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1
p. 205-217
RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
Début :
Je crois avant que d'entrer dans le détail du Siege du Fort [...]
Mots clefs :
Ile de Minorque, Port Mahon, Fort Saint-Philippe, Siège, Garnison, Grenadiers, Attaque, Description historique, Description géographique, Anglais
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texteReconnaissance textuelle : RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
RELATION HISTORIQUE
De la Prife de l'Iſle de Minorque , & principalement
des Port-Mahon & Fort Saint-
Philippe ; envoyée par un Officier de l'Armée.
Du Fort S. Philippe , le 30 Juin 1756.
JEE crois avant que d'entrer dans le détail du
Siege du Fort Saint- Philippe , devoir donner une
idée fuccincte, géographique & hiftorique de cette
In e.
L'Ile Minorque fituée dans la Méditerrannée ,
placée précisément au quatrieme degré de latitu
de , à foixante- dix lieues de Marfeille , & à quinze
des côtes de l'Afrique , faifoit anciennement partie
des Iles appellées Baléares , du nom d'un
Grec nommé Baléus , qui fut le premier qui en
fit la découverte .
Sa fituation eft oblongue ; elle a dix- huit lieues
de longueur fur- neuf dans fa plus grande largeur.
Son climat eft fort fain , l'air paffablement tempé
ré il y egne cependant des chaleurs infupporta.
bles pendant les mois de Mai , Juin , Juiller
& Août le refte de l'année est un printemps
continuel : rarement y voit - on de la gelée . Son
local n'eft pas montagneux , quoiqu'affez inégal
206 MERCURE DE FRANCE .
Le terrein produit de tout ce qui est néceffaire
à la vie , furtout de très- bon gibier , d'excellent
mufcat : tous les fruits y font délicieux .
L'Ille eft divifée en cinq territoires, dont chacun
porte le nom de la Ville principale ou Chef-lieu.
Le premier eft Ciutadella qui peut avoir aux
environs de 7 à 8 mille Habitans. Anciennement
les Gouverneurs faifoient leur réfidence encerre
Ville , où on compte actuellement juſqu'à 600
maifons. Le fecond territoire eft Ferrorias , qui
a tout au plus douze cens Habitans: Marcadal
eft le troifieme , dont le nombre d'Habitans ne
paffe pas dix-huit cens. Aleyor eft le quatrieme ,
& eft plus confidérable ; auffi peut- il fournir près
de cinq mille Habitans . Mahon eft le cinquieme
& . dernier territoire. La Ville de Mahon eft la
Capitale de toute l'Ifle : c'eft la réfidence du
Gouverneur & des Corps de Juftice : fon beau
Port & le voisinage du Fort Saint- Philippe , la
rendent infiniment plus confidérable : elle peut
compter au nombre de vingt mille Habitans.
Ily a dans l'Ile deux ports capables de recevoir
les plus gros Vaiffeaux le Port Fornelle , & le
Port Mahon ; il y a encore plufieurs Cales où les
Bâtimens Marchands peuvent mouiller.
2
L'entrée du Port Mahon eft défendue à l'Ouest
par le Fort S. Philippe , & à l'Eft par le Fort
Philippet. Je me tais fur le refte de l'ifle , parce
qu'il n'y a rien qui mérite votre attention .
Comme les Habitans de l'Ifle font originaired'Efpagne
, la Religion Catholique s'y eft confervée.
C'étoit le Gouverneur Anglois qui nommoit
aux Bénéfices , fuivant un article du Traité
d'Utrecht.
Les Cartaginois furent anciennement les Maî→
tres des Illes Baléares , dont l'Ile Minorque faifoit.
AOUST. 1756. 207
partie. Après la feconde guerre Punique , les
Romains en devinrent les Poffeffeurs j'ufqu'à
Pinondation des Goths & Vandales , vers l'an
421. Ceux - ci les conferverent jufqu'au huitieme
fiecle , que les Sarrazins en firent la conquête.
Minorque fut foumiſe à ces derniers , jufqu'à l'an
1210 qu'ils perdirent la fameuſe Bataille de Loza ,
où il périt deux cens mille Maures . Les Minorcains
refterent jufqu'en 1287 dans une espece d'indépendance
, en payant feulement un tribut annuel
aux différens Princes d'Efpagne qui les proté
geoient. Les naturels du Pays fe trouvoient dès ce
temps confondus avec un refte de Sarrazins : la
Religion Mahométane y étoit la dominante. Les
Minorcains voulant s'affranchir du tribut qu'ils
payoient à l'Espagne, attirerent dans leur Ifle quantité
de Barbares de l'Afrique , leurs voifins : mais
Alphonfe , Roi d'Arragon , ayant eu vent du complot,
fit une defcente dans l'Ifle, avec une armée qui
mit tout à feu & à fang , contraignit le gros des
Habitans de ferenfermer dans laFortereffe du Mont
Sainte- Agatte , les affiégea , les prit , La plûpart
périrent par les armes : quelques-uns furent envoyés
en Afrique , & d'autres ne fauverent leur vie qu'en
perdant leur liberté , c'est- à- dire , qu'ils devinrentefclaves
des Espagnols , qui s'établirent dans l'Ile
fous la protection des Rois d'Efpagne . Les Princes
d'Efpagne ont confervé une autorité fouveraine
dans l'ifle Minorque , jufqu'en 1708 que les
Anglois formerent le deffein de s'en rendre les
maîtres.
En effet le 14 Décembre , le Général Comte de
Stenhope y débarqua avec trois mille hommes ,
42 pieces de canon & 15 mortiers. Les troupes
qui étoient répandues dans les différens quartiers .
de l'Ile , fe renfermerent dans les Forts Fornelle
208 MERCURE DE FRANCE.
& Saint-Philippe . Les premieres opérations des An
glois furent d'attaquer Fornelle , qu'ils prirent ea
deux jours. Auffi - tôt après cette réduction , ils
dirigerent leurs forces contre le Fort S. Philippe ,
qui ne tint que quinze jours : la Garnifon compofée
de François & d'Elpagnols , fut renvoyée
partie en France , partie en Espagne. Dès ce moment
les Anglois s'établirent dans Minorque , &
la poffeffion leur en a été affurée par le Traité de
Paix conclu à Utrecht , le 13 Juillet 1713. Ils en
ont été les maîtres pendant 48 ans. Ils le feroient
encore , fi leur pyraterie n'eût obligé notre glorieux
Monarque à punir l'infulte que cette Nation
3
ne ceffe de faire depuis deux ans au Pavillon François.
Il vous paroîtra fingulier , Monfieur , que nous
ayons été fi long - teins à nous rendre les maîtres
de cette Place , pendant que des Anglois en
avoient fait la conquête en moins de trois femaines.
Votre furpriſe ceffera quand vous ferez
inftruit des travaux immenfes que cette nation
a fait au Fort S. Philippe , dont la dépenſe ſe
monte à plus de cent millions , c'eſt - à - dire , plus
que toute l'ile ne peut valoir , fi on en excepte
toutefois la grande reffource dont elle étoit pour
le Commerce des Anglois au Levant.
Voici à peu près la defcription du Fort S. Philippe
, & vous conviendrez , avec toute l'Europe
, qu'il n'a pas fallu moins de prudence que de
courage & de fermeté , pour triompher de tous
les obftacles qui fe rencontroient à chaque pas.
Il est conftruit fur une langue de terre qui
avance dans la mer. Quatre baftions , autant de
courtines , environnés d'un large & profond foffé ,
taillés dans le roc vif , font le principal corps
de la Place : les ouvrages extérieurs , qui font ea
A O UST. 1756. 209
très-grand nombre , s'étendent jufqu'aux rivages
des deux côtés de la langue de terre : les mines
y font abondantes & fi bien diftribuées , qu'elles
fe communiquent au moyen de différens fouterreins.
Les fouterreins font immenfes , & fourniffent
des logemens fuffifans pour une garnifon
des plus confidérables , à l'abri des bombes
& du canon , & dont les approches font minées
& contreminées : avant que de parvenir à
pouvoir battre en breche , il faut s'emparer des
forts de Malbourough , de S. Charles , de Strugen
, d'Orgil & de la Reine , qui entourent les
grands ouvrages du Fort , & fe communiquent
aux autres au moyen des chemins couverts taillés
dans le roc ; enfin le Plan qui vient d'en être
levé, & que vous trouverez fans doute à Paris ( 1 ) ,
vous fuffira pour juger par vous - même des
Ouvrages immenfes que les Anglois y ont faits
depuis qu'ils en étoient en poffeffion . Ajoutez
à tous ces ouvrages trois fontaines intariffables ,
& une citerne,contenant de l'eau pour fix mois
à une garnifon de quatre mille hommes , à l'épreuve
de tout accident : ces avantages font
d'une reffource encore au deffus de toutes les
fortifications.
Quoique les Gazettes vous aient pu inftruire
de toutes nos opérations juſqu'au jour de l'atta
que
des Forts , dont nous nous fommes rendus les
maîtres l'épée à la main , vous ne trouverez pas
mauvais que je vous en donne un détail abrégé.
Notre Flotte , aux ordres de M. le Marquis de la
Galiffoniere , partit de Toulon le 8 Avril M. le
Maréchal de Richelieu monta le Foudroyant avec
(1 ) Ilfe trouve chez le fieur Beaurain & chez
Je fieur le Rouge.
210 MERCURE DE FRANCE.
1
M. de la Galiffoniere. Nous arrivâmes â Ciutaš
della le jour de Pâques 18 du mois , après avois
effuyé quelques coups de vent qui retarderent
notre marche , & féparerent quelques vaiffeaux
de l'Efcadre. Le premier foin de M. le Maréchal
fut de faire chanter le Te Deum dans l'Eglife Collégiale
de la Ville , en action de graces de notre
heureux abordage . Les 18 , 19 , & 20 furent employés
au débarquement des troupes & de l'artil
lerie , fans aucune oppofition de la part des Anglois
; ceux- ci s'étant retirés , aux premieres nouvelles
de notre eſcadre , dans le Fort S. Philippe ,
après y avoir fait entrer tout ce qui pouvoit leur
-être néceffaire pour une longue réfiftance , &
avoir commis les hoftilités les plus fâcheufes, tant
fur les habitans que fur les beftiaux qu'ils ne purent
emmener avec eux.
Le 20 notre armée fe mit en marche par deux
chemins pour fe rendre à Mahon . Vingt - quatre
Compagnies de Grenadiers , & la Brigade de
Royal tinrent la gauche fous les ordres de ' MM.
Damefnil & de Monteynard , pendant que le gros
de l'armée marchoit à droite pour former Pinveftiffement
du Fort S. Philippe. Le 22 nous entrames
dans Mahon aux acclamations du Peuple ,
qui commençoit à nous regarder comme fes Libérateurs
.
Il n'eft pas poffible de vous exprimer les peines
& les travaux qu'il a fallu faire pour conduire notre
artillerie de Ciutadella ici , par lá précaution que
les Anglois avoient eue de rendre toutes les avenues
impraticables.
M. le Maréchal de Richelieu fit conftruire les
premieres batteries fur le Mont des Signaux , une
des pieces de canons , une de mortiers pareils en
nombre , qui commencerent à tirer dès le 8 Mai.
A O UST. 1756. 211
Le7, le Fauxbourg de la Ravale ( 1 ) fut occupé par
un détachement de 100 Volontaires , quatre compagnies
de Grenadiers & fix piquets , aux ordres
du Comte de Briqueville , avec 600 Travailleurs
pour y former des épaulemens , & y établir des
batteries.
Le 10 , M. le Marquis de Roquépine fe rendit
avec douze cens hommes , pour occuper les dehors
du Fort Malbourough.
Les 11 & 12 furent employés à conftruire les
batteries de droite , de gauche & du centre du
Fauxbourg de la Ravale la batterie des mortiers
commença à tirer dès la nuit du 12 au 13.
Le 17 ,
12
la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer.
Le 18 , M. Dupinay , qui commandoit la batterie
de la gauche , fut tué , & M. le Prince de
Wirtemberg légérement bleffé.
Le 19 , l'Efcadre Angloife ayant paru à la hauteur
de l'Ile pour attaquer la nôtre qui fermoit
l'embouchure du Port- Mahon , notre Général envoya
à M. le Marquis de la Galiffoniere un renfort
de 13 piquets . Notre Chef d'Efcadre fit toules
opérations néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés .
Le 20 , une bombe des ennemis ayant mis le
feu à une de nos batteries , la Garnifon du Fort
S. Philippe animée par la préfence de l'Eſcadre
Angloife , fit une fortie confidérable : mais nos
(1), Ce Fauxbourg doit avoir un autre_nom :
le mot Arrabal fignifie un Fauxbourg , en Langue
Espagnole , & c'eft fans doute par erreur que nos
Officiers, qui les premiers ont entendu nommer aux
Habitans de l'Ifle Minorque ce Fauxbourg Arrabal
Pont écrit la Ravalle.
212 MERCURE DE FRANCE.
Grenadiers l'obligerent de rentrer avec autant de
précipitation que de perte.
Les 21 & 22 furent employés à réparer nos
batteries , que le feu violent des ennemis avoient
prefque démontées.
Le foir même du 22 , notre armée fit des
réjouiffances à l'occafion de l'avantage que
notre Efcadre avoit remporté fur celle des
Anglois. ( Vous avez fans doute vu la Rélation
de ce Combat Naval , dans lequel on ne fçauroit
trop exalter la bonne manovre de M. le Marquis
de la Galiffoniere , qui obligea l'Amiral Byng de
fe retirer avec beaucoup de dommages ) .
Le feu des Ennemis devint fi fort, que nous fûmes
obligés d'abandonner le Fauxbourg de la Ravale`,
dont toutes les maifons ont été renversées par
l'artillerie du Fort , ce qui obligea M. le Maréchal
de Richelieu à changer le plan général de fon attaque
fur le Fort Philippe.
Il fallut employer plufieurs jours pour le tranfport
de terre , pour élever de nouvelles batteries
dont le feu ne put commencer que le s Jain.
Dès ce moment le feu fuccefif de nos batteries
de temps une grande partie des travaux
extérieurs de la Place.
ruina en peu
On commença dès le 15 à déblayer les maifons
où l'on avoit réfolu d'établir une nouvelle batterie
de 12 pieces de canons en avant du Fauxbourg
de la Ravale , afin de détruire entiérement la Redoute
de la Reine & la lunette de Ken , & de bat.
tre la contre-garde de l'ouvrage à cornes ; ce qui
fit des merveilles .
Nous avons eu depuis ce temps là 84 pieces de
canons de 24 livres de balles , & 22 mortiers dif
tribués dans douze batteries . Elles n'ont point dif
continué de battre depuis le 16 Juin. La plupar
A OUST. 1756. 213
ne fervoient qu'à demonter les batteries ennemies.
