Résultats : 17070 texte(s)
Détail
Liste
951
p. 262-263
IV.
Début :
C'est aimer foiblement d'aimer sans jalousie. [...]
Mots clefs :
Aimer, Jalousie, Âme, Coeur, Amant, Lanterne
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texteReconnaissance textuelle : IV.
IV .
C'Eftaimerfoiblementd'aimerſansjalonfie.
Sans raison quelquefois une ame en eft
faifie,
Mais quelquefois auffi l'on ne fe trompe
pas,
Quand le coeur eft épris d'un objet plein
d'appas.
Le Berger Alcidonremply defa Mai
treſſe
du Mercure Galant.
263
Soupçonnant qu'un Rival partagefa tendreffe,
Voulant s'en éclaircir aformé le deffein
D'examiner de prés quel ferafon deftin.
Je veux, dit le Berger, me mettre enfentinelle
Auprés dela Maifon d'Iris mon Infidelle ..
Je m'y rendray de nuit, car c'eft dans ce
moment
Que pour cacherfaflame on reçoit un
Amant,
J'auray pour me conduire une Sourde
Lanterne
Si je ne la ſurprens, je veux que l'on me
berne.
DE LA GIRAULDIERE
Ruë Maubué .
C'Eftaimerfoiblementd'aimerſansjalonfie.
Sans raison quelquefois une ame en eft
faifie,
Mais quelquefois auffi l'on ne fe trompe
pas,
Quand le coeur eft épris d'un objet plein
d'appas.
Le Berger Alcidonremply defa Mai
treſſe
du Mercure Galant.
263
Soupçonnant qu'un Rival partagefa tendreffe,
Voulant s'en éclaircir aformé le deffein
D'examiner de prés quel ferafon deftin.
Je veux, dit le Berger, me mettre enfentinelle
Auprés dela Maifon d'Iris mon Infidelle ..
Je m'y rendray de nuit, car c'eft dans ce
moment
Que pour cacherfaflame on reçoit un
Amant,
J'auray pour me conduire une Sourde
Lanterne
Si je ne la ſurprens, je veux que l'on me
berne.
DE LA GIRAULDIERE
Ruë Maubué .
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Résumé : IV.
Le poème 'C'Eftaimerfoiblementd'aimersansjalonfie' de La Giraudière, publié dans le Mercure Galant, relate l'amour du Berger Alcidon pour Iris. Alcidon, jaloux, se rend secrètement chez Iris de nuit pour vérifier ses soupçons de trahison. Il utilise une lanterne sourde pour éviter d'être vu. L'auteur réside rue Maubué.
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952
p. 263-265
V.
Début :
Pendant ce dernier Carnaval, [...]
Mots clefs :
Carnaval, Déguisement, Divertissement, Dieu, Lanterne, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : V.
V.
PEndan Endant ce dernier Carnaval,
Il prit envie aux Dieux d'aller courir le
Bai,
Déguifez (cela vafans dire)
"
264
Extraordinaire-
Mais déguifez tous fi grotesquement,
Qu'eux- mefmes du déguisement:
Ne purent s'empefcher de rire.
A
Jupiter eftoit en Bourgeois ,
Avec un Habit noir, un Collet à Dentelle;
Momus eftoit enVillageois,
Et. Phébus en Joueur de Vielle;
N'estoient - ils pas bien déguiſez tous
trois?
Jupiter voulut que
Mercure
Fuft de ce Divertiſſement.
On l'avertit, il s'en vint promptement:
Il cherchoit un Habillement,
Quand Momus avec luy dit qu'il feroit
gageure,
Que malgré fon déguisement
On le reconnoiftroit , rien qu'à voirfon
allure.
Vous vous trompez, luy dit ce Dieu ga--
lant;
Vous leverrez dans un moment.
Ilretournafon Pourpoint de peliffe,
Il
du Mercure Galant. 265
Il mit un Bonnet de Dragon;
Ilprit la Culotte d'un Suife,
Qui luy venoit jufqu'au talon;
'D'Encre ilfe barbouilla tout le bas du
vifage,
Son Bonnet cachoit tout le haut,
Ilportoit la Lanterne, ou le Flambeau
plûtoft.
C'eftoit- là toutfon Equipage,
Et c'eftoit autant qu'il enfaut
Pourne fe pas faire connoiftre.
Par tout les Dieux furent reçûs,
Partout ils furent reconnus,
Mercurefeul ne le put jamais eftre.
Le Rival du Charbonnier
de Rheims .
PEndan Endant ce dernier Carnaval,
Il prit envie aux Dieux d'aller courir le
Bai,
Déguifez (cela vafans dire)
"
264
Extraordinaire-
Mais déguifez tous fi grotesquement,
Qu'eux- mefmes du déguisement:
Ne purent s'empefcher de rire.
A
Jupiter eftoit en Bourgeois ,
Avec un Habit noir, un Collet à Dentelle;
Momus eftoit enVillageois,
Et. Phébus en Joueur de Vielle;
N'estoient - ils pas bien déguiſez tous
trois?
Jupiter voulut que
Mercure
Fuft de ce Divertiſſement.
On l'avertit, il s'en vint promptement:
Il cherchoit un Habillement,
Quand Momus avec luy dit qu'il feroit
gageure,
Que malgré fon déguisement
On le reconnoiftroit , rien qu'à voirfon
allure.
Vous vous trompez, luy dit ce Dieu ga--
lant;
Vous leverrez dans un moment.
Ilretournafon Pourpoint de peliffe,
Il
du Mercure Galant. 265
Il mit un Bonnet de Dragon;
Ilprit la Culotte d'un Suife,
Qui luy venoit jufqu'au talon;
'D'Encre ilfe barbouilla tout le bas du
vifage,
Son Bonnet cachoit tout le haut,
Ilportoit la Lanterne, ou le Flambeau
plûtoft.
C'eftoit- là toutfon Equipage,
Et c'eftoit autant qu'il enfaut
Pourne fe pas faire connoiftre.
Par tout les Dieux furent reçûs,
Partout ils furent reconnus,
Mercurefeul ne le put jamais eftre.
Le Rival du Charbonnier
de Rheims .
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Résumé : V.
Lors du dernier Carnaval, les Dieux décidèrent de se déguiser de manière grotesque pour participer au bal. Jupiter se déguisa en bourgeois avec un habit noir et un col à dentelle, Momus en villageois, et Phébus en joueur de vielle. Jupiter invita Mercure à se joindre à eux, mais Momus paria que Mercure serait reconnu malgré son déguisement. Mercure accepta le défi et se déguisa avec un pourpoint de pelisse, un bonnet de dragon, une culotte de suisse, et se barbouilla le visage d'encre. Il porta également une lanterne. Tous les autres Dieux furent reconnus, sauf Mercure, qui parvint à rester méconnaissable.
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953
p. 265-266
VI.
Début :
Que la dissimulation [...]
Mots clefs :
Prudence, Injure, Lumière, Lanterne
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texteReconnaissance textuelle : VI.
V I.
de Rheims .
Ve la diffimulation
Eft en vogue à préfent parmy les Politiques,
Chacun en affermit les meilleures pratiques
Q. deJanvier 1685.
Ꮓ
266 Extraordinaire
Parte qu'elle a beaucoup de rapport , du.
nion
Avecque la prudence , & d'autant qu'elle
cache
Nos entreprises, nos defirs,
Nos affaires, nos déplaifirs
Mefme quoy qu'une injure extrémement
nousfache,
Avecelle on attend l'heure defe vanger
Et l'on fçait bienfe ménager.
O la bellefcience , & la plus ordinaire,
Sçavoir de toutfaire myftere,
Qui des plus grands deffeins aisément
vient à bout!
Ah! qu'il eft de ces Gens qui cachent leur
lumiere .
Et font dire qu'on voit ( ce que je ne puis
taire)
Des Lanternes fourdes partout.
SH
GIGEZ , du Havre.
de Rheims .
Ve la diffimulation
Eft en vogue à préfent parmy les Politiques,
Chacun en affermit les meilleures pratiques
Q. deJanvier 1685.
Ꮓ
266 Extraordinaire
Parte qu'elle a beaucoup de rapport , du.
nion
Avecque la prudence , & d'autant qu'elle
cache
Nos entreprises, nos defirs,
Nos affaires, nos déplaifirs
Mefme quoy qu'une injure extrémement
nousfache,
Avecelle on attend l'heure defe vanger
Et l'on fçait bienfe ménager.
O la bellefcience , & la plus ordinaire,
Sçavoir de toutfaire myftere,
Qui des plus grands deffeins aisément
vient à bout!
Ah! qu'il eft de ces Gens qui cachent leur
lumiere .
Et font dire qu'on voit ( ce que je ne puis
taire)
Des Lanternes fourdes partout.
SH
GIGEZ , du Havre.
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Résumé : VI.
Au XVIIe siècle, les Politiques pratiquaient la dissimulation pour cacher leurs entreprises et désirs. Cette stratégie, liée à la prudence, permet de masquer les injures et d'attendre le moment opportun pour se venger. La dissimulation est vue comme une science ordinaire et efficace pour réaliser des desseins secrets. Le texte critique ceux qui cachent leur véritable nature, les comparant à des lanternes sourdes.
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954
p. 266-267
VII.
Début :
Si j'aime les couleurs funébres [...]
Mots clefs :
Couleurs, Funèbre, Nuit, Ténèbres, Lanterne
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texteReconnaissance textuelle : VII.
VII.
is
Ij'aime lescouleursfunebres
Tu ne dois pas t'en étonner ;
Sans la nuit & Jans les tenebres
du Mercure Galant. 267-
Je n'ay point d'aide à te donner.
Cette aide eft pourtant inégale,
Sijefuisfourde elle eftfarale
Aux lieux où Themis a grand coursš
Mais hors de là, malgré Borée
Qui fouvent ma perte a jurée von
La Lanterne eft d'un grand fecours.
L'INSENSIBLE DE MONTALTE.
is
Ij'aime lescouleursfunebres
Tu ne dois pas t'en étonner ;
Sans la nuit & Jans les tenebres
du Mercure Galant. 267-
Je n'ay point d'aide à te donner.
Cette aide eft pourtant inégale,
Sijefuisfourde elle eftfarale
Aux lieux où Themis a grand coursš
Mais hors de là, malgré Borée
Qui fouvent ma perte a jurée von
La Lanterne eft d'un grand fecours.
L'INSENSIBLE DE MONTALTE.
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955
p. 267
VIII.
Début :
Tircis me juroit hier qu'il m'aimeroit toûjours, [...]
Mots clefs :
Amour, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VIII.
VIII.
* Ircis me juroit hier qu'ilm'aimeroit
toujours,
Et cependant l'Ingrat me difoit une
bourde;
Je l'ay veu cette nuit avec d'autres
amours,
Aux penetrans rayons de ma Lanterne
fourde.
LEGER DE LA VERBISSONNE.
* Ircis me juroit hier qu'ilm'aimeroit
toujours,
Et cependant l'Ingrat me difoit une
bourde;
Je l'ay veu cette nuit avec d'autres
amours,
Aux penetrans rayons de ma Lanterne
fourde.
LEGER DE LA VERBISSONNE.
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956
p. 267-268
IX.
Début :
L'Autre jour entre Chien & Loup, [...]
Mots clefs :
Énigme, Obscurité, Écriture, Lanterne, Secrets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IX.
I X.
Autre jour entre Chien & Loup,
Commeon fçait, à telle heure on ne voit
pas beaucoup
Z ij
268..
Extraordinaire
Le Galant & divin Mercure
Me fit voir une Enigme obfcure,
Voyez comme ilprenoit fon temps.
Bien loin d'en deviner lefens,
Apeineje pouvois difcerner l'écriture,
En un mot je n'y voyois pas
Nonplus que dans une Caverne,
Mais pour me tirer d'embarras,
Par bonheur à cinquante pas
Je vis paroistre une Lanterne .
Je feeus m'en approcher, & quandjefus
tout prés,
Je lus facilement Enigme,
Et fans trop refverfur la Rime,
Fen découvris tous les fecrets.
DIEREVILLE.
Autre jour entre Chien & Loup,
Commeon fçait, à telle heure on ne voit
pas beaucoup
Z ij
268..
Extraordinaire
Le Galant & divin Mercure
Me fit voir une Enigme obfcure,
Voyez comme ilprenoit fon temps.
Bien loin d'en deviner lefens,
Apeineje pouvois difcerner l'écriture,
En un mot je n'y voyois pas
Nonplus que dans une Caverne,
Mais pour me tirer d'embarras,
Par bonheur à cinquante pas
Je vis paroistre une Lanterne .
Je feeus m'en approcher, & quandjefus
tout prés,
Je lus facilement Enigme,
Et fans trop refverfur la Rime,
Fen découvris tous les fecrets.
DIEREVILLE.
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Résumé : IX.
L'auteur rencontre Mercure, qui lui présente une énigme illisible. Dans une caverne obscure, il distingue une lanterne à une cinquantaine de pas. En s'en approchant, il déchiffre facilement l'énigme. Le nom 'DIEREVILLE' est mentionné à la fin.
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958
p. 269-270
XI.
Début :
J'Ay découvert la verité / Ceux qui ont trouvé ce mesme Mot, sont Messieurs de [...]
Mots clefs :
Vérité, Obscurité, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : XI.
XI.
Ay découvert la verité
De cette docte obfcurité
Et je confens que l'on me berne
Si ce n'eft pas une Lanterne .
DROUET, Curé de S. Nicolas
au Mans.
Ceux qui ont trouvé ce mesme Mot,
font Meffieurs de l'Hospital , Lieute
nant au Grenier à Sel ; F. le Vaffeur
Cadet , Mathematicien ; P. Carrier,
de Rouen ; Foly , de S. Bonoist de
Beauvais ; F. Francard ; La Croix,
des Gobelins ; Dês Portes ; Teftards
Baco ; Ponier ; P. D. de Blais ; Le
Cadet de Breteuil , de la vieille Ruë
du Temple ; De la Faye ; T. Gaudeloup
; Il Conte Domenigo de Charloiis
; L'Oedipe de la Rue des Lavandieres
; L'Olivier de Peronne ; L'AZ
iij
270
... Extraordinaire
mant de la Belle Anceaume ; L'Abbé
Romieu ; Le Gardien de la Belle Clai-
" &Son ron ; l'heureux Galopin
aimable future Galopine. MefdemoifellesNanon
Chefferet ; Niares; S. Blimont
, & Biffard ; Les Belles de la
Ruë S. Denis ; la Femme fans regret;
& la Compagnie du R. de S. Germain
en Laye.
Ay découvert la verité
De cette docte obfcurité
Et je confens que l'on me berne
Si ce n'eft pas une Lanterne .
DROUET, Curé de S. Nicolas
au Mans.
Ceux qui ont trouvé ce mesme Mot,
font Meffieurs de l'Hospital , Lieute
nant au Grenier à Sel ; F. le Vaffeur
Cadet , Mathematicien ; P. Carrier,
de Rouen ; Foly , de S. Bonoist de
Beauvais ; F. Francard ; La Croix,
des Gobelins ; Dês Portes ; Teftards
Baco ; Ponier ; P. D. de Blais ; Le
Cadet de Breteuil , de la vieille Ruë
du Temple ; De la Faye ; T. Gaudeloup
; Il Conte Domenigo de Charloiis
; L'Oedipe de la Rue des Lavandieres
; L'Olivier de Peronne ; L'AZ
iij
270
... Extraordinaire
mant de la Belle Anceaume ; L'Abbé
Romieu ; Le Gardien de la Belle Clai-
" &Son ron ; l'heureux Galopin
aimable future Galopine. MefdemoifellesNanon
Chefferet ; Niares; S. Blimont
, & Biffard ; Les Belles de la
Ruë S. Denis ; la Femme fans regret;
& la Compagnie du R. de S. Germain
en Laye.
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Résumé : XI.
Le texte relate la découverte d'une vérité symbolisée par une lanterne. Plusieurs personnes, dont le Curé Drouet, des notables comme Meffieurs de l'Hospital et P. Carrier, ainsi que des artisans et des résidents anonymes, ont reconnu cette lanterne. La liste inclut également la 'Compagnie du R. de S. Germain en Laye'.
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959
p. 270-271
I.
Début :
Je finis par ces Explications sur les deux / Je receus hier vostre Mercure, [...]
Mots clefs :
Écriture, Divertissements, Lanterne, Humeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : I.
Fe finis par ces Explications fur
les deux Enigmes .
I
I. $
E receus hier voftre Mercure,
Il est d'un bout à l'autre admirable
charmant;
Mais voftre invisible Ecriture
Bien loin de me caufer du divertiſſement,.
Me rendit fort mélancolique,
Aforce de refuer, mais par un grand bonbeur,
du Mercure Galant.
270
Voftre Lanterne énigmatique
Me redonna ma belle humeur.
B. GRIMAUDET . de la Rue
du petit Lion.
les deux Enigmes .
I
I. $
E receus hier voftre Mercure,
Il est d'un bout à l'autre admirable
charmant;
Mais voftre invisible Ecriture
Bien loin de me caufer du divertiſſement,.
Me rendit fort mélancolique,
Aforce de refuer, mais par un grand bonbeur,
du Mercure Galant.
270
Voftre Lanterne énigmatique
Me redonna ma belle humeur.
B. GRIMAUDET . de la Rue
du petit Lion.
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960
p. 271-272
II.
Début :
Mercure, si c'est vous déplaire, [...]
Mots clefs :
Présents, Muette, Aveugle, Écriture, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : II.
II.
Ercure, fi c'eft vous déplaire,
Que d'applaudir fansfeinte ny fans fard
A ce qui vient de vostre part,
Je m'en vaisfaire le contraire.
*3
Ab, bon Dien, les chétifs Préfens
Que vous nous avezfaits , & qu'ilsfont
déplaifans!
Le premier eft une Muette,
Lefecond une Aveugle, & Sourde bien ?.
Souvent,
Qui nous aveugle au moindre vent,
Une Inconftante, une Indifcrete ,
Qui nous montre par tout, jufqu'en noftre
Maiſon,
Des Cornes comme un Limaçon.
Celle-là paroift noire ainsi que l'Ecriture,
Z iiij
272
Extraordinaire
Celle-cy n'a pas plus d'attraits
Qu'une vieille Lanterne, elle en a tous les
traits. 1
Quels Préfensfont- ce-là, Mercure?
LA BELLE NOURRITURE
du Havre.
Ercure, fi c'eft vous déplaire,
Que d'applaudir fansfeinte ny fans fard
A ce qui vient de vostre part,
Je m'en vaisfaire le contraire.
*3
Ab, bon Dien, les chétifs Préfens
Que vous nous avezfaits , & qu'ilsfont
déplaifans!
Le premier eft une Muette,
Lefecond une Aveugle, & Sourde bien ?.
Souvent,
Qui nous aveugle au moindre vent,
Une Inconftante, une Indifcrete ,
Qui nous montre par tout, jufqu'en noftre
Maiſon,
Des Cornes comme un Limaçon.
Celle-là paroift noire ainsi que l'Ecriture,
Z iiij
272
Extraordinaire
Celle-cy n'a pas plus d'attraits
Qu'une vieille Lanterne, elle en a tous les
traits. 1
Quels Préfensfont- ce-là, Mercure?
LA BELLE NOURRITURE
du Havre.
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Résumé : II.
Un auteur critique les défauts humains en s'adressant à Mercure. Il dénonce des 'présents' divins tels qu'une 'Muette', une 'Aveugle' et une 'Sourde', ainsi qu'une 'Inconstante' et une 'Indiscrète'. Ces défauts sont comparés à des métaphores comme des 'Cornes comme un Limaçon' ou une 'vieille Lanterne'. Il exprime son dégoût pour ces 'chétifs Présents'.
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961
p. 272
III.
Début :
Sans estre un Oedipe, un Prophete, [...]
Mots clefs :
Oedipe, Prophète, Nature, Écriture, Lanterne, Imagination
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : III.
III.
du Havre.
SAns eftre un Oedipe, un
Prophete,
Dans la premiere Enigme on trouve une
Muette,
*
Quife fait d'un chacun tres -fouvent careffer,
Dont le plus fcrupuleux ne sçauroit ſe
paffer.
C'eft unprodige de Nature ;
Sans crier elle peut, admirable pouvoirt
Sefaire entendre aux Sourds. N'est-cepas..
l'Ecriture?
Pourlafeconde, ilfaut avoir
L'imagination bien épaiffe & bienlourde,
Pour n'y pas découvrir une Lanterne
fourde.
LA PETITE ASSEMBLEE G.
du Havre.
du Havre.
SAns eftre un Oedipe, un
Prophete,
Dans la premiere Enigme on trouve une
Muette,
*
Quife fait d'un chacun tres -fouvent careffer,
Dont le plus fcrupuleux ne sçauroit ſe
paffer.
C'eft unprodige de Nature ;
Sans crier elle peut, admirable pouvoirt
Sefaire entendre aux Sourds. N'est-cepas..
l'Ecriture?
Pourlafeconde, ilfaut avoir
L'imagination bien épaiffe & bienlourde,
Pour n'y pas découvrir une Lanterne
fourde.
LA PETITE ASSEMBLEE G.
du Havre.
Fermer
962
p. 273-274
IV.
Début :
Scavans Esprits, Hommes capables, [...]
Mots clefs :
Esprits, Talents, Écriture, Dons, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IV.
I V.
Sai ne
travaillezque pour vous, Cavans
Efprits, Hommes
capables,
Qui
Qu'avec vos beaux talens vous faites de
jaloux!
Vous les laiffez enfriche, & vous eftes
coupables.
Vous qui cachez voftre Flambeau,
Et le mettezfous le Boiffeau,
Commedit la Sainte Ecriture ;
Vous qui nefaites jamais rien
De ces grands Dons de la Nature,
Dont on peut faire tant de bien,
Vous eftes une Hapelourde,
Qu'on ne met point en oeuvre ; une molte
langueur
Que vous devez bannir, vous ôte la vigueur,
Trop bien l'on vous appelle une Lanterne
Jourde.
Toutefombre qu'elle eft, elle éclaire pourtant;
Vous ne voulez pas cependant
274
Extraordinaire
Faire voir autant de lumiere,
Et vous la cachez toute entiere.
Vous eftes des Livresfermez
Qu'on nesçauroit ouvrir, Docteurs inanimez.
GYGES, du Havre.
Sai ne
travaillezque pour vous, Cavans
Efprits, Hommes
capables,
Qui
Qu'avec vos beaux talens vous faites de
jaloux!
Vous les laiffez enfriche, & vous eftes
coupables.
Vous qui cachez voftre Flambeau,
Et le mettezfous le Boiffeau,
Commedit la Sainte Ecriture ;
Vous qui nefaites jamais rien
De ces grands Dons de la Nature,
Dont on peut faire tant de bien,
Vous eftes une Hapelourde,
Qu'on ne met point en oeuvre ; une molte
langueur
Que vous devez bannir, vous ôte la vigueur,
Trop bien l'on vous appelle une Lanterne
Jourde.
Toutefombre qu'elle eft, elle éclaire pourtant;
Vous ne voulez pas cependant
274
Extraordinaire
Faire voir autant de lumiere,
Et vous la cachez toute entiere.
Vous eftes des Livresfermez
Qu'on nesçauroit ouvrir, Docteurs inanimez.
GYGES, du Havre.
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Résumé : IV.
Le texte critique des individus doués mais paresseux, accusés de ne pas utiliser leurs talents. Ces personnes cachent leurs compétences, comparées à un flambeau sous un boisseau. Elles ne mettent pas en œuvre leurs grands dons naturels, les rendant inutiles. L'auteur les compare à des livres fermés et à des docteurs inanimés, exprimant son mécontentement face à cette inaction.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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963
p. 274
V.
Début :
Contre vos promesses, Mercure, [...]
Mots clefs :
Promesses, Mercure, Énigmes, Écriture, Lanterne, Mystère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : V.
V.
Cont
Ontre vos promeffes, Mercure,
De ne pas propofer deuxfois
D'Enigmes fur les mots dont on cuft fair
le choix,
Nous trouvons pourtant l'Ecriture
Dans la premiere de ce mois;
Et mefme encor chacun murmure,
Que vous donnaftes la lecture
D'une Lanterne en l'an fix cens quatrevingt-
trois;
Mais enfin voicy le miftere,
Woftre deffein eftoit de nous embarraffer
A rechercher des Mots d'un autre caractere
Que ceux où dans ce temps nous aurions:
pûpenfer.
Cont
Ontre vos promeffes, Mercure,
De ne pas propofer deuxfois
D'Enigmes fur les mots dont on cuft fair
le choix,
Nous trouvons pourtant l'Ecriture
Dans la premiere de ce mois;
Et mefme encor chacun murmure,
Que vous donnaftes la lecture
D'une Lanterne en l'an fix cens quatrevingt-
trois;
Mais enfin voicy le miftere,
Woftre deffein eftoit de nous embarraffer
A rechercher des Mots d'un autre caractere
Que ceux où dans ce temps nous aurions:
pûpenfer.
Fermer
964
p. 275
VI.
Début :
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on sçait, Galant Mercure, [...]
Mots clefs :
Maitre en l'art, Écriture, Talent, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VI.
V I.
E n'eft pas d'aujourd'huy qu'on
fçait, Galant Mercure,
Que vous eftes un Maistre en l'art de
l'Ecriture ,
Et que nul ne vous paffe en ce charmant
talent;
Maisje fuis étonnée , & j'ay de lafurpriſe
De vous voir faire Marchandise,
Vous, un Dieu qu'on tient opulent,
Et que lefçavant Rault, & vous, dans la
Taverne
Vous alliez vendre une Lanterne
A de miférables Mortels,
Qui tous vous doivent des Autels.
Qu'elle foit belle & claire, & que chacun
L'eftime,
Enfin cela n'empefche pas
Que l'on ne vous impute à crime;
De vous voir un employ fi bas.
SYLVIE, du Havre..
E n'eft pas d'aujourd'huy qu'on
fçait, Galant Mercure,
Que vous eftes un Maistre en l'art de
l'Ecriture ,
Et que nul ne vous paffe en ce charmant
talent;
Maisje fuis étonnée , & j'ay de lafurpriſe
De vous voir faire Marchandise,
Vous, un Dieu qu'on tient opulent,
Et que lefçavant Rault, & vous, dans la
Taverne
Vous alliez vendre une Lanterne
A de miférables Mortels,
Qui tous vous doivent des Autels.
Qu'elle foit belle & claire, & que chacun
L'eftime,
Enfin cela n'empefche pas
Que l'on ne vous impute à crime;
De vous voir un employ fi bas.
SYLVIE, du Havre..
Fermer
Résumé : VI.
L'auteur, Sylvie du Havre, s'étonne que Galant Mercure, maître en écriture, vende une lanterne dans une taverne. Cette activité commerciale est jugée indigne de son statut divin et opulent, malgré la qualité de la lanterne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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965
p. 276-277
VII.
Début :
Qui ne vous connoistroit sous l'habit de Sofie ? / Les deux Enigmes ont esté aussi expliquées par Messieurs le Baron [...]
Mots clefs :
Lanterne, Amour, Dieux, Écriture, Beauté
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texteReconnaissance textuelle : VII.
VII.
Vi ne vous connoiftroit fous l'habit
de Sofie?
Mercure, de nouveau le cherchez- vous
encor,
Pendant que Jupiter d'une amoureuſe
envie
Vachercherquelque Alcméne, ainſi qu'au
Siècle d'or,
De peur que ce Manant n'aille avec fa
Lanterne
Troubler lesjeux, les ris, & les contentemens
Que recherchent tous les Amans
Dans le temps qu' Amour les gouverne?
Mais fçachez qu'en ce jour vos foins font
Superflus.
Comme l'on ne voit plus d ' Alcméne,
Iln'est plus de Sofie ; ainſi donc c'eſt abus:
Devous déguifer avec peine.
Faites un peu réflexion
Que l'on nefait plus tant d'affaires
Afin de réüffir aux Amoureux miſteres,.
du Mercure Galant. 277
Comme l'on enfaifoit au temps d'Amphitrion
;
Quatre mots d'Ecriture enfinfont plus
d'avance,
Avec quelque Bijon nouveau,
Que d'un Mary la reffemblance,
Fuft-il mefme de tous estimé leplus beau .
LA PETITE ASSEMBLEE A.
du Havre.
Les deux Enigmes ont efféauffi expliquées
par Meffieurs le Baron de la
Glaciere d'Ecuelle ; Vermolet , de
Dourlens ; Ageron , Avocat au Parlement
de Dauphiné ; Sorbiere , Banquier
de la Rue des cinq Diamans i
& par Mefdemoiselles le Vaffeur,
Fille de M le Vaffeur , Avocat à
Amiens Angelique Mortier , &
l'Orpheline.
Vi ne vous connoiftroit fous l'habit
de Sofie?
Mercure, de nouveau le cherchez- vous
encor,
Pendant que Jupiter d'une amoureuſe
envie
Vachercherquelque Alcméne, ainſi qu'au
Siècle d'or,
De peur que ce Manant n'aille avec fa
Lanterne
Troubler lesjeux, les ris, & les contentemens
Que recherchent tous les Amans
Dans le temps qu' Amour les gouverne?
Mais fçachez qu'en ce jour vos foins font
Superflus.
Comme l'on ne voit plus d ' Alcméne,
Iln'est plus de Sofie ; ainſi donc c'eſt abus:
Devous déguifer avec peine.
Faites un peu réflexion
Que l'on nefait plus tant d'affaires
Afin de réüffir aux Amoureux miſteres,.
du Mercure Galant. 277
Comme l'on enfaifoit au temps d'Amphitrion
;
Quatre mots d'Ecriture enfinfont plus
d'avance,
Avec quelque Bijon nouveau,
Que d'un Mary la reffemblance,
Fuft-il mefme de tous estimé leplus beau .
LA PETITE ASSEMBLEE A.
du Havre.
Les deux Enigmes ont efféauffi expliquées
par Meffieurs le Baron de la
Glaciere d'Ecuelle ; Vermolet , de
Dourlens ; Ageron , Avocat au Parlement
de Dauphiné ; Sorbiere , Banquier
de la Rue des cinq Diamans i
& par Mefdemoiselles le Vaffeur,
Fille de M le Vaffeur , Avocat à
Amiens Angelique Mortier , &
l'Orpheline.
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Résumé : VII.
Le texte traite des transformations dans les pratiques amoureuses, soulignant la disparition des figures mythologiques telles qu'Alcméne et Sophie. Les déguisements et les efforts pour séduire sont désormais inutiles. Contrairement à l'époque d'Amphitryon, où les amants déployaient beaucoup d'efforts pour participer aux mystères amoureux, quelques mots écrits et un bijou nouveau suffisent aujourd'hui à faire progresser une relation, même plus qu'une ressemblance avec un célèbre acteur. Le texte mentionne également une assemblée au Havre où deux énigmes ont été résolues par plusieurs personnes, dont le Baron de la Glacière d'Ecuelle, Vermolet, Ageron, Sorbiere, la fille de M. le Vasseur, Angélique Mortier et l'Orpheline.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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966
p. 277-278
Explication de la Vigne vierge & de la Cerise, par M. le Boullenger de Rouen, [titre d'après la table]
Début :
Voicy encore deux Explications sur les Enigmes de la Vigne Vierge, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Explication de la Vigne vierge & de la Cerise, par M. le Boullenger de Rouen, [titre d'après la table]
Voicy encore deux Explications fur
les Enigmes de la Vigne Vierge,
278 Extraordinaires
de la Cerife. Elles font de Mle
Boullenger de Rouen.
les Enigmes de la Vigne Vierge,
278 Extraordinaires
de la Cerife. Elles font de Mle
Boullenger de Rouen.
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968
p. 278
II.
Début :
En Cuisinier je me déguise [...]
Mots clefs :
Cuisinier, Déguisement, Cerise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : II.
II.
N Cuifinierje me déguiſe
Au temps de la belle Saifon,
Quand je traite dans ma Maiſon
Je fais lafauffe à la Ceriſe.
N Cuifinierje me déguiſe
Au temps de la belle Saifon,
Quand je traite dans ma Maiſon
Je fais lafauffe à la Ceriſe.
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969
p. 278-302
LETTRE DU BERGER FLEURISTE A LA BELLE CURIEUSE DES AMBARS, Sur la Pierre Philosophale.
Début :
Quoyque je vous aye déja envoyé quelques Traitez sur la Pierre / Quoy, Madame, vous m'ordonnez de vous apprendre ce que je pense de la Pierre [...]
Mots clefs :
Secret, Pierre philosophale, Végétaux, Émeraude, Mystères, Nature, Philosophe, Curiosité, Paroles, Philosophes hermétiques
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DU BERGER FLEURISTE A LA BELLE CURIEUSE DES AMBARS, Sur la Pierre Philosophale.
Quoy queje vous aye déja envoyé
quelques Traitez fur la Pierre Philofophale
, la Lettre qui fuit est pleine
de Remarques fi particulieres , queje
fuis perfuadé que vous la lirez avec
beaucoup de plaifir.
du Mercure Galant. 279
5555 5552 $ 5255 522
LETTRE
DU BERGER FLEURISTE
A LA BELLE CURIEUSE
DES AMBARS,
Sur la Pierre Philofophale.
Q
Uoy , Madame , vous m'or
donnez de vous apprendre
ce que je penfe de la Pierre Philofophale
, & c'eft fans raillerie
que vous vous adreſſez à moy
fur un fujet de cette nature ? En
verité je vous trouve admirable
de toutes manieres. S'il s'agiffoit
de vous entretenir de fleurs , oụ
280 Extraordinaire
de vous conter fleurettes , peut.
eftre m'en acquitterois.je aflez
bien , mais comment ferois - je
pour vous parler de la multiplition
des grains d'Or ou d'Argent
, moy qui n'ay jamais vê
arriver que de la diminution au
bien que mes Parens m'avoient
laiffé , & quel commerce peut
avoir la ſcience des Parterres &
des Galanteries , avec celle des
Mines & des Métaux ? Est- ce à
cauſe que l'Or eft le Fils du Soleil
, comme les Fleurs en font
les Filles , ou que vous croyez
qu'un Galant eft obligé d'eftre
univerfel , & doit difcourir de
toutes chofes ? Il y a trop loin
de la ſurface au fonds , & de la
Bagatelle au Secret le plus important
du monde . Néanmoins
du Mercure Galant. 281
Vous commandez , & il eft de
mon devoir d'obeïr. Je vais donc
fatisfaire à vos ordres ; mais je he
réponds pas que ces grands Prometteurs
de Monts d'Or , qui ne
donnent que de la fumée , loient
d'humeur à avouer les veritez .
que vous allez lire.
Il y eut anciennement en Egypte
un fameux Monarque appel.
lé Hermes , ou Mercure , & furnommé
Trismegifte , ou trois fois
Grand , à caufe qu'il eftoit grand
Philofophe , grand Pontife , &
grand Roy. Les Chercheurs de
Pierre Philofophale fe font avifez
de publier que c'est le pre
mier Autheur de leur Art ; &
pour ne pas laiffer cette allegation
fans preuve, ils content qu'ili
eut fin d'en faire graver le Se-
2. deJanvier 1685. Aa
282 Extraordinaire
A
cret fur une Emeraude , qu'on
trouva plufieurs fiecles aprés fa
mort , dans une foffe obfcure où
il eftoit inhumé , à la maniere
de fon Païs , que c'eft de cette
Emeraude qu'ils ont tiré la copie
de cet important Secret qu'an
voit dans leurs Livres , & que·
de ce grand Homme leur eſt:
venu le nom qu'ils ont pris de
Philofophes Hermetiques..
J'ay lû ce Secret dans l'Hortulain
, ou le Jardinier , l'un de
ces Philofophes , & il eft en
beaucoup d'autres ; mais on a
beau le lire, on n'en devient pas
plus fçavant . Il n'y a que les circonftances
d'un fait qui foient
apibles de nous en inftruire , &
n n'en voit là au cune. Ce ne
ont que des termes genéraux ,
du Mercure Galant. 283
aufquels on peut donner cent fortes
d'explications . Jamais Oracle
ne fut fi ambigu. Iln'eft donc pas
à préfumer qu'on ait jamais pris
la peine de graver ſur une Pierre
préticufe , des paroles fi vaines,
& fi inutiles à l'inftruction des
Hommes ; ny qu'elles foient ja,
mais forties de la bouche d'un
auffi grand Genie que Trifmegifte.
Elles font de l'invention de
quelque Refveur oifif, pour en
amufer d'autres , & pour leur
faire perdre encore plus de temps
qu'à luy . Ce qui eft en bas , eft com.
me ce qui eft en haut , dit- il , &
ce qui est en baut comme ce qui eft en
bas. Comme toutes chofes font venues
d'un par l'entremise d'un ; ainfi tou .
tes chofes font nées de cette feule cho
fe . Le Soleil en eft le pere ; la Lune 2
Aa ij
284
Extraordinaire
la mere ; la Terre , la nourrice ; & le
vent l'a porté dans fon ventre. Le
refte eft du mefme ftile...!!
