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1
p. 278
II.
Début :
En Cuisinier je me déguise [...]
Mots clefs :
Cuisinier, Déguisement, Cerise
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texteReconnaissance textuelle : II.
II.
N Cuifinierje me déguiſe
Au temps de la belle Saifon,
Quand je traite dans ma Maiſon
Je fais lafauffe à la Ceriſe.
N Cuifinierje me déguiſe
Au temps de la belle Saifon,
Quand je traite dans ma Maiſon
Je fais lafauffe à la Ceriſe.
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2
p. 3-11
La mauvaise Honte.
Début :
Ce n'est pas d'aujourd'huy que pauvreté fait honte: [...]
Mots clefs :
Vin, Honte, Cuisinier, Pauvreté, Viande
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texteReconnaissance textuelle : La mauvaise Honte.
La mauvaiſe Honte.
CE n'est pas d'aujour
d'huyque pauvreté
fait bonte :
Unjour certain Marquis
ou Comte ,
Juin 1712.
A ij
MERCURE
a
Tres bon enfant d'ailleurs,
maispauvre &glorieux,
Parnouspique d'honneur,
nepouvantfaire mieux,
Confent à regaler noftre
bachique troupes
Averty des la veille il
* nous donne fafcupe
Soupefimple, mais de bon
goufi,
Un bon bouilli , point de
ragouft.
Son Cuifinier (dit-il , car
c'eftoit une excuſe
De Cuisinier jamais il
GALANT:
nafe)
Mon Cuifinier, dit- ilfur
qui j'avois compté
Juftement à midy du mal
caduc tombe
Nous oblige , Meffieurs ,
à vivre de regime ,
Tant mieux,refpond quel
qu'un , c'est la bonne·
maxime ,
Viandefimple , bon pain ,
bon vin ,
Bon cœur & liberté font
un repas divin.
Noftre hofte rougiffant de
Aiij
5 MERCURE
fon excufefade ,
Autre excufe nous donne
avec une falade ,
Excufe de n'avoir d'autre
roft qu'ungigots
On ne croit point les
en ce cas à leur mot
ད
gens
Tel ne s'excuſe ainsi que
parfanfaronade,
Nous efperions du moins
oupoulets oupigeons
Sur ce petit efpoir lentement nous mangeons ,
Pendant qu'il nous promet , mais pour l'autre
GALANT. 7
femaine,
Vingt pieces de gibier qui
Tuy viendront du
Maine ,
Jurant qu'en unfeuljour
tour nous fera fervi :
Ce prodigue ferment à
l'inftantfut fuivi
D'une langue de bœuf,
quefuivoit unfromage,
A cet afpect d'abord je
fais en hommefage ,
Arreft fur le gigot qu'on
veut nous enlever ,
Il eftoit merveilleux , chaAiiij
* MERCURE
cun veut l'achever...
C'a quel vin boirons-nous,
dit-il , pour duChampagne
Je croy que nous n'en avons pas
Mon vin de Bourgogne
eft au bas
Maisil me vient demain
d'excellent vin d'Ef
pagne,
Paffons-nous aujourd'huy
de ce vinde moncro
Il eftoit bon, il en fut bu
Contrit , konteux le pau-
GALANT.
vre Comte ,
Alongs traits avalloitfa
Fonte:
Afa konte qui s'evada.
La finceritefucceda,
Trouble d'une fincere yvreſſe ,
Il nous dit où le baft le
bleffe:
Helas ! dit-il , aprés quel
ques foupirs vineux
Pauvrete c'est mon tort ,
j'en eftois konteux ,
Voyantjufqu'à quelpoint
pauvreté deshonore:
10 MERCURE
Par ce mauvais repas .
ony j'aimois mieux.
encore
Que l'on me foupçonnaft
d'eftre avaricieux;
Dans le vin je raifonne
mieux
Lapauvreté n'eft pas un
vice ,
Et c'en eft unque
rice :
LavaMais puis qu'apresent
chacun croit
Ce que je croyois defang
froid ,
GALANT.
BI
Qu'argent honore plus que
vertu , que nobleffe ,
Croire autrement c'est une
yureffe ,
C'est ce qu'a décidéle vice
revefti
Desdépouilles de la vertu
CE n'est pas d'aujour
d'huyque pauvreté
fait bonte :
Unjour certain Marquis
ou Comte ,
Juin 1712.
A ij
MERCURE
a
Tres bon enfant d'ailleurs,
maispauvre &glorieux,
Parnouspique d'honneur,
nepouvantfaire mieux,
Confent à regaler noftre
bachique troupes
Averty des la veille il
* nous donne fafcupe
Soupefimple, mais de bon
goufi,
Un bon bouilli , point de
ragouft.
Son Cuifinier (dit-il , car
c'eftoit une excuſe
De Cuisinier jamais il
GALANT:
nafe)
Mon Cuifinier, dit- ilfur
qui j'avois compté
Juftement à midy du mal
caduc tombe
Nous oblige , Meffieurs ,
à vivre de regime ,
Tant mieux,refpond quel
qu'un , c'est la bonne·
maxime ,
Viandefimple , bon pain ,
bon vin ,
Bon cœur & liberté font
un repas divin.
Noftre hofte rougiffant de
Aiij
5 MERCURE
fon excufefade ,
Autre excufe nous donne
avec une falade ,
Excufe de n'avoir d'autre
roft qu'ungigots
On ne croit point les
en ce cas à leur mot
ད
gens
Tel ne s'excuſe ainsi que
parfanfaronade,
Nous efperions du moins
oupoulets oupigeons
Sur ce petit efpoir lentement nous mangeons ,
Pendant qu'il nous promet , mais pour l'autre
GALANT. 7
femaine,
Vingt pieces de gibier qui
Tuy viendront du
Maine ,
Jurant qu'en unfeuljour
tour nous fera fervi :
Ce prodigue ferment à
l'inftantfut fuivi
D'une langue de bœuf,
quefuivoit unfromage,
A cet afpect d'abord je
fais en hommefage ,
Arreft fur le gigot qu'on
veut nous enlever ,
Il eftoit merveilleux , chaAiiij
* MERCURE
cun veut l'achever...
C'a quel vin boirons-nous,
dit-il , pour duChampagne
Je croy que nous n'en avons pas
Mon vin de Bourgogne
eft au bas
Maisil me vient demain
d'excellent vin d'Ef
pagne,
Paffons-nous aujourd'huy
de ce vinde moncro
Il eftoit bon, il en fut bu
Contrit , konteux le pau-
GALANT.
vre Comte ,
Alongs traits avalloitfa
Fonte:
Afa konte qui s'evada.
La finceritefucceda,
Trouble d'une fincere yvreſſe ,
Il nous dit où le baft le
bleffe:
Helas ! dit-il , aprés quel
ques foupirs vineux
Pauvrete c'est mon tort ,
j'en eftois konteux ,
Voyantjufqu'à quelpoint
pauvreté deshonore:
10 MERCURE
Par ce mauvais repas .
ony j'aimois mieux.
encore
Que l'on me foupçonnaft
d'eftre avaricieux;
Dans le vin je raifonne
mieux
Lapauvreté n'eft pas un
vice ,
Et c'en eft unque
rice :
LavaMais puis qu'apresent
chacun croit
Ce que je croyois defang
froid ,
GALANT.
BI
Qu'argent honore plus que
vertu , que nobleffe ,
Croire autrement c'est une
yureffe ,
C'est ce qu'a décidéle vice
revefti
Desdépouilles de la vertu
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Résumé : La mauvaise Honte.
En juin 1712, un marquis ou comte invite des amis à un repas modeste, s'excusant d'avance pour le menu simple : une soupe et un bouilli sans ragout, en raison de la maladie de son cuisinier. Un convive répond que la simplicité, le bon pain, le bon vin, le bon cœur et la liberté suffisent pour un repas divin. L'hôte, gêné, s'excuse de nouveau pour le manque de viande, promettant du gibier pour la semaine suivante. Il sert ensuite une langue de bœuf avec du fromage. Un convive tente de garder le gigot et demande quel vin ils boiront. L'hôte propose son vin de Bourgogne, attendant du vin d'Espagne. Après le repas, le comte avoue sa honte face à sa pauvreté, préférant être soupçonné d'avarice. Il exprime sa tristesse de voir que la pauvreté déshonore plus que l'avarice et que la société valorise l'argent plus que la vertu.
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3
p. 188-191
ENVOY. Par le Cuisinier d'Arnolfe, ou Arnofle, experto crede Roberto.
Début :
Moy Cuisinier bon compagnon [...]
Mots clefs :
Oignon, Cuisinier
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texteReconnaissance textuelle : ENVOY. Par le Cuisinier d'Arnolfe, ou Arnofle, experto crede Roberto.
E NVO Y.
ParleCuisinier d'Arr.osse,on Amofieexpert»
crede Roberto.
-
Moy Cuisinier bon conv
pagnon -
-
J'aydeviné l'Enigmeobs-
, cure,
Ouy par la teste d'un
L
oignon,
J'en puis jurer, puisque
-
--
j'en jure,
Et qu'au plus noble oi--
gnon teste jescai -
tv couper. J'enragè quandjevoyque
mon ayare Arnosle ;
Fait souvent son sobre
souper
D'un oignonempalé d'un
seul clou de girosle.
