Résultats : 18 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 2469-2471
TURQUIE ET PERSE.
Début :
Selon quelques avis de Constantinople, le bruit y courroit vers la fin d'Août que Schaph-Thamas, [...]
Mots clefs :
Thamas Kouli-Kan, Perse, Constantinople, Topal Osman Pacha, Ministres, Persans, Roi de Perse, Schach Tamas
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE.
Surat
Elon quelques avis de Constantinople , le
bruit y courroit vers la fin d'Août que Schaph-
Thamas , Roy de Perse détrôné , s'étoit rendu à
Ispahan depuis la défaite de Thamas-Koulikan,
son Usurpateur, qu'il étoit remonté sur le Thrône
, et qu'il avoit écrit à Topal Osman , pour
l'assurer qu'il désiroit d'observer le dernier Traité
de Paix que ses Ministres avoient conclu avec
ceux de la Porte.
On a appris depuis de Constantinople que le
Grand Seigneur a fait part à tous les Ministres
Etrangers qui résident près S. H. de la Victoire
remportée par l'Armée Otthomane , sur celle de
Thamas
2470 MERCURE DE FRANCE
Thamas Kouli - Kan,et 300 des principaux d'entre
les Persans, qui ont été faits prisonniers dans
le combat , et que Topal Osman a fait conduire
dans cette Capitale , ont été exposez pendant
plusieurs jours dans la Grande Place , vis-à- vis
le Sérail.
Le 3 Septembre , il arriva un Courrier , par
lequel ce General mande à Sa Hautesse qu'on
n'étoit pas encore instruit du lieu où Thamas-
Kouli -Kan s'étoit retire depuis sa défaite , et
qu'Achmet , Pacha de Bagdad , avoit reçu avis
de divers endroits , que Schahp- Thamas étoit retourné
à Ispahan, et que la plus grande partie de
la principale Noblesse Persanne s'y étoit renduë
pour reconnoître son légitime Souverain.
Achmet- Pacha a écrit depuis au G. S. pour
l'informer qu'on assuroit que le Roy de Perse
faisoit tous ses efforts pour détruire l'opinion où
l'on est à Constantinople , que toutes les démar
ches de Thamas - Kouli -Kan ont été concertées
avec lui ; qu'il avoit pour cet effet éloigné
du Ministere tous les Parens et Amis de Thamas◄
Kouli-Kan qu'il avoit rappellé ceux que ce Ministre
avoit dépossédez , et qu'il devoit envoyer
des Ambassadeurs à S. H. pour la prier de ne
point faire porter ni à lui , ni à son Royaume
la peine de la perfidie d'un Sujet Rebelle , dont
al désaprouvoit la conduite , et de lui accorder
une suspension d'Armes , pendant laquelle les
Ministres de la Porte et les siens pûssent convenir
des moyens d'établir une Paix durable entre
les Turcs et les Persans. On ne croît pas que le
G. S. écoute aucune proposition d'accommodement,
à moins que Schaph Thamas ne consente de
lui livrer Thamas - Kouli - Kan .
L'Escadre que le G. S. avoit envoyée pour
escorter
NOVEM 5 K E. 1733. 2471
escorter celle d'Alger est de retour aux Darda
nelles , mais Dgianum Codgia n'est pas encore
arrivé .
Le bruit court qu'on doit faire des levées considérables
d'hommes dans tous les Païs de la ,
domination de S. H. et l'on ne dit point les rai
sons qui l'engagent à faire cette augmentation
dans ses Troupes.
Par les Lettres du 20 Septembre , on apprend
que Topal Osman s'étoit emparé de la Ville de
Tauris , après un Siége de quelques jours, et qu'il
en faisoit rafer les fortifications. On confirme que
l'Armée Persanne a été entierement dissipée , que
Thamas - Kouli -Kan s'est sauvé dans les Déserts
, et que le Roy de Perse devoit envoyer des
Ambassadeurs à la Porte, pour prier S. H.d'ou
blier des Actes d'Hostilité , ausquels il n'a e
aucune part , et pour signer une nouvelle Ratification
du dernier Traité conclu entre les Turcs
et les Persans.
Surat
Elon quelques avis de Constantinople , le
bruit y courroit vers la fin d'Août que Schaph-
Thamas , Roy de Perse détrôné , s'étoit rendu à
Ispahan depuis la défaite de Thamas-Koulikan,
son Usurpateur, qu'il étoit remonté sur le Thrône
, et qu'il avoit écrit à Topal Osman , pour
l'assurer qu'il désiroit d'observer le dernier Traité
de Paix que ses Ministres avoient conclu avec
ceux de la Porte.
On a appris depuis de Constantinople que le
Grand Seigneur a fait part à tous les Ministres
Etrangers qui résident près S. H. de la Victoire
remportée par l'Armée Otthomane , sur celle de
Thamas
2470 MERCURE DE FRANCE
Thamas Kouli - Kan,et 300 des principaux d'entre
les Persans, qui ont été faits prisonniers dans
le combat , et que Topal Osman a fait conduire
dans cette Capitale , ont été exposez pendant
plusieurs jours dans la Grande Place , vis-à- vis
le Sérail.
Le 3 Septembre , il arriva un Courrier , par
lequel ce General mande à Sa Hautesse qu'on
n'étoit pas encore instruit du lieu où Thamas-
Kouli -Kan s'étoit retire depuis sa défaite , et
qu'Achmet , Pacha de Bagdad , avoit reçu avis
de divers endroits , que Schahp- Thamas étoit retourné
à Ispahan, et que la plus grande partie de
la principale Noblesse Persanne s'y étoit renduë
pour reconnoître son légitime Souverain.
Achmet- Pacha a écrit depuis au G. S. pour
l'informer qu'on assuroit que le Roy de Perse
faisoit tous ses efforts pour détruire l'opinion où
l'on est à Constantinople , que toutes les démar
ches de Thamas - Kouli -Kan ont été concertées
avec lui ; qu'il avoit pour cet effet éloigné
du Ministere tous les Parens et Amis de Thamas◄
Kouli-Kan qu'il avoit rappellé ceux que ce Ministre
avoit dépossédez , et qu'il devoit envoyer
des Ambassadeurs à S. H. pour la prier de ne
point faire porter ni à lui , ni à son Royaume
la peine de la perfidie d'un Sujet Rebelle , dont
al désaprouvoit la conduite , et de lui accorder
une suspension d'Armes , pendant laquelle les
Ministres de la Porte et les siens pûssent convenir
des moyens d'établir une Paix durable entre
les Turcs et les Persans. On ne croît pas que le
G. S. écoute aucune proposition d'accommodement,
à moins que Schaph Thamas ne consente de
lui livrer Thamas - Kouli - Kan .
L'Escadre que le G. S. avoit envoyée pour
escorter
NOVEM 5 K E. 1733. 2471
escorter celle d'Alger est de retour aux Darda
nelles , mais Dgianum Codgia n'est pas encore
arrivé .
Le bruit court qu'on doit faire des levées considérables
d'hommes dans tous les Païs de la ,
domination de S. H. et l'on ne dit point les rai
sons qui l'engagent à faire cette augmentation
dans ses Troupes.
Par les Lettres du 20 Septembre , on apprend
que Topal Osman s'étoit emparé de la Ville de
Tauris , après un Siége de quelques jours, et qu'il
en faisoit rafer les fortifications. On confirme que
l'Armée Persanne a été entierement dissipée , que
Thamas - Kouli -Kan s'est sauvé dans les Déserts
, et que le Roy de Perse devoit envoyer des
Ambassadeurs à la Porte, pour prier S. H.d'ou
blier des Actes d'Hostilité , ausquels il n'a e
aucune part , et pour signer une nouvelle Ratification
du dernier Traité conclu entre les Turcs
et les Persans.
Fermer
Résumé : TURQUIE ET PERSE.
À la fin août, des rumeurs à Surat indiquaient que Schah-Thamas avait repris le trône de Perse après la défaite de Thamas-Kouli-Kan. Schah-Thamas a affirmé vouloir respecter le traité de paix avec la Porte ottomane. L'armée ottomane a vaincu Thamas-Kouli-Kan, capturant ce dernier et 300 notables persans. Topal Osman a rapporté que Thamas-Kouli-Kan s'était enfui et que Schah-Thamas était retourné à Ispahan, soutenu par la noblesse persane. Achmet Pacha a informé le Grand Seigneur que Schah-Thamas cherchait à réfuter les accusations de complicité avec Thamas-Kouli-Kan et prévoyait d'envoyer des ambassadeurs pour négocier une paix durable. L'escadre ottomane revenue aux Dardanelles, des rumeurs de levées massives d'hommes circulaient. Topal Osman a pris la ville de Tauris, dispersant l'armée persane et forçant Thamas-Kouli-Kan à se réfugier dans les déserts. Schah-Thamas devait envoyer des ambassadeurs à la Porte pour demander une nouvelle ratification du traité de paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 2471-2480
De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
Début :
Je vous ai mandé, Monsieur, par ma Lettre du 22 Avril, que la porte avoit ordonné au [...]
Mots clefs :
Moscovites, Tartares, Nouvelles, Perse, Général, Troupes, Marche, Passage, Commandant, Crimée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
De Constantinople , le 6 Septembre 1733 .
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
Fermer
Résumé : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
En septembre 1733, un rapport de Constantinople décrit les mouvements des Tartares de Crimée, envoyés par la Porte en Perse. Ces Tartares ont traversé le Caucase, évitant les terres moscovites, pour atteindre la Géorgie puis le Daghestan, où ils ont été rejoints par les Lesghis. Leur progression vers la Perse est confirmée, mais des divergences existent sur leur passage à Derbent. Les Moscovites les ont arrêtés, mais des rapports contradictoires circulent. Aslan Ghuirai, chef des Tartares, a rapporté deux affrontements près de Solak entre les Tartares et les Moscovites. Après avoir traversé le pays de Kabarta et le fleuve Terki sans obstacle, les Tartares ont été confrontés par les Moscovites qui exigeaient un droit de passage. Malgré les négociations, les Moscovites ont attaqué, mais les Tartares, soutenus par les Lesghis et les Comouks, ont remporté la victoire. Ils ont capturé des canons, des chariots de munitions et fait des prisonniers. Des lettres du gouverneur d'Asof confirment ces événements et ajoutent que les Moscovites cherchaient à gagner du temps pour renforcer leurs troupes. Les Tartares, ayant découvert cette stratégie, ont attaqué et vaincu les Moscovites lors d'un second affrontement. Plus récemment, les Tartares ont contourné les forces moscovites près de Solak et ont traversé le Coyou-Sovi. Ils ont ensuite rencontré et défait un convoi moscovite près de Derbent, mais ont été arrêtés par des renforts moscovites. Il est présumé que les Comouks, alliés des Tartares, pourraient faciliter leur passage vers la Géorgie. Le Grand Visir a refusé de donner des ordres aux Tartares, estimant que la situation avait déjà évolué. Dans la région du Kabarta, les Moscovites ont rencontré une résistance des Tartares. Dans une partie du Kabarta reconnaissant la Czarine comme souveraine, 300 Moscovites, envoyés pour soutenir les habitants, ont appris que leurs compatriotes avaient été battus par les Tartares. Craignant une attaque, ils ont demandé la permission de se retirer et une escorte au chef local, qui a accepté mais a ensuite trahi sa promesse en alertant le fils du Khan de Crimée. Ce dernier a attaqué et massacré les 300 Moscovites. À Constantinople, les ministres de la Porte ont réagi en envoyant des munitions et de l'artillerie à Asof pour se préparer à une éventuelle rupture avec les Moscovites. Les conséquences de ces événements restent incertaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 2480
RUSSIE.
Début :
La Czarine a ordonné que tous ceux qui possedent des biens fonds dans les Pays de [...]
Mots clefs :
Tsarine, Biens-fonds
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
LA Czarine a ordonné que tous ceux qui pos
LAsedent des biens fonds dans les Pays de
son obéissance , payeront la huitième partie de
leurs revenus à l'Etat , et qu'on retiendra 15.
pour 10c. à tous ceux qui reçoivent des apoin
temens ou des Pensions de la Cour , afin de
fournir aux dépenses de la guerre.
LA Czarine a ordonné que tous ceux qui pos
LAsedent des biens fonds dans les Pays de
son obéissance , payeront la huitième partie de
leurs revenus à l'Etat , et qu'on retiendra 15.
pour 10c. à tous ceux qui reçoivent des apoin
temens ou des Pensions de la Cour , afin de
fournir aux dépenses de la guerre.
Fermer
4
p. 2480-2489
POLOGNE.
Début :
La Cour du Roy à Danzick, est considerablement augmentée par l'arrivée d'un grand [...]
Mots clefs :
Élection, Troupes moscovites, Diète de convocation, Opposants, Diète, Régimentaire, Couronne, Comte, Électeur de Saxe, Lituanie, Noblesse, Dantzig, Ennemis, Serment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOCN E.
Lblement augmentée par l'arrivée d'un grand
A Cour du Roy à Danzick , est considera
nombre de Seigneurs et de Gentilshommes qui
vont offrir leurs services à S. M. Elle tint sur la
fin du mois dernier, avec le Primat et les principaus
NOVEMBRE. 1733. 248T
paux Sénateurs , plusieurs Conseils , et il a été
résolu de publier les Universaux pour faire monter
la Noblesse à cheval .
Le 20 Octobre , il arriva à Danzick un Cou
rier de Rome , dépêché par le Duc de S. Aignan,
Ambassadeur du Roy Très-Chrétien auprès du
Pape , par lequel le Roy a été informé des
instructions que S. S. a envoyées à son Nonce
en Pologne , et des ordres donnez à ce Ministre
de reconnoître le Roy, et de lui remettre la Reponse
de S. S. à la Lettre que S. M. lui avoit
écrite aussi - tôt après son Election.
Depuis la premiere nouvelle de l'Election faite
avec beaucoup de désordre en faveur de l'Elec
teur de Saxe le 5. Octobre , on a appris que le
General Lucci , qui commande les Troupes
Moscovites , avoit été très - allarmé de la division
qui s'étoit mise entre les Opposans , dont les
principaux songeoient chacun en leur particulier
à se faire élire ; que le Palatin de Cracovie
ayant même voulu se retirer de la Confédération,
le Géneral Lucci avoit pensé qu'il n'y avoit pas
un moment à perdre pour faire proclamer l'Electeur
de Saxe ; qu'il avoit , sans demander les
suffrages , crié seul , Vive Auguste , troisiéme
Roy de Pologne et du grand Duché de Lithuanie
; que l'Evêque de Posnanie avoit ensuite proclamé
ce Prince , et qu'il étoit entré avec ceux
qui s'étoient trouvez à cette prétenduë Election
dans l'Eglise des Bernardins , pour y chanter le
Te Deum. Les principaux Seigneurs Polonois
qui ont assisté à l'Election de l'Electeur de Saxe
et qui sont venus à notre connoissance , sont ,
les Evêques de Cracovie et de Posnanie , le Prince
Régimentaire de Lithuanie , les Palatins de
Cracovie , de Novogrod , de Podlachie , de Cul
G F
2482 MERCURE DE FRANCE
*
et de Czernikow , le Prince Sangusko , le Grand
Ecuyer Radzivil , le Comte de Cetner , l'Ecuyer
Tranchant de la Couronne , Rizewki , le Maré.
chal de la Confédération et de l'Election Ponenski
, les, Starostes de Vielun et de Bezzin', le
Comte Zawisza , les. Castellans de Radom , de
Podkommorszy , de Wiltzomer et Plater , et les
ComtesBraniski et Siednieki : ceux qui y ont adhés
ré depuis, sont, le Castelan de Cracovie, le Palatin
d'Inowladislaw , le Castellan de Lenziecinni , le
Staroste de Lenziecinni , et StarosteOppazinski.
"
Le Comte Potoki , Régimentaire de la Cou
ronne qui écrit ces nouvelles , ajoûte que les
Troupes de la Couronne étant sorties de Warsovie,
dans la crainte d'y manquer de fourages , le
parti des Opposans et les Moscovites avoient
passé la Vistule , et que sur cette nouvelle il
avoit mandé au Palatin de Lublin , qui continuë
à rassembler les Troupes , de s'approcher le plus
qu'il pourroit de Dantzik , pour empêcher les.
Moscovites et les Saxons , d'avancer dans la
Trusse Polonoise..
ce ,
Sur l'avis qu'on reçût à Massoire le 4. Octobre,
que quelques Partisans des Opposans avoient
fait conduire sécretement la nuit , une grande
quantité de Poudre et de Balles aux Cazernes du
Palais de Casimir , et que M. Jauch, Lieutenant Colonel,
qui y commande , en avoit eu connoissanil
fut résolu de s'assurer de cet Officier, mais
il prévint par sa fuite le dessein qu'on avoit contre
sa personne. Le peuple irrité de sa trahison ,
pilla la maison où il demeuroit , et l'on transporta
au Camp toutes les munitions qu'on trou
va dans les Cazernes. On eut beaucoup de peine
à arrêter les effets de l'indignation du Peuple et
de Regimentaire fut obligé d'emploïer , la force :
Pous
NOVEMBRE. 1733. 2453
pour empêcher qu'on ne mît le feu à la maison
du Palatin de Podlachie , et à celles de quelques
autres Seigneurs Opposans. Par les soins qu'on
apporta , leurs meubles et leurs effets ont été
conservez , et ils n'ont perdu dans cette émeute
que le Foin et l'Avoine , dont ils avoient fait un
amas considérable pour la nourriture des Chevaux
de l'Armée Moscovite , et qu'on a fait
mettre dans les magasins de celle de la Couronne.
Le 9. le Regimentaire envoya un Officier au
Ministre du Roi de Prusse , pour l'informer
qu'il avoit reçû ordre du Roi de quitter le Camp
de Mariemont et de ne point disputer le passage
de la Vistule aux Moscovites , et le même jour
il alla camper à Piaceczno .
:
Quelques Regimens Moscovites passérent là
Riviere le 11. et ils furent suivis le 13 , le 14 et
le 15.par plusieurs autres qui composent en tout
10 à 12000 hommes.
Plusieurs Opposans , qui mécontens du joug
des Moscovites ont abandonné leur parti , et se
sont rendus ptès du Roi à Dantzick , ont con→
firmé ce que le Comte Potocki , Regimentaire
de la Couronne , avoit mandé à S. M. la ma
niere violente avec laquelle la proclamation de
l'Electeur de Saxe s'étoit faite , et ils ont ajouté
qu'il ne s'étoit pas trouvé à cette Proclamation
plus de soo. Polonois ayant droit de suffrage.
