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1
p. 236-238
« Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...] »
Début :
Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...]
Mots clefs :
La Rochelle, Belle-Île, Bordeaux, Corsaire anglais, Rançon, Otages, Navires, Capitaine, Violences, Hollande, Vols, Pirateries
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texteReconnaissance textuelle : « Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...] »
DE LA ROCHELLE , le 17 Juillet.
LE Bâtiment l'Heureuse Marie , de Saint -Briac ,
chargé de fel & deſtiné pour Saint- Malo , fut arrêté
le de ce mois à cinq lieues au large de l'Ifie
Dieu par un Corfaire Anglois , qui le rançonna
pour la fomme de deux mille livres. Ce Bâtiment
continuant la route fur la foi de cette rançon fut
rencontré quatre jours après par un autre Corfaire
Anglois , qui exigea une nouvelle rançon de
pareille fomme de deux mille livres , & qui prie
SEPTEMBRE. 1756. 237
un ôtage pour fûreté de fon paiement. Le len
demain , il est tombé encore dans les mains d'un
troifieme Corfaire de la même Nation , lequel
s'eft emparé des deux billets de
rançon , a enlevé
le Bâtiment & l'a conduit en Angleterre. Ces
traits de piraterie font conftatés par la déclaration
juridique , qui en a été faite hier au Greffe de
l'Amirauté de cette Ville par le Capitaine & par
deux hommes de l'équipage François , qui font
revenus dans un Bâtiment Suédois , où ils ont été
mis par le Corſaire Anglois qui l'a rencontré à la
mer.
DE BELLE- ISLE , le 20 Juillet.
Le 4 le Navire le Jahans , de Suede , Capitaine
Petter Jonffon , fe préfenta ici , & demanda unt
Pilote Côtier , qui lui fut donné pour le conduire
au Croific , où il alloit prendre un chargement de
fel. Mais ce Pilote lui fut enlevé le même jour
par un Corfaire Anglois , malgré toutes les repréfentations
que le Capitaine Suédois pût faire à ce
Corfaire fur les dangers auxquels il l'expofoit. Ce
Capitaine fut obligé de revenir ici pour avoir un
fecond Pilote , qui lui fut fourni fur le certificat
qu'il donna de l'enlèvement du premier. Des violences
de cette efpece peuvent avoir les fuites les
plus fâcheufes pour la navigation générale.
DE BORDEAUX , le 3 Août.
La plupart des Bâtimens Hollandois qui font
entrés depuis quelque temps dans ce Port , y ont
fait les rapports les plus étonnans des pyrateries
qu'ils ont eu à fouffrir de la part des Corfaires
Anglois qu'ils ont eu le malheur de rencontrer
dans leur navigation . Ces Corfaires leur ont
enlevé leurs uftenfiles , effets , cordages , voiles
238 MERCURE DE FRANCE.
&
bouffoles , cartes , légumes , poiffon falé , viandes
, porcelaine , vins , liqueurs , provifions ,
mêmejufqu'à leurs habits. Le Capitaine Heynde
rick Stoffe n'a pu fortir de leurs mains , qu'après
qu'ils lui ont emporté genéralement tout ce qu'il
avoit. L'Agent auquel les Capitaines Hollandois
Padreffent ici a été fi touché de leur plaintes ,
qu'il a cru devoir les faire parvenir à M. l'Eſtevenon
de Berkenroode , Ambaffadeur des Etats Généraux
des Provinces-Unies auprès du Roi , en
frant à cet Ambaſſadeur de lui en envoyer des
atteftations authentiques.
LE Bâtiment l'Heureuse Marie , de Saint -Briac ,
chargé de fel & deſtiné pour Saint- Malo , fut arrêté
le de ce mois à cinq lieues au large de l'Ifie
Dieu par un Corfaire Anglois , qui le rançonna
pour la fomme de deux mille livres. Ce Bâtiment
continuant la route fur la foi de cette rançon fut
rencontré quatre jours après par un autre Corfaire
Anglois , qui exigea une nouvelle rançon de
pareille fomme de deux mille livres , & qui prie
SEPTEMBRE. 1756. 237
un ôtage pour fûreté de fon paiement. Le len
demain , il est tombé encore dans les mains d'un
troifieme Corfaire de la même Nation , lequel
s'eft emparé des deux billets de
rançon , a enlevé
le Bâtiment & l'a conduit en Angleterre. Ces
traits de piraterie font conftatés par la déclaration
juridique , qui en a été faite hier au Greffe de
l'Amirauté de cette Ville par le Capitaine & par
deux hommes de l'équipage François , qui font
revenus dans un Bâtiment Suédois , où ils ont été
mis par le Corſaire Anglois qui l'a rencontré à la
mer.
DE BELLE- ISLE , le 20 Juillet.
Le 4 le Navire le Jahans , de Suede , Capitaine
Petter Jonffon , fe préfenta ici , & demanda unt
Pilote Côtier , qui lui fut donné pour le conduire
au Croific , où il alloit prendre un chargement de
fel. Mais ce Pilote lui fut enlevé le même jour
par un Corfaire Anglois , malgré toutes les repréfentations
que le Capitaine Suédois pût faire à ce
Corfaire fur les dangers auxquels il l'expofoit. Ce
Capitaine fut obligé de revenir ici pour avoir un
fecond Pilote , qui lui fut fourni fur le certificat
qu'il donna de l'enlèvement du premier. Des violences
de cette efpece peuvent avoir les fuites les
plus fâcheufes pour la navigation générale.
DE BORDEAUX , le 3 Août.
La plupart des Bâtimens Hollandois qui font
entrés depuis quelque temps dans ce Port , y ont
fait les rapports les plus étonnans des pyrateries
qu'ils ont eu à fouffrir de la part des Corfaires
Anglois qu'ils ont eu le malheur de rencontrer
dans leur navigation . Ces Corfaires leur ont
enlevé leurs uftenfiles , effets , cordages , voiles
238 MERCURE DE FRANCE.
&
bouffoles , cartes , légumes , poiffon falé , viandes
, porcelaine , vins , liqueurs , provifions ,
mêmejufqu'à leurs habits. Le Capitaine Heynde
rick Stoffe n'a pu fortir de leurs mains , qu'après
qu'ils lui ont emporté genéralement tout ce qu'il
avoit. L'Agent auquel les Capitaines Hollandois
Padreffent ici a été fi touché de leur plaintes ,
qu'il a cru devoir les faire parvenir à M. l'Eſtevenon
de Berkenroode , Ambaffadeur des Etats Généraux
des Provinces-Unies auprès du Roi , en
frant à cet Ambaſſadeur de lui en envoyer des
atteftations authentiques.
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Résumé : « Le Bâtiment l'Heureuse Marie, de Saint-Briac, chargé de sel & destiné pour Saint-Malo, [...] »
Entre le 17 et le 20 juillet, plusieurs incidents de piraterie impliquant des corsaires anglais ont été rapportés. Le 17 juillet, le navire français l'Heureuse Marie fut arrêté par un corsaire anglais à cinq lieues au large de l'île Dieu. Une rançon de deux mille livres fut exigée, suivie d'une seconde demande et de la prise d'un otage. Le lendemain, un troisième corsaire anglais s'empara du navire et le conduisit en Angleterre. Ces événements furent confirmés par une déclaration juridique au greffe de l'Amirauté de La Rochelle. Le 20 juillet, à Belle-Isle, un corsaire anglais enleva un pilote côtier du navire suédois Jahans malgré les protestations du capitaine. À Bordeaux, le 3 août, des navires hollandais signalèrent des actes de piraterie par des corsaires anglais, qui leur avaient pris divers biens, y compris des ustensiles, des provisions et des habits. Le capitaine Heyndrick Stoffe perdit la plupart de ses biens. Les plaintes furent transmises à l'ambassadeur des Provinces-Unies auprès du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 185-195
ALLEMAGNE.
Début :
On a fait pendant trois jours dans toutes les Eglises, des prieres [...]
Mots clefs :
Vienne, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Ordonnances, Bratislava, Seigneurs, Maison d'Esterhasi, Régiments, Prince Picolomini, Baron de Buccow, Ratisbonne, Rescrit de l'Empereur, Électeur de Saxe, Violences, Diète, Roi de Prusse, Dresde, Batailles, Officiers, Ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, Déclaration, Berlin, Sieur d'Oppren, États généraux des Provinces-Unies
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 25 Septembre.
On a fait pendant trois jours dans toutes les
Eglifes , des prieres publiques pour la profpérité
des Amesde l'Impératrice keine. Cette Princeffe
a ordonné que les Chambres de fes Finances fourniffent
sing kieutzers par jour pour chacun des
garçons , depuis l'age de huit ans jufqu'à feize ,
qui doivent être transférés de Boheme en Autriche.
Ceux depuis feize ans jufqu'à quarante- cinq ,
formeront un Corps de Milices. Ils auront fept
kreutzers de paie par jour , & on leur donnera
186 MERCURE DE FRANCE.
un uniforme. Lorfque la tranquillité ſera rendue
à l'Allemagne , on les renverra chez eux .
DE PRESBOURG , le 26 Septembre.
En attendant les réfolutions que les Etats de
Hongrie prendront pour fournir à l'Impératrice
Reine les fecours néceffaires dans la conjoncture
préfente , plufieurs Seigneurs ont fait éclater d'avance
le zele dont ils font animés. La Maiſon
d'Efterhafi a donné l'exemple , & elle a offert la
premiere de lever à fes dépens un Régiment.
Quelques autres des Maifons les plus confidérables
de ce Royaume ont fait la même offre . Elles
ont été imitées par divers Evêques & riches Bénéficiers.
Du Quartier Général du Prince Picolemini à
Spalena-Lhotka , le 29 Septembre 1756 .
Le Baron de Buccow , Lieutenant - Feld- Maréchal
, qui étoit en avant pour obferver les monvemens
du Feld- Maréchal de Schwerin , ayant
appris que ce Général s'avançoit en forces , fe
replia fur Slavietin , enfuite à Oberb'eff , & le
21 il fe pofta derriere le pont de Schmirlitz. Le
22 il détacha le Baron Lufinski , Colonel Commandant
du Régiment de Feftetitz , avec quatre
cens Dragons des Régimens de Bathiani & de
Collowrath , & cent cinquante Huffards pour inquiéter
les ennemis. A la pointe du jour , le
Baron Lufinsky découvrit quelques E'cadrons
Pruffiens. Il les fit attaquer par fes Huffards. Les
Dragons de Bathiani & de Collowrath , fans attendre
l'ordre , donnerent de leur côté avec fureur.