En chartrc comme moy
ce Maistre va tomber,
Je pleure de la maigre
chere
Qu'avec oignons il nous
fait faire,
Hors oignons rien chez
luy ne le peut derober,
Oignons seuls ornent ïà
euiûne,
Et partant sont pour moy
simbole de famine.
Le mot de la premiere
Enigme, cejl les dents.
Vous en trouverez la
Parodie page ij8
ParleCuisinier d'Arr.osse,on Amofieexpert»
crede Roberto.
-
Moy Cuisinier bon conv
pagnon -
-
J'aydeviné l'Enigmeobs-
, cure,
Ouy par la teste d'un
L
oignon,
J'en puis jurer, puisque
-
--
j'en jure,
Et qu'au plus noble oi--
gnon teste jescai -
tv couper. J'enragè quandjevoyque
mon ayare Arnosle ;
Fait souvent son sobre
souper
D'un oignonempalé d'un
seul clou de girosle.
En chartrc comme moy
ce Maistre va tomber,
Je pleure de la maigre
chere
Qu'avec oignons il nous
fait faire,
Hors oignons rien chez
luy ne le peut derober,
Oignons seuls ornent ïà
euiûne,
Et partant sont pour moy
simbole de famine.
Le mot de la premiere
Enigme, cejl les dents.
Vous en trouverez la
Parodie page ij8
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Résumé : ENVOY. Par le Cuisinier d'Arnolfe, ou Arnofle, experto crede Roberto.
Un poème en ancien français critique Arnose, décrit comme frugal. Le narrateur, un cuisinier, déplore les repas d'Arnose, souvent réduits à un oignon. Il révèle que la solution d'une énigme est 'les dents' et que la parodie de cette énigme se trouve à la page 138.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. [203]-209
ENVOY d'un pâté de Canards d'Amiens à M. M. D. M. sous le nom de Damon, par un de ses Parens, Prieur en Picardie.
Début :
Canards rodoient dans nos fossés, [...]
Mots clefs :
Canards, Pâté, Maladie, Musique, Picardie, Tranquillité, Cuisinier, Humour, Convalescent
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texteReconnaissance textuelle : ENVOY d'un pâté de Canards d'Amiens à M. M. D. M. sous le nom de Damon, par un de ses Parens, Prieur en Picardie.
ENVOY d'un pâté de Canards d'Amiens
à M. M. D. M. sous le nom de
Damon , par un de ses Parens , Prieur
en Picardie.
C
Anards rodoient dans nos fossés ,
Troupe importune et barboteuse ;
De leur voix aigre et raboteuse ;
Nos mâtins la nuit agacés ,
En maison tranquile et peureuse ,
Mettoient l'allarme ; et le Béfroi
Sonnant tocsin dans les tenebres,
A ij N'ins204
MERCURE DE FRANCE
N'inspira jamais plus d'éfroi ,
Par ses sons bruyans et funebres.
De la gent au gozier glouton ,
A grand kan kan,, dans notre mare
Il fallut supprimer le ton.
Fut dit , fut fait ; on se prépare ;
Notre gros Cuisinier plus rond
Que son billot , en criant gare ,
Haussant le bras , ridant le front ,
A pauvre peuple tintamare
Coupa le col : oh ! le barbare ,
S'écriera Belle , qu'à M ... our
Troupe kankane et caressée ,
Va visiter cent fois le jour
Pour avoir d'elle la becquée.
Mais dût-elle en triste chanson ;
En bémol , ou bien en bécare ,
Se plaindre de l'acte félon
A sa plainte on dira tarare.
De nos Canards bien trépassés ,
Et que Degan en grosse croute
A bien et duëment enchassés
De
peur
›
de malencontre en route ,
Damon voilà le guet - à- pand ,
Qui n'est cas prévôtal , je pense :
Oncque Canard ni Hallebran
Ne fit pendre son homme en France.
Fameux faiseur de pâtés.
Dans 4
FEVRIER.
1731. 205
Dans nos fossés leur Archipel ,
Pápas Sultans , mamans Sultanes ,
Chaque hyver , au premier d'égel ,
Recommençoient leurs caravanes ,
Pour aller honorer Degan ;
Et c'étoit lors nouveau kan kan
Qu'à chaque instant pendant l'Office
On leur entendoit frédonner :
Pour gens dévots c'est un supplice
D'entendre sans cesse entonner
Musique à désoler un Suisse ,
Qui n'aime point à raisonner.
Pour le cas , non pour autre chose ,
Peuple kan kan , grace à Degan ,
Et grace à la Métamorphose ,
Devient pâté du nouvel an.
Je te le dépêche , beau Sire ,
Et l'aurois dépêché plutôt
Si mal qui des maux n'est le pire ,
Quand il ne mene qu'au seul trot
Pauvre Chrétién , souffre martire
Ne m'eut mené le grand galop.
Lecorps fondu comme la cire ,
Et plus foible qu'un Escargot ,
Je ne sçavois parler , écrire
A nul au monde un petit mot.
Lachesis , que rien n'amadouë
Hâtoit déja son noir fuseau
"
La vieille laide , à grosse mouë ,
>
A iij Ap
206 MERCURE DE FRANCE
•
Apprêtoit le fatal ciseau ,
Quand un matin , Maître Esculape
Un affreux breuvage à la main
Me dit , avale ; je le happe ;
2
Et drogues dès le lendemain ,
D'aller dans mon corps à la sappe
Chercher l'ennemi souterrain ,
Mieux n'auroit fait
pour
Prince ou Pape.
Enfin , cher Damon , me voici ,
A titre encor de bail à vie ,
Habitant de ce monde ci ;
Mais , helas ! que j'aurois envie
D'assister à tout le convoi
De ma deffunte volatille
Dont je te fais d'ici l'envoi !
Que j'aime à me voir en famille ,
Et sur tout quand je suis chez toi ;
Ou Cousin , Oncle , Mere et Fille
Paroissent gens de bon alloi ;
Tante aussi fraîche qu'une Rose ,
Fait les honneurs de la maison ;
La sagesse en son coeur repose ;
C'est le flambeau de sa raison.
Un Abbé , fruit de l'Himenée ,
Et maître de sa destinée ,
Qui joint à l'aimable enjoûment.
La politesse et l'agrément.
D'un frere orné des mêmes charmes ,
Ami
FEVRIER. 1731. 207
Ami d'Apollon et de Mars ,
Qui du même air qu'il court aux armes
Vole à l'étude des beaux arts.
Quand reverrai - je donc l'image ?
Que dans nos doux embrassemens ,
Réchauffant un cher cousinage ,
Nous en rendrons les noeuds constans !
Damon , favori de Minerve ,
y
Qui sçait mettre à prix les bons Vers ,
Si peut-être en suivant ma verve
J'ai pris ma route de travers ;
Si raisonnant Canards et Cannes ,
J'ai raisonné comme un Oison ;
Si sur la riine tu chicanes ,
Et plus encor sur la raison ,
Pardonne à ma Muse badine
L'écart d'un coeur reconnoissant.
Rimeur à pâle et seche mine ,
A peine encor convalescent ,
Ne peut un jour de Medecine
Rimer des Vers qu'en s'efforçant.
Docte Censeur , qui ne fais grace
Qu'à la raison , qu'aux bons Ecrits ,
Epluche ici , gronde , ressasse "
Déchire , brûle , ou bien fais pis.
Oui , malgré l'orgueil Poetique ,
Je sens qu'un Censeur tel que toi
Vaut une prise d'émetique
A iiij A
208 MERCURE DE FRANCE
A Rimeur qui trouve chez soi
Bien moins de rime que de bile ,
Et dont l'enthousiasme vain ,
S'il ne peut faire un homme habile
Fait toujours un sot Ecrivain.
Avec l'honneur du parentage ,
Que n'ai-je ton heureux talent ,
Et ton élegant badinage
Si délicat , si décevant
Que dans le feu Moine sauvage
Plus bouru que tout son Couvent
T'a fait jetter , et dont je gage
Que la cendre est allée au vent ?
Peste du Moine prédicant ,
2
;
Qui pour te rendre un peu trop sage
Te fait mourir dès ton vivant !
Non non , Damon , sur le Parnasse
Tes Vers gravés en lettres d'or ,
Auprès de Catulle et d'Horace
Des neuf Soeurs s'y font lire encor.
Mais des miens ici je t'ennuyè ,
Et Muse me dit , Hallebran ,
Tais- toi , faut-il qu'un docte essuye
En même jour tant de kan kan ;
Peut- être aussi la compagnie
De gens choisis et délicats ,
* Vers qui n'étoient qu'un pur jeu d'esprit
et qui ont été brûlés.
Qui
FEVRIER. 1731. 209
Qui s'en vient en cerémonie
Visiter Oiseaux à pieds plats ,
'A leur aspect
à bon droit peste
Contre rimailleur importun ,
Qui pour un rien , pour moins qu'un zeste
Laisse son appétit à jeun.
Adieu , cher Damon , je t'embrasse ,
Et Tante et Cousin et Maman ;
D'aimable fille que Dieu fasse
De fille femme au bout de l'an.
F, P. Ce 20. Janvier 1731 .
à M. M. D. M. sous le nom de
Damon , par un de ses Parens , Prieur
en Picardie.
C
Anards rodoient dans nos fossés ,
Troupe importune et barboteuse ;
De leur voix aigre et raboteuse ;
Nos mâtins la nuit agacés ,
En maison tranquile et peureuse ,
Mettoient l'allarme ; et le Béfroi
Sonnant tocsin dans les tenebres,
A ij N'ins204
MERCURE DE FRANCE
N'inspira jamais plus d'éfroi ,
Par ses sons bruyans et funebres.