Il ne falloit pas moins aux Affiégés que les
250 pieces de canons & les 40 mortiers qu'ils
avoient , pour faire la défenfe qu'on a éprouvée
jufqu'à la fin. Ce grand nombre de pieces leur
donnoit la facilité de remplacer celles que nous
leur démontions tous les jours.
Voici le détail de l'attaque qui mit nos En
nemis à la raiſon , & qui fera naître dans le coeur
des bons Francois , la joie qu'une longue réſiſtan
ce avoit fans doute altéréë.
>
M. le Maréchal ayant jugé qu'il étoit indifpenfable
d'accélérer l'attaque des ouvrages exté
rieurs , & voulant la favorifer en occupant
l'Ennemi dans plufieurs points de fa défenſe , ordonna
pour le 27 une attaque qui fut diviſée en
quatre points principaux .
M. le Marquis de Laval , de tranchée , fut
chargé de l'attaque de la gauche , divifée fur les
Forts de Strugen & d'Orgil , fur la Redoute de
la Reine , & fur celle de Ken : il avoit à fes ordres
16 Compagnies de Grenadiers , & quatre
Bataillons pour foutenir l'attaque .
Il avoit fous lui M. le Marquis de Monti &
M. de Briqueville , Colonel , dont le Régiment
étoit Chef de tranchée : Royal-Comtois étoit le
deuxieme Régiment.
M. de Monti fut deftiné à attaquer Strugen &
Orgil , à la tête des Compagnies de Grenadiers
de Royal-Comtois , Vermandois , Nice & Rochefort
, & de deux piquets foutenus par le premier
Bataillon de Royal - Comtois.
M. de Briqueville devoit fe porter fur Ken &
le chemin couvert , entre cet ouvrage & celui de
la Reine , à la tête de cinq Compagnies de Grenadiers
de Briqueville , Medoc & Cambis , & de
deux piquets.
214 MERCURE DE FRANCE:
M. de Sade , Lieutenant-Colonel de Brique
ville , devoit attaquer la Redoute de la Reine à la
tête de quatre Compagnies de Grenadiers d'Haynaut
, Cambis & Soiffonnois.
Il y avoit à la fuite de chacune de ces trois attaques
, deux Ingénieurs & 150 Travailleurs , un
Officier du Corps Royal & dix Canonniers , une
Brigade de Mineurs , & un détachement de 60
Volontaires portant dix échelles.
L'attaque du centre étoit dirigée ſur la Redoute
de l'Ouest & la Lunette Caroline , & commandée
par M. le Prince de Bauveau. Il y avoit à fes ordres
deux Brigadiers avec lefquels il devoit foutenir
la tranchée en cas de befoin.
La premiere attaque de la droite commandée
par M. le Comte de Lannion , é.oit dirigée fur le
Fort de Malboroug Il avoit à fes ordres la Brigade
de Royal & le Régiment de Bretagne , aina
que M. de Roquépine qui , à la tête de 400 Volontaires
& de roo Grenadiers , devoit débarquer
dans la Cale de S. Etienne , pour delà marcher
au Fort de S. Charles . On devoit avoir pour cet
effet 100 Chaloupes de l'Eſcadre : mais comme
elles ne purent arriver à temps , on y fuppléa par
celles qu'on put raffembler dans la journée.
La feconde attaque de la droite , aux ordres de
M. le Marquis de Monteynar , commandant la
Brigade de Royal - la Marine & Talaru , avoit
pour objet de s'emparer de la Lunette de Sud-
Ouest , de longer la Langue de S. Etienne , qui
eft entre la Place & le Fort Malboroug ; de fe
communiquer avec l'attaque du Fort S. Charles ,
& de couper la communication du Fort Malboroug
avec le Fort de S. Philippe.
En même temps que toutes ces attaques ſe faifoient
, M. de Beaumanoir , Lieutenant- Colonel ,
A O UST. 1756. 215
commandant à la Tour des Signaux , devoit avec
fon détachement partir dans les Chaloupes de la
Cale , qui eft entre le Fort Saint- Philippe & la
Tour des Signaux , pour venir favorifer l'attaque
de M. de Monti , & tâcher de fe gliffer dans le
chemin couvert , entre la demi-lune & le Fort
d'Orgil.
M. de Fortouval , Capitaine d'Haynaut , de
voit avec 100 hommes de détachement débarquer
au pied de la grande batterie des Ennemis , du
côté du Pont.
A.dix heures du foir , toutes nos batteries ayant
ceffé , le fignal de l'attaque fut donné par un
coup de canon & quatre bombes tirées de la Tour
des Signaux.
M. de Monti déboucha fur Strugen & Orgil ,
& fucceffivement MM . de Briqueville & de Sade
fe porterent avec vivacité fur leur point d'attaque
de Ken & de la Reine .
Nos troupes marcherent avec la plus grande
valeur , & après un feu très-vif , très-long & trèsmeurtrier
, elles parvinrent à s'emparer de Strugen
, d'Orgil, & du Fort de la Reine. Les Ennenis
firent jouer quatre fourneaux qui nous ont
coûté environ so hommes .
On travailla fur le champ au logement de
cette partie , qui étoit la principale attaque ,
pendant que les autres faifoient leur diverfion.
L'ardeur des Grenadiers que commandoit M.
de Bricqueville les ayant emportés , ils fe jetterent
fur la Redoute de la Reine , au lieu de fe
porter fur Ken qu'ils devoient attaquer .
M. le Prince de Bauveau ayant fait marcher
les Grenadiers de Vermandois & 100 hommes
de chaque Brigade fur la Redoute Caroline , &
les Grenadiers de Royal-Italien , avec 1oo hom216
MERCURE DE FRANCE.
mes de cette Brigade , à la Redoute de l'Oueſt ;
il s'empara du chemin couvert , & y fit enclouer
douze pieces de canon le logement y étant
impraticable , parce que la Redoute de Ken
n'étoit pas prife , & qu'il ne pouvoit dans la
nuit affurer fa communication , il fe contenta
de faire couper les paliffades , de faire brifer
les affûts , & de foutenir quelque temps cette
attaque qui favorifoit la principale.
Elle fut faite avec la plus grande intelligence
& la plus grande valeur.
Les attaques de MM. de Lannion & de Mon
teynard , dépendant prefque du fuccès du For
s. Charles , ils attendoient le fignal que devoir
faire M. de Roquépine ; mais les Ennemis s'étant
apperçus de beaucoup de mouvemens dans
cette partie , par les manoeuvres que les Chaloupes
avoient été obligées de faire , ſe tinrent
fur leurs gardes , & ne permirent pas à M. de
Roquépine de faire le débarquement qu'il avoit
tenté , & qui ne pouvoit réuffir que par une
furpriſe.
>
Pendant ce temps - là M. de Lannion fit inquiéter
le Fort Malborough . La divifion de tous
ces feux & la combinaifon de toutes ces attaques
, donnerent le temps à celles de la gauche
d'aflurer fon fuccés, de facon qu'à la pointe
du jour nous pumes établir 400 hommes dans
le Fort de la Reine , & 200 dans Strugen &
Orgil.
M. le Maréchal s'étoit placé au centre des attaques
de la gauche , & avoit avec lui MM . de Maillebois
, du Mefnil , & le Prince de Wirtemberg.
Il a donné pendant toute l'action les confeils
néceffaires au fuccès de l'attaque , dans lefquels
on n'a pu s'empêcher d'admirer les difpofitions
A O
UST.
1756.
217
tions de notre Général & les prodiges de notre
Infanterie.
M. de Lannion a eu une légere contufion à
' épaule , & M. le Marquis de S. Tropès , Aide
de Camp de M. de Maillebois , a été
légérement
bleffé au visage .
A cinq heures du matin on a demandé réciproquement
une fufpenfion d'armes pour retirer
les morts , & elle a été accordée. Nous
avons eu environ 25 Officiers de tués ou bleffés ,
& 400 Soldats..
· M. de Huetton , le Lieutenant de Vaiffeau
qui
commandoit les Chaloupes de l'attaque du
Fort S. Charles , a été tué.
On doit le fuccès de
l'attaque , de la gau
che furtout , à la bonne
conduite de M. de
Monti , qui a fuivi avec la plus grande valeur
& la plus grande fermeté les
difpofitions qu'avoit
faites M. de Laval.
On a pris beaucoup de mortiers & de canons
dans les Forts de Strugen , d'Orgil & de la Reine.
On a fait quinze
prifonniers , du nombre deſquels
eft le fecond
Commandant des Ennemis qui fai
foit le détail de la défenſe.
Le 28 , à deux heures après-midi , trois Députés
de la Place
demanderent à parler à notre
Général. Le réſultat de cette
conférence étoit
qui leur fut accordé vingt- quatre heures pour
dreffer les articles de
Capitulation : on leur accorda
jufqu'à huit heures du foir. Il en revint
un à l'heure marquée , qui apporta à M. le Maréchal
un projet d'articles ,
auxquels il fut ré
pondu le lendemain matin.
De la Prife de l'Iſle de Minorque , & principalement
des Port-Mahon & Fort Saint-
Philippe ; envoyée par un Officier de l'Armée.
Du Fort S. Philippe , le 30 Juin 1756.
JEE crois avant que d'entrer dans le détail du
Siege du Fort Saint- Philippe , devoir donner une
idée fuccincte, géographique & hiftorique de cette
In e.
L'Ile Minorque fituée dans la Méditerrannée ,
placée précisément au quatrieme degré de latitu
de , à foixante- dix lieues de Marfeille , & à quinze
des côtes de l'Afrique , faifoit anciennement partie
des Iles appellées Baléares , du nom d'un
Grec nommé Baléus , qui fut le premier qui en
fit la découverte .
Sa fituation eft oblongue ; elle a dix- huit lieues
de longueur fur- neuf dans fa plus grande largeur.
Son climat eft fort fain , l'air paffablement tempé
ré il y egne cependant des chaleurs infupporta.
bles pendant les mois de Mai , Juin , Juiller
& Août le refte de l'année est un printemps
continuel : rarement y voit - on de la gelée . Son
local n'eft pas montagneux , quoiqu'affez inégal
206 MERCURE DE FRANCE .
Le terrein produit de tout ce qui est néceffaire
à la vie , furtout de très- bon gibier , d'excellent
mufcat : tous les fruits y font délicieux .
L'Ille eft divifée en cinq territoires, dont chacun
porte le nom de la Ville principale ou Chef-lieu.
Le premier eft Ciutadella qui peut avoir aux
environs de 7 à 8 mille Habitans. Anciennement
les Gouverneurs faifoient leur réfidence encerre
Ville , où on compte actuellement juſqu'à 600
maifons. Le fecond territoire eft Ferrorias , qui
a tout au plus douze cens Habitans: Marcadal
eft le troifieme , dont le nombre d'Habitans ne
paffe pas dix-huit cens. Aleyor eft le quatrieme ,
& eft plus confidérable ; auffi peut- il fournir près
de cinq mille Habitans . Mahon eft le cinquieme
& . dernier territoire. La Ville de Mahon eft la
Capitale de toute l'Ifle : c'eft la réfidence du
Gouverneur & des Corps de Juftice : fon beau
Port & le voisinage du Fort Saint- Philippe , la
rendent infiniment plus confidérable : elle peut
compter au nombre de vingt mille Habitans.
Ily a dans l'Ile deux ports capables de recevoir
les plus gros Vaiffeaux le Port Fornelle , & le
Port Mahon ; il y a encore plufieurs Cales où les
Bâtimens Marchands peuvent mouiller.
2
L'entrée du Port Mahon eft défendue à l'Ouest
par le Fort S. Philippe , & à l'Eft par le Fort
Philippet. Je me tais fur le refte de l'ifle , parce
qu'il n'y a rien qui mérite votre attention .
Comme les Habitans de l'Ifle font originaired'Efpagne
, la Religion Catholique s'y eft confervée.
C'étoit le Gouverneur Anglois qui nommoit
aux Bénéfices , fuivant un article du Traité
d'Utrecht.
Les Cartaginois furent anciennement les Maî→
tres des Illes Baléares , dont l'Ile Minorque faifoit.
AOUST. 1756. 207
partie. Après la feconde guerre Punique , les
Romains en devinrent les Poffeffeurs j'ufqu'à
Pinondation des Goths & Vandales , vers l'an
421. Ceux - ci les conferverent jufqu'au huitieme
fiecle , que les Sarrazins en firent la conquête.
Minorque fut foumiſe à ces derniers , jufqu'à l'an
1210 qu'ils perdirent la fameuſe Bataille de Loza ,
où il périt deux cens mille Maures . Les Minorcains
refterent jufqu'en 1287 dans une espece d'indépendance
, en payant feulement un tribut annuel
aux différens Princes d'Efpagne qui les proté
geoient. Les naturels du Pays fe trouvoient dès ce
temps confondus avec un refte de Sarrazins : la
Religion Mahométane y étoit la dominante. Les
Minorcains voulant s'affranchir du tribut qu'ils
payoient à l'Espagne, attirerent dans leur Ifle quantité
de Barbares de l'Afrique , leurs voifins : mais
Alphonfe , Roi d'Arragon , ayant eu vent du complot,
fit une defcente dans l'Ifle, avec une armée qui
mit tout à feu & à fang , contraignit le gros des
Habitans de ferenfermer dans laFortereffe du Mont
Sainte- Agatte , les affiégea , les prit , La plûpart
périrent par les armes : quelques-uns furent envoyés
en Afrique , & d'autres ne fauverent leur vie qu'en
perdant leur liberté , c'est- à- dire , qu'ils devinrentefclaves
des Espagnols , qui s'établirent dans l'Ile
fous la protection des Rois d'Efpagne . Les Princes
d'Efpagne ont confervé une autorité fouveraine
dans l'ifle Minorque , jufqu'en 1708 que les
Anglois formerent le deffein de s'en rendre les
maîtres.
En effet le 14 Décembre , le Général Comte de
Stenhope y débarqua avec trois mille hommes ,
42 pieces de canon & 15 mortiers. Les troupes
qui étoient répandues dans les différens quartiers .
de l'Ile , fe renfermerent dans les Forts Fornelle
208 MERCURE DE FRANCE.
& Saint-Philippe . Les premieres opérations des An
glois furent d'attaquer Fornelle , qu'ils prirent ea
deux jours. Auffi - tôt après cette réduction , ils
dirigerent leurs forces contre le Fort S. Philippe ,
qui ne tint que quinze jours : la Garnifon compofée
de François & d'Elpagnols , fut renvoyée
partie en France , partie en Espagne. Dès ce moment
les Anglois s'établirent dans Minorque , &
la poffeffion leur en a été affurée par le Traité de
Paix conclu à Utrecht , le 13 Juillet 1713. Ils en
ont été les maîtres pendant 48 ans. Ils le feroient
encore , fi leur pyraterie n'eût obligé notre glorieux
Monarque à punir l'infulte que cette Nation
3
ne ceffe de faire depuis deux ans au Pavillon François.
