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p. 204-217
« Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...] »
Début :
Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...]
Mots clefs :
Capitaine, Pensions militaires, Régiments, Compagnies, Artillerie, Maréchal de Richelieu, Escadre anglaise, Conflit franco-anglais sur terre, Frégates, Officiers de marine, Conflit franco-anglais sur mer, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Traité défensif d'alliance, Sa Majesté, Marquis, Lieutenant, Ambassadeurs, Cérémonies, Cardinal de Tavannes
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texteReconnaissance textuelle : « Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...] »
LE 9 Mai , le Bourg de Ferechampenoiſe , un
des plus confidérables du Diocèfe de Châlonsfur-
Marne , a été prefque totalement détruit par.
un horrible incendie. Les habitans ont eu à peine.
temps de pourvoir à leur fûreté , & de fauver
leurs enfans. Dans l'intervalle d'une heure , près
de mille perfonnes fe font trouvées fans azyle &
fans reffources.
le
Le 11 , M. le Duc de Biron , après avoir fait la
revue des Gardes Françoifes dans la Plaine des
Sablons où le Régiment étoit campé , déclara que
le Roi avoit accordé une penfion de mille livres
fur le Tréfor Royal à M. le Comte d'Afpremont ,
Maréchal de Camp , Commandant du troiſieme
Bataillon de ce Régiment ; une pareille penfion à.
M. de Savary , Lieutenant de Grenadiers , ayant
Brevet de Colonel ; une de quatre cens francs ,,
auffi fur le Tréfor Royal , à M. de Chaffincourt-
Tilly , Sous- Lieutenant ; des Brevets de Colonels.
au Marquis de Rafilly , Lieutenant de Grenadiers
& au Comte du Dreneuc , Lieutenant ; & la Croix
de Saint Louis au Vicomte de Jaucourt , Lieutenant
à M. de Chaban , Sous- Aide- Major; au
JUILLET. 1756. 206
Chevalier de Palme , au Marquis de la Rochebouffeau
, à MM. de la Motte , de Termont , &
de Chieza , Sous- Lieutenans , & à M. de la Bordenne
, Enfeigne de Grenadiers.
Le Roi ayant porté à dix-fept Compagnies les
Bataillons de fon Infanterie Françoife ; & Sa Majefté
voulant que les Bataillons des Régimens de
fon Infanterie Suiffe & Grifonne , qui ne font actuellement
que de quatre cens-vingt hommes en
quatre Compagnies de cent vingt hommes chacune,
y compris les Officiers , foient rapprochés de la
compofition des Bataillons François , Sa Majefté a
ordonné que les douze Compagnies de chacun
des neuf Régimens Suiffes & de celui de Salis Grifon
, qui font à ſon ſervice , formaffent dorénavant
deux Bataillons compofés de fix Compagnies
chacun , au lieu d'être diftribuées , commé
elles font préfentement , en trois Bataillons de
quatre Compagnies. Veut Sa Majefté , que les fix
Compagnies , qui doivent compofer chacun des
deux Bataillons par Régiment , y foient placées
fuivant le rang d'ancienneté des Capitaines , &
dans l'ordre qu'éxige la nouvelle formation prefcrite
par la préfente Ordonnance . Chacune de
ces Compagnies continuera d'être compofée de
cent vingt hommes , y compris cinq Officiers ;
chaque Capitaine devant y entretenir deux Sergens
à vingt-cinq livres chacun , un troifieme
Sergent & un Fourrier à vingt livres chacun , un
Porte-Enfeigne & un Capitaine d'Armes à dixhuit
livres chacun , un Prevôt à quinze livres
quatre Caporaux , quatre Anfpeffades & cent Fufiliers
, les Tambours & les Fifres compris. Eatend
au furplus Sa Majefté que les Officiers
qui commandoient les troifiemes Bataillons defdits
Régimens Suiffes & Grifons , confervent, tant
106 MERCURE DE FRANCE.
qu'ils ne fe trouveront pas pourvus d'un grade
fupérieur , les prérogatives qui étoient attachées
à leur emploi.
Le 27 Mai , les Députés des Etats d'Artois ont
eu audience du Roi . Ils ont été préſentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte d'Argenfon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , ayant le Département
de cette Province , & conduits par M. Def
granges , Maître des Cérémonies. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de Dom de
Briois d'Hulluch , Abbé de Saint Vaaft d'Arras ;
du Comte de Beaufort , pour la Nobleffe ; & de M.
Harduin , Avocat en Parlement , & ancien Echevin
des Ville & Cité d'Arras , pour le Tiers-Etat.
Dans le travail du Roi avec M. le Comte d'Eu,
concernant le Régiment des Gardes Suiffes , Sa
Majefté a augmenté de cinq cens livres la penfion
de quinze cens que M. de Réding , Maréchal de
Camp, Premier Capitaine de ce Régiment, a fur le
Tréfor Royal . Elle a accordé une penfion de 1000 1.
auffi fur le Tréfor Royal , au Baron de Befenwald,
Brigadier , Capitaine d'une Compagnie dans le
même Régiment ; une pareille penfion , fur l'Ordre
de Saint Louis , à M. de Peftallozzi , Brigadier
, Capitaine-Commandant de la Compagnie
Lieutenante-Colonelle ; une de huit cens livres ,
fur le Tréfor Royal , à M. Altermatt , troifieme
Aide - Major ; une Commiffion de Colonel
à M. Schwitzer , Premier Lieutenant de la Compagnie
de Phiffer ; la Croix de S. Louis au Chevalier
de Maillaudor , Premier Lieutenant de la
Compagnie Générale , & à M. Schwitzer de Buonas
, fecond Lieutenant de la même Compagnie..
Depuis la defcente des troupes du Roi dans
1le Minorque, M. le Maréchal de Richelieu a
JUILLET. 1756. 207
été principalement occupé du foin de furmonter
les difficultés qui fe font rencontrées dans le
tranfport de l'artillerie à Mahon , & des munitions
de guerre & de bouche. Il eft enfin parvenu
à faire conftruire fur le Mont des Signaux une
batterie de cinq pieces de canon & d'autant de
mortiers , qui a commencé à tirer le 8 de Mai au
matin. Il afait occuper le 9 au foir le Fauxbourg,
dit la Ravale , par un Détachement de cent Volontaires,
par quatre Compagnies de Grenadiers &
parfixPiquets,aux ordres de M. le Comte de Briqueville
, Colonel , avec cinq cens Travailleurs , pour y
former des épaulemens & établir des batteries . Le
10,M. le Marquis de Roquepine Brigadier , ayant
fous lui MM . de Gaunay & d'Elva , Colonels , de
Magnac & de Virmont , Lieutenans Colonels , eft
parti dès le matin avec douze cens hommes , pour
fe porter du côté du Fort Marlboroug derriere la
Tour de Benifaïd. M. le Comte de Briqueville a
été relevé le foir par M. de la Serre , Brigadier
avec trois Compagnies de Grenadiers & neuf Piquets.
Auffitôt après , les deux Bataillons du Régiment
Royal , & le premier du Régiment Royal
Comtois , fe font portés à la droite du Fauxbourg,
le long d'une chaîne de maifons qui en forment
Fenceinte , pour protéger le travail , que M. le
Maréchal de Richelieu eft allé vifiter. M. d'Elva,
Colonel à la fuite du Régiment Royal Italien , a
été bleffé légérement à l'épaule. Les journées du
11 & du 12 Mai , ont été employées à conſtruire
des batteries à la gauche , à la droite & au centre
du Fauxbourg, dit la Ravale, fans que la Garnifon
Angloife ait inquiété les travailleurs autrement'
que par les bombes & le canon. Le 12 au foir
le Détachement du Fauxbourg fut compofé de
fept Compagnies de Grenadiers , huit Piquets &
208 MERCURE DE FRANCE.
trois Compagnies de Volontaires , & les batte
ries de bombes commencerent à tirer pendant la
nuit. Le 17 , la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer , & fut très- bien fervie. Le
18 , M. du Pinay , qui commandoit celle de la
gauche , fut tué, & le Prince Louis de Wirtemberg
, Maréchal de Camp , fut légérement bleſſé.
Le 19 , P'Efcadre Angloife ayant paru en mer ,
M. le Maréchal de Richelieu envoya treize Piquets
à M. le Marquis de la Galiffonniere , & fit
les difpofitions néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés. Le 20 , les deux
Bataillons du Régiment Royal , aux ordres de
M. le Comte de Maillebois , Lieutenant- Général ,
fe rendirent le foir au dépôt de la tranchée , d'ou
ils envoyerent relever les poftes du Fauxbourg par
leurs Grenadiers & fix Piquets , avec cinq autres
Compagnies de Grenadiers & fix Piquets de différens
Corps. Une bombe ayant mis le feu à une de
nos batteries à deux heures après-midi , les affiégés
redoublerent leur feu , & firent une fortie de
la Lunette de la Reine , dans laquelle nos Grenadiers
les firent rentrer auffitôt. Pendant la journée
du 21 au 22 , on répara les anciennes batteries
, & l'on continua la conftruction des nouvelles.
Le 22 , l'Efcadre Françoife ayant réparu devant
le Port , l'Armée fit le foir une réjouiſſance
pour l'avantage que cette Efcadre avoit remporté
fur celle des Anglois. Le 23 , M. le Comte de
Lannion releva M. le Marquis du Mefnil à la
tranchée, avec les deux Bataillons de Royal la Marine
, indépendamment d'un pofte de Brigadier
établi dans le Fauxbourg. Cette journée & celle
du 24 ont été employées , comme les précédentes,.
aux réparations & nouvelles conftructions de bat
tories.
>
•
JUILLET. 1756. 209
Les Frégates du Roi l'Aquilon , de quarante
canons , & la Fidele , de vingt- quatre , comman
dées par MM. de Maurville , Capitaine , & de Lizardais
, Lieutenant de Vaiffeau , qui avoient ef
corté au large quelques Navires , revenoient à
Rochefort , lorfque le 17 elles ont eu connoiffance
vers l'Ile d'Oléron , d'un Vaiffeau de guerre
Anglois , de cinquante- fix canons , & d'une Frégate
, de trente , qui leur ont donné chaffe. Le
combat s'eft engagé à fix heures du foir entre le
Vaiffeau de guerre Anglois avec fa Frégate , & les
deux Frégates du Roi , de maniere que la Frégate
laFidele, a auffieffuyé d'abord quelques bordées du
Vaiffeau de guerre Anglois ; mais il eft enfuite
devenu particulier du Vaiffeau de guerre Anglois
avec la Frégate l'Aquilon , & de la Frégate Angloife
avec la Frégate la Fidele , qui ont été bientôt
hors de la vue des premiers. Le combat de la
Frégate de l'Aquilon contre le Vaiffeau de guerre
Anglois a duré près de huit heures ; & celui de la
Frégate la Fidele contre la Frégate Angloife
près de fix. Nonobftant la grande fupériorité de
l'artillerie du Vaiffeau Anglois & de la Frégate ,
tant en nombre de canons qu'en poids des boulets
, les deux Frégates du Roi les ont mis hors
de combat ; & les Anglois fe font retirés : mais il
n'a pas été poffible aux Frégates du Roi , qui
étoient défemparées de toutes leur manoeuvres, de
les pourfuivre. Elles font rentrées à Rochefort le
19 & le 20. On ne fçauroit donner trop d'éloges
à la bravoure que les Officiers , les Gardes de la
Marine & les Equipages , ont fait paroître dans
cette occafion. M. de Maurville a eu le bras droit
fracaffé dès le commencement du combat , &
Fon a été obligé de le lui couper fur le champ .
Malgré cet accident , qui l'a obligé de céder le
210 MERCURE DE FRANCE.
commandement à M. de la Filliere , Capitaine en
fecond , il n'a pas ceffé de donner des marques
de la plus grande fermeté. M. de la Filliere a reçu
trois bleffures. M. Héron , Premier Lieutenant ,
a été tué fur le gaillard d'avant ; & le Chevalier
de Cardaillac , qui commandoit le Détachement
des Gardes de la Marine , a eu un bras caffé. Il
n'y a eu aucun Officier de tué ni de bleffé ſur la
Frégate la Fidele. Dans les Equipages, la Frégate
l'Aquilon a eu quinze hommes tués & vingt-fix
bleflés ; & la Frégate la Fidele , huit tués & dixhuit
bleffés.
La Cour vient de rendre public un Ecrit qui a
pour titre , MEMOIRE concernant le précis des faits
avec leurs piecesjuftificatives , pour fervir de réponfe
aux OBSERVATIONS envoyées par les Miniftres
d'Angleterre dans les Cours de l'Europe . L'objet
des Obfervations fur le premier Mémoire de la
France étoit de juftifier le refus fait par l'Angleterre
de fatisfaire à la réquifition du Roi , du 21
Décembre dernier , & de reftituer les Vaiffeaux
pris en pleine paix . Le feul moyen de colorer ce
refus étoit d'imputer aux François des hoftilités
antérieures à celles des Anglois , & cette fauffe
´imputation eft réfutée dans l'Ecrit que nous annonçons.
On n'oppofe aux fuppofitions des Anglois
que l'expofé le plus fimple de tout ce qui
s'eft paffé entre les deux Nations , foit en Amérique
, foit en Europe , depuis le dernier Traité
d'Aix-la- Chapelle ; & l'on n'avance aucun fait
qui ne foit ou avoué des deux Cours , ou prouvé
par des pieces authentiques & irréprochables.
Parmi ces pieces font celles qui ont été trouvées
dans les papiers du Général Braddock , après le
combat dans lequel il a perdu la vie.
Il paroît une Déclaration du Roi , portant fuf-
1
JUILLET. 1756. 211
penfion du Dixieme de l'Amiral , & autres encouragemens
pour la Courſe.
M. le Marquis de Juigné ayant préféré de commander
une Brigade dans le Régiment des Grenadiers
de France , le Roi a difpofé du Régiment
de Forez , en faveur de M. le Comte de Puyfegur,
Colonel dans celui des Grenadiers de France.
Le Roi a conclu avec l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Bohême , un Acte ou Convention
de Neutralité , & un Traité défenfif d'Alliance &
d'Amitié. Cette Convention & ce Traité furent
fignés à Verſailles le premier du mois de Mai , &
les Ratifications y ont été échangées le 28 du
même mois.