De la gent au gozier glouton ,
A grand kan kan,, dans notre mare
Il fallut supprimer le ton.
Fut dit , fut fait ; on se prépare ;
Notre gros Cuisinier plus rond
Que son billot , en criant gare ,
Haussant le bras , ridant le front ,
A pauvre peuple tintamare
Coupa le col : oh ! le barbare ,
S'écriera Belle , qu'à M ... our
Troupe kankane et caressée ,
Va visiter cent fois le jour
Pour avoir d'elle la becquée.
Mais dût-elle en triste chanson ;
En bémol , ou bien en bécare ,
Se plaindre de l'acte félon
A sa plainte on dira tarare.
De nos Canards bien trépassés ,
Et que Degan en grosse croute
A bien et duëment enchassés
De
peur
›
de malencontre en route ,
Damon voilà le guet - à- pand ,
Qui n'est cas prévôtal , je pense :
Oncque Canard ni Hallebran
Ne fit pendre son homme en France.
Fameux faiseur de pâtés.
Dans 4
FEVRIER.
1731. 205
Dans nos fossés leur Archipel ,
Pápas Sultans , mamans Sultanes ,
Chaque hyver , au premier d'égel ,
Recommençoient leurs caravanes ,
Pour aller honorer Degan ;
Et c'étoit lors nouveau kan kan
Qu'à chaque instant pendant l'Office
On leur entendoit frédonner :
Pour gens dévots c'est un supplice
D'entendre sans cesse entonner
Musique à désoler un Suisse ,
Qui n'aime point à raisonner.
Pour le cas , non pour autre chose ,
Peuple kan kan , grace à Degan ,
Et grace à la Métamorphose ,
Devient pâté du nouvel an.
Je te le dépêche , beau Sire ,
Et l'aurois dépêché plutôt
Si mal qui des maux n'est le pire ,
Quand il ne mene qu'au seul trot
Pauvre Chrétién , souffre martire
Ne m'eut mené le grand galop.
Lecorps fondu comme la cire ,
Et plus foible qu'un Escargot ,
Je ne sçavois parler , écrire
A nul au monde un petit mot.
Lachesis , que rien n'amadouë
Hâtoit déja son noir fuseau
"
La vieille laide , à grosse mouë ,
>
A iij Ap
206 MERCURE DE FRANCE
•
Apprêtoit le fatal ciseau ,
Quand un matin , Maître Esculape
Un affreux breuvage à la main
Me dit , avale ; je le happe ;
2
Et drogues dès le lendemain ,
D'aller dans mon corps à la sappe
Chercher l'ennemi souterrain ,
Mieux n'auroit fait
pour
Prince ou Pape.
Enfin , cher Damon , me voici ,
A titre encor de bail à vie ,
Habitant de ce monde ci ;
Mais , helas ! que j'aurois envie
D'assister à tout le convoi
De ma deffunte volatille
Dont je te fais d'ici l'envoi !
Que j'aime à me voir en famille ,
Et sur tout quand je suis chez toi ;
Ou Cousin , Oncle , Mere et Fille
Paroissent gens de bon alloi ;
Tante aussi fraîche qu'une Rose ,
Fait les honneurs de la maison ;
La sagesse en son coeur repose ;
C'est le flambeau de sa raison.
Un Abbé , fruit de l'Himenée ,
Et maître de sa destinée ,
Qui joint à l'aimable enjoûment.
La politesse et l'agrément.
D'un frere orné des mêmes charmes ,
Ami
FEVRIER. 1731. 207
Ami d'Apollon et de Mars ,
Qui du même air qu'il court aux armes
Vole à l'étude des beaux arts.
Quand reverrai - je donc l'image ?
Que dans nos doux embrassemens ,
Réchauffant un cher cousinage ,
Nous en rendrons les noeuds constans !
Damon , favori de Minerve ,
y
Qui sçait mettre à prix les bons Vers ,
Si peut-être en suivant ma verve
J'ai pris ma route de travers ;
Si raisonnant Canards et Cannes ,
J'ai raisonné comme un Oison ;
Si sur la riine tu chicanes ,
Et plus encor sur la raison ,
Pardonne à ma Muse badine
L'écart d'un coeur reconnoissant.
Rimeur à pâle et seche mine ,
A peine encor convalescent ,
Ne peut un jour de Medecine
Rimer des Vers qu'en s'efforçant.
Docte Censeur , qui ne fais grace
Qu'à la raison , qu'aux bons Ecrits ,
Epluche ici , gronde , ressasse "
Déchire , brûle , ou bien fais pis.
Oui , malgré l'orgueil Poetique ,
Je sens qu'un Censeur tel que toi
Vaut une prise d'émetique
A iiij A
208 MERCURE DE FRANCE
A Rimeur qui trouve chez soi
Bien moins de rime que de bile ,
Et dont l'enthousiasme vain ,
S'il ne peut faire un homme habile
Fait toujours un sot Ecrivain.
Avec l'honneur du parentage ,
Que n'ai-je ton heureux talent ,
Et ton élegant badinage
Si délicat , si décevant
Que dans le feu Moine sauvage
Plus bouru que tout son Couvent
T'a fait jetter , et dont je gage
Que la cendre est allée au vent ?
Peste du Moine prédicant ,
2
;
Qui pour te rendre un peu trop sage
Te fait mourir dès ton vivant !
Non non , Damon , sur le Parnasse
Tes Vers gravés en lettres d'or ,
Auprès de Catulle et d'Horace
Des neuf Soeurs s'y font lire encor.
Mais des miens ici je t'ennuyè ,
Et Muse me dit , Hallebran ,
Tais- toi , faut-il qu'un docte essuye
En même jour tant de kan kan ;
Peut- être aussi la compagnie
De gens choisis et délicats ,
* Vers qui n'étoient qu'un pur jeu d'esprit
et qui ont été brûlés.
Qui
FEVRIER. 1731. 209
Qui s'en vient en cerémonie
Visiter Oiseaux à pieds plats ,
'A leur aspect
à bon droit peste
Contre rimailleur importun ,
Qui pour un rien , pour moins qu'un zeste
Laisse son appétit à jeun.
Adieu , cher Damon , je t'embrasse ,
Et Tante et Cousin et Maman ;
D'aimable fille que Dieu fasse
De fille femme au bout de l'an.
F, P. Ce 20. Janvier 1731 .
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Résumé : ENVOY d'un pâté de Canards d'Amiens à M. M. D. M. sous le nom de Damon, par un de ses Parens, Prieur en Picardie.
Dans une lettre poétique, un parent de Damon, prieur en Picardie, envoie à ce dernier un pâté de canards d'Amiens. L'auteur décrit initialement les canards comme une nuisance dans les fossés, dont les cris agaçaient les chiens et provoquaient des alarmes nocturnes. Pour remédier à cette situation, il fut décidé de supprimer les canards, ce qui fut exécuté par le cuisinier. Les canards, une fois tués, furent préparés en pâté par Degan. L'auteur évoque ensuite les habitudes des canards qui, chaque hiver, se rendaient en procession pour honorer Degan. Leur chant incessant était comparé à une musique désolante. Grâce à Degan et à la métamorphose des canards en pâté, ce problème fut résolu. L'auteur exprime son regret de ne pas pouvoir assister au convoi des canards défunts et son désir de revoir sa famille, qu'il décrit comme aimable et sage. Il mentionne également un abbé, un frère et un cousin, tous dotés de qualités admirables. La lettre se termine par une réflexion sur la poésie et l'écriture, où l'auteur reconnaît ses limites et exprime son admiration pour le talent de Damon. Il conclut en adressant ses salutations à Damon et à sa famille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 2362-2379
LETTRE sur l'Ail, écrite par M. COCQUART, Avocat au Parlement de Dijon, à M. ** le 15 Septembre 1732.
Début :
Quoi ! Monsieur, vous qui aimez tant l'Ail, et qui avez occasion d'en [...]
Mots clefs :
Ail, Grammairien , Singulier, Cuisinier, Philosophe, Poètes latins, Pluriel, Proverbe grec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur l'Ail, écrite par M. COCQUART, Avocat au Parlement de Dijon, à M. ** le 15 Septembre 1732.
LETTRE sur l'Ail , écrite par M. CocQUARD , Avocat au Parlement de Dijon
à M. **. le 15 Septembre 1732.
Q
,
l'Ail, et avez
Uoi ! Monsieur Vous qui aimez
tant l'Ail , et qui avez occasion d'en
parler tous les jours , vous avez jusqu'ici
negligé de vous instruire si la pureté de
notre Langue veut qu'on dise des ails , ou
des aulx , ou simplement de l'ail ? En verité , je ne vous reconnois pas, et j'ai trop
de soin de votre réputation , pour ne
vous pas donner sur le champ l'éclaircis
sement que vous désirez.
Quoique , suivant la régle génerale établie par Vaugelas , 1 tous les noms dont
les pluriels se terminent en aulx , se terminent en al , ou en ail , dit T. Corneille,
Remarq. sur la Langue Franç. verb. Pseaume
pénitentiel.
I tous
NOVEMBRE. 1732 2363
I tous les noms terminez en ail ou en al
n'ont pas aulx au pluriel ; car si bail fait
baux , émail émaux , travail travaux , &c.
attirail , camail , détail , éventail , &c.
font attirails , camails , détails , éventails :
de sorte que c'est à l'usage seul qu'il faut recourir pour décider votre doute sur le
mot Ail.