Il vous paroîtra fingulier , Monfieur , que nous
ayons été fi long - teins à nous rendre les maîtres
de cette Place , pendant que des Anglois en
avoient fait la conquête en moins de trois femaines.
Votre furpriſe ceffera quand vous ferez
inftruit des travaux immenfes que cette nation
a fait au Fort S. Philippe , dont la dépenſe ſe
monte à plus de cent millions , c'eſt - à - dire , plus
que toute l'ile ne peut valoir , fi on en excepte
toutefois la grande reffource dont elle étoit pour
le Commerce des Anglois au Levant.
Voici à peu près la defcription du Fort S. Philippe
, & vous conviendrez , avec toute l'Europe
, qu'il n'a pas fallu moins de prudence que de
courage & de fermeté , pour triompher de tous
les obftacles qui fe rencontroient à chaque pas.
Il est conftruit fur une langue de terre qui
avance dans la mer. Quatre baftions , autant de
courtines , environnés d'un large & profond foffé ,
taillés dans le roc vif , font le principal corps
de la Place : les ouvrages extérieurs , qui font ea
A O UST. 1756. 209
très-grand nombre , s'étendent jufqu'aux rivages
des deux côtés de la langue de terre : les mines
y font abondantes & fi bien diftribuées , qu'elles
fe communiquent au moyen de différens fouterreins.
Les fouterreins font immenfes , & fourniffent
des logemens fuffifans pour une garnifon
des plus confidérables , à l'abri des bombes
& du canon , & dont les approches font minées
& contreminées : avant que de parvenir à
pouvoir battre en breche , il faut s'emparer des
forts de Malbourough , de S. Charles , de Strugen
, d'Orgil & de la Reine , qui entourent les
grands ouvrages du Fort , & fe communiquent
aux autres au moyen des chemins couverts taillés
dans le roc ; enfin le Plan qui vient d'en être
levé, & que vous trouverez fans doute à Paris ( 1 ) ,
vous fuffira pour juger par vous - même des
Ouvrages immenfes que les Anglois y ont faits
depuis qu'ils en étoient en poffeffion . Ajoutez
à tous ces ouvrages trois fontaines intariffables ,
& une citerne,contenant de l'eau pour fix mois
à une garnifon de quatre mille hommes , à l'épreuve
de tout accident : ces avantages font
d'une reffource encore au deffus de toutes les
fortifications.
Quoique les Gazettes vous aient pu inftruire
de toutes nos opérations juſqu'au jour de l'atta
que
des Forts , dont nous nous fommes rendus les
maîtres l'épée à la main , vous ne trouverez pas
mauvais que je vous en donne un détail abrégé.
Notre Flotte , aux ordres de M. le Marquis de la
Galiffoniere , partit de Toulon le 8 Avril M. le
Maréchal de Richelieu monta le Foudroyant avec
(1 ) Ilfe trouve chez le fieur Beaurain & chez
Je fieur le Rouge.
210 MERCURE DE FRANCE.
1
M. de la Galiffoniere. Nous arrivâmes â Ciutaš
della le jour de Pâques 18 du mois , après avois
effuyé quelques coups de vent qui retarderent
notre marche , & féparerent quelques vaiffeaux
de l'Efcadre. Le premier foin de M. le Maréchal
fut de faire chanter le Te Deum dans l'Eglife Collégiale
de la Ville , en action de graces de notre
heureux abordage . Les 18 , 19 , & 20 furent employés
au débarquement des troupes & de l'artil
lerie , fans aucune oppofition de la part des Anglois
; ceux- ci s'étant retirés , aux premieres nouvelles
de notre eſcadre , dans le Fort S. Philippe ,
après y avoir fait entrer tout ce qui pouvoit leur
-être néceffaire pour une longue réfiftance , &
avoir commis les hoftilités les plus fâcheufes, tant
fur les habitans que fur les beftiaux qu'ils ne purent
emmener avec eux.
Le 20 notre armée fe mit en marche par deux
chemins pour fe rendre à Mahon . Vingt - quatre
Compagnies de Grenadiers , & la Brigade de
Royal tinrent la gauche fous les ordres de ' MM.
Damefnil & de Monteynard , pendant que le gros
de l'armée marchoit à droite pour former Pinveftiffement
du Fort S. Philippe. Le 22 nous entrames
dans Mahon aux acclamations du Peuple ,
qui commençoit à nous regarder comme fes Libérateurs
.
Il n'eft pas poffible de vous exprimer les peines
& les travaux qu'il a fallu faire pour conduire notre
artillerie de Ciutadella ici , par lá précaution que
les Anglois avoient eue de rendre toutes les avenues
impraticables.
M. le Maréchal de Richelieu fit conftruire les
premieres batteries fur le Mont des Signaux , une
des pieces de canons , une de mortiers pareils en
nombre , qui commencerent à tirer dès le 8 Mai.
A O UST. 1756. 211
Le7, le Fauxbourg de la Ravale ( 1 ) fut occupé par
un détachement de 100 Volontaires , quatre compagnies
de Grenadiers & fix piquets , aux ordres
du Comte de Briqueville , avec 600 Travailleurs
pour y former des épaulemens , & y établir des
batteries.
Le 10 , M. le Marquis de Roquépine fe rendit
avec douze cens hommes , pour occuper les dehors
du Fort Malbourough.
Les 11 & 12 furent employés à conftruire les
batteries de droite , de gauche & du centre du
Fauxbourg de la Ravale la batterie des mortiers
commença à tirer dès la nuit du 12 au 13.
Le 17 ,
12
la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer.
Le 18 , M. Dupinay , qui commandoit la batterie
de la gauche , fut tué , & M. le Prince de
Wirtemberg légérement bleffé.
Le 19 , l'Efcadre Angloife ayant paru à la hauteur
de l'Ile pour attaquer la nôtre qui fermoit
l'embouchure du Port- Mahon , notre Général envoya
à M. le Marquis de la Galiffoniere un renfort
de 13 piquets . Notre Chef d'Efcadre fit toules
opérations néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés .
Le 20 , une bombe des ennemis ayant mis le
feu à une de nos batteries , la Garnifon du Fort
S. Philippe animée par la préfence de l'Eſcadre
Angloife , fit une fortie confidérable : mais nos
(1), Ce Fauxbourg doit avoir un autre_nom :
le mot Arrabal fignifie un Fauxbourg , en Langue
Espagnole , & c'eft fans doute par erreur que nos
Officiers, qui les premiers ont entendu nommer aux
Habitans de l'Ifle Minorque ce Fauxbourg Arrabal
Pont écrit la Ravalle.
212 MERCURE DE FRANCE.
Grenadiers l'obligerent de rentrer avec autant de
précipitation que de perte.
Les 21 & 22 furent employés à réparer nos
batteries , que le feu violent des ennemis avoient
prefque démontées.
Le foir même du 22 , notre armée fit des
réjouiffances à l'occafion de l'avantage que
notre Efcadre avoit remporté fur celle des
Anglois. ( Vous avez fans doute vu la Rélation
de ce Combat Naval , dans lequel on ne fçauroit
trop exalter la bonne manovre de M. le Marquis
de la Galiffoniere , qui obligea l'Amiral Byng de
fe retirer avec beaucoup de dommages ) .
Le feu des Ennemis devint fi fort, que nous fûmes
obligés d'abandonner le Fauxbourg de la Ravale`,
dont toutes les maifons ont été renversées par
l'artillerie du Fort , ce qui obligea M. le Maréchal
de Richelieu à changer le plan général de fon attaque
fur le Fort Philippe.
Il fallut employer plufieurs jours pour le tranfport
de terre , pour élever de nouvelles batteries
dont le feu ne put commencer que le s Jain.
Dès ce moment le feu fuccefif de nos batteries
de temps une grande partie des travaux
extérieurs de la Place.
ruina en peu
On commença dès le 15 à déblayer les maifons
où l'on avoit réfolu d'établir une nouvelle batterie
de 12 pieces de canons en avant du Fauxbourg
de la Ravale , afin de détruire entiérement la Redoute
de la Reine & la lunette de Ken , & de bat.
tre la contre-garde de l'ouvrage à cornes ; ce qui
fit des merveilles .
Nous avons eu depuis ce temps là 84 pieces de
canons de 24 livres de balles , & 22 mortiers dif
tribués dans douze batteries . Elles n'ont point dif
continué de battre depuis le 16 Juin. La plupar
A OUST. 1756. 213
ne fervoient qu'à demonter les batteries ennemies.
Il ne falloit pas moins aux Affiégés que les
250 pieces de canons & les 40 mortiers qu'ils
avoient , pour faire la défenfe qu'on a éprouvée
jufqu'à la fin. Ce grand nombre de pieces leur
donnoit la facilité de remplacer celles que nous
leur démontions tous les jours.
Voici le détail de l'attaque qui mit nos En
nemis à la raiſon , & qui fera naître dans le coeur
des bons Francois , la joie qu'une longue réſiſtan
ce avoit fans doute altéréë.
>
M. le Maréchal ayant jugé qu'il étoit indifpenfable
d'accélérer l'attaque des ouvrages exté
rieurs , & voulant la favorifer en occupant
l'Ennemi dans plufieurs points de fa défenſe , ordonna
pour le 27 une attaque qui fut diviſée en
quatre points principaux .
M. le Marquis de Laval , de tranchée , fut
chargé de l'attaque de la gauche , divifée fur les
Forts de Strugen & d'Orgil , fur la Redoute de
la Reine , & fur celle de Ken : il avoit à fes ordres
16 Compagnies de Grenadiers , & quatre
Bataillons pour foutenir l'attaque .
Il avoit fous lui M. le Marquis de Monti &
M. de Briqueville , Colonel , dont le Régiment
étoit Chef de tranchée : Royal-Comtois étoit le
deuxieme Régiment.
M. de Monti fut deftiné à attaquer Strugen &
Orgil , à la tête des Compagnies de Grenadiers
de Royal-Comtois , Vermandois , Nice & Rochefort
, & de deux piquets foutenus par le premier
Bataillon de Royal - Comtois.
M. de Briqueville devoit fe porter fur Ken &
le chemin couvert , entre cet ouvrage & celui de
la Reine , à la tête de cinq Compagnies de Grenadiers
de Briqueville , Medoc & Cambis , & de
deux piquets.
214 MERCURE DE FRANCE:
M. de Sade , Lieutenant-Colonel de Brique
ville , devoit attaquer la Redoute de la Reine à la
tête de quatre Compagnies de Grenadiers d'Haynaut
, Cambis & Soiffonnois.
Il y avoit à la fuite de chacune de ces trois attaques
, deux Ingénieurs & 150 Travailleurs , un
Officier du Corps Royal & dix Canonniers , une
Brigade de Mineurs , & un détachement de 60
Volontaires portant dix échelles.
L'attaque du centre étoit dirigée ſur la Redoute
de l'Ouest & la Lunette Caroline , & commandée
par M. le Prince de Bauveau. Il y avoit à fes ordres
deux Brigadiers avec lefquels il devoit foutenir
la tranchée en cas de befoin.
La premiere attaque de la droite commandée
par M. le Comte de Lannion , é.oit dirigée fur le
Fort de Malboroug Il avoit à fes ordres la Brigade
de Royal & le Régiment de Bretagne , aina
que M. de Roquépine qui , à la tête de 400 Volontaires
& de roo Grenadiers , devoit débarquer
dans la Cale de S. Etienne , pour delà marcher
au Fort de S. Charles . On devoit avoir pour cet
effet 100 Chaloupes de l'Eſcadre : mais comme
elles ne purent arriver à temps , on y fuppléa par
celles qu'on put raffembler dans la journée.
La feconde attaque de la droite , aux ordres de
M. le Marquis de Monteynar , commandant la
Brigade de Royal - la Marine & Talaru , avoit
pour objet de s'emparer de la Lunette de Sud-
Ouest , de longer la Langue de S. Etienne , qui
eft entre la Place & le Fort Malboroug ; de fe
communiquer avec l'attaque du Fort S. Charles ,
& de couper la communication du Fort Malboroug
avec le Fort de S. Philippe.
En même temps que toutes ces attaques ſe faifoient
, M. de Beaumanoir , Lieutenant- Colonel ,
A O UST. 1756. 215
commandant à la Tour des Signaux , devoit avec
fon détachement partir dans les Chaloupes de la
Cale , qui eft entre le Fort Saint- Philippe & la
Tour des Signaux , pour venir favorifer l'attaque
de M. de Monti , & tâcher de fe gliffer dans le
chemin couvert , entre la demi-lune & le Fort
d'Orgil.
M. de Fortouval , Capitaine d'Haynaut , de
voit avec 100 hommes de détachement débarquer
au pied de la grande batterie des Ennemis , du
côté du Pont.
A.dix heures du foir , toutes nos batteries ayant
ceffé , le fignal de l'attaque fut donné par un
coup de canon & quatre bombes tirées de la Tour
des Signaux.
M. de Monti déboucha fur Strugen & Orgil ,
& fucceffivement MM . de Briqueville & de Sade
fe porterent avec vivacité fur leur point d'attaque
de Ken & de la Reine .
Nos troupes marcherent avec la plus grande
valeur , & après un feu très-vif , très-long & trèsmeurtrier
, elles parvinrent à s'emparer de Strugen
, d'Orgil, & du Fort de la Reine. Les Ennenis
firent jouer quatre fourneaux qui nous ont
coûté environ so hommes .
On travailla fur le champ au logement de
cette partie , qui étoit la principale attaque ,
pendant que les autres faifoient leur diverfion.
L'ardeur des Grenadiers que commandoit M.
de Bricqueville les ayant emportés , ils fe jetterent
fur la Redoute de la Reine , au lieu de fe
porter fur Ken qu'ils devoient attaquer .
M. le Prince de Bauveau ayant fait marcher
les Grenadiers de Vermandois & 100 hommes
de chaque Brigade fur la Redoute Caroline , &
les Grenadiers de Royal-Italien , avec 1oo hom216
MERCURE DE FRANCE.
mes de cette Brigade , à la Redoute de l'Oueſt ;
il s'empara du chemin couvert , & y fit enclouer
douze pieces de canon le logement y étant
impraticable , parce que la Redoute de Ken
n'étoit pas prife , & qu'il ne pouvoit dans la
nuit affurer fa communication , il fe contenta
de faire couper les paliffades , de faire brifer
les affûts , & de foutenir quelque temps cette
attaque qui favorifoit la principale.
