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1
p. 202-219
LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
Début :
Monsieur, Vous vous attendez sans doute à un détail exact [...]
Mots clefs :
Québec, Angleterre, Sauvages, Général, Acadie, Canada, Prisonniers
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
lage.
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré quece qu avoient projette nos ennemis principalement cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y
avoir dixans ou environ que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre, formoient le dessein de joindre à leurs Colonies celle du Canada
ik
sceance. qui seroit fort à leur bienCe que les François possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens. Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots, qui dans les changemens des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;cequi est souventtrès avan- tageux. -
Cela supposé pour revenir aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler de ce pays-ci,sur le Canada d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre fous les yeux la
conduite habile &: très prudente que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a
gardée jusqu'àpresent pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de BeauBassin,sousles ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens & de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
L"a même l , année 1703. a
la fin du mois de Décembre, M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta d'assaut laville de Diersields dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez, & contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie
,
Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez, dans,l'intention de
les mettre de son parti:
maisilstinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie, dans la nouvelle Angleterre
,
& dans NevvYork en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre. Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale de la nouvelle Anglterre, envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année 1705. que les Canadiens, fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également habile dans l'art de
fortifier les places, & dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs du fort S. Jean, poste des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre fut en 1707. bloquée,s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation au Conseil de Baston, on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau commencement
de Juin.
Une expédition memorable ce fut celle de Haveril fous le commandement de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante pour attaquerMontreal
:
mais la flote fut con-
tremandée par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête dessiens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entre-
prendre sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier de Beaucour, Capitaine Ingenieur,fort estime dans la nouvelle France & fort habile dans
l'architecturemilitaire,
a
élevé le Fort dePontchartrain, vulgairementappellédeChambly. On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre) ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant tourné, & un de leurs domestiques noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à
travers les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'éga-
rerent en cherchant à vivre, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré quece qu avoient projette nos ennemis principalement cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y
avoir dixans ou environ que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre, formoient le dessein de joindre à leurs Colonies celle du Canada
ik
sceance. qui seroit fort à leur bienCe que les François possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens. Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots, qui dans les changemens des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;cequi est souventtrès avan- tageux. -
Cela supposé pour revenir aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler de ce pays-ci,sur le Canada d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre fous les yeux la
conduite habile &: très prudente que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a
gardée jusqu'àpresent pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de BeauBassin,sousles ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens & de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
L"a même l , année 1703. a
la fin du mois de Décembre, M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta d'assaut laville de Diersields dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez, & contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie
,
Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez, dans,l'intention de
les mettre de son parti:
maisilstinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie, dans la nouvelle Angleterre
,
& dans NevvYork en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre. Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale de la nouvelle Anglterre, envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année 1705. que les Canadiens, fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également habile dans l'art de
fortifier les places, & dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs du fort S. Jean, poste des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre fut en 1707. bloquée,s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation au Conseil de Baston, on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau commencement
de Juin.
Une expédition memorable ce fut celle de Haveril fous le commandement de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante pour attaquerMontreal
:
mais la flote fut con-
tremandée par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête dessiens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entre-
prendre sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier de Beaucour, Capitaine Ingenieur,fort estime dans la nouvelle France & fort habile dans
l'architecturemilitaire,
a
élevé le Fort dePontchartrain, vulgairementappellédeChambly. On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre) ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant tourné, & un de leurs domestiques noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à
travers les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'éga-
rerent en cherchant à vivre, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse
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Résumé : LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
La lettre datée du 20 novembre 1712 relate les tensions et les conflits entre les Français et les Anglais en Amérique du Nord. Les Anglais, soutenus par la 'vieille Angleterre,' visaient à s'emparer des colonies françaises, notamment le Canada et Terre-Neuve, en raison de l'importance économique de la pêche à la morue. Le gouverneur général de la Nouvelle-France, le Marquis de Vaudreuil, a adopté une conduite prudente pour contrer ces menaces. En 1703, des expéditions françaises ont capturé plusieurs postes en Nouvelle-Angleterre. L'année suivante, les Anglais ont tenté de prendre Port-Royal en Acadie, mais ont été repoussés. En 1705, des prisonniers anglais ont été échangés, et les Canadiens ont pris des postes importants à Terre-Neuve. En 1707, les alliés autochtones des Français ont bloqué la Nouvelle-Angleterre. Des expéditions françaises ont également semé la terreur dans les colonies anglaises. En 1709, malgré les conditions hivernales rigoureuses, les Canadiens ont pris le fort Saint-Jean. En 1710, le Chevalier de Beaucour a construit le fort de Pontchartrain, un rempart contre les attaques venues du haut Canada. La lettre se termine par le récit d'une mission de deux hommes, un Anglais et un Français, qui ont dû traverser des conditions difficiles pour négocier un échange de prisonniers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 225-241
« Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
Début :
Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...]
Mots clefs :
Sauvages, Québec, Anglais, Acadie, Festin, Anakis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
iintems de cette année
1711. Vveteh Officier Anglois prit le parti de s'engager dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger Quebec,ayant quelque connoissance de la riviere S. Laurent:il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une fois à nous y
laisser rentrer, si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal. : Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale exhortent & prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots, le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire se mirent en devoir de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverenttous ventre contre terre; la décharge des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
nemanquèrent point; puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré s'il ne * se rendoit auprés de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête aux Officiers & aux (oldats compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
!
qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à
travers d'épaisses forests, des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit souvent visiter le Capitaine R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages, buvoit
& mangeoit si fréquemment avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindre leSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part,
la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu cela que tu me dis sije t'avois arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du PortRoyal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages s'étant saisi des provisions & des vivres de ses
ennemis, il y
découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à
ceux de sa nation qui 1avoient aidé dans le combat; car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise des ennemis. L'Aimable voyant les blessés
en danger envoya dire au fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-neuve à Quebec
,
apporta des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vau-
dreüil. M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant que les Anglois préparant un gros armement
pours'emparer de Plaisance en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes nations Sauvages d'enhaut, je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y
voyoit des Hurons, des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés; des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis ou Renards, des Pontcouatamis, desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres les Iroquois des villages de Sononthouan,d'Onnonthagué, d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré, la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les SauvagesChrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends Pere Jesuites & des
Recolets, y
furent appelles, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient pleines de fort longs
quartiers de Bœufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastesreceptacles de viandes, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes especes, que l'on jettoit avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure
1711. Vveteh Officier Anglois prit le parti de s'engager dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger Quebec,ayant quelque connoissance de la riviere S. Laurent:il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une fois à nous y
laisser rentrer, si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal. : Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale exhortent & prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots, le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire se mirent en devoir de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverenttous ventre contre terre; la décharge des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
nemanquèrent point; puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré s'il ne * se rendoit auprés de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête aux Officiers & aux (oldats compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
!
qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à
travers d'épaisses forests, des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit souvent visiter le Capitaine R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages, buvoit
& mangeoit si fréquemment avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindre leSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part,
la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu cela que tu me dis sije t'avois arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du PortRoyal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages s'étant saisi des provisions & des vivres de ses
ennemis, il y
découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à
ceux de sa nation qui 1avoient aidé dans le combat; car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise des ennemis. L'Aimable voyant les blessés
en danger envoya dire au fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-neuve à Quebec
,
apporta des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vau-
dreüil. M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant que les Anglois préparant un gros armement
pours'emparer de Plaisance en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes nations Sauvages d'enhaut, je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y
voyoit des Hurons, des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés; des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis ou Renards, des Pontcouatamis, desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres les Iroquois des villages de Sononthouan,d'Onnonthagué, d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré, la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les SauvagesChrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends Pere Jesuites & des
Recolets, y
furent appelles, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient pleines de fort longs
quartiers de Bœufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastesreceptacles de viandes, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes especes, que l'on jettoit avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure
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Résumé : « Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
En 1711, un officier anglais s'engagea dans la flotte préparée à Boston pour assiéger Québec, grâce à sa connaissance de la rivière Saint-Laurent. Il quitta Port-Royal, récemment pris par François Nicholson en octobre 1710, mais que le gouverneur français avait rendu trop rapidement. Les Anglais avaient été contraints de laisser les Français reprendre Port-Royal à plusieurs reprises. Le marquis de Vaudreuil rappela ses officiers pour défendre Québec et l'île de Montréal. Vers la fin juin, les Anglais envoyèrent un détachement sous la conduite du capitaine R. qui menaça des habitants acadiens. En réponse, un chef abénakis appelé l'Aimable rassembla des guerriers pour tendre une embuscade aux Anglais. Lors de l'affrontement, les Abénakis, bien instruits par leur chef, se cachèrent et ripostèrent efficacement, tuant plusieurs Anglais et capturant le capitaine R. et d'autres officiers. L'Aimable amena les prisonniers à Québec, où il visita régulièrement le capitaine R. dans une auberge. Plus tard, un nouveau détachement anglais menaça les Abénakis, mais l'Aimable les attaqua et les défit, capturant quelques prisonniers et distribuant de l'eau-de-vie à ses guerriers avec prudence. Au printemps, Frenay arriva de Plaisance en Terre-Neuve à Québec avec des lettres de Costebelle, avertissant de la préparation anglaise pour attaquer Plaisance ou Québec. Les ambassadeurs français réussirent à rallier environ quatre cents autochtones de diverses nations, qui furent reçus à Montréal le 7 août. Un grand festin fut organisé, avec des chaudrons remplis de viandes diverses, et des danses de guerre furent exécutées par les guerriers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. [187]-224
Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
Début :
Ce Pays-ci est maintenant fort tranquille au dedans & [...]
Mots clefs :
Côtes, Noblesse, Bourgeois, Officiers, Acadie, Abénaquis, Froid, Amérique septentrionale, Ambassade
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
dernier, d 'ùx Ambassadeurs
Iroquois de la - Nation des
Onciout arriverent au Montreal
avec deux Colliers de
porcelaine,p- resens ordin aires
des Naturels de l'Amerique
Septentrionale, l'un de ces
colliers étoit destiné pour
Ononthio
,
c'est- à
- dire
pour le Gouverneur General
& l'autre pour les Sauvages
des environs de l'lue de
Montreal.Peu de jours aprés
l'arrivée de ces Iroqois partirent
pour ?Aifilim,¡ktna(,
le sieur de Ligneri, pour les
Miamis, le sieurde Vincen-
Des pour les Ilinois, le sieur
~Ddltetres; tous Officiers de
guerre qui sçavent la langue
de ces differentesNations,
& qui en connoissent le
genie; on a envoyé en même
temps quelques Canots pour
le Detroit.
1
Dans leS- temps de l'arrivée
du Héros, Vaisseau de
cinquante pieces de canon,
commandé par le Chevalier
de Beau- Charnois de Beaumont
au commencement
d'Octobre, nos Philibustiers
sont venus mouiller dans la
rade de Québec avec une
prise Angloise qui leur avoie
été ménagée p::r les Abna fej's
Sauvages de l'Acadie& tresfidele
aux François.
On fit le 2j. du mois
d'Octobre dernier dans
nostreEglise Cathedrale un
Servicesolémnel pour feu
Monseigneur & Madame la
Dauphine, le luminaire a
été des plus beaux qu'on ait
jamais vu dans la Nouvelle
France, tour étoit parfaitement
bien entendu
,
& a e,re executé avec toute 1la
pompe imaginable) cette
relation 6nr par une choseétonnante.
Unenff-ant â"g,édd'un
an& quelques mois a été
vu par plusieurs personnes
fumer comme s'il en avoir eu
l'ha bitude depuis long-tems.
Le Canada cil peut-estre le
Puïs du monde où l'on use
le plusde tabac, & où-l'on
fume le plus, aussi- bien les
petits que les grands; c'est
une pratique & un usage universe
dans toute la Colonie,
parmi même la plufparc
de ceux qui y menent la vie
la plus fefieufe.
Les Sauvages ne font aucune
difficulté de faire de
grands feux dans les Bois
pour y allumer ce que nous
appellons ici le Calumet,
c'est- à-dire la Pipe, ils
laissent sans façon au mi-
1reu d'une Forest de grands
Arbres tousembrasez, dont
la flâme aidée par les vents
& poussée au loin, cause des
incendies qui ne sont point
rares en ce Païsci.
Iroquois de la - Nation des
Onciout arriverent au Montreal
avec deux Colliers de
porcelaine,p- resens ordin aires
des Naturels de l'Amerique
Septentrionale, l'un de ces
colliers étoit destiné pour
Ononthio
,
c'est- à
- dire
pour le Gouverneur General
& l'autre pour les Sauvages
des environs de l'lue de
Montreal.Peu de jours aprés
l'arrivée de ces Iroqois partirent
pour ?Aifilim,¡ktna(,
le sieur de Ligneri, pour les
Miamis, le sieurde Vincen-
Des pour les Ilinois, le sieur
~Ddltetres; tous Officiers de
guerre qui sçavent la langue
de ces differentesNations,
& qui en connoissent le
genie; on a envoyé en même
temps quelques Canots pour
le Detroit.