Jugez , Madame , du profit
qu'on peut tirer de cette lecture ;
& comment on pourroit faire
pour changer la deffus les moin
dres Métaux en Or ou en Ar.
gent , fuivant l'inſtruction de ces
Philofophes.
L'Ecriture de l'Emeraude eft
donc un Conte pareil à celuy
qu'ils font de la Toilon d'Or ,
qu'ils foûtiennent n'avoir eké
autre chofe que le meſme Secret
écrit fur une peau de Mouton.
Quant au nom d'Hermetiques
qu'ils prennent, & qu'ils donnent
à leur Philofophie , il ne vient
non plus de Trifmegifte que de
Pharaon. Il leur a efté imposé à
du Mercure Galant.
285
caufe que la plufpart d'eux tra
vaillent fur le Mercure ; qu'ils
difent que les Sages trouvent dans
le Mercure tout ce qu'ils cherchent;
& qu'ils ne prefchent autre chofe
que leur Eau féche qui ne mouil
le point les mains , c'eft à dire,
leur Eau Mercurielle , Mercure
en Latin eftant la mefme chofe
qu'Hermes en Grec ou en Egyptien
, & que Vif. Argent en
François.
-
C
Laiffant donc à part ces chimeres
fondamentales des Hermetiques
, je vais vous expliquer
fincerement ce que je juge de
leur vifion fateufe de fon ori
;
gine , & de la manière dont ils
en ont écrit .
H eft naturel de croire avec
facilité les chofes qu'on defire
286 Extraordinaire
avec ardeur. Quelques Curieux
fe mirent autrefois dans l'efprit,
que la vertu de fè multiplier
eftoit une vertu commune aux
trois Regnes de la Nature ; &
qu'elle appartenoit auffi bien
aux Mineraux , qu'aux Animaux
& qu'aux. Vegetaux ; & mefme
que comme elle eftoit plus
grande dans ces derniers que
dans les Animaux ,, les Poiffons
peut eftre exceptez , elle
l'eftoit auffi davantage dans les
Mineraux que dans les Vegetaux .
Ils obfervoient enfuite que la
multiplication des Vegetaux fe
faifoit de cette maniere ; qu'un
grain de Froment , par exemple,
eftant femé dans une terre feconde
, changeoit une partie de
Gette terre en fa propre fubftandu
Mercure Galant. 287
ee , je veux dire , en d'autres
grains de froment, en forte qu'un
feul grain produifoit quelquefois
jufqu'à vingt Epis , qui portoient
chacun foixante grains , ce qui
en faifoit douze cens. Puis ils
penferent qu'un grain d'Or étant
mis dans une matiere métallique,
comme dans du Vif- Argent ,
dans du Plomb , ou dans quelque
autre Métal , il pourroit auffi
changer une partie de cette matiere
enfa propre ſubſtance , c'eft.
à dire , en d'autres grains d'Or,
avec une multiplication . encore
plus grande , que celle du grain
de Froment. Sur cette imagination
ils chercherent.dans les Mines
& dans les Torrens , de petits
morceaux d'Or pur , comme les
plus propres à leur deffein , & les.
288 Extraordinaire
ayant fait fondre , ils les jetterent
dans du Vif- Argent échauffé ,
ou dans du plomb fondu , fe
perfuadant que la grande chaleur
dont l'un & l'autre Métal
eſtoient animez , produiroit en
peu de momens , ce qui n'arrive
qu'en beaucoup de mois dans les
Vegetaux , mais ayant reconnu
que quelque efpace de temps.
qu'ils laiffaffent en fufion le grain
d'Or dans la matiere métallique,
il ne faifoit pas plus d'impreffion
fur elle , qu'une goutte de vin ,
ou plûroft, qu'une goutte d'huile
en fait fur l'eau où elle eft mife,
ils jugerent alors que la vertu
multiplicative des Méraux eftoit
captive ou endormie dans la dureté
de leurs corps , & qu'il falloit
trouver un moyen de les
ouvrir
du Mercure Galant. 289
ouvrir à fonds pour l'éveiller &
pour la faire agir , & là - deffus ils
eurent recours à tout ce qu'ils
s'imaginerent de plus propre
pour produire cet effet fur l'Or
& fur l'Argent , qu'ils appellent
Métaux parfaits , afin de les multiplier
enfuite dans les autres ,
qu'ils nomment Imparfaits.
:
Si quelqu'un d'eux réüffit dans
la recherche de ce moyen , c'eft
une queſtion bien douteuſe . Quoy
qu'il en foit , chacun s'eft vanté
de l'avoir trouvé , & en a écrit
comme d'une chofe feure ; &
ces moyens que chacun a inventez
felon l'inſpiration de fa
raifon , font la fource & le fujet
de tous les Livres des Hermetiques.
Mais comme tous ces Philo .
Q. de Janvier 1685. Bb
1290 1 * Extraordinäireh
&
Hophes , depuis de premier julqu'au
dernier craignirent que
sils expliquoient trop clairement
ces Moyens our Methodes , ils
nec fuffent reconnus pour des
Fanfarons & pour des Impofteurs
, par ceux qui les mertroient
en pratique ,pils lescont
debitez de trois manieres également
differentes. L'une , c'eft de
les avoir rapportez fans circonſtances
, & en des termes fingeneraux,
qu'on n'en peur recevoir
aucune inftruction uainfunqu'a
fait leur faux Trismegifte . L'autre
, c'eſt de les avoir expliquez
avec des paroles : fi obfcures & fi
équivoques , qu'on n'eft jamais
-affuré d'avoir penetré leur pen-
-fee ; ainfi qu'a fait la Tourbe des
Philofophes , & le dernier , c'eſt
du Mercure Galant. © 291
C
-de les avoir accompagnez de
stant de repetitions & de tant de
s particularitez qu'il eſt impoſliable
de ne pas manquer à quel
a qu'une dans l'execution , ainſi
qu'a fait Remond- Lulle.
0
3
C'eft neanmoins par ces trois
Sartifices que leur réputation ſe
fe
-maintient. Ils l'acquierent par
quelques trompeufes apparences,
par quelques tours de main & de
foupleffe , ou par quelques faux
témoignages de gens apoftez ,
dont ils prirent pour duppes les
perſonnes de leur temps , & ils
Sla confervent par la folle créanice
qu'ont celles du noftre , que
ailemauvais fuccés de leurs épreu
-ves vient de leur peu d'intelliagence
, ou de leur peu d'exactitude
, & non pas de ces indignes
Bb ij
292
Extraordinaire :
Maiftres dont ils fuivent les en-
X
feignemens.
L'Efprit de Menfonge annonce
quelquefois la verité malgré luy,
par une force celefte ; & c'eft
fans doute par ce mouvement &
par cette force , que quelquesuns
de ces Hermetiques ont affus
ré que le Secret de leur Pierre
un Don de Dieu qu'il diftribuë à qui
il luy plaift. Ce qui nous apprend
en mefme temps qu'on n'en doit
pas attendre la connoiffance de
la lecture de leurs Livres ; & que
c'eft temps perdu que de s'y
amufer , parce qu'ils ne font
pleins que de leurs imaginations ,
& n'ont rien de réel & de veri
table.
Si quelqu'un d'eux avoit receu
ce don de Dieu , il n'en auroit
du Mercure Galant. 293
d
""
pas abufé , il en auroit fait part
aux autres Hommes d'une ma
niere obligeante , je veux dire
claire & nette , & n'auroit pas
eu la malice de le cacher fous
tant d'embarras & d'obfcuritez,
que fa pratique caufaft la ruine
de mille & mille Familles , com
me il eft arrivé. La nature du
bien eft de fe communiquer ; &
L'on eft trop heureux & trop
glorieux d'avoir efté le premier
Inventeur d'un Secret , ppur ne
s'en pas faire honneur. Il en auroit
du moins ufé comme celuy
qui a trouvé l'Invention du Fer
blanc , lequel aprés en avoir fait
toute fa vie , a laiffé à fa pofterité
fon Secret avec le foin d'en
faire , ce qui s'execute encore
Bb iij
294
Extraordinaire
a
aujourd'huy à l'avantage de tour
*
te la Terre. velso sup squ97
Ne foyons donc pas fi credus
les que de nous perfuader que
tant de Livres que nous avons de
andel
la Pierre Philofophale, foient au
tant d'Enigmes & d'Emblêmes
de
ce grand
Secret
.
Borel
dans
J
fa Bibliotheque Chimique sen
rapporte deux ou trois mille
imprimez ou manufcrits. Yastil
lieu de croire que tant d'Auteurs
ayent fceu l'art de faire de l'Or
Ils en écrivent neanmoins les
uns comme les autres ; & Pon ne
peut diftinguer celuy qui ment
le plus , de celuy qui ment te
moins , que par la groffeur de
leurs Volumes. S'il eft veritable
qu'un Secret ceffe de l'eftre , des
que trois perfonnes en ontla
du Mercure Galant. 295.
connoiflance , il y auroit longtemps
que celuy cy feroit divul
gué par toute la Terre , fi dans
ce prodigieux nombre d'Ecri
vains , ilyen savoit feulement
eu trois ou quatre qui l'euffent
feeu. Il feront véritablement aujourd'huy
, comme difent la pluf
part de ces beaux Meffieurs
L'ouvrage des Femmes , & le Jeu
des Enfans & quand bien mêine
l'execution en feroit difficile , il
faudroir qu'elle le fuft beaucoup,
felle n'épargnoit pas aux Efpagnols
les Voyages des Indes.
Le moyen donc de n'eftre pas
trompez , c'est de prendre tous
ces Livres pour des Romans qu
nous flatent du coſté de l'Avarice
, comme, les Romans ordi
maires nous chatouillent du côté
Bb iiij
296
Extraordinaire
de l'Amour. Sans cet attrait du
-bien , il n'y auroit point de Livres
plus au rebut que ceux- là ,
tant ils font ridicules dans leurs
expreffions & dans leurs myfteres.
Mon Fils , difent - ils à un
-Pape, ou à un Empereur, Au nom
-de la fainte & indivifible Trinité.
Enfumez les trois Rois , c'eft à dire ,
noftre Soulphre , noftre Sel , & noftre
Mercure. Belle explication qui
éclaircit admirablement bien le
Texte : Dans un Palais à double
muraille , c'est à dire , dans une
Phiole ou dans un Fourncau. Beau
rapport de l'un à l'autre Ils.
déguiſent ainfi leurs obfcuritez
par d'autres , & les chofes tes
moins myfterieufes par de vains
myfteres. Quelles extravagan-
9
ces ?
du Mercure Galant. 297
Il auroit efté bien plus à propos
& plus à fouhaiter , que tous.
ces Auteurs euffent fait des dé
clarations intelligibles , exactes
& finceres , des Méthodes qu'ils
ont inutilement obfervées pour
parvenir à la multiplication des.
Métaux parfaits , que de s'en
faire à croire , & que de nous
abuſer. Du moins fçauroit. on les
routes qu'il faut éviter , on en
tenteroit de nouvelles ; & les
Curieux ne tomberoient pas aujourd'huy
dans les fautes que
mille autres ont déja faites . Mais
il n'y a que de la vanité & de la
mauvaiſe foy parmy les Hommes
, ny rien à efperer dans cet
Art, à moins que d'eftre éclairé
par le Pere des lumieres & par
le Maiftre des . Secrets , je veux
298. (Extraordinaire
•
dire par le Seigneur, 19b1aoob
Sifonc , Madame , quelquesuns
de vos Amis afpirent à faire
cette Pierre qui n'eſt pas Pierxes
qu'ils s'adreffent à Dieu pour en
obtenir la connoiffance , qu'ils
obfervent la Nature pour en
fçavoir les voyes , & fur tour ,
qu'ils prennent garde que leur
dépente en cet Ouvrage n'aille
pas plus loin par année , que
les Aumônes que chacun d'eux
eft obligé de diftribuer fui
vant fa condition aux Pauvres
de la Paroiffe. C'eft là
lairegle des Sages dans une
entrepriſe où l'on ne travaille
qu'à l'aveugle , où il eft incertain
que Dieu nous falle la grace de
nous laiffer réuffi , & où, tang
de Curieux fe font abilmez, faute
du Merture Galant.
de garder de meſure. Patép
conduite les plus Riches potent
faire plufieurs épreuves à la fois ,
& les moms Riches le contènterǝ
d'une ou de deux . bip
La plupart des Hermetiques
difent qu'une Once d'Or pur
fuffit pour la matiere? On en
peur factifier quatre ou cinq fois
autant pour les frais , & c'eft plus
que la façon ne demande .Je fçay
bien que fi l'on confulte ces Mia
ferables qui meurent de faim , &
qui fe vantent pourtant d'avoir
le Secret de s'enrichir , & d'en_779
Fichir les a on fera bien!
d'autres dépenfes , mais il ne faur
non plus croire cesignorans Fanfarons
, dont le malheureux état
dément ficlairement les paroles, *
E que les Romans des Hermetis
300
Extraordinaire
ques , dont les vains myfteres ne
cachent que des Fables .
Il y a quelques années qu'un
de mes Amis acheta d'un artiſte
Etranger un Manufcrit Latin de
ces Meffieurs , qui venoit de
Dannemarch , & mefme du La
boratoire du fameux Tico - Brahé,
à ce qu'on difoit, Tico- Brahé ,
Madame , eftoit un Prince de ce
pays là , qui vivoit en l'autre
fiecle , & qui ne fut gueres moins
attaché à la Chimie , qu'à l'AL
trologie , où il excella . Il y avoit
dans ce Manufcrit beaucoup de
Secrets affez curieux, & un entre
autres intitulé , Le Grain Métalli.
que qui croift au centuple. Une par
tie de ce fecret eftoit écrite en
chiffres , & eftoit demeurée inconnue
à l'Artiſte . Mon Amy me
du Mercure Galant.
301
pria de la déchiffrer , fi je pou
vois ; je m'en donnay la peine,
& j'en vins à bout ; mais temps
perdu. Nous connúmes que ce
Secret reffembloit aux Motres de
Geneve & aux Armes de Forest,
dont les plus mauvaiſesfont d'or
dinaire les plus embellies, Ce
n'eftoit qu'un nienfonge revétu
de mysteres , pour mieux duper
les innocens . Ainfi les Hommes
fe plaisent à exercer leurs malices
fur leurs femblables ; & s'il
eft vray de dire qu'un des grands
articles de la Sageffe , foit de ne
I croire perfonne , c'eft principa
lement à l'égard de ceux qui nous
promettent de nous faire acquerir
de grandes richeffes en peu
de temps par des voyes juftes .
Voilà , Madame , ce que je
3023 Extraordinäise
penfe de ce Sujer. Si pourtant
vous en avez d'autres fentimens,
& que quelqu'un de vos Amis ,
veüille travailler fur les Memoires
du mien qui eſt mort , qui
paffoit pour Sçavant dans l'Art ,
& qui m'a laillé un écrit de fa
main , intitulé , Le grand Oeuvre,
oû rour
eft expliqué fans dégui.
fement , fans equivoque , & avec
toutes les circonftances neceffai .
res , je vous l'envoyeray volontiers
n'ayant rien de réſervé
pour une Perfonne comme vous ,
dont les aimables qualitez meri.
tent fi bien l'eſtime , l'affection ,
& les fervices de tout le monde,
& principalement ceux , Madamé
, du Berger Fleuristes
quelques Traitez fur la Pierre Philofophale
, la Lettre qui fuit est pleine
de Remarques fi particulieres , queje
fuis perfuadé que vous la lirez avec
beaucoup de plaifir.
du Mercure Galant. 279
5555 5552 $ 5255 522
LETTRE
DU BERGER FLEURISTE
A LA BELLE CURIEUSE
DES AMBARS,
Sur la Pierre Philofophale.
Q
Uoy , Madame , vous m'or
donnez de vous apprendre
ce que je penfe de la Pierre Philofophale
, & c'eft fans raillerie
que vous vous adreſſez à moy
fur un fujet de cette nature ? En
verité je vous trouve admirable
de toutes manieres. S'il s'agiffoit
de vous entretenir de fleurs , oụ
280 Extraordinaire
de vous conter fleurettes , peut.
eftre m'en acquitterois.je aflez
bien , mais comment ferois - je
pour vous parler de la multiplition
des grains d'Or ou d'Argent
, moy qui n'ay jamais vê
arriver que de la diminution au
bien que mes Parens m'avoient
laiffé , & quel commerce peut
avoir la ſcience des Parterres &
des Galanteries , avec celle des
Mines & des Métaux ? Est- ce à
cauſe que l'Or eft le Fils du Soleil
, comme les Fleurs en font
les Filles , ou que vous croyez
qu'un Galant eft obligé d'eftre
univerfel , & doit difcourir de
toutes chofes ? Il y a trop loin
de la ſurface au fonds , & de la
Bagatelle au Secret le plus important
du monde . Néanmoins
du Mercure Galant. 281
Vous commandez , & il eft de
mon devoir d'obeïr. Je vais donc
fatisfaire à vos ordres ; mais je he
réponds pas que ces grands Prometteurs
de Monts d'Or , qui ne
donnent que de la fumée , loient
d'humeur à avouer les veritez .
que vous allez lire.
Il y eut anciennement en Egypte
un fameux Monarque appel.
lé Hermes , ou Mercure , & furnommé
Trismegifte , ou trois fois
Grand , à caufe qu'il eftoit grand
Philofophe , grand Pontife , &
grand Roy. Les Chercheurs de
Pierre Philofophale fe font avifez
de publier que c'est le pre
mier Autheur de leur Art ; &
pour ne pas laiffer cette allegation
fans preuve, ils content qu'ili
eut fin d'en faire graver le Se-
2. deJanvier 1685. Aa
282 Extraordinaire
A
cret fur une Emeraude , qu'on
trouva plufieurs fiecles aprés fa
mort , dans une foffe obfcure où
il eftoit inhumé , à la maniere
de fon Païs , que c'eft de cette
Emeraude qu'ils ont tiré la copie
de cet important Secret qu'an
voit dans leurs Livres , & que·
de ce grand Homme leur eſt:
venu le nom qu'ils ont pris de
Philofophes Hermetiques..
J'ay lû ce Secret dans l'Hortulain
, ou le Jardinier , l'un de
ces Philofophes , & il eft en
beaucoup d'autres ; mais on a
beau le lire, on n'en devient pas
plus fçavant . Il n'y a que les circonftances
d'un fait qui foient
apibles de nous en inftruire , &
n n'en voit là au cune. Ce ne
ont que des termes genéraux ,
du Mercure Galant. 283
aufquels on peut donner cent fortes
d'explications . Jamais Oracle
ne fut fi ambigu. Iln'eft donc pas
à préfumer qu'on ait jamais pris
la peine de graver ſur une Pierre
préticufe , des paroles fi vaines,
& fi inutiles à l'inftruction des
Hommes ; ny qu'elles foient ja,
mais forties de la bouche d'un
auffi grand Genie que Trifmegifte.
Elles font de l'invention de
quelque Refveur oifif, pour en
amufer d'autres , & pour leur
faire perdre encore plus de temps
qu'à luy . Ce qui eft en bas , eft com.
me ce qui eft en haut , dit- il , &
ce qui est en baut comme ce qui eft en
bas. Comme toutes chofes font venues
d'un par l'entremise d'un ; ainfi tou .
tes chofes font nées de cette feule cho
fe . Le Soleil en eft le pere ; la Lune 2
Aa ij
284
Extraordinaire
la mere ; la Terre , la nourrice ; & le
vent l'a porté dans fon ventre. Le
refte eft du mefme ftile...!!
Jugez , Madame , du profit
qu'on peut tirer de cette lecture ;
& comment on pourroit faire
pour changer la deffus les moin
dres Métaux en Or ou en Ar.
gent , fuivant l'inſtruction de ces
Philofophes.
L'Ecriture de l'Emeraude eft
donc un Conte pareil à celuy
qu'ils font de la Toilon d'Or ,
qu'ils foûtiennent n'avoir eké
autre chofe que le meſme Secret
écrit fur une peau de Mouton.
Quant au nom d'Hermetiques
qu'ils prennent, & qu'ils donnent
à leur Philofophie , il ne vient
non plus de Trifmegifte que de
Pharaon. Il leur a efté imposé à
du Mercure Galant.
285
caufe que la plufpart d'eux tra
vaillent fur le Mercure ; qu'ils
difent que les Sages trouvent dans
le Mercure tout ce qu'ils cherchent;
& qu'ils ne prefchent autre chofe
que leur Eau féche qui ne mouil
le point les mains , c'eft à dire,
leur Eau Mercurielle , Mercure
en Latin eftant la mefme chofe
qu'Hermes en Grec ou en Egyptien
, & que Vif. Argent en
François.
-
C
Laiffant donc à part ces chimeres
fondamentales des Hermetiques
, je vais vous expliquer
fincerement ce que je juge de
leur vifion fateufe de fon ori
;
gine , & de la manière dont ils
en ont écrit .
H eft naturel de croire avec
facilité les chofes qu'on defire
286 Extraordinaire
avec ardeur. Quelques Curieux
fe mirent autrefois dans l'efprit,
que la vertu de fè multiplier
eftoit une vertu commune aux
trois Regnes de la Nature ; &
qu'elle appartenoit auffi bien
aux Mineraux , qu'aux Animaux
& qu'aux. Vegetaux ; & mefme
que comme elle eftoit plus
grande dans ces derniers que
dans les Animaux ,, les Poiffons
peut eftre exceptez , elle
l'eftoit auffi davantage dans les
Mineraux que dans les Vegetaux .
Ils obfervoient enfuite que la
multiplication des Vegetaux fe
faifoit de cette maniere ; qu'un
grain de Froment , par exemple,
eftant femé dans une terre feconde
, changeoit une partie de
Gette terre en fa propre fubftandu
Mercure Galant. 287
ee , je veux dire , en d'autres
grains de froment, en forte qu'un
feul grain produifoit quelquefois
jufqu'à vingt Epis , qui portoient
chacun foixante grains , ce qui
en faifoit douze cens. Puis ils
penferent qu'un grain d'Or étant
mis dans une matiere métallique,
comme dans du Vif- Argent ,
dans du Plomb , ou dans quelque
autre Métal , il pourroit auffi
changer une partie de cette matiere
enfa propre ſubſtance , c'eft.
à dire , en d'autres grains d'Or,
avec une multiplication . encore
plus grande , que celle du grain
de Froment. Sur cette imagination
ils chercherent.dans les Mines
& dans les Torrens , de petits
morceaux d'Or pur , comme les
plus propres à leur deffein , & les.
288 Extraordinaire
ayant fait fondre , ils les jetterent
dans du Vif- Argent échauffé ,
ou dans du plomb fondu , fe
perfuadant que la grande chaleur
dont l'un & l'autre Métal
eſtoient animez , produiroit en
peu de momens , ce qui n'arrive
qu'en beaucoup de mois dans les
Vegetaux , mais ayant reconnu
que quelque efpace de temps.
qu'ils laiffaffent en fufion le grain
d'Or dans la matiere métallique,
il ne faifoit pas plus d'impreffion
fur elle , qu'une goutte de vin ,
ou plûroft, qu'une goutte d'huile
en fait fur l'eau où elle eft mife,
ils jugerent alors que la vertu
multiplicative des Méraux eftoit
captive ou endormie dans la dureté
de leurs corps , & qu'il falloit
trouver un moyen de les
ouvrir
du Mercure Galant. 289
ouvrir à fonds pour l'éveiller &
pour la faire agir , & là - deffus ils
eurent recours à tout ce qu'ils
s'imaginerent de plus propre
pour produire cet effet fur l'Or
& fur l'Argent , qu'ils appellent
Métaux parfaits , afin de les multiplier
enfuite dans les autres ,
qu'ils nomment Imparfaits.
:
Si quelqu'un d'eux réüffit dans
la recherche de ce moyen , c'eft
une queſtion bien douteuſe . Quoy
qu'il en foit , chacun s'eft vanté
de l'avoir trouvé , & en a écrit
comme d'une chofe feure ; &
ces moyens que chacun a inventez
felon l'inſpiration de fa
raifon , font la fource & le fujet
de tous les Livres des Hermetiques.
Mais comme tous ces Philo .
Q. de Janvier 1685. Bb
1290 1 * Extraordinäireh
&
Hophes , depuis de premier julqu'au
dernier craignirent que
sils expliquoient trop clairement
ces Moyens our Methodes , ils
nec fuffent reconnus pour des
Fanfarons & pour des Impofteurs
, par ceux qui les mertroient
en pratique ,pils lescont
debitez de trois manieres également
differentes. L'une , c'eft de
les avoir rapportez fans circonſtances
, & en des termes fingeneraux,
qu'on n'en peur recevoir
aucune inftruction uainfunqu'a
fait leur faux Trismegifte . L'autre
, c'eſt de les avoir expliquez
avec des paroles : fi obfcures & fi
équivoques , qu'on n'eft jamais
-affuré d'avoir penetré leur pen-
-fee ; ainfi qu'a fait la Tourbe des
Philofophes , & le dernier , c'eſt
du Mercure Galant. © 291
C
-de les avoir accompagnez de
stant de repetitions & de tant de
s particularitez qu'il eſt impoſliable
de ne pas manquer à quel
a qu'une dans l'execution , ainſi
qu'a fait Remond- Lulle.
0
3
C'eft neanmoins par ces trois
Sartifices que leur réputation ſe
fe
-maintient. Ils l'acquierent par
quelques trompeufes apparences,
par quelques tours de main & de
foupleffe , ou par quelques faux
témoignages de gens apoftez ,
dont ils prirent pour duppes les
perſonnes de leur temps , & ils
Sla confervent par la folle créanice
qu'ont celles du noftre , que
ailemauvais fuccés de leurs épreu
-ves vient de leur peu d'intelliagence
, ou de leur peu d'exactitude
, & non pas de ces indignes
Bb ij
292
Extraordinaire :
Maiftres dont ils fuivent les en-
X
feignemens.
L'Efprit de Menfonge annonce
quelquefois la verité malgré luy,
par une force celefte ; & c'eft
fans doute par ce mouvement &
par cette force , que quelquesuns
de ces Hermetiques ont affus
ré que le Secret de leur Pierre
un Don de Dieu qu'il diftribuë à qui
il luy plaift. Ce qui nous apprend
en mefme temps qu'on n'en doit
pas attendre la connoiffance de
la lecture de leurs Livres ; & que
c'eft temps perdu que de s'y
amufer , parce qu'ils ne font
pleins que de leurs imaginations ,
& n'ont rien de réel & de veri
table.
Si quelqu'un d'eux avoit receu
ce don de Dieu , il n'en auroit
du Mercure Galant. 293
d
""
pas abufé , il en auroit fait part
aux autres Hommes d'une ma
niere obligeante , je veux dire
claire & nette , & n'auroit pas
eu la malice de le cacher fous
tant d'embarras & d'obfcuritez,
que fa pratique caufaft la ruine
de mille & mille Familles , com
me il eft arrivé. La nature du
bien eft de fe communiquer ; &
L'on eft trop heureux & trop
glorieux d'avoir efté le premier
Inventeur d'un Secret , ppur ne
s'en pas faire honneur. Il en auroit
du moins ufé comme celuy
qui a trouvé l'Invention du Fer
blanc , lequel aprés en avoir fait
toute fa vie , a laiffé à fa pofterité
fon Secret avec le foin d'en
faire , ce qui s'execute encore
Bb iij
294
Extraordinaire
a
aujourd'huy à l'avantage de tour
*
te la Terre. velso sup squ97
Ne foyons donc pas fi credus
les que de nous perfuader que
tant de Livres que nous avons de
andel
la Pierre Philofophale, foient au
tant d'Enigmes & d'Emblêmes
de
ce grand
Secret
.
Borel
dans
J
fa Bibliotheque Chimique sen
rapporte deux ou trois mille
imprimez ou manufcrits. Yastil
lieu de croire que tant d'Auteurs
ayent fceu l'art de faire de l'Or
Ils en écrivent neanmoins les
uns comme les autres ; & Pon ne
peut diftinguer celuy qui ment
le plus , de celuy qui ment te
moins , que par la groffeur de
leurs Volumes. S'il eft veritable
qu'un Secret ceffe de l'eftre , des
que trois perfonnes en ontla
du Mercure Galant. 295.
connoiflance , il y auroit longtemps
que celuy cy feroit divul
gué par toute la Terre , fi dans
ce prodigieux nombre d'Ecri
vains , ilyen savoit feulement
eu trois ou quatre qui l'euffent
feeu. Il feront véritablement aujourd'huy
, comme difent la pluf
part de ces beaux Meffieurs
L'ouvrage des Femmes , & le Jeu
des Enfans & quand bien mêine
l'execution en feroit difficile , il
faudroir qu'elle le fuft beaucoup,
felle n'épargnoit pas aux Efpagnols
les Voyages des Indes.
Le moyen donc de n'eftre pas
trompez , c'est de prendre tous
ces Livres pour des Romans qu
nous flatent du coſté de l'Avarice
, comme, les Romans ordi
maires nous chatouillent du côté
Bb iiij
296
Extraordinaire
de l'Amour. Sans cet attrait du
-bien , il n'y auroit point de Livres
plus au rebut que ceux- là ,
tant ils font ridicules dans leurs
expreffions & dans leurs myfteres.
Mon Fils , difent - ils à un
-Pape, ou à un Empereur, Au nom
-de la fainte & indivifible Trinité.
Enfumez les trois Rois , c'eft à dire ,
noftre Soulphre , noftre Sel , & noftre
Mercure. Belle explication qui
éclaircit admirablement bien le
Texte : Dans un Palais à double
muraille , c'est à dire , dans une
Phiole ou dans un Fourncau. Beau
rapport de l'un à l'autre Ils.
déguiſent ainfi leurs obfcuritez
par d'autres , & les chofes tes
moins myfterieufes par de vains
myfteres. Quelles extravagan-
9
ces ?
du Mercure Galant. 297
Il auroit efté bien plus à propos
& plus à fouhaiter , que tous.
ces Auteurs euffent fait des dé
clarations intelligibles , exactes
& finceres , des Méthodes qu'ils
ont inutilement obfervées pour
parvenir à la multiplication des.
Métaux parfaits , que de s'en
faire à croire , & que de nous
abuſer. Du moins fçauroit. on les
routes qu'il faut éviter , on en
tenteroit de nouvelles ; & les
Curieux ne tomberoient pas aujourd'huy
dans les fautes que
mille autres ont déja faites . Mais
il n'y a que de la vanité & de la
mauvaiſe foy parmy les Hommes
, ny rien à efperer dans cet
Art, à moins que d'eftre éclairé
par le Pere des lumieres & par
le Maiftre des . Secrets , je veux
298. (Extraordinaire
•
dire par le Seigneur, 19b1aoob
Sifonc , Madame , quelquesuns
de vos Amis afpirent à faire
cette Pierre qui n'eſt pas Pierxes
qu'ils s'adreffent à Dieu pour en
obtenir la connoiffance , qu'ils
obfervent la Nature pour en
fçavoir les voyes , & fur tour ,
qu'ils prennent garde que leur
dépente en cet Ouvrage n'aille
pas plus loin par année , que
les Aumônes que chacun d'eux
eft obligé de diftribuer fui
vant fa condition aux Pauvres
de la Paroiffe. C'eft là
lairegle des Sages dans une
entrepriſe où l'on ne travaille
qu'à l'aveugle , où il eft incertain
que Dieu nous falle la grace de
nous laiffer réuffi , & où, tang
de Curieux fe font abilmez, faute
du Merture Galant.
de garder de meſure. Patép
conduite les plus Riches potent
faire plufieurs épreuves à la fois ,
& les moms Riches le contènterǝ
d'une ou de deux . bip
La plupart des Hermetiques
difent qu'une Once d'Or pur
fuffit pour la matiere? On en
peur factifier quatre ou cinq fois
autant pour les frais , & c'eft plus
que la façon ne demande .Je fçay
bien que fi l'on confulte ces Mia
ferables qui meurent de faim , &
qui fe vantent pourtant d'avoir
le Secret de s'enrichir , & d'en_779
Fichir les a on fera bien!
d'autres dépenfes , mais il ne faur
non plus croire cesignorans Fanfarons
, dont le malheureux état
dément ficlairement les paroles, *
E que les Romans des Hermetis
300
Extraordinaire
ques , dont les vains myfteres ne
cachent que des Fables .
Il y a quelques années qu'un
de mes Amis acheta d'un artiſte
Etranger un Manufcrit Latin de
ces Meffieurs , qui venoit de
Dannemarch , & mefme du La
boratoire du fameux Tico - Brahé,
à ce qu'on difoit, Tico- Brahé ,
Madame , eftoit un Prince de ce
pays là , qui vivoit en l'autre
fiecle , & qui ne fut gueres moins
attaché à la Chimie , qu'à l'AL
trologie , où il excella . Il y avoit
dans ce Manufcrit beaucoup de
Secrets affez curieux, & un entre
autres intitulé , Le Grain Métalli.
que qui croift au centuple. Une par
tie de ce fecret eftoit écrite en
chiffres , & eftoit demeurée inconnue
à l'Artiſte . Mon Amy me
du Mercure Galant.
301
pria de la déchiffrer , fi je pou
vois ; je m'en donnay la peine,
& j'en vins à bout ; mais temps
perdu. Nous connúmes que ce
Secret reffembloit aux Motres de
Geneve & aux Armes de Forest,
dont les plus mauvaiſesfont d'or
dinaire les plus embellies, Ce
n'eftoit qu'un nienfonge revétu
de mysteres , pour mieux duper
les innocens . Ainfi les Hommes
fe plaisent à exercer leurs malices
fur leurs femblables ; & s'il
eft vray de dire qu'un des grands
articles de la Sageffe , foit de ne
I croire perfonne , c'eft principa
lement à l'égard de ceux qui nous
promettent de nous faire acquerir
de grandes richeffes en peu
de temps par des voyes juftes .
Voilà , Madame , ce que je
3023 Extraordinäise
penfe de ce Sujer. Si pourtant
vous en avez d'autres fentimens,
& que quelqu'un de vos Amis ,
veüille travailler fur les Memoires
du mien qui eſt mort , qui
paffoit pour Sçavant dans l'Art ,
& qui m'a laillé un écrit de fa
main , intitulé , Le grand Oeuvre,
oû rour
eft expliqué fans dégui.
fement , fans equivoque , & avec
toutes les circonftances neceffai .
res , je vous l'envoyeray volontiers
n'ayant rien de réſervé
pour une Perfonne comme vous ,
dont les aimables qualitez meri.
tent fi bien l'eſtime , l'affection ,
& les fervices de tout le monde,
& principalement ceux , Madamé
, du Berger Fleuristes
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Résumé : LETTRE DU BERGER FLEURISTE A LA BELLE CURIEUSE DES AMBARS, Sur la Pierre Philosophale.
La lettre du Berger Fleuriste à la Belle Curieuse, publiée dans le Mercure Galant en janvier 1685, aborde le sujet de la Pierre Philosophale, un domaine inattendu pour le Berger Fleuriste, plus familier avec les fleurs et les galanteries. Il exprime son scepticisme face aux promesses des alchimistes, qui prétendent pouvoir multiplier les métaux précieux. Le Berger Fleuriste mentionne Hermès Trismégiste, un ancien monarque égyptien considéré comme le premier auteur de l'art de la Pierre Philosophale. Les alchimistes affirment avoir trouvé des secrets gravés sur une émeraude, mais le Berger Fleuriste doute de l'authenticité de ces informations, les jugeant vagues et ambiguës. Il explique que les alchimistes ont cherché à multiplier les métaux en s'inspirant de la multiplication des végétaux, mais leurs expériences ont échoué. Ils ont écrit des livres sur leurs méthodes, mais les ont rendus incompréhensibles pour éviter d'être démasqués comme imposteurs. Le Berger Fleuriste conclut que les livres sur la Pierre Philosophale sont des romans qui flattent l'avarice et recommande de les considérer comme tels pour éviter d'être trompé. Il regrette que les auteurs n'aient pas partagé leurs méthodes de manière claire et sincère, ce qui aurait permis d'éviter les erreurs passées. Le texte discute également de la vanité et de la mauvaise foi des hommes dans la quête de la Pierre philosophale, soulignant que seule l'illumination divine peut guider cette recherche. Il conseille aux alchimistes de prier Dieu, d'observer la nature et de limiter leurs dépenses à hauteur de leurs aumônes annuelles aux pauvres. Il met en garde contre l'excès de curiosité et l'abus de ressources, recommandant aux riches de faire plusieurs épreuves à la fois et aux moins fortunés de se contenter d'une ou deux. Les alchimistes estiment généralement qu'une once d'or pur suffit pour la matière, mais les frais peuvent être quatre ou cinq fois plus élevés. L'auteur critique ceux qui prétendent connaître le secret de l'enrichissement tout en vivant dans la pauvreté, ainsi que les fables des écrits hermétiques. L'auteur raconte l'histoire d'un manuscrit acheté par un ami, provenant du laboratoire de Tycho Brahé, un prince danois du siècle précédent, passionné par la chimie et l'astrologie. Le manuscrit contenait des secrets, dont un intitulé 'Le Grain Métallique qui croît au centuple', écrit en chiffres et demeuré inconnu de l'artiste. L'auteur a déchiffré ce secret, mais il s'est avéré être une fable sans valeur. Le texte se conclut par une réflexion sur la malice humaine et l'importance de ne pas croire facilement les promesses de richesse rapide. L'auteur offre de partager un écrit intitulé 'Le grand Oeuvre' d'un ami décédé, qui explique l'alchimie sans détours ni équivoques, à une personne digne de confiance et respectée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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970
p. 303-306
LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
Début :
Une Corneille ambitieuse, [...]