Ils assurent que la plupart de ceux qui y ont assisté
, se plaignent hautement du peu d'égard que
le Général Lucci leur . a marqué en ne daignant
pas seulement permettre que le Maréchal de la
Conféderation recueillit les voix , et qu'il y a des
semences d'une division prochaine entre ce Géné
ral etles principaux Opposans..
Lies
484 MERCURE DE FRANCE
Le Palatin de Lublin s'est avancé vers les Fron
éres de cette Province , avec un corps de Trou
Pes pour la mettre à couvert des courses des Ennemis,
et il doit être joint par 2000. hommes que
cette Ville fait lever, et qu'elle entretiendra à ses
dépens pour le service du Roi .
L'Armée de la Couronne est encore campés
à Tarca ; on a enlevé divers convois aux Mos
Covites , qui bien loin de paroître dans le dessein
de former quelque entreprise , travaillent avec diligence
à se rétrancher dans leur Camp.
Lebruit qui a couru que le Comte Bienlinski ,
étoit du parti du Regimentaire de Lithuanie ,
étoit sans fondement : il est allé à Dantzick as
surer le Roi de sa fidélité , et il exerce auprès de
S. M. sa Charge de Maréchal de la Cour.
Selon d'autres Lettres de Dantzick , le Régimentaire
de la Couronne est toujours dans le
même Camp avec les Troupes qu'il commande ;
les Moscovites continuent à se retrancher avec
diligence prés de Varsovie , et il se passe peu de
jours qu'il n'y ait quelques combats entre les
deux Armées , ces Lettres ajoûtent que jusqu'à
présent les Troupes de la Couronne ont eu l'as
vantage dans toutes les occasions .
Le Comte Poccy que le Roi a nommé Regimentaire
de Lithuanie , à la place du Prince
Wienowieski , s'est mis par ordre de S. M. à la
tête des Troupes , qui ont été rassemblées dans
les Palatinats de Russie , de Mariembourg et de
Vilna , et l'on a appris qu'après avoir enlevé un
Convoi aux Ennemis , il s'étoit posté avec ses
Troupes le long de la Vistule au dessus de leur
Camp , afin d'être à portée d'arrêter tous les
Batteaux qui descendroient pour y porter des:
vivics.
Le
NOVEMBRE. 1733. 2485
Le Prince Czarterinski , Vice Chancelier de
la Couronne , le Castellan de Plocko , M. Tabiawski
, Chambellan de la Couronne , et le
Comte de Denhoff , Chambellan de Lithuanie ,
sont allés à Dantzick pour rendre leurs hom
mages à S. M. On y attend incessamment M.
Paulucci , Nonce du Pape , lequel a reçû ordre de
S. S. de complimenter le Roi sur son Election.
S. M. a ordonné qu'on publiât les Universaux
pour faire monter la Noblesse à Cheval , et elle
écrit en même tems aux Seigneurs et aux Gentils
- hommes de chaque Palatinat une Lettre circulaire,
qui contient , que les Opposans , en se
joignant aux Troupes Moscovites, ne laissent plus
lieu de douter qu'elles ne sont entrées que de
Jeur consentement et même à leur priere sur les
Terres de la Republique ; qu'on a d'ailleurs des
preuves certaines qu'elles y ont été appellées par
les principaux Chefs des rebelles , quoique plusieurs
d'entr'eux se fussent engagés par serment
dans la Diette d'Election à poursuivre comme
traîtres et comme ennemis de leur Patrie , ceux
qui auroient recours aux forces étrangères pour
faire réussir leurs desseins ; qu'on sçait que les
Evêques de Cracovie et de Posnanie sont allés
joindre le Géneral Lucci , afin de prendre avec
lui des mesures pour établir de leur propre authorité
une nouvelle République , composée
seulement de leurs adherans ; qu'ils sont revenus
avec les Moscovites à Praage , et que c'est par
leurs sollicitations réiterées et par celles du Prince
Wienovieski , ci - devant Regimentaire de Lithuanie
, que le Général Moscovite s'est déterminé
à précipiter la prétendue Election , faite
sans aucune formalité et contre toutes les Loix
du Royaume en faveur de l'Electeur de Saxe ;
que
-)
2486 MERCURE DE FRANCE
que l'Evêque de Posnanie en proclamant ce Prince
joint le parjure à la rébellion , puisqu'il s'étoit
engagé par un serment de n'élire et de ne reconnoître
pour Roi qu'un Polonois né de Pere et de
Mere Catholiques , et qui ne possédât aucunes
Terres hors du Royaume ; que depuis la proclamation
de l'Electeur de Saxe, et la jonction des
Opposans et des Moscovites , les uns et les autres
montrent la même ardeur à détruire la République
, et une égale haine pour ceux qui ne veu
lent pas contribuer à sa ruine , que tous les bons
citoïens sont interessés à ne pas souffrir plus
long-tems les attentats d'une Nation étrangere
qui prétend donner des loix à un Peuple libre ,
et la licence d'une troupe de Sujets rébelles , qui
se regardant eux- mêmes comme étrangers dans
leur propre Patrie, et lui ayant déclaré la Guerre,
ne méritent plus qu'on garde avec eux aucun
ménagement , qu'ainsi S. M. compte que la No-
Blesse Polonoise n'a pas besoin d'être exhortée
à se deffendre et à se vanger , et que tous les Gentils-
hommes zélés pour la liberté et pour l'honneur
de la Nation sont également empressés à
suivre l'ordre qui leur est donné de prendre les
Armes pour chasser les Moscovites et dompter
les rébelles.
S. M. ajoûte qu'elle se mettra à la tête de la
Noblesse aussi-tôt qu'elle sera assemblée , et qu'-
elle combattra moins pour conserver la Cou
ronne que pour délivrer la Pologne de la tyrannie
des Paissances étrangeres qui veulent l'opprimer..
Le Primat pour refuter de fausses allégations que
les Ministres de l'Empereur et de la Czarine ont
employées afin de justifier leurs démarches ,
donné un Manifeste , dans lequel il prouve par
a
NOVEMBRE. 1733. 2487
3
un simple récit de ce qui s'est passé depuis la
mort du feu Roi jusqu'à la derniere Election ,
que son premier soin dés le commencement de
PInterrégne a été de rétablir l'union parmi la
Noblesse , qu'après y être parvenu , il a profité
de la Diette extraordinaire , convoquée par le
feu Roi , pour déliberer avec la Noblesse sur ce
qui pourroit assurer la tranquillité et la liberté de
la Nation , et qu'il n'a fait jusqu'à la Diette générale
de convocation aucune démarche qui n'ait
été reglée par le Senat et par les Nonces , quoiqu'en
qualité de Primat il cût pu s'en dispenser
en bien des occasions ; que peu après l'ouverture
de la Diette générale de Convocation la plus
grande partie des.Nonces , trouvant aussi injuste
qu'injurieuse à la Noblesse, la résolution prise
dans une Diette précédente d'exclure les Polonois
du Trône , proposérent de leur propre mouvement
de donuer au contraire l'exclusion à tout
étranger que non seulement . ce projet fut una-.
nimément approuvé , mais que tous les Evêques ,.
les Sénateurs et les Nonces , s'obligérent par serment
à ne donner leurs suffrages qu'à un de leurs
Compatriotes , et que la Diette générale de Convocation
dans sa derniere séance déclara ce serment
une loi fondamentale du Royaume ; que
pendant la tenue de la Diette d'Election , les loix
établies dans la Diette de Convocation , ont toujours
été la regle de sa conduite ; que les Opposans
, en se retirant à Praage , n'ont observé aucune
des formalités qui pouvoient arrêter ou
suspendre les délibérations de la Diette ; qu'ils
quittérent le Camp destiné à l'Election du Roi ,
sans faire aucune protestation ; que lorsqu'on
leur envoya des Députés pour leur demander la
cause de leur retraite , ils répondirent que cette
retraite
2488 MERCURE DE FRANCE
retraite ne devoit troubler l'Election en aucune
maniere ; que ceux qui n'avoient pas signé la formule
de serment prescrit par la Diette contre
ceux qui avoient fait entrer les Troupes Moscovites
dans le Royaume , ne refusérent pas même
de la signer ; que leur retraite n'ayant point été
motivée ni accompagnée d'aucun Acte juridique
d'opposition aux résolutions de la Diette , on
avoit procédé selon les Loix à l'Election du Roi ;
que plus de cent Enseignes y avoient assisté
qu'après qu'il eut récueilli les suffrages en la maniere
accoutumée , tous se trouvérent réunis en
faveur de S. M. régnante , à l'exception de ceux
de quelques Nonces , qui se retirerent en décla
rant qu'ils ne donnoient point leurs voix , mais
qu'ils ne s'opposoient point à l'Election ; que M.
Kamienski , Capitaine du district de Krziemie ,
fut le seul qui protesta , mais qu'il ne persista pas
dans son opposition , et que ce ne fut qu'après
un désistement en forme de sa part , et après
avoir observé toutes les formalités ordonnées par
les Constitutions du Royaume, que se fit la Proclamation.
Le Comte Pocci Regimentaire de Lithuanie , a
envoyé à Dantzick un Courier , pour apprendre
au Roi , que le Convoy qu'il a enlevé aux Ennemis
étoit composé de 1500 Chariots , dont la
plus grande partie étoit chargée de munitions de
Guerre ; qu'on y avoit trouvé une somme considerable
d'argent , et que de 2000 hommes qui
escortoient ce Convoy , 600. avoient été tueż ,
et les autres faits prisonniers.
Ce Général a fait distribuer à ses Troupes un
tiers de l'argent qu'il a pris aux Ennemis , et il
attend les ordres de S. M. sur l'usage qu'il doit
faire du reste de cette somme.
LC
NOVEMBRE 1733. 2489
Le corps de Troupes qu'il commande sere
bientôt en état d'ôter aux Moscovites toute communication
avec l'Ukraine.
On a appris qu'il y a de la divison entre les
Ministres de l'Electeur de Saxe et les Opposans
parceque ces derniers ne veulent pas accorder aux
Moscovites un libre passage par la Pologne . Ce
differend retarde la signature des prétendus Pacta
Conventa que les Opposans ont dressés pour être
signés de l'Electeur de Saxe.
Le bruit court que le Comte Potocki Regi
mentaire de la Couronne , dont l'Armée augmente
tous les jours , doit quitter Tarca pous
aller camper à Lowitz .
Lblement augmentée par l'arrivée d'un grand
A Cour du Roy à Danzick , est considera
nombre de Seigneurs et de Gentilshommes qui
vont offrir leurs services à S. M. Elle tint sur la
fin du mois dernier, avec le Primat et les principaus
NOVEMBRE. 1733. 248T
paux Sénateurs , plusieurs Conseils , et il a été
résolu de publier les Universaux pour faire monter
la Noblesse à cheval .
Le 20 Octobre , il arriva à Danzick un Cou
rier de Rome , dépêché par le Duc de S. Aignan,
Ambassadeur du Roy Très-Chrétien auprès du
Pape , par lequel le Roy a été informé des
instructions que S. S. a envoyées à son Nonce
en Pologne , et des ordres donnez à ce Ministre
de reconnoître le Roy, et de lui remettre la Reponse
de S. S. à la Lettre que S. M. lui avoit
écrite aussi - tôt après son Election.
Depuis la premiere nouvelle de l'Election faite
avec beaucoup de désordre en faveur de l'Elec
teur de Saxe le 5. Octobre , on a appris que le
General Lucci , qui commande les Troupes
Moscovites , avoit été très - allarmé de la division
qui s'étoit mise entre les Opposans , dont les
principaux songeoient chacun en leur particulier
à se faire élire ; que le Palatin de Cracovie
ayant même voulu se retirer de la Confédération,
le Géneral Lucci avoit pensé qu'il n'y avoit pas
un moment à perdre pour faire proclamer l'Electeur
de Saxe ; qu'il avoit , sans demander les
suffrages , crié seul , Vive Auguste , troisiéme
Roy de Pologne et du grand Duché de Lithuanie
; que l'Evêque de Posnanie avoit ensuite proclamé
ce Prince , et qu'il étoit entré avec ceux
qui s'étoient trouvez à cette prétenduë Election
dans l'Eglise des Bernardins , pour y chanter le
Te Deum. Les principaux Seigneurs Polonois
qui ont assisté à l'Election de l'Electeur de Saxe
et qui sont venus à notre connoissance , sont ,
les Evêques de Cracovie et de Posnanie , le Prince
Régimentaire de Lithuanie , les Palatins de
Cracovie , de Novogrod , de Podlachie , de Cul
G F
2482 MERCURE DE FRANCE
*
et de Czernikow , le Prince Sangusko , le Grand
Ecuyer Radzivil , le Comte de Cetner , l'Ecuyer
Tranchant de la Couronne , Rizewki , le Maré.
chal de la Confédération et de l'Election Ponenski
, les, Starostes de Vielun et de Bezzin', le
Comte Zawisza , les. Castellans de Radom , de
Podkommorszy , de Wiltzomer et Plater , et les
ComtesBraniski et Siednieki : ceux qui y ont adhés
ré depuis, sont, le Castelan de Cracovie, le Palatin
d'Inowladislaw , le Castellan de Lenziecinni , le
Staroste de Lenziecinni , et StarosteOppazinski.
"
Le Comte Potoki , Régimentaire de la Cou
ronne qui écrit ces nouvelles , ajoûte que les
Troupes de la Couronne étant sorties de Warsovie,
dans la crainte d'y manquer de fourages , le
parti des Opposans et les Moscovites avoient
passé la Vistule , et que sur cette nouvelle il
avoit mandé au Palatin de Lublin , qui continuë
à rassembler les Troupes , de s'approcher le plus
qu'il pourroit de Dantzik , pour empêcher les.
Moscovites et les Saxons , d'avancer dans la
Trusse Polonoise..
ce ,
Sur l'avis qu'on reçût à Massoire le 4. Octobre,
que quelques Partisans des Opposans avoient
fait conduire sécretement la nuit , une grande
quantité de Poudre et de Balles aux Cazernes du
Palais de Casimir , et que M. Jauch, Lieutenant Colonel,
qui y commande , en avoit eu connoissanil
fut résolu de s'assurer de cet Officier, mais
il prévint par sa fuite le dessein qu'on avoit contre
sa personne. Le peuple irrité de sa trahison ,
pilla la maison où il demeuroit , et l'on transporta
au Camp toutes les munitions qu'on trou
va dans les Cazernes. On eut beaucoup de peine
à arrêter les effets de l'indignation du Peuple et
de Regimentaire fut obligé d'emploïer , la force :
Pous
NOVEMBRE. 1733. 2453
pour empêcher qu'on ne mît le feu à la maison
du Palatin de Podlachie , et à celles de quelques
autres Seigneurs Opposans. Par les soins qu'on
apporta , leurs meubles et leurs effets ont été
conservez , et ils n'ont perdu dans cette émeute
que le Foin et l'Avoine , dont ils avoient fait un
amas considérable pour la nourriture des Chevaux
de l'Armée Moscovite , et qu'on a fait
mettre dans les magasins de celle de la Couronne.
Le 9. le Regimentaire envoya un Officier au
Ministre du Roi de Prusse , pour l'informer
qu'il avoit reçû ordre du Roi de quitter le Camp
de Mariemont et de ne point disputer le passage
de la Vistule aux Moscovites , et le même jour
il alla camper à Piaceczno .
:
Quelques Regimens Moscovites passérent là
Riviere le 11. et ils furent suivis le 13 , le 14 et
le 15.par plusieurs autres qui composent en tout
10 à 12000 hommes.
Plusieurs Opposans , qui mécontens du joug
des Moscovites ont abandonné leur parti , et se
sont rendus ptès du Roi à Dantzick , ont con→
firmé ce que le Comte Potocki , Regimentaire
de la Couronne , avoit mandé à S. M. la ma
niere violente avec laquelle la proclamation de
l'Electeur de Saxe s'étoit faite , et ils ont ajouté
qu'il ne s'étoit pas trouvé à cette Proclamation
plus de soo. Polonois ayant droit de suffrage.
Ils assurent que la plupart de ceux qui y ont assisté
, se plaignent hautement du peu d'égard que
le Général Lucci leur . a marqué en ne daignant
pas seulement permettre que le Maréchal de la
Conféderation recueillit les voix , et qu'il y a des
semences d'une division prochaine entre ce Géné
ral etles principaux Opposans..
Lies
484 MERCURE DE FRANCE
Le Palatin de Lublin s'est avancé vers les Fron
éres de cette Province , avec un corps de Trou
Pes pour la mettre à couvert des courses des Ennemis,
et il doit être joint par 2000. hommes que
cette Ville fait lever, et qu'elle entretiendra à ses
dépens pour le service du Roi .
L'Armée de la Couronne est encore campés
à Tarca ; on a enlevé divers convois aux Mos
Covites , qui bien loin de paroître dans le dessein
de former quelque entreprise , travaillent avec diligence
à se rétrancher dans leur Camp.
Lebruit qui a couru que le Comte Bienlinski ,
étoit du parti du Regimentaire de Lithuanie ,
étoit sans fondement : il est allé à Dantzick as
surer le Roi de sa fidélité , et il exerce auprès de
S. M. sa Charge de Maréchal de la Cour.
Selon d'autres Lettres de Dantzick , le Régimentaire
de la Couronne est toujours dans le
même Camp avec les Troupes qu'il commande ;
les Moscovites continuent à se retrancher avec
diligence prés de Varsovie , et il se passe peu de
jours qu'il n'y ait quelques combats entre les
deux Armées , ces Lettres ajoûtent que jusqu'à
présent les Troupes de la Couronne ont eu l'as
vantage dans toutes les occasions .
Le Comte Poccy que le Roi a nommé Regimentaire
de Lithuanie , à la place du Prince
Wienowieski , s'est mis par ordre de S. M. à la
tête des Troupes , qui ont été rassemblées dans
les Palatinats de Russie , de Mariembourg et de
Vilna , et l'on a appris qu'après avoir enlevé un
Convoi aux Ennemis , il s'étoit posté avec ses
Troupes le long de la Vistule au dessus de leur
Camp , afin d'être à portée d'arrêter tous les
Batteaux qui descendroient pour y porter des:
vivics.
