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1
p. 236-238
« Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...] »
Début :
Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...]
Mots clefs :
La Rochelle, Belle-Île, Bordeaux, Corsaire anglais, Rançon, Otages, Navires, Capitaine, Violences, Hollande, Vols, Pirateries
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texteReconnaissance textuelle : « Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...] »
DE LA ROCHELLE , le 17 Juillet.
LE Bâtiment l'Heureuse Marie , de Saint -Briac ,
chargé de fel & deſtiné pour Saint- Malo , fut arrêté
le de ce mois à cinq lieues au large de l'Ifie
Dieu par un Corfaire Anglois , qui le rançonna
pour la fomme de deux mille livres. Ce Bâtiment
continuant la route fur la foi de cette rançon fut
rencontré quatre jours après par un autre Corfaire
Anglois , qui exigea une nouvelle rançon de
pareille fomme de deux mille livres , & qui prie
SEPTEMBRE. 1756. 237
un ôtage pour fûreté de fon paiement. Le len
demain , il est tombé encore dans les mains d'un
troifieme Corfaire de la même Nation , lequel
s'eft emparé des deux billets de
rançon , a enlevé
le Bâtiment & l'a conduit en Angleterre. Ces
traits de piraterie font conftatés par la déclaration
juridique , qui en a été faite hier au Greffe de
l'Amirauté de cette Ville par le Capitaine & par
deux hommes de l'équipage François , qui font
revenus dans un Bâtiment Suédois , où ils ont été
mis par le Corſaire Anglois qui l'a rencontré à la
mer.
DE BELLE- ISLE , le 20 Juillet.
Le 4 le Navire le Jahans , de Suede , Capitaine
Petter Jonffon , fe préfenta ici , & demanda unt
Pilote Côtier , qui lui fut donné pour le conduire
au Croific , où il alloit prendre un chargement de
fel. Mais ce Pilote lui fut enlevé le même jour
par un Corfaire Anglois , malgré toutes les repréfentations
que le Capitaine Suédois pût faire à ce
Corfaire fur les dangers auxquels il l'expofoit. Ce
Capitaine fut obligé de revenir ici pour avoir un
fecond Pilote , qui lui fut fourni fur le certificat
qu'il donna de l'enlèvement du premier. Des violences
de cette efpece peuvent avoir les fuites les
plus fâcheufes pour la navigation générale.
DE BORDEAUX , le 3 Août.
La plupart des Bâtimens Hollandois qui font
entrés depuis quelque temps dans ce Port , y ont
fait les rapports les plus étonnans des pyrateries
qu'ils ont eu à fouffrir de la part des Corfaires
Anglois qu'ils ont eu le malheur de rencontrer
dans leur navigation . Ces Corfaires leur ont
enlevé leurs uftenfiles , effets , cordages , voiles
238 MERCURE DE FRANCE.
&
bouffoles , cartes , légumes , poiffon falé , viandes
, porcelaine , vins , liqueurs , provifions ,
mêmejufqu'à leurs habits. Le Capitaine Heynde
rick Stoffe n'a pu fortir de leurs mains , qu'après
qu'ils lui ont emporté genéralement tout ce qu'il
avoit. L'Agent auquel les Capitaines Hollandois
Padreffent ici a été fi touché de leur plaintes ,
qu'il a cru devoir les faire parvenir à M. l'Eſtevenon
de Berkenroode , Ambaffadeur des Etats Généraux
des Provinces-Unies auprès du Roi , en
frant à cet Ambaſſadeur de lui en envoyer des
atteftations authentiques.
LE Bâtiment l'Heureuse Marie , de Saint -Briac ,
chargé de fel & deſtiné pour Saint- Malo , fut arrêté
le de ce mois à cinq lieues au large de l'Ifie
Dieu par un Corfaire Anglois , qui le rançonna
pour la fomme de deux mille livres. Ce Bâtiment
continuant la route fur la foi de cette rançon fut
rencontré quatre jours après par un autre Corfaire
Anglois , qui exigea une nouvelle rançon de
pareille fomme de deux mille livres , & qui prie
SEPTEMBRE. 1756. 237
un ôtage pour fûreté de fon paiement. Le len
demain , il est tombé encore dans les mains d'un
troifieme Corfaire de la même Nation , lequel
s'eft emparé des deux billets de
rançon , a enlevé
le Bâtiment & l'a conduit en Angleterre. Ces
traits de piraterie font conftatés par la déclaration
juridique , qui en a été faite hier au Greffe de
l'Amirauté de cette Ville par le Capitaine & par
deux hommes de l'équipage François , qui font
revenus dans un Bâtiment Suédois , où ils ont été
mis par le Corſaire Anglois qui l'a rencontré à la
mer.
DE BELLE- ISLE , le 20 Juillet.
Le 4 le Navire le Jahans , de Suede , Capitaine
Petter Jonffon , fe préfenta ici , & demanda unt
Pilote Côtier , qui lui fut donné pour le conduire
au Croific , où il alloit prendre un chargement de
fel. Mais ce Pilote lui fut enlevé le même jour
par un Corfaire Anglois , malgré toutes les repréfentations
que le Capitaine Suédois pût faire à ce
Corfaire fur les dangers auxquels il l'expofoit. Ce
Capitaine fut obligé de revenir ici pour avoir un
fecond Pilote , qui lui fut fourni fur le certificat
qu'il donna de l'enlèvement du premier. Des violences
de cette efpece peuvent avoir les fuites les
plus fâcheufes pour la navigation générale.
DE BORDEAUX , le 3 Août.
La plupart des Bâtimens Hollandois qui font
entrés depuis quelque temps dans ce Port , y ont
fait les rapports les plus étonnans des pyrateries
qu'ils ont eu à fouffrir de la part des Corfaires
Anglois qu'ils ont eu le malheur de rencontrer
dans leur navigation . Ces Corfaires leur ont
enlevé leurs uftenfiles , effets , cordages , voiles
238 MERCURE DE FRANCE.
&
bouffoles , cartes , légumes , poiffon falé , viandes
, porcelaine , vins , liqueurs , provifions ,
mêmejufqu'à leurs habits. Le Capitaine Heynde
rick Stoffe n'a pu fortir de leurs mains , qu'après
qu'ils lui ont emporté genéralement tout ce qu'il
avoit. L'Agent auquel les Capitaines Hollandois
Padreffent ici a été fi touché de leur plaintes ,
qu'il a cru devoir les faire parvenir à M. l'Eſtevenon
de Berkenroode , Ambaffadeur des Etats Généraux
des Provinces-Unies auprès du Roi , en
frant à cet Ambaſſadeur de lui en envoyer des
atteftations authentiques.