Les Escadrons ennemis furent culbutés . Leur
perte monte à trois cens hommes , & on leur a
NOVEMBRE . 1756. 187
fait plufieurs prifonniers . Du côté des Autrichiens,
il eft reſté cent vingt Dragons ou Huffards fur le
champ de bataille. Aujourd'hui les troupes du
-Feld - Maréchal de Schwerin ont fait un grand
fourrage. Le Régiment de Bethléem entra hier
dans notre camp.
DE RATISBONNE , le 7 Octobre.
Voici l'Extrait du Refcrit que l'Empereur a addreffé
au Roi de Pruffe. « Nous François , par la
» grace de Dieu , Empereur des Romains , &c.
» Non feulement il eft notoire à tout l'Empire ,
mais il nous a été repréſenté par S. M. le Roi
» de Pologne Electeur de Saxe , que V. M. Electeur
» de Brandebourg étoit tombée hoftilement , par
» deux endroits , fur les Etats Electoraux de Saxe
avec une armée d'environ foixante mille hom-
» mes ; qu'Elle s'étoit emparée de la plus grande
partie de ces Etats ; que dès que vos troupes y
» furent entrées , elles commencerent par exiger
> du pays une quantité de livraiſons , qui alloit
beaucoup au-delà de fes facultés ; qu'on enleva
» aux Sujets leur bétail , leurs chevaux & leurs Va-
>>lets : qu'on s'empara de Léipfick , ainfi que des
> autres Villes ; qu'on faifit & dépouilla toutes les
caifles; qu'il fut défendu , fous peine de la vie ,
» à tous les Caifliers , Confeillers de Ville ,
» Marchands & autres Sujets , de rien payer dé-
»formais à l'Electeur de Saxe , & qu'ils eurent
>>ordre de remettre à Votre Majefté toutes les rentes
, accifes , tailles , & autres impôts du pays.
» que V. M. a fait prifonniers tous les Militaires
ɔɔde l'Electorat , qui font tombés en votre puif-
» fance ; & que même , contre le droit des gens ,
won a retenu plufieurs jours , comme tel , le
ISS MERCURE DE FRANCE.
» Général Méager que l'Electeur fon Maître avoi
envoyé vers vous avec des lettres : enfin que de
»telles hoftilités ont obligé le Roi de Pologne :
Electeur de Saxe , d'abandonner ſa réfidence ce
»Drefde , & d'aller chercher avec les troupes un
»azyle , qui pût affurer fa liberté d'Etat de l'Emmpire.
De plus, la Déclaration que V. M. a fait
»publier à Berlin , ne nous a pas permis d'igno-
»rer, que fes grands préparatifs de guerre étoient
deftinés contre les Etats Royaux & Electoraнx
» de Boheme , & qu'Elle alloit envahir encore
» d'autres Provinces de l'Empire . V. M. doit
>> reconnoître d'Elle - même que des vexations
>>auffi inouis contre l'Electorat de Saxe , les vio-
»lences & les pillages de vos troupes , leurs mena-
Dces de ravager tout par le fer & par le feu , la
» marche annoncée contre d'autres Etars , font
directement oppofées aux Loix de l'Empire. Ces
»entrepriſes bleffant notre autorité Impériale & la
»dignité de l'Empire , & renverfant toute la Confwtitution
du Corps Germanique , Nous nous
voyons indifpenfablement obligés , en vertu de
»notre Office Impérial , de remplir ce qu'exigent
» de nous l'adminiſtration de l'autorité qui nous
»a été confiée ; les Libertés de l'Allemagne ; la
> fûreté commune de tous les Etats de l'Empire ;
>>la tranquillité publique ; & les fermens folem-
»nels que nous avons faits d'obferver notre Ca-
»pitulation Impériale. A ces Cauſes , & par la
»plénitude de notre Pouvoir , nous commandons
très-férieufement à Votre Majefté , de faire ceffer
>> incontinent toutes violences contraires au repos
»public , & de renoncer à toute invaſion dans l'E-
>>lectorat de Saxe & dans d'autres pays de l'Allemagne.
Nous vous enjoignons de retirer vos
troupes fans aucun délai , & de ceffer des armeNOVEMBRE
. 1756. 189
X
mens dangereux pour la fûreté générale de l'Em-
» pire ; de réparer tous les dommages commis
» de reftituer ce qui a été pris ; & de nous infor-
» mer de l'exactitude avec laquelle vous aurez exécuté
ces ordres. Donné à Vienne , le 13 Septem
» bre 17:56. ”
Le Décret envoyé à la Diete par l'Empereur ,
n'eft pas conçu dans des termes moins forts . Il finit
ainfi . « Comme il ne faut rien négliger pour
>> arrêter le cours du défordre , & que le preflant
» danger où le trouve l'Electeur de Saxe , exige
>> une très prompte affiftance , on rappelle tous les
Habitans ou Naturels de l'Empire , qui font em,
» ployés au fervice & à la préfente expédition du
» Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg. On re-
» commande auffi à tous les Cercles de l'Empire
de fecourir promptement la Paitie fouffrante
»comme il eft de leur devoir , & de ne pas per-
»mettre que dans leurs Diftricts il foit fait aucunes
levées pour l'Aggreffeur. S. M. Impériale ne
doute pas que ces Cercles ne voient d'eux mê-
» mes le péril qui menace chaque Etat en parti-
> culier & tout l'Empire en général. Certainement
»ils prévoient les maux qui réfulteroient d'un
bouleverſement total du Corps Germanique . Ils
»conçoivent qu'après la ruine des principaux
Etats , il ne refteroit aux autres que d'éprouver
»le même fort ; & que , l'occaſion le préfentant
Oppreffeur ne manqueroit pas de leur ravir
leurs Poffeffions , leurs Droits , leurs Libertés ,
& ( ce que les Membres de l'Empire ont de plus
»précieux ) , leur indépendance de leurs Co -Etats.
Ainfi S. M Impériale eft perfuadée que , fur des
>conſidérations fi importantes , ils fecoureront
de tout leur pouvoir l'Etat qui a été le premier
Denvahi, afin de prévenir le malheur de l'être eux190
MERCURE DE FRANCE.
» mêmes dans la fuite . Cependant comme d'un côré
les arrangemens concernant ce lecours exi-
» gent une nouvelle Ordonnance de l'Empire , &
» que de l'autre il est néceffaire de prendre des mefures
pour mettre déformais l'Allemagne en fû-
» reté , S. M. Imp. n'a pas voulu différer d'expo-
»fer , ainfi qu'Elle fait par la Préfente , aux Elec-
>> teurs , Princes & Etats , le danger éminent dont
>>l'Empire eft menacé , & ce qu'Elle a fair pour
mécarter l'orage. Elle leur déclare en même temps,
qu'elle défire d'eux qu'ils fe réuniffent inceffa
ment pour contribuer aux fecours qui doivent
Dêtre fournis , & qu'ils faffent part de leur délibé-
>> ration à S. M. Imp. , afin qu'on prenne de con-
» cert une réfolution ferme & Patriotique . Signé à
Vienne , le 14 Septembre 1756. »
la
Dans une nouvelle Déclaration qui paroît de
part du Roi de Pruffe , il eft dit : Que l'état de
profpérité , où la Maifon Electorale de Brandebourg
fe trouve depuis le commencement de ce
fiecle , & le zele de cette Maifon pour le maintien
des droits de l'Empire, & pour l'intérêt de la cauſe
Proteftante , ont excité contre S. M. Pruffienne
les vues de la Cour de Vienne , & ont animé cette
Cour à former des entreprifes pour l'affoiblir ;
que la Cour de Drefde n'a pu diffimuler non plus
fa façon de penfer à cet égard , & les fentimens
de haine qu'elle portoit à S. M. Pruffienne ; que
ces difpofitions des deux Cours ont produit entre
elles un concert de mefures qui tendoient à l'écrafer
, Elle & fa Maiſon Electorale , ou du moins
à la mettre dans un état de médiocrité , qui la
réduisit au rang des Electeurs les moins puiffans
de l'Empire ; qu'on s'étoit proposé de parvenir à
ce but , en commençant par la dépouiller des
acquifitions dont la divine Providence a couronné
NOVEMBRE . 1756 . 191
fon zele pour la gloire & les véritables intérêts
du Corps Germanique . Le Baron de Plotho , Miaiftre
du Roi de Pruffe à la Diete , en remettant
cette Déclaration aux autres Miniftres qui compofent
cette affemblée , a ajouté : « Que comme
on avoit mis le Roi fon Maître dans la néceffité
de ne plus ufer de ménagemens fur les découvertes
qu'il a faites au fujet des intentions des
> Cours de Vienne & de Drefde , S. M. Pruf-
>fienne ne tarderoit pas à mettre au jour les
preuves qu'Elle avoit en main du projet médité
par ces deux Cours pour la fubverfion de la
Maifon Electorale de Brandebourg , & pour
lui faire fubir le joug qui menaçoit en même
temps le reste de l'Empire. »
DE DRESDE , le 4 Octobre.
On reçut avant-hier la nouvelle de la bataille
qui s'eft donnée le premier de ce mois dans la
plaine de Welmina , entre l'armée Autrichienne
commandée par le Feld - Maréchal de Browne , &
celle à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe.
Les troupes de part & d'autre ont combattu avec
une valeur extraordinaire , & l'action a été des
plus fanglantes. Diverfes lettres font monter la
perte des Pruffiens au double de celle des Autri➡
chiens. Les premiers ont commandé quatre cens
charriots , & enlevé de tous côtés des chevaux
pour conduire ici leurs bleffés . Entre les Officiers
de marque qui ont été tués dans l'armée du Roi
de Pruffe , on compte les Généraux de Kleift &
de Forcade , & les ieurs de Luderitz , d'Oertz , de
Driefen & de Quadt , Majors Généraux. La nuit
qui a fuivi l'action , chacune des deux armées a
couché fur le terrein qu'elle occupoit avant le
192 MERCURE DE FRANCE.
combat. Le lendemain , les Pruffiens font revenus
àleur camp près d'Auffig. Le Roi de Prufle s'attribuant
, ainfi que les Autrichiens , l'avantage de
la bataille , fit chanter avant- hier le Te Deum
dans ce camp , au bruit d'une triple falve d'artillerie
& de moufqueterie. Ce Prince fe rendit le
même jour à Gros- Sedlitz , où eft le principal
quartier des troupes qui bloquent le camp de
Pirna. Sa Majefté Prullienne a ordonné de lever
vingt-deux mille hommes de recrues dans cet
Electorat , & tout le pays fe trouve dans un tel
épuifement , que plufieurs Payfans prennent volontairement
le parti du fervice . L'armée Saxonne
a reçu de Boheme par l'Elbe un convoi de vivres.
