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1
p. 105-114
Description de l'Obelisque trouvé dans la Ville d'Arles & élevé à la gloire du Roy. [titre d'après la table]
Début :
Vous seriez bien peu curieuse, Madame, si au retour de [...]
Mots clefs :
Arles, Obélisque, Antiquité, Romains, Académie des Belles-Lettres, Charles IX
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texteReconnaissance textuelle : Description de l'Obelisque trouvé dans la Ville d'Arles & élevé à la gloire du Roy. [titre d'après la table]
Vous ſeriez bien peu cu- rieuſe , Madame , fi au retour de Veniſe où je vous ay fait faire voyage ſans que vous y
ayez penſe, vous dédaigniez de paffer par la Ville d'Arles ,
pour y admirer l'Obeliſque qu'on y voit , &dont il eſt difficile que vous n'ayez en- tenduparler. C'eſt undes plus ſuperbes Monumensquenous ayons de l'Antiquité,&le ſeul de cette nature qui foit en France. On n'en ſçait point l'Hiſtoire au vray , mais il n'y a point à douter qu'il ne foit un reſte de la grandeur des Romains
GALANT.
75 Romainsqui onthabité long- temps cette Ville. Apparem- ment ils l'avoient fait venir
d'Egypte pour le conſacrer à
lagloire de quelqu'un de leurs Empereurs ; & ce qui donne lieude le croire, c'eſt qu'il eſt dela meſmematiere que ceux de Rome qu'on a apportez de ce Païs-là, c'eſt à dire de Granite Orientale , qui eſt une efpece de pierre encore plus du- re & plus précieuſe que le marbre. Sa hauteur eſt de cinquante & deux pieds , & fa baſede ſept pieds de diamet re,
toutd'une piece. Il fut trouvé
dansle Jardind'unParticulier,
auprés des Murs de la Ville ,
qui ne ſont pas fort éloignez delaRiviere du Rhône. Il eſt
àcroire qu'il y eſtoit demeuré depuis fon Débarquement,qui Tome VI. G
76 LE MERCURE doit s'eſtre fait il y a environ ſeize Siecles , ſans qu'il ait ja- mais fervy à l'uſage auquel il avoit eſte d'abord deſtiné. 11
eſtoit enſevely dansla terre , la pointe un peudécouverte. On trouve des Memoires dans les
Archives de la Maiſon de Vil-.
le , qui font connoiſtre que Charles IX. Roy de France paſſant par Arles , donna or- dre qu'on le déterrât pour le tranſporter ailleurs ; mais foit que la dépenſe ou la difficul- té de l'entrepriſe le rebutât , il n'acheva point ce qu'il avoit commencé. C'eſt en quoy l'on ne peut affez loüer le zele des Habitans de cette Ville , qui voulant laiſſer à la Pofterité
un Monument eternel de la
véneration qu'ils ont pour le Roy , n'ont pû eſtre arreſtez
r
GALANT. 77 par aucun obſtacle , & ont fait élever cet Obeliſque à ſa gloi- re dans une de leurs Places
publiques , avec de magnifi- ques Inſcriptions aux quatre faces de fon pied-eſtal. Je les fuprime parce qu'elles ne font pas Françoiſes , & que le La- tin n'eſt point de miſe parmy les Dames. Pour l'Obeliſque je vous en ay déja marqué la hauteur. On a mis un Monde
fur ſa pointe , & il y a un So- leil au deffus de ce Monde,
qui fait une Deviſe ſans Paro- les. Le pieden eſt enfermé ; &
on n'a épargné aucunedépen- ſe , ny pour fon ornement, ny pour ſa conſervation. Meffieurs de Roche , Romany ,
Agard& Maure font les qua- tre Confuls qui le firent élever l'année derniere ; &les embel
Gij
78. LE MERCURE
liffemens qu'on ya faits celle- cy font dûs aux foins deMef- fieurs de Sabatier , de l'Armeillere , Delofte & Beuf. Il y en a
deux de cedernier Nom , tous.
deux Confuls dans le meſme
temps. Ce que je vous ay dit des Romains qui ont fait au- trefois un fi long ſéjourdans Arles , juftifie affez qu'on l'a toûjours regardé comme une Ville tres-confiderable. En effet ily en a peu dans le Royau- me où l'on trouve tant de Nobleffe , & dont les Habitans.
naiſſent avec de plus loüables inclinations. Ils aiment égale- ment les Armes & les Sciences. L'un&l'autre ſe connoift,
&par le grand nombre d'Of- ficiers d'Armées que cetteVil- le a donnez au Koy depuis la Declaration de la guerre , &
GALANT. 79
-
1
f
12
&
qui font actuellement dans le
fervice , & par l'Etabliſſement d'une Academie de Belles Lettres , érigée en 1668. ſous le bon plaifir de Sa Majesté , aveo les meſmes Privileges que cel- le de Paris. Elle eft toute compoſée de Gens de qualité &de merite , qui n'ont pas moins d'avantage à ſe ſervir de l'Epée que de la Plume , & qui n'a- yant que la gloire pour objet ,
ne refuſent aucun moyend'en
acquerir. Ils ont Monfieur le
Duc de S. Aignan pour Chef.
Ils n'en pouvoient choiſir un dontles ſentimens euffent plus de rapport avec ceux quileur font naturels , puis qu'il ſemble que Mars & les Muſes ayent fait en luy une alliance immor- telle , &qu'on l'a toûjours veu faire gloire, d'eſtre le Prote
Giij
80 LE MERCVRE
cteur des Braves & des Sça- vans. C'eſt de cet Illuftre
Corps que Monfieurde Rou- bin fut choiſi par les Confuls d'Arles , pour aller preſenter au Roy de leur part , l'Eſtam- pe qu'ils ont fait graverde leur Obeliſque. Il eſtoit digne de cet employ , ayant l'Eſprit aifé &delicat ; & capable de tout ce qu'il veut entreprendre. Il n'écrit pas moins agreable- ment en Vers qu'en Profe; &
vous pouvez juger du talent qu'il a pour la Poëſie par ce Sonnet qu'il a fait ſur l'Obelifque dont je vous pa
ayez penſe, vous dédaigniez de paffer par la Ville d'Arles ,
pour y admirer l'Obeliſque qu'on y voit , &dont il eſt difficile que vous n'ayez en- tenduparler. C'eſt undes plus ſuperbes Monumensquenous ayons de l'Antiquité,&le ſeul de cette nature qui foit en France. On n'en ſçait point l'Hiſtoire au vray , mais il n'y a point à douter qu'il ne foit un reſte de la grandeur des Romains
GALANT.
75 Romainsqui onthabité long- temps cette Ville. Apparem- ment ils l'avoient fait venir
d'Egypte pour le conſacrer à
lagloire de quelqu'un de leurs Empereurs ; & ce qui donne lieude le croire, c'eſt qu'il eſt dela meſmematiere que ceux de Rome qu'on a apportez de ce Païs-là, c'eſt à dire de Granite Orientale , qui eſt une efpece de pierre encore plus du- re & plus précieuſe que le marbre. Sa hauteur eſt de cinquante & deux pieds , & fa baſede ſept pieds de diamet re,
toutd'une piece. Il fut trouvé
dansle Jardind'unParticulier,
auprés des Murs de la Ville ,
qui ne ſont pas fort éloignez delaRiviere du Rhône. Il eſt
àcroire qu'il y eſtoit demeuré depuis fon Débarquement,qui Tome VI. G
76 LE MERCURE doit s'eſtre fait il y a environ ſeize Siecles , ſans qu'il ait ja- mais fervy à l'uſage auquel il avoit eſte d'abord deſtiné. 11
eſtoit enſevely dansla terre , la pointe un peudécouverte. On trouve des Memoires dans les
Archives de la Maiſon de Vil-.
le , qui font connoiſtre que Charles IX. Roy de France paſſant par Arles , donna or- dre qu'on le déterrât pour le tranſporter ailleurs ; mais foit que la dépenſe ou la difficul- té de l'entrepriſe le rebutât , il n'acheva point ce qu'il avoit commencé. C'eſt en quoy l'on ne peut affez loüer le zele des Habitans de cette Ville , qui voulant laiſſer à la Pofterité
un Monument eternel de la
véneration qu'ils ont pour le Roy , n'ont pû eſtre arreſtez
r
GALANT. 77 par aucun obſtacle , & ont fait élever cet Obeliſque à ſa gloi- re dans une de leurs Places
publiques , avec de magnifi- ques Inſcriptions aux quatre faces de fon pied-eſtal. Je les fuprime parce qu'elles ne font pas Françoiſes , & que le La- tin n'eſt point de miſe parmy les Dames. Pour l'Obeliſque je vous en ay déja marqué la hauteur. On a mis un Monde
fur ſa pointe , & il y a un So- leil au deffus de ce Monde,
qui fait une Deviſe ſans Paro- les. Le pieden eſt enfermé ; &
on n'a épargné aucunedépen- ſe , ny pour fon ornement, ny pour ſa conſervation. Meffieurs de Roche , Romany ,
Agard& Maure font les qua- tre Confuls qui le firent élever l'année derniere ; &les embel
Gij
78. LE MERCURE
liffemens qu'on ya faits celle- cy font dûs aux foins deMef- fieurs de Sabatier , de l'Armeillere , Delofte & Beuf. Il y en a
deux de cedernier Nom , tous.
deux Confuls dans le meſme
temps. Ce que je vous ay dit des Romains qui ont fait au- trefois un fi long ſéjourdans Arles , juftifie affez qu'on l'a toûjours regardé comme une Ville tres-confiderable. En effet ily en a peu dans le Royau- me où l'on trouve tant de Nobleffe , & dont les Habitans.
naiſſent avec de plus loüables inclinations. Ils aiment égale- ment les Armes & les Sciences. L'un&l'autre ſe connoift,
&par le grand nombre d'Of- ficiers d'Armées que cetteVil- le a donnez au Koy depuis la Declaration de la guerre , &
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&
qui font actuellement dans le
fervice , & par l'Etabliſſement d'une Academie de Belles Lettres , érigée en 1668. ſous le bon plaifir de Sa Majesté , aveo les meſmes Privileges que cel- le de Paris. Elle eft toute compoſée de Gens de qualité &de merite , qui n'ont pas moins d'avantage à ſe ſervir de l'Epée que de la Plume , & qui n'a- yant que la gloire pour objet ,
ne refuſent aucun moyend'en
acquerir. Ils ont Monfieur le
Duc de S. Aignan pour Chef.
Ils n'en pouvoient choiſir un dontles ſentimens euffent plus de rapport avec ceux quileur font naturels , puis qu'il ſemble que Mars & les Muſes ayent fait en luy une alliance immor- telle , &qu'on l'a toûjours veu faire gloire, d'eſtre le Prote
Giij
80 LE MERCVRE
cteur des Braves & des Sça- vans. C'eſt de cet Illuftre
Corps que Monfieurde Rou- bin fut choiſi par les Confuls d'Arles , pour aller preſenter au Roy de leur part , l'Eſtam- pe qu'ils ont fait graverde leur Obeliſque. Il eſtoit digne de cet employ , ayant l'Eſprit aifé &delicat ; & capable de tout ce qu'il veut entreprendre. Il n'écrit pas moins agreable- ment en Vers qu'en Profe; &
vous pouvez juger du talent qu'il a pour la Poëſie par ce Sonnet qu'il a fait ſur l'Obelifque dont je vous pa
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Résumé : Description de l'Obelisque trouvé dans la Ville d'Arles & élevé à la gloire du Roy. [titre d'après la table]
Le texte présente l'obélisque d'Arles, un monument antique recommandé à une dame lors de son retour de Venise. Cet obélisque est l'un des vestiges les plus impressionnants de l'Antiquité en France. Son origine exacte est inconnue, mais il est probable qu'il ait été transporté d'Égypte par les Romains pour honorer un empereur. Fabriqué en granite oriental, il mesure cinquante-deux pieds de haut et sept pieds de diamètre à la base. Découvert dans le jardin d'un particulier près des murs de la ville, il était partiellement enfoui. Charles IX avait ordonné son déplacement, mais ce projet n'a jamais été réalisé. Les habitants d'Arles, voulant honorer le roi, ont érigé l'obélisque dans une place publique avec des inscriptions magnifiques. L'obélisque est orné d'un globe et d'un soleil au sommet, symbolisant une devise sans paroles. Les dépenses pour son ornement et sa conservation n'ont pas été épargnées. Les consuls de l'année précédente et ceux de l'année en cours sont mentionnés pour leurs contributions. Arles est décrite comme une ville importante, connue pour ses nobles et ses habitants qui aiment autant les armes que les sciences. La ville a fourni de nombreux officiers à l'armée et possède une académie de belles-lettres fondée en 1668, dirigée par le Duc de Saint-Aignan. Un certain Monsieur de Roubin, connu pour son esprit et ses talents en poésie, a été choisi pour présenter une gravure de l'obélisque au roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 116-126
COMPLIMENT FAIT AU ROY, En luy presentant l'Estampe de l'Obelisque érigé à sa gloire dans la Ville d'Arles.
Début :
Vous voyez, Madame, que j'ay pas flaté Mr de Roubin / Sire, je viens offrir à Vostre Masjesté au nom de [...]
Mots clefs :
Compliment, Arles, Estampe, Obélisque, Actions héroïques, Romains, France, Victoires, Roi
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texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT FAIT AU ROY, En luy presentant l'Estampe de l'Obelisque érigé à sa gloire dans la Ville d'Arles.
Vousvoyez , Madame , que
je n'av pas flaté Monfieur de Roubin , par ce que je vous ay dit à fon avantage. Il eſt du Pont S. Eſprit en Languedoc. L'amour qu'il a toûjours eu pourles Sciences ne l'a pas em- peſché de prendre party dans la Guerre , où il a eſté Officier,
&fort aimé de feu Monfieur
de Guiſe , qui avoit pour luy
GALANT. 83
e
une confideration toute parti- culiere. Vous vous plaindriez ſans doute ſi je negligeois de vous faire partdu Compliment qu'il a fait au Roy en s'acqui- tant de la commiflion qu'il a- voit reçeuë. Sa Majesté l'écou- ta tres-favorablement , & en a parlé depuis d'une maniere fi glorieuſe pour luy , qu'il n'a beſoin d'aucun autre Eloge.
Voicy les termes dõt il ſe ſervit.
COMPLIMENT
FAIT AU Roy ,
En luy preſentant l'Eſtampe del'O beliſque érigé à ſa gloire dans la Ville d'Arles..
Γ
U
C.
U
1-
15
الی STRE ty
IRE ,
Je viens offrir à Vostre
84 LE MERCVRE Majestéaunomdesa Ville d'Arles , la Figure de l'Obelisque qu'elle afait ériger nouvellement àfagloire. Cette Ville , SIRE ,
qui fut autrefois un desplus Auguſtes Theatres de la magnificen- ce &de la grandeurdes Romains,
&quiſe reſſentant encor aujour- dhuy du commerce qu'elle aeu ft
long-tempsavec ces grands Hom- mes ,ſemble en avoir berité les genereuſes inclinations
jours esté prevenuë de tant d'amour pour les Actions Heroïques,
qu'elle n'a pû voir celles dont V.