1
Dans leS- temps de l'arrivée
du Héros, Vaisseau de
cinquante pieces de canon,
commandé par le Chevalier
de Beau- Charnois de Beaumont
au commencement
d'Octobre, nos Philibustiers
sont venus mouiller dans la
rade de Québec avec une
prise Angloise qui leur avoie
été ménagée p::r les Abna fej's
Sauvages de l'Acadie& tresfidele
aux François.
On fit le 2j. du mois
d'Octobre dernier dans
nostreEglise Cathedrale un
Servicesolémnel pour feu
Monseigneur & Madame la
Dauphine, le luminaire a
été des plus beaux qu'on ait
jamais vu dans la Nouvelle
France, tour étoit parfaitement
bien entendu
,
& a e,re executé avec toute 1la
pompe imaginable) cette
relation 6nr par une choseétonnante.
Unenff-ant â"g,édd'un
an& quelques mois a été
vu par plusieurs personnes
fumer comme s'il en avoir eu
l'ha bitude depuis long-tems.
Le Canada cil peut-estre le
Puïs du monde où l'on use
le plusde tabac, & où-l'on
fume le plus, aussi- bien les
petits que les grands; c'est
une pratique & un usage universe
dans toute la Colonie,
parmi même la plufparc
de ceux qui y menent la vie
la plus fefieufe.
Les Sauvages ne font aucune
difficulté de faire de
grands feux dans les Bois
pour y allumer ce que nous
appellons ici le Calumet,
c'est- à-dire la Pipe, ils
laissent sans façon au mi-
1reu d'une Forest de grands
Arbres tousembrasez, dont
la flâme aidée par les vents
& poussée au loin, cause des
incendies qui ne sont point
rares en ce Païsci.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
Le texte décrit divers événements et pratiques en Nouvelle-France. Des Iroquois de la Nation des Onciouts apportèrent à Montréal deux colliers de porcelaine, l'un pour le Gouverneur Général et l'autre pour les Amérindiens locaux. Plusieurs officiers de guerre se rendirent ensuite auprès de différentes nations amérindiennes, accompagnés de canots vers le Detroit. En octobre, le vaisseau 'Le Héros', commandé par le Chevalier de Beau-Charnois de Beaumont, arriva à Québec. Des philibustiers français y accostèrent avec une prise anglaise, aidés par les Abénaquis de l'Acadie, fidèles aux Français. Le 2 octobre, un service solennel fut organisé dans l'église cathédrale de Québec en mémoire de feu Monseigneur et Madame la Dauphine, avec un luminaire exceptionnel. Le texte mentionne également la consommation courante de tabac au Canada, y compris chez les enfants. Les Amérindiens allument souvent des feux dans les bois pour fumer la pipe, ce qui peut provoquer des incendies. Cette pratique est répandue dans la colonie, même parmi les personnes très pieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 228-237
« Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...] »
Début :
Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...]
Mots clefs :
France, Angleterre, Acadie, Traité, Frontières, Amérique, Canada, Troubles politiques, Déclaration du roi, Abbé de la Chateigneray
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...] »
La paru fucceffivement plufieurs Ecrits , qui ont
pour objet la grande question agitée entre la
France & l'Angleterre , fur les anciennes limites
de l'Acadie. Le premier eft une Lettre de M. ... a
M. de & ne contient que onze pages . Celui qui
eft intitulé Hiftoire Géographique de la nouvelle
Ecoffe , c. contient la defcription du Pays auquel
les Anglois donnent ce nom , & on y.expofe les
avantages propofés par la Nation à ceux qui voudront
Y tormer des établiffemens. C'eft une traduction
à laquelle on a feulement joint quelques
notes dans lesquelles le fyftême anglois eft réfuté.
La conduite des François par rapport à la nouvelle
Ecoffe , depuis le premier établiffement de cette
Colonie jufqu'à nos jours , &c. eft auffi traduite
de l'Anglois , & il eft aifé de le reconnoître . Ce
n'eft qu'un ouvrage polémique dans lequel l'Auteur
a marqué peu de retenue & même de politeffe
dans les expreffions dont il fe fert , en parlant
tant de la France , que de quelques François
en particulier. Les argumens qu'il employe n'ont
pas paru affez redoutables pour les déguifer , &
l'Auteur François n'a pu mieux défendre la caufe
de fa patrie , qu'en expofant par une traduction.
fidelle les objections de fon adverfaire , & en rétabliffant
feulement le véritable état de la queſtion
par des notes fuccinctes .
La difcuffion fommaire fur les anciennes limites
de l'Acadie , & fur les ftipulations du Traité d'U
trecht qui y font relatives , eft un ouvrage fran
OCTOBRE. 1755. 229
çois. C'eft proprement l'extrait des Mémoires refpectifs
des Commiffaires des deux Nations : l'Auteur,
après y avoir examiné la queftion , fuivans les
principes de droit & la teneur des Traités , ajoute
quelques réflexions fur la politique des Anglois
en général , & fur l'équilibre des puiffances en
Amérique. Comme ces réflexions font très - courtes
, & que l'objet en eſt différent de celui du refte
de la differtation , nous croyons qu'il fera plus
aifé de les tranſcrire , que de les extraire.
Toutes les raifons & les confidérations que
l'on vient d'expofer , peuvent fervir à dévoiler les
raifons qui doivent engager la France à ne ſe
point défifter des ftipulations du Traité d'Utrecht
qui bornent la ceffion de l'Acadie , à celle de
Pancienne Acadie ; qui n'ajoutent à cette ceffion
que celle de Port- Royal & nullement celle de
la Baye- Françoife , ni de la côte des Etchemins ;
qui par le gilement des ôtes , déterminent l'étendue
des mers de l'Acadie , depuis le Sable jufqu'à
la hauteur du Cap Fourchu ; qui déclarent
que toutes les Illes quelconques fituées dans l'embouchure
& le Golfe S. Laurent appartiennent à
la France ; qui par - là excluent les Anglois de rien
prétendre fur les côtes de ce même Golfe , & en
même tems fuppofent évidemment , que le Golfe
appartient en entier à la France.
On ne craint point de dire que l'objet des Anglois
ne fe borne pas aux Pays qu'ils reclament
fous le nom d'Acadie , & qui la plupart font
ingrats , ftériles & fans commerce. Leur objet
eft d'envahir le Canada en entier , & de ſe préparer
par- là le chemin à l'empire univerfel de
P'Amérique , & des richeffes dont elle eft la fource
la plus abondante.
