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1
p. 336-355
Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Début :
Il seroit difficile de vous parler juste de la veritable [...]
Mots clefs :
Affaires de l'Europe, Campagne, Suède, Haut-Rhin, Pologne, Armée, Milan, France
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texteReconnaissance textuelle : Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Il feroit difficile de vous
parler jufte de la veritable
fituation generale des Affaires
GALANT 1337
res del'Europe dans le moment
que je vous écris , car avant
qu'elles puiffent cftre fixées
pour la Campagne prochaine,
& quechacun puiffe voir quel
party il prendra , il faut que
les Parties intereffées fçachent
comment finiront certaines
chofes qui ont des faces differentes , &qui font en mouve
ment.
Il faut que le Roy de Suede,
dont on nous parle tous les
jours differemment , ait commencé d'entrer en action
car s'il entre en Pologne avec
une Armée formidable pour
Février 1710. Ff
>
338 MERCURE
rétablir le Roy Staniflas , le
Roy Auguſte avec toutes les
forces aura de la peine à fe
maintenir fur le Trône , & il
fera obligé de retirer toutes les
Troupes qu'il a en Flandre
ce qui apportera un grand
changement aux Affaires de
ce colté-là , & fera changer
toutes les mesures que les
Alliez peuvent avoir prifes
pour la Campagne.
Ils feront encore obligez de les
changer, fi l'Electeur de Brandebourg tient fa parole , &retire fes Troupes de Flandre , en
cas que l'on neluy rende pas la
GALANT 339
juftice qu'il pretend touchant
la fucceffion du feu Prince
d'Orange , ce qui eſt abſolument impoffible , les chofes
qu'il demande eftant trop fortes & regardant un Prince
dont les Hollandois font
charmez.
·
A l'égard des Affaires du
Haut Rhinqui paroiffent nonfeulement ; mais qui font en
effet tres avangeufes pour
nous il eft impoffible de
pouvoir dire quel party on
prendra de part & d'autre de
ce cofté- là , jufqu'à ce que
l'on ait fçu fi le Duc d'HaFfij
340 MERCURE
novre y commandera l'Armée , & fi elle fera nombreufe ou non , & il n'y a pas d'apparence qu'elle doive eftre
forte , puifque plus le temps
de l'ouverture de la Campagne avance , plus ceux qui
doivent fournir des Troupes pour cette Armée , déclarent qu'ils font dans l'impoffi
bilité de le faire , & quand
même ils en fourniroient , il
n'y a nulle apparence que
Armée puiffe eftrefuperieure à
la noſtre qui ne manque de
rien , & qui a fait payer en
bleds une partie des Contribu
leur
GALANT 341
tions qu'elle auroit pu tirere n
argent , dont elle ne manque
point , enayant tiré de l'un &
de l'autre, & de quelque manicre que ce foit , les Affaires ne
peuvent que nous eftre avantageufes de ce cofté - là , car
s'ils n'y ont pas de grandes
forces , nous penetrerons dans
leur Pays , & s'ils en ont affez,
non pas pour avoir des avantages fur nous car cela paroift impoffible , mais feulement pour nous empêcher
d'en avoirfur eux , ils ne pour
ront envoyer que tres peu
de Troupes en Flandre , ou
Ffiij
342 MERCURE
?
s'il arrive , felon que je vous
viens de marquer , que les
Troupes Saxonnes , les Pruffiennes , & les Allemandes
manquent aux Alliez , auffi
bien que l'argent qui manque
abfolument aux Hollandois
& dont les Anglois manquent
auffi beaucoup , les fubfides
accordez par le Parlement
n'ayant pû eſtre remplis à beaucoup prés , les Alliez feront
en Flandre hors d'eftat de faire
aucune Conquefte , & pendant
qu'ils y manquent d'argent
on fait tous les jours des fonds
nouveaux en France pour en
ALANT 343
avoir fuffifamment pour faire
la Campagne, Ainfi l'on ne
peut dire encore comment les
chofes tourneront. Il vient en
France du bled de toutes parts ,
& il y en aura bien- toft abondamment à Paris même , ce
qui fuffira juſqu'au temps de
la recolte , qui fera des plus
abondantes , & le vin même
diminuë de prix tous les jours
dans toute la France. Enfin
nous fommes dans le temps
des grandes revolutions , &
nous voyons des chofes dans
trop violent pour y
un eftat
pouvoir
demeurer
long- temps
,
344 MERCURE
gent
La France, comme je vous ay
fait voir le mois paffé ade l'arabondamment , & la circulation y manque feulement ,
au lieu que l'efpece manque
tout-à - fait en Angleterre , par
les raifons dont je vous ay envoyé le détail le mois paffé.
Al'égard des Affaires d'Italie , elles font dans un eſtat
trop violent pour y pouvoir
demeurer long- temps , & particulierement le Royaume de
Naples. Les peuples yfont dans
le dernier accablement , & fur
tour à Naples , où le Viceroy
fe fert tour à tour de divers
GALANT 345
pretextes pour ne point paroître en public , craignant d'eftre
infulté. Enfinles Peuples y font
dans le dernier defeſpoir , &
l'on doit tout craindre du defeſpoir d'un Peuple qu'on a
pouffé à bout, qui n'a plus rien
a menager, & qui eftoit florif
fant fous le de fon pre- regne
cedent Monarque , qu'il n'a
point ceffé d'aimer , la revolu
tion n'eftant arrivée que par
des traîtres , qui ont plongé
leur Patrie dans l'état où elle fe
trouve.
L'Etat de Milan n'eft pas
mieux. Onen tire jufqu'au der
346 MERCURE
nier fol, comme l'on a fait du
Royaume de Naples , & quand
la Maifon d'Autriche a mis
une fois le pied dans un Païs ,
elle n'en traite pas les Peuples
en fujets , mais en efclaves.
Les autres Puiffances d'Italic
ne font pas moins outrées de
la maniere dont on les traite,
& les cent mille piftoles de
contribution qu'on tire d'eux
tous les ans en font une preu
ve parlante, & qui crient vengeance ; & il n'eft enfin pas
poffible que les chofes demeurent toûjours en cet état , &
ce qu'une revolution a fait naî
GALANT 347
tre en peu de temps , finira par
une autre revolution.
Il n'en eft pas de mefme en
Espagne, où l'amour que le
Peuple a pour fon Roy cft cauLe que tout ce qui s'y fait pour
ce Monarque , eft auffi volon
taire qu'il eft forcé en Italie.
On n'a jamais vû dans aucun
fiecle , & dans aucun Etat , ce
qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne. Les hommes s'offrent
en foule , les Troupes y paroiffent fortir de terre , auffi-bien
que les chevaux , que les Provinces qui en abondent offrent
au Roy, à qui l'on offre de 2.
348 MERCURE
l'argent de toutes parts. Enfin
il paroift par la formidable &
nombreufe Armée que S. M.
C. met fur pied, que l'Europe
entiere n'en pourroit faire davantage, & comme tout s'y
fait avec zele & de plein gré,
il y a d'autant plus lieu de croire qu'une pareille Armée fera
des prodiges , & fur tout eſtant
compofée d'Espagnols qui ne
reculent jamais , fuivant les
grands exemples que je vous
ay fouvent raportez là- deſſus,
&l'on peut dire que dans cette
occafion l'Armée d'Espagne a
pris pour Devife , Vaincre on
mourir.
Voilà
GALANT 349
Voilà la fituation oùfe trouvent aujourd'huy toutes les
affaires de l'Europe ; nous ver
rons à la fin du mois prochain
en quoy elle aura changé.
La maniere dont le Carnaval s'eft paffé à Paris , doit paroître bien differente aux Alliez, de la fituation où ils pretendent que nous nous trouvons, & dont ils font tous les
jours des peintures dans leurs
Ecrits publics bien contraires
à la verité. L'état où la France
s'eft trouvée eft venu de la
cherté du bled, qui commença
au mois de Fevrier de l'année
Février 1710. Gg
350 MERCUR F
derniere; ce quifut caufé, comme vous fçavez , par la force
de la gelée qu'il fit cette annéelà , & vous fçavez comment
les chofes fe pafferent à cette
occafion. Le Roy fe facrifia
alors pourle bien de fes Sujets;
il fit ceffer le payement des
Tailles , & de divers autres
Droits, & dans le Prelude d'une de mes Lettres , je vous fis
voir alors jufqu'à neuf Articles par lefquels Sa Majesté
abandonnoit fes Droits , & je
ne vous impofois pas , puifque
je vous raportay autant d'Arrefts , d'Edits ou de Declara
GALANT 351
tions qui regardoient le facri
fice qu'Elle faifoit à fes Peuples , outre la dépense qu'Elle
fit de plufieurs Bâtimens armez à fes dépens pour aller en
courfe , fans vouloir rien pren
dre pour les frais de l'armement , ni partager des bleds
que tous ces Bâtimens raporteroient; Sa Majeſté n'a rétably les Tailles , & commencé à recevoir plufieurs autres
Droits qu'Elle avoit abandonnez que depuis quelques mois.
Ainfi l'on ne doit pas s'étonner fi l'argent luy manquoit ;
mais l'on peut dire prefenteGg ij
352 MERCURE
ment que les chofes vont leur
train ordinaire ; mais comme
S. M. eftoit fort arrierée, il faut
encore quelque temps pour
que tous ceux à qui Elle doit ,
puiffent eftre contens , & l'on
pourroit mefme dire qu'ils le
font déja par avance, puifqu'il
eft feur que leurs efperances
ne feront pas vaines, & que la
verité de ce que j'avance eſt de
notorieté publique. Ainfi l'on
ne doit pas s'étonner fi.le Carnaval s'eft paffé à Paris de la
mefme maniere qu'il s'y eft
paffé dans tous les temps. Il eft
vray que les chofes ne s'y font
1
GALANT 353
pas faites avec les emporte
mens de joye immoderez qui
ont paru en de certains temps ;
mais pendant tout le Carnaval
il y a eu des Bals à l'ordinaire ;
on s'eft regalé , tous les fpectacles ont cfté remplis ; la foule
des Caroffes a efté auffi grande
au Fauxbourg Saint Antoine
dans les derniers jours du Carnaval , qu'elle l'a toûjours efté,
& rien n'a marqué la miferable
fituation dont tous les écrits
publics des Alliez font remplis,
dans le deffein d'éblouir leurs
Sujets en publiant des chofes
entierement contraires à la veGg iij rité.
354 MERCURE
Outre tous les bleds dont je
vous ay déja parlé qui font entrez de plufieurs endroits dans
le Royaume , je ne vous repeteray point ce que nos nouvelles publiques vous ont dit des
fix à fept mille charges de
bled , arrivées du Levant à
Toulon, & dont les Commandans des Vaiffeaux qui les ont
amenées ont rapporté qu'il en
viendroit encore beaucoup ;
de manière que tous ces bleds ,
joints à ceux des Provinces
dont la recolte a efté bonne
l'année derniere , & à l'eſpoir
de celle de cette année qui pa-
GALANY 355
roift devoir eftre des plus abondantes dans toute la France ,
& l'eſpoir du bon effet que
produira le rétabliffement des
revenus du Roy, n'ont pas peu.
contribué aux divertiffemens
du Carnaval qui ont étégrands
& continuels ; mais fans avoir
efté outrez.-
parler jufte de la veritable
fituation generale des Affaires
GALANT 1337
res del'Europe dans le moment
que je vous écris , car avant
qu'elles puiffent cftre fixées
pour la Campagne prochaine,
& quechacun puiffe voir quel
party il prendra , il faut que
les Parties intereffées fçachent
comment finiront certaines
chofes qui ont des faces differentes , &qui font en mouve
ment.
Il faut que le Roy de Suede,
dont on nous parle tous les
jours differemment , ait commencé d'entrer en action
car s'il entre en Pologne avec
une Armée formidable pour
Février 1710. Ff
>
338 MERCURE
rétablir le Roy Staniflas , le
Roy Auguſte avec toutes les
forces aura de la peine à fe
maintenir fur le Trône , & il
fera obligé de retirer toutes les
Troupes qu'il a en Flandre
ce qui apportera un grand
changement aux Affaires de
ce colté-là , & fera changer
toutes les mesures que les
Alliez peuvent avoir prifes
pour la Campagne.
Ils feront encore obligez de les
changer, fi l'Electeur de Brandebourg tient fa parole , &retire fes Troupes de Flandre , en
cas que l'on neluy rende pas la
GALANT 339
juftice qu'il pretend touchant
la fucceffion du feu Prince
d'Orange , ce qui eſt abſolument impoffible , les chofes
qu'il demande eftant trop fortes & regardant un Prince
dont les Hollandois font
charmez.
·
A l'égard des Affaires du
Haut Rhinqui paroiffent nonfeulement ; mais qui font en
effet tres avangeufes pour
nous il eft impoffible de
pouvoir dire quel party on
prendra de part & d'autre de
ce cofté- là , jufqu'à ce que
l'on ait fçu fi le Duc d'HaFfij
340 MERCURE
novre y commandera l'Armée , & fi elle fera nombreufe ou non , & il n'y a pas d'apparence qu'elle doive eftre
forte , puifque plus le temps
de l'ouverture de la Campagne avance , plus ceux qui
doivent fournir des Troupes pour cette Armée , déclarent qu'ils font dans l'impoffi
bilité de le faire , & quand
même ils en fourniroient , il
n'y a nulle apparence que
Armée puiffe eftrefuperieure à
la noſtre qui ne manque de
rien , & qui a fait payer en
bleds une partie des Contribu
leur
GALANT 341
tions qu'elle auroit pu tirere n
argent , dont elle ne manque
point , enayant tiré de l'un &
de l'autre, & de quelque manicre que ce foit , les Affaires ne
peuvent que nous eftre avantageufes de ce cofté - là , car
s'ils n'y ont pas de grandes
forces , nous penetrerons dans
leur Pays , & s'ils en ont affez,
non pas pour avoir des avantages fur nous car cela paroift impoffible , mais feulement pour nous empêcher
d'en avoirfur eux , ils ne pour
ront envoyer que tres peu
de Troupes en Flandre , ou
Ffiij
342 MERCURE
?
s'il arrive , felon que je vous
viens de marquer , que les
Troupes Saxonnes , les Pruffiennes , & les Allemandes
manquent aux Alliez , auffi
bien que l'argent qui manque
abfolument aux Hollandois
& dont les Anglois manquent
auffi beaucoup , les fubfides
accordez par le Parlement
n'ayant pû eſtre remplis à beaucoup prés , les Alliez feront
en Flandre hors d'eftat de faire
aucune Conquefte , & pendant
qu'ils y manquent d'argent
on fait tous les jours des fonds
nouveaux en France pour en
ALANT 343
avoir fuffifamment pour faire
la Campagne, Ainfi l'on ne
peut dire encore comment les
chofes tourneront. Il vient en
France du bled de toutes parts ,
& il y en aura bien- toft abondamment à Paris même , ce
qui fuffira juſqu'au temps de
la recolte , qui fera des plus
abondantes , & le vin même
diminuë de prix tous les jours
dans toute la France. Enfin
nous fommes dans le temps
des grandes revolutions , &
nous voyons des chofes dans
trop violent pour y
un eftat
pouvoir
demeurer
long- temps
,
344 MERCURE
gent
La France, comme je vous ay
fait voir le mois paffé ade l'arabondamment , & la circulation y manque feulement ,
au lieu que l'efpece manque
tout-à - fait en Angleterre , par
les raifons dont je vous ay envoyé le détail le mois paffé.
Al'égard des Affaires d'Italie , elles font dans un eſtat
trop violent pour y pouvoir
demeurer long- temps , & particulierement le Royaume de
Naples. Les peuples yfont dans
le dernier accablement , & fur
tour à Naples , où le Viceroy
fe fert tour à tour de divers
GALANT 345
pretextes pour ne point paroître en public , craignant d'eftre
infulté. Enfinles Peuples y font
dans le dernier defeſpoir , &
l'on doit tout craindre du defeſpoir d'un Peuple qu'on a
pouffé à bout, qui n'a plus rien
a menager, & qui eftoit florif
fant fous le de fon pre- regne
cedent Monarque , qu'il n'a
point ceffé d'aimer , la revolu
tion n'eftant arrivée que par
des traîtres , qui ont plongé
leur Patrie dans l'état où elle fe
trouve.
L'Etat de Milan n'eft pas
mieux. Onen tire jufqu'au der
346 MERCURE
nier fol, comme l'on a fait du
Royaume de Naples , & quand
la Maifon d'Autriche a mis
une fois le pied dans un Païs ,
elle n'en traite pas les Peuples
en fujets , mais en efclaves.
Les autres Puiffances d'Italic
ne font pas moins outrées de
la maniere dont on les traite,
& les cent mille piftoles de
contribution qu'on tire d'eux
tous les ans en font une preu
ve parlante, & qui crient vengeance ; & il n'eft enfin pas
poffible que les chofes demeurent toûjours en cet état , &
ce qu'une revolution a fait naî
GALANT 347
tre en peu de temps , finira par
une autre revolution.
Il n'en eft pas de mefme en
Espagne, où l'amour que le
Peuple a pour fon Roy cft cauLe que tout ce qui s'y fait pour
ce Monarque , eft auffi volon
taire qu'il eft forcé en Italie.
On n'a jamais vû dans aucun
fiecle , & dans aucun Etat , ce
qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne. Les hommes s'offrent
en foule , les Troupes y paroiffent fortir de terre , auffi-bien
que les chevaux , que les Provinces qui en abondent offrent
au Roy, à qui l'on offre de 2.
348 MERCURE
l'argent de toutes parts. Enfin
il paroift par la formidable &
nombreufe Armée que S. M.
C. met fur pied, que l'Europe
entiere n'en pourroit faire davantage, & comme tout s'y
fait avec zele & de plein gré,
il y a d'autant plus lieu de croire qu'une pareille Armée fera
des prodiges , & fur tout eſtant
compofée d'Espagnols qui ne
reculent jamais , fuivant les
grands exemples que je vous
ay fouvent raportez là- deſſus,
&l'on peut dire que dans cette
occafion l'Armée d'Espagne a
pris pour Devife , Vaincre on
mourir.
Voilà
GALANT 349
Voilà la fituation oùfe trouvent aujourd'huy toutes les
affaires de l'Europe ; nous ver
rons à la fin du mois prochain
en quoy elle aura changé.
La maniere dont le Carnaval s'eft paffé à Paris , doit paroître bien differente aux Alliez, de la fituation où ils pretendent que nous nous trouvons, & dont ils font tous les
jours des peintures dans leurs
Ecrits publics bien contraires
à la verité. L'état où la France
s'eft trouvée eft venu de la
cherté du bled, qui commença
au mois de Fevrier de l'année
Février 1710. Gg
350 MERCUR F
derniere; ce quifut caufé, comme vous fçavez , par la force
de la gelée qu'il fit cette annéelà , & vous fçavez comment
les chofes fe pafferent à cette
occafion. Le Roy fe facrifia
alors pourle bien de fes Sujets;
il fit ceffer le payement des
Tailles , & de divers autres
Droits, & dans le Prelude d'une de mes Lettres , je vous fis
voir alors jufqu'à neuf Articles par lefquels Sa Majesté
abandonnoit fes Droits , & je
ne vous impofois pas , puifque
je vous raportay autant d'Arrefts , d'Edits ou de Declara
GALANT 351
tions qui regardoient le facri
fice qu'Elle faifoit à fes Peuples , outre la dépense qu'Elle
fit de plufieurs Bâtimens armez à fes dépens pour aller en
courfe , fans vouloir rien pren
dre pour les frais de l'armement , ni partager des bleds
que tous ces Bâtimens raporteroient; Sa Majeſté n'a rétably les Tailles , & commencé à recevoir plufieurs autres
Droits qu'Elle avoit abandonnez que depuis quelques mois.
Ainfi l'on ne doit pas s'étonner fi l'argent luy manquoit ;
mais l'on peut dire prefenteGg ij
352 MERCURE
ment que les chofes vont leur
train ordinaire ; mais comme
S. M. eftoit fort arrierée, il faut
encore quelque temps pour
que tous ceux à qui Elle doit ,
puiffent eftre contens , & l'on
pourroit mefme dire qu'ils le
font déja par avance, puifqu'il
eft feur que leurs efperances
ne feront pas vaines, & que la
verité de ce que j'avance eſt de
notorieté publique. Ainfi l'on
ne doit pas s'étonner fi.le Carnaval s'eft paffé à Paris de la
mefme maniere qu'il s'y eft
paffé dans tous les temps. Il eft
vray que les chofes ne s'y font
1
GALANT 353
pas faites avec les emporte
mens de joye immoderez qui
ont paru en de certains temps ;
mais pendant tout le Carnaval
il y a eu des Bals à l'ordinaire ;
on s'eft regalé , tous les fpectacles ont cfté remplis ; la foule
des Caroffes a efté auffi grande
au Fauxbourg Saint Antoine
dans les derniers jours du Carnaval , qu'elle l'a toûjours efté,
& rien n'a marqué la miferable
fituation dont tous les écrits
publics des Alliez font remplis,
dans le deffein d'éblouir leurs
Sujets en publiant des chofes
entierement contraires à la veGg iij rité.
354 MERCURE
Outre tous les bleds dont je
vous ay déja parlé qui font entrez de plufieurs endroits dans
le Royaume , je ne vous repeteray point ce que nos nouvelles publiques vous ont dit des
fix à fept mille charges de
bled , arrivées du Levant à
Toulon, & dont les Commandans des Vaiffeaux qui les ont
amenées ont rapporté qu'il en
viendroit encore beaucoup ;
de manière que tous ces bleds ,
joints à ceux des Provinces
dont la recolte a efté bonne
l'année derniere , & à l'eſpoir
de celle de cette année qui pa-
GALANY 355
roift devoir eftre des plus abondantes dans toute la France ,
& l'eſpoir du bon effet que
produira le rétabliffement des
revenus du Roy, n'ont pas peu.
contribué aux divertiffemens
du Carnaval qui ont étégrands
& continuels ; mais fans avoir
efté outrez.-
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Résumé : Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
En février 1710, l'Europe est marquée par une grande incertitude politique et économique. En Pologne, la situation est critique car le roi de Suède pourrait intervenir pour rétablir Stanislas sur le trône, ce qui obligerait le roi Auguste à retirer ses troupes de Flandre, perturbant ainsi les plans des alliés pour la prochaine campagne. De plus, l'électeur de Brandebourg menace de retirer ses troupes de Flandre si ses revendications successorales ne sont pas satisfaites. Dans le Haut-Rhin, l'incertitude règne également, dépendant de la composition et de la force de l'armée du duc de Savoie. Sur le plan économique, la France est bien approvisionnée en blé et en vin, ce qui lui permet de se préparer pour la prochaine campagne malgré des difficultés financières passées. En Italie, les populations sont dans un état de désespoir, notamment à Naples et en Espagne, où l'armée royale se prépare à combattre avec zèle. À Paris, le carnaval s'est déroulé normalement, contrairement aux descriptions alarmistes des alliés. La France a récemment rétabli certains droits et taxes qu'elle avait suspendus en raison de la cherté du blé causée par un hiver rigoureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 274-282
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
Le 2. Septembre les Deputez de la Diette de Presbourg [...]
Mots clefs :
Allemagne, Grand vizir, Suède, Prince Eugène, Constantinople, Danois, Bender, Armée ottomane
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles i d'Allemagne.
-adon brons ,; pallV slab
Le 2. Septembre les De
putez de la Diette de Pref
bourg eurent audience de
PArchiduc , à quials preſenterent les articles qui y a
voient efté dreffez , le priant
d'y'y vouloir donner fon ap
probation , & de retourner
enfuite à Prefbourg pour!
terminer la Diete , fur quoy
GALANT. 275
ih leur fic efperer qu'il leur
donneroit fatisfactionall
arrive trés fouvent àVienne
des Courriers de Hollande
& du Prince Eugene rous
chant les affaires prefontes
fur lesquelles le Confeil de
libere , principalement fur
les moyens de trouver de
l'argent pour la continua+
tion de laguerre. Le départ
de l'Archiducheffe Marie
Elifabeth pour Barcelone
n'eſt point encore fixé.
Quatre cens Aongrois mé
contens fe font de nouveau
affemblez aux envions du
176 MERGURE
Lac Balacon , onya envoye
deux Regiments de CavaIcrie pour1
pour les diffiper.URE
Le Miniftre de Suede qui
eft àla Cour de Vienne
affure que les affaires ont
extrement changé à Con
ftantinople en faveur du
Roy fon Maiftre
nouvelle eft confirmée par
le Refident de l'Archiduc à
Conftantinople , qui écrit
que les affaires du Roy de
Suede y eftoient en beau)
coup meilleure difpofition
& qu'on luyavoit envoyé de
nouveau trois cens bourſes
cette
GALANI. 377
ou cent cinquante mil écus.
Les lettres de Coppen
hague du fix de Septembre
portent que la Flote Suc
doife eftoit fortie de Carcl
fcroonau nombredevingt
fix Vaiffeaux de Guerre , fix
Fregates , deux Galiotes à
Bombes & deux Brulots ;
qu'elle avoit pris deux Vaif
feaux dontunfervoit d'Hô
piral à la Flore Danoiſe qui
n'eftoit que de dixhuit Vaiffeaux à caufe qu'on en avoit
détachédeux Efcadres ; d'au
tres lettres de Lubek du 8.
portent qu'on y avoit apris
178 MERCURE
paruh Batiment arrivé de
Calmar en Suede à Travemunde , que le 4 il avoit
paffé prés de l'Ifle de Bornholin entre les deux Flotest,
que la Danoife fe retiroir
& que la Suedorfe rangée en
croiffant faifoit force ode
voiles pour la joindreg &
qu'illuy avoit veu prendre
une Galiore qui eftoit des
meurée derriere. Un autre
Bâtiment venant deGottens
S
bourg;a rapportéqu'ilavoit
vu le mefme jour 4. aprés
midy la Flote Danoife à fix
licues de d'Иle ode Moeng
GALANT. 279
fituée au Sud eft de l'Ile de
Zeelande qui estoit pourfuivíc par celle de Suede , de
laquelle douze Vaiffeaux alloient à toutes voiles pour
joindre fix Vaiffeaux qui
n'eftoit pas fi bons voiliers
que le refte de leur Flote &
qu'à quatre heures il avoit
veu une grande fumée &
entendu durant deux heures
un grand bruit de Canon ,
ce qui luy avoit fait croire
que les douze Vaiſſeaux Suedois avoient attaqué les fix
Danois , qu'il en ignoroit le
fuccés. On affure » qu'en
280 MERCURE
mefme temps que la Flote
Suedoiſe cftoit fortie deCa
relferoon , le Comte de
Steinboch avoit fait voile
avec les Bâtiments de tranf
port fur lesquels il y avoir
vingt mil Suedois , & qu'il
eftoit allé debarquer dans le
Duché de Curlande , cependant on en attend plus de
certitude. Suivant les lettres
de Lepold, les nouvelles de
Bender eftoient encore fort
incertaines ,les unes portant
que le Roy de Suede eftoir
fur le point de partir aprés
avoir reçû de nouveaux preA 2
GALANT 281 220
fens du Grand Vifir , outre
caux que leGrand Seigneur
luy avoit envoyé les autres
aurant que ce Prince avoit
envoyé à Conſtantinople le
Palatin de Kiovic pour de
mander une entrevue au
Sultan , lequel y avoit confenti &nommépour cet effet la Ville de Baba prés du
Danube , & que fa Majefté
Suedoife efperoit le con
vaincre de la neceffité qu'il
avoit de rentrer en guerre
avec la Mofcovic.
On apprend par les lettres
de Smyrne & d'autres ElSeptembre 1712. Aa
282 MERCURE
chelles du Levant , qu'on
faifoit à Teffalonique de
grands amas de provifions
& devivres , dontunepartie
éroit deftinée pour Conftan
tinople , l'autre pour l'Armée Othomane qui eftoit
toujours campée dans les
environs d'Andrinople & le
long du Danube fans faire
aucun mouvement , finon
que le Grand Vifir en avoit
fait un detachement pour
aller du côté de Bender.
-adon brons ,; pallV slab
Le 2. Septembre les De
putez de la Diette de Pref
bourg eurent audience de
PArchiduc , à quials preſenterent les articles qui y a
voient efté dreffez , le priant
d'y'y vouloir donner fon ap
probation , & de retourner
enfuite à Prefbourg pour!
terminer la Diete , fur quoy
GALANT. 275
ih leur fic efperer qu'il leur
donneroit fatisfactionall
arrive trés fouvent àVienne
des Courriers de Hollande
& du Prince Eugene rous
chant les affaires prefontes
fur lesquelles le Confeil de
libere , principalement fur
les moyens de trouver de
l'argent pour la continua+
tion de laguerre. Le départ
de l'Archiducheffe Marie
Elifabeth pour Barcelone
n'eſt point encore fixé.
Quatre cens Aongrois mé
contens fe font de nouveau
affemblez aux envions du
176 MERGURE
Lac Balacon , onya envoye
deux Regiments de CavaIcrie pour1
pour les diffiper.URE
Le Miniftre de Suede qui
eft àla Cour de Vienne
affure que les affaires ont
extrement changé à Con
ftantinople en faveur du
Roy fon Maiftre
nouvelle eft confirmée par
le Refident de l'Archiduc à
Conftantinople , qui écrit
que les affaires du Roy de
Suede y eftoient en beau)
coup meilleure difpofition
& qu'on luyavoit envoyé de
nouveau trois cens bourſes
cette
GALANI. 377
ou cent cinquante mil écus.
Les lettres de Coppen
hague du fix de Septembre
portent que la Flote Suc
doife eftoit fortie de Carcl
fcroonau nombredevingt
fix Vaiffeaux de Guerre , fix
Fregates , deux Galiotes à
Bombes & deux Brulots ;
qu'elle avoit pris deux Vaif
feaux dontunfervoit d'Hô
piral à la Flore Danoiſe qui
n'eftoit que de dixhuit Vaiffeaux à caufe qu'on en avoit
détachédeux Efcadres ; d'au
tres lettres de Lubek du 8.
portent qu'on y avoit apris
178 MERCURE
paruh Batiment arrivé de
Calmar en Suede à Travemunde , que le 4 il avoit
paffé prés de l'Ifle de Bornholin entre les deux Flotest,
que la Danoife fe retiroir
& que la Suedorfe rangée en
croiffant faifoit force ode
voiles pour la joindreg &
qu'illuy avoit veu prendre
une Galiore qui eftoit des
meurée derriere. Un autre
Bâtiment venant deGottens
S
bourg;a rapportéqu'ilavoit
vu le mefme jour 4. aprés
midy la Flote Danoife à fix
licues de d'Иle ode Moeng
GALANT. 279
fituée au Sud eft de l'Ile de
Zeelande qui estoit pourfuivíc par celle de Suede , de
laquelle douze Vaiffeaux alloient à toutes voiles pour
joindre fix Vaiffeaux qui
n'eftoit pas fi bons voiliers
que le refte de leur Flote &
qu'à quatre heures il avoit
veu une grande fumée &
entendu durant deux heures
un grand bruit de Canon ,
ce qui luy avoit fait croire
que les douze Vaiſſeaux Suedois avoient attaqué les fix
Danois , qu'il en ignoroit le
fuccés. On affure » qu'en
280 MERCURE
mefme temps que la Flote
Suedoiſe cftoit fortie deCa
relferoon , le Comte de
Steinboch avoit fait voile
avec les Bâtiments de tranf
port fur lesquels il y avoir
vingt mil Suedois , & qu'il
eftoit allé debarquer dans le
Duché de Curlande , cependant on en attend plus de
certitude. Suivant les lettres
de Lepold, les nouvelles de
Bender eftoient encore fort
incertaines ,les unes portant
que le Roy de Suede eftoir
fur le point de partir aprés
avoir reçû de nouveaux preA 2
GALANT 281 220
fens du Grand Vifir , outre
caux que leGrand Seigneur
luy avoit envoyé les autres
aurant que ce Prince avoit
envoyé à Conſtantinople le
Palatin de Kiovic pour de
mander une entrevue au
Sultan , lequel y avoit confenti &nommépour cet effet la Ville de Baba prés du
Danube , & que fa Majefté
Suedoife efperoit le con
vaincre de la neceffité qu'il
avoit de rentrer en guerre
avec la Mofcovic.
On apprend par les lettres
de Smyrne & d'autres ElSeptembre 1712. Aa
282 MERCURE
chelles du Levant , qu'on
faifoit à Teffalonique de
grands amas de provifions
& devivres , dontunepartie
éroit deftinée pour Conftan
tinople , l'autre pour l'Armée Othomane qui eftoit
toujours campée dans les
environs d'Andrinople & le
long du Danube fans faire
aucun mouvement , finon
que le Grand Vifir en avoit
fait un detachement pour
aller du côté de Bender.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le 2 septembre, les députés de la Diète de Presbourg ont soumis à l'Archiduc des articles nécessitant son approbation pour clôturer la Diète. À Vienne, des correspondances entre des courriers de Hollande et le Prince Eugène abordaient des affaires urgentes, notamment la recherche de fonds pour continuer la guerre. La date du départ de l'Archiduchesse Marie Élisabeth pour Barcelone n'était pas encore déterminée. En Hongrie, quatre cents Hongrois mécontents se sont rassemblés près du lac Balaton, et deux régiments de cavalerie ont été envoyés pour les disperser. Le ministre de Suède à Vienne a rapporté une amélioration des affaires du roi de Suède à Constantinople, information confirmée par le résident de l'Archiduc. La flotte suédoise, composée de vingt-six vaisseaux de guerre, six frégates, deux galiotes à bombes et deux brulots, a capturé deux vaisseaux danois. Des rapports mentionnaient des mouvements navals entre les flottes suédoise et danoise, avec des combats signalés. Le comte de Steinboch aurait débarqué en Curlande avec vingt mille Suédois. À Bender, les nouvelles concernant le roi de Suède étaient incertaines : certaines sources indiquaient sa préparation à partir, tandis que d'autres mentionnaient une demande d'entrevue avec le sultan. À Thessalonique, des provisions étaient amassées pour Constantinople et l'armée ottomane, stationnée près d'Andrinople et le long du Danube.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 134-142
EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople du 5. Novembre 1712. écrite par le Tresorier de la Compagnie Angloise à M. l'Envoyé Extraordinaire Flvestel, qui est à Hambourg, recue le 24. Decembre.
Début :
Depuis ma précedente le Grand Visir a été deposé & banni ; [...]
Mots clefs :
Troupes, Armée, Aga, Vizir, Constantinople, Pologne, Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople du 5. Novembre 1712. écrite par le Tresorier de la Compagnie Angloise à M. l'Envoyé Extraordinaire Flvestel, qui est à Hambourg, recue le 24. Decembre.
EXTRAIT
d'une Lettre de Conf
tantinople du 5. Novembre
1712. écrite par
le Treforier de la Compagnie
Angloife à M.
l'Envoyé Extraordinaire
Flveflel , qui eft
à Hambourg , recue le
24. Decembre.
Depuis ma
précedente
le Grand Vifir a été deposé
& banni ; le Grand
Seigneur
a declaré la
GALANT. ISS
guerre au Czar & enfermé
fes Ambaffadeurs
avec
les Otages
aux 7. Tours.
Il a auffi donné ordre
pour faire arrêter le Palatin
de Mafure
à Andrinople
, & le General
Goltz
Envoyé
Extraordinaire
du
Roi Augufte
y fera mené
d'icy pour luy tenir compagnie
.
Le Sultan ira luy- mefme
avec 300. mille hommes
obliger le Czar à
l'évacuation de la Polopeut
le
gne , & forcer
s'il
Roi Augufte
à en faire }
136 MERCURE
autant. Il prefte à Sa Majefté
Suedoife 600. mille
'
écus
, & envoye effectivement
cet argent à Bender
, le Grand Vifir a
preſent Solyman
Baſſa eſt
auffi grand Partiſan de
l'intereft Suedois , que le
précedent
l'a été de Mofcovite.
Le General Poniatouſki
, a eu une part confiderable
à ce changement
, dont il eut les affurances
il y a quelque tems
ce qui fe verifie maintenant.
Aujourd'huy on publie
les
GALANT . 137
les ordres par tout l'Empire
afin que les Troupes
fe rendent à Ifaachy
fur le Danube au mois de
Mars prochain ; Le Tartare
Han , ayant ordre
de faire fes courſes dans
la Moſcovie , dont vous
aurez bien- toft des nouvelles.
Les Lettres de Conftantinople
du 23. Novembre
confirment avec plus de
détail que l'Aga envoyé
en Pologne , avoit rapporté
que les Troupes
Fanvier 1713.
M
138 MERCURE
Moscovites n'eftoient pas
forties de Pologne , & que
dans le temps que les Ambaffadeurs
du Czar affuroient
qu'elles en étoient
forties ; elles y faifoient
le mefme defordre qu'auparavant
, & quelles achevoient
de ruiner le Royaume
par des logemens &
par des contributions exceffives
, que le Czar fourniffoit
de grands fecours
aux Ennemis du Roy de
Suede , leur envoyant des
Troupes , des munitions
de l'artillerie & des vivres.
GALANT. 139
Sur ce rapport il fut reſolu
aprés avoir aſſemblé le Divan
de declarer la guerre
au Czar , comme un frac
teur du traité favorable
la Porte lui avoit accordé
aprés la defaite de
Les troupes
, & que fes
que
Ambaffadeurs feroient remis
aux fept Tours , qu'on
y avoit auffi arrêté l'Envoyé
du Roi Augufte.
D'autres lettres portent
que l'Ambaffadeur Polonois
arrivé depuis peu de
la part de ce Prince &
des Senateurs de fon parti
Mij
140 MERCURE
craignoit d'efttre traité de
mefme que l'envoyé
, que
les queues de Cheval
avoient été exposées , &
que les ordres avoient été
envoyés dans toutes les
Provinces de l'Empire
Othoman , pour faire de
nouvelles levées & faire
mettre celles qui font fur
pied en eftat de marcher .
Que le Grand Seigneur
devoit partir dans peu
pour aller à Andrinople
& fe rendre à la principale
armée qu'il commandera
en perfonne , & qui doit
GALANT. 141
entrer enMofcovie ; que le
Roy de Suede commandera
l'autre pour agir contre
la Pologne , & obliger
les Polonois à reconnoiftre
le Roy Staniſlas pour
leur Souverain. Que le
Grand Seigneur avoit envoyé
douze cent bourſes
au Roy de Suede , afin
qu'il puft augmenter fes
troupes par de nouvelles
levées , & qu'on avoit depeſchéun
Courier au Kan
des Tartares , avec ordre
de tenir les troupes preftes
pour entrer en Moſcovie.
M iij
142 MERCURE
Ces mefmes lettres aflurent
que le Grand Vifir
avoit été convaincu d'avoir
eu plus d'efgard aux
interefts du Czar qu'à
l'honneur de l'Empire Othoman
& qu'il avoit été
relegué dans une Ile de
l'Archipel.
NOUVELLES
de Vifmar.