Elle fut faite avec la plus grande intelligence
& la plus grande valeur.
Les attaques de MM. de Lannion & de Mon
teynard , dépendant prefque du fuccès du For
s. Charles , ils attendoient le fignal que devoir
faire M. de Roquépine ; mais les Ennemis s'étant
apperçus de beaucoup de mouvemens dans
cette partie , par les manoeuvres que les Chaloupes
avoient été obligées de faire , ſe tinrent
fur leurs gardes , & ne permirent pas à M. de
Roquépine de faire le débarquement qu'il avoit
tenté , & qui ne pouvoit réuffir que par une
furpriſe.
>
Pendant ce temps - là M. de Lannion fit inquiéter
le Fort Malborough . La divifion de tous
ces feux & la combinaifon de toutes ces attaques
, donnerent le temps à celles de la gauche
d'aflurer fon fuccés, de facon qu'à la pointe
du jour nous pumes établir 400 hommes dans
le Fort de la Reine , & 200 dans Strugen &
Orgil.
M. le Maréchal s'étoit placé au centre des attaques
de la gauche , & avoit avec lui MM . de Maillebois
, du Mefnil , & le Prince de Wirtemberg.
Il a donné pendant toute l'action les confeils
néceffaires au fuccès de l'attaque , dans lefquels
on n'a pu s'empêcher d'admirer les difpofitions
A O
UST.
1756.
217
tions de notre Général & les prodiges de notre
Infanterie.
M. de Lannion a eu une légere contufion à
' épaule , & M. le Marquis de S. Tropès , Aide
de Camp de M. de Maillebois , a été
légérement
bleffé au visage .
A cinq heures du matin on a demandé réciproquement
une fufpenfion d'armes pour retirer
les morts , & elle a été accordée. Nous
avons eu environ 25 Officiers de tués ou bleffés ,
& 400 Soldats..
· M. de Huetton , le Lieutenant de Vaiffeau
qui
commandoit les Chaloupes de l'attaque du
Fort S. Charles , a été tué.
On doit le fuccès de
l'attaque , de la gau
che furtout , à la bonne
conduite de M. de
Monti , qui a fuivi avec la plus grande valeur
& la plus grande fermeté les
difpofitions qu'avoit
faites M. de Laval.
On a pris beaucoup de mortiers & de canons
dans les Forts de Strugen , d'Orgil & de la Reine.
On a fait quinze
prifonniers , du nombre deſquels
eft le fecond
Commandant des Ennemis qui fai
foit le détail de la défenſe.
Le 28 , à deux heures après-midi , trois Députés
de la Place
demanderent à parler à notre
Général. Le réſultat de cette
conférence étoit
qui leur fut accordé vingt- quatre heures pour
dreffer les articles de
Capitulation : on leur accorda
jufqu'à huit heures du foir. Il en revint
un à l'heure marquée , qui apporta à M. le Maréchal
un projet d'articles ,
auxquels il fut ré
pondu le lendemain matin.
Fermer
Résumé : RELATION HISTORIQUE De la Prise de l'Isle de Minorque, & principalement des Port-Mahon & Fort Saint-Philippe; envoyée par un Officier de l'Armée.
En 1756, les forces françaises, sous le commandement du maréchal de Richelieu et de M. de La Galissonnière, prirent l'île de Minorque, située en Méditerranée et faisant partie des Baléares. Minorque, dotée d'un climat tempéré avec des chaleurs intenses en été, est divisée en cinq territoires, dont Mahon est la capitale et le principal port. L'île a été sous la domination de diverses civilisations, notamment les Carthaginois, les Romains, les Goths, les Vandales, les Sarrazins, et les Espagnols, avant de passer sous contrôle britannique en 1708. Les Britanniques avaient renforcé le Fort Saint-Philippe après l'avoir pris en 1708. En 1756, les Français débarquèrent à Ciutadella et marchèrent vers Mahon. Après plusieurs semaines de siège et de bombardements intensifs, ils prirent le Fort Saint-Philippe le 30 juin 1756. Le texte détaille les opérations militaires, les mouvements des troupes et les batailles navales qui précédèrent cette prise. L'attaque française, planifiée pour le 27 juin, fut divisée en quatre points principaux. Le Marquis de Laval dirigea l'attaque de la gauche, ciblant plusieurs forts et redoutes avec 16 compagnies de grenadiers et quatre bataillons. Le Prince de Bauveau attaqua la Redoute de l'Ouest et la Lunette Caroline. Le Comte de Lannion et le Marquis de Monteynar dirigèrent les attaques de la droite, ciblant respectivement le Fort de Malborough et la Lunette de Sud-Ouest. L'attaque débuta à dix heures du soir après un signal donné par un coup de canon et des bombes. Les troupes prirent plusieurs forts après un combat intense. Les ennemis firent exploser des fourneaux, causant des pertes. Les attaques de la droite dépendaient de la prise du Fort Saint-Charles, mais les ennemis empêchèrent le débarquement de M. de Roquépine. À la pointe du jour, des hommes furent établis dans les forts conquis. Les pertes françaises inclurent environ 25 officiers tués ou blessés et 400 soldats. Le succès de l'attaque fut attribué à la conduite de M. de Monti. Des mortiers, des canons et quinze prisonniers, dont le second commandant ennemi, furent capturés. Le 28 juin, des députés de la place demandèrent un délai de vingt-quatre heures pour négocier la capitulation, accordé jusqu'à huit heures du soir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 218-226
ARTICLES de la Capitulation proposée par Son Excellence le Lieutenant -Général BLAKNEY, pour la Garnison de Sa Majesté Britannique du Château de S.Philippe, Isle Minorque.
Début :
Que tous les actes d'hostilités cesseront jusqu'à ce que les Articles de la [...]
Mots clefs :
Articles de capitulation, Maréchal de Richelieu, Lieutenant général Blankey, Ile de Minorque, Prise du fort de Saint-Philippe, Fin des hostilités, Reddition, Garnison, Otages, Compensation, Accords, Français, Anglais, Artillerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLES de la Capitulation proposée par Son Excellence le Lieutenant -Général BLAKNEY, pour la Garnison de Sa Majesté Britannique du Château de S.Philippe, Isle Minorque.
ARTICLES de la Capitulation propofee
par Son Excellence le Lieutenant - Général
BLAKNEY , pour la Garnifon de Sa Majefté
Britannique du Château S. Philippe ,
Ifle Minorque.
Articles demandés par Articles accordésparMon
le Gouverneur.
Q
fieur le Maréchal do
Richelieu.
ARTICLE PREMIER. - ·
Ue tous les actes d'hoftilités cefferont jufqu'à
ce que les Articles de la Capitulation foient convenus
& fignés .
ARTICLE II.
Qu'on accordera
A la Garnifon à fa
reddition tous les
honneurs de la guerre
, comme de fortir
le fufil fur l'épaule,
tambour battant
, enfeignes dé
ployées , 24 coups
à tirer par homme ,
mêche allumée ,
pieces de canon &
2 mortiers , avec 20
coups à tirer par cha-
4
La belle & courageufe
défenfe que les Anglois
ont faite , méritant toutes
les marques d'eſtime
& de véneration que tout
Militaire doit rendre à de
telles actions , & M. le
Maré hal de Richelieu
voulant faire connoître à
fon Excellence M. le Général
Blkuey fa confidération
& celle que mérite
la défenſe qu'il vient de
faire , accorde à la Garnifon
tous les honneurs militaires
dont elle peut
jouir dans la circonftanque
piece , un char- ce de fa fortie pour un
AOUST. 1756. 219
embarquement : fçayoir , riot couvert pour le
le fufil fur l'épaule , tambour
battant , drapeaux
déployés , 20 cartouches
par homme , & même
mêche allumée. Il con-
Tent que le Lieutenant
Général
Blakney & fa
Garniſon , pourront emporter
tous les effets
leur
appartiendront
&
qui pourront
tenir dans
des coffres : il leur feroit
inutile d'avoir des charriots
couverts , il n'y en
a point dans l'ifle ; ainfi
ils font refufés.
qui
Gouverneur , & 4
autres pour la Garnifon
, qui ne ſeront
vifités en aucun
cas.
ARTICLE
Toute la Garniſon Mi-
III.
Que toute la Gar
litaire & Civile ,
comprenifon
comprenant
nant fous le nom de citous
les Sujets de
S. M. Britannique ,
Civile comme Militaire
, auront tous
vile les Officiers de juftice
& de police , à la réferve
des naturels de
Pie , auront la permiffion
d'emporter leurs leurs bagages & efeffets
, & d'en difpofer
comme il vient d'être fets affurés , avec la
dit : mais toutes les dettes
de la Garnifon , qui auront
été connues légitimes
, envers les Sujets de
permiffion de les
emmener , & d'en
difpofer comme ils
fa Majefté très-Chrétien- jugeront à propos.
ne , parmi lesquels les
Minorcains doivent être compris , feront payées,
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
>
ARTICLE IV.
Que la Garnifon ,
comprenant les Officiers
, ouvriers , foldats
, & autres Sujets
de S. M. Britan
nique avec leurs
familles , qui voudront
quitter l'Ifle , conduiront par la plus
feront pourvus de fûre navigation jufqu'à
vaiffeaux de tranf- Gibraltar , dans le plus
ports convenables , court délai qu'il fera pof-
& conduits à Gi- fible , & les y débarqueront
tout de fuite , bien
braltar par la navi- entendu qu'après ce dégation
la plus cour- barquement , il fera fourte
& la plus directe , ni à ces bâtimens des paf-
& qu'ils y feront feports valables , afin de
débarqués auffitôt
leur arrivée , aux
dépens de la Couronne
de France , &
que les provifions
Il fera fourni les vaiffeaux
de tranfport de
de Sa Majefté très Chré
ceux qui font aux gages
tienne , & convenable
à
la Garnifon Militaire &
Civile du Fort S. Philippe
pour eux & leur famille
: ces Vaiffeaux les
leur feront fournies
de celles qui peuvent
être encore
exiftantes dans la
Place au moment
de la reddition >
leur
n'être pas inquietés dans
retour jufqu'aux
ports de France , où ils
devront aller , & il ſera
laiffé des ôtages pour la
tranfport & de leurs équipages
, que l'on remettra
au premier Bâtiment neutre
qui viendra les chercher
après le retour defdits
Bâtimens dans le
port
de France.
Il fera auffi accordé à
fûreté des Bâtimens de
pour le temps qu'ils la Garnifon des fubfiftanA
O UST. 1756. 221
'ces tant pour fon féjour
dans l'Iffe , que pour 12
jours de voyage , qui feront
prifes de celles qui
feront trouvées dans le
Fort Saint-Philippe , &
diftribuées fur le pied
qu'on a coutume de les
fournir à la garniſon Angloife
: & fi on a befoin
d'un fupplément , il fera
fourni en payant fuivant
ce qui fera réglé par les
Commiffaires de
d'autre.
part &
refter
pourroient
dans l'Ifle , & pour
celui de leur voyage
fur mer , & cela
dans la même proportion
qu'on leur
fournit actuellement.
Mais fi on
avoit befoin d'un
plus grand nombre ,
qu'ils feroient fournis
aux dépens de
la Couronne
France .
ARTICLE V.
Les bâtimens étant
prêts pour le tranfport
de
Que l'on fournira
des quartiers convenables
à la Garnifon
, avec un hôpital
propre pour les
malades & bleffés ,
pendant le temps
de la Garniſon , la fourniture
des quartiers demandés
devient inutile :
elle fortira de la Place
dans le plus court délai ,
pour le rendre à Gibraltar.
Et à l'égard de ceux
qui ne pourront être em- que l'on préparera
barqués tout de fuite , ils les bâtimens de
auront la liberté de refter tranfport : lequel
dans l'Ifle ; & il leur fera temps ne pourra pas
excéder celui d'un
fourni tous les fecours
dont ils auront befoin
pour fe rendre à Gibral- mois , à compter du
tar. Lorfqu'ils feront en jour de la fignature
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
de cette Capitulation
& à l'égard
de ceux qui fe trou
veront hors d'état
d'être embarqués ,
qu'ils pourront refter;
& il enfera pris
foin jufqu'à ce qu'ils
foient en état d'être
envoyés à Gibraltar
par une autre occafion.
état d'être embarqués , il
en fera dreflé un état , &
on laiffera aux vaiffeaux
les pafleports néceflaires
pour aller & revenir. Il
fera de même fourni un
hôpital pour les malades
& bleffés , ainfi qu'il fera
réglé par les Commiffaires
refpectifs.
ARTICLE VI.
Que le Gouverneur
ne pourra pas
être comptable pour
toutes les maifons
qui auront été brûlées
pendant le
Liege.
Accordé pour les maifons
détruites ou brûlées
pendant le fiege : mais on
reftituera plufieurs effets
& titres du Tribunal de
l'Amirauté , qui avoient
été tranſportés dans le
Fort , ainfi que les papiers
de l'Hôtel de Ville qui
ont été emportés par le
Receveur ,& les papiers & titres des Vaiffeaux marchands
François , concernant leur chargement , qui
ont été pareillement retenus.
ARTICLE VII.
Quand la Garni- On n'excitera aucun
fon fortira de la Place
, il ne fera permis
à perfonne de
débaucher les folfoldat
à déferter , & les
Officiers auront une entiere
autorité ſur eux júfqu'au
moment de l'embarquement.
A O UST. 1756. £23
dats pour les faire
déferter de leurs régimens
; & leurs
Officiers auront accès
auprès d'eux en
tout temps.
ARTICLE VIII.
Accordé.
On obfervera de
part & d'autre une
exacte difcipline
.
ARTICLE IX.
Son Excellence M. le
Général Blakney & M. le
:
Maréchal de Richelieu
.ne peuvent fixer ou éten
dre l'autorité des Rois
leurs Maîtres fur leurs
Sujets ce feroit y met
tre des limites que d'obliger
de recevoir dans
leurs Etats ceux qu'ils ne
jugeroient pas à propos
qui y fuflent ftables.
Que ceux des Habitans
de l'Ifle qui
ont joint les Anglois
pour la défenfe
de la Place , auront
permiffion
de
refter & de jouir de
leurs biens & effets
dans l'Ifle , fans être
inquiétés
.
ARTICLE X.
On reprendra de part Que tous les pri
& d'autre tous les prifonfonniers
de guerre
niers qui ont été faits de part & d'autre
pendant le fiege ; ainfi
les François en rendant feront rendus.
ceux qu'ils ont , il leur
fera reftitué les piquets
qui ont été pris en allant
joindre l'Efcadre Fran-
5 .
Kig
214 MERCURE DE FRANCE.
coife le jour que parut
PAmiral Bing devant
Mahon.
ARTICLE XI.
