevous le
reculiez de quelques lign.de plus;
étantimpoffible de déterminer la
diftance préciſe où ces images
font dans leur plus grande diftintion. Vous obferverez la meſme
chofe , en regardant avec une Lunete un objet éloigné & bien
éclairé , que vous verrez toû¬
jours comme également bien,
quoy que vous allongiez ou racourciffiez de quelques lignes la
Lunete. Ainfrle Foyer, ou cette
image , n'eſt pas une chofe Mathematique , mais Phifique, &c.
On ne peut donc par l'expé-
du Mercure Galant. 147
rience déterminer précisément
la diſtance du verre objectif à
fon Foyer objectif , ou image de
tout autre objet que le Soleil.
D'où je conclus , qu de la
longueur de la Lunete tirée juf
ques à tant que les objets paroiffent bien diftinctemet , on ne
peut conclurre la diftance de
l'objet, bien qu'on foit perfuadé
par raiſon & par expérience, que
la Lunete doit eftre tirée de plus
grande longueur , à mesure que
les objets font moins éloignez ;
vray, comme nous avons déja
dit ailleurs , que l'objet eftant
éloigné du verre objectifde deux
fois la longueur de fon foyerfolaire , l'image aërienne de l'objet , égale à l'objet , fe formera
au derriere du verre , à la di
Nij
148 Extraordinaire
ftance de deux fois la longueur
de fon foyer folaire ; ainfi l'ima
ge & l'objet feront également
éloignez du verre.
·
Nea moins chacun pourra fatisfaire fa curiofité , par des di-'
ftances médiocres qu'on aura
mefurées actuellement ; & pour
cela je répéte icy les Problémes
que j'avois énoncé & donné de.
puis la 122 page du XXI.Volume:
du Mercure Extraordinaire.
PROBLEME I.
Eftant donnée la distance de l'objet au verre objectif, trouver la di
Stance du verre à l'image aërienne
diftincte de l'objet.
ANALOGIE,
Comme ladiftance de l'objet auverre,
moins la longueur defon Foyer folaire,
du Mercure Galant. 149
Eft à la longueur du mefme Foyer
Solaire:
Ainfi la diftance de l'objet au verre,
Eft à la distance du verre àl'image.
PROBLEME II.
Eftantdonnée la diſtance du verrc
objectifà l'image aërienne de l'objet,
& la longueur du Foyer folaire du
verre , trouver la diftance du verre
à l'objet.
ANALOGIE.
Comme la distance du verre àl'image
aërienne de l'objet, moins la longueur
du Foyerfolaire du verre,
1
Eft à la longueurdu mefme Foyer
folaire du verre objectif:
Ainfi la distance du verre à l'image
aërienne,
Eft à la distance du verre à l'objet.
On ne pourra jamais énoncer
& réfoudre ces Problémes en
N iij
150 Extraordinaire
termes plus formels & plus intelligibles que ceux que j'avois
employé dans les 122. & 123. pages du XXI. Tome du Mercure
Galant Extraordinaire du Quartier deJanvier 1683. Neanmoins
le fçavant M Fattio de Duiller,
de Genéve , dit dans leJournal
du 20. Novembre 1684. Qu'il a
cherché le moyen de trouver la diftance du verre aux filets , c'eſt à
dire à l'image de l'objet , la diftance
de l'objetau verre eftantfuppofée ou
donnée. Ilajoûte , Et qu'en pofant
Le Foyer de l'objectif = £ , &l'excés de la diftance de l'objet au verre
par deffus la longueur du foyer de
l'objectif= a, &la distance de l'objet à la croifée desfilets = b ; &
Qu'enfin par une grande attention
dans le calcul d'Algebre il a efté conduit à cette Equation
di Mercure Galant. 151
aaab― z af-ff
Cecyme fait fouvenir des Vers
fuivans , tirez de l'Epître chagrine de Madame des Houlieres.
Si tout voftre difcours n'eft obfcur,
emphatique,
Onfe dira tout- bas, C'eft- là ce bel
Efprit!
Commeles autres il s'explique,
Etl'on entend tout ce qu'il dit.
Il eft vray que l'Algebre , ou
l'Art de bien trouver , eft un langage relevé , & inconnu à bien
des Sçavans ; mais puis que toutes les Effections Geométriques
éſtant trouvées par la Spécienfe la
plus rafinée , il en faut venir au
Compas, à la Regle, &aux nombres , pour les réduire en pratique , pour épargner à bien des
Gens cettegrande attention du CalN iiij
152 Extraordinaire
culd'Algebre , qui leur cauſe bien
fouvent la Migraine , je veux répéter icy en langage connu &
utile , les autres Problémes dont
j'ay déja donné la folution en
1683 dans le XXI.Tome de l'Ex
traordinaire du Mercure Galant.
PROBLEME III.
Eftant donnée la grandeur, bauteur ou diametre de l'objet , ſon éloignement au verre objectif, & la longueur defon Foyerfolaire ; trouver
la grandeur ou diamétre de l'image
aerienne de l'objet , produite dans la
chambre noire, ou dans le creux du
tuyau de la Lunetefur lesfilets.
Trouvez premierement par le
premier Probléme , la diftance
du verre objectif à l'image diftin&te aërienne de l'objet , vous
aurez enfuite fa grandeur par la
fuivante
du Mercure Galant.
153
Analogie.
Commela diftance del'objet au verre,
Eft à lagrandeur de l'objet:
Ainfila diftance du verre à l'image,
Eft à lagrandeur de l'image.
PROBLEME IV.
Eftant donnée la grandeur de l'image diftincteaërienne de l'objet, &
fa diftance au verre objectif, &la
longueur de fon Foyerfolaire ; trouver la grandeur de l'objet.
Trouvez premiérément par le
fecond Probléme , la diftance de
l'objet au verre , vous aurez enfuite fa grandeur par la fuivante
Analogie.
Commeladiftance du verre à l'image,
Eft àlagrandeur de l'image :
Ainfi la distance du verre àl'objet,
Eft à la grandeur de l'objet.
154 Extraordinaire
PROBLEME V.
* Eftant donnée la distance de l'objet
àfon image aérienne , & la diftance
de l'objet au verre ( par conféquent
la diftance du verre à l'image eft
auffi connue ) trouver la longueur
du Foyerfolaire du verre.
Analogie.
Comme la distance de l'objet àfon
image,
Eft à la diftance de l'objet au verre:
Ainfi la diftance duverre à l'image,
Eft à la longueur du Foyerfolaire.
du verre.
PROBLEME VI.
Eftant donnée la diſtance de l'objet
à la table d'attente, linge , ou papier
blanc, poury recevoir l'image aërienne de l'objets déterminer le verre du
plus grandfoyer , qui y puiffe produire cette image diftincte.
du Mercure Galant.
ISS
Je dis r Que la qutriéme partie de la diftance de l'objet à la
table d'attente , eft la lougueur
du Foyer folaire du verre requis.
2°.Queleverre doit eftre placé
en égale distance de l'objet & de
la table d'attente , ce qui ſe vérifie par le premier Probléme.
3 Que la grandeur de l'image fera égale à la grandeur de
l'objet.
PROBLEME VIÍ.
Eftant donné ( comme dans la
Figure Va de l'Effection Geométrique ) la diftance de l'objet à
fon image diftinéte aërienne , &la
longueur du Foyer folaire du verre
qui l'a produite s trouver le point où
le verre eftoitplacé , &où il doit eftre
remis , pour reproduire cette image de
l'objet.
156 " Extraordinaire
De la diftance de l'image aërienne à fon objet ▲ , ôtez
F, qui eft deux fois la longueur du foyer folaire du verre
qui l'a produite , il vous reftera
FA, qu'il faut divifer au pointy
en deux fegmens Ay , &yF, en
forte que la longueur du foyer
folaire foit moyenne , proportionnelle entre ces deuxfegmens,
carajoûtant ce petit fegment y
à la longueurdu foyer folaire du
verre , vous aurez fa diſtance reF
quifè à l'image , & par confé
quentfon point de pofition en z.
Pour déterminer le pointy, qui
' fait les deux fegmens , diviſez
également 4 F au point C , duquel pris pour centre , faites le
demy cercle fur 4 F, prife pour
diamétre , fur lequel élevez la
du Mercure Galant. 157
perpendiculaire Fƒégale à la longueur du foyer folaire. Tirez ƒB
parallele au diamètre 4 F, furlequel du point s deſcendez la per
pendiculaire By, qui fera égale
à Ff, longueur du foyer folaire
du verre. Par la converſe de la
xiij Propofition du 6. Livre d'Eu
clide, By fera auffi moyenne pro
portionnelle entre les fegmens
Ay, & yoF. C'est pourquoy le
petit fegmenty F, Fflongueur.
du foyer folaire , fera la diftance
requife du verre depuis en z.