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Résumé : « Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...] »
Entre le 17 et le 20 juillet, plusieurs incidents de piraterie impliquant des corsaires anglais ont été rapportés. Le 17 juillet, le navire français l'Heureuse Marie fut arrêté par un corsaire anglais à cinq lieues au large de l'île Dieu. Une rançon de deux mille livres fut exigée, suivie d'une seconde demande et de la prise d'un otage. Le lendemain, un troisième corsaire anglais s'empara du navire et le conduisit en Angleterre. Ces événements furent confirmés par une déclaration juridique au greffe de l'Amirauté de La Rochelle. Le 20 juillet, à Belle-Isle, un corsaire anglais enleva un pilote côtier du navire suédois Jahans malgré les protestations du capitaine. À Bordeaux, le 3 août, des navires hollandais signalèrent des actes de piraterie par des corsaires anglais, qui leur avaient pris divers biens, y compris des ustensiles, des provisions et des habits. Le capitaine Heyndrick Stoffe perdit la plupart de ses biens. Les plaintes furent transmises à l'ambassadeur des Provinces-Unies auprès du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 238-245
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Sa Majesté a accordé les grandes entrées à M. le Maréchal Duc [...]
Mots clefs :
Comte d'Egmont, Duc de Gesvres, Célébrations de la conquête de Minorque, Monument de gloire, Marquis, Maréchal, Fort de Saint-Philippe, Cardinal de Tavannes, Garnison de la Rochelle, Comtes, Prince de Croy
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Sa Majefté a accordé les grandes entrées à M. le
A
Maréchal Duc de Belle- Ifle .
Le jour que M. le Comte d'Egmont apporta au
Roi les articles de la Capitulation du Fort Saint-
Philippe , le Corps de Ville fit tirer à cinq & à fept
heures du foir les boîtes d'artillerie & le canon
de la Ville. Sur les neuf heures , il y eut une pareille
falve d'artillerie , pendant laqucile les Prévôt
des Marchands & Echevins allumerent , avec les
cérémonies accoutumées , le bucher qui avoit
été dreffé dans le milieu de la Place de l'Hôtel de
Ville. On tira enfuite une grande quantité de
fufées volantes. La Ville fit en même temps couler
trois fontaines de vin , & diftribuer des viandes au
peuple dans la même Place . Près de chaque fontaine
de vin étoit une Orcheſtre remplie de
Joueurs d'Inftrumens . La Place étoit éclairée par
un grand nombre d'ifs , qui portoient des lumie
res , & la façade de l'Hôtel de Ville l'étoit par
trois filets de terrines fuivant l'Ordre de l'Architecture.
L'Hôtel de M. le Duc de Gefvres , Gou
SEPTEMBRE . 1756. 239
verneur de Paris ; celui du Prevôt des Marchands,
& les maifons des Echevins & des principaux Officiers
de l'Hôtel de Ville , furent auffi illuminés.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre de folemnelles actions de graces
à l'occafion de la conquête de l'Ifle Minorque
on chanta le 25 Juillet le Te Deum dans l'Eglife
Métropolitaine , & P'Abbé de Saint - Exupery ,
Doyen du Chapitre , y officia. M. de Lamoignon ,
Chancelier de France , & M. de Machault , Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat , & Maîtres des Requêtes , y affifterent ,
ainfi que le Parlement , la Chambre des Comptes
, la Cour des Aides & le Corps de Ville , qui
y avoient été invités de la part de Sa Majesté par
M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre des Prevôt des Marchands &
Echevins , un Feu d'artifice dont l'exécution ne
laiffa rien à défirer. La décoration repréfentoit
un grand trophée de guerre , élevé à la gloire du
Roi fur les débris d'un Fort . Le corps de ce tro
phée , étoit une pyramide quadrangulaire de
foixante douze pieds de haut , pofée au milieu de
la principale place d'armes du Fort ſur pluſieurs
canons démontés. Des maffes d'armures antiques ,
des efpeces de foleils formés avec les armes enlevées
aux ennemis , & des médaillons au chiffre
du Roi , ornoient les quatre faces de la pyramide.
La boule de France , furmontée d'une couronne ,
lui fervoit d'amortiffement. Cette pyramide étoit
accompagnée de deux colonnes roftrales de cinq
pieds de diametre , conftruites fur les pointes des
Ravelins , & auxquelles étoient attachés des becs
& des proues de Navires. A l'entrée des attaques
on avoit placé diverfes figures allégoriques. Qua
240 MERCURE DE FRANCE.
tre palmiers étoient plantés fur les quatre contre
gardes , qui enveloppoient le corps de la Place ,
& qui enfermoient la feconde enceinte. Les tiges
de ces arbres étoient chargées de dépouilles remportées
par les vainqueurs , & les rameaux étoient
entrelacés de guirlandes auxquelles des couronnes
de laurier de différentes grandeurs étoient fufpendues.
On voyoit au haut des deux colonnes deux
figures, qui repréfentoient, l'une Neptune , l'autre
Le Génie Tutelaire de la Place. La France , entourée
de plufieurs Génies & d'une troupe de Héros ,
paroiffoit à l'endroit de la principale attaque ,
confacrant ce monument en préſence de Mars &
de Minerve.
Cette décoration enrichie de peinture & de
rondeboffe , avoir quatre-vingt-huit pieds de longueur.
Elle étoit difpofée fur plufieurs plans concentriques
, élevés les uns au- deffus des autres , &
elle préfentoit au naturel le tableau d'une fête
militaire , donnée dans un Fort qui venoit d'être
emporté d'affaut. Les différens jeux de l'artifice
exprimerent l'attaque & la défenfe d'une Place.
Ils furent terminés par un coup de feu très-bril
lant , & par un bouquet en réjouiffance de la
victoire.
Au Feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination. Un triple cordon de lumieres deffinoit
l'architecture de la façade & du grand comble de
l'Hôtel de Ville . Plufieurs luftres garnis de lanternes
de verre éclairoient diverfes parties du bâ
timent. Toute l'enceinte de la Place étoit illuminée
, ainfi que le pourtour du Feu , par des ifs
chargés de lampions .
Il y eut auffi de très- belles illuminations aux
Hôtels de M. le Duc de Gefvres & du Prevôt des
Marchands , & aux maiſons des Echevins & des
principaux
SEPTEMBRE. 1756. 245
principaux Officiers de l'Hôtel de Ville . Des fontaines
de vin coulerent , & l'on diſtribua du pain
& des viandes au peuple dans tous ces différens
endroits, de même que dans la Place de Louis XV ,
dans celle de Louis le Grand , dans celle des Victoires
, dans celle du Carroufel , dans la Place
Royale , dans les Halles , dans le Marché- Neuf ,
à la Place Maubert & à la Croix- Rouge. On
avoit mis des Orcheſtres partout où le faifoient
ces diſtributions , & le peuple jufqu'à cinq heures
du matin témoigna par les danfes la joie que lui
caufoit la profpérité des armes du Roi. Pendant
toute la nuit , la Place devant l'Hôtel de Ville fut
remplie de carroffes.