Le fieur de Groffe , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , communiqua le 23 du
mois dernier aux Miniftres Etrangers qui font en
cette Ville , une Déclaration datée du 4 , & portant
en ſubſtance : « Que comme S. M. Impériale
»de Ruffie dans les préparatifs qu'Elle avoit or
»donné de faire au printemps dernier , n'avoit eu
»pour but que de fe mettre en état de remplir fes
Dengagemens avec les Alliés , fuppofé que quel-
» qu'un d'eux fût attaqué , ces préparatifs de terre
& de mer avoient été fufpendus , auffi- tôt qu'on
avoit pu ſe flatter , que ce cas n'exifteroit pas de
»quelques temps , afin que tout l'Univers pût
Dêtre convaincu que S. M. Imp . Cz. étoit auffi
néloignée de mettre l'Europe en allarme fans une
»néceffité extrême , qu'Elle étoit difpofée à fe-
» courir fes Alliés , lorſqu'ils étoient menacés d'at
taque . Que loin de reconnoître les fentimens de
wcette Princeffe à cet égard , le Roi de Pruffe ,
quoiqu'il fût demeuré tranquille pendant les
»préparatifs de la Ruffie , & même quelque temps
après qu'on les eût ceffés , avoit commencé à
»faire
NOVEMBRE . 1756. 193
faire tout d'un coup de fi puiffans armemens ,
qu'ils avoient donné lieu d'appréhender que le
feu d'une guerre n'éclatât inceffamment . Que
» cependant , pour ne pas multiplier les craintes ,
» & ne pas fournir à S. M. Pr. un prétexte appa-
>> rent de troubler la tranquillité publique, la Ruffie
s'étoit abftenue de faire aucun nouveau mouve-
» ment , dans l'efperance que le Roi de Pruffe ,
imitant cet exemple , ne voudroit pas être auteur
» de la renaiffance des troubles . Mais que ce Prin-
>> ce ayant continué d'armer de toutes les forces ,
» fans le moindre relâche , & fans en alléguer
d'autre raiſon que l'idée qu'il s'étoit formée
» d'avoir une attaque à craindre , il avoit parlà
» donné fuffisamment à connoître qu'il ne cher-
>> choit qu'un prétexte pour troubler le repos de
» l'Europe. Qu'il eft conftant en effet , que lorfque
le Roi de Pruffe a preffé fes armemens avec
» le plus d'ardeur , ceux de la Ruſſie avoient ceffé
» depuis longtems , & que ceux de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme n'ont commencé,
que lorfque les mouvemens fucceffifs
>>des Pruffiens & l'augmentation de leurs forces
» ont donné lieu de craindre pour la Boheme
»& pour la Moravie , d'autant plus qu'on n'igno-
»roit pas le mécontentement que le Roi de Pruffe
» avoit conçu de la conclufion du Traité de Ver
failles , quoique ce Prince , en concluant celui
qu'il a fait avec la Grande-Bretagne , n'eût
guere paru fe metre en peine de ce qu'on pour-
»roit en penfer à la Cour de Vienne. Qu'il eft
» donc évident , comme il le paroît à S. M. Imp.
» Cz. , que le Roi de Pruffe doit être confidéré
>>comme le premier auteur des troubles qui vone
»éclorre , quoiqu'il ait affecté de publier qu'il
n'avoit pris toutes ces mesures que pour fe
IS
194 MERCURE DE FRANCE.
»défendre contre fes ennemis , lefquels n'ont
»exifté que dans la fuppofition qu'il en a faite .
Que c'eft néanmoins fur cette fuppofition qu'il
» s'eft cru en droit de faire demander à l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme une
explication , de même que fur les préparatifs
»de cette Princeffe , en ajoutant à cette demande
que fi la réponſe n'étoit pas à fon gré , il protef-
»toit devant Dieu qu'il ne feroit pas refponfable
des fuites qui en réfulteroient. Qu'attendu tou
»tes ces circonftances , l'Impératrice de Ruffie ne
peut cacher plus long - temps les véritables fentimens
dont Elle eft remplie à cet égard , ni
s'empêcher de déclarer , que comme Elle ne
»peut regarder d'un oeil indifférent toute invafion
» qui feroit faite dans les Etats de fes Alliés , par-
»ticuliérement dans les Etats de l'Impératrice
»Reine de Hongrie , & dans les Etats Electoraux
» de Saxe , Elle fournira un prompt & puiſſant
fecours à la Puiffance injuftement attaquée , &
qu'Elle ne fe croira nullement reſponſable des
»fuites que la conduite préfente & menaçante du
Roi de Pruffe entraînera après elle. »>
D
DE BERLIN , le 6 Octobre.
Le 3 de ce mois au matin , le fieur d'Oppen ,
Aide de Camp du Roi , arriva de Boheme , précédé
de quatorze Poftillons fonnant du Cor . Cet Officier
a remis aux deux Reines des lettres , par
lefquelles Sa Majefté informe ces Princeffes des
principaux détails de la bataille du premier de
ce mois. Le Prince François de Brunfwic vient
d'être fait Major Général .
Cette Cour a fait affurer les Puiffances , dont
les Sujets ont des fonds dans la Steur , qu'ils
NOVEMBRE. 1756. 195
recevront le paiement de leurs arrérages aux
termes de l'échéance , fans qu'il foit rien changé
aux arrangemens pris à cet égard . Sa Majefté
a fait donner en particulier les plus fortes affurances
fur cet article aux Etats Generaux des Provinces-
Unies.
DE VIENNE , le 25 Septembre.
On a fait pendant trois jours dans toutes les
Eglifes , des prieres publiques pour la profpérité
des Amesde l'Impératrice keine. Cette Princeffe
a ordonné que les Chambres de fes Finances fourniffent
sing kieutzers par jour pour chacun des
garçons , depuis l'age de huit ans jufqu'à feize ,
qui doivent être transférés de Boheme en Autriche.
Ceux depuis feize ans jufqu'à quarante- cinq ,
formeront un Corps de Milices. Ils auront fept
kreutzers de paie par jour , & on leur donnera
186 MERCURE DE FRANCE.
un uniforme. Lorfque la tranquillité ſera rendue
à l'Allemagne , on les renverra chez eux .
DE PRESBOURG , le 26 Septembre.
En attendant les réfolutions que les Etats de
Hongrie prendront pour fournir à l'Impératrice
Reine les fecours néceffaires dans la conjoncture
préfente , plufieurs Seigneurs ont fait éclater d'avance
le zele dont ils font animés. La Maiſon
d'Efterhafi a donné l'exemple , & elle a offert la
premiere de lever à fes dépens un Régiment.
Quelques autres des Maifons les plus confidérables
de ce Royaume ont fait la même offre . Elles
ont été imitées par divers Evêques & riches Bénéficiers.
Du Quartier Général du Prince Picolemini à
Spalena-Lhotka , le 29 Septembre 1756 .
Le Baron de Buccow , Lieutenant - Feld- Maréchal
, qui étoit en avant pour obferver les monvemens
du Feld- Maréchal de Schwerin , ayant
appris que ce Général s'avançoit en forces , fe
replia fur Slavietin , enfuite à Oberb'eff , & le
21 il fe pofta derriere le pont de Schmirlitz. Le
22 il détacha le Baron Lufinski , Colonel Commandant
du Régiment de Feftetitz , avec quatre
cens Dragons des Régimens de Bathiani & de
Collowrath , & cent cinquante Huffards pour inquiéter
les ennemis. A la pointe du jour , le
Baron Lufinsky découvrit quelques E'cadrons
Pruffiens. Il les fit attaquer par fes Huffards. Les
Dragons de Bathiani & de Collowrath , fans attendre
l'ordre , donnerent de leur côté avec fureur.
Les Escadrons ennemis furent culbutés . Leur
perte monte à trois cens hommes , & on leur a
NOVEMBRE . 1756. 187
fait plufieurs prifonniers . Du côté des Autrichiens,
il eft reſté cent vingt Dragons ou Huffards fur le
champ de bataille. Aujourd'hui les troupes du
-Feld - Maréchal de Schwerin ont fait un grand
fourrage. Le Régiment de Bethléem entra hier
dans notre camp.
DE RATISBONNE , le 7 Octobre.
Voici l'Extrait du Refcrit que l'Empereur a addreffé
au Roi de Pruffe. « Nous François , par la
» grace de Dieu , Empereur des Romains , &c.
» Non feulement il eft notoire à tout l'Empire ,
mais il nous a été repréſenté par S. M. le Roi
» de Pologne Electeur de Saxe , que V. M. Electeur
» de Brandebourg étoit tombée hoftilement , par
» deux endroits , fur les Etats Electoraux de Saxe
avec une armée d'environ foixante mille hom-
» mes ; qu'Elle s'étoit emparée de la plus grande
partie de ces Etats ; que dès que vos troupes y
» furent entrées , elles commencerent par exiger
> du pays une quantité de livraiſons , qui alloit
beaucoup au-delà de fes facultés ; qu'on enleva
» aux Sujets leur bétail , leurs chevaux & leurs Va-
>>lets : qu'on s'empara de Léipfick , ainfi que des
> autres Villes ; qu'on faifit & dépouilla toutes les
caifles; qu'il fut défendu , fous peine de la vie ,
» à tous les Caifliers , Confeillers de Ville ,
» Marchands & autres Sujets , de rien payer dé-
»formais à l'Electeur de Saxe , & qu'ils eurent
>>ordre de remettre à Votre Majefté toutes les rentes
, accifes , tailles , & autres impôts du pays.
» que V. M. a fait prifonniers tous les Militaires
ɔɔde l'Electorat , qui font tombés en votre puif-
» fance ; & que même , contre le droit des gens ,
won a retenu plufieurs jours , comme tel , le
ISS MERCURE DE FRANCE.
» Général Méager que l'Electeur fon Maître avoi
envoyé vers vous avec des lettres : enfin que de
»telles hoftilités ont obligé le Roi de Pologne :
Electeur de Saxe , d'abandonner ſa réfidence ce
»Drefde , & d'aller chercher avec les troupes un
»azyle , qui pût affurer fa liberté d'Etat de l'Emmpire.