Si l'on en croit un Grammairien ano
nyme , 2 on peut se servir de ce mot au
pluriel , et on doit dire des ails et non
des aulx. Richelet 3 avance que ce
mot ail faisoit il y a quelque- tems son
pluriel en aulx , mais qu'aujourd'hui il se
termine d'ordinaire en ails.
pas
Consultez au contraire Furetiere , 4 il
vous dira qu'ail fait aulx au pluriel. L'Académie Françoise 5 tient le même langage ; et je ne doute pas non plus que si
l'on étoit absolument contraint de se setvir du mot ail au pluriel , il ne fallût dire
des aulx et non pas des ails.
Mais , Monsieur , le plus sûr est de
n'employer ce mot qu'au singulier , et
Notes sur Vaugelas , verb. Pseaume péni tentiel.
2 Réflex. sur l'usage présent de la Langue.
3. Dictionn. verbo ail.
4 Dictionn. verbo ail."
5 Dictionn. vérbo ail.
C iiij voici
2364 MERCURE DE FRANCE
voici mes garants. Le Grammairien anonyme que je citois tout à l'heure , et qui
s'est déclaré pour ails plutôt que pour
aulx , avoue cependant qu'il aimeroit
mieux dire deux têtes d'ail que deux ails.
Menage I soûtient qu'encore que tous nos
Anciens ayent dit aulx , et même plusieurs
de nos Modernes , ce mot ail n'est plus
usité qu'au singulier. Richelet demeure
d'accord qu'il est plus en usage au singulier qu'au pluriel. M. de la Touche 2 croit
qu'on ne dit ni ails ni aulx au pluriel :
disons donc , il mange de l'ail , il aime
fail , il a mangé deux têtes d'ail , &c.
Eh bien ! Monsieur , vous voilà satisfait sur l'usage de ce mot; souffrez, s'il vous
plaît , que je me satisfasse à mon tour, en
déclamant ici contre la chose même ; d'autant plus que c'est vous qui m'en avez
donné depuis peu un juste sujet.
Il vous souvient , Monsieur , que Samedi dernier , soupant chez vous avec notre
ami ... vous nous vantâ es certains mets ,
qui me parurent effectivement si délicieux , que je ne pûs m'empêcher
149
1 Observ. sur la Langue Franç. Tom. 1. ch.
2 Art de bien parler François , Tom. II. ver bo ail.
De
NOVEMBRE. 1732. 2365
De faire en bien mangeant l'éloge des mor ceaux I
Et de dire à la louange de votre Ćuisinier :
Ma foi , vive Mignot et tout ce qu'il apre
te • 2
Mais je ne vous eus pas plutôt quitté ,
que je m'aperçûs de sa trahison , et que
» Dans le monde entier ,
Jamais empoisonneur ne sçût mieux son mé- tier. 3
Je me trouvai incommodé en rentrant
chez moi ; et après m'être plus d'une fois
écrié avec Horace : 4
Quid hoc veneni savit in pracordiis ?
Num viperinus his cruor
Incoctis herbis mefefellit ? an malas
Canidia tractavit dapes ?
Je reconnus enfin que mon incommodité provenoit très - certainement de la
trop grande quantité d'ail que votre Cuisinier avoit mis dans ses ragoûts. Et quoiPlines assûre l'ail est ami de Ve- que que
1 Boileau , Sat. III.
2 Boileau , Sat. III.
3 Ode 3. Liv. V.
4 Hist. Natur.L. XX. Ch, 6.
Cv nus,
2366 MERCURE DE FRANCE
nus , et fait dormir; je m'allai non seut
lement coucher dans un appartement éloigné decelui de ma femme , mais je ne pûs
fermer l'œil de toute la nuit ; je la passai
en murmurant , tantôt contre votre Cuisinier , et tantôt contre vous- même ; oui,
contre vous-même , mangeur d'ail que
Vous êtes ; et s'il vous arrive jamais de
demander de semblables ragoûts lorsqu'il
vous plaira de m'inviter , vous serez bien
heureux que je me contente de faire contre vous l'imprécation dont Horace I menaça autrefois Mécene , qui lui avoit fait
manger d'un plat d'herbes où l'on avoit
mêlé de l'ail :
A si quidunquam tale concupiveris,
Jocose Mecenas, precor
Manum puella suavio opponat tuo ,
Extrema et in spondâ cubet.
Dès que les Cocqs commencerent à
chanter , je me levai dans le dessein d'aller respirer à la Campagne un air plus
pur que celui de ma chambre , qui étoit
empestée les exhalaisons de l'ail dont par
j'avois été empoisonné la veille.
» Mais admire avec moi le sort dont la pour
suite
Ode 3. Liv. y5 .
Me
NOVEMBRE. 1732. 2367,
Me fait courir alors au piége que j'évite. 1
:
Comme c'étoit un Dimanche , je fus ;
avant que de partir , obligé d'entendre
la Messe à peine étois-je à genoux dans
le fond d'une Chapelle , que de miserables Vignerons , qui se vinrent ranger
autour de moi , penserent me faire évanoüir par l'odeur insupportable de l'ail qui
avoit déja infecté leur haleine : ce qui me
fit faire deux refléxions ; l'une , que si
j'avois eu le malheur de naître chez la
Nation Egyptienne du temps qu'on la
voyoit
Adorer les Serpens , les Poissons , les Oi seaux
» Aux Chiens , aux Chats , aux Boucs , offrir des Sacrifices ,
Conjurer l'ail , l'oignon d'être à ses vœux propice ,
»Et croire follement maîtres de ses destins ,
>> Ces Dieux nez du fumier porté dans ses Jar- dins ;
Je n'aurois jamais pû me résoudre à fléchir les genoux devant l'ail , et j'aurois
bien plutôt offert mon hommage à des
Dieux encore plus ridicules que tous
ceux dont Boileau a parlé d'après Juve溪 Racine , Andromaque , Act 1. Sc. 1.
Cvj nal
2368 MERCURE DE FRANCE
nal et Pline 1 dans les Vers que vous ve
nez de lire.
Ma seconde refléxion fut que de même
qu'il étoit défendu à ceux qui avoient
mangé de l'ail , d'entrer dans le Temple
de la Mere des Dieux , 2 il seroit à souhaiter qu'à l'avenir , on défendit aussi
très-expressément à toutes personnes de
quelque qualité et condition qu'elles fussent , de mettre le pied dans nos Eglises
après en avoir mangé
En attendant ces défenses salutaires ;
j'eus beau inviter les Manans dont j'ai
parlé , à s'éloigner un peu de moi , par
rapport à l'incommodité que me causoit
l'odeur de l'ail dont ils s'étoient regalez.
Rustica progenies nescit habere modum. 5·
?
Ces Manans ne bougerent point : Palsandié , me répondit l'un d'entre eux
si cette odeur vous incommode tant , je consentons , pour vous faire plaisir, de ne jamais manger d'ail , à condition néanmoins
que vous nous envoyerez tous les jours des
mêts plus friands. Cette repartie , de la
1 Boileau , Sat. 12. Juvenal Sat. 15. Pline Hist. nat. Liv. 19 ch. 6.
2 Athenée , Liv . X. ch. s.
3 Ovide.
2 C
part
NOVEMBRE. 1732. 2369
part d'un Rustaud , m'en rappelle en ce
moment une toute semblable que fit ацtrefois un Philosophe à la bonne Déesse :
Voici à quel propos. Stilpon de Mégare ,
Disciple d'Euclide , étant non- seulement
entré dans le Temple de Cybelle , après
avoir bien mangé de l'ail ; mais s'y étant
couché et endormi , il crut voir en songe
cette Déesse qui lui reprochoit ainsi son
audace : Quoi! Stilpon , vous êtes Philosophe , et vous violez ma loi qui défend
L'entrée de mon Temple à tous ceux qui ont
mangé de Pail Ah ! Déesse , répondit
Stilpon toujours en révant , donnez- moi
و
manger quelque chose de meilleur , et je
vous jure que je ne mangerai plus d'ail.
Vous remarquerez , Monsieur , en pas
sant , qu'Athenée 1 rapporte cette avanture comme une marque de la tempérance de Stilpon , et qu'au contraire , Mé
nage 2 et Bayle 3 l'alleguent comme une
preuve de l'irréligion de ce Philosophe.
Je n'examinerai point ici qui d'Ath née
ou de Ménage et Bayle a raison , de peur
que vous ne me disiez , d'après un Proverbe Grec > 4 que vous m'avez parlé
I Liv. X. Ch. 5.
2 Sur Diogene Laërt. L. II. n. 117.
Dictionn. verbo. Stilpon , Remarq. E.
4 E'zw' própoda mi a iww , &c.
Fail
2370 MERCURE DE FRANCE
d'ail , et que je vous réponds d'oignon. Revenons donc au petit voyage que j'avois médité , et dont vous avez été la
cause.