Le 17 Mai aufoir , M. le Marquis de la Galif
fonniere , commandant l'Efcadre du Roi dans fa
Méditerranée , fut informé par la Frégate la Gracieufe
, qui étoit en croifiere fur Mayorque , qu'el
le avoit découvert une Eſcadre Angloiſe , qui pouvoit
être alors à huit ou dix lieues dans le Sud. Le
18 , l'Eſcadre du Roi manoeuvra pour aller à la
rencontre de celle des Anglois , mais le calme en
empêcha. Le 19 au matin , on découvrit l'Eſcadre
Angloife du haut des mâts. Elle étoit au vent ,
& il ne fut pas poffible à l'Efcadre du Roi , de
l'approcher jufqu'à la portée du canon. Le 20
M. le Marquis de la Galiffonniere étoit parvenu
gagner le vent : mais dans le tems qu'il ſe trouvoit
dans cette pofition , le vent changea tout
d'un coup ; ce qui rendit cet avantage à l'Eſcadre
Angloife. A deux heures & demie après-midi , les
deux Efcadres fe trouverent en lignes , celle dés
Anglois compofée de dix-huit voiles , dont treize
Vaiffeaux de ligné , & celle du Roi , de douze
Vaiffeaux & quatre Frégates. Le combat fut engagé
par l'avant-garde de l'Efcadre du Roi , qui
212 MERCURE DE FRANCE.
attaqua l'arriere- garde de celles des Anglois. II
devint fucceffivement général : mais il ne le fut
pas pendant tout le tems de fa durée. Les Vaiffeaux
Anglois , qui étoient les plus maltraités
des bordées des Vaiffeaux du Roi , profitant de
l'avantage du vent , pour fe mettre hors de la
portée du canon. L'Efcadre Angloife , après avoir
porté fes plus grands efforts fur l'arriere- garde de
celle du Roi , qu'elle a trouvée fi ferrée , & dont
elle a effuyé un fi grand feu , qu'elle n'a pu l'entamer
, a pris le parti de s'éloigner. Elle avoit
toujours confervé l'avantage du vent , ce qui l'a
mife en état de ne point s'engager. Le combat a
duré près de quatre heures. En général , il n'y a
eu aucun Vaiffeau de l'Efcadre Angloife , qui ait
foutenu longtemps le feu des Vaiffeaux de l'Efca
dre du Roi , lefquels ont peu fouffert. Ils étoient
entiérement réparés dans la nuit , & en état de
combattre le lendemain. Nous n'avons eu que
trente-huit hommes tués , & cent quatre- vingtquatre
bleffés. Aucun Officier n'a été tué. Ceux
qui ont été bleffés , font MM . de Peruffy & de
Puty , Enfeignes , & M. de Gibanelle , Garde de
la Marine , fur le Vaiffeau le Foudroyant ; M. de
Seignoret , Garde de la Marine , fur le Téméraire;
M. de Gravier , Lieutenant fur le Guerrier ; le
Chevalier d'Urre , Lieutenant fur le Sage ; le
Chevalier de Beaucoufe , Lieutenant ; M. d'Alberas
, Enfeigne , & M. Dubeny , Garde de la Marine
, fur le Content..
Depuis l'arrivée de ces nouvelles qui font du
21 , il eft venu des lettres de l'Efcadre , datées du
25. L'Efcadre Angloife n'avoit point reparu , &
celle du Roi continuoit de croifer devant l'entrée
du Port- Mahon . Le Chevalier de Beaucouſe ,
Lieutenant de Vaiffeau , qui avoit eu une cuiffe.
JUILLET. 1756. 213
caffée dans le combat du 20 , & qui avoit été
tranſporté à terre à Mahon , y étoit mort le 24 .
M. de Gibanelle & de Seignoret , Gardes de la
Marine , étoient fort mal à bord des Vaiffeaux fur
lefquels ils ont été bleffés , le premier ayant eu
les reins brifés , & le fecond les deux jambes caffées
. Mais le Chevalier d'Urre , Lieutenant de
Vaifleau , qui a eu un bras caffé , donnoit beaucoup
d'efpérance de guérifon. Les autres bleffés
le font peu dangereufement.
Le 6 Juin , jour de la Pentecôte , les Chevaliers
, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du
Saint- Elprit , s'étant affemblés vers les onze heu--
res du matin dans le Cabinet du Roi , Sa Majesté
tint un Chapitre. L'Information des vie & moeurs,
& la Profeffion de Foi , du Marquis de Saint Vital
& du Prince Jablonowski , qui avoient été propofés
le premier Janvier pour être Chevaliers ,
furent admifes , & ils furent introduits dans le
Cabinet , & reçus Chevaliers de l'Ordre de Saint
Michel. Le Roi fortit enfuite de fon apparte
ment , pour aller à la Chapelle. Sa Majesté , devant
laquelle les deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes , étoit en Manteau , le
Collier de l'Ordre par-deffus , ainfi que celui de
l'Ordre de la Toifon d'Or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Duc d'Or
léans , du Prince de Condé , du Comte de Charolois
, du Comte de Clermont , du Prince de Conty
, du Comte de la Marche , du Comte d'Eu ;
du Duc de Penthievre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre. Les deux nouveaux
Chevaliers , en habit de Novices , marchoient
entre les Chevaliers & les Officiers. Après
la grande Meffe , qui fut célébrée par le Prince
Conftantin , Commandeur de l'Ordre , & Prejer
Aumônier du Roi , Sa Majefté monta fux,.
214 MERCURE DE FRANCE .
fon Trône , & revêtit des Marques de l'Ordre les
deux nouveaux Chevaliers. Le Marquis de Saint
Vital eut pour Parrain le Maréchal de Clermont-
Tonnerre. Le Marquis de Matignon fut celui du
Prince Jablonowski. Cette cérémonie étant finie,
le Roi fut reconduit à ſon appartement en la maniere
accoutumée.
M. Dufort , Introducteur des Ambaffadeurs ,
alla le 7 prendre dans les carroffes du Roi & de la
Reine , le Cardinal de Tavannes en fon Hôtel à
Verfailles , & il le conduifit chez le Roi avec
l'Abbé Durini , Camérier Secret du Pape , nommé
par Sa Sainteté pour apporter les Bonnets aux
Cardinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres.
Avant la Meffe du Roi , l'Abbé Durini fut conduit
, avec les cérémonies accoutumées , à l'au
dience le Roi lui donna dans fon Cabinet
que
& il préfenta à Sa Majesté un Bref de Sa Sainteté.
Après cette audience ,le Roi defcendit à la Chapelle
, où le Cardinal de Tavannes ſe rendit à la fin de
la Meffe , étant conduit par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs, Monfieur Defgranà
la
reçut ges , Maître des Cérémonies , porte
La Chapelle le Cardinal de Tavannes , lequel alla
fe placer près du Prié-Dieu du Roi , du côté de
PEvangile , & fe mit à genoux fur un carreau.
L'Abbé Dutini , revêtu de fon habit de cérémonie
, ayant remis entre les mains du Cardinal de
Tavannes le Bref du Pape , alla prendre fur la
Crédence Près de l'Autel , du côté de l'Epître
un Baffin de vermeil doré , fur lequel étoit le
Bonnet , & il le préfenta au Roi. Sa Majesté prit
le Bonnet , & le mit fur la tête du Cardinal de
Tavannes , qui en le recevant , fit une profonde
inclination , & à l'inſtant même fe découvrit.
Dès que le Roi fut en marche pour fortir de la
Chapelle , le Cardinal de Tavannes entra dans la
de
JUILLET. 1756 . 215
Sacriftie , où il prit les habits de fa nouvelle dignité.
Il montà enfuite chez le Roi , étant accompagné
du Maître des Cérémonies. M. Dufort ,
Introducteur des Ambaffadeurs , qui étoit toujours
refté auprès du Cardinal de Tavannes , l'introduifit
dans le Cabinet du Roi , où ce Cardinal fit
fon remerciement à Sa Majesté . Le Cardinal de
Tavannes fut conduit avec les mêmes cérémonies.
à l'audience de la Reine , à laquelle il préfenta
P'Abbé Durini , qui remit à Sa Majesté un Bref
du Pape. Pendant l'audience , on apporta un
tabouret , & le Cardinal de Tavannes s'affit . Il
fut conduit enfuite à l'audience de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine , de Madame
, & à celles de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife. Après toutes ces audiences , le Cardinal
de Tavannes fut reconduit par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs , dans les carroffes
du Roi & de la Reine à fon Hôtel , avec les cérémonies
obfervées lorſqu'on étoit allé le prendre
pour l'amener chez le Roi.
Le 8 , le Cardinal de Luynes , & le 10 le Cardinal
de Gefvres reçurent des mains du Roi dans
la Chapelle, le Bonnet de Cardinal avec les mêmes
cérémonies.
L'Eglife de l'Abbaye Royale de Pantemont
été bénîte le 30 de Mai , par Dom Couthaud, Religieux
de l'Abbaye de Cîteau , Docteur de Sorbonne
, & Provifeur du College. La cérémonie
en fut édifiante , & fuivie d'une grand'Meffe
chantée par les Religieux , au milieu de laquelle
M. l'Abbé de la Paufe fit un Diſcours , dontl'ob
jet étoit relatif à la pureté du Temple intérieur
fignifié par la Bénédiction du Temple extérieur
qui venoit d'être faite. L'après -dinée , après Vêpres
chantées , il y eut un Salut , dont la mufique
216 MERCURE DE FRANCE.
fut dirigée par M. Balbaftre, & très - bien exécutée.
La Bénédiction fut donnée par le R. P. Général
des Bénédictins , & Madame la Ducheffe de Modene
y aflifta avec la cour & plufieurs perfonnes
de diftinction.
Le 3 Juin , Monfeigneur le Dauphin & Madame
, fe rendirent dans cette Abbaye pour nommer
deux Cloches de la nouvelle Eglife . A la porte
extérieure , ils furent reçus avec les cérémonies
accoutumées , & complimentés avec applaudiffement
par Dom Couthaud : delà arrivés à la
porte de la grille du Choeur , Madame l'Abbeffe
de Pantemont , avec fa croffe , à la tête de fa
Communauté , & accompagnée de plufieurs autres
Abbeffes , les conduifit à leur prie- Dieu en
chantant le Laudate . Dom Couthaud fit la cérémonie
, qui fut fuivie du Salut pendant l'une &
l'autre , la mufique exécuta plufieurs morceaux
& Motets choifis. Enfuite Monfeigneur le Dau
phin & Madame fuivis de leur cour , furent conduits
au Réfectoire , où trois jeunes Demoiſelles
habillées en Vierges , préfenterent trois corbeilles
remplies tant de fleurs que d'ouvrages , bourfes , -
facs & noeuds d'épée : chacune déclama différentes
pieces de vers avec autant de nobleffe que de modeftie
; Madame l'Abbeffe préſenta dans le même
Réfectoire la collation à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame. Il y avoit , entr'autres fingularités ,
les meilleurs fruits de primeur , & les plus rares
pour la faifon ; des melons , des pêches , des cerneaux
, du raifin . Enfuite Monſeigneur le Dauphin
& Madame voulurent parcourir les Bâtimens , &
partout le Prince & la Princeffe marquerent leur
fatisfaction.
On doit obferver ici que le Monaftere & l'Eglife
de l'Abbaye de Pantemont ont été faits &
conduits
JUILLET . 1756 . 217
conduits fur les deffeins de M. Contant , Architecte
du Roi , de Monfeigneur le Duc d'Orléans
& de l'Académie d'Architecture . Il étoit réservé
au talent & à la réputation de cet Artifte de
donner un exemple public que l'on pouvoit
voûter les Dômes & les Eglifes , fuivant la conftruction
des voûtes qu'il a fait exécuter avec ſuccès
dans le Château de Biffy , appartenant à M. le
Maréchal Duc de Belleifle ; l'Eglife & le Dôme
de Pantemont font les premiers exemples exécutés
en France de cette conftruction , qui prouvent
que l'ufage de ces voûtes feroient d'une grande
utilité pour être employé à la conſtruction de
nos Eglifes modernes , & que l'on pourroit par
cette pratique leur donner avec le bon goût de
l'architecture , l'élégance & la légéreté des Eglifes
gothiques , dont la conftruction hardie & folide
caufe autant de regrets que d'admiration .
des plus confidérables du Diocèfe de Châlonsfur-
Marne , a été prefque totalement détruit par.
un horrible incendie. Les habitans ont eu à peine.
temps de pourvoir à leur fûreté , & de fauver
leurs enfans. Dans l'intervalle d'une heure , près
de mille perfonnes fe font trouvées fans azyle &
fans reffources.
le
Le 11 , M. le Duc de Biron , après avoir fait la
revue des Gardes Françoifes dans la Plaine des
Sablons où le Régiment étoit campé , déclara que
le Roi avoit accordé une penfion de mille livres
fur le Tréfor Royal à M. le Comte d'Afpremont ,
Maréchal de Camp , Commandant du troiſieme
Bataillon de ce Régiment ; une pareille penfion à.
M. de Savary , Lieutenant de Grenadiers , ayant
Brevet de Colonel ; une de quatre cens francs ,,
auffi fur le Tréfor Royal , à M. de Chaffincourt-
Tilly , Sous- Lieutenant ; des Brevets de Colonels.
au Marquis de Rafilly , Lieutenant de Grenadiers
& au Comte du Dreneuc , Lieutenant ; & la Croix
de Saint Louis au Vicomte de Jaucourt , Lieutenant
à M. de Chaban , Sous- Aide- Major; au
JUILLET. 1756. 206
Chevalier de Palme , au Marquis de la Rochebouffeau
, à MM. de la Motte , de Termont , &
de Chieza , Sous- Lieutenans , & à M. de la Bordenne
, Enfeigne de Grenadiers.
Le Roi ayant porté à dix-fept Compagnies les
Bataillons de fon Infanterie Françoife ; & Sa Majefté
voulant que les Bataillons des Régimens de
fon Infanterie Suiffe & Grifonne , qui ne font actuellement
que de quatre cens-vingt hommes en
quatre Compagnies de cent vingt hommes chacune,
y compris les Officiers , foient rapprochés de la
compofition des Bataillons François , Sa Majefté a
ordonné que les douze Compagnies de chacun
des neuf Régimens Suiffes & de celui de Salis Grifon
, qui font à ſon ſervice , formaffent dorénavant
deux Bataillons compofés de fix Compagnies
chacun , au lieu d'être diftribuées , commé
elles font préfentement , en trois Bataillons de
quatre Compagnies. Veut Sa Majefté , que les fix
Compagnies , qui doivent compofer chacun des
deux Bataillons par Régiment , y foient placées
fuivant le rang d'ancienneté des Capitaines , &
dans l'ordre qu'éxige la nouvelle formation prefcrite
par la préfente Ordonnance . Chacune de
ces Compagnies continuera d'être compofée de
cent vingt hommes , y compris cinq Officiers ;
chaque Capitaine devant y entretenir deux Sergens
à vingt-cinq livres chacun , un troifieme
Sergent & un Fourrier à vingt livres chacun , un
Porte-Enfeigne & un Capitaine d'Armes à dixhuit
livres chacun , un Prevôt à quinze livres
quatre Caporaux , quatre Anfpeffades & cent Fufiliers
, les Tambours & les Fifres compris. Eatend
au furplus Sa Majefté que les Officiers
qui commandoient les troifiemes Bataillons defdits
Régimens Suiffes & Grifons , confervent, tant
106 MERCURE DE FRANCE.
qu'ils ne fe trouveront pas pourvus d'un grade
fupérieur , les prérogatives qui étoient attachées
à leur emploi.
Le 27 Mai , les Députés des Etats d'Artois ont
eu audience du Roi . Ils ont été préſentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte d'Argenfon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , ayant le Département
de cette Province , & conduits par M. Def
granges , Maître des Cérémonies. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de Dom de
Briois d'Hulluch , Abbé de Saint Vaaft d'Arras ;
du Comte de Beaufort , pour la Nobleffe ; & de M.
Harduin , Avocat en Parlement , & ancien Echevin
des Ville & Cité d'Arras , pour le Tiers-Etat.
Dans le travail du Roi avec M. le Comte d'Eu,
concernant le Régiment des Gardes Suiffes , Sa
Majefté a augmenté de cinq cens livres la penfion
de quinze cens que M. de Réding , Maréchal de
Camp, Premier Capitaine de ce Régiment, a fur le
Tréfor Royal . Elle a accordé une penfion de 1000 1.
auffi fur le Tréfor Royal , au Baron de Befenwald,
Brigadier , Capitaine d'une Compagnie dans le
même Régiment ; une pareille penfion , fur l'Ordre
de Saint Louis , à M. de Peftallozzi , Brigadier
, Capitaine-Commandant de la Compagnie
Lieutenante-Colonelle ; une de huit cens livres ,
fur le Tréfor Royal , à M. Altermatt , troifieme
Aide - Major ; une Commiffion de Colonel
à M. Schwitzer , Premier Lieutenant de la Compagnie
de Phiffer ; la Croix de S. Louis au Chevalier
de Maillaudor , Premier Lieutenant de la
Compagnie Générale , & à M. Schwitzer de Buonas
, fecond Lieutenant de la même Compagnie..