Mots clefs :
Corneille, Amour, Paon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
LACORNEILLE
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..
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Résumé : LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
Le texte relate l'histoire d'une corneille amoureuse d'un jeune paon qui ne la trouve pas belle. L'amour est décrit comme un barbare capricieux qui unit et sépare les cœurs. Tourmentée par son amour non réciproque et son désir de grandeur, la corneille vole des plumes de paon pour se parer et se rendre plus belle. Elle se joint aux paons, mais ceux-ci, offensés par son audace, l'attaquent et lui arrachent les plumes. Le texte se conclut par une morale sur les dangers de l'ambition et de l'imitation, comparant les corneilles modernes à des individus qui se parent du bien d'autrui. Il critique également ceux qui s'enrichissent aux dépens des autres et les flatteurs qui recherchent la louange et la gloire.
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971
p. 307-310
PROBLEME : AMOUREUX DECIDÉ.
Début :
Loin de vous je languis & je resve toûjours ; [...]
Mots clefs :
Amour, Coeur, Beauté, Amants, Languir
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texteReconnaissance textuelle : PROBLEME : AMOUREUX DECIDÉ.
PROBLEMĘ SAMOURELUX
1
DECIDEllias
ENNY cik inot 2102 36 trat jmp THOI
Oin de pausje languis
&
Fe fuis bien par tout où vous etes
Auprés de vous, Iris, de mes plus triftes
jours
Jefais mes plaiſirs & mesfestess
Waftre taille, voftre air, le fon de vostre
voix,
Ont jo-ne-feay-quoy qui m'enchante:
Jefens naiſtre enmon coeur d'abord que je
carrulyvous vois,
Une tendreffe languiffante
Qui me réduit prefque aux aboier
Ah! pour peu que cela s'augmente,
Vous aimeray-je ? Je le cross
Jefçais qu'un Homme de mon ages
Qui prétend de toucheruncoeur,
Rarement de ce badinage.
Se peut tireravec honneur..
C.c.ij
308 Extraordinaire
Vous me verrez tendre & fidelle,
Languiffant, abatu , malheureux comme
un Chien,
Et cependant, jeune Rebelle,
***M*aimerez-vous ? Je n'en crois rien.
Hélas! anfortde ma tendreffe
Je verray mille Amans de vos appas épris,
Goguenarderfur ma vieilleffe,
Et railler de mes cheveux gris.
Peut- eftre encor, pour croistre monfup .
plice,
Leurferez- vous un facrifice
Des foins de mon amour, cruelle? Et tou
tefois
Ŝ
Malgré cette extréme injuſtice,'
Vous aimeray-je ? Je le crois.
Après mille dures épreuves,
Mille foupirs, mille langueurs ,
Enfin vous connoftrèz partant & tantde
preuves,
Que vous caufez tous mes malheurs,
Et que c'est pour vous queje meurs.
Tandis que ma douleur & fidelle & cachés
du Mercure Galant. 309
Fera mon plus cher entretien,
Senfible à la pitié, de tant de maux touchée,
M'aimerez-vous? Je n'en crois rien.
83
Quand on aime beaucoup une Beautéfevere,
Le plus dur des tourmens c'eft de voirun
Rival
Ecouté d'une autre maniere ;
Quipeut voircelafans colere,.
Sans eftre jaloux, aime mal .
Lors que je vous verray, pour augmenter
mapeine,
Au préjudice de mes droits,
De quelque jeune Amantfaire unindigne
choix,
Injufte, infenfible, inhumaine ,
Vous aimeray -je ? je le crois.
03
S'il arrivoit, pour me vanger.
De ce choix cruel & perfage,
Que cet Amant foible & leger
De fon coeur à quelque autre allaſt faire
un hommage,
LO
Extraordinaine
Cet amourinconftant , fi diférent du mien,
Feroit ilfaireau voftre un retour équi
JUTNEZ AJ Я02 323
Erimi voj autfidello ansantque miférable,
27 44'aimerez- vouse, Je m'en crois rieniup
, sados 3D vz15 ]
Maisde mon tristefort pourquoyfaireun
Probléme?
En vain j'en ferois alarme, I
Voftre coeur eft injufte , & le mien eft
-3 charme; alit acitflegetai
Tris, c'est bien affez pour decider vouseve
Drivemeſme,
Et conclurre que je vous aime
Sans espérance d'eftre aimé...
1
DECIDEllias
ENNY cik inot 2102 36 trat jmp THOI
Oin de pausje languis
&
Fe fuis bien par tout où vous etes
Auprés de vous, Iris, de mes plus triftes
jours
Jefais mes plaiſirs & mesfestess
Waftre taille, voftre air, le fon de vostre
voix,
Ont jo-ne-feay-quoy qui m'enchante:
Jefens naiſtre enmon coeur d'abord que je
carrulyvous vois,
Une tendreffe languiffante
Qui me réduit prefque aux aboier
Ah! pour peu que cela s'augmente,
Vous aimeray-je ? Je le cross
Jefçais qu'un Homme de mon ages
Qui prétend de toucheruncoeur,
Rarement de ce badinage.
Se peut tireravec honneur..
C.c.ij
308 Extraordinaire
Vous me verrez tendre & fidelle,
Languiffant, abatu , malheureux comme
un Chien,
Et cependant, jeune Rebelle,
***M*aimerez-vous ? Je n'en crois rien.
Hélas! anfortde ma tendreffe
Je verray mille Amans de vos appas épris,
Goguenarderfur ma vieilleffe,
Et railler de mes cheveux gris.
Peut- eftre encor, pour croistre monfup .
plice,
Leurferez- vous un facrifice
Des foins de mon amour, cruelle? Et tou
tefois
Ŝ
Malgré cette extréme injuſtice,'
Vous aimeray-je ? Je le crois.
Après mille dures épreuves,
Mille foupirs, mille langueurs ,
Enfin vous connoftrèz partant & tantde
preuves,
Que vous caufez tous mes malheurs,
Et que c'est pour vous queje meurs.
Tandis que ma douleur & fidelle & cachés
du Mercure Galant. 309
Fera mon plus cher entretien,
Senfible à la pitié, de tant de maux touchée,
M'aimerez-vous? Je n'en crois rien.
83
Quand on aime beaucoup une Beautéfevere,
Le plus dur des tourmens c'eft de voirun
Rival
Ecouté d'une autre maniere ;
Quipeut voircelafans colere,.
Sans eftre jaloux, aime mal .
Lors que je vous verray, pour augmenter
mapeine,
Au préjudice de mes droits,
De quelque jeune Amantfaire unindigne
choix,
Injufte, infenfible, inhumaine ,
Vous aimeray -je ? je le crois.
03
S'il arrivoit, pour me vanger.
De ce choix cruel & perfage,
Que cet Amant foible & leger
De fon coeur à quelque autre allaſt faire
un hommage,
LO
Extraordinaine
Cet amourinconftant , fi diférent du mien,
Feroit ilfaireau voftre un retour équi
JUTNEZ AJ Я02 323
Erimi voj autfidello ansantque miférable,
27 44'aimerez- vouse, Je m'en crois rieniup
, sados 3D vz15 ]
Maisde mon tristefort pourquoyfaireun
Probléme?
En vain j'en ferois alarme, I
Voftre coeur eft injufte , & le mien eft
-3 charme; alit acitflegetai
Tris, c'est bien affez pour decider vouseve
Drivemeſme,
Et conclurre que je vous aime
Sans espérance d'eftre aimé...
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Résumé : PROBLEME : AMOUREUX DECIDÉ.
Dans cette lettre poétique, un homme mûr exprime son admiration pour une femme nommée Iris, dont la beauté et la voix l'enchantent. Il ressent une tendresse languissante qui le tourmente dès qu'il la voit. Il doute de la réciprocité de ses sentiments, craignant que sa vieillesse et ses cheveux gris ne le rendent ridicule face à de jeunes rivaux. Malgré cette injustice, il affirme qu'il continuera à l'aimer, même après mille épreuves et souffrances. Il anticipe la douleur de la voir préférer un autre homme et se demande si elle pourrait un jour le récompenser de son amour. Il conclut en affirmant qu'il l'aime sans espérance d'être aimé en retour.
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972
p. 311-312
DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
Début :
Cette Devise a pour corps la Lune, qui apres l'Eclipse qu'elle [...]
Mots clefs :
Statue, Lune, Éclipses, Lumière, Diane, Gloire, Esprits, Bonheur
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texteReconnaissance textuelle : DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
DEVISE SUR LA STATUE
de Diane trouvée en lav VVailllëe
Artes, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée , & qui
ma efté préſentée au Royd saa
Cette Devife a pour corps la Lune,
qui apres ↳ Eclipſe qu'elle fouffre par
l'interpofition de la Terre diametralemensoppofée
entre lle & le Soleil, fe
tire de l'ombre & reçoit la lumiere
de ce mefme Aftre. Cesparoles luyfervent
d'ame , Aliena luce corufcat .
Ellesfont expliquées par ces Vers.
Pourquoy
Ourquoy ne vanter pas cette illuftre
Diane,
Cet Oraclefameux, ce Chefd'oeuvre de
l'Art;
Puis que lesbeaux Efprits yprennent.tant
de parta
.
312
Extraordinaire
3
Et n'y trouvent rien de profane?
Pendant un long filence , & fans gloire
& fans bruit,
La terreluvfervoit d'une profonde nuit,
Quoy quel Aftredujourfist toûjoursfa
carrière ;
Mais par un bonheurfans pareil,
Si- toft qu'elle voit la lumiere,
Elle prendfon éclat de celuy du Soleil
RAULT.
de Diane trouvée en lav VVailllëe
Artes, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée , & qui
ma efté préſentée au Royd saa
Cette Devife a pour corps la Lune,
qui apres ↳ Eclipſe qu'elle fouffre par
l'interpofition de la Terre diametralemensoppofée
entre lle & le Soleil, fe
tire de l'ombre & reçoit la lumiere
de ce mefme Aftre. Cesparoles luyfervent
d'ame , Aliena luce corufcat .
Ellesfont expliquées par ces Vers.
Pourquoy
Ourquoy ne vanter pas cette illuftre
Diane,
Cet Oraclefameux, ce Chefd'oeuvre de
l'Art;
Puis que lesbeaux Efprits yprennent.tant
de parta
.
312
Extraordinaire
3
Et n'y trouvent rien de profane?
Pendant un long filence , & fans gloire
& fans bruit,
La terreluvfervoit d'une profonde nuit,
Quoy quel Aftredujourfist toûjoursfa
carrière ;
Mais par un bonheurfans pareil,
Si- toft qu'elle voit la lumiere,
Elle prendfon éclat de celuy du Soleil
RAULT.
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Résumé : DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
La devise sur la statue de Diane, découverte dans la vallée de Vaillèle, utilise la Lune comme symbole central. Après une éclipse, la Lune sort de l'ombre et reçoit la lumière du Soleil, illustrée par 'Aliena luce corufcat'. Les vers soulignent la grandeur de Diane et l'admiration pour cette œuvre. Le texte décrit une période de silence et d'obscurité sur Terre, suivie d'un retour à la lumière grâce au Soleil.
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973
p. 312-313
SENTIMENS D'UNE BELLE qui se repent de n'avoir pas conservé une Conqueste qu'elle avoit faite. / MADRIGAL.
Début :
Lors que Tircis bruloit d'amour, [...]
Mots clefs :
Amour, Art de plaire, Serments, Changement, Mal, Coeur, Vengeance, Martyre
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texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS D'UNE BELLE qui se repent de n'avoir pas conservé une Conqueste qu'elle avoit faite. / MADRIGAL.
SENTIMENS D'UNE BELLE
qui fe repent de n'avoir pas confervé
une Conquefte qu'elle:
avoit faite.
MADRIGAL.
Ors
que
Queje
Tircis bruloit d'amour,
Que je le voyais chaque jour
Avec empressement chercher l' Art de me
plaire,
Et qu'il me paroiffoitfincere:
Que parmillefermens, mais fermensfu
perfluss
du Mercure Galant. 31
Il me juroit d'eftre fidelle & tendre,
Et queles yeux m'en difoient encor plus,
Il avoit beau parler, je ne daignois l'en...
tendre:
Et par un changement queje nepuis comprendre,
Si- toft que més mépris l'ont forcé de
changer,
L'Amour, pour le vanger,
M'afait connoistreque je l'aime,
Et je me veux un mal extréme,
D'avoir pû voirfon coeur fe dégager.
Je m'en repens , Amour , ceffe demou
trager,
Soulage unfi cruel martires,
Et fi jamais dans ton Empire
Fe puis charmer quelque Berger,
Je te promets, Amour , de le bien ménager.
DIEREVILLE
qui fe repent de n'avoir pas confervé
une Conquefte qu'elle:
avoit faite.
MADRIGAL.
Ors
que
Queje
Tircis bruloit d'amour,
Que je le voyais chaque jour
Avec empressement chercher l' Art de me
plaire,
Et qu'il me paroiffoitfincere:
Que parmillefermens, mais fermensfu
perfluss
du Mercure Galant. 31
Il me juroit d'eftre fidelle & tendre,
Et queles yeux m'en difoient encor plus,
Il avoit beau parler, je ne daignois l'en...
tendre:
Et par un changement queje nepuis comprendre,
Si- toft que més mépris l'ont forcé de
changer,
L'Amour, pour le vanger,
M'afait connoistreque je l'aime,
Et je me veux un mal extréme,
D'avoir pû voirfon coeur fe dégager.
Je m'en repens , Amour , ceffe demou
trager,
Soulage unfi cruel martires,
Et fi jamais dans ton Empire
Fe puis charmer quelque Berger,
Je te promets, Amour , de le bien ménager.
DIEREVILLE
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Résumé : SENTIMENS D'UNE BELLE qui se repent de n'avoir pas conservé une Conqueste qu'elle avoit faite. / MADRIGAL.
Le madrigal 'Sentimens d'une belle' relate les regrets d'une femme d'avoir repoussé Tircis, un homme amoureux. Après l'avoir dédaigné, elle réalise son amour pour lui. Elle supplie l'Amour de soulager ses souffrances et promet de mieux traiter un futur amant.
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974
p. 314
TRADUCTION De la 61e Epigramme du 3e Livre, Qui commence par Elle nihil dicis, &c.
Début :
Tircis, tu dis que c'est un rien [...]
Mots clefs :
Coeur, Demande, Tircis, Martial
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION De la 61e Epigramme du 3e Livre, Qui commence par Elle nihil dicis, &c.
TRADUCTION
De la 61º Epigramme du 3º Livre,
T
Qui commence par
•par
..
Elle nihil dicis , & c.
* Ircis , tu dis que c'eſt un rien
Dontton coeur mefait la demande,
Si c'eft un rien, Tircis, hé-bien,
Je ne refufe rien à qui me le demande.
De la 61º Epigramme du 3º Livre,
T
Qui commence par
•par
..
Elle nihil dicis , & c.
* Ircis , tu dis que c'eſt un rien
Dontton coeur mefait la demande,
Si c'eft un rien, Tircis, hé-bien,
Je ne refufe rien à qui me le demande.
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975
p. 314
AUTRE, De la 24e du quatriéme Livre, Qui commence par Omnes quas habuit, &c.
Début :
Toutes les Dame que Sylvie [...]
Mots clefs :
Sylvie, Amitié, Ciel, Moitié, Martial
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE, De la 24e du quatriéme Livre, Qui commence par Omnes quas habuit, &c.
AUTRE,
De la 24 du quatriéme Livre,
}
Qui commence par
Omnes quas habuit , & c.
Outes les Dames que Sylvie
Tudonoredefon amitié,
N'ont pas longfejour dans la vie,
Hélas ! fi de mes maux le Ciel avoit pitie,
N'infpireroit- ilpas à mafotte Moitie
Le defir d'eftrefon Amie?
De la 24 du quatriéme Livre,
}
Qui commence par
Omnes quas habuit , & c.
Outes les Dames que Sylvie
Tudonoredefon amitié,
N'ont pas longfejour dans la vie,
Hélas ! fi de mes maux le Ciel avoit pitie,
N'infpireroit- ilpas à mafotte Moitie
Le defir d'eftrefon Amie?
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976
p. 319-318
QUELLE FORTUNE EST la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont les soins sont receus d'abord agréablement, & presque aussi tost recompensez ; ou le bonheur de celuy, qui apres avoir aimé quelque temps sans espérance, trouve enfin le coeur de sa Maistresse sensible.
Début :
Quand on obtient facilement [...]
Mots clefs :
Amour, Amant, Vérité, Beauté, Mépris, Sensible, Raisonnement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUELLE FORTUNE EST la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont les soins sont receus d'abord agréablement, & presque aussi tost recompensez ; ou le bonheur de celuy, qui apres avoir aimé quelque temps sans espérance, trouve enfin le coeur de sa Maistresse sensible.
QUELLE FORTUNE EST
la plus fatisfaifante en Amour , celle
d'un Amant dont les foins font receus
d'abord agréablement , & prefque auffi
toft recompenfez ; ou le bonheur de
celuy, qui apres avoir aimé quelque
temps fans efpérance , trouve enfin le
coeur de fa Maiftreffe fenfible.
Q
Vand on obtient facilement
Une jeune Beauté qu'on aime,
L'amour d'abord fuft- il extréme,
Dans lafuite l'on eft fatisfait rarements
Maisplus, avant la récompenfe ,
Un Amant voit de réfiftance,
Et plus il a de peine à pouvoir obtenir
L'Objet qui caufefon martire,
a
Plus leplaifir eft grand quand il peut par-
Ventr
A lapoffeffion de celle qu'il defire.
Oronte & Licidas prouveront mieux que
moy
)
Ddij
316 Extraordinaire
.
Cette Verité que j'avance.
Le premier dés l'abord uit recevoirfafox
allAvec prompta reconnoiffance,
Et la jeune Cloris qu'il voulut rechercher
Fut bien-toft mife enfa puiffance;
On la vit enfin s'attacher :
A get Amant dont le mérite
Eftoit accompagné d'une fage conduire.
Leur Hymen s'accomplit ; & le moment
fatal
Quidevoit caufer leur divorce,
Se couvrant à leurs yeux d'une fubtile
amorce,
Voulutfairefon coup dés le jourNuptial.
Cloris dans le Feftin vit paroiftxe Nicandre
Qui la regardoit d'un oeil tendre,
Elle devintfenfible , & répondant des
yeux
Afon muet langage,
Elle devint bientoft volage ,
Etne fit que chercher le moment précieux
Afin depouvoir entendre
du Mercure Galant.
317
Une déclaration
Quefit l'amoureux Nicandre
Defafollepaffion .
Elle oublia bien- toft cette foy conjugate`
Qu'elle devoit garder meſme malgré la
mort,
Et d'une ame inconftante, infidelle, inégale,
Elle fit éprouverun effroyablefort
Afon Epoux le pauvre Oronte,
Quine la trouva plus qu'un objet defa
bonte.
La haine & la rigueur, l'opprobre & le
mépris,
'
Furent dorénavant les Prix
Dont il vitque certe Infidelle
Voulutrécompenferſon amour &fonzile.
Mais au contraire Licidas.
Que l'on vit millefoss invoquer le trépas,
Nepouvant rendre Iris fenfible
Aux tendres mouvemens qui partoient de
fon cours
318 Extraordinaire
C
Employant tout le foin poffible
Afinde luy caufer unepareille ardeur,
Apres avoirfouffert , pleuré, priéfans ceffe
Cecher objet de fa tendreffe,
byer
Arriva ce jour bienheureux
Qu'il vit récompenferfesvoeux. 70
Depuis ce temps leur amour mutuelles
Paroift auxyeux de tous devoir eftre éter
nelle.
"Ainfi donc je conclus de cé raiſonnement ."
Que d'un amour trop prompt il naift d'é
trangesfuites;
Où quand il n'eft formé qu'apres plufieurs
poursuites,
Rarement on n'en voit qu'un bon évenement;
Et qu'enfin pour avoir toûjours l'ame contente,
Laderniere Fortune eft plusfatisfaisante.
la plus fatisfaifante en Amour , celle
d'un Amant dont les foins font receus
d'abord agréablement , & prefque auffi
toft recompenfez ; ou le bonheur de
celuy, qui apres avoir aimé quelque
temps fans efpérance , trouve enfin le
coeur de fa Maiftreffe fenfible.
Q
Vand on obtient facilement
Une jeune Beauté qu'on aime,
L'amour d'abord fuft- il extréme,
Dans lafuite l'on eft fatisfait rarements
Maisplus, avant la récompenfe ,
Un Amant voit de réfiftance,
Et plus il a de peine à pouvoir obtenir
L'Objet qui caufefon martire,
a
Plus leplaifir eft grand quand il peut par-
Ventr
A lapoffeffion de celle qu'il defire.
Oronte & Licidas prouveront mieux que
moy
)
Ddij
316 Extraordinaire
.
Cette Verité que j'avance.
Le premier dés l'abord uit recevoirfafox
allAvec prompta reconnoiffance,
Et la jeune Cloris qu'il voulut rechercher
Fut bien-toft mife enfa puiffance;
On la vit enfin s'attacher :
A get Amant dont le mérite
Eftoit accompagné d'une fage conduire.
Leur Hymen s'accomplit ; & le moment
fatal
Quidevoit caufer leur divorce,
Se couvrant à leurs yeux d'une fubtile
amorce,
Voulutfairefon coup dés le jourNuptial.
Cloris dans le Feftin vit paroiftxe Nicandre
Qui la regardoit d'un oeil tendre,
Elle devintfenfible , & répondant des
yeux
Afon muet langage,
Elle devint bientoft volage ,
Etne fit que chercher le moment précieux
Afin depouvoir entendre
du Mercure Galant.
317
Une déclaration
Quefit l'amoureux Nicandre
Defafollepaffion .
Elle oublia bien- toft cette foy conjugate`
Qu'elle devoit garder meſme malgré la
mort,
Et d'une ame inconftante, infidelle, inégale,
Elle fit éprouverun effroyablefort
Afon Epoux le pauvre Oronte,
Quine la trouva plus qu'un objet defa
bonte.
La haine & la rigueur, l'opprobre & le
mépris,
'
Furent dorénavant les Prix
Dont il vitque certe Infidelle
Voulutrécompenferſon amour &fonzile.
Mais au contraire Licidas.
Que l'on vit millefoss invoquer le trépas,
Nepouvant rendre Iris fenfible
Aux tendres mouvemens qui partoient de
fon cours
318 Extraordinaire
C
Employant tout le foin poffible
Afinde luy caufer unepareille ardeur,
Apres avoirfouffert , pleuré, priéfans ceffe
Cecher objet de fa tendreffe,
byer
Arriva ce jour bienheureux
Qu'il vit récompenferfesvoeux. 70
Depuis ce temps leur amour mutuelles
Paroift auxyeux de tous devoir eftre éter
nelle.
"Ainfi donc je conclus de cé raiſonnement ."
Que d'un amour trop prompt il naift d'é
trangesfuites;
Où quand il n'eft formé qu'apres plufieurs
poursuites,
Rarement on n'en voit qu'un bon évenement;
Et qu'enfin pour avoir toûjours l'ame contente,
Laderniere Fortune eft plusfatisfaisante.
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Résumé : QUELLE FORTUNE EST la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont les soins sont receus d'abord agréablement, & presque aussi tost recompensez ; ou le bonheur de celuy, qui apres avoir aimé quelque temps sans espérance, trouve enfin le coeur de sa Maistresse sensible.
Le texte examine deux types de fortunes en amour. La première concerne un amant dont les vœux sont rapidement exaucés. La seconde décrit un amant qui, après avoir aimé sans espoir, voit finalement sa maîtresse s'adoucir. Le texte affirme que l'amour facilement obtenu peut devenir extrême au début mais se raréfie ensuite. À l'inverse, un amour obtenu après résistance et peine procure un plaisir plus grand. L'exemple d'Oronte illustre la première fortune. Oronte reçoit promptement l'affection de Cloris, qu'il épouse. Cependant, Cloris devient infidèle dès le jour des noces, causant une grande souffrance à Oronte. Licidas incarne la seconde fortune. Après avoir souffert et prié sans cesse, Licidas voit enfin ses vœux récompensés. Son amour pour Iris, après de nombreuses poursuites, devient mutuel et éternel. Le texte conclut que la fortune la plus satisfaisante est celle où l'amour naît après plusieurs poursuites, plutôt qu'un amour trop prompt qui peut mener à des suites étranges.
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976
977
p. 319
QUESTION A DECIDER.
Début :
Si un Courtisan trompé dans ses [e]sperances, est plus à plaindre [...]
Mots clefs :
Questions, Amant, Courtisan, Infidélité, Prodigalité, Avarice
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texteReconnaissance textuelle : QUESTION A DECIDER.
QUESTIONS A DECIDER,
Si un Courtiſan trompé dans
fes fperances , eft plus à plaindre
qu'un Amant paffionné qui
ne peut toucher le coeur de la
Perfonne qu'il aime,
II.
Si l'infidelité d'une Maiftreffe
infidele, peut autorifer un Amant
trahy à eſtre indiſcret.
III.
Si la Prodigalité eft moins condamnable
que l'Avariće.
IV..
On demande l'origine des
Bombes.
Si un Courtiſan trompé dans
fes fperances , eft plus à plaindre
qu'un Amant paffionné qui
ne peut toucher le coeur de la
Perfonne qu'il aime,
II.
Si l'infidelité d'une Maiftreffe
infidele, peut autorifer un Amant
trahy à eſtre indiſcret.
III.
Si la Prodigalité eft moins condamnable
que l'Avariće.
IV..
On demande l'origine des
Bombes.
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978
p. 319
« Je suis, Madame, vostre, &c. [...] »
Début :
Je suis, Madame, vostre, &c. [...]
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texteReconnaissance textuelle : « Je suis, Madame, vostre, &c. [...] »
Je fuis , Madame , voftre , &c. ↓
A Paris ce 15. Avril 1685 .
A Paris ce 15. Avril 1685 .
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979
s. p.
TABLE DES MATIERES contenuës dans ce Volume.
Début :
Sonnets en Bouts-rimez, 3, Origine de la Sépulture, & des Tombeaux [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TABLE DES MATIERES contenuës dans ce Volume.
TABLE DES MATIERES
contenues dans ce Volume.
Onnets en Bouts-rimez, is
44.
Origine de la Sépulture, & des Tombeaux
par M. Rault de Rouen,
Sentimens en Vers fur les Questions du
XXVIII. Extraordinaire , par M.
Bouchet , Ancien Curé de Nogent- lele-
Roy,
Divers Madrigaux fur les Enigmes de la
Vigne Vierge, & de la Cerife,
82
88
106
Neuvième Partie du Traité des Lunetes,
par M. Comiers, d' Ambrun,
Sentimens en Vers fur toutes les Queftions
du dernier Extraordinaire par
M. Diéreville,
Autres Explications des Enigmes de la
Vigne Vierge & de la Cerife,
Explication de la premiere Enigme de
Janvier, fur le Bandeau,
157
164
768
Autrefur le nom de M. le Marquis de
Dangeau,
170
TABLE.
Explications de la feconde Enigmë,fur lès:
Mots,
Billet de Madame de P.
Réponsede Mr P......
172
176.
177.
Stances à Cephife, fur un petit Chien, 183.
L'AmourBizarre, Hiftoire veritable, 196
Traduction de l'Ode d'Horace, qui commence
par Audivete, Lyce , 216
Aux Poëtes qui ont remporté le dernier
Prix de Vers de l'Académie Fran-
219 coife,
Anagrammefur le Nom du Roy, par M.
Abbé Galais,
Portrait en Vers,
227
229
Un Homme en mourant, a deux Amis auprés
de luy. Il en fait retirer un parce
que fa prefence l'afflige , & fair demeu
rer l'autre, parce que fa préfence leconfole.
Ondemande lequelil aime le plus.
Réponse à cerre Question par Gyges du
13232
Havre,
Plaisirs d'un Amant; Sonnet, vidis 236-
Sonnets fur lesBouts- rimez de gloire, 137
Epitaphed'un Perroquet, par M. Diére..
ville 240
TABLE.
242 Songe d'Arifte à Philemon,
Explications des Enigmes de l'Imprimerie
, & de la Lanterne , avec les noms
de tous ceux qui en ont trouvé le vray
fens;
Explication de la Vigne vierge & de lacerife
par M.leBoullenger de Rouen, 278
Lettre du Berger Fleuriste fur la Pierre
Philofophale,
La Corneille déplumée. Fable,
Probleme Amoureux decidé,
254
279
303
307
Devife (ur la Statue de Diane trouvée en
la Ville d' Arles, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée,
Sentée au Roy,
qui a eftépré-
31
Sentimens d'une Belle qui fe repent de
n'avoir pas confervé une Conqueſte
qu'elle avoit faire, 312
Traduction de deux Epigrammes , 314
Réponse à tapremiere Queftiondu dernier
Extraordinaire,
Questions àdecider
·315
319
contenues dans ce Volume.
Onnets en Bouts-rimez, is
44.
Origine de la Sépulture, & des Tombeaux
par M. Rault de Rouen,
Sentimens en Vers fur les Questions du
XXVIII. Extraordinaire , par M.
Bouchet , Ancien Curé de Nogent- lele-
Roy,
Divers Madrigaux fur les Enigmes de la
Vigne Vierge, & de la Cerife,
82
88
106
Neuvième Partie du Traité des Lunetes,
par M. Comiers, d' Ambrun,
Sentimens en Vers fur toutes les Queftions
du dernier Extraordinaire par
M. Diéreville,
Autres Explications des Enigmes de la
Vigne Vierge & de la Cerife,
Explication de la premiere Enigme de
Janvier, fur le Bandeau,
157
164
768
Autrefur le nom de M. le Marquis de
Dangeau,
170
TABLE.
Explications de la feconde Enigmë,fur lès:
Mots,
Billet de Madame de P.
Réponsede Mr P......
172
176.
177.
Stances à Cephife, fur un petit Chien, 183.
L'AmourBizarre, Hiftoire veritable, 196
Traduction de l'Ode d'Horace, qui commence
par Audivete, Lyce , 216
Aux Poëtes qui ont remporté le dernier
Prix de Vers de l'Académie Fran-
219 coife,
Anagrammefur le Nom du Roy, par M.
Abbé Galais,
Portrait en Vers,
227
229
Un Homme en mourant, a deux Amis auprés
de luy. Il en fait retirer un parce
que fa prefence l'afflige , & fair demeu
rer l'autre, parce que fa préfence leconfole.
Ondemande lequelil aime le plus.
Réponse à cerre Question par Gyges du
13232
Havre,
Plaisirs d'un Amant; Sonnet, vidis 236-
Sonnets fur lesBouts- rimez de gloire, 137
Epitaphed'un Perroquet, par M. Diére..
ville 240
TABLE.
242 Songe d'Arifte à Philemon,
Explications des Enigmes de l'Imprimerie
, & de la Lanterne , avec les noms
de tous ceux qui en ont trouvé le vray
fens;
Explication de la Vigne vierge & de lacerife
par M.leBoullenger de Rouen, 278
Lettre du Berger Fleuriste fur la Pierre
Philofophale,
La Corneille déplumée. Fable,
Probleme Amoureux decidé,
254
279
303
307
Devife (ur la Statue de Diane trouvée en
la Ville d' Arles, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée,
Sentée au Roy,
qui a eftépré-
31
Sentimens d'une Belle qui fe repent de
n'avoir pas confervé une Conqueſte
qu'elle avoit faire, 312
Traduction de deux Epigrammes , 314
Réponse à tapremiere Queftiondu dernier
Extraordinaire,
Questions àdecider
·315
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Résumé : TABLE DES MATIERES contenuës dans ce Volume.
Le document est une table des matières d'un volume regroupant divers textes littéraires et poétiques. Il inclut des œuvres telles que 'Onnets en Bouts-rimez' et 'Origine de la Sépulture, & des Tombeaux' par M. Rault de Rouen. Le volume contient également des sentiments en vers sur les questions du XXVIII. Extraordinaire par M. Bouchet, ainsi que des madrigaux sur les énigmes de la Vigne Vierge et de la Cerise. La 'Neuvième Partie du Traité des Lunetes' par M. Comiers d'Ambrun y figure aussi, ainsi que des sentiments en vers sur les questions du dernier Extraordinaire par M. Diéreville. Le document liste des explications d'énigmes, des stances, des histoires, des traductions, des anagrammes, des portraits en vers, et des réponses à diverses questions. Parmi les auteurs mentionnés figurent M. le Marquis de Dangeau, M. Diéreville, et l'Abbé Galais. Le volume comprend également des fables, des problèmes amoureux, des devises, et des traductions d'épigrammes.
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980
s. p.
« La Figure estant déployée, doit regarder la page 147. [...] »
Début :
La Figure estant déployée, doit regarder la page 147. [...]
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La Figure eftant déployće , doit regarder
la page 147.
la page 147.
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981
s. p.
« On donnera toûjours un Volume nouveau du Mercure Galant [...] »
Début :
On donnera toûjours un Volume nouveau du Mercure Galant [...]
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texteReconnaissance textuelle : « On donnera toûjours un Volume nouveau du Mercure Galant [...] »
O
i
N donnera toûjours un Volume,
nouveau du Mercure Galant le
premier jour de chaque Mois , & on
le vendra , auffi -bien que l'Extraor
dinaire , Trente fols relié en Veau,
& Vingt-cinq fols en Parchemin
i
N donnera toûjours un Volume,
nouveau du Mercure Galant le
premier jour de chaque Mois , & on
le vendra , auffi -bien que l'Extraor
dinaire , Trente fols relié en Veau,
& Vingt-cinq fols en Parchemin
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982
s. p.
TABLE DES MATIERES contenuës dans ce Volume.
Début :
Prélude, 1, Déclaration du Roy, 3, Arrests du Conseil d'Etat, [...]
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texteReconnaissance textuelle : TABLE DES MATIERES contenuës dans ce Volume.
TABLE DES MATIERES
contenues dans ce Volume.
Péclaration du Roy,
Arrefts du Confeil d'Etat,
Ordonnance,
3.
7
14.
Le France au Roy, fur l'Extirpation de
l-Heréfie,
Sonnet,
Edit,
Sonnets ,
Ecritures,
18:
32.
35
43
45
87
Lettre concernant les Langues, Lettres,
Morts,
કે
Difcours de M. Magnin à Meffieurs de
l'Académie Royale d' Arles, 93
Ordre de S. Maurice donné à M. d'Hoxier,
Penfion donnée par le Roy,
Avanture,
Fable,
113
114
115
122
Ambaffadeurs nommez par le Roy, 130
Morts,
Lettre en Profe & enVers,
133
140
TABLE.
Nouveaux Confeillers d'Etat,
Mariages,
147
ISI
Arivée de la Statue duRoy auHavre, 160
Stances ,
Chef-d'oeuvre de Peinture,
164
169
Hiftoire des malheurs de Charles II. Roy
d'Angleterre,.
Mort du Roy d'Angleterre,
179
285
Harangue du Roy d'Angleterre Jacques
11. apres la mort du Royfon Frere, 263
Proclamation du nouveau Roy,
Ordonnance du mefme Roy,
Origine de la Maison de Stuart,
Mariage,
267
272
28F
286
289
299
Etabliffement d'unOpéra à Marſeille , 287
Suite de l'Article de Siam ,
Morts,
•Entrée de Madame l' Abbeffe de la Virginité
à Port- Royal, 308
M. le Marquis de Dangeau eft pourvû
de la Charge de Chevalierd'Honneur
de Madame la Dauphine, 316
Noms de ceux qui ont deviné les Enigmes
du dernier mois,
Enigmes,
Comédies nouvelles,
312
314
318
contenues dans ce Volume.
Péclaration du Roy,
Arrefts du Confeil d'Etat,
Ordonnance,
3.
7
14.
Le France au Roy, fur l'Extirpation de
l-Heréfie,
Sonnet,
Edit,
Sonnets ,
Ecritures,
18:
32.