Au sortir de la Messe , je partis , espérant qu'après avoir bien pris l'air , je me
réjouirois à Chenove I chez un de mes
amis qui m'avoit très- souvent prié de
l'aller voir cette Automne. A moitié chemin , je rencontrai une certaine Coquette ,
Qui souvent d'un repas sortant toute enfu mée ,
Fait même à ses Amans trop foibles d'esto- mac >
Redouter ses baisers pleins d'ail et de tabac. z
Aussi tôt qu'elle m'eut reconnu , elle
fit arrêter sa Chaise , moins pour me
souhaitter le bon jour , que pour avoir
occasion de se plaindre de ce que dernierement je lui présentai mon oreille lorsqu'elle voulut m'embrasser à son retour de ***. En un autre tems , j'aurois d'abord été un peu embarassé sur ma réponse à ce reproche imprévû ; mais j'étois si
rempli de l'idée de l'ail , que cela me fit
1 Village à une lieuë de Dijon.
2 Boileau , Sat. X.
souve
NOVEMBRE. 1732. 2371
Souvenir sur le champ d'un Passage de
l'Amphitryon de Moliere , 1 où Sosie
s'excusant de n'avoir pas voulu baiser
Cléanthis , lui dit :
J'avois mangé de l'ail , et fis en homme sage
» De détourner un peu mon haleine de toi.
Ainsi je me tirai promptement d'affaire
avec ma Coquette , en lui débitant ces
deux Vers , que son amour propre lui fit
prendre pour une excuse sincere, et nous
continuâmes notre voïage ; elle du côté
de Dijon , et moi du côté de Chenove
Mais que cette Coquette fut bi n - tôt
vang'e et du refus que j'avois fait de recevoir son baiser , et de l'excuse que je
venois de lui alléguer ! Car étant arrivé
chez mon ami , je vis de si jolies et de si
agréables Demoiselles de ma connoissance, qu'une prompte tentation me vint de
les embrasser; j'étois sur le point d'y suctomber , quand à quelques pas d'elles , ja
sentis ,
Namque sagacius unus odor , 2
Je sentis l'odeur de l'ail le plus fort
dont la liberté qui regne à la Campagne,
les avoit engagées dès le matin à faire dé
1 Act. 2. Sect. 30
2 Horace, Ode 12. liv.ş..
bau
2372 MERCURE DE FRANCE
bauche ; de sorte que , comme , selon
Plutarque , l'Aimant frotté d'ail n'attire plus le fer , ces Belles n'eurent plus le
pouvoir de m'attirer , si - tôt que j'eus reconnu que l'Ail avoit porté préjudice à
leur haleine.
Pour comble d'infortune, lorsque l'heure du dîné fut venue, on nous servit force ragoûts, que j'aurois voulu que les.
Harpyes nous eussent enlevez de dessus
la Table , car ils étoient encore plus empoisonnez d'Ail que les vôtres. Toute la
Compagnie ne laissa pourtant pas de s'en
régaler :
Pour moi , j'étois si transporté ,
Qui donnant de fureur tout le festin au Dia- ble ,
"Jeme suis vû vingt fois prêt à quitter la Ta- ble ,
» Et dût-on m'appeller et fantasque et bourru
J'allois sortir enfin quand le Rot a paru. 2
Après dîné , on proposa une partie de
Quadrille , dont je fus ravi ; car comme il
s'offrit des Joueurs plus empressez que
moi , je me retirai dans un petit Cabinet,
où mon Ami me donna pour m'amuser ,
less Bucoliques de Virgile ; Ouvrage tres1 Propos de table , liv. 4. q. 7.
a Boileau, Sat. 111-
pro
NOVEMBRE. 1732. 2373
propre à lire à la Campagne , mais mon
mauvais sort me fit , à l'ouverture du Liyre ,justement tomber sur ces Vers:
Thestylis et rapido fessis messoribus astu ,
Allia , serpyllumque herbas contundit olentes. I
Robustes Moissonneurs , à qui l'Ail ne
fait point de mal , m'écriai - je à l'instant,
que j'envie votre estomac de fer !
O dura messorum ilia ! 2
Le passage de Virgile me fit naître la
curiosité de m'éclaircir dans le Commentaire , d'où vient que dès le tems duPrince des Poëtes Latins , l'on donnoit de l'Ait
aux Moissonneurs , fatiguez de la chaleur
du jour ; j'appris , et vous ne serez pas fâché d'apprendre , que c'est parce qu'on
s'imaginoit que l'Ail desseche les humeurs , causées par la trop grande quantité d'eau que les gens de cetre espece ont
coutume de boire , et sert de préservatif
contre le venin des Serpens qui pourroient les piquer.
Quelles que soient ces raisons , et quoique Briot 3 ait écrit que l'Ail est la Thériaque des Païsans , il me semble que si
1 Eglog. 2.
2
Horace , Ode 3. liv. 5.
1 Hist. natur. d'Angleterre.
}
j'avois
2374 MERCURE DE FRANCE
j'avois été en la place de ce Païsan donɛ
parle la Fontaine , 1 à qui son Seigneur offensé dit :
I
De trois choses l'une ,'
» Tu peux choisir ; ou de manger trente Aulx
J'entends sans boire , et sans prendre repos ,
B Ou de souffrir trente bons coups de Gaules ,
Bien appliquez sur tes larges épaules ,
Ou de payer sur le champ cent écus.
Il me semble , dis - je , que je n'aurois
pas été incertain du choix , et que je me
serois bien gardé de préferer , ainsi que le
Païsan, les trente Aulx sans boire , aux
trente coups de Gaules , et au payement
des cent écus ; j'aurois mieux aimé , au
contraire , recevoir les trente coups de
Gaules et payer encore les cent écus , que
de les trente Aulx , même en bû- manger
vant.
Enfin , Monsieur , mon aversion pour
l'Ail est si grande , qu'à mon retour , j'ai
renouvellé à ma Cuisiniere les deffenses
que je lui avois faites d'en acheter jamais
et d'en mêler dans aucune Sauce, ni dans
aucun Ragoûts et quoique Aristophane
2 ait voulu décrier un Avare , en disant
I Conte 5. tom. I.
2 Dans la Comédie des Guespes.
qu'il
NOVEMBRE. 1732 2375
qu'il ne donnoit pas une tête d'Ail, je me
flate au contraire qu'on me loüera de ce
que je n'en donnerai point du tout , et
qu'on ne meregardera pas pour cela com→
me un avaricieux. Bien plus , je vais faire
mettre au dessus de la Cheminée de ma
Cuisine un Tableau, où seront imprimezen gros caractere , ces mots : NE M'ANGE
NI AIL NI FEVES , qui sont la traduction d'un Proverbe Grec.
Je prévois , Monsieur , que pour soutenir les interêts des Mangeurs d'Ail ,
vous me répondrez que ce Proverbe Grec
ne doit pas être pris à la Lettre , et qu'il
signifie : Ne vaspas à la Guerre , et ne sois
pas fuge. Je conviens que Suïdas qui le
raporte , 2 prétend que c'en est là le véritable sens , parce qu'autrefois les Soldats
portoient avec eux et mangeoient de
Ail , et que les Juges rongeoient des
Féves pour s'empêcher de dormir à l'Audience mais aussi vous devez convenir
que pour faire entendre que le métier de
Soldat, et la condition de Juge n'étoient
pas à envier ; on ne s'est servi de ce Proverbe : Ne mange ni Ail , ni Féves , que
parce qu'au fond c'est un fort mauvais
aliment.
;
Z Mélanges Historiques.
E
2376 MERCURE DE FRANCE
Et ne me repliquez pas que Pline le
Naturaliste i dit qu'on croit que l'Ail est
bon pour quelques Médicamens , sur tout
à la Campagne ; car je vous répondrai.1 .
que les Poisons servent aussi dans la Médecine. 2° . Que le même Pline a remar
qué 2 plusieurs mauvaises qualitez de
F'Ail , entr'autres qu'il est venteux , qu'il
desseche l'estomac , qu'il cause la soif et
des inflammations , qu'il corrompt l'ha
leine , qu'il est nuisible à la vue. Qu'on
fasse cuire , ajoute - t - il , 3 de l'Ail qui
naît dans les Champs , et qu'on l'y séme
ensuite , les Oyseaux qui en mangeront
seront si étourdis,qu'ils se laisseront prendre à la main.
A considerer même l'étymologie du
mot Ail , il vient sans contredit du mot
latin Allium. 4 Or Allium n'a été ainsi
appellé , selon Isidore , 5 qu'à cause de la
forte odeur qu'il répand , Allium dictum
quòd oleat.
4
Et cette odeur infecte tellement l'endroit où croît l'Ail , que la même terre
ne peut en porter deux années de suite
7.1 Liv. 19. ch. 6.
2 Liv. 19. ch. 6. et Liv. 20. ch . 6.
3
Liv. 20. ch. 6.
4 Richelet , Dictionn, Verbo , Ail.
s Origin. ou Etymol. liv. 17. cap. 10. des cho es rustiques.
eq
NOVEMBRE. 1732. 2377
et que cette plante craint de s'y succeder
à elle-même. Cette derniere observation
est d'Olivier de Serres , 1 dans son Théatre d'Agriculture , qui , si l'on s'en rapporte à Scaliger , 2 est si beau , qu'Henry
IV. à qui il est dédié , se le faisoit apporter après dîner , durant trois ou quatre
mois ; et tout impatient qu'étoit ce Prin- ce , il y faisoit à chaque fois une lecture.
d'une demi heure. Continuons :
Eh ! comment pourroit- on se persuader que l'Ail n'est pas pernicieux , puisqu'il se nourrit du plus mauvais suc de la
terre ? C'est ce qui résulte de ce passage
de Plutarque : 3 Comme les bons Jardiniers , dit - il , estiment que les Roses et
les Violettes deviennent meilleures lorsqu'il y a de l'Ail semé auprès , parce que
Ail attire tout le mauvais suç de la terre
qui les nourrit , de même notre ennemi
attirant toute notre envie et notre malignité , nous rend plus traitables et plus.
gracieux envers nos amis qui sont dans
La prosperité. Remarquez er core , s'il vous
plait , Monsieur, le parallele que fait Plu tarque , de l'Ail et d'un Ennemi.