Que M. de Cuffinghan
, Ingénieur,
faifant le fervice de
volontaire pendant
le Siege , aura un
paffeport , & la permiffion
de fe retirer
où fes affaires
l'appelleront.
Accordo.
ARTICLE XII.
Sous les conditions
précédentes ,
Son Excellence M.
le Lieutenant Général
, Gouverneur ,
après que les ôtages
auront été donnés
de part & d'autre
pour la fidelle exécution
des Articles
ci- deffus ,
fent de livrer la
con-
Dès que les articles cideffus
auront été fignés ,
il fera livré une des portes
du Château aux François
, avec les Forts Malborough
& de S. Charles
, après avoir envoyé
les otages de part & d'autre
pour la fidelle éxécu–
tion des articles ci- deffus.
L'Eftacade qui eft dans
le Port , ſera levée ; &
l'entrée & fortie en feront
rendues libres à la
difpofition des François ,
jufqu'à l'entiere fortie de Place à Sa Majefté
Très -Chrétienne , la Garnifon ; & en attenavec
tous les maga- dant , les Commiffaires
de part & d'autre travail
A O UST. 1756 . 225
Ieront de la part de fon
Excellence M. de Blakney
, à faire les états des
magaſins militaires &
autres , & de la part de
fon Excellence M. le Maréchal
de Richelieu , à en
recevoir pour les livrer
aux Anglois ; ce qui a
convenu : il fera auffi livré
les Plans des Galleries
, Mines & autres ouvrages
fouterreins.
été
.
fins militaires , munitions
, canons &
mortiers , à la réferve
de ceux mentionnés
dans l'Article II :
comme auffi de
montrer aux Ingénieurs
toutes les
mines & les ouvrages
fouterreins.
Fait au Château
Fait à Saint-Philippe , de S.
Philippe , le
le 29 Juin 1756.
Approuvé , Guillaume
BLAKNEY.
28 Juin 1756.
Signé , Guillaume
BLAKNEY.
Tous les Articles ci - deffus fignés , &les ôtages
donnés , M. le Maréchal de Richelieu est entré dans
la Place leditjour 29 Juin , entre 89 heures du
matin. Il s'eft fait rendre compte de tout ce qui étoit
dans le Fort , dont voici le détail.
Garnifon trouvée au moment de fa reddition
2963 hommes de troupes.
240 pieces de canon faines & entieres , fans:
compter 40 autres pieces que M. le Maréchal avoit
fait enclouer pendant l'attaque..
Environ 70 Mortiers.
.700 milliers de poudre..
12000 Boulets .
15000 Bombes,
Les Ennemis ont perdu pendant le fiege beaucoup
moins de monde que nous , attendu les retraites.
les Cafmattes immenfes où ils fe retiroient , taillées
K.v.
226 MERCURE DE FRANCE.
dans le roc, & à l'abri du boulet & de la bombe.
Les François ont eu , depuis le commencement du
fiege jufqu'à la reddition du Fort , environ 1500
hommes tant de tués que de bleffés : il eft mort peu
de bleffés , parce que la cure des plaies réuſſiſſoit
fort bien dans cette Ifle. Les Chirurgiens même en
étoient étonnés.
Il s'eft trouvé dans le Fort beaucoup de vivres ;
als en avoient encore pour un temps confidérable :
mais lors de fa reddition , il y avoit huit jours que
les Affiégés n'avoient plus ni Vin , ni Eau - de- vie.
Depuis le commencement du Siege jufqu'à la red
dition , il n'y a jamais eu à l'Hôpital de l'armée
Françoife plus de 150 malades couramment ; &
que M. de Fronfac eft parti de Mahon ,
il n'y en avoit que ce nombre.
au moment
On laiffe pour Garniſon les Régimens ſuivans.
Le Royal Italien ; Médoc ; Talaru ; Royal Comtois
& Vermandois.
La Garnison Angloife a dû fortir de l'Ifle le &
Juillet.
M. le Comte de Lannion commandera en chef
les Forts de Pife Minorque.
M. le Duc de Fronfac , qui a porté la nouvelle
'de la prife des Forts , arriva à Paris la nuit du 9
au 10 Juillet : M. le Comte d'Egmont , qui a apporté
les articles de la Capitulation & la nouvelle
de l'évacuation entiere de la Place par les Anglois
, eft arrivé à Paris la nuit du 14 au 15 fuiwant.
M. de Fronfac eft parti le 26 Juillet de Paris
, pour aller rejoindre M. le Maréchal de Richelieu
, qui ne revient point.
Nous ne pouvons mieux terminer cette Relation
que par les Vers fuivans , qui font de M. de
Voltaire , & qui nous ont paru dignes de lui & da
Héros qu'ils célebrent .
par Son Excellence le Lieutenant - Général
BLAKNEY , pour la Garnifon de Sa Majefté
Britannique du Château S. Philippe ,
Ifle Minorque.
Articles demandés par Articles accordésparMon
le Gouverneur.
Q
fieur le Maréchal do
Richelieu.
ARTICLE PREMIER. - ·
Ue tous les actes d'hoftilités cefferont jufqu'à
ce que les Articles de la Capitulation foient convenus
& fignés .
ARTICLE II.
Qu'on accordera
A la Garnifon à fa
reddition tous les
honneurs de la guerre
, comme de fortir
le fufil fur l'épaule,
tambour battant
, enfeignes dé
ployées , 24 coups
à tirer par homme ,
mêche allumée ,
pieces de canon &
2 mortiers , avec 20
coups à tirer par cha-
4
La belle & courageufe
défenfe que les Anglois
ont faite , méritant toutes
les marques d'eſtime
& de véneration que tout
Militaire doit rendre à de
telles actions , & M. le
Maré hal de Richelieu
voulant faire connoître à
fon Excellence M. le Général
Blkuey fa confidération
& celle que mérite
la défenſe qu'il vient de
faire , accorde à la Garnifon
tous les honneurs militaires
dont elle peut
jouir dans la circonftanque
piece , un char- ce de fa fortie pour un
AOUST. 1756. 219
embarquement : fçayoir , riot couvert pour le
le fufil fur l'épaule , tambour
battant , drapeaux
déployés , 20 cartouches
par homme , & même
mêche allumée. Il con-
Tent que le Lieutenant
Général
Blakney & fa
Garniſon , pourront emporter
tous les effets
leur
appartiendront
&
qui pourront
tenir dans
des coffres : il leur feroit
inutile d'avoir des charriots
couverts , il n'y en
a point dans l'ifle ; ainfi
ils font refufés.
qui
Gouverneur , & 4
autres pour la Garnifon
, qui ne ſeront
vifités en aucun
cas.
ARTICLE
Toute la Garniſon Mi-
III.
Que toute la Gar
litaire & Civile ,
comprenifon
comprenant
nant fous le nom de citous
les Sujets de
S. M. Britannique ,
Civile comme Militaire
, auront tous
vile les Officiers de juftice
& de police , à la réferve
des naturels de
Pie , auront la permiffion
d'emporter leurs leurs bagages & efeffets
, & d'en difpofer
comme il vient d'être fets affurés , avec la
dit : mais toutes les dettes
de la Garnifon , qui auront
été connues légitimes
, envers les Sujets de
permiffion de les
emmener , & d'en
difpofer comme ils
fa Majefté très-Chrétien- jugeront à propos.
ne , parmi lesquels les
Minorcains doivent être compris , feront payées,
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
>
ARTICLE IV.
Que la Garnifon ,
comprenant les Officiers
, ouvriers , foldats
, & autres Sujets
de S. M. Britan
nique avec leurs
familles , qui voudront
quitter l'Ifle , conduiront par la plus
feront pourvus de fûre navigation jufqu'à
vaiffeaux de tranf- Gibraltar , dans le plus
ports convenables , court délai qu'il fera pof-
& conduits à Gi- fible , & les y débarqueront
tout de fuite , bien
braltar par la navi- entendu qu'après ce dégation
la plus cour- barquement , il fera fourte
& la plus directe , ni à ces bâtimens des paf-
& qu'ils y feront feports valables , afin de
débarqués auffitôt
leur arrivée , aux
dépens de la Couronne
de France , &
que les provifions
Il fera fourni les vaiffeaux
de tranfport de
de Sa Majefté très Chré
ceux qui font aux gages
tienne , & convenable
à
la Garnifon Militaire &
Civile du Fort S. Philippe
pour eux & leur famille
: ces Vaiffeaux les
leur feront fournies
de celles qui peuvent
être encore
exiftantes dans la
Place au moment
de la reddition >
leur
n'être pas inquietés dans
retour jufqu'aux
ports de France , où ils
devront aller , & il ſera
laiffé des ôtages pour la
tranfport & de leurs équipages
, que l'on remettra
au premier Bâtiment neutre
qui viendra les chercher
après le retour defdits
Bâtimens dans le
port
de France.
Il fera auffi accordé à
fûreté des Bâtimens de
pour le temps qu'ils la Garnifon des fubfiftanA
O UST. 1756. 221
'ces tant pour fon féjour
dans l'Iffe , que pour 12
jours de voyage , qui feront
prifes de celles qui
feront trouvées dans le
Fort Saint-Philippe , &
diftribuées fur le pied
qu'on a coutume de les
fournir à la garniſon Angloife
: & fi on a befoin
d'un fupplément , il fera
fourni en payant fuivant
ce qui fera réglé par les
Commiffaires de
d'autre.
part &
refter
pourroient
dans l'Ifle , & pour
celui de leur voyage
fur mer , & cela
dans la même proportion
qu'on leur
fournit actuellement.
Mais fi on
avoit befoin d'un
plus grand nombre ,
qu'ils feroient fournis
aux dépens de
la Couronne
France .
ARTICLE V.
Les bâtimens étant
prêts pour le tranfport
de
Que l'on fournira
des quartiers convenables
à la Garnifon
, avec un hôpital
propre pour les
malades & bleffés ,
pendant le temps
de la Garniſon , la fourniture
des quartiers demandés
devient inutile :
elle fortira de la Place
dans le plus court délai ,
pour le rendre à Gibraltar.
Et à l'égard de ceux
qui ne pourront être em- que l'on préparera
barqués tout de fuite , ils les bâtimens de
auront la liberté de refter tranfport : lequel
dans l'Ifle ; & il leur fera temps ne pourra pas
excéder celui d'un
fourni tous les fecours
dont ils auront befoin
pour fe rendre à Gibral- mois , à compter du
tar. Lorfqu'ils feront en jour de la fignature
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
de cette Capitulation
& à l'égard
de ceux qui fe trou
veront hors d'état
d'être embarqués ,
qu'ils pourront refter;
& il enfera pris
foin jufqu'à ce qu'ils
foient en état d'être
envoyés à Gibraltar
par une autre occafion.
état d'être embarqués , il
en fera dreflé un état , &
on laiffera aux vaiffeaux
les pafleports néceflaires
pour aller & revenir. Il
fera de même fourni un
hôpital pour les malades
& bleffés , ainfi qu'il fera
réglé par les Commiffaires
refpectifs.
ARTICLE VI.
Que le Gouverneur
ne pourra pas
être comptable pour
toutes les maifons
qui auront été brûlées
pendant le
Liege.
Accordé pour les maifons
détruites ou brûlées
pendant le fiege : mais on
reftituera plufieurs effets
& titres du Tribunal de
l'Amirauté , qui avoient
été tranſportés dans le
Fort , ainfi que les papiers
de l'Hôtel de Ville qui
ont été emportés par le
Receveur ,& les papiers & titres des Vaiffeaux marchands
François , concernant leur chargement , qui
ont été pareillement retenus.
ARTICLE VII.
Quand la Garni- On n'excitera aucun
fon fortira de la Place
, il ne fera permis
à perfonne de
débaucher les folfoldat
à déferter , & les
Officiers auront une entiere
autorité ſur eux júfqu'au
moment de l'embarquement.
A O UST. 1756. £23
dats pour les faire
déferter de leurs régimens
; & leurs
Officiers auront accès
auprès d'eux en
tout temps.
ARTICLE VIII.
Accordé.
On obfervera de
part & d'autre une
exacte difcipline
.
ARTICLE IX.
Son Excellence M. le
Général Blakney & M. le
:
Maréchal de Richelieu
.ne peuvent fixer ou éten
dre l'autorité des Rois
leurs Maîtres fur leurs
Sujets ce feroit y met
tre des limites que d'obliger
de recevoir dans
leurs Etats ceux qu'ils ne
jugeroient pas à propos
qui y fuflent ftables.
Que ceux des Habitans
de l'Ifle qui
ont joint les Anglois
pour la défenfe
de la Place , auront
permiffion
de
refter & de jouir de
leurs biens & effets
dans l'Ifle , fans être
inquiétés
.
ARTICLE X.
On reprendra de part Que tous les pri
& d'autre tous les prifonfonniers
de guerre
niers qui ont été faits de part & d'autre
pendant le fiege ; ainfi
les François en rendant feront rendus.
ceux qu'ils ont , il leur
fera reftitué les piquets
qui ont été pris en allant
joindre l'Efcadre Fran-
5 .
Kig
214 MERCURE DE FRANCE.
coife le jour que parut
PAmiral Bing devant
Mahon.
ARTICLE XI.
Que M. de Cuffinghan
, Ingénieur,
faifant le fervice de
volontaire pendant
le Siege , aura un
paffeport , & la permiffion
de fe retirer
où fes affaires
l'appelleront.
Accordo.
ARTICLE XII.
Sous les conditions
précédentes ,
Son Excellence M.
le Lieutenant Général
, Gouverneur ,
après que les ôtages
auront été donnés
de part & d'autre
pour la fidelle exécution
des Articles
ci- deffus ,
fent de livrer la
con-
Dès que les articles cideffus
auront été fignés ,
il fera livré une des portes
du Château aux François
, avec les Forts Malborough
& de S. Charles
, après avoir envoyé
les otages de part & d'autre
pour la fidelle éxécu–
tion des articles ci- deffus.
L'Eftacade qui eft dans
le Port , ſera levée ; &
l'entrée & fortie en feront
rendues libres à la
difpofition des François ,
jufqu'à l'entiere fortie de Place à Sa Majefté
Très -Chrétienne , la Garnifon ; & en attenavec
tous les maga- dant , les Commiffaires
de part & d'autre travail
A O UST. 1756 . 225
Ieront de la part de fon
Excellence M. de Blakney
, à faire les états des
magaſins militaires &
autres , & de la part de
fon Excellence M. le Maréchal
de Richelieu , à en
recevoir pour les livrer
aux Anglois ; ce qui a
convenu : il fera auffi livré
les Plans des Galleries
, Mines & autres ouvrages
fouterreins.