De plus, la Déclaration que V. M. a fait
»publier à Berlin , ne nous a pas permis d'igno-
»rer, que fes grands préparatifs de guerre étoient
deftinés contre les Etats Royaux & Electoraнx
» de Boheme , & qu'Elle alloit envahir encore
» d'autres Provinces de l'Empire . V. M. doit
>> reconnoître d'Elle - même que des vexations
>>auffi inouis contre l'Electorat de Saxe , les vio-
»lences & les pillages de vos troupes , leurs mena-
Dces de ravager tout par le fer & par le feu , la
» marche annoncée contre d'autres Etars , font
directement oppofées aux Loix de l'Empire. Ces
»entrepriſes bleffant notre autorité Impériale & la
»dignité de l'Empire , & renverfant toute la Confwtitution
du Corps Germanique , Nous nous
voyons indifpenfablement obligés , en vertu de
»notre Office Impérial , de remplir ce qu'exigent
» de nous l'adminiſtration de l'autorité qui nous
»a été confiée ; les Libertés de l'Allemagne ; la
> fûreté commune de tous les Etats de l'Empire ;
>>la tranquillité publique ; & les fermens folem-
»nels que nous avons faits d'obferver notre Ca-
»pitulation Impériale. A ces Cauſes , & par la
»plénitude de notre Pouvoir , nous commandons
très-férieufement à Votre Majefté , de faire ceffer
>> incontinent toutes violences contraires au repos
»public , & de renoncer à toute invaſion dans l'E-
>>lectorat de Saxe & dans d'autres pays de l'Allemagne.
Nous vous enjoignons de retirer vos
troupes fans aucun délai , & de ceffer des armeNOVEMBRE
. 1756. 189
X
mens dangereux pour la fûreté générale de l'Em-
» pire ; de réparer tous les dommages commis
» de reftituer ce qui a été pris ; & de nous infor-
» mer de l'exactitude avec laquelle vous aurez exécuté
ces ordres. Donné à Vienne , le 13 Septem
» bre 17:56. ”
Le Décret envoyé à la Diete par l'Empereur ,
n'eft pas conçu dans des termes moins forts . Il finit
ainfi . « Comme il ne faut rien négliger pour
>> arrêter le cours du défordre , & que le preflant
» danger où le trouve l'Electeur de Saxe , exige
>> une très prompte affiftance , on rappelle tous les
Habitans ou Naturels de l'Empire , qui font em,
» ployés au fervice & à la préfente expédition du
» Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg. On re-
» commande auffi à tous les Cercles de l'Empire
de fecourir promptement la Paitie fouffrante
»comme il eft de leur devoir , & de ne pas per-
»mettre que dans leurs Diftricts il foit fait aucunes
levées pour l'Aggreffeur. S. M. Impériale ne
doute pas que ces Cercles ne voient d'eux mê-
» mes le péril qui menace chaque Etat en parti-
> culier & tout l'Empire en général. Certainement
»ils prévoient les maux qui réfulteroient d'un
bouleverſement total du Corps Germanique . Ils
»conçoivent qu'après la ruine des principaux
Etats , il ne refteroit aux autres que d'éprouver
»le même fort ; & que , l'occaſion le préfentant
Oppreffeur ne manqueroit pas de leur ravir
leurs Poffeffions , leurs Droits , leurs Libertés ,
& ( ce que les Membres de l'Empire ont de plus
»précieux ) , leur indépendance de leurs Co -Etats.
Ainfi S. M Impériale eft perfuadée que , fur des
>conſidérations fi importantes , ils fecoureront
de tout leur pouvoir l'Etat qui a été le premier
Denvahi, afin de prévenir le malheur de l'être eux190
MERCURE DE FRANCE.
» mêmes dans la fuite . Cependant comme d'un côré
les arrangemens concernant ce lecours exi-
» gent une nouvelle Ordonnance de l'Empire , &
» que de l'autre il est néceffaire de prendre des mefures
pour mettre déformais l'Allemagne en fû-
» reté , S. M. Imp. n'a pas voulu différer d'expo-
»fer , ainfi qu'Elle fait par la Préfente , aux Elec-
>> teurs , Princes & Etats , le danger éminent dont
>>l'Empire eft menacé , & ce qu'Elle a fair pour
mécarter l'orage. Elle leur déclare en même temps,
qu'elle défire d'eux qu'ils fe réuniffent inceffa
ment pour contribuer aux fecours qui doivent
Dêtre fournis , & qu'ils faffent part de leur délibé-
>> ration à S. M. Imp. , afin qu'on prenne de con-
» cert une réfolution ferme & Patriotique . Signé à
Vienne , le 14 Septembre 1756. »
la
Dans une nouvelle Déclaration qui paroît de
part du Roi de Pruffe , il eft dit : Que l'état de
profpérité , où la Maifon Electorale de Brandebourg
fe trouve depuis le commencement de ce
fiecle , & le zele de cette Maifon pour le maintien
des droits de l'Empire, & pour l'intérêt de la cauſe
Proteftante , ont excité contre S. M. Pruffienne
les vues de la Cour de Vienne , & ont animé cette
Cour à former des entreprifes pour l'affoiblir ;
que la Cour de Drefde n'a pu diffimuler non plus
fa façon de penfer à cet égard , & les fentimens
de haine qu'elle portoit à S. M. Pruffienne ; que
ces difpofitions des deux Cours ont produit entre
elles un concert de mefures qui tendoient à l'écrafer
, Elle & fa Maiſon Electorale , ou du moins
à la mettre dans un état de médiocrité , qui la
réduisit au rang des Electeurs les moins puiffans
de l'Empire ; qu'on s'étoit proposé de parvenir à
ce but , en commençant par la dépouiller des
acquifitions dont la divine Providence a couronné
NOVEMBRE . 1756 . 191
fon zele pour la gloire & les véritables intérêts
du Corps Germanique . Le Baron de Plotho , Miaiftre
du Roi de Pruffe à la Diete , en remettant
cette Déclaration aux autres Miniftres qui compofent
cette affemblée , a ajouté : « Que comme
on avoit mis le Roi fon Maître dans la néceffité
de ne plus ufer de ménagemens fur les découvertes
qu'il a faites au fujet des intentions des
> Cours de Vienne & de Drefde , S. M. Pruf-
>fienne ne tarderoit pas à mettre au jour les
preuves qu'Elle avoit en main du projet médité
par ces deux Cours pour la fubverfion de la
Maifon Electorale de Brandebourg , & pour
lui faire fubir le joug qui menaçoit en même
temps le reste de l'Empire. »
DE DRESDE , le 4 Octobre.
On reçut avant-hier la nouvelle de la bataille
qui s'eft donnée le premier de ce mois dans la
plaine de Welmina , entre l'armée Autrichienne
commandée par le Feld - Maréchal de Browne , &
celle à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe.
Les troupes de part & d'autre ont combattu avec
une valeur extraordinaire , & l'action a été des
plus fanglantes. Diverfes lettres font monter la
perte des Pruffiens au double de celle des Autri➡
chiens. Les premiers ont commandé quatre cens
charriots , & enlevé de tous côtés des chevaux
pour conduire ici leurs bleffés . Entre les Officiers
de marque qui ont été tués dans l'armée du Roi
de Pruffe , on compte les Généraux de Kleift &
de Forcade , & les ieurs de Luderitz , d'Oertz , de
Driefen & de Quadt , Majors Généraux. La nuit
qui a fuivi l'action , chacune des deux armées a
couché fur le terrein qu'elle occupoit avant le
192 MERCURE DE FRANCE.
combat. Le lendemain , les Pruffiens font revenus
àleur camp près d'Auffig. Le Roi de Prufle s'attribuant
, ainfi que les Autrichiens , l'avantage de
la bataille , fit chanter avant- hier le Te Deum
dans ce camp , au bruit d'une triple falve d'artillerie
& de moufqueterie. Ce Prince fe rendit le
même jour à Gros- Sedlitz , où eft le principal
quartier des troupes qui bloquent le camp de
Pirna. Sa Majefté Prullienne a ordonné de lever
vingt-deux mille hommes de recrues dans cet
Electorat , & tout le pays fe trouve dans un tel
épuifement , que plufieurs Payfans prennent volontairement
le parti du fervice . L'armée Saxonne
a reçu de Boheme par l'Elbe un convoi de vivres.
Le fieur de Groffe , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , communiqua le 23 du
mois dernier aux Miniftres Etrangers qui font en
cette Ville , une Déclaration datée du 4 , & portant
en ſubſtance : « Que comme S. M. Impériale
»de Ruffie dans les préparatifs qu'Elle avoit or
»donné de faire au printemps dernier , n'avoit eu
»pour but que de fe mettre en état de remplir fes
Dengagemens avec les Alliés , fuppofé que quel-
» qu'un d'eux fût attaqué , ces préparatifs de terre
& de mer avoient été fufpendus , auffi- tôt qu'on
avoit pu ſe flatter , que ce cas n'exifteroit pas de
»quelques temps , afin que tout l'Univers pût
Dêtre convaincu que S. M. Imp . Cz. étoit auffi
néloignée de mettre l'Europe en allarme fans une
»néceffité extrême , qu'Elle étoit difpofée à fe-
» courir fes Alliés , lorſqu'ils étoient menacés d'at
taque . Que loin de reconnoître les fentimens de
wcette Princeffe à cet égard , le Roi de Pruffe ,
quoiqu'il fût demeuré tranquille pendant les
»préparatifs de la Ruffie , & même quelque temps
après qu'on les eût ceffés , avoit commencé à
»faire
NOVEMBRE . 1756. 193
faire tout d'un coup de fi puiffans armemens ,
qu'ils avoient donné lieu d'appréhender que le
feu d'une guerre n'éclatât inceffamment . Que
» cependant , pour ne pas multiplier les craintes ,
» & ne pas fournir à S. M. Pr. un prétexte appa-
>> rent de troubler la tranquillité publique, la Ruffie
s'étoit abftenue de faire aucun nouveau mouve-
» ment , dans l'efperance que le Roi de Pruffe ,
imitant cet exemple , ne voudroit pas être auteur
» de la renaiffance des troubles . Mais que ce Prin-
>> ce ayant continué d'armer de toutes les forces ,
» fans le moindre relâche , & fans en alléguer
d'autre raiſon que l'idée qu'il s'étoit formée
» d'avoir une attaque à craindre , il avoit parlà
» donné fuffisamment à connoître qu'il ne cher-
>> choit qu'un prétexte pour troubler le repos de
» l'Europe. Qu'il eft conftant en effet , que lorfque
le Roi de Pruffe a preffé fes armemens avec
» le plus d'ardeur , ceux de la Ruſſie avoient ceffé
» depuis longtems , & que ceux de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme n'ont commencé,
que lorfque les mouvemens fucceffifs
>>des Pruffiens & l'augmentation de leurs forces
» ont donné lieu de craindre pour la Boheme
»& pour la Moravie , d'autant plus qu'on n'igno-
»roit pas le mécontentement que le Roi de Pruffe
» avoit conçu de la conclufion du Traité de Ver
failles , quoique ce Prince , en concluant celui
qu'il a fait avec la Grande-Bretagne , n'eût
guere paru fe metre en peine de ce qu'on pour-
»roit en penfer à la Cour de Vienne. Qu'il eft
» donc évident , comme il le paroît à S. M. Imp.