J'ay ajoûté des nombres à la
Figure V. afin d'en rendre la pratique plus intelligible. Ainfi A
diftance de l'objet à la table d'attente , linge ou papier blanc, fur
lequel l'image aerienne de l'ob.
jer dans la Chambre noire , ou
158 Extraordinaire
80-0
à l'endroit d'une Lunete , au.
quel elle paroiffoit fort diftincte,
eftant 80 , & la longueur du
foyer folaire du verre qui l'a
voit produite, eftant 15, deux fois
1530 pour la ligne F dans
la Figure & A 80 AP F
30 AF50. Donc la moitié FC
25 Tirez CB, elle fera auffi 25.
Or le triangle crв eft rectangle , donc par la 47. Propofition
du 1. Livre d'Euclide , le Quarré
de l'hypothenufe CB - leQuarré
du cofté Br eſt égal au Quarré
de l'autre cofté Cr. Mais l'hypothenufe C B eft 25, donc ion
Quarré eft eſt 225 , & 625— 225
400 Quarré du cofté cr.Mais
la Racine de 400 eſt 20 , donc
le cofté cr eft 20. Mais C F25
—— CYCr20 rF 5 , donc le petit
du Mercure Galant. 159
fegmentrFeft 5. C'est pourquoy
515 longueur du foyer folaire
du verre 20 pour de z diſtance
de la table d'attente de l'image
aërienne de l'objet au verre objectif z. Et parce que 4 la
diftance de l'objet A à fon imageeft 80 , il s'enfuit que A
80 -
Z20
du verre à l'objet.
cle
ZA60 diſtance
PROBLEME VIII.
L'objet& la table d'attente, papier
ou linge blanc , pour en recevoir l'image aerienne diftincte , eftant donnez depofitionfixe, eftant auſſi donné
un verre de quelconque longueur de
Foyerfolaire ( mais moindre quela
quatrième partie de la diſtance
de l'objet à la table d'attente ) determiner le point où il doit eftreplacé
entre le point de l'objet &la table
160 Extraordinaire
d'attente , pouryformer l'image aërienne diftincte de l'objet.
J'ay dit que la fongueur du
Foyerfolaire duverre , doit eftre
moindre que la quatrième partie
de la diſtance donnée de l'objet
à la table d'attente.
Car fi la longueur dufoyer folaire du verre eſtoit égale à la
quatrième partie de la diſtance
donnée,il faudroit placer le verre
préciſément au milieu de la diftance donnée entre l'objet & la
table d'atete; ce que vous reconnoiſtrez être vray, par le premier
Probléme , & par l'expérience.
Et fi la longueur du foyer folaire du verre eft plus grande
que cette quatrième partie de la
diſtance donnée ; fi on met le
verre moins éloigné de l'objet,
du Mercure Galant. 161
་
que la longueur de fon foyer fo
laire , les rayons émanez d'un
mefine point de l'objet , enfortiront divergens, c'eſt à dire, s'écartant les uns des autres , au lieu
de fe reunir , c'est pourquoy ils
ne peuvent former l'image de
l'objet.
Et fi on met le verre précifément éloigné de la longueur de
fon foyer folaire , les rayons en
fortiront paralleles c'eſt pour.
quoy ils ne peuvent former aucune image de l'objet.
Et fi on met le verre plus éloi
gné de l'objet , que de la lon.
gueur de fon foyer folaire , le
cone des rayons divergens émanez de chaque point de l'objec
ayant couvert la furface du verre, en fortiront convergens , &
Q. d'Octobre 1634,
162 Extraordinaired
ceux de la radiation d'un mefme
point, fe réuniffant à la pointe
deleur cone renverfé , peindront
l'image du point de l'objet ; ainfi
les rayons de la radiation conique émanée de chaque point de
l'objet , formant fon image aërienne , toute l'image de l'objet
fe trouvera diftinctement peinte, & avec les vives couleurs ,
mais plus loin que la table d'attente, & cette image eft renverfée ; ce que nous avons expliqué au long , & par Figures,
dans le XIX. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quar
tier de Juillet 1682.1.1
Enfin , fi la longueur dufoyer
folaire de ce verre objectif est
précisément la quatrième partie
de la diftance de l'objet , à la
du Mercure Galant. 163
table d'attente , papier , oufilets
mis dans la Lunete , fur lefquels
doit aboutir l'image renverfée,
aerienne & diftincte de l'objet,
il faut mettre le verre au milieu
de la diſtance , également éloigné de l'objet & du verre ; car
en quelque autre part que vous
le placiez , plus prés , ou plus
loin de l'objet , l'image fe formera plus loin que les filets, papier blanc, ou table d'attente,
dont la poſition eſt donnée.
RESOLUTION
du Probléme I X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la Table d'attente , & la longueur
du Foyerfolaire , déterminer le lieu
de fa pofition , auquel eftant placé,
il produira l'image aérienne diftin
&renversée de l'objet donné de poO ij
164 Extraordinaire
fition , far le papier ou table d'at
tente auffi donnée de pofition. Dela
distance donnée de l'objet à la table
d'attente , ôtez le double de la longueur du Foyer folaire du verre
donné, & du Quarré de la moitié
du reftant , ôtez le Quarré de la
longueur du Foyer folaire du verre,
& du reftant tirez la Racine quarrée. La diférence de cette racine,
softé , ou ligne , à la moitié de la
diférence de toute la diftance à deux
fois la longueur duFoyerfolaire du
verre, eftant ajoutée à la longueur
du Foyerfolaire du verre , eft la diftance requife des Filets , papier, on
table d'attente , au point où doit eftre
placé le verre, pour produire l'image
diftincte , aérienne & renversée de
L'objet , dont la pofition , auſſi- bien
que celle dela table d'attente avoient
du Mercure Galant. 165
cfté données. Doncfi de cette distance
donnée, vous ôtez la diftance dela table d'attente au verre , il vous restera
la diſtance du verre à l'objet.
Puis que toute cette opération
n'eft que l'application de l'Effe-
&tion Geométrique, confidéronsla dans la Figure VI. & afin de
vous y exercer , en voicy des
Exemples , que j'ay trouvez conformes à mes calculs , par les
expériences que j'en fis en l'année 1652. eftant pour le fervice
du Roy au Fort de l'Eclufe fur
le Rhône, quatre lieues au- def
fous de Genève , & que vous vérifierez par le I. & par le II. Probléme, apres que vous aurez trouvé la diſtance du verre à l'image.
I. EXEMPLE.
La diftancepropofée de l'objet aux
166 Extraordinaire
filets , papier blanc , ou Table d'at
tente A dans la Figure foit so
pieds , &la longueur du Foyer lolaire foit 12 pieds.
OPERATION.
2 X 12
& so
24 pour F.
2426 pour FA.
Et la moitiéde 26
Le Quarré de CB.
13 pour CB.
= 169
14 Et Quarré 169 144 quarré
de By 12 Quarré 2525,, dont la
Racines, eft la valeur de la li
gne Cy.
Et C F 13
Et 8
Cysy8
Z
la longueur du Foyer
folaire du verre 12-20pour
diftance de la Table d'attente
au point z où doit eftre pofé le
verre objectif. Mais A50- z
20 =Z A 30 pour la diſtance de
l'objet A au verre Z.
duMercure Galant. 167
2. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet A
à la table d'attente , papierou filets
eftant 36 pieds , & la longueur du
Foyerfolaire du verre eftat de spieds,
la diftance A Z de l'objet A au
verre Zfera de 30 pieds ; & par
conféquent la distance du verre Z
àla la table d'attente fera de 20
pieds.
"
3. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet à
la table d'attente , eftant 80pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera do pieds ; & par conféquent la diftance du verre à la table
d'attentefera 20 pieds.
4. EXEMPLE.
La distance propofée de l'objet
la table d'attente eftant 256pieds, &
$68 Extraordinaire
la longueur du Foyerfolaire du verre
is pieds ; la diftance de l'objet au
verre fera 240pieds ; &par confé.
quent 16pieds feront la distance du
verreàla table d'attente, papier blanc
ou filets de pofition , fur lesquels fe
Seformera l'image aérienne de l'objet.
5. EXEMPLE.
La diftance propofée de l'objet à
la table d'attente estant 90 pieds , &
la longueur du Foyerfolaire du verre
20 pieds ; la diftance de l'objet an
verrefera de 60 pieds ; &par con
féquent , la diftance du verre à la
table d'attente fera 30 pieds.
6. EXEMPLE.
La diftanceproposée étant 196pieds,
& la longueur du Foyer du verre
24.pieds à la diſtance de l'objet an
verrefera168pieds ; &celle duverre
àla Tablefera de 30 pieds.
PROBLEME X.
du Mercure Galant. 169
PROBLEME X.
Eftant donné la distance de l'objet
à la table d'attente , papierblanc, où
filets, furlesquels l'image aërienne de
l'objet doit eftreformée distinctémět,
& le point ou distance de la pofition
duverre eftant auffi donnée ; détermi
nerla longueurde fon Foyerfolaire.
Puis que le point de la poſition du verre eft donné , on connoiſt d'abordfa diſtance à l'objet
& à la table d'attente.
donc la fuivante
Analogie.
Faites
Comme ladistance de l'objet à latable
d'attente,
Est à la distance du vere à la table .
d'attente:
Ainfi la distance de l'objet au verre,
Està lalongueur requife du Foyer
folaire du verre.
Q. d'Octobre 1684.
P
170 Extraordinaire
COROLLAIRE GENERAL.