Deux Armateurs de Calais ont fait deux prifes
affez confidérables . Un Armateur de Dunkerque
a enlevé un Navire Anglois qui forto t d´´la Tamife
, & il l'a conduit à Oftende. Le chargement
de cette derniere priſe eſt eſtimé trois cens mille
livres.
Le Roi a donné le Gouvernement général de
l'Ile Minorque à M. le Comte de Lannon , Maréchal
de Camp . Sa Majefté a fait Marécha x e
fes Camps & Armées MM. de la Serre , Brigadier,
Lieutenant- Colonel du Régiment Royal la Ma
rine; de la Bliniere , Brigadier , Lieutenant- Colonel
du Régiment Royal Infanterie ; le Marquis
de Roquepine , Brigadier , Colonel du Régi
ment Royal Comtois ; le Marquis de Monti , Bi
gadier , Colonel du Régiment Royal Italien ; le
Marquis de Trainel , Brigadier , Colonel d'un
Régiment d'Infanterie ; le Comte d'Egmont , Brigadier
; Meftre de Camp d'un Régiment de Cavalerie
, & le Chevalier de Redmont , Brigadier ,
Meftre de Camp Réformé de Cavalerie. Sa Majeſté
a fait Brigadier de Dragons M. le Duc de
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Fronfac , Mestre de Camp de Dragons ; & Elle a
fait Brigadiers d'Infanterie M. le Prince de Rohan-
Rochefort , Colonel d'un Régiment d'Infanterie ;
le Comte de Levis- Leran , Colonel du Régiment
Royal la Marine ; le Chevalier de Clermont d'Amboife
, Colonel du Régiment de Bretagne , & le
Comte de Rochambeau , Colonel du Régiment
de la Marche.
Il y a eu , tant pendant le cours du fiege da
Fort Saint- Philippe , qu'à l'attaque faite des ouvrages
de ce Fort dans la nuit du 27 au 28 Juin ,
treize Officiers tués , & quatre vingt- douze bleffés.
Quatre cens dix -neuf Soldats ont été tués , &
le nombre de ceux qui ont été bleffés monte à
neuf cens quatre- vingt- feize.
Les habitans de Rouen ayant été informés que
M. le Cardinal de Tavannes devoit y arriver le 19
Juillet , le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine ,
& tous les Ordres de la Ville , fe font empreffés à
l'envi de lui marquer la part qu'ils prenoient à fa
promotion au Cardinalat . Les Compagnies de la
Bourgoifie , à cheval , avec leurs trompettes &
leurs étendards , font allées au devant de lui ,
à l'entrée du Fauxbourg , dans le lieu où il devoit
fe revêtir de fes habits de cérémonie. Toutes les
Brigades de la Maréchauffée , le Grand Prevôt à
leur tête , fe font rendues au même lieu , & toutes
les perfonnes de confidération y ont envoyé leurs
carroffes, pour former un cortége pompeux . L'im- :
patience de voir le Cardinal avoit fait fortir de la
Ville une partie du peuple ; le refte rempliffoit les
rues & les places publiques. Le Cardinal , en entrant
dans Rouen , a été falué par le canon de la
Ville & par celui du vieux Palais. Le Régiment
de Lyonnois , fous les armes , formoit une doable
Laie depuis la porte du Pont juſqu'au grand Por
SEPTEMBRE . 1756. 243
tail de l'Eglife Métropolitaine , dont l'interieur
étoit gardé par les deux Compagnies de Grenadiers
de ce Corps . Lorfque le Cardinal a été prêt
d'entrer dans la grande Place qui eft devant l'E-`
glife , le Chapitre eft forti proceffionellement ,
pour aller au devant de Son Eminence. Le Haut
Doyen l'a complimentée au nom des Chanoines ,
& elle a été conduite dans le choeur de l'Eglife
Métropolitaine , où les principaux Membres du
Parlement & de la Chambre des Comptes , le
Corps de Ville , les Curés , les Supérieurs des
Communautés Régulieres , & un grand nombre
de perfonnes de diftinction , étoient placés avec
un ordre dont tout le monde a été fatisfait . On a
chanté le Te Deum en mufique & avec fymphonie.
A l'entrée de la nuit , la partie extérieure du
choeur de l'Eglife Métropolitaine , qui termine
d'un côté la cour de l'Archevêché , a été illuminée
, ainfi que toutes les maifons des Chanoines ,
les Communautés Religieufes & plufieurs autres
maifons de la Ville.
"
Le premier d'Août , les Officiers de la Garnifon
de la Rochelle , compofée des Régimens d'Infanterie
de la Sarre & de Breffe , & du Régiment
Royal Dragons , célébrerent par une fête éclatante
la prife du Fort Saint- Philippe . La grande
Place de la Ville étant plantée de plufieurs allées
d'arbres , paroiffoit faite exprès pour rendre ce
fpectacle agréable. Après que les troupes y eurent
formé plufieurs faifceaux de leurs armes , l'Aumônier
du Régiment de la Sarre dit la Meſſe fur un
Autel qu'on dreffa dans l'inftant . Enfuite les foldars
des trois Régimens que l'on mêla exprès ,
prirent leurs places aux différentes tables qui leur
étoient deſtinées , & qui furent fervies avec la
plus grande abondance . On avoit préparé des ta-
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
bles particulieres pour les Maréchaux des Logis &
pour les Sergens . M. de Montpouillan & les
Comtes de Carcado & de la Blache , Colonels , accompagnés
de MM. le Blanc & de Labadie , Lieutenans-
Colonels , & de MM. du Menil , de S. Mery
& de Murat, Majors , allerent inviter M. le Marquis
de Clermont- Gallerande, Lieutenans-Général, qui
commande dans la Province , & M. le Marquis de
Dreux employé fous les ordres en qualité de Maréchal
de Camp , à porter la fanté du Roi & celles
de la Famille Royale. Ces fantés furent bues au
bruit de cinq pieces de canon . Pluſieurs inftrumens
de guerre & de mufique augmenterent la
joie de ce feftin militaire. La fête fut fuivie d'un
magnifique repas fervi à une table de cent cinquante
couverts que donna le Marquis de Gallerande.
Le foir , l'Hôtel de ce Lieutenant Général
fut illuminé en tranſparent. La décoration repréfentoit
le Port-Mahon . Au deffus , on lifoit ce vers :
Difcite juftitiam moniti , &non temnere Divos.
