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1
p. 8-26
« Tout le monde rendit à ce nouveau genre de Sonnet [...] »
Début :
Tout le monde rendit à ce nouveau genre de Sonnet [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Jeux d'esprit, Marquise , Pièces, Livre, Article, Curiosité, Historiette, Nouvelle, Provinces, Sciences, Galanteries, Cours étrangères, Privilège, Gazette
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texteReconnaissance textuelle : « Tout le monde rendit à ce nouveau genre de Sonnet [...] »
Tout le monde rendic à ce
nouveau genre de Sonnet
lajufticequiluy eftoicdeue,
& l’on admira (ùr rout la
juftefle avec laquelle les
G A L A N T . 9
mots qui fervoient d’Echo
enrroient dans le fens des
Vers. Vous aviez raifon de
dire que l’invention en eftoitheureule, reprit la DachefTe en regardant la Marquife ; Mais ce que je trouve de fâcheux pour ces
Jeux d’efprit, & d’autres petitesPiecesGalantes qui paroiïfent de temps en temps,
c’eft que tour cela fe perd,
faute de trouver quelqu’un
aflez zélé pour prendre le
foin tous les ans de nous en
donner un Reciieil. Sçavez-vous, Madame, repric
c
10 LE MERCURE
la Marquife, dans quel Livre ces petites Pièces dont
vous me parlez auroient admirablement bien trouvé
leur place pour eftre con-
. fervées: C’eft dans le Mercure Galant,dont il y a quatre ou cinq ans qu’on nous
donnaCx Volumes. Je m’étonne que cet Ouvrage ait
efté abandonné, carledeffèinen eftoitagreable, & il
plaifoit tellement, qu’on
m’a dit qu’il n’a pas efté
feulement imprimé dans la ■
plus grande partie des Provinces de France, mais
G A L A N T . il
aufli dans les Pais Etrangers, où l’on fe fait une joye
1 de nos plus particulières
‘ Nouvelles: Cequejefçay,
c’eft que tant de Gens en
' demandoient tous les jours
/ la Suite, qu’il n’y a peut-
' eftre point de Livre dont le
fuccés fut plus alluré. Je
me luis étonné comme
vous, repartit la Duchellè,
de la difeontinuation de
cet Ouvrage-, & quand j’en
ay demandé la raifon,quelqu’un m’a dit que l’Autheur
avoir eu une longue Maladie, & des Affaires qui l’a-
U LE MERCURE
voient empefché d’y travailler; mais pour peuqu il
fut prefentement à luymefme, je luy confeillerois
fort de le reprendre, il eft
capable de beaucoup d’agrémens par la diverfité des
Matières, & c’eft ce qui
me fait dire qu’il n’y a point
à douter qu’il ne re'üftit, le
malheur de la plupart des
Livres n’arrivant que parce
qu’il eft impoflible dechoifir un Sujet qui foit allez du
gouft de tout le monde,
pour eftre generalemenç
approuve’; au lieu que n’y
I
■*,
(S A L A N T . 13
ayant rien qui ne pût entrer en celuy-cy, chacun y
trouvèrent au moins par
quelque Article dequoy fatisfaire la curiofité. On y
parleroit de Guerre,-d’Amour, deM ort, de Mariages, d’Abbayes, d’EveC
chez ; On aflaifonneroit
cela de quelque petite
Nouvelle Galante, s’il arrivoit quelque chofe d’extraordinaire qui pût eftre tourné en Hifioriette, & l’on
pourroit mtfme nous donner quelque leger Examen
de tous les Ouvrages dEf-
i
4
LE MERCURE
prie qui fe feraient. Mais
vous nefongezpas, Madame, interrompit le mefme
on s’expoieroit par l’Exa
men que vous demandez?
Les Autheurs ont une de'-
licatefle inconcevable fur
ce Chapitre ; & ils font tel- -
lement contens de tout ce
qu’ils font, qu’on ne fçauroit trouver le moindre defaut dans leurs Livres, qu’ils
ne fulminent au fil-tofl contre l’ignorant qui les re- .
prend. Je ne voudrais pas
aufli, adjoûta la Ducheffe,
r
G A L A N T . v
que l’Autheur du Mercure
Galant nous donna fon fentiment particulier, il y auroit de la préfomption à
s établir Juge dans une
Caufe où on pourroit dire
en quelque forte qu’il feroit Partie intereflëe^ car
tous ceux qui fe niellent
d écrire font naturellement
jaloux les uns des autres:
Mais pourveu qu’il ne fit
que recueillir lesfentimens
du Public, je ne vov pas que
Meilleurs les Autheurs
pûlfènt avoir rien à luy imputer, au contraire je croy
i6 LE MERCURE
qu’ils luy (croient obligez,
puis quils recevroicnt la
récompenfe de leur travail,
parce qu’il feroit connoiftrece qu’il y auroic de
beau dans leurs Ouvrages, O ’
& qu’ils apprendroient à fe
corriger pour d’autres de
ce qu’ils fçauroient que le '
Public y auroit condamné.
Pour moy, dit la jeune Mar-,
quife, fi le Mercure Galant
lecontinuoit, j’y demanderois un Article particulier
pour les Modes, afin que ’
j’ypûfle renvoyer quelques
Amies de Provinces, qui
G A L A N T . 17
m’accablent continuelle -
ment de leurs Lettres, pour
fçavoir comment on s’habille, de quelles Etoffes on
feferr, & mille autres chofes qui regardent l’ajuftement des Femmes. Les
Etrangers y pouroient trouver leur compte, & fe ne
fçay pas mefme fi beaucoup de Perfonnesqui demeurent à Paris nefe ferviroient pas volontiers des
Avis qu’on leur donneroit
là-deffus. Jefuisravy, Mefdames, de vous voir dans
ce fentiment, dit alors un
18 LE M ERCURE
Chevalier de Malthe Gui
avoir e'couté toute cette
Converfation fans rien
dire; l’Aurheur du Mercure
Galant elt de mes plus particuliers Amis, & je l’ay tellement prefle par toutes les
railons que vous venez d’aporter, qu’il s’eft enfin refolu de le pourfuivre: ainfi
vous aurez bientoft le premier Tome du Nouveau
Mercure-Galant, qu’il appelle Nouveau, à caufe des
fix autres qu’il a déjà fait
imprimer, & dont celuy-cy
ne fera pas tout-à-fait la
G A L A N T . i<?
faite, puis qu’il ne traitera
que de ce qui s’eft païTé
dans les trois premiers
Mois de cette Année. Chacun ayant témoigné de la
joye de cette nouvelle ; Je
puis dire, adjoûtale Chevalier, que ce Livre fera pour
tout le monde: Outre les
choies curieufes dont on le
remplira, & qui pouront
fervir de mémoire à ceux
qui travailleront un jour à
l’Hiftoire de noftre Siecle,
on n y oublîra rien de ce
que vous avez demandé;
On y femera toutes les pe-
2,0 LE M ERCURE
cites Pièces agréables qui
auront cours dans le monde; O n y parlera des Livres, des Sciences, des M odes , des Galanteries, du
mérité de ceux qui en ont;
on feraconnoiftre enquoy
ils excellent; & peut-eftre
qu’au bout de quelques années, il n’y aura pas unePerfonne confiderable donc
ceux qui auront cous les Volumes du Mercure ne puiffenc trouver l’Eloge, celuy
de chaque Particulier pouvant donner lieuà s écendre
fur fa Famille. A l égard du
,
z O \
*
G A L A N T . xï
beau Sexe, toutes celles
que l’Efprit, & la Beauté
1
rendent dignes qu’on les
diftingue des autres, y trouveront leur Portrait, & je ne
defcfpere pas qu'avec le
temps nous n’y apprenions
les Galanteries des Cours
Etrangères, & de quel mérité peuvent eftre ceux qui
y tiennent le premierRang.
Mais, dit quelqu’un, n’y at-il rien à craindre du collé Z A *
de ceux qui ont le Privilège
de la Gazette? car il faudra
necefTairementquele Mercure employé quelque s uns
u LE MERCURE
de leurs Articles. Vous
faites bien de dire quelques-uns, répondit le Chevalier, car le nombre en
fera petit. La Gazette ne
parle, ny des Modes, ny
des Affaires du Parnaffe, l
qui jointes aux Pièces Galantesqui auront cours dans
le monde, & qui feront en
quelque réputation, rempliront prefque tout le
Mercure. Cela n’empef-
. chera pas, pourfuivit-il,
qu’on ne fe ferve de quelque Article de Gazette;
mais comme ce ne fera ja-
G A L A N T . z;
mais qu’apres quelle en
aura parlé, & que ce que
nous avons vendu, & donc
nous avons reçeu l'argent
n’eftplus à nous, ces M eilleurs n’auront aucun fujet
de fe plaindre-, mais ces
Articles mefmes ne laifleront pas d’avoir quelque
choie de nouveau, puis
qu’on y trouvera des particularitez que la Gazette ne
peut expliquer à cauie de
’ la quantité de Nouvelles
donc elle eft remplie , &
c’eft à quoy le Mercure (upléera, en faifant voir 1’0 -
z4
LE MERCURE
rigine de la plus grande
* partie des chofes dont
il y fera parlé. Ce qui
doit fatisfaire fur tout les
Curieux, c’eft que l’Autheur qui n’en donna d’abord les premiers Volumes
que dans des temps allez
éloignez , en donnera un O
Tome immancablement,
(fi je puis m’expliquerainfi)
le premier jour de chaque
Mois, & vous voyez par là
que vous n’aurez pas encor
longtemps à attendre celuy
qui fera le premier du Nouveau Mercure. Jevoudrois,
reprit ,
G A L A N T . xy
reprit laDuchefle, que fon
.j braire me le voulut vendre dés aujourd’huy, carje
meurs d’envie de voir ce
qu’il dira de certaines Gens
dont il ne fe difpenferapas
de parler. Puis que vous
elles fi curicufe, répondit
le Chevalier, voyez fi vous .
pourez vous réfoudre à
jouer une heure plus tard;
car l’Autheur m’a confié < * •'
toutes les Feüilles imprimées de fon Livre, & il ne
tiendra qu’à vous que je
ne vous en faffe la leéture.
Toute la Compagnie joi-
• ■ > C
i
16 LE MERCURE
gnit fes prières à celles que
fit la Duchelfe au Clieva- • - ** *
lier de leur vouloir donner
ce divertiffement, & il
commença de cette forte.
nouveau genre de Sonnet
lajufticequiluy eftoicdeue,
& l’on admira (ùr rout la
juftefle avec laquelle les
G A L A N T . 9
mots qui fervoient d’Echo
enrroient dans le fens des
Vers. Vous aviez raifon de
dire que l’invention en eftoitheureule, reprit la DachefTe en regardant la Marquife ; Mais ce que je trouve de fâcheux pour ces
Jeux d’efprit, & d’autres petitesPiecesGalantes qui paroiïfent de temps en temps,
c’eft que tour cela fe perd,
faute de trouver quelqu’un
aflez zélé pour prendre le
foin tous les ans de nous en
donner un Reciieil. Sçavez-vous, Madame, repric
c
10 LE MERCURE
la Marquife, dans quel Livre ces petites Pièces dont
vous me parlez auroient admirablement bien trouvé
leur place pour eftre con-
. fervées: C’eft dans le Mercure Galant,dont il y a quatre ou cinq ans qu’on nous
donnaCx Volumes. Je m’étonne que cet Ouvrage ait
efté abandonné, carledeffèinen eftoitagreable, & il
plaifoit tellement, qu’on
m’a dit qu’il n’a pas efté
feulement imprimé dans la ■
plus grande partie des Provinces de France, mais
G A L A N T . il
aufli dans les Pais Etrangers, où l’on fe fait une joye
1 de nos plus particulières
‘ Nouvelles: Cequejefçay,
c’eft que tant de Gens en
' demandoient tous les jours
/ la Suite, qu’il n’y a peut-
' eftre point de Livre dont le
fuccés fut plus alluré. Je
me luis étonné comme
vous, repartit la Duchellè,
de la difeontinuation de
cet Ouvrage-, & quand j’en
ay demandé la raifon,quelqu’un m’a dit que l’Autheur
avoir eu une longue Maladie, & des Affaires qui l’a-
U LE MERCURE
voient empefché d’y travailler; mais pour peuqu il
fut prefentement à luymefme, je luy confeillerois
fort de le reprendre, il eft
capable de beaucoup d’agrémens par la diverfité des
Matières, & c’eft ce qui
me fait dire qu’il n’y a point
à douter qu’il ne re'üftit, le
malheur de la plupart des
Livres n’arrivant que parce
qu’il eft impoflible dechoifir un Sujet qui foit allez du
gouft de tout le monde,
pour eftre generalemenç
approuve’; au lieu que n’y
I
■*,
(S A L A N T . 13
ayant rien qui ne pût entrer en celuy-cy, chacun y
trouvèrent au moins par
quelque Article dequoy fatisfaire la curiofité. On y
parleroit de Guerre,-d’Amour, deM ort, de Mariages, d’Abbayes, d’EveC
chez ; On aflaifonneroit
cela de quelque petite
Nouvelle Galante, s’il arrivoit quelque chofe d’extraordinaire qui pût eftre tourné en Hifioriette, & l’on
pourroit mtfme nous donner quelque leger Examen
de tous les Ouvrages dEf-
i
4
LE MERCURE
prie qui fe feraient. Mais
vous nefongezpas, Madame, interrompit le mefme
on s’expoieroit par l’Exa
men que vous demandez?