L'objet & le verre eſtant placez fixement , en forte que la li
gne droite du milieu de l'objet
au centre de l'interfection des
filets , & à plomb fur l'objet &
fur le plan des filets , paffe par
le centre des deux furfaces du
verre , & perpendiculairement
fur icelles , il refte à faire voir
mefmeen plein jour cette image
aerienne de l'objet , parun verre
oculaire bien large ; tellement
que cette image vous fervant
d'objet immédiat , comme nous
avons dit ailleurs , un petit objet
vous paroiftra fort grand, & dans
fa fituation naturelle , fi vous
avez renversé l'objet , qui peut
eftre une petite Image en mignature ou une Médaille , &c.
Le petit objet doit eftre mis
en un lieu bien éclairé & placé
parmy quelques pierres, Livres,
ou autres chofes femblables , en
forte qu'on ne le puiffe décou
vrir, que lors qu'on appliquera
l'œil à la Pinnule , ou petit trou
d'environ trois lignes de diamétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , ajustée au bout d'un petit
tuyau d'environ un pied de longueur, & qui porte le verre oculaire. Voyez le tout dans la Figure XI.
Il ne faut pas que le diamétre de ce trou ou pinnule excéde la plus grande ouverture
que la prunelle pour acquerir
dans l'ombre , l'oeil eftant couvert de la boëte de recouvre
•
Pij
172 Extraordinaire
ment , garnie en dehors d'un
veloux noir , contre lequel on
appuye doucement le fourcil de
l'œil. Ce veloux noir fert encore
pour abforber les rayons , qui
tombant fur la cornée , fe reflé.
chiffent contre la Lunete , puis
que tous les yeux , excepté ceux
d'un Moribond, qui fe terniffent,
refléchiffent dans l'œil du regardant , fon image , de mefme
qu'un Miroir ; & c'est comme
dans la prunelle que paroift
peinte en mignature cette petite
image ou Poupée, de laquelle la
prunelle a tiré fon nom dans les
trois principales Langues ; car
les Hébreux l'appellent Bath, petite Fille ; les Grecs l'appellent
Corin , Fillete ; & les Latins difent Pupula, ou Pupilla, Poupée.
duMercure Galant. 173
Ce verre oculaire de deux ou
trois pouces au plus de longueur
de foyer folaire , ne doit eſtre
éloigné des filets , ou image aërienne de l'objet , que de deux
ou trois pouces , c'eft à dire de
la longueur de fon foyer folaire;
mais il en doit eftre un peu moins
éloigné pour les Miopes , qui font
ceux qui ont la veue baffe ou
courte car par ce moyen les
rayons fortent fenfiblement divergens ; & tels tombant fur
l'humeur cristallin , dont la furface antérieure eſt trop ronde,
leur concours ne fe faifant pas
fitoft que files rayons tomboient
paralleles , leur réunion eft portée plus loin jufques fur la Retine , qui eft l'organe formel de
la vifion. C'eft pourquoy j'ay
Piij
174 Extraordinaire
toujours fait monter à viz cette
bočte de recouvrement du tuyau
qui porte l'oculaire , afin de l'approcher plus ou moins du verre
oculaire. Voyez en la Figure X.
Quant à la pinnule , ou trou
d'environ tro's lignes de diзmétre , fait dans l'enfoncement du
fonds de la boëte de recouvrement , il doit eftre un peu moins
éloigné du verre oculaire , que
de la longueur de fon foyer folaire. C'eft pourquoy j'ay toû
jours fait monter à viz ce fonds
à pinnule , afin qu'on le puftapprocher ou éloigner , ce qui fert
à éviter les couleurs , & ce que
nous dirons encore plus parti
culiérement. Voyez en la Figure IX.
Vous fçavez qu'avec le verre
duMercure Galant. 175
concave contre lequel on doit
appliquer l'œil , on voit l'objet
mefme, puis qu'il eft mis de la
longueur de fon Foyer virtuelfolaire , avant le foyer objectif,
c'eſt à dire , avant que l'image
aërienne de l'objet foit formée , &c .
Il fufit donc d'enfermer le verre
objectif bien perpendiculairement dans le milieu d'un tuyau
d'environ un pied de longueur,
d'autant qu'il n'eſt pas néceffaire d'avoir un long tuyau de
Lunete , qui contienne le verre
objectif & le verre oculaire ; dequoy j'avois inftruit les Curieux
dans les pages 127. & 128. du
XXI. Tome Extraordinaire du Mercure Galant, Quartier de Janvier
1682.
P iiij
176 Extraordinaire
AVIS.
J'aurois donné icy le moyen
de fe paffer des tuyaux pour les
grandes Lunetes , dequoy j'ay
depuis 20. ans parlé au Titre,
Maniere de braquerpromptement une
Lunete à deux verres convexesfans
aucun Tube , pour contempler les
Aftres , qui eft à la fin de mon
Traité des grandes Lunetes , imprimé à Lyon en l'année 1665.
avec mon Livre de la Nouvelle
Science de la Nature , & Préfage
des Cometes , fi l'illuftre , tresfçavant , expérimenté & vray
Philofophe Phyfico- Mathematicien, Monfieur Hugens de l'Académie Royale des Sciences, ne
m'euft prévenu par fon docte
Livre in 4° imprimé cette année
1684. à la Haye chez Arnoux
du Mercure Galant. 177
Leers , &intitulé Astroſcopia Compendiaria, Tubi Optici molimine liberata.
PROBLEME XI.
Le Verre dontla longueur du Foyer
= folaire est connüc , estant donné de
pofition , placer l'objet & la table
d'attente , pour y recevoir l'image
de l'objet aërienne &diftincte, mais
renversée.
Mettez l'objet du moins un
peu plus éloigné du verre que la
longueur de fon foyer folaire,
vous troverez enſuite par le 1. Probléme la diftance requife du verre
àla table d'attente. Nous avons
remarqué dans la 129. page du
XXI. Tome Extraordinaire Mercure Galant , Quartier de Janvier
1683. contre l' Autheur de la Dioptrique oculaire, & des deux Volu.
178 Extraordinaire
mes de fes vifions parfaitement
adioptriques & ageométres , que
l'objet eftant placé à 20 pieds
& 4 pouces audelà de fon verre
objectif plan- convexe de la longueur de 20 pieds de diamètre,
ou longueur de foyer folaire, l'image aërienne de cet objet fe
formera à la diftance de 1220
pieds audeçà du verre , au lieu
des Soixante dix ou 80 pieds , à
quoy cet Autheur l'avoit déterminé. Son erreur n'eft que de
1140 pieds.
Ou bien , mettez la table d'attente du moinsquelque peu plus
éloignée du verre , que n'eft la
longueur de fon foyer folaire ;
car les rayons de la radiation
émanée de chaque point d'un
objet terreftre , tombant fur le
du Mercure Galant. 179
verre plus diverges que les rayons
émanez de chaque point du So.
leil , leur concours eft retardé,
& par conféquent l'image aërienne de l'objet terreſtre eſt
formée plus loin du verre , que
l'image du Soleil , que nous ap.
pellons foyer folaire. La table
d'attente eltant pofée, vous trouverez enfuite par le 2 Probléme
la diftance requife du verre à
Fobjet.
EXEMPLE.
Le verre ayant 20 pieds de longueur de Foyerfolaire , fi vous pla
cez la table d'attente , à 20 pieds &
quatre pouces audeçà du verre, l'objetfera placé à 1220 pieds audelà du
verre.
PROBLEME XII.
Par la longucurdela Lunete com-
180 Extraordinaire
pofée de deux verres convexes , &
dont la longueur du Foyer folaire de
l'objectif est connüe , connoistre la
distance de l'objet , qu'on voit diftinctement par la Lunete .
Vous fçavez par raiſon & par
expérience , que pour bien &
diftinctement voir les objets par
la Lunete , il en faut tirer davantage les tuyaux, & l'allonger
à proportion que les objets font
moins éloignez, & cela toûjours
de plus en plus jufques à tant
quela diftance de l'objet au verre
objectif, foit précisément égale
à la longueur de fon foyer folaire ; car pour lors les rayons
enfortiront paralleles, & ne pouvant par conféquent concourir,
ne formeront plus d'image. Dans
ce Probléme l'on connoift par
du Mercure Galant. 181
la longueur de la Lunete , la diſtance du verre objectif aux filets ou image aërienne de l'objer. On connoift auffi la longueur du foyer folaire du verre
objectif. C'est donc le fecond
Probléme. Employez donc la
fuivante
Analogie.