» Cz. , que le Roi de Pruffe doit être confidéré
>>comme le premier auteur des troubles qui vone
»éclorre , quoiqu'il ait affecté de publier qu'il
n'avoit pris toutes ces mesures que pour fe
IS
194 MERCURE DE FRANCE.
»défendre contre fes ennemis , lefquels n'ont
»exifté que dans la fuppofition qu'il en a faite .
Que c'eft néanmoins fur cette fuppofition qu'il
» s'eft cru en droit de faire demander à l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme une
explication , de même que fur les préparatifs
»de cette Princeffe , en ajoutant à cette demande
que fi la réponſe n'étoit pas à fon gré , il protef-
»toit devant Dieu qu'il ne feroit pas refponfable
des fuites qui en réfulteroient. Qu'attendu tou
»tes ces circonftances , l'Impératrice de Ruffie ne
peut cacher plus long - temps les véritables fentimens
dont Elle eft remplie à cet égard , ni
s'empêcher de déclarer , que comme Elle ne
»peut regarder d'un oeil indifférent toute invafion
» qui feroit faite dans les Etats de fes Alliés , par-
»ticuliérement dans les Etats de l'Impératrice
»Reine de Hongrie , & dans les Etats Electoraux
» de Saxe , Elle fournira un prompt & puiſſant
fecours à la Puiffance injuftement attaquée , &
qu'Elle ne fe croira nullement reſponſable des
»fuites que la conduite préfente & menaçante du
Roi de Pruffe entraînera après elle. »>
D
DE BERLIN , le 6 Octobre.
Le 3 de ce mois au matin , le fieur d'Oppen ,
Aide de Camp du Roi , arriva de Boheme , précédé
de quatorze Poftillons fonnant du Cor . Cet Officier
a remis aux deux Reines des lettres , par
lefquelles Sa Majefté informe ces Princeffes des
principaux détails de la bataille du premier de
ce mois. Le Prince François de Brunfwic vient
d'être fait Major Général .
Cette Cour a fait affurer les Puiffances , dont
les Sujets ont des fonds dans la Steur , qu'ils
NOVEMBRE. 1756. 195
recevront le paiement de leurs arrérages aux
termes de l'échéance , fans qu'il foit rien changé
aux arrangemens pris à cet égard . Sa Majefté
a fait donner en particulier les plus fortes affurances
fur cet article aux Etats Generaux des Provinces-
Unies.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne, des prières publiques ont été organisées pendant trois jours pour la prospérité de l'âme de l'Impératrice Reine. Cette dernière a ordonné aux Chambres des Finances de fournir six kreutzers par jour pour chaque garçon âgé de huit à seize ans, transférés de Bohême en Autriche. Les jeunes âgés de seize à quarante-cinq ans formeront un corps de milices, recevront sept kreutzers de paie par jour et un uniforme, et seront renvoyés chez eux une fois la tranquillité rétablie. À Presbourg, plusieurs seigneurs ont offert de lever des régiments à leurs frais, imités par divers évêques et riches bénéficiaires. Le Baron de Buccow, Lieutenant-Feld-Maréchal, s'est replié face aux forces du Feld-Maréchal de Schwerin. Le Baron Lufinski a attaqué des escadrons prussiens, causant des pertes significatives. L'Empereur a adressé un écrit au Roi de Prusse, dénonçant les hostilités prussiennes en Saxe, les pillages et les exactions. Il a commandé au Roi de Prusse de cesser ces violences, de retirer ses troupes et de réparer les dommages. La Diète impériale a été informée du danger menaçant l'Empire et appelée à secourir l'Électorat de Saxe. Le Roi de Prusse a publié une déclaration accusant les cours de Vienne et de Dresde de conspirer contre la Maison Electorale de Brandebourg. Une bataille a eu lieu entre les armées autrichienne et prussienne, avec des pertes lourdes des deux côtés. Le Roi de Prusse a ordonné de lever des recrues en Saxe, malgré l'épuisement du pays. La Russie a suspendu ses préparatifs militaires, espérant éviter la guerre, mais le Roi de Prusse a continué d'armer. Le texte mentionne également les tensions croissantes en Europe, particulièrement entre le Roi de Prusse et l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Le Roi de Prusse est considéré comme le principal instigateur des troubles, bien qu'il ait prétendu agir en défense contre des ennemis supposés. L'Impératrice de Russie a déclaré qu'elle fournirait un soutien rapide et puissant à toute puissance injustement attaquée, notamment les États de l'Impératrice Reine de Hongrie et les États électoraux de Saxe. Le 3 octobre, le sieur d'Oppen, Aide de Camp du Roi de Prusse, a apporté des lettres aux deux Reines détaillant la bataille du 1er octobre. La Cour de Prusse a également assuré les puissances ayant des fonds dans la Steur qu'ils recevraient le paiement de leurs arrérages aux termes prévus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 201-207
« Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Début :
Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Nominations, Roi de France, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Traité de Versailles, Régiments, Chevaliers, Comtes, Lieutenants, Comte de Starhemberg, Maréchal de Browne, Bataille, Artillerie, Violences, Morts, Corsaires , Navires anglais, Capitaines, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
LE Roi de Pologne Electeur de Saxe , ayant défigné
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
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Résumé : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Le Roi de Pologne, également Électeur de Saxe, a nommé l'Évêque Duc de Laon comme cardinal, avec le consentement du Roi de France. L'Évêque a exprimé sa gratitude pour cette nomination et pour l'accès à la Chambre du Roi. Le Gouvernement de l'Île d'Oléron a été attribué à M. le Marquis de Crussol de Salles, Lieutenant-Général, suite au décès de M. de Cadeville. L'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a sollicité l'envoi de troupes françaises en raison de l'invasion de la Bohême par l'armée prussienne. Le Roi a ordonné la mobilisation de plusieurs régiments d'infanterie et de cavalerie, formant un corps de vingt-quatre mille hommes sous le commandement du Prince de Soubise. Parmi les régiments mobilisés figurent les régiments d'infanterie de Champagne, Belfunce, Lyonnois, Dauphin, Vaubecourt, Alsace, Bentheim, Jenner, la Marche, Courten, Royal Suédois, Royal Bavière, Lowendahl et Lochmann, ainsi que les régiments de cavalerie du Commissaire Général, Royal Cuirassiers, Royal Roussillon, Royal Allemand, et plusieurs brigades de carabiniers. Le Roi a également nommé plusieurs officiers pour servir avec ces troupes, dont le Chevalier de Nicolay, le Duc de Broglie, le Comte de Lorges et le Comte de Mailly comme Lieutenants-Généraux, ainsi que divers Maréchaux de camp et autres officiers supérieurs. M. le Comte de Starhemberg, Ministre Plénipotentiaire des Majestés Impériales auprès du Roi, a reçu un rapport détaillé de la bataille du 1er octobre en Bohême entre les troupes impériales et prussiennes. Cette bataille, décrite comme intense, a vu des pertes importantes des deux côtés, y compris plusieurs généraux prussiens tués. Des nouvelles de Dunkerque rapportent la capture de plusieurs navires anglais par des corsaires français, notamment le Prince de Soubise, l'Hirondelle, l'Infernal, et l'Espérance, chargés de diverses marchandises telles que du sucre, du coton et du taffia. Le Chevalier d'Aubigny, après avoir capturé le vaisseau de guerre anglais le Warwick, l'a armé à la Martinique et a rejoint d'autres navires pour former une escadre, qui a croisé dans les parages des îles du Vent avant de retourner en France. Le Roi a également procédé à diverses cérémonies et nominations, notamment la réception du Prince de Rohan-Kochefort et de M. de Château-Thierry comme Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis. Il a choisi M. le Comte d'Estrées pour une mission auprès de l'Empereur et de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Les Augustins Réformés de la Congrégation de France ont élu le Père Gervais comme leur Supérieur Général. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale ont connu des fluctuations de valeur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 203-205
De Londres, le 2 Janvier.
Début :
Les dernieres nouvelles venues de Hollande ont donné de l'inquiétude à notre [...]
Mots clefs :
Commissaires, Hollande, Traité, Comte, Lettres, Vaisseaux anglais, Violences, Cuba, Armée prussienne, Enrôlement, Amiral, Colonies américaines, Bataillons, Général Forbes, Jamaïque, Combat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Londres, le 2 Janvier.
De Londres , le i Janvier.
Les dernieres nouvelles venues de Hollan le
ont donné de l'inquiétude à notre miniftere ; &
on s'eft déterminé enfin à prendre des mesures
efficaces pour terminer les conteftations qui fe
font élévées entre les deux Nations . On affure
que les fieurs Hay & Hunter , Commiffaires de
l'Amirauté , doivent fe rendre inceſſamment à la
Haye. Ils font chargés , dit - on , de travailler
avec les Commiffaires de leurs Hautes Puiffances
à un arrangement dont le Traité de Commerce
de 1674 fera la bafe , & qui mettra déſormais
les Sujets de la République à l'abri des entrepriſes
qui font la matiére de leurs plaintes .
Le 25 du même mois , la Cour reçut un Courier
dépêché par le Comte de Briſtol , Envoyé-
Extraordinaire du Roi à la Cour de Madrid.
Tout ce qu'on fçait du contenu des Lettres que
ce Courier a apportées, c'eft que Le Miniſtere Efpagnol
a témoigné beaucoup de mécontentement
de la conduite de plufieurs vaiffeaux Anglois, qui
ont commis des hoftilités & des violences contre
les Habitans de l'Ifle de Cuba . Le Comte de Briftol
a repréſenté que le Gouvernement Anglois ,
loin d'approuver ces pirateries , étoit réfolu d'en
punir exemplairement les Auteurs , fi on pouvoir
les découvrir.
On affure qu'à la fin du mois de Février toutes
les armées Pruffiennes auront reçu les recrues
qui doivent les compléter , & qu'alors le Roi de
Pruffe aura deux cens mille hommes effectifs . Ce
Monarque a donné à plufieurs Armateurs Anglois
des commiffions , qui les autorisent à faire
des courfes contre fes ennemis. Les bâtimens feront
commandés par des Officiers Anglois , & les
équipages feront pris à Hambourg , à Bréme &
à Embden,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE
On compte recevoir bientôt des nouvelles - de
l'Eſcadre de l'Amiral Hughes ; & on defire beau--
coup d'apprendre le fuccès de l'expédition qu'il a
été chargé de tenter contre les Colonies Frangoiles
de la Martinique & de la Guadeloupe..