Les Lettres de Wilmar
portent qu'aprés la défaite
des Troupes Danoifes &
Saxones , le General Stenbock
laiffa rafraifchir fon
GALANT . 143
>
armée aux environs de
Gadebusch , & qu'enfuite il
eftoit venu à Vilmar pour
donner quelques ordres ;
il y a laiffé une garniſon
de trois mille hommes
quelques jours aprés il retourna
à fon armée qu'il
fit marcher vers la Trave,
qu'il avoit appris que trois
mille Dragons demontés
du renfort qu'il attendoit
de Suede , eftoient arrivés
aux environs de Vifmar , &
avoit envoyé des Pilotes
pour les amener à Travenunde
où ils ont debar144
MERCURE
quez ; d'autres lettres portent
qu'ils ont joint l'armée
, & qu'ils feront remontez
dans peu dans le
païs de Holſtein qui eft
fort abondant en Chevaux
. On mande de Roftock
du 2. Janvier que le
Lecours arrivé de Suede
confifte en cinq mille Cavaliers
tous Dragons , &
en deux mille Fantaffins .
Le General Steinbock a
envoyé ordre à quatre Regimens
qui eftoient cantonnés
prés de Stetin & à
un Bataillon Suedois qui
eftoit
GALANT . 145
eftoit à Tormingen dans
le Holften Ducal , de venir
joindre fon armée . La
nuit du premier au ſecond
de Janvier ce General fit
paffer la Trave à toute fon
armée , avec douze pieces
de Canon des Pontons &
tous les materiaux neceffaires
pour conftruire des
Ponts fur les rivieres du
Païs de Holſtein . Le deux
il fit avancer fon armée
vers Segeberg , Odeſlo &
Steinhors où l'on fit une
décharge general de l'artillerie
& de la Moufque-
Fanvier 1713 .
N
146 MERCURE
terie pour celebrer la Victoire
de Gadebuch : il
avoit fait un détachement
>
& qui pris les devants
s'empara des Magafins de
Segeberg & OldeЛlo , dont
une partie avoit été amenée
à l'armée avec le
Sieur Gericken Commiffaire
du Roi de Dannemarck
.
Danoife Sa Majefté
ayant appris que l'armée
Suedoife avoit paffé la
Trave , continua fa route
vers Copenhague & envoya
ordre aux troupes
1
GALANT. 147
du Païs de Jutland & du
refte du Royaume de Dannemarck
de fe mettre en
marche pour renforcer
fon armée , avec cinq mille
hommes qu'il a ordonné
de faire revenir de
Norwege.
Le General Steinbock
a envoyé de tous coſtez
des détachemens pour ef
tablir les contributions :
il a fait declarer au peuples
du Holftein que ne
pouvant fe difpenfer d'y
entrer fuivant les loix de
guerre , il les exhorte à la
Nij
148 MERCURE
fe tenir tranquilles , les affurant
qu'il aura foin d'empefcher
qu'on n'exerce
contre eux aucune hoftilité
, pourvu qu'ils payent
les contributions . On écrit
du Holftein que ce General
fait obferver à fes
troupes une exacte difcipline
, & qu'il a fait demander
au Holſtein -Danois
un million de Florins
de contributions
, quatrecent
vingt mille Florins au
Holftein Ducal , & trois
cens mille à cette Ville.
On efcrit de BrunfGALANT.
149
wich qu'il s'y eft tenu plufieurs
conferences entre
les Miniftres de l'Electeur
de Brandebourg , du Duc
de wolfenbutel , du Duc
d'Hanover & du Landgrave
de Heffe. Caffel pour
chercher les moyens de
terminer les troubles de
la baffe Allemagne . Que le
bruit court qu'ils ont refolu
de former une armée
de trente à quarante mille
hommes , qui fera employée
contre ceux qui
refuferont de confentir à la
Paix à des conditions rai
N iij
150 MERCURE
fonnables; qu'ils fe font feparés
à la referve du Comte
de Schonborn Miniftre
de l'Archiduc qui eft
refté icy , que les autres
font allé rendre compte
à
leurs Maiftres de ce qui
s'eft paffé aux Conferences.
Les Lettres de Berlin
du trois Janvier portent
que le Comte Flemming
General des troupes Saxones
, y eftoit arrivé ce jour
là du Holftein & qu'il
avoit eu audience de l'Electeur
de Brandebourg.
On mande de Dreide
GALANT . 151
que le Comte dewirzthumb
eftoit arrivé le 27. Decembre
; qu'il avoit quitté
le Roy Augufte fur la
Frontiere de Pologne , &
qu'il avoit ordre de faire
travailler aux recruês des
troupes Saxones principalement
de celles qui fe
font trouvées à la Bataille
de Gadebuch , & qui font
retournées en Pomeranie .
On efcrit de Varfovie du
21. Decembre qu'on y attendoit
le Roy Augufte le
26. où le 27. qu'on y avoit
publié depuis quelques
Niiij
152 MERCURE
jours par ordre de ce
Prince un Decret par lequel
le Roi Staniſlas ci devant
Palatin de Pofnanie ,
le Palatin de Kiovie , le
Prince Michel Vviefnowiefki
, le Prince Sapieha
Starofte de Bobruis , les Generaux
Grudzinski &
en
Smiegies xi , & plus de
cinquante autres nommés
dans ce Decret , fon cités
à comparoiſtre
perfonne à la Diete generale
dans fix femaines à
peine d'être declarez rebelles
, & de la confifcation
de leurs biens.
d'une Lettre de Conf
tantinople du 5. Novembre
1712. écrite par
le Treforier de la Compagnie
Angloife à M.
l'Envoyé Extraordinaire
Flveflel , qui eft
à Hambourg , recue le
24. Decembre.
Depuis ma
précedente
le Grand Vifir a été deposé
& banni ; le Grand
Seigneur
a declaré la
GALANT. ISS
guerre au Czar & enfermé
fes Ambaffadeurs
avec
les Otages
aux 7. Tours.
Il a auffi donné ordre
pour faire arrêter le Palatin
de Mafure
à Andrinople
, & le General
Goltz
Envoyé
Extraordinaire
du
Roi Augufte
y fera mené
d'icy pour luy tenir compagnie
.
Le Sultan ira luy- mefme
avec 300. mille hommes
obliger le Czar à
l'évacuation de la Polopeut
le
gne , & forcer
s'il
Roi Augufte
à en faire }
136 MERCURE
autant. Il prefte à Sa Majefté
Suedoife 600. mille
'
écus
, & envoye effectivement
cet argent à Bender
, le Grand Vifir a
preſent Solyman
Baſſa eſt
auffi grand Partiſan de
l'intereft Suedois , que le
précedent
l'a été de Mofcovite.
Le General Poniatouſki
, a eu une part confiderable
à ce changement
, dont il eut les affurances
il y a quelque tems
ce qui fe verifie maintenant.
Aujourd'huy on publie
les
GALANT . 137
les ordres par tout l'Empire
afin que les Troupes
fe rendent à Ifaachy
fur le Danube au mois de
Mars prochain ; Le Tartare
Han , ayant ordre
de faire fes courſes dans
la Moſcovie , dont vous
aurez bien- toft des nouvelles.
Les Lettres de Conftantinople
du 23. Novembre
confirment avec plus de
détail que l'Aga envoyé
en Pologne , avoit rapporté
que les Troupes
Fanvier 1713.
M
138 MERCURE
Moscovites n'eftoient pas
forties de Pologne , & que
dans le temps que les Ambaffadeurs
du Czar affuroient
qu'elles en étoient
forties ; elles y faifoient
le mefme defordre qu'auparavant
, & quelles achevoient
de ruiner le Royaume
par des logemens &
par des contributions exceffives
, que le Czar fourniffoit
de grands fecours
aux Ennemis du Roy de
Suede , leur envoyant des
Troupes , des munitions
de l'artillerie & des vivres.
GALANT. 139
Sur ce rapport il fut reſolu
aprés avoir aſſemblé le Divan
de declarer la guerre
au Czar , comme un frac
teur du traité favorable
la Porte lui avoit accordé
aprés la defaite de
Les troupes
, & que fes
que
Ambaffadeurs feroient remis
aux fept Tours , qu'on
y avoit auffi arrêté l'Envoyé
du Roi Augufte.
D'autres lettres portent
que l'Ambaffadeur Polonois
arrivé depuis peu de
la part de ce Prince &
des Senateurs de fon parti
Mij
140 MERCURE
craignoit d'efttre traité de
mefme que l'envoyé
, que
les queues de Cheval
avoient été exposées , &
que les ordres avoient été
envoyés dans toutes les
Provinces de l'Empire
Othoman , pour faire de
nouvelles levées & faire
mettre celles qui font fur
pied en eftat de marcher .
Que le Grand Seigneur
devoit partir dans peu
pour aller à Andrinople
& fe rendre à la principale
armée qu'il commandera
en perfonne , & qui doit
GALANT. 141
entrer enMofcovie ; que le
Roy de Suede commandera
l'autre pour agir contre
la Pologne , & obliger
les Polonois à reconnoiftre
le Roy Staniſlas pour
leur Souverain. Que le
Grand Seigneur avoit envoyé
douze cent bourſes
au Roy de Suede , afin
qu'il puft augmenter fes
troupes par de nouvelles
levées , & qu'on avoit depeſchéun
Courier au Kan
des Tartares , avec ordre
de tenir les troupes preftes
pour entrer en Moſcovie.
M iij
142 MERCURE
Ces mefmes lettres aflurent
que le Grand Vifir
avoit été convaincu d'avoir
eu plus d'efgard aux
interefts du Czar qu'à
l'honneur de l'Empire Othoman
& qu'il avoit été
relegué dans une Ile de
l'Archipel.
NOUVELLES
de Vifmar.
Les Lettres de Wilmar
portent qu'aprés la défaite
des Troupes Danoifes &
Saxones , le General Stenbock
laiffa rafraifchir fon
GALANT . 143
>
armée aux environs de
Gadebusch , & qu'enfuite il
eftoit venu à Vilmar pour
donner quelques ordres ;
il y a laiffé une garniſon
de trois mille hommes
quelques jours aprés il retourna
à fon armée qu'il
fit marcher vers la Trave,
qu'il avoit appris que trois
mille Dragons demontés
du renfort qu'il attendoit
de Suede , eftoient arrivés
aux environs de Vifmar , &
avoit envoyé des Pilotes
pour les amener à Travenunde
où ils ont debar144
MERCURE
quez ; d'autres lettres portent
qu'ils ont joint l'armée
, & qu'ils feront remontez
dans peu dans le
païs de Holſtein qui eft
fort abondant en Chevaux
. On mande de Roftock
du 2. Janvier que le
Lecours arrivé de Suede
confifte en cinq mille Cavaliers
tous Dragons , &
en deux mille Fantaffins .
Le General Steinbock a
envoyé ordre à quatre Regimens
qui eftoient cantonnés
prés de Stetin & à
un Bataillon Suedois qui
eftoit
GALANT . 145
eftoit à Tormingen dans
le Holften Ducal , de venir
joindre fon armée . La
nuit du premier au ſecond
de Janvier ce General fit
paffer la Trave à toute fon
armée , avec douze pieces
de Canon des Pontons &
tous les materiaux neceffaires
pour conftruire des
Ponts fur les rivieres du
Païs de Holſtein . Le deux
il fit avancer fon armée
vers Segeberg , Odeſlo &
Steinhors où l'on fit une
décharge general de l'artillerie
& de la Moufque-
Fanvier 1713 .
N
146 MERCURE
terie pour celebrer la Victoire
de Gadebuch : il
avoit fait un détachement
>
& qui pris les devants
s'empara des Magafins de
Segeberg & OldeЛlo , dont
une partie avoit été amenée
à l'armée avec le
Sieur Gericken Commiffaire
du Roi de Dannemarck
.
Danoife Sa Majefté
ayant appris que l'armée
Suedoife avoit paffé la
Trave , continua fa route
vers Copenhague & envoya
ordre aux troupes
1
GALANT. 147
du Païs de Jutland & du
refte du Royaume de Dannemarck
de fe mettre en
marche pour renforcer
fon armée , avec cinq mille
hommes qu'il a ordonné
de faire revenir de
Norwege.
Le General Steinbock
a envoyé de tous coſtez
des détachemens pour ef
tablir les contributions :
il a fait declarer au peuples
du Holftein que ne
pouvant fe difpenfer d'y
entrer fuivant les loix de
guerre , il les exhorte à la
Nij
148 MERCURE
fe tenir tranquilles , les affurant
qu'il aura foin d'empefcher
qu'on n'exerce
contre eux aucune hoftilité
, pourvu qu'ils payent
les contributions . On écrit
du Holftein que ce General
fait obferver à fes
troupes une exacte difcipline
, & qu'il a fait demander
au Holſtein -Danois
un million de Florins
de contributions
, quatrecent
vingt mille Florins au
Holftein Ducal , & trois
cens mille à cette Ville.
On efcrit de BrunfGALANT.
149
wich qu'il s'y eft tenu plufieurs
conferences entre
les Miniftres de l'Electeur
de Brandebourg , du Duc
de wolfenbutel , du Duc
d'Hanover & du Landgrave
de Heffe. Caffel pour
chercher les moyens de
terminer les troubles de
la baffe Allemagne . Que le
bruit court qu'ils ont refolu
de former une armée
de trente à quarante mille
hommes , qui fera employée
contre ceux qui
refuferont de confentir à la
Paix à des conditions rai
N iij
150 MERCURE
fonnables; qu'ils fe font feparés
à la referve du Comte
de Schonborn Miniftre
de l'Archiduc qui eft
refté icy , que les autres
font allé rendre compte
à
leurs Maiftres de ce qui
s'eft paffé aux Conferences.
Les Lettres de Berlin
du trois Janvier portent
que le Comte Flemming
General des troupes Saxones
, y eftoit arrivé ce jour
là du Holftein & qu'il
avoit eu audience de l'Electeur
de Brandebourg.
On mande de Dreide
GALANT . 151
que le Comte dewirzthumb
eftoit arrivé le 27. Decembre
; qu'il avoit quitté
le Roy Augufte fur la
Frontiere de Pologne , &
qu'il avoit ordre de faire
travailler aux recruês des
troupes Saxones principalement
de celles qui fe
font trouvées à la Bataille
de Gadebuch , & qui font
retournées en Pomeranie .
On efcrit de Varfovie du
21. Decembre qu'on y attendoit
le Roy Augufte le
26. où le 27. qu'on y avoit
publié depuis quelques
Niiij
152 MERCURE
jours par ordre de ce
Prince un Decret par lequel
le Roi Staniſlas ci devant
Palatin de Pofnanie ,
le Palatin de Kiovie , le
Prince Michel Vviefnowiefki
, le Prince Sapieha
Starofte de Bobruis , les Generaux
Grudzinski &
en
Smiegies xi , & plus de
cinquante autres nommés
dans ce Decret , fon cités
à comparoiſtre
perfonne à la Diete generale
dans fix femaines à
peine d'être declarez rebelles
, & de la confifcation
de leurs biens.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople du 5. Novembre 1712. écrite par le Tresorier de la Compagnie Angloise à M. l'Envoyé Extraordinaire Flvestel, qui est à Hambourg, recue le 24. Decembre.
En novembre 1712, le Grand Vizir de l'Empire ottoman a été déposé et banni. Le Sultan a déclaré la guerre au Czar de Russie et a emprisonné les ambassadeurs russes ainsi que des otages dans les Sept Tours. Il a également ordonné l'arrestation du Palatin de Masurie à Andrinople et celle du général Goltz, envoyé extraordinaire du roi Auguste. Le Sultan prévoit de mener une armée de 300 000 hommes pour forcer le Czar à évacuer la Pologne et contraindre le roi Auguste à faire de même. Il a offert 600 000 écus au roi de Suède et a envoyé cet argent à Bender. Le nouveau Grand Vizir, Solyman Bassa, soutient les intérêts suédois. Le général Poniatowski a joué un rôle significatif dans ce changement politique. Des ordres ont été publiés dans tout l'Empire pour que les troupes se rendent à Isacli sur le Danube en mars 1713. Le Khan tartare a reçu l'ordre de faire des incursions en Moscovie. Des lettres confirment que les troupes russes n'ont pas quitté la Pologne et continuent de la ruiner par des logements et des contributions excessives. Le Czar fournit des secours aux ennemis du roi de Suède. Suite à ces rapports, le Divan a décidé de déclarer la guerre au Czar pour violation du traité. L'ambassadeur polonais craint d'être traité comme l'envoyé du roi Auguste. Des levées de troupes sont en cours dans tout l'Empire ottoman. Le Sultan se prépare à partir pour Andrinople et à commander l'armée en personne contre la Moscovie, tandis que le roi de Suède commandera une autre armée contre la Pologne pour y rétablir le roi Stanislas. Douze cents bourses ont été envoyées au roi de Suède pour augmenter ses troupes, et un courrier a été dépêché au Khan des Tartares pour se préparer à entrer en Moscovie. Le Grand Vizir a été relevé de ses fonctions pour avoir favorisé les intérêts du Czar au détriment de l'Empire ottoman.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 265-283
SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Hambourg du 9. Avril portent que les Confederez [...]
Mots clefs :
Supplément, Bender, Bacha, Suède, Turcs, Lettres, Andrinople, Plénipotentiaire
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texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
SVPP LEME NT
aux NouvtUes.
LEs Lettres de Hambourg
du 9. Avril portent
que les Consederezavoient
resolu d'attaquer le porte
de Gardingen ; mais on y
trouve de grandes difficultez
,
à cause que les Suedois
s'y sont retranchez de
telle sorte qu'il paroist prêt
que impossible de les en
dessoger
, outre que les
pluyes qui font tombées
depuis peu ont rompu les
chemins; plusieurs Generaux
ont proposé de bombarder
le Camp des Suédois
au lieu de les attaquer
a - force ouverte. Que les
prisonniers Moscovites qui
estoient à Stetin ont esté échangez
contre les prisonniers
Suedois que le Prince
Menzikow a renvoyez
à"TSTifînar:que les troupes
Moscovites n'observoient
aucune discipline dans le
pays de Holstein
,
n'épargnant
pas- les Terres des
Ministres du Roy de Dannemark,
ils continuent defaire-
le dégasten Pomeranie
où ils ont pillé durant
trois jours la ville d'Anklan.
On mande de Seraizund
que quelques Vais-.
seaux de Guerre Danois,
chargez de Troupes avoient
paru devantRugen,
ce qui faisoit craindre aux
Suedois qu'ils n'eussent
quelque dessein sur cette
Isle, Un Bastiment arrivé
à Elseneur avoit rapporté
que vingt
-
six Vaisseaux
Suédois, la pluspart de
Guerre, avoient fait voile
vers la Pomeranie pour
donner la chasse aux Vaie:
seaux Danois qui croisoient
dece costé là.
Les Lettres de Suede portent
que les Troupes qui
estoient dans le pays voisin
de Stockolm se mettoienten
mouvement sans
qu'on sceust quelle route
e lles devoient prendre. Le
Comte deWellingareceu
des Lettres par deux courriers
partis de Bender le
18. Avril, qui portent que
ronoMant les presensconsiderables
que le Roy de
Suede avoit faits au Seras-
Xkr ou Bacha de Bender,
il avoit retenu plusieurs
sommes quele Grand Seigneur
envoyoit à Sa Majesté
; &mesme à diverses
fois quatre cens chevaux
qu'il avoit changez contre5
d'autres quine les valoient
pas, ce que le Roy de Suede
feignit d'igno.er. Quelques
honneurs que le Bacha
ait peu rendre à ce
Prince avant son départ
pourAndrinople,ill'a traité
tousjoursavecunsi grand
mespris, qu'un jour entre
autres le Bacha ayant voulu
s'asseoit sur un Sofa où
il estoit couché, il le repoussa
d'un coup de pied,
& le fie sortir de sa Chambre.
Aprèsson départ pour
Andrinople
,
le Roy Stanislas
ayant esté amené à
Bender, le Bacha le receut
au bruit du canon )
& luy
a rendu depuis tous les
honneurs possibles: il l'a
prié d'escrire en sa faveur
au Roy de Suede
J
ayant
appris qu'il avoit eU trés
bien receu ,
& craignant
deperdre la reste ; ce qui
n'est pas sans fondement,
puisqu'il a receu ordre de
se rendre à Andrinople
pour rendre compte de sa
conduite. Son Lieutenant
aen mesme temps receu
d'autres ordres de bien
traiter les Suedois & les
Polonois qui sont restez à
Bender entre lesquels sont
le Palatin de Kiowie ,
le
Prince Wiefnowieski
)
le
Comte Tarlo, les Generaux
Smiegielskit Grudzinski,
Urbanowitz &
plusieurs autres Officiers.
Le Staroste de Bobruïs de
la Maison Sapieha,qu'on
accuse d'estre l'auteur dç
l'entreprise formée contre
le Roy de Suéde
,
& qui
est beau- frere du General
Saxon Flemming
, ayant
appris que ses affaires reprenoient
une situation favorable
,
partit avec cinq
de ses domestiques pour se
retirer en Pologne: mais
un Colonel Suédois l'ayant
poursuivi avec quelques
Cavaliers, le joignit à une
demi-lieuëdela frontiere,
&le ramena par force à
Bender. Aprés qu'il y fut
arrivé, le Gentral Smiegielski
luy demanda qui
il reconnoissoit pour Roy
de Pologne: il respondit
que c'estoit le Roy
Auguste. Alors on le
foüilla, & on trouva dans
ses bottes des lettres par
lesquelles on prétend avoir
découvert le complot formé
entre le Roy Auguste,
le Czar, le Kan & le Bacha
de Bender, pour livrer
leRoy de Suede aux troupes
Saxones & Polonoifes.
Ce Staroste estoit gardé à
veuë;du consentement du
Lieutenant du Bacha ôc
des Officiers Turcs. Le 16.
un Courrier du Roy deSuedearriva
à Bender,& rapportaqu'il
estoit en parfaite
santé : que le Grand
Seigneur avoit envoyé au
devanr de luy jusqu'à deux
journées au deça d'Andrinople
, le General Poniatowski
& plusieursOfficiers
Turcs, pour l'allurer de
son amitié,& de sa resolution
de faire la guerre aux
Moscovices. Le Sultan a
fait meubler magnifiq uement
un Serrait près de la
ville, pour y conferer avec saMajeste,quidevoitdans
peu de jours retourner à
Benderavec une nombreuse
armée de Turcs qui doit
l'escorter vers ses Estats.
Le Sultan continuë de faire
faire des amas prodigieux
de vivres. Le grand
pont qu'il faisoit faire sur
le Danube est achevé
J
&
quarante mille Turcs estoient
en marche pour le
passer, & pour s'avancer
par la Moldavie vers le
Niester
,
où l'on dit qu'ils
feront suivis par cent mille
autres, avec le Grand Seigneur
en personne.
On mande de Madrid
du 3. Avril que le 17. Mars
le Marquis de Bedmar en
vertu des Pouvoirs du Roy,
signaavecMylord Lexington
le Traité de Paixavec
l'Anglererre , lequel y fut
aussitost envoyé par un
Courrier exprès; que les
Troupes qui doivent entrer
en Catalogne pour
prendre possession decette
Principauté, ont ordre de
sortir de leur quartiers le
dix de ce mois, & le Duc de
Popoli qui doit les commander,
se prépare à partir
incessamment. Toutes
lesLettres de Catalogne
confirment,que l'Archiduchesse
sestoit embarquée
le18 Mars, laissant lecommandement
des Troupes
qui n'ont pû estre embarquéesauComte
deStaremberg
; qu'il avoir assemblé
les Miquelets&les
Volontaires, pour leur declarer
qu'ils devoient bientosts'embarquer
avec le
reste des Troupes; que
ceux qui voudroient y
prendre parti seroient bien
venus; & que ceux qui ne
levoudraient paseussentà
se retirer dans leurs maisons
à peine de la vie. On
écrit de Tortose que le
Comte de Glimesenestoit
sorri avec des Troupes, &;
qu'il s'estoit avancé jusqu'-
au col ou passage de Balaguer
, que les Ennemis
avoient fortifiépar des retranchements,
& qu'il les
avoit détruits & bruslez
sans aucune opposition. On
écrit de Sarragosse qu'un
détachement des Troupes
du Roy avoit battu & mis
en fuite des partis de Volontaires
&de Miquelets
qui inquietoient la ville de
Venafque.
On mande de Vienne
que l'Archiduchesse estoit
arrivée à Vado sur lacoste
de Genes, on elle estoit débarquée
pour se rafraischir,
que le PrinceAntoine
de Liechsteinstein
Grand Ministre de la Mai-,
son de l'Archiduc & le
Comte Charles Joseph de
Paar, General des Portes
estoient partis pour allerà
sa rencontre jusquà Roveredo
dans le Trentin. Le
Comte de Thaun est parti
pour aller prendre possession
de la Viceroyauté de
Naples, à laquelle il a esté
nommé à la place du Comte
Borromée.
On mande de Londres
que le 9. Avril le Docteur
Sachewerel fitson premier
Sermon depuis son interdiction
dans l'Eglise de
saint Sauveur au Fauxbourg
de Southwart; que le sieur
de S. Jean estoit arrivé d'Utrecht
avec la Nouvelle
que l'onze la Paix avoit
esté avec tous les Plenipotentiaires
tentiaires des Estats qui
sontenguerre 1, la referve
de ceux de l'Archiduc
& des Princes de l'Empire,
ce qui a causé une grande
joye parmy le peuple. Qu'-
on travailloit à l'armement
d'une Escadre de dix- huit
Vaisseaux de Guerre qui
doivent efire joints par dix
Vaisseaux de Guerre Hollandois,
qu'on asseure estre
destinée pour aller vers la
- Mer Baltiqueafin de tafcher
de restablir la Paix
dans le Nord.
On écrit d'Utrecht que
l'onze, à trois heures apre's
midy, les Traitez ont esté
signez dans la Maison de
l'Ëvesque de Bristol, par les
Plenipotentiaires de France
&ceux de la Grande
Bretagne, à quatre heures
avec ceux du Duc deSavoye,
à huit avec ceux du
Roy de Portugal, à minuit
avec ceux du Roy dePrusse,
àune heure avec les Plenipotentiaires
des Estats Generaux.
Ces Traitez ne seront
rendus publics qu'après
l'échange des ratifications
qui doit estre faite
dans trois semaines
, &
que quinze joursaprèson
évacuera les Places qui doivent
estre cédées de part
& d'autre. Les Estats Géneraux
ont fait publier
dans l'armée qui est cantonnée
près de Bruxelles,
& dans les Places des l'avs-
Bas Catholiques, une ceé s
aux NouvtUes.
LEs Lettres de Hambourg
du 9. Avril portent
que les Consederezavoient
resolu d'attaquer le porte
de Gardingen ; mais on y
trouve de grandes difficultez
,
à cause que les Suedois
s'y sont retranchez de
telle sorte qu'il paroist prêt
que impossible de les en
dessoger
, outre que les
pluyes qui font tombées
depuis peu ont rompu les
chemins; plusieurs Generaux
ont proposé de bombarder
le Camp des Suédois
au lieu de les attaquer
a - force ouverte. Que les
prisonniers Moscovites qui
estoient à Stetin ont esté échangez
contre les prisonniers
Suedois que le Prince
Menzikow a renvoyez
à"TSTifînar:que les troupes
Moscovites n'observoient
aucune discipline dans le
pays de Holstein
,
n'épargnant
pas- les Terres des
Ministres du Roy de Dannemark,
ils continuent defaire-
le dégasten Pomeranie
où ils ont pillé durant
trois jours la ville d'Anklan.
On mande de Seraizund
que quelques Vais-.
seaux de Guerre Danois,
chargez de Troupes avoient
paru devantRugen,
ce qui faisoit craindre aux
Suedois qu'ils n'eussent
quelque dessein sur cette
Isle, Un Bastiment arrivé
à Elseneur avoit rapporté
que vingt
-
six Vaisseaux
Suédois, la pluspart de
Guerre, avoient fait voile
vers la Pomeranie pour
donner la chasse aux Vaie:
seaux Danois qui croisoient
dece costé là.
Les Lettres de Suede portent
que les Troupes qui
estoient dans le pays voisin
de Stockolm se mettoienten
mouvement sans
qu'on sceust quelle route
e lles devoient prendre. Le
Comte deWellingareceu
des Lettres par deux courriers
partis de Bender le
18. Avril, qui portent que
ronoMant les presensconsiderables
que le Roy de
Suede avoit faits au Seras-
Xkr ou Bacha de Bender,
il avoit retenu plusieurs
sommes quele Grand Seigneur
envoyoit à Sa Majesté
; &mesme à diverses
fois quatre cens chevaux
qu'il avoit changez contre5
d'autres quine les valoient
pas, ce que le Roy de Suede
feignit d'igno.er. Quelques
honneurs que le Bacha
ait peu rendre à ce
Prince avant son départ
pourAndrinople,ill'a traité
tousjoursavecunsi grand
mespris, qu'un jour entre
autres le Bacha ayant voulu
s'asseoit sur un Sofa où
il estoit couché, il le repoussa
d'un coup de pied,
& le fie sortir de sa Chambre.
Aprèsson départ pour
Andrinople
,
le Roy Stanislas
ayant esté amené à
Bender, le Bacha le receut
au bruit du canon )
& luy
a rendu depuis tous les
honneurs possibles: il l'a
prié d'escrire en sa faveur
au Roy de Suede
J
ayant
appris qu'il avoit eU trés
bien receu ,
& craignant
deperdre la reste ; ce qui
n'est pas sans fondement,
puisqu'il a receu ordre de
se rendre à Andrinople
pour rendre compte de sa
conduite. Son Lieutenant
aen mesme temps receu
d'autres ordres de bien
traiter les Suedois & les
Polonois qui sont restez à
Bender entre lesquels sont
le Palatin de Kiowie ,
le
Prince Wiefnowieski
)
le
Comte Tarlo, les Generaux
Smiegielskit Grudzinski,
Urbanowitz &
plusieurs autres Officiers.
Le Staroste de Bobruïs de
la Maison Sapieha,qu'on
accuse d'estre l'auteur dç
l'entreprise formée contre
le Roy de Suéde
,
& qui
est beau- frere du General
Saxon Flemming
, ayant
appris que ses affaires reprenoient
une situation favorable
,
partit avec cinq
de ses domestiques pour se
retirer en Pologne: mais
un Colonel Suédois l'ayant
poursuivi avec quelques
Cavaliers, le joignit à une
demi-lieuëdela frontiere,
&le ramena par force à
Bender. Aprés qu'il y fut
arrivé, le Gentral Smiegielski
luy demanda qui
il reconnoissoit pour Roy
de Pologne: il respondit
que c'estoit le Roy
Auguste. Alors on le
foüilla, & on trouva dans
ses bottes des lettres par
lesquelles on prétend avoir
découvert le complot formé
entre le Roy Auguste,
le Czar, le Kan & le Bacha
de Bender, pour livrer
leRoy de Suede aux troupes
Saxones & Polonoifes.
Ce Staroste estoit gardé à
veuë;du consentement du
Lieutenant du Bacha ôc
des Officiers Turcs. Le 16.
un Courrier du Roy deSuedearriva
à Bender,& rapportaqu'il
estoit en parfaite
santé : que le Grand
Seigneur avoit envoyé au
devanr de luy jusqu'à deux
journées au deça d'Andrinople
, le General Poniatowski
& plusieursOfficiers
Turcs, pour l'allurer de
son amitié,& de sa resolution
de faire la guerre aux
Moscovices. Le Sultan a
fait meubler magnifiq uement
un Serrait près de la
ville, pour y conferer avec saMajeste,quidevoitdans
peu de jours retourner à
Benderavec une nombreuse
armée de Turcs qui doit
l'escorter vers ses Estats.
Le Sultan continuë de faire
faire des amas prodigieux
de vivres. Le grand
pont qu'il faisoit faire sur
le Danube est achevé
J
&
quarante mille Turcs estoient
en marche pour le
passer, & pour s'avancer
par la Moldavie vers le
Niester
,
où l'on dit qu'ils
feront suivis par cent mille
autres, avec le Grand Seigneur
en personne.
On mande de Madrid
du 3. Avril que le 17. Mars
le Marquis de Bedmar en
vertu des Pouvoirs du Roy,
signaavecMylord Lexington
le Traité de Paixavec
l'Anglererre , lequel y fut
aussitost envoyé par un
Courrier exprès; que les
Troupes qui doivent entrer
en Catalogne pour
prendre possession decette
Principauté, ont ordre de
sortir de leur quartiers le
dix de ce mois, & le Duc de
Popoli qui doit les commander,
se prépare à partir
incessamment. Toutes
lesLettres de Catalogne
confirment,que l'Archiduchesse
sestoit embarquée
le18 Mars, laissant lecommandement
des Troupes
qui n'ont pû estre embarquéesauComte
deStaremberg
; qu'il avoir assemblé
les Miquelets&les
Volontaires, pour leur declarer
qu'ils devoient bientosts'embarquer
avec le
reste des Troupes; que
ceux qui voudroient y
prendre parti seroient bien
venus; & que ceux qui ne
levoudraient paseussentà
se retirer dans leurs maisons
à peine de la vie. On
écrit de Tortose que le
Comte de Glimesenestoit
sorri avec des Troupes, &;
qu'il s'estoit avancé jusqu'-
au col ou passage de Balaguer
, que les Ennemis
avoient fortifiépar des retranchements,
& qu'il les
avoit détruits & bruslez
sans aucune opposition. On
écrit de Sarragosse qu'un
détachement des Troupes
du Roy avoit battu & mis
en fuite des partis de Volontaires
&de Miquelets
qui inquietoient la ville de
Venafque.
On mande de Vienne
que l'Archiduchesse estoit
arrivée à Vado sur lacoste
de Genes, on elle estoit débarquée
pour se rafraischir,
que le PrinceAntoine
de Liechsteinstein
Grand Ministre de la Mai-,
son de l'Archiduc & le
Comte Charles Joseph de
Paar, General des Portes
estoient partis pour allerà
sa rencontre jusquà Roveredo
dans le Trentin. Le
Comte de Thaun est parti
pour aller prendre possession
de la Viceroyauté de
Naples, à laquelle il a esté
nommé à la place du Comte
Borromée.
On mande de Londres
que le 9. Avril le Docteur
Sachewerel fitson premier
Sermon depuis son interdiction
dans l'Eglise de
saint Sauveur au Fauxbourg
de Southwart; que le sieur
de S. Jean estoit arrivé d'Utrecht
avec la Nouvelle
que l'onze la Paix avoit
esté avec tous les Plenipotentiaires
tentiaires des Estats qui
sontenguerre 1, la referve
de ceux de l'Archiduc
& des Princes de l'Empire,
ce qui a causé une grande
joye parmy le peuple. Qu'-
on travailloit à l'armement
d'une Escadre de dix- huit
Vaisseaux de Guerre qui
doivent efire joints par dix
Vaisseaux de Guerre Hollandois,
qu'on asseure estre
destinée pour aller vers la
- Mer Baltiqueafin de tafcher
de restablir la Paix
dans le Nord.
On écrit d'Utrecht que
l'onze, à trois heures apre's
midy, les Traitez ont esté
signez dans la Maison de
l'Ëvesque de Bristol, par les
Plenipotentiaires de France
&ceux de la Grande
Bretagne, à quatre heures
avec ceux du Duc deSavoye,
à huit avec ceux du
Roy de Portugal, à minuit
avec ceux du Roy dePrusse,
àune heure avec les Plenipotentiaires
des Estats Generaux.
Ces Traitez ne seront
rendus publics qu'après
l'échange des ratifications
qui doit estre faite
dans trois semaines
, &
que quinze joursaprèson
évacuera les Places qui doivent
estre cédées de part
& d'autre. Les Estats Géneraux
ont fait publier
dans l'armée qui est cantonnée
près de Bruxelles,
& dans les Places des l'avs-
Bas Catholiques, une ceé s
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Résumé : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Les lettres de Hambourg du 9 avril rapportent des difficultés rencontrées par les forces coalisées lors de l'attaque du port de Gardingen, en raison des fortifications suédoises et des pluies ayant endommagé les chemins. Plusieurs généraux ont proposé de bombarder le camp suédois plutôt que de l'attaquer frontalement. Des échanges de prisonniers ont eu lieu entre les Moscovites de Stetin et les Suédois renvoyés par le Prince Menzikow à Stettin. Les troupes moscovites en Holstein pillent les terres des ministres du roi de Danemark et ravagent la Poméranie, ayant pillé la ville d'Anklam pendant trois jours. À Seraizund, des vaisseaux de guerre danois chargés de troupes ont été aperçus devant l'île de Rügen, suscitant des craintes chez les Suédois. Un bâtiment arrivé à Elseneur a rapporté que vingt-six vaisseaux suédois, principalement de guerre, se dirigeaient vers la Poméranie pour chasser les vaisseaux danois. En Suède, les troupes près de Stockholm se mettent en mouvement sans destination claire. Le Comte de Welling a reçu des lettres de Bender, datées du 18 avril, révélant que le roi de Suède a retenu des sommes et des chevaux envoyés par le Grand Seigneur, malgré les présents offerts. Le Bacha de Bender a traité le roi de Suède avec mépris, allant jusqu'à le repousser d'un coup de pied. Après le départ du Bacha pour Andrinople, le roi Stanislas a été bien reçu et honoré. Le Staroste de Bobruïsk, accusé de complot contre le roi de Suède, a été arrêté alors qu'il tentait de fuir en Pologne. Des lettres trouvées sur lui révèlent un complot impliquant le roi Auguste, le Czar, le Kan et le Bacha de Bender pour livrer le roi de Suède aux troupes saxonnes et polonaises. Le roi de Suède est en bonne santé et a été reçu par le Sultan, qui prépare une armée pour l'escorter vers ses États. Le Sultan accumule des vivres et a achevé un pont sur le Danube, permettant à des troupes turques de traverser vers la Moldavie. À Madrid, le Marquis de Bedmar a signé un traité de paix avec l'Angleterre, et les troupes doivent entrer en Catalogne. L'Archiduchesse a quitté la Catalogne, laissant le commandement au Comte de Starhemberg. Des troupes espagnoles ont battu des partisans à Venafque. À Vienne, l'Archiduchesse est arrivée à Vado, près de Gênes, et le Comte de Thaun part pour Naples. À Londres, le Docteur Sachewerel a repris ses sermons, et une escadre de vaisseaux de guerre se prépare à naviguer vers la mer Baltique pour rétablir la paix. À Utrecht, les traités de paix ont été signés entre plusieurs nations, et les ratifications doivent être échangées dans trois semaines, avec évacuation des places cédées quinze jours après.
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5
p. 204-218
NOUVELLES d'Andrinople.
Début :
Les Lettres d'Andrinople portent que le grand Visir a esté [...]
Mots clefs :
Andrinople, Vizir, Sultan, Guerre, Moscovites, Tartares, Conspiration , Ambassadeurs, Suède, Préparatifs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Andrinople.
NOUVELLES
d'Andrinople.
LEs Lettres d'Andrinople
portent que le grand
Visir a esté déposer que
le Capitan Bacha avoir esté
mis en sa place: que le Seraskier
de Bender avoit
aussi esté déposé
,
& que
-
le Kan des Tartares estoit
arrivé à Andrinople,oùil
leavoit esté bien receu; que Roy de Suede avoit eu
une longue conference
avec le Sultan, qui faisoit
punir rigoureusement tous
ceux qui avoient eu part
à l'insulte faite à ce Prince,&
que l'on continuoit
de travailler aux préparatifs
dela guerre contre les
Moscovites.Qu'on avoit
appris par des Lettres de
Podoliequ'undétachement
des Troupes du Palatin
de Kiovie commandé
par le sieurValikows-
Ki, avoit enlevé un parti
de cavaleriePolonoise, &
qu'un corps de Tartares
avoit surpris prés de Bafilowen
UKraine,unegar-
, de avancée des Moscovites
dont une partie avoit
estétuée,&le reste emmené
prisonnier.
Celles de Constantinople
assurent les changements
arrivez à la Porte
Ottomane par la déposition
du grand Visir&d'autres
principaux Officiers,
& la Relegation du Kan
des Tartares à l'Isle de
Rhodes. Elles portentaussi
que ces changements ont,
esté faits sur le soupçon
d'une conspiration pour
déposer le GrandSeigneur;
que les queuës de Cheval
estoient toujours exposées
prés d'Andrinople, où l'arméeestoit
campée, que
les Troupes y arrivoient de
tous costez, & qu'on employoit
un grand nombre
de Bastiments pour tranfporrer
des vivres & des
munitions par la Mer noire
à Asaf& aux autres Pla-
- ces, ce qui donnoit lieu de
[croire que le Grand Sei- gneureitoittousjours dans
la resolution de faire la
, guerre aux Moscovites,
", que les Ambassadeurs du
Czar estoient tousjours au
sept Tours enfermez; mais
que les ostagesavoient eu
quelques conférences avec
les Ministres; que le Roy
de Suede estoit encore au
Serrail de Hassan Bacha
près d'Andrinople,traité
magnifiquement par ordre
du Sultan,& qu'iln'y
avoit encore rien
de
certain
sur son départ.
Les dernieres Lettres
d'Andrinople portent que
le nouveau grand Visir
Ibrahim avoit esté déposé
& eftranglé
,
qu'onesperoitqu'Yssuph
Bacha, quia
a desja possedécette Charge
seroit mis en sa place,
& qu'il avoit esté resolu de
faire conduire le Roy de
Suede dans ses Estats par
la Pologne,avec une puis
fante escorte
,
qui auroit
ordre de n'exercer aucune
hostilité contre les Moscovites,
jusquàce qu'on eust
veu quel succez auroicnc
les negociations qu'on estoit
sur le point de renouër
avec eux.
Les Lettres de Hambourg
du 23. May portent
quele Roy de Dannemarc
s'estantdesiste de les prétentions
sur Tonningen,
le Traité avoir esté signéle
16. par les Commissaires
des deux parties, & approuvé
à Tonningen par
le Comte de Stein bock.
Ce Traité est composé de
plusieurs Articles, sçavoir:
Que l'arméeSuedoise,
reduire à six mille hommes,
&environ deux mille
malades, se rendroit prisonniere
de guerre pour
estre efchangée avec les
prisonniers des Princes
Confederez, & le surplus
obligé à payerrançonconformément
au cartel.
Que tous les Généraux
& hauts Officiers conserveront
armes & bagages,
les archives, la caisse militaire,
& tout ce qui en dépend
sans estre visitez.
Que les Officiers subalternes
& les soldats auront
feulement leurs épées
leurs bagages& leurs har-
; des.
Que les canons, les armes
à feu, les chevaux des
Cavaliers des Dragons,
& ceux de l'artillerie, avec
les Drapeaux,Estendarts,
Timbales & Tambours
feront remis aux Confederez.
Que l'évacuation de la
place commencera trois
jours a près la signature du
Traité, & fera achevée
dans huit jours.
Que les Trou pes seront
conduites vers Kiell, Ec-
Kenford,&c. d'où ellesne
pourront estre transportées
qu'enSuede, se fournissant
à leurs dépens de
vivres & de Bastimens auxquels
le Roy de Dannemarc
fournira des passeports
, & une escorte de
trois Fregates sitost que les
ttrroouuppeessaauurroonntte,sfitéee'élèchhaann.-.
gées & leur rançon payée.
Que les Prisonniers faits
sur les Confederez, feront
retenus, ainsi que les Deserteurs
qui obtiendront
leur pardon en rentrant
dans leurs Regiments;
qu'on ne pourra obliger
aucun soldat ou autre des
Troupes Suedoises, à prendre
parti dans ce lles des
Confédérés.
Que les Troupes mancheront
tousjours & sejourneront
le quatriéme
jour,& qu'on fournira des
chariots à ceux qui tomberont
malades.
1 Que lesmalades qui sont
à Tonningen,seront transportez
au paysvoisin, où
ils feront traitez à leurs
dépens, &c.
Que la ville deTonningen
fera remise au Prince
administrateur deHolstein
Gottorp.
Que-leRoyde Dannemarc
retiendrale Duché
de Sleswick jusques. à la
conclusion de la Paix.
Que Sa Majesté Danoise
ne fera pas bombarder
Tonningen cette année,
qu'elle s'oblige d'exécuter
ce Traité en tous ses
points, & d'y faire consentir
les Chefsdesarmées de
ses Alliez.
La principale raison qui a engagé le Comte de
Steinbock à accepter ce
Traité avec les Confederez
,
est qu'il manquoit de
vivres, & ne voyoit aucune
apparence de secours.
Il se rendit le 20. May avec
quelquesuns de ses princi
paux Officiers au camp
desConfederez,où leRoy
de Dannemarc estoit. Il
baisa la main à Sa Majesté
& mitàses pieds son épée;
qu'elle luy rendit sur le
champ, & le retint à disner
avec les Généraux des
Confederez
,
aprés quoy
il retourna à Tonningen
pour faire executer leTraité.
Le 24. Tonningen&
les retranchements furent
entieremenc évacuez. Les
Troupes ont esté distri-,
buées en quartier dans le
Duché
Duché de Sleswich, elles
consistent en cinq cens
quatre-vingt neuf Officiers.
Six mille six cens quatrevingt
douze Cavaliers &
Fantassins, & deux mille
cinq cens quatre -vingt
cinq malades. Ils ont laissé
aux Confederez douze petites
pieces de canon de
bronze de trois livres de
,
bale, & six de fer, soixante
trois estendarts
,
soixante
sept drapeaux, huit paires
-
de timbales avec leurs
trompettes & tambours.
La pluspart feront eschangez
contre les Prisonniers
qui sont entre les mains
des Suedois, & le reste suivant
le cartel fera mis en
liberté pour la Comme de
quarante mille écus. On
écrit que les Moscovires &
les Saxons ont commence
à se mettre en marche vers
la Pomeranie.
d'Andrinople.
LEs Lettres d'Andrinople
portent que le grand
Visir a esté déposer que
le Capitan Bacha avoir esté
mis en sa place: que le Seraskier
de Bender avoit
aussi esté déposé
,
& que
-
le Kan des Tartares estoit
arrivé à Andrinople,oùil
leavoit esté bien receu; que Roy de Suede avoit eu
une longue conference
avec le Sultan, qui faisoit
punir rigoureusement tous
ceux qui avoient eu part
à l'insulte faite à ce Prince,&
que l'on continuoit
de travailler aux préparatifs
dela guerre contre les
Moscovites.Qu'on avoit
appris par des Lettres de
Podoliequ'undétachement
des Troupes du Palatin
de Kiovie commandé
par le sieurValikows-
Ki, avoit enlevé un parti
de cavaleriePolonoise, &
qu'un corps de Tartares
avoit surpris prés de Bafilowen
UKraine,unegar-
, de avancée des Moscovites
dont une partie avoit
estétuée,&le reste emmené
prisonnier.
Celles de Constantinople
assurent les changements
arrivez à la Porte
Ottomane par la déposition
du grand Visir&d'autres
principaux Officiers,
& la Relegation du Kan
des Tartares à l'Isle de
Rhodes. Elles portentaussi
que ces changements ont,
esté faits sur le soupçon
d'une conspiration pour
déposer le GrandSeigneur;
que les queuës de Cheval
estoient toujours exposées
prés d'Andrinople, où l'arméeestoit
campée, que
les Troupes y arrivoient de
tous costez, & qu'on employoit
un grand nombre
de Bastiments pour tranfporrer
des vivres & des
munitions par la Mer noire
à Asaf& aux autres Pla-
- ces, ce qui donnoit lieu de
[croire que le Grand Sei- gneureitoittousjours dans
la resolution de faire la
, guerre aux Moscovites,
", que les Ambassadeurs du
Czar estoient tousjours au
sept Tours enfermez; mais
que les ostagesavoient eu
quelques conférences avec
les Ministres; que le Roy
de Suede estoit encore au
Serrail de Hassan Bacha
près d'Andrinople,traité
magnifiquement par ordre
du Sultan,& qu'iln'y
avoit encore rien
de
certain
sur son départ.
Les dernieres Lettres
d'Andrinople portent que
le nouveau grand Visir
Ibrahim avoit esté déposé
& eftranglé
,
qu'onesperoitqu'Yssuph
Bacha, quia
a desja possedécette Charge
seroit mis en sa place,
& qu'il avoit esté resolu de
faire conduire le Roy de
Suede dans ses Estats par
la Pologne,avec une puis
fante escorte
,
qui auroit
ordre de n'exercer aucune
hostilité contre les Moscovites,
jusquàce qu'on eust
veu quel succez auroicnc
les negociations qu'on estoit
sur le point de renouër
avec eux.
Les Lettres de Hambourg
du 23. May portent
quele Roy de Dannemarc
s'estantdesiste de les prétentions
sur Tonningen,
le Traité avoir esté signéle
16. par les Commissaires
des deux parties, & approuvé
à Tonningen par
le Comte de Stein bock.
Ce Traité est composé de
plusieurs Articles, sçavoir:
Que l'arméeSuedoise,
reduire à six mille hommes,
&environ deux mille
malades, se rendroit prisonniere
de guerre pour
estre efchangée avec les
prisonniers des Princes
Confederez, & le surplus
obligé à payerrançonconformément
au cartel.
Que tous les Généraux
& hauts Officiers conserveront
armes & bagages,
les archives, la caisse militaire,
& tout ce qui en dépend
sans estre visitez.
Que les Officiers subalternes
& les soldats auront
feulement leurs épées
leurs bagages& leurs har-
; des.
Que les canons, les armes
à feu, les chevaux des
Cavaliers des Dragons,
& ceux de l'artillerie, avec
les Drapeaux,Estendarts,
Timbales & Tambours
feront remis aux Confederez.
Que l'évacuation de la
place commencera trois
jours a près la signature du
Traité, & fera achevée
dans huit jours.
Que les Trou pes seront
conduites vers Kiell, Ec-
Kenford,&c. d'où ellesne
pourront estre transportées
qu'enSuede, se fournissant
à leurs dépens de
vivres & de Bastimens auxquels
le Roy de Dannemarc
fournira des passeports
, & une escorte de
trois Fregates sitost que les
ttrroouuppeessaauurroonntte,sfitéee'élèchhaann.-.
gées & leur rançon payée.
Que les Prisonniers faits
sur les Confederez, feront
retenus, ainsi que les Deserteurs
qui obtiendront
leur pardon en rentrant
dans leurs Regiments;
qu'on ne pourra obliger
aucun soldat ou autre des
Troupes Suedoises, à prendre
parti dans ce lles des
Confédérés.
Que les Troupes mancheront
tousjours & sejourneront
le quatriéme
jour,& qu'on fournira des
chariots à ceux qui tomberont
malades.
1 Que lesmalades qui sont
à Tonningen,seront transportez
au paysvoisin, où
ils feront traitez à leurs
dépens, &c.
Que la ville deTonningen
fera remise au Prince
administrateur deHolstein
Gottorp.
Que-leRoyde Dannemarc
retiendrale Duché
de Sleswick jusques. à la
conclusion de la Paix.
Que Sa Majesté Danoise
ne fera pas bombarder
Tonningen cette année,
qu'elle s'oblige d'exécuter
ce Traité en tous ses
points, & d'y faire consentir
les Chefsdesarmées de
ses Alliez.
La principale raison qui a engagé le Comte de
Steinbock à accepter ce
Traité avec les Confederez
,
est qu'il manquoit de
vivres, & ne voyoit aucune
apparence de secours.
Il se rendit le 20. May avec
quelquesuns de ses princi
paux Officiers au camp
desConfederez,où leRoy
de Dannemarc estoit. Il
baisa la main à Sa Majesté
& mitàses pieds son épée;
qu'elle luy rendit sur le
champ, & le retint à disner
avec les Généraux des
Confederez
,
aprés quoy
il retourna à Tonningen
pour faire executer leTraité.
Le 24. Tonningen&
les retranchements furent
entieremenc évacuez. Les
Troupes ont esté distri-,
buées en quartier dans le
Duché
Duché de Sleswich, elles
consistent en cinq cens
quatre-vingt neuf Officiers.
Six mille six cens quatrevingt
douze Cavaliers &
Fantassins, & deux mille
cinq cens quatre -vingt
cinq malades. Ils ont laissé
aux Confederez douze petites
pieces de canon de
bronze de trois livres de
,
bale, & six de fer, soixante
trois estendarts
,
soixante
sept drapeaux, huit paires
-
de timbales avec leurs
trompettes & tambours.
La pluspart feront eschangez
contre les Prisonniers
qui sont entre les mains
des Suedois, & le reste suivant
le cartel fera mis en
liberté pour la Comme de
quarante mille écus. On
écrit que les Moscovires &
les Saxons ont commence
à se mettre en marche vers
la Pomeranie.
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Résumé : NOUVELLES d'Andrinople.
Les nouvelles d'Andrinople rapportent plusieurs changements politiques et militaires. Le grand Visir a été déposé et remplacé par le Capitan Bacha, tandis que le Seraskier de Bender a également été démis de ses fonctions. Le Kan des Tartares est arrivé à Andrinople et y a été bien reçu, mais a ensuite été relégué à l'île de Rhodes en raison de soupçons de conspiration contre le Sultan. Le roi de Suède a eu une longue conférence avec le Sultan, qui a puni sévèrement ceux impliqués dans l'insulte faite au prince suédois. Les préparatifs de guerre contre les Moscovites continuent, avec des troupes et des vivres acheminés vers la Mer Noire. Un détachement des troupes du Palatin de Kiovie a enlevé un parti de cavalerie polonaise, et des Tartares ont surpris une garnison moscovite en Ukraine. Les troupes continuent d'affluer à Andrinople, et les ambassadeurs du Czar restent enfermés. Le roi de Suède est toujours au Serrail de Hassan Bacha, traité magnifiquement, mais son départ n'est pas encore certain. Le nouveau grand Visir, Ibrahim, a été déposé et étranglé, et Yssuph Bacha est pressenti pour le remplacer. Il a été décidé de conduire le roi de Suède en Pologne avec une escorte puissante, sans exercer d'hostilités contre les Moscovites jusqu'à la conclusion des négociations. Les lettres de Hambourg du 23 mai rapportent que le roi de Danemark a renoncé à ses prétentions sur Tonningen, et un traité a été signé le 16 mai. Ce traité stipule que l'armée suédoise, réduite à six mille hommes et environ deux mille malades, se rendra prisonnière de guerre pour être échangée contre des prisonniers des princes confédérés. Les généraux et hauts officiers conserveront leurs armes et bagages. Les troupes seront conduites vers Kiell et Eckenford, d'où elles seront transportées en Suède. Les malades seront transportés dans un pays voisin. La ville de Tonningen sera remise au prince administrateur de Holstein-Gottorp, et le roi de Danemark retiendra le duché de Sleswick jusqu'à la conclusion de la paix. La principale raison de l'acceptation de ce traité par le comte de Steinbock est le manque de vivres et l'absence de secours. Le 24 mai, Tonningen et ses retranchements ont été entièrement évacués. Les troupes, composées de cinq cent quatre-vingt-neuf officiers, six mille six cent quatre-vingt-douze cavaliers et fantassins, et deux mille cinq cent quatre-vingt-cinq malades, ont laissé aux confédérés douze petites pièces de canon, soixante-trois étendards, soixante-sept drapeaux, et huit paires de timbales. La plupart seront échangés contre des prisonniers suédois, le reste sera libéré contre une somme de quarante mille écus. Les Moscovites et les Saxons commencent à se déplacer vers la Poméranie.
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6
p. 134-144
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
Les lettres de Vienne du 29. Juillet portent qu'une [...]
Mots clefs :
Vienne, Prusse, Ratisbonne, Stettin, Moscovites, Tartares, Suède, Traite, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles etAllemagne.
Les lettres de Vienne du
29juillet portent qu'une
partie des troupes Allemandes
de Catalogne étoient
arrivées à Genes; qu'elles
seroient suivies par le reste
vers la fin du mois; & que
le Baron de Regal, Lieutenant
general, devoit incessamment
partir du Milanés
avec son regiment&
celui du General Staremberg
d'infanterie, & celui
de Hautois de cavalerie,
pour venir en Allemagne,
& marcher ensuite vers
l'armée du haut Rhin.
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Prusse
avoit fait déclarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que son contingent
de six mille hommes,
ayant besoin du restede ses
troupes pour les garnisons
de Vvefel, de Meurs, de
Gueldres, & des autres places
voisines, & aussi pour
couvrir ses Etats d'Allemagne
& de Prusse,àcause
de la guerre du Nord. Les
conferences qui se tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la basse Allemagne
, sont 6nies, sans
qu'on ait pris aucune resolution.
Le Prince Menzikovv
pria le Roy de Prusse
de lui prêter quelques canons
,qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
la guerre du Nord,il vouloit
employer tous ses soins
& ses bons offices pour la
faire cesser. Ces Princes
confederez se preparent à
faire le siege de Stetin, où
le Prinze Menzikovv doit
commander, pendant que
les Danois & Saxons seront
celui de Stralzund
,
dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle diffe
remment de ce qui con-*
cerne les affaires du Grand
Seigneur avec les Moscovites.
Plusieurs lettres de
Bender , d'Andrinople &
des environs, portent que
la paix avoit été renouvellée
avec le Czar: mais que
les conditions étoient fort
dures,particulierementtouchant
le tribut annuel que
les Moscovites payoient
aux Tartares avant le traité
de Carlovvicz
; que cependant
l'arméeOthomane
continuoit sa marche vers
la frontiere pour faire exe..¡
curer le traité, faciliter le
passage du Roy de Suede,
& favoriser le rétablissement
du Roy Stanislas;que
le Kan des Tartares étoit
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
choses avec ces Princes, &
aller ensuite avec eux joindre
l'arméeOthomane; que
le Divan avoit resolu de ne
point declarer la guerre
aux Moscovites;que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecuneescorte de sixmille
chevaux; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
presens du Roy Auguste;
que les ambassadeurs
& les ôtages du Czar n'avoient
point été renvoyez
aux sept Tours; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre: mais qu'on
esperoit le gagner par de
grandes sommes. D'autres
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere saisfaction
au Roy de Suede touchantl'attentat
fait contre
sa personne à Bender: mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles assurances de toute
forte de secours,jusqu'à
ce qu'il fût rétabli dans ses
Etats ; qu'ilavoit declaré
aux ôtages & aux ambassadeurs
Moscovites que le
Sultan consentiroit au re.,
nouvellement de la paix a
ces conditions.
I. Que le Czar restituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis sur
lui, sans aucune exception,
ôc qu'il lui payeroit une
grandesomme pour dédommagement
des pertes,
des ravages& des frais de
la guerre.
2. Que les Moscovites ne
se mêleroient plus directement
ni indirectement des
affaires de Pologne, ni de
maintenir le Roy Auguste:
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord par mer, sans entrer
ni passer par la Pologne.
3. Que le Czar quitteroit
le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement-
de Moscovie sur
son ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U
kraine - qui est au delà du
Boristene & le Royaume
d'Astracan ; que les ôtages
& les ambassadeursdu Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propositions, qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai; que le Divan s'étoit
assemblé,&que le Musty
y avoit parlé avec beaucoup
de force, & qu'après
plusieûrs remontrances, il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moscovites, & que
cette resolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices,
ausquelles elle avoit été aussitôt
communiquée; queivsuite
le Grand Seigneur étoit
allé conferer sur ce sujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
si contraires meritent
confirmation avanc
«jue d'y ajouter foy.
Les lettres de Vienne du
29juillet portent qu'une
partie des troupes Allemandes
de Catalogne étoient
arrivées à Genes; qu'elles
seroient suivies par le reste
vers la fin du mois; & que
le Baron de Regal, Lieutenant
general, devoit incessamment
partir du Milanés
avec son regiment&
celui du General Staremberg
d'infanterie, & celui
de Hautois de cavalerie,
pour venir en Allemagne,
& marcher ensuite vers
l'armée du haut Rhin.
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Prusse
avoit fait déclarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que son contingent
de six mille hommes,
ayant besoin du restede ses
troupes pour les garnisons
de Vvefel, de Meurs, de
Gueldres, & des autres places
voisines, & aussi pour
couvrir ses Etats d'Allemagne
& de Prusse,àcause
de la guerre du Nord. Les
conferences qui se tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la basse Allemagne
, sont 6nies, sans
qu'on ait pris aucune resolution.
Le Prince Menzikovv
pria le Roy de Prusse
de lui prêter quelques canons
,qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
la guerre du Nord,il vouloit
employer tous ses soins
& ses bons offices pour la
faire cesser. Ces Princes
confederez se preparent à
faire le siege de Stetin, où
le Prinze Menzikovv doit
commander, pendant que
les Danois & Saxons seront
celui de Stralzund
,
dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle diffe
remment de ce qui con-*
cerne les affaires du Grand
Seigneur avec les Moscovites.
Plusieurs lettres de
Bender , d'Andrinople &
des environs, portent que
la paix avoit été renouvellée
avec le Czar: mais que
les conditions étoient fort
dures,particulierementtouchant
le tribut annuel que
les Moscovites payoient
aux Tartares avant le traité
de Carlovvicz
; que cependant
l'arméeOthomane
continuoit sa marche vers
la frontiere pour faire exe..¡
curer le traité, faciliter le
passage du Roy de Suede,
& favoriser le rétablissement
du Roy Stanislas;que
le Kan des Tartares étoit
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
choses avec ces Princes, &
aller ensuite avec eux joindre
l'arméeOthomane; que
le Divan avoit resolu de ne
point declarer la guerre
aux Moscovites;que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecuneescorte de sixmille
chevaux; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
presens du Roy Auguste;
que les ambassadeurs
& les ôtages du Czar n'avoient
point été renvoyez
aux sept Tours; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre: mais qu'on
esperoit le gagner par de
grandes sommes. D'autres
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere saisfaction
au Roy de Suede touchantl'attentat
fait contre
sa personne à Bender: mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles assurances de toute
forte de secours,jusqu'à
ce qu'il fût rétabli dans ses
Etats ; qu'ilavoit declaré
aux ôtages & aux ambassadeurs
Moscovites que le
Sultan consentiroit au re.,
nouvellement de la paix a
ces conditions.
I. Que le Czar restituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis sur
lui, sans aucune exception,
ôc qu'il lui payeroit une
grandesomme pour dédommagement
des pertes,
des ravages& des frais de
la guerre.
2. Que les Moscovites ne
se mêleroient plus directement
ni indirectement des
affaires de Pologne, ni de
maintenir le Roy Auguste:
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord par mer, sans entrer
ni passer par la Pologne.
3. Que le Czar quitteroit
le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement-
de Moscovie sur
son ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U
kraine - qui est au delà du
Boristene & le Royaume
d'Astracan ; que les ôtages
& les ambassadeursdu Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propositions, qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai; que le Divan s'étoit
assemblé,&que le Musty
y avoit parlé avec beaucoup
de force, & qu'après
plusieûrs remontrances, il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moscovites, & que
cette resolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices,
ausquelles elle avoit été aussitôt
communiquée; queivsuite
le Grand Seigneur étoit
allé conferer sur ce sujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
si contraires meritent
confirmation avanc
«jue d'y ajouter foy.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
À la fin juillet, des troupes allemandes de Catalogne ont atteint Gênes, avec d'autres unités prévues pour le reste du mois. Le Baron de Regal, Lieutenant général, doit quitter le Milanais avec ses régiments pour rejoindre l'armée du haut Rhin. À Berlin, le roi de Prusse informe la Diète de Ratisbonne qu'il ne peut fournir à l'armée de l'Empire que six mille hommes, ses troupes étant nécessaires pour les garnisons et la défense de ses États. Les conférences pour mettre fin à la guerre en basse Allemagne sont suspendues sans résolution. Le prince Menzikov demande des canons au roi de Prusse, qui refuse, préférant œuvrer pour la paix. Les confédérés se préparent à assiéger Stetin et Stralzund. Concernant les affaires ottomanes, des lettres rapportent des informations contradictoires sur la paix entre le Grand Seigneur et les Moscovites. Certaines lettres mentionnent des conditions dures pour la paix, tandis que d'autres parlent de préparatifs de guerre. Le roi de Suède doit partir pour Danzick avec une escorte. Le Grand Seigneur a accepté des présents du roi Auguste et n'a pas renvoyé les otages du Czar. Les conditions de paix proposées par le Divan incluent la restitution des territoires conquis par le Czar, le retrait des troupes moscovites de Pologne et d'Allemagne, l'abandon du titre d'Empereur des Grecs, et la cession de certaines régions aux Turcs. Les otages moscovites ont demandé un délai pour répondre, et le Divan a décidé de faire la guerre aux Moscovites.
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7
p. 133-149
NOUVELLES.
Début :
Les Lettres de Warsovie portent que les Troupes Moscovites sorties [...]
Mots clefs :
Moscovites, Varsovie, Suède, Vizir, Turquie, Vienne, Sicile, Prusse, Finances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
Les Lettres de Warsovic
portent que les Troupes Moscovites
sorties de Pomeranie
marchent en trois Corps par
trois routes différentes;dont
l'un est commandé par le
Prince Dolherou l'aurre par
le Prince Repuin
,
& le troisiéme
par le General Baver.
Ils sont accompagnez par des
Commissaires pourempêcher
les desordres.
On mande de Moldavie
,
que le Roy de Suede, le Roy
Stanislas, & cous ceux de leur
parti, estoienc très bien traitez,
& que les Ambassadeurs
du Czar avoient esté renvoyez
à Constantinople,que
rArmeeOcromanceOoic tou-
-
jours campée auprès deChoczin,
que les Tartares se font
[ éloignez feulement de six
lieues3 pour la commodité
des sourages, qu'on travaille
toûjours en diligence aux Fortifications
de cette Place, & -rneme; à conftruirc des barfaques
pour y faire hiverner
unepartie de l'Armée
,
& le
reste en Moldavie, en Walaquic,
ôc au voisinage du Danube.
Les Lettres de'Turquie venues
par la voye de Walaquie
portent que le Grand Vizir
avoir dctlaré aux Ambassadeurs
Mascovites & Polonois,
qu'il n'y auroit point
de Paix iurqg-àce que leCzar
eue consenti à payer par an
quatre vingt milleflorins au
Kam des Tartares, ourre les
arrerages du tribut qu'il prétend
luy estre dûs, que la Pologne
ne cedeunepartiede la
basse Podolie, avec sept territoires
de l'Ukraine où les
Colaques qui ont pris le parti
du Roy de Suede vivoient
possiblement,queleRoy Sta-
11:11Js rentrera dans ses biens
& diolnircz) & que la Republique
promettra que s'il wurvit
au Roy Auguste, elle ne
prendra point d'autre Roy
que luy. Enfin qu on laissera
passer librement le Roy de
Suede par la Pologne, avec
une efeorte de six milleTurcs.
Ces Lettresajoûtent qu'encore
que la disposition des affaires
paroisse tres -
favorable
pour le Roy de Suede, ce
Prince souhaite fortement de
retourner dans les Etats, &
qu'il se mettra en chemin
aussi tost qu'ille pourra faire
avec seureté.
On mande de Hambourg
que la mortalité diminuë de
plus en plus en plus. Néanmoins
les Troupes Danoises
occupent encore le Posse de la
Montagne prés de cetteVille,
pour empêcher toute communication
avec le pays de
Hollfein,&leDuc deHanover
adenouveauinterdittouteommerce
avec Ces Etats,que le Baron
de Kartzvoch, Refidenc
de la Cour deVienne, fit fev
voir au Comte de Welling
que , cette Cour avoit fixé au
ij. Décembre le jour qu'on
devoir tenir àBrunswick une
Assemblée pour terminer à
lamiable les affaires du Nord,
& que les Suédois pourroient
y envoyer un Ministre, &
que la Ville de Tonningen
cliort réduite à lineextrême
necefficé, faute de vivres:
mais on assure que le Roy de
Dannemarck estoit disposé à
y laiflcr enrrer quelques provisions
,
qu'il avoit écrit au
Roy de Prussequ'ilconfentiroitc
à lever le Blocus & à
retirer ses Troupes, pourvû
qu'ildemeurât en possession
de cout le DuchédeSlefwick,
juiqu'à la fin de le Négociauon.
On écrit de Stokholm du 8.
Novembre que les deux mille
Moscovites qui estoient dans
la Ville d'Abo s'étoient retirez
à l'approche du Contre-
Amiral Taube avec des Galeres
, craignant qu'il ne mit des
Vaisseaux pour les couper, &
qu'après avoir visité Abo
,
il
estoit allé joindre la Flot c
Suedoise, qui croisoit de ce
coHé.là, qu'un renfort de
Troupes n'attendoit qu'un
vent favorable pour faire voile
vers la Finlandey qu'elles
seront commandées avec celles
quiy sont déja,par le General
Taube, ayant fous luy
les Majors Généraux Schommer
& Licben : que le General
Lubecker qui commandoit
cidevant en Finlande
,
avoit esté rappelle à
Stokolm
,
où il estoit arrivé,
& qu'on vouloit lay faire
rendre compte de laconduite
qu'il avoit tenue à la premiere
defeente que les Moscovites
avoient faue en Finlande.
Les Lettres de Vienne portent
que les Etats de la Basse
Autriche s'éstant assemblez
en cette Ville, le Cornee de
Zinzendorss, Chancelier dela
Cour, après leur avoir faitun
discours, leur demanda un
fubfidc de six cent milleflorins,
avec unerecrue de trois
mille trois cent Fantassins.,&
une autre de quatre cent foixante-
quatre Cavaliers , &
une de deux cent trente trois
Dragons, pour rendre complcts
les Ré giments de leur
répartition,qu'on avec envoyéoidre
au Prince Eugene
d'entrer en conference avec
le Maréchal de Villars.
Celles dePalerrae portent
que le Roy & ta Reine de Sicile
avoicnt reçûlesfournirions
& les compliments de toutes
lesVilles & des Principaux Seigneurs
Siciliens qu'ils avoienc
ICÇÛ avec beaucoup de bonté;
de forte que laNoblesse&les
Peuples estoient également
satisfaits, & que le Roy de
Sicile commençoit à s'iréformerdel'étatdesFinabcespour
les remettrern meilleur,
état & réformer ptafteurs
abus
,
qu'il travailloit avecune
application extraordinaire
à rétablir le bon ordre
dans le Gouvernement, ayant
déjà ordonné qu'on payât à
plusieurs perTonnes les fomnies
qui leur estoient dcûcs
par des Seigneurs qui refufoientde
les fatisfairc,qu'il avoit
recommandé aux Barons
de ne pas donner retraite dans
leurs Terres à des bandis &
àdes scelerats qui commettoient
plusieurs desordres *
fous peine d'en estre responsables.
On écrit de Londres que la
Reine avoit donne le Regiment
de Cavalerie du Lieutenant
General Langsdor au.
Brigadier Joceline
,
celuy
d'Infanterie du Colonel Durell
, au Brigadier Hams Hamilton
& celuy de ce dernier
au Colonel Chudleigh
que les Regiments de Popper,
d'Evans autres qui estoient
à la paye d'Angleterre , avoient esté réduits à la paye
d'Irlande
,
le Regiment de
Cavalerie de Mylord Vindlor
a esté caffé,mais il a encore fcRegiment chfCavalerie du
feu General Wood qui est en
Fiantes& quiavecceluy dq
General
General Lumley & celuy des
Gardes du Comte de Peterborough
,
font les seuls Regimens
de Cavalerie qui doivent
estre conservez à la paye Angloise
outre les Gardes du
Corps
,
qu'on avoit établi
cinq Commissaires ,qui sont
le Chevalier Guillaume Giffard,
les Sieurs Samuel Hunter,
Nicolas Roop ,Thomas
Coleby ,& Thomas Lèyron;
pour casser les Regiments de
Marine. La Compagnie de la
Mer du Sud à quatre Vaisseaux
chargez de toutes sortes
de Marchandises & prêts à
faire voile pour aller prendre
des Negres sur lacosted'Afrique&
les transporter à l'Amerique
Espagnole,suivant
le Contrat d'Assiento fait
avec l'Espagne.
On mande de Hollande
qu'on travaille à terminer les
difficultez qui empêchent la
conclusion de la Paix d'Espaavec
lePortugal &cetEtat,
& que les Ministres de Sa
Majesté Catholique ont eû
sur ce sujet deux conferences
à Rosendalavecl''Evêque de
Londres, que lesieur de Goflingarevint
de Frise le 5. Decembre,
à la Haye
,
il se prépare
à partir dans peu de
jours avec le sieur Buys, pour
leur Ambassade à la Cour de
France.
On écrit de Bruxelles que
les Regiments de Cavalerie
de Vander Nath & de Borle
cy-devant Wales quiestoient
à la solde Angloise
,
estoient
ePntrerzuau fSelrviTce dcu R.oy de
OnmandedeCologne qquuet
les partis Françoisfaisoient
des courses en ce pays lef..
quels avoient enlevé plusieurs
Marchands de Cologne qui
revenoienc de la foire de Bonne
avec leurs Marchandises.
Les Lettres de Strasbourg
portent, que le Maréchal de
Villarsen estoit parti le ij.
Novembre pour aller au
Fort Loüis,d'où il partit le29.
pour se rendre au Chasteau
de Rastat dans le Marquisat
de Bade
,
où il afriva àtrois
heures après midy
, pour y
traiter de la Paix Generale
avec le Prince EugenedeSavoye,
lequel y arriva le même
jour. Le Maréchal de Villars
alla le recevoir versJe haut
de l'escalier,où ils se presenterent
mutuellement les Seigneurs
qui les accompagnent,
& ensuite il leconduisitdans
sonappartement,d'où aprés
un quart-d'heured'entretien
le Prince Eugene conduisit à
son tour le Maréchal de
Villars dans sonappartement.
Les Conferences devoient
commencer dans peu ,
s'étant
déja de part & d'autre
communiqué leurs Pleinspouvoirs,
que les Troupes du
Roy, & celles des Ennemis
estoient en marche pour aller
prendreleurs quartiers d'hyver.
Les Lettres de Warsovic
portent que les Troupes Moscovites
sorties de Pomeranie
marchent en trois Corps par
trois routes différentes;dont
l'un est commandé par le
Prince Dolherou l'aurre par
le Prince Repuin
,
& le troisiéme
par le General Baver.
Ils sont accompagnez par des
Commissaires pourempêcher
les desordres.
On mande de Moldavie
,
que le Roy de Suede, le Roy
Stanislas, & cous ceux de leur
parti, estoienc très bien traitez,
& que les Ambassadeurs
du Czar avoient esté renvoyez
à Constantinople,que
rArmeeOcromanceOoic tou-
-
jours campée auprès deChoczin,
que les Tartares se font
[ éloignez feulement de six
lieues3 pour la commodité
des sourages, qu'on travaille
toûjours en diligence aux Fortifications
de cette Place, & -rneme; à conftruirc des barfaques
pour y faire hiverner
unepartie de l'Armée
,
& le
reste en Moldavie, en Walaquic,
ôc au voisinage du Danube.
Les Lettres de'Turquie venues
par la voye de Walaquie
portent que le Grand Vizir
avoir dctlaré aux Ambassadeurs
Mascovites & Polonois,
qu'il n'y auroit point
de Paix iurqg-àce que leCzar
eue consenti à payer par an
quatre vingt milleflorins au
Kam des Tartares, ourre les
arrerages du tribut qu'il prétend
luy estre dûs, que la Pologne
ne cedeunepartiede la
basse Podolie, avec sept territoires
de l'Ukraine où les
Colaques qui ont pris le parti
du Roy de Suede vivoient
possiblement,queleRoy Sta-
11:11Js rentrera dans ses biens
& diolnircz) & que la Republique
promettra que s'il wurvit
au Roy Auguste, elle ne
prendra point d'autre Roy
que luy. Enfin qu on laissera
passer librement le Roy de
Suede par la Pologne, avec
une efeorte de six milleTurcs.
Ces Lettresajoûtent qu'encore
que la disposition des affaires
paroisse tres -
favorable
pour le Roy de Suede, ce
Prince souhaite fortement de
retourner dans les Etats, &
qu'il se mettra en chemin
aussi tost qu'ille pourra faire
avec seureté.
On mande de Hambourg
que la mortalité diminuë de
plus en plus en plus. Néanmoins
les Troupes Danoises
occupent encore le Posse de la
Montagne prés de cetteVille,
pour empêcher toute communication
avec le pays de
Hollfein,&leDuc deHanover
adenouveauinterdittouteommerce
avec Ces Etats,que le Baron
de Kartzvoch, Refidenc
de la Cour deVienne, fit fev
voir au Comte de Welling
que , cette Cour avoit fixé au
ij. Décembre le jour qu'on
devoir tenir àBrunswick une
Assemblée pour terminer à
lamiable les affaires du Nord,
& que les Suédois pourroient
y envoyer un Ministre, &
que la Ville de Tonningen
cliort réduite à lineextrême
necefficé, faute de vivres:
mais on assure que le Roy de
Dannemarck estoit disposé à
y laiflcr enrrer quelques provisions
,
qu'il avoit écrit au
Roy de Prussequ'ilconfentiroitc
à lever le Blocus & à
retirer ses Troupes, pourvû
qu'ildemeurât en possession
de cout le DuchédeSlefwick,
juiqu'à la fin de le Négociauon.
On écrit de Stokholm du 8.
Novembre que les deux mille
Moscovites qui estoient dans
la Ville d'Abo s'étoient retirez
à l'approche du Contre-
Amiral Taube avec des Galeres
, craignant qu'il ne mit des
Vaisseaux pour les couper, &
qu'après avoir visité Abo
,
il
estoit allé joindre la Flot c
Suedoise, qui croisoit de ce
coHé.là, qu'un renfort de
Troupes n'attendoit qu'un
vent favorable pour faire voile
vers la Finlandey qu'elles
seront commandées avec celles
quiy sont déja,par le General
Taube, ayant fous luy
les Majors Généraux Schommer
& Licben : que le General
Lubecker qui commandoit
cidevant en Finlande
,
avoit esté rappelle à
Stokolm
,
où il estoit arrivé,
& qu'on vouloit lay faire
rendre compte de laconduite
qu'il avoit tenue à la premiere
defeente que les Moscovites
avoient faue en Finlande.
Les Lettres de Vienne portent
que les Etats de la Basse
Autriche s'éstant assemblez
en cette Ville, le Cornee de
Zinzendorss, Chancelier dela
Cour, après leur avoir faitun
discours, leur demanda un
fubfidc de six cent milleflorins,
avec unerecrue de trois
mille trois cent Fantassins.,&
une autre de quatre cent foixante-
quatre Cavaliers , &
une de deux cent trente trois
Dragons, pour rendre complcts
les Ré giments de leur
répartition,qu'on avec envoyéoidre
au Prince Eugene
d'entrer en conference avec
le Maréchal de Villars.
Celles dePalerrae portent
que le Roy & ta Reine de Sicile
avoicnt reçûlesfournirions
& les compliments de toutes
lesVilles & des Principaux Seigneurs
Siciliens qu'ils avoienc
ICÇÛ avec beaucoup de bonté;
de forte que laNoblesse&les
Peuples estoient également
satisfaits, & que le Roy de
Sicile commençoit à s'iréformerdel'étatdesFinabcespour
les remettrern meilleur,
état & réformer ptafteurs
abus
,
qu'il travailloit avecune
application extraordinaire
à rétablir le bon ordre
dans le Gouvernement, ayant
déjà ordonné qu'on payât à
plusieurs perTonnes les fomnies
qui leur estoient dcûcs
par des Seigneurs qui refufoientde
les fatisfairc,qu'il avoit
recommandé aux Barons
de ne pas donner retraite dans
leurs Terres à des bandis &
àdes scelerats qui commettoient
plusieurs desordres *
fous peine d'en estre responsables.
On écrit de Londres que la
Reine avoit donne le Regiment
de Cavalerie du Lieutenant
General Langsdor au.
Brigadier Joceline
,
celuy
d'Infanterie du Colonel Durell
, au Brigadier Hams Hamilton
& celuy de ce dernier
au Colonel Chudleigh
que les Regiments de Popper,
d'Evans autres qui estoient
à la paye d'Angleterre , avoient esté réduits à la paye
d'Irlande
,
le Regiment de
Cavalerie de Mylord Vindlor
a esté caffé,mais il a encore fcRegiment chfCavalerie du
feu General Wood qui est en
Fiantes& quiavecceluy dq
General
General Lumley & celuy des
Gardes du Comte de Peterborough
,
font les seuls Regimens
de Cavalerie qui doivent
estre conservez à la paye Angloise
outre les Gardes du
Corps
,
qu'on avoit établi
cinq Commissaires ,qui sont
le Chevalier Guillaume Giffard,
les Sieurs Samuel Hunter,
Nicolas Roop ,Thomas
Coleby ,& Thomas Lèyron;
pour casser les Regiments de
Marine. La Compagnie de la
Mer du Sud à quatre Vaisseaux
chargez de toutes sortes
de Marchandises & prêts à
faire voile pour aller prendre
des Negres sur lacosted'Afrique&
les transporter à l'Amerique
Espagnole,suivant
le Contrat d'Assiento fait
avec l'Espagne.
On mande de Hollande
qu'on travaille à terminer les
difficultez qui empêchent la
conclusion de la Paix d'Espaavec
lePortugal &cetEtat,
& que les Ministres de Sa
Majesté Catholique ont eû
sur ce sujet deux conferences
à Rosendalavecl''Evêque de
Londres, que lesieur de Goflingarevint
de Frise le 5. Decembre,
à la Haye
,
il se prépare
à partir dans peu de
jours avec le sieur Buys, pour
leur Ambassade à la Cour de
France.
On écrit de Bruxelles que
les Regiments de Cavalerie
de Vander Nath & de Borle
cy-devant Wales quiestoient
à la solde Angloise
,
estoient
ePntrerzuau fSelrviTce dcu R.oy de
OnmandedeCologne qquuet
les partis Françoisfaisoient
des courses en ce pays lef..
quels avoient enlevé plusieurs
Marchands de Cologne qui
revenoienc de la foire de Bonne
avec leurs Marchandises.
Les Lettres de Strasbourg
portent, que le Maréchal de
Villarsen estoit parti le ij.
Novembre pour aller au
Fort Loüis,d'où il partit le29.
pour se rendre au Chasteau
de Rastat dans le Marquisat
de Bade
,
où il afriva àtrois
heures après midy
, pour y
traiter de la Paix Generale
avec le Prince EugenedeSavoye,
lequel y arriva le même
jour. Le Maréchal de Villars
alla le recevoir versJe haut
de l'escalier,où ils se presenterent
mutuellement les Seigneurs
qui les accompagnent,
& ensuite il leconduisitdans
sonappartement,d'où aprés
un quart-d'heured'entretien
le Prince Eugene conduisit à
son tour le Maréchal de
Villars dans sonappartement.
Les Conferences devoient
commencer dans peu ,
s'étant
déja de part & d'autre
communiqué leurs Pleinspouvoirs,
que les Troupes du
Roy, & celles des Ennemis
estoient en marche pour aller
prendreleurs quartiers d'hyver.
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Résumé : NOUVELLES.
En Europe, plusieurs mouvements militaires et diplomatiques sont rapportés. En Pologne, les troupes moscovites, dirigées par les princes Dolherou, Repuin et le général Baver, avancent par trois routes distinctes. En Moldavie, le roi de Suède et Stanislas sont bien traités, tandis que les ambassadeurs du Czar ont été renvoyés à Constantinople. L'armée ottomane est stationnée près de Choczin, où des fortifications sont en construction pour l'hiver. En Turquie, le Grand Vizir informe les ambassadeurs moscovites et polonais que la paix ne sera possible que si le Czar paie un tribut annuel aux Tartares et que la Pologne cède une partie de la basse Podolie et de l'Ukraine. Stanislas récupérera ses biens et droits, et la Pologne ne choisira pas d'autre roi. Le roi de Suède pourra traverser la Pologne avec une escorte turque. À Hambourg, la mortalité diminue, mais les troupes danoises occupent encore des positions stratégiques. Le duc de Hanovre a interdit le commerce avec certains États. Le baron de Kartzvoch informe le comte de Welling que l'Autriche organise une assemblée à Brunswick pour régler les affaires du Nord. La ville de Tonningen est en difficulté, mais le roi de Danemark est prêt à envoyer des provisions. À Stockholm, deux mille Moscovites se sont retirés à l'approche du contre-amiral Taube. Des renforts suédois se préparent à rejoindre la Finlande. Le général Lubecker, ancien commandant en Finlande, a été rappelé à Stockholm pour rendre compte de sa conduite. À Vienne, les États de la Basse-Autriche ont voté un subside et des recrues pour compléter les régiments. Le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie discutent de la paix générale. Les troupes françaises et ennemies se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver. En Sicile, le roi et la reine ont reçu des fournitures et des compliments des villes et seigneurs siciliens. Le roi travaille à réformer les finances et à rétablir l'ordre. À Londres, la reine a redistribué plusieurs régiments de cavalerie et d'infanterie. Cinq commissaires ont été nommés pour casser les régiments de marine. La Compagnie de la Mer du Sud prépare des vaisseaux pour le commerce des esclaves en Amérique espagnole. En Hollande, des efforts sont en cours pour conclure la paix entre l'Espagne et le Portugal. Les ministres espagnols ont eu des conférences à Rosendal avec l'évêque de Londres. Le sieur de Gosling se prépare à partir pour une ambassade en France. À Bruxelles, les régiments de cavalerie de Vander Nath et de Borlecy sont passés au service du roi d'Espagne. En Cologne, des partisans français font des incursions et enlèvent des marchands. À Strasbourg, le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie se sont rencontrés à Rastatt pour discuter de la paix générale. Les troupes françaises et ennemies se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 84-99
Nouvelles.
Début :
Les lettres de Berlin portent que les preliminaires touchant les [...]
Mots clefs :
Général, Prince, Armée, Troupes, Holstein, Suède, France, Fortifications, Assemblée de Brunswick, Vienne, Berlin
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles.
Nouvelles,
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
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Résumé : Nouvelles.
Les nouvelles de Berlin rapportent que les préliminaires concernant les États de Holstein-Gottorp ont été réglés. Tonningen sera ravitaillé tous les quinze jours, et les autres points seront discutés lors de l'assemblée de Brunswick. Le Prince Administrateur, actuellement à Lübeck avec la Princesse, ne sollicitera pas le secours de la Suède ou d'autres puissances durant les négociations. Les lettres de Stralsund indiquent que les troupes suédoises ont quitté la ville pour la Suède. Le Général Meyerfeldt, Gouverneur de Poméranie, et le Général Ducker, Gouverneur de Stralsund, ont été appelés à Stockholm pour des informations sur l'état des affaires en Poméranie. Le Major général Lubin doit prendre le commandement à la place de Ducker. Les nouvelles de Suède mentionnent des préparatifs militaires importants pour former une armée capable de résister aux Danois et aux Moscovites, qui fortifient leurs positions en Finlande. La Suède rassemble également des prisonniers moscovites pour les échanger avec des troupes retenues au Holstein. Les lettres de Léopold rapportent que le grand Général de la Couronne a envoyé le Sieur de la Meer, Colonel Saxon, auprès du Khan des Tartares avec des lettres du Roi Auguste. Le Colonel Kalinovski a été détaché avec des troupes pour renforcer les positions en Ukraine et fournir des munitions aux villes de Niemirov et de Bialacerkiev. Le régiment Saxon de Seckendorf, ayant causé des désordres en Palatinat de Cracovie, a été déplacé en Hongrie. Les nouvelles de Hongrie confirment le retrait des Tartares et la marche de l'armée ottomane vers le Danube, réduisant la crainte d'une guerre avec les Turcs. Cependant, les Turcs continuent de renforcer leurs fortifications et de faire des levées de troupes. Les lettres de Hambourg indiquent que le Roi de Danemark a permis l'entrée de provisions à Tonningen tous les quinze jours, mais il entend rester en possession des États du Duc de Holstein-Gottorp jusqu'à la résolution de l'affaire à l'assemblée de Brunswick. Les nouvelles de Berlin mentionnent que le Roi de Prusse a nommé le Général Natzmar Colonel des gardes du corps et le Major général Lilien Commandant de Berlin. Les lettres de Vienne rapportent que la Cour continue de préparer la guerre en raison de l'incertitude des conférences de Rastadt. Les États de la basse Autriche déclarent leur incapacité à fournir les sommes demandées en raison des ravages de la guerre et de la contagion. Le Comte Othon-Henry de Sinzendorf est décédé sans héritier mâle, laissant son frère héritier de ses biens. Les nouvelles de Londres indiquent que les Commissaires français et anglais doivent se réunir pour régler les difficultés restantes sur le traité de commerce. Le Sieur d'Iberville, Envoyé extraordinaire de France, a eu sa première audience de la Reine. Des Commissaires ont été nommés pour les fortifications de Portsmouth, Chatham et Harwich. Le Sieur Voisley doit partir pour le Portugal et Milord Bingley pour l'Espagne après l'arrivée de Milord Lexington. Les lettres de Cologne rapportent qu'un parti français a attaqué le Prince de Holstein près de Bonne, capturant ses bagages et sa vaisselle d'argent, et prenant la Princesse et le Prince son fils, qui ont ensuite été renvoyés. Les dernières lettres de Fribourg mentionnent que le Chevalier d'Hasfeld a détaché des troupes pour attaquer le bourg de Neustadt, où plusieurs ennemis ont été tués ou capturés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 271-285
ARTICLE des Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Hambourg du 12. janvier portent qu'on [...]
Mots clefs :
Officiers, Général, Troupes, Suède, Barcelone, Cavalerie, Assemblée de Brunswick, Pays-Bas, Provisions, Londres, Hambourg, Madrid, Vienne
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texteReconnaissance textuelle : ARTICLE des Nouvelles.
ARTICLE
des Nouvelles.
L Es Lettres de Hambourg
du 12,. Janvier portent
qu'on avoit fait entrer
dansTonningen, du consentement
du Roy de Dan.
nemarx: , un convoy de
boeufs, de rnoutons de
vin, d'eau-de. vie ,de bois,
& d'autres provisions pour
quinze jours, & qui fera
continuéjusqu'à ce que
les affaires des Estats de
Holstein-Gottorp ayent
esté réglées à l'Assemblee
de Brunswich, quinedoit
commencer qu'à la fin de
ce mois; que trois vait
seaus & deux Battimens
partis d'Angleterre
, avec
des provisions pour Ton.
ningen
,
avoient (fié battus
d'une si rude tempeste,
que le plus grand avoit
fait naufrage vers Tlfle de
de Heiligheland, & que
deux autres avoient
échoué dans la rivière
d'Eyder;que les Officiers
qui les commandoient
avoient esté arrestez & menez
prisonniers à Gardingen;
que les Pilotes avoient
aussi esté pris & qu'on menaçoit
de leur taire leur
procès, pour avoir entre- -
pris, nonobstant les def- (
senses publiques d'introduire
des provisions dans
Tonningen, & que les
Matelots avoient reçu ordre
de se retirer incessamment
,
à peine d'estreaussi
emprisonnez;que la Garnison
de Tonningen estoit
encore composee de soixante
Officiers,&d'environ
douze cens Soldats
>
& que les habitans estoient
au nombre de dix huit
cens soixante six hommes.
Que le Comte de
Welling avoit rendu publique
une protestation
envoyée de Suede
,
dans
laquelle on se plaint de
l'infractionduTraité conclu
avec le Comte de SteinbocK
à Oldensworth, le
le 6. May dernier, dont on
différé encore l'exécution
fous divers pretextes,malgré
l'offre de refehange
& de la rançon qui avoient
estéstipulez; ce qui eaufoit
la ruine des Troupes
Suedoises
,
qui devoient
depuis long tems avoir esté
délivrées.
Les avis de Suede confirment
que les Trou pes
Suedoises embarquées à
Stralzund
,
estoient arrivées
en moins de 24. heures
dans la Province de
Schonen
,
où Ton attendoit
encore de StoKolm
divers Seigneurs; qu'on
formoit de grands Magazinsià
Goctenbourg &à
Malmoé) & qu'on faisoit
des levées dans tout le
Royaume; que rAmirl
avoit reçu ordre de faire
tous les préparatifs necessaires
pour se mettre en
Mer au commencement
du Primems.avec trentesix
Vaisseaux de guerre;
que les Deputez qui doivent
composerles t. tats du
Royaume convoquez au
23. Décembre arrivoient
de tous costez à StoKolm,
& que la PrincesseUlrique
Eleonor, Regente., allie.
toit régulièrement au Senat,&
qu'elleavoit nommé
le ComteCronhielm pour
son Conseiller du cabiner.
On ercrit de Vienne
que cette Cour avoitestabli
un Conseil pour les
Estats de la Monarchie
d'Espagne que l'Archiduc
possede
,
dont l'Archevesque
de Valence seraPresident,
& le Duc d'Uceda
Tresorier General. Qu'il
y aura de plus, deux Conseillers
de Robe, & autant
d'Epée, pour chaque
Pays & quatre Secrétaires;
un pour le Royaume de
Naples; un pour laSardaigne;
un autre pour le
Milanés j & un pour le.
Pays Bas Espagnol, avec
un Fiscal General & d'autres
Officiers ; que les
Conseillers auront chacun
huit mille florins d'appointement,
& qu'ils auront
le rang de Conseiller
du Conseil d'Estat; que le
Resident de Suede a reçu
un Courier du Roy son
Maistre, avec des Lettres
du x. Novembre
,
qui portent
qu'il estoit encore à
Demir Tocca
,
où il devoit
demeurer jusqu'au
Printems ; mais que si la
Cour Othomane persistoit
dans ses resolutions,alors
il reviendroit dans ses
Etats, ou par terreavec
l'escorre de Turcs & de
Tartaresqu'elle lui a promise
,ou par Mer. Que le
Chancelier Mullern avoit
aussi escrit que sa Majesté
Suedoise ne s'étoit pas encore
expliquée sur l'assemblée
de Brunswich, ni sur
la médiation que la Cour
de Vienne lui a offerte:
que les affaires des Polonois
& des Moscovites
,
estoient tousjours au oick
me Etat; que le Sultan
insistant à ce que la Pologne
cede une partie de
l'Ukraine Polonoise, pour
y establir des Cosaques
qui feront fous la protection
du Grand Seigneur,
& que le Czar paye le
tribut aux Tartares qu'il
prétend avoir esté aboli
par un Traité fait avec
eux en 1700.
Les Lettres de Madrid -
portent que la Charge de
Commissàire General de la
Croizade avoit esté donnée
à Don Philippe de Taboa-
-
da,
da,Président de la Chancellerie
de Valladolid; que
leRoyavoit nommé à l'Evesché
de Huesca
)
l'Evesque
de Balbaftro;& à l'Evesché
de Balbastro Don
Pedro Granell
,
Curé de
S. Martin deValence. On
écrit de Cartagene que
toute la Flotteavoit
,
le
premier Janvier) fair voile
d'Alicante vers les costes
de Catalogne.- Les Lettres
de Perpignan portent que
toutes les Troupes Espagnoles
& Vallones y - avoient passees allant vers
Barcelone; que la Cavalerie
estoit fort belle
, mais que l'Infanterie estoit
fort fatiguée;que les Regimensde
Cavalerie d'Anjou,
de Berry, & de Fleche,
& celui de Dragons
de Hauteville, estoient
repassez ; qu'on n'attendoit
que la Flotte d'Espagne
qui doit arriver dans
peu pour commencer le
Siege de Barcelone; &
que lesBarcelonoisavoient
plusieurs petits Bastimens
armez en course qui courent
la Mer;qu'ils avoient
fait une descente près de
Torreille de Mengry,d'où
ils avoient enlevécentVaches&
deuxcensMoutons.
Celles du Camp devant
Barcelone portent que les
TroupesEspagnoles&Vallones
qui servoient aux
Pays Bas y estoient arrivées,
& que la division des
Barcelonois estoit un peu
diminuée depuis que quelques
Bastimens chargez de
vivres estoiententrez dans
le Port. iHi"(', *> Onmandede Londres
que les CoiftfaifTaires estantallezàRochester
pour
payer&licentier les Troupes
de la Marine
,
cinq
cens Soldats avec deux Sergentsrefuferenc
de mettre
les armes bas, jusqu'à ce
que leurs Officiers eussent
faitle descompte de ce
qu'ils leur doivent; qu'on
avoit détaché cinq cens
hommes de la garde,six
vingt Gardes du Corps,&
soixante Grenadiers à Cheval
;mais on apprit que
ces mutins estoient venus
trouver prés deGrenwich,
le General Withers, à qui
ils avoient remis leurs armes
,le priant de faire faire
leur descompte: cependant
le 13. & le 14.
deuxCouriers rapporterent
que les Troupes de la Marine
qui font à Cantorbery
&àRochestersestoient de
nouveau mutinées : mais
comme le Regiment de
Peterborough & les deftachemens
de Cavalerie
sont de ce costé là, on ne
doute pas qu'on ne lesreduiseàleur
devoir.
des Nouvelles.
L Es Lettres de Hambourg
du 12,. Janvier portent
qu'on avoit fait entrer
dansTonningen, du consentement
du Roy de Dan.
nemarx: , un convoy de
boeufs, de rnoutons de
vin, d'eau-de. vie ,de bois,
& d'autres provisions pour
quinze jours, & qui fera
continuéjusqu'à ce que
les affaires des Estats de
Holstein-Gottorp ayent
esté réglées à l'Assemblee
de Brunswich, quinedoit
commencer qu'à la fin de
ce mois; que trois vait
seaus & deux Battimens
partis d'Angleterre
, avec
des provisions pour Ton.
ningen
,
avoient (fié battus
d'une si rude tempeste,
que le plus grand avoit
fait naufrage vers Tlfle de
de Heiligheland, & que
deux autres avoient
échoué dans la rivière
d'Eyder;que les Officiers
qui les commandoient
avoient esté arrestez & menez
prisonniers à Gardingen;
que les Pilotes avoient
aussi esté pris & qu'on menaçoit
de leur taire leur
procès, pour avoir entre- -
pris, nonobstant les def- (
senses publiques d'introduire
des provisions dans
Tonningen, & que les
Matelots avoient reçu ordre
de se retirer incessamment
,
à peine d'estreaussi
emprisonnez;que la Garnison
de Tonningen estoit
encore composee de soixante
Officiers,&d'environ
douze cens Soldats
>
& que les habitans estoient
au nombre de dix huit
cens soixante six hommes.
Que le Comte de
Welling avoit rendu publique
une protestation
envoyée de Suede
,
dans
laquelle on se plaint de
l'infractionduTraité conclu
avec le Comte de SteinbocK
à Oldensworth, le
le 6. May dernier, dont on
différé encore l'exécution
fous divers pretextes,malgré
l'offre de refehange
& de la rançon qui avoient
estéstipulez; ce qui eaufoit
la ruine des Troupes
Suedoises
,
qui devoient
depuis long tems avoir esté
délivrées.
Les avis de Suede confirment
que les Trou pes
Suedoises embarquées à
Stralzund
,
estoient arrivées
en moins de 24. heures
dans la Province de
Schonen
,
où Ton attendoit
encore de StoKolm
divers Seigneurs; qu'on
formoit de grands Magazinsià
Goctenbourg &à
Malmoé) & qu'on faisoit
des levées dans tout le
Royaume; que rAmirl
avoit reçu ordre de faire
tous les préparatifs necessaires
pour se mettre en
Mer au commencement
du Primems.avec trentesix
Vaisseaux de guerre;
que les Deputez qui doivent
composerles t. tats du
Royaume convoquez au
23. Décembre arrivoient
de tous costez à StoKolm,
& que la PrincesseUlrique
Eleonor, Regente., allie.
toit régulièrement au Senat,&
qu'elleavoit nommé
le ComteCronhielm pour
son Conseiller du cabiner.
On ercrit de Vienne
que cette Cour avoitestabli
un Conseil pour les
Estats de la Monarchie
d'Espagne que l'Archiduc
possede
,
dont l'Archevesque
de Valence seraPresident,
& le Duc d'Uceda
Tresorier General. Qu'il
y aura de plus, deux Conseillers
de Robe, & autant
d'Epée, pour chaque
Pays & quatre Secrétaires;
un pour le Royaume de
Naples; un pour laSardaigne;
un autre pour le
Milanés j & un pour le.
Pays Bas Espagnol, avec
un Fiscal General & d'autres
Officiers ; que les
Conseillers auront chacun
huit mille florins d'appointement,
& qu'ils auront
le rang de Conseiller
du Conseil d'Estat; que le
Resident de Suede a reçu
un Courier du Roy son
Maistre, avec des Lettres
du x. Novembre
,
qui portent
qu'il estoit encore à
Demir Tocca
,
où il devoit
demeurer jusqu'au
Printems ; mais que si la
Cour Othomane persistoit
dans ses resolutions,alors
il reviendroit dans ses
Etats, ou par terreavec
l'escorre de Turcs & de
Tartaresqu'elle lui a promise
,ou par Mer. Que le
Chancelier Mullern avoit
aussi escrit que sa Majesté
Suedoise ne s'étoit pas encore
expliquée sur l'assemblée
de Brunswich, ni sur
la médiation que la Cour
de Vienne lui a offerte:
que les affaires des Polonois
& des Moscovites
,
estoient tousjours au oick
me Etat; que le Sultan
insistant à ce que la Pologne
cede une partie de
l'Ukraine Polonoise, pour
y establir des Cosaques
qui feront fous la protection
du Grand Seigneur,
& que le Czar paye le
tribut aux Tartares qu'il
prétend avoir esté aboli
par un Traité fait avec
eux en 1700.
Les Lettres de Madrid -
portent que la Charge de
Commissàire General de la
Croizade avoit esté donnée
à Don Philippe de Taboa-
-
da,
da,Président de la Chancellerie
de Valladolid; que
leRoyavoit nommé à l'Evesché
de Huesca
)
l'Evesque
de Balbaftro;& à l'Evesché
de Balbastro Don
Pedro Granell
,
Curé de
S. Martin deValence. On
écrit de Cartagene que
toute la Flotteavoit
,
le
premier Janvier) fair voile
d'Alicante vers les costes
de Catalogne.- Les Lettres
de Perpignan portent que
toutes les Troupes Espagnoles
& Vallones y - avoient passees allant vers
Barcelone; que la Cavalerie
estoit fort belle
, mais que l'Infanterie estoit
fort fatiguée;que les Regimensde
Cavalerie d'Anjou,
de Berry, & de Fleche,
& celui de Dragons
de Hauteville, estoient
repassez ; qu'on n'attendoit
que la Flotte d'Espagne
qui doit arriver dans
peu pour commencer le
Siege de Barcelone; &
que lesBarcelonoisavoient
plusieurs petits Bastimens
armez en course qui courent
la Mer;qu'ils avoient
fait une descente près de
Torreille de Mengry,d'où
ils avoient enlevécentVaches&
deuxcensMoutons.
Celles du Camp devant
Barcelone portent que les
TroupesEspagnoles&Vallones
qui servoient aux
Pays Bas y estoient arrivées,
& que la division des
Barcelonois estoit un peu
diminuée depuis que quelques
Bastimens chargez de
vivres estoiententrez dans
le Port. iHi"(', *> Onmandede Londres
que les CoiftfaifTaires estantallezàRochester
pour
payer&licentier les Troupes
de la Marine
,
cinq
cens Soldats avec deux Sergentsrefuferenc
de mettre
les armes bas, jusqu'à ce
que leurs Officiers eussent
faitle descompte de ce
qu'ils leur doivent; qu'on
avoit détaché cinq cens
hommes de la garde,six
vingt Gardes du Corps,&
soixante Grenadiers à Cheval
;mais on apprit que
ces mutins estoient venus
trouver prés deGrenwich,
le General Withers, à qui
ils avoient remis leurs armes
,le priant de faire faire
leur descompte: cependant
le 13. & le 14.
deuxCouriers rapporterent
que les Troupes de la Marine
qui font à Cantorbery
&àRochestersestoient de
nouveau mutinées : mais
comme le Regiment de
Peterborough & les deftachemens
de Cavalerie
sont de ce costé là, on ne
doute pas qu'on ne lesreduiseàleur
devoir.
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Résumé : ARTICLE des Nouvelles.
Au début de l'année 1700, plusieurs événements politiques et militaires marquent l'Europe. À Tonningen, des provisions ont été introduites avec l'accord du roi de Danemark pour soutenir la garnison jusqu'à la résolution des affaires des États de Holstein-Gottorp à l'Assemblée de Brunswick. Trois vaisseaux et deux bâtiments partis d'Angleterre, chargés de provisions, ont été endommagés par une tempête, et leurs officiers arrêtés. La garnison de Tonningen compte soixante officiers et environ douze cents soldats, avec une population totale de dix-huit cents soixante-six habitants. Le comte de Wellington a rendu publique une protestation suédoise contre l'infraction d'un traité conclu avec le comte de Steinbock. Les troupes suédoises, embarquées à Stralsund, sont arrivées en Schonen, où des préparatifs militaires sont en cours. L'amiral suédois doit se préparer à prendre la mer au printemps avec trente-six vaisseaux de guerre. La régente de Suède, la princesse Ulrique Éléonore, a nommé le comte Cronhielm comme conseiller. À Vienne, un conseil a été établi pour les États de la monarchie d'Espagne, avec des appointements et des rangs spécifiques pour les conseillers. Le résident de Suède à Vienne a reçu des nouvelles du roi de Suède, alors à Demir Tocca, indiquant qu'il pourrait revenir dans ses États selon les décisions de la Cour ottomane. Les affaires polonaises et moscovites restent en suspens, avec des revendications territoriales du sultan et du tsar. À Madrid, des nominations ont été faites pour des charges ecclésiastiques. À Carthagène, la flotte a pris la mer vers la Catalogne. À Perpignan, les troupes espagnoles et vallonnes se dirigent vers Barcelone, avec des préparatifs pour le siège de la ville. Les Barcelonais disposent de petits bâtiments armés en course. À Londres, des mutineries ont eu lieu parmi les troupes de la marine à Rochester et Cantorbery, mais elles ont été réprimées par les régiments de Peterborough et les détachements de cavalerie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 296-300
Nouvelles. De Hambourg, de Dannemarck, de Stralzund, de la Haye, de Vienne, de Perpignan. [titre d'après la table]
Début :
On écrit de Hambourg le 30. Juillet que les Lettres de [...]
Mots clefs :
Suède, Hommes, Commandant
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles. De Hambourg, de Dannemarck, de Stralzund, de la Haye, de Vienne, de Perpignan. [titre d'après la table]
On écrit de Hambourg le
50. Juillet que les Lettres de
Suede ne sont aucune mention
de ce Combat Naval
donton par le depuis longtemps
Elles marquent aucontraire
que les deux Flotes n'avoient
encore pû se joindre,
& que celle de Suede se renforçoit
de jour en jour, par
lesBastiments qui la venoient
joindre, ensorte qu'elle estoit
beaucoup fuperieurc à celle
des Moscovites.
Le Roy de Dannemark est
encore occupé à fairelarevûë
de ses Troupes qui ne pourront
estreassemblezque dans
le quinze dumois prochain:
Comme la saison s'avance, on
ne croit pas qu'il puisse faire
de grands progrez cetteCampagne.
Il doit cependant l'ouvrit
parl'attaque de l'Isled'Higelant
; & pour cette expédition
,
il fait embarquer de
-
l'Artillerie,des Bombes&des
Mortiers. Cette Isleestdedifsicile
accez,d'autant que pour
en approcher, il faut passer entre
des écuëils dangereux, &
que d'ailleurs le passage enest
dessendu par des Forts tresescarpez.
On écrit de Stralzund que
le General Duker a fous cette
Place un Corps de 9. à 10.mil
hommes ausquels le Commandant
de Wismar joindra
trois mil hommes en cas de
besoin. Mais il ne fera point
de mouvement que lesDanois
nee nsoietntratetacphezrà iqsuelequ.e
Le Roy Auguste qui partit
de Dresde le1 3. pour retourner
en Pologne,dépêcha le
jour de devant son départ, divers
Courriers. Celuyqu'ila
envoyé au Roy de Dannemar
k a esté enlevé dans le
M kelbourg par un Parti de
la Garnison de Wismarquil'a
mené au Commandant de
cette Place
,
& les dépêches
ont esté envoyez àlaRegence
deSuede.
50. Juillet que les Lettres de
Suede ne sont aucune mention
de ce Combat Naval
donton par le depuis longtemps
Elles marquent aucontraire
que les deux Flotes n'avoient
encore pû se joindre,
& que celle de Suede se renforçoit
de jour en jour, par
lesBastiments qui la venoient
joindre, ensorte qu'elle estoit
beaucoup fuperieurc à celle
des Moscovites.
Le Roy de Dannemark est
encore occupé à fairelarevûë
de ses Troupes qui ne pourront
estreassemblezque dans
le quinze dumois prochain:
Comme la saison s'avance, on
ne croit pas qu'il puisse faire
de grands progrez cetteCampagne.
Il doit cependant l'ouvrit
parl'attaque de l'Isled'Higelant
; & pour cette expédition
,
il fait embarquer de
-
l'Artillerie,des Bombes&des
Mortiers. Cette Isleestdedifsicile
accez,d'autant que pour
en approcher, il faut passer entre
des écuëils dangereux, &
que d'ailleurs le passage enest
dessendu par des Forts tresescarpez.
On écrit de Stralzund que
le General Duker a fous cette
Place un Corps de 9. à 10.mil
hommes ausquels le Commandant
de Wismar joindra
trois mil hommes en cas de
besoin. Mais il ne fera point
de mouvement que lesDanois
nee nsoietntratetacphezrà iqsuelequ.e
Le Roy Auguste qui partit
de Dresde le1 3. pour retourner
en Pologne,dépêcha le
jour de devant son départ, divers
Courriers. Celuyqu'ila
envoyé au Roy de Dannemar
k a esté enlevé dans le
M kelbourg par un Parti de
la Garnison de Wismarquil'a
mené au Commandant de
cette Place
,
& les dépêches
ont esté envoyez àlaRegence
deSuede.
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Résumé : Nouvelles. De Hambourg, de Dannemarck, de Stralzund, de la Haye, de Vienne, de Perpignan. [titre d'après la table]
Le 50 juillet, des lettres de Hambourg indiquent qu'aucun combat naval n'a eu lieu entre les flottes suédoise et moscovite, car elles ne se sont pas encore rencontrées. La flotte suédoise s'accroît quotidiennement avec l'arrivée de nouveaux navires, surpassant ainsi celle des Moscovites. Le roi de Danemark passe en revue ses troupes, prêtes le 15 du mois suivant, mais l'avancement de la saison limite ses actions. Il prévoit d'attaquer l'île d'Higelant, défendue par des écueils et des forts. À Stralzund, le général Duker dispose de 9 à 10 000 hommes, renforçables par 3 000 hommes de Wismar, mais n'agira pas avant l'arrivée des Danois. Le roi Auguste, parti de Dresde le 13 juillet, a envoyé des courriers, dont un destiné au roi de Danemark, intercepté près de Kiel et transmis à la régence de Suède.
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11
p. 128-129
Suede.
Début :
On écrit de Dantzich que M. Erdeman, Commissaire du Czar, avoit [...]
Mots clefs :
Suède, Commissaire du tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suede.
Suede..
O N écrit de Dantzich que M. Er=
deman. Commissaire du Czar, avoií
fait partir pour Peteríbourg une trèsgrande
quantité de bied , & qu'il a voie
reçu ordre depuis Quelques jours d'en
acheter encore mille Larts , & de les
faire partir auffi-tôt que la saison le pcrr
mettra.-
Les Lettres dé Curlande & de Livo
nie portent que les Bailliages de ces
Provinces devoient fournir jà leurs frais
à Sa Majesté Czarienne un nombre con
siderable de jeunes gens ; mais que cette
levée fe faisoit très.difficilement., & que
la jeunesse abandonnoit les Villages , 8c
íé fau voit vers les frontieres.
Le Comte de Ta'rlo ayant obtenu de
la derniere; Ailèmblée des Etats duRoyaume
les subsides qu'il follicitoit pour le
Roy Stanislas, est parti le premier De
cembre pour l'aller rejoindre dans le
lieu de sa Résidence.
On apprend encore de Goppenhague
qu'on y imprimoit actuellement le nou?
veau Reglement pour les Feages dupasla.
8*
JANVIER 17T4; lîjjp
ge du Sund , auquel on travailloit depuis
très-long-temps. Le bruit court qu'il est
avantageux aux négòcians étrangers.
On a arrêté pour dettes à Berlin le
Ministre de Suede à la Cour de Prusse ,
& le Senat s'est assemblé extraordinaire
ment le 20. Decembre après.midy, afin
de prendre les mesures neceíîàires pour'
Iìh procurer la liberté..
O N écrit de Dantzich que M. Er=
deman. Commissaire du Czar, avoií
fait partir pour Peteríbourg une trèsgrande
quantité de bied , & qu'il a voie
reçu ordre depuis Quelques jours d'en
acheter encore mille Larts , & de les
faire partir auffi-tôt que la saison le pcrr
mettra.-
Les Lettres dé Curlande & de Livo
nie portent que les Bailliages de ces
Provinces devoient fournir jà leurs frais
à Sa Majesté Czarienne un nombre con
siderable de jeunes gens ; mais que cette
levée fe faisoit très.difficilement., & que
la jeunesse abandonnoit les Villages , 8c
íé fau voit vers les frontieres.
Le Comte de Ta'rlo ayant obtenu de
la derniere; Ailèmblée des Etats duRoyaume
les subsides qu'il follicitoit pour le
Roy Stanislas, est parti le premier De
cembre pour l'aller rejoindre dans le
lieu de sa Résidence.
On apprend encore de Goppenhague
qu'on y imprimoit actuellement le nou?
veau Reglement pour les Feages dupasla.
8*
JANVIER 17T4; lîjjp
ge du Sund , auquel on travailloit depuis
très-long-temps. Le bruit court qu'il est
avantageux aux négòcians étrangers.
On a arrêté pour dettes à Berlin le
Ministre de Suede à la Cour de Prusse ,
& le Senat s'est assemblé extraordinaire
ment le 20. Decembre après.midy, afin
de prendre les mesures neceíîàires pour'
Iìh procurer la liberté..
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Résumé : Suede.
En janvier 1714, plusieurs événements politiques et économiques marquent la Suède et ses régions voisines. À Dantzich, M. Erdmann, commissaire du Czar, expédie une grande quantité de blé à Petersbourg et reçoit l'ordre d'en acheter davantage. En Curlande et en Livonie, les bailliages doivent fournir des jeunes pour le service du Czar, mais cette levée rencontre des difficultés en raison de la fuite des jeunes vers les frontières. Le Comte de Tarlö obtient des subsides pour le roi Stanislas et part le 1er décembre pour le rejoindre. À Copenhague, un nouveau règlement pour les péages du Sund est imprimé, avantageux pour les négociants étrangers. À Berlin, le ministre de Suède à la cour de Prusse est arrêté pour dettes, et le Sénat se réunit en urgence le 20 décembre pour prendre des mesures en vue de sa libération.
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12
p. 1026
SUEDE.
Début :
Les forces Navales du Roi consistent actuellement en 36. Vaisseaux de ligne & 19. Frégates, [...]
Mots clefs :
Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE
Es forces Navales du Roi confiftent actuelle
ment en 36. Vaiffeaux de ligne & 19. Frégafans
compter les Galeres & les autres Bâtités
,
mens
plats
.
On mande de Stokolm , que les 6000 , hommes
de Troupes Sedoifes qui doivent entrer au ſervice
du Roi Très- Chrétien & de S. M. Britannique ,
étant arrivez à Yftedt , pour s'y embarquer au
premier ordre , ce Corps de Troupes , qui eft
compofé de quatre Régimens d'Infanterie & de
deux de Cavalerie , doit être renforcé en Pomera- ·
nie par un autre Régiment qui y eft en quartier.
Es forces Navales du Roi confiftent actuelle
ment en 36. Vaiffeaux de ligne & 19. Frégafans
compter les Galeres & les autres Bâtités
,
mens
plats
.
On mande de Stokolm , que les 6000 , hommes
de Troupes Sedoifes qui doivent entrer au ſervice
du Roi Très- Chrétien & de S. M. Britannique ,
étant arrivez à Yftedt , pour s'y embarquer au
premier ordre , ce Corps de Troupes , qui eft
compofé de quatre Régimens d'Infanterie & de
deux de Cavalerie , doit être renforcé en Pomera- ·
nie par un autre Régiment qui y eft en quartier.
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Résumé : SUEDE.
Le roi de Suède dispose de 36 vaisseaux de ligne et 19 frégates. 6 000 soldats suédois, composés de quatre régiments d'infanterie et deux de cavalerie, sont arrivés à Ystädt pour embarquer au service du roi de France et du roi d'Angleterre. Un autre régiment en Poméranie doit renforcer ce corps de troupes.
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13
p. 1640
SUEDE.
Début :
Suivant l'Etat des Revûës qu'on a faites depuis peu dans le Landgraviat de Hesse-Cassel, il [...]
Mots clefs :
Suède, Troupes, Régiment
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texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUED E.
Uivant l'Etat des Revûës qu'on a faites depuis
peu dans le Landgraviat de Heffe - Caffel , il
paroit que le Roi a actuellement fur pied dans
fes Etats d'Allemagne 24300. hommes de Troupes
reglées , fans compter les Gardes du Corps &
deux Regimens de milice , qui montent encore
à près de 4000. hommes. "
Uivant l'Etat des Revûës qu'on a faites depuis
peu dans le Landgraviat de Heffe - Caffel , il
paroit que le Roi a actuellement fur pied dans
fes Etats d'Allemagne 24300. hommes de Troupes
reglées , fans compter les Gardes du Corps &
deux Regimens de milice , qui montent encore
à près de 4000. hommes. "
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14
p. 1871
SUEDE.
Début :
Le Roi a nommé le Prince Guillaume, son frere, pour commander en Chef les Troupes [...]
Mots clefs :
Troupes, Roi de Suède, Suède, Chaleur
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texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
E Roi a nommé le Prince Guillaume , fon
Frere, our commander en Chefles Trous
pes de Heffe- Caffel , mais on dit que ce Prince
ne prendra pas le titre de Generaliffime , parce
qu'il feroit obligé de quitter celui de General
des Troupes de la République d'Hollande , & de
Gouverneur de Maeftrecht.
Les Lettres de Stokolm de la fin du mois der
nier portent , qu'on reffentoit depuis peu dans
prefque toute la Suede , une chaleur fi exceffive ,
qu'on ne la pouvoit comparer qu'à celle de
1719 ; que le Ciel étoit toujours couvert d'un
brouillard d'une odeur fulphureufe , & qu'on
trouvoit tous les jours fur les bords de la plupart
des Lacs & des Etangs , une quantité confiderable
de Poiffons morts.
E Roi a nommé le Prince Guillaume , fon
Frere, our commander en Chefles Trous
pes de Heffe- Caffel , mais on dit que ce Prince
ne prendra pas le titre de Generaliffime , parce
qu'il feroit obligé de quitter celui de General
des Troupes de la République d'Hollande , & de
Gouverneur de Maeftrecht.
Les Lettres de Stokolm de la fin du mois der
nier portent , qu'on reffentoit depuis peu dans
prefque toute la Suede , une chaleur fi exceffive ,
qu'on ne la pouvoit comparer qu'à celle de
1719 ; que le Ciel étoit toujours couvert d'un
brouillard d'une odeur fulphureufe , & qu'on
trouvoit tous les jours fur les bords de la plupart
des Lacs & des Etangs , une quantité confiderable
de Poiffons morts.
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Résumé : SUEDE.
Le roi de Suède a nommé le Prince Guillaume, frère du souverain, commandant en chef des troupes de Heffe-Caffel. Le prince conserve ses fonctions de général des troupes de la République d'Hollande et de gouverneur de Maestricht. Des lettres de Stockholm signalent une chaleur excessive et un brouillard sulfurique, avec des poissons morts retrouvés sur les rives des lacs et des étangs.
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15
p. 153-154
SUEDE.
Début :
La Flotte du Roi consiste déjà en 38 Vaisseaux de [...]
Mots clefs :
Suède
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texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
A Flotte du Roi consiste déja en 38. Vaisseaux de ligne , et quantité d'autres Bâtimens armez en guerre.
Les Lettres de Stokolm , portent qu'on y publia un Edit le 23. du mois dernier , pour reprimer le luxe dans les habillemens , et les dépenses H ex-
134 MERCURE DE FRANCE ,
excessives qui se font aux Nôces , aux Enterreamens , &c.
Οtoffes d'or et d'argent..
A Flotte du Roi consiste déja en 38. Vaisseaux de ligne , et quantité d'autres Bâtimens armez en guerre.
Les Lettres de Stokolm , portent qu'on y publia un Edit le 23. du mois dernier , pour reprimer le luxe dans les habillemens , et les dépenses H ex-
134 MERCURE DE FRANCE ,
excessives qui se font aux Nôces , aux Enterreamens , &c.
Οtoffes d'or et d'argent..
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16
p. 997
SUEDE.
Début :
On assure que le Roy s'est enfin déterminé à [...]
Mots clefs :
Suède, Catholiques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
Nassure que le Roy s'est enfin déterminé
à ne point acceder au dernier Traité de
Vienne , et à entretenir sur pied un certain nombre de Troupes et une Escadre prête à tout éve- nement.
On mande de Stokolm , que le Roy y avoit
reçu la réponse de l'Empereur , à la Lettre qu'il lui avoit écrite en faveur des Protestans de l'Evêché de Saltzbourg ; et que comme elle n'étoit
pas telle que S. M. Sued. l'esperoit , elle avoit pris la résolution de faire sortir de ses Etats d'Allemagne , tous les Catholiques qui y sont établis
DA
58 MERCURE DE FRANCE
T
Nassure que le Roy s'est enfin déterminé
à ne point acceder au dernier Traité de
Vienne , et à entretenir sur pied un certain nombre de Troupes et une Escadre prête à tout éve- nement.
On mande de Stokolm , que le Roy y avoit
reçu la réponse de l'Empereur , à la Lettre qu'il lui avoit écrite en faveur des Protestans de l'Evêché de Saltzbourg ; et que comme elle n'étoit
pas telle que S. M. Sued. l'esperoit , elle avoit pris la résolution de faire sortir de ses Etats d'Allemagne , tous les Catholiques qui y sont établis
DA
58 MERCURE DE FRANCE
T
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Résumé : SUEDE.
La Suède refuse d'adhérer au traité de Vienne et maintient des troupes prêtes à intervenir. Le roi suédois, insatisfait de la réponse de l'empereur sur les protestants de Salzbourg, ordonne le départ des catholiques de ses États allemands.
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17
p. 1424
SUEDE.
Début :
On assûre que le Roi a résolu dans un Conseil [...]
Mots clefs :
Suède, Traité de Commerce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
N assûre que le Roi a résolu dans un Conseil extraordinaire tenu depuis peu , d'augmenter la Flote jusqu'à 42 Vaisseaux de ligne ,
et 22 Frégates.
On assure aussi que le Comte de Seckendorf,
Ministre de l'Empereur qu'on attend à Stoc
Kolme , est chargé de faire des propositions d'un
nouveau Traité de commerce , ou plutôt d'une
focieté de commerce , entre la Compagnie des
Indes Orientales de ce pays , et la Compagnie
Impériale de Trieste et que le Ministre des Etats Généraux a reçû des instructions particu
dieres pour prévenir l'éxécution de ce projet.
On publie qu'il a été conclu une Ligue offen- sive et deffensive entre le Roi de Suede et le Roi
de Pologne pour la défense mutuelle de leurs
Etats d'Allemagne
N assûre que le Roi a résolu dans un Conseil extraordinaire tenu depuis peu , d'augmenter la Flote jusqu'à 42 Vaisseaux de ligne ,
et 22 Frégates.
On assure aussi que le Comte de Seckendorf,
Ministre de l'Empereur qu'on attend à Stoc
Kolme , est chargé de faire des propositions d'un
nouveau Traité de commerce , ou plutôt d'une
focieté de commerce , entre la Compagnie des
Indes Orientales de ce pays , et la Compagnie
Impériale de Trieste et que le Ministre des Etats Généraux a reçû des instructions particu
dieres pour prévenir l'éxécution de ce projet.
On publie qu'il a été conclu une Ligue offen- sive et deffensive entre le Roi de Suede et le Roi
de Pologne pour la défense mutuelle de leurs
Etats d'Allemagne
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Résumé : SUEDE.
Le roi suédois prévoit d'augmenter sa flotte à 42 vaisseaux de ligne et 22 frégates. Le comte de Seckendorf doit proposer un traité de commerce entre la Compagnie des Indes Orientales suédoise et la Compagnie Impériale de Trieste. Le ministre des États Généraux doit empêcher ce projet. Une alliance offensive et défensive a été conclue entre les rois de Suède et de Pologne.
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18
p. 2477-2478
POLOGNE.
Début :
On apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier, sans [...]
Mots clefs :
Pologne, Diète générale, Varsovie, Suède, Tsarine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLO N E.
N apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier , sans
prendre aucune résolution , et dès le même jour
la plupart des Nonces partirent pour retourner dans leurs Terres.
Le même jour , le Roy fit remettre aux Sénateurs un Mémoire , au sujet de la nomination
aux Charges vacantes de Grand-General et dè Grand-Chancelier de la Couronne , afin de sçaH voir
2478 MERCURE DE FRANCE
voir s'il peut en disposer malgré les protestations de quelques Nonces.
Le 3 , les Sénateurs donnerent leurs avis par
écrit , et S. M. ayant vû qu'ils étoient partagez ,
Elle a résolu d'assembler un Conseil de Sénateurs avant son départ pour Dresde. On assure
que le Roy convoquera une nouvelle Diette extraordinaire pour le mois de Février prochain.
L'Envoyé extraordinaire de la Czarine se prépare à retourner à Petersbourg sans avoir pú réussir dans ses Négociations ; parce que les
Commissaires du Roy et de la République de
Pologne ont demandé que S. M. Cz. n'insistat
plus sur le payement des sommes qu'elle pré- tend lui être dûës par cette Couronne ; qu'elle cessat de s'interesser aux affaires du Duché de
' Curlande , et qu'elle retirat les Troupes Mosce .
vites qu'elle entretient depuis plusieurs années dans ce Duché.
On publia à Warsovie , après le départ du
Roy , une Déclaration de S. M. pour le rétablis
sement de la bonne intelligence entre la Pologne
et la Suede. Cette Déclaration à laquelle le Roy a
donné la même force que pourroient avoir des
Actes solemnels de Paix et d'Alliance, sera échangée contre une pareille Déclaration du Roy de
Suede , et des Etats , et après l'échange , tout
commerce sera rétabli entre les deux Royaumes.
Le Roy de Pologne partit le 15 du mois der- nier de Warsovie et arriva à Dresde le du
même mois , et S. M. doit revenir en Pologne
à la fin du mois de Janvier
N apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier , sans
prendre aucune résolution , et dès le même jour
la plupart des Nonces partirent pour retourner dans leurs Terres.
Le même jour , le Roy fit remettre aux Sénateurs un Mémoire , au sujet de la nomination
aux Charges vacantes de Grand-General et dè Grand-Chancelier de la Couronne , afin de sçaH voir
2478 MERCURE DE FRANCE
voir s'il peut en disposer malgré les protestations de quelques Nonces.
Le 3 , les Sénateurs donnerent leurs avis par
écrit , et S. M. ayant vû qu'ils étoient partagez ,
Elle a résolu d'assembler un Conseil de Sénateurs avant son départ pour Dresde. On assure
que le Roy convoquera une nouvelle Diette extraordinaire pour le mois de Février prochain.
L'Envoyé extraordinaire de la Czarine se prépare à retourner à Petersbourg sans avoir pú réussir dans ses Négociations ; parce que les
Commissaires du Roy et de la République de
Pologne ont demandé que S. M. Cz. n'insistat
plus sur le payement des sommes qu'elle pré- tend lui être dûës par cette Couronne ; qu'elle cessat de s'interesser aux affaires du Duché de
' Curlande , et qu'elle retirat les Troupes Mosce .
vites qu'elle entretient depuis plusieurs années dans ce Duché.
On publia à Warsovie , après le départ du
Roy , une Déclaration de S. M. pour le rétablis
sement de la bonne intelligence entre la Pologne
et la Suede. Cette Déclaration à laquelle le Roy a
donné la même force que pourroient avoir des
Actes solemnels de Paix et d'Alliance, sera échangée contre une pareille Déclaration du Roy de
Suede , et des Etats , et après l'échange , tout
commerce sera rétabli entre les deux Royaumes.
Le Roy de Pologne partit le 15 du mois der- nier de Warsovie et arriva à Dresde le du
même mois , et S. M. doit revenir en Pologne
à la fin du mois de Janvier
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, la Diète générale s'est dissoute le 2 du mois précédent sans décision. Le roi a proposé des nominations pour les postes de Grand-Général et de Grand-Chancelier, malgré les oppositions. Le 3, les sénateurs ont donné leurs avis par écrit, et le roi a convoqué un conseil avant son départ pour Dresde. Une nouvelle Diète extraordinaire est prévue pour février. L'envoyé de la czarine retourne à Petersbourg sans succès dans ses négociations. Les commissaires polonais ont demandé à la czarine de cesser d'insister sur des paiements et de retirer les troupes moscovites du Duché de Courlande. Après le départ du roi, une déclaration royale a été publiée pour rétablir la bonne intelligence avec la Suède, équivalente à des actes de paix et d'alliance. Le commerce entre les deux royaumes sera rétabli après l'échange de déclarations similaires. Le roi de Pologne est parti de Varsovie le 15 du mois précédent et est arrivé à Dresde le 21, prévoyant un retour en Pologne fin janvier.
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19
p. 2478-2479
SUEDE.
Début :
Le Roy a donné ses Ordres au Prince Guillaume de Hesse-Cassel son Frere, pour [...]
Mots clefs :
Suède, Guillaume de Hesse-Cassel, Traité d'alliance, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUE DE.
E Roy a donné ses Ordres au Prince Guil
laume de Hesse- Cassel son Frere , pour augmenter les Troupes du Landgraviat , confor
mement
NOVEMBRE. 1732. 2479
hement aux conditions particulieres du nouveau Traité d'Alliance que le Roy de Suede ,
comme Landgrave de Hesse , a conclu avec le
Roy de Pologne , pour la deffense mutuelle de
leurs Etats d'Allemagne
E Roy a donné ses Ordres au Prince Guil
laume de Hesse- Cassel son Frere , pour augmenter les Troupes du Landgraviat , confor
mement
NOVEMBRE. 1732. 2479
hement aux conditions particulieres du nouveau Traité d'Alliance que le Roy de Suede ,
comme Landgrave de Hesse , a conclu avec le
Roy de Pologne , pour la deffense mutuelle de
leurs Etats d'Allemagne
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20
p. 968
RUSSIE.
Début :
Le Roy de Suede a chargé son Ministre à la Cour de Petersbourg, de déclarer à la Czarine, [...]
Mots clefs :
Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
E Roy de Suede a chargé son Ministre à la
Cour de Petersbourg , de déclarer à la Czarine
, qui lui avoit fait témoigner quelque inquiétude
au sujet de la Flore qu'il fait équiper ,
que toutes les Puissances du Nord préparant des
Armements considerables , il s'est cru dans la
necessité de suivre leur exemple , et qu'il est résolu
de soutenir la liberté du commerce dans la
Mer Baltique contre tous ceux qui entrepren
dront d'y mettre obstacle.
La plupart des Seigneurs et des Gentilshommes
qui possedent des Terres dans les Provinces
cedées par la Suede au feu Czar Pierre I. ont
demandé à Sa Majesté Czarienne la permission
de se rendre à Stokholm , pour y assister à l'Assemblée
des Etats du Royaume de Suede..
E Roy de Suede a chargé son Ministre à la
Cour de Petersbourg , de déclarer à la Czarine
, qui lui avoit fait témoigner quelque inquiétude
au sujet de la Flore qu'il fait équiper ,
que toutes les Puissances du Nord préparant des
Armements considerables , il s'est cru dans la
necessité de suivre leur exemple , et qu'il est résolu
de soutenir la liberté du commerce dans la
Mer Baltique contre tous ceux qui entrepren
dront d'y mettre obstacle.
La plupart des Seigneurs et des Gentilshommes
qui possedent des Terres dans les Provinces
cedées par la Suede au feu Czar Pierre I. ont
demandé à Sa Majesté Czarienne la permission
de se rendre à Stokholm , pour y assister à l'Assemblée
des Etats du Royaume de Suede..
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Résumé : RUSSIE.
Le roi de Suède a chargé son ministre à Petersbourg de rassurer la czarine sur l'armement de la flotte suédoise, la Flore, en raison des préparatifs militaires des autres puissances du Nord et pour protéger le commerce en mer Baltique. Parallèlement, des seigneurs suédois ont demandé à la czarine la permission de se rendre à Stockholm pour l'Assemblée des États.
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21
p. 111-147
« MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Début :
MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...]
Mots clefs :
Mémoires historiques, Suède, Angleterre, Prince, Pape, Clergé, Cour, Royaume, Divorce, Divorce de Henri VIII, Henri VIII, Roi d'Angleterre, Catherine d'Aragon, Révolutions en Suède, Conjuration de Fiesque, Conjuration , Politique, Danemark
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texteReconnaissance textuelle : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
MEMOIRES hiftoriques , militaires &
politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Empire ,
jufqu'au traité d'Aix - la-Chapelle en 1748.
Par M. l'Abbé Raynal , de la Société royale
de Londres , & de l'Académie royale des
Sciences & Belles Lettres de Pruffe . Se
vend chez Durand , au Griffon , rue Saint
-Jacques ; 1754 , 3 vol . in- 8 °.
J'ai déja rendu compte des deux pres
miers volumes de mon ouvrage , je vais
donner l'extrait du troifieme ; il renferme
trois morceaux.
112 MERCURE DE FRANCE.
Hiftoire des révolutions arrivées en Suede
depuis 1515 jufqu'en 1544.
La Suede qui avoit jetté un fi grand éclat ,
lorfque fes habitans , connus fous le nom
de Goths , renverferent l'Empire romain &
changerent la face de l'Europe , étoit retombée
peu -à-peu dans l'obfcurité . Des dif
fenfions domeftiques & les vices du gouvernement
, avoient formé une efpece
d'anarchie , qui auroit cent fois perdu le
Royaume fi les peuples voifins avoient eu
des loix plus fages . Toutes les nations du
Nord languiffoient dans la même barbarie ,
& l'afcendant que les unes pouvoient prendre
fur les autres , ne devoit point venir
de la fupériorité de politique , mais du
bonheur des circonftances ; elles furent
pour le Dannemarc.
Marguerite qui y regnoit , joignoit à
»l'ambition ordinaire à fon fexe , une fui-
» te de vûes qu'il n'a pas fi communément.
» Elle parloit avec grace , & fçavoit em-
»ployer au befoin ce ton de fentiment , qui
» tient fouvent lieu de raifon & qui la rend
toujours plus forte. Contre l'ufage des
» Souverains , elle abandonnoit les appa-
» rences de l'autorité pour l'autorité même ;
» & elle retenoit le Clergé dans fes inté-
» rêts , en lui faifant prendre des déférences
DECEMBRE. 1754 113
»
ور
»
"
pour du crédit. Ce qu'elle faifoit éclater
de magnificence , n'avoit jamais pour ob-
»jet fes goûts , mais fa place ; & foit qu'el-
» le donnât , foit qu'elle récompenfât , c'é
»toit toujours en Reine & au profit de la
Royauté. Lorfque fes projets n'étoient
pas traversés par la loi , elle la faifoit
» obferver avec une fermeté louable ; &
» l'ordre public étoit ce qu'elle aimoit le
» mieux après fes intérêts particuliers . On
» n'a gueres pouffé plus loin qu'elle le faifoit
le talent de paroître redoutable fans
l'être : elle intimidoit fes ennerais par
» d'autres ennemis qu'elle avoit l'art de
» faire croire fes partifans. Ce que fes
» moeurs avoient d'irrégulier étoit réparé
» dans l'efprit des peuples par les dons
» qu'elle faifoit aux Eglifes. Ces facrifices
» coûtoient à fon caractere ; mais fa politique
les faifoit à fa réputation.
"
"
Cette Princeffe entreprit de réunir la
Suede à fes autres Etats , & elle y réuſſit :
mais les Danois ayant abufé de leur fupériorité
, les Suédois trouverent bientôt l'occafion
de fecouer un joug qu'ils déteftoient
, & ils fe donnerent un maître qui
prit le titre d'Aminiftrateur. Les Rois de
Dannemarc n'abandonnerent pas les droits
qu'ils prétendoient avoir fur la Suede , &
ce fut une fource de guerres longues &
114 MERCURE DE FRANCE .
fanglantes entre ces deux Etats.
Chriftiern étoit monté fur le thrône de
Dannemarc ; c'étoit un monftre , qui prefque
au fortir de l'enfance avoit pouffé aux
derniers excès tous les vices , & n'avoit
pas même le mafque d'une vertu . Il ne
chercha point à rapprocher les Suedois du
traité d'union des deux Royaumes , il ne
chercha qu'à les foumettre. Le mécontentement
du Clergé de Suede étoit une difpofition
favorable pour ce Prince. Les Evêques
avoient joui d'une autorité fi étendue
fous les Rois Danois , qu'ils croyoient
ne devoir rien oublier pour ramener les
mêmes circonftances. L'Adminiftrateur
étant mort , ils voulurent mettre à fa place
Elric Trolle , vieillard timide , indolent
irréfolu , & qu'ils auroient fait fervir à
leurs vûes ; mais ce projet échoua. Stenon ,
fils du dernier Adminiftrateur , fut élu , &
il fit conférer l'Archevêché d'Upfal au fils
de Trolle ; démarche qu'il crut propre ,
fans doute , à confoler fon rival de fon
exclufion . Ĉe bienfait politique n'eut pas
le fuccès qu'il en attendoit . Trolle plus humilié
que touché du tendre & généreux
intérêt que ce Prince avoit pris à lui , fit
éclater un reffentiment qui allarma égale
ment pour Stenon & pour la patrie. Le
jeune Prélat ne pouvoit pas fe conføler de
DECEM BR E. 1754. 115
n'être que le fecond dans un état qu'il avoit
compté gouverner d'abord ſous le nom de
fon pere , & dans la fuite fous le fien . Son
mécontentement éclata bientôt.Il fe mit à la
tête du Clergé , s'unit avec les Danois , &
corrompit le Gouverneur de quelques places
fortes. Stenon inftruit de tout ce qui
fe tramoit contre l'Etat , convoqua le Sénat
, & Trolle fut reconnu pour l'auteur
& le chef de la confpiration. L'Archevêque
déterminé à la ruine de fon pays , par
un reffentiment que les contretems rendoient
plus vif, ne daigna ni juftifier fa
conduite , ni fe plaindre de fes complices :
il fe retira dans le châreau de Steke , en
attendant du fecours de Chriftiern. A perne
l'Adminiftrateur eut - il commencé le
fiége de cette place , que les Danois vinrent
faire une defcente près de Stockolm ;
Stenon y marcha avec une partie de fon
armée , & il fe livra un combat auffi fanglant
qu'il devoit l'être au commencement
d'une campagne entre deux nations rivales
, dans une occafion décifive & pour de
grands intérêts. La victoire fe déclara pour
La Suede , les Danois regagnerent leurs
vaiſſeaux , & l'Archevêque fut obligé de
fe rendre. Les Etats le déclarerent ennemi
de la patrie , l'obligerent de renoncer à fa
dignité , & le condamnerent à finir fés
jours dans un cloître.
116 MERCURE DE FRANCE.
"
23
» Quand le Pape n'auroit pas été follicité
par le Prélat dépofé & par Chriftiern
» de s'élever contre ce jugement , il l'au- |
» roit fait. La Cour de Rome dont les droits
» n'avoient pas été auffi bien éclaircis
» qu'ils l'ont été depuis , appuyoit indiffé-
» remment le Clergé dans toutes les affai-
» res , avec une vivacité & une fierté qui
» ne fe démentirent pas en cette occaſion .
» Elle fit menacer les Etats & l'Adminif
» trateur des cenfures de l'Eglife , s'il ne
rétabliffoient fans tarder l'Archevêque
fur fon fiége , & dans tous les avantages
» dont on l'avoit privé.
"
» Il eft glorieux pour l'humanité que
» dans un fiécle où la Philofophie avoit fait
» fi peu de progrès , un peuple entier ait
» diftingué l'autorité légitime du chef de
» la religion , de l'abus qu'il en peut faire.
» Les Suédois en marquant beaucoup de
» refpect au Souverain Pontife , parurent
» affez tranquilles fur les foudres qu'il préparoit
contr'eux. Ils témoignerent de la
répugnance à lui defobéir ; mais enfin ils
» lui defobéirent , & ils aimerent mieux
» l'avoir pour ennemi que de rifquer de
» rallumer dans leur patrie le feu des
» guerres civiles qu'ils avoient eu tant de
peine à éteindre. Si cette généreufe réfolution
avoit été accompagnée d'un ex-
"
و د
DECEMBRE. 1754 117
cès d'emportement , Rome fe feroit trou-
» vée heureufe : dans la réfolution où elle
» étoit de pouffer les chofes à l'extrêmité ,
elle auroit voula paroître forcée à des
❞ violences par des outrages qui les juftifiaffent.
L'impoffibilité de mettre les apparences
de fon côté , ne lui fit pas aban-
» donner fes vûes : elle mit en interdit la
» Suede , excommunia l'Administrateur &
» le Sénat , ordonna le rétabliſſement de
» Trolle , & pour comble d'injuftice , chargea
le Roi de Dannemarc de procurer
" par la voie des armes l'exécution d'une
Bulle fi odieufe.
و د
Chriſtiern étoit & fe montra digne d'une
telle commiffion. Il entra en Suede , & mit
tout à feu & à fang ; après bien des ravages
& bien des cruautés , les Suédois furent
défaits dans une bataille où Stenon fut
rué ; cet événement fit la deftinée de la
Suede ; tout tomba dans une confufion
horrible. Trolle qui avoit profité des malheurs
publics pour remonter fur fon fiége ,
convoqua les Etats. La craintelou la féduc
tion y firent reconnoître fans obftacle l'au
torité de Chriftiern , qui commença par
immoler à fon reffentiment & à fon ambition
tout ce qui auroit pu lui faire quelque
ombrage. Il fit maffacrer les Seigneurs
les plus diftingués de Suede & tout ce qui
118 MERCURE DE FRANCE.
reltoit d'hommes puiffans affectionnés à
leur patrie , ou aimés des peuples. Avec ces
victimes expira l'efpérance & prefque le
defir de la liberté. Les loix anciennes furent
abrogées , le defpotifme porté au dernier
période , & il ne fe fit aucun mouve
ment . Rien ne caufoit & ne pouvoit caufer
d'inquiétude à Chriftiern que la
fonne de Guftave Vaſa.
per-
Ce jeune Seigneur defcendoit des anciens
Rois de Suede , & s'étoit fignalé dans
plufieurs occafions ; c'étoit un homme fupérieur
, né pour l'honneur de fa nation
& de fon fiécle , qui n'eut point de vices ,
peu de défauts , de grandes vertus & encore
plus de grands talens.
Retenu en Dannemarc par une perfidie ,
il avoit trouvé l'occafion de s'échapper des
mains de Chriftiern , & s'étoit caché dans
les montagnes de la Dalecarlie. Après avoir
erré long- tems , forcé par le befoin de travailler
aux mines , il trouva enfin chez un
Curé un afyle , qui devint le berceâu de la
liberté , de la gloire & du bonheur de la
Suede. De concert avec cet Eccléfiaftique ,
homme fage , defintéreffé , inftruit , accrédité
, zélé pour fa patrie , Guftave commença
par échauffer les efprits , & il profita
du premier feu de l'enthoufiafme qu'il fit
aaître pour fe faire un parti. A la tête de
DECEMBRE. 1754. 119
par
quatre cens hommes il emporta d'affaut
une place commandée le Gouverneur
de la province ; fes premiers fuccès donnerent
de l'audace ; fa petite armée s'accrut
à vûe d'oeil , & il n'eût qu'à fe montrer
dans les provinces voisines de la Dalecarlie
pour les foulever. La timidité & l'indolence
du Viceroi que Chriftiern avoit
laiffé en Suede , donna à Guſtave le tems
de faire des progrès plus confidérables , de
groffir & de difcipliner fes troupes . Trolle
faifit le tems où les Dalecarliens s'étoient
retirés dans leurs pays pour faire la moiffon
; il fe mit à la tête de quatre mille
hommes , & alla attaquer brufquement
Guftave , qui n'étoit pas affez fort pour
l'attendre. Ce léger échec fut bientôt réparé
par Guftave , qui l'attaqua à fon tour
fi vivement , que l'Archevêque échappa à
peine avec la dixieme partie de fes troupes.
Les vainqueurs marcherent droit à Stockholm
; le Viceroi & l'Archevêque , dans la
crainte que quelque malheureux hazard
ne les fit tomber entre les mains de leurs
ennemis , s'enfuirent en Dannemarc . Leur
retraite fut un événement décifif pour
mécontens. L'indépendance du Royaume
parut affez affurée
pour qu'on crût pouvoir
convoquer fans rifque les Etats Généraux
, & donner quelque forme à un
,
les
120 MERCURE DE FRANCE.
Gouvernement qui n'en avoit point .
» L'affemblée ne fut pas nombreufe ; il
ne s'y trouva de Députés que ceux que
» l'amour de la patrie & la haine des tyrans
» élevoient au - deffus de tous les périls.
» Les réfolutions des hommes de ce carac-
» tere ne pouvoient manquer d'être har-
» dies & leurs démarches vigoureufes . Ils
» renoncerent folemnellement à l'obéïffan
» ce qu'ils avoient promife à Chriftiern ,
» éleverent leur Général , qui n'avoit dû
» jufqu'alors for autorité qu'à fon coura-
» ge , à la dignité d'Adminiftrateur , & ar-
» rêterent qu'on continueroit à faire une
» guerre vive & fanglante.
Tandis que Guftave reprenoit fur les
Danois les places qui leur reftoient en Suede
& qu'il formoit le fiége de Stockholm ;
la révolution qui fe fit en Dannemarc affûra
l'indépendance de la Suede. La tyrannie
& les excès de Chriftiern révolterent fes
fujets , & leur infpirerent une réfolution
violente . Ils déthrônerent ce Prince , qui
fe retira auprès de Charles - Quint fon beaufrere
, & ils placerent fur le thrône Frideric
, Duc de Holſtein.
Cet événement ôta aux Danois , qui
étoient encore en Suede , le courage , l'efpérance
& la force de s'y maintenir. Ceux
qui défendoient Stockholm offrirent de
capituler;
DECEMBRE . 1754. 125
capituler ; mais l'Adminiftrateur laiffa traîner
le fiége , fous prétexte de le finir d'une
maniere plus honorable , mais en effet pour
obliger par ce fantôme de péril les Etats
Généraux de lui déférer la couronne . Cette
politique étoit plus artificieufe que néceffaire.
Guftave fut proclamé Roi avec une
unanimité & un enthouſiaſme qui étoient
fûrement les fuites de la plus vive admiration
& d'une efpece d'idolâtrie . L'union
que fit ce Prince avec Frideric , acheva
d'établir la tranquillité , la gloire & l'indépendance
de la Suede. Guftave ne fongea
plus qu'à réformer l'intérieur du Royaume
, en fubftituant de bonnes loix à la barbarie
ancienne, & une police fage aux abus
introduits par les troubles civils. Il fut
éclairé , foutenu & dirigé dans fes vûes
par un homme célebre , qu'il eft important
de connoître à fond.
Ce confident habile fe nommoit Larz-
Anderfon , né de parens obfcurs & fans
fortune. Il avoit commencé à fe diftinguer
dans l'Eglife ; mais dégoûté d'une carriere
où l'on n'avançoit que par les fuffrages de
la multitude , il s'attacha à la Cour. » Guftave
démêla bientôt dans la foule des
» courtifans empreffés à lui plaire, un hom-
» me propre à le fervir ; & dédaignant
»toutes ces petites expériences fi néceffai-
11. Fol.
و د
F
22 MERCURE DE FRANCE.
» res aux Princes médiocres , & qui ne leur
»fuffifent même pas , il l'éleva tout de
» fuite au premier pofte du Royaume , &
» le fit fon Chancelier,
و ر
» Anderſon juſtifia cette hardieffe . C'é-
» toit un génie que la nature avoit fait pro-
» fond , & que les réflexions avoient étendu,
Quoiqu'il eut l'ambition des grandes
places , il avoit encore plus l'ambition
» des grandes chofes , & il aimoit mieux
voir croître fa réputation que fon crédit.
» Il n'étoit pas citoyen dans ce fens qu'il fe
» fût facrifié pour fa patrie ; mais il méri-
>> toit ce beau nom , fi on veut l'accorder
» aux Miniftres qui ont des idées aflez juf-
» tes pour croire que leur gloire eft infé-
»parable de celle de leur Roi & de leur na-
» tion. L'exemple de ceux qui l'avoient pré-
» cédé ni le jugement de ceux qui le devoient
» fuivre , n'étoient pas la régle de fa con-
»duite ; fes projets n'étoient cités qu'à fon
» tribunal & à celui de fon maître. Cette
» indépendance qui ne peut être fentie que
» par ceux qui l'ont , étoit accompagnée
» d'une fagacité qui faififfoit tout , depuis
»les premiers principes jufqu'aux dernie-
" res conféquences , & d'une lumiere qui
» fourniffoit des vûes fublimes & les expédiens
propres à les faire réuffir . Letalent
» de hâter les événemens fans les précipi
ter lui étoit comme naturel ; & en par
و د
39
DECEMBRE. 1754 123
-99
93
و د
roiffant céder quelquefois aux difficultés,
il venoit toujours à bout de les furmonter.
L'étude de l'hiftoire & fes réflexions
» l'avoient affermi contre les murmures ,
les tumultes , les révoltes même ; & il
» étoit convaincu qu'avec du courage , du
fang froid & de la politique on vient
» tôt ou tard à bout de fubjuguer les hom-
" mes & de les ramener à leurs intérêts. Il
fçavoit le détail des loix comme un Ma-
» giftrat , & en poffédoit l'efprit en Légiflateur.
On réfiftoit d'autant moins à fon
éloquence , qu'elle partoit d'une raifon
» forte . Ce Miniftre appartenoit plus à un
autre âge qu'à celui où il vivoit ; & fes
» contemporains qui n'étoient pas à beau-
>> coup près auffi avancés que lui , n'apperçurent
pas toute l'élévation de fon ca-
» ractere , ni l'influence qu'il eut fur les
» révolutions qu'éprouva la Suede .
บ
93
"
Ce Royaume étoit la proye des Eccléfiaftiques
: leur autorité pouvoit exciter de
nouveaux troubles , & ils poffédoient tout
l'argent , toutes les richeffes de la Suede . I
falloit trouver un prétexte pour les dépouiller.
Anderſon en imagina un ; c'étoit
d'introduire le Luthéranifme , qui faifoit
des progrès rapides en Allemagne , & qu'il
avoit adopté par cet efprit d'inquiétude fi
ordinaire à ceux qui font nés plus grands
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
que leur condition. Guſtave adopta les
vûes de fon Chancelier ; mais cette révolution
ne pouvoit fe faire que par dégrés :
on laiffa le tems au Luthéranifme de s'établir
dans le Royaume. Des Docteurs de
réputation qu'on fit venir d'Allemagne , lui
donnerent de l'éclat ; la faveur qu'ils parurent
avoir, leurs déclamations, le goût de la
nouveauté entraînerent bientôt une partie
de la nation . A mefure que le Luthéranifme
faifoit des conquêtes fur le Royaume ,
Guftave en faifoit fur le Clergé. Il commença
par abolir une efpece d'impôt que
les Curés avoient mis fur certains péchés .
Il ôta aux Evêques le droit qu'ils avoient
ufurpé d'hériter de tous les Eccléfiaftiques
du fecond ordre. Les troupes furent mifes
en quartier d'hiver fur les terres du Clergé ,
ce qui étoit fans exemple : enfin il propofa
de prendre les deux tiers des dîmes pour
l'entretien des troupes , & une partie de
l'argenterie & des cloches des Eglifes riches
pour abolir , en payant les étrangers ,
les privileges odieux dont ils jouiffoient.
Ces expédiens furent généralement approuvés
; & s'il y eut quelque mécontentement
, il n'éclata pas.
Guftave mit la derniere main à fes grands
deffeins, en convoquant les Etats Généraux
à Vefteras en 1527. Les innovations qu'il
DECEMBRE . 1754. 125
propofa pour achever d'écrafer la puiffance
du Clergé , parurent trop hardies , &
le ton de defpotifine qu'il prit étoit trop
nouveaupour ne pas exciter quelques mou.
vemens ; mais ils n'eurent point de fuites .
Les troubles furent bientôt appaifés , & ce
que les Etats avoient arrêté fut établi fans
obftacle. » Le mépris pour la Communion
» Romaine fuivit la ruine & l'aviliffement
» du Clergé , qui avoient été le but de tou-
» tes les innovations qu'on venoit d'intro-
» duire. Guftave fe déclara enfin Luthe-
» rien , & toute la nation voulut être de
» la religion du Prince . Rien ne prouve
» les progrès de l'efprit de fervitude dans
» un Etat , comme l'influence du Souverain
fur la croyance des peuples. Le facrifice
de fes opinions qui coûte fi peu à
» la Cour , où on n'a proprement que des
préjugés , eft fi grand à la ville & dans
» les provinces où on a des principes ,
» qu'il prépare à tous les autres facrifices ,
» & même les affure . Auffi lorfque Guf-
» tave demanda aux Etats en 1544 , que
» la Couronne qui avoit toujours été élec-
» tive fû: déclarée héréditaire , il n'éprou
» ya point de contradictions .
" Tel fut le dernier acte d'un des regnes
les plus éclatans que le Nord ai vû ;
» nous ajouterions d'un des plus heureux ,
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
»fi Guſtave avoit été auffi jufte qu'il étoir
»grand , & fi en faifant par fon caractere
»le bonheur de la génération qu'il gou-
» vernoit , il n'avoit pas préparé le mal-
» heur de celles qui devoient la fuivre ,
en établiffant un defpotifme dont fes fuc-
»ceffeurs ne pouvoient manquer d'abuſer .
Hiftoire du divorce de Henri VIII. Roi
d'Angleterre , & de Catherine d' Arragon ,
depuis 1527 jufqu'en 1534.
Henri VII , furnommé dans l'hiftoire le
Salomon de l'Angleterre , voulut rendre à
fa couronne , par une alliance avantageufe,
l'éclat que les guerres civiles lui avoient
fait perdre , & il obtint pour le Prince de
Galles fon fils , Catherine d'Arragon . Ce
mariage ne fut pas heureux ; le jeune Prince
mourut un an après , à l'âge de quinze
ou de feize ans. Cet événement pouvoit
Fompre les liens qui uniffoient l'Espagne
& l'Angleterre , & qui les rendoient redoutables
à tous leurs voifins. Pour calmer
les inquiétudes des deux Puiffances , il fut
arrêté que le nouveau Prince de Galles
épouferoit la veuve de fon frere . Pour former
ces nouveaux noeuds , on eut befoin
d'une difpenfe , & le Pape Jules fecond
l'accorda,
DECEMBRE. 1754. 127
Henri & fa belle-four furent fiancés
folemnellement en 150;, & le Prince qui
n'avoit alors que douze ans , n'eut pas
plutôt atteint fa quatorziéme année qu'il
it en préſence de plufieurs témoins une
proteftation en forme contre le confentement
qu'il avoit donné. Cette proteſtation
fut tenue fecrette jufqu'à la mort de
Henri VII en 1509 , & le mariage fur
célébré la même année . » Catherine avoit
» des vertus , mais les agrémens de fon
» fexe lui manquerent. Elle n'avoit ni grace
» ni dignité , ni defir de plaire ; fa triftefle
» & fon indolence augmenterent avec l'âge
» & les infirmités . Le dégoût de Henri qui
»> ne l'avoit jamais aimée , devint infen-
» fiblement extrême , & ouvrit le coeur de
» ce Prince à une paffion fort vive pour
» Anne de Boulen.
Anne étoit plus que belle , elle étoit
piquante. Ses traits manquoient de régularité
; il en réfultoit cependant un
enfemble qui furpaffoit la beauté même.
» Une taille parfaite , le goût de la danfe ,
» une voix touchante , & le talent de
jouer avec grace de plufieurs inftru-
» mens , relevoient en elle l'éclat de la
premiere jeuneffe. Quoique la France
ne fût pas alors autant qu'elle l'a été
depuis en poffeffion de fervir de modele
"
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
» aux autres peuples , Anne y avoit pris
» des manieres , un ton , des modes , qui
» fixerent fur elle les yeux & prefque l'ad-
» miration de la Cour de Londres. Cette
premiere impreffion fut foutenue par une
» converfation vive & légere , par un enjouement
ingénieux & de tous les inftans.
Les foupçons que pouvoit faire naître
fon air libre & trop carreffant, étoient
détruits par fon âge & par fa diffipation.
Elle ne montroit de l'empreffement
"que pour les plaifirs & pour les fêtes ; &
il paroiffoit fi peu d'art dans fa conduite Ᏺ
qu'il étoit prefque impoffible de lui fup-
»pofer des projets. Sa coquetterie ne fit
pas & ne devoit pas faire des impref-
»lions fâcheufes on la regarda comme
» une fuite de l'éducation frivole qu'elle
avoit reçue , & non comme un vice du
» coeur, ou le fruit de la réflexion . Les
» événemens prouverent que fon caractere
» avoit échappé aux courtifans les plus dé-
» liés : elle fe trouva diffimulée , profonde
, ambitieufe , & fut tout cela à un
» haut dégré & avant vingt ans.
Percy parut le premier fenfible aux char
mes d'Anne , ou fut , fi l'on veut , le premier
féduit par fon adreffe. Ses foins furent
acceptés , & leur union alloit être
confommée fi l'amour du Roi n'y avoit mis
DECEMBRE. 1754. 129
1
obftacle. Percy fut forcé de renoncer à fa
maîtrelle : Henri déclara lui-même à Anne
les fentimens qu'il avoit pour elle , mais
il la trouva plus fiere qu'il ne l'avoit cru.
Eclairée fur la violence de la paffion qu'elle
avoit infpirée , elle parut plus offenfée que
Alattée des propofitions du Prince , & lui
fignifia qu'elle feroit fa femme ou ne lui
feroit rien. C'est à cette époque que les
écrivains Catholiques fixent la premiere
idée qu'eut Henri de faire divorce avec
Catherine ; les Proteftans la font remonter
plus haut. On n'eft pas moins embarraſſé
fur la date précife de la réfolution qu'il
en prit ; on auroit évité de longues & ameres
conteftations , fi on avoit été affez
defintéreffé de part & d'autre , pour voir
que le Cardinal Wolfey étoit l'unique ,
ou du moins la principale caufe de ce
grand événement.
Cet homme célébre , rapidement paffé
de la condition la plus baffe au miniſtere
& à la pourpre , avoit d'abord embraffé le
parti de l'Empereur , & il l'abandonna
enfuite , parce qu'il vit que ce Prince l'avoit
trompé par les fauffes efpérances qu'il
lui avoit données de le placer fur le trône
de l'Eglife . Wolfey voulut humilier Charles-
Quint , en faisant répudier Catherine
d'Arragon fa tante. Ce Cardinal porta
Fv
130 MERCURE DE FRANCE..
dans cet odieux procès plus d'adreffe que :
la paffion n'en permet ordinairement , &
plus de circonfpection qu'on ne l'auroit:
dû efpérer de la hauteur & de l'emporte--
ment de fon caractere. Il commença par
perfuader le Confeffeur du Roi , dont les .
remontrances firent naître des doutes dans
l'efprit de Henri , & ces fcrupules joints à
la décision de quelques Théologiens , le
déciderent entierement pour le divorce..
Sa réfolution ne tarda pas d'éclater. Trois
Ambaffadeurs François étant arrivés en Angleterre
, conclurent fans beaucoup de difficultés
, un traité de paix perpétuelle entre
les deux nations , & ils arrêterent que:
Marie , fille de Henri , épouferoit François
I. ou fon fecond fils le Duc d'Orléans
.
"
"
» L'Evêque de Tarbes , celui des Am-
» baffadeurs qui avoit le plus le talent des
" affaires , & le feul qui eut le fecret de
» celle-là , parut environ huit jours après
la fignature du traité , mécontent d'une
» négociation dont le fuccès éroit regardé
» comme complet. Son chagrin fut remar
» qué comme il le devoit être , & on cher-
» cha à en deviner la caufe . Le public s'é-
" puifa à l'ordinaire en conjectures , & les
gens en place en queftions. Lorfque le
» Prélat crut avoir affez long-tems tenu
DECEMBRE. 1754. 131
les efprits en fufpens , il fe laiffa arra-
» chet fon fecret : il dit avec un certain
embarras affez ordinaire à ceux qui ont
des vérités fâcheufes à annoncer aux
Princes , qu'il craignoit beaucoup qu'u-
»ne partie des liens que venoient de for-
>> mer les deux nations , ne fuffent bien-
» tôt rompus , & qu'en particulier le mariage
projetté ne pût pas s'exécuter. Preffé
» de s'expliquer fur le myftere que renfer-
» moient ces dernieres paroles , il avoua
» qu'il croyoit nulle l'union de Henri &
» de Catherine , & qu'il étoit inftruit que
» les Théologiens les plus habiles ne pen-
» foient pas autrement que lui.
» Le Roi parut frappé de ce difcours
» comme il l'eût été d'un coup de foudre ;
fon but étoit de perfuader par cet éton-
» nement à l'Europe que le premier doute
» fur fon mariage lui étoit venu à cette oc--
» cafion.
Les fcrupules de l'Evêque de Tarbes furent
regardés comme des vérités incontef
tables , & il partit fur le champ pour l'I--
talie un Miniſtre , chargé de folliciter au--
près du Saint Siége la diffolution du ma--
riage avec Catherine .
Člement VII . qui gouvernoit alors , étoit
encore prifonnier au Château Saint - Ange.-
Le fecours prompt & affuré qu'on lui pro-
Fvj
132 MERCURE DE FRANCE.
mit , l'auroit infailliblement déterminé à
faire ce qu'on exigeoit de lui , s'il n'eût
été arrêté par la crainte de Charles - Quint.
Lorfque le Pape fut libre , les négociateurs
Anglois devinrent plus preffans , mais leur
adreffe & leur activité ne purent vaincre
fes irréfolutions. Il vint à bout de faire
naître des obftacles & des incidens fort
naturels , qui reculoient la décifion de cette
affaire . Après bien des détours & des lenteurs
, preflé par les inftances de l'Angleterre
, Clement établit enfin Wolfey juge
de l'affaire du divorce , & on lui donna
pour adjoint le Cardinal de Campege , qui
s'étoit trouvé du goût des deux Cours.
Il n'y avoit qu'à fuivre la négociation
de Campege , pour être convaincu que le
Pape ne donneroit jamais les mains à un
projet contraire aux intérêts de fon Siége
& à ceux de fa maifon , & qu'il vouloit
feulement obtenir par ce moyen un traitement
plus avantageux de Charles. Quint.
L'affaire fe rempliffoit tous les jours de
nouvelles difficultés. Henri que fa paffion
mettoit dans un état violent , fatigué
de tant d'indécifions , envoya de nouveau
à Clément deux Miniftres pour preffer l'exécution
de fon projet ; mais leurs infinuations
n'ayant pas eu le fuccès qu'ils
s'étoient promis , ils eurent recours à des
DECEMBRE. 1754 133
moyens odieux. Ils joignirent aux reproches
les plus humilians , des menaces effrayantes.
On faifoit craindre au Pape d'être déposé ,
fous prétexte que fon élection avoit été
irréguliere ; que l'Angleterre ne fecouât un
joug qui devenoit tous les jours plus dur &
plus injufte , & que l'Europe entiere éclairée
& enhardie par un exemple fi frappant ,
ne renonçât à l'ancien préjugé qui la tenoit
fous la domination du S. Siége. Ces
moyens ne réuffirent pas , & l'affaire du
divorce fut ramenée au tribunal de Wolfey
& de Campege. Les Légats , après l'examen
de cette caufe finguliere , citerent le
Roi & la Reine pour le 18 Juin 1529. La
Reine comparut devant eux , mais les recufa
pour juges , & ne voulut jamais fe
défifter de fa récufation . » On l'auroit peut-
» être crue occupée de fa vengeance , fi
nenfe précipitant devant toute l'aflemblée
" aux pieds du Roi , elle n'avoit fait voir
» qu'il n'y avoit dans fon coeur que le défir
» & peut- être l'efpérance de regagner un
» coeur qu'elle avoit malheureufement perdu.
Cette pofture , fon amour & fes infortunes
lui infpirerent tout ce qu'on
peut imaginer de plus modeste , de plus
» tendre & de plus touchant. Dès qu'elle
» eut fini de parler , elle fe retira , & alla
attendre dans l'obfcurité , dans les lar134
MERCURE DE FRANCE.
" mes & dans l'incertitude les effets d'une
» fcene aufli attendriffante que celle qui
» venoit de fe paller.
» Le denouement de ce coup de théatre
» ne fut pas tel qu'on avoit cru pouvoir
» l'efpérer. Tout l'attendriffement qu'on
avoit remarqué dans le Prince fe réduifoit
à une compaffion ftérile , & à des
éloges vagues. Henri rendit justice à la
» conduite exemplaire , à l'humeur douce ,
» à la foumiffion fans bornes de Cathe-
» rine ; & il parut fâché que la religion &
la confcience ne lui permiffent pas de
finir fes jours avec une Reine malheureufe
, qui n'avoit jamais rien dit ni rien-
»fait que de louable .
Tandis que Campege éloignoit tant qu'il
pouvoit la décifion de cette affaire , l'Empereur
fit un traité à Barcelone , dans lequel
il traitoit favorablement le S. Siége
dans la vûe de fe venger , fur tout du Roi
d'Angleterre , qui l'infultoit cruellement
dans la perfonne de fa tante. Le Pape immédiatement
après fon raccommodement
avec l'Empereur , évoqua l'affaire du divorce
, & fe rendit par cette démarche foible
& imprudente , l'inftrument d'une hai
ne , d'un orgueil , d'une politique qu'il auroit
dû traverfer , & dont il pouvoit trèsaifément
devenir la victime.
DECEMBRE.
1754. 135
Campege s'en retourna à Rome , & Wol- .
fey fut immolé au reffentiment du Roi ; il
fe vit accablé d'une fuite d'accufations
d'opprobres & de malheurs qui le conduifirent
au tombeau.
Henri dont les contretems ne faifoient
qu'irriter la paffion , fut obligé de chercher
d'autres moyens on lui confeilla deconfulter
toutes les Univerfités de l'Europe.
Celle d'Oxford & de Cambridge étoient
vendues à la Cour , & déclarerent le mariage
nul. Celles de France furent affez
partagées , & la Sorbonne , divifée en plufieurs
factions , ne céda qu'à des vûes d'intérêt
& de politique à la volonté du Roi
& à l'argent d'Angleterre. Le dernier de
ces moyens fut feul affez puiffant pour gagner
les Univerfités d'Italie . La fureur de
fe vendre étoit montée à tel point qu'on
avoit un Théologien pour un écu ; quelquefois
pour deux une Communauté entiere
, & qu'un Couvent de Cordeliers
paffa pour cher parce qu'il en coûtoit dix.
Mais les Théologiens Allemans ne cederent
ni à la féduction ni aux follicitations ,.
& refuferent de fe déclarer pour le divorce.
La Cour de Rome vit ces manoeuvres
avec une indifférence méprifante : c'étoit
un étrange aveuglement de penfer qu'on
136 MERCURE DE FRANCE.
la fubjugueroit par les décisions de quelques
Théologiens . Cette Cour trop intéreffée
depuis long-tems , & trop politique
pour fe conduire par les maximes foibles ,
bornées & incertaines des cafuiftes , regardoit
malheureufement moins la religion
comme fa fin , que comme un moyen d'y
arriver.
Henri qui voyoit avec douleur le peu
de fruit qu'il tiroit de toutes fes démarches
, forma , pour fe venger de Clement ,
le deffein de lui enlever l'Angleterre . Il
commença par défendre , fous des peines
capitales , de recevoir aucune expédition
de Rome qui ne fût appuyée de fon autorité
. Il attaqua les privileges du Clergé , &
dépouilla le Pape de fes droits les plus effentiels.
Dans le même tems , Catherine
preffée de nouveau de confentir au divorce
, & toujours ferme dans ſon refus , fut
obligée de s'éloigner de la Cour , où elle
ne retourna jamais.
Le Roi d'Angleterre voulut enfin terminer
fes irréfolutions , en fuivant le confeil
que lui donna François I. de fe paffer
de la difpenfe du Pape , & d'époufer fans
délai une femme aimable , qui étoit devenue
néceffaire à fon bonheur. Le mariage
fe fit , & demeura fecret jufqu'à la
groffeffe d'Anne de Boulen , qui força de
DECEMBRE . 1754. 137
le rendre public avant même qu'on eût pû
déclarer nul celui de Catherine. Cette derniere
opération fut l'ouvrage de Cranmer ,
Archevêque de Cantorbery , qui engagea
le Clergé d'Angleterre à prononcer fur
l'affaire du divorce ; & malgré la précaution
qu'avoit prife le Pape de fe referver
la connoiffance de ce grand procès , le ma--
riage fut caffé folemnellement. Anne entra
en triomphe dans Londres , & y fut reçue
avec un éclat & une magnificence finguliere
.
Clément apprit avec un dépit fenfible
ce qui venoit de fe paffer : il fit une Bulle
qui excommunioit Henri & Anne de Boulen
, s'ils ne fe quittoient dans quelques
mois ; & après de nouvelles négociations
pour terminer cette affaire , le Pape affembla
fon Confiftoire , & le réfultat fut une
fentence qui obligeoit le Prince à repren
dre Catherine , fous peine d'excommunication
pour lui , & d'interdit pour fon
Royaume. Le Parlement avoit prévenu ce
jugement par une loi qu'il avoit faite quelques
jours aparavant , & qui défendoit de
reconnoître l'autorité du Pape. Henri recueillir
le fruit d'une politique profonde &
fuivie ; & fans faire d'autres changemens
dans la religion , il défendit tout commerce
avec le S. Siége , & voulut être lui -même
138 MERCURE DE FRANCE.
chef de l'Eglife dans fon Royaume . La nation
adopta les idées fchifmatiques qu'on
lui préfentoit ; elle fuivit depuis les opinion
de Zuingle fous Edouard , retourna à
la communion de Rome fous Marie , & fe
forma fous Elizabeth un culte qu'elle profeffe
encore aujourd'hui , fous le nom de
Religion Anglicane.
Hiftoire de la conjuration de Fiefque
en 1546 & 1547.
André Doria délivra en 1528 la République
de Gênes du joug de la France ,
& y établit l'ordre qui fubfifte encore aujourd'hui,
Ce plan de Gouvernement , le feul
peut-être qui pût convenir au caractere
» des Génois , & à la fituation où ils fe
» trouvoient , les devoit raffurer naturelle-
» ment contre les entreprifes de Doria . Si
» ce grand Capitaine eût en réellement
» les vûes que lui ont fuppofées la plupart
" des hiftoriens , ou il auroit laillé fon
"pays dans l'anarchie , ou il y auroit éta-
39
bli des loix mauvaifes , ou il fe feroit
" emparé de la dignité de Doge ; trois
» voies qu'il lui étoit aifé de prendre , &
» dont chacune devoit prefque néceffaire-
» ment le rendre maître de la République.:
33
DECEMBRE. 1754. 139
» Avec un peu d'attention , on démêle
» qu'il ne cherchoit ni à être tyran ni à
» être citoyen , & qu'il vouloit fe venger
» feulement de la France , qu'il avoit bien
fervie , & dont il étoit mal traité. Ce
projet qui étoit connu de tout le monde
, & celui de maintenir la révolution ,
» l'autorifoit , fans qu'on en prît ombrage ,
» à fe charger , comme il fit , du comman
dement des galeres de Charles Quint . 11
eft vrai que ce moyen avoit quelque
» chofe d'équivoque , & qu'il pouvoit fer-
» vir à opprimer la liberté publique auffi
bien qu'à la défendre : mais l'ordre que
» Doria avoit d'abord établi dans l'Etat ,
étoit une preuve de modération , que ce
» qu'il avoit laiffé voir d'ambition ne de-
» voit gueres affoiblir , & que fa conduite
» fortifioit extrêmement. Content de l'em-
» pire que lui donnoient fur les efprits &
>> fur les coeurs les grandes chofes qu'il
» avoit faites , il paroiffoit préférer de
» bonne foi la tranquillité de la vie privée
» à l'embarras des grandes places , & fe
» livrer aux affaires plutôt par zéle que
" par goût. Il y a apparence que des dehors
auffi impofans auroient trouvé une
» confiance entiere , fans la préfomption:
» & les hauteurs d'un parent éloigné qu'il.
avoit adopté pour fils ..
140 MERCURE DE FRANCE.
Ce jeune homme fe nommoit Jeannetin
Doria : condamné dès fes premieres années
à des travaux obfcurs , l'yvreffe où le jetta
le changement de fa fortune lui donna un
orgueil & des manieres qui révolterent
tout ce qui avoit de l'élévation dans l'ame ,
& fingulierement Jean- Louis de Fiefque ,
Comte de Lavagna. Ce jeune Seigneur ,
l'homme le plus riche de la République ,
éroit magnifique , aimable & féduifant :
avec un grand nombre de qualités brillan
res , il avoit l'apparence de plufieurs vertus.
» L'inquiétude qui le pouffoit aux gran-
» des places , venoit du defir qu'il avoit de
» faire de grandes chofes ; l'ambition ne
» lui étoit infpirée que par la gloire. Une
" erreur , qui étoit plutôt un malheur de
» fon âge qu'un défaut de fon efprit , lui
» fit confondre la célébrité avec une répu-
" tation fondée : il alla jufqu'à croire qu'il
» lui fuffiroit d'occuper de lui fes contem-
" porains , pour llaaiiffffeerr uunn grand nom à la
» poftérité. Tous ceux qui l'avoient étu-
» dié & qui fe connoiffoient en hommes ,
» lui trouvoient à vingt- deux ans une po-
»litique très- raffinée & une diffimulation
impénétrable : il leur paroiffoit né pour
» affervir fa patrie ou pour l'illuftrer .
Fiefque ne pouvoit manquer d'être mécontent
de la fituation où fe trouvoit la
DECEMBRE.
1754. 141
République . Il lui parut également indigne
de lui de vivre dans l'obfcurité , ou d'en
fortir par la faveur d'un homme qu'il méprifoit.
» Entre plufieurs moyens que lui
و ر
préfenta une imagination forte & impé-
» tueufe , celui de faire périr les Doria fut
» le feul qui lui parût infaillible , & il s'y
» arrêta avec beaucoup de fang-froid & de
» fermeté. La néceffité de changer la for-
» me du Gouvernement pour foutenir
» une démarche auffi hardie , ne l'effraya
» pas , & fut peut -être fans qu'il s'en dou-
» tât un motif de plus : il devoit paroître
» doux à un homme de fon caractere d'ab-
» battre d'un même coup fes ennemis , &
» de fe placer à la tête d'un Etat affez puif-
» fant. La révolution devoit être l'ouvrage
» du génie feul pour la maintenir , la
force étoit néceflaire , & Fiefque qui le
» vit , penſa à ſe ménager l'appui de la
» France.
Cette Cour entra aifément dans les vûes
de Fiefque ; & dans l'efpérance de fe venger
de Doria & de reprendre le Milanès fur
l'Empereur , elle accorda des fecours confidérables.
Fiefque inftruit que les mêmes
paffions qui lui avoient rendu la Cour de
France favorable , regnoient à celle du
Pape , s'occuppa du foin de les mettre en
jeu. Il alla lui-même à Rome pour négo142
MERCURE DE FRANCE.
cier cette affaire , & il écarta les foupçons
que ce voyage pouvoit faire naître , par,
l'attention qu'il eut au milieu de fes projets
de ne paroître occupé que de fes plaifirs
, & par l'art de cacher des deffeins
profonds fous un air frivole. Il trouva
Paul III. auffi bien difpofé qu'il le fouhaitoit
, & ce Pontife approuva la révolution
avec de grands éloges .
Fiefque ne s'occupa plus que du foin
de mettre la derniere main à fon entre-"
prife , & il ne put en être détourné
par les
remontrances d'un de fes plus zélés partifans
: c'étoit Vincent Calcagno , homme
d'un certain âge , & qui avoit une efpéce
de paffion pour le jeune Comte. » Comme
" il avoit le fens droit , les grandes entre-
» prifes commencoient par lui être toujours
fufpectes . Il étoit d'ailleurs né timide ,
» & les réflexions ou l'expérience qui chan
» gent quelquefois les caracteres , l'avoient
» affermi dans le fien. Tout ce qui avoit
» l'air trop élevé lui paroiffoit chimérique ,
" & il regardoit comme imprudent tout
» ce qu'on abandonnoit au hazard. Son
imagination étoit plus aifément étonnee
» que fon coeur ; & il étoit ferme jufques
» dans les périls qu'il avoit prévûs & qu'il
ور
و ر
avoit craints.
Le chef de la conjuration forma d'i
DECEMBRE. 1754. 143
bord fon attention à ne pas fe laiffer pénétrer
, & il fe rendit en effet impénétrable.
Sa conduite avoit quelque chofe de fi naturel
& de fiaifé , qu'il n'étoit pas poffible d'y
foupçonner le moindre myftere. André Doria
, malgré la profonde connoiffance qu'il
-avoit des hommes , fe laiffa impofer par ces
apparences , & Jeannetin fut féduit par les
témoignages d'eftime & d'attachement que
Fiefque lui prodigua.
Le Comte fçut fe concilier les négocians
, cette précieufe portion de citoyens
fi honorée dans le gouvernement populaire
, fi opprimée dans le defpotique , fi
négligée dans le monarchique , & fi méprifée
dans l'ariftocratique , en leur exagérant
le tyrannique orgueil des nobles
& en leur laiffant entrevoir la poffibilité
-de s'en délivrer. Par là il s'affuroit du peuple
, qui fuit aveuglément le mouvement
qui lui eft communiqué par ceux qui le font
travailler ou qui le font vivre un extérieur
brillant , des manieres ouvertes & polies
, des bienfaits répandus adroitement ,
acheverent de lui gagner la multitude.
Il ne manquoit à Fiefque que des fol-
' dats. Il eut une occafion favorable , & qui
fe préfentoit naturellement , d'en lever dans
fes terres. Il prit des arrangemens fecrets
avec Pierre- Louis Farnefe Duc de Parme
144 MERCURE DE FRANCE.
& de Plaifance , qui lui promit un fecours
de deux mille hommes. Il fit venir une
galere qui lui appartenoit , dans le port de
Gênes fes amis débaucherent quelques
foldats de la garnifon , & s'affurerent dedix
mille habitans déterminés : avec ces forces
réunies , les conjurés crurent qu'il étoit
tems de prendre une derniere réfolution.
La nuit du premier au fecond Janvier
fut l'inftant arrêté pour l'exécution de leur
projet . L'époque étoit adroitement fixée.
Comme le Doge qui fortoit de place le
premier du mois , ne pouvoit être remplacé
que le quatre , la République devoit fe
trouver dans une eſpèce d'anarchie , dont
il étoit poffible de tirer parti.
Un des chefs de la conjuration , & un
de ceux fur qui Fiefque comptoit le plus ,
étoit Jean Baptifte Verrina , » homme bra-
» ve , impétueux , éloquent : il avoit l'efprit
vafte , mais déréglé ; le coeur élevé ,
» mais corrompu . Son penchant l'entraî
»noit au crime , & le mauvais état de
» fes affaires le lui rendoit prefque indifpenfable.
Une imagination vive &
» forte lui préfentoit fans ceffe des projets
finguliers & hardis , dont il n'examinoit
» jamais ni la juftice ni les refforts , &
» dont il prévoyoit rarement les fuites. Il
étoit ennemi de tout repos , du fien
33
par
inquiétude ,
DÉCEMBRE. 1754. 145
99
inquiétude , de celui des autres par ambition
. Le Gouvernement établi dans fa
patrie lui déplaifoit , précisément parce
qu'il y étoit établi ; & tous ceux qui
» entreprendroient de le changer étoient
fûrs de trouver en lui des confeils dangereux
& des fervices utiles . Ce caractere
»l'avoit rendu cher à Fiefque , dont il régloit
les plaifirs , partageoit la fortune
» & dirigeoit en quelque maniere les paf-
"
fions.
>
Le jour arrêté pour la révolution commençoit
à luire , que les conjurés firent les
dernieres difpofitions. Verrina fe rendit à
l'entrée de la nuit fur la galere de Fieſque
qui étoit fon pofte ; il donna par un coup
de canon le fignal de l'attaque , & l'action
fut auffi - tôt engagée dans l'ordre qui avoit
été projetté. On commença par attaquer
ceux qui défendoient les portes de la ville
les plus effentielles , & dont on ſe rendit
bientôt maître . Jeannetin s'étant éveillé au
bruit , & étant accouru , fut reconnu &
maffacré fur le champ. André Doria euc
le tems de fe fauver dans un château à
quinze mille de Gênes . Cette lâcheté dans
un vieillard célébre par fa valeur , ne doit
furprendre que ceux qui ne connoiffent pas
les hommes .
Les avantages que remporterent les con-
II.Fol, G
146 MERCURE DE FRANCE.
jurés , redoubla leur activité & leur courage
: après s'être fortifiés à la hâte dans les
poftes dont ils s'étoient emparés , ils ſe
répandirent dans les rues en criant , Fiefque
& liberté. Ces deux mots , dont l'un rappelloit
à un grand nombre d'ouvriers le
nom de leur bienfaicteur , & l'autre réveil
loit dans tous les efprits l'idée du plus
grand des biens , féduifirent la populace ,
qui prit auffi-tôt les armes.
Les tentatives que fit le Sénat pour oppofer
la force aux conjurés ayant été funeftes
, il tourna fes'vûes vers la négociation.
Anfaldo Juftiniani , un des Sénateurs
députés , s'avança dans le lieu du tumulte
, & demanda froidement à parler au
nom de la République , au Comte de Fiefque
. Cet homme dangereux n'étoit plus ;
en voulant paffer fur une galere , il étoit
tombé dans la mer , & s'y étoit noyé. » Le
» fecret pouvoit être facilement gardé juf-
» qu'à la fin de l'action , fans la vanité
» puérilę de Jerôme , qui répondit à Juſ
» tiniani qu'il n'y avoit plus d'autre Com-
» te de Fiefque que lui , & qu'il n'écou-
» teroit les propofitions qu'on avoit à lui
faire , que lorfqu'on lui auroit livré le
Palais . Une réponſe auffi imprudente
» eut les fuites qu'elle devoit avoir. Le Sénat
raſſuré par le feul événement qui pût
"
DECEMBRE. 1754. 147.
changer fur le champ & d'une maniere
» ftable la fituation des chofes , montra de
» la fermeté ; & les conjurés , par une rai-
» fon contraire , perdirent toute leur au-
ور
"
dace. A mefure que la mort de leur
» cheffe répandoit , & elle fe répandit fort
» vîte , on voyoit les efprits fe refroidir ,
le-courage expirer dans tous les coeurs ,
& les armes tomber des mains . Ceux
»même que des haines plus vives , de
plus grands intérêts, ou un caractere plus
emporté avoient rendus jufqu'alors plus
» redoutables que les autres , fe laiffoient
» abbattre par la terreur commune. La ré-
» volution fut fi générale , qu'au point du
" jour il n'y avoit pas un feul factieux dans
» les rues de Gênes : ils étoient tous reti-
» rés dans leurs maifons , difperfés dans
» la campagne , ou retranchés dans quel-
» que pofte .
Aing finit cette confpiration , qui par
l'événement établit fur des fondemens prefque
inébranlables l'autorité qu'on avoit
voulu détruire.
politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Empire ,
jufqu'au traité d'Aix - la-Chapelle en 1748.
Par M. l'Abbé Raynal , de la Société royale
de Londres , & de l'Académie royale des
Sciences & Belles Lettres de Pruffe . Se
vend chez Durand , au Griffon , rue Saint
-Jacques ; 1754 , 3 vol . in- 8 °.
J'ai déja rendu compte des deux pres
miers volumes de mon ouvrage , je vais
donner l'extrait du troifieme ; il renferme
trois morceaux.
112 MERCURE DE FRANCE.
Hiftoire des révolutions arrivées en Suede
depuis 1515 jufqu'en 1544.
La Suede qui avoit jetté un fi grand éclat ,
lorfque fes habitans , connus fous le nom
de Goths , renverferent l'Empire romain &
changerent la face de l'Europe , étoit retombée
peu -à-peu dans l'obfcurité . Des dif
fenfions domeftiques & les vices du gouvernement
, avoient formé une efpece
d'anarchie , qui auroit cent fois perdu le
Royaume fi les peuples voifins avoient eu
des loix plus fages . Toutes les nations du
Nord languiffoient dans la même barbarie ,
& l'afcendant que les unes pouvoient prendre
fur les autres , ne devoit point venir
de la fupériorité de politique , mais du
bonheur des circonftances ; elles furent
pour le Dannemarc.
Marguerite qui y regnoit , joignoit à
»l'ambition ordinaire à fon fexe , une fui-
» te de vûes qu'il n'a pas fi communément.
» Elle parloit avec grace , & fçavoit em-
»ployer au befoin ce ton de fentiment , qui
» tient fouvent lieu de raifon & qui la rend
toujours plus forte. Contre l'ufage des
» Souverains , elle abandonnoit les appa-
» rences de l'autorité pour l'autorité même ;
» & elle retenoit le Clergé dans fes inté-
» rêts , en lui faifant prendre des déférences
DECEMBRE. 1754 113
»
ور
»
"
pour du crédit. Ce qu'elle faifoit éclater
de magnificence , n'avoit jamais pour ob-
»jet fes goûts , mais fa place ; & foit qu'el-
» le donnât , foit qu'elle récompenfât , c'é
»toit toujours en Reine & au profit de la
Royauté. Lorfque fes projets n'étoient
pas traversés par la loi , elle la faifoit
» obferver avec une fermeté louable ; &
» l'ordre public étoit ce qu'elle aimoit le
» mieux après fes intérêts particuliers . On
» n'a gueres pouffé plus loin qu'elle le faifoit
le talent de paroître redoutable fans
l'être : elle intimidoit fes ennerais par
» d'autres ennemis qu'elle avoit l'art de
» faire croire fes partifans. Ce que fes
» moeurs avoient d'irrégulier étoit réparé
» dans l'efprit des peuples par les dons
» qu'elle faifoit aux Eglifes. Ces facrifices
» coûtoient à fon caractere ; mais fa politique
les faifoit à fa réputation.
"
"
Cette Princeffe entreprit de réunir la
Suede à fes autres Etats , & elle y réuſſit :
mais les Danois ayant abufé de leur fupériorité
, les Suédois trouverent bientôt l'occafion
de fecouer un joug qu'ils déteftoient
, & ils fe donnerent un maître qui
prit le titre d'Aminiftrateur. Les Rois de
Dannemarc n'abandonnerent pas les droits
qu'ils prétendoient avoir fur la Suede , &
ce fut une fource de guerres longues &
114 MERCURE DE FRANCE .
fanglantes entre ces deux Etats.
Chriftiern étoit monté fur le thrône de
Dannemarc ; c'étoit un monftre , qui prefque
au fortir de l'enfance avoit pouffé aux
derniers excès tous les vices , & n'avoit
pas même le mafque d'une vertu . Il ne
chercha point à rapprocher les Suedois du
traité d'union des deux Royaumes , il ne
chercha qu'à les foumettre. Le mécontentement
du Clergé de Suede étoit une difpofition
favorable pour ce Prince. Les Evêques
avoient joui d'une autorité fi étendue
fous les Rois Danois , qu'ils croyoient
ne devoir rien oublier pour ramener les
mêmes circonftances. L'Adminiftrateur
étant mort , ils voulurent mettre à fa place
Elric Trolle , vieillard timide , indolent
irréfolu , & qu'ils auroient fait fervir à
leurs vûes ; mais ce projet échoua. Stenon ,
fils du dernier Adminiftrateur , fut élu , &
il fit conférer l'Archevêché d'Upfal au fils
de Trolle ; démarche qu'il crut propre ,
fans doute , à confoler fon rival de fon
exclufion . Ĉe bienfait politique n'eut pas
le fuccès qu'il en attendoit . Trolle plus humilié
que touché du tendre & généreux
intérêt que ce Prince avoit pris à lui , fit
éclater un reffentiment qui allarma égale
ment pour Stenon & pour la patrie. Le
jeune Prélat ne pouvoit pas fe conføler de
DECEM BR E. 1754. 115
n'être que le fecond dans un état qu'il avoit
compté gouverner d'abord ſous le nom de
fon pere , & dans la fuite fous le fien . Son
mécontentement éclata bientôt.Il fe mit à la
tête du Clergé , s'unit avec les Danois , &
corrompit le Gouverneur de quelques places
fortes. Stenon inftruit de tout ce qui
fe tramoit contre l'Etat , convoqua le Sénat
, & Trolle fut reconnu pour l'auteur
& le chef de la confpiration. L'Archevêque
déterminé à la ruine de fon pays , par
un reffentiment que les contretems rendoient
plus vif, ne daigna ni juftifier fa
conduite , ni fe plaindre de fes complices :
il fe retira dans le châreau de Steke , en
attendant du fecours de Chriftiern. A perne
l'Adminiftrateur eut - il commencé le
fiége de cette place , que les Danois vinrent
faire une defcente près de Stockolm ;
Stenon y marcha avec une partie de fon
armée , & il fe livra un combat auffi fanglant
qu'il devoit l'être au commencement
d'une campagne entre deux nations rivales
, dans une occafion décifive & pour de
grands intérêts. La victoire fe déclara pour
La Suede , les Danois regagnerent leurs
vaiſſeaux , & l'Archevêque fut obligé de
fe rendre. Les Etats le déclarerent ennemi
de la patrie , l'obligerent de renoncer à fa
dignité , & le condamnerent à finir fés
jours dans un cloître.
116 MERCURE DE FRANCE.
"
23
» Quand le Pape n'auroit pas été follicité
par le Prélat dépofé & par Chriftiern
» de s'élever contre ce jugement , il l'au- |
» roit fait. La Cour de Rome dont les droits
» n'avoient pas été auffi bien éclaircis
» qu'ils l'ont été depuis , appuyoit indiffé-
» remment le Clergé dans toutes les affai-
» res , avec une vivacité & une fierté qui
» ne fe démentirent pas en cette occaſion .
» Elle fit menacer les Etats & l'Adminif
» trateur des cenfures de l'Eglife , s'il ne
rétabliffoient fans tarder l'Archevêque
fur fon fiége , & dans tous les avantages
» dont on l'avoit privé.
"
» Il eft glorieux pour l'humanité que
» dans un fiécle où la Philofophie avoit fait
» fi peu de progrès , un peuple entier ait
» diftingué l'autorité légitime du chef de
» la religion , de l'abus qu'il en peut faire.
» Les Suédois en marquant beaucoup de
» refpect au Souverain Pontife , parurent
» affez tranquilles fur les foudres qu'il préparoit
contr'eux. Ils témoignerent de la
répugnance à lui defobéir ; mais enfin ils
» lui defobéirent , & ils aimerent mieux
» l'avoir pour ennemi que de rifquer de
» rallumer dans leur patrie le feu des
» guerres civiles qu'ils avoient eu tant de
peine à éteindre. Si cette généreufe réfolution
avoit été accompagnée d'un ex-
"
و د
DECEMBRE. 1754 117
cès d'emportement , Rome fe feroit trou-
» vée heureufe : dans la réfolution où elle
» étoit de pouffer les chofes à l'extrêmité ,
elle auroit voula paroître forcée à des
❞ violences par des outrages qui les juftifiaffent.
L'impoffibilité de mettre les apparences
de fon côté , ne lui fit pas aban-
» donner fes vûes : elle mit en interdit la
» Suede , excommunia l'Administrateur &
» le Sénat , ordonna le rétabliſſement de
» Trolle , & pour comble d'injuftice , chargea
le Roi de Dannemarc de procurer
" par la voie des armes l'exécution d'une
Bulle fi odieufe.
و د
Chriſtiern étoit & fe montra digne d'une
telle commiffion. Il entra en Suede , & mit
tout à feu & à fang ; après bien des ravages
& bien des cruautés , les Suédois furent
défaits dans une bataille où Stenon fut
rué ; cet événement fit la deftinée de la
Suede ; tout tomba dans une confufion
horrible. Trolle qui avoit profité des malheurs
publics pour remonter fur fon fiége ,
convoqua les Etats. La craintelou la féduc
tion y firent reconnoître fans obftacle l'au
torité de Chriftiern , qui commença par
immoler à fon reffentiment & à fon ambition
tout ce qui auroit pu lui faire quelque
ombrage. Il fit maffacrer les Seigneurs
les plus diftingués de Suede & tout ce qui
118 MERCURE DE FRANCE.
reltoit d'hommes puiffans affectionnés à
leur patrie , ou aimés des peuples. Avec ces
victimes expira l'efpérance & prefque le
defir de la liberté. Les loix anciennes furent
abrogées , le defpotifme porté au dernier
période , & il ne fe fit aucun mouve
ment . Rien ne caufoit & ne pouvoit caufer
d'inquiétude à Chriftiern que la
fonne de Guftave Vaſa.
per-
Ce jeune Seigneur defcendoit des anciens
Rois de Suede , & s'étoit fignalé dans
plufieurs occafions ; c'étoit un homme fupérieur
, né pour l'honneur de fa nation
& de fon fiécle , qui n'eut point de vices ,
peu de défauts , de grandes vertus & encore
plus de grands talens.
Retenu en Dannemarc par une perfidie ,
il avoit trouvé l'occafion de s'échapper des
mains de Chriftiern , & s'étoit caché dans
les montagnes de la Dalecarlie. Après avoir
erré long- tems , forcé par le befoin de travailler
aux mines , il trouva enfin chez un
Curé un afyle , qui devint le berceâu de la
liberté , de la gloire & du bonheur de la
Suede. De concert avec cet Eccléfiaftique ,
homme fage , defintéreffé , inftruit , accrédité
, zélé pour fa patrie , Guftave commença
par échauffer les efprits , & il profita
du premier feu de l'enthoufiafme qu'il fit
aaître pour fe faire un parti. A la tête de
DECEMBRE. 1754. 119
par
quatre cens hommes il emporta d'affaut
une place commandée le Gouverneur
de la province ; fes premiers fuccès donnerent
de l'audace ; fa petite armée s'accrut
à vûe d'oeil , & il n'eût qu'à fe montrer
dans les provinces voisines de la Dalecarlie
pour les foulever. La timidité & l'indolence
du Viceroi que Chriftiern avoit
laiffé en Suede , donna à Guſtave le tems
de faire des progrès plus confidérables , de
groffir & de difcipliner fes troupes . Trolle
faifit le tems où les Dalecarliens s'étoient
retirés dans leurs pays pour faire la moiffon
; il fe mit à la tête de quatre mille
hommes , & alla attaquer brufquement
Guftave , qui n'étoit pas affez fort pour
l'attendre. Ce léger échec fut bientôt réparé
par Guftave , qui l'attaqua à fon tour
fi vivement , que l'Archevêque échappa à
peine avec la dixieme partie de fes troupes.
Les vainqueurs marcherent droit à Stockholm
; le Viceroi & l'Archevêque , dans la
crainte que quelque malheureux hazard
ne les fit tomber entre les mains de leurs
ennemis , s'enfuirent en Dannemarc . Leur
retraite fut un événement décifif pour
mécontens. L'indépendance du Royaume
parut affez affurée
pour qu'on crût pouvoir
convoquer fans rifque les Etats Généraux
, & donner quelque forme à un
,
les
120 MERCURE DE FRANCE.
Gouvernement qui n'en avoit point .
» L'affemblée ne fut pas nombreufe ; il
ne s'y trouva de Députés que ceux que
» l'amour de la patrie & la haine des tyrans
» élevoient au - deffus de tous les périls.
» Les réfolutions des hommes de ce carac-
» tere ne pouvoient manquer d'être har-
» dies & leurs démarches vigoureufes . Ils
» renoncerent folemnellement à l'obéïffan
» ce qu'ils avoient promife à Chriftiern ,
» éleverent leur Général , qui n'avoit dû
» jufqu'alors for autorité qu'à fon coura-
» ge , à la dignité d'Adminiftrateur , & ar-
» rêterent qu'on continueroit à faire une
» guerre vive & fanglante.
Tandis que Guftave reprenoit fur les
Danois les places qui leur reftoient en Suede
& qu'il formoit le fiége de Stockholm ;
la révolution qui fe fit en Dannemarc affûra
l'indépendance de la Suede. La tyrannie
& les excès de Chriftiern révolterent fes
fujets , & leur infpirerent une réfolution
violente . Ils déthrônerent ce Prince , qui
fe retira auprès de Charles - Quint fon beaufrere
, & ils placerent fur le thrône Frideric
, Duc de Holſtein.
Cet événement ôta aux Danois , qui
étoient encore en Suede , le courage , l'efpérance
& la force de s'y maintenir. Ceux
qui défendoient Stockholm offrirent de
capituler;
DECEMBRE . 1754. 125
capituler ; mais l'Adminiftrateur laiffa traîner
le fiége , fous prétexte de le finir d'une
maniere plus honorable , mais en effet pour
obliger par ce fantôme de péril les Etats
Généraux de lui déférer la couronne . Cette
politique étoit plus artificieufe que néceffaire.
Guftave fut proclamé Roi avec une
unanimité & un enthouſiaſme qui étoient
fûrement les fuites de la plus vive admiration
& d'une efpece d'idolâtrie . L'union
que fit ce Prince avec Frideric , acheva
d'établir la tranquillité , la gloire & l'indépendance
de la Suede. Guftave ne fongea
plus qu'à réformer l'intérieur du Royaume
, en fubftituant de bonnes loix à la barbarie
ancienne, & une police fage aux abus
introduits par les troubles civils. Il fut
éclairé , foutenu & dirigé dans fes vûes
par un homme célebre , qu'il eft important
de connoître à fond.
Ce confident habile fe nommoit Larz-
Anderfon , né de parens obfcurs & fans
fortune. Il avoit commencé à fe diftinguer
dans l'Eglife ; mais dégoûté d'une carriere
où l'on n'avançoit que par les fuffrages de
la multitude , il s'attacha à la Cour. » Guftave
démêla bientôt dans la foule des
» courtifans empreffés à lui plaire, un hom-
» me propre à le fervir ; & dédaignant
»toutes ces petites expériences fi néceffai-
11. Fol.
و د
F
22 MERCURE DE FRANCE.
» res aux Princes médiocres , & qui ne leur
»fuffifent même pas , il l'éleva tout de
» fuite au premier pofte du Royaume , &
» le fit fon Chancelier,
و ر
» Anderſon juſtifia cette hardieffe . C'é-
» toit un génie que la nature avoit fait pro-
» fond , & que les réflexions avoient étendu,
Quoiqu'il eut l'ambition des grandes
places , il avoit encore plus l'ambition
» des grandes chofes , & il aimoit mieux
voir croître fa réputation que fon crédit.
» Il n'étoit pas citoyen dans ce fens qu'il fe
» fût facrifié pour fa patrie ; mais il méri-
>> toit ce beau nom , fi on veut l'accorder
» aux Miniftres qui ont des idées aflez juf-
» tes pour croire que leur gloire eft infé-
»parable de celle de leur Roi & de leur na-
» tion. L'exemple de ceux qui l'avoient pré-
» cédé ni le jugement de ceux qui le devoient
» fuivre , n'étoient pas la régle de fa con-
»duite ; fes projets n'étoient cités qu'à fon
» tribunal & à celui de fon maître. Cette
» indépendance qui ne peut être fentie que
» par ceux qui l'ont , étoit accompagnée
» d'une fagacité qui faififfoit tout , depuis
»les premiers principes jufqu'aux dernie-
" res conféquences , & d'une lumiere qui
» fourniffoit des vûes fublimes & les expédiens
propres à les faire réuffir . Letalent
» de hâter les événemens fans les précipi
ter lui étoit comme naturel ; & en par
و د
39
DECEMBRE. 1754 123
-99
93
و د
roiffant céder quelquefois aux difficultés,
il venoit toujours à bout de les furmonter.
L'étude de l'hiftoire & fes réflexions
» l'avoient affermi contre les murmures ,
les tumultes , les révoltes même ; & il
» étoit convaincu qu'avec du courage , du
fang froid & de la politique on vient
» tôt ou tard à bout de fubjuguer les hom-
" mes & de les ramener à leurs intérêts. Il
fçavoit le détail des loix comme un Ma-
» giftrat , & en poffédoit l'efprit en Légiflateur.
On réfiftoit d'autant moins à fon
éloquence , qu'elle partoit d'une raifon
» forte . Ce Miniftre appartenoit plus à un
autre âge qu'à celui où il vivoit ; & fes
» contemporains qui n'étoient pas à beau-
>> coup près auffi avancés que lui , n'apperçurent
pas toute l'élévation de fon ca-
» ractere , ni l'influence qu'il eut fur les
» révolutions qu'éprouva la Suede .
บ
93
"
Ce Royaume étoit la proye des Eccléfiaftiques
: leur autorité pouvoit exciter de
nouveaux troubles , & ils poffédoient tout
l'argent , toutes les richeffes de la Suede . I
falloit trouver un prétexte pour les dépouiller.
Anderſon en imagina un ; c'étoit
d'introduire le Luthéranifme , qui faifoit
des progrès rapides en Allemagne , & qu'il
avoit adopté par cet efprit d'inquiétude fi
ordinaire à ceux qui font nés plus grands
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
que leur condition. Guſtave adopta les
vûes de fon Chancelier ; mais cette révolution
ne pouvoit fe faire que par dégrés :
on laiffa le tems au Luthéranifme de s'établir
dans le Royaume. Des Docteurs de
réputation qu'on fit venir d'Allemagne , lui
donnerent de l'éclat ; la faveur qu'ils parurent
avoir, leurs déclamations, le goût de la
nouveauté entraînerent bientôt une partie
de la nation . A mefure que le Luthéranifme
faifoit des conquêtes fur le Royaume ,
Guftave en faifoit fur le Clergé. Il commença
par abolir une efpece d'impôt que
les Curés avoient mis fur certains péchés .
Il ôta aux Evêques le droit qu'ils avoient
ufurpé d'hériter de tous les Eccléfiaftiques
du fecond ordre. Les troupes furent mifes
en quartier d'hiver fur les terres du Clergé ,
ce qui étoit fans exemple : enfin il propofa
de prendre les deux tiers des dîmes pour
l'entretien des troupes , & une partie de
l'argenterie & des cloches des Eglifes riches
pour abolir , en payant les étrangers ,
les privileges odieux dont ils jouiffoient.
Ces expédiens furent généralement approuvés
; & s'il y eut quelque mécontentement
, il n'éclata pas.
Guftave mit la derniere main à fes grands
deffeins, en convoquant les Etats Généraux
à Vefteras en 1527. Les innovations qu'il
DECEMBRE . 1754. 125
propofa pour achever d'écrafer la puiffance
du Clergé , parurent trop hardies , &
le ton de defpotifine qu'il prit étoit trop
nouveaupour ne pas exciter quelques mou.
vemens ; mais ils n'eurent point de fuites .
Les troubles furent bientôt appaifés , & ce
que les Etats avoient arrêté fut établi fans
obftacle. » Le mépris pour la Communion
» Romaine fuivit la ruine & l'aviliffement
» du Clergé , qui avoient été le but de tou-
» tes les innovations qu'on venoit d'intro-
» duire. Guftave fe déclara enfin Luthe-
» rien , & toute la nation voulut être de
» la religion du Prince . Rien ne prouve
» les progrès de l'efprit de fervitude dans
» un Etat , comme l'influence du Souverain
fur la croyance des peuples. Le facrifice
de fes opinions qui coûte fi peu à
» la Cour , où on n'a proprement que des
préjugés , eft fi grand à la ville & dans
» les provinces où on a des principes ,
» qu'il prépare à tous les autres facrifices ,
» & même les affure . Auffi lorfque Guf-
» tave demanda aux Etats en 1544 , que
» la Couronne qui avoit toujours été élec-
» tive fû: déclarée héréditaire , il n'éprou
» ya point de contradictions .
" Tel fut le dernier acte d'un des regnes
les plus éclatans que le Nord ai vû ;
» nous ajouterions d'un des plus heureux ,
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
»fi Guſtave avoit été auffi jufte qu'il étoir
»grand , & fi en faifant par fon caractere
»le bonheur de la génération qu'il gou-
» vernoit , il n'avoit pas préparé le mal-
» heur de celles qui devoient la fuivre ,
en établiffant un defpotifme dont fes fuc-
»ceffeurs ne pouvoient manquer d'abuſer .
Hiftoire du divorce de Henri VIII. Roi
d'Angleterre , & de Catherine d' Arragon ,
depuis 1527 jufqu'en 1534.
Henri VII , furnommé dans l'hiftoire le
Salomon de l'Angleterre , voulut rendre à
fa couronne , par une alliance avantageufe,
l'éclat que les guerres civiles lui avoient
fait perdre , & il obtint pour le Prince de
Galles fon fils , Catherine d'Arragon . Ce
mariage ne fut pas heureux ; le jeune Prince
mourut un an après , à l'âge de quinze
ou de feize ans. Cet événement pouvoit
Fompre les liens qui uniffoient l'Espagne
& l'Angleterre , & qui les rendoient redoutables
à tous leurs voifins. Pour calmer
les inquiétudes des deux Puiffances , il fut
arrêté que le nouveau Prince de Galles
épouferoit la veuve de fon frere . Pour former
ces nouveaux noeuds , on eut befoin
d'une difpenfe , & le Pape Jules fecond
l'accorda,
DECEMBRE. 1754. 127
Henri & fa belle-four furent fiancés
folemnellement en 150;, & le Prince qui
n'avoit alors que douze ans , n'eut pas
plutôt atteint fa quatorziéme année qu'il
it en préſence de plufieurs témoins une
proteftation en forme contre le confentement
qu'il avoit donné. Cette proteſtation
fut tenue fecrette jufqu'à la mort de
Henri VII en 1509 , & le mariage fur
célébré la même année . » Catherine avoit
» des vertus , mais les agrémens de fon
» fexe lui manquerent. Elle n'avoit ni grace
» ni dignité , ni defir de plaire ; fa triftefle
» & fon indolence augmenterent avec l'âge
» & les infirmités . Le dégoût de Henri qui
»> ne l'avoit jamais aimée , devint infen-
» fiblement extrême , & ouvrit le coeur de
» ce Prince à une paffion fort vive pour
» Anne de Boulen.
Anne étoit plus que belle , elle étoit
piquante. Ses traits manquoient de régularité
; il en réfultoit cependant un
enfemble qui furpaffoit la beauté même.
» Une taille parfaite , le goût de la danfe ,
» une voix touchante , & le talent de
jouer avec grace de plufieurs inftru-
» mens , relevoient en elle l'éclat de la
premiere jeuneffe. Quoique la France
ne fût pas alors autant qu'elle l'a été
depuis en poffeffion de fervir de modele
"
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
» aux autres peuples , Anne y avoit pris
» des manieres , un ton , des modes , qui
» fixerent fur elle les yeux & prefque l'ad-
» miration de la Cour de Londres. Cette
premiere impreffion fut foutenue par une
» converfation vive & légere , par un enjouement
ingénieux & de tous les inftans.
Les foupçons que pouvoit faire naître
fon air libre & trop carreffant, étoient
détruits par fon âge & par fa diffipation.
Elle ne montroit de l'empreffement
"que pour les plaifirs & pour les fêtes ; &
il paroiffoit fi peu d'art dans fa conduite Ᏺ
qu'il étoit prefque impoffible de lui fup-
»pofer des projets. Sa coquetterie ne fit
pas & ne devoit pas faire des impref-
»lions fâcheufes on la regarda comme
» une fuite de l'éducation frivole qu'elle
avoit reçue , & non comme un vice du
» coeur, ou le fruit de la réflexion . Les
» événemens prouverent que fon caractere
» avoit échappé aux courtifans les plus dé-
» liés : elle fe trouva diffimulée , profonde
, ambitieufe , & fut tout cela à un
» haut dégré & avant vingt ans.
Percy parut le premier fenfible aux char
mes d'Anne , ou fut , fi l'on veut , le premier
féduit par fon adreffe. Ses foins furent
acceptés , & leur union alloit être
confommée fi l'amour du Roi n'y avoit mis
DECEMBRE. 1754. 129
1
obftacle. Percy fut forcé de renoncer à fa
maîtrelle : Henri déclara lui-même à Anne
les fentimens qu'il avoit pour elle , mais
il la trouva plus fiere qu'il ne l'avoit cru.
Eclairée fur la violence de la paffion qu'elle
avoit infpirée , elle parut plus offenfée que
Alattée des propofitions du Prince , & lui
fignifia qu'elle feroit fa femme ou ne lui
feroit rien. C'est à cette époque que les
écrivains Catholiques fixent la premiere
idée qu'eut Henri de faire divorce avec
Catherine ; les Proteftans la font remonter
plus haut. On n'eft pas moins embarraſſé
fur la date précife de la réfolution qu'il
en prit ; on auroit évité de longues & ameres
conteftations , fi on avoit été affez
defintéreffé de part & d'autre , pour voir
que le Cardinal Wolfey étoit l'unique ,
ou du moins la principale caufe de ce
grand événement.
Cet homme célébre , rapidement paffé
de la condition la plus baffe au miniſtere
& à la pourpre , avoit d'abord embraffé le
parti de l'Empereur , & il l'abandonna
enfuite , parce qu'il vit que ce Prince l'avoit
trompé par les fauffes efpérances qu'il
lui avoit données de le placer fur le trône
de l'Eglife . Wolfey voulut humilier Charles-
Quint , en faisant répudier Catherine
d'Arragon fa tante. Ce Cardinal porta
Fv
130 MERCURE DE FRANCE..
dans cet odieux procès plus d'adreffe que :
la paffion n'en permet ordinairement , &
plus de circonfpection qu'on ne l'auroit:
dû efpérer de la hauteur & de l'emporte--
ment de fon caractere. Il commença par
perfuader le Confeffeur du Roi , dont les .
remontrances firent naître des doutes dans
l'efprit de Henri , & ces fcrupules joints à
la décision de quelques Théologiens , le
déciderent entierement pour le divorce..
Sa réfolution ne tarda pas d'éclater. Trois
Ambaffadeurs François étant arrivés en Angleterre
, conclurent fans beaucoup de difficultés
, un traité de paix perpétuelle entre
les deux nations , & ils arrêterent que:
Marie , fille de Henri , épouferoit François
I. ou fon fecond fils le Duc d'Orléans
.
"
"
» L'Evêque de Tarbes , celui des Am-
» baffadeurs qui avoit le plus le talent des
" affaires , & le feul qui eut le fecret de
» celle-là , parut environ huit jours après
la fignature du traité , mécontent d'une
» négociation dont le fuccès éroit regardé
» comme complet. Son chagrin fut remar
» qué comme il le devoit être , & on cher-
» cha à en deviner la caufe . Le public s'é-
" puifa à l'ordinaire en conjectures , & les
gens en place en queftions. Lorfque le
» Prélat crut avoir affez long-tems tenu
DECEMBRE. 1754. 131
les efprits en fufpens , il fe laiffa arra-
» chet fon fecret : il dit avec un certain
embarras affez ordinaire à ceux qui ont
des vérités fâcheufes à annoncer aux
Princes , qu'il craignoit beaucoup qu'u-
»ne partie des liens que venoient de for-
>> mer les deux nations , ne fuffent bien-
» tôt rompus , & qu'en particulier le mariage
projetté ne pût pas s'exécuter. Preffé
» de s'expliquer fur le myftere que renfer-
» moient ces dernieres paroles , il avoua
» qu'il croyoit nulle l'union de Henri &
» de Catherine , & qu'il étoit inftruit que
» les Théologiens les plus habiles ne pen-
» foient pas autrement que lui.
» Le Roi parut frappé de ce difcours
» comme il l'eût été d'un coup de foudre ;
fon but étoit de perfuader par cet éton-
» nement à l'Europe que le premier doute
» fur fon mariage lui étoit venu à cette oc--
» cafion.
Les fcrupules de l'Evêque de Tarbes furent
regardés comme des vérités incontef
tables , & il partit fur le champ pour l'I--
talie un Miniſtre , chargé de folliciter au--
près du Saint Siége la diffolution du ma--
riage avec Catherine .
Člement VII . qui gouvernoit alors , étoit
encore prifonnier au Château Saint - Ange.-
Le fecours prompt & affuré qu'on lui pro-
Fvj
132 MERCURE DE FRANCE.
mit , l'auroit infailliblement déterminé à
faire ce qu'on exigeoit de lui , s'il n'eût
été arrêté par la crainte de Charles - Quint.
Lorfque le Pape fut libre , les négociateurs
Anglois devinrent plus preffans , mais leur
adreffe & leur activité ne purent vaincre
fes irréfolutions. Il vint à bout de faire
naître des obftacles & des incidens fort
naturels , qui reculoient la décifion de cette
affaire . Après bien des détours & des lenteurs
, preflé par les inftances de l'Angleterre
, Clement établit enfin Wolfey juge
de l'affaire du divorce , & on lui donna
pour adjoint le Cardinal de Campege , qui
s'étoit trouvé du goût des deux Cours.
Il n'y avoit qu'à fuivre la négociation
de Campege , pour être convaincu que le
Pape ne donneroit jamais les mains à un
projet contraire aux intérêts de fon Siége
& à ceux de fa maifon , & qu'il vouloit
feulement obtenir par ce moyen un traitement
plus avantageux de Charles. Quint.
L'affaire fe rempliffoit tous les jours de
nouvelles difficultés. Henri que fa paffion
mettoit dans un état violent , fatigué
de tant d'indécifions , envoya de nouveau
à Clément deux Miniftres pour preffer l'exécution
de fon projet ; mais leurs infinuations
n'ayant pas eu le fuccès qu'ils
s'étoient promis , ils eurent recours à des
DECEMBRE. 1754 133
moyens odieux. Ils joignirent aux reproches
les plus humilians , des menaces effrayantes.
On faifoit craindre au Pape d'être déposé ,
fous prétexte que fon élection avoit été
irréguliere ; que l'Angleterre ne fecouât un
joug qui devenoit tous les jours plus dur &
plus injufte , & que l'Europe entiere éclairée
& enhardie par un exemple fi frappant ,
ne renonçât à l'ancien préjugé qui la tenoit
fous la domination du S. Siége. Ces
moyens ne réuffirent pas , & l'affaire du
divorce fut ramenée au tribunal de Wolfey
& de Campege. Les Légats , après l'examen
de cette caufe finguliere , citerent le
Roi & la Reine pour le 18 Juin 1529. La
Reine comparut devant eux , mais les recufa
pour juges , & ne voulut jamais fe
défifter de fa récufation . » On l'auroit peut-
» être crue occupée de fa vengeance , fi
nenfe précipitant devant toute l'aflemblée
" aux pieds du Roi , elle n'avoit fait voir
» qu'il n'y avoit dans fon coeur que le défir
» & peut- être l'efpérance de regagner un
» coeur qu'elle avoit malheureufement perdu.
Cette pofture , fon amour & fes infortunes
lui infpirerent tout ce qu'on
peut imaginer de plus modeste , de plus
» tendre & de plus touchant. Dès qu'elle
» eut fini de parler , elle fe retira , & alla
attendre dans l'obfcurité , dans les lar134
MERCURE DE FRANCE.
" mes & dans l'incertitude les effets d'une
» fcene aufli attendriffante que celle qui
» venoit de fe paller.
» Le denouement de ce coup de théatre
» ne fut pas tel qu'on avoit cru pouvoir
» l'efpérer. Tout l'attendriffement qu'on
avoit remarqué dans le Prince fe réduifoit
à une compaffion ftérile , & à des
éloges vagues. Henri rendit justice à la
» conduite exemplaire , à l'humeur douce ,
» à la foumiffion fans bornes de Cathe-
» rine ; & il parut fâché que la religion &
la confcience ne lui permiffent pas de
finir fes jours avec une Reine malheureufe
, qui n'avoit jamais rien dit ni rien-
»fait que de louable .
Tandis que Campege éloignoit tant qu'il
pouvoit la décifion de cette affaire , l'Empereur
fit un traité à Barcelone , dans lequel
il traitoit favorablement le S. Siége
dans la vûe de fe venger , fur tout du Roi
d'Angleterre , qui l'infultoit cruellement
dans la perfonne de fa tante. Le Pape immédiatement
après fon raccommodement
avec l'Empereur , évoqua l'affaire du divorce
, & fe rendit par cette démarche foible
& imprudente , l'inftrument d'une hai
ne , d'un orgueil , d'une politique qu'il auroit
dû traverfer , & dont il pouvoit trèsaifément
devenir la victime.
DECEMBRE.
1754. 135
Campege s'en retourna à Rome , & Wol- .
fey fut immolé au reffentiment du Roi ; il
fe vit accablé d'une fuite d'accufations
d'opprobres & de malheurs qui le conduifirent
au tombeau.
Henri dont les contretems ne faifoient
qu'irriter la paffion , fut obligé de chercher
d'autres moyens on lui confeilla deconfulter
toutes les Univerfités de l'Europe.
Celle d'Oxford & de Cambridge étoient
vendues à la Cour , & déclarerent le mariage
nul. Celles de France furent affez
partagées , & la Sorbonne , divifée en plufieurs
factions , ne céda qu'à des vûes d'intérêt
& de politique à la volonté du Roi
& à l'argent d'Angleterre. Le dernier de
ces moyens fut feul affez puiffant pour gagner
les Univerfités d'Italie . La fureur de
fe vendre étoit montée à tel point qu'on
avoit un Théologien pour un écu ; quelquefois
pour deux une Communauté entiere
, & qu'un Couvent de Cordeliers
paffa pour cher parce qu'il en coûtoit dix.
Mais les Théologiens Allemans ne cederent
ni à la féduction ni aux follicitations ,.
& refuferent de fe déclarer pour le divorce.
La Cour de Rome vit ces manoeuvres
avec une indifférence méprifante : c'étoit
un étrange aveuglement de penfer qu'on
136 MERCURE DE FRANCE.
la fubjugueroit par les décisions de quelques
Théologiens . Cette Cour trop intéreffée
depuis long-tems , & trop politique
pour fe conduire par les maximes foibles ,
bornées & incertaines des cafuiftes , regardoit
malheureufement moins la religion
comme fa fin , que comme un moyen d'y
arriver.
Henri qui voyoit avec douleur le peu
de fruit qu'il tiroit de toutes fes démarches
, forma , pour fe venger de Clement ,
le deffein de lui enlever l'Angleterre . Il
commença par défendre , fous des peines
capitales , de recevoir aucune expédition
de Rome qui ne fût appuyée de fon autorité
. Il attaqua les privileges du Clergé , &
dépouilla le Pape de fes droits les plus effentiels.
Dans le même tems , Catherine
preffée de nouveau de confentir au divorce
, & toujours ferme dans ſon refus , fut
obligée de s'éloigner de la Cour , où elle
ne retourna jamais.
Le Roi d'Angleterre voulut enfin terminer
fes irréfolutions , en fuivant le confeil
que lui donna François I. de fe paffer
de la difpenfe du Pape , & d'époufer fans
délai une femme aimable , qui étoit devenue
néceffaire à fon bonheur. Le mariage
fe fit , & demeura fecret jufqu'à la
groffeffe d'Anne de Boulen , qui força de
DECEMBRE . 1754. 137
le rendre public avant même qu'on eût pû
déclarer nul celui de Catherine. Cette derniere
opération fut l'ouvrage de Cranmer ,
Archevêque de Cantorbery , qui engagea
le Clergé d'Angleterre à prononcer fur
l'affaire du divorce ; & malgré la précaution
qu'avoit prife le Pape de fe referver
la connoiffance de ce grand procès , le ma--
riage fut caffé folemnellement. Anne entra
en triomphe dans Londres , & y fut reçue
avec un éclat & une magnificence finguliere
.
Clément apprit avec un dépit fenfible
ce qui venoit de fe paffer : il fit une Bulle
qui excommunioit Henri & Anne de Boulen
, s'ils ne fe quittoient dans quelques
mois ; & après de nouvelles négociations
pour terminer cette affaire , le Pape affembla
fon Confiftoire , & le réfultat fut une
fentence qui obligeoit le Prince à repren
dre Catherine , fous peine d'excommunication
pour lui , & d'interdit pour fon
Royaume. Le Parlement avoit prévenu ce
jugement par une loi qu'il avoit faite quelques
jours aparavant , & qui défendoit de
reconnoître l'autorité du Pape. Henri recueillir
le fruit d'une politique profonde &
fuivie ; & fans faire d'autres changemens
dans la religion , il défendit tout commerce
avec le S. Siége , & voulut être lui -même
138 MERCURE DE FRANCE.
chef de l'Eglife dans fon Royaume . La nation
adopta les idées fchifmatiques qu'on
lui préfentoit ; elle fuivit depuis les opinion
de Zuingle fous Edouard , retourna à
la communion de Rome fous Marie , & fe
forma fous Elizabeth un culte qu'elle profeffe
encore aujourd'hui , fous le nom de
Religion Anglicane.
Hiftoire de la conjuration de Fiefque
en 1546 & 1547.
André Doria délivra en 1528 la République
de Gênes du joug de la France ,
& y établit l'ordre qui fubfifte encore aujourd'hui,
Ce plan de Gouvernement , le feul
peut-être qui pût convenir au caractere
» des Génois , & à la fituation où ils fe
» trouvoient , les devoit raffurer naturelle-
» ment contre les entreprifes de Doria . Si
» ce grand Capitaine eût en réellement
» les vûes que lui ont fuppofées la plupart
" des hiftoriens , ou il auroit laillé fon
"pays dans l'anarchie , ou il y auroit éta-
39
bli des loix mauvaifes , ou il fe feroit
" emparé de la dignité de Doge ; trois
» voies qu'il lui étoit aifé de prendre , &
» dont chacune devoit prefque néceffaire-
» ment le rendre maître de la République.:
33
DECEMBRE. 1754. 139
» Avec un peu d'attention , on démêle
» qu'il ne cherchoit ni à être tyran ni à
» être citoyen , & qu'il vouloit fe venger
» feulement de la France , qu'il avoit bien
fervie , & dont il étoit mal traité. Ce
projet qui étoit connu de tout le monde
, & celui de maintenir la révolution ,
» l'autorifoit , fans qu'on en prît ombrage ,
» à fe charger , comme il fit , du comman
dement des galeres de Charles Quint . 11
eft vrai que ce moyen avoit quelque
» chofe d'équivoque , & qu'il pouvoit fer-
» vir à opprimer la liberté publique auffi
bien qu'à la défendre : mais l'ordre que
» Doria avoit d'abord établi dans l'Etat ,
étoit une preuve de modération , que ce
» qu'il avoit laiffé voir d'ambition ne de-
» voit gueres affoiblir , & que fa conduite
» fortifioit extrêmement. Content de l'em-
» pire que lui donnoient fur les efprits &
>> fur les coeurs les grandes chofes qu'il
» avoit faites , il paroiffoit préférer de
» bonne foi la tranquillité de la vie privée
» à l'embarras des grandes places , & fe
» livrer aux affaires plutôt par zéle que
" par goût. Il y a apparence que des dehors
auffi impofans auroient trouvé une
» confiance entiere , fans la préfomption:
» & les hauteurs d'un parent éloigné qu'il.
avoit adopté pour fils ..
140 MERCURE DE FRANCE.
Ce jeune homme fe nommoit Jeannetin
Doria : condamné dès fes premieres années
à des travaux obfcurs , l'yvreffe où le jetta
le changement de fa fortune lui donna un
orgueil & des manieres qui révolterent
tout ce qui avoit de l'élévation dans l'ame ,
& fingulierement Jean- Louis de Fiefque ,
Comte de Lavagna. Ce jeune Seigneur ,
l'homme le plus riche de la République ,
éroit magnifique , aimable & féduifant :
avec un grand nombre de qualités brillan
res , il avoit l'apparence de plufieurs vertus.
» L'inquiétude qui le pouffoit aux gran-
» des places , venoit du defir qu'il avoit de
» faire de grandes chofes ; l'ambition ne
» lui étoit infpirée que par la gloire. Une
" erreur , qui étoit plutôt un malheur de
» fon âge qu'un défaut de fon efprit , lui
» fit confondre la célébrité avec une répu-
" tation fondée : il alla jufqu'à croire qu'il
» lui fuffiroit d'occuper de lui fes contem-
" porains , pour llaaiiffffeerr uunn grand nom à la
» poftérité. Tous ceux qui l'avoient étu-
» dié & qui fe connoiffoient en hommes ,
» lui trouvoient à vingt- deux ans une po-
»litique très- raffinée & une diffimulation
impénétrable : il leur paroiffoit né pour
» affervir fa patrie ou pour l'illuftrer .
Fiefque ne pouvoit manquer d'être mécontent
de la fituation où fe trouvoit la
DECEMBRE.
1754. 141
République . Il lui parut également indigne
de lui de vivre dans l'obfcurité , ou d'en
fortir par la faveur d'un homme qu'il méprifoit.
» Entre plufieurs moyens que lui
و ر
préfenta une imagination forte & impé-
» tueufe , celui de faire périr les Doria fut
» le feul qui lui parût infaillible , & il s'y
» arrêta avec beaucoup de fang-froid & de
» fermeté. La néceffité de changer la for-
» me du Gouvernement pour foutenir
» une démarche auffi hardie , ne l'effraya
» pas , & fut peut -être fans qu'il s'en dou-
» tât un motif de plus : il devoit paroître
» doux à un homme de fon caractere d'ab-
» battre d'un même coup fes ennemis , &
» de fe placer à la tête d'un Etat affez puif-
» fant. La révolution devoit être l'ouvrage
» du génie feul pour la maintenir , la
force étoit néceflaire , & Fiefque qui le
» vit , penſa à ſe ménager l'appui de la
» France.
Cette Cour entra aifément dans les vûes
de Fiefque ; & dans l'efpérance de fe venger
de Doria & de reprendre le Milanès fur
l'Empereur , elle accorda des fecours confidérables.
Fiefque inftruit que les mêmes
paffions qui lui avoient rendu la Cour de
France favorable , regnoient à celle du
Pape , s'occuppa du foin de les mettre en
jeu. Il alla lui-même à Rome pour négo142
MERCURE DE FRANCE.
cier cette affaire , & il écarta les foupçons
que ce voyage pouvoit faire naître , par,
l'attention qu'il eut au milieu de fes projets
de ne paroître occupé que de fes plaifirs
, & par l'art de cacher des deffeins
profonds fous un air frivole. Il trouva
Paul III. auffi bien difpofé qu'il le fouhaitoit
, & ce Pontife approuva la révolution
avec de grands éloges .
Fiefque ne s'occupa plus que du foin
de mettre la derniere main à fon entre-"
prife , & il ne put en être détourné
par les
remontrances d'un de fes plus zélés partifans
: c'étoit Vincent Calcagno , homme
d'un certain âge , & qui avoit une efpéce
de paffion pour le jeune Comte. » Comme
" il avoit le fens droit , les grandes entre-
» prifes commencoient par lui être toujours
fufpectes . Il étoit d'ailleurs né timide ,
» & les réflexions ou l'expérience qui chan
» gent quelquefois les caracteres , l'avoient
» affermi dans le fien. Tout ce qui avoit
» l'air trop élevé lui paroiffoit chimérique ,
" & il regardoit comme imprudent tout
» ce qu'on abandonnoit au hazard. Son
imagination étoit plus aifément étonnee
» que fon coeur ; & il étoit ferme jufques
» dans les périls qu'il avoit prévûs & qu'il
ور
و ر
avoit craints.
Le chef de la conjuration forma d'i
DECEMBRE. 1754. 143
bord fon attention à ne pas fe laiffer pénétrer
, & il fe rendit en effet impénétrable.
Sa conduite avoit quelque chofe de fi naturel
& de fiaifé , qu'il n'étoit pas poffible d'y
foupçonner le moindre myftere. André Doria
, malgré la profonde connoiffance qu'il
-avoit des hommes , fe laiffa impofer par ces
apparences , & Jeannetin fut féduit par les
témoignages d'eftime & d'attachement que
Fiefque lui prodigua.
Le Comte fçut fe concilier les négocians
, cette précieufe portion de citoyens
fi honorée dans le gouvernement populaire
, fi opprimée dans le defpotique , fi
négligée dans le monarchique , & fi méprifée
dans l'ariftocratique , en leur exagérant
le tyrannique orgueil des nobles
& en leur laiffant entrevoir la poffibilité
-de s'en délivrer. Par là il s'affuroit du peuple
, qui fuit aveuglément le mouvement
qui lui eft communiqué par ceux qui le font
travailler ou qui le font vivre un extérieur
brillant , des manieres ouvertes & polies
, des bienfaits répandus adroitement ,
acheverent de lui gagner la multitude.
Il ne manquoit à Fiefque que des fol-
' dats. Il eut une occafion favorable , & qui
fe préfentoit naturellement , d'en lever dans
fes terres. Il prit des arrangemens fecrets
avec Pierre- Louis Farnefe Duc de Parme
144 MERCURE DE FRANCE.
& de Plaifance , qui lui promit un fecours
de deux mille hommes. Il fit venir une
galere qui lui appartenoit , dans le port de
Gênes fes amis débaucherent quelques
foldats de la garnifon , & s'affurerent dedix
mille habitans déterminés : avec ces forces
réunies , les conjurés crurent qu'il étoit
tems de prendre une derniere réfolution.
La nuit du premier au fecond Janvier
fut l'inftant arrêté pour l'exécution de leur
projet . L'époque étoit adroitement fixée.
Comme le Doge qui fortoit de place le
premier du mois , ne pouvoit être remplacé
que le quatre , la République devoit fe
trouver dans une eſpèce d'anarchie , dont
il étoit poffible de tirer parti.
Un des chefs de la conjuration , & un
de ceux fur qui Fiefque comptoit le plus ,
étoit Jean Baptifte Verrina , » homme bra-
» ve , impétueux , éloquent : il avoit l'efprit
vafte , mais déréglé ; le coeur élevé ,
» mais corrompu . Son penchant l'entraî
»noit au crime , & le mauvais état de
» fes affaires le lui rendoit prefque indifpenfable.
Une imagination vive &
» forte lui préfentoit fans ceffe des projets
finguliers & hardis , dont il n'examinoit
» jamais ni la juftice ni les refforts , &
» dont il prévoyoit rarement les fuites. Il
étoit ennemi de tout repos , du fien
33
par
inquiétude ,
DÉCEMBRE. 1754. 145
99
inquiétude , de celui des autres par ambition
. Le Gouvernement établi dans fa
patrie lui déplaifoit , précisément parce
qu'il y étoit établi ; & tous ceux qui
» entreprendroient de le changer étoient
fûrs de trouver en lui des confeils dangereux
& des fervices utiles . Ce caractere
»l'avoit rendu cher à Fiefque , dont il régloit
les plaifirs , partageoit la fortune
» & dirigeoit en quelque maniere les paf-
"
fions.
>
Le jour arrêté pour la révolution commençoit
à luire , que les conjurés firent les
dernieres difpofitions. Verrina fe rendit à
l'entrée de la nuit fur la galere de Fieſque
qui étoit fon pofte ; il donna par un coup
de canon le fignal de l'attaque , & l'action
fut auffi - tôt engagée dans l'ordre qui avoit
été projetté. On commença par attaquer
ceux qui défendoient les portes de la ville
les plus effentielles , & dont on ſe rendit
bientôt maître . Jeannetin s'étant éveillé au
bruit , & étant accouru , fut reconnu &
maffacré fur le champ. André Doria euc
le tems de fe fauver dans un château à
quinze mille de Gênes . Cette lâcheté dans
un vieillard célébre par fa valeur , ne doit
furprendre que ceux qui ne connoiffent pas
les hommes .
Les avantages que remporterent les con-
II.Fol, G
146 MERCURE DE FRANCE.
jurés , redoubla leur activité & leur courage
: après s'être fortifiés à la hâte dans les
poftes dont ils s'étoient emparés , ils ſe
répandirent dans les rues en criant , Fiefque
& liberté. Ces deux mots , dont l'un rappelloit
à un grand nombre d'ouvriers le
nom de leur bienfaicteur , & l'autre réveil
loit dans tous les efprits l'idée du plus
grand des biens , féduifirent la populace ,
qui prit auffi-tôt les armes.