Depuis la defcente des troupes du Roi dans
1le Minorque, M. le Maréchal de Richelieu a
JUILLET. 1756. 207
été principalement occupé du foin de furmonter
les difficultés qui fe font rencontrées dans le
tranfport de l'artillerie à Mahon , & des munitions
de guerre & de bouche. Il eft enfin parvenu
à faire conftruire fur le Mont des Signaux une
batterie de cinq pieces de canon & d'autant de
mortiers , qui a commencé à tirer le 8 de Mai au
matin. Il afait occuper le 9 au foir le Fauxbourg,
dit la Ravale , par un Détachement de cent Volontaires,
par quatre Compagnies de Grenadiers &
parfixPiquets,aux ordres de M. le Comte de Briqueville
, Colonel , avec cinq cens Travailleurs , pour y
former des épaulemens & établir des batteries . Le
10,M. le Marquis de Roquepine Brigadier , ayant
fous lui MM . de Gaunay & d'Elva , Colonels , de
Magnac & de Virmont , Lieutenans Colonels , eft
parti dès le matin avec douze cens hommes , pour
fe porter du côté du Fort Marlboroug derriere la
Tour de Benifaïd. M. le Comte de Briqueville a
été relevé le foir par M. de la Serre , Brigadier
avec trois Compagnies de Grenadiers & neuf Piquets.
Auffitôt après , les deux Bataillons du Régiment
Royal , & le premier du Régiment Royal
Comtois , fe font portés à la droite du Fauxbourg,
le long d'une chaîne de maifons qui en forment
Fenceinte , pour protéger le travail , que M. le
Maréchal de Richelieu eft allé vifiter. M. d'Elva,
Colonel à la fuite du Régiment Royal Italien , a
été bleffé légérement à l'épaule. Les journées du
11 & du 12 Mai , ont été employées à conſtruire
des batteries à la gauche , à la droite & au centre
du Fauxbourg, dit la Ravale, fans que la Garnifon
Angloife ait inquiété les travailleurs autrement'
que par les bombes & le canon. Le 12 au foir
le Détachement du Fauxbourg fut compofé de
fept Compagnies de Grenadiers , huit Piquets &
208 MERCURE DE FRANCE.
trois Compagnies de Volontaires , & les batte
ries de bombes commencerent à tirer pendant la
nuit. Le 17 , la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer , & fut très- bien fervie. Le
18 , M. du Pinay , qui commandoit celle de la
gauche , fut tué, & le Prince Louis de Wirtemberg
, Maréchal de Camp , fut légérement bleſſé.
Le 19 , P'Efcadre Angloife ayant paru en mer ,
M. le Maréchal de Richelieu envoya treize Piquets
à M. le Marquis de la Galiffonniere , & fit
les difpofitions néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés. Le 20 , les deux
Bataillons du Régiment Royal , aux ordres de
M. le Comte de Maillebois , Lieutenant- Général ,
fe rendirent le foir au dépôt de la tranchée , d'ou
ils envoyerent relever les poftes du Fauxbourg par
leurs Grenadiers & fix Piquets , avec cinq autres
Compagnies de Grenadiers & fix Piquets de différens
Corps. Une bombe ayant mis le feu à une de
nos batteries à deux heures après-midi , les affiégés
redoublerent leur feu , & firent une fortie de
la Lunette de la Reine , dans laquelle nos Grenadiers
les firent rentrer auffitôt. Pendant la journée
du 21 au 22 , on répara les anciennes batteries
, & l'on continua la conftruction des nouvelles.
Le 22 , l'Efcadre Françoife ayant réparu devant
le Port , l'Armée fit le foir une réjouiſſance
pour l'avantage que cette Efcadre avoit remporté
fur celle des Anglois. Le 23 , M. le Comte de
Lannion releva M. le Marquis du Mefnil à la
tranchée, avec les deux Bataillons de Royal la Marine
, indépendamment d'un pofte de Brigadier
établi dans le Fauxbourg. Cette journée & celle
du 24 ont été employées , comme les précédentes,.
aux réparations & nouvelles conftructions de bat
tories.
>
•
JUILLET. 1756. 209
Les Frégates du Roi l'Aquilon , de quarante
canons , & la Fidele , de vingt- quatre , comman
dées par MM. de Maurville , Capitaine , & de Lizardais
, Lieutenant de Vaiffeau , qui avoient ef
corté au large quelques Navires , revenoient à
Rochefort , lorfque le 17 elles ont eu connoiffance
vers l'Ile d'Oléron , d'un Vaiffeau de guerre
Anglois , de cinquante- fix canons , & d'une Frégate
, de trente , qui leur ont donné chaffe. Le
combat s'eft engagé à fix heures du foir entre le
Vaiffeau de guerre Anglois avec fa Frégate , & les
deux Frégates du Roi , de maniere que la Frégate
laFidele, a auffieffuyé d'abord quelques bordées du
Vaiffeau de guerre Anglois ; mais il eft enfuite
devenu particulier du Vaiffeau de guerre Anglois
avec la Frégate l'Aquilon , & de la Frégate Angloife
avec la Frégate la Fidele , qui ont été bientôt
hors de la vue des premiers. Le combat de la
Frégate de l'Aquilon contre le Vaiffeau de guerre
Anglois a duré près de huit heures ; & celui de la
Frégate la Fidele contre la Frégate Angloife
près de fix. Nonobftant la grande fupériorité de
l'artillerie du Vaiffeau Anglois & de la Frégate ,
tant en nombre de canons qu'en poids des boulets
, les deux Frégates du Roi les ont mis hors
de combat ; & les Anglois fe font retirés : mais il
n'a pas été poffible aux Frégates du Roi , qui
étoient défemparées de toutes leur manoeuvres, de
les pourfuivre. Elles font rentrées à Rochefort le
19 & le 20. On ne fçauroit donner trop d'éloges
à la bravoure que les Officiers , les Gardes de la
Marine & les Equipages , ont fait paroître dans
cette occafion. M. de Maurville a eu le bras droit
fracaffé dès le commencement du combat , &
Fon a été obligé de le lui couper fur le champ .
Malgré cet accident , qui l'a obligé de céder le
210 MERCURE DE FRANCE.
commandement à M. de la Filliere , Capitaine en
fecond , il n'a pas ceffé de donner des marques
de la plus grande fermeté. M. de la Filliere a reçu
trois bleffures. M. Héron , Premier Lieutenant ,
a été tué fur le gaillard d'avant ; & le Chevalier
de Cardaillac , qui commandoit le Détachement
des Gardes de la Marine , a eu un bras caffé. Il
n'y a eu aucun Officier de tué ni de bleffé ſur la
Frégate la Fidele. Dans les Equipages, la Frégate
l'Aquilon a eu quinze hommes tués & vingt-fix
bleflés ; & la Frégate la Fidele , huit tués & dixhuit
bleffés.
La Cour vient de rendre public un Ecrit qui a
pour titre , MEMOIRE concernant le précis des faits
avec leurs piecesjuftificatives , pour fervir de réponfe
aux OBSERVATIONS envoyées par les Miniftres
d'Angleterre dans les Cours de l'Europe . L'objet
des Obfervations fur le premier Mémoire de la
France étoit de juftifier le refus fait par l'Angleterre
de fatisfaire à la réquifition du Roi , du 21
Décembre dernier , & de reftituer les Vaiffeaux
pris en pleine paix . Le feul moyen de colorer ce
refus étoit d'imputer aux François des hoftilités
antérieures à celles des Anglois , & cette fauffe
´imputation eft réfutée dans l'Ecrit que nous annonçons.
On n'oppofe aux fuppofitions des Anglois
que l'expofé le plus fimple de tout ce qui
s'eft paffé entre les deux Nations , foit en Amérique
, foit en Europe , depuis le dernier Traité
d'Aix-la- Chapelle ; & l'on n'avance aucun fait
qui ne foit ou avoué des deux Cours , ou prouvé
par des pieces authentiques & irréprochables.
Parmi ces pieces font celles qui ont été trouvées
dans les papiers du Général Braddock , après le
combat dans lequel il a perdu la vie.
Il paroît une Déclaration du Roi , portant fuf-
1
JUILLET. 1756. 211
penfion du Dixieme de l'Amiral , & autres encouragemens
pour la Courſe.
M. le Marquis de Juigné ayant préféré de commander
une Brigade dans le Régiment des Grenadiers
de France , le Roi a difpofé du Régiment
de Forez , en faveur de M. le Comte de Puyfegur,
Colonel dans celui des Grenadiers de France.
Le Roi a conclu avec l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Bohême , un Acte ou Convention
de Neutralité , & un Traité défenfif d'Alliance &
d'Amitié. Cette Convention & ce Traité furent
fignés à Verſailles le premier du mois de Mai , &
les Ratifications y ont été échangées le 28 du
même mois.
Le 17 Mai aufoir , M. le Marquis de la Galif
fonniere , commandant l'Efcadre du Roi dans fa
Méditerranée , fut informé par la Frégate la Gracieufe
, qui étoit en croifiere fur Mayorque , qu'el
le avoit découvert une Eſcadre Angloiſe , qui pouvoit
être alors à huit ou dix lieues dans le Sud. Le
18 , l'Eſcadre du Roi manoeuvra pour aller à la
rencontre de celle des Anglois , mais le calme en
empêcha. Le 19 au matin , on découvrit l'Eſcadre
Angloife du haut des mâts. Elle étoit au vent ,
& il ne fut pas poffible à l'Efcadre du Roi , de
l'approcher jufqu'à la portée du canon. Le 20
M. le Marquis de la Galiffonniere étoit parvenu
gagner le vent : mais dans le tems qu'il ſe trouvoit
dans cette pofition , le vent changea tout
d'un coup ; ce qui rendit cet avantage à l'Eſcadre
Angloife. A deux heures & demie après-midi , les
deux Efcadres fe trouverent en lignes , celle dés
Anglois compofée de dix-huit voiles , dont treize
Vaiffeaux de ligné , & celle du Roi , de douze
Vaiffeaux & quatre Frégates. Le combat fut engagé
par l'avant-garde de l'Efcadre du Roi , qui
212 MERCURE DE FRANCE.
attaqua l'arriere- garde de celles des Anglois. II
devint fucceffivement général : mais il ne le fut
pas pendant tout le tems de fa durée. Les Vaiffeaux
Anglois , qui étoient les plus maltraités
des bordées des Vaiffeaux du Roi , profitant de
l'avantage du vent , pour fe mettre hors de la
portée du canon. L'Efcadre Angloife , après avoir
porté fes plus grands efforts fur l'arriere- garde de
celle du Roi , qu'elle a trouvée fi ferrée , & dont
elle a effuyé un fi grand feu , qu'elle n'a pu l'entamer
, a pris le parti de s'éloigner. Elle avoit
toujours confervé l'avantage du vent , ce qui l'a
mife en état de ne point s'engager. Le combat a
duré près de quatre heures. En général , il n'y a
eu aucun Vaiffeau de l'Efcadre Angloife , qui ait
foutenu longtemps le feu des Vaiffeaux de l'Efca
dre du Roi , lefquels ont peu fouffert. Ils étoient
entiérement réparés dans la nuit , & en état de
combattre le lendemain. Nous n'avons eu que
trente-huit hommes tués , & cent quatre- vingtquatre
bleffés. Aucun Officier n'a été tué. Ceux
qui ont été bleffés , font MM . de Peruffy & de
Puty , Enfeignes , & M. de Gibanelle , Garde de
la Marine , fur le Vaiffeau le Foudroyant ; M. de
Seignoret , Garde de la Marine , fur le Téméraire;
M. de Gravier , Lieutenant fur le Guerrier ; le
Chevalier d'Urre , Lieutenant fur le Sage ; le
Chevalier de Beaucoufe , Lieutenant ; M. d'Alberas
, Enfeigne , & M. Dubeny , Garde de la Marine
, fur le Content..
Depuis l'arrivée de ces nouvelles qui font du
21 , il eft venu des lettres de l'Efcadre , datées du
25. L'Efcadre Angloife n'avoit point reparu , &
celle du Roi continuoit de croifer devant l'entrée
du Port- Mahon . Le Chevalier de Beaucouſe ,
Lieutenant de Vaiffeau , qui avoit eu une cuiffe.
JUILLET. 1756. 213
caffée dans le combat du 20 , & qui avoit été
tranſporté à terre à Mahon , y étoit mort le 24 .
M. de Gibanelle & de Seignoret , Gardes de la
Marine , étoient fort mal à bord des Vaiffeaux fur
lefquels ils ont été bleffés , le premier ayant eu
les reins brifés , & le fecond les deux jambes caffées
. Mais le Chevalier d'Urre , Lieutenant de
Vaifleau , qui a eu un bras caffé , donnoit beaucoup
d'efpérance de guérifon. Les autres bleffés
le font peu dangereufement.
Le 6 Juin , jour de la Pentecôte , les Chevaliers
, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du
Saint- Elprit , s'étant affemblés vers les onze heu--
res du matin dans le Cabinet du Roi , Sa Majesté
tint un Chapitre. L'Information des vie & moeurs,
& la Profeffion de Foi , du Marquis de Saint Vital
& du Prince Jablonowski , qui avoient été propofés
le premier Janvier pour être Chevaliers ,
furent admifes , & ils furent introduits dans le
Cabinet , & reçus Chevaliers de l'Ordre de Saint
Michel. Le Roi fortit enfuite de fon apparte
ment , pour aller à la Chapelle. Sa Majesté , devant
laquelle les deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes , étoit en Manteau , le
Collier de l'Ordre par-deffus , ainfi que celui de
l'Ordre de la Toifon d'Or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Duc d'Or
léans , du Prince de Condé , du Comte de Charolois
, du Comte de Clermont , du Prince de Conty
, du Comte de la Marche , du Comte d'Eu ;
du Duc de Penthievre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre. Les deux nouveaux
Chevaliers , en habit de Novices , marchoient
entre les Chevaliers & les Officiers. Après
la grande Meffe , qui fut célébrée par le Prince
Conftantin , Commandeur de l'Ordre , & Prejer
Aumônier du Roi , Sa Majefté monta fux,.
214 MERCURE DE FRANCE .
fon Trône , & revêtit des Marques de l'Ordre les
deux nouveaux Chevaliers. Le Marquis de Saint
Vital eut pour Parrain le Maréchal de Clermont-
Tonnerre. Le Marquis de Matignon fut celui du
Prince Jablonowski. Cette cérémonie étant finie,
le Roi fut reconduit à ſon appartement en la maniere
accoutumée.
M. Dufort , Introducteur des Ambaffadeurs ,
alla le 7 prendre dans les carroffes du Roi & de la
Reine , le Cardinal de Tavannes en fon Hôtel à
Verfailles , & il le conduifit chez le Roi avec
l'Abbé Durini , Camérier Secret du Pape , nommé
par Sa Sainteté pour apporter les Bonnets aux
Cardinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres.
Avant la Meffe du Roi , l'Abbé Durini fut conduit
, avec les cérémonies accoutumées , à l'au
dience le Roi lui donna dans fon Cabinet
que
& il préfenta à Sa Majesté un Bref de Sa Sainteté.