Notre Miniſtere ne croit pas que cette entreprife
puiffe manquer , parce que le plan a été
combiné avec bien de l'attention , & que les arrangemens
ont été pris avec beaucoup de pru
dence.
Trois bataillons des Gardes à pied , & divers
Régimens qui ont leurs quartiers en Angleterre
& en Irlande , ont reçu ordre de ſe tenir prêts à
s'embarquer pour les premiers jours du mois de
Mars. La flotte qui doit agir fur les côtes de
France , fera compofée de vingt vaiffeaux de ligne
, de plufieurs frégates , brulots , galiotes à
bombes , & d'un grand nombre de bâtimens de
transport..
Les dernieres Lettres de l'Amérique Septenarionale
nous ont appris que le Général Forbes
avoit été obligé de renoncer à la conquête du
Fort du Quefne , par une multitude d'accidens
imprévus, qui ont retardé la marche des troupes -
à fes ordres , & qui ont donné le temps aux :
Ennemis de fe mettre en défenſe .
On écrit de la Jamaïque que le 3 de Novem
bre dernier le vaiffeau de guerre Anglois le Buckingham
rencontra à la hauteur de l'Ile de
Montferrat une flotte de quinze vaiſſeaux Marchands
qui faifoient route de Saint Euſtache vers
la Martinique, & qui étoient eſcortés par le vaiffeau
de guerre François le Florissant & deux
frégates. Le Buckingham attaqua cette eſcorte, &
le combat dura deux heures fans aucun avanta➡-
de part ni d'autre. Ce vaiffeau fut obligé de
retirer après avoir eu dix hommes tues &
FEVRIER. 1759. 205
•
quarante bleffés. Pendant le combat les vailfeaux
Marchands firent force de voiles pour s'é
loigner , & ils font arrivés à leur deſtination.
Les dernieres nouvelles venues de Hollan le
ont donné de l'inquiétude à notre miniftere ; &
on s'eft déterminé enfin à prendre des mesures
efficaces pour terminer les conteftations qui fe
font élévées entre les deux Nations . On affure
que les fieurs Hay & Hunter , Commiffaires de
l'Amirauté , doivent fe rendre inceſſamment à la
Haye. Ils font chargés , dit - on , de travailler
avec les Commiffaires de leurs Hautes Puiffances
à un arrangement dont le Traité de Commerce
de 1674 fera la bafe , & qui mettra déſormais
les Sujets de la République à l'abri des entrepriſes
qui font la matiére de leurs plaintes .
Le 25 du même mois , la Cour reçut un Courier
dépêché par le Comte de Briſtol , Envoyé-
Extraordinaire du Roi à la Cour de Madrid.
Tout ce qu'on fçait du contenu des Lettres que
ce Courier a apportées, c'eft que Le Miniſtere Efpagnol
a témoigné beaucoup de mécontentement
de la conduite de plufieurs vaiffeaux Anglois, qui
ont commis des hoftilités & des violences contre
les Habitans de l'Ifle de Cuba . Le Comte de Briftol
a repréſenté que le Gouvernement Anglois ,
loin d'approuver ces pirateries , étoit réfolu d'en
punir exemplairement les Auteurs , fi on pouvoir
les découvrir.
On affure qu'à la fin du mois de Février toutes
les armées Pruffiennes auront reçu les recrues
qui doivent les compléter , & qu'alors le Roi de
Pruffe aura deux cens mille hommes effectifs . Ce
Monarque a donné à plufieurs Armateurs Anglois
des commiffions , qui les autorisent à faire
des courfes contre fes ennemis. Les bâtimens feront
commandés par des Officiers Anglois , & les
équipages feront pris à Hambourg , à Bréme &
à Embden,
I vj
204 MERCURE DE FRANCE
On compte recevoir bientôt des nouvelles - de
l'Eſcadre de l'Amiral Hughes ; & on defire beau--
coup d'apprendre le fuccès de l'expédition qu'il a
été chargé de tenter contre les Colonies Frangoiles
de la Martinique & de la Guadeloupe..
Notre Miniſtere ne croit pas que cette entreprife
puiffe manquer , parce que le plan a été
combiné avec bien de l'attention , & que les arrangemens
ont été pris avec beaucoup de pru
dence.
Trois bataillons des Gardes à pied , & divers
Régimens qui ont leurs quartiers en Angleterre
& en Irlande , ont reçu ordre de ſe tenir prêts à
s'embarquer pour les premiers jours du mois de
Mars. La flotte qui doit agir fur les côtes de
France , fera compofée de vingt vaiffeaux de ligne
, de plufieurs frégates , brulots , galiotes à
bombes , & d'un grand nombre de bâtimens de
transport..
Les dernieres Lettres de l'Amérique Septenarionale
nous ont appris que le Général Forbes
avoit été obligé de renoncer à la conquête du
Fort du Quefne , par une multitude d'accidens
imprévus, qui ont retardé la marche des troupes -
à fes ordres , & qui ont donné le temps aux :
Ennemis de fe mettre en défenſe .
On écrit de la Jamaïque que le 3 de Novem
bre dernier le vaiffeau de guerre Anglois le Buckingham
rencontra à la hauteur de l'Ile de
Montferrat une flotte de quinze vaiſſeaux Marchands
qui faifoient route de Saint Euſtache vers
la Martinique, & qui étoient eſcortés par le vaiffeau
de guerre François le Florissant & deux
frégates. Le Buckingham attaqua cette eſcorte, &
le combat dura deux heures fans aucun avanta➡-
de part ni d'autre. Ce vaiffeau fut obligé de
retirer après avoir eu dix hommes tues &
FEVRIER. 1759. 205
•
quarante bleffés. Pendant le combat les vailfeaux
Marchands firent force de voiles pour s'é
loigner , & ils font arrivés à leur deſtination.
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Résumé : De Londres, le 2 Janvier.
En janvier, le ministère britannique a pris des mesures pour résoudre les conflits avec les Pays-Bas et l'Espagne. Des commissaires ont été envoyés à La Haye pour négocier sur la base du traité de commerce de 1674. Le comte de Bristol a signalé le mécontentement espagnol concernant des hostilités en Cuba, et le gouvernement britannique a promis de punir les responsables. À la fin février, les armées prussiennes devaient atteindre deux cents mille hommes, et le roi de Prusse a autorisé des armateurs anglais à recruter des équipages pour des courses contre ses ennemis. Le ministère britannique attendait des nouvelles de l'amiral Hughes concernant les colonies françaises de Martinique et Guadeloupe. Trois bataillons des Gardes à pied et divers régiments étaient prêts à s'embarquer début mars, avec une flotte composée de vingt vaisseaux de ligne et autres bâtiments pour agir sur les côtes françaises. En Amérique septentrionale, le général Forbes a renoncé à la conquête du Fort Duquesne. À la Jamaïque, le Buckingham a combattu une flotte française sans avantage pour aucune des parties.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 205-207
De la Haye, le 11 Janvier.
Début :
Les Députés des Négociants d'Amsterdam ont présenté une Requête aux Etats de [...]
Mots clefs :
Députés, Négociants, Requête, Jugements, Commerce, Princesse gouvernante, Navires, Cargaison, Hollande, Mémoire, Ministre, Violences, Nations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De la Haye, le 11 Janvier.
De la Haye , le 11 Janvier.".
Les Députés des Négociants d'Amſterdam ont
préfenté une Requête auxiEtats de Hollande &
de Weftfrife, qui porte en fubftance qu'ils ont
déja pris la liberté de s'adreffer aux Etats Généraux
& à la Princeffe. Gouvernante , pour fe
plaindre des Pirateries , des confifcations & des
Jugements injuftes des Anglois ; que bien loin
que leurs plaintes ayent produit quelqu'effet , ils
voyent au contraire augmenter de jour en jour
les donmages caufés au commerce de la Ré
publique , qu'afin de prévenir fa ruine totale» ,
ils fe font adreffés pour la quatrième fois le fept
du mois dernier à la Princeffe Gouvernante
en lui représentant que le mal étoit parvenu à
fan comble , qu'il étoit d'une néceffité abſolue
C
206 MERCURE DE FRANCE.
d'y remédier , en faifant les plus fortes inftances
à la Cour de Londres , pour obtenir la reftitue
tion des Navires enlevés & de leur cargaison ,
& en accordant pour l'avenir au commerce des
Hollandois , une protection fuffifante , qu'ils ont
vû avec douleur par la réponſe de la Princeſſe ,
qu'il y avoit peu d'eſpérance de voir ces deux objets
remplis qu'il eft pourtant néceffaire qu'ils
le foient au plutôt , fi l'on ne veut pas que plufieurs
milliers d'habitans fe trouvent réduits à
la mifére ; qu'ils ont recours à leurs nobles Puiſfances
, comme aux peres de la patrie , pour les
prier de prendre à ce fujet les réfolutions que
leur fagelle jugera les plus propres à prévenir la
ruine du commerce & de la navigation.
.Du II.
Les Etats de Hollande & de Weſtfriſe ſe raffemblerent
hier pour reprendre le cours de leurs délibérations.
Le Mémoire qui fut préfenté aux Etats
Généraux le 22 du mois dernier par le Général
York , Miniftre Plénipotentiaire de la Cour de
Londres , a été rendu public. Ce Mémoire porte
en fubftance , que le Roi d'Angleterre ne sçauroit
efpérer de terminer heureuſement la guerre dans
laquelle il s'eft engagé contre la France , fi les
Puillances neutres s'arrogent le droit de faire le
commerce des ennemis de la Grande Bretagne ;
qu'il ne peut fe perfuader que d'anciens Alliés
veuillent , pour le profit paffager de quelques
Particuliers , que l'Angleterre foit lézée dans un
point auffi ellentiel .
L'Auteur du Mémoire entre enfuite dans la
difcution des plaintes faites par les Négociants
Hollandois. Il prétend que toutes les prites faites
fur eux , ont été faites avec juftice ; que les plaintes
excitées par les excès de quelques Armateurs
Anglois , ne font peut-être que trop fondées ;
FEVRIER. 1759. 207
que Sa Majefté Britanique déplore véritablement
ces violences commifes à la honte de la Nation .