La fête que le Prince de Croy a donnée le
même jour au Camp fous Calais , a été de la plus
grande magnificence. Quarante- cinq Dames y
avoient été invitées , ainfi que M. d'Invault , Intendant
de Picardie , & tous les Officiers des Etats
Majors des Villes , Citadelles & Forts des environs
du Camp . On fervit pour cette Compagnie &
pour les Officiers des troupes dont le Camp eft
compofé , plufieurs tables fous des baldaquins à
la Chinoife , dont les bords étoient feftonnés par
des guirlandes de fleurs . Ces mêmes guirlandes
defcendoient par diverfes circonvolutions autour
des colonnes qui foutenoient les baldaquins. Pendant
le repas, qui dura depuis quatre heures aprèsmidi
jufqu'à fept , & dans lequel il régna autant
de profufion que de délicateffe , on diftribua dụ
pain , de la viande & de la biere aux foldats. Les
SEPTEMBRE . 1736. 245
Comédiens jouerent la Comédie gratis ; & comme
la falle du Spectacle ne pouvoit contenir qu'une
petite partie des troupes , on avoit placé des Farceurs,
des Danfeurs de cordes & des Joueurs de gobelets,
à la tête de chaque Brigade . Sur les fept heures
& demie , on chanta le Te Deum dans la Chapelle
du Camp , au bruit de tous les inftrumens de
guerre. Lorfque la nuit commença , trois fufées
partirent d'une montagne à deux lieues du Camp ,
qui eft précisément vis - à-vis de Douvres . La Ville
& la Citadelle de Calais , & tous les Forts des
ennemis répondirent à ce fignal par des falves
générales de leur artillerie. Ces falves furent repétées
trois fois . Elles furent fuivies d'un Feu
d'artifice , dont la décoration repréfentoit un
Fort quarré à double enceinte , femblable à celui
de Saint-Philippe . A la fin du Feu , il tomba fur
le Fort une fleur de lys enflammée. Plufieurs fougaffes
jouerent en même temps , & renverferent
tous les ouvrages . On demeura un inftant dans
une grande obfcurité . Puis on vit s'élever par
dégrés un foleil d'artifice . Les Armes de France
parurent deffinées en feu brillant . Au deffus étoit
un Vive le Roi en caracteres lumineux , parfaitement
exécuté .
La Ville de Saint- Malo ne s'eft pas moins
diftinguée par les réjouiffances qu'elle a faites le
8 , à l'occafion de la conquête de l'Ile Minorque.
Voici le Mandement de M. l'Evêque de cette Ville ,
qui a ordonné de chanter le Te Deum à ce fujet.
Sa Majefté a accordé les grandes entrées à M. le
A
Maréchal Duc de Belle- Ifle .
Le jour que M. le Comte d'Egmont apporta au
Roi les articles de la Capitulation du Fort Saint-
Philippe , le Corps de Ville fit tirer à cinq & à fept
heures du foir les boîtes d'artillerie & le canon
de la Ville. Sur les neuf heures , il y eut une pareille
falve d'artillerie , pendant laqucile les Prévôt
des Marchands & Echevins allumerent , avec les
cérémonies accoutumées , le bucher qui avoit
été dreffé dans le milieu de la Place de l'Hôtel de
Ville. On tira enfuite une grande quantité de
fufées volantes. La Ville fit en même temps couler
trois fontaines de vin , & diftribuer des viandes au
peuple dans la même Place . Près de chaque fontaine
de vin étoit une Orcheſtre remplie de
Joueurs d'Inftrumens . La Place étoit éclairée par
un grand nombre d'ifs , qui portoient des lumie
res , & la façade de l'Hôtel de Ville l'étoit par
trois filets de terrines fuivant l'Ordre de l'Architecture.
L'Hôtel de M. le Duc de Gefvres , Gou
SEPTEMBRE . 1756. 239
verneur de Paris ; celui du Prevôt des Marchands,
& les maifons des Echevins & des principaux Officiers
de l'Hôtel de Ville , furent auffi illuminés.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre de folemnelles actions de graces
à l'occafion de la conquête de l'Ifle Minorque
on chanta le 25 Juillet le Te Deum dans l'Eglife
Métropolitaine , & P'Abbé de Saint - Exupery ,
Doyen du Chapitre , y officia. M. de Lamoignon ,
Chancelier de France , & M. de Machault , Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat , & Maîtres des Requêtes , y affifterent ,
ainfi que le Parlement , la Chambre des Comptes
, la Cour des Aides & le Corps de Ville , qui
y avoient été invités de la part de Sa Majesté par
M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre des Prevôt des Marchands &
Echevins , un Feu d'artifice dont l'exécution ne
laiffa rien à défirer. La décoration repréfentoit
un grand trophée de guerre , élevé à la gloire du
Roi fur les débris d'un Fort . Le corps de ce tro
phée , étoit une pyramide quadrangulaire de
foixante douze pieds de haut , pofée au milieu de
la principale place d'armes du Fort ſur pluſieurs
canons démontés. Des maffes d'armures antiques ,
des efpeces de foleils formés avec les armes enlevées
aux ennemis , & des médaillons au chiffre
du Roi , ornoient les quatre faces de la pyramide.
La boule de France , furmontée d'une couronne ,
lui fervoit d'amortiffement. Cette pyramide étoit
accompagnée de deux colonnes roftrales de cinq
pieds de diametre , conftruites fur les pointes des
Ravelins , & auxquelles étoient attachés des becs
& des proues de Navires. A l'entrée des attaques
on avoit placé diverfes figures allégoriques. Qua
240 MERCURE DE FRANCE.
tre palmiers étoient plantés fur les quatre contre
gardes , qui enveloppoient le corps de la Place ,
& qui enfermoient la feconde enceinte. Les tiges
de ces arbres étoient chargées de dépouilles remportées
par les vainqueurs , & les rameaux étoient
entrelacés de guirlandes auxquelles des couronnes
de laurier de différentes grandeurs étoient fufpendues.
On voyoit au haut des deux colonnes deux
figures, qui repréfentoient, l'une Neptune , l'autre
Le Génie Tutelaire de la Place. La France , entourée
de plufieurs Génies & d'une troupe de Héros ,
paroiffoit à l'endroit de la principale attaque ,
confacrant ce monument en préſence de Mars &
de Minerve.
Cette décoration enrichie de peinture & de
rondeboffe , avoir quatre-vingt-huit pieds de longueur.