Le
NOVEMBRE. 1733. 2485
Le Prince Czarterinski , Vice Chancelier de
la Couronne , le Castellan de Plocko , M. Tabiawski
, Chambellan de la Couronne , et le
Comte de Denhoff , Chambellan de Lithuanie ,
sont allés à Dantzick pour rendre leurs hom
mages à S. M. On y attend incessamment M.
Paulucci , Nonce du Pape , lequel a reçû ordre de
S. S. de complimenter le Roi sur son Election.
S. M. a ordonné qu'on publiât les Universaux
pour faire monter la Noblesse à Cheval , et elle
écrit en même tems aux Seigneurs et aux Gentils
- hommes de chaque Palatinat une Lettre circulaire,
qui contient , que les Opposans , en se
joignant aux Troupes Moscovites, ne laissent plus
lieu de douter qu'elles ne sont entrées que de
Jeur consentement et même à leur priere sur les
Terres de la Republique ; qu'on a d'ailleurs des
preuves certaines qu'elles y ont été appellées par
les principaux Chefs des rebelles , quoique plusieurs
d'entr'eux se fussent engagés par serment
dans la Diette d'Election à poursuivre comme
traîtres et comme ennemis de leur Patrie , ceux
qui auroient recours aux forces étrangères pour
faire réussir leurs desseins ; qu'on sçait que les
Evêques de Cracovie et de Posnanie sont allés
joindre le Géneral Lucci , afin de prendre avec
lui des mesures pour établir de leur propre authorité
une nouvelle République , composée
seulement de leurs adherans ; qu'ils sont revenus
avec les Moscovites à Praage , et que c'est par
leurs sollicitations réiterées et par celles du Prince
Wienovieski , ci - devant Regimentaire de Lithuanie
, que le Général Moscovite s'est déterminé
à précipiter la prétendue Election , faite
sans aucune formalité et contre toutes les Loix
du Royaume en faveur de l'Electeur de Saxe ;
que
-)
2486 MERCURE DE FRANCE
que l'Evêque de Posnanie en proclamant ce Prince
joint le parjure à la rébellion , puisqu'il s'étoit
engagé par un serment de n'élire et de ne reconnoître
pour Roi qu'un Polonois né de Pere et de
Mere Catholiques , et qui ne possédât aucunes
Terres hors du Royaume ; que depuis la proclamation
de l'Electeur de Saxe, et la jonction des
Opposans et des Moscovites , les uns et les autres
montrent la même ardeur à détruire la République
, et une égale haine pour ceux qui ne veu
lent pas contribuer à sa ruine , que tous les bons
citoïens sont interessés à ne pas souffrir plus
long-tems les attentats d'une Nation étrangere
qui prétend donner des loix à un Peuple libre ,
et la licence d'une troupe de Sujets rébelles , qui
se regardant eux- mêmes comme étrangers dans
leur propre Patrie, et lui ayant déclaré la Guerre,
ne méritent plus qu'on garde avec eux aucun
ménagement , qu'ainsi S. M. compte que la No-
Blesse Polonoise n'a pas besoin d'être exhortée
à se deffendre et à se vanger , et que tous les Gentils-
hommes zélés pour la liberté et pour l'honneur
de la Nation sont également empressés à
suivre l'ordre qui leur est donné de prendre les
Armes pour chasser les Moscovites et dompter
les rébelles.
S. M. ajoûte qu'elle se mettra à la tête de la
Noblesse aussi-tôt qu'elle sera assemblée , et qu'-
elle combattra moins pour conserver la Cou
ronne que pour délivrer la Pologne de la tyrannie
des Paissances étrangeres qui veulent l'opprimer..
Le Primat pour refuter de fausses allégations que
les Ministres de l'Empereur et de la Czarine ont
employées afin de justifier leurs démarches ,
donné un Manifeste , dans lequel il prouve par
a
NOVEMBRE. 1733. 2487
3
un simple récit de ce qui s'est passé depuis la
mort du feu Roi jusqu'à la derniere Election ,
que son premier soin dés le commencement de
PInterrégne a été de rétablir l'union parmi la
Noblesse , qu'après y être parvenu , il a profité
de la Diette extraordinaire , convoquée par le
feu Roi , pour déliberer avec la Noblesse sur ce
qui pourroit assurer la tranquillité et la liberté de
la Nation , et qu'il n'a fait jusqu'à la Diette générale
de convocation aucune démarche qui n'ait
été reglée par le Senat et par les Nonces , quoiqu'en
qualité de Primat il cût pu s'en dispenser
en bien des occasions ; que peu après l'ouverture
de la Diette générale de Convocation la plus
grande partie des.Nonces , trouvant aussi injuste
qu'injurieuse à la Noblesse, la résolution prise
dans une Diette précédente d'exclure les Polonois
du Trône , proposérent de leur propre mouvement
de donuer au contraire l'exclusion à tout
étranger que non seulement . ce projet fut una-.
nimément approuvé , mais que tous les Evêques ,.
les Sénateurs et les Nonces , s'obligérent par serment
à ne donner leurs suffrages qu'à un de leurs
Compatriotes , et que la Diette générale de Convocation
dans sa derniere séance déclara ce serment
une loi fondamentale du Royaume ; que
pendant la tenue de la Diette d'Election , les loix
établies dans la Diette de Convocation , ont toujours
été la regle de sa conduite ; que les Opposans
, en se retirant à Praage , n'ont observé aucune
des formalités qui pouvoient arrêter ou
suspendre les délibérations de la Diette ; qu'ils
quittérent le Camp destiné à l'Election du Roi ,
sans faire aucune protestation ; que lorsqu'on
leur envoya des Députés pour leur demander la
cause de leur retraite , ils répondirent que cette
retraite
2488 MERCURE DE FRANCE
retraite ne devoit troubler l'Election en aucune
maniere ; que ceux qui n'avoient pas signé la formule
de serment prescrit par la Diette contre
ceux qui avoient fait entrer les Troupes Moscovites
dans le Royaume , ne refusérent pas même
de la signer ; que leur retraite n'ayant point été
motivée ni accompagnée d'aucun Acte juridique
d'opposition aux résolutions de la Diette , on
avoit procédé selon les Loix à l'Election du Roi ;
que plus de cent Enseignes y avoient assisté
qu'après qu'il eut récueilli les suffrages en la maniere
accoutumée , tous se trouvérent réunis en
faveur de S. M. régnante , à l'exception de ceux
de quelques Nonces , qui se retirerent en décla
rant qu'ils ne donnoient point leurs voix , mais
qu'ils ne s'opposoient point à l'Election ; que M.
Kamienski , Capitaine du district de Krziemie ,
fut le seul qui protesta , mais qu'il ne persista pas
dans son opposition , et que ce ne fut qu'après
un désistement en forme de sa part , et après
avoir observé toutes les formalités ordonnées par
les Constitutions du Royaume, que se fit la Proclamation.
Le Comte Pocci Regimentaire de Lithuanie , a
envoyé à Dantzick un Courier , pour apprendre
au Roi , que le Convoy qu'il a enlevé aux Ennemis
étoit composé de 1500 Chariots , dont la
plus grande partie étoit chargée de munitions de
Guerre ; qu'on y avoit trouvé une somme considerable
d'argent , et que de 2000 hommes qui
escortoient ce Convoy , 600. avoient été tueż ,
et les autres faits prisonniers.
Ce Général a fait distribuer à ses Troupes un
tiers de l'argent qu'il a pris aux Ennemis , et il
attend les ordres de S. M. sur l'usage qu'il doit
faire du reste de cette somme.
LC
NOVEMBRE 1733. 2489
Le corps de Troupes qu'il commande sere
bientôt en état d'ôter aux Moscovites toute communication
avec l'Ukraine.
On a appris qu'il y a de la divison entre les
Ministres de l'Electeur de Saxe et les Opposans
parceque ces derniers ne veulent pas accorder aux
Moscovites un libre passage par la Pologne . Ce
differend retarde la signature des prétendus Pacta
Conventa que les Opposans ont dressés pour être
signés de l'Electeur de Saxe.
Le bruit court que le Comte Potocki Regi
mentaire de la Couronne , dont l'Armée augmente
tous les jours , doit quitter Tarca pous
aller camper à Lowitz .
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En novembre 1733, la cour du roi à Danzick s'est renforcée avec l'arrivée de nombreux seigneurs et gentilshommes offrant leurs services. Le roi a reçu des instructions du pape via son nonce en Pologne, reconnaissant ainsi sa royauté. Depuis l'élection de l'Électeur de Saxe comme roi de Pologne le 5 octobre, des troubles ont éclaté. Le général Lucci, commandant les troupes moscovites, a proclamé Auguste III roi de Pologne sans consulter les suffrages, soutenu par l'évêque de Posnanie. Plusieurs seigneurs polonais ont assisté à cette élection controversée. Le comte Potocki, régimentaire de la couronne, a rapporté que les troupes moscovites et saxonnes ont traversé la Vistule. Il a ordonné au palatin de Lublin de se rapprocher de Danzick pour les contrer. À Massoire, des partisans des opposants ont été arrêtés pour avoir stocké des munitions. Le régimentaire a également informé le ministre du roi de Prusse de ne pas disputer le passage de la Vistule aux moscovites. Des opposants mécontents des moscovites ont rejoint le roi à Danzick, confirmant la violence de la proclamation de l'Électeur de Saxe. Le palatin de Lublin a rassemblé des troupes pour protéger sa province. L'armée de la couronne, campée à Tarca, a enlevé des convois aux moscovites. Le comte Potocki a été nommé régimentaire de Lithuanie et a posté ses troupes le long de la Vistule. Le roi a ordonné la publication des universaux pour mobiliser la noblesse et a écrit aux seigneurs pour dénoncer l'alliance des opposants avec les moscovites. Le primat a publié un manifeste réfutant les allégations des ministres de l'empereur et de la czarine, affirmant que son premier soin a été de rétablir l'union parmi la noblesse et de respecter les lois du royaume. Par ailleurs, le comte Pocci, régimentaire de Lithuanie, a informé le roi de la capture d'un convoi ennemi composé de 1500 chariots chargés de munitions et d'une somme considérable d'argent. Lors de cette opération, 600 des 2000 hommes escortant le convoi ont été tués, les autres étant faits prisonniers. Le comte Pocci a distribué un tiers de l'argent capturé à ses troupes et attend les ordres du roi concernant le reste. Le corps de troupes qu'il commande sera bientôt capable de couper toute communication entre les Moscovites et l'Ukraine. Une division entre les ministres de l'Électeur de Saxe et les opposants retarde la signature des Pacta Conventa, en raison du refus des opposants d'accorder un libre passage aux Moscovites à travers la Pologne. Enfin, le comte Potocki, régimentaire de la Couronne, doit quitter Tarca pour aller camper à Lowitz.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 2489-2490
ALLEMAGNE.
Début :
On a reçu avis du Camp de Pilsen, que le Duc Ferdinand Albert de Brunswick Lunebourg [...]
Mots clefs :
Ferdinand-Albert II de Brunswick-Wolfenbüttel, Commander, Régiments, Troupes, Silésie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN E.
Na reçu avis du Camp de Pilsen , que
Duc Ferdinand Albert de Brunswick Lunebourg
Bevern en étoit décampé avec les Trou
pes qu'il commande , et qu'elles marchoient sur
cinq Colomnes vers le Haut Palatinat , où elles
doivent être jointes par quelques Regimens du
Camp de Silesie .
L'Empereur a envoyé à la Diette de Ratis
bonne son Décret de Commission au sujet de la
Guerre. Les Troupes que commande le Duc Ferdinand
Albert de Brunswich-Lunebourg -Bevern,
continuent de marcher vers la Suabe , et elles
doivent arriver dans peu de jours à Nordlinge
hem.
On a donné ordre à quatre Regimens d'Infan
terie et à deux de Cavalerie de hâter leur marche
vers l'Italie , et le Comte de Merci , Felde
Maréchal , qui doit commander les Troupes ,
que S. M. I. envoïe dans ce Païs , partira bientôt
pour s'y rendre.
Les
2490 MERCURE DE FRANCE
"
Les Etats des Païs héréditaires doivent faire à
S. M. I. une avance de sept millions cinq cens
mille livres , outre les subsides ordinaires : Le
Royaume de Bohéme , la Silesie , et la Moravie ,
en fourniront cinq , et le reste sera reparti sur
l'Autriche , la Stirie , le Tirol et la Carinthie.
le
On assure que le Prince de Dietrichstein ,
Comte de Staremberg et quelques autres Seigneurs
, ont promis de prêter des sommes considerables
au Gouvernement.
Le bruit court qu'on songe aussi à faire un emprunt
dans les Pais étrangers sur les Mines de
vif-argent qui sont en Hongrie.
Na reçu avis du Camp de Pilsen , que
Duc Ferdinand Albert de Brunswick Lunebourg
Bevern en étoit décampé avec les Trou
pes qu'il commande , et qu'elles marchoient sur
cinq Colomnes vers le Haut Palatinat , où elles
doivent être jointes par quelques Regimens du
Camp de Silesie .
L'Empereur a envoyé à la Diette de Ratis
bonne son Décret de Commission au sujet de la
Guerre. Les Troupes que commande le Duc Ferdinand
Albert de Brunswich-Lunebourg -Bevern,
continuent de marcher vers la Suabe , et elles
doivent arriver dans peu de jours à Nordlinge
hem.
On a donné ordre à quatre Regimens d'Infan
terie et à deux de Cavalerie de hâter leur marche
vers l'Italie , et le Comte de Merci , Felde
Maréchal , qui doit commander les Troupes ,
que S. M. I. envoïe dans ce Païs , partira bientôt
pour s'y rendre.
Les
2490 MERCURE DE FRANCE
"
Les Etats des Païs héréditaires doivent faire à
S. M. I. une avance de sept millions cinq cens
mille livres , outre les subsides ordinaires : Le
Royaume de Bohéme , la Silesie , et la Moravie ,
en fourniront cinq , et le reste sera reparti sur
l'Autriche , la Stirie , le Tirol et la Carinthie.
le
On assure que le Prince de Dietrichstein ,
Comte de Staremberg et quelques autres Seigneurs
, ont promis de prêter des sommes considerables
au Gouvernement.
Le bruit court qu'on songe aussi à faire un emprunt
dans les Pais étrangers sur les Mines de
vif-argent qui sont en Hongrie.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
Le duc Ferdinand Albert de Brunswick-Lunebourg, dit Bevern, a quitté le camp de Pilsen avec ses troupes, se dirigeant vers le Haut Palatinat en cinq colonnes. Elles doivent y être rejointes par des régiments du camp de Silésie. L'empereur a émis un décret de commission à la Diète de Ratisbonne concernant la guerre. Les troupes de Bevern continuent vers la Souabe et doivent arriver prochainement à Nordlingen. Quatre régiments d'infanterie et deux de cavalerie ont reçu l'ordre de se hâter vers l'Italie, sous le commandement du feld-maréchal comte de Mercy. Les États des pays héréditaires doivent fournir à l'empereur une avance de sept millions cinq cent mille livres, en plus des subsides ordinaires. Le Royaume de Bohême, la Silésie et la Moravie contribueront à hauteur de cinq millions, le reste étant réparti entre l'Autriche, la Styrie, le Tyrol et la Carinthie. Le prince de Dietrichstein, le comte de Starhemberg et d'autres seigneurs ont promis de prêter des sommes considérables au gouvernement. Un emprunt dans les pays étrangers sur les mines de vif-argent en Hongrie est également envisagé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 2490-2491
ITALIE.
Début :
Le Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter sur son Avénement au Trône, et il a [...]
Mots clefs :
Pape, Pologne, Congrégation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter
sur son Avénement au Trône , et il a
-envoyé ordre à M. Paulucci , son Nonce à Warsovie
, de se rendre à Dantzick auprès de S. M. P.
* Dans l'Assemblée de la Congrégation de Nonmullis
, qui se tint le 16 Octobre , il fut résolu
qu'on donneroit un mois à M. Coscia , Evêque
de Targa , pour répondre aux accusations formées
contre lui , et qu'il seroit constitué prisonnier
au Château de S. Ange jusqu'à la fin de
son Procès. On assure que le Cardinal son frete
est déterminé à se soumettre au jugement prononcé
par cette Congrégation, et qu'il acquitera
incessamment une partie des sommes au payement
desquelles il a été condamné.
La Congrégation établie pour examiner les
moyens de terminer les differens qui sont entre la
Cour de Rome et celle de Lisbonne , s'assembla
le 24. Octobre , et il y fut résolu qu'on accorderoit
au Roi de Portugal 4. pour 100. sur le
produit
NOVEMBRE. 1733. 2491
produit des Expéditions que la Datterie délivreroit
pour les Sujets de S. M. et que cet argent seroit
employé à faire rebâtir l'Eglise de S. Antoine
de la Nation Portugaise.
On a appris d'Ancone que le 19. et le 20 d'Octobre
, on y avoit senti deux nouvelles secousses
de tremblement de terre , qui avoient été très
violentes , et renversé plusieurs maisons tant de
la Ville que des environs.
On a appris à Genes le 10. de ce mois , par
L'Equipage d'un Bâtiment venu de Tunis , que
quelques jours avant son départ de ce Port , il y
étoit entré un Vaisseau Anglois , dont l'Equipa
ge s'érant soulevé contre son Commandant l'avoit
massacré , et avoit pris la résolution de courir
sur les Chrétiens ; que ces Pirates avoient fait
diverses prises assez considérables , et qu'ils s'étoient
empatés d'une Galiotte Venitienne , dont
ils avoient égorgé le Capitaine et tous les Matelots
ét à bord de laquelle ils avoient trouvé une som
me considérable d'argent ; qu'ils s'étoient rendus
ensuite à Tunis pour se mettre sous la protection
du Bey ; que le plus grand nombre avoit embrassé
le Mahométisme , et que celui , qu'ils avoient élu
pour leur Chef, avoit fait mettre aux fers ceux
qui avoient refusé de suivre l'exemple de leurs
camarades.
E Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter
sur son Avénement au Trône , et il a
-envoyé ordre à M. Paulucci , son Nonce à Warsovie
, de se rendre à Dantzick auprès de S. M. P.