Après cette audience ,le Roi defcendit à la Chapelle
, où le Cardinal de Tavannes ſe rendit à la fin de
la Meffe , étant conduit par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs, Monfieur Defgranà
la
reçut ges , Maître des Cérémonies , porte
La Chapelle le Cardinal de Tavannes , lequel alla
fe placer près du Prié-Dieu du Roi , du côté de
PEvangile , & fe mit à genoux fur un carreau.
L'Abbé Dutini , revêtu de fon habit de cérémonie
, ayant remis entre les mains du Cardinal de
Tavannes le Bref du Pape , alla prendre fur la
Crédence Près de l'Autel , du côté de l'Epître
un Baffin de vermeil doré , fur lequel étoit le
Bonnet , & il le préfenta au Roi. Sa Majesté prit
le Bonnet , & le mit fur la tête du Cardinal de
Tavannes , qui en le recevant , fit une profonde
inclination , & à l'inſtant même fe découvrit.
Dès que le Roi fut en marche pour fortir de la
Chapelle , le Cardinal de Tavannes entra dans la
de
JUILLET. 1756 . 215
Sacriftie , où il prit les habits de fa nouvelle dignité.
Il montà enfuite chez le Roi , étant accompagné
du Maître des Cérémonies. M. Dufort ,
Introducteur des Ambaffadeurs , qui étoit toujours
refté auprès du Cardinal de Tavannes , l'introduifit
dans le Cabinet du Roi , où ce Cardinal fit
fon remerciement à Sa Majesté . Le Cardinal de
Tavannes fut conduit avec les mêmes cérémonies.
à l'audience de la Reine , à laquelle il préfenta
P'Abbé Durini , qui remit à Sa Majesté un Bref
du Pape. Pendant l'audience , on apporta un
tabouret , & le Cardinal de Tavannes s'affit . Il
fut conduit enfuite à l'audience de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine , de Madame
, & à celles de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife. Après toutes ces audiences , le Cardinal
de Tavannes fut reconduit par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs , dans les carroffes
du Roi & de la Reine à fon Hôtel , avec les cérémonies
obfervées lorſqu'on étoit allé le prendre
pour l'amener chez le Roi.
Le 8 , le Cardinal de Luynes , & le 10 le Cardinal
de Gefvres reçurent des mains du Roi dans
la Chapelle, le Bonnet de Cardinal avec les mêmes
cérémonies.
L'Eglife de l'Abbaye Royale de Pantemont
été bénîte le 30 de Mai , par Dom Couthaud, Religieux
de l'Abbaye de Cîteau , Docteur de Sorbonne
, & Provifeur du College. La cérémonie
en fut édifiante , & fuivie d'une grand'Meffe
chantée par les Religieux , au milieu de laquelle
M. l'Abbé de la Paufe fit un Diſcours , dontl'ob
jet étoit relatif à la pureté du Temple intérieur
fignifié par la Bénédiction du Temple extérieur
qui venoit d'être faite. L'après -dinée , après Vêpres
chantées , il y eut un Salut , dont la mufique
216 MERCURE DE FRANCE.
fut dirigée par M. Balbaftre, & très - bien exécutée.
La Bénédiction fut donnée par le R. P. Général
des Bénédictins , & Madame la Ducheffe de Modene
y aflifta avec la cour & plufieurs perfonnes
de diftinction.
Le 3 Juin , Monfeigneur le Dauphin & Madame
, fe rendirent dans cette Abbaye pour nommer
deux Cloches de la nouvelle Eglife . A la porte
extérieure , ils furent reçus avec les cérémonies
accoutumées , & complimentés avec applaudiffement
par Dom Couthaud : delà arrivés à la
porte de la grille du Choeur , Madame l'Abbeffe
de Pantemont , avec fa croffe , à la tête de fa
Communauté , & accompagnée de plufieurs autres
Abbeffes , les conduifit à leur prie- Dieu en
chantant le Laudate . Dom Couthaud fit la cérémonie
, qui fut fuivie du Salut pendant l'une &
l'autre , la mufique exécuta plufieurs morceaux
& Motets choifis. Enfuite Monfeigneur le Dau
phin & Madame fuivis de leur cour , furent conduits
au Réfectoire , où trois jeunes Demoiſelles
habillées en Vierges , préfenterent trois corbeilles
remplies tant de fleurs que d'ouvrages , bourfes , -
facs & noeuds d'épée : chacune déclama différentes
pieces de vers avec autant de nobleffe que de modeftie
; Madame l'Abbeffe préſenta dans le même
Réfectoire la collation à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame. Il y avoit , entr'autres fingularités ,
les meilleurs fruits de primeur , & les plus rares
pour la faifon ; des melons , des pêches , des cerneaux
, du raifin . Enfuite Monſeigneur le Dauphin
& Madame voulurent parcourir les Bâtimens , &
partout le Prince & la Princeffe marquerent leur
fatisfaction.
On doit obferver ici que le Monaftere & l'Eglife
de l'Abbaye de Pantemont ont été faits &
conduits
JUILLET . 1756 . 217
conduits fur les deffeins de M. Contant , Architecte
du Roi , de Monfeigneur le Duc d'Orléans
& de l'Académie d'Architecture . Il étoit réservé
au talent & à la réputation de cet Artifte de
donner un exemple public que l'on pouvoit
voûter les Dômes & les Eglifes , fuivant la conftruction
des voûtes qu'il a fait exécuter avec ſuccès
dans le Château de Biffy , appartenant à M. le
Maréchal Duc de Belleifle ; l'Eglife & le Dôme
de Pantemont font les premiers exemples exécutés
en France de cette conftruction , qui prouvent
que l'ufage de ces voûtes feroient d'une grande
utilité pour être employé à la conſtruction de
nos Eglifes modernes , & que l'on pourroit par
cette pratique leur donner avec le bon goût de
l'architecture , l'élégance & la légéreté des Eglifes
gothiques , dont la conftruction hardie & folide
caufe autant de regrets que d'admiration .
Fermer
Résumé : « Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...] »
En mai 1756, plusieurs événements marquants ont eu lieu en France. Le 9 mai, le bourg de Ferechampenoise, dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, a été presque entièrement détruit par un incendie, laissant près de mille personnes sans abri. Le 11 mai, le duc de Biron a annoncé des pensions royales pour plusieurs officiers des Gardes Françaises, dont le comte d'Aspreumont et le lieutenant Savary. Des brevets de colonel ont été attribués au marquis de Rafilly et au comte du Dreneuc, tandis que la croix de Saint-Louis a été décernée à plusieurs autres officiers. Le roi a ordonné la réorganisation des bataillons de l'infanterie française, suisse et grisonne, augmentant leur composition à dix-sept compagnies. Les régiments suisses et grisons ont été restructurés en deux bataillons de six compagnies chacun. Le 27 mai, les députés des États d'Artois ont été reçus par le roi, présentés par le duc de Chaulnes et le comte d'Argençon. La délégation comprenait Dom de Briois d'Hulluch pour le clergé, le comte de Beaufort pour la noblesse, et M. Harduin pour le tiers-état. En juillet 1756, le maréchal de Richelieu a supervisé les opérations militaires à Minorque, notamment la construction de batteries et la défense contre les forces anglaises. Plusieurs officiers ont été blessés ou tués lors des combats. Les frégates françaises l'Aquilon et la Fidèle ont engagé un combat contre des navires anglais près de l'île d'Oléron, mettant les navires anglais hors de combat malgré des pertes importantes. La cour a publié un mémoire en réponse aux observations des ministres anglais concernant les hostilités entre les deux nations. Le roi a signé un acte de neutralité et un traité d'alliance avec l'impératrice reine de Hongrie et de Bohême, ratifiés le 28 mai 1756. Le marquis de Juigné a pris le commandement d'une brigade dans le régiment des Grenadiers de France, et le comte de Puysegur a été nommé colonel du régiment de Forez. Un combat naval a opposé douze vaisseaux et quatre frégates françaises à la flotte anglaise. Les vaisseaux anglais, bien que malmenés, ont profité du vent pour se mettre hors de portée des canons français. Le combat a duré près de quatre heures, avec des pertes françaises de trente-huit hommes tués et cent quatre-vingt-quatre blessés, sans perte d'officiers. À la cour de France, le 6 juin, le roi a tenu un chapitre de l'Ordre du Saint-Esprit, au cours duquel le marquis de Saint-Vital et le prince Jablonowski ont été reçus chevaliers de l'Ordre de Saint-Michel. Le 7 juin, le cardinal de Tavannes a reçu son bonnet cardinalice des mains du roi. Les cardinaux de Luynes et de Gesvres ont également reçu leurs bonnets les 8 et 10 juin. Le 30 mai, l'église de l'Abbaye Royale de Panthemont a été bénie, suivie d'une messe et d'un salut musical. Le 3 juin, le dauphin et Madame ont visité l'abbaye pour nommer deux cloches et ont reçu des présents.
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2
p. 217
Compliment de Dom Couthaud à Monseigneur le Dauphin.
Début :
Monseigneur, ce Temple doit tout ce qu'il est à votre protection [...]
Mots clefs :
Dom Couthaud, Monseigneur le Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : Compliment de Dom Couthaud à Monseigneur le Dauphin.
Compliment de Dom Couthaud à Monseigneur le
Dauphin.
Monfeigneur , ce Temple doit tout ce qu'il eff
à votre protection & à vos bienfaits ; auffi fera- ce
un monument précieux & durable de votre piété :
votre nom y eft gravé fur le marbre & fur l'airain
, en mémoire des deux Cérémonies que vous
avez daigné y honorer de votre préfence. Vos
bontés le font bien plus profondément dans le
coeur de celles qui en font les pierres vivantes :
que de voeux n'y ont- elles déja pas offert , & n'y
offriront- elles pas chaque jour pour le bonheur
d'un Prince , leur protecteur & leur bienfaicteur
l'amour & les délices de toute la France !
Dauphin.
Monfeigneur , ce Temple doit tout ce qu'il eff
à votre protection & à vos bienfaits ; auffi fera- ce
un monument précieux & durable de votre piété :
votre nom y eft gravé fur le marbre & fur l'airain
, en mémoire des deux Cérémonies que vous
avez daigné y honorer de votre préfence. Vos
bontés le font bien plus profondément dans le
coeur de celles qui en font les pierres vivantes :
que de voeux n'y ont- elles déja pas offert , & n'y
offriront- elles pas chaque jour pour le bonheur
d'un Prince , leur protecteur & leur bienfaicteur
l'amour & les délices de toute la France !
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Résumé : Compliment de Dom Couthaud à Monseigneur le Dauphin.
Dom Couthaud remercie Monseigneur le Dauphin pour sa protection et ses bienfaits. Le Temple honore sa piété, marquée par sa présence à deux cérémonies. Les membres du Temple, appelés 'pierres vivantes', souhaitent son bonheur et soulignent l'amour qu'il inspire en France.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 218
Autre Compliment de Dom Couthaud à Madame.
Début :
Madame, une grande partie de la pompe de cette Cérémonie, [...]
Mots clefs :
Dom Couthaud
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Compliment de Dom Couthaud à Madame.
Autre Compliment de Dom Couthaud à Madame.
Madame , une grande partie de la pompe de
cette Cérémonie , lui vient de l'éclat de votre
préfence & de celui du nom que vous venez y
donner. Les Vierges de ce Sanctuaire reçoivent en
cette occafion une marque bien glorieuſe de votre
bienveillance pour elles : daignez recevoir ici les
premices de leur reconnoiffance , de leur empreffement
& du profond refpect dont elles vont
yous affurer elles-mêmes.
Madame , une grande partie de la pompe de
cette Cérémonie , lui vient de l'éclat de votre
préfence & de celui du nom que vous venez y
donner. Les Vierges de ce Sanctuaire reçoivent en
cette occafion une marque bien glorieuſe de votre
bienveillance pour elles : daignez recevoir ici les
premices de leur reconnoiffance , de leur empreffement
& du profond refpect dont elles vont
yous affurer elles-mêmes.
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4
p. 218
VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour MADAME ; prononcés par Mademoiselle de Bethisy, de Meziere.
Début :
Madame, Dieux ! quelle est ma surprise extrême : [...]
Mots clefs :
Adélaïde
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texteReconnaissance textuelle : VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour MADAME ; prononcés par Mademoiselle de Bethisy, de Meziere.
VERS
Faits par M. l'Abbé de Lataignant , pour
MADAME prononcés par Mademoiselle
de Bethify , de Meziere .
: 20
MADAME ,
Dieux ! quelle eft ma furpriſe extrême :
Que de grace ! que de beauté !
Et quel air de divinité !
Eft - ce donc à Flore elle-même
Que je viens offrir un bouquet ?
Tout dans un fi charmant objet
Etonne mon ame timide :
Mais fon regard plein de douceur ,
Anime & raffure mon coeur.
Cédons au tranfport qui me guide ,
Suivons une innocente ardeur ;
C'est l'adorable Adélaide.
Faits par M. l'Abbé de Lataignant , pour
MADAME prononcés par Mademoiselle
de Bethify , de Meziere .
: 20
MADAME ,
Dieux ! quelle eft ma furpriſe extrême :
Que de grace ! que de beauté !
Et quel air de divinité !
Eft - ce donc à Flore elle-même
Que je viens offrir un bouquet ?
Tout dans un fi charmant objet
Etonne mon ame timide :
Mais fon regard plein de douceur ,
Anime & raffure mon coeur.
Cédons au tranfport qui me guide ,
Suivons une innocente ardeur ;
C'est l'adorable Adélaide.
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5
p. 219
VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour Monseigneur le Dauphin; prononcés par Mademoiselle d'Aguillon.
Début :
Monseigneur, L'illustre Mere des Ayeux, [...]
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texteReconnaissance textuelle : VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour Monseigneur le Dauphin; prononcés par Mademoiselle d'Aguillon.
VERS
Faits par M. l'Abbé de Lataignant , pour
Monfeigneur le Dauphin ; prononcés par
Mademoiselle d'Aiguillon.
MONSEIGNEUR ,
L'Illuftre Mere des Ayeux ,
Dont vous fuivez fi bien l'exemple ,
Clotilde , qui du haut des Cieux ,
Et vous admire & vous contemple ,
A qui votre zele pieux
A fait dédier ce faint Temple ,
Me députe exprès en ces lieux
Pour vous exprimer par ma bouche
Combien cet hommage la touche ;
Et que pour répondre à vos voeux ,
Elle adopte avec complaisance
Get azyle de l'innocence
Bâti par vos foins généreux.
Cette augufte Reine de France
Efpere qu'avec bienveillance
Toujours vous nous protégerez ,
Et que vous nous honorerez
Quelquefois de votre préfence.
Faits par M. l'Abbé de Lataignant , pour
Monfeigneur le Dauphin ; prononcés par
Mademoiselle d'Aiguillon.
MONSEIGNEUR ,
L'Illuftre Mere des Ayeux ,
Dont vous fuivez fi bien l'exemple ,
Clotilde , qui du haut des Cieux ,
Et vous admire & vous contemple ,
A qui votre zele pieux
A fait dédier ce faint Temple ,
Me députe exprès en ces lieux
Pour vous exprimer par ma bouche
Combien cet hommage la touche ;
Et que pour répondre à vos voeux ,
Elle adopte avec complaisance
Get azyle de l'innocence
Bâti par vos foins généreux.
Cette augufte Reine de France
Efpere qu'avec bienveillance
Toujours vous nous protégerez ,
Et que vous nous honorerez
Quelquefois de votre préfence.
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Résumé : VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour Monseigneur le Dauphin; prononcés par Mademoiselle d'Aguillon.