35
43
45
87
Lettre concernant les Langues, Lettres,
Morts,
કે
Difcours de M. Magnin à Meffieurs de
l'Académie Royale d' Arles, 93
Ordre de S. Maurice donné à M. d'Hoxier,
Penfion donnée par le Roy,
Avanture,
Fable,
113
114
115
122
Ambaffadeurs nommez par le Roy, 130
Morts,
Lettre en Profe & enVers,
133
140
TABLE.
Nouveaux Confeillers d'Etat,
Mariages,
147
ISI
Arivée de la Statue duRoy auHavre, 160
Stances ,
Chef-d'oeuvre de Peinture,
164
169
Hiftoire des malheurs de Charles II. Roy
d'Angleterre,.
Mort du Roy d'Angleterre,
179
285
Harangue du Roy d'Angleterre Jacques
11. apres la mort du Royfon Frere, 263
Proclamation du nouveau Roy,
Ordonnance du mefme Roy,
Origine de la Maison de Stuart,
Mariage,
267
272
28F
286
289
299
Etabliffement d'unOpéra à Marſeille , 287
Suite de l'Article de Siam ,
Morts,
•Entrée de Madame l' Abbeffe de la Virginité
à Port- Royal, 308
M. le Marquis de Dangeau eft pourvû
de la Charge de Chevalierd'Honneur
de Madame la Dauphine, 316
Noms de ceux qui ont deviné les Enigmes
du dernier mois,
Enigmes,
Comédies nouvelles,
312
314
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Résumé : TABLE DES MATIERES contenuës dans ce Volume.
Le document est une table des matières d'un volume historique contenant divers types de textes et événements. Il inclut des déclarations royales, des arrêts du Conseil d'État, des ordonnances, des lettres, des discours, des poèmes (sonnets et stances), des fables, des récits d'aventures, et des comptes rendus de mariages et de nominations. Parmi les points essentiels figurent la déclaration du roi, les arrêts du Conseil d'État, et plusieurs édits et ordonnances. Le texte mentionne également des événements politiques et sociaux, tels que l'arrivée de la statue du roi au Havre et l'établissement d'un opéra à Marseille. Des informations sur des décès, des nominations, et des missions diplomatiques, comme la nomination d'ambassadeurs et la désignation de nouveaux conseillers d'État, sont également présentes. Le document se conclut par des références à des énigmes, des comédies nouvelles, et des noms de personnes ayant résolu des énigmes.
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983
p. 1-2
Prélude, [titre d'après la table]
Début :
On vous a dit vray, Madame. Ce sont tous les jours Divertissemens [...]
Mots clefs :
Divertissement, Versailles, Majesté, Conseils, Gloire, Royaume de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prélude, [titre d'après la table]
N vous a dit
vray,
Madame . Ce font
tous les
jours
Divertiffemens
nouveaux
à
Verſailles . Les Apartemens
, le Bal , l'Opéra
&
la
Comédie
, font des
plaifirs
que l'on y fait
fucceder
Fevrier 1685. A
2 MERCURE
les uns aux autres , & tout
y eft digne de la majeſté du
Lieu ; mais ce qui vous furprendra
, c'eft que pendant
que toute la Cour fe divertit,
le
Roy
que les longs
&Confeils
où il eft inceffamment,
devroient avoir rebuté, prend
encore ce temps pour travailler
en particulier , tant il
a foin de répondre aux intentions
du Ciel , qui ne l'a
mis dans le Trône , qu'afin
qu'en veillant au bien 'de fes
Peuples , il portaft la France
dans le haut degré de gloire
où nous la voyons .
vray,
Madame . Ce font
tous les
jours
Divertiffemens
nouveaux
à
Verſailles . Les Apartemens
, le Bal , l'Opéra
&
la
Comédie
, font des
plaifirs
que l'on y fait
fucceder
Fevrier 1685. A
2 MERCURE
les uns aux autres , & tout
y eft digne de la majeſté du
Lieu ; mais ce qui vous furprendra
, c'eft que pendant
que toute la Cour fe divertit,
le
Roy
que les longs
&Confeils
où il eft inceffamment,
devroient avoir rebuté, prend
encore ce temps pour travailler
en particulier , tant il
a foin de répondre aux intentions
du Ciel , qui ne l'a
mis dans le Trône , qu'afin
qu'en veillant au bien 'de fes
Peuples , il portaft la France
dans le haut degré de gloire
où nous la voyons .
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Résumé : Prélude, [titre d'après la table]
En février 1685, à Versailles, la cour se divertit dans les appartements, au bal, à l'opéra et à la comédie. Louis XIV profite de ces moments pour travailler en privé, motivé par le désir de répondre aux intentions divines et de porter la France à un haut degré de gloire.
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984
p. 2-7
Déclaration du Roy, [titre d'après la table]
Début :
Parmy les Affaires importantes ausquelles ce grand Prince employe souvent [...]
Mots clefs :
Affaires, Hérésie, Protestants, Articles, Édit de Nantes, Culte, Juges, Intendants, Prétendus réformés, Arrêts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Déclaration du Roy, [titre d'après la table]
Parmy
GALANT 3
les Affaires importantes aufquelles
ce grand Prince employe
fouvent les journées
entieres , il ne s'applique à
aucune avec plus d'attention
, qu'à ce qui regarde
1'Extirpation de l'Heréfie .
Cela fe connoift par les Déclarations
que l'on continue
à publier contre les abus qui
ont efté jufqu'icy fouferts
aux Prétendus Reformez.
Quoy que par l'Article 43.
des Particuliers de l'Edit de
Nantes , il ne leur foit permis
de lever fur eux que
des fommes néceffaires pour
A ij
4 MERCURE
les frais de leurs Sinodes, &
pour l'exercice de leur Religion
, dont ils doivent faire
le Département en préfence
des Juges Royaux des Lieux ,
ce qui a efté confirmé par
les Articles 11. & 35 , de la
Déclaration de Sa Majefté
du premier Janvier 1669.
neanmoins il eſt arrivé qu'abufant
de cette Permiflion,
ils ont fait en divers Lieux
des Impofitions fur eux- mémes
, de leur autorité privée,
& fans l'affiftance des Juges ,
& en d'autres impofé diverfes
fommes pour des ufages
GALANT. 5
5 A
illicites. Le Roy qui en a
efté informé , jugeant à propos
de remédier à ce defordre
, a ordonné , Que les
Habitans de la Religion Préten
due Réformée feront tenus de
reprefenter pardevant les Intendans
Commiffaires départis
dans les Provinces & Generalitez
du Royaume , les Origi
naux des Etats d'Impofitions, e
Départemens par eux faits fur
eux-mefmes depuis vingt- neuf
années , avec les Comptes qui
en ont efté rendus , les Piéces
juftificatives , Registres , & autres
Actes , afin que les Inten
6 MERCURE
7.
a
le
dans & Commiffaires départis
en ayant dreffe leurs Procez Verbaux,
qu'on rapportera à Sa Majeſté
avec leurs Avis , il foit ordonné
ce qu'il appartiendra ; autrement,
& à faute par ceux
de cette Religion d'y fatisfaire
dans le delay d'un mois apres
jour de la fignification de l'Arreft
donné fur cc fujet , Sa Majefté
leur fait défenfes de faire
aucunes Impofitions fans fa permiffion
expreffe , à peine d'eftre
વે
punis felon la rigueur des Ordonnances
; & à fes Officiers,
d'autorifer ces Impofitions , à moins
qu'ils ne juftifient par un Cer
GALANT. 7
tificat des Intendans Commiffaires
départis , qu'ils auront
fatisfait à l'Arrest ; fans préjudice
neanmoins des Contrainles
Intendans
tes par corps que
Commiffaires
départis pourront
décerner contre les Anciens
Syndics de chaque année.
GALANT 3
les Affaires importantes aufquelles
ce grand Prince employe
fouvent les journées
entieres , il ne s'applique à
aucune avec plus d'attention
, qu'à ce qui regarde
1'Extirpation de l'Heréfie .
Cela fe connoift par les Déclarations
que l'on continue
à publier contre les abus qui
ont efté jufqu'icy fouferts
aux Prétendus Reformez.
Quoy que par l'Article 43.
des Particuliers de l'Edit de
Nantes , il ne leur foit permis
de lever fur eux que
des fommes néceffaires pour
A ij
4 MERCURE
les frais de leurs Sinodes, &
pour l'exercice de leur Religion
, dont ils doivent faire
le Département en préfence
des Juges Royaux des Lieux ,
ce qui a efté confirmé par
les Articles 11. & 35 , de la
Déclaration de Sa Majefté
du premier Janvier 1669.
neanmoins il eſt arrivé qu'abufant
de cette Permiflion,
ils ont fait en divers Lieux
des Impofitions fur eux- mémes
, de leur autorité privée,
& fans l'affiftance des Juges ,
& en d'autres impofé diverfes
fommes pour des ufages
GALANT. 5
5 A
illicites. Le Roy qui en a
efté informé , jugeant à propos
de remédier à ce defordre
, a ordonné , Que les
Habitans de la Religion Préten
due Réformée feront tenus de
reprefenter pardevant les Intendans
Commiffaires départis
dans les Provinces & Generalitez
du Royaume , les Origi
naux des Etats d'Impofitions, e
Départemens par eux faits fur
eux-mefmes depuis vingt- neuf
années , avec les Comptes qui
en ont efté rendus , les Piéces
juftificatives , Registres , & autres
Actes , afin que les Inten
6 MERCURE
7.
a
le
dans & Commiffaires départis
en ayant dreffe leurs Procez Verbaux,
qu'on rapportera à Sa Majeſté
avec leurs Avis , il foit ordonné
ce qu'il appartiendra ; autrement,
& à faute par ceux
de cette Religion d'y fatisfaire
dans le delay d'un mois apres
jour de la fignification de l'Arreft
donné fur cc fujet , Sa Majefté
leur fait défenfes de faire
aucunes Impofitions fans fa permiffion
expreffe , à peine d'eftre
વે
punis felon la rigueur des Ordonnances
; & à fes Officiers,
d'autorifer ces Impofitions , à moins
qu'ils ne juftifient par un Cer
GALANT. 7
tificat des Intendans Commiffaires
départis , qu'ils auront
fatisfait à l'Arrest ; fans préjudice
neanmoins des Contrainles
Intendans
tes par corps que
Commiffaires
départis pourront
décerner contre les Anciens
Syndics de chaque année.
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Résumé : Déclaration du Roy, [titre d'après la table]
Le texte décrit les mesures prises par un grand prince pour contrer les abus commis par les réformés, malgré les dispositions de l'Édit de Nantes et des déclarations royales qui autorisent ces derniers à lever des fonds pour leurs synodes et pratiques religieuses sous supervision judiciaire. Des abus ont été relevés, notamment des impositions sans l'assistance des juges et des levées de fonds à des fins illicites. Informé de ces abus, le roi a ordonné aux réformés de présenter aux intendants et commissaires provinciaux les documents relatifs aux impositions et départements des vingt-neuf dernières années, ainsi que les comptes et justificatifs. Les intendants doivent dresser des procès-verbaux et les soumettre au roi avec leurs avis pour déterminer les mesures à prendre. À défaut de réponse satisfaisante dans un mois, toute imposition sans permission royale est interdite, sous peine de sanctions. Les officiers ne peuvent autoriser ces impositions sans certificat des intendants. Ces derniers peuvent également contraindre les anciens syndics par corps.
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985
p. 7-14
Arrests du Conseil d'Etat, [titre d'après la table]
Début :
Il y a eu deux autres Arrests du Conseil d'Etat, l'un du [...]
Mots clefs :
Arrêt du Conseil d'État, Prétendus réformés, Ministres, Impôt, Requêtes, Députés, Consistoire, Chancelier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arrests du Conseil d'Etat, [titre d'après la table]
Il y a eu deux autres Arrefts
du Confeil d'Etat , l'un
du 8. Janvier , & l'autre du
17. du mefme mois. Le premier
porte , que les Prétendus
Réformez ayant fait tous
leurs efforts pour faire
faire
accorder
à leurs Miniftres l'exemption
de la Taille, telle qu'on
A iiij
8 MERCURE
l'a accordée aux Eccléfiaftiques
; & ayant réiteré leur
demande
non feulement
dans leurs Cahiers
de 1602 ,
la
1604 , 1608 , 1611 , 1619 , 1621,
& 1622 , mais encore par
Requeſte que leurs Députez
préfentérent à cet effet , Arreft
intervint le 17. Juillet 1624. par
lequel , conformément aux
Réponses faites fur ces Cahiers
, il fut ordonné que leurs
Miniftres joüiroient de l'exéption
des Tailles & autres
Impofitions pour leurs Meubles
, Penfions , & Gages feulement,
& qu'ils ne pourroient
GALANT. 9
eftre Impofez qu'à proportion
de leurs Héritages, & autres
Biens .Voila tout ce qu'ils
purent alors obtenir. Cependant
par un uſage abufif qui
ne sçauroit prévaloir fur l'Ar
reft de 1624. donné mefme fur
la Requeſte de leurs Dépu
tez , & qui n'a jamais efté révoqué
, les Miniftres qui poffedent
des Biens immeubles,
n'ont pas laiffé de jouir dans
beaucoup
de lieux de l'Exem
ption entiére de la Taille , foit
qu'on ne les ait pas diftinguez
d'avec ceux qui n'avoient
que leurs Gages &
10 MERCURE
leursMeubles ,ou qu'un nom
bre confidérable de perfonnes
de cette Religion eftant
dans ces lieux ,lors qu'ils ont
efté Collecteurs , ils les ayent
voulu favorifer , le Roy qu'on
a informé de cet abus , a crû
néceffaire d'y pourvoir , &
pour cela il a Ordonné conformément
à l'Arreft du 17
Juillet 1624. Que tous Minifires
de la Religion Prétendue
Réformée , feront compris & employez
dans les Rôles des Tailles,
à proportion des biens qu'ils pof.
fedent autres que leurs Gages,
Les Meubles quifervent à leur
GALANT. II
ufage , pour lesquels feulement
ils jouiront de l'exemption des
Tailles , nonobftant tout ce qui
pourroit eftre allegué, oppoſitions ,
autres empefchemens , aufquels
on n'aura aucun égard.
Je vous ay parlé dans mes
Lettres precédentes d'une
Déclaration du 21 Aouft dernier
, par laquelle il a efté ordonné
que ceux de la Religion
Prétendue Réformée,
ne pourront tenir Confiftoire
qu'une fois en quinze jours,
en prefence d'un Juge commis
par Sa Majefté ; & que les
deniers que ceux de cette
12 MERCURE
Religion peuvent lever fur
eux , fuivant les Edits & Dé
clarations , feront impofez
devant le Juge , le Roy efti
mant que pour l'entiére execution
de cette Déclaration ,
les Juges qui feront commis
pour affifter à ces Confiftoires,
doivent avoir connoiffan
ce de toutes les Déliberations
qui y feront prifes , & des deniers
qu'on impofera , pour
en rendre compte lors qu'il
en fera befoin , a ordonné
par fon Arreft du Confeil d'Etat
du 17. de l'autre mois ,
Que les luges qui ont efté, &
GALANT. 13
4
qui feront cy- apres commis pour
affifter à ces Confiftoires , para
pheront à la fin de chaque Affemblée
, les Déliberations qu'on
y auraprifes , les ferontfigner
par les Miniftres & Anciens,
avec défences à ceux de la Religion
Prétendue Reformée , d'en
écrire dans leurs Regiftres , ny
executer d'autres que celles qui
auront efté prifes en prefence des
Iuges commis, par eux paraphées
; comme auffi que les Rôles
des deniers que ceux de cette Religion
ont pouvoir de lever fur
eux , feront paraphez par les
mefmes luges , &fignezpar les
14 MERCURE
Miniftres Anciens , & faits
doubles , l'un defquelsfera donné
au Tuge , en prefence de qui l'Impofition
aura eftéfaite , pour l'envoyer
à M¹ le Chancelier tous
les fix mois.
du Confeil d'Etat , l'un
du 8. Janvier , & l'autre du
17. du mefme mois. Le premier
porte , que les Prétendus
Réformez ayant fait tous
leurs efforts pour faire
faire
accorder
à leurs Miniftres l'exemption
de la Taille, telle qu'on
A iiij
8 MERCURE
l'a accordée aux Eccléfiaftiques
; & ayant réiteré leur
demande
non feulement
dans leurs Cahiers
de 1602 ,
la
1604 , 1608 , 1611 , 1619 , 1621,
& 1622 , mais encore par
Requeſte que leurs Députez
préfentérent à cet effet , Arreft
intervint le 17. Juillet 1624. par
lequel , conformément aux
Réponses faites fur ces Cahiers
, il fut ordonné que leurs
Miniftres joüiroient de l'exéption
des Tailles & autres
Impofitions pour leurs Meubles
, Penfions , & Gages feulement,
& qu'ils ne pourroient
GALANT. 9
eftre Impofez qu'à proportion
de leurs Héritages, & autres
Biens .Voila tout ce qu'ils
purent alors obtenir. Cependant
par un uſage abufif qui
ne sçauroit prévaloir fur l'Ar
reft de 1624. donné mefme fur
la Requeſte de leurs Dépu
tez , & qui n'a jamais efté révoqué
, les Miniftres qui poffedent
des Biens immeubles,
n'ont pas laiffé de jouir dans
beaucoup
de lieux de l'Exem
ption entiére de la Taille , foit
qu'on ne les ait pas diftinguez
d'avec ceux qui n'avoient
que leurs Gages &
10 MERCURE
leursMeubles ,ou qu'un nom
bre confidérable de perfonnes
de cette Religion eftant
dans ces lieux ,lors qu'ils ont
efté Collecteurs , ils les ayent
voulu favorifer , le Roy qu'on
a informé de cet abus , a crû
néceffaire d'y pourvoir , &
pour cela il a Ordonné conformément
à l'Arreft du 17
Juillet 1624. Que tous Minifires
de la Religion Prétendue
Réformée , feront compris & employez
dans les Rôles des Tailles,
à proportion des biens qu'ils pof.
fedent autres que leurs Gages,
Les Meubles quifervent à leur
GALANT. II
ufage , pour lesquels feulement
ils jouiront de l'exemption des
Tailles , nonobftant tout ce qui
pourroit eftre allegué, oppoſitions ,
autres empefchemens , aufquels
on n'aura aucun égard.
Je vous ay parlé dans mes
Lettres precédentes d'une
Déclaration du 21 Aouft dernier
, par laquelle il a efté ordonné
que ceux de la Religion
Prétendue Réformée,
ne pourront tenir Confiftoire
qu'une fois en quinze jours,
en prefence d'un Juge commis
par Sa Majefté ; & que les
deniers que ceux de cette
12 MERCURE
Religion peuvent lever fur
eux , fuivant les Edits & Dé
clarations , feront impofez
devant le Juge , le Roy efti
mant que pour l'entiére execution
de cette Déclaration ,
les Juges qui feront commis
pour affifter à ces Confiftoires,
doivent avoir connoiffan
ce de toutes les Déliberations
qui y feront prifes , & des deniers
qu'on impofera , pour
en rendre compte lors qu'il
en fera befoin , a ordonné
par fon Arreft du Confeil d'Etat
du 17. de l'autre mois ,
Que les luges qui ont efté, &
GALANT. 13
4
qui feront cy- apres commis pour
affifter à ces Confiftoires , para
pheront à la fin de chaque Affemblée
, les Déliberations qu'on
y auraprifes , les ferontfigner
par les Miniftres & Anciens,
avec défences à ceux de la Religion
Prétendue Reformée , d'en
écrire dans leurs Regiftres , ny
executer d'autres que celles qui
auront efté prifes en prefence des
Iuges commis, par eux paraphées
; comme auffi que les Rôles
des deniers que ceux de cette Religion
ont pouvoir de lever fur
eux , feront paraphez par les
mefmes luges , &fignezpar les
14 MERCURE
Miniftres Anciens , & faits
doubles , l'un defquelsfera donné
au Tuge , en prefence de qui l'Impofition
aura eftéfaite , pour l'envoyer
à M¹ le Chancelier tous
les fix mois.
Fermer
Résumé : Arrests du Conseil d'Etat, [titre d'après la table]
Le texte relate deux arrêts du Conseil d'État concernant les réformés et leurs ministres. Le premier arrêt, du 8 janvier, évoque les tentatives des réformés pour obtenir l'exemption de la taille pour leurs ministres, similaire à celle accordée aux ecclésiastiques. Cette demande a été répétée dans divers cahiers entre 1602 et 1622 et par une requête en 1624. L'arrêt du 17 juillet 1624 a accordé cette exemption uniquement pour les meubles, pensions et gages des ministres, tout en les imposant proportionnellement à leurs héritages et autres biens. Un abus a permis à certains ministres de bénéficier d'une exemption totale de la taille sur leurs biens immeubles. Le roi a alors ordonné que tous les ministres réformés soient inclus dans les rôles des tailles proportionnellement à leurs biens, sauf pour leurs gages et meubles. De plus, une déclaration du 21 août a stipulé que les réformés ne peuvent tenir consistoire qu'une fois en quinze jours, en présence d'un juge royal. Les deniers levés doivent être imposés devant ce juge, et les délibérations des consistoires doivent être paraphes par les juges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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986
p. 14-15
Ordonnance, [titre d'après la table]
Début :
Mr de Sourches grand Prevost, ayant receu ordre de Sa Majesté, [...]
Mots clefs :
Grand Prévot, Calvinistes, Ordonnance, Marchands, Prétendus réformés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ordonnance, [titre d'après la table]
M de Sourches grand
Prevoft, ayant receu ordre de
Sa Majeſté , de ne ſouffrir aucuns
Calvinistes , ny autres
Herétiques , parmy les Marchands
Privilegiez qui font
fous fa charge , a fait auffi publier
une Ordonnance du 9 .
du dernier mois , par laquelle
il eft enjoint à tous les Marchands
Privilégiez qui fuia
GALANT
15
vent la Cour, & qui font de lá
Religion Prétendue Réformée
, ou de quelqu'autre
Secte d'Herétiques que ce
foit , de vendre leurs Priviléges
, dans un mois du jour
de la fignification de cette
Ordonnance , à peine de defobéiffance
formelle.
Prevoft, ayant receu ordre de
Sa Majeſté , de ne ſouffrir aucuns
Calvinistes , ny autres
Herétiques , parmy les Marchands
Privilegiez qui font
fous fa charge , a fait auffi publier
une Ordonnance du 9 .
du dernier mois , par laquelle
il eft enjoint à tous les Marchands
Privilégiez qui fuia
GALANT
15
vent la Cour, & qui font de lá
Religion Prétendue Réformée
, ou de quelqu'autre
Secte d'Herétiques que ce
foit , de vendre leurs Priviléges
, dans un mois du jour
de la fignification de cette
Ordonnance , à peine de defobéiffance
formelle.
Fermer
Résumé : Ordonnance, [titre d'après la table]
Une ordonnance de M. de Sourches, prévôt, interdit aux calvinistes et hérétiques d'être marchands privilégiés. Ils doivent vendre leurs privilèges en un mois, sous peine de désobéissance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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987
p. 15-31
LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
Début :
On ne doit point s'étonner apres tous ces soins, / Grand Roy, qui dans l'Eglise avez le Droit d'Ainesse, [...]
Mots clefs :
Louanges, Monarque, Chevalier de Longueil, Hérésie, Lois, Église, Couronne, Honneur, Grandeur, Monstres, Conversion, Tyrans, Vérité, Auteurs, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
On ne doit point s'étonner
apres tous ces foins , qui font
fuivis tous les jours de fuccez
tres- favorables , fi l'on entend
retentir de toutes parts les
loüanges de noftre augufte
Monarque. Je croy ne pouvoir
vous les faire entendre
16 MERCURE
d'une maniére plus agréable ,
qu'en vous envoyant les Vers
que vous allez lire . Ils font de
M'le Chevalier de Longueil,
qui ſe diſtingue autant par les
belles Lettres que par les Mathématiques
. Če Gentilhomme
qui demeure en Anjou ,
eft de l'Illuftre Maifon de
Longueil , qui a l'honneur de
voir encore aujourd'huy M¹
le Préfident de Maifons, exercer
une des premiéres Charges
de la Juſtice , avec toute
la réputation que ſes Ance
ftres ont acquife pendant les
trois derniers Siécles , & fen
GALANT.
17
3
>
M' le Préfident de Maiſons.
fon Pere , Surintendant des
Finances en celuy- cy. Il
femble que M' le Chevalier
de Longueil ait voulu imiter
dans ces vers le zéle de Chriftophe
de Longueil , le plus
celebre Orateur Latin , que las
France ait eu jufques à luy ,,
lequel déclama dans l'Eglife
de S. Pierre , en prefence dus
Pape Leon X. cette éloquente
Oraifon , qu'il avoit compofée
contre l'Heréfie de Luther
alors naiffante , & qui fe:
trouve dans fes Ouvrages.
Février
1685-
B
18 MERCURE
SZ-SSSESES:S22SSSS
LA FRANCE
AU ROY,
SUR L'EXTIRPATION
DE L'HERESIE.
G
·RAND ROT , quidas l'Eglife
avez le Droit d' Aineffe ,
Et aans fesfaintes Loixpuifez voftre
Sageffe,
Pour régir des François l'Empire
glorieux,
Qu'a fignalé la Foy de vos premiers
Aуeux;
Cher Prince, à qui le Ciel adonné ma
Couronne,
Pourtenir en vos mains tous les ordres
qu'il donne,
GALANT rep
Rétablir des Autels les bonneurs méprifez
Réunir tant de coeurs fi long- temps
divifex, A
Et pour rendre à mes Lys cette pure
innocence,
Qu'ils reçûrent du lien de leurfainte
naiffance.
Apres m'avoirportée à ce baut point:
d'honneur,
Qui refléchitfur- moy vostre propre
Grandeur;
M'avoir donné du Rhin la Barriere
fameuse,
Faitcoulerfous mesLoix , & l'Efcaur »
& la Meufe;
Avoirpour le Commerce ouvert de
nouveaux Ports ,
De Pinde & du Couchant attiré les
tréfors;
Et pour joindre les Mers, prodiguanst
Les miracles ,
20 MERCURE
Des Rochers & des Eauxforcé tous les
obftacles;
Apresm'avoir donné, par lefecours
des Arts,
Defuperbes Palais , & defameux
Ramparts,
Et par tant de travaux, qu'en tous
lieux on renomme,
Eait voir qu'eftre François, c'eft eftre
plus qu'un Homme;
Par un reffentiment digne de vos
bienfaits,
Je viens du Monde entier vous offrir
les refpects,
Et donner pour Garans de ma reconnoiffance,
Les coeurs de vos Sujets,& mon obeïf
fance.
De mefme que la Terre au retour du
Printemps
Découvre defes Fleurs les Rubis éclas
tans.ક
GALANT 20
Etpourenfaire hommage au Roy de la
Nature,
Semble luy présenter la naiffante
verdure;
Telle, &plus redevable à vos ſoins
glorieux,
Jétale mon bonheur & mapompe à
vos yeux
Mais le Ciel a voulu qu'à de plus
nobles marques akt
Vousfuffiez reconnu le plus grand
des Monarques,
Et qu'un pieux Héros dans la prospé
rité,
Travaillantfans relâche à l'immortalité,
Extirpast l'Heréfie, & coupantfes
racines,
Enfin d'avec mes Lys feparast les
Epines..
Depuis unfiécle, on plus, mes Peuples
vas Sujets
22 MERCURE
Ont pour ce grand deſcin formé de.
vains projets...
Les Charles , les Henrys, & voftre
auguste Pere,
Ontcombatu ce,Monftre , & n'ontpú
le défaires
Et P.Universconnoist,fans en estre
jaloux,
Qu'il n'eftoitréfervé
qu'à vos illu .
ftres coups.
QuelSpectacle de voir mon Roy cou
vert degloire,
Faire de Conftantin revivre lamémoire
,
Elevercomme luy l'Etendart de la
Croix,
Faireregnerceluy qui fait regner les.
Roys ,
Contrefes Ennemisprendre en main.
fa quercite,
Et vanger en Chrétien fon Eglife
fidelle!
GALANT. 23
4
Oxy , Dicu mefmejaloux deſespra..
pres honneurs.
S'estfait en tous les temps de pieux:
Défenfeurs;
Lug - mefme a foûtenu le coeur des
Macabées,
Pour vaincre d'un Tyran les nom
breufes Armées;
Et l'heureufe valeur du Berger d'If
raël,
Pour délivrer les Iuifs , fut l'ouvrage
du Ciel."
Voftre tour eft venu, Grand Prince, il
vous appelle,
Pour eftre l'Héritier de leur glaire
immortelle..
Oquej'aime à vous voir, épris de
cette ardeur,
Chercher tous les moyens de diffiper
L'erreur;
Dufameux Bofsüet emprunter l'élo-
∙quence,
24 MERCURE
Et dujufte Tellier confulter lapru
dence;
Exciter Chanvallon, dont lafainte
ferveur,
D'Aurele & d Auguſtin imitant la
douceur,
Propofe du Clergé la Lettre Paftorale, -
Pour attirer les coeurs que retient la
Cabale,
Etjoindre àleurs travaux la libéra--
lité,
Lamajefté des Loix, l'exemple, & -
L'équités
Des Nouveaux Convertis foûtenirl'indigence,
Etpunirdes Relaps l'odieufe incon--
Stance!
D'unfage & puiffant Roy falutaire
rigueur,
Qui détermine au Bien la liberté du
coeur
maiss
GALANT. 25
Mais quey ! doit-on ainfi nommer
voftrejustice,
Qui pardonne à tous ceux qui renoncentau
vice?
Elle qui n'interdit les emplois glorieux
Quejufques au moment que l'Homme
ouvre les yeux.
Quand par voftre bonté, dont elle est
prévenuë,
De ceux qui la craignoient le nombre
diminuë;
Lorsque vous adoptez cesgenéreux
Enfans,
Dont les Peres, fans vous, deviendroient
les Tyrans;
On quand vos foins heureux, cherchant
avec tendreffe
Ceux que la Grace touche, & la Verité
preſſe,
Font voir avec éclat d'illuftres Déferteurs,
Fevrier 1685. C
26 MERCURE
Minifires de Satan , abjurer leurs »
erreurs.
Puiffe du GrandLOVIS l'infatiga
ble zéle
Aux Héros à venir eftre un parfait
modelle;
Ou fi de l'imiter on tâche vaincment,
Que du moins on l'admire avec étonnement,
Dans le défir de voir réunis à l'Eglife
Les coeurs defes Sujets, que le Schifme
divife,
S'eftimer fortuné, fi defon Bras un
jour
Il payoit la valeur de cet heureux
retour.
Maisformez d'autres voeux, Prince
trop magnanime,
Le Ciel ne veut de vous qu'un tribut
légitime:
Gardez ce Bras vainqueur, que craint
tout l'Univers,
GALANT 27
Pour punir les Mechans, & leur donnerdes
fers.
Ce Bras, par qui la Foy de fes droits
refaifie,
Ajufque dans Strasbourg détrôné ››
PHeréfie ;
Et qui pour la détruire enfes Retranchemens,
then war
Renverse d'unſignalfes plus chers
monumens:
Pourfuir voftrejuftice, oùfe cachera-telle?
Lefameux Montauban,
l'orgueilleufe
Rochelle,
Nifmes & Montpellier, avec tant
d'autres
Lieux ,
Où l'audace Herétique a bravé vos
Ayeux,
Ont vû tomber les Murs qui lay fervoient
d'azile.
L'Anglois, qui lafoûtint, luy devient
inutile.
28 MERCURE
L'Union d'Allemagne &defes Novateurs
Est le Phantome vain de nos Réfor
mateurs,
Et leur ambition clairement décou
verte,
Enfaveur de l'Etat doit avancer leur
perte.
Sans répandre leurfang, vousfçavez,
m'en vanger;
Fousles traitez en Perc, & l'onles
voit changer;
Mais
pour
les coeurs d'airain ayez
moins de clémence.
De cet illuftre Grec imitez la pru
.
dence,
Qui ne pouvoit fouffrir le dernier.
Rejetton
Qui pust de Troye un jour refufciter
le
nom,
Et rangerfur les Grecs la bonte de
Afie.
GALANT. 29
Vous connoiffez, Grand Roy, ce que
peut l'Heréfie;
Cet Hydre renaissant, de monfang
alteré,
Monftre des coeursféduits follement
revéré.
Et vous, Sujets ingrats, rebelles
Herétiques,
Quejay vus les Autheurs des miferes
publiques,
Volontaires Profcrits , ambitieuxTitans,
Nourris du mefme lait de mes plus
chers Enfans;
De quel Démon pouffez , de quelle
barbarie,
Avez - vous déchiré le fein de la
Patrie?
Mes Fleuves teints defang, & mes
Roys méprifez,
LesTemples mis en cendre , & les
Autels brifez,
30 MERCURE
Sont les affreux effets de ces triftes
journées,
oùjay vi mafortune &ma gloire
bornées,
Quandl'erreur populaire infectant
les grands coeurs,
De mes pres Hérosfaifoitfes Protecicurs.
Dreux, S. Deni ,Farnac, font les têmoins
fidelles
Des premieres horreurs de ces Guerres
cruelles,
où j'ay, quand vostre fer ne me refpectoir
plus,
Couronné les Vainqueurs, &pleuré
les Vaincus.
Soit de tels attentats l'audace terminée;
Mon Roytientfous ſes pieds la Difcorde
enchaînée.
Pourriez - vousfoûtenir; impuiſſans
Factieux,
GALANT 31
Les regards d'un Héros toûjours
victorieux,
Etfaire foulever les Cevennesfidel
les?
Non, a Religion ne fait point de
rebelles.
Grand Monarque, achevez la Conqueftedes
coeurs,
Elle doit égaler les vaincus aux Vainqucurs;
Etfaites avouer à la plus noire envie,
Que le Nom de LOVIS ,fatal à
l'Heréfie,
Dans l'Eglife & l'Etat rétablit l'u
nité;
Et que celuy de GRAND, tantdefois
mérité,
Vientmoins de vos Exploits , qu'honore
la Vistoire,
Que de la Pieté que marque voftre
Hiftoire.
apres tous ces foins , qui font
fuivis tous les jours de fuccez
tres- favorables , fi l'on entend
retentir de toutes parts les
loüanges de noftre augufte
Monarque. Je croy ne pouvoir
vous les faire entendre
16 MERCURE
d'une maniére plus agréable ,
qu'en vous envoyant les Vers
que vous allez lire . Ils font de
M'le Chevalier de Longueil,
qui ſe diſtingue autant par les
belles Lettres que par les Mathématiques
. Če Gentilhomme
qui demeure en Anjou ,
eft de l'Illuftre Maifon de
Longueil , qui a l'honneur de
voir encore aujourd'huy M¹
le Préfident de Maifons, exercer
une des premiéres Charges
de la Juſtice , avec toute
la réputation que ſes Ance
ftres ont acquife pendant les
trois derniers Siécles , & fen
GALANT.
17
3
>
M' le Préfident de Maiſons.
fon Pere , Surintendant des
Finances en celuy- cy. Il
femble que M' le Chevalier
de Longueil ait voulu imiter
dans ces vers le zéle de Chriftophe
de Longueil , le plus
celebre Orateur Latin , que las
France ait eu jufques à luy ,,
lequel déclama dans l'Eglife
de S. Pierre , en prefence dus
Pape Leon X. cette éloquente
Oraifon , qu'il avoit compofée
contre l'Heréfie de Luther
alors naiffante , & qui fe:
trouve dans fes Ouvrages.
Février
1685-
B
18 MERCURE
SZ-SSSESES:S22SSSS
LA FRANCE
AU ROY,
SUR L'EXTIRPATION
DE L'HERESIE.
G
·RAND ROT , quidas l'Eglife
avez le Droit d' Aineffe ,
Et aans fesfaintes Loixpuifez voftre
Sageffe,
Pour régir des François l'Empire
glorieux,
Qu'a fignalé la Foy de vos premiers
Aуeux;
Cher Prince, à qui le Ciel adonné ma
Couronne,
Pourtenir en vos mains tous les ordres
qu'il donne,
GALANT rep
Rétablir des Autels les bonneurs méprifez
Réunir tant de coeurs fi long- temps
divifex, A
Et pour rendre à mes Lys cette pure
innocence,
Qu'ils reçûrent du lien de leurfainte
naiffance.
Apres m'avoirportée à ce baut point:
d'honneur,
Qui refléchitfur- moy vostre propre
Grandeur;
M'avoir donné du Rhin la Barriere
fameuse,
Faitcoulerfous mesLoix , & l'Efcaur »
& la Meufe;
Avoirpour le Commerce ouvert de
nouveaux Ports ,
De Pinde & du Couchant attiré les
tréfors;
Et pour joindre les Mers, prodiguanst
Les miracles ,
20 MERCURE
Des Rochers & des Eauxforcé tous les
obftacles;
Apresm'avoir donné, par lefecours
des Arts,
Defuperbes Palais , & defameux
Ramparts,
Et par tant de travaux, qu'en tous
lieux on renomme,
Eait voir qu'eftre François, c'eft eftre
plus qu'un Homme;
Par un reffentiment digne de vos
bienfaits,
Je viens du Monde entier vous offrir
les refpects,
Et donner pour Garans de ma reconnoiffance,
Les coeurs de vos Sujets,& mon obeïf
fance.