Elle étoit difpofée fur plufieurs plans concentriques
, élevés les uns au- deffus des autres , &
elle préfentoit au naturel le tableau d'une fête
militaire , donnée dans un Fort qui venoit d'être
emporté d'affaut. Les différens jeux de l'artifice
exprimerent l'attaque & la défenfe d'une Place.
Ils furent terminés par un coup de feu très-bril
lant , & par un bouquet en réjouiffance de la
victoire.
Au Feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination. Un triple cordon de lumieres deffinoit
l'architecture de la façade & du grand comble de
l'Hôtel de Ville . Plufieurs luftres garnis de lanternes
de verre éclairoient diverfes parties du bâ
timent. Toute l'enceinte de la Place étoit illuminée
, ainfi que le pourtour du Feu , par des ifs
chargés de lampions .
Il y eut auffi de très- belles illuminations aux
Hôtels de M. le Duc de Gefvres & du Prevôt des
Marchands , & aux maiſons des Echevins & des
principaux
SEPTEMBRE. 1756. 245
principaux Officiers de l'Hôtel de Ville . Des fontaines
de vin coulerent , & l'on diſtribua du pain
& des viandes au peuple dans tous ces différens
endroits, de même que dans la Place de Louis XV ,
dans celle de Louis le Grand , dans celle des Victoires
, dans celle du Carroufel , dans la Place
Royale , dans les Halles , dans le Marché- Neuf ,
à la Place Maubert & à la Croix- Rouge. On
avoit mis des Orcheſtres partout où le faifoient
ces diſtributions , & le peuple jufqu'à cinq heures
du matin témoigna par les danfes la joie que lui
caufoit la profpérité des armes du Roi. Pendant
toute la nuit , la Place devant l'Hôtel de Ville fut
remplie de carroffes.
Deux Armateurs de Calais ont fait deux prifes
affez confidérables . Un Armateur de Dunkerque
a enlevé un Navire Anglois qui forto t d´´la Tamife
, & il l'a conduit à Oftende. Le chargement
de cette derniere priſe eſt eſtimé trois cens mille
livres.
Le Roi a donné le Gouvernement général de
l'Ile Minorque à M. le Comte de Lannon , Maréchal
de Camp . Sa Majefté a fait Marécha x e
fes Camps & Armées MM. de la Serre , Brigadier,
Lieutenant- Colonel du Régiment Royal la Ma
rine; de la Bliniere , Brigadier , Lieutenant- Colonel
du Régiment Royal Infanterie ; le Marquis
de Roquepine , Brigadier , Colonel du Régi
ment Royal Comtois ; le Marquis de Monti , Bi
gadier , Colonel du Régiment Royal Italien ; le
Marquis de Trainel , Brigadier , Colonel d'un
Régiment d'Infanterie ; le Comte d'Egmont , Brigadier
; Meftre de Camp d'un Régiment de Cavalerie
, & le Chevalier de Redmont , Brigadier ,
Meftre de Camp Réformé de Cavalerie. Sa Majeſté
a fait Brigadier de Dragons M. le Duc de
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Fronfac , Mestre de Camp de Dragons ; & Elle a
fait Brigadiers d'Infanterie M. le Prince de Rohan-
Rochefort , Colonel d'un Régiment d'Infanterie ;
le Comte de Levis- Leran , Colonel du Régiment
Royal la Marine ; le Chevalier de Clermont d'Amboife
, Colonel du Régiment de Bretagne , & le
Comte de Rochambeau , Colonel du Régiment
de la Marche.
Il y a eu , tant pendant le cours du fiege da
Fort Saint- Philippe , qu'à l'attaque faite des ouvrages
de ce Fort dans la nuit du 27 au 28 Juin ,
treize Officiers tués , & quatre vingt- douze bleffés.
Quatre cens dix -neuf Soldats ont été tués , &
le nombre de ceux qui ont été bleffés monte à
neuf cens quatre- vingt- feize.
Les habitans de Rouen ayant été informés que
M. le Cardinal de Tavannes devoit y arriver le 19
Juillet , le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine ,
& tous les Ordres de la Ville , fe font empreffés à
l'envi de lui marquer la part qu'ils prenoient à fa
promotion au Cardinalat . Les Compagnies de la
Bourgoifie , à cheval , avec leurs trompettes &
leurs étendards , font allées au devant de lui ,
à l'entrée du Fauxbourg , dans le lieu où il devoit
fe revêtir de fes habits de cérémonie. Toutes les
Brigades de la Maréchauffée , le Grand Prevôt à
leur tête , fe font rendues au même lieu , & toutes
les perfonnes de confidération y ont envoyé leurs
carroffes, pour former un cortége pompeux . L'im- :
patience de voir le Cardinal avoit fait fortir de la
Ville une partie du peuple ; le refte rempliffoit les
rues & les places publiques. Le Cardinal , en entrant
dans Rouen , a été falué par le canon de la
Ville & par celui du vieux Palais. Le Régiment
de Lyonnois , fous les armes , formoit une doable
Laie depuis la porte du Pont juſqu'au grand Por
SEPTEMBRE . 1756. 243
tail de l'Eglife Métropolitaine , dont l'interieur
étoit gardé par les deux Compagnies de Grenadiers
de ce Corps . Lorfque le Cardinal a été prêt
d'entrer dans la grande Place qui eft devant l'E-`
glife , le Chapitre eft forti proceffionellement ,
pour aller au devant de Son Eminence. Le Haut
Doyen l'a complimentée au nom des Chanoines ,
& elle a été conduite dans le choeur de l'Eglife
Métropolitaine , où les principaux Membres du
Parlement & de la Chambre des Comptes , le
Corps de Ville , les Curés , les Supérieurs des
Communautés Régulieres , & un grand nombre
de perfonnes de diftinction , étoient placés avec
un ordre dont tout le monde a été fatisfait . On a
chanté le Te Deum en mufique & avec fymphonie.
A l'entrée de la nuit , la partie extérieure du
choeur de l'Eglife Métropolitaine , qui termine
d'un côté la cour de l'Archevêché , a été illuminée
, ainfi que toutes les maifons des Chanoines ,
les Communautés Religieufes & plufieurs autres
maifons de la Ville.