* Dans l'Assemblée de la Congrégation de Nonmullis
, qui se tint le 16 Octobre , il fut résolu
qu'on donneroit un mois à M. Coscia , Evêque
de Targa , pour répondre aux accusations formées
contre lui , et qu'il seroit constitué prisonnier
au Château de S. Ange jusqu'à la fin de
son Procès. On assure que le Cardinal son frete
est déterminé à se soumettre au jugement prononcé
par cette Congrégation, et qu'il acquitera
incessamment une partie des sommes au payement
desquelles il a été condamné.
La Congrégation établie pour examiner les
moyens de terminer les differens qui sont entre la
Cour de Rome et celle de Lisbonne , s'assembla
le 24. Octobre , et il y fut résolu qu'on accorderoit
au Roi de Portugal 4. pour 100. sur le
produit
NOVEMBRE. 1733. 2491
produit des Expéditions que la Datterie délivreroit
pour les Sujets de S. M. et que cet argent seroit
employé à faire rebâtir l'Eglise de S. Antoine
de la Nation Portugaise.
On a appris d'Ancone que le 19. et le 20 d'Octobre
, on y avoit senti deux nouvelles secousses
de tremblement de terre , qui avoient été très
violentes , et renversé plusieurs maisons tant de
la Ville que des environs.
On a appris à Genes le 10. de ce mois , par
L'Equipage d'un Bâtiment venu de Tunis , que
quelques jours avant son départ de ce Port , il y
étoit entré un Vaisseau Anglois , dont l'Equipa
ge s'érant soulevé contre son Commandant l'avoit
massacré , et avoit pris la résolution de courir
sur les Chrétiens ; que ces Pirates avoient fait
diverses prises assez considérables , et qu'ils s'étoient
empatés d'une Galiotte Venitienne , dont
ils avoient égorgé le Capitaine et tous les Matelots
ét à bord de laquelle ils avoient trouvé une som
me considérable d'argent ; qu'ils s'étoient rendus
ensuite à Tunis pour se mettre sous la protection
du Bey ; que le plus grand nombre avoit embrassé
le Mahométisme , et que celui , qu'ils avoient élu
pour leur Chef, avoit fait mettre aux fers ceux
qui avoient refusé de suivre l'exemple de leurs
camarades.
Fermer
Résumé : ITALIE.
En octobre 1733, le Pape a félicité le Roi de Pologne pour son avènement au trône et a envoyé son nonce à Dantzig pour le rencontrer. La Congrégation de Nonmullis a accordé un mois à M. Coscia, évêque de Targa, pour répondre aux accusations contre lui et l'a maintenu prisonnier au Château Saint-Ange jusqu'à la fin de son procès. Le cardinal, frère de M. Coscia, a accepté de se soumettre au jugement de la Congrégation et de payer une partie des sommes pour lesquelles il a été condamné. Le 24 octobre, une réduction de 4 pour 100 sur les produits des expéditions délivrées par la Datérie a été accordée au Roi de Portugal pour financer la reconstruction de l'église Saint-Antoine de la Nation Portugaise. À Ancone, des secousses sismiques violentes ont détruit plusieurs maisons les 19 et 20 octobre. À Gênes, un équipage venu de Tunis a rapporté qu'un vaisseau anglais, dont l'équipage s'était mutiné, avait massacré son commandant et s'était attaqué aux chrétiens, se réfugiant à Tunis sous la protection du Bey. La majorité des mutins avait embrassé l'islam, les autres ayant été mis aux fers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 2491-2492
ESPAGNE.
Début :
Le Roi a nommé les Généraux pour servir dans l'Armée destinée à l'expédition projettée ; [...]
Mots clefs :
Généraux, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
Lano l'Armée destinée à l'expédition projet-
E Roi a nommé les Généraux pour servir
tée ; sçavoir , le Comte de Montemar Général en
Chef, le Comte de Marsillac , le Marquis de
Grazia Real , le Marquis de Reves , le Duc de
Liria , le Comte de Charni , les Marquis de Villadarias
, de Las- Minas , et de Posoblanco Lieu
tenant
1492 MERCURE DE FRANCE
Benans généraux ; le Comte de Mazeda , le Mar
quis de Bay , Don Lucas Patigno , le Marquis
de Tay , Don Nicolas Sangro , Don Macdonel,
Don Isidore Gurma , Don Michel de Sada , Don
Barthelemi Ladron et le Comte Mariani , Maréchaux
de Camp.
Lano l'Armée destinée à l'expédition projet-
E Roi a nommé les Généraux pour servir
tée ; sçavoir , le Comte de Montemar Général en
Chef, le Comte de Marsillac , le Marquis de
Grazia Real , le Marquis de Reves , le Duc de
Liria , le Comte de Charni , les Marquis de Villadarias
, de Las- Minas , et de Posoblanco Lieu
tenant
1492 MERCURE DE FRANCE
Benans généraux ; le Comte de Mazeda , le Mar
quis de Bay , Don Lucas Patigno , le Marquis
de Tay , Don Nicolas Sangro , Don Macdonel,
Don Isidore Gurma , Don Michel de Sada , Don
Barthelemi Ladron et le Comte Mariani , Maréchaux
de Camp.
Fermer
Résumé : ESPAGNE.
En 1492, le roi d'Espagne organise une expédition. Le Comte de Montemar est nommé Général en Chef. Les lieutenants généraux sont les Comtes de Marsillac et de Charni, les Marquis de Grazia Real, de Reves, de Villadarias, de Las-Minas et de Posoblanco, et le Duc de Liria. Les maréchaux de camp incluent le Comte de Mazeda, le Marquis de Bay, Don Lucas Patigno et d'autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 2492
PAYS-BAS.
Début :
On mande de Bruxelle que le Comte d'Harach, ayant communiqué à l'Archiduchesse, [...]
Mots clefs :
Bruxelles, Joinville, Ministre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS
N mande de Bruxelle que le Comte d'Ha
rach, ayant communiqué à l'Archiduchesse,
Gouvernante des Pays- Bas , la Déclaration dont
on a parlé de M. de Joinville au nom du Roi de
France son Maîtte , S. A. S. avoit fait sçavoir à
ce Ministre Qu'Elle étoit très sensible à l'at
tention que S. M. T. C. avoit pour Elle et pour
le Pays de son Gouvernement à l'occasion de la
Guerre qu'Elle avoit résolu de faire à l'Empereur
son Frere . Qu'elle souhaitteroit ardemment que
cette Guerre ne fut pas de longue durée ; qu'Elle
verroit avec plaisir que M. de Joinville restât à
Bruxelle, qu'Elle en écriroit à la Cour de Vienne,
et que s'il arrivoit que l'Empereur ne jugeât pas
sa présence nécessaire dans ce Pays , Elle le feroit
avertir ; mais qu'en attendant on auroit pour lui
tous les égards dûs à un Ministre d'un grand
Roi , et dont la personne lui étoit d'ailleurs très
agréable.
N mande de Bruxelle que le Comte d'Ha
rach, ayant communiqué à l'Archiduchesse,
Gouvernante des Pays- Bas , la Déclaration dont
on a parlé de M. de Joinville au nom du Roi de
France son Maîtte , S. A. S. avoit fait sçavoir à
ce Ministre Qu'Elle étoit très sensible à l'at
tention que S. M. T. C. avoit pour Elle et pour
le Pays de son Gouvernement à l'occasion de la
Guerre qu'Elle avoit résolu de faire à l'Empereur
son Frere . Qu'elle souhaitteroit ardemment que
cette Guerre ne fut pas de longue durée ; qu'Elle
verroit avec plaisir que M. de Joinville restât à
Bruxelle, qu'Elle en écriroit à la Cour de Vienne,
et que s'il arrivoit que l'Empereur ne jugeât pas
sa présence nécessaire dans ce Pays , Elle le feroit
avertir ; mais qu'en attendant on auroit pour lui
tous les égards dûs à un Ministre d'un grand
Roi , et dont la personne lui étoit d'ailleurs très
agréable.
Fermer
Résumé : PAYS-BAS.
Le comte d'Harrach a transmis à l'archiduchesse une déclaration de M. de Joinville au nom du roi de France. L'archiduchesse a remercié le roi pour son soutien dans la guerre contre l'empereur, son frère. Elle a souhaité un conflit bref et proposé que M. de Joinville reste à Bruxelles. Elle informera Vienne et assurera à M. de Joinville les égards dus à un ministre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 2492-2495
EPITRE, A Mad. de ***.
Début :
Je voudrois, gentille Femelle, [...]
Mots clefs :
Vénus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE, A Mad. de ***.
E PITR E
A Mad. de ***
Je voudrois , gentille Femelle ,
A qui d'étroite parentelle ,
Le Ciel favorable m'unit,
Chantea
NOVEMBRE. 1733. 2498
Chanter la longue kirielle ,
Des trésors que Nature mit
En ton coeur , ton corps , ta cervelle ,
Alors que de Dame Immortelle ,
Tu reçûs la clarté du jour.
C'est , dit- on , la Mere d'Amour ,
Qui seroit-ce, si ce n'est-elle ?
Ainsi que Venus elle est belle ,
Mille Amours volent à l'entour ;
On dit pourtant qu'elle est cruelle ;
Sans doute c'est pour se cacher ;
Mais peut-on long-temps la chercher !
Le feu dont son oeil étincelle ,
Et sa grace sur - naturelle
Son immortalité décele.
De ta naissance l'autre soir ,
Ma Muse , qui le doit sçavoir ;
Me fit le récit très-fidele ,"
Je te le rends en peu de mots.
N'aurai-je jamais de repos ?
Dit Vénus , rongeant sa dentélle ;
Faut il toujours qu'on me harcelle ,
Par mille impertinens propos ?
Une multitude de sots •
A tous momens me fait querelle ;
Des Dieux la nombreuse sequelle
Jupin , Mars , Diane , Cybelle ,
Sont sans honneurs et sans Chapelles ;
B
1494 MERCURE DE FRANCE
Et la Déesse des Amans ,
Eternue à force d'encens !
Je veux , ce n'est point bagatelle ,
Me relever de sentinelle ,
Et produire une fille telle ,
Qu'elle me puisse soulager ,
Des soins dont je veux m'alleger :
Je veux que cette Jouvencelle ,
Que je ferai sur mon modelle ,
Puisse me servir de Miroir ,
Ma grace en elle je veux voir.
Aussi-tôt la Déesse appelle ,
Et fait entrer dans sa ruelle
Charite , des trois Graces , celle
Que Paphos honore le plus ;
Tu vins au monde , et puis Venuš
Te donne à la Grace fidelle ,
Disant , je remets à ton zele
Ces appas tout nouveaux venus :
Soigne ces petits Membres nus ,
Nourris cette gente pucelle ,
Du plus pur lait de ta mamelle ;
D'agrémens puisse- tu l'orner ,
Et sçaches si bien façonner
En tout sa beauté naturelle ,
Qu'on voye en tous lieux all umer
Encensoir , Autel et Chandelle ;
Mais chaste comme Tourterelle ,
Qu'elle
NOVEMBRE. 1733. 2495
Qu'elle ait sur son front respecté,
De la Vertu la majesté ;
Qu'au desir le plus effronté
Son air modeste coupe l'aîle..
Mais enfin je suis arrêté ,
J'ai beau foüiller dans l'escarcelle
Je n'ai plus de Rimes en elle ,
Si mon hommage est accepté ,
Après ce trait de ta bonté ,
Je dois ma foi tirer l'échelle .
A Mad. de ***
Je voudrois , gentille Femelle ,
A qui d'étroite parentelle ,
Le Ciel favorable m'unit,
Chantea
NOVEMBRE. 1733. 2498
Chanter la longue kirielle ,
Des trésors que Nature mit
En ton coeur , ton corps , ta cervelle ,
Alors que de Dame Immortelle ,
Tu reçûs la clarté du jour.
C'est , dit- on , la Mere d'Amour ,
Qui seroit-ce, si ce n'est-elle ?
Ainsi que Venus elle est belle ,
Mille Amours volent à l'entour ;
On dit pourtant qu'elle est cruelle ;
Sans doute c'est pour se cacher ;
Mais peut-on long-temps la chercher !
Le feu dont son oeil étincelle ,
Et sa grace sur - naturelle
Son immortalité décele.
De ta naissance l'autre soir ,
Ma Muse , qui le doit sçavoir ;
Me fit le récit très-fidele ,"
Je te le rends en peu de mots.
N'aurai-je jamais de repos ?
Dit Vénus , rongeant sa dentélle ;
Faut il toujours qu'on me harcelle ,
Par mille impertinens propos ?
Une multitude de sots •
A tous momens me fait querelle ;
Des Dieux la nombreuse sequelle
Jupin , Mars , Diane , Cybelle ,
Sont sans honneurs et sans Chapelles ;
B
1494 MERCURE DE FRANCE
Et la Déesse des Amans ,
Eternue à force d'encens !
Je veux , ce n'est point bagatelle ,
Me relever de sentinelle ,
Et produire une fille telle ,
Qu'elle me puisse soulager ,
Des soins dont je veux m'alleger :
Je veux que cette Jouvencelle ,
Que je ferai sur mon modelle ,
Puisse me servir de Miroir ,
Ma grace en elle je veux voir.
Aussi-tôt la Déesse appelle ,
Et fait entrer dans sa ruelle
Charite , des trois Graces , celle
Que Paphos honore le plus ;
Tu vins au monde , et puis Venuš
Te donne à la Grace fidelle ,
Disant , je remets à ton zele
Ces appas tout nouveaux venus :
Soigne ces petits Membres nus ,
Nourris cette gente pucelle ,
Du plus pur lait de ta mamelle ;
D'agrémens puisse- tu l'orner ,
Et sçaches si bien façonner
En tout sa beauté naturelle ,
Qu'on voye en tous lieux all umer
Encensoir , Autel et Chandelle ;
Mais chaste comme Tourterelle ,
Qu'elle
NOVEMBRE. 1733. 2495
Qu'elle ait sur son front respecté,
De la Vertu la majesté ;
Qu'au desir le plus effronté
Son air modeste coupe l'aîle..
Mais enfin je suis arrêté ,
J'ai beau foüiller dans l'escarcelle
Je n'ai plus de Rimes en elle ,
Si mon hommage est accepté ,
Après ce trait de ta bonté ,
Je dois ma foi tirer l'échelle .
Fermer
Résumé : EPITRE, A Mad. de ***.
En novembre 1733, une lettre poétique est adressée à une dame, dont les qualités exceptionnelles sont comparées à celles d'une déesse immortelle et de Vénus. L'auteur décrit la beauté et la grâce de la dame, ainsi que la cruauté perçue de Vénus, qui cherche à se cacher malgré son éclat. La lettre relate une conversation entre Vénus et la Muse de l'auteur, où Vénus se plaint des querelles et du manque de respect des dieux à son égard. Pour remédier à cette situation, Vénus décide de créer une jeune fille modèle de grâce et de beauté. Elle appelle Charité, l'une des Grâces, pour s'occuper de cette nouvelle venue, lui confiant la tâche de la nourrir et de l'éduquer. Vénus souhaite que cette jeune fille soit belle, chaste et respectée, capable d'inspirer dévotion et admiration. L'auteur conclut en exprimant son admiration et sa gratitude envers la dame, tout en reconnaissant son incapacité à trouver des rimes adéquates pour exprimer pleinement son hommage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 2495-2499
SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
Début :
La nuit du 22. au 23. Octobre, la Tranchée fut relevée par le Marquis de Dreux, Lieutenant [...]
Mots clefs :
Garnison, Siège de Kehl, Fort de Kehl, Duc de Berwick, Régiment de Navarre, Roi, Lieutenant général, Maréchal de camp, Grenadiers, Ouvrage, Brigadier d'infanterie, Gendarmerie, Capitulation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
SUITE de la Relation du Siege et da
la Prise du Fort de Kell , &c.
A nuit du 22. au 23 Octobre , la Tranchée
Lfut relevée par le Marquis de Dreux , Lieutenant
General , par le Marquis de la Fare ,
Maréchal de Camp , et par M. de Buckele , Brigadier
d'Infanterie ; les 250. Travailleurs ,
commandez pour les Ouvrages , furent soutenue
par les trois Bataillons du Régiment de la Marine,
par six Compagnies de Grenadiers du Régiment
de Navarre , d'Alsace et de Rouergue ,
et par des Détachemens de la Gendarmerie et
de la Cavalerie, et des Dragons, pareil à ceux des
jours précedens. Pendant cette nuit la Tranchée
fut poussée à so. toises du chemin couvert de
l'Ouvrage à corne , et on se logea dans une Lunette
de terre, que les Aseiegez n'avoient pas cu
le temps d'achever.
La nuit du 23. au 24. le Marquis de Nangis ,
Lieutenant General , le Comte de Saxe , Maréobal
de Camp , et le Comte de Bayiere , Briga
dier
2496 MERCURE DE FRANCE
dier , monterent la Tranchée avec les deux Ba-)
taillons du Régiment de Richelieu , et celui de
Gensac , six Compagnies de Grenadiers , un Dé.
tachement de la Gendarmerie , de la Cavalerie
et des Dragons , de 550 hommes et 1200 Travailleurs.
On poussa pendant cette nuit une sappe
entre le Rhin et la branche droite de l'Ouvrage à
corne. M. de la Serre , Capitaine des Grenadiers
dans le Régiment de Richelieu, fut tué avec deux
Grenadiers , et il y en eut deux autres de blessez.?
Le 25. M. de Quadt , Lieutenant General , le
Marquis de Clermont , Maréchal de Camp , et
M. de Chenelette , Brigadier d'Infanterie , étant
de Tranchée avec 400. Travailleurs et le même
nombre de Troupes que les jours précedens , les
Assiegez firent une sortie sur la sappe poussée
entre le Rhin et l'Ouvrage à corne , mais les
Grenadiers les obligerent de se retirer et la sapper
fut continuée.
Le Chevalier de Lamberval , Capitaine de Gre- :
nadiers , dans le Régiment de Bourbonnois , fut ?
blessé dans cette occasion , et M. de.Noyelles
Lieutenant des Grenadiers dans le même Régi
ment , fut tué.
Cette nuit la Tranchée fut relevée par le Duc t
de Duras , Lieutenant Géneral , M. de Sioujcat ,
Maréchal de Camp et M. Hosanussy , Brigadier
d'Infanterie , avec trois Bataillons , six Compagaies
de Grenadiers , le Détachement ordinaire
de la Gendarmerie , de la Cavalerie et des Dragons
, et roo, Travailleurs. On a fait pendang
cette nuit un logement dans la Contresparpe du
demi-Bastion de la droite de l'Ouvrage à corne,
et on se dispose à attacher le Mincur à la branche
droite de cet Ouvrage.