été
.
fins militaires , munitions
, canons &
mortiers , à la réferve
de ceux mentionnés
dans l'Article II :
comme auffi de
montrer aux Ingénieurs
toutes les
mines & les ouvrages
fouterreins.
Fait au Château
Fait à Saint-Philippe , de S.
Philippe , le
le 29 Juin 1756.
Approuvé , Guillaume
BLAKNEY.
28 Juin 1756.
Signé , Guillaume
BLAKNEY.
Tous les Articles ci - deffus fignés , &les ôtages
donnés , M. le Maréchal de Richelieu est entré dans
la Place leditjour 29 Juin , entre 89 heures du
matin. Il s'eft fait rendre compte de tout ce qui étoit
dans le Fort , dont voici le détail.
Garnifon trouvée au moment de fa reddition
2963 hommes de troupes.
240 pieces de canon faines & entieres , fans:
compter 40 autres pieces que M. le Maréchal avoit
fait enclouer pendant l'attaque..
Environ 70 Mortiers.
.700 milliers de poudre..
12000 Boulets .
15000 Bombes,
Les Ennemis ont perdu pendant le fiege beaucoup
moins de monde que nous , attendu les retraites.
les Cafmattes immenfes où ils fe retiroient , taillées
K.v.
226 MERCURE DE FRANCE.
dans le roc, & à l'abri du boulet & de la bombe.
Les François ont eu , depuis le commencement du
fiege jufqu'à la reddition du Fort , environ 1500
hommes tant de tués que de bleffés : il eft mort peu
de bleffés , parce que la cure des plaies réuſſiſſoit
fort bien dans cette Ifle. Les Chirurgiens même en
étoient étonnés.
Il s'eft trouvé dans le Fort beaucoup de vivres ;
als en avoient encore pour un temps confidérable :
mais lors de fa reddition , il y avoit huit jours que
les Affiégés n'avoient plus ni Vin , ni Eau - de- vie.
Depuis le commencement du Siege jufqu'à la red
dition , il n'y a jamais eu à l'Hôpital de l'armée
Françoife plus de 150 malades couramment ; &
que M. de Fronfac eft parti de Mahon ,
il n'y en avoit que ce nombre.
au moment
On laiffe pour Garniſon les Régimens ſuivans.
Le Royal Italien ; Médoc ; Talaru ; Royal Comtois
& Vermandois.
La Garnison Angloife a dû fortir de l'Ifle le &
Juillet.
M. le Comte de Lannion commandera en chef
les Forts de Pife Minorque.
M. le Duc de Fronfac , qui a porté la nouvelle
'de la prife des Forts , arriva à Paris la nuit du 9
au 10 Juillet : M. le Comte d'Egmont , qui a apporté
les articles de la Capitulation & la nouvelle
de l'évacuation entiere de la Place par les Anglois
, eft arrivé à Paris la nuit du 14 au 15 fuiwant.
M. de Fronfac eft parti le 26 Juillet de Paris
, pour aller rejoindre M. le Maréchal de Richelieu
, qui ne revient point.
Nous ne pouvons mieux terminer cette Relation
que par les Vers fuivans , qui font de M. de
Voltaire , & qui nous ont paru dignes de lui & da
Héros qu'ils célebrent .
Fermer
Résumé : ARTICLES de la Capitulation proposée par Son Excellence le Lieutenant -Général BLAKNEY, pour la Garnison de Sa Majesté Britannique du Château de S.Philippe, Isle Minorque.
Le texte expose les articles de la capitulation proposée par le Lieutenant-Général Blakney pour la garnison britannique du Château Saint-Philippe à Minorque, acceptés par le Maréchal de Richelieu. Les hostilités cesseront jusqu'à la signature des articles de la capitulation. La garnison britannique bénéficiera des honneurs de la guerre, incluant une sortie avec armes et drapeaux déployés, ainsi que des salves d'honneur. Le Maréchal de Richelieu reconnaît la défense courageuse des Anglais et accorde ces honneurs en signe de respect. La garnison pourra emporter ses effets personnels et sera transportée à Gibraltar avec des provisions et des navires appropriés. Les dettes légitimes de la garnison envers les sujets du roi de France seront payées. Les habitants de l'île ayant soutenu les Anglais pourront rester et jouir de leurs biens sans être inquiétés. Les prisonniers de guerre seront échangés. Les déserteurs ne seront pas autorisés à quitter leurs régiments. La discipline sera maintenue des deux côtés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 227-229
VERS De M. de Voltaire à M. le Maréchal Duc de Richelieu, sur la Conquête de Mahon.
Début :
Depuis plus de quarante années [...]
Mots clefs :
Vers, Voltaire, Duc de Richelieu, Voltaire, Conquête Fort Saint-Philippe, Succès
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS De M. de Voltaire à M. le Maréchal Duc de Richelieu, sur la Conquête de Mahon.
VERS
De M. de Voltaire à M. le Maréchal Duc
de Richelieu , fur la Conquête de Mahon.
Depuis plus de quarante années
Vous avez été mon Héros :
J'ai préfagé vos deſtinées .
Ainfi quand Achile à Syros
Paroiffoit fe livrer en proye
Aux jeux , aux amours , au répos ,
Il devoit un jour , fur les flots ,
Porter la flamme devant Troye ;
Ainfi quand Phriné , dans fes bras
Tenoit le jeune Alcibiade ,
Phriné ne le poffédoit pas ;
Et fon nom fut dans les combats
Egal au nom de Miltiade.
Jadis les Amans , les Epour
Trembloient en vous voyant paroître.
Près des Belles & près du Maître ,
Vous avez fair plus d'un jaloux :
Enfin c'eft aux Héros à l'être.
C'eft rarement que dans Paris
Parmi les feftins & les ris ,
On démêle un grand caractere
Le préjugé ne conçoit pas
Que celui qui fçait l'art de plaire ;
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE
Sçache aufli fauver les Etats :
Le grand Homme échappe au vulgaire.
Mais lorsqu'aux champs de Fontenoi ,
Il fert fa Patrie & fon Roi ;
Quand fa main des peuples de Genes
Défend les jours & rompt les chaînes ;
Lorſqu'auffi prompt que les éclairs ,
Il chaffe les Tyrans des mers
Des murs de Minorque opprimée ,
'Alors ceux qui l'ont méconnu ,
En parlent comme fon armée :
Chacun dit : Je l'avois prévu :
Le fuccès fait la renommée.
Homme aimable , illuftre Guerrier ,
En tout temps Phonneur de la France ,
Triomphez de l'Anglois altier ,
De l'envie & de l'ignorance.
Je ne fçais fi dans Port-Mahon
Vous trouverez un ftatuaire ;
Mais vous n'en avez plus à faire.
Vous allez graver votre nom
Sur les débris de l'Angleterre:
Il feroit béni chez l'Ibere , at.. ?
Et chéri dans ma Nation.
Des deux Richelieu fur la terre
Les exploits feront admirés..
Déja tous deux font comparés ,
Et l'on ne fait qui l'on préfere.
Le Cardinal affermiffoit
A O UST. 1756: 2.20
Et partageoit le rang fuprême
D'un Maître qui le haïffoit ,
Vous vengcz un Roi qui vous aime.
Le Cardinal fut plus puiffant
Et même un peu trop redoutable :
Vous me paroiffez bien plus grand ,
Puifque vous êtes plus aimable .
De M. de Voltaire à M. le Maréchal Duc
de Richelieu , fur la Conquête de Mahon.
Depuis plus de quarante années
Vous avez été mon Héros :
J'ai préfagé vos deſtinées .
Ainfi quand Achile à Syros
Paroiffoit fe livrer en proye
Aux jeux , aux amours , au répos ,
Il devoit un jour , fur les flots ,
Porter la flamme devant Troye ;
Ainfi quand Phriné , dans fes bras
Tenoit le jeune Alcibiade ,
Phriné ne le poffédoit pas ;
Et fon nom fut dans les combats
Egal au nom de Miltiade.
Jadis les Amans , les Epour
Trembloient en vous voyant paroître.
Près des Belles & près du Maître ,
Vous avez fair plus d'un jaloux :
Enfin c'eft aux Héros à l'être.
C'eft rarement que dans Paris
Parmi les feftins & les ris ,
On démêle un grand caractere
Le préjugé ne conçoit pas
Que celui qui fçait l'art de plaire ;
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE
Sçache aufli fauver les Etats :
Le grand Homme échappe au vulgaire.
Mais lorsqu'aux champs de Fontenoi ,
Il fert fa Patrie & fon Roi ;
Quand fa main des peuples de Genes
Défend les jours & rompt les chaînes ;
Lorſqu'auffi prompt que les éclairs ,
Il chaffe les Tyrans des mers
Des murs de Minorque opprimée ,
'Alors ceux qui l'ont méconnu ,
En parlent comme fon armée :
Chacun dit : Je l'avois prévu :
Le fuccès fait la renommée.
Homme aimable , illuftre Guerrier ,
En tout temps Phonneur de la France ,
Triomphez de l'Anglois altier ,
De l'envie & de l'ignorance.
Je ne fçais fi dans Port-Mahon
Vous trouverez un ftatuaire ;
Mais vous n'en avez plus à faire.
Vous allez graver votre nom
Sur les débris de l'Angleterre:
Il feroit béni chez l'Ibere , at.. ?
Et chéri dans ma Nation.
Des deux Richelieu fur la terre
Les exploits feront admirés..
Déja tous deux font comparés ,
Et l'on ne fait qui l'on préfere.
Le Cardinal affermiffoit
A O UST. 1756: 2.20
Et partageoit le rang fuprême
D'un Maître qui le haïffoit ,
Vous vengcz un Roi qui vous aime.
Le Cardinal fut plus puiffant
Et même un peu trop redoutable :
Vous me paroiffez bien plus grand ,
Puifque vous êtes plus aimable .
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Résumé : VERS De M. de Voltaire à M. le Maréchal Duc de Richelieu, sur la Conquête de Mahon.
Dans une lettre, Voltaire célèbre les exploits militaires du Maréchal Duc de Richelieu, le comparant à des héros antiques tels qu'Achille et Alcibiade. Bien que Richelieu soit connu pour ses succès amoureux et mondains, Voltaire souligne ses qualités militaires exceptionnelles. Il mentionne notamment la défense de la patrie et du roi lors de la bataille de Fontenoy et la libération des peuples de Gênes. Voltaire admire la rapidité et l'efficacité de Richelieu, illustrées par la défense de Minorque. Il prédit que Richelieu gravera son nom sur les débris de l'Angleterre après la conquête de Port-Mahon. Voltaire compare également le Maréchal au Cardinal Richelieu, affirmant que le premier est plus grand et plus aimable malgré la puissance du second.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 229-233
« Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...] »
Début :
Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...]
Mots clefs :
Grand Aumônier de France, Cardinal de la Rochefoucauld, Duc de Gesvres, Ordonnance du roi, Infanterie, Arrêt du Conseil d'État, Chevalier de Tourville, Canada, Marquis de la Galissoniere, Escadre française, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...] »
Le 1 I Juillet , M. le Cardinal de la Rochefoucauld
prêta ferment entre les mains du Roi ,
dans le Cabinet de fa Majefté , pour la charge de
Grand Aumônier de France. Ce Cardinal entra lè
même jour en exercice des fonctions de cette
charge près de fa Majefté.
"
Le 15 Juillet , pendant la Meffe du Roi , la.
Mufique a chanté le Te Deum , de la compofition
de M. Colin de Blamont , Surintendant de la Mufique
de la Chambre , & Chevalier de l'Ordre de
S. Michel , qui l'a fait exécuter. Cette Hymne a
été entonnée par l'Abbé de Gandras , Chapelam
de la Chapelle-Mufique. Le Corps de Ville a fait
tirer le canon , & fonner le tocfin , ainfi que toutes
les cloches de la Ville. A fix heures du fóir ,
le Corps de Ville a allumé un feu dans la place de
-PHôtel de Ville , fous les ordres du Duc de Gefvres
, Gouverneur de l'Ile de France. Le Corps .
de Ville illumina fon Hôtel, & il y eut des lumieres
fur toutes les fenêtres des maifons . L'Hôtel du
Duc de Gefvres fut illuminé fuivant fon ordre
d'Architecture. Ce Seigneur fit couler pendanttoute
la nuit du vin pour le peuple , & lui fit diftribuer
des vivres.
Madame la Marquise de Pompadour à cette
occafion donna une fête dans fa maiſon hors de la
230 MERCURE DE FRANCE.
Ville. Le Roi lui fit l'honneur d'y affifter. y eut
avant le fouper un feu d'artifice très-bien exécuté,
qui fut fuivi d'une illumination élégante , analogue
aux deffeins des parterres & des jardins , &
dont l'effet a fait la furpriſe de tous les Spectateurs .
Le Roi a accordé les entrées de la Chambre à
M. Hénault , Préfident Honoraire en la premiere
Chambre des Enquêtes ; Surintendant des Finances
, Domaines & Affaires de la Reine ; un des
Quarante de l'Académie Francoife ; Honoraire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres , & Membre
des Académies Royales de Nancy , de Berlin
& de Suede.
Le Roi ayant prefcrit par fon Ordonnance da
1 Août 1755 , la levée de quatre Compagnies dans
chacun des Bataillons de fon Infanterie Françoiſe ,
& voulant régler le temps que commencera à
courir la maffe deſtinée à l'habillement & aux menues
réparations defdites Compagnies : Sa Majesté
ordonne , qu'outre la folde réglée pour lesdites
Compagnies , le paiement de leur maffe fera fait
fur le pied complet , à commencer du 1 Janvier
de la prefente année.
I
Sa Majefté a réglé auffi , que le décompte de la
maffe échue aux Régimens de Dragons leur feroit
fait jufqu'au 1 Janvier 1756 , fur le pied de
leur précédente compofition , & qu'à compter dudit
jour ils en recevroient le paiement fur le pied
complet de quarante hommes par chacune des
feize compagnies , dont ils font actuellement
composés.
Il paroît deux Arrêts du Confeil d'Etat , qui
-permettent , l'un à la ville de Cherbourg , l'autre
à celle de Libourne , de faire directement , chacune
par fon Port , le commerce des Iſles & Co-
Jonies Françoifes de l'Amérique
AOUST. 1756. .231
La Ville de Saint - Etienne en Forès le diftingue
de plus en plus par la perfection des armes qui s'y
fabriquent. Le Sieur Jean - Louis Carrier , Entrepreneur
d'armes de cette Ville , & qui a en même
temps l'entreprife des Meffageries de Forès , a
préfenté derniérement à M. le Duc de la Valliere
un fufil , dont tous les connoiffeurs ont admiré
la finguliere beauté.