I Olivier de Serres , sieur du Pradel.
2 Scaligeriana.
3. Traité de l'utilité qu'on peut recevoir de ses ennemis.
Oka
2378 MERCURE DE FRANCE
Oseroit-on , après cela , trouver étran→
ge qu'Horace ait dit , 1 que l'Ail est plus
nuisible que la Ciguë ?
Cicutis allium nocentius ?
Que pour faire mourir les Parricides ;
il ne faut point choisir d'autre poison
que l'Ail?Que l'herbe dont Médée frotta
Jason , lorsqu'il alloit pour dompter les
fiers Taureaux qui gardoient la Toison
d'Or, étoit de véritable Ail ? Que la robbe qu'elle envoya à la fille de Créon , sa
Rivale , étoit empoisonnée avec del Ail ?
Notre Ami *** qui vient d'entrer
dans mon Cabinet , et qui par ces dernie
res lignes , qu'il a lûes familierement pardessus mon épaule , a deviné que cette
Lettre s'addressoit à vous , m'avertit que
vous ne manquerez pas de me faire icy
une objection que vous lui fîtes un jour ,
lorsqu'il vous cita cette Tirade d'Horace :
c'est- à - dire , que vous ne manquerez pas
de soûtenir qu'on doit rejetter le témoi
gnage de ce Poëte , parce qu'il ne paroît
pas tout-à-fait d'accord avec lui-même ,
puisqu'il attribue à l'Ail deux effets contraires , en disant que l'Ail fut salutaire à
Jason , et funeste à la fille du Roy de
Corinthe. Jules Scaliger avoit fait cette
Ode 3. liv. 5.
marque
NOVEMBRE. 1732. 2379
remarque avant vous , Monsieur ; mais
quelque plausible qu'elle semble d'abord
M. Dacier 1 y a suffisamment répondu ,
en faisant voir qu'Horace prétend que
Médée avoit donné quelque Antidote à
Jason , et que cet Ail dont elle le frotta
n'agissoit point contre lui , mais contre
les Taureaux qu'il vouloit dompter.
,
C'est pour le coup,Monsieur , que vous
direz avec fondement de mon éloquence, ce que Varron et Balzac 2 ont dit
de celle de quelques Sçavans , qu'elle sentoit l'Ail. Comme je craindrois que les
nouvelles Observations que je pourrois
ajoûter au sujet de l'Ail , ne vous engageassent à faire à votre tour contre moi ,
cette imprécation de Plaute.
TeJupiter Diique omnes perdant ,oboluisti allium .
Je suis , M onsieur , &c
à M. **. le 15 Septembre 1732.
Q
,
l'Ail, et avez
Uoi ! Monsieur Vous qui aimez
tant l'Ail , et qui avez occasion d'en
parler tous les jours , vous avez jusqu'ici
negligé de vous instruire si la pureté de
notre Langue veut qu'on dise des ails , ou
des aulx , ou simplement de l'ail ? En verité , je ne vous reconnois pas, et j'ai trop
de soin de votre réputation , pour ne
vous pas donner sur le champ l'éclaircis
sement que vous désirez.
Quoique , suivant la régle génerale établie par Vaugelas , 1 tous les noms dont
les pluriels se terminent en aulx , se terminent en al , ou en ail , dit T. Corneille,
Remarq. sur la Langue Franç. verb. Pseaume
pénitentiel.
I tous
NOVEMBRE. 1732 2363
I tous les noms terminez en ail ou en al
n'ont pas aulx au pluriel ; car si bail fait
baux , émail émaux , travail travaux , &c.
attirail , camail , détail , éventail , &c.
font attirails , camails , détails , éventails :
de sorte que c'est à l'usage seul qu'il faut recourir pour décider votre doute sur le
mot Ail.
Si l'on en croit un Grammairien ano
nyme , 2 on peut se servir de ce mot au
pluriel , et on doit dire des ails et non
des aulx. Richelet 3 avance que ce
mot ail faisoit il y a quelque- tems son
pluriel en aulx , mais qu'aujourd'hui il se
termine d'ordinaire en ails.
pas
Consultez au contraire Furetiere , 4 il
vous dira qu'ail fait aulx au pluriel. L'Académie Françoise 5 tient le même langage ; et je ne doute pas non plus que si
l'on étoit absolument contraint de se setvir du mot ail au pluriel , il ne fallût dire
des aulx et non pas des ails.
Mais , Monsieur , le plus sûr est de
n'employer ce mot qu'au singulier , et
Notes sur Vaugelas , verb. Pseaume péni tentiel.
2 Réflex. sur l'usage présent de la Langue.
3. Dictionn. verbo ail.
4 Dictionn. verbo ail."
5 Dictionn. vérbo ail.
C iiij voici
2364 MERCURE DE FRANCE
voici mes garants. Le Grammairien anonyme que je citois tout à l'heure , et qui
s'est déclaré pour ails plutôt que pour
aulx , avoue cependant qu'il aimeroit
mieux dire deux têtes d'ail que deux ails.
Menage I soûtient qu'encore que tous nos
Anciens ayent dit aulx , et même plusieurs
de nos Modernes , ce mot ail n'est plus
usité qu'au singulier. Richelet demeure
d'accord qu'il est plus en usage au singulier qu'au pluriel. M. de la Touche 2 croit
qu'on ne dit ni ails ni aulx au pluriel :
disons donc , il mange de l'ail , il aime
fail , il a mangé deux têtes d'ail , &c.
Eh bien ! Monsieur , vous voilà satisfait sur l'usage de ce mot; souffrez, s'il vous
plaît , que je me satisfasse à mon tour, en
déclamant ici contre la chose même ; d'autant plus que c'est vous qui m'en avez
donné depuis peu un juste sujet.
Il vous souvient , Monsieur , que Samedi dernier , soupant chez vous avec notre
ami ... vous nous vantâ es certains mets ,
qui me parurent effectivement si délicieux , que je ne pûs m'empêcher
149
1 Observ. sur la Langue Franç. Tom. 1. ch.
2 Art de bien parler François , Tom. II. ver bo ail.
De
NOVEMBRE. 1732. 2365
De faire en bien mangeant l'éloge des mor ceaux I
Et de dire à la louange de votre Ćuisinier :
Ma foi , vive Mignot et tout ce qu'il apre
te • 2
Mais je ne vous eus pas plutôt quitté ,
que je m'aperçûs de sa trahison , et que
» Dans le monde entier ,
Jamais empoisonneur ne sçût mieux son mé- tier. 3
Je me trouvai incommodé en rentrant
chez moi ; et après m'être plus d'une fois
écrié avec Horace : 4
Quid hoc veneni savit in pracordiis ?
Num viperinus his cruor
Incoctis herbis mefefellit ? an malas
Canidia tractavit dapes ?
Je reconnus enfin que mon incommodité provenoit très - certainement de la
trop grande quantité d'ail que votre Cuisinier avoit mis dans ses ragoûts. Et quoiPlines assûre l'ail est ami de Ve- que que
1 Boileau , Sat. III.
2 Boileau , Sat. III.
3 Ode 3. Liv. V.
4 Hist. Natur.L. XX. Ch, 6.
Cv nus,
2366 MERCURE DE FRANCE
nus , et fait dormir; je m'allai non seut
lement coucher dans un appartement éloigné decelui de ma femme , mais je ne pûs
fermer l'œil de toute la nuit ; je la passai
en murmurant , tantôt contre votre Cuisinier , et tantôt contre vous- même ; oui,
contre vous-même , mangeur d'ail que
Vous êtes ; et s'il vous arrive jamais de
demander de semblables ragoûts lorsqu'il
vous plaira de m'inviter , vous serez bien
heureux que je me contente de faire contre vous l'imprécation dont Horace I menaça autrefois Mécene , qui lui avoit fait
manger d'un plat d'herbes où l'on avoit
mêlé de l'ail :
A si quidunquam tale concupiveris,
Jocose Mecenas, precor
Manum puella suavio opponat tuo ,
Extrema et in spondâ cubet.
Dès que les Cocqs commencerent à
chanter , je me levai dans le dessein d'aller respirer à la Campagne un air plus
pur que celui de ma chambre , qui étoit
empestée les exhalaisons de l'ail dont par
j'avois été empoisonné la veille.
» Mais admire avec moi le sort dont la pour
suite
Ode 3. Liv. y5 .