Le Marquis de Renel , Colonel du Régiment
de
NOVEMBRE . 1733. 2497 -
Sancerre , et gendre du Maréchal Duc de
Berwick , arriva à Fontainebleau le 31. Octobre
vers les 6. heures du soir, et il apporta au Roy la
nouvelle de la prise du Fort de Kell. Il étoit
parti le 28. a 9. heures du soir , dans le moment
que le General de Phall avoit fait battre la chamade
, et ce n'est que le 2. de ce mois que le Roy
a reçu les articles de la Capitulation accordée à
la Garnison, par le Maréchal Duc de Berwick,
Il a été convenu par cette Capitulation , que
le Fort de Kell et tous les Ouvrages qui en dépendent
, seroient rendus aux Troupes du Roy
le 29. au matin ; que le lendemain 30 la Garnison
sortireit avec armes et bagages , Tambour
battant , Enseignes déployées , deux Pieces de
Canon de bronze , et 12. coups de munition
pour chaque Soldat.
Qu'on donneroit la permission à tous les Offciers
Ecclesiastiques et Séculiers de toute Religion
et Profession , de la Garnison du Fort de
Kell , de se retirer où bon leur sembleroit.
Que les Vivandiers et les Commerçans de la
Garnison , pourroient sortir librement après
avoir vendu leurs meubles et effets , et que ceux
qui voudroient demeurer au Fort de Kell , seroient
traitez comme les Sujets du Roy .
Qu'il seroit permis à la Garnison de laisser
dans la Place les blessez et les malades , avec des
Officiers e tdes Chirurgiens pour en avoir soin.
Que tous les Baillifs et Sujets du Margrave de
Bade , domiciliez dans l'Ouvrage à corne du
Fort de Kell , seroient , ainsi que leurs effets
sous la protection de S. M. que la Garnison
mettroit le temps qu'elle jugeroit à propos pour
se rendre à Erlingheim , pourvû que ce terme
'excedât pas celui de 5. jours ; qu'elle seroit
*
H escortéct
2498 MERCURE DE FRANCE
escortée par les Troupes du Roy jusqu'à Etlingheim
, et qu'on lui donneroit pour aller jusqu'à
Ulm , un Passeport et un Trompette.
Que personne de la Garnison ne seroit inquié
té pour des dettes contractées au Fort de Kell ,
ou à Strasbourg , le General Phull s'en étant
rendu caution personnellement ; que ce General
donneroit les ordres qu'il jugeroit convenables ,
si pendant la marche de la Garnison pour se
rendre à Ulm , il arrivoit quelques desordres sur
la route , qu'il seroit donné des ôtages jusqu'au'
retour des Troupes du Roy qui auront escorté
la Garnison.
Que les Etats des munitions de guerre et de
bouche , seroient remis avec les clefs des Maga
Zins , aux Officiers préposez par le Maréchal Duc
de Berwick.
Qu'on fourniroit les vivres nécessaires pour
la subsistance de la Garnison pendant 3. ou 4.
jours de marche , et qu'il seroit donné un Passeport
à trois Officiers , Ingenieurs Prussiens ,
envoyez depuis 5. mois par l'Empire pour faire
réparer les Fortifications du Fort de Kell , ep
qui n'avoient pas eu
eu le temps de se retirer,
On a appris du Camp de Stolhoffen , que les
Troupes qui composoient la Garnison du Fort
de Kell , en sortirent le 13. du mois dernier , au
nombre de 1200. hommes; elles défilerent le long
de la ligne , l'Armée du Roy étant en bataille .
et conformément à un des articles de la Capitulation
, elles furent escortées jusqu'à Etlinghen
par un Détachement de Cavalerie.
Le même jour le Maréchal Duc de Berwick
fit entrer dans le Fort de Kell , le Régiment de
Gensac et celui de Rouergue , qui y doivent res
ser en garnison , et il nonma pour commander
dans
•
2499%
NOVEMBRE
. 1733
dans la Place M. de la Fitte , Commandant le
troisiéme Bataillon du Régiment de Navarre.
Le 2. de ce mois , le Chevalier de Givry , Ma
réchal de Camp , fut détaché de l'Armée avec
six Bataillons et un Régiment de Dragons ,
pour se rendre à Huningue , et pour y faire rétablir
le Pont de cette Ville. Le lendemain le
Maréchal Duc de Berwick partit avec une partie
de l'Armée du Roy , du Camp de Sundheem,
et il campa à Bichem ; il alla le 4. à Liectenaw
et il arriva le 5. vis-à- vis du Fort- Louis.
Le reste de l'Armée marcha le 4. sous les or¬
dres du Duc de Noailles ; et après avoir campé
le même jour à Bichem , il se rendit le s. à
Stolhoffen , où toute l'Armée est actuellement.
Le centre est à Selingue , la droite au Village de
Stolhoffen , et la gauche à celui d'Hugelsheim.
On travaille à rétablir le Pont de communication
du Fort - Louis à l'Ile du Marquisat et à
l'Ouvrage à corne qui doit le deffendre.
On apprend de Strasbourg , que le Maréchal
Duc de Berwick , fit le 9. de ce mois la Revûë
generale de l'Armée. Le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Prince de Dombes et le Comte d'Eu , s'y trou
verent. Le 12. une partie de l'Armée repassa
le Rhin , le reste suivit le lendemain , et le 13 .
les Troupes commencerent à défiler pour se
rendre dans leurs quartiers . Les Régimens de la
Marine , d'Alsace , de Pont, de Sancerre , Royal
Baviere , et celui de Mortemart , qui composent
ro, Bataillons , sont campez dans l'Isle du Marquisat
, pour y achever les ouvrages qui y ont
été commencez , et les Régimens de Piémont ,
de Lionnois et celui d'Angoumois , sont à Humingue
, pour en faire rétablir le Pont.
la Prise du Fort de Kell , &c.
A nuit du 22. au 23 Octobre , la Tranchée
Lfut relevée par le Marquis de Dreux , Lieutenant
General , par le Marquis de la Fare ,
Maréchal de Camp , et par M. de Buckele , Brigadier
d'Infanterie ; les 250. Travailleurs ,
commandez pour les Ouvrages , furent soutenue
par les trois Bataillons du Régiment de la Marine,
par six Compagnies de Grenadiers du Régiment
de Navarre , d'Alsace et de Rouergue ,
et par des Détachemens de la Gendarmerie et
de la Cavalerie, et des Dragons, pareil à ceux des
jours précedens. Pendant cette nuit la Tranchée
fut poussée à so. toises du chemin couvert de
l'Ouvrage à corne , et on se logea dans une Lunette
de terre, que les Aseiegez n'avoient pas cu
le temps d'achever.
La nuit du 23. au 24. le Marquis de Nangis ,
Lieutenant General , le Comte de Saxe , Maréobal
de Camp , et le Comte de Bayiere , Briga
dier
2496 MERCURE DE FRANCE
dier , monterent la Tranchée avec les deux Ba-)
taillons du Régiment de Richelieu , et celui de
Gensac , six Compagnies de Grenadiers , un Dé.
tachement de la Gendarmerie , de la Cavalerie
et des Dragons , de 550 hommes et 1200 Travailleurs.
On poussa pendant cette nuit une sappe
entre le Rhin et la branche droite de l'Ouvrage à
corne. M. de la Serre , Capitaine des Grenadiers
dans le Régiment de Richelieu, fut tué avec deux
Grenadiers , et il y en eut deux autres de blessez.?
Le 25. M. de Quadt , Lieutenant General , le
Marquis de Clermont , Maréchal de Camp , et
M. de Chenelette , Brigadier d'Infanterie , étant
de Tranchée avec 400. Travailleurs et le même
nombre de Troupes que les jours précedens , les
Assiegez firent une sortie sur la sappe poussée
entre le Rhin et l'Ouvrage à corne , mais les
Grenadiers les obligerent de se retirer et la sapper
fut continuée.
Le Chevalier de Lamberval , Capitaine de Gre- :
nadiers , dans le Régiment de Bourbonnois , fut ?
blessé dans cette occasion , et M. de.Noyelles
Lieutenant des Grenadiers dans le même Régi
ment , fut tué.
Cette nuit la Tranchée fut relevée par le Duc t
de Duras , Lieutenant Géneral , M. de Sioujcat ,
Maréchal de Camp et M. Hosanussy , Brigadier
d'Infanterie , avec trois Bataillons , six Compagaies
de Grenadiers , le Détachement ordinaire
de la Gendarmerie , de la Cavalerie et des Dragons
, et roo, Travailleurs. On a fait pendang
cette nuit un logement dans la Contresparpe du
demi-Bastion de la droite de l'Ouvrage à corne,
et on se dispose à attacher le Mincur à la branche
droite de cet Ouvrage.
Le Marquis de Renel , Colonel du Régiment
de
NOVEMBRE . 1733. 2497 -
Sancerre , et gendre du Maréchal Duc de
Berwick , arriva à Fontainebleau le 31. Octobre
vers les 6. heures du soir, et il apporta au Roy la
nouvelle de la prise du Fort de Kell. Il étoit
parti le 28. a 9. heures du soir , dans le moment
que le General de Phall avoit fait battre la chamade
, et ce n'est que le 2. de ce mois que le Roy
a reçu les articles de la Capitulation accordée à
la Garnison, par le Maréchal Duc de Berwick,
Il a été convenu par cette Capitulation , que
le Fort de Kell et tous les Ouvrages qui en dépendent
, seroient rendus aux Troupes du Roy
le 29. au matin ; que le lendemain 30 la Garnison
sortireit avec armes et bagages , Tambour
battant , Enseignes déployées , deux Pieces de
Canon de bronze , et 12. coups de munition
pour chaque Soldat.
Qu'on donneroit la permission à tous les Offciers
Ecclesiastiques et Séculiers de toute Religion
et Profession , de la Garnison du Fort de
Kell , de se retirer où bon leur sembleroit.
Que les Vivandiers et les Commerçans de la
Garnison , pourroient sortir librement après
avoir vendu leurs meubles et effets , et que ceux
qui voudroient demeurer au Fort de Kell , seroient
traitez comme les Sujets du Roy .
Qu'il seroit permis à la Garnison de laisser
dans la Place les blessez et les malades , avec des
Officiers e tdes Chirurgiens pour en avoir soin.
Que tous les Baillifs et Sujets du Margrave de
Bade , domiciliez dans l'Ouvrage à corne du
Fort de Kell , seroient , ainsi que leurs effets
sous la protection de S. M. que la Garnison
mettroit le temps qu'elle jugeroit à propos pour
se rendre à Erlingheim , pourvû que ce terme
'excedât pas celui de 5. jours ; qu'elle seroit
*
H escortéct
2498 MERCURE DE FRANCE
escortée par les Troupes du Roy jusqu'à Etlingheim
, et qu'on lui donneroit pour aller jusqu'à
Ulm , un Passeport et un Trompette.
Que personne de la Garnison ne seroit inquié
té pour des dettes contractées au Fort de Kell ,
ou à Strasbourg , le General Phull s'en étant
rendu caution personnellement ; que ce General
donneroit les ordres qu'il jugeroit convenables ,
si pendant la marche de la Garnison pour se
rendre à Ulm , il arrivoit quelques desordres sur
la route , qu'il seroit donné des ôtages jusqu'au'
retour des Troupes du Roy qui auront escorté
la Garnison.
Que les Etats des munitions de guerre et de
bouche , seroient remis avec les clefs des Maga
Zins , aux Officiers préposez par le Maréchal Duc
de Berwick.
Qu'on fourniroit les vivres nécessaires pour
la subsistance de la Garnison pendant 3. ou 4.
jours de marche , et qu'il seroit donné un Passeport
à trois Officiers , Ingenieurs Prussiens ,
envoyez depuis 5. mois par l'Empire pour faire
réparer les Fortifications du Fort de Kell , ep
qui n'avoient pas eu
eu le temps de se retirer,
On a appris du Camp de Stolhoffen , que les
Troupes qui composoient la Garnison du Fort
de Kell , en sortirent le 13. du mois dernier , au
nombre de 1200. hommes; elles défilerent le long
de la ligne , l'Armée du Roy étant en bataille .
et conformément à un des articles de la Capitulation
, elles furent escortées jusqu'à Etlinghen
par un Détachement de Cavalerie.
Le même jour le Maréchal Duc de Berwick
fit entrer dans le Fort de Kell , le Régiment de
Gensac et celui de Rouergue , qui y doivent res
ser en garnison , et il nonma pour commander
dans
•
2499%
NOVEMBRE
. 1733
dans la Place M. de la Fitte , Commandant le
troisiéme Bataillon du Régiment de Navarre.
Le 2. de ce mois , le Chevalier de Givry , Ma
réchal de Camp , fut détaché de l'Armée avec
six Bataillons et un Régiment de Dragons ,
pour se rendre à Huningue , et pour y faire rétablir
le Pont de cette Ville. Le lendemain le
Maréchal Duc de Berwick partit avec une partie
de l'Armée du Roy , du Camp de Sundheem,
et il campa à Bichem ; il alla le 4. à Liectenaw
et il arriva le 5. vis-à- vis du Fort- Louis.
Le reste de l'Armée marcha le 4. sous les or¬
dres du Duc de Noailles ; et après avoir campé
le même jour à Bichem , il se rendit le s. à
Stolhoffen , où toute l'Armée est actuellement.
Le centre est à Selingue , la droite au Village de
Stolhoffen , et la gauche à celui d'Hugelsheim.
On travaille à rétablir le Pont de communication
du Fort - Louis à l'Ile du Marquisat et à
l'Ouvrage à corne qui doit le deffendre.
On apprend de Strasbourg , que le Maréchal
Duc de Berwick , fit le 9. de ce mois la Revûë
generale de l'Armée. Le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Prince de Dombes et le Comte d'Eu , s'y trou
verent. Le 12. une partie de l'Armée repassa
le Rhin , le reste suivit le lendemain , et le 13 .
les Troupes commencerent à défiler pour se
rendre dans leurs quartiers . Les Régimens de la
Marine , d'Alsace , de Pont, de Sancerre , Royal
Baviere , et celui de Mortemart , qui composent
ro, Bataillons , sont campez dans l'Isle du Marquisat
, pour y achever les ouvrages qui y ont
été commencez , et les Régimens de Piémont ,
de Lionnois et celui d'Angoumois , sont à Humingue
, pour en faire rétablir le Pont.
Fermer
Résumé : SUITE de la Relation du Siege et de la Prise du Fort de Kell, &c.
En octobre 1733, le siège et la prise du Fort de Kell furent marqués par des travaux de tranchée dirigés par plusieurs officiers de haut rang, dont le Marquis de Dreux, le Marquis de la Fare et M. de Buckele, avec le soutien de divers régiments et détachements. Les travaux avancèrent rapidement, avec la construction d'une lunette de terre et une sappe entre le Rhin et l'ouvrage à corne. Plusieurs incidents notables se produisirent, notamment la mort du Capitaine M. de la Serre et du Lieutenant M. de Noyelles, ainsi que des blessures subies par le Chevalier de Lamberval. Le 31 octobre, le Marquis de Renel informa le roi de la prise du Fort de Kell. La capitulation stipulait que la garnison sortirait avec armes et bagages, tambour battant, et que les blessés et malades resteraient sous la protection du roi. La garnison fut escortée jusqu'à Etlingheim, et des passeports furent fournis pour leur voyage jusqu'à Ulm. Les troupes du roi prirent possession du fort, et les régiments de Gensac et de Rouergue y furent stationnés sous le commandement de M. de la Fitte. Par la suite, le Maréchal Duc de Berwick déplaça une partie de l'armée vers Huningue et le Fort-Louis, où des travaux de réparation furent entrepris. Le 9 novembre, le Maréchal Duc de Berwick effectua une revue générale de l'armée à Strasbourg. Le 12 et 13 novembre, les troupes commencèrent à se rendre dans leurs quartiers d'hiver. Les régiments de la Marine, d'Alsace, de Pont, de Sancerre, Royal Bavière et de Mortemart furent stationnés dans l'île du Marquisat pour achever les ouvrages, tandis que les régiments de Piémont, de Lionnois et d'Angoumois furent envoyés à Huningue pour rétablir le pont.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 2500
MADRIGAL.
Début :
Le tendre Amour, fatigué d'un voyage, [...]
Mots clefs :
Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL.
MADRIGAL
LE tendre Amour , fatigué d'un voyage ,
Rencontre Iris , et s'endort sur son sein
Quel trait hardi ! bien- tôt sur son visage ,
Le petit Dieu sent le poids de sa main,
D'un air surpris regardant cette Belle ,
Il rougissoit ; me connois- tu , dit elle ?
L'Amour répond , hélas ! pardonne moy ,
Mes yeux trompez te prenoient pour ma Mere ,
Elle n'a pas plus de charmes que toi ;
Crois-en son fils et calme ta colere,
Par M. de Rougerville , Avocat an
Parlement de Rouen.
LE tendre Amour , fatigué d'un voyage ,
Rencontre Iris , et s'endort sur son sein
Quel trait hardi ! bien- tôt sur son visage ,
Le petit Dieu sent le poids de sa main,
D'un air surpris regardant cette Belle ,
Il rougissoit ; me connois- tu , dit elle ?
L'Amour répond , hélas ! pardonne moy ,
Mes yeux trompez te prenoient pour ma Mere ,
Elle n'a pas plus de charmes que toi ;
Crois-en son fils et calme ta colere,
Par M. de Rougerville , Avocat an
Parlement de Rouen.
Fermer
12
p. 2500-2506
MANIFESTE de S. M. le Roi de Sardaigne.
Début :
Le Roi de Sardaigne étroitement uni au Roi de France, par les précieux liens du Sang et [...]
Mots clefs :
Roi de Sardaigne, Cour de Vienne, Empereur, Maison de Savoie, États, Royaume, Ministres, Occasion, Europe, Dignité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MANIFESTE de S. M. le Roi de Sardaigne.
MANIFESTE de S. M. le Roi de
Sardaigne.