Leurs prétentions d'une part , annoncées par
30 MERCURE DE FRANCE.
leurs Livres & leurs Cartes ; de l'autre , les entre
prifes projettées dans leurs colonies de l'Amérique
, & qui viennent d'éclore , pour attaquer en
même tems le Canada de tous les côtés , avec des
forces très -fupérieures ( ce qui ne juftifie que
trop la fageffe des mefures qui ont déterminé la
France à y faire paffer des Troupes ) ces mêmes
entrepriſes autorifées & fomentées par le Gouvernement
d'Angleterre , dans le tems qu'il affuroit
la France des difpofitions les plus pacifiques ,
& qu'il auroit voulu l'amufer par de vaines négociations
toutes ces circonstances prouvent le
projet formé de s'emparer du Canada & s'ils
parvenoient à y réuffir , rien ne feroit plus capable
de mettre un frein à leur cupidité.
Actuellement leurs prétentions fur les poffeffions
des Efpagnols en Amérique , dorment : il
ne feroit pas de leur prudence de provoquer en
même tems la France & l'Eſpagne ; mais leurs
vues fur une partie de la Floride , fur la Baye de
Campeche , & fur le pays des Mofquites , ne font
ignorées de perfonne ; & leur maniere de foutenir
leurs prétentions fait connoître qu'ils ne manqueront
jamais de prétexte pour envahir ce que
leur cupidité pourra leur faire defirer. Quelles en
feront les bornes ? En connoît - elle ?
Il fuffit de lire la Relation du voyage de l'Amiral
Anfon , pour connoître que leurs valtes projets
embraffent toute l'Amérique Espagnole , &
que leur efprit ne ceffe de travailler fur les
moyens de dépouiller toutes les autres Nations de
ce qui eft à leur convenance. Ils ne leur font
grace que de ce dont ils ne fe foucient point , ou
de ce qui ne pourroit pas contribuer à l'augmentation
de leurs richeffes ; & encore même dans
te cas , nulle Nation n'eft affurée de ne point
OCTOBRE. 1755. 231
reflentir les effets de leur hauteur & de leur defpotifme.
La Cour de Vienne en a plus d'une fois
fait l'épreuve , lorfqu'il lui eft arrivé feulement
de balancer à entrer dans leurs vues.
Quant aux Hollandois , les entrepriſes faites
en dernier lieu par les Anglois , pour leur enlever
la Pêche & le commerce du Harang ; les infractions
qu'ils ont ites dans tous les tems à la
neutralité du pavillon Hollandois , contre les ftipulations
les plus formelles & les plus précifes
des Traités , fuivant lefquels le pavillon doit
couvrir la marchandife ; leurs interprétations
arbitraires des principes du droit des Gens ,
concernant la vifite des navires en mer , fuivant
que leurs intérêts & les circonftances les ont déterminés
à étendre ou à reftreindre ces principes ;
tout prouve qu'il n'y a ni alliance , ni amitié , ni
Traités , ni principes qui puiflent contenir leur
cupidité. Heureux les Hollandois , s'ils fçavoient
fe méfier des alliances Angloiſes ; fi convaincus de
la chimere & du danger d'une barriere éloignée
& étrangere , ils s'enveloppoient dans leurs eaux ,
comme les Suiffes aimés & refpectés de toute
P'Europe , le font dans leurs montagnes ; fi ne
s'intéreffant au fyftême des autres Puiffances , que
relativement à la confervation de leur République
& à celle de leur commerce , ils n'avoient fait
ufage de leurs forces & de leurs richeffes , que
pour affurer leur liberté & leur indépendance , &
faire refpecter leur neutralité & leur Pavillon ;
leur nation riche , puiffante & accréditée , ne fe
trouveroit pas vraisemblablement dans un épuife
ment , dont elle ne parviendra peut-être à fe relever
qu'en recourant aux principes par lesquels
elle auroit pu s'en garantir.
Il faudroit s'aveugler volontairement , pour ne
232 MERCURE DE FRANCE.
pas appercevoir que dans les troubles que les An
glois viennent d'exciter , ils ne cherchent d'abord
qu'à fe débarraffer des obftacles que la France
peut leur oppofer ; & qu'enfuite & fucceffivement
viendra le tour de l'Espagne & de toutes les autres
Nations qui ont des poffeffions en Amérique , &
qui refuferont de baiffer la tête fous le joug. C'eſt
par la deftruction de la liberté & de l'indépendance
de l'Amérique , qu'ils fe propofent de parvenir
au projet de dicter la Loi à toute l'Europe.
Cette derniere brochure fe trouve chez Prault fils ,
quay de Conty, ainfi que l'Hifloiregéographique.
Le 27 Août , le Roi donna , pour proroger les-
Séances du Parlement , une Déclaration dont voici
la teneur. « LOUIS , par la grace de Dieu , &c .
>> Notre Cour de Parlement nous ayant fait repréfenter
qu'il feroit néceffaire , pour l'avantage
» de nos Sujets , de continuer pendant les Vaca-
» tions de la préfente année ſes Séances ordinai
>> res ; Nous avons reçu les Supplications qu'elle
nous a fait faire à ce fujet , avec autant plus de
» fatisfaction , que notre intention fera toujours
» de contribuer par notre autorité à tout ce qui
» peut accélérer la juftice que nous devons à nos
» peuples. A CES CAUSES , ... Nous avons conti-
» nué , & continuons les Séances ordinaires de
» notre Cour de Parlement , nonobftant l'époque
» de la ceffation defdites Séances . Voulons que
» toutes les affaires , dont notredite Cour a droit
» de connoître, y foient valablement traitées & dé-
» cidées , comme elles le feroient pendant le cours
» de fes Séances ordinaires , dérogeant à cet effet
» à toutes Loix à ce contraires. SI DONNONS , &c.
>>
Madame fe réveilla le 30 Août au matin avec
de violentes douleurs de colique . On donna à
cette Princeffe quelque fecours , qui parurent la
OCTOBRE. 1755 231
foulager , & elle s'affoupit. Mais bientôt on eut
de nouveaux fujets d'inquiétude . A un fommeil
d'une heure & demie fuccéda une agitation extraordinaire
de pouls . La fievre augmenta confidérablement
le 31. Pendant la journée du premier
Septembre , la maladie devint de plus en plus dangereufe
, & Madame mourut à minuit. Cette Princeffe
étoit âgée de cinq ans & fix jours , étant née
le 26 Août 1750. Quelques inftans avant la mort ,
l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi en Quar
tier , lui a fuppléé les cérémonies du Baptême.
Elle a eu pour Mareine la Comteffe de Marfan ,
Gouvernante des Enfans de France ; pour Parein
le Prince Ferdinand de Rohan ; & elle a été nommée
Marie-Zephirine.
Le Roi , ayant appris la mort de Madame ;
revint à Verſailles le 2 Septembre .
Le 3 , le Roi , la Reine , Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Monfeigneur le Duc
de Bourgogne , Monfeigneur le Duc de Berry , &
Mefdames de France , ainfi que le Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , reçurent , à l'occafion
de cette mort , les complimens des Princes &
Priceffes du Sang.