Mademoiselle d'Aiguillon prononce un discours au nom de l'Abbé de Lataignant, destiné au Dauphin. Elle rend hommage à Clotilde, ancêtre du Dauphin, qui admire ses actions. Clotilde exprime sa gratitude pour le temple dédié à l'innocence, construit par le Dauphin. Elle espère qu'il continuera à protéger et honorer les personnes concernées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 220
VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour Monseigneur le Dauphin, qui devoient être prononcés par Mlle de Guerchy.
Début :
Monseigneur, De simples Vierges consacrées [...]
Mots clefs :
Vers, Compliments
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texteReconnaissance textuelle : VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour Monseigneur le Dauphin, qui devoient être prononcés par Mlle de Guerchy.
VERS
Faits par M. l'Abbé de Lataignant pour
Monseigneur le Dauphin , qui devoient
être prononcés par Mlle de Guerchy..
MONSEIGNEUR ,
DE fimples Vierges confacrées
A louer Dieu feul en tout temps ;
De ce faint devoir pénétrées
Ignorent l'art des complimens ;
Dans ce féjour de l'innocence ,
On ne connoit d'autre éloquence
Que ces tranfports refpectueux
De zele & de reconnoiffance
Que vous pouvez lire en nos yeux ,
Et qu'infpire votre préfence
Aux ames pures de ces lieux,
Le Fils du plus grand Roi du monde ;
Notre bienfaiteur , notre appui ,
Vient nous vifiter aujourd'hui :
Que les Clairons & les Trompettes
Annoncent partout fes hauts fairs.
Nos voix dans ces faintes retraites
Ne publiront que les bienfaits.
Faits par M. l'Abbé de Lataignant pour
Monseigneur le Dauphin , qui devoient
être prononcés par Mlle de Guerchy..
MONSEIGNEUR ,
DE fimples Vierges confacrées
A louer Dieu feul en tout temps ;
De ce faint devoir pénétrées
Ignorent l'art des complimens ;
Dans ce féjour de l'innocence ,
On ne connoit d'autre éloquence
Que ces tranfports refpectueux
De zele & de reconnoiffance
Que vous pouvez lire en nos yeux ,
Et qu'infpire votre préfence
Aux ames pures de ces lieux,
Le Fils du plus grand Roi du monde ;
Notre bienfaiteur , notre appui ,
Vient nous vifiter aujourd'hui :
Que les Clairons & les Trompettes
Annoncent partout fes hauts fairs.
Nos voix dans ces faintes retraites
Ne publiront que les bienfaits.
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Résumé : VERS Faits par M. l'Abbé de Lataignant, pour Monseigneur le Dauphin, qui devoient être prononcés par Mlle de Guerchy.
L'Abbé de Lataignant compose un poème pour Monseigneur le Dauphin, destiné à être récité par Mlle de Guerchy. Il célèbre des vierges dévouées à Dieu, qui expriment leur respect et leur gratitude envers le Dauphin, fils du roi. Elles le voient comme leur bienfaiteur et souhaitent que ses exploits soient proclamés par des clairons et des trompettes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 221
VERS Pour Monseigneur le Dauphin, prononcés par Mademoiselle de Guerchy.
Début :
Monseigneur, Dans l'âge d'or, une simple guirlande [...]
Mots clefs :
Coeurs, Temple, Âge
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texteReconnaissance textuelle : VERS Pour Monseigneur le Dauphin, prononcés par Mademoiselle de Guerchy.
VERS
Pour Monfeigneur le Dauphin , prononcés
par Mademoiselle de Guerchy.
MONSEIGNEUR,
Dans l'âge d'or , une fimple guirlande
Ornoit le Temple & paroit les Autels ;
Du lait , des fruits , étoient la feule offrande
Qu'une main pure offroit aux immortels.
Comme eux ici , vous , qui tenez leur place ,
Vous recevez l'hommage de nos coeurs ;
Et l'âge d'or à vos yeux ſe retrace
Par nos habits , fymbole de nos moeurs.
La vérité fans art & fans parure
Emprunte ici la voix du fentiment.
Daignez l'entendre , & recevez l'augure
Que nous infpire un tendre mouvement.
Dieu , que nos coeurs adorent en ce Temple ;
Rendra vos jours égaux à vos vertus ,
Et l'univers prendra de nous l'exemple
De les compter comme ceux de Titus.
Pour Monfeigneur le Dauphin , prononcés
par Mademoiselle de Guerchy.
MONSEIGNEUR,
Dans l'âge d'or , une fimple guirlande
Ornoit le Temple & paroit les Autels ;
Du lait , des fruits , étoient la feule offrande
Qu'une main pure offroit aux immortels.
Comme eux ici , vous , qui tenez leur place ,
Vous recevez l'hommage de nos coeurs ;
Et l'âge d'or à vos yeux ſe retrace
Par nos habits , fymbole de nos moeurs.
La vérité fans art & fans parure
Emprunte ici la voix du fentiment.
Daignez l'entendre , & recevez l'augure
Que nous infpire un tendre mouvement.
Dieu , que nos coeurs adorent en ce Temple ;
Rendra vos jours égaux à vos vertus ,
Et l'univers prendra de nous l'exemple
De les compter comme ceux de Titus.
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Résumé : VERS Pour Monseigneur le Dauphin, prononcés par Mademoiselle de Guerchy.
Le poème, adressé au Dauphin par Mademoiselle de Guerchy, compare l'âge d'or à la dévotion actuelle. Il loue la simplicité et la pureté des mœurs actuelles, symbolisées par les habits portés. Il souhaite que Dieu bénisse le Dauphin, lui accordant la vertu de l'empereur Titus et servant d'exemple à l'univers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 221-226
« Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Début :
Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, M. le Chevalier d'Aubigny, Vaisseaux, Vaisseaux anglais, Martinique, Sa Majesté, Comtes, Hôtel des Cheveaux-Légers, Exercices militaires, École militaire, Cavalerie, Infanterie, Artillerie, Cérémonies, Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Monfeigneur le Dauphin, aufortir de l'Abbaye
de Pantemont , fe rendit avec Madame au Palais
de Luxembourg, Madame la Dauphine , & Mef
dames Victoire , Sophie & Louife, y étoient arri
vées deVerfailles quelques momens auparavant
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
& MefdamesdeFrance , firent un tour dans les
jardins, monterent enfuite à la galerie , & alle
rent delà fe promener fur le Boulevard. Le foir ,
ce Prince & ces Princeffes retournerent à Ver
failles.
Parles Lettres qu'on vient de recevoir de M. le
Chevalier d'Aubigny, Capitaine de Vaiffeau, on a
eula confirmationde la nouvellede laprifeduVaif
feau de guerre Anglois le Warwick; mais les cir
conftances n'en font pas telles qu'elles avoient
été annoncées par quelques Relations particulie
res. C'eft le 11 de Mars que M.leChevalier d'Aubi
gnyrencontra ce Vaiffeau à l'attérage de la Mar
tinique. Dès qu'il en eut connoiffance , il lui
donna chaffe avec le Vaiffeau le Prudent qu'il
monte , & lesFrégates l'Atalante & le Zéphyr,
commandéespar MM. du Chaffault, Capitaine de
Vaiffeau , & la Touche de Tréville , Lieutenant
de Vaiffeau , qui étoient fous fes ordres. 11 tint
un peulevent. M. la Touche de Tréville coupa
fous le vent , & M. du Chaffault qui manœuvra
pour ferrer le Warwick, le trouva après une
heure & demie de chaffe à portée d'engager le
combat par une fort belle manoeuvre. N'étant
qu'à une portée de piftolet de ce Vaiffeau , it
arriva tout à coup , lui donna fa bordée dans la
pouppe, & fe mit fous le vent àlui , afin de pou
voir fe fervir plus facilement de tous les canons,
dont il fit un feu très-vif. M. le Chevalier d'Aubi
gny, quiavoiteu le temps de s'approcher , avoit
déja tiré fes canons de l'avant , lorfque leWar
wick lui envoya toute fa bordée & baiffa fon pa
villon. Ce Vaiffeau , commandé par le Capitaine
Shuldam, eft percé pour foixante- quatre pieces
de canon ; mais il n'en avoit que foixante de
JUILLET.. 1756.
223
montés. Pendant qu'on lui donnoit chaffe , on
apperçut un autre Vaiffeau à trois lieues au vent ;
mais il difparut bientôt , & il ne fut pas poffibie
au Chevalier d'Aubigny d'aller à fa pourfuite.
M. Savalete de Magnanville s'étant démis de
P'Intendance de Touraine , pour prendre la Char
ge de Garde du Tréfor Royal , vacante par la
mort de M. Savalete , fon pere , le Roi a donné
cette Intendance à M. Lefcalopier, Intendant de
la Généralité de Montauban.
Sa Majestéaaccordé àM. leMarquis de Belloy,
l'agrément de la Lieutenance de Roi de la Pro
vince d'Orléannois , dont M. le Marquis d'Ar
bouville a donné fa démiffion.
Le 11Juin , le Roi accompagné de Monfei
gneur le Dauphin, de M. le Comte deClermont,
Prince du Sang; des Miniftres & desprincipaux
Seigneurs de fa Cour, fe rendit à l'Hôtel des
Chevaux-Légers de fa garde ordinaire, pour y
voir une partie des exercices qu'on montre à la
jeune Nobleffe élevée dans ce Corps.
Sa Majesté entra d'abord dans un manege cou
vert, & le plaça dans un balcon , d'où elle vit
plufieurs éleves, qui manierent leurs chevaux avec
beaucoup de grace & d'adreffe.
Le Roi monta enfuite à la falle des exercices.
Sa Majestéy trouva un Bataillon fous les armes,
compofé des plus jeunes Eleves. Ce Bataillon fir
le maniement des armes avec une préciſion fur
prenante , à lafeule meſure de la nouvelle marche
Françoiſe , & aufon d'une mufique guerriere ; il
fit auffi tous les pas prefcrits par l'Ordonnance ,
& les différentes évolutions d'Infanterie que le
terrein pouvoit permettre.
Après que ce Bataillon cût fini tous les mouve
mens , une feconde troupe compofée des plus
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
grands Eleves , coëffés avantageufement d'un
bonnet d'une forme & d'une conftruction nou
velle , guêtrés & armés enguerre, déboucha dans
le fondde lafalle , & fe forma derriere la pre
miere troupe , qui s'ouvrit en bordant la haye de
'droite & de gauche pour démafquer cette fecon
de. Ladivifion , qui étoit à la gauche du Roi
défila devant Sa Majefté , fit le falut du fufil , &
difparut avec la divifion de la droite , pour laiffer
le terrein libre au grand Bataillon : celui-ci fit
l'exercice à la muette & au coup de tambour,
& toutes les autres manoeuvres du petit Bataillon
avec le même fuccès. La divifion de la gauche
défila devant le Roi , & falua fierement & de fort
bonnegrace de l'efponton. Les trompettes , haut
bois , violons , cors-de-chaffe , les timballes &
les tambours, remplirent par des fanfares l'inter
valle du temps, qui étoit néceffaire aux Eleves
pour ſe préparer aux exercices de l'efcrime & du
veltiger.
Soixante Eleves en camifoles blanches & en
fandales , le fleuret à la main , fe formerent en
bataillon au fond de la falle ; ils avancerent au
pas redoublé, firent halte , ouvrirent leurs rangs
à droite & àgauche, fe mirent fur deuxfiles , &
commencerent l'exercice de l'efcrime ; ils donne
rent par des attitudes fort nobles & par une jufte
exécution l'idée de tous les principes de cet art
?
&finirent cet exercice par plufieurs affauts , qui
intérefferent tous les fpectateurs.
Ils firent enfuite tous les tours du voltiger avec
beaucoup de légèreté & d'adreffe fur un cheval
rembourré. Dix-huit Eleves fauterent en felle fur.
unautre cheval conftruit d'après nature, à refforts,
& dela hauteurde quatre pieds neufpouces , les
uns par la croupe, & les autres de côté, tenant la
JUILLET. 1756.
Eriniere. Huit d'entr'eux firent ces fauts en bottes
fortes , enbottes molles , armés en guerre avecle
225
plaftron , le fabre à la main & lefufil en bandou
Liere. Le cheval fut enfin élevé jufqu'à fept pieds:
quelques Eleves y fauterent deffus en felle au
grand étonnement desfpectateurs.
Le Roi defcendit de la falle des exercices dans
celle des plans, où Sa Majefté en vit plufieurs en
relief de différentes Places de guerre , un pare
complet d'artillerie avec toutes les machines &
uftenciles de guerre , même un pont jettéfur une
petite piece d'eau , imitant une riviere & des bat
teries conftruites , le tout réduit dans de juftes
proportionsfelon les Ordonnances. Dans la même
falle , Sa Majefté examina des Deffeins & des
Plans en relieffaits par les Eleves de l'Ecole. De
là , le Roi fe rendit dans une galerie , d'où Sa
Majefté vit dans un grand manege découvert la
courfe des têtes à la lance , au dard , au piſtolet ,
à l'épée , enfabrant , en pointant & en plongeant.
Les Eleves y donnerent une image de la guerre
parplufieurs manoeuvres très-bien exécutées d'at
taque & de défenſe : il y eut des combats entre
deux Corps de Cavalerie , & entre des Corps de
Cavalerie & d'Infanterie. On entendit un bruit
continuel d'artillerie , de moufqueterie & d'inftru
mens de guerre; & ce qui parut étonnant , c'eft
que les chevaux n'en furent point effrayés , &
qu'ils n'en furent pas moins dociles à la main &
aux aides des Cavaliers qui les montoient.
Les différens exercices dont on vient de parler,
formoient unfpectacle digne du grand Roi qui
daignoitles honorer de fa prétence. Auffi a Ma
jefté en parut très-fatisfaite , ainfi que Monfei
gneur le Dauphin. Tous les fpectateurs furent
KY
encore plus touchés de l'attention favorable que
226 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté& Monfeigneur leDauphin daignerent
yprêter, que du fuccès éclatant de l'exécution.
On nefçauroit donner trop d'éloges à M. le Duc
de Chaulnes fur l'établiſſement qu'il a fait dansle
Corps qu'il commande, d'une Ecole finéceffaire
à laNobleffe , & à laquelle on ne peut rien dé
frer; ni troplouer M. le Comte de Luberfac de
Livron , fous-Lieutenant de la Compagnie des
Chevaux-Légers, qui a dirigé jufqu'àpréfentcette
Ecole , fous les ordres du Ducde Chaulnes avec
une application finguliere. M. deVezannes , Aide
Majoren chefde la Compagnie , & Brigadier des
Armées du Roi , méritebien auffi qu'onfaffe de
lui une mention honorable , par le zele continuel
avec lequel il a contribué au fuccès de cette Ecole.
Le Chevalier Louis Mocenigo , Ambaffadeur
Ordinaire de la République de Venife auprès du
Roi , mourut à Paris le 12 Juin dans la quarante
fixieme année de fon âge.
Le 13 Juin , pendant laMeffedu Roi , les Car
dinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres,
prêterent un nouveau ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majeſté , ainfi qu'il eft d'ufage en
France, lorfque les Prélats y font revêtus de la
pourpre.
Le 16, les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quinze cens quarantelivres les Billets
delapremiere Loterie Royale , à neufcensdouze ;
& ceux de latroifieme Loterie , à fix cens qua
rante-quatre. Ceux dela fecondeLoterie n'avoient
point de prix fixe.
de Pantemont , fe rendit avec Madame au Palais
de Luxembourg, Madame la Dauphine , & Mef
dames Victoire , Sophie & Louife, y étoient arri
vées deVerfailles quelques momens auparavant
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
& MefdamesdeFrance , firent un tour dans les
jardins, monterent enfuite à la galerie , & alle
rent delà fe promener fur le Boulevard. Le foir ,
ce Prince & ces Princeffes retournerent à Ver
failles.