Les Autheurs ont une de'-
licatefle inconcevable fur
ce Chapitre ; & ils font tel- -
lement contens de tout ce
qu’ils font, qu’on ne fçauroit trouver le moindre defaut dans leurs Livres, qu’ils
ne fulminent au fil-tofl contre l’ignorant qui les re- .
prend. Je ne voudrais pas
aufli, adjoûta la Ducheffe,
r
G A L A N T . v
que l’Autheur du Mercure
Galant nous donna fon fentiment particulier, il y auroit de la préfomption à
s établir Juge dans une
Caufe où on pourroit dire
en quelque forte qu’il feroit Partie intereflëe^ car
tous ceux qui fe niellent
d écrire font naturellement
jaloux les uns des autres:
Mais pourveu qu’il ne fit
que recueillir lesfentimens
du Public, je ne vov pas que
Meilleurs les Autheurs
pûlfènt avoir rien à luy imputer, au contraire je croy
i6 LE MERCURE
qu’ils luy (croient obligez,
puis quils recevroicnt la
récompenfe de leur travail,
parce qu’il feroit connoiftrece qu’il y auroic de
beau dans leurs Ouvrages, O ’
& qu’ils apprendroient à fe
corriger pour d’autres de
ce qu’ils fçauroient que le '
Public y auroit condamné.
Pour moy, dit la jeune Mar-,
quife, fi le Mercure Galant
lecontinuoit, j’y demanderois un Article particulier
pour les Modes, afin que ’
j’ypûfle renvoyer quelques
Amies de Provinces, qui
G A L A N T . 17
m’accablent continuelle -
ment de leurs Lettres, pour
fçavoir comment on s’habille, de quelles Etoffes on
feferr, & mille autres chofes qui regardent l’ajuftement des Femmes. Les
Etrangers y pouroient trouver leur compte, & fe ne
fçay pas mefme fi beaucoup de Perfonnesqui demeurent à Paris nefe ferviroient pas volontiers des
Avis qu’on leur donneroit
là-deffus. Jefuisravy, Mefdames, de vous voir dans
ce fentiment, dit alors un
18 LE M ERCURE
Chevalier de Malthe Gui
avoir e'couté toute cette
Converfation fans rien
dire; l’Aurheur du Mercure
Galant elt de mes plus particuliers Amis, & je l’ay tellement prefle par toutes les
railons que vous venez d’aporter, qu’il s’eft enfin refolu de le pourfuivre: ainfi
vous aurez bientoft le premier Tome du Nouveau
Mercure-Galant, qu’il appelle Nouveau, à caufe des
fix autres qu’il a déjà fait
imprimer, & dont celuy-cy
ne fera pas tout-à-fait la
G A L A N T . i<?
faite, puis qu’il ne traitera
que de ce qui s’eft païTé
dans les trois premiers
Mois de cette Année. Chacun ayant témoigné de la
joye de cette nouvelle ; Je
puis dire, adjoûtale Chevalier, que ce Livre fera pour
tout le monde: Outre les
choies curieufes dont on le
remplira, & qui pouront
fervir de mémoire à ceux
qui travailleront un jour à
l’Hiftoire de noftre Siecle,
on n y oublîra rien de ce
que vous avez demandé;
On y femera toutes les pe-
2,0 LE M ERCURE
cites Pièces agréables qui
auront cours dans le monde; O n y parlera des Livres, des Sciences, des M odes , des Galanteries, du
mérité de ceux qui en ont;
on feraconnoiftre enquoy
ils excellent; & peut-eftre
qu’au bout de quelques années, il n’y aura pas unePerfonne confiderable donc
ceux qui auront cous les Volumes du Mercure ne puiffenc trouver l’Eloge, celuy
de chaque Particulier pouvant donner lieuà s écendre
fur fa Famille. A l égard du
,
z O \
*
G A L A N T . xï
beau Sexe, toutes celles
que l’Efprit, & la Beauté
1
rendent dignes qu’on les
diftingue des autres, y trouveront leur Portrait, & je ne
defcfpere pas qu'avec le
temps nous n’y apprenions
les Galanteries des Cours
Etrangères, & de quel mérité peuvent eftre ceux qui
y tiennent le premierRang.
Mais, dit quelqu’un, n’y at-il rien à craindre du collé Z A *
de ceux qui ont le Privilège
de la Gazette? car il faudra
necefTairementquele Mercure employé quelque s uns
u LE MERCURE
de leurs Articles. Vous
faites bien de dire quelques-uns, répondit le Chevalier, car le nombre en
fera petit. La Gazette ne
parle, ny des Modes, ny
des Affaires du Parnaffe, l
qui jointes aux Pièces Galantesqui auront cours dans
le monde, & qui feront en
quelque réputation, rempliront prefque tout le
Mercure. Cela n’empef-
. chera pas, pourfuivit-il,
qu’on ne fe ferve de quelque Article de Gazette;
mais comme ce ne fera ja-
G A L A N T . z;
mais qu’apres quelle en
aura parlé, & que ce que
nous avons vendu, & donc
nous avons reçeu l'argent
n’eftplus à nous, ces M eilleurs n’auront aucun fujet
de fe plaindre-, mais ces
Articles mefmes ne laifleront pas d’avoir quelque
choie de nouveau, puis
qu’on y trouvera des particularitez que la Gazette ne
peut expliquer à cauie de
’ la quantité de Nouvelles
donc elle eft remplie , &
c’eft à quoy le Mercure (upléera, en faifant voir 1’0 -
z4
LE MERCURE
rigine de la plus grande
* partie des chofes dont
il y fera parlé. Ce qui
doit fatisfaire fur tout les
Curieux, c’eft que l’Autheur qui n’en donna d’abord les premiers Volumes
que dans des temps allez
éloignez , en donnera un O
Tome immancablement,
(fi je puis m’expliquerainfi)
le premier jour de chaque
Mois, & vous voyez par là
que vous n’aurez pas encor
longtemps à attendre celuy
qui fera le premier du Nouveau Mercure. Jevoudrois,
reprit ,
G A L A N T . xy
reprit laDuchefle, que fon
.j braire me le voulut vendre dés aujourd’huy, carje
meurs d’envie de voir ce
qu’il dira de certaines Gens
dont il ne fe difpenferapas
de parler. Puis que vous
elles fi curicufe, répondit
le Chevalier, voyez fi vous .
pourez vous réfoudre à
jouer une heure plus tard;
car l’Autheur m’a confié < * •'
toutes les Feüilles imprimées de fon Livre, & il ne
tiendra qu’à vous que je
ne vous en faffe la leéture.
Toute la Compagnie joi-
• ■ > C
i
16 LE MERCURE
gnit fes prières à celles que
fit la Duchelfe au Clieva- • - ** *
lier de leur vouloir donner
ce divertiffement, & il
commença de cette forte.
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Résumé : « Tout le monde rendit à ce nouveau genre de Sonnet [...] »
Le texte traite de l'admiration pour un nouveau genre de sonnet et de la justice de son écriture. La Duchesse et la Marquise regrettent l'absence de petites pièces galantes et d'autres jeux d'esprit, faute de recueil annuel. Elles évoquent le *Mercure Galant*, un ouvrage populaire qui a été abandonné en raison de la maladie et des affaires de son auteur. La Duchesse suggère de reprendre cette publication, soulignant sa diversité de matières et son potentiel à satisfaire la curiosité du public. La Marquise propose d'ajouter un article sur les modes. Un Chevalier de Malte, ami de l'auteur, annonce que le *Nouveau Mercure Galant* sera publié, couvrant les événements des trois premiers mois de l'année. Le Chevalier assure que le recueil inclura des pièces agréables, des livres, des sciences, des modes, des galanteries, et des éloges de personnes méritantes. Il mentionne également que le *Mercure* utilisera certains articles de la Gazette, mais ajoutera des particularités absentes de celle-ci. Le premier tome sera publié le premier jour de chaque mois. La Duchesse exprime son impatience de lire le recueil, et le Chevalier propose de leur en faire la lecture immédiate.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 265-267
« Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...] »
Début :
Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...]
Mots clefs :
Armée d'Allemagne, Gazette, Nouvelles, Public, Action de Guerre, Historiette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...] »
Ie nevous disriende noſtre Armée
d'Allemagne. Ces ſortes deNouvelles appartiennent à la Gazette. Elle aſoin d'en informer le Public chaque Semai- ne àmeſure que les choſes arrivent, &
je vous y laiſſe prendre part comme les autres. S'il m'arrive de vous entretenir de quelque grande Action de Guerrre, ce n'eſt jamais qu'apres quel- le eſt entierement conſommée. Il ne
174 LE MERCVRE m'importe enquel temps j'en ramaſſe les circonstances , &ce que je vous en envoye ſe doit pluſtoſt appeller un morceau d'Histoire qu'une Nouvelle que vous ignoriez. Ainſi , Madame,
vous ne devez point eſtre ſurpriſe ſi j'ay meſlé le Siege de S. Omer aux Nouvelles de ceMois,quoyqu'il y en ait déja trois que cette Place s'eſt ren- duë. Ie remets àvous parler dans ma premiere Lettre du merite deceux à
qui le Roy adonné des Eveſchez &
desAbbayes, ou qui onteſté faits Pre- miers Preſidens. I'ay des Vers du Grand Corneille ſur les Victoires de
Sa Majefté ; j'en ayde M.de Fontenel- le ſon Neveu, qui vous plairont encor davantage que l'Amour Noyé que vousapprouvez tant , &je ne manque pas d'Avantures pour faire d'agreables Hiſtoriettes. Ieſuistoujours,&c.
ALyon le 1.de Iuillet 1677.
d'Allemagne. Ces ſortes deNouvelles appartiennent à la Gazette. Elle aſoin d'en informer le Public chaque Semai- ne àmeſure que les choſes arrivent, &
je vous y laiſſe prendre part comme les autres. S'il m'arrive de vous entretenir de quelque grande Action de Guerrre, ce n'eſt jamais qu'apres quel- le eſt entierement conſommée. Il ne
174 LE MERCVRE m'importe enquel temps j'en ramaſſe les circonstances , &ce que je vous en envoye ſe doit pluſtoſt appeller un morceau d'Histoire qu'une Nouvelle que vous ignoriez. Ainſi , Madame,
vous ne devez point eſtre ſurpriſe ſi j'ay meſlé le Siege de S. Omer aux Nouvelles de ceMois,quoyqu'il y en ait déja trois que cette Place s'eſt ren- duë. Ie remets àvous parler dans ma premiere Lettre du merite deceux à
qui le Roy adonné des Eveſchez &
desAbbayes, ou qui onteſté faits Pre- miers Preſidens. I'ay des Vers du Grand Corneille ſur les Victoires de
Sa Majefté ; j'en ayde M.de Fontenel- le ſon Neveu, qui vous plairont encor davantage que l'Amour Noyé que vousapprouvez tant , &je ne manque pas d'Avantures pour faire d'agreables Hiſtoriettes. Ieſuistoujours,&c.