"
Le premier d'Août , les Officiers de la Garnifon
de la Rochelle , compofée des Régimens d'Infanterie
de la Sarre & de Breffe , & du Régiment
Royal Dragons , célébrerent par une fête éclatante
la prife du Fort Saint- Philippe . La grande
Place de la Ville étant plantée de plufieurs allées
d'arbres , paroiffoit faite exprès pour rendre ce
fpectacle agréable. Après que les troupes y eurent
formé plufieurs faifceaux de leurs armes , l'Aumônier
du Régiment de la Sarre dit la Meſſe fur un
Autel qu'on dreffa dans l'inftant . Enfuite les foldars
des trois Régimens que l'on mêla exprès ,
prirent leurs places aux différentes tables qui leur
étoient deſtinées , & qui furent fervies avec la
plus grande abondance . On avoit préparé des ta-
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
bles particulieres pour les Maréchaux des Logis &
pour les Sergens . M. de Montpouillan & les
Comtes de Carcado & de la Blache , Colonels , accompagnés
de MM. le Blanc & de Labadie , Lieutenans-
Colonels , & de MM. du Menil , de S. Mery
& de Murat, Majors , allerent inviter M. le Marquis
de Clermont- Gallerande, Lieutenans-Général, qui
commande dans la Province , & M. le Marquis de
Dreux employé fous les ordres en qualité de Maréchal
de Camp , à porter la fanté du Roi & celles
de la Famille Royale. Ces fantés furent bues au
bruit de cinq pieces de canon . Pluſieurs inftrumens
de guerre & de mufique augmenterent la
joie de ce feftin militaire. La fête fut fuivie d'un
magnifique repas fervi à une table de cent cinquante
couverts que donna le Marquis de Gallerande.
Le foir , l'Hôtel de ce Lieutenant Général
fut illuminé en tranſparent. La décoration repréfentoit
le Port-Mahon . Au deffus , on lifoit ce vers :
Difcite juftitiam moniti , &non temnere Divos.
La fête que le Prince de Croy a donnée le
même jour au Camp fous Calais , a été de la plus
grande magnificence. Quarante- cinq Dames y
avoient été invitées , ainfi que M. d'Invault , Intendant
de Picardie , & tous les Officiers des Etats
Majors des Villes , Citadelles & Forts des environs
du Camp . On fervit pour cette Compagnie &
pour les Officiers des troupes dont le Camp eft
compofé , plufieurs tables fous des baldaquins à
la Chinoife , dont les bords étoient feftonnés par
des guirlandes de fleurs . Ces mêmes guirlandes
defcendoient par diverfes circonvolutions autour
des colonnes qui foutenoient les baldaquins. Pendant
le repas, qui dura depuis quatre heures aprèsmidi
jufqu'à fept , & dans lequel il régna autant
de profufion que de délicateffe , on diftribua dụ
pain , de la viande & de la biere aux foldats. Les
SEPTEMBRE . 1736. 245
Comédiens jouerent la Comédie gratis ; & comme
la falle du Spectacle ne pouvoit contenir qu'une
petite partie des troupes , on avoit placé des Farceurs,
des Danfeurs de cordes & des Joueurs de gobelets,
à la tête de chaque Brigade . Sur les fept heures
& demie , on chanta le Te Deum dans la Chapelle
du Camp , au bruit de tous les inftrumens de
guerre. Lorfque la nuit commença , trois fufées
partirent d'une montagne à deux lieues du Camp ,
qui eft précisément vis - à-vis de Douvres . La Ville
& la Citadelle de Calais , & tous les Forts des
ennemis répondirent à ce fignal par des falves
générales de leur artillerie. Ces falves furent repétées
trois fois . Elles furent fuivies d'un Feu
d'artifice , dont la décoration repréfentoit un
Fort quarré à double enceinte , femblable à celui
de Saint-Philippe . A la fin du Feu , il tomba fur
le Fort une fleur de lys enflammée. Plufieurs fougaffes
jouerent en même temps , & renverferent
tous les ouvrages . On demeura un inftant dans
une grande obfcurité . Puis on vit s'élever par
dégrés un foleil d'artifice . Les Armes de France
parurent deffinées en feu brillant . Au deffus étoit
un Vive le Roi en caracteres lumineux , parfaitement
exécuté .
La Ville de Saint- Malo ne s'eft pas moins
diftinguée par les réjouiffances qu'elle a faites le
8 , à l'occafion de la conquête de l'Ile Minorque.
Voici le Mandement de M. l'Evêque de cette Ville ,
qui a ordonné de chanter le Te Deum à ce fujet.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le texte décrit les célébrations et événements liés à la conquête de l'île de Minorque par le roi de France. Le 25 juillet, le roi a ordonné des actions de grâce solennelles. À Paris, un Te Deum a été chanté dans l'église métropolitaine en présence de l'archevêque, du chancelier de France, du garde des sceaux et divers corps officiels. Un feu d'artifice a été tiré sur la place de l'Hôtel de Ville, illustrant un trophée de guerre et des scènes de bataille. La ville a été illuminée, et des fontaines de vin ainsi que des distributions de nourriture ont été organisées dans plusieurs places publiques. Des illuminations ont également eu lieu dans les hôtels des dignitaires et des principaux officiers de la ville. Le roi a procédé à des promotions militaires, nommant notamment M. le Comte de Lannion gouverneur général de l'île de Minorque et plusieurs officiers à des grades supérieurs. Les combats pour le fort Saint-Philippe ont entraîné des pertes humaines importantes : treize officiers tués et quatre-vingt-douze blessés, ainsi que quatre cent dix-neuf soldats tués et neuf cent quatre-vingt-seize blessés. À Rouen, le cardinal de Tavannes a été accueilli par une procession et des salves de canon, suivies d'un Te Deum. La Rochelle a célébré la prise du fort Saint-Philippe par une fête militaire incluant une messe, un banquet et des illuminations. Le prince de Croy a organisé une fête somptueuse dans son camp sous Calais, avec repas, spectacles et feu d'artifice. Saint-Malo a également marqué la conquête de Minorque par des réjouissances publiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 245-248
MANDEMENT de Monseigneur l'Evêque de Saint-Malo, à l'occasion de la Conquête de l'Isle Minorque.
Début :
Les actions de graces solemnelles que nous vous annonçons, Mes [...]
Mots clefs :
Conquête de l'Ile de Minorque, Dieu, Protection divine, Louanges
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texteReconnaissance textuelle : MANDEMENT de Monseigneur l'Evêque de Saint-Malo, à l'occasion de la Conquête de l'Isle Minorque.
MANDEMENT de Monseigneur l'Evêque
de Saint- Malo , à l'occasion de la Conquête de
L'Ife Minorque .
Ean
Ean - Jofeph de Fogaffes de fa Baftie , par la
miféricorde de Dieu ., & c. Salut.
Lij
246 MERCURE DE FRANCE.
Les actions de graces folemnelles que nous vous
annonçons , MES TRÈS-CHERS FRERES , ne doivent
pas être regardées comme de vaines cérémonies
, ou comme de fimples démonftrations de
la joie que nous caufent les événemens qui en
font l'objet. On protefte publiquement par ces
fignes extérieurs de reconnoiffance , que le Sei
gneur eft le Dieu des Armées ( 1 ) & que fa providence
en dirige toutes les opérations , fuivant l'ordre
de fes décrets toujours infiniment fages & infiniment
juftes , quoique fouvent impénétrables.