-Commel'excés dela distance du verre
objectifauxfilets, ou image aërienne
de l'objet, pardeffus la longueur du
Foyer folaire du mesme verre,
Està la mefme longueur du Foyer:
Ainfila diftance de l'image au verre,
Est à la diftance du verre à l'objet,
Souvenez- vous de ce quej'ay
dit au commencement.
cette image aërienne de l'objet
a quelque forte ou eſpèce d'épaiffeur , ou profondeur, & qu'il
Que
182 Extraordinaire
eft impoffible de juger avec certitude , dans quelle diſtance elle
eft plus diftincte , car le verre objectifnepeut faire cocourir en un
mêmepoint mathematique de la
baſe de diftinction, tousles rayons
qu'il a reçûs de la radiation émanée d'un mefme point de l'objet, d'autant que ceux qui tombant plus éloignez de l'axe du
verre ,
feréüniffent plûtoſt ; outre que tout l'œil fe conforme en
s'allongeant ou fe racourciffant,
& l'humeur criftallin fe convexe
plus ou moins , fuivant qu'il en
eftbefoin, pour porter fur la Retine la baze de diftinction, foyer
objectif, on image diftincte de
l'objet. C'est pourquoy lors qu'il
s'agit de conclure & déterminer par la diférente longueur de
du Mercure Galant. 183
La Lunete, la diférence qu'il y a
entre deux objets inégalement
éloignez , mais tous deux treséloignez de nous , les calculs tirez de la longueur de la Lunete
fe trouvent inutiles , parce que
les rayons émanez d'un mefme
point d'un objet tres- éloigné
tombentfurle verre objectifavec
une diférence phyfiquement in,
fible, &la diférence de la diftance
du mefmeverre objectifà l'image
d'un autre objet encore nota
blement plus éloigné , fera auffi
phyfiquement infenfible , puis
que la diférence de la divergence
des rayons des deux objets eft
phyfiquement infenfible, d'autāt
que les deux rayons de la radiation émanée du point central du
Soleil , qui embraffent la terre,
184 Extraordinaire
quand ils toucheroient mefme
les deux points extrémes de fon
diamétre , ne comprennent au
plus qu'un angle d'une minute,
dont la moitié eft ce que nous
appellons l'angle de la Parallaxe
Horizontale du Soleil.
Et comme à mesure que l'ob.
jets'approche du foyer antérieur
du verre , l'image aërienne de
l'objet formée par la refraction,
s'en éloigne , de meſme auffi au
miroir fphériquement concave,
Fig. XII, dont la portion M.i.M
ne doit eftre découverte que de
18 degrez , les rayons R.M. RM
de la radiation émanée d'un mê
me point de l'objet , n'eftant
éloignez fur le miroir que de9
degrez du rayon AI qui eft l'axe
de la portion découverte M.i.M
du Mercure Galant. 185
font prefque mathematiquement
paralleles , à caufe que la baze
qui foûtient l'angle , formé au
Soleil , n'eft que la corde des 18
degrez du miroir ; & d'autant
que l'angle de réflexion C M0,
eft égal à l'angle d'incidence
RMC, le point o auquel ils fe
reüniffent fur l'axe A I , eft plus
prés du point I fonds du miroir,
que de fon centre C, de prefque
une partie des 160 de tout le
diamétre C. Ce que j'ay déja
remarqué dans une Differtation
fur les Miroirs ardens. Voyez les
pages 288. & 291. du Mercure Galant du mois de Juin 1681. Ainſi
le foyer folaire ou image du So
leil , fe forme prefque éloignée
du fonds du miroir de la qua
triéme partie de fon axe AI ;
Q. d'Octobre 1684. Q
186 Extraordinaire
C'eſt pourquoy à mesure que
les autres objets s'approchent
davantage du foyer folaire du
miroir , leurs images s'en éloignent , & viennent à la rencontre de l'objet. Ainfi un objet
mis au bout d'un baſton, paroiſt
fortir tout au dehors du miroir,
pour venir rencontrer fon objet,
fi vray qu'il vous femble que
vous maniez voftre main. Cette
image formée par réflexion a
cet avantage , qu'elle fe voit
mefme au plus grand jour ; &
l'image formée par la réfraction
des verres , laquelle ne peut jamais fe rencontrer avec fon ob
jet , ne peut paroiftre que dans
la chambre noire , ou dans l'ob
fcurité du tuyau de la Lunete..
Neanmoins bien des Gens,
du Mercure Galant. 187
commeauffi le R.P.Antonius Maria de Rheita , ce fçavant & religieux Capucin', qui apres Daniel
Chorez publia en l'année 1647.
dans un gros Volume in folio,
intitulé Oculus Enoch & Elia, tout
ce qui conce¡ne la conſtruction
des grands Binocles , qu'il travailloit luy mefme dans la derniere perfection , & que toute
PEurope a admiré, comme nous
l'avons prouvédepuisla 120. page
du XXVI. Tome Extraordinaire
Mercure Galant , Quartier d'A
vril 1684-
Le R. P. Balthazar Conrard,Jéfuîte , écrivit de Glacio 7. Ianvar.
1660. les termes fuivans au R. P.
Gafpard Schot , auffi Jéfuîte , qui
en l'année 1664. les a donnez au
Public dans la 857- page de Tech
nica Curiofa,,
188 Extraordinaire
De diftantiis objectorum per Tubum metiendis, pridem cogitavi egos
nifi fallor, etiam Pater Scheinerus. Sine dubio Rheita Capucinus id
voluit tentare per Tubum duplicatum. Voco eum per quem uterque
oculus hominis fimul&femel trans
picere poteft. Verùm ipfa videt Reverentia Veftra , in diftantiis maguis , ne magna quidem intervalla
fentiri. Unde quid judicandum fit
detali invento inferet. Nihil tamen
adhuc determino , qui nondum cò
Speculationum perveni.
Si le Pere Conrard euſtajoûté
àl'expérience , le calcul & la démonſtration , comme j'ay fait, il
auroit prononcé , que tout ce
qu'on ne peut conclure de la diférente longueur d'une mefme
Lunete, pour voir bien diftincte-
"
du Mercure Galant. 189
ment deux objets diféremment
éloignez,que la diſtance de celuy
des deux objets fera plus grande,
pour lequel on tire moins la Lu.
nete; & la diſtance de l'objet fera
moindre , pour lequel auffi voir
bien diftin&tement , il faut allonger davantage la Lunete.
>
Cela eft fi vray , qu'à cauſe
que la longueur des plus gran
des Lunetes eft toûjours comme infiniment petite à proportion de la diftance du Soleil
& la diſtance du verre au foyer
folaire , ou image diftincte du
Soleil Périgée , n'eſt pas fenfiblement plus longue que celle du
Soleil Apogée. Ainfi bien que la
diſtance du Soleil en Eté dans
fon Apogée , foit tres- notablement plus grande, que lors qu'en
190 Extraordinaire
Hyver il est dans fon Perigées
neanmoins la diférence de la
diſtance du verre à fon Foyer ou
image eft diftincte imperceptible
par la longueur de la Lunete.
LUNETE A DEUX VERRES.
Et de la grandeur de la Baze qu'on
découvre.
L
A Lunete à deux Verres
convexes, quoy qu'elle faffe
voir les objets renverfez , eft
fans doute la plus commode pour
l'obfervation des Aftres. Elle dé
couvre une grande baze du cone
vifuel , le diamètre de laquelle
eft compris fous un angle qu'on
détermine en divifant les degrez
que contient l'arc de la convexité découverte du verre ocu.
laire , par l'Expofant de la raiſon
de la longueur du foyer folaire
du Mercure Galant. 191
du verre oculaire à la longueur
du foyer folaire du verre objectif, car le quotient eft le nombre des degrez de l'angle , qui
comprend le diamètre de toute
la baze qu'on découvre.
Ainfi le verre objectif eftant
par exemple au verre oculaire ,
comme 84 à 3, l'expofant de la
raiſon eft 28 ; & la partie décou
verte du verre oculaire eftant par
exemple fegment de 35 degrez,
divilez 35. par 28 , le quotient
fera 1 degré & 15 minutes ; fous
lequel angle eft compris le diamétre du terrain , efpace des ob
jets vûs par cette Lunete.
Lunete à trois Verres.
2
La Lunete à trois verres convexes redreſſe les objets , mais
elle devient notablement plus
192 Extraordinaire
longue , & les objets paroiffent
moins clairs. Le R. P. de Rheïta
dans la page 351. d'Oculus Enoch
&Elia, dit , objecta autem duobus
convexis everfa , tribus pulcherrimè
&liffimo obtutu eriguntur. Scilicet duobus ocularibus & uno ebjectivo , ritatamen proportione inter
fe & àfe invicem difpofitis. Tali
tubo pro terreftribus nos utimur , qui
&uno obtutu centies quafiplus fpatii
repræfentat, quàmconcavo- convexu.
Le P. Rheita a fait un miftere de la proportion des deux
oculaires , & de leur diftance.
1º Lepremier oculaire apres l'objectif doit eftre d'un plus grand
foyer que le dernier oculaire.
Quant à leur diſtance , puis que
l'image aërienne fert d'objet immédiat , mettez le premier ocu
laire
du Mercure Galant. 193
·
laire au deçà , éloigné de cette
image de deux fois la longueur de
fon foyer, il fe formera uneimage
redreffée & égale au derriere de
l'oculaire , éloignée auffi de deux
longueurs de fon foyer , par nô.
tre Probleme VII. Cette image
doit fervir d'objet , que vous regarderez avec le ſecond oculaire.
Lunete à quatre Verves.
La Lunete à quatre verres
convexes , un objectif & trois
oculaires , eft la plus parfaite,
puis qu'elle fait découvrir une
grande baze du cone vifuel , &
voir les objets dans leur fituation
naturelle , & en augmente fuffifammentl'apparence naturelle.