De mefme que la Terre au retour du
Printemps
Découvre defes Fleurs les Rubis éclas
tans.ક
GALANT 20
Etpourenfaire hommage au Roy de la
Nature,
Semble luy présenter la naiffante
verdure;
Telle, &plus redevable à vos ſoins
glorieux,
Jétale mon bonheur & mapompe à
vos yeux
Mais le Ciel a voulu qu'à de plus
nobles marques akt
Vousfuffiez reconnu le plus grand
des Monarques,
Et qu'un pieux Héros dans la prospé
rité,
Travaillantfans relâche à l'immortalité,
Extirpast l'Heréfie, & coupantfes
racines,
Enfin d'avec mes Lys feparast les
Epines..
Depuis unfiécle, on plus, mes Peuples
vas Sujets
22 MERCURE
Ont pour ce grand deſcin formé de.
vains projets...
Les Charles , les Henrys, & voftre
auguste Pere,
Ontcombatu ce,Monftre , & n'ontpú
le défaires
Et P.Universconnoist,fans en estre
jaloux,
Qu'il n'eftoitréfervé
qu'à vos illu .
ftres coups.
QuelSpectacle de voir mon Roy cou
vert degloire,
Faire de Conftantin revivre lamémoire
,
Elevercomme luy l'Etendart de la
Croix,
Faireregnerceluy qui fait regner les.
Roys ,
Contrefes Ennemisprendre en main.
fa quercite,
Et vanger en Chrétien fon Eglife
fidelle!
GALANT. 23
4
Oxy , Dicu mefmejaloux deſespra..
pres honneurs.
S'estfait en tous les temps de pieux:
Défenfeurs;
Lug - mefme a foûtenu le coeur des
Macabées,
Pour vaincre d'un Tyran les nom
breufes Armées;
Et l'heureufe valeur du Berger d'If
raël,
Pour délivrer les Iuifs , fut l'ouvrage
du Ciel."
Voftre tour eft venu, Grand Prince, il
vous appelle,
Pour eftre l'Héritier de leur glaire
immortelle..
Oquej'aime à vous voir, épris de
cette ardeur,
Chercher tous les moyens de diffiper
L'erreur;
Dufameux Bofsüet emprunter l'élo-
∙quence,
24 MERCURE
Et dujufte Tellier confulter lapru
dence;
Exciter Chanvallon, dont lafainte
ferveur,
D'Aurele & d Auguſtin imitant la
douceur,
Propofe du Clergé la Lettre Paftorale, -
Pour attirer les coeurs que retient la
Cabale,
Etjoindre àleurs travaux la libéra--
lité,
Lamajefté des Loix, l'exemple, & -
L'équités
Des Nouveaux Convertis foûtenirl'indigence,
Etpunirdes Relaps l'odieufe incon--
Stance!
D'unfage & puiffant Roy falutaire
rigueur,
Qui détermine au Bien la liberté du
coeur
maiss
GALANT. 25
Mais quey ! doit-on ainfi nommer
voftrejustice,
Qui pardonne à tous ceux qui renoncentau
vice?
Elle qui n'interdit les emplois glorieux
Quejufques au moment que l'Homme
ouvre les yeux.
Quand par voftre bonté, dont elle est
prévenuë,
De ceux qui la craignoient le nombre
diminuë;
Lorsque vous adoptez cesgenéreux
Enfans,
Dont les Peres, fans vous, deviendroient
les Tyrans;
On quand vos foins heureux, cherchant
avec tendreffe
Ceux que la Grace touche, & la Verité
preſſe,
Font voir avec éclat d'illuftres Déferteurs,
Fevrier 1685. C
26 MERCURE
Minifires de Satan , abjurer leurs »
erreurs.
Puiffe du GrandLOVIS l'infatiga
ble zéle
Aux Héros à venir eftre un parfait
modelle;
Ou fi de l'imiter on tâche vaincment,
Que du moins on l'admire avec étonnement,
Dans le défir de voir réunis à l'Eglife
Les coeurs defes Sujets, que le Schifme
divife,
S'eftimer fortuné, fi defon Bras un
jour
Il payoit la valeur de cet heureux
retour.
Maisformez d'autres voeux, Prince
trop magnanime,
Le Ciel ne veut de vous qu'un tribut
légitime:
Gardez ce Bras vainqueur, que craint
tout l'Univers,
GALANT 27
Pour punir les Mechans, & leur donnerdes
fers.
Ce Bras, par qui la Foy de fes droits
refaifie,
Ajufque dans Strasbourg détrôné ››
PHeréfie ;
Et qui pour la détruire enfes Retranchemens,
then war
Renverse d'unſignalfes plus chers
monumens:
Pourfuir voftrejuftice, oùfe cachera-telle?
Lefameux Montauban,
l'orgueilleufe
Rochelle,
Nifmes & Montpellier, avec tant
d'autres
Lieux ,
Où l'audace Herétique a bravé vos
Ayeux,
Ont vû tomber les Murs qui lay fervoient
d'azile.
L'Anglois, qui lafoûtint, luy devient
inutile.
28 MERCURE
L'Union d'Allemagne &defes Novateurs
Est le Phantome vain de nos Réfor
mateurs,
Et leur ambition clairement décou
verte,
Enfaveur de l'Etat doit avancer leur
perte.
Sans répandre leurfang, vousfçavez,
m'en vanger;
Fousles traitez en Perc, & l'onles
voit changer;
Mais
pour
les coeurs d'airain ayez
moins de clémence.
De cet illuftre Grec imitez la pru
.
dence,
Qui ne pouvoit fouffrir le dernier.
Rejetton
Qui pust de Troye un jour refufciter
le
nom,
Et rangerfur les Grecs la bonte de
Afie.
GALANT. 29
Vous connoiffez, Grand Roy, ce que
peut l'Heréfie;
Cet Hydre renaissant, de monfang
alteré,
Monftre des coeursféduits follement
revéré.
Et vous, Sujets ingrats, rebelles
Herétiques,
Quejay vus les Autheurs des miferes
publiques,
Volontaires Profcrits , ambitieuxTitans,
Nourris du mefme lait de mes plus
chers Enfans;
De quel Démon pouffez , de quelle
barbarie,
Avez - vous déchiré le fein de la
Patrie?
Mes Fleuves teints defang, & mes
Roys méprifez,
LesTemples mis en cendre , & les
Autels brifez,
30 MERCURE
Sont les affreux effets de ces triftes
journées,
oùjay vi mafortune &ma gloire
bornées,
Quandl'erreur populaire infectant
les grands coeurs,
De mes pres Hérosfaifoitfes Protecicurs.
Dreux, S. Deni ,Farnac, font les têmoins
fidelles
Des premieres horreurs de ces Guerres
cruelles,
où j'ay, quand vostre fer ne me refpectoir
plus,
Couronné les Vainqueurs, &pleuré
les Vaincus.
Soit de tels attentats l'audace terminée;
Mon Roytientfous ſes pieds la Difcorde
enchaînée.
Pourriez - vousfoûtenir; impuiſſans
Factieux,
GALANT 31
Les regards d'un Héros toûjours
victorieux,
Etfaire foulever les Cevennesfidel
les?
Non, a Religion ne fait point de
rebelles.
Grand Monarque, achevez la Conqueftedes
coeurs,
Elle doit égaler les vaincus aux Vainqucurs;
Etfaites avouer à la plus noire envie,
Que le Nom de LOVIS ,fatal à
l'Heréfie,
Dans l'Eglife & l'Etat rétablit l'u
nité;
Et que celuy de GRAND, tantdefois
mérité,
Vientmoins de vos Exploits , qu'honore
la Vistoire,
Que de la Pieté que marque voftre
Hiftoire.
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Résumé : LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
Le poème adressé au roi Louis XIV, écrit par le Chevalier de Longueil, membre d'une famille distinguée par ses contributions aux lettres et aux mathématiques, célèbre les exploits du roi et ses efforts pour extirper l'hérésie en France. Le texte loue le roi pour ses actions en faveur de la foi catholique, comparant ses efforts à ceux des grands rois et héros du passé. Il met en avant les succès militaires du roi ainsi que ses réformes administratives, telles que l'ouverture de nouveaux ports et la construction de palais et de remparts. Le poème souligne la détermination du roi à éradiquer l'hérésie et à réunir les cœurs divisés, soulignant son rôle de défenseur de la foi et de l'unité nationale. Le texte se termine par une exhortation au roi de continuer ses efforts pour maintenir la paix et la justice dans le royaume.
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988
p. 32-33
AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Début :
Le Sonnet qui suit ces Vers, est de / Pensez-vous en loüant le plus sage des Roys, [...]
Mots clefs :
Louanges, Roi, Foi, Père, Bonté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Le Sonnet qui fuit ces Vers,
eft de M' Texier , Preftre de
Saumur.
AUX PRETENDUS
REFORME Z.
P Enfez-vous en loüant le plus
des Roys,
Pouvoir de fon efprit ébranler la
conſtance?
Apprenez quefa Foy ,fon zéle &fa
prudence,
Ferontpar tout regner l'équité defes
Loix.
$2
Sans ceffe il vous exhorte àfaire
digne choix;
Ne vous oppofezpas à tant de com-
•plaisance;
GALANT. 33
Ses tendreffes, fesfoins,fes bienfaits,
fa clémence,
Doiventgagner vos coeurs , qu'il combat
tant de fois.
$2
D'un Enfant quiſe bleſſe on éloigne
les armes,
La tendreffe d'un Pere en reçoit trop
d'alarmes,
Pourfoufrir qu'à fes yeux il s'en perce
lefein.
Sa
Ainfi LOVIS qui voit voftre erreur
volontaire,
S'oppose à vostreperte, &par cegrand
deffein
Surpaffe la fageffe & la bonté d'un
Perc.
eft de M' Texier , Preftre de
Saumur.
AUX PRETENDUS
REFORME Z.
P Enfez-vous en loüant le plus
des Roys,
Pouvoir de fon efprit ébranler la
conſtance?
Apprenez quefa Foy ,fon zéle &fa
prudence,
Ferontpar tout regner l'équité defes
Loix.
$2
Sans ceffe il vous exhorte àfaire
digne choix;
Ne vous oppofezpas à tant de com-
•plaisance;
GALANT. 33
Ses tendreffes, fesfoins,fes bienfaits,
fa clémence,
Doiventgagner vos coeurs , qu'il combat
tant de fois.
$2
D'un Enfant quiſe bleſſe on éloigne
les armes,
La tendreffe d'un Pere en reçoit trop
d'alarmes,
Pourfoufrir qu'à fes yeux il s'en perce
lefein.
Sa
Ainfi LOVIS qui voit voftre erreur
volontaire,
S'oppose à vostreperte, &par cegrand
deffein
Surpaffe la fageffe & la bonté d'un
Perc.
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Résumé : AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Le sonnet de M. Texier, prêtre de Saumur, exhorte les réformés à louer le roi et à ne pas ébranler sa constance. Il met en avant la foi, le zèle et la prudence du roi, qui feront régner l'équité des lois. Le texte encourage les réformés à faire un choix digne et à ne pas s'opposer à la complaisance royale. Le roi, comparé à un père, éloigne les armes pour éviter de les alarmer et surpasse la sagesse et la bonté par un grand dessein.
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989
p. 33-35
« C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...] »
Début :
C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...]
Mots clefs :
Bonté, Souverain, Récolte, Blé, Marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...] »
C'eft en toutes chofes que
le Roy fe montre véritable
34 MERCURE
Pere de fon Peuple. Ce que
je vay vous dire en eft une
marque. La derniére récolte
des Bleds n'ayant pas efté fi
abondante que de coûtume,
Sa Majefté qui cherche à en
procurer le bon marché par
toute forte de voyes , afin de
faire fubfifter aisément fes
Sujets , a déchargé du payement
du Droit de Fret , de
cinquante fols par Tonneau,
que je leve fur les Vaiffeaux
Etrangers , tous les Marchands
, Maiftres de Navires ,
& autres Particuliers , qui feront
entrer dans le RoyauGALANT.
༢༢
me des Bleds dans des Vaif
feaux Etrangers , pendant les
fix premiers mois de cette
année.
le Roy fe montre véritable
34 MERCURE
Pere de fon Peuple. Ce que
je vay vous dire en eft une
marque. La derniére récolte
des Bleds n'ayant pas efté fi
abondante que de coûtume,
Sa Majefté qui cherche à en
procurer le bon marché par
toute forte de voyes , afin de
faire fubfifter aisément fes
Sujets , a déchargé du payement
du Droit de Fret , de
cinquante fols par Tonneau,
que je leve fur les Vaiffeaux
Etrangers , tous les Marchands
, Maiftres de Navires ,
& autres Particuliers , qui feront
entrer dans le RoyauGALANT.
༢༢
me des Bleds dans des Vaif
feaux Etrangers , pendant les
fix premiers mois de cette
année.
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Résumé : « C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...] »
Le roi a pris des mesures pour garantir le bon marché des céréales après une récolte de blé moins abondante. Il a exempté de droit de fret, à hauteur de cinquante sols par tonneau, les importations de blé par voie maritime. Cette exemption concerne les marchands et les maîtres de navires pour les six premiers mois de l'année.
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990
p. 35-40
Edits, [titre d'après la table]
Début :
La bonté de ce grand Prince ne s'est pas bornée [...]
Mots clefs :
Bonté, Grand Prince, Besoins, Officiers, Juridiction, Édit, Guerre, Arrêt du conseil, Élection
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texteReconnaissance textuelle : Edits, [titre d'après la table]
La bonté de ce grand Prince
ne ' s'eft pas bornée à ce
foin. La néceffité des temps
& des befoins de l'Etat , ayant
obligé les Roys fes Prédeceffeurs
à multiplier le nombre
des Officiers , dans quelques
Siéges & Jurifdictions , ce qui
leur avoit paru le moyen le
plus feur, & le plus facile de
fournir aux dépenfes les plus
preffantes de la Guerre , fans
fürcharger leurs Sujets , Sa
36 MERCURE
Majeſté voyant la Tréve acceptée
, & voulant en faire
goûter les fruits à fes Peuples
, a déclaré par un Edit
perpetüel & irrévocable, Que
Les Sièges Officiers des Eletions
Greniers à Sel établis &
en une mefme Ville , dans l'étendue
de la Ferme Genérale des
Gabelles de France , feront unis
& incorporez en un feul et mefme
Siége , pour ne faire qu'un
Corps d'Election & Grenier à
Sel , auquel Elle attribuë toute
Cour& Iurifdiction , tant Civi-
Criminelle , pour les Matiéres
dont les Elús font compe-
Le
que
GALANT. 37
a
tans dans l'étenduë de leur Siége ;
à l'égard des Gabelles dans
l'étendue de toutes les Paroffes ,
qui compofent ces Greniers unis.
Par le mefme Edit le nombre
des Officiers de ces Elections
& Greniers à Sel demeure
fixé, & ils doivent eftre choifis
par le Roy , entre ceux
qui font à preſent pourveus
pour compoſer ces mefmes
Siéges , fuivant les Etats qui
en feront arreftez dans fon
Confeil , Sa Majefté fupprimant
tous les autresOfficiers,
qui ne feront point réſervez
dans ces Etats. Lefquels Of ر-
38 MERCURE
ficiers feront actuellement &
inceffamment rembourfez
par les Receveurs Generaux
de fes Finances en chaque
Genéralité , du Prix de leurs
Offices , Gages & Droits qui
en dépendent ; & comme ce
rembourſement pourroit être
préjudiciable à leurs Créanciers
, Sa Majefté voulant
pourvoir à leur feureté, a ordonné
par fon Arreft du Confeil
d'Etat rendu le
30
de Janvier
, Que dans un mois pour tout.
delay , du jour de l'enregistrement
de l'Edit ,
portant
la Réduction
des Officiers , qui compoferont à
GALANT. 39
Pavenir les Siéges des Elections
Greniers à Sel, & de l'Arreft
du 30 de Fanvier , dans chacun
des Siéges des Elections &
Greniers à Sel , les Créanciers des
Officiers qui ne feront pas réfervez
, ou Prétendans Droits aux
Officesfuprimez, dont ils eftoient
Proprietaires , feront tenus de
faire leurs Saifies au Bureau de
la Recepte Generale des Finances
de la Generalité, dont les Sieges
des Elections & Greniers à Sel
feront dépendans , comme auffi de
faire fignifier les Oppofitions par
euxformées au Sceau , des Lettres
de Provifion de ces Offices,
40 MERCURE
au mefme Bureau de la Recepte
Generale dans le mefme delays
finon , & àfaute de le faire dans
ce temps , les Oppofitions quipourroient
eftre faites par eux demeureront
nulles , & les Pourveus
Proprietaires de ces Offices
Supprimez,feront rembourfezpar
les Receveurs Generaux des Finances
,fuivant l'Edit de Redu
tion.
ne ' s'eft pas bornée à ce
foin. La néceffité des temps
& des befoins de l'Etat , ayant
obligé les Roys fes Prédeceffeurs
à multiplier le nombre
des Officiers , dans quelques
Siéges & Jurifdictions , ce qui
leur avoit paru le moyen le
plus feur, & le plus facile de
fournir aux dépenfes les plus
preffantes de la Guerre , fans
fürcharger leurs Sujets , Sa
36 MERCURE
Majeſté voyant la Tréve acceptée
, & voulant en faire
goûter les fruits à fes Peuples
, a déclaré par un Edit
perpetüel & irrévocable, Que
Les Sièges Officiers des Eletions
Greniers à Sel établis &
en une mefme Ville , dans l'étendue
de la Ferme Genérale des
Gabelles de France , feront unis
& incorporez en un feul et mefme
Siége , pour ne faire qu'un
Corps d'Election & Grenier à
Sel , auquel Elle attribuë toute
Cour& Iurifdiction , tant Civi-
Criminelle , pour les Matiéres
dont les Elús font compe-
Le
que
GALANT. 37
a
tans dans l'étenduë de leur Siége ;
à l'égard des Gabelles dans
l'étendue de toutes les Paroffes ,
qui compofent ces Greniers unis.
Par le mefme Edit le nombre
des Officiers de ces Elections
& Greniers à Sel demeure
fixé, & ils doivent eftre choifis
par le Roy , entre ceux
qui font à preſent pourveus
pour compoſer ces mefmes
Siéges , fuivant les Etats qui
en feront arreftez dans fon
Confeil , Sa Majefté fupprimant
tous les autresOfficiers,
qui ne feront point réſervez
dans ces Etats. Lefquels Of ر-
38 MERCURE
ficiers feront actuellement &
inceffamment rembourfez
par les Receveurs Generaux
de fes Finances en chaque
Genéralité , du Prix de leurs
Offices , Gages & Droits qui
en dépendent ; & comme ce
rembourſement pourroit être
préjudiciable à leurs Créanciers
, Sa Majefté voulant
pourvoir à leur feureté, a ordonné
par fon Arreft du Confeil
d'Etat rendu le
30
de Janvier
, Que dans un mois pour tout.
delay , du jour de l'enregistrement
de l'Edit ,
portant
la Réduction
des Officiers , qui compoferont à
GALANT. 39
Pavenir les Siéges des Elections
Greniers à Sel, & de l'Arreft
du 30 de Fanvier , dans chacun
des Siéges des Elections &
Greniers à Sel , les Créanciers des
Officiers qui ne feront pas réfervez
, ou Prétendans Droits aux
Officesfuprimez, dont ils eftoient
Proprietaires , feront tenus de
faire leurs Saifies au Bureau de
la Recepte Generale des Finances
de la Generalité, dont les Sieges
des Elections & Greniers à Sel
feront dépendans , comme auffi de
faire fignifier les Oppofitions par
euxformées au Sceau , des Lettres
de Provifion de ces Offices,
40 MERCURE
au mefme Bureau de la Recepte
Generale dans le mefme delays
finon , & àfaute de le faire dans
ce temps , les Oppofitions quipourroient
eftre faites par eux demeureront
nulles , & les Pourveus
Proprietaires de ces Offices
Supprimez,feront rembourfezpar
les Receveurs Generaux des Finances
,fuivant l'Edit de Redu
tion.
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Résumé : Edits, [titre d'après la table]
Un édit royal français vise à réformer les sièges des élections et greniers à sel. Les monarques précédents avaient accru le nombre d'officiers pour financer les guerres sans surcharger les sujets. Le roi actuel, profitant d'une trêve, a publié un édit perpétuel et irrévocable unifiant ces sièges en une seule entité, dotée de juridictions civiles et criminelles. L'édit fixe le nombre d'officiers, choisis par le roi parmi les actuels. Les officiers non retenus seront indemnisés par les receveurs généraux des finances. Un arrêté du Conseil d'État protège les créanciers des officiers supprimés en leur permettant de déclarer leurs créances dans un mois après l'enregistrement de l'édit. Passé ce délai, les oppositions seront nulles et les officiers supprimés seront remboursés selon l'édit de réduction.
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991
p. 40-42
POUR LE ROY.
Début :
Toutes ces choses sont des faits qui parlent. / D'Alexandre sur tout on exalte & l'on vante [...]
Mots clefs :
Ambition, Fabius, César, Clémence, Illustre monarque, Vaincre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LE ROY.
Toutes ces chofes font des
faits qui parlent. On y connoit
la Bonté & la Juſtice du
Roy, & je ne puis mieux finir
cet Article , que par ces deux
Sonnets qui ont efté faits à fa
GALANT. 41
gloire. Le premier eft de M
de Grammont de Richelieu.
POUR LE ROY.
D'Alexandre
fur tout on exalte
La belle ambition & l'intrépidités
La vigueur de Pyrrhus , &fon acti-
•
vité;
Et du grand Fabius la conduite prudente.
SS
Du premier des Céfars la fortune
conftante;
Da fecond la clémence , & fon inté
grités
La grandeurde Pompée, &fa noble
Les
fiertés
graces de Titus , & l'humeur
bienfaisante.
Fevrier 1685. D
42 MERCURE
S&
Noftre illuftre Monarque a de tous ces
Héros આ
Les grandes qualitez ,fans avoir leurs
defauts;
Dans luy comme dans eux la valeur
est extréme.
ASS under ន
Ainfi qu'eux ilfait vaincre, &fe
faitredoutersen
Mais ilfçait,quand il veut,fe vaincre
auffi luy-mefme;
Et les autresjamais n'ontpûſeſurmonter.
faits qui parlent. On y connoit
la Bonté & la Juſtice du
Roy, & je ne puis mieux finir
cet Article , que par ces deux
Sonnets qui ont efté faits à fa
GALANT. 41
gloire. Le premier eft de M
de Grammont de Richelieu.
POUR LE ROY.
D'Alexandre
fur tout on exalte
La belle ambition & l'intrépidités
La vigueur de Pyrrhus , &fon acti-
•
vité;
Et du grand Fabius la conduite prudente.
SS
Du premier des Céfars la fortune
conftante;
Da fecond la clémence , & fon inté
grités
La grandeurde Pompée, &fa noble
Les
fiertés
graces de Titus , & l'humeur
bienfaisante.
Fevrier 1685. D
42 MERCURE
S&
Noftre illuftre Monarque a de tous ces
Héros આ
Les grandes qualitez ,fans avoir leurs
defauts;
Dans luy comme dans eux la valeur
est extréme.
ASS under ន
Ainfi qu'eux ilfait vaincre, &fe
faitredoutersen
Mais ilfçait,quand il veut,fe vaincre
auffi luy-mefme;
Et les autresjamais n'ontpûſeſurmonter.
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Résumé : POUR LE ROY.
Deux sonnets célèbrent la bonté et la justice du roi. Le premier, de M. de Grammont de Richelieu, le compare à Alexandre, Pyrrhus, Fabius, César, Auguste, Pompée et Titus. Le second, daté de février 1685, loue ses grandes qualités sans leurs défauts, sa valeur, sa maîtrise de soi et sa capacité à inspirer la crainte.
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992
p. 42-44
SUR LES GRANDES ACTIONS DU ROY.
Début :
On dira de Louis, par l'éclat de sa vie, [...]
Mots clefs :
Louis, Héros, Conseil, Guerre, Invincible, Titus, Vertus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LES GRANDES ACTIONS DU ROY.
SUR LES GRANDES
ACTIONS DU ROY.
O
N dira de LOVIS, par l'éclat
de fa vie,
Qu'il est le feul Héros qu'on doit
appeller GRAND,,
GALANT. 43
Penetrant au Confeil , en Guerre
foudroyant,
Do tous les Poientats la terreur &
l'envie.
S&
Son nom afait trembler &l'Afrique
&PAfie;
Invinciblepar tout, & partout Conquérant,
Affable à fes Sujets, genéreux , bienfaifant,
C'est un autre TITUS , PERE DE LA
PATRIE.
$2
Rétablir le Trafic ,faire fleurir les
Arts,
Proteger les Autels, joindre Thémis
à Mars,
Sont des traits éclatans defa gloire
immortelle..
D jjj
44 MERCURE
S &
Aux fiécles à venirfes vertusferont
foy
Qu'ileuft efté des Roys leplus parfait
modelle,
Quandpar droit de naissance il n'cuft
pas efté Roy .
ACTIONS DU ROY.
O
N dira de LOVIS, par l'éclat
de fa vie,
Qu'il est le feul Héros qu'on doit
appeller GRAND,,
GALANT. 43
Penetrant au Confeil , en Guerre
foudroyant,
Do tous les Poientats la terreur &
l'envie.
S&
Son nom afait trembler &l'Afrique
&PAfie;
Invinciblepar tout, & partout Conquérant,
Affable à fes Sujets, genéreux , bienfaifant,
C'est un autre TITUS , PERE DE LA
PATRIE.
$2
Rétablir le Trafic ,faire fleurir les
Arts,
Proteger les Autels, joindre Thémis
à Mars,
Sont des traits éclatans defa gloire
immortelle..
D jjj
44 MERCURE
S &
Aux fiécles à venirfes vertusferont
foy
Qu'ileuft efté des Roys leplus parfait
modelle,
Quandpar droit de naissance il n'cuft
pas efté Roy .
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Résumé : SUR LES GRANDES ACTIONS DU ROY.
Le texte célèbre Louis, roi héroïque et guerrier, inspirant terreur et admiration. Son nom fait trembler l'Afrique et l'Asie. Généreux et bienfaisant, il est comparé à Titus. Il a rétabli le commerce, protégé les arts et la justice, et uni la guerre à la justice. Ses vertus feront foi aux siècles à venir, le présentant comme un modèle royal parfait.
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993
p. 44-87
III. LETTRE Concernant les Langues, les Lettres & les Ecritures. A Mr DE S.....SDIKS.
Début :
Je vous ay déja fait voir deux Lettres du sçavant Mr / Je réponds à la vostre, à la maniére du Cardinal [...]
Mots clefs :
Poète, Alexandre le Grand, Langue hébraïque, Livre, Verset, Ancien Testament, Prince barbare, Langue, Articulation, Voyelles, Consonnes, Prononciation, Lettres, Écho, Voix, Langue syriaque, Reliure, Imprimerie, Langue chinoise, Chapitre, Genèse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : III. LETTRE Concernant les Langues, les Lettres & les Ecritures. A Mr DE S.....SDIKS.
Je vous ay déja fait voir
deux Lettres du fçavant M
Comiers fur les Langues. En
voicy une troifiéme
› que
vous ne trouverez pas moins
curieufe que les autres.
豬
GALANT 45
255:22222 2522: 2222
III.
LETTRE
Concernant les
Langues , les
Lettres
les
Ecritures.
A M' DE S..... SDIKS .
Imaniere
laco-
E répons à la veftre , à la
maniére du Cardinal d'Offat
, article par article ,
niquement , mais je m'explique
en telle forte , que vous n'avez
lien de dire comme S. Jerôme
, en lifant le Poëte Perfe . Si
tu ne veux pas eftre entendu,
tu ne dois pas eftre lû.
pas
46 MERCURE
que
les
Fe fouhaiterois vous pouvoir répondre
auffi brièvement
Lacedémoniens , qui par la feule
Lettre S , qui fignifie Non , répondirent
à la longue Epiftre dos
demandes de Philippe , Pere
d'Alexandre le Grand.
La Langue Sainte , c'est à
dire l'Hebraique , a 22 Lettres,
autant qu'il y a de Livres dans
l'ancien Teftament , dans lequel
l'ordre des Lettres Hebraïques y
eft repeté 21 fois.
L'ay remarqué dans la 273
page du 26 Tome extraordinairs
du Mercure Galant, que Les trois
versets 19, 20 & 21 du 14 char
GALANT. 47
pitre de l'Exode , contiennent
chacun 72 Lettres , par le mélange
defquelles les Kabaliftes forment
les 72 noms de Dieu , tous
terminez en AH ou en EL , c'eft
pourquoy aprés le nom de l'office
d'un Ange , la Sainte Ecriture
ajoûte ELi ainfi Michaël , Raphaël
, Gabriël.
Toutes les 22 Lettres Hebrai
ques font contenues dans le 25
verfet dus chapitre du Prophéte
Ifaye.
Toutes les Lettres Grecques,
font dans les verfets 19 & 20 du
3 chapitre de la premiere Epiftre
de S. Pierre
48 MERCURE
Toutes les Lettres Latines
font dans ce Vers.
Gaza frequens Lybicos duxit
Kartago triumphos.
Atticus le Fils du Sophifte
Herodes , ne pût jamais aprendre
l'Alphabet.
Un jeune Prince Barbare
eftant venu étudier dans Athénes,
ne pût aprendre que les trois
premieres Lettres de l'Alphabet,
qu'il prononça d'un ton fi digne
de fon efprit & de fa Nation ,
que le Préteur ceffa de haranguer;
c'est pourquoy les Barbares
ramenérent en Triomphe leur
Prince , difant qu'il avoit vaincu
le
GALANT. 49
Le plus éloquent d´s Grecs .
La langue est presque le principal
inftrument de l'articulation,
car les confones labiales n'ont pas
befoin de l'office de la langue,
elle a dix mouvemens , fix droits
en rond. Les levres ont
&
quatre
auſſi
jusques
à fix
mouvemens
differens
. Le Larinx
a auf
fes
mouvemens
pour
la Trachée
, qui
ouvre
le paffage
à l'air, que pouffent
les poulmons
.
La Lettre Afe prononce le gozier
& la bouche ouverte ,fans.
employer la langue ; elle est donc
la Lettre la plus facil à prononcer
, c'est pourquoy elle tient le
Ferrier 1685.
Ε
50 MERCURE
premier rang dans l'Alphabet.
On dir qu'il n'y a eu que Zoroafter
qui ait ry en naiffant , &
que les Mâles pleurent par
voyelle A, & les Filles par la
voyelle E , ce qui a donné lieu à
ce Diftique, sikin mo ay
la
Plorat adhuc proles quod commifere
parentes,
A genitor dat Adam : E dedit
Eva prior.
Comme les confones B, M, P,
font purement labiales , ellesfont
auffi tres -faciles à prononcer. Il
ne faut qu'ouvrir doucement les
lévres en prononçant A , c'eſt
pourquoy
les Enfans prononcent
GALANT. 51
facilement MaMa PaPa ,
.
parce que le P fe prononce par la
feule explofion de l'Air , en feparant
promptement les lévres,
fi vous prononcez P tout contre
la flamme de la Chandelle , elle
vous fera entendre cette explo
Sion.
O,fe prononce le gozier ouvert
, & la bouche un peu enflée
voutée, c'eft pourquoy les Puis,
les Caves , & les Antres profonds,
pour A, refléchiffent O.
E, fe prononcefermant un peu
la bouche , & aprochant la langue
du palais , ne laiffant qu'un
petit paffage en largeur , à l'air
E ij
52 MERCURE
pouffe par les poulmons.
I, fe prononce en appliquant
davantage la langue au palais,
pour ne laiffer qu'une petite iſſue
à l'air , & on ferme davantage
la bouche , & on joint preſque
les dents.
V, François ,fe prononce ayant
joint les dents la langue tout
contre le palais ferrant les
téores avancéespour ne laiffer à
l'air qu'une petite iffuë ronde ,
on reffent qu'il fe forme un tremblement
des lévres.
I
Il
ya
ftinguent
point
Va de Fa , & pour
a des Nations qui ne di-
Vin difent Fin ,
GALANT 53
>
A Siracufe , la Lettre M tirée
au fort , donnoit le droit de la
Harangue publique.
La pronontiation de la Lettre
L appartient à la langue , celle
de Dede S , aux dents , M ,
aux lévres , celle de N au nez,
fi vray que fi on ferre le nez,
ne peut prononcer Na , mais on
entend Da , d'où il est facile de
rendre raifon des noms qu'on a
impofé à ces Lettres.
on
La Lettre K eft gutturale. Les
Calomniateurs étoient marquez
aufront avec un fer chaud , des
Lettres K & C la raiſon eſt
facile.
E j
54 MERCURE
La Lettre Qeftoit auffi im.
primée au front de ceux qui épou
foient une feconde Femme , la
premiere eftant vivante. Cette
marque Qest affezfignificative
du crime, de mefme que celle d'Aftronomie
Qpour marquer la conjonction
de deux Planetes, & c.
Plufteurs Perfonnes , pour Q
prononcent T , & pour Qui-
Quonque, difent TiTonTe .
temps de François I. le Do
Du
Pere des belles Lettres , & Fondateur
de l'Académie ou College
Royal de Paris , la prononcia
tion de la Lettre Q eftoit celle
de la Lettre K d'apréfent ; car
GALANT. [ 55
pour Quifquis , on prononçoit
KisKis. Lafçavante Républi
que des Lettres est redevable à
P. Ramus , Doyen du College
Royal , qui a donné la naturelle
prononciation du Q M¹s de la
Sorbonne s'y oppoférent, & même
privérent un Ecclefiaftique de fes
Revenus , parce qu'il prononçoit
le Qcomme Meffieurs de l'Académie
du Roy. Le Procez fut
porté au Parlement , on Ramus
ayant luy- mefme plaidé pour la
nouvelle prononciation de la Lettre
Q, il fut permis par Arreft
folemnel de dire QuiſQuis , ou
KisKis , qui depuis eft devenu
E
iiij
56 MERCURE
un mot pour animer les Chiens
au combat. Je croy que la Cour
Souveraine fonda ſon Arreſtſur
ce que la Lettre Hébraïque Coph
K dans fa valeur. est Q
no- ·Plufieurs Perfonnes ,
tamment ceux qui ont le Filet, ne
peuvent prononcer la Lettre R ,
qui demande le tremblement de
la langue ; c'est pourquoy pour.
R , ils prononcent L.
Meffala , grand Orateur , fit
autrefois un Volume entier de la
Lettre S. Sa mauvaise prononciation
confta la vie à quarantedeux
mille Ephraemites , qui
furent égorgez par les Galaadites,
GALANT. 57
pour n'avoir fçû bien prononcer
dans le mot Schiboleth la Lettre
S , que les Hebreux nomment
Scin .
Appius Claudius trembloit
à la Lettre Z, lors qu'on la pro- .
nonçoit par TS, parce qu'elle exprime
le grincement
de dents d'un
Moribond.
Laprononciation de S, on ST,
fait un fiflement qui penétre , &
qui fertpour ordonner le filence.
L'Echo n'est pas toûjours la
veritable image de la voix articulée
, puis qu'elle ne peut pas
toujours redire ou refléchir la Let
tre S', car pour le mot Satan,
58 MERCURE
PEcho répond Vatan. Il n'en
eft pas de mefme des mots Sofia
in Solario , Soleas Sarciebat
Suas. Vous feavez que la voix
refléchie par l'Echo, employe deux
fois plus de temps que la voix
directe , laquelle dans la moitié
d'une demy -feconde de temps parcourt
690 pieds.
L'Echo du Palais Simoneta,
à un mille de Milan ,
repete
du moins
vingt
- quatre
fois
le mefme
mot.
La plus grande parleufe des
Echos , eft celle que je trouvay
il y a dixhuit ans à Taxily
une lieue de la Ville de Luzy
a
GALANT. 59
en Nivernois ; car eftant la nuit
dans le Fardin de la Cure , qui
dépend de noftre Chapitre de Ternant
, ayant le vifage tourné
contre la Colline de Nidi , elle
repétoit de fuite tres-fortement
tres - diftinctement tous ces
treize mots,
Arma virumque cano , Troja
quæ primus ab oris,
Arma virumque cano .
Il est auffi facile de rendre
raison pourquoy l'Echo pour Sa,
dit Va , que d'expliquer pourquoy
en tenant un doigt dans
chaque coin de la bouche , pour
la Lettre P, on prononce F.