Les Puiffances de la terre fe glorifient en vain
dans le nombre de leurs Troupes ou de leurs Vaiffeaux
. Il y a dans le Ciel un fouverain Maître à
qui la mer & la terre appartiennent également ,
& qui déconcerte , quand il lui plaît , tous les projets
des hommes .
Comment êtes- vous tombée ( 2 ) difoit autrefois le
Seigneur par fes Prophétes à une Nation qui fe
vantoit de pofféder l'empire de la mer , Comment
êtes-vous tombée , vous , qui habitiez dans la mer,
qui étiezfiforte fur cet élement , dont les habitans
s'étoient rendus redoutables tout le monde ? vous
qui difiez ( 3 ): Je fuis placée au milieu de la mer, je
fuis le fiege du commerce du trafic des Peuples ?
vous (4) dont les Négocians étoient des Princes ,
dont les Marchands étoient les perfonnes les plus il-
(1 )Tu Domine exercituum Deus , 2 Reg. 7. ¥.27
(2) Quomodo perifti qua habitas in mari , urbs
inclyta qua fuifti fortis in mari cum habitatoribus
tuis quos formidabant univerfi. Ezech . 26. ¥. 17. ·
(3) Negociationi populorum ad infulas multas....
tu dixifti perfecti decoris ego fum & in corde maris
fita. Ezech. 17. V. 3 & 4.
(4 ) Cujus negotiatores principes , inftitores ejus
inclyti terra. Ifaie 23. V. 8 .
SEPTEMBRE . 1756. 247
luflres de la terre ? Les Vaiffeaux ( 1 ) maintenant
ferontfaijs d'étonnement , lorsque vous ferez pouse
même faifie de frayeur : les Ifles feront troublées
dans la mer , parce que perfonne ne fortira de chez
vous. C'est le Seigneur ( 2 ) qui a prononcé cet arrêt,
qui a refolu de vous traiter de la forte pour ren➡
verfer toute la gloire des fuperbes. C'eft ( 3 ) parce
que votre coeur s'eft élevé que vous avez dit : Je
fuis affis comme un Dieu au milieu de la mer : c'eſt
pour cela , dit le Seigneur , que je ferai marcher
contre vous les plus puiffans d'entre les peuples qui
viendront l'épée à la main confondre votre prétendue
fageffe.
Ces événemens , quoique predits par Pefprit
de Dieu long- temps auparavant , furent regardés
lorfqu'ils arriverent , comme les effets ordinaires
de l'ambition & de la politique . Mais fi Dieu ,
pour exercer notre foi , fe plaît à cacher les opérations
fous le voile des caufes naturelles , il n'en
eft pas moins la caufe premiere & principale à la
quelle toutes les autres font fubordonnées , & qui
les fait toutes fervir à l'exécution de fes deffeins.
C'eft lui qui préfide au Confeil des Rois & qui
eft l'auteur de la fageffe des projets qu'ils forment .
C'est lui qui répand dans le foldat cette valeur à
qui rien ne réſiſte , & cette conſtance que rien ne
›
(1 ) Nunc ftupebunt naves in die pavoris tui:
turbabuntur infula in mari , eo quòd nullus egrediatur
ex te. Ezech. 26. V. 18.
(2) Dominus exercituum cogitavit hoc, ut detraheret
fuperbiam omnis gloria. Ilaïe 23. V. .9 .
.... Toin
(3 ) Eo quòd elevatum eft cor tuum & dixifti...
Deus ego fum, & ... fedi in corde maris ... propterea
dicit Dominus .... ecce ego adducam fuper te
buftiffimos gentium , &nudabunt gladios fuosfuper
pulchritudinem fapientia tua . Ezech . 28. V. 2 , 6, 7.
248 MERCURE DE FRANCE.
rebute. C'est lui qui inſpire aux Généraux l'activité
, la prudence , le courage & la fermeté . Ceſt
lui qui les fait triompher des obftacles multipliés ..
que leur oppofent la nature , l'art , les contretemps
& la défenfe la plus opiniâtre . C'est à lui
par conféquent & à lui feul que doit fe rapporter
toute la gloire des ſuccès.
Tel eft M. T. C. F. l'efprit qui doit animer les
chants d'allégreffe & les Cantiques de louange
que nous allons offrir au Seigneur en reconnoiffance
de la conquête de l'Ile Minorque . Il eſt naturel
que cette reconnoiffance s'étende à ceux dont
Dieu s'est fervi pour une conquête fi glorieufe &
fi utile à la Nation . La Religion autorife ces fentimens
loin de les condamner , & nous avons dans
cette Province & prefque fous les murs de cette
Ville , un motif bien intéreffant de nous y livrer.
( 1 ) Mais n'oublious jamais que c'eft ( 2 ) le Šeigneur
qui, fans avoir égard à la puissance des armes , donne
la victoire , comme il lui plait , à ceux qui en
font dignes. Implorons donc fon ſecours avec confiance
demandons- lui qu'il continue de bénir
les entrepriſes du plus puiffant , du plus jufte & du
plus pacifique de tous les Rois. Après les preuves
de modération que fes Ennemis même ont dû
admirer en lui , prier pour la profpérité de fes Armes
, c'eft prier pour le repos & pour le bonheur
de toute l'Europe. A ces cauſes , &c.
( 1 ) Il y a un Camp auprè de Saint -Malo.
(2) Non fecundùm armorum potentiam , ſed, prout
ipfi placet , dat dignis victoriam. 1. Mach. 15. Ý. 21 .
de Saint- Malo , à l'occasion de la Conquête de
L'Ife Minorque .
Ean
Ean - Jofeph de Fogaffes de fa Baftie , par la
miféricorde de Dieu ., & c. Salut.
Lij
246 MERCURE DE FRANCE.
Les actions de graces folemnelles que nous vous
annonçons , MES TRÈS-CHERS FRERES , ne doivent
pas être regardées comme de vaines cérémonies
, ou comme de fimples démonftrations de
la joie que nous caufent les événemens qui en
font l'objet. On protefte publiquement par ces
fignes extérieurs de reconnoiffance , que le Sei
gneur eft le Dieu des Armées ( 1 ) & que fa providence
en dirige toutes les opérations , fuivant l'ordre
de fes décrets toujours infiniment fages & infiniment
juftes , quoique fouvent impénétrables.
Les Puiffances de la terre fe glorifient en vain
dans le nombre de leurs Troupes ou de leurs Vaiffeaux
. Il y a dans le Ciel un fouverain Maître à
qui la mer & la terre appartiennent également ,
& qui déconcerte , quand il lui plaît , tous les projets
des hommes .