Les Députés des Négociants d'Amſterdam ont
préfenté une Requête auxiEtats de Hollande &
de Weftfrife, qui porte en fubftance qu'ils ont
déja pris la liberté de s'adreffer aux Etats Généraux
& à la Princeffe. Gouvernante , pour fe
plaindre des Pirateries , des confifcations & des
Jugements injuftes des Anglois ; que bien loin
que leurs plaintes ayent produit quelqu'effet , ils
voyent au contraire augmenter de jour en jour
les donmages caufés au commerce de la Ré
publique , qu'afin de prévenir fa ruine totale» ,
ils fe font adreffés pour la quatrième fois le fept
du mois dernier à la Princeffe Gouvernante
en lui représentant que le mal étoit parvenu à
fan comble , qu'il étoit d'une néceffité abſolue
C
206 MERCURE DE FRANCE.
d'y remédier , en faifant les plus fortes inftances
à la Cour de Londres , pour obtenir la reftitue
tion des Navires enlevés & de leur cargaison ,
& en accordant pour l'avenir au commerce des
Hollandois , une protection fuffifante , qu'ils ont
vû avec douleur par la réponſe de la Princeſſe ,
qu'il y avoit peu d'eſpérance de voir ces deux objets
remplis qu'il eft pourtant néceffaire qu'ils
le foient au plutôt , fi l'on ne veut pas que plufieurs
milliers d'habitans fe trouvent réduits à
la mifére ; qu'ils ont recours à leurs nobles Puiſfances
, comme aux peres de la patrie , pour les
prier de prendre à ce fujet les réfolutions que
leur fagelle jugera les plus propres à prévenir la
ruine du commerce & de la navigation.
.Du II.
Les Etats de Hollande & de Weſtfriſe ſe raffemblerent
hier pour reprendre le cours de leurs délibérations.
Le Mémoire qui fut préfenté aux Etats
Généraux le 22 du mois dernier par le Général
York , Miniftre Plénipotentiaire de la Cour de
Londres , a été rendu public. Ce Mémoire porte
en fubftance , que le Roi d'Angleterre ne sçauroit
efpérer de terminer heureuſement la guerre dans
laquelle il s'eft engagé contre la France , fi les
Puillances neutres s'arrogent le droit de faire le
commerce des ennemis de la Grande Bretagne ;
qu'il ne peut fe perfuader que d'anciens Alliés
veuillent , pour le profit paffager de quelques
Particuliers , que l'Angleterre foit lézée dans un
point auffi ellentiel .
L'Auteur du Mémoire entre enfuite dans la
difcution des plaintes faites par les Négociants
Hollandois. Il prétend que toutes les prites faites
fur eux , ont été faites avec juftice ; que les plaintes
excitées par les excès de quelques Armateurs
Anglois , ne font peut-être que trop fondées ;
FEVRIER. 1759. 207
que Sa Majefté Britanique déplore véritablement
ces violences commifes à la honte de la Nation .
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Résumé : De la Haye, le 11 Janvier.
Le 11 janvier, les députés des négociants d'Amsterdam ont soumis une requête aux États de Hollande et de Westfrise, dénonçant les pirateries, confiscations et jugements injustes des Anglais, qui nuisent au commerce de la République. Malgré plusieurs plaintes auprès des États Généraux et de la Princesse Gouvernante, aucune solution n'a été trouvée. Les négociants demandent une intervention urgente auprès de la Cour de Londres pour récupérer les navires et cargaisons confisqués, et assurer une protection future au commerce hollandais. La réponse de la Princesse est peu encourageante, mais les négociants insistent sur la nécessité de ces mesures pour éviter la misère de milliers de personnes et prévenir la ruine du commerce et de la navigation. Parallèlement, les États de Hollande et de Westfrise ont repris leurs délibérations et rendu public un mémoire du Général York, ministre plénipotentiaire de la Cour de Londres. Ce mémoire affirme que le Roi d'Angleterre ne peut terminer la guerre contre la France si les puissances neutres continuent de commercer avec les ennemis de la Grande-Bretagne, tout en reconnaissant les excès de certains armateurs anglais.
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6
p. 209-211
De Londres le 18 Avril.
Début :
L'escadre de l'Amiral Cornish, composée de quatre vaisseaux de guerre & de sept [...]
Mots clefs :
Escadre, Amiral, Vaisseaux, Guadeloupe, Port, Équipages, Recrutement, Violences, Députés, Ministres, Corsaires , Armements, Envoyé extraordinaire, Invasion, Général, Parlement, Emprunt
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texteReconnaissance textuelle : De Londres le 18 Avril.
DE LONDRES le 18 Avril.
L'efcadre de l'Amiral Cornish , compofée de
quatre vaiffeaux de guerre & de fept vaiffeaux de
la Compagnie des Indes , partit le 14 du port de
Sainte-Helene. Nous ignorons abfolument le
fuccès de l'entrepriſe fur la Guadeloupe.
L'Amiral Bofcawen eft parti de Portsmouth
avec fix vaiffeaux de guerre pour le rendre à Plymouth
, où fon efcadre doit fe renforcer de quelques
autres bâtimens. Enfuite il mettra à la voile
& ira établir fa croifiere à la hauteur de Breft ,
pour obferver les mouvemens de la flote nombreufe
que les François arment dans ce port , &
qu'on affure devoir inceffamment mettre en
mer.
Du 20,
La néceffité de completter promptement les équi
pages de nos efcadres , continue de rencontrer de
grandes difficultés , & donne lieu à des violences
anouies. Comme on ne trouve plus perfonne à
enlever fur terre , on a pris le parti de fe jetter fur
tous les navires qui arrivent , pour en prendre de
force les matelots. Cette conduite a déja occafioné
du tumulte en divers endroits...
210 MERCURE DE FRANCE.
Du 4 Mai.
Lés Députés extraordinaires des Etats Généraux
ont de fréquentes conférences avec nos Miniftres.
Ils preffent vivement la reftitution des prifes. Elle
a été promife ; mais elle ne s'effectue point. Il s'eft
formé ici un parti confidérable pour foutenir les
intérêts des Corfaires Anglois , contre les plaintes
& les follicitations des propriétaires des navires,
enlevés à la Hollande.
La fâcheufe nouvelle de la bataille de Berghen ,
nous fut apportée le 24. Elle a répandu ici une
vraie confternation .
On continue à Portsmouth l'armement de la
flotte qui doit agir fur les côtes de France , & dont
l'Amiral Anfon prendra le commandement. C'eſt
fur le Royal-Georges que cet Amiral doit arborer,
fon pavilion . Ce vaiffeau de cent canons n'eft pas
encore tout-à-fait équipé , non - plus que quelques
autres qui feront partie de cette flotte . On efpere
cependant qu'elle fera en état de mettre à la voile
le 20 de ce mois.
Le Baron de Kniphaufen , Envoyé extraordinaire
du Roi de Pruffe , propofa dernierement
aux Miniftres du Roi de faire paffer en Allemagne
douze bataillons de nos troupes pour renforcer
l'armée des Alliés. Mais cette propofition fut rejettée
d'une maniere affez vive , par la raison que
l'Angleterre a befoin de toutes les forces pour les
oppofer aux projets d'invaſion dont elle eft me-
!
nacée.
On mande d'Edimbourg , qu'on y a reçu avis
que le Général Hopfon , après avoir détruit les
fortifications de Baffeterre dans l'Ifle de la Guadeloupe
, avoit fait rembarquer les troupes , & qu'il
fe difpofoit à les ramener en Angleterre.
On affure que le Parlement fera obligé de re
voquer la foufcription qui a été ouverte pour un
JUIN 1759 :
21 f
emprunt de fix millions fix cent mille livres fterlings.
On fe propofe de lui fubftituer un emprunt
રે quatre pour cent d'intérêt.
L'efcadre de l'Amiral Cornish , compofée de
quatre vaiffeaux de guerre & de fept vaiffeaux de
la Compagnie des Indes , partit le 14 du port de
Sainte-Helene. Nous ignorons abfolument le
fuccès de l'entrepriſe fur la Guadeloupe.
L'Amiral Bofcawen eft parti de Portsmouth
avec fix vaiffeaux de guerre pour le rendre à Plymouth
, où fon efcadre doit fe renforcer de quelques
autres bâtimens. Enfuite il mettra à la voile
& ira établir fa croifiere à la hauteur de Breft ,
pour obferver les mouvemens de la flote nombreufe
que les François arment dans ce port , &
qu'on affure devoir inceffamment mettre en
mer.
Du 20,
La néceffité de completter promptement les équi
pages de nos efcadres , continue de rencontrer de
grandes difficultés , & donne lieu à des violences
anouies. Comme on ne trouve plus perfonne à
enlever fur terre , on a pris le parti de fe jetter fur
tous les navires qui arrivent , pour en prendre de
force les matelots. Cette conduite a déja occafioné
du tumulte en divers endroits...
210 MERCURE DE FRANCE.
Du 4 Mai.
Lés Députés extraordinaires des Etats Généraux
ont de fréquentes conférences avec nos Miniftres.
Ils preffent vivement la reftitution des prifes. Elle
a été promife ; mais elle ne s'effectue point. Il s'eft
formé ici un parti confidérable pour foutenir les
intérêts des Corfaires Anglois , contre les plaintes
& les follicitations des propriétaires des navires,
enlevés à la Hollande.
La fâcheufe nouvelle de la bataille de Berghen ,
nous fut apportée le 24. Elle a répandu ici une
vraie confternation .
On continue à Portsmouth l'armement de la
flotte qui doit agir fur les côtes de France , & dont
l'Amiral Anfon prendra le commandement. C'eſt
fur le Royal-Georges que cet Amiral doit arborer,
fon pavilion . Ce vaiffeau de cent canons n'eft pas
encore tout-à-fait équipé , non - plus que quelques
autres qui feront partie de cette flotte . On efpere
cependant qu'elle fera en état de mettre à la voile
le 20 de ce mois.
Le Baron de Kniphaufen , Envoyé extraordinaire
du Roi de Pruffe , propofa dernierement
aux Miniftres du Roi de faire paffer en Allemagne
douze bataillons de nos troupes pour renforcer
l'armée des Alliés. Mais cette propofition fut rejettée
d'une maniere affez vive , par la raison que
l'Angleterre a befoin de toutes les forces pour les
oppofer aux projets d'invaſion dont elle eft me-
!
nacée.
On mande d'Edimbourg , qu'on y a reçu avis
que le Général Hopfon , après avoir détruit les
fortifications de Baffeterre dans l'Ifle de la Guadeloupe
, avoit fait rembarquer les troupes , & qu'il
fe difpofoit à les ramener en Angleterre.
On affure que le Parlement fera obligé de re
voquer la foufcription qui a été ouverte pour un
JUIN 1759 :
21 f
emprunt de fix millions fix cent mille livres fterlings.