ALyon le 1.de Iuillet 1677.
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Résumé : « Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...] »
Le 1er juillet 1677, à Lyon, l'auteur d'une lettre informe le destinataire des nouvelles concernant l'armée en Allemagne, publiées chaque semaine dans la Gazette. Il précise qu'il ne relate les grandes actions de guerre qu'après leur complète réalisation, les présentant comme des récits historiques plutôt que des nouvelles. L'auteur justifie l'inclusion du siège de Saint-Omer dans les nouvelles du mois, bien que cet événement ait eu lieu trois semaines auparavant. Il promet de discuter dans une prochaine lettre des mérites des personnes ayant reçu des évêchés, des abbayes ou des nominations de premiers présidents par le roi. L'auteur possède également des vers de Pierre Corneille célébrant les victoires du roi, ainsi que des poèmes de Bernard de Fontenelle, le neveu de ce dernier. Il mentionne ne pas manquer d'aventures pour créer des historiettes agréables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 87-101
HISTORIETTE. / CONTE Oriental.
Début :
Il y avoit en Orient une fille sage, & si sage [...]
Mots clefs :
Historiette, Conte, Oriental, Calife, Soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTORIETTE. / CONTE Oriental.
HISTORIETTE.
Pour satisfaire au goût
N" que le public a pour les
Historiettes, je tâcherai
d'en donner au moins
une, peut-estre deux dans
chaque Mercure,mais
pour varier il en faut de
toutes les especes. En
voici une dans le stile figuré
des Orientaux, qui
ne s'expriment que par
comparaisons,&croyent
briller dans la conrersation
à force de citerJe
Soleil, la Lune & les
Etoiles.
CONTE
Oriental.
Il y avoit en Orient
une fillesage,&sisage,
qu'elleresistoit aux desirs
d'un riche & puissant
Kalife,&ceKalifeestoit
si bon qu'il souffroit patiemment
qu'une fille lui
résistât
résistàt. Cette fille s'appelloit
Zaroïne, & comme
elle estoit au service
de la femme du Kalife
illavoyoit souvent; leurs,
conversations estoient
mêlées de maximes en
vers Arabes, car c'est
l'excellence des conversations
Orientales.
Un jour dans une dispute
sur l'amour, le Kalife
soutenoitàZoroïne
quelle devoit répondre
à sa passion & s'obstinoit
un peu trop à vouloir
qu'elle fût de son sentiment.
Voici comment
cette fille vertueuse reprima
l'ardeur du Kalife
dansla dispute.
Il faut sçavoir que le
« Kalife avoir pour le Soleil-
une veneration superstitieuse,
en forte qu'il
suffisoit de lui nommer
seulementcetAstre pour
lui inspirer du refpeéh
Zoroïne le prenant par
son foible,s'écria 1
Par ce Soileiljete jure,
Que ma vertu toujours
pure
Jamais ne s'éclipsera,
Tantqu'il nous éelaïrèrà.
Le Kalife crut entrevoir
dans ceferment que
Zoroïne seroitmoins vertueuse
lanuit que le jour;
ton ferment,luidit-il,
i: -
J C'est un sermentdesemme,
ilsied biendans
ta bouche,
Contre moi ta vertu tiendra,
Tant que le Soleilparoîtra>
,. - Maislesoir le Soleilsi
couche.
Sans doute, répondit
Zoroïne en quittant
brusquement le Kalife
qui l'avoiç fait asseoir
prés de lui sur un Sofa;
mais eu vois que je sçai
me lever avant que le
Soleil se couche. :
Le Kalife se flata encorequeZoroïne
ne l'avoit
quitté que parce
qu'elle avoit vu de loin
sa Maîtresse qui venoic
de cecôté-là: il chercha
l'occasion delaréjoindre
&l'ayantsurprise sur le
soir dans un jardin retilié
pli de plantes curieuses
il l'aborde, & pendant
qu'elle rêve à la maniéré
dont elle se pourra tirer
d'affaire, voici ce que
lui dit le Kalife..
» v.
Le Soleil ne luit plus,
belle Zoroïne
, & nos
Poëtes Arabes comparent
les femmesàcertaines
Plante,dont la vertu
n'estforte quependant
l'ardeur du Soleil; ainsi
les femmes estantmoins
fortes la nuitque le jour1,
illeur est pardonable d'être
moins vertueuses.
Leur force soutient leur
sagesse,
• Ainsi telsentiment d'amour,
Qui seroit un crime en
pleinjour,
- La nuit n'est quesimple
foiblesse.
Il te seroit honteux,
reprit Zoroïne,dedevoir
mon amour à la nuit SC
à ma foiblesse: crois que
je ferois gloiredet'aimer
si je n'avois pas juré le
contraire en presence du
Soleil. Puisque tu le
crains, répliqua le Kalise:
¥
Profite
-
donc de son a6:.,
sence,
Il ne verrapoint ton amour:
Dans ton fixe la nuit
dispense,
Dessermens qu'on afait
le jour.
S'il faut enfin t'aimer
reprit Zoroïne en fuyant,
- je neveux t'aimer qu'en
plein jour. Arrête-donc,
lui cria le Kalife, faut-il
me
me renvoyer ainsi de la
nuit au jour & du jour
à la nuit.Zoroïne fuyoit
toûjours & le Kalife ne
la pût rejoindre que le
lendemain,mais il la pressa
tant que pour s'en debarasser
elle lui promit
qu'elle iroit le trouver
dans son appartement,
& pour le prendre toujours
par sa superstition,
lui dit: Ouy je te jurepar
Le Kalife ne fit point
d'attention auvrai sens
de ces paroles, tant il
estoit transporté de joye,
& la voilà encore débarrassée
de lui; mais le
soir craignant qu'ellene
lui manquât de parole,
il fut l'attendre secretement
dans la chambre
où ellecouchoit; elle fut
fort surprise en y ren-
- trant à minuit d'y trouvercelui
qu'elle suyoit; v
elle demeura immobile: ;
Tesouviens-tu de tes dernières
paroles, lui dit le
Kalife : Je me souviens
destiennes, lui répondelle
en tremblant.
Dans mon sexe la nuit
dipense
Des sermens qu'onafait
le jour:
- Moi, j'ai juré que le
Soleil seroit témoin de
l'execution de ma promesse.
Ensuite elle ouvrit
sa fenêtre & regardant
le Ciel obscur, elle
s'écria: ParoisSoleil, Pa.
rois,vientéclairerun crime
queveutcommettrece
Kalifesi vertueux&si
bon ,situ approuvesson
crime, viens en estre témoin.
Ces paroles prononcées
dans l'horreur de la nuit,
firent impression sur le
Kalife,il demeura muée.,
&Zoroinecontinua dapeller
leSoleil : Viens
donc,s'écria-t-elle-, viens
donc;mais,continua-telle;
en regardant le
Kalife intimidé: le Soleil
ne paroitpoint, au
contraireleciels'obscurcit
de plusen plus.
Le Soleil ne viens point
cen'est qu'ensaprésence,
Queje t'avoispromisd'ecouter
ton amour,
C'estainsique lanuitdis- pense
Dessermensqu'onafait
le jour.
Pour satisfaire au goût
N" que le public a pour les
Historiettes, je tâcherai
d'en donner au moins
une, peut-estre deux dans
chaque Mercure,mais
pour varier il en faut de
toutes les especes. En
voici une dans le stile figuré
des Orientaux, qui
ne s'expriment que par
comparaisons,&croyent
briller dans la conrersation
à force de citerJe
Soleil, la Lune & les
Etoiles.
CONTE
Oriental.
Il y avoit en Orient
une fillesage,&sisage,
qu'elleresistoit aux desirs
d'un riche & puissant
Kalife,&ceKalifeestoit
si bon qu'il souffroit patiemment
qu'une fille lui
résistât
résistàt. Cette fille s'appelloit
Zaroïne, & comme
elle estoit au service
de la femme du Kalife
illavoyoit souvent; leurs,
conversations estoient
mêlées de maximes en
vers Arabes, car c'est
l'excellence des conversations
Orientales.
Un jour dans une dispute
sur l'amour, le Kalife
soutenoitàZoroïne
quelle devoit répondre
à sa passion & s'obstinoit
un peu trop à vouloir
qu'elle fût de son sentiment.
Voici comment
cette fille vertueuse reprima
l'ardeur du Kalife
dansla dispute.
Il faut sçavoir que le
« Kalife avoir pour le Soleil-
une veneration superstitieuse,
en forte qu'il
suffisoit de lui nommer
seulementcetAstre pour
lui inspirer du refpeéh
Zoroïne le prenant par
son foible,s'écria 1
Par ce Soileiljete jure,
Que ma vertu toujours
pure
Jamais ne s'éclipsera,
Tantqu'il nous éelaïrèrà.
Le Kalife crut entrevoir
dans ceferment que
Zoroïne seroitmoins vertueuse
lanuit que le jour;
ton ferment,luidit-il,
i: -
J C'est un sermentdesemme,
ilsied biendans
ta bouche,
Contre moi ta vertu tiendra,
Tant que le Soleilparoîtra>
,. - Maislesoir le Soleilsi
couche.
Sans doute, répondit
Zoroïne en quittant
brusquement le Kalife
qui l'avoiç fait asseoir
prés de lui sur un Sofa;
mais eu vois que je sçai
me lever avant que le
Soleil se couche. :
Le Kalife se flata encorequeZoroïne
ne l'avoit
quitté que parce
qu'elle avoit vu de loin
sa Maîtresse qui venoic
de cecôté-là: il chercha
l'occasion delaréjoindre
&l'ayantsurprise sur le
soir dans un jardin retilié
pli de plantes curieuses
il l'aborde, & pendant
qu'elle rêve à la maniéré
dont elle se pourra tirer
d'affaire, voici ce que
lui dit le Kalife..
» v.
Le Soleil ne luit plus,
belle Zoroïne
, & nos
Poëtes Arabes comparent
les femmesàcertaines
Plante,dont la vertu
n'estforte quependant
l'ardeur du Soleil; ainsi
les femmes estantmoins
fortes la nuitque le jour1,
illeur est pardonable d'être
moins vertueuses.
Leur force soutient leur
sagesse,
• Ainsi telsentiment d'amour,
Qui seroit un crime en
pleinjour,
- La nuit n'est quesimple
foiblesse.
Il te seroit honteux,
reprit Zoroïne,dedevoir
mon amour à la nuit SC
à ma foiblesse: crois que
je ferois gloiredet'aimer
si je n'avois pas juré le
contraire en presence du
Soleil. Puisque tu le
crains, répliqua le Kalise:
¥
Profite
-
donc de son a6:.,
sence,
Il ne verrapoint ton amour:
Dans ton fixe la nuit
dispense,
Dessermens qu'on afait
le jour.
S'il faut enfin t'aimer
reprit Zoroïne en fuyant,
- je neveux t'aimer qu'en
plein jour. Arrête-donc,
lui cria le Kalife, faut-il
me
me renvoyer ainsi de la
nuit au jour & du jour
à la nuit.Zoroïne fuyoit
toûjours & le Kalife ne
la pût rejoindre que le
lendemain,mais il la pressa
tant que pour s'en debarasser
elle lui promit
qu'elle iroit le trouver
dans son appartement,
& pour le prendre toujours
par sa superstition,
lui dit: Ouy je te jurepar
Le Kalife ne fit point
d'attention auvrai sens
de ces paroles, tant il
estoit transporté de joye,
& la voilà encore débarrassée
de lui; mais le
soir craignant qu'ellene
lui manquât de parole,
il fut l'attendre secretement
dans la chambre
où ellecouchoit; elle fut
fort surprise en y ren-
- trant à minuit d'y trouvercelui
qu'elle suyoit; v
elle demeura immobile: ;
Tesouviens-tu de tes dernières
paroles, lui dit le
Kalife : Je me souviens
destiennes, lui répondelle
en tremblant.