60 MERCURE
La voyelle O. fe fait enten
dre de plus loin , c'est pourquoy
les noms des Chiens de Mutte fe
terminent en O.
Les voyelles O & E font les
plus fortes , puis qu'elles arrestent
les Chevaux au milieu de leur
course.
ω
Le Sauveur du Monde dans
l'Apocalipfe a pris pour Symboles
les deux Lettres A, & w, la
premiere la derniere Lettre
de l'Alphabet Grec , pourfigni
ifier qu'il eft le commencement &
La fin de toutes choses.
Judas , ce vaillant Capitaine
des Juifs futfurnommé MachaGALANT.
61
bée , pour avoir pris dans fon
Etendari cette Devife , Symbole ,
on Mot MA. CA. B. AI . compofé
des quatre premieres fyllabes
du xi. verfet du xv . chapitre
de l'Exode...
MA CAMOCHA BAELIM
JEHOVAH ?
Qui comme Toy entre les
Dieux Jehovah ?
Les
Romains prirent les qua
tre Lettres , S. P. QR . quifont
Les premieres
des quatre Mots
fuivans. Serva , Populum ,
Quem, Redemifti
, qu'une Sybille
avoit gravé fur une lame
d'acier, comme dit Corrafius.
62 MERCURE
:
L'Empereur Maximilian prít
pour Symbole les voyelles A. E.
1. O. V. pour fignifier Aquila
Electa Jufte Omnia Vincit.
Revenons à la Langue Sainte.
Les Juifs & les Samaritains ont
toûjours leu dans leurs Synago
"gues , la Sainte Ecriture en He
breu. La Bible des Samaritains
ne contient que le Pentateuque
,
qui font les cinq Livres de
Moife , parce qu'en l'année du
Monde 3971. c'est à dire 992.
ans avant l'Incarnation ,
n'avoit encore publié que te
Pentateuque lors que le
Royaume d'Ifraël fut divifé,
on
GALANT 63
m'étant resté au Fils de Salomon
que les Tribus de Juda & de
Benjamin , les dix autres Tribus
ayant obeï à Feroboam.
Le Peuple d'ISC. RAB. EL.
Hominis magni Dei , de
l'Homme du grand Dieu , ayant
depuis efté difperfé & contraint
d'habiter en Païs étrangers , il
perdit peu à peu l'usage de fa
Langue Hébraïque , c'est pourquoy
apres la Captivité de Baby
lone , on ne parla que la Langue
Syriaque dans Ferufalem ,
Langue Hebraïque y étoit comme
inconnuë; fi vray que
Princes des Preftres & des Phales
64 MERCURE
rifiens dirent aux Archers En
S. Iean chapitre 7. verfet 49.
Cette Populace ne fçait ce
que c'eft que la Loy. Ce qui
avoit obligé les Rabins on Docteurs
de la Loy , d'en faire des
Verfions en Langue vulgaire des
Pais où ils étoient Etrangers
.
Les Rabins Afiatiques firent à
Babylone , la plus ancienne & la
plus estimée des Paraphrafes ,
qui eft la Chaldaique, ou le Targum
Onkelos.
La Verfion Grecque du Pentateuque
, dont S. Ierôme au
premier chapitre de l'Epifire de
S. Paul à Titus , dit Scientia
GALANT. 65
l'Ordre >
ou dit
pietatis eft noffe Legem ,fur
faite 272. ans avant l'Incarnation
, en Alexandrie d'Egypte,
où les Iuifs avoient un Temple
comme en Ierufalem. Elle eft
furnommée des 70 parce qu'elle
fut faite par
moins aprouvée des 72 , qui compofoient
le Venerable Senat du
grand Sanhedrin. Tout ce qu'on
en a dit au delà , a esté fur la
bonne foy d'un Livre attribué à
Ariftée , l'un des 2. Interprétes,
qui ne firent que la Verfion des
cinq Livres de Moife , bien qu'il
ne foit nommé qu'en tierce Per-
Sonne.
Fevrier 1685 E
66) MERCURE
DESES LIVRES
leur ancienne Forme
99100100
L5
& Relieure.
S ,
Es luifs obfervoient de ne
mettre que 30. Lettres à
chaque ligne.
Les Anciens coloient au long
plufieurs feuilles de papier les
unes au bord des autres , & ils.
n'écrivoyent que d'un côté. Ils
inferoient le bout de la derniere
des feuilles dans la fente d'un
bâton cilindrique , autour duquel
on rouloit toutes les feuilles qui
compofoient ce Livre ou Volume.
Ce bâton avoit un Chapiteau
GALANT 67
une Baze , à la diſtance de
la largeur du papier. Toutes les
Biblioteques étoient composées de
femblables Rouleaux , chez les
Grecs chez les Latins , mefme
long-temps apres Ciceron. Les
Iuifs ont encore fur l'Autel de
chaque Synagogue , les Livres de
la Loyfur deuxfemblables Rou
leaux Cilindriques , & quand ils
ont lû une page , ils la roulent
autour du Cilindre qu'ils tiens
nent à la main droite. Fay trou
vé dans nos Archives du Chapi
tre de Ternant , fondée en l'année
1444. qui eft quatre ans apres
L'invention de l'Imprimerie
, dess
Fij
68 MERCURE
Enquestes fur des feuilles de pa-..
pier colées les unes au bas des autres
, écrites d'un feul côté.
Le Secret ayant efté trouvé de
préparer le parchemin , en forte ·
qu'on peut écrire des deux côtez:
Le Roy Attalus fit écrire &
relier quelques. Livres à la maniere
des noftres.
L'Imprimerie commença en
1440 à Mayence , & les Offices
de Ciceron , eft le premier Livre
qui ait efté Imprimé en Europe,
il est maintenant bien facile de ·
profiter de l'avis de l'Oracle , qui
dit à Zenon que , Pour bien vivre
, il faloit avoir commerce
GALANT 69
avec les Morts. C'eft dans le
mefme fentiment qu' Alphonfe
Roy d' Arragon difoit, Qu'ilfaut
confulter les morts comme les
plus fidéles Confeillers , car il
n'y a point d'Amy plus librequ'un
Livre.
DE LA DIFFICULTE
de lire l'Ecriture Chinoife,
& l'Hebraïque fans
Voyelles.
trouverez pas fi
Vetrange que l'Ecriture Chinoife
ait un Caractere different
pour chaque chofe , & qu'un.
mefme mot prononcé differem .
70 MERCURE
ment, fignifie diferentes chofes,
fi vous faites reflexion qu'en
noftre Langue , un mesme mot a
plufieurs fignifications : En voicy
un exemple, il faut que je vous
Conte , un Conte , d'un Conte,
duquel je ne fais pas grand
Conte. 190
A la fterilité de la Langue
Chinoife , oppofez la fecondité de
la Langue Arabe ; elle a 80 mots
pourfignifier le Miel ; 200 mots
pour fignifier le Serpent ; soo
pour fignifier le Lyon ; & 200.
pour fignifier l'Epée . Cela me
faitfouvenir des fix Versfurvans
d'un vieux Sonnet.
GALANT. 71
Il faut que par neuf fois la Lune
ait fait fon cours,
Avant que nous voyons la lumiere
du jour,
Qu'un cruel Ennemy nous a
bien-toft ravie..
Miférables Mortels , n'avons .
nous pas grand tort,
De faire tant d'Engins pour nous
donner la mort .
L'Ecriture Hebraïque n'avoit
originairement que les Lettres
Confonnes , car les Points qui tiennentlieu
de Voyelles , n'ont commencé
qu'en l'annéesos . de l'Incarnation
, & 436 ans apres que
Titus Vefpafian eut brûlé le Temple
de Terufalem le 8 Aouſt , &
72 MERCURE
la Ville le 8. Septembre en la 72.-
année de Iefus - Chrift . C'est
pourquoy il y a à preſent onze
cens foixante & dix-fept années
que les Docteurs Iuifs étant af
femblez à la Tyberiade , Ville
de la Paleftine , inventerent t
employerent les points ou voyelles»
fecrettes , afin de conferver à leur
Pofterité difperfée par tout le
Monde , la veritable lecture des
Livres Sacrez de l'ancien Teftale
Rabin
ment. C'est ce que
Helie Levite • rapporté dans fax
troifiéme Preface fur le Maffo
reth. C'est pourquoy pour bien
apprendre à lire l'Hebreu , jes
vous
GALANT. 73
vons renvoye à la Mazore , ou
Tradition de l'Ecole Tyberiade.
C'eft fans fujet que vous me
prenez pour un Gale Razaia,
Revelateur des chofes fecretes.
Vous me demandez mille chofes,
comme fi j'avois tout cela dans
mon Jalkur , ou Poche Rabini
que , ou que je fuffe le tout
fçavant Hippias Eleen metempficofe.
Merite t'on quelque chofe
pour beaucoup parler ? Avez
vous oublié que Plutarque loue
Epaminondas qui eftoit le plus
fçavant , & parloit le moins. Je
profite en bien des chofes du bon
mot de Socrate , qui étant inter-
Février 1685.
G
74 MERCURE
rogé pourquoy
il ne donnoit au
cun Ecrit au Public, répondit que
le papier vaudroit mieux que ce
qu'il faudroit dire. Pour vous
répondre à tant d'articles , il me
faudroit une mémoire auſſi heureufe
que celle d'Efdras , qui dicta
par coeur les Livres de l'Ancien
Teftament , tels que nous les
avons. Du Grec Carmides, qui di
foit par coeur ce qui eftoit contenu
dans quel Volume d'une Bibliotéque
qu'on fouhaitoit. De Cyrus,
ou de L. Scipion , qui fçavoient
le nom de tous leurs Soldats ; ou
la mémoire de Mithridate , de
Craffus , de Cyneas , de Themi
GALANT. 75
ftocle , ou celle de l'Empereur
Claude , qui fçavoit tout Homere
par coeur , de Salufte qui fçavoit
tout Demofthene , d'Avicenne
qui fçavoir auffi par coeur
toute la Metaphifique d'Ariftote.
Te nefuis ny Ciceron qui fe fou
venoit de tout ce qu'il avoit leu
ou entendu. Je n'ay pas la mémoire
de Senéque l'Orateur, qui affenre
dans la Préface du Livre des
Plaidoyés on Controverſes , qu'il ·
avoit la Mémoire fi heureuſe ,
qu'il redifoit deux mille noms
differents dans le mefme ordre
qu'ils avoient eftéprononcez, &
que dans l'Ecole plus de deux
ن م
Gij
76 MERCURE
cens perfonnes ayant dit chacun
un Vers, il les repéta en commen
çant par le dernierVers . Le Pape
Clement VI. ayant receu une
grande bleffure à la teſte , ſa mémoire
devint fi heureuſe , qu'il
ne put rien oublier de ce qu'il
avoit leu. Tay efté prefent aver
feu M ' le Marquis de S. André
Montbrun , Capitaine Genéral
des Armées du Roy ,
verneur du Nivernois , à un
femblable effay de Mémoire
entre M de la Barre , pour lors
Intendant du Bourbonnois , &
Mc Adam le Poëte Menuifier de
Nevers. Deplus, je n'aypas un
r
GouGALANT.
77
Secretaire fi expert dans la Tachigraphie
, que ceux dont
Martial difoit , lib. 14 .
Currant verba licet , manus eft
velocior illis ,
Nondum lingua , fuum dextra
peregit opus.
Je nyfuis pasfi exercé qu'Origene
, quand mefme je formerois
aufft mal mes Lettres que le
grand Quintilien , dont les lignes
fembloient des Serpens . Il eft
autant furprenant qu'avanta
geuxpour le bien public, qu'entre
tant de millions d'Ecritures , il ne
s'en rencontre pas deux tout àfair
femblables , quand mefme on an-
C.iij
78 MERCURE
Tite
roit apris à écrire fous un mefmè,
Maistre. Il en eft de l'Ecriture,
comme des Voix des Vifages,
qui font tous en quelque chofe
diferens. Il est vray que
Vefpafian le Fils , difoit ordinai_
rement qu'il auroit pú eftre le plus
grand Fauffaire de l'Empire Romain,
parce qu'ilfçavoit tres - bien,
contrefaire toutes les fignatures.
·Contentez- vous , Monfieur, de
cepeu que je vous envoyepour vos
Etrennes de l'année 1685. Je réponds
à vos autres demandes ,
comme les Juifs dans les Quefons
tres difficiles THIS BI,
JETHARES , KA SIOT,
GALANT. 79
Elie Thesbite , qui nãquit huit
ans avant la mort de Solomon,
les foudra.
que
La Kabale des Rabins auffibien
les deux Volumes de Viſions
Parfaites , ne contiennent que futulites
avec la Lettre R de trois'
Nations bien differentes , l'Itali
que , le Grec l'Hebreu , & à
tous ces Livres , il ne manque que
la Syllabe Grecque Noun.
Vous aprendrez dans 24 heures
la Langue Hebraïque , dans la
nouvelle Grammaire de Criftofori
Cellarii , imprimée Cizæ,
au commencement
de l'année
1684.
G iiij
80 MERCURE
Le manque de Voyelles dans
l'Ecriture Hebraique
, eft la caufe
que la Verfion Grecque de l'Ancien
Teftament
, faite par
les
72
Rabins en Alexandrie l'année
272. avant la naissance de Fefus-
Chrift , n'est pas toujours confor
me à l'Original Hebraïque, quoy.
qu'en ait dit l'Autheur du Livre
attribué à Ariftée l'un des 72:
Interpretes. Puis que cette Verfion
a des paffages mal expliquez,
bien des chofes oubliées ,
d'autres ajoûtées ,s comme dit..
S. Jerôme , qui mourut l'année
420 : c'est pourquoy la Verfion
Latine qu'on fit fur la Grecque,
GALANT. 81
du temps des Apoftres , ne peut
eftre meilleure , bien que nous
chantions les Pfeaumes fuivant
cette Verfion , parce que l'Eglife
yeftoit accoûtumée , lors quefaint
Jerome fit fa Verfion Latine de
Ancien Teftament , que nous
appellons la Vulgate.
Si la Langue Chinoife eft dif
ficile par la differentefignification
d'un mefme mot, la Langue Hebraïque
eft auffi difficile par la
mefme raifon ; car par exemple,
le mot ou Racine HHANAH ,
fignifie humilier , appauvrir ,
affliger, occuper, témoigner,
chanter , crier , parler , ré82
MERCURE
Le mot
pondre , exaucer.
HHALAL , fignifie eſtre la
cauſe , cauſer , rendre affligé,
envelopper , defigner , enlai
dir , vendanger , méprifer ,
méditer , tâcher , agir , cautionner.
Le mot HHARAB,
fignifie dreffer , embellir, plairre
, engager , négocier , mélanger
, s'obfcurcir , devenir
doux.
Par
Bien davantage , les mefmes
mots Hebreux ont fouvent deux
fignifications contraires.
exemple KDS , fignifie fanctifier
, prophaner. BRH fignifie,
benir , maudire. NCHM fignifie
GALANT. 83
10
a
ད
eftre confolé , eftre defolé.
SKN fignifie appauvrir , s'enrichir
, mille autres , par le
changement des conjugaisons
qu'ils appellent Binjanim , Stra
cture.
Par le manque des Voyelles ,
au lieu de lire CHOMER , qui
fignifie URNE , dans laquelle les
Hebreux gardoient la Manne;
les Payens ayant leu CHOMAR ,
qui fignifie ASNE , ils accuferent
lesJuifs , & enfuite les premiers
Chreftiens
d'un Afne dans le Sanctuaire du
Temple.
d'adorer la Tefta
Le 47 Chapitre de la Genefe
84 MERCURE
&
parlant de Faceb adorant Dieu ,
finit par ces mots Halrofch;
Ham , Mitthah , chevet du lit,
les 70 ayant leu Matthe ,
L'interpreterent Verge , ou bâton.
Dans le 11. chap . de Zacharies
verf.7. au mot Hebreu CHBLM ,,
lesfeptante-deux Interpretes leu
rent CHaваLIM, Cordanx :
fuivant les Points on Voyelles ,
depuis marquées par les Rabins
de Tyberiade
nous lifons:
CHOBELİM , qui fignifie Corrupteurs.
>
}
Les Septante leurent par les
3. Confonnes z KR, du 14. Verf.
du 26 Chap. d'Ifaye , le mot
GALANT. 85
ZakeR , qui fignifie Malle ;
S. Jerôme ayant leu ZakaR,
l'interpreta Memoire.
Les Septante dans le Chap. 3.
Verfet de leremie, leurent Reh
him , quifignifie Paſteurs. Et
S. Ierome ayant leu Rohhim,
l'interpreta Amateur, er dans le
Chapitre 9. Verfet 22', leurent
Deber, quifignifie la Mort. Et
S. Jerôme ayant leu Daber, l'interpreta
Parle. De mefme auffi
les Septante dans Oſée, Ch. 13.
Verfet 3 , leurent Harbeh , qui
fignifie Langouste , & S. Iérôleu
Habah , l'interme
ayant
preta
Cheminée
.
86 MERCURE
En voicy affez pour cette fois
& bien que l'Empereur Honorius
ait efté blámé de figner toutes
les Lettres que ces Officiers
luy prefentoientfans les lire , dequoy
fa Soeur Placidie le corri
gea , apres luy en avoirfait connoiftre
le peril , car elle fit gliffer
une Lettre à figner avec les autres
, par laquelle l'Empereur
promettoit Placidie en Mariage
un miferable Efclave. Ie me
fie pour ce coup à la bonne foy
de mon Scribe , plus Homme de
bien
que
le Notaire Lampo,
furnommé
Calamoſphacten
:
Je finis , vous affeurant de ma
GALANT. 87
main que je fuis , Monfieur,
Vostre , &c.
COMIERS.
deux Lettres du fçavant M
Comiers fur les Langues. En
voicy une troifiéme
› que
vous ne trouverez pas moins
curieufe que les autres.
豬
GALANT 45
255:22222 2522: 2222
III.
LETTRE
Concernant les
Langues , les
Lettres
les
Ecritures.
A M' DE S..... SDIKS .
Imaniere
laco-
E répons à la veftre , à la
maniére du Cardinal d'Offat
, article par article ,
niquement , mais je m'explique
en telle forte , que vous n'avez
lien de dire comme S. Jerôme
, en lifant le Poëte Perfe . Si
tu ne veux pas eftre entendu,
tu ne dois pas eftre lû.
pas
46 MERCURE
que
les
Fe fouhaiterois vous pouvoir répondre
auffi brièvement
Lacedémoniens , qui par la feule
Lettre S , qui fignifie Non , répondirent
à la longue Epiftre dos
demandes de Philippe , Pere
d'Alexandre le Grand.
La Langue Sainte , c'est à
dire l'Hebraique , a 22 Lettres,
autant qu'il y a de Livres dans
l'ancien Teftament , dans lequel
l'ordre des Lettres Hebraïques y
eft repeté 21 fois.
L'ay remarqué dans la 273
page du 26 Tome extraordinairs
du Mercure Galant, que Les trois
versets 19, 20 & 21 du 14 char
GALANT. 47
pitre de l'Exode , contiennent
chacun 72 Lettres , par le mélange
defquelles les Kabaliftes forment
les 72 noms de Dieu , tous
terminez en AH ou en EL , c'eft
pourquoy aprés le nom de l'office
d'un Ange , la Sainte Ecriture
ajoûte ELi ainfi Michaël , Raphaël
, Gabriël.
Toutes les 22 Lettres Hebrai
ques font contenues dans le 25
verfet dus chapitre du Prophéte
Ifaye.
Toutes les Lettres Grecques,
font dans les verfets 19 & 20 du
3 chapitre de la premiere Epiftre
de S. Pierre
48 MERCURE
Toutes les Lettres Latines
font dans ce Vers.
Gaza frequens Lybicos duxit
Kartago triumphos.
Atticus le Fils du Sophifte
Herodes , ne pût jamais aprendre
l'Alphabet.
Un jeune Prince Barbare
eftant venu étudier dans Athénes,
ne pût aprendre que les trois
premieres Lettres de l'Alphabet,
qu'il prononça d'un ton fi digne
de fon efprit & de fa Nation ,
que le Préteur ceffa de haranguer;
c'est pourquoy les Barbares
ramenérent en Triomphe leur
Prince , difant qu'il avoit vaincu
le
GALANT. 49
Le plus éloquent d´s Grecs .
La langue est presque le principal
inftrument de l'articulation,
car les confones labiales n'ont pas
befoin de l'office de la langue,
elle a dix mouvemens , fix droits
en rond. Les levres ont
&
quatre
auſſi
jusques
à fix
mouvemens
differens
. Le Larinx
a auf
fes
mouvemens
pour
la Trachée
, qui
ouvre
le paffage
à l'air, que pouffent
les poulmons
.
La Lettre Afe prononce le gozier
& la bouche ouverte ,fans.
employer la langue ; elle est donc
la Lettre la plus facil à prononcer
, c'est pourquoy elle tient le
Ferrier 1685.
Ε
50 MERCURE
premier rang dans l'Alphabet.
On dir qu'il n'y a eu que Zoroafter
qui ait ry en naiffant , &
que les Mâles pleurent par
voyelle A, & les Filles par la
voyelle E , ce qui a donné lieu à
ce Diftique, sikin mo ay
la
Plorat adhuc proles quod commifere
parentes,
A genitor dat Adam : E dedit
Eva prior.
Comme les confones B, M, P,
font purement labiales , ellesfont
auffi tres -faciles à prononcer. Il
ne faut qu'ouvrir doucement les
lévres en prononçant A , c'eſt
pourquoy
les Enfans prononcent
GALANT. 51
facilement MaMa PaPa ,
.
parce que le P fe prononce par la
feule explofion de l'Air , en feparant
promptement les lévres,
fi vous prononcez P tout contre
la flamme de la Chandelle , elle
vous fera entendre cette explo
Sion.
O,fe prononce le gozier ouvert
, & la bouche un peu enflée
voutée, c'eft pourquoy les Puis,
les Caves , & les Antres profonds,
pour A, refléchiffent O.
E, fe prononcefermant un peu
la bouche , & aprochant la langue
du palais , ne laiffant qu'un
petit paffage en largeur , à l'air
E ij
52 MERCURE
pouffe par les poulmons.
I, fe prononce en appliquant
davantage la langue au palais,
pour ne laiffer qu'une petite iſſue
à l'air , & on ferme davantage
la bouche , & on joint preſque
les dents.
V, François ,fe prononce ayant
joint les dents la langue tout
contre le palais ferrant les
téores avancéespour ne laiffer à
l'air qu'une petite iffuë ronde ,
on reffent qu'il fe forme un tremblement
des lévres.
I
Il
ya
ftinguent
point
Va de Fa , & pour
a des Nations qui ne di-
Vin difent Fin ,
GALANT 53
>
A Siracufe , la Lettre M tirée
au fort , donnoit le droit de la
Harangue publique.
La pronontiation de la Lettre
L appartient à la langue , celle
de Dede S , aux dents , M ,
aux lévres , celle de N au nez,
fi vray que fi on ferre le nez,
ne peut prononcer Na , mais on
entend Da , d'où il est facile de
rendre raifon des noms qu'on a
impofé à ces Lettres.
on
La Lettre K eft gutturale. Les
Calomniateurs étoient marquez
aufront avec un fer chaud , des
Lettres K & C la raiſon eſt
facile.
E j
54 MERCURE
La Lettre Qeftoit auffi im.
primée au front de ceux qui épou
foient une feconde Femme , la
premiere eftant vivante. Cette
marque Qest affezfignificative
du crime, de mefme que celle d'Aftronomie
Qpour marquer la conjonction
de deux Planetes, & c.
Plufteurs Perfonnes , pour Q
prononcent T , & pour Qui-
Quonque, difent TiTonTe .
temps de François I. le Do
Du
Pere des belles Lettres , & Fondateur
de l'Académie ou College
Royal de Paris , la prononcia
tion de la Lettre Q eftoit celle
de la Lettre K d'apréfent ; car
GALANT. [ 55
pour Quifquis , on prononçoit
KisKis. Lafçavante Républi
que des Lettres est redevable à
P. Ramus , Doyen du College
Royal , qui a donné la naturelle
prononciation du Q M¹s de la
Sorbonne s'y oppoférent, & même
privérent un Ecclefiaftique de fes
Revenus , parce qu'il prononçoit
le Qcomme Meffieurs de l'Académie
du Roy. Le Procez fut
porté au Parlement , on Ramus
ayant luy- mefme plaidé pour la
nouvelle prononciation de la Lettre
Q, il fut permis par Arreft
folemnel de dire QuiſQuis , ou
KisKis , qui depuis eft devenu
E
iiij
56 MERCURE
un mot pour animer les Chiens
au combat. Je croy que la Cour
Souveraine fonda ſon Arreſtſur
ce que la Lettre Hébraïque Coph
K dans fa valeur. est Q
no- ·Plufieurs Perfonnes ,
tamment ceux qui ont le Filet, ne
peuvent prononcer la Lettre R ,
qui demande le tremblement de
la langue ; c'est pourquoy pour.
R , ils prononcent L.
Meffala , grand Orateur , fit
autrefois un Volume entier de la
Lettre S. Sa mauvaise prononciation
confta la vie à quarantedeux
mille Ephraemites , qui
furent égorgez par les Galaadites,
GALANT. 57
pour n'avoir fçû bien prononcer
dans le mot Schiboleth la Lettre
S , que les Hebreux nomment
Scin .
Appius Claudius trembloit
à la Lettre Z, lors qu'on la pro- .
nonçoit par TS, parce qu'elle exprime
le grincement
de dents d'un
Moribond.
Laprononciation de S, on ST,
fait un fiflement qui penétre , &
qui fertpour ordonner le filence.
L'Echo n'est pas toûjours la
veritable image de la voix articulée
, puis qu'elle ne peut pas
toujours redire ou refléchir la Let
tre S', car pour le mot Satan,
58 MERCURE
PEcho répond Vatan. Il n'en
eft pas de mefme des mots Sofia
in Solario , Soleas Sarciebat
Suas. Vous feavez que la voix
refléchie par l'Echo, employe deux
fois plus de temps que la voix
directe , laquelle dans la moitié
d'une demy -feconde de temps parcourt
690 pieds.
L'Echo du Palais Simoneta,
à un mille de Milan ,
repete
du moins
vingt
- quatre
fois
le mefme
mot.
La plus grande parleufe des
Echos , eft celle que je trouvay
il y a dixhuit ans à Taxily
une lieue de la Ville de Luzy
a
GALANT. 59
en Nivernois ; car eftant la nuit
dans le Fardin de la Cure , qui
dépend de noftre Chapitre de Ternant
, ayant le vifage tourné
contre la Colline de Nidi , elle
repétoit de fuite tres-fortement
tres - diftinctement tous ces
treize mots,
Arma virumque cano , Troja
quæ primus ab oris,
Arma virumque cano .
Il est auffi facile de rendre
raison pourquoy l'Echo pour Sa,
dit Va , que d'expliquer pourquoy
en tenant un doigt dans
chaque coin de la bouche , pour
la Lettre P, on prononce F.
60 MERCURE
La voyelle O. fe fait enten
dre de plus loin , c'est pourquoy
les noms des Chiens de Mutte fe
terminent en O.
Les voyelles O & E font les
plus fortes , puis qu'elles arrestent
les Chevaux au milieu de leur
course.
ω
Le Sauveur du Monde dans
l'Apocalipfe a pris pour Symboles
les deux Lettres A, & w, la
premiere la derniere Lettre
de l'Alphabet Grec , pourfigni
ifier qu'il eft le commencement &
La fin de toutes choses.
Judas , ce vaillant Capitaine
des Juifs futfurnommé MachaGALANT.
61
bée , pour avoir pris dans fon
Etendari cette Devife , Symbole ,
on Mot MA. CA. B. AI . compofé
des quatre premieres fyllabes
du xi. verfet du xv . chapitre
de l'Exode...
MA CAMOCHA BAELIM
JEHOVAH ?
Qui comme Toy entre les
Dieux Jehovah ?
Les
Romains prirent les qua
tre Lettres , S. P. QR . quifont
Les premieres
des quatre Mots
fuivans. Serva , Populum ,
Quem, Redemifti
, qu'une Sybille
avoit gravé fur une lame
d'acier, comme dit Corrafius.
62 MERCURE
:
L'Empereur Maximilian prít
pour Symbole les voyelles A. E.
1. O. V. pour fignifier Aquila
Electa Jufte Omnia Vincit.
Revenons à la Langue Sainte.
Les Juifs & les Samaritains ont
toûjours leu dans leurs Synago
"gues , la Sainte Ecriture en He
breu. La Bible des Samaritains
ne contient que le Pentateuque
,
qui font les cinq Livres de
Moife , parce qu'en l'année du
Monde 3971. c'est à dire 992.
ans avant l'Incarnation ,
n'avoit encore publié que te
Pentateuque lors que le
Royaume d'Ifraël fut divifé,
on
GALANT 63
m'étant resté au Fils de Salomon
que les Tribus de Juda & de
Benjamin , les dix autres Tribus
ayant obeï à Feroboam.
Le Peuple d'ISC. RAB. EL.
Hominis magni Dei , de
l'Homme du grand Dieu , ayant
depuis efté difperfé & contraint
d'habiter en Païs étrangers , il
perdit peu à peu l'usage de fa
Langue Hébraïque , c'est pourquoy
apres la Captivité de Baby
lone , on ne parla que la Langue
Syriaque dans Ferufalem ,
Langue Hebraïque y étoit comme
inconnuë; fi vray que
Princes des Preftres & des Phales
64 MERCURE
rifiens dirent aux Archers En
S. Iean chapitre 7. verfet 49.
Cette Populace ne fçait ce
que c'eft que la Loy. Ce qui
avoit obligé les Rabins on Docteurs
de la Loy , d'en faire des
Verfions en Langue vulgaire des
Pais où ils étoient Etrangers
.
Les Rabins Afiatiques firent à
Babylone , la plus ancienne & la
plus estimée des Paraphrafes ,
qui eft la Chaldaique, ou le Targum
Onkelos.
La Verfion Grecque du Pentateuque
, dont S. Ierôme au
premier chapitre de l'Epifire de
S. Paul à Titus , dit Scientia
GALANT. 65
l'Ordre >
ou dit
pietatis eft noffe Legem ,fur
faite 272. ans avant l'Incarnation
, en Alexandrie d'Egypte,
où les Iuifs avoient un Temple
comme en Ierufalem. Elle eft
furnommée des 70 parce qu'elle
fut faite par
moins aprouvée des 72 , qui compofoient
le Venerable Senat du
grand Sanhedrin. Tout ce qu'on
en a dit au delà , a esté fur la
bonne foy d'un Livre attribué à
Ariftée , l'un des 2. Interprétes,
qui ne firent que la Verfion des
cinq Livres de Moife , bien qu'il
ne foit nommé qu'en tierce Per-
Sonne.
Fevrier 1685 E
66) MERCURE
DESES LIVRES
leur ancienne Forme
99100100
L5
& Relieure.
S ,
Es luifs obfervoient de ne
mettre que 30. Lettres à
chaque ligne.
Les Anciens coloient au long
plufieurs feuilles de papier les
unes au bord des autres , & ils.
n'écrivoyent que d'un côté. Ils
inferoient le bout de la derniere
des feuilles dans la fente d'un
bâton cilindrique , autour duquel
on rouloit toutes les feuilles qui
compofoient ce Livre ou Volume.
Ce bâton avoit un Chapiteau
GALANT 67
une Baze , à la diſtance de
la largeur du papier. Toutes les
Biblioteques étoient composées de
femblables Rouleaux , chez les
Grecs chez les Latins , mefme
long-temps apres Ciceron. Les
Iuifs ont encore fur l'Autel de
chaque Synagogue , les Livres de
la Loyfur deuxfemblables Rou
leaux Cilindriques , & quand ils
ont lû une page , ils la roulent
autour du Cilindre qu'ils tiens
nent à la main droite. Fay trou
vé dans nos Archives du Chapi
tre de Ternant , fondée en l'année
1444. qui eft quatre ans apres
L'invention de l'Imprimerie
, dess
Fij
68 MERCURE
Enquestes fur des feuilles de pa-..
pier colées les unes au bas des autres
, écrites d'un feul côté.
Le Secret ayant efté trouvé de
préparer le parchemin , en forte ·
qu'on peut écrire des deux côtez:
Le Roy Attalus fit écrire &
relier quelques. Livres à la maniere
des noftres.
L'Imprimerie commença en
1440 à Mayence , & les Offices
de Ciceron , eft le premier Livre
qui ait efté Imprimé en Europe,
il est maintenant bien facile de ·
profiter de l'avis de l'Oracle , qui
dit à Zenon que , Pour bien vivre
, il faloit avoir commerce
GALANT 69
avec les Morts. C'eft dans le
mefme fentiment qu' Alphonfe
Roy d' Arragon difoit, Qu'ilfaut
confulter les morts comme les
plus fidéles Confeillers , car il
n'y a point d'Amy plus librequ'un
Livre.
DE LA DIFFICULTE
de lire l'Ecriture Chinoife,
& l'Hebraïque fans
Voyelles.
trouverez pas fi
Vetrange que l'Ecriture Chinoife
ait un Caractere different
pour chaque chofe , & qu'un.
mefme mot prononcé differem .
70 MERCURE
ment, fignifie diferentes chofes,
fi vous faites reflexion qu'en
noftre Langue , un mesme mot a
plufieurs fignifications : En voicy
un exemple, il faut que je vous
Conte , un Conte , d'un Conte,
duquel je ne fais pas grand
Conte. 190
A la fterilité de la Langue
Chinoife , oppofez la fecondité de
la Langue Arabe ; elle a 80 mots
pourfignifier le Miel ; 200 mots
pour fignifier le Serpent ; soo
pour fignifier le Lyon ; & 200.
pour fignifier l'Epée . Cela me
faitfouvenir des fix Versfurvans
d'un vieux Sonnet.
GALANT. 71
Il faut que par neuf fois la Lune
ait fait fon cours,
Avant que nous voyons la lumiere
du jour,
Qu'un cruel Ennemy nous a
bien-toft ravie..
Miférables Mortels , n'avons .
nous pas grand tort,
De faire tant d'Engins pour nous
donner la mort .
L'Ecriture Hebraïque n'avoit
originairement que les Lettres
Confonnes , car les Points qui tiennentlieu
de Voyelles , n'ont commencé
qu'en l'annéesos . de l'Incarnation
, & 436 ans apres que
Titus Vefpafian eut brûlé le Temple
de Terufalem le 8 Aouſt , &
72 MERCURE
la Ville le 8. Septembre en la 72.-
année de Iefus - Chrift . C'est
pourquoy il y a à preſent onze
cens foixante & dix-fept années
que les Docteurs Iuifs étant af
femblez à la Tyberiade , Ville
de la Paleftine , inventerent t
employerent les points ou voyelles»
fecrettes , afin de conferver à leur
Pofterité difperfée par tout le
Monde , la veritable lecture des
Livres Sacrez de l'ancien Teftale
Rabin
ment. C'est ce que
Helie Levite • rapporté dans fax
troifiéme Preface fur le Maffo
reth. C'est pourquoy pour bien
apprendre à lire l'Hebreu , jes
vous
GALANT. 73
vons renvoye à la Mazore , ou
Tradition de l'Ecole Tyberiade.
C'eft fans fujet que vous me
prenez pour un Gale Razaia,
Revelateur des chofes fecretes.
Vous me demandez mille chofes,
comme fi j'avois tout cela dans
mon Jalkur , ou Poche Rabini
que , ou que je fuffe le tout
fçavant Hippias Eleen metempficofe.
Merite t'on quelque chofe
pour beaucoup parler ? Avez
vous oublié que Plutarque loue
Epaminondas qui eftoit le plus
fçavant , & parloit le moins. Je
profite en bien des chofes du bon
mot de Socrate , qui étant inter-
Février 1685.
G
74 MERCURE
rogé pourquoy
il ne donnoit au
cun Ecrit au Public, répondit que
le papier vaudroit mieux que ce
qu'il faudroit dire. Pour vous
répondre à tant d'articles , il me
faudroit une mémoire auſſi heureufe
que celle d'Efdras , qui dicta
par coeur les Livres de l'Ancien
Teftament , tels que nous les
avons. Du Grec Carmides, qui di
foit par coeur ce qui eftoit contenu
dans quel Volume d'une Bibliotéque
qu'on fouhaitoit. De Cyrus,
ou de L. Scipion , qui fçavoient
le nom de tous leurs Soldats ; ou
la mémoire de Mithridate , de
Craffus , de Cyneas , de Themi
GALANT. 75
ftocle , ou celle de l'Empereur
Claude , qui fçavoit tout Homere
par coeur , de Salufte qui fçavoit
tout Demofthene , d'Avicenne
qui fçavoir auffi par coeur
toute la Metaphifique d'Ariftote.