Parles Lettres qu'on vient de recevoir de M. le
Chevalier d'Aubigny, Capitaine de Vaiffeau, on a
eula confirmationde la nouvellede laprifeduVaif
feau de guerre Anglois le Warwick; mais les cir
conftances n'en font pas telles qu'elles avoient
été annoncées par quelques Relations particulie
res. C'eft le 11 de Mars que M.leChevalier d'Aubi
gnyrencontra ce Vaiffeau à l'attérage de la Mar
tinique. Dès qu'il en eut connoiffance , il lui
donna chaffe avec le Vaiffeau le Prudent qu'il
monte , & lesFrégates l'Atalante & le Zéphyr,
commandéespar MM. du Chaffault, Capitaine de
Vaiffeau , & la Touche de Tréville , Lieutenant
de Vaiffeau , qui étoient fous fes ordres. 11 tint
un peulevent. M. la Touche de Tréville coupa
fous le vent , & M. du Chaffault qui manœuvra
pour ferrer le Warwick, le trouva après une
heure & demie de chaffe à portée d'engager le
combat par une fort belle manoeuvre. N'étant
qu'à une portée de piftolet de ce Vaiffeau , it
arriva tout à coup , lui donna fa bordée dans la
pouppe, & fe mit fous le vent àlui , afin de pou
voir fe fervir plus facilement de tous les canons,
dont il fit un feu très-vif. M. le Chevalier d'Aubi
gny, quiavoiteu le temps de s'approcher , avoit
déja tiré fes canons de l'avant , lorfque leWar
wick lui envoya toute fa bordée & baiffa fon pa
villon. Ce Vaiffeau , commandé par le Capitaine
Shuldam, eft percé pour foixante- quatre pieces
de canon ; mais il n'en avoit que foixante de
JUILLET.. 1756.
223
montés. Pendant qu'on lui donnoit chaffe , on
apperçut un autre Vaiffeau à trois lieues au vent ;
mais il difparut bientôt , & il ne fut pas poffibie
au Chevalier d'Aubigny d'aller à fa pourfuite.
M. Savalete de Magnanville s'étant démis de
P'Intendance de Touraine , pour prendre la Char
ge de Garde du Tréfor Royal , vacante par la
mort de M. Savalete , fon pere , le Roi a donné
cette Intendance à M. Lefcalopier, Intendant de
la Généralité de Montauban.
Sa Majestéaaccordé àM. leMarquis de Belloy,
l'agrément de la Lieutenance de Roi de la Pro
vince d'Orléannois , dont M. le Marquis d'Ar
bouville a donné fa démiffion.
Le 11Juin , le Roi accompagné de Monfei
gneur le Dauphin, de M. le Comte deClermont,
Prince du Sang; des Miniftres & desprincipaux
Seigneurs de fa Cour, fe rendit à l'Hôtel des
Chevaux-Légers de fa garde ordinaire, pour y
voir une partie des exercices qu'on montre à la
jeune Nobleffe élevée dans ce Corps.
Sa Majesté entra d'abord dans un manege cou
vert, & le plaça dans un balcon , d'où elle vit
plufieurs éleves, qui manierent leurs chevaux avec
beaucoup de grace & d'adreffe.
Le Roi monta enfuite à la falle des exercices.
Sa Majestéy trouva un Bataillon fous les armes,
compofé des plus jeunes Eleves. Ce Bataillon fir
le maniement des armes avec une préciſion fur
prenante , à lafeule meſure de la nouvelle marche
Françoiſe , & aufon d'une mufique guerriere ; il
fit auffi tous les pas prefcrits par l'Ordonnance ,
& les différentes évolutions d'Infanterie que le
terrein pouvoit permettre.
Après que ce Bataillon cût fini tous les mouve
mens , une feconde troupe compofée des plus
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
grands Eleves , coëffés avantageufement d'un
bonnet d'une forme & d'une conftruction nou
velle , guêtrés & armés enguerre, déboucha dans
le fondde lafalle , & fe forma derriere la pre
miere troupe , qui s'ouvrit en bordant la haye de
'droite & de gauche pour démafquer cette fecon
de. Ladivifion , qui étoit à la gauche du Roi
défila devant Sa Majefté , fit le falut du fufil , &
difparut avec la divifion de la droite , pour laiffer
le terrein libre au grand Bataillon : celui-ci fit
l'exercice à la muette & au coup de tambour,
& toutes les autres manoeuvres du petit Bataillon
avec le même fuccès. La divifion de la gauche
défila devant le Roi , & falua fierement & de fort
bonnegrace de l'efponton. Les trompettes , haut
bois , violons , cors-de-chaffe , les timballes &
les tambours, remplirent par des fanfares l'inter
valle du temps, qui étoit néceffaire aux Eleves
pour ſe préparer aux exercices de l'efcrime & du
veltiger.
Soixante Eleves en camifoles blanches & en
fandales , le fleuret à la main , fe formerent en
bataillon au fond de la falle ; ils avancerent au
pas redoublé, firent halte , ouvrirent leurs rangs
à droite & àgauche, fe mirent fur deuxfiles , &
commencerent l'exercice de l'efcrime ; ils donne
rent par des attitudes fort nobles & par une jufte
exécution l'idée de tous les principes de cet art
?
&finirent cet exercice par plufieurs affauts , qui
intérefferent tous les fpectateurs.
Ils firent enfuite tous les tours du voltiger avec
beaucoup de légèreté & d'adreffe fur un cheval
rembourré. Dix-huit Eleves fauterent en felle fur.
unautre cheval conftruit d'après nature, à refforts,
& dela hauteurde quatre pieds neufpouces , les
uns par la croupe, & les autres de côté, tenant la
JUILLET. 1756.
Eriniere. Huit d'entr'eux firent ces fauts en bottes
fortes , enbottes molles , armés en guerre avecle
225
plaftron , le fabre à la main & lefufil en bandou
Liere. Le cheval fut enfin élevé jufqu'à fept pieds:
quelques Eleves y fauterent deffus en felle au
grand étonnement desfpectateurs.
Le Roi defcendit de la falle des exercices dans
celle des plans, où Sa Majefté en vit plufieurs en
relief de différentes Places de guerre , un pare
complet d'artillerie avec toutes les machines &
uftenciles de guerre , même un pont jettéfur une
petite piece d'eau , imitant une riviere & des bat
teries conftruites , le tout réduit dans de juftes
proportionsfelon les Ordonnances. Dans la même
falle , Sa Majefté examina des Deffeins & des
Plans en relieffaits par les Eleves de l'Ecole. De
là , le Roi fe rendit dans une galerie , d'où Sa
Majefté vit dans un grand manege découvert la
courfe des têtes à la lance , au dard , au piſtolet ,
à l'épée , enfabrant , en pointant & en plongeant.
Les Eleves y donnerent une image de la guerre
parplufieurs manoeuvres très-bien exécutées d'at
taque & de défenſe : il y eut des combats entre
deux Corps de Cavalerie , & entre des Corps de
Cavalerie & d'Infanterie. On entendit un bruit
continuel d'artillerie , de moufqueterie & d'inftru
mens de guerre; & ce qui parut étonnant , c'eft
que les chevaux n'en furent point effrayés , &
qu'ils n'en furent pas moins dociles à la main &
aux aides des Cavaliers qui les montoient.
Les différens exercices dont on vient de parler,
formoient unfpectacle digne du grand Roi qui
daignoitles honorer de fa prétence. Auffi a Ma
jefté en parut très-fatisfaite , ainfi que Monfei
gneur le Dauphin. Tous les fpectateurs furent
KY
encore plus touchés de l'attention favorable que
226 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté& Monfeigneur leDauphin daignerent
yprêter, que du fuccès éclatant de l'exécution.
On nefçauroit donner trop d'éloges à M. le Duc
de Chaulnes fur l'établiſſement qu'il a fait dansle
Corps qu'il commande, d'une Ecole finéceffaire
à laNobleffe , & à laquelle on ne peut rien dé
frer; ni troplouer M. le Comte de Luberfac de
Livron , fous-Lieutenant de la Compagnie des
Chevaux-Légers, qui a dirigé jufqu'àpréfentcette
Ecole , fous les ordres du Ducde Chaulnes avec
une application finguliere. M. deVezannes , Aide
Majoren chefde la Compagnie , & Brigadier des
Armées du Roi , méritebien auffi qu'onfaffe de
lui une mention honorable , par le zele continuel
avec lequel il a contribué au fuccès de cette Ecole.
Le Chevalier Louis Mocenigo , Ambaffadeur
Ordinaire de la République de Venife auprès du
Roi , mourut à Paris le 12 Juin dans la quarante
fixieme année de fon âge.
Le 13 Juin , pendant laMeffedu Roi , les Car
dinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres,
prêterent un nouveau ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majeſté , ainfi qu'il eft d'ufage en
France, lorfque les Prélats y font revêtus de la
pourpre.
Le 16, les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quinze cens quarantelivres les Billets
delapremiere Loterie Royale , à neufcensdouze ;
& ceux de latroifieme Loterie , à fix cens qua
rante-quatre. Ceux dela fecondeLoterie n'avoient
point de prix fixe.
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Résumé : « Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Le texte relate divers événements impliquant la famille royale française et des nouvelles militaires et administratives. Le Dauphin et Madame se rendirent au Palais de Luxembourg, où Madame la Dauphine et les princesses Victoire, Sophie et Louise les attendaient. Ils se promenèrent dans les jardins, visitèrent la galerie et le Boulevard avant de retourner à Versailles. Le Chevalier d'Aubigny annonça la capture du vaisseau de guerre anglais le Warwick le 11 mars. Le combat eut lieu près de la Martinique, impliquant les vaisseaux français le Prudent, l'Atalante et le Zéphyr. Le Warwick, commandé par le Capitaine Shuldam, était conçu pour soixante-quatre canons mais n'en avait que soixante montés. M. Savalet de Magnanville démissionna de l'Intendance de Touraine pour devenir Garde du Trésor Royal. Le Roi nomma M. Lefcalopier à sa succession. Le Marquis de Belloy obtint l'agrément pour la Lieutenance du Roi en Orléannois, succédant au Marquis d'Arbouville. Le 11 juin, le Roi, accompagné du Dauphin et de plusieurs dignitaires, visita l'Hôtel des Chevaux-Légers pour assister à des exercices militaires. Les élèves démontrèrent des manœuvres équestres, des exercices d'infanterie, d'escrime et de voltige. Le Roi examina également des plans de fortifications et des exercices de tir. L'événement fut apprécié par le Roi, le Dauphin et les spectateurs. Le Chevalier Louis Mocenigo, ambassadeur de Venise, mourut à Paris le 12 juin. Le 13 juin, les cardinaux de Tavannes, de Luynes et de Gesvres prêtèrent un nouveau serment de fidélité au Roi. Le 16 juin, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à différents prix selon les loteries.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 226-231
« Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
Début :
Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...]
Mots clefs :
Ordonnance du roi, Déclaration de guerre, Roi d'Angleterre, Amérique septentrionale, Marines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
ORDONNANCE du Roi , portant déclaration
de guerre contre le Roi d'Angleterre , du 9 Juin
1756. De par le Roi. Toute l'Europe fçait que
le Roi d'Angleterre a été en 1754 l'agreſſeur de
JUILLET. 1756. 117
poffeffions du Roi dans l'Amérique feptentrionale
, & qu'au mois de Juin de l'année derniere, la
Marine Angloife, au mépris du droit des gens & de.
la foi des Traités , a commencé à exercer contre
les Vaiffeaux de Sa Majesté , & contre la naviga- ,
tion & le commerce de fes fujets , les hoftilités
les plus violentes.
Le Roi juftement offenfé de cette infidélité , &
de l'infulte faite à fon pavillon , n'a fufpendu pendant
huit mois les effets de fon reffentiment , &
ce qu'il devoit à la dignité de fa Couronne , que
par la crainte d'expofer l'Europe aux malheurs.
d'une nouvelle
guerre.
C'eſt dans une vue fi falutaire que la France n'a
d'abord opposé aux procédés injurieux de l'Angleterre
, que la conduite la plus modérée.
Tandis que la Marine Angloife enlevoit par les
violences les plus odieufes , & quelquefois par les
plus lâches artifices , les Vaiffeaux François qui
navigeoient avec confiance fous la fauve-garde de
la foi publique , Sa Majesté renvoyoit en Angle
terre une Frégate dont la Marine Françoife s'étoit
emparée , & les Bâtimens Anglois continuoient
tranquillement leur commerce dans les Ports
de France.
Tandis qu'on traitoit avec la plus grande dureté
dans les Iſles Britanniques les Soldats & les
Matelots François , & qu'on franchiffoit à leur
égard les bornes que la loi naturelle & P'humanité
ont prefcrites aux droits même les plus rigoureux
de la guerre , les Anglois voyageoient & habitoient
librement en France fous la protection des
égards que les peuples civilifés fe doivent réci
proquement.
Tandis que les Minifties Anglois , fous l'apparence
de la bonne foi , en impofoient à l'Ambaf
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Tadeur du Roi par de fauffes proteftations , on
exécutoit déja dans toutes les parties de l'Amérique
feptentrionale , des ordres directement contraires
aux affurances trompeufes qu'ils donnoient
d'une prochaine conciliation .
Tandis que la Cour de Londres épuifoit l'art
de l'intrigue & les fubfides de l'Angleterre pour
foulever les autres Puiffances contre la Cour de
France , le Roi ne leur demandoit pas même les
fecours que des garanties ou des Traités défenfifs ,.
l'autorifoient à exiger , & ne leur confeilloit que
des mesures convenables à leur repos & à leur
sûreté .
Telle a été la conduite des deux Nations. Le
contrafte frappant de leurs procédés doit convaincre
toute l'Europe des vues de jaloufie , d'ambition
& de cupidité qui animent l'une , & des principes
d'honneur , de juftice & de modération fur
lefquels l'autre fe conduit.
Le Roi avoit eſpéré que le Roi d'Angleterre ne
confultant enfin que les regles de l'équité & les
intérêts de fa propre gloire , défavoueroit les excès
fcandaleux aufquels fes Officiers de mer ne ceffoient
de fe porter.
Sa Majefté lui en avoit même fourni un moyen
auffi jufte que décent , en lui demandant la reftitution
prompte & entiere des Vaiffeaux François
pris par la Marine Angloife , & lui avoit offert
fous cette condition préliminaire d'entrer en négociation
fur les autres fatisfactions qu'Elle avoit
droit d'attendre , & de fe prêter à une conciliation
am- able fur les différends qui concernent l'Amérique.
Le Roi d'Angleterre ayant rejetté cette propofition
, le Roi ne vit dans ce refus que la Déclaration
de guerre la plus authentique , ainfi que
JUILLET. 1756. 229
Sa Majefté l'avoit annoncé dans fa réquifition .
La Cour Britannique pouvoit donc fe difpenfer
de remplir une formalité devenue inutile : un
motif plus effentiel auroit de l'engager à ne pas
foumettre au jugement de l'Europe les prétendus
griefs que le Roi d'Angleterre a allégués contre la
France dans la Déclaration de guerre qu'il a fait
publier à Londres .