Nous avons dit que les trois
oculaires peuvent eſtre d'une
mefme puiffance ou longueur de
Q. d'Octobre 1684. R
194 Extraordinaire
toyer folaire , ou bien le premier
oculaire apres le verre objectif
eftant à l'objectif comme i à 36
ou à 40 , ces deux verres eftant
poſez à la diſtance de leurs deux
foyers , & ayant placé les filets
de mire à leur foyer commun,
forment la premiere Lunete, qui
fait paroiftre les objets à la renverſe. Le fecond oculaire doit
avoir une plus grande longueur
de foyer , & letroifiéme oculaire
doit estre de mefme que le premier oculaire , & mefme d'un
peu moindre longueur de foyer.
Ainfi le verre objectif eſtant au
premier oculaire comme 36 à 1,
ilfera au troifiéme oculaire comme 40 à 1.
Lunete à cinq Verres.
La Lunete àcinq verres ne dé
du Mercure Galant. 195
couvre pas un plus grand champ,
ou plus grande quantité d'ob
jets , elle augmente feulement
l'apparence des objets , en la rendant un peu plus obfcure , à quoy
on remédiera en partie ; fi la fuperficie des verres oculaires également convexes font bien grandes. Voicy leur arrangement &
leur proportion.
Le troifiéme oculaire eft d'un
plus long foyer , & on ne l'éloi
gne pas du fecond oculaire de
la longueur de leurs deux foyers
folaires. Ainfi les rayons en fortiront divergens , & tomberont
divergens fur le quatrièmeverre
oculaire , au derriere duquel les
axes des cones renverfez de la
radiation de chaque point de
l'objet , fe croiſent davantage
Rij
196 Extraordinaire
avant que d'entrer dans l'œil ;
c'est pourquoy apres avoir traverfé l'humeur criftallin , ils peignentfur laRetine une plus grande image de l'objet.
Il y a d'autres manieres de conftruire cette Lunete à cinq verres convexes , qui eft une Lunete
composée de deux Lunetes, chacune defquelles fait voir les objers renverfez. La premiere Lunete eft compofée à l'ordinaire
du grand objectif & de fonoculaire. La feconde eft composée
de trois verres ; le premier eft
femblable à celuy qui luy fert
d'oculaire , & l'un & l'autre
doivent eſtre d'une longueur de
foyer , double du foyer de l'oculaire de la premiere Lunete,
& le foyer du verre qu'on met
du Mercure Galant. 197
juſtement au milieu des deux autres, fera de la moitié plus long.
Joignez ces deux Lunetes , les
approchant peu à peu juſques à
tant que vous découvriez la
plus grande baze du Cone vi
fuel , ou quantité d'objets avec
grande clarté & diftinction. Apres quoy marquez à l'inftant
des repaires fur les tuyaux. Tirez enfuite un peu le tuyau qui
porte le verre objectif, afin d'éloigner davantage les deux premiers. verres ; ce qui fera que
l'image de l'objet ſe trouvant
plus éloignée du premier oculaire , que de la longueur de fon
antérieur foyerfolaire, les rayons
qui auparavant en fortoient paralleles , en fortiront convergens. Il faut auffi éloigner un
Rij
198 Extraordinaire
peu davantage les deux derniers.
verres.
Le R. P. Zucchi , Jéfuîte , qui
s'eft toûjours expliqué affez ob.
fcurement , apres avoir dit au
num. 3 de la 370 page de la feconde partie de fon Philofophia
Optica, imprimée à Lyon en l'année 1656. Collocatio autem convexorum intermediorum ad excipiendos omnes radios , & tranfmitiendos
apta erit , fifequensftatuatur ad Focum præcedentis. Vltimum enim
convexum ad impreffionem diftinEtam obtinendam , longius ultra Focum constituendum. Apres quoy
dans le Numero 1 v. il ajoúte,.
Quod quatuorconvexapræftant, habetur exactiu per quinque , fi difponantur ut fecundum collocetur tantifper ultra Focum primi , tertium
BLIOTHEE
du Mercure Galake
citra Focumfecundi, per quartame
eiterpartem diftantia Foci ab ipfofecundo. Quartumfimiliter adtertium.
Quinque convexafolă æquivalebunt
quatuor convexis , in excipienda
multitudine radiorum ; fed quia tertium , ante determinationem Bafis
-diftinétionis ex vifecundi accedetad
illud , dum hujufmodi Bafim accelerabit, &ad minus fpatium reftringet, deducet radios ad fingula in
Objecto condiftinguenda pertinentes,
totrus imaginis comprehenfivos;quare
neceſſario diſponentur , ut ad con.
vexa fequentia , ipfumque oculam,
cum majori inclinatione fub majori
angulo incidant , ad majorem nota.
biliter imaginem imprimendam in
Retina. Hancdifpofitionem quinque
convexorum invenit D. Euftachius
Divinius , quam meritò aliis præ--
R. iiij .
200 Extraordinaire
tulit , quia notabiliter auget Appa
rentiam Totius , & diftinctionem
partium in toto ; licet nonnihil minuat claritatem , dum pauciores radios colligunt vitrafic difpofita,quàm
fi difponunturjuxta dicta Numero3.
Des Lunetes compofees de dixneufVerres convexes.-
J
'Ay tiré ce que j'en diray de
la 184. page d'un Livre intitulé Nervus Opticus , imprimé à
Vienne en Auftriche en l'année
1675. Le R. P. Zacharias Traber
en eft l'Autheur , le croira qui
voudra , quand il dit,
Artifex Romanus
mine, Tubum fecerat cum octo convexis , ad unum milliare Germanicum res minutiffimas clarè cxhiben.
Fontana no-
du Mercure Galant. (2011
1
zor
tem, qui ab Eminentiſſime Cardinali
Nepote , Coronatis comparatus octingentis , magno Florentie Duci prafentatus fuerat.
Alium idem Dax noftro cuidam
Patri vifendum præbuit ; qui à quodam Eustachio Neapolitano cum No-- VEMDECIM lentibus convexis in
longitudinefiftularum 19 cubitorum
confectus , & quia aliquâ vitrafubtiliffimâ interpofita , Specierum decolorationem impediebant.
L
Il a fans doute compté les ou
vertures des diafragmes pour au
tant de verres.
SECRET
De Jérôme Syrturus , Milanois,
concernant les Lunetes.
N
Unc celebre omni evo futurum adinventum tibi referatum co, ut ftudii &laboris mei ma-
• 202 Extraordinaire
numentum aliquod perpetuò apud te
& alios ftudiofos extet.
Teleſcopium id autem est ex duabus lentibus & cavo specillo ; fecunda lens ponitur in medioTubi.
DES DIAFRAGMES.
Les images ou efpéces des objets ne paroiffent jamais bien fur
la table d'attente , que lors que
la chambre eft rendüe tres-noire,
& que la lumiere ne trouve d'entrée que par le verre qu'on met
au trou de la feneftre , & qui eſt
inferé en dedans de la chambre
dans l'extrémité d'un tuyau d'un
pied de longueur , dont l'autre
extrémité fort en dehors. Il en
eft de mefine de l'image qui fe
forme dans les tuyaux ; c'el
pourquoy pour exclurre & dé.
fendre l'entrée aux rayons des
du Mercure Galant.
203
objets latéraux , la boëte qui
porte le verre objectif , a du
moins un pouce & demy de longueur au-delà du verre. Voyez
en la Figure XIII. Cette boëte
a fon fonds du cofté de l'objet,
qui fe monte auffi à- viz , & ce
fonds a bien moins d'ouverture
que le verre. On peut couvrir
ce diafragme de plufieurs cartons noirs de diférente ouverture , bien qu'on la puiffe dérerminer par l'angle fous lequel on
voit l'objet , que nous avons cydevant demontré.
Les autres diafragmes font intérieurs. Le principal eft mis au
foyer antérieur dupremier verreoculaire, ou foyer poftérieur du
verre objectif, où le forme l'image aërienne diftincte de l'ob
204 Extraordinaire
jet , fur laquelle les filets de mire
doivent toûjours le trouver précifément. Če diafragme détermine la quantité des objets qu'on
veut découvrir , & voir leur apparence trés- augmentée , en re.
gardant par les verres oculaires
leurs images , qui fervent d'ob
jer immédiat , tout de mefme
que fices mefmes images eftant
reçeües dans la chambre noire
fur un papier , vous appliquiez
pardeffus ce carton qui porteau
milieu fon ouverture , car en re:
gardant par derriere le papier,
vous ne verriez que les images
comprifes dans l'ouverture de ce
diafragme. Cette ouverture doit
eftre retreffie juſques à ce que
fon trop d'ouverture ne foit pas
la caufe des couleurs de l'Iris,
duMercure Galant. 205
qui peignent les bords des ob
jets comprisdans la baze du cone
vifuel.
Je dis donc que l'ouverture
circulaire de ce diafragme , &
celle de tous les autres, y compris l'ouverture du verre objectif, font parties d'un cone tron.
qué , dont la pointe eſt du coſté,
du verre oculaire , fi l'ouverture
de ce principal diafragme eft
moindre que celle du verre ob.
jectif, qui en fera la baſe, comme
en la Figure XV. Et au contraire,
fi l'ouverture du verre objectif
cft moindre que celle de ce diafragme, ce diafragmefera la baze
du cone tronqué , dont la pointe
fera hors de la Lunete , comme
en la Figure XV.
206 Extraordinaire
Déterminer l'ouverture des
Diafragmes.