Te nefuis ny Ciceron qui fe fou
venoit de tout ce qu'il avoit leu
ou entendu. Je n'ay pas la mémoire
de Senéque l'Orateur, qui affenre
dans la Préface du Livre des
Plaidoyés on Controverſes , qu'il ·
avoit la Mémoire fi heureuſe ,
qu'il redifoit deux mille noms
differents dans le mefme ordre
qu'ils avoient eftéprononcez, &
que dans l'Ecole plus de deux
ن م
Gij
76 MERCURE
cens perfonnes ayant dit chacun
un Vers, il les repéta en commen
çant par le dernierVers . Le Pape
Clement VI. ayant receu une
grande bleffure à la teſte , ſa mémoire
devint fi heureuſe , qu'il
ne put rien oublier de ce qu'il
avoit leu. Tay efté prefent aver
feu M ' le Marquis de S. André
Montbrun , Capitaine Genéral
des Armées du Roy ,
verneur du Nivernois , à un
femblable effay de Mémoire
entre M de la Barre , pour lors
Intendant du Bourbonnois , &
Mc Adam le Poëte Menuifier de
Nevers. Deplus, je n'aypas un
r
GouGALANT.
77
Secretaire fi expert dans la Tachigraphie
, que ceux dont
Martial difoit , lib. 14 .
Currant verba licet , manus eft
velocior illis ,
Nondum lingua , fuum dextra
peregit opus.
Je nyfuis pasfi exercé qu'Origene
, quand mefme je formerois
aufft mal mes Lettres que le
grand Quintilien , dont les lignes
fembloient des Serpens . Il eft
autant furprenant qu'avanta
geuxpour le bien public, qu'entre
tant de millions d'Ecritures , il ne
s'en rencontre pas deux tout àfair
femblables , quand mefme on an-
C.iij
78 MERCURE
Tite
roit apris à écrire fous un mefmè,
Maistre. Il en eft de l'Ecriture,
comme des Voix des Vifages,
qui font tous en quelque chofe
diferens. Il est vray que
Vefpafian le Fils , difoit ordinai_
rement qu'il auroit pú eftre le plus
grand Fauffaire de l'Empire Romain,
parce qu'ilfçavoit tres - bien,
contrefaire toutes les fignatures.
·Contentez- vous , Monfieur, de
cepeu que je vous envoyepour vos
Etrennes de l'année 1685. Je réponds
à vos autres demandes ,
comme les Juifs dans les Quefons
tres difficiles THIS BI,
JETHARES , KA SIOT,
GALANT. 79
Elie Thesbite , qui nãquit huit
ans avant la mort de Solomon,
les foudra.
que
La Kabale des Rabins auffibien
les deux Volumes de Viſions
Parfaites , ne contiennent que futulites
avec la Lettre R de trois'
Nations bien differentes , l'Itali
que , le Grec l'Hebreu , & à
tous ces Livres , il ne manque que
la Syllabe Grecque Noun.
Vous aprendrez dans 24 heures
la Langue Hebraïque , dans la
nouvelle Grammaire de Criftofori
Cellarii , imprimée Cizæ,
au commencement
de l'année
1684.
G iiij
80 MERCURE
Le manque de Voyelles dans
l'Ecriture Hebraique
, eft la caufe
que la Verfion Grecque de l'Ancien
Teftament
, faite par
les
72
Rabins en Alexandrie l'année
272. avant la naissance de Fefus-
Chrift , n'est pas toujours confor
me à l'Original Hebraïque, quoy.
qu'en ait dit l'Autheur du Livre
attribué à Ariftée l'un des 72:
Interpretes. Puis que cette Verfion
a des paffages mal expliquez,
bien des chofes oubliées ,
d'autres ajoûtées ,s comme dit..
S. Jerôme , qui mourut l'année
420 : c'est pourquoy la Verfion
Latine qu'on fit fur la Grecque,
GALANT. 81
du temps des Apoftres , ne peut
eftre meilleure , bien que nous
chantions les Pfeaumes fuivant
cette Verfion , parce que l'Eglife
yeftoit accoûtumée , lors quefaint
Jerome fit fa Verfion Latine de
Ancien Teftament , que nous
appellons la Vulgate.
Si la Langue Chinoife eft dif
ficile par la differentefignification
d'un mefme mot, la Langue Hebraïque
eft auffi difficile par la
mefme raifon ; car par exemple,
le mot ou Racine HHANAH ,
fignifie humilier , appauvrir ,
affliger, occuper, témoigner,
chanter , crier , parler , ré82
MERCURE
Le mot
pondre , exaucer.
HHALAL , fignifie eſtre la
cauſe , cauſer , rendre affligé,
envelopper , defigner , enlai
dir , vendanger , méprifer ,
méditer , tâcher , agir , cautionner.
Le mot HHARAB,
fignifie dreffer , embellir, plairre
, engager , négocier , mélanger
, s'obfcurcir , devenir
doux.
Par
Bien davantage , les mefmes
mots Hebreux ont fouvent deux
fignifications contraires.
exemple KDS , fignifie fanctifier
, prophaner. BRH fignifie,
benir , maudire. NCHM fignifie
GALANT. 83
10
a
ད
eftre confolé , eftre defolé.
SKN fignifie appauvrir , s'enrichir
, mille autres , par le
changement des conjugaisons
qu'ils appellent Binjanim , Stra
cture.
Par le manque des Voyelles ,
au lieu de lire CHOMER , qui
fignifie URNE , dans laquelle les
Hebreux gardoient la Manne;
les Payens ayant leu CHOMAR ,
qui fignifie ASNE , ils accuferent
lesJuifs , & enfuite les premiers
Chreftiens
d'un Afne dans le Sanctuaire du
Temple.
d'adorer la Tefta
Le 47 Chapitre de la Genefe
84 MERCURE
&
parlant de Faceb adorant Dieu ,
finit par ces mots Halrofch;
Ham , Mitthah , chevet du lit,
les 70 ayant leu Matthe ,
L'interpreterent Verge , ou bâton.
Dans le 11. chap . de Zacharies
verf.7. au mot Hebreu CHBLM ,,
lesfeptante-deux Interpretes leu
rent CHaваLIM, Cordanx :
fuivant les Points on Voyelles ,
depuis marquées par les Rabins
de Tyberiade
nous lifons:
CHOBELİM , qui fignifie Corrupteurs.
>
}
Les Septante leurent par les
3. Confonnes z KR, du 14. Verf.
du 26 Chap. d'Ifaye , le mot
GALANT. 85
ZakeR , qui fignifie Malle ;
S. Jerôme ayant leu ZakaR,
l'interpreta Memoire.
Les Septante dans le Chap. 3.
Verfet de leremie, leurent Reh
him , quifignifie Paſteurs. Et
S. Ierome ayant leu Rohhim,
l'interpreta Amateur, er dans le
Chapitre 9. Verfet 22', leurent
Deber, quifignifie la Mort. Et
S. Jerôme ayant leu Daber, l'interpreta
Parle. De mefme auffi
les Septante dans Oſée, Ch. 13.
Verfet 3 , leurent Harbeh , qui
fignifie Langouste , & S. Iérôleu
Habah , l'interme
ayant
preta
Cheminée
.
86 MERCURE
En voicy affez pour cette fois
& bien que l'Empereur Honorius
ait efté blámé de figner toutes
les Lettres que ces Officiers
luy prefentoientfans les lire , dequoy
fa Soeur Placidie le corri
gea , apres luy en avoirfait connoiftre
le peril , car elle fit gliffer
une Lettre à figner avec les autres
, par laquelle l'Empereur
promettoit Placidie en Mariage
un miferable Efclave. Ie me
fie pour ce coup à la bonne foy
de mon Scribe , plus Homme de
bien
que
le Notaire Lampo,
furnommé
Calamoſphacten
:
Je finis , vous affeurant de ma
GALANT. 87
main que je fuis , Monfieur,
Vostre , &c.
COMIERS.
Fermer
Résumé : III. LETTRE Concernant les Langues, les Lettres & les Ecritures. A Mr DE S.....SDIKS.
Le texte discute des langues, des écritures et des lettres, en se concentrant particulièrement sur l'hébreu, le grec et le latin. L'auteur note que la langue hébraïque compte 22 lettres, correspondant aux 22 livres de l'Ancien Testament. Les kabbalistes utilisent les lettres des versets 19, 20 et 21 du chapitre 14 de l'Exode pour former les 72 noms de Dieu. Toutes les lettres hébraïques apparaissent dans le chapitre 25 du prophète Isaïe, les lettres grecques dans les versets 19 et 20 du chapitre 3 de la première épître de Pierre, et les lettres latines dans le vers 'Gaza frequens Lybicos duxit Kartago triumphos'. L'auteur relate également des anecdotes sur l'apprentissage des alphabets, comme celle d'un jeune prince barbare qui a impressionné les Athéniens en maîtrisant les trois premières lettres de l'alphabet grec. La lettre A est considérée comme la plus facile à prononcer et tient le premier rang dans l'alphabet. Des observations sur la prononciation des voyelles et des consonnes sont également faites, ainsi que des remarques sur l'écho et la prononciation des lettres dans différentes langues. Le texte aborde aussi l'histoire des écritures, mentionnant que les Juifs et les Samaritains lisaient la Sainte Écriture en hébreu dans leurs synagogues. Après la captivité de Babylone, la langue syriaque a remplacé l'hébreu à Jérusalem. Les rabbins ont traduit la Loi en langues vulgaires pour les Juifs dispersés. La version grecque du Pentateuque, faite à Alexandrie, est appelée la Septante et a été approuvée par le Sanhedrin. L'auteur discute également de la polysémie des mots dans différentes langues, illustrée par une phrase jouant sur les mots 'conte' en français. Il oppose la stérilité de la langue chinoise à la fécondité de la langue arabe, qui possède de nombreux mots pour désigner des concepts spécifiques comme le miel, le serpent, le lion et l'épée. L'écriture hébraïque originellement ne comportait que des consonnes. Les voyelles ont été ajoutées au IVe siècle, après la destruction du Temple de Jérusalem par Titus Vespasien, pour conserver la lecture correcte des livres sacrés. Le texte mentionne des figures historiques et des exemples de mémoires prodigieuses, comme celle d'Esdras ou de Sénèque, pour illustrer la difficulté de répondre à de nombreuses questions sans une mémoire exceptionnelle. Enfin, le texte discute des difficultés de la langue hébraïque, où un même mot peut avoir plusieurs significations contraires, et des erreurs d'interprétation dans les versions grecques et latines de l'Ancien Testament dues à l'absence de voyelles. Il conclut par des exemples de malentendus causés par ces ambiguïtés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
994
p. 87-92
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Je ne vous parlay point la derniere fois de la mort de Messire [...]
Mots clefs :
Décès, Président du conseil, Intendant, Charge, Majesté, Église, Veuve, Comte, Mère, Seigneur, Abbé commandataire, Aumônier du roi, Érudition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Je ne vous parlay point la
derniere fois de la mort de
Meffire André Scarron , Préfident
du Confeil Souverain
d'Artois , parce que je n'en
avois point encore reçû la
nouvelle . Cette mort eft arrivée
le 25. Decembre dernier
. Son rare mérite & fes
belles qualitez avoient obligé
Sa Majefté de le tirer du Parlement
de Metz en 1660. pour
kuy donner à Arras une Char88
MERCURE
ge plus honorable
, qu'il a
exercée
pendant
vingt- quatre
ans avec beaucoup
d'éclat
& de gloire. Il eft mort
dans fa foixante
& feiziéme
année , laiſſant M' fon Fils,
digne Succeffeur
de fa Charge
, dont le Roy luy avoit
donné la furvivance
. Ila efté
enterré dans l'Eglife des Peres
Récolets
d'Arras , où fix Huiffiers
du Confeil
en Robes
portérent
le Corps . Quarante
Pauvres
, reveſtus
de Noir,
tenant chacun un Flambeau
,
marchoient
à la tefte du Convoy.
Meffieurs
du Confeil y
GALANT. 89
affifterent, ainfi que le Corps
de Ville , & ceux de Juftice .
M' l'Evefque d'Arras eftoit
en l'Eglife à cofté de l'Autel,,
& quelques Abbez & Eccléfiaftiques
de marque . M
Chauvelin , Intendant de Picardie
& d'Artois fe trouva
auffi à cette lugubre Cerémonic
.
J'ay à vous apprendre trois
autres morts , arrivées icy
depuis peu de jours . La premiere
eft celle de Dame
Bonne Royer , Veuve de :
Meffire Jean Louis de Fau--
con , Seigneur de Rys, Mar
Février 1685. Hi
90 MERCURE
quis de Charleval , Comte de
Bacqueville,Confeiller d'Etat
Ordinaire , & Premier Pré
fident au Parlement de Normandie.
C'eftoit une Dame
d'une grande pieté , & que
fa vertu , & fes manieres pleines
de l'honncfteré la plus.
engageante, ont toûjours rendue
tres eftimable . Elle eftoit
Mere de M ' de Rys , Intendant
à Bordeaux , & de Madame
de Bernieres , Femme,
de M' de Bernieres , Confeiller
au Parlement de Paris .
Elle eft morte le s . de ce
mois.
$
1
GALANT. 91
Au-
Y
Meffire Claude du Val,
Seigneur de Mandre
mônier du Roy, ancien Abbé
de S. Pierre de Selincourt,
eft mort environ dans le
mefme temps aufli - bien
que Meffire Pierre Bourdelot
, Abbé Commendataire
.de S. Martin de Maffay , &
Médecin Ordinaire de Monfieur
le Prince . C'eftoit un
Homme qui avoit beaucoup
d'érudition , & des connoiffances
particulieres dans la
Médecine . Il y avoit chez
ly tous les Mardis des Conférences
publiques , où fe
·
Hi
ij
92 MERCURE
trouvoient beaucoup de Sçavans
. On y agitoit toute forte
de matieres.
derniere fois de la mort de
Meffire André Scarron , Préfident
du Confeil Souverain
d'Artois , parce que je n'en
avois point encore reçû la
nouvelle . Cette mort eft arrivée
le 25. Decembre dernier
. Son rare mérite & fes
belles qualitez avoient obligé
Sa Majefté de le tirer du Parlement
de Metz en 1660. pour
kuy donner à Arras une Char88
MERCURE
ge plus honorable
, qu'il a
exercée
pendant
vingt- quatre
ans avec beaucoup
d'éclat
& de gloire. Il eft mort
dans fa foixante
& feiziéme
année , laiſſant M' fon Fils,
digne Succeffeur
de fa Charge
, dont le Roy luy avoit
donné la furvivance
. Ila efté
enterré dans l'Eglife des Peres
Récolets
d'Arras , où fix Huiffiers
du Confeil
en Robes
portérent
le Corps . Quarante
Pauvres
, reveſtus
de Noir,
tenant chacun un Flambeau
,
marchoient
à la tefte du Convoy.
Meffieurs
du Confeil y
GALANT. 89
affifterent, ainfi que le Corps
de Ville , & ceux de Juftice .
M' l'Evefque d'Arras eftoit
en l'Eglife à cofté de l'Autel,,
& quelques Abbez & Eccléfiaftiques
de marque . M
Chauvelin , Intendant de Picardie
& d'Artois fe trouva
auffi à cette lugubre Cerémonic
.
J'ay à vous apprendre trois
autres morts , arrivées icy
depuis peu de jours . La premiere
eft celle de Dame
Bonne Royer , Veuve de :
Meffire Jean Louis de Fau--
con , Seigneur de Rys, Mar
Février 1685. Hi
90 MERCURE
quis de Charleval , Comte de
Bacqueville,Confeiller d'Etat
Ordinaire , & Premier Pré
fident au Parlement de Normandie.
C'eftoit une Dame
d'une grande pieté , & que
fa vertu , & fes manieres pleines
de l'honncfteré la plus.
engageante, ont toûjours rendue
tres eftimable . Elle eftoit
Mere de M ' de Rys , Intendant
à Bordeaux , & de Madame
de Bernieres , Femme,
de M' de Bernieres , Confeiller
au Parlement de Paris .
Elle eft morte le s . de ce
mois.
$
1
GALANT. 91
Au-
Y
Meffire Claude du Val,
Seigneur de Mandre
mônier du Roy, ancien Abbé
de S. Pierre de Selincourt,
eft mort environ dans le
mefme temps aufli - bien
que Meffire Pierre Bourdelot
, Abbé Commendataire
.de S. Martin de Maffay , &
Médecin Ordinaire de Monfieur
le Prince . C'eftoit un
Homme qui avoit beaucoup
d'érudition , & des connoiffances
particulieres dans la
Médecine . Il y avoit chez
ly tous les Mardis des Conférences
publiques , où fe
·
Hi
ij
92 MERCURE
trouvoient beaucoup de Sçavans
. On y agitoit toute forte
de matieres.
Fermer
Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte rapporte plusieurs décès récents. Meffire André Scarron, Président du Conseil Souverain d'Artois, est décédé le 25 décembre à l'âge de soixante-seize ans. Nommé à Arras en 1660, il avait succédé à une fonction au Parlement de Metz et exercé sa charge pendant vingt-quatre ans. Ses funérailles ont eu lieu dans l'église des Pères Récollets d'Arras. Dame Bonne Royer, veuve de Meffire Jean Louis de Faucon, Seigneur de Rys, est décédée en février 1685. Elle était connue pour sa piété et sa vertu et était mère de Meffire de Rys, Intendant à Bordeaux, et de Madame de Bernieres. Meffire Claude du Val, Seigneur de Mandre, moine du Roy et ancien Abbé de S. Pierre de Selincourt, est également décédé. Enfin, Meffire Pierre Bourdelot, Abbé Commendataire de S. Martin de Massay et Médecin Ordinaire du Prince, est mort. Réputé pour son érudition et ses connaissances en médecine, il organisait des conférences publiques chez lui tous les mardis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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995
p. 92-112
DISCOURS DE Mr MAGNIN A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE D'ARLES.
Début :
Messieurs de l'Académie Royale d'Arles ont fait depuis / Messieurs, Comme c'est le prix & le merite [...]
Mots clefs :
Mérite, Académie royale d'Arles, Sciences, Ouvrages, Honneur, Savants, Vertu, Moeurs, Religion, Hérésie, Ignorance
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS DE Mr MAGNIN A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE D'ARLES.
Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles ont fait depuis
peu une une acquifition tresconfidérable
, en recevant
M ' Magnin dans leur Corps .
Son mérite vous eft connu
par tant d'Ouvrages que je .
vous ay envoyez de luy, qu'il
me feroit inutile de vous en
parler. Voicy le Remerci
ment qu'il leur a fait.
GALANT. 93
SSSS SSS2 Ssess 522
DISCOURS
DE M MAGNINI
A MESSIEURS
Ꭰ Ꭼ .
L'ACADEMIE ROYALE
M
D'ARLE S...
ESSIEURS,
Comme c'est le prix & le merite
des graces , qui regle la mefure&
le degré de la reconnoiffance
, celle
que je dois avoir de
l'honneur que vous m'avez fait,
م ت
94 MERCURE
en m'accordant une place parmy.
Vous , ne sçauroit avoir , ny plus
defenfibilité, ny plus d'étendue;
mais fi c'est auffi par ce mefme
prix qu'on doit juger de la diffi
culté qu'il y a d'en faire un jufte
Remerciment , vous vous perfuaderezfans
peine , que je n'ayrien
entrepris de ma vie de fi difficile à
bien executer, que celuy que j'ofe
& que je dois vous faire aujourd'huy
. Le Titre glorieux d'Academicien
Royal , étonne mes idées
au lieu d'élever mon efprit , &
me met dans un jour dont la furprife
m'éblouit , au lieu de m'éclairer.
GALANT.
9 ནྡ
di-
Vous le fçavez par vous - mefmes
, Meffieurs , vous le fçavez;
ilfuppofe un meriteſolide &
fingué , un génie heureux , une
fçavante fine politeſſe ,
mille autres talens que je reconnois
, que je revere , & que tout
le monde admire en chacun de
vous .
Comment pourrois- je donc ,
quand je ne fens & ne puis fairs
remarquer aucun de ces avanta
ges en moy , me perfuader que
jauray celuy de foutenir dignement
un Titre dont on doit avoir
une idée fi noble & fi élevée ?
Que je ferois heureux , Mef
96 MERCURE
fieurs , que je ferois heureux , fi
dans une occafion fi effencielle à
mon devoir, à ma reputation,
je pouvois de bonne foy & fans
Supercherie , me dispenfer de vous
faire un aveu fi propre
propre à vous
donner un jufte repentir du choix
que vous venez de faire ! Que
je ferois heureux encore unefois
fije pouvois me flater un moment
que cette déclaration ſi honteuse
& fi fincere toutefois , paſſera
pour une de ces figures ingenieufes
qui fervent à faire valoir le
merite à force de le defavoüer ,
& quirehauffent la réputation de
l'esprit par celle de la modeftie!
Mais
GALANT.
97
Mais quand je confidere à
quoy je suis engagé par le Titre
d'Académicien Royal dans cette
premiere action ; quand je meſu
re mes pensées & mes expreſſions
à la hauteur des merveilles que
j'entrevois , & qui devroient entrer
dans monfujet, fi j'avois l'adreffe
de les ranger , je ſens bien
que je n'auray dit que trop vray,
que le prétexte de l'Art , &
de la Figure ne fera rien à mon
avantage.
Diſpenſez-moy donc , Meffieurs
, difpenfez-moy de la néceffité
que le Titre que vous m'avezfait
l'honneurde me donner,
Fevrier
1685. I
98 MERCURE
femble m'impofer , de repafferfur
tant de beaux traits , qui rehauf
fent le merite & la gloire de
l'Academie Royale , dans mille
circonftances toutes plus avanta
geuſes l'une que l'autre , & qui
la ménent à l'immortalité , par la
mefme route & par le mefme
l'Academie Françoiſe
voeu que
qui la reconnoît
pour fa Fille
atnée
, eft depuis
fi long- temps
en
droit d'y afpirer
. Qu'ajouterois
-je
à tout ce que ceux qui m'ont
de
vancé
, vous
ont dit de riche
, de
fçavant
& de poly ,fur la dignité
du Titre
Royal
que vous
portez
?
Nefçait- on pas que fi les Noms
GALANT. 99
que le Créateur voulut impofer à
fes Ouvrages , exprimoient les
qualitez la nature des chofes
nommées , Louis LE GRAND
dont la conduite eft une Image fi
wifible de la Sageffe du Tout-
Puiffant , n'a donné le furnom de
Royale à l'Academie d'Arles,
que pour exprimer par ce beau
Titre l'excellence des foins , aufquels
il l'a deftinée , &parce
la Gloire & les Merveilles
de for Regne le plus floriffant
le plus augufte qui fut jamais
, devoient eftre l'objet de fes
veilles , de fes études , & de fes
ouvrages?
que
$21
I ij
Too MERCURE
Certes , ce grand Roy qui con
noift fi diftinctement , & ce qui a
manqué aux Regnesprécedens,
ce qui peut fervir à la gloire du
fien , apres avoir par des Con
questes qui ont étonné l'Univers
par la force invincible de leur rapidité,
étendu & affure fes Fron
tieres , a bien jugé que le repose
le bon-heur de fes Etats & de
fes Sujets , dépendoit de l'établiſfement
des Sciences , & de la
Culture des beaux Arts , & remontant
par l'esprit de cette Sa
geffe , qui voit & penetre tout
dans unfi bel ordre , juſques à la
fource de l'Herefie , dont l'extir
GALANT. IOI
n'a
pation fait le plus cher, le plus
conftant, & le plus affidu de tous
fesfoins , il s'eft bien aperceu que
cette Cangréne fi maligne dans
fon origine , & fifunefte dansfon
progrez, ne s'eft introduite
pris racine dans fes Etats , qu'à la
faveur de l'ignorance , & pour
combatre un malfidangereux &*
fi opiniâtre par un reméde conve
nable , il ménage , il foûtient , it
protége les Sciences par des établiffemens
commodes ,
beralitez genereuſes & néceſſaires
, & les a mifes , enfin en état
de triompher par tout des piéges
des fuites de l'erreur & du
des li-
I iij
102 MERCURE
"
menfonge & de faire comprendre
à tout ce qui n'a pas abandonné
le party de la raison & du
bon fens , que celuy de l'Herefie
n'a plus que l'obstination pour
toute défenſe.
Apres que les Sciences auront
fecondé les pieufes intentions de
Louis LE GRAND , en
foutenant les Droits Sacrez de la
Religion & de l'Eglife ,qui n'aja
mais eu , n'aura jamais de plus.
ferme appuy que fon Fils aîné,
ellesferviront encore avantageufement
au deffein qu'il a d'infpirer
à tous fes Sujets , l'amour &
la pratique des vertus morales,
GALANT. 103
& des moeurs honneftes . Elles
forment le coeur en éclairant l'efprit.
La lumiere du Soleil dans
l'ordre naturel précede la cha
leur, & les connoiffances doivent
difpofer l'ame à l'amour , & à la
poursuite du bien; c'eft pourquoy
Dieu qui en est la fource immenfe
, ne sçauroit eftre fouveraine
ment aimé , comme parle faint
Denis , qu'il ne foit parfaitement
aimé.
Que vous concevez bien ,
Meffeurs , le merite , la grandeur
& l'excellence de vos foins,
& de vos applications , & dans
leur principe , dans leur objet !
د ن ن ز
I
104 MERCURE
"
Vous n'étes pas à la Cour & fous
la vue augufte & Royale de
LOUIS LE GRAND , mais Louis
vous ne laiffez pas de reffentir les
effets glorieux de fes foins & de
fafageffe. Le Soleil produit les
plus riches Metaux, au delà de la
portée de fes rayons , fes vertus
s'infinüent où fa lumiere ne penetre
pas ; ce Monarque Augufte
, le Soleil non feulement de
fes Etats , mais de plufieurs Mondes
s'il y en avoit , fait fentir les
influences de fa fageffe par tout.
Elle eft immenfe dans fes foins ,
dansfes operations , comme fa
puiffance eft invincible dans fes
entrepriſes.
GALANT. 105
ques
Il fçait que les Sciences font
dans Arles comme dans leur centre,
qu'elles yfont naturalifées depuis
plufieurs Siécles . Les Obelifles
Arénes , les Amphitéatres
, & tant d'autres Antiquitez
dont elle mõtre encore aujourd'huy
les magnifiques monumens , font
affez connoistre de quelle confideration
elle a efté dans tous les
tems . Qui voudroit remonterjufques
aux plus anciens & moins
connus , découvriroit fans doute
que la politeffe y régnoit , avant
mefme que les Romains y euffent
élevé tant de marques , de la
magnificence de leur Empire ,
106 MERCURE
de l'eftime qu'ils faifoient de fon
Sejour; qu'aparemment la Co
lonie des Grecs qui vint aborder à
Marſeille , & qui vint àpropos
pour polir les moeurs des premiers
Gaulois , eut fes premiers établiffemens
dans la Ville d' Arles ; &
LOUIS LE GRAND qui recherche
jufques à la fource les femences
des beaux Arts, n'y afans
doute étably l' Academie Royale ,
que parce qu'il a jugé que
dans un
air , où les Sciences font en commerce
depuis fi long- temps , elles
ne manqueroient pas de faire un
progrés éclatant , & digne de la
glaire de fon Regne.
GALANT. 107
Jouiffez, Meffieurs , jouiſſez
des beaux jours qu'enfantent aux
deffeins de vos veilles , des aufpices
fi heureux , fi conftans & fi
magnifiques. Vous vivez , graces
auxfoins & à la faveur du
plusparfait des Roys ; vous vivez
d'une vie glorieufe & fpirituelle,
dont unfeuljour vaut mieux que
les plus longues années de l'ignorance.
Vous aprenez au Monde
tout ce qu'il y a de plus curieux à
fçavoir , des moeurs , de la Police
de la Religion des Anciens.
Vous tirez des ruines qui vous
environnent , mille monumens
d'antiquité, propres àfaire admi108
MERCURE
que
rer la penetration fçavante de
vos recherches. Que n'avez- vous
pas dit de curieux , fur la verité
de cette belle & fameufe Statue
Diane & Venus ont difpu.
tée fi long- temps , & d'une mamiere
fi fine & fi fpirituelle , &
qui enfin fous le nom de Venus,
doit eftre placée avec tant d'autres
, qui font venuës de tous les
endroits du Monde , pour rendre
hommage à Louis Le Grand,
dans la Galerie de Verfailles ?
Vivez , Meffieurs , vivez heureux
dans le noble foin qui vous
occupe. Vousfervez aux deffeins
d'un Monarque qui vient renouGALANT.
10g
veler la face du Monde , &
finir tous ces grands deffeins, que
ceux qui l'ont précedé n'ont fait
qu'ébaucher. Afpirez à la gloire
immortelle qu'il vous propoſe ; rien
ne vous manque pour y arriver.
Vous avez de fa main , & par
fon choix , un Protecteur, illuftre
par fa naiffance , diftingué parfa
faveur , recommandable parfon
merite , qui fçait allier avec tant
d'art & tant d'agrément, la plus
douce , la plus fine , & la plus
fçavante delicateffe des Mufes,
avec la fiere intrepidité de Mars,
en qui l'on voit la belle ame , le
bel efprit , & la grandeur de
110 MERCURE
courage , dans un fi noble & fe
doux accord, que les Sçavans &
les Guerriers peuvent également
y trouver un modéle pour fefor
mer l'esprit & le coeur.
Que je trouverois , tout foible
que je fuis , Meffieurs , que je
trouverois de chofes à repreſenter,
s'il m'étoit permis de m'abandonner
à tout ce qui vient s'offrir à
mes idées , & fi je pouvois ou
blier , que ne pouvant vous donner
des marques d'érudition &
d'efprit , je dois au moins vous
en donner de ma retenuë ! Ge
fera , Meffieurs , en étudiant
me formerfur voftre merite , &
GALANT. III
Jur tant de nobles & avantageufes
qualitez , qui vous diftin.
guent parmy les Sçavans , que je
puis efperer d'aprendre àfurmonter
une partie des defaurs qui me
rendent indigne de l'honneur que
vous m'avezfait , & cette rudeffe
que je fens mieux dans mes
expreffions , que je ne lafçay corriger.
le méditerayfur la beauté
de vos Ouvrages , pour m'inftruire
àpolir les miens ; & comme
ceux qui marchent au Soleil
font colorezfans qu'ils y penfent,
je fortifieray mes connoiffances à
force de ftre éclairépar vos lumie-
Dans la paffion que j'ay
res.
112. MERCURE
toûjours euë, & que j'auray tant
que je vivray , de faire diftinguer
ma voix parmy tant d'autres , qui
chantent & fans ceffe, & fi bien
la gloire , les vertus , les tra
vaux de Louis LE GRAND ,
j'eſſayeray de regler mes tons fur
vos doux accens , d'adoucir mes
Chalumeaux , en étudiant les ac
cordsfçavans de vos Luts ; &ne
pouvant meriter l'honneur de
voftre aprobation par aucune production
d'efprit, jeferayfoigneux
de meriter celuy de vos bonnes graces
, & de vostre eftime , par le
respect & la fincere foumifsion
que j'auray toûjourspour vous.
Royale d'Arles ont fait depuis
peu une une acquifition tresconfidérable
, en recevant
M ' Magnin dans leur Corps .
Son mérite vous eft connu
par tant d'Ouvrages que je .
vous ay envoyez de luy, qu'il
me feroit inutile de vous en
parler. Voicy le Remerci
ment qu'il leur a fait.
GALANT. 93
SSSS SSS2 Ssess 522
DISCOURS
DE M MAGNINI
A MESSIEURS
Ꭰ Ꭼ .
L'ACADEMIE ROYALE
M
D'ARLE S...
ESSIEURS,
Comme c'est le prix & le merite
des graces , qui regle la mefure&
le degré de la reconnoiffance
, celle
que je dois avoir de
l'honneur que vous m'avez fait,
م ت
94 MERCURE
en m'accordant une place parmy.
Vous , ne sçauroit avoir , ny plus
defenfibilité, ny plus d'étendue;
mais fi c'est auffi par ce mefme
prix qu'on doit juger de la diffi
culté qu'il y a d'en faire un jufte
Remerciment , vous vous perfuaderezfans
peine , que je n'ayrien
entrepris de ma vie de fi difficile à
bien executer, que celuy que j'ofe
& que je dois vous faire aujourd'huy
. Le Titre glorieux d'Academicien
Royal , étonne mes idées
au lieu d'élever mon efprit , &
me met dans un jour dont la furprife
m'éblouit , au lieu de m'éclairer.
GALANT.
9 ནྡ
di-
Vous le fçavez par vous - mefmes
, Meffieurs , vous le fçavez;
ilfuppofe un meriteſolide &
fingué , un génie heureux , une
fçavante fine politeſſe ,
mille autres talens que je reconnois
, que je revere , & que tout
le monde admire en chacun de
vous .
Comment pourrois- je donc ,
quand je ne fens & ne puis fairs
remarquer aucun de ces avanta
ges en moy , me perfuader que
jauray celuy de foutenir dignement
un Titre dont on doit avoir
une idée fi noble & fi élevée ?
Que je ferois heureux , Mef
96 MERCURE
fieurs , que je ferois heureux , fi
dans une occafion fi effencielle à
mon devoir, à ma reputation,
je pouvois de bonne foy & fans
Supercherie , me dispenfer de vous
faire un aveu fi propre
propre à vous
donner un jufte repentir du choix
que vous venez de faire ! Que
je ferois heureux encore unefois
fije pouvois me flater un moment
que cette déclaration ſi honteuse
& fi fincere toutefois , paſſera
pour une de ces figures ingenieufes
qui fervent à faire valoir le
merite à force de le defavoüer ,
& quirehauffent la réputation de
l'esprit par celle de la modeftie!
Mais
GALANT.
97
Mais quand je confidere à
quoy je suis engagé par le Titre
d'Académicien Royal dans cette
premiere action ; quand je meſu
re mes pensées & mes expreſſions
à la hauteur des merveilles que
j'entrevois , & qui devroient entrer
dans monfujet, fi j'avois l'adreffe
de les ranger , je ſens bien
que je n'auray dit que trop vray,
que le prétexte de l'Art , &
de la Figure ne fera rien à mon
avantage.
Diſpenſez-moy donc , Meffieurs
, difpenfez-moy de la néceffité
que le Titre que vous m'avezfait
l'honneurde me donner,
Fevrier
1685. I
98 MERCURE
femble m'impofer , de repafferfur
tant de beaux traits , qui rehauf
fent le merite & la gloire de
l'Academie Royale , dans mille
circonftances toutes plus avanta
geuſes l'une que l'autre , & qui
la ménent à l'immortalité , par la
mefme route & par le mefme
l'Academie Françoiſe
voeu que
qui la reconnoît
pour fa Fille
atnée
, eft depuis
fi long- temps
en
droit d'y afpirer
. Qu'ajouterois
-je
à tout ce que ceux qui m'ont
de
vancé
, vous
ont dit de riche
, de
fçavant
& de poly ,fur la dignité
du Titre
Royal
que vous
portez
?
Nefçait- on pas que fi les Noms
GALANT. 99
que le Créateur voulut impofer à
fes Ouvrages , exprimoient les
qualitez la nature des chofes
nommées , Louis LE GRAND
dont la conduite eft une Image fi
wifible de la Sageffe du Tout-
Puiffant , n'a donné le furnom de
Royale à l'Academie d'Arles,
que pour exprimer par ce beau
Titre l'excellence des foins , aufquels
il l'a deftinée , &parce
la Gloire & les Merveilles
de for Regne le plus floriffant
le plus augufte qui fut jamais
, devoient eftre l'objet de fes
veilles , de fes études , & de fes
ouvrages?
que
$21
I ij
Too MERCURE
Certes , ce grand Roy qui con
noift fi diftinctement , & ce qui a
manqué aux Regnesprécedens,
ce qui peut fervir à la gloire du
fien , apres avoir par des Con
questes qui ont étonné l'Univers
par la force invincible de leur rapidité,
étendu & affure fes Fron
tieres , a bien jugé que le repose
le bon-heur de fes Etats & de
fes Sujets , dépendoit de l'établiſfement
des Sciences , & de la
Culture des beaux Arts , & remontant
par l'esprit de cette Sa
geffe , qui voit & penetre tout
dans unfi bel ordre , juſques à la
fource de l'Herefie , dont l'extir
GALANT. IOI
n'a
pation fait le plus cher, le plus
conftant, & le plus affidu de tous
fesfoins , il s'eft bien aperceu que
cette Cangréne fi maligne dans
fon origine , & fifunefte dansfon
progrez, ne s'eft introduite
pris racine dans fes Etats , qu'à la
faveur de l'ignorance , & pour
combatre un malfidangereux &*
fi opiniâtre par un reméde conve
nable , il ménage , il foûtient , it
protége les Sciences par des établiffemens
commodes ,
beralitez genereuſes & néceſſaires
, & les a mifes , enfin en état
de triompher par tout des piéges
des fuites de l'erreur & du
des li-
I iij
102 MERCURE
"
menfonge & de faire comprendre
à tout ce qui n'a pas abandonné
le party de la raison & du
bon fens , que celuy de l'Herefie
n'a plus que l'obstination pour
toute défenſe.