On fe propofe de lui fubftituer un emprunt
રે quatre pour cent d'intérêt.
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Résumé : De Londres le 18 Avril.
Le 18 avril, l'escadre de l'Amiral Cornish a quitté Sainte-Hélène pour la Guadeloupe, tandis que l'Amiral Boscawen s'est dirigé vers Plymouth pour renforcer son escadre et surveiller la flotte française au large de Brest. Le 20 avril, des difficultés ont surgi pour compléter les équipages, entraînant des violences et des enlèvements forcés de matelots. Le 4 mai, les députés des États Généraux ont pressé la restitution des prises promises mais non effectuées, et la nouvelle de la bataille de Berghen a causé une consternation générale. À Portsmouth, l'armement de la flotte pour agir sur les côtes de France continue, sous le commandement de l'Amiral Anson à bord du Royal-Georges, avec une date de départ prévue le 20 mai. Le Baron de Kniphausen a proposé de transférer des troupes anglaises en Allemagne, mais cette proposition a été rejetée en raison des besoins de défense nationale. Le Général Hopkins a détruit les fortifications de Basse-Terre en Guadeloupe et se prépare à ramener ses troupes en Angleterre. Enfin, le Parlement envisage de révoquer un emprunt de six millions six cent mille livres sterling pour un emprunt à quatre pour cent d'intérêt.
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7
p. 211-212
DE FRANCFORT, le 23 Mai.
Début :
On mande de Wuitzbourg que le Général Kols, à qui le Prince de [...]
Mots clefs :
Général, Commandement, Prussiens, Incendie, Provisions, Troupes françaises, Franconie, Violences
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texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 23 Mai.
DE FRANCFORT , le 23 Mai.
On mande de Wuitzbourg que le Général
Kols , à qui le Prince de Deux - Ponts avoit confié
le Commandement de Bamberg avec huit
cens hommes , pour garder le magafin , s'eft
trouvé hors d'état de fe maintenir dans cette
Place contre les forces fupérieures des Pruffiens.
Il a brûlé & Hétruit toutes les provifions qui n'ont
pu être transportées. Il a enfuite abandonné la
Ville pour fe replier fur le gros de l'armée.
Du 29.
L'approche des Troupes Françoifes a contraint
les Hanovriens d'abandonner la Franconie , & de
fe replier avec précipitation dans le Pays de Heffe.
Les Prufliens , qui avoient pénétré jufqu'àitzingen
& a Baierdorff , fe font retirés promptement
vers Clofter- Ebrach. Ils ont abandonné Bamberg
le 24 , dirigeant leur retraite fur Bareith. Le
Général Haddic a été détaché à leur pourſuite. Il
a chargé déjà pluſieurs fois leur arrière-garde ,
212 MERCURE DE FRANCE
il continue de la harceler , & lui fait chaque jou
des Prifonniers.
Les Pruffiens ont exercé dans le Pays de Ban
berg leurs violences accoutumées. Ils ont exig
fept cens mille écus de contribution . Comme
n'y ont féjourné que fort peu de temps ils n'o
pu faire acquitter qu'une légere partie de cet
fomme ; & en partant ils ont emmené le Barc
de Weinheim & le Chancelier de Karg pour
affurer l'entier payement.
On mande de Wuitzbourg que le Général
Kols , à qui le Prince de Deux - Ponts avoit confié
le Commandement de Bamberg avec huit
cens hommes , pour garder le magafin , s'eft
trouvé hors d'état de fe maintenir dans cette
Place contre les forces fupérieures des Pruffiens.
Il a brûlé & Hétruit toutes les provifions qui n'ont
pu être transportées. Il a enfuite abandonné la
Ville pour fe replier fur le gros de l'armée.
Du 29.
L'approche des Troupes Françoifes a contraint
les Hanovriens d'abandonner la Franconie , & de
fe replier avec précipitation dans le Pays de Heffe.
Les Prufliens , qui avoient pénétré jufqu'àitzingen
& a Baierdorff , fe font retirés promptement
vers Clofter- Ebrach. Ils ont abandonné Bamberg
le 24 , dirigeant leur retraite fur Bareith. Le
Général Haddic a été détaché à leur pourſuite. Il
a chargé déjà pluſieurs fois leur arrière-garde ,
212 MERCURE DE FRANCE
il continue de la harceler , & lui fait chaque jou
des Prifonniers.
Les Pruffiens ont exercé dans le Pays de Ban
berg leurs violences accoutumées. Ils ont exig
fept cens mille écus de contribution . Comme
n'y ont féjourné que fort peu de temps ils n'o
pu faire acquitter qu'une légere partie de cet
fomme ; & en partant ils ont emmené le Barc
de Weinheim & le Chancelier de Karg pour
affurer l'entier payement.
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Résumé : DE FRANCFORT, le 23 Mai.
Le 23 mai, à Francfort, des nouvelles de Wurtzbourg indiquent que le général Kols, chargé par le Prince de Deux-Ponts de défendre Bamberg avec huit cents hommes, a dû se replier face aux forces prussiennes supérieures. Il a détruit les provisions non transportables et s'est retiré avec le reste de l'armée. Le 29 mai, l'approche des troupes françaises a contraint les Hanovriens à quitter la Franconie et à se replier vers le pays de Hesse. Les Prussiens, qui avaient avancé jusqu'à Izzingen et Baierdorf, se sont retirés vers Clofter-Ebrach et ont abandonné Bamberg le 24 mai, se dirigeant vers Bareith. Le général Haddic, à la poursuite des Prussiens, a attaqué plusieurs fois leur arrière-garde, capturant des prisonniers chaque jour. Les Prussiens ont imposé une contribution de sept cent mille écus à la région de Bamberg, mais n'ont pu en recouvrer qu'une partie avant de partir. Ils ont emmené le baron de Weinheim et le chancelier de Karg pour garantir le paiement complet.
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8
p. 205
DE HAMBOURG le 10 Juin.
Début :
On voit par un écrit que l'on vient de publier que les troupes Prussiennes qui ont [...]
Mots clefs :
Troupes prussiennes, Pillages, Argent, Artillerie, Munitions, Violences, Enrôlement, Dégâts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE HAMBOURG le 10 Juin.
DE HAMBOURG le 10 Juin.
On voit par un écrit que l'on vient de publier
que les troupes Pruffiennes qui ont hiverné dans ,
lesEtats deMecklebourg ne le fontpas conténtées ›
d'en tirer d'énormes contributions en argent &
en toute efpèce de fubfiftances ; qu'elles ont enlevé
l'artillerie & les munitions ; qu'elles fe font empa- .
rées de tous les deniers du Prince ; qu'elles ont
forcé les habitans ſans diſtinction à s'enrôler ſous
leurs drapeaux ; & que pour découvrir les fugitifs
qui cherchoient à ſe dérober à leur violence , elles
ont maltraité les femmes juſqu'à les traîner attachées
à la queue de leurs chevaux , & leur ont fait
des outrages dont on n'a jamais vu d'exemple. On
obſerve que cet excès commis par les Pruſſiens a
couté à l'Etat de Mecklenbourg quatorze millions :
de florins l'Allemagne , fans compter la dévaſta➡ :
tion de festerres & le malfacre d'un grand noms
bre de fehabitans.
On voit par un écrit que l'on vient de publier
que les troupes Pruffiennes qui ont hiverné dans ,
lesEtats deMecklebourg ne le fontpas conténtées ›
d'en tirer d'énormes contributions en argent &
en toute efpèce de fubfiftances ; qu'elles ont enlevé
l'artillerie & les munitions ; qu'elles fe font empa- .
rées de tous les deniers du Prince ; qu'elles ont
forcé les habitans ſans diſtinction à s'enrôler ſous
leurs drapeaux ; & que pour découvrir les fugitifs
qui cherchoient à ſe dérober à leur violence , elles
ont maltraité les femmes juſqu'à les traîner attachées
à la queue de leurs chevaux , & leur ont fait
des outrages dont on n'a jamais vu d'exemple. On
obſerve que cet excès commis par les Pruſſiens a
couté à l'Etat de Mecklenbourg quatorze millions :
de florins l'Allemagne , fans compter la dévaſta➡ :
tion de festerres & le malfacre d'un grand noms
bre de fehabitans.
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Résumé : DE HAMBOURG le 10 Juin.
Le 10 juin, des troupes prussiennes ont imposé des contributions financières et en nature aux États de Mecklebourg, confisqué l'artillerie et les munitions, et pillé les fonds du prince local. Elles ont forcé les habitants à s'enrôler et maltraité les femmes pour traquer les fugitifs. Ces exactions ont coûté quatorze millions de florins allemands et causé la dévastation des terres et des souffrances aux habitants.
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9
p. 211
DE HAMBOURG, le 20 Mars.
Début :
Les Suédois font des dispositions pour commencer la campagne. Ils marchent [...]
Mots clefs :
Suédois, Campagne militaire, Ville, Violences, Général
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE HAMBOURG, le 20 Mars.
DE HAMBOURG , le 20 Mars .
Les Suédois font des difpofitions pour commencer
la campagne. Ils marchent vers Swinemunde,
dans le deffein d'y prendre pofte . La Ville
d'Olnabruck n'a pas été exempte des violences
exercées contre tant d'autres , pour procurer des
recrues aux troupes Pruffiennes ou à celles des
Alliés. On écrit , de cette Ville , que vers le milieu
de ce mois , le Général Anglois qui l'occupe ,
fit battre l'allarme & affembler la garniſon . La
curioſité fit accourir dans la place une bourgeoisie
nombreufe ; elle fur tout-à- coup enveloppée par
la garnifon , qui enleva tous les hommes en état
de lervir.
Les Suédois font des difpofitions pour commencer
la campagne. Ils marchent vers Swinemunde,
dans le deffein d'y prendre pofte . La Ville
d'Olnabruck n'a pas été exempte des violences
exercées contre tant d'autres , pour procurer des
recrues aux troupes Pruffiennes ou à celles des
Alliés. On écrit , de cette Ville , que vers le milieu
de ce mois , le Général Anglois qui l'occupe ,
fit battre l'allarme & affembler la garniſon . La
curioſité fit accourir dans la place une bourgeoisie
nombreufe ; elle fur tout-à- coup enveloppée par
la garnifon , qui enleva tous les hommes en état
de lervir.
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Résumé : DE HAMBOURG, le 20 Mars.
Le 20 mars, les Suédois se préparent à attaquer Swinemünde. À Osnabrück, des violences surviennent pour recruter des soldats. Le général anglais ordonne une alerte et rassemble la garnison. La population civile est encerclée et les hommes aptes au service militaire sont enlevés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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