Les imputations vagues que cet écrit renferme ,
n'ont en effet aucune réalité dans le fonds ; & la
maniere dont elles font exposées , en prouveroit
feule la foibleffe , fi leur fauffeté n'avoit déja été
folidement démontrée dans le Mémoire que le
Roi a fait remettre à toutes les Cours , & qui contient
le précis des faits avec les preuves juftificatives
qui ont rapport à la préſente guerre & aux
négociations qui l'ont précédée.
Il y a cependant un fait important dont il n'a
point été parlé dans ce Mémoire , parce qu'il n'étoit
pas poffible de prévoir que l'Angleterre por
teroit auffi loin qu'elle vient de le faire , fon peu
de délicateffe fur le choix des moyens de faire
illufion .
Il s'agit des ouvrages conftruits à Dunkerque ,
& des troupes que le Roi a fait affembler fur fes
côtes de l'Océan .
Qui ne croiroit , à entendre le Roi d'Angleterre
dans fa Déclaration de guerre , que ces deux
objets ont déterminé l'ordre qu'il a donné de fe
faifir en mer des Vaiffeaux appartenans au Roi &
à fes ' ujets ?
Cepen tant perfonne n'ignore qu'on n'a com
mencé de travailler à Dunkerque , qu'après la
prife de deux Vaiffeaux de Sa Majesté , attaqués en
pleine paix par une efcadre de treize Vaiffeaux
Anglois. Il est également connu de tout , le
230 MERCURE
DE FRANCE .
monde , que la Marine Angloife s'emparoit de
puis plus de fix mois des Bâtimens François , lorfqu'à
la fin de Février dernier , les premiers Bataillons
que le Roi a fait paffer fur fes côtes maritimes
, fe font mis en marche.
Si le Roi d'Angleterre réfléchit jamais fur l'infidélité
des rapports qui lui ont été faits à ces
deux égards , pardonnera- t'il à ceux qui l'ont engagé
à avancer des faits dont la fuppofition ne
peut pas même être colorée par les apparences les
moins fpécieuſes ?
par
Ce que le Roi fe doit à lui- même & ce qu'il
doit à fes fujets , l'a enfin obligé de repouffer la
force la force ; mais conftamment fidele à fes
fentimens naturels de juftice & de modération ,
Sa Majesté n'a dirigé fes opérations militaires que
contre le Roi d'Angleterre fon agreffeur , & toutes
fés négociations politiques n'ont eu pour objet
que
de juftifier la confiance que les autres Nations
de l'Europe ont dans fon amitié & dans la droiture
de fes intentions.
feroit inutile d'entrer dans un détail plus
étendu des motifs qui ont forcé le Roi à envoyer
un Corps de fes troupes dans l'ile Minorque , &
qui obligent aujourd'hui Sa Majeſté à déclarer la
guerre au Roi d'Angleterre , comme Elle la lui
déclare par mer & pir terre .
En agiffant par des principes fi dignes de déterminer
ſes réſolutions , Elle eſt aſſurée de trouver
dans la juſtice de fa caufe dans la valeur de
fes troupes , dans l'amour de fes fujets les reffources
qu'elle a toujours éprouvées de leur part , &
Elle compte principalement fur la protection du
Dieu des Armées .
ORDONNE & enjoint Sa Majeſté à tous fes fu- |
jets , vaſſaux & ferviteurs , de courre fus aux ſujets
JUILLET. 1756. 231
du Roi d'Angleterre ; leur fait très- expreffes inhi
bitions & défenfes d'avoir ci- après avec eux aucu
ne communication , commerce ni intelligence
à peine de la vie : & , en conféquence , Sa Majefté
a dès-à-préfent révoqué & révoque toutes permiffions
, paffeports , fauvegardes & fauf-conduits
contraires à la préfente , qui pourroient avoir été
accordés par Elle ou par fes Lieutenans généraux
& autres fes Officiers , & les a déclarés nuls & de
nul effet & valeur ; défendant à qui que ce foit ,
d'y avoir aucun égard. MANDE & ordonne Sa Majefté
à Monfeigneur le Duc de Penthievre , Amiral
de France , aux Maréchaux de France , Gouverneurs
& Lieutenans Généraux pour Sa Majesté
en fes Provinces & Armées , Maréchaux de Camp,
Colonels , Meftres de Camp, Capitaines , Chefs &
Conducteurs de fes Gens de guerre, tant de cheval
que de pied , François & étrangers , & tous autres
fes Officiers qu'il appartiendra , que le contenu en
la préfente ils faffent exécuter, chacun à fon égard,
dans l'étendue de leur pouvoir & jurifdictions : CAR
TELLE EST LA VOLONTÉ DE SA MAJESTÉ , Laquelle
veut & entend que la préfente foit publiée & affichée
en toutes fes villes ,tant maritimes qu'autres &
en tous les Ports , Havres & autres lieux de fon
Royaume & terres de fon obéiffance que befoin
fera , à ce qu'aucun n'en prétende caufe d'ignorance.
Fait à Verſailles lé neuf Juin mil fept cent
cinquante-fix. Signé , LOUIS ; & plus bas , M. P.
DE VOYER D'ARGENSON.
Cette Déclaration de Guerre fut publiée le 16
Juin à Paris.
de guerre contre le Roi d'Angleterre , du 9 Juin
1756. De par le Roi. Toute l'Europe fçait que
le Roi d'Angleterre a été en 1754 l'agreſſeur de
JUILLET. 1756. 117
poffeffions du Roi dans l'Amérique feptentrionale
, & qu'au mois de Juin de l'année derniere, la
Marine Angloife, au mépris du droit des gens & de.
la foi des Traités , a commencé à exercer contre
les Vaiffeaux de Sa Majesté , & contre la naviga- ,
tion & le commerce de fes fujets , les hoftilités
les plus violentes.
Le Roi juftement offenfé de cette infidélité , &
de l'infulte faite à fon pavillon , n'a fufpendu pendant
huit mois les effets de fon reffentiment , &
ce qu'il devoit à la dignité de fa Couronne , que
par la crainte d'expofer l'Europe aux malheurs.
d'une nouvelle
guerre.
C'eſt dans une vue fi falutaire que la France n'a
d'abord opposé aux procédés injurieux de l'Angleterre
, que la conduite la plus modérée.
Tandis que la Marine Angloife enlevoit par les
violences les plus odieufes , & quelquefois par les
plus lâches artifices , les Vaiffeaux François qui
navigeoient avec confiance fous la fauve-garde de
la foi publique , Sa Majesté renvoyoit en Angle
terre une Frégate dont la Marine Françoife s'étoit
emparée , & les Bâtimens Anglois continuoient
tranquillement leur commerce dans les Ports
de France.
Tandis qu'on traitoit avec la plus grande dureté
dans les Iſles Britanniques les Soldats & les
Matelots François , & qu'on franchiffoit à leur
égard les bornes que la loi naturelle & P'humanité
ont prefcrites aux droits même les plus rigoureux
de la guerre , les Anglois voyageoient & habitoient
librement en France fous la protection des
égards que les peuples civilifés fe doivent réci
proquement.
Tandis que les Minifties Anglois , fous l'apparence
de la bonne foi , en impofoient à l'Ambaf
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Tadeur du Roi par de fauffes proteftations , on
exécutoit déja dans toutes les parties de l'Amérique
feptentrionale , des ordres directement contraires
aux affurances trompeufes qu'ils donnoient
d'une prochaine conciliation .
Tandis que la Cour de Londres épuifoit l'art
de l'intrigue & les fubfides de l'Angleterre pour
foulever les autres Puiffances contre la Cour de
France , le Roi ne leur demandoit pas même les
fecours que des garanties ou des Traités défenfifs ,.
l'autorifoient à exiger , & ne leur confeilloit que
des mesures convenables à leur repos & à leur
sûreté .
Telle a été la conduite des deux Nations. Le
contrafte frappant de leurs procédés doit convaincre
toute l'Europe des vues de jaloufie , d'ambition
& de cupidité qui animent l'une , & des principes
d'honneur , de juftice & de modération fur
lefquels l'autre fe conduit.
Le Roi avoit eſpéré que le Roi d'Angleterre ne
confultant enfin que les regles de l'équité & les
intérêts de fa propre gloire , défavoueroit les excès
fcandaleux aufquels fes Officiers de mer ne ceffoient
de fe porter.
Sa Majefté lui en avoit même fourni un moyen
auffi jufte que décent , en lui demandant la reftitution
prompte & entiere des Vaiffeaux François
pris par la Marine Angloife , & lui avoit offert
fous cette condition préliminaire d'entrer en négociation
fur les autres fatisfactions qu'Elle avoit
droit d'attendre , & de fe prêter à une conciliation
am- able fur les différends qui concernent l'Amérique.
Le Roi d'Angleterre ayant rejetté cette propofition
, le Roi ne vit dans ce refus que la Déclaration
de guerre la plus authentique , ainfi que
JUILLET. 1756. 229
Sa Majefté l'avoit annoncé dans fa réquifition .
La Cour Britannique pouvoit donc fe difpenfer
de remplir une formalité devenue inutile : un
motif plus effentiel auroit de l'engager à ne pas
foumettre au jugement de l'Europe les prétendus
griefs que le Roi d'Angleterre a allégués contre la
France dans la Déclaration de guerre qu'il a fait
publier à Londres .
Les imputations vagues que cet écrit renferme ,
n'ont en effet aucune réalité dans le fonds ; & la
maniere dont elles font exposées , en prouveroit
feule la foibleffe , fi leur fauffeté n'avoit déja été
folidement démontrée dans le Mémoire que le
Roi a fait remettre à toutes les Cours , & qui contient
le précis des faits avec les preuves juftificatives
qui ont rapport à la préſente guerre & aux
négociations qui l'ont précédée.
Il y a cependant un fait important dont il n'a
point été parlé dans ce Mémoire , parce qu'il n'étoit
pas poffible de prévoir que l'Angleterre por
teroit auffi loin qu'elle vient de le faire , fon peu
de délicateffe fur le choix des moyens de faire
illufion .
Il s'agit des ouvrages conftruits à Dunkerque ,
& des troupes que le Roi a fait affembler fur fes
côtes de l'Océan .
Qui ne croiroit , à entendre le Roi d'Angleterre
dans fa Déclaration de guerre , que ces deux
objets ont déterminé l'ordre qu'il a donné de fe
faifir en mer des Vaiffeaux appartenans au Roi &
à fes ' ujets ?
Cepen tant perfonne n'ignore qu'on n'a com
mencé de travailler à Dunkerque , qu'après la
prife de deux Vaiffeaux de Sa Majesté , attaqués en
pleine paix par une efcadre de treize Vaiffeaux
Anglois. Il est également connu de tout , le
230 MERCURE
DE FRANCE .
monde , que la Marine Angloife s'emparoit de
puis plus de fix mois des Bâtimens François , lorfqu'à
la fin de Février dernier , les premiers Bataillons
que le Roi a fait paffer fur fes côtes maritimes
, fe font mis en marche.
Si le Roi d'Angleterre réfléchit jamais fur l'infidélité
des rapports qui lui ont été faits à ces
deux égards , pardonnera- t'il à ceux qui l'ont engagé
à avancer des faits dont la fuppofition ne
peut pas même être colorée par les apparences les
moins fpécieuſes ?
par
Ce que le Roi fe doit à lui- même & ce qu'il
doit à fes fujets , l'a enfin obligé de repouffer la
force la force ; mais conftamment fidele à fes
fentimens naturels de juftice & de modération ,
Sa Majesté n'a dirigé fes opérations militaires que
contre le Roi d'Angleterre fon agreffeur , & toutes
fés négociations politiques n'ont eu pour objet
que
de juftifier la confiance que les autres Nations
de l'Europe ont dans fon amitié & dans la droiture
de fes intentions.
feroit inutile d'entrer dans un détail plus
étendu des motifs qui ont forcé le Roi à envoyer
un Corps de fes troupes dans l'ile Minorque , &
qui obligent aujourd'hui Sa Majeſté à déclarer la
guerre au Roi d'Angleterre , comme Elle la lui
déclare par mer & pir terre .
En agiffant par des principes fi dignes de déterminer
ſes réſolutions , Elle eſt aſſurée de trouver
dans la juſtice de fa caufe dans la valeur de
fes troupes , dans l'amour de fes fujets les reffources
qu'elle a toujours éprouvées de leur part , &
Elle compte principalement fur la protection du
Dieu des Armées .
ORDONNE & enjoint Sa Majeſté à tous fes fu- |
jets , vaſſaux & ferviteurs , de courre fus aux ſujets
JUILLET. 1756. 231
du Roi d'Angleterre ; leur fait très- expreffes inhi
bitions & défenfes d'avoir ci- après avec eux aucu
ne communication , commerce ni intelligence
à peine de la vie : & , en conféquence , Sa Majefté
a dès-à-préfent révoqué & révoque toutes permiffions
, paffeports , fauvegardes & fauf-conduits
contraires à la préfente , qui pourroient avoir été
accordés par Elle ou par fes Lieutenans généraux
& autres fes Officiers , & les a déclarés nuls & de
nul effet & valeur ; défendant à qui que ce foit ,
d'y avoir aucun égard. MANDE & ordonne Sa Majefté
à Monfeigneur le Duc de Penthievre , Amiral
de France , aux Maréchaux de France , Gouverneurs
& Lieutenans Généraux pour Sa Majesté
en fes Provinces & Armées , Maréchaux de Camp,
Colonels , Meftres de Camp, Capitaines , Chefs &
Conducteurs de fes Gens de guerre, tant de cheval
que de pied , François & étrangers , & tous autres
fes Officiers qu'il appartiendra , que le contenu en
la préfente ils faffent exécuter, chacun à fon égard,
dans l'étendue de leur pouvoir & jurifdictions : CAR
TELLE EST LA VOLONTÉ DE SA MAJESTÉ , Laquelle
veut & entend que la préfente foit publiée & affichée
en toutes fes villes ,tant maritimes qu'autres &
en tous les Ports , Havres & autres lieux de fon
Royaume & terres de fon obéiffance que befoin
fera , à ce qu'aucun n'en prétende caufe d'ignorance.
Fait à Verſailles lé neuf Juin mil fept cent
cinquante-fix. Signé , LOUIS ; & plus bas , M. P.
DE VOYER D'ARGENSON.
Cette Déclaration de Guerre fut publiée le 16
Juin à Paris.
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Résumé : « Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
Le 9 juin 1756, le Roi de France a émis une ordonnance déclarant la guerre au Roi d'Angleterre. Cette décision fait suite à des agressions britanniques contre les possessions françaises en Amérique du Nord, débutées en 1754 et intensifiées en juin 1755, violant ainsi le droit des gens et les traités en vigueur. La France avait initialement réagi avec modération, renvoyant une frégate anglaise capturée et permettant aux navires anglais de continuer leur commerce en France. Cependant, l'Angleterre a traité durement les soldats et matelots français, exécutant des ordres contraires aux assurances de conciliation données à l'ambassadeur français. La France a tenté d'éviter l'implication d'autres puissances européennes et a espéré une résolution pacifique en demandant la restitution des navires français capturés. Le refus britannique a été interprété comme une déclaration de guerre. La Cour britannique a publié des griefs vagues et infondés contre la France, notamment concernant les travaux à Dunkerque et les troupes assemblées sur les côtes françaises, justifiés par les attaques anglaises précédentes. En réponse, le Roi de France a décidé de riposter par la force, tout en restant fidèle à ses principes de justice et de modération. Il a ordonné à ses sujets de cesser toute communication avec les sujets anglais et a révoqué toutes les permissions contraires. La déclaration de guerre a été publiée le 16 juin à Paris.
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10
p. 232-235
MARIAGES ET MORTS.