E Roi de Sardaigne étroitement uni au Roi
L de France ,par les précieux liens du Sang et
de l'amitié , a vivement partagé sa juste sensibi
lité au sujet des Déclarations injurieuses , des
odieuses Négociations et des violentes voyes de
fait , par lesquelles l'Empereur a affecté de choquer
S. M. T. C. et s'est efforcé de fermer le che
min du Trône à un Prince , au sort duquel Elle
prenoit le plus tendre interêt , et qui étoit si digne
de la Couronne , que les insinuations , les
menaces et les hostilitez employées à lui enlever
les suffrages de la Nation Polonoise , n'ont pú
traverser son unanime Election.
Quoique
NOVEMBRE . 1733. 2501
1
Quoique l'esprit dominant à la Cour de Vien
ne se fut assez manifesté en Europe , pour que
les prétentions les plus étendues de sa part ne
dussent plus surprendre , on n'a pu toutesfois y
voir sans étonnement la naissance et le progrés
d'un si injuste engagement : soit que l'on considerât
la Personne du Roi , Stanislas , contre laquelle
il étoit formé , soit la dignité du Roi de
France , qu'il offençoit , soit la constitution du
Royaume de Pologne qu'il s'appoit par les fondemens,
soit enfin la nature des moyens employés à
le soutenir,tels que ceRoyaume se fut à peine attendu
à les voir mettre en oeuvre par le plus dangereux
de ses voisins .
L'objet que présente un grand Roi insulté de
propos déliberé dans l'endroit le plus sensible , et
le spectacle d'une Nation opprimée pour n'avoir
pas voulu renoncer à sa liberté , ne sçauroient
être regardez d'un ceil tranquille par aucune
Puissance. Mais combien le Roi de Sardaigne
n'a-t'il pas lieu d'en être frappé? Lui qui ne peut
s'approprier le bonheur d'une étroite parenté
avec S. M. T. C. sans participer en même tems
à l'outrage qu'on lui a intenté , ni envisager l'usage
que l'Empereur a aspiré de faire de son autorité
dans un Royaume indépendant , sans re-
Béchir aux conséquences de l'abus qu'il fait journellement
de cette même autorité dans une region
, qui lui est déja plus qu'à moitié soumise.
En vain le Roi de Sardaigne a-t-il voulu pendant
long- tems s'aveugler sur ces tristes conséquences
; la Cour de Vienne lui a fait sentir par
ses démarches qu'elle fondoit sur sa ruine celle
de la liberté de l'Italie , dont sa Maison Royale
avoit toujours été le plus ferme soutien .
Les premieres injustices de la Cour de Vienne
H iij
ont
502 MERCURE DE FRANCE
ont pour époque et pour date les tems mêmes
auxquels la Maison de Savoye faisoit les plus gé
néreux efforts en faveur de celle d'Autriche. Le
Traité d'alliance conclu en 1703. entre le feu.
Roi de Sardaigne et l'Empereur Leopold , aussi
mal executé du côté des assistances promises ,
qu'imparfaitement accompli du côté des cessions
stipulées , les considerables avances faites en ce
tems là pour l'entretien des Troupes Imperiales
en Piémont , non encore remboursées , sont les
monumens autentiques de la reconnoissance de
la Cour de Vienne.
Tel fut le traitement que le feu Roi Victor en
reçut en qualité de fidéle et d'utile Allié ; mais à
peine la dissolution de la ligue l'eut -elle obligé
d'entrer dans les mesures pacifiques qui se prirent
à Utrecht , où la pluralité des suffrages de
l'Europe lui décerna le Royaume de Sicile , par
des considerations qui devoient en perpetuer la
possession à la posterité la plus reculée ; que la
Cour de Vienne éclatant contre lui , s'en prie
d'une maniere outrageante à ses Ministres à Vien
ne et à Ratisbonne , par des Decrets aussi violens
qu'injustes , sans épargner les expressions les
plus piquantes , et sans menager la dignité toujours
respectable d'un Souverain.
Le Congrez d'Utrecht , contre lequel les Ministres
Autrichiens se déchaînoient sans cesse
avoit pourtant abondamment pourvû à la splen
deur et à l'élevation de l'Empereur , en lui assurant
la considerable addition des Pays Bas et des
Etats situez dans le continent d'Italie , à ceux
qu'il possedoit déja en Allemagne ; lui - même par
le succès de ses Armes contre le Turc avoit reculé
bien loin les bornes de sa domination du
ôté de la Hongrie et de la Transilvanie, Tant
do
NOVEMBRE . 1733. 2508
de prosperités devoient combler les voeux de la
Cour de Vienne . Cependant la seule Sicile échuë
au Roi Victor, étoit encore un objet suffisant à la
troubler. Il falut la lui ceder par un Traité qui
laissoit néanmoins jour à une discussion avantageuse
au nouveau Roi de Sardaigne. C'est ainsi
que la Maison de Savoye étoit sans cesse desti
née à contribuer à l'agrandissement de celle d'Autriche
, tantôt par les services les plus signalez »
tantôt par les sacrifices les plus coûteux.
N'auroit-on pas cru que la Cour de Vienne
dont on assouvissoit à l'envi les desirs , se seroit
du moins portée à rendre justice au Roi de Sardaigne
sur des articles moins essentiels , que la
sage disposition des Puissances contractantes
avoit renvoyées au Congrez désigné à Cambray,
Tant de condescendances ne firent qu'augmenter
sa dureté : envain les Plénipotentiaires s'y assemblerent
, la lenteur affectée , et l'infléxibilité des
Ministres Imperiaux firent perdre tout le fruit
de cette convocation , et même tout espoir de
voir renaître une occasion favorable de reparer
les préjudices supportez.
Le Roi de Sardaigne entierement livré parla à
la Cour de Vienne , sur le point de sa légitime
satisfaction , éprouva déslors tout le poids de
son aliénation pour lui. Elle n'a cessé depuis de
lui susciter des oppositions et des contestations
de toute espece.
Elle avoit déja prétendu mettre le Roi de Sar→
daigne au rang des simples Vassaux et Feuda
taires par rapport aux contributions , et cela de
l'autorité privée de l'Empereur , et de celle de son
Conseil , sans aucune délibération de la Diette ,
et même sur des lieux qui ont été declarez indé,
pendans de l'Empire par la Paix de Munster , re,
Hij gardée
2 (04 MER CURE DE FRANCE
gardée comme Loy sacrée et fondamentale pour
tout le Corps Germanique .
Elle a permis au Conseil Aulique d'écouter et
d'encourager les Vassaux et Sujets du Roi de Sardaigne
, au préjudice de la prérogative dont il
joint par sa Dignité de Vicaire de l'Empire , et
par les Diplômes accordez par les Empereurs à
la Maison de Savoye.
" Elle lui a formé des difficultez recherchées en
toute occasion , soit dans les Aquisitions qu'il a
faites de l'Empereur à prix d'argent , soit dans
les Investitures générales de ses Etats, en lui disputant
tantôt les Titres , tantôt les Distinctions
dont sa Maison a joui autrefois , et cela même
en s'éloignant par un exemple presque inoui , de
l'avis du Conseil Aulique.
Elle a éludé par des délais infinis la demande
des Titres et autres Ecritures appartenantes au
Duché de Montferrat , dont la rémission est
expressément stipulée par les mêmes Traitez ,
qui portent la cession de cet Etat , et vingt ans
de sollicitations n'ont pû les obtenir.
Afin d'ôter au Roy de Sardaigne les moyens
de se deffendre , elle a prétendu lui limiter la liberté
absolue de fortifier ses Places , que le droit
naturel , aussi- bien que les Traitez , lui accordent
; elle a tâché de forcer par des interprétations
artificieuses le vrai sens des mêmes Traitez.
Elle a fomenté avec soin et soutenu avec hauteur
, les injustes prétentions des Terres de l'Etat
de Milan , confinantes avec les Etats du Roy
de Sardaigne , rejettant même toutes les ouvertures
d'un raisonnable accord , souvent proposées
par ce Prince , la Cour de Vienne affectant
de tenir cette voye ouverte pour l'inquiéter et
roubler sa Jurisdiction.
Enfin
NOVEMBRE. 1733. 2505
•
Enfin la Cour de Vienne attentive aux occasions
de choquer celle de Turin par les endroits
les plus sensibles, a choisi le moment que les
Plenipotentiaires du Roy de Sardaigne alloient
prêter l'hommage de cette partie de ses Etats qui
reléve de l'Empice , pour introduire par surprise
une étrange nouveauté , et une odieuse distinction
contre l'usage établi , et recemment pratitiqué
envers les Rois d'Angleterre , de Dannemarc
et de Suede : Et sur les vives protestations
qui lui ont été faites à ce sujet par les Ministres
du Roi de Sardaigne, elle a prétendu reparer l'offense
au moyen de quelques excuses privées et
échapées par occasion à un Officier de la Cour
de l'Empereur , dont il a refusé de donner Acte.
Dans ces circonstances , le Roi de France qui
de son côté avoit donné pendant long- tems à la
Cour de Vienne les exemples de la plus singuliere
moderation , et les preuves de la plus sage tolerance
, a jugé qu'une pareille conduite cesseroit
d'être louable , dés qu'elle devenoit incompatible
avec sa gloire personnelle , l'honneur de son
Royaume , et l'appui qu'il devoir à ses Alliez . 11.
s'est déterminé à déclarer la Guerre à l'Empereur,
et a invité le Roi de Sardaigne à prendre à cette
Guerre la même part qu'il prenoit aux Motifs.
qui la rendoient indispensable.
Le Roi de Sardaigne engagé par tant d'endroits:
à épouser le jufte ressentiment de S. M. T. C.
ayant de plus ses propres griefs à reparer , convaincu
par une longue experience , que les maximes
de la Cour de Vienne , invariables sur son
compte , tendoient à miner sa Souveraineté , en.
attendant l'occasion de l'opprimer sans ressour
ce. Confirmé dans cette certitude par des exem
ples capables d'allarmer les plus grandes Puis-
Hr sances,
2506 MFRCURE DE FRANCE
sances , a signé un Traité , joignant avec confiance
ses Armes à celles d'un Prince , qui dépouillé
d'ambition , n'a cherché à se distinguer
en Europe que par son amour pour la Paix et par
l'équité de ses desseins .
Le Roy de Sardaigne , en qualité de Souverain
indépendant , est dispensé d'autoriser par des
exemples , les mesures qu'il est contraint de
prendre contre l'Empereur en qualité de Princes
de l'Empire , il en a d'illustres à suivre . Il sçau
ia s'y conformer en maintenant une indissolu
ble union avec cet Auguste Corps , et une par
faite amitié avec les dignes Membres qui le
composent , du nombre desquels il fait gloire
d'être.
C'est donc pour l'honneur de ses Augustes Alliez
, pour le sien propre , pour sa sureté , pour
la tranquillité et le bonheur de ses Etats , que le
Roy de Sardaigne , après avoir marqué par tou
tes ses déterminations, un sincere désir de maintenir
la bonne intelligence avec ses voisins , et d'é
pargner ses Peuples les calamitez de la guerre ,
prend maintenant les Armes .
à
En agissant par des motifs si dignes de déterminer
un Souverain , il espere non seulement .
de trouver dans ses Sujets les mêmes ressources
de zele , de fidélité et de valeur , que ses Augustes
Prédecesseurs ont trouvées en eux , mais aussi
que le Dieu desArmées protegera sa cause et qu'il
benira par d'heureux succès la justice de ses
desseins ,
Sardaigne.
E Roi de Sardaigne étroitement uni au Roi
L de France ,par les précieux liens du Sang et
de l'amitié , a vivement partagé sa juste sensibi
lité au sujet des Déclarations injurieuses , des
odieuses Négociations et des violentes voyes de
fait , par lesquelles l'Empereur a affecté de choquer
S. M. T. C. et s'est efforcé de fermer le che
min du Trône à un Prince , au sort duquel Elle
prenoit le plus tendre interêt , et qui étoit si digne
de la Couronne , que les insinuations , les
menaces et les hostilitez employées à lui enlever
les suffrages de la Nation Polonoise , n'ont pú
traverser son unanime Election.
Quoique
NOVEMBRE . 1733. 2501
1
Quoique l'esprit dominant à la Cour de Vien
ne se fut assez manifesté en Europe , pour que
les prétentions les plus étendues de sa part ne
dussent plus surprendre , on n'a pu toutesfois y
voir sans étonnement la naissance et le progrés
d'un si injuste engagement : soit que l'on considerât
la Personne du Roi , Stanislas , contre laquelle
il étoit formé , soit la dignité du Roi de
France , qu'il offençoit , soit la constitution du
Royaume de Pologne qu'il s'appoit par les fondemens,
soit enfin la nature des moyens employés à
le soutenir,tels que ceRoyaume se fut à peine attendu
à les voir mettre en oeuvre par le plus dangereux
de ses voisins .
L'objet que présente un grand Roi insulté de
propos déliberé dans l'endroit le plus sensible , et
le spectacle d'une Nation opprimée pour n'avoir
pas voulu renoncer à sa liberté , ne sçauroient
être regardez d'un ceil tranquille par aucune
Puissance. Mais combien le Roi de Sardaigne
n'a-t'il pas lieu d'en être frappé? Lui qui ne peut
s'approprier le bonheur d'une étroite parenté
avec S. M. T. C. sans participer en même tems
à l'outrage qu'on lui a intenté , ni envisager l'usage
que l'Empereur a aspiré de faire de son autorité
dans un Royaume indépendant , sans re-
Béchir aux conséquences de l'abus qu'il fait journellement
de cette même autorité dans une region
, qui lui est déja plus qu'à moitié soumise.
En vain le Roi de Sardaigne a-t-il voulu pendant
long- tems s'aveugler sur ces tristes conséquences
; la Cour de Vienne lui a fait sentir par
ses démarches qu'elle fondoit sur sa ruine celle
de la liberté de l'Italie , dont sa Maison Royale
avoit toujours été le plus ferme soutien .
Les premieres injustices de la Cour de Vienne
H iij
ont
502 MERCURE DE FRANCE
ont pour époque et pour date les tems mêmes
auxquels la Maison de Savoye faisoit les plus gé
néreux efforts en faveur de celle d'Autriche. Le
Traité d'alliance conclu en 1703. entre le feu.
Roi de Sardaigne et l'Empereur Leopold , aussi
mal executé du côté des assistances promises ,
qu'imparfaitement accompli du côté des cessions
stipulées , les considerables avances faites en ce
tems là pour l'entretien des Troupes Imperiales
en Piémont , non encore remboursées , sont les
monumens autentiques de la reconnoissance de
la Cour de Vienne.
Tel fut le traitement que le feu Roi Victor en
reçut en qualité de fidéle et d'utile Allié ; mais à
peine la dissolution de la ligue l'eut -elle obligé
d'entrer dans les mesures pacifiques qui se prirent
à Utrecht , où la pluralité des suffrages de
l'Europe lui décerna le Royaume de Sicile , par
des considerations qui devoient en perpetuer la
possession à la posterité la plus reculée ; que la
Cour de Vienne éclatant contre lui , s'en prie
d'une maniere outrageante à ses Ministres à Vien
ne et à Ratisbonne , par des Decrets aussi violens
qu'injustes , sans épargner les expressions les
plus piquantes , et sans menager la dignité toujours
respectable d'un Souverain.
Le Congrez d'Utrecht , contre lequel les Ministres
Autrichiens se déchaînoient sans cesse
avoit pourtant abondamment pourvû à la splen
deur et à l'élevation de l'Empereur , en lui assurant
la considerable addition des Pays Bas et des
Etats situez dans le continent d'Italie , à ceux
qu'il possedoit déja en Allemagne ; lui - même par
le succès de ses Armes contre le Turc avoit reculé
bien loin les bornes de sa domination du
ôté de la Hongrie et de la Transilvanie, Tant
do
NOVEMBRE . 1733. 2508
de prosperités devoient combler les voeux de la
Cour de Vienne . Cependant la seule Sicile échuë
au Roi Victor, étoit encore un objet suffisant à la
troubler. Il falut la lui ceder par un Traité qui
laissoit néanmoins jour à une discussion avantageuse
au nouveau Roi de Sardaigne. C'est ainsi
que la Maison de Savoye étoit sans cesse desti
née à contribuer à l'agrandissement de celle d'Autriche
, tantôt par les services les plus signalez »
tantôt par les sacrifices les plus coûteux.
N'auroit-on pas cru que la Cour de Vienne
dont on assouvissoit à l'envi les desirs , se seroit
du moins portée à rendre justice au Roi de Sardaigne
sur des articles moins essentiels , que la
sage disposition des Puissances contractantes
avoit renvoyées au Congrez désigné à Cambray,
Tant de condescendances ne firent qu'augmenter
sa dureté : envain les Plénipotentiaires s'y assemblerent
, la lenteur affectée , et l'infléxibilité des
Ministres Imperiaux firent perdre tout le fruit
de cette convocation , et même tout espoir de
voir renaître une occasion favorable de reparer
les préjudices supportez.
Le Roi de Sardaigne entierement livré parla à
la Cour de Vienne , sur le point de sa légitime
satisfaction , éprouva déslors tout le poids de
son aliénation pour lui. Elle n'a cessé depuis de
lui susciter des oppositions et des contestations
de toute espece.
Elle avoit déja prétendu mettre le Roi de Sar→
daigne au rang des simples Vassaux et Feuda
taires par rapport aux contributions , et cela de
l'autorité privée de l'Empereur , et de celle de son
Conseil , sans aucune délibération de la Diette ,
et même sur des lieux qui ont été declarez indé,
pendans de l'Empire par la Paix de Munster , re,
Hij gardée
2 (04 MER CURE DE FRANCE
gardée comme Loy sacrée et fondamentale pour
tout le Corps Germanique .
Elle a permis au Conseil Aulique d'écouter et
d'encourager les Vassaux et Sujets du Roi de Sardaigne
, au préjudice de la prérogative dont il
joint par sa Dignité de Vicaire de l'Empire , et
par les Diplômes accordez par les Empereurs à
la Maison de Savoye.
" Elle lui a formé des difficultez recherchées en
toute occasion , soit dans les Aquisitions qu'il a
faites de l'Empereur à prix d'argent , soit dans
les Investitures générales de ses Etats, en lui disputant
tantôt les Titres , tantôt les Distinctions
dont sa Maison a joui autrefois , et cela même
en s'éloignant par un exemple presque inoui , de
l'avis du Conseil Aulique.