Dans mon sexe la nuit
dipense
Des sermens qu'onafait
le jour:
- Moi, j'ai juré que le
Soleil seroit témoin de
l'execution de ma promesse.
Ensuite elle ouvrit
sa fenêtre & regardant
le Ciel obscur, elle
s'écria: ParoisSoleil, Pa.
rois,vientéclairerun crime
queveutcommettrece
Kalifesi vertueux&si
bon ,situ approuvesson
crime, viens en estre témoin.
Ces paroles prononcées
dans l'horreur de la nuit,
firent impression sur le
Kalife,il demeura muée.,
&Zoroinecontinua dapeller
leSoleil : Viens
donc,s'écria-t-elle-, viens
donc;mais,continua-telle;
en regardant le
Kalife intimidé: le Soleil
ne paroitpoint, au
contraireleciels'obscurcit
de plusen plus.
Le Soleil ne viens point
cen'est qu'ensaprésence,
Queje t'avoispromisd'ecouter
ton amour,
C'estainsique lanuitdis- pense
Dessermensqu'onafait
le jour.
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Résumé : HISTORIETTE. / CONTE Oriental.
Le texte relate une historiette orientale, caractérisée par un style figuré riche en comparaisons et citations poétiques. L'intrigue se déroule en Orient et implique une jeune fille nommée Zaroïne, servante de la femme d'un puissant Kalife. Le Kalife, connu pour sa patience et sa bonté, tente de séduire Zaroïne, mais elle résiste à ses avances. Lors d'une dispute sur l'amour, Zaroïne exploite la superstition du Kalife envers le Soleil pour repousser ses avances. Elle jure par le Soleil que sa vertu ne s'éclipsera jamais tant qu'il éclairera. Le Kalife, dans une tentative de la séduire, compare les femmes à des plantes dont la vertu diminue la nuit. Zaroïne rétorque qu'elle ne veut aimer qu'en plein jour. Malgré cela, le Kalife, obsédé, poursuit Zaroïne et finit par la surprendre dans sa chambre. Zaroïne invoque le Soleil pour être témoin de son crime potentiel, ce qui impressionne le Kalife et l'empêche de passer à l'acte. Elle affirme que ses serments faits en présence du Soleil sont valides, même la nuit, et que le Soleil ne viendra pas tant qu'elle n'aura pas respecté sa promesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 75-77
« Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...] »
Début :
Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...]
Mots clefs :
Histoire, Historiette, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...] »
Cette Réparation qui
doit commencerainteresser
le Lesseur, va prtl
duireunesuited'évenemenssinguliers&
interessants
,
dont on vous dOR
neraune partie dans le
moisprochain,&lereste
dans lemoissuivant
L*tmpojjîbiltté de mettre
dans un seul Mercure
une longue histoirefait icy
parnecessitéune interruption
f5 unesuspension de
curiositépareille à celles
gque'onoirnte-na-geeoxit-perxperéss
avec art dans nos plus
beaux Rorpans, & après
tout il n'y a pas si loin
d'un Mercure à l'autre,
qu'ily d/voitdul premier
Tome au douzièmedans,
les Romans de la Calprenelle
,dont on n'a.
voitquelquefois la fuite
quau bout de plusieurs
années. Il est, vray que
nos Lecteurssontplus impatiens
que ceux de ce
temps-la, & moinscurieux
d'avanturesserieuses
, maispourles dedommagerd'avoirattendu
la
suite de cette Histoire, on
y joindra, chaque mois
quelque petiteHistoriette
comique, quisera sélon
l'usage du Theatre, la
farce après la pieceserieuse.
doit commencerainteresser
le Lesseur, va prtl
duireunesuited'évenemenssinguliers&
interessants
,
dont on vous dOR
neraune partie dans le
moisprochain,&lereste
dans lemoissuivant
L*tmpojjîbiltté de mettre
dans un seul Mercure
une longue histoirefait icy
parnecessitéune interruption
f5 unesuspension de
curiositépareille à celles
gque'onoirnte-na-geeoxit-perxperéss
avec art dans nos plus
beaux Rorpans, & après
tout il n'y a pas si loin
d'un Mercure à l'autre,
qu'ily d/voitdul premier
Tome au douzièmedans,
les Romans de la Calprenelle
,dont on n'a.
voitquelquefois la fuite
quau bout de plusieurs
années. Il est, vray que
nos Lecteurssontplus impatiens
que ceux de ce
temps-la, & moinscurieux
d'avanturesserieuses
, maispourles dedommagerd'avoirattendu
la
suite de cette Histoire, on
y joindra, chaque mois
quelque petiteHistoriette
comique, quisera sélon
l'usage du Theatre, la
farce après la pieceserieuse.
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Résumé : « Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...] »
Le texte annonce une série d'événements en deux parties, la première publiée le mois prochain, la seconde le mois suivant. Une histoire comique mensuelle sera ajoutée pour maintenir l'intérêt des lecteurs, impatients et préférant les aventures sérieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 3-47
AVANTURE singuliere.
Début :
MONSIEUR, Quoique cette historiette ait un air romanesque par la singularité [...]
Mots clefs :
Aventure, Historiette, Julie, Jeune, Capitaine, Algérien, Prisonnière, Naufrage, Espagne, Cabane
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE singuliere.
AVANTVRE
Jinguliere.
ONSIEUR,
Quoique cette historietteaitunairromanefque
par lasingularitéde
ses évenemens, elle ne
laisse pas d'être veritable
, & je l'ai trouvée
dans quelques mémoires
de feu Monsieur de
Pointis, qui me tomberent
entre les mains
au retour de son expedition
de Cartagene. Je
vous l'envoye telle que
je l'ai, n'ayant pas le
loisir de l'écrire, si non
galamment, du moins
aussi correctement qu'il
le faudroit pour l'inserer
dans vôtre Mercure.
Une veuve de Provence
se trouvant absolument
ruïnée par la
mort de son mari, prit
la resolution d'aller aux
Indes, pour subsister avec
un frere unique,
qui après avoir mangé
tout son bien, étoitallé
s'y établir
,
& y avoit
gagné quelque chose.
Cette veuve avoit toûjours
vécu honorablement
avec son mari;
qui étoit de très-bonne
maison. Elle étoit fort
gloricuse; êG ne voulant
pas qu'onsçustl'extremité
où elle étoit reduiteeIJ.
e. pretexta que
ses affairesl'obligeoient
d'aller faire un voyage
à Lion, & prit en effet
le chemin de Toulon,
où son frere lui avoifcr
écrit qu'elle trouveroit
unArmateurde sesamis,
avec qui elle pouvoit
s'embarquer pour le venir
trouver. Elle arriva
donc dans une hôtellerie
de Toulon avec sa fille
unique, trés-jeune 8c
très-belle, quiétoit encore
plus fâchée que sa mere
de se voir exilée si loin
par la pauvreté. Elles
resterent quelque temps
à Toulon, attendant que
l'Armateur fust en état
de partir. Pendant ce
temps-là cette jeune
beauté fit beaucoup de
bruic à Toulon, & sa
mere espera que quelque
riche Officier leur
épargneroit le voyage
des Indes. Sans doute
pour peu de bien qu'elle
eusttrouvé dansun homme
de naissace, elle
eust accepté des propositions
de mariage.
Un jeune homme,
qui avoit toutes les bonnes
qualitez imaginables
, hors la richesse,
devint passionnément
amoureux de Julie. C'est
ainsi que s'appella la jeune
personne àToulon,
sa mere cachant avec
foin son veritable nom,
parce qu'elle n'étoit pas
en état de le soutenir,
&£ qu'elle vouloit y rester
inconnuë.
Julie donc fut aussi
charmée du jeune homme
qu'illavoitété d'elle.
Ils s'éntr'aimerent,
& se jurerent de s'aimer
toute leur vie, avanc
que la mereeustle
temps de faire expliquer
la Cavalier sur l'article
du bien; car on ne debute
point par là : Julie
étoit trop jeune pour
faire réflexion sur rien,
que sur les qualitez aimables
de celui qui la
charmoit. Il salut; pourtant
s'expliquer; car la
mere étoit prudente, Se
trés -
severe sur l'honneur.
Elle ne jugea pas
à propos qu'ils se vissent
davantage, si le Cavalier
(que nous nommerons
Ergaste) nétoit pas
un parti convenable. Un
jour qu'il étoit venu
pour les voir, elle laissa
safille dans son cabinet,
& vint feule le recevoir.
Ce fut une conversation
fort polie de la part de
lamere, & fort troublée
de la part d'Ergaste,qui
s'apperçut bien qu'on avoit
empêché Julie de
paroître.Enfin on s'expliqua
; Ergaste avoüa
en franc Picard, qu'il
étoit un cadet de Gascogne,
sans bien & sans
esperance, parce que son
frere aîné
,
qui emportoit
tous les biens de si
famille, s'étoit marié de
puis peu. Aprés unaveu
pareillaconversation su
bientôr finie; SC la me
re, en le quittant, lu
dit qu'il étoit à propo
pour son repos & pou
l'honneur de sa fille, qu
ils ne serevissent jamais,
& qu'elle le prioit de ne
plus revenir chez elle.
Ergaste, qu'un pareil
coup avoit mis au desespoir,
prit le parti de s'aller
faire ruer à la guerre.
Il s'embarqua avec
un Capitaine de vaisseau
qui alloit à Cadix, 8c
qui lui promitdele mener
de la en Espagne
quand il auroit fini quel-,
ques affaires qui le devoient
retenir deux ou
trois mois à Cadix.
Un mois aprés l'Armateur
dont nous avons
parlé fut en état de partir;&
la veuve ne voyant
pas d'apparence qu'il se
trouvât à Toulon d'époufeurs
qui convinssent
à Julie, l'embarqua
,plus morte que vives
, & ilspartirent pour
aller aux Indes. L'Armateurne
fut pas heureux
dans sa course: il
fut attaqué per un Corfaire
d'Alger, son vaisseau
fut pris, & la malheureuse
Julie fut faite
esclaveavec sa mere. Il
y avoit déja prés de deux
mois qu'elles étoient en
mer, où les vents contraires
les avoient tourmentées
furieusement ;
la mere tomba malade,
& mourut dans le vaisseau
Algerien, accablée
de fatigues & de chagrins,
&,- Julie n'y resitta
que par sa grande
jeunesse.Ilse trouva parmi
quelques femmes Algériennes
qui étoient
dans ce vajffeau, une
vieille Grecque, qui avoit
fait quelques voyages
en Europe, & qui
par hazard sçavoit un
peu parler Provençal.
Elle avoit faitamitié avec
Julie, & lui tint
lieu de mere dans le reste
de ses avantures, dont la
première fut la prise du
vaisseau Algerien, qui
, fut
fut attaqué par deux
vaisseauxPortugais.Ainsi
Julie se trouva une seconde
fois prisonniere.
Cette fuliteIdeemalheurs eût pourtant été favorable
à Julie, si elle eût
été moins confiante; car
un jeune Portugais, qui
montoit l'un des deux
vaisseaux, devint amoureux
d'elle. Il étoit trésriche,
& l'auroit épousée,
sielleeût pû seresoudre
à se marier, après
avoir perdu l'esperance
de revoir son cher Ergaste.
Il n'étoit pas loin
d'elle, quand elle donna
ce témoignage de sa confiance
pour lui j car il
avoit aidé sans le sçavoir
à la prendre prisonniere,
&C voici comment.
On vous a dit qu'un
Capitaine des amis d'Ergaste
l'avait mené à Cadix,
& lui avoir promis
de le faire passer en Espagne
quelques mois aprés.
Il y en avoit déja
trois qu'il étoità Cadix,
& ce jeune Capitaine
Portugais étoit celui qui
devoit le passer en Espagne
, par consideration
pour l'autte Capitaine,
avec qui il avoit des liaisons
pour le commerce.