Tirez voftre Lunete comme
en la Fig. XVI. pour voir diſtin .
ctement les objets terreftres les
plus éloignez , pour lors la diftance A B de l'image Bau verre
objectif A, fera plus grande que
la longueur de fon foyer folaire;
outre qu'il faut allonger un peu
davantage la Lunete , & y mettre un verre oculaire de plus
long foyer , pour voir les objets
bien clairs & diftincts , lors que
le temps eft humide , ou que
Euros fouf , comme auffi dans
les Païs où l'air eft plus groffier,
l'apparence de l'objet fera plus
diftincte , mais un peu diminuée.
Déterminez l'ouverture du verre
objectif , comme par exemple
du Mercure Galant. 207
de deux pouces de diamètre , ſi
le verre a dix pieds de longueur
de foyer folaire , qui eft la plus
grande ouverture qu'il puiffe
foufrir avec diftinction pour voir
bien diftinctement les objets les
plus fombres , car il la faut retreffir pour voir bien diſtinctement les objets fortement éclairez , de mefme qu'il faut retreffir
l'ouverture de l'objectif des plus
grandes Lunetes Aftro-fpiques,
pour voir le difque ou rondeur
bien terminée des Etoiles fort lu
mineuſes, Syrius , Arcturus, &Aldebaran, & des Planetes fortement éclairées par le Soleil,
comme Mercure , Vénus, &Mars,
lors qu'ils font Périgées. C'eſt
cela fans doute qui a obligé
Mi Hevelius de dire dans fa Se-
208. Extraordinaire
lenographie en la page 17. H
afus & experientia me docuit, quòd
foramen vitri objectivi , magnorum
Teleſcopiorum indiametro fefquipollicem non excedere debeat. Qua
quantitas etfi alicui valde exigua
aideri poteft , tamen praxis quemibet edocebit hanc proportionem foraminis majori tubo omnium optimè
refpondere.
Enfin le diametre de l'ouverture du verre objectif eftant déterminée, comme auffi fa diftance
au diafragme des filets , faites en
la Figure XVI. fur un plan, tirez
les deux lignes e C e C, comme
auffi les lignes traverfantes eo.
MM. ii. leurs parties compriſes
entre les lignes e C. eC feront les
diamètres des ouvertures des diafragmes des tuyaux. Vous mar-
du Mercure Galant. 209
querez leurs repaires , afin que
tous les diafragmes puiffent toujours eftre mis en mefmediftance
les uns des autres , pour toûjours compofer le cone tronqué.
On peut facilement déterminer par le calcul le diamètre des
diafragmes , car vous connoif
fez la diftance A B du verre objectif A au point B, interfection
des filets mis fur l'ouverture du
diafragme , dans laquelle fedoit
toûjours terminer l'image de
l'objet. Vous connoiffez bc demy-diamétre de l'ouverture dư
diafragme principal , ou baze de
l'image aërienne de l'objet. Vous
connoiffez auffi a E demy.diamétre de l'ouverture du verre
objectif.
Il faut par ces connus trou ~
2. d'Octobre 1684. Sp
240 Extraordinaire
ver premiérement par le calcul.
le point R pointe du coqe tronqué, c'eft à dire la longueur de
fon axe b R. Faites cette
Analogie.
bc-a E. ba :: bc. b R
Voustrouverez enfuite les demy..
diamètres x 0. y M. z I. de l'ou
verture des diafragmes par les
fuivantes
Analogies.
b.bc:: Rx . x 0.
Rb.bc:: Ry.y M.
Rb.bc:: Rz.ZI.
Moyen facile de faire coffer les
Couleurs qui paroiffent
entourer les Objets.
Our guérir un mal , il en
Pofaut connoiftre la caufe
ainfi pour remédier à ce defaut
du Mercure Galant. 211
3
des Lunetes ·
, de faire voir les
objets qui font au bord de la
baze du cone vifuel , teints des
couleurs del'Arc- en- Ciel , il faut
fçavoir qui les caufe , & d'où
elles procédent , n'eftant que le
meflange & confufion qui le fait
fur un melme point de la Re
tine , de plufieurs rayons éma--
nez de diférens points de l'ob
jet. Ce meflange peut venir
1° De la trop grande ouverture du verre objectif..
2° De la trop grande ouverture du diafragme qui porte les
filets de mire , fur lefquels fe :
forme l'image aerienne de l'objet -
3 Du trop de convexité du
verre oculaire .
4° De la trop grande ouver
ture du verre oculaire.
Sip
212 ExtraordinaireAyant remédié à ces quatre
defauts, fi l'oculaire eft trop prés
de l'image , les rayons trop ferrez & confus , feront paroiftre
les extrémitez de leurs objets
jbordez de couleurs rouges &
aunes ; . c'est pourquoy il faut
P'en éloigner davantage , comme
auffi le trou ou pinnule contre
laquelle on applique l'œil ce
que je fais commodément , en
tournant la pinnule par le moyen
de la viz , quia plufieurs filets ou
pas. Que fi vous l'en éloignez
trop , les bords des objets paroîtront bluâtres , Jes rayons eftant
reçûs trop dilatez & confus. De
cette jufte diftance de la pinnule
au dernier verre oculaire , dépend la plus grande baze du
cone vifuel , ou de la quantité
du Mercure Galant. 21329
d'objets , car on en voit beaucoup moins d'étendue de Païs,
fi cette pinnule eft trop éloignée
de fon oculaire , lequel doit être
également convexe des deux cô.
tez , & bien tranchant fur les
bords , & avoir du moins 20 lignes de diamétre en fa furface
pour un objectif de dix pieds de
foyer , & environ 10 lignes pour
les petites Lunetes . Je fais monter à viz toutes les piéces de la
boëte du porte.oculaire , afin
que les Miepes puiffent approcher davantage l'œil du dernierverre oculaire , & cet oculaire
des filets ou image aërienne &.
diftincte de l'objet. Voyez le
tout dans la Figure
214 Extraordinaire
Dans le dernier Mercure Extraordi
naire , Torse XXVII.
Page 149. ligne 15. lifez copiofioris..
Page 166. ligne 5. lifez 1460.
Page 173 ligne 4 lifez alfez précifément. Ligne 9. ajoûtez ou
le produit du diamétre par la
circonférence. Et en la ligne
16. apres le mot Axe ajoutez car
le cone, la fphere &le cilindre
font comme 1.2.3..
Page 187. ligne 8. lifez Henry II .
Page 200. ligne 12. lifez deux fois
1635794 , quifōt 3271588 toiles.
Page 203 ligne 18. apres ST.
lifez & doublezle produit.
Page 208. ligne 17. lifez deffus.
COMIERS.
On donnera la fuite de ce Traité
des Lunetes , dans lesfuivans Mer--
Cures Extraordinaires.
Fermer
Résumé : HUITIÈME PARTIE DU TRAITÉ DES LUNETTES, DEDIÉ A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, Par Mr COMIERS d'Ambrun, Prevost de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris.
Le texte traite de la construction et de l'optimisation des lunettes portatives, en insistant sur la rectitude et la précision des éléments optiques. Les tuyaux des lunettes doivent être cylindriques pour assurer une vision distincte des objets éloignés. Les petits tuyaux doivent être équipés de viroles pour maintenir un diamètre égal et un axe parallèle au plan d'appui. Les extrémités des tuyaux sont renforcées par des viroles de bois pour préserver leur rondeur et leur rectitude. L'alignement des axes de tous les tuyaux et des verres est crucial, sauf pour les lunettes catop-dioptriques et la lunette polémoscope utilisée en temps de guerre. Les Anglais et les Français diffèrent dans la disposition des verres : les Anglais placent le verre objectif dans le tuyau le plus étroit, tandis que les Français le placent dans le plus large. Le texte détaille deux méthodes pour ajuster les verres dans les tuyaux et explique les avantages de chaque méthode. Il aborde également la détermination de la distance des objets observés à travers une lunette et propose des problèmes mathématiques pour calculer la distance entre l'objet, le verre objectif et l'image aérienne. Le texte critique l'usage de l'algèbre pour résoudre ces problèmes, préférant des méthodes plus accessibles. Le texte présente plusieurs problèmes et leurs solutions pour déterminer des distances et des tailles d'images en fonction de la grandeur de l'objet, de son éloignement, et de la longueur focale de la lentille. Il inclut des exemples numériques et des analogies pour illustrer les solutions des problèmes. Le texte décrit également la structure et le fonctionnement d'une lunette astronomique. L'œil observe à travers un petit trou, appelé pinnule, situé dans une boîte de recouvrement ajustée à un tuyau portant le verre oculaire. La boîte est garnie de velours noir pour absorber les rayons réfléchis. Le verre oculaire doit être positionné à une distance équivalente de l'image aérienne de l'objet. Pour les myopes, ce verre doit être légèrement moins éloigné des filets. La pinnule doit être ajustable pour éviter les couleurs. La lunette à deux verres convexes est décrite comme la plus commode pour l'observation des astres, permettant de découvrir une grande base du cône visuel. La lunette à trois verres convexes redresse les objets mais est plus longue et moins claire. La lunette à quatre verres convexes est considérée comme la plus parfaite, offrant une grande base du cône visuel et une vision naturelle des objets. La lunette à cinq verres convexes améliore l'apparence des objets, bien que cela puisse rendre l'image plus obscure. Le texte mentionne également des lunettes composées de dix-neuf verres convexes, attribuées à des inventeurs comme Zacharias Traber et Eustachio Divinius. Ces configurations permettent une observation détaillée des objets à grande distance. Enfin, le texte aborde l'utilisation des diaphragmes pour améliorer la qualité des images observées à travers les lunettes. Les diaphragmes déterminent la quantité d'objets visibles et augmentent l'apparence des images en excluant les rayons latéraux indésirables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 113-124
Au Camp de Fribourg le 15. Octobre. Relation du Maréchal de Villars.