Comment êtes- vous tombée ( 2 ) difoit autrefois le
Seigneur par fes Prophétes à une Nation qui fe
vantoit de pofféder l'empire de la mer , Comment
êtes-vous tombée , vous , qui habitiez dans la mer,
qui étiezfiforte fur cet élement , dont les habitans
s'étoient rendus redoutables tout le monde ? vous
qui difiez ( 3 ): Je fuis placée au milieu de la mer, je
fuis le fiege du commerce du trafic des Peuples ?
vous (4) dont les Négocians étoient des Princes ,
dont les Marchands étoient les perfonnes les plus il-
(1 )Tu Domine exercituum Deus , 2 Reg. 7. ¥.27
(2) Quomodo perifti qua habitas in mari , urbs
inclyta qua fuifti fortis in mari cum habitatoribus
tuis quos formidabant univerfi. Ezech . 26. ¥. 17. ·
(3) Negociationi populorum ad infulas multas....
tu dixifti perfecti decoris ego fum & in corde maris
fita. Ezech. 17. V. 3 & 4.
(4 ) Cujus negotiatores principes , inftitores ejus
inclyti terra. Ifaie 23. V. 8 .
SEPTEMBRE . 1756. 247
luflres de la terre ? Les Vaiffeaux ( 1 ) maintenant
ferontfaijs d'étonnement , lorsque vous ferez pouse
même faifie de frayeur : les Ifles feront troublées
dans la mer , parce que perfonne ne fortira de chez
vous. C'est le Seigneur ( 2 ) qui a prononcé cet arrêt,
qui a refolu de vous traiter de la forte pour ren➡
verfer toute la gloire des fuperbes. C'eft ( 3 ) parce
que votre coeur s'eft élevé que vous avez dit : Je
fuis affis comme un Dieu au milieu de la mer : c'eſt
pour cela , dit le Seigneur , que je ferai marcher
contre vous les plus puiffans d'entre les peuples qui
viendront l'épée à la main confondre votre prétendue
fageffe.
Ces événemens , quoique predits par Pefprit
de Dieu long- temps auparavant , furent regardés
lorfqu'ils arriverent , comme les effets ordinaires
de l'ambition & de la politique . Mais fi Dieu ,
pour exercer notre foi , fe plaît à cacher les opérations
fous le voile des caufes naturelles , il n'en
eft pas moins la caufe premiere & principale à la
quelle toutes les autres font fubordonnées , & qui
les fait toutes fervir à l'exécution de fes deffeins.
C'eft lui qui préfide au Confeil des Rois & qui
eft l'auteur de la fageffe des projets qu'ils forment .
C'est lui qui répand dans le foldat cette valeur à
qui rien ne réſiſte , & cette conſtance que rien ne
›
(1 ) Nunc ftupebunt naves in die pavoris tui:
turbabuntur infula in mari , eo quòd nullus egrediatur
ex te. Ezech. 26. V. 18.
(2) Dominus exercituum cogitavit hoc, ut detraheret
fuperbiam omnis gloria. Ilaïe 23. V. .9 .
.... Toin
(3 ) Eo quòd elevatum eft cor tuum & dixifti...
Deus ego fum, & ... fedi in corde maris ... propterea
dicit Dominus .... ecce ego adducam fuper te
buftiffimos gentium , &nudabunt gladios fuosfuper
pulchritudinem fapientia tua . Ezech . 28. V. 2 , 6, 7.
248 MERCURE DE FRANCE.
rebute. C'est lui qui inſpire aux Généraux l'activité
, la prudence , le courage & la fermeté . Ceſt
lui qui les fait triompher des obftacles multipliés ..
que leur oppofent la nature , l'art , les contretemps
& la défenfe la plus opiniâtre . C'est à lui
par conféquent & à lui feul que doit fe rapporter
toute la gloire des ſuccès.
Tel eft M. T. C. F. l'efprit qui doit animer les
chants d'allégreffe & les Cantiques de louange
que nous allons offrir au Seigneur en reconnoiffance
de la conquête de l'Ile Minorque . Il eſt naturel
que cette reconnoiffance s'étende à ceux dont
Dieu s'est fervi pour une conquête fi glorieufe &
fi utile à la Nation . La Religion autorife ces fentimens
loin de les condamner , & nous avons dans
cette Province & prefque fous les murs de cette
Ville , un motif bien intéreffant de nous y livrer.
( 1 ) Mais n'oublious jamais que c'eft ( 2 ) le Šeigneur
qui, fans avoir égard à la puissance des armes , donne
la victoire , comme il lui plait , à ceux qui en
font dignes. Implorons donc fon ſecours avec confiance
demandons- lui qu'il continue de bénir
les entrepriſes du plus puiffant , du plus jufte & du
plus pacifique de tous les Rois. Après les preuves
de modération que fes Ennemis même ont dû
admirer en lui , prier pour la profpérité de fes Armes
, c'eft prier pour le repos & pour le bonheur
de toute l'Europe. A ces cauſes , &c.
( 1 ) Il y a un Camp auprè de Saint -Malo.
(2) Non fecundùm armorum potentiam , ſed, prout
ipfi placet , dat dignis victoriam. 1. Mach. 15. Ý. 21 .
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Résumé : MANDEMENT de Monseigneur l'Evêque de Saint-Malo, à l'occasion de la Conquête de l'Isle Minorque.
Le mandement de l'évêque de Saint-Malo célèbre la conquête de l'île de Minorque. L'évêque insiste sur le fait que les actions de grâce ne sont pas de simples cérémonies, mais des manifestations de reconnaissance envers Dieu, le Seigneur des Armées, qui dirige toutes les opérations selon ses décrets sages et justes. Il rappelle que les puissances terrestres se glorifient vainement de leurs troupes et vaisseaux, car Dieu déconcerte leurs projets à sa guise. Le mandement cite des prophéties bibliques pour illustrer la chute des nations orgueilleuses, comme celle qui se vantait de son empire maritime. L'évêque explique que les événements, bien que prédits par l'Esprit de Dieu, sont souvent attribués à l'ambition et à la politique humaines. Cependant, Dieu reste la cause première et principale, présidant aux conseils des rois et inspirant valeur et constance aux soldats. Il inspire également aux généraux les qualités nécessaires pour triompher des obstacles. Le mandement conclut en appelant à la reconnaissance envers Dieu pour la conquête de Minorque et en priant pour la prospérité des armes du roi, considéré comme le plus puissant, juste et pacifique. La prière pour la réussite des entreprises du roi est vue comme une prière pour le repos et le bonheur de toute l'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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