Ergaste se trouva donc
dans l'un des deux vaisseaux
qui attaquerent le
vaisseau Algerien.
Ce vaisseau Algerien
se défendit jusqu'à la
dernicre extrémité, en
sorte que ceux-ci furent
contraints d'aller à l'abordage.
Ergaste,quiaccompagnoit
le jeune
Portugais, entra avec lui
dans le vaisseau Algérien
l'épée à la main r
mais ayant été d'abord
dangereusementblessé,
on le reporta dans son
vaisseau avant que le
combat fût fini >ainsî il
ne vit point Julie, &c étoit
bien loin de s'imaginet
qu'el le fûc dans un
vaisseauAlgérien.Mais
le Capitaine Porrugais,
après l'avoirpris, y resta
avec Julie, donc il étoit
devenu passionnément
amoureux;ainsi les trois
vaisseaux faisant route
vers le Portugal, le jeune
Portugais alloit de
temps en temps voir Ergaste
blessé dans son
vaisseau, & revenoit
dans celui de Julie, donr
il ne put jamaistireraucun
éclaircissement
; car
premièrement elle était
,
fort mal, ôc avoit resolu de
se laisser plutôt mourir, que
de recevoir aucun secours
de celui à qui elle craignoic
d'avoir obligation
: outre
cela elle ne parloit que Provençal
, que le jeune Capitaine
n'entendoit point; il
entendoit encore moins le
jargon de la vieille Greque.
Ainsi sans avoir aucune
conversation avec Julie,
il la crut Greque ou Algérienne,
en un mot toute autre
que ce qu'elle étoit.
Ainsi Ergaste
,
à qui il fit
confidence de sonamour,
étoit bien éloigné de pouvoir
soupçonner que c'étoit
sa chere Julie donc il lui
parloir.
L'amour du Capitaine
augmentoit de jour en jour.
Il trouva moyen de faire
comprendre qu'il avoit de
grands biens, & qu'il oftroit
d'époufer: mais on lui
fîtentendre qu'on refufoic
obstinément, & que Julie
n'ayant pu etre a un amant
pour qui elle mourroit constante,
étoit incapable d'écoûter
d'autres propolitions.
C'estquelque malheureux
Algérien qu'elle
aime, disoit un jour à Ergaste
le Capitaine desesperé,
& qui ne méritéapurement
pas cette confiance.
Le récit des beautez de la
prisonnieren'avoit jamais
pu déterminer Ergaste à
paser dans le vaisseau pour
voir celle qui causoit une
passion si violente à son ami.
Il étoit si occupé de son côté
par celle qu'il avoit perdue
à Toulon, qu'il étoit
insensible à tout ce qu'on
poupouvoit
lui dire des autres
beautez, Cependant cette
constance de la belle priÍon",
niere le coucha d'estime
pour elle.ll n'eut aucune euriofité
de la voir: mais il inspira
à son ami des mouvevens
de generositéqu'il auroit
eus lui-même en pareille
occasion, & persuada
enfin à son ami de renvoyer
le vaisseau pris à l'endroit où
la belle prisonniere vouloit
qu'on la menât.LeCapitaine
repassa dans le vaisseau
où étoit Julie,&lui fit expliquer
comme il put laresolution
genereusequ'il avoir
prise. Elle témoigna
qu'elle auroit une reconnoissance
éternelle d'un si
grand bienfait, &pria seulement
qu'on la fia mener à
Toulon, esperant peut- être
y retrouverencore son cher
Ergaste : mais ne pouvant
pas s'expliquer assezlà-des
sus, pour rairesoupçonnes
au Capitaine que ce fût cel
-
le dont Ergalte lui parloit
tous les jours. LeCapitaine
craignant que sa generosité
ne s'affaiblît s'il voyoit plus
long-temps saprisonniere
Confia le vaisseau à un Lieutenant
du sien, à qui il ordonna
de mener la prisonniere
à Toulon, ôe de lui
ramener le vaisseau en Portugal
,dont ilsn'étoient pas
loin. Quand ces vaisseauxse
separerent, le Capitaine
passa dans celui où il avoit
laissé Ergaste, &lui protesta
que lans lui il n'eût pas
été capable d'une resolution
qui lui coûroit si cher; éc
là-dessus il lui dit quecette
belle personne lui avoitdemandé
d'être conduite
Toulon. Il joignit à cela
plusieurs autres particularitez
de leur separation, &
ôc-même répéta quelques
mots> Provençaux que Julieavoir
prononcez en {àû
pirant. En un mot ilvintà
Ergaste des soupçons de la
verité
)
&cessoupçons se
confirmèrent par mille petites
circonstances que le
Capitaine se rappella. Erl
gaste n'eut pas besoin de
prier leCapitaine de suivre
au plus vice le vaisseau
)
qui
étoit encore àivûë: mais
:les' deux qu'ilsmontoient
avoienc été si mal traitez
dans le combat, qu'ils faisoient
eau de tous côtez.
Nos deux amis rivaux surent
contraints de gagner
le Portugal, dans la resolution
de prendre un autre
val»ffeatfpour aller à Tou-
Ion à force de voiles: ce
qu'ils executerent des le
len demain.
Pendant tout le trajet
que firent ensemble les
deux amis rivaux, ce ne fut
qu'un combat continuel de
sentimens genereux. Le Capitaine
protesta à Ergaste
qu'il le verroit conitam
ment possesseur de ce qu'il
aimoit. Ergaste d'un autre
côtéfaisant reflexion qu'il
il.,avoir point de bien, &
que son ami en avoir beaucoup,
lui jura tres-sincerement
qu'il tâcheron de resoudre
Julie à l'épouser. Ils
disposoient ainsi en faveur
l'un de l'autre d'un bien
qu'ils étoient sûrs de retrouver
à Toulon : mais
en y arrivant ils se trouverent
bien loin de leur compte.
Le Lieutenant a qui on
avoir confié le vaisseau ôc
Julie éroit d'un caraétere
bien différent de son Capitaine
jil écoic aussi groilier
& brural que celui-ci étoic
poli & genereux. Il tâcha
d'abord d'attendrirJulie
par une passion feinte & un.
refpeâ:affedté : mais sitôt
qu'il vit qu'il ne pouvoit
rien ganer sur elle par la
douce'-"urvni par les pr4omet
ses, il la menaça de la mener
dans quelque Isle deserte,
& de l'y laisser si elle
ne vouloit pas consentir à
l'épouser. Imaginez-vous
ce que peut signifier le moc
d'époufer dans la bouche
d'un Corsaire, qui fait l'a-
* mour à force de menaces.
Julie en fut si épouvantée
& si troublée, qu'elle fut
sur le point de se précipiter
dans la mer, sans sçavoir
ce qu'ellefaisoit ; &
cela ne fit qu'augmenter
la brutalité duLieutenant,
qui en fût peut-être venu
aux dernieres violences,
malgré ceux que le Capitaine
avoit mis auprès de
Julie pour en avoir soin.
Mais le gros temps, qui
avoit déjà commencé d'alarmer
tous ceux du vaisseau,
devint une tempête
si furieuse,que le Lieutenant
fut tout occupé du
péril, & bientôt après ne
songea plus qu'àsesauver
dans une chaloupe ; car
son vaisseau perit a la rade
de Toulon, Ôc tout ce qui
étoit dedans fut noyé, excepté
ce qui pur se sauver
dans quelques chaloupes;
&, pour comble de malheur
, Julie ne se trouva
point dans le nombre de
ceux qui sesauverent.
Cependant Ergaste & le
Capitaine avoient fait le
trajet avec tant de vîtesse,
que leur vaisseau étoit à
Toulon dés le foir precedent.
Ils furent fort surpris
en arrivant au port, de n'y
pointtrouver celui du Lieutenant
;& en effet il fût arrivé
bien plutôtqu'eux, s'il
n'sur pas cotoye, & retardé
exprès sa' route pour
avoir plus long-tempsJulie
en sa disposition. L'orage
qui fit perir son vaisseau
avoit duré toute la
nuit,&dés le matin la nou.
velle du naufrage vint à
Toulon. Ergaste& le Capitaine
apprirent des premiers
cette funeste nouvelle
par quelqu'une des
chaloupes qui s'étoient sauvées,
& tous leur assurerent
que Julie avoit péri.
Rien ne peut exprimer la
douleur de ces malheureux
amans ils se reprocherent
mille fois à eux-mêmes cette
generosité qui les avoir
portez a renvoyer cette
prisonniere infortunée
,
&
d'avoir été la cause innocente
de [a mort. Les reprochesqu'ils
se faisoient
furent bien mieux fondez
encore, lors qu'un Officier,
de ceux qui s'étoient
sauvez,vint lui faire le recit
de tout ce qui s'étoit
passé dans le vaisseau. Cet
Officier, galant homme,
s'étoit opposé tout seul au
Lieutenant, lors qu'avec
trois ou quatre scelerats de
sa troupe il avoit voulu
violenter Julie; & dans le
moment du naufrage ils
étoient prers à l'assassiner,
parce qu'il leur avoit fait
manquer leur coup. Le Ca.
pitaine connut par ce recit
que le Lieutenant étoit la
seule cause de la mort de
Julie. Son premier soin fut
de le chercher par-tout,
pour le punir
: mais sa c haloupe
n'étoit pas venuë jusf
qu'au porc;ilavoic abordé
sur la côte, un peu loin de
la ville, & n'avoit oré avancer,
ayant appris par
quelques soldats que son
Capitaine étoit arrivé à
Toulon. Les deux amis
allerent le chercher le long
de la côte; & après avoir
marché quelquetemps, ils
apperçurent quatre hommes
qui se cachoient entre
des rochers. Ils coururent
d'une telle force,
qu'ils les eurent bien
-
tôt
joints. C'étoit le Lieutenant
& ses trois complices.
Ils se défendirent en
desesperez. Le Lieutenant
& un Officier chargerent
le Capitaine, qui tua le fécond
,
qui s'étoit le plus
avancé: mais le Lieutenant
furieux prit le moment
de percer le Capitaine
par le côté, pendant
que sonépée étoit engagée
dans le corps de celui
qu'ilavoirtue.Ergaste
avoit déja blessé l'un des
deux autres, & mis le quatrième
en fuite. Il courut
au secours de son ami; &
après avoir été blessé, tua
de sa main le Lieutenant
furieux. Un peu après quelques
soldats vinrent au
bruit du combat, ôc l'on
porta les deux blessez dans
l'une des premieres maisons
de la ville, dont ils
n'étoientéloignez que d'un
-quart de lieuë. La blessure
d'Erogasteétoit très-legere
celle du Capitaine parut
plus considerable : cependant
ilse trouva assez
bien quand on lui eut mis
le premier appareil. On
les laissa seuls
; ils deplorerent
ensemblela perte de
Julie: mais Ergaste se crut
assez fort pourpouvoir se
porter vers rendrait. du
naufrage, qui n'était pas
loin de la ville. Il s'y transporta,
accompagné feulement
d'un valet. Il se faisoit
une espece de confolation
funeste de voirl'endroit
où Julie avoit peri:
il reconnut ce fatal endroit
droit par quelques. débris
du vaisseau, & quelques
corps que les flots avoient
jettez sur la côte. Ce spectacle
lui donna des idées
si affreuses, qu'il tomba
évnoüi entre les bras de
son valet, qui avec un matelot
le porta dans une cabane
de pêcheur. On le
coucha sur un lit, où il
resta longtemps évanoüi.
Tous ceux qui se crouverent
dans la cabane s'empresserent
pour le secourir.
Il revint de son évanoüissement
: mais avec
une espece de transport au
cerveau ,
rêvant, gemissant,
& faisant des cris
douloureux. Il s'imaginoit
voir le pedre affreux de
Julie noyée; il croyoit lui
parler, il croyoit entendre
sa voix languissante,
& il l'entendoit en effet,
il l'entendoit réellement.
C'est ici une de ces situations
interessantes qui meritent
des descriptions patetiques
:mais comme l'incident
est naturel, il suffîra
au lecteur de se l'imaginer
pour en être touché.
C'étoit en effet Julie &
sa vieille Greque, qui presque
mourantes des perils
quelles avoient courus,
avoient été portées dans
cette même cabane par
deux matelots pitoyables
qui les avoient sauvees du
naufrage, aidez de quelques
planches du vaisseau
brifé. La vieilleGreque
étoit venuë d'abord secourirErgaste,
qu'elle ne connoissoit
point: mais aprés
l'évanouissement elle lui
entendit prononcer plusieurs
fois le nom de Julie.
Elle courut l'avertir
qu'un jeune homme qui
se mouroit parloir d'elle.
Julie court, toute mourante
qu'elle est, & trouve
son cher Ergaste
,
dans
le moment qu'Ergaste s'imaginoit
ne voir que le
fantôme de Julie. Autre
moment difficile à dépeindre
;
il faut laisser ce loin
àceux qui voudront faire
un roman de cette histoire.
On conduisitJulie &
Ergaste à Toulon. Ergaste
la fit lloogr*eerr dans une mmaaii.~-
son voisine de celle où .,.
toit son ami blessé, & courut
pour lui annoncer le
premier cette heureuse
nouvelle:mais sa joye fut
changée en pleurs. Il arriva
dans le moment qu'-
on levoit le premier appareil
.,- qui fit connoître
quelablessure était mortelle.
Dés ce moment le
Capitaine tourna à la morr.
Il ne laissa pas de ressentir
de la joye, quand il
sçut que Julie étoit envie.
Il voulut la voir en presenced'Ergaste
; ôc les
voyant tous deux fondre
en larmes, le Capitaine
leur dit qu'il mourroit contene)
s'ils vouloient accepter
, pour vivre heureux
ensemble
,
les biens
qu'il avoit en Portugal.
Les deux amans ne répondirent
à cela que par
les témoignages d'une affliction
morcelle, oubliant
en ce moment leur amour,
pour s'abandonner à la douleur
de perdre un si genereux
ami & amant, qui
n'arrendir pas leur consentement
pour écrire de sa
main un testament en leur
faveur. Il mourut le mê.
me jour, & le bonheur
des deux époux fut toujours
traversé par le souvenir
de la perte qu'ils a.
voient faite.
Jinguliere.
ONSIEUR,
Quoique cette historietteaitunairromanefque
par lasingularitéde
ses évenemens, elle ne
laisse pas d'être veritable
, & je l'ai trouvée
dans quelques mémoires
de feu Monsieur de
Pointis, qui me tomberent
entre les mains
au retour de son expedition
de Cartagene. Je
vous l'envoye telle que
je l'ai, n'ayant pas le
loisir de l'écrire, si non
galamment, du moins
aussi correctement qu'il
le faudroit pour l'inserer
dans vôtre Mercure.
Une veuve de Provence
se trouvant absolument
ruïnée par la
mort de son mari, prit
la resolution d'aller aux
Indes, pour subsister avec
un frere unique,
qui après avoir mangé
tout son bien, étoitallé
s'y établir
,
& y avoit
gagné quelque chose.
Cette veuve avoit toûjours
vécu honorablement
avec son mari;
qui étoit de très-bonne
maison. Elle étoit fort
gloricuse; êG ne voulant
pas qu'onsçustl'extremité
où elle étoit reduiteeIJ.
e. pretexta que
ses affairesl'obligeoient
d'aller faire un voyage
à Lion, & prit en effet
le chemin de Toulon,
où son frere lui avoifcr
écrit qu'elle trouveroit
unArmateurde sesamis,
avec qui elle pouvoit
s'embarquer pour le venir
trouver. Elle arriva
donc dans une hôtellerie
de Toulon avec sa fille
unique, trés-jeune 8c
très-belle, quiétoit encore
plus fâchée que sa mere
de se voir exilée si loin
par la pauvreté. Elles
resterent quelque temps
à Toulon, attendant que
l'Armateur fust en état
de partir. Pendant ce
temps-là cette jeune
beauté fit beaucoup de
bruic à Toulon, & sa
mere espera que quelque
riche Officier leur
épargneroit le voyage
des Indes. Sans doute
pour peu de bien qu'elle
eusttrouvé dansun homme
de naissace, elle
eust accepté des propositions
de mariage.
Un jeune homme,
qui avoit toutes les bonnes
qualitez imaginables
, hors la richesse,
devint passionnément
amoureux de Julie. C'est
ainsi que s'appella la jeune
personne àToulon,
sa mere cachant avec
foin son veritable nom,
parce qu'elle n'étoit pas
en état de le soutenir,
&£ qu'elle vouloit y rester
inconnuë.
Julie donc fut aussi
charmée du jeune homme
qu'illavoitété d'elle.
Ils s'éntr'aimerent,
& se jurerent de s'aimer
toute leur vie, avanc
que la mereeustle
temps de faire expliquer
la Cavalier sur l'article
du bien; car on ne debute
point par là : Julie
étoit trop jeune pour
faire réflexion sur rien,
que sur les qualitez aimables
de celui qui la
charmoit. Il salut; pourtant
s'expliquer; car la
mere étoit prudente, Se
trés -
severe sur l'honneur.
Elle ne jugea pas
à propos qu'ils se vissent
davantage, si le Cavalier
(que nous nommerons
Ergaste) nétoit pas
un parti convenable. Un
jour qu'il étoit venu
pour les voir, elle laissa
safille dans son cabinet,
& vint feule le recevoir.
Ce fut une conversation
fort polie de la part de
lamere, & fort troublée
de la part d'Ergaste,qui
s'apperçut bien qu'on avoit
empêché Julie de
paroître.Enfin on s'expliqua
; Ergaste avoüa
en franc Picard, qu'il
étoit un cadet de Gascogne,
sans bien & sans
esperance, parce que son
frere aîné
,
qui emportoit
tous les biens de si
famille, s'étoit marié de
puis peu. Aprés unaveu
pareillaconversation su
bientôr finie; SC la me
re, en le quittant, lu
dit qu'il étoit à propo
pour son repos & pou
l'honneur de sa fille, qu
ils ne serevissent jamais,
& qu'elle le prioit de ne
plus revenir chez elle.
Ergaste, qu'un pareil
coup avoit mis au desespoir,
prit le parti de s'aller
faire ruer à la guerre.
Il s'embarqua avec
un Capitaine de vaisseau
qui alloit à Cadix, 8c
qui lui promitdele mener
de la en Espagne
quand il auroit fini quel-,
ques affaires qui le devoient
retenir deux ou
trois mois à Cadix.
Un mois aprés l'Armateur
dont nous avons
parlé fut en état de partir;&
la veuve ne voyant
pas d'apparence qu'il se
trouvât à Toulon d'époufeurs
qui convinssent
à Julie, l'embarqua
,plus morte que vives
, & ilspartirent pour
aller aux Indes. L'Armateurne
fut pas heureux
dans sa course: il
fut attaqué per un Corfaire
d'Alger, son vaisseau
fut pris, & la malheureuse
Julie fut faite
esclaveavec sa mere. Il
y avoit déja prés de deux
mois qu'elles étoient en
mer, où les vents contraires
les avoient tourmentées
furieusement ;
la mere tomba malade,
& mourut dans le vaisseau
Algerien, accablée
de fatigues & de chagrins,
&,- Julie n'y resitta
que par sa grande
jeunesse.Ilse trouva parmi
quelques femmes Algériennes
qui étoient
dans ce vajffeau, une
vieille Grecque, qui avoit
fait quelques voyages
en Europe, & qui
par hazard sçavoit un
peu parler Provençal.
Elle avoit faitamitié avec
Julie, & lui tint
lieu de mere dans le reste
de ses avantures, dont la
première fut la prise du
vaisseau Algerien, qui
, fut
fut attaqué par deux
vaisseauxPortugais.Ainsi
Julie se trouva une seconde
fois prisonniere.
Cette fuliteIdeemalheurs eût pourtant été favorable
à Julie, si elle eût
été moins confiante; car
un jeune Portugais, qui
montoit l'un des deux
vaisseaux, devint amoureux
d'elle. Il étoit trésriche,
& l'auroit épousée,
sielleeût pû seresoudre
à se marier, après
avoir perdu l'esperance
de revoir son cher Ergaste.
Il n'étoit pas loin
d'elle, quand elle donna
ce témoignage de sa confiance
pour lui j car il
avoit aidé sans le sçavoir
à la prendre prisonniere,
&C voici comment.
On vous a dit qu'un
Capitaine des amis d'Ergaste
l'avait mené à Cadix,
& lui avoir promis
de le faire passer en Espagne
quelques mois aprés.
Il y en avoit déja
trois qu'il étoità Cadix,
& ce jeune Capitaine
Portugais étoit celui qui
devoit le passer en Espagne
, par consideration
pour l'autte Capitaine,
avec qui il avoit des liaisons
pour le commerce.
Ergaste se trouva donc
dans l'un des deux vaisseaux
qui attaquerent le
vaisseau Algerien.
Ce vaisseau Algerien
se défendit jusqu'à la
dernicre extrémité, en
sorte que ceux-ci furent
contraints d'aller à l'abordage.
Ergaste,quiaccompagnoit
le jeune
Portugais, entra avec lui
dans le vaisseau Algérien
l'épée à la main r
mais ayant été d'abord
dangereusementblessé,
on le reporta dans son
vaisseau avant que le
combat fût fini >ainsî il
ne vit point Julie, &c étoit
bien loin de s'imaginet
qu'el le fûc dans un
vaisseauAlgérien.Mais
le Capitaine Porrugais,
après l'avoirpris, y resta
avec Julie, donc il étoit
devenu passionnément
amoureux;ainsi les trois
vaisseaux faisant route
vers le Portugal, le jeune
Portugais alloit de
temps en temps voir Ergaste
blessé dans son
vaisseau, & revenoit
dans celui de Julie, donr
il ne put jamaistireraucun
éclaircissement
; car
premièrement elle était
,
fort mal, ôc avoit resolu de
se laisser plutôt mourir, que
de recevoir aucun secours
de celui à qui elle craignoic
d'avoir obligation
: outre
cela elle ne parloit que Provençal
, que le jeune Capitaine
n'entendoit point; il
entendoit encore moins le
jargon de la vieille Greque.
Ainsi sans avoir aucune
conversation avec Julie,
il la crut Greque ou Algérienne,
en un mot toute autre
que ce qu'elle étoit.
Ainsi Ergaste
,
à qui il fit
confidence de sonamour,
étoit bien éloigné de pouvoir
soupçonner que c'étoit
sa chere Julie donc il lui
parloir.
L'amour du Capitaine
augmentoit de jour en jour.
Il trouva moyen de faire
comprendre qu'il avoit de
grands biens, & qu'il oftroit
d'époufer: mais on lui
fîtentendre qu'on refufoic
obstinément, & que Julie
n'ayant pu etre a un amant
pour qui elle mourroit constante,
étoit incapable d'écoûter
d'autres propolitions.
C'estquelque malheureux
Algérien qu'elle
aime, disoit un jour à Ergaste
le Capitaine desesperé,
& qui ne méritéapurement
pas cette confiance.
Le récit des beautez de la
prisonnieren'avoit jamais
pu déterminer Ergaste à
paser dans le vaisseau pour
voir celle qui causoit une
passion si violente à son ami.
Il étoit si occupé de son côté
par celle qu'il avoit perdue
à Toulon, qu'il étoit
insensible à tout ce qu'on
poupouvoit
lui dire des autres
beautez, Cependant cette
constance de la belle priÍon",
niere le coucha d'estime
pour elle.ll n'eut aucune euriofité
de la voir: mais il inspira
à son ami des mouvevens
de generositéqu'il auroit
eus lui-même en pareille
occasion, & persuada
enfin à son ami de renvoyer
le vaisseau pris à l'endroit où
la belle prisonniere vouloit
qu'on la menât.LeCapitaine
repassa dans le vaisseau
où étoit Julie,&lui fit expliquer
comme il put laresolution
genereusequ'il avoir
prise. Elle témoigna
qu'elle auroit une reconnoissance
éternelle d'un si
grand bienfait, &pria seulement
qu'on la fia mener à
Toulon, esperant peut- être
y retrouverencore son cher
Ergaste : mais ne pouvant
pas s'expliquer assezlà-des
sus, pour rairesoupçonnes
au Capitaine que ce fût cel
-
le dont Ergalte lui parloit
tous les jours. LeCapitaine
craignant que sa generosité
ne s'affaiblît s'il voyoit plus
long-temps saprisonniere
Confia le vaisseau à un Lieutenant
du sien, à qui il ordonna
de mener la prisonniere
à Toulon, ôe de lui
ramener le vaisseau en Portugal
,dont ilsn'étoient pas
loin. Quand ces vaisseauxse
separerent, le Capitaine
passa dans celui où il avoit
laissé Ergaste, &lui protesta
que lans lui il n'eût pas
été capable d'une resolution
qui lui coûroit si cher; éc
là-dessus il lui dit quecette
belle personne lui avoitdemandé
d'être conduite
Toulon. Il joignit à cela
plusieurs autres particularitez
de leur separation, &
ôc-même répéta quelques
mots> Provençaux que Julieavoir
prononcez en {àû
pirant. En un mot ilvintà
Ergaste des soupçons de la
verité
)
&cessoupçons se
confirmèrent par mille petites
circonstances que le
Capitaine se rappella. Erl
gaste n'eut pas besoin de
prier leCapitaine de suivre
au plus vice le vaisseau
)
qui
étoit encore àivûë: mais
:les' deux qu'ilsmontoient
avoienc été si mal traitez
dans le combat, qu'ils faisoient
eau de tous côtez.
Nos deux amis rivaux surent
contraints de gagner
le Portugal, dans la resolution
de prendre un autre
val»ffeatfpour aller à Tou-
Ion à force de voiles: ce
qu'ils executerent des le
len demain.
Pendant tout le trajet
que firent ensemble les
deux amis rivaux, ce ne fut
qu'un combat continuel de
sentimens genereux. Le Capitaine
protesta à Ergaste
qu'il le verroit conitam
ment possesseur de ce qu'il
aimoit. Ergaste d'un autre
côtéfaisant reflexion qu'il
il.,avoir point de bien, &
que son ami en avoir beaucoup,
lui jura tres-sincerement
qu'il tâcheron de resoudre
Julie à l'épouser. Ils
disposoient ainsi en faveur
l'un de l'autre d'un bien
qu'ils étoient sûrs de retrouver
à Toulon : mais
en y arrivant ils se trouverent
bien loin de leur compte.
Le Lieutenant a qui on
avoir confié le vaisseau ôc
Julie éroit d'un caraétere
bien différent de son Capitaine
jil écoic aussi groilier
& brural que celui-ci étoic
poli & genereux. Il tâcha
d'abord d'attendrirJulie
par une passion feinte & un.
refpeâ:affedté : mais sitôt
qu'il vit qu'il ne pouvoit
rien ganer sur elle par la
douce'-"urvni par les pr4omet
ses, il la menaça de la mener
dans quelque Isle deserte,
& de l'y laisser si elle
ne vouloit pas consentir à
l'épouser. Imaginez-vous
ce que peut signifier le moc
d'époufer dans la bouche
d'un Corsaire, qui fait l'a-
* mour à force de menaces.
Julie en fut si épouvantée
& si troublée, qu'elle fut
sur le point de se précipiter
dans la mer, sans sçavoir
ce qu'ellefaisoit ; &
cela ne fit qu'augmenter
la brutalité duLieutenant,
qui en fût peut-être venu
aux dernieres violences,
malgré ceux que le Capitaine
avoit mis auprès de
Julie pour en avoir soin.
Mais le gros temps, qui
avoit déjà commencé d'alarmer
tous ceux du vaisseau,
devint une tempête
si furieuse,que le Lieutenant
fut tout occupé du
péril, & bientôt après ne
songea plus qu'àsesauver
dans une chaloupe ; car
son vaisseau perit a la rade
de Toulon, Ôc tout ce qui
étoit dedans fut noyé, excepté
ce qui pur se sauver
dans quelques chaloupes;
&, pour comble de malheur
, Julie ne se trouva
point dans le nombre de
ceux qui sesauverent.
Cependant Ergaste & le
Capitaine avoient fait le
trajet avec tant de vîtesse,
que leur vaisseau étoit à
Toulon dés le foir precedent.
Ils furent fort surpris
en arrivant au port, de n'y
pointtrouver celui du Lieutenant
;& en effet il fût arrivé
bien plutôtqu'eux, s'il
n'sur pas cotoye, & retardé
exprès sa' route pour
avoir plus long-tempsJulie
en sa disposition. L'orage
qui fit perir son vaisseau
avoit duré toute la
nuit,&dés le matin la nou.
velle du naufrage vint à
Toulon. Ergaste& le Capitaine
apprirent des premiers
cette funeste nouvelle
par quelqu'une des
chaloupes qui s'étoient sauvées,
& tous leur assurerent
que Julie avoit péri.
Rien ne peut exprimer la
douleur de ces malheureux
amans ils se reprocherent
mille fois à eux-mêmes cette
generosité qui les avoir
portez a renvoyer cette
prisonniere infortunée
,
&
d'avoir été la cause innocente
de [a mort. Les reprochesqu'ils
se faisoient
furent bien mieux fondez
encore, lors qu'un Officier,
de ceux qui s'étoient
sauvez,vint lui faire le recit
de tout ce qui s'étoit
passé dans le vaisseau. Cet
Officier, galant homme,
s'étoit opposé tout seul au
Lieutenant, lors qu'avec
trois ou quatre scelerats de
sa troupe il avoit voulu
violenter Julie; & dans le
moment du naufrage ils
étoient prers à l'assassiner,
parce qu'il leur avoit fait
manquer leur coup. Le Ca.
pitaine connut par ce recit
que le Lieutenant étoit la
seule cause de la mort de
Julie. Son premier soin fut
de le chercher par-tout,
pour le punir
: mais sa c haloupe
n'étoit pas venuë jusf
qu'au porc;ilavoic abordé
sur la côte, un peu loin de
la ville, & n'avoit oré avancer,
ayant appris par
quelques soldats que son
Capitaine étoit arrivé à
Toulon. Les deux amis
allerent le chercher le long
de la côte; & après avoir
marché quelquetemps, ils
apperçurent quatre hommes
qui se cachoient entre
des rochers. Ils coururent
d'une telle force,
qu'ils les eurent bien
-
tôt
joints. C'étoit le Lieutenant
& ses trois complices.
Ils se défendirent en
desesperez. Le Lieutenant
& un Officier chargerent
le Capitaine, qui tua le fécond
,
qui s'étoit le plus
avancé: mais le Lieutenant
furieux prit le moment
de percer le Capitaine
par le côté, pendant
que sonépée étoit engagée
dans le corps de celui
qu'ilavoirtue.Ergaste
avoit déja blessé l'un des
deux autres, & mis le quatrième
en fuite. Il courut
au secours de son ami; &
après avoir été blessé, tua
de sa main le Lieutenant
furieux. Un peu après quelques
soldats vinrent au
bruit du combat, ôc l'on
porta les deux blessez dans
l'une des premieres maisons
de la ville, dont ils
n'étoientéloignez que d'un
-quart de lieuë. La blessure
d'Erogasteétoit très-legere
celle du Capitaine parut
plus considerable : cependant
ilse trouva assez
bien quand on lui eut mis
le premier appareil. On
les laissa seuls
; ils deplorerent
ensemblela perte de
Julie: mais Ergaste se crut
assez fort pourpouvoir se
porter vers rendrait. du
naufrage, qui n'était pas
loin de la ville. Il s'y transporta,
accompagné feulement
d'un valet. Il se faisoit
une espece de confolation
funeste de voirl'endroit
où Julie avoit peri:
il reconnut ce fatal endroit
droit par quelques. débris
du vaisseau, & quelques
corps que les flots avoient
jettez sur la côte. Ce spectacle
lui donna des idées
si affreuses, qu'il tomba
évnoüi entre les bras de
son valet, qui avec un matelot
le porta dans une cabane
de pêcheur. On le
coucha sur un lit, où il
resta longtemps évanoüi.
Tous ceux qui se crouverent
dans la cabane s'empresserent
pour le secourir.
Il revint de son évanoüissement
: mais avec
une espece de transport au
cerveau ,
rêvant, gemissant,
& faisant des cris
douloureux. Il s'imaginoit
voir le pedre affreux de
Julie noyée; il croyoit lui
parler, il croyoit entendre
sa voix languissante,
& il l'entendoit en effet,
il l'entendoit réellement.
C'est ici une de ces situations
interessantes qui meritent
des descriptions patetiques
:mais comme l'incident
est naturel, il suffîra
au lecteur de se l'imaginer
pour en être touché.
C'étoit en effet Julie &
sa vieille Greque, qui presque
mourantes des perils
quelles avoient courus,
avoient été portées dans
cette même cabane par
deux matelots pitoyables
qui les avoient sauvees du
naufrage, aidez de quelques
planches du vaisseau
brifé. La vieilleGreque
étoit venuë d'abord secourirErgaste,
qu'elle ne connoissoit
point: mais aprés
l'évanouissement elle lui
entendit prononcer plusieurs
fois le nom de Julie.
Elle courut l'avertir
qu'un jeune homme qui
se mouroit parloir d'elle.
Julie court, toute mourante
qu'elle est, & trouve
son cher Ergaste
,
dans
le moment qu'Ergaste s'imaginoit
ne voir que le
fantôme de Julie. Autre
moment difficile à dépeindre
;
il faut laisser ce loin
àceux qui voudront faire
un roman de cette histoire.
On conduisitJulie &
Ergaste à Toulon. Ergaste
la fit lloogr*eerr dans une mmaaii.~-
son voisine de celle où .,.
toit son ami blessé, & courut
pour lui annoncer le
premier cette heureuse
nouvelle:mais sa joye fut
changée en pleurs. Il arriva
dans le moment qu'-
on levoit le premier appareil
.,- qui fit connoître
quelablessure était mortelle.
Dés ce moment le
Capitaine tourna à la morr.
Il ne laissa pas de ressentir
de la joye, quand il
sçut que Julie étoit envie.
Il voulut la voir en presenced'Ergaste
; ôc les
voyant tous deux fondre
en larmes, le Capitaine
leur dit qu'il mourroit contene)
s'ils vouloient accepter
, pour vivre heureux
ensemble
,
les biens
qu'il avoit en Portugal.
Les deux amans ne répondirent
à cela que par
les témoignages d'une affliction
morcelle, oubliant
en ce moment leur amour,
pour s'abandonner à la douleur
de perdre un si genereux
ami & amant, qui
n'arrendir pas leur consentement
pour écrire de sa
main un testament en leur
faveur. Il mourut le mê.
me jour, & le bonheur
des deux époux fut toujours
traversé par le souvenir
de la perte qu'ils a.
voient faite.
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Résumé : AVANTURE singuliere.
Le texte relate une histoire véridique tirée des mémoires de Monsieur de Pointis, concernant une veuve provençale ruinée par la mort de son mari. Cette veuve, accompagnée de sa fille Julie, se rend à Toulon pour rejoindre son frère aux Indes. À Toulon, Julie rencontre Ergaste, un jeune homme de bonne famille mais sans fortune, dont elle tombe amoureuse. La mère de Julie, prudente et glorieuse, refuse leur union en apprenant la pauvreté d'Ergaste. Désespéré, Ergaste part à la guerre. La veuve et Julie embarquent finalement pour les Indes, mais leur navire est capturé par des corsaires algériens, les réduisant en esclavage. La mère de Julie meurt en mer, et Julie est secourue par une vieille Grecque. Leur navire est ensuite attaqué par des Portugais, et Julie est capturée une seconde fois. Un jeune capitaine portugais, amoureux de Julie, la libère et la ramène à Toulon. Cependant, leur navire fait naufrage, et Julie périt en mer. Ergaste et le capitaine portugais, apprenant la nouvelle, se reprochent leur générosité qui a conduit à la mort de Julie. Un officier raconte au capitaine comment il a protégé Julie contre le lieutenant et ses complices lors du naufrage. Le lieutenant, responsable de la mort de Julie, est recherché et finalement trouvé avec ses complices. Un combat s'ensuit, durant lequel le capitaine et Ergaste, l'ami du capitaine, sont blessés. Le lieutenant est tué par Ergaste. Julie, miraculeusement sauvée, est retrouvée dans une cabane de pêcheur où elle est soignée avec Ergaste. Le capitaine, gravement blessé, apprend la survie de Julie mais meurt peu après. Avant de mourir, il offre ses biens en Portugal aux deux amants, qui sont accablés par la perte de leur ami généreux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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p. 465-469
REPONSE de M. L. D. à une jeune Personne trés-aimable, qui lui avoit écrit une Lettre fort spirituelle.
Début :
En verité, chere Suzette, [...]
Mots clefs :
Réponse, Suzette, Amusette, Historiette, Gazette, Coquette, Amourette, Discrète , Allumette
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texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. L. D. à une jeune Personne trés-aimable, qui lui avoit écrit une Lettre fort spirituelle.
R'E'P O NS £de M. L. D. a une·j1m ,
Pmonnc tres-aiabfc, q11i foi avoif foit
une Lettre fort spiritue/1(.
EN yerite ' cht.'re Suz;tte ..
Votre Lettre si joliette ,
Est pour moi plus doucc amusette'
e tout Rdman ; jU'HutoriettC ,
e Lardon_, Mercure o.u Gazette;:
Non , nul Orateu,r., nul .Poete,
N'ecrit si bien' que vous, Suzette ,;
Et j'ai toujours dit et repette,
Du Sceptre jusqu',i' la Roulette __
11 n'cst femme , fille , filltte ;
_ Noble, Roturiere , ou pauvrette ;
Soit petite ; ou &ien grandelette,
Soit d'age mur ' OU bicn jWlCtte ,·.
Soit Demoiseile, soit G risctte ,
Soic sage , discrette t- ou Coq11ette
Solt mondajne ' OU bien soit Nonnette
$ou c::.nfui blonde , OU soit brunecce '
C-iii s,· - l
o '" , Google
466 MERCURE DE FRANCE
Si belle que vous , si parfaite ,
Personne aussi tant ne souhaite ,
Faire de votre coeur l'emplette ,
Que moi dont le nom mis en rette
De landriri fait ladrirette . 2
Et dont le coeur en amourette ,
Ne tourne pas en giroüette.
Oui , jeune et charmante Suzette ;
'Absent de vous tout m'inquiette ,
Et s'il me falloit en retraitte ,
Vivre seul avec vous seulette ,
Fût-ce en une pauvre Logette ,
aimable Suzette ,
Avec vous ,
J'aimerois mieux sur nappe nette ,
En gras , Pâtés ragout , blanquette ,
Poulet , Faisan , Perdrix , Mauviette ,
En maigre , Brochet , bonne Laitte ,
Sole , Saumon , Huitre , Crevette ,
Au dessert , Biscuit , Tartelette ,
Bonne Compote de Rainette ,
Que n'aimerois sans vous , Suzette ,
Avec pain bis , avec Piquette ,
En gras , la simple Vinaigrette ,
Bouilli froid , étique Raquette ,
En maigre , Potiron et Bette ,
Harang salé , froide Omelette ,
Et
pour le Fruit , Noix et Noisette .
Ce que je dis n'est point sornette ,
C'est
MARS. 1731. 467
C'est la verité pure et nette ,
Point ne suis conteur de fleurette
Encor moins chanteur de goguette.
gu
Je vous aime , belle Suzette ,
Plus que ne fut une Nannette'
Une Cloris , une Lizette ,
De la plus tendre Historiette ,
Hélas ! si bien- tôt sur l'herbetter ,,
Ensemble assis sur la fleurette ,
Ou bien cueillant la Violette ,
Voyant ma tendresse discrette ,
Vous me disiez de voix doucette
Cher ami , plus ne t'inquiette ,
Au feu de ton ardeur parfaitte ,
Mon coeura pris comme allumette
Je sens ce que ton coeur souhaitte
Ma fortune , aimable Suzette ,
Dans le moment seroit complette ;
Et ce bonheur , mon coeur appette ,
Plus que Crosse , Mitre , Barette
que d'écus plein ma pochette.
Et
Si par vous cette chose est faite ;
Ma langue ne sera muette ,
Et comme assez bien je caquette ,
Sans cesse de voix claire et nette
Mieux que Rossignol et Fauvette
Que Canaris et qu'Allouette ,
Je Chanterai sur la Muzette 1
C iiij Sur
468
MERCURE DE FRANCE
Sur l'Epinette et la Trompette ,
Comme l'ai dit et répette.
Du Sceptre jusqu'à la Houlette ,
Il n'est femme , fille , fillette ,
Noble , aisée , riche ou pauvrette ,
Soit petite ou bien grandelette ,
Soit d'âge mûr , ou soit jeunette ,
Soit sage , discrette ou coquette ,
Soit
Demoiselle , soit grisette
Soit mondaine , ou bien soit Nonnette ,
Soit enfin blonde ou soit brunette ,
Qui soit si bonne , si parfaite ,
Que l'incomparable Suzette.
Dites- moi donc , belle fillette
>
En public ou bien en cachette ,
Va , mon cher , ton affaire est faite
Ainsi soit-il , et vous souhaite ,
Cette nuit en votre couchette ,
Pour deux trop petite et chiquette ,
Rêverie et tendre et complette ,
Sommeil point troublé par clochette
Par puce , carosse , charette ,
Par aboi de Chien ou Levrette ,
Par Larron , Souris ou Chouette
Puis au réveil argent sans dette ,
En tous vos achats bonne emplette
Et qu'en tout soyez satisfaite.
Adieu , trop charmante Suzette
Ma
MARS. 469 1731.
Ma réverence maigrelette ,
Saluant la vôtre douillette , ´
Pour ne pas dire grassoüillette ,
Je suis avec humble épithete ,
Votre serviteur Landrirette ,
D'esprit joyeux , d'humeur folette ,
Mais simple comme enfant qui tette.
Pmonnc tres-aiabfc, q11i foi avoif foit
une Lettre fort spiritue/1(.
EN yerite ' cht.'re Suz;tte ..
Votre Lettre si joliette ,
Est pour moi plus doucc amusette'
e tout Rdman ; jU'HutoriettC ,
e Lardon_, Mercure o.u Gazette;:
Non , nul Orateu,r., nul .Poete,
N'ecrit si bien' que vous, Suzette ,;
Et j'ai toujours dit et repette,
Du Sceptre jusqu',i' la Roulette __
11 n'cst femme , fille , filltte ;
_ Noble, Roturiere , ou pauvrette ;
Soit petite ; ou &ien grandelette,
Soit d'age mur ' OU bicn jWlCtte ,·.
Soit Demoiseile, soit G risctte ,
Soic sage , discrette t- ou Coq11ette
Solt mondajne ' OU bien soit Nonnette
$ou c::.nfui blonde , OU soit brunecce '
C-iii s,· - l
o '" , Google
466 MERCURE DE FRANCE
Si belle que vous , si parfaite ,
Personne aussi tant ne souhaite ,
Faire de votre coeur l'emplette ,
Que moi dont le nom mis en rette
De landriri fait ladrirette . 2
Et dont le coeur en amourette ,
Ne tourne pas en giroüette.
Oui , jeune et charmante Suzette ;
'Absent de vous tout m'inquiette ,
Et s'il me falloit en retraitte ,
Vivre seul avec vous seulette ,
Fût-ce en une pauvre Logette ,
aimable Suzette ,
Avec vous ,
J'aimerois mieux sur nappe nette ,
En gras , Pâtés ragout , blanquette ,
Poulet , Faisan , Perdrix , Mauviette ,
En maigre , Brochet , bonne Laitte ,
Sole , Saumon , Huitre , Crevette ,
Au dessert , Biscuit , Tartelette ,
Bonne Compote de Rainette ,
Que n'aimerois sans vous , Suzette ,
Avec pain bis , avec Piquette ,
En gras , la simple Vinaigrette ,
Bouilli froid , étique Raquette ,
En maigre , Potiron et Bette ,
Harang salé , froide Omelette ,
Et
pour le Fruit , Noix et Noisette .
Ce que je dis n'est point sornette ,
C'est
MARS. 1731. 467
C'est la verité pure et nette ,
Point ne suis conteur de fleurette
Encor moins chanteur de goguette.
gu
Je vous aime , belle Suzette ,
Plus que ne fut une Nannette'
Une Cloris , une Lizette ,
De la plus tendre Historiette ,
Hélas ! si bien- tôt sur l'herbetter ,,
Ensemble assis sur la fleurette ,
Ou bien cueillant la Violette ,
Voyant ma tendresse discrette ,
Vous me disiez de voix doucette
Cher ami , plus ne t'inquiette ,
Au feu de ton ardeur parfaitte ,
Mon coeura pris comme allumette
Je sens ce que ton coeur souhaitte
Ma fortune , aimable Suzette ,
Dans le moment seroit complette ;
Et ce bonheur , mon coeur appette ,
Plus que Crosse , Mitre , Barette
que d'écus plein ma pochette.
Et
Si par vous cette chose est faite ;
Ma langue ne sera muette ,
Et comme assez bien je caquette ,
Sans cesse de voix claire et nette
Mieux que Rossignol et Fauvette
Que Canaris et qu'Allouette ,
Je Chanterai sur la Muzette 1
C iiij Sur
468
MERCURE DE FRANCE
Sur l'Epinette et la Trompette ,
Comme l'ai dit et répette.
Du Sceptre jusqu'à la Houlette ,
Il n'est femme , fille , fillette ,
Noble , aisée , riche ou pauvrette ,
Soit petite ou bien grandelette ,
Soit d'âge mûr , ou soit jeunette ,
Soit sage , discrette ou coquette ,
Soit
Demoiselle , soit grisette
Soit mondaine , ou bien soit Nonnette ,
Soit enfin blonde ou soit brunette ,
Qui soit si bonne , si parfaite ,
Que l'incomparable Suzette.
Dites- moi donc , belle fillette
>
En public ou bien en cachette ,
Va , mon cher , ton affaire est faite
Ainsi soit-il , et vous souhaite ,
Cette nuit en votre couchette ,
Pour deux trop petite et chiquette ,
Rêverie et tendre et complette ,
Sommeil point troublé par clochette
Par puce , carosse , charette ,
Par aboi de Chien ou Levrette ,
Par Larron , Souris ou Chouette
Puis au réveil argent sans dette ,
En tous vos achats bonne emplette
Et qu'en tout soyez satisfaite.
Adieu , trop charmante Suzette
Ma
MARS. 469 1731.
Ma réverence maigrelette ,
Saluant la vôtre douillette , ´
Pour ne pas dire grassoüillette ,
Je suis avec humble épithete ,
Votre serviteur Landrirette ,
D'esprit joyeux , d'humeur folette ,
Mais simple comme enfant qui tette.
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Résumé : REPONSE de M. L. D. à une jeune Personne trés-aimable, qui lui avoit écrit une Lettre fort spirituelle.
L'auteur adresse une lettre à Suzette, exprimant son admiration et son amour. Il loue la lettre de Suzette, la qualifiant de spirituelle et douce, et affirme que personne ne peut écrire aussi bien qu'elle, indépendamment du rang ou de l'âge. L'auteur déclare son amour inconditionnel et préfère une vie modeste avec elle plutôt que l'opulence sans elle. Il décrit les mets qu'il aimerait partager avec elle, contrastant avec les plats simples qu'il mangerait seul. Il rappelle les moments où Suzette a montré son affection et exprime son désir de partager ses sentiments. L'auteur promet de chanter son amour sur divers instruments si elle accepte ses avances. Il répète que Suzette est incomparable et souhaite qu'elle passe une nuit paisible. La lettre se termine par des salutations respectueuses et humbles, l'auteur se décrivant comme joyeux et simple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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