Elle a éludé par des délais infinis la demande
des Titres et autres Ecritures appartenantes au
Duché de Montferrat , dont la rémission est
expressément stipulée par les mêmes Traitez ,
qui portent la cession de cet Etat , et vingt ans
de sollicitations n'ont pû les obtenir.
Afin d'ôter au Roy de Sardaigne les moyens
de se deffendre , elle a prétendu lui limiter la liberté
absolue de fortifier ses Places , que le droit
naturel , aussi- bien que les Traitez , lui accordent
; elle a tâché de forcer par des interprétations
artificieuses le vrai sens des mêmes Traitez.
Elle a fomenté avec soin et soutenu avec hauteur
, les injustes prétentions des Terres de l'Etat
de Milan , confinantes avec les Etats du Roy
de Sardaigne , rejettant même toutes les ouvertures
d'un raisonnable accord , souvent proposées
par ce Prince , la Cour de Vienne affectant
de tenir cette voye ouverte pour l'inquiéter et
roubler sa Jurisdiction.
Enfin
NOVEMBRE. 1733. 2505
•
Enfin la Cour de Vienne attentive aux occasions
de choquer celle de Turin par les endroits
les plus sensibles, a choisi le moment que les
Plenipotentiaires du Roy de Sardaigne alloient
prêter l'hommage de cette partie de ses Etats qui
reléve de l'Empice , pour introduire par surprise
une étrange nouveauté , et une odieuse distinction
contre l'usage établi , et recemment pratitiqué
envers les Rois d'Angleterre , de Dannemarc
et de Suede : Et sur les vives protestations
qui lui ont été faites à ce sujet par les Ministres
du Roi de Sardaigne, elle a prétendu reparer l'offense
au moyen de quelques excuses privées et
échapées par occasion à un Officier de la Cour
de l'Empereur , dont il a refusé de donner Acte.
Dans ces circonstances , le Roi de France qui
de son côté avoit donné pendant long- tems à la
Cour de Vienne les exemples de la plus singuliere
moderation , et les preuves de la plus sage tolerance
, a jugé qu'une pareille conduite cesseroit
d'être louable , dés qu'elle devenoit incompatible
avec sa gloire personnelle , l'honneur de son
Royaume , et l'appui qu'il devoir à ses Alliez . 11.
s'est déterminé à déclarer la Guerre à l'Empereur,
et a invité le Roi de Sardaigne à prendre à cette
Guerre la même part qu'il prenoit aux Motifs.
qui la rendoient indispensable.
Le Roi de Sardaigne engagé par tant d'endroits:
à épouser le jufte ressentiment de S. M. T. C.
ayant de plus ses propres griefs à reparer , convaincu
par une longue experience , que les maximes
de la Cour de Vienne , invariables sur son
compte , tendoient à miner sa Souveraineté , en.
attendant l'occasion de l'opprimer sans ressour
ce. Confirmé dans cette certitude par des exem
ples capables d'allarmer les plus grandes Puis-
Hr sances,
2506 MFRCURE DE FRANCE
sances , a signé un Traité , joignant avec confiance
ses Armes à celles d'un Prince , qui dépouillé
d'ambition , n'a cherché à se distinguer
en Europe que par son amour pour la Paix et par
l'équité de ses desseins .
Le Roy de Sardaigne , en qualité de Souverain
indépendant , est dispensé d'autoriser par des
exemples , les mesures qu'il est contraint de
prendre contre l'Empereur en qualité de Princes
de l'Empire , il en a d'illustres à suivre . Il sçau
ia s'y conformer en maintenant une indissolu
ble union avec cet Auguste Corps , et une par
faite amitié avec les dignes Membres qui le
composent , du nombre desquels il fait gloire
d'être.
C'est donc pour l'honneur de ses Augustes Alliez
, pour le sien propre , pour sa sureté , pour
la tranquillité et le bonheur de ses Etats , que le
Roy de Sardaigne , après avoir marqué par tou
tes ses déterminations, un sincere désir de maintenir
la bonne intelligence avec ses voisins , et d'é
pargner ses Peuples les calamitez de la guerre ,
prend maintenant les Armes .
à
En agissant par des motifs si dignes de déterminer
un Souverain , il espere non seulement .
de trouver dans ses Sujets les mêmes ressources
de zele , de fidélité et de valeur , que ses Augustes
Prédecesseurs ont trouvées en eux , mais aussi
que le Dieu desArmées protegera sa cause et qu'il
benira par d'heureux succès la justice de ses
desseins ,
Fermer
Résumé : MANIFESTE de S. M. le Roi de Sardaigne.
En novembre 1733, le Roi de Sardaigne publie un manifeste exprimant sa solidarité avec le Roi de France contre les actions de l'Empereur. L'Empereur a tenté d'empêcher l'élection du prince polonais Stanislas, soutenu par la France, ce que le Roi de Sardaigne condamne comme une atteinte à la liberté de la Pologne. Le manifeste souligne également les injustices passées de la Cour de Vienne envers la Maison de Savoie, notamment lors du traité d'Utrecht où la Sicile a été cédée au Roi de Sardaigne malgré les contestations autrichiennes. De plus, la Cour de Vienne a cherché à limiter la souveraineté du Roi de Sardaigne en matière de fortifications et de juridiction. En réponse à ces provocations, le Roi de France a déclaré la guerre à l'Empereur et a invité le Roi de Sardaigne à se joindre à lui. Le Roi de Sardaigne, motivé par les griefs personnels et la menace à sa souveraineté, a accepté cette alliance. Il espère que ses sujets le soutiendront avec zèle et fidélité et que la justice de sa cause sera bénie par des succès militaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 2506-2507
BOUQUET.
Début :
Vite un Bouquet pour la jeune Julie ; [...]
Mots clefs :
Bouquet, Amour, Julie, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BOUQUET.
BOUQUET.
V Ite un Bouquet pour la jeune Julie ;
Allons , Amour , c'est sa Fête demain ?
Bon
NOVEMBRE. 1733. 2507.
Bon , J'aime assez ces Eillets , ce Jasmin ;
Mais en Bouquets , chacun a sa folie :
La mienne , Amour , .est celle des Rimeurs ;
Toujours des Vers accompagnent mes fleurs
Vingt seulement ? j'ose te les prescrire.
Eh ! quel objet peut les mériter mieux ?
Dans son esprit , que toi- seul peus décrire ,
Regne le feu qui brille dans ses yeux ;
Ce sont des Tours neufs , vifs , ingénieux ;
C'est le talent d'a nuser sans médire ;
?
Bref , c'est .... mais quoi ! tu me laisses tout
dire !
Refuses-tu de remplir mon espoir?
J'entens , Amour , sur le coeur de la belle ,
Ton air , tes traits ont été sans pouvoir ,
Et ton orgueil est irrité contr'elle.
Dieu trop jaloux ! eh ! bien suis ton projet;
Au lieu de Vers ( l'offre sera nouvelle )
Julie aura ton dépit pour Bouquet.
ENVOY.
De la fierté qu'en vous l'on voit paroître ,
Si Cupidon quelque jour est vainqueur ,
Belle D ... ne le faites connoître ,
Qu'en me prenant pour son vangeur.
V Ite un Bouquet pour la jeune Julie ;
Allons , Amour , c'est sa Fête demain ?
Bon
NOVEMBRE. 1733. 2507.
Bon , J'aime assez ces Eillets , ce Jasmin ;
Mais en Bouquets , chacun a sa folie :
La mienne , Amour , .est celle des Rimeurs ;
Toujours des Vers accompagnent mes fleurs
Vingt seulement ? j'ose te les prescrire.
Eh ! quel objet peut les mériter mieux ?
Dans son esprit , que toi- seul peus décrire ,
Regne le feu qui brille dans ses yeux ;
Ce sont des Tours neufs , vifs , ingénieux ;
C'est le talent d'a nuser sans médire ;
?
Bref , c'est .... mais quoi ! tu me laisses tout
dire !
Refuses-tu de remplir mon espoir?
J'entens , Amour , sur le coeur de la belle ,
Ton air , tes traits ont été sans pouvoir ,
Et ton orgueil est irrité contr'elle.
Dieu trop jaloux ! eh ! bien suis ton projet;
Au lieu de Vers ( l'offre sera nouvelle )
Julie aura ton dépit pour Bouquet.
ENVOY.
De la fierté qu'en vous l'on voit paroître ,
Si Cupidon quelque jour est vainqueur ,
Belle D ... ne le faites connoître ,
Qu'en me prenant pour son vangeur.
Fermer
Résumé : BOUQUET.
Le poème 'BOUQUET', daté de novembre 1733, est dédié à une jeune femme nommée Julie à l'occasion de sa fête. L'auteur souhaite lui offrir un bouquet, mais préfère accompagner les fleurs de vers. Il apprécie les œillets et le jasmin, mais valorise davantage ses écrits. Julie est décrite comme ayant un esprit brillant et ingénieux, capable de s'amuser sans médire. Cependant, l'auteur exprime son irritation face à l'indifférence de Julie envers l'amour. Il suggère alors de lui offrir le dépit de l'amour comme bouquet. Dans l'envoi, l'auteur met en garde contre la fierté de Julie et propose de se venger si Cupidon, le dieu de l'amour, venait à triompher un jour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 2507-2508
Sur un Portrait sous la figure de DIANE.
Début :
En voyant le Portrait de celle qui m'est chere, [...]
Mots clefs :
Portrait, Diane, Vénus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Sur un Portrait sous la figure de DIANE.
Sur un Portrait sous la figure de DIANE.
En voyant le Portrait de celle qui m'est chere,
6
H vj Venus
2508 MERCURE DE FRANCE
Venus dit : C'est le mien , le Peintre a réussi ;-
Mais Diane , croyant s'y reconnoître aussi ,
Leur débat , sur ce point , devint querelle amere
Amour les écoutoit , riant d'un . ris malin ;
Déesses , leur dit- il , vous disputés envain ;
Ce Tableau represente une simple mortelle ;
Ainsi donc sur ce point , cessez de quereller ;
Ce qui fait votre erreur , c'est qu'elle est sage et
belle.
Eh ! quelle autre par-là , peut mieux vous res
sembler ?
En voyant le Portrait de celle qui m'est chere,
6
H vj Venus
2508 MERCURE DE FRANCE
Venus dit : C'est le mien , le Peintre a réussi ;-
Mais Diane , croyant s'y reconnoître aussi ,
Leur débat , sur ce point , devint querelle amere
Amour les écoutoit , riant d'un . ris malin ;
Déesses , leur dit- il , vous disputés envain ;
Ce Tableau represente une simple mortelle ;
Ainsi donc sur ce point , cessez de quereller ;
Ce qui fait votre erreur , c'est qu'elle est sage et
belle.
Eh ! quelle autre par-là , peut mieux vous res
sembler ?
Fermer
Résumé : Sur un Portrait sous la figure de DIANE.
Le poème 'Sur un Portrait sous la figure de Diane' relate une dispute entre Vénus et Diane au sujet d'un portrait. Chacune pense y être représentée. Amour intervient pour expliquer que le tableau montre une mortelle sage et belle, rendant les déesses semblables à cette femme. Il les incite à cesser leur querelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 2508-2509
ARMÉE D'ITALIE.
Début :
Les Troupes du Roy qui s'étoient mises en marche depuis le 12 Octobre, pour passer [...]
Mots clefs :
Roi de Sardaigne, Troupes, Armée, Prince, Château, Marquis de Coigny
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARMÉE D'ITALIE.
ARMEE D'ITALIE.
L
Es Troupes du Roy qui s'étoient mises en
marche depuis le 12 Octobre , pour passer
les Alpes par Briançon , par la Vallée de Barce-
Jonnette et par la Savoye , s'étant assemblées .
sous Verceil et sous Mortare , elles joignirent les
Troupes du Roy de Sardaigne. Ce Prince partit
de Turin le 29 du mois dernier pour aller se
mettre à la tête de l'Armée . Il arriva le même:
jour à Vigevano , où les Troupes du Roy et les
siennes s'étoient renduës .
Ce Prince après avoir détaché deux Corps de
Troupes pour aller former le Blocus de Tortonne
et celui de Novarre , se disposoit à marcher
avec l'Armée pour investir Pavie , lorsque les
Députez de cette Ville vinrent lui en apporter les
Clefs et celles du Château. Le Marquis d'Aix que
le Roy de Sardaigne a choisi pour commander
dans cette Place , a trouvé que les trois Bataillons
des Troupes de l'Empereur qui en sont sorzis
, y ont laissé 35 Piéces de Canon et 300 milliers.
NOVEMBRE. 1733 2.509.
liers de Poudre,avec beaucoup d'autres munitions.
de guerre.
Le Roy de Sardaigne s'étant avancé vers Pavie
,y a reçu le 4 de ce mois la députation du
Sénat et de la Ville de Milan, et il a commandé
le Marquis de Coigny , Lieutenant General des .
Armées du Roy , avec 9000 hommes pour s'assurer
de cette Place , et pour former le Blocus du
Château.
L'Armée devoit séjourner à Pavie les de ce
mois , et le Roy de Sardaigne comptoit s'avancer
le lendemain sur l'Adda , pour aller à Pizzi
ghitonne.
Le Maréchal Duc de Villars arriva à Turin ,,
le 6 de ce mois ; le lendemain il eut l'honneur de
rendre ses respects à la Reine de Sardaigne , et au
Duc de Savoye , et il partit le 9 , pour se rendre à
l'Armée , qu'il comptoit joindre le 11 , à Pizzighitone..
Suivant les dernieres nouvelles reçuës, de KArmée
, le Roy de Sardaigne devoit partir de Pa
vie le 7, pour marcher à Pizzighitone . Ce Prince
avoit envoyé ordre au Marquis de Coigny
Lieutenant General , de laisser à Milan une partie
des Troupes qu'il avoit pour former le Blo ..
cus du Château , et d'aller le 6 avec s Bataillons
ets Escadrons occuper Lodi , où le Duc d'Harcourt
, Marêchal de Camp , à la tête de 12 Es
cadrons , avoit eu ordre de se rendre.
L
Es Troupes du Roy qui s'étoient mises en
marche depuis le 12 Octobre , pour passer
les Alpes par Briançon , par la Vallée de Barce-
Jonnette et par la Savoye , s'étant assemblées .
sous Verceil et sous Mortare , elles joignirent les
Troupes du Roy de Sardaigne. Ce Prince partit
de Turin le 29 du mois dernier pour aller se
mettre à la tête de l'Armée . Il arriva le même:
jour à Vigevano , où les Troupes du Roy et les
siennes s'étoient renduës .
Ce Prince après avoir détaché deux Corps de
Troupes pour aller former le Blocus de Tortonne
et celui de Novarre , se disposoit à marcher
avec l'Armée pour investir Pavie , lorsque les
Députez de cette Ville vinrent lui en apporter les
Clefs et celles du Château. Le Marquis d'Aix que
le Roy de Sardaigne a choisi pour commander
dans cette Place , a trouvé que les trois Bataillons
des Troupes de l'Empereur qui en sont sorzis
, y ont laissé 35 Piéces de Canon et 300 milliers.
NOVEMBRE. 1733 2.509.
liers de Poudre,avec beaucoup d'autres munitions.
de guerre.
Le Roy de Sardaigne s'étant avancé vers Pavie
,y a reçu le 4 de ce mois la députation du
Sénat et de la Ville de Milan, et il a commandé
le Marquis de Coigny , Lieutenant General des .
Armées du Roy , avec 9000 hommes pour s'assurer
de cette Place , et pour former le Blocus du
Château.
L'Armée devoit séjourner à Pavie les de ce
mois , et le Roy de Sardaigne comptoit s'avancer
le lendemain sur l'Adda , pour aller à Pizzi
ghitonne.
Le Maréchal Duc de Villars arriva à Turin ,,
le 6 de ce mois ; le lendemain il eut l'honneur de
rendre ses respects à la Reine de Sardaigne , et au
Duc de Savoye , et il partit le 9 , pour se rendre à
l'Armée , qu'il comptoit joindre le 11 , à Pizzighitone..
Suivant les dernieres nouvelles reçuës, de KArmée
, le Roy de Sardaigne devoit partir de Pa
vie le 7, pour marcher à Pizzighitone . Ce Prince
avoit envoyé ordre au Marquis de Coigny
Lieutenant General , de laisser à Milan une partie
des Troupes qu'il avoit pour former le Blo ..
cus du Château , et d'aller le 6 avec s Bataillons
ets Escadrons occuper Lodi , où le Duc d'Harcourt
, Marêchal de Camp , à la tête de 12 Es
cadrons , avoit eu ordre de se rendre.
Fermer
Résumé : ARMÉE D'ITALIE.
En octobre 1733, les troupes françaises traversèrent les Alpes et se rassemblèrent à Vercelli et Mortara, rejoignant les forces du roi de Sardaigne à Vigevano le 29 octobre. Elles bloquèrent Tortonne et Novarre avant de marcher sur Pavie, qui se rendit sans combat. Le marquis d'Aix fut nommé commandant de Pavie, où il trouva des munitions laissées par les troupes impériales. Le 4 novembre, le roi de Sardaigne reçut la députation de Milan à Pavie et ordonna au marquis de Coigny de sécuriser Milan avec 9 000 hommes. L'armée prévoyait d'avancer sur l'Adda le 6 novembre vers Pizzighettone. Le maréchal duc de Villars arriva à Turin le 6 novembre, rencontra la reine de Sardaigne et le duc de Savoie, puis rejoignit l'armée à Pizzighettone le 9 novembre. Le roi de Sardaigne quitta Pavie le 7 novembre pour Pizzighettone, laissant des troupes à Milan et Lodi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 2509-2511
REMERCIMENT de M. de Senecé, pour une Visite reçûë de M. l'Evêque de Mâcon.
Début :
Debout, debout, grosse Dormeuse, [...]
Mots clefs :
Grosse dormeuse, Muse, Debout, Jean-Antoine du Cerceau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMERCIMENT de M. de Senecé, pour une Visite reçûë de M. l'Evêque de Mâcon.
REMERCIMENT de M. de Senecé,
pour une Visite reçue de M. l'Evêque
de Mâcon.
Debout , debout , grosse Dormeuse ;
Debout , vous qui devriez briller ,
1510 MERCURE DE FRANCE
Et choisir pour vous habiller , ·
La mode la plus fastueuse ,
Vous ronflez sur votre oreiller ,
Comme une vieille raffoleuse !