Les tentatives que fit le Sénat pour oppofer
la force aux conjurés ayant été funeftes
, il tourna fes'vûes vers la négociation.
Anfaldo Juftiniani , un des Sénateurs
députés , s'avança dans le lieu du tumulte
, & demanda froidement à parler au
nom de la République , au Comte de Fiefque
. Cet homme dangereux n'étoit plus ;
en voulant paffer fur une galere , il étoit
tombé dans la mer , & s'y étoit noyé. » Le
» fecret pouvoit être facilement gardé juf-
» qu'à la fin de l'action , fans la vanité
» puérilę de Jerôme , qui répondit à Juſ
» tiniani qu'il n'y avoit plus d'autre Com-
» te de Fiefque que lui , & qu'il n'écou-
» teroit les propofitions qu'on avoit à lui
faire , que lorfqu'on lui auroit livré le
Palais . Une réponſe auffi imprudente
» eut les fuites qu'elle devoit avoir. Le Sénat
raſſuré par le feul événement qui pût
"
DECEMBRE. 1754. 147.
changer fur le champ & d'une maniere
» ftable la fituation des chofes , montra de
» la fermeté ; & les conjurés , par une rai-
» fon contraire , perdirent toute leur au-
ور
"
dace. A mefure que la mort de leur
» cheffe répandoit , & elle fe répandit fort
» vîte , on voyoit les efprits fe refroidir ,
le-courage expirer dans tous les coeurs ,
& les armes tomber des mains . Ceux
»même que des haines plus vives , de
plus grands intérêts, ou un caractere plus
emporté avoient rendus jufqu'alors plus
» redoutables que les autres , fe laiffoient
» abbattre par la terreur commune. La ré-
» volution fut fi générale , qu'au point du
" jour il n'y avoit pas un feul factieux dans
» les rues de Gênes : ils étoient tous reti-
» rés dans leurs maifons , difperfés dans
» la campagne , ou retranchés dans quel-
» que pofte .
Aing finit cette confpiration , qui par
l'événement établit fur des fondemens prefque
inébranlables l'autorité qu'on avoit
voulu détruire.
Fermer
Résumé : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Le texte extrait des 'Mémoires historiques, militaires & politiques de l'Europe' de l'Abbé Raynal couvre la période de l'élévation de Charles Quint au trône de l'Empire jusqu'au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748. Il se concentre sur les révolutions en Suède de 1515 à 1544. La Suède, autrefois puissante sous les Goths, était retombée dans l'obscurité en raison de divisions internes et de vices gouvernementaux. Marguerite, reine du Danemark, ambitieuse et politique, chercha à réunir la Suède à ses autres États. Les Suédois se rebellèrent contre le joug danois et se donnèrent un administrateur. Les conflits entre la Suède et le Danemark s'intensifièrent sous le règne de Christiern, un monarque cruel et tyrannique. Christiern chercha à soumettre les Suédois et exploita les mécontentements du clergé. Stenon, fils du dernier administrateur, fut élu pour succéder à l'administrateur décédé, mais des conspirations menées par Trolle, un archevêque déchu, compliquèrent la situation. Stenon dut faire face à une rébellion soutenue par les Danois et le clergé. Après une victoire suédoise, Trolle fut déclaré ennemi de la patrie et exilé. Le pape, sollicité par Trolle et Christiern, menaça les Suédois d'excommunication s'ils ne rétablissaient pas Trolle. Les Suédois refusèrent de se soumettre pour éviter des guerres civiles. Rome excommunia alors l'administrateur et le Sénat, et ordonna à Christiern de rétablir Trolle par la force. Christiern envahit la Suède, semant la destruction et la cruauté. Stenon fut tué, et Christiern établit une tyrannie en Suède. Cependant, Gustave Vasa, descendant des anciens rois de Suède, s'échappa du Danemark et rallia les Suédois. Avec l'aide d'un curé, Gustave mobilisa les Dalécarliens et remporta plusieurs victoires, forçant Christiern à fuir. Gustave fut proclamé administrateur et continua la guerre contre les Danois. Une révolution au Danemark déposa Christiern, et Frédéric de Holstein monta sur le trône. Gustave fut finalement proclamé roi de Suède avec l'unanimité du peuple. Il se consacra à réformer le royaume, substituant de bonnes lois à la barbarie ancienne et introduisant une police sage. Il fut soutenu dans ses réformes par Lars-Anderfon, un homme célèbre et habile. Parallèlement, Henri VIII, roi d'Angleterre, chercha à divorcer de Catherine d'Arragon pour épouser Anne Boleyn. Le cardinal Wolsey joua un rôle clé dans cette décision. Henri consulta les universités européennes, certaines déclarant le mariage nul, d'autres refusant. Henri finit par se passer de la dispense papale et épousa Anne Boleyn. Le pape excommunia Henri, mais le Parlement anglais défendit l'autorité papale. Henri devint chef de l'Église en Angleterre, initiant la Réforme anglicane. Le texte décrit également une conjuration à Gênes en décembre 1754, orchestrée par le Comte Fiesque. Fiesque, timide et prudent, réussit à gagner la confiance des négociants et du peuple. Il conclut un arrangement secret avec Pierre-Louis Farnèse, Duc de Parme et de Plaisance, qui lui promit un soutien militaire. La nuit du 1er au 2 janvier fut choisie pour l'exécution du projet. L'attaque débuta par la prise des portes de la ville les plus essentielles. Les conjurés prirent rapidement le contrôle des rues en criant 'Fiesque et liberté'. Cependant, Fiesque mourut en tombant à la mer, ce qui refroidit les ardeurs des conjurés, qui se dispersèrent. La conjuration échoua, renforçant ainsi l'autorité qu'elle avait voulu détruire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 207-210
DU NORD.
Début :
Le temps s'étant remis au beau, on ne doute pas que les troupes [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Mouvements des troupes, Subsistances, Reine de Pologne, Varsovie, Sénateurs, Grand Chancelier de Russie, Lettre circulaire, Roi de Prusse, Souverains, Feld-Maréchal Apraxin, Paix, Comte de Bestuchef, Stockholm, Paix de Westphalie, Suède, Électeurs, Commissaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
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Résumé : DU NORD.
En 1756-1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Europe. En Russie, les troupes commandées par le Feld-Maréchal Apraxin avancent sans rencontrer de maladies ni de désertions, grâce aux subsistances fournies le long de leur trajet. L'Impératrice de Russie a également envoyé des fonds à la Reine de Pologne pour aider les habitants affectés par l'invasion prussienne. À Varsovie, le Comte de Bestuchef, Grand Chancelier de Russie, adresse une lettre circulaire aux Sénateurs polonais, exprimant la compassion de l'Impératrice pour le roi de Pologne et condamnant les actions du roi de Prusse. La Russie prévoit d'envoyer des troupes sous le commandement d'Apraxin pour secourir le roi de Pologne, traversant une partie du territoire polonais. Le Comte de Bestuchef appelle à l'unité et à la tranquillité en Pologne pour soutenir le roi. En Suède, le Comte de Goes et le Baron de Sack réclament des secours pour la Saxe, mais la Suède doit se concerter avec la France avant de prendre une décision. La Suède renouvelle son traité avec la France pour douze ans. Par ailleurs, en Suède, les auteurs d'une conspiration sont condamnés à mort.
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23
p. 203-205
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On va faire embarquer pour Embden quatre Compagnies d'anciennes Troupes [...]
Mots clefs :
Londres, Compagnies, Parlement, Dettes nationales, Dépenses, Soldats, Commandement, Tribunaux de l'Amirauté, Amérique, Pêche à la baleine, Commerce du nord, Corsaires , Suède
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES, le 16 Juillet.
On va faire embarquer pour Embdem quatre
Compagnies d'anciennes Troupes qui remplaceront
le Régiment Anglois de Brudenell , actuellement
engarnison dans cette Place , & que l'on envoye
à l'armée d'Hanovre.
Suivant l'état remis au Parlement dans la derniere
ſéance,nos dettes nationales montoient le 11
Janvier dernier à ſoixante- dix- ſept millions ſeptcens
quatre-vingt mille trois cens quatre-vingtfix
livres ſterlings. Elles ont été augmentées depuis
decinq millions de livres , pour les dépenſes extraordinaires
de cette campagne. Ainfielles montent
actuellement à quatre-vingt-deux millions
fept cens quatre-vingt mille trois cens quatrevingt-
fix livres ſterlings , le tout non compris less
dettes de la Marine qui font ſeules un objet d'enron
deux millions de livres ſterlings .
Il paroît décidé que la Cour ne fera paſſer en
Allemagne que dix mille hommes , au lieu de
trente ou de vingt mille qu'on s'étoit d'abord propoſé
de joindre à l'armée d'Hanovre
Lecommandement de ces troupes é tant deſtiné
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
au Duc de Marlborough , on croit que le Comte
d'Ancram commandera celles qu'on a deſſein de
renvoyer ſur les côtes de France. On aſſure même
que le Prince Edouard Augufte , frere du Prince
de Galles , a obtenu de Sa Majesté la permiſſion
d'aller ſervir , en qualité de volontaire , dans l'expédition
qu'on doit tenter de nouveau ſur ces mêmes
côtes , & qu'il s'embarquera ſur la flotte du
Chefd'eſcadre Howe.
Les Tribunaux de l'Amirauté , établis dans nos
Iſles de l'Amérique , ont pris le parti , pour abréger
les procédures, de déclarer de bonne priſe tous
les vaiſſeaux Hollandois qu'on trouve munis de
permiffions données par les François. Ces permiffions
, ſuivant leur Jurisprudence , naturaliſent les
vaiſſeaux , & les rendent ſujets à confiſcation ,
comme s'ils appartenoient véritablement à l'ennemi.
La pêche de la Baleine a mal réuſſi cette année
dans les mers du Nord. Six vaiſſeaux Hollandois ,
& cinq des nôtres , y ont péri ; pluſieurs autres ont
beaucoup fouffert , & quelques-uns auront de la
peine à ſe dégager des glaces.
Notre commerce du Nord commence à ſe reſſentir
de la méſintelligence ſurvenue entre cette
Cour & celle de Suede. Aux priſes que nos Corſaires
ont faites de pluſieurs Navires Suédois , qui
n'ont point été reſtitués , on oppoſe ici le refus
que la Cour de Suede a fait d'admettre, en qualité
deMiniſtre , le Chevalier Goodrick, envoyé par le
Roi pour réſider à Stockolm. Mais dans un Mémoire
que le ſieur Wynants , Secretaire de Légation
de Suede , préſenta au Roi , avant que de ſe
retirer , on obſerve que le Chevalier Goodrick
ayant pris ſa route par Breſlaw , & ayant eu pluſieurs
conférences avec les ennemis des Puiſſances
AOUST. 1758 . 109
auxquelles eſt alliée la Suede , il étoit devenu juftement
ſuſpect ; que d'ailleurs , pendant tout le
temps que le ſieur Goodrick avoit mis au voyage
de Suede, la Cour de Londres avoit gardé le filence
ſur la miffion de ſon Miniſtre , & qu'on n'avoit
été inſtruit de ſa deſtination à Stockholm que par
des voies indirectes ; qu'au reſte , outre ces motifs
d'excluſion , ſuffiſamment juſtifiés par les circonftances,
le refus de ſa Majesté Suédoiſe étoit fondé
ſur le droit que tous les Souverains ont à cet
égard, & fur l'exemple qu'en a donné la Cour de
Londres à l'occaſion d'un Miniftre nommé il y a
quelques années par le Roi de Suede , & qu'elle
ne voulut point recevoir , quoique le cas fut bien
différent de celui qui ſe préſente aujourd'hui.
DE LONDRES, le 16 Juillet.
On va faire embarquer pour Embdem quatre
Compagnies d'anciennes Troupes qui remplaceront
le Régiment Anglois de Brudenell , actuellement
engarnison dans cette Place , & que l'on envoye
à l'armée d'Hanovre.
Suivant l'état remis au Parlement dans la derniere
ſéance,nos dettes nationales montoient le 11
Janvier dernier à ſoixante- dix- ſept millions ſeptcens
quatre-vingt mille trois cens quatre-vingtfix
livres ſterlings. Elles ont été augmentées depuis
decinq millions de livres , pour les dépenſes extraordinaires
de cette campagne. Ainfielles montent
actuellement à quatre-vingt-deux millions
fept cens quatre-vingt mille trois cens quatrevingt-
fix livres ſterlings , le tout non compris less
dettes de la Marine qui font ſeules un objet d'enron
deux millions de livres ſterlings .
Il paroît décidé que la Cour ne fera paſſer en
Allemagne que dix mille hommes , au lieu de
trente ou de vingt mille qu'on s'étoit d'abord propoſé
de joindre à l'armée d'Hanovre
Lecommandement de ces troupes é tant deſtiné
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
au Duc de Marlborough , on croit que le Comte
d'Ancram commandera celles qu'on a deſſein de
renvoyer ſur les côtes de France. On aſſure même
que le Prince Edouard Augufte , frere du Prince
de Galles , a obtenu de Sa Majesté la permiſſion
d'aller ſervir , en qualité de volontaire , dans l'expédition
qu'on doit tenter de nouveau ſur ces mêmes
côtes , & qu'il s'embarquera ſur la flotte du
Chefd'eſcadre Howe.
Les Tribunaux de l'Amirauté , établis dans nos
Iſles de l'Amérique , ont pris le parti , pour abréger
les procédures, de déclarer de bonne priſe tous
les vaiſſeaux Hollandois qu'on trouve munis de
permiffions données par les François. Ces permiffions
, ſuivant leur Jurisprudence , naturaliſent les
vaiſſeaux , & les rendent ſujets à confiſcation ,
comme s'ils appartenoient véritablement à l'ennemi.
La pêche de la Baleine a mal réuſſi cette année
dans les mers du Nord. Six vaiſſeaux Hollandois ,
& cinq des nôtres , y ont péri ; pluſieurs autres ont
beaucoup fouffert , & quelques-uns auront de la
peine à ſe dégager des glaces.
Notre commerce du Nord commence à ſe reſſentir
de la méſintelligence ſurvenue entre cette
Cour & celle de Suede. Aux priſes que nos Corſaires
ont faites de pluſieurs Navires Suédois , qui
n'ont point été reſtitués , on oppoſe ici le refus
que la Cour de Suede a fait d'admettre, en qualité
deMiniſtre , le Chevalier Goodrick, envoyé par le
Roi pour réſider à Stockolm. Mais dans un Mémoire
que le ſieur Wynants , Secretaire de Légation
de Suede , préſenta au Roi , avant que de ſe
retirer , on obſerve que le Chevalier Goodrick
ayant pris ſa route par Breſlaw , & ayant eu pluſieurs
conférences avec les ennemis des Puiſſances
AOUST. 1758 . 109
auxquelles eſt alliée la Suede , il étoit devenu juftement
ſuſpect ; que d'ailleurs , pendant tout le
temps que le ſieur Goodrick avoit mis au voyage
de Suede, la Cour de Londres avoit gardé le filence
ſur la miffion de ſon Miniſtre , & qu'on n'avoit
été inſtruit de ſa deſtination à Stockholm que par
des voies indirectes ; qu'au reſte , outre ces motifs
d'excluſion , ſuffiſamment juſtifiés par les circonftances,
le refus de ſa Majesté Suédoiſe étoit fondé
ſur le droit que tous les Souverains ont à cet
égard, & fur l'exemple qu'en a donné la Cour de
Londres à l'occaſion d'un Miniftre nommé il y a
quelques années par le Roi de Suede , & qu'elle
ne voulut point recevoir , quoique le cas fut bien
différent de celui qui ſe préſente aujourd'hui.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En 1758, la Grande-Bretagne prépare plusieurs opérations militaires. Quatre compagnies de troupes anciennes doivent se rendre à Emden pour remplacer le régiment de Brudenell à Hanovre. La dette nationale britannique a augmenté de 15 millions de livres sterling, atteignant 82 millions 780 000 livres sterling, sans inclure les dettes de la Marine, estimées à 2 millions de livres. La Cour britannique prévoit d'envoyer 10 000 hommes en Allemagne sous le commandement du Duc de Marlborough, tandis que le Comte d'Ancram dirigera les troupes sur les côtes de France. Le Prince Édouard Auguste, frère du Prince de Galles, s'embarquera avec la flotte du Chef d'escadre Howe. Les tribunaux de l'Amirauté en Amérique déclarent de bonne prise les vaisseaux hollandais munis de permissions françaises. La pêche à la baleine dans les mers du Nord a été désastreuse, avec la perte de vaisseaux hollandais et britanniques. Le commerce britannique avec la Suède est affecté par des tensions diplomatiques, notamment le refus de la Suède d'accepter le Chevalier Goodrick comme ministre britannique.
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24
p. 208-212
GÉNÉALOGIE de la Maison de SPARRE, selon les Piéces qui sont chez M. de CLEREMBEAUT & qui ont été produites à l'Ordre de Malte.
Début :
Saprre ou Toffta, illustre & ancienne Maison de Suède, alliée de très-proche aux [...]
Mots clefs :
Famille, Maison de Sparre, Généalogie, Suède, Charge, Branche
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texteReconnaissance textuelle : GÉNÉALOGIE de la Maison de SPARRE, selon les Piéces qui sont chez M. de CLEREMBEAUT & qui ont été produites à l'Ordre de Malte.
GENEALOGIE de la Maifon de SPARRE , felon
Les Piéces quifont chez M. de CLEREMBEAUT
& qui ont étéproduites à l'Ordre de Malte.
SPARRE OU TOFFTA , illuftre & ancienne Maifon
de Suéde , alliée de très- proché aux familles
qui ont régné en Suéde foit avant ou après la révolution
arrivée dans ce Royaume lors de l'invafion
des Danois fous Chriftiern II. leur Roi. On
trouve dans les biftoires & les généalogies Suédoifes
l'an 1150 Sixten de Toffta , grand Ecuyer
du Royaume de Suéde fous le Roi Canut. Sixten
eut pour fils Nicolas Toffia , qui lui fuccéda dans
la Charge de grand Ecuyer , & épouſa Mereta,
Princelle dont l'hiftoire vante beaucoup la beau
té & la vertu ; elle étoit fille d'Eric X , Roi de
Suéde , & de Rhechiffa , fille de Waldemar , Roi
de Dannemarck . Nicolas Toffta mourut l'an 1250
& laifla de Mereta , Ambernus , qui fut Grand
Maître-d'Hôtel du Royaume & le Chef de la
Branche aînée des Toffta , qui dura peus Sixten
II. qui fut Prince du Sénat & Chef de la branche
cadette , dont la poftérité ſe perpétue encore
aujourd'hui en France dans la ligne directe ; en
Suede & autres Pays du Nord , en lignes collatérales.
On ignore avec qui Ambernus prit alliance
; fes enfans furent Nicolas II , grand maître
d'hôtel , mort en 1313 fans poftérité ; Nanne ,
Chevalier de l'éperon d'or , qui fit des voeux dans
le Monastère de Efchiltunen ; Ulphon , Chevalier
de l'éperon d'or , grand maître d'Hôtel & Sénéchal
de Néricie , qui époula Chriftine , fille de Simon
Jonas , & fut le feul qui laiffa des enfans ;
Canut , Chevalier de l'éperon d'or , mort en 1350-
fans poftérité ; Ingeburge , qui fut mariée à Hermannde
Kafflebeck. Ulphon mourut en 1345 , laif
AVRIL. 1763 . 200
fant Ingeburge mariée à Benoit , Duc d'Algoth ,
tué en Hollande , Marguerite , mariée à Stenon
Chevalier & Senateur , & Charles de Toffta , le der
nier mâle de fa branche ; il fut grand Maréchal
de Suéde & Sénéchal d'Uplande , mort en 1399%
ne laiffant de fon mariage avec Helene , fille d'Ifraël
Birgerque Marguerite , mariée en premieres
nôces à Canut Bondé. De ce mariage fortit Charles
VIII, Roi de Suede. Canut , vécut peu après lui.
Marguerite , époufa Stenon Furon , dont elle n'eût
que Brigitte ou Britte , raariée à Gustave Sture ,
Chevalier de l'éperon d'or . De ce mariage eft for
ti une autre Brigitte , qui époufa Jean Chrifliern,
Senateur du Royaume , qu'elle fit Pere de Frédé
ric de Ridboh , ou Gripsholm , qui le fut de Guftar
ve Vafa , qui chaffa les Danois de la Suede &
s'en fit déclarer Roi. Ainfi le fang de Margueritte,
"& par elle celui des Tofftas , a été uni avec celui
des Rois de Suéde jufqu'à la Reine Chriftine , la
derniere de la poftérité de Vafa, laquelle abdiqua
la couronne & fé retira à Rome où elle eft morte
fans avoir été mariée .
mort
Seconde Branche qui fubfifte encore. Sixten ,
fils de Nicolas Toffta , Prince du Sénat ,
en 1295. Son fils fut Ambern I, grand Maréchal
de Suede fous Eric & Valdemar , qui regnerent
conjointement. Ambern lailla Ears ou Laurent I ,
grand Ecuyer , mort en 1299 , quatre ans après
fon père. Son fils fut Ambern II , Chevalier de
l'éperon d'or , qui vêcur longtemps ; on ne fçait
point avec qui ces trois Seigneurs prirent allian
ce. Laurent II , eut auffi Ingeburge , mariée dans
la branche aînée des Barons de Horn à Chriftierne.
Aumine. Amborn eut pour fils Laurent II , mort ea
1373. Il laiffa d'Hélene , fille d'Haquin Lamnes ,
Prince du Sang Royal de Norvege , qu'il avoir
1
210 MERCURE DE FRANCE .
épousé , Siggéfurnommé de Agard , Grand Ecuyer,
qui laiffa Laurent III , dit de Agard ,Grand Ecuyer.
Celui- ci époufa Ingeburge , fille de Benoit Laurent,
fon parent fans doute , dont il n'eut què Sigge de
Siagard , qui fit alliance avec Chriftine , fille de
Magnus de Natoda de Giaxholm > 2 morte en
1522. Sigge mourut en 1500 , & lailla Laurent
IV fon fils , appellé de Sundbi , qui fut Chevalier
de l'éperon d'or & Maréchal de Suede fa femme
fut Brigitte ou Brilte , fille de Turon Trolle , qui
lui donna Eric de Sparre , Baron de Sundbi , Vice-
Chancelier de Suéde , & Jean Sparre de Berquara,
Président de Calmar , qui fut la tige d'une autre
branche continuée par Sigifmond Sparre Eric eft le
premier qui a porté le nom de Sparre , & qui l'a
donné à tous les defcendants de Toffta. Ce nom
veut dire poutre d'or, dont Jacques VI , Roi d'Ecoffe
& d'Angleterre , décora les armes , en recompenfe
des fervices que ce Seigneur lui avoit
rendus . Eric , eut la tête tranchée à Lingkpin , en
1600 , pour avoir embrallé le parti de Sigifmond ,
Roi de Suede & de Pologne , fon véritable Maître,
contre Charles IX , Duc de Sudermanie , qui ufurpa
la couronne fur Sigifmond , fon neveu . Eric ,
lailla de Elba , Comtelle de Brahé , fon époufe ,
morte en 1609 , Guftave , Jean , Sigifmond , ( Ces
trois-ci n'ont point laiffé de postérité ; ) Laurent
V , Pierre , Charles , qui ont laillé des enfans ; Brigitte
, Béate. Celle-ci fut mariée au Baron Eric
& n'eur qu'une fille appellé Catherine . Laurent V,
époufa Merta , fille du Comte Banaër , dont il
n'eut que Pierre , fi célébre par les grandes charges
qu'il a occupées & par les négociations où il fur
employé , dont le frere époufa la Princeffe Palarine
nié ce de la Reine Chriftine & foeur du
Roi Charles -Guftave. Son épouſe fut Ebba , fille
,
AVRIL 1763.
211
咩
de Pontus de la Gardie , originaire de France ,
grand chancelier & premier Miniftre de la Reine
Chriftine , en 1607 , & le plus opulent Seigneur de
Suede Pierre , fut Sénateur & grand Maître d'Artillerie
, Ambaffadeur extraordinaire auprès de
Charles II , Roi de la Grande Bretagne , Médiateur
au Congrès de Cologne , enfuite Ambaſſadeur
auprès de Louis XIV , à qui il rendit de
grands fervices en formant entre la Suede & la
France une union qui fubfifte encore. Louis XIV,
pour reconnoître fes fervices , lui donna des lettres
de Comte pour lui & ſes enfans à jamais , avec la
liberté d'acquérir & de poffeder en France telles
terres on charges qu'il voudroit avec les mêmes
prérogatives que fes fujets , au nombre deſquels
ce Monarque l'admettoit. Pierre de Sparre , pendant
le féjour que fon Ambaffade lui occafionna
en France , conçut le deffein de vendre tous fes
biens en Suede & de s'établir dans ce Royaume
où il méditoit d'embraffer la Religion Catholique.
Le temps de fon caractère étant expiré il retourna
en Suede. Pendant qu'il travailloit à éxécuter
fes projets la mort le furprit en 1698. It
n'eut d'Ebba la femme , morte en 1693 , que Lau
rent VI, magnus , qui après la mort de fon pere
palla en France où il entra aú ſervice avec titre de
Lieutenant Colonel dans le Regiment de Sparre ,
aujourd'hui Royal Suédois , dont Eric de Sparre ,
Amballadeur & petit fils d'Eric , étoit alors Colonel
en 1700 environ. Laurent VI , étant en 1703
en garnifon à Tournai , y époula Félicité , fille de
Sire le Vaillant, Baron de Vaudripont & de N. fille
du Baron d'Hériffen , Comte du S. Empire. Après
avoir abjuré le Luthéranifme dans la Chapelle de
l'Evêque de Tourhais ce changement de Religion
le for profcrire en Suede , oùles biens furent con212
MERCURE DE FRANCE.
fiíqués , il ſupporta conftamment ces revers ja
qu'à la mort arrivée à Paris en 1725 & fut enterré
à S. Sulpice après avoir vécu 62 ans. Il a laiffé
de Félicité le Vaillant , deux enfans mâles , Jofeph-
Ignace , Comte de Sparre , & Pierre , Comte de
Sparre , tous deux au fervice de France . Jofeph
Ignace , âgé de 52 , ans , Maréchal de Camp en
1748 & Colonel du Régiment Royal Suédois en
1742 , a époufé en 1730 Marie du Chambge , fille
de Sire du Chambge de Lieffart , premier préfident
de la Chambre des Comptes de Flandres , d'une
famille ancienne & illuftrée dans la robe , originaire
du Franc de Bruge. Leurs enfans ſont Aléxandre
Sparre , Colonel du Régiment Royal Suć
dois , Ernefte Sparre Colonel dans le même Régi
ment ; Augufte Sparre , qui eft dans l'état ecclé.
fiaftique , & Gustave Sparre , âgé de cinq ans
Chevalier de Malthe.
Tiré de Meenius Suenon , Généalogiſte Sué→
dois.
De Schinnerus , Poëte Suédois .
De Gothus & Ericus , Hiftoriens Suédois.
Des Mémoires de la Paix de Rifvick , par Dü
mont..
N. B. Cette maiſon a fourni au Roi , dans la
courant de ce fiécle , Officiers . Il y en a encore
actueliement neuf au Service de Sa Majesté.
Les Piéces quifont chez M. de CLEREMBEAUT
& qui ont étéproduites à l'Ordre de Malte.
SPARRE OU TOFFTA , illuftre & ancienne Maifon
de Suéde , alliée de très- proché aux familles
qui ont régné en Suéde foit avant ou après la révolution
arrivée dans ce Royaume lors de l'invafion
des Danois fous Chriftiern II. leur Roi. On
trouve dans les biftoires & les généalogies Suédoifes
l'an 1150 Sixten de Toffta , grand Ecuyer
du Royaume de Suéde fous le Roi Canut. Sixten
eut pour fils Nicolas Toffia , qui lui fuccéda dans
la Charge de grand Ecuyer , & épouſa Mereta,
Princelle dont l'hiftoire vante beaucoup la beau
té & la vertu ; elle étoit fille d'Eric X , Roi de
Suéde , & de Rhechiffa , fille de Waldemar , Roi
de Dannemarck . Nicolas Toffta mourut l'an 1250
& laifla de Mereta , Ambernus , qui fut Grand
Maître-d'Hôtel du Royaume & le Chef de la
Branche aînée des Toffta , qui dura peus Sixten
II. qui fut Prince du Sénat & Chef de la branche
cadette , dont la poftérité ſe perpétue encore
aujourd'hui en France dans la ligne directe ; en
Suede & autres Pays du Nord , en lignes collatérales.
On ignore avec qui Ambernus prit alliance
; fes enfans furent Nicolas II , grand maître
d'hôtel , mort en 1313 fans poftérité ; Nanne ,
Chevalier de l'éperon d'or , qui fit des voeux dans
le Monastère de Efchiltunen ; Ulphon , Chevalier
de l'éperon d'or , grand maître d'Hôtel & Sénéchal
de Néricie , qui époula Chriftine , fille de Simon
Jonas , & fut le feul qui laiffa des enfans ;
Canut , Chevalier de l'éperon d'or , mort en 1350-
fans poftérité ; Ingeburge , qui fut mariée à Hermannde
Kafflebeck. Ulphon mourut en 1345 , laif
AVRIL. 1763 . 200
fant Ingeburge mariée à Benoit , Duc d'Algoth ,
tué en Hollande , Marguerite , mariée à Stenon
Chevalier & Senateur , & Charles de Toffta , le der
nier mâle de fa branche ; il fut grand Maréchal
de Suéde & Sénéchal d'Uplande , mort en 1399%
ne laiffant de fon mariage avec Helene , fille d'Ifraël
Birgerque Marguerite , mariée en premieres
nôces à Canut Bondé. De ce mariage fortit Charles
VIII, Roi de Suede. Canut , vécut peu après lui.
Marguerite , époufa Stenon Furon , dont elle n'eût
que Brigitte ou Britte , raariée à Gustave Sture ,
Chevalier de l'éperon d'or . De ce mariage eft for
ti une autre Brigitte , qui époufa Jean Chrifliern,
Senateur du Royaume , qu'elle fit Pere de Frédé
ric de Ridboh , ou Gripsholm , qui le fut de Guftar
ve Vafa , qui chaffa les Danois de la Suede &
s'en fit déclarer Roi. Ainfi le fang de Margueritte,
"& par elle celui des Tofftas , a été uni avec celui
des Rois de Suéde jufqu'à la Reine Chriftine , la
derniere de la poftérité de Vafa, laquelle abdiqua
la couronne & fé retira à Rome où elle eft morte
fans avoir été mariée .
mort
Seconde Branche qui fubfifte encore. Sixten ,
fils de Nicolas Toffta , Prince du Sénat ,
en 1295. Son fils fut Ambern I, grand Maréchal
de Suede fous Eric & Valdemar , qui regnerent
conjointement. Ambern lailla Ears ou Laurent I ,
grand Ecuyer , mort en 1299 , quatre ans après
fon père. Son fils fut Ambern II , Chevalier de
l'éperon d'or , qui vêcur longtemps ; on ne fçait
point avec qui ces trois Seigneurs prirent allian
ce. Laurent II , eut auffi Ingeburge , mariée dans
la branche aînée des Barons de Horn à Chriftierne.
Aumine. Amborn eut pour fils Laurent II , mort ea
1373. Il laiffa d'Hélene , fille d'Haquin Lamnes ,
Prince du Sang Royal de Norvege , qu'il avoir
1
210 MERCURE DE FRANCE .
épousé , Siggéfurnommé de Agard , Grand Ecuyer,
qui laiffa Laurent III , dit de Agard ,Grand Ecuyer.
Celui- ci époufa Ingeburge , fille de Benoit Laurent,
fon parent fans doute , dont il n'eut què Sigge de
Siagard , qui fit alliance avec Chriftine , fille de
Magnus de Natoda de Giaxholm > 2 morte en
1522. Sigge mourut en 1500 , & lailla Laurent
IV fon fils , appellé de Sundbi , qui fut Chevalier
de l'éperon d'or & Maréchal de Suede fa femme
fut Brigitte ou Brilte , fille de Turon Trolle , qui
lui donna Eric de Sparre , Baron de Sundbi , Vice-
Chancelier de Suéde , & Jean Sparre de Berquara,
Président de Calmar , qui fut la tige d'une autre
branche continuée par Sigifmond Sparre Eric eft le
premier qui a porté le nom de Sparre , & qui l'a
donné à tous les defcendants de Toffta. Ce nom
veut dire poutre d'or, dont Jacques VI , Roi d'Ecoffe
& d'Angleterre , décora les armes , en recompenfe
des fervices que ce Seigneur lui avoit
rendus . Eric , eut la tête tranchée à Lingkpin , en
1600 , pour avoir embrallé le parti de Sigifmond ,
Roi de Suede & de Pologne , fon véritable Maître,
contre Charles IX , Duc de Sudermanie , qui ufurpa
la couronne fur Sigifmond , fon neveu . Eric ,
lailla de Elba , Comtelle de Brahé , fon époufe ,
morte en 1609 , Guftave , Jean , Sigifmond , ( Ces
trois-ci n'ont point laiffé de postérité ; ) Laurent
V , Pierre , Charles , qui ont laillé des enfans ; Brigitte
, Béate. Celle-ci fut mariée au Baron Eric
& n'eur qu'une fille appellé Catherine . Laurent V,
époufa Merta , fille du Comte Banaër , dont il
n'eut que Pierre , fi célébre par les grandes charges
qu'il a occupées & par les négociations où il fur
employé , dont le frere époufa la Princeffe Palarine
nié ce de la Reine Chriftine & foeur du
Roi Charles -Guftave. Son épouſe fut Ebba , fille
,
AVRIL 1763.
211
咩
de Pontus de la Gardie , originaire de France ,
grand chancelier & premier Miniftre de la Reine
Chriftine , en 1607 , & le plus opulent Seigneur de
Suede Pierre , fut Sénateur & grand Maître d'Artillerie
, Ambaffadeur extraordinaire auprès de
Charles II , Roi de la Grande Bretagne , Médiateur
au Congrès de Cologne , enfuite Ambaſſadeur
auprès de Louis XIV , à qui il rendit de
grands fervices en formant entre la Suede & la
France une union qui fubfifte encore. Louis XIV,
pour reconnoître fes fervices , lui donna des lettres
de Comte pour lui & ſes enfans à jamais , avec la
liberté d'acquérir & de poffeder en France telles
terres on charges qu'il voudroit avec les mêmes
prérogatives que fes fujets , au nombre deſquels
ce Monarque l'admettoit. Pierre de Sparre , pendant
le féjour que fon Ambaffade lui occafionna
en France , conçut le deffein de vendre tous fes
biens en Suede & de s'établir dans ce Royaume
où il méditoit d'embraffer la Religion Catholique.
Le temps de fon caractère étant expiré il retourna
en Suede. Pendant qu'il travailloit à éxécuter
fes projets la mort le furprit en 1698. It
n'eut d'Ebba la femme , morte en 1693 , que Lau
rent VI, magnus , qui après la mort de fon pere
palla en France où il entra aú ſervice avec titre de
Lieutenant Colonel dans le Regiment de Sparre ,
aujourd'hui Royal Suédois , dont Eric de Sparre ,
Amballadeur & petit fils d'Eric , étoit alors Colonel
en 1700 environ. Laurent VI , étant en 1703
en garnifon à Tournai , y époula Félicité , fille de
Sire le Vaillant, Baron de Vaudripont & de N. fille
du Baron d'Hériffen , Comte du S. Empire. Après
avoir abjuré le Luthéranifme dans la Chapelle de
l'Evêque de Tourhais ce changement de Religion
le for profcrire en Suede , oùles biens furent con212
MERCURE DE FRANCE.
fiíqués , il ſupporta conftamment ces revers ja
qu'à la mort arrivée à Paris en 1725 & fut enterré
à S. Sulpice après avoir vécu 62 ans. Il a laiffé
de Félicité le Vaillant , deux enfans mâles , Jofeph-
Ignace , Comte de Sparre , & Pierre , Comte de
Sparre , tous deux au fervice de France . Jofeph
Ignace , âgé de 52 , ans , Maréchal de Camp en
1748 & Colonel du Régiment Royal Suédois en
1742 , a époufé en 1730 Marie du Chambge , fille
de Sire du Chambge de Lieffart , premier préfident
de la Chambre des Comptes de Flandres , d'une
famille ancienne & illuftrée dans la robe , originaire
du Franc de Bruge. Leurs enfans ſont Aléxandre
Sparre , Colonel du Régiment Royal Suć
dois , Ernefte Sparre Colonel dans le même Régi
ment ; Augufte Sparre , qui eft dans l'état ecclé.
fiaftique , & Gustave Sparre , âgé de cinq ans
Chevalier de Malthe.
Tiré de Meenius Suenon , Généalogiſte Sué→
dois.
De Schinnerus , Poëte Suédois .
De Gothus & Ericus , Hiftoriens Suédois.
Des Mémoires de la Paix de Rifvick , par Dü
mont..
N. B. Cette maiſon a fourni au Roi , dans la
courant de ce fiécle , Officiers . Il y en a encore
actueliement neuf au Service de Sa Majesté.
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Résumé : GÉNÉALOGIE de la Maison de SPARRE, selon les Piéces qui sont chez M. de CLEREMBEAUT & qui ont été produites à l'Ordre de Malte.
Le texte expose la généalogie de la maison de Sparre, une famille suédoise illustre et ancienne. La famille est mentionnée dès l'an 1150 avec Sixten de Toffta, grand écuyer du Royaume de Suède sous le Roi Canut. La maison de Sparre est issue de la famille Toffta, qui a produit plusieurs personnages notables, tels que Nicolas Toffta, grand écuyer et époux de Mereta, fille du Roi Eric X de Suède. La famille a continué à prospérer avec des membres occupant des postes prestigieux comme grand maître d'hôtel, sénéchal, et maréchal de Suède. Le nom de Sparre a été adopté par Eric de Sparre, qui a reçu une décoration de Jacques VI, Roi d'Écosse et d'Angleterre. Eric de Sparre a été exécuté en 1600 pour avoir soutenu Sigismond, Roi de Suède et de Pologne, contre Charles IX. La famille a ensuite continué à servir dans des rôles diplomatiques et militaires. Pierre de Sparre, ambassadeur en France et médiateur au Congrès de Cologne, a obtenu des lettres de comte de Louis XIV et a envisagé de s'établir en France en adoptant la religion catholique. Son fils, Laurent VI, s'est établi en France et a servi dans l'armée française. La famille a continué à produire des officiers au service de la France et de la Suède, avec plusieurs membres actuels dans le service militaire. La maison de Sparre est alliée à plusieurs familles royales suédoises et a joué des rôles importants dans la politique et la noblesse suédoise.
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