Me
NOVEMBRE. 1732. 2367,
Me fait courir alors au piége que j'évite. 1
:
Comme c'étoit un Dimanche , je fus ;
avant que de partir , obligé d'entendre
la Messe à peine étois-je à genoux dans
le fond d'une Chapelle , que de miserables Vignerons , qui se vinrent ranger
autour de moi , penserent me faire évanoüir par l'odeur insupportable de l'ail qui
avoit déja infecté leur haleine : ce qui me
fit faire deux refléxions ; l'une , que si
j'avois eu le malheur de naître chez la
Nation Egyptienne du temps qu'on la
voyoit
Adorer les Serpens , les Poissons , les Oi seaux
» Aux Chiens , aux Chats , aux Boucs , offrir des Sacrifices ,
Conjurer l'ail , l'oignon d'être à ses vœux propice ,
»Et croire follement maîtres de ses destins ,
>> Ces Dieux nez du fumier porté dans ses Jar- dins ;
Je n'aurois jamais pû me résoudre à fléchir les genoux devant l'ail , et j'aurois
bien plutôt offert mon hommage à des
Dieux encore plus ridicules que tous
ceux dont Boileau a parlé d'après Juve溪 Racine , Andromaque , Act 1. Sc. 1.
Cvj nal
2368 MERCURE DE FRANCE
nal et Pline 1 dans les Vers que vous ve
nez de lire.
Ma seconde refléxion fut que de même
qu'il étoit défendu à ceux qui avoient
mangé de l'ail , d'entrer dans le Temple
de la Mere des Dieux , 2 il seroit à souhaiter qu'à l'avenir , on défendit aussi
très-expressément à toutes personnes de
quelque qualité et condition qu'elles fussent , de mettre le pied dans nos Eglises
après en avoir mangé
En attendant ces défenses salutaires ;
j'eus beau inviter les Manans dont j'ai
parlé , à s'éloigner un peu de moi , par
rapport à l'incommodité que me causoit
l'odeur de l'ail dont ils s'étoient regalez.
Rustica progenies nescit habere modum. 5·
?
Ces Manans ne bougerent point : Palsandié , me répondit l'un d'entre eux
si cette odeur vous incommode tant , je consentons , pour vous faire plaisir, de ne jamais manger d'ail , à condition néanmoins
que vous nous envoyerez tous les jours des
mêts plus friands. Cette repartie , de la
1 Boileau , Sat. 12. Juvenal Sat. 15. Pline Hist. nat. Liv. 19 ch. 6.
2 Athenée , Liv . X. ch. s.
3 Ovide.
2 C
part
NOVEMBRE. 1732. 2369
part d'un Rustaud , m'en rappelle en ce
moment une toute semblable que fit ацtrefois un Philosophe à la bonne Déesse :
Voici à quel propos. Stilpon de Mégare ,
Disciple d'Euclide , étant non- seulement
entré dans le Temple de Cybelle , après
avoir bien mangé de l'ail ; mais s'y étant
couché et endormi , il crut voir en songe
cette Déesse qui lui reprochoit ainsi son
audace : Quoi! Stilpon , vous êtes Philosophe , et vous violez ma loi qui défend
L'entrée de mon Temple à tous ceux qui ont
mangé de Pail Ah ! Déesse , répondit
Stilpon toujours en révant , donnez- moi
و
manger quelque chose de meilleur , et je
vous jure que je ne mangerai plus d'ail.
Vous remarquerez , Monsieur , en pas
sant , qu'Athenée 1 rapporte cette avanture comme une marque de la tempérance de Stilpon , et qu'au contraire , Mé
nage 2 et Bayle 3 l'alleguent comme une
preuve de l'irréligion de ce Philosophe.
Je n'examinerai point ici qui d'Ath née
ou de Ménage et Bayle a raison , de peur
que vous ne me disiez , d'après un Proverbe Grec > 4 que vous m'avez parlé
I Liv. X. Ch. 5.
2 Sur Diogene Laërt. L. II. n. 117.
Dictionn. verbo. Stilpon , Remarq. E.
4 E'zw' própoda mi a iww , &c.
Fail
2370 MERCURE DE FRANCE
d'ail , et que je vous réponds d'oignon. Revenons donc au petit voyage que j'avois médité , et dont vous avez été la
cause.
Au sortir de la Messe , je partis , espérant qu'après avoir bien pris l'air , je me
réjouirois à Chenove I chez un de mes
amis qui m'avoit très- souvent prié de
l'aller voir cette Automne. A moitié chemin , je rencontrai une certaine Coquette ,
Qui souvent d'un repas sortant toute enfu mée ,
Fait même à ses Amans trop foibles d'esto- mac >
Redouter ses baisers pleins d'ail et de tabac. z
Aussi tôt qu'elle m'eut reconnu , elle
fit arrêter sa Chaise , moins pour me
souhaitter le bon jour , que pour avoir
occasion de se plaindre de ce que dernierement je lui présentai mon oreille lorsqu'elle voulut m'embrasser à son retour de ***. En un autre tems , j'aurois d'abord été un peu embarassé sur ma réponse à ce reproche imprévû ; mais j'étois si
rempli de l'idée de l'ail , que cela me fit
1 Village à une lieuë de Dijon.
2 Boileau , Sat. X.
souve
NOVEMBRE. 1732. 2371
Souvenir sur le champ d'un Passage de
l'Amphitryon de Moliere , 1 où Sosie
s'excusant de n'avoir pas voulu baiser
Cléanthis , lui dit :
J'avois mangé de l'ail , et fis en homme sage
» De détourner un peu mon haleine de toi.
Ainsi je me tirai promptement d'affaire
avec ma Coquette , en lui débitant ces
deux Vers , que son amour propre lui fit
prendre pour une excuse sincere, et nous
continuâmes notre voïage ; elle du côté
de Dijon , et moi du côté de Chenove
Mais que cette Coquette fut bi n - tôt
vang'e et du refus que j'avois fait de recevoir son baiser , et de l'excuse que je
venois de lui alléguer ! Car étant arrivé
chez mon ami , je vis de si jolies et de si
agréables Demoiselles de ma connoissance, qu'une prompte tentation me vint de
les embrasser; j'étois sur le point d'y suctomber , quand à quelques pas d'elles , ja
sentis ,
Namque sagacius unus odor , 2
Je sentis l'odeur de l'ail le plus fort
dont la liberté qui regne à la Campagne,
les avoit engagées dès le matin à faire dé
1 Act. 2. Sect. 30
2 Horace, Ode 12. liv.ş..
bau
2372 MERCURE DE FRANCE
bauche ; de sorte que , comme , selon
Plutarque , l'Aimant frotté d'ail n'attire plus le fer , ces Belles n'eurent plus le
pouvoir de m'attirer , si - tôt que j'eus reconnu que l'Ail avoit porté préjudice à
leur haleine.
Pour comble d'infortune, lorsque l'heure du dîné fut venue, on nous servit force ragoûts, que j'aurois voulu que les.
Harpyes nous eussent enlevez de dessus
la Table , car ils étoient encore plus empoisonnez d'Ail que les vôtres. Toute la
Compagnie ne laissa pourtant pas de s'en
régaler :
Pour moi , j'étois si transporté ,
Qui donnant de fureur tout le festin au Dia- ble ,
"Jeme suis vû vingt fois prêt à quitter la Ta- ble ,
» Et dût-on m'appeller et fantasque et bourru
J'allois sortir enfin quand le Rot a paru. 2
Après dîné , on proposa une partie de
Quadrille , dont je fus ravi ; car comme il
s'offrit des Joueurs plus empressez que
moi , je me retirai dans un petit Cabinet,
où mon Ami me donna pour m'amuser ,
less Bucoliques de Virgile ; Ouvrage tres1 Propos de table , liv. 4. q. 7.
a Boileau, Sat. 111-
pro
NOVEMBRE. 1732. 2373
propre à lire à la Campagne , mais mon
mauvais sort me fit , à l'ouverture du Liyre ,justement tomber sur ces Vers:
Thestylis et rapido fessis messoribus astu ,
Allia , serpyllumque herbas contundit olentes. I
Robustes Moissonneurs , à qui l'Ail ne
fait point de mal , m'écriai - je à l'instant,
que j'envie votre estomac de fer !
O dura messorum ilia ! 2
Le passage de Virgile me fit naître la
curiosité de m'éclaircir dans le Commentaire , d'où vient que dès le tems duPrince des Poëtes Latins , l'on donnoit de l'Ait
aux Moissonneurs , fatiguez de la chaleur
du jour ; j'appris , et vous ne serez pas fâché d'apprendre , que c'est parce qu'on
s'imaginoit que l'Ail desseche les humeurs , causées par la trop grande quantité d'eau que les gens de cetre espece ont
coutume de boire , et sert de préservatif
contre le venin des Serpens qui pourroient les piquer.
Quelles que soient ces raisons , et quoique Briot 3 ait écrit que l'Ail est la Thériaque des Païsans , il me semble que si
1 Eglog. 2.
2
Horace , Ode 3. liv. 5.
1 Hist. natur. d'Angleterre.
}
j'avois
2374 MERCURE DE FRANCE
j'avois été en la place de ce Païsan donɛ
parle la Fontaine , 1 à qui son Seigneur offensé dit :
I
De trois choses l'une ,'
» Tu peux choisir ; ou de manger trente Aulx
J'entends sans boire , et sans prendre repos ,
B Ou de souffrir trente bons coups de Gaules ,
Bien appliquez sur tes larges épaules ,
Ou de payer sur le champ cent écus.
Il me semble , dis - je , que je n'aurois
pas été incertain du choix , et que je me
serois bien gardé de préferer , ainsi que le
Païsan, les trente Aulx sans boire , aux
trente coups de Gaules , et au payement
des cent écus ; j'aurois mieux aimé , au
contraire , recevoir les trente coups de
Gaules et payer encore les cent écus , que
de les trente Aulx , même en bû- manger
vant.