Le 18, M.le Chevalier deTourville arriva àCompiegne
, revenant du Canada , avec la nouvelle
que l'Efcadre & les troupes du Roi , parties de
Breft au mois d'Avril , s'étoient rendues à Quebec
, ainfi que la plupart des navires , qui ont
été expédiés fucceffivement des différens Ports du
Royaume avec des recrues & des provifions de
toute efpece. On a appris auffi par les lettres qu'il
a apportées , qu'il y a eu pendant tout l'hyver
des partis de Canadiens & de Sauvages , qui ont
fait des incurfions fur les Colonies Angloifes , ou
ils ont tué beaucoup de monde , & fait un nombre
affez confidérable de prifonniers. Les mêmes
lettres portent , que les Anglois de leur côté fe
difpofoient à reprendre cette année les attaqués
qu'ils tenterent inutilement l'année derniere contre
le Canada. M. le Chevalier de Tourville commandoit
la Frégate la Sauvage , dans l'Eſcadre
partie de Breft. Il a été fait Capitaine de Vaiffeau ;
& le Roi a eu la bonté de lui annoncer lui-même
cette grace , lorfqu'il a été préfenté à Sa Majesté
par M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le département de
la Marine.
M. le Chevalier de Tourville eft neveu du
Maréchal de ce nom. Il est le feul qui refte du
nom de Tourville avec un frere , que fa foible
fanté a obligé de quitter le ſervice de la Marine.
232 MERCURE DE FRANCE.
Il fait fa réfidence dans fes terres en Norman
die , où il s'eft marié , & n'a point de postérité.
Un Courier arrivé de Toulon le 20 de Juillet ,
à cinq heures du matin , a apporté la nouvelle
que l'Efcadre du Roi , commandée par M. le
Marquis de la Galiffoniere , à mouillé en rade
le 16 à trois heures après midi. Cette Eſcadre
étoit partie de fa croifiere devant le Port-Mahon
le 8 , auffi- tôt que M. le Maréchal Duc de Richelieu
fe fut rendu à bord du aiffeau le Fondroyant.
Les Officiers Généraux & les Compagnies
de Grenadiers font revenus à bord de
cette Efcadre , & le furplus des troupes fur des
Bâtimens de tranfport . Pendant la traverſée ,
que les vents contraires & les mauvais temps ont
rendue affez longue , M. le Marquis de la Galiffoniere
a profité le 13 d'un caline , pour faire
chanter le Te Deum à bord du Foudroyant ,
l'occafion de la prife du Port Saint- Philippe ;
& cette cérémonie a été accompagnée des falves
ordinaires de l'artillerie & de la moufqueterie
de tous les Vaiffeaux de PEfcadre. M. le
Maréchal de Richelieu , en débordant en rade
du Vaiffeau le Foudroyant , a été falué de la voix &
fucceffivement du canon de tous les Vaiffeaux de
l'Eſcadre , ainfi que de celui du Vaiffeau Amiral ,
forfqu'il eft entre dans le Port . Cette Efcadre qui
avoit été jointe à Port - Mahon par deux des Vailfeaux
dont Sa Majesté avoit ordonné l'armement ,
a trouvé en..rade les autres Vaiffeaux de ce nouvel
armement , dont le départ avoit été retardé
par la nouvelle de fon retour , & toute cette Elcadre
a eu ordre de refter en rade.
à
La Frégate la Rofe , commandée par M. Paftour
de Coftebelle , Capitaine de Vaiffeau , s'eft
féparée de l'Efcadre fur Toulon , pour débarquer,
A O UST. 1756. 233
à Marseille les Otages , qui doivent y attendre
le retour des Navires qui portent à Gibraltar la
Garnifon du Fort Saint - Philippe.
M.le Marquis de Paulmi , Secretaire d'Etat de
la Guerre , en furvivance du Comte d'Argenfon,
& l'un des Quarante de l'Académie Françoife , a
été élu Académicien Honoraire de l'Académie
Royale des Belles - Lettres , à la place du Feu
Abbé de Pomponne.
Le 22 Juillet , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens cinquante livres:
les Billets de la premiere Loterie Royale , à
neufcens quarante ; ceux de la feconde Loterie ,
à fept cens foixante- quatre , & ceux de la troificme
Loterie , à fix cens quarante- quatre .
prêta ferment entre les mains du Roi ,
dans le Cabinet de fa Majefté , pour la charge de
Grand Aumônier de France. Ce Cardinal entra lè
même jour en exercice des fonctions de cette
charge près de fa Majefté.
"
Le 15 Juillet , pendant la Meffe du Roi , la.
Mufique a chanté le Te Deum , de la compofition
de M. Colin de Blamont , Surintendant de la Mufique
de la Chambre , & Chevalier de l'Ordre de
S. Michel , qui l'a fait exécuter. Cette Hymne a
été entonnée par l'Abbé de Gandras , Chapelam
de la Chapelle-Mufique. Le Corps de Ville a fait
tirer le canon , & fonner le tocfin , ainfi que toutes
les cloches de la Ville. A fix heures du fóir ,
le Corps de Ville a allumé un feu dans la place de
-PHôtel de Ville , fous les ordres du Duc de Gefvres
, Gouverneur de l'Ile de France. Le Corps .
de Ville illumina fon Hôtel, & il y eut des lumieres
fur toutes les fenêtres des maifons . L'Hôtel du
Duc de Gefvres fut illuminé fuivant fon ordre
d'Architecture. Ce Seigneur fit couler pendanttoute
la nuit du vin pour le peuple , & lui fit diftribuer
des vivres.
Madame la Marquise de Pompadour à cette
occafion donna une fête dans fa maiſon hors de la
230 MERCURE DE FRANCE.
Ville. Le Roi lui fit l'honneur d'y affifter. y eut
avant le fouper un feu d'artifice très-bien exécuté,
qui fut fuivi d'une illumination élégante , analogue
aux deffeins des parterres & des jardins , &
dont l'effet a fait la furpriſe de tous les Spectateurs .
Le Roi a accordé les entrées de la Chambre à
M. Hénault , Préfident Honoraire en la premiere
Chambre des Enquêtes ; Surintendant des Finances
, Domaines & Affaires de la Reine ; un des
Quarante de l'Académie Francoife ; Honoraire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres , & Membre
des Académies Royales de Nancy , de Berlin
& de Suede.
Le Roi ayant prefcrit par fon Ordonnance da
1 Août 1755 , la levée de quatre Compagnies dans
chacun des Bataillons de fon Infanterie Françoiſe ,
& voulant régler le temps que commencera à
courir la maffe deſtinée à l'habillement & aux menues
réparations defdites Compagnies : Sa Majesté
ordonne , qu'outre la folde réglée pour lesdites
Compagnies , le paiement de leur maffe fera fait
fur le pied complet , à commencer du 1 Janvier
de la prefente année.
I
Sa Majefté a réglé auffi , que le décompte de la
maffe échue aux Régimens de Dragons leur feroit
fait jufqu'au 1 Janvier 1756 , fur le pied de
leur précédente compofition , & qu'à compter dudit
jour ils en recevroient le paiement fur le pied
complet de quarante hommes par chacune des
feize compagnies , dont ils font actuellement
composés.
Il paroît deux Arrêts du Confeil d'Etat , qui
-permettent , l'un à la ville de Cherbourg , l'autre
à celle de Libourne , de faire directement , chacune
par fon Port , le commerce des Iſles & Co-
Jonies Françoifes de l'Amérique
AOUST. 1756. .231
La Ville de Saint - Etienne en Forès le diftingue
de plus en plus par la perfection des armes qui s'y
fabriquent. Le Sieur Jean - Louis Carrier , Entrepreneur
d'armes de cette Ville , & qui a en même
temps l'entreprife des Meffageries de Forès , a
préfenté derniérement à M. le Duc de la Valliere
un fufil , dont tous les connoiffeurs ont admiré
la finguliere beauté.
Le 18, M.le Chevalier deTourville arriva àCompiegne
, revenant du Canada , avec la nouvelle
que l'Efcadre & les troupes du Roi , parties de
Breft au mois d'Avril , s'étoient rendues à Quebec
, ainfi que la plupart des navires , qui ont
été expédiés fucceffivement des différens Ports du
Royaume avec des recrues & des provifions de
toute efpece. On a appris auffi par les lettres qu'il
a apportées , qu'il y a eu pendant tout l'hyver
des partis de Canadiens & de Sauvages , qui ont
fait des incurfions fur les Colonies Angloifes , ou
ils ont tué beaucoup de monde , & fait un nombre
affez confidérable de prifonniers. Les mêmes
lettres portent , que les Anglois de leur côté fe
difpofoient à reprendre cette année les attaqués
qu'ils tenterent inutilement l'année derniere contre
le Canada. M. le Chevalier de Tourville commandoit
la Frégate la Sauvage , dans l'Eſcadre
partie de Breft. Il a été fait Capitaine de Vaiffeau ;
& le Roi a eu la bonté de lui annoncer lui-même
cette grace , lorfqu'il a été préfenté à Sa Majesté
par M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le département de
la Marine.
M. le Chevalier de Tourville eft neveu du
Maréchal de ce nom. Il est le feul qui refte du
nom de Tourville avec un frere , que fa foible
fanté a obligé de quitter le ſervice de la Marine.
232 MERCURE DE FRANCE.
Il fait fa réfidence dans fes terres en Norman
die , où il s'eft marié , & n'a point de postérité.
Un Courier arrivé de Toulon le 20 de Juillet ,
à cinq heures du matin , a apporté la nouvelle
que l'Efcadre du Roi , commandée par M. le
Marquis de la Galiffoniere , à mouillé en rade
le 16 à trois heures après midi. Cette Eſcadre
étoit partie de fa croifiere devant le Port-Mahon
le 8 , auffi- tôt que M. le Maréchal Duc de Richelieu
fe fut rendu à bord du aiffeau le Fondroyant.
Les Officiers Généraux & les Compagnies
de Grenadiers font revenus à bord de
cette Efcadre , & le furplus des troupes fur des
Bâtimens de tranfport . Pendant la traverſée ,
que les vents contraires & les mauvais temps ont
rendue affez longue , M. le Marquis de la Galiffoniere
a profité le 13 d'un caline , pour faire
chanter le Te Deum à bord du Foudroyant ,
l'occafion de la prife du Port Saint- Philippe ;
& cette cérémonie a été accompagnée des falves
ordinaires de l'artillerie & de la moufqueterie
de tous les Vaiffeaux de PEfcadre. M. le
Maréchal de Richelieu , en débordant en rade
du Vaiffeau le Foudroyant , a été falué de la voix &
fucceffivement du canon de tous les Vaiffeaux de
l'Eſcadre , ainfi que de celui du Vaiffeau Amiral ,
forfqu'il eft entre dans le Port . Cette Efcadre qui
avoit été jointe à Port - Mahon par deux des Vailfeaux
dont Sa Majesté avoit ordonné l'armement ,
a trouvé en..rade les autres Vaiffeaux de ce nouvel
armement , dont le départ avoit été retardé
par la nouvelle de fon retour , & toute cette Elcadre
a eu ordre de refter en rade.
à
La Frégate la Rofe , commandée par M. Paftour
de Coftebelle , Capitaine de Vaiffeau , s'eft
féparée de l'Efcadre fur Toulon , pour débarquer,
A O UST. 1756. 233
à Marseille les Otages , qui doivent y attendre
le retour des Navires qui portent à Gibraltar la
Garnifon du Fort Saint - Philippe.
M.le Marquis de Paulmi , Secretaire d'Etat de
la Guerre , en furvivance du Comte d'Argenfon,
& l'un des Quarante de l'Académie Françoife , a
été élu Académicien Honoraire de l'Académie
Royale des Belles - Lettres , à la place du Feu
Abbé de Pomponne.
Le 22 Juillet , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens cinquante livres:
les Billets de la premiere Loterie Royale , à
neufcens quarante ; ceux de la feconde Loterie ,
à fept cens foixante- quatre , & ceux de la troificme
Loterie , à fix cens quarante- quatre .
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Résumé : « Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...] »
En juillet 1755, le Cardinal de la Rochefoucauld fut nommé Grand Aumônier de France et prêta serment le 1er juillet. Le 15 juillet, lors de la messe du Roi, la musique joua le Te Deum de Colin de Blamont, Surintendant de la Musique de la Chambre. La ville célébra l'événement avec des tirs de canon, des sonneries de tocsin et des illuminations. Madame la Marquise de Pompadour organisa une fête à laquelle le Roi assista, avec un feu d'artifice et des illuminations. Le Roi accorda les entrées de la Chambre à M. Hénault, Préfident Honoraire et Surintendant des Finances. Le 1er août, le Roi ordonna la levée de quatre compagnies supplémentaires dans chaque bataillon de l'infanterie française et régla les paiements pour l'habillement et les réparations jusqu'au 1er janvier 1756. Il régla également les paiements pour les régiments de dragons jusqu'à cette date. Deux arrêts du Conseil d'État autorisèrent les villes de Cherbourg et de Libourne à commercer directement avec les îles et colonies françaises d'Amérique. La ville de Saint-Étienne se distingua par la qualité des armes fabriquées. Le 18 août, le Chevalier de Tourville arriva à Compiègne, revenant du Canada, avec des nouvelles sur les opérations militaires et les incursions des Canadiens et des Sauvages contre les colonies anglaises. Un courrier de Toulon annonça le retour de l'escadre commandée par le Marquis de La Galissonière, qui avait capturé le Port Saint-Philippe. La frégate La Rose, commandée par M. Pastour de Costebelle, se sépara de l'escadre pour débarquer des otages à Marseille. Le Marquis de Paulmy fut élu Académicien Honoraire de l'Académie Royale des Belles-Lettres. Le 22 juillet, les actions de la Compagnie des Indes et les billets des loteries royales étaient cotés à des valeurs spécifiques.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 233-236
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Messire Pierre, Marquis de Pons, fils de feu Messire Pierre, Comte de Pons, [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Marquis, Comtes, Abbé, Maison de Rochechouart
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
MEffire Pierre , Marquis de Pons , fils de feu
Meffire Pierre , Comte de Pons , & de Dame
Marie -Elifabeth d'Aurelle de Terneyre , fut masié
le 7 Février à Demoiſelle Claude- Renée de Noga.
ret , fille de Meffire Jean- Luc de Nogarét , Vicomte
de Trelans ; & de Dame Marie-Joſephe
du Puy Saint-Pierre de Belleveze. L'Evêque de
Quebec leur donna la Bénédiction nuptiale dans
l'églife Paroiffiale de Chaillot.