Début :
François-Saturnin de Galard, Marquis de Terraube, épousa à Moissac en [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Marquis de Terraube, Maison de Terraube, Maison de Courtivron
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
François- Saturnin de Galard , Marquis de Terraube
, époufa à Moiffac en Quercy , le 23 Fé-,
vrier 1756 , Demoiſelle Marie -Julie de Loftanges:
de Sainte Alvaire , fille d'Armand- Louis - Claude-
Simon de Loftanges , Marquis de Sainte- Alvaire
Grand Sénéchal & Gouverneur de Quercy , & c.
& foeur du Marquis de Loftanges , premier Ecuyer
de Madame Adelaïde..
fon
Le Marquis de Terraube eft de la même maique
les Comtes de Braffac . Cette maiſon l'une
des plus illuftres & autrefois des plus riches de la
Guienne , a pris fon nom de la terre de Galard
près de Condom . La confidération où elle étoit
dès le onzieme fiecle favorife la tradition de fon
origine qu'on rapporte aux Comtes du Condomois.
On trouve plufieurs Seigneurs de ce nom dès
l'an 1062 , parmi les bienfaiteurs de l'Abbaye de
Condom , & ce fut en faveur de Raimond de Galard
, que ce Monaftere fut érigé en Evêché par
le Pape Jean XXII en 13.17. Ces faits font tirés
de la Chronique de Condom , imprimée dans le
fpécilége de Dom Luc d'Acheri , tome 1.3. Voyez
auffi le Gallia Chriftiana , Edition nouvelle , tome
2 , page 970 &Suivantes.
Cette maifon s'eft divifée en plufieurs branches
dont l'une a donné un Grand Maître des Arbalêtriers
de France , nommé Pierre de Galard qui
exerça cette charge depuis l'an 1310 jufqu'en
1331. Il eut de Nauda de Caumont-Sainte -Baf
sille fa femme , Jean de Galard un des plus puiffans
feigneursde Guienne. Il poffédoit les terres
JUILLET. 1756 . 233
de Limeuil , de Miremont & autres grandes terres .
Un Traité que le Prince de Galles fit avec lui
pour l'attirer à fon parti contre le Roi de France ,
prouve la haute confidération dont il jouiffoit.
On apprend par ce Traité que le mariage de fa
fille avoit été arrêté avec le fils de Bernard- Ezy ,
fire d'Albret . Le Roi Edouard III , pere de ce Prince
, confirma le Traité par Lettres datées de
Weftminſter le 30 Juillet 1358 , rapportées dans
le Recueil des Actes publics d'Angleterre par Rymer
, tome 6, page 98. Le mariage de la fille de
Jean de Galard avec le fils du fire d'Albret , n'eut
point lieu , & elle epoufa Nicolas de Beaufort ,
frere du Pape Grégoire XI, & neveu du Pape Clément
VI. C'est par cette alliance que les biens de
cette branche pafferent dans la maiſon de Beau
fort , & de celle- ci dans celle de la Tour-Bouillon.
Les autres branches fe font également diftinguées.
On peut voir dans le Recueil de Rymer
déja cité , qu'elles figuroient avec les grands Vaffaux
de Guyenne dans les temps que cette Provin
ce obéiffoit aux Anglois.
Ses armes font d'or à trois Corneilles de fables ,
les pieds & les becs de gueules , ( ce font les mêines
que portoit Pierre de Galard , Grand-Maître des
Arbaleſtriers ).
La branche de Terraube eft féparée depuis
l'an 1300 de celle des Comtes de Braffac qui eft
l'aînée , & laquelle s'eft établie en Quercy vers l'an
1280 , à cause de l'alliance d'Eléonore d'Armagnac
qui leur apporta la Baronnie de Braffac. Cette
branche de Braffac porte fes armes écartelées de
de celles de Bearn qui font d'or à deux vaches paffantes
de gueules accollées & clarinées d'azur , pour
fatisfaire à une claufe du Contrat de mariage de
1508 de Jeanne de Bearn , Dame de S. Maurice,
234 MERCURE DE FRANCE.
avec François de Galard , Chevalier , feigneur de
Braffac , par laquelle il fut enjoint à leurs defcendans
de joindre les nom & armes de Bearn à ceux
de Galard. {
A l'égard de la maifon de Loftanges , l'une des
plus anciennes & des mieux alliées du Bas-Limofin
& du Périgord , voyez ce qui en eft dit dans
ce Journal à l'article de la mort du Marquis de
Loftanges -Beduer dans le Volume du mois de Mai
de cette année , page 258. -
Le 3 Novembre 1755 , eft décédée à Paris , dansla
quatre-vingt- quatorzieme année de fon âge ,
Dame Marie- Anne Deſchiens , veuve de Meſſire
Jean-Pierre de Cormis , Comte de S. Georges
Meftre de Camp de Cavalerie . Elle a été inhumée
aux Auguftins de la Place des Victoires , après
avoir été préfentée à S. Roch.
>
Dame Catherine -Henriette de Rageren , époufe
de Meffire Nicolas-Jofeph Foucault , Marquis
de Magny , Lieutenant Général des Armées du
Roi d'Espagne , eft morte à Paris, le 6 Novembre,
âgée de 72 ans , & a été inhumée le lendemain à
S. Sulpice.
Le 19 Mars 1756 , eft morte dans la foixantetreizieme
année de fon âge , Marie Pierrette- Fran
çoife Charlotte de Clermont- Tonnerre, foeur du Ma
réchal de Tonnerre , veuve depuis 1729 , de Jean
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , Marquis de
Courtivron & de Tarfut , &c . auquel finifloit la
fubftitution faite en 1595 , des terres de Courtivron
& de Tarfut , par Claude le Compaffeur de
Courtivron , frere de fon bifayeul , qui réuniffoit
à fes droits ceux de Françoiſe de Malain , foeur du
Baron de Lux , veuve en 1592 , de Claude- François
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , fieur de
Vitrey fon oncle.
JUILLET. 1756. 235
Les enfans de la Marquife de Courtivron
font, 1 ° . Gafpard le Compaffeur-de Crequi-Montfort
, Marquis de Courtivron , ci-devant Aide-
Maréchal Général des Logis de la Cavalerie des
Armées du Roi , & Chevalier de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis , qui par fon mariage
avec Marie-Rofe- Louiſe de S.- Cir- de Celi , décé- -
dée en 1753 , eft pere d'un fils en bas âge.
2° Marie- Therefe le Compaffeur de Courtivron
, alliée en 1724 , à Meffire Antoine Joli ,
Marquis de Blaifi , dont elle n'a point d'enfans.
3 °. Jeanne-Claude-Madeleine le Compaffeur de
Courtivron , alliée en 1733 , au Comte de Brancion,
duquel elle a une fille Gafparde de Brancion ,
mariée en 1749 , au Comte de Clermont-Mont-S..
Jean.
Voyez fur le nom de le Compaffeur , la Roque
Blanchard, les coutumes de Champagne , Paliot ,
& les grands Officiers de la Couronne.
François- Saturnin de Galard , Marquis de Terraube
, époufa à Moiffac en Quercy , le 23 Fé-,
vrier 1756 , Demoiſelle Marie -Julie de Loftanges:
de Sainte Alvaire , fille d'Armand- Louis - Claude-
Simon de Loftanges , Marquis de Sainte- Alvaire
Grand Sénéchal & Gouverneur de Quercy , & c.
& foeur du Marquis de Loftanges , premier Ecuyer
de Madame Adelaïde..
fon
Le Marquis de Terraube eft de la même maique
les Comtes de Braffac . Cette maiſon l'une
des plus illuftres & autrefois des plus riches de la
Guienne , a pris fon nom de la terre de Galard
près de Condom . La confidération où elle étoit
dès le onzieme fiecle favorife la tradition de fon
origine qu'on rapporte aux Comtes du Condomois.
On trouve plufieurs Seigneurs de ce nom dès
l'an 1062 , parmi les bienfaiteurs de l'Abbaye de
Condom , & ce fut en faveur de Raimond de Galard
, que ce Monaftere fut érigé en Evêché par
le Pape Jean XXII en 13.17. Ces faits font tirés
de la Chronique de Condom , imprimée dans le
fpécilége de Dom Luc d'Acheri , tome 1.3. Voyez
auffi le Gallia Chriftiana , Edition nouvelle , tome
2 , page 970 &Suivantes.
Cette maifon s'eft divifée en plufieurs branches
dont l'une a donné un Grand Maître des Arbalêtriers
de France , nommé Pierre de Galard qui
exerça cette charge depuis l'an 1310 jufqu'en
1331. Il eut de Nauda de Caumont-Sainte -Baf
sille fa femme , Jean de Galard un des plus puiffans
feigneursde Guienne. Il poffédoit les terres
JUILLET. 1756 . 233
de Limeuil , de Miremont & autres grandes terres .
Un Traité que le Prince de Galles fit avec lui
pour l'attirer à fon parti contre le Roi de France ,
prouve la haute confidération dont il jouiffoit.
On apprend par ce Traité que le mariage de fa
fille avoit été arrêté avec le fils de Bernard- Ezy ,
fire d'Albret . Le Roi Edouard III , pere de ce Prince
, confirma le Traité par Lettres datées de
Weftminſter le 30 Juillet 1358 , rapportées dans
le Recueil des Actes publics d'Angleterre par Rymer
, tome 6, page 98. Le mariage de la fille de
Jean de Galard avec le fils du fire d'Albret , n'eut
point lieu , & elle epoufa Nicolas de Beaufort ,
frere du Pape Grégoire XI, & neveu du Pape Clément
VI. C'est par cette alliance que les biens de
cette branche pafferent dans la maiſon de Beau
fort , & de celle- ci dans celle de la Tour-Bouillon.
Les autres branches fe font également diftinguées.
On peut voir dans le Recueil de Rymer
déja cité , qu'elles figuroient avec les grands Vaffaux
de Guyenne dans les temps que cette Provin
ce obéiffoit aux Anglois.
Ses armes font d'or à trois Corneilles de fables ,
les pieds & les becs de gueules , ( ce font les mêines
que portoit Pierre de Galard , Grand-Maître des
Arbaleſtriers ).
La branche de Terraube eft féparée depuis
l'an 1300 de celle des Comtes de Braffac qui eft
l'aînée , & laquelle s'eft établie en Quercy vers l'an
1280 , à cause de l'alliance d'Eléonore d'Armagnac
qui leur apporta la Baronnie de Braffac. Cette
branche de Braffac porte fes armes écartelées de
de celles de Bearn qui font d'or à deux vaches paffantes
de gueules accollées & clarinées d'azur , pour
fatisfaire à une claufe du Contrat de mariage de
1508 de Jeanne de Bearn , Dame de S. Maurice,
234 MERCURE DE FRANCE.
avec François de Galard , Chevalier , feigneur de
Braffac , par laquelle il fut enjoint à leurs defcendans
de joindre les nom & armes de Bearn à ceux
de Galard. {
A l'égard de la maifon de Loftanges , l'une des
plus anciennes & des mieux alliées du Bas-Limofin
& du Périgord , voyez ce qui en eft dit dans
ce Journal à l'article de la mort du Marquis de
Loftanges -Beduer dans le Volume du mois de Mai
de cette année , page 258. -
Le 3 Novembre 1755 , eft décédée à Paris , dansla
quatre-vingt- quatorzieme année de fon âge ,
Dame Marie- Anne Deſchiens , veuve de Meſſire
Jean-Pierre de Cormis , Comte de S. Georges
Meftre de Camp de Cavalerie . Elle a été inhumée
aux Auguftins de la Place des Victoires , après
avoir été préfentée à S. Roch.
>
Dame Catherine -Henriette de Rageren , époufe
de Meffire Nicolas-Jofeph Foucault , Marquis
de Magny , Lieutenant Général des Armées du
Roi d'Espagne , eft morte à Paris, le 6 Novembre,
âgée de 72 ans , & a été inhumée le lendemain à
S. Sulpice.
Le 19 Mars 1756 , eft morte dans la foixantetreizieme
année de fon âge , Marie Pierrette- Fran
çoife Charlotte de Clermont- Tonnerre, foeur du Ma
réchal de Tonnerre , veuve depuis 1729 , de Jean
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , Marquis de
Courtivron & de Tarfut , &c . auquel finifloit la
fubftitution faite en 1595 , des terres de Courtivron
& de Tarfut , par Claude le Compaffeur de
Courtivron , frere de fon bifayeul , qui réuniffoit
à fes droits ceux de Françoiſe de Malain , foeur du
Baron de Lux , veuve en 1592 , de Claude- François
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , fieur de
Vitrey fon oncle.
JUILLET. 1756. 235
Les enfans de la Marquife de Courtivron
font, 1 ° . Gafpard le Compaffeur-de Crequi-Montfort
, Marquis de Courtivron , ci-devant Aide-
Maréchal Général des Logis de la Cavalerie des
Armées du Roi , & Chevalier de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis , qui par fon mariage
avec Marie-Rofe- Louiſe de S.- Cir- de Celi , décé- -
dée en 1753 , eft pere d'un fils en bas âge.
2° Marie- Therefe le Compaffeur de Courtivron
, alliée en 1724 , à Meffire Antoine Joli ,
Marquis de Blaifi , dont elle n'a point d'enfans.
3 °. Jeanne-Claude-Madeleine le Compaffeur de
Courtivron , alliée en 1733 , au Comte de Brancion,
duquel elle a une fille Gafparde de Brancion ,
mariée en 1749 , au Comte de Clermont-Mont-S..
Jean.
Voyez fur le nom de le Compaffeur , la Roque
Blanchard, les coutumes de Champagne , Paliot ,
& les grands Officiers de la Couronne.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements et informations historiques concernant des mariages et des décès au XVIIIe siècle. Le 23 février 1756, François-Saturnin de Galard, Marquis de Terraube, épousa Demoiselle Marie-Julie de Loftanges de Sainte-Alvaire, fille d'Armand-Louis-Claude-Simon de Loftanges, Marquis de Sainte-Alvaire, Grand Sénéchal et Gouverneur de Quercy, et sœur du Marquis de Loftanges, premier Écuyer de Madame Adelaïde. La maison de Galard, dont est issu le Marquis de Terraube, est l'une des plus illustres et riches de la Guyenne. Elle tire son nom de la terre de Galard près de Condom et remonte au moins au XIe siècle. Plusieurs seigneurs de ce nom sont mentionnés dès 1062 parmi les bienfaiteurs de l'Abbaye de Condom. La famille s'est divisée en plusieurs branches, dont une a donné un Grand Maître des Arbalétriers de France, Pierre de Galard, qui exerça cette charge de 1310 à 1331. Une autre branche notable est celle des Comtes de Braffac, établie en Quercy vers 1280. Le texte mentionne également plusieurs décès notables. Le 3 novembre 1755, Dame Marie-Anne Deschiens, veuve de Jean-Pierre de Cormis, Comte de Saint-Georges, décéda à Paris à l'âge de 84 ans. Dame Catherine-Henriette de Rageren, épouse de Nicolas-Joseph Foucault, Marquis de Magny, décéda à Paris le 6 novembre à l'âge de 72 ans. Marie Pierrette-Françoise Charlotte de Clermont-Tonnerre, veuve de Jean le Compasseur de Crequi-Monfort, Marquis de Courtivron, décéda le 19 mars 1756 à l'âge de 73 ans. Les enfants de la Marquise de Courtivron sont également mentionnés : Gaspard le Compasseur de Crequi-Montfort, Marie-Thérèse le Compasseur de Courtivron, et Jeanne-Claude-Madeleine le Compasseur de Courtivron.
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