On célébra le premier Septembre dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de faint Denis le Service fo
lemnel qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV ; & l'Evêque de Rieux y offi
cia pontificalement. Le Comte d'Eu & le Due de
Penthiévre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Le Roi de Pologne a repris le 4 la route de
Luneville .
Le 2 Septembre , le Corps de feue Madame ,
fut apporté de Verfailles au Palais des Tuilleries .
Après y avoir été expofé à vifage découvert , il a
234 MERCURE DE FRANCE .
été embaumé , & mis dans le cercueil. Les , jour
fixé pour le conduire à l'Abbaye Royale de faint
Denis , le Convoi fe mit en marche fur les fept
heures du foir , dans l'ordre fuivant . Deux carrosfes
du Roi , remplis par les femmes de chambre
de la Princeffe ; un troisieme carroffe de Sa Majeſté
, dans lequel étoient les huit Gentilshommes
ordinaires deftinés à porter le cercueil & les quatre
coins du poèle qui le couvroit ; un détachement
de chacune des deux Compagnies des Moufquetaires
; un détachement de ce le des Chevauxlégers
; plufieurs Pages de la Reine & de Madame
la Dauphine ; vingt - quatre Pages de la Grande &
de la Petite Ecurie du Roi. Les Officiers des céré
monies étoient à cheval devant le carroffe ou
étoit le corps de Madame. Plufieurs valets de pied
de Leurs Majeftés entouroient ce carofie , après
lequel marchoient le détachement des Gardes du
Corps & le détachement des Gendarmes. L'Abbé
de la Châteigneraye , Aumônier du Roi , étoit
dans le carroffe à la droite , & il portoit le coeur
de la Princeffe . La Princeffe Douairiere de Conty,
nommée par le Roi pour accompagner le corps ,
étoit à la gauche , ayant avec elle la Princeffe de
Chimay. La Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , étoit vis - a - vis du corps .
La Dame de Butler , Sous- Gouvernante , & l'Abbé
de Barral , Aumônier du Roi , étoient aux portieres.
Les carroffes de la Princefle de Conty &
ceux de la Comteffe de Marfan fermoient la marche.
Le Convoi étant arrivé à l'Abbaye de faint
Denis vers les dix heures du foir , l'Abbé de la
Châteigneraye préfenta le corps au Prieur de l'Abbaye
, l'on fit Pinhumation avec les cérémonies
accoutumées . On porta enfuite le coeur avec
le même cortège à l'Abbaye Royale du Val de
Grace.
4
OCTOBRE. 1755. 235
Les Fermiers Généraux ont offert cent dix
millions au Roi pour le bail prochain , ce qui fait
une augmentation de plus de fept millions par
an. Ils s'engagent de faire à Sa Majefté , à commencer
du premier Octobre prochain , une avance
de foixante millions , dont l'intérêt leur fera
payé à quatre pour cent. La propofition a été acceptée
par Sa Majefté. En conféquence , le Bail
des Fermes générales vient d'être renouvellé , fans
augmentation de nouveaux droits ou impôts. Le
Roi a réuni toutes les Sous-Fermes à la Ferme
générale , laiffant les Fermiers Généraux les maîtres
d'en faire la régie pour leur plus grand avan-
& de difpofer pleinement & entierement
de tous les emplois Sa Majefté a jugé à propos
d'augmenter le nombre de fes fermiers Généraux
, & l'a fixé à foixante pour le nouveau Bail.
L'Efcadre commandée par le Comte du Guay ,
eft rentrée le 3 Septembre à Breft. Le Roi ayant été
informé qu'une des Frégates de cette Eſcadre avoit
arrêté , en revenant de Cadix , la Frégate Angloife
le Blandfort ; Sa Majesté a envoyé fur le champ
ordre de relâcher cette Frégate , & de renvoyer
en même tems le fieur Lidleton , Gouverneur de
la Caroline , qui s'y étoit embarqué en Angleterre
, pour paffer à fon gouvernement .
La Demoiſelle Marie-Anne Androl eft morte
à Paris le 3 Septembre, âgée de quatre-vingt- dixhuit
ans, cinq mois & quinze jours. Depuis l'année
elle jouiffoit de vingt- fix mille fept cens
foixante-quinze livres de rente , pour le montant
de la neuvieme claffe de la feconde Tontine ,
établie par Edit du mois de Février 1696 , dans
laquelle elle avoit deux Actions produifant originairement
cinquante livres de rente.
La nuit du 4 au 5 Septembre , le feu prit chez
23% MERCURE DE FRANCE.
un Braffeur dans le village de Homblieres , fitué
à une lieue de Saint Quentin ; & dix - huit maifons
, en trois quarts d'heure , furent embrasées
de façon à ne pouvoir recevoir de fecours . Un
des premiers Laboureurs du lieu a perdu , avec
tous fes bâtimens , la plus riche moiffon qu'il
eût faite depuis un grand nombre d'années . Plufieurs
autres habitans font de même totalement
ruinés , & il ne leur refte de reffource , que dans
la commifération publique .
Le 8 , M. le Comte de Saint-Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat , préfenta au Roi une Députation
du Clergé. Elle étoit compofée du Cardinal
de la Rochefoucauld , de l'Archevêque de
Narbonne , de deux Evêques , de quatre Députés
du fecond Ordre , & des deux Agens Généraux .
Le 15 , le Maréchal Duc de Duras prêta ferment
entre les mains de Sa Majefté , pour le
Gouvernement de Franche- Comté , que le Roi
lui a accordé . Ce Maréchal s'étant démis du Gouvernement
de Château- Trompette , le Roi en a
difpofé en faveur du Duc de Duras , Lieutenant-
Général des Armées de Sa Majeſté , & ſon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne.
Sa Majesté a érigé en Pairie le Duché de
Duras , qui n'étoit qu'héréditaire.
Le Roi a nommé l'Abbé Comte de Bernis , fon
Ambaffadeur extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne
, & le Marquis de Durfort fon Ambaffadeur
ordinaire auprès de la République de Venife.
Sa Majefté a accordé le Régiment d'Infanterie
de Monfeigneur le Dauphin , vacant par la démiffion
du Comte de Grammont , au Marquis
de Boufflers , Lieutenant des Gardes du Corps du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar.
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat , qui proOCTOBRE.
1755. 237
roge jufqu'au premier Juillet 1760 la furféance
accordée au Clergé , pour rendre les foi & hommage
, & fournir les déclarations du temporel des
Bénéfices, tenant lieu d'aveux & dénombremens .
Le 18 Septembre , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à treize cens quatre-vingt - quinze
livres. Les billets de la premiere Lotterie royale
, & ceux de la feconde Lotterie n'avoient point
de prix fixe .
pour objet la grande question agitée entre la
France & l'Angleterre , fur les anciennes limites
de l'Acadie. Le premier eft une Lettre de M. ... a
M. de & ne contient que onze pages . Celui qui
eft intitulé Hiftoire Géographique de la nouvelle
Ecoffe , c. contient la defcription du Pays auquel
les Anglois donnent ce nom , & on y.expofe les
avantages propofés par la Nation à ceux qui voudront
Y tormer des établiffemens. C'eft une traduction
à laquelle on a feulement joint quelques
notes dans lesquelles le fyftême anglois eft réfuté.
La conduite des François par rapport à la nouvelle
Ecoffe , depuis le premier établiffement de cette
Colonie jufqu'à nos jours , &c. eft auffi traduite
de l'Anglois , & il eft aifé de le reconnoître . Ce
n'eft qu'un ouvrage polémique dans lequel l'Auteur
a marqué peu de retenue & même de politeffe
dans les expreffions dont il fe fert , en parlant
tant de la France , que de quelques François
en particulier. Les argumens qu'il employe n'ont
pas paru affez redoutables pour les déguifer , &
l'Auteur François n'a pu mieux défendre la caufe
de fa patrie , qu'en expofant par une traduction.
fidelle les objections de fon adverfaire , & en rétabliffant
feulement le véritable état de la queſtion
par des notes fuccinctes .
La difcuffion fommaire fur les anciennes limites
de l'Acadie , & fur les ftipulations du Traité d'U
trecht qui y font relatives , eft un ouvrage fran
OCTOBRE. 1755. 229
çois. C'eft proprement l'extrait des Mémoires refpectifs
des Commiffaires des deux Nations : l'Auteur,
après y avoir examiné la queftion , fuivans les
principes de droit & la teneur des Traités , ajoute
quelques réflexions fur la politique des Anglois
en général , & fur l'équilibre des puiffances en
Amérique. Comme ces réflexions font très - courtes
, & que l'objet en eſt différent de celui du refte
de la differtation , nous croyons qu'il fera plus
aifé de les tranſcrire , que de les extraire.
Toutes les raifons & les confidérations que
l'on vient d'expofer , peuvent fervir à dévoiler les
raifons qui doivent engager la France à ne ſe
point défifter des ftipulations du Traité d'Utrecht
qui bornent la ceffion de l'Acadie , à celle de
Pancienne Acadie ; qui n'ajoutent à cette ceffion
que celle de Port- Royal & nullement celle de
la Baye- Françoife , ni de la côte des Etchemins ;
qui par le gilement des ôtes , déterminent l'étendue
des mers de l'Acadie , depuis le Sable jufqu'à
la hauteur du Cap Fourchu ; qui déclarent
que toutes les Illes quelconques fituées dans l'embouchure
& le Golfe S. Laurent appartiennent à
la France ; qui par - là excluent les Anglois de rien
prétendre fur les côtes de ce même Golfe , & en
même tems fuppofent évidemment , que le Golfe
appartient en entier à la France.
On ne craint point de dire que l'objet des Anglois
ne fe borne pas aux Pays qu'ils reclament
fous le nom d'Acadie , & qui la plupart font
ingrats , ftériles & fans commerce. Leur objet
eft d'envahir le Canada en entier , & de ſe préparer
par- là le chemin à l'empire univerfel de
P'Amérique , & des richeffes dont elle eft la fource
la plus abondante.
Leurs prétentions d'une part , annoncées par
30 MERCURE DE FRANCE.
leurs Livres & leurs Cartes ; de l'autre , les entre
prifes projettées dans leurs colonies de l'Amérique
, & qui viennent d'éclore , pour attaquer en
même tems le Canada de tous les côtés , avec des
forces très -fupérieures ( ce qui ne juftifie que
trop la fageffe des mefures qui ont déterminé la
France à y faire paffer des Troupes ) ces mêmes
entrepriſes autorifées & fomentées par le Gouvernement
d'Angleterre , dans le tems qu'il affuroit
la France des difpofitions les plus pacifiques ,
& qu'il auroit voulu l'amufer par de vaines négociations
toutes ces circonstances prouvent le
projet formé de s'emparer du Canada & s'ils
parvenoient à y réuffir , rien ne feroit plus capable
de mettre un frein à leur cupidité.
Actuellement leurs prétentions fur les poffeffions
des Efpagnols en Amérique , dorment : il
ne feroit pas de leur prudence de provoquer en
même tems la France & l'Eſpagne ; mais leurs
vues fur une partie de la Floride , fur la Baye de
Campeche , & fur le pays des Mofquites , ne font
ignorées de perfonne ; & leur maniere de foutenir
leurs prétentions fait connoître qu'ils ne manqueront
jamais de prétexte pour envahir ce que
leur cupidité pourra leur faire defirer. Quelles en
feront les bornes ? En connoît - elle ?
Il fuffit de lire la Relation du voyage de l'Amiral
Anfon , pour connoître que leurs valtes projets
embraffent toute l'Amérique Espagnole , &
que leur efprit ne ceffe de travailler fur les
moyens de dépouiller toutes les autres Nations de
ce qui eft à leur convenance. Ils ne leur font
grace que de ce dont ils ne fe foucient point , ou
de ce qui ne pourroit pas contribuer à l'augmentation
de leurs richeffes ; & encore même dans
te cas , nulle Nation n'eft affurée de ne point
OCTOBRE. 1755. 231
reflentir les effets de leur hauteur & de leur defpotifme.
La Cour de Vienne en a plus d'une fois
fait l'épreuve , lorfqu'il lui eft arrivé feulement
de balancer à entrer dans leurs vues.
Quant aux Hollandois , les entrepriſes faites
en dernier lieu par les Anglois , pour leur enlever
la Pêche & le commerce du Harang ; les infractions
qu'ils ont ites dans tous les tems à la
neutralité du pavillon Hollandois , contre les ftipulations
les plus formelles & les plus précifes
des Traités , fuivant lefquels le pavillon doit
couvrir la marchandife ; leurs interprétations
arbitraires des principes du droit des Gens ,
concernant la vifite des navires en mer , fuivant
que leurs intérêts & les circonftances les ont déterminés
à étendre ou à reftreindre ces principes ;
tout prouve qu'il n'y a ni alliance , ni amitié , ni
Traités , ni principes qui puiflent contenir leur
cupidité. Heureux les Hollandois , s'ils fçavoient
fe méfier des alliances Angloiſes ; fi convaincus de
la chimere & du danger d'une barriere éloignée
& étrangere , ils s'enveloppoient dans leurs eaux ,
comme les Suiffes aimés & refpectés de toute
P'Europe , le font dans leurs montagnes ; fi ne
s'intéreffant au fyftême des autres Puiffances , que
relativement à la confervation de leur République
& à celle de leur commerce , ils n'avoient fait
ufage de leurs forces & de leurs richeffes , que
pour affurer leur liberté & leur indépendance , &
faire refpecter leur neutralité & leur Pavillon ;
leur nation riche , puiffante & accréditée , ne fe
trouveroit pas vraisemblablement dans un épuife
ment , dont elle ne parviendra peut-être à fe relever
qu'en recourant aux principes par lesquels
elle auroit pu s'en garantir.
Il faudroit s'aveugler volontairement , pour ne
232 MERCURE DE FRANCE.
pas appercevoir que dans les troubles que les An
glois viennent d'exciter , ils ne cherchent d'abord
qu'à fe débarraffer des obftacles que la France
peut leur oppofer ; & qu'enfuite & fucceffivement
viendra le tour de l'Espagne & de toutes les autres
Nations qui ont des poffeffions en Amérique , &
qui refuferont de baiffer la tête fous le joug. C'eſt
par la deftruction de la liberté & de l'indépendance
de l'Amérique , qu'ils fe propofent de parvenir
au projet de dicter la Loi à toute l'Europe.
Cette derniere brochure fe trouve chez Prault fils ,
quay de Conty, ainfi que l'Hifloiregéographique.
Le 27 Août , le Roi donna , pour proroger les-
Séances du Parlement , une Déclaration dont voici
la teneur. « LOUIS , par la grace de Dieu , &c .
>> Notre Cour de Parlement nous ayant fait repréfenter
qu'il feroit néceffaire , pour l'avantage
» de nos Sujets , de continuer pendant les Vaca-
» tions de la préfente année ſes Séances ordinai
>> res ; Nous avons reçu les Supplications qu'elle
nous a fait faire à ce fujet , avec autant plus de
» fatisfaction , que notre intention fera toujours
» de contribuer par notre autorité à tout ce qui
» peut accélérer la juftice que nous devons à nos
» peuples. A CES CAUSES , ... Nous avons conti-
» nué , & continuons les Séances ordinaires de
» notre Cour de Parlement , nonobftant l'époque
» de la ceffation defdites Séances . Voulons que
» toutes les affaires , dont notredite Cour a droit
» de connoître, y foient valablement traitées & dé-
» cidées , comme elles le feroient pendant le cours
» de fes Séances ordinaires , dérogeant à cet effet
» à toutes Loix à ce contraires. SI DONNONS , &c.
>>
Madame fe réveilla le 30 Août au matin avec
de violentes douleurs de colique . On donna à
cette Princeffe quelque fecours , qui parurent la
OCTOBRE. 1755 231
foulager , & elle s'affoupit. Mais bientôt on eut
de nouveaux fujets d'inquiétude . A un fommeil
d'une heure & demie fuccéda une agitation extraordinaire
de pouls . La fievre augmenta confidérablement
le 31. Pendant la journée du premier
Septembre , la maladie devint de plus en plus dangereufe
, & Madame mourut à minuit. Cette Princeffe
étoit âgée de cinq ans & fix jours , étant née
le 26 Août 1750. Quelques inftans avant la mort ,
l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi en Quar
tier , lui a fuppléé les cérémonies du Baptême.
Elle a eu pour Mareine la Comteffe de Marfan ,
Gouvernante des Enfans de France ; pour Parein
le Prince Ferdinand de Rohan ; & elle a été nommée
Marie-Zephirine.
Le Roi , ayant appris la mort de Madame ;
revint à Verſailles le 2 Septembre .
Le 3 , le Roi , la Reine , Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Monfeigneur le Duc
de Bourgogne , Monfeigneur le Duc de Berry , &
Mefdames de France , ainfi que le Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , reçurent , à l'occafion
de cette mort , les complimens des Princes &
Priceffes du Sang.
On célébra le premier Septembre dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de faint Denis le Service fo
lemnel qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV ; & l'Evêque de Rieux y offi
cia pontificalement. Le Comte d'Eu & le Due de
Penthiévre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Le Roi de Pologne a repris le 4 la route de
Luneville .
Le 2 Septembre , le Corps de feue Madame ,
fut apporté de Verfailles au Palais des Tuilleries .
Après y avoir été expofé à vifage découvert , il a
234 MERCURE DE FRANCE .
été embaumé , & mis dans le cercueil. Les , jour
fixé pour le conduire à l'Abbaye Royale de faint
Denis , le Convoi fe mit en marche fur les fept
heures du foir , dans l'ordre fuivant . Deux carrosfes
du Roi , remplis par les femmes de chambre
de la Princeffe ; un troisieme carroffe de Sa Majeſté
, dans lequel étoient les huit Gentilshommes
ordinaires deftinés à porter le cercueil & les quatre
coins du poèle qui le couvroit ; un détachement
de chacune des deux Compagnies des Moufquetaires
; un détachement de ce le des Chevauxlégers
; plufieurs Pages de la Reine & de Madame
la Dauphine ; vingt - quatre Pages de la Grande &
de la Petite Ecurie du Roi. Les Officiers des céré
monies étoient à cheval devant le carroffe ou
étoit le corps de Madame. Plufieurs valets de pied
de Leurs Majeftés entouroient ce carofie , après
lequel marchoient le détachement des Gardes du
Corps & le détachement des Gendarmes. L'Abbé
de la Châteigneraye , Aumônier du Roi , étoit
dans le carroffe à la droite , & il portoit le coeur
de la Princeffe . La Princeffe Douairiere de Conty,
nommée par le Roi pour accompagner le corps ,
étoit à la gauche , ayant avec elle la Princeffe de
Chimay. La Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , étoit vis - a - vis du corps .
La Dame de Butler , Sous- Gouvernante , & l'Abbé
de Barral , Aumônier du Roi , étoient aux portieres.
Les carroffes de la Princefle de Conty &
ceux de la Comteffe de Marfan fermoient la marche.
Le Convoi étant arrivé à l'Abbaye de faint
Denis vers les dix heures du foir , l'Abbé de la
Châteigneraye préfenta le corps au Prieur de l'Abbaye
, l'on fit Pinhumation avec les cérémonies
accoutumées . On porta enfuite le coeur avec
le même cortège à l'Abbaye Royale du Val de
Grace.
4
OCTOBRE. 1755. 235
Les Fermiers Généraux ont offert cent dix
millions au Roi pour le bail prochain , ce qui fait
une augmentation de plus de fept millions par
an. Ils s'engagent de faire à Sa Majefté , à commencer
du premier Octobre prochain , une avance
de foixante millions , dont l'intérêt leur fera
payé à quatre pour cent. La propofition a été acceptée
par Sa Majefté. En conféquence , le Bail
des Fermes générales vient d'être renouvellé , fans
augmentation de nouveaux droits ou impôts. Le
Roi a réuni toutes les Sous-Fermes à la Ferme
générale , laiffant les Fermiers Généraux les maîtres
d'en faire la régie pour leur plus grand avan-
& de difpofer pleinement & entierement
de tous les emplois Sa Majefté a jugé à propos
d'augmenter le nombre de fes fermiers Généraux
, & l'a fixé à foixante pour le nouveau Bail.
L'Efcadre commandée par le Comte du Guay ,
eft rentrée le 3 Septembre à Breft. Le Roi ayant été
informé qu'une des Frégates de cette Eſcadre avoit
arrêté , en revenant de Cadix , la Frégate Angloife
le Blandfort ; Sa Majesté a envoyé fur le champ
ordre de relâcher cette Frégate , & de renvoyer
en même tems le fieur Lidleton , Gouverneur de
la Caroline , qui s'y étoit embarqué en Angleterre
, pour paffer à fon gouvernement .
La Demoiſelle Marie-Anne Androl eft morte
à Paris le 3 Septembre, âgée de quatre-vingt- dixhuit
ans, cinq mois & quinze jours. Depuis l'année
elle jouiffoit de vingt- fix mille fept cens
foixante-quinze livres de rente , pour le montant
de la neuvieme claffe de la feconde Tontine ,
établie par Edit du mois de Février 1696 , dans
laquelle elle avoit deux Actions produifant originairement
cinquante livres de rente.
La nuit du 4 au 5 Septembre , le feu prit chez
23% MERCURE DE FRANCE.
un Braffeur dans le village de Homblieres , fitué
à une lieue de Saint Quentin ; & dix - huit maifons
, en trois quarts d'heure , furent embrasées
de façon à ne pouvoir recevoir de fecours . Un
des premiers Laboureurs du lieu a perdu , avec
tous fes bâtimens , la plus riche moiffon qu'il
eût faite depuis un grand nombre d'années . Plufieurs
autres habitans font de même totalement
ruinés , & il ne leur refte de reffource , que dans
la commifération publique .
Le 8 , M. le Comte de Saint-Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat , préfenta au Roi une Députation
du Clergé. Elle étoit compofée du Cardinal
de la Rochefoucauld , de l'Archevêque de
Narbonne , de deux Evêques , de quatre Députés
du fecond Ordre , & des deux Agens Généraux .
Le 15 , le Maréchal Duc de Duras prêta ferment
entre les mains de Sa Majefté , pour le
Gouvernement de Franche- Comté , que le Roi
lui a accordé . Ce Maréchal s'étant démis du Gouvernement
de Château- Trompette , le Roi en a
difpofé en faveur du Duc de Duras , Lieutenant-
Général des Armées de Sa Majeſté , & ſon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne.
Sa Majesté a érigé en Pairie le Duché de
Duras , qui n'étoit qu'héréditaire.
Le Roi a nommé l'Abbé Comte de Bernis , fon
Ambaffadeur extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne
, & le Marquis de Durfort fon Ambaffadeur
ordinaire auprès de la République de Venife.
Sa Majefté a accordé le Régiment d'Infanterie
de Monfeigneur le Dauphin , vacant par la démiffion
du Comte de Grammont , au Marquis
de Boufflers , Lieutenant des Gardes du Corps du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar.
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat , qui proOCTOBRE.
1755. 237
roge jufqu'au premier Juillet 1760 la furféance
accordée au Clergé , pour rendre les foi & hommage
, & fournir les déclarations du temporel des
Bénéfices, tenant lieu d'aveux & dénombremens .
Le 18 Septembre , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à treize cens quatre-vingt - quinze
livres. Les billets de la premiere Lotterie royale
, & ceux de la feconde Lotterie n'avoient point
de prix fixe .
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Résumé : « Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...] »
Le texte traite de plusieurs écrits concernant la dispute entre la France et l'Angleterre sur les anciennes limites de l'Acadie. Parmi ces écrits, on trouve une lettre de M.... à M. de, une traduction de l'*Histoire Géographique de la nouvelle Écosse* avec des notes réfutant le système anglais, et une traduction de la conduite des Français en Nouvelle-Écosse, marquée par un ton polémique. Un autre ouvrage, *Diffusion sommaire sur les anciennes limites de l'Acadie*, examine la question selon les principes de droit et les traités, avec des réflexions sur la politique anglaise et l'équilibre des puissances en Amérique. Les traités d'Utrecht stipulent que la cession de l'Acadie concerne uniquement l'ancienne Acadie, incluant Port-Royal mais excluant la baie Françoise et la côte des Etchemins. Les limites des mers de l'Acadie sont définies depuis le Sable jusqu'au Cap Fourchu, et toutes les îles dans le golfe Saint-Laurent appartiennent à la France, excluant ainsi les prétentions anglaises sur ces côtes. Les Anglais visent à envahir le Canada pour établir leur empire en Amérique et accéder à ses richesses. Leurs ambitions incluent également les possessions espagnoles. Les Hollandais sont mis en garde contre les alliances anglaises, souvent violatrices de la neutralité et des traités. Le texte mentionne également des événements à la cour de France, notamment la mort de Madame, fille du roi, âgée de cinq ans, et les cérémonies funéraires qui ont suivi. Les Fermiers Généraux ont proposé une offre de cent dix millions pour le prochain bail, acceptée par le roi. Une escadre commandée par le Comte du Guay a relâché une frégate anglaise arrêtée en mer. En septembre 1755, plusieurs événements notables ont eu lieu. Le gouverneur de la Caroline, M. Lidleton, s'est embarqué pour l'Angleterre. La demoiselle Marie-Anne Androl est décédée à Paris à l'âge de 98 ans, percevant une rente de 25 765 livres. Un incendie a détruit dix-huit maisons à Homblieres, près de Saint Quentin. Le comte de Saint-Florentin a présenté au roi une députation du clergé. Le maréchal duc de Duras a prêté serment pour le gouvernement de Franche-Comté. Le roi a nommé l'abbé comte de Bernis ambassadeur extraordinaire auprès du roi d'Espagne et le marquis de Durfort ambassadeur ordinaire auprès de la République de Venise. Le régiment d'infanterie du Dauphin a été attribué au marquis de Boufflers. Un arrêt du Conseil d'État a prolongé jusqu'en 1760 la surseance accordée au clergé pour rendre les foi et hommage. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à 1 395 livres, tandis que les billets des lotteries royales n'avaient pas de prix fixe.
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