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1
p. 1-6
Conversation sur le sujet du Mercure. [titre d'après la table]
Début :
On s'estoit assemblé pour une Partie de Jeu chez [...]
Mots clefs :
Partie de jeu, Duchesse, Conversations, Roi, Pelisson
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texteReconnaissance textuelle : Conversation sur le sujet du Mercure. [titre d'après la table]
s’eftoitaÏÏemblé
pour une Partie de
blc DucheiTe, & en attendant quelques Dames qui
en dévoient eftre, comme
les choies les plus imporw * tantes font d’abord l’ordi-
X LE MERCURE
naire -fujet des Converfa-1
tions, on mit furie tapis les
A flaires de la Guerre-, &les
furprenantes fatigues qu’a
déjà eifuyées le Roy dans
ce commencement de
Campagne, ayant donné
lieu de parler des merveilleufes qualitez qui le rendent le plus grand des
Hommes. Pourm oy, dit
un des plus fpirituels de
la Compagnie, je trouve
que ce que fait tous les
jours ce grand Monarque,
eft tellement au deflus
de toutes fortes d’expref-
- • >
I
G A L A N T . j
fions, que l’entreprife de le
louer devroic faire peur à
ceux-mefmesquipoïledent
l'Eloquence la plus vive: 11
faudroic pour répondre dignement aux nobles idées
qu’il nous donne, avoir
l’Efprit auffi éclairé qu’il a
l’Ame grande, & je doute
qu’il y ait perfonne capable
d’atteindre jufques là ; outre qu'on sert déjà tellement épuifé là dcfïùs, qu’on
ne fçauroit prefque plus
rien dire qui foir nouveau,
quoy que fa gloire nous
fourniïfe à toute-heure de
A ij
4 LE MERCURE
nouvelles matières d’admiration ; & c’eft ce qu'il y a
de furprenant, que nous
foyons en quelque façon
< bornez dans nos maniérés
de parler, & qu?
i 1 ne le foit
pas dans les grandes chofes qu’il execute. J ’avoue,
répondit une jeune Marquife, qu’il eft bien difficile
de loiier le Roy, (ans répéter quelque chofe de ce qui
s’eft déjà dit à fa gloire;
mais on y peur donner un
tour fin qui ne def-honore
pas tout-à-fait la richeffie
de la matière, Se c’eft ce
G A L A N T . 5
qu’a trouvé fort ingenieufement Monfieur PelifTon,
dans le Sonnet que nous
avons depuis peu de luy. Il
eft d’une nouveauté toute
particulière, par Echo, &
fans aucune Rime; mais
l’invention en eft fi heureufe, quepeut-eftreil vaut
bien les Sonnets les plus réguliers. Vous nous parlez
d’un Homme qui a fort peu
de femblablcs, dit la Ducheffe chez qui la Converfation fe faifoit; & pour
perfuader du mérité de
quelq ueOuvrage, c’eft afA iij
I
6 LE MERCURE
fez de dire que Montreur
PelitTon en eft l’Autheur:
Mais voyons ce Sonnet, je
vous prie, on m’en a de'ja
parlé avec beaucoup d’eftime, 6c je meurs d envie de
l’entendre. Volontiers, die
la Marquife , & il ne vous
coûtera que la peine de
m’écouter un moment.
pour une Partie de
blc DucheiTe, & en attendant quelques Dames qui
en dévoient eftre, comme
les choies les plus imporw * tantes font d’abord l’ordi-
X LE MERCURE
naire -fujet des Converfa-1
tions, on mit furie tapis les
A flaires de la Guerre-, &les
furprenantes fatigues qu’a
déjà eifuyées le Roy dans
ce commencement de
Campagne, ayant donné
lieu de parler des merveilleufes qualitez qui le rendent le plus grand des
Hommes. Pourm oy, dit
un des plus fpirituels de
la Compagnie, je trouve
que ce que fait tous les
jours ce grand Monarque,
eft tellement au deflus
de toutes fortes d’expref-
- • >
I
G A L A N T . j
fions, que l’entreprife de le
louer devroic faire peur à
ceux-mefmesquipoïledent
l'Eloquence la plus vive: 11
faudroic pour répondre dignement aux nobles idées
qu’il nous donne, avoir
l’Efprit auffi éclairé qu’il a
l’Ame grande, & je doute
qu’il y ait perfonne capable
d’atteindre jufques là ; outre qu'on sert déjà tellement épuifé là dcfïùs, qu’on
ne fçauroit prefque plus
rien dire qui foir nouveau,
quoy que fa gloire nous
fourniïfe à toute-heure de
A ij
4 LE MERCURE
nouvelles matières d’admiration ; & c’eft ce qu'il y a
de furprenant, que nous
foyons en quelque façon
< bornez dans nos maniérés
de parler, & qu?
i 1 ne le foit
pas dans les grandes chofes qu’il execute. J ’avoue,
répondit une jeune Marquife, qu’il eft bien difficile
de loiier le Roy, (ans répéter quelque chofe de ce qui
s’eft déjà dit à fa gloire;
mais on y peur donner un
tour fin qui ne def-honore
pas tout-à-fait la richeffie
de la matière, Se c’eft ce
G A L A N T . 5
qu’a trouvé fort ingenieufement Monfieur PelifTon,
dans le Sonnet que nous
avons depuis peu de luy. Il
eft d’une nouveauté toute
particulière, par Echo, &
fans aucune Rime; mais
l’invention en eft fi heureufe, quepeut-eftreil vaut
bien les Sonnets les plus réguliers. Vous nous parlez
d’un Homme qui a fort peu
de femblablcs, dit la Ducheffe chez qui la Converfation fe faifoit; & pour
perfuader du mérité de
quelq ueOuvrage, c’eft afA iij
I
6 LE MERCURE
fez de dire que Montreur
PelitTon en eft l’Autheur:
Mais voyons ce Sonnet, je
vous prie, on m’en a de'ja
parlé avec beaucoup d’eftime, 6c je meurs d envie de
l’entendre. Volontiers, die
la Marquife , & il ne vous
coûtera que la peine de
m’écouter un moment.
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Résumé : Conversation sur le sujet du Mercure. [titre d'après la table]
Lors d'une réunion de la haute société, les convives discutent des exploits du roi en attendant l'arrivée de dames importantes. Les conversations mettent en lumière les qualités exceptionnelles du roi, soulignées par ses efforts et ses fatigues durant la campagne militaire. Un membre de la compagnie estime que louer le roi est une tâche ardue, nécessitant une éloquence et une grandeur d'âme comparables aux siennes. La marquise reconnaît la difficulté de louer le roi sans répétition, mais mentionne un sonnet récent de Monsieur Pelisson, remarquable par son originalité et l'absence de rime. Intriguée, la duchesse demande à entendre ce sonnet, déjà loué par d'autres. La marquise accepte de le réciter.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 53-54
PLACET AU ROY.
Début :
Plaise au Roy ne plus oublier [...]
Mots clefs :
Bénéfice, Père, Roi
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texteReconnaissance textuelle : PLACET AU ROY.
PEdifie au Roy ne plus oublier
Q u jl m a deptiic quatre ans pro *
mis un Bénéfice,
E t qu'il avoit charqe le feu Pere
Ferri er
D e choifir un moment propice,
Qui put me donner lieu de l'en remercier.
L e Pere eft mort, mais j'ofie croire
Que f i toujours Sa M ajeflé ,
<Avoit pour moy me [me bonté,
E îij
54 LE MERCURE
E t leferoit mieux Convenir
Qu'un Grand Roy ne -promet que
ce qu'il veut tenir
Q u jl m a deptiic quatre ans pro *
mis un Bénéfice,
E t qu'il avoit charqe le feu Pere
Ferri er
D e choifir un moment propice,
Qui put me donner lieu de l'en remercier.
L e Pere eft mort, mais j'ofie croire
Que f i toujours Sa M ajeflé ,
<Avoit pour moy me [me bonté,
E îij
54 LE MERCURE
E t leferoit mieux Convenir
Qu'un Grand Roy ne -promet que
ce qu'il veut tenir
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3
p. 88-101
REQUESTE DE L'AMOUR AU ROY. Sur le bruit de son Départ pour l'Armée.
Début :
Rien n'ayant tant de charmes que la diversité, nous / Que me dit-on de tous costez ? [...]
Mots clefs :
Amants, Ardeur , Gloire, Amour, Roi, Départ pour l'armée, Mars, Exploits
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texteReconnaissance textuelle : REQUESTE DE L'AMOUR AU ROY. Sur le bruit de son Départ pour l'Armée.
Rien n ’ayant tant de
charmes que la diverfite,
nous devons pafTer d’une
matière aufli trille que
celle dont nous venons de
I
G A L A N T . 89
parler, à une plus diverciffante-, & je croy que nous
ne le pouvons faire plus
agréablement, que par la
Piece qui fuit, puis qu’il y a
de'ja quelque temps quelle
fait du bruit dans les plus
belles Ruelles de Paris.
W 1
RE Q U E S T E
DE L’AM OUR’
A U R O Y.
Sur le bruic de fon Départ
pour l’Armce.
Q
V e me d it-o n de tout
Ef-ce fournie faire querelle7
.
D e mille Amans qu'unit l'ardeur
la fins fidelle^
P a r mon ordre les vœux font p refis
d'efire acceptez^
E t fans attendre icy que la Saifon
nouvelle
— m x.
t
G A L A N T . pi
Dans îe Champ de Mars vous
Tout-à-coup y
GrandRoy^ vous
partez*.
une P lace,
i l riefl rien qui vous puijje arrefier
un moment,
E t que lors qu'aux Soldats vous
aÜez^fierement
P ar voftre exemple infpirer de
l a u d a c e »
Vous eftes dans voftre élément5
M ais qui fait tout trembler^ loifir
fe dèlaffe^
Et vous pouvez* devant envoyer la
> menace.*
Sans la fuivrefi promptement.
S” /. ,
» • W
■peine vos Guerriers dont M ____ _ H ii
9i LE MERCURE
Gloire difpofe
Sous la fa v e u r de voflre appuy,
( C aria Gloire (fix o n s aujourdi'huy
Ce ri eft plus qu'une me fine chofe)
ril peine auprès de moy cesGuerriers
de retour,
Commencent d'efperer la douceur
d'un beau jour,
Que l'ardeur de vous fiuivre à mes
foins les arrache.
E n va in en les flatant je tafihe
d'obtenir
Que l'am our du repos à moy fin i
les attache,
S i vous partc^auatn d'eux ne me
cache
Que rien ne les peut retenir.
&
A in fi voila par tout mon attonte
trompée^
G A L A N T . 9j
P ar tout mes deffeins avortez^
Pour réduire des Libertez^
M on adreffe en ces lieux a beau
s'eftre occupée, .
Chacun fe rend en foule aux Emplois de T Epée
E t dés qu'on peut aller combatre à
voscoftez^
De mes trais les plus vifs l *ame la
mieuxfrâpée,
F uit mes douces oyfivetez^
Cependant combien de tendreffes
P ar voftre éloignement des cœurs fe
vont bannir ?
Combien £ Amans à leurs M a ifirejjts ,
Ont fa it d'agréables PromeJJes^
Qu ils vont eftre par vous hors d'eftat de tenir ?
J.'un pour un bel Objet faiftant
I
9 4 LE MERCURE
gloire de vivre,
D es Patens oppofcz^devoit venir
abouti
Contre un cœur qui bientofi a céder
Je réjbut:
jJa u tre ayant commence s obfiinoit
à pourfuivrei
M a is vous partes^, & pour vous
Juivre
On fe croit dégage de tout.
JLe fins mortel chaqrin que reçoivent les B elles,
Q u i croyaient qu'un accord auffi
tendre que doux,
Æ endroit de leurs Amans les chaifnes éternelles,
C'eflde les voir courir aux coups
A v e c bien plus d'ardeur pour
vous,
Q ù i h n’en eurent jamais
elles.
»
G A LA N T. 95
p o u r obtenir q u ils ne s'eloi<£
nentpaty
Elles ont beau verferdes larmes *
Ces larmes ri ont que d'impuiffans
appas.
P ra v e r auprès de vous les plus ru •
des alarmes
y
. Chercher dans les périls l'honneur
d'un beau trépas,
C e font leursveritables charmes:
Si-tofl quevous prene^les armes
V iv e n t pour eux la Guerre & les
Combats.
L e m al eft que par tout ces Pelles
affligées
M e conjurent d'entrer dans leurs
reflentimens.
J e les rencontre à tous momens.
Q u i dans de vifs ennuis plongées
ê
96 LE MERCURE
M e viennent fatiguer de leurs gemifemens.
l'a y tort de les avoir fous mesLoix
E t je ne fuis qu'un D ieu de Chanfons, de Romans,
Si vous laijfant enlever leurs A -
mans,
z
,
J?fouffre que fa r vous elles foient
outragées.
En vain pour affaiblir Hardeur de
ces Guerriers,
le combats le panchant qui vers
vous les entraîne,
D u Cbamf de M ars dignes A '
vanturiers,
ils dédaignent pour vous ma grandeur fouveraine,
E t mes plus beaux Mirthes u
peine
Valent un
G A L A N T . i>7
le rouqisfiuisquilfaut avouer ma
D evoir que contre vous faifant ce
que je puis,
Ces Belles vainement implorent
mon adreffe^
ennuis^
le dis que c'efl a vous qu'il fa u t que
. Ion s'adrejfeî
M ais elles feavent trop par quels
fermes appuis *
pour la Gloire en tout temps vofre
cœur s*interejfeî
Elles fa v e n t que d efl vofre unique
M a i greffe.
98 LE MERCURE
Si-toÇi que la fervir efi un foin qui
vous greffe.
Pleines de vos Exploits^elles nianorent Pas
Que quittant les P la ifr s, C? liï
leu x & les Fejles^
M algré la glace & le s frim ât s,
On vous a veu déjà pour de nobles
ConqucfteS)
.Au milieu d'un H y v e r avancer a
grand pas.
Quel eft donc l’avantage où vofrc
eÇpoirfe fonde?
Ffl ce que vous voulez^ que l A~
rnour ne (bit rien?
ous vous nuifegy penffr y bien»
E t que vous fervira la fagejfe pw
GALANT. 99
Cette infiqne valeur qui ria fom t
Si ne pouvant des coeurs me rendre
un feurlien,
le laifle dépeupler le Monde?
&
P"oyez^com bien vous hasardez}
A vecm oy, qu'en cela vous fierez^
bien de croire-,
Si vous ne vous raccommodez,
le laifle rayfinir le M onde,& v offre
Gloire,
E t de vos. Actions la merveilleufe
"Mifioire
U ira pas aujjî loin que vous le
lepouroismefme parvangeace.
Pour vous ofler l'apuy de M ars,
Sur quelque autre Vénus arn
I
ioo LE MERCURE
E t l'empefcher par la d'avoir la
eomplaifance
Dém archer [bus vos EtendartsS
M a is qu en vain contre vous femVous averti oute fa Valliance
P our affronter fans luy les plus
mortels hasards,
E t vous le pa(fe\en prudence.
E e plus feurpeur vous retenir^
C'eft de de[cendre à la priere> >
yîccordc^un peu moins à cette ar~
deur querrier e3
Q u i de ces lieux fi-tofl s empreffe à
vous bannir,
jdttendezje Printemps qui senva
revenir 3
E t de v offre pouvoir, quoy que il on
fuijfe fa ire,
G A L A N T . iôi
Jamais vous ne verrez^ le mien fè
def-unir*
cœur tributaire,
Contre vous par mes foins rien ne
pourra tenir.
Cette offre ne vous touche Qqueres
M uie queff-ce auffi que f en
E t que peut’ elle m obtenir ?
Pour allumer des feu x qui ne p u if
fient finir,
Vousrfie(les bien plus neeeffiaire
Que je ne vous le fuie à les entretenir*)
A in fi c eftà moy de me taire,
Et d attendre à voffre retour
T out ce que vous voudre^ordonner
de r Am
charmes que la diverfite,
nous devons pafTer d’une
matière aufli trille que
celle dont nous venons de
I
G A L A N T . 89
parler, à une plus diverciffante-, & je croy que nous
ne le pouvons faire plus
agréablement, que par la
Piece qui fuit, puis qu’il y a
de'ja quelque temps quelle
fait du bruit dans les plus
belles Ruelles de Paris.
W 1
RE Q U E S T E
DE L’AM OUR’
A U R O Y.
Sur le bruic de fon Départ
pour l’Armce.
Q
V e me d it-o n de tout
Ef-ce fournie faire querelle7
.
D e mille Amans qu'unit l'ardeur
la fins fidelle^
P a r mon ordre les vœux font p refis
d'efire acceptez^
E t fans attendre icy que la Saifon
nouvelle
— m x.
t
G A L A N T . pi
Dans îe Champ de Mars vous
Tout-à-coup y
GrandRoy^ vous
partez*.
une P lace,
i l riefl rien qui vous puijje arrefier
un moment,
E t que lors qu'aux Soldats vous
aÜez^fierement
P ar voftre exemple infpirer de
l a u d a c e »
Vous eftes dans voftre élément5
M ais qui fait tout trembler^ loifir
fe dèlaffe^
Et vous pouvez* devant envoyer la
> menace.*
Sans la fuivrefi promptement.
S” /. ,
» • W
■peine vos Guerriers dont M ____ _ H ii
9i LE MERCURE
Gloire difpofe
Sous la fa v e u r de voflre appuy,
( C aria Gloire (fix o n s aujourdi'huy
Ce ri eft plus qu'une me fine chofe)
ril peine auprès de moy cesGuerriers
de retour,
Commencent d'efperer la douceur
d'un beau jour,
Que l'ardeur de vous fiuivre à mes
foins les arrache.
E n va in en les flatant je tafihe
d'obtenir
Que l'am our du repos à moy fin i
les attache,
S i vous partc^auatn d'eux ne me
cache
Que rien ne les peut retenir.
&
A in fi voila par tout mon attonte
trompée^
G A L A N T . 9j
P ar tout mes deffeins avortez^
Pour réduire des Libertez^
M on adreffe en ces lieux a beau
s'eftre occupée, .
Chacun fe rend en foule aux Emplois de T Epée
E t dés qu'on peut aller combatre à
voscoftez^
De mes trais les plus vifs l *ame la
mieuxfrâpée,
F uit mes douces oyfivetez^
Cependant combien de tendreffes
P ar voftre éloignement des cœurs fe
vont bannir ?
Combien £ Amans à leurs M a ifirejjts ,
Ont fa it d'agréables PromeJJes^
Qu ils vont eftre par vous hors d'eftat de tenir ?
J.'un pour un bel Objet faiftant
I
9 4 LE MERCURE
gloire de vivre,
D es Patens oppofcz^devoit venir
abouti
Contre un cœur qui bientofi a céder
Je réjbut:
jJa u tre ayant commence s obfiinoit
à pourfuivrei
M a is vous partes^, & pour vous
Juivre
On fe croit dégage de tout.
JLe fins mortel chaqrin que reçoivent les B elles,
Q u i croyaient qu'un accord auffi
tendre que doux,
Æ endroit de leurs Amans les chaifnes éternelles,
C'eflde les voir courir aux coups
A v e c bien plus d'ardeur pour
vous,
Q ù i h n’en eurent jamais
elles.
»
G A LA N T. 95
p o u r obtenir q u ils ne s'eloi<£
nentpaty
Elles ont beau verferdes larmes *
Ces larmes ri ont que d'impuiffans
appas.
P ra v e r auprès de vous les plus ru •
des alarmes
y
. Chercher dans les périls l'honneur
d'un beau trépas,
C e font leursveritables charmes:
Si-tofl quevous prene^les armes
V iv e n t pour eux la Guerre & les
Combats.
L e m al eft que par tout ces Pelles
affligées
M e conjurent d'entrer dans leurs
reflentimens.
J e les rencontre à tous momens.
Q u i dans de vifs ennuis plongées
ê
96 LE MERCURE
M e viennent fatiguer de leurs gemifemens.
l'a y tort de les avoir fous mesLoix
E t je ne fuis qu'un D ieu de Chanfons, de Romans,
Si vous laijfant enlever leurs A -
mans,
z
,
J?fouffre que fa r vous elles foient
outragées.
En vain pour affaiblir Hardeur de
ces Guerriers,
le combats le panchant qui vers
vous les entraîne,
D u Cbamf de M ars dignes A '
vanturiers,
ils dédaignent pour vous ma grandeur fouveraine,
E t mes plus beaux Mirthes u
peine
Valent un
G A L A N T . i>7
le rouqisfiuisquilfaut avouer ma
D evoir que contre vous faifant ce
que je puis,
Ces Belles vainement implorent
mon adreffe^
ennuis^
le dis que c'efl a vous qu'il fa u t que
. Ion s'adrejfeî
M ais elles feavent trop par quels
fermes appuis *
pour la Gloire en tout temps vofre
cœur s*interejfeî
Elles fa v e n t que d efl vofre unique
M a i greffe.
98 LE MERCURE
Si-toÇi que la fervir efi un foin qui
vous greffe.
Pleines de vos Exploits^elles nianorent Pas
Que quittant les P la ifr s, C? liï
leu x & les Fejles^
M algré la glace & le s frim ât s,
On vous a veu déjà pour de nobles
ConqucfteS)
.Au milieu d'un H y v e r avancer a
grand pas.
Quel eft donc l’avantage où vofrc
eÇpoirfe fonde?
Ffl ce que vous voulez^ que l A~
rnour ne (bit rien?
ous vous nuifegy penffr y bien»
E t que vous fervira la fagejfe pw
GALANT. 99
Cette infiqne valeur qui ria fom t
Si ne pouvant des coeurs me rendre
un feurlien,
le laifle dépeupler le Monde?
&
P"oyez^com bien vous hasardez}
A vecm oy, qu'en cela vous fierez^
bien de croire-,
Si vous ne vous raccommodez,
le laifle rayfinir le M onde,& v offre
Gloire,
E t de vos. Actions la merveilleufe
"Mifioire
U ira pas aujjî loin que vous le
lepouroismefme parvangeace.
Pour vous ofler l'apuy de M ars,
Sur quelque autre Vénus arn
I
ioo LE MERCURE
E t l'empefcher par la d'avoir la
eomplaifance
Dém archer [bus vos EtendartsS
M a is qu en vain contre vous femVous averti oute fa Valliance
P our affronter fans luy les plus
mortels hasards,
E t vous le pa(fe\en prudence.
E e plus feurpeur vous retenir^
C'eft de de[cendre à la priere> >
yîccordc^un peu moins à cette ar~
deur querrier e3
Q u i de ces lieux fi-tofl s empreffe à
vous bannir,
jdttendezje Printemps qui senva
revenir 3
E t de v offre pouvoir, quoy que il on
fuijfe fa ire,
G A L A N T . iôi
Jamais vous ne verrez^ le mien fè
def-unir*
cœur tributaire,
Contre vous par mes foins rien ne
pourra tenir.
Cette offre ne vous touche Qqueres
M uie queff-ce auffi que f en
E t que peut’ elle m obtenir ?
Pour allumer des feu x qui ne p u if
fient finir,
Vousrfie(les bien plus neeeffiaire
Que je ne vous le fuie à les entretenir*)
A in fi c eftà moy de me taire,
Et d attendre à voffre retour
T out ce que vous voudre^ordonner
de r Am
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Résumé : REQUESTE DE L'AMOUR AU ROY. Sur le bruit de son Départ pour l'Armée.
La pièce de théâtre 'Requête de l'Amour à Aurore' traite du départ d'un amant, Galant, pour l'armée. Galant exprime son désir ardent de partir pour le champ de Mars et de se battre. Il reconnaît que son départ causera de la tristesse parmi les amants et les belles, dont les promesses d'amour seront rompues. Les femmes, malgré leurs larmes et leurs supplications, ne peuvent retenir les guerriers attirés par la gloire et l'honneur des combats. Galant admet que son départ est inévitable et que même les prières des femmes affligées ne peuvent le retenir. Il affirme que son cœur est entièrement dédié à la gloire et aux exploits militaires, et qu'il ne peut être détourné de son chemin par les charmes de l'amour. Les femmes, admiratives de ses exploits, reconnaissent qu'il est prêt à affronter les périls pour l'honneur. Galant conclut en affirmant que son cœur est tributaire de ses devoirs militaires et qu'il ne peut être retenu par les offres d'amour. Il choisit de se taire et d'attendre son retour pour obéir aux ordres de l'amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 136-137
Son Altesse Royale va chez M. Mignart, voir ses beaux Ouvrages. [titre d'après la table]
Début :
On peut assurer en parlant des beaux Arts, qu'ils ont [...]
Mots clefs :
Roi, Ouvrages, Mignart
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Son Altesse Royale va chez M. Mignart, voir ses beaux Ouvrages. [titre d'après la table]
On peut aflurer en parlant des beaux Arts, qu’ils
ont de tout temps fleury a
Rome, & que les Papes &
les Cardinaux ont depuis
plufieurs fiecles honoré de
leurs vifites ceux qui ont
excelé en quelque Art, &
qui avoient chez eux des
Ouvrages de leur main dignes d’eftre admirez. On
en ufc aujourd’huy de mef-
G A L A N T . 137
me en France ; & Son AlteireRoyale,quelques j ours
avant fon départ pour l’Armée, fut chez le Sieur Mignart de R om e, où elle
admira plufieurs Ouvrages
de ce grand Maiftre. On
peut dire qu’il a chez luy
des Originaux parfaits, &
qui ne le' peuvent copier.
ont de tout temps fleury a
Rome, & que les Papes &
les Cardinaux ont depuis
plufieurs fiecles honoré de
leurs vifites ceux qui ont
excelé en quelque Art, &
qui avoient chez eux des
Ouvrages de leur main dignes d’eftre admirez. On
en ufc aujourd’huy de mef-
G A L A N T . 137
me en France ; & Son AlteireRoyale,quelques j ours
avant fon départ pour l’Armée, fut chez le Sieur Mignart de R om e, où elle
admira plufieurs Ouvrages
de ce grand Maiftre. On
peut dire qu’il a chez luy
des Originaux parfaits, &
qui ne le' peuvent copier.
Fermer
Résumé : Son Altesse Royale va chez M. Mignart, voir ses beaux Ouvrages. [titre d'après la table]
Depuis plusieurs siècles, les Papes et les Cardinaux soutiennent les beaux-arts à Rome en visitant les artistes chez eux. En France, cette pratique existe aussi, comme lors de la visite de Son Altesse Royale chez Mignard à Rome. Mignard possède des œuvres originales uniques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 169
Vers sur le Départ de Sa Majesté. [titre d'après la table]
Début :
Voicy des Vers qu'on fit sur ce qu’il tonna / Grand Roy, porte en tous lieux la Guerre, [...]
Mots clefs :
Roi, Fortune
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texteReconnaissance textuelle : Vers sur le Départ de Sa Majesté. [titre d'après la table]
Voicy des
Vers qu on fît for ce qu’il
tonna le jour que Sa Majefté partir.
Grand Roy, porte en tou-s
lieux La Guerre,
La Fortune guide tes pas,
Le Dieu Mars te prefle fin
bras,
Lt Jupiter teprefle fon Tonnerre
Vers qu on fît for ce qu’il
tonna le jour que Sa Majefté partir.
Grand Roy, porte en tou-s
lieux La Guerre,
La Fortune guide tes pas,
Le Dieu Mars te prefle fin
bras,
Lt Jupiter teprefle fon Tonnerre
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6
p. 100-103
A MON COUSIN LE DUC de Senecterre, Pair & Mareschal de France.
Début :
Après la prise de Valenciennes, le Roy écrivit plusieurs Lettres / Mon Cousin, je suis bien aise de vous avoir vangé [...]
Mots clefs :
Prise de Valenciennes, Roi, Lettre, Maréchal de la Ferté
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texteReconnaissance textuelle : A MON COUSIN LE DUC de Senecterre, Pair & Mareschal de France.
Apres la priſe de Valencien- nes , le Roy écrivit pluſieurs
GALANT.. 75
DEWILA
lettres de ſa main. Voicy celle
que Sa Majesté envoya àMon- fieur le Mareſchal de la Ferté
pour réponſe à la ſiennc.
A MON COVSIN LE
de Senecterre , Pair & M
reſchal de France.
M
On Cousin , iesuis bien aiſe de vous avoir vangédeVa.
lenciennes : ie croy mesme que vous neferez pas fajché , que comme l'iniure que vous y avez receuë
ne vous avoit point fait de tort dans mon esprit, ie n'ayepaspous- ſeplus loin ma vengeance. Iau- rous peine à trouver d'autres
lieux où l'on pût vous vanger de laforte , vous y avez mis trop bon ordre pendant cette longue
১
Dij
76 LE MERCURE
Suited'annéesoù vous avezfidi- grementservy&Moy &l'Etat.
CependantieprieDieu qu'ilvous ait,mon Cousin,ensalainte&di- gne garde. Au Camp devant
Cambray,le 27. Mars 1677.
Signé, LOVIS.
!
Monfieurle Mareſchal avoit
écrit au Roy en termes qui marquoient fon reſpect & la reconnoiſſance qu'il avoit de
tous les bienfaits dont ſa Majeſté l'avoit honoré, &il la re- mercioit de ce qu'elle ajoû -
toit aux grandes obligations qu'il luy avoit , celle de l'avoir vangé de meſſicurs de Valen- ciennes.
GALANT.. 75
DEWILA
lettres de ſa main. Voicy celle
que Sa Majesté envoya àMon- fieur le Mareſchal de la Ferté
pour réponſe à la ſiennc.
A MON COVSIN LE
de Senecterre , Pair & M
reſchal de France.
M
On Cousin , iesuis bien aiſe de vous avoir vangédeVa.
lenciennes : ie croy mesme que vous neferez pas fajché , que comme l'iniure que vous y avez receuë
ne vous avoit point fait de tort dans mon esprit, ie n'ayepaspous- ſeplus loin ma vengeance. Iau- rous peine à trouver d'autres
lieux où l'on pût vous vanger de laforte , vous y avez mis trop bon ordre pendant cette longue
১
Dij
76 LE MERCURE
Suited'annéesoù vous avezfidi- grementservy&Moy &l'Etat.
CependantieprieDieu qu'ilvous ait,mon Cousin,ensalainte&di- gne garde. Au Camp devant
Cambray,le 27. Mars 1677.
Signé, LOVIS.
!
Monfieurle Mareſchal avoit
écrit au Roy en termes qui marquoient fon reſpect & la reconnoiſſance qu'il avoit de
tous les bienfaits dont ſa Majeſté l'avoit honoré, &il la re- mercioit de ce qu'elle ajoû -
toit aux grandes obligations qu'il luy avoit , celle de l'avoir vangé de meſſicurs de Valen- ciennes.
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Résumé : A MON COUSIN LE DUC de Senecterre, Pair & Mareschal de France.
Après la prise de Valenciennes, Louis XIV écrivit au maréchal de la Ferté pour exprimer sa satisfaction d'avoir vengé l'injure subie par ce dernier. Le roi souligna que cette injure n'avait pas entaché son estime pour le maréchal, reconnaissant ses services loyaux et diligents au roi et à l'État. La lettre, datée du 27 mars 1677 depuis le camp devant Cambray, se conclut par une prière pour la protection divine du maréchal. De son côté, le maréchal de la Ferté avait écrit au roi pour manifester son respect et sa reconnaissance, notamment pour avoir été vengé des habitants de Valenciennes.
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7
p. 114
Le Roy écrit à Madame la Marêchale d'Estrées, sur la prise de Valenciennes. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy a fait aussi l'honneur d'écrire à Madame la [...]
Mots clefs :
Roi, Maréchale d'Estrée
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy écrit à Madame la Marêchale d'Estrées, sur la prise de Valenciennes. [titre d'après la table]
LeRoy a fait auſſi l'honneur
d'écrire à madame la Marefchale d'Eftrées , &àMonfieur .
le Ducde S. Aignan, touchant
la priſe de Valenciennes.
d'écrire à madame la Marefchale d'Eftrées , &àMonfieur .
le Ducde S. Aignan, touchant
la priſe de Valenciennes.
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8
p. 131-134
POUR LE PORTRAIT DU ROY.
Début :
J'adjoûte à ces Vers, l'Impromptu que la mesme Madame le / Muses, à mon secours, inspirez moy des Vers, [...]
Mots clefs :
Roi, Portrait
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LE PORTRAIT DU ROY.
l'ajoûte à ces Vers, l'impro- tu que la mêmeMadameleCa- mus fit il y a quelque temps pour le Portrait du Roy , en preſence de pluſieurs Dames.
Il me ſemble vous l'avoir catendu demander.
tke ka edos color toda e
POUR
LE PORTRAIT
DU ROY.
Mles, monlecours , inſpirez fes,àmonfecours,inspirez
PourfairelePortraitde monRoy,
demonMaistre,
De
: GALANT. 97 DecegrandRoysi digne d'estre Lefeul Maistre de l'Univers:
Haiene doutepoint quecela ne puiffe estre.
Ie veux pour commencer luy dref- ferunAutel.
Son air est tout divin , il n'a rien
d'un Mortel; [cles,
Tout cequ'ilfaitfontdes MiraEttout cequ'ildit des Oracles.
Ses grands Faits jusqu'à luy se trouvent inoüis.
Rienn'a jamais esté qui luy fast
comparable ,
Tous les Siecles paffez n'ont rien veu desemblable,
Les Siecles à venir n'auront point
deLOVIS.
Son esprit est grand&folide,
Esclairé,penetrant , galant delicat :
En luy laſageſſe prefide...
Tome 2, E
98 LE MERCURE
La iustice le fuit , la prudence le
guide,
Iamais onn'aveu Potentat
Avoirſceucomme luygouverner
un Estat.
Admirons toutesaperſonne ;
Onn'y voit pas un trait qui ne puiſſe charmer.
Malgrétout lerespect quesanais- Sancedonne,
Onnepeut levoyant s'empeſcher del'aimer;
Etpourtoutdire enfin,ilporteune
couronne,
Quechacunluyvoudroit donner.
MesDames ie nepuis achever ce
Portrait ,
Monesprit en est incapable;
Si i'en conçoy l'idée, elle est inex- primable, :
EtMignard
ne l'apasmieux
fait
Il me ſemble vous l'avoir catendu demander.
tke ka edos color toda e
POUR
LE PORTRAIT
DU ROY.
Mles, monlecours , inſpirez fes,àmonfecours,inspirez
PourfairelePortraitde monRoy,
demonMaistre,
De
: GALANT. 97 DecegrandRoysi digne d'estre Lefeul Maistre de l'Univers:
Haiene doutepoint quecela ne puiffe estre.
Ie veux pour commencer luy dref- ferunAutel.
Son air est tout divin , il n'a rien
d'un Mortel; [cles,
Tout cequ'ilfaitfontdes MiraEttout cequ'ildit des Oracles.
Ses grands Faits jusqu'à luy se trouvent inoüis.
Rienn'a jamais esté qui luy fast
comparable ,
Tous les Siecles paffez n'ont rien veu desemblable,
Les Siecles à venir n'auront point
deLOVIS.
Son esprit est grand&folide,
Esclairé,penetrant , galant delicat :
En luy laſageſſe prefide...
Tome 2, E
98 LE MERCURE
La iustice le fuit , la prudence le
guide,
Iamais onn'aveu Potentat
Avoirſceucomme luygouverner
un Estat.
Admirons toutesaperſonne ;
Onn'y voit pas un trait qui ne puiſſe charmer.
Malgrétout lerespect quesanais- Sancedonne,
Onnepeut levoyant s'empeſcher del'aimer;
Etpourtoutdire enfin,ilporteune
couronne,
Quechacunluyvoudroit donner.
MesDames ie nepuis achever ce
Portrait ,
Monesprit en est incapable;
Si i'en conçoy l'idée, elle est inex- primable, :
EtMignard
ne l'apasmieux
fait
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Résumé : POUR LE PORTRAIT DU ROY.
Le texte présente un poème dédié au portrait du roi, probablement Louis XIV, et fait référence à une improvisation précédente de Madame le Camus pour un portrait royal. Le poème loue les qualités exceptionnelles du roi, le décrivant comme digne de régner sur l'univers. Il met en avant son air divin et ses actions miraculeuses, comparables à des oracles. Les exploits du roi sont qualifiés d'inouïs et sans précédent, ni les siècles passés ni les siècles à venir n'ayant vu ou ne verront son égal. Son esprit est décrit comme grand, solide, éclairé, pénétrant, galant et délicat. La justice le suit, et la prudence le guide, faisant de lui un gouvernant sans égal. Le poème exprime l'admiration et l'amour pour le roi, malgré le respect qu'il inspire. Il conclut que le roi porte une couronne que chacun lui voudrait donner. L'auteur avoue être incapable d'achever le portrait du roi, estimant l'idée inexprimable, même par le célèbre peintre Mignard.
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9
p. 225-226
Sur la Campagne du Roy, & le Jubilé de la Reyne.
Début :
Encor ces Vers de Monsieur l'Abbé Cotin & je ferme mon / France, ne vous allarmez pas [...]
Mots clefs :
France, Combat, Reine, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Sur la Campagne du Roy, & le Jubilé de la Reyne.
Encor ces Versde Monfieur
1
GALANT. 163 -`l'Abbé Cotin, & ie ferme mon
Paquet, On les eſtime , & ils
ont eu le bonheur de plaire à
une perfonne de la plus hau- te qualité , &dont l'eſprit n'eſt pas moins relevé que la naif- fance.
164 LE MERCURE
子子子子子
Sur la Campagne du
ROY ,
F
Et le lubilé de la Reyne.
Rance ne vous allarmez pas
Du fort incertain des com -
bats ;
Malàpropos onſe récrie Quetout est changeant icy-bas,
LeRoy combat,la Reyneprie.
On redoute peu la furie
DesRodomonsdes Païs-bas ;
Lefeu,leſang&la tûrie,
Nefontpas toûjours leurs ébats,
Etpour les mettre tous àbas,
LeRoy combat, la Reyneprie
1
GALANT. 163 -`l'Abbé Cotin, & ie ferme mon
Paquet, On les eſtime , & ils
ont eu le bonheur de plaire à
une perfonne de la plus hau- te qualité , &dont l'eſprit n'eſt pas moins relevé que la naif- fance.
164 LE MERCURE
子子子子子
Sur la Campagne du
ROY ,
F
Et le lubilé de la Reyne.
Rance ne vous allarmez pas
Du fort incertain des com -
bats ;
Malàpropos onſe récrie Quetout est changeant icy-bas,
LeRoy combat,la Reyneprie.
On redoute peu la furie
DesRodomonsdes Païs-bas ;
Lefeu,leſang&la tûrie,
Nefontpas toûjours leurs ébats,
Etpour les mettre tous àbas,
LeRoy combat, la Reyneprie
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Résumé : Sur la Campagne du Roy, & le Jubilé de la Reyne.
Le texte présente deux extraits. Le premier mentionne des vers de l'Abbé Cotin appréciés par une personne de haute qualité. Le second traite de la campagne militaire du roi et des prières de la reine, rassurant les lecteurs sur les incertitudes des combats. Il minimise la menace des ennemis, affirmant que le roi et la reine travaillent ensemble pour les vaincre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 82-96
« Pendant qu'on travailloit aux Lignes, les Ennemis firent une [...] »
Début :
Pendant qu'on travailloit aux Lignes, les Ennemis firent une [...]
Mots clefs :
Ennemis, Lignes, Roi, Tranchée, Nuit, Marquis de Brosses, Femmes de qualité, Trêve, Cambrai
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texteReconnaissance textuelle : « Pendant qu'on travailloit aux Lignes, les Ennemis firent une [...] »
Pendant qu'on travailloit
aux Lignes,les Ennemis firent
62 LE MERCURE
une Sortie, mais ils furent re- pouſſez juſques à la Paliſſade par Monfieur Roze Brigadier de Cavalerie, qui fut bleſſé en cette occaſion d'un coup de Mouſquet à la cuiffe.
Le Roy vifitoit & preſſoit
fans ceſſe les Travaux,&apres
qu'on eut achevé les Lignes de circonvalation & de contrevalation , qui furent faites
par les Païſans de Picardie ,
il ordonna l'ouverture de la
Tranchée. Elle ſe fit la nuit
du 29 au 30de Mars ; Sa Ma- jeſté y demeura long-temps ,
& fit avancer le Travail. Le
feu des Ennemis fut mediocre,&leurCanon ne tiraque lematin.
Lanuit du 30 au 31.
Les Ennemis firent grand feu. On avança beaucoup le
GALANT. 63
Travail , on ne perdit ny Sol- dats , ny Officiers. Monfieur
de la Salle le Fils Officier aux
Gardes fut bleſſé.
Lanuit du 31 au i d'Avril.
On avança beaucoup. Les Ennemis firent grand feu de Grenades , & furent fort incommodez par nôtre Canon.
Lanuitdu au 2 d'Avril.
On fit un Logement fur la Contreſcarpe ; mais la droite commandée parMon- ſieur le Mareſchal de la
Feüillade , & par Monfieur le
Comted'Auvergne , pouſſa ſi avant , qu'elle força la Demy- lune &la partie droite del'Ou- vrage couronné. On ne jugea pas à propos d'y demeurer ,
parce qu'on craignoit les Mi- nes. Monfieur le Marquis de
64 LE MERCURE Tilladet qui commandoit à la gauche , planta des Piquets pour faire fon Logement ;
mais on ſe contenta de ſe retrancher ſur la Contreſcarpe ,
comme il avoit eſté réſolu. Les
Ennemis montrerent quelque vigueur , tuerent &bleſſerent quelques- uns des nôtres , &
furent encore plus vigoureu- ſement repouſſez . On leur prir un Capitaine & un Officier ,
avec quatorze Soldats : le re- ſte ſe ſauva par des Capon- nieres..
Lanuit du 2 au 3
Trois coups de Canon fer- virent de Signal pour atta- quer deux Demy-lunes entre la Citadelle & un Château
qu'on emporta. Sur les onze
heures du matin on attacha le
GALAN T. 65 Mineur. Monfieur le Marquis de Broſſes fût bleſſé en allant
le voir attacher , & les Affiegez ceſſerent de tirer. Pluſieurs Lettres marquent une circonſtance que je n'oſerois affurer , mais que je croy pou- voir vous écrire. Elles diſfent
que Monfieur le Comte d'Au- vergne fit cequin'eſtoit point
encore arrivé à la Guerre,qu'il batit luy-même la Chamade ,
voyant que la conſternation
des Ennemis les empeſchoit de ſonger à ce qu'ils devoient faire , & que fi-tôt qu'ils parurent ſur les Remparts , il leur dit , Qu'il estoit temps qu'ils Songeaſſent au Salut de
la Ville , puis que le Mineur y estant attaché on la force- roit , & qu'ils devoient craindre
66 LE MERCURE
Enqu'on ne la traitât plus impitoyablement que Valenciennes , ſi
elle estoitpriſepar affaut. On en- tra en Negociation , & l'on conclut une Tréve qui dura
vingtquatre heures. Il y eut plufieurs conteftations,les nemis pretendans demeurer maiſtres d'un grand Baſtion qui les voyoit à revers &qui donnoit ſur toute leur eſpla- nade.Mais cet Article ne peut eſtre décidé en leur faveur ,
parce que c'eſtoit un Baſtion dela Ville , &que tout ce qui en dépendoit devoit demeurer au Roy.
Il y eut encore une autre
conteſtation , & le GouverneurdemandaquelesFemmes deQualité fortiffent, auffi-bien
que celles des petits Officiers
GALANT. 67
&des Soldats avec un Paffeport , &qu'elles fuſſent conduites à Mons avec leurBaga- ge.Le Roy répondit qu'il donコ
neroit aux Femmes de Quali- té un Quartier tel qu'elles
voudroientdans la Ville, avec
une Garde ſuffiſante pour leur ſeureté;mais que pour les autres qu'on faiſoit monter au
nombre de douze cens , elles
pouvoient entrer dans la Ci- tadelle,auſſi bien que les Blef- fez. Il y a des Lettres qui aſſu- rent que Sa Majesté permit à
huit Femmes de conſidérationde ſe retirer à Mons. Les
Ennemis eurent deux jours entiers pour ſonger à leurs af
S faires , ils s'en ſervirent pour tirer de la Ville tout ce qui pouvoit eſtre utile à leur de- fence , & le conduire dans la
68 LE MERCURE
و
Citadelle. Le Gouverneur ordonna à tous les Cavaliers de
tuer leurs Chevaux,&de n'en
reſerver que dix par Compag- nie. Les Cavaliers ne purent
s'y réſoudre &l'Executeur
de la Haute Juſtice eut ordre
de faire cette grande Execu- tion , apres laquelle quatre
mille Hommes commandez
par de bons Officiers , fans
comter les Officiers Reformez , tous réſolus de ſe bien
defendre &de tenir au moins
trois mois , entrerent dans la
Citadelle , ayant abandonné à
la clemence du Roy douze
cens Femmes de leur Garniſon ; ce qui donna lieu à l'Avanture ſuivante.
Une de nos Vedettes fe
trouvant pendant la Tréve
GALANT. 69 fi pres de celle des Ennemis ,
qu'il ne leur eſtoit pas diffici- le de s'entre-parler , le Fran- çois dit à l'Eſpagnol , Qu'il neſcavoit ce qu'il alloit faire , de s'enfermer dans la Citadelle puis
qu'on n'y avoit pas voulû rece- voir leurs femmes , & que les Francois estant maistres de la Ville , il trouveroit àfon retour qu'on y auroit bien fait des af- faires. L'Eſpagnol entra en de fi grandes appréhenſions ,
qu'ayant jetté ſon Mouſquet,
il ſe rendit aux nôtres , & ne
voulut point entrer dans la Citadelle.
Le Greffier de la Ville , &
le Prevoſt de la Cathedrale,ſe
rendirent aupres de Monfieur
de S. Poüange , & en ayant
70 LE MERCURE reçeu la Capitulation parla- quelle les Habitans ſeroient traittez comme ceux
de Lile , & le Clergé comme celuy de Tournay , la Tréve eſtant expirée, on livra le cin- quiéme du mois , cinq heures apres midy , une Porte à nos Troupes , leſquelles ſe ſaiſi- rent de tous les Poſtes àmefure que les Ennemis les aban- donnoient pour ſe retirer dans
la Citadelle.
La vigilance, les fatigues &
f'intrépidité du Roy , ne ſe peuvent exprimer. Il fut à la Tranchée deux heures apres qu'elle fût ouverte, & s'avan- ça luy quatriéme juſqu'à la te- ſte du Travail. Quelquesjours auparavant un Boulet de Ca- non avoit paſſé aupres du
GALANT
. 71
e
es3S
Sieur de Givry
, Ecuyer de la petite Ecurie , qui n'eſtoit pas loin de Sa Majeſté.
Le Roy ne fut pas plûtôt maître de Cambray , que le Prevoſt de la Cathedrale , qui eſt réputation d'un Homme d'eſprit,vint de la part de tout le Clergé, prier Sa Majefto DE
d'entrer dans la Ville,ce quel
le ne fit qu'apres la priſe de la Citadelle.
aux Lignes,les Ennemis firent
62 LE MERCURE
une Sortie, mais ils furent re- pouſſez juſques à la Paliſſade par Monfieur Roze Brigadier de Cavalerie, qui fut bleſſé en cette occaſion d'un coup de Mouſquet à la cuiffe.
Le Roy vifitoit & preſſoit
fans ceſſe les Travaux,&apres
qu'on eut achevé les Lignes de circonvalation & de contrevalation , qui furent faites
par les Païſans de Picardie ,
il ordonna l'ouverture de la
Tranchée. Elle ſe fit la nuit
du 29 au 30de Mars ; Sa Ma- jeſté y demeura long-temps ,
& fit avancer le Travail. Le
feu des Ennemis fut mediocre,&leurCanon ne tiraque lematin.
Lanuit du 30 au 31.
Les Ennemis firent grand feu. On avança beaucoup le
GALANT. 63
Travail , on ne perdit ny Sol- dats , ny Officiers. Monfieur
de la Salle le Fils Officier aux
Gardes fut bleſſé.
Lanuit du 31 au i d'Avril.
On avança beaucoup. Les Ennemis firent grand feu de Grenades , & furent fort incommodez par nôtre Canon.
Lanuitdu au 2 d'Avril.
On fit un Logement fur la Contreſcarpe ; mais la droite commandée parMon- ſieur le Mareſchal de la
Feüillade , & par Monfieur le
Comted'Auvergne , pouſſa ſi avant , qu'elle força la Demy- lune &la partie droite del'Ou- vrage couronné. On ne jugea pas à propos d'y demeurer ,
parce qu'on craignoit les Mi- nes. Monfieur le Marquis de
64 LE MERCURE Tilladet qui commandoit à la gauche , planta des Piquets pour faire fon Logement ;
mais on ſe contenta de ſe retrancher ſur la Contreſcarpe ,
comme il avoit eſté réſolu. Les
Ennemis montrerent quelque vigueur , tuerent &bleſſerent quelques- uns des nôtres , &
furent encore plus vigoureu- ſement repouſſez . On leur prir un Capitaine & un Officier ,
avec quatorze Soldats : le re- ſte ſe ſauva par des Capon- nieres..
Lanuit du 2 au 3
Trois coups de Canon fer- virent de Signal pour atta- quer deux Demy-lunes entre la Citadelle & un Château
qu'on emporta. Sur les onze
heures du matin on attacha le
GALAN T. 65 Mineur. Monfieur le Marquis de Broſſes fût bleſſé en allant
le voir attacher , & les Affiegez ceſſerent de tirer. Pluſieurs Lettres marquent une circonſtance que je n'oſerois affurer , mais que je croy pou- voir vous écrire. Elles diſfent
que Monfieur le Comte d'Au- vergne fit cequin'eſtoit point
encore arrivé à la Guerre,qu'il batit luy-même la Chamade ,
voyant que la conſternation
des Ennemis les empeſchoit de ſonger à ce qu'ils devoient faire , & que fi-tôt qu'ils parurent ſur les Remparts , il leur dit , Qu'il estoit temps qu'ils Songeaſſent au Salut de
la Ville , puis que le Mineur y estant attaché on la force- roit , & qu'ils devoient craindre
66 LE MERCURE
Enqu'on ne la traitât plus impitoyablement que Valenciennes , ſi
elle estoitpriſepar affaut. On en- tra en Negociation , & l'on conclut une Tréve qui dura
vingtquatre heures. Il y eut plufieurs conteftations,les nemis pretendans demeurer maiſtres d'un grand Baſtion qui les voyoit à revers &qui donnoit ſur toute leur eſpla- nade.Mais cet Article ne peut eſtre décidé en leur faveur ,
parce que c'eſtoit un Baſtion dela Ville , &que tout ce qui en dépendoit devoit demeurer au Roy.
Il y eut encore une autre
conteſtation , & le GouverneurdemandaquelesFemmes deQualité fortiffent, auffi-bien
que celles des petits Officiers
GALANT. 67
&des Soldats avec un Paffeport , &qu'elles fuſſent conduites à Mons avec leurBaga- ge.Le Roy répondit qu'il donコ
neroit aux Femmes de Quali- té un Quartier tel qu'elles
voudroientdans la Ville, avec
une Garde ſuffiſante pour leur ſeureté;mais que pour les autres qu'on faiſoit monter au
nombre de douze cens , elles
pouvoient entrer dans la Ci- tadelle,auſſi bien que les Blef- fez. Il y a des Lettres qui aſſu- rent que Sa Majesté permit à
huit Femmes de conſidérationde ſe retirer à Mons. Les
Ennemis eurent deux jours entiers pour ſonger à leurs af
S faires , ils s'en ſervirent pour tirer de la Ville tout ce qui pouvoit eſtre utile à leur de- fence , & le conduire dans la
68 LE MERCURE
و
Citadelle. Le Gouverneur ordonna à tous les Cavaliers de
tuer leurs Chevaux,&de n'en
reſerver que dix par Compag- nie. Les Cavaliers ne purent
s'y réſoudre &l'Executeur
de la Haute Juſtice eut ordre
de faire cette grande Execu- tion , apres laquelle quatre
mille Hommes commandez
par de bons Officiers , fans
comter les Officiers Reformez , tous réſolus de ſe bien
defendre &de tenir au moins
trois mois , entrerent dans la
Citadelle , ayant abandonné à
la clemence du Roy douze
cens Femmes de leur Garniſon ; ce qui donna lieu à l'Avanture ſuivante.
Une de nos Vedettes fe
trouvant pendant la Tréve
GALANT. 69 fi pres de celle des Ennemis ,
qu'il ne leur eſtoit pas diffici- le de s'entre-parler , le Fran- çois dit à l'Eſpagnol , Qu'il neſcavoit ce qu'il alloit faire , de s'enfermer dans la Citadelle puis
qu'on n'y avoit pas voulû rece- voir leurs femmes , & que les Francois estant maistres de la Ville , il trouveroit àfon retour qu'on y auroit bien fait des af- faires. L'Eſpagnol entra en de fi grandes appréhenſions ,
qu'ayant jetté ſon Mouſquet,
il ſe rendit aux nôtres , & ne
voulut point entrer dans la Citadelle.
Le Greffier de la Ville , &
le Prevoſt de la Cathedrale,ſe
rendirent aupres de Monfieur
de S. Poüange , & en ayant
70 LE MERCURE reçeu la Capitulation parla- quelle les Habitans ſeroient traittez comme ceux
de Lile , & le Clergé comme celuy de Tournay , la Tréve eſtant expirée, on livra le cin- quiéme du mois , cinq heures apres midy , une Porte à nos Troupes , leſquelles ſe ſaiſi- rent de tous les Poſtes àmefure que les Ennemis les aban- donnoient pour ſe retirer dans
la Citadelle.
La vigilance, les fatigues &
f'intrépidité du Roy , ne ſe peuvent exprimer. Il fut à la Tranchée deux heures apres qu'elle fût ouverte, & s'avan- ça luy quatriéme juſqu'à la te- ſte du Travail. Quelquesjours auparavant un Boulet de Ca- non avoit paſſé aupres du
GALANT
. 71
e
es3S
Sieur de Givry
, Ecuyer de la petite Ecurie , qui n'eſtoit pas loin de Sa Majeſté.
Le Roy ne fut pas plûtôt maître de Cambray , que le Prevoſt de la Cathedrale , qui eſt réputation d'un Homme d'eſprit,vint de la part de tout le Clergé, prier Sa Majefto DE
d'entrer dans la Ville,ce quel
le ne fit qu'apres la priſe de la Citadelle.
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Résumé : « Pendant qu'on travailloit aux Lignes, les Ennemis firent une [...] »
Le texte relate les événements militaires autour de la ville de Cambrai. Pendant les travaux de fortification, les ennemis tentèrent une sortie mais furent repoussés par Monsieur Roze, qui fut blessé. Le roi supervisa les travaux, notamment l'achèvement des lignes de circonvalation et de contrevalation construites par les paysans de Picardie. Il ordonna l'ouverture de la tranchée la nuit du 29 au 30 mars, malgré le feu ennemi, sans pertes significatives. Les nuits suivantes, les attaques ennemies s'intensifièrent, mais les troupes françaises progressèrent, subissant quelques blessures. La nuit du 2 au 3 avril, des coups de canon signalèrent l'attaque de deux demi-lunes, et le marquis de Brosses fut blessé. Après que le comte d'Auvergne eut battu la chamade, les ennemis engagèrent des négociations, craignant un assaut similaire à celui de Valenciennes. Une trêve de vingt-quatre heures fut conclue, mais des contestations surgirent concernant la possession d'un bastion. Le gouverneur demanda la sortie des femmes de qualité, à quoi le roi répondit en offrant un quartier sûr dans la ville. Les ennemis utilisèrent les deux jours de trêve pour transférer des provisions dans la citadelle et ordonnèrent l'abattage des chevaux. Quatre mille hommes se préparèrent à défendre la citadelle. Un soldat espagnol déserta après avoir parlé avec une vedette française. Après l'expiration de la trêve, les troupes françaises entrèrent dans la ville. Le clergé et les habitants se rendirent, obtenant des conditions de traitement similaires à celles de Lille et de Tournai. Le roi, connu pour sa vigilance et son intrépidité, fut présent sur le terrain malgré les dangers. Après la prise de Cambrai, le prévost de la cathédrale demanda au roi d'entrer dans la ville, ce qu'il fit après la prise de la citadelle.
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11
p. 31-35
EPISTRE AU ROY.
Début :
Sire je l'avouëray, la Gloire a bien des charmes: [...]
Mots clefs :
Guerriers, Gloire, Héros, Hommage, Roi
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texteReconnaissance textuelle : EPISTRE AU ROY.
EPISTRE AV ROY.
SIRE l'avoüeray , laGloire a
biendecharmes :
Il est beau de vous voir au milieu des
allarmes.
Voler àses côtez ; &triomphant tou
jours.
20 LE MERCVRE
Conter par vos Exploits le nombrede
vosjours.
Il est beau de vous voir ſacrifier pour
elle
Tout ce qu'on peutjamais attendre d'un
grandzele :
Mais pardonnez-moy , SIRE , &ne
murmurez pas.
Sije crainspour mon Royſes dangereux
appas.
Quand jeſonge auxperils, oùpour luy rendre hommage Voftre intrepide cœuràtoutebeure s'engage;
Carsi j'ofe aujourd'huy m'expliquer
avecvous,
LeSceptre , ny les Lys n'exemptent pointdes coups.
Cerangde Souverain , qui vous metfur nostestes ,
Nemet point vos beaux jours à l'abry des tempestes.
Le Canon , fi fatal aux plus braves
Guerriers ,
N'ajamais des Heros reſpecté les Lanriers ,
GALAN T. 21
น
!
t
J
Etceux,dont voſtrefront s'estfait une Couronne,
N'en garantiffent point voſtre Auguste Personne.
Ilnefautqu'un malheur .... Dieux!jen'oseypenser,
Ieſens à ce discours tout monsangse
glacer.
Ah, SIRE , c'en est trop , venezre- voir la Seine,
Voulez-vous à Madrid aller tout d'une
haleine ,
Et toûjous oublier ce qu'éloigné d'icy ;
ATherese , àl'Etat , vous caufez de foucy?
Vous avez en un mois mis trois Villes
en poudre,
Vostre cœur au repos nepeut-il ſe ré- -Soudre ;
Et ces fruits que la gloire a refervez
pourvous,
Lesgoûtantdans lecalme, enferont-ils moins doux?
Voussçavez qu'autrefois un Herosdont
l'Histoire
Confervera toûjourslapõpeuſe memoire,
22 LE MERCVRE
Aprés avoirfiny de moins nobles travaux.
Fit voir qu'on peut donner des bornes
auxHéros.
Quesi la noble ardeur de vostre ame
guerriere ,
Nepeutse retenirqu'au bout de lacarriere;
Sipourvous arreſter , vous voulezvoir
foûmis Tout ce qui peut encor vousrester d'Ennemis ,
Contentez-vous au moins de ces foins
politiques,
Qui fontplus que lefer fleurir les Re- publiques,
Inſtruisez vos Guerriers àmarcher fur
vospas,
Marquez l'heure , le temps , disposer des Combats.
Et fongez qu'un Grand Roy , qui fut nomméle Sage,
Fit deſon Cabinet trembler ſon voiſinage,
Tandis qu'en ſeureté , paisible danssa
Cour,
A
GALANT. 23
4
1
fut
Ildonnoitquelquefoisdesheures àl'A.
mour.
SIRE l'avoüeray , laGloire a
biendecharmes :
Il est beau de vous voir au milieu des
allarmes.
Voler àses côtez ; &triomphant tou
jours.
20 LE MERCVRE
Conter par vos Exploits le nombrede
vosjours.
Il est beau de vous voir ſacrifier pour
elle
Tout ce qu'on peutjamais attendre d'un
grandzele :
Mais pardonnez-moy , SIRE , &ne
murmurez pas.
Sije crainspour mon Royſes dangereux
appas.
Quand jeſonge auxperils, oùpour luy rendre hommage Voftre intrepide cœuràtoutebeure s'engage;
Carsi j'ofe aujourd'huy m'expliquer
avecvous,
LeSceptre , ny les Lys n'exemptent pointdes coups.
Cerangde Souverain , qui vous metfur nostestes ,
Nemet point vos beaux jours à l'abry des tempestes.
Le Canon , fi fatal aux plus braves
Guerriers ,
N'ajamais des Heros reſpecté les Lanriers ,
GALAN T. 21
น
!
t
J
Etceux,dont voſtrefront s'estfait une Couronne,
N'en garantiffent point voſtre Auguste Personne.
Ilnefautqu'un malheur .... Dieux!jen'oseypenser,
Ieſens à ce discours tout monsangse
glacer.
Ah, SIRE , c'en est trop , venezre- voir la Seine,
Voulez-vous à Madrid aller tout d'une
haleine ,
Et toûjous oublier ce qu'éloigné d'icy ;
ATherese , àl'Etat , vous caufez de foucy?
Vous avez en un mois mis trois Villes
en poudre,
Vostre cœur au repos nepeut-il ſe ré- -Soudre ;
Et ces fruits que la gloire a refervez
pourvous,
Lesgoûtantdans lecalme, enferont-ils moins doux?
Voussçavez qu'autrefois un Herosdont
l'Histoire
Confervera toûjourslapõpeuſe memoire,
22 LE MERCVRE
Aprés avoirfiny de moins nobles travaux.
Fit voir qu'on peut donner des bornes
auxHéros.
Quesi la noble ardeur de vostre ame
guerriere ,
Nepeutse retenirqu'au bout de lacarriere;
Sipourvous arreſter , vous voulezvoir
foûmis Tout ce qui peut encor vousrester d'Ennemis ,
Contentez-vous au moins de ces foins
politiques,
Qui fontplus que lefer fleurir les Re- publiques,
Inſtruisez vos Guerriers àmarcher fur
vospas,
Marquez l'heure , le temps , disposer des Combats.
Et fongez qu'un Grand Roy , qui fut nomméle Sage,
Fit deſon Cabinet trembler ſon voiſinage,
Tandis qu'en ſeureté , paisible danssa
Cour,
A
GALANT. 23
4
1
fut
Ildonnoitquelquefoisdesheures àl'A.
mour.
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Résumé : EPISTRE AU ROY.
L'épître au roi loue ses exploits et ses sacrifices pour la renommée, tout en exprimant des inquiétudes pour sa sécurité. L'auteur souligne que le sceptre et les lys ne le protègent pas des dangers, notamment les canons et les batailles. Il mentionne les récentes conquêtes du roi, comme la prise de trois villes en un mois, et suggère qu'il serait judicieux de profiter de la paix et de la gloire acquise. L'auteur cite l'exemple d'un héros historique qui sut se modérer après ses exploits. Il conseille au roi de se concentrer sur des actions politiques et stratégiques, telles que l'instruction de ses guerriers et la planification des combats, plutôt que de s'engager constamment dans des batailles.
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12
p. 61-66
« Cependant, comme j'ay déja commencé à vous parler des Pages [...] »
Début :
Cependant, comme j'ay déja commencé à vous parler des Pages [...]
Mots clefs :
Pages, Écurie, Noms, Charges, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « Cependant, comme j'ay déja commencé à vous parler des Pages [...] »
Cependant , comme j'ay déja commencé àvous parler desPages du Roy dans ma derniere Lettre , jacheve icy ce que j'ay encore àvous dire. Ceuxquiont toutes les qualitez neceſſaires.
40 LEMERCVRE
pour eftre du nombre , ſont ſou-- vent obligez d'attendre long-- temps , cet avantage eftant re- cherchéà l'envy par tous ceux quideſcendentdes plus grandes.
Maiſons du Royaume. Comme ils ſervent dans les Armées dés
leur plus grande jeuneffe , &
qu'ils meritent dans un âge peu avancé les Charges quileur font données , il ne faut pas s'éton-- ner ſi la pluſpart deviennent bien-toft capables de comman- der , & fi nous voyons ſouvent les premiers emplois entre des mains de pluſieurs , qui ont eu 1honneur d'eſtre elevez Pages du Roy. Sa Majeſté s'eſtant ren- duë fur la Frontiere avec préci pitation , ne mena avec elle qu'une partiedeſes Pages. Voi- cy les Noms de ceux qui la fuiverent.
(
GALAN T. 41
Pages de la Chambre.
M. des Chapelles.
M. de Guebriant.
M. de Neuville.
LaGrande Ecurie.
M. de Braque.
M. du Mets-Tiercelin.
X
ES Pagesde
e
es
&
eu
nt
:
n
nt
nent
Hes
eu
ges
enCci
lle
i11-
M. de Chevigny.
M.deGanges.
TRELER
100
YON
M. de Serignan,aîne & ca- det.
M.de Pelot.
M. de Monfrein.
Pages de lapetite Ecurie.
M. de Boifdennemets..
M.deNadaillac..
M. de S. Gilles- Lenfant.
M. de la Grange , cadet.
M.deRenanfart.
M. de Bonnefonds , aîné &
cader..
M.de Laval.
M. deMarmagne.
42 LE MERCVRE
M. deBoufv.
M.de Moiffet.
4
M. de Melun.
Je ne parleray point icy de leur Nobleffe , perſonne n'en peut douter , puis que tous les Pages du Roy font obligez d'en faire preuve , avant que d'eſtre reçeus. SaMajestévoulantdon- ner moyenàtous ceux dont je viens de parler, d'apprendre le meſtier de la Guerre , les a fait fervir tour à tour d'Aydes de Camp à ſes Aydes Camp , pen- dant les Sieges de Valenciennes & de Cambray , ce qui leur a
donné lieu d'acompagner fou- vent les Officiers Generaux , &
de ſe trouver dans les endroits
les plus perilleux.
40 LEMERCVRE
pour eftre du nombre , ſont ſou-- vent obligez d'attendre long-- temps , cet avantage eftant re- cherchéà l'envy par tous ceux quideſcendentdes plus grandes.
Maiſons du Royaume. Comme ils ſervent dans les Armées dés
leur plus grande jeuneffe , &
qu'ils meritent dans un âge peu avancé les Charges quileur font données , il ne faut pas s'éton-- ner ſi la pluſpart deviennent bien-toft capables de comman- der , & fi nous voyons ſouvent les premiers emplois entre des mains de pluſieurs , qui ont eu 1honneur d'eſtre elevez Pages du Roy. Sa Majeſté s'eſtant ren- duë fur la Frontiere avec préci pitation , ne mena avec elle qu'une partiedeſes Pages. Voi- cy les Noms de ceux qui la fuiverent.
(
GALAN T. 41
Pages de la Chambre.
M. des Chapelles.
M. de Guebriant.
M. de Neuville.
LaGrande Ecurie.
M. de Braque.
M. du Mets-Tiercelin.
X
ES Pagesde
e
es
&
eu
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:
n
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nent
Hes
eu
ges
enCci
lle
i11-
M. de Chevigny.
M.deGanges.
TRELER
100
YON
M. de Serignan,aîne & ca- det.
M.de Pelot.
M. de Monfrein.
Pages de lapetite Ecurie.
M. de Boifdennemets..
M.deNadaillac..
M. de S. Gilles- Lenfant.
M. de la Grange , cadet.
M.deRenanfart.
M. de Bonnefonds , aîné &
cader..
M.de Laval.
M. deMarmagne.
42 LE MERCVRE
M. deBoufv.
M.de Moiffet.
4
M. de Melun.
Je ne parleray point icy de leur Nobleffe , perſonne n'en peut douter , puis que tous les Pages du Roy font obligez d'en faire preuve , avant que d'eſtre reçeus. SaMajestévoulantdon- ner moyenàtous ceux dont je viens de parler, d'apprendre le meſtier de la Guerre , les a fait fervir tour à tour d'Aydes de Camp à ſes Aydes Camp , pen- dant les Sieges de Valenciennes & de Cambray , ce qui leur a
donné lieu d'acompagner fou- vent les Officiers Generaux , &
de ſe trouver dans les endroits
les plus perilleux.
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Résumé : « Cependant, comme j'ay déja commencé à vous parler des Pages [...] »
Le texte décrit les Pages du Roi, jeunes nobles servant dans les armées dès leur jeunesse et souvent promus rapidement à des postes de commandement. Ces pages, issus des plus grandes maisons du royaume, doivent prouver leur noblesse avant d'être acceptés. Le roi, contraint de se rendre rapidement à la frontière, n'a emmené qu'une partie d'entre eux. Le texte énumère les noms des pages ayant accompagné le roi, répartis en Pages de la Chambre, de la Grande Ecurie et de la Petite Ecurie. Le roi a également donné aux pages l'opportunité d'apprendre le métier de la guerre en les faisant servir comme aides de camp pendant les sièges de Valenciennes et de Cambray, leur permettant ainsi de se trouver dans des situations périlleuses aux côtés des officiers généraux.
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13
p. 189-197
« Le Roy apres avoir visité les Places maritimes, revint à [...] »
Début :
Le Roy apres avoir visité les Places maritimes, revint à [...]
Mots clefs :
Saint Omer, Peuple, Porte, Ville, Roi, Visite
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texteReconnaissance textuelle : « Le Roy apres avoir visité les Places maritimes, revint à [...] »
LeRoy aprés avoir viſité les Places maritimes , revintàSaint
Omer. Il rencontra en Bataille
auprés de la Ville le Regiment des Dragons Dauphins, à la tê- teduquel il fut ſalué par m' le Duc d'Elbeuf, comme Gouverneur de la Province, & par Mr le Comte de Longueval , qui eſtoit accompagné dedeuxRe- gimensdeCavalerie. Sa majeſté demandaàvoir la Tranchée qui eſtoitdu coſté de la Porte-Neuve, &aprés l'avoir viſitée, de- puis la teſte juſqu'à la queue,
Elle alla en ſuite au Fortde faint
Michel , qui eſt àla portée du CanondelaVille. Elle le trouva admirable,tant pour ſa beati
Fij
124 LE MERCVRE
té , que pour ſes Fortifications.
Ce Pofte contient cinq cens Hommes de Garniſon. Le Roy en retournant à la Porte de la
Ville, viſita tous les Dehors , &
da Contreſcarpetres-bien palif- fadee,&accompagnée de belles &fortes Redoutes, qui auroient rendu l'abord du Foffe impre- nable, fi la Place avoit eſté attaquée par des Commandans moins hardis , &par des Soldats moins accoûtumez à vaincre.
LeRoy en continuant ſa Viſite,
raiſonnoit fur les endroits les
mieux fortifiez , d'une maniere
qui le faifoit admirer de tous ceux qui l'écoutoient. Sa Ma- jeſté fut haranguée à la Porte de la Ville par l'Abbé de Clair- marets , &en ſuite par tous les Magiſtrats , qui furent charmez deI obligeante reception que ce
OTARAGE
E
ot
لا
GALANT. 12
Prince leur fit. Quoy que la pluye , qui n'avoit point ceſſe depuis long- temps , continuât toûjours , il monta ſur le Rampart , accompagné de Monfieur le marefchal dela Fenillade, de
Monfieur de Louvois , de Monfieur de SaintGeniés,&de tres peude ſuite , ayantdonnéordre àtous fes Gardes de l'attendre
àl'entréede la Porte. Sa Majefté le viſita d'unbout àl'autre juf- qu'aux moindres endroits. Elle
en admira non ſeulement la beauté , mais la regularité des Fortifications qui font au deſſus desDemy- lunes, doubles &fre- quentes. Les Foffez luy paru- rent d'une prodigieuſe gradeur.
Ils font environnez de Canaux
&de marais d'une tres-grande étenduë, qui rendentles environsde laPlace inacceffibles. Le
Fiij
126 LE MERCVRE
Roy , qui eftoit montépar la droite, vintdécendrepar lagau- che, au même endroitduRempart , qui a dumoinsune lieuë de circonference. Sa majesté en- tra dans la Ville tofijours àChe- val , accompagnéede Monfieur &detoute laCour,&fuiviede ſesGardes, les ruës eftant bor- dées des Troupes de laGarni- fon. Les Dames eſtoient aux feneftres tres - parées , &mar- quoient beaucoup de jove de voir Sa Majefté, qui les faliatou- tes malgré la pluye continuelle.
LePeuple rempliffoit les Rem- parts,&eftoit en confufiondans lesPlaces publiques , & à l'en- trée des Ruës de traverſe. Les
uns crioient Vive leRoy, les au
tresViveleRoyde France,&&d'au- tres le Roy Loüis &noftre bon Roy.
Le lendemain ce Prince s'occu-
"!
GALANT. 127
he
pa tout le jour àviſiter les beaux endroits & les Forts , qui font hors de S. Omer. Il alla voir les
les flotantes, & le FortdesVa- ches, dont la priſe afort contri- bué àla réduction de la Ville. Ie
vous ay fait le détail de cette merveilleuſe action , dont Sa
Majeſté loüa la vigueur. Elle dit beaucoup de choſes obli- geantes àM le Comte de Lon- gueval ; & il fut lotie de toute la Cour, qui parla auſſi fort ava- rageuſement de tout le Corps des DragonsDauphins. LeRoy n'ayant plus rien à voir dans Saint Omer , en partit pourviſi- ter les autres Places , &conti- nua à prendre beaucoup de fa- rigues, pendant que les Troupes qu'il avoit fait mettre en Quar- tier de rafraichiſſement ſe repo- ſoient. J'ay oublié à vous dire,
Fiiij
128 LE MERCVRE
en vous parlant du Siege de S. Omer , qu'on ne peut mieux ſervir le Royqu'a fait Monfieur le Duc d'Aumont. Il y mena,
malgré les mauvais chemins ,
toutes les Milices du Boulonnois avec une diligence incon- cevable : Elles furent utiles à
beaucoup de choſes , &il feroit difficile d'en trouver des meilleures dans le Royaume.
Omer. Il rencontra en Bataille
auprés de la Ville le Regiment des Dragons Dauphins, à la tê- teduquel il fut ſalué par m' le Duc d'Elbeuf, comme Gouverneur de la Province, & par Mr le Comte de Longueval , qui eſtoit accompagné dedeuxRe- gimensdeCavalerie. Sa majeſté demandaàvoir la Tranchée qui eſtoitdu coſté de la Porte-Neuve, &aprés l'avoir viſitée, de- puis la teſte juſqu'à la queue,
Elle alla en ſuite au Fortde faint
Michel , qui eſt àla portée du CanondelaVille. Elle le trouva admirable,tant pour ſa beati
Fij
124 LE MERCVRE
té , que pour ſes Fortifications.
Ce Pofte contient cinq cens Hommes de Garniſon. Le Roy en retournant à la Porte de la
Ville, viſita tous les Dehors , &
da Contreſcarpetres-bien palif- fadee,&accompagnée de belles &fortes Redoutes, qui auroient rendu l'abord du Foffe impre- nable, fi la Place avoit eſté attaquée par des Commandans moins hardis , &par des Soldats moins accoûtumez à vaincre.
LeRoy en continuant ſa Viſite,
raiſonnoit fur les endroits les
mieux fortifiez , d'une maniere
qui le faifoit admirer de tous ceux qui l'écoutoient. Sa Ma- jeſté fut haranguée à la Porte de la Ville par l'Abbé de Clair- marets , &en ſuite par tous les Magiſtrats , qui furent charmez deI obligeante reception que ce
OTARAGE
E
ot
لا
GALANT. 12
Prince leur fit. Quoy que la pluye , qui n'avoit point ceſſe depuis long- temps , continuât toûjours , il monta ſur le Rampart , accompagné de Monfieur le marefchal dela Fenillade, de
Monfieur de Louvois , de Monfieur de SaintGeniés,&de tres peude ſuite , ayantdonnéordre àtous fes Gardes de l'attendre
àl'entréede la Porte. Sa Majefté le viſita d'unbout àl'autre juf- qu'aux moindres endroits. Elle
en admira non ſeulement la beauté , mais la regularité des Fortifications qui font au deſſus desDemy- lunes, doubles &fre- quentes. Les Foffez luy paru- rent d'une prodigieuſe gradeur.
Ils font environnez de Canaux
&de marais d'une tres-grande étenduë, qui rendentles environsde laPlace inacceffibles. Le
Fiij
126 LE MERCVRE
Roy , qui eftoit montépar la droite, vintdécendrepar lagau- che, au même endroitduRempart , qui a dumoinsune lieuë de circonference. Sa majesté en- tra dans la Ville tofijours àChe- val , accompagnéede Monfieur &detoute laCour,&fuiviede ſesGardes, les ruës eftant bor- dées des Troupes de laGarni- fon. Les Dames eſtoient aux feneftres tres - parées , &mar- quoient beaucoup de jove de voir Sa Majefté, qui les faliatou- tes malgré la pluye continuelle.
LePeuple rempliffoit les Rem- parts,&eftoit en confufiondans lesPlaces publiques , & à l'en- trée des Ruës de traverſe. Les
uns crioient Vive leRoy, les au
tresViveleRoyde France,&&d'au- tres le Roy Loüis &noftre bon Roy.
Le lendemain ce Prince s'occu-
"!
GALANT. 127
he
pa tout le jour àviſiter les beaux endroits & les Forts , qui font hors de S. Omer. Il alla voir les
les flotantes, & le FortdesVa- ches, dont la priſe afort contri- bué àla réduction de la Ville. Ie
vous ay fait le détail de cette merveilleuſe action , dont Sa
Majeſté loüa la vigueur. Elle dit beaucoup de choſes obli- geantes àM le Comte de Lon- gueval ; & il fut lotie de toute la Cour, qui parla auſſi fort ava- rageuſement de tout le Corps des DragonsDauphins. LeRoy n'ayant plus rien à voir dans Saint Omer , en partit pourviſi- ter les autres Places , &conti- nua à prendre beaucoup de fa- rigues, pendant que les Troupes qu'il avoit fait mettre en Quar- tier de rafraichiſſement ſe repo- ſoient. J'ay oublié à vous dire,
Fiiij
128 LE MERCVRE
en vous parlant du Siege de S. Omer , qu'on ne peut mieux ſervir le Royqu'a fait Monfieur le Duc d'Aumont. Il y mena,
malgré les mauvais chemins ,
toutes les Milices du Boulonnois avec une diligence incon- cevable : Elles furent utiles à
beaucoup de choſes , &il feroit difficile d'en trouver des meilleures dans le Royaume.
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Résumé : « Le Roy apres avoir visité les Places maritimes, revint à [...] »
Le roi visita Saint-Omer et ses environs, accompagné de dignitaires et de régiments de cavalerie. Il inspecta les fortifications, notamment la tranchée près de la Porte-Neuve et le Fort Saint-Michel, appréciant les défenses et la garnison. Malgré la pluie, il monta sur les remparts avec plusieurs dignitaires, admirant les fortifications. Le roi fut acclamé par le peuple et les dames aux fenêtres. Le lendemain, il visita les forts extérieurs, dont les flottantes et le Fort des Vaches, louant la vigueur des actions militaires. Il complimenta le Comte de Longueval et le régiment des Dragons Dauphins. Après sa visite, LeRoy quitta Saint-Omer pour inspecter d'autres places, tandis que les troupes se reposaient. Le Duc d'Aumont fut loué pour son rôle avec les milices du Boulonnais.
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14
p. 215-227
« Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Début :
Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...]
Mots clefs :
Duc de Vivonne, Ennemis, Armée, Garnison, Bataille, Sicile, Roi, Prise d'Agouste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Je paſſe à l'Article que vous m'avez demandé de M² le Mareſchal , Duc de Vivonne ; &
puis quevous vous intereſſez fr fortdans ce qui le regarde , je vous écriray ce qui en eſt venu àma connoiſſance. Les Secours
que le Roy luy a envoyez de François &de Suiffes, font, dit- en, arrivez &ſe mettront bien-
GALAN T. 141
toſt en estat d'executer les Projets qu'il à faits , pour affermir l'authorité du Roydans la Sici- le , & étendre ſes Conqueſtes.
Vous ſçavez, Madame , que ce Sage Vice-Roy a eſté obligé de mettre enGarniſon dans lesPlaces qu'il conquit l'année der- niere , une partie des Troupes quiluy reſtoient, &qu'il en faut toûjoursun nombre confiderable dans Meſſine , où les Efpa- gnols confervent des intelligen- ces&font continuellement des
entrepriſes pourtafcher à ébran- ler la conftance des Meſſinois.
Vous ne ſçauriez croire l'affe- Etion que ces Peuples ont pour M le Marefchal de Vivonne.
Elle est telle qu'on peut dire qu'elle ne contribuë pas peu à la conſervation de l'authorité du
Royen cesPays là. Onconfide
142 LE MERCVRE reen luy une bonté extraordi- naire , une affabilité où les Efpagnols n'avoient jamaisaccoû- tumé les Siciliens , une juſtice que rien ne ſçauroit corrompre,
undes-intereſſementdont il ne
peut étre affez loüé. Ces nou- veaux Sujetsde la Franceontad- miré comme nous ſa Valeur ,
quand ils l'ont veu arriver chez eux dans l'extremité où ils
eſtoient réduits , en leur portant l'abondance , apres avoir défait les Ennemis dans un Combat
inégal. Ils ont eſté entretenus dans cetteopinion par la refolu- tion qu'il avoit faite , d'entre- prendre ſur l'Armée Navale des Eſpagnols dans le Port deNa- ples. Elle ne trouva d'obstacle queparl'impoſſibilé qui s'y ren- contra,quandon fut fur le point de l'executer. Il eſtoit difficile
GALAN T. 143 que M de Vivonne n'acquiſt pas leur amitié,par les ſoins con- tinuels qu'il avoit de leur faire
venir des vivres &de faire des
priſes confiderables fur leurs
Ennemis , pour ramener chez eux l'abondancedans un temps,
où ils eſtoientprivez de tousles Secours de leurs Païs. La confiance qu'ils avoient en luy, pa- rut particulierement , lors qu'il voulut aller à cette grande Ex- pedition , où M² du Queſne dé- fit l'Armée ennemie , commandée par le fameux AdmiralRüy- ter. If modera l'envie qu'il avoit d'acquerir de la gloire, dans un Combat, où il devoit avoir le
premier Commandement , pour Te rendre à l'amour de cesPeuples, qui deſeſperoient de leur confervation, s'ils laiſſoient éloigner celuy qu'ils regardoient
144 LE MERCVRE
comme leur Pere. Apres le gain de la Bataille , où i² du Queſne fit de fi belles choſes, &où tous
les Commandans ſe ſignalerent,
nôtre Armée Navale fut obligée deſe retirer en Provence , tant pour faire radouber les Vaifſeaux, que pour prendredes Vivres , qui pouvoient manquer.
Alors M le Mareſchal de Vivonne confiderant qu'il en re- ſtoit fort peu dans Meſſine , &
qu'il n'y avoit pas de ſeureté pour le paſſage de M de Châ- teau- renaud,qui venoit de France avec unConvoy; parce que les Ennemis , qui n'avoient pas tant de chemin à faire, ſeroient
toûjours en eſtat de luyempef- cher l'entrée du Phare , il conclut la fameuſe Expedition de Palerme,dont vousſçavez le détail , malgré les oppoſitions de
quel
:
GALANT. 7 145
et
:
quelques-uns qui voyoient le danger plus grand que luy , ou qui n'avoient pas tant d'ardeur pour la gloire. Les chofes luy réüffirent comme il l'avoit eſpe- ré , le Convoy arriva heureuſe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n'avoient point encore veu d'exemple, &noftre Mareſchal retourna triomphant dans Meſſine. L'amour des Peuples redoubla pour luy,com- me il redoubla ſes ſoins pour les conſerver ; il découvrit beaucoup de Conjurations , &meme contre ſa vie; il ne prit cepen- dant de precaution , que pour empeſcher les, entrepriſes des Ennemis ſur les nouveaux Sujets d'un Roy, que ceux qui le connoiſſent , ſçavent qu'il aime uniquement, & pour quiil ſacri- fieroit de bon cœur toutes cho-
: Tome IV. G
146 LE MERCVRE
faut
ſes. Ainſi quelque paffion qu'il aitpourlagloire,elle n'approche point de l'amour qu'il a pour le Royfon Maiſtre. Vous croyez bien, Madame , que pour faire tout ce qu'on en publie , il ne pas qu'il dorme toûjours,
comme veulent faire croire les
Ennemis dans leurs Gazettes;
maisilfe donne fi peu de peine pour avoir des Gens qui faffent courirde luy des bruits avanta- geux, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'en répand quelquefois d'autresqui trouvét de la créance patmy les gens, qui ne con- noiffent pas cet Illuftre Gene- ral, mais cela est bien-toſt de- truit par la force de la verité;
&tout l'artifice de ſes envieux,
dontles Perfonnes , comme luy,
ne manquent jamais , ne peut rien contre la reputation , que ſes belles actions luy ont acqui-
GALAN T. 147
de
k
es
t
fe. La priſe d'Agoufte &de tant dePlaces qui fortifient le party des Meſſinois , renverſe tout ce qu'on peut inventer , pour ob- ſourcir l'éclatde ſa gloire. Il ne la veut devoir qu'aux ſervices qu'il rend àſon Prince , & il en laiſſe le ſoin àceux qui écrivent
les Evenemens de
fe
ceSiecle,ſans TRE
mettre en peine d'avoir des
Prôneurs à la Cours. Ie ne vous
dis rien de la grande Action de Palerme. Vous la ſçavez ; mais vous ne ſçavez peut-eſtre pas que le bruit qu'elle fit chez les Tures, y porta tant de terreur,
qu'ilsredoublerentles Garniſons
de toutes les Places maritimes
qu'ils ontde ce coſté-là.
puis quevous vous intereſſez fr fortdans ce qui le regarde , je vous écriray ce qui en eſt venu àma connoiſſance. Les Secours
que le Roy luy a envoyez de François &de Suiffes, font, dit- en, arrivez &ſe mettront bien-
GALAN T. 141
toſt en estat d'executer les Projets qu'il à faits , pour affermir l'authorité du Roydans la Sici- le , & étendre ſes Conqueſtes.
Vous ſçavez, Madame , que ce Sage Vice-Roy a eſté obligé de mettre enGarniſon dans lesPlaces qu'il conquit l'année der- niere , une partie des Troupes quiluy reſtoient, &qu'il en faut toûjoursun nombre confiderable dans Meſſine , où les Efpa- gnols confervent des intelligen- ces&font continuellement des
entrepriſes pourtafcher à ébran- ler la conftance des Meſſinois.
Vous ne ſçauriez croire l'affe- Etion que ces Peuples ont pour M le Marefchal de Vivonne.
Elle est telle qu'on peut dire qu'elle ne contribuë pas peu à la conſervation de l'authorité du
Royen cesPays là. Onconfide
142 LE MERCVRE reen luy une bonté extraordi- naire , une affabilité où les Efpagnols n'avoient jamaisaccoû- tumé les Siciliens , une juſtice que rien ne ſçauroit corrompre,
undes-intereſſementdont il ne
peut étre affez loüé. Ces nou- veaux Sujetsde la Franceontad- miré comme nous ſa Valeur ,
quand ils l'ont veu arriver chez eux dans l'extremité où ils
eſtoient réduits , en leur portant l'abondance , apres avoir défait les Ennemis dans un Combat
inégal. Ils ont eſté entretenus dans cetteopinion par la refolu- tion qu'il avoit faite , d'entre- prendre ſur l'Armée Navale des Eſpagnols dans le Port deNa- ples. Elle ne trouva d'obstacle queparl'impoſſibilé qui s'y ren- contra,quandon fut fur le point de l'executer. Il eſtoit difficile
GALAN T. 143 que M de Vivonne n'acquiſt pas leur amitié,par les ſoins con- tinuels qu'il avoit de leur faire
venir des vivres &de faire des
priſes confiderables fur leurs
Ennemis , pour ramener chez eux l'abondancedans un temps,
où ils eſtoientprivez de tousles Secours de leurs Païs. La confiance qu'ils avoient en luy, pa- rut particulierement , lors qu'il voulut aller à cette grande Ex- pedition , où M² du Queſne dé- fit l'Armée ennemie , commandée par le fameux AdmiralRüy- ter. If modera l'envie qu'il avoit d'acquerir de la gloire, dans un Combat, où il devoit avoir le
premier Commandement , pour Te rendre à l'amour de cesPeuples, qui deſeſperoient de leur confervation, s'ils laiſſoient éloigner celuy qu'ils regardoient
144 LE MERCVRE
comme leur Pere. Apres le gain de la Bataille , où i² du Queſne fit de fi belles choſes, &où tous
les Commandans ſe ſignalerent,
nôtre Armée Navale fut obligée deſe retirer en Provence , tant pour faire radouber les Vaifſeaux, que pour prendredes Vivres , qui pouvoient manquer.
Alors M le Mareſchal de Vivonne confiderant qu'il en re- ſtoit fort peu dans Meſſine , &
qu'il n'y avoit pas de ſeureté pour le paſſage de M de Châ- teau- renaud,qui venoit de France avec unConvoy; parce que les Ennemis , qui n'avoient pas tant de chemin à faire, ſeroient
toûjours en eſtat de luyempef- cher l'entrée du Phare , il conclut la fameuſe Expedition de Palerme,dont vousſçavez le détail , malgré les oppoſitions de
quel
:
GALANT. 7 145
et
:
quelques-uns qui voyoient le danger plus grand que luy , ou qui n'avoient pas tant d'ardeur pour la gloire. Les chofes luy réüffirent comme il l'avoit eſpe- ré , le Convoy arriva heureuſe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n'avoient point encore veu d'exemple, &noftre Mareſchal retourna triomphant dans Meſſine. L'amour des Peuples redoubla pour luy,com- me il redoubla ſes ſoins pour les conſerver ; il découvrit beaucoup de Conjurations , &meme contre ſa vie; il ne prit cepen- dant de precaution , que pour empeſcher les, entrepriſes des Ennemis ſur les nouveaux Sujets d'un Roy, que ceux qui le connoiſſent , ſçavent qu'il aime uniquement, & pour quiil ſacri- fieroit de bon cœur toutes cho-
: Tome IV. G
146 LE MERCVRE
faut
ſes. Ainſi quelque paffion qu'il aitpourlagloire,elle n'approche point de l'amour qu'il a pour le Royfon Maiſtre. Vous croyez bien, Madame , que pour faire tout ce qu'on en publie , il ne pas qu'il dorme toûjours,
comme veulent faire croire les
Ennemis dans leurs Gazettes;
maisilfe donne fi peu de peine pour avoir des Gens qui faffent courirde luy des bruits avanta- geux, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'en répand quelquefois d'autresqui trouvét de la créance patmy les gens, qui ne con- noiffent pas cet Illuftre Gene- ral, mais cela est bien-toſt de- truit par la force de la verité;
&tout l'artifice de ſes envieux,
dontles Perfonnes , comme luy,
ne manquent jamais , ne peut rien contre la reputation , que ſes belles actions luy ont acqui-
GALAN T. 147
de
k
es
t
fe. La priſe d'Agoufte &de tant dePlaces qui fortifient le party des Meſſinois , renverſe tout ce qu'on peut inventer , pour ob- ſourcir l'éclatde ſa gloire. Il ne la veut devoir qu'aux ſervices qu'il rend àſon Prince , & il en laiſſe le ſoin àceux qui écrivent
les Evenemens de
fe
ceSiecle,ſans TRE
mettre en peine d'avoir des
Prôneurs à la Cours. Ie ne vous
dis rien de la grande Action de Palerme. Vous la ſçavez ; mais vous ne ſçavez peut-eſtre pas que le bruit qu'elle fit chez les Tures, y porta tant de terreur,
qu'ilsredoublerentles Garniſons
de toutes les Places maritimes
qu'ils ontde ce coſté-là.
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Résumé : « Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Le texte relate les actions et les succès du maréchal de Vivonne, duc de Vivonne, en Sicile. Grâce aux secours envoyés par le roi, composés de troupes françaises et suisses, Vivonne a pu renforcer l'autorité royale et étendre les conquêtes. Il a dû garnir les places conquises et maintenir une présence militaire significative à Messine pour contrer les Espagnols. Les Siciliens ont manifesté une grande affection pour Vivonne, appréciant sa bonté, son affabilité et sa justice. Ils ont également admiré sa valeur, notamment après sa victoire contre les ennemis dans un combat inégal et son rôle dans l'abondance de vivres apportée à la population. Vivonne a planifié une expédition contre la flotte navale espagnole à Naples, mais celle-ci a été annulée en raison de difficultés logistiques. Lors de l'expédition contre l'amiral Ruyter, Vivonne a sacrifié son désir de gloire pour rester auprès des Siciliens, qu'il considérait comme ses enfants. Après la bataille, la flotte française s'est retirée en Provence pour réparations et approvisionnement. Vivonne a ensuite mené une expédition à Palerme pour sécuriser le passage d'un convoi, malgré les oppositions et les dangers. Cette expédition a été couronnée de succès, renforçant l'amour des Siciliens pour lui. Vivonne a également découvert et neutralisé plusieurs conspirations contre lui et la population. Son dévouement au roi est total, et il sacrifie toute autre ambition pour servir son prince. Les succès militaires de Vivonne, comme la prise d'Agoste et d'autres places, renforcent son prestige et sa réputation, malgré les tentatives des ennemis de le discréditer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 229-237
ELEGIE.
Début :
Du grand monde & du bruit l'ame peu satisfaite, [...]
Mots clefs :
Monde, Désert, Amis, Science, Âme, Roi, Raison, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELEGIE.
ELEGI Ε.
Vgrandmonde&dubruit l'ame
penSatisfaire,
Pourtrouverdurepos je cherche une re- traite ,
GALANT. 149 Etfortant dela Ville apres cent maux Soufferts,
Ie viens chercher du Bec les aimables
Deserts..
CeSéjour agréable encor qu'ilfoit champestre,
Ne fert que rarement à son illustre
Maistre,
Et l'obligeant Emire en tous lieux reveré
AmaBarque agitéeoffre un Portaſſuré.
Trompeuse ambition ! Grandeur imagi- naire!
Qu'en vous lebien est rare &le mal
ordinaire!
Queleplus inſenſible &le mieux pre- paré,
Boit chez vous de Poison dans un Vase doré !
Qu'unefoule importune auſeul gain at- tachée ,
Sous un fasteapparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amisfe trouvent peu Souvent !
Qu'on barit des projets sur un fable mouvant!
Gij
igo LE MERCVRE Etqu'heureux est celuy , dont l'adroite
Science
Sçaitjoindre leſecret avecladéfiance Apeu de vrais Amis qui ſçait se re- trancher ,
Qui garde bien te nombre &n'en va point chercher,
Et qui ſur l'apparence enfin iamais ne -fonde
La folle opinion de plaire àtout le monde!
Onferoit unprodige en vertus achevé.
Qu'onseroit vicieux, pour un goust dépravé,
L'onavencomparer l'honneur à l'arti fice,
Les liberalitezàl'infame avarice,
La douceur à l'aigreur , l'orgueil àla bonté,
Aux laſches actions la generosité,
Lemodeste à celuy, qui fait le necef
faire,
Et l'ame laplusfourbe, au cœur leplus:
fincere.
Cependantdumensonge, infamesArti- fans VnMonstre vous devore , &fait des Partisans,
GALANT. 15.4
k
Voit dans ſes interests ceux qu'il rend miserables ,
Etdesplus oppreſſez fait les plusfavo rables.
On vanteſa conduite , on vanteſon efprit,
On n'oſe contredire àtout ce qu'il écrit,
L'Amour ar tout des
efolavesde l'interest faitpar to
Et regnequelquefois dans les cœurs les
plusbraves.
Al'éclat de la gloire on prefere lebien,
Et pour en acquerir les Crimes nefont
rien.
Quels divers embarras ne m'a-t-on pointfait naiſtre !
Combien , où je commande ay-je ven plusd'unMaistre ?
D'un Roy victorieux la iuste autorités
Apeineapûfléchir un Suiet irrité;
Ceux que i'aimois le mieux , emportez par la brigue,
Ont- ils à ce Torrent opposé quelque Digue!
LaGloirequi m'afait un grand Corps
effembler .... Giij
152 LE MERCVRE Contre les Ennemis qui voudroient nous troubler,
Mapreste des Lauriers dans une vaste Plaine,
Etjevois dansla Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Ennemy , qui fort de fon devoir,
Songeàme faire teste , &nesefait pas
voir,
Devient l'injuste Chefd'une infameCabale ,
Trouvedes Courtiſans ſans partirdeſa Salle ,
Etdansſes noirs deſſeins doit estre sa- tisfait D'avoir ofé combatre , encor qu'il soit
défait.
Ilme force àrougir lors que je le furmonte ,
Au plus fort de ma gloire il me couvre
dehonte,
Et donne par caprice en cette occafion,
Au Vainqueur & Vaincu mesme con- fusion.
Ab ! que de mon dépit la juste vian lence .D
GALAN T. 153 Maisle Roy nous l'ordonne,imposons- nousfilence ,
Mon cœur,ilfaut donner encesfacheux
momens,
Au plus grand des Mortels tous nos reffentimens.
Opaisible retraite ? aimable folitude ?
Qui des plus fortunez charmez l'in- quietude , :
M'arrachantauxplaiſirs que vouspou- vezdonner:
Ah! que j'ay de regret de vous aban- donner,
De preferer au mien l'avantage des
autres ,
Etnevoirde long-temps des lieux com- meles vostres! ..
Mais deux jours fans agir mefont à regretter,
4
Etce temps, àmon gré ,nese peut ra- chetera
Pourrons- nous bien changer dans ma plainte inutile,
L'innocence des Champs aux fracas de.
la Ville ?
De cent Beautez en vain on vante les
appas,
Gv
154 LE MERCVRE Moncœur nepeut aimer ce qu'il n'estin
me pas:
Commeil ne fut jamais capable de foi- bleffe ,
Un effort genereux rompt le trait qui le bleffe ,
Etpenchant vers la Gloire
plusqu'àiny.
n'estant
Ilpeuthairdemain, ce qu'il aime aujourd'huy ;
Mais pour vos beaux Deferts , iln'en
estpas demefme,
Pastre repos flateur donne un plaifir extrême
Sans Iris,fans mon Maistre, ô Sejour fortuné.
Vous auriez tout le cœurque je leur ay donné
Le quitte donc l'émail de vos vertes.
Prairies,
Et tout. ce qui flatoit mes douces ré
veries:
Allons tendre les bras à nos illustres
fers,
Allons-nous redonner au Grand Roy que je fers
GALANT Obſerverles proiets d'une fouleimportune,
Ettrouver des plaisirs dans ma noble infortune int Maisil faut bienpenser àce que nous ferons,
Regler nos sentimens par ce que nous Sçaurons , 5
Et fuivant les conseils que la raison
inspire,
Koir,écouterbeaucoup , agir&nevien dire
L
Vgrandmonde&dubruit l'ame
penSatisfaire,
Pourtrouverdurepos je cherche une re- traite ,
GALANT. 149 Etfortant dela Ville apres cent maux Soufferts,
Ie viens chercher du Bec les aimables
Deserts..
CeSéjour agréable encor qu'ilfoit champestre,
Ne fert que rarement à son illustre
Maistre,
Et l'obligeant Emire en tous lieux reveré
AmaBarque agitéeoffre un Portaſſuré.
Trompeuse ambition ! Grandeur imagi- naire!
Qu'en vous lebien est rare &le mal
ordinaire!
Queleplus inſenſible &le mieux pre- paré,
Boit chez vous de Poison dans un Vase doré !
Qu'unefoule importune auſeul gain at- tachée ,
Sous un fasteapparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amisfe trouvent peu Souvent !
Qu'on barit des projets sur un fable mouvant!
Gij
igo LE MERCVRE Etqu'heureux est celuy , dont l'adroite
Science
Sçaitjoindre leſecret avecladéfiance Apeu de vrais Amis qui ſçait se re- trancher ,
Qui garde bien te nombre &n'en va point chercher,
Et qui ſur l'apparence enfin iamais ne -fonde
La folle opinion de plaire àtout le monde!
Onferoit unprodige en vertus achevé.
Qu'onseroit vicieux, pour un goust dépravé,
L'onavencomparer l'honneur à l'arti fice,
Les liberalitezàl'infame avarice,
La douceur à l'aigreur , l'orgueil àla bonté,
Aux laſches actions la generosité,
Lemodeste à celuy, qui fait le necef
faire,
Et l'ame laplusfourbe, au cœur leplus:
fincere.
Cependantdumensonge, infamesArti- fans VnMonstre vous devore , &fait des Partisans,
GALANT. 15.4
k
Voit dans ſes interests ceux qu'il rend miserables ,
Etdesplus oppreſſez fait les plusfavo rables.
On vanteſa conduite , on vanteſon efprit,
On n'oſe contredire àtout ce qu'il écrit,
L'Amour ar tout des
efolavesde l'interest faitpar to
Et regnequelquefois dans les cœurs les
plusbraves.
Al'éclat de la gloire on prefere lebien,
Et pour en acquerir les Crimes nefont
rien.
Quels divers embarras ne m'a-t-on pointfait naiſtre !
Combien , où je commande ay-je ven plusd'unMaistre ?
D'un Roy victorieux la iuste autorités
Apeineapûfléchir un Suiet irrité;
Ceux que i'aimois le mieux , emportez par la brigue,
Ont- ils à ce Torrent opposé quelque Digue!
LaGloirequi m'afait un grand Corps
effembler .... Giij
152 LE MERCVRE Contre les Ennemis qui voudroient nous troubler,
Mapreste des Lauriers dans une vaste Plaine,
Etjevois dansla Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Ennemy , qui fort de fon devoir,
Songeàme faire teste , &nesefait pas
voir,
Devient l'injuste Chefd'une infameCabale ,
Trouvedes Courtiſans ſans partirdeſa Salle ,
Etdansſes noirs deſſeins doit estre sa- tisfait D'avoir ofé combatre , encor qu'il soit
défait.
Ilme force àrougir lors que je le furmonte ,
Au plus fort de ma gloire il me couvre
dehonte,
Et donne par caprice en cette occafion,
Au Vainqueur & Vaincu mesme con- fusion.
Ab ! que de mon dépit la juste vian lence .D
GALAN T. 153 Maisle Roy nous l'ordonne,imposons- nousfilence ,
Mon cœur,ilfaut donner encesfacheux
momens,
Au plus grand des Mortels tous nos reffentimens.
Opaisible retraite ? aimable folitude ?
Qui des plus fortunez charmez l'in- quietude , :
M'arrachantauxplaiſirs que vouspou- vezdonner:
Ah! que j'ay de regret de vous aban- donner,
De preferer au mien l'avantage des
autres ,
Etnevoirde long-temps des lieux com- meles vostres! ..
Mais deux jours fans agir mefont à regretter,
4
Etce temps, àmon gré ,nese peut ra- chetera
Pourrons- nous bien changer dans ma plainte inutile,
L'innocence des Champs aux fracas de.
la Ville ?
De cent Beautez en vain on vante les
appas,
Gv
154 LE MERCVRE Moncœur nepeut aimer ce qu'il n'estin
me pas:
Commeil ne fut jamais capable de foi- bleffe ,
Un effort genereux rompt le trait qui le bleffe ,
Etpenchant vers la Gloire
plusqu'àiny.
n'estant
Ilpeuthairdemain, ce qu'il aime aujourd'huy ;
Mais pour vos beaux Deferts , iln'en
estpas demefme,
Pastre repos flateur donne un plaifir extrême
Sans Iris,fans mon Maistre, ô Sejour fortuné.
Vous auriez tout le cœurque je leur ay donné
Le quitte donc l'émail de vos vertes.
Prairies,
Et tout. ce qui flatoit mes douces ré
veries:
Allons tendre les bras à nos illustres
fers,
Allons-nous redonner au Grand Roy que je fers
GALANT Obſerverles proiets d'une fouleimportune,
Ettrouver des plaisirs dans ma noble infortune int Maisil faut bienpenser àce que nous ferons,
Regler nos sentimens par ce que nous Sçaurons , 5
Et fuivant les conseils que la raison
inspire,
Koir,écouterbeaucoup , agir&nevien dire
L
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Résumé : ELEGIE.
Le poème 'ELEGI Ε.' explore les réflexions d'un individu sur la vie à la cour et le désir de retraite. L'auteur aspire à un repos loin de la ville et de ses maux, mais reconnaît que même les lieux déserts ne conviennent pas toujours à son maître. Il critique l'ambition trompeuse et la grandeur imaginaire, soulignant que le bien est rare et le mal ordinaire dans ce contexte. L'auteur déplore la rareté des amis sincères et la fréquente présence de projets éphémères. Il admire celui qui sait allier la science et la défiance, et qui ne cherche pas à plaire à tout le monde. Le poème condamne les vices et les artifices, préférant l'honneur, la générosité et la sincérité. Il décrit également les intrigues et les manipulations à la cour, où les intérêts personnels dominent souvent. L'auteur exprime son regret de devoir abandonner une retraite paisible pour obéir aux ordres du roi, malgré son désir de rester dans un lieu tranquille. Il conclut en exprimant son intention de suivre les conseils de la raison et de rester prudent dans ses actions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 243-249
« Je commence par celle de Monsieur le President Nicolaï; & [...] »
Début :
Je commence par celle de Monsieur le President Nicolaï; & [...]
Mots clefs :
Roi, Ennemis, Place, Europe, Saint Omer, Valenciennes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je commence par celle de Monsieur le President Nicolaï; & [...] »
Le commence par celle de Mon- fieur le Prefident Nicolaï ; & ce
que je prétens vous en dire,
n'eſt ny ſa Harangue , ny un Extrait, ny meſmeun fragment,
c'eſt moins que tour cela , & il ne doit ſervir qu'à vous faire concevoir une legere idée de quelques-unes de ſes penſées..Il a dit au Roy , en parlant de Valenciennes, qu'on ne pouvoit affez admirer qu'il euſt pris en fi peu de jours une des plus grandesVilles, qui pût marquer La puiſſance deſesEnnemis:une Villevaſte parſon étenduë , fie- redeſes Privileges, orgueilleuſe par ſes Boulevarts , forte par la
valeur & le nombre de ſes Ci
160 LE MERCVRE
toyens , fameuſe par fon Com- merce , & redoutable par nos pertes. Il a adjoûté à tout cela qu'on ſçavoit affez de quelle forte le Roy s'eſtoit rendu maî- tre de cette puiſſante Place , &
que de la maniere que les cho- fes s'eſtoient paffées,on ne pour- voittrop loüer lagrande bonté,
&la prudence de Sa Majesté,
qui par un ſeulmot de ſabouche avoit defendu cette Ville
du plus grand malheur qu'elle puſt craindre, &dont elle n'a- voit pû eſtre garantie par un million de bras , & par tant de Princes intereſſez à ſa défenſe.
Il a fait voir encor qu'on avoit adimiré fur tout , que dans un temps où l'on ne pouvoit faire 'un pas dans l'Europe ſans trou- verquelque Ennemyde la Fra- ce,leRoyavoireõquis trois Pla-
GALANT. гыг
cesdontlaforcen'étoitque trop connuë , &que s'il avoit trouvé des Ennemis, il ſembloirque ce n'euſt eſté que pour ſervir de matiere àfon triomphe ; Qu'on lui avoit veu fecourir parſa pru- dence & par une prevoyance merveilleufe, les lieux, où if ne
pouvoitſetrouver enPerſonne,
eny envoyant le puiſſant Se- cours qu'il leur fit recevoir,
quand il ſçeut que les Ennemis amaffez en fi grand nombre,ve- noientpour jetter de nouvelles forces dans S. Omer ; Que fes Armes avoient eſté victoricufes, fous la conduite d'un Prince
qui ne voit riendans le monde au deffus de luy, foit par fa naif- fance, foitpar fon merite & fes grandes vertus , que ſon ſeul Souverain. Il a dit encor d'une
manierequiacharmé tous ceux
162 LE MERCVRE
qui l'ont entendu , quependant que toute l'Europe eſtoit enfe- veliedans unprofond fommeil,
Sa Majesté ſeule veilloit, lagloi- re & le bien de ſon Royaume luytenant les yeux ouverts , &
que les Ennemis n'eſtoient re- venus de ceprofond affoupiffe- ment , que pour voir enmeſme temps leurs pertes , & fervir à
fontriomphe
que je prétens vous en dire,
n'eſt ny ſa Harangue , ny un Extrait, ny meſmeun fragment,
c'eſt moins que tour cela , & il ne doit ſervir qu'à vous faire concevoir une legere idée de quelques-unes de ſes penſées..Il a dit au Roy , en parlant de Valenciennes, qu'on ne pouvoit affez admirer qu'il euſt pris en fi peu de jours une des plus grandesVilles, qui pût marquer La puiſſance deſesEnnemis:une Villevaſte parſon étenduë , fie- redeſes Privileges, orgueilleuſe par ſes Boulevarts , forte par la
valeur & le nombre de ſes Ci
160 LE MERCVRE
toyens , fameuſe par fon Com- merce , & redoutable par nos pertes. Il a adjoûté à tout cela qu'on ſçavoit affez de quelle forte le Roy s'eſtoit rendu maî- tre de cette puiſſante Place , &
que de la maniere que les cho- fes s'eſtoient paffées,on ne pour- voittrop loüer lagrande bonté,
&la prudence de Sa Majesté,
qui par un ſeulmot de ſabouche avoit defendu cette Ville
du plus grand malheur qu'elle puſt craindre, &dont elle n'a- voit pû eſtre garantie par un million de bras , & par tant de Princes intereſſez à ſa défenſe.
Il a fait voir encor qu'on avoit adimiré fur tout , que dans un temps où l'on ne pouvoit faire 'un pas dans l'Europe ſans trou- verquelque Ennemyde la Fra- ce,leRoyavoireõquis trois Pla-
GALANT. гыг
cesdontlaforcen'étoitque trop connuë , &que s'il avoit trouvé des Ennemis, il ſembloirque ce n'euſt eſté que pour ſervir de matiere àfon triomphe ; Qu'on lui avoit veu fecourir parſa pru- dence & par une prevoyance merveilleufe, les lieux, où if ne
pouvoitſetrouver enPerſonne,
eny envoyant le puiſſant Se- cours qu'il leur fit recevoir,
quand il ſçeut que les Ennemis amaffez en fi grand nombre,ve- noientpour jetter de nouvelles forces dans S. Omer ; Que fes Armes avoient eſté victoricufes, fous la conduite d'un Prince
qui ne voit riendans le monde au deffus de luy, foit par fa naif- fance, foitpar fon merite & fes grandes vertus , que ſon ſeul Souverain. Il a dit encor d'une
manierequiacharmé tous ceux
162 LE MERCVRE
qui l'ont entendu , quependant que toute l'Europe eſtoit enfe- veliedans unprofond fommeil,
Sa Majesté ſeule veilloit, lagloi- re & le bien de ſon Royaume luytenant les yeux ouverts , &
que les Ennemis n'eſtoient re- venus de ceprofond affoupiffe- ment , que pour voir enmeſme temps leurs pertes , & fervir à
fontriomphe
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Résumé : « Je commence par celle de Monsieur le President Nicolaï; & [...] »
Le Président Nicolaï a prononcé un discours sur la prise de Valenciennes par le roi. Valenciennes est décrite comme une grande ville, fière de ses privilèges et de ses boulevards, forte par ses citoyens et célèbre pour son commerce. Le roi a rapidement conquis cette place puissante et a évité à la ville un grand malheur par un simple ordre. Nicolaï mentionne également que le roi a conquis trois places fortes en Europe malgré la présence d'ennemis, utilisant sa prudence et sa prévoyance pour secourir des lieux où il ne pouvait être présent. Les armes du roi ont été victorieuses sous la conduite d'un prince qui ne reconnaît que le roi au-dessus de lui, que ce soit par naissance, mérite ou grandes vertus. Enfin, Nicolaï souligne que tandis que toute l'Europe était endormie, le roi veillait sur la gloire et le bien de son royaume, permettant aux ennemis de se réveiller pour constater leurs pertes et contribuer à son triomphe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 86-93
VERS IRREGULIERS POUR LE ROY.
Début :
Je ne vous envoye point ce qui a esté imprimé, / Quel desir pressant m'inquiete, [...]
Mots clefs :
Nouveau, M. de Mimur, Roi, Louis, Gloire, Conquêtes
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texteReconnaissance textuelle : VERS IRREGULIERS POUR LE ROY.
Je ne vous envoye point ce qui a eſté imprimé,&qui pour- roitn'eſtrepointnouveau pour vous. Jem'arreſte ſeulement à
ce qui ne peut avoir eſte veu quede fort peu de Perſonnes,
&c'eſt par là queje vous fais partde cesVers,où vous trouverez plus de naturel , que de cette élevationpompeuſe qui a quelquefois plus de grands mots quede bons fens. Ils font
deM.deMimur, dont le Pere
eft Confeiller au Parlementde
Dijon. Ce jeune Gentilhom- me fut donné pourPage de la Chambre à Monſeigneur le Dauphin , dans le temps que Monfieur de Montaufier fut
GALANT. 65 fait Gouverneurde ce Prince.
Quoy que M.de Mimurn'eust pas encor dix ans, il paſſoitde- ja pour un prodige. Il ſçavoit parfaitement l'Hiſtoire & la
Chronologie; les Sciences les plus relevées luy estoient fa- milieres,&il en donnadeflors
d'aſſez glorieuſes marques , en confondant plufieurs Perſon- nesqui enprefenced'ungrand Prince,s'attacherentà luy faire des Queſtions. Son merite augmete tous les jours,auſſi-bien que ſa modestie , qui l'auroit -toûjours empeſche de laiſſer courir ces Vers , ſi ſes Amis
n'avoient eu aſſez de memoire
pour en tirer une Copie malgré luy
F3
66 LE MERCVRE
VERS IRREGULIERS
POUR LE ROY.
Vel defir preſſant minquiete ,
Et quel jeune transportd'une ardeur indiscrete ,
Eleve mon esprit jusqu'au plus
grand des Rois ?
Quoy!temeraire avec ce peu de
voix,
Quiferviroit àpeineàparlerde
nosBois .
८
Or du travailque fait l'Abeille
auMontHimette D
Oferois-je chanter commeenmoins -dedeux mois
Loüis afçew rangertrois Villes.
fousfesLois?
Oferois - je conter la sanglante
Défaite
GALANT. 67 Quimet le Flamand aux abois ,
Ettant deſurprenans Exploits ,
Où n'auroit pas suffy le plus fameux Poëte ,
Quedansfon heureux SiecleAu- gusteeut autrefois ?
Non , à quelque deſſein que mon
zelem'engage ,
Je connois mon génie , & ne me
flate pas.
Ien'entreprendraypointde tracer
une image
Qui le peigne außi fier qu'on le
voit aux Combats
Attacher la Victoire incertaine
&volage,
Et larendre conftante àmarcher furfespas.
C'estcependantparses derniers
progrés,
Que la Frontieredeformais
68 LE MERCVRE Verra le Laboureurdansſafertile
terre
Senrichir tous les ans des trefors
de Cerés ,
Et fans estre allarmé des malheurs de la Guerre ,
Foüir enſeuretédes douceurs de la
Paix
Venez montrer ce front où brille
La Victoire
Rameneznos beaux jours , rame- neznosplaisirs ,
Revenez, &faites-nous croire Quevous preferez nos defirs
Aux interests devostregloire.
Hé! quoy tant de travaux avant
5
qu'à nos Vergers whoar LePrintemps ait rendu leurverdure ordinaire ,
Nepeuvět donc vous fatisfaire?
Toûjours nouveaux deſſeins, toû- jours nouveaux dangers.
GALANT. 69 GRAND ROY , ménagez mieux
une teſteſi chere ,
LeBelgen'a que tropſentyvoſtre colere:
Prenezà l'avenirunpeuplus de
repos,
Et laiffez deformais les Conquêtes àfaire,
A l'ardeur que je vois dans un
jeune Héros Qui cherche àse montrerdigne
Fils d'un tel Pere
ce qui ne peut avoir eſte veu quede fort peu de Perſonnes,
&c'eſt par là queje vous fais partde cesVers,où vous trouverez plus de naturel , que de cette élevationpompeuſe qui a quelquefois plus de grands mots quede bons fens. Ils font
deM.deMimur, dont le Pere
eft Confeiller au Parlementde
Dijon. Ce jeune Gentilhom- me fut donné pourPage de la Chambre à Monſeigneur le Dauphin , dans le temps que Monfieur de Montaufier fut
GALANT. 65 fait Gouverneurde ce Prince.
Quoy que M.de Mimurn'eust pas encor dix ans, il paſſoitde- ja pour un prodige. Il ſçavoit parfaitement l'Hiſtoire & la
Chronologie; les Sciences les plus relevées luy estoient fa- milieres,&il en donnadeflors
d'aſſez glorieuſes marques , en confondant plufieurs Perſon- nesqui enprefenced'ungrand Prince,s'attacherentà luy faire des Queſtions. Son merite augmete tous les jours,auſſi-bien que ſa modestie , qui l'auroit -toûjours empeſche de laiſſer courir ces Vers , ſi ſes Amis
n'avoient eu aſſez de memoire
pour en tirer une Copie malgré luy
F3
66 LE MERCVRE
VERS IRREGULIERS
POUR LE ROY.
Vel defir preſſant minquiete ,
Et quel jeune transportd'une ardeur indiscrete ,
Eleve mon esprit jusqu'au plus
grand des Rois ?
Quoy!temeraire avec ce peu de
voix,
Quiferviroit àpeineàparlerde
nosBois .
८
Or du travailque fait l'Abeille
auMontHimette D
Oferois-je chanter commeenmoins -dedeux mois
Loüis afçew rangertrois Villes.
fousfesLois?
Oferois - je conter la sanglante
Défaite
GALANT. 67 Quimet le Flamand aux abois ,
Ettant deſurprenans Exploits ,
Où n'auroit pas suffy le plus fameux Poëte ,
Quedansfon heureux SiecleAu- gusteeut autrefois ?
Non , à quelque deſſein que mon
zelem'engage ,
Je connois mon génie , & ne me
flate pas.
Ien'entreprendraypointde tracer
une image
Qui le peigne außi fier qu'on le
voit aux Combats
Attacher la Victoire incertaine
&volage,
Et larendre conftante àmarcher furfespas.
C'estcependantparses derniers
progrés,
Que la Frontieredeformais
68 LE MERCVRE Verra le Laboureurdansſafertile
terre
Senrichir tous les ans des trefors
de Cerés ,
Et fans estre allarmé des malheurs de la Guerre ,
Foüir enſeuretédes douceurs de la
Paix
Venez montrer ce front où brille
La Victoire
Rameneznos beaux jours , rame- neznosplaisirs ,
Revenez, &faites-nous croire Quevous preferez nos defirs
Aux interests devostregloire.
Hé! quoy tant de travaux avant
5
qu'à nos Vergers whoar LePrintemps ait rendu leurverdure ordinaire ,
Nepeuvět donc vous fatisfaire?
Toûjours nouveaux deſſeins, toû- jours nouveaux dangers.
GALANT. 69 GRAND ROY , ménagez mieux
une teſteſi chere ,
LeBelgen'a que tropſentyvoſtre colere:
Prenezà l'avenirunpeuplus de
repos,
Et laiffez deformais les Conquêtes àfaire,
A l'ardeur que je vois dans un
jeune Héros Qui cherche àse montrerdigne
Fils d'un tel Pere
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Résumé : VERS IRREGULIERS POUR LE ROY.
Le texte relate une correspondance où l'auteur partage des vers inédits de M. de Mimur, un jeune gentilhomme de Dijon. Mimur, fils d'un conseiller au Parlement de Dijon, a servi comme page de la Chambre du Dauphin sous Monsieur de Montaufier. À dix ans, il était déjà connu pour ses connaissances en histoire et chronologie, impressionnant des proches d'un grand prince. Les vers, intitulés 'Vers irréguliers pour le Roy', expriment l'admiration de Mimur pour le roi Louis XIV. Il y célèbre les exploits militaires du roi, tels que la prise de villes et la défaite des Flamands. Mimur reconnaît ses propres limites et espère que les frontières seront sécurisées, permettant aux laboureurs de travailler en paix. Le poème se conclut par une supplique au roi pour qu'il ménage ses forces et laisse les conquêtes à un jeune héros, le Dauphin. Malgré sa modestie, les amis de Mimur ont copié et diffusé ces vers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 100-103
Air de M. de Moliere sur des Paroles de M. de Frontiniere, chantées devant le Roy par Madem. Jacquier. [titre d'après la table]
Début :
Cet Article seroit mal finy, si je n'y joignois ces / Grand Roy. fameux Héros à qui tout est soûmis, [...]
Mots clefs :
Paroles, Roi, Héros, Opéra, Lully, Molière
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texteReconnaissance textuelle : Air de M. de Moliere sur des Paroles de M. de Frontiniere, chantées devant le Roy par Madem. Jacquier. [titre d'après la table]
Cet Article ſeroit mal finy,
fi jen'y joignois ces Vers qui ont eſté chantez devant le
Roy avec une entiere fatisfa- ction de tous ceux qui ont eu le plaisir de les entendre.
Grand Roy , fameuxHéros à qui
tout estsoumis ,
G 2
76 LE MERCVRE
Tremblerons-nous toûjours comme
vos Ennemis ?
Nepourrons-nous jamais appren- drefans allarmes,
L'étonnantfuccésdevos armes?
Laiſſez porter la guerre en cent
Climats divers ,
Sansvous expoſerdavantage;
Mais vous ferez plûtoft Maistre
de l'Univers ,
Que de vostre Courage.
Ces Paroles ſont de Monfieur de Frontiniere. Il est fi
connude toutes les Perſonnes
de qualité qui ont le goût des bonnes chofes , qu'on ne ſcau- roit mieux loüer ce qu'il fait,
qu'en diſant qu'il en eſt l'Au- theur. C'eſt luy qui a fait l'O- péra de Narciffe , dont vous avez oüy dire tant de bien.
Monfieur de Lully y travaille
GALANT.. 77 avec beaucoup d'application;
& comme on ne peut douter que ſa Muſique ne réponde a
la douceur &à la beauté des
Vers , on a ſujet d'en attendre quelque choſe de merveil- leux. La plus grande partie des belles Paroles qui ont eſté miſes en Chant par Monfieur Lambertdepuis plufieurs an- nées , fontde ce meſmeMon--
fieur de Frontiniere. L'Air de
celles que je vous envoye , a
efté fait par M' Moliere. C'eſt un admirable Génie. Vous
voyez bien que je vous parle de celuy qu'on appelle icy communément lepetitMolie- re
fi jen'y joignois ces Vers qui ont eſté chantez devant le
Roy avec une entiere fatisfa- ction de tous ceux qui ont eu le plaisir de les entendre.
Grand Roy , fameuxHéros à qui
tout estsoumis ,
G 2
76 LE MERCVRE
Tremblerons-nous toûjours comme
vos Ennemis ?
Nepourrons-nous jamais appren- drefans allarmes,
L'étonnantfuccésdevos armes?
Laiſſez porter la guerre en cent
Climats divers ,
Sansvous expoſerdavantage;
Mais vous ferez plûtoft Maistre
de l'Univers ,
Que de vostre Courage.
Ces Paroles ſont de Monfieur de Frontiniere. Il est fi
connude toutes les Perſonnes
de qualité qui ont le goût des bonnes chofes , qu'on ne ſcau- roit mieux loüer ce qu'il fait,
qu'en diſant qu'il en eſt l'Au- theur. C'eſt luy qui a fait l'O- péra de Narciffe , dont vous avez oüy dire tant de bien.
Monfieur de Lully y travaille
GALANT.. 77 avec beaucoup d'application;
& comme on ne peut douter que ſa Muſique ne réponde a
la douceur &à la beauté des
Vers , on a ſujet d'en attendre quelque choſe de merveil- leux. La plus grande partie des belles Paroles qui ont eſté miſes en Chant par Monfieur Lambertdepuis plufieurs an- nées , fontde ce meſmeMon--
fieur de Frontiniere. L'Air de
celles que je vous envoye , a
efté fait par M' Moliere. C'eſt un admirable Génie. Vous
voyez bien que je vous parle de celuy qu'on appelle icy communément lepetitMolie- re
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Résumé : Air de M. de Moliere sur des Paroles de M. de Frontiniere, chantées devant le Roy par Madem. Jacquier. [titre d'après la table]
Le texte présente un article inachevé complété par des vers chantés devant le roi, qui ont été bien reçus. Ces vers, adressés à un 'Grand Roy, fameux Héros', expriment l'admiration pour ses exploits militaires et suggèrent qu'il pourrait dominer l'univers grâce à son courage plutôt que de se mettre en danger. Les paroles sont attribuées à Monsieur de Frontinière, connu pour son œuvre, notamment l'opéra 'Narcisse'. Monsieur de Lully travaille également sur cet opéra avec beaucoup d'application, et sa musique est attendue pour correspondre à la qualité des vers. La plupart des beaux textes mis en chant par Monsieur Lambert ces dernières années sont également de Monsieur de Frontinière. L'air des vers envoyés a été composé par Molière, décrit comme un 'admirable Génie'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 150-153
Vers à la gloire du Roy & de Monsieur le Duc du Maine. [titre d'après la table]
Début :
Cependant, Madame, vous croirez que la Tragédie dont je vous [...]
Mots clefs :
Muses Gasconnes, Roi, Spectacle, Gloire, Duc du Maine
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texteReconnaissance textuelle : Vers à la gloire du Roy & de Monsieur le Duc du Maine. [titre d'après la table]
Cepen- dant, Madame , vous croirez que la Tragédie dont je vous parle a eftequelque quel choſe de
fort provincial, & vous aurez de la peine à eſtre perfuadée que les Muſes Gafconnes ap- prochentde la politeffe de cel- les que le Roy a bien voulu loger dans le Louvre. Perdez cette penfée , & jugez de ce qu'a pû eſtre la Piece par ces Vers qui devoient ſervir de
Tome V. K
110 LE MERCVRE
complimentàMonfieur leDuc duMaine , s'il euſt eu le temps d'en voir une Repréſentation.
Q
Voyqu'ilnous
rieux ,
Soit fort gloPrince,de vous voir en ces lieux,
Nous avions intereſt à trouverdes
obstacles
Pour retenir le defir curieux
Quivousattireànos Spéttacles.
Nous connoiſſons lefangdes Demy
Dieux ,
Ilest accoûtumédetout temps aux
Miracles,
Etnousn'envenons pointétalerà
vosyeux.
C'estd'une tragiqueAvanture
Latriste &fidelle peinture Quenousavons àvous ofrir.
Les rares qualitez qu'en vous chacun admire ,
1
GALANT. I
D. Nous donneroientfans- doute affez àdiſcourir;
Mais nous n'en diſons rien , pour
avoirtrop à dire.
Pourparlerdignement de vous,
Nous voulions en ces lieux faire
venir la Gloire ,
Mais(&vous n'aurezpas depeine ànous en croire)
Elle n'a point de temps àperdre
avecquenous.
Pourl'Auguste Loüis elle est toute
occupée ,
Ellenepeut lequiter un moment,
EtpouraucunHéros jamais atta- chement
Ne rendit moins fon attente
trompée.
Si ce grand Conquerant l'eust laiſſée enpouvoir Deſe donner quelques joursderelâche,
Kij
112 LE MERCVRE
Prince,vous l'auriezvenë icy vous
recevoir ,
Mais on peut à ceprixsepaffer de lavoir ,
Etcelan'a rien qui vous fâche.
fort provincial, & vous aurez de la peine à eſtre perfuadée que les Muſes Gafconnes ap- prochentde la politeffe de cel- les que le Roy a bien voulu loger dans le Louvre. Perdez cette penfée , & jugez de ce qu'a pû eſtre la Piece par ces Vers qui devoient ſervir de
Tome V. K
110 LE MERCVRE
complimentàMonfieur leDuc duMaine , s'il euſt eu le temps d'en voir une Repréſentation.
Q
Voyqu'ilnous
rieux ,
Soit fort gloPrince,de vous voir en ces lieux,
Nous avions intereſt à trouverdes
obstacles
Pour retenir le defir curieux
Quivousattireànos Spéttacles.
Nous connoiſſons lefangdes Demy
Dieux ,
Ilest accoûtumédetout temps aux
Miracles,
Etnousn'envenons pointétalerà
vosyeux.
C'estd'une tragiqueAvanture
Latriste &fidelle peinture Quenousavons àvous ofrir.
Les rares qualitez qu'en vous chacun admire ,
1
GALANT. I
D. Nous donneroientfans- doute affez àdiſcourir;
Mais nous n'en diſons rien , pour
avoirtrop à dire.
Pourparlerdignement de vous,
Nous voulions en ces lieux faire
venir la Gloire ,
Mais(&vous n'aurezpas depeine ànous en croire)
Elle n'a point de temps àperdre
avecquenous.
Pourl'Auguste Loüis elle est toute
occupée ,
Ellenepeut lequiter un moment,
EtpouraucunHéros jamais atta- chement
Ne rendit moins fon attente
trompée.
Si ce grand Conquerant l'eust laiſſée enpouvoir Deſe donner quelques joursderelâche,
Kij
112 LE MERCVRE
Prince,vous l'auriezvenë icy vous
recevoir ,
Mais on peut à ceprixsepaffer de lavoir ,
Etcelan'a rien qui vous fâche.
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Résumé : Vers à la gloire du Roy & de Monsieur le Duc du Maine. [titre d'après la table]
La lettre traite d'une tragédie provinciale, que l'auteur reconnaît comme moins raffinée que celles du Louvre. Elle est adressée à une personne de haut rang, probablement une femme de la noblesse. L'auteur inclut des vers destinés à complimenter Monsieur le Duc du Maine, qui n'a pas pu assister à la représentation. Ces vers expriment l'intérêt et l'admiration pour le prince, tout en soulignant la modestie de la pièce. Ils mentionnent également la gloire, entièrement occupée par le roi Louis, et incapable de se détacher de lui, même pour un instant. L'auteur conclut en affirmant que, bien que la gloire ne puisse être présente, cela ne devrait pas fâcher le prince.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 164-172
SUR LES VICTOIRES DU ROY.
Début :
Venons aux Vers que Mr de Corneille l'aisné a presentez [...]
Mots clefs :
Conquêtes, Roi, Feuille volante, Victoires, Parélie, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : SUR LES VICTOIRES DU ROY.
Ve- nons aux Vers que Mr deCor- neille l'aiſné a preſentez au Roy fur ces Conqueſtes. Je - pourrois me diſpenſerde vous les envoyer , parce qu'ils font imprimez ; mais comme ils ne le font qu'en feüille volante, il eſt bon devousdonner lieu de
les conſerver &d'ailleurs fi le mot de Parélie a embaraſſé
quelqu'une de vos Dames de Province , vous leur en ferez
voir l'explication dans le cha-
120 LE MERCVRE
;
gement des deux Vers où ce moteſtoit employé.
SUR LES VICTOIRES
Du ROY.
E vous l'avois bien dit , Enne- IE mis de la France ,
Quepour vous la Victoire auroit
peu de constance ,
Etque de Philisbourgàvos armes
rendu
Lepéniblefuccésvous feroit cher
vendu.
Apeine la Campagne aux Zéphirs est ouverte ,
Et trois Villes déjareparent nostre
perte ;
Trois Villes dont la moindre cust
pûfaire unEtat ,
Lors que chaque Province avoit
fon Potentat ;
Trois
GALANT. 121
Trois Villes qui pouvoient tenir
autantd'années ,
Si le Cielà Loüis ne les eust destinées Et commefi leur priſe étoit trop
peupournous,
Mont-Caffelvous apprendceque peſent nos coups.
Loürs n'aqu'àparoiſtre, &vos Murailles tombent ,
Iln'a qu'àdonner l'ordre, &vas
Hérosfu combent ;
Et tandis quefa gloire arreſte en d'autres lieux
L'honneurdeſapresence, &l'ef- fortdesesyeux ,
L'Ange de qui le brasfoûtientfon Diademe
Vous terraſſe pour luy par un au- tre luy-meſme ,
EtDieu pour luy donner unferme &digne appuy ,
Tome V. L
122 LE MERCVRE
Ne fait qu'un Conquerant de
PHILIPPE &de luy.
Ainſi quandle Soleil fur un
épais nüage ,
Poursefaire unſecond , imprime Sonimage,
Leur hauteur est égale , &leur
éclatpareil ,
Nous voyons deux Soleils qui ne font qu'un Soleil :
Sous un double dehors il est toujours unique ,
Seul maistre des rayons qu'àl'autre il communique ,
Et ce brillantportrait qu'illumi- nent ſes foins
Ne brilleroit pas tant ,
reſſembloit moins.
s'il luy
-Mais c'est aßez, Grand Roy,c'est affez de Conquestes ,
Laiſſe àd'autres ſaiſons celleson tu t'appreſtes:
GALANT. 123 Quelque jufte bonheur qui fuive
tes projets,
Nous envions ta veuë àtes nouveaux Sujets.
Ils bravent tes Drapeaux, tes Ca- nons les foudroyent,
Etpour tout chaſtiment tu les vois,
ils te voyent ;
Quelprix de leur défaite, &que
tantdebonté
Rarement accompagne un Vainqueur irrité!
Pour nous , qui nemettons noftre
bien qu'en ta veuë ,
Vange- nous du long-temps que nous l'avons perduë,
Du vol qu'ils nous en font vien nousfaire raiſon ,
Ramene nos Soleils deſſus nostre
Orifon :
Quandon vient d'entaſſervictoi refur victoire,
L 2
124 LE. MERCVRE
In moment de repos fait mieux.
gouter lagloire,
Et je te le redis , nous devenons
jaloux
Decesmeſmesbonheurs quit'éloignent de nous.
S'ilfaut combatre encor, tupeux
deton Versailles
Forcerdes Bastions, &gagnerdes
Batailles ,
Et tes Pareils, pourvaincre en ces
nobles hazards ,
N'ont pas toûjours beſoin d'y porter leurs regards.
C'est deton Cabinet qu'ilfaut que
tu contemples Quelfruit tes Ennemis tirent de
tes Exemples ,
Et par quel long tiſſu d'illustres
actions,
Ils sçauront profiter de tes inf tructions.
GALANT. 125 Egalezen six mois l'effet de fix Semaines ;
Vousferiezaffezforts pouren ve- niràbout ,
Si vous ne trouviezpas nostre grand Roy par tout.
Par tout vous trouverezSon ame,
&Son ouvrage ,
Des Chefs faits de samain , for- mezsurson courage ,
Pleins de ſa haute idée, intrépides , vaillans ,
Iamais presque afſaillis , toûjours presque affaillans ;
Par tout de vrais François , Sol- dats dés leurs enfance,
Attachezau devoir , prompts à
l'obeiſſance ;
Par tout enfin des cœurs quiſçavent aujourd'huy Lefairepartout craindre , &ne craindre que luy.
L3
126 LE MERCVRE
Sur le Zele , Grand Roy , de ces
ames guerrieres,
Tu peux te reposerduſoinde tes
Frontieres,
Attendant que leur bras vainqueurde tes Flamans,
Mefle un nouveaux triomphe à
tes délaffemens.
Qu'il réduiſſe à la Paix laHol- lande &l'Espagne,
Que par un coup de Maistre il fermeta Campagne ,
Et que l'Aigle jaloux n'enpuiſſe
remporter Que lefortdes Lions que tu viens
de dompter.
les conſerver &d'ailleurs fi le mot de Parélie a embaraſſé
quelqu'une de vos Dames de Province , vous leur en ferez
voir l'explication dans le cha-
120 LE MERCVRE
;
gement des deux Vers où ce moteſtoit employé.
SUR LES VICTOIRES
Du ROY.
E vous l'avois bien dit , Enne- IE mis de la France ,
Quepour vous la Victoire auroit
peu de constance ,
Etque de Philisbourgàvos armes
rendu
Lepéniblefuccésvous feroit cher
vendu.
Apeine la Campagne aux Zéphirs est ouverte ,
Et trois Villes déjareparent nostre
perte ;
Trois Villes dont la moindre cust
pûfaire unEtat ,
Lors que chaque Province avoit
fon Potentat ;
Trois
GALANT. 121
Trois Villes qui pouvoient tenir
autantd'années ,
Si le Cielà Loüis ne les eust destinées Et commefi leur priſe étoit trop
peupournous,
Mont-Caffelvous apprendceque peſent nos coups.
Loürs n'aqu'àparoiſtre, &vos Murailles tombent ,
Iln'a qu'àdonner l'ordre, &vas
Hérosfu combent ;
Et tandis quefa gloire arreſte en d'autres lieux
L'honneurdeſapresence, &l'ef- fortdesesyeux ,
L'Ange de qui le brasfoûtientfon Diademe
Vous terraſſe pour luy par un au- tre luy-meſme ,
EtDieu pour luy donner unferme &digne appuy ,
Tome V. L
122 LE MERCVRE
Ne fait qu'un Conquerant de
PHILIPPE &de luy.
Ainſi quandle Soleil fur un
épais nüage ,
Poursefaire unſecond , imprime Sonimage,
Leur hauteur est égale , &leur
éclatpareil ,
Nous voyons deux Soleils qui ne font qu'un Soleil :
Sous un double dehors il est toujours unique ,
Seul maistre des rayons qu'àl'autre il communique ,
Et ce brillantportrait qu'illumi- nent ſes foins
Ne brilleroit pas tant ,
reſſembloit moins.
s'il luy
-Mais c'est aßez, Grand Roy,c'est affez de Conquestes ,
Laiſſe àd'autres ſaiſons celleson tu t'appreſtes:
GALANT. 123 Quelque jufte bonheur qui fuive
tes projets,
Nous envions ta veuë àtes nouveaux Sujets.
Ils bravent tes Drapeaux, tes Ca- nons les foudroyent,
Etpour tout chaſtiment tu les vois,
ils te voyent ;
Quelprix de leur défaite, &que
tantdebonté
Rarement accompagne un Vainqueur irrité!
Pour nous , qui nemettons noftre
bien qu'en ta veuë ,
Vange- nous du long-temps que nous l'avons perduë,
Du vol qu'ils nous en font vien nousfaire raiſon ,
Ramene nos Soleils deſſus nostre
Orifon :
Quandon vient d'entaſſervictoi refur victoire,
L 2
124 LE. MERCVRE
In moment de repos fait mieux.
gouter lagloire,
Et je te le redis , nous devenons
jaloux
Decesmeſmesbonheurs quit'éloignent de nous.
S'ilfaut combatre encor, tupeux
deton Versailles
Forcerdes Bastions, &gagnerdes
Batailles ,
Et tes Pareils, pourvaincre en ces
nobles hazards ,
N'ont pas toûjours beſoin d'y porter leurs regards.
C'est deton Cabinet qu'ilfaut que
tu contemples Quelfruit tes Ennemis tirent de
tes Exemples ,
Et par quel long tiſſu d'illustres
actions,
Ils sçauront profiter de tes inf tructions.
GALANT. 125 Egalezen six mois l'effet de fix Semaines ;
Vousferiezaffezforts pouren ve- niràbout ,
Si vous ne trouviezpas nostre grand Roy par tout.
Par tout vous trouverezSon ame,
&Son ouvrage ,
Des Chefs faits de samain , for- mezsurson courage ,
Pleins de ſa haute idée, intrépides , vaillans ,
Iamais presque afſaillis , toûjours presque affaillans ;
Par tout de vrais François , Sol- dats dés leurs enfance,
Attachezau devoir , prompts à
l'obeiſſance ;
Par tout enfin des cœurs quiſçavent aujourd'huy Lefairepartout craindre , &ne craindre que luy.
L3
126 LE MERCVRE
Sur le Zele , Grand Roy , de ces
ames guerrieres,
Tu peux te reposerduſoinde tes
Frontieres,
Attendant que leur bras vainqueurde tes Flamans,
Mefle un nouveaux triomphe à
tes délaffemens.
Qu'il réduiſſe à la Paix laHol- lande &l'Espagne,
Que par un coup de Maistre il fermeta Campagne ,
Et que l'Aigle jaloux n'enpuiſſe
remporter Que lefortdes Lions que tu viens
de dompter.
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Résumé : SUR LES VICTOIRES DU ROY.
La lettre accompagne des vers dédiés aux victoires du roi, présentés par Monsieur de Corneille l'aîné. L'auteur souligne que ces vers, bien que déjà imprimés en feuilles volantes, méritent d'être conservés. Il explique le mot 'Parélie', qui pourrait avoir embarrassé certaines dames de province. Les vers célèbrent les conquêtes récentes du roi, notamment la prise de trois villes importantes, et mettent en avant la rapidité et l'efficacité des victoires royales. Le texte compare le roi à un soleil dont l'éclat est unique et incomparable. Il exprime également le désir de voir le roi revenir et de profiter de ses victoires. Enfin, il loue les soldats français, formés par le roi, qui sont courageux et dévoués, et exprime l'espoir que leurs victoires continueront de protéger les frontières du royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 213-218
ELOGE DE VERSAILLES ET DE TRIANON.
Début :
Vous voulez bien, Madame, que je mesle à ces / Je sçavois bien, Tirsis, par cent illustres marques, [...]
Mots clefs :
Trianon, Versailles, Roi, Trésors, Batailles, Vainqueur
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texteReconnaissance textuelle : ELOGE DE VERSAILLES ET DE TRIANON.
Vous voulez bien, Madame,
que je mefle à ces Nouvelles les derniers Vers qu'on m'a
154 LE MERCVRE donnez de M² le Duc de S. Aignan; ils vous feront connoî- tre avec quelle promptitude il vient à boutde tout ce qu il entreprend. Le Roy luy avoit faitl'honneur à ſon retour du
Havre,de luy faire voir les Au- gmentations qui s'eſtoient fai- tes à Verſailles & à Trianon
depuis fon départ ; & dés le foir meſme il prit la liberré de donner à Sa Majefté ces Vers qu'il fit ſur les beautez de ces deuxMaiſons.
ELOGE
DE
VERSAILLES
ET DE TRIANON.
Efçavois bien , Tirfis , parcent
2
GALANT. 155 I
4-
th
Quenous avions pour Roy leplus grand des Monarques;
Qu'en guerre comme en paix il
estoit fans pareil ,
Qu'on le voyoit briller comme un
autre Soleil ,
Et qu'eſtant des Guerriers le plus parfait modele ,
Il fe couvroitpar tout d'une gloire immortelle ;
Mais je ne penſois pas qu'il fust en ſonpouvoir D'aſſembler les Trefors que nous
venons de voir ,
Que retournant vainqueur du
plus fortdes Batailles ,
Il fift de Trianon ce qu'il fait de Versailles ,
Que le plus délicat nepust rien
defirer
Aux rares ornemens qui s'y font admirer ,
156 LE MERCVRE Qu'on ypaſſaſt des Mers , qu'ony viſt ſur les ondes Desfuperbes Vaiſſeauxles courſes
vagabondes ,
Quele Iafpe,leMarbre & cent
autres Beautez Ytinſſent à l'envy tous lesſens enchantez,
Qu'onpust enun moment desplus baffes Campagnes Eleverdes Torrens &percer des
Montagnes ,
Et qu'enfin de ces lieux le pompeuxornement ,
Detous les Curieux devinſt l'étonnement.
Mais , Tirſis, euft-on crû qu'une
humaine puiſſance Eust rangé tes Saiſons ſous fon obeissance ,
Pour le plaisir des yeux change l'ordre du temps ,
Fait
GALANT. 157
Fait des plus grands Hyvers un
eternel Printemps ,
Et joint plus d'une fois dans une mefme Place ,
Audoux émaildes Fleurs la froi- deur de la glace. Tous les Siecles pallez n ayantTREQUE
rien veu de tel ,
Admirons ce Grand Roy qui rien de mortel ,
LYON
N1893*77
Mais adjoûtons , Tirfis , que ce MonarqueAuguſte ,
Pouvant tout ce qu'ilveut neveut
rien que de juste.
que je mefle à ces Nouvelles les derniers Vers qu'on m'a
154 LE MERCVRE donnez de M² le Duc de S. Aignan; ils vous feront connoî- tre avec quelle promptitude il vient à boutde tout ce qu il entreprend. Le Roy luy avoit faitl'honneur à ſon retour du
Havre,de luy faire voir les Au- gmentations qui s'eſtoient fai- tes à Verſailles & à Trianon
depuis fon départ ; & dés le foir meſme il prit la liberré de donner à Sa Majefté ces Vers qu'il fit ſur les beautez de ces deuxMaiſons.
ELOGE
DE
VERSAILLES
ET DE TRIANON.
Efçavois bien , Tirfis , parcent
2
GALANT. 155 I
4-
th
Quenous avions pour Roy leplus grand des Monarques;
Qu'en guerre comme en paix il
estoit fans pareil ,
Qu'on le voyoit briller comme un
autre Soleil ,
Et qu'eſtant des Guerriers le plus parfait modele ,
Il fe couvroitpar tout d'une gloire immortelle ;
Mais je ne penſois pas qu'il fust en ſonpouvoir D'aſſembler les Trefors que nous
venons de voir ,
Que retournant vainqueur du
plus fortdes Batailles ,
Il fift de Trianon ce qu'il fait de Versailles ,
Que le plus délicat nepust rien
defirer
Aux rares ornemens qui s'y font admirer ,
156 LE MERCVRE Qu'on ypaſſaſt des Mers , qu'ony viſt ſur les ondes Desfuperbes Vaiſſeauxles courſes
vagabondes ,
Quele Iafpe,leMarbre & cent
autres Beautez Ytinſſent à l'envy tous lesſens enchantez,
Qu'onpust enun moment desplus baffes Campagnes Eleverdes Torrens &percer des
Montagnes ,
Et qu'enfin de ces lieux le pompeuxornement ,
Detous les Curieux devinſt l'étonnement.
Mais , Tirſis, euft-on crû qu'une
humaine puiſſance Eust rangé tes Saiſons ſous fon obeissance ,
Pour le plaisir des yeux change l'ordre du temps ,
Fait
GALANT. 157
Fait des plus grands Hyvers un
eternel Printemps ,
Et joint plus d'une fois dans une mefme Place ,
Audoux émaildes Fleurs la froi- deur de la glace. Tous les Siecles pallez n ayantTREQUE
rien veu de tel ,
Admirons ce Grand Roy qui rien de mortel ,
LYON
N1893*77
Mais adjoûtons , Tirfis , que ce MonarqueAuguſte ,
Pouvant tout ce qu'ilveut neveut
rien que de juste.
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Résumé : ELOGE DE VERSAILLES ET DE TRIANON.
Le texte est une lettre accompagnée de vers dédiés au Duc de Saint-Aignan. Le roi a récemment montré au duc les améliorations effectuées à Versailles et à Trianon lors de son retour du Havre. En réponse, le duc a offert au roi des vers célébrant les beautés de ces deux lieux. Ces vers exaltent le roi comme le plus grand des monarques, brillant en guerre et en paix, et couvert de gloire immortelle. Ils mettent en avant sa capacité à créer des merveilles à Versailles et à Trianon, où les trésors et les ornements sont admirables. Les vers décrivent des paysages magnifiques, des vaisseaux superbes et des œuvres d'art en marbre. Ils évoquent également la capacité du roi à transformer les saisons, créant un éternel printemps et mélangeant fleurs et glace. Le texte se conclut par une admiration pour le roi, qui, malgré sa puissance, ne souhaite que ce qui est juste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 115-116
AU ROY, Sur l'Obelisque élevé à sa gloire dans la Ville d'Arles. SONNET.
Début :
Grand Roy, dont les Exploits sont fameux dans l'Histoire, [...]
Mots clefs :
Roi, Exploits, Postérité
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texteReconnaissance textuelle : AU ROY, Sur l'Obelisque élevé à sa gloire dans la Ville d'Arles. SONNET.
AU ROY.
Sur l'Obeliſque élevé à ſa gloire dans la Ville d'Arles.
G
SONNET.
RandRoy,dont les Exploitsfont fameux dans l'Histoire ,
Quijoins le nom d'Auguste , àceluy de Chrestien..
Ton Bras qui de la France est lefermeSoûtien,
Entaſſe chaque jour Victoire Sur Vi Etoire:
Ton Regne est fi chery des Filles de Memoire,
Qu'elles en fontpar toutleurplus doux entretien ;
Lamais Destin ne fut plus heureux
que letien:
Le tempsqui détruit tout aide mef- me a ta gloire.
82 LE MERCURE
Серотреих Мопument de l'Orgueil
des Romains ,
Qu'aujourd'huy la Fortune a mis entre nos mains ,
Est de ces Veritez une Preuve éclatante.:.
Puis qu'on voit que les ans ne l'ont
tant respecté ,
Qu'afin de préparer une Table d'at.
tente ,
Pourygraverton nom à la Pofterité.
Sur l'Obeliſque élevé à ſa gloire dans la Ville d'Arles.
G
SONNET.
RandRoy,dont les Exploitsfont fameux dans l'Histoire ,
Quijoins le nom d'Auguste , àceluy de Chrestien..
Ton Bras qui de la France est lefermeSoûtien,
Entaſſe chaque jour Victoire Sur Vi Etoire:
Ton Regne est fi chery des Filles de Memoire,
Qu'elles en fontpar toutleurplus doux entretien ;
Lamais Destin ne fut plus heureux
que letien:
Le tempsqui détruit tout aide mef- me a ta gloire.
82 LE MERCURE
Серотреих Мопument de l'Orgueil
des Romains ,
Qu'aujourd'huy la Fortune a mis entre nos mains ,
Est de ces Veritez une Preuve éclatante.:.
Puis qu'on voit que les ans ne l'ont
tant respecté ,
Qu'afin de préparer une Table d'at.
tente ,
Pourygraverton nom à la Pofterité.
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Résumé : AU ROY, Sur l'Obelisque élevé à sa gloire dans la Ville d'Arles. SONNET.
Le sonnet célèbre les exploits d'un roi, dont la gloire est immortalisée par l'histoire. Il est décrit comme le soutien de la France, accumulant des victoires. Son règne est chéri par les Muses. Un obélisque à Arles, comparé à un monument romain, porte son nom pour la postérité. Le temps contribue à sa gloire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 116-126
COMPLIMENT FAIT AU ROY, En luy presentant l'Estampe de l'Obelisque érigé à sa gloire dans la Ville d'Arles.
Début :
Vous voyez, Madame, que j'ay pas flaté Mr de Roubin / Sire, je viens offrir à Vostre Masjesté au nom de [...]
Mots clefs :
Compliment, Arles, Estampe, Obélisque, Actions héroïques, Romains, France, Victoires, Roi
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texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT FAIT AU ROY, En luy presentant l'Estampe de l'Obelisque érigé à sa gloire dans la Ville d'Arles.
Vousvoyez , Madame , que
je n'av pas flaté Monfieur de Roubin , par ce que je vous ay dit à fon avantage. Il eſt du Pont S. Eſprit en Languedoc. L'amour qu'il a toûjours eu pourles Sciences ne l'a pas em- peſché de prendre party dans la Guerre , où il a eſté Officier,
&fort aimé de feu Monfieur
de Guiſe , qui avoit pour luy
GALANT. 83
e
une confideration toute parti- culiere. Vous vous plaindriez ſans doute ſi je negligeois de vous faire partdu Compliment qu'il a fait au Roy en s'acqui- tant de la commiflion qu'il a- voit reçeuë. Sa Majesté l'écou- ta tres-favorablement , & en a parlé depuis d'une maniere fi glorieuſe pour luy , qu'il n'a beſoin d'aucun autre Eloge.
Voicy les termes dõt il ſe ſervit.
COMPLIMENT
FAIT AU Roy ,
En luy preſentant l'Eſtampe del'O beliſque érigé à ſa gloire dans la Ville d'Arles..
Γ
U
C.
U
1-
15
الی STRE ty
IRE ,
Je viens offrir à Vostre
84 LE MERCVRE Majestéaunomdesa Ville d'Arles , la Figure de l'Obelisque qu'elle afait ériger nouvellement àfagloire. Cette Ville , SIRE ,
qui fut autrefois un desplus Auguſtes Theatres de la magnificen- ce &de la grandeurdes Romains,
&quiſe reſſentant encor aujour- dhuy du commerce qu'elle aeu ft
long-tempsavec ces grands Hom- mes ,ſemble en avoir berité les genereuſes inclinations
jours esté prevenuë de tant d'amour pour les Actions Heroïques,
qu'elle n'a pû voir celles dont V.
M. vient deſe ſignaler dans ces dernieres Campagnes ,fans conce- voir pour Elle des fentimens de veneration , dont elle a voulu
donner des marques publiques à
toute la France. En effet , SIRE,
tandis que V. M. defendsi gene-- reusement nos Frontieres contre
a toû
GALANT. 85
-
1
A
2
ATHELOR
les efforts de tant d'Ennemis , &
que par tant de nobles travaux & tant de glorieuses fatigues .
elle aſſure noftre repos , &nous faitmesme dansle plusfort de la
Guerre , joüir de cette profonde paix , & de cette douce tranquil- lité quifait le bon-heurdes Peuples;tandis queparde nouvelles
Conquestes elle augmente tous les jours les bornes de cet Empire , &
que victorieuſes promenant par , elletout porte
putation de la France jusqu duoc
extremitez de la terre
pas raisonnable que pour tant d'Illustres bienfaits nous luy
donnions quelque témoignage d'u- ne eternelle reconnoissance , &
que par une juste rétribution de
la gloire que lafplendeur & lafelicitédefon Regne répandentfur
tous les François , nous employions
mes
,
LazeLYON
n'est-it
$
86 LE MERCURE
tous nos foins & tous nos efforts pour immortaliser la fienne ?
Nous sommes SIRE ,ſi convain- cus d'un ſi juſte &fi legitime devoir, que-ne pouvant rien trou- ver fur la Terre qui meritaſt de vous estre offert foüilléjusques dans le fond deſon Sein , pour en tirer cet auguste
Monument que la Providence n'avoit fans-doute pris foin d'y
tenir caché durant tant de Siecles , qu'afin quefon Antiquitéle
rendist plus prétieux &plus ve- nerable , plus digne enfin de fer- vir un jour à la gloire du plus grand des Rois. Ilest vray , SIRE,
&je veux l'avoüer icy , qu'un ſi grand &fi magnifique deſſein auroit peut-estre demeuré long- tempsſans execution ,fi cette no- bleCompagniequi compoſevostre Academie Royale , & que nostre
nous avons
Ville
GALANT. 87
.
コーe
Ville regarde comme undeses plus
riches ornemens , ne nous eust enhardisà cette entrepriſe , ennous remontrant qu'il ne faut jamais vien trouver d'impoſſible , nymes- me de difficile , quand il s'agit
de marquerfon zele pour lagloire de V. M. Comme ces Illustres
Génies ont pourbut l'Immortalité, ils ont crû que ce n'estoit point affezde confierau papier lefoin de transmettre aux Siecles fu- turs lefouvenir des merveilles de
voftre Regne , qu'ilfalloit que le Marbre &le bronzefuſſent em- ployezàce granddefſcin , &que pour consacrer voſtre gloire par un Ouvrage qui pust durer an- tant que le Monde,il estoit neceffaire que cet Obélifque demeurast comme un grand Livre toûjours ouvert auxyeux de la Pofterité,
oùvos Actions immortellesfuffent
TomeVI. H
88 LE MERCVRE
écrites avec des caracteres que le
temps nepeut effacer. C'est par là , SIRE , que les uns &les au- tresse font agreablement flatez de ce doux espoir, que vous auriez la bonté de recevoir ce témoignage de leur Zele avec quel- que forte de complaisance , &de
leur accorder en ſuite l'honneur
devostre Auguste &Royale protection. C'est l'unique grace , SIRE , qu'ils viennent aujourd'huy vous demander par ma bouche ,
&dont peut- estre Vostre Majesté
ne les trouveroit pas tout-à-fait
indignes ,fi on pouvoit la meriter par les plus profonds fentimens d'un inviolable respect , par les Sermensfolemnels d'une eternelle
fidelité, &par les vœux ardens
qu'ils font tous les jours au Ciel pour la conſervation de voſtre Perſonne Sacrée , aussi bien que
GALANT. 89
pour la continuation de vos profperitez &de vos Victoires.
je n'av pas flaté Monfieur de Roubin , par ce que je vous ay dit à fon avantage. Il eſt du Pont S. Eſprit en Languedoc. L'amour qu'il a toûjours eu pourles Sciences ne l'a pas em- peſché de prendre party dans la Guerre , où il a eſté Officier,
&fort aimé de feu Monfieur
de Guiſe , qui avoit pour luy
GALANT. 83
e
une confideration toute parti- culiere. Vous vous plaindriez ſans doute ſi je negligeois de vous faire partdu Compliment qu'il a fait au Roy en s'acqui- tant de la commiflion qu'il a- voit reçeuë. Sa Majesté l'écou- ta tres-favorablement , & en a parlé depuis d'une maniere fi glorieuſe pour luy , qu'il n'a beſoin d'aucun autre Eloge.
Voicy les termes dõt il ſe ſervit.
COMPLIMENT
FAIT AU Roy ,
En luy preſentant l'Eſtampe del'O beliſque érigé à ſa gloire dans la Ville d'Arles..
Γ
U
C.
U
1-
15
الی STRE ty
IRE ,
Je viens offrir à Vostre
84 LE MERCVRE Majestéaunomdesa Ville d'Arles , la Figure de l'Obelisque qu'elle afait ériger nouvellement àfagloire. Cette Ville , SIRE ,
qui fut autrefois un desplus Auguſtes Theatres de la magnificen- ce &de la grandeurdes Romains,
&quiſe reſſentant encor aujour- dhuy du commerce qu'elle aeu ft
long-tempsavec ces grands Hom- mes ,ſemble en avoir berité les genereuſes inclinations
jours esté prevenuë de tant d'amour pour les Actions Heroïques,
qu'elle n'a pû voir celles dont V.
M. vient deſe ſignaler dans ces dernieres Campagnes ,fans conce- voir pour Elle des fentimens de veneration , dont elle a voulu
donner des marques publiques à
toute la France. En effet , SIRE,
tandis que V. M. defendsi gene-- reusement nos Frontieres contre
a toû
GALANT. 85
-
1
A
2
ATHELOR
les efforts de tant d'Ennemis , &
que par tant de nobles travaux & tant de glorieuses fatigues .
elle aſſure noftre repos , &nous faitmesme dansle plusfort de la
Guerre , joüir de cette profonde paix , & de cette douce tranquil- lité quifait le bon-heurdes Peuples;tandis queparde nouvelles
Conquestes elle augmente tous les jours les bornes de cet Empire , &
que victorieuſes promenant par , elletout porte
putation de la France jusqu duoc
extremitez de la terre
pas raisonnable que pour tant d'Illustres bienfaits nous luy
donnions quelque témoignage d'u- ne eternelle reconnoissance , &
que par une juste rétribution de
la gloire que lafplendeur & lafelicitédefon Regne répandentfur
tous les François , nous employions
mes
,
LazeLYON
n'est-it
$
86 LE MERCURE
tous nos foins & tous nos efforts pour immortaliser la fienne ?
Nous sommes SIRE ,ſi convain- cus d'un ſi juſte &fi legitime devoir, que-ne pouvant rien trou- ver fur la Terre qui meritaſt de vous estre offert foüilléjusques dans le fond deſon Sein , pour en tirer cet auguste
Monument que la Providence n'avoit fans-doute pris foin d'y
tenir caché durant tant de Siecles , qu'afin quefon Antiquitéle
rendist plus prétieux &plus ve- nerable , plus digne enfin de fer- vir un jour à la gloire du plus grand des Rois. Ilest vray , SIRE,
&je veux l'avoüer icy , qu'un ſi grand &fi magnifique deſſein auroit peut-estre demeuré long- tempsſans execution ,fi cette no- bleCompagniequi compoſevostre Academie Royale , & que nostre
nous avons
Ville
GALANT. 87
.
コーe
Ville regarde comme undeses plus
riches ornemens , ne nous eust enhardisà cette entrepriſe , ennous remontrant qu'il ne faut jamais vien trouver d'impoſſible , nymes- me de difficile , quand il s'agit
de marquerfon zele pour lagloire de V. M. Comme ces Illustres
Génies ont pourbut l'Immortalité, ils ont crû que ce n'estoit point affezde confierau papier lefoin de transmettre aux Siecles fu- turs lefouvenir des merveilles de
voftre Regne , qu'ilfalloit que le Marbre &le bronzefuſſent em- ployezàce granddefſcin , &que pour consacrer voſtre gloire par un Ouvrage qui pust durer an- tant que le Monde,il estoit neceffaire que cet Obélifque demeurast comme un grand Livre toûjours ouvert auxyeux de la Pofterité,
oùvos Actions immortellesfuffent
TomeVI. H
88 LE MERCVRE
écrites avec des caracteres que le
temps nepeut effacer. C'est par là , SIRE , que les uns &les au- tresse font agreablement flatez de ce doux espoir, que vous auriez la bonté de recevoir ce témoignage de leur Zele avec quel- que forte de complaisance , &de
leur accorder en ſuite l'honneur
devostre Auguste &Royale protection. C'est l'unique grace , SIRE , qu'ils viennent aujourd'huy vous demander par ma bouche ,
&dont peut- estre Vostre Majesté
ne les trouveroit pas tout-à-fait
indignes ,fi on pouvoit la meriter par les plus profonds fentimens d'un inviolable respect , par les Sermensfolemnels d'une eternelle
fidelité, &par les vœux ardens
qu'ils font tous les jours au Ciel pour la conſervation de voſtre Perſonne Sacrée , aussi bien que
GALANT. 89
pour la continuation de vos profperitez &de vos Victoires.
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Résumé : COMPLIMENT FAIT AU ROY, En luy presentant l'Estampe de l'Obelisque érigé à sa gloire dans la Ville d'Arles.
La lettre traite de Monsieur de Roubin, originaire du Pont-Saint-Esprit en Languedoc, passionné par les sciences et ancien officier apprécié par le défunt Monsieur de Guise. Monsieur de Roubin a adressé un compliment au roi lors de la réception d'une commission, ce qui a été bien accueilli par le roi qui a parlé de lui de manière glorieuse. Ce compliment concernait la présentation d'une estampe de l'obélisque érigé à Arles en l'honneur du roi. Arles, ancienne ville romaine, a voulu honorer les actions héroïques du roi lors des dernières campagnes, exprimant ainsi sa vénération et sa reconnaissance pour la défense des frontières, les conquêtes et la paix assurée par le roi. Pour témoigner de cette reconnaissance, Arles a décidé d'ériger l'obélisque, un monument ancien caché durant des siècles, afin de servir la gloire du roi. L'Académie Royale d'Arles a soutenu ce projet pour immortaliser la gloire du roi, voyant l'obélisque comme un livre ouvert à la postérité où les actions immortelles du roi sont écrites en caractères indélébiles. La ville espère que le roi recevra ce témoignage de zèle avec complaisance et accordera sa protection. La lettre se termine par des vœux pour la conservation de la personne du roi et la continuation de ses prospérités et victoires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 43-54
Le Roy donne à Monsieur le Marquis de Montanegre l'agréement de la Lieutenance de Roy de Languedoc. [titre d'après la table]
Début :
A propos de Languedoc, on vous a dit vray, Madame, [...]
Mots clefs :
Languedoc, Marquis de Montanègre, Lieutenance générale, Roi, Maison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Roy donne à Monsieur le Marquis de Montanegre l'agréement de la Lieutenance de Roy de Languedoc. [titre d'après la table]
A propos de Languedoc , on vous a dit vray , Madame , en
vous apprenant que Monfieur le Marquis deMontanegre avoit eu l'agrément du Roy pour ſa Lieu- tenance Generale du Bas Lan- guedoc , & je ne ſçay comment j'oubliay la derniere fois que je vous écrivis , àvous faire part de cette nouvelle. Toute la Province en a témoigné de la joye , &
commeelleconnoîtfon zele pour la Religion , fa fidelité pourle fer- vicede fon Maiſtre , & fon defintéreſſement pour le bien pu- blic , elle ne doute point que fon Gouvernement ne luy procure toute forte d'avantages. Il n'y a
GALANT. 29
- rien de plus glorieux pour luy ,
que la maniere dont il a plû au Roy de le diftinguer entre un -grand nombre de Prétendans,
pour luy confier un Pofte auffi importantque celuy dont je vous parle. Aufſi faut- ildemeurerd'ac- cordqueMr le Marquis de Mon- tanegre s'eſtoit rendu digne de cette préferéce, par l'attachemet qu'il a toûjours eu pour le Sery ce. Apres ſes premieres Cam gnes , il fut Capitaine de Cava- lerie au Regiment de Monfieur dontil eut en ſuite l'honneur d'eſtre Meſtre de Camp pendant pluſieurs années , & meſme de
commander la Cavalerie en Ca.-
talogne. Il donna de tres- grandes marques de valeur &de coura- ge en foûtenant l'effort de celle des Ennemis , lors qu'ils entre- prirent de ſecourir Campedon
Biij
30 LE MERCVRE
que l'Armée du Royafſiegoit. Ils eftoient des deuxtiers plus forts que nous , & M² de Montanegre tout bleffé qu'il fut d'abord,
ne laiſſa pas de ſe jetter luy ſeul dans unde leurs Eſcadrons , pour tâcher par ſon exemple de rani- mer les Siens , que l'inégalité dur nombre avoit effrayez. Il mit cet Eſcadronendefordre , &s'eftant
relevé de deſſous ſon Cheval
qui fut tué , il ſe défendit long- temps l'Epée à la main, mais en- fin une nouvelle bleſſure qu'il reçeut dans le corps , le fit tom- ber par terre , &entre les mains de ceux qui n'en ſeroient pas ai- ſement venus à bout , s'il n'eut
eſté mis par là hors de combat.
Cette Action , &beaucoup d'au- tres, ayant fait bruit à la Cour,
il ſeroit parvenu fans-doute aux Commandemens dont le merite
GALANT. 31
S
-
et
t
1
S
t
de ceux qui luy reſſemblent eſt toûjours récompensé , fi la Paix des Pyrenées qui ſe fit peu de temps apres ne l'euſt forcé àſe retirer chez luy. Le Roy ne l'y voulut pas laiſſer inutile , & on connuſtl'eſtimeparticuliere dont Sa Majefté l'honoroit , par l'en- trée qu'Elle luy donna aux Etats GenerauxdeLanguedoc en qua- litédeBaron. Cethonneur eſtoit
grand , mais non pas au deſſus d'une Perſonne de ſa naiſſance.
Iln'y en aguére de plus illuſtre,
&je vay ſatiſfaire avec joye à
l'ordre que vous me donnez de vous apprendrece que j'en ſçay.
M' le Marquis de Montanegre prend ſon origine de la Maiſon d'Urre en Dauphinê , qui parta- gée en douzebranches il y a plus de deux cens ans , compte dans ſes Alliances les Maiſonsde Veſq,
Büj
32 LE MERCVRE
d'Ademar , de Berenger , de Cor-- nillon , & preſque tout ce qu'il yade grandes & anciennes Familles dans cette Province , où
Pon ſçait que la Nobleſſe eſt en poffeffion de ſe conſerver depuis long-temps dans toute ſa pureté.. On trouve parmy les Titres de cette Maiſon des Vaſſaux de la
Terre d'Urre annoblis il y a cinq cens ans , par unPrivilege parti- culier dont certaines Familles
confiderables du Dauphinéjoüif- foient en ce temps-là ; & ces meſmes Titres font connoiftre
que dés l'an 1266. il y avoit des Chevaliers de l'Ordre de S. Jean
de Jerufalem dans la Maiſon
d'Urre , &qu'un François d'Urre en prenoit la qualité. Je ne vous parle point d'un Aimé d'Urre ,
Seigneur des Teſſieres , Grand Maiſtre de la Maiſon duDucde
GALANT. 33 - Lorraine , &dans le rang & l'al- liance de l'ancienne Chevalerie
164
- de Lorraine ; ny d'un autre des plus proches de Mª de Montane- gre , qui fut Lieutenant de Roy en Provence , ſous le Regne de Henry II. Nous y avonsveu de nos jours commander par Com- miffion Monfieur le Marquis d'Ayguebonne de la meſme Mai- fon d'Urre , qui fut fait Cheva
her des Ordres duRoy en I
& que le Commandement des Armées du Roy en Italie , & le GouvernementdeCaſal , ont fait
aſſez connoiſtre par tout. Cen'eſt pas ſeulement de cette Illuſtre Maiſon que Mr le Marquis de Montanegretire les avantagesde ſa naiſſance ; il trouve encorde- quoy la relever par Meffire Pierre de Libertas ſon Ayeul maternel,
quiréduifit àl'obeiſſance duRoy
Y
Bv
34 LE MERCVRE
Henry IV. la Ville de Marseille,
que la perfidie de quelques Parti- culiers luy avoit attachée målgré elle, tandis que ce Grand Prince eſtoit occupé au Siege d'Amiens.
Son Action fi remarquable dans l'Hiſtoire ne s'effacera jamais de la memoire des Marſeillois , qui non contens de luy avoir érigé une Statuë , font celebrer tous les
ans un Service en Corps de Ville,
en reconnoiffance de ſa valeur &
de ſa fidelité.
vous apprenant que Monfieur le Marquis deMontanegre avoit eu l'agrément du Roy pour ſa Lieu- tenance Generale du Bas Lan- guedoc , & je ne ſçay comment j'oubliay la derniere fois que je vous écrivis , àvous faire part de cette nouvelle. Toute la Province en a témoigné de la joye , &
commeelleconnoîtfon zele pour la Religion , fa fidelité pourle fer- vicede fon Maiſtre , & fon defintéreſſement pour le bien pu- blic , elle ne doute point que fon Gouvernement ne luy procure toute forte d'avantages. Il n'y a
GALANT. 29
- rien de plus glorieux pour luy ,
que la maniere dont il a plû au Roy de le diftinguer entre un -grand nombre de Prétendans,
pour luy confier un Pofte auffi importantque celuy dont je vous parle. Aufſi faut- ildemeurerd'ac- cordqueMr le Marquis de Mon- tanegre s'eſtoit rendu digne de cette préferéce, par l'attachemet qu'il a toûjours eu pour le Sery ce. Apres ſes premieres Cam gnes , il fut Capitaine de Cava- lerie au Regiment de Monfieur dontil eut en ſuite l'honneur d'eſtre Meſtre de Camp pendant pluſieurs années , & meſme de
commander la Cavalerie en Ca.-
talogne. Il donna de tres- grandes marques de valeur &de coura- ge en foûtenant l'effort de celle des Ennemis , lors qu'ils entre- prirent de ſecourir Campedon
Biij
30 LE MERCVRE
que l'Armée du Royafſiegoit. Ils eftoient des deuxtiers plus forts que nous , & M² de Montanegre tout bleffé qu'il fut d'abord,
ne laiſſa pas de ſe jetter luy ſeul dans unde leurs Eſcadrons , pour tâcher par ſon exemple de rani- mer les Siens , que l'inégalité dur nombre avoit effrayez. Il mit cet Eſcadronendefordre , &s'eftant
relevé de deſſous ſon Cheval
qui fut tué , il ſe défendit long- temps l'Epée à la main, mais en- fin une nouvelle bleſſure qu'il reçeut dans le corps , le fit tom- ber par terre , &entre les mains de ceux qui n'en ſeroient pas ai- ſement venus à bout , s'il n'eut
eſté mis par là hors de combat.
Cette Action , &beaucoup d'au- tres, ayant fait bruit à la Cour,
il ſeroit parvenu fans-doute aux Commandemens dont le merite
GALANT. 31
S
-
et
t
1
S
t
de ceux qui luy reſſemblent eſt toûjours récompensé , fi la Paix des Pyrenées qui ſe fit peu de temps apres ne l'euſt forcé àſe retirer chez luy. Le Roy ne l'y voulut pas laiſſer inutile , & on connuſtl'eſtimeparticuliere dont Sa Majefté l'honoroit , par l'en- trée qu'Elle luy donna aux Etats GenerauxdeLanguedoc en qua- litédeBaron. Cethonneur eſtoit
grand , mais non pas au deſſus d'une Perſonne de ſa naiſſance.
Iln'y en aguére de plus illuſtre,
&je vay ſatiſfaire avec joye à
l'ordre que vous me donnez de vous apprendrece que j'en ſçay.
M' le Marquis de Montanegre prend ſon origine de la Maiſon d'Urre en Dauphinê , qui parta- gée en douzebranches il y a plus de deux cens ans , compte dans ſes Alliances les Maiſonsde Veſq,
Büj
32 LE MERCVRE
d'Ademar , de Berenger , de Cor-- nillon , & preſque tout ce qu'il yade grandes & anciennes Familles dans cette Province , où
Pon ſçait que la Nobleſſe eſt en poffeffion de ſe conſerver depuis long-temps dans toute ſa pureté.. On trouve parmy les Titres de cette Maiſon des Vaſſaux de la
Terre d'Urre annoblis il y a cinq cens ans , par unPrivilege parti- culier dont certaines Familles
confiderables du Dauphinéjoüif- foient en ce temps-là ; & ces meſmes Titres font connoiftre
que dés l'an 1266. il y avoit des Chevaliers de l'Ordre de S. Jean
de Jerufalem dans la Maiſon
d'Urre , &qu'un François d'Urre en prenoit la qualité. Je ne vous parle point d'un Aimé d'Urre ,
Seigneur des Teſſieres , Grand Maiſtre de la Maiſon duDucde
GALANT. 33 - Lorraine , &dans le rang & l'al- liance de l'ancienne Chevalerie
164
- de Lorraine ; ny d'un autre des plus proches de Mª de Montane- gre , qui fut Lieutenant de Roy en Provence , ſous le Regne de Henry II. Nous y avonsveu de nos jours commander par Com- miffion Monfieur le Marquis d'Ayguebonne de la meſme Mai- fon d'Urre , qui fut fait Cheva
her des Ordres duRoy en I
& que le Commandement des Armées du Roy en Italie , & le GouvernementdeCaſal , ont fait
aſſez connoiſtre par tout. Cen'eſt pas ſeulement de cette Illuſtre Maiſon que Mr le Marquis de Montanegretire les avantagesde ſa naiſſance ; il trouve encorde- quoy la relever par Meffire Pierre de Libertas ſon Ayeul maternel,
quiréduifit àl'obeiſſance duRoy
Y
Bv
34 LE MERCVRE
Henry IV. la Ville de Marseille,
que la perfidie de quelques Parti- culiers luy avoit attachée målgré elle, tandis que ce Grand Prince eſtoit occupé au Siege d'Amiens.
Son Action fi remarquable dans l'Hiſtoire ne s'effacera jamais de la memoire des Marſeillois , qui non contens de luy avoir érigé une Statuë , font celebrer tous les
ans un Service en Corps de Ville,
en reconnoiffance de ſa valeur &
de ſa fidelité.
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Résumé : Le Roy donne à Monsieur le Marquis de Montanegre l'agréement de la Lieutenance de Roy de Languedoc. [titre d'après la table]
Le texte relate la nomination du Marquis de Montanegre au poste de Lieutenant Général du Bas-Languedoc, une décision bien accueillie par la province. Le Marquis est apprécié pour son zèle religieux, sa fidélité au roi et son dévouement au bien public. Sa nomination est vue comme une reconnaissance parmi plusieurs candidats. Il a servi avec distinction, notamment en tant que capitaine de cavalerie et maître de camp. Lors de la bataille de Campedon, il a fait preuve de courage en affrontant des forces ennemies supérieures en nombre, malgré ses blessures. Sa carrière militaire a été interrompue par la Paix des Pyrénées, mais il a continué à être honoré par le roi, qui l'a admis aux États Généraux du Languedoc en qualité de baron. Le Marquis de Montanegre appartient à la Maison d'Urre en Dauphiné, une famille illustre avec des alliances prestigieuses. La Maison d'Urre possède des titres de noblesse remontant à cinq cents ans et des liens avec l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Parmi les membres notables de cette famille, on trouve Aimé d'Urre et le Marquis d'Ayguebonne. De plus, le Marquis bénéficie des avantages de sa naissance maternelle, son aïeul Pierre de Libertas ayant joué un rôle crucial en ramenant Marseille à l'obéissance du roi Henri IV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 138-148
POUR LE ROY. VERS IRREGULIERS. A L'Académie Françoise.
Début :
Quel éclat s'offre encore à mes yeux ébloüis ? [...]
Mots clefs :
Ennemis, Orgueil, Roi, Grandeur, Troupes, Armée, Victoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LE ROY. VERS IRREGULIERS. A L'Académie Françoise.
POVR LE ROY.
VERS IRREGVLIERS.
Q
A l'Académie Françoiſe.
1
Vel éclat s'offre encore à
ébloüis ?
mesyeux
Quel bruit ſe répandſur la terre ,
Et fait tant d'honneur à Loüis ?
Toujours vainqueur , toûjours plus craint que te Tonnerre ,
Ses Ennemis par tout battus ou mépriſez,
Toute la Flandre désolée ,
Toute la Sicile ébranlés fol
GALANT. 87
Ruyter mort des Vaiſſfeaux abiſmez, em brafez,
Quellerichemoiffon de gloire.
Pouren celebrer la memoire ,
Qu'onnem'imposepoint de Loix Dont la contrainte eft incomode ;
Lenepuis ajuster ma voix.
Surletonmeſuré du Sonnet &de l'Ode:
Neſuivons plusnyregle,ny methode Pour chanter defi grands Exploits.
Quen'ay-je dans l'ardeurdont j'ay l'ame enftamée Ces transports éloquens , ces fçavantes fureurs Dont les Chantres fameux enfloient la
Renommée
Etdespremiers Héros , &des premiers Vainqueurs !
Quen'ay-je tout l'encens, avectoutes les fleurs,
Dontonvitautrefais couverte &parfu
mée
LaRoutedes Triomphateurs !
Muses,je neveuxpointvosfaveurs or
dinaires,
Ou plûtost je renance àvosvaines chi
meres.. ટુ-* -*
88 LE MERCVRE
Vostre fauxApollon , fon fabuleux pou voir ,
Vosfontaines, tous vosmiſteres Abuſent trop long-temps noſtre credule espoir,
C'eſt icy quesans vous ilm'eſt permis de
voir
Lesfidelles Dépositaires * De l'Eloquence &du Sçavoir.
Vous donc,mes chers Rivaux ,dontl'éclat m'environe و
Fourniffez-moy cet amasde Lauriers Dont je veux aujourd'buy former une Couronne
Pourleplus granddes Rois &des Guer riers.
Ecoutezaujourd'huy vostre illustre Mecene ,
Obeiffez à cette voix.
Quiparmy nous doit estre fouveraine,
Etquidans les Conſeils duplus ſagedes Rois
Netrouverienque parfon poids -Elle nefurmonte n'entraine ;
Luy- meſme pourvous aniner Interrompt ſes travaux , vous exhorte,
vouspreffe
GALANT. 89 Se mefle auxbeaux Concertsque vousde- vezformer.
Ace zele infiny qui te brûlefans ceſſe,
Poëtes , Orateurs , laiſſez-vous enflamer..
Pour vous à qui Loüis a confié l'Hi- stoire
D'une vie abondante en Exploits fi gnalez.
Pourentransmettre la memoire AuxSiecles les plus reculez ,
Faites-c. in recit &fidelle &fincere.
Point de vains
emprunté...
ornemens , point d'éclat
C'est le plus grandeffort que vostre Art
puiſſefaire ,
Que d'en mettre en plein jour laſimple verité.
Laiffez aux Ennemis , quand tout lear eft contraire.
L'artifice honteux d'un Triomphe in venté ;
Laissez leur ,pour pouvoir conſoler leur mifere ,
La ridicule vanité
D'une Victoire imaginaire.
)
90 LE MERCVRE
Dans un Récit naif, montrez parquels efforts Par quels afſauts , par quelles fune- railles,
Quand l'épée àla main nousforcions des muraillestol L'Escautaven rougirfes bords:
Dequels mursfaudroyez il vitfumer fes rives;
Quel nombre il entraîna de morts &de
mourans ,
Etde quelsang qui couloit en torrens,
Il vit haſterſes ondesfugitives.
Dites-nousquel prodige ouquel enchantement ,
Rend l'Armée ennemie étonnée&confuse ,
Etquelle nouvelleMeduse Ofteàcent mille bras l'aime &le mouve
ment ?
Faites nous voir l'Ibere &le Batave
Toustremblans àl'aspect d'un Roy victo- rieux,
Comme on voit à l'aspect d'un Maistre impérieux Vnfoible &malheureuxEsclave.
GALANT. 91
は
fas
60%
10
k
Racontez- nous avec quelle chaleur Onvit fondrefurnous desTroupesafſem blées ,
Puissefauverconfuses &troublées,
Etrepaffer le Rhin avec tant de frayeur.
Ne fardezpoint pardes Contesfrivoles
DesFaitsfi beaux ,fi glorieux :
Quele Vaincumenace &triomphe enpa- roles ,
EtpardefauxExploitss'élevejusqu'ause
Cieux,
Nosfimples veritez paffent leurs hyper- boles..
Commeplangezdans un profondfom- meil ,
Les Ennemis se paiſſent de beauх Songes,
:
Maisenfinvaicy le réveil Qui vadiffiper ces mensonges.
Quen'attendoient-ilspas de cet immense
Corps Defieres Nations contre nousramassées!
Ilsseflatoient devoirpar leurs communs
efforts Toutesnosforcesrenversées.
Cependant unRoy ſeul ſans en estre al- Larmé,
91 LE MERCVRE Faitteste àl'Univers armé.
Ilfaitplus,d'une main ce Prince redou table
Combat les effortdangereux D'une Lignesiformidable ,
Etde l'autre en Roy genereux ,
Parunevaleurfecourable - Il fauve un Peuple malheureux.
Etbriſe le joug qui l'accable.
Quel espoir,quel orgueil vous eft encor permis
- Dans une Guerre fi funeste ?
Tremblezſuperbes Ennemis ,
Ruyterest tout ce qui vous reste.
Faut- il que ce Ruyter,l'ame deſes Soldats
Faut-ilque cette illustre teſte ,
Ce Secours mandié plus craint que tous
vosbras,
Plus redouté que la tempeste ,
Vous fasse pour jamais rougir de fon trépas Etqu'enfin ce grand coup nous rende une Conqueste Quenousne vousdemandions pas ?
Mais ce n'est pas aſſez , voſtre audace obſtinée ,
GALANT. 93 Parnosfréquensfuccés honteuse &con- damnée,
Démentſes propresyeuxpour tromperfa fierté :
Il faut des veritez encorplus convainquantes د
DesVictoires plus éclatantes Pourfurmonter enfin voſtre incredulité.
Pour vous perfuaderàforce de Miracles,
Etpourconfondre vos Oracles ,
Il faut vous enlever tout l'Empire des
Eaux:
Ilfaut pour vous ofter toute vostre espe
rance, LYON
Avecune intrépide &noble confiance,
Aller jusqu'en vos Ports, attaquer vos93 Vaisseaux.
Il faut que pour jamais deux Flotes de- folées ,
Des Vaiſſeaux abymez , des Galeres brûlées,
De vostre orgueil puny foient l'affreux
monument ,
Quede l'Onde &duFen lemélangeterrible ,
Quele bruyant éclat d'un longembrafe.
ment
94 LEMERCVRE
Rende à tout l'Univers vostre perte vi- fible.
Ouvrez enfin les yeux , Ennemis du
repos ;
Voyez quel est le Fruit de vostre injuste
Guerre:
Loüis triomphoitſur laTerre,
Louis vapourjamais triompher ſur les Flots.
Il vivoit glorieux dansune Paix pro- fonde ,
Contentdefa grandeur &du noble afcen- dant 2
Qui le rendoient l'amour , les delices du monde;
Etvostre ambition , voſtre orgueil impru dent ,
Remettantdansses mains la Foudre&le
Trident,
Le rendent la terreur de la Terre&de
l'Onde.
VERS IRREGVLIERS.
Q
A l'Académie Françoiſe.
1
Vel éclat s'offre encore à
ébloüis ?
mesyeux
Quel bruit ſe répandſur la terre ,
Et fait tant d'honneur à Loüis ?
Toujours vainqueur , toûjours plus craint que te Tonnerre ,
Ses Ennemis par tout battus ou mépriſez,
Toute la Flandre désolée ,
Toute la Sicile ébranlés fol
GALANT. 87
Ruyter mort des Vaiſſfeaux abiſmez, em brafez,
Quellerichemoiffon de gloire.
Pouren celebrer la memoire ,
Qu'onnem'imposepoint de Loix Dont la contrainte eft incomode ;
Lenepuis ajuster ma voix.
Surletonmeſuré du Sonnet &de l'Ode:
Neſuivons plusnyregle,ny methode Pour chanter defi grands Exploits.
Quen'ay-je dans l'ardeurdont j'ay l'ame enftamée Ces transports éloquens , ces fçavantes fureurs Dont les Chantres fameux enfloient la
Renommée
Etdespremiers Héros , &des premiers Vainqueurs !
Quen'ay-je tout l'encens, avectoutes les fleurs,
Dontonvitautrefais couverte &parfu
mée
LaRoutedes Triomphateurs !
Muses,je neveuxpointvosfaveurs or
dinaires,
Ou plûtost je renance àvosvaines chi
meres.. ટુ-* -*
88 LE MERCVRE
Vostre fauxApollon , fon fabuleux pou voir ,
Vosfontaines, tous vosmiſteres Abuſent trop long-temps noſtre credule espoir,
C'eſt icy quesans vous ilm'eſt permis de
voir
Lesfidelles Dépositaires * De l'Eloquence &du Sçavoir.
Vous donc,mes chers Rivaux ,dontl'éclat m'environe و
Fourniffez-moy cet amasde Lauriers Dont je veux aujourd'buy former une Couronne
Pourleplus granddes Rois &des Guer riers.
Ecoutezaujourd'huy vostre illustre Mecene ,
Obeiffez à cette voix.
Quiparmy nous doit estre fouveraine,
Etquidans les Conſeils duplus ſagedes Rois
Netrouverienque parfon poids -Elle nefurmonte n'entraine ;
Luy- meſme pourvous aniner Interrompt ſes travaux , vous exhorte,
vouspreffe
GALANT. 89 Se mefle auxbeaux Concertsque vousde- vezformer.
Ace zele infiny qui te brûlefans ceſſe,
Poëtes , Orateurs , laiſſez-vous enflamer..
Pour vous à qui Loüis a confié l'Hi- stoire
D'une vie abondante en Exploits fi gnalez.
Pourentransmettre la memoire AuxSiecles les plus reculez ,
Faites-c. in recit &fidelle &fincere.
Point de vains
emprunté...
ornemens , point d'éclat
C'est le plus grandeffort que vostre Art
puiſſefaire ,
Que d'en mettre en plein jour laſimple verité.
Laiffez aux Ennemis , quand tout lear eft contraire.
L'artifice honteux d'un Triomphe in venté ;
Laissez leur ,pour pouvoir conſoler leur mifere ,
La ridicule vanité
D'une Victoire imaginaire.
)
90 LE MERCVRE
Dans un Récit naif, montrez parquels efforts Par quels afſauts , par quelles fune- railles,
Quand l'épée àla main nousforcions des muraillestol L'Escautaven rougirfes bords:
Dequels mursfaudroyez il vitfumer fes rives;
Quel nombre il entraîna de morts &de
mourans ,
Etde quelsang qui couloit en torrens,
Il vit haſterſes ondesfugitives.
Dites-nousquel prodige ouquel enchantement ,
Rend l'Armée ennemie étonnée&confuse ,
Etquelle nouvelleMeduse Ofteàcent mille bras l'aime &le mouve
ment ?
Faites nous voir l'Ibere &le Batave
Toustremblans àl'aspect d'un Roy victo- rieux,
Comme on voit à l'aspect d'un Maistre impérieux Vnfoible &malheureuxEsclave.
GALANT. 91
は
fas
60%
10
k
Racontez- nous avec quelle chaleur Onvit fondrefurnous desTroupesafſem blées ,
Puissefauverconfuses &troublées,
Etrepaffer le Rhin avec tant de frayeur.
Ne fardezpoint pardes Contesfrivoles
DesFaitsfi beaux ,fi glorieux :
Quele Vaincumenace &triomphe enpa- roles ,
EtpardefauxExploitss'élevejusqu'ause
Cieux,
Nosfimples veritez paffent leurs hyper- boles..
Commeplangezdans un profondfom- meil ,
Les Ennemis se paiſſent de beauх Songes,
:
Maisenfinvaicy le réveil Qui vadiffiper ces mensonges.
Quen'attendoient-ilspas de cet immense
Corps Defieres Nations contre nousramassées!
Ilsseflatoient devoirpar leurs communs
efforts Toutesnosforcesrenversées.
Cependant unRoy ſeul ſans en estre al- Larmé,
91 LE MERCVRE Faitteste àl'Univers armé.
Ilfaitplus,d'une main ce Prince redou table
Combat les effortdangereux D'une Lignesiformidable ,
Etde l'autre en Roy genereux ,
Parunevaleurfecourable - Il fauve un Peuple malheureux.
Etbriſe le joug qui l'accable.
Quel espoir,quel orgueil vous eft encor permis
- Dans une Guerre fi funeste ?
Tremblezſuperbes Ennemis ,
Ruyterest tout ce qui vous reste.
Faut- il que ce Ruyter,l'ame deſes Soldats
Faut-ilque cette illustre teſte ,
Ce Secours mandié plus craint que tous
vosbras,
Plus redouté que la tempeste ,
Vous fasse pour jamais rougir de fon trépas Etqu'enfin ce grand coup nous rende une Conqueste Quenousne vousdemandions pas ?
Mais ce n'est pas aſſez , voſtre audace obſtinée ,
GALANT. 93 Parnosfréquensfuccés honteuse &con- damnée,
Démentſes propresyeuxpour tromperfa fierté :
Il faut des veritez encorplus convainquantes د
DesVictoires plus éclatantes Pourfurmonter enfin voſtre incredulité.
Pour vous perfuaderàforce de Miracles,
Etpourconfondre vos Oracles ,
Il faut vous enlever tout l'Empire des
Eaux:
Ilfaut pour vous ofter toute vostre espe
rance, LYON
Avecune intrépide &noble confiance,
Aller jusqu'en vos Ports, attaquer vos93 Vaisseaux.
Il faut que pour jamais deux Flotes de- folées ,
Des Vaiſſeaux abymez , des Galeres brûlées,
De vostre orgueil puny foient l'affreux
monument ,
Quede l'Onde &duFen lemélangeterrible ,
Quele bruyant éclat d'un longembrafe.
ment
94 LEMERCVRE
Rende à tout l'Univers vostre perte vi- fible.
Ouvrez enfin les yeux , Ennemis du
repos ;
Voyez quel est le Fruit de vostre injuste
Guerre:
Loüis triomphoitſur laTerre,
Louis vapourjamais triompher ſur les Flots.
Il vivoit glorieux dansune Paix pro- fonde ,
Contentdefa grandeur &du noble afcen- dant 2
Qui le rendoient l'amour , les delices du monde;
Etvostre ambition , voſtre orgueil impru dent ,
Remettantdansses mains la Foudre&le
Trident,
Le rendent la terreur de la Terre&de
l'Onde.
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Résumé : POUR LE ROY. VERS IRREGULIERS. A L'Académie Françoise.
Le poème célèbre les victoires militaires du roi Louis, mettant en lumière ses exploits en Flandre et en Sicile, ainsi que la mort de l'amiral néerlandais Ruyter. Le poète exprime son désir de célébrer ces événements sans se conformer aux contraintes poétiques traditionnelles, cherchant une expression plus authentique et directe. Il appelle les muses et les poètes à se libérer des conventions littéraires pour se concentrer sur la vérité des faits. Le texte invite à décrire les batailles avec réalisme, en montrant les efforts et les sacrifices des soldats, et en contrastant avec les illusions des ennemis. Il met en avant la bravoure et la générosité du roi, qui combat les ennemis tout en sauvant les peuples opprimés. Le poème souligne la nécessité de victoires éclatantes pour convaincre les ennemis de la supériorité du roi. Il décrit des batailles navales victorieuses, où les flottes ennemies sont détruites, et appelle les ennemis à reconnaître la domination de Louis sur terre et sur mer. Le poème se termine en soulignant comment l'ambition et l'orgueil des ennemis ont transformé Louis en une figure redoutable, tant sur terre que sur les flots.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 165-183
COMPLIMENT FAIT AU ROY par l'Académie Françoise, Monsieur Quinaut Directeur de cette Compagnie portant la parole.
Début :
Enfin, Madame, je vous tiens parole, & je vous envoye / Sire, A la veuë de Vostre Majesté triomphante & comblée [...]
Mots clefs :
Mr Quinaut, Académie française, Roi, Compagnie, Palmes, Discipline militaire, Soldats, Victoire, Succès, Guerre, Parole, Postérité, Ennemis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT FAIT AU ROY par l'Académie Françoise, Monsieur Quinaut Directeur de cette Compagnie portant la parole.
Enfin , Madame , je vous tiens parole , & je vous envoye ce queje vous avois fait eſperer fur
la fin de ma Lettre du mois de
Juillet , par laquelle je vous pro- mettois une des plus belles Pie- ces d'Eloquence que vous euffiez jamais veuës. Ne me ſçachez point mauvais gré du retarde- ment. Je vous donne les choſes
le plutoſt qu'il m'eſt poſſible de - les avoir ; il n'importe en quel temps , pourveu qu'elles ſoient bonnes ; & le Compliment que Me Quinaut fit au Roy àfon re- tour de Flandre , ne ſera pas moins nouveau pour vous qu'il l'auroit eſté lors qu'il euſt l'hon- neur de le faire , puis que per- ſonnen'en a rien veu , & qu'on le demandetous les jours. Il eſtoit
alors Directeur de l'Académie
Françoiſe , à laquelle le Roy fait E V
106 LEMERCVRE
l'honneur de la recevoir comme
une Compagnie Souveraine.
Ainfi il fut conduit par le Maiſtre &le Grand Maiſtre des Ceremonies , accompagné de pluſieurs Perſonnesdela plus haute quali- te qui ſontduCorpsde cette ce- lebre Compagnie. Sa Majesté luy preſta une tres - favorable au- diance, &voicy de quelle manie- re il luy parla.
COMPLIMENT FACT AU ROY
par l'Académie Françoiſe, Monfieur Quinaut Directeur de cette Compa- guieportant la parole.
IRE,
4
A la veuë de Vostre Majesté triomphante & comblée de gloire,
Noussommesſaiſis d'un excés dejoye qui nous interdit presque la parole, مة
GALAN T. 107
&qui ne permet ànoſtre zele de s'exprimer qu'imparfaitemet. Mais,
SIRE , ce n'est point dans cette oc caſion que l'Académie Françoise doit appréhender de ne paroiſtre pas aſſez éloquente : Il suffit qu'elle vous parle de vous-meſmepour estre afſurée dene rien dire que de merveilleux. On n'a jamais rien imagi- né de ſi grand que les Entrepriſes.
que vous venez d'executer , &le Simplerécit de vos Actions eft leplus parfait de tous les Eloges.
Voštre Majestés'est dérobéeaux douceurs du repos pour courir aux fatigues & aux dangers : Elle n'a pas attendu quele Printemps luy
revint ouvrir les Champs où tous les ans elle va cüeillir des Palmes nouvelles ; l'ardeur defon courageàfur- monté les obstacles d'une Saiſon ri- goureuse ; sa prévoyante Sageſſe a
reparé par d'innombrables précauEvj
108 LEMERCVRE
tions lafterilité des Hyvers ; &Sa Prudence a difputé avec sa Valeur
à qui ſe ſignaleroit par de plus
grandsprodiges.
Dumoment, STRE,qucla Renommée eust annoncé le jour de vostre Départ , la Victoire s'empreſſa pour vous accompagner , & la Terreur devançavoſtre marche. Lepremier
éclat de la foudre dont vous eſtiez
armé, est tombéfurune Villefuper- bedont rien n'avoit pûabatre l'orgueil, &toutefiere qu'elle estoit d'a
voir bravé les efforts unis de deux
celebres Capitaines , elle ne vous a
reſiſté qu'autant qu'il lefalloit pour vous donner l'avantagede l'emporter de viveforce. Ce fut alors que
vouséprouvátesheureuſemetjuſques àquel point vous avezportél'exaEtitude de la Difcipline Militaire:
Vos Soldats combatirent en Héros,
tant ils furent tous animezpar vo-
GALANT. 109 ftre presence ; mais apres avoir ren- versé tout ce qui s'estoit opposé à
Iimpetuositédeleur courage, ils s'ar- reſterent parvos ordres dans la cha- leurde la Victoire , &n'oferent tou- cher aux riches depoüilles que le droit de la Guerre leur avoit livrées. Ilne vous en coûta qu'une
parolepour empefcher l'affreuse de- Solation d'une ville floriſſante :
Vous eustes le plaisir de la pren- dre & de la ſauver en mesme
temps , & vous fustes bien moins fatisfaitdevous en rendre le Maiſtre , que d'en devenir le Conſervateur.
Ce grandfuccés aestéſuivy d'un
autre encoreplusgrand , &qui pa- roiſſoit au deſſus de nosplus hautes esperances. Vos Peuplesfont accourus àceſpectacle, ils ont esté transpor- tezde joye envoyant fortir les Ennemis que vous avez chaffez d'une
rio LE MERCVRE
redoutable Retraite , &ils beniffent tous les jours la Main victoriense qui les a delivrez des courſes , des
ravages , des incendies dont ils
estoientsouventfurpris &continuel- lement menacez. Ce n'effoit qu'à
Kous, SIRE', que le Cielavoit refer vél'honneurdeforcer laBarrierefa- talequi donnoit des bornes trop étroi- tes avoſtre Empire , &de faire du
plus fort Boulevart de l'Espagne ,
un des principaux Remparts de la
France.
Cependant , comme si çeuſt esté
encore trop peu pour V. M. de voir que tout cedoit où vous eſtiez pre... Lent, vous avez entrepris de vain- cremesme où vous n'eftiez pas. Vous avezſeparévos Troupes pour éten- dre vos progrés en divers lieux. Une partie devostre Armée àfuffy pour gagner une Bataille , & pour ache- ver la Conqueste de l'Artois ,
GALANT. ITF
vous avezprisfoin qu'un Princequi apartagéavecVous la gloire devo ſtre auguste Naiſſance , eust aussi part aux honneurs de vostre Triomphe.
Cen'estpasseulement ſurlaTerre que la Victoire accompagne vos
Armes , elle a volépour les ſuivre
jusques fur les Mers les plus éloi--
gnées. Une Flote cunemie qui avoit furlavoſtre touteforte d'avantages,
excepté celuy de la Valeur , vient d'estre attaquée &détruite ,
débris flotans portent la terreur du Nom de V. M. furles bords lesplus
reculez du Nouveau Monde.
Quel bonheur pour nous d'avoir un Protecteurfi glorieux, &qui don- ne àcelebrer des Evenemens ſi me- morables ! Nous n'avons pasbesoin de chercher ailleurs qu'en luy-mes- me un modelle parfait de la Vertu beroïque ; & noussommes certains
112 LE MERCVRE
que l'éclat immortel de fagloire ſe répandrafur nos Ouvrages , & leur communiquera leprivilege de paſſer jusqu'àla derniere Pofterité. Quand nous décrirons vos travaux , SIRE,
nous neferons pas dans l'embarras de n'avoir ſouvent àvous offrir que les meſmes loüanges que nous vous aurons déja données : Quoy que vous ne ceſſfiez point d'eftre Conquechacune de vos Conquestes
est toûjours achevée d'une maniere nouvelle &Surprenante ; &les Imagesfidelles que nous en féronsfe- ront autant de differens Tableaux dont chacun aurasa beautéfingurant
liere.
,
Apres avoirconnufi avantageu- Sementcombienvous eſtesredoutéde vos Ennemis , reconnoissez avec quelexcésde tendreſſe &de vene- ration vous eſtes aimé & presque adoréde vos Sujets. Voyez le ravif-
GALAN T. 113 Sement qui se montre dans tous les yeux qui vous regardent ; écoutez les
acclamations qui retentiſſent de tou- tes partsàvoſtre veuë. Ilfaut toutefois , SIRE , ne vous rien déguiſer,
la joyepublique n'éclate point tant encore pour le ſuccés de vos entre- priſes , qu'enfaveurde vostre retour.
C'est ce retour ſi ardammentſouhaitéqui diſfipe nos allarmes : Que nous ferionsheureux s'il les diffipoit pour toûjours !Nousn'avons encore pû confiderer vostre grand Cœur qu'avec
une admiration inquiete. Nous n'o- fonspresquevousfaire voir de bril- lans Portraits de la Gloire qui vous engageſiſouvent dans le peril; elle
nevous paroist que tropbelle , &ne
vous emporteque trop loin.
Mais , graces à vos Exploits ,
nous devons esperer que nos craintes feront bien-toft finies ; cette Ligue qui se croyoit fi formidable eftfra-
114 LE MERCVRE
pée elle-mefme de la conſternation qu'elle pretendoitjetterjuſquesdans le cœur devostre Royaume : Lesplus fieres Puissances de l'Europe armées &réünies ne peuvent s'empefcher d'estre convaincuës de leur foibleſſe
contre une Nation que vous rendez invincible : Plus elles vous ont oppo- séd'Estats , de Princes , de Rois, plus elles ontfourny d'ornemens àvos Tro phées , & leurs disgraces & vos Triomphes doivent leur avoir af- Sez apris que le deffein de vous faire la Guerre leur fut bien-moins inspirépar leurjalousie,que par la
bonnefortunede V. M.. Onn'en doit point douter , SIRE ,
il n'y a plus rien qui puiſſe ſauver vos Ennemis , que le secours de la
Paix. Vous voulez bien leur laiſſer encore cet unique & dernier moyen d'arrester les progrés étonnans de vos armes, &nous applaudiſſons avec
GALANT. 15I
plaisiràvoſtre moderation.La Fran- ce n'aplus besoin que vous étendiez fes limites : Sa veritable grandeur est d'avoir unſigrand Maistre. Le
Cielà qui nous vous devons , nous a
donnédans unfeulbien tous lesbiens
ensemble , nous ne luy demandons
riende nouveau; c'eſt affez qu'ilnous Laiſſepaisiblementjoüir de lafelicité devostre Regne,Ilsuffit qu'il aitSoin de conferver une vie glorieuse où noſtrebonheurest attaché, &quivaue plus mille fois que la Conqueste de
toute la Terre.
la fin de ma Lettre du mois de
Juillet , par laquelle je vous pro- mettois une des plus belles Pie- ces d'Eloquence que vous euffiez jamais veuës. Ne me ſçachez point mauvais gré du retarde- ment. Je vous donne les choſes
le plutoſt qu'il m'eſt poſſible de - les avoir ; il n'importe en quel temps , pourveu qu'elles ſoient bonnes ; & le Compliment que Me Quinaut fit au Roy àfon re- tour de Flandre , ne ſera pas moins nouveau pour vous qu'il l'auroit eſté lors qu'il euſt l'hon- neur de le faire , puis que per- ſonnen'en a rien veu , & qu'on le demandetous les jours. Il eſtoit
alors Directeur de l'Académie
Françoiſe , à laquelle le Roy fait E V
106 LEMERCVRE
l'honneur de la recevoir comme
une Compagnie Souveraine.
Ainfi il fut conduit par le Maiſtre &le Grand Maiſtre des Ceremonies , accompagné de pluſieurs Perſonnesdela plus haute quali- te qui ſontduCorpsde cette ce- lebre Compagnie. Sa Majesté luy preſta une tres - favorable au- diance, &voicy de quelle manie- re il luy parla.
COMPLIMENT FACT AU ROY
par l'Académie Françoiſe, Monfieur Quinaut Directeur de cette Compa- guieportant la parole.
IRE,
4
A la veuë de Vostre Majesté triomphante & comblée de gloire,
Noussommesſaiſis d'un excés dejoye qui nous interdit presque la parole, مة
GALAN T. 107
&qui ne permet ànoſtre zele de s'exprimer qu'imparfaitemet. Mais,
SIRE , ce n'est point dans cette oc caſion que l'Académie Françoise doit appréhender de ne paroiſtre pas aſſez éloquente : Il suffit qu'elle vous parle de vous-meſmepour estre afſurée dene rien dire que de merveilleux. On n'a jamais rien imagi- né de ſi grand que les Entrepriſes.
que vous venez d'executer , &le Simplerécit de vos Actions eft leplus parfait de tous les Eloges.
Voštre Majestés'est dérobéeaux douceurs du repos pour courir aux fatigues & aux dangers : Elle n'a pas attendu quele Printemps luy
revint ouvrir les Champs où tous les ans elle va cüeillir des Palmes nouvelles ; l'ardeur defon courageàfur- monté les obstacles d'une Saiſon ri- goureuse ; sa prévoyante Sageſſe a
reparé par d'innombrables précauEvj
108 LEMERCVRE
tions lafterilité des Hyvers ; &Sa Prudence a difputé avec sa Valeur
à qui ſe ſignaleroit par de plus
grandsprodiges.
Dumoment, STRE,qucla Renommée eust annoncé le jour de vostre Départ , la Victoire s'empreſſa pour vous accompagner , & la Terreur devançavoſtre marche. Lepremier
éclat de la foudre dont vous eſtiez
armé, est tombéfurune Villefuper- bedont rien n'avoit pûabatre l'orgueil, &toutefiere qu'elle estoit d'a
voir bravé les efforts unis de deux
celebres Capitaines , elle ne vous a
reſiſté qu'autant qu'il lefalloit pour vous donner l'avantagede l'emporter de viveforce. Ce fut alors que
vouséprouvátesheureuſemetjuſques àquel point vous avezportél'exaEtitude de la Difcipline Militaire:
Vos Soldats combatirent en Héros,
tant ils furent tous animezpar vo-
GALANT. 109 ftre presence ; mais apres avoir ren- versé tout ce qui s'estoit opposé à
Iimpetuositédeleur courage, ils s'ar- reſterent parvos ordres dans la cha- leurde la Victoire , &n'oferent tou- cher aux riches depoüilles que le droit de la Guerre leur avoit livrées. Ilne vous en coûta qu'une
parolepour empefcher l'affreuse de- Solation d'une ville floriſſante :
Vous eustes le plaisir de la pren- dre & de la ſauver en mesme
temps , & vous fustes bien moins fatisfaitdevous en rendre le Maiſtre , que d'en devenir le Conſervateur.
Ce grandfuccés aestéſuivy d'un
autre encoreplusgrand , &qui pa- roiſſoit au deſſus de nosplus hautes esperances. Vos Peuplesfont accourus àceſpectacle, ils ont esté transpor- tezde joye envoyant fortir les Ennemis que vous avez chaffez d'une
rio LE MERCVRE
redoutable Retraite , &ils beniffent tous les jours la Main victoriense qui les a delivrez des courſes , des
ravages , des incendies dont ils
estoientsouventfurpris &continuel- lement menacez. Ce n'effoit qu'à
Kous, SIRE', que le Cielavoit refer vél'honneurdeforcer laBarrierefa- talequi donnoit des bornes trop étroi- tes avoſtre Empire , &de faire du
plus fort Boulevart de l'Espagne ,
un des principaux Remparts de la
France.
Cependant , comme si çeuſt esté
encore trop peu pour V. M. de voir que tout cedoit où vous eſtiez pre... Lent, vous avez entrepris de vain- cremesme où vous n'eftiez pas. Vous avezſeparévos Troupes pour éten- dre vos progrés en divers lieux. Une partie devostre Armée àfuffy pour gagner une Bataille , & pour ache- ver la Conqueste de l'Artois ,
GALANT. ITF
vous avezprisfoin qu'un Princequi apartagéavecVous la gloire devo ſtre auguste Naiſſance , eust aussi part aux honneurs de vostre Triomphe.
Cen'estpasseulement ſurlaTerre que la Victoire accompagne vos
Armes , elle a volépour les ſuivre
jusques fur les Mers les plus éloi--
gnées. Une Flote cunemie qui avoit furlavoſtre touteforte d'avantages,
excepté celuy de la Valeur , vient d'estre attaquée &détruite ,
débris flotans portent la terreur du Nom de V. M. furles bords lesplus
reculez du Nouveau Monde.
Quel bonheur pour nous d'avoir un Protecteurfi glorieux, &qui don- ne àcelebrer des Evenemens ſi me- morables ! Nous n'avons pasbesoin de chercher ailleurs qu'en luy-mes- me un modelle parfait de la Vertu beroïque ; & noussommes certains
112 LE MERCVRE
que l'éclat immortel de fagloire ſe répandrafur nos Ouvrages , & leur communiquera leprivilege de paſſer jusqu'àla derniere Pofterité. Quand nous décrirons vos travaux , SIRE,
nous neferons pas dans l'embarras de n'avoir ſouvent àvous offrir que les meſmes loüanges que nous vous aurons déja données : Quoy que vous ne ceſſfiez point d'eftre Conquechacune de vos Conquestes
est toûjours achevée d'une maniere nouvelle &Surprenante ; &les Imagesfidelles que nous en féronsfe- ront autant de differens Tableaux dont chacun aurasa beautéfingurant
liere.
,
Apres avoirconnufi avantageu- Sementcombienvous eſtesredoutéde vos Ennemis , reconnoissez avec quelexcésde tendreſſe &de vene- ration vous eſtes aimé & presque adoréde vos Sujets. Voyez le ravif-
GALAN T. 113 Sement qui se montre dans tous les yeux qui vous regardent ; écoutez les
acclamations qui retentiſſent de tou- tes partsàvoſtre veuë. Ilfaut toutefois , SIRE , ne vous rien déguiſer,
la joyepublique n'éclate point tant encore pour le ſuccés de vos entre- priſes , qu'enfaveurde vostre retour.
C'est ce retour ſi ardammentſouhaitéqui diſfipe nos allarmes : Que nous ferionsheureux s'il les diffipoit pour toûjours !Nousn'avons encore pû confiderer vostre grand Cœur qu'avec
une admiration inquiete. Nous n'o- fonspresquevousfaire voir de bril- lans Portraits de la Gloire qui vous engageſiſouvent dans le peril; elle
nevous paroist que tropbelle , &ne
vous emporteque trop loin.
Mais , graces à vos Exploits ,
nous devons esperer que nos craintes feront bien-toft finies ; cette Ligue qui se croyoit fi formidable eftfra-
114 LE MERCVRE
pée elle-mefme de la conſternation qu'elle pretendoitjetterjuſquesdans le cœur devostre Royaume : Lesplus fieres Puissances de l'Europe armées &réünies ne peuvent s'empefcher d'estre convaincuës de leur foibleſſe
contre une Nation que vous rendez invincible : Plus elles vous ont oppo- séd'Estats , de Princes , de Rois, plus elles ontfourny d'ornemens àvos Tro phées , & leurs disgraces & vos Triomphes doivent leur avoir af- Sez apris que le deffein de vous faire la Guerre leur fut bien-moins inspirépar leurjalousie,que par la
bonnefortunede V. M.. Onn'en doit point douter , SIRE ,
il n'y a plus rien qui puiſſe ſauver vos Ennemis , que le secours de la
Paix. Vous voulez bien leur laiſſer encore cet unique & dernier moyen d'arrester les progrés étonnans de vos armes, &nous applaudiſſons avec
GALANT. 15I
plaisiràvoſtre moderation.La Fran- ce n'aplus besoin que vous étendiez fes limites : Sa veritable grandeur est d'avoir unſigrand Maistre. Le
Cielà qui nous vous devons , nous a
donnédans unfeulbien tous lesbiens
ensemble , nous ne luy demandons
riende nouveau; c'eſt affez qu'ilnous Laiſſepaisiblementjoüir de lafelicité devostre Regne,Ilsuffit qu'il aitSoin de conferver une vie glorieuse où noſtrebonheurest attaché, &quivaue plus mille fois que la Conqueste de
toute la Terre.
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Résumé : COMPLIMENT FAIT AU ROY par l'Académie Françoise, Monsieur Quinaut Directeur de cette Compagnie portant la parole.
L'auteur d'une lettre s'excuse auprès d'une dame pour le retard dans l'envoi d'une pièce d'éloquence promise. Il lui envoie un compliment rédigé par Me Quinaut, alors Directeur de l'Académie Française, adressé au roi à son retour de Flandre. Ce compliment, jamais publié auparavant, est très demandé. Le compliment de Quinaut, présenté au roi en présence de dignitaires, loue les exploits militaires du souverain. Il souligne son courage et sa sagesse, ainsi que ses victoires en Flandre, où il a conquis des villes et sauvé des populations. Le roi est également acclamé pour ses succès navals, qui terrorisent les ennemis jusqu'au Nouveau Monde. Le texte exprime l'amour et l'admiration des sujets pour le roi, tout en espérant son retour sûr. Le compliment conclut en soulignant que la véritable grandeur de la France réside dans la sagesse et la modération du roi, qui préfère la paix à l'expansion territoriale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 57-62
Augmentation d'un Lieutenant & d'un Enseigne dans les quatre Compagnies des Gardes du Corps. [titre d'après la table]
Début :
Il est certain que Mr de Montal n'a pas esté [...]
Mots clefs :
Prince d'Orange, Louis, Compagnies des gardes du corps, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Augmentation d'un Lieutenant & d'un Enseigne dans les quatre Compagnies des Gardes du Corps. [titre d'après la table]
Il eſt certainqueM' deMon- tal n'a pas eſté le feul quiaitveu avec chagrin la prompte Re- traite de l'Armée du Prince
d'Orange. Tous ceuxqui étoient enfermez avec luy dans Char- leroy, brûloient d'envie de ſe ſi- gnaler. C'eſt ce que nos Enne- mis meſmes croiront aisément
L
GALANT. 39
apres les marques de courage qu'ils voyent tous les jours que donnent les Noſtres en toute
forte de rencontres. Ils font afſez convaincus de la justice qu'ils leur doivent rendre , par les continuels avantages que nousavons remportez ſur eux ;
mais quoyque la valeur ſemble avoir eſté de tout temps une -vertu particuliere aux François,
on peut dire qu'elle n'a jamais tant paruque ſous leRegnede LOUIS LE GRAND. On ne s'en
étonnepas. Son exemple, &les promptes récompenſes qu'il do- ne au veritables Braves ,ſontde
puiſſans motifs pour leur faire tout entreprendre , dans l'em- preſſementdeſediftinguer.Co- me ce Grand Prince ſe plaiſt toûjours à chercher quelques nouveaux moyensde reconnoî
40 LE MERCVRE
tre les ſervices qu'on luy rend,
il a augmenté ſes quatre Com- pagnies des Gardes du Corps,
d'un Lieutenant,d'un Enſeigne,
& de quelques Gardes. Meffieurs de Saint Ruth, Marin, Lignery, du Mefnil,SaintGermain d'Achon,&du Repaire, ont eſté faits Lieutenans ; & Meffieurs
de Reneville , de Gaſſion , de
Vignau, de la Grange, de Quie- ry, de Vilemon , de Monpipaux,
deBagé, de la Cafe,&de Leffay,
font en meſme temps devenus Enſeignes. Meſſieurs de Seri- gnan & de Vandeüil en auront
les Brevets , le rang , & le com- mandement,& ne laifferont pas de faire toûjours leurs fonctions d'Aydes - Majors. Je ne doute
point , Madame , que je ne vous fiffe un fortgrand plaiſir de vous -parler ſeparément de tous ceux
GALAN T. 41
que je viens de vous nommer;
mais outre que j'attens desMe- moires de leurs Amis pour ce qui les regarde chacun en par- ticulier ,j'ay tant de choſes à
vousdire dans cette Lettre , que
pour ne me laiſſer point acca- bler de la matiere , tout ce que j'ajoûteray'aujourd'huy à cet Article, c'eſt qu'on n'entre point dans le Corps où ils ont l'avan- tage d'eſtre reçeus , qu'on ne ſe ſoit fait remarquer dans les plus importantes occafions , & qu'il n'y a point de commandement dont tous ceux qui en ſont Offi- ciers ne foient eſtimez capa- bles. Ils ont l'honneur d'eſtre
toûjours aupres de la Perſonne du Roy, on leur en confie la garde , &vous pouvez bien ju- ger qu'un ſi glorieux employ demande des Gensdontle cou
42 LE MERCVRE rage ſoit auffi connu que le mes rite.
d'Orange. Tous ceuxqui étoient enfermez avec luy dans Char- leroy, brûloient d'envie de ſe ſi- gnaler. C'eſt ce que nos Enne- mis meſmes croiront aisément
L
GALANT. 39
apres les marques de courage qu'ils voyent tous les jours que donnent les Noſtres en toute
forte de rencontres. Ils font afſez convaincus de la justice qu'ils leur doivent rendre , par les continuels avantages que nousavons remportez ſur eux ;
mais quoyque la valeur ſemble avoir eſté de tout temps une -vertu particuliere aux François,
on peut dire qu'elle n'a jamais tant paruque ſous leRegnede LOUIS LE GRAND. On ne s'en
étonnepas. Son exemple, &les promptes récompenſes qu'il do- ne au veritables Braves ,ſontde
puiſſans motifs pour leur faire tout entreprendre , dans l'em- preſſementdeſediftinguer.Co- me ce Grand Prince ſe plaiſt toûjours à chercher quelques nouveaux moyensde reconnoî
40 LE MERCVRE
tre les ſervices qu'on luy rend,
il a augmenté ſes quatre Com- pagnies des Gardes du Corps,
d'un Lieutenant,d'un Enſeigne,
& de quelques Gardes. Meffieurs de Saint Ruth, Marin, Lignery, du Mefnil,SaintGermain d'Achon,&du Repaire, ont eſté faits Lieutenans ; & Meffieurs
de Reneville , de Gaſſion , de
Vignau, de la Grange, de Quie- ry, de Vilemon , de Monpipaux,
deBagé, de la Cafe,&de Leffay,
font en meſme temps devenus Enſeignes. Meſſieurs de Seri- gnan & de Vandeüil en auront
les Brevets , le rang , & le com- mandement,& ne laifferont pas de faire toûjours leurs fonctions d'Aydes - Majors. Je ne doute
point , Madame , que je ne vous fiffe un fortgrand plaiſir de vous -parler ſeparément de tous ceux
GALAN T. 41
que je viens de vous nommer;
mais outre que j'attens desMe- moires de leurs Amis pour ce qui les regarde chacun en par- ticulier ,j'ay tant de choſes à
vousdire dans cette Lettre , que
pour ne me laiſſer point acca- bler de la matiere , tout ce que j'ajoûteray'aujourd'huy à cet Article, c'eſt qu'on n'entre point dans le Corps où ils ont l'avan- tage d'eſtre reçeus , qu'on ne ſe ſoit fait remarquer dans les plus importantes occafions , & qu'il n'y a point de commandement dont tous ceux qui en ſont Offi- ciers ne foient eſtimez capa- bles. Ils ont l'honneur d'eſtre
toûjours aupres de la Perſonne du Roy, on leur en confie la garde , &vous pouvez bien ju- ger qu'un ſi glorieux employ demande des Gensdontle cou
42 LE MERCVRE rage ſoit auffi connu que le mes rite.
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Résumé : Augmentation d'un Lieutenant & d'un Enseigne dans les quatre Compagnies des Gardes du Corps. [titre d'après la table]
Le texte décrit la réaction des soldats français, notamment ceux à Charleroy avec le duc de Montausier, face au retrait rapide de l'armée du prince d'Orange. Les ennemis admirent le courage des Français, illustré par leurs victoires successives. La valeur des Français sous le règne de Louis XIV est particulièrement mise en avant. Pour récompenser les braves, le roi a augmenté ses compagnies des Gardes du Corps en ajoutant des lieutenants, des enseignes et des gardes. Plusieurs officiers, comme les messieurs de Saint Ruth, Marin et Lignery, ont été promus lieutenants ou enseignes. Les messieurs de Sérignan et de Vandeuil conservent leurs postes d'aides-majors. Les promotions sont accordées à ceux qui se sont distingués dans des situations importantes et jugés aptes à commander. Ces officiers ont l'honneur de servir près du roi et de garantir sa sécurité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 130-139
LA PRISE DE VALENCIENNES. / LE SIEGE DE CAMBRAY. / S. OMER, ET LA BATAILLE DE CASSEL.
Début :
Il se trouva qu'il avoit sur luy quelques Vers / Dans un autre Quadre est tracé [...]
Mots clefs :
Exploits, Roi, Prise de Valenciennes, Histoire, Guerre, Louis, Bataille de Cassel, Saint-Omer, Siège de Cambrai, Assauts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA PRISE DE VALENCIENNES. / LE SIEGE DE CAMBRAY. / S. OMER, ET LA BATAILLE DE CASSEL.
Ilſe trouva qu'il avoit ſur luy quelques Vers fur les derniers Exploits duRoy. C'eſt unFragmentd'u-
GALANT. 83
4
ne Deſcription de l'Arc de Triomphe,dans laquelle il parle des plus remarquables Actions que ce Prince a faites pendant la Paix & depuis la Guerre, fui- vant qu'elles pouronteſtre pla- cées dans les Quadres de ce magnifique Edifice. Cer Illu- ſtre Abbé ayant eſté invité de les lire, il commença dela forte..
LA PRISE
DE VALENCIENNES..
D
Ansun autre Quadre est tracé
LeSiegede Valencienne;
C'est àce coup qu'est effacé Tout le miraculeux de l'Histoire an
cienne.
Iamaisne fut chargé par Cizeau , ny Burin.
D'un plus digne Sujet , le Marbre ,
ny l'Airin ;
L'impetueux Vainqueur hait ces lon- queurs énormes
Dvj
84 LE MERCVRE Qu'ontſous les autres Chefs les Sie- ges dans lesformes ,
Il veut mesme àla Guerre eftre au def- fusdes Loix ,
Qu'àdes Horosfuturs ilſerve de Mo- delle ,
Etpourvarierſes Exploits ,
Ilinvente unAfſaut d'une façon now- velle.
Onvoit encor debout les Tours & les
Remparts ?
Les Ravelins,les Forts, les Diguesſont entieres;
Pardes Foffez profonds ,des Canaux ,
desRivieres ,
LesCheminsfont encorcoupez de toutes.
parts;
Etcependantpourprendre une Ville im- prénable ,
Vn Guichet àpeine s'ouvrant Etune Brécheraisonnable
Quifuffit àce Conquérant ;
Latrahison , ny lafurprise,
N'ont point de part à l'entrepri.
fe
Ny tout le guerrier appareil,
Nylestroubles de la Nature,
GALANT. 85 Lafaveurd'un orage, oud'une nuit ob Scure ,
Toutsepafſſe auxyeux du Soleil ;
Maisle plusfurprenant &leplus he- roïque ,
C'est qu'onyvoit entrer Loüisen pa
cifique Etla Victoireàses costez Avecéclat a beau paroistre Aces Peuples épouvantez,
Apeine pas-un d'eux lapeut-il recon.
noistre,
Elle esttrop déguisée,&n'apoint dans lesyeux Larage & la fureur qu'elle porte en
tous lieux ;
Elle ne traîne point ſonfuneste équipage;
Lecalme &la douceur qui regne fur Sonfront ,
Interdisent lefeu,le meurtre, lepillage,
EtSauvant la Pudeur du plus cruel affront ,
Ilsfontfurpris de voir en leur fierAd- versaire ,
Que le Cielleur envoye unAnge tute- laire ,
86 LE MERCVRE
Quileur donne un Secours plus prompt &plus certain Queceux qu'ilsattendoientde Mons
de Louvain..
LE SIEGE
DE CAMBRAY.
DLushautdont on voitrenom Cambray
Sembloit braver l'effort du Fer &du Canon.
On croit en admirantſa forte Citadelle,
Qu'une Semiramis nouvelle En éleva les Murs si larges &fi haut's,
Pourlamettre au deſſus des plus ardans Aflauts.. En vain pardes Foffezquiſemblent des Vallées,
Sont de ces Corps puiſſansles forces raf- Semblées;
C'est affez que Loüis foit campéde--
vant eux ,
Son bras en peude tempsrend leur churc
commune,
GALAN T. 87 Etle Cielfitfans - doute unePlace des
deux ,
t
Pour luyfaireobtenirdeux Victoires en
une.
Envain les Aquillonspour nuireàses
travaux ,
Redoublent levenin de leurs froidesha
laines ,
Et l'Hyverſur un Trône enrichy de Cristaux
I pense encor joüir de l'Empire des Plaines ;
Noftre infatigable Loüis ,
Autheur de Campemens jusqu'alors inoüis,
Renvenſetousles privileges Des Vents des Broillars ,de la
Pluye &des Neiges ;
Ses Guerriers ſurſespas , &Suivant fes Leçons ,
Fontàl'Affaut couverts defeux & de
glaçons,
Etmalgréles Frimats , les Neiges lesGlaces و
Ils domtentles Saiſons auſſi-bien que les Blaces..
2
88 LE MERCVRE
S. OMER ,
ET LA
BATAILLE DE CASSEL.
D
Autre- part Saint Omer au mi- lieudefes Eaux,
Desplus nombreux Guerriers ne craint
point les approches ,
Ses Palliffades de Roſeaux
La defendent bien mieux que les plus dures Roches.
Eust- on jamaispensé qu'au centre d'un Marais ,
Oùle terrain n'estpointſolide ,
Où l'eau mesme n'est pas liquide ,
Onpust la ferrer d'affezpres ?
Etcependant PHILIPPE en obtient la
Victoire ,
PHILIPPE , que Loüis afſocie à fa gloire ,
Qui partagefon Sang,ſecondesa Va- leur,
Qui d'un double Laurier la Teste Conronnée
Parune Ville priſe avec tantde cha- leur ,
GALANT. 89
Et pour une Bataille à meſme- tempsga- gnée,
Montre à tout l'Univers combien de
grandsfuccés Doit attendre Loüis de ces heureux
eſſais ;
Des Montagnesde Morts fur des Plainessanglantes Paroiffent en lointain encor toutes fumantes ,
Veritables témoins des genéreux Exploits Qu'ilfit pres de Caffelcontre un Prince
Hollandois Ardant à fecourir l'agoniſante Ville ,
Qui luy-mesme est contraint dechercher
un azile En ce point malheureux qu'il eust pio
lafauver,
S'il euſt auſſi- bien ſçeu danssa boüillan- te audace
L'Artdefaire lever le Siege d'unePlace
Qu'il sçait parfaitement celuy de le lever.
GALANT. 83
4
ne Deſcription de l'Arc de Triomphe,dans laquelle il parle des plus remarquables Actions que ce Prince a faites pendant la Paix & depuis la Guerre, fui- vant qu'elles pouronteſtre pla- cées dans les Quadres de ce magnifique Edifice. Cer Illu- ſtre Abbé ayant eſté invité de les lire, il commença dela forte..
LA PRISE
DE VALENCIENNES..
D
Ansun autre Quadre est tracé
LeSiegede Valencienne;
C'est àce coup qu'est effacé Tout le miraculeux de l'Histoire an
cienne.
Iamaisne fut chargé par Cizeau , ny Burin.
D'un plus digne Sujet , le Marbre ,
ny l'Airin ;
L'impetueux Vainqueur hait ces lon- queurs énormes
Dvj
84 LE MERCVRE Qu'ontſous les autres Chefs les Sie- ges dans lesformes ,
Il veut mesme àla Guerre eftre au def- fusdes Loix ,
Qu'àdes Horosfuturs ilſerve de Mo- delle ,
Etpourvarierſes Exploits ,
Ilinvente unAfſaut d'une façon now- velle.
Onvoit encor debout les Tours & les
Remparts ?
Les Ravelins,les Forts, les Diguesſont entieres;
Pardes Foffez profonds ,des Canaux ,
desRivieres ,
LesCheminsfont encorcoupez de toutes.
parts;
Etcependantpourprendre une Ville im- prénable ,
Vn Guichet àpeine s'ouvrant Etune Brécheraisonnable
Quifuffit àce Conquérant ;
Latrahison , ny lafurprise,
N'ont point de part à l'entrepri.
fe
Ny tout le guerrier appareil,
Nylestroubles de la Nature,
GALANT. 85 Lafaveurd'un orage, oud'une nuit ob Scure ,
Toutsepafſſe auxyeux du Soleil ;
Maisle plusfurprenant &leplus he- roïque ,
C'est qu'onyvoit entrer Loüisen pa
cifique Etla Victoireàses costez Avecéclat a beau paroistre Aces Peuples épouvantez,
Apeine pas-un d'eux lapeut-il recon.
noistre,
Elle esttrop déguisée,&n'apoint dans lesyeux Larage & la fureur qu'elle porte en
tous lieux ;
Elle ne traîne point ſonfuneste équipage;
Lecalme &la douceur qui regne fur Sonfront ,
Interdisent lefeu,le meurtre, lepillage,
EtSauvant la Pudeur du plus cruel affront ,
Ilsfontfurpris de voir en leur fierAd- versaire ,
Que le Cielleur envoye unAnge tute- laire ,
86 LE MERCVRE
Quileur donne un Secours plus prompt &plus certain Queceux qu'ilsattendoientde Mons
de Louvain..
LE SIEGE
DE CAMBRAY.
DLushautdont on voitrenom Cambray
Sembloit braver l'effort du Fer &du Canon.
On croit en admirantſa forte Citadelle,
Qu'une Semiramis nouvelle En éleva les Murs si larges &fi haut's,
Pourlamettre au deſſus des plus ardans Aflauts.. En vain pardes Foffezquiſemblent des Vallées,
Sont de ces Corps puiſſansles forces raf- Semblées;
C'est affez que Loüis foit campéde--
vant eux ,
Son bras en peude tempsrend leur churc
commune,
GALAN T. 87 Etle Cielfitfans - doute unePlace des
deux ,
t
Pour luyfaireobtenirdeux Victoires en
une.
Envain les Aquillonspour nuireàses
travaux ,
Redoublent levenin de leurs froidesha
laines ,
Et l'Hyverſur un Trône enrichy de Cristaux
I pense encor joüir de l'Empire des Plaines ;
Noftre infatigable Loüis ,
Autheur de Campemens jusqu'alors inoüis,
Renvenſetousles privileges Des Vents des Broillars ,de la
Pluye &des Neiges ;
Ses Guerriers ſurſespas , &Suivant fes Leçons ,
Fontàl'Affaut couverts defeux & de
glaçons,
Etmalgréles Frimats , les Neiges lesGlaces و
Ils domtentles Saiſons auſſi-bien que les Blaces..
2
88 LE MERCVRE
S. OMER ,
ET LA
BATAILLE DE CASSEL.
D
Autre- part Saint Omer au mi- lieudefes Eaux,
Desplus nombreux Guerriers ne craint
point les approches ,
Ses Palliffades de Roſeaux
La defendent bien mieux que les plus dures Roches.
Eust- on jamaispensé qu'au centre d'un Marais ,
Oùle terrain n'estpointſolide ,
Où l'eau mesme n'est pas liquide ,
Onpust la ferrer d'affezpres ?
Etcependant PHILIPPE en obtient la
Victoire ,
PHILIPPE , que Loüis afſocie à fa gloire ,
Qui partagefon Sang,ſecondesa Va- leur,
Qui d'un double Laurier la Teste Conronnée
Parune Ville priſe avec tantde cha- leur ,
GALANT. 89
Et pour une Bataille à meſme- tempsga- gnée,
Montre à tout l'Univers combien de
grandsfuccés Doit attendre Loüis de ces heureux
eſſais ;
Des Montagnesde Morts fur des Plainessanglantes Paroiffent en lointain encor toutes fumantes ,
Veritables témoins des genéreux Exploits Qu'ilfit pres de Caffelcontre un Prince
Hollandois Ardant à fecourir l'agoniſante Ville ,
Qui luy-mesme est contraint dechercher
un azile En ce point malheureux qu'il eust pio
lafauver,
S'il euſt auſſi- bien ſçeu danssa boüillan- te audace
L'Artdefaire lever le Siege d'unePlace
Qu'il sçait parfaitement celuy de le lever.
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Résumé : LA PRISE DE VALENCIENNES. / LE SIEGE DE CAMBRAY. / S. OMER, ET LA BATAILLE DE CASSEL.
Le texte relate plusieurs exploits militaires du roi Louis, mettant en lumière sa stratégie et son leadership. Lors de la prise de Valenciennes, Louis adopte une approche innovante et pacifique, évitant la trahison et la surprise, et entre dans la ville sans violence. Le siège de Cambrai démontre la rapidité et l'efficacité de Louis, qui surmonte les défenses robustes de la cité malgré des conditions hivernales rigoureuses. À Saint-Omer, Philippe, associé à la gloire de Louis, obtient une victoire notable. La bataille de Cassel est décrite comme un affrontement sanglant contre un prince hollandais, où Louis montre son habileté stratégique. Le texte souligne la vaillance et les succès militaires de Louis, soulignant son leadership et son génie tactique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 193-243
Tout ce qui s'est passé à Fontainebleau pendant le Sejour que Leurs Majestez y ont fait. Cet Article contient ceux des Comedies, Opéra, Bals, Plan d'une Collation, Chasses, & la maniere dont les Dames ont esté parées dans tous ces Divertissemens. [titre d'après la table]
Début :
Enfin, Madame, je passe à un Article dont je n'aurois [...]
Mots clefs :
Pierreries, Fontainebleau, Plaisirs, Cour, Habits, Roi, Château, Comédie, Hôtel de Bourgogone, Opéra, Musique, Reine, Habillement, Dames, Bals, Divertissement, Dauphin, Chasse
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé à Fontainebleau pendant le Sejour que Leurs Majestez y ont fait. Cet Article contient ceux des Comedies, Opéra, Bals, Plan d'une Collation, Chasses, & la maniere dont les Dames ont esté parées dans tous ces Divertissemens. [titre d'après la table]
Enfin , Madame , je paſſe à
tin Article dont je n'aurois pas manqué à vous entretenir dés l'autre Mois , fi le Roy n'euft paffé que quinze jours à Fon- tainebleau , comme on l'avoit crû d'abord. Vous ſçavez qu'il n'en eſt party que le dernier de Septembre, &il nefaut pass'é- tonner s'il n'a pûquitter ſi toſt un ſi agreable ſejour. Ce fu- perbe &fpacieux Chaſteau qui en pourroit compoſer pluſieurs,
eſt une Maiſon vrayment Roya le. On ſe perd dans le grand nombre de Courts , d'Apartes mens , de Galeries , & de Jardins qui s'y rencontrent de tous coſtez ; & comme on y trouve par tout ſujet d'admirer , on a
dequoy exercer long-temps l'ad- miration. Ce fut dans ce magnifique Lieu , où le Chaſteau
!
2
Fiij
126 LE MERCVRE
ſeul pourroit eſtre pris pour une Ville ,qu'il plûr au Royd'aller paffer quelques - uns des der- niers beaux jours de l'Eté. Il avoit fait de grandes Conque- ſtes pendant l'Hyver. Sa pru- dence aidée de ſon Conſeil, à
qui nous n'avons jamais veu predrede fauſſes meſures, avoir diffipé les defſeins de toute l'Eu- rope , fait lever le Siege de Charleroy, & obligé les Impé- riaux à retourner ſur les bords.
du Rhin.. Il eſtoit bien juſte qu'apres des ſoins de cette im.
portance, cegrand Prince cher- chaſt à ſe delaffer , & il auroit
eu peine à le faire plus agrea- blement qu'à Fontainebleau.
Tout le temps qu'il réſolut d'y demeurer, fut deſtiné aux Plaifirs. On en prépara de toutes les fortes, & on ne chercha à
GALANT.. 127 - fenvy qu'à paroiſtre magnifique dans une Cour que la magnifi cence ne quite jamais.Monfieur le Prince de Marfillac Grand
Maiſtre de la Garderobe , ſça
chant qu'on devoit changer de Divertiſſemens chaque jour, &
quetoutlemonde ſongeoit à ſe mettre en étatde ſe faire remarquer , fit faire fans en rien dire auRoy, une douzaine d'Habits extraordinaires , outre ceux qui avoient eſté ordonnez. Sa Majeſté ayant veu le premier , les voulut voir tous , & les trouva
_auſſi beaux que galamment imaginez. Le Roy en eut encor d'autres qui auroient peur-eftre contribué quelque choſe à la bonne mine de l'Homme du
monde le mieux fait , mais qui ne pûrent augmenter l'admira-.
tion qu'on a pour un Monarque
Fij
128 LE MERCVRE
7
qui tire de luy-meſme tout fon eclat. Je croy , Madame , que vous n'attendez rien demoy fur ce qui regarde M' le Princede Marfillac, & que n'ignorantpas qu'il eſt Fils deMale Duc de la Rochefoucaut vous fçavez
qu'une fi glorieuſe naifſance ne luya pû inſpirer que des ſenti- mens dignes de luy. Onnepeut la mieux foûtenir qu'il a toû- jours fait. Iln'a pointeud'occa- fion de fignaler ſon courage &
de faire paroiſtre ſon eſprit, qu'il n'ait donné d'avantageuſes mar- quesde l'un &de l'autre,& il n'y a guére de Dames qui ne l'ayết trouvé auffi Galant que nosEn- nemis l'ont connu Brave. Jugez combien d'Avantures agreables nous ſçaurions de luy , s'il eſtoit auſſi peu difcret qu'il eſt favo- rablement reçeu du beau Sexe.
GALANT. 129 SesAmis ne l'employentjamais,
qu'il ne leur donne ſujer de ſe loüer de ſes ſoins ; &toutes ſes
belles qualitez ſont devenuës publiques &incontestables par l'eſtime qu'en fait un Roy ,qui ne voyant rien dans toute la Terre que la naiſſance puiſſe mettre au deſſus de luy , trouve tout au deſſous de la penetra- tionde fon eſprit &de la force de fon difcernement. Le pre- mierdes Divertiſſemens que Sa Majesté a voulu ſe donner à
Fontainebleau , fut celuy de la Comédie. Elle y fut jouée tous les jours alternativement avec l'Opéra. Voicy les Pieces qu'y reprefenta l'Hoſtel de Bourgogne.
Iphigénie , avec Criſpin Me-.. decin.
Le Menteur.
Ev
230 LE MERCVRE
Mariane , avec l'Apres-Son- pédes Auberges.
L'Avare..
Pompée ,avec les Nican- dres.
Mitridate..
Le Miſantrope..
Horace , avec le Deüil.
Bajazer, avec les Fragmens deMoliere.. 2
Phedre & Hippolyte.. Oedipe, avec les Plaideurs.. Jodelet Maiſtre..
Venceflas , avec le Baron de
laCraffe.
1
Cinna , avec l'Ombrede Moliere.
L'Ecole desFemmes..
Nicomede , avec le Soupé mal-apprefté.
Parmy tant de Comédies , on n'a repreſenté que trois Opéra,
àſçavoir, Alceste , Thesée &
GALANT. 131 Athis. Ils ont eſté chantez par la ſeule Muſique du Roy , aug- mentée exprés de plufieurs Per- fonnes, &entr'autres de Mademoiſelle de la Garde & deMa..
demoiselle Ferdinand. Elles ont
fait connoiſtre en peu dejours,
qu'on leur avoit rendu juſtice en les choiſiſſant pour en eſtre,
&on peut dire à leur avantage que c'eſt de plus d'unemaniere qu'elles ont plû. On.ne peut rien ajoûter aux applaudiffe- mens qu'a reçeuş M. de Saint Chriftophle , non ſeulement pour avoir bien chanté , mais poureſtreentrée dans la paffion rantoſt de la plus forte maniere,
&tantoft de la plus totichante,
felon que la diverfité du ſujet le demandoit. Le reſte de la
Muſique du Roy a fait àfon or- dinaire. Il eſt impoſſible qu'el Fvj
13.2 LE MERCVRE le faſſe mal. Elle eft compoſée des meilleures Voix de France,
&fous un Maiſtre tel que Mr de Lully , les moins habiles le deviennent en peu de temps.. Les Danfeurs qui s'y font fait admirer , ont extraordinairement fatisfait dans leurs Entrees; & ce qui n'en laiſſe pas douter , c'eſt que les SieursFa- vier,Letang, Faure, Magny , &
cinq autres , ont eu de grandes.
gratifications , outre leurs pen- fions ordinaires. De pareilsEco-- liers à qui de Beauchamp a
donné &donne encor tous les
jours des Leçons , quoy qu'ils foientdéja grands Maiſtres,font voir qu'il eſt dans ſon Art un
des plus habiles Hommes du
monde. Aufſi a -t- il eul'honneur de montrer autrefois à Sa
Majeſté. Les trois Maſcarades
GALANT. 133
remplies d'Entrées croteſques
qui ont paru parmy ces Diver- tiſſemens , estoient de fon in- vention. Elles furent ajoûtées pour nouveau Plaifir aux Re- préſentations des dernieres Co- médies qu'on joua ; &ceux qui en furent, ayant eu l'avantage de divertir le Royd'une manie- re auffi plaiſante qu'agreable,
reçeurent. beaucoup de louan- ges. M. Philibertdans le Recit d'un Suiffe qui veurparler Fra- çois ſans le ſçavoir, fitfort rire les plus ſérieux & par ces po- ſtures , & par ſon langage Suif- ſe Franciſé. Les Plaiſirs n'ont
pas eſté bornez à tout ce que je viens de vous dire. Il y a eu deux Bals où toute la Cour a
paru dans unéclat merveilleux.
LesPierreries ontbrille de tou
134 LE MERCVRE
ves parts , &jamais on n'ena
tant ver..
Le Roy s'y fir voir avec un Habitde lames d'or, fur lequel il y avoitune broderie or &ar- gent, l'arrangement de ſes Pier- reries eſtoit enboucles de Baudrier. Vous aurez de la peine à
bien concevoirles brillans effets
qu'elles produiſentainſi arran- gées. La beauté en redouble d'autant plus , que cette maniere donne lieu de les meſſer ſelonlesgroffeurs;&quelque prix qu'ayent les choſesd'elles-mefmes, vous ſçavez que l'induſtrie desHommes nelaiffe pas quel quesfois d'y contribuer. Outre
toutes ces Pierreries , le Roy portoitune Epée ſur laquelleil y en avoit pour plus de quinze censmille livres..
GALANT. 135 La Reyne en ſembloit eſtre toute couverte. Elle en avoit
d'une groffeur extraordinaire.
Son Habit eſtoit noir , & fon
Etofe ne ſervantqu'àenrelever Héclat , on peut dire qu'elle ébloüiffoit..
L'ajustementde Monſeigneur leDauphin eſtoitd'une grande magnificence. Rien ne pouvoit eftre mieux imaginé ; & ce qu'il y avoitd'avantageux pour luy ,
e'eſt qu'il'en effaçoit l'éclat par la vivacité de ſon teint, &par les autres charmes de fa Per--
fonne..
Monfieur, qui réüffit entou- tes choſes , &àqui la galanterie eſt naturelle , ſe met toûjours d'un fi bon air , qu'il ne faut pas eſtre ſurpris s'il ſe fit admi rerde tout le monde. Son Habit eftoit tout couvert de Pier
136 LE MERCVRE reries arrangées , comme le font les longues Boutonnieres des Caſaques à la Brandebourg.
r. On ne peut eftre mieuxqu'e- ſtoient Madame & Mademoifelle. Tout brilloit en elles , tout
yeſtoit riche & bien enten.
du.
Je me fuis fervy juſqu'icydes termes de magnifique , de bril- lant, &d'éclatant, &j'encher- che inutilement quelqu'un qui fignifie plus que tout cela pour exprimer cequ'eſtoitMademoi- felle de Blois dans l'ün & dans
l'autre Bal. Jamais parure ne fit de fi grands effets. Vous n'en douterez point , quand vous ſçaurez que cette jeune Prin- ceffe, quoy qu'elle foit une des plus belles Perſonnes du mon- de , laiſſa perdre des regards qu'attiroient de temps en temp's
GALANT. 137 la richeffe de ſon Habillement,
&l'air tout particulier dont elle
eftoit miſe. Ce fut un amas de
Pierreries le premier jour , qui ne ſe peut concevoir qu'en le voyant;&elle en eſtoit fi cou
verte , que lebas de ſa Robe en eſtoit chargé tout autour. Elle
parut en gris de lin dans le ſe- cond Bal , & toûjours avec
avantage.
Vous pouvez juger que les Dames en general n'avoient rien épargnépourparoiftrema- gnifiques. Elles eſtoient toutes coifées avec une groſſe nate fort large , ou avec une corde, ayant les cheveuxfriſez juſqu'au mi- lieu de la teſte , qui paroif- foit toute en boucles. Elles en
avoient deux ou trois grandes inégales qui leur pendoient de chaque coſté avec une autre ex
138 LE MERCVRE trémement longue. Toute la coifure eſtoit accompagnée de Poinçons de Pierreries , &d'au- tres faits de Perles. Des nœuds
de toutes fortes de Pierreries &
de Perles qui tenoient lieu de Rubans, en garnifſfoient les co- ſtez. D'autres y faifoient des Bouquets , & le Rond de quel- ques-unes eſtoit garny comme le devant. Celles dont les cheveux pouvoient s'accommoder de la poudre , en avoient beau- coup. Pour leurs Habits , comme en Campagne elles enpeu- vent porter de couleur à la Cour ,elles en avoient preſque toutes de gris , qui ne laiſſoient -pourtant pas d'eſtre diferens.Les uns eſtoient d'un gris perlé , &
les autres d'un gris cendré , avec de petites Broderies fines &des plus belles , ou de petits Bou
GALAN T. 139 quetsde broderie appliquez par leBrodeur, ou brodez ſur l'E
tofe mefme.Ces Habits estoient
tous chamarrezde Pierreries fur
- les Echarpes ouTailles , &elles en avoient de gros nœuds de- vant. Des Attaches de Pierre
ries , des Chatons , &des Boutons , ornoient leurs manches
de diférentes manieres.Toutle
devantde leurs Jupes eſtoit auſſi chamarré , & de groſſes Atta- ches de Diamans les retrouf
foient enquelques endroits.Plu- fieurs Pierreries formoient le
nœud de derriere , &il y avoit quelques Robes quien estoient chamarrées par demy lez Les manches de deſſous eſtoient de
Point de France , tailladées en
long , & relevées par le basavec un Point de France godronné.
Ily avoit des Pierreries entre les
140 LEMERCVRE
godrons , &des noœuds de Pier- reries deſſous les mancheres. La
plûpart enavoientdes Bracelets tout autour,&toutes des Co
lerêtes comme on enmet quand on eſt en Habitgris. Si ce mot deColerete n'eſt pas remis en vſage , corrigez-moy je vous prie. Jetraite une matiere où vous devez eſtre plus ſçavante que je ne fuis , &je ne répons pas que ce ſoit leſeul terme que jaye mal appliqué. LesDames n'ont pas eſte ſeulement ainfi parées pour les deux grands Bals , qui ont faitparoiſtre avec tant d'éclat la magnificence &
la galanterie de la premiere Courdu monde; elles ſe ſont
trouvées tous les ſoirs à la Co- médie , ou à l'Opéra , dans le meſme ajustement où je viens de vous les dépeindre , & il
GALAN T. 141
1
1
redoubla dans les jours de la Naiſſance duRoy &dela Rey- : ne , qui ſe rencontrerent le ( meſme Mois , ſur tout à l'égard des Pierreries. Le nombre en
eſtoitpreſque infiny ; &comme il n'y en avoit que de fines , on peut jugerdu merveilleux effet qu'elles firent toutes enſemble,
quand tous ceux qui s'eſtoient parez pourdanſer furent aſſemblez ; car vous remarquerez ,
Madame , que chez le Roy il n'yaperſonne de nommé pour le Bal , & qu'il ſuffit d'eſtre d'une Qualité conſidérable pour avoir la libertéd'y danſer.
Le Roy mena la Reyne ; mon- ſeigneur leDauphin , мадетоі- felle ; Monfieur , мадате ; м. le
Prince de Conty , Mademoiselle de Blois ; M. de мопmouth, маdame la Comteſſe de Gramont;
142 LE MERCVRE M. le Comte d'Armagnac , ма- dame la Princeſſe d'Elbeuf; м.
le Comte de Brionne , madame
la marquiſe de la Ferté ; M. de Tilladet, Madamede Soubiſe'; м.
le Comtede Louvigny,Madame de Louvois ; M' de Beaumont,
Madame de Ventadour ; м² le
Chevalier de Chaſtillon , Madame de S. Valier; & M. le
Comte de Fieſque , Mademoi- ſelle de Grance. Il ſeroit difficile de ſçavoir les noms de tous ceux qui furent de ces deux Bals , & le rang qu'ils eurent à
danſer. Les uns ſe trouverent
au premier,les autres au ſecond,
&beaucoup àtous les deux.On y vit Madame la Ducheſſe de Chevreuſe , Mademoiselle de
Thiange , Mademoiſelle des
Adrets , & Mademoiselle de
Beauvais. Ces deux dernieres
{ GALANT. 143
ſont Filles d'Honneurde Madame. Onyvit encor M. le Duc de Vermandois , Monfieur le Chevalier de Lorraine M.
de Vendoſme , M. le marquis de мігероїх, м.Ле marquis de Rho- des , & quelques autres. Vous ſerez aiſément perfuadée que le Roy s'y fit diftinguer. Son grand air ,& la grace qui l'ac- compagne entoutes chofes, font des avantages qui ne ſont com- muns à perſonne; & quand il ne ſeroit point ce qu'il eſt , je vous jure , madame, que je ne m'empeſcherois point de vous dire qu'il donna ſujet de l'admi- rer au deſſus de tous les autres.
La Colation du premier Bal fut
fuperbe , la France augmente tous les jours en magnificence,
&peut- eſtre ne s'eſt-il jamais tien veude pareil. Comme je
144 LE MERCVRE ſçay que vous aimez tout ce qui marque de la grandeur, j'ay crû que vous me ſçauriez bon gré du Plan quejevous ay fait graver de cette Royale Cola-.
tion. Prenez la peine de jetter les yeux deſſus , le voicy; vous comprendrez plus aisément en le regardant, ce que j'ay àvous en dire. Les grands Quarrez qui font marquez Gradins, por- toient par le bas huit grandes Corbeilles de Fruit cru. Il y
avoit de petits Ronds de Con- fitures ſeches dans les encognures. Le ſecond rang portoit en- cor quatre Corbeilles , & les encognures eſtoient remplies comme celles du premier. Un grand Quarré de Fruit portant deux pieds de hauteur, faiſoit le deffus. Tous les Ronds &
Ovales marquez estoient de
Fruit
GALANT. 145 Fruit cru , &des Confitures ſe- ches rempliſſoient tous les
Quarrez qui font le tour de la Table. Par tout où vous voyez
de petits &de grāds Ronds noirs ( c ) maginez-vous des Flam- beaux dans les premiers , &des Girandoles dans les autres. La
meſime choſe des petits & des grands Ronds qui font blancs,
( OO ) Des Soucoupes de cri- ſtal garnies de quantité deGo- belets pleins d'Eaux glacées,te- noient la place des grands ; &
les petits que vous remarquez dans tout le tour de la Table ,
eſtoient des Porcelaines fines
en hors d'œuvre , remplies de toutes fortes de Compotes. Je puis abufer de quelques termes,
pardonnez- le moy. Une Balu- ſtrade un peu éloignée de la Table , la tenoit comme enferTome VIII. G
146 LE MERCVRE mée , &il y avoit des Bufets au delà. Je voudrois bien ſçavoir ce que voſtre imagination vous repreſente de toutes ces cho- ſes. Les yeux en devoient eſtre charmez , & je ne ſçay s'ils les pouvoient long-temps ſuporter.
Peignez-vous bien cet ébloüif- fant amas de Lumieres qui s'ai- doient les unes les autres,quand celles des Flambeaux donnant
fur le criftal des Girandoles, &
celles desGirandoles fur l'or des
Flambeaux, elles trouvoient encor à s'augmenter par ce qui réjallifſoit d'éclat des Caramels déja brillans d'eux-meſmes , &
du candy des Confitures per- lées. Adjoûtez - y ce que les Fruits diverſement colorez , les Rubans des Corbeilles , & le
Criftal des Soucoupes , en pou- voient avoir , &àtout cela joi
GALANT. 147
gnez l'effet que produiſoient les Pierreries de Leurs Maje- ſtez , & celles de quarante Da- mes qui estoient à table , &
qu'on en voyoit toutes couver- tes , il eſt impoſſible que vous ne conceviezquelque choſe au delà de tout ce qu'on a jamais veu de plus éclatant. LesHom- mes qui s'eſtoient mis tous en Juft-au-corps , ne brilloient pas moins de leur coſté. On n'en
pouvoit aſſez admirer la brode- rie , qui paroiſſoit d'autant plus,
que ce n'eſtoit que lumiere par tout. Ils eſtoient derriere les
Dames , & elles leur faifoient
partde tout ce qu'il y avoit fur laTable. Il faut rendre juſtice àM' BigotControlleur ordinai- redelaMaiſon du Roy. Il n'y a point d'Homme plus ineelli- gent, ny qui ſçache mieux re Gij
148 LE MERCVRE
gler ces fortes de choſes. Tout le temps qu'on a paffé à Fon- tainebleau, atellement eſté don- né aux Plaiſirs , que les jour de Media noche , quand l'Opéra ou la Comédie finiſſoit trop toſt , il y avoit de petits Bals particu- liers juſqu'à minuit. Vous ſca- vez , madame, ceque veut dire Medianoche,&que c'eſtunemo- dequinous eſt venuëd'Eſpagne,
où l'on attend àSouper en vian- de , que le Samedy ou un au -
tre jour d'abſtinence , s'il ſe ren- contre das quelque Semaine, ſoit expiré. Parmy tant de Divertif- ſemens , la Chaſſe n'a pas eſté oubliée. Ily en a eu tour à tour de pluſieurs fortes. Un jour apres que le Roy fut arrivé à
Fontainebleau , il les commen- ça par celle du Lievre avec la Meute deMonſeigneurleDau-
GALANT. 149 phin , commandée par M. de Selincourt. Sa Majeſté témoi- gna eſtre fort fatisfaite del'équi- page. Le lendemain Elle courut le Cerf avec une Meute nouvelle qu'Elle avoit faite Elle- meſme des trois meilleures
qu'on luy avoit pû choiſir. La Chaffe du Sanglier ſuivit. Le Roy entua trois à coupsd'Epée;
&ces diferentes Chaſſes ſuccederent pendant quelques jours .
lune à l'autre , tantoſt avec les
Chiens deMonfeigneurle Dau- phin , tantoſt avec les Chiens de Monfieur , & quelquefois ;
avec ceux de M. l'Abbé de
Sainte-Croix. En ſuite il ne fe
paſſa point de jour où l'on ne couruft le Cerf. Le's Chiens de
Sa majeſté on eu l'avantage. Ils en ont pris quinze; les Chiens de Monfieur , neuf; ceux de M.
Giij
IJO LE MERCVRE de Vendoſme , neuf; &ceux de
M. l'Abbé de Sainte-Croix,dix.
Le Roy a eſté tirerdes Faifans,
&couru une fois leChevreüil.
Il arriva unjour aux Toiles dans le temps qu'un Cerf que les Chiens de M. de Sainte-Croix
couroient fort loin de là , vint
s'y mettre , comme s'il euſt eu deſſeindedonnerle plaifir de ſa fin àSa Majefté. C'eſtoitle plus grand qui euſt eſté pris à Fon- minebleau. La teſte en a eſté
trouvée ſi belle , que le Roy l'a fait mettre dans la Galerie des
Cerfs. Je vous ay trop de fois nommé M. l'Abbé de SainteCroix, pourne vous le faire pas connoiftre. Il eſt Fils de feu M.
le Premier Prefident molé ,Garde des Sceaux , Frere de M. le
Prefident de Champlaſtreux ,
& maiſtre des Requeſtes. On ne
GALAN Τ. 151I
R
peut voir un plus honneſte- Homme, ny un meilleur Amy.
Toutes ſes manieres font enga- geantes , & ſes dépenſes d'un grand Seigneur. Dans la dernie- re Chaſſe le Roy laiſſa courre un Cerf à ſa troiſiéme teſte ,
qui dura preſque tout le jour. Il yen a eu detres-méchans &qui ont tuébien des Chiens. Il s'eſt
fait encor une Chafſe extraordinaire à l'occafion de Monfieur
deVerneüil, qui eſtantvenu au Leverdu Roy, eut l'honneurde
luydonner ſa Chemiſe. Sa Majeſté s'eſtant divertie àluy par- ler de pluſieurs choſes , tomba fur la Chaffe , & luy dit qu'Elle luy en vouloit donner le plaifir le lendemain. Monfieur deSoye- courGrand-Veneurde France,
reçeut l'ordre , & fit préparer
deux Cerfs au lieu d'un. La
Giiij
152 LE MERCVRE Reyne a veu une fois la Chaf- ſe en Carroffe , &Monſeigneur leDauphin les a fait toutes avec leRoy. Il n'y a rien de ſi ſurpre- nant que l'adreſſe &la vigueur qu'a fait paroiſtre cejeunePrin- ceau delà de ce que ſon âge luy devroit permettre. Mada- me s'est fait admirer à ſon ordinaire. C'eſt un Charme que de la voir à cheval. Rien ne
l'étonne , elle fait ſon plaifirde la fatigue ; & fon Sexe ne luy permettant pas d'aller àlaGuer- re , elle en va voir les Images ,
comme je l'ay déja marqué. Ce n'eſt pas ſeulementpar làqu'el- le merite d'eſtre estimée Tous
les Ouvrages d'eſprit la tou- chent. Elle carreſſe les Autheurs, &juge mieux que per- fonne de tout ce qu'on voit de
beau au Theatre. Madame la
GALANT. 153 Ducheffe de Toſcane s'eſt auſſi
trouvée à ces Parties. On ne
peutmontrer plus d'eſprit qu'el- le en fait paroiſtre. Elle fait tout avec grace , eft bonne , gené- reuſe , & fidelle Amie , &n'oublie jamais dans l'éloignement ceux qu'elle hon ore de ſa bien- veillance. Il n'est pas beſoin de vous dire qu'elle eft.Fille de feu
M. le Duc d'Orleans , Oncle du
Roy. Monfieur le Prince de Conty , quoy que jeune encor ,
n'a pas eſté un des moins ardens
pour cet Exercice.J'aurois peine àvous exprimer combien M.
le Duede Monmouth y amontré de vigueur. C'eſtoit quelque choſe de fi bouillant , qu'on l'en a veu quelquefois emporté juf- que parmy les Rochers. Il a
beaucoup paru au Bal , & on lny a trouvé un air tout-à-fair- G
154 LE MERCVRE digne de ce qu'il eſt. Vous pou- vez croire que Madame la Du- cheſſe de Boüillon aimant autant laChaffe qu'elle fait ,laiſſa échaper peu d'occaſionsd'y fui- vre le Roy. Elle a une adreſſe merveilleuſe en tout ce qu'elle
veut faire , & jamais on n'a mieux tiré en volant. Vous avez
eſté charmée des agrémens de ſa Perſonne , & de la vivacité
de ſon teint ; mais vous la ſeriez
encor davantage , fi vous con- noiſliez parfaitement la force &
la délicateſſe de ſon Eſprit. Elle l'a penetrant ; & comme il eſt
capablede toutes les belles con- noiffances , elle a un attachement inconcevable pourles Li- vres ,&va juſqu'à ce qui s'ap- pelle ſçavoir les chofes profon- dement. Mademoiſelle deGrancé a eſtédu nombre de ces Il-
GALANT. 155
:
:
Huſtres Chaſſereſſes. Elle eſt belle , ade la bonté , & un Efprit qui répond à ſa Naiſſance. Ma- demoiſelle des Adrets a fait auſſi
voir que la fatigue qui fuit ces fortes de Plaiſirs , ne l'étonne
pas. Je n'ay point ſçeu le nom des autres. J'ay apris feulement que les Dames ont eſté à la Chaſſe en Jupes , Juſt-au-corps de broderie , &Coifures de Plumes. Jenepuis m'empeſcherde vous dire encor que Mademoi- felle dança tres-bien , & fe fir admirer au Bal. Quelques autres , tant Hommes que Femmes , s'y firent auſſi diſtinguer.
Mais ma Lettre eſt déja ſi lon- gue , que je paſſe au Te-Deum de M. Lully , qui peut eſtre compté parmy les Plaiſirs de Fontainebleau. Ille fit chanter
devant le Roy le jour que Sa Gvj
136 LE MERCVRE Majesté luy fit l'honneur de nommer fon Fils. Toutes fortes
d'Inftrumens l'acompagnerent ;
les Tymbales & les Trompetes n'y furent point oubliez. Il eſtoit deMonfieur Luvy, c'eſt tout di-- re. Ce qu'on y admira particu- lierement , c'eſt que chaque Couplet eſtoit de diferente Mu- fique. Le Roy le trouva fi beau,
qu'il voulut l'entendre plus d'une fois.
tin Article dont je n'aurois pas manqué à vous entretenir dés l'autre Mois , fi le Roy n'euft paffé que quinze jours à Fon- tainebleau , comme on l'avoit crû d'abord. Vous ſçavez qu'il n'en eſt party que le dernier de Septembre, &il nefaut pass'é- tonner s'il n'a pûquitter ſi toſt un ſi agreable ſejour. Ce fu- perbe &fpacieux Chaſteau qui en pourroit compoſer pluſieurs,
eſt une Maiſon vrayment Roya le. On ſe perd dans le grand nombre de Courts , d'Apartes mens , de Galeries , & de Jardins qui s'y rencontrent de tous coſtez ; & comme on y trouve par tout ſujet d'admirer , on a
dequoy exercer long-temps l'ad- miration. Ce fut dans ce magnifique Lieu , où le Chaſteau
!
2
Fiij
126 LE MERCVRE
ſeul pourroit eſtre pris pour une Ville ,qu'il plûr au Royd'aller paffer quelques - uns des der- niers beaux jours de l'Eté. Il avoit fait de grandes Conque- ſtes pendant l'Hyver. Sa pru- dence aidée de ſon Conſeil, à
qui nous n'avons jamais veu predrede fauſſes meſures, avoir diffipé les defſeins de toute l'Eu- rope , fait lever le Siege de Charleroy, & obligé les Impé- riaux à retourner ſur les bords.
du Rhin.. Il eſtoit bien juſte qu'apres des ſoins de cette im.
portance, cegrand Prince cher- chaſt à ſe delaffer , & il auroit
eu peine à le faire plus agrea- blement qu'à Fontainebleau.
Tout le temps qu'il réſolut d'y demeurer, fut deſtiné aux Plaifirs. On en prépara de toutes les fortes, & on ne chercha à
GALANT.. 127 - fenvy qu'à paroiſtre magnifique dans une Cour que la magnifi cence ne quite jamais.Monfieur le Prince de Marfillac Grand
Maiſtre de la Garderobe , ſça
chant qu'on devoit changer de Divertiſſemens chaque jour, &
quetoutlemonde ſongeoit à ſe mettre en étatde ſe faire remarquer , fit faire fans en rien dire auRoy, une douzaine d'Habits extraordinaires , outre ceux qui avoient eſté ordonnez. Sa Majeſté ayant veu le premier , les voulut voir tous , & les trouva
_auſſi beaux que galamment imaginez. Le Roy en eut encor d'autres qui auroient peur-eftre contribué quelque choſe à la bonne mine de l'Homme du
monde le mieux fait , mais qui ne pûrent augmenter l'admira-.
tion qu'on a pour un Monarque
Fij
128 LE MERCVRE
7
qui tire de luy-meſme tout fon eclat. Je croy , Madame , que vous n'attendez rien demoy fur ce qui regarde M' le Princede Marfillac, & que n'ignorantpas qu'il eſt Fils deMale Duc de la Rochefoucaut vous fçavez
qu'une fi glorieuſe naifſance ne luya pû inſpirer que des ſenti- mens dignes de luy. Onnepeut la mieux foûtenir qu'il a toû- jours fait. Iln'a pointeud'occa- fion de fignaler ſon courage &
de faire paroiſtre ſon eſprit, qu'il n'ait donné d'avantageuſes mar- quesde l'un &de l'autre,& il n'y a guére de Dames qui ne l'ayết trouvé auffi Galant que nosEn- nemis l'ont connu Brave. Jugez combien d'Avantures agreables nous ſçaurions de luy , s'il eſtoit auſſi peu difcret qu'il eſt favo- rablement reçeu du beau Sexe.
GALANT. 129 SesAmis ne l'employentjamais,
qu'il ne leur donne ſujer de ſe loüer de ſes ſoins ; &toutes ſes
belles qualitez ſont devenuës publiques &incontestables par l'eſtime qu'en fait un Roy ,qui ne voyant rien dans toute la Terre que la naiſſance puiſſe mettre au deſſus de luy , trouve tout au deſſous de la penetra- tionde fon eſprit &de la force de fon difcernement. Le pre- mierdes Divertiſſemens que Sa Majesté a voulu ſe donner à
Fontainebleau , fut celuy de la Comédie. Elle y fut jouée tous les jours alternativement avec l'Opéra. Voicy les Pieces qu'y reprefenta l'Hoſtel de Bourgogne.
Iphigénie , avec Criſpin Me-.. decin.
Le Menteur.
Ev
230 LE MERCVRE
Mariane , avec l'Apres-Son- pédes Auberges.
L'Avare..
Pompée ,avec les Nican- dres.
Mitridate..
Le Miſantrope..
Horace , avec le Deüil.
Bajazer, avec les Fragmens deMoliere.. 2
Phedre & Hippolyte.. Oedipe, avec les Plaideurs.. Jodelet Maiſtre..
Venceflas , avec le Baron de
laCraffe.
1
Cinna , avec l'Ombrede Moliere.
L'Ecole desFemmes..
Nicomede , avec le Soupé mal-apprefté.
Parmy tant de Comédies , on n'a repreſenté que trois Opéra,
àſçavoir, Alceste , Thesée &
GALANT. 131 Athis. Ils ont eſté chantez par la ſeule Muſique du Roy , aug- mentée exprés de plufieurs Per- fonnes, &entr'autres de Mademoiſelle de la Garde & deMa..
demoiselle Ferdinand. Elles ont
fait connoiſtre en peu dejours,
qu'on leur avoit rendu juſtice en les choiſiſſant pour en eſtre,
&on peut dire à leur avantage que c'eſt de plus d'unemaniere qu'elles ont plû. On.ne peut rien ajoûter aux applaudiffe- mens qu'a reçeuş M. de Saint Chriftophle , non ſeulement pour avoir bien chanté , mais poureſtreentrée dans la paffion rantoſt de la plus forte maniere,
&tantoft de la plus totichante,
felon que la diverfité du ſujet le demandoit. Le reſte de la
Muſique du Roy a fait àfon or- dinaire. Il eſt impoſſible qu'el Fvj
13.2 LE MERCVRE le faſſe mal. Elle eft compoſée des meilleures Voix de France,
&fous un Maiſtre tel que Mr de Lully , les moins habiles le deviennent en peu de temps.. Les Danfeurs qui s'y font fait admirer , ont extraordinairement fatisfait dans leurs Entrees; & ce qui n'en laiſſe pas douter , c'eſt que les SieursFa- vier,Letang, Faure, Magny , &
cinq autres , ont eu de grandes.
gratifications , outre leurs pen- fions ordinaires. De pareilsEco-- liers à qui de Beauchamp a
donné &donne encor tous les
jours des Leçons , quoy qu'ils foientdéja grands Maiſtres,font voir qu'il eſt dans ſon Art un
des plus habiles Hommes du
monde. Aufſi a -t- il eul'honneur de montrer autrefois à Sa
Majeſté. Les trois Maſcarades
GALANT. 133
remplies d'Entrées croteſques
qui ont paru parmy ces Diver- tiſſemens , estoient de fon in- vention. Elles furent ajoûtées pour nouveau Plaifir aux Re- préſentations des dernieres Co- médies qu'on joua ; &ceux qui en furent, ayant eu l'avantage de divertir le Royd'une manie- re auffi plaiſante qu'agreable,
reçeurent. beaucoup de louan- ges. M. Philibertdans le Recit d'un Suiffe qui veurparler Fra- çois ſans le ſçavoir, fitfort rire les plus ſérieux & par ces po- ſtures , & par ſon langage Suif- ſe Franciſé. Les Plaiſirs n'ont
pas eſté bornez à tout ce que je viens de vous dire. Il y a eu deux Bals où toute la Cour a
paru dans unéclat merveilleux.
LesPierreries ontbrille de tou
134 LE MERCVRE
ves parts , &jamais on n'ena
tant ver..
Le Roy s'y fir voir avec un Habitde lames d'or, fur lequel il y avoitune broderie or &ar- gent, l'arrangement de ſes Pier- reries eſtoit enboucles de Baudrier. Vous aurez de la peine à
bien concevoirles brillans effets
qu'elles produiſentainſi arran- gées. La beauté en redouble d'autant plus , que cette maniere donne lieu de les meſſer ſelonlesgroffeurs;&quelque prix qu'ayent les choſesd'elles-mefmes, vous ſçavez que l'induſtrie desHommes nelaiffe pas quel quesfois d'y contribuer. Outre
toutes ces Pierreries , le Roy portoitune Epée ſur laquelleil y en avoit pour plus de quinze censmille livres..
GALANT. 135 La Reyne en ſembloit eſtre toute couverte. Elle en avoit
d'une groffeur extraordinaire.
Son Habit eſtoit noir , & fon
Etofe ne ſervantqu'àenrelever Héclat , on peut dire qu'elle ébloüiffoit..
L'ajustementde Monſeigneur leDauphin eſtoitd'une grande magnificence. Rien ne pouvoit eftre mieux imaginé ; & ce qu'il y avoitd'avantageux pour luy ,
e'eſt qu'il'en effaçoit l'éclat par la vivacité de ſon teint, &par les autres charmes de fa Per--
fonne..
Monfieur, qui réüffit entou- tes choſes , &àqui la galanterie eſt naturelle , ſe met toûjours d'un fi bon air , qu'il ne faut pas eſtre ſurpris s'il ſe fit admi rerde tout le monde. Son Habit eftoit tout couvert de Pier
136 LE MERCVRE reries arrangées , comme le font les longues Boutonnieres des Caſaques à la Brandebourg.
r. On ne peut eftre mieuxqu'e- ſtoient Madame & Mademoifelle. Tout brilloit en elles , tout
yeſtoit riche & bien enten.
du.
Je me fuis fervy juſqu'icydes termes de magnifique , de bril- lant, &d'éclatant, &j'encher- che inutilement quelqu'un qui fignifie plus que tout cela pour exprimer cequ'eſtoitMademoi- felle de Blois dans l'ün & dans
l'autre Bal. Jamais parure ne fit de fi grands effets. Vous n'en douterez point , quand vous ſçaurez que cette jeune Prin- ceffe, quoy qu'elle foit une des plus belles Perſonnes du mon- de , laiſſa perdre des regards qu'attiroient de temps en temp's
GALANT. 137 la richeffe de ſon Habillement,
&l'air tout particulier dont elle
eftoit miſe. Ce fut un amas de
Pierreries le premier jour , qui ne ſe peut concevoir qu'en le voyant;&elle en eſtoit fi cou
verte , que lebas de ſa Robe en eſtoit chargé tout autour. Elle
parut en gris de lin dans le ſe- cond Bal , & toûjours avec
avantage.
Vous pouvez juger que les Dames en general n'avoient rien épargnépourparoiftrema- gnifiques. Elles eſtoient toutes coifées avec une groſſe nate fort large , ou avec une corde, ayant les cheveuxfriſez juſqu'au mi- lieu de la teſte , qui paroif- foit toute en boucles. Elles en
avoient deux ou trois grandes inégales qui leur pendoient de chaque coſté avec une autre ex
138 LE MERCVRE trémement longue. Toute la coifure eſtoit accompagnée de Poinçons de Pierreries , &d'au- tres faits de Perles. Des nœuds
de toutes fortes de Pierreries &
de Perles qui tenoient lieu de Rubans, en garnifſfoient les co- ſtez. D'autres y faifoient des Bouquets , & le Rond de quel- ques-unes eſtoit garny comme le devant. Celles dont les cheveux pouvoient s'accommoder de la poudre , en avoient beau- coup. Pour leurs Habits , comme en Campagne elles enpeu- vent porter de couleur à la Cour ,elles en avoient preſque toutes de gris , qui ne laiſſoient -pourtant pas d'eſtre diferens.Les uns eſtoient d'un gris perlé , &
les autres d'un gris cendré , avec de petites Broderies fines &des plus belles , ou de petits Bou
GALAN T. 139 quetsde broderie appliquez par leBrodeur, ou brodez ſur l'E
tofe mefme.Ces Habits estoient
tous chamarrezde Pierreries fur
- les Echarpes ouTailles , &elles en avoient de gros nœuds de- vant. Des Attaches de Pierre
ries , des Chatons , &des Boutons , ornoient leurs manches
de diférentes manieres.Toutle
devantde leurs Jupes eſtoit auſſi chamarré , & de groſſes Atta- ches de Diamans les retrouf
foient enquelques endroits.Plu- fieurs Pierreries formoient le
nœud de derriere , &il y avoit quelques Robes quien estoient chamarrées par demy lez Les manches de deſſous eſtoient de
Point de France , tailladées en
long , & relevées par le basavec un Point de France godronné.
Ily avoit des Pierreries entre les
140 LEMERCVRE
godrons , &des noœuds de Pier- reries deſſous les mancheres. La
plûpart enavoientdes Bracelets tout autour,&toutes des Co
lerêtes comme on enmet quand on eſt en Habitgris. Si ce mot deColerete n'eſt pas remis en vſage , corrigez-moy je vous prie. Jetraite une matiere où vous devez eſtre plus ſçavante que je ne fuis , &je ne répons pas que ce ſoit leſeul terme que jaye mal appliqué. LesDames n'ont pas eſte ſeulement ainfi parées pour les deux grands Bals , qui ont faitparoiſtre avec tant d'éclat la magnificence &
la galanterie de la premiere Courdu monde; elles ſe ſont
trouvées tous les ſoirs à la Co- médie , ou à l'Opéra , dans le meſme ajustement où je viens de vous les dépeindre , & il
GALAN T. 141
1
1
redoubla dans les jours de la Naiſſance duRoy &dela Rey- : ne , qui ſe rencontrerent le ( meſme Mois , ſur tout à l'égard des Pierreries. Le nombre en
eſtoitpreſque infiny ; &comme il n'y en avoit que de fines , on peut jugerdu merveilleux effet qu'elles firent toutes enſemble,
quand tous ceux qui s'eſtoient parez pourdanſer furent aſſemblez ; car vous remarquerez ,
Madame , que chez le Roy il n'yaperſonne de nommé pour le Bal , & qu'il ſuffit d'eſtre d'une Qualité conſidérable pour avoir la libertéd'y danſer.
Le Roy mena la Reyne ; mon- ſeigneur leDauphin , мадетоі- felle ; Monfieur , мадате ; м. le
Prince de Conty , Mademoiselle de Blois ; M. de мопmouth, маdame la Comteſſe de Gramont;
142 LE MERCVRE M. le Comte d'Armagnac , ма- dame la Princeſſe d'Elbeuf; м.
le Comte de Brionne , madame
la marquiſe de la Ferté ; M. de Tilladet, Madamede Soubiſe'; м.
le Comtede Louvigny,Madame de Louvois ; M' de Beaumont,
Madame de Ventadour ; м² le
Chevalier de Chaſtillon , Madame de S. Valier; & M. le
Comte de Fieſque , Mademoi- ſelle de Grance. Il ſeroit difficile de ſçavoir les noms de tous ceux qui furent de ces deux Bals , & le rang qu'ils eurent à
danſer. Les uns ſe trouverent
au premier,les autres au ſecond,
&beaucoup àtous les deux.On y vit Madame la Ducheſſe de Chevreuſe , Mademoiselle de
Thiange , Mademoiſelle des
Adrets , & Mademoiselle de
Beauvais. Ces deux dernieres
{ GALANT. 143
ſont Filles d'Honneurde Madame. Onyvit encor M. le Duc de Vermandois , Monfieur le Chevalier de Lorraine M.
de Vendoſme , M. le marquis de мігероїх, м.Ле marquis de Rho- des , & quelques autres. Vous ſerez aiſément perfuadée que le Roy s'y fit diftinguer. Son grand air ,& la grace qui l'ac- compagne entoutes chofes, font des avantages qui ne ſont com- muns à perſonne; & quand il ne ſeroit point ce qu'il eſt , je vous jure , madame, que je ne m'empeſcherois point de vous dire qu'il donna ſujet de l'admi- rer au deſſus de tous les autres.
La Colation du premier Bal fut
fuperbe , la France augmente tous les jours en magnificence,
&peut- eſtre ne s'eſt-il jamais tien veude pareil. Comme je
144 LE MERCVRE ſçay que vous aimez tout ce qui marque de la grandeur, j'ay crû que vous me ſçauriez bon gré du Plan quejevous ay fait graver de cette Royale Cola-.
tion. Prenez la peine de jetter les yeux deſſus , le voicy; vous comprendrez plus aisément en le regardant, ce que j'ay àvous en dire. Les grands Quarrez qui font marquez Gradins, por- toient par le bas huit grandes Corbeilles de Fruit cru. Il y
avoit de petits Ronds de Con- fitures ſeches dans les encognures. Le ſecond rang portoit en- cor quatre Corbeilles , & les encognures eſtoient remplies comme celles du premier. Un grand Quarré de Fruit portant deux pieds de hauteur, faiſoit le deffus. Tous les Ronds &
Ovales marquez estoient de
Fruit
GALANT. 145 Fruit cru , &des Confitures ſe- ches rempliſſoient tous les
Quarrez qui font le tour de la Table. Par tout où vous voyez
de petits &de grāds Ronds noirs ( c ) maginez-vous des Flam- beaux dans les premiers , &des Girandoles dans les autres. La
meſime choſe des petits & des grands Ronds qui font blancs,
( OO ) Des Soucoupes de cri- ſtal garnies de quantité deGo- belets pleins d'Eaux glacées,te- noient la place des grands ; &
les petits que vous remarquez dans tout le tour de la Table ,
eſtoient des Porcelaines fines
en hors d'œuvre , remplies de toutes fortes de Compotes. Je puis abufer de quelques termes,
pardonnez- le moy. Une Balu- ſtrade un peu éloignée de la Table , la tenoit comme enferTome VIII. G
146 LE MERCVRE mée , &il y avoit des Bufets au delà. Je voudrois bien ſçavoir ce que voſtre imagination vous repreſente de toutes ces cho- ſes. Les yeux en devoient eſtre charmez , & je ne ſçay s'ils les pouvoient long-temps ſuporter.
Peignez-vous bien cet ébloüif- fant amas de Lumieres qui s'ai- doient les unes les autres,quand celles des Flambeaux donnant
fur le criftal des Girandoles, &
celles desGirandoles fur l'or des
Flambeaux, elles trouvoient encor à s'augmenter par ce qui réjallifſoit d'éclat des Caramels déja brillans d'eux-meſmes , &
du candy des Confitures per- lées. Adjoûtez - y ce que les Fruits diverſement colorez , les Rubans des Corbeilles , & le
Criftal des Soucoupes , en pou- voient avoir , &àtout cela joi
GALANT. 147
gnez l'effet que produiſoient les Pierreries de Leurs Maje- ſtez , & celles de quarante Da- mes qui estoient à table , &
qu'on en voyoit toutes couver- tes , il eſt impoſſible que vous ne conceviezquelque choſe au delà de tout ce qu'on a jamais veu de plus éclatant. LesHom- mes qui s'eſtoient mis tous en Juft-au-corps , ne brilloient pas moins de leur coſté. On n'en
pouvoit aſſez admirer la brode- rie , qui paroiſſoit d'autant plus,
que ce n'eſtoit que lumiere par tout. Ils eſtoient derriere les
Dames , & elles leur faifoient
partde tout ce qu'il y avoit fur laTable. Il faut rendre juſtice àM' BigotControlleur ordinai- redelaMaiſon du Roy. Il n'y a point d'Homme plus ineelli- gent, ny qui ſçache mieux re Gij
148 LE MERCVRE
gler ces fortes de choſes. Tout le temps qu'on a paffé à Fon- tainebleau, atellement eſté don- né aux Plaiſirs , que les jour de Media noche , quand l'Opéra ou la Comédie finiſſoit trop toſt , il y avoit de petits Bals particu- liers juſqu'à minuit. Vous ſca- vez , madame, ceque veut dire Medianoche,&que c'eſtunemo- dequinous eſt venuëd'Eſpagne,
où l'on attend àSouper en vian- de , que le Samedy ou un au -
tre jour d'abſtinence , s'il ſe ren- contre das quelque Semaine, ſoit expiré. Parmy tant de Divertif- ſemens , la Chaſſe n'a pas eſté oubliée. Ily en a eu tour à tour de pluſieurs fortes. Un jour apres que le Roy fut arrivé à
Fontainebleau , il les commen- ça par celle du Lievre avec la Meute deMonſeigneurleDau-
GALANT. 149 phin , commandée par M. de Selincourt. Sa Majeſté témoi- gna eſtre fort fatisfaite del'équi- page. Le lendemain Elle courut le Cerf avec une Meute nouvelle qu'Elle avoit faite Elle- meſme des trois meilleures
qu'on luy avoit pû choiſir. La Chaffe du Sanglier ſuivit. Le Roy entua trois à coupsd'Epée;
&ces diferentes Chaſſes ſuccederent pendant quelques jours .
lune à l'autre , tantoſt avec les
Chiens deMonfeigneurle Dau- phin , tantoſt avec les Chiens de Monfieur , & quelquefois ;
avec ceux de M. l'Abbé de
Sainte-Croix. En ſuite il ne fe
paſſa point de jour où l'on ne couruft le Cerf. Le's Chiens de
Sa majeſté on eu l'avantage. Ils en ont pris quinze; les Chiens de Monfieur , neuf; ceux de M.
Giij
IJO LE MERCVRE de Vendoſme , neuf; &ceux de
M. l'Abbé de Sainte-Croix,dix.
Le Roy a eſté tirerdes Faifans,
&couru une fois leChevreüil.
Il arriva unjour aux Toiles dans le temps qu'un Cerf que les Chiens de M. de Sainte-Croix
couroient fort loin de là , vint
s'y mettre , comme s'il euſt eu deſſeindedonnerle plaifir de ſa fin àSa Majefté. C'eſtoitle plus grand qui euſt eſté pris à Fon- minebleau. La teſte en a eſté
trouvée ſi belle , que le Roy l'a fait mettre dans la Galerie des
Cerfs. Je vous ay trop de fois nommé M. l'Abbé de SainteCroix, pourne vous le faire pas connoiftre. Il eſt Fils de feu M.
le Premier Prefident molé ,Garde des Sceaux , Frere de M. le
Prefident de Champlaſtreux ,
& maiſtre des Requeſtes. On ne
GALAN Τ. 151I
R
peut voir un plus honneſte- Homme, ny un meilleur Amy.
Toutes ſes manieres font enga- geantes , & ſes dépenſes d'un grand Seigneur. Dans la dernie- re Chaſſe le Roy laiſſa courre un Cerf à ſa troiſiéme teſte ,
qui dura preſque tout le jour. Il yen a eu detres-méchans &qui ont tuébien des Chiens. Il s'eſt
fait encor une Chafſe extraordinaire à l'occafion de Monfieur
deVerneüil, qui eſtantvenu au Leverdu Roy, eut l'honneurde
luydonner ſa Chemiſe. Sa Majeſté s'eſtant divertie àluy par- ler de pluſieurs choſes , tomba fur la Chaffe , & luy dit qu'Elle luy en vouloit donner le plaifir le lendemain. Monfieur deSoye- courGrand-Veneurde France,
reçeut l'ordre , & fit préparer
deux Cerfs au lieu d'un. La
Giiij
152 LE MERCVRE Reyne a veu une fois la Chaf- ſe en Carroffe , &Monſeigneur leDauphin les a fait toutes avec leRoy. Il n'y a rien de ſi ſurpre- nant que l'adreſſe &la vigueur qu'a fait paroiſtre cejeunePrin- ceau delà de ce que ſon âge luy devroit permettre. Mada- me s'est fait admirer à ſon ordinaire. C'eſt un Charme que de la voir à cheval. Rien ne
l'étonne , elle fait ſon plaifirde la fatigue ; & fon Sexe ne luy permettant pas d'aller àlaGuer- re , elle en va voir les Images ,
comme je l'ay déja marqué. Ce n'eſt pas ſeulementpar làqu'el- le merite d'eſtre estimée Tous
les Ouvrages d'eſprit la tou- chent. Elle carreſſe les Autheurs, &juge mieux que per- fonne de tout ce qu'on voit de
beau au Theatre. Madame la
GALANT. 153 Ducheffe de Toſcane s'eſt auſſi
trouvée à ces Parties. On ne
peutmontrer plus d'eſprit qu'el- le en fait paroiſtre. Elle fait tout avec grace , eft bonne , gené- reuſe , & fidelle Amie , &n'oublie jamais dans l'éloignement ceux qu'elle hon ore de ſa bien- veillance. Il n'est pas beſoin de vous dire qu'elle eft.Fille de feu
M. le Duc d'Orleans , Oncle du
Roy. Monfieur le Prince de Conty , quoy que jeune encor ,
n'a pas eſté un des moins ardens
pour cet Exercice.J'aurois peine àvous exprimer combien M.
le Duede Monmouth y amontré de vigueur. C'eſtoit quelque choſe de fi bouillant , qu'on l'en a veu quelquefois emporté juf- que parmy les Rochers. Il a
beaucoup paru au Bal , & on lny a trouvé un air tout-à-fair- G
154 LE MERCVRE digne de ce qu'il eſt. Vous pou- vez croire que Madame la Du- cheſſe de Boüillon aimant autant laChaffe qu'elle fait ,laiſſa échaper peu d'occaſionsd'y fui- vre le Roy. Elle a une adreſſe merveilleuſe en tout ce qu'elle
veut faire , & jamais on n'a mieux tiré en volant. Vous avez
eſté charmée des agrémens de ſa Perſonne , & de la vivacité
de ſon teint ; mais vous la ſeriez
encor davantage , fi vous con- noiſliez parfaitement la force &
la délicateſſe de ſon Eſprit. Elle l'a penetrant ; & comme il eſt
capablede toutes les belles con- noiffances , elle a un attachement inconcevable pourles Li- vres ,&va juſqu'à ce qui s'ap- pelle ſçavoir les chofes profon- dement. Mademoiſelle deGrancé a eſtédu nombre de ces Il-
GALANT. 155
:
:
Huſtres Chaſſereſſes. Elle eſt belle , ade la bonté , & un Efprit qui répond à ſa Naiſſance. Ma- demoiſelle des Adrets a fait auſſi
voir que la fatigue qui fuit ces fortes de Plaiſirs , ne l'étonne
pas. Je n'ay point ſçeu le nom des autres. J'ay apris feulement que les Dames ont eſté à la Chaſſe en Jupes , Juſt-au-corps de broderie , &Coifures de Plumes. Jenepuis m'empeſcherde vous dire encor que Mademoi- felle dança tres-bien , & fe fir admirer au Bal. Quelques autres , tant Hommes que Femmes , s'y firent auſſi diſtinguer.
Mais ma Lettre eſt déja ſi lon- gue , que je paſſe au Te-Deum de M. Lully , qui peut eſtre compté parmy les Plaiſirs de Fontainebleau. Ille fit chanter
devant le Roy le jour que Sa Gvj
136 LE MERCVRE Majesté luy fit l'honneur de nommer fon Fils. Toutes fortes
d'Inftrumens l'acompagnerent ;
les Tymbales & les Trompetes n'y furent point oubliez. Il eſtoit deMonfieur Luvy, c'eſt tout di-- re. Ce qu'on y admira particu- lierement , c'eſt que chaque Couplet eſtoit de diferente Mu- fique. Le Roy le trouva fi beau,
qu'il voulut l'entendre plus d'une fois.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé à Fontainebleau pendant le Sejour que Leurs Majestez y ont fait. Cet Article contient ceux des Comedies, Opéra, Bals, Plan d'une Collation, Chasses, & la maniere dont les Dames ont esté parées dans tous ces Divertissemens. [titre d'après la table]
Le texte relate le séjour prolongé du roi à Fontainebleau, initialement prévu pour quinze jours et étendu jusqu'au 30 septembre. Le château, vaste et somptueux, impressionne par ses nombreuses cours, appartements, galeries et jardins. Après des conquêtes hivernales et des décisions stratégiques, le roi cherchait à se détendre. Son séjour fut marqué par divers divertissements préparés avec magnificence. Le Prince de Marillac, Grand Maître de la Garderobe, fit confectionner des habits extraordinaires pour le roi, qui les apprécia. Les divertissements incluaient des représentations théâtrales et des opéras à l'Hôtel de Bourgogne, avec des pièces comme 'Iphigénie', 'Le Menteur' et 'L'Avare'. La musique du roi, augmentée de nouvelles voix, fut particulièrement applaudie. Les danseurs reçurent des gratifications pour leurs performances. Des mascarades et des spectacles comiques, comme celui de M. Philibert, ajoutèrent à l'ambiance festive. Deux bals magnifiques furent organisés, où la cour apparut dans des tenues somptueuses ornées de pierreries. Le roi, la reine, le Dauphin, Monseigneur, Madame et Mademoiselle portèrent des habits richement décorés. Les dames se parèrent de nattes, de boucles et de pierreries, avec des habits gris brodés. Les bals furent l'occasion de montrer l'éclat et la magnificence de la cour, avec une participation libre pour ceux de qualité considérable. Le roi se distingua par son air et sa grâce. La collation du premier bal à Fontainebleau fut particulièrement somptueuse, soulignant la magnificence croissante de la France. La table était ornée de fruits frais et de confitures, avec des flambeaux et des girandoles illuminant l'ensemble. Les convives, y compris le roi et quarante dames, étaient parés de pierreries, et les hommes en justaucorps brodé admiraient la broderie. M. Bigot, contrôleur ordinaire de la Maison du Roi, est loué pour son intelligence et son savoir-faire dans l'organisation de ces événements. Pendant le séjour à Fontainebleau, les plaisirs étaient nombreux, avec des bals jusqu'à minuit et diverses chasses, notamment celles du lièvre, du cerf et du sanglier. Le roi et plusieurs nobles, dont le Dauphin et Madame, participèrent activement à ces activités. La présence de Madame la Duchesse de Toscane et de Monsieur le Prince de Conti, ainsi que la vigueur de Monsieur le Duc de Monmouth, furent notées. La Duchesse de Bouillon et Mademoiselle de Grancey se distinguèrent par leur adresse et leur esprit. Le Te Deum de Monsieur Lully, composé pour l'occasion, fut particulièrement apprécié par le roi.
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30
p. 243-250
M. l'Evesque de Marseille saluë le Roy apres son retour de Pologne. [titre d'après la table]
Début :
Avant qu'on quitast Fontainebleau, Monsieur l'Evesque de Marseille [...]
Mots clefs :
Evêque de Marseille, Pologne, Roi, Cardinalat, Maison
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Evesque de Marseille saluë le Roy apres son retour de Pologne. [titre d'après la table]
Avant qu'on quitaſt Fontai nebleau , Monfieur l'Evefque de Marſeille qui arrivoit de Po- logne, y vint ſalüer Sa Majesté ,
&en fut reçeu avec des témoi- gnages d'eftime & de fatisfa- dion , dignes des importans fer- vicesqu'il luy a rendus dans cet- te Cour. Il y avoit eſté envo ye Ambaſfadeur Extraordinaire pouraffilter à la Diete qui ſete
GALANT. 157
noit à Varſovie pour l'Election de celuy qui devoit remplir la place du Roy Michel , mort en 1673. &il tourna fi bien les Eſprits par ſa prudence & par fon habileté , que malgré les engagemens que toute la. No- bleffe du Grand Duché de Lithuanie , & la plus grande par- tie de celle de Pologne, avoient pris avec la Maiſon d'Autriche,
le Grand Mareſchal Sobieski
fut proclamé Roy d'un confen- tement unanime, ſous le nomde
Jean III . Comme on ne peut- douter que le merite de ce nou- veau Prince n'ait contribué à le
faire élever au Trône , on ne
peut douter auffi que la confi- dération du plus Grand Mo->
narque du monde qui luy don- noit fa protection , & la fage &
vigilanteconduite de fon Mini
158 LE MERCVRE ſtre , n'ayent eu la plus grande part en cette Election fi glorieu- ſe à la France , fi neceſſaire àla
Pologne , & fi avantageuſe à
toute la Chrétienté. C'eſt une
verité dont ce nouveau Roy,
incontinent apres qu'il fut éleu,
fit gloire de demeurer d'accord luy-meſme, en donnant à M' de Marſeille ſa Nomination au Cardinalat , comme une premiere marque de ſa reconnoiffance envers le Roy, &de ſon eſtime envers fon Miniſtre. Ce n'eſt
pas le ſeul ſervice que cet Illu- ſtre Prélat ait rendu alors à Sa
Majesté. Le Roy qu'on venoit d'élire avoitune cruelle Guerre
fur les bras. Toutes les forces
de l'Empire Otoman eſtoient jointes contre luy à celles des Tartares , & la Paix ne devenoit pas ſeulement neceſſaire à
GALANT. 159 la Pologne , elle ne pouvoit qu'eſtre avantageuſe à la Fran- ce & à ſes Alliez. M de Marfeille ydonna toute fon applica- tion pendant trois ans, &le fuc- cés fit connoiftre qu'il ne l'avoit pas inutilement donnée. Il eſt difficile de ne pas réüffir quand on a autant d'intelligence &de penétration qu'il ena dans les Affaires. Il foûtient fon rang &les Emplois qu'on luy donne,
parune magnificence qui en eft digne ; & ce qui eft remarqua- ble, il apporte par ſes ſoins au- tant d'ordre dans ſon Dioceſe
pendant ſon abſence , que s'il demeuroit toûjours préſent. Je ne vous parle pointde fa Mai- fon , qui eft grande , illuftre , &
fort ancienne , & dont il y a des choſes tres-glorieuſes àdire. Le temps me preſſe ,&lemeritede
TON
160 LE MERCVRE
M. de Marseille me donnera fi
fouvent occaſion de vous entretenir de tout ce qui le regarde ,
que ie ne vous en laiſſeray rien ignorer. Je vousdiray ſeulement aujourd'huy qu'il eſt de la Mai-- fon de Fourbin , & de la Branchedes marquis de Janſon.
&en fut reçeu avec des témoi- gnages d'eftime & de fatisfa- dion , dignes des importans fer- vicesqu'il luy a rendus dans cet- te Cour. Il y avoit eſté envo ye Ambaſfadeur Extraordinaire pouraffilter à la Diete qui ſete
GALANT. 157
noit à Varſovie pour l'Election de celuy qui devoit remplir la place du Roy Michel , mort en 1673. &il tourna fi bien les Eſprits par ſa prudence & par fon habileté , que malgré les engagemens que toute la. No- bleffe du Grand Duché de Lithuanie , & la plus grande par- tie de celle de Pologne, avoient pris avec la Maiſon d'Autriche,
le Grand Mareſchal Sobieski
fut proclamé Roy d'un confen- tement unanime, ſous le nomde
Jean III . Comme on ne peut- douter que le merite de ce nou- veau Prince n'ait contribué à le
faire élever au Trône , on ne
peut douter auffi que la confi- dération du plus Grand Mo->
narque du monde qui luy don- noit fa protection , & la fage &
vigilanteconduite de fon Mini
158 LE MERCVRE ſtre , n'ayent eu la plus grande part en cette Election fi glorieu- ſe à la France , fi neceſſaire àla
Pologne , & fi avantageuſe à
toute la Chrétienté. C'eſt une
verité dont ce nouveau Roy,
incontinent apres qu'il fut éleu,
fit gloire de demeurer d'accord luy-meſme, en donnant à M' de Marſeille ſa Nomination au Cardinalat , comme une premiere marque de ſa reconnoiffance envers le Roy, &de ſon eſtime envers fon Miniſtre. Ce n'eſt
pas le ſeul ſervice que cet Illu- ſtre Prélat ait rendu alors à Sa
Majesté. Le Roy qu'on venoit d'élire avoitune cruelle Guerre
fur les bras. Toutes les forces
de l'Empire Otoman eſtoient jointes contre luy à celles des Tartares , & la Paix ne devenoit pas ſeulement neceſſaire à
GALANT. 159 la Pologne , elle ne pouvoit qu'eſtre avantageuſe à la Fran- ce & à ſes Alliez. M de Marfeille ydonna toute fon applica- tion pendant trois ans, &le fuc- cés fit connoiftre qu'il ne l'avoit pas inutilement donnée. Il eſt difficile de ne pas réüffir quand on a autant d'intelligence &de penétration qu'il ena dans les Affaires. Il foûtient fon rang &les Emplois qu'on luy donne,
parune magnificence qui en eft digne ; & ce qui eft remarqua- ble, il apporte par ſes ſoins au- tant d'ordre dans ſon Dioceſe
pendant ſon abſence , que s'il demeuroit toûjours préſent. Je ne vous parle pointde fa Mai- fon , qui eft grande , illuftre , &
fort ancienne , & dont il y a des choſes tres-glorieuſes àdire. Le temps me preſſe ,&lemeritede
TON
160 LE MERCVRE
M. de Marseille me donnera fi
fouvent occaſion de vous entretenir de tout ce qui le regarde ,
que ie ne vous en laiſſeray rien ignorer. Je vousdiray ſeulement aujourd'huy qu'il eſt de la Mai-- fon de Fourbin , & de la Branchedes marquis de Janſon.
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Résumé : M. l'Evesque de Marseille saluë le Roy apres son retour de Pologne. [titre d'après la table]
L'évêque de Marseille se rendit à Fontainebleau pour saluer le roi après une mission en Pologne. En 1673, il participa à la Diète de Varsovie pour l'élection du nouveau roi de Pologne, suite au décès du roi Michel. Grâce à sa prudence et son habileté, il contribua à l'élection de Jean III Sobieski, malgré les engagements de la noblesse polonaise et lituanienne avec la Maison d'Autriche. Le soutien du roi de France, via l'évêque, fut déterminant. En reconnaissance, Sobieski nomma l'évêque au cardinalat. L'évêque joua également un rôle crucial dans la négociation de la paix entre la Pologne, l'Empire ottoman et les Tartares pendant trois ans. Il est reconnu pour sa magnificence et l'ordre qu'il maintient dans son diocèse, même en son absence. L'évêque est issu de la maison de Fourbin et de la branche des marquis de Janson.
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31
p. 172-180
Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Début :
Ce qui m'en cause tous les jours, & qui en cause [...]
Mots clefs :
Armes du Roi, Hongrie, Mr de Boham, Pologne, Gloire, Grand Maréchal Sobieski, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Ce qui m'en cauſe tous les
jours, &qui en cauſe ſansdou- te à toute l'Europe, c'eſt de voir qu'enquelque lieuque cepuiffe eftre , &pour quelque occafion que ce foit , les Armes du Roy *portent la terreur où elles pa- roiffent. Voyez ce qui eſt arri- vé , quand SaMajesté ſollicitée " par les Mécontens de Hongrie de les ſecourirdanslear oppref- fion, refolut enfin de les aſſiſter.
Elle fit donner ſes ordres à M
*de Boham par M' le Marquisde Bethune ſon Ambaſfadeur Ex-
GALANT. 115
2
traordinaire en Pologne , & on ytrouva des François tous preft àmarcher. Il n'eſt pas ſurpre- nantqu'ily en euft. Ils courent • par tout apres la Gloire ,&dés que la paix eſt en France , ils " vontchercher àſe ſignaler chez -tous les Princes Chreftiens qu*-
Kils ſcavent en Guerre. Mr de Boham qui en avoit appris le -meſtier parmy les Bravesde ces deux Belliqueuſes Nations , af- -ſembla des Troupes en peu de temps.Il le fitavecd'autant plus de facilité , que les Polonois qui
ne reſpirent que les armes , ne prennent ſouvent aucun autre
aveu que celuyde leur courage pour s'engager. L'ardeur de la gloire , &l'activité qui eft ordinaire aux François , luy furent d'ailleurs un grand avantage pour luy faire amafferprompte
116 LE MERCVRE
ment quatre mille huit cens Hommes effectifs avec leſquels il alla au ſecours de Mécontans.
Remarquez , Madame , que je
ne vous ay rienditd'abord que de veritable Les ſuccés avoient
efté balancez depuis pluſieurs années en Hongrie, Nos Fran- çois y arrivent. Ils n'ont encor
joint que peu de Hongrois , &
ils gagnent une celebreVictoire.
Il eſt vrayque les Polonois qu'ils commandoienty ont eu part,
ayant montrédas cette fameuſe Iournée la meſme valeur qu'ils avoient fait paroiſtre tant de fois ſous le Grand Mareſchal
Sobieski , que ſon merite extra- drdinaire amisdans leTrône,&
qui eſtant devenu leurRoy, ne les a pas moins accouſtumez à
vaincre qu'auparavant. Plus de mille morts fontdemeurez ſur la
GALANT. 117
place, ſans compter ceux qui ſe ſont noyez. Joignez à cela plus de huit cens Priſonniers , avec
toutes les dépdüilles , &vous avoüerez que cet avantage peut paſſer pour une pleine Victoire.
M.deBoham a fait voir das cette
occafion toute la prudence &
toute la conduited'ungradChef avec la fermeté d'un Soldat. M.
le Chevalier d'Alembon porta ſes ordrespar tout,& paya deſa perſonne d'une maniere qui fit connoiſtre que le peril ne l'éton- noit pas. Ilneſe peut rien adjoû- ter aux marquesde courageque donna M. de Sorbual qu'on vit toûjours à la teſte des Troupes Hondroiſes. M. le Marquis de Guenegaudnequittapointcelle de laCavalerie.Il arreſta les Ennemis qui voulurent forcer le Poſte qu'il gardoit,&les empef
118 LE MERCVRE chameſmede paſſer. Il eſt Fils de M. deGuenegaudqui a eſté Treſorier de l'Epargne. M. de Chanleu commandant l'Infanterie, donna l'exemple àſon Regi- ment, & alla Pique baiſſée aux Ennemis.M.de Valcour premier Capitaine du Regiment de Bo- ham ne ſe fit pas moins remar- quer. Je ne vous nomme point les Polonois,Hongrois &Tarta- res qui ſe ſignalerent , il yen eut beaucoup , & vous n'aurez pas de peine à le croire , puis qu'ils combatoient avec des François,
&qu'il eſt impoffible qu'enleurs voyant faire des choſes ſurpre- nantes,on ne tâche de les imiter.
Leur entrée enHongrie n'apas eſté ſeulement ſuivie de laVitoire, elle a obligé deuxgrades Comtez qui ſoufroient fans ofer ſedeclarer à ſe ranger du party .
:
GALANT. 119
des Mécontens , dont enfin le
Manifeſte a paru touchant les
juſtes raiſons qui leur ont fait implorer l'aſſiſtace du RoyTresChreftien.Depuistout ce queje viens de vous marquer,ces Peu- ples oppreſſez ont encor rem- porté des avantages confidera- bles. Il n'y a pas lieu d'en eſtre furpris , puis que la France s'en meſle.
jours, &qui en cauſe ſansdou- te à toute l'Europe, c'eſt de voir qu'enquelque lieuque cepuiffe eftre , &pour quelque occafion que ce foit , les Armes du Roy *portent la terreur où elles pa- roiffent. Voyez ce qui eſt arri- vé , quand SaMajesté ſollicitée " par les Mécontens de Hongrie de les ſecourirdanslear oppref- fion, refolut enfin de les aſſiſter.
Elle fit donner ſes ordres à M
*de Boham par M' le Marquisde Bethune ſon Ambaſfadeur Ex-
GALANT. 115
2
traordinaire en Pologne , & on ytrouva des François tous preft àmarcher. Il n'eſt pas ſurpre- nantqu'ily en euft. Ils courent • par tout apres la Gloire ,&dés que la paix eſt en France , ils " vontchercher àſe ſignaler chez -tous les Princes Chreftiens qu*-
Kils ſcavent en Guerre. Mr de Boham qui en avoit appris le -meſtier parmy les Bravesde ces deux Belliqueuſes Nations , af- -ſembla des Troupes en peu de temps.Il le fitavecd'autant plus de facilité , que les Polonois qui
ne reſpirent que les armes , ne prennent ſouvent aucun autre
aveu que celuyde leur courage pour s'engager. L'ardeur de la gloire , &l'activité qui eft ordinaire aux François , luy furent d'ailleurs un grand avantage pour luy faire amafferprompte
116 LE MERCVRE
ment quatre mille huit cens Hommes effectifs avec leſquels il alla au ſecours de Mécontans.
Remarquez , Madame , que je
ne vous ay rienditd'abord que de veritable Les ſuccés avoient
efté balancez depuis pluſieurs années en Hongrie, Nos Fran- çois y arrivent. Ils n'ont encor
joint que peu de Hongrois , &
ils gagnent une celebreVictoire.
Il eſt vrayque les Polonois qu'ils commandoienty ont eu part,
ayant montrédas cette fameuſe Iournée la meſme valeur qu'ils avoient fait paroiſtre tant de fois ſous le Grand Mareſchal
Sobieski , que ſon merite extra- drdinaire amisdans leTrône,&
qui eſtant devenu leurRoy, ne les a pas moins accouſtumez à
vaincre qu'auparavant. Plus de mille morts fontdemeurez ſur la
GALANT. 117
place, ſans compter ceux qui ſe ſont noyez. Joignez à cela plus de huit cens Priſonniers , avec
toutes les dépdüilles , &vous avoüerez que cet avantage peut paſſer pour une pleine Victoire.
M.deBoham a fait voir das cette
occafion toute la prudence &
toute la conduited'ungradChef avec la fermeté d'un Soldat. M.
le Chevalier d'Alembon porta ſes ordrespar tout,& paya deſa perſonne d'une maniere qui fit connoiſtre que le peril ne l'éton- noit pas. Ilneſe peut rien adjoû- ter aux marquesde courageque donna M. de Sorbual qu'on vit toûjours à la teſte des Troupes Hondroiſes. M. le Marquis de Guenegaudnequittapointcelle de laCavalerie.Il arreſta les Ennemis qui voulurent forcer le Poſte qu'il gardoit,&les empef
118 LE MERCVRE chameſmede paſſer. Il eſt Fils de M. deGuenegaudqui a eſté Treſorier de l'Epargne. M. de Chanleu commandant l'Infanterie, donna l'exemple àſon Regi- ment, & alla Pique baiſſée aux Ennemis.M.de Valcour premier Capitaine du Regiment de Bo- ham ne ſe fit pas moins remar- quer. Je ne vous nomme point les Polonois,Hongrois &Tarta- res qui ſe ſignalerent , il yen eut beaucoup , & vous n'aurez pas de peine à le croire , puis qu'ils combatoient avec des François,
&qu'il eſt impoffible qu'enleurs voyant faire des choſes ſurpre- nantes,on ne tâche de les imiter.
Leur entrée enHongrie n'apas eſté ſeulement ſuivie de laVitoire, elle a obligé deuxgrades Comtez qui ſoufroient fans ofer ſedeclarer à ſe ranger du party .
:
GALANT. 119
des Mécontens , dont enfin le
Manifeſte a paru touchant les
juſtes raiſons qui leur ont fait implorer l'aſſiſtace du RoyTresChreftien.Depuistout ce queje viens de vous marquer,ces Peu- ples oppreſſez ont encor rem- porté des avantages confidera- bles. Il n'y a pas lieu d'en eſtre furpris , puis que la France s'en meſle.
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Résumé : Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'intervention militaire de la France en Hongrie à la demande des mécontents hongrois. Le roi de France, sollicité par ces derniers, décide de les secourir. Les ordres sont transmis par l'ambassadeur français en Pologne, le Marquis de Béthune. Les Français, toujours en quête de gloire, se montrent prêts à combattre. Monsieur de Boham, formé par des nations belliqueuses, rassemble rapidement des troupes, aidé par l'ardeur des Français et l'engagement des Polonais. Les Français, rejoints par quelques Hongrois, remportent une victoire célèbre malgré des succès précédemment équilibrés. Les Polonais, sous le commandement de Français, démontrent leur valeur. La bataille laisse plus de mille morts, huit cents prisonniers et des dépouilles. Plusieurs officiers français se distinguent par leur courage et leur conduite, notamment Monsieur de Boham, le Chevalier d'Alembon, Monsieur de Sorbas, le Marquis de Guénégaud, Monsieur de Chanleu et Monsieur de Valcour. Les Polonais, Hongrois et Tartares se signalent également. Cette victoire oblige deux grands comtes à se ranger du côté des mécontents, dont le manifeste justifie l'appel à l'aide du roi de France. Depuis, les peuples opprimés continuent à remporter des avantages significatifs.
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32
p. 180-185
SONNET POUR LE ROY.
Début :
Voyez, Madame, ce que fait le Nom du Roy. / Destins, veuillez toûjours pour conserver ce Roy, [...]
Mots clefs :
Roi, Victoire, Gloire, Triomphes, Éloges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SONNET POUR LE ROY.
Voyez, Madame, ce que fait le Nomdu Roy.Il ſedeclare,
&la Victoire devient infaillible,
mais ſi ces Armes ſe font redouter par tout, ſes Triomphes font en meſme temps l'inépuiſable matiere des Eloges de tout le monde , &ceux que l'embarras des Affaires du Public oblige à
rompre commerce avec les Mu- ſes,cherchent à le renoüerpour ne demeurerpas muetsquand il -
s'agit de la gloire de ce grand
120 LE MERCVRE
Monarque. Vousn'en douterez pointquand vous aurez leu ce Sonnetde M.de BrionConſeiller
au Parlement.
Sonnet pour le Roy.
Destins, veillez toûjours pourconſerver
ceRoy,
Devosſoins affidus leplus parfait onvrage.
Ne l'abandonnez point , lorſque ſon grand courage Luyfait porter par tout la terreur l'effroy.
Quoy qu'il traiſne toûjours la Victoire
apresfoy,
Comme il court ſans rien craindre ou la
gloire l'engage,
Dans les divers perils que fon grand
cœur partage,
Du ſoinde le garder faites-nous une
Loy.
Vous
GALANT. 121
Vous avez employéplus decing mille années
Aformer de Loüis les nobles deſtinées ;
Vostreplus grandeffort nous paroistau- jourd'huy.
Ne livrez doncjamais àla fureur des Parques CeRoy victorieux , lagloire des Monarques,
Vous nesçauriez donner unplus grand Royque luy.
- Cette verité eſt ſi conſtante,
que leplaiſird'admirer ſes gran- des Actions adoucit les mauxde
ceux qui ſouffrent; &cet autre Sonnetde M² l'Abbé Flanc arreſté dans la Conciergerie par ſes malheurs , en eſt une mar...
que.
TomeX. F
122 LE MERCVRE
Au ROY, Sonnet. ***
Royd'eftre feulimité de tous , les Roys digne
Ta grandeur m'ébloüit , OmaMuse tremblante
S'égare&se confond de voir, lors qu'on
tevante,
Ton meriteplus grandque tafelicité.
Tuportes tous les traitsde la Divinité,
Au ſeul bruit de ton Nom l'Europe s'épouvanteد
Etles Faits inoüls de tamain fipuis- Sante Feront l'étonnement de la Pofterité. 7
Mais lors que'tu parois environné de gloire,
Qu'entout tempstes Drapeaux devan- cent la Victoire ,
Qu'un seul de tes deſſeins suspendtout
l'Univers ;
GALANT. 123
QuedufierEspagnol les Villesſont con- quiſes,
Qu'à l'éclat de tes Lys les Aigles font Soumiſes,
:
At'admirer , Grand Roy , j'adoucis tous mesfers.
&la Victoire devient infaillible,
mais ſi ces Armes ſe font redouter par tout, ſes Triomphes font en meſme temps l'inépuiſable matiere des Eloges de tout le monde , &ceux que l'embarras des Affaires du Public oblige à
rompre commerce avec les Mu- ſes,cherchent à le renoüerpour ne demeurerpas muetsquand il -
s'agit de la gloire de ce grand
120 LE MERCVRE
Monarque. Vousn'en douterez pointquand vous aurez leu ce Sonnetde M.de BrionConſeiller
au Parlement.
Sonnet pour le Roy.
Destins, veillez toûjours pourconſerver
ceRoy,
Devosſoins affidus leplus parfait onvrage.
Ne l'abandonnez point , lorſque ſon grand courage Luyfait porter par tout la terreur l'effroy.
Quoy qu'il traiſne toûjours la Victoire
apresfoy,
Comme il court ſans rien craindre ou la
gloire l'engage,
Dans les divers perils que fon grand
cœur partage,
Du ſoinde le garder faites-nous une
Loy.
Vous
GALANT. 121
Vous avez employéplus decing mille années
Aformer de Loüis les nobles deſtinées ;
Vostreplus grandeffort nous paroistau- jourd'huy.
Ne livrez doncjamais àla fureur des Parques CeRoy victorieux , lagloire des Monarques,
Vous nesçauriez donner unplus grand Royque luy.
- Cette verité eſt ſi conſtante,
que leplaiſird'admirer ſes gran- des Actions adoucit les mauxde
ceux qui ſouffrent; &cet autre Sonnetde M² l'Abbé Flanc arreſté dans la Conciergerie par ſes malheurs , en eſt une mar...
que.
TomeX. F
122 LE MERCVRE
Au ROY, Sonnet. ***
Royd'eftre feulimité de tous , les Roys digne
Ta grandeur m'ébloüit , OmaMuse tremblante
S'égare&se confond de voir, lors qu'on
tevante,
Ton meriteplus grandque tafelicité.
Tuportes tous les traitsde la Divinité,
Au ſeul bruit de ton Nom l'Europe s'épouvanteد
Etles Faits inoüls de tamain fipuis- Sante Feront l'étonnement de la Pofterité. 7
Mais lors que'tu parois environné de gloire,
Qu'entout tempstes Drapeaux devan- cent la Victoire ,
Qu'un seul de tes deſſeins suspendtout
l'Univers ;
GALANT. 123
QuedufierEspagnol les Villesſont con- quiſes,
Qu'à l'éclat de tes Lys les Aigles font Soumiſes,
:
At'admirer , Grand Roy , j'adoucis tous mesfers.
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Résumé : SONNET POUR LE ROY.
La lettre célèbre les exploits et la gloire du roi, dont les victoires sont décrites comme infaillibles et universellement admirées. Même les personnes occupées par les affaires publiques cherchent à exalter sa renommée. La lettre inclut un sonnet de M. de Brion, conseiller au Parlement, qui appelle les destins à protéger le roi, soulignant son courage et ses triomphes constants. Ce sonnet exprime le souhait de voir le roi continuer à inspirer la terreur et l'admiration. Un autre sonnet, écrit par l'Abbé Flancar depuis la Conciergerie, admire la grandeur et le mérite du roi, comparant sa divinité et son impact sur l'Europe. Les faits héroïques du roi sont destinés à étonner la postérité. La lettre se conclut en mentionnant que l'admiration pour les actions du roi adoucit les maux des souffrants.
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33
p. 269
AU ROY.
Début :
Ces Prodiges donnent de l'occupation à tout ceux qui / Grand Roy, quelle est la Destinée [...]
Mots clefs :
Exploits, Roi, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU ROY.
Ces Prodiges donnent de l'occupation à tous ceuxqui ſcavent ſe diftinguer par leur Eſprit. Il n'y a pas juſqu'aux Dames qu'une fi belle matiere n'engage à prendre la plume, &
voicy ce qu'elle a fait écrire à
Mademoiſelle de Racilly.
1
GALAN T. 183
AU ROY..
RandRoy, quelle est laDestinée
tous vos Explois ?
Les quatre Saiſons de l'Année Reglent leur courspar vostre choix... Campagnen'est plus bornée La
Ainsiqu'elle estoit autrefois ,
Toute la Terre est étonnée
De la voir durer douze Mois
voicy ce qu'elle a fait écrire à
Mademoiſelle de Racilly.
1
GALAN T. 183
AU ROY..
RandRoy, quelle est laDestinée
tous vos Explois ?
Les quatre Saiſons de l'Année Reglent leur courspar vostre choix... Campagnen'est plus bornée La
Ainsiqu'elle estoit autrefois ,
Toute la Terre est étonnée
De la voir durer douze Mois
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34
p. 317-331
Nouvelles de Siam, [titre d'après la table]
Début :
C'est avec raison, Madame, que je vous ay dit bien [...]
Mots clefs :
Roi, André Boureau-Deslandes, M. Cornuet, Siam, Roi de Siam, Terre, Présents, Lettre, Pavillon, Ambassadeurs, François Baron, Indes, France, Pays, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Siam, [titre d'après la table]
C'eft avec railon, Madame
, que je vous ay dit bien
des fois que la grandeur de
noftre augufte Monarque
eftoit connue de toute la
Terre. Ses conqueftes & fes
admirables qualitez ont fait
tant de bruit chez les Nations
les plus éloignées, que
le Roy de Siam a refolu de
luy envoyer des Ambaffadeurs.
M' Baron, Directeur
General dans les Indes pour
la Compagnie Royale de
France, ayant fçû l'intention
JOPIS
Dd iij
318 MERCVRE
de ce Roy, luy fit offrir un de
fes Vaiffeaux
pour
our les aller
prendre jufqu'à Siam. Dans
ce deffein il fit partir le Vau
tour. Ce Vaiffeau eftoit com
mandé par M Cornuet, qui
menoit M Dellandes
- Bour
Cup 2010
reau . C'eft un jeune Homme
de tres- bonne mine, que
M' Baron avoit choify pour
Pov de porter fa Lettre au Roy
Siam , & luy offrir les Préfens
de la part de la Compa
Ml'Evefque
de Mefellopolis,
Vicaire Apoftoli
que a Siam , qui fçait la Langue
& les coûtumes
du Païs,
gnie.
GALANT 319
le ,
fe chargea de la négotiation.
Le Vautour arriva dans la
Riviere de Siam le 3, de Septembre
de l'année derniere ;
& M Cornuet & Deflandes
envoyerent demander, fi en
paffant devant la Fortercffe,
Cour trouveroit bon qu'ils
faluaffent le Pavillon , en la
maniere qui ſe pratique en
Europe. On leur répondit ,
que quoy que cela ne fe fuft
point encor fait en ces Lieuxlà
, ils en ufcroient à leur volonté,
parce qu'on vouloit
leur faire connoiftre la joye
qu'on avoit de leur venuë.
Dd iiij
329 MERCVRE
Le Vaiffeau monta la Rivicre
ſans plus retarder ; & lors
qu'on fut proche de la Fors
terefſe , Mª Deſlandes ayant
remarqué que sle Pavillon !
qu'on avoit mis au haut du
Donjon , eftoit celuy d'une
Republique , fit mouiller
l'ancre , & envoya dire au
Commandant de la Fortel
reffe qu'il ne pouvoit falüer
ce Pavillon , parce qu'il étoit
beaucoup inférieur à celuy
du Roy fon Maiſtre. Cel
Commandant luy manda
que dans les Indes les Roys
n'affectoient aucun Pavillon
GALANT. 321
particulièr & rauffitofton
en mit un de Tafetas rouge
enda place de celuy que l'on
avoir vu d'abord. M fut fa
lüéenmefme temps par tou
tell'Artillerie du Vaiffeau , a
quoy la Fortereffe répondit
d'une fi grande quantité de
coups de Canon , que tous
les Chinois qui eftoient alors
dans la Ville , les Portugais
& les Hollandois , auffi bien
que les Siamois, dirent plu
fieurs fois , qu'ils n'avoient
jamais entendu rien de pareil.
En effet , c'eſt rarement
qu'on prodigue la Poudre à
A
plu322
MERCVRE
Canon en ce Pais là Les
Gardest du Roy conduifirent
Me Deflandes & Cornuet
dans la Maiſon qu'on
leur avoit préparée ; & leis
du mefme mois de Septem
bre, qui fut le jour pris pour
porter la Lettre & les Pré
fens , trois grands Manda-
Fins ( qui font comme icy
nos Ducs & Pairs ) vinrent
avec leurs grands Bateaux
de parade devant la Maifon
où M' Deflandes eftoit logé,
pour accompagner la Lettre
de M' le Baron , & les Préfens
de la Compagnie. Ils furent
GALANT. 323
portez à découvert fur deux
grands Bateaux faits à la maniere
du Pais. On les fit entrer
dans la Salle , où le Mi
niftre affifté de plufieurs
Mandarins, Chinois , Mores,
Siamois, & Portugais , atten-
- doit M' Deflandes. Il arriva
avec M' Cornuet , & trente
Soldats François , & tous
- deux furent affis dans le milieu
de la Salle , vis- à - vis des
Miniftres, tenant devant eux.
la Lettre dans une Corbeille
d'or. Elle fut leue , & traduire
en mefme temps par
le Supérieur du Seminaire,
! ;
324 MERCVRE
François de nation , qu'on
avoit placé dans le lieu où
fe mettent orJinairement
leurs Preftres , qu'ils appels
lent Tallapoins . L'Audience
dura plus d'une heure , & fe
paffa prefque toute en Quef
tions fur l'état préfent de la
France, & fur la grandeur de
fon Monarque, dont les Siamois
fçavent les Victoires.
On y parla encor des autres
Princes de l'Europe , & M
Deflandes fatisfit à tout avec
une grace & une préſence
d'efprit dont tous ces Genslà
refterent furpris. L'Au
GALANT 325
dience eftant finie , le Miniftre
porta la Lettre avec la
Traduction au
Royqui
ayant veu les Préfens , les
eftima
plusqu'aucun de ceux
qu'il ait
accoûtumé de receyoir,
entr'autres deux grands
Luftres de criftal, trois gráds
Miroirs garnis d'argent & de
vermeil, deux Girandoles de
criftal, & deux Pieces de
Canon de fonte admirablement
bien travaillées . Il les
fit porter à une Maifon de
Campagne , avec plufieurs
Pieces de Brocard d'or &
d'argent, qui faifoient partie
326 MERCVRE
de ces Préfens . Cependant,
pour favoriferM Deflandes
plus qu'il ne fait d'ordinaire
les Envoyez des autres Nations,
il voulut bien fe mon.
Strer à luy. Pour cela, il fortit
de fon Palais les21.6& vint
dans une grande Court , où
M Deflandes & Cornuet
l'attendoient fur un Tapis.
Il eut plus d'une demy- heure
d'entretien avec eux , &stémoigna
prendre grand plaifir
à entendre conter par
Interprete les furprenantes
Actions du Roy , dont il dit
plus de vingt fois qu'il avoit
GALANT 327
fçeu le particulier. En fe retirant
, il leur fit préſent à
chacun d'une Vélte , compléte
de Brocard de Perfe,
qui eft une faveur des plus
fignalées que puiffe faire ce
Roy à des Etrangers. Sur
rout celle de fe faire voir eft
fort extraordinaire , ceuxzmefme
de fon Royaume
n'ayant prefque jamais l'avantage
de l'obtenir. Le lendemain
22. il envoya dire à
M Dellandes qu'il avoit réfolu
d'envoyer trois Ambaffadeurs
à l'Empereur des
François , & auffitoft l'ordre
1
328 MERCVRE
fut donné pour leur départ.
L'un de ces trois eft un Grád
Mandarin, qui s'el acquité
de plufieurs Ambaſſades à la
Chine. Ils fe rendirent en
pils
dix -fept jours de marche par
terre à Bantam, où ils cfpéroient
trouver le Navite
nommé le Soleil d'Orient,
mais il en avoit fait voile dés
le 17. de Septembre, & eftoit
retourné à Surate , où il reportoit
le Frere aîné de M
Deflandes, qui eft Commiffaire
General de la Compa
gnie Françoife , & qui mande
par fes Lettres écrites de
-1361 9- datorp.2
GALANT. 329
Bantam du 15 Septembre
1680. & par celles du 2. Fevrier
1681. qu'il iroit à Pondichery
dans la Cofte de
Coromandel juſques au
mois de Septembre de cette
ellau
année, pour de là venir en
France dans le Soleil d'Orient
, & y arriver vers le
mois de Mars prochain.
Comme l'on ne doute pas
que les trois Ambaffadeurs
ne foient partis de Bantam
pour Surate, peu apres eftre
arrivez en cette premiere
t Ville , on croit qu'ils viendront
dans ce mefme Vaif
Ee
Septembre 1681.
330 MERCVRE
feau le Soleil d'Orient, qui
eft du port de plus de douze
cens tonneaux . Le Roy de
Siam envoyé ces Ambafladeurs
non feulement à caufe
des grandes chofes qu'on
luy a dites du Roy , mais
parce que prévoyant qu'il
aura des déméllez avec une
Puiffance de l'Europe , il eſt
bien aile de s'appuyer de
celle d'un Prince , auquel il
fçait que rien ne peut réfifter.
Ce Roy eft appellé
dans fes Titres Le Roy des
Roys, le Seigneur des Seigneurs,
le Maistre des Eaux , le ToutGALANT
331
t
•
puiſſant de la Terre , le Dominateur
de la Mer l'Arbitre du
bonheur & de l'infortune, defes
Sujets. Ses Etats font fituez
dans les Indes, & ont plus de
trois cens lieues de largeur.
Ils contenoient autrefois.
toute cette pointe de terre
qui va jufqu'à Malaca.
, que je vous ay dit bien
des fois que la grandeur de
noftre augufte Monarque
eftoit connue de toute la
Terre. Ses conqueftes & fes
admirables qualitez ont fait
tant de bruit chez les Nations
les plus éloignées, que
le Roy de Siam a refolu de
luy envoyer des Ambaffadeurs.
M' Baron, Directeur
General dans les Indes pour
la Compagnie Royale de
France, ayant fçû l'intention
JOPIS
Dd iij
318 MERCVRE
de ce Roy, luy fit offrir un de
fes Vaiffeaux
pour
our les aller
prendre jufqu'à Siam. Dans
ce deffein il fit partir le Vau
tour. Ce Vaiffeau eftoit com
mandé par M Cornuet, qui
menoit M Dellandes
- Bour
Cup 2010
reau . C'eft un jeune Homme
de tres- bonne mine, que
M' Baron avoit choify pour
Pov de porter fa Lettre au Roy
Siam , & luy offrir les Préfens
de la part de la Compa
Ml'Evefque
de Mefellopolis,
Vicaire Apoftoli
que a Siam , qui fçait la Langue
& les coûtumes
du Païs,
gnie.
GALANT 319
le ,
fe chargea de la négotiation.
Le Vautour arriva dans la
Riviere de Siam le 3, de Septembre
de l'année derniere ;
& M Cornuet & Deflandes
envoyerent demander, fi en
paffant devant la Fortercffe,
Cour trouveroit bon qu'ils
faluaffent le Pavillon , en la
maniere qui ſe pratique en
Europe. On leur répondit ,
que quoy que cela ne fe fuft
point encor fait en ces Lieuxlà
, ils en ufcroient à leur volonté,
parce qu'on vouloit
leur faire connoiftre la joye
qu'on avoit de leur venuë.
Dd iiij
329 MERCVRE
Le Vaiffeau monta la Rivicre
ſans plus retarder ; & lors
qu'on fut proche de la Fors
terefſe , Mª Deſlandes ayant
remarqué que sle Pavillon !
qu'on avoit mis au haut du
Donjon , eftoit celuy d'une
Republique , fit mouiller
l'ancre , & envoya dire au
Commandant de la Fortel
reffe qu'il ne pouvoit falüer
ce Pavillon , parce qu'il étoit
beaucoup inférieur à celuy
du Roy fon Maiſtre. Cel
Commandant luy manda
que dans les Indes les Roys
n'affectoient aucun Pavillon
GALANT. 321
particulièr & rauffitofton
en mit un de Tafetas rouge
enda place de celuy que l'on
avoir vu d'abord. M fut fa
lüéenmefme temps par tou
tell'Artillerie du Vaiffeau , a
quoy la Fortereffe répondit
d'une fi grande quantité de
coups de Canon , que tous
les Chinois qui eftoient alors
dans la Ville , les Portugais
& les Hollandois , auffi bien
que les Siamois, dirent plu
fieurs fois , qu'ils n'avoient
jamais entendu rien de pareil.
En effet , c'eſt rarement
qu'on prodigue la Poudre à
A
plu322
MERCVRE
Canon en ce Pais là Les
Gardest du Roy conduifirent
Me Deflandes & Cornuet
dans la Maiſon qu'on
leur avoit préparée ; & leis
du mefme mois de Septem
bre, qui fut le jour pris pour
porter la Lettre & les Pré
fens , trois grands Manda-
Fins ( qui font comme icy
nos Ducs & Pairs ) vinrent
avec leurs grands Bateaux
de parade devant la Maifon
où M' Deflandes eftoit logé,
pour accompagner la Lettre
de M' le Baron , & les Préfens
de la Compagnie. Ils furent
GALANT. 323
portez à découvert fur deux
grands Bateaux faits à la maniere
du Pais. On les fit entrer
dans la Salle , où le Mi
niftre affifté de plufieurs
Mandarins, Chinois , Mores,
Siamois, & Portugais , atten-
- doit M' Deflandes. Il arriva
avec M' Cornuet , & trente
Soldats François , & tous
- deux furent affis dans le milieu
de la Salle , vis- à - vis des
Miniftres, tenant devant eux.
la Lettre dans une Corbeille
d'or. Elle fut leue , & traduire
en mefme temps par
le Supérieur du Seminaire,
! ;
324 MERCVRE
François de nation , qu'on
avoit placé dans le lieu où
fe mettent orJinairement
leurs Preftres , qu'ils appels
lent Tallapoins . L'Audience
dura plus d'une heure , & fe
paffa prefque toute en Quef
tions fur l'état préfent de la
France, & fur la grandeur de
fon Monarque, dont les Siamois
fçavent les Victoires.
On y parla encor des autres
Princes de l'Europe , & M
Deflandes fatisfit à tout avec
une grace & une préſence
d'efprit dont tous ces Genslà
refterent furpris. L'Au
GALANT 325
dience eftant finie , le Miniftre
porta la Lettre avec la
Traduction au
Royqui
ayant veu les Préfens , les
eftima
plusqu'aucun de ceux
qu'il ait
accoûtumé de receyoir,
entr'autres deux grands
Luftres de criftal, trois gráds
Miroirs garnis d'argent & de
vermeil, deux Girandoles de
criftal, & deux Pieces de
Canon de fonte admirablement
bien travaillées . Il les
fit porter à une Maifon de
Campagne , avec plufieurs
Pieces de Brocard d'or &
d'argent, qui faifoient partie
326 MERCVRE
de ces Préfens . Cependant,
pour favoriferM Deflandes
plus qu'il ne fait d'ordinaire
les Envoyez des autres Nations,
il voulut bien fe mon.
Strer à luy. Pour cela, il fortit
de fon Palais les21.6& vint
dans une grande Court , où
M Deflandes & Cornuet
l'attendoient fur un Tapis.
Il eut plus d'une demy- heure
d'entretien avec eux , &stémoigna
prendre grand plaifir
à entendre conter par
Interprete les furprenantes
Actions du Roy , dont il dit
plus de vingt fois qu'il avoit
GALANT 327
fçeu le particulier. En fe retirant
, il leur fit préſent à
chacun d'une Vélte , compléte
de Brocard de Perfe,
qui eft une faveur des plus
fignalées que puiffe faire ce
Roy à des Etrangers. Sur
rout celle de fe faire voir eft
fort extraordinaire , ceuxzmefme
de fon Royaume
n'ayant prefque jamais l'avantage
de l'obtenir. Le lendemain
22. il envoya dire à
M Dellandes qu'il avoit réfolu
d'envoyer trois Ambaffadeurs
à l'Empereur des
François , & auffitoft l'ordre
1
328 MERCVRE
fut donné pour leur départ.
L'un de ces trois eft un Grád
Mandarin, qui s'el acquité
de plufieurs Ambaſſades à la
Chine. Ils fe rendirent en
pils
dix -fept jours de marche par
terre à Bantam, où ils cfpéroient
trouver le Navite
nommé le Soleil d'Orient,
mais il en avoit fait voile dés
le 17. de Septembre, & eftoit
retourné à Surate , où il reportoit
le Frere aîné de M
Deflandes, qui eft Commiffaire
General de la Compa
gnie Françoife , & qui mande
par fes Lettres écrites de
-1361 9- datorp.2
GALANT. 329
Bantam du 15 Septembre
1680. & par celles du 2. Fevrier
1681. qu'il iroit à Pondichery
dans la Cofte de
Coromandel juſques au
mois de Septembre de cette
ellau
année, pour de là venir en
France dans le Soleil d'Orient
, & y arriver vers le
mois de Mars prochain.
Comme l'on ne doute pas
que les trois Ambaffadeurs
ne foient partis de Bantam
pour Surate, peu apres eftre
arrivez en cette premiere
t Ville , on croit qu'ils viendront
dans ce mefme Vaif
Ee
Septembre 1681.
330 MERCVRE
feau le Soleil d'Orient, qui
eft du port de plus de douze
cens tonneaux . Le Roy de
Siam envoyé ces Ambafladeurs
non feulement à caufe
des grandes chofes qu'on
luy a dites du Roy , mais
parce que prévoyant qu'il
aura des déméllez avec une
Puiffance de l'Europe , il eſt
bien aile de s'appuyer de
celle d'un Prince , auquel il
fçait que rien ne peut réfifter.
Ce Roy eft appellé
dans fes Titres Le Roy des
Roys, le Seigneur des Seigneurs,
le Maistre des Eaux , le ToutGALANT
331
t
•
puiſſant de la Terre , le Dominateur
de la Mer l'Arbitre du
bonheur & de l'infortune, defes
Sujets. Ses Etats font fituez
dans les Indes, & ont plus de
trois cens lieues de largeur.
Ils contenoient autrefois.
toute cette pointe de terre
qui va jufqu'à Malaca.
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Résumé : Nouvelles de Siam, [titre d'après la table]
En 1680, des ambassadeurs du roi de Siam furent envoyés en France pour reconnaître la grandeur et les conquêtes du roi de France. Le baron, directeur général de la Compagnie Royale de France dans les Indes, mit à disposition un vaisseau pour transporter les ambassadeurs. Ce vaisseau, commandé par M. Cornuet et transportant M. Dellandes, arriva en septembre 1680. Dellandes, choisi pour sa bonne mine et son éducation, portait une lettre et des présents du roi de France. À leur arrivée, ils demandèrent la permission de saluer un pavillon, ce qui fut accordé. Dellandes remarqua un pavillon républicain et insista pour en hisser un royal, ce qui entraîna une salve d'artillerie échangée entre le vaisseau et la forteresse. Dellandes et Cornuet furent ensuite conduits à une maison préparée pour eux. En septembre, trois mandarins vinrent accompagner la lettre et les présents à la cour. Dellandes, accompagné de soldats français, fut reçu par les ministres du roi de Siam. L'audience dura plus d'une heure, durant laquelle Dellandes répondit aux questions sur la France et son monarque. Le roi de Siam, impressionné par les présents, notamment des lustres de cristal et des pièces d'artillerie, décida d'envoyer trois ambassadeurs en France. Ces ambassadeurs, incluant un grand mandarin expérimenté, partirent pour Bantam mais manquèrent le vaisseau Soleil d'Orient. Ils étaient attendus en septembre 1681 sur ce même vaisseau. Le roi de Siam, anticipant des conflits avec une puissance européenne, cherchait à s'allier avec la France. Ses titres incluent 'Roi des Rois' et 'Maître des Eaux', et ses États s'étendent sur plus de trois cents lieues dans les Indes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 88-90
Lettre du Roy de Siam au Pape, & au Roy de France, avec plusieurs particularitez touchant les Ambassadeurs embarquez pour la France, sur le Vaisseau le Soleil d'Orient. [titre d'après la table]
Début :
Il me souvient que je vous parlay il y a quelques années [...]
Mots clefs :
Siam, Années, France, Soleil d'Orient, André Boureau-Deslandes, Frère, Compagnie orientale de France, Lettres, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre du Roy de Siam au Pape, & au Roy de France, avec plusieurs particularitez touchant les Ambassadeurs embarquez pour la France, sur le Vaisseau le Soleil d'Orient. [titre d'après la table]
Il me ſouvient que je vous
parlay ily a quelques années
desAmbaſſadeurs que leRoy
de Siam envoyoit en France,
& de là à Rome , avec des
Préſens pour ſa Majesté, parmy
leſquels estoient deux
Elephans blancs. M' des LanGALANT.
89
こ
des- Bourau , Frere de M
Bourau , qui a eſté fi long.
temps Commiflaire General
de la Compagnie à Surate,
- fe trouvant luy - melme de
puis pluſieurs années Chef
du Comptoir de la Compa
.gnie Orientale de France à
Siam,traduifit les Lettres que
ce Roy a écrites à Sa Mal
jeſté , & au Pape , &il les a
envoyées icy par un Officier
de la Compagnie , comme
s'il euft préven la difgrace
qu'on craint qui ne foit and
vée à fon Frere , qui s'em
barqua à Bantam avec less
Juin 1684
1
90 MERCURE 1
Ambaffadeurs & les Préfens
fur le Soleil d'Orient , dont on
n'a point entendu parler depuis
prés de trois ans que
s'est fait l'embarquement.
Ces Lettres eſtant tombées
depuis peu entre mes mains,
j'ay crû que vous ne ſeriez
pas fâchée de les voir. Elles
font accompagnées de deux
autres , que le Miniſtre de
Siam a écrites à la Compagnies.
Il y a pour ſubſcrip
tion à celle qui eſt pour le
Roy,
parlay ily a quelques années
desAmbaſſadeurs que leRoy
de Siam envoyoit en France,
& de là à Rome , avec des
Préſens pour ſa Majesté, parmy
leſquels estoient deux
Elephans blancs. M' des LanGALANT.
89
こ
des- Bourau , Frere de M
Bourau , qui a eſté fi long.
temps Commiflaire General
de la Compagnie à Surate,
- fe trouvant luy - melme de
puis pluſieurs années Chef
du Comptoir de la Compa
.gnie Orientale de France à
Siam,traduifit les Lettres que
ce Roy a écrites à Sa Mal
jeſté , & au Pape , &il les a
envoyées icy par un Officier
de la Compagnie , comme
s'il euft préven la difgrace
qu'on craint qui ne foit and
vée à fon Frere , qui s'em
barqua à Bantam avec less
Juin 1684
1
90 MERCURE 1
Ambaffadeurs & les Préfens
fur le Soleil d'Orient , dont on
n'a point entendu parler depuis
prés de trois ans que
s'est fait l'embarquement.
Ces Lettres eſtant tombées
depuis peu entre mes mains,
j'ay crû que vous ne ſeriez
pas fâchée de les voir. Elles
font accompagnées de deux
autres , que le Miniſtre de
Siam a écrites à la Compagnies.
Il y a pour ſubſcrip
tion à celle qui eſt pour le
Roy,
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Résumé : Lettre du Roy de Siam au Pape, & au Roy de France, avec plusieurs particularitez touchant les Ambassadeurs embarquez pour la France, sur le Vaisseau le Soleil d'Orient. [titre d'après la table]
Le texte traite d'une correspondance relative aux ambassadeurs envoyés par le roi de Siam en France et à Rome, accompagnés de présents, dont deux éléphants blancs. Monsieur des Langalant mentionne Monsieur des Bourau, frère de Monsieur Bourau, ancien commissaire général de la Compagnie à Surate et chef du comptoir de la Compagnie Orientale de France à Siam. Des Bourau a traduit les lettres du roi de Siam adressées au roi de France et au pape, et les a transmises via un officier de la Compagnie. Ces lettres, ainsi que celles du ministre de Siam à la Compagnie, ont été partagées par l'auteur. Les ambassadeurs et les présents, surnommés le 'Soleil d'Orient', n'ont pas donné de nouvelles depuis près de trois ans, depuis leur embarquement à Bantam en juin 1684.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 91-95
AU ROY DE FRANCE.
Début :
Lettre de la Royale & insigne Ambassade du grand Roy [...]
Mots clefs :
Roi, Amitié, Royaume de France, Offre, Ambassadeurs, Ennemis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU ROY DE FRANCE.
AU ROY DE FRANCE.
Istre de la Royale
la Royale & infigne
Ambaffade du grand
Roy du Royaume deSeryfurthia,
qu'ilenvoye à vous, o tres-grand
ex tres puiſſant Seigneur des
Royaumes de France & deNa
-Durre , qui avez des Dignitez
Suréeminentes , dont l'éclat la
Splendeurbrillent comme le Soleil,
Vous qui gardez une Loy tres
excelleennttee &parfaite & cest
auffipour cette raison, que com
vous gardez foûtenez la Loy
८
4
Hij
92 MERCURE
laJustice , vous avez rem
porté des victoires fur tous vos
Ennemis , & que le bruit
la renommée de vos triomphes
s'est répandue par totes les Nations
de l'Univers. Or touchant
les Lettres de la Royale Ambaſſade
, & pleine de Majesté,
que Vous , o Tres - grand Roy,
nous avez envoyée par Dom
François Evesque , jusque dans
ce Royaume ; & apres avoir
copris le contenu de vostre illuftre
elegante Ambassade , noftre
coeur Royal a este remply &
comblé d'une tres-grande joye,
& ay cu foin de chercher les
ن م
GALANT. 93
moyens d'établir une forte &
ferme amitié à l'avenir; & lors
que j'ay vú le General de Surate
, envoyer fous vostre bon
plaisir un Vaisseau pour prendre
nostre Ambaſſade & nos Ambaffadeurs
, pour lors mon coeur
s'est trouvé dans l'accompliffement
de ſes ſouhaits
defirs ,& nous avons envoyé
tels &tels , pour eftre les Porteurs
de nostre Lettre d'Ambaffade
, & des Préfens que nous
envoyons àVous , o Tres-grand
Roy, afin qu'entre Nous ilyait
une parfaite intelligence , une
parfaite une veritable union
4
de ses
)
94 MERCURE
<
& amitié , & que cette amitié
puiſſe effre ferme & inviolable
dans le temps à venir. Que fi,
ô Tres- grand Roy , vous defirez
quelque chofe de nostreRoyaume,
je vous prie de le faire déclarer
àvos Ambassadeurs. Lors que
les meſmes Ambaſfadeurs auront
achevé, je vous prie de leur
donner permiffon de 's'enrevenir..
afin que je puiffe apprendre les
bonnes nouvelles de vosfélicitez,
Tres-grand & Paiffant Roy,
de nous envoyer des Ambaffadeurs,
que nos Ambaffadeurs
puiffent aller & venirfans!
manquer;Vous priant que noftre
GALANT. 95
amitié ſoit ferme & inviolable
pourtoûjours ; &je conjure la
Toutepuiſſance de Dieu , de vous
conferver en toutes sortes deprof
péritez, & qu'illes augmentede
jouren jour, afin que vous puis
fiez gouverner vos Royaumes de
France & de Navarre , &je
le ſuplie qu'il vous agrandiſſepar
des vistoires ſurtous vos Ennemis
, &qu'il vous accordé une
longue vie, &pleine de profpéritez.
Istre de la Royale
la Royale & infigne
Ambaffade du grand
Roy du Royaume deSeryfurthia,
qu'ilenvoye à vous, o tres-grand
ex tres puiſſant Seigneur des
Royaumes de France & deNa
-Durre , qui avez des Dignitez
Suréeminentes , dont l'éclat la
Splendeurbrillent comme le Soleil,
Vous qui gardez une Loy tres
excelleennttee &parfaite & cest
auffipour cette raison, que com
vous gardez foûtenez la Loy
८
4
Hij
92 MERCURE
laJustice , vous avez rem
porté des victoires fur tous vos
Ennemis , & que le bruit
la renommée de vos triomphes
s'est répandue par totes les Nations
de l'Univers. Or touchant
les Lettres de la Royale Ambaſſade
, & pleine de Majesté,
que Vous , o Tres - grand Roy,
nous avez envoyée par Dom
François Evesque , jusque dans
ce Royaume ; & apres avoir
copris le contenu de vostre illuftre
elegante Ambassade , noftre
coeur Royal a este remply &
comblé d'une tres-grande joye,
& ay cu foin de chercher les
ن م
GALANT. 93
moyens d'établir une forte &
ferme amitié à l'avenir; & lors
que j'ay vú le General de Surate
, envoyer fous vostre bon
plaisir un Vaisseau pour prendre
nostre Ambaſſade & nos Ambaffadeurs
, pour lors mon coeur
s'est trouvé dans l'accompliffement
de ſes ſouhaits
defirs ,& nous avons envoyé
tels &tels , pour eftre les Porteurs
de nostre Lettre d'Ambaffade
, & des Préfens que nous
envoyons àVous , o Tres-grand
Roy, afin qu'entre Nous ilyait
une parfaite intelligence , une
parfaite une veritable union
4
de ses
)
94 MERCURE
<
& amitié , & que cette amitié
puiſſe effre ferme & inviolable
dans le temps à venir. Que fi,
ô Tres- grand Roy , vous defirez
quelque chofe de nostreRoyaume,
je vous prie de le faire déclarer
àvos Ambassadeurs. Lors que
les meſmes Ambaſfadeurs auront
achevé, je vous prie de leur
donner permiffon de 's'enrevenir..
afin que je puiffe apprendre les
bonnes nouvelles de vosfélicitez,
Tres-grand & Paiffant Roy,
de nous envoyer des Ambaffadeurs,
que nos Ambaffadeurs
puiffent aller & venirfans!
manquer;Vous priant que noftre
GALANT. 95
amitié ſoit ferme & inviolable
pourtoûjours ; &je conjure la
Toutepuiſſance de Dieu , de vous
conferver en toutes sortes deprof
péritez, & qu'illes augmentede
jouren jour, afin que vous puis
fiez gouverner vos Royaumes de
France & de Navarre , &je
le ſuplie qu'il vous agrandiſſepar
des vistoires ſurtous vos Ennemis
, &qu'il vous accordé une
longue vie, &pleine de profpéritez.
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Résumé : AU ROY DE FRANCE.
Le roi de Seryfurthia adresse une lettre au roi de France, exaltant sa grandeur et ses victoires. Il exprime sa loyauté et sa joie après avoir reçu les lettres de la royale ambassade envoyée par Dom François, évêque. Le roi de Seryfurthia souhaite établir une amitié forte et durable entre les deux royaumes. Il annonce l'envoi de vaisseaux et d'ambassadeurs pour renforcer cette alliance et invite le roi de France à formuler toute demande spécifique. Il prie pour la prospérité et la longévité du roi de France, ainsi que pour des victoires sur ses ennemis. La lettre se conclut par un vœu de conservation et d'augmentation des prospérités du roi de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 99-101
LETTRE ECRITE PAR le Barcalon, ou Ministre du Roy de Siam, à Messieurs les Directeurs Genéraux de la Compagnie du Commerce des Indes Orientales.
Début :
Lettre de Chao Peja Ferry Terrama Bacha Chady Amatraja, Mehittra, [...]
Mots clefs :
Barcalon, Compagnie du commerce des Indes orientales, Directeurs généraux, France, Maître, Roi
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE ECRITE PAR le Barcalon, ou Ministre du Roy de Siam, à Messieurs les Directeurs Genéraux de la Compagnie du Commerce des Indes Orientales.
LETTRE ECRITE PAR
le Barcalon , ou Miniſtre du
Roy de Siam , à Meſſieurs les
Directeurs Genéraux de la
Compagnie du Commerce des
Indes Orientales .
Ettre de Chao Peja Ferry
LTeTrerrarammaa Bacha Chady
Amatraja, Mehittra , Pipittra,
I ij
100 MERCURE
Rathana, Rat, Couffa , Tidody,
Apaja , Pery, Bora , Cromma,
Pahoué , qu'il envoye en figne
d'amitié fincere à Ms les Directeurs
Genéraux de la Royale
Compagnie de France. D'autant
que le Roy mon Maiſtre envoye
Jes Ambassadeurs , afin de porter
fes Royales Lettres , & Préfens,
à la Haute &Royale Majesté
du Grand Roy de France , afin
que leurs Alliances fi excellentes
avantageuses puiffent estre
éternelles. Or comme les Ambaf-
Sadeurs Serviteurs du Roy
mon Maiſtre font un cheminfort
long, fi lesdits Ambaſſadeurs ont
GALANT. IOI
beſoin de quelque chose , ou- bien
fi le Pere Gayme & Emmanuel
Ficards vont le demander à la
Compagnie , je prie ladite Compagnie
d'enfaire un Compte clair
net ,&de l'envoyer icy, afin
que jefatisfaſſe à tout ce qu'ils
ont reçûde la CompagnieRoyale,
de plus , si la Compagnie Royale
defire quelque chose de ceRoyau
me, je la prie de nous lefaire
fçavoir avec toute la clartépof
fible.....
le Barcalon , ou Miniſtre du
Roy de Siam , à Meſſieurs les
Directeurs Genéraux de la
Compagnie du Commerce des
Indes Orientales .
Ettre de Chao Peja Ferry
LTeTrerrarammaa Bacha Chady
Amatraja, Mehittra , Pipittra,
I ij
100 MERCURE
Rathana, Rat, Couffa , Tidody,
Apaja , Pery, Bora , Cromma,
Pahoué , qu'il envoye en figne
d'amitié fincere à Ms les Directeurs
Genéraux de la Royale
Compagnie de France. D'autant
que le Roy mon Maiſtre envoye
Jes Ambassadeurs , afin de porter
fes Royales Lettres , & Préfens,
à la Haute &Royale Majesté
du Grand Roy de France , afin
que leurs Alliances fi excellentes
avantageuses puiffent estre
éternelles. Or comme les Ambaf-
Sadeurs Serviteurs du Roy
mon Maiſtre font un cheminfort
long, fi lesdits Ambaſſadeurs ont
GALANT. IOI
beſoin de quelque chose , ou- bien
fi le Pere Gayme & Emmanuel
Ficards vont le demander à la
Compagnie , je prie ladite Compagnie
d'enfaire un Compte clair
net ,&de l'envoyer icy, afin
que jefatisfaſſe à tout ce qu'ils
ont reçûde la CompagnieRoyale,
de plus , si la Compagnie Royale
defire quelque chose de ceRoyau
me, je la prie de nous lefaire
fçavoir avec toute la clartépof
fible.....
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Résumé : LETTRE ECRITE PAR le Barcalon, ou Ministre du Roy de Siam, à Messieurs les Directeurs Genéraux de la Compagnie du Commerce des Indes Orientales.
Le Barcalon, Chao Peja Ferry, ministre du roi de Siam, écrit aux Directeurs Généraux de la Compagnie du Commerce des Indes Orientales pour exprimer son amitié. Il annonce l'envoi d'ambassadeurs en France, porteurs de lettres royales et de présents pour le roi de France, afin de créer des alliances durables et bénéfiques entre les deux nations. La lettre souligne les besoins des ambassadeurs durant leur voyage et demande à la Compagnie de fournir un compte détaillé des dépenses. Le Barcalon invite également la Compagnie à formuler toute demande auprès du roi de Siam, insistant sur la nécessité de clarté dans les communications.
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38
p. 102-106
LETTRE DU MESME Ministre à Mr le Directeur Baron.
Début :
Comme le Genéral de Surate a eu la bonté d'envoyer par [...]
Mots clefs :
Présents, Roi, Général, Envoyer, André Boureau-Deslandes, Temps, Ambre, Lettres, Ambassade
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DU MESME Ministre à Mr le Directeur Baron.
LETTRE DU MESME
Miniſtre à M. le Directeur
Baron .
Omme te
Comme
Genéralde Surate
a' eu la bonté d'envoyer par
Mª des Landes , des Lettres
des Préfens, pour eftre présentez
au grand er puiſfant Roy mon
Maistre , me recommandantde
donner mon afſiſtance pour les luy
estre présentez , & qu'il ma
auffi envoyé une Lettre , & des
Préfens quejay reçû; on a ex
pliqué lesdites Lettres ſuivant la
coûtume .Or j'ay conuu par leur
GALANT. 103
teneur , er par les difcours de
M des Landes , que M² le
General ayant fçû que l'on devoit
envoyer des Ambassadeurs
au Roy de France , OJ au S.
Pape , en avoit conçu beaucoup
de joye , & qu'il avoit préparé
unVaiffeau afin de recevoir l' Ambaffade,
auquel il avoit ordonné
defaire conformément à ce qui
leurferoit commandé ; &que si
l'on differoit encore d'envoyer
l'Ambaffade , il nous prioitque
le Vaiſſeau fuft dépêché à temps,
pour ne pas perdre la Mouffon.
Comme il y a tres-long-temps
qu'il defiroit avec paſſion qu'ily
I mj
104 MERCURE
cust Alliance er unionferme en
tre les deux Couronnes à l'avenir
; & quand M² le General a
envoyé un Vaisseau pour porter
les Ambassadeurs , c'est ce que
fon coeurRoyalſouhaitoit ardemment
, à mesme temps il m'a
donnéfes ordres , que j'ay reçus
fur le sommet de ma teste,sça
voir, de préparer des Ambassa
deurs pour porterfes Lettres
Préfens à la Royale &Haute
Majefté du Roy de France , afin
que cette Royale & excellente
Alliance fust éternelle à l'avenir.
Je croy que M des Landes.ne
manquera pas de donner avis
<
GALANT. IoF
M le General,desſervices que
je luy ay rendus.
Le Roy mon Maistre vous
envoye ſes Préfens . 3
Et moy de ma part, un Coffre
de Japon, à couverture voutée,
le fond noir avec des Feinlles
d'or ; un Coffre de Chine , le
fond noir , travaillé avec ambre
&& or ; deux Arbriſſeaux d'ambre
; un Pot d'ambre ; deux Boulis
à Chaa ; huit Chavanes ; deux
Bandéges noirs & peints ; une
paire de Paranavants du Japon;
ce que je vous prie de recevoir,
pour l'amitiéque vous me portez.
Fe laiſſe à M le General àpour
L
t
106 MERCURE
/
voir aux moyens quiſont necef
faires pour qu'entre lay of moy
ilpuiffey avoir un parfait amour,
& inviolable amitié pour l'avenir.
Miniſtre à M. le Directeur
Baron .
Omme te
Comme
Genéralde Surate
a' eu la bonté d'envoyer par
Mª des Landes , des Lettres
des Préfens, pour eftre présentez
au grand er puiſfant Roy mon
Maistre , me recommandantde
donner mon afſiſtance pour les luy
estre présentez , & qu'il ma
auffi envoyé une Lettre , & des
Préfens quejay reçû; on a ex
pliqué lesdites Lettres ſuivant la
coûtume .Or j'ay conuu par leur
GALANT. 103
teneur , er par les difcours de
M des Landes , que M² le
General ayant fçû que l'on devoit
envoyer des Ambassadeurs
au Roy de France , OJ au S.
Pape , en avoit conçu beaucoup
de joye , & qu'il avoit préparé
unVaiffeau afin de recevoir l' Ambaffade,
auquel il avoit ordonné
defaire conformément à ce qui
leurferoit commandé ; &que si
l'on differoit encore d'envoyer
l'Ambaffade , il nous prioitque
le Vaiſſeau fuft dépêché à temps,
pour ne pas perdre la Mouffon.
Comme il y a tres-long-temps
qu'il defiroit avec paſſion qu'ily
I mj
104 MERCURE
cust Alliance er unionferme en
tre les deux Couronnes à l'avenir
; & quand M² le General a
envoyé un Vaisseau pour porter
les Ambassadeurs , c'est ce que
fon coeurRoyalſouhaitoit ardemment
, à mesme temps il m'a
donnéfes ordres , que j'ay reçus
fur le sommet de ma teste,sça
voir, de préparer des Ambassa
deurs pour porterfes Lettres
Préfens à la Royale &Haute
Majefté du Roy de France , afin
que cette Royale & excellente
Alliance fust éternelle à l'avenir.
Je croy que M des Landes.ne
manquera pas de donner avis
<
GALANT. IoF
M le General,desſervices que
je luy ay rendus.
Le Roy mon Maistre vous
envoye ſes Préfens . 3
Et moy de ma part, un Coffre
de Japon, à couverture voutée,
le fond noir avec des Feinlles
d'or ; un Coffre de Chine , le
fond noir , travaillé avec ambre
&& or ; deux Arbriſſeaux d'ambre
; un Pot d'ambre ; deux Boulis
à Chaa ; huit Chavanes ; deux
Bandéges noirs & peints ; une
paire de Paranavants du Japon;
ce que je vous prie de recevoir,
pour l'amitiéque vous me portez.
Fe laiſſe à M le General àpour
L
t
106 MERCURE
/
voir aux moyens quiſont necef
faires pour qu'entre lay of moy
ilpuiffey avoir un parfait amour,
& inviolable amitié pour l'avenir.
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Résumé : LETTRE DU MESME Ministre à Mr le Directeur Baron.
La lettre du ministre à M. le Directeur, Baron, mentionne l'envoi de lettres et de présents par M. des Landes au roi de France, avec une recommandation pour leur présentation. Le ministre a également reçu des lettres et des présents du Général, qui exprime sa joie à l'idée d'envoyer des ambassadeurs en France et au Saint-Père. Le Général a préparé un vaisseau pour l'ambassade et prie que ce vaisseau soit dépêché à temps pour ne pas manquer la mousson. Le ministre souligne le désir du Général d'établir une alliance ferme entre les deux couronnes et a reçu l'ordre de préparer des ambassadeurs pour porter des lettres et des présents au roi de France afin de renforcer cette alliance. Le ministre espère que M. des Landes informera le Général des services rendus. Enfin, divers présents, dont des coffres de Japon et de Chine, des arbrisseaux d'ambre, et d'autres objets, sont envoyés en signe d'amitié. Le ministre laisse au Général le soin de trouver les moyens nécessaires pour maintenir une amitié parfaite et inviolable à l'avenir.
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39
p. 106-114
« Mr Deslandes, en parlant des Eléphans que le Roy de [...] »
Début :
Mr Deslandes, en parlant des Eléphans que le Roy de [...]
Mots clefs :
Éléphant, Éléphants, Femelles, Roi, Manière, Ville, Hommes, André Boureau-Deslandes, Attrapoire, Mâts, Siam, Corps, Éléphant sauvage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Mr Deslandes, en parlant des Eléphans que le Roy de [...] »
M'Deſlandes, en parlant
des Eléphans que le Roy de
Siam envoyoit en France
avec fes Ambaſſadeurs , a
expliqué la maniere dont les
Eleph
Elephans ſauvages peuvent
eftre pris , & voicy ce qu'il
en dit. Ce Roy en ayant
pluſieurs apprivoiſez , mafles
&femelles , en envoyequel
ques Bandes à quinze ou
GALANT. 107
vingt journées de la Ville,
dans les Bois & dans les
Plaines . Chaque Bande, qui
eft compoſée de quarante ou
de cinquante, a neuf ou dix
Hommes pour Conducteurs ;
& quand ils ont apperçeu
quelque Eléphant, ils ordonnent
aux Femelles de les al
ler entourer. Vous remarquerez
que les Eléphans apprivoiſez
entendent la Langue
de leurs Conducteurs.
Lors que l'Eléphant eft entouré
des Femelles, les Hommes
qui font montez ſur les
Maſles, accoſtent les Femel.
108 MERCURE
(
les , & font marcher l'Ele
phant pris dans le milieu de
la Bande. Ainſi il ne voit
point où ilva. A une journée
de la Ville , on les fait paſſer
par une Attrapoire , qui eft
toute bordée d'Arbres , &
que l'Eléphant ſauvage prend
pour un Bois. Ils n'y paſſent
qu'un à un ; & quand l'Eléphant
ſauvage eft dans l'Attrapoire
, où il croit paffer
comme les autres , on laiſſe
tomber de gros Pieux par
des coulices devant & derriere
, & il ſe trouve arreſté
comme s'il eſtoit dans une
GALANT. 109
Cage , fans qu'il puiſſe ſe
tourner de coſté ny d'autre.
Les Pieux qui compoſent
l'Attrapoire , font auſſi gros
que des Mats de Navire, &
deux Homes auroient peine
à les embraſſer. En ſuite on
lie les quatre pieds de l'Eléphant
avec des Cables , afin
qu'il ne puifle fuir,& on l'amene
proche des murailles
de la Ville, où il y a une Maifon
couverte. Dans le milieu
de cette Maiſon eſt un gros
Mats de cinq à fix braſſes de
hauteur , avec une Poutre
paſſée au travers par le haut
}
110 MERCURE
du Mats, qui eſt enfoüydans
terre d'une braſſe en maniere
de Pivot , ou bien tourné
comme le Cabestan d'un
Navire. Quand l'Eléphant
pris eft arrivé à cette Maiſon,
on le fufpend àce Cabeſtan
par deſſous le corps avec des
Cables, en forte que ſes pieds
poſent à terre. Eſtant ainſi
attaché, il ne peut tourner
qu'avec le Cabeſtan , & on
le laiſſe de cette maniere
pendant deux ou trois jours,
gardé par deux Maſles & par
deux Femelles, ſans luydonner
à manger. Apres cela,
GALANT. III
onl'oſte du Cabeftan , & on
le lie par le corps avec un au..
tre Eléphant privé. Ils demeurent
ainſi attachez enſemble
, juſqu'à ce que le
Sauvage ſoit apprivoilé , &
alors on luy donne un Cornacque,
ou Conducteur. Ces
Animaux ſont fort eſtimez
dans le Païs ; auſſi leRoy de
Siam en a quantité de domeftiques
. On appelle ceux qu'il
monte , Eléphans de l'Etat.
On les loge dans de beaux
Lieux , qui ſont comme des
Maiſons de Princes , toutes
peintes de feüillages; & com,
112 MERCURE
me ces Animaux aiment fort
la propreté, on ne ſe ſert que
de Vaiſſelle d'argent pour
leur donner à manger. Ja
mais ils ne ſortent pour al
ler à la Riviere ou à la Campagne
, qu'on ne porte des
Parafolsdevát chacun d'eux.
Ils ſont précedez de Tambours
& de Muſetes , & ont
unHarnois d'argent , & garny
de cuivre . Deux Hommes
montent deſſus, l'un ſur
le col , l'autre ſur la croupe;
&dans le milieu , il y a une
Selle d'écarlate, où perſonne
n'ofe s'affeoir, à cauſe que
GALANT. 113
C'eſt la place du Roy. Celuy
qui eft monté fur le cot , a
un Croc de fer , ou d'acier
luifant, dont il ſe fert pourle
gouverner , en le piquant fur
le coſté gauche du front,
pour le faire aller à gauche;
&dans le milieu, pour le faire
aller à droit. Chaque Mafle
a toûjours far Femelle qui
marche devant luy , gouver.
née & enharnachée de la
meſme forte. Ces Eléphans
ont la tefte de leur Trompe,,
la teſte, les oreilles, les jam
bes ,& une partie du Corps,,
marquetez , comme l'eſt lat
Juin 163.4 K.
114 MERCURE
peau d'un Tigre ; & quand
ils ont une queue traînante
avec un gros bouquet de
long poil au bout , c'eſt un
embelliſſement qui faitqu'on
les eſtime beaucoup davantage.
des Eléphans que le Roy de
Siam envoyoit en France
avec fes Ambaſſadeurs , a
expliqué la maniere dont les
Eleph
Elephans ſauvages peuvent
eftre pris , & voicy ce qu'il
en dit. Ce Roy en ayant
pluſieurs apprivoiſez , mafles
&femelles , en envoyequel
ques Bandes à quinze ou
GALANT. 107
vingt journées de la Ville,
dans les Bois & dans les
Plaines . Chaque Bande, qui
eft compoſée de quarante ou
de cinquante, a neuf ou dix
Hommes pour Conducteurs ;
& quand ils ont apperçeu
quelque Eléphant, ils ordonnent
aux Femelles de les al
ler entourer. Vous remarquerez
que les Eléphans apprivoiſez
entendent la Langue
de leurs Conducteurs.
Lors que l'Eléphant eft entouré
des Femelles, les Hommes
qui font montez ſur les
Maſles, accoſtent les Femel.
108 MERCURE
(
les , & font marcher l'Ele
phant pris dans le milieu de
la Bande. Ainſi il ne voit
point où ilva. A une journée
de la Ville , on les fait paſſer
par une Attrapoire , qui eft
toute bordée d'Arbres , &
que l'Eléphant ſauvage prend
pour un Bois. Ils n'y paſſent
qu'un à un ; & quand l'Eléphant
ſauvage eft dans l'Attrapoire
, où il croit paffer
comme les autres , on laiſſe
tomber de gros Pieux par
des coulices devant & derriere
, & il ſe trouve arreſté
comme s'il eſtoit dans une
GALANT. 109
Cage , fans qu'il puiſſe ſe
tourner de coſté ny d'autre.
Les Pieux qui compoſent
l'Attrapoire , font auſſi gros
que des Mats de Navire, &
deux Homes auroient peine
à les embraſſer. En ſuite on
lie les quatre pieds de l'Eléphant
avec des Cables , afin
qu'il ne puifle fuir,& on l'amene
proche des murailles
de la Ville, où il y a une Maifon
couverte. Dans le milieu
de cette Maiſon eſt un gros
Mats de cinq à fix braſſes de
hauteur , avec une Poutre
paſſée au travers par le haut
}
110 MERCURE
du Mats, qui eſt enfoüydans
terre d'une braſſe en maniere
de Pivot , ou bien tourné
comme le Cabestan d'un
Navire. Quand l'Eléphant
pris eft arrivé à cette Maiſon,
on le fufpend àce Cabeſtan
par deſſous le corps avec des
Cables, en forte que ſes pieds
poſent à terre. Eſtant ainſi
attaché, il ne peut tourner
qu'avec le Cabeſtan , & on
le laiſſe de cette maniere
pendant deux ou trois jours,
gardé par deux Maſles & par
deux Femelles, ſans luydonner
à manger. Apres cela,
GALANT. III
onl'oſte du Cabeftan , & on
le lie par le corps avec un au..
tre Eléphant privé. Ils demeurent
ainſi attachez enſemble
, juſqu'à ce que le
Sauvage ſoit apprivoilé , &
alors on luy donne un Cornacque,
ou Conducteur. Ces
Animaux ſont fort eſtimez
dans le Païs ; auſſi leRoy de
Siam en a quantité de domeftiques
. On appelle ceux qu'il
monte , Eléphans de l'Etat.
On les loge dans de beaux
Lieux , qui ſont comme des
Maiſons de Princes , toutes
peintes de feüillages; & com,
112 MERCURE
me ces Animaux aiment fort
la propreté, on ne ſe ſert que
de Vaiſſelle d'argent pour
leur donner à manger. Ja
mais ils ne ſortent pour al
ler à la Riviere ou à la Campagne
, qu'on ne porte des
Parafolsdevát chacun d'eux.
Ils ſont précedez de Tambours
& de Muſetes , & ont
unHarnois d'argent , & garny
de cuivre . Deux Hommes
montent deſſus, l'un ſur
le col , l'autre ſur la croupe;
&dans le milieu , il y a une
Selle d'écarlate, où perſonne
n'ofe s'affeoir, à cauſe que
GALANT. 113
C'eſt la place du Roy. Celuy
qui eft monté fur le cot , a
un Croc de fer , ou d'acier
luifant, dont il ſe fert pourle
gouverner , en le piquant fur
le coſté gauche du front,
pour le faire aller à gauche;
&dans le milieu, pour le faire
aller à droit. Chaque Mafle
a toûjours far Femelle qui
marche devant luy , gouver.
née & enharnachée de la
meſme forte. Ces Eléphans
ont la tefte de leur Trompe,,
la teſte, les oreilles, les jam
bes ,& une partie du Corps,,
marquetez , comme l'eſt lat
Juin 163.4 K.
114 MERCURE
peau d'un Tigre ; & quand
ils ont une queue traînante
avec un gros bouquet de
long poil au bout , c'eſt un
embelliſſement qui faitqu'on
les eſtime beaucoup davantage.
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Résumé : « Mr Deslandes, en parlant des Eléphans que le Roy de [...] »
Le texte de M'Deslandes décrit la méthode utilisée par le roi de Siam pour capturer des éléphants sauvages. Le roi envoie des bandes d'éléphants apprivoisés, mâles et femelles, à quinze ou vingt journées de la ville, dans les bois et les plaines. Chaque bande est composée de quarante à cinquante éléphants et dirigée par neuf ou dix conducteurs. Lorsqu'un éléphant sauvage est repéré, les femelles apprivoisées l'entourent, tandis que les mâles montés par des hommes le guident au centre de la bande, l'empêchant de voir où il va. À une journée de la ville, les éléphants passent par une attrapoire bordée d'arbres. L'éléphant sauvage, pensant entrer dans un bois, est piégé par des pieux tombant devant et derrière lui. Il est ensuite lié par les pieds avec des câbles et amené près des murailles de la ville, où il est suspendu à un cabestan pendant deux ou trois jours sans nourriture, gardé par deux mâles et deux femelles. Après cette période, l'éléphant est lié à un autre éléphant apprivoisé jusqu'à ce qu'il soit apprivoisé. Il reçoit alors un cornac. Les éléphants sont très estimés en Siam. Ceux montés par le roi sont appelés 'éléphants de l'État' et logés dans des lieux somptueux. Ils sont nourris avec de la vaisselle d'argent et sortent précédés de tambours et de musettes, portant un harnois d'argent et de cuivre. Deux hommes montent chaque éléphant, et une selle d'écarlate est réservée pour le roi. Les éléphants sont souvent marqués comme la peau d'un tigre, et une queue traînante avec un gros bouquet de poil au bout est considérée comme un embellissement précieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 221-238
A Siam le 28. Novembre 1683.
Début :
Je me suis informé des Habillemens qu'on vous a dit que les [...]
Mots clefs :
Roi, Siam, Chinois, Pays, Terre, Prince, Gouverneur, Japon, Étrangers, Peine, Navires, Port, Ville, Empereur, Empire, Portugais, Langue, Chine, Cheveux, Vêtements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Siam le 28. Novembre 1683.
A Siam le 28. Novembre 1683 .
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
Fermer
Résumé : A Siam le 28. Novembre 1683.
Le document est une lettre datée du 28 novembre 1683 à Siam, traitant des habits des soldats japonais et des difficultés de commerce avec le Japon. L'auteur note que les soldats japonais portent des vêtements similaires à ceux des Chinois, résistants aux armes à feu, mais il n'a pas pu obtenir de détails précis. Il souligne les restrictions imposées aux étrangers, notamment les Hollandais, qui sont surveillés et limités dans leurs mouvements. Le gouverneur de Nangazaqui contrôle strictement le commerce, forçant les navires étrangers à vendre leurs marchandises à des prix imposés. La Compagnie hollandaise envisage d'abandonner ce commerce en raison des vexations subies. La loge des Hollandais est située sur une île isolée, et les Japonais interdisent toute communication non autorisée. Les navires étrangers doivent quitter le port immédiatement après avoir récupéré leurs armes et poudre. La Compagnie hollandaise change annuellement ses chefs pour éviter qu'ils ne s'imprègnent de la langue ou des coutumes locales. La mort de l'empereur japonais n'a pas modifié les restrictions contre les chrétiens. Les Portugais prévoient d'envoyer une frégate pour rétablir les relations, mais cela semble peu probable. Le document mentionne également des événements en Chine, où les Tartares contrôlent les provinces, et en Cochinchine, connue pour la valeur de ses peuples et la progression de l'Évangile. L'auteur a reçu des honneurs du roi de Siam, qui admire la puissance et la magnificence du monarque français. Le roi de Siam prépare une maison pour recevoir des ambassadeurs français et construit des églises pour les missionnaires français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 309-310
« Je remets au mois prochain à vous parler de ce que ces Envoyez ont fait à [...] »
Début :
Je remets au mois prochain à vous parler de ce que ces Envoyez ont fait à [...]
Mots clefs :
Envoyés, Grandeur de la France, Roi, Coutume et religion des Siamois
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je remets au mois prochain à vous parler de ce que ces Envoyez ont fait à [...] »
Je remets au mois prochain à vous
parler de ce que ces Envoyez ont fait à
Paris. Comme ils y doivent paffer cncore
quelque temps , jauray plus de par
310 MERCURE
ticularitez à vous apprendre à la fois de
Tétonement que la grandeur de la France
leur a caufé . Je vous apprendray en
mefmetemps ce qui s'eft pallé quand ils
ont vu le Roy , ce que je ne puis faire
préfentement , eftant preffe de finir ma
Lettre. Depuis ce que je vous ay écrit
des coûtumes & de la Religion des Siamois
,le S ' de Luyne Libraire en adonné
au Public une nouvelle Relation.
parler de ce que ces Envoyez ont fait à
Paris. Comme ils y doivent paffer cncore
quelque temps , jauray plus de par
310 MERCURE
ticularitez à vous apprendre à la fois de
Tétonement que la grandeur de la France
leur a caufé . Je vous apprendray en
mefmetemps ce qui s'eft pallé quand ils
ont vu le Roy , ce que je ne puis faire
préfentement , eftant preffe de finir ma
Lettre. Depuis ce que je vous ay écrit
des coûtumes & de la Religion des Siamois
,le S ' de Luyne Libraire en adonné
au Public une nouvelle Relation.
Fermer
Résumé : « Je remets au mois prochain à vous parler de ce que ces Envoyez ont fait à [...] »
Le texte annonce un report des actions des envoyés à Paris pour la prochaine lettre. Ces envoyés y resteront pour permettre à l'auteur de recueillir des détails sur les réactions et l'admiration suscitée par la France. L'auteur mentionne également une rencontre avec le roi, mais ne peut la décrire actuellement. Depuis la dernière lettre sur les coutumes et la religion des Siamois, le sieur de Luyne a publié une nouvelle relation sur le sujet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 67-69
LA FRANCE.
Début :
Un Anonime a fait parler la France à la Fortune, sur ce que le / Aveugle Déesse, dis-moy, [...]
Mots clefs :
France, Fortune, Déesse, Roi, Prince, Univers, Clémence, Sagesse, Ennemis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FRANCE.
Un Anonime a fait parler la
Fránce à la Fortune ,fur ce que le
Roy a eu fix -vingt Billets blancs
à la Loterie de Monfeigneur le
Dauphin. Voicy la Demande &
a Réponſe.
LA FRANCE.
Aveugle Déeffe,dis -moy ,
68
MERCURE
T
D'où vient qu'à noftre Auguste Roy
Six- vingt Billets tous blancs fout
échús en partage?
LA FORTUN É .
France , c'est pour montrer combien
ton Prince eft fage.
Lors qu'il pourroit foumettre à fes
Loix l'Univers
Que la Terre luy céde , & qu'il commande
aux Mers,
Sa clémence retient l'ardeur de fon
courage.
Ce qu'il m'a donné je luy rends ;
Et comme moy les Conquérans ,
Les Princes , les Etats , & tous les
Grands du Monde
Connoiffant de Louis la fageffe profonde
,
Pour terminer leurs diférens,
Le prennent pour Arbitre , & luy
donnent des Blancs ;
GALANT. 69.
Et fi fes Ennemis demandent leur
revanche ,
Il leur donne la Carte blanche.´
Fránce à la Fortune ,fur ce que le
Roy a eu fix -vingt Billets blancs
à la Loterie de Monfeigneur le
Dauphin. Voicy la Demande &
a Réponſe.
LA FRANCE.
Aveugle Déeffe,dis -moy ,
68
MERCURE
T
D'où vient qu'à noftre Auguste Roy
Six- vingt Billets tous blancs fout
échús en partage?
LA FORTUN É .
France , c'est pour montrer combien
ton Prince eft fage.
Lors qu'il pourroit foumettre à fes
Loix l'Univers
Que la Terre luy céde , & qu'il commande
aux Mers,
Sa clémence retient l'ardeur de fon
courage.
Ce qu'il m'a donné je luy rends ;
Et comme moy les Conquérans ,
Les Princes , les Etats , & tous les
Grands du Monde
Connoiffant de Louis la fageffe profonde
,
Pour terminer leurs diférens,
Le prennent pour Arbitre , & luy
donnent des Blancs ;
GALANT. 69.
Et fi fes Ennemis demandent leur
revanche ,
Il leur donne la Carte blanche.´
Fermer
43
p. 95-116
REMERCIMENT A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE.
Début :
MESSIEURS, J'ay souhaité avec tant d'ardeur l'honneur [...]
Mots clefs :
Homme, Honneur, Donner, Matière, Demander, Place, Compagnie, Mérite, Avantages, Heureux, Perte, Roi, Gloire, Prix, Honneurs, Ministère, Places, Mémoire, Peine, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMERCIMENT A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE.
REMERCIMENT
A MESSIEURS
DE L'ACADEMIE
FRANCOISE.
MESSIEUE ESSIEURS ,
Fay fouhaité avec tant d'ardeur
l'honneur que je reçois aujourd'huy,
& mes empressemens à le demander
vous l'ont marqué en tant de ren96
MERCURE
1
contres , que vous ne pouviez douter
que je ne le regarde comme une chofe,
qui en rempliffant tous mes de
firs , me met en état de n'en plus
former. En effet, Meſſieurs , jusqu'où
pourroit aller mon ambition , fi elle
n'étoit pas entierement fatisfaite ?
M'accorder une Place parmy vous,
c'eft me la donner dans la plus Illustre
Compagnie où les belles Lettres
ayent jamais ouvert l'entrée.
Pour bien concevoir de quel prix.
elle eft , je n'ay qu'à jetter les yeux
fur tant de grands Hommes , qui
élevez aux premieres Dignitez de
l'Eglife & de la Robe , comblez des
honneurs du Miniftere , distingue
par une naiffance qui leur fait tenir
les plus hauts rangs à la Cour,
Je font empreffez à eftre de vostre
Corps. Ces Dignite éminentes , ces
Honneurs du Miniftere, la fplendeur
de la Naiffance , l'élevation du
Rangi
GALANT. 97
(
1
·Bang; tout cela n'a pú leur perfuader
que rien ne manquoit à leur
merite Ils en ont cherché l'accom-
:
pliffement dans les avantages que
l'esprit peut procurer à ceux en qui
l'on voit les rares Talens , qui font
voftre heureux partage ; & pour
perfectionner ce qui les mettoit au
deffus de vous , ils ont fait gloire de
vous demander des Places qui vous
égalent à eux. Mais , Meffieurs , il
n'y a point lieu d'en estre furpris .
On afpire naturellement à s'acque.
rir l Immortalité ; & où peut- on plus
feurement l'acquerir que dans une
Compagnie où toutes les belles connoiffances
fe trouvent comme ramaffées
pour communiquer à ceux
qui ont l'honneur d'y entrer
qu'elles ont de folide, de delicat, &
digne d'eftre fçeu ; car dans les
Sciences mefmes il y a des chofs
qu'on peut negliger comme inutiles ,
Janvier 1685.
E
,
ce
981 MERCURE
& je ne fçay fi ce n'est point un
défaut dans unfçavant Homme, que
de l'eftre trop. Plufieurs de ceux à
qui l'on donne ce nom , ne doivent
peut - estre qu'au bonheur de leur
memoire, ce qui les met au rang des
Sçavans. Ils ont beaucoup leu ; ils
ont travaillé à s'imprimer fortement
tout ce qu'ils ont leu ; & chargez
de l'indigefte & confus amas de ce
qu'ils ont retenu fur chaque matiere,
ce font des Bibliotheques vivantes
, preftes à fournir diverſes recherches
fur tout ce qui peut tomber
en difpute ; mais ces richellesfemées
dans un fond qui ne produit rien de
Joy , les laiffent fouvent dans l'indigence.
Aucune lumiere qui vienne
d'eux ne débrouille ce Cahos . Ils
difent de grandes chofes, qui ne leur
coûtent que
la peine de les dire , &
avec tout leurfçavoir étranger , on
pourroit avoir fujet de demander
s'ils at de l'efprit.
LYO
*
1832
GALAN T.
bye
'S
pla
Ce n'est point , Meffic
qu'on trouve parmy vous .
profonde érudition s'y rencontre.
mais dépouillée de ce qu'elle a ordinairement
d'épineux , & defanvage.
La Philofophie , la Théologie,
l'Eloquence , la Poëfie, l'Hiftoire, &
les autres Connoiffances qui font
éclater les dons que l'efprit reçoit de.
la Nature , vous les poffedez dans ce
qu'elles ont de plus fublime. Tout
vous en eft familier Vous les manie
comme il vous plaift , mais en grands
Maiftres , toûjours avec agrément ,
toûjours avec politeffe ; & fi dans
les Chef d'oeuvres qui partent de
vous , & qui font les modèles les
plus parfaits qu'onfe puiffe propofer
dans toute forte de genres d'écrire,
vous tire quelque utilité de vos
Lectures , fi vous vous fervez de
quelques penfées des Anciens , pour
mettre les voftres dans un plus bean
DEL
E 2
100 MERCURE
jour ; ces pensées tiennent toûjours
plus de vous , que de ceux qui vous
les prefent. Vous trouvez moyen de
les embellir par le tour heureux que
vous leur devez. Ce font à la verité
des Diamans , mais vous les
taillez ; vous les enchaffe avec
tant d'art , que la maniere de les
mettre en oeuvre , paffe tout le prix
qu'ils ont d'eux mefmes.
Si des excellens Ouvrages dont
chacun de vous choisit la matiere
felon fon Genie particulier , je viens
à ce grand & labourieux Travail
qui fait le fujet de vos Aſſemblées ,
& pour lequel vous uniffez tous les
jours vos foins ; qu'elles louanges ,
Meffieurs,ne doit- on pas vous donner
pour cette conftante application
avec laquelle vous vous attachez à
nous aider à déveloper ce qu'onpeut
dire , qui fait en quelquefaçon l'effence
de l'Homme. L'Homme n'eft
GALAN T.
ΠΟΙ
Homme principalement que parce
qu'il penfe . Ce qu'il conçoit au dedans
, il a befoin de le produire au
dehors , & en travaillant à nous apprendre
à quel ufage chaque mot eft
deftiné, vous cherchez à nous donner
des moyens certains de montrer ce
que nous fommes. Par ce fecours
attendu de tout le monde avec tant
d'impatience , ceux qui font affez
heureuxpour penſer juste , auront la
mefme jufteffe à s'exprimer ; & file
Public doit tirer tant d'avantages
de vos fçavantes & judicieufes décifions
, que n'en doivent point attendre
ceux qui estant reçeus dans
ces Conferences , où vous répande
vos lumiéres fi abondamment ,
peuvent
les puiferjufque dans Irurfource?
Je me vois prefentement de ce
nombre heureux , & dans la poffef
fion de ce bonheur , j'ay peine à m'imaginer
que je ne m'abuſe pas .
E
3
102 MERCURE
4
Fe le répete , Meffieurs , une Place
parmy vous donne tant de gloire,
&je la connois d'un figrand prix ,
quefilefuccés de quelques Ouvrages
que le public a reçeus de moy affez
favorablement m'a fait croire
quelque -fois que vous ne defapprouweriek
pas l'ambitieux fentimens
qui me portoit à la demander , i'ay
defefperéde pouvoir iamais en eftre
digne , quand les obftacles qui m'ont
sufqu'icy empefché de l'obtenir m'ont
fait examiner avec plus d'attention
quelles grandes qualite il faut
avoir pour réüſfir dans une entreprim
fe fi relevée. Les Illuftres Concurrens
qui ont emporté vos fuffrages
toutes les fois que j'ay ofé'y préten
dre , m'ont ouvert les yeuxfur mes
efperances trop présomptueuses. En
me montrant ce merite confommé
qui les a fait recevoir fi toft qu'ils
Se font offerts , ils m'ont fait voir
GALANT. 103
ce que je devois tâcher d'acquérir
pour eftre en état de leur reffembler.
L'ay rendu justice à voftre difcernement
, & me la rendant en même
temps à moy - même , j'ay employé
tous mes foins à ne me pas laiffer
inutiles les fameux exemples que
vous m'avezproposez
faitla
L'avoue , Meffieurs , que quand
aprés tant d'épreuves , vous m'avez
grace de jetter les yeux fur
moy , vous m'auriez mis en péril de
me permettre la vanité la plus condamnable
, fi je ne m'estois affez
fortement étudié pour n'oublier pas
ce que je fuis. Le me feroit peut- eftre
flaté, qu'enfin vous m'auriez trouvé
Les qualitez que vousfouhaitez dans
des Academiciens dignes de ce Nom ,
d'un gouft exquis , d'une penetration
entiére parfaitement éclairez
enun mot tels que vous eftes . Mais
Meffieurs , l'honneur qu'il vous a
•
E 4
104 MERCURE
plu de me faire, quelque grand qu'il
foit , ne m'aveugle point . Plus vôtre
confentement à me l'accorder a
efté prompt , & fi je l'ofe dire, unanime
, plus je voy par quel motif
Vous avez accompagné vostre choix
d'une diftinction fi peu ordinaire. Ce
que mes defauts me défendoient d'efpérer
de vous , vous l'avez donné à
la memoire d'un Homme que vous
regardiezcomme un des principaux.
ornemens de voftre Corps. L'eftime
particuliere que vous avez toujours
euë pour luy, m'attire celle dont vous
me donne des marques fi obligeantes.
Sa perte vous a touche , &
pour le faire revivreparmy vous autant
qu'il vous eft poſſible , vous
avez voulu me faire remplir fa
Place , ne doutant point que qua.
lité de Frere , qui l'a fait plus d'u
ne fois vous folliciter en mafaveur ,
ne l'euft engagé à m'inspirer les
La
GALANT.
105
fentimens d'admiration qu'il avoit
pour toute voftre Illuftre Compagnie.
Ainfi , Meffieurs , vous l'avezcherché
en moy , & n'y pouvant trouver
fon merite, vous vous cftes contentek
d'y trouver fon Nom.
Famais une perte fi confiderable
nepouvoit eftre plus imparfaitement
reparée ; mais pour vous rendre l'inégalité
du changement plus fupportable
, fongez , Meffieurs , que
lors qu'un siècle a produit un Homme
auffi extraordinaire qu'il eftoit , il
arrive rarement que ce mefme Siécle
en produife d'autres capables de
l'égaler. Il est vray que celuy où nous
vivons eft le siècle des Miracles, &
jay fans doute à rougir d'avoir ſi
mal profité de tant de Leçons que
jay reçûës de fa propre bouche , par
cette pratique continuelle qué me
donnoit avec luy la plus parfaite
union qu'on ait jamais venë entre
E S
106 MERCURE
deux Freres , quand d'heureux Gé.
nies , privez de cet avantage , fe
font elevez avec tant de gloire ,
que ce qui a paru d'eux a esté le
charme de la Cour & du Public . Ce
pendant , quand mefme l'on pourroit
dire que quelqu'un l'euft furpaſſe;
luy qu'on a mis tant de fois au deffus
des Anciens , ilferoit toûjours tresvray
que le Théatre François luy
doit tout l'éclat où nous le voyons.
Ie n'ofe , Meffieurs , vous en dire
rien de plus. Sa perte qui vous
eft fenfible à tous , eftfi particuliére
pour moy , que l'ay peine à foutenir
Les triftes idées qu'elle me prefente .
J'ajouteray feulement qu'une des
chofes qui vous doit le plus faire,
cherir fa memoire ; c'est l'attachement
queje luy ay toûjours remarqué
pour tout ce qui regardoit les interests
de l'Academie. Il montroit par
là combien il avoit d'estime pour
GALANT. 107
tous les Illuftres qui la compofent, &
reconnoiffoit en même temps les bienfaits
dont il avoit efté honoré par
Monfieur le Cardinal de Richelieu ,
qui en eft le Fondateur. Ce grand
Miniftre, tout couvert degloire qu'il
étoit par le floriffant état où il avoit
mis la France , fe répondit moins de
l'éternelle durée de fon Nom , pour
avoir executé avec des fuccés prefque
incroyables les Ordres reccus de
Louis le juste, que pour avoir étably
la celebre Compagnie dont vous foû
tenez l'honneur avec tant d'éclat.
Il n'employa ny le Bronze ny.
rain , pour leur confier les differentes
merveilles qui rendent fameux le
temps de fon Miniftere. Il s'en repofa
fur voftre reconnoiffance , & fe
tint plus affuré d'atteindre par vous
jufqu'à la pofterité la plus reculée,
que par les deffeins de l'Herefie renverfe
, & par l'orgueil fi fouvent
l'Ai-
E 6
108 MERCURE
humilié d'une Maifon fière de la
longue fuite d'Empereurs qu'il y a
plus de deux Siecles qu'elle donne à
l'Allemagne. Sa mort vous fut un
coup rude. Elle vous laiffoit dans un
état qui vous donnoit tout à craindre
, mais vous étiezrefervezà des
honneurs éclatans , &en attendant
que le temps en fuft venu , un des
grands Chanceliers que la France
ait eus, prit foin de vous confoler de
cette perte. L'amour qu'il avois pour
les belles Lettres luy infpira le def- ·
fein de vous attirer chez luy. Vous
y receûtes tous les adouciffemens que
vous pouvez efperer dans vostre
douleur , d'un Protecteur Kelé pour
vos avantages. Mais , Meffieurs ,juf
qu'où n'allerent ils point , quand le
Roy luy - mefme vous logeant dans
fon Palais ,& vous approchant defa
Ferfonne Sacrée , vous bonora de fes
graces &de fa protection ?
GALANT. 109
·
Voftre fortune eft bien glorieufe ,
mais n'a t elle rien qui vous étonne?
L'ardeur qui vous porte à reconnoître
les bontez d'un fi grand Prince ,
quelque pressée qu'elle soit par les
Miracles continuels de fa vie , n'eftelle
point arrestée par l'impuiffante
de vous exprimer ? Quoy que nostre
Langue abonde en paroles , & que
toutes les richeffes vous en foient
connues , vous la trouvez fans doute
fterile,quand voulant vous en fervir
pour expliquer ces Miracles , vous
portez vostre imagination au delà
de tout ce qu'elle peut vous fournir.
fur une fi vaste matiere . Si c'eft un
malheur pour vous de ne pouvoir
fatisfaire vostre Zele par des expreffions
qui égalent ce que l'Envie
elle - mefme ne peut fe défendre
d'admirer, au moins vous en pouvez
estre confolé par le plaifir de connoitre
que quelque foibles que puf110
MERCURE
fent estre ces expreffions , la gloire du
Roy n'y fçauroit rien perdre. Ce n'eft .
que pour relever les actions mediocres
qu'on a befoin d'éloquence. Ses
ornemens fi neceffaires à celles qui
ne brillent point par elles mefmes,
font inutiles par ces Exploits fur-.
prenans qui approchent du prodige,
& qui étant crûs, parce qu'on en eft
témoin , ne laiffent pas de nous paroître
incroyables.
Quand vous diriez feulement,
Louis LE GRAND a foûmis
une Province entiere en huit
jours , dans la plus forte rigueur
de l'Hyver.En vingt - quatre heures
il s'est rendu Maître de quatre
Villes affiegées tout à la fois .
Il a pris foixante Places en une
feule Campagne. Il a refifté luy
feul aux Puiffances les plus redoutables
de l'Europe liguées enfemble
pour empeſcher fes ConGALANT.
III
quetes. Il a rétably fes Alliez .
Aprés avoir impofé la Paix , faifapt
marcher la Juftice pour toutes
armes , il s'eft fait ouvrir en un
mefme jour les Portes de Strafbourg
, & de Cafal , qui l'ont reconnu
pour leur Souverain , Cela
eft tout fimple, cela est uny ; mais
cela remplit l'efprit de fi grandes
chofes , qu'il embrasse incontinent
tout ce qu'on n'explique pas , & je
doute que ce grand Panegyrique qui
a coûte tant de foin à Pline le feu-
пе foffe autant pour la gloire de
Trajan, que ce peu de mots , tout dénuez
qu'ils font de ce fard qui embellit
les objets , feroit capable de
faire pour celle de nostre Auguste
Monarque.
"
Il eft vray , Meffieurs , qu'il n'en
feroit pas de mefme ,fi vous vouliez
faire la Peinture des rares vertus
du Roy. Où tromveriez- vous des terII
2 MERCURE
mes pour reprefenter affez digne
ment cette grandeur d'ame , qui l'élevant
au deffus de tout ce qu'il y a
de plus Noble , de plus Heroique , &
de plus Parfait , c'eft à dire de Luymefme,
le fait renoncer à des avantages
que d'autres que luy recherche
roient aux dépens de toutes choſes ?
Aucune entreprise ne luy a manqué.
Pour fe tenir affuré de réuſſir dans
les Conqueftes les plus importantes,
il n'a qu'à vouloir tout ce qu'il peut.
La Victoire qui l'a fuivy en tous
lieux , est toujours prefte à l'accom.
pagner. Elle tâche de toucher fon
coeur par fes plus doux charmes . It
a tout vaincu , il veut la vaincre
elle mefme, & il fe fert pour cela
des armes d'une Moderation qui n'a
point d'exemple. Il s'arrefte au milieu
de fes Triomphes ; il offre la
Paix ; il en preferit les conditions,
& ces conditions fe trouventfijuftes,
GALANT. 113
que fes Ennemis font obligez de les
accepter. La jaloufte où les met la
gloire qu'il ad'eftre feul Arbitre du
Deftin du Monde , leurfait chercher
des difficulte pour troubler le calme
qu'il a rétably. On luy declare de
nouveau la Guerre . Cette Declaraleur
tation ne l'ébranle point. Il offre la
Paix encore une fois ; & comme il
Scait que la Tréve n'a aucunes fuites
qui en puiffent autorifer la rupture
, il laiffe le choix de l'une ou
de l'autre. Ses Ennemis balansent
long- temps fur la refolution qu'ils
doivent prendre. Il voit que
avantage eft de confentir à ce qu'il
leur offre. Pour les y forcer , il attaque
Luxembourg.Cette Place , impre
nable pour tout autre, fe rend en an
mois , & auroit moins refifté , fi pour
épargner le fang de fes Officiers &
de fes Soldats , ce fage Monarque
n'eust ordonné que l'on fift le Siege
114 MERCURE
dans toutes les formes. La Victoire
qui cherche toujours à l'éblouir , luy
fait voir que cette prife luy répond
de celle de toutes les Places du Païs
Efpagnol. Elle parle fans qu'elle fe
puiffe faire écouter. Il perfiste dans
fes propofitions de Tréve, elle eft enfin
acceptée , & voila l'Europe dans
un plein repos.
Que de merveilles renferme cette
grandeur d'ame , dont i'ay oféfaire
une foible ébauche ! C'est à vous ,
Meffieurs , à traiter cette matiére
dans toute fon étenduë. Si noftre
Langue ne vous prefte point dequoy
luy donner affez de poids & de force
, vousfuppléerez à cette fterilité
par le talent merveilleux que vous
avezde faire fentir plus que vous
ne dites . Ilfaut de grands traits pour
les grandes chofes que le Roy a faites
, de ces traits qui montrent tout
d'une feule veuë , & qui offrent à
GALANT. 113
L'imagination ce que les ombres du
Tableau nous cachent. Quand vous
parlerez defa vigilance exacte &
toniour's active , pour ce qui regarde
Le bien de fes Peuples , la gloire de
Jes Etats , & la maicfté du Trône ;
de ce zele ardent & infatigable, qui
luy fait donner fes plus grands foins
à détruire entierement l'Herefte , go
à rétablir le culte de Dieu , dans
toutes fa pureté; & enfin de tant
d'autres qualite auguftes , que le
Ciel a voulu voir en luy , pour le
rendre le plus grand de tous les
Hommes ; fi vous trouvez la matiere
inépuisable, voftre adreſſe à exe
cuter heureufement les plus hauts
deffeins , vous fera choisir des expreffions
fi vives , qu'elles nous feront
entrer tout d'un coup dans tout
ce que vous voudrez nous faire entendre.
Par l'ouverture qu'elles donneront
à noftre esprit , nos reflexions
2
716 MERCURE
nous meneront jufqu'où vous entreprendrez
de les faire aller , & c'eft
ainsi que vous remplire parfaitement
toute la grandeur de votre
Sujet.
Quel bon- heur pour moy , Meffieurs
, de pouvoir m'inftruire fous
de fi grands Maifires ! Mes foins
affidus à me trouver dans vos Af-
Semblées pour y profiter de vos Leçons
, vous feront connoiftre , que fi
l'honneur que vous m'avez fait ,
paffe de beaucoup mon peu de merite
, du moins vous ne pouviez le
repandre fur une perfonae qui le
reçeuft avec des fentimens plus refpectueux
& plus remplis de reconnoiffance.
A MESSIEURS
DE L'ACADEMIE
FRANCOISE.
MESSIEUE ESSIEURS ,
Fay fouhaité avec tant d'ardeur
l'honneur que je reçois aujourd'huy,
& mes empressemens à le demander
vous l'ont marqué en tant de ren96
MERCURE
1
contres , que vous ne pouviez douter
que je ne le regarde comme une chofe,
qui en rempliffant tous mes de
firs , me met en état de n'en plus
former. En effet, Meſſieurs , jusqu'où
pourroit aller mon ambition , fi elle
n'étoit pas entierement fatisfaite ?
M'accorder une Place parmy vous,
c'eft me la donner dans la plus Illustre
Compagnie où les belles Lettres
ayent jamais ouvert l'entrée.
Pour bien concevoir de quel prix.
elle eft , je n'ay qu'à jetter les yeux
fur tant de grands Hommes , qui
élevez aux premieres Dignitez de
l'Eglife & de la Robe , comblez des
honneurs du Miniftere , distingue
par une naiffance qui leur fait tenir
les plus hauts rangs à la Cour,
Je font empreffez à eftre de vostre
Corps. Ces Dignite éminentes , ces
Honneurs du Miniftere, la fplendeur
de la Naiffance , l'élevation du
Rangi
GALANT. 97
(
1
·Bang; tout cela n'a pú leur perfuader
que rien ne manquoit à leur
merite Ils en ont cherché l'accom-
:
pliffement dans les avantages que
l'esprit peut procurer à ceux en qui
l'on voit les rares Talens , qui font
voftre heureux partage ; & pour
perfectionner ce qui les mettoit au
deffus de vous , ils ont fait gloire de
vous demander des Places qui vous
égalent à eux. Mais , Meffieurs , il
n'y a point lieu d'en estre furpris .
On afpire naturellement à s'acque.
rir l Immortalité ; & où peut- on plus
feurement l'acquerir que dans une
Compagnie où toutes les belles connoiffances
fe trouvent comme ramaffées
pour communiquer à ceux
qui ont l'honneur d'y entrer
qu'elles ont de folide, de delicat, &
digne d'eftre fçeu ; car dans les
Sciences mefmes il y a des chofs
qu'on peut negliger comme inutiles ,
Janvier 1685.
E
,
ce
981 MERCURE
& je ne fçay fi ce n'est point un
défaut dans unfçavant Homme, que
de l'eftre trop. Plufieurs de ceux à
qui l'on donne ce nom , ne doivent
peut - estre qu'au bonheur de leur
memoire, ce qui les met au rang des
Sçavans. Ils ont beaucoup leu ; ils
ont travaillé à s'imprimer fortement
tout ce qu'ils ont leu ; & chargez
de l'indigefte & confus amas de ce
qu'ils ont retenu fur chaque matiere,
ce font des Bibliotheques vivantes
, preftes à fournir diverſes recherches
fur tout ce qui peut tomber
en difpute ; mais ces richellesfemées
dans un fond qui ne produit rien de
Joy , les laiffent fouvent dans l'indigence.
Aucune lumiere qui vienne
d'eux ne débrouille ce Cahos . Ils
difent de grandes chofes, qui ne leur
coûtent que
la peine de les dire , &
avec tout leurfçavoir étranger , on
pourroit avoir fujet de demander
s'ils at de l'efprit.
LYO
*
1832
GALAN T.
bye
'S
pla
Ce n'est point , Meffic
qu'on trouve parmy vous .
profonde érudition s'y rencontre.
mais dépouillée de ce qu'elle a ordinairement
d'épineux , & defanvage.
La Philofophie , la Théologie,
l'Eloquence , la Poëfie, l'Hiftoire, &
les autres Connoiffances qui font
éclater les dons que l'efprit reçoit de.
la Nature , vous les poffedez dans ce
qu'elles ont de plus fublime. Tout
vous en eft familier Vous les manie
comme il vous plaift , mais en grands
Maiftres , toûjours avec agrément ,
toûjours avec politeffe ; & fi dans
les Chef d'oeuvres qui partent de
vous , & qui font les modèles les
plus parfaits qu'onfe puiffe propofer
dans toute forte de genres d'écrire,
vous tire quelque utilité de vos
Lectures , fi vous vous fervez de
quelques penfées des Anciens , pour
mettre les voftres dans un plus bean
DEL
E 2
100 MERCURE
jour ; ces pensées tiennent toûjours
plus de vous , que de ceux qui vous
les prefent. Vous trouvez moyen de
les embellir par le tour heureux que
vous leur devez. Ce font à la verité
des Diamans , mais vous les
taillez ; vous les enchaffe avec
tant d'art , que la maniere de les
mettre en oeuvre , paffe tout le prix
qu'ils ont d'eux mefmes.
Si des excellens Ouvrages dont
chacun de vous choisit la matiere
felon fon Genie particulier , je viens
à ce grand & labourieux Travail
qui fait le fujet de vos Aſſemblées ,
& pour lequel vous uniffez tous les
jours vos foins ; qu'elles louanges ,
Meffieurs,ne doit- on pas vous donner
pour cette conftante application
avec laquelle vous vous attachez à
nous aider à déveloper ce qu'onpeut
dire , qui fait en quelquefaçon l'effence
de l'Homme. L'Homme n'eft
GALAN T.
ΠΟΙ
Homme principalement que parce
qu'il penfe . Ce qu'il conçoit au dedans
, il a befoin de le produire au
dehors , & en travaillant à nous apprendre
à quel ufage chaque mot eft
deftiné, vous cherchez à nous donner
des moyens certains de montrer ce
que nous fommes. Par ce fecours
attendu de tout le monde avec tant
d'impatience , ceux qui font affez
heureuxpour penſer juste , auront la
mefme jufteffe à s'exprimer ; & file
Public doit tirer tant d'avantages
de vos fçavantes & judicieufes décifions
, que n'en doivent point attendre
ceux qui estant reçeus dans
ces Conferences , où vous répande
vos lumiéres fi abondamment ,
peuvent
les puiferjufque dans Irurfource?
Je me vois prefentement de ce
nombre heureux , & dans la poffef
fion de ce bonheur , j'ay peine à m'imaginer
que je ne m'abuſe pas .
E
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102 MERCURE
4
Fe le répete , Meffieurs , une Place
parmy vous donne tant de gloire,
&je la connois d'un figrand prix ,
quefilefuccés de quelques Ouvrages
que le public a reçeus de moy affez
favorablement m'a fait croire
quelque -fois que vous ne defapprouweriek
pas l'ambitieux fentimens
qui me portoit à la demander , i'ay
defefperéde pouvoir iamais en eftre
digne , quand les obftacles qui m'ont
sufqu'icy empefché de l'obtenir m'ont
fait examiner avec plus d'attention
quelles grandes qualite il faut
avoir pour réüſfir dans une entreprim
fe fi relevée. Les Illuftres Concurrens
qui ont emporté vos fuffrages
toutes les fois que j'ay ofé'y préten
dre , m'ont ouvert les yeuxfur mes
efperances trop présomptueuses. En
me montrant ce merite confommé
qui les a fait recevoir fi toft qu'ils
Se font offerts , ils m'ont fait voir
GALANT. 103
ce que je devois tâcher d'acquérir
pour eftre en état de leur reffembler.
L'ay rendu justice à voftre difcernement
, & me la rendant en même
temps à moy - même , j'ay employé
tous mes foins à ne me pas laiffer
inutiles les fameux exemples que
vous m'avezproposez
faitla
L'avoue , Meffieurs , que quand
aprés tant d'épreuves , vous m'avez
grace de jetter les yeux fur
moy , vous m'auriez mis en péril de
me permettre la vanité la plus condamnable
, fi je ne m'estois affez
fortement étudié pour n'oublier pas
ce que je fuis. Le me feroit peut- eftre
flaté, qu'enfin vous m'auriez trouvé
Les qualitez que vousfouhaitez dans
des Academiciens dignes de ce Nom ,
d'un gouft exquis , d'une penetration
entiére parfaitement éclairez
enun mot tels que vous eftes . Mais
Meffieurs , l'honneur qu'il vous a
•
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104 MERCURE
plu de me faire, quelque grand qu'il
foit , ne m'aveugle point . Plus vôtre
confentement à me l'accorder a
efté prompt , & fi je l'ofe dire, unanime
, plus je voy par quel motif
Vous avez accompagné vostre choix
d'une diftinction fi peu ordinaire. Ce
que mes defauts me défendoient d'efpérer
de vous , vous l'avez donné à
la memoire d'un Homme que vous
regardiezcomme un des principaux.
ornemens de voftre Corps. L'eftime
particuliere que vous avez toujours
euë pour luy, m'attire celle dont vous
me donne des marques fi obligeantes.
Sa perte vous a touche , &
pour le faire revivreparmy vous autant
qu'il vous eft poſſible , vous
avez voulu me faire remplir fa
Place , ne doutant point que qua.
lité de Frere , qui l'a fait plus d'u
ne fois vous folliciter en mafaveur ,
ne l'euft engagé à m'inspirer les
La
GALANT.
105
fentimens d'admiration qu'il avoit
pour toute voftre Illuftre Compagnie.
Ainfi , Meffieurs , vous l'avezcherché
en moy , & n'y pouvant trouver
fon merite, vous vous cftes contentek
d'y trouver fon Nom.
Famais une perte fi confiderable
nepouvoit eftre plus imparfaitement
reparée ; mais pour vous rendre l'inégalité
du changement plus fupportable
, fongez , Meffieurs , que
lors qu'un siècle a produit un Homme
auffi extraordinaire qu'il eftoit , il
arrive rarement que ce mefme Siécle
en produife d'autres capables de
l'égaler. Il est vray que celuy où nous
vivons eft le siècle des Miracles, &
jay fans doute à rougir d'avoir ſi
mal profité de tant de Leçons que
jay reçûës de fa propre bouche , par
cette pratique continuelle qué me
donnoit avec luy la plus parfaite
union qu'on ait jamais venë entre
E S
106 MERCURE
deux Freres , quand d'heureux Gé.
nies , privez de cet avantage , fe
font elevez avec tant de gloire ,
que ce qui a paru d'eux a esté le
charme de la Cour & du Public . Ce
pendant , quand mefme l'on pourroit
dire que quelqu'un l'euft furpaſſe;
luy qu'on a mis tant de fois au deffus
des Anciens , ilferoit toûjours tresvray
que le Théatre François luy
doit tout l'éclat où nous le voyons.
Ie n'ofe , Meffieurs , vous en dire
rien de plus. Sa perte qui vous
eft fenfible à tous , eftfi particuliére
pour moy , que l'ay peine à foutenir
Les triftes idées qu'elle me prefente .
J'ajouteray feulement qu'une des
chofes qui vous doit le plus faire,
cherir fa memoire ; c'est l'attachement
queje luy ay toûjours remarqué
pour tout ce qui regardoit les interests
de l'Academie. Il montroit par
là combien il avoit d'estime pour
GALANT. 107
tous les Illuftres qui la compofent, &
reconnoiffoit en même temps les bienfaits
dont il avoit efté honoré par
Monfieur le Cardinal de Richelieu ,
qui en eft le Fondateur. Ce grand
Miniftre, tout couvert degloire qu'il
étoit par le floriffant état où il avoit
mis la France , fe répondit moins de
l'éternelle durée de fon Nom , pour
avoir executé avec des fuccés prefque
incroyables les Ordres reccus de
Louis le juste, que pour avoir étably
la celebre Compagnie dont vous foû
tenez l'honneur avec tant d'éclat.
Il n'employa ny le Bronze ny.
rain , pour leur confier les differentes
merveilles qui rendent fameux le
temps de fon Miniftere. Il s'en repofa
fur voftre reconnoiffance , & fe
tint plus affuré d'atteindre par vous
jufqu'à la pofterité la plus reculée,
que par les deffeins de l'Herefie renverfe
, & par l'orgueil fi fouvent
l'Ai-
E 6
108 MERCURE
humilié d'une Maifon fière de la
longue fuite d'Empereurs qu'il y a
plus de deux Siecles qu'elle donne à
l'Allemagne. Sa mort vous fut un
coup rude. Elle vous laiffoit dans un
état qui vous donnoit tout à craindre
, mais vous étiezrefervezà des
honneurs éclatans , &en attendant
que le temps en fuft venu , un des
grands Chanceliers que la France
ait eus, prit foin de vous confoler de
cette perte. L'amour qu'il avois pour
les belles Lettres luy infpira le def- ·
fein de vous attirer chez luy. Vous
y receûtes tous les adouciffemens que
vous pouvez efperer dans vostre
douleur , d'un Protecteur Kelé pour
vos avantages. Mais , Meffieurs ,juf
qu'où n'allerent ils point , quand le
Roy luy - mefme vous logeant dans
fon Palais ,& vous approchant defa
Ferfonne Sacrée , vous bonora de fes
graces &de fa protection ?
GALANT. 109
·
Voftre fortune eft bien glorieufe ,
mais n'a t elle rien qui vous étonne?
L'ardeur qui vous porte à reconnoître
les bontez d'un fi grand Prince ,
quelque pressée qu'elle soit par les
Miracles continuels de fa vie , n'eftelle
point arrestée par l'impuiffante
de vous exprimer ? Quoy que nostre
Langue abonde en paroles , & que
toutes les richeffes vous en foient
connues , vous la trouvez fans doute
fterile,quand voulant vous en fervir
pour expliquer ces Miracles , vous
portez vostre imagination au delà
de tout ce qu'elle peut vous fournir.
fur une fi vaste matiere . Si c'eft un
malheur pour vous de ne pouvoir
fatisfaire vostre Zele par des expreffions
qui égalent ce que l'Envie
elle - mefme ne peut fe défendre
d'admirer, au moins vous en pouvez
estre confolé par le plaifir de connoitre
que quelque foibles que puf110
MERCURE
fent estre ces expreffions , la gloire du
Roy n'y fçauroit rien perdre. Ce n'eft .
que pour relever les actions mediocres
qu'on a befoin d'éloquence. Ses
ornemens fi neceffaires à celles qui
ne brillent point par elles mefmes,
font inutiles par ces Exploits fur-.
prenans qui approchent du prodige,
& qui étant crûs, parce qu'on en eft
témoin , ne laiffent pas de nous paroître
incroyables.
Quand vous diriez feulement,
Louis LE GRAND a foûmis
une Province entiere en huit
jours , dans la plus forte rigueur
de l'Hyver.En vingt - quatre heures
il s'est rendu Maître de quatre
Villes affiegées tout à la fois .
Il a pris foixante Places en une
feule Campagne. Il a refifté luy
feul aux Puiffances les plus redoutables
de l'Europe liguées enfemble
pour empeſcher fes ConGALANT.
III
quetes. Il a rétably fes Alliez .
Aprés avoir impofé la Paix , faifapt
marcher la Juftice pour toutes
armes , il s'eft fait ouvrir en un
mefme jour les Portes de Strafbourg
, & de Cafal , qui l'ont reconnu
pour leur Souverain , Cela
eft tout fimple, cela est uny ; mais
cela remplit l'efprit de fi grandes
chofes , qu'il embrasse incontinent
tout ce qu'on n'explique pas , & je
doute que ce grand Panegyrique qui
a coûte tant de foin à Pline le feu-
пе foffe autant pour la gloire de
Trajan, que ce peu de mots , tout dénuez
qu'ils font de ce fard qui embellit
les objets , feroit capable de
faire pour celle de nostre Auguste
Monarque.
"
Il eft vray , Meffieurs , qu'il n'en
feroit pas de mefme ,fi vous vouliez
faire la Peinture des rares vertus
du Roy. Où tromveriez- vous des terII
2 MERCURE
mes pour reprefenter affez digne
ment cette grandeur d'ame , qui l'élevant
au deffus de tout ce qu'il y a
de plus Noble , de plus Heroique , &
de plus Parfait , c'eft à dire de Luymefme,
le fait renoncer à des avantages
que d'autres que luy recherche
roient aux dépens de toutes choſes ?
Aucune entreprise ne luy a manqué.
Pour fe tenir affuré de réuſſir dans
les Conqueftes les plus importantes,
il n'a qu'à vouloir tout ce qu'il peut.
La Victoire qui l'a fuivy en tous
lieux , est toujours prefte à l'accom.
pagner. Elle tâche de toucher fon
coeur par fes plus doux charmes . It
a tout vaincu , il veut la vaincre
elle mefme, & il fe fert pour cela
des armes d'une Moderation qui n'a
point d'exemple. Il s'arrefte au milieu
de fes Triomphes ; il offre la
Paix ; il en preferit les conditions,
& ces conditions fe trouventfijuftes,
GALANT. 113
que fes Ennemis font obligez de les
accepter. La jaloufte où les met la
gloire qu'il ad'eftre feul Arbitre du
Deftin du Monde , leurfait chercher
des difficulte pour troubler le calme
qu'il a rétably. On luy declare de
nouveau la Guerre . Cette Declaraleur
tation ne l'ébranle point. Il offre la
Paix encore une fois ; & comme il
Scait que la Tréve n'a aucunes fuites
qui en puiffent autorifer la rupture
, il laiffe le choix de l'une ou
de l'autre. Ses Ennemis balansent
long- temps fur la refolution qu'ils
doivent prendre. Il voit que
avantage eft de confentir à ce qu'il
leur offre. Pour les y forcer , il attaque
Luxembourg.Cette Place , impre
nable pour tout autre, fe rend en an
mois , & auroit moins refifté , fi pour
épargner le fang de fes Officiers &
de fes Soldats , ce fage Monarque
n'eust ordonné que l'on fift le Siege
114 MERCURE
dans toutes les formes. La Victoire
qui cherche toujours à l'éblouir , luy
fait voir que cette prife luy répond
de celle de toutes les Places du Païs
Efpagnol. Elle parle fans qu'elle fe
puiffe faire écouter. Il perfiste dans
fes propofitions de Tréve, elle eft enfin
acceptée , & voila l'Europe dans
un plein repos.
Que de merveilles renferme cette
grandeur d'ame , dont i'ay oféfaire
une foible ébauche ! C'est à vous ,
Meffieurs , à traiter cette matiére
dans toute fon étenduë. Si noftre
Langue ne vous prefte point dequoy
luy donner affez de poids & de force
, vousfuppléerez à cette fterilité
par le talent merveilleux que vous
avezde faire fentir plus que vous
ne dites . Ilfaut de grands traits pour
les grandes chofes que le Roy a faites
, de ces traits qui montrent tout
d'une feule veuë , & qui offrent à
GALANT. 113
L'imagination ce que les ombres du
Tableau nous cachent. Quand vous
parlerez defa vigilance exacte &
toniour's active , pour ce qui regarde
Le bien de fes Peuples , la gloire de
Jes Etats , & la maicfté du Trône ;
de ce zele ardent & infatigable, qui
luy fait donner fes plus grands foins
à détruire entierement l'Herefte , go
à rétablir le culte de Dieu , dans
toutes fa pureté; & enfin de tant
d'autres qualite auguftes , que le
Ciel a voulu voir en luy , pour le
rendre le plus grand de tous les
Hommes ; fi vous trouvez la matiere
inépuisable, voftre adreſſe à exe
cuter heureufement les plus hauts
deffeins , vous fera choisir des expreffions
fi vives , qu'elles nous feront
entrer tout d'un coup dans tout
ce que vous voudrez nous faire entendre.
Par l'ouverture qu'elles donneront
à noftre esprit , nos reflexions
2
716 MERCURE
nous meneront jufqu'où vous entreprendrez
de les faire aller , & c'eft
ainsi que vous remplire parfaitement
toute la grandeur de votre
Sujet.
Quel bon- heur pour moy , Meffieurs
, de pouvoir m'inftruire fous
de fi grands Maifires ! Mes foins
affidus à me trouver dans vos Af-
Semblées pour y profiter de vos Leçons
, vous feront connoiftre , que fi
l'honneur que vous m'avez fait ,
paffe de beaucoup mon peu de merite
, du moins vous ne pouviez le
repandre fur une perfonae qui le
reçeuft avec des fentimens plus refpectueux
& plus remplis de reconnoiffance.
Fermer
Résumé : REMERCIMENT A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE.
Le premier texte est un remerciement adressé aux membres de l'Académie française pour l'honneur de l'admission. L'auteur exprime sa gratitude et souligne l'importance de cette distinction, qui le place parmi les plus illustres représentants des belles-lettres. Il admire les grands hommes qui, malgré leurs dignités et honneurs, ont cherché à compléter leur mérite en rejoignant l'Académie. L'auteur reconnaît la valeur des connaissances et des talents partagés au sein de cette institution, où la philosophie, la théologie, l'éloquence, la poésie, et l'histoire sont maîtrisées avec subtilité et agrément. Il loue également le travail constant des académiciens pour développer et clarifier la langue française, aidant ainsi à exprimer les pensées humaines. L'auteur mentionne qu'il a été inspiré par son frère, un membre éminent de l'Académie, et exprime sa peine face à sa perte. Il conclut en soulignant l'attachement de son frère aux intérêts de l'Académie et en rendant hommage au Cardinal de Richelieu, fondateur de l'institution. Le second texte est un panégyrique célébrant les vertus et les exploits d'un monarque. L'auteur commence par souligner que quelques mots simples peuvent suffire à glorifier le roi, plus que de longs discours. Il met en avant la grandeur d'âme du monarque, qui renonce à des avantages pour maintenir la paix et la justice. Le roi est décrit comme un conquérant invincible, toujours victorieux, mais qui préfère la modération et la paix. Il offre la paix à ses ennemis, même lorsqu'ils déclarent la guerre, et ses victoires sont obtenues avec une grande humanité, épargnant le sang de ses soldats. L'auteur évoque ensuite la prise de Luxembourg, une place imprenable, qui se rend en un mois grâce à la sagesse du monarque. Cette victoire conduit à une trêve acceptée par l'Europe, rétablissant la paix. Le texte insiste sur la nécessité de grands traits pour décrire les grandes actions du roi, et encourage les orateurs à utiliser leur talent pour faire sentir plus que ce qu'ils disent. Enfin, l'auteur exprime son bonheur de pouvoir s'instruire auprès de grands maîtres et son respect pour l'honneur qui lui est fait de participer à leurs assemblées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
44
p. 116-141
« Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Début :
Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...]
Mots clefs :
Académie française, Jean Racine, Jean-Louis Bergeret, Gloire, Roi, Parler, Corneille, Esprit, Discours, Vertus, Histoire, Rois, Protecteur, Nom, Paix, Ennemis, Lettres, Place, Royaume, Compagnie, Justice, Monde, Attention, Avantage, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Monfieur de Corneille ayant
ceffé de parler , Monfieur de Bergeret
prit la parole , & fit un difcours
trés - éloquent. Il dit , qu'il
GALANT. 117
avoit déia éprouvé plus d'une fois ,
que dés qu'on vouloit penser avec
attention à l'Academie Françoife,
l'imagination fe trouvoit auffitoft
remplie & étonnée de tout ce qu'il
ya de plus beau dans l'Empire des
Lettres , qu'eft un Empire qui n'est
borné ny par les Montagnes , ny
pariles Mers , qui comprend toutes
les Nations & tous les Sicles ; dans
lequel les plus grands Princes ont
tenu à bonneurs d'avoir quelque
place , & où Meffieurs de l'Acade ·
mie Françoife ont l'avantage de
tenir le premier rang. Que s'il entreprenoit
de parler de toutes les
fortes de merites , qui font la gloire
de ceux qui la compofent , il fentoit
bien que l'habitude de parler en public
, & d'en avoir fait le Miniftere
plufieurs années , en parlant
pour le Roy dans un des Parlemens
defon Royaume, ne l'empefcheroit
118 MERCURE
pas de tomber dans le defordre.
Enfuite il loüa Monfieur de Cordemoy
dont il occupe la Place
for ce qu'il avoit joint toutes les
vertus Morales & Chrétiennes
aux plus riches talens de l'efprit,
fur les grandes lumiéres qu'il
avoit dans la Jurifprudence, dans
la Philofophie , & dans l'Hiftoire ,
& fur tout for une certaine prefence
d'efprit qui luy eftoir particuliére
, & qui le rendoit capable
de parler fans préparation ,
avec autant d'ordre & de ne teté
qu'on peut en avoir en écrivant
avec le plus de loiſir . Il n'oublia
les beaux & fçavans Traitez
de Phyfique qu'il à donnez au
Public; & en parlant de fa grande
Hiftoire de nos Roys qu'on acheve
d'imprimer, il ajoûta, Que fifa
trop promte mort avoit laiffé ce
dernier Ouvrage imparfait , quoy
qu'ily manquaft pour eftre entier ,
pas
GALANT. 119
ilne manqueroit rien à la réputa
tion de l'Autheur ; qu'on eftimeroit
toûjours ce qu'il a écrit , & qu'on regreteroit
toujours ce qu'il n'a pas eu le
temps d'écrire.Cet Eloge fut fuivy
de celuy de Monfieur le Cardinal
de Richelieu , inftituteur de l'Academie
Françoife . Il dit , Que
non feulement, il avoit fait les plus
grandes chofes pour la gloire de
lEtat , mais qu'il avoit fait les
plus grands Hommes pour celebrer
perpetuellement cette gloire ; que
tous les Academitiens luy apartenoient
par le Titre mefme de la
naiſſance de l'Academie, & qu'ils
étoient tous comme la Pofteritefçavante
& Spirituelle de ce grand
Miniftre ; Que l'illuftre Chancelier
qui luy avoit fuccedé dans la
protection de cette celebre Compagnie
, auroit toûjours part à la
mefme gloire; & que parmy toutes
"
110 MERCURE
les vertus qui l'avoient rendu digne
d'eftre Chefde la Justice , on releveroit
toûjours l'affection particulie
re qu'il avoit enë pour les Lettres,
& qui l'avoit obligé d'eftre fimple
Academicien long tems avant qu'il
devinft Protecteur de l'Academie ;
ce qui luy étoit d'autant plus glorieux
, que ces deux titres ne pou
voient plus estre reünis dans une
Perfonne privée , quelque éminente
qu'elle fuft en Dignité , le nom de
Protecteur del' Academie étant devenu
comme un titre Royal , par la
bonté que le Roy avoit euë de le
prendre , & de vouloir bien en faveur
des Lettres , que le Vainqueur
des Roys & l'Arbitre de l'Univers,
fuft auffi appellé le Protecteur de
l'Academie Françoife. Le reste de
fon Difcours roula fous les merveilleufes
qualitez de cet Augufte
Monarque. Il dit , Que tout ce
qu'il
GALANT. 121
cachoit
qu'il faifoit voir au monde n'eftoit
rien en comparaison de ce qu'il luy
; que tant de Victoire , de
Conqueftes , & d'Evenemens prodigieux
qui étonnoient toute la Terre,
n'avoient rien de comparable à
la fageffe incomprehenfible qui en
eftoit la caufe , & que lors qu'on
pouvoit voir quelque chofe des confeils
de cette Sageffe plus qu'humai
ne onfe trouvoit , pour ainsi dire,
dans une fi haute region d'esprit .
qu'on en perdoit la pensée , comme
quand on eft dans un air trop élevé ,
& troppur , on perd la refpiration.
Il ajoûta , Quefe tenant renfermé
dans les termes de l'admiration &
du filence , il ne cefferoit de fe taire
que pour nommer les Souveraines
Vertus qu'il admiroit ; une Prudence
qui penetroit tout , & qui étoit ellemefme
impenetrable ; une Justice
qui préferoit l'intereft du sujet à
Janvier 1685 .
A
F
122 MERCURE
celuy du Prince ; une Valeur qui prenoit
toutes les Villes qu'elle attaquoit
, comme un Torrent qui rompt
tous les obftacles qu'il rencontre ;
une Moderation qui avoit tant de
fois arrefté ce Torrent , &fufpendu
cet Orage ; une Bonté qui par l'entiere
abolition des Duels , prenoit
plus de foin de la vie des Sujets,
qu'ils n'en prenoient eux - mefmes ;
un Zele pour la Religion, qui faifoit
chaque jour de fi grands & de fi
heureux projets ; & que ce qui étoit
encore plus admirable dans toutes
ces Vertus fi differentes , c'eftoit de
les voir agir toutes ensemble , &
dans la Paix & dans la Guerre ,fansdifference
ny diftinction de temps.
Aprés une peinture fort vive des
grandes chofes que le Roy a faites
pendant la Paix , qui avoit
toûjours efté pour luy non feulement
agiffante , mais encore
GALANT. 123
victorieuſe , puis que par un
bonheur incomparable , elle n'avoit
pas arreſté fes Conqueftes ,
& que les trois plus importantes
Places du Royaume , & pour fa
gloire , & pour fa fûreté , Dunkerque
, Strasbourg , & Cazal
trois Villes qui font les Clefs de
trois Etats voifins , & dont la
Prife auroit fignalé trois Campagnes
, avoient efté conquifes
fans armes & fans Combats , il
dit, Qu'on avoit vû l'Europe entiere
conjurée contre la France , que
tout le Royaume avoit efté environné
d'Armées Ennemies & que
cependant il n'eftoit jamais arrivé
qu'un feul de tant de Genéraux
Etrangers euft pris feulement un
Quartier d'Hyver fur nos Frontie
res; Que tous ces Chefs Ennemis
Se promettoient d'entrer dans nos
Provinces en Vainqueurs & en Con-
,
F 2
124
MERCURE
quérans , mais qu'aucun d'eux ne
les avoit veües , que ceux qu'on y
avoit amenez Prifonniers ; que tous
les autres estoient demeure autour
du Royaume , comme s'ils l'avoient
gardé ,fans troubler la tranquilité
dont iljouiffoit , & que c'eftoit un
prodige inouy , que tant de Nations
jaloufes de la gloire du Roy , & qui
s'étoient affemblées pour le combatre
, n'eulent pû faire autre choſe
que de l'admirer
& d'entendre
d'affez loin le bruit terrible defes
Foudres , qui renverfoient les Murs
de quarante Villes en moins,
trente jours , & qui cependant par
une espece de miracle , n'avoient
point empefché que la voix des Loix
n'euft efté toujours entenduë ; toûjours
la Justice également gardée,
l'obeiffance rendue , la Difcipline
obfervée, le Commerce maintenu , les
Arts floriffans , les Lettres cultivées,
>
de
GALANT
. 125
le Mérite recompenfe , tous les Reglemens
de la Police generalement
executez ; & non feulement de la
Police Civile , qui par les heureux
changemens qu'elle avoit faits ,fembloit
nous avoir donné un autre Air
& une autre Ville ; mais encore de
la Police Militaire , qui avoit civilife
les Soldats,& leur avoit inspire
un amour de la gloire & de la difcipline
, quifaifoit que les Armées du
Roy étoient en mefme temps la plus
belle & la plus terrible chofe du
monde. Il finit en difant, Que c'étoit
une grande gloire pour un Prince
Conquerant, que l'onput dire de
Luy, qu'il avoit toûjours eu un efprit
de paix dans toutes les Guerres qu'il
avoit faites , depuis la premiere
Campagne jufqu'à la derniere , depuis
la Prife de Marfal jufqu'à
celle de Luxembourg ; Que cette
derniere & admirable Conquefte ,
F
3
126 MERCURE
qui en affurant toutes les autres, venoit
heureufement de finir la Guerreferoit
dire encor plus que jamais,
que le Roy étoit un Héros toûjours
Vainqueur & toûjours Pacifique ,puis
que non feulement il avoit pris cette
Place ,une des plusfortes du Monde,
&qu'il l'avoit prife malgré tous les
obftacles de la Nature , malgré tous
les efforts de l'Art , malgré toute la
refiftance des Ennemis ; mais ce qui
étoit encore plus, malgré luy - même:
Eftant certain qu'il ne l'avoit attaquée
qu'à regret , &aprés avoir
preßé long-temps fes Ennemis cent
fois vaincus , de vouloir accepter
Paix qu'il leur offroit , & de ne le
pas contraindre à fe fervir du Droit
des Armes ; de forte que par un évenement
tout fingulier , cettefameufe
Villeferoit toûjours pour la gloire du
Roy un Monument éternel , non feulement
de la plus grande valeur .
la
GALANT. 127
mais auffi de la plus grande modes
ration dont on euft jamais parlé.
Toute l'Affemblée fut tresfatisfaite
de ce Difcours,& Monfieurde
Bergeret eut tout lieu de
l'eftre des louanges qu'il reçûr.
Monfieur Racines , qui eftoit
alors Directeur de l'Académie ,
répondit à ces deux nouveaux
Académiciens au nom de la
Compagnie. Je tâcherois inutilement
de vous exprimer combien
cette Reponſe fut éloquente
, & avec combien de grace il
la prononça . Elle fut interrom
pue par des applaudiffemens fréquemment
reiterez ; & comme
il en employe une partie à élever
le mérite de Monfieur de Corneille
, il fut aiſé de connoiſtre
qu'on voyoit avec plaifir dans la
bouche d'un des plus grands
Maiftres du Theatre ; les louan-
F 4
128
MERCURE
ges de celuy qui a porté la Scene
Françoife au degré de perfection
où elle eft. Il dit d'abord , Que
l'Academie avoit regardé fa mort
comme un des plus rudes coups qui
La puft fraper ; Que quoy que depuis
un an une longue maladie l'euft
privée de fa présence , & qu'elle
euft perdu en quelque façon l'espérance
de le revoir iamais dans fes
Affemblées , toutefois il vivoit , &
que dans la Lifte où font les noms
de tous ceux qui la compofent , cette
Compagnie dont il eftoit le Doyen ,
avoit au moins la confolation de
voir immédiatement audeffous du
nom facré de fon augufte Protecteur,
le fameux nom de Corneille . Il fit
enfaite une peinture admirable
du defordre & de l'irrégularité
où fe trouvoit la Scene Françoife
, lors qu'il commença à travailler.
Nul gouft , nulle connoiffan
GALANT. 129
遂
ce des veritables beautez du Theatre.
Les Autheurs auffi ignorans que
les Spectateurs. La plupart des Sujets
extravagans & dénue de vraifemblance.
Point de Moeurs , point
de Caracteres. La Diction encore
plus vicieufe que l'Action , & dont
les Pointes , & de miferables jeux
de mots, faifoient le principal ornement
. En un mot, toutes les Regles de
l'Art , celles mefme de l'honnefteté
& de la bienséance , violées . Il pourfuivit
en difant , Que dans ce Cahos
du Poëme Dramatique parmy
nous , Monfieur de Corneille , aprés
avoir quelque temps cherche le bon
chemin , & lutte contre le mauvais
goût de fon Siecle , enfin infpiré d'un
Genie extraordinaire , & aidé de la
lecture des Anciens , avoit fait voir
fur la Scene la Raifon , mais la Raifon
accompagnée de toute la pompe,
de tous les ornemens dont nôtre !
F
130
MERCURE
gue eft capable , accorde heureuſement
le Vrai-femblable & le Merveilleux,
& laiffe bien loin derriere
Luy tout ce qu'il avoit de Rivaux,
dont la plupart defefperant de l'atteindre,&
n'ofant plus entreprendre
de luy difputer le Prix , s'eftoient
bornez à combatre la Voix publique
déclarée pour luy , & avoient eſſayé
en vain par leur difcours & par
Leurs frivoles critiques , de rabaiffer
un merite qu'ils ne pouvoient égaler.
Il paffa de là aux acclamations
qu'avoient excité à leur naiffance
le Cid , Horace , Cinna , Pompée ,
& les autres Chef- d'oeuvres qui
les avoient fuivis , & dit , Qu'on
ne trouvoit point de Poëte qui eust
poffedé à la fois tant d'excellantes
parties , l'Art , laforce , le lugement
, & l'Efprit. Il parla de la
furprenantes varieté qu'il avoit
mellée dans les Caracteres , en
<
GALANT.
131
forte, que tant de Roys, de Princes,
& de Heros qu'il avoit repréfentez,
étoient toujours tels qu'ils devoient
estre , toûjours uniformes en euxmémes
, & jamais ne fe reffemblant
les uns aux autres ; Qu'il y avoit
parmy tout cela une magnificence
d'expreffion proportionnée aux Maitres
du Monde qu'ilfaifoit fouvent
parler , capable neanmoins de s'abaiffer
quand il vouloit , & de defcendre
jufqu'aux plus fimples naïvete
du Comique , où il eftoit encore
inimitable; Qu'enfin ce qui luy
étoit fur tout particulier , c'étoit une
certaineforce, une certaine élevatio,
qui en furprenant & en élevant ,
rendoit jufqu'à fes defauts , fi on luy
en pouvoit reprocher quelques uns,
plus eftimables que les vertus des
autres. Il ajoûta , Qu'on pouvoit le
regarder comme un Homme veritablement
népour lagloire de fon Païs ,
·
F 6
132 MERCURE
,
efme
comparable , non pas à tout ce que
Fancienne Rome avoit eu d'excellens
Tragiques , puis qu'elle confeffoit
elle-mefme qu'en ce genre elle
n'avoit pas efté fort heureuſe , mais
aux Efchiles , aux Sophocles , aux
Euripides , dont la fameuse Athenes
ne s'honoroit pas moins que des
Themiftocles , des Pericles , & des
Alcibiades , qui vivoient en me
temps qu'eux. Il s'étendit fur la juftice
la Pofterité rend aux
que
habiles Ecrivains , en les égalant
à tout ce qu'il y a de plus confiderable
parmy les Hommes , &
faifant marcher de pair l'excellent
Poëte & le grand Capitaine ; &
dit là deffus , Que le mefme Siecie
qui fe glorifioit aujourd'huy d'avoir
produit Auguste, ne fe glorifioit
guere moins d'avoir produit Horace
& Virgile ; qu'ainfi lors
ages fuivans on parleroit avec éton
que
dans les
GALANT.
133
nement des Victoires prodigieufes ,
& de toutes les chofes qui rendront
nostre fiecle l'admiration de tous les
fiecles à venir , l'illuftre Corneille
tiendroit fa place parmis toutes ces
merveilles ; que la France fe fouviendroit
avec plaifir quefous le
Regne du plus grand de fes Roys ,
auroit fleury le plus celebre de fes
Poëtes , qu'on croiroit mefme ajoûter
quelque chofe à la gloire de noftre
Augufte Monarque , lors qu'on diroit
qu'il avoit eftimé, qu'il avoit honoré
de fes bien faits cet excellent Genie;
que même deux jours avant la mort,
& lors qu'il ne luy reftoit plus qu'un
rayon de connoiffance , il luy avoit
´encore envoyé des marques de fa liberalité
; & qu'enfin les dernieres
paroles de Corneille avoient efté
des remercimens pour Louis LE
GRANDAprés
l'avoir loué fur d'autre
134
MERCURE
qualitez particulieres , fur fa probité
, fur fa piété , & fur l'efprit
de douceur & de déference qu'il
apportoit à l'Academie , ne fe
préferant jamais à aucun de fes
Confreres , & ne tenant aucun
avantage des aplaudiffemens qu'il
recevoit dans le Public Monfieur
Racines adreffa la parole à Monfieur
de Bergeret , & dit , Que fi
l'Academie Françoife avoit perdu
en Monfieur Cordemoy , un Homme
qui aprés avoir donné au Barreau
une partie de fa vie , s'eftoit depuis
appliqué tout entier à l'étude de
nôtre ancienne Hiftoire , elle luy avoit
choisi pour Succeffeur un Homme,qui
après avoir eftélong - temps l'organe
d'un Parlement celebre , avoit effé
appellé à un des plus importans Emplois
de l'Etat , & qui avec une
connoiffance exacte , & de l'Hiftoire
& de tous les bons Livres, luy apporGALAN
T.
135
toit encore la connoiffance parfaite
de la merveilleufe Hiftoire de fon
Protecteur , qui étoit quelque chofe
de bien plus utile , & de bien plus
confiderable pour elle ; queperfonne
mieux que luy ne pouvoit parler de
tant de grands évenemens , dont
les motifs & les principaux refforts
avoient efté fi fouvent confiez à fa
fidelité & à fa fageffe , puis que
perfonne ne fçavoit mieux à fond
tout ce qui s'eftoit paßé de memorable
dans les Cours Etrangeres , les
Traitez, les Alliances , & toutes les
importantes Négotiations , qui fous
le Regne de Sa Majesté avoient
donne le branle à toute l'Europe ;
que cependant , s'il falloit dire la
verité , la voye de la négotiation
étoit bien courte fous un Prince qui
ayant toujours de fon cofté la Puiffance
& la Justice , n'avoit befoin
pour faire executerfes volontez, que
136 MERCURE
de les declarer ; Qu'autrefois la
France trop facile à fe laiffer fur
prendre par les artifices de fes Voifins
, paffoit pour eftre auffi infortunée
dans fes Accommodemens, qu'elle
étoit heureufe redoutable dans la
Guerre ; Quefur tout l'Espagne ,fon
orgueilleufe Ennemie , fe vantoit de
n'avoir jamais figné, mefme au plus
fort de nos profperitez , que des Trai
tezavantageux, & de regagnerfou
vent par un trait de plume , ce qu'elle
avoit perdu en plufieurs Campagne
; que cette adroite Politique
dont elle faifoit tant de vanité, luy
étoit prefentement inutile ; que toute
l'Europe avoit veu avec étonnement
, dés les premieres démarches
du Roy , cette fuperbe Nation contrainte
de venir jufque dans le Louvre
reconnoître publiquement fon
inferiorité , & nous abandonner de
puis par des Traitez folemnels , tant
GALANT . 137
l'emde
Places fi famenfes , tant de grandes
Provinces, celles mefme dont les
Roys empruntoient leurs plus glorieux
Titres ; que ce changement ne
s'étoit fait , ny par une longue fuite
de Négociations traînées , ny par la
dexterité de nos Ministres dans les
Pais Etrangers, puis qu'eux - mefmes
confeffoient que le Royfait tout, voit
tout dans les Cours où il les envoye,
& qu'ils n'ont tout au plus que
barras d'y faire entendre avec dignité
ce qu'il leur a dicté avec fageffe
. Il s'étendit encore quelque
temps fur les louanges de ce
grand Monarque, avec une force
d'expreffion tres - digne de fa matiere.
Il dit , Qu'ayant refolu dans
fon Cabinet,pour le bien de la Chré
tienté , qu'il n'y euft plus de guerre,
il avoit tracé fix lignes , & les avoit
envoyées à fon Ambassadeur à la
Haye , la veille qu'il devoit partir
138
MERCURE
pour se mettre à la teste d'une de
fes Armées ; que là- deffus tout s'étoit
agité , tout s'étoit remué , &
qu'enfin, fuivant ce qu'il avoit prévú,
fes Ennemis aprés bien des Conferences
, bien des Projets , bien des.
Plaintes inutiles , avoient efté contraints
d'accepter ces mefmes Conditions
qu'il leur avoit offertes, fans
avoir pu avec tous leurs efforts , s'écarter
d'un feul pas du cercle étroit
qu'il luy avoit plû de leur tracer.
Il s'adreffa alors à Meffieurs de
l'Academie , & ce qu'il leur dit fut
fi vif & fi bien peint , que j'affoiblirois
la beauté de cette fin d'un
Difcours fi éloquent , ſi j'en retranchois
une parole . Voicy les
termes qu'il y employa .
Quel avantage pour tous tant
que nous fommes, Meffieurs , qui cha
eun felon nos differens talens avons
entrepris de celebrer tant de granGALANT.
139
des chofes ! Vous n'aurez point pour
les mettre en jour , à difcuter avec
des fatigues incroyables une foule
d'intrigues , difficiles à developer.
Vous n'aurez pas mefme à fouiller
dans le Cabinet de fes Ennemis .
Leur mauvaife volonté , leur impuiffance
, leur douleur eft publique
à toute la Terre. Vous n'aurez point
à craindre enfin tous ces longs détails
de chicanes ennuyeuſes , qui
fechent l'efprit de l'Ecrivain , &
qui jettent tant de langueur dans
la plupart des Hiftoires modernes,
où le Lecteur qui cherchoit desfaits,
ne trouvant que de paroles , fent
mourir à chaque pas fon attention,
&perd de vue lefil des évenemens,
Dans l'Histoire du Roy, tout rit,tout
marche , tout eft en action. Il ne
faut que le fuivre fi l'on peut, & le
bien étudier luy feul. C'est un enchaînement
continuel de Faits mer-
3
140 MERCURË
veilleux que luy mefme commence,
que luy- mefme acheve , auffi clairs ,
auffi intelligibles quand ils font executez
, qu'impenetrables avant l'execution
. En un mot , lé miracle fut
de prés un autre miracle . L'attention
eft toûjours vive , l'admiration
toûjours tenduë , & l'on n'eft
pas moins frapé de la grandeur &
de la promptitude avec laquelle fe.
fait la Paix , que de la rapidité
avec laquelle fe font les Conquêtes .
Cette réponſe de Monfieur Racine
fut fuivie de tous les applau
diffemens qu'elle méritoit . Chacun
à l'envy s'empreffa a luy
marquer le plaifir que l'Affemblée
en avoit reçu , & on demeura
d'accord tout d'une voix , que
le Sort qui l'avoit fait Directeur,
n'avoit point efté aveugle dans
fon choix , & qu'on ne pouvoit
parler plus dignement au nom
GALANT.
141
de l'illuftre Compagnie , qui recevoit
dans fon Corps les deux
nouveaux Académiciens.
ceffé de parler , Monfieur de Bergeret
prit la parole , & fit un difcours
trés - éloquent. Il dit , qu'il
GALANT. 117
avoit déia éprouvé plus d'une fois ,
que dés qu'on vouloit penser avec
attention à l'Academie Françoife,
l'imagination fe trouvoit auffitoft
remplie & étonnée de tout ce qu'il
ya de plus beau dans l'Empire des
Lettres , qu'eft un Empire qui n'est
borné ny par les Montagnes , ny
pariles Mers , qui comprend toutes
les Nations & tous les Sicles ; dans
lequel les plus grands Princes ont
tenu à bonneurs d'avoir quelque
place , & où Meffieurs de l'Acade ·
mie Françoife ont l'avantage de
tenir le premier rang. Que s'il entreprenoit
de parler de toutes les
fortes de merites , qui font la gloire
de ceux qui la compofent , il fentoit
bien que l'habitude de parler en public
, & d'en avoir fait le Miniftere
plufieurs années , en parlant
pour le Roy dans un des Parlemens
defon Royaume, ne l'empefcheroit
118 MERCURE
pas de tomber dans le defordre.
Enfuite il loüa Monfieur de Cordemoy
dont il occupe la Place
for ce qu'il avoit joint toutes les
vertus Morales & Chrétiennes
aux plus riches talens de l'efprit,
fur les grandes lumiéres qu'il
avoit dans la Jurifprudence, dans
la Philofophie , & dans l'Hiftoire ,
& fur tout for une certaine prefence
d'efprit qui luy eftoir particuliére
, & qui le rendoit capable
de parler fans préparation ,
avec autant d'ordre & de ne teté
qu'on peut en avoir en écrivant
avec le plus de loiſir . Il n'oublia
les beaux & fçavans Traitez
de Phyfique qu'il à donnez au
Public; & en parlant de fa grande
Hiftoire de nos Roys qu'on acheve
d'imprimer, il ajoûta, Que fifa
trop promte mort avoit laiffé ce
dernier Ouvrage imparfait , quoy
qu'ily manquaft pour eftre entier ,
pas
GALANT. 119
ilne manqueroit rien à la réputa
tion de l'Autheur ; qu'on eftimeroit
toûjours ce qu'il a écrit , & qu'on regreteroit
toujours ce qu'il n'a pas eu le
temps d'écrire.Cet Eloge fut fuivy
de celuy de Monfieur le Cardinal
de Richelieu , inftituteur de l'Academie
Françoife . Il dit , Que
non feulement, il avoit fait les plus
grandes chofes pour la gloire de
lEtat , mais qu'il avoit fait les
plus grands Hommes pour celebrer
perpetuellement cette gloire ; que
tous les Academitiens luy apartenoient
par le Titre mefme de la
naiſſance de l'Academie, & qu'ils
étoient tous comme la Pofteritefçavante
& Spirituelle de ce grand
Miniftre ; Que l'illuftre Chancelier
qui luy avoit fuccedé dans la
protection de cette celebre Compagnie
, auroit toûjours part à la
mefme gloire; & que parmy toutes
"
110 MERCURE
les vertus qui l'avoient rendu digne
d'eftre Chefde la Justice , on releveroit
toûjours l'affection particulie
re qu'il avoit enë pour les Lettres,
& qui l'avoit obligé d'eftre fimple
Academicien long tems avant qu'il
devinft Protecteur de l'Academie ;
ce qui luy étoit d'autant plus glorieux
, que ces deux titres ne pou
voient plus estre reünis dans une
Perfonne privée , quelque éminente
qu'elle fuft en Dignité , le nom de
Protecteur del' Academie étant devenu
comme un titre Royal , par la
bonté que le Roy avoit euë de le
prendre , & de vouloir bien en faveur
des Lettres , que le Vainqueur
des Roys & l'Arbitre de l'Univers,
fuft auffi appellé le Protecteur de
l'Academie Françoife. Le reste de
fon Difcours roula fous les merveilleufes
qualitez de cet Augufte
Monarque. Il dit , Que tout ce
qu'il
GALANT. 121
cachoit
qu'il faifoit voir au monde n'eftoit
rien en comparaison de ce qu'il luy
; que tant de Victoire , de
Conqueftes , & d'Evenemens prodigieux
qui étonnoient toute la Terre,
n'avoient rien de comparable à
la fageffe incomprehenfible qui en
eftoit la caufe , & que lors qu'on
pouvoit voir quelque chofe des confeils
de cette Sageffe plus qu'humai
ne onfe trouvoit , pour ainsi dire,
dans une fi haute region d'esprit .
qu'on en perdoit la pensée , comme
quand on eft dans un air trop élevé ,
& troppur , on perd la refpiration.
Il ajoûta , Quefe tenant renfermé
dans les termes de l'admiration &
du filence , il ne cefferoit de fe taire
que pour nommer les Souveraines
Vertus qu'il admiroit ; une Prudence
qui penetroit tout , & qui étoit ellemefme
impenetrable ; une Justice
qui préferoit l'intereft du sujet à
Janvier 1685 .
A
F
122 MERCURE
celuy du Prince ; une Valeur qui prenoit
toutes les Villes qu'elle attaquoit
, comme un Torrent qui rompt
tous les obftacles qu'il rencontre ;
une Moderation qui avoit tant de
fois arrefté ce Torrent , &fufpendu
cet Orage ; une Bonté qui par l'entiere
abolition des Duels , prenoit
plus de foin de la vie des Sujets,
qu'ils n'en prenoient eux - mefmes ;
un Zele pour la Religion, qui faifoit
chaque jour de fi grands & de fi
heureux projets ; & que ce qui étoit
encore plus admirable dans toutes
ces Vertus fi differentes , c'eftoit de
les voir agir toutes ensemble , &
dans la Paix & dans la Guerre ,fansdifference
ny diftinction de temps.
Aprés une peinture fort vive des
grandes chofes que le Roy a faites
pendant la Paix , qui avoit
toûjours efté pour luy non feulement
agiffante , mais encore
GALANT. 123
victorieuſe , puis que par un
bonheur incomparable , elle n'avoit
pas arreſté fes Conqueftes ,
& que les trois plus importantes
Places du Royaume , & pour fa
gloire , & pour fa fûreté , Dunkerque
, Strasbourg , & Cazal
trois Villes qui font les Clefs de
trois Etats voifins , & dont la
Prife auroit fignalé trois Campagnes
, avoient efté conquifes
fans armes & fans Combats , il
dit, Qu'on avoit vû l'Europe entiere
conjurée contre la France , que
tout le Royaume avoit efté environné
d'Armées Ennemies & que
cependant il n'eftoit jamais arrivé
qu'un feul de tant de Genéraux
Etrangers euft pris feulement un
Quartier d'Hyver fur nos Frontie
res; Que tous ces Chefs Ennemis
Se promettoient d'entrer dans nos
Provinces en Vainqueurs & en Con-
,
F 2
124
MERCURE
quérans , mais qu'aucun d'eux ne
les avoit veües , que ceux qu'on y
avoit amenez Prifonniers ; que tous
les autres estoient demeure autour
du Royaume , comme s'ils l'avoient
gardé ,fans troubler la tranquilité
dont iljouiffoit , & que c'eftoit un
prodige inouy , que tant de Nations
jaloufes de la gloire du Roy , & qui
s'étoient affemblées pour le combatre
, n'eulent pû faire autre choſe
que de l'admirer
& d'entendre
d'affez loin le bruit terrible defes
Foudres , qui renverfoient les Murs
de quarante Villes en moins,
trente jours , & qui cependant par
une espece de miracle , n'avoient
point empefché que la voix des Loix
n'euft efté toujours entenduë ; toûjours
la Justice également gardée,
l'obeiffance rendue , la Difcipline
obfervée, le Commerce maintenu , les
Arts floriffans , les Lettres cultivées,
>
de
GALANT
. 125
le Mérite recompenfe , tous les Reglemens
de la Police generalement
executez ; & non feulement de la
Police Civile , qui par les heureux
changemens qu'elle avoit faits ,fembloit
nous avoir donné un autre Air
& une autre Ville ; mais encore de
la Police Militaire , qui avoit civilife
les Soldats,& leur avoit inspire
un amour de la gloire & de la difcipline
, quifaifoit que les Armées du
Roy étoient en mefme temps la plus
belle & la plus terrible chofe du
monde. Il finit en difant, Que c'étoit
une grande gloire pour un Prince
Conquerant, que l'onput dire de
Luy, qu'il avoit toûjours eu un efprit
de paix dans toutes les Guerres qu'il
avoit faites , depuis la premiere
Campagne jufqu'à la derniere , depuis
la Prife de Marfal jufqu'à
celle de Luxembourg ; Que cette
derniere & admirable Conquefte ,
F
3
126 MERCURE
qui en affurant toutes les autres, venoit
heureufement de finir la Guerreferoit
dire encor plus que jamais,
que le Roy étoit un Héros toûjours
Vainqueur & toûjours Pacifique ,puis
que non feulement il avoit pris cette
Place ,une des plusfortes du Monde,
&qu'il l'avoit prife malgré tous les
obftacles de la Nature , malgré tous
les efforts de l'Art , malgré toute la
refiftance des Ennemis ; mais ce qui
étoit encore plus, malgré luy - même:
Eftant certain qu'il ne l'avoit attaquée
qu'à regret , &aprés avoir
preßé long-temps fes Ennemis cent
fois vaincus , de vouloir accepter
Paix qu'il leur offroit , & de ne le
pas contraindre à fe fervir du Droit
des Armes ; de forte que par un évenement
tout fingulier , cettefameufe
Villeferoit toûjours pour la gloire du
Roy un Monument éternel , non feulement
de la plus grande valeur .
la
GALANT. 127
mais auffi de la plus grande modes
ration dont on euft jamais parlé.
Toute l'Affemblée fut tresfatisfaite
de ce Difcours,& Monfieurde
Bergeret eut tout lieu de
l'eftre des louanges qu'il reçûr.
Monfieur Racines , qui eftoit
alors Directeur de l'Académie ,
répondit à ces deux nouveaux
Académiciens au nom de la
Compagnie. Je tâcherois inutilement
de vous exprimer combien
cette Reponſe fut éloquente
, & avec combien de grace il
la prononça . Elle fut interrom
pue par des applaudiffemens fréquemment
reiterez ; & comme
il en employe une partie à élever
le mérite de Monfieur de Corneille
, il fut aiſé de connoiſtre
qu'on voyoit avec plaifir dans la
bouche d'un des plus grands
Maiftres du Theatre ; les louan-
F 4
128
MERCURE
ges de celuy qui a porté la Scene
Françoife au degré de perfection
où elle eft. Il dit d'abord , Que
l'Academie avoit regardé fa mort
comme un des plus rudes coups qui
La puft fraper ; Que quoy que depuis
un an une longue maladie l'euft
privée de fa présence , & qu'elle
euft perdu en quelque façon l'espérance
de le revoir iamais dans fes
Affemblées , toutefois il vivoit , &
que dans la Lifte où font les noms
de tous ceux qui la compofent , cette
Compagnie dont il eftoit le Doyen ,
avoit au moins la confolation de
voir immédiatement audeffous du
nom facré de fon augufte Protecteur,
le fameux nom de Corneille . Il fit
enfaite une peinture admirable
du defordre & de l'irrégularité
où fe trouvoit la Scene Françoife
, lors qu'il commença à travailler.
Nul gouft , nulle connoiffan
GALANT. 129
遂
ce des veritables beautez du Theatre.
Les Autheurs auffi ignorans que
les Spectateurs. La plupart des Sujets
extravagans & dénue de vraifemblance.
Point de Moeurs , point
de Caracteres. La Diction encore
plus vicieufe que l'Action , & dont
les Pointes , & de miferables jeux
de mots, faifoient le principal ornement
. En un mot, toutes les Regles de
l'Art , celles mefme de l'honnefteté
& de la bienséance , violées . Il pourfuivit
en difant , Que dans ce Cahos
du Poëme Dramatique parmy
nous , Monfieur de Corneille , aprés
avoir quelque temps cherche le bon
chemin , & lutte contre le mauvais
goût de fon Siecle , enfin infpiré d'un
Genie extraordinaire , & aidé de la
lecture des Anciens , avoit fait voir
fur la Scene la Raifon , mais la Raifon
accompagnée de toute la pompe,
de tous les ornemens dont nôtre !
F
130
MERCURE
gue eft capable , accorde heureuſement
le Vrai-femblable & le Merveilleux,
& laiffe bien loin derriere
Luy tout ce qu'il avoit de Rivaux,
dont la plupart defefperant de l'atteindre,&
n'ofant plus entreprendre
de luy difputer le Prix , s'eftoient
bornez à combatre la Voix publique
déclarée pour luy , & avoient eſſayé
en vain par leur difcours & par
Leurs frivoles critiques , de rabaiffer
un merite qu'ils ne pouvoient égaler.
Il paffa de là aux acclamations
qu'avoient excité à leur naiffance
le Cid , Horace , Cinna , Pompée ,
& les autres Chef- d'oeuvres qui
les avoient fuivis , & dit , Qu'on
ne trouvoit point de Poëte qui eust
poffedé à la fois tant d'excellantes
parties , l'Art , laforce , le lugement
, & l'Efprit. Il parla de la
furprenantes varieté qu'il avoit
mellée dans les Caracteres , en
<
GALANT.
131
forte, que tant de Roys, de Princes,
& de Heros qu'il avoit repréfentez,
étoient toujours tels qu'ils devoient
estre , toûjours uniformes en euxmémes
, & jamais ne fe reffemblant
les uns aux autres ; Qu'il y avoit
parmy tout cela une magnificence
d'expreffion proportionnée aux Maitres
du Monde qu'ilfaifoit fouvent
parler , capable neanmoins de s'abaiffer
quand il vouloit , & de defcendre
jufqu'aux plus fimples naïvete
du Comique , où il eftoit encore
inimitable; Qu'enfin ce qui luy
étoit fur tout particulier , c'étoit une
certaineforce, une certaine élevatio,
qui en furprenant & en élevant ,
rendoit jufqu'à fes defauts , fi on luy
en pouvoit reprocher quelques uns,
plus eftimables que les vertus des
autres. Il ajoûta , Qu'on pouvoit le
regarder comme un Homme veritablement
népour lagloire de fon Païs ,
·
F 6
132 MERCURE
,
efme
comparable , non pas à tout ce que
Fancienne Rome avoit eu d'excellens
Tragiques , puis qu'elle confeffoit
elle-mefme qu'en ce genre elle
n'avoit pas efté fort heureuſe , mais
aux Efchiles , aux Sophocles , aux
Euripides , dont la fameuse Athenes
ne s'honoroit pas moins que des
Themiftocles , des Pericles , & des
Alcibiades , qui vivoient en me
temps qu'eux. Il s'étendit fur la juftice
la Pofterité rend aux
que
habiles Ecrivains , en les égalant
à tout ce qu'il y a de plus confiderable
parmy les Hommes , &
faifant marcher de pair l'excellent
Poëte & le grand Capitaine ; &
dit là deffus , Que le mefme Siecie
qui fe glorifioit aujourd'huy d'avoir
produit Auguste, ne fe glorifioit
guere moins d'avoir produit Horace
& Virgile ; qu'ainfi lors
ages fuivans on parleroit avec éton
que
dans les
GALANT.
133
nement des Victoires prodigieufes ,
& de toutes les chofes qui rendront
nostre fiecle l'admiration de tous les
fiecles à venir , l'illuftre Corneille
tiendroit fa place parmis toutes ces
merveilles ; que la France fe fouviendroit
avec plaifir quefous le
Regne du plus grand de fes Roys ,
auroit fleury le plus celebre de fes
Poëtes , qu'on croiroit mefme ajoûter
quelque chofe à la gloire de noftre
Augufte Monarque , lors qu'on diroit
qu'il avoit eftimé, qu'il avoit honoré
de fes bien faits cet excellent Genie;
que même deux jours avant la mort,
& lors qu'il ne luy reftoit plus qu'un
rayon de connoiffance , il luy avoit
´encore envoyé des marques de fa liberalité
; & qu'enfin les dernieres
paroles de Corneille avoient efté
des remercimens pour Louis LE
GRANDAprés
l'avoir loué fur d'autre
134
MERCURE
qualitez particulieres , fur fa probité
, fur fa piété , & fur l'efprit
de douceur & de déference qu'il
apportoit à l'Academie , ne fe
préferant jamais à aucun de fes
Confreres , & ne tenant aucun
avantage des aplaudiffemens qu'il
recevoit dans le Public Monfieur
Racines adreffa la parole à Monfieur
de Bergeret , & dit , Que fi
l'Academie Françoife avoit perdu
en Monfieur Cordemoy , un Homme
qui aprés avoir donné au Barreau
une partie de fa vie , s'eftoit depuis
appliqué tout entier à l'étude de
nôtre ancienne Hiftoire , elle luy avoit
choisi pour Succeffeur un Homme,qui
après avoir eftélong - temps l'organe
d'un Parlement celebre , avoit effé
appellé à un des plus importans Emplois
de l'Etat , & qui avec une
connoiffance exacte , & de l'Hiftoire
& de tous les bons Livres, luy apporGALAN
T.
135
toit encore la connoiffance parfaite
de la merveilleufe Hiftoire de fon
Protecteur , qui étoit quelque chofe
de bien plus utile , & de bien plus
confiderable pour elle ; queperfonne
mieux que luy ne pouvoit parler de
tant de grands évenemens , dont
les motifs & les principaux refforts
avoient efté fi fouvent confiez à fa
fidelité & à fa fageffe , puis que
perfonne ne fçavoit mieux à fond
tout ce qui s'eftoit paßé de memorable
dans les Cours Etrangeres , les
Traitez, les Alliances , & toutes les
importantes Négotiations , qui fous
le Regne de Sa Majesté avoient
donne le branle à toute l'Europe ;
que cependant , s'il falloit dire la
verité , la voye de la négotiation
étoit bien courte fous un Prince qui
ayant toujours de fon cofté la Puiffance
& la Justice , n'avoit befoin
pour faire executerfes volontez, que
136 MERCURE
de les declarer ; Qu'autrefois la
France trop facile à fe laiffer fur
prendre par les artifices de fes Voifins
, paffoit pour eftre auffi infortunée
dans fes Accommodemens, qu'elle
étoit heureufe redoutable dans la
Guerre ; Quefur tout l'Espagne ,fon
orgueilleufe Ennemie , fe vantoit de
n'avoir jamais figné, mefme au plus
fort de nos profperitez , que des Trai
tezavantageux, & de regagnerfou
vent par un trait de plume , ce qu'elle
avoit perdu en plufieurs Campagne
; que cette adroite Politique
dont elle faifoit tant de vanité, luy
étoit prefentement inutile ; que toute
l'Europe avoit veu avec étonnement
, dés les premieres démarches
du Roy , cette fuperbe Nation contrainte
de venir jufque dans le Louvre
reconnoître publiquement fon
inferiorité , & nous abandonner de
puis par des Traitez folemnels , tant
GALANT . 137
l'emde
Places fi famenfes , tant de grandes
Provinces, celles mefme dont les
Roys empruntoient leurs plus glorieux
Titres ; que ce changement ne
s'étoit fait , ny par une longue fuite
de Négociations traînées , ny par la
dexterité de nos Ministres dans les
Pais Etrangers, puis qu'eux - mefmes
confeffoient que le Royfait tout, voit
tout dans les Cours où il les envoye,
& qu'ils n'ont tout au plus que
barras d'y faire entendre avec dignité
ce qu'il leur a dicté avec fageffe
. Il s'étendit encore quelque
temps fur les louanges de ce
grand Monarque, avec une force
d'expreffion tres - digne de fa matiere.
Il dit , Qu'ayant refolu dans
fon Cabinet,pour le bien de la Chré
tienté , qu'il n'y euft plus de guerre,
il avoit tracé fix lignes , & les avoit
envoyées à fon Ambassadeur à la
Haye , la veille qu'il devoit partir
138
MERCURE
pour se mettre à la teste d'une de
fes Armées ; que là- deffus tout s'étoit
agité , tout s'étoit remué , &
qu'enfin, fuivant ce qu'il avoit prévú,
fes Ennemis aprés bien des Conferences
, bien des Projets , bien des.
Plaintes inutiles , avoient efté contraints
d'accepter ces mefmes Conditions
qu'il leur avoit offertes, fans
avoir pu avec tous leurs efforts , s'écarter
d'un feul pas du cercle étroit
qu'il luy avoit plû de leur tracer.
Il s'adreffa alors à Meffieurs de
l'Academie , & ce qu'il leur dit fut
fi vif & fi bien peint , que j'affoiblirois
la beauté de cette fin d'un
Difcours fi éloquent , ſi j'en retranchois
une parole . Voicy les
termes qu'il y employa .
Quel avantage pour tous tant
que nous fommes, Meffieurs , qui cha
eun felon nos differens talens avons
entrepris de celebrer tant de granGALANT.
139
des chofes ! Vous n'aurez point pour
les mettre en jour , à difcuter avec
des fatigues incroyables une foule
d'intrigues , difficiles à developer.
Vous n'aurez pas mefme à fouiller
dans le Cabinet de fes Ennemis .
Leur mauvaife volonté , leur impuiffance
, leur douleur eft publique
à toute la Terre. Vous n'aurez point
à craindre enfin tous ces longs détails
de chicanes ennuyeuſes , qui
fechent l'efprit de l'Ecrivain , &
qui jettent tant de langueur dans
la plupart des Hiftoires modernes,
où le Lecteur qui cherchoit desfaits,
ne trouvant que de paroles , fent
mourir à chaque pas fon attention,
&perd de vue lefil des évenemens,
Dans l'Histoire du Roy, tout rit,tout
marche , tout eft en action. Il ne
faut que le fuivre fi l'on peut, & le
bien étudier luy feul. C'est un enchaînement
continuel de Faits mer-
3
140 MERCURË
veilleux que luy mefme commence,
que luy- mefme acheve , auffi clairs ,
auffi intelligibles quand ils font executez
, qu'impenetrables avant l'execution
. En un mot , lé miracle fut
de prés un autre miracle . L'attention
eft toûjours vive , l'admiration
toûjours tenduë , & l'on n'eft
pas moins frapé de la grandeur &
de la promptitude avec laquelle fe.
fait la Paix , que de la rapidité
avec laquelle fe font les Conquêtes .
Cette réponſe de Monfieur Racine
fut fuivie de tous les applau
diffemens qu'elle méritoit . Chacun
à l'envy s'empreffa a luy
marquer le plaifir que l'Affemblée
en avoit reçu , & on demeura
d'accord tout d'une voix , que
le Sort qui l'avoit fait Directeur,
n'avoit point efté aveugle dans
fon choix , & qu'on ne pouvoit
parler plus dignement au nom
GALANT.
141
de l'illuftre Compagnie , qui recevoit
dans fon Corps les deux
nouveaux Académiciens.
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Résumé : « Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Monsieur de Bergeret prononce un discours à l'Académie Française, soulignant la grandeur de cette institution qui attire les plus grands princes. Il rend hommage à Monsieur de Cordemoy, louant ses vertus morales et chrétiennes, ainsi que ses talents intellectuels. Cordemoy avait entrepris une grande histoire des rois de France, restée inachevée à cause de sa mort prématurée. Le discours est suivi d'un éloge du Cardinal de Richelieu, fondateur de l'Académie, célébré pour ses contributions à la gloire de l'État et son rôle de protecteur des lettres. Le roi est ensuite loué pour ses qualités exceptionnelles telles que la prudence, la justice, la valeur, la modération, la bonté et son zèle pour la religion. Ses actions pendant la paix et la guerre, notamment la conquête de places stratégiques sans combat et la gestion efficace du royaume malgré les menaces extérieures, illustrent ces vertus. Monsieur Racine, directeur de l'Académie, répond aux nouveaux académiciens en soulignant l'importance de Pierre Corneille pour le théâtre français. Racine décrit l'état chaotique du théâtre avant l'œuvre de Corneille, qui a introduit la raison et la vraisemblance sur scène, surpassant tous ses contemporains. Il compare Corneille aux grands tragiques de l'Antiquité et souligne son impact durable sur la littérature française. Le texte mentionne également la gloire de la France, qui se glorifie d'avoir produit des figures illustres comme Auguste, Horace et Virgile, et prédit que le siècle sera admiré pour ses victoires prodigieuses. Corneille est décrit comme une merveille parmi ces exploits. La France se souviendra avec plaisir que, sous le règne de Louis XIV, le plus célèbre de ses poètes a fleuri. Le roi a honoré Corneille de ses bienfaits, même deux jours avant sa mort, en lui envoyant des marques de libéralité. Les dernières paroles de Corneille ont été des remerciements à Louis XIV, qu'il a loué pour sa probité, sa piété et son esprit de douceur. Racine adresse ensuite la parole à Bergeret, soulignant que l'Académie française a perdu en Cordemoy un homme dédié à l'étude de l'histoire ancienne, mais a choisi un successeur compétent en Bergeret. Ce dernier, après avoir été l'organe d'un parlement célèbre et occupé un emploi important dans l'État, apporte à l'Académie une connaissance parfaite de l'histoire et des livres, ainsi que de l'histoire de son protecteur. Racine loue Bergeret pour sa connaissance des grands événements, des traités, des alliances et des négociations sous le règne de Sa Majesté. Racine mentionne également la supériorité de la France dans les négociations, contrastant avec les politiques passées où la France était souvent désavantagée. Il souligne que l'Espagne, autrefois orgueilleuse, a dû reconnaître publiquement son infériorité et abandonner des places et provinces importantes. Ce changement est attribué à la puissance et à la justice du roi, qui n'a besoin que de déclarer ses volontés pour les voir exécutées. Racine conclut en louant le roi pour sa résolution de mettre fin à la guerre et pour son habileté à tracer des lignes de paix que les ennemis ont dû accepter.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 141-143
SUR LA PAIX que le Roy a donnée à l'Europe.
Début :
Cet Article m'engage à vous faire part de deux Sonnets, qui / Lors qu'Auguste eut calmé les tempestes civiles, [...]
Mots clefs :
Paix, Europe, Roi, Ennemis, Tempêtes, Peuples, Indocile, Fertile
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texteReconnaissance textuelle : SUR LA PAIX que le Roy a donnée à l'Europe.
SUR LA PAIX
que le Roy a donnée
à l'Europe
.
L
Ors qu'Auguste eut calmé les
tempeftes civiles ,
Gagne fes Ennemis contre luy prévenus
,
Affervy des Climats jufqu'alors inconnus
>
-142 MERCURE
Et foûmis l'Univers à la Rejne dès
Villes ,
Sa douceur ramena les Peuples indociles
, .
Les fuftes dans leurs droits fe virent
maintenus ;
Et dés qu'il eut fermé le Temple de
Ianus ,
On vit fleurir les Arts , ont vit les
Champs fertiles.
Tel & plus grand que luy, d'un Bras
victorieux
LOVIS ayant porté la terreur en
tous lieux
Fuſt un jour devenu le Maistre de la
Terre,
Mais Vainqueur de lay mefme , il
borne fes hauts Faits ;
Apres avoirpassé pour le Dieu de la
Guerre ,
GALANT. 143
Il veut encor paffer pour le Dieu de
la Paix.
que le Roy a donnée
à l'Europe
.
L
Ors qu'Auguste eut calmé les
tempeftes civiles ,
Gagne fes Ennemis contre luy prévenus
,
Affervy des Climats jufqu'alors inconnus
>
-142 MERCURE
Et foûmis l'Univers à la Rejne dès
Villes ,
Sa douceur ramena les Peuples indociles
, .
Les fuftes dans leurs droits fe virent
maintenus ;
Et dés qu'il eut fermé le Temple de
Ianus ,
On vit fleurir les Arts , ont vit les
Champs fertiles.
Tel & plus grand que luy, d'un Bras
victorieux
LOVIS ayant porté la terreur en
tous lieux
Fuſt un jour devenu le Maistre de la
Terre,
Mais Vainqueur de lay mefme , il
borne fes hauts Faits ;
Apres avoirpassé pour le Dieu de la
Guerre ,
GALANT. 143
Il veut encor paffer pour le Dieu de
la Paix.
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Résumé : SUR LA PAIX que le Roy a donnée à l'Europe.
Le texte célèbre la paix accordée par le roi à l'Europe, comparant ses actions à celles d'Auguste, qui apaisa les troubles civils et soumit l'univers à son règne. Louis, maître du monde par ses victoires, choisit de limiter ses conquêtes et de se présenter comme le dieu de la Paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 150-151
AIR NOUVEAU. POUR CRIER LE ROY BOIT.
Début :
Ce mot Roys me fait souvenir d'un Air nouveau, qu'un / Si la Féve par un heureux destin [...]
Mots clefs :
Fête, Fève, Roi, Festin, Boire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU. POUR CRIER LE ROY BOIT.
Ce mot de Roys me fait fouvenir
d'un Air nouveau , qu'un
habile Maître a fait pour la Fête
de Réjouiffance qu'on celebre le
6. de ce mois ,
GALANT.
151
AIR NOUVEAU.
PoUR CRIER LE ROY - BOIT.
la Féve par un heureux deftin
SlaMaintenant nous ordonne
De reverer ce grand Roy du Feftin,
Qui doit regner deffus ta Tonne,
Que chacunfaffe ce qu'il doit,
En criant le Roy boit.
d'un Air nouveau , qu'un
habile Maître a fait pour la Fête
de Réjouiffance qu'on celebre le
6. de ce mois ,
GALANT.
151
AIR NOUVEAU.
PoUR CRIER LE ROY - BOIT.
la Féve par un heureux deftin
SlaMaintenant nous ordonne
De reverer ce grand Roy du Feftin,
Qui doit regner deffus ta Tonne,
Que chacunfaffe ce qu'il doit,
En criant le Roy boit.
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47
p. 208-225
Suite de l'Article de Siam. [titre d'après la table]
Début :
Je n'ay point douté que vous ne fussiez contente du second Article [...]
Mots clefs :
Royaume de Siam, Roi, Ambassadeurs, Versailles, Officiers, Repas, Marquis, Audience, Prince, Galeries, Compliments, Conquêtes, Carrosses, Saint-Cloud, Jardins, Réception, Cérémonie, Peuple, Amitié, Discours, Admiration, Bénédictions du ciel, Sa Majesté, Bonté, Adoration, Opéra, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de l'Article de Siam. [titre d'après la table]
Je n'ay point douté que vous
ne fuffiez
contente
du fecond
Article
de Siam que je vous ay
envoyé
dans ma Lettre de Decembre
. Outre
qu'il contient
quantité
de chofes curieufes
, il
fait connoître
combien
la reputation
du Roy eft établie
dans
les Païs les plus éloignez
; & c'étoit
affez pour vous obliger
à le
lire avec plaifir. En voicy la fuite
. Ces deux Mandarins
Envoyez
de Siam , accompagnez
de fix
Domestiques
, étant arrivez
le 6.
d'Octobre
dernier
à Calais
, fur
un Yach du Roy d'Angleterre
, y
furent reçeus par le Major de la
Place , fuivy de fes Officiers
, en
l'abfence
de Monfieur
de Courtebonne
, Lieutenant
de Roy.
GALANT. 109
Toute la Garniſon étoit fous les
Armes , & la Ville les alla complimenter
, & leur porta les Prefens
accoûtumez. Ils en partirent
le lendemain , & prirent la route
de Paris, où ils fe rendirent le 13 .
La Langue Siamoife étant extrêmement
difficile , ils avoient pour
leur Interprete le Fils d'un Portugais
qui eft habitué à Siam , où
ce Fils eft né. Des Officiers qui
les attendoient à Calais , eurent
foin de leur Voiture & de leur
Table fur tout le chemin. Quoy
qu'ils foient fort fobres , comme
le font tous les Siamois , qui ne
mangent le plus fouvent que du
Ris , ce qu'ils appellent du Pilau,
leur Table a efté toûjours tresbien
fervie , & de Viandes fort
delicates,avec des Couverts pour
les Perfonnes de confideration
qui les venoient voir. Ils les fer210
MERCURE
voient , & je leur ay vû couper
des aîles de Perdrix fort proprement.
Ils fumoient quelquefois
aprés le repas . Leur Tabac eft
fort doux ; & lors qu'il leur a
manqué , ils n'ont pu s'accoûtumer
à celuy de ce Païs - cy , qui
les enteftoit . Aprés leur arrivée
ils ont efté long temps fans fortir;
& quoy que la Saifon ne fuft pas
rude , l'exceffive chaleur de leur
Païs leur faifoit fupporter nos
premiers froids avec peine . Monfieur
le Marquis de Seignelay
étant venu icy de Fontainebleau ,
un peu aprés qu'ils y furent arriils
en eurent audience . Je
vous ay marqué exactement dans
quelqu'une de mes Lettres , ce
qui s'y étoit paffé . Le 28.d'Octo
bre, ils allerent falüer Monfieur ;
mais ils n'eurent pas de ce Prince
une audience dans les formes ,
vez ,
GALANT. 211
parce qu'ils ne font envoyez
qu'aux Miniftres de France , pour
s'informer , comme je vous l'ay
déja marqué , des Ambaffadeurs
que le Roy de Siam avoit envoyez
à Sa Majesté , & que l'on
croit qui ont péry dans ce long
Voyage. Monfieur fe promenoit
dans la Galerie du Palais Royal;
& lors qu'on leur eut montré ce
Prince , ils firent couler le long
du Plancher un grand morceau
d'Etofe , qui fait partie de leur
habillement , & qui leur fert en
de pareilles occafions . Ils s'éten
dirent deffus , d'une maniere treshumiliée
, & firent compliment
à Monfieur fur le gain de la Bataille
de Caffel , & fur la Prife de
plufieurs Places conquifes par
luy , dont le bruit s'eftoit répandu
jufques à Siam. Monfieur leur
dit qu'ils fe relevaffent , ce qu'ils
212
MERCURE
ne firent pas d'abord , de forte
que ce Prince fut obligé de le dire
juſques à quatre fois , & mefme
de le commander . Ils pafférent
enfuite fur la Galerie découverte,
qui a veüe fur le lardin &
fur la Court , & virent Son Alteffe
Royale monter en Carroffe
au bruit des Trompettes, pour aller
à S. Clou . Elle eftoit fuivie d'un
grand nombre de Gardes à cheval
, & de plufieurs Carroffes à
fix Chevaux ; & avoit ordonné
que l'on en donnaft auffi à ces
deux Mandarins , ainſi qu'aux
Perfonnes de leur fuite. On les
conduifit à S. Cloud , où ils furent
régalez par les ordres de
Monfieur. Ils virent la fuperbe
Galerie , & les deux magnifiques
Sallons de cette délicieufe Maifon,
auffi bien que tous les Apartemens;
& ils furent charmez de
GALANT. 213
ོ་
la beauté des lardins , dont on fit
jouer toutes les Eaux. Ils fe retirérent
charmez , moins encore
de tout ce qu'ils avoient veu , que
de la Perfonne de ce Prince ,
qu'ils admirérent , & dont ils ont
fouvent parlé depuis ce tempslà.
Ils ont auffi efté voir le Iardin
& les Apartemens des Thuileries
, & furent furpris de l'éclat
& de la richeffe de la grande Salle
des Machines . Quelque temps
apres ils allérent à Chantilly.
Monfieur Vachet les entretint en
chemin des belles qualitez de
Monfieur le Prince , & de fa grande
valeur ; & ce fut pourquoy
auffi toft que ces Mandarins le
virent , le plus vieux dit , Que le
brillant qui fortoit des yeux
de ce
Prince , le perfuadoit mieux de fon
efprit & de fa valeur , que tout ce
qu'on luy en avoit dit.Vous remar214
MERCURE
querez que ce Mandarin eft non
feulement Chiromancien , mais
encore fort bon Phifionomifte ;
& que c'eft la Science à laquelle
s'appliquent les plus grands Seigneurs
Siamois. L'obligeante reception
que Monfieur le Prince
fit à ces deux Envoyez , leur fut fi
agreable , qu'ils prièrent plufieurs
fois Monfieur Vachet , de luy
faire entendre qu'ils n'eftoient
que fimples Envoyez , & non
pas Ambaffadeurs , craignant
que Son Alteffe Seréniffime ne
cruft qu'ils eftoient , revestus
de ce caractere . Ils répondirent
à ce Prince , lors qu'il leur fit demander
ce qu'il leur ſembloit de
fa Maifon , qu'on avoit pris foin
de leur montrer fort exactement
,
Qu'ils n'avoient pas de paroles
pouren pouvoir exprimer la beauté;
mais qu'ils ne s'étonnoient plus de
GALANT.
215
=
ce que Son Alteffe preferoit lefejour
de Chantilly à celuy de Paris. Ils
ont efté trois ou quatre fois à la
Comédie , & ils ont fur tout esté
furpris de la grande quantité de
monde qu'ils y ont vu. Ils avoient
crû d'abord , qu'on faifoit ces
grandes , Affemblées exprés pour
eux , & pour leur faire voir la
prodigieufe quantité de Peuple
qui remplit Paris , & on les furprit
extrémement en les détrompant.
On leur a fait entendre
une grande Meffe à Noftre-
Dame , un jour que Monfieur
l'Archevefque officioit , afin de
leur faire voir nos Cerémonies
* Eccléfiaftiques dans tout leur
éclat ; ils ont auffi vû celles de
l'Ouverture du Parlement. L'af-
Aluence du Peuple eftoit fi grande
en l'une & en l'autre , qu'ils
dirent , Que Paris n'eftoit pas une
116 MERCURE
Ville , mais un Monde. Le 27 .
Novembre , ayant efté amenez
à Versailles , ils defcendirent à
l'Apartement de Monfieur de
Croiffy , Miniftre & Secretaire
d'Etat , qui les reçût dans fon
Cabinet. Il y avoit un Tapis tendu
depuis la porte jufqu'à un
Fauteuil qui étoit au fond , &
dans lequel ce Miniftre étoit affis .
Ils fe profternérent fur ce Tapis,
& s'étant relevez quelque temps
apres , & mis fur leurs talons , le
plus jeune de ces Envoyez luy
dit , Que le Roy de Siam , fon Maitre
, avoit voulu rechercher l'amitié
du Roy , par la connoiffance qu'il
avoit defes Conqueftes , de la profpéritédefes
Armes , du bonheur de
Ses Sujets , & de fa fage conduite,
& que pour cela il avoit envoyé des
Ambaffadeurs , qui avoient , ordre
de prier Sa Majesté de vouloir bien
GALANT. 217
e
0
luy en envoyer auffi de fa part , afin
de mieux établir la correspondance
qu'il fouhaitoit qui ſefift entr'eux;
mais
que n'en ayant point entendu
e parler depuis leur départ , il les
avoit choifis pour remplir fa place,
afin de luy faire une pareille décla
ration , & luy temoigner la joye
& qu'il avoit de la naiffance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne . Ce
Difcours eftant finy ,l'autre Mandarin
fe leva , & porta à Monfieur
de Croiffy une Lettre que le Barcalon
luy écrivoit. C'est le nom
qu'on donne au Premier Miniftre
du Roy de Siam. Monfieur de
il Croiffy receut cette Lettre debout
, & le Mandarin s'étant remis
en fa place , il leur répondit ,
que la perte des Ambaffadeurs
du Roy leur Maiftre l'avoit d'autant
plus touché , qu'il avoit cfté
émoin du deplaifir qu'elle avoit
Fanvier 1685. K
218 MERCURE
caufé à Sa Majefté ; Que file
bruit de la gloire qu ' Elle s'étoit
acquife par le nombre furprenant
de fes Conqueftes , & de fes
Actions plus qu'humaines , qui
font l'admiration de toute la terre ,
avoit infpiré au Roy de Siam , le
defir de contracter une amitié
fincére avec Elle , noftre Grand
Monarque n'étoit pas moins difpofé
à témoigner au Roy leur
Maiftre , par toute forte de moyens
, la haute eftime qu'il avoit
pour luy , qu'il avoit même déja
voulu malgré la vaſte étenduë
des Mers , qui féparent les deux
Empires , de luy envoyer le plus
promptement qu'il fe pourroit un
Ambaffadeur , pour luy marquer
le cas qu'il faifoit de fon amitié ,
& l'exorter d'autant plus à reconnoître
le vray Dieu , que Sà Majefté
ne doutoit point qu'Elle ne
GALANT.* 219
X
S
1
duft aux Benedictions du Ciel ,
toutes les profperitez de fon
Regne , & que la pureté de fa
Croyance pourroit le plus folidement
établir entr'eux l'union
qu'il fouhaitoit, comme elle avoit
toûjours fait la régle des Allian-
& amitiez de Sa Majesté.
Ce Miniftre affura auffi ces Envoyez
du plaifir ,
, que faifoit au
Roy la protection que celuy de
Siam donne à Monfieur l'Evef
que d'Heliopolis , & à tous les
autres Miffionnaires .
ces ,
Comme ils n'étoient , ny Ambaffadeurs
, ny Envoyez vers le
Roy , ils ne devoient point voir
Sa Majesté. Cependant ce Monarque
ne voulut pas que des
Gens qui étoient venus de fix mille
lieuës , s'en retournaffent fans
recevoir cet honneur . D'ailleurs
il crut leur devoir donner cette.
K 2
220 MERCURE
fatisfaction en
confideration du
Roy de Siam , qui le premier avoit
envoyé une auffi celebre Ambaffade
que
celle dont je vous ay
parlé , avec des Prefens compofez
de tout ce qu'il avoit pû trouver
de plus riche dans fes Trefors . Il
fut done refolu que ces deux
Mandarins verroient le Roy , lors
que Sa Majesté traverseroit
la
Galerie de Verfailles pour aller
entendre la Meffe .
Ainfi apres l'Audience qu'ils
avoient cuë de Monfieur de
Croiffy , ils furent conduits dans
cette Galerie , où ils fe profternérent
quand le Roy parut. Sa
Majefté les voyant demeurer en
cet état , demanda s'ils ne fe releveroient
point , à quoy Monfieur
Vachet répondit , qu'ayant
accoûtumé d'étre toûjours dans
cette poſture devant le Roy leur
GALANT. 221
Maiftre , ils s'y tiendroient auffi
devant Elle . Le Roy demanda
cncore s'ils avoient quelque chofe
à luy dire , & l'un des Mandarins
répondit, Qu'ils étoient extré
mement obligez au Roy , qui avoit
bien voulu leur permettre de voir fon
Augufte Majesté. Le Roy leur dit
qu'il eftoit bien aiſe de voir des
Sujets d'un Prince qu'il confidéroit
, & Sa Majesté fe retira apres
avoir donné ordre à Monfieur
Vachet de les faire relever. Comme
la Cour de France eft fort
groffe , & que le Roy eſt toûjours
environné de la plupart des Officiers
de la Couronne , & d'un
grand nombre de Princes & Seigneurs
, ils furent d'autant plus
furpris de voir une fi grande foule
auprés de fa Perfonne qu'aucun
n'aproche de celle des Roys
d'Orient , qu'on ne regarde qu'a-
K
3
222 MERCURE
avec adoration ; & ils dirent en
même temps , Qu'ils admiroient
un fi grand Monarque , qui pouvant
d'une parole ou d'un clin d'oeil
écarter cettefoulé, avoit néanmoins
la bonté de la fouffrir auprés de luy ,
& qui vivoit avecfes Sujets , comme
ils faifoient dans leur Domestique
avec leurs Enfans. Monfieur Vachet
leur dit , Que la bonté du Roy
ne rendoit pas fes Suiets moins refpectueux
, & qu'il n'en étoit pas
moins abfolu dans fes Etats ; Il leur
dit encor , que tous ces grands Seigneurs
qui étoient auprés defa Per-
Jonne , étoient encore plus empreffe
à l'environner , quand ce Prince
s'expofoit au peril de la Guerre , ce
qu'il luy arrivoit fouvent , ce Monarque
voulant aller reconnoistre
luy- méme tontes les Places qu'il attaquoit.
Le 16. de ce mois , ils
retournérent à Versailles , virent
1
GALANT. 223
l'Opera de Roland où le Roy
étoit , & ils eurent prefque toûjours
les yeux attachez fur Sa
Majefté , parce que lors qu'ils fe
profternérent dans la Galerie ,
leur profonde humiliation les
avoit empechez de regarder ce
Monarque. le dois vous dire icy
que ces Envoyez font un Iournal
de leur Voyage , pour en rendre
compte au Roy de Siam , & qu'aprés
avoir vu les Apartemens &
les Eaux de Verfailles : ils dirent
à Monfieur Vachet , Qu'il leur
étoit impoffible d'exprimer ce qu'ils
avoient vû , qu'il pouvoit en faire
• Luy- méme la defcription , & y mettre
tout ce qu'ils voudroit , & qu'ils
le figneroient , parce qu'ils étoient
affure que l'on n'en pouvoit trop
aſſure
dire. Pendant leur féjour à Paris,
ils ont peu forty à cauſe du grand
froid qu'il a fait , ils ont efté la
K
4
224
MERCURE
plupart du temps au lit , & on
ne les a vûs qu'à dîner : La premiére
Neige de cet Hyver étant
tombée la nuit, ce qu'ils en virent
le lendemain , les furprit beaucoup
, & ils croyoient qu'on l'euft
mife au lieux où ils l'apperçurent
, ils s'en firent apporter dans
un plat , & ne pouvoient concevoir
ce que c'étoit . Comme ils
font accoûtumez au filence , &
qu'il régne dans leur Cour , où
tout eft en adoration pour leur
Roy , rien ne leur a plû davantage
icy , que de voir cinquante
Miffionnaires manger fans par-
Jer. Le 17. ils prirent leur Au-.
dience de congé de Monfieur
Colbert de Croiffy , & de Monfieur
le Marquis de Seignelay . Je
vous parleray dans ma Lettre de
Février des Prefens qu'ils ont &
faits & reçus , de leur départ , &
GALANT . 225
de celuy de Monfieur le Chevalier
de Chaumont
ne fuffiez
contente
du fecond
Article
de Siam que je vous ay
envoyé
dans ma Lettre de Decembre
. Outre
qu'il contient
quantité
de chofes curieufes
, il
fait connoître
combien
la reputation
du Roy eft établie
dans
les Païs les plus éloignez
; & c'étoit
affez pour vous obliger
à le
lire avec plaifir. En voicy la fuite
. Ces deux Mandarins
Envoyez
de Siam , accompagnez
de fix
Domestiques
, étant arrivez
le 6.
d'Octobre
dernier
à Calais
, fur
un Yach du Roy d'Angleterre
, y
furent reçeus par le Major de la
Place , fuivy de fes Officiers
, en
l'abfence
de Monfieur
de Courtebonne
, Lieutenant
de Roy.
GALANT. 109
Toute la Garniſon étoit fous les
Armes , & la Ville les alla complimenter
, & leur porta les Prefens
accoûtumez. Ils en partirent
le lendemain , & prirent la route
de Paris, où ils fe rendirent le 13 .
La Langue Siamoife étant extrêmement
difficile , ils avoient pour
leur Interprete le Fils d'un Portugais
qui eft habitué à Siam , où
ce Fils eft né. Des Officiers qui
les attendoient à Calais , eurent
foin de leur Voiture & de leur
Table fur tout le chemin. Quoy
qu'ils foient fort fobres , comme
le font tous les Siamois , qui ne
mangent le plus fouvent que du
Ris , ce qu'ils appellent du Pilau,
leur Table a efté toûjours tresbien
fervie , & de Viandes fort
delicates,avec des Couverts pour
les Perfonnes de confideration
qui les venoient voir. Ils les fer210
MERCURE
voient , & je leur ay vû couper
des aîles de Perdrix fort proprement.
Ils fumoient quelquefois
aprés le repas . Leur Tabac eft
fort doux ; & lors qu'il leur a
manqué , ils n'ont pu s'accoûtumer
à celuy de ce Païs - cy , qui
les enteftoit . Aprés leur arrivée
ils ont efté long temps fans fortir;
& quoy que la Saifon ne fuft pas
rude , l'exceffive chaleur de leur
Païs leur faifoit fupporter nos
premiers froids avec peine . Monfieur
le Marquis de Seignelay
étant venu icy de Fontainebleau ,
un peu aprés qu'ils y furent arriils
en eurent audience . Je
vous ay marqué exactement dans
quelqu'une de mes Lettres , ce
qui s'y étoit paffé . Le 28.d'Octo
bre, ils allerent falüer Monfieur ;
mais ils n'eurent pas de ce Prince
une audience dans les formes ,
vez ,
GALANT. 211
parce qu'ils ne font envoyez
qu'aux Miniftres de France , pour
s'informer , comme je vous l'ay
déja marqué , des Ambaffadeurs
que le Roy de Siam avoit envoyez
à Sa Majesté , & que l'on
croit qui ont péry dans ce long
Voyage. Monfieur fe promenoit
dans la Galerie du Palais Royal;
& lors qu'on leur eut montré ce
Prince , ils firent couler le long
du Plancher un grand morceau
d'Etofe , qui fait partie de leur
habillement , & qui leur fert en
de pareilles occafions . Ils s'éten
dirent deffus , d'une maniere treshumiliée
, & firent compliment
à Monfieur fur le gain de la Bataille
de Caffel , & fur la Prife de
plufieurs Places conquifes par
luy , dont le bruit s'eftoit répandu
jufques à Siam. Monfieur leur
dit qu'ils fe relevaffent , ce qu'ils
212
MERCURE
ne firent pas d'abord , de forte
que ce Prince fut obligé de le dire
juſques à quatre fois , & mefme
de le commander . Ils pafférent
enfuite fur la Galerie découverte,
qui a veüe fur le lardin &
fur la Court , & virent Son Alteffe
Royale monter en Carroffe
au bruit des Trompettes, pour aller
à S. Clou . Elle eftoit fuivie d'un
grand nombre de Gardes à cheval
, & de plufieurs Carroffes à
fix Chevaux ; & avoit ordonné
que l'on en donnaft auffi à ces
deux Mandarins , ainſi qu'aux
Perfonnes de leur fuite. On les
conduifit à S. Cloud , où ils furent
régalez par les ordres de
Monfieur. Ils virent la fuperbe
Galerie , & les deux magnifiques
Sallons de cette délicieufe Maifon,
auffi bien que tous les Apartemens;
& ils furent charmez de
GALANT. 213
ོ་
la beauté des lardins , dont on fit
jouer toutes les Eaux. Ils fe retirérent
charmez , moins encore
de tout ce qu'ils avoient veu , que
de la Perfonne de ce Prince ,
qu'ils admirérent , & dont ils ont
fouvent parlé depuis ce tempslà.
Ils ont auffi efté voir le Iardin
& les Apartemens des Thuileries
, & furent furpris de l'éclat
& de la richeffe de la grande Salle
des Machines . Quelque temps
apres ils allérent à Chantilly.
Monfieur Vachet les entretint en
chemin des belles qualitez de
Monfieur le Prince , & de fa grande
valeur ; & ce fut pourquoy
auffi toft que ces Mandarins le
virent , le plus vieux dit , Que le
brillant qui fortoit des yeux
de ce
Prince , le perfuadoit mieux de fon
efprit & de fa valeur , que tout ce
qu'on luy en avoit dit.Vous remar214
MERCURE
querez que ce Mandarin eft non
feulement Chiromancien , mais
encore fort bon Phifionomifte ;
& que c'eft la Science à laquelle
s'appliquent les plus grands Seigneurs
Siamois. L'obligeante reception
que Monfieur le Prince
fit à ces deux Envoyez , leur fut fi
agreable , qu'ils prièrent plufieurs
fois Monfieur Vachet , de luy
faire entendre qu'ils n'eftoient
que fimples Envoyez , & non
pas Ambaffadeurs , craignant
que Son Alteffe Seréniffime ne
cruft qu'ils eftoient , revestus
de ce caractere . Ils répondirent
à ce Prince , lors qu'il leur fit demander
ce qu'il leur ſembloit de
fa Maifon , qu'on avoit pris foin
de leur montrer fort exactement
,
Qu'ils n'avoient pas de paroles
pouren pouvoir exprimer la beauté;
mais qu'ils ne s'étonnoient plus de
GALANT.
215
=
ce que Son Alteffe preferoit lefejour
de Chantilly à celuy de Paris. Ils
ont efté trois ou quatre fois à la
Comédie , & ils ont fur tout esté
furpris de la grande quantité de
monde qu'ils y ont vu. Ils avoient
crû d'abord , qu'on faifoit ces
grandes , Affemblées exprés pour
eux , & pour leur faire voir la
prodigieufe quantité de Peuple
qui remplit Paris , & on les furprit
extrémement en les détrompant.
On leur a fait entendre
une grande Meffe à Noftre-
Dame , un jour que Monfieur
l'Archevefque officioit , afin de
leur faire voir nos Cerémonies
* Eccléfiaftiques dans tout leur
éclat ; ils ont auffi vû celles de
l'Ouverture du Parlement. L'af-
Aluence du Peuple eftoit fi grande
en l'une & en l'autre , qu'ils
dirent , Que Paris n'eftoit pas une
116 MERCURE
Ville , mais un Monde. Le 27 .
Novembre , ayant efté amenez
à Versailles , ils defcendirent à
l'Apartement de Monfieur de
Croiffy , Miniftre & Secretaire
d'Etat , qui les reçût dans fon
Cabinet. Il y avoit un Tapis tendu
depuis la porte jufqu'à un
Fauteuil qui étoit au fond , &
dans lequel ce Miniftre étoit affis .
Ils fe profternérent fur ce Tapis,
& s'étant relevez quelque temps
apres , & mis fur leurs talons , le
plus jeune de ces Envoyez luy
dit , Que le Roy de Siam , fon Maitre
, avoit voulu rechercher l'amitié
du Roy , par la connoiffance qu'il
avoit defes Conqueftes , de la profpéritédefes
Armes , du bonheur de
Ses Sujets , & de fa fage conduite,
& que pour cela il avoit envoyé des
Ambaffadeurs , qui avoient , ordre
de prier Sa Majesté de vouloir bien
GALANT. 217
e
0
luy en envoyer auffi de fa part , afin
de mieux établir la correspondance
qu'il fouhaitoit qui ſefift entr'eux;
mais
que n'en ayant point entendu
e parler depuis leur départ , il les
avoit choifis pour remplir fa place,
afin de luy faire une pareille décla
ration , & luy temoigner la joye
& qu'il avoit de la naiffance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne . Ce
Difcours eftant finy ,l'autre Mandarin
fe leva , & porta à Monfieur
de Croiffy une Lettre que le Barcalon
luy écrivoit. C'est le nom
qu'on donne au Premier Miniftre
du Roy de Siam. Monfieur de
il Croiffy receut cette Lettre debout
, & le Mandarin s'étant remis
en fa place , il leur répondit ,
que la perte des Ambaffadeurs
du Roy leur Maiftre l'avoit d'autant
plus touché , qu'il avoit cfté
émoin du deplaifir qu'elle avoit
Fanvier 1685. K
218 MERCURE
caufé à Sa Majefté ; Que file
bruit de la gloire qu ' Elle s'étoit
acquife par le nombre furprenant
de fes Conqueftes , & de fes
Actions plus qu'humaines , qui
font l'admiration de toute la terre ,
avoit infpiré au Roy de Siam , le
defir de contracter une amitié
fincére avec Elle , noftre Grand
Monarque n'étoit pas moins difpofé
à témoigner au Roy leur
Maiftre , par toute forte de moyens
, la haute eftime qu'il avoit
pour luy , qu'il avoit même déja
voulu malgré la vaſte étenduë
des Mers , qui féparent les deux
Empires , de luy envoyer le plus
promptement qu'il fe pourroit un
Ambaffadeur , pour luy marquer
le cas qu'il faifoit de fon amitié ,
& l'exorter d'autant plus à reconnoître
le vray Dieu , que Sà Majefté
ne doutoit point qu'Elle ne
GALANT.* 219
X
S
1
duft aux Benedictions du Ciel ,
toutes les profperitez de fon
Regne , & que la pureté de fa
Croyance pourroit le plus folidement
établir entr'eux l'union
qu'il fouhaitoit, comme elle avoit
toûjours fait la régle des Allian-
& amitiez de Sa Majesté.
Ce Miniftre affura auffi ces Envoyez
du plaifir ,
, que faifoit au
Roy la protection que celuy de
Siam donne à Monfieur l'Evef
que d'Heliopolis , & à tous les
autres Miffionnaires .
ces ,
Comme ils n'étoient , ny Ambaffadeurs
, ny Envoyez vers le
Roy , ils ne devoient point voir
Sa Majesté. Cependant ce Monarque
ne voulut pas que des
Gens qui étoient venus de fix mille
lieuës , s'en retournaffent fans
recevoir cet honneur . D'ailleurs
il crut leur devoir donner cette.
K 2
220 MERCURE
fatisfaction en
confideration du
Roy de Siam , qui le premier avoit
envoyé une auffi celebre Ambaffade
que
celle dont je vous ay
parlé , avec des Prefens compofez
de tout ce qu'il avoit pû trouver
de plus riche dans fes Trefors . Il
fut done refolu que ces deux
Mandarins verroient le Roy , lors
que Sa Majesté traverseroit
la
Galerie de Verfailles pour aller
entendre la Meffe .
Ainfi apres l'Audience qu'ils
avoient cuë de Monfieur de
Croiffy , ils furent conduits dans
cette Galerie , où ils fe profternérent
quand le Roy parut. Sa
Majefté les voyant demeurer en
cet état , demanda s'ils ne fe releveroient
point , à quoy Monfieur
Vachet répondit , qu'ayant
accoûtumé d'étre toûjours dans
cette poſture devant le Roy leur
GALANT. 221
Maiftre , ils s'y tiendroient auffi
devant Elle . Le Roy demanda
cncore s'ils avoient quelque chofe
à luy dire , & l'un des Mandarins
répondit, Qu'ils étoient extré
mement obligez au Roy , qui avoit
bien voulu leur permettre de voir fon
Augufte Majesté. Le Roy leur dit
qu'il eftoit bien aiſe de voir des
Sujets d'un Prince qu'il confidéroit
, & Sa Majesté fe retira apres
avoir donné ordre à Monfieur
Vachet de les faire relever. Comme
la Cour de France eft fort
groffe , & que le Roy eſt toûjours
environné de la plupart des Officiers
de la Couronne , & d'un
grand nombre de Princes & Seigneurs
, ils furent d'autant plus
furpris de voir une fi grande foule
auprés de fa Perfonne qu'aucun
n'aproche de celle des Roys
d'Orient , qu'on ne regarde qu'a-
K
3
222 MERCURE
avec adoration ; & ils dirent en
même temps , Qu'ils admiroient
un fi grand Monarque , qui pouvant
d'une parole ou d'un clin d'oeil
écarter cettefoulé, avoit néanmoins
la bonté de la fouffrir auprés de luy ,
& qui vivoit avecfes Sujets , comme
ils faifoient dans leur Domestique
avec leurs Enfans. Monfieur Vachet
leur dit , Que la bonté du Roy
ne rendoit pas fes Suiets moins refpectueux
, & qu'il n'en étoit pas
moins abfolu dans fes Etats ; Il leur
dit encor , que tous ces grands Seigneurs
qui étoient auprés defa Per-
Jonne , étoient encore plus empreffe
à l'environner , quand ce Prince
s'expofoit au peril de la Guerre , ce
qu'il luy arrivoit fouvent , ce Monarque
voulant aller reconnoistre
luy- méme tontes les Places qu'il attaquoit.
Le 16. de ce mois , ils
retournérent à Versailles , virent
1
GALANT. 223
l'Opera de Roland où le Roy
étoit , & ils eurent prefque toûjours
les yeux attachez fur Sa
Majefté , parce que lors qu'ils fe
profternérent dans la Galerie ,
leur profonde humiliation les
avoit empechez de regarder ce
Monarque. le dois vous dire icy
que ces Envoyez font un Iournal
de leur Voyage , pour en rendre
compte au Roy de Siam , & qu'aprés
avoir vu les Apartemens &
les Eaux de Verfailles : ils dirent
à Monfieur Vachet , Qu'il leur
étoit impoffible d'exprimer ce qu'ils
avoient vû , qu'il pouvoit en faire
• Luy- méme la defcription , & y mettre
tout ce qu'ils voudroit , & qu'ils
le figneroient , parce qu'ils étoient
affure que l'on n'en pouvoit trop
aſſure
dire. Pendant leur féjour à Paris,
ils ont peu forty à cauſe du grand
froid qu'il a fait , ils ont efté la
K
4
224
MERCURE
plupart du temps au lit , & on
ne les a vûs qu'à dîner : La premiére
Neige de cet Hyver étant
tombée la nuit, ce qu'ils en virent
le lendemain , les furprit beaucoup
, & ils croyoient qu'on l'euft
mife au lieux où ils l'apperçurent
, ils s'en firent apporter dans
un plat , & ne pouvoient concevoir
ce que c'étoit . Comme ils
font accoûtumez au filence , &
qu'il régne dans leur Cour , où
tout eft en adoration pour leur
Roy , rien ne leur a plû davantage
icy , que de voir cinquante
Miffionnaires manger fans par-
Jer. Le 17. ils prirent leur Au-.
dience de congé de Monfieur
Colbert de Croiffy , & de Monfieur
le Marquis de Seignelay . Je
vous parleray dans ma Lettre de
Février des Prefens qu'ils ont &
faits & reçus , de leur départ , &
GALANT . 225
de celuy de Monfieur le Chevalier
de Chaumont
Fermer
Résumé : Suite de l'Article de Siam. [titre d'après la table]
En octobre, deux mandarins envoyés par le roi de Siam sont arrivés à Calais avec six domestiques. Ils ont été accueillis par le major de la place et ont ensuite voyagé jusqu'à Paris, où ils ont reçu des honneurs militaires et civils. Leur interprète était le fils d'un Portugais né à Siam. Malgré leur sobriété alimentaire, ils ont été bien traités et ont pu observer diverses cérémonies et lieux prestigieux. À Paris, les mandarins ont rencontré plusieurs personnalités françaises, dont les marquis de Seignelay et de Vachet. Ils ont exprimé leur admiration pour la France et ont été impressionnés par la grandeur et la richesse des lieux visités, tels que le Palais-Royal, Chantilly et Versailles. Ils ont également assisté à des représentations théâtrales et à des cérémonies religieuses. La mission des mandarins était de s'informer sur les ambassadeurs envoyés par le roi de Siam à la cour française, présumés perdus. Ils ont rencontré le ministre Colbert de Croissy, qui leur a transmis les condoléances du roi de France et a exprimé le désir de renforcer les liens entre les deux royaumes. Ils ont également été reçus par le roi de France, qui les a honorés malgré leur statut non officiel d'ambassadeurs. Pendant leur séjour, les mandarins ont été surpris par le froid et la neige, éléments inconnus dans leur pays. Ils ont également été impressionnés par la liberté de parole et la diversité des gens en France. Avant leur départ, ils ont pris congé des ministres Colbert de Croissy et Seignelay. Une lettre sera envoyée en février pour discuter des préfets, des actions qu'ils ont entreprises et reçues, ainsi que de leur départ. Cette lettre mentionnera également le départ de Monsieur le Chevalier de Chaumont.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 218-226
AUX POETES QUI ONT REMPORTÉ LE DERNIER PRIX DE VERS DE L'ACADEMIE FRANCOISE.
Début :
Lors que l'Académie Françoise proposa pour sujet du dernier / Nourrissons des Neufs-Soeurs, tout couverts de la gloire [...]
Mots clefs :
Académie française, Concours, Vers, Sujet, Louanges, Religion catholique, Roi, Victoire, Poète, Louis, Hérésie, Salut, Fortune, Erreur, Croix, Triomphe, Discorde, Moeurs, Ciel, Christ, Ange, Héros, Enfer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUX POETES QUI ONT REMPORTÉ LE DERNIER PRIX DE VERS DE L'ACADEMIE FRANCOISE.
Lors que l'Académie Françoife pro
pofa pour fujet du dernier Prix de
Vers , les grandes Chofes que le Roy
faites enfaveur de la Religion Catholique
, le Berger du village de
Mont-Fallon y travailla , & n'eut pas
le temps de mettre la derniere main
fes Vers ,parce que des affaires importantes
attirérent tousfesfoins ailleurs .
Neanmoins comme il fe fait un plaifir
de donner des louanges à fon Prince,
dés qu'il a eu un peu plus de loifir,
il a mis la Piéce en l'état où je vous
l'envoye.
1
du
Mercure Galant.
-219
5252525252525252
AUX
POETES
QUI ONT
REMPORTE' LE
DERNIER
PRIX DE
VERS
DE
L'ACADEMIE
FRANCOISE.
Nour
3.
Ourriffons des Neuf- Soeurs , tout
couverts de la gloire
Qu'à jamais vous aquiert voftre illuftre
Victoire,
Permettez que ma voix fe mefle à ces
Concerts
Dont parvous
aujourd'huy
retentiſſent
les airs.
LOUIS, plein du beau feu qu'une Foy
vive inspire,
Terraffe
l'Heréfie en
cefameux Empire.
En effet, de ce Roy les Foudres élancez
Font voiren
plufieurs Lieux des
Temples
renverfezi
Tij
220 Extraordinaire
Et ces Foudres tournant vers tous les He
rétiques,
Caufent, pour leurfalut, leurs difgraces
publiques.
Lors
que
LOUIS les livre au Deftin
malheureux,
Il les chériroit moins , s'ilfaifoit moins
contre eux.
Cefavorable Autheur de leur douleur
commune,
Qui ne leur permet point d'encenfer la
Fortune,
D'ailleurs leur tend les bras, au moment
qu'il leur nuit.
Parfon ordre on confére, on difpute, on
inftruit:
Et ceux de qui les yeux s'ouvrent à la
lumiere,
Reçoivent fesfaveurs en plus d'une maniere.
Il leur donne des Biens , & leur bonheur
eft tel,
Qu'ils ont outre ces Biens part au Bien
Eternel.
du Mercure Galant.
221
Sur les Bords de la Seine ainfi LOUIS
s'applique
A diffiper l'Erreur , à domter l'Herétique.
Maisde peur que cette Hydre & ce Monftre
odieux,
2
Que l'Erreur quelque jour ne renaiſſe en
ces Lieux,
Son zéle écarte encor ces nouvelles Cabales
Dont les Livres adroits font de charmans.
Dédalles,
Qui pour mieux décevoir ont par tout des
douceurs,
Et qui cachent toûjours du venin fous des
fleurs.
Enfin de ce grand Roy la main toutepuif-
Sante
Fait que dans nos Climats la Croix eft
triomphante,
Et qu'il n'eft plus permis aux naiſſantes
Erreurs
D'habiter parmy nous , d'y forger nos
malheurs.
Comme fi l'Acheron cuft déchaîné fur
terre
Tüj
222 Extraordinaire
Ses Fillespour porter le Flambeau de la
Guerre,
Les Sectes des Errans femoient jadis
L'effroy,
La France en pâliſſoit ; mais, grace à
noftre Roy,
On ne craint plus les maux qu'ont endurê
nos Peres.
Verra-t-on la Difcorde , aux cheveux de
Vipéres,
S'unir al Heréfie, en emprunter la voix?
Tout eft calme, & l'on met l'Heréfie aux
abois.
LOUIS , comme un Soleil, dont l'aimable
influence
Procure un calme faint à la Nefde la
France ,
Diffipe de l'Erreur la nuit & les Bronil-
Lards,
Et répand la lumiere où tombent fes regards.
Nous , quifommes témoins de ces hautes
merveilles,
N'avons rien de plus doux pourcharmer
nos greilles.
du Mercure Galant.
223
Mais dans nos entretiens tairons - nous que
LOUIS,
Depuis le temps heureux qu'il gouverne
les Lys,
Redreffe en nous les moeurs , non moins que
la Doctrine?
Comme Fils de l'Eglife, avec elle ilfulmine
Par defeveres Loix contre le Libertin,
Le Brigand, le fureur, l' Athée, & l'AFfaffin.
Le Roy parle ; à l'inftant des coeurs chargez
de crimes
Deviennent pour le Ciel d'innocentes Vi
Etimes.
'La voix de ce Monarque arrefte tous les
coups
Qu'un Dieu vangeur peut- eftre aurois
lancez fur nous.
Sanspeine on obeit à LOUIS , à l'E
glife;
La Vertu dans ce Roy fur le Trône eft'
affife .
Mortels, qui loin de nous habitez l'Univers
224
Extraordinaire
Et quilonez ce Prince en langages divers,
Sans rien dire de trop, qui de vous ne peut
dire:
Ce Royne borne point fon zéle en fen
Empire,
Sous des Cieux Etrangers il n'en montre
pas moins?
Peuples, bien mieux que nous vous en eftes
témoins.
Parfon ordre en tout temps de l'un à l'autre
Pole,
Mille Atlétes facrez , armez de leur·
parole,
Vont combatrepour CHRIST, & domter
les Enfers .
La hauteur des Rochers, ny la vague des
Mers,
Nefont point un obstacle à l'ardeur de
leur zéle.
Donnerla vie à l'ame, éclairerl'Infidelle
Et le fouftraire au joug de l'Ange ténébreux,
C'est par tout ce quifert de matiere à leurs
feuxs
du Mercure Galant. 225
Ainfi donc dans la France, & hors defon
enceinte,
LOUISfait triompher la Croix, cette
Arche fainte.
Tout rit à ce Héros , lors que plufieurs
Mortels
N'ont d'Encens que pour Dieu, que pour
Dien des Autels.
Fadis un de nos Roys, au péril defa tefte,
De la Sainte Contrée entreprit la Conquefte.
Une nombreuſe Armée en ce lieu leſuivit
Le Nil en la voyant fe troubla dansfon
Lit.
Le Sultanfut vaincu : mais ce Roy plein
de gloire
Ne pût que peu de tempsfurvivre à fa
Victoire.
On vit fe relever le Sultan abatu ;
Sans prendre des Chrétiens les moeurs ng
la vertu.
Li eftoit refervé par la Bonté divine,
AuxBarbaresPaïs , où noftre Roy domine
Defubirfaintement le joug du Roy, dess
Roys
226
Extraordinaire
10
D'arborerfur leurs Bords l'Etendart de
la Croix,
Et d'y voir qu'un Héros que tout craint
fur la terre,
Mefme contre l'Enferfait faire encor la
guerre.
pofa pour fujet du dernier Prix de
Vers , les grandes Chofes que le Roy
faites enfaveur de la Religion Catholique
, le Berger du village de
Mont-Fallon y travailla , & n'eut pas
le temps de mettre la derniere main
fes Vers ,parce que des affaires importantes
attirérent tousfesfoins ailleurs .
Neanmoins comme il fe fait un plaifir
de donner des louanges à fon Prince,
dés qu'il a eu un peu plus de loifir,
il a mis la Piéce en l'état où je vous
l'envoye.
1
du
Mercure Galant.
-219
5252525252525252
AUX
POETES
QUI ONT
REMPORTE' LE
DERNIER
PRIX DE
VERS
DE
L'ACADEMIE
FRANCOISE.
Nour
3.
Ourriffons des Neuf- Soeurs , tout
couverts de la gloire
Qu'à jamais vous aquiert voftre illuftre
Victoire,
Permettez que ma voix fe mefle à ces
Concerts
Dont parvous
aujourd'huy
retentiſſent
les airs.
LOUIS, plein du beau feu qu'une Foy
vive inspire,
Terraffe
l'Heréfie en
cefameux Empire.
En effet, de ce Roy les Foudres élancez
Font voiren
plufieurs Lieux des
Temples
renverfezi
Tij
220 Extraordinaire
Et ces Foudres tournant vers tous les He
rétiques,
Caufent, pour leurfalut, leurs difgraces
publiques.
Lors
que
LOUIS les livre au Deftin
malheureux,
Il les chériroit moins , s'ilfaifoit moins
contre eux.
Cefavorable Autheur de leur douleur
commune,
Qui ne leur permet point d'encenfer la
Fortune,
D'ailleurs leur tend les bras, au moment
qu'il leur nuit.
Parfon ordre on confére, on difpute, on
inftruit:
Et ceux de qui les yeux s'ouvrent à la
lumiere,
Reçoivent fesfaveurs en plus d'une maniere.
Il leur donne des Biens , & leur bonheur
eft tel,
Qu'ils ont outre ces Biens part au Bien
Eternel.
du Mercure Galant.
221
Sur les Bords de la Seine ainfi LOUIS
s'applique
A diffiper l'Erreur , à domter l'Herétique.
Maisde peur que cette Hydre & ce Monftre
odieux,
2
Que l'Erreur quelque jour ne renaiſſe en
ces Lieux,
Son zéle écarte encor ces nouvelles Cabales
Dont les Livres adroits font de charmans.
Dédalles,
Qui pour mieux décevoir ont par tout des
douceurs,
Et qui cachent toûjours du venin fous des
fleurs.
Enfin de ce grand Roy la main toutepuif-
Sante
Fait que dans nos Climats la Croix eft
triomphante,
Et qu'il n'eft plus permis aux naiſſantes
Erreurs
D'habiter parmy nous , d'y forger nos
malheurs.
Comme fi l'Acheron cuft déchaîné fur
terre
Tüj
222 Extraordinaire
Ses Fillespour porter le Flambeau de la
Guerre,
Les Sectes des Errans femoient jadis
L'effroy,
La France en pâliſſoit ; mais, grace à
noftre Roy,
On ne craint plus les maux qu'ont endurê
nos Peres.
Verra-t-on la Difcorde , aux cheveux de
Vipéres,
S'unir al Heréfie, en emprunter la voix?
Tout eft calme, & l'on met l'Heréfie aux
abois.
LOUIS , comme un Soleil, dont l'aimable
influence
Procure un calme faint à la Nefde la
France ,
Diffipe de l'Erreur la nuit & les Bronil-
Lards,
Et répand la lumiere où tombent fes regards.
Nous , quifommes témoins de ces hautes
merveilles,
N'avons rien de plus doux pourcharmer
nos greilles.
du Mercure Galant.
223
Mais dans nos entretiens tairons - nous que
LOUIS,
Depuis le temps heureux qu'il gouverne
les Lys,
Redreffe en nous les moeurs , non moins que
la Doctrine?
Comme Fils de l'Eglife, avec elle ilfulmine
Par defeveres Loix contre le Libertin,
Le Brigand, le fureur, l' Athée, & l'AFfaffin.
Le Roy parle ; à l'inftant des coeurs chargez
de crimes
Deviennent pour le Ciel d'innocentes Vi
Etimes.
'La voix de ce Monarque arrefte tous les
coups
Qu'un Dieu vangeur peut- eftre aurois
lancez fur nous.
Sanspeine on obeit à LOUIS , à l'E
glife;
La Vertu dans ce Roy fur le Trône eft'
affife .
Mortels, qui loin de nous habitez l'Univers
224
Extraordinaire
Et quilonez ce Prince en langages divers,
Sans rien dire de trop, qui de vous ne peut
dire:
Ce Royne borne point fon zéle en fen
Empire,
Sous des Cieux Etrangers il n'en montre
pas moins?
Peuples, bien mieux que nous vous en eftes
témoins.
Parfon ordre en tout temps de l'un à l'autre
Pole,
Mille Atlétes facrez , armez de leur·
parole,
Vont combatrepour CHRIST, & domter
les Enfers .
La hauteur des Rochers, ny la vague des
Mers,
Nefont point un obstacle à l'ardeur de
leur zéle.
Donnerla vie à l'ame, éclairerl'Infidelle
Et le fouftraire au joug de l'Ange ténébreux,
C'est par tout ce quifert de matiere à leurs
feuxs
du Mercure Galant. 225
Ainfi donc dans la France, & hors defon
enceinte,
LOUISfait triompher la Croix, cette
Arche fainte.
Tout rit à ce Héros , lors que plufieurs
Mortels
N'ont d'Encens que pour Dieu, que pour
Dien des Autels.
Fadis un de nos Roys, au péril defa tefte,
De la Sainte Contrée entreprit la Conquefte.
Une nombreuſe Armée en ce lieu leſuivit
Le Nil en la voyant fe troubla dansfon
Lit.
Le Sultanfut vaincu : mais ce Roy plein
de gloire
Ne pût que peu de tempsfurvivre à fa
Victoire.
On vit fe relever le Sultan abatu ;
Sans prendre des Chrétiens les moeurs ng
la vertu.
Li eftoit refervé par la Bonté divine,
AuxBarbaresPaïs , où noftre Roy domine
Defubirfaintement le joug du Roy, dess
Roys
226
Extraordinaire
10
D'arborerfur leurs Bords l'Etendart de
la Croix,
Et d'y voir qu'un Héros que tout craint
fur la terre,
Mefme contre l'Enferfait faire encor la
guerre.
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Résumé : AUX POETES QUI ONT REMPORTÉ LE DERNIER PRIX DE VERS DE L'ACADEMIE FRANCOISE.
Un berger du village de Mont-Fallon a participé au concours de poésie organisé par l'Académie Française sur les grandes actions du roi en faveur de la religion catholique. Bien qu'il n'ait pas pu terminer son œuvre à temps en raison de diverses occupations, il a finalement envoyé sa pièce. Le poème célèbre le roi Louis pour ses actions contre l'hérésie et l'erreur. Il décrit comment le roi a fait renverser plusieurs temples hérétiques et a causé la disgrâce publique des hérétiques. Le roi est présenté comme un protecteur de la foi catholique, distribuant des biens et des faveurs à ceux qui se convertissent. Il lutte également contre les livres hérétiques et les nouvelles cabales, assurant la victoire de la Croix en France. Le roi est comparé à un soleil qui dissipe l'erreur et les brouillards, apportant la lumière et le calme. Il redresse les mœurs et la doctrine, combattant le libertinage, la briganderie, la fureur, l'athéisme et l'assassinat. Son zèle s'étend au-delà de son empire, inspirant des missionnaires à travers le monde pour combattre pour le Christ. Le texte mentionne également un roi précédent qui avait entrepris la conquête de la Sainte Contrée, mais qui n'avait pu en profiter longtemps. Il contraste cette victoire éphémère avec le règne durable de Louis, qui impose le joug du roi des rois et fait triompher la Croix même dans les pays barbares.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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49
p. 32-33
AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Début :
Le Sonnet qui suit ces Vers, est de / Pensez-vous en loüant le plus sage des Roys, [...]
Mots clefs :
Louanges, Roi, Foi, Père, Bonté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Le Sonnet qui fuit ces Vers,
eft de M' Texier , Preftre de
Saumur.
AUX PRETENDUS
REFORME Z.
P Enfez-vous en loüant le plus
des Roys,
Pouvoir de fon efprit ébranler la
conſtance?
Apprenez quefa Foy ,fon zéle &fa
prudence,
Ferontpar tout regner l'équité defes
Loix.
$2
Sans ceffe il vous exhorte àfaire
digne choix;
Ne vous oppofezpas à tant de com-
•plaisance;
GALANT. 33
Ses tendreffes, fesfoins,fes bienfaits,
fa clémence,
Doiventgagner vos coeurs , qu'il combat
tant de fois.
$2
D'un Enfant quiſe bleſſe on éloigne
les armes,
La tendreffe d'un Pere en reçoit trop
d'alarmes,
Pourfoufrir qu'à fes yeux il s'en perce
lefein.
Sa
Ainfi LOVIS qui voit voftre erreur
volontaire,
S'oppose à vostreperte, &par cegrand
deffein
Surpaffe la fageffe & la bonté d'un
Perc.
eft de M' Texier , Preftre de
Saumur.
AUX PRETENDUS
REFORME Z.
P Enfez-vous en loüant le plus
des Roys,
Pouvoir de fon efprit ébranler la
conſtance?
Apprenez quefa Foy ,fon zéle &fa
prudence,
Ferontpar tout regner l'équité defes
Loix.
$2
Sans ceffe il vous exhorte àfaire
digne choix;
Ne vous oppofezpas à tant de com-
•plaisance;
GALANT. 33
Ses tendreffes, fesfoins,fes bienfaits,
fa clémence,
Doiventgagner vos coeurs , qu'il combat
tant de fois.
$2
D'un Enfant quiſe bleſſe on éloigne
les armes,
La tendreffe d'un Pere en reçoit trop
d'alarmes,
Pourfoufrir qu'à fes yeux il s'en perce
lefein.
Sa
Ainfi LOVIS qui voit voftre erreur
volontaire,
S'oppose à vostreperte, &par cegrand
deffein
Surpaffe la fageffe & la bonté d'un
Perc.
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Résumé : AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Le sonnet de M. Texier, prêtre de Saumur, exhorte les réformés à louer le roi et à ne pas ébranler sa constance. Il met en avant la foi, le zèle et la prudence du roi, qui feront régner l'équité des lois. Le texte encourage les réformés à faire un choix digne et à ne pas s'opposer à la complaisance royale. Le roi, comparé à un père, éloigne les armes pour éviter de les alarmer et surpasse la sagesse et la bonté par un grand dessein.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 188-262
Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Début :
Ce jeune Prince s'estant fait donner un jour la Clef [...]
Mots clefs :
Roi, Prince, Comte, Angleterre, Duc, Troupes, Colonnel, Peuple, Matelot, Ennemis, Noblesse, Vaisseaux, Gentilhomme, Fidélité, Obstacles, Seigneur, Commissaires, Habits, Royaume, Rivière, Général, Crainte, Avantage, Succès, Décès, Héritiers, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Ce
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
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Résumé : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Le texte relate les événements entourant la fuite et les tentatives de restauration du Duc d'York, futur Jacques II, et du Prince de Galles, futur Charles II. Le Duc d'York, déguisé, s'échappe d'Angleterre et parvient à embarquer malgré les réticences d'un marinier qui reconnaît son ordre de la Jarretière. Le Prince de Galles, après son évasion, suscite une révolte en Angleterre et en Écosse, mais est démasqué par le chevalier Dishinton. En 1648, Charles II tente de rallier des vaisseaux hollandais et anglais pour libérer son père, Charles Ier, mais échoue face à la résistance et à une tempête. Charles Ier est exécuté en 1649, et Charles II, proclamé roi en Écosse, cherche à venger son père. Il envoie chercher le marquis de Montrose, qui est capturé et exécuté malgré ses efforts pour rejoindre Charles II. Ce dernier, malgré les obstacles, continue ses tentatives pour restaurer la monarchie. Le texte décrit également les événements entourant le règne de Charles II en Écosse. Le roi obtient des États écossais l'autorisation de lever seize mille hommes de pied et six mille chevaux. Les commandants nommés incluent le comte de Leven pour l'infanterie et Holborne pour la cavalerie, avec Montgomery et Lefley comme adjoints. Charles II est nommé généralissime. Cependant, les troupes écossaises sont défaites par Cromwell à la bataille de Copperfpec, subissant de lourdes pertes. Cette défaite refroidit les États écossais, qui imposent des restrictions au roi et cherchent à limiter son pouvoir. Malgré ces difficultés, Charles II est couronné roi d'Écosse le 4 janvier 1651 à l'abbaye de Schoone. Après son couronnement, il marche vers l'Angleterre avec son armée, mais est finalement défait à la bataille de Worcester le 22 août 1651. Forcé de fuir, il se cache dans diverses maisons et forêts, notamment dans le célèbre 'Chêne Royal'. Avec l'aide de fidèles sujets comme George Pendrille et Milord Wilmot, il parvient à échapper à ses poursuivants et à se mettre en sécurité. Le texte relate également la fuite du roi Jacques II, déguisé en domestique, accompagné de la demoiselle Lane, vers Bristol. Déguisé grâce à un mélange d'écorces de noix et d'autres drogues, le roi parvient à éviter la reconnaissance. Leur chemin est marqué par plusieurs incidents, comme la perte d'un fer de cheval du roi, qui doit être remplacé, et des rencontres avec des cavaliers envoyés pour l'arrêter. Grâce à l'aide de fidèles sujets, dont Jean Pope et Milord Wilmot, le roi parvient à éviter les obstacles et à se cacher chez divers nobles, tels que le colonel Windhams et M. Hides. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un vaisseau, le roi s'embarque finalement à Britemhsthed en Suffolk et arrive à Fécamp en Normandie. Le voyage se déroule sans encombre, et le roi est reconnu par le capitaine du vaisseau, Tetershall. À Rouen, le roi change d'habits et se rend à Paris pour attendre les révolutions politiques. Le texte mentionne également la mort d'Olivier Cromwell et la restauration de la monarchie avec le retour du roi, proclamé par le Parlement et accueilli triomphalement à Londres. Le roi est couronné en 1661 et épouse Catherine de Portugal. Il lutte contre les factieux et remporte des victoires contre les Hollandais. Le texte se termine par la description de la mort du roi en février 1685, après une nuit d'inquiétudes et de souffrances. Le roi laisse plusieurs enfants naturels, dont Jacques Scott, duc de Monmouth, et Charles Lenox, duc de Richemont.
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