Debout , debout ; grosse dormeuse.
C'est à vous queje parle; entendez - vous ma voix
Vous , Muse , en qui j'ai confiance ,
Qui m'avez si souvent prêté votre assistance ,
Pour chanter les Héros et celebrer les Rois ?
C'est sur un grand Prélat que se fixe mon
choix.
Est-il plus beau sujet pour vous mettre en dépense
?
Mais mon instance a peu d'effet ;
L'Ingrare à ses faveurs mettant ici le terme,
Ouvre ses yeux , puis les refeime ,
Et retombe sur son chevet,
C'est un meuble fort inutile ,
Qu'une Muse en caducité ;
Sa foiblesse la rend paresseuse , indocile
Et de son indolence elle fait vanité.
Essayons toutes - fois si nous pourrons sans elle ,
Donner quelque coup de pinceau ,
Qui soit témoin de notre zele ,
Et digne d'un ami du fécond Du Cerceau.
Quand je vous vis entrer , Prélat incomparable ,
Dans le sombre réduit de mon Appartement ,
Je crus voir du Soleil un rayon favorable ,
Dorc
7
43 NOVEMBRE
. 1733. ifit
Dorer tous les recoins de l'obscur Logement.
Qui ne seroit charmé de voir la politesse ,
La douceur , l'éloquence et l'aimable entretien ,
Qui sans se dégrader , s'ajuste à la foiblesse ,
Et pour l'encourager në lui reproche rien ?
Qui ne sentiroit pas la puissante énergie
Si propre à réunir les coeurs evenimez ,
Qui fait
par sa seciette et divine magie
Embrasser l'Appellant avec les Intimez ?
La fierre Garnison * qui marche sans Trom
: pettes ,
Dès que vous paroissez a mis les armes bas ;
Et nos pauvres Etats déchargez de leurs dettes
Ont repris du courage au seul nom de Valras .
De plus rares talens, dont j'ai peine à me taire ,
J'oserois bien peut - être entamer le discours ,
Mais que puis - je tenter , Rimeur nonagenaire ,
Sans avoir ni Phébus , ni Muse à mon secours?
pour une Visite reçue de M. l'Evêque
de Mâcon.
Debout , debout , grosse Dormeuse ;
Debout , vous qui devriez briller ,
1510 MERCURE DE FRANCE
Et choisir pour vous habiller , ·
La mode la plus fastueuse ,
Vous ronflez sur votre oreiller ,
Comme une vieille raffoleuse !
Debout , debout ; grosse dormeuse.
C'est à vous queje parle; entendez - vous ma voix
Vous , Muse , en qui j'ai confiance ,
Qui m'avez si souvent prêté votre assistance ,
Pour chanter les Héros et celebrer les Rois ?
C'est sur un grand Prélat que se fixe mon
choix.
Est-il plus beau sujet pour vous mettre en dépense
?
Mais mon instance a peu d'effet ;
L'Ingrare à ses faveurs mettant ici le terme,
Ouvre ses yeux , puis les refeime ,
Et retombe sur son chevet,
C'est un meuble fort inutile ,
Qu'une Muse en caducité ;
Sa foiblesse la rend paresseuse , indocile
Et de son indolence elle fait vanité.
Essayons toutes - fois si nous pourrons sans elle ,
Donner quelque coup de pinceau ,
Qui soit témoin de notre zele ,
Et digne d'un ami du fécond Du Cerceau.
Quand je vous vis entrer , Prélat incomparable ,
Dans le sombre réduit de mon Appartement ,
Je crus voir du Soleil un rayon favorable ,
Dorc
7
43 NOVEMBRE
. 1733. ifit
Dorer tous les recoins de l'obscur Logement.
Qui ne seroit charmé de voir la politesse ,
La douceur , l'éloquence et l'aimable entretien ,
Qui sans se dégrader , s'ajuste à la foiblesse ,
Et pour l'encourager në lui reproche rien ?
Qui ne sentiroit pas la puissante énergie
Si propre à réunir les coeurs evenimez ,
Qui fait
par sa seciette et divine magie
Embrasser l'Appellant avec les Intimez ?
La fierre Garnison * qui marche sans Trom
: pettes ,
Dès que vous paroissez a mis les armes bas ;
Et nos pauvres Etats déchargez de leurs dettes
Ont repris du courage au seul nom de Valras .
De plus rares talens, dont j'ai peine à me taire ,
J'oserois bien peut - être entamer le discours ,
Mais que puis - je tenter , Rimeur nonagenaire ,
Sans avoir ni Phébus , ni Muse à mon secours?
Fermer
Résumé : REMERCIMENT de M. de Senecé, pour une Visite reçûë de M. l'Evêque de Mâcon.
M. de Senecé exprime sa gratitude pour la visite de l'Évêque de Mâcon. Il s'adresse à sa Muse, qu'il décrit comme paresseuse et indocile, ce qui l'empêche de célébrer pleinement les mérites de l'Évêque. Malgré cette difficulté, il loue la politesse, la douceur, l'éloquence et l'aimable entretien de l'Évêque. Il souligne également l'impact positif de ce dernier sur les États, qui ont retrouvé courage grâce à lui. L'auteur reconnaît les talents rares de l'Évêque mais se sent incapable de les décrire pleinement sans l'aide de sa Muse et de Phébus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 2511-2513
ADDITION AUX NOUVELLES.
Début :
On a appris de Pologne, par les Lettres du 12. de ce mois, que les Palatinats de Prusse, [...]
Mots clefs :
Comte, Maréchal de camp, Brigadier d'infanterie, Lieutenant général
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION AUX NOUVELLES.
ADDITION AUX NOUVELLES.
Na appris de Pologne , par les Lettres du
12. de ce mois , que les Palatinats de Prusse,
de Martembourg et de Russie , ont executé les
ordres portez par les Universaux . La Noblesse
des autres Palatinats se prépare à suivre cet
exemple , et l'on compte qu'elle sera incessam-
* La Province souffroit depuis long-temps une
Garnison pour restes de Tailles.
ment
3512 MERCURE DE FRANCE
ment assemblée dans la Plaine de Radom , on
elle doit attendre les ordres du Roy.
Le Comte Pocci a reçû un renfort considé
rable de Troupes , qui lui a amené M. Rudzinski
, Castellan de Czersko , et il se dispose à aller
joindre l'Armée de la Couronne , qui marche
vers le Palatinat de Sandomir , pour empêcher
les Ennemis de s'approcher de Cracovie. On assure
qu'aussi - tôt après la jonction des Troupes.
de la Couronne et de celles de Lithuanie , le.
Comte Potocki , cherchera l'occasion d'attaquer.
les Ennemis .
Quelques Troupes de Saxe , commandées par
le Duc de Saxe Weseinfels , sont entrées le 2 de
ce mois en Posnanie ; les Partisans des Opposans
publient qu'elles seront bien-tôt suivies de 15000.
hommes, à la tête desquels est le Comte de Vakerbart,
Ft - Maréchal , mais il ne paroît pas que
cette nouvelle cause beaucoup d'inquiétude à la
Cour de Dantzick.
Deux Couriers que le General Lesci envoyoit
à Petersbourg , ont été arrêtez par des Détachemens
des Troupes du Comte de Pocci , et l'on a
appris par les Dépêches dont ils étoient chargez,,
que ce n'est que par des menaces et ensuite par
des promesses avantageuses, que le General Mos--
covite avoit déterminé les Opposans à la prétenduë
Election de l'Electeur de Saxe , qu'il les
avoit forcez d'inserer dans le Pacta- Conventa ,
qu'ils ont dressé toutes les clauses qu'exigeoien t .
les Ministres de Saxe , et que ces prétendus Pacta-
Conventa , avoient été signez le premier de.
ce mois par le Comte de Vakerbart - Salmour ,.
au nom de l'Electeur son Maître. Les mêmes
Dépêches portent que les Ministres de Saxe désiroient
que tous lesOpposans confirmassent leur
ConNOVEMBRE.
1733. 241.3
Confédération par serment , mais que les derniers
avoient rejetté cette proposition ,
On apprend de Strasbourg , que l'Armée du
Roy s'étant séparée le 13. de ce mois , le Maréchal
Duc de Berwick arriva le même jour en
eette Ville , d'où il alla au Fort-Louis et à Huningue
, pour y voir en quel état étoient les travaux
qu'il y avoit ordonnez ; il alla ensuite à
Landau , er le 23 il se rendit à Béfort et de là il
partit pour la Cour , où il arriva le 29 de ce mois .
Les Officiers Généraux et les autres nommez
par le Roi , pour servir en Alsace et sur les Frontieres,
sont , à Strasbourg , le Marquis de Dreux,
Lieutenant général , le Marquis de Balincourt ,
Maréchal de Camp , le Comte de Baviere et M.
Buckeley , Brigadiers d'Infanterie.
Dans la haute Alsace , M. de la Billarderie ,
Marechal de Camp , et M. d'Herouville Brigadier
d'Infanterie .
Dans la basse Alsace M. de Quadr, Lieutenant
général , et M. de Gensac, Brigadier d'infanterie.
Dans les trois Evêchez , le Comte de Belisle
Lieutenant général , M. de Tarneau , Marechal
de Camp , et M. de Lenck, Brigadier d'Infanterie.
A Nancy , M. de Lutreau , Brigadier d'Infanterie.
Sur la Frontiere de Champagne , le Marquis
de Polastron , Brigadier d'Infanterie.
Dans le Comté de Bourgogne , le Chevalier de
Givry , Marechal de Camp , et le Marquis de
Châtelux , Brigadier de Cavalerie.
Le Traité de Neutralité; entre le Roi et les Etats
généraux , a été signé à la Haye le 24. Novembre,
par le Marquis de Fenelon, Ambassadeur de
S. M. en Hollande , et par les Députés des Etats.
Na appris de Pologne , par les Lettres du
12. de ce mois , que les Palatinats de Prusse,
de Martembourg et de Russie , ont executé les
ordres portez par les Universaux . La Noblesse
des autres Palatinats se prépare à suivre cet
exemple , et l'on compte qu'elle sera incessam-
* La Province souffroit depuis long-temps une
Garnison pour restes de Tailles.
ment
3512 MERCURE DE FRANCE
ment assemblée dans la Plaine de Radom , on
elle doit attendre les ordres du Roy.
Le Comte Pocci a reçû un renfort considé
rable de Troupes , qui lui a amené M. Rudzinski
, Castellan de Czersko , et il se dispose à aller
joindre l'Armée de la Couronne , qui marche
vers le Palatinat de Sandomir , pour empêcher
les Ennemis de s'approcher de Cracovie. On assure
qu'aussi - tôt après la jonction des Troupes.
de la Couronne et de celles de Lithuanie , le.
Comte Potocki , cherchera l'occasion d'attaquer.
les Ennemis .
Quelques Troupes de Saxe , commandées par
le Duc de Saxe Weseinfels , sont entrées le 2 de
ce mois en Posnanie ; les Partisans des Opposans
publient qu'elles seront bien-tôt suivies de 15000.
hommes, à la tête desquels est le Comte de Vakerbart,
Ft - Maréchal , mais il ne paroît pas que
cette nouvelle cause beaucoup d'inquiétude à la
Cour de Dantzick.
Deux Couriers que le General Lesci envoyoit
à Petersbourg , ont été arrêtez par des Détachemens
des Troupes du Comte de Pocci , et l'on a
appris par les Dépêches dont ils étoient chargez,,
que ce n'est que par des menaces et ensuite par
des promesses avantageuses, que le General Mos--
covite avoit déterminé les Opposans à la prétenduë
Election de l'Electeur de Saxe , qu'il les
avoit forcez d'inserer dans le Pacta- Conventa ,
qu'ils ont dressé toutes les clauses qu'exigeoien t .
les Ministres de Saxe , et que ces prétendus Pacta-
Conventa , avoient été signez le premier de.
ce mois par le Comte de Vakerbart - Salmour ,.
au nom de l'Electeur son Maître. Les mêmes
Dépêches portent que les Ministres de Saxe désiroient
que tous lesOpposans confirmassent leur
ConNOVEMBRE.
1733. 241.3
Confédération par serment , mais que les derniers
avoient rejetté cette proposition ,
On apprend de Strasbourg , que l'Armée du
Roy s'étant séparée le 13. de ce mois , le Maréchal
Duc de Berwick arriva le même jour en
eette Ville , d'où il alla au Fort-Louis et à Huningue
, pour y voir en quel état étoient les travaux
qu'il y avoit ordonnez ; il alla ensuite à
Landau , er le 23 il se rendit à Béfort et de là il
partit pour la Cour , où il arriva le 29 de ce mois .
Les Officiers Généraux et les autres nommez
par le Roi , pour servir en Alsace et sur les Frontieres,
sont , à Strasbourg , le Marquis de Dreux,
Lieutenant général , le Marquis de Balincourt ,
Maréchal de Camp , le Comte de Baviere et M.
Buckeley , Brigadiers d'Infanterie.
Dans la haute Alsace , M. de la Billarderie ,
Marechal de Camp , et M. d'Herouville Brigadier
d'Infanterie .
Dans la basse Alsace M. de Quadr, Lieutenant
général , et M. de Gensac, Brigadier d'infanterie.
Dans les trois Evêchez , le Comte de Belisle
Lieutenant général , M. de Tarneau , Marechal
de Camp , et M. de Lenck, Brigadier d'Infanterie.
A Nancy , M. de Lutreau , Brigadier d'Infanterie.
Sur la Frontiere de Champagne , le Marquis
de Polastron , Brigadier d'Infanterie.
Dans le Comté de Bourgogne , le Chevalier de
Givry , Marechal de Camp , et le Marquis de
Châtelux , Brigadier de Cavalerie.
Le Traité de Neutralité; entre le Roi et les Etats
généraux , a été signé à la Haye le 24. Novembre,
par le Marquis de Fenelon, Ambassadeur de
S. M. en Hollande , et par les Députés des Etats.
Fermer
Résumé : ADDITION AUX NOUVELLES.
En novembre 1733, des événements politiques et militaires significatifs se déroulent en Pologne et en Europe. En Pologne, les palatinats de Prusse, de Martembourg et de Russie exécutent les ordres des Universaux, et la noblesse des autres palatinats se prépare à suivre cet exemple. Le Comte Pocci, accompagné de M. Rudzinski et renforcé par des troupes, se dirige vers l'armée de la Couronne pour protéger Cracovie contre les ennemis. Des troupes saxonnes, commandées par le Duc de Saxe-Weissenfels, entrent en Posnanie, mais cette nouvelle n'inquiète pas la Cour de Dantzick. Deux courriers du Général Lesci, envoyés à Petersbourg, sont arrêtés par les troupes du Comte de Pocci. Les dépêches révèlent que le Général Moscovite a forcé les opposants à accepter l'élection de l'Électeur de Saxe par des menaces et des promesses. Les Pacta Conventa ont été signés le 1er novembre par le Comte de Vakerbart-Salmour au nom de l'Électeur, mais les opposants ont rejeté la proposition de confirmer leur Confédération par serment. En France, l'armée du Roi se sépare le 13 novembre. Le Maréchal Duc de Berwick inspecte les travaux à Fort-Louis, Huningue, Landau et Belfort avant de se rendre à la Cour. Divers officiers généraux sont nommés pour servir en Alsace et sur les frontières. Le Traité de Neutralité entre le Roi et les États généraux est signé à La Haye le 24 novembre par le Marquis de Fénelon et les Députés des États.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 2514
RONDEAU A Monseigneur le Cardinal de Fleury. Par M. de S. Aulaire, sur ce que S. E. lui avoit écrit que sa pension cesseroit lorsqu'il auroit six-vingt ans.
Début :
A six-vingt ans, vouloir que je limite, [...]
Mots clefs :
Six-vingts ans, Monseigneur, Duchesse du Maine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RONDEAU A Monseigneur le Cardinal de Fleury. Par M. de S. Aulaire, sur ce que S. E. lui avoit écrit que sa pension cesseroit lorsqu'il auroit six-vingt ans.
RONDEAU
A Monseigneur le Cardinal de Fleury,
Par M. de S. Aulaire , sur ce que S.E.
lui avoit écrit que sa pension cessero
lorsqu'il auroit six- vingt ans .
A Sixvingt
ans , vouloir que je limite,
De mon Hyver la course décrépite ,
C'est ignorer que par enchantement ,
A notre Cour ( 1 ) les jours coulent si vîte
Que les plus longs ne sont que des momens.
Quand vous aurez chassé le Moscovite ,
Et rabaissé l'orgueil des Allemans ,
On voudra voir quelle sera la suite
A six- vingt ans.
►
Les Patoureaux enchantez et dormans ,
Sous les Berceaux que no re Fée habite , (2)
Attendront-là ces grands Evénemens ,
Et le comptant de leurs appointemens ;
Car , Monseigneur , vous n'en serez pas quitte
A six -vingt ans.
( I ) Sceaux.
(a ) La Duchesse du Maine.
A Monseigneur le Cardinal de Fleury,
Par M. de S. Aulaire , sur ce que S.E.
lui avoit écrit que sa pension cessero
lorsqu'il auroit six- vingt ans .
A Sixvingt
ans , vouloir que je limite,
De mon Hyver la course décrépite ,
C'est ignorer que par enchantement ,
A notre Cour ( 1 ) les jours coulent si vîte
Que les plus longs ne sont que des momens.
Quand vous aurez chassé le Moscovite ,
Et rabaissé l'orgueil des Allemans ,
On voudra voir quelle sera la suite
A six- vingt ans.
►
Les Patoureaux enchantez et dormans ,
Sous les Berceaux que no re Fée habite , (2)
Attendront-là ces grands Evénemens ,
Et le comptant de leurs appointemens ;
Car , Monseigneur , vous n'en serez pas quitte
A six -vingt ans.
( I ) Sceaux.
(a ) La Duchesse du Maine.
Fermer
Résumé : RONDEAU A Monseigneur le Cardinal de Fleury. Par M. de S. Aulaire, sur ce que S. E. lui avoit écrit que sa pension cesseroit lorsqu'il auroit six-vingt ans.
Le poème 'RONDEAU' de M. de S. Aulaire répond au Cardinal de Fleury sur la cessation de sa pension à soixante ans. L'auteur conteste cette décision, affirmant que des événements importants peuvent encore survenir à cet âge, comme des exploits militaires. Il mentionne la Duchesse du Maine et signe à Sceaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer