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1
p. 107-117
« ESSAI SUR L'ART DE LA GUERRE, 2 vol. in-4o. ornés de plans, de vignettes [...] »
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ESSAI SUR L'ART DE LA GUERRE, 2 vol. in-4o. ornés de plans, de vignettes [...]
Mots clefs :
Art de la guerre, Science militaire, Manoeuvres militaires, Opérations militaires, Guerre, Généraux, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « ESSAI SUR L'ART DE LA GUERRE, 2 vol. in-4o. ornés de plans, de vignettes [...] »
SSAI SUR L'ART DE LA GUERRE , 2
ESSA
vol. in-4° .ornés de plans , de vignettes
& de culs- de- lampe. A Paris , chez Prault ,
Libraire , quai de Conti ; & chez Jombert ,
Imprimeur, rue Dauphine . Par M. le Comte
Turpin de Criffé , Brigadier des armées
du Roi , Meſtre de camp d'un Régiment
de Huffards , de l'Académie royale de Berlin
, & c.
EXTRAIT. '
Le fiécle dernier a été l'épaque la plus
brillante des beaux Arts , mais il étoit
réfervé à celui- ci de perfectionner certaines
fciences ; telle eft la fcience militaire .
Montecuculli , le Duc de Rohan & quelques
autres n'ayant donné que des principes
fans en faire d'application , n'ont pût
être que d'un foible fecours pour les Feuquiere
, les Folard , les Puyfegur & plufieurs
autres les meilleures traductions de
Strabon , de Végece , d'Alien , de l'Empereur
Léon, & de prefque tous les anciens qui
ont écrit fur cette matiere , ont été faites
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
fous nos yeux. Tout ce qu'on avoit fur
la guerre de fiége fe réduifoit au livre de
Vauban , ouvrage admirable , mais où tout
n'eſt pas encore développé. Parmi ceux qui
de nos jours ont parlé de la guerre de campagne
, il n'en eft point qui ayent embraffé
toutes les manoeuvres & toutes les opérations
; c'eft ce que M. le Comte Turpin a
entrepris dans fon effai ; il n'excepte que
les fiéges qui ne font point de fon fujet.
Il a fçu rendre fon ouvrage utile , non
feulement aux jeunes militaires, qui y trou
veront tous les principes d'un art également
profond & fublime , mais encore à
ceux à qui une longue expérience a appris
que ces principes varient dans la pratique.
fuivant les circonftances. De tous les
moyens qu'il donne pour prévenir les événemens
, le plus certain pour un Général
eft la connoiffance du pays ; c'eft auffi celui
dont il fait émaner tous les préceptes que
renferme fon ouvrage.
Il traite dans le premier livre de tout ce
qui peut avoir quelque rapport à la guerre
défenfive , & des moyens d'exécuter dans
différens pays , foit de plaine , de montagnes
, de bois , fur les rivieres , & c . toutes
fortes d'opérations , avec une armée ou
avec des détachemens : il les fuit dans leur
marche , dans leur retraite , dans l'efcorte
JANVIER. 1755. 109
des convois , dans les fourrages au verd &
au fec , de quelque arme qu'ils foient compofés
; dans leurs camps , foit qu'ils y entrent
, foit qu'ils en fortent. L'auteur commence
par la défenſe , parce que , dit- il ,
c'eft la plus naturelle à l'homme . » En
» effet , ajoûte - t - il , à fuivre toutes les
» opérations d'une campagne , on voit que
» c'eft feulement la crainte d'ètre attaqué
qui a fait imaginer des précautions pour
»l'attaque même.
Elle fait le fujet du fecond livre . Les
principaux moyens qu'elle employe , font
les furprifes , les efpions , les embuscades ,
la force ouverte , & enfin les batailles :
chacun de ces moyens eft traité avec beancoup
d'érudition ; mais le chapitre des batailles
renferme un détail qui fuppofe des
connoiffances infinies. Après y avoir parlé
des occafions où il faut éviter ou donner
une bataille , après avoir établi les principes
que nos plus grands Généranx paroif
fent avoir fuivis dans ces circonftances ,
d'où dépendent le falut ou la perte , la
gloire ou la honte d'un Etat , M. L. C. T.
fuppofe quatre différentes difpofitions
d'armée , & démontre autant qu'il eft
poffible quel doit être le fuccès en fuivant
tels ou tels principes. M. le Maréchal
de Puyfegur a reçu tous les préceptes dans
110 MERCURE DE FRANCE.
la fuppofition qu'il fait d'une bataille aux
environs de Paris ; mais il étoit difficile de
trouver dans un eſpace auffi peu étendu
tous les terreins poflibles dont la connoiffance
étoit néceffaire au militaire . L'Auteur
de l'effai a fenti cette difficulté ; il a
fait les difpofitions relativement aux pays
qui fe rencontrent le plus communément ,
& il y a bien peu de cas qu'il n'ait prévûs.
Dans le troifieme livre , l'Auteur parle
des quartiers & des cantonnemens relatievement
à la défenfe ; il fait confifter leur
fûreté dans la vigilance de chaque Commandant
dans la place d'armes particuliere
& générale des quartiers , dans les ve-
-dettes & gardes à cheval difpofées avec
-précaution; dans les détachemens en avant,
dans les manoeuvres qu'il faut oppofer
l'ennemi contre les fauffes alarmes , dans
les précautions qu'il faut prendre en éta-
-bliflant fes quartiers ; précautions que l'Auteur
fait varier à mefure que la nature du
pays change ; la circonfpection qu'on doit
avoir en entrant dans les quartiers , ou
lorfqu'on veut en défendre l'entrée à l'en-
<nemi.
L'Auteur continue dans le quatrieme livre
à détailler les manoeuvres relatives aux
quartiers , foit pour ll''aattttaaqquuee en général
foit pour la retraite , tant des détachemens
>
JANVIER. 1755 .
que d'une armée qui n'a pu forcer les
quartiers d'une autre armée.
Ce quatrieme livre eft fuivi d'une méthode
raiſonnée , qui rend les opérations
d'une campagne plus fûres & le fuccès
moins douteux , en établiſſant dans le pays
aqu'on veut conquérir , des parelleles d'un
endroit à l'autre , & en obfervant à peuprès
en grand la même méthode qu'on obferve
en petit dans les fiéges pour parvemir
au corps de la place . M. L. C. T. a la
bonne foi d'avouer que cette idée lui a été
.communiquée par un militaire d'une expérience
confommée ; mais elle lui devient
-propre , par la maniere précife & claire
dont elle eft rendue.
Le cinquieme livre eft destiné à parler
de la petite guerre , de la néceffité des
-Huffards, ( troupes dont le fervice mési-
-te une attention particuliere ) de l'ufage
-qu'on doit en faire , foit en détachement ,
-foit le jour d'une bataille ; des troupes légeres
; de leur fervice à pied pendant la
-campagne , & de leur place le jour d'une
action générale. M. L. C. T. parle des Huffards
avec connoiffance de caufe ; c'eſt avec
´› cette arme qu'il s'eft acquis la réputation
- dont il jouit.
*
Les bornes d'un extrait ne permettent
point d'entrer dans un plus long détail.
112 MERCURE DE FRANCE.
Cet ouvrage eft rempli d'érudition , foit
pour les principes , fruit d'une étude pénible
& d'une longue expérience , foit
dans les exemples aufquels ces principes
font appliqués , d'une grande connoiffan
ce de l'art qui y eft traité , d'une critique
jufte , où , fans compromettre la gloire des
nations dont l'Auteur eft obligé de parler
ni celle des militaires dont il difcute les
actions , les fautes qu'ils ont faites & les
fuccès qu'ils ont eus , font ramenés aux
principes & jugés fans partialité. Leftyle
eft par- tout adapté à la matière , élegant ,
noble , précis fans obfcurité , clair fans
diffufion , fimple dans le détail des principes
, élevé dans l'expofition des faits &
des actions que l'Auteur cite , & ferré
dans les difcuffions .. En un mot , M. L. C.
T, a trouvé l'art de rendre agréable à ceuxmêmes
qui ne font pas du métier , une matiere
qui par elle - même eft aride , & de répandre
des fleurs fur un écrit purement didactique
, en fondant les principes dans
les exemples , fans trop les multiplier , défaut
prefque inévitable dans ce genre d'ou-
-vrages.
"
Si on avoit à reprocher quelque chofe
à l'Auteur , ce feroit le titre ; qui ne paroît
point fait pour un livre de cette étendue
& de cette profondeur , qui traite de toute
JANVIER. 1755. 113
la
guerre en général : on pourroit fubftituer
au mot effai un titre plus décidé ; mais
M. L. C. T. a fans doure cru que cette
modeſtie convenoit à fon âge , & qu'il valoit
mieux laiffer à fes compatriotes le foin
d'apprécier fon ouvrage.
Le difcours préliminaire a été regardé
par les vrais connoiffeurs comme un trèsbeau
morceau d'éloquence . M. L. C. T. y
parle des qualités du Général , en homme
qui les poffede , & réduit les principales au
génie , au coup d'oeil , au fang- froid & à
la connoiffance exacte du pays.
Pour donner une idée du ftyle de cet
ouvrage , on fe contentera de rapporter ce
qu'il dit de ces qualités.
» Comme elles émanent du génie , dit-
» il , que celui qui fe deftine au métier
» des armes ne s'y engage point fans l'a-
» voir confulté & fans connoître fon ta-
» lent & fes forces. La capacité , foit dans
»le Général, foit dans l'Officier, eft le fruit
» du génie excité par un goût naturel
»fon métier : fans ce goût, fans cette efpece
pour
de vocation qui nous entraîne comme
» malgré nous- mêmes , & qui eft la mar-
» que la plus fùre d'un talent décidé , on
» étudie fans fruit , & l'on pratique fans
» difcernement .
Le génie ne s'acquiert point , il naît
114 MERCURE DE FRANCE.
»
» avec nous ; il eft , dit -on , plus aifé à la
» nature de produire un monftre qu'ua
» homme fans talent : mais tout le monde
» ne naît point avec du génie ; c'eft la plus
» belle qualité de l'ame. Avec du talent
on peut être un bon militaire ; avec du
» génie un bon militaire devient un grand
Général : c'eft quelquefois l'affemblage
» des talens , c'est toujours la perfection
de celui que la nature nous a donné ,
» qui décele le génie. On étudie , on cher-
» che fon talent , fouvent on le manque ;
» le génie fe développe de lui -même : le
» talent peut être enfoui , parce qu'il n'a
pas toujours des occafions pour éclater ;
» le génie perce malgré tous les obftacles ,
» c'eft lui feul qui produit , le talent ne fait
» que mettre en oeuvre , & c.
و ر
Le coup d'oeil eft naturel à certaines
perfonnes , & dans ceux-là il eft l'effet
du génie ; d'autres l'acquierent par l'é-
» tude & par l'expérience . Celui qui a affez
de courage pour conferver le fang- froid
dans les occafions les plus preffantes ,
»
a le coup d'oeil plus prompt & plus jufte :
"un homme vif & bouillant , quoique
» brave , ne voit rien ; ou s'il voir quelque
chofe , c'est toujours confufément ,
» & trop tard.
»
» Le coup d'oeil n'eft autre chofe que
JANVIER. 1755 . 15
;
»
» ce génie pénétrant à qui rien n'échappe ;
» il voit dans les coeurs jufques aux plus
légeres impreffions qui peuvent les agi-
» ter. Le Général qui fçait allier le fang-
» froid à cette qualité , ne manque jamais
» de reffources , & c.
Il faut voir dans le difcours même ce
qu'il penfe de la bravoure & du courage ,
les diftinctions délicates & ingénieufes
qu'il en fait , ce qu'il dit de la nobleffe
d'origine , de la difcipline , des dangers
attachés à l'honneur de commander. » Ce
grade ambitionné , dit - il , touche les
» deux extrêmités , ou la gloire ou la
» honte.
"
"
C'est ainsi que finit ce difcours. » J'ai
» moins cherché à plaire à l'oreille qu'à
perfuader le coeur . Si le zele pour fon
Roi , fi l'amour pour fa patrie , enfin fi
l'honneur & la vertu avoient un style
particulier , ce feroit celui que j'aurois
» choifi ; mais un militaire eft affez éloquent
lorfqu'il rend fes idées avec net-
» teté ; mes voeux font remplis fi je fuis
entendu du foldat , fans qu'il ait befoin
» de m'étudier.
"
Je ne rapporterai que le trait fuivant ,
pour faire voir quelle eft la maniere de
critiquer de M. L. C. T. liv. 2. chap. 3 .
On doit garder la promeffe & fa foi ,
116 MERCURE DE FRANCE.
D» dit Onozander , aux traîtres même : on
» peut en effet leur tenir parole fans rien
craindre , pourvû qu'on fçache s'en mé-
» fier ; mais il y a bien loin de la rufe à
» la trahiſon on peut fe mettre à cou-
» vert de l'une , au lieu que toute la pru-
» dence humaine ne peut fe o
de
» l'autre. Lorfque dans Virgile , par l'ar-
» tifice de Sinon , les Troyens introdui-
» fent eux - mêmes l'ennemi dans leurs
» murs , on ne peut blâmer que leur im-
» prudente crédulité ; mais lorfque dans
» l'Iliade on voit Minerve , au mépris
» d'une alliance jurée , perfuader à Pan-
» darus de décocher une fléche contre Mé-
» nelas , on est étonné qu'Homere ait ofé
» faire de Minerve la Déeffe de la fageffe .
M. L. C. T. finit fon ouvrage en fai- ·
fant enviſager au militaire l'humanité
comme le premier principe de toutes fes
actions ; il prouve la néceflité de ce devoir
, fi fouvent négligé par des citations
heureufes , ce qui le conduit naturellement
à parler de la Religion , la bafe de toute
fubordination ; il en parle en Philofophe
chrétien ; & fans beaucoup s'étendre fur
cette matière , il en dit affez pour la faire
refpecter. !
Enfin tout refpire la vertu dans cet ouvrage.
L'amour de fon métier , le defir d'êJANVIER.
1755. 117
tre utile à fes concitoyens , la gloire de
fon Maître & la grandeur de l'Etat , y prennent
par-tout le ton du fentiment & de
l'humanité. L'auteur femble donner à regret
les préceptes d'un art qu'il profeffe
en citoyen , & dont il parle en Philofophe
ami des hommes. Il ne perd jamais de vûe
le but qu'il fe propofe dès le commencement
, & fur- tout dans le chapitre des
batailles , de ne regarder la guerre que
comme l'inftrument de la paix.
Les curieux n'ont rien à defirer pour
ce qui regarde la beauté de l'édition , qui
ne peut que faire honneur aux foins de
P. G. Simon , Imprimeur, rue de la Harpe ;
à la délicateffe & à la légereté de burin
du fieur d'Heulland , Graveur du Roi , de
qui font les vingt- cinq plans qu'on trouve
à la fin du fecond volume ; à la fineſſe &
à l'élégance des deffeins du fieur Chedel ,
qui a gravé les vignettes & les culs-delampe
.
Cet ouvrage a été préfenté au Roi , qui
en a accepté la dédicace avec bonté.
ESSA
vol. in-4° .ornés de plans , de vignettes
& de culs- de- lampe. A Paris , chez Prault ,
Libraire , quai de Conti ; & chez Jombert ,
Imprimeur, rue Dauphine . Par M. le Comte
Turpin de Criffé , Brigadier des armées
du Roi , Meſtre de camp d'un Régiment
de Huffards , de l'Académie royale de Berlin
, & c.
EXTRAIT. '
Le fiécle dernier a été l'épaque la plus
brillante des beaux Arts , mais il étoit
réfervé à celui- ci de perfectionner certaines
fciences ; telle eft la fcience militaire .
Montecuculli , le Duc de Rohan & quelques
autres n'ayant donné que des principes
fans en faire d'application , n'ont pût
être que d'un foible fecours pour les Feuquiere
, les Folard , les Puyfegur & plufieurs
autres les meilleures traductions de
Strabon , de Végece , d'Alien , de l'Empereur
Léon, & de prefque tous les anciens qui
ont écrit fur cette matiere , ont été faites
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
fous nos yeux. Tout ce qu'on avoit fur
la guerre de fiége fe réduifoit au livre de
Vauban , ouvrage admirable , mais où tout
n'eſt pas encore développé. Parmi ceux qui
de nos jours ont parlé de la guerre de campagne
, il n'en eft point qui ayent embraffé
toutes les manoeuvres & toutes les opérations
; c'eft ce que M. le Comte Turpin a
entrepris dans fon effai ; il n'excepte que
les fiéges qui ne font point de fon fujet.
Il a fçu rendre fon ouvrage utile , non
feulement aux jeunes militaires, qui y trou
veront tous les principes d'un art également
profond & fublime , mais encore à
ceux à qui une longue expérience a appris
que ces principes varient dans la pratique.
fuivant les circonftances. De tous les
moyens qu'il donne pour prévenir les événemens
, le plus certain pour un Général
eft la connoiffance du pays ; c'eft auffi celui
dont il fait émaner tous les préceptes que
renferme fon ouvrage.
Il traite dans le premier livre de tout ce
qui peut avoir quelque rapport à la guerre
défenfive , & des moyens d'exécuter dans
différens pays , foit de plaine , de montagnes
, de bois , fur les rivieres , & c . toutes
fortes d'opérations , avec une armée ou
avec des détachemens : il les fuit dans leur
marche , dans leur retraite , dans l'efcorte
JANVIER. 1755. 109
des convois , dans les fourrages au verd &
au fec , de quelque arme qu'ils foient compofés
; dans leurs camps , foit qu'ils y entrent
, foit qu'ils en fortent. L'auteur commence
par la défenſe , parce que , dit- il ,
c'eft la plus naturelle à l'homme . » En
» effet , ajoûte - t - il , à fuivre toutes les
» opérations d'une campagne , on voit que
» c'eft feulement la crainte d'ètre attaqué
qui a fait imaginer des précautions pour
»l'attaque même.
Elle fait le fujet du fecond livre . Les
principaux moyens qu'elle employe , font
les furprifes , les efpions , les embuscades ,
la force ouverte , & enfin les batailles :
chacun de ces moyens eft traité avec beancoup
d'érudition ; mais le chapitre des batailles
renferme un détail qui fuppofe des
connoiffances infinies. Après y avoir parlé
des occafions où il faut éviter ou donner
une bataille , après avoir établi les principes
que nos plus grands Généranx paroif
fent avoir fuivis dans ces circonftances ,
d'où dépendent le falut ou la perte , la
gloire ou la honte d'un Etat , M. L. C. T.
fuppofe quatre différentes difpofitions
d'armée , & démontre autant qu'il eft
poffible quel doit être le fuccès en fuivant
tels ou tels principes. M. le Maréchal
de Puyfegur a reçu tous les préceptes dans
110 MERCURE DE FRANCE.
la fuppofition qu'il fait d'une bataille aux
environs de Paris ; mais il étoit difficile de
trouver dans un eſpace auffi peu étendu
tous les terreins poflibles dont la connoiffance
étoit néceffaire au militaire . L'Auteur
de l'effai a fenti cette difficulté ; il a
fait les difpofitions relativement aux pays
qui fe rencontrent le plus communément ,
& il y a bien peu de cas qu'il n'ait prévûs.
Dans le troifieme livre , l'Auteur parle
des quartiers & des cantonnemens relatievement
à la défenfe ; il fait confifter leur
fûreté dans la vigilance de chaque Commandant
dans la place d'armes particuliere
& générale des quartiers , dans les ve-
-dettes & gardes à cheval difpofées avec
-précaution; dans les détachemens en avant,
dans les manoeuvres qu'il faut oppofer
l'ennemi contre les fauffes alarmes , dans
les précautions qu'il faut prendre en éta-
-bliflant fes quartiers ; précautions que l'Auteur
fait varier à mefure que la nature du
pays change ; la circonfpection qu'on doit
avoir en entrant dans les quartiers , ou
lorfqu'on veut en défendre l'entrée à l'en-
<nemi.
L'Auteur continue dans le quatrieme livre
à détailler les manoeuvres relatives aux
quartiers , foit pour ll''aattttaaqquuee en général
foit pour la retraite , tant des détachemens
>
JANVIER. 1755 .
que d'une armée qui n'a pu forcer les
quartiers d'une autre armée.
Ce quatrieme livre eft fuivi d'une méthode
raiſonnée , qui rend les opérations
d'une campagne plus fûres & le fuccès
moins douteux , en établiſſant dans le pays
aqu'on veut conquérir , des parelleles d'un
endroit à l'autre , & en obfervant à peuprès
en grand la même méthode qu'on obferve
en petit dans les fiéges pour parvemir
au corps de la place . M. L. C. T. a la
bonne foi d'avouer que cette idée lui a été
.communiquée par un militaire d'une expérience
confommée ; mais elle lui devient
-propre , par la maniere précife & claire
dont elle eft rendue.
Le cinquieme livre eft destiné à parler
de la petite guerre , de la néceffité des
-Huffards, ( troupes dont le fervice mési-
-te une attention particuliere ) de l'ufage
-qu'on doit en faire , foit en détachement ,
-foit le jour d'une bataille ; des troupes légeres
; de leur fervice à pied pendant la
-campagne , & de leur place le jour d'une
action générale. M. L. C. T. parle des Huffards
avec connoiffance de caufe ; c'eſt avec
´› cette arme qu'il s'eft acquis la réputation
- dont il jouit.
*
Les bornes d'un extrait ne permettent
point d'entrer dans un plus long détail.
112 MERCURE DE FRANCE.
Cet ouvrage eft rempli d'érudition , foit
pour les principes , fruit d'une étude pénible
& d'une longue expérience , foit
dans les exemples aufquels ces principes
font appliqués , d'une grande connoiffan
ce de l'art qui y eft traité , d'une critique
jufte , où , fans compromettre la gloire des
nations dont l'Auteur eft obligé de parler
ni celle des militaires dont il difcute les
actions , les fautes qu'ils ont faites & les
fuccès qu'ils ont eus , font ramenés aux
principes & jugés fans partialité. Leftyle
eft par- tout adapté à la matière , élegant ,
noble , précis fans obfcurité , clair fans
diffufion , fimple dans le détail des principes
, élevé dans l'expofition des faits &
des actions que l'Auteur cite , & ferré
dans les difcuffions .. En un mot , M. L. C.
T, a trouvé l'art de rendre agréable à ceuxmêmes
qui ne font pas du métier , une matiere
qui par elle - même eft aride , & de répandre
des fleurs fur un écrit purement didactique
, en fondant les principes dans
les exemples , fans trop les multiplier , défaut
prefque inévitable dans ce genre d'ou-
-vrages.
"
Si on avoit à reprocher quelque chofe
à l'Auteur , ce feroit le titre ; qui ne paroît
point fait pour un livre de cette étendue
& de cette profondeur , qui traite de toute
JANVIER. 1755. 113
la
guerre en général : on pourroit fubftituer
au mot effai un titre plus décidé ; mais
M. L. C. T. a fans doure cru que cette
modeſtie convenoit à fon âge , & qu'il valoit
mieux laiffer à fes compatriotes le foin
d'apprécier fon ouvrage.
Le difcours préliminaire a été regardé
par les vrais connoiffeurs comme un trèsbeau
morceau d'éloquence . M. L. C. T. y
parle des qualités du Général , en homme
qui les poffede , & réduit les principales au
génie , au coup d'oeil , au fang- froid & à
la connoiffance exacte du pays.
Pour donner une idée du ftyle de cet
ouvrage , on fe contentera de rapporter ce
qu'il dit de ces qualités.
» Comme elles émanent du génie , dit-
» il , que celui qui fe deftine au métier
» des armes ne s'y engage point fans l'a-
» voir confulté & fans connoître fon ta-
» lent & fes forces. La capacité , foit dans
»le Général, foit dans l'Officier, eft le fruit
» du génie excité par un goût naturel
»fon métier : fans ce goût, fans cette efpece
pour
de vocation qui nous entraîne comme
» malgré nous- mêmes , & qui eft la mar-
» que la plus fùre d'un talent décidé , on
» étudie fans fruit , & l'on pratique fans
» difcernement .
Le génie ne s'acquiert point , il naît
114 MERCURE DE FRANCE.
»
» avec nous ; il eft , dit -on , plus aifé à la
» nature de produire un monftre qu'ua
» homme fans talent : mais tout le monde
» ne naît point avec du génie ; c'eft la plus
» belle qualité de l'ame. Avec du talent
on peut être un bon militaire ; avec du
» génie un bon militaire devient un grand
Général : c'eft quelquefois l'affemblage
» des talens , c'est toujours la perfection
de celui que la nature nous a donné ,
» qui décele le génie. On étudie , on cher-
» che fon talent , fouvent on le manque ;
» le génie fe développe de lui -même : le
» talent peut être enfoui , parce qu'il n'a
pas toujours des occafions pour éclater ;
» le génie perce malgré tous les obftacles ,
» c'eft lui feul qui produit , le talent ne fait
» que mettre en oeuvre , & c.
و ر
Le coup d'oeil eft naturel à certaines
perfonnes , & dans ceux-là il eft l'effet
du génie ; d'autres l'acquierent par l'é-
» tude & par l'expérience . Celui qui a affez
de courage pour conferver le fang- froid
dans les occafions les plus preffantes ,
»
a le coup d'oeil plus prompt & plus jufte :
"un homme vif & bouillant , quoique
» brave , ne voit rien ; ou s'il voir quelque
chofe , c'est toujours confufément ,
» & trop tard.
»
» Le coup d'oeil n'eft autre chofe que
JANVIER. 1755 . 15
;
»
» ce génie pénétrant à qui rien n'échappe ;
» il voit dans les coeurs jufques aux plus
légeres impreffions qui peuvent les agi-
» ter. Le Général qui fçait allier le fang-
» froid à cette qualité , ne manque jamais
» de reffources , & c.
Il faut voir dans le difcours même ce
qu'il penfe de la bravoure & du courage ,
les diftinctions délicates & ingénieufes
qu'il en fait , ce qu'il dit de la nobleffe
d'origine , de la difcipline , des dangers
attachés à l'honneur de commander. » Ce
grade ambitionné , dit - il , touche les
» deux extrêmités , ou la gloire ou la
» honte.
"
"
C'est ainsi que finit ce difcours. » J'ai
» moins cherché à plaire à l'oreille qu'à
perfuader le coeur . Si le zele pour fon
Roi , fi l'amour pour fa patrie , enfin fi
l'honneur & la vertu avoient un style
particulier , ce feroit celui que j'aurois
» choifi ; mais un militaire eft affez éloquent
lorfqu'il rend fes idées avec net-
» teté ; mes voeux font remplis fi je fuis
entendu du foldat , fans qu'il ait befoin
» de m'étudier.
"
Je ne rapporterai que le trait fuivant ,
pour faire voir quelle eft la maniere de
critiquer de M. L. C. T. liv. 2. chap. 3 .
On doit garder la promeffe & fa foi ,
116 MERCURE DE FRANCE.
D» dit Onozander , aux traîtres même : on
» peut en effet leur tenir parole fans rien
craindre , pourvû qu'on fçache s'en mé-
» fier ; mais il y a bien loin de la rufe à
» la trahiſon on peut fe mettre à cou-
» vert de l'une , au lieu que toute la pru-
» dence humaine ne peut fe o
de
» l'autre. Lorfque dans Virgile , par l'ar-
» tifice de Sinon , les Troyens introdui-
» fent eux - mêmes l'ennemi dans leurs
» murs , on ne peut blâmer que leur im-
» prudente crédulité ; mais lorfque dans
» l'Iliade on voit Minerve , au mépris
» d'une alliance jurée , perfuader à Pan-
» darus de décocher une fléche contre Mé-
» nelas , on est étonné qu'Homere ait ofé
» faire de Minerve la Déeffe de la fageffe .
M. L. C. T. finit fon ouvrage en fai- ·
fant enviſager au militaire l'humanité
comme le premier principe de toutes fes
actions ; il prouve la néceflité de ce devoir
, fi fouvent négligé par des citations
heureufes , ce qui le conduit naturellement
à parler de la Religion , la bafe de toute
fubordination ; il en parle en Philofophe
chrétien ; & fans beaucoup s'étendre fur
cette matière , il en dit affez pour la faire
refpecter. !
Enfin tout refpire la vertu dans cet ouvrage.
L'amour de fon métier , le defir d'êJANVIER.
1755. 117
tre utile à fes concitoyens , la gloire de
fon Maître & la grandeur de l'Etat , y prennent
par-tout le ton du fentiment & de
l'humanité. L'auteur femble donner à regret
les préceptes d'un art qu'il profeffe
en citoyen , & dont il parle en Philofophe
ami des hommes. Il ne perd jamais de vûe
le but qu'il fe propofe dès le commencement
, & fur- tout dans le chapitre des
batailles , de ne regarder la guerre que
comme l'inftrument de la paix.
Les curieux n'ont rien à defirer pour
ce qui regarde la beauté de l'édition , qui
ne peut que faire honneur aux foins de
P. G. Simon , Imprimeur, rue de la Harpe ;
à la délicateffe & à la légereté de burin
du fieur d'Heulland , Graveur du Roi , de
qui font les vingt- cinq plans qu'on trouve
à la fin du fecond volume ; à la fineſſe &
à l'élégance des deffeins du fieur Chedel ,
qui a gravé les vignettes & les culs-delampe
.
Cet ouvrage a été préfenté au Roi , qui
en a accepté la dédicace avec bonté.
Fermer
Résumé : « ESSAI SUR L'ART DE LA GUERRE, 2 vol. in-4o. ornés de plans, de vignettes [...] »
L'ouvrage 'Essai sur l'art de la guerre' du Comte Turpin de Crissé, Brigadier des armées du Roi et Mestre de camp d'un Régiment de Hussards, est un traité sur la science militaire. L'auteur estime que le siècle précédent a été propice aux beaux-arts, mais que le perfectionnement des sciences militaires est réservé au siècle présent. Il critique les travaux antérieurs de Montecuculli, du Duc de Rohan et d'autres, jugés trop théoriques et manquant d'applications pratiques. L'ouvrage se distingue par des traductions récentes de classiques militaires tels que Strabon, Végèce, Alien, et Léon l'Empereur. L'auteur se concentre sur la guerre de campagne, excluant les sièges, et vise à rendre son ouvrage utile aux jeunes militaires ainsi qu'à ceux ayant une longue expérience. Il insiste sur la connaissance du pays comme moyen essentiel pour un général de prévenir les événements. Le premier livre traite de la guerre défensive et des opérations dans divers terrains. Le second livre aborde les attaques, les surprises, les embuscades, et les batailles, avec une analyse détaillée des dispositions d'armée et des terrains. Le troisième livre discute des quartiers et des cantonnements en relation avec la défense. Le quatrième livre propose une méthode raisonnée pour rendre les opérations de campagne plus sûres. Le cinquième livre se penche sur la petite guerre et l'importance des Hussards. L'ouvrage est caractérisé par une érudition approfondie, un style élégant et précis, et une critique juste des actions militaires. Le discours préliminaire met en avant les qualités essentielles d'un général, telles que le génie, le coup d'œil, le sang-froid et la connaissance exacte du pays. L'auteur conclut en soulignant l'importance de l'humanité et de la religion dans les actions militaires. L'ouvrage est présenté au Roi, qui en a accepté la dédicace.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 191-203
ALLEMAGNE.
Début :
Les Prussiens depuis quelques temps avoient poussé de Magdebourg à Halberstadt [...]
Mots clefs :
Hanovre, Prusse, Maréchal de Richelieu, Détachement, Ennemis, Armées, Opérations militaires, Bohême, Prince Charles de Lorraine, Soldats croates, Batailles, Garnisons, Mouvements des troupes, Breme, Convention, Duc de Broglie, Articles, Négociations, Artillerie, Troupes, Hambourg, Paiements, Assemblée des États de Saxe, Francfort, Dantzig, Soldats russes, Avancées
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1758, les Prussiens déplacèrent des troupes de Magdebourg à Halberstadt, permettant aux habitants de refuser les contributions en argent et les fournitures de grains. Le maréchal de Richelieu envoya le marquis de Voyer avec onze bataillons, trente-six piquets, deux régiments de cavalerie et un de hussards, ainsi que quatre cents chevaux revenus de Brunswick, pour chasser les Prussiens. Le 10 janvier, le marquis de Voyer rassembla ses troupes sur le haut Oker et les fit marcher en trois colonnes vers Halberstadt. La colonne de droite, sous les ordres du comte Turpin, se dirigea vers la porte de Halberstadt menant à Quedlinbourg. La colonne du centre, commandée par le marquis de Langeron, se dirigea vers une autre porte de Halberstadt. La colonne de gauche, sous les ordres du marquis de Belzunce, devait passer le ruisseau d'Oltheim pour masquer une porte d'Halberstadt. Les trois colonnes débouchèrent simultanément, mais la colonne du centre et celle de gauche rencontrèrent des glaces, causant un retard. La colonne de droite arriva devant Halberstadt au matin et alerta les Prussiens, qui abandonnèrent précipitamment Halberstadt et Quedlinbourg, laissant leur hôpital et des effets. Les Français entrèrent dans Halberstadt, ravitaillèrent le château de Regenstein pour six mois et obtinrent deux cents mille écus à titre de contribution. Le marquis de Voyer distribua des rations de pain aux troupes et détruisit un magasin d'échelles et des parties des fortifications de la ville. Il ramena également des otages, dont M. Dudick, et des chefs de la régence d'Halberstadt. Les Prussiens abandonnèrent ensuite Achersleben et d'autres quartiers occupés. En Bohême, le maréchal comte de Daun préparait ses troupes pour contrer les Prussiens. Les Croates repoussèrent un détachement prussien près de Schatzlar, et la garnison de Schweidnitz fit une sortie contre les troupes prussiennes qui la bloquaient. Les Prussiens tentèrent une attaque près de Gratz, mais furent repoussés avec des pertes importantes. À Brême, le maréchal de Richelieu envoya le duc de Broglie pour empêcher les Hanovriens de s'emparer de la ville. Après une négociation, les magistrats de Brême acceptèrent de recevoir les troupes françaises. Un accord fut signé, garantissant la liberté et les privilèges de la ville, ainsi que la cohabitation des troupes françaises et locales. Les troupes françaises ne demanderont ni provisions ni chauffage à la ville, tout sera payé en argent comptant. Une discipline stricte sera observée parmi les troupes. Les Majestés Impériale et très-Chrétienne garantiront la sûreté du commerce et dédommageront la ville pour les souffrances endurées pendant la guerre. Aucun hôpital ne sera établi dans la ville, sauf un hôpital ambulant dans un faubourg pour les premiers secours. L'Électorat de Saxe subissait des contributions lourdes imposées par le Roi de Prusse, notamment à Leipzig, qui a déjà payé onze cents mille écus et doit en fournir huit cents mille de plus. La noblesse de Saxe doit également payer six cents mille écus en trois termes. Les exécutions militaires reprennent dans le Cercle de Misnie pour les fournitures de froment. Un détachement prussien a détruit le château de Nischwitz appartenant au Comte de Brulh, premier ministre de la Majesté Polonoise, et a pillé les fermes environnantes. La marche des Russes vers Königsberg est également confirmée, avec une colonne de dix mille hommes aux ordres du Général Romanzow.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 183-187
ALLEMAGNE.
Début :
Un corps ennemi de Hussards & de Dragons soutenu de quelque Infanterie, [...]
Mots clefs :
Dresde, Attaque de la ville, Escarmouche, Armée impériale, Moravie, Opérations militaires, Prussiens, Régiments, Général Laudon, Ennemis, Combats, Maréchal, Lieutenant-colonel, Mouvements des troupes, Francfort, Violence, Incendie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DRESDE , le 18 Mai.
UN corps ennemi de Huffards & de Dragons
9"
foutenu de quelque Infanterie , ayant marché par
des routes détournées avec de l'artillerie vers Zittau
, a tenté de furprendre cette Ville . Mais le
Général Maguire , qui commande les poftes avancés
des Impériaux fur cette frontiere a fait
échouer l'entrepriſe , en faisant avancer des troupes
pour couvrir Zittau . Après une eſcarmouche
affez vive , où il y a eu de part & d'autre beaucoup
de morts & de bleffés , les Pruffiens ont été
forcés d'abandonner la partie.
De l'Armée Impériale en Moravie , le 24.
Mai.
Depuis le 14 de Mai jufqu'à ce jour , les Pruffiens
ont fait bien des mouvemens , foit pour
nous donner le change fur l'objet de leurs opérations
, foit pour nous furprendre. Un gros de
leurs troupes , compofé principalement de Cavalerie
, s'étant porté des deux côtés de Profnitz
pour aller déloger le Marquis de Ville de Predlitz
, dès que ce Cénéral s'apperçut que les enne184
MERCURE DE FRANCE.
mis s'approchoient de lui avec des forces bien fua
rieures aux fiennes ; il fe replia en bon ordre. I
fut cependant pourfuivi jufqu'au défilé de Drillitz,
où après quelques efcarmouches affez vives , les
Huffards Pruffiens atteignirent le Régiment de
Wirtemberg Dragons. Le fieur de Saint- Ighon ,
Major général , qui commandoit ce Régiment ,
ayant laiffé les ennemis s'engager dans le défilé ,
les chargea avec une telle vigueur qu'il les mit
dans le plus grand défordre ; de forte qu'un grand
nombre de fuyards fe jetterent dans des marais
très- profonds. Le même Régiment tomba enfuite
fur un gros de Huffards ennemis qui harceloient
fes Régimens de Modene & de Birkenfeld , Cuiraffiers
, & il les difperfa fi bien qu'il n'en reparut
pas un feul.
Le zo , le Général Laudon ayant été reconnoître
ce qui fe paffoit près d'Olmurz , il obferva que
toutes les difpofitions de l'ennemi tendoient au
fiege de certe Place , attendu que le Maréchal
Keith & le Général de la Mothe Fouquet avoient
pris une nouvelle poſition à Krenau , que le Roi
de Pruffe avec le Prince d'Anhalt . Deffau occupoit
un autre camp à Sħabelin , & que les camps de
Littau & de Czelechowitz étoient confidérable
ment affoiblis.
Un parti de Huffards ennemis s'étoit avancé
près de la petite ville de Namierz dans l'intention
de la piller. Le fieur de Palafti , Major du Régi
ment d'Efterhazi , Huffards , qui fe trouvoit
portée , envoya un détachement qui les fit bientôt
retirer. Les ennemis , pour revenir à la charge ,
fortirent en force du village de Slatenitz , avec de
la Cavalerie & des Dragons : malgré leur fupérioté
, le fieur de Palafti marcha contr'eux avec
deux cens Huffards , & manoeuvra fi bien , qu'il les
obligea de regagner leur pofte
JUILLET. 1758. 185
Le même jour , un détachement du corps de
Jahnus ayant rencontré près de Neuftadt beaucoup
de chariots ennemis deſtinés à charger dans
cette ville des vivres & des fourrages , en prit dixneuf&
quatre- vingts - deux chevaux .
La nuit du 19 au zo , le fieur de Lannius , Lieu
tenant - Colonel du Régiment de Péterwaradin ,
troupes légeres , fut détaché par le Général Jahnus
du côté de Friedland , & il fit de fi bonnes difpo
fitions, qu'ayant furpris les ennemis à Potkerfdorff
& à Annerfdorff , il renverfa totalement les Chaffeurs
, les Huffards & les autres troupes qui occu
poient ces deux poftes. L'allarme fut auffi - tôt répandue
dans la petite ville de Bahren , où étoit le
Général Pruffien Putkomer avec les Régimens de
Bornſtadt & du Prince Henri , Infanterie ; un Basaillon
de convalefcens , un Eſcadron du Régi
ment de Wirtemberg , Dragons , & vingt-une
pieces d'artillerie . Ce Général en conféquence
fortit précipitamment de Bahren , pour occuper
les hauteurs qui l'environnent. Les ennemis dans
cette action ont eu cent quarante hommes tués ,
& on leur a pris trente chevaux avec beaucoup de
bagage, fans compter plus de quatre- vingts Defer
teurs qui nous font venus. Cette affaire a mis en
mouvement tous les poftes des ennemis. Les troupes
qui alloient joindre leur armée par le chemin
qui conduit à Hoff , rétrograderent avec beaucoup
de viteffe , & l'on a fçu que les ennemis avoient
tranfporté de l'endroit où s'eft fait le choc huit
charriots remplis de bleffés. Un Lieutenant intercepta
le même jour entre Bahren & Sternberg
des lettres de l'armée ennemie , qui ont été envoyées
au quartier général.
Cinq Efcadrons de Huffards Proffiens arrivés le
22 à Landshut , & qui cantonnoient fous le canon
186 MERCURE DE FRANCE,
de cette Place , ont pensé être enlevés par le fieur
de Kalnocky , Lieutenant - Général , qui étoit refté
à Trautenau avec un fort détachement. Ce Général
, après les avoir fait reconnoître par le Colonel
Comte de Bethlem , tourna ces cinq Efcadrons
leur tua beaucoup de monde , fit treize prifonniers
, & s'empara de cent deux chevaux . Cette
affaire ne lui a coûté que quatre hommes tués &
dix bleffés .
De leur côté , les ennemis ont voulu furprendre
le Général Laudon , Dix Bataillons , quinze Efcadrons
de Cavalerie , & deux Régimens de Huffards
, fortirent dans ce deffein du camp de Czelechowitz
, & marcherent en trois colonnes fur
Premiftawitz , pour attaquer les poftes avancés
que nous avions dans ce quartier - là . Ce corps
s'étoit mis en marche la nuit à onze heures , & le
Roi de Pruffe y étoit en perfonne. A la pointe du
jour , les Pruffiens firent fur nos poftes un trèsgrand
feu d'artillerie qui les obligea de fe replier.
Mais le Général Laudon s'étant avancé avec deux
Régimens de Huffards , l'ennemi fur le champ fit
halte , & bientôt regagna fon camp. Il fut pourfuivi
par plufieurs détachemens qui ramenerent
quelques prifonniers , & tomberent enfuite le fabre
à la main fur un Bataillon de Grenadiers Pruffiens
poftés dans un village , qu'ils taillerent en
pieces.
C'eft le 13 Mai au foir que s'eft faite la jonc
tion du corps commandé par le Général Harfch
avec notre armée. Nous avons quitté le 23 le
camp de Leutomiffel , pour nous transporter à
Zwittau , & le Général Harſch s'eft porté en même
temps de Nickel à Mahrifch- Tribau.
L'Impératrice-Reine a ordonné d'armer tous les
habitans de cette Province qui , de leur propre
JUILLET. 1758 . 187
mouvement , voudront concourir à la défenſe de
leur pays , ainfi que tous les artifans & les chaffeurs
qui fe trouveront de bonne volonté . Un Receveur
de Lundenbourg , nommé Annibal Boglies
qui , dans les précédentes guerres , a rendu de fort
bons fervices , ayant offert de les conduire , la
Cour a envoyé des ordres de l'employer & de feconder
fon zele.
DE FRANCFORT , le 21 Mai.
Pour colorer la violence commife contre le
droit des gens & les égards dûs aux Souverains ,
dans l'enlèvement de M. le Marquis de Fraigne ,
les gazettes de Berlin l'ont repréſenté fauffement
comme un fimple Voyageur , qui faifoit à Zerbſt
le métier d'Efpion. On eft maintenant bien inftruit
qu'il y réfidoit de l'aveu de la Cour de France.
Ce Marquis avoit trouvé le moyen de s'échapper
de la Citadelle de Magdebourg , où il eft détenu
prifonnier ; mais il a été repris fur la route
de Zerbft , & il eft beaucoup plus étroitement
refferré .
On écrit de Breflau , qu'il y a eu le 13 de Mai
un incendie confidérable à Glogau , que le feu a
pris au College des Jéfuites , & qu'une Eglife Catholique
, une églife des Luthériens , l'hôpital ,
toutes les maiſons voifines , & le village de Bruffo ,
qui eft contigu à la Ville , ont été réduits en cendres.
DE DRESDE , le 18 Mai.
UN corps ennemi de Huffards & de Dragons
9"
foutenu de quelque Infanterie , ayant marché par
des routes détournées avec de l'artillerie vers Zittau
, a tenté de furprendre cette Ville . Mais le
Général Maguire , qui commande les poftes avancés
des Impériaux fur cette frontiere a fait
échouer l'entrepriſe , en faisant avancer des troupes
pour couvrir Zittau . Après une eſcarmouche
affez vive , où il y a eu de part & d'autre beaucoup
de morts & de bleffés , les Pruffiens ont été
forcés d'abandonner la partie.
De l'Armée Impériale en Moravie , le 24.
Mai.
Depuis le 14 de Mai jufqu'à ce jour , les Pruffiens
ont fait bien des mouvemens , foit pour
nous donner le change fur l'objet de leurs opérations
, foit pour nous furprendre. Un gros de
leurs troupes , compofé principalement de Cavalerie
, s'étant porté des deux côtés de Profnitz
pour aller déloger le Marquis de Ville de Predlitz
, dès que ce Cénéral s'apperçut que les enne184
MERCURE DE FRANCE.
mis s'approchoient de lui avec des forces bien fua
rieures aux fiennes ; il fe replia en bon ordre. I
fut cependant pourfuivi jufqu'au défilé de Drillitz,
où après quelques efcarmouches affez vives , les
Huffards Pruffiens atteignirent le Régiment de
Wirtemberg Dragons. Le fieur de Saint- Ighon ,
Major général , qui commandoit ce Régiment ,
ayant laiffé les ennemis s'engager dans le défilé ,
les chargea avec une telle vigueur qu'il les mit
dans le plus grand défordre ; de forte qu'un grand
nombre de fuyards fe jetterent dans des marais
très- profonds. Le même Régiment tomba enfuite
fur un gros de Huffards ennemis qui harceloient
fes Régimens de Modene & de Birkenfeld , Cuiraffiers
, & il les difperfa fi bien qu'il n'en reparut
pas un feul.
Le zo , le Général Laudon ayant été reconnoître
ce qui fe paffoit près d'Olmurz , il obferva que
toutes les difpofitions de l'ennemi tendoient au
fiege de certe Place , attendu que le Maréchal
Keith & le Général de la Mothe Fouquet avoient
pris une nouvelle poſition à Krenau , que le Roi
de Pruffe avec le Prince d'Anhalt . Deffau occupoit
un autre camp à Sħabelin , & que les camps de
Littau & de Czelechowitz étoient confidérable
ment affoiblis.
Un parti de Huffards ennemis s'étoit avancé
près de la petite ville de Namierz dans l'intention
de la piller. Le fieur de Palafti , Major du Régi
ment d'Efterhazi , Huffards , qui fe trouvoit
portée , envoya un détachement qui les fit bientôt
retirer. Les ennemis , pour revenir à la charge ,
fortirent en force du village de Slatenitz , avec de
la Cavalerie & des Dragons : malgré leur fupérioté
, le fieur de Palafti marcha contr'eux avec
deux cens Huffards , & manoeuvra fi bien , qu'il les
obligea de regagner leur pofte
JUILLET. 1758. 185
Le même jour , un détachement du corps de
Jahnus ayant rencontré près de Neuftadt beaucoup
de chariots ennemis deſtinés à charger dans
cette ville des vivres & des fourrages , en prit dixneuf&
quatre- vingts - deux chevaux .
La nuit du 19 au zo , le fieur de Lannius , Lieu
tenant - Colonel du Régiment de Péterwaradin ,
troupes légeres , fut détaché par le Général Jahnus
du côté de Friedland , & il fit de fi bonnes difpo
fitions, qu'ayant furpris les ennemis à Potkerfdorff
& à Annerfdorff , il renverfa totalement les Chaffeurs
, les Huffards & les autres troupes qui occu
poient ces deux poftes. L'allarme fut auffi - tôt répandue
dans la petite ville de Bahren , où étoit le
Général Pruffien Putkomer avec les Régimens de
Bornſtadt & du Prince Henri , Infanterie ; un Basaillon
de convalefcens , un Eſcadron du Régi
ment de Wirtemberg , Dragons , & vingt-une
pieces d'artillerie . Ce Général en conféquence
fortit précipitamment de Bahren , pour occuper
les hauteurs qui l'environnent. Les ennemis dans
cette action ont eu cent quarante hommes tués ,
& on leur a pris trente chevaux avec beaucoup de
bagage, fans compter plus de quatre- vingts Defer
teurs qui nous font venus. Cette affaire a mis en
mouvement tous les poftes des ennemis. Les troupes
qui alloient joindre leur armée par le chemin
qui conduit à Hoff , rétrograderent avec beaucoup
de viteffe , & l'on a fçu que les ennemis avoient
tranfporté de l'endroit où s'eft fait le choc huit
charriots remplis de bleffés. Un Lieutenant intercepta
le même jour entre Bahren & Sternberg
des lettres de l'armée ennemie , qui ont été envoyées
au quartier général.
Cinq Efcadrons de Huffards Proffiens arrivés le
22 à Landshut , & qui cantonnoient fous le canon
186 MERCURE DE FRANCE,
de cette Place , ont pensé être enlevés par le fieur
de Kalnocky , Lieutenant - Général , qui étoit refté
à Trautenau avec un fort détachement. Ce Général
, après les avoir fait reconnoître par le Colonel
Comte de Bethlem , tourna ces cinq Efcadrons
leur tua beaucoup de monde , fit treize prifonniers
, & s'empara de cent deux chevaux . Cette
affaire ne lui a coûté que quatre hommes tués &
dix bleffés .
De leur côté , les ennemis ont voulu furprendre
le Général Laudon , Dix Bataillons , quinze Efcadrons
de Cavalerie , & deux Régimens de Huffards
, fortirent dans ce deffein du camp de Czelechowitz
, & marcherent en trois colonnes fur
Premiftawitz , pour attaquer les poftes avancés
que nous avions dans ce quartier - là . Ce corps
s'étoit mis en marche la nuit à onze heures , & le
Roi de Pruffe y étoit en perfonne. A la pointe du
jour , les Pruffiens firent fur nos poftes un trèsgrand
feu d'artillerie qui les obligea de fe replier.
Mais le Général Laudon s'étant avancé avec deux
Régimens de Huffards , l'ennemi fur le champ fit
halte , & bientôt regagna fon camp. Il fut pourfuivi
par plufieurs détachemens qui ramenerent
quelques prifonniers , & tomberent enfuite le fabre
à la main fur un Bataillon de Grenadiers Pruffiens
poftés dans un village , qu'ils taillerent en
pieces.
C'eft le 13 Mai au foir que s'eft faite la jonc
tion du corps commandé par le Général Harfch
avec notre armée. Nous avons quitté le 23 le
camp de Leutomiffel , pour nous transporter à
Zwittau , & le Général Harſch s'eft porté en même
temps de Nickel à Mahrifch- Tribau.
L'Impératrice-Reine a ordonné d'armer tous les
habitans de cette Province qui , de leur propre
JUILLET. 1758 . 187
mouvement , voudront concourir à la défenſe de
leur pays , ainfi que tous les artifans & les chaffeurs
qui fe trouveront de bonne volonté . Un Receveur
de Lundenbourg , nommé Annibal Boglies
qui , dans les précédentes guerres , a rendu de fort
bons fervices , ayant offert de les conduire , la
Cour a envoyé des ordres de l'employer & de feconder
fon zele.
DE FRANCFORT , le 21 Mai.
Pour colorer la violence commife contre le
droit des gens & les égards dûs aux Souverains ,
dans l'enlèvement de M. le Marquis de Fraigne ,
les gazettes de Berlin l'ont repréſenté fauffement
comme un fimple Voyageur , qui faifoit à Zerbſt
le métier d'Efpion. On eft maintenant bien inftruit
qu'il y réfidoit de l'aveu de la Cour de France.
Ce Marquis avoit trouvé le moyen de s'échapper
de la Citadelle de Magdebourg , où il eft détenu
prifonnier ; mais il a été repris fur la route
de Zerbft , & il eft beaucoup plus étroitement
refferré .
On écrit de Breflau , qu'il y a eu le 13 de Mai
un incendie confidérable à Glogau , que le feu a
pris au College des Jéfuites , & qu'une Eglife Catholique
, une églife des Luthériens , l'hôpital ,
toutes les maiſons voifines , & le village de Bruffo ,
qui eft contigu à la Ville , ont été réduits en cendres.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mai 1758, plusieurs événements militaires significatifs ont eu lieu en Allemagne et en Moravie. À Dresde, le 18 mai, une force ennemie composée de hussards, de dragons et d'infanterie, soutenue par de l'artillerie, a tenté de surprendre la ville de Zittau. Le général Maguire, commandant les postes avancés des Impériaux, a réussi à repousser cette attaque après une escarmouche violente. En Moravie, du 14 au 24 mai, les Prussiens ont effectué divers mouvements pour tromper ou surprendre les Impériaux. Le marquis de Ville de Predlitz s'est replié en bon ordre face à des forces ennemies supérieures, et le régiment de Wirtemberg Dragons a repoussé les hussards prussiens lors d'une escarmouche près du défilé de Drillitz. Le 20 mai, le général Laudon a observé que les Prussiens se préparaient à assiéger Olmütz, avec des positions ennemies à Krenau et Šabelin. Des détachements impériaux ont également repoussé des attaques ennemies près de Namierz et de Slatenitz. La nuit du 19 au 20 mai, le lieutenant-colonel Lannius a surpris les Prussiens à Potkerstorff et Annerstorff, capturant des chevaux et du bagage. Le 22 mai, le lieutenant-général Kalnocky a attaqué cinq escadrons de hussards prussiens à Landshut, capturant des prisonniers et des chevaux. Les Prussiens ont également tenté de surprendre le général Laudon, mais ont été repoussés. Le 13 mai, le corps commandé par le général Harsch a rejoint l'armée impériale, et l'impératrice-reine a ordonné d'armer les habitants volontaires pour la défense du pays. À Francfort, le 21 mai, les gazettes de Berlin ont faussement représenté le marquis de Fraigne comme un espion, alors qu'il résidait à Zerbst avec l'aveu de la Cour de France. Il avait été repris après s'être échappé de la citadelle de Magdebourg. Un incendie à Glogau, le 13 mai, a détruit plusieurs bâtiments, dont une église catholique, une église luthérienne, un hôpital et des maisons voisines.
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4
p. 195-198
Extrait d'une Lettre de Vienne, du 8 Septembre 175[8].
Début :
On n'a point encore de relation bien circonstanciée de ce qui s'est passé le 25 & le 26 [...]
Mots clefs :
Armée russe, Armée prussienne, Général, Mouvements des troupes, Attaques, Combats, Stratégie, Positions, Cavalerie, Champ de bataille, Victoires, Blessés et morts, Opérations militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Vienne, du 8 Septembre 175[8].
Extrait d'une Lettre de Vienne , du 8 Septembre
1753.
On n'a point encore de relation bien circonftanciée
de ce qui s'eſt paſſé le 25 & le 26 Août ,
entre les armées de Ruffie & de Pruſle. Ce qu'on
en ſçait aujourd'hui , pour n'être pas encore bien
détaillé , n'en eſt pas moins exact ni moins pofitif:
c'eſt le réſultat de pluſieurs lettres écrites
du camp de l'armée Impériale de Ruffie , à Groff-
Camin le 29 Août. D'après ces lettres , Sa Majeſté
Pruſſienne vint le 25 à la tête d'une armée
de cinquante à cinquante - cinq mille hommes
axaquer l'armée de Ruſſie , près du village de
Zorndorff dans le Baillage de Quartſch.
*LeGénéral Comte de Fermer n'avoit ce jourlà
que trente-huit mille hommes ſous les armes ,
&le terrein où il falloit combattre , coupé par
des marais &des bois , ne lui permettoit pas de
prendre une poſition également avantageuſe en
tous ſes points. La bataille commença à neuf
heures du matin par une canonnade des plus vives
, qui fut foutenue de part & d'autre pendant
une heure &demie.
Les Pruffiens déboucherent par les défilés de
Sicher & de Groſf-Camin , derriere l'aîle gauche
des Ruſſes , & s'étendirent vers Zorndorff , point .
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
d'appui de l'île droite de l'armée de Ruſſie.
Ayant mis près d'une heure &demie à ſe former,
ils s'attacherent d'abord à cette aîle ; mais inſenſiblement
le feu s'étendit juſqu'à l'aî'e gauche , &
les deux armées ſe trouverent engagées de front.
L'attaque fut alors générale & furieuſe ; mais
l'armée Impériale de Ruſſie , non ſeulement la
ſoutint par tout avec une fermeté inébranlable;
mais elle repouffa l'ennemi avec tant de vigueur ,
qu'à midi la premiere ligne fut entiérement culburée.
Le Roi de Pruſſe fit avancer ſon corps de réſerve
pour rétablir cette ligne ; mais elle fut renverſée
de nouveau , & la Cavalerie des Ruſſes ſe
jettant le ſabre à la main fur l'Infanterie Pruffienne
, l'enfonça , &y fit un carnage horrible. Cependant
Sa Majesté Pruſſienne faiſant les derniers
efforts , réuffit à percer entre l'aîle droite & l'aîle
gauche , ſépara la premiere de l'autre , la miten
confufion , & poursuivant vivement cet avantage,
pouſſa cette aîle droite juſqu'au bord d'un
marais.
L'aîle gauche ſoutint ſa pofition malgré ce revers
, & ne perdit pas un pouce de terrein. La
nuit ſurvint , & ce futfansdoutedans ce moment
que les Pruffiens croyant la victoire décidée pour
eux , ſe hâterent de l'annoncer par des Couriers à
toute l'Europe. Mais on ne fut pas de cet avis
dans l'armée Ruffienne. Le Général Major de
Demicourt , par une préſence d'eſprit admirable ,
rallia les ſoldats diſperſés fur le bord du marais ,
en forma un corps composé d'Infanterie & de
Cavalerie , marcha derechef à l'ennemi , le prit
àdos& en flanc , le chaſſa àune demi-lieue au
de-làdu champ de bataille , s'y établit , en avertic
Paile gauche , qui marchant tout de ſuite en
OCTOBRE. 1758. 194
avant , acheva de s'en emparer , & s'y ſoutint.
Le lendemain 26 , on ſe canonna encore pen
dant quelque temps fort vivement ; & l'armée
Impériale de Ruſſie , toujours en peſſeſſion du
champ de bataille , enterra ſes morts , raſſembla
ſes trophées, en canons , étendards & drapeaux ,
& finit ainſi la journée.
Le 27 , comme l'armée devoit ſe rapprocherde
ſes magaſins , & ſe mettre à portée de la diviſion
du Général Romanzow , elle leva ſon camp en
préſence de l'ennemi & en plein jour , & alla s'établir
à Groff- Camin , où le 28 il ne ſe paſſa rien
de nouveau .
Le 29 , les deux armées firent preſqu'en même
temps des feux de réjouiſſance , pour célébrer une
victoire que l'une croyoit avoir gagnée , & que
l'autre lui arracha par une manoeuvre , qui fait
également l'éloge fagacité & de la fermeté
de ſes Généraux , de l'intrépidité & du courage
opiniâtre de ſes troupes.
dela
Ces deux journées ne peuvent qu'avoir été trèsfanglantes.
Elles font un événement dont l'hiſtoire
ne fournit guere d'exemple , & qui fera un mo
nument éternel de gloire pour les armes Impé
riales de Ruffie.
On n'a jusqu'ici aucun détail de la ppeerrte qu'on
afaite de part & d'autre en morts , bleffés & prifonniers
, &tout ce récit n'eſt encore que préliminaire
à la relation qui doit nous venir.
Une lettre duGénéral Fermer éerite le 31 Sep
tembre du camp de Groff-Camin , àM. de Solticoff
, Miniſtre de Ruſſie à Hambourg , marque
qu'après treize heures de combat le plus opiniatre
, il avoit repouffé le RoidePruffe,pris vingtfix
pieces decanon & pluſieurs étendards , qu'il
feroit joint le premierde ce mois par leGénéral
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
Romanzow , & qu'il poursuivroit alors fes opérations.
1753.
On n'a point encore de relation bien circonftanciée
de ce qui s'eſt paſſé le 25 & le 26 Août ,
entre les armées de Ruffie & de Pruſle. Ce qu'on
en ſçait aujourd'hui , pour n'être pas encore bien
détaillé , n'en eſt pas moins exact ni moins pofitif:
c'eſt le réſultat de pluſieurs lettres écrites
du camp de l'armée Impériale de Ruffie , à Groff-
Camin le 29 Août. D'après ces lettres , Sa Majeſté
Pruſſienne vint le 25 à la tête d'une armée
de cinquante à cinquante - cinq mille hommes
axaquer l'armée de Ruſſie , près du village de
Zorndorff dans le Baillage de Quartſch.
*LeGénéral Comte de Fermer n'avoit ce jourlà
que trente-huit mille hommes ſous les armes ,
&le terrein où il falloit combattre , coupé par
des marais &des bois , ne lui permettoit pas de
prendre une poſition également avantageuſe en
tous ſes points. La bataille commença à neuf
heures du matin par une canonnade des plus vives
, qui fut foutenue de part & d'autre pendant
une heure &demie.
Les Pruffiens déboucherent par les défilés de
Sicher & de Groſf-Camin , derriere l'aîle gauche
des Ruſſes , & s'étendirent vers Zorndorff , point .
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
d'appui de l'île droite de l'armée de Ruſſie.
Ayant mis près d'une heure &demie à ſe former,
ils s'attacherent d'abord à cette aîle ; mais inſenſiblement
le feu s'étendit juſqu'à l'aî'e gauche , &
les deux armées ſe trouverent engagées de front.
L'attaque fut alors générale & furieuſe ; mais
l'armée Impériale de Ruſſie , non ſeulement la
ſoutint par tout avec une fermeté inébranlable;
mais elle repouffa l'ennemi avec tant de vigueur ,
qu'à midi la premiere ligne fut entiérement culburée.
Le Roi de Pruſſe fit avancer ſon corps de réſerve
pour rétablir cette ligne ; mais elle fut renverſée
de nouveau , & la Cavalerie des Ruſſes ſe
jettant le ſabre à la main fur l'Infanterie Pruffienne
, l'enfonça , &y fit un carnage horrible. Cependant
Sa Majesté Pruſſienne faiſant les derniers
efforts , réuffit à percer entre l'aîle droite & l'aîle
gauche , ſépara la premiere de l'autre , la miten
confufion , & poursuivant vivement cet avantage,
pouſſa cette aîle droite juſqu'au bord d'un
marais.
L'aîle gauche ſoutint ſa pofition malgré ce revers
, & ne perdit pas un pouce de terrein. La
nuit ſurvint , & ce futfansdoutedans ce moment
que les Pruffiens croyant la victoire décidée pour
eux , ſe hâterent de l'annoncer par des Couriers à
toute l'Europe. Mais on ne fut pas de cet avis
dans l'armée Ruffienne. Le Général Major de
Demicourt , par une préſence d'eſprit admirable ,
rallia les ſoldats diſperſés fur le bord du marais ,
en forma un corps composé d'Infanterie & de
Cavalerie , marcha derechef à l'ennemi , le prit
àdos& en flanc , le chaſſa àune demi-lieue au
de-làdu champ de bataille , s'y établit , en avertic
Paile gauche , qui marchant tout de ſuite en
OCTOBRE. 1758. 194
avant , acheva de s'en emparer , & s'y ſoutint.
Le lendemain 26 , on ſe canonna encore pen
dant quelque temps fort vivement ; & l'armée
Impériale de Ruſſie , toujours en peſſeſſion du
champ de bataille , enterra ſes morts , raſſembla
ſes trophées, en canons , étendards & drapeaux ,
& finit ainſi la journée.
Le 27 , comme l'armée devoit ſe rapprocherde
ſes magaſins , & ſe mettre à portée de la diviſion
du Général Romanzow , elle leva ſon camp en
préſence de l'ennemi & en plein jour , & alla s'établir
à Groff- Camin , où le 28 il ne ſe paſſa rien
de nouveau .
Le 29 , les deux armées firent preſqu'en même
temps des feux de réjouiſſance , pour célébrer une
victoire que l'une croyoit avoir gagnée , & que
l'autre lui arracha par une manoeuvre , qui fait
également l'éloge fagacité & de la fermeté
de ſes Généraux , de l'intrépidité & du courage
opiniâtre de ſes troupes.
dela
Ces deux journées ne peuvent qu'avoir été trèsfanglantes.
Elles font un événement dont l'hiſtoire
ne fournit guere d'exemple , & qui fera un mo
nument éternel de gloire pour les armes Impé
riales de Ruffie.
On n'a jusqu'ici aucun détail de la ppeerrte qu'on
afaite de part & d'autre en morts , bleffés & prifonniers
, &tout ce récit n'eſt encore que préliminaire
à la relation qui doit nous venir.
Une lettre duGénéral Fermer éerite le 31 Sep
tembre du camp de Groff-Camin , àM. de Solticoff
, Miniſtre de Ruſſie à Hambourg , marque
qu'après treize heures de combat le plus opiniatre
, il avoit repouffé le RoidePruffe,pris vingtfix
pieces decanon & pluſieurs étendards , qu'il
feroit joint le premierde ce mois par leGénéral
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
Romanzow , & qu'il poursuivroit alors fes opérations.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Vienne, du 8 Septembre 175[8].
Le 25 août 1753, l'armée prussienne, dirigée par le roi de Prusse et composée de 50 à 55 000 hommes, affronta l'armée russe près du village de Zorndorff. Le général russe Comte de Fermer commandait 38 000 hommes, mais le terrain, marqué par des marais et des bois, ne lui permettait pas de prendre une position avantageuse. La bataille débuta à neuf heures du matin par une intense canonnade qui dura une heure et demie. Les Prussiens attaquèrent l'aile gauche des Russes et avancèrent vers Zorndorff. La bataille devint générale et furieuse, mais les Russes repoussèrent les Prussiens avec vigueur, culbutant leur première ligne à midi. Le roi de Prusse fit avancer ses réserves pour rétablir la ligne, mais celles-ci furent à nouveau renversées par la cavalerie russe. La nuit tomba, et les Prussiens annoncèrent leur victoire en Europe. Cependant, le général russe Demicourt rallia ses troupes et contre-attaqua, chassant les Prussiens du champ de bataille. Le lendemain, 26 août, les deux armées se canonnèrent encore avant que les Russes n'enterrent leurs morts et ne rassemblèrent leurs trophées. Le 27 août, l'armée russe se rapprocha de ses magasins et se mit à portée de la division du général Romanzow. Le 29 août, les deux armées célébrèrent des feux de réjouissance, chacune croyant avoir gagné la bataille. Les pertes en morts, blessés et prisonniers n'étaient pas encore détaillées. Une lettre du général Fermer, datée du 31 septembre, indiquait que les Russes avaient repoussé les Prussiens après treize heures de combat, capturant vingt-six pièces d'artillerie et plusieurs étendards.
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5
p. 199-200
Du Camp de l'Armée Autrichienne sous Neifs, le 30. Octobre.
Début :
Nous commençâmes le 22. à construire une redoute avec une batterie de [...]
Mots clefs :
Canons, Artillerie, Citadelle, Ennemis, Opérations militaires, Bataillons, Général, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Du Camp de l'Armée Autrichienne sous Neifs, le 30. Octobre.
Du Camp de l'Armée Autrichienne fous Neifs ,
30. Octobre. le
Nous commençâmes le 22. à conſtruire une
redoute avec une batterie de 8 canons & de 4
Fiv
200 MERCURE DE FRANCE.
mortiers , vers le faubourg de Merengaſſen , auquel
les Affiégés ont mis le feu. Cet cuvrage fut
achevé le 26. & le même jour , le feu de notre
Artillerie ruina une écluſe qui retenoit les eaux
autour de la Place . L'ouverture de la tranchée
ſe fit le 28. à 200 toifes du fond de l'attaque ,
qui eft dirigée contre la Citadelle . Cette opération
fut conduite avec tant d'habileté que l'Ennemi
ne s'en appercut qu'à 7. heures du matin
le 29. nous effuyâmes fur notre droite , un grand
feu de canons , de mortiers & de pierriers. On
perfectionna les travaux de la Tranchée , & on
éleva une feconde batterie de 36 canons & de
20 mortiers.
Le Comte de Drafcowitz Lieutenant Général ,
& le fieur de Beckman , Major Général , étoient
à l'ouverture de la tranchée avec trois Bataillons
& fix Compagnies de Grenadiers , pour foutenir
les Travailleurs . Un Bataillon de Croates étoit
en avant de la trace de la paralléle , pour en
dérober la vue aux Affiégés. Deux redoutes fervent
d'épaulement à cette premiere paralléle. La
feconde ſera à quarante toifes du chemin couvert
, & nous n'en aurons que deux , pour abré-
⚫ger le travail .
Les huit Bataillons que nous envoye le Général
Daun , arriveront demain , ainfi que le
dernier Convoi d'Artillerie. Nous aurons alors
quatre - vingt canons & quarante mortiers en
batterie.
Le Comte de Harſch eft préſent à tout : il
anime l'ardeur du Soldat par fon activité ; & le
Marquis de Ville contribue beaucoup à accélérer
nos opérations , par la connoiffance parfaite
qu'il a du Pays.
30. Octobre. le
Nous commençâmes le 22. à conſtruire une
redoute avec une batterie de 8 canons & de 4
Fiv
200 MERCURE DE FRANCE.
mortiers , vers le faubourg de Merengaſſen , auquel
les Affiégés ont mis le feu. Cet cuvrage fut
achevé le 26. & le même jour , le feu de notre
Artillerie ruina une écluſe qui retenoit les eaux
autour de la Place . L'ouverture de la tranchée
ſe fit le 28. à 200 toifes du fond de l'attaque ,
qui eft dirigée contre la Citadelle . Cette opération
fut conduite avec tant d'habileté que l'Ennemi
ne s'en appercut qu'à 7. heures du matin
le 29. nous effuyâmes fur notre droite , un grand
feu de canons , de mortiers & de pierriers. On
perfectionna les travaux de la Tranchée , & on
éleva une feconde batterie de 36 canons & de
20 mortiers.
Le Comte de Drafcowitz Lieutenant Général ,
& le fieur de Beckman , Major Général , étoient
à l'ouverture de la tranchée avec trois Bataillons
& fix Compagnies de Grenadiers , pour foutenir
les Travailleurs . Un Bataillon de Croates étoit
en avant de la trace de la paralléle , pour en
dérober la vue aux Affiégés. Deux redoutes fervent
d'épaulement à cette premiere paralléle. La
feconde ſera à quarante toifes du chemin couvert
, & nous n'en aurons que deux , pour abré-
⚫ger le travail .
Les huit Bataillons que nous envoye le Général
Daun , arriveront demain , ainfi que le
dernier Convoi d'Artillerie. Nous aurons alors
quatre - vingt canons & quarante mortiers en
batterie.
Le Comte de Harſch eft préſent à tout : il
anime l'ardeur du Soldat par fon activité ; & le
Marquis de Ville contribue beaucoup à accélérer
nos opérations , par la connoiffance parfaite
qu'il a du Pays.
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Résumé : Du Camp de l'Armée Autrichienne sous Neifs, le 30. Octobre.
Le document relate les opérations militaires autrichiennes près de Neifs, débutées le 22 octobre. Les troupes autrichiennes ont construit une redoute équipée de huit canons et quatre mortiers près du faubourg de Merengassen, incendié par les assiégés. La redoute, achevée le 26 octobre, permit à l'artillerie autrichienne de détruire une écluse et de libérer les eaux autour de la place. Le 28 octobre, les Autrichiens ont ouvert une tranchée à 200 toises de la citadelle, surprenant l'ennemi qui ne s'en aperçut que le 29 octobre. Les travaux de la tranchée furent perfectionnés et une seconde batterie de 36 canons et 20 mortiers fut élevée. Le Comte de Drafcowitz et le sieur de Beckman supervisèrent l'ouverture de la tranchée avec trois bataillons et six compagnies de grenadiers pour protéger les travailleurs. Un bataillon de Croates masqua la vue des assiégés sur la parallèle. Deux redoutes servaient d'épaulement à la première parallèle, et une seconde parallèle était prévue à quarante toises du chemin couvert. Le Général Daun envoya huit bataillons et un convoi d'artillerie, portant le total à quatre-vingt canons et quarante mortiers. Le Comte de Harsch et le Marquis de Ville contribuèrent activement à accélérer les opérations.
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6
p. 201-203
De l'Armée de l'Empire, le 26 Septembre.
Début :
Le 21, le Prince de Deux-Ponts fit un mouvement en avant avec toute l'armée, [...]
Mots clefs :
Prince, Mouvements des troupes, Ennemis, Général Haddick, Prussiens, Combat, Artillerie, Bataillons, Infanterie, Blessés et morts, Prisonniers de guerre, Maréchal Daun, Opérations militaires
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texteReconnaissance textuelle : De l'Armée de l'Empire, le 26 Septembre.
De l'Armée de l'Empire , le 26 Septembre.
Le 21 , le Prince de Deux- Ponts fit un mouvement
en avant avec toute l'armée , dans le deffein
de faire abandonner aux Ennemis la pofition
avantageufe qu'ils occupoient fur les hauteurs de
Meiffen. Le Général Haddick avoit marché la
veille pour Le porter fur le flanc droit des Pruf
Gens.
I
202 MERCURE DE FRANCE.
Toutes les difpofitions étant faites pour l'atta
que, & l'armée s'étant formée fur deux lignes
vis-à-vis de Neuftadt , le combat commença par
le feu de nos canons & de nos obufiers , qui fut
très-vif & très -foutenu pendant toute la journée.
L'Ennemiy répondit par celui de plufieurs batteries.
Le Prince de Deux- Ponts fit attaquer le Village
de Bockwen , où les Pruffiens étoient retranchés.
Nos Grenadiers y mirent le feu , & l'Ennemi
fut contraint d'abandonner ce pofte. Une partie de
notre Infanterie défila fur les hauteurs qui font du
· côté de l'Elbe , pour prendre en flanc l'avantgarde
de l'armée Prufiienne. Cette avant-garde
fut pliée , & perdit du terrein.
Le Général Haddick pofté entre Krogis & Stoifchen
, foudroyoit en même temps avec la groffe
artillerie les redoutes & les batteries des Ennemis.
Le Prince de Deux- Ponts fit un mouvement du
côté de Lomatſch , pour le rapprocher de ce Général.
Les Prulliens qui fe virent en danger de
perdre leur communication avec Torgau & Léipfick
, fe portèrent fur notre aîle gauche , & firent
avancer cinq bataillons foutenus de plufieurs efcadrons
de Cavalerie , qui la chargèrent avec la
plus grande vivacité . Nos troupes foutinrent cette
• attaque avec fermeté, & la repoufferent . La Cavalerie
ennemie fut mife eu déroute : on la pourfuivit
quelque temps ; mais on fut arrêté par la
rencontre de plufieurs bataillons Pruffiens qui
étoient poftés près de Lothayn.
-
Le gros de l'Infanterie ennemie s'avança en
même temps. Le Prince de Deux - Ponts la fic
charger par toute la Cavalerie de l'armée , qui
l'attaqua jufqu'à dix fois fans pouvoir la rompre.
Cette Infanterie venoit de s'emparer d'une de nos
batteries : alors notre Cavalerie redoubla fes efforts
; les bataillons Pruffiens plièrent , & leurs
NOVEMBRE. 1759 203
Dragons qui s'étoient préfentés pour les foutenir
, furent difperfés fans pouvoir ſe rallier . Nos
troupes reprirent la batterie dont l'ennemi s'étoit
emparé , & lui enleverent plufieurs pièces de fa
grolle artillerie. Le pofte de Lothayn étoit encore
occupé par quelques bataillons Pruffiens . Il fut
attaqué & emporté par nos troupes légères , &.
les Ennemis y mirent le feu en fe retirant.
Sur les cinq heures du foir , les Pruffiens étoient
déjà challés de tous leurs poftes . Ils avoient laiffé
fur le champ de bataille plus de dix - huit cents
morts, avec fix piéces de canon & deux étendards .
On leur avoit fait plus de deux cens prifonniers ,
& nous n'avions perdu en tout que mille hommes
tués ou bleffés .
La nuit qui furvint empêcha nos troupes de
pouffer plus loin leurs avantages. Lés Ennemis
eurent le temps de fe reconnoître & de prendre
une nouvelle pofition dans laquelle il nous fut
impoffible de les attaquer.
Du 30.
Le 29 , le Maréchal de Daun arriva à Drefde ,
& le Prince de Deux - Ponts s'y rendit pour concerter
avec lui le plan des opérations qui doivent
terminer la campagne.
Le 21 , le Prince de Deux- Ponts fit un mouvement
en avant avec toute l'armée , dans le deffein
de faire abandonner aux Ennemis la pofition
avantageufe qu'ils occupoient fur les hauteurs de
Meiffen. Le Général Haddick avoit marché la
veille pour Le porter fur le flanc droit des Pruf
Gens.
I
202 MERCURE DE FRANCE.
Toutes les difpofitions étant faites pour l'atta
que, & l'armée s'étant formée fur deux lignes
vis-à-vis de Neuftadt , le combat commença par
le feu de nos canons & de nos obufiers , qui fut
très-vif & très -foutenu pendant toute la journée.
L'Ennemiy répondit par celui de plufieurs batteries.
Le Prince de Deux- Ponts fit attaquer le Village
de Bockwen , où les Pruffiens étoient retranchés.
Nos Grenadiers y mirent le feu , & l'Ennemi
fut contraint d'abandonner ce pofte. Une partie de
notre Infanterie défila fur les hauteurs qui font du
· côté de l'Elbe , pour prendre en flanc l'avantgarde
de l'armée Prufiienne. Cette avant-garde
fut pliée , & perdit du terrein.
Le Général Haddick pofté entre Krogis & Stoifchen
, foudroyoit en même temps avec la groffe
artillerie les redoutes & les batteries des Ennemis.
Le Prince de Deux- Ponts fit un mouvement du
côté de Lomatſch , pour le rapprocher de ce Général.
Les Prulliens qui fe virent en danger de
perdre leur communication avec Torgau & Léipfick
, fe portèrent fur notre aîle gauche , & firent
avancer cinq bataillons foutenus de plufieurs efcadrons
de Cavalerie , qui la chargèrent avec la
plus grande vivacité . Nos troupes foutinrent cette
• attaque avec fermeté, & la repoufferent . La Cavalerie
ennemie fut mife eu déroute : on la pourfuivit
quelque temps ; mais on fut arrêté par la
rencontre de plufieurs bataillons Pruffiens qui
étoient poftés près de Lothayn.
-
Le gros de l'Infanterie ennemie s'avança en
même temps. Le Prince de Deux - Ponts la fic
charger par toute la Cavalerie de l'armée , qui
l'attaqua jufqu'à dix fois fans pouvoir la rompre.
Cette Infanterie venoit de s'emparer d'une de nos
batteries : alors notre Cavalerie redoubla fes efforts
; les bataillons Pruffiens plièrent , & leurs
NOVEMBRE. 1759 203
Dragons qui s'étoient préfentés pour les foutenir
, furent difperfés fans pouvoir ſe rallier . Nos
troupes reprirent la batterie dont l'ennemi s'étoit
emparé , & lui enleverent plufieurs pièces de fa
grolle artillerie. Le pofte de Lothayn étoit encore
occupé par quelques bataillons Pruffiens . Il fut
attaqué & emporté par nos troupes légères , &.
les Ennemis y mirent le feu en fe retirant.
Sur les cinq heures du foir , les Pruffiens étoient
déjà challés de tous leurs poftes . Ils avoient laiffé
fur le champ de bataille plus de dix - huit cents
morts, avec fix piéces de canon & deux étendards .
On leur avoit fait plus de deux cens prifonniers ,
& nous n'avions perdu en tout que mille hommes
tués ou bleffés .
La nuit qui furvint empêcha nos troupes de
pouffer plus loin leurs avantages. Lés Ennemis
eurent le temps de fe reconnoître & de prendre
une nouvelle pofition dans laquelle il nous fut
impoffible de les attaquer.
Du 30.
Le 29 , le Maréchal de Daun arriva à Drefde ,
& le Prince de Deux - Ponts s'y rendit pour concerter
avec lui le plan des opérations qui doivent
terminer la campagne.
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Résumé : De l'Armée de l'Empire, le 26 Septembre.
Le 21 septembre, le Prince de Deux-Ponts lança une offensive pour chasser les ennemis des hauteurs de Meissen. Le Général Haddick attaqua le flanc droit des Prussiens, débutant le combat par un échange intense d'artillerie. Les forces françaises prirent le village de Bockwen et repoussèrent l'avant-garde prussienne. Haddick, positionné entre Krogis et Stoifchen, bombardait les redoutes ennemies. Les Prussiens attaquèrent l'aile gauche française avec cinq bataillons et de la cavalerie, mais furent repoussés. L'infanterie prussienne captura une batterie française, mais la cavalerie française contre-attaqua et reprit la batterie, capturant plusieurs pièces d'artillerie. Les troupes légères françaises prirent le poste de Lothayn. À la fin de la journée, les Prussiens perdirent plus de 1 800 hommes, six pièces de canon et deux étendards, tandis que les Français firent plus de 200 prisonniers et perdirent environ 1 000 hommes. La nuit interrompit les avancées françaises, permettant aux Prussiens de se repositionner. Le 29 septembre, le Maréchal de Daun arriva à Dresde pour planifier les opérations futures avec le Prince de Deux-Ponts.
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7
p. 203-204
De l'Armée Autrichienne, le 1 Octobre.
Début :
Le Maréchal de Daun, après avoir établi son quartier à Mengelsdorff, alla reconnoître [...]
Mots clefs :
Maréchal Daun, Roi de Prusse, Camp, Opérations militaires, Prince Henri, Troupes, Attaque, Prisonniers
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texteReconnaissance textuelle : De l'Armée Autrichienne, le 1 Octobre.
De l'Armée Autrichienne , le 1 Octobre.
Le Maréchal de Daun , après avoir établi fon
quartier à Mengelfdorff , alla reconnoître la pofition
du corps aux ordres du Général Ziethen à
Landfcrone ; & il apprit que le Roi de Pruffe
s'étoit porté de Sagan fur Grienberg. Il fit fes
difpofitions pour envelopper le camp de Landfcrone
le lendemain , & pour marcher enfuite au
Prince Henri. Mais il apprit le 24 , que le Général
Ziethen avoit décampé la nuit , pour le
Iv
204 MERCURE DE FRANCE.
joindre au Prince Henri , dont l'Armée venoit
d'abandonner Gorlitz. Toutes les troupes légères
furent détachées , avec ordre de pourfuivre vivement
les Pruffiens . Elles atteignirent leur bagage ,
en enlevèrent une partie , & firent beaucoup de
prifonniers .
Le Maréchal de Daun , après avoir établi fon
quartier à Mengelfdorff , alla reconnoître la pofition
du corps aux ordres du Général Ziethen à
Landfcrone ; & il apprit que le Roi de Pruffe
s'étoit porté de Sagan fur Grienberg. Il fit fes
difpofitions pour envelopper le camp de Landfcrone
le lendemain , & pour marcher enfuite au
Prince Henri. Mais il apprit le 24 , que le Général
Ziethen avoit décampé la nuit , pour le
Iv
204 MERCURE DE FRANCE.
joindre au Prince Henri , dont l'Armée venoit
d'abandonner Gorlitz. Toutes les troupes légères
furent détachées , avec ordre de pourfuivre vivement
les Pruffiens . Elles atteignirent leur bagage ,
en enlevèrent une partie , & firent beaucoup de
prifonniers .
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Résumé : De l'Armée Autrichienne, le 1 Octobre.
Le 1er octobre, le Maréchal de Daun repéra le corps du Général Ziethen à Landfcrone et apprit le déplacement du Roi de Prusse vers Grienberg. Le 24 octobre, Ziethen quitta Landfcrone pour rejoindre le Prince Henri. Daun envoya des troupes légères qui capturèrent du bagage ennemi et firent des prisonniers.
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8
p. 197-198
DE HAMBOURG, le 20 Octobre.
Début :
Les armées du Prince Henry & du Maréchal de Daun en Saxe [...]
Mots clefs :
Armées, Maréchal Daun, Saxe, Prussiens, Fortifications, Général, Troupes suédoises, Comte, Baron de Laudon, Opérations militaires, Navires anglais
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texteReconnaissance textuelle : DE HAMBOURG, le 20 Octobre.
De
HAMBOURG , le 20 Octobre.
Les armées du Prince Henry & du Maréchal
I iij
98 MERCURE DE FRANCE.
de Daun en Saxe ont fait divers mouvemens .
Les Pruffiens ont été obligés d'abandonner la
pofition avantageufe qu'ils occupoient. On continue
de travailler aux fortifications de Drefde.
Cette Ville fera dans peu une des meilleures Pla-.
cés de l'Empire. Elle eft défendue par une garnifon
de dix mille hommes.
こDus Novembre.
Les corps avancés des Suédois ne font qu'à
huit milles de Berlin . Le Général Manteuffel qui
eft chargé de s'oppofer à leurs progrès , devoit
recevoir un renfort de dix mille hommes détachés
de l'armée du Roi de Pruffe , & qui avoient
d'abord été deſtinés pour celle du Prince Henry.
Mais les nouveaux ordres envoyés par l'Impératrice
de Ruffie ont déterminé le Roi de Pruffe
à garder ce corps de troupes.
x
On prétend que le Comte de Soltikoff avoit
effectivement pris la refolution de terminer la
campagne & d'aller prendre des quartiers en Pologne
; que le Baron de Laudon l'avoit prié de
différer cette retraite jufqu'à la fin d'Octobre
& que fur ces entrefaites un Courier de Peterf
bourg étoit arrivé & avoit apporté au Général
des Ruffes l'ordre de continuer les opérations ,
d'hiverner en Siléfie , & d'y affurer fes quartiers.
Le Prince Henry paroît déterminé à fe maintenir
dans fon camp de Torgau.
Un convoi de Navires Anglois eft entré dans
le Wefer , & a débarqué à Nienbourg trentehuit
canons , deux mortiers , & quinze cens hommes
de recrues.
HAMBOURG , le 20 Octobre.
Les armées du Prince Henry & du Maréchal
I iij
98 MERCURE DE FRANCE.
de Daun en Saxe ont fait divers mouvemens .
Les Pruffiens ont été obligés d'abandonner la
pofition avantageufe qu'ils occupoient. On continue
de travailler aux fortifications de Drefde.
Cette Ville fera dans peu une des meilleures Pla-.
cés de l'Empire. Elle eft défendue par une garnifon
de dix mille hommes.
こDus Novembre.
Les corps avancés des Suédois ne font qu'à
huit milles de Berlin . Le Général Manteuffel qui
eft chargé de s'oppofer à leurs progrès , devoit
recevoir un renfort de dix mille hommes détachés
de l'armée du Roi de Pruffe , & qui avoient
d'abord été deſtinés pour celle du Prince Henry.
Mais les nouveaux ordres envoyés par l'Impératrice
de Ruffie ont déterminé le Roi de Pruffe
à garder ce corps de troupes.
x
On prétend que le Comte de Soltikoff avoit
effectivement pris la refolution de terminer la
campagne & d'aller prendre des quartiers en Pologne
; que le Baron de Laudon l'avoit prié de
différer cette retraite jufqu'à la fin d'Octobre
& que fur ces entrefaites un Courier de Peterf
bourg étoit arrivé & avoit apporté au Général
des Ruffes l'ordre de continuer les opérations ,
d'hiverner en Siléfie , & d'y affurer fes quartiers.
Le Prince Henry paroît déterminé à fe maintenir
dans fon camp de Torgau.
Un convoi de Navires Anglois eft entré dans
le Wefer , & a débarqué à Nienbourg trentehuit
canons , deux mortiers , & quinze cens hommes
de recrues.
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Résumé : DE HAMBOURG, le 20 Octobre.
Le 20 octobre, les armées du Prince Henry et du Maréchal de Daun ont effectué divers mouvements en Saxe, forçant les Prussiens à abandonner une position avantageuse. Les travaux de fortification de Dresde se poursuivent, en faisant une des meilleures places fortes de l'Empire, défendue par une garnison de dix mille hommes. Le 8 novembre, les corps avancés des Suédois se trouvent à huit milles de Berlin. Le Général Manteuffel, chargé de les contrer, devait recevoir un renfort de dix mille hommes de l'armée du Roi de Prusse, initialement destinés au Prince Henry. Cependant, de nouveaux ordres de l'Impératrice de Russie ont conduit le Roi de Prusse à conserver ces troupes. Le Comte de Soltikoff envisageait de terminer la campagne et de se retirer en Pologne, mais le Baron de Laudon l'a convaincu de différer cette retraite jusqu'à la fin octobre. Un courrier de Petersbourg a ensuite ordonné aux Russes de continuer les opérations et d'hiverner en Silésie. Le Prince Henry semble déterminé à rester dans son camp de Torgau. Un convoi de navires anglais a débarqué à Nienbourg trente-huit canons, deux mortiers et mille cinq cents recrues.
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9
p. 195
DE VIENNE, le premier Janvier.
Début :
Le dégel, qui a succédé tout-à coup au froid le plus rigoureux qu'on ait senti [...]
Mots clefs :
Dégel, Froid, Températures extrêmes, Opérations militaires, Interruption, Baron de Laudon, Troupes, Officiers, Généraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le premier Janvier.
De VIENNE , le premier Janvier.
Le dégel , qui a fuccédé tout-à coup au froid
le plus rigoureux qu'on ait fenti depuis long
temps , a entièrement interrompu toute opération
militaire. Les mêmes difficultés ont arrêté la
marche du corps du Baron de Laudon , qui a
cantonné fes troupes fur les confins de la Bohême.
On a écrit depuis , de Prague , que ce Géné
ral eſt tombé malade , & qu'il s'eft fait tranfporter
à Billin.
Les principaux Officiers & Généraux Pruffiens ,
pris à l'affaire de Maxen , vont être transférès à
Infpruck. Ils font au nombre de cent vingt- cinq.
Le dégel , qui a fuccédé tout-à coup au froid
le plus rigoureux qu'on ait fenti depuis long
temps , a entièrement interrompu toute opération
militaire. Les mêmes difficultés ont arrêté la
marche du corps du Baron de Laudon , qui a
cantonné fes troupes fur les confins de la Bohême.
On a écrit depuis , de Prague , que ce Géné
ral eſt tombé malade , & qu'il s'eft fait tranfporter
à Billin.
Les principaux Officiers & Généraux Pruffiens ,
pris à l'affaire de Maxen , vont être transférès à
Infpruck. Ils font au nombre de cent vingt- cinq.
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Résumé : DE VIENNE, le premier Janvier.
Le 1er janvier, un dégel subit a interrompu les opérations militaires après un froid rigoureux. Le corps du Baron de Laudon a été cantonné à la frontière de la Bohême. Le général Laudon, malade, a été transporté à Billin. Cent vingt-cinq officiers et généraux prussiens capturés à Maxen doivent être transférés à Innsbruck.
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10
p. 241-243
DE BAMBERG, le 30 Avril.
Début :
L'Armée de l'Empire vient d'entamer les opérations de la Campagne, [...]
Mots clefs :
Armée de l'Empire, Opérations militaires, Capitaine, Maréchal, Comte, Lieutenant général, Mouvements des troupes, Prussiens, Infanterie, Morts, Officiers, Soldats, Prisonniers
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texteReconnaissance textuelle : DE BAMBERG, le 30 Avril.
De BAMBERG , le 30 Avril.
L'Armée de l'Empire vient d'entamer les opé
rations de la Campagne , par une entrepriſe qui
a heureufement réufli . Le Capitaine Froideville ,
L
242 MERCURE DE FRANCE
commandant un Corps de troupes légères Pruffiennes
, défoloit depuis longtemps une partie da
Voitgland , par les contributions réïtérées qu'il
en exigeoit. Le Maréchal Comte de Serbelloni ,
donna ordre au Prince de Stolberg , & au Comte
de Luzinfki , Lieutenans- Généraux , qui commandent
nos poftes avancés , d'épier l'occafion
d'enlever ce Partifan . Le Général de Kleefeld ,
fut chargé de l'exécution . Sur l'avis que le Capitaine
Froideville étoit aux environs de Zwickau,
il forma un détachement , compofé de Dragons ,
de Croates , & de Huffards. Il fe mit en marche
le 8 de ce mois , & il arriva à Zwickau à neuf
heures du foir : il apprit dans cette Ville que
e Partifan Pruffien étoit avec fon Corps dans
le Village de Nieder - Multzen ; il fe remit en
marche a minuit , dans le deffein de l'y furpren
dre , & il prit un chemin détourné pour éviter
fes patrouilles . Il arriva le 9 à la pointe du jour,
à la vue du Village. Cependant malgré fes précautions
, la Troupe Pruffienne avoit été avertie
une heure auparavant , & elle avoit pris hors
du Village un pofte avantageux . Le Général
Kleefeld fit auffitôt fes difpofitions pour le combat.
Son détachement , partagé en trois corps ,
attaqua à la fois les Pruffiens › par le centre
& par les flancs , avec une telle vivacité , qu'après
une foible réſiſtance , la Cavalerie fut rompue
& mife en déroute . L'Infanterie fut culbutée
bientôt après , & elle prit la fuite à travers le
Village de Vernsdorff. Les Pruffiens furent pourfuivis
jufqu'au bord de la Mulda , dans laquelle
un grand nombre de fuyards fe jetterent , pour
gagner le bord oppofé.
•
Le nombre des morts eft confidérable du côté
des Pruffiens. Le Capitaine Froideville a été pris ,
avec quatre autres Officiers. Le nombre des bas
JUIN 1760. 243
Officiers & des Soldats faits prifonniers , eſt de
cent huit . On a pris une pièce de canon & cent
foixante - dix chariots , dont la plupart étoient
chargés de fourage. Tous ces chariots avoient été
enlevés aux habitans de ce Diſtrict. On les teur
a rendus , ainfi que 688 chevaux qui leur avoient
été enlevés. Nous n'avons eu dans cette expédition
, que dix - neuf hommes bleffés .
Un autre détachement des troupes de l'Empire
fe porta , le 8 , à Smalkalde. Il emmena des
ôtages pour la fureté du payement des contributions
qu'il a exigées de cette Ville .
Les détachemens Pruffiens qui occupoient les
Villes de Zeitz & de Chemnitz , les ont évacuées
fur la nouvelle de l'échec reçu par le Capitaine Froideville
,& ils fe font repliés du côté de Léipfick . Le
Général Haddick arriva ici le 24 de ce mois , &
le Maréchal Comte de Serbelloni lui remit le
Commandement de l'Armée. Le Feld- Maréchal
Prince de Deux - Ponts , eft attendu ici le 2 du
mois prochain, & l'Armée doit ſe mettre en mouvement
après fon arrivée. Elle eſt déjà en partie
affemblée entre Bamberg & Wurtzbourg.
L'Armée de l'Empire vient d'entamer les opé
rations de la Campagne , par une entrepriſe qui
a heureufement réufli . Le Capitaine Froideville ,
L
242 MERCURE DE FRANCE
commandant un Corps de troupes légères Pruffiennes
, défoloit depuis longtemps une partie da
Voitgland , par les contributions réïtérées qu'il
en exigeoit. Le Maréchal Comte de Serbelloni ,
donna ordre au Prince de Stolberg , & au Comte
de Luzinfki , Lieutenans- Généraux , qui commandent
nos poftes avancés , d'épier l'occafion
d'enlever ce Partifan . Le Général de Kleefeld ,
fut chargé de l'exécution . Sur l'avis que le Capitaine
Froideville étoit aux environs de Zwickau,
il forma un détachement , compofé de Dragons ,
de Croates , & de Huffards. Il fe mit en marche
le 8 de ce mois , & il arriva à Zwickau à neuf
heures du foir : il apprit dans cette Ville que
e Partifan Pruffien étoit avec fon Corps dans
le Village de Nieder - Multzen ; il fe remit en
marche a minuit , dans le deffein de l'y furpren
dre , & il prit un chemin détourné pour éviter
fes patrouilles . Il arriva le 9 à la pointe du jour,
à la vue du Village. Cependant malgré fes précautions
, la Troupe Pruffienne avoit été avertie
une heure auparavant , & elle avoit pris hors
du Village un pofte avantageux . Le Général
Kleefeld fit auffitôt fes difpofitions pour le combat.
Son détachement , partagé en trois corps ,
attaqua à la fois les Pruffiens › par le centre
& par les flancs , avec une telle vivacité , qu'après
une foible réſiſtance , la Cavalerie fut rompue
& mife en déroute . L'Infanterie fut culbutée
bientôt après , & elle prit la fuite à travers le
Village de Vernsdorff. Les Pruffiens furent pourfuivis
jufqu'au bord de la Mulda , dans laquelle
un grand nombre de fuyards fe jetterent , pour
gagner le bord oppofé.
•
Le nombre des morts eft confidérable du côté
des Pruffiens. Le Capitaine Froideville a été pris ,
avec quatre autres Officiers. Le nombre des bas
JUIN 1760. 243
Officiers & des Soldats faits prifonniers , eſt de
cent huit . On a pris une pièce de canon & cent
foixante - dix chariots , dont la plupart étoient
chargés de fourage. Tous ces chariots avoient été
enlevés aux habitans de ce Diſtrict. On les teur
a rendus , ainfi que 688 chevaux qui leur avoient
été enlevés. Nous n'avons eu dans cette expédition
, que dix - neuf hommes bleffés .
Un autre détachement des troupes de l'Empire
fe porta , le 8 , à Smalkalde. Il emmena des
ôtages pour la fureté du payement des contributions
qu'il a exigées de cette Ville .
Les détachemens Pruffiens qui occupoient les
Villes de Zeitz & de Chemnitz , les ont évacuées
fur la nouvelle de l'échec reçu par le Capitaine Froideville
,& ils fe font repliés du côté de Léipfick . Le
Général Haddick arriva ici le 24 de ce mois , &
le Maréchal Comte de Serbelloni lui remit le
Commandement de l'Armée. Le Feld- Maréchal
Prince de Deux - Ponts , eft attendu ici le 2 du
mois prochain, & l'Armée doit ſe mettre en mouvement
après fon arrivée. Elle eſt déjà en partie
affemblée entre Bamberg & Wurtzbourg.
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Résumé : DE BAMBERG, le 30 Avril.
Le 30 avril, l'armée impériale a mené une opération réussie contre les troupes légères prussiennes du capitaine Froideville, qui opéraient dans le Voigtland. Le maréchal comte de Serbelloni a ordonné aux lieutenants-généraux Prince de Stolberg et comte de Luzinski de saisir cette opportunité, avec le général de Kleefeld en charge de l'exécution. Informé de la présence de Froideville près de Zwickau, Kleefeld a formé un détachement de dragons, Croates et hussards. Après avoir appris que Froideville était à Nieder-Multzen, Kleefeld a divisé ses forces pour attaquer les Prussiens par le centre et les flancs. Malgré une position avantageuse des Prussiens, ces derniers ont été rapidement vaincus. La cavalerie prussienne a été dispersée, suivie par l'infanterie qui a fui vers le village de Vernsdorff. Les Prussiens ont été poursuivis jusqu'à la Mulda, où de nombreux soldats se sont noyés. Les pertes prussiennes ont été lourdes, avec la capture du capitaine Froideville et de quatre autres officiers, ainsi que de cent huit bas-officiers et soldats. Une pièce de canon et cent soixante-dix chariots de fourrage ont également été capturés. Les troupes impériales ont subi dix-neuf blessés. Par ailleurs, un détachement impérial a pris des otages à Smalkalde pour garantir le paiement des contributions. Après cette défaite, les Prussiens ont évacué Zeitz et Chemnitz, se repliant vers Leipzig. Le général Haddick a pris le commandement de l'armée le 24 avril, et le feld-maréchal Prince de Deux-Ponts est attendu le 2 mai. L'armée, déjà en partie rassemblée entre Bamberg et Wurtzbourg, se mettra en mouvement après son arrivée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 192-193
De DANTZICK, le 18 Juin 1760.
Début :
Le Feld-Maréchal, Comte de Soltikoff, est arrivé depuis peu de jours à l'Armée [...]
Mots clefs :
Feld-maréchal, Comte, Armée, Roi de Prusse, Général, Bataillons, Régiments, Opérations militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De DANTZICK, le 18 Juin 1760.
De DANTZICK , le 18 Juin 1760 .
(
E Feld - Maréchal , Comte de Soltikoff , eft
arrivé depuis peu de jours à l'Armée avec plufieurs
Officiers- Généraux . L'Armée eft en pleine marche
vers les Etats du Roi de Pruffe : l'avant - garde
doit avoir pallé la Wartha ; elle eft fous les ordres
du Lieutenant - Général de Czernichew ; elle paroît
diriger fa marche fur Cuftrin .
Le Général de Tottleben , continue avec fuccès
les opérations en Poréranie. Après divers
avantages remportés fur les Pruffiens , près de
Coflin , il les a attaqués près de Neugart . Il a défait
entierement deux Bataillons francs , & il leur
a fait plus de deux cens prifonniers . Il vient d'être
renforcé par deux Régimens , & il a pris poffeffion
de Neugart. Le Général de Forcade s'eft replié par
Rugenwalde fur Stargart ; enforte que la Poméranie
eft prefqu'entiérement abandonnée aux
Troupes
JUILLET. 1760. 195
Troupes Ruffiennes. Le Général de Tottleben.
poulle des partis jufqu'aux portes de Colberg.
(
E Feld - Maréchal , Comte de Soltikoff , eft
arrivé depuis peu de jours à l'Armée avec plufieurs
Officiers- Généraux . L'Armée eft en pleine marche
vers les Etats du Roi de Pruffe : l'avant - garde
doit avoir pallé la Wartha ; elle eft fous les ordres
du Lieutenant - Général de Czernichew ; elle paroît
diriger fa marche fur Cuftrin .
Le Général de Tottleben , continue avec fuccès
les opérations en Poréranie. Après divers
avantages remportés fur les Pruffiens , près de
Coflin , il les a attaqués près de Neugart . Il a défait
entierement deux Bataillons francs , & il leur
a fait plus de deux cens prifonniers . Il vient d'être
renforcé par deux Régimens , & il a pris poffeffion
de Neugart. Le Général de Forcade s'eft replié par
Rugenwalde fur Stargart ; enforte que la Poméranie
eft prefqu'entiérement abandonnée aux
Troupes
JUILLET. 1760. 195
Troupes Ruffiennes. Le Général de Tottleben.
poulle des partis jufqu'aux portes de Colberg.
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Résumé : De DANTZICK, le 18 Juin 1760.
Le 18 juin 1760, le feld-maréchal Comte de Soltikoff rejoint l'armée près de Dantzick. L'avant-garde, dirigée par Czernichew, avance vers Custrin. En Poméranie, Tottleben remporte des victoires près de Coslin et Neugart, capturant plus de deux cents prisonniers. Forcade se replie vers Stargard, laissant la Poméranie aux Prussiens. Tottleben attaque jusqu'à Colberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 187-192
De VIENNE, le 6 Juillet 1760.
Début :
Un Officier, dépêché par le Général d'Infanterie Baron de Laudon, [...]
Mots clefs :
Officier, Infanterie, Général Laudon, Victoire, Roi de Prusse, Siège, Artillerie, Opérations militaires, Troupes, Mouvements des troupes, Attaque, Escadron, Blessés et morts, Commandant, Marche, Ennemis, Prisonniers, Campagne militaire, Maréchal Daun, Armée russe, Prince Charles de Lorraine, Quartier général, Camps militaires, Ministre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 6 Juillet 1760.
De VIENNE , le 6 Juillet 1760.
N Officier,dépêché par le Général d'Infanterie
Baron de Laudon , apporta le 25 du mois
dernier a Leurs Majeftés Impériales , la nouvelle
de la victoire remportée le 23 près de Landshut ,
par nos troupes fur celles du Roi de Prufe , commandées
par le Lieutenant Général de la Motte
Fouquet. Voici les détails de cette action .
Le Baron de Laudon , ayant jugé à propos de
faire l'ouverture de la campagne par le fiége de
Glatz , avoit laiffé fa cavalerie à Frankenftein. Il
avoit garni de troupes les défilés de Silberberg ,
de Wartha & de Reichenbach , ainfi que le pofte
de Landshut & les retranchemens voilins. La fortereffe
de Glatz étoit inveſtie par le refte de l'infanterie
, & les ordres étoient donnés pour le
tranfport de la grolle artillerie , qui devoit arriver
inceffamment.
Toutes ces difpofitions perfuaderent le Général
188 MERCURE DE FRANCE
Fouquet , que ce fiége étoit l'objet principal des
opérations. Il ne lui reftoit d'autre moyen d'y
mettre obſtacle , que de s'ouvrir un paffage par
Landshut. Dans cette vue il fit avancer , le 17 ,
vers cette Ville tout le corps qu'il avoit à fes ordres.
Les troupes Autrichiennes , fort inférieures
en nombre , abandonnerent ce pofte , & elles fe
replierent fur Reich - Hennersdorff, & fur la montagne
de Langenberg , où elles furent renforcées
par un détachement confidérable , Les Pruffiens ,
en poffeffion de Landshut & des retranchemens
de Buchberg , refterent tranquilles ce jour &
les fuivans , fans rien entreprendre contre elles.
Le Général Baron de Laudon , informé de ces
mouvemens & de la poſition du Corps Pruffien ,
prit auffitôt la réſoluiton de l'attaquer. Il fe mit
en marche le 18 avec fon Corps de réſerve ; il
pafla la montagne de Joannefberg , & il arriva le
19 près de Schwartzwald , à peu de diſtance
des retranchemens occupés par les Pruffiens . Ces
retranchemens confiftoient en ouvrages folides ,
munis de fortins fraifés & paliffadés , de pontlevis
& de foflés très-profonds. Ils embraffoient
& couvroient huit montagnes , dont la plûpart
avoient entr'elles des lignes de communication ,
fervant à leur défenſe mutuelle. Nos troupes
rencontrerent dans leur marche , un Corps de fix
cens hommes de troupes légères , commandé
par le Général de Malachowsky . Deux escadrons
de Dragons , avec quelques Huffards & Grenadiers
, eurent ordre de l'attaquer , & ils le firent
avec tant de vivacité que ce Corps ennemi fur
enfoncé dans l'inftant . On lui tua cinquante
hommes , & on lui fit cent trente - cinq prifonniers
, parmi lesquels fe trouverent deux Capitaines
& trois Lieutenans, Gette attaque ne nous
AOUST. 1760. 189
a couté que dix hommes tués & une vingtaine
de bleflés .
Le dellein du Baron de Laudon étoit de combattre
, auffitôt après fon arrivée , le Général Fouquet
, s'il n'avoit pas encore toutes les forces.
Mais il apprit que ce Général les avoit raflemblées
; & qu'il avoit fait venir de Schweidnitz un
train confidérable de groffe artillerie , dont il
avoit garni fes retranchemens. Sur cette nouvelle
, le Baron de Laudon jugea à propos de fufpendre
fon attaque . Ses ordres furent donnés ,
aux Commandans des troupes qui étoient reſtéos
dans le Comté de Glatz , de marcher en diligence
pour le joindre , en n'y laiflant que celles qui
étoient nécellaires pour garder les défilés , & continuer
le blocus de Clatz. D'un autre côté ,
le
Lieutenant- Feld Maréchal de Beck , agiffant de
concert avec le Baron de Laudon , occupa la Ville
de Schmiedeberg , pour fermer ce paffage à l'Ennemi.
Le 22 , toutes les troupes arriverent. Elles firent
halte pendant quelques heures pour reprendre
haleine. Le Général de Laudon fit le foir fes difpofitions
pour l'attaque. Le fignal fut donné le 23 ,
à une heure trois quarts du matin , par quatre
bombes. A ce fignal , les attaques commencerent
de tous les côtés avec la plus grande vivacité . Les
deux redoutes principales, conftruites fur les Montagnes
appellées Buchberg- et- Doctorsberg, furent
emportées en moins de trois quarts d'heure. La
ligne de communication , tirée entre ces deux
Montagnes , fut enfuite attaquée & forcée ; l'en
nemi fut challé d'une montagne à l'autre , &
délogé de la Ville de Landshut.
Quelques Corps ennemis tenterent de ſe frayer
un pallage du côté de Schmiedeberg ;mais le Géné⚫
ral Navendorff, à la tête des Régimens de Nadafti
190 MERCURE DE FRANCE.
de Bethlem , de Saxe - Gotha & de Loweftein ;
les repouffa toujours. Un bataillon de Grenadiers,
commandé par le Général Fouquet , ne voulant
point fe rendre , fut entierement détruit , & ce
Général fut pris dans cette occafion , après avoir
été bleffé. Enfin vers les huit heures du matin ,
les derniers bataillons & efcadrons ennemis jetterent
bas les armes , & ils fe rendirent à difcrétion
. Tous les paffages avoient été gardés avec
tant de foin , que des dix- huit bataillons & des
dix- fept elcadrons qui compofoient le Corps ennemi
, il s'eft à peine fauvé deux ou trois cens
hommes.
Le nombre des prifonniers monte à près de
neuf mille hommes , parmi lesquels font le Lieutenant
général Fouquet , les Généraux Majors
de Schenkendorff , & de Malachowky , trois Colonels
, un Lieutenant - Colonel , cinquante- neuf
tant Majors que Capitaines , & cent cinquantefept
Lieutenans , fous- Lieutenans & Enfeignes.
Toute l'artillerie ennemie , confiftant en foirante
piéces de canon , & neuf obus de différens calibres
, tous les drapeaux , étendards , bagages &
munitions , font tombés en notre pouvoir. Notre
perte n'excéde guères trois mille hommes tant
tués que bleflés .
Le Comte de Montazet , Lieutenant général
des Armées de Sa Majellé Très Chrétienne , arriva
dernierement dans cette Ville , d'où il prit lä
route de l'Armée de l'Impératrice Reine , dans
laquelle il deit faire la Campagne.
On prétend que le Prince Ferdinand a eu ordre
de faire enlever le Landgrave de Helfe- Caffel,
& de le faire conduire , fous une efcorte de cinq
cens cavaliers, à Stade , dans le Duché de Bremen.
Le Maréchal Comte de Daun a renforcé le
Général Baron de Laudon , de plufieurs régiAOUST.
1760 : 1gr.
mens , afin de le mettre en état de pouffer fes
opérations fans retardement. Le Baron de Beck ,
a reçu ordre de joindre , avec le Corps qu'il
commande , l'Armée du Baron de Landon , & de
ne lailler dans la Luface , que les troupes néceſſaires
pour couvrir les frontieres de la Bohême.
L'Armée Ruffe s'avance vers celle du Prince
Henry.
Le Prince Charles de Lorraine eſt arrivé des
Pays-Bas depuis la fin du mois dernier .
Le Quarur général du Maréchal de Daun eft
à Ubigan. Après plufieurs tentatives pour furprendre
ce Maréchal & quelques efcarmouches
de part & d'autre , les Prufkens le font repliés
fur Grofs Dobritz. On enleva près de Grollenhayn
, le Lieutenant de Holtzendorff , Aide de
Camp du Général de Zaftrow , qui venoit de
Schweidnitz porter au Roi de Pruffe , la nouvelle
de la défaite du Général Fouquet.
Le Maréchal de Daun vint le 28 reconnoître
le Camp de Radebourg , & celui que l'Ennemi-
Occupe actuellement. Il y eut cette journée plufieurs
actions très-vives , entre -nos Corps avan
cés . Un détachement ennemi de deux mille hom- '
mes vint attaquer le pofte d'Ebersbach & quelques
autres qu'il poufla jufqu'a Radebourg . Le
Général de Lafcy leur envoya da renfort , &
nos troupes repoufferent à leur tour les Pruf→
fiens jufqu'au - delà d'Ebersbach . Nous reſtâmes
entin en podelion de ce pofte.
1-
Les derniers avis venus de Warlovie apprennent
que le Marquis de Paulmay , Miniftre d'Etat ,
& devant Séciétaire d'Etat de la guerre,
Amballadur de Sa Majesté Très - Chiéenne
auprès du Roi & de la République de Pologne ,
eſt a rivé dans cette ville , le 21 , & qu'il a eu fa
premiere Audience de Sa Majesté Polonoife .
Suivant les mêmes avis , le Roi de Pruſſe a
192 MERCURE DE FRANCE.
fait remettre en liberté le Prince de Sulkowsky ,
Grand-Veneur du Duché de Lithuanie.
N Officier,dépêché par le Général d'Infanterie
Baron de Laudon , apporta le 25 du mois
dernier a Leurs Majeftés Impériales , la nouvelle
de la victoire remportée le 23 près de Landshut ,
par nos troupes fur celles du Roi de Prufe , commandées
par le Lieutenant Général de la Motte
Fouquet. Voici les détails de cette action .
Le Baron de Laudon , ayant jugé à propos de
faire l'ouverture de la campagne par le fiége de
Glatz , avoit laiffé fa cavalerie à Frankenftein. Il
avoit garni de troupes les défilés de Silberberg ,
de Wartha & de Reichenbach , ainfi que le pofte
de Landshut & les retranchemens voilins. La fortereffe
de Glatz étoit inveſtie par le refte de l'infanterie
, & les ordres étoient donnés pour le
tranfport de la grolle artillerie , qui devoit arriver
inceffamment.
Toutes ces difpofitions perfuaderent le Général
188 MERCURE DE FRANCE
Fouquet , que ce fiége étoit l'objet principal des
opérations. Il ne lui reftoit d'autre moyen d'y
mettre obſtacle , que de s'ouvrir un paffage par
Landshut. Dans cette vue il fit avancer , le 17 ,
vers cette Ville tout le corps qu'il avoit à fes ordres.
Les troupes Autrichiennes , fort inférieures
en nombre , abandonnerent ce pofte , & elles fe
replierent fur Reich - Hennersdorff, & fur la montagne
de Langenberg , où elles furent renforcées
par un détachement confidérable , Les Pruffiens ,
en poffeffion de Landshut & des retranchemens
de Buchberg , refterent tranquilles ce jour &
les fuivans , fans rien entreprendre contre elles.
Le Général Baron de Laudon , informé de ces
mouvemens & de la poſition du Corps Pruffien ,
prit auffitôt la réſoluiton de l'attaquer. Il fe mit
en marche le 18 avec fon Corps de réſerve ; il
pafla la montagne de Joannefberg , & il arriva le
19 près de Schwartzwald , à peu de diſtance
des retranchemens occupés par les Pruffiens . Ces
retranchemens confiftoient en ouvrages folides ,
munis de fortins fraifés & paliffadés , de pontlevis
& de foflés très-profonds. Ils embraffoient
& couvroient huit montagnes , dont la plûpart
avoient entr'elles des lignes de communication ,
fervant à leur défenſe mutuelle. Nos troupes
rencontrerent dans leur marche , un Corps de fix
cens hommes de troupes légères , commandé
par le Général de Malachowsky . Deux escadrons
de Dragons , avec quelques Huffards & Grenadiers
, eurent ordre de l'attaquer , & ils le firent
avec tant de vivacité que ce Corps ennemi fur
enfoncé dans l'inftant . On lui tua cinquante
hommes , & on lui fit cent trente - cinq prifonniers
, parmi lesquels fe trouverent deux Capitaines
& trois Lieutenans, Gette attaque ne nous
AOUST. 1760. 189
a couté que dix hommes tués & une vingtaine
de bleflés .
Le dellein du Baron de Laudon étoit de combattre
, auffitôt après fon arrivée , le Général Fouquet
, s'il n'avoit pas encore toutes les forces.
Mais il apprit que ce Général les avoit raflemblées
; & qu'il avoit fait venir de Schweidnitz un
train confidérable de groffe artillerie , dont il
avoit garni fes retranchemens. Sur cette nouvelle
, le Baron de Laudon jugea à propos de fufpendre
fon attaque . Ses ordres furent donnés ,
aux Commandans des troupes qui étoient reſtéos
dans le Comté de Glatz , de marcher en diligence
pour le joindre , en n'y laiflant que celles qui
étoient nécellaires pour garder les défilés , & continuer
le blocus de Clatz. D'un autre côté ,
le
Lieutenant- Feld Maréchal de Beck , agiffant de
concert avec le Baron de Laudon , occupa la Ville
de Schmiedeberg , pour fermer ce paffage à l'Ennemi.
Le 22 , toutes les troupes arriverent. Elles firent
halte pendant quelques heures pour reprendre
haleine. Le Général de Laudon fit le foir fes difpofitions
pour l'attaque. Le fignal fut donné le 23 ,
à une heure trois quarts du matin , par quatre
bombes. A ce fignal , les attaques commencerent
de tous les côtés avec la plus grande vivacité . Les
deux redoutes principales, conftruites fur les Montagnes
appellées Buchberg- et- Doctorsberg, furent
emportées en moins de trois quarts d'heure. La
ligne de communication , tirée entre ces deux
Montagnes , fut enfuite attaquée & forcée ; l'en
nemi fut challé d'une montagne à l'autre , &
délogé de la Ville de Landshut.
Quelques Corps ennemis tenterent de ſe frayer
un pallage du côté de Schmiedeberg ;mais le Géné⚫
ral Navendorff, à la tête des Régimens de Nadafti
190 MERCURE DE FRANCE.
de Bethlem , de Saxe - Gotha & de Loweftein ;
les repouffa toujours. Un bataillon de Grenadiers,
commandé par le Général Fouquet , ne voulant
point fe rendre , fut entierement détruit , & ce
Général fut pris dans cette occafion , après avoir
été bleffé. Enfin vers les huit heures du matin ,
les derniers bataillons & efcadrons ennemis jetterent
bas les armes , & ils fe rendirent à difcrétion
. Tous les paffages avoient été gardés avec
tant de foin , que des dix- huit bataillons & des
dix- fept elcadrons qui compofoient le Corps ennemi
, il s'eft à peine fauvé deux ou trois cens
hommes.
Le nombre des prifonniers monte à près de
neuf mille hommes , parmi lesquels font le Lieutenant
général Fouquet , les Généraux Majors
de Schenkendorff , & de Malachowky , trois Colonels
, un Lieutenant - Colonel , cinquante- neuf
tant Majors que Capitaines , & cent cinquantefept
Lieutenans , fous- Lieutenans & Enfeignes.
Toute l'artillerie ennemie , confiftant en foirante
piéces de canon , & neuf obus de différens calibres
, tous les drapeaux , étendards , bagages &
munitions , font tombés en notre pouvoir. Notre
perte n'excéde guères trois mille hommes tant
tués que bleflés .
Le Comte de Montazet , Lieutenant général
des Armées de Sa Majellé Très Chrétienne , arriva
dernierement dans cette Ville , d'où il prit lä
route de l'Armée de l'Impératrice Reine , dans
laquelle il deit faire la Campagne.
On prétend que le Prince Ferdinand a eu ordre
de faire enlever le Landgrave de Helfe- Caffel,
& de le faire conduire , fous une efcorte de cinq
cens cavaliers, à Stade , dans le Duché de Bremen.
Le Maréchal Comte de Daun a renforcé le
Général Baron de Laudon , de plufieurs régiAOUST.
1760 : 1gr.
mens , afin de le mettre en état de pouffer fes
opérations fans retardement. Le Baron de Beck ,
a reçu ordre de joindre , avec le Corps qu'il
commande , l'Armée du Baron de Landon , & de
ne lailler dans la Luface , que les troupes néceſſaires
pour couvrir les frontieres de la Bohême.
L'Armée Ruffe s'avance vers celle du Prince
Henry.
Le Prince Charles de Lorraine eſt arrivé des
Pays-Bas depuis la fin du mois dernier .
Le Quarur général du Maréchal de Daun eft
à Ubigan. Après plufieurs tentatives pour furprendre
ce Maréchal & quelques efcarmouches
de part & d'autre , les Prufkens le font repliés
fur Grofs Dobritz. On enleva près de Grollenhayn
, le Lieutenant de Holtzendorff , Aide de
Camp du Général de Zaftrow , qui venoit de
Schweidnitz porter au Roi de Pruffe , la nouvelle
de la défaite du Général Fouquet.
Le Maréchal de Daun vint le 28 reconnoître
le Camp de Radebourg , & celui que l'Ennemi-
Occupe actuellement. Il y eut cette journée plufieurs
actions très-vives , entre -nos Corps avan
cés . Un détachement ennemi de deux mille hom- '
mes vint attaquer le pofte d'Ebersbach & quelques
autres qu'il poufla jufqu'a Radebourg . Le
Général de Lafcy leur envoya da renfort , &
nos troupes repoufferent à leur tour les Pruf→
fiens jufqu'au - delà d'Ebersbach . Nous reſtâmes
entin en podelion de ce pofte.
1-
Les derniers avis venus de Warlovie apprennent
que le Marquis de Paulmay , Miniftre d'Etat ,
& devant Séciétaire d'Etat de la guerre,
Amballadur de Sa Majesté Très - Chiéenne
auprès du Roi & de la République de Pologne ,
eſt a rivé dans cette ville , le 21 , & qu'il a eu fa
premiere Audience de Sa Majesté Polonoife .
Suivant les mêmes avis , le Roi de Pruſſe a
192 MERCURE DE FRANCE.
fait remettre en liberté le Prince de Sulkowsky ,
Grand-Veneur du Duché de Lithuanie.
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Résumé : De VIENNE, le 6 Juillet 1760.
Le 6 juillet 1760, un officier du Baron de Laudon informa les souverains impériaux de la victoire autrichienne du 23 juin près de Landshut contre les troupes prussiennes commandées par le Lieutenant Général de la Motte Fouquet. La campagne avait débuté par le siège de Glatz, avec la cavalerie laissée à Frankenstein et divers postes stratégiques garnis. Fouquet, pensant que Glatz était l'objectif principal, tenta de passer par Landshut. Les troupes autrichiennes, inférieures en nombre, se replièrent sur Reich-Hennersdorff et Langenberg, où elles furent renforcées. Le Baron de Laudon décida d'attaquer les Prussiens. Il marcha vers Schwartzwald et repoussa un corps de troupes légères commandé par le Général de Malachowsky. Le 23 juin, les troupes autrichiennes attaquèrent les retranchements prussiens, capturant deux redoutes principales en moins de trois quarts d'heure. Les Prussiens furent chassés de Landshut. La bataille se solda par la capture de près de neuf mille prisonniers, dont Fouquet, et la prise de toute l'artillerie ennemie. Les pertes autrichiennes s'élevèrent à environ trois mille hommes. Le Comte de Montazet, Lieutenant général des armées françaises, arriva dans la région pour rejoindre l'armée de l'Impératrice Reine. Le Maréchal Comte de Daun renforça le Baron de Laudon pour poursuivre les opérations. L'armée prussienne avançait vers celle du Prince Henry, tandis que le Prince Charles de Lorraine arrivait des Pays-Bas. Plusieurs escarmouches eurent lieu entre les forces autrichiennes et prussiennes, notamment autour de Radebourg et Ebersbach. Le Marquis de Paulmy, ministre d'État français, arriva à Varsovie pour une audience avec le Roi de Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 204
De l'Armée de l'Empire, le 10 Septembre.
Début :
Nous attaquames, le 10, avec succès, quelques postes avancés des ennemis. [...]
Mots clefs :
Attaque, Ennemis, Succès, Postes militaires, Résistance, Prince de Deux-Ponts, Armée, Village, Opérations militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée de l'Empire, le 10 Septembre.
De l'Armée de l'Empire , le 16 Septembre.
>
>
Nous attaquames , ' le 1o , avec fuccès , quelques
poftes avancés des ennemis. Ils fe repliérent avec
précipitation jufques fous le canon de leurs retranchemens
de Torgau. On reconnut , par ce
moyen , de fort près leur pofition . Le +1 les
ennemis attaquérent , à leur tour , vers le foir
nos poftes avancés ; mais on leur oppofa une
vigoureuſe réſiſtance & ils fe retirerent après
une heure d'attaque infructueufe. Le Prince de
Deux- Ponts a fon Quartier à Strehla où la droite
de l'Armée eft appuyée , & la gauche eft à Doberschitz
. Le Corps de réſerve eft entre Schilda
& Profthayn , & les Troupes légères occupent les
Bois & les Villages que nous avons en avant d'ici
à Torgau.
I
>
Le Prince de Deux-Ponts , informé de l'arrivée
du Duc de Wirtemberg dans les environs de Hall ,
lui dépêcha , le 1 ,, le Général d'Infanterie Baron
de Haddick , pour concerter les opérations du
refte de la Campagne. Le Général Lucfinsky occupe
Duben & fes environs.
>
>
Nous attaquames , ' le 1o , avec fuccès , quelques
poftes avancés des ennemis. Ils fe repliérent avec
précipitation jufques fous le canon de leurs retranchemens
de Torgau. On reconnut , par ce
moyen , de fort près leur pofition . Le +1 les
ennemis attaquérent , à leur tour , vers le foir
nos poftes avancés ; mais on leur oppofa une
vigoureuſe réſiſtance & ils fe retirerent après
une heure d'attaque infructueufe. Le Prince de
Deux- Ponts a fon Quartier à Strehla où la droite
de l'Armée eft appuyée , & la gauche eft à Doberschitz
. Le Corps de réſerve eft entre Schilda
& Profthayn , & les Troupes légères occupent les
Bois & les Villages que nous avons en avant d'ici
à Torgau.
I
>
Le Prince de Deux-Ponts , informé de l'arrivée
du Duc de Wirtemberg dans les environs de Hall ,
lui dépêcha , le 1 ,, le Général d'Infanterie Baron
de Haddick , pour concerter les opérations du
refte de la Campagne. Le Général Lucfinsky occupe
Duben & fes environs.
Fermer
Résumé : De l'Armée de l'Empire, le 10 Septembre.
Du 10 au 16 septembre, l'Armée de l'Empire a mené des opérations militaires autour de Torgau. Le 10 septembre, les troupes ont attaqué avec succès des postes avancés ennemis, qui se sont repliés jusqu'à leurs retranchements de Torgau, permettant ainsi de mieux connaître leur position. Le 11 septembre, les ennemis ont attaqué les postes avancés de l'Armée, mais ont été repoussés après une heure de combat infructueux. Le Prince de Deux-Ponts a établi son quartier général à Strehla, avec la droite de l'Armée appuyée à cet endroit et la gauche à Doberschitz. Le Corps de réserve est positionné entre Schilda et Prohstayn, tandis que les troupes légères occupent les bois et les villages situés entre la position actuelle de l'Armée et Torgau. Le Prince de Deux-Ponts a envoyé le Général d'Infanterie Baron de Haddick pour coordonner les opérations avec le Duc de Wurtemberg, récemment arrivé près de Halle. Le Général Lucinsky contrôle Duben et ses environs.
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14
p. 209-213
De FRANCFORT, le 22 Septembre.
Début :
On a été ici quelques jours sans recevoir des nouvelles de l'Armée. [...]
Mots clefs :
Armée, Corps, Détachement, Prince Ferdinand , Communication, Prisonniers, Maréchal de Broglie, Ennemis, Infanterie, Régiment, Comte, Bataille, Obstacle, Opérations militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De FRANCFORT, le 22 Septembre.
De FRANCFORT , le 22 Septembre.
On a été ici quelques jours fans recevoir des
nouvelles de l'Armée. Un Corps détaché de celle .
"
210 MERCURE DE FRANCE.
da Prince Ferdinand s'érgit poſté fur Marburg &
ayoit interrompu la communication ; les polles
qui avoient été établis pour fa fureté s'étant repliés
à l'approche des ennemis , deux, Compagnies
da Régiment de Cavalerie de Rougrave , qui occupoient
celui de Butzbach , y furent attaquées
le au matin , & furent faites Prifonnieres de
guerre. Le Maréchal de Broglie , ayant eu avis
de la marche des ennemis , fit partir de Merdenhagen
, le 12 à la pointe du jour , le Corps
aux ordres du Comte de Stainville , Lieutenant
Général , & du Marquis d'Aubigni , Maréchal de
Camp , pour le pofter fur Marburg afin de leur
couper leur retraite . Ce Corps étoit compofé de
la Brigade d'Infanterie d'Auvergne ; de celle de
Bouillon formée de ce Régiment & de ceux de
Vierzet & d'Horion , & des Régimens, de Dragons
du Roi & de la Ferronaye ; & de la Brigade
de Cavalerie de Royal- Pologne , compoſée
de ce Régiment & de ceux de Poly & de Touftain,
Ilarriva le même jour à Marienhagen . On trouva
en arrivant un détachement des ennemis qui fe
reriroit de Marburg à Franckenberg . On leur fit
trente Prifonniers,
Le Comte de Stainville fut informé que le Corps
des ennemis , commandé par les Généraux de
Bulowet & de Ferien , n'ayant pu fe rendre maître
du Chateau de Marburg par la réſiſtance du fieur
Kenedy , Commandant , & après avoir fait quelque
dégât dans la Ville, fe retiroit auffi fur Franckenberg.
Il ne voulur pas manquer l'occaſion de
le joindre , & il fe remit en marche le 13 à la
pointe du jour. Il fe porta avec la plus grande
diligence vers Radern. Les ennemis étoient en
Bataille à une demi- lieue de ce Village. Le Comte
de Stainville fit auffi - tôt les difpofitions pour les
attaquer ; toutes les troupes pallerent le ruiffeau
OCTOBRE. 1760. 211
du ravin qui les féparoient des ennemis. Les deux
Régimens de Dragons , commandés par le Comte
de Cey , Brigadier , & la Caval rie de la Légion
Royale commandée par le Comte de Melfort
fe portérent pendant ce tems , avec la plus grande
vivacité fur la hauteur occupée par les ennemis.
Ils chargérent la Cavalerie qui s'y trouva & ils la
culbuterent. Le Comte de Ferfen furrué dans cette
charge.
Les ennemis furent fuivis de près , malgré les
obftacles du terrein , par les Grenadiers & les
Challeurs , par la Brigade d'Auvergne, commandée
par le Marquis de Rochambeau , Brigadier ,
& par l'Infanterie de la Légion Royale. Ils furent
ainfi obligés d'abandonner la hauteur qu'ils occupoient
; ils le retirérent par le Village de Munden
où leur droite avoit été appuyée , & ils gagnérent
une autre hauteur près de Neukirchen , On les y
canona vivement jufqu'à ceque les troupes devancées
par les Dragons , après avoir paffé un fecond
ruiffeau affez profond & un ravin difficile , les chaf
ferent de hauteurs , en hauteurs , & les obligerent
de s'appuyer à une haute montagne derniere leVillage
de Hallenberg .
Commela nuit approchoit , le Comte de Stainville
, afin d'empêcher les ennemis d'en profiter
pour affurer leur pofition, ou pour fe retirer en bon
ordre , ne perdit pas un moment à les faire attaquer.
La Brigade d'Auvergne gravit avec la plus
grande vivacité une montagne d'un accès très-difficile.
La Légion Royale & les Dragons s'y porterent
de même , malgré les obftacles du terrein & la roideur
de la montagne. Ils mirent les ennemis en déroute
les Dragons leur firent abandonner trois piéces
de Canon ; le fieur Duchemin, Major de la Légion
Royale, avec quelques Dragons de ce Corps ,
en prit auffi trois pieces , & l'on en trouva deur
212 MERCURE DE FRANCE.
autres abandonnées dans le bois. La nuit mit fin
au combat , qui avoit commencé à dix heures du
matin.
Le Corps des ennemis , étoit d'environ fix mille
hommes. Ils ont perdu beaucoup , & on leur a
fait près de 400 Priſonniers, parmi lesquels il y a
plufieurs Officiers. On leur a pris auffi tous les
bagages ; du côté des François , on n'a perdu qu'environ
cinquante hommes tués ou bleffès.
A
Depuis , le Maréchal de Broglie , ayant réfolu
de faire attaquer le Camp du Général Vangenheim
, par les troupes aux ordres du Comte de
Luface campées entre Fridlandet Vitzenhauſen ,
fe rendit pour cet effet au quartier du Comte de,
Luface , & il renforça fa réferve d'un Corps de
troupes tiré de l'Armée. Le Corps ennemi étoit
d'environ quinze mille hommes. On marcha fur
quatre colonnes dirigées fur Dransfeld ; auffi- tôt
qu'elles parurent fur la hauteur voiſine de cette
Ville , les ennemis leverent leur Camp & entrerent
dans le bois qu'ils avoient derriere eux. La Colonne
d'Infanterie de notre droite , aux ordres du
Comte de Luface , compofée du Corps Saxon &
des Brigades de Caftelas & de la Marck , s'avança
avec toute la diligence poffible . Elle étoit précédée
par le Comte de Vaux , Lieutenant Général , ayant
avec lui les Grenadiers & les Chaffeurs des ces Brigades
, & par le fieur de Klingenberg , Maréchal
de Camp , ayant avec lui trois Bataillons de Grenadiers
Saxons , foutenus de la Brigade Suiffe.de
Diesbach. L'attaque ne put commencer que vers
les fept heures du foir.Le feu de Moufquetterie fut ,
vif & dura plus d'une heure ; mais il futpeu meurtrier,
à caufe de l'obfcurité & de l'épaiffeur du bois .
Les ennemis furent pouffés jufqu'à l'efcarpement
du Vefer. Les Grenadiers Saxons leur prirent deux
piéces de Canon , & le fieur de Grandmaiſon ,
OCTOBRE. 1760. 213
Commandant les Volontaires de Hainault , en
prit deux autres & fit quelques Priſonniers,
Pendant ce tems- là , le Prince de Croy fit déboucher
de Munden un Détachement aux ordres
du fieur de la Borde , Lieutenant Colonel du Régiment
de Condé , pour le porter fur le pont des
-ennemis à Humel ; il l'attaqua & s'en rendit maître.
Mais les ennemis étant revenus par la gauche
du Véfer avec des forces fupérieures & beaucoup
d'Artillerie , il ne put le conferver . Le lendemain
matin , le fieur de Grandmaifon s'étant porté vers
ce pont , il le trouva abandonné ; il le fit
& en fit brifer les pontons.
trompre
Auffi- tôt après cette opération , le Prince de Robecq
, Maréchal de Camp , fut détaché avec fa divifion
pour aller à Gottinguen , d'où il a dû envoyer
des Détachemens fur Northeim & Eimbeck.
Le fieur de Cambefort , Commandant d'un
Corps de troupes légères , fe trouvant à Bocholtz
avec la troupe , fut averti qu'un Détachement fort
fupérieur au fien marchoit à lui : il ſe retira ; & ce
Détachement l'ayant fuivi , le fieur de Cambefort
fit volte-face , & l'attaqua avec tant de vivacité
qu'il le mit en déroute , & le pourſuivit jufqu'à
la porte de Coesfeldt. Il a tué ou bleffé dans ce
choc, plus de cinquante hommes aux ennemis ,
& il a fait trente quatre Prifonniers , avec lesquels
il a repris la route de Wefel. Il n'a eu que trois
hommes bleffés & trois autres faits Prifonniers.
On a été ici quelques jours fans recevoir des
nouvelles de l'Armée. Un Corps détaché de celle .
"
210 MERCURE DE FRANCE.
da Prince Ferdinand s'érgit poſté fur Marburg &
ayoit interrompu la communication ; les polles
qui avoient été établis pour fa fureté s'étant repliés
à l'approche des ennemis , deux, Compagnies
da Régiment de Cavalerie de Rougrave , qui occupoient
celui de Butzbach , y furent attaquées
le au matin , & furent faites Prifonnieres de
guerre. Le Maréchal de Broglie , ayant eu avis
de la marche des ennemis , fit partir de Merdenhagen
, le 12 à la pointe du jour , le Corps
aux ordres du Comte de Stainville , Lieutenant
Général , & du Marquis d'Aubigni , Maréchal de
Camp , pour le pofter fur Marburg afin de leur
couper leur retraite . Ce Corps étoit compofé de
la Brigade d'Infanterie d'Auvergne ; de celle de
Bouillon formée de ce Régiment & de ceux de
Vierzet & d'Horion , & des Régimens, de Dragons
du Roi & de la Ferronaye ; & de la Brigade
de Cavalerie de Royal- Pologne , compoſée
de ce Régiment & de ceux de Poly & de Touftain,
Ilarriva le même jour à Marienhagen . On trouva
en arrivant un détachement des ennemis qui fe
reriroit de Marburg à Franckenberg . On leur fit
trente Prifonniers,
Le Comte de Stainville fut informé que le Corps
des ennemis , commandé par les Généraux de
Bulowet & de Ferien , n'ayant pu fe rendre maître
du Chateau de Marburg par la réſiſtance du fieur
Kenedy , Commandant , & après avoir fait quelque
dégât dans la Ville, fe retiroit auffi fur Franckenberg.
Il ne voulur pas manquer l'occaſion de
le joindre , & il fe remit en marche le 13 à la
pointe du jour. Il fe porta avec la plus grande
diligence vers Radern. Les ennemis étoient en
Bataille à une demi- lieue de ce Village. Le Comte
de Stainville fit auffi - tôt les difpofitions pour les
attaquer ; toutes les troupes pallerent le ruiffeau
OCTOBRE. 1760. 211
du ravin qui les féparoient des ennemis. Les deux
Régimens de Dragons , commandés par le Comte
de Cey , Brigadier , & la Caval rie de la Légion
Royale commandée par le Comte de Melfort
fe portérent pendant ce tems , avec la plus grande
vivacité fur la hauteur occupée par les ennemis.
Ils chargérent la Cavalerie qui s'y trouva & ils la
culbuterent. Le Comte de Ferfen furrué dans cette
charge.
Les ennemis furent fuivis de près , malgré les
obftacles du terrein , par les Grenadiers & les
Challeurs , par la Brigade d'Auvergne, commandée
par le Marquis de Rochambeau , Brigadier ,
& par l'Infanterie de la Légion Royale. Ils furent
ainfi obligés d'abandonner la hauteur qu'ils occupoient
; ils le retirérent par le Village de Munden
où leur droite avoit été appuyée , & ils gagnérent
une autre hauteur près de Neukirchen , On les y
canona vivement jufqu'à ceque les troupes devancées
par les Dragons , après avoir paffé un fecond
ruiffeau affez profond & un ravin difficile , les chaf
ferent de hauteurs , en hauteurs , & les obligerent
de s'appuyer à une haute montagne derniere leVillage
de Hallenberg .
Commela nuit approchoit , le Comte de Stainville
, afin d'empêcher les ennemis d'en profiter
pour affurer leur pofition, ou pour fe retirer en bon
ordre , ne perdit pas un moment à les faire attaquer.
La Brigade d'Auvergne gravit avec la plus
grande vivacité une montagne d'un accès très-difficile.
La Légion Royale & les Dragons s'y porterent
de même , malgré les obftacles du terrein & la roideur
de la montagne. Ils mirent les ennemis en déroute
les Dragons leur firent abandonner trois piéces
de Canon ; le fieur Duchemin, Major de la Légion
Royale, avec quelques Dragons de ce Corps ,
en prit auffi trois pieces , & l'on en trouva deur
212 MERCURE DE FRANCE.
autres abandonnées dans le bois. La nuit mit fin
au combat , qui avoit commencé à dix heures du
matin.
Le Corps des ennemis , étoit d'environ fix mille
hommes. Ils ont perdu beaucoup , & on leur a
fait près de 400 Priſonniers, parmi lesquels il y a
plufieurs Officiers. On leur a pris auffi tous les
bagages ; du côté des François , on n'a perdu qu'environ
cinquante hommes tués ou bleffès.
A
Depuis , le Maréchal de Broglie , ayant réfolu
de faire attaquer le Camp du Général Vangenheim
, par les troupes aux ordres du Comte de
Luface campées entre Fridlandet Vitzenhauſen ,
fe rendit pour cet effet au quartier du Comte de,
Luface , & il renforça fa réferve d'un Corps de
troupes tiré de l'Armée. Le Corps ennemi étoit
d'environ quinze mille hommes. On marcha fur
quatre colonnes dirigées fur Dransfeld ; auffi- tôt
qu'elles parurent fur la hauteur voiſine de cette
Ville , les ennemis leverent leur Camp & entrerent
dans le bois qu'ils avoient derriere eux. La Colonne
d'Infanterie de notre droite , aux ordres du
Comte de Luface , compofée du Corps Saxon &
des Brigades de Caftelas & de la Marck , s'avança
avec toute la diligence poffible . Elle étoit précédée
par le Comte de Vaux , Lieutenant Général , ayant
avec lui les Grenadiers & les Chaffeurs des ces Brigades
, & par le fieur de Klingenberg , Maréchal
de Camp , ayant avec lui trois Bataillons de Grenadiers
Saxons , foutenus de la Brigade Suiffe.de
Diesbach. L'attaque ne put commencer que vers
les fept heures du foir.Le feu de Moufquetterie fut ,
vif & dura plus d'une heure ; mais il futpeu meurtrier,
à caufe de l'obfcurité & de l'épaiffeur du bois .
Les ennemis furent pouffés jufqu'à l'efcarpement
du Vefer. Les Grenadiers Saxons leur prirent deux
piéces de Canon , & le fieur de Grandmaiſon ,
OCTOBRE. 1760. 213
Commandant les Volontaires de Hainault , en
prit deux autres & fit quelques Priſonniers,
Pendant ce tems- là , le Prince de Croy fit déboucher
de Munden un Détachement aux ordres
du fieur de la Borde , Lieutenant Colonel du Régiment
de Condé , pour le porter fur le pont des
-ennemis à Humel ; il l'attaqua & s'en rendit maître.
Mais les ennemis étant revenus par la gauche
du Véfer avec des forces fupérieures & beaucoup
d'Artillerie , il ne put le conferver . Le lendemain
matin , le fieur de Grandmaifon s'étant porté vers
ce pont , il le trouva abandonné ; il le fit
& en fit brifer les pontons.
trompre
Auffi- tôt après cette opération , le Prince de Robecq
, Maréchal de Camp , fut détaché avec fa divifion
pour aller à Gottinguen , d'où il a dû envoyer
des Détachemens fur Northeim & Eimbeck.
Le fieur de Cambefort , Commandant d'un
Corps de troupes légères , fe trouvant à Bocholtz
avec la troupe , fut averti qu'un Détachement fort
fupérieur au fien marchoit à lui : il ſe retira ; & ce
Détachement l'ayant fuivi , le fieur de Cambefort
fit volte-face , & l'attaqua avec tant de vivacité
qu'il le mit en déroute , & le pourſuivit jufqu'à
la porte de Coesfeldt. Il a tué ou bleffé dans ce
choc, plus de cinquante hommes aux ennemis ,
& il a fait trente quatre Prifonniers , avec lesquels
il a repris la route de Wefel. Il n'a eu que trois
hommes bleffés & trois autres faits Prifonniers.
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Résumé : De FRANCFORT, le 22 Septembre.
Le 22 septembre, les communications à Francfort étaient perturbées par un corps détaché du Prince Ferdinand à Marburg. Deux compagnies du Régiment de Cavalerie de Rougrave furent attaquées et capturées à Butzbach. Le Maréchal de Broglie, informé de la progression des ennemis, envoya un corps commandé par le Comte de Stainville et le Marquis d'Aubigni pour couper leur retraite. Ce corps, composé de diverses brigades d'infanterie et de cavalerie, arriva à Marienhagen et captura trente prisonniers ennemis. Le Comte de Stainville apprit que les ennemis, dirigés par les Généraux de Bulow et de Ferien, se retiraient vers Franckenberg après avoir échoué à prendre le Château de Marburg. Il les attaqua près de Radern, où les dragons et la cavalerie de la Légion Royale repoussèrent la cavalerie ennemie. Les ennemis furent repoussés jusqu'à Hallenberg. Le combat intense se termina à la nuit tombée, avec près de 400 prisonniers et plusieurs pièces de canon capturées par les Français. Par la suite, le Maréchal de Broglie décida d'attaquer le camp du Général Vangenheim. Les troupes françaises, dirigées par le Comte de Luface, marchèrent en quatre colonnes vers Dransfeld. Les ennemis levèrent leur camp et se retirèrent dans un bois. Les grenadiers saxons prirent deux pièces de canon, et le pont des ennemis à Humel fut brièvement conquis avant d'être abandonné. Le Prince de Robecq fut envoyé à Gottinguen avec sa division, tandis que le Sieur de Cambefort, commandant des troupes légères, mit en déroute un détachement ennemi près de Coesfeldt, capturant trente-quatre prisonniers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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