Enfin , Monsieur , mon aversion pour
l'Ail est si grande , qu'à mon retour , j'ai
renouvellé à ma Cuisiniere les deffenses
que je lui avois faites d'en acheter jamais
et d'en mêler dans aucune Sauce, ni dans
aucun Ragoûts et quoique Aristophane
2 ait voulu décrier un Avare , en disant
I Conte 5. tom. I.
2 Dans la Comédie des Guespes.
qu'il
NOVEMBRE. 1732 2375
qu'il ne donnoit pas une tête d'Ail, je me
flate au contraire qu'on me loüera de ce
que je n'en donnerai point du tout , et
qu'on ne meregardera pas pour cela com→
me un avaricieux. Bien plus , je vais faire
mettre au dessus de la Cheminée de ma
Cuisine un Tableau, où seront imprimezen gros caractere , ces mots : NE M'ANGE
NI AIL NI FEVES , qui sont la traduction d'un Proverbe Grec.
Je prévois , Monsieur , que pour soutenir les interêts des Mangeurs d'Ail ,
vous me répondrez que ce Proverbe Grec
ne doit pas être pris à la Lettre , et qu'il
signifie : Ne vaspas à la Guerre , et ne sois
pas fuge. Je conviens que Suïdas qui le
raporte , 2 prétend que c'en est là le véritable sens , parce qu'autrefois les Soldats
portoient avec eux et mangeoient de
Ail , et que les Juges rongeoient des
Féves pour s'empêcher de dormir à l'Audience mais aussi vous devez convenir
que pour faire entendre que le métier de
Soldat, et la condition de Juge n'étoient
pas à envier ; on ne s'est servi de ce Proverbe : Ne mange ni Ail , ni Féves , que
parce qu'au fond c'est un fort mauvais
aliment.
;
Z Mélanges Historiques.
E
2376 MERCURE DE FRANCE
Et ne me repliquez pas que Pline le
Naturaliste i dit qu'on croit que l'Ail est
bon pour quelques Médicamens , sur tout
à la Campagne ; car je vous répondrai.1 .
que les Poisons servent aussi dans la Médecine. 2° . Que le même Pline a remar
qué 2 plusieurs mauvaises qualitez de
F'Ail , entr'autres qu'il est venteux , qu'il
desseche l'estomac , qu'il cause la soif et
des inflammations , qu'il corrompt l'ha
leine , qu'il est nuisible à la vue. Qu'on
fasse cuire , ajoute - t - il , 3 de l'Ail qui
naît dans les Champs , et qu'on l'y séme
ensuite , les Oyseaux qui en mangeront
seront si étourdis,qu'ils se laisseront prendre à la main.
A considerer même l'étymologie du
mot Ail , il vient sans contredit du mot
latin Allium. 4 Or Allium n'a été ainsi
appellé , selon Isidore , 5 qu'à cause de la
forte odeur qu'il répand , Allium dictum
quòd oleat.
4
Et cette odeur infecte tellement l'endroit où croît l'Ail , que la même terre
ne peut en porter deux années de suite
7.1 Liv. 19. ch. 6.
2 Liv. 19. ch. 6. et Liv. 20. ch . 6.
3
Liv. 20. ch. 6.
4 Richelet , Dictionn, Verbo , Ail.
s Origin. ou Etymol. liv. 17. cap. 10. des cho es rustiques.
eq
NOVEMBRE. 1732. 2377
et que cette plante craint de s'y succeder
à elle-même. Cette derniere observation
est d'Olivier de Serres , 1 dans son Théatre d'Agriculture , qui , si l'on s'en rapporte à Scaliger , 2 est si beau , qu'Henry
IV. à qui il est dédié , se le faisoit apporter après dîner , durant trois ou quatre
mois ; et tout impatient qu'étoit ce Prin- ce , il y faisoit à chaque fois une lecture.
d'une demi heure. Continuons :
Eh ! comment pourroit- on se persuader que l'Ail n'est pas pernicieux , puisqu'il se nourrit du plus mauvais suc de la
terre ? C'est ce qui résulte de ce passage
de Plutarque : 3 Comme les bons Jardiniers , dit - il , estiment que les Roses et
les Violettes deviennent meilleures lorsqu'il y a de l'Ail semé auprès , parce que
Ail attire tout le mauvais suç de la terre
qui les nourrit , de même notre ennemi
attirant toute notre envie et notre malignité , nous rend plus traitables et plus.
gracieux envers nos amis qui sont dans
La prosperité. Remarquez er core , s'il vous
plait , Monsieur, le parallele que fait Plu tarque , de l'Ail et d'un Ennemi.
I Olivier de Serres , sieur du Pradel.
2 Scaligeriana.
3. Traité de l'utilité qu'on peut recevoir de ses ennemis.
Oka
2378 MERCURE DE FRANCE
Oseroit-on , après cela , trouver étran→
ge qu'Horace ait dit , 1 que l'Ail est plus
nuisible que la Ciguë ?
Cicutis allium nocentius ?
Que pour faire mourir les Parricides ;
il ne faut point choisir d'autre poison
que l'Ail?Que l'herbe dont Médée frotta
Jason , lorsqu'il alloit pour dompter les
fiers Taureaux qui gardoient la Toison
d'Or, étoit de véritable Ail ? Que la robbe qu'elle envoya à la fille de Créon , sa
Rivale , étoit empoisonnée avec del Ail ?
Notre Ami *** qui vient d'entrer
dans mon Cabinet , et qui par ces dernie
res lignes , qu'il a lûes familierement pardessus mon épaule , a deviné que cette
Lettre s'addressoit à vous , m'avertit que
vous ne manquerez pas de me faire icy
une objection que vous lui fîtes un jour ,
lorsqu'il vous cita cette Tirade d'Horace :
c'est- à - dire , que vous ne manquerez pas
de soûtenir qu'on doit rejetter le témoi
gnage de ce Poëte , parce qu'il ne paroît
pas tout-à-fait d'accord avec lui-même ,
puisqu'il attribue à l'Ail deux effets contraires , en disant que l'Ail fut salutaire à
Jason , et funeste à la fille du Roy de
Corinthe. Jules Scaliger avoit fait cette
Ode 3. liv. 5.
marque
NOVEMBRE. 1732. 2379
remarque avant vous , Monsieur ; mais
quelque plausible qu'elle semble d'abord
M. Dacier 1 y a suffisamment répondu ,
en faisant voir qu'Horace prétend que
Médée avoit donné quelque Antidote à
Jason , et que cet Ail dont elle le frotta
n'agissoit point contre lui , mais contre
les Taureaux qu'il vouloit dompter.
,
C'est pour le coup,Monsieur , que vous
direz avec fondement de mon éloquence, ce que Varron et Balzac 2 ont dit
de celle de quelques Sçavans , qu'elle sentoit l'Ail. Comme je craindrois que les
nouvelles Observations que je pourrois
ajoûter au sujet de l'Ail , ne vous engageassent à faire à votre tour contre moi ,
cette imprécation de Plaute.
TeJupiter Diique omnes perdant ,oboluisti allium .
Je suis , M onsieur , &c
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Résumé : LETTRE sur l'Ail, écrite par M. COCQUART, Avocat au Parlement de Dijon, à M. ** le 15 Septembre 1732.
La lettre, datée du 15 septembre 1732, est écrite par M. Cocquard, avocat au Parlement de Dijon, à un destinataire non nommé. L'auteur aborde la confusion entre les termes 'ails' et 'aulx' en français. Selon Vaugelas, les noms terminant en 'ail' ou 'al' ne prennent pas 'aulx' au pluriel. Cependant, des grammairiens comme Richelet et Furetière divergent sur cette règle. L'Académie Française et Furetière préfèrent 'aulx', tandis que Richelet note que 'ails' est plus courant. Cocquard recommande d'utiliser 'ail' au singulier pour éviter toute ambiguïté. L'auteur partage ensuite une expérience personnelle où il a été incommodé par une grande quantité d'ail lors d'un repas chez son destinataire. Il décrit les désagréments causés par l'odeur de l'ail, notamment lors d'une messe et lors de rencontres sociales. Il mentionne des références littéraires et historiques, comme Horace et Pline, pour illustrer les effets négatifs de l'ail. La lettre se termine par une réflexion sur l'usage de l'ail chez les paysans et les raisons historiques de cette pratique. Dans une autre lettre, datée de novembre 1732, l'auteur exprime son aversion profonde pour l'ail. Il préfère recevoir des coups plutôt que de consommer de l'ail, même en le mangeant cuit. À son retour, il a renouvelé l'interdiction à sa cuisinière d'utiliser de l'ail dans les sauces ou les ragoûts. L'auteur se flatte que son refus de l'ail soit loué, contrairement à l'avare décrié par Aristophane. Il prévoit de faire afficher au-dessus de la cheminée de sa cuisine un tableau avec l'inscription 'NE M'ANGE NI AIL NI FEVES', traduction d'un proverbe grec. L'auteur anticipe les arguments en faveur de l'ail, notamment son utilisation en médecine, mais les réfute en citant les mauvaises qualités de l'ail mentionnées par Pline. Il souligne également l'étymologie du mot 'ail' et son impact négatif sur la terre et les oiseaux. Le texte mentionne des références historiques et littéraires, comme Plutarque, Horace, et Médée, pour illustrer la nocivité de l'ail. L'auteur conclut en craignant que ses observations supplémentaires sur l'ail n'incitent son destinataire à faire une imprécation contre lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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