Début :
Monsieur le Maréchal ayant resolu en même tems d'attaquer une [...]
Mots clefs :
Maréchal de Villars, Grenadiers, Lunette, Attaque, Colonel, Canon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Au Camp de Fribourg le 15. Octobre. Relation du Maréchal de Villars.
Âu Camp de Fribçurg le 15.
Oflobre.
ReUtion duMaréchal de
; Villars,
Monsieur le Maréchal
ayant resolu en même tems
d'attaquer une lunette &
tout le chemin couvert
du Poligone, où nous allons,
on commanda quarante
Compagnies de Grenadiers
distribuez en divers
end roits, les un p our attaquer
& d'autres pour foti-"
tenir; le hazard fit queles
ennemis, qui avoient preparé
une sortie de douze
cent hommes, commandez
par le General MajorVveitersheim,
un Brigadier &
deux Colonels, commençoient
à sortir du chemin
couvert. Le quart de ces
gens étoient déja sur le
glacis, lorsque nos grenadiers
debouchoient pour
attaquer la lunette & le
chemin couvert; ces gens
qui faisoient une sortie
considerable fc voyan
chargez, furent bien tôt
renversez ; l'on en tua un
très grand nombre, le General
Major fut pris avec
un Colonel, ces douze cent
hommes étant troupes
choisies. La plupart se placerent
dans le chemin couvert
à la droite & à la gauche
de l'attaque, & firent
un très-grand feu.
La lunerte étoit défendue
par deux cens hommes
choisis, & ordre du Gouverneur
de se défendre jusqu'au
dernier homme,avec
promessed'être bien soutenus,
outre cela ilyavoit
cent trente hommes dans
la communication du chemin
couvert à la lunette:
mais ils furent emportez
d'abord par nos grenadiers,
qui se logèrent dans la
communication ; l'on ne
devoit pas s'attendre que
deux cent hommes coupez,
& à qui l'on promettoit
quartier le refusassent;
tous nos: Grenadiers qui
voulurent entrer furent
renversez à coup de hallebarde&
de faulx. Le Marquis
de Vivans Lieutenant
General commandant la
tranchée y mena les bataillons
& les drapeaux de
Poitou,_& deRoyalRoussillon,
les Colonels àla tête,
ils marchèrent à la lunette,
les ennemisfirent grande,
resistance, cequi obligea
Messieurs de Coigny, le
Comte de Broglio,Nangis,
Contades, le Marquis de
Broglio, Çhar".illo"n.,voIon..
taires auprès du Maréchal
de Villars,de marcher à
cette lunette. On fie, avancer
cent cinquante dragons
qui passerent sur le glacis
pour ne pas troubler l'attaque
trés-vive des batail-
Ions, & faisant un dernier
effort la lunette fut emportée
,
& presque tous ceux
qui la défendoient tuez,
ensuite on continua les logemens
sur tous les angles
saillansduPoligoneattaqué,
, le grand feu des ennemis,
les bombes qu'ils nous jettoient
nont pas empêché
que nos logemens ne fc
soient trouvez en fort bon état
à la pointe du jour. Le
Maréchal de Villars voyant
que les troupes étoient fatiguées
, &ne voulant pas
que les ennemis, qui avoient
déja fait plusieurs
sorties, pussent détruire les
têtes de nos logemens,envoya
ordre à la brigade de
Limosin la plus voisine, de
venir à la queuë de la tranchée
; on fit aussi marcher
cinq cens hommes de la
brigade de Picardie,& les
trois bataillons deLorraine,
avec ordre à la brigade de la
Sarre de se tenir prête, tant
pourêtre superieur en troupes,
ne rien craindre /^quc
pour avoir des travailleurs
tout prêts pour remplacer
ceux qui étoienthors dç combat. 3 -
v
Le Maréchal se louë
beaucoup de toutes ses
troupes. Monsieur de Vivans
Lieutenant General de\
tranchée
a fait tout ce qu'on
pouvoir attendre d'un brave
Officier. Monsieur de
Silly Maréchal de Campa
très utillement servi à l'attaque
du centre où commandoit
le Sieur Monerot
Colonel Commandant
d'Alsace. M. d'Ormesson
BBiriigadier commandoit la
Z~D-yadicr coiiii-nandoir gauche,
gauche, Messieurs les Comte
de Roucy & Valory étoient
auprès du Maréchal
de Villars, & avoient trésbien
dirigé les attaques ôc
services d'Ingenieurs, donc
la plûpart ont été tuez ou
blessez. Nous avons perdu
plusieurs Capitaines deGrenadiers
,
desquels on ne
peut trop louer la valeur;
les Grenadiers des Gardes
ont fait des merveilles,tous
leurs Officiers ont ététuez
ou blessez. Monsieur de
Contade Major General,
qui portoit. ôc faisoit Foxe..:
cuter tous les ordres, a été
enversé d'un coup de casion,
& le visagepercé de
plusieurs coups de pierres,
le Comte de Croissy volontaire,
le Duc de Fronsac
& le Marquis de Nangis
ont reçû des coups de
pierre à latranchée. M. le
Maréchal a reçu un coup
de pierre à la hanche;cette
action est des plus glorieuse
pour les troupes du
Roy, & d'un succés bien
avantageux, puifquelle a
empotefUence à une garnison
qui a montré tant de
valeur.
Nous sommes logez sur
les angles saillans du chemin
couvert, le General
Vvéistheim a dit que le
Gouverneur de la place
avoit assuré la garnison que
le Prince Eugéne devoir
les secourir;il est vrai que
le 12. ce Prince s'avanca sur
Hosgraben, qui n'est qu'à
cinq lieuës, & d'où il peut
reconnoître nos postes:mais
il s'en retourna le lendedemain;
il y eut il y a deux
jours une action trés-vive à
l'attaque du Château,les ennemis
firent une sortie considerable
>
&, renverserent
la tête de nôtre tranchée.
Le Chevalier de Pezeux à
la tête
;
desbataillons,de
Lavalreprit nos postes. l'épée
à la main, & tua un
grandnombre desennemis
, Monsieur deLaval
Colonel fut blessé deux
Capitaines de Grenadiers ]
&unde Dragonstuez.On
; n'a Doiht encorede lifte des <
tuez & b!ef!cz..j,
Les Ducs de Guiche ôc
Mortemart étoient volontaires
danscette action,
présdu Maréchal dcVillarsj
Oflobre.
ReUtion duMaréchal de
; Villars,
Monsieur le Maréchal
ayant resolu en même tems
d'attaquer une lunette &
tout le chemin couvert
du Poligone, où nous allons,
on commanda quarante
Compagnies de Grenadiers
distribuez en divers
end roits, les un p our attaquer
& d'autres pour foti-"
tenir; le hazard fit queles
ennemis, qui avoient preparé
une sortie de douze
cent hommes, commandez
par le General MajorVveitersheim,
un Brigadier &
deux Colonels, commençoient
à sortir du chemin
couvert. Le quart de ces
gens étoient déja sur le
glacis, lorsque nos grenadiers
debouchoient pour
attaquer la lunette & le
chemin couvert; ces gens
qui faisoient une sortie
considerable fc voyan
chargez, furent bien tôt
renversez ; l'on en tua un
très grand nombre, le General
Major fut pris avec
un Colonel, ces douze cent
hommes étant troupes
choisies. La plupart se placerent
dans le chemin couvert
à la droite & à la gauche
de l'attaque, & firent
un très-grand feu.