Apres que les Sciences auront
fecondé les pieufes intentions de
Louis LE GRAND , en
foutenant les Droits Sacrez de la
Religion & de l'Eglife ,qui n'aja
mais eu , n'aura jamais de plus.
ferme appuy que fon Fils aîné,
ellesferviront encore avantageufement
au deffein qu'il a d'infpirer
à tous fes Sujets , l'amour &
la pratique des vertus morales,
GALANT. 103
& des moeurs honneftes . Elles
forment le coeur en éclairant l'efprit.
La lumiere du Soleil dans
l'ordre naturel précede la cha
leur, & les connoiffances doivent
difpofer l'ame à l'amour , & à la
poursuite du bien; c'eft pourquoy
Dieu qui en est la fource immenfe
, ne sçauroit eftre fouveraine
ment aimé , comme parle faint
Denis , qu'il ne foit parfaitement
aimé.
Que vous concevez bien ,
Meffeurs , le merite , la grandeur
& l'excellence de vos foins,
& de vos applications , & dans
leur principe , dans leur objet !
د ن ن ز
I
104 MERCURE
"
Vous n'étes pas à la Cour & fous
la vue augufte & Royale de
LOUIS LE GRAND , mais Louis
vous ne laiffez pas de reffentir les
effets glorieux de fes foins & de
fafageffe. Le Soleil produit les
plus riches Metaux, au delà de la
portée de fes rayons , fes vertus
s'infinüent où fa lumiere ne penetre
pas ; ce Monarque Augufte
, le Soleil non feulement de
fes Etats , mais de plufieurs Mondes
s'il y en avoit , fait fentir les
influences de fa fageffe par tout.
Elle eft immenfe dans fes foins ,
dansfes operations , comme fa
puiffance eft invincible dans fes
entrepriſes.
GALANT. 105
ques
Il fçait que les Sciences font
dans Arles comme dans leur centre,
qu'elles yfont naturalifées depuis
plufieurs Siécles . Les Obelifles
Arénes , les Amphitéatres
, & tant d'autres Antiquitez
dont elle mõtre encore aujourd'huy
les magnifiques monumens , font
affez connoistre de quelle confideration
elle a efté dans tous les
tems . Qui voudroit remonterjufques
aux plus anciens & moins
connus , découvriroit fans doute
que la politeffe y régnoit , avant
mefme que les Romains y euffent
élevé tant de marques , de la
magnificence de leur Empire ,
106 MERCURE
de l'eftime qu'ils faifoient de fon
Sejour; qu'aparemment la Co
lonie des Grecs qui vint aborder à
Marſeille , & qui vint àpropos
pour polir les moeurs des premiers
Gaulois , eut fes premiers établiffemens
dans la Ville d' Arles ; &
LOUIS LE GRAND qui recherche
jufques à la fource les femences
des beaux Arts, n'y afans
doute étably l' Academie Royale ,
que parce qu'il a jugé que
dans un
air , où les Sciences font en commerce
depuis fi long- temps , elles
ne manqueroient pas de faire un
progrés éclatant , & digne de la
glaire de fon Regne.
GALANT. 107
Jouiffez, Meffieurs , jouiſſez
des beaux jours qu'enfantent aux
deffeins de vos veilles , des aufpices
fi heureux , fi conftans & fi
magnifiques. Vous vivez , graces
auxfoins & à la faveur du
plusparfait des Roys ; vous vivez
d'une vie glorieufe & fpirituelle,
dont unfeuljour vaut mieux que
les plus longues années de l'ignorance.
Vous aprenez au Monde
tout ce qu'il y a de plus curieux à
fçavoir , des moeurs , de la Police
de la Religion des Anciens.
Vous tirez des ruines qui vous
environnent , mille monumens
d'antiquité, propres àfaire admi108
MERCURE
que
rer la penetration fçavante de
vos recherches. Que n'avez- vous
pas dit de curieux , fur la verité
de cette belle & fameufe Statue
Diane & Venus ont difpu.
tée fi long- temps , & d'une mamiere
fi fine & fi fpirituelle , &
qui enfin fous le nom de Venus,
doit eftre placée avec tant d'autres
, qui font venuës de tous les
endroits du Monde , pour rendre
hommage à Louis Le Grand,
dans la Galerie de Verfailles ?
Vivez , Meffieurs , vivez heureux
dans le noble foin qui vous
occupe. Vousfervez aux deffeins
d'un Monarque qui vient renouGALANT.
10g
veler la face du Monde , &
finir tous ces grands deffeins, que
ceux qui l'ont précedé n'ont fait
qu'ébaucher. Afpirez à la gloire
immortelle qu'il vous propoſe ; rien
ne vous manque pour y arriver.
Vous avez de fa main , & par
fon choix , un Protecteur, illuftre
par fa naiffance , diftingué parfa
faveur , recommandable parfon
merite , qui fçait allier avec tant
d'art & tant d'agrément, la plus
douce , la plus fine , & la plus
fçavante delicateffe des Mufes,
avec la fiere intrepidité de Mars,
en qui l'on voit la belle ame , le
bel efprit , & la grandeur de
110 MERCURE
courage , dans un fi noble & fe
doux accord, que les Sçavans &
les Guerriers peuvent également
y trouver un modéle pour fefor
mer l'esprit & le coeur.
Que je trouverois , tout foible
que je fuis , Meffieurs , que je
trouverois de chofes à repreſenter,
s'il m'étoit permis de m'abandonner
à tout ce qui vient s'offrir à
mes idées , & fi je pouvois ou
blier , que ne pouvant vous donner
des marques d'érudition &
d'efprit , je dois au moins vous
en donner de ma retenuë ! Ge
fera , Meffieurs , en étudiant
me formerfur voftre merite , &
GALANT. III
Jur tant de nobles & avantageufes
qualitez , qui vous diftin.
guent parmy les Sçavans , que je
puis efperer d'aprendre àfurmonter
une partie des defaurs qui me
rendent indigne de l'honneur que
vous m'avezfait , & cette rudeffe
que je fens mieux dans mes
expreffions , que je ne lafçay corriger.
le méditerayfur la beauté
de vos Ouvrages , pour m'inftruire
àpolir les miens ; & comme
ceux qui marchent au Soleil
font colorezfans qu'ils y penfent,
je fortifieray mes connoiffances à
force de ftre éclairépar vos lumie-
Dans la paffion que j'ay
res.
112. MERCURE
toûjours euë, & que j'auray tant
que je vivray , de faire diftinguer
ma voix parmy tant d'autres , qui
chantent & fans ceffe, & fi bien
la gloire , les vertus , les tra
vaux de Louis LE GRAND ,
j'eſſayeray de regler mes tons fur
vos doux accens , d'adoucir mes
Chalumeaux , en étudiant les ac
cordsfçavans de vos Luts ; &ne
pouvant meriter l'honneur de
voftre aprobation par aucune production
d'efprit, jeferayfoigneux
de meriter celuy de vos bonnes graces
, & de vostre eftime , par le
respect & la fincere foumifsion
que j'auray toûjourspour vous.
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Résumé : DISCOURS DE Mr MAGNIN A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE D'ARLES.
M. Magnin adresse un discours de remerciement à l'Académie Royale d'Arles pour son admission. Il exprime son honneur et son humilité face à cette distinction, reconnaissant la difficulté de rendre justice à un tel honneur. Magnin souligne que le titre d'Académicien Royal implique des qualités telles que le mérite solide, le génie et la politesse savante, qu'il admire chez les membres de l'Académie. Il mentionne également la grandeur de Louis le Grand, qui a fondé l'Académie pour promouvoir les sciences et les arts, et pour combattre l'hérésie par l'éducation et la culture. Magnin loue Arles pour son riche passé et ses contributions aux arts et aux sciences. Il conclut en exprimant son désir de s'améliorer et de mériter l'honneur qui lui a été accordé, en étudiant et en admirant les œuvres des membres de l'Académie.
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996
p. 113-114
Ordre de S. Maurice donné à M. d'Hozier, [titre d'après la table]
Début :
Mr d'Hozier, Genealogiste de la Maison du Roy, & Juge [...]
Mots clefs :
Mr d'Hozier, Généalogiste, Ambassadeur, Chevalier, Ordre de St-Maurice, Ordre de St-Lazare, Cérémonies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ordre de S. Maurice donné à M. d'Hozier, [titre d'après la table]
M' d'Hozier, Genealogiſte
de la Maiſon du Roy , & Juge
General des Armes & Blafons
de France , apres avoir
obtenu de Sa Majefté la permiffion
d'accepter l'Ordre de
S. Maurice & de Saint Lazare
de Savoye , dont il a plû à
Monfieur le Duc de Savoye
de le gratifier en confidération
de fon profond fçavoir
dans la Profeffion dont il fe
mefle, fi utile à la Nobleffe;
& à la recommendation
de
M' le Cardinal d'Eftrées , reçût
le ro . du mois paffé l'Habit
& la Croix de cet Ordre,
Fevrier 1685,
K
114 MERCURE
avec les Cerémonies qui luy
font particulieres , & fut fair
Chevalier dans la Chapelle de
la Maifon des Théatins , par
Mile Marquis Ferrero, Grand'
Croix & Grand Hofpitalier du
mefme Ordre , Chevalier de
l'Annóciade , & Ambaffadeur
auprés du Roy. Ce Marquis
eftoit affifté de M' de Planques,
auffi Chevalier de l'Ordre
de S. Maurice
, & Agent
de fon Alteffe Royale de
Savoye en France .
de la Maiſon du Roy , & Juge
General des Armes & Blafons
de France , apres avoir
obtenu de Sa Majefté la permiffion
d'accepter l'Ordre de
S. Maurice & de Saint Lazare
de Savoye , dont il a plû à
Monfieur le Duc de Savoye
de le gratifier en confidération
de fon profond fçavoir
dans la Profeffion dont il fe
mefle, fi utile à la Nobleffe;
& à la recommendation
de
M' le Cardinal d'Eftrées , reçût
le ro . du mois paffé l'Habit
& la Croix de cet Ordre,
Fevrier 1685,
K
114 MERCURE
avec les Cerémonies qui luy
font particulieres , & fut fair
Chevalier dans la Chapelle de
la Maifon des Théatins , par
Mile Marquis Ferrero, Grand'
Croix & Grand Hofpitalier du
mefme Ordre , Chevalier de
l'Annóciade , & Ambaffadeur
auprés du Roy. Ce Marquis
eftoit affifté de M' de Planques,
auffi Chevalier de l'Ordre
de S. Maurice
, & Agent
de fon Alteffe Royale de
Savoye en France .
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Résumé : Ordre de S. Maurice donné à M. d'Hozier, [titre d'après la table]
En février 1685, Monsieur d'Hozier, généalogiste royal et juge des armes, a reçu l'Ordre de Saint Maurice et de Saint Lazare de Savoie. Cette distinction, accordée par le Duc de Savoie et recommandée par le Cardinal d'Estrées, reconnaît son expertise utile à la noblesse. La cérémonie, dirigée par le Marquis Ferrero, s'est tenue dans la chapelle des Théatins.
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997
p. 114-115
Pension donnée par le Roy, [titre d'après la table]
Début :
Mr d'Hozier a un Frere aîné, qui s'étoit aussi rendu capable d'exercer [...]
Mots clefs :
Pensions, Frère, Chevalier, Incapacité, Travail
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pension donnée par le Roy, [titre d'après la table]
M'd'Hozier
a un Frere aîné, qui s'étoit
auffi rendu capable d'exercer
l'Employ de feu M' d'HoGALANT.
15
;
zier leur Pere & qui l'a
mefme exercé plufieurs
années mais eftant devenu
aveugle , & ne pouvant
plus travailler à une
chofe qui demande tant d'aplication
& de lecture , le
Roy qui ne laiſſe jamais le
mérite malheureux , luy donne
depuis fept ans une Penfion
de mille livres. Je vous
parlay il y a quelque temps
de celle que Sa Majefté donne
auffi à M' d'Hozier , qui
vient d'eftre reçû Chevalier
de S. Maurice .
a un Frere aîné, qui s'étoit
auffi rendu capable d'exercer
l'Employ de feu M' d'HoGALANT.
15
;
zier leur Pere & qui l'a
mefme exercé plufieurs
années mais eftant devenu
aveugle , & ne pouvant
plus travailler à une
chofe qui demande tant d'aplication
& de lecture , le
Roy qui ne laiſſe jamais le
mérite malheureux , luy donne
depuis fept ans une Penfion
de mille livres. Je vous
parlay il y a quelque temps
de celle que Sa Majefté donne
auffi à M' d'Hozier , qui
vient d'eftre reçû Chevalier
de S. Maurice .
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Résumé : Pension donnée par le Roy, [titre d'après la table]
Le frère aîné de M. d'Hozier, anciennement en poste comme M. d'Hogalant, est devenu aveugle après plusieurs années de service. Le roi lui accorde une pension de mille livres depuis sept ans. M. d'Hozier a récemment été nommé chevalier de l'ordre de Saint-Maurice.
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998
p. 115-121
Avanture, [titre d'après la table]
Début :
On dit qu'un bienfait n'est jamais perdu, & cela se justifie [...]
Mots clefs :
Gentilhomme, Cavalier, Valets, Chambre, Campagne, Voyage, Récit, Dispute, Rumeurs, Prison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avanture, [titre d'après la table]
On dit qu'un bienfait n'eft
Kij
116 MERCURE
jamais perdu , & cela ſe juſtifie
par beaucoup d'exemples.
En voicy un auffi récent qu'il
eft remarquable. Un Gentilhomme
qui demeure à la
Campagne , retournant chez
luy un foir , rencontra deux
Cavaliers reformez , qui le
priérent fort civilement de
les fecourir dans le befoin
d'argent où ils fe trouvoient
pour achever leur Voyage.
Le Gentilhomme
les voyant
affez bien faits , & jugeant
de leur naiffance par la maniere
honnefte dont ils luy
parlérent , ne fe contenta
GALANT. 117
pas de leur donner. Il leur
dit qu'il eftoit tard , & qu'ils
feroient bien de venir chez
luy , où ils pafferoient la nuit
plus cómodement que dans
un Village. Le Party fut accepté
, les Cavaliers le fuivirent
, & payérent le Soupé
qu'il leur donna , par
la complaifance
d'écouter le long
récit de quelques Campagnes
qu'il avoit faites pendant
fes jeunes années. Apres
un entretien de trois heures,
il les conduifit dans une
Chambre qui n'eftoit ſéparée
d'une autre que par une
118 MERCURE
Cloifon d'ais. Ils fe couchérent,
mais heureuſement pour
le Gentilhomme , ils ne pûrents'endormir.
Unprofond
filence régnoit dans tout le
Logis, quand la voix de deux
Perfonnes qui parloient à
demy bas dans l'autre Chambre
, commença à les fraper.
Chacun d'eux prefta l'oreille ;
& quoy qu'ils perdiffent plufieurs
mots , ils ne laifferent
pas d'en entendre affez pour
comprendre qu'il y avoit difpute
entre deux Valets, fur le
complot d'aller égorger leur
Maitre. Il avoit vendu de
GALANT. 119
puis peu de jours pour huit
cens écus de Bled , & il s'agiffoit
entr'eux d'avoir cet
argent . L'un trembloit d'eftre
furpris en executant le crime
dont ils eftoient demeurez
d'accord, & l'autre tâchoit de
l'encourager. Enfin , ayant
entendu que ces Miserables
fortoient de leur Chambre,
ils fe leverent le plus doucement
qu'ils pûrent , & ſe jetterent
fur eux lors qu'ils entroient
dans celle du Gentilhomme
. Il s'éveilla à ce bruit,
& demanda ce qu'on luy vouloit
. Toute la Maifon fut en
120 MERCURE
rumeur. On fit aporter de la
lumiere , & les deux Valets
troublez , quoy qu'ils n'avoüaffent
rien , firent affez
voir par leur defordre & par
leur pâleur , qu'ils étoient
coupables . On leur trouva
des rafoirs , & des coût aux
fort tranchans , & on les mit
en lieu feur jufqu'au lendemain,
qu'on les mena en prifon.
Vous pouvez croire que
le Gentilhomme n'auroit pas
fi - toft congedié les Cavaliers
qui luy ont fauvé la vie, quand
leur prefence n'eût pas efté
néceffaire pour l'inftruct on
de
GALANT. 121
de ce Procez criminel . Je
m'informeray de l'évenement
pour vous le faire fçavoir.
Kij
116 MERCURE
jamais perdu , & cela ſe juſtifie
par beaucoup d'exemples.
En voicy un auffi récent qu'il
eft remarquable. Un Gentilhomme
qui demeure à la
Campagne , retournant chez
luy un foir , rencontra deux
Cavaliers reformez , qui le
priérent fort civilement de
les fecourir dans le befoin
d'argent où ils fe trouvoient
pour achever leur Voyage.
Le Gentilhomme
les voyant
affez bien faits , & jugeant
de leur naiffance par la maniere
honnefte dont ils luy
parlérent , ne fe contenta
GALANT. 117
pas de leur donner. Il leur
dit qu'il eftoit tard , & qu'ils
feroient bien de venir chez
luy , où ils pafferoient la nuit
plus cómodement que dans
un Village. Le Party fut accepté
, les Cavaliers le fuivirent
, & payérent le Soupé
qu'il leur donna , par
la complaifance
d'écouter le long
récit de quelques Campagnes
qu'il avoit faites pendant
fes jeunes années. Apres
un entretien de trois heures,
il les conduifit dans une
Chambre qui n'eftoit ſéparée
d'une autre que par une
118 MERCURE
Cloifon d'ais. Ils fe couchérent,
mais heureuſement pour
le Gentilhomme , ils ne pûrents'endormir.
Unprofond
filence régnoit dans tout le
Logis, quand la voix de deux
Perfonnes qui parloient à
demy bas dans l'autre Chambre
, commença à les fraper.
Chacun d'eux prefta l'oreille ;
& quoy qu'ils perdiffent plufieurs
mots , ils ne laifferent
pas d'en entendre affez pour
comprendre qu'il y avoit difpute
entre deux Valets, fur le
complot d'aller égorger leur
Maitre. Il avoit vendu de
GALANT. 119
puis peu de jours pour huit
cens écus de Bled , & il s'agiffoit
entr'eux d'avoir cet
argent . L'un trembloit d'eftre
furpris en executant le crime
dont ils eftoient demeurez
d'accord, & l'autre tâchoit de
l'encourager. Enfin , ayant
entendu que ces Miserables
fortoient de leur Chambre,
ils fe leverent le plus doucement
qu'ils pûrent , & ſe jetterent
fur eux lors qu'ils entroient
dans celle du Gentilhomme
. Il s'éveilla à ce bruit,
& demanda ce qu'on luy vouloit
. Toute la Maifon fut en
120 MERCURE
rumeur. On fit aporter de la
lumiere , & les deux Valets
troublez , quoy qu'ils n'avoüaffent
rien , firent affez
voir par leur defordre & par
leur pâleur , qu'ils étoient
coupables . On leur trouva
des rafoirs , & des coût aux
fort tranchans , & on les mit
en lieu feur jufqu'au lendemain,
qu'on les mena en prifon.
Vous pouvez croire que
le Gentilhomme n'auroit pas
fi - toft congedié les Cavaliers
qui luy ont fauvé la vie, quand
leur prefence n'eût pas efté
néceffaire pour l'inftruct on
de
GALANT. 121
de ce Procez criminel . Je
m'informeray de l'évenement
pour vous le faire fçavoir.
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Résumé : Avanture, [titre d'après la table]
Un gentilhomme, de retour chez lui à la campagne, rencontre deux cavaliers réformés en difficulté financière. Ému par leur apparence et leur honnêteté, il les invite à passer la nuit chez lui. Pendant la nuit, les cavaliers entendent deux valets comploter pour assassiner leur maître afin de voler de l'argent. Ils interviennent et neutralisent les valets, sauvant ainsi la vie du gentilhomme. Reconnaissant, ce dernier ne les congédie pas immédiatement, leur présence étant nécessaire pour instruire le procès des valets. L'auteur mentionne qu'il se renseignera sur l'issue de l'affaire pour en informer les lecteurs.
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999
p. 121-130
LE LOUP, LE RENARD, ET LA MULE. FABLE.
Début :
Je vous envoye une Fable que vous trouverez aussi finement / Helas, que n'ay-je encor mon heureuse ignorance ! [...]
Mots clefs :
Loup, Renard, Mule, Ignorance, Instruit, Hasard, Ennui
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE LOUP, LE RENARD, ET LA MULE. FABLE.
Je vous envoye une Fable
que vous trouverez auffi finement
tournée que toutes
les autres que vous avez déja
leuës de M' de la Barre de
Tours. Vous me mandiez
qu'il vous ennuyoit de ne plus
rien voir de luy , & heureuſement
j'ay dequoy vous fatisfaire.
[ Fevrier 1685.
L
122 MERCURE
5252525252525252
LE LOUP,
LE RENARD,
ET LA MULE.
FABLE .
HElas, que n'ay-je encor mon
heureuse ignorance!
Qu'il m'eftfâcheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Je vous aimois ,&j'avois l'espérance
Que par devoir oupar reconnoif-
Sance
Vous me feriez goûter le fruit
Que méritoient mesfeux, mesfoins
& ma conftance;
Mais aujourd'huy mon espoir eft
détruit,
GALANT. 123
Et par ce que vous m'avez dit
F'ay connu vostre coeur &fon indiférence.
`Hélas, que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'eftfâcheux, Iris, d'eftre trop
bien inftruit!
$2
Mon Rival a parfon abſence
Evité la trifle Sentence,
Qui le pouvoit réduire où me voila
réduit.
Il n'est pas plus aimé, j'y vois de l'aparence;
Maisfon malheur n'estpoint en évidence.
Fene goûteray plus l'espoir dont il
jouit:
Ah, trop malheureufefcience!
Voyez l'ennuy cruel que vous avez
produit.
Lij
124 MERCURE
Hélas que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'estfacheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Sa
Ainfiparloit un pauvre Diable,
Trop curieux pourfon malheur,
Qui voulant lire au fond du coeur
D'une jeune Beauté qui n'étoit pas
traitable,
cc que le Loup
va voir dans
r vit ce
cette Fable.
25
Sire le Loup & Sire le Renard,
Animaux exerçans par tout la tyrannie
Se rencontrerent par hazard,
Tous deux ne cherchant point mauvaife
compagnie,
Nefe plaifantpas moins , qu'avec plus
méchans qu'eux;
GALANT. 125
Enfin donc, par hazard, s'étant trouvez
tous deux.
Apres quelque ceremonie,
Comme il convient à Gensfçachans
leur pain manger
.
Ils font un petit tour de promenade
enfemble.
Ilfautfçavoir comme un Berger,
A leur affecttousfes Moutons r'af-
Jemble,
Et comme tout Mananpour Volatille
tremble,
Renard & Loup, par tout conduisant
le
danger.
Ils marcherent parlant du beau icmps, ›
de la pluye,
Car Couple qui ne s'aime
Et qu'aucun commerce ne lie,
pas,
A des narrez bien longs trouvefort
peu d'appas..
Pour animer leur tefte- à- tefte,;
L
iij
126 MERCURE
3
Que n'ont- ils quelque Tiers ?un Tiers
eft un fecours,
Quifert beaucoup,lors que le Couple
eftbefte:
De cecy nous voyons lapreuve tous les
jours.
Ce Tiers à point nomméparut dans
un palage
Grave & penfif, mais qui n'étoit
pointfot,
Rouge de poil , de moyen Age,
C'eficit une Mule , en un mot.
Nos deux Meffieurs y viennent tout
en nage,
Pour accourir ils avoient pris le
trot.
Eftant un peu remis , le Loupfit la
Harangue
,
Mais, comme vousfçavez, il a mauvaife
langue,
Et ne pût pas perfuader
GALANT. 127
La Mule à découvrir comment elle
s'apelle.
Sire Renard, s'aproche plusprés d'elle ,
Afin de mieux luy demander
Ses qualités,fen nom, &fanaiffance ,
Car, ny le Loup , ny luy , n'eurent,
dit- il,jamais,
Ny l'honneur de la voir , ny de fa
connoiffance.
Avouray- je mon ignorance,
Dit la Mule ? excufez l'aveu queje
vous fais,
( Il est un peu d'une Pecore ).
Foy d'Animal d'honneur , je ne
fçay pas mon nom.
Bon , c'eft railler, dit le Loup.
Non,
Non, repartit la Mule, il eft vray,
je l'ignore,
Mes Parens, pour raiſon , ne me
l'ont point appris.
Liiij
128 MERCURE
D'un teldifcours nos Gens eftant
Surpris,
Tousdeux s'obtinerent encore
A la preffer àqui mieux mieux;
Mais la Mule en fçavoit plus
Roux.
Qui de vous deux fçait le
mieux lire,
Leur dit- elle?Le Loup luy dit d'abord,
c'eft moy.
Le Renard ne dit rien, voulantfça.
voir pourquoy
Se fait cette demande. A mon pied
de derriere ,
Dit la Mule , mon nom est écrit ,
lifez donc .
Qii , moy , dit le Renard ? lireje
ne fçûs onc ,
Difant ces mots , il tourna le der-
-riere.
Je lis comme un Doccur , Oh,
montrez , dit le Loup .
GALANT. 129
La Mule en luy montrant , vous luy
lache un grand coup
Defon Fer à crampons au milieu du
vifage,
Et de ce coup ilfut étendu roide
mort.
Tant pis pour vous , Signor
Dottor,
Dit le Renard ,fuyant fans parler,
davantage.
$2
Or fus , lequel est le plusfage
A voftre avis , de ces deux Animaux?
Je tiens pour le Renard , & pourfon.
ignorance,
Une fachenfe experience ,
Nous faifant voir , que fi par la
fcience
de bien, il vient beau-
Il vient un peu de bien,
coup de maux.
130 MERCURE
A propos de cette Fable,
vous ferez bien aife d'aprendre
que le S Blageart en doit
debiter un Recueil au commencement
du mois prochain
, fous le Tître de Fables
Nouvelles
. Je ne vous
puis dire qui en eft l'Autheur.
Je fçay feulement que plufieurs
Perfonnes d'efprit qui
les ont veuës , les eftiment
fort , & difent en les loüant,
que l'Illuftre M ' de la Fontaine
qui a pouffé ſi loin ce
genre d'écrire , les lira luymefme
avec plaifir .
que vous trouverez auffi finement
tournée que toutes
les autres que vous avez déja
leuës de M' de la Barre de
Tours. Vous me mandiez
qu'il vous ennuyoit de ne plus
rien voir de luy , & heureuſement
j'ay dequoy vous fatisfaire.
[ Fevrier 1685.
L
122 MERCURE
5252525252525252
LE LOUP,
LE RENARD,
ET LA MULE.
FABLE .
HElas, que n'ay-je encor mon
heureuse ignorance!
Qu'il m'eftfâcheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Je vous aimois ,&j'avois l'espérance
Que par devoir oupar reconnoif-
Sance
Vous me feriez goûter le fruit
Que méritoient mesfeux, mesfoins
& ma conftance;
Mais aujourd'huy mon espoir eft
détruit,
GALANT. 123
Et par ce que vous m'avez dit
F'ay connu vostre coeur &fon indiférence.
`Hélas, que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'eftfâcheux, Iris, d'eftre trop
bien inftruit!
$2
Mon Rival a parfon abſence
Evité la trifle Sentence,
Qui le pouvoit réduire où me voila
réduit.
Il n'est pas plus aimé, j'y vois de l'aparence;
Maisfon malheur n'estpoint en évidence.
Fene goûteray plus l'espoir dont il
jouit:
Ah, trop malheureufefcience!
Voyez l'ennuy cruel que vous avez
produit.
Lij
124 MERCURE
Hélas que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'estfacheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Sa
Ainfiparloit un pauvre Diable,
Trop curieux pourfon malheur,
Qui voulant lire au fond du coeur
D'une jeune Beauté qui n'étoit pas
traitable,
cc que le Loup
va voir dans
r vit ce
cette Fable.
25
Sire le Loup & Sire le Renard,
Animaux exerçans par tout la tyrannie
Se rencontrerent par hazard,
Tous deux ne cherchant point mauvaife
compagnie,
Nefe plaifantpas moins , qu'avec plus
méchans qu'eux;
GALANT. 125
Enfin donc, par hazard, s'étant trouvez
tous deux.
Apres quelque ceremonie,
Comme il convient à Gensfçachans
leur pain manger
.
Ils font un petit tour de promenade
enfemble.
Ilfautfçavoir comme un Berger,
A leur affecttousfes Moutons r'af-
Jemble,
Et comme tout Mananpour Volatille
tremble,
Renard & Loup, par tout conduisant
le
danger.
Ils marcherent parlant du beau icmps, ›
de la pluye,
Car Couple qui ne s'aime
Et qu'aucun commerce ne lie,
pas,
A des narrez bien longs trouvefort
peu d'appas..
Pour animer leur tefte- à- tefte,;
L
iij
126 MERCURE
3
Que n'ont- ils quelque Tiers ?un Tiers
eft un fecours,
Quifert beaucoup,lors que le Couple
eftbefte:
De cecy nous voyons lapreuve tous les
jours.
Ce Tiers à point nomméparut dans
un palage
Grave & penfif, mais qui n'étoit
pointfot,
Rouge de poil , de moyen Age,
C'eficit une Mule , en un mot.
Nos deux Meffieurs y viennent tout
en nage,
Pour accourir ils avoient pris le
trot.
Eftant un peu remis , le Loupfit la
Harangue
,
Mais, comme vousfçavez, il a mauvaife
langue,
Et ne pût pas perfuader
GALANT. 127
La Mule à découvrir comment elle
s'apelle.
Sire Renard, s'aproche plusprés d'elle ,
Afin de mieux luy demander
Ses qualités,fen nom, &fanaiffance ,
Car, ny le Loup , ny luy , n'eurent,
dit- il,jamais,
Ny l'honneur de la voir , ny de fa
connoiffance.
Avouray- je mon ignorance,
Dit la Mule ? excufez l'aveu queje
vous fais,
( Il est un peu d'une Pecore ).
Foy d'Animal d'honneur , je ne
fçay pas mon nom.
Bon , c'eft railler, dit le Loup.
Non,
Non, repartit la Mule, il eft vray,
je l'ignore,
Mes Parens, pour raiſon , ne me
l'ont point appris.
Liiij
128 MERCURE
D'un teldifcours nos Gens eftant
Surpris,
Tousdeux s'obtinerent encore
A la preffer àqui mieux mieux;
Mais la Mule en fçavoit plus
Roux.
Qui de vous deux fçait le
mieux lire,
Leur dit- elle?Le Loup luy dit d'abord,
c'eft moy.
Le Renard ne dit rien, voulantfça.
voir pourquoy
Se fait cette demande. A mon pied
de derriere ,
Dit la Mule , mon nom est écrit ,
lifez donc .
Qii , moy , dit le Renard ? lireje
ne fçûs onc ,
Difant ces mots , il tourna le der-
-riere.
Je lis comme un Doccur , Oh,
montrez , dit le Loup .
GALANT. 129
La Mule en luy montrant , vous luy
lache un grand coup
Defon Fer à crampons au milieu du
vifage,
Et de ce coup ilfut étendu roide
mort.
Tant pis pour vous , Signor
Dottor,
Dit le Renard ,fuyant fans parler,
davantage.
$2
Or fus , lequel est le plusfage
A voftre avis , de ces deux Animaux?
Je tiens pour le Renard , & pourfon.
ignorance,
Une fachenfe experience ,
Nous faifant voir , que fi par la
fcience
de bien, il vient beau-
Il vient un peu de bien,
coup de maux.
130 MERCURE
A propos de cette Fable,
vous ferez bien aife d'aprendre
que le S Blageart en doit
debiter un Recueil au commencement
du mois prochain
, fous le Tître de Fables
Nouvelles
. Je ne vous
puis dire qui en eft l'Autheur.
Je fçay feulement que plufieurs
Perfonnes d'efprit qui
les ont veuës , les eftiment
fort , & difent en les loüant,
que l'Illuftre M ' de la Fontaine
qui a pouffé ſi loin ce
genre d'écrire , les lira luymefme
avec plaifir .
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Résumé : LE LOUP, LE RENARD, ET LA MULE. FABLE.
La lettre, datée de février 1685, accompagne une fable intitulée 'Le Loup, le Renard et la Mule'. L'expéditeur répond à une demande de son destinataire, qui s'ennuyait de ne plus recevoir de nouvelles de M. de la Barre de Tours. La fable narre la rencontre fortuite entre un loup et un renard, deux animaux tyranniques, qui se promènent ensemble par ennui. Ils croisent une mule qui ignore son propre nom. Le loup et le renard tentent de découvrir ce nom. La mule les défie de lire son nom écrit sur son pied arrière. Le loup accepte et se fait frapper par le fer à crampons de la mule, ce qui le tue. Le renard, plus prudent, refuse et s'enfuit. La morale de la fable suggère que la prudence et l'ignorance peuvent parfois éviter des maux. La lettre mentionne également qu'un certain S. Blageart publiera prochainement un recueil de fables nouvelles, appréciées par plusieurs personnes d'esprit, et que même l'illustre M. de la Fontaine les lirait avec plaisir.
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1000
p. 130-132
Ambassadeurs nommez par le Roy, [titre d'après la table]
Début :
Mr le Comte de Cheverny, Fils de feu Mr de Monglas, [...]
Mots clefs :
Comte de Cheverny, Chevalier, Ambassadeur du Danemark, Envoyé extraordinaire, Sagesse, Marquis de Feuquieres, Ambassadeur extraordinaire, Abbé Morel, Nominations
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texteReconnaissance textuelle : Ambassadeurs nommez par le Roy, [titre d'après la table]
M ' le Comte de Cheverny,
GALANT. 131
Fils de feu M ' de Monglas ,
Chevalier des Ordres du
Roy, & Maistre de la Garderobe
de Sa Majeſté , a eſté
nommé Ambaffadeur
en
Dannemarc. Vous le connoiſſez
, & je vous parlay de
luy , lors qu'il fut choisi pour
eftre Envoyé Extraordinaire
auprés de l'Empereur. Ces
deux Emplois font les premiers
qu'il ait eus , & il en tire
d'autant plus de gloire , que
qui commence par là à entrer
dans les Affaires , doit
avoir donné de grandes preuves
de fon efprit , de fa fagef
132 MERCURE
fe, & de fa conduite .
Mi le Marquis de Feuquieres
a efté aufli nommé Ambaffadeur
Extraordinaire en
Eſpagne . Il eft d'une naiſſance
diftinguée , & a tres bien
fervy en plufieurs occafions.
Mr l'Abbé Morel , qui a
efté Envoyé Extraordinaire
vers les Princes d'Italie , &
qui s'eft aquité avec fuccez
de plufieurs importantes Négotiations,
va remplir le Pofte
d'Envoyé Extraordinaire auprés
de Sa Majesté Imperiale,.
en la place de M² le Comte
de Cheverny .
GALANT. 131
Fils de feu M ' de Monglas ,
Chevalier des Ordres du
Roy, & Maistre de la Garderobe
de Sa Majeſté , a eſté
nommé Ambaffadeur
en
Dannemarc. Vous le connoiſſez
, & je vous parlay de
luy , lors qu'il fut choisi pour
eftre Envoyé Extraordinaire
auprés de l'Empereur. Ces
deux Emplois font les premiers
qu'il ait eus , & il en tire
d'autant plus de gloire , que
qui commence par là à entrer
dans les Affaires , doit
avoir donné de grandes preuves
de fon efprit , de fa fagef
132 MERCURE
fe, & de fa conduite .
Mi le Marquis de Feuquieres
a efté aufli nommé Ambaffadeur
Extraordinaire en
Eſpagne . Il eft d'une naiſſance
diftinguée , & a tres bien
fervy en plufieurs occafions.
Mr l'Abbé Morel , qui a
efté Envoyé Extraordinaire
vers les Princes d'Italie , &
qui s'eft aquité avec fuccez
de plufieurs importantes Négotiations,
va remplir le Pofte
d'Envoyé Extraordinaire auprés
de Sa Majesté Imperiale,.
en la place de M² le Comte
de Cheverny .
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Résumé : Ambassadeurs nommez par le Roy, [titre d'après la table]
Le Comte de Cheverny est nommé Ambassadeur en Dannemarc et Envoyé Extraordinaire auprès de l'Empereur. Le Marquis de Feuquieres devient Ambassadeur Extraordinaire en Espagne. L'Abbé Morel remplace le Comte de Cheverny comme Envoyé Extraordinaire auprès de l'Empereur. Ces nominations soulignent les compétences et les services des nommés.
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