M. vient deſe ſignaler dans ces dernieres Campagnes ,fans conce- voir pour Elle des fentimens de veneration , dont elle a voulu
donner des marques publiques à
toute la France. En effet , SIRE,
tandis que V. M. defendsi gene-- reusement nos Frontieres contre
a toû
GALANT. 85
-
1
A
2
ATHELOR
les efforts de tant d'Ennemis , &
que par tant de nobles travaux & tant de glorieuses fatigues .
elle aſſure noftre repos , &nous faitmesme dansle plusfort de la
Guerre , joüir de cette profonde paix , & de cette douce tranquil- lité quifait le bon-heurdes Peuples;tandis queparde nouvelles
Conquestes elle augmente tous les jours les bornes de cet Empire , &
que victorieuſes promenant par , elletout porte
putation de la France jusqu duoc
extremitez de la terre
pas raisonnable que pour tant d'Illustres bienfaits nous luy
donnions quelque témoignage d'u- ne eternelle reconnoissance , &
que par une juste rétribution de
la gloire que lafplendeur & lafelicitédefon Regne répandentfur
tous les François , nous employions
mes
,
LazeLYON
n'est-it
$
86 LE MERCURE
tous nos foins & tous nos efforts pour immortaliser la fienne ?
Nous sommes SIRE ,ſi convain- cus d'un ſi juſte &fi legitime devoir, que-ne pouvant rien trou- ver fur la Terre qui meritaſt de vous estre offert foüilléjusques dans le fond deſon Sein , pour en tirer cet auguste
Monument que la Providence n'avoit fans-doute pris foin d'y
tenir caché durant tant de Siecles , qu'afin quefon Antiquitéle
rendist plus prétieux &plus ve- nerable , plus digne enfin de fer- vir un jour à la gloire du plus grand des Rois. Ilest vray , SIRE,
&je veux l'avoüer icy , qu'un ſi grand &fi magnifique deſſein auroit peut-estre demeuré long- tempsſans execution ,fi cette no- bleCompagniequi compoſevostre Academie Royale , & que nostre
nous avons
Ville
GALANT. 87
.
コーe
Ville regarde comme undeses plus
riches ornemens , ne nous eust enhardisà cette entrepriſe , ennous remontrant qu'il ne faut jamais vien trouver d'impoſſible , nymes- me de difficile , quand il s'agit
de marquerfon zele pour lagloire de V. M. Comme ces Illustres
Génies ont pourbut l'Immortalité, ils ont crû que ce n'estoit point affezde confierau papier lefoin de transmettre aux Siecles fu- turs lefouvenir des merveilles de
voftre Regne , qu'ilfalloit que le Marbre &le bronzefuſſent em- ployezàce granddefſcin , &que pour consacrer voſtre gloire par un Ouvrage qui pust durer an- tant que le Monde,il estoit neceffaire que cet Obélifque demeurast comme un grand Livre toûjours ouvert auxyeux de la Pofterité,
oùvos Actions immortellesfuffent
TomeVI. H
88 LE MERCVRE
écrites avec des caracteres que le
temps nepeut effacer. C'est par là , SIRE , que les uns &les au- tresse font agreablement flatez de ce doux espoir, que vous auriez la bonté de recevoir ce témoignage de leur Zele avec quel- que forte de complaisance , &de
leur accorder en ſuite l'honneur
devostre Auguste &Royale protection. C'est l'unique grace , SIRE , qu'ils viennent aujourd'huy vous demander par ma bouche ,
&dont peut- estre Vostre Majesté
ne les trouveroit pas tout-à-fait
indignes ,fi on pouvoit la meriter par les plus profonds fentimens d'un inviolable respect , par les Sermensfolemnels d'une eternelle
fidelité, &par les vœux ardens
qu'ils font tous les jours au Ciel pour la conſervation de voſtre Perſonne Sacrée , aussi bien que
GALANT. 89
pour la continuation de vos profperitez &de vos Victoires.
je n'av pas flaté Monfieur de Roubin , par ce que je vous ay dit à fon avantage. Il eſt du Pont S. Eſprit en Languedoc. L'amour qu'il a toûjours eu pourles Sciences ne l'a pas em- peſché de prendre party dans la Guerre , où il a eſté Officier,
&fort aimé de feu Monfieur
de Guiſe , qui avoit pour luy
GALANT. 83
e
une confideration toute parti- culiere. Vous vous plaindriez ſans doute ſi je negligeois de vous faire partdu Compliment qu'il a fait au Roy en s'acqui- tant de la commiflion qu'il a- voit reçeuë. Sa Majesté l'écou- ta tres-favorablement , & en a parlé depuis d'une maniere fi glorieuſe pour luy , qu'il n'a beſoin d'aucun autre Eloge.
Voicy les termes dõt il ſe ſervit.
COMPLIMENT
FAIT AU Roy ,
En luy preſentant l'Eſtampe del'O beliſque érigé à ſa gloire dans la Ville d'Arles..
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C.
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الی STRE ty
IRE ,
Je viens offrir à Vostre
84 LE MERCVRE Majestéaunomdesa Ville d'Arles , la Figure de l'Obelisque qu'elle afait ériger nouvellement àfagloire. Cette Ville , SIRE ,
qui fut autrefois un desplus Auguſtes Theatres de la magnificen- ce &de la grandeurdes Romains,
&quiſe reſſentant encor aujour- dhuy du commerce qu'elle aeu ft
long-tempsavec ces grands Hom- mes ,ſemble en avoir berité les genereuſes inclinations
jours esté prevenuë de tant d'amour pour les Actions Heroïques,
qu'elle n'a pû voir celles dont V.
M. vient deſe ſignaler dans ces dernieres Campagnes ,fans conce- voir pour Elle des fentimens de veneration , dont elle a voulu
donner des marques publiques à
toute la France. En effet , SIRE,
tandis que V. M. defendsi gene-- reusement nos Frontieres contre
a toû
GALANT. 85
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A
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ATHELOR
les efforts de tant d'Ennemis , &
que par tant de nobles travaux & tant de glorieuses fatigues .
elle aſſure noftre repos , &nous faitmesme dansle plusfort de la
Guerre , joüir de cette profonde paix , & de cette douce tranquil- lité quifait le bon-heurdes Peuples;tandis queparde nouvelles
Conquestes elle augmente tous les jours les bornes de cet Empire , &
que victorieuſes promenant par , elletout porte
putation de la France jusqu duoc
extremitez de la terre
pas raisonnable que pour tant d'Illustres bienfaits nous luy
donnions quelque témoignage d'u- ne eternelle reconnoissance , &
que par une juste rétribution de
la gloire que lafplendeur & lafelicitédefon Regne répandentfur
tous les François , nous employions
mes
,
LazeLYON
n'est-it
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86 LE MERCURE
tous nos foins & tous nos efforts pour immortaliser la fienne ?
Nous sommes SIRE ,ſi convain- cus d'un ſi juſte &fi legitime devoir, que-ne pouvant rien trou- ver fur la Terre qui meritaſt de vous estre offert foüilléjusques dans le fond deſon Sein , pour en tirer cet auguste
Monument que la Providence n'avoit fans-doute pris foin d'y
tenir caché durant tant de Siecles , qu'afin quefon Antiquitéle
rendist plus prétieux &plus ve- nerable , plus digne enfin de fer- vir un jour à la gloire du plus grand des Rois. Ilest vray , SIRE,
&je veux l'avoüer icy , qu'un ſi grand &fi magnifique deſſein auroit peut-estre demeuré long- tempsſans execution ,fi cette no- bleCompagniequi compoſevostre Academie Royale , & que nostre
nous avons
Ville
GALANT. 87
.
コーe
Ville regarde comme undeses plus
riches ornemens , ne nous eust enhardisà cette entrepriſe , ennous remontrant qu'il ne faut jamais vien trouver d'impoſſible , nymes- me de difficile , quand il s'agit
de marquerfon zele pour lagloire de V. M. Comme ces Illustres
Génies ont pourbut l'Immortalité, ils ont crû que ce n'estoit point affezde confierau papier lefoin de transmettre aux Siecles fu- turs lefouvenir des merveilles de
voftre Regne , qu'ilfalloit que le Marbre &le bronzefuſſent em- ployezàce granddefſcin , &que pour consacrer voſtre gloire par un Ouvrage qui pust durer an- tant que le Monde,il estoit neceffaire que cet Obélifque demeurast comme un grand Livre toûjours ouvert auxyeux de la Pofterité,
oùvos Actions immortellesfuffent
TomeVI. H
88 LE MERCVRE
écrites avec des caracteres que le
temps nepeut effacer. C'est par là , SIRE , que les uns &les au- tresse font agreablement flatez de ce doux espoir, que vous auriez la bonté de recevoir ce témoignage de leur Zele avec quel- que forte de complaisance , &de
leur accorder en ſuite l'honneur
devostre Auguste &Royale protection. C'est l'unique grace , SIRE , qu'ils viennent aujourd'huy vous demander par ma bouche ,
&dont peut- estre Vostre Majesté
ne les trouveroit pas tout-à-fait
indignes ,fi on pouvoit la meriter par les plus profonds fentimens d'un inviolable respect , par les Sermensfolemnels d'une eternelle
fidelité, &par les vœux ardens
qu'ils font tous les jours au Ciel pour la conſervation de voſtre Perſonne Sacrée , aussi bien que
GALANT. 89
pour la continuation de vos profperitez &de vos Victoires.
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Résumé : COMPLIMENT FAIT AU ROY, En luy presentant l'Estampe de l'Obelisque érigé à sa gloire dans la Ville d'Arles.
La lettre traite de Monsieur de Roubin, originaire du Pont-Saint-Esprit en Languedoc, passionné par les sciences et ancien officier apprécié par le défunt Monsieur de Guise. Monsieur de Roubin a adressé un compliment au roi lors de la réception d'une commission, ce qui a été bien accueilli par le roi qui a parlé de lui de manière glorieuse. Ce compliment concernait la présentation d'une estampe de l'obélisque érigé à Arles en l'honneur du roi. Arles, ancienne ville romaine, a voulu honorer les actions héroïques du roi lors des dernières campagnes, exprimant ainsi sa vénération et sa reconnaissance pour la défense des frontières, les conquêtes et la paix assurée par le roi. Pour témoigner de cette reconnaissance, Arles a décidé d'ériger l'obélisque, un monument ancien caché durant des siècles, afin de servir la gloire du roi. L'Académie Royale d'Arles a soutenu ce projet pour immortaliser la gloire du roi, voyant l'obélisque comme un livre ouvert à la postérité où les actions immortelles du roi sont écrites en caractères indélébiles. La ville espère que le roi recevra ce témoignage de zèle avec complaisance et accordera sa protection. La lettre se termine par des vœux pour la conservation de la personne du roi et la continuation de ses prospérités et victoires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 64-80
Compliment de Monsieur de Roubin de l'Académie Royale d'Arles, à Messieurs de l'Académie Françoise, en leur presentant des Estampes de l'Obélisque élevé à la gloire du Roy dans la Ville d'Arles. [titre d'après la table]
Début :
Je ne sçay si l'Autheur de ces Vers est aussi [...]
Mots clefs :
Monsieur Roubin, Académie française, Académie royale d'Arles, Compliment, Obélisque, Arles, Monument, Estampes, Compagnie, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : Compliment de Monsieur de Roubin de l'Académie Royale d'Arles, à Messieurs de l'Académie Françoise, en leur presentant des Estampes de l'Obélisque élevé à la gloire du Roy dans la Ville d'Arles. [titre d'après la table]
Je ne ſçay ſi l'Autheur de ces Vers eft auffi bien fondé en raifon qu'il le croit eſtre , mais je fçay que vous en avez beaucoup,
d'eſtimer autant que vous faites le Compliment que je vous ay envoyé deM de Roubin. Il en a
fait un autre que vous ne ferez pas fâchéede voir. Comme l'A- cadémie Royale d'Arles eſt aſſo- ciée àcelle de Paris , & qu'elle a
toûjours pris ſoin d'entretenir avec cet Illuftre Corps , un cor- refpondance dont elle s'eftime
glorieuſe , en deputans Mr de Roubin pour venir preſenter au Roy l'Estampe du fuperbeObe- liſque dont je vous ay parlé la derniere fois , elle le chargead'en offrir en ſuite àMeſſieurs de l'Académie Françoiſe. L'Avis leur en ayant eſté donné, ils luy firent:
dire par M l'Abbé Tallemant le
42 LE MERCVRE
jeune qui eft preſentement Dire- cteur de la Compagnie ( car on en élitun nouveau tous les trois
mois ) qu'ils attendoient avec beaucoupdejoye l'honneur qu'il leur vouloitfaire , & que quand il luy plairoit venir à leur Aſſem- blée , il y ſeroit tres-bien reçeu.
Sur cette affurance , ce Député ſe rendit à l'Apartement du Lou-- vre quele Royleur a donné pour leurs Conferences , ſans les avoir
fait avertirdujour. Ily fut placé au lieu le plus honorable &avant que leur diftribuer les Eſtampes de l'Obeliſque qu'il leur avoit préparées , avec des copies du Sonnet que vous avez veude luy fur ce ſujet , il leur parla ences
termes.
ESSIEURS,
L'AcadémieRoyale d'Ar-
GALANT. 43
10
1
les qui me procure aujourd'huy l'honneurde paroiſtre dans cette Il- lustre Assemblée , composée de tout ce qu'ily a de plus grand&deplus 1 auguste dans la Republique des Let- tres , veut en ufer aupres de la voſtre
comme une Fille biennée , qui vient de temps en temps rendre compte de - fes occcupations &de ſa conduite à
fa Mere, afin dese conferver dans fa bienveillance. C'est pour cela ,
Meſſieurs , qu'elle m'a chargé de vousfaire part de ce ſuperbe &ma- jestueux Monument qui vient d'eſtre érigéparſesſoins à l'honneurde noſtre Invincible Monarque , &
qu'elle croit pouvoir avec justice
compter au nombre de fes ouvrages,
puis que c'est elle qui en inſpira le premier deſſein , qui en afollicité l'execution , &qui a conduit enfin ſi heureusement l'entrepriſe , qu'ellea
merité non seulement les acclama-
44 LE MERCVRE tions du Public , &les applaudiffemens de la Cour, mais , ce qui luy est encor plus glorieux , les complaiſanses mesme du plus grand Roy de la Terre. Jusqu'icy , Meßieurs , je l'a- vouë, nos Muſes timides & trem- blantes ,se défiant de leurs forces,
n'avoient encorrienentrepris de confiderable àſagloire ; &cedant aux voſtres l'avantage de celebrerſesViEtoires par tout le monde , elles se contentoient de chanter en fecret quelques Hymnes àſa loüange , de brûler àfon honneur quelque grain d'Encens , & de venir ſemer de
temps en temps quelques Fleursfur le marche..pied de fon Trône ; mais aujourd'huy , Meßieurs ,elles por- tent bien plus haut leur ambition,
& voulant donnerdes marques plus
éclatantes de la grandeur de leur ze- le à cet incomparable Monarque,
elles viennent de luy consacrer un
GALANT. 45 Ouvrage , qui malgré l'injure des Temps , & la violence mesme des
Eleniens , eſt aſſuréde pouvoir durer
autant que le Monde. Necroyez pas.
neantmoins , Meßieurs, qu'ilsoitde
lanature de ceux que vous enfantez tous les jours , à qui la beauté du Stile , la fublimité des Pensées , la
force de l'Eloquence , la reputation
enfin &le merite des Autheurs,font
comme autant de garaus d'Immor
talité. Non , Meßieurs , celuy dont
je parle icy , doit cftre regardé plû- toft comme un effort de nos mains,
que de nostre esprit , où parun beu- reux artifice , ayant fait fupléer la Nature à l'Art , & la matiere à
laforme , nous avons trouvéleſecret
de ſauver eternellement de l'Oubly,
l'Auguste Nom de LoüIS LE GRAND en le gravant fur le
Marbre &fur laGranite avec des
Caracteres ineffaçables. C'est en
46 LE MERCVRE quoy, Meßieurs, je ne sçaurois m'em- peſcher de m'applaudiren fecret de
cette loüable précaution que nous
avons euë poursa gloire , quand je confidere ſur tout à combien de mal- heureux accidens ſont ſouvent expofez les Ouvrages meſmes desplus grands Hommes. N'est- ce pas en effet une déplorable coustume , ou plutoſt une malheureuſe necessité,
que celle de confier , comme on fait
tous les jours , les Veritez les plus importantes de noſtre Histoire , àla bonne-foy d'un Dépositaire außifoi- ble , außi leger , &außi périſſable que le Papier , qu'un Enfant déchire , que le Vent emporte , que les
Vers rongent , que l'Eau pourrit , &
que lefeu consume avec tant de facilité ? En verité , Meßieurs , je tremble pour l'intereſt des Muſes de noſtre France , toutes lesfois que je m'imagine qu'il ne faudroit qu'une
GALAΝΤ. 47 petite étincelle pour embraser &
réduire en cendres toute la Bibliotheque du Louvre , & priver ainſi malheureſement la Pofteritédufruit
prétieux de tant de ſueurs & de
tant de veilles que vous conſacrez
au Public , &quidevroient immor- taliſer vos illuftres Noms dans la
memoire des Hommes , auſſi bien
que celuy de nostre Auguste Monar- que. Graces au Ciel, Meſſieurs, nous avons trouvé le moyen de le mettre
àcouvert de ces injustices de la For-- tune , & l'Académie Royale d'Ar- les peut dire maintenant avec raiſon , de ce grand &fuperbe Livre
qu'elle vient de consacreràſagloi- re , ce que le Poëte n'a dit autrefois
duſien queparvanité :
Exegi monumentum ære perennius Quod non imberedax , nec Aquilo impotens , &c.
48 LE MERCVRE Vous en allez juger , Meßicurs, par ces Exemplaires que je suis chargé de vous en offrir . & que vous au rez , s'il vous plaist, la bontéde recevoir avec complaisance de la part d'une Compagnie toute remplie de Sentimens de respect &de venera- tion pour la voſtre , &qui nesou.. haiterien tant au monde que de ſe pouvoir rendre digne parsesfervi- ces decette Adoption gloricuſe dont
il vous aplû l'honorer.
Le Compliment , le Sonner&
les Estampes de l'Obeliſque, dont celle qu'on avoit deſtinée pour la Salle del'Académie , eſtoit enrichie d'une fort belle Bordure,
tout fut reçeu avec applaudiffe- ment de cette Illuſtre Affemblée, au nomde laquelle leDire- cteur remercia M² de Roubin
avec les termes les plus civils, &
apres
GALANT 49 après luy avoirdonnémille aſſu- racesde l'eſtime particuliere que la Compagnie avoit toûjours euë pour l'AcadémieRoyale d'Arles,
itſe plaignit obligeamment de ce que ne l'ayant pas averty dujour qu'il avoit choiſy pourleur faire l'honneur qu'ils recevoient , il luyavoitofté le moyendeſe pré- parer à luy répondre avec plus d'ornement,&de faire tenirune
Aſſemblée extraordinairequi luy auroit donné unplus grand nom- bred'Approbateurs. Il le fuppli cependantaunomde là Compa- gnie , de vouloir donner àM²de Mezeray,qui en eſt le Secretai- re , une copie de fon Difcours pour la mettre dans leur Regi- ſtre. Onluy fit les honneurs en- tiers , &ces Meffieur luydonnerent part aux Jettons comme à
une Perſonne de leur Corps. Je Tome VII. C
e
50 LE MERCVRE
croy , Madame ,que vous n'i gnorez pas que c'eſt une Libera- lité duRoyqui leur donne qua- rante lettons d'argent pour cha- que Seance. Ilgilout diſtribuez à ceux qui s'y rencontrent , &
beaucoup d'entre eux ſe font honneur de s'y louver pour les Fecevoir! Commeleschofesdé
pependent quelquefois autant de la maniere dont elles font tournées , que de ce qu'elles valent par elles-meſimes, la Ville d'Ar- les a bien lieu d'eſtre fatisfaite,
puis que fi le zele qu'elle a pour Le Royluy a fait faire de la dé- penſe, on peut dire que Mede Roubinen arelevéleprix.L'A cadémie qui l'a choifi dans fon Corps pour cette Députation,
nedoit pas eſtre moins contente d'avoir nonumeunes Perdonne
dont d'Esprit a fi avantageufe
GALANT5
i ment ſoûtenu la réputation que cette Compagnie s'eſt acquiſe parmy ceux qui connoiffent ce que c'eſtque les belles Lettres.
d'eſtimer autant que vous faites le Compliment que je vous ay envoyé deM de Roubin. Il en a
fait un autre que vous ne ferez pas fâchéede voir. Comme l'A- cadémie Royale d'Arles eſt aſſo- ciée àcelle de Paris , & qu'elle a
toûjours pris ſoin d'entretenir avec cet Illuftre Corps , un cor- refpondance dont elle s'eftime
glorieuſe , en deputans Mr de Roubin pour venir preſenter au Roy l'Estampe du fuperbeObe- liſque dont je vous ay parlé la derniere fois , elle le chargead'en offrir en ſuite àMeſſieurs de l'Académie Françoiſe. L'Avis leur en ayant eſté donné, ils luy firent:
dire par M l'Abbé Tallemant le
42 LE MERCVRE
jeune qui eft preſentement Dire- cteur de la Compagnie ( car on en élitun nouveau tous les trois
mois ) qu'ils attendoient avec beaucoupdejoye l'honneur qu'il leur vouloitfaire , & que quand il luy plairoit venir à leur Aſſem- blée , il y ſeroit tres-bien reçeu.
Sur cette affurance , ce Député ſe rendit à l'Apartement du Lou-- vre quele Royleur a donné pour leurs Conferences , ſans les avoir
fait avertirdujour. Ily fut placé au lieu le plus honorable &avant que leur diftribuer les Eſtampes de l'Obeliſque qu'il leur avoit préparées , avec des copies du Sonnet que vous avez veude luy fur ce ſujet , il leur parla ences
termes.
ESSIEURS,
L'AcadémieRoyale d'Ar-
GALANT. 43
10
1
les qui me procure aujourd'huy l'honneurde paroiſtre dans cette Il- lustre Assemblée , composée de tout ce qu'ily a de plus grand&deplus 1 auguste dans la Republique des Let- tres , veut en ufer aupres de la voſtre
comme une Fille biennée , qui vient de temps en temps rendre compte de - fes occcupations &de ſa conduite à
fa Mere, afin dese conferver dans fa bienveillance. C'est pour cela ,
Meſſieurs , qu'elle m'a chargé de vousfaire part de ce ſuperbe &ma- jestueux Monument qui vient d'eſtre érigéparſesſoins à l'honneurde noſtre Invincible Monarque , &
qu'elle croit pouvoir avec justice
compter au nombre de fes ouvrages,
puis que c'est elle qui en inſpira le premier deſſein , qui en afollicité l'execution , &qui a conduit enfin ſi heureusement l'entrepriſe , qu'ellea
merité non seulement les acclama-
44 LE MERCVRE tions du Public , &les applaudiffemens de la Cour, mais , ce qui luy est encor plus glorieux , les complaiſanses mesme du plus grand Roy de la Terre. Jusqu'icy , Meßieurs , je l'a- vouë, nos Muſes timides & trem- blantes ,se défiant de leurs forces,
n'avoient encorrienentrepris de confiderable àſagloire ; &cedant aux voſtres l'avantage de celebrerſesViEtoires par tout le monde , elles se contentoient de chanter en fecret quelques Hymnes àſa loüange , de brûler àfon honneur quelque grain d'Encens , & de venir ſemer de
temps en temps quelques Fleursfur le marche..pied de fon Trône ; mais aujourd'huy , Meßieurs ,elles por- tent bien plus haut leur ambition,
& voulant donnerdes marques plus
éclatantes de la grandeur de leur ze- le à cet incomparable Monarque,
elles viennent de luy consacrer un
GALANT. 45 Ouvrage , qui malgré l'injure des Temps , & la violence mesme des
Eleniens , eſt aſſuréde pouvoir durer
autant que le Monde. Necroyez pas.
neantmoins , Meßieurs, qu'ilsoitde
lanature de ceux que vous enfantez tous les jours , à qui la beauté du Stile , la fublimité des Pensées , la
force de l'Eloquence , la reputation
enfin &le merite des Autheurs,font
comme autant de garaus d'Immor
talité. Non , Meßieurs , celuy dont
je parle icy , doit cftre regardé plû- toft comme un effort de nos mains,
que de nostre esprit , où parun beu- reux artifice , ayant fait fupléer la Nature à l'Art , & la matiere à
laforme , nous avons trouvéleſecret
de ſauver eternellement de l'Oubly,
l'Auguste Nom de LoüIS LE GRAND en le gravant fur le
Marbre &fur laGranite avec des
Caracteres ineffaçables. C'est en
46 LE MERCVRE quoy, Meßieurs, je ne sçaurois m'em- peſcher de m'applaudiren fecret de
cette loüable précaution que nous
avons euë poursa gloire , quand je confidere ſur tout à combien de mal- heureux accidens ſont ſouvent expofez les Ouvrages meſmes desplus grands Hommes. N'est- ce pas en effet une déplorable coustume , ou plutoſt une malheureuſe necessité,
que celle de confier , comme on fait
tous les jours , les Veritez les plus importantes de noſtre Histoire , àla bonne-foy d'un Dépositaire außifoi- ble , außi leger , &außi périſſable que le Papier , qu'un Enfant déchire , que le Vent emporte , que les
Vers rongent , que l'Eau pourrit , &
que lefeu consume avec tant de facilité ? En verité , Meßieurs , je tremble pour l'intereſt des Muſes de noſtre France , toutes lesfois que je m'imagine qu'il ne faudroit qu'une
GALAΝΤ. 47 petite étincelle pour embraser &
réduire en cendres toute la Bibliotheque du Louvre , & priver ainſi malheureſement la Pofteritédufruit
prétieux de tant de ſueurs & de
tant de veilles que vous conſacrez
au Public , &quidevroient immor- taliſer vos illuftres Noms dans la
memoire des Hommes , auſſi bien
que celuy de nostre Auguste Monar- que. Graces au Ciel, Meſſieurs, nous avons trouvé le moyen de le mettre
àcouvert de ces injustices de la For-- tune , & l'Académie Royale d'Ar- les peut dire maintenant avec raiſon , de ce grand &fuperbe Livre
qu'elle vient de consacreràſagloi- re , ce que le Poëte n'a dit autrefois
duſien queparvanité :
Exegi monumentum ære perennius Quod non imberedax , nec Aquilo impotens , &c.
48 LE MERCVRE Vous en allez juger , Meßicurs, par ces Exemplaires que je suis chargé de vous en offrir . & que vous au rez , s'il vous plaist, la bontéde recevoir avec complaisance de la part d'une Compagnie toute remplie de Sentimens de respect &de venera- tion pour la voſtre , &qui nesou.. haiterien tant au monde que de ſe pouvoir rendre digne parsesfervi- ces decette Adoption gloricuſe dont
il vous aplû l'honorer.
Le Compliment , le Sonner&
les Estampes de l'Obeliſque, dont celle qu'on avoit deſtinée pour la Salle del'Académie , eſtoit enrichie d'une fort belle Bordure,
tout fut reçeu avec applaudiffe- ment de cette Illuſtre Affemblée, au nomde laquelle leDire- cteur remercia M² de Roubin
avec les termes les plus civils, &
apres
GALANT 49 après luy avoirdonnémille aſſu- racesde l'eſtime particuliere que la Compagnie avoit toûjours euë pour l'AcadémieRoyale d'Arles,
itſe plaignit obligeamment de ce que ne l'ayant pas averty dujour qu'il avoit choiſy pourleur faire l'honneur qu'ils recevoient , il luyavoitofté le moyendeſe pré- parer à luy répondre avec plus d'ornement,&de faire tenirune
Aſſemblée extraordinairequi luy auroit donné unplus grand nom- bred'Approbateurs. Il le fuppli cependantaunomde là Compa- gnie , de vouloir donner àM²de Mezeray,qui en eſt le Secretai- re , une copie de fon Difcours pour la mettre dans leur Regi- ſtre. Onluy fit les honneurs en- tiers , &ces Meffieur luydonnerent part aux Jettons comme à
une Perſonne de leur Corps. Je Tome VII. C
e
50 LE MERCVRE
croy , Madame ,que vous n'i gnorez pas que c'eſt une Libera- lité duRoyqui leur donne qua- rante lettons d'argent pour cha- que Seance. Ilgilout diſtribuez à ceux qui s'y rencontrent , &
beaucoup d'entre eux ſe font honneur de s'y louver pour les Fecevoir! Commeleschofesdé
pependent quelquefois autant de la maniere dont elles font tournées , que de ce qu'elles valent par elles-meſimes, la Ville d'Ar- les a bien lieu d'eſtre fatisfaite,
puis que fi le zele qu'elle a pour Le Royluy a fait faire de la dé- penſe, on peut dire que Mede Roubinen arelevéleprix.L'A cadémie qui l'a choifi dans fon Corps pour cette Députation,
nedoit pas eſtre moins contente d'avoir nonumeunes Perdonne
dont d'Esprit a fi avantageufe
GALANT5
i ment ſoûtenu la réputation que cette Compagnie s'eſt acquiſe parmy ceux qui connoiffent ce que c'eſtque les belles Lettres.
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Résumé : Compliment de Monsieur de Roubin de l'Académie Royale d'Arles, à Messieurs de l'Académie Françoise, en leur presentant des Estampes de l'Obélisque élevé à la gloire du Roy dans la Ville d'Arles. [titre d'après la table]
Le texte décrit une correspondance entre deux individus concernant une initiative de l'Académie Royale d'Arles envers l'Académie Française. L'Académie d'Arles, en collaboration avec celle de Paris, a envoyé Monsieur de Roubin pour présenter une estampe d'un obélisque au roi, puis à l'Académie Française. Informée par l'abbé Tallemant, l'Académie Française a exprimé sa joie et son attente de recevoir Monsieur de Roubin. Ce dernier s'est rendu à l'Académie Française sans préavis et a été accueilli avec honneur. Il a présenté l'estampe de l'obélisque, accompagnée d'un sonnet, et a prononcé un discours soulignant la grandeur de l'œuvre dédiée à Louis le Grand. Le discours mettait en avant la durabilité de l'obélisque, contrastant avec la fragilité des œuvres littéraires sur papier. L'Académie Française a accueilli favorablement le discours et les présents, exprimant des regrets de ne pas avoir été prévenue pour mieux préparer la réception. Monsieur de Roubin a été traité avec les honneurs dus à un membre de l'Académie et a reçu des jetons d'argent distribués lors des séances. La ville d'Arles et l'Académie sont satisfaites du zèle et de l'esprit de Monsieur de Roubin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 223-227
DESCRIPTION de la décoration du Temple de Mars, & du Feu d'artifice que la ville de Bordeaux a fait tirer pour célébrer la prise du Fort S. Philippe.
Début :
Le Plan du Temple de Mars représentoit un quarré parfait. [...]
Mots clefs :
Bordeaux, Temple de Mars, Feux d'artifice, Obélisque, Marbre, Dorures, Arcade, Statues, Maréchal de Richelieu, Symbolique
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texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION de la décoration du Temple de Mars, & du Feu d'artifice que la ville de Bordeaux a fait tirer pour célébrer la prise du Fort S. Philippe.
DESCRIPTION de la décoration du
Temple de Mars , & du Feu d'artifice que
la ville de Bordeaux a fait tirer pour célébrer
la prife du Fort S. Philippe
LE Plan du Temple de Mars repréfentoit un
quarré parfait. Sa hauteur, depuis le pavé jufqu'au
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
deffus de la corniche étoit de vingt-deux pieds ;
au deffus de la corniche ou entablement , & au
pourtour de tout l'édifice régnoit une balustrade
dorée de quatre pieds de hauteur.
Au deffus , & fur le milieu du Temple , s'élevoit
un obélifque de trente-fix pieds de hauteur , furmonté
d'un grand Globe d'artifice de cinq pieds
de diametre.
Toute la hauteur de l'édifice étoit de foixantelept
pieds ; tous les corps maffifs du Temple
étoient peints en marbre Sérancolin , & les tables .
& panneaux en marbre verd antique ; les focles du
Temple & de l'obélifque étoient en grotte.
La façade , du côté de l'Hôtel de Ville , étoit
décorée d'un avant - corps de dix- fept pieds de largeur
,fur un pied fix pouces de faillie , dans le milieu
duquel il y avoit une arcade de neuf pieds de
largeur fur dix-neuf pieds d'élévation , formée
par deux pilaftres de quatre pieds de largeur , à
cadres doiés & ornés des panneaux de relief, fur
lefquels étoient peints & rehauffés en or des trophées
d'armes entrelacées de branches de lauriers.
L'impofte , l'archivolte & les tables qui régnoient
au tour de l'archivolte étoient de relief
doré.
Au deffus de l'arcade étoit placé un grand cartouche
en relief de fix pieds fix pouces de largeur
fur neuf pieds de hauteur, y compris la couronne ,
dans lequel étoient deux écuffons accolés aux Armes
de France & de Navarre , entourées des colliers
des Ordres du Roi ; le cartouche , la couronne
& tous les ornemens étoient dorés , & les écusfons
blazonnés en couleur.
Au bas du cartouche , & joignant l'archivolte ;
fortoient deux chûtes en feftons de feuilles de
laurier , en relief doré , de neuf pieds de longueur,
OCTOBRE. 1756. 225
de l'extrêmité defquelles tomboient des guirlandes
auffi de relief , attachées par des agraites.
Dans le renfoncement de l'arcade , étoit placée
la ftatue de M. le Maréchal de Richelieu fous
les habits du Dieu Mars , l'épée à la main , &
appuyée fur des trophées d'armes mêlés de lauriers
; à côté étoit un génie portant le bâton
de Maréchal de France , & les armes de M. le
Duc de Richelieu ; ce grouppe de bronze peint en
tranfparent , étoit élevé fur un piedeſtal Corinthien
de marbre de Carrare , dans le panneau duquel
on lifoit cette infcription : Marti Gallico
civitas Burdigalenfis pofuit.
Le piedeftal portoit fur trois marches de marbre
blanc , veiné.
De chaque côté de l'avant- corps & dans les
parties fimples , étoient deux grands cadres à
bordures & ceintres dorés , ornés dans leur milieu
d'agraffes , le tout en relief doré de fix pieds
fix pouces de largeur , fur treize pieds de hauteur,
y compris un fecond focle peint en marbre de
Carrare , fur lefquels repofoient deux tableaux de
coloris en tranfparent , dont l'un représentoit
Neptune fortant du fein de la mer , appuyé fur un
rocher , tendant fes bras au Génie de la France
qui lui ôtoit des fers qu'il préfentoit à la ftatue
de M. le Maréchal de Richelieu . Dans le focle
da tranfparent qui étoit au bas du tableau ,
étoient ces mots : Neptunus Mediterraneus. Liberatori
fuo. L'Attique au deffus de ce tableau
étoit ornée & chantournée d'une bordure en relief
doré , au milieu de laquelle on voyoit en tranfparent
colorié les colonnes d'Hercule pofées fur des
rochers , entre lefquels étoient la maffue de ce:
Dieu avec la dépouille du Lion de Némée : autour:
étoient ces mots : Et plus ultrà , pour défignen
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
que
les conquêtes du Roi fur les Anglois s'éten➡
droient au delà de Gibraltar figuré par les colonnes
d'Hercule .
Le fecond tableau auffi en tranfparent à gauche
de l'avant -corps , repréfentoit la ville de Bordeaux
fous la figure d'ure femme couronnée de
tours , couverte d'une robe rouge , parfemée de
croiflans d'argent qui font partie des armes de la
Ville. Cette figure dans une attitude d'admiration
pofoit une couronne de lauriers fur l'écuffon
des armes de Monfeigneur le Maréchal de Richelien
, fupportées par deux Génies , dont l'un tenoit
des palmes , & l'autre le bâton de Maréchal
entouré de lauriers .Cet écuffon repofoit fur des tro.
phées d'armes. A côté de la ville de Bordeaux étoit
un autre Génie appuyé fur les armes de la Ville .
Dans le focle on lifoit cette infcription : Civi
tas Burdigalenfis . Gubernatori invictiffimo. Dans
l'Attique au- deffus , ornée comme la précédente
, étoit peint en tranfparent un grand foleil
rayonnant , prefque tout couvert , & traversé dans
fon milieu par d'épais nuages , avec ces mots :
Tegitur , dum fulmina pariet ; pour repréſenter la
longue modération du Roi dont les Anglois ont
fi longtemps abufé , & le fecret impénétrable
avec lequel Sa Majesté a préparé & difpofé toutes
les opérations d'une campagne dont le fuccès
étonne aujourd'ui l'Angleterre.
Tout ce qui peut rendre plus éclatante une
grande fête , fut employé dans celle- ci avec une
magnificence extraordinaire. Illumination géné
tale , feux devant les portes , grand fouper où
cert femmes furent fervies par deux cens cava-
Jicis , feu d'artifice très- long & très - heureuſement
exécuté , bal mafqué répété dans fix falles
immenfes, tout ce que l'art , lajoie & le zele peuOCTOBRE.
1756. 227
vent inventer fut mis en ufage pour exprimer
Padmiration pour M. de Richelieu , & l'amour pour
le Roi.
Temple de Mars , & du Feu d'artifice que
la ville de Bordeaux a fait tirer pour célébrer
la prife du Fort S. Philippe
LE Plan du Temple de Mars repréfentoit un
quarré parfait. Sa hauteur, depuis le pavé jufqu'au
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
deffus de la corniche étoit de vingt-deux pieds ;
au deffus de la corniche ou entablement , & au
pourtour de tout l'édifice régnoit une balustrade
dorée de quatre pieds de hauteur.
Au deffus , & fur le milieu du Temple , s'élevoit
un obélifque de trente-fix pieds de hauteur , furmonté
d'un grand Globe d'artifice de cinq pieds
de diametre.
Toute la hauteur de l'édifice étoit de foixantelept
pieds ; tous les corps maffifs du Temple
étoient peints en marbre Sérancolin , & les tables .
& panneaux en marbre verd antique ; les focles du
Temple & de l'obélifque étoient en grotte.
La façade , du côté de l'Hôtel de Ville , étoit
décorée d'un avant - corps de dix- fept pieds de largeur
,fur un pied fix pouces de faillie , dans le milieu
duquel il y avoit une arcade de neuf pieds de
largeur fur dix-neuf pieds d'élévation , formée
par deux pilaftres de quatre pieds de largeur , à
cadres doiés & ornés des panneaux de relief, fur
lefquels étoient peints & rehauffés en or des trophées
d'armes entrelacées de branches de lauriers.
L'impofte , l'archivolte & les tables qui régnoient
au tour de l'archivolte étoient de relief
doré.
Au deffus de l'arcade étoit placé un grand cartouche
en relief de fix pieds fix pouces de largeur
fur neuf pieds de hauteur, y compris la couronne ,
dans lequel étoient deux écuffons accolés aux Armes
de France & de Navarre , entourées des colliers
des Ordres du Roi ; le cartouche , la couronne
& tous les ornemens étoient dorés , & les écusfons
blazonnés en couleur.
Au bas du cartouche , & joignant l'archivolte ;
fortoient deux chûtes en feftons de feuilles de
laurier , en relief doré , de neuf pieds de longueur,
OCTOBRE. 1756. 225
de l'extrêmité defquelles tomboient des guirlandes
auffi de relief , attachées par des agraites.
Dans le renfoncement de l'arcade , étoit placée
la ftatue de M. le Maréchal de Richelieu fous
les habits du Dieu Mars , l'épée à la main , &
appuyée fur des trophées d'armes mêlés de lauriers
; à côté étoit un génie portant le bâton
de Maréchal de France , & les armes de M. le
Duc de Richelieu ; ce grouppe de bronze peint en
tranfparent , étoit élevé fur un piedeſtal Corinthien
de marbre de Carrare , dans le panneau duquel
on lifoit cette infcription : Marti Gallico
civitas Burdigalenfis pofuit.
Le piedeftal portoit fur trois marches de marbre
blanc , veiné.
De chaque côté de l'avant- corps & dans les
parties fimples , étoient deux grands cadres à
bordures & ceintres dorés , ornés dans leur milieu
d'agraffes , le tout en relief doré de fix pieds
fix pouces de largeur , fur treize pieds de hauteur,
y compris un fecond focle peint en marbre de
Carrare , fur lefquels repofoient deux tableaux de
coloris en tranfparent , dont l'un représentoit
Neptune fortant du fein de la mer , appuyé fur un
rocher , tendant fes bras au Génie de la France
qui lui ôtoit des fers qu'il préfentoit à la ftatue
de M. le Maréchal de Richelieu . Dans le focle
da tranfparent qui étoit au bas du tableau ,
étoient ces mots : Neptunus Mediterraneus. Liberatori
fuo. L'Attique au deffus de ce tableau
étoit ornée & chantournée d'une bordure en relief
doré , au milieu de laquelle on voyoit en tranfparent
colorié les colonnes d'Hercule pofées fur des
rochers , entre lefquels étoient la maffue de ce:
Dieu avec la dépouille du Lion de Némée : autour:
étoient ces mots : Et plus ultrà , pour défignen
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
que
les conquêtes du Roi fur les Anglois s'éten➡
droient au delà de Gibraltar figuré par les colonnes
d'Hercule .
Le fecond tableau auffi en tranfparent à gauche
de l'avant -corps , repréfentoit la ville de Bordeaux
fous la figure d'ure femme couronnée de
tours , couverte d'une robe rouge , parfemée de
croiflans d'argent qui font partie des armes de la
Ville. Cette figure dans une attitude d'admiration
pofoit une couronne de lauriers fur l'écuffon
des armes de Monfeigneur le Maréchal de Richelien
, fupportées par deux Génies , dont l'un tenoit
des palmes , & l'autre le bâton de Maréchal
entouré de lauriers .Cet écuffon repofoit fur des tro.
phées d'armes. A côté de la ville de Bordeaux étoit
un autre Génie appuyé fur les armes de la Ville .
Dans le focle on lifoit cette infcription : Civi
tas Burdigalenfis . Gubernatori invictiffimo. Dans
l'Attique au- deffus , ornée comme la précédente
, étoit peint en tranfparent un grand foleil
rayonnant , prefque tout couvert , & traversé dans
fon milieu par d'épais nuages , avec ces mots :
Tegitur , dum fulmina pariet ; pour repréſenter la
longue modération du Roi dont les Anglois ont
fi longtemps abufé , & le fecret impénétrable
avec lequel Sa Majesté a préparé & difpofé toutes
les opérations d'une campagne dont le fuccès
étonne aujourd'ui l'Angleterre.
Tout ce qui peut rendre plus éclatante une
grande fête , fut employé dans celle- ci avec une
magnificence extraordinaire. Illumination géné
tale , feux devant les portes , grand fouper où
cert femmes furent fervies par deux cens cava-
Jicis , feu d'artifice très- long & très - heureuſement
exécuté , bal mafqué répété dans fix falles
immenfes, tout ce que l'art , lajoie & le zele peuOCTOBRE.
1756. 227
vent inventer fut mis en ufage pour exprimer
Padmiration pour M. de Richelieu , & l'amour pour
le Roi.
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Résumé : DESCRIPTION de la décoration du Temple de Mars, & du Feu d'artifice que la ville de Bordeaux a fait tirer pour célébrer la prise du Fort S. Philippe.
Le texte décrit les festivités organisées par la ville de Bordeaux pour célébrer la prise du Fort Saint-Philippe, mettant en avant la décoration du Temple de Mars et un feu d'artifice. Le Temple de Mars était un édifice carré de soixante-sept pieds de hauteur, orné d'une balustrade dorée et d'un obélisque surmonté d'un globe d'artifice. Les matériaux utilisés comprenaient du marbre Sérancolin et du marbre verd antique, avec des décorations en grottes. La façade côté Hôtel de Ville présentait un avant-corps de dix-sept pieds de largeur, avec une arcade de neuf pieds de largeur et dix-neuf pieds d'élévation. Cette arcade était ornée de trophées d'armes et de lauriers. Au-dessus de l'arcade, un cartouche doré affichait les armes de France et de Navarre. Dans l'arcade, une statue du Maréchal de Richelieu en habit de Mars était accompagnée d'un génie portant le bâton de Maréchal. De chaque côté de l'avant-corps, deux tableaux en transparent représentaient Neptune libérant la statue du Maréchal et la ville de Bordeaux couronnant les armes du Maréchal. Ces tableaux étaient ornés de bordures dorées et d'inscriptions latines. La célébration comprenait une illumination générale, des feux devant les portes, un grand souper servi par deux cents cavaliers, un feu d'artifice et des bals masqués dans six salles immenses. Cette fête visait à exprimer l'admiration pour le Maréchal de Richelieu et l'amour pour le Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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