La lunerte étoit défendue
par deux cens hommes
choisis, & ordre du Gouverneur
de se défendre jusqu'au
dernier homme,avec
promessed'être bien soutenus,
outre cela ilyavoit
cent trente hommes dans
la communication du chemin
couvert à la lunette:
mais ils furent emportez
d'abord par nos grenadiers,
qui se logèrent dans la
communication ; l'on ne
devoit pas s'attendre que
deux cent hommes coupez,
& à qui l'on promettoit
quartier le refusassent;
tous nos: Grenadiers qui
voulurent entrer furent
renversez à coup de hallebarde&
de faulx. Le Marquis
de Vivans Lieutenant
General commandant la
tranchée y mena les bataillons
& les drapeaux de
Poitou,_& deRoyalRoussillon,
les Colonels àla tête,
ils marchèrent à la lunette,
les ennemisfirent grande,
resistance, cequi obligea
Messieurs de Coigny, le
Comte de Broglio,Nangis,
Contades, le Marquis de
Broglio, Çhar".illo"n.,voIon..
taires auprès du Maréchal
de Villars,de marcher à
cette lunette. On fie, avancer
cent cinquante dragons
qui passerent sur le glacis
pour ne pas troubler l'attaque
trés-vive des batail-
Ions, & faisant un dernier
effort la lunette fut emportée
,
& presque tous ceux
qui la défendoient tuez,
ensuite on continua les logemens
sur tous les angles
saillansduPoligoneattaqué,
, le grand feu des ennemis,
les bombes qu'ils nous jettoient
nont pas empêché
que nos logemens ne fc
soient trouvez en fort bon état
à la pointe du jour. Le
Maréchal de Villars voyant
que les troupes étoient fatiguées
, &ne voulant pas
que les ennemis, qui avoient
déja fait plusieurs
sorties, pussent détruire les
têtes de nos logemens,envoya
ordre à la brigade de
Limosin la plus voisine, de
venir à la queuë de la tranchée
; on fit aussi marcher
cinq cens hommes de la
brigade de Picardie,& les
trois bataillons deLorraine,
avec ordre à la brigade de la
Sarre de se tenir prête, tant
pourêtre superieur en troupes,
ne rien craindre /^quc
pour avoir des travailleurs
tout prêts pour remplacer
ceux qui étoienthors dç combat. 3 -
v
Le Maréchal se louë
beaucoup de toutes ses
troupes. Monsieur de Vivans
Lieutenant General de\
tranchée
a fait tout ce qu'on
pouvoir attendre d'un brave
Officier. Monsieur de
Silly Maréchal de Campa
très utillement servi à l'attaque
du centre où commandoit
le Sieur Monerot
Colonel Commandant
d'Alsace. M. d'Ormesson
BBiriigadier commandoit la
Z~D-yadicr coiiii-nandoir gauche,
gauche, Messieurs les Comte
de Roucy & Valory étoient
auprès du Maréchal
de Villars, & avoient trésbien
dirigé les attaques ôc
services d'Ingenieurs, donc
la plûpart ont été tuez ou
blessez. Nous avons perdu
plusieurs Capitaines deGrenadiers
,
desquels on ne
peut trop louer la valeur;
les Grenadiers des Gardes
ont fait des merveilles,tous
leurs Officiers ont ététuez
ou blessez. Monsieur de
Contade Major General,
qui portoit. ôc faisoit Foxe..:
cuter tous les ordres, a été
enversé d'un coup de casion,
& le visagepercé de
plusieurs coups de pierres,
le Comte de Croissy volontaire,
le Duc de Fronsac
& le Marquis de Nangis
ont reçû des coups de
pierre à latranchée. M. le
Maréchal a reçu un coup
de pierre à la hanche;cette
action est des plus glorieuse
pour les troupes du
Roy, & d'un succés bien
avantageux, puifquelle a
empotefUence à une garnison
qui a montré tant de
valeur.
Nous sommes logez sur
les angles saillans du chemin
couvert, le General
Vvéistheim a dit que le
Gouverneur de la place
avoit assuré la garnison que
le Prince Eugéne devoir
les secourir;il est vrai que
le 12. ce Prince s'avanca sur
Hosgraben, qui n'est qu'à
cinq lieuës, & d'où il peut
reconnoître nos postes:mais
il s'en retourna le lendedemain;
il y eut il y a deux
jours une action trés-vive à
l'attaque du Château,les ennemis
firent une sortie considerable
>
&, renverserent
la tête de nôtre tranchée.
Le Chevalier de Pezeux à
la tête
;
desbataillons,de
Lavalreprit nos postes. l'épée
à la main, & tua un
grandnombre desennemis
, Monsieur deLaval
Colonel fut blessé deux
Capitaines de Grenadiers ]
&unde Dragonstuez.On
; n'a Doiht encorede lifte des <
tuez & b!ef!cz..j,
Les Ducs de Guiche ôc
Mortemart étoient volontaires
danscette action,
présdu Maréchal dcVillarsj
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Résumé : Au Camp de Fribourg le 15. Octobre. Relation du Maréchal de Villars.
Le 15 octobre, au camp de Fribourg, le maréchal de Villars a ordonné une attaque sur une lunette et le chemin couvert du polygone, impliquant quarante compagnies de grenadiers. Simultanément, les ennemis, dirigés par le général major Weitersheim, ont lancé une sortie de douze cents hommes. Les grenadiers français ont repoussé cette attaque, tuant de nombreux ennemis et capturant le général major et un colonel. La lunette était défendue par deux cents hommes, soutenus par cent trente autres. Malgré une résistance acharnée, les grenadiers français ont pris la lunette après un combat intense. Le marquis de Vivans a mené les bataillons de Poitou et de Royal-Roussillon à l'assaut, tandis que plusieurs officiers, dont les messieurs de Coigny, le comte de Broglie, Nangis, Contades, et le marquis de Broglie, ont dû intervenir face à la forte résistance ennemie. Cent cinquante dragons ont renforcé l'attaque, permettant finalement la prise de la lunette. Les travaux de fortification ont été achevés malgré le feu ennemi. Le maréchal de Villars a salué le courage de ses troupes, notamment le marquis de Vivans et le marquis de Silly. Plusieurs officiers et grenadiers des Gardes ont été tués ou blessés, et le maréchal de Villars a lui-même été blessé à la hanche. Cette action a été jugée glorieuse et avantageuse pour les troupes du roi. Les Français sont maintenant positionnés sur les angles saillants du chemin couvert. Le général Weitersheim a rapporté que le gouverneur de la place avait assuré la garnison du secours du prince Eugène, qui s'était approché mais s'était retiré. Une récente action au château a vu une sortie ennemie repoussée par le chevalier de Pezeux et le colonel de Laval, ce dernier étant blessé. Les ducs de Guiche et de Mortemart étaient également présents en tant que volontaires.
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3
p. 267-269
Au Camp devant Fribourg, ce 18. Octobre
Début :
Il n'y a encore que le chemin couvert de [...]
Mots clefs :
Fribourg, Chemin couvert , Batterie, Lunette, Mineur
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texteReconnaissance textuelle : Au Camp devant Fribourg, ce 18. Octobre
An Camp devant Fribourg
,
ce 18. Ocloble
Il n'y aencore que lechemin
couvert de la Place demporté
:mais on bat en bréche
les deux bateries& la demilune
de l'attaque; il n'y a encore
rien d'emporté au Château,
la lunette n'ayant pû
estre emportée, d'autant
qu'elle est taillée dans le
Roc vif sans massonnerie &
ne peut estre emportée que
par escalade. On y a fait attach
er le mineur pour voir
s'il y a lieu de la miner afin
de la faire sauter.
Le Baron Haardick, Gouverneur
de la Ville, se defendtoûjours
avec un extrême
vigueur;il veut au raport
des deserteurs foûcenir l'asfaut.
Il est constant que le
Prince Eugene s'estavancé
du costé de Hollegrabcn;
mail il n'avoit que quatre
mille chevaux. Il est bien
vray qu'il estoit soûtenu par
un gros corps d'Infanterie
& de Cavalerie qu'il avoit
laide derriereSilinguen &
Rotwit & Homberg
, ne
voulant pas s'éloigner des
lignes d'Etlinguen & de Philisbourg
qu'il regarde à prefent
comme les seuls Boulevars
de l'Empire.
Au Camp denjant
,
ce 18. Ocloble
Il n'y aencore que lechemin
couvert de la Place demporté
:mais on bat en bréche
les deux bateries& la demilune
de l'attaque; il n'y a encore
rien d'emporté au Château,
la lunette n'ayant pû
estre emportée, d'autant
qu'elle est taillée dans le
Roc vif sans massonnerie &
ne peut estre emportée que
par escalade. On y a fait attach
er le mineur pour voir
s'il y a lieu de la miner afin
de la faire sauter.
Le Baron Haardick, Gouverneur
de la Ville, se defendtoûjours
avec un extrême
vigueur;il veut au raport
des deserteurs foûcenir l'asfaut.
Il est constant que le
Prince Eugene s'estavancé
du costé de Hollegrabcn;
mail il n'avoit que quatre
mille chevaux. Il est bien
vray qu'il estoit soûtenu par
un gros corps d'Infanterie
& de Cavalerie qu'il avoit
laide derriereSilinguen &
Rotwit & Homberg
, ne
voulant pas s'éloigner des
lignes d'Etlinguen & de Philisbourg
qu'il regarde à prefent
comme les seuls Boulevars
de l'Empire.
Au Camp denjant
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Résumé : Au Camp devant Fribourg, ce 18. Octobre
Le 18 octobre, les troupes assaillantes ont avancé vers Fribourg mais n'ont pas encore conquis la place forte. Elles ont attaqué les batteries et la demi-lune sans succès. Le château reste inébranlé, car la lunette, taillée dans le roc, ne peut être prise que par escalade. Des mineurs évaluent la possibilité de miner la lunette. Le Baron Haardick, gouverneur de la ville, continue de se défendre vigoureusement et prévoit de lancer un assaut. Le Prince Eugène s'est avancé vers Hollegraben avec quatre mille chevaux, soutenu par un important corps d'infanterie et de cavalerie positionné derrière Silingen, Rotwit et Homberg. Il évite de s'éloigner des lignes d'Etlinguen et de Philisbourg, qu'il considère comme les seuls boulevards de l'Empire.
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