On nous mande de Befançon que Meffire
Charles - Marie - Jofeph Guillaume , Seigneur
de Gevigney , Mercey , Percée , & c. Maître
des Comptes en la Chancellerie de Dole , fils
de Meffire Léopold - Hugues - Jofeph - Alexandre
Guillaume , Préfident Honoraire à la Chambre
des Comptes de la même Chancellerie , Di234
MERCURE DE FRANCE.
recteur de l'Aumône générale de l'Hôpital Saint-
Jacques de Belançon , y époufa le 10 de Février,
Demoiſelle Thérete- Marie- Barbe Richer , fille de
Meffire Bonaventure Edouard Richer , ancien Capitaine
Suiffe au Régiment de Courten , Infanterie
, Chevalier de Ordre Royal & Militaire de
S. Louis , La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'églife Métropolitaine par l'Archevêque de
Befa çon . Leur contrat de mariage avoit éte ſigné
le 3 du même mois par le Duc de Randan , l'Archevêque
de Belançon , le Premier Préfident ,
l'Intendant, & tout ce qu'il y avoit de plus quali
fié dans la Ville.
Meffire Jofeph- Charles- Roch- Palamede de
Forbin- Maynier , Baron d'Oppede , Capitaine-
Lieutenant des Chevaux - Légers de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , époufa le 23 Février
Dame Marie- Françoile de Bauffan , veuve de Melfire
Alexandre de Bauffan , Maître des Requêtes ,
mort le 19 Janvier 1754. La Bénédiction nuptiale
leur fut donnée dans l'églife Paroiffiale de
S. Paul , par l'Abbé d'Oppede. Leur contrat de
mariage avoit été fignés par Leurs Majeftés , le is
du même mois.
Meffire Jean Jacques-Philippe- Jofeph Lefmerie
, Marquis d'Efchoify , époufa le 24 dans la
Chapelle du Palais Royal , Demoiſelle Claudine-
Céfarine de la Tour- Dupin- de- Montauban , fille
de Meffire Louis de la Tour - Dupin , Comte de
Montauban , Premier Ecuyer de S. A. S. Monfeigneur
le Duc d'Orleans , & de Dame Marie-
Olimpe de Vaulferre des Adrets. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée par l'Evêque d'Auxerre.
Leur contrat de mariage avoit été ſigné le IS
même mois par Leurs Majeftés.
du
Meffire Jean- Baptifte- Gabriel Caffart , Comie
A OUST 1756. 235
E
Elpiés , Brigadier de cavalerie , fut marié le
même jour à Demoifelle Marie - Géneviève de
Chambon d'Arbouville , ' fille de feu Meffire Pierre
de Chambon , Marquis d'Arbouville , Maréchal
des Camps & armées du Roi , & Gouverneur des
ville & Château de Sheleſtat , & de feu Dame Marie-
Anne- Françoife de Montmorin . L'Evêque Duc
de Langres leur donna la Bénédiction nuptiale
dans l'églife de S. Sulpice.
Meffire Célar-Augufte , Comte de Mafting
Fauconnier de Monfeigneur le Duc d'Orléans ,
veuf de N. de Boulainvilliers , a époufé en fecondes
nôces , le Février 1716 Demoiſelle Marie-
Magdeleine le Franc des Effarts , fille de feu Meffire
Louis le Franc des Eflarts , & de Damoifelle
N. Mignot , foeur de l'Abbé Mignot.
Jean-François- Gafton de Rochechouari-Fau
daas , Abbé de l'Abbaye de Bonnefont , Ordre de
Câteaux , Diocèfe de Comminges , eft mort le 27
Décembre , dans la quarante- cinquieme année de
fon âge.
L'Abbé de Rochechouart étoit fils de Charles
de Rochechouart , dit le Comte de Clermont , Vicomte
de Soulan , feigneur d'Aureville , & c . & de
Françoile de Montefquiou , fille de Jean Hyacinthe
, Baron de la Tour de France , & de Marie-
Anne de Roux- Montet. Il avoit pour freres ,
10. François- Charles , dit le Comte de Rochechouart
, Marquis de Faudoas , Baron des Etats
de Languedoc , &c. Lieutenant Général des Armées
du Roi , marié le 13 Décembre 17 8 , à
Marie-Françoife de Conflans - d'Armentieres , aujourd'hui
une des Dames de Madame la Dauphine
, dont un fils & deux filles , dont l'aînée a
époufé le Comte du Châtelet , Colonel du Régiment
de Querci , & Menin de Monſeigneur le
Dauphin.
236 MERCURE DE FRANCE..
2°. Jean-François -Jofeph de Rochechouart ;
Evêque , Duc de Laon , fecond Pair de France ,
Abbé de S. Remi de Rheims, &c , facré le 15 Octobre
1741 .
3. Jean- Louis-Roger de Rochechouart qui a
quitté l'Ordre de Malte en 1751 , appellé Marquis
de Rochechouart , Brigadier d'Infanterie , & Colonel
du Régiment d'Anjou , marié le 3 Juin 1751 .
à Charlotte- Françoife Faulcon de Rys , nommée
la même année Dame de Mefdames de France.
4. Pierre - Paul- Etienne , dit le Vicomte de
Rochechouart , Lieutenant de Vaiffeaux , né en
1723.
La Maifon de Rochechouart eft une des plas
illuftres du Royaume , puifqu'elle rapporte fon
origine aux anciens Vicomtes héréditaires de Limoges.
Elle eft partagée dès l'an 1245 , en deux
branches principales. De la cadette font fortis les
Ducs de Mortemart. Voyez fur cette Maiſon
l'hiftoire des Grands Officiers de la Couronne ,
Tome IV .
&
Le Chevalier d'Aultry , Brigadier d'infanterie ,
eft mort le 2 Janvier , au Château de la Mivoye ,
âgé de 69 ans.
Meffire Louis - Antoine du Fos , Marquis de
Mery , eft mort le 12 au Château de la Taulle en
Picardie , dans la cinquante- fixieme année de fon
âge .
Meffire Louis-Jean -Jacques Touftain de Richebourg
, eft mort le 15 dans fon château de Malemains
en Normandie , âgé de 37 ans.
Meffire N. Elian , Abbé de l'Abbaye de Bellaigue
, y eft mort au commencement du mois de
Février dans la quatre- vingt- quatorzieme année
de fon âge. Il étoit Titulaire de cette Abbaye depuis
1677 , & le plus ancien des Abbés Commen
dataires de France.
MEffire Pierre , Marquis de Pons , fils de feu
Meffire Pierre , Comte de Pons , & de Dame
Marie -Elifabeth d'Aurelle de Terneyre , fut masié
le 7 Février à Demoiſelle Claude- Renée de Noga.
ret , fille de Meffire Jean- Luc de Nogarét , Vicomte
de Trelans ; & de Dame Marie-Joſephe
du Puy Saint-Pierre de Belleveze. L'Evêque de
Quebec leur donna la Bénédiction nuptiale dans
l'églife Paroiffiale de Chaillot.
On nous mande de Befançon que Meffire
Charles - Marie - Jofeph Guillaume , Seigneur
de Gevigney , Mercey , Percée , & c. Maître
des Comptes en la Chancellerie de Dole , fils
de Meffire Léopold - Hugues - Jofeph - Alexandre
Guillaume , Préfident Honoraire à la Chambre
des Comptes de la même Chancellerie , Di234
MERCURE DE FRANCE.
recteur de l'Aumône générale de l'Hôpital Saint-
Jacques de Belançon , y époufa le 10 de Février,
Demoiſelle Thérete- Marie- Barbe Richer , fille de
Meffire Bonaventure Edouard Richer , ancien Capitaine
Suiffe au Régiment de Courten , Infanterie
, Chevalier de Ordre Royal & Militaire de
S. Louis , La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'églife Métropolitaine par l'Archevêque de
Befa çon . Leur contrat de mariage avoit éte ſigné
le 3 du même mois par le Duc de Randan , l'Archevêque
de Belançon , le Premier Préfident ,
l'Intendant, & tout ce qu'il y avoit de plus quali
fié dans la Ville.
Meffire Jofeph- Charles- Roch- Palamede de
Forbin- Maynier , Baron d'Oppede , Capitaine-
Lieutenant des Chevaux - Légers de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , époufa le 23 Février
Dame Marie- Françoile de Bauffan , veuve de Melfire
Alexandre de Bauffan , Maître des Requêtes ,
mort le 19 Janvier 1754. La Bénédiction nuptiale
leur fut donnée dans l'églife Paroiffiale de
S. Paul , par l'Abbé d'Oppede. Leur contrat de
mariage avoit été fignés par Leurs Majeftés , le is
du même mois.
Meffire Jean Jacques-Philippe- Jofeph Lefmerie
, Marquis d'Efchoify , époufa le 24 dans la
Chapelle du Palais Royal , Demoiſelle Claudine-
Céfarine de la Tour- Dupin- de- Montauban , fille
de Meffire Louis de la Tour - Dupin , Comte de
Montauban , Premier Ecuyer de S. A. S. Monfeigneur
le Duc d'Orleans , & de Dame Marie-
Olimpe de Vaulferre des Adrets. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée par l'Evêque d'Auxerre.
Leur contrat de mariage avoit été ſigné le IS
même mois par Leurs Majeftés.
du
Meffire Jean- Baptifte- Gabriel Caffart , Comie
A OUST 1756. 235
E
Elpiés , Brigadier de cavalerie , fut marié le
même jour à Demoifelle Marie - Géneviève de
Chambon d'Arbouville , ' fille de feu Meffire Pierre
de Chambon , Marquis d'Arbouville , Maréchal
des Camps & armées du Roi , & Gouverneur des
ville & Château de Sheleſtat , & de feu Dame Marie-
Anne- Françoife de Montmorin . L'Evêque Duc
de Langres leur donna la Bénédiction nuptiale
dans l'églife de S. Sulpice.
Meffire Célar-Augufte , Comte de Mafting
Fauconnier de Monfeigneur le Duc d'Orléans ,
veuf de N. de Boulainvilliers , a époufé en fecondes
nôces , le Février 1716 Demoiſelle Marie-
Magdeleine le Franc des Effarts , fille de feu Meffire
Louis le Franc des Eflarts , & de Damoifelle
N. Mignot , foeur de l'Abbé Mignot.
Jean-François- Gafton de Rochechouari-Fau
daas , Abbé de l'Abbaye de Bonnefont , Ordre de
Câteaux , Diocèfe de Comminges , eft mort le 27
Décembre , dans la quarante- cinquieme année de
fon âge.
L'Abbé de Rochechouart étoit fils de Charles
de Rochechouart , dit le Comte de Clermont , Vicomte
de Soulan , feigneur d'Aureville , & c . & de
Françoile de Montefquiou , fille de Jean Hyacinthe
, Baron de la Tour de France , & de Marie-
Anne de Roux- Montet. Il avoit pour freres ,
10. François- Charles , dit le Comte de Rochechouart
, Marquis de Faudoas , Baron des Etats
de Languedoc , &c. Lieutenant Général des Armées
du Roi , marié le 13 Décembre 17 8 , à
Marie-Françoife de Conflans - d'Armentieres , aujourd'hui
une des Dames de Madame la Dauphine
, dont un fils & deux filles , dont l'aînée a
époufé le Comte du Châtelet , Colonel du Régiment
de Querci , & Menin de Monſeigneur le
Dauphin.
236 MERCURE DE FRANCE..
2°. Jean-François -Jofeph de Rochechouart ;
Evêque , Duc de Laon , fecond Pair de France ,
Abbé de S. Remi de Rheims, &c , facré le 15 Octobre
1741 .
3. Jean- Louis-Roger de Rochechouart qui a
quitté l'Ordre de Malte en 1751 , appellé Marquis
de Rochechouart , Brigadier d'Infanterie , & Colonel
du Régiment d'Anjou , marié le 3 Juin 1751 .
à Charlotte- Françoife Faulcon de Rys , nommée
la même année Dame de Mefdames de France.
4. Pierre - Paul- Etienne , dit le Vicomte de
Rochechouart , Lieutenant de Vaiffeaux , né en
1723.
La Maifon de Rochechouart eft une des plas
illuftres du Royaume , puifqu'elle rapporte fon
origine aux anciens Vicomtes héréditaires de Limoges.
Elle eft partagée dès l'an 1245 , en deux
branches principales. De la cadette font fortis les
Ducs de Mortemart. Voyez fur cette Maiſon
l'hiftoire des Grands Officiers de la Couronne ,
Tome IV .
&
Le Chevalier d'Aultry , Brigadier d'infanterie ,
eft mort le 2 Janvier , au Château de la Mivoye ,
âgé de 69 ans.
Meffire Louis - Antoine du Fos , Marquis de
Mery , eft mort le 12 au Château de la Taulle en
Picardie , dans la cinquante- fixieme année de fon
âge .
Meffire Louis-Jean -Jacques Touftain de Richebourg
, eft mort le 15 dans fon château de Malemains
en Normandie , âgé de 37 ans.
Meffire N. Elian , Abbé de l'Abbaye de Bellaigue
, y eft mort au commencement du mois de
Février dans la quatre- vingt- quatorzieme année
de fon âge. Il étoit Titulaire de cette Abbaye depuis
1677 , & le plus ancien des Abbés Commen
dataires de France.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements marquants de la noblesse au XVIIIe siècle, incluant des mariages et des décès. En février, plusieurs unions notables ont eu lieu. Le 7 février, Pierre, Marquis de Pons, épousa Claude-Renée de Nogarét à l'église paroissiale de Chaillot. Le 10 février, Charles-Marie-Joseph Guillaume, Seigneur de Gevigney, épousa Thérete-Marie-Barbe Richer à l'église métropolitaine de Besançon. Le 23 février, Joseph-Charles-Roch-Palamede de Forbin-Maynier, Baron d'Oppede, épousa Marie-Françoise de Bauffan à l'église paroissiale de Saint-Paul. Le 24 février, deux mariages furent célébrés : Jean-Jacques-Philippe-Joseph Lefmerie, Marquis d'Eschoify, épousa Claudine-Césarine de la Tour-Dupin-de-Montauban à la chapelle du Palais Royal, et Jean-Baptiste-Gabriel Caffart, Comte d'Espies, épousa Marie-Géneviève de Chambon d'Arbouville à l'église de Saint-Sulpice. Le texte mentionne également plusieurs décès de personnalités notables. Jean-François-Gaston de Rochechouart-Faudoas, Abbé de l'Abbaye de Bonnefont, mourut le 27 décembre à l'âge de quarante-cinq ans. Le Chevalier d'Aultry, Brigadier d'infanterie, décéda le 2 janvier à l'âge de soixante-neuf ans. Louis-Antoine du Fos, Marquis de Mery, mourut le 12 janvier à l'âge de cinquante-six ans. Louis-Jean-Jacques Touffain de Richebourg décéda le 15 janvier à l'âge de trente-sept ans. Enfin, l'Abbé de l'Abbaye de Bellaigue mourut au commencement du mois de février à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans.
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