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1
p. 64-70
« Les Lettres de Cracovie, de Varsovie, & de Dresden, venuës [...] »
Début :
Les Lettres de Cracovie, de Varsovie, & de Dresden, venuës [...]
Mots clefs :
Dresde, Cracovie, Varsovie, Turcs, Armée
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texteReconnaissance textuelle : « Les Lettres de Cracovie, de Varsovie, & de Dresden, venuës [...] »
, de Varsovie, & de
Dresden, venuës de Jaroslawp
! law
, portent que le Czar
avoit fait marcher25000.
hommes fous lecommandement
du Comte de
Wisback pour s'approcherdu
Danube,&enlpeC.
cher les Turcs de passer ce
Fleuve;que pour cet effet
ce General avoit fait con- struire deux Ponts, sur le
Boristhene pour faire pasfer
l'Infanterie
; que l'un
de ces Ponts devoir estre
construitau dessous de
Rasow& l'autredans lieuplus un prés de Bender,
pour allerinvetrircette
Place avant l'arrivée du
Grand Visir.
D'autres Lettres portent
que les Moscovites aprés
s'estre assemblez à Braclaw,
s'estoient avancez du
costé de Jampol ,mais que
si le Roy de Suede estoit
obligé d'agir avant la jonction
du Grand Visir
,
il
pourroit assemblerunearmée
de quarre vingt mille
hommes de ses propres
Troupes, de celles du Palatin
de Kiovie, de Turcs,
deCosaques,& de Tarrares
-
qui faisoient de frequentes
courtes dans les
Palatinats de Kiovie
,
de
Servie
,
& de CzerviKowie,
d'où ils remportoient
beaucoup de butin. Ces
mesmesLettres adjoustent
que lesHofpodars de Moldavie
& de Walaquie avoient
receu ordre d'assembler
& de faire conduire
du costé de Bender,
deuxà trois cens mille
boeufs pour la subsistance
de l'armée du Grand Visir
quiestoit en marche.
On apprend par celles
de DantziK que le General
Smigielski avec un
corps de deux mille homirïes"
faisoit des courses
dans lagrande & dans la
petite Pologne, ainsi que
dans la Prusse Polonoise
où ilavoir enlevéplusieur,s
convois aux Moscovites
aprés avoir battu les escortes;
qu'il n'exerçoit aucune
hostilité contre le!]
Polonoisdu parti du Roy
Stanislas
,
ou qui paroissoientneutres,
mais seulement
contre ceux qui s'estoient
declarez pourle
RoyAuguste que cesPalatinats
de Cracovie ,de
Sandomir & de Lublin avoientresolu dene poin,t
consentiràfairela guerre
aux Turcs. ., licq'Jn
(
Celles de
-
Hambourg
du 3 dece mois, portent
que les Troupes Danoises
qui estoient dans les Isles
deFuhnen& de Zeeland , &dans le pays de Jutland
marchoient du costéduJ.
Holstein
,
où le Roy de
Dannemarc vouloir aÇsembler
une Armée de
vingt cinqmille hommes
pour entrer dans laPomeranie
ou dansle Duché de
Bremen
,
si l'Armée Suedosse
maréhoit vers la Pologne.
Quedans les Conferences
tenuës entre le
Czar & le Roy Auguste à
Jaroslaw, il avoir efité resolu
quelesArmées de la
Couronne & de Lichuanie
se tiendront sur la défensive,&
n'exerceroient aucune
hostilité contre les
Turcs qu'en cas qu'elles
en fussent attaquées.
Dresden, venuës de Jaroslawp
! law
, portent que le Czar
avoit fait marcher25000.
hommes fous lecommandement
du Comte de
Wisback pour s'approcherdu
Danube,&enlpeC.
cher les Turcs de passer ce
Fleuve;que pour cet effet
ce General avoit fait con- struire deux Ponts, sur le
Boristhene pour faire pasfer
l'Infanterie
; que l'un
de ces Ponts devoir estre
construitau dessous de
Rasow& l'autredans lieuplus un prés de Bender,
pour allerinvetrircette
Place avant l'arrivée du
Grand Visir.
D'autres Lettres portent
que les Moscovites aprés
s'estre assemblez à Braclaw,
s'estoient avancez du
costé de Jampol ,mais que
si le Roy de Suede estoit
obligé d'agir avant la jonction
du Grand Visir
,
il
pourroit assemblerunearmée
de quarre vingt mille
hommes de ses propres
Troupes, de celles du Palatin
de Kiovie, de Turcs,
deCosaques,& de Tarrares
-
qui faisoient de frequentes
courtes dans les
Palatinats de Kiovie
,
de
Servie
,
& de CzerviKowie,
d'où ils remportoient
beaucoup de butin. Ces
mesmesLettres adjoustent
que lesHofpodars de Moldavie
& de Walaquie avoient
receu ordre d'assembler
& de faire conduire
du costé de Bender,
deuxà trois cens mille
boeufs pour la subsistance
de l'armée du Grand Visir
quiestoit en marche.
On apprend par celles
de DantziK que le General
Smigielski avec un
corps de deux mille homirïes"
faisoit des courses
dans lagrande & dans la
petite Pologne, ainsi que
dans la Prusse Polonoise
où ilavoir enlevéplusieur,s
convois aux Moscovites
aprés avoir battu les escortes;
qu'il n'exerçoit aucune
hostilité contre le!]
Polonoisdu parti du Roy
Stanislas
,
ou qui paroissoientneutres,
mais seulement
contre ceux qui s'estoient
declarez pourle
RoyAuguste que cesPalatinats
de Cracovie ,de
Sandomir & de Lublin avoientresolu dene poin,t
consentiràfairela guerre
aux Turcs. ., licq'Jn
(
Celles de
-
Hambourg
du 3 dece mois, portent
que les Troupes Danoises
qui estoient dans les Isles
deFuhnen& de Zeeland , &dans le pays de Jutland
marchoient du costéduJ.
Holstein
,
où le Roy de
Dannemarc vouloir aÇsembler
une Armée de
vingt cinqmille hommes
pour entrer dans laPomeranie
ou dansle Duché de
Bremen
,
si l'Armée Suedosse
maréhoit vers la Pologne.
Quedans les Conferences
tenuës entre le
Czar & le Roy Auguste à
Jaroslaw, il avoir efité resolu
quelesArmées de la
Couronne & de Lichuanie
se tiendront sur la défensive,&
n'exerceroient aucune
hostilité contre les
Turcs qu'en cas qu'elles
en fussent attaquées.
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Résumé : « Les Lettres de Cracovie, de Varsovie, & de Dresden, venuës [...] »
Le texte décrit des mouvements militaires et des préparatifs en Europe et en Asie Mineure. Le Czar a envoyé 25 000 hommes sous le commandement du Comte de Wisback pour empêcher les Turcs de traverser le Danube. Deux ponts ont été construits sur le Boristhene pour permettre à l'infanterie d'attaquer Bender avant l'arrivée du Grand Visir. Les Moscovites, après s'être rassemblés à Braclaw, se sont dirigés vers Jampol. Le Roi de Suède pourrait rassembler une armée de 40 000 hommes, incluant ses troupes, celles du Palatin de Kiovie, des Turcs, des Cosaques et des Tatars, qui effectuent des raids dans plusieurs Palatinats. Les Hofpodars de Moldavie et de Valachie doivent rassembler des bœufs pour l'armée du Grand Visir. À Dantzig, le Général Smigielski, avec 2 000 hommes, effectue des raids en Pologne et en Prusse Polonoise, capturant des convois moscovites. Les Palatinats de Cracovie, de Sandomir et de Lublin ont décidé de ne pas faire la guerre aux Turcs. Des troupes danoises se déplacent vers le Holstein pour une éventuelle intervention en Pomeranie ou dans le Duché de Bremen. Lors des conférences à Jaroslaw, il a été décidé que les armées de la Couronne et de Lituanie resteraient sur la défensive contre les Turcs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 70-103
NOUVELLES de divers endroits.
Début :
de Venise. Le Maistre d'un Navire Venitien, arrivé de [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Cambrai, Strasbourg, Rome, Francfort, Cadix, Varsovie, Dauphiné, Lisbonne, Vigo, Alicante, Lérida, Saragosse, Dublin, Toulon, Bayonne, Hollande, Madrid, Venise
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de divers endroits.
NOUVELLES
de divers endroits.
de Venise.
Le Maistre d'un Navire
Venitien, arrivé de Tripoly
de Barbarie, a raporré que
la Milice du Pays s'etoit
revoltée contre les Deis;
qu'elle en avoir massacré
trois ; qu'un autre qui
s'etant sauvé étoit allé à
Constantinople en avoit
raporté des ordres pour son
retablissement; Mais que
loin queles Peuples y
voulussent consentir,les
troubles étoient beaucoup
augmentez depuis son
retour. Et Ici j, Septembre
il arriva une Marsiliane, qui
avoit raporté que ce Dei
avoir aussi esté massacré par
la Milice & parle Peuple,
& .que les autres s'étoient
sauvez avec beaucoup de
peine.
--
De Rome.
Le 18. Septembre on
celebraàRomedans l'Eglise
Nationale de S. Louis, un
Service solemnel pour le
repos de l'Ame de feu
Monseigneur le Dauphin,
avec un appareil tres-magnifique
du dessein de Mr
•
le Gros fameux Sculpteur
François. Mr le Cardinal
de la Tremoille s'y rendit
avec un Cortege de plus de
soixante Prelats, & les
Cardinaux y assistèrent en
Corps.
de
de Madrid.
Le 26. dumesmemois
on fit aulIi les obseques de
ce Prince à Madrid,avec une
grande magnificence dans
l'Eglisedu Monastere Royal
des Religieuses de l'Incarnation.
Tous les Grands &
Conseils y assisterent, avec
un nombre extraordinaire
de Peuple. La premiere
grande Messe fut celebréc
pontificalement par lEvesque
d'Urgel, la seconde par
l'Evesque deLerida
,
la troifiélne
par le Patriarche des
Indes, & l'Oraison Funebre
fut prononcée par le
Pere Augustin de Cattejon
Jesuite.
Le 2.7. & le 28. les Religieuses
du mesme Monastere
firent aussi faire un
Service solemnel peur le
repos de l'Ame decePrince.
La qiacnéme Messe fut
celebrée pontificalement
par le Pere Alonzo Pimentel
Dominiquain.
Les mesmes jours 2.7. &
2.8. le Cops de Ville fit
faire les mesmes obseques
dans l'Eglise du Monastere
Royal des Dominiquains.
L'Evesque de Lerida y
officia pontificalement, &
Dom Juan de las Heras
prononça l'Oraison Fune.
bre.
Le ig. & le 30. Septembre,
& le 1rOctobre
, les mesmesobseques furent
faitesdans le Monastere
Royal des Carmelites Deschaussées.
La Me(Te fut celebrée
pontificalement par
l'Evesque de Gironne, &
l'OraisonFunebre fut prononcée
par le Pere Pierre
de la Conception, Carme
Deschaussé.
De Holande.
Les Etats Generaux ayant
accepté dêtre Parrains du
jeune Prince de Nassaw,
fils du feu Prince de Nassaw
Srathouder hereditaire de
Frise
,
luy ont fait present
d'une obligation de quatre
mille florins de rente qui luy
devoit estre envoyée dans
une Boëte d'or, avec une
somme pour les Domestiques
de la Chambre de la
Princcffe sa mcre. Les Etats
d'Holande ont aussi fait present
à ce Prince d'une obligation
de deux mille cinq
cens florins de rente dans
une Boëte d'or; & la Province
de Frise luy a confervé
toutes les Charges du
feu Prince son pere, avec
les Regiments des Gardes
de Cavallerie & d'Infanterie,
& une pension de cinq,
mille florins;
DeBayonne le iyOétobre.
Une Fregate du Roy de
rrente canons, commandée
par Mr de la Mothe a attaqué
un Vaisseau Anglois de
soixante canons & l'ayant
abordé après trois heures
de combat, elle alloit s'en
emparer lors qu'il sauta en
l'air avec tout l'équipage
par le feu qui prit à la Sainte
Barbe où étoient les Poudres;
& cela sans que la
Fregate ait reçu d'autre
dommage que ses voiles
brulées.
Deux autres Fregates y
ont amené le 2. un Navire
Anglois chargé de Soyes,
de Cotton, de Noix,de raisins
secs, de beaucoup d'autres
drogues propres à la
Teinture, le tout estimé
deux cens mille livres.
Un Armateur y amena
aussi un Bastiment de la
mesme Nation, chargé de
Sucre.
De Toulon.
Il arriva icy le 4. un
Navire tout demasté qui
étoit remorqué par deux
Armateurs. C'est un Vaisseau
Portugais chargé de
Sucre, de Tabac, & de
Cuir, le tout estimé cent
cinquante mille écus.
Le mesme jour il arriva
aussi un Vaisseau Catalan,
chargé de Vins & d'autres
provisions pour Barcelone.
De Dublin.
La populace, au nombre
de quatre a cinq mille personnes,
a fait de grands
desordres, enlevant les
Toiles peintes des Bouriques
& dechirant les habirs
des femmes qui en étoient
venues, àcause du grand
prejudice que ces Toiles
causoiencaux Manufactures
de Laine; mais ce
desordre fut appaisé par une
proclamation qui fut publiée.
De Lisbone le 26.Septembre.
La misere est extreme
dans ce Royaume; les vivres
n'y ont presque plus
de prix. Le Roy à de nou.
veau envoyé trente Bastimens
en Barbarie pour y
acheter des grains; Mais
comme lis ne sont escortez
que par quatre Vaisseaux de
guerre, on craint qu'ils ne
soient encore enlevez par
les Vaisseaux François qui
croi sent vers le Détroit. Sur
des avis qu 'on a eus de la
Frontiere que les Troupes
Espagnoles avoient reçu
toutes leurs Recruës, leurs
remontes, & un mois de
paye, tous les Officiers qui
étoient icy son partis pour
se rendre à leurs Corps,
Mais nôtre Armée n'a point
de Magasins. Un de nos
Vaisseaux de 54. canons &
de 150.hommes déquipage
ayant donné sur un Banc,
en entrant dans la Rivière,
cil peri; mais tout l'équipage
s'est fauvé l'exception
de dix huit per sonnes qui
ont erté noyées.
D~Z<<' le zz.
*
:
Il partit d'icy un grand
Convoy de vivres avec dix
pieces de canon de 24.livres
de balle & plusieurs Mortiers
pour aller joindtc
l'Armée. Mr de Vendosme
a ordonné de luy envoyer
encore quelque pieces de
canon du mesme calibre.
De Sarragose le 7. Octobre
Le 23. Septembre il
partit d'icy un Convoy de
cent trente Chariots & de
deux cent Mulets chargez
de grains rj que l'on fait
moudre à Fraga & à Lerida
d'où on les transporte à
l'Armée
d'A,lcantr.
- Deux Galliotcs de rifle
d'Ivica ayaj.it attaque un
Navire François par le travers
de Denia, les Galleres
d'Espagne qui étoient dans
ce Port en sortirent, prirent
une de ces Galliotes qui
étoit montée de quatre
vingt dix hommes.Trente
furent tuez dans le combat,
.& les soixante restant surent
mis à la Rame.
De Vigo.
Le 14. Septembre, la
Frégate la Susanne amena
une prise Hollandoisede
trois ce ns tonneaux chargée
de Seigle.
La Fregate le Grison, de
Saint Jean de Luz, y amena
le mesme jour quatre prises,
dont deux de cent tonneaux
chacune étoient chargées de
froment, une de Seigle,
d'Orge, & de plusieurs
Ballots de Marchandises, &
la quatrième du port de
trois cens tonneaux, étoic
chargée d'Acier
,
de Draps
fins, & d'autres riches Marchandises.
Cette Fregate;
avec quelques autres Armateurs
aamené dans ce Port
en fort peu de temps vingtcinq
pri ses.
De Dunkerque.
Le Chevalier Bart, &le
Comte Philippe ont amené
une prise chargée de Vins
de Teinte, d'Oranges & de
Citrons; laFregate la Mutine
a amené un Navire
Anglois chargé de Charbon
de terre, & deux Rançons
de quatre mille trois cens
florins; & la Fregatre la
Sorciereaamené deux Bast -
mens Hollandois chargez
de Moruë.
De Dauphiné.
L'armée de Mr le Duc
de Savoye ayant repassé les
Alpes; & de celle duRoy
consommé les fourages
dans les Vallées dDulx &
dePragelas,MrdeBerwick
ramene les troupes par- la
Vallée de Maurienne, pour
ldes'hdiivsterirbsuer en quartier -,
De Romele 2 6. Septembre. -Le 21. on tint une trÓÏt.
siéme Congregation touchant
l'immunité Eclesiastique
en presence du Pape,
où il se trouva dix Cardinauxavec
les Prelats. Le
foirmesme, undes Expeditionnaires
d'Espagne fut
arresté dans sa maison parce
qu'il avoit servi de temoin
à la signification que Mr
de Molines avoit fait faire
à l'Agent des Eglises de ce
mesme Royaume, pour luy
ordonner d'aller rendre
compte de sa conduite,avec
deffence de s'ingerer dans
les affaires des Eglisesd'Efpagne
parce qu'elles avoient
revoqué leurs procurations
dont il étoit chargé cydevant.
L'autre Expeditionnaire
ayant esté averty
se retira en lieu de seureté.
Le lendemain le Cardinal
Pauluccy, Secretaire d'Etat,
écrivit un billet de la parc
du Pape à Mr Molines où il
il luy marquoit de s'abstenir
de toutes ses fonctions
de Doyen de la Rote,ainsi
que de ses autres emplois.
Le 2 5. il reçut un autre
billet par lequel le Cardinal
Vicaire luy signifioit quele
Pape l'avoit suspendu de
ses Ordres sacrez.
De Varsovie du25.
Septembre.
L'Envoyé du grand Seigneur
; les Députez du Roy
de Suède
, ceux du Kan des
Tartares; & ceux du Palatin
de Kiowie ont eû une Conserence
à Jaslowiecz, à l'entrée
de la haute Podolie avec
plusieurs Senateurs Polonois,
qui ayant déclaré qu'ils
ctoient Députez de la parc
du Roy Auguste, & de
la Républiquede Pologne,
l'envoyé Turc a refusé
de traiter avec eux, & de
leur délivrer les Lettres
dont le Grand Vizir l'avoit
chargé, s'exeusant sur
ce qu'il ne reconnoissoit pas
pour Representans de la Republique,
ceux qui venoient
dela part du Roy Auguste;
que le Grand Seigneur
ne reconnoissoit pas Roy
de Pologne; ajoutant qu'il
avoit ordre de faire des Proposicions
avantageuses à la
Pologne,qu'ilne pouvoir
leur expliquer; mais que 10
grand Visir esperoit que la
Republique favoriseroit le
passage du Roy de Suede ,
& que les Moscovites sortiroient
des Etats de Pologne
,conformement au
Traité conclu avec le Czar,
ensuite dequoy ils se sont
retirez.
De Carelsbade, en Bobeme.
Le Gzar a déclaré que
par le Traité conclu avec le
grand Visir, il avoit promis
de ne se plus méslerdes
Affaires de Pologne, pourvû
que le Roy de Suede ne
s'enmêlastpasnonplus,&
que si Sa Majesté Suedoise
s'en mêloit ; il affisteroit le
Roy Auguste son Allié, de
toutes ses forces; qu'à l'égard
de la restitution d'Asaph
, il ne l'executeroit
qu'aprés que le Roy de
Suede feroit party avec une
Escorte de cinq mille hommes
seulement, pour retourner
dans ses états, &
que si cette Efcortc étoit
plus forteil s'oposeroit à
son passage.
De Francfort le 13. Oéîobre.
Le 11. on fit forcir d'icy
tous les Etrangers, excepté
ceux de la suite des Electeurs
&des Ambassadeurs,
& le lendemain 12. l'Archiduc
fut élû Empreur par les
Electeurs de Tréves, de
Mayence, & Palatin, presents
: & les Ambassadeurs
des Eleveurs de Saxe, de
Brandebourg, & du Duc
d'Hanover, nonobstant les
Protestations de nullité des
ElecteursdeCologne ÔC
de Baviere.
<
«
De Lunevillele16.
Madame la Duchessede
Lorraine, est acouçhée lanuit
derniere d'une Princesfc
; & il est arrivé aujourd'huy
un Courrier dépeché
par l'Electeur de Trêves
qui a rapporté que l'Archiduc
avoit été élû Empereur
le 12, d'une voix unanime.
--
De Cadix le 6. Oftobrt,
Il est venuce marin trente
six Deserteurs de la Garnsson
de Gilbraltar, parmy
lesquels
lesquels il y a deux Lieutenants.
Ils se plaigent de n'a
voir touché aucun prest de
puis six mois; & on dit que
les deux Bataillons qu'on y
a amenez de Portugal ne 0 montoient qu'à trois cens
hommes; dont plus de la
moirié estoient malades, &
que deux Fregates chargées
de vivres, étoient peries en
entrant dans la Baye.
protestent contrel'Election
précipitée d'un Empereur
en faveur de l'Archiduc,
la Capitulation perpetuelle
n'étant pas encore reglée ni
les griefs de l'Empire purgez
touchant les trois Religions
tolerées en Alemagne ; les
Tribunaux de Justice &
l'évaluation des Monnoyes;
Mr Albano
, a déja representé,
que cette élection ne
pouvoit être canonique sans
la presence des Electeurs
de Cologne,& de Baviere :
On n'y a point parlé du neuvième
Ek£toratr, ny de
l'érection de la Prusse en
Royaume.
De Strajbouro le
1 8.
Le Prince Eugene
, a fait
faire de grandes réjouïssances
dans fun Camp pour
l'Electiondu nouvel Empereur
; deux jours aprés il envoya
reconnoîtrenoslignes
par des Ingenieurs escortez
de deux cens Chevaux; mais
nos Troupes étant sorties
sur eux, il y en eut dix neuf
tuez, & quatorze de pris
avec un des Ingenieurs.
Un party de vingt cinq
de nos Houssards, ayant
pénétré dans le derriere de
leur Armée ; mit le feu à
un amas de fourages,&coupa
à coups de fabre environ
mille sacs de farine, a près
quoy ce party se retira avec
trente neuf Chevaux des
ennemis, sans avoir perdu
un seul homme, quoy qu'il
eust été poursuivy pendant
plus de quatre heures.
De Cambray.
JLcs Inspecteurs d'Infanterie
ont commencé au
jourd'huy à faire leur revue,
après laquelle lesTroupes
marcheront dans les Quartiers
qui leur son defigncz.
Mr d'Albergothi a fait faire
devant les Retranchements
deVauvrechain,des Redoutes
& des Fortins oùl'on a
placé de l'Artillerie.
L'infanterie Ennemie est
encore prés de Bouchain, &
on luya envoyé de Tournay,
quatre cens Chariots
chargez de vivres. La Garnsson
deCondé, qui a esté
considerablement augmentée,
à bruié des Fourages,
& enlevé douze cens Sacs
d'A voine
De Dunhrcju?.
Deux de nos Fregates ont
amené deux Bastimens Hollandois
chargez d'Huile de
Baleine, & z-, un Anglors sur
lequelon a trouvé quinze
mille livres sterlin en Guinées,
&environ pourcent
mille livres de Marchandises.
Mr de Benac a fait deux
autres prises, estimées cinquante
mille écus chacune.
de divers endroits.
de Venise.
Le Maistre d'un Navire
Venitien, arrivé de Tripoly
de Barbarie, a raporré que
la Milice du Pays s'etoit
revoltée contre les Deis;
qu'elle en avoir massacré
trois ; qu'un autre qui
s'etant sauvé étoit allé à
Constantinople en avoit
raporté des ordres pour son
retablissement; Mais que
loin queles Peuples y
voulussent consentir,les
troubles étoient beaucoup
augmentez depuis son
retour. Et Ici j, Septembre
il arriva une Marsiliane, qui
avoit raporté que ce Dei
avoir aussi esté massacré par
la Milice & parle Peuple,
& .que les autres s'étoient
sauvez avec beaucoup de
peine.
--
De Rome.
Le 18. Septembre on
celebraàRomedans l'Eglise
Nationale de S. Louis, un
Service solemnel pour le
repos de l'Ame de feu
Monseigneur le Dauphin,
avec un appareil tres-magnifique
du dessein de Mr
•
le Gros fameux Sculpteur
François. Mr le Cardinal
de la Tremoille s'y rendit
avec un Cortege de plus de
soixante Prelats, & les
Cardinaux y assistèrent en
Corps.
de
de Madrid.
Le 26. dumesmemois
on fit aulIi les obseques de
ce Prince à Madrid,avec une
grande magnificence dans
l'Eglisedu Monastere Royal
des Religieuses de l'Incarnation.
Tous les Grands &
Conseils y assisterent, avec
un nombre extraordinaire
de Peuple. La premiere
grande Messe fut celebréc
pontificalement par lEvesque
d'Urgel, la seconde par
l'Evesque deLerida
,
la troifiélne
par le Patriarche des
Indes, & l'Oraison Funebre
fut prononcée par le
Pere Augustin de Cattejon
Jesuite.
Le 2.7. & le 28. les Religieuses
du mesme Monastere
firent aussi faire un
Service solemnel peur le
repos de l'Ame decePrince.
La qiacnéme Messe fut
celebrée pontificalement
par le Pere Alonzo Pimentel
Dominiquain.
Les mesmes jours 2.7. &
2.8. le Cops de Ville fit
faire les mesmes obseques
dans l'Eglise du Monastere
Royal des Dominiquains.
L'Evesque de Lerida y
officia pontificalement, &
Dom Juan de las Heras
prononça l'Oraison Fune.
bre.
Le ig. & le 30. Septembre,
& le 1rOctobre
, les mesmesobseques furent
faitesdans le Monastere
Royal des Carmelites Deschaussées.
La Me(Te fut celebrée
pontificalement par
l'Evesque de Gironne, &
l'OraisonFunebre fut prononcée
par le Pere Pierre
de la Conception, Carme
Deschaussé.
De Holande.
Les Etats Generaux ayant
accepté dêtre Parrains du
jeune Prince de Nassaw,
fils du feu Prince de Nassaw
Srathouder hereditaire de
Frise
,
luy ont fait present
d'une obligation de quatre
mille florins de rente qui luy
devoit estre envoyée dans
une Boëte d'or, avec une
somme pour les Domestiques
de la Chambre de la
Princcffe sa mcre. Les Etats
d'Holande ont aussi fait present
à ce Prince d'une obligation
de deux mille cinq
cens florins de rente dans
une Boëte d'or; & la Province
de Frise luy a confervé
toutes les Charges du
feu Prince son pere, avec
les Regiments des Gardes
de Cavallerie & d'Infanterie,
& une pension de cinq,
mille florins;
DeBayonne le iyOétobre.
Une Fregate du Roy de
rrente canons, commandée
par Mr de la Mothe a attaqué
un Vaisseau Anglois de
soixante canons & l'ayant
abordé après trois heures
de combat, elle alloit s'en
emparer lors qu'il sauta en
l'air avec tout l'équipage
par le feu qui prit à la Sainte
Barbe où étoient les Poudres;
& cela sans que la
Fregate ait reçu d'autre
dommage que ses voiles
brulées.
Deux autres Fregates y
ont amené le 2. un Navire
Anglois chargé de Soyes,
de Cotton, de Noix,de raisins
secs, de beaucoup d'autres
drogues propres à la
Teinture, le tout estimé
deux cens mille livres.
Un Armateur y amena
aussi un Bastiment de la
mesme Nation, chargé de
Sucre.
De Toulon.
Il arriva icy le 4. un
Navire tout demasté qui
étoit remorqué par deux
Armateurs. C'est un Vaisseau
Portugais chargé de
Sucre, de Tabac, & de
Cuir, le tout estimé cent
cinquante mille écus.
Le mesme jour il arriva
aussi un Vaisseau Catalan,
chargé de Vins & d'autres
provisions pour Barcelone.
De Dublin.
La populace, au nombre
de quatre a cinq mille personnes,
a fait de grands
desordres, enlevant les
Toiles peintes des Bouriques
& dechirant les habirs
des femmes qui en étoient
venues, àcause du grand
prejudice que ces Toiles
causoiencaux Manufactures
de Laine; mais ce
desordre fut appaisé par une
proclamation qui fut publiée.
De Lisbone le 26.Septembre.
La misere est extreme
dans ce Royaume; les vivres
n'y ont presque plus
de prix. Le Roy à de nou.
veau envoyé trente Bastimens
en Barbarie pour y
acheter des grains; Mais
comme lis ne sont escortez
que par quatre Vaisseaux de
guerre, on craint qu'ils ne
soient encore enlevez par
les Vaisseaux François qui
croi sent vers le Détroit. Sur
des avis qu 'on a eus de la
Frontiere que les Troupes
Espagnoles avoient reçu
toutes leurs Recruës, leurs
remontes, & un mois de
paye, tous les Officiers qui
étoient icy son partis pour
se rendre à leurs Corps,
Mais nôtre Armée n'a point
de Magasins. Un de nos
Vaisseaux de 54. canons &
de 150.hommes déquipage
ayant donné sur un Banc,
en entrant dans la Rivière,
cil peri; mais tout l'équipage
s'est fauvé l'exception
de dix huit per sonnes qui
ont erté noyées.
D~Z<<' le zz.
*
:
Il partit d'icy un grand
Convoy de vivres avec dix
pieces de canon de 24.livres
de balle & plusieurs Mortiers
pour aller joindtc
l'Armée. Mr de Vendosme
a ordonné de luy envoyer
encore quelque pieces de
canon du mesme calibre.
De Sarragose le 7. Octobre
Le 23. Septembre il
partit d'icy un Convoy de
cent trente Chariots & de
deux cent Mulets chargez
de grains rj que l'on fait
moudre à Fraga & à Lerida
d'où on les transporte à
l'Armée
d'A,lcantr.
- Deux Galliotcs de rifle
d'Ivica ayaj.it attaque un
Navire François par le travers
de Denia, les Galleres
d'Espagne qui étoient dans
ce Port en sortirent, prirent
une de ces Galliotes qui
étoit montée de quatre
vingt dix hommes.Trente
furent tuez dans le combat,
.& les soixante restant surent
mis à la Rame.
De Vigo.
Le 14. Septembre, la
Frégate la Susanne amena
une prise Hollandoisede
trois ce ns tonneaux chargée
de Seigle.
La Fregate le Grison, de
Saint Jean de Luz, y amena
le mesme jour quatre prises,
dont deux de cent tonneaux
chacune étoient chargées de
froment, une de Seigle,
d'Orge, & de plusieurs
Ballots de Marchandises, &
la quatrième du port de
trois cens tonneaux, étoic
chargée d'Acier
,
de Draps
fins, & d'autres riches Marchandises.
Cette Fregate;
avec quelques autres Armateurs
aamené dans ce Port
en fort peu de temps vingtcinq
pri ses.
De Dunkerque.
Le Chevalier Bart, &le
Comte Philippe ont amené
une prise chargée de Vins
de Teinte, d'Oranges & de
Citrons; laFregate la Mutine
a amené un Navire
Anglois chargé de Charbon
de terre, & deux Rançons
de quatre mille trois cens
florins; & la Fregatre la
Sorciereaamené deux Bast -
mens Hollandois chargez
de Moruë.
De Dauphiné.
L'armée de Mr le Duc
de Savoye ayant repassé les
Alpes; & de celle duRoy
consommé les fourages
dans les Vallées dDulx &
dePragelas,MrdeBerwick
ramene les troupes par- la
Vallée de Maurienne, pour
ldes'hdiivsterirbsuer en quartier -,
De Romele 2 6. Septembre. -Le 21. on tint une trÓÏt.
siéme Congregation touchant
l'immunité Eclesiastique
en presence du Pape,
où il se trouva dix Cardinauxavec
les Prelats. Le
foirmesme, undes Expeditionnaires
d'Espagne fut
arresté dans sa maison parce
qu'il avoit servi de temoin
à la signification que Mr
de Molines avoit fait faire
à l'Agent des Eglises de ce
mesme Royaume, pour luy
ordonner d'aller rendre
compte de sa conduite,avec
deffence de s'ingerer dans
les affaires des Eglisesd'Efpagne
parce qu'elles avoient
revoqué leurs procurations
dont il étoit chargé cydevant.
L'autre Expeditionnaire
ayant esté averty
se retira en lieu de seureté.
Le lendemain le Cardinal
Pauluccy, Secretaire d'Etat,
écrivit un billet de la parc
du Pape à Mr Molines où il
il luy marquoit de s'abstenir
de toutes ses fonctions
de Doyen de la Rote,ainsi
que de ses autres emplois.
Le 2 5. il reçut un autre
billet par lequel le Cardinal
Vicaire luy signifioit quele
Pape l'avoit suspendu de
ses Ordres sacrez.
De Varsovie du25.
Septembre.
L'Envoyé du grand Seigneur
; les Députez du Roy
de Suède
, ceux du Kan des
Tartares; & ceux du Palatin
de Kiowie ont eû une Conserence
à Jaslowiecz, à l'entrée
de la haute Podolie avec
plusieurs Senateurs Polonois,
qui ayant déclaré qu'ils
ctoient Députez de la parc
du Roy Auguste, & de
la Républiquede Pologne,
l'envoyé Turc a refusé
de traiter avec eux, & de
leur délivrer les Lettres
dont le Grand Vizir l'avoit
chargé, s'exeusant sur
ce qu'il ne reconnoissoit pas
pour Representans de la Republique,
ceux qui venoient
dela part du Roy Auguste;
que le Grand Seigneur
ne reconnoissoit pas Roy
de Pologne; ajoutant qu'il
avoit ordre de faire des Proposicions
avantageuses à la
Pologne,qu'ilne pouvoir
leur expliquer; mais que 10
grand Visir esperoit que la
Republique favoriseroit le
passage du Roy de Suede ,
& que les Moscovites sortiroient
des Etats de Pologne
,conformement au
Traité conclu avec le Czar,
ensuite dequoy ils se sont
retirez.
De Carelsbade, en Bobeme.
Le Gzar a déclaré que
par le Traité conclu avec le
grand Visir, il avoit promis
de ne se plus méslerdes
Affaires de Pologne, pourvû
que le Roy de Suede ne
s'enmêlastpasnonplus,&
que si Sa Majesté Suedoise
s'en mêloit ; il affisteroit le
Roy Auguste son Allié, de
toutes ses forces; qu'à l'égard
de la restitution d'Asaph
, il ne l'executeroit
qu'aprés que le Roy de
Suede feroit party avec une
Escorte de cinq mille hommes
seulement, pour retourner
dans ses états, &
que si cette Efcortc étoit
plus forteil s'oposeroit à
son passage.
De Francfort le 13. Oéîobre.
Le 11. on fit forcir d'icy
tous les Etrangers, excepté
ceux de la suite des Electeurs
&des Ambassadeurs,
& le lendemain 12. l'Archiduc
fut élû Empreur par les
Electeurs de Tréves, de
Mayence, & Palatin, presents
: & les Ambassadeurs
des Eleveurs de Saxe, de
Brandebourg, & du Duc
d'Hanover, nonobstant les
Protestations de nullité des
ElecteursdeCologne ÔC
de Baviere.
<
«
De Lunevillele16.
Madame la Duchessede
Lorraine, est acouçhée lanuit
derniere d'une Princesfc
; & il est arrivé aujourd'huy
un Courrier dépeché
par l'Electeur de Trêves
qui a rapporté que l'Archiduc
avoit été élû Empereur
le 12, d'une voix unanime.
--
De Cadix le 6. Oftobrt,
Il est venuce marin trente
six Deserteurs de la Garnsson
de Gilbraltar, parmy
lesquels
lesquels il y a deux Lieutenants.
Ils se plaigent de n'a
voir touché aucun prest de
puis six mois; & on dit que
les deux Bataillons qu'on y
a amenez de Portugal ne 0 montoient qu'à trois cens
hommes; dont plus de la
moirié estoient malades, &
que deux Fregates chargées
de vivres, étoient peries en
entrant dans la Baye.
protestent contrel'Election
précipitée d'un Empereur
en faveur de l'Archiduc,
la Capitulation perpetuelle
n'étant pas encore reglée ni
les griefs de l'Empire purgez
touchant les trois Religions
tolerées en Alemagne ; les
Tribunaux de Justice &
l'évaluation des Monnoyes;
Mr Albano
, a déja representé,
que cette élection ne
pouvoit être canonique sans
la presence des Electeurs
de Cologne,& de Baviere :
On n'y a point parlé du neuvième
Ek£toratr, ny de
l'érection de la Prusse en
Royaume.
De Strajbouro le
1 8.
Le Prince Eugene
, a fait
faire de grandes réjouïssances
dans fun Camp pour
l'Electiondu nouvel Empereur
; deux jours aprés il envoya
reconnoîtrenoslignes
par des Ingenieurs escortez
de deux cens Chevaux; mais
nos Troupes étant sorties
sur eux, il y en eut dix neuf
tuez, & quatorze de pris
avec un des Ingenieurs.
Un party de vingt cinq
de nos Houssards, ayant
pénétré dans le derriere de
leur Armée ; mit le feu à
un amas de fourages,&coupa
à coups de fabre environ
mille sacs de farine, a près
quoy ce party se retira avec
trente neuf Chevaux des
ennemis, sans avoir perdu
un seul homme, quoy qu'il
eust été poursuivy pendant
plus de quatre heures.
De Cambray.
JLcs Inspecteurs d'Infanterie
ont commencé au
jourd'huy à faire leur revue,
après laquelle lesTroupes
marcheront dans les Quartiers
qui leur son defigncz.
Mr d'Albergothi a fait faire
devant les Retranchements
deVauvrechain,des Redoutes
& des Fortins oùl'on a
placé de l'Artillerie.
L'infanterie Ennemie est
encore prés de Bouchain, &
on luya envoyé de Tournay,
quatre cens Chariots
chargez de vivres. La Garnsson
deCondé, qui a esté
considerablement augmentée,
à bruié des Fourages,
& enlevé douze cens Sacs
d'A voine
De Dunhrcju?.
Deux de nos Fregates ont
amené deux Bastimens Hollandois
chargez d'Huile de
Baleine, & z-, un Anglors sur
lequelon a trouvé quinze
mille livres sterlin en Guinées,
&environ pourcent
mille livres de Marchandises.
Mr de Benac a fait deux
autres prises, estimées cinquante
mille écus chacune.
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Résumé : NOUVELLES de divers endroits.
Le texte relate diverses nouvelles provenant de plusieurs régions. À Venise, une rébellion de la milice de Tripoli contre les Deys a entraîné la mort de trois d'entre eux. Un Dey, réfugié à Constantinople, est revenu avec des ordres pour rétablir son autorité, mais les troubles ont persisté. En septembre, une Marseillaise a rapporté que ce Dey avait également été massacré par la milice et le peuple. À Rome, un service solennel a été célébré le 18 septembre pour le repos de l'âme du feu Dauphin, en présence du cardinal de la Tremoille et de plusieurs prélats. À Madrid, les obsèques du prince ont été célébrées avec magnificence le 26 septembre dans l'église du monastère royal des Religieuses de l'Incarnation, avec des messes et oraisons funèbres prononcées par des dignitaires religieux. En Hollande, les États Généraux ont accepté de parrainer le jeune prince de Nassau, fils du feu prince de Nassau, en lui offrant une rente et des charges militaires. À Bayonne, une frégate française a attaqué un vaisseau anglais de soixante canons, qui a explosé. Deux autres frégates ont capturé un navire anglais chargé de diverses marchandises. À Toulon, un vaisseau portugais démâté et un vaisseau catalan chargé de vins sont arrivés. À Dublin, des désordres causés par la populace ont été apaisés par une proclamation après la destruction de toiles peintes préjudiciables aux manufactures de laine. À Lisbonne, la misère est extrême et le roi a envoyé des navires en Barbarie pour acheter des grains, malgré les menaces des vaisseaux français. À Saragosse, un convoi de chariots et de mulets chargés de grains a été envoyé à l'armée d'Alcant. À Vigo, plusieurs frégates ont amené des prises hollandaise et anglaise chargées de diverses marchandises. À Dunkerque, des prises chargées de vins, de charbon, de morue et d'huile de baleine ont été amenées. En Dauphiné, l'armée du duc de Savoie ayant consommé les fourages, Mr de Berwick a ramené les troupes par la vallée de Maurienne pour les mettre en quartiers d'hiver. À Rome, une congrégation a traité de l'immunité ecclésiastique en présence du Pape, et un expéditionnaire espagnol a été arrêté. À Varsovie, une conférence a eu lieu entre divers envoyés, mais l'envoyé turc a refusé de traiter avec les députés du roi Auguste. À Carlsbad, le czar a déclaré qu'il n'interviendrait plus dans les affaires de Pologne à condition que le roi de Suède en fasse autant. À Francfort, l'archiduc a été élu empereur par les électeurs de Trèves, de Mayence et du Palatin, malgré les protestations des électeurs de Cologne et de Bavière. À Luneville, la duchesse de Lorraine a accouché d'une princesse. À Cadix, trente-six déserteurs de la garnison de Gibraltar se sont plaints de ne pas avoir touché de solde depuis six mois. À Strasbourg, le prince Eugène a célébré l'élection du nouvel empereur et des escarmouches ont eu lieu entre les troupes françaises et ennemies. À Cambrai, les inspecteurs d'infanterie ont commencé leur revue et les troupes ont marché vers leurs quartiers, tandis que des redoutes et des fortins ont été construits devant les retranchements de Vauvrechain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1-3
« Les Lettres de Warsovie du 28. Septembre confirment que les [...] »
Début :
Les Lettres de Warsovie du 28. Septembre confirment que les [...]
Mots clefs :
Varsovie, Roi Auguste, Roi de Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Lettres de Warsovie du 28. Septembre confirment que les [...] »
,Les Lettres deWai sovie du
2. 8. Septembre confirment
que les Envoyez du grand
Visir & du Kan des Tartares
s'en étoient rerournez
sans avoir voulu délivrer les
Lettres dont ils étoient
chargez, aux Senateurs qui
estoient allez conferer avec
eux à Jaslowiecz
,
à cause
qu'ils n'avaient pasesté
nommez par la Republique
, mais par le Roy Auguste,
que le Grand Seigneur
n'avoit pas reconnu
pour Roy de Pologne;
qu'on attendoit le retour du
courrier qu'ils avoienc envoyé
au grand Visir ; que
les Moscovites étoient en*:
ore dans la Volhinie pour
observer les Turcs; que le
Roy Auguste avoit envoyé
ordre à l'Armée de la Couronne
de repasser la Vistule
pour estre à portée des'oposer
au Roy de Suede qu'on
disoit estre parti de Bender
à la teste d'une puissante
Armée.
2. 8. Septembre confirment
que les Envoyez du grand
Visir & du Kan des Tartares
s'en étoient rerournez
sans avoir voulu délivrer les
Lettres dont ils étoient
chargez, aux Senateurs qui
estoient allez conferer avec
eux à Jaslowiecz
,
à cause
qu'ils n'avaient pasesté
nommez par la Republique
, mais par le Roy Auguste,
que le Grand Seigneur
n'avoit pas reconnu
pour Roy de Pologne;
qu'on attendoit le retour du
courrier qu'ils avoienc envoyé
au grand Visir ; que
les Moscovites étoient en*:
ore dans la Volhinie pour
observer les Turcs; que le
Roy Auguste avoit envoyé
ordre à l'Armée de la Couronne
de repasser la Vistule
pour estre à portée des'oposer
au Roy de Suede qu'on
disoit estre parti de Bender
à la teste d'une puissante
Armée.
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Résumé : « Les Lettres de Warsovie du 28. Septembre confirment que les [...] »
Le 8 septembre, les envoyés du grand visir et du kan des Tartares ont refusé de remettre des lettres aux sénateurs à Jaslowiecz, car ces derniers n'étaient pas nommés par la République mais par le roi Auguste, non reconnu par le grand seigneur. Les Moscovites surveillaient les Turcs en Volhynie. Le roi Auguste a ordonné à l'armée de la Couronne de se préparer contre le roi de Suède, attendu de Bender avec une puissante armée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 13-15
Extrait d'une Lettre de Warsovie du 9. Octobre.
Début :
Les Generaux travaillent à regler la distribution des quartier d' [...]
Mots clefs :
Varsovie, Moscovites, Généraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Warsovie du 9. Octobre.
Extrait d'une Lettre de
Warsovie du 9. octobre.
Les Generaux travaillent
à regler ladistribution des quartier
d'hyverpour les Armées
de la Couronne& de Lithuanie
; mais on apprehende que
les Troupes Moscovites can- lesTroupes Mofcovttes cantonnées
dans la Volhinie
, ne
veulent prendre le leur dans la
Lithuanie. La mortalité est
parmy celles qui étoient rçflées àMohilow prés du Niefter..
(y celles qui avoient marché
'lJers l'Ukraine dans le dessein
qu'ilsy pouroient trouver de
quoysubsister, ont estéobligées
d'en revenir
,
les sauterelles
ayant détruit tous les grains de
cette Province,&la contagion
ayant fait mourir un grand
nombre d'habitans. Le General
Baverestarrivé avec environ
-
dix mille hommes à trois lieuës
d'icy ; mais on nesçait pas encore
s'il paßera la Vistule où
s'il prendra la route de la
haute Pologne. Il continue
d'exiger des vivres par force
nonobstant les promeßes que
luy les autres Generaux
Moscovites avoient faites de
payer tout ce qui seroit founi
pour lasubsistance des Troupes.
Warsovie du 9. octobre.
Les Generaux travaillent
à regler ladistribution des quartier
d'hyverpour les Armées
de la Couronne& de Lithuanie
; mais on apprehende que
les Troupes Moscovites can- lesTroupes Mofcovttes cantonnées
dans la Volhinie
, ne
veulent prendre le leur dans la
Lithuanie. La mortalité est
parmy celles qui étoient rçflées àMohilow prés du Niefter..
(y celles qui avoient marché
'lJers l'Ukraine dans le dessein
qu'ilsy pouroient trouver de
quoysubsister, ont estéobligées
d'en revenir
,
les sauterelles
ayant détruit tous les grains de
cette Province,&la contagion
ayant fait mourir un grand
nombre d'habitans. Le General
Baverestarrivé avec environ
-
dix mille hommes à trois lieuës
d'icy ; mais on nesçait pas encore
s'il paßera la Vistule où
s'il prendra la route de la
haute Pologne. Il continue
d'exiger des vivres par force
nonobstant les promeßes que
luy les autres Generaux
Moscovites avoient faites de
payer tout ce qui seroit founi
pour lasubsistance des Troupes.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Warsovie du 9. Octobre.
Le 9 octobre à Varsovie, les généraux organisent la distribution des quartiers d'hiver pour les armées de la Couronne et de Lituanie. Des tensions persistent avec les troupes moscovites en Volhynie, qui refusent de se déplacer en Lituanie. La mortalité est élevée parmi les troupes réfugiées à Mohilow près du Dniepr et celles ayant marché vers l'Ukraine, en raison des sauterelles ayant détruit les récoltes et d'une contagion ayant décimé de nombreux habitants. Le général Baveran est arrivé avec environ dix mille hommes à trois lieues de Varsovie, mais ses intentions restent incertaines : il pourrait traverser la Vistule ou prendre la route de la haute Pologne. Malgré les promesses de paiement des généraux moscovites, Baveran continue de réquisitionner des vivres par la force.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 49-79
NOUVELLES.
Début :
Le Parlement s'est assemblé aujourd'huy suivant la derniere prorogation. La Reine [...]
Mots clefs :
Parlement et discours royal, Préparation à la paix, Levée de troupes et nominations, Londres, Événements militaires et affrontements, Commerce maritime et flottes, Lille, Berlin, Varsovie, Rome, Vienne, Hambourg, Lisbonne, Cadix, Toulon, Namur, Dunkerque, Lauterbourg, Thionville, Condé, Messine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
-
De Londres le 18. Decembre.
LE Parlement s'est assembléaujourd'huy
suivant la derniere prorogation. La Reine étant allée à la Chambre des Seigneurs, & les Communes
y
étant arrivées, elle a
fait .,
un discours qui contient en
substance
:
Qu'elle étoit
bien aise de leur pouvoir
dire que nonobstant les artifices de ceux qui cher-
choient à continuer la
guerre, le lieu & le temps
pour l'ouverture d'un traité de paix generale étoient
fixez: que la plûpart des
Alliez, principalement les
Etats Generaux, avoient
par leur promptitude à y
concourir témoigné leur
confianceenelle & qu'-
elle ne doutoit pas que ses
propres sujets ne fussent
persuadez del'affection
quelleavoit pour eux,que
sa principale attention (croit d'affermir la Religion,
les droits & les libertez de
la nation, & la succession
à la Couronne dans la ligne protestante: quaprés
,
une guerre qui avoit couté tant de fang & tant de
trésors. elle travailleroit
Ide,tout son pouvoir à favoriser & à augmenter le
commerce de ses sujets:
que non seulement elle
s'employeroit à procurer
une satisfactionraisonnable à
tous les Princes
[ & Etats engagez dans
ï cette guerre, mais qu'elle
se joindroit avec eux par
| les liens les plus étroits
pour rendre la paix ferme
& durable:que le moyen
le plus efficace pour réussir étant de se préparer de
bonne heure à la guerre,
elle recommandoic aux
Communes de donner
avec toute la diligence poc.
sible les subsides necessaires pour la campagne prochaine
:
& elle finit son
discours en leur recommandant l'union, & d'éviter tout ce quipourroit
donner lieu de croire qu'il
y
eût de la division parmi
eux. Les Communes se re-
tirerent ensuite, après quoy
il y eut un long débat parmi les Seigneurs, qui conclurent à la pluralité de six
voix de representer à la
Reine par une adresse,qu'il
ny auroit jamais de paix
fûre tant que l'Espagne seroit possedée par un Prince de la Maisonde France:
mais les Communes au
contraire rèsolurent à la
pluralité de cent cinquante voix d'établir un Comité qui seroit chargé de travailler à une adresse pour
remercier la Reine de ce
qu'elle leur avoit déclaré
touchant la paix generale.
DeLille le16. janvier.
Les nouvelles que nous
avons reçuës hier de Londres & de la Haye, nous
assûrent toutes une paix
prochaine. La Chambre
des Communes persiste
toûjours: L'Evêque de BrifiaI, & M. de Buys qui
-
étoient à Londres sont arrivez à Utrek, où les conferences se tiendront le z2.
du courant.
Monsieur le Prince Eugene quiest passé le8. en
Angleterre, n'y est point
allépourtâcher de mettre
quelque obstacle à lapaix;
au contraire i' on aÍfLlre
qu'il y
est passé dela part
de l'Empereur pour assûrer
la Reine qu'il entrera avec
plaisirdans le CTaicé gene- ral,&qu'il y envoyera
incessamment ses Ambassadeurs.
La Reine a
nommé Milord Amilton pour être de
la Grande Chambre; mais
les Seigneurs ne veulent
point le recevoir à causè.
qu'il est Escossois.-
„
> ,"
De Berlin le 14. Decembre.
L'Electeurde Brandebourg aordonnéunenouvelle levée de six mille
nommes. Les Etatsseront
obligez dejes fournir,suivant la répartition qui en
a
été faite par chaque Bailliage, qui fera obligé de
les fournir. Pour cet effet
on arrête tous les vagabonds & les mandians.
-
Son. Altesse Electorale
a
donné la Prévôté duChapitre de Magdebourg,
vaccante par le decez du
Prince de Saxe Barbi
,
aa
Prince Louis son frere:
cette Prévôté vaut dix mil
écus de rente.
De Varsovie le 30. Novembre.
Les Generaux Szeremetof ôù Ronne n'ont pû faire consentir lesSenateurs
Polonois, qui sont à Leopol, à accorder des Quartiers d'Hyver aux Troupes
du Czar, & ont enfin été
obligez de promettre qu'ils
les feroient sortir du Royaume, suivant le traitté
conclu avec les Turcs. Elles doivent aller hyverner
dans le Duché de Severie,
& vers Kiovie & Sivoleusko.
De ?tome le5Decembre.
Le General des Jesuites
,
ses Assistans, & les Procu.
reurs des Provinces ont
presenté au Pape dans une
audience que Sa Sainteté
leur a
accordée, un aéte
signé de tous, portant qu'-
ilssesoûmettoient entierement aux Decrets de 1704.
& aux autres émanez en
consequence sur les ceremonies Chinoises, & donnerent toutes les marques
& lesassurances d'une entiere obeïssance pour le S.
Siege. Le Pape qui les re5ur très favorablement ordonna que cet acte fût
imprimé.
MonsieurPignatelliEvêque de Leccé, ayant été
enlevé violemment de son
Palais par ordre du Viceroy de Naples, & ensuits
conduit horsdu Royaume,
est arrivé ici aujourd'hui
dans un carosse à six chevaux, que le Cardinal Paulucci avoir envoyé au devant de lui avec un de ses
Gentilshommes, & estallé
descendre aux Théatins,
où le Pape lui avoit fait
préparer un logement.
Dans la Congregation de
rimmumceEccIefiaiHque
tenuë au sujet de ce Prelat, il a
été resolu de le
soûtenir.
Sa Sainteté a
reçû des
lettres de Dom Annibal
Albani, par lesquelles il
mande que l'Archiduc lui
avoitpromis dans deux audiences qu'illui avoit données) qu'il restituëroitComacchio au S. Siege aprés
foa couronnement.
rDu 12,.
Mardi, jour de la Conception, on celebra l'anniversaire du couronnement
du Pape, dans sa chapelle.
Les illuminations, les feux
d'artifice, &: les aumônes
se firent à l'ordinaire.
MonsieurCafarelli,Gouverneur de cette ville, est
mort aprés une longue maladie, ôc le Pape a
dispensé
sa famille de faire la cavalcade
accoûcumée à la mort
du Gouverneur,n'étant pas
assez riche pour faire cette
dépense. Sa Sainteté a
donne ce Gouvernement à M.
Scorti, Milanois, Auditeur
de Rote; & sonCanonicat
deS.PierreàM.l'AbbéRiviera Secretaire du sacré
College,& de la Congre-
igation consistoriale.
Du 19.
L'Archiduc, ayant enfin
tdonné part de son Election
:au. Pape par le Marquis de
Rona, Sa Sainteté ordon-
:na aussitôt qu'on chantât
le Te Deumy & qu'on fist
des feux & des illuminations, le Marquis de Prié
a
étédéclaré Ambassadeur
de l'Empereur 'en! cette
--
Cour, & le Prince ,d'A.
vellino retourne à Naples
avec laqualité de Grand
Chancellier du Royaume.
M. Odescalchi a
été nommé Nonce en Pologne,&
M. Doria qui revient de
sa Vicelegation d'Avignon
a
été nomme Archevêque
in partibus. Mardi dernier
la Congregation consistoriale confirmal'élection
du Doyen de Saltzbourg,
à l'Evêché d'Olmutz, nonobstantlesinstancesde l'ElecteurdeTreves en faveur
de son frere. Le même jour
Monsieur le Cardinal de la
Tremoille assista à la Messe
que le Chapitrede S. Jean
a
a coutume de dire pour le
Roy le jour de sainte Luce,
& il y
fut accompagné par
plus de soixante carosses.
Son Eminence donna enfuite un grand repas.
M. de Molines refusant
toûjours de remettre aux
Ministres de la Cour de
Vienne les carosses que le
Duc d'Ucede avoit laissez
au Palais d'Espagne
,
& qui
ont été confisquez depuissa
rebellion
,
ils le menacent
de les faire enlever de vive
force; ce qui a
obligé M.
de Molines d'augmenterle
nombre des gens qu'il avoir
déja pour la sûreté de son
Palais & de sa Personne.
De Vienne le 16. Decembre,
Toutes les lettres de Valaquie & des frontieres de
Turquie portent, que le
Grand Visir aprés avoir celebré le Beïram à Andrinople un Capigiarrivé de
Constantinople lui avoit
apporté de la part du Grand
Seigneur un riche Caftan
,
avec d'autres marques d'affection -& de distinction ;
mais quelemême Officier
aprèsleslui avoir delivrées,
avoit porté un ordre à l'Aga des Janissaires, par lequel il lui étoit enjoint d'arrêter le GrandVisir, de
l'enyoyer prisonnier à Constantinople, & de prendre
le commandement de l'arméejusquàce que le Grand
Seigneur eût nommé un
autre GrandVisir
: ce qui
a
été execute.
Dtf Hambourgle25. Decemb.
On a
reçû des lettres de
Rostok qui portent que le
Commandant dés troupes
que le Roy de Dannemarck y a
laissées pourgarder les magasins qu'il a en
cette ville, ayant demandé
permission aux Magistrats
devisiter leur Arsenal&
leurs magasins,ilslalui
refuserent : mais que s'en
étant fait ouvrir les portes
-
deviveforce pendant que
les habitans étoient au sermon, cette violence caafa,
un grandtumulte. On demanda à ce Commandant
quelle railon il avoit pour
en agir de la sorte; & sur
ce qu'il répondit qu'il avoit
voulu visiterl'Arsenal pour
s'en servir en cas de besoin,
les habitans répondirent
qu'ilsperiroient plûtôt que
de laisser enlever leur artillerie & leurs munitions. Incontinent les Magiilrats firent tendre les c
haînes dans
les ruës qui aboutissent à
l'Arsenal, & y
firent pointer du canon chargé à
cartouche, & plusieurs compagnies de Bourgeois y
sont tous les jours de garde.
u.
DeLisbonne le 14.Decembre.
,
On a
reçû des lettres d'Elvas du 6. qui portent que
les troupes Espagnoles qui
font en quartier aux environs de Badajoz, ont fait
une course fort avant dans
le pays, d'où elles ont amené cinq cent bêtes à corne,
& beaucoup d'Orages pour
les contributions.
De Cadis le 27. Decembre.
La Flotte de Bucnotai-
res a mis aujourd'hui à la
voile avec quatre Navires
François, qui vont à la
Mer du Sud.
Il eH: arrivé une Corvette de la Martinique, qui a
rapporté que M. du GuéTroüin en revenoit avec
M. du Casse, & qu'il étoit
richement chargé.
De Toulon le24. Decembre.
Trois vaisseaux de guerre, sortis de ce Port pour
aller donner la chasse à
quelques armateurs enne-
mis, quicroisoient sur les.
côtes de Provence, ont
trouvé quatre vaisseaux
Hollandois, qui portoient
des provisions à Porc-Mahon,qu'ilsavoient chargées en Calabre.Dés qu'ils
apperçûrent les nôtres ils
prirent chasse pour les éviter,mais ils furent bientôt joints: deux se rendirent sans faire grande résistance
}
mais les deux autres se deffendirent pendant quatre heures, & ne
si: rendirentqu'aprés avoir
perdu la plus grande partie
tie de leur équipage.
De Namur le 6.Janvier.
Un Parti de nôtre Garnisonsétant joint avanthyer à un détachement de
celle de Charleroy, attaquerent auprès de Louvain cent quarante hommes des ennemis, qui en
étoient fortis pour aller à
Bruges, & les poursuivirent jusqu'aux Portes de
cette Place: quatorze furent tuez,& quarante-deux
faits prisonniers, qui ont
été amenez icy.
Un autre détachement
a
été mettre le feu à des
batteaux chargez de fourages, qui remontoient la
Meuse pour aller à Liége;
mais en se retirant il aété
attaqué par un Parti de la
Garnison d'Huy beaucoup
superieur, qui tua six hommes, &en fit seize prisonniers. Le reste se sauva à
la faveur de la nuit qui
survint.
De Dunkerque le 5Janvier.
Un Armateur de Calais
a
amené un vaisseau Hambourgeois chargé de diverses Marchandises pour
plus de cent cinquante
mille écus.
Un autre Armateur a
aussi amené une grosse
Flutte Hollandoise du port
de quatre.cent tonneaux,
chargée de Saumon, de
Cuivre &: d'Etain.
De Lauterbourg le 16. Dec.
Un Capitaine de Hussars
de nôtre garnison a
brûlé
avec trente hommes seuls-
ment, les magasins de fourages que les ennemis
avoient entre Philisbourg
& Spire, & il est revenu
sans avoir été joint par les
detachemens qui avoient
été envoyez à sa poursuite.
De Thionville le 24.Decemb.
La garnison du Fort de
S. Martin prés de Treves,
ayant attaqué un détachement de celle de Traerbach
,
l'a défait entierement:mais elle a
perdu30.
Hommes, & en a eu 19. de
blessez.
De Condéle 18. Decembre.
Nostre Commandant
ayantenvoyé soixante dragons & quarante Grenadiers pour mettre le feu à
plusieurs Batteaux chargez
de fourage & de munitions
que les ennemis avoient sur
l'Escaut, entre Mortagne
& S.Amand, pousserentd'abord deux cens hommes
qui les gardoient: mais ils
furent obligez ensuite de
se retirer avec précipitation
,
pour éviter d'être
coupez par plusieurs détachemens ennemis qui les
cherchoient.
DeMessinele 26.Décembre,
; Onembarquaavanthier
ici deux bataillons & des
munitions de guerre& de
bouche, pour Portolongone. On a
reçu des remises
de Madrid pour lesrecrues,
& pour la remonte denôtre cavalerie.
Les Liparotesontattaqué
le convoi de Naples qui
venoit de Calabre, chargé
de grains, ils en ont coulé
quatre bâtimens à
fond, &
en ont pris six autres qu'ils
ont menez à Lipari.
Un vaisseau François de
64. canons, eH: arrivé ici
ce matinavec un gros Navire Angloisqu'ilavoit pris
dans le canal de Malthe.
Ce vaisseau est chargé de
soye, decotton,, Ôc. de caffé.
La nuit du 14. & celle
du
2.y. on ressentit ici plusieurs secousses, assez violentes de tremblemens de
terre, mais qui n'ont cependant causé aucun dommage. G iii
-
De Londres le 18. Decembre.
LE Parlement s'est assembléaujourd'huy
suivant la derniere prorogation. La Reine étant allée à la Chambre des Seigneurs, & les Communes
y
étant arrivées, elle a
fait .,
un discours qui contient en
substance
:
Qu'elle étoit
bien aise de leur pouvoir
dire que nonobstant les artifices de ceux qui cher-
choient à continuer la
guerre, le lieu & le temps
pour l'ouverture d'un traité de paix generale étoient
fixez: que la plûpart des
Alliez, principalement les
Etats Generaux, avoient
par leur promptitude à y
concourir témoigné leur
confianceenelle & qu'-
elle ne doutoit pas que ses
propres sujets ne fussent
persuadez del'affection
quelleavoit pour eux,que
sa principale attention (croit d'affermir la Religion,
les droits & les libertez de
la nation, & la succession
à la Couronne dans la ligne protestante: quaprés
,
une guerre qui avoit couté tant de fang & tant de
trésors. elle travailleroit
Ide,tout son pouvoir à favoriser & à augmenter le
commerce de ses sujets:
que non seulement elle
s'employeroit à procurer
une satisfactionraisonnable à
tous les Princes
[ & Etats engagez dans
ï cette guerre, mais qu'elle
se joindroit avec eux par
| les liens les plus étroits
pour rendre la paix ferme
& durable:que le moyen
le plus efficace pour réussir étant de se préparer de
bonne heure à la guerre,
elle recommandoic aux
Communes de donner
avec toute la diligence poc.
sible les subsides necessaires pour la campagne prochaine
:
& elle finit son
discours en leur recommandant l'union, & d'éviter tout ce quipourroit
donner lieu de croire qu'il
y
eût de la division parmi
eux. Les Communes se re-
tirerent ensuite, après quoy
il y eut un long débat parmi les Seigneurs, qui conclurent à la pluralité de six
voix de representer à la
Reine par une adresse,qu'il
ny auroit jamais de paix
fûre tant que l'Espagne seroit possedée par un Prince de la Maisonde France:
mais les Communes au
contraire rèsolurent à la
pluralité de cent cinquante voix d'établir un Comité qui seroit chargé de travailler à une adresse pour
remercier la Reine de ce
qu'elle leur avoit déclaré
touchant la paix generale.
DeLille le16. janvier.
Les nouvelles que nous
avons reçuës hier de Londres & de la Haye, nous
assûrent toutes une paix
prochaine. La Chambre
des Communes persiste
toûjours: L'Evêque de BrifiaI, & M. de Buys qui
-
étoient à Londres sont arrivez à Utrek, où les conferences se tiendront le z2.
du courant.
Monsieur le Prince Eugene quiest passé le8. en
Angleterre, n'y est point
allépourtâcher de mettre
quelque obstacle à lapaix;
au contraire i' on aÍfLlre
qu'il y
est passé dela part
de l'Empereur pour assûrer
la Reine qu'il entrera avec
plaisirdans le CTaicé gene- ral,&qu'il y envoyera
incessamment ses Ambassadeurs.
La Reine a
nommé Milord Amilton pour être de
la Grande Chambre; mais
les Seigneurs ne veulent
point le recevoir à causè.
qu'il est Escossois.-
„
> ,"
De Berlin le 14. Decembre.
L'Electeurde Brandebourg aordonnéunenouvelle levée de six mille
nommes. Les Etatsseront
obligez dejes fournir,suivant la répartition qui en
a
été faite par chaque Bailliage, qui fera obligé de
les fournir. Pour cet effet
on arrête tous les vagabonds & les mandians.
-
Son. Altesse Electorale
a
donné la Prévôté duChapitre de Magdebourg,
vaccante par le decez du
Prince de Saxe Barbi
,
aa
Prince Louis son frere:
cette Prévôté vaut dix mil
écus de rente.
De Varsovie le 30. Novembre.
Les Generaux Szeremetof ôù Ronne n'ont pû faire consentir lesSenateurs
Polonois, qui sont à Leopol, à accorder des Quartiers d'Hyver aux Troupes
du Czar, & ont enfin été
obligez de promettre qu'ils
les feroient sortir du Royaume, suivant le traitté
conclu avec les Turcs. Elles doivent aller hyverner
dans le Duché de Severie,
& vers Kiovie & Sivoleusko.
De ?tome le5Decembre.
Le General des Jesuites
,
ses Assistans, & les Procu.
reurs des Provinces ont
presenté au Pape dans une
audience que Sa Sainteté
leur a
accordée, un aéte
signé de tous, portant qu'-
ilssesoûmettoient entierement aux Decrets de 1704.
& aux autres émanez en
consequence sur les ceremonies Chinoises, & donnerent toutes les marques
& lesassurances d'une entiere obeïssance pour le S.
Siege. Le Pape qui les re5ur très favorablement ordonna que cet acte fût
imprimé.
MonsieurPignatelliEvêque de Leccé, ayant été
enlevé violemment de son
Palais par ordre du Viceroy de Naples, & ensuits
conduit horsdu Royaume,
est arrivé ici aujourd'hui
dans un carosse à six chevaux, que le Cardinal Paulucci avoir envoyé au devant de lui avec un de ses
Gentilshommes, & estallé
descendre aux Théatins,
où le Pape lui avoit fait
préparer un logement.
Dans la Congregation de
rimmumceEccIefiaiHque
tenuë au sujet de ce Prelat, il a
été resolu de le
soûtenir.
Sa Sainteté a
reçû des
lettres de Dom Annibal
Albani, par lesquelles il
mande que l'Archiduc lui
avoitpromis dans deux audiences qu'illui avoit données) qu'il restituëroitComacchio au S. Siege aprés
foa couronnement.
rDu 12,.
Mardi, jour de la Conception, on celebra l'anniversaire du couronnement
du Pape, dans sa chapelle.
Les illuminations, les feux
d'artifice, &: les aumônes
se firent à l'ordinaire.
MonsieurCafarelli,Gouverneur de cette ville, est
mort aprés une longue maladie, ôc le Pape a
dispensé
sa famille de faire la cavalcade
accoûcumée à la mort
du Gouverneur,n'étant pas
assez riche pour faire cette
dépense. Sa Sainteté a
donne ce Gouvernement à M.
Scorti, Milanois, Auditeur
de Rote; & sonCanonicat
deS.PierreàM.l'AbbéRiviera Secretaire du sacré
College,& de la Congre-
igation consistoriale.
Du 19.
L'Archiduc, ayant enfin
tdonné part de son Election
:au. Pape par le Marquis de
Rona, Sa Sainteté ordon-
:na aussitôt qu'on chantât
le Te Deumy & qu'on fist
des feux & des illuminations, le Marquis de Prié
a
étédéclaré Ambassadeur
de l'Empereur 'en! cette
--
Cour, & le Prince ,d'A.
vellino retourne à Naples
avec laqualité de Grand
Chancellier du Royaume.
M. Odescalchi a
été nommé Nonce en Pologne,&
M. Doria qui revient de
sa Vicelegation d'Avignon
a
été nomme Archevêque
in partibus. Mardi dernier
la Congregation consistoriale confirmal'élection
du Doyen de Saltzbourg,
à l'Evêché d'Olmutz, nonobstantlesinstancesde l'ElecteurdeTreves en faveur
de son frere. Le même jour
Monsieur le Cardinal de la
Tremoille assista à la Messe
que le Chapitrede S. Jean
a
a coutume de dire pour le
Roy le jour de sainte Luce,
& il y
fut accompagné par
plus de soixante carosses.
Son Eminence donna enfuite un grand repas.
M. de Molines refusant
toûjours de remettre aux
Ministres de la Cour de
Vienne les carosses que le
Duc d'Ucede avoit laissez
au Palais d'Espagne
,
& qui
ont été confisquez depuissa
rebellion
,
ils le menacent
de les faire enlever de vive
force; ce qui a
obligé M.
de Molines d'augmenterle
nombre des gens qu'il avoir
déja pour la sûreté de son
Palais & de sa Personne.
De Vienne le 16. Decembre,
Toutes les lettres de Valaquie & des frontieres de
Turquie portent, que le
Grand Visir aprés avoir celebré le Beïram à Andrinople un Capigiarrivé de
Constantinople lui avoit
apporté de la part du Grand
Seigneur un riche Caftan
,
avec d'autres marques d'affection -& de distinction ;
mais quelemême Officier
aprèsleslui avoir delivrées,
avoit porté un ordre à l'Aga des Janissaires, par lequel il lui étoit enjoint d'arrêter le GrandVisir, de
l'enyoyer prisonnier à Constantinople, & de prendre
le commandement de l'arméejusquàce que le Grand
Seigneur eût nommé un
autre GrandVisir
: ce qui
a
été execute.
Dtf Hambourgle25. Decemb.
On a
reçû des lettres de
Rostok qui portent que le
Commandant dés troupes
que le Roy de Dannemarck y a
laissées pourgarder les magasins qu'il a en
cette ville, ayant demandé
permission aux Magistrats
devisiter leur Arsenal&
leurs magasins,ilslalui
refuserent : mais que s'en
étant fait ouvrir les portes
-
deviveforce pendant que
les habitans étoient au sermon, cette violence caafa,
un grandtumulte. On demanda à ce Commandant
quelle railon il avoit pour
en agir de la sorte; & sur
ce qu'il répondit qu'il avoit
voulu visiterl'Arsenal pour
s'en servir en cas de besoin,
les habitans répondirent
qu'ilsperiroient plûtôt que
de laisser enlever leur artillerie & leurs munitions. Incontinent les Magiilrats firent tendre les c
haînes dans
les ruës qui aboutissent à
l'Arsenal, & y
firent pointer du canon chargé à
cartouche, & plusieurs compagnies de Bourgeois y
sont tous les jours de garde.
u.
DeLisbonne le 14.Decembre.
,
On a
reçû des lettres d'Elvas du 6. qui portent que
les troupes Espagnoles qui
font en quartier aux environs de Badajoz, ont fait
une course fort avant dans
le pays, d'où elles ont amené cinq cent bêtes à corne,
& beaucoup d'Orages pour
les contributions.
De Cadis le 27. Decembre.
La Flotte de Bucnotai-
res a mis aujourd'hui à la
voile avec quatre Navires
François, qui vont à la
Mer du Sud.
Il eH: arrivé une Corvette de la Martinique, qui a
rapporté que M. du GuéTroüin en revenoit avec
M. du Casse, & qu'il étoit
richement chargé.
De Toulon le24. Decembre.
Trois vaisseaux de guerre, sortis de ce Port pour
aller donner la chasse à
quelques armateurs enne-
mis, quicroisoient sur les.
côtes de Provence, ont
trouvé quatre vaisseaux
Hollandois, qui portoient
des provisions à Porc-Mahon,qu'ilsavoient chargées en Calabre.Dés qu'ils
apperçûrent les nôtres ils
prirent chasse pour les éviter,mais ils furent bientôt joints: deux se rendirent sans faire grande résistance
}
mais les deux autres se deffendirent pendant quatre heures, & ne
si: rendirentqu'aprés avoir
perdu la plus grande partie
tie de leur équipage.
De Namur le 6.Janvier.
Un Parti de nôtre Garnisonsétant joint avanthyer à un détachement de
celle de Charleroy, attaquerent auprès de Louvain cent quarante hommes des ennemis, qui en
étoient fortis pour aller à
Bruges, & les poursuivirent jusqu'aux Portes de
cette Place: quatorze furent tuez,& quarante-deux
faits prisonniers, qui ont
été amenez icy.
Un autre détachement
a
été mettre le feu à des
batteaux chargez de fourages, qui remontoient la
Meuse pour aller à Liége;
mais en se retirant il aété
attaqué par un Parti de la
Garnison d'Huy beaucoup
superieur, qui tua six hommes, &en fit seize prisonniers. Le reste se sauva à
la faveur de la nuit qui
survint.
De Dunkerque le 5Janvier.
Un Armateur de Calais
a
amené un vaisseau Hambourgeois chargé de diverses Marchandises pour
plus de cent cinquante
mille écus.
Un autre Armateur a
aussi amené une grosse
Flutte Hollandoise du port
de quatre.cent tonneaux,
chargée de Saumon, de
Cuivre &: d'Etain.
De Lauterbourg le 16. Dec.
Un Capitaine de Hussars
de nôtre garnison a
brûlé
avec trente hommes seuls-
ment, les magasins de fourages que les ennemis
avoient entre Philisbourg
& Spire, & il est revenu
sans avoir été joint par les
detachemens qui avoient
été envoyez à sa poursuite.
De Thionville le 24.Decemb.
La garnison du Fort de
S. Martin prés de Treves,
ayant attaqué un détachement de celle de Traerbach
,
l'a défait entierement:mais elle a
perdu30.
Hommes, & en a eu 19. de
blessez.
De Condéle 18. Decembre.
Nostre Commandant
ayantenvoyé soixante dragons & quarante Grenadiers pour mettre le feu à
plusieurs Batteaux chargez
de fourage & de munitions
que les ennemis avoient sur
l'Escaut, entre Mortagne
& S.Amand, pousserentd'abord deux cens hommes
qui les gardoient: mais ils
furent obligez ensuite de
se retirer avec précipitation
,
pour éviter d'être
coupez par plusieurs détachemens ennemis qui les
cherchoient.
DeMessinele 26.Décembre,
; Onembarquaavanthier
ici deux bataillons & des
munitions de guerre& de
bouche, pour Portolongone. On a
reçu des remises
de Madrid pour lesrecrues,
& pour la remonte denôtre cavalerie.
Les Liparotesontattaqué
le convoi de Naples qui
venoit de Calabre, chargé
de grains, ils en ont coulé
quatre bâtimens à
fond, &
en ont pris six autres qu'ils
ont menez à Lipari.
Un vaisseau François de
64. canons, eH: arrivé ici
ce matinavec un gros Navire Angloisqu'ilavoit pris
dans le canal de Malthe.
Ce vaisseau est chargé de
soye, decotton,, Ôc. de caffé.
La nuit du 14. & celle
du
2.y. on ressentit ici plusieurs secousses, assez violentes de tremblemens de
terre, mais qui n'ont cependant causé aucun dommage. G iii
Fermer
Résumé : NOUVELLES.
Le texte présente diverses nouvelles politiques et militaires d'Europe. À Londres, le Parlement s'est réuni et la Reine a prononcé un discours annonçant la fixation du lieu et du temps pour l'ouverture d'un traité de paix générale. Elle a exprimé sa confiance dans la loyauté de ses alliés et de ses sujets, et a souligné son engagement à affermir la religion, les droits et les libertés de la nation, ainsi qu'à favoriser le commerce. Elle a également recommandé aux Communes de préparer les subsides nécessaires pour la prochaine campagne militaire et a insisté sur l'union et l'évitation des divisions. Les Communes ont ensuite résolu de former un comité pour remercier la Reine, tandis que les Seigneurs ont demandé que l'Espagne ne soit pas possédée par un Prince de la Maison de France pour une paix durable. À Lille, les nouvelles de Londres et de La Haye confirment une paix prochaine. L'Évêque de Bristol et M. de Buys sont arrivés à Utrecht pour les conférences de paix. Le Prince Eugène est passé en Angleterre pour assurer la Reine de l'engagement de l'Empereur dans le traité de paix. La Reine a nommé Lord Hamilton à la Grande Chambre, mais les Seigneurs refusent de l'accepter en raison de sa nationalité écossaise. À Berlin, l'Électeur de Brandebourg a ordonné une nouvelle levée de six mille hommes et a attribué la Prévôté du Chapitre de Magdebourg à son frère, le Prince Louis. À Varsovie, les généraux polonais n'ont pas réussi à obtenir des quartiers d'hiver pour les troupes du Czar et doivent les faire sortir du royaume. À Rome, le Général des Jésuites et ses assistants se sont soumis aux décrets de 1704 concernant les cérémonies chinoises. L'Évêque de Lecce a été enlevé et conduit à Rome, où le Pape lui a préparé un logement. Le Pape a également reçu des lettres promettant la restitution de Comacchio après le couronnement de l'Archiduc. À Vienne, le Grand Visir a été arrêté et remplacé après avoir reçu des marques d'affection du Grand Seigneur. À Hambourg, un tumulte a éclaté après que le commandant des troupes danoises a forcé l'Arsenal de Rostock. À Lisbonne, des troupes espagnoles ont mené une course dans le pays, capturant du bétail et des provisions. À Cadix, une flotte de buckaniers a mis voile pour la Mer du Sud, accompagnée de navires français. À Toulon, des vaisseaux français ont capturé des navires hollandais transportant des provisions. À Namur, des détachements français ont attaqué des ennemis près de Louvain et ont capturé des prisonniers. Un autre détachement a mis le feu à des bateaux ennemis sur la Meuse. À Dunkerque, des armateurs ont capturé des vaisseaux hollandais et hambourgeois chargés de marchandises. À Lauterbourg, un capitaine de hussards a brûlé des magasins ennemis près de Philisbourg. À Thionville, la garnison du Fort de Saint-Martin a défait un détachement ennemi mais a subi des pertes. À Condé, un détachement français a mis le feu à des bateaux ennemis sur l'Escaut mais a dû se retirer face à des renforts ennemis. À Messine, des troupes et des munitions ont été embarquées pour Portolongone. Les Lipariotes ont attaqué un convoi de Naples, coulant plusieurs bâtiments. Un vaisseau français a capturé un navire anglais chargé de marchandises diverses. Des tremblements de terre ont été ressentis sans causer de dommages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 137-149
Nouvelles de Hambourg.
Début :
Les Troupes Danoises qui reviennent des Pays bas sont arrivées [...]
Mots clefs :
Électeur, Elbe, Renforts, Varsovie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Hambourg.
Nouvelles de Hambourg.
Les Troupes Danoises
qui reviennent des Pays bas
sont arrivées dans le Duché
de Bremen, où elles se rafraîchissent,
elles doivent bientost
passer l'Elbe pour aller
camper du costé de Lubck
afin de s'opposer à , la diversion
que les Suedois pourroient
entreprendre de ce
costé là
, avec les renforts
qu'ils attendent de Suede ef)
Pomeranie. Le General Stein-
-
bek fait fortifier les retranchements
qu'il a fait faire à
Gardingas, ou il est campé,
il les a fair garnir de palissades
&de plusieursgrosses pieces
de Canon. Les Moscovites
ont tâchéd'occuper quelque
postes avantageux pool cou.
:
,
per la communication entre
laCavalerie Suedoise & l'Infanterie
; mais ils ont esté
repoussez avec pertediscontinuentà
faire des Ponts sur
les Marais, les Canaux,&c
les Fossez ,pour s'approcher
de Tommingen,afin de le
Bombarder. Les Suedois de
leurcosté prennent toutes les.
precaurions possibles
- pour
empêcher l'effet du Bombardement.
Cependant le Roy
de Dannemartk met les Duchez
de Holstein
,
& de
Steswick ,sous contribution,
& la Vdlc de Hufum a esté
obligée de payé huit mil écus.
Les Habitans de la Ville de
Gottorp n'ont pu encore
convenir de la Comme qu'on
leur demande
t
& ils craignentd'y
estre forcez par -
execution militaire. On assure
que le Comte de Steinbock
a fait quelques propositions
au Roy deDannemarck pour
uneSuspension d'Armes. Le
Colonel Meyer Danois
,
qui
avoic esté détaché avec Uf1
Corps de Troupes pour occuper
rifle de Heilighlandt,
y a débarqué ôc il espereen
chasser lesSuédois quis'y sont
retranchez en leur coupant
les vivres.
Les Lettres de Coppenhague
portent que le Comte
Amiral Thomsen avoit fait
voile avec une Escadre de
Fregattes pourcroiser & empêcher
le transport des Troupes
que les Suedois preparent
à Gortenbourg
, & qu'on
travailloit en diligence àéquiper
la Flote Danoise. D'autres
Lettres de Wismar du
zS. Mars portent qu'un parti
de la Garnison en avoit défait
un Moscovite composé d'un
Lieutenant, & de vingt-cinq
Cavaliers dont neuf avoient
estétuez,&le Lieutenant
qui lesCommandoit avec les
quinze autres amenez prisonniers
: qu'on attendoit de
jour en jour un renfort de
Suede que quelques Frégates
Danoises
,
parmi lesquelles
il y en avoit une qui portoit
Pavillon Moscovite, croisoient
devantStralzund,pour
empêcher qu'aucunBâtiment
pur y entrer ni en sortir.
On écrit de Varsovie que
quelques Officiers Turcs &
Tartares ennemis du Roy de
Suede,qu'on croit avoir été
gagnez voulurent le con-
Zt>raindre ,à partir avec une
escorte trop foible pour le
mettre en sureté. Il fut en
mesme temps averti que ces
Officiers vouloient le livrer
a ceux qui les avoient gagnez.
Ces avis l'obligerent à se retirer
à Warnitza
,
où il avoit
fait bastir une maison, autour
de laquelle il fit faire
des retranchements. On le
pressa de retourner à Bender,
pour se preparer à partir.
Mais ille rcfufa; disant qu'il
vouloit attendre la réponse
du Grand Seigneur,auquel
M
il avoir écrit. Ils resolurent
de l'attaquer avec un grand
,
nombre de Troupes.b Le
combat commença le 11.
Févriervers les dix heures du
matin; ce Prince donna des
marques d'une valeur extraordinaire
;mais lesretranchement
ayant été forcez il se
retira dans sa maison, où il
continua de se deffendre jusqu'à
ce que le feu y ayant été
mis, il sur obligé de se rendre,
ayant reçu deux ou
trois blessures. Il futconduit
à Bender, où il fut tres bien
reçu par le Seraskier & par
le
.leK-andciTartares, qui selon
les apparances
-
avoient été
trompez par quelque ordre
surprisousupposéduGrand
Seigneurauquelle Seraskier
avoïc envoyé un Courier,
pour lui rendre compte de ce
quis'étoitpassé. On assure
que le Roy de Suede avoit été
envoyé à Andrinople avec
une escorte, accompagné de
fcs deux Secreraires d'Etat,
-Ll-c doux Generaux &
de quarante autres de ses
gens, que l'on rassembloit
- tous les Suedois & Polonois
faits prisonniers, qui étoient
bien traitez: que cet évenement
n'avoir rien changé
aux dispositions des Turcs
pour faire la guerre aux
Moscovites: que le Hospodar
de Valaquie avoit ordre
de fournir mille chariots, &
celui de Moldavie deux mille;
& que le Sultandevoit partir
d'Andrinople à la fin de Mars
ou au commencement d'Avril
pour se rendre à Buba
& à Ifacki vers l'embouchure
du Danube.
On mande de Berlin que
l'Electeur de Brandebourg
fait de grands changemens
dans sa Cour, & parmi Tes
Officiers, qu'il a fait Maréchaux
de Camp Généraux le
Comte de Lothum & un
Prince de Holstein, outre
les deux faits par le feu Electeur
; que de douze Chambellans
qu'ilyavoit, il n'en retient
que quatre; qu'il a diminué
les appointemens de
ses Ministres dans les Cours
Etrangeres; & on dit qu'au
lieu d'Envoyez il ne veut plus
y avoir que des Residents.
On assuremême qu'il veut
faire donner à loü ge ou à
ferme toutes ses maisons de
plaisance excepté Oranjenbourg,
Potzdam, Coponik,
Wilsterhausen & celle de
Charlottenbourg qui estdestinéepourl'Electrice;
qtill
a écrit de sa main au President
Dankelman qui avoit
été disgracié par le feu Electeur,&
l'a déclaréson premier
Ministre; qu'il luy a
fait rendre tous ses biens
confisquez durant sa disgrace,
& qu'il a voulu le
charger de la Direction de
toutes ses principales JffJlres.
mais qu'il s'cft excusé de l'accepter,
promettant neannloins
de lefervir de tout [on
pouvoir de ses Conseils dans
tout ce qu'il lui ordonneroit.
Les Troupes Danoises
qui reviennent des Pays bas
sont arrivées dans le Duché
de Bremen, où elles se rafraîchissent,
elles doivent bientost
passer l'Elbe pour aller
camper du costé de Lubck
afin de s'opposer à , la diversion
que les Suedois pourroient
entreprendre de ce
costé là
, avec les renforts
qu'ils attendent de Suede ef)
Pomeranie. Le General Stein-
-
bek fait fortifier les retranchements
qu'il a fait faire à
Gardingas, ou il est campé,
il les a fair garnir de palissades
&de plusieursgrosses pieces
de Canon. Les Moscovites
ont tâchéd'occuper quelque
postes avantageux pool cou.
:
,
per la communication entre
laCavalerie Suedoise & l'Infanterie
; mais ils ont esté
repoussez avec pertediscontinuentà
faire des Ponts sur
les Marais, les Canaux,&c
les Fossez ,pour s'approcher
de Tommingen,afin de le
Bombarder. Les Suedois de
leurcosté prennent toutes les.
precaurions possibles
- pour
empêcher l'effet du Bombardement.
Cependant le Roy
de Dannemartk met les Duchez
de Holstein
,
& de
Steswick ,sous contribution,
& la Vdlc de Hufum a esté
obligée de payé huit mil écus.
Les Habitans de la Ville de
Gottorp n'ont pu encore
convenir de la Comme qu'on
leur demande
t
& ils craignentd'y
estre forcez par -
execution militaire. On assure
que le Comte de Steinbock
a fait quelques propositions
au Roy deDannemarck pour
uneSuspension d'Armes. Le
Colonel Meyer Danois
,
qui
avoic esté détaché avec Uf1
Corps de Troupes pour occuper
rifle de Heilighlandt,
y a débarqué ôc il espereen
chasser lesSuédois quis'y sont
retranchez en leur coupant
les vivres.
Les Lettres de Coppenhague
portent que le Comte
Amiral Thomsen avoit fait
voile avec une Escadre de
Fregattes pourcroiser & empêcher
le transport des Troupes
que les Suedois preparent
à Gortenbourg
, & qu'on
travailloit en diligence àéquiper
la Flote Danoise. D'autres
Lettres de Wismar du
zS. Mars portent qu'un parti
de la Garnison en avoit défait
un Moscovite composé d'un
Lieutenant, & de vingt-cinq
Cavaliers dont neuf avoient
estétuez,&le Lieutenant
qui lesCommandoit avec les
quinze autres amenez prisonniers
: qu'on attendoit de
jour en jour un renfort de
Suede que quelques Frégates
Danoises
,
parmi lesquelles
il y en avoit une qui portoit
Pavillon Moscovite, croisoient
devantStralzund,pour
empêcher qu'aucunBâtiment
pur y entrer ni en sortir.
On écrit de Varsovie que
quelques Officiers Turcs &
Tartares ennemis du Roy de
Suede,qu'on croit avoir été
gagnez voulurent le con-
Zt>raindre ,à partir avec une
escorte trop foible pour le
mettre en sureté. Il fut en
mesme temps averti que ces
Officiers vouloient le livrer
a ceux qui les avoient gagnez.
Ces avis l'obligerent à se retirer
à Warnitza
,
où il avoit
fait bastir une maison, autour
de laquelle il fit faire
des retranchements. On le
pressa de retourner à Bender,
pour se preparer à partir.
Mais ille rcfufa; disant qu'il
vouloit attendre la réponse
du Grand Seigneur,auquel
M
il avoir écrit. Ils resolurent
de l'attaquer avec un grand
,
nombre de Troupes.b Le
combat commença le 11.
Févriervers les dix heures du
matin; ce Prince donna des
marques d'une valeur extraordinaire
;mais lesretranchement
ayant été forcez il se
retira dans sa maison, où il
continua de se deffendre jusqu'à
ce que le feu y ayant été
mis, il sur obligé de se rendre,
ayant reçu deux ou
trois blessures. Il futconduit
à Bender, où il fut tres bien
reçu par le Seraskier & par
le
.leK-andciTartares, qui selon
les apparances
-
avoient été
trompez par quelque ordre
surprisousupposéduGrand
Seigneurauquelle Seraskier
avoïc envoyé un Courier,
pour lui rendre compte de ce
quis'étoitpassé. On assure
que le Roy de Suede avoit été
envoyé à Andrinople avec
une escorte, accompagné de
fcs deux Secreraires d'Etat,
-Ll-c doux Generaux &
de quarante autres de ses
gens, que l'on rassembloit
- tous les Suedois & Polonois
faits prisonniers, qui étoient
bien traitez: que cet évenement
n'avoir rien changé
aux dispositions des Turcs
pour faire la guerre aux
Moscovites: que le Hospodar
de Valaquie avoit ordre
de fournir mille chariots, &
celui de Moldavie deux mille;
& que le Sultandevoit partir
d'Andrinople à la fin de Mars
ou au commencement d'Avril
pour se rendre à Buba
& à Ifacki vers l'embouchure
du Danube.
On mande de Berlin que
l'Electeur de Brandebourg
fait de grands changemens
dans sa Cour, & parmi Tes
Officiers, qu'il a fait Maréchaux
de Camp Généraux le
Comte de Lothum & un
Prince de Holstein, outre
les deux faits par le feu Electeur
; que de douze Chambellans
qu'ilyavoit, il n'en retient
que quatre; qu'il a diminué
les appointemens de
ses Ministres dans les Cours
Etrangeres; & on dit qu'au
lieu d'Envoyez il ne veut plus
y avoir que des Residents.
On assuremême qu'il veut
faire donner à loü ge ou à
ferme toutes ses maisons de
plaisance excepté Oranjenbourg,
Potzdam, Coponik,
Wilsterhausen & celle de
Charlottenbourg qui estdestinéepourl'Electrice;
qtill
a écrit de sa main au President
Dankelman qui avoit
été disgracié par le feu Electeur,&
l'a déclaréson premier
Ministre; qu'il luy a
fait rendre tous ses biens
confisquez durant sa disgrace,
& qu'il a voulu le
charger de la Direction de
toutes ses principales JffJlres.
mais qu'il s'cft excusé de l'accepter,
promettant neannloins
de lefervir de tout [on
pouvoir de ses Conseils dans
tout ce qu'il lui ordonneroit.
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Résumé : Nouvelles de Hambourg.
Les troupes danoises, de retour des Pays-Bas, se sont installées dans le Duché de Bremen avant de traverser l'Elbe pour camper près de Lübeck. Cette manœuvre vise à prévenir une éventuelle diversion suédoise, renforcée par des troupes attendues de Suède et de Poméranie. Le général Steinbek a renforcé les retranchements à Gardingas avec des palissades et des canons. Les Moscovites ont tenté de couper les communications entre la cavalerie et l'infanterie suédoises, mais ont été repoussés. Les Suédois ont pris des mesures pour éviter un bombardement. Le roi de Danemark a imposé des contributions aux duchés de Holstein et de Schleswig. La ville de Hufum a payé huit mille écus, tandis que les habitants de Gottorp refusent de payer la somme demandée, craignant une exécution militaire. Le comte de Steinbock a proposé une suspension d'armes au roi de Danemark. Le colonel Meyer danois a débarqué à Heilighlandt pour chasser les Suédois retranchés. À Copenhague, l'amiral Thomsen a pris la mer avec une escadre pour empêcher le transport des troupes suédoises à Gortenbourg. La flotte danoise est en cours d'équipement. À Wismar, un parti de la garnison a défait un détachement moscovite. Des frégates danoises, dont une arborant le pavillon moscovite, croisent devant Stralzund pour bloquer les mouvements ennemis. À Varsovie, le roi de Suède, menacé par des officiers turcs et tartares, s'est retiré à Warnitza et a refusé de retourner à Bender. Après un combat, il a été capturé et conduit à Bender. Les Turcs continuent leurs préparatifs contre les Moscovites, rassemblant des chariots et des troupes. L'Électeur de Brandebourg a effectué des changements à sa cour, nommant de nouveaux maréchaux et réduisant les appointements des ministres. Il a rétabli le président Dankelman comme premier ministre, qui a refusé la direction des principales affaires mais a promis son soutien.
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7
p. 93-100
Nouvelles de Varsovie.
Début :
On mande de Varsovie, que dans la conference que les [...]
Mots clefs :
Varsovie, Roi Auguste, Polonais, Médiation, Amnistie, Tartares, Cosaques, Fortifications, Traité de paix, Ambassadeurs
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Varsovie.
Nouvelles de Varsovie.
•»"•J• Onmande deVarsovie,
que dans la conference que
les deux Envoyez ont euë
avec plusieurs Senateurs lk.
lesMinistres du Roy Auguste
, on avoit fait cinq
propositions ; sçavoir.
, Qu'une amnistiegeneraleseroit
accordée au Roy
Stanislas&àtous les Polonois
les adherans.
Quele Grand Seigneur
employeroit sa mediation
pour faire la paix entre les
Polonois & le Roy de Suede.
Que les Cosaques d'Orlik
, qui sont au nombre de
quatre-vingtmille, ob->
tinssent la permission de demeurerdans
l'UkrainePolonoise
;commeSujets de la
République.
Que l'on conferve aux
Tartaresétablis en Pologne
& en Lituanieles privileges
dont ilsjouissoient cidevant,
& que le Palatinat
de Posnanie soit restitué aUt
Roy Stanislas. 1 Le rapport de cette conserence
ayant été fait au
Roy Auguste,ilrépondit
que cherchant à rétablir la
tranquilitéenPologne
,
il
consentoit au premier &
au dernier article: mais
queles trois autres devoient
être examinezplus particulierement.
Neanmoins les
deux Envoyez étoient regalez&
traitezavecbeaucoup
dedistinction.Ils a(->
furent qu'aussitôtqu'ils seroient
retournez à Andrinople
,&qu'ils auroient
rendu compte de leur commission
, le traité de paix
feroit renouvcllé, & que
les ambassadeurs du Roy.
ôc dela
:
République se- j
roient renvoyezavec toute
forte de satisfaction. Malgre
toutes ces assurances,
on crainttoûjours que le
dessein desTurcs ne foit
d'amuser par toutes ces dé-
J marches le RoyAuguste, afinde gagnerdutemps& j
de penetrer les sentimens j
des Polonois, & même de
former des intrigues.Ils j
continuent
,
leurs preparatifs
pour la guerre, & tra- ]
vaillent avec empressement
aux
aux fortifications de Choc- -
zin : on a même appris que
leur armée grossissoit par
des nouvelles troupes, qui
prenoient leurs quartiers
d'hyver le long du Niester
& de la frontiere de Podolie,
& que le nombre des
Tartares s'augmentoit. On
mande d'Andrinople que
les ambassadeurs du Czar
avoient eu le13.Septembre
audiance du Grand-Vizir;
6c qu'on lui avoit presenté
la ratificationdu traité de
paix
rqu'illesavoit
exhor- ~.1 d téescekaui*de-
1- ,~~, 1.
pendroit deux pour parvenir
à la conclusion dela
paix, en terminantl'article
qui étoit demeuré indecis
touchant les sommes pretenduës
par le Kan des Tartares.
Les lettres de Hambourg
portent que la mortalicé
y diminuoit fort;que
les troupesduDuc de Hanover
étoient entrées dans
les 4.Bailliages qui dépendent
de cetteville, fous prétextede
garder les passages
& d'empêcher toute communicationavec
les Etatsde
leur;Maître;queleRoy de
Prusse avoit offert la permission
de porter de cette
ville dans ses Etats toute
forte de métaux & d'épiceries
,du bois de teinture,
& mêmede la soye ; que la
ville de Tonningen étoit
toujours étroitement bloquée
par les troupes Danoi,
ses; mais qu'on n'y manquoit
pas encore de pain,
de bière ni de sel; mais de
bois,dechandelle & d'huile
à brûler;que la garnison
étoit encore de quatre cent
soixante hommes en y
comprenant les malades,
dont le Commandant prenoit
grand soin. On mande
de Coppenhague que le
Colonel Viereg avoit levé
& presenté au Roy de Danemark
une compagniede
cent Cadets, tous fils de
Colonels, de Lieutenans-
Colonels, de Majors, de
Capitaines ou de Conseillers
, qui feront la garde
dans les apparcemens du
Palais, & feront instruits
dans l'artmilitaire, pour
être ensuite avancez selon
leur merite.
•»"•J• Onmande deVarsovie,
que dans la conference que
les deux Envoyez ont euë
avec plusieurs Senateurs lk.
lesMinistres du Roy Auguste
, on avoit fait cinq
propositions ; sçavoir.
, Qu'une amnistiegeneraleseroit
accordée au Roy
Stanislas&àtous les Polonois
les adherans.
Quele Grand Seigneur
employeroit sa mediation
pour faire la paix entre les
Polonois & le Roy de Suede.
Que les Cosaques d'Orlik
, qui sont au nombre de
quatre-vingtmille, ob->
tinssent la permission de demeurerdans
l'UkrainePolonoise
;commeSujets de la
République.
Que l'on conferve aux
Tartaresétablis en Pologne
& en Lituanieles privileges
dont ilsjouissoient cidevant,
& que le Palatinat
de Posnanie soit restitué aUt
Roy Stanislas. 1 Le rapport de cette conserence
ayant été fait au
Roy Auguste,ilrépondit
que cherchant à rétablir la
tranquilitéenPologne
,
il
consentoit au premier &
au dernier article: mais
queles trois autres devoient
être examinezplus particulierement.
Neanmoins les
deux Envoyez étoient regalez&
traitezavecbeaucoup
dedistinction.Ils a(->
furent qu'aussitôtqu'ils seroient
retournez à Andrinople
,&qu'ils auroient
rendu compte de leur commission
, le traité de paix
feroit renouvcllé, & que
les ambassadeurs du Roy.
ôc dela
:
République se- j
roient renvoyezavec toute
forte de satisfaction. Malgre
toutes ces assurances,
on crainttoûjours que le
dessein desTurcs ne foit
d'amuser par toutes ces dé-
J marches le RoyAuguste, afinde gagnerdutemps& j
de penetrer les sentimens j
des Polonois, & même de
former des intrigues.Ils j
continuent
,
leurs preparatifs
pour la guerre, & tra- ]
vaillent avec empressement
aux
aux fortifications de Choc- -
zin : on a même appris que
leur armée grossissoit par
des nouvelles troupes, qui
prenoient leurs quartiers
d'hyver le long du Niester
& de la frontiere de Podolie,
& que le nombre des
Tartares s'augmentoit. On
mande d'Andrinople que
les ambassadeurs du Czar
avoient eu le13.Septembre
audiance du Grand-Vizir;
6c qu'on lui avoit presenté
la ratificationdu traité de
paix
rqu'illesavoit
exhor- ~.1 d téescekaui*de-
1- ,~~, 1.
pendroit deux pour parvenir
à la conclusion dela
paix, en terminantl'article
qui étoit demeuré indecis
touchant les sommes pretenduës
par le Kan des Tartares.
Les lettres de Hambourg
portent que la mortalicé
y diminuoit fort;que
les troupesduDuc de Hanover
étoient entrées dans
les 4.Bailliages qui dépendent
de cetteville, fous prétextede
garder les passages
& d'empêcher toute communicationavec
les Etatsde
leur;Maître;queleRoy de
Prusse avoit offert la permission
de porter de cette
ville dans ses Etats toute
forte de métaux & d'épiceries
,du bois de teinture,
& mêmede la soye ; que la
ville de Tonningen étoit
toujours étroitement bloquée
par les troupes Danoi,
ses; mais qu'on n'y manquoit
pas encore de pain,
de bière ni de sel; mais de
bois,dechandelle & d'huile
à brûler;que la garnison
étoit encore de quatre cent
soixante hommes en y
comprenant les malades,
dont le Commandant prenoit
grand soin. On mande
de Coppenhague que le
Colonel Viereg avoit levé
& presenté au Roy de Danemark
une compagniede
cent Cadets, tous fils de
Colonels, de Lieutenans-
Colonels, de Majors, de
Capitaines ou de Conseillers
, qui feront la garde
dans les apparcemens du
Palais, & feront instruits
dans l'artmilitaire, pour
être ensuite avancez selon
leur merite.
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Résumé : Nouvelles de Varsovie.
À Varsovie, une conférence a réuni les envoyés du Grand Seigneur et des sénateurs polonais pour discuter de propositions visant à résoudre des conflits en Pologne. Cinq propositions ont été présentées : une amnistie générale pour le roi Stanislas et les Polonais, la médiation turque pour la paix entre les Polonais et le roi de Suède, la permission pour les Cosaques d'Orlik de rester en Ukraine polonaise, la conservation des privilèges des Tartares en Pologne et en Lituanie, et la restitution du Palatinat de Posnanie à Stanislas. Le roi Auguste a accepté les deux premières propositions mais a demandé un examen plus approfondi des trois autres. Les envoyés ont été bien reçus et assurés que le traité de paix serait renouvelé après leur rapport à Andrinople. Cependant, des inquiétudes subsistent quant aux intentions des Turcs, qui continuent leurs préparatifs de guerre. Par ailleurs, des nouvelles de Hambourg signalent une diminution de la mortalité et l'entrée des troupes du duc de Hanovre dans les bailliages dépendant de la ville. Le roi de Prusse a proposé de permettre l'importation de divers produits. La ville de Tonningen est toujours bloquée par les troupes danoises mais ne manque pas de nourriture. À Copenhague, le colonel Viereg a levé une compagnie de cadets pour la garde du palais et leur instruction militaire.
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8
p. 133-149
NOUVELLES.
Début :
Les Lettres de Warsovie portent que les Troupes Moscovites sorties [...]
Mots clefs :
Moscovites, Varsovie, Suède, Vizir, Turquie, Vienne, Sicile, Prusse, Finances
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
Les Lettres de Warsovic
portent que les Troupes Moscovites
sorties de Pomeranie
marchent en trois Corps par
trois routes différentes;dont
l'un est commandé par le
Prince Dolherou l'aurre par
le Prince Repuin
,
& le troisiéme
par le General Baver.
Ils sont accompagnez par des
Commissaires pourempêcher
les desordres.
On mande de Moldavie
,
que le Roy de Suede, le Roy
Stanislas, & cous ceux de leur
parti, estoienc très bien traitez,
& que les Ambassadeurs
du Czar avoient esté renvoyez
à Constantinople,que
rArmeeOcromanceOoic tou-
-
jours campée auprès deChoczin,
que les Tartares se font
[ éloignez feulement de six
lieues3 pour la commodité
des sourages, qu'on travaille
toûjours en diligence aux Fortifications
de cette Place, & -rneme; à conftruirc des barfaques
pour y faire hiverner
unepartie de l'Armée
,
& le
reste en Moldavie, en Walaquic,
ôc au voisinage du Danube.
Les Lettres de'Turquie venues
par la voye de Walaquie
portent que le Grand Vizir
avoir dctlaré aux Ambassadeurs
Mascovites & Polonois,
qu'il n'y auroit point
de Paix iurqg-àce que leCzar
eue consenti à payer par an
quatre vingt milleflorins au
Kam des Tartares, ourre les
arrerages du tribut qu'il prétend
luy estre dûs, que la Pologne
ne cedeunepartiede la
basse Podolie, avec sept territoires
de l'Ukraine où les
Colaques qui ont pris le parti
du Roy de Suede vivoient
possiblement,queleRoy Sta-
11:11Js rentrera dans ses biens
& diolnircz) & que la Republique
promettra que s'il wurvit
au Roy Auguste, elle ne
prendra point d'autre Roy
que luy. Enfin qu on laissera
passer librement le Roy de
Suede par la Pologne, avec
une efeorte de six milleTurcs.
Ces Lettresajoûtent qu'encore
que la disposition des affaires
paroisse tres -
favorable
pour le Roy de Suede, ce
Prince souhaite fortement de
retourner dans les Etats, &
qu'il se mettra en chemin
aussi tost qu'ille pourra faire
avec seureté.
On mande de Hambourg
que la mortalité diminuë de
plus en plus en plus. Néanmoins
les Troupes Danoises
occupent encore le Posse de la
Montagne prés de cetteVille,
pour empêcher toute communication
avec le pays de
Hollfein,&leDuc deHanover
adenouveauinterdittouteommerce
avec Ces Etats,que le Baron
de Kartzvoch, Refidenc
de la Cour deVienne, fit fev
voir au Comte de Welling
que , cette Cour avoit fixé au
ij. Décembre le jour qu'on
devoir tenir àBrunswick une
Assemblée pour terminer à
lamiable les affaires du Nord,
& que les Suédois pourroient
y envoyer un Ministre, &
que la Ville de Tonningen
cliort réduite à lineextrême
necefficé, faute de vivres:
mais on assure que le Roy de
Dannemarck estoit disposé à
y laiflcr enrrer quelques provisions
,
qu'il avoit écrit au
Roy de Prussequ'ilconfentiroitc
à lever le Blocus & à
retirer ses Troupes, pourvû
qu'ildemeurât en possession
de cout le DuchédeSlefwick,
juiqu'à la fin de le Négociauon.
On écrit de Stokholm du 8.
Novembre que les deux mille
Moscovites qui estoient dans
la Ville d'Abo s'étoient retirez
à l'approche du Contre-
Amiral Taube avec des Galeres
, craignant qu'il ne mit des
Vaisseaux pour les couper, &
qu'après avoir visité Abo
,
il
estoit allé joindre la Flot c
Suedoise, qui croisoit de ce
coHé.là, qu'un renfort de
Troupes n'attendoit qu'un
vent favorable pour faire voile
vers la Finlandey qu'elles
seront commandées avec celles
quiy sont déja,par le General
Taube, ayant fous luy
les Majors Généraux Schommer
& Licben : que le General
Lubecker qui commandoit
cidevant en Finlande
,
avoit esté rappelle à
Stokolm
,
où il estoit arrivé,
& qu'on vouloit lay faire
rendre compte de laconduite
qu'il avoit tenue à la premiere
defeente que les Moscovites
avoient faue en Finlande.
Les Lettres de Vienne portent
que les Etats de la Basse
Autriche s'éstant assemblez
en cette Ville, le Cornee de
Zinzendorss, Chancelier dela
Cour, après leur avoir faitun
discours, leur demanda un
fubfidc de six cent milleflorins,
avec unerecrue de trois
mille trois cent Fantassins.,&
une autre de quatre cent foixante-
quatre Cavaliers , &
une de deux cent trente trois
Dragons, pour rendre complcts
les Ré giments de leur
répartition,qu'on avec envoyéoidre
au Prince Eugene
d'entrer en conference avec
le Maréchal de Villars.
Celles dePalerrae portent
que le Roy & ta Reine de Sicile
avoicnt reçûlesfournirions
& les compliments de toutes
lesVilles & des Principaux Seigneurs
Siciliens qu'ils avoienc
ICÇÛ avec beaucoup de bonté;
de forte que laNoblesse&les
Peuples estoient également
satisfaits, & que le Roy de
Sicile commençoit à s'iréformerdel'étatdesFinabcespour
les remettrern meilleur,
état & réformer ptafteurs
abus
,
qu'il travailloit avecune
application extraordinaire
à rétablir le bon ordre
dans le Gouvernement, ayant
déjà ordonné qu'on payât à
plusieurs perTonnes les fomnies
qui leur estoient dcûcs
par des Seigneurs qui refufoientde
les fatisfairc,qu'il avoit
recommandé aux Barons
de ne pas donner retraite dans
leurs Terres à des bandis &
àdes scelerats qui commettoient
plusieurs desordres *
fous peine d'en estre responsables.
On écrit de Londres que la
Reine avoit donne le Regiment
de Cavalerie du Lieutenant
General Langsdor au.
Brigadier Joceline
,
celuy
d'Infanterie du Colonel Durell
, au Brigadier Hams Hamilton
& celuy de ce dernier
au Colonel Chudleigh
que les Regiments de Popper,
d'Evans autres qui estoient
à la paye d'Angleterre , avoient esté réduits à la paye
d'Irlande
,
le Regiment de
Cavalerie de Mylord Vindlor
a esté caffé,mais il a encore fcRegiment chfCavalerie du
feu General Wood qui est en
Fiantes& quiavecceluy dq
General
General Lumley & celuy des
Gardes du Comte de Peterborough
,
font les seuls Regimens
de Cavalerie qui doivent
estre conservez à la paye Angloise
outre les Gardes du
Corps
,
qu'on avoit établi
cinq Commissaires ,qui sont
le Chevalier Guillaume Giffard,
les Sieurs Samuel Hunter,
Nicolas Roop ,Thomas
Coleby ,& Thomas Lèyron;
pour casser les Regiments de
Marine. La Compagnie de la
Mer du Sud à quatre Vaisseaux
chargez de toutes sortes
de Marchandises & prêts à
faire voile pour aller prendre
des Negres sur lacosted'Afrique&
les transporter à l'Amerique
Espagnole,suivant
le Contrat d'Assiento fait
avec l'Espagne.
On mande de Hollande
qu'on travaille à terminer les
difficultez qui empêchent la
conclusion de la Paix d'Espaavec
lePortugal &cetEtat,
& que les Ministres de Sa
Majesté Catholique ont eû
sur ce sujet deux conferences
à Rosendalavecl''Evêque de
Londres, que lesieur de Goflingarevint
de Frise le 5. Decembre,
à la Haye
,
il se prépare
à partir dans peu de
jours avec le sieur Buys, pour
leur Ambassade à la Cour de
France.
On écrit de Bruxelles que
les Regiments de Cavalerie
de Vander Nath & de Borle
cy-devant Wales quiestoient
à la solde Angloise
,
estoient
ePntrerzuau fSelrviTce dcu R.oy de
OnmandedeCologne qquuet
les partis Françoisfaisoient
des courses en ce pays lef..
quels avoient enlevé plusieurs
Marchands de Cologne qui
revenoienc de la foire de Bonne
avec leurs Marchandises.
Les Lettres de Strasbourg
portent, que le Maréchal de
Villarsen estoit parti le ij.
Novembre pour aller au
Fort Loüis,d'où il partit le29.
pour se rendre au Chasteau
de Rastat dans le Marquisat
de Bade
,
où il afriva àtrois
heures après midy
, pour y
traiter de la Paix Generale
avec le Prince EugenedeSavoye,
lequel y arriva le même
jour. Le Maréchal de Villars
alla le recevoir versJe haut
de l'escalier,où ils se presenterent
mutuellement les Seigneurs
qui les accompagnent,
& ensuite il leconduisitdans
sonappartement,d'où aprés
un quart-d'heured'entretien
le Prince Eugene conduisit à
son tour le Maréchal de
Villars dans sonappartement.
Les Conferences devoient
commencer dans peu ,
s'étant
déja de part & d'autre
communiqué leurs Pleinspouvoirs,
que les Troupes du
Roy, & celles des Ennemis
estoient en marche pour aller
prendreleurs quartiers d'hyver.
Les Lettres de Warsovic
portent que les Troupes Moscovites
sorties de Pomeranie
marchent en trois Corps par
trois routes différentes;dont
l'un est commandé par le
Prince Dolherou l'aurre par
le Prince Repuin
,
& le troisiéme
par le General Baver.
Ils sont accompagnez par des
Commissaires pourempêcher
les desordres.
On mande de Moldavie
,
que le Roy de Suede, le Roy
Stanislas, & cous ceux de leur
parti, estoienc très bien traitez,
& que les Ambassadeurs
du Czar avoient esté renvoyez
à Constantinople,que
rArmeeOcromanceOoic tou-
-
jours campée auprès deChoczin,
que les Tartares se font
[ éloignez feulement de six
lieues3 pour la commodité
des sourages, qu'on travaille
toûjours en diligence aux Fortifications
de cette Place, & -rneme; à conftruirc des barfaques
pour y faire hiverner
unepartie de l'Armée
,
& le
reste en Moldavie, en Walaquic,
ôc au voisinage du Danube.
Les Lettres de'Turquie venues
par la voye de Walaquie
portent que le Grand Vizir
avoir dctlaré aux Ambassadeurs
Mascovites & Polonois,
qu'il n'y auroit point
de Paix iurqg-àce que leCzar
eue consenti à payer par an
quatre vingt milleflorins au
Kam des Tartares, ourre les
arrerages du tribut qu'il prétend
luy estre dûs, que la Pologne
ne cedeunepartiede la
basse Podolie, avec sept territoires
de l'Ukraine où les
Colaques qui ont pris le parti
du Roy de Suede vivoient
possiblement,queleRoy Sta-
11:11Js rentrera dans ses biens
& diolnircz) & que la Republique
promettra que s'il wurvit
au Roy Auguste, elle ne
prendra point d'autre Roy
que luy. Enfin qu on laissera
passer librement le Roy de
Suede par la Pologne, avec
une efeorte de six milleTurcs.
Ces Lettresajoûtent qu'encore
que la disposition des affaires
paroisse tres -
favorable
pour le Roy de Suede, ce
Prince souhaite fortement de
retourner dans les Etats, &
qu'il se mettra en chemin
aussi tost qu'ille pourra faire
avec seureté.
On mande de Hambourg
que la mortalité diminuë de
plus en plus en plus. Néanmoins
les Troupes Danoises
occupent encore le Posse de la
Montagne prés de cetteVille,
pour empêcher toute communication
avec le pays de
Hollfein,&leDuc deHanover
adenouveauinterdittouteommerce
avec Ces Etats,que le Baron
de Kartzvoch, Refidenc
de la Cour deVienne, fit fev
voir au Comte de Welling
que , cette Cour avoit fixé au
ij. Décembre le jour qu'on
devoir tenir àBrunswick une
Assemblée pour terminer à
lamiable les affaires du Nord,
& que les Suédois pourroient
y envoyer un Ministre, &
que la Ville de Tonningen
cliort réduite à lineextrême
necefficé, faute de vivres:
mais on assure que le Roy de
Dannemarck estoit disposé à
y laiflcr enrrer quelques provisions
,
qu'il avoit écrit au
Roy de Prussequ'ilconfentiroitc
à lever le Blocus & à
retirer ses Troupes, pourvû
qu'ildemeurât en possession
de cout le DuchédeSlefwick,
juiqu'à la fin de le Négociauon.
On écrit de Stokholm du 8.
Novembre que les deux mille
Moscovites qui estoient dans
la Ville d'Abo s'étoient retirez
à l'approche du Contre-
Amiral Taube avec des Galeres
, craignant qu'il ne mit des
Vaisseaux pour les couper, &
qu'après avoir visité Abo
,
il
estoit allé joindre la Flot c
Suedoise, qui croisoit de ce
coHé.là, qu'un renfort de
Troupes n'attendoit qu'un
vent favorable pour faire voile
vers la Finlandey qu'elles
seront commandées avec celles
quiy sont déja,par le General
Taube, ayant fous luy
les Majors Généraux Schommer
& Licben : que le General
Lubecker qui commandoit
cidevant en Finlande
,
avoit esté rappelle à
Stokolm
,
où il estoit arrivé,
& qu'on vouloit lay faire
rendre compte de laconduite
qu'il avoit tenue à la premiere
defeente que les Moscovites
avoient faue en Finlande.
Les Lettres de Vienne portent
que les Etats de la Basse
Autriche s'éstant assemblez
en cette Ville, le Cornee de
Zinzendorss, Chancelier dela
Cour, après leur avoir faitun
discours, leur demanda un
fubfidc de six cent milleflorins,
avec unerecrue de trois
mille trois cent Fantassins.,&
une autre de quatre cent foixante-
quatre Cavaliers , &
une de deux cent trente trois
Dragons, pour rendre complcts
les Ré giments de leur
répartition,qu'on avec envoyéoidre
au Prince Eugene
d'entrer en conference avec
le Maréchal de Villars.
Celles dePalerrae portent
que le Roy & ta Reine de Sicile
avoicnt reçûlesfournirions
& les compliments de toutes
lesVilles & des Principaux Seigneurs
Siciliens qu'ils avoienc
ICÇÛ avec beaucoup de bonté;
de forte que laNoblesse&les
Peuples estoient également
satisfaits, & que le Roy de
Sicile commençoit à s'iréformerdel'étatdesFinabcespour
les remettrern meilleur,
état & réformer ptafteurs
abus
,
qu'il travailloit avecune
application extraordinaire
à rétablir le bon ordre
dans le Gouvernement, ayant
déjà ordonné qu'on payât à
plusieurs perTonnes les fomnies
qui leur estoient dcûcs
par des Seigneurs qui refufoientde
les fatisfairc,qu'il avoit
recommandé aux Barons
de ne pas donner retraite dans
leurs Terres à des bandis &
àdes scelerats qui commettoient
plusieurs desordres *
fous peine d'en estre responsables.
On écrit de Londres que la
Reine avoit donne le Regiment
de Cavalerie du Lieutenant
General Langsdor au.
Brigadier Joceline
,
celuy
d'Infanterie du Colonel Durell
, au Brigadier Hams Hamilton
& celuy de ce dernier
au Colonel Chudleigh
que les Regiments de Popper,
d'Evans autres qui estoient
à la paye d'Angleterre , avoient esté réduits à la paye
d'Irlande
,
le Regiment de
Cavalerie de Mylord Vindlor
a esté caffé,mais il a encore fcRegiment chfCavalerie du
feu General Wood qui est en
Fiantes& quiavecceluy dq
General
General Lumley & celuy des
Gardes du Comte de Peterborough
,
font les seuls Regimens
de Cavalerie qui doivent
estre conservez à la paye Angloise
outre les Gardes du
Corps
,
qu'on avoit établi
cinq Commissaires ,qui sont
le Chevalier Guillaume Giffard,
les Sieurs Samuel Hunter,
Nicolas Roop ,Thomas
Coleby ,& Thomas Lèyron;
pour casser les Regiments de
Marine. La Compagnie de la
Mer du Sud à quatre Vaisseaux
chargez de toutes sortes
de Marchandises & prêts à
faire voile pour aller prendre
des Negres sur lacosted'Afrique&
les transporter à l'Amerique
Espagnole,suivant
le Contrat d'Assiento fait
avec l'Espagne.
On mande de Hollande
qu'on travaille à terminer les
difficultez qui empêchent la
conclusion de la Paix d'Espaavec
lePortugal &cetEtat,
& que les Ministres de Sa
Majesté Catholique ont eû
sur ce sujet deux conferences
à Rosendalavecl''Evêque de
Londres, que lesieur de Goflingarevint
de Frise le 5. Decembre,
à la Haye
,
il se prépare
à partir dans peu de
jours avec le sieur Buys, pour
leur Ambassade à la Cour de
France.
On écrit de Bruxelles que
les Regiments de Cavalerie
de Vander Nath & de Borle
cy-devant Wales quiestoient
à la solde Angloise
,
estoient
ePntrerzuau fSelrviTce dcu R.oy de
OnmandedeCologne qquuet
les partis Françoisfaisoient
des courses en ce pays lef..
quels avoient enlevé plusieurs
Marchands de Cologne qui
revenoienc de la foire de Bonne
avec leurs Marchandises.
Les Lettres de Strasbourg
portent, que le Maréchal de
Villarsen estoit parti le ij.
Novembre pour aller au
Fort Loüis,d'où il partit le29.
pour se rendre au Chasteau
de Rastat dans le Marquisat
de Bade
,
où il afriva àtrois
heures après midy
, pour y
traiter de la Paix Generale
avec le Prince EugenedeSavoye,
lequel y arriva le même
jour. Le Maréchal de Villars
alla le recevoir versJe haut
de l'escalier,où ils se presenterent
mutuellement les Seigneurs
qui les accompagnent,
& ensuite il leconduisitdans
sonappartement,d'où aprés
un quart-d'heured'entretien
le Prince Eugene conduisit à
son tour le Maréchal de
Villars dans sonappartement.
Les Conferences devoient
commencer dans peu ,
s'étant
déja de part & d'autre
communiqué leurs Pleinspouvoirs,
que les Troupes du
Roy, & celles des Ennemis
estoient en marche pour aller
prendreleurs quartiers d'hyver.
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Résumé : NOUVELLES.
En Europe, plusieurs mouvements militaires et diplomatiques sont rapportés. En Pologne, les troupes moscovites, dirigées par les princes Dolherou, Repuin et le général Baver, avancent par trois routes distinctes. En Moldavie, le roi de Suède et Stanislas sont bien traités, tandis que les ambassadeurs du Czar ont été renvoyés à Constantinople. L'armée ottomane est stationnée près de Choczin, où des fortifications sont en construction pour l'hiver. En Turquie, le Grand Vizir informe les ambassadeurs moscovites et polonais que la paix ne sera possible que si le Czar paie un tribut annuel aux Tartares et que la Pologne cède une partie de la basse Podolie et de l'Ukraine. Stanislas récupérera ses biens et droits, et la Pologne ne choisira pas d'autre roi. Le roi de Suède pourra traverser la Pologne avec une escorte turque. À Hambourg, la mortalité diminue, mais les troupes danoises occupent encore des positions stratégiques. Le duc de Hanovre a interdit le commerce avec certains États. Le baron de Kartzvoch informe le comte de Welling que l'Autriche organise une assemblée à Brunswick pour régler les affaires du Nord. La ville de Tonningen est en difficulté, mais le roi de Danemark est prêt à envoyer des provisions. À Stockholm, deux mille Moscovites se sont retirés à l'approche du contre-amiral Taube. Des renforts suédois se préparent à rejoindre la Finlande. Le général Lubecker, ancien commandant en Finlande, a été rappelé à Stockholm pour rendre compte de sa conduite. À Vienne, les États de la Basse-Autriche ont voté un subside et des recrues pour compléter les régiments. Le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie discutent de la paix générale. Les troupes françaises et ennemies se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver. En Sicile, le roi et la reine ont reçu des fournitures et des compliments des villes et seigneurs siciliens. Le roi travaille à réformer les finances et à rétablir l'ordre. À Londres, la reine a redistribué plusieurs régiments de cavalerie et d'infanterie. Cinq commissaires ont été nommés pour casser les régiments de marine. La Compagnie de la Mer du Sud prépare des vaisseaux pour le commerce des esclaves en Amérique espagnole. En Hollande, des efforts sont en cours pour conclure la paix entre l'Espagne et le Portugal. Les ministres espagnols ont eu des conférences à Rosendal avec l'évêque de Londres. Le sieur de Gosling se prépare à partir pour une ambassade en France. À Bruxelles, les régiments de cavalerie de Vander Nath et de Borlecy sont passés au service du roi d'Espagne. En Cologne, des partisans français font des incursions et enlèvent des marchands. À Strasbourg, le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie se sont rencontrés à Rastatt pour discuter de la paix générale. Les troupes françaises et ennemies se préparent à prendre leurs quartiers d'hiver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 12-128
HISTOIRE nouvelle.
Début :
La peste qui exerce souvent de furieux ravages dans les [...]
Mots clefs :
Amour, Monde, Veuve, Coeur, Dames, Dame, Cavalier, Chambre, Mort, Gentilhomme, Charmes, Affaires, Esprit, Comte, Rome, Pologne, Femmes, Roi, Ambassadeur, Tendresse, Hymen, Valet de chambre, Paris, Comte, Cavalier français, Aventures, Connaissances, Duc, Fête, Veuve, Yeux, Beauté, Maison, Récit, Amis, Compagnie, Voyage, Mariage, Province, Étrangers, Peste, Curiosité, Honneur, Bosquet, Hommes, Varsovie
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texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE nouvelle.
HISTOIRE
nouvelle .
LA peſte qui exerce
ſouvent de furieux ravages
dans lesPaïsduNord,
avoit déja détruit prés
d'un tiers de la belle Ville
de Varſovie , ceux de ſes
habitans qui avoient
quelque azile dans les
campagnes , l'abandonnoient
tous les jours ;
pluſieurs alloient à cent
GALANT. 13
lieuës&plus loin encore,
chercher à ſe preſerver
des perils de la conta
gion , lorſque la Palatine
de ... arriva à Dantzic
avec pluſieurs Dames de
confideration qui n'avoient
pas voulu quitter
Varſovie ſans elle.
Le Marquis de Canop
qui eſt un des plus dignes
& des plus honneftes
homes qu'on puiſſe voir,
& qui jouoit un tresgrand
rôle en Pologne ,
14 MERCURE
eſtoit alors à Dantzic ,
où il receut la Palatine
avec tous les honneurs &
toutes les feftes qu'on
puiſſe faire àune des plus
charmantes & des plus
grandes Princeſſes du
monde.drov mes
Des intereſts d'amour,
autant que la crainte de
la maladie , avoient dé
terminé pluſieurs Sei
gneurs Polonois à ſuivre
la Palatine & les Dames
qui l'accompagnoient :
GALANT.
ces Illuſtres captifs qui
n'avoient point abandon-
-néle Char de leur Maitreffe
pendant leur route ,
regarderent leur retraite
à Dantzic , comme l'azile
dumõde le plus favorable
à leurs foupirs. Mais parmi
tant de jeunes beautez
qui briguoient peuteſtre
encore plus d'hommages
qu'elles n'en recevoient
, rien n'eftoit plus
admirable , que le droit ,
qu'uneDame autant ref-
وت
16 MERCURE
pectable par la majeſté
de ſes traits , que par le
nombre de ſes années ,
ſembloit avoir ſur les
cooeurs de tous ceux qui
l'approchoient.
Il n'eſt pas eſtonnant
qu'à un certain âge , on
plaiſe à quelqu'un , mais
quelque beau retour
qu'on puiſſe avoir , il eſt
rare que dans un âge
avancé, on plaiſe à tout
le monde.
La Dame dont je parle,
&
GALANT. 17
&qui avoit cet avantage,
ſe nommoit alors Madame
Belzeſca , elle avoit
eü déja trois maris , &
au moins mille Amants,
elle s'eſtoit tousjours conduite
avec tant de difcretion
& d'innocence , que
les plus hardis & les plus
emportés de ſes adorateurs
n'avoient jamais ofé
donner la moindre atteinte
à ſa réputation : enfin à
quinze ans elle avoit ſou
ſe faire reſpecter comme
May1714. B
18 MERCURE
à ſoixante , & à foixante
paffées ſe faire aimer &
fervir comme à quinze.
Une femme de fa Province,
de fon âge , & qui
depuis fon premier mariage
l'a ſervie juſqu'à
préſent , m'a conté dix
fois fon hiſtoire , comme
je vais la raconter.
Voicy à peu prés ce
que jay retenu de fes
avantures.
Madame Belzeſca eft
originaire d'un Villagede
:
GALANT 12
!
Tourainne , fon Pere qui
eſtoit frere du Lieutenant
Generald'une des premieres
Villes de cette Province
, y poffedoit des biens
affez confiderables . Elle
reſta ſeule de 9. enfants
qu'eut ſa Mere , qui ne
l'aima jamais. Satendreſſe
pour un fils qu'elle avoit,
lorſqu'elle vint au monde;
en fit à ſon égard une
maraſtre ſi cruelle , que
l'oin d'accorder la moindre
indulgence aux ſentih
Bij
20 MERCURE
>
ments de la nature , quelques
efforts que fit fon
mary pour la rendre plus
humaine , elle ne voulut
jamais confentir à la voir.
Cette averſion s'eſtoit
fortifiée dans ſon coeur
ſur la prédiction d'un Berger
qui luy dit un jour ,
deſeſperé des mauvais
traittements dont elle
l'accabloit , qu'elle portoit
en fon fein un enfant
qui le vangeroitdesmaux
qu'elle luy faifoit. Cette
GALANT. 21
malheureuſe Prophetie
s'imprima ſi avant dans
ſon ame , que l'exceffive
haine qu'elle conceut
pour le fruit de cette couche
, fut l'unique cauſe
de la maladie dont elle
mourut. L'enfant qui en
vint , fut nommé Georgette
Pelagie le ſecond
jour de ſa naiſſance , &le
troifiéme emmenée dans
le fond d'un Village , où
la fecrette pieté de fon
Pere , &la charité de ſa
22. MERCURE
tendre nourrice l'elevérent
juſqu'à la mort de fa
mere , qui , eutà peine les
yeux fermés, qu'on ramena
ſa fille dans les lieux
où elle avoit receu le jour.
Pelagie avoit alors prés
de douze ans , &déja elle
eſtoit l'objet de la tendrefſe
de tous les habitans ,
&de tous les voiſins du
Hameau dont les foins
avoient contribué à la
mettre à couvert des rigueurs
d'une mere inhu
4
GALANT. 23
|
€
maine. Ses charmes naiffans,
avec mille graces naturelles
, ſa taille & fes
traits qui commençoient
à ſe former , promettoient
tant de merveilles aux
yeux de ceux qui la vor
yoient, que tous les lieux
d'alentour s'entretenoient
déja du bruit de ſa beauté.
Un eſprit tranquille ,
un temperament toûjours
égal , une grande attention
ſur ſes diſcours , &&&
une douceur parfaite
1
24 MERCURE
avoient preſque réparé
en elle le déffaut de l'éducation
, lorſque ſon Pere
réſolut de la conduire à
Tours.Quoyque l'air d'une
Ville de Province , &
celuy de la campagne ſe
reffemblent affés , elle ne
laiſſa pas de trouver là
d'honneſtes gens qui regarderent
les ſoins de l'inſtruire
comme les plus
raiſonnables foins du
monde. Mais il eſtoit
temps que le Dieu qui
fait
GALANT. 25
fait aimer commençaſt a
ſe meſler de ſes affaires ,
& que fon jeune coeur
apprit à ſe ſauver des pieges
& des perils de l'amour.
La tendreſſe que
ſes charmes inſpiroient
échauffoit tous les coeurs,
à meſure que l'art poliffoit
ſon eſprit , & fon
eſprit regloit ſes ſentimens
à meſure que la
flatterie eſſayoit de corrompre
ſes moeurs. Mais
c'eſt en vain que nous
May 1714.
,
C
26 MERCURE
prétendons nous arranger
fur les deſſeins de noſtre
vie , toutes nos précautions
ſont inutiles contre
les arreſts du deſtin .
Le Ciel refervoit de
trop beaux jours à l'heureuſe
Pelagie ſous les
loix de l'amour , pour
lui faire apprehender davantage
les écuëils de fon
empire. Cependant ce fut
une des plus amoureuſes
& des plus funeftes avantures
du monde qui déGALANT.
27
termina ſon coeur à la
tendreſſe.
Un jour ſe promenant
avec une de ſes amies ſur le
bord de la Loire , au pied
de la celebre Abbaye de
Marmoutier,elle apperceut
au milieu de l'eau un petit
batteaudécouvert , dans lequel
étoient deux femmes ,
un Abbé ,& le marinier qui
les conduiſoità Tours : mais
ſoit que ce bateau ne valuſt
rien ou que quelque malheureuſe
pierre en euſt écarté
les planches , en un moment
tout ce miferable é-
Cij
28. MERCURE
quipage fut enseveli ſous
les eaux. De l'autre coſté
de la riviere deux cavaliers
bien montez ſe jetterent à
l'inſtant à la nage pour ſecourir
ces infortunez ; mais
leur diligence ne leur ſervit
au peril de leur vie , qu'au
falut d'une de ces deux femmes
, que le moins troublé
de ces cavaliers avoit heureuſement
attrapée par les
cheveux , & qu'il conduifit
aux pieds de la tendre Pelagie
, qui fut fi effrayée de
cet affreux ſpectacle , qu'elle
eutpreſque autant beſoin
GALANT. 29
!
de ſecours , que celle qui
venoit d'eſtre ſauvée de cet
évident naufrage , où l'autre
femme & l'Abbé s'eftoient
desja noyez .
:
Le cavalier qui avoit eſté
le moins utile au falut de la
perſonne que ſon ami venoit
d'arracher des bras
de la mort , eſtoir cependant
l'amant aimé de la Dame
délivrée ; mais ſon amour
, fon trouble & fon
deſeſpoir avoient telle.
ment boulversé ſon imagination
, que bien loin de ſe
courir les autres , il ne s'en
C iij
30 MERCURE
fallut preſque rien qu'il ne
perift luy meſme: enfin fon
cheval impetueux le remit
malgré luy au bord d'où il
s'eſtoit précipité ; auffi- toft
il courut à toute bride, iltraverſa
la ville , & pafla les
ponts pour ſe rendre fur le
rivage , où ſa maiſtreſſe recevoit
toute forte de nouveaux
foulagements de Pelagie
, de ſa compagne , &
de ſon ami.
L'intrepidité du liberateur,
ſa prudence , ſes ſoins
& fa bonne mine pafferent
fur le champ pour des mer
GALANT. 31
veilles aux yeux de Pelagie,
De l'admiration d'une certaine
eſpece , il n'y a ordinairement
, ſans qu'on s'en
apperçoive , qu'un pas à
faire à l'amour , & l'amour
nous mene ſi loin naturellement
qu'il arrache bientoſt
tous les conſentements
de noſtre volonté. En vain
l'on ſe flatte d'avoir le tems
de reflechir , en vain l'on
veut eſſayer de ſoumettre
le coeur à la raiſon , l'eſprit
dans ces occafions eft tousjours
ſeduit par le coeur , on
regarde d'abord l'objet avec
C iiij
32 MERCURE
complaiſance.les préjugez
viennent auſſi toſt nous é
tourdir , & nous n'eſperons
ſouvent nous mieux deffendre
, que lorſque noſtre inclination
nous determine à
luytout ceder.
La tendre Pelagie eſtonnée
de ce qu'elle vient de
voir , n'ouvre ſes yeux embaraffés
, que pour jetter
des regards languiſſans
vers la petite maiſon , où
quelques Payſans aidés de
nos deux Cavaliers emportent
la Dame qui vient d'eftre
delivrée de la fureur
GALANT. 33
des flots. Elle n'enviſage
plus l'horreur du peril
qu'elle lui a vû courir ,
comme un ſpectacle ſi digne
de compaſſion , peu
s'en faut meſme qu'elle
n'envie ſon infortune.
Quoique ſes inquietudes
épouvantent ſon coeur , fes
intereſts ſe multiplient , à
meſure que cette troupe
s'éloigne d'elle . Elle croit
desja avoir démeflé que
ſon Cavalier ne ſoupire
point pour la Dame , ni la
Dame pour lui ; neanmoins
ſon eſprit s'en fait
34 MERCURE
une Rivale , elle aprehende
qu'un ſi grand ſervice
n'ait quelqu'autre motif
que la pure generofité , ou
pluſtoſt elle tremble qu'un
amour extreſme ne ſoit la
récompenſe d'un fi grand
ſervice. Cependant elle retourne
à la Ville , elle ſe
met au lit , où elle ſe tour.
mente , s'examine & s'afflige
, à force de raiſonner
fur certe avanture , dont
chacun parle à ſa mode
elle la raconte auffi tous
و
ceux qui veulent l'entendre
, mais elle s'embaraſſe
GALANT.
35
,
د tellement dans ſon récit
qu'il n'y a que l'indulgence
qu'on a pour ſon innocence
& ſa jeuneſſe , qui déguiſe
les circonſtances
qu'elle veut qu'on ignore.
Le Chevalier de Verſan
de ſon coſté ( C'eſt le
nom du Cavalier en qui
elle s'intereſſe , ) le Chevalier
de Verſan dis-je ,
n'eſt pas plus tranquille. La
belle Pelagie eſt tousjours
preſente à ſes yeux , enchanté
de ſes attraits , il va,
court , & revient , par tout
ſa bouche ne s'ouvre , que
36 MERCURE
,
,
pour vanter les appas de
Pelagie. Le bruit que cet
Amant impetueux fait de
fon amour frappe auflitoſt
ſes oreilles , elle s'applaudit
de ſa conqueſte
elle reçoit ſes viſites , écoute
ſes ſoupirs , répond à ſes
propoſitions , enfin elle
conſent , avec ſon Pere ,
que le flambeau de l'hymen
éclaire le triomphe de
fon Amant. Cette nouvelle
allarme , & deſeſpere
en vain tous ſes Rivaux. Il
eſt heureux déja. La fortune
elle-mefme pour le com
bler de graces vient atta
cher de nouveaux préſens
aux faveurs de l'amour. La
mort de ſon frere le fait
heritier de vingt mille livres
de rente. Le Chevalier
devient Marquis : nouvel
& précieux ornement
aux douceurs d'un tendre
mariage. Mais tout s'uſe
dans la vie , l'homme ſe
demaſque , la tendreſſe reciproque
s'épuiſe imper
ceptiblement , on languit ,
on ſe quitte , peut - eſtre
meſme on ſe hait , heureux
encore ſi l'on ne fouf
38 MERCURE
fre pas infiniment des caprices
de la déſunion Mais
Prices d la mort & l'amour ſe rangent
du parti de Madame
la Marquiſe de ... que ,
pour raiſon difcrette , je
nommerai Pelagie , juſqu'à
ce qu'elle foit Madame
Belzeſca.
Ainfi l'heureuſe Pelagie
aprés avoir goufté pendant
cinq ans toutes les douceurs
de l'hymen , ne ceſſe d'aimer
fon mary ( inconſtant
huit jours avant elle )
que fix ſemaines avant ſa
mort.
GALANT. 39
Un fils unique , ſeul &
cher gage de leur union ,la
rend àvingt ansheritiere &
dépofitaire des biensdu défunt.
Elle arrange exacte
ment toutes ſes affaires, elle
abandonne tranquillement
la province , & fe rend à
Paris avec fon fils .
De quel pays , Madame ,
luy dit- on,dés qu'on la voit,
nous apportez-vous tant de
beauté? dans quelle obſcure
contrée avez - vous eu le
courage d'enſevelir ju qu'a
preſent tant de charmes ?
que vous eſtes injuſte d'a
40 MERCURE
voir ſi long - temps honoré
de voſtre preſence des lieux
preſque inconnus , vous qui
eſtes encore trop belle pour
Paris . Cependant c'eſt le
ſeul endroit du monde qui
puiſſe prétendre à la gloire
de vous regarder comme la
Reine de ſes citoyennes.
Les ſpectacles , les aſſemblées,
les promenades , tout
retentit enfin des merveillesdela
belle veuve.
Le Roy Caſimir eſtoit
alors en France , pluſieurs
grands ſeigneurs avoient
ſuivi ce Prince juſqu'à la
porte
GALANT. 41
porte de ſa retraite.
Il n'y avoit point d'eſtranger
à Paris qui ne fuſt curieux
d'apprendre noſtre
langue qui commençoit à
ſe répandre dans toutes les
cours de l'Europe , & il n'y
enavoit aucun qui ne ſceuſt
parfaitement que la connoiſſance
& le commerce
des Dames font l'art, le merite
, & le profit de cette
eftude.
Un charmant voiſinage
eſt ſouvent le premier prétexte
des liaiſons que l'on
forme.
May 1714. D
MERCURE
Pelagie avoit ſa maiſon
dans le fauxbourg S. Germain
: ce quartier eſt l'azile
le plus ordinaire de tous les
eſtrangers , que leurs affaires
ou leur curioſité attirent
à Paris .
,
La Veuve dont il eſt
queſtion eſtoit fi belle
que ſa Maiſon eſtoit tous
les jours remplie des plus
honneſtes gens de la Ville ,
& environnée de ceux qui
n'avoient chez elle ni
,
droit , ni prétexte de viſite.
Enfin on croyoit en la
voyant , que , Maiſtreſſe
GALANT. 43
!
abſoluë des mouvements
de ſon ame , elle regnoit
ſouverainement ſur l'amour
comme l'amour
qu'elle donnoit regnoit fur
tous les coeurs ; mais on ſe
trompoit , & peut- eſtre ſe
trompoit- elle elle - meſme.
Pelagie eſtoit une trop
belle conqueſte , pour n'eftre
pas bien toſt encore la
victime de l'amour.
La magnificence du plus
grand Roy du monde raviſſoit
alors les yeux des
mortels , par l'éclat & la
pompe des ſpectacles &
Dij
44 MERCURE
,
des feftes , dont rien n'avoit
jamais égalé la richefſe
& la majefté ; l'on accouroit
de toutes parts ,
pour eſtre témoins de l'excellence
de ſes plaifirs , &
chaque jour ſes peuples
eſtoient obligez d'admirer
dans le délafſſement de ſes
travaux , les merveilles de
fa grandeur.
Le dernier jour enfin
des trois deſtinés pour cette
fuperbe feſte de Verfailles,
dont la poſterité parlera
comme d'une feſte inimitable
, ce jour où l'Amour
GALANT. 45
vuida tant de fois fon Carquois
, ce jour où l'Amour
ſe plut à joüer tant de
tours malins à mille beautés
que la fplendeur de ce
Spectacle avoit attiré dans
ces lieux , fut enfin le jour
qui avança le dénoüement
du fecond du ſecond hymen de Pelagie.
Un des ſeigneurs que le
Roy Caſimir avoit amenéz
avec luy , avoit malheureuſement
veu cette belle veuve
, un mois avant de ſedéterminer
à imiter le zele &
la pieté de ſon maiſtre , elle
46 MERCURE
avoit paru à ſes yeux ornée
de tant d'agrements , ou
plutoſt ſi parfaite , que la
veuë de ſes charmes luy fit
d'abord faire le voeu de n'en
plusfaire que pour elle; mais
c'eſt un conte de prétendre
qu'il ſuffiſe d'aimer pour ef
tre aimé ; rien n'eſt plus
faux que cette maxime , &
je ſouſtiens qu'on eſt ſouvent
traité fort mal en amour
, à moins qu'une heureuſe
influence n'eſtabliſſe
des diſpoſitions reciproques.
C'eſt en vain que l'amouGALANT.
47
reux Polonois brufle pour
Pelagie , ſon eſtoille n'eft
point dans ſes interefts , elle
regarde cette flame auffi
indifféremment , qu'un feu
que d'autres auroient allumé
, & quoy qu'elle voye
tous les jours ce nouvel
eſclave l'étourdir du récit
de ſa tendreſſe , ſon coeur
ſe fait ſi peu d'honneur de
cette conquefte , qu'il femble
qu'elle ignore qu'il y
ait des Polonois au monde
.
Mais l'eſprit de l'homme
prend quelquefois des ſen48
MERCURE
timents ſi audacieux quand
il aime , que la violence
de ſa paſſion & le defefpoir
de n'eſtre point écouté
, le portent ſouvent juſqu'à
l'inſolence. D'autresfois
nos titres& noſtre rang
nous aveuglent , & nous
nous perfuadons qu'on eſt
obligé de faire , du moins
en faveur de noſtre nom
ce que nous ne meritons
,
pas qu'on faſſe pour l'amour
de nous.
Le Polonois jure , tempeſte
, & s'impatiente contre
les rigueurs de ſa Maîtreffe,
GALANT .
49
treſſe , à qui ce procedé
paroiſt ſi nouveau , qu'elle
le fait tranquillement remercier
de ſes viſites . La
rage auffi toſt s'empare de
ſon coeur , il n'eſt point de
réſolution violente qui ne
lui paroiſſe légitime , l'inſenſible
Pelagie eft injufte
de n'eſtre pas tendre pour
lui , ſa dureté la rend indigne
de ſon amour , mais
fon amour irrité doit au
moins la punir de ſa rigueur
, & quoy qu'il en
couſte à l'honneur , l'éxécution
des plus criminels
May 1714. E
10 MERCURE
projets n'est qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de ſe
vanger d'une ingratte qui
ne peut nous aimer.
Ce malheureux Amant
ſcut que ſon inhumaine
devoit se trouver à la feſte
de Verſailles, avec une Dame
de ſes amies , & un de
ſes Rivaux , dont le mérite
luy avoit d'abord fait apprehender
la concurrence ,
mais qu'il croyoit trop foible
alors pour pouvoir déconcerter
ſes deſſeins . Il
prit ainſi ſes meſures avec
des gens que ſes promeſſes
GALANT.
SI
&ſes préſents engagérent
dans ſes intereſts , & il ré.
ſolut , aſſeuré de leur courage
& de leur prudence ,
d'enlever Pelagie , pendant
que le déſordre & la confuſionde
la find'une ſi grande
feſte , lui en fourniroient
encore les moyens..
Le Carroffe & les relais
qui devoient ſervir à cet
enlevement , eſtoient déja
ſi bien diſpoſés , qu'il ne
manquoit plus que le moment
heureux de s'empa
rer de l'objet de toute cette
entrepriſe ; lorſque Pelagie
1
E ij
52
MERCURE
laſſe & accablée du ſommeilque
lui avoient dérobé
ces brillantes nuits , entra ,
avec ſon amie , dans un
fombre boſquet , où la fraîcheur
& le hazard avoient
inſenſiblement conduit ſes
pasi elle y furà peine aſſiſe,
qu'elle s'y endormit
Laiffons la pour un inftant,
dans le fein du repos
dont on va bien toſt l'arracher.
- L'occaſion est trop belle
pour n'en pas profiter ; mais
le Polonois a beſoin de tout
fon monde , pour en fortir
GALANT.
53
a ſon honneur , & il commence
à trouver tant de
difficultez , à exécuter un ſi
grand deſſein dans le Palais
d'un ſi grand Roy , qu'il
s'imagine , aveuglé de ſon
déſeſpoir & de ſon amour ,
qu'il n'y a qu'une diligence
infinie , qui puiffe réparer
le déffaut de ſes précautions.
Il court pour raffem
bler ſes confidents ; mais la
vûë de ſon Rival qui ſe préſente
à ſes yeux , fait à l'inſtant
avorter tous ſes pro
jets. Où courez- vous, Monſieur
, luy dit- il , que vous
E iij
54 MERCURE
,
importe , répond l'autre ?
rendez graces , répond le
Cavalier François au refpect
que je dois aux lieux
cù nous ſommes fans
cette conſidération je
vous aurois déja puni , &
de voſtre audace , & de
l'inſolence de vos deſſeins.
Il te fied bien de m'inſulter
icy luy dit le Polonois ; je
te le pardonne : mais ſuy
moy ? & je ne tarderay pas
à t'apprendre à me reſpecter
moi- meſme , autant que
les lieux dont tu parles . Je
conſens , luy répondit le
4
GALANT .
SS
François , à te ſuivre où tu
voudras ; mais j'ay mainte
nant quelques affaires qui
font encore plus preſſées
que les tiennes: tu peux cependant
diſpoſer du rendez
vous , où je ne le feray pas
long-temps attendre.
Le bruit de ces deux
hommes éveille pluſieurs
perſonnes qui dormoient
ſur le gazon ; on s'aſſemble
autour d'eux , ils ſe taiſent
&enfin ils ſe ſéparent,
Ainfi le Polonois ſe retire
avec ſa courte honte ,
pendant que le François
E iii
56 MERCURE
cherche de tous cotez , les
Dames qu'il a perduës :
mais cette querelle s'eſtoit
paſſée ſi prés d'elles , que le
mouvement qu'elle cauſa ,
les reveilla , comme ceux
qui en avoient entendu la
fin ; elles fortirent de leur
boſquet qu'elles trouverent
desja environné de
gens qui compoſoient &
débitoient à leur mode les
circonstances decette avanture
, ſur l'idée que pouvoit
leur en avoir donné le peu
de mots qu'ils venoient
d'entendre , lorſqu'enfin il
GALANT.
$7
les retrouva. Je prie les
Lecteurs de me diſpenſer
de le nommer , ſon nom ,
ſes armes & ſes enfans ſont
encore ſi connus en France,
que , quoy que je n'aye que
ſon éloge à faire , je ne ſçay
pas ſi les fiens approuveroient
qu'on le nommaſt.
Deux heures avant que
le Cavalier François rencontrât
le Polonois , Mon.
fieur le Duc de ... avoit
heureuſement trouvé une
lettre à fos pieds : le hazard
pluſtoſt que la curiofité
la luy avoit fait ramaf
58 MERCURE
fer , un moment avant qu'il
s'apperceut des foins extreſmes
que prenoient trois
hommes pour la chercher :
la curioſité luy fit alors un
motifd'intereſt de cet effet
du hazard ; il s'éloigna des
gens dont il avoit remarqué
l'inquiétude , il ſe tira de la
foule , & dans un lieu plus
fombre & plus écarté , il
lut enfin cette lettre , qui
eſtoit , autant que je peux
m'en ſouvenir , conceuë ,
à peu prés , en ces termes.
Quelquesjustes mesures que
nous ayons priſes , quoy que mon
GALANT. رو
Carroffe & vos Cavaliers ne
foient qu'àcent pas d'icy , il n'y
aura pas d'apparence de réuffir
fi vous attendez que le retour
du jour nous ofte les moyens de
profiter du défordre de la nuit :
quelque claire que ſoit celle-cy ,
elle n'a qu'une lumiére empruntée
dont le ſoleil que j'apprenhende
plus que la mort
bien toſt diſſipper la clarté; ainfi
hatez vous de meſuivre , &ne
me perdez pas de veuë : je vais
déſoler Pelagie par ma préfen--
ce: dés qu'elle me verra , je ne
doutepas qu'elle ne cherche à me
fuir; mais je m'y prendray de
, va
60 MERCURE
façon ,que tous les pas qu'ells
fera , la conduiront dans nostre
embuscade.
La lecture de ce billet
eſtonna fort Mr le Duc ...
quiheureuſement connoiffoit
aſſez la belle veuve pour
s'intereffer parfaitement
dans tout ce qui la regardoit
; d'ailleurs le cavalier
françois qui eſtoit l'amant
declaré de la Dame , eſtoit
ſon amy particulier : ainſi il
priatout ce qu'il putraſſembler
de gens de ſa connoifſance
de l'aider à chercher
Pelagie avant qu'elle peuſt
GALANT. 61
eftre expoſée à courir les
moindres riſques d'une pareille
avanture. Il n'y avoit
pas de tempsà perdre , auſſi
n'en perd - il pas ; il fut par
tout où il creut la pouvoir
trouver , enfin aprés bien
des pas inutiles , il rencontra
ſon ami , qui ne venoit
de quitter ces deux Dames
que pour aller leur chercher
quelques rafraichif
ſements . Il est bien maintenant
queſtion de rafraif
chiſſements pour vos Dames
, luy dit le Duc , en luy
donnant la lettre qu'il ve
62 MERCURE
noit de lire , tenez , liſez, &
dites - moy ſi vous connoifſez
cette écriture , & à quoy
l'on peut à preſent vous eftre
utile. Monfieur le Duc ,
reprit le cavalier,je connois
le caractere du Comte Piof
Ki, c'eſt aſſeurement luy qui
aécrit ce billet ; mais il n'eſt
pas encore maiſtre de Pelagie
, que j'ay laiſſée avec
Madame Dormont à vingt
pas d'icy , entre les mains
d'un officier du Roy, qui eſt
mon amy , & qui , à leur
confideration , autant qu'à
la mienne , les a obligeamGALANT
. 63
ment placées dans un endroit
où elles ſont fort à leur
aife ; ainſi je ne crains rien
de ce coſté- là ; mais je voudrois
bien voir le Comte , &
l'équipage qu'il deſtine à
cet enlevement. Ne faites
point de folie icy , mon
amy , luy dit le Duc , aſſeurez
- vous ſeulement de quelques
perſonnes de voſtre
connoiſſance ſur qui vous
puiffiez compter : je vous
offre ces Meſſieurs que vous
voyez avec moy , raſſem.
blez- les autour de vos Dames
, & mettez - les ſage
64 MERCURE
ment à couvert des inſultes
de cet extravagant : fi je
n'avois pas quelques affaires
confiderables ailleurs ,
je ne vous quitterois que
certain du fuccez de vos
précautions.
Vi
LeDuc ſe retira alors vers
un boſquet où d'autres intereſts
l'appelloient,& laifſa
ainſi le cavalier françois
avec ſes amis ,à qui il montra
l'endroit où il avoit remis
ſa maiſtreſſe entre les
mains de l'officier qui s'eftoit
chargé du ſoin de la
placer commodément ; cependant
GALANT. 65
pendant il fut de ſon coſté
à la découverte de ſon ri.
val , qu'aprés bien des détours
, il rencontra enfin à
quatre pas du boſquet dont
jay parlé , &dont il ſe ſepara
comme je l'ay dit . Neanmoins
quelque ſatisfaction
qu'il ſentit du plaifir de retrouver
ſes Dames , il leur
demanda , aprés leur avoir
conté l'hiſtoire de ce qu'il
venoit de luy arriver , par
quel haſard elles ſe trouvoient
ſi loin du lieu où il
les avoit laiſſées. Apeine ,
luy dit Pelagie , nous vous
May 1714. F
66 MERCURE
avons perdu de veuë , que le
Comte Pioski eſt venu s'affeoir
à coſté de moy , aux
dépens d'un jeune homme
timide , que ſon air brufque
& fon étalage magnifique
ont engagé à luy ceder
la place qu'il occupoit.
Ses diſcours m'ont d'abord
fi cruellement ennuyée,que
mortellement fatiguée de
les entendre ,j'ay priéMadame
de me donner le bras,
pour m'aider à me tirer des
mains de cet imprudent ; le
monde , la foulle , & les
détours m'ont derobé la
GALANT. 67
connoiſſance des pas & des
efforts que fans doute il a
faits pour nous ſuivre , &
accablée de ſommeil &
d'ennuy, je me ſuis heureuſement
ſauvée dans ce bofquet
, ſans m'aviſer ſeulement
de fonger qu'il euſt
pû nous y voir entrer ; mais
quelque peril que j'aye couru
, je ſuis bien aiſe que fon
inſolence n'ait pas plus éclaté
contre vous , que fes
deſſeins contre moy , & je
vous demande en grace de
prévenir ſagement , & par
les voyesde ladouceur,tou-
tes les ſuites facheuſes que
ſon deſeſpoir & voſtre demeſlé
pourroient avoir. Il
n'y a plus maintenant rien
à craindre , il fait grand
jour , le chemin de Verſailles
à Paris eſt plein de monde
, & vous avez icy un
grand nombre de vos amis ,
ainſi nous pouvons retourner
à la ville fans danger.
Le cavalier promit à la
belle Pelagie de luy tenir
tout ce qu'elle voulut exiger
de ſes promeſſes , & fes
conditions acceptées , illamena
juſqu'à fon carroffe,
GALANT
69
où il prit ſa place , pendant
que quatre de ſes amis ſe
diſpoſerent à le ſuivre dans
le leur.
1
Il n'eut pas plutoſt remis
les Dames chez elles , &
quitté ſes amis , qu'en entrant
chez luy , un gentila
homme luy fie preſent du
billet que voicy.
Les plus heureux Amants
ceſſeroient de l'estre autant qu'ils
ſe l'imaginent , s'ils ne rencon
troient jamais d'obstacle à leur
bonheur je m'intereſſe affez au
voſtre , pour vousyfaire trouver
des difficultez qui ne vous
70
MERCURE
establiront une felicitéparfaite,
qu'aux prix de tout lefangde
Pioski. Le Gentilhomme que
je vous envoye vous expliquera
le reſte de mes intentions.
naypas
Affoyez-vous donc, Monſieur
, luy dit froidement le
cavalier françois ,& prenez
la peine de m'apprendre les
intentions de Monfieur le
Comte Pioski . Je n'ay
beſoin de ſiege , Monfieur ,
luy répondit ſur le meſme
ton , le gentilhomme Polonois
, & je n'ay que deux
mots à vous dire. Vous eſtes
l'heureux rival de Monfieur
GALANT.
le Comte qui n'eſt pas encore
accouſtumé à de telles
préferences , il eſt ſi jaloux
qu'il veut vous tuer , & que
je le veux auſſi , il vous attend
maintenant derriere
l'Obſervatoire ; ainſi prenez
, s'il vous plaiſt , un ſecond
comme moy , qui ait
aſſez de vigueur pour m'amuſer
, pendant que vous
aurez l'honneur de vous és
ggoorrggeerreennſſeemmbbllee.
Je ne ſçay ſi le françois ſe
ſouvint, ou ne ſe ſouvint pas
alors de tout ce qu'il avoit
promis à ſa maiſtreſſe , mais
72 MERCURE
voicy à bon compte lecas
qu'il en fit.
Il appella ſon valet de
chambre , qui estoit un
grand garçon de bonne vo
lonté , il luy demanda s'il
vouloit eſtre de la partie ,
ce qu'il accepta en riant,
Aufſi - toft il dit au gentilhomme,
Monfieur leComte
eſt genereux , vous eſtes
brave, voicy voſtre homme,
& je ſuis le ſien Mais Monfieur
eft- il noble , reprit le
gentilhomme. Le valet de
chambre , Eſpagnol de nation,
piqué de cette demande
GALANT .
73
de, luy répondit fierement
ſur le champ , & en ſon langage
, avec une ſaillie romaneſque
, Quienes tu hombre
? voto a San Juan. Viejo
Chriftiano estoy , hombre blanco
,y noble como el Rey Ce que
ſon maiſtre naiſtre expliqua au Polonois
en ces termes . Il
vous demande qui vous eftes
vous mesme , & il vous
jure qu'il eſt vieux Chreftien
,homme blanc , & noble
comme le Roy. Soit ,
reprit le gentilhomme,marchons.
Ces trois braves furent
ainſi grand train au
May 1714. G
74 MERCURE
rendez vous , où ils trouverent
le Comte qui commençoit
à s'ennuyer. Aprés
le falut accouſtumé , ils mirent
tous quatre l'épée àla
main. Pioski fit en vain des
merveilles , il avoit desja
perdu beaucoup de fang ,
lang,
lorſqu'heureuſement ſon épée
ſe caſſa; le gentilhomme
fut le plus maltraité,l'Ef
pagnol ſe battit comme un
lion ,& le combat finit.
Cependant le Comte
Pioski, qui , à ces violences
prés , eftoit entout un
homme fort raiſonnable ,
GALANT. 75
eut tant de regret des extravagances
que cette derniere
paffion venoit de luy
faire faire , que la pieté étouffant
dans ſon coeur tous
les interêts du monde , il
fut s'enfermer pour le reſte
de ſa vie dans la retraitte
la plus fameuſe qui ſoit en
France , & la plus connuë
par l'auſterité de ſes maximes.
Le Cavalier françois
foupira encore quelques
temps , & enfin il devint
l'heureux & digne Epoux
d'une des plus charmantes
femmes du monde.
Gij
76 MERCURE
4
Les mariages font une fi
grande époque dans les
hiſtoires , que c'eſt ordinairement
l'endroit par où
tous les Romans finiſſent ;
mais il n'en eſt pas de meſme
icy , & il ſemble juftement
qu'ils ne ſervent à
Madame Belzeſca que de
degrés à la fortune , où ſon
bonheur & ſes vertus l'ont
amenée . Tout ce qui luy
arrive dans un engagement
qui établit communément
, ou qui doit du
moins establir pour les autres
femmes , une ſigrande
GALANT. 77
tranquilité , qu'on diroit
que l'hymen n'eſt propre ,
qu'à faire oublier juſqu'à
leur nom , eſt au contraire
pour celle cy , la baze de
ſes avantures. L'eſtalage de
ſes charmes , & le bruit de
ſabeauté ne ſont point enſevelis
dans les embraffemens
d'un eſpoux : heureuſe
maiſtreſſe d'un mary
tendre & complaiſant , &
moins eſpouſe qu'amante
infiniment aimée , comme
ſi tous les incidens du monde
ne ſe raſſembloient que
pour contribuer à luy faire
Gij
78 MERCURE
des jours heureux , innocement
& naturellement
attachée à ſes devoirs , l'amour
enchainé , à ſa fuite
ne prend pour ferrer tous
les noeuds qui l'uniſſent à
ſon eſpoux , que les formes
les plus aimables , & les
douceurs du mariage ne ſe
maſquent point pour elle
ſous les traits d'un mary.
Enfin elle joüit pendant
neuf ou dix ans , au milieu
du monde , & de ſes adorateurs
, du repos le plus
doux que l'amour ait jamais
accordé aux plus heureux
GALAN 79
Amants ; mais la mort jalouſe
de ſa fecilité luy ra
vit impitoyablement le plus
cher objet de ſa tendreſſe:
que de cris ! que de ge.
miſſements ! que de larmes
! cependant tant de
mains ſe préſentent pour
efluyer ſes pleurs , que , le
temps ,la raiſon , & la néceſſité,
aprés avoir multiplié
ſes reflexions
nent enfin au ſecours de ſa
,
viendouleur
; mais il ne luy reſte
d'un eſpoux fi regretté ,
qu'une aimable fille , que la
mort la menace encore de
(
G iiij
80 MERCURE
luy ravir , ſur le tombeaude
fon pere. Que de nouvel.
les allarmes ! que de mortelles
frayeurs ? elle tombe
dans un eſtat de langueur
qui fait preſque deſeſperer
de ſa vie. Il n'eſt point de
ſaints qu'on n'invoque ,
point de voeux qu'on ne faf
ſe, elle en fait elle-meſme
pour fon enfant , & promet
enfin de porter un tableau
magnifique à Noftre-
Dame de Lorette ſi ſa
fille en réchappe. A l'inftant,
ſoit qu'un ſuccés favo
rable recompenfat ſon zele
GALANT. 81
&fa piete , ou qu'il fur
temps que les remedes operaſſent
à la fin plus effica
cement qu'ils n'avoient fait
encore , ſa maladie diminua
preſque à veuë d'oeil ,
en tros jours l'enfant fut
hors de danger , & au bout
de neufentierement guery.
Elle reſtaencore , en attendant
le retour du printemps
, prés de fix mois à
Paris , pendant lesquels elle
s'arrangea pour l'execution
de ſon voeu. Ce temps expiré
, accompagnée de ſon
fils & de ſa fille , d'une Da82
1 MERCURE
me de ſes amis , de deux
femmes de chambre , de
deux Cavaliers , & de quatre
valets , elle prit la route de
Lyon , d'où aprés avoir
paffé Grenoble , le mont
du l'An, Briançon , le mont
Geneve & Suze , elle ſe rendit
à Turin , où elle ſéjourna
trois ſemaines avec ſa
compagnie qui ſe déffit
comme elle de tout ſon équipage,
dans cette Ville,
pour s'embarquer ſur le Po.
Elle vit en paſſant les Villes
de Cazal du Montferrat
,
d'Alexandrie , le Texin qui
GALANT. 83
1
,
paſſe à Pavie , Plaiſance ,
+ Cremone , Ferrare , & enfin
elle entra de nuit à Venife
avec la marée. Elle
deſcendit à une Auberge
moitié Allemande , &moitié
Françoiſe , & dont
l'enſeigne d'un coſté , ſur
le grand Canal , reprefente
les armes de France , &
de l'autre , fur la Place de
ES. Marc , les armes de l'Empire.
Elle reçut le lende
main à ſa toilette , comme
cela ſe pratique ordinairement
à Veniſe , avec tous
les Estrangers confidera
,
S
१
84 MERCURE
,
bles , des compliments en
proſe & en vers imprimez
à ſa loüange , fon amie
& les Cavaliers de ſa compagnie
en eurent auſſi leur
part. Ces galanteries couftent
communément , & au
moins quelques Ducats à
ceux à qui on les fait. Le
ſecond jour elle fut avec
tout fon monde ſaluer Mr
l'Ambaſſadeur qui fut
d'autant plus charmé du
plaifir de voir une ſi aimable
femme , que , quoy que
Venife ſoit une Ville , où
lesbeautez ne ſont pas car
,
GALANT. 85
Π
S
res , il n'y en avoit pas encore
vû une , faite comme
- celle dont il recevoit la viſite.
La bonne chere , les,
Spectacles , les promena-
✓ des ſur la mer& ſur la coſte,
avec le Jeu, furent les plaifirs
dont il la regala , pen-
↓ dant les quinzejours qu'elle
y reſta. Il luy fitvoir dans ſa
Gondole , la pompeuſeCeremonie
du Bucentaure qui
ſe celebre tous les ans dans
cette Ville le jour de l'Afcenfion
, avec toute la magnificence
imaginable.
Je nedoute pas que bien
3
86 MERCURE
des gens neſcachent à peu
prés ce que c'eſt que cette
feſte; mais j'auray occafion
dans une autre hiſtoire d'en
faire une deſcription meſlée
de circonstances ſi agreables
que la varieté des évenemensque
je raconteray,
pourra intereſſer mes lecteurs
au recit d'une ceremonie
dont il ignore peuteſtre
les détails.
Enfin noſtre belle veuve
prit congé de Mr l'Ambaffadeur
, & le lendemain elle
s'embarqua ſur un petit baſtiment
, qui en trois jours
GALANT. 87
لا
}}
la rendit à Lorette , où elle
accomplit avec beaucoup
de zele & de religion , le
voeu qu'elle avoit fait à Pa-
1ris. Après avoir pieuſement
fatisfait à ce devoir indifpenſable
, dégouſtée des perils
, & ennuyée des fatigues
de la mer , elle refolut
de traverſer toute l'Italie
par terre , avant de retourner
en France .
!
Il n'y avoit pas fi loin de
Lorette à Rome pour n'y
pas faire untour,& je croy
a que pour tous les voyageurs,
cinquante lieuës plus ou
88 MERCURE
moins , ne ſont qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de
voir cette capitale du mõde.
- Il faiſoit alors ſi chaud ,
qu'il eſtoit fort difficile de
faire beaucoup de chemin
par jour ; mais lorſqu'on eſt
en bonne compagnie , &
de belle humeur , rien n'ennuye
moins que les ſéjours
charmants qu'ontrouve en
Italie.
Je ne prétens pas en faire
icy un brillant tableau,pour
enchanter mes lecteurs de
la beauté de ce climat ; tant
de voyageurs en ont parlé ;
Miffon
GALANT. 89
1
Miſſon l'a ſi bien épluché,
&cette terre eſt ſi fertile
en avantures , que les hiftoires
galantes que j'en raconteray
dorenavant ſuffiront
pour inſtruire d'une
maniere peut- eftre plus agreable
que celle dont ſe
ſont ſervis les écrivains qui
en ont fait d'amples relations
, ceux qui ſe conten
teront du Mercure pour
connoiſtre aſſez particuliement
les moeurs & le plan
de ce pays . Ainſi je renonceray
pour aujourd'huy au
détail des lieux que noftre
May 1714.
H
90 MERCURE
belle veuve vit , avant d'entrer
à Rome , parce que non
ſeulement il ne luy arriva
rien fur cette route qui puifſe
rendre intereſſants les cir
conſtances de ce voyage ,
mais encore parce que je ne
veux pas faire le geographe
malà propos . Le Capitole ,
le Vatican , le Chaſteau S.
Ange , le Colizée , la Place
dEſpagne, la Place Navonne
, l'Eglife S. Pierre , le
Pantheon , les Vignes , &
enfin tous les monuments
des Anciens , & les magnifiques
ouvrages des Moder
GALANT. 91
nes,dont cette ville eſt enrichie,
n'étalérent à ſes yeux
que ce que les voyageurs
lesplus indifferents peuvent
avoirveu comme elle ; mais
lorſque jetraitteray, comme
je l'ay dit,des incidens amufants
& raifonnables que
j'ay , pour y promener mes
lecteurs , j'eſpere que leur
curioſité ſatisfaite alors , les
dédommagera fuffifamment
de la remiſe & des
frais de leur voyage...
La conduite que tint à
Rome cette charmante veuve
, fut tres eſloignée de cel- :
Hij
92 MERCURE
le que nos Dames françoi
ſes y tiennent , lorſqu'avec
des graces moindres que les
fiennes , elles ſe promettent
d'y faire valoir juſqu'à leur
plus indifferent coup d'oeil.
Celle cy parcourut les Egliſes
,les Palais , les Places
& les Vignes en femme qui
ne veut plus d'avantures ;
mais elle comptoit fans for
hoſte, & l'amourn'avoit pas
figné le traité de l'arrangement
qu'elle s'eſtoit fait.
Ungentilhomme Italien
dela ſuite de l'Ambaſſadeur
de l'Empereur , qui avoir
GALANT. 93
veu par hafard une fois à la
Vigne Farneze , le viſage
admirable de noftre belle
veuve , fur ſi ſurpris de l'é
elat de tant de charmes ,
qu'il reſtacomme immobi
le , uniquement occupé dư
foin de la regarder. Elle
s'apperceut auffi- toft de fon
eſtonnement ; mais dans
Finſtant ſon voile qu'elle
laiſſa tomber, luy déroba la
veuë de cet objet de fon admiration.
L'Italien , loin de
fe rebuter de cet inconvenient
, réſolut de l'exami
ner juſqu'à ce qu'il ſceuſt ſa
94 MERCURE
ruë , fa demeure , ſon pays ,
fes deſſeins , & fon nom.
Dés qu'il ſe fut ſuffiſamment
inſtruit de tout ce
qu'il voulut apprendre ;
aprés avoir paffé& repaffé
cent fois devant ſa maiſon ,
ſans qu'on payaſt ſes ſoins
de la moindre courtoiſie,&
pleinement convaincu qu'il
n'y avoit auprés de cette
belle veuve , nulle bonne
fortune à eſperer pour luy ,
il conclut qu'il pouvoit regaler
Monfieur l'Ambaſſadeur
du merite de ſa découverte.
A
GALANT.951
En effet un jour que l'Ambaſſadeur
de Pologne difnoit
chez ſon maiſtre , voyant
vers la fin du repas,que
la compagnie entroit en
belle humeur , & que la
- converſation rouloit de
bonne grace ſur le chapitre
- des femmes ; Meſſieurs , dit-
- il , quelques ſentimens
qu'elles vous ayent fait
prendre pour elles , je ſuis
ſeur , que ſans vous embar-
-raſſer de vouloir connoiſtre
leurs coeurs plutoſt que
leurs perſonnes,vous renonceriez
à toutes les précau
96 MERCURE
tions du monde , ſi vous
aviez vû , une ſeule fois ,
une Dame que je n'ay vûë
qu'un inſtant. Je me promenois
, ily a quinze jours
àla Vigne Farneze , elle s'y
promenoit auſſi ; mais je
vous avoue que je fus ſaiſi
d'étonnement,en la voyant,
& que je luy trouvay cant
de charmes , un ſi grand
air ,& un ſi beau viſage
que je jurerois volontiers ,
quoy que cette Ville fourmille
en beautés , qu'il n'y
a rienà Rome qui ſoit beau
comme elle. Ces Miniſtres
1
Eſtrangers
GALANT. 97
5
Eſtrangers s'échaufférent
ſur le recit du Gentilhomme
Italien , celuy de Pologne
ſur tout , ſentitun mou.
vement de curioſité fi
prompt , qu'il luy demanda
d'un air empreſſé , s'il n'a
voit pas eſté tenté de ſur
vre une ſibelle femme ,&
s'il ne sçavoit pas où elle
demeuroit. Ouy, Monfieur,
luy répondit- il , je ſçay ſon
nom , ſa demeure & les
motifs de ſon voyage à
Rome, mais je n'en ſuis
pas plus avancé pour cela ,
&je croy au contraire que
May 1714.
I
98 MERCURE
mes empreſſements l'ont
tellement inquiétée, qu'elle
ne paroiſt plus aux Eglifes ,
ny aux promenades , de
puis qu'elle s'eſt apperçuë
du ſoin que je prenois d'éxaminer
ſes démarches .
Voila une fiere beauté , dit
l'Ambafladeur de l'Empereur
, & addreſſant la parole
en riant à celuy de Pologne
, Monfieur , continuast-
il , n'ayons pas le démentide
cette découverte ,
& connoiffons à quelque
prix que ce ſoit , cette belle THEQUE DEL
BIBLI
< YON
EVILL
1893*
J'y confens reTHEQUE
DA
5,
20
LY
GALANTE
18
E
VILL
prit l'autre , férieuſent
& je ſuis fort trompé fi
dans peu de jours , je ne
vous en dis des nouvelles.
Ils auroient volontiers
bû desja à la ſanté de l'inconnue
, ſi , une Eminence
qu'on venoit d'annoncer ,
ne les avoit pas arrachez de
la table , où le vin & l'amour
commençoient
à les 0
mettre en train de dire de
de
belles choses .
e Le Gentilhomme qui
ue avoit ſi à propos mis la belle
Veuve ſur le tapis , fut au
devant du Cardinal , que
I ij
100 MERCURE
fon Maiſtre fut recevoir
juſqu'au pprreemmiieerr degré de
fon Eſcalier , & en meſme
tems il reconduifit l'Ambas
ſadeur de Pologne juſqu'à
fon Carrofle. Ce Miniſtrele
questionnaſi bien , chemin
faiſant , qu'il retourna chez
luy , parfaitement inftruit
de tout ce qu'il vouloit ſcavor.
Des qu'il fut à fon
Appartement , il appella un
Valet de chambre , à qui il
avoit ſouvent fait de pareilles
confidences & aprés
luy avoir avoüé qu'il eſtoit
desja , fur un ſimple recit ,
GALANT. 101
1
:
1
éperduëment amoureux
d'un objet qu'il n'avoit jamais
vû , il luy demanda
s'il croyoit pouvoir l'aider
de ſes conſeils de fon zele
& de ſa difcretion , dans
Tembarras où il ſe trouvoit.
Je feray , luy dit le Valet
de chambre tout ce
qu'il vous plaira ; mma.is puifque
vous me permettez de
vous donner des confeils ,
je vous avoüeray franche-
FL
د
ment , que je pennſiee que
le
portrait que vous me faites,
de la conduitte ſage & retirée
que tient la perſonne
Inj 1
102 MERCURE
dont vous me parlez , eft
fouvent le voile dont Te
fervent les plus grandes
avanturieres , pour attrapper
de meilleures dupes. Ta
pénétration eſt inutile icy ,
luy répondit l'Ambaffadeur
: tu ſçais desja ſon nom
& ſa maiſon , informe toy
ſeulement fi ce qu'on m'en
adit eft véritable ; nous
verrons aprés cela le parti
que nous aurons à prendre .
Le Confident ſe met en
campagne , il louë une
chambre dans le voiſinage
de la belle Veuveil fait
>
GALANT. 103
1
1
0
e
it
connoiſſance avec un de ſes
domeſtiques , qui le met
en liaiſon avec la femme
de chambre de la Dame
qu'il veut connoiſtre : enfin
il la voit , & il apprend
qu'elle va tous les jours à
la meſſe , entre ſept & huit
heures du matin , à l'Eglife
de ſainte Cecile. Il avertit
auffi toſt ſon Maiſtre de
tout ce qui ſe paſſe ; ce Miniſtre
ne manque point de
ſe rendre ſans ſuite à cette
Eglife , & de ſe placer auprés
de cette beauté qui n'a
garde de ſe meffier à pareil
I iiij
104 MERCURE
le heure , ni de fes char
mes , ni des ſoins , ni de la
dévotion du perſonnage
quiles adore. לכ
Cependant l'allarme fonne
,& le Valet de chambre
apprend avec bien de la
douleur , que la Damedont
ſon Maiſtre eſt épris , commence
à s'ennuyer à Rome,
&qu'enfin incertaine ſi elle
retournera en France par
Genes,où ſi elle repaſſerales
Alpes, elle veutabſolument
eſtre hors de l'Italie , avant
le retour de la mauvaiſe
faifon. A l'inſtant l'AmbafGALANT.
1ος
t
!
es
16
10
le
f
1
Tadeur informé , & defefperé
de cette nouvelles ſe
détermine à luy eſcrire en
tremblant , la lettre que
voicy.
N'eſtes vous venue àRome,
Madame , que pour y violer
le droit des gens ; fi les franchiſes
les Privileges des
Ambaffadeurs font icy de vostre
Domaine , pourquoy vous dé-
Domaine
goustez - vous du plaisir d'en
joüir plus long-temps ? Fapprends
que vous avez réfolu de
partir dans buit jours. Ab! fi
rienne peut rompre ou differer
ce funeste voyage, rende-z moy
106 MERCURE
donc ma liberté que vos yeux
m'ont ravie , & au milieu de
la Capitale du monde. Ne me
laiſſez pas , en me fuyant,la
malheureuſe victime de l'amour
que vous m'avez donné. Permettez
moy bien pluſtoſt de vous
offrir en ces lieux tout ce qui
dépend de moy , & en reeevant
ma premiere visite , recevez en
mesme temps , si vous avez
quclques sentiments d'humanité,
la fortune , le coeur , & la
main de
BELZESKI.
Le Valet de Chambre
fut chargé du ſoin de luy
rendre cette lettre à elle
meſme au nom de ſon Maître
, d'examiner tous les
mouvemens de fon viſage ,
&de lui demander un mot
de réponſe.
La Dame fut aſſez
émeuë à la vûë de ce billet ,
cependant elle ſe remit aifément
de ce petit embarras
, & aprés avoir regardé
d'un air qui n'avoit rien
de déſobligeant , le porteur
de la lettre , qu'elle
avoit vûë vingt fois ſans reflexion
, elle luy dit , ce
108 MERCURE
?
tour eſt ſans doute de voſtre
façon Monfieur mais
Monfieur l'Ambaſſadeur
qui vous envoye , ne vous
en ſera guere plus obligé,
quoyque vous ne l'ayez pas
mal ſervi. Attendez icy un
moment, je vais paſſer dans
mon Cabinet , & vous en
voyer la réponſe que vous
me demandez pour luy :
Auſſi-toſt elle le quitta pour
aller efcrire ces mors. S
Fe ne sçay dequoy je ſuis
coupable à vos yeux, Monfieur,
mais je sçay bien que je ne re
ponds que par bienfeance à l'hon-
>
BAGALAN 109
0
neur que vous me faites ,
aux avantages que vous me proposez
: & je prévoy que la
viſite que vous me rendrez , si
vous voulez , vous fera auffi
peu utile qu'à moy , puisque
rien ne peut changer la réfolution
que j'ay priſe de repaffer
inceſſamment en France.
Le Polonnois éperduëment
amoureux ( car il y
avoit de la fatalité pour elle,
à eſtre aimée des gens de ce
pays ) le Polonnois , dis- je ,
donna à tous les termes de
ce billet , qu'il expliqua en
ſa faveur, un tourde confo110
MERCURE
lation que la Dame n'avoit
peut- eſtre pas eu l'intention
d'y mettre; d'ailleurs il eſtoit
parfaitementbien fait , tres
grand ſeigneur , fort riche ,
&magnifique entout. Les
hommes ſe connoiſſent , il
n'y a pas tantde mal à cela.
Celui- cy ſçavoit aſſez ſe
rendrejustice , mais heureuſement
il ne s'en faifoit pas
trop à croire , quoy qu'il
ſentit tous ſes avantages.....
Vers les * vingt& une ou
vingt- deux heures , il ſe ren-
**C'eſt en eſté à peu prés vers les fix heures
du ſoir,ſelon noftre façon de compter.
GALANT. III
コ
el
dit au logis de la belle veuve
, qu'il trouva dans undeshabillé
charmant & modeſte
, mille fois plusaimable
qu'elle ne luy avoit jamais
paru .
Que vous eſtes , Madame ,
luy dit- il , transporté du
plafir de la voir , au deſſus
des hommages que je vous
rends ; mais en verité je vais
eſtre le plus malheureux des
hommes , fi vous ne vous
rendez pas vous meſme aux
offres que je vous fais Nous
nenous connonfons n'y l'un
ny l'autre , Monfieur , luy
70%
112 MERCURE
11
répondit - elle , & vous me
propoſez d'abord des chofes
dont nous ne pourrions
peut eſtre que nous repentir
tousdeux, mais entrons , s'il
vousplaît,dansun plus grád
détail,& commençons par
examiner , i la majeſté de
voſtre caractere s'accorde
bien avec les ſaillies de cette
paffion ; d'ailleurs n'eſt il
pas ordinaire , & vrayſemblable
qu'un feu ſi prompt
às'allumer, n'en eſt que plus
prompt à s'éteindre. Enfin
ſupposé que je voulutſe encorem'engager
ſous les loix
de :
GALANT. 113
1
1
del'hymen, ſur quel fondement,
àmoins queje nem'a.
veuglaſſe de l'eſpoir de vos
promeſſes, pourrois- je compter
que vous me tiendrez
dans un certain tems ce que
vous me propoſez aujourd'huy
. Ah ! Madame , reprit
ilavecchaleur, donnez
aujourd huy voſtre confentement
à mon amour , &
demain je vous donne la
main. Par quelles loix voulez
vous authoriſer des maximes
de connoiſſance &
d'habitude , ſur des ſujers où
le coeur doit décider tout
114 MERCURE
,
ſeul ; n'y a t'il point dans le
monde des mouvements de
ſympathie pour vous , comme
pour nous , & quelle
bonne raiſon peut vous dif
penſerde faire pour nous
enun jour,la moitié du chemin
que vos charmes nous
font faire en un inſtant. Je
ſuis perfuadé que vous avez
trop d'eſprit, pour regarder
mal à propos ces chimeriques
précautions , comme
des principes de vertu , &
vous eſtes trop belle pour
douter un moment de la
conſtante ardeur des feux
GALANT 115
mt
&
רש
la
גנ
que vous allumez. Cependant
ſi vos ſcrupules s'effrayent
de la vivacité de ma
propoſition,je vous demande
du moins quinze jours
de grace , avant de vous
prier de vous déterminer en
ma faveur ; & j'eſpere ( fi
vos yeux n'ont point de peine
à s'accouſtumer à me
voir pendant le temps que
j'exige de voſtre complaiſance
) que les ſentiments
de voſtre coeur ne tarderont
pas à répondre aux tendres
& fidelles intentions du
mien. Ne me preſſez pas da
Kij
116 MERCURE
vantage à preſent , Monfieur
, luy dit elle,& laiſſez
à mes reflexions la liberté
d'examiner les circonſtancesde
voſtre propofition.
Cette réponſe finit une
conteftation qui alloit inſenſiblement
devenir tres.
intereſſante pour l'un &
pour l'autre.
Monfieur l'Ambaſſadeur
ſe leva , & prit congé de la
belle veuve aprés avoir receu
d'elle la permiffion de
retourner la voir , lorſqu'il
le jugeroit à propos.
Ce miniſtre rentra chez
GALANT 117
-
luy , ravi d'avoir mis ſes affaires
en ſibon train , & le
lendemain au matin il écrivit
ce billet à cette Dame ,
dont il avoit abſolument refolu
la conqueſte.
Le temps que je vous ay don-
- né depuis hier , Madame , ne
fuffit-il pas pour vous tirer de
toutes vos incertitudes , s'il ne
ſuffit pas , je vais estre auffi indulgent
que vous estes aimable,
je veux bien pour vous efpargner
la peine de m'eſcrire vos
Sentiments , vous accorder, jufqu'à
ce soir , que j'iray appren
dre de vostre propre bouche , le
1
118 MERCURE
réſultat de vos reflexions.
Elles eſtoient desja faites
ces réflexions favorables à
T'heureux Polonois , & pendant
toute la nuit, cette belleveuve
n'avoit pû ſe refufer
la fatisfaction de convenir
en elle-meſme , qu'elle
meritoit bien le rang d'Ambaſſadrice.
Aufſfi luy fut-il
encore offert le meſme jour
avec des tranſports fi touchants&
fi vifs,qu'enfin elle
ne fit qu'une foible deffenſe
, avant de conſentir à la
propoſition de Mr l'Ambaffadeur.
En un mot toutes
GALANT. 119
!
les conventions faites & accordées
, entre elle & fon
amant,ſon voyage de France
fut rompu , & fon mariage
conclu , & celebré ſecretement
enquinze jours.
Legrandtheatredu monde
va maintenant eſtre le
champ où va paroiſtre dans
toute fon eſtenduë , l'excellence
du merite & du bon
efprit deMadame Belzeſca.
Elle reste encore preſque
inconnuë juſqu'à la declararion
de ſon hymen , qui
n'eſt pas plutoſt rendu public
, qu'elle ſe montre auſſi
120 MERCURE
4
éclairée dans les delicates
affaires de fon mary , que
fielle avoit toute la vie
eſte Ambaſſadrice,лэ тод
Les Miniſtres Eſtrangers,
les Prélats , les Eminences
tout rend hommage à fes
lumiéres. De concert aveo
fon Epoux , ſa pénerrap
tion abbrege , addoucit &
leve toutes les difficultez
de ſa commiffion : enfin
elle l'aide à ſortir de Rome
(ſous le bon plaifir de fon
Maſtre ) fatisfait & glorieux
du ſuccés de fonAm
baffade.altera teemal
هللا
GALANT. 121
Elle fut obligée pour le
bien de ſes affaires de repaſſer
en France avec ſon
mary : elle n'y ſéjourna que
trois ou quatre mois , de là
elle alla à Amſterdam , &
à la Haye , où elle s'embarqua
pour ſe rendre à Dant-
ZIK d'où elle fut à Varſovie
où elle jouit pendant
vingt-cinq ans , avec tous
les agréments imaginables,
de lagrande fortune , & de
la tendreſſe de ſon Epoux ,
qui fut enfin malheureufement
bleſſe à la Chaffe
d'un coup dont il mourut
May 1714.
L
127
MERCURE 122
quatreJours
Tavoir
apres la
Э
receu d'une façon toute
extraordinaire .
Rien n'eſt plus noble &
plus magnifique , que la
220
20
manière dont les Grands
Seigneurs vont à la Chaſſe
en Pologne. Ils menent ordinairement
avec eux , un
fi grand nombre deDomeftiques
, de Chevaux , & de
Chiens, que leur Equipage
reſſemble pluſtoſt à un gros
détachement de troupes reglées
, qu'à une compagnie
de gens aſſemblez , pour le
plaisir de faire la guerre à
GALANT. 123
+
20
وا
LEKCI }
des animaux. Cette précaution
me paroilt fort
raisonnable , & je trouve
qu'ils font parfaitement
bien de proportionner le
nombredes combatrants au
3
21091
nombre & à la fureur des
monſtres qu'ils attaquent.
Un jour enfin, Monfieur
Belzeſki , dans une de fes
redoutables Chaffes, fe laifſa
emporter par ſon cheval ,
à la pourſuite d'un des plus
fiers Sangliers qu'on cuſt
encore vû dans la Foreſt où
il chaſſoit alors. Le cheval
anime paſſa ſur le corps de
124 MERCURE
261
ce terrible animal , & s'abbatit
en meſme temps , à
quatre pas de luy. Monfieur
Belzeſki ſe dégagea, auflitoſt
adroitement des efriers
, avant que le Monf
tre l'attaquaft ; mais ils eftoient
trop prés l'un de Laura
tre & le Sanglier desia
bleffé trop furieux , pour ne
pas ſe meſurer
44
encore con-b
tre l'ennemi qui l'attendoit :
ainſi plein de rage , il voulut
ſe llaanncceerr fur luy , mais
dans le moment ſon ennemi
intrepide & prudent lui
abbattit la teſte d'un coup
GALANT.
1:5
ſi juſte , & fi vigoureux, que
fon fabre paffa entre le col
& le tronc de an
11
avec tant de viteſſe , que le
mouvement Violent avec
lequel il retira fon bras
entraîna fon 21911
corps , de ma
niere qu'un des pieds luy
manquant , il tomba à la
renverſe ; mais fi malheu
reuſement, qu'il alla ſe fen.
dre la tefte fur une pierfe
qui ſe trouva derriere luy.
Dans ce fatal inſtanttous
les autres Chaſſeurs arrivérent
, & emporterent en
pleurant , le Corps de leur
THAJAD
126 MERCURE
infortune maiſtre , qui vécu
encore quatre jours
qu'il employa à donner à
Madame Belzeſca les dernieres
& les plus fortes
preuves de ſon amour , if
la fiitt ſon heritiere univerſelle
, & enfin il mourut
adoré de ſa femme , & infiniment
regretté de tout
le monde.
il
Il y a plus de fix ans que
Madame Belzeſca pleure
ſa perte , malgré tous les
foins que les plus grands
Seigneurs , les Princes , &
mefme les Roys , ont pris
GALANT. 127
pour la conſoler. Enfin elle
eft depuis long-temps l'amie
inſéparable de Mada
infeparable
me la Palatine de ... elle a
maintenant foixante ans
paflez , & je puis affeurer
qu'elle est encore plus aimée
; & plus reſpectée ,
qu'elle ne le fut peut eftre
jamais , dans le plus grand
efclat de fa jeuneffe. On
parle meſme de la remarier
aun homme d'une fi grande
distinction
, que , ce
bruit , quelque fuite qu'il
ait eft toutccee qu'on en peut
dire de plus avantageux ,
Lin
128 MERCURE
pour faire un parfait éloge
de ſon mérite , & de fes
vertusaises
nouvelle .
LA peſte qui exerce
ſouvent de furieux ravages
dans lesPaïsduNord,
avoit déja détruit prés
d'un tiers de la belle Ville
de Varſovie , ceux de ſes
habitans qui avoient
quelque azile dans les
campagnes , l'abandonnoient
tous les jours ;
pluſieurs alloient à cent
GALANT. 13
lieuës&plus loin encore,
chercher à ſe preſerver
des perils de la conta
gion , lorſque la Palatine
de ... arriva à Dantzic
avec pluſieurs Dames de
confideration qui n'avoient
pas voulu quitter
Varſovie ſans elle.
Le Marquis de Canop
qui eſt un des plus dignes
& des plus honneftes
homes qu'on puiſſe voir,
& qui jouoit un tresgrand
rôle en Pologne ,
14 MERCURE
eſtoit alors à Dantzic ,
où il receut la Palatine
avec tous les honneurs &
toutes les feftes qu'on
puiſſe faire àune des plus
charmantes & des plus
grandes Princeſſes du
monde.drov mes
Des intereſts d'amour,
autant que la crainte de
la maladie , avoient dé
terminé pluſieurs Sei
gneurs Polonois à ſuivre
la Palatine & les Dames
qui l'accompagnoient :
GALANT.
ces Illuſtres captifs qui
n'avoient point abandon-
-néle Char de leur Maitreffe
pendant leur route ,
regarderent leur retraite
à Dantzic , comme l'azile
dumõde le plus favorable
à leurs foupirs. Mais parmi
tant de jeunes beautez
qui briguoient peuteſtre
encore plus d'hommages
qu'elles n'en recevoient
, rien n'eftoit plus
admirable , que le droit ,
qu'uneDame autant ref-
وت
16 MERCURE
pectable par la majeſté
de ſes traits , que par le
nombre de ſes années ,
ſembloit avoir ſur les
cooeurs de tous ceux qui
l'approchoient.
Il n'eſt pas eſtonnant
qu'à un certain âge , on
plaiſe à quelqu'un , mais
quelque beau retour
qu'on puiſſe avoir , il eſt
rare que dans un âge
avancé, on plaiſe à tout
le monde.
La Dame dont je parle,
&
GALANT. 17
&qui avoit cet avantage,
ſe nommoit alors Madame
Belzeſca , elle avoit
eü déja trois maris , &
au moins mille Amants,
elle s'eſtoit tousjours conduite
avec tant de difcretion
& d'innocence , que
les plus hardis & les plus
emportés de ſes adorateurs
n'avoient jamais ofé
donner la moindre atteinte
à ſa réputation : enfin à
quinze ans elle avoit ſou
ſe faire reſpecter comme
May1714. B
18 MERCURE
à ſoixante , & à foixante
paffées ſe faire aimer &
fervir comme à quinze.
Une femme de fa Province,
de fon âge , & qui
depuis fon premier mariage
l'a ſervie juſqu'à
préſent , m'a conté dix
fois fon hiſtoire , comme
je vais la raconter.
Voicy à peu prés ce
que jay retenu de fes
avantures.
Madame Belzeſca eft
originaire d'un Villagede
:
GALANT 12
!
Tourainne , fon Pere qui
eſtoit frere du Lieutenant
Generald'une des premieres
Villes de cette Province
, y poffedoit des biens
affez confiderables . Elle
reſta ſeule de 9. enfants
qu'eut ſa Mere , qui ne
l'aima jamais. Satendreſſe
pour un fils qu'elle avoit,
lorſqu'elle vint au monde;
en fit à ſon égard une
maraſtre ſi cruelle , que
l'oin d'accorder la moindre
indulgence aux ſentih
Bij
20 MERCURE
>
ments de la nature , quelques
efforts que fit fon
mary pour la rendre plus
humaine , elle ne voulut
jamais confentir à la voir.
Cette averſion s'eſtoit
fortifiée dans ſon coeur
ſur la prédiction d'un Berger
qui luy dit un jour ,
deſeſperé des mauvais
traittements dont elle
l'accabloit , qu'elle portoit
en fon fein un enfant
qui le vangeroitdesmaux
qu'elle luy faifoit. Cette
GALANT. 21
malheureuſe Prophetie
s'imprima ſi avant dans
ſon ame , que l'exceffive
haine qu'elle conceut
pour le fruit de cette couche
, fut l'unique cauſe
de la maladie dont elle
mourut. L'enfant qui en
vint , fut nommé Georgette
Pelagie le ſecond
jour de ſa naiſſance , &le
troifiéme emmenée dans
le fond d'un Village , où
la fecrette pieté de fon
Pere , &la charité de ſa
22. MERCURE
tendre nourrice l'elevérent
juſqu'à la mort de fa
mere , qui , eutà peine les
yeux fermés, qu'on ramena
ſa fille dans les lieux
où elle avoit receu le jour.
Pelagie avoit alors prés
de douze ans , &déja elle
eſtoit l'objet de la tendrefſe
de tous les habitans ,
&de tous les voiſins du
Hameau dont les foins
avoient contribué à la
mettre à couvert des rigueurs
d'une mere inhu
4
GALANT. 23
|
€
maine. Ses charmes naiffans,
avec mille graces naturelles
, ſa taille & fes
traits qui commençoient
à ſe former , promettoient
tant de merveilles aux
yeux de ceux qui la vor
yoient, que tous les lieux
d'alentour s'entretenoient
déja du bruit de ſa beauté.
Un eſprit tranquille ,
un temperament toûjours
égal , une grande attention
ſur ſes diſcours , &&&
une douceur parfaite
1
24 MERCURE
avoient preſque réparé
en elle le déffaut de l'éducation
, lorſque ſon Pere
réſolut de la conduire à
Tours.Quoyque l'air d'une
Ville de Province , &
celuy de la campagne ſe
reffemblent affés , elle ne
laiſſa pas de trouver là
d'honneſtes gens qui regarderent
les ſoins de l'inſtruire
comme les plus
raiſonnables foins du
monde. Mais il eſtoit
temps que le Dieu qui
fait
GALANT. 25
fait aimer commençaſt a
ſe meſler de ſes affaires ,
& que fon jeune coeur
apprit à ſe ſauver des pieges
& des perils de l'amour.
La tendreſſe que
ſes charmes inſpiroient
échauffoit tous les coeurs,
à meſure que l'art poliffoit
ſon eſprit , & fon
eſprit regloit ſes ſentimens
à meſure que la
flatterie eſſayoit de corrompre
ſes moeurs. Mais
c'eſt en vain que nous
May 1714.
,
C
26 MERCURE
prétendons nous arranger
fur les deſſeins de noſtre
vie , toutes nos précautions
ſont inutiles contre
les arreſts du deſtin .
Le Ciel refervoit de
trop beaux jours à l'heureuſe
Pelagie ſous les
loix de l'amour , pour
lui faire apprehender davantage
les écuëils de fon
empire. Cependant ce fut
une des plus amoureuſes
& des plus funeftes avantures
du monde qui déGALANT.
27
termina ſon coeur à la
tendreſſe.
Un jour ſe promenant
avec une de ſes amies ſur le
bord de la Loire , au pied
de la celebre Abbaye de
Marmoutier,elle apperceut
au milieu de l'eau un petit
batteaudécouvert , dans lequel
étoient deux femmes ,
un Abbé ,& le marinier qui
les conduiſoità Tours : mais
ſoit que ce bateau ne valuſt
rien ou que quelque malheureuſe
pierre en euſt écarté
les planches , en un moment
tout ce miferable é-
Cij
28. MERCURE
quipage fut enseveli ſous
les eaux. De l'autre coſté
de la riviere deux cavaliers
bien montez ſe jetterent à
l'inſtant à la nage pour ſecourir
ces infortunez ; mais
leur diligence ne leur ſervit
au peril de leur vie , qu'au
falut d'une de ces deux femmes
, que le moins troublé
de ces cavaliers avoit heureuſement
attrapée par les
cheveux , & qu'il conduifit
aux pieds de la tendre Pelagie
, qui fut fi effrayée de
cet affreux ſpectacle , qu'elle
eutpreſque autant beſoin
GALANT. 29
!
de ſecours , que celle qui
venoit d'eſtre ſauvée de cet
évident naufrage , où l'autre
femme & l'Abbé s'eftoient
desja noyez .
:
Le cavalier qui avoit eſté
le moins utile au falut de la
perſonne que ſon ami venoit
d'arracher des bras
de la mort , eſtoir cependant
l'amant aimé de la Dame
délivrée ; mais ſon amour
, fon trouble & fon
deſeſpoir avoient telle.
ment boulversé ſon imagination
, que bien loin de ſe
courir les autres , il ne s'en
C iij
30 MERCURE
fallut preſque rien qu'il ne
perift luy meſme: enfin fon
cheval impetueux le remit
malgré luy au bord d'où il
s'eſtoit précipité ; auffi- toft
il courut à toute bride, iltraverſa
la ville , & pafla les
ponts pour ſe rendre fur le
rivage , où ſa maiſtreſſe recevoit
toute forte de nouveaux
foulagements de Pelagie
, de ſa compagne , &
de ſon ami.
L'intrepidité du liberateur,
ſa prudence , ſes ſoins
& fa bonne mine pafferent
fur le champ pour des mer
GALANT. 31
veilles aux yeux de Pelagie,
De l'admiration d'une certaine
eſpece , il n'y a ordinairement
, ſans qu'on s'en
apperçoive , qu'un pas à
faire à l'amour , & l'amour
nous mene ſi loin naturellement
qu'il arrache bientoſt
tous les conſentements
de noſtre volonté. En vain
l'on ſe flatte d'avoir le tems
de reflechir , en vain l'on
veut eſſayer de ſoumettre
le coeur à la raiſon , l'eſprit
dans ces occafions eft tousjours
ſeduit par le coeur , on
regarde d'abord l'objet avec
C iiij
32 MERCURE
complaiſance.les préjugez
viennent auſſi toſt nous é
tourdir , & nous n'eſperons
ſouvent nous mieux deffendre
, que lorſque noſtre inclination
nous determine à
luytout ceder.
La tendre Pelagie eſtonnée
de ce qu'elle vient de
voir , n'ouvre ſes yeux embaraffés
, que pour jetter
des regards languiſſans
vers la petite maiſon , où
quelques Payſans aidés de
nos deux Cavaliers emportent
la Dame qui vient d'eftre
delivrée de la fureur
GALANT. 33
des flots. Elle n'enviſage
plus l'horreur du peril
qu'elle lui a vû courir ,
comme un ſpectacle ſi digne
de compaſſion , peu
s'en faut meſme qu'elle
n'envie ſon infortune.
Quoique ſes inquietudes
épouvantent ſon coeur , fes
intereſts ſe multiplient , à
meſure que cette troupe
s'éloigne d'elle . Elle croit
desja avoir démeflé que
ſon Cavalier ne ſoupire
point pour la Dame , ni la
Dame pour lui ; neanmoins
ſon eſprit s'en fait
34 MERCURE
une Rivale , elle aprehende
qu'un ſi grand ſervice
n'ait quelqu'autre motif
que la pure generofité , ou
pluſtoſt elle tremble qu'un
amour extreſme ne ſoit la
récompenſe d'un fi grand
ſervice. Cependant elle retourne
à la Ville , elle ſe
met au lit , où elle ſe tour.
mente , s'examine & s'afflige
, à force de raiſonner
fur certe avanture , dont
chacun parle à ſa mode
elle la raconte auffi tous
و
ceux qui veulent l'entendre
, mais elle s'embaraſſe
GALANT.
35
,
د tellement dans ſon récit
qu'il n'y a que l'indulgence
qu'on a pour ſon innocence
& ſa jeuneſſe , qui déguiſe
les circonſtances
qu'elle veut qu'on ignore.
Le Chevalier de Verſan
de ſon coſté ( C'eſt le
nom du Cavalier en qui
elle s'intereſſe , ) le Chevalier
de Verſan dis-je ,
n'eſt pas plus tranquille. La
belle Pelagie eſt tousjours
preſente à ſes yeux , enchanté
de ſes attraits , il va,
court , & revient , par tout
ſa bouche ne s'ouvre , que
36 MERCURE
,
,
pour vanter les appas de
Pelagie. Le bruit que cet
Amant impetueux fait de
fon amour frappe auflitoſt
ſes oreilles , elle s'applaudit
de ſa conqueſte
elle reçoit ſes viſites , écoute
ſes ſoupirs , répond à ſes
propoſitions , enfin elle
conſent , avec ſon Pere ,
que le flambeau de l'hymen
éclaire le triomphe de
fon Amant. Cette nouvelle
allarme , & deſeſpere
en vain tous ſes Rivaux. Il
eſt heureux déja. La fortune
elle-mefme pour le com
bler de graces vient atta
cher de nouveaux préſens
aux faveurs de l'amour. La
mort de ſon frere le fait
heritier de vingt mille livres
de rente. Le Chevalier
devient Marquis : nouvel
& précieux ornement
aux douceurs d'un tendre
mariage. Mais tout s'uſe
dans la vie , l'homme ſe
demaſque , la tendreſſe reciproque
s'épuiſe imper
ceptiblement , on languit ,
on ſe quitte , peut - eſtre
meſme on ſe hait , heureux
encore ſi l'on ne fouf
38 MERCURE
fre pas infiniment des caprices
de la déſunion Mais
Prices d la mort & l'amour ſe rangent
du parti de Madame
la Marquiſe de ... que ,
pour raiſon difcrette , je
nommerai Pelagie , juſqu'à
ce qu'elle foit Madame
Belzeſca.
Ainfi l'heureuſe Pelagie
aprés avoir goufté pendant
cinq ans toutes les douceurs
de l'hymen , ne ceſſe d'aimer
fon mary ( inconſtant
huit jours avant elle )
que fix ſemaines avant ſa
mort.
GALANT. 39
Un fils unique , ſeul &
cher gage de leur union ,la
rend àvingt ansheritiere &
dépofitaire des biensdu défunt.
Elle arrange exacte
ment toutes ſes affaires, elle
abandonne tranquillement
la province , & fe rend à
Paris avec fon fils .
De quel pays , Madame ,
luy dit- on,dés qu'on la voit,
nous apportez-vous tant de
beauté? dans quelle obſcure
contrée avez - vous eu le
courage d'enſevelir ju qu'a
preſent tant de charmes ?
que vous eſtes injuſte d'a
40 MERCURE
voir ſi long - temps honoré
de voſtre preſence des lieux
preſque inconnus , vous qui
eſtes encore trop belle pour
Paris . Cependant c'eſt le
ſeul endroit du monde qui
puiſſe prétendre à la gloire
de vous regarder comme la
Reine de ſes citoyennes.
Les ſpectacles , les aſſemblées,
les promenades , tout
retentit enfin des merveillesdela
belle veuve.
Le Roy Caſimir eſtoit
alors en France , pluſieurs
grands ſeigneurs avoient
ſuivi ce Prince juſqu'à la
porte
GALANT. 41
porte de ſa retraite.
Il n'y avoit point d'eſtranger
à Paris qui ne fuſt curieux
d'apprendre noſtre
langue qui commençoit à
ſe répandre dans toutes les
cours de l'Europe , & il n'y
enavoit aucun qui ne ſceuſt
parfaitement que la connoiſſance
& le commerce
des Dames font l'art, le merite
, & le profit de cette
eftude.
Un charmant voiſinage
eſt ſouvent le premier prétexte
des liaiſons que l'on
forme.
May 1714. D
MERCURE
Pelagie avoit ſa maiſon
dans le fauxbourg S. Germain
: ce quartier eſt l'azile
le plus ordinaire de tous les
eſtrangers , que leurs affaires
ou leur curioſité attirent
à Paris .
,
La Veuve dont il eſt
queſtion eſtoit fi belle
que ſa Maiſon eſtoit tous
les jours remplie des plus
honneſtes gens de la Ville ,
& environnée de ceux qui
n'avoient chez elle ni
,
droit , ni prétexte de viſite.
Enfin on croyoit en la
voyant , que , Maiſtreſſe
GALANT. 43
!
abſoluë des mouvements
de ſon ame , elle regnoit
ſouverainement ſur l'amour
comme l'amour
qu'elle donnoit regnoit fur
tous les coeurs ; mais on ſe
trompoit , & peut- eſtre ſe
trompoit- elle elle - meſme.
Pelagie eſtoit une trop
belle conqueſte , pour n'eftre
pas bien toſt encore la
victime de l'amour.
La magnificence du plus
grand Roy du monde raviſſoit
alors les yeux des
mortels , par l'éclat & la
pompe des ſpectacles &
Dij
44 MERCURE
,
des feftes , dont rien n'avoit
jamais égalé la richefſe
& la majefté ; l'on accouroit
de toutes parts ,
pour eſtre témoins de l'excellence
de ſes plaifirs , &
chaque jour ſes peuples
eſtoient obligez d'admirer
dans le délafſſement de ſes
travaux , les merveilles de
fa grandeur.
Le dernier jour enfin
des trois deſtinés pour cette
fuperbe feſte de Verfailles,
dont la poſterité parlera
comme d'une feſte inimitable
, ce jour où l'Amour
GALANT. 45
vuida tant de fois fon Carquois
, ce jour où l'Amour
ſe plut à joüer tant de
tours malins à mille beautés
que la fplendeur de ce
Spectacle avoit attiré dans
ces lieux , fut enfin le jour
qui avança le dénoüement
du fecond du ſecond hymen de Pelagie.
Un des ſeigneurs que le
Roy Caſimir avoit amenéz
avec luy , avoit malheureuſement
veu cette belle veuve
, un mois avant de ſedéterminer
à imiter le zele &
la pieté de ſon maiſtre , elle
46 MERCURE
avoit paru à ſes yeux ornée
de tant d'agrements , ou
plutoſt ſi parfaite , que la
veuë de ſes charmes luy fit
d'abord faire le voeu de n'en
plusfaire que pour elle; mais
c'eſt un conte de prétendre
qu'il ſuffiſe d'aimer pour ef
tre aimé ; rien n'eſt plus
faux que cette maxime , &
je ſouſtiens qu'on eſt ſouvent
traité fort mal en amour
, à moins qu'une heureuſe
influence n'eſtabliſſe
des diſpoſitions reciproques.
C'eſt en vain que l'amouGALANT.
47
reux Polonois brufle pour
Pelagie , ſon eſtoille n'eft
point dans ſes interefts , elle
regarde cette flame auffi
indifféremment , qu'un feu
que d'autres auroient allumé
, & quoy qu'elle voye
tous les jours ce nouvel
eſclave l'étourdir du récit
de ſa tendreſſe , ſon coeur
ſe fait ſi peu d'honneur de
cette conquefte , qu'il femble
qu'elle ignore qu'il y
ait des Polonois au monde
.
Mais l'eſprit de l'homme
prend quelquefois des ſen48
MERCURE
timents ſi audacieux quand
il aime , que la violence
de ſa paſſion & le defefpoir
de n'eſtre point écouté
, le portent ſouvent juſqu'à
l'inſolence. D'autresfois
nos titres& noſtre rang
nous aveuglent , & nous
nous perfuadons qu'on eſt
obligé de faire , du moins
en faveur de noſtre nom
ce que nous ne meritons
,
pas qu'on faſſe pour l'amour
de nous.
Le Polonois jure , tempeſte
, & s'impatiente contre
les rigueurs de ſa Maîtreffe,
GALANT .
49
treſſe , à qui ce procedé
paroiſt ſi nouveau , qu'elle
le fait tranquillement remercier
de ſes viſites . La
rage auffi toſt s'empare de
ſon coeur , il n'eſt point de
réſolution violente qui ne
lui paroiſſe légitime , l'inſenſible
Pelagie eft injufte
de n'eſtre pas tendre pour
lui , ſa dureté la rend indigne
de ſon amour , mais
fon amour irrité doit au
moins la punir de ſa rigueur
, & quoy qu'il en
couſte à l'honneur , l'éxécution
des plus criminels
May 1714. E
10 MERCURE
projets n'est qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de ſe
vanger d'une ingratte qui
ne peut nous aimer.
Ce malheureux Amant
ſcut que ſon inhumaine
devoit se trouver à la feſte
de Verſailles, avec une Dame
de ſes amies , & un de
ſes Rivaux , dont le mérite
luy avoit d'abord fait apprehender
la concurrence ,
mais qu'il croyoit trop foible
alors pour pouvoir déconcerter
ſes deſſeins . Il
prit ainſi ſes meſures avec
des gens que ſes promeſſes
GALANT.
SI
&ſes préſents engagérent
dans ſes intereſts , & il ré.
ſolut , aſſeuré de leur courage
& de leur prudence ,
d'enlever Pelagie , pendant
que le déſordre & la confuſionde
la find'une ſi grande
feſte , lui en fourniroient
encore les moyens..
Le Carroffe & les relais
qui devoient ſervir à cet
enlevement , eſtoient déja
ſi bien diſpoſés , qu'il ne
manquoit plus que le moment
heureux de s'empa
rer de l'objet de toute cette
entrepriſe ; lorſque Pelagie
1
E ij
52
MERCURE
laſſe & accablée du ſommeilque
lui avoient dérobé
ces brillantes nuits , entra ,
avec ſon amie , dans un
fombre boſquet , où la fraîcheur
& le hazard avoient
inſenſiblement conduit ſes
pasi elle y furà peine aſſiſe,
qu'elle s'y endormit
Laiffons la pour un inftant,
dans le fein du repos
dont on va bien toſt l'arracher.
- L'occaſion est trop belle
pour n'en pas profiter ; mais
le Polonois a beſoin de tout
fon monde , pour en fortir
GALANT.
53
a ſon honneur , & il commence
à trouver tant de
difficultez , à exécuter un ſi
grand deſſein dans le Palais
d'un ſi grand Roy , qu'il
s'imagine , aveuglé de ſon
déſeſpoir & de ſon amour ,
qu'il n'y a qu'une diligence
infinie , qui puiffe réparer
le déffaut de ſes précautions.
Il court pour raffem
bler ſes confidents ; mais la
vûë de ſon Rival qui ſe préſente
à ſes yeux , fait à l'inſtant
avorter tous ſes pro
jets. Où courez- vous, Monſieur
, luy dit- il , que vous
E iij
54 MERCURE
,
importe , répond l'autre ?
rendez graces , répond le
Cavalier François au refpect
que je dois aux lieux
cù nous ſommes fans
cette conſidération je
vous aurois déja puni , &
de voſtre audace , & de
l'inſolence de vos deſſeins.
Il te fied bien de m'inſulter
icy luy dit le Polonois ; je
te le pardonne : mais ſuy
moy ? & je ne tarderay pas
à t'apprendre à me reſpecter
moi- meſme , autant que
les lieux dont tu parles . Je
conſens , luy répondit le
4
GALANT .
SS
François , à te ſuivre où tu
voudras ; mais j'ay mainte
nant quelques affaires qui
font encore plus preſſées
que les tiennes: tu peux cependant
diſpoſer du rendez
vous , où je ne le feray pas
long-temps attendre.
Le bruit de ces deux
hommes éveille pluſieurs
perſonnes qui dormoient
ſur le gazon ; on s'aſſemble
autour d'eux , ils ſe taiſent
&enfin ils ſe ſéparent,
Ainfi le Polonois ſe retire
avec ſa courte honte ,
pendant que le François
E iii
56 MERCURE
cherche de tous cotez , les
Dames qu'il a perduës :
mais cette querelle s'eſtoit
paſſée ſi prés d'elles , que le
mouvement qu'elle cauſa ,
les reveilla , comme ceux
qui en avoient entendu la
fin ; elles fortirent de leur
boſquet qu'elles trouverent
desja environné de
gens qui compoſoient &
débitoient à leur mode les
circonstances decette avanture
, ſur l'idée que pouvoit
leur en avoir donné le peu
de mots qu'ils venoient
d'entendre , lorſqu'enfin il
GALANT.
$7
les retrouva. Je prie les
Lecteurs de me diſpenſer
de le nommer , ſon nom ,
ſes armes & ſes enfans ſont
encore ſi connus en France,
que , quoy que je n'aye que
ſon éloge à faire , je ne ſçay
pas ſi les fiens approuveroient
qu'on le nommaſt.
Deux heures avant que
le Cavalier François rencontrât
le Polonois , Mon.
fieur le Duc de ... avoit
heureuſement trouvé une
lettre à fos pieds : le hazard
pluſtoſt que la curiofité
la luy avoit fait ramaf
58 MERCURE
fer , un moment avant qu'il
s'apperceut des foins extreſmes
que prenoient trois
hommes pour la chercher :
la curioſité luy fit alors un
motifd'intereſt de cet effet
du hazard ; il s'éloigna des
gens dont il avoit remarqué
l'inquiétude , il ſe tira de la
foule , & dans un lieu plus
fombre & plus écarté , il
lut enfin cette lettre , qui
eſtoit , autant que je peux
m'en ſouvenir , conceuë ,
à peu prés , en ces termes.
Quelquesjustes mesures que
nous ayons priſes , quoy que mon
GALANT. رو
Carroffe & vos Cavaliers ne
foient qu'àcent pas d'icy , il n'y
aura pas d'apparence de réuffir
fi vous attendez que le retour
du jour nous ofte les moyens de
profiter du défordre de la nuit :
quelque claire que ſoit celle-cy ,
elle n'a qu'une lumiére empruntée
dont le ſoleil que j'apprenhende
plus que la mort
bien toſt diſſipper la clarté; ainfi
hatez vous de meſuivre , &ne
me perdez pas de veuë : je vais
déſoler Pelagie par ma préfen--
ce: dés qu'elle me verra , je ne
doutepas qu'elle ne cherche à me
fuir; mais je m'y prendray de
, va
60 MERCURE
façon ,que tous les pas qu'ells
fera , la conduiront dans nostre
embuscade.
La lecture de ce billet
eſtonna fort Mr le Duc ...
quiheureuſement connoiffoit
aſſez la belle veuve pour
s'intereffer parfaitement
dans tout ce qui la regardoit
; d'ailleurs le cavalier
françois qui eſtoit l'amant
declaré de la Dame , eſtoit
ſon amy particulier : ainſi il
priatout ce qu'il putraſſembler
de gens de ſa connoifſance
de l'aider à chercher
Pelagie avant qu'elle peuſt
GALANT. 61
eftre expoſée à courir les
moindres riſques d'une pareille
avanture. Il n'y avoit
pas de tempsà perdre , auſſi
n'en perd - il pas ; il fut par
tout où il creut la pouvoir
trouver , enfin aprés bien
des pas inutiles , il rencontra
ſon ami , qui ne venoit
de quitter ces deux Dames
que pour aller leur chercher
quelques rafraichif
ſements . Il est bien maintenant
queſtion de rafraif
chiſſements pour vos Dames
, luy dit le Duc , en luy
donnant la lettre qu'il ve
62 MERCURE
noit de lire , tenez , liſez, &
dites - moy ſi vous connoifſez
cette écriture , & à quoy
l'on peut à preſent vous eftre
utile. Monfieur le Duc ,
reprit le cavalier,je connois
le caractere du Comte Piof
Ki, c'eſt aſſeurement luy qui
aécrit ce billet ; mais il n'eſt
pas encore maiſtre de Pelagie
, que j'ay laiſſée avec
Madame Dormont à vingt
pas d'icy , entre les mains
d'un officier du Roy, qui eſt
mon amy , & qui , à leur
confideration , autant qu'à
la mienne , les a obligeamGALANT
. 63
ment placées dans un endroit
où elles ſont fort à leur
aife ; ainſi je ne crains rien
de ce coſté- là ; mais je voudrois
bien voir le Comte , &
l'équipage qu'il deſtine à
cet enlevement. Ne faites
point de folie icy , mon
amy , luy dit le Duc , aſſeurez
- vous ſeulement de quelques
perſonnes de voſtre
connoiſſance ſur qui vous
puiffiez compter : je vous
offre ces Meſſieurs que vous
voyez avec moy , raſſem.
blez- les autour de vos Dames
, & mettez - les ſage
64 MERCURE
ment à couvert des inſultes
de cet extravagant : fi je
n'avois pas quelques affaires
confiderables ailleurs ,
je ne vous quitterois que
certain du fuccez de vos
précautions.
Vi
LeDuc ſe retira alors vers
un boſquet où d'autres intereſts
l'appelloient,& laifſa
ainſi le cavalier françois
avec ſes amis ,à qui il montra
l'endroit où il avoit remis
ſa maiſtreſſe entre les
mains de l'officier qui s'eftoit
chargé du ſoin de la
placer commodément ; cependant
GALANT. 65
pendant il fut de ſon coſté
à la découverte de ſon ri.
val , qu'aprés bien des détours
, il rencontra enfin à
quatre pas du boſquet dont
jay parlé , &dont il ſe ſepara
comme je l'ay dit . Neanmoins
quelque ſatisfaction
qu'il ſentit du plaifir de retrouver
ſes Dames , il leur
demanda , aprés leur avoir
conté l'hiſtoire de ce qu'il
venoit de luy arriver , par
quel haſard elles ſe trouvoient
ſi loin du lieu où il
les avoit laiſſées. Apeine ,
luy dit Pelagie , nous vous
May 1714. F
66 MERCURE
avons perdu de veuë , que le
Comte Pioski eſt venu s'affeoir
à coſté de moy , aux
dépens d'un jeune homme
timide , que ſon air brufque
& fon étalage magnifique
ont engagé à luy ceder
la place qu'il occupoit.
Ses diſcours m'ont d'abord
fi cruellement ennuyée,que
mortellement fatiguée de
les entendre ,j'ay priéMadame
de me donner le bras,
pour m'aider à me tirer des
mains de cet imprudent ; le
monde , la foulle , & les
détours m'ont derobé la
GALANT. 67
connoiſſance des pas & des
efforts que fans doute il a
faits pour nous ſuivre , &
accablée de ſommeil &
d'ennuy, je me ſuis heureuſement
ſauvée dans ce bofquet
, ſans m'aviſer ſeulement
de fonger qu'il euſt
pû nous y voir entrer ; mais
quelque peril que j'aye couru
, je ſuis bien aiſe que fon
inſolence n'ait pas plus éclaté
contre vous , que fes
deſſeins contre moy , & je
vous demande en grace de
prévenir ſagement , & par
les voyesde ladouceur,tou-
tes les ſuites facheuſes que
ſon deſeſpoir & voſtre demeſlé
pourroient avoir. Il
n'y a plus maintenant rien
à craindre , il fait grand
jour , le chemin de Verſailles
à Paris eſt plein de monde
, & vous avez icy un
grand nombre de vos amis ,
ainſi nous pouvons retourner
à la ville fans danger.
Le cavalier promit à la
belle Pelagie de luy tenir
tout ce qu'elle voulut exiger
de ſes promeſſes , & fes
conditions acceptées , illamena
juſqu'à fon carroffe,
GALANT
69
où il prit ſa place , pendant
que quatre de ſes amis ſe
diſpoſerent à le ſuivre dans
le leur.
1
Il n'eut pas plutoſt remis
les Dames chez elles , &
quitté ſes amis , qu'en entrant
chez luy , un gentila
homme luy fie preſent du
billet que voicy.
Les plus heureux Amants
ceſſeroient de l'estre autant qu'ils
ſe l'imaginent , s'ils ne rencon
troient jamais d'obstacle à leur
bonheur je m'intereſſe affez au
voſtre , pour vousyfaire trouver
des difficultez qui ne vous
70
MERCURE
establiront une felicitéparfaite,
qu'aux prix de tout lefangde
Pioski. Le Gentilhomme que
je vous envoye vous expliquera
le reſte de mes intentions.
naypas
Affoyez-vous donc, Monſieur
, luy dit froidement le
cavalier françois ,& prenez
la peine de m'apprendre les
intentions de Monfieur le
Comte Pioski . Je n'ay
beſoin de ſiege , Monfieur ,
luy répondit ſur le meſme
ton , le gentilhomme Polonois
, & je n'ay que deux
mots à vous dire. Vous eſtes
l'heureux rival de Monfieur
GALANT.
le Comte qui n'eſt pas encore
accouſtumé à de telles
préferences , il eſt ſi jaloux
qu'il veut vous tuer , & que
je le veux auſſi , il vous attend
maintenant derriere
l'Obſervatoire ; ainſi prenez
, s'il vous plaiſt , un ſecond
comme moy , qui ait
aſſez de vigueur pour m'amuſer
, pendant que vous
aurez l'honneur de vous és
ggoorrggeerreennſſeemmbbllee.
Je ne ſçay ſi le françois ſe
ſouvint, ou ne ſe ſouvint pas
alors de tout ce qu'il avoit
promis à ſa maiſtreſſe , mais
72 MERCURE
voicy à bon compte lecas
qu'il en fit.
Il appella ſon valet de
chambre , qui estoit un
grand garçon de bonne vo
lonté , il luy demanda s'il
vouloit eſtre de la partie ,
ce qu'il accepta en riant,
Aufſi - toft il dit au gentilhomme,
Monfieur leComte
eſt genereux , vous eſtes
brave, voicy voſtre homme,
& je ſuis le ſien Mais Monfieur
eft- il noble , reprit le
gentilhomme. Le valet de
chambre , Eſpagnol de nation,
piqué de cette demande
GALANT .
73
de, luy répondit fierement
ſur le champ , & en ſon langage
, avec une ſaillie romaneſque
, Quienes tu hombre
? voto a San Juan. Viejo
Chriftiano estoy , hombre blanco
,y noble como el Rey Ce que
ſon maiſtre naiſtre expliqua au Polonois
en ces termes . Il
vous demande qui vous eftes
vous mesme , & il vous
jure qu'il eſt vieux Chreftien
,homme blanc , & noble
comme le Roy. Soit ,
reprit le gentilhomme,marchons.
Ces trois braves furent
ainſi grand train au
May 1714. G
74 MERCURE
rendez vous , où ils trouverent
le Comte qui commençoit
à s'ennuyer. Aprés
le falut accouſtumé , ils mirent
tous quatre l'épée àla
main. Pioski fit en vain des
merveilles , il avoit desja
perdu beaucoup de fang ,
lang,
lorſqu'heureuſement ſon épée
ſe caſſa; le gentilhomme
fut le plus maltraité,l'Ef
pagnol ſe battit comme un
lion ,& le combat finit.
Cependant le Comte
Pioski, qui , à ces violences
prés , eftoit entout un
homme fort raiſonnable ,
GALANT. 75
eut tant de regret des extravagances
que cette derniere
paffion venoit de luy
faire faire , que la pieté étouffant
dans ſon coeur tous
les interêts du monde , il
fut s'enfermer pour le reſte
de ſa vie dans la retraitte
la plus fameuſe qui ſoit en
France , & la plus connuë
par l'auſterité de ſes maximes.
Le Cavalier françois
foupira encore quelques
temps , & enfin il devint
l'heureux & digne Epoux
d'une des plus charmantes
femmes du monde.
Gij
76 MERCURE
4
Les mariages font une fi
grande époque dans les
hiſtoires , que c'eſt ordinairement
l'endroit par où
tous les Romans finiſſent ;
mais il n'en eſt pas de meſme
icy , & il ſemble juftement
qu'ils ne ſervent à
Madame Belzeſca que de
degrés à la fortune , où ſon
bonheur & ſes vertus l'ont
amenée . Tout ce qui luy
arrive dans un engagement
qui établit communément
, ou qui doit du
moins establir pour les autres
femmes , une ſigrande
GALANT. 77
tranquilité , qu'on diroit
que l'hymen n'eſt propre ,
qu'à faire oublier juſqu'à
leur nom , eſt au contraire
pour celle cy , la baze de
ſes avantures. L'eſtalage de
ſes charmes , & le bruit de
ſabeauté ne ſont point enſevelis
dans les embraffemens
d'un eſpoux : heureuſe
maiſtreſſe d'un mary
tendre & complaiſant , &
moins eſpouſe qu'amante
infiniment aimée , comme
ſi tous les incidens du monde
ne ſe raſſembloient que
pour contribuer à luy faire
Gij
78 MERCURE
des jours heureux , innocement
& naturellement
attachée à ſes devoirs , l'amour
enchainé , à ſa fuite
ne prend pour ferrer tous
les noeuds qui l'uniſſent à
ſon eſpoux , que les formes
les plus aimables , & les
douceurs du mariage ne ſe
maſquent point pour elle
ſous les traits d'un mary.
Enfin elle joüit pendant
neuf ou dix ans , au milieu
du monde , & de ſes adorateurs
, du repos le plus
doux que l'amour ait jamais
accordé aux plus heureux
GALAN 79
Amants ; mais la mort jalouſe
de ſa fecilité luy ra
vit impitoyablement le plus
cher objet de ſa tendreſſe:
que de cris ! que de ge.
miſſements ! que de larmes
! cependant tant de
mains ſe préſentent pour
efluyer ſes pleurs , que , le
temps ,la raiſon , & la néceſſité,
aprés avoir multiplié
ſes reflexions
nent enfin au ſecours de ſa
,
viendouleur
; mais il ne luy reſte
d'un eſpoux fi regretté ,
qu'une aimable fille , que la
mort la menace encore de
(
G iiij
80 MERCURE
luy ravir , ſur le tombeaude
fon pere. Que de nouvel.
les allarmes ! que de mortelles
frayeurs ? elle tombe
dans un eſtat de langueur
qui fait preſque deſeſperer
de ſa vie. Il n'eſt point de
ſaints qu'on n'invoque ,
point de voeux qu'on ne faf
ſe, elle en fait elle-meſme
pour fon enfant , & promet
enfin de porter un tableau
magnifique à Noftre-
Dame de Lorette ſi ſa
fille en réchappe. A l'inftant,
ſoit qu'un ſuccés favo
rable recompenfat ſon zele
GALANT. 81
&fa piete , ou qu'il fur
temps que les remedes operaſſent
à la fin plus effica
cement qu'ils n'avoient fait
encore , ſa maladie diminua
preſque à veuë d'oeil ,
en tros jours l'enfant fut
hors de danger , & au bout
de neufentierement guery.
Elle reſtaencore , en attendant
le retour du printemps
, prés de fix mois à
Paris , pendant lesquels elle
s'arrangea pour l'execution
de ſon voeu. Ce temps expiré
, accompagnée de ſon
fils & de ſa fille , d'une Da82
1 MERCURE
me de ſes amis , de deux
femmes de chambre , de
deux Cavaliers , & de quatre
valets , elle prit la route de
Lyon , d'où aprés avoir
paffé Grenoble , le mont
du l'An, Briançon , le mont
Geneve & Suze , elle ſe rendit
à Turin , où elle ſéjourna
trois ſemaines avec ſa
compagnie qui ſe déffit
comme elle de tout ſon équipage,
dans cette Ville,
pour s'embarquer ſur le Po.
Elle vit en paſſant les Villes
de Cazal du Montferrat
,
d'Alexandrie , le Texin qui
GALANT. 83
1
,
paſſe à Pavie , Plaiſance ,
+ Cremone , Ferrare , & enfin
elle entra de nuit à Venife
avec la marée. Elle
deſcendit à une Auberge
moitié Allemande , &moitié
Françoiſe , & dont
l'enſeigne d'un coſté , ſur
le grand Canal , reprefente
les armes de France , &
de l'autre , fur la Place de
ES. Marc , les armes de l'Empire.
Elle reçut le lende
main à ſa toilette , comme
cela ſe pratique ordinairement
à Veniſe , avec tous
les Estrangers confidera
,
S
१
84 MERCURE
,
bles , des compliments en
proſe & en vers imprimez
à ſa loüange , fon amie
& les Cavaliers de ſa compagnie
en eurent auſſi leur
part. Ces galanteries couftent
communément , & au
moins quelques Ducats à
ceux à qui on les fait. Le
ſecond jour elle fut avec
tout fon monde ſaluer Mr
l'Ambaſſadeur qui fut
d'autant plus charmé du
plaifir de voir une ſi aimable
femme , que , quoy que
Venife ſoit une Ville , où
lesbeautez ne ſont pas car
,
GALANT. 85
Π
S
res , il n'y en avoit pas encore
vû une , faite comme
- celle dont il recevoit la viſite.
La bonne chere , les,
Spectacles , les promena-
✓ des ſur la mer& ſur la coſte,
avec le Jeu, furent les plaifirs
dont il la regala , pen-
↓ dant les quinzejours qu'elle
y reſta. Il luy fitvoir dans ſa
Gondole , la pompeuſeCeremonie
du Bucentaure qui
ſe celebre tous les ans dans
cette Ville le jour de l'Afcenfion
, avec toute la magnificence
imaginable.
Je nedoute pas que bien
3
86 MERCURE
des gens neſcachent à peu
prés ce que c'eſt que cette
feſte; mais j'auray occafion
dans une autre hiſtoire d'en
faire une deſcription meſlée
de circonstances ſi agreables
que la varieté des évenemensque
je raconteray,
pourra intereſſer mes lecteurs
au recit d'une ceremonie
dont il ignore peuteſtre
les détails.
Enfin noſtre belle veuve
prit congé de Mr l'Ambaffadeur
, & le lendemain elle
s'embarqua ſur un petit baſtiment
, qui en trois jours
GALANT. 87
لا
}}
la rendit à Lorette , où elle
accomplit avec beaucoup
de zele & de religion , le
voeu qu'elle avoit fait à Pa-
1ris. Après avoir pieuſement
fatisfait à ce devoir indifpenſable
, dégouſtée des perils
, & ennuyée des fatigues
de la mer , elle refolut
de traverſer toute l'Italie
par terre , avant de retourner
en France .
!
Il n'y avoit pas fi loin de
Lorette à Rome pour n'y
pas faire untour,& je croy
a que pour tous les voyageurs,
cinquante lieuës plus ou
88 MERCURE
moins , ne ſont qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de
voir cette capitale du mõde.
- Il faiſoit alors ſi chaud ,
qu'il eſtoit fort difficile de
faire beaucoup de chemin
par jour ; mais lorſqu'on eſt
en bonne compagnie , &
de belle humeur , rien n'ennuye
moins que les ſéjours
charmants qu'ontrouve en
Italie.
Je ne prétens pas en faire
icy un brillant tableau,pour
enchanter mes lecteurs de
la beauté de ce climat ; tant
de voyageurs en ont parlé ;
Miffon
GALANT. 89
1
Miſſon l'a ſi bien épluché,
&cette terre eſt ſi fertile
en avantures , que les hiftoires
galantes que j'en raconteray
dorenavant ſuffiront
pour inſtruire d'une
maniere peut- eftre plus agreable
que celle dont ſe
ſont ſervis les écrivains qui
en ont fait d'amples relations
, ceux qui ſe conten
teront du Mercure pour
connoiſtre aſſez particuliement
les moeurs & le plan
de ce pays . Ainſi je renonceray
pour aujourd'huy au
détail des lieux que noftre
May 1714.
H
90 MERCURE
belle veuve vit , avant d'entrer
à Rome , parce que non
ſeulement il ne luy arriva
rien fur cette route qui puifſe
rendre intereſſants les cir
conſtances de ce voyage ,
mais encore parce que je ne
veux pas faire le geographe
malà propos . Le Capitole ,
le Vatican , le Chaſteau S.
Ange , le Colizée , la Place
dEſpagne, la Place Navonne
, l'Eglife S. Pierre , le
Pantheon , les Vignes , &
enfin tous les monuments
des Anciens , & les magnifiques
ouvrages des Moder
GALANT. 91
nes,dont cette ville eſt enrichie,
n'étalérent à ſes yeux
que ce que les voyageurs
lesplus indifferents peuvent
avoirveu comme elle ; mais
lorſque jetraitteray, comme
je l'ay dit,des incidens amufants
& raifonnables que
j'ay , pour y promener mes
lecteurs , j'eſpere que leur
curioſité ſatisfaite alors , les
dédommagera fuffifamment
de la remiſe & des
frais de leur voyage...
La conduite que tint à
Rome cette charmante veuve
, fut tres eſloignée de cel- :
Hij
92 MERCURE
le que nos Dames françoi
ſes y tiennent , lorſqu'avec
des graces moindres que les
fiennes , elles ſe promettent
d'y faire valoir juſqu'à leur
plus indifferent coup d'oeil.
Celle cy parcourut les Egliſes
,les Palais , les Places
& les Vignes en femme qui
ne veut plus d'avantures ;
mais elle comptoit fans for
hoſte, & l'amourn'avoit pas
figné le traité de l'arrangement
qu'elle s'eſtoit fait.
Ungentilhomme Italien
dela ſuite de l'Ambaſſadeur
de l'Empereur , qui avoir
GALANT. 93
veu par hafard une fois à la
Vigne Farneze , le viſage
admirable de noftre belle
veuve , fur ſi ſurpris de l'é
elat de tant de charmes ,
qu'il reſtacomme immobi
le , uniquement occupé dư
foin de la regarder. Elle
s'apperceut auffi- toft de fon
eſtonnement ; mais dans
Finſtant ſon voile qu'elle
laiſſa tomber, luy déroba la
veuë de cet objet de fon admiration.
L'Italien , loin de
fe rebuter de cet inconvenient
, réſolut de l'exami
ner juſqu'à ce qu'il ſceuſt ſa
94 MERCURE
ruë , fa demeure , ſon pays ,
fes deſſeins , & fon nom.
Dés qu'il ſe fut ſuffiſamment
inſtruit de tout ce
qu'il voulut apprendre ;
aprés avoir paffé& repaffé
cent fois devant ſa maiſon ,
ſans qu'on payaſt ſes ſoins
de la moindre courtoiſie,&
pleinement convaincu qu'il
n'y avoit auprés de cette
belle veuve , nulle bonne
fortune à eſperer pour luy ,
il conclut qu'il pouvoit regaler
Monfieur l'Ambaſſadeur
du merite de ſa découverte.
A
GALANT.951
En effet un jour que l'Ambaſſadeur
de Pologne difnoit
chez ſon maiſtre , voyant
vers la fin du repas,que
la compagnie entroit en
belle humeur , & que la
- converſation rouloit de
bonne grace ſur le chapitre
- des femmes ; Meſſieurs , dit-
- il , quelques ſentimens
qu'elles vous ayent fait
prendre pour elles , je ſuis
ſeur , que ſans vous embar-
-raſſer de vouloir connoiſtre
leurs coeurs plutoſt que
leurs perſonnes,vous renonceriez
à toutes les précau
96 MERCURE
tions du monde , ſi vous
aviez vû , une ſeule fois ,
une Dame que je n'ay vûë
qu'un inſtant. Je me promenois
, ily a quinze jours
àla Vigne Farneze , elle s'y
promenoit auſſi ; mais je
vous avoue que je fus ſaiſi
d'étonnement,en la voyant,
& que je luy trouvay cant
de charmes , un ſi grand
air ,& un ſi beau viſage
que je jurerois volontiers ,
quoy que cette Ville fourmille
en beautés , qu'il n'y
a rienà Rome qui ſoit beau
comme elle. Ces Miniſtres
1
Eſtrangers
GALANT. 97
5
Eſtrangers s'échaufférent
ſur le recit du Gentilhomme
Italien , celuy de Pologne
ſur tout , ſentitun mou.
vement de curioſité fi
prompt , qu'il luy demanda
d'un air empreſſé , s'il n'a
voit pas eſté tenté de ſur
vre une ſibelle femme ,&
s'il ne sçavoit pas où elle
demeuroit. Ouy, Monfieur,
luy répondit- il , je ſçay ſon
nom , ſa demeure & les
motifs de ſon voyage à
Rome, mais je n'en ſuis
pas plus avancé pour cela ,
&je croy au contraire que
May 1714.
I
98 MERCURE
mes empreſſements l'ont
tellement inquiétée, qu'elle
ne paroiſt plus aux Eglifes ,
ny aux promenades , de
puis qu'elle s'eſt apperçuë
du ſoin que je prenois d'éxaminer
ſes démarches .
Voila une fiere beauté , dit
l'Ambafladeur de l'Empereur
, & addreſſant la parole
en riant à celuy de Pologne
, Monfieur , continuast-
il , n'ayons pas le démentide
cette découverte ,
& connoiffons à quelque
prix que ce ſoit , cette belle THEQUE DEL
BIBLI
< YON
EVILL
1893*
J'y confens reTHEQUE
DA
5,
20
LY
GALANTE
18
E
VILL
prit l'autre , férieuſent
& je ſuis fort trompé fi
dans peu de jours , je ne
vous en dis des nouvelles.
Ils auroient volontiers
bû desja à la ſanté de l'inconnue
, ſi , une Eminence
qu'on venoit d'annoncer ,
ne les avoit pas arrachez de
la table , où le vin & l'amour
commençoient
à les 0
mettre en train de dire de
de
belles choses .
e Le Gentilhomme qui
ue avoit ſi à propos mis la belle
Veuve ſur le tapis , fut au
devant du Cardinal , que
I ij
100 MERCURE
fon Maiſtre fut recevoir
juſqu'au pprreemmiieerr degré de
fon Eſcalier , & en meſme
tems il reconduifit l'Ambas
ſadeur de Pologne juſqu'à
fon Carrofle. Ce Miniſtrele
questionnaſi bien , chemin
faiſant , qu'il retourna chez
luy , parfaitement inftruit
de tout ce qu'il vouloit ſcavor.
Des qu'il fut à fon
Appartement , il appella un
Valet de chambre , à qui il
avoit ſouvent fait de pareilles
confidences & aprés
luy avoir avoüé qu'il eſtoit
desja , fur un ſimple recit ,
GALANT. 101
1
:
1
éperduëment amoureux
d'un objet qu'il n'avoit jamais
vû , il luy demanda
s'il croyoit pouvoir l'aider
de ſes conſeils de fon zele
& de ſa difcretion , dans
Tembarras où il ſe trouvoit.
Je feray , luy dit le Valet
de chambre tout ce
qu'il vous plaira ; mma.is puifque
vous me permettez de
vous donner des confeils ,
je vous avoüeray franche-
FL
د
ment , que je pennſiee que
le
portrait que vous me faites,
de la conduitte ſage & retirée
que tient la perſonne
Inj 1
102 MERCURE
dont vous me parlez , eft
fouvent le voile dont Te
fervent les plus grandes
avanturieres , pour attrapper
de meilleures dupes. Ta
pénétration eſt inutile icy ,
luy répondit l'Ambaffadeur
: tu ſçais desja ſon nom
& ſa maiſon , informe toy
ſeulement fi ce qu'on m'en
adit eft véritable ; nous
verrons aprés cela le parti
que nous aurons à prendre .
Le Confident ſe met en
campagne , il louë une
chambre dans le voiſinage
de la belle Veuveil fait
>
GALANT. 103
1
1
0
e
it
connoiſſance avec un de ſes
domeſtiques , qui le met
en liaiſon avec la femme
de chambre de la Dame
qu'il veut connoiſtre : enfin
il la voit , & il apprend
qu'elle va tous les jours à
la meſſe , entre ſept & huit
heures du matin , à l'Eglife
de ſainte Cecile. Il avertit
auffi toſt ſon Maiſtre de
tout ce qui ſe paſſe ; ce Miniſtre
ne manque point de
ſe rendre ſans ſuite à cette
Eglife , & de ſe placer auprés
de cette beauté qui n'a
garde de ſe meffier à pareil
I iiij
104 MERCURE
le heure , ni de fes char
mes , ni des ſoins , ni de la
dévotion du perſonnage
quiles adore. לכ
Cependant l'allarme fonne
,& le Valet de chambre
apprend avec bien de la
douleur , que la Damedont
ſon Maiſtre eſt épris , commence
à s'ennuyer à Rome,
&qu'enfin incertaine ſi elle
retournera en France par
Genes,où ſi elle repaſſerales
Alpes, elle veutabſolument
eſtre hors de l'Italie , avant
le retour de la mauvaiſe
faifon. A l'inſtant l'AmbafGALANT.
1ος
t
!
es
16
10
le
f
1
Tadeur informé , & defefperé
de cette nouvelles ſe
détermine à luy eſcrire en
tremblant , la lettre que
voicy.
N'eſtes vous venue àRome,
Madame , que pour y violer
le droit des gens ; fi les franchiſes
les Privileges des
Ambaffadeurs font icy de vostre
Domaine , pourquoy vous dé-
Domaine
goustez - vous du plaisir d'en
joüir plus long-temps ? Fapprends
que vous avez réfolu de
partir dans buit jours. Ab! fi
rienne peut rompre ou differer
ce funeste voyage, rende-z moy
106 MERCURE
donc ma liberté que vos yeux
m'ont ravie , & au milieu de
la Capitale du monde. Ne me
laiſſez pas , en me fuyant,la
malheureuſe victime de l'amour
que vous m'avez donné. Permettez
moy bien pluſtoſt de vous
offrir en ces lieux tout ce qui
dépend de moy , & en reeevant
ma premiere visite , recevez en
mesme temps , si vous avez
quclques sentiments d'humanité,
la fortune , le coeur , & la
main de
BELZESKI.
Le Valet de Chambre
fut chargé du ſoin de luy
rendre cette lettre à elle
meſme au nom de ſon Maître
, d'examiner tous les
mouvemens de fon viſage ,
&de lui demander un mot
de réponſe.
La Dame fut aſſez
émeuë à la vûë de ce billet ,
cependant elle ſe remit aifément
de ce petit embarras
, & aprés avoir regardé
d'un air qui n'avoit rien
de déſobligeant , le porteur
de la lettre , qu'elle
avoit vûë vingt fois ſans reflexion
, elle luy dit , ce
108 MERCURE
?
tour eſt ſans doute de voſtre
façon Monfieur mais
Monfieur l'Ambaſſadeur
qui vous envoye , ne vous
en ſera guere plus obligé,
quoyque vous ne l'ayez pas
mal ſervi. Attendez icy un
moment, je vais paſſer dans
mon Cabinet , & vous en
voyer la réponſe que vous
me demandez pour luy :
Auſſi-toſt elle le quitta pour
aller efcrire ces mors. S
Fe ne sçay dequoy je ſuis
coupable à vos yeux, Monfieur,
mais je sçay bien que je ne re
ponds que par bienfeance à l'hon-
>
BAGALAN 109
0
neur que vous me faites ,
aux avantages que vous me proposez
: & je prévoy que la
viſite que vous me rendrez , si
vous voulez , vous fera auffi
peu utile qu'à moy , puisque
rien ne peut changer la réfolution
que j'ay priſe de repaffer
inceſſamment en France.
Le Polonnois éperduëment
amoureux ( car il y
avoit de la fatalité pour elle,
à eſtre aimée des gens de ce
pays ) le Polonnois , dis- je ,
donna à tous les termes de
ce billet , qu'il expliqua en
ſa faveur, un tourde confo110
MERCURE
lation que la Dame n'avoit
peut- eſtre pas eu l'intention
d'y mettre; d'ailleurs il eſtoit
parfaitementbien fait , tres
grand ſeigneur , fort riche ,
&magnifique entout. Les
hommes ſe connoiſſent , il
n'y a pas tantde mal à cela.
Celui- cy ſçavoit aſſez ſe
rendrejustice , mais heureuſement
il ne s'en faifoit pas
trop à croire , quoy qu'il
ſentit tous ſes avantages.....
Vers les * vingt& une ou
vingt- deux heures , il ſe ren-
**C'eſt en eſté à peu prés vers les fix heures
du ſoir,ſelon noftre façon de compter.
GALANT. III
コ
el
dit au logis de la belle veuve
, qu'il trouva dans undeshabillé
charmant & modeſte
, mille fois plusaimable
qu'elle ne luy avoit jamais
paru .
Que vous eſtes , Madame ,
luy dit- il , transporté du
plafir de la voir , au deſſus
des hommages que je vous
rends ; mais en verité je vais
eſtre le plus malheureux des
hommes , fi vous ne vous
rendez pas vous meſme aux
offres que je vous fais Nous
nenous connonfons n'y l'un
ny l'autre , Monfieur , luy
70%
112 MERCURE
11
répondit - elle , & vous me
propoſez d'abord des chofes
dont nous ne pourrions
peut eſtre que nous repentir
tousdeux, mais entrons , s'il
vousplaît,dansun plus grád
détail,& commençons par
examiner , i la majeſté de
voſtre caractere s'accorde
bien avec les ſaillies de cette
paffion ; d'ailleurs n'eſt il
pas ordinaire , & vrayſemblable
qu'un feu ſi prompt
às'allumer, n'en eſt que plus
prompt à s'éteindre. Enfin
ſupposé que je voulutſe encorem'engager
ſous les loix
de :
GALANT. 113
1
1
del'hymen, ſur quel fondement,
àmoins queje nem'a.
veuglaſſe de l'eſpoir de vos
promeſſes, pourrois- je compter
que vous me tiendrez
dans un certain tems ce que
vous me propoſez aujourd'huy
. Ah ! Madame , reprit
ilavecchaleur, donnez
aujourd huy voſtre confentement
à mon amour , &
demain je vous donne la
main. Par quelles loix voulez
vous authoriſer des maximes
de connoiſſance &
d'habitude , ſur des ſujers où
le coeur doit décider tout
114 MERCURE
,
ſeul ; n'y a t'il point dans le
monde des mouvements de
ſympathie pour vous , comme
pour nous , & quelle
bonne raiſon peut vous dif
penſerde faire pour nous
enun jour,la moitié du chemin
que vos charmes nous
font faire en un inſtant. Je
ſuis perfuadé que vous avez
trop d'eſprit, pour regarder
mal à propos ces chimeriques
précautions , comme
des principes de vertu , &
vous eſtes trop belle pour
douter un moment de la
conſtante ardeur des feux
GALANT 115
mt
&
רש
la
גנ
que vous allumez. Cependant
ſi vos ſcrupules s'effrayent
de la vivacité de ma
propoſition,je vous demande
du moins quinze jours
de grace , avant de vous
prier de vous déterminer en
ma faveur ; & j'eſpere ( fi
vos yeux n'ont point de peine
à s'accouſtumer à me
voir pendant le temps que
j'exige de voſtre complaiſance
) que les ſentiments
de voſtre coeur ne tarderont
pas à répondre aux tendres
& fidelles intentions du
mien. Ne me preſſez pas da
Kij
116 MERCURE
vantage à preſent , Monfieur
, luy dit elle,& laiſſez
à mes reflexions la liberté
d'examiner les circonſtancesde
voſtre propofition.
Cette réponſe finit une
conteftation qui alloit inſenſiblement
devenir tres.
intereſſante pour l'un &
pour l'autre.
Monfieur l'Ambaſſadeur
ſe leva , & prit congé de la
belle veuve aprés avoir receu
d'elle la permiffion de
retourner la voir , lorſqu'il
le jugeroit à propos.
Ce miniſtre rentra chez
GALANT 117
-
luy , ravi d'avoir mis ſes affaires
en ſibon train , & le
lendemain au matin il écrivit
ce billet à cette Dame ,
dont il avoit abſolument refolu
la conqueſte.
Le temps que je vous ay don-
- né depuis hier , Madame , ne
fuffit-il pas pour vous tirer de
toutes vos incertitudes , s'il ne
ſuffit pas , je vais estre auffi indulgent
que vous estes aimable,
je veux bien pour vous efpargner
la peine de m'eſcrire vos
Sentiments , vous accorder, jufqu'à
ce soir , que j'iray appren
dre de vostre propre bouche , le
1
118 MERCURE
réſultat de vos reflexions.
Elles eſtoient desja faites
ces réflexions favorables à
T'heureux Polonois , & pendant
toute la nuit, cette belleveuve
n'avoit pû ſe refufer
la fatisfaction de convenir
en elle-meſme , qu'elle
meritoit bien le rang d'Ambaſſadrice.
Aufſfi luy fut-il
encore offert le meſme jour
avec des tranſports fi touchants&
fi vifs,qu'enfin elle
ne fit qu'une foible deffenſe
, avant de conſentir à la
propoſition de Mr l'Ambaffadeur.
En un mot toutes
GALANT. 119
!
les conventions faites & accordées
, entre elle & fon
amant,ſon voyage de France
fut rompu , & fon mariage
conclu , & celebré ſecretement
enquinze jours.
Legrandtheatredu monde
va maintenant eſtre le
champ où va paroiſtre dans
toute fon eſtenduë , l'excellence
du merite & du bon
efprit deMadame Belzeſca.
Elle reste encore preſque
inconnuë juſqu'à la declararion
de ſon hymen , qui
n'eſt pas plutoſt rendu public
, qu'elle ſe montre auſſi
120 MERCURE
4
éclairée dans les delicates
affaires de fon mary , que
fielle avoit toute la vie
eſte Ambaſſadrice,лэ тод
Les Miniſtres Eſtrangers,
les Prélats , les Eminences
tout rend hommage à fes
lumiéres. De concert aveo
fon Epoux , ſa pénerrap
tion abbrege , addoucit &
leve toutes les difficultez
de ſa commiffion : enfin
elle l'aide à ſortir de Rome
(ſous le bon plaifir de fon
Maſtre ) fatisfait & glorieux
du ſuccés de fonAm
baffade.altera teemal
هللا
GALANT. 121
Elle fut obligée pour le
bien de ſes affaires de repaſſer
en France avec ſon
mary : elle n'y ſéjourna que
trois ou quatre mois , de là
elle alla à Amſterdam , &
à la Haye , où elle s'embarqua
pour ſe rendre à Dant-
ZIK d'où elle fut à Varſovie
où elle jouit pendant
vingt-cinq ans , avec tous
les agréments imaginables,
de lagrande fortune , & de
la tendreſſe de ſon Epoux ,
qui fut enfin malheureufement
bleſſe à la Chaffe
d'un coup dont il mourut
May 1714.
L
127
MERCURE 122
quatreJours
Tavoir
apres la
Э
receu d'une façon toute
extraordinaire .
Rien n'eſt plus noble &
plus magnifique , que la
220
20
manière dont les Grands
Seigneurs vont à la Chaſſe
en Pologne. Ils menent ordinairement
avec eux , un
fi grand nombre deDomeftiques
, de Chevaux , & de
Chiens, que leur Equipage
reſſemble pluſtoſt à un gros
détachement de troupes reglées
, qu'à une compagnie
de gens aſſemblez , pour le
plaisir de faire la guerre à
GALANT. 123
+
20
وا
LEKCI }
des animaux. Cette précaution
me paroilt fort
raisonnable , & je trouve
qu'ils font parfaitement
bien de proportionner le
nombredes combatrants au
3
21091
nombre & à la fureur des
monſtres qu'ils attaquent.
Un jour enfin, Monfieur
Belzeſki , dans une de fes
redoutables Chaffes, fe laifſa
emporter par ſon cheval ,
à la pourſuite d'un des plus
fiers Sangliers qu'on cuſt
encore vû dans la Foreſt où
il chaſſoit alors. Le cheval
anime paſſa ſur le corps de
124 MERCURE
261
ce terrible animal , & s'abbatit
en meſme temps , à
quatre pas de luy. Monfieur
Belzeſki ſe dégagea, auflitoſt
adroitement des efriers
, avant que le Monf
tre l'attaquaft ; mais ils eftoient
trop prés l'un de Laura
tre & le Sanglier desia
bleffé trop furieux , pour ne
pas ſe meſurer
44
encore con-b
tre l'ennemi qui l'attendoit :
ainſi plein de rage , il voulut
ſe llaanncceerr fur luy , mais
dans le moment ſon ennemi
intrepide & prudent lui
abbattit la teſte d'un coup
GALANT.
1:5
ſi juſte , & fi vigoureux, que
fon fabre paffa entre le col
& le tronc de an
11
avec tant de viteſſe , que le
mouvement Violent avec
lequel il retira fon bras
entraîna fon 21911
corps , de ma
niere qu'un des pieds luy
manquant , il tomba à la
renverſe ; mais fi malheu
reuſement, qu'il alla ſe fen.
dre la tefte fur une pierfe
qui ſe trouva derriere luy.
Dans ce fatal inſtanttous
les autres Chaſſeurs arrivérent
, & emporterent en
pleurant , le Corps de leur
THAJAD
126 MERCURE
infortune maiſtre , qui vécu
encore quatre jours
qu'il employa à donner à
Madame Belzeſca les dernieres
& les plus fortes
preuves de ſon amour , if
la fiitt ſon heritiere univerſelle
, & enfin il mourut
adoré de ſa femme , & infiniment
regretté de tout
le monde.
il
Il y a plus de fix ans que
Madame Belzeſca pleure
ſa perte , malgré tous les
foins que les plus grands
Seigneurs , les Princes , &
mefme les Roys , ont pris
GALANT. 127
pour la conſoler. Enfin elle
eft depuis long-temps l'amie
inſéparable de Mada
infeparable
me la Palatine de ... elle a
maintenant foixante ans
paflez , & je puis affeurer
qu'elle est encore plus aimée
; & plus reſpectée ,
qu'elle ne le fut peut eftre
jamais , dans le plus grand
efclat de fa jeuneffe. On
parle meſme de la remarier
aun homme d'une fi grande
distinction
, que , ce
bruit , quelque fuite qu'il
ait eft toutccee qu'on en peut
dire de plus avantageux ,
Lin
128 MERCURE
pour faire un parfait éloge
de ſon mérite , & de fes
vertusaises
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Résumé : HISTOIRE nouvelle.
La peste à Varsovie pousse de nombreux habitants à fuir vers les campagnes. La Palatine et plusieurs dames de la haute société, dont Madame Belzesca, se réfugient à Dantzic, accueillies par le Marquis de Canop. Madame Belzesca, connue pour son charme malgré son âge avancé, a déjà eu trois maris et de nombreux amants tout en conservant une réputation irréprochable. Originaire de Touraine, elle est élevée secrètement après une prédiction d'un berger. À douze ans, elle est ramenée chez elle et devient l'objet de l'admiration locale. Pelagie, de son vrai nom, reçoit une éducation soignée à Tours et rencontre le Chevalier de Versan lors d'un sauvetage dramatique sur la Loire. Ils se marient et vivent cinq ans de bonheur avant de se séparer. Pelagie devient veuve et hérite de la fortune de son mari. Elle s'installe à Paris avec son fils et devient célèbre pour sa beauté et son charme. À Paris, Pelagie attire l'attention de nombreux nobles et étrangers, notamment pendant le séjour du roi Casimir en France. Sa maison devient un lieu de rencontre pour les personnes distinguées. Un seigneur polonais, épris de Pelagie, planifie son enlèvement mais est déjoué par le duc de... et le cavalier français, amant de Pelagie. Le comte Pioski, jaloux, tente de tuer le cavalier français lors d'un duel mais se blesse gravement et se retire dans un monastère. Madame Belzesca, veuve, traverse une période de deuil intense mais se rétablit grâce à des prières et des promesses religieuses. Elle entreprend un voyage à Lorette et visite des villes italiennes. À Rome, elle rencontre un gentilhomme italien ébloui par sa beauté mais reste réservée. L'ambassadeur polonais à Rome, épris de la veuve, la retrouve et obtient son consentement. Ils se marient secrètement et retournent en Pologne, où ils vivent heureux pendant vingt-cinq ans. L'ambassadeur est mortellement blessé lors d'une chasse au sanglier. Madame Belzesca pleure sa perte depuis plus de six ans et est devenue l'amie inséparable de Madame la Palatine. À soixante ans, elle est encore respectée et aimée, et on envisage de la remarier à un homme de grande distinction.
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10
p. 94-97
Incendie. [titre d'après la table]
Début :
Il faudrait avoir une source inépuisable de liaisons [...]
Mots clefs :
Liaisons, Incendie, Maison, Paris, Varsovie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Incendie. [titre d'après la table]
Il faudroic avoir un
sourceinépuisable de liai
fons pour en forger toi]
les mois de differentes su
un mêmesujet.Jen'aifai
encore que quatre Mercu
res,&j'aieu trois incen
dies à raconter, & toute
trois arrivées à Paris. Je re
ferverois pour le chapitre
des nouvelles celles qu
exercent leurs ravages plus
loin, faute de sçavoir au
~uste s'il m'est permis de
parler ici desvingtmaisons
qui ont été brûlées à Varovie
le 18. du mois passé:
mais cette ville est si éloignée
de nous, & l'éloignement
diminue tellement les
objets, que quand jeserois
le meilleur Peintre du monde,
si je circonstanciois davantage
cet accident dans
un autre article, je courrois
grand risque de perdre mes
couleurs. Les habitans de
Varsovie pourront se vanger
de leur côté de mon
indifference par une froi;
deur égale à la mienne, ou
apprendre en riant qu'il y a
, eu le3. de ce mois une maison
brûlée au bout du Fauxbourg
S. Germain à Paris;
que cette maison appartenoitàunnomméMoisy,
Artificier
duRoy;que le feua
pris aux poudres qui étoient
chezlui, & que l'artifice a
detaché & enlevé le fécond
étage & le grenier de cette
maison, dont le bas
,
où
étoient le pere & le fils
Moisy,n'a été nullement
endommagé; & que ce
Bourgeois en a été quitte
pour
pour le bruit, la peur,&le
déplaisir de voir toute sa
poudre transplanter en un
instantla moitié de samaispon
àlpalus
sourceinépuisable de liai
fons pour en forger toi]
les mois de differentes su
un mêmesujet.Jen'aifai
encore que quatre Mercu
res,&j'aieu trois incen
dies à raconter, & toute
trois arrivées à Paris. Je re
ferverois pour le chapitre
des nouvelles celles qu
exercent leurs ravages plus
loin, faute de sçavoir au
~uste s'il m'est permis de
parler ici desvingtmaisons
qui ont été brûlées à Varovie
le 18. du mois passé:
mais cette ville est si éloignée
de nous, & l'éloignement
diminue tellement les
objets, que quand jeserois
le meilleur Peintre du monde,
si je circonstanciois davantage
cet accident dans
un autre article, je courrois
grand risque de perdre mes
couleurs. Les habitans de
Varsovie pourront se vanger
de leur côté de mon
indifference par une froi;
deur égale à la mienne, ou
apprendre en riant qu'il y a
, eu le3. de ce mois une maison
brûlée au bout du Fauxbourg
S. Germain à Paris;
que cette maison appartenoitàunnomméMoisy,
Artificier
duRoy;que le feua
pris aux poudres qui étoient
chezlui, & que l'artifice a
detaché & enlevé le fécond
étage & le grenier de cette
maison, dont le bas
,
où
étoient le pere & le fils
Moisy,n'a été nullement
endommagé; & que ce
Bourgeois en a été quitte
pour
pour le bruit, la peur,&le
déplaisir de voir toute sa
poudre transplanter en un
instantla moitié de samaispon
àlpalus
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Résumé : Incendie. [titre d'après la table]
Le texte évoque divers événements récents et nouvelles variées. L'auteur a rédigé quatre lettres et rapporté trois incidents survenus à Paris. Il souhaite se concentrer sur les nouvelles ayant des répercussions plus larges, bien qu'il hésite à mentionner les vingt maisons brûlées à Varsovie le 18 du mois précédent. Il estime que la distance atténue l'importance des événements et que leur description pourrait manquer de vivacité. L'auteur mentionne également un incendie à Paris, au bout du Faubourg Saint-Germain, le 3 du mois en cours. La maison appartenait à Moisy, artificier du roi. Le feu a pris dans les poudres stockées chez lui, détruisant le deuxième étage et le grenier, mais laissant le rez-de-chaussée intact. Moisy et son fils ont seulement été effrayés et contrariés de voir leur poudre dispersée.
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11
p. 1638-1640
POLOGNE.
Début :
On apprend de Dantzick qu'on s'étoit trop legerement flatté d'étre delivré de la maladie [...]
Mots clefs :
Palais, Canon, Tsarine, Fête, Varsovie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
N apprend de Dantzick qu'on s'étoit trop
legerement flatte d'étre delivre de la mala
die contagieufe dont Ta Podolie étoit menacée ; *
toutes les précautions du Regimentaire de la
Couronne n'en ont empeché la communication
que pendant un tems ; cette maladie´ s'eft infi-“
nuée dans la Province , & y fait à prefent de
grands ravages ; quelques - unes des Compagnies
qui étoient employées à la garde des paffages en
font elles -mêmes infectées. La Famine qui s'eft
jointe à ce fleau a déja fait perir beaucoup de
Payfans aufquels il a été prefque impoffible de
donner des fecours , parceque la recolte des Provinces
voifines n'a pas été bonne l'année derniere.
La Fête que M. de Beſtuchef , Chambelan de
la Czarne & fon Envoyé Extraordinaire en Pólogne,
donna le 29. du mois dernier à Varfovie ,
au fujet du Couronnement de cette Princeffe , fut
très-magnifique , elle fut annoncée le 28. au foir
par une décharge de 15. piéces de Canon. Le
lendemain 29. on celebra le Service divin dans la
Chapelle du Palais , & on y chanta le Te Deum
au fon des Trompettes & Timballes, & au bruit
du Canon. La Palatine de Plotsko , que l'Envoyé
avoit priée de faire les honneurs de la Fête, reçût
tous les Conviés , qui furent le Primat du Royaume
, les Evêques de Pofnanie & de Caminice , les
GrandJUILLET
. 1730. 1639
fur Co-
Grand-Chancelier de la Couronne , tous les Mis ™
niftres Etrangers & quantité de Seigneurs & de Dames. On fervit trois Tables dans une Sale
magnifique , dont deux de 30. Couverts chacune,
& une de vingt , avec beaucoup de fomptuofité..
Il y eut un beau Concert , & toutes les fantés
furent buës au fon des Trompettes & Timbales,
& au bruit du Canon. Vers les fix heures du foir,
toute la Compagnie fe rendit hors du Palais fur.
deux Baluftrades ornées de verdure , pour voir la
Fête qui fe donnoit au peuple. On avoit dreffé
quatre
pour cet effet à 20. pas du Palais , Ionnes très-élevées , un Théatre fur lequel étoit
une Piramide de plufieurs tonneaux de vin ; des
Piramibafes
de ces Colonnes s'élevoient quatre
des chargées de pain , & quatre autres de ton- neaux de biere & d'hidromel. On avoit mis fur
un Parquet , pofé fur quatre roues , & tiré par
deux Chevaux , un Boeufentier rôti , orné de fleurs
& de verdure , avec les cornes & les extremités
dorées. Devant cette Table roulante marchoient
quatre Trompettes & un homme d'une groffeur:
prodigieufe , reprefentant Bacchus , ayant à fes
côtés deux Arlequins qui monterent avec lui fur
le Theatre. Après qu'on eut donné le fignal , le
Bacchus qui s'étoit placé fur le haut de la Pira
mide , tira les broches des tonneaux ,
loient plufiears: fontaines de vin , & le peuple alteré
& en grand apetit ſe jetta fur la machine qui
fuit bientôt dépouillée de tous les ornemens . Après
ce fpectacle , on commença l'illumination
, M. de Beftuchef avec la Palatine de Plotsko fitt
Pouverture du Bal qui ne fut interrompu que ,
pour fe mettre à table . Après le repas , on con-, tinua le Bal qui dura jufqu'à 4. heures du matin.
dont cou
&
L'illumination
étoit des plus belles ; M. l'Envoyé
avoit fait élever une Façade devant fon Palais
.
1640 MERCURE DE FRANCE
lais . On y voyoit entr'autres la Czarine Regnante
affife fous un Temple fur fonTrône; quatre Statues,
fçavoir , la Religion , la Justice , la Clemence &
la Conftance entourant le Trône ; Minerve couvrant
de fon Egide celle qui en occupoit la place;
la Gloire ayant pour centre le Triangle qui marque
la divine Préfence ; l'Aigle noire à double
tête voltigeant devant cet Edifice ; la Ruffie implorant
l'Etre fuprême de conferver la Regente ,
des Parques préparant un fil d'une longueur extraordinaire
, les Statues des anciens Czars &
Grands Ducs de Ruffie , comme aufli celles de
Juan III.Pere de la Czarine , de Pierre le Grand ,
de la Czarine Catherine & de Pierre II. & c. La
Fête fut terminée par une décharge de Canon
cut un applaudiffement general .
N apprend de Dantzick qu'on s'étoit trop
legerement flatte d'étre delivre de la mala
die contagieufe dont Ta Podolie étoit menacée ; *
toutes les précautions du Regimentaire de la
Couronne n'en ont empeché la communication
que pendant un tems ; cette maladie´ s'eft infi-“
nuée dans la Province , & y fait à prefent de
grands ravages ; quelques - unes des Compagnies
qui étoient employées à la garde des paffages en
font elles -mêmes infectées. La Famine qui s'eft
jointe à ce fleau a déja fait perir beaucoup de
Payfans aufquels il a été prefque impoffible de
donner des fecours , parceque la recolte des Provinces
voifines n'a pas été bonne l'année derniere.
La Fête que M. de Beſtuchef , Chambelan de
la Czarne & fon Envoyé Extraordinaire en Pólogne,
donna le 29. du mois dernier à Varfovie ,
au fujet du Couronnement de cette Princeffe , fut
très-magnifique , elle fut annoncée le 28. au foir
par une décharge de 15. piéces de Canon. Le
lendemain 29. on celebra le Service divin dans la
Chapelle du Palais , & on y chanta le Te Deum
au fon des Trompettes & Timballes, & au bruit
du Canon. La Palatine de Plotsko , que l'Envoyé
avoit priée de faire les honneurs de la Fête, reçût
tous les Conviés , qui furent le Primat du Royaume
, les Evêques de Pofnanie & de Caminice , les
GrandJUILLET
. 1730. 1639
fur Co-
Grand-Chancelier de la Couronne , tous les Mis ™
niftres Etrangers & quantité de Seigneurs & de Dames. On fervit trois Tables dans une Sale
magnifique , dont deux de 30. Couverts chacune,
& une de vingt , avec beaucoup de fomptuofité..
Il y eut un beau Concert , & toutes les fantés
furent buës au fon des Trompettes & Timbales,
& au bruit du Canon. Vers les fix heures du foir,
toute la Compagnie fe rendit hors du Palais fur.
deux Baluftrades ornées de verdure , pour voir la
Fête qui fe donnoit au peuple. On avoit dreffé
quatre
pour cet effet à 20. pas du Palais , Ionnes très-élevées , un Théatre fur lequel étoit
une Piramide de plufieurs tonneaux de vin ; des
Piramibafes
de ces Colonnes s'élevoient quatre
des chargées de pain , & quatre autres de ton- neaux de biere & d'hidromel. On avoit mis fur
un Parquet , pofé fur quatre roues , & tiré par
deux Chevaux , un Boeufentier rôti , orné de fleurs
& de verdure , avec les cornes & les extremités
dorées. Devant cette Table roulante marchoient
quatre Trompettes & un homme d'une groffeur:
prodigieufe , reprefentant Bacchus , ayant à fes
côtés deux Arlequins qui monterent avec lui fur
le Theatre. Après qu'on eut donné le fignal , le
Bacchus qui s'étoit placé fur le haut de la Pira
mide , tira les broches des tonneaux ,
loient plufiears: fontaines de vin , & le peuple alteré
& en grand apetit ſe jetta fur la machine qui
fuit bientôt dépouillée de tous les ornemens . Après
ce fpectacle , on commença l'illumination
, M. de Beftuchef avec la Palatine de Plotsko fitt
Pouverture du Bal qui ne fut interrompu que ,
pour fe mettre à table . Après le repas , on con-, tinua le Bal qui dura jufqu'à 4. heures du matin.
dont cou
&
L'illumination
étoit des plus belles ; M. l'Envoyé
avoit fait élever une Façade devant fon Palais
.
1640 MERCURE DE FRANCE
lais . On y voyoit entr'autres la Czarine Regnante
affife fous un Temple fur fonTrône; quatre Statues,
fçavoir , la Religion , la Justice , la Clemence &
la Conftance entourant le Trône ; Minerve couvrant
de fon Egide celle qui en occupoit la place;
la Gloire ayant pour centre le Triangle qui marque
la divine Préfence ; l'Aigle noire à double
tête voltigeant devant cet Edifice ; la Ruffie implorant
l'Etre fuprême de conferver la Regente ,
des Parques préparant un fil d'une longueur extraordinaire
, les Statues des anciens Czars &
Grands Ducs de Ruffie , comme aufli celles de
Juan III.Pere de la Czarine , de Pierre le Grand ,
de la Czarine Catherine & de Pierre II. & c. La
Fête fut terminée par une décharge de Canon
cut un applaudiffement general .
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, une épidémie de maladie contagieuse s'est propagée en Podolie, causant de nombreux ravages. La famine, aggravée par une mauvaise récolte dans les provinces voisines, a compliqué l'aide aux paysans. Malgré ces difficultés, M. de Bestuchef, chambellan et envoyé extraordinaire de la czarine, a organisé une fête somptueuse à Varsovie pour célébrer le couronnement de cette dernière. La fête a commencé par une salve de canons, suivie d'un service divin avec un Te Deum, d'un banquet et d'un concert. Les invités, incluant des dignitaires religieux et politiques ainsi que des ministres étrangers, ont été reçus par la palatine de Plotsko. Le peuple a été diverti par des spectacles et des illuminations, avec des distributions de vin, de pain, de bière, d'hydromel et un bœuf rôti. La fête s'est conclue par un bal et une nouvelle salve de canons, recevant des applaudissements généraux.
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12
p. 2514-2515
POLOGNE.
Début :
Le Roi étant parti de Warsovie le 23. Septembre, arriva à Grodno le 30. du même [...]
Mots clefs :
Varsovie, Élection, Protestation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Roi étant parti de Warfovie le 23 . Sep-
Lembre ,arriva àGrodno le so. du même
mois. Le premier Octobre S. M. reçut les complimens
des Sénateurs , des Miniftres & des Nonces.
Le 2. jour indiqué pour l'ouverture de la
Diette , les Nonces fe rendirent à leur Chambre;
le Prince de Lubomirski Starofte de Spiski , qui
eft le premier d'entre les Nonces , préfidera en
cette qualité jufqu'à l'élection d'un Maréchal de
la Diette. Cette élection ayant fait naître diverfes
conteftations , la feffion a été remiſe de
jour en jour jufqu'au 6. fans qu'on ait pû déterminer
les Nonces de Lithuanie & le Nonce de
Pofnanie à lever les oppofitions qu'ils ont formées
à cette élection , prétendant que celles de
quelques Nonces n'ayant pas été legitimement faites
, on devoit les confirmer ou les caffer avant
que de proceder à toute autre affaire.
On a appris depuis que le Prince Lubomirski,
qui préfide dans la Chambre des Nonces jufqu'à
l'élection du Maréchal de la Diette , n'ayant pú
déterminer le Nonce Marcinkiewits à lever fon
oppofition dans aucune des féances depuis le 7.
jufqu'au 11. d'Octobre , a été obligé de remettre
encore la feffion au 13. dans l'efperance de faire
revenir ce Nonce qui s'eft abfenté apres avoir
laiffé une copie de fa proteftation au Greffe de
cette Ville , fans cependant avoir exigé qu'elle
y fut enregistrée ; mais comme on appréhende
qu'il n'y ait encore quelque Nonce qui ait d'autres
oppofitions à former pour retarder l'élection
du Maréchal , on commence à craindre que
Diette ne fe fépare comme celle de l'année derniere.
la
Le 12. Octobre , le Prince Lubomirski nomma
des Députés pour aller folliciter le Nonce
NOVEMBRE . 1730. 2515
ee Marcinkiewitz à revenir prendre féance & à
lever fon oppofition ; mais comme ils n'ont pû
Py déterminer , ce Nonce partit le 13. après avoir
fait enregistrer la proteftation contre tout ce qui
pourroit être décidé pendant fon abſence. Le
principal motifde fa proteftation eft le peu d'attention
qu'on a euë d'engager le Comte Maurice
de Saxe à rendre le Diplome d'Election éventuelle
donné en fa faveur par les Etats du Duché
de Curlande , quoique cela eut été expreffément
ftipulé dans une des Conftitutions de la
Diette genérale de 1726.
Le 14. le Préfident de la Chambre mit en déliberation
s'il devoit congédier l'Affemblée , ou
s'il renvoyeroit la feffion au Lundi fuivant : cette
feconde propofition ayant été approuvée , les
Nonces s'affemblerent encore le 16. Le Prince
Lubomirski ayant fait connoître à l'Affemblée
que fuivant les Loix du Royaume la retraite &
la proteftation du Nonce Marcinkiewits empêchoit
la Diette de déliberer , il prit congé des
Sénateurs , fortit de la Chambre , & rompit la
Diette.
>
Le 20. les Sénateurs & les Miniftres s'affemblerent
dans l'appartement du Château pour le
Confeil qui fe tint le cinquiéme jour aprés la
Diette. Le Roi en fit l'ouverture par un difcours
dans lequel il leur repréfenta les fatigues qu'il
avoit fouffertes , même au préjudice de fa fanté
pour contribuer autant qu'il le pouvoit au bien
& à l'avantage du Royaume ; il ajoûta qu'il étoit
perfuadé de leurs bonnes intentions pour le bien
de la Patrie ; mais que quelques perfonnes s'y
oppofant , il efperoit qu'on prendroit des mefures
pour empêcher que fes fideles ſujets n'en puſfent
recevoir aucun préjudice.
Le 27. le Roi arriva à Warfovie de Grodno.
E Roi étant parti de Warfovie le 23 . Sep-
Lembre ,arriva àGrodno le so. du même
mois. Le premier Octobre S. M. reçut les complimens
des Sénateurs , des Miniftres & des Nonces.
Le 2. jour indiqué pour l'ouverture de la
Diette , les Nonces fe rendirent à leur Chambre;
le Prince de Lubomirski Starofte de Spiski , qui
eft le premier d'entre les Nonces , préfidera en
cette qualité jufqu'à l'élection d'un Maréchal de
la Diette. Cette élection ayant fait naître diverfes
conteftations , la feffion a été remiſe de
jour en jour jufqu'au 6. fans qu'on ait pû déterminer
les Nonces de Lithuanie & le Nonce de
Pofnanie à lever les oppofitions qu'ils ont formées
à cette élection , prétendant que celles de
quelques Nonces n'ayant pas été legitimement faites
, on devoit les confirmer ou les caffer avant
que de proceder à toute autre affaire.
On a appris depuis que le Prince Lubomirski,
qui préfide dans la Chambre des Nonces jufqu'à
l'élection du Maréchal de la Diette , n'ayant pú
déterminer le Nonce Marcinkiewits à lever fon
oppofition dans aucune des féances depuis le 7.
jufqu'au 11. d'Octobre , a été obligé de remettre
encore la feffion au 13. dans l'efperance de faire
revenir ce Nonce qui s'eft abfenté apres avoir
laiffé une copie de fa proteftation au Greffe de
cette Ville , fans cependant avoir exigé qu'elle
y fut enregistrée ; mais comme on appréhende
qu'il n'y ait encore quelque Nonce qui ait d'autres
oppofitions à former pour retarder l'élection
du Maréchal , on commence à craindre que
Diette ne fe fépare comme celle de l'année derniere.
la
Le 12. Octobre , le Prince Lubomirski nomma
des Députés pour aller folliciter le Nonce
NOVEMBRE . 1730. 2515
ee Marcinkiewitz à revenir prendre féance & à
lever fon oppofition ; mais comme ils n'ont pû
Py déterminer , ce Nonce partit le 13. après avoir
fait enregistrer la proteftation contre tout ce qui
pourroit être décidé pendant fon abſence. Le
principal motifde fa proteftation eft le peu d'attention
qu'on a euë d'engager le Comte Maurice
de Saxe à rendre le Diplome d'Election éventuelle
donné en fa faveur par les Etats du Duché
de Curlande , quoique cela eut été expreffément
ftipulé dans une des Conftitutions de la
Diette genérale de 1726.
Le 14. le Préfident de la Chambre mit en déliberation
s'il devoit congédier l'Affemblée , ou
s'il renvoyeroit la feffion au Lundi fuivant : cette
feconde propofition ayant été approuvée , les
Nonces s'affemblerent encore le 16. Le Prince
Lubomirski ayant fait connoître à l'Affemblée
que fuivant les Loix du Royaume la retraite &
la proteftation du Nonce Marcinkiewits empêchoit
la Diette de déliberer , il prit congé des
Sénateurs , fortit de la Chambre , & rompit la
Diette.
>
Le 20. les Sénateurs & les Miniftres s'affemblerent
dans l'appartement du Château pour le
Confeil qui fe tint le cinquiéme jour aprés la
Diette. Le Roi en fit l'ouverture par un difcours
dans lequel il leur repréfenta les fatigues qu'il
avoit fouffertes , même au préjudice de fa fanté
pour contribuer autant qu'il le pouvoit au bien
& à l'avantage du Royaume ; il ajoûta qu'il étoit
perfuadé de leurs bonnes intentions pour le bien
de la Patrie ; mais que quelques perfonnes s'y
oppofant , il efperoit qu'on prendroit des mefures
pour empêcher que fes fideles ſujets n'en puſfent
recevoir aucun préjudice.
Le 27. le Roi arriva à Warfovie de Grodno.
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Résumé : POLOGNE.
Le roi de Pologne quitta Varsovie le 23 septembre pour Grodno. Le 1er octobre, il reçut les compliments des sénateurs, ministres et nonces. L'ouverture de la Diète, prévue le 2 octobre, fut retardée par des contestations sur l'élection du maréchal jusqu'au 6 octobre. Les nonces de Lituanie et de Podlachie contestèrent la légitimité de certaines élections. Le prince Lubomirski, président des nonces, ne put lever l'opposition de Marcinkiewicz, qui quitta la Diète après avoir enregistré sa protestation le 13 octobre. Marcinkiewicz protestait contre le manque d'attention portée à l'engagement du comte Maurice de Saxe concernant un diplôme d'élection. Le 14 octobre, la Diète délibéra sur la possibilité de se séparer ou de reporter la séance. La seconde proposition fut approuvée, mais Lubomirski rompit la Diète le 16 octobre. Le 20 octobre, les sénateurs et ministres se réunirent pour un conseil. Le roi exprima l'espoir que des mesures seraient prises pour éviter des préjudices à ses sujets. Il retourna à Varsovie le 27 octobre.
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13
p. 534
« LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...] »
Début :
LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...]
Mots clefs :
Le Glorieux, Traité de l'air, Varsovie
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texteReconnaissance textuelle : « LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...] »
LE GLORIEUX , Comédie en Vers , en
Actes. Par M. Nericault Destouches >
de l'Académie Françoise , paroît imprimée, chez François le Breton , au bout du
Pont-Neuf, Quay de Conti. 1732. in 12
prix 25 sols,
TRAITE' de l'Air,des Eaux, et des Habitans de Warsovie , de leurs Mœurs et
deleurs Maladies , avec le Catalogue des
Plantes qui naissent aux environs. Par
Christian- Henry Erndtel,, Docteur en
Philosophie et en Médecine , Premier
Medecin du Roy de Pologne , Electeur
de Saxe , de l'Académie Germanique des
Curieux de la Nature ; vol. in 4º. imprimé à Dresde. L'Ouvrage est en Latin, squs
le titre : Warsovia physicè illustrata , &2 c.
Actes. Par M. Nericault Destouches >
de l'Académie Françoise , paroît imprimée, chez François le Breton , au bout du
Pont-Neuf, Quay de Conti. 1732. in 12
prix 25 sols,
TRAITE' de l'Air,des Eaux, et des Habitans de Warsovie , de leurs Mœurs et
deleurs Maladies , avec le Catalogue des
Plantes qui naissent aux environs. Par
Christian- Henry Erndtel,, Docteur en
Philosophie et en Médecine , Premier
Medecin du Roy de Pologne , Electeur
de Saxe , de l'Académie Germanique des
Curieux de la Nature ; vol. in 4º. imprimé à Dresde. L'Ouvrage est en Latin, squs
le titre : Warsovia physicè illustrata , &2 c.
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Résumé : « LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...] »
Le texte mentionne deux ouvrages : 'Le Glorieux', une comédie en vers de M. Nericault Destouches, publiée en 1732 et disponible chez François le Breton pour 25 sols. Le second est 'Warsovia physice illustrata', un traité en latin de Christian-Henry Erndtel, Docteur en Philosophie et Médecine, Premier Médecin du Roi de Pologne et Électeur de Saxe, imprimé à Dresde.
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14
p. 2267-2268
Entré du Marquis de Monti, Ambassadeur de France à Warsovie, [titre d'après la table]
Début :
Le Marquis de Monti, Ambassadeur de France, fit le 19 Septembre son Entrée publique à Warsovie [...]
Mots clefs :
Marquis de Monti, Ambassadeur de France, Varsovie
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texteReconnaissance textuelle : Entré du Marquis de Monti, Ambassadeur de France à Warsovie, [titre d'après la table]
Le Marquis de Minti, Ambassadeur de France,
Hij -fit
168 MERCURE DE FRANCE
fit le 19 Septembre son Entrée publique à War- sovie , ayant été reçu hors des Portes de la Ville,
par le Prince de Lubowirski, Palatin de Cracovie,
qui l'accompagna. La Marche de cette Entrée se
fit dans l'ordre suivant. Un détachement du Régiment du General Méer , Cavalerie , avec ses
Timbales et Trompettes , précédoient plusieurs
Ecuyers et Palefreniers conduisant les Chevaux
de main des Sénateurs. Ils étoient suivis de 600
Cavaliers Polonois , de 84 Carosses à , 6 Chevaux,
que les Grands Officiers de la Couronne et du
Duché de Lithuanie avoient envoyé pour lui
faire cortege , et du Carosse du Roy, dans lequel
étoient le Marquis de Monti et le Palatin de Cracovie assis vis - à-vis de lui. Ce Carosse étoit précédé des Pages de l'Ambassadeur, de ses Ecuyers,
de sa Livrée et de ses Carosses. Un second déta
chement du Régiment de Méer fermoit la marche. On avoit mis en Haye,et sous les Armes dans
toutes les rues de son passage , trois Regimens de
Dragons, le Regiment d'Infanterie du Grand Maréchal , et celui des Gardes de la Couronne.
Le 21 , le Marquis de Monti cut sa premiere
Audience publique du Roy, le 22, il donna un re- pas de plus de 155 couverts, aux Sénateurs et aux
autres Seigneurs Polonois qui sont à Varsovie
après le tepas il y eut un Bal , qui dura jusqu'à heures du matin.
Toutes les Séances de
Hij -fit
168 MERCURE DE FRANCE
fit le 19 Septembre son Entrée publique à War- sovie , ayant été reçu hors des Portes de la Ville,
par le Prince de Lubowirski, Palatin de Cracovie,
qui l'accompagna. La Marche de cette Entrée se
fit dans l'ordre suivant. Un détachement du Régiment du General Méer , Cavalerie , avec ses
Timbales et Trompettes , précédoient plusieurs
Ecuyers et Palefreniers conduisant les Chevaux
de main des Sénateurs. Ils étoient suivis de 600
Cavaliers Polonois , de 84 Carosses à , 6 Chevaux,
que les Grands Officiers de la Couronne et du
Duché de Lithuanie avoient envoyé pour lui
faire cortege , et du Carosse du Roy, dans lequel
étoient le Marquis de Monti et le Palatin de Cracovie assis vis - à-vis de lui. Ce Carosse étoit précédé des Pages de l'Ambassadeur, de ses Ecuyers,
de sa Livrée et de ses Carosses. Un second déta
chement du Régiment de Méer fermoit la marche. On avoit mis en Haye,et sous les Armes dans
toutes les rues de son passage , trois Regimens de
Dragons, le Regiment d'Infanterie du Grand Maréchal , et celui des Gardes de la Couronne.
Le 21 , le Marquis de Monti cut sa premiere
Audience publique du Roy, le 22, il donna un re- pas de plus de 155 couverts, aux Sénateurs et aux
autres Seigneurs Polonois qui sont à Varsovie
après le tepas il y eut un Bal , qui dura jusqu'à heures du matin.
Toutes les Séances de
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Résumé : Entré du Marquis de Monti, Ambassadeur de France à Warsovie, [titre d'après la table]
Le Marquis de Minti, Ambassadeur de France, fit son entrée publique à Varsovie le 19 septembre. Il fut accueilli par le Prince de Lubowirski, Palatin de Cracovie, qui l'accompagna. La procession inclut un détachement du Régiment du Général Méer, des écuyers, des palefreniers, 600 cavaliers polonais, 84 carrosses à six chevaux envoyés par les grands officiers de la Couronne et du Duché de Lithuanie, ainsi que le carrosse du roi avec le Marquis de Monti et le Palatin de Cracovie. Trois régiments de dragons et deux régiments d'infanterie assurèrent la sécurité. Le 21 septembre, le Marquis de Monti eut sa première audience publique avec le roi. Le 22 septembre, il organisa un repas pour plus de 155 convives, incluant des sénateurs et autres seigneurs polonais, suivi d'un bal jusqu'à quatre heures du matin.
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15
p. 2477-2478
POLOGNE.
Début :
On apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier, sans [...]
Mots clefs :
Pologne, Diète générale, Varsovie, Suède, Tsarine
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLO N E.
N apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier , sans
prendre aucune résolution , et dès le même jour
la plupart des Nonces partirent pour retourner dans leurs Terres.
Le même jour , le Roy fit remettre aux Sénateurs un Mémoire , au sujet de la nomination
aux Charges vacantes de Grand-General et dè Grand-Chancelier de la Couronne , afin de sçaH voir
2478 MERCURE DE FRANCE
voir s'il peut en disposer malgré les protestations de quelques Nonces.
Le 3 , les Sénateurs donnerent leurs avis par
écrit , et S. M. ayant vû qu'ils étoient partagez ,
Elle a résolu d'assembler un Conseil de Sénateurs avant son départ pour Dresde. On assure
que le Roy convoquera une nouvelle Diette extraordinaire pour le mois de Février prochain.
L'Envoyé extraordinaire de la Czarine se prépare à retourner à Petersbourg sans avoir pú réussir dans ses Négociations ; parce que les
Commissaires du Roy et de la République de
Pologne ont demandé que S. M. Cz. n'insistat
plus sur le payement des sommes qu'elle pré- tend lui être dûës par cette Couronne ; qu'elle cessat de s'interesser aux affaires du Duché de
' Curlande , et qu'elle retirat les Troupes Mosce .
vites qu'elle entretient depuis plusieurs années dans ce Duché.
On publia à Warsovie , après le départ du
Roy , une Déclaration de S. M. pour le rétablis
sement de la bonne intelligence entre la Pologne
et la Suede. Cette Déclaration à laquelle le Roy a
donné la même force que pourroient avoir des
Actes solemnels de Paix et d'Alliance, sera échangée contre une pareille Déclaration du Roy de
Suede , et des Etats , et après l'échange , tout
commerce sera rétabli entre les deux Royaumes.
Le Roy de Pologne partit le 15 du mois der- nier de Warsovie et arriva à Dresde le du
même mois , et S. M. doit revenir en Pologne
à la fin du mois de Janvier
N apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier , sans
prendre aucune résolution , et dès le même jour
la plupart des Nonces partirent pour retourner dans leurs Terres.
Le même jour , le Roy fit remettre aux Sénateurs un Mémoire , au sujet de la nomination
aux Charges vacantes de Grand-General et dè Grand-Chancelier de la Couronne , afin de sçaH voir
2478 MERCURE DE FRANCE
voir s'il peut en disposer malgré les protestations de quelques Nonces.
Le 3 , les Sénateurs donnerent leurs avis par
écrit , et S. M. ayant vû qu'ils étoient partagez ,
Elle a résolu d'assembler un Conseil de Sénateurs avant son départ pour Dresde. On assure
que le Roy convoquera une nouvelle Diette extraordinaire pour le mois de Février prochain.
L'Envoyé extraordinaire de la Czarine se prépare à retourner à Petersbourg sans avoir pú réussir dans ses Négociations ; parce que les
Commissaires du Roy et de la République de
Pologne ont demandé que S. M. Cz. n'insistat
plus sur le payement des sommes qu'elle pré- tend lui être dûës par cette Couronne ; qu'elle cessat de s'interesser aux affaires du Duché de
' Curlande , et qu'elle retirat les Troupes Mosce .
vites qu'elle entretient depuis plusieurs années dans ce Duché.
On publia à Warsovie , après le départ du
Roy , une Déclaration de S. M. pour le rétablis
sement de la bonne intelligence entre la Pologne
et la Suede. Cette Déclaration à laquelle le Roy a
donné la même force que pourroient avoir des
Actes solemnels de Paix et d'Alliance, sera échangée contre une pareille Déclaration du Roy de
Suede , et des Etats , et après l'échange , tout
commerce sera rétabli entre les deux Royaumes.
Le Roy de Pologne partit le 15 du mois der- nier de Warsovie et arriva à Dresde le du
même mois , et S. M. doit revenir en Pologne
à la fin du mois de Janvier
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, la Diète générale s'est dissoute le 2 du mois précédent sans décision. Le roi a proposé des nominations pour les postes de Grand-Général et de Grand-Chancelier, malgré les oppositions. Le 3, les sénateurs ont donné leurs avis par écrit, et le roi a convoqué un conseil avant son départ pour Dresde. Une nouvelle Diète extraordinaire est prévue pour février. L'envoyé de la czarine retourne à Petersbourg sans succès dans ses négociations. Les commissaires polonais ont demandé à la czarine de cesser d'insister sur des paiements et de retirer les troupes moscovites du Duché de Courlande. Après le départ du roi, une déclaration royale a été publiée pour rétablir la bonne intelligence avec la Suède, équivalente à des actes de paix et d'alliance. Le commerce entre les deux royaumes sera rétabli après l'échange de déclarations similaires. Le roi de Pologne est parti de Varsovie le 15 du mois précédent et est arrivé à Dresde le 21, prévoyant un retour en Pologne fin janvier.
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16
p. 583-585
POLOGNE.
Début :
On écrit de Warsovie, que le Corps du Roy ayant été transporté le jour de sa [...]
Mots clefs :
Mort du roi, Varsovie, Cracovie, Gniezno
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
N écrit de Warsovie , que le Corps du
Roy ayant été transporté le jour de sa
mort , du Palais du Fauxbourg de Cracovie , au
Château de cette Ville . Il fut embaumé et mis
sur un Lit de parade avec toutes les marques de
sa dignité. Il y demeurera exposé jusqu'à ce qu'il
soit transporté à Cracovie.
Le jour de la mort du Roy, M. Potocski , Archevêque
de Gnesne , Primat du Royaume , prit
possession du Gouvernement qui lui appartient
durant l'Interregne , en qualité d'Archevêque de
Gnesne. Il a assemblé les Sénateurs pour leur
faire part de la mort du Roy , et il a donné ses
Ordres pour tout ce qui regarde les affaires publiques.
On a appris ces particularitez sur la maladie
Hiiij ct
584 MERCURE DE FRANCE
et la mort du Roy. Le 12 Janvier , étant parti
de Crossen , et sortant le soir de son Carrosse
il se blessa à son pied malade, à l'endroit où étoit
l'ancienne playe , qui se rouvrit , en sorte que le
sang en sortit en abondance ; on pansa d'abord
la playe , mais le Roy passa une tres-mauvaise
uit. S. M. ne laissa pas pour cela de continuer
son voïage , et Elle arriva le 21 à Warsovie fort
indisposée. Le lendemain et le jour suivant , le
Roy paroissoit mieux , mais le 28 et le 29. il se
trouva plus mal , et ne put donner Audience aux
Députez des Nonces. La fiévre ayant redoublé
et la Gangrene s'étant mise à la playe , le Roy
Congédia ses confidens , après leur avoir parlé
en particulier ; et voyant que son heure approehoit,
résolut d'abandonner toutes autres affaires
pour ne s'occuper que de celles de l'Eternité .
L'Abbé de S. Germain , Confesseur du Roy, qui
demeura assidûment auprès de S. M. lui ayant
demandé si elle n'avoit rien à lui dire ; le Roy
Jui répondit que pendant sa vie il avoit souvent
offensé Dieu , que la foiblesse où il se trouvoit ,
me lui permettoit pas d'entrer dans le détail de
ses pechez , mais que comme il s'en repentoit
sincerement , il esperoit que le Tout - Puissant
les lui pardonneroit. L'Abbé de S. Germain lui
donna l'Absolution . Le Roy un peu avant sa:
mort , mit une de ses mains sur ses yeux , et
mourut dans cette situation.
Le Roy n'ayant point fait, comme on l'avoit,
eru , un Testament , pour demander d'être inhu-.
mé à Freyberg , dans le Tombeau des Electeurs
de Saxe ; son Corps sera inhumé à Cracovie , selon
la coutume , lorsqu'on fera la ceremonie du
Couronnement du Roy qui sera élu .
Les avis qu'on a eus de la résolution prise par
L'Ent
MARS. 1733. 385
PEmpereur , d'assembler des Troupes dans la
Silesie , a causé quelques allarmes , et elles ont
été augmentées par les Discours que quelques
Ministres étrangers ont tenus , par rapport a
l'Election d'un Roy de Pologne ; mais la fermeté
avec laquelle le Primat s'est expliqué avec ces
Ministres, fait esperer qu'aucune Puissance n'en
treprendra de donner atteinte à la liberté des
suffrages.
On écrit de Dantzick , que selon les derniers
avis reçus de Mittau , le Duc Ferdinand de Curlande
étoit à l'extrêmité ; que la Czarine avoit
envoyé de nouvelles Troupes dans les Etats de
ce Prince , et qu'on ne doutoit plus qu'elle ne fut
dans la résolution de procurer ce Duché au Prince
Antoine Ulric de Beveren.
N écrit de Warsovie , que le Corps du
Roy ayant été transporté le jour de sa
mort , du Palais du Fauxbourg de Cracovie , au
Château de cette Ville . Il fut embaumé et mis
sur un Lit de parade avec toutes les marques de
sa dignité. Il y demeurera exposé jusqu'à ce qu'il
soit transporté à Cracovie.
Le jour de la mort du Roy, M. Potocski , Archevêque
de Gnesne , Primat du Royaume , prit
possession du Gouvernement qui lui appartient
durant l'Interregne , en qualité d'Archevêque de
Gnesne. Il a assemblé les Sénateurs pour leur
faire part de la mort du Roy , et il a donné ses
Ordres pour tout ce qui regarde les affaires publiques.
On a appris ces particularitez sur la maladie
Hiiij ct
584 MERCURE DE FRANCE
et la mort du Roy. Le 12 Janvier , étant parti
de Crossen , et sortant le soir de son Carrosse
il se blessa à son pied malade, à l'endroit où étoit
l'ancienne playe , qui se rouvrit , en sorte que le
sang en sortit en abondance ; on pansa d'abord
la playe , mais le Roy passa une tres-mauvaise
uit. S. M. ne laissa pas pour cela de continuer
son voïage , et Elle arriva le 21 à Warsovie fort
indisposée. Le lendemain et le jour suivant , le
Roy paroissoit mieux , mais le 28 et le 29. il se
trouva plus mal , et ne put donner Audience aux
Députez des Nonces. La fiévre ayant redoublé
et la Gangrene s'étant mise à la playe , le Roy
Congédia ses confidens , après leur avoir parlé
en particulier ; et voyant que son heure approehoit,
résolut d'abandonner toutes autres affaires
pour ne s'occuper que de celles de l'Eternité .
L'Abbé de S. Germain , Confesseur du Roy, qui
demeura assidûment auprès de S. M. lui ayant
demandé si elle n'avoit rien à lui dire ; le Roy
Jui répondit que pendant sa vie il avoit souvent
offensé Dieu , que la foiblesse où il se trouvoit ,
me lui permettoit pas d'entrer dans le détail de
ses pechez , mais que comme il s'en repentoit
sincerement , il esperoit que le Tout - Puissant
les lui pardonneroit. L'Abbé de S. Germain lui
donna l'Absolution . Le Roy un peu avant sa:
mort , mit une de ses mains sur ses yeux , et
mourut dans cette situation.
Le Roy n'ayant point fait, comme on l'avoit,
eru , un Testament , pour demander d'être inhu-.
mé à Freyberg , dans le Tombeau des Electeurs
de Saxe ; son Corps sera inhumé à Cracovie , selon
la coutume , lorsqu'on fera la ceremonie du
Couronnement du Roy qui sera élu .
Les avis qu'on a eus de la résolution prise par
L'Ent
MARS. 1733. 385
PEmpereur , d'assembler des Troupes dans la
Silesie , a causé quelques allarmes , et elles ont
été augmentées par les Discours que quelques
Ministres étrangers ont tenus , par rapport a
l'Election d'un Roy de Pologne ; mais la fermeté
avec laquelle le Primat s'est expliqué avec ces
Ministres, fait esperer qu'aucune Puissance n'en
treprendra de donner atteinte à la liberté des
suffrages.
On écrit de Dantzick , que selon les derniers
avis reçus de Mittau , le Duc Ferdinand de Curlande
étoit à l'extrêmité ; que la Czarine avoit
envoyé de nouvelles Troupes dans les Etats de
ce Prince , et qu'on ne doutoit plus qu'elle ne fut
dans la résolution de procurer ce Duché au Prince
Antoine Ulric de Beveren.
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Résumé : POLOGNE.
Le roi de Pologne est décédé à Varsovie à la suite d'une infection ayant conduit à une gangrène après une blessure au pied. Son état s'est aggravé les 28 et 29 janvier, et il a congédié ses conseillers pour se préparer à la mort. Il a reçu l'absolution de l'abbé de Saint-Germain. N'ayant pas laissé de testament spécifiant son lieu de sépulture, son corps sera inhumé à Cracovie lors du couronnement du nouveau roi. Entre-temps, le corps a été transporté au château de Cracovie, embaumé et exposé sur un lit de parade. M. Potocski, archevêque de Gnesne et primat du royaume, a pris possession du gouvernement durant l'interrègne et a informé les sénateurs de la mort du roi. Des tensions ont surgi en raison de l'assemblage de troupes en Silésie par l'empereur et des discours de ministres étrangers concernant l'élection du nouveau roi. La fermeté du primat a rassuré quant à la liberté des suffrages. Par ailleurs, le duc Ferdinand de Courlande est gravement malade, et la czarine a envoyé des troupes dans ses États, indiquant son intention de donner le duché au prince Antoine Ulric de Beveren.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 2060-2063
POLOGNE.
Début :
Le Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur de Saxe, qu'il seroit fondé à demander [...]
Mots clefs :
Stanislaw Poniatowski, Diète, République, Varsovie, Caractère, Pologne, Ministre, Électeur, Maréchal de la Diète
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur
de Saxe, qu'il seroit fondé à demander
une satisfaction à la République , si l'on avoit
violé le Droit des Gens en la personne de son
Ministre, que le Sénat est instruit de ce qui
est dû au caractere des Ministres des Princes ;
qu'il sçait qu'ils ne sont responsables de leurs
actions qu'à leurs Maîtres , lorsqu'ils n'abusent
point de leur caractere pour enfraindre les Loix
des Etats où ils résident , et pour en troubler la
tranquillité ; mais qu'il sçait aussi , et que plusieurs
exemples le lui ont appris , comment on
en doit user avec ces Ministres , quand ils ne se
tiennent point dans les bornes que la raison et
l'équité leur prescrivent ; que les Polonois prétendent
avoir des raisons suffisantes. pour croire
que le Comte de Wackerbart Salmour a fait régandre
dans le Public l'Eerit intitulé : Lettre
dun Nonce à son Ami , et qu'ainsi ils auroient
pû ne pas respecter le Droit des Gens dans la
personne d'un- Ministre qu'ils jugent ne l'avoir
pas respecté lui-même , que cependant la République
, sans se faire justice , comme l'Electeur
l'ent
SEPTEMBRE. 1733. 2061
Pen accuse , s'est contentée de lui porter ses
plaintes, que dans le Decret qui condamne au feu
l'Ecrit dont le Sénat se plaint , le Comte de Vackerbar
n'est pas nommé , si ce n'est dans la Déclaration
du Prêtre qui a été arreté pour l'avoir
distribué , qu'ainsi ce Ministre avance sans fondement
qu'on a blessé le respect dû à son caractere
, qu'il pourroit tout au plus , si la déclaration
du Prêtre étoit fausse , exiger qu'on le punît
comme un imposteur . Qu'au reste ce n'est pas
seulement sur la déposition de ce Témoin , mais
sur plusieurs autres indices que la République
appuye son accusation contre le Comte de Vackerbar
, et qu'elle persiste à demander justice de
Pabus qu'elle prétend qu'il a fait de son caractere
.
Il paroît à Warsovie une Réponse au Manifeste
, que la Czarine a fait répandre dans le
Royaume, et par lequel S. M. Czarienne assure les
Polonois,que si elle se détermine à faire entrer des
Troupes en Pologne , ce ne sera que pour leur
fournir les moyens d'élire librement un Roy ,
et que les Moscovites y observeront une si exacte
discipline , qu'aucun Sujet de la République
ne pourra se plaindre . L'Auteur de cette Répon
se remarque qu'on n'a jamais forcé une Nation
d'accepter un secours qu'elle ne demande pas ,
et que c'est mal prouver qu'on désire que les
Polonois soient libres , que de vouloir les proteger
malgré eux . Il ajoute que les instances que
les habitans de la Curlande ont fait à la Czarin e
pour qu'elle retirât ses Troupes de ce Duché ,
ne donnent pas lieu d'esperer qu'elles seront fort
disciplinées en Pologne. Le Comte de Lewolde ,
Ambassadeur Extraordinaire de la Czarine auprès
de la République , a fait entendre qu'il par
tiroit
2062 MERCURE DE FRANCE
tiroit de Warsovie pour se retirer à Konisberg
Le 13. Août , jour auquel on avoit fixé le
transport des Corps du Roy Jean III . et de celui
du feu Roy , du Château de Warsovie , au Palais
du Fauxbourg de Cracovie , on celebra dans la
Chapelle du Château , où ils étoient en dépôt
depuis trois jours , une Messe solemnelle de Requiem
, après laquelle M. Zaluski , Evêque de
Plocko , prononça l'Oraison Funebre du feu
Roy , et le Convoi se mit ensuite en marche
dans l'ordre suivant.
Les Décurions portant leurs Drapeaux cou
verts de crêpe , le Clergé Régulier , les Communautez
des Marchands , les Peres Missionnaires ,
les Evêques , un Maître et un Ayde des Cérémonies
, un Détachement des Gardes du Corps ; un
Carosse , dans lequel étoit le Corps du Roy
Jean III . les marques de sa dignité , portées
par
le Comte Szembeck , Palatin de Siradie, par
le Comte Plembocki , Palatin de Rava , et par
M.Lasceuscki, Castelan de Sochaczew ; les Gentilshommes-
Gardes , le Corps du feu Roy dans
un autre Carosse ; les marques de sa dignité ,
portées par le Comte Potoscki , Palatin de Kiovie
et par M. Rudzinski , Castelan de Czersk , le
Comte Pomatowsck , Régimentaire de la Cou-
'ronne , suivi des principaux Officiers Militaires ;
les Grands - Mousquetaires , ayant à leur tête
M. Potoscki, leur Colonel , fermoient la`marche.
Les Carosses étoient couverts de velours cramoisi
avec des galons et des crêpines d'or ; les
habits des Cochers , des Postillons et des Valets
de Pied , qui étoient aux Portieres , étoient de
velours de la même couleur , galonné d'or. Pendant
la marche du Convoi , il y eut plusieurs
décharges de l'Artillerie du Château et des Remparts
SEPTEMBRE . 1733. 2063
parts , et lorsqu'il fut arrivé au Palais du Fauxbourgs
de Cracovie , M. Kobielski , Suffragant
de l'Evêque de Cujavie , prononça une seconde
Oraison Funebre.
L'ouverture de la Diette d'Election se fit le 25.
Août , dans le Camp près de Warsovie. Le Pri- .
mat , M. Maschalski , Maréchal de la Diette générale
de Convocation , le Comte de Poniatowski
, Régimentaire de la Couronne , et plusieurs
Sénateurs , prononcerent des Discours
fort éloquens , pour déterminer la Noblesse à
ne point se laisser intimider par les menaces des
Puissances qui paroissent vouloir contraindre sa
liberté , et pour l'exhorter à ne connoître qu'el
le- même pour Interprete des Loix et des Conetitutions
du Royaume.
Dans la seconde Séance qui se tint le lendemain
, on commença à proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , et les Sujets proposez
furent Mrs Radziewski et Malachuski . La troi
siéme et la quatriéme Séance , qu ise sont tenuës
avant le 23. er le 24. ont été employées à
recueillir les suffrages ; M. Radziewski a cu
1422. voix , et M. Malachouski n'en ayant cu
que 67. s'est désisté de ses prétentions en fayeur
de son Concurrent , qui dans la huitiéme
Séance du 2. Septembre fut élû unanimement
Maréchal de la Dierre.
C
Quelques personnes ont affecté de publier que
les Troupes Moscovites , commandées par le
Général Lucci , s'étoient avancées en Lithuanie,
mais il ne paroît point que ce bruit donne beau
coup d'inquietude au Primat ni à la Noblesse."
E Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur
de Saxe, qu'il seroit fondé à demander
une satisfaction à la République , si l'on avoit
violé le Droit des Gens en la personne de son
Ministre, que le Sénat est instruit de ce qui
est dû au caractere des Ministres des Princes ;
qu'il sçait qu'ils ne sont responsables de leurs
actions qu'à leurs Maîtres , lorsqu'ils n'abusent
point de leur caractere pour enfraindre les Loix
des Etats où ils résident , et pour en troubler la
tranquillité ; mais qu'il sçait aussi , et que plusieurs
exemples le lui ont appris , comment on
en doit user avec ces Ministres , quand ils ne se
tiennent point dans les bornes que la raison et
l'équité leur prescrivent ; que les Polonois prétendent
avoir des raisons suffisantes. pour croire
que le Comte de Wackerbart Salmour a fait régandre
dans le Public l'Eerit intitulé : Lettre
dun Nonce à son Ami , et qu'ainsi ils auroient
pû ne pas respecter le Droit des Gens dans la
personne d'un- Ministre qu'ils jugent ne l'avoir
pas respecté lui-même , que cependant la République
, sans se faire justice , comme l'Electeur
l'ent
SEPTEMBRE. 1733. 2061
Pen accuse , s'est contentée de lui porter ses
plaintes, que dans le Decret qui condamne au feu
l'Ecrit dont le Sénat se plaint , le Comte de Vackerbar
n'est pas nommé , si ce n'est dans la Déclaration
du Prêtre qui a été arreté pour l'avoir
distribué , qu'ainsi ce Ministre avance sans fondement
qu'on a blessé le respect dû à son caractere
, qu'il pourroit tout au plus , si la déclaration
du Prêtre étoit fausse , exiger qu'on le punît
comme un imposteur . Qu'au reste ce n'est pas
seulement sur la déposition de ce Témoin , mais
sur plusieurs autres indices que la République
appuye son accusation contre le Comte de Vackerbar
, et qu'elle persiste à demander justice de
Pabus qu'elle prétend qu'il a fait de son caractere
.
Il paroît à Warsovie une Réponse au Manifeste
, que la Czarine a fait répandre dans le
Royaume, et par lequel S. M. Czarienne assure les
Polonois,que si elle se détermine à faire entrer des
Troupes en Pologne , ce ne sera que pour leur
fournir les moyens d'élire librement un Roy ,
et que les Moscovites y observeront une si exacte
discipline , qu'aucun Sujet de la République
ne pourra se plaindre . L'Auteur de cette Répon
se remarque qu'on n'a jamais forcé une Nation
d'accepter un secours qu'elle ne demande pas ,
et que c'est mal prouver qu'on désire que les
Polonois soient libres , que de vouloir les proteger
malgré eux . Il ajoute que les instances que
les habitans de la Curlande ont fait à la Czarin e
pour qu'elle retirât ses Troupes de ce Duché ,
ne donnent pas lieu d'esperer qu'elles seront fort
disciplinées en Pologne. Le Comte de Lewolde ,
Ambassadeur Extraordinaire de la Czarine auprès
de la République , a fait entendre qu'il par
tiroit
2062 MERCURE DE FRANCE
tiroit de Warsovie pour se retirer à Konisberg
Le 13. Août , jour auquel on avoit fixé le
transport des Corps du Roy Jean III . et de celui
du feu Roy , du Château de Warsovie , au Palais
du Fauxbourg de Cracovie , on celebra dans la
Chapelle du Château , où ils étoient en dépôt
depuis trois jours , une Messe solemnelle de Requiem
, après laquelle M. Zaluski , Evêque de
Plocko , prononça l'Oraison Funebre du feu
Roy , et le Convoi se mit ensuite en marche
dans l'ordre suivant.
Les Décurions portant leurs Drapeaux cou
verts de crêpe , le Clergé Régulier , les Communautez
des Marchands , les Peres Missionnaires ,
les Evêques , un Maître et un Ayde des Cérémonies
, un Détachement des Gardes du Corps ; un
Carosse , dans lequel étoit le Corps du Roy
Jean III . les marques de sa dignité , portées
par
le Comte Szembeck , Palatin de Siradie, par
le Comte Plembocki , Palatin de Rava , et par
M.Lasceuscki, Castelan de Sochaczew ; les Gentilshommes-
Gardes , le Corps du feu Roy dans
un autre Carosse ; les marques de sa dignité ,
portées par le Comte Potoscki , Palatin de Kiovie
et par M. Rudzinski , Castelan de Czersk , le
Comte Pomatowsck , Régimentaire de la Cou-
'ronne , suivi des principaux Officiers Militaires ;
les Grands - Mousquetaires , ayant à leur tête
M. Potoscki, leur Colonel , fermoient la`marche.
Les Carosses étoient couverts de velours cramoisi
avec des galons et des crêpines d'or ; les
habits des Cochers , des Postillons et des Valets
de Pied , qui étoient aux Portieres , étoient de
velours de la même couleur , galonné d'or. Pendant
la marche du Convoi , il y eut plusieurs
décharges de l'Artillerie du Château et des Remparts
SEPTEMBRE . 1733. 2063
parts , et lorsqu'il fut arrivé au Palais du Fauxbourgs
de Cracovie , M. Kobielski , Suffragant
de l'Evêque de Cujavie , prononça une seconde
Oraison Funebre.
L'ouverture de la Diette d'Election se fit le 25.
Août , dans le Camp près de Warsovie. Le Pri- .
mat , M. Maschalski , Maréchal de la Diette générale
de Convocation , le Comte de Poniatowski
, Régimentaire de la Couronne , et plusieurs
Sénateurs , prononcerent des Discours
fort éloquens , pour déterminer la Noblesse à
ne point se laisser intimider par les menaces des
Puissances qui paroissent vouloir contraindre sa
liberté , et pour l'exhorter à ne connoître qu'el
le- même pour Interprete des Loix et des Conetitutions
du Royaume.
Dans la seconde Séance qui se tint le lendemain
, on commença à proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , et les Sujets proposez
furent Mrs Radziewski et Malachuski . La troi
siéme et la quatriéme Séance , qu ise sont tenuës
avant le 23. er le 24. ont été employées à
recueillir les suffrages ; M. Radziewski a cu
1422. voix , et M. Malachouski n'en ayant cu
que 67. s'est désisté de ses prétentions en fayeur
de son Concurrent , qui dans la huitiéme
Séance du 2. Septembre fut élû unanimement
Maréchal de la Dierre.
C
Quelques personnes ont affecté de publier que
les Troupes Moscovites , commandées par le
Général Lucci , s'étoient avancées en Lithuanie,
mais il ne paroît point que ce bruit donne beau
coup d'inquietude au Primat ni à la Noblesse."
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En septembre 1733, le Primat de Pologne a répondu à une lettre de l'Électeur de Saxe concernant une affaire diplomatique. Il a souligné que la République polonaise respecte le droit des gens et le rôle des ministres des princes, mais peut prendre des mesures en cas d'abus de leur part. La République accuse le Comte de Wackerbarth Salmour d'avoir diffusé un écrit intitulé 'Lettre d'un Nonce à son Ami', justifiant ainsi une violation du droit des gens. Bien que le Comte n'ait pas été nommé dans le décret condamnant l'écrit, la République insiste sur la demande de justice pour les abus présumés. À Varsovie, une réponse au manifeste de la Czarine a été publiée, critiquant l'intervention militaire russe en Pologne. Le Comte de Lewolde, ambassadeur de la Czarine, a annoncé son départ pour Königsberg. Le 13 août, les corps du roi Jean III et du feu roi ont été transférés du Château de Varsovie au Palais du Faubourg de Cracovie, accompagnés d'une messe solennelle et d'oraisons funèbres. L'ouverture de la Diète d'Élection a eu lieu le 25 août près de Varsovie. Le Primat et plusieurs sénateurs ont prononcé des discours exhortant la noblesse à défendre sa liberté face aux menaces des puissances étrangères. Lors des séances suivantes, M. Radziewski a été élu Maréchal de la Diète. Quelques rumeurs ont circulé sur l'avancée des troupes moscovites en Lituanie, mais elles n'ont pas suscité d'inquiétude majeure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 2255-2261
« L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...] »
Début :
L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...]
Mots clefs :
Roi, Couronne, Comte, Opposants, Varsovie, Lituanie, Élection, Sénateurs, Nonces, Diète, Stanislas Leszczynski
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...] »
L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre
à 4. heures après midi , ayant été una
nime , comme nous l'avons déja dit , le Primar
fit la Proclamation en ces termes ; Comme il a
plu au Roy des Rois , que tous les suffrages soient
unanimes en faveur de Stanislas Leszczinski , je
le nommeRoy de Pologne et Grand- Duc de Lithua
mie et de toutes les Provinces qui dépendent de ce
Royaume : Tous les Assistans s'écrierent là-dessus
, Vive le Roy Stanislas Leszczinski,
D'abord après la Proclamation du Roy , on
mit le feu , suivant l'usage , au Kolo , qui avoir
sé construir pour la tenue de la Diette, et Sa
Majesté
2256 MERCURE DE FRANCE
Majesté ayant entendu dans l'Eglise de S. Jean
le Te Deum , chanté au bruit des acclamations du
Peuple , se rendit , accompagnée du Sénat et des
Nonces , au Château.
Le lendemain Le Roy donna audience aux Mr
nistres Etrangers , aux Grands - Officiers de la
Couronne et à tous les Sénateurs qui sont à
Warsovie.
Le Sénat s'assembla le même jour pour déli
berer sur le parti qu'on prendroit par rapport à
P'entrée des Troupes Moscovites en Lithuanie
et sur la conduite qu'il étoit à propos de tenir
l'égard des Palatins et des Gentilshommes qui
s'étoient retirez du Kolo. Il fut résolu sur le premier
article, que le Roy seroit autorisé par la République
à prendre toutes les mesures convenables
pour s'opposer aux entreprises des Puissan-
Ces voisines.
Pour ce qui regarde le Prince Wienovieski ,
Régimentaire de Lithuanie , et ceux qui l'ont
suivi dans sa retraite , il fut décidé qu'on leur
envoyeroit encore une députation , afin de tâcher
de les ramener. Cette nouvelle tentative n'a pas
cú plus de succès que les précédentes , et non
contens d'avoir refusé de recevoir les Députez
qu'on leur envoya à Praage , où ils étoient campez
, ils dresserent une espece de Manifeste , dans
lequel ils essayent , par de fausses allégations
de justifier leurs démarches.
Le 14 les Gardes de la Couronne prêterent
Serment entre les mains du Roy , et monterent
la Garde au Château , Enseignes déployées , avec
les cérémonies ordinaires. Douze des Grands-
Mousquetaires , monterent aussi la Garde dans
PAnti-Chambre du Roy.
Il s'est formé dans l'Armée de Lithuanie , une
confé-
1
OCTOBRE . 1733- 2257
confédération , dont M. Pocci a été fait Maréchal
, et le Prince Wienovieski , craignant d'être,
abandonné , fit rompre le Pont de la Vistule , et
décampa la nuit du 16. au 17. Septembre pout
se retirer à Wingrouf. On l'a poursuivi et l'on
a pris quelques Domestiques et les Equipages du
Palatin de Cracovie , qui ont été rendus sur le
champ par ordre du Roy.
Le bruit qui a couru que le Prince Wienovies .
ki , frere du Régimentaire de Lithuanie , s'étoit
joint à lui , est sans fondement ; il est allé dans
ses Terres,et n'a point suivi le parti des opposans,
On a reçû avis que la Cavalerie des Moscovites
étoit arrivée à Ticóczin sur le Naref, à
vingt -quatre milles de Warsovie.
Le Sénat et les Nonces , dans la derniere Assemblée
qu'ils ont tenue , ont nommé des Dépu
tez de chaque Palatinat , pour demeurer auprès
de la personne du Roy , et pour l'assister de
leurs conseils. Ils ont laissé à S. M. le soin de
donner les ordres nécessaires pour inhumer les
Corps de ses Prédécesseurs , et la liberté de fixer
le jour de son Couronnement , et ils ont reglé
que l'Armée de la Couronne seroit augmentée de
Cent Compagnies de Cavalerie , composées chacune
de cent hommes, et que S.M. pourroit, quand
elle le jugeroit à propos , publier les Universaux ,
afin de faire monter à cheval toute la Noblesse du
Royaume. A la fin de la Séance , le Primat et
M. Radziewski , Maréchal de la Diette d'Election
, congédierent les Nonces , et la Diette se
sépara.
Le 20. Septembre , le Roi accompagné du Priat
, des Sénateurs et des Nonces , se rendit à
'Eglise S. Jean ; et après avoir fait le Serment
ordinaire et juré d'observer les Pacta Conventa ,
258 MERCURE DE FRANCE
+
il reçût le Diptôme ou Acte d'Election , des mains,
de M. Radziewski , qui le harangua avec beau
soup d'éloquence , au nom de la Noblesse . M.
tint ensuite le Senatus-Consilium , en la maniere
accoûtumée.
Le même jour , le Comte de Poniatowski s'étant
démis volontairement de la Charge de Régimentaire
de la Couronne , le Roy donna certe
Charge au Comte Potocki , frere du Primat er
Palatin de Kiovie , qui expedia sur le champ des
ordres pour faire assembler l'Armée , et qui doiz
faire prendre les Armes à 3000, hommes de ses
Vassaux.
Les Opposans ont fait remettre depuis peu au
Sénat le Manifeste qu'ils ont dressé pour essayer
de se justifier , tant auprès des Etrangers , que de
leurs Compatriotes ; le Sénat ayant fait une ré◄
ponse à ce Manifeste , la leur a envoyée , et leur
a fait déclarer qu'on leur accordoit jusqu'au 22 .
pour se déterminer à reconnoître le Roy uranimement
et légitimement élu , et que si après ca
temps ils n'étoient point rentrez dans leur de
voir , on les poursuivroit à la rigueur , comma
rebelles au Souverain et traîtres à la Patrie .
Le Roy ayant reçû avis le 22 , qu'ils pess
voient dans leur opposition , assembla le Sénat,
où il fut résolu que S M. iroit dans le Palatine .
de Prusse , afin d'être plus à portée d'assemble.
es Troupes et d'entretenir la communication.
entre cette Ville et celle de Dantzick , S. M. et
*consequence de cette Déliberation , partit la nusuivante
pour se rendre à cette derniere Ville ,
coucha le 24. 2 Lowitz , chez le Primat , qui
ayant été averti que le parti des Opposans avo
formé le projet de l'enlever, a été obligé
prendre des mesures pour ne pas tomber, er
eurs mains,
1
OCTOBR E. 1733. 2259.
Le Marquis de Monti , Ambassadeur de Frane
, la plus grande partie des Ministres Etrangers,
et tous les Sénateurs , excepté le Palatin de Kio
vie , qui est resté pour commander les Troupes
que le Roy a laissées à Warsovie , ont suivi
5. M. Les Gardes de la Couronne ne l'ont point
accompagnée , et ils ont eu ordre d'aller joindre
un Corps de Cavalerie qu'on a envoyé près du
Convent de Belliani , et de s'y fortifier pour disputer
le passage de la Vistule à la Cavalerie da
General Lucci.
On a appris qu'un Détachement des Troupes
de la République ayant attaqué l'Infanterie Mos
covite au passage d'une Riviere , avoit tué unc
partie de ceux qui l'avoient déja passée et mis le
reste en fuite. Le Parti opposé a enlevé de l'autre
côté de la Vistule les Bagages de M. Maschalki
, Maréchal de la derniere Diette Generale
de Convocation.
Mo
On a appris de Dantzick, que le 19. Septem- ,
bre , le Magistrat de cette Ville fit annoncer au
Peuple , au son des Trompettes , l'avenement du
Roy Stanislas au Trône de Pologne , et que le
lendemain il fut chanté à cette occasion un Te
Deum dans les Eglises de cette Ville , au bruit
de toute l'Artillerie des Remparts.
Les Lettres de Warsovie du commencement
de ce mois, portent que le Comte Potoscki , Régimentaire
de la Couronne , est campé avec un
Corps de
hommes à Mariemont ,
à 15000. 14.
où on lui a envoyé 18. pieces de Canon , avec
une grande quantité de munitions de guerre.
Les Gardes de la Couronne , qui étoient destinées
à aller disputer le passage de la Vistule aux
Moscovites , ont reçu un contre-ordre , et elles
doivent se rendre incessamment au Camp de ce
General. Gij Од
2260 MERCURE DE FRANCE ¦
On a expedié les ordres nécessaires pour augmenter
l'Armée de 100. Compagnies de Cavales
rie , composées chacune de 10c . hommes , insi
qu'il a été reglé dans la derniere Assemblée que
le Sénat et les Nonces ont tenue avant la sépara →
tion de la Diette d'Election.
Le Roy arriva à Dantzick le 2. Octobre , ac-.
compagné du Comte Poniatowski et de plusieurs
Seigneurs ; il y a été suivi par le Primat ,
le Palatin de Massovie , les trois Princes Czartorinski
, les Palatins de Russie et de Mariembourg
, l'Evêque de Plocko , M. Tobianski ,
Grand-Chambellan de la Couronne , le Comte
de Danhoff , Grand- Chambelan de Lithuanie
M. Ossolenski , Grand - Trésorier de la Couronne
, M. Bielinski , Maréchal de la Cour , et un
grand nombre d'autres personnes de distinction.
Le Comte Sapieha , Grand- Enseigne de Lithua
nie , M. Oginski , Grand- Trésorier de ce Duché
, et plusieurs autres Sénateurs ou Gentilshommes
, qui étoient dans le Camp des Opposans
, ont abandonné ce parti , et ils ont écrit au
Roy , pour l'assurer de leur soumission et de
leur fidelité , et pour le supplier de leur pardonner
s'ils ont differé si long- temps à lui rendre
hommage. Le reste des Opposans s'est retiré dans .
la Ville de Bialla , et ils paroissent persister dans
le dessein de joindre l'Armée du Géneral Lucci.
On écrit de Dantzick , que la plus grande par
tie des Sénateurs et de la principale Noblesse ,
sont venus y joindre le Roy, qui a résolu d'y de
meurer jusqu'à- ce qu'il se puisse mettre à la tête
de l'Armée de la Couronne. On y fait apporter
de Cracovie la Couronne , le Sceptre , le Globe
et les autres marques de la dignité Royale , qui
doivent servir au Couronnement de S. M.
Le
OCTOBR E. 1733- 2261
Le Corps des Grands- Mousquetaires , que le
Roy avoit licentie , ayant fait témoigner à S. M
que tous ceux qui le composoient desiroient de
porter les armes pour son service , S. M. les a
retenus à sa solde, et le Comte Blendowski les
commandera.
Outre les cent Compagnies de Cavalerie dont
la République a ordonné que les Troupes seroient
augmentées , le Roy en a fair lever 40.
chacune aussi de 100 hommes , que S. M. doit
entretenir à ses dépens.. J
Selon les derniers avis reçus du Camp de Mariemart,
le Comte Potoscki , Régimentaire de la
Couronne , a député le Castellan de Trock er
M. Swaykowski , Chanoine de Cracovie , aux
Opposans , pour leur donner part de sa nouvelle
Dignité , et les exhorter à prévenir par une
prompte soumission les Actes d'hostiilté que sa
Charge et leur desobéissance . l'alloient forcer
commettre contre eux. On ajoûte qu'il a fair
prendre les armes , ainsi qu'il s'y est engagé , à
3000. de ses Vassaux , qui sont en marche pour
se rendre à son Camp.
On mande de Warsovie , que les Opposans
persistoient dans leur révolte , malgré la retraite
de plusieurs d'entre eux , et que le 5. Octobre , à
l'instigation du Prince Wienovicsk , Régimentaire
de Lithuanie , et du Prince Lubomirski , et
forcez par les Moscovites , ils avoient élû tumultueusement
l'Electeur de Saxe , qu'ils avoient
fait proclamer à la hâte par l'Evêque de Cracovie
, et à qui ils avoient dépêché le Staroste Linowski
, pour lui donner part de cette préten
duë Election.
à 4. heures après midi , ayant été una
nime , comme nous l'avons déja dit , le Primar
fit la Proclamation en ces termes ; Comme il a
plu au Roy des Rois , que tous les suffrages soient
unanimes en faveur de Stanislas Leszczinski , je
le nommeRoy de Pologne et Grand- Duc de Lithua
mie et de toutes les Provinces qui dépendent de ce
Royaume : Tous les Assistans s'écrierent là-dessus
, Vive le Roy Stanislas Leszczinski,
D'abord après la Proclamation du Roy , on
mit le feu , suivant l'usage , au Kolo , qui avoir
sé construir pour la tenue de la Diette, et Sa
Majesté
2256 MERCURE DE FRANCE
Majesté ayant entendu dans l'Eglise de S. Jean
le Te Deum , chanté au bruit des acclamations du
Peuple , se rendit , accompagnée du Sénat et des
Nonces , au Château.
Le lendemain Le Roy donna audience aux Mr
nistres Etrangers , aux Grands - Officiers de la
Couronne et à tous les Sénateurs qui sont à
Warsovie.
Le Sénat s'assembla le même jour pour déli
berer sur le parti qu'on prendroit par rapport à
P'entrée des Troupes Moscovites en Lithuanie
et sur la conduite qu'il étoit à propos de tenir
l'égard des Palatins et des Gentilshommes qui
s'étoient retirez du Kolo. Il fut résolu sur le premier
article, que le Roy seroit autorisé par la République
à prendre toutes les mesures convenables
pour s'opposer aux entreprises des Puissan-
Ces voisines.
Pour ce qui regarde le Prince Wienovieski ,
Régimentaire de Lithuanie , et ceux qui l'ont
suivi dans sa retraite , il fut décidé qu'on leur
envoyeroit encore une députation , afin de tâcher
de les ramener. Cette nouvelle tentative n'a pas
cú plus de succès que les précédentes , et non
contens d'avoir refusé de recevoir les Députez
qu'on leur envoya à Praage , où ils étoient campez
, ils dresserent une espece de Manifeste , dans
lequel ils essayent , par de fausses allégations
de justifier leurs démarches.
Le 14 les Gardes de la Couronne prêterent
Serment entre les mains du Roy , et monterent
la Garde au Château , Enseignes déployées , avec
les cérémonies ordinaires. Douze des Grands-
Mousquetaires , monterent aussi la Garde dans
PAnti-Chambre du Roy.
Il s'est formé dans l'Armée de Lithuanie , une
confé-
1
OCTOBRE . 1733- 2257
confédération , dont M. Pocci a été fait Maréchal
, et le Prince Wienovieski , craignant d'être,
abandonné , fit rompre le Pont de la Vistule , et
décampa la nuit du 16. au 17. Septembre pout
se retirer à Wingrouf. On l'a poursuivi et l'on
a pris quelques Domestiques et les Equipages du
Palatin de Cracovie , qui ont été rendus sur le
champ par ordre du Roy.
Le bruit qui a couru que le Prince Wienovies .
ki , frere du Régimentaire de Lithuanie , s'étoit
joint à lui , est sans fondement ; il est allé dans
ses Terres,et n'a point suivi le parti des opposans,
On a reçû avis que la Cavalerie des Moscovites
étoit arrivée à Ticóczin sur le Naref, à
vingt -quatre milles de Warsovie.
Le Sénat et les Nonces , dans la derniere Assemblée
qu'ils ont tenue , ont nommé des Dépu
tez de chaque Palatinat , pour demeurer auprès
de la personne du Roy , et pour l'assister de
leurs conseils. Ils ont laissé à S. M. le soin de
donner les ordres nécessaires pour inhumer les
Corps de ses Prédécesseurs , et la liberté de fixer
le jour de son Couronnement , et ils ont reglé
que l'Armée de la Couronne seroit augmentée de
Cent Compagnies de Cavalerie , composées chacune
de cent hommes, et que S.M. pourroit, quand
elle le jugeroit à propos , publier les Universaux ,
afin de faire monter à cheval toute la Noblesse du
Royaume. A la fin de la Séance , le Primat et
M. Radziewski , Maréchal de la Diette d'Election
, congédierent les Nonces , et la Diette se
sépara.
Le 20. Septembre , le Roi accompagné du Priat
, des Sénateurs et des Nonces , se rendit à
'Eglise S. Jean ; et après avoir fait le Serment
ordinaire et juré d'observer les Pacta Conventa ,
258 MERCURE DE FRANCE
+
il reçût le Diptôme ou Acte d'Election , des mains,
de M. Radziewski , qui le harangua avec beau
soup d'éloquence , au nom de la Noblesse . M.
tint ensuite le Senatus-Consilium , en la maniere
accoûtumée.
Le même jour , le Comte de Poniatowski s'étant
démis volontairement de la Charge de Régimentaire
de la Couronne , le Roy donna certe
Charge au Comte Potocki , frere du Primat er
Palatin de Kiovie , qui expedia sur le champ des
ordres pour faire assembler l'Armée , et qui doiz
faire prendre les Armes à 3000, hommes de ses
Vassaux.
Les Opposans ont fait remettre depuis peu au
Sénat le Manifeste qu'ils ont dressé pour essayer
de se justifier , tant auprès des Etrangers , que de
leurs Compatriotes ; le Sénat ayant fait une ré◄
ponse à ce Manifeste , la leur a envoyée , et leur
a fait déclarer qu'on leur accordoit jusqu'au 22 .
pour se déterminer à reconnoître le Roy uranimement
et légitimement élu , et que si après ca
temps ils n'étoient point rentrez dans leur de
voir , on les poursuivroit à la rigueur , comma
rebelles au Souverain et traîtres à la Patrie .
Le Roy ayant reçû avis le 22 , qu'ils pess
voient dans leur opposition , assembla le Sénat,
où il fut résolu que S M. iroit dans le Palatine .
de Prusse , afin d'être plus à portée d'assemble.
es Troupes et d'entretenir la communication.
entre cette Ville et celle de Dantzick , S. M. et
*consequence de cette Déliberation , partit la nusuivante
pour se rendre à cette derniere Ville ,
coucha le 24. 2 Lowitz , chez le Primat , qui
ayant été averti que le parti des Opposans avo
formé le projet de l'enlever, a été obligé
prendre des mesures pour ne pas tomber, er
eurs mains,
1
OCTOBR E. 1733. 2259.
Le Marquis de Monti , Ambassadeur de Frane
, la plus grande partie des Ministres Etrangers,
et tous les Sénateurs , excepté le Palatin de Kio
vie , qui est resté pour commander les Troupes
que le Roy a laissées à Warsovie , ont suivi
5. M. Les Gardes de la Couronne ne l'ont point
accompagnée , et ils ont eu ordre d'aller joindre
un Corps de Cavalerie qu'on a envoyé près du
Convent de Belliani , et de s'y fortifier pour disputer
le passage de la Vistule à la Cavalerie da
General Lucci.
On a appris qu'un Détachement des Troupes
de la République ayant attaqué l'Infanterie Mos
covite au passage d'une Riviere , avoit tué unc
partie de ceux qui l'avoient déja passée et mis le
reste en fuite. Le Parti opposé a enlevé de l'autre
côté de la Vistule les Bagages de M. Maschalki
, Maréchal de la derniere Diette Generale
de Convocation.
Mo
On a appris de Dantzick, que le 19. Septem- ,
bre , le Magistrat de cette Ville fit annoncer au
Peuple , au son des Trompettes , l'avenement du
Roy Stanislas au Trône de Pologne , et que le
lendemain il fut chanté à cette occasion un Te
Deum dans les Eglises de cette Ville , au bruit
de toute l'Artillerie des Remparts.
Les Lettres de Warsovie du commencement
de ce mois, portent que le Comte Potoscki , Régimentaire
de la Couronne , est campé avec un
Corps de
hommes à Mariemont ,
à 15000. 14.
où on lui a envoyé 18. pieces de Canon , avec
une grande quantité de munitions de guerre.
Les Gardes de la Couronne , qui étoient destinées
à aller disputer le passage de la Vistule aux
Moscovites , ont reçu un contre-ordre , et elles
doivent se rendre incessamment au Camp de ce
General. Gij Од
2260 MERCURE DE FRANCE ¦
On a expedié les ordres nécessaires pour augmenter
l'Armée de 100. Compagnies de Cavales
rie , composées chacune de 10c . hommes , insi
qu'il a été reglé dans la derniere Assemblée que
le Sénat et les Nonces ont tenue avant la sépara →
tion de la Diette d'Election.
Le Roy arriva à Dantzick le 2. Octobre , ac-.
compagné du Comte Poniatowski et de plusieurs
Seigneurs ; il y a été suivi par le Primat ,
le Palatin de Massovie , les trois Princes Czartorinski
, les Palatins de Russie et de Mariembourg
, l'Evêque de Plocko , M. Tobianski ,
Grand-Chambellan de la Couronne , le Comte
de Danhoff , Grand- Chambelan de Lithuanie
M. Ossolenski , Grand - Trésorier de la Couronne
, M. Bielinski , Maréchal de la Cour , et un
grand nombre d'autres personnes de distinction.
Le Comte Sapieha , Grand- Enseigne de Lithua
nie , M. Oginski , Grand- Trésorier de ce Duché
, et plusieurs autres Sénateurs ou Gentilshommes
, qui étoient dans le Camp des Opposans
, ont abandonné ce parti , et ils ont écrit au
Roy , pour l'assurer de leur soumission et de
leur fidelité , et pour le supplier de leur pardonner
s'ils ont differé si long- temps à lui rendre
hommage. Le reste des Opposans s'est retiré dans .
la Ville de Bialla , et ils paroissent persister dans
le dessein de joindre l'Armée du Géneral Lucci.
On écrit de Dantzick , que la plus grande par
tie des Sénateurs et de la principale Noblesse ,
sont venus y joindre le Roy, qui a résolu d'y de
meurer jusqu'à- ce qu'il se puisse mettre à la tête
de l'Armée de la Couronne. On y fait apporter
de Cracovie la Couronne , le Sceptre , le Globe
et les autres marques de la dignité Royale , qui
doivent servir au Couronnement de S. M.
Le
OCTOBR E. 1733- 2261
Le Corps des Grands- Mousquetaires , que le
Roy avoit licentie , ayant fait témoigner à S. M
que tous ceux qui le composoient desiroient de
porter les armes pour son service , S. M. les a
retenus à sa solde, et le Comte Blendowski les
commandera.
Outre les cent Compagnies de Cavalerie dont
la République a ordonné que les Troupes seroient
augmentées , le Roy en a fair lever 40.
chacune aussi de 100 hommes , que S. M. doit
entretenir à ses dépens.. J
Selon les derniers avis reçus du Camp de Mariemart,
le Comte Potoscki , Régimentaire de la
Couronne , a député le Castellan de Trock er
M. Swaykowski , Chanoine de Cracovie , aux
Opposans , pour leur donner part de sa nouvelle
Dignité , et les exhorter à prévenir par une
prompte soumission les Actes d'hostiilté que sa
Charge et leur desobéissance . l'alloient forcer
commettre contre eux. On ajoûte qu'il a fair
prendre les armes , ainsi qu'il s'y est engagé , à
3000. de ses Vassaux , qui sont en marche pour
se rendre à son Camp.
On mande de Warsovie , que les Opposans
persistoient dans leur révolte , malgré la retraite
de plusieurs d'entre eux , et que le 5. Octobre , à
l'instigation du Prince Wienovicsk , Régimentaire
de Lithuanie , et du Prince Lubomirski , et
forcez par les Moscovites , ils avoient élû tumultueusement
l'Electeur de Saxe , qu'ils avoient
fait proclamer à la hâte par l'Evêque de Cracovie
, et à qui ils avoient dépêché le Staroste Linowski
, pour lui donner part de cette préten
duë Election.
Fermer
Résumé : « L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...] »
Le 12 septembre, Stanislas Leszczinski est élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie à Varsovie. La proclamation est suivie de l'incendie du Kolo et du chant du Te Deum. Le roi reçoit ensuite les ministres étrangers, les grands officiers et les sénateurs. Le Sénat délibère sur l'entrée des troupes moscovites en Lituanie et la conduite à tenir envers les opposants. Il autorise le roi à prendre des mesures contre les entreprises des puissances voisines et décide d'envoyer une députation au prince Wienovieski et ses partisans. Le 14 septembre, les gardes de la couronne prêtent serment et montent la garde au château. Une confédération se forme dans l'armée de Lituanie, et le prince Wienovieski se retire à Wingrouf. Le Sénat nomme des députés de chaque palatinat pour assister le roi et régule l'augmentation de l'armée. Le 20 septembre, le roi prête serment et reçoit l'acte d'élection. Le comte de Poniatowski démissionne, et le comte Potocki est nommé à sa place. Les opposants, dirigés par le prince Wienovieski et le prince Lubomirski, élisent l'électeur de Saxe comme roi et lui envoient un messager. Le roi Stanislas se rend à Dantzick pour rassembler les troupes et maintenir la communication avec cette ville. Les sénateurs et la noblesse rejoignent le roi à Dantzick, où les insignes royaux sont apportés pour le couronnement. Le roi retient les Grands-Mousquetaires à sa solde et lève 40 compagnies de cavalerie supplémentaires. Malgré la retraite de certains opposants, ces derniers persistent dans leur révolte et élisent l'électeur de Saxe comme roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 2693-2697
POLOGNE.
Début :
On a appris sur la fin du mois dernier, par un Courrier, arrivé de l'Ukraine à Dantzik, [...]
Mots clefs :
Troupes, Moscovites, Général, Comte, Pologne, Armée, Varsovie, Noblesse, Gdańsk, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, des rapports récents signalent que le Khan de Budziack, à la tête d'un corps de Tartares, a attaqué les troupes du Général Wiesbach en Ukraine. Après une bataille indécise, les Moscovites se sont retirés à Kiow. Le Comte Pocci a transmis une lettre révélant que la Czarine ne fournira pas de nouveaux secours au Général Lesci. Des nobles ayant assisté à l'élection de l'Électeur de Saxe en Pologne rapportent que l'armée ennemie souffre de disette, les paysans ayant caché leurs provisions. Ils confirment que l'élection a été faite sous la contrainte des Moscovites et que la noblesse n'y a pas participé. La noblesse de plusieurs palatinats a formé une confédération pour chasser les troupes moscovites et saxonnes. Des villes et abbayes lèvent des troupes pour le service du Roi. Le Comte Potoski, avec une armée de 25 000 hommes, est campé entre Sandomir et Ospatow, tandis que le Palatin de Lublin et le Comte Pocci avancent avec leurs troupes pour contrer les ennemis. Les Moscovites, ayant quitté Warsovie, campent à Lowitz mais continuent de subir des attaques. Les levées de troupes dans la Prusse Polonoise se font avec succès, et plusieurs seigneurs harcèlent les Moscovites en attaquant leurs convois. Le Général Lesci demande en vain des renforts à la Czarine. Le Roi a reçu une copie de l'acte de confédération de la noblesse polonaise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 2937-2940
ADDITION AUX NOUVELLES Etrangeres.
Début :
On a appris en dernier lieu de Constantinople, que comme Thamas [...]
Mots clefs :
Comte, Troupes, Thamas Kouli-Kan, Constantinople, Hommes, Cracovie, Électeur, Varsovie, Palatins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION AUX NOUVELLES Etrangeres.
ADDITION AUX NOUVELLES
Etrangeres.
O
Na appris en dernier lieu de Cons
tantinople , que comme Thamas
Kouli- Kan n'est qu'à une petite distance
de Kerkoud, et qu'on craint qu'il ne fasse
un dernier effort pour venir attaquer les
Turcs , la Porte a dépêché un Courier à
Demir Pacha , qui commande un Corps
de quarante mille hommes aux environs
de Tauris , et elle lui a envoyé ordre de
marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , pour s'opposer
de concert avec Topal- Osman aux desseins
des Ennemis.
>
Les derniere Lettres de Pologne matquent
que le Palatinat de Sandomir et la
plupart des Gentilshommes de celui de
II. Vol.
Cracovie
2938 MERCURE DE FRANCE
Cracovie , sont entrez dans la conféderation
faite en faveur du Roy , qu'elle a
été signée non- seulement par toute la
Noblesse des sept Palatinats de la Grande
Pologne , mais encore par la plus grande
partie des autres Habitans de ces Provinees
, et que tous ceux qui sont en état de
porter les Armes les ont prises .
On a apris en même tems que le Comte
Potocky étoit campé entre Sandomir er
Saradie , mais qu'il devoit marcher incessamment
avec son Armée composée ac
tuellement de près de 20000 hommes
pour occuper un poste important entre
les Rivieres de Wuart et de Pilckza pendant
que le Palatin de Lustin et le Genes
ral de Curdziewzki observeroit avec
leurs Troupes les mouvemens de celles de
P'Electeur de Saxe.
Ces Lettres ajoutent que presque toure
la Noblesse de Lithuanie étoit resoluë de
deffendre jusqu'à la derniere extremité
les intêrets du Roy , et la liberté de la
Nation , qu'elle n'attendoit pour s'assem
bler que les derniers ordres de S. M. que
le Comte Pocci après avoir fait diverses
courses en Curlande , où il a fait beaucoup
ravages , s'étoit retiré par la Samogithie
en Lithuanie , et qu'il y avoit
attaqué les Troupes du Palatin de Nowo-
11. Vol groot
de
DECEMBRE. 1733. 2939
root , lesquelles après un assez long coinat
, avoient été contraintes de prendre la
aite , le Comte de Poniatow ki , le Prince
ean Czatorinski les Palatins de Cujavie
t de Livonie et le Sr Ozarowky , ont levé
hacun un Regiment. Celui du Roy est
ctuellement complet.
On aprend de Dantzick , que deux
Vaisseaux Hollandois y ont apporté une
grande quantité de Munition de Guerre.
Les deux Regiments d'Infanterie et les
deux de Cavalerie que le General Lesci
a fait avancer vers la Prusse Polonoise
se sont arrêtez à quelque distance des
Frontieres de cette Province ; ils n'ont
point été suivis d'autres Troupes , et on
croit que l'Armée Moscovite qui est toujours
à Lowitz et dans les environs n'en
décampera que pour tenter de se joindre
aux Troupes Saxones .
•
Quelques avis reçûs de Warsovie, por
tent que la Députation envoyée par le
General Moscovite et par les Opposans à
P'Electeur de Saxe , est composée du
Prince Wienowieski , ci - devant Régis
mentaire de Lithuanie , du Prince Lubomirzky
, Palatin de Cracovie , des Palatins
de Pollachie , de Culm et de Czernichov
, du Comre de Cetner , et de
quelques Cattellans.
II. Vol. On
2940 MERCURE DE FRANCE
On mande de Vienne que le Comte de
Mercy , Feldt Maréchal , à qui l'Empe
reur a donné depuis peu le Gouverne .
men du Milanois , et le Comte de Sallaburg
, Commissaire Général des Guerres,
partiront le 7
le 7 Janvier pour le Tirol.
Le bruit qui a couru que l'Electeur de
Baviere faisoit lever pour le service de
l'Empereur, 8000 hommes , qui devoient
remplacer les Régimens que S.M.I. a tiré
de Hongrie , n'est pas confirmé.
Etrangeres.
O
Na appris en dernier lieu de Cons
tantinople , que comme Thamas
Kouli- Kan n'est qu'à une petite distance
de Kerkoud, et qu'on craint qu'il ne fasse
un dernier effort pour venir attaquer les
Turcs , la Porte a dépêché un Courier à
Demir Pacha , qui commande un Corps
de quarante mille hommes aux environs
de Tauris , et elle lui a envoyé ordre de
marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , pour s'opposer
de concert avec Topal- Osman aux desseins
des Ennemis.
>
Les derniere Lettres de Pologne matquent
que le Palatinat de Sandomir et la
plupart des Gentilshommes de celui de
II. Vol.
Cracovie
2938 MERCURE DE FRANCE
Cracovie , sont entrez dans la conféderation
faite en faveur du Roy , qu'elle a
été signée non- seulement par toute la
Noblesse des sept Palatinats de la Grande
Pologne , mais encore par la plus grande
partie des autres Habitans de ces Provinees
, et que tous ceux qui sont en état de
porter les Armes les ont prises .
On a apris en même tems que le Comte
Potocky étoit campé entre Sandomir er
Saradie , mais qu'il devoit marcher incessamment
avec son Armée composée ac
tuellement de près de 20000 hommes
pour occuper un poste important entre
les Rivieres de Wuart et de Pilckza pendant
que le Palatin de Lustin et le Genes
ral de Curdziewzki observeroit avec
leurs Troupes les mouvemens de celles de
P'Electeur de Saxe.
Ces Lettres ajoutent que presque toure
la Noblesse de Lithuanie étoit resoluë de
deffendre jusqu'à la derniere extremité
les intêrets du Roy , et la liberté de la
Nation , qu'elle n'attendoit pour s'assem
bler que les derniers ordres de S. M. que
le Comte Pocci après avoir fait diverses
courses en Curlande , où il a fait beaucoup
ravages , s'étoit retiré par la Samogithie
en Lithuanie , et qu'il y avoit
attaqué les Troupes du Palatin de Nowo-
11. Vol groot
de
DECEMBRE. 1733. 2939
root , lesquelles après un assez long coinat
, avoient été contraintes de prendre la
aite , le Comte de Poniatow ki , le Prince
ean Czatorinski les Palatins de Cujavie
t de Livonie et le Sr Ozarowky , ont levé
hacun un Regiment. Celui du Roy est
ctuellement complet.
On aprend de Dantzick , que deux
Vaisseaux Hollandois y ont apporté une
grande quantité de Munition de Guerre.
Les deux Regiments d'Infanterie et les
deux de Cavalerie que le General Lesci
a fait avancer vers la Prusse Polonoise
se sont arrêtez à quelque distance des
Frontieres de cette Province ; ils n'ont
point été suivis d'autres Troupes , et on
croit que l'Armée Moscovite qui est toujours
à Lowitz et dans les environs n'en
décampera que pour tenter de se joindre
aux Troupes Saxones .
•
Quelques avis reçûs de Warsovie, por
tent que la Députation envoyée par le
General Moscovite et par les Opposans à
P'Electeur de Saxe , est composée du
Prince Wienowieski , ci - devant Régis
mentaire de Lithuanie , du Prince Lubomirzky
, Palatin de Cracovie , des Palatins
de Pollachie , de Culm et de Czernichov
, du Comre de Cetner , et de
quelques Cattellans.
II. Vol. On
2940 MERCURE DE FRANCE
On mande de Vienne que le Comte de
Mercy , Feldt Maréchal , à qui l'Empe
reur a donné depuis peu le Gouverne .
men du Milanois , et le Comte de Sallaburg
, Commissaire Général des Guerres,
partiront le 7
le 7 Janvier pour le Tirol.
Le bruit qui a couru que l'Electeur de
Baviere faisoit lever pour le service de
l'Empereur, 8000 hommes , qui devoient
remplacer les Régimens que S.M.I. a tiré
de Hongrie , n'est pas confirmé.
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Résumé : ADDITION AUX NOUVELLES Etrangeres.
Le texte décrit des événements militaires et politiques en Turquie et en Pologne. À Constantinople, la Porte a ordonné à Demir Pacha, commandant une armée de quarante mille hommes près de Tauris, de marcher avec les Tartares en Perse pour contrer Thamas Kouli-Kan. En Pologne, les Palatinats de Sandomir et Cracovie, ainsi que la noblesse de la Grande Pologne, ont soutenu le roi. Le Comte Potocky, à la tête de vingt mille hommes, se prépare à occuper une position stratégique entre les rivières Wart et Pilckza. La noblesse lituanienne est également déterminée à défendre les intérêts du roi. Le Comte Potocky a mené des raids en Curlande et s'est retiré en Lituanie. Plusieurs nobles, dont le Comte Poniatowski et le Prince Jean Czartoryski, ont levé des régiments. À Dantzick, deux vaisseaux hollandais ont apporté des munitions. Les troupes du Général Leszczyński sont stationnées près des frontières de la Prusse polonaise, tandis que l'armée moscovite reste à Lowitz. Une députation, incluant le Prince Wienowieski et le Prince Lubomirzky, a été envoyée à l'Électeur de Saxe. À Vienne, le Comte de Mercy et le Comte de Sallaburg doivent partir pour le Tyrol.
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21
p. 186-187
DU NORD.
Début :
Plusieurs personnes versées dans la connaissance des loix, ont reçu l'ordre [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Varsovie, Stockholm
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 28 Février.
Plufieurs perfonnes verfées dans la connoiffance
des loix , ont reçu ordre de P'Impératrice de
travailler à la réduction d'un nouveau Code. Ik
portera Ie nom de Code Elizabeth . Sa Majefté
Împériale vient d'affigner un fonds de trente mille
roubles , pour fubvenir aux premieres dépenses de
l'établiffement d'une Univerfité dans la ville de
Mofcou. Le Chevalier de Luffy , François de nation
, a entrepris de donner une feuille périodi
que , intitulée le Cameleon littéraire. Tous les Seigneurs
de cette Cour étant dans le goût de la
littérature françoife , s'intéreffent vivement au
fuccès de cet ouvrage.-
DE WARSOVIE , le 17 Mars.
Selon les avis reçus de Dubno , Hadzi Ali Aga ,
Ambaffadeur du Grand Seigneur , a amené de
Conftantinople deux Sauvages qui ont été trouvés
dans les bois , & qu'il doit préfenter au Roi de la
part de Sa Hauteffe. Le fieur Durand , Miniftre de
Sa Majesté très -Chrétienne auprès de la République
, arriva ici le 4 .
DE STOCKHOLM , le 4 Mars.
Il paroît un Edit , par lequel il eft défendu à
tous Matelots , employés fur les vaiffeaux Suédois ,
de paffer dans les pays étrangers , fous peine d'être
déclarés inhabiles à recueillir les fucceffions qui
pourroient dans la fuite leur écheoir , & de perdre
MAI 1759. 187
ce qui leur fera dû fur les bâtimens , à bord defquels
ils auront fervi .
Sa Majefté vient de faire publier qu'elle accorderoit
des gratifications confidérables & plufieurs
priviléges aux entrepreneurs qui voudroient établir
des carroffes publics pour aller d'une Province
à l'autre , & des voitures pour le tranfport des
marchandifes.
DE PETERSBOURG , le 28 Février.
Plufieurs perfonnes verfées dans la connoiffance
des loix , ont reçu ordre de P'Impératrice de
travailler à la réduction d'un nouveau Code. Ik
portera Ie nom de Code Elizabeth . Sa Majefté
Împériale vient d'affigner un fonds de trente mille
roubles , pour fubvenir aux premieres dépenses de
l'établiffement d'une Univerfité dans la ville de
Mofcou. Le Chevalier de Luffy , François de nation
, a entrepris de donner une feuille périodi
que , intitulée le Cameleon littéraire. Tous les Seigneurs
de cette Cour étant dans le goût de la
littérature françoife , s'intéreffent vivement au
fuccès de cet ouvrage.-
DE WARSOVIE , le 17 Mars.
Selon les avis reçus de Dubno , Hadzi Ali Aga ,
Ambaffadeur du Grand Seigneur , a amené de
Conftantinople deux Sauvages qui ont été trouvés
dans les bois , & qu'il doit préfenter au Roi de la
part de Sa Hauteffe. Le fieur Durand , Miniftre de
Sa Majesté très -Chrétienne auprès de la République
, arriva ici le 4 .
DE STOCKHOLM , le 4 Mars.
Il paroît un Edit , par lequel il eft défendu à
tous Matelots , employés fur les vaiffeaux Suédois ,
de paffer dans les pays étrangers , fous peine d'être
déclarés inhabiles à recueillir les fucceffions qui
pourroient dans la fuite leur écheoir , & de perdre
MAI 1759. 187
ce qui leur fera dû fur les bâtimens , à bord defquels
ils auront fervi .
Sa Majefté vient de faire publier qu'elle accorderoit
des gratifications confidérables & plufieurs
priviléges aux entrepreneurs qui voudroient établir
des carroffes publics pour aller d'une Province
à l'autre , & des voitures pour le tranfport des
marchandifes.
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Résumé : DU NORD.
En 1759, plusieurs événements politiques et culturels marquants ont eu lieu en Europe. À Saint-Pétersbourg, l'impératrice Élisabeth a ordonné la création du Code Élisabeth, un nouveau code législatif, et a alloué trente mille roubles pour fonder une université à Moscou. Le Chevalier de Luffy a lancé la publication périodique 'Le Caméléon littéraire', soutenue par des seigneurs de la cour intéressés par la littérature française. À Varsovie, Hadzi Ali Aga, ambassadeur du Grand Seigneur, a présenté deux individus sauvages au roi, et le ministre français Durand est arrivé le 4 mars. À Stockholm, un édit a interdit aux matelots suédois de s'expatrier, sous peine de perdre leurs droits successoraux et leurs salaires. La reine suédoise a annoncé des gratifications et des privilèges pour les entrepreneurs établissant des services de carrosses publics et de transport de marchandises entre provinces.
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22
p. 205-206
DU NORD.
Début :
On reçoit avis que la ville de Szereszow, en Lithuanie, [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Lituanie, Académie royale des sciences, Académie des sciences et des belles-lettres de Berlin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DUNOR D.
DE WARSOVIE , le 3 Mai.
On reçoit avis que la ville de Szerefzow , en
Lithuanie , a été preſque entierement réduite en
cendres.
306 MERCURE DE FRANCE.
DE STOCKHOLM , le 4 Mai .
L'Académie royale des Sciences dans une affemblée
qu'elle tint hier , a élu pour Préſident le Baron
de Scheffer , Sénateur & Chevalier des Ordres
de Sa Majesté. Cette Compagnie a aggrégé à fon
corps , en qualité d'Affociés étrangers , M. Lidbeck
, de la Société royale de Londres ; M. Kuhn ,
Docteur en Médecine , & Membre de l'Académie
des Sciences & Belles - Lettres de Berlin ; M. l'Abbé
de la Caille , Aftronome , de l'Académie des
Sciences de Paris ; M. Morand , de la même Académie
, & Secrétaire perpétuel de celle de Chirurgie
; & M. Waitz , Directeur des Salines du
Landgraviat de Heffe - Caffel .
Une femme eft morte à Kimi , dans la Bothnie
orientale , âgée de cent vingt-fept ans. Depuis .
deux ans feulement elle avoit perdu l'ouie &
La vue..
DE WARSOVIE , le 3 Mai.
On reçoit avis que la ville de Szerefzow , en
Lithuanie , a été preſque entierement réduite en
cendres.
306 MERCURE DE FRANCE.
DE STOCKHOLM , le 4 Mai .
L'Académie royale des Sciences dans une affemblée
qu'elle tint hier , a élu pour Préſident le Baron
de Scheffer , Sénateur & Chevalier des Ordres
de Sa Majesté. Cette Compagnie a aggrégé à fon
corps , en qualité d'Affociés étrangers , M. Lidbeck
, de la Société royale de Londres ; M. Kuhn ,
Docteur en Médecine , & Membre de l'Académie
des Sciences & Belles - Lettres de Berlin ; M. l'Abbé
de la Caille , Aftronome , de l'Académie des
Sciences de Paris ; M. Morand , de la même Académie
, & Secrétaire perpétuel de celle de Chirurgie
; & M. Waitz , Directeur des Salines du
Landgraviat de Heffe - Caffel .
Une femme eft morte à Kimi , dans la Bothnie
orientale , âgée de cent vingt-fept ans. Depuis .
deux ans feulement elle avoit perdu l'ouie &
La vue..
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Résumé : DU NORD.
Le 3 mai, Szerefzow en Lituanie a été détruite par un incendie. Le 4 mai, l'Académie royale des Sciences de Stockholm a élu le Baron de Scheffer comme Président et intégré plusieurs membres étrangers. Une femme est décédée à Kimi, en Bothnie orientale, à l'âge de 127 ans, après avoir perdu l'ouïe et la vue deux ans plus tôt.
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23
p. 195-197
DU NORD.
Début :
Charly Aga, Ambassadeur du Grand Seigneur, doit repasser ici en [...]
Mots clefs :
Varsovie, Fraustadt, Wschowa, Stockholm, Copenhague, Roi, Comte, Le palatinat, Ambassadeur du grand seigneur
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE WARSOVIE , le 31 Mai. -
HALY AGA, Ambaffadeur du Grand Seigneur ,
repaflet ici ea retournant à
nople , & l'on attend inceffamment ce Miniftre .
On a effuyé à Poſen un affreux orage , accompagné
de grêle , dont les grains étoient d'une groffeur
extraordinaire. Le feu du ciel eft tombé fur
le village de Stipulke en Lithuanie , & a brûlé
douze maiſons & quatorze granges.
On mande de Conftantinople que le nouveau
Grand Vifir vient d'obtenir pour fon fils la charge
d'Imbrahor , ou de Grand Ecuyer de Sa Hauteffe.
Les mêmes lettres ajoutent que vraisemblablement
le Kiflar Aga , ou Chef des Eunuques Noirs ,
ne demeurera pas long -tems en place , & qu'il
aura pour fucceffeur le Hafnadar Aga , ou Tréforier
de la caffette du Sultan.
DE FRAUSTADT , le 26 Mai.
Ce matin l'Ambaffadeur de Sa Hauteffe a eu
fon audience de congé du Roi ; il avoit eu fa
premiere audience le 22. Sa Majeſté a repris cet
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
après-midi le chemin de Drefde . Pendant fon fe
jour ici , elle a conféré le Palatinat de Volhinie
au Comte Potocki , & le Palatinat de Novogorod
au Prince Jablonowski . Le Comte Malachowski ,
Starofte d'Ofwieczim , a été pourvû de la charge
de Grand Ecuyer Tranchant de la Couronne , &
la place de Stolnitz de Lithuanie a été donnée aú
fecond fils du Comte de Poniatowski , Caftellan
de. Cracovie. Sa Majefté a fait choix du Comte de
Mnifzeck , Grand Chambellan de Lithuanie , pour
aller complimenter le Grand Seigneur ſur ſon avépement
au Trône.
DE
STOCKHOLM , le 30 Mai.
On a détaché douze cens hommes des Régimens
d'Uplande & de Sudermanie , pour travailler
anx fortifications en Finlande. Ils font partis depuis
quelques jours à bord de cinq galeres qui doi
vent les tranfporter à Helfingford."
-
Les Auteurs des deux ouvrages que l'Académie
royale des Belles lettres couronna l'année der
niere , ont enfin ceffé de cacher leurs noms. Le
heur Toneld , Auditeur de la Cour , a compofé la
differtation à laquelle le prix d'histoire a été adjugé.
La piece qui a remporté le prix de poësie
eft du fieur Ancherfen , Profeffeur d'Eloquence
& Bibliothécaire de l'Univerfité à Coppenhague.
Par des Lettres circulaires que le Roi vient de
faire expédier , la Diete générale du Royaume eft
convoquée pour le 13 du mois d'Octobre prochain.
Le renouvellement des traités entre la Suede
& la Porte fera l'un des principaux objets des
délibérations de cette affemblée . Le fieur Celfing,
frere du Miniftre qui réfide de la part de cette
Cour à Conftantinople , et chargé de porter la
JUILLET. 1755. 197
réponſe du Roi à la Lettre que le Sultan a écrite à
Sa Majesté.
DE COPPENHAGUE, le 1 Juin.
La femaine derniere le Roi fit près d'Elfeneur
la revue de fon Régiment d'Infanterie. Sa Majeſté
arriva ici le 24. Hier elle fe rendit avec le
Prince Royal au camp qu'elle a ordonné de former
près de cette ville ; & elle vit les troupes qui
s'y font raffemblées , faire diverſes manoeuvres
militaires.
Il a été réfolu dans une affemblée générale que
les actionnaires de la Compagnie Afiatique ont
tenue depuis peu d'augmenter de trois cens mille
écus de Banque le fond de cette Compagnie.
Un détachement de deux cens hommes doit
s'embarquer à bord des deux vaiffeaux qu'on arme
Four protéger la navigation des Danois dans la
Méditerranée. Le Roi eft retourné à Friedensbourg.
DE WARSOVIE , le 31 Mai. -
HALY AGA, Ambaffadeur du Grand Seigneur ,
repaflet ici ea retournant à
nople , & l'on attend inceffamment ce Miniftre .
On a effuyé à Poſen un affreux orage , accompagné
de grêle , dont les grains étoient d'une groffeur
extraordinaire. Le feu du ciel eft tombé fur
le village de Stipulke en Lithuanie , & a brûlé
douze maiſons & quatorze granges.
On mande de Conftantinople que le nouveau
Grand Vifir vient d'obtenir pour fon fils la charge
d'Imbrahor , ou de Grand Ecuyer de Sa Hauteffe.
Les mêmes lettres ajoutent que vraisemblablement
le Kiflar Aga , ou Chef des Eunuques Noirs ,
ne demeurera pas long -tems en place , & qu'il
aura pour fucceffeur le Hafnadar Aga , ou Tréforier
de la caffette du Sultan.
DE FRAUSTADT , le 26 Mai.
Ce matin l'Ambaffadeur de Sa Hauteffe a eu
fon audience de congé du Roi ; il avoit eu fa
premiere audience le 22. Sa Majeſté a repris cet
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
après-midi le chemin de Drefde . Pendant fon fe
jour ici , elle a conféré le Palatinat de Volhinie
au Comte Potocki , & le Palatinat de Novogorod
au Prince Jablonowski . Le Comte Malachowski ,
Starofte d'Ofwieczim , a été pourvû de la charge
de Grand Ecuyer Tranchant de la Couronne , &
la place de Stolnitz de Lithuanie a été donnée aú
fecond fils du Comte de Poniatowski , Caftellan
de. Cracovie. Sa Majefté a fait choix du Comte de
Mnifzeck , Grand Chambellan de Lithuanie , pour
aller complimenter le Grand Seigneur ſur ſon avépement
au Trône.
DE
STOCKHOLM , le 30 Mai.
On a détaché douze cens hommes des Régimens
d'Uplande & de Sudermanie , pour travailler
anx fortifications en Finlande. Ils font partis depuis
quelques jours à bord de cinq galeres qui doi
vent les tranfporter à Helfingford."
-
Les Auteurs des deux ouvrages que l'Académie
royale des Belles lettres couronna l'année der
niere , ont enfin ceffé de cacher leurs noms. Le
heur Toneld , Auditeur de la Cour , a compofé la
differtation à laquelle le prix d'histoire a été adjugé.
La piece qui a remporté le prix de poësie
eft du fieur Ancherfen , Profeffeur d'Eloquence
& Bibliothécaire de l'Univerfité à Coppenhague.
Par des Lettres circulaires que le Roi vient de
faire expédier , la Diete générale du Royaume eft
convoquée pour le 13 du mois d'Octobre prochain.
Le renouvellement des traités entre la Suede
& la Porte fera l'un des principaux objets des
délibérations de cette affemblée . Le fieur Celfing,
frere du Miniftre qui réfide de la part de cette
Cour à Conftantinople , et chargé de porter la
JUILLET. 1755. 197
réponſe du Roi à la Lettre que le Sultan a écrite à
Sa Majesté.
DE COPPENHAGUE, le 1 Juin.
La femaine derniere le Roi fit près d'Elfeneur
la revue de fon Régiment d'Infanterie. Sa Majeſté
arriva ici le 24. Hier elle fe rendit avec le
Prince Royal au camp qu'elle a ordonné de former
près de cette ville ; & elle vit les troupes qui
s'y font raffemblées , faire diverſes manoeuvres
militaires.
Il a été réfolu dans une affemblée générale que
les actionnaires de la Compagnie Afiatique ont
tenue depuis peu d'augmenter de trois cens mille
écus de Banque le fond de cette Compagnie.
Un détachement de deux cens hommes doit
s'embarquer à bord des deux vaiffeaux qu'on arme
Four protéger la navigation des Danois dans la
Méditerranée. Le Roi eft retourné à Friedensbourg.
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Résumé : DU NORD.
En mai 1755, plusieurs événements politiques et naturels ont marqué l'Europe et le Moyen-Orient. À Varsovie, l'ambassadeur du Grand Seigneur est attendu de Constantinople. Posen a subi un violent orage avec grêle, et un incendie dû à la foudre a détruit des bâtiments en Lituanie. À Constantinople, le nouveau Grand Vizir a obtenu la charge d'Imbrahor pour son fils, et des changements sont prévus parmi les eunuques du sultan. À Fraustadt, l'ambassadeur du roi a pris congé après avoir décerné des distinctions à plusieurs nobles, dont le Comte Potocki et le Prince Jablonowski. Le roi a également nommé des représentants pour des missions diplomatiques, notamment auprès du Grand Seigneur. En Suède, des troupes ont été envoyées en Finlande pour renforcer les fortifications. Le roi a convoqué une Diète générale pour renouveler les traités avec la Porte, et le frère du ministre suédois à Constantinople doit porter la réponse du roi au sultan. À Stockholm, les auteurs des ouvrages couronnés par l'Académie royale des Belles Lettres ont révélé leurs identités. À Copenhague, le roi a passé en revue son régiment d'infanterie et observé des manœuvres militaires. La Compagnie Asiatique a décidé d'augmenter son fonds de trois cents mille écus, et un détachement doit protéger la navigation danoise en Méditerranée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 238-241
DU NORD.
Début :
On équippe à Cronstadt quatre frégates, sur lesquelles on fera embarquer [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Varsovie, Stockholm, Copenhague, Comte, Incendie, Ministre du grand seigneur, Comte de Frisenbourg, Alger, Paix, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Cosaques Haydamakis, Accident
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 16 Juin.
On équippe à Cronstadt quatre frégates , fur
lefquelles on fera embarquer un certain nombre
de cadets de marine , pour les exercer dans Part
de la navigation. Il eft décidé que le commeree
demeurera libre entre Conftantinople & Temernikow
, jufqu'à ce qu'il fe forme une compagnie
marchande dans ce dernier port.
Sa Majefté Impériale a gratifié d'une penfion de
cinquante mille roubles le Comte Rafoumowski
, Hetman de l'Ukraine , pour l'indemnifer de
la perte de divers droits dont il jouiffoit , & qu'on
a fupprimés.
On n'a reçu que le 4 de ce mois les lettres qu'on
devoit recevoir de Stockholm le 29 du mois dernier.
La plupart étoient ouvertes . Il en manquoit
quelques-unes de celles qu'on attendoit. Le Maître
de la derniere pofte de Suede a mandé , que la
valife avoit été trouvée fur le grand chemin dans
l'état qu'il l'envoyoit , & que l'on ignoroit ce que
le courier étoit devenu .
Selon les nouvelles d'Efthonie , la ville de
Dorpt a été prefque totalement détruite par un
incendie. On doit au Régiment de Peterſbourg la
confervation du petit nombre de maifons qui ont
AOUST . 1755. 239
été préfervées de l'embrafement. Quatre foldats
de ce Régiment ont eu le malheur de périr dans
les flammes , & plus de cinquante ont été bleffés,
Sa Majesté Impériale tint le 12 de ce mois un
Confeil d'Etat , à l'occafion de quelques dépêches
de M. Obreskoy , fon Réfident à Conftantinople.
On vient de recevoir la trifte nouvelle d'un incendie
, qui a réduit deux mille cinq cens mai
fons en cendres dans la ville de Moſcou.
DE WARSOVIE , le 16 Juin.
Le Miniftre du Grand Seigneur , en revenant
de Frauſtadt , a repaffé à Radom , & il y a été
reçu avec beaucoup de magnificence par le Comte
Malachowski , Maréchal du tribunal des revenus
de la Couronne. Le Gouvernement a affigné
feize mille écus pour les frais du voyage du Comte
de Mnifzeck , qui doit aller complimenter , au
nom du Roi & de la République , le Grand Seigneur
fur fon avenement au trône . Un tiers de
cette fomme fera payé par le Grand Duché de
Lithuanie. Le Roi a envoyé au Miniftre de Sa
Hauteffe un fervice de porcelaine , de la plus grande
beauté. Les Cofaques Haydamakis ont recommencé
depuis peu leurs courfes. Une troupe de
ces brigands ayant pénétré dans la Staroftie de
Byalacerkiew , a pillé le village de Jenifzewska ,
& maffacré le Prêtre qui deffervoit l'églife grec
que.
DE STOCKHOLM , le 18 Juin.
Des lettres écrites d'Alger , le 2 du mois dera
nier , donnent lieu d'efperer que la paix continue
ra de ſubſiſter entre la Suede & les Algériens. -
240 MERCURE DE FRANCE.
1
Le 6 , le Comte de Solms , nouvel Envoyé ex→
traordinaire du Roi de Pruffe , arriva de Berlin , &
le 10 il eut fes premieres audiences du Roi & de
la Reine.
Il paroît une Ordonnance , portant que conformément
à ce qui a été réglé dans la derniere
Diéte , aucun repréfentant d'une famille noble
n'aura féance aux Etats , s'il ne produit des pouvoirs
fignés par la famille qu'il fera chargé de
repréſenter.
M. Aurivillius , Médecin à Upfal , y a effayé
l'inoculation de la petite vérole fur un petit garçon
de huit ans. Cette expérience a eu tout lefuccès
qu'on pouvoit defirer. M. Leche , Profeffeur
à Abo , vient de faire la même épreuve ſur ſa propre
fille , & il a également réuffi .
DE COPPENHAGUE , le 21 Juin.
Sa Majesté a nommé Chevalier de l'Ordre de
l'Elephant le Comte de Frifenbourg , Lieutenantgénéral
, & Confeiller privé .
Un navire Hollandois a conduit ici un rhinoceros
, âgé de treize ans . Cet animal chaque jour
mange trente livres de pain , & quatre-vingt livres
de foin. Il pefe foixante quintaux.
Le Roi pofa le 12 de ce mois la premiere pierre
de l'Eglife Allemande , que l'on conftruit à Chriftianshaven.
Les troupes qui étoient campées , fe féparerent
le 16. Dès le 14 , elles avoient ceffé de mancuvrer.
Ce dernier jour a été marqué par un fâcheux
accident. Dans le tems qu'un Canonier ouvroit
une caiffe remplie de cartouches , & pofée ſur un
charior , un étincelle d'une méche fut portée de
ce côté par le vent , & mit le feu à la poudre.
A O UST.
1755. 241
Le chariot ayant fauté en l'air , les éclats tuerent
trois hommes , & en blefferent plufieurs autres.
DE PETERSBOURG , le 16 Juin.
On équippe à Cronstadt quatre frégates , fur
lefquelles on fera embarquer un certain nombre
de cadets de marine , pour les exercer dans Part
de la navigation. Il eft décidé que le commeree
demeurera libre entre Conftantinople & Temernikow
, jufqu'à ce qu'il fe forme une compagnie
marchande dans ce dernier port.
Sa Majefté Impériale a gratifié d'une penfion de
cinquante mille roubles le Comte Rafoumowski
, Hetman de l'Ukraine , pour l'indemnifer de
la perte de divers droits dont il jouiffoit , & qu'on
a fupprimés.
On n'a reçu que le 4 de ce mois les lettres qu'on
devoit recevoir de Stockholm le 29 du mois dernier.
La plupart étoient ouvertes . Il en manquoit
quelques-unes de celles qu'on attendoit. Le Maître
de la derniere pofte de Suede a mandé , que la
valife avoit été trouvée fur le grand chemin dans
l'état qu'il l'envoyoit , & que l'on ignoroit ce que
le courier étoit devenu .
Selon les nouvelles d'Efthonie , la ville de
Dorpt a été prefque totalement détruite par un
incendie. On doit au Régiment de Peterſbourg la
confervation du petit nombre de maifons qui ont
AOUST . 1755. 239
été préfervées de l'embrafement. Quatre foldats
de ce Régiment ont eu le malheur de périr dans
les flammes , & plus de cinquante ont été bleffés,
Sa Majesté Impériale tint le 12 de ce mois un
Confeil d'Etat , à l'occafion de quelques dépêches
de M. Obreskoy , fon Réfident à Conftantinople.
On vient de recevoir la trifte nouvelle d'un incendie
, qui a réduit deux mille cinq cens mai
fons en cendres dans la ville de Moſcou.
DE WARSOVIE , le 16 Juin.
Le Miniftre du Grand Seigneur , en revenant
de Frauſtadt , a repaffé à Radom , & il y a été
reçu avec beaucoup de magnificence par le Comte
Malachowski , Maréchal du tribunal des revenus
de la Couronne. Le Gouvernement a affigné
feize mille écus pour les frais du voyage du Comte
de Mnifzeck , qui doit aller complimenter , au
nom du Roi & de la République , le Grand Seigneur
fur fon avenement au trône . Un tiers de
cette fomme fera payé par le Grand Duché de
Lithuanie. Le Roi a envoyé au Miniftre de Sa
Hauteffe un fervice de porcelaine , de la plus grande
beauté. Les Cofaques Haydamakis ont recommencé
depuis peu leurs courfes. Une troupe de
ces brigands ayant pénétré dans la Staroftie de
Byalacerkiew , a pillé le village de Jenifzewska ,
& maffacré le Prêtre qui deffervoit l'églife grec
que.
DE STOCKHOLM , le 18 Juin.
Des lettres écrites d'Alger , le 2 du mois dera
nier , donnent lieu d'efperer que la paix continue
ra de ſubſiſter entre la Suede & les Algériens. -
240 MERCURE DE FRANCE.
1
Le 6 , le Comte de Solms , nouvel Envoyé ex→
traordinaire du Roi de Pruffe , arriva de Berlin , &
le 10 il eut fes premieres audiences du Roi & de
la Reine.
Il paroît une Ordonnance , portant que conformément
à ce qui a été réglé dans la derniere
Diéte , aucun repréfentant d'une famille noble
n'aura féance aux Etats , s'il ne produit des pouvoirs
fignés par la famille qu'il fera chargé de
repréſenter.
M. Aurivillius , Médecin à Upfal , y a effayé
l'inoculation de la petite vérole fur un petit garçon
de huit ans. Cette expérience a eu tout lefuccès
qu'on pouvoit defirer. M. Leche , Profeffeur
à Abo , vient de faire la même épreuve ſur ſa propre
fille , & il a également réuffi .
DE COPPENHAGUE , le 21 Juin.
Sa Majesté a nommé Chevalier de l'Ordre de
l'Elephant le Comte de Frifenbourg , Lieutenantgénéral
, & Confeiller privé .
Un navire Hollandois a conduit ici un rhinoceros
, âgé de treize ans . Cet animal chaque jour
mange trente livres de pain , & quatre-vingt livres
de foin. Il pefe foixante quintaux.
Le Roi pofa le 12 de ce mois la premiere pierre
de l'Eglife Allemande , que l'on conftruit à Chriftianshaven.
Les troupes qui étoient campées , fe féparerent
le 16. Dès le 14 , elles avoient ceffé de mancuvrer.
Ce dernier jour a été marqué par un fâcheux
accident. Dans le tems qu'un Canonier ouvroit
une caiffe remplie de cartouches , & pofée ſur un
charior , un étincelle d'une méche fut portée de
ce côté par le vent , & mit le feu à la poudre.
A O UST.
1755. 241
Le chariot ayant fauté en l'air , les éclats tuerent
trois hommes , & en blefferent plufieurs autres.
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Résumé : DU NORD.
Le 16 juin, quatre frégates sont équipées à Cronstadt pour l'entraînement des cadets de marine. Il est décidé que le commerce restera libre entre Constantinople et Temernikow jusqu'à la création d'une compagnie marchande à Temernikow. Le Comte Rafoumowski, Hetman de l'Ukraine, reçoit une pension de cinquante mille roubles pour compenser la suppression de certains droits. Les lettres de Stockholm, attendues le 29 mai, sont reçues le 4 juin, certaines étant ouvertes ou manquantes. Un incendie a détruit la ville de Dorpt en Estonie, épargnant quelques maisons grâce à l'intervention du Régiment de Petersbourg, qui a perdu quatre soldats et en a blessé plus de cinquante. Un autre incendie à Moscou a réduit deux mille cinq cents maisons en cendres. Le 12 juin, la Russie tient un Conseil d'État concernant des dépêches de son résident à Constantinople. À Varsovie, le ministre du Grand Seigneur est reçu magnifiquement à Radom. Le gouvernement alloue seize mille écus pour le voyage du Comte de Mnifzeck auprès du Grand Seigneur. Les Cosaques Haydamakis reprennent leurs pillages, attaquant un village en Ukraine. À Stockholm, des lettres d'Alger laissent espérer la continuation de la paix entre la Suède et les Algériens. Le Comte de Solms, nouvel envoyé du Roi de Prusse, arrive à Stockholm. Une ordonnance stipule que les représentants nobles doivent produire des pouvoirs signés. Des expériences d'inoculation de la variole réussissent en Suède. À Copenhague, le Comte de Frisenbourg est nommé Chevalier de l'Ordre de l'Élephant. Un rhinocéros est amené par un navire hollandais. Le Roi pose la première pierre de l'Église Allemande à Christianshaven. Un accident impliquant un canonnier fait trois morts et plusieurs blessés.
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25
p. 217-218
DU NORD.
Début :
Quelque attentif que le Gouvernement soit à maintenir la sureté [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Sureté publique, Vols et brigandages, Exécutions, Mal contagieux, Secousses
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DUNOR D.
DE WARSOVIE , le 29 Novembre.
QuelUelque attentif que le Gouvernement foit
à maintenir la fureté publique dans cette ville ,
les vols y font toujours fréquens. La femaine
derniere encore , le magafin d'un riche négociant
Arménien a été forcé , & l'on en a enlevé beau→
coup de marchandiſes de grande valeur . Les Juifs
étant foupçonnés d'être complices des voleurs ,
ou du moins de les favorifer , on a chaffé de cette
capitale toutes les perfonnes de cette nation , par
un decret qui fut publié avant-hier , & qui a été
exécuté aujourd'hui . Depuis quelques jours , on
a arrêté dix brigands , & hier on fe faifit d'un de
leurs chefs.
Au commencement du mois dernier , il arriva
de Bender à Laticzew un jeune Turc , qu'on fçavoit
avoir été domeftique dans la premiere de
ces deux villes. Sa dépenfe furpaffant de beaucoup
les facultés d'un homme de ſon état , il
fur mis aux arrêts , & interrogé par ordre des
Magiftrats . Il déclara qu'il avoit hérité du bien
de fon Maître , qui l'avoit inftitué fon légataire
, & qui étoit mort de la pefte avec toute fa
famille. Quelques jours après il mourut. Les prifonniers
qui avoient été renfermés avec lui dans
La même chambre , & même les Geoliers qui
II. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE.
les avoient fervis , ne tarderent pas à avoir le
même fort. Ces accidens ont d'abord caufé beaucoup
d'épouvante à Laticzew , & même dans la
ville de Nimirow , qui en eft voifine. La plupart
des habitans ont abandonné leurs maifons , & fe
font retirés dans les bois. Mais aucun d'eux n'étant
mort depuis avec des fymptomes de mal
contagieux , les inquiétudes font entierement
diffipées.
DE STOCKHOLM , le 9 Decembre.
Suivant les nouvelles de Dalecarlie , & de quel
ques autres provinces , on y a fenti le premier du
mois dernier une fecouffe , pendant laquelle les
eaux de plufieurs rivieres & de différens lacs ont
été extrêmement agitées.
DE WARSOVIE , le 29 Novembre.
QuelUelque attentif que le Gouvernement foit
à maintenir la fureté publique dans cette ville ,
les vols y font toujours fréquens. La femaine
derniere encore , le magafin d'un riche négociant
Arménien a été forcé , & l'on en a enlevé beau→
coup de marchandiſes de grande valeur . Les Juifs
étant foupçonnés d'être complices des voleurs ,
ou du moins de les favorifer , on a chaffé de cette
capitale toutes les perfonnes de cette nation , par
un decret qui fut publié avant-hier , & qui a été
exécuté aujourd'hui . Depuis quelques jours , on
a arrêté dix brigands , & hier on fe faifit d'un de
leurs chefs.
Au commencement du mois dernier , il arriva
de Bender à Laticzew un jeune Turc , qu'on fçavoit
avoir été domeftique dans la premiere de
ces deux villes. Sa dépenfe furpaffant de beaucoup
les facultés d'un homme de ſon état , il
fur mis aux arrêts , & interrogé par ordre des
Magiftrats . Il déclara qu'il avoit hérité du bien
de fon Maître , qui l'avoit inftitué fon légataire
, & qui étoit mort de la pefte avec toute fa
famille. Quelques jours après il mourut. Les prifonniers
qui avoient été renfermés avec lui dans
La même chambre , & même les Geoliers qui
II. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE.
les avoient fervis , ne tarderent pas à avoir le
même fort. Ces accidens ont d'abord caufé beaucoup
d'épouvante à Laticzew , & même dans la
ville de Nimirow , qui en eft voifine. La plupart
des habitans ont abandonné leurs maifons , & fe
font retirés dans les bois. Mais aucun d'eux n'étant
mort depuis avec des fymptomes de mal
contagieux , les inquiétudes font entierement
diffipées.
DE STOCKHOLM , le 9 Decembre.
Suivant les nouvelles de Dalecarlie , & de quel
ques autres provinces , on y a fenti le premier du
mois dernier une fecouffe , pendant laquelle les
eaux de plufieurs rivieres & de différens lacs ont
été extrêmement agitées.
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Résumé : DU NORD.
Le texte décrit des événements récents à Varsovie et dans d'autres régions. À Varsovie, malgré les efforts du gouvernement pour maintenir l'ordre, les vols persistent. La semaine précédente, un magasin appartenant à un riche négociant arménien a été cambriolé, et des marchandises de grande valeur ont été dérobées. Les Juifs, soupçonnés de complicité, ont été expulsés de la capitale par un décret publié avant-hier et exécuté aujourd'hui. Dix brigands ont été arrêtés, et l'un de leurs chefs a été capturé hier. Au début du mois dernier, un jeune Turc est arrivé de Bender à Laticzew. Suspecté de dépenses excessives, il a été arrêté et a déclaré avoir hérité de son maître, mort de la peste avec sa famille. Peu après, il est décédé, et d'autres prisonniers et geôliers ayant été en contact avec lui ont également succombé à la maladie. Cette épidémie a semé la panique à Laticzew et à Nimirow, poussant les habitants à fuir leurs maisons. Cependant, l'absence de nouveaux cas contagieux a dissipé les inquiétudes. De Stockholm, les nouvelles rapportent une secousse sismique en Dalécarlie et dans d'autres provinces le premier du mois dernier, durant laquelle les eaux de plusieurs rivières et lacs ont été fortement agitées.
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26
p. 207-208
DU NORD.
Début :
Un grand nombre de Seigneur se sont empressés de venir ici, [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Seigneurs, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Roi de Prusse, Constantinople, Peste, Marche des soldats, Ordonnance, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
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Résumé : DU NORD.
Le 15 novembre, plusieurs seigneurs se sont rendus à Varsovie pour rendre hommage au roi. Le roi de Prusse a demandé à la République de ne pas permettre le passage des troupes russes, qui se dirigeaient vers l'impératrice reine de Hongrie et de Bohême. Il a également rassuré les habitants de Dantzick sur ses intentions pacifiques. À Constantinople, la peste a presque disparu, mais elle continue de sévir en Grèce. En septembre, des secousses sismiques ont été enregistrées dans divers endroits des États turcs. En Courlande et en Livonie, les troupes russes destinées à combattre le roi de Prusse ont suspendu leur marche en raison de l'hiver rigoureux. Le feld-maréchal Apraxin n'était pas encore arrivé à Riga le 7 novembre. Le 17 novembre, une ordonnance suédoise a interdit l'importation de marchandises et denrées étrangères dont la Suède peut se passer.
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27
p. 207-210
DU NORD.
Début :
Le temps s'étant remis au beau, on ne doute pas que les troupes [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Mouvements des troupes, Subsistances, Reine de Pologne, Varsovie, Sénateurs, Grand Chancelier de Russie, Lettre circulaire, Roi de Prusse, Souverains, Feld-Maréchal Apraxin, Paix, Comte de Bestuchef, Stockholm, Paix de Westphalie, Suède, Électeurs, Commissaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
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Résumé : DU NORD.
En 1756-1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Europe. En Russie, les troupes commandées par le Feld-Maréchal Apraxin avancent sans rencontrer de maladies ni de désertions, grâce aux subsistances fournies le long de leur trajet. L'Impératrice de Russie a également envoyé des fonds à la Reine de Pologne pour aider les habitants affectés par l'invasion prussienne. À Varsovie, le Comte de Bestuchef, Grand Chancelier de Russie, adresse une lettre circulaire aux Sénateurs polonais, exprimant la compassion de l'Impératrice pour le roi de Pologne et condamnant les actions du roi de Prusse. La Russie prévoit d'envoyer des troupes sous le commandement d'Apraxin pour secourir le roi de Pologne, traversant une partie du territoire polonais. Le Comte de Bestuchef appelle à l'unité et à la tranquillité en Pologne pour soutenir le roi. En Suède, le Comte de Goes et le Baron de Sack réclament des secours pour la Saxe, mais la Suède doit se concerter avec la France avant de prendre une décision. La Suède renouvelle son traité avec la France pour douze ans. Par ailleurs, en Suède, les auteurs d'une conspiration sont condamnés à mort.
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28
p. 195-198
DU NORD
Début :
Le Roi de Grande-Bretagne ayant demandé que l'Impératrice employât ses bons [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Grande-Bretagne, Comtes, Marquis, Impératrice Reine, Mémoire, Varsovie, Lettre à l'Empereur, Roi de Prusse, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
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Résumé : DU NORD
Le 20 décembre, depuis Pétersbourg, il a été rapporté que le roi de Grande-Bretagne avait demandé à l'impératrice de Russie d'intervenir en tant que médiatrice entre les cours de Vienne, Dresde et Berlin. L'impératrice a refusé cette demande. Le comte Bestuchef, Grand Chancelier, a remis un mémoire au chevalier Hambury-Williams, ambassadeur d'Angleterre, expliquant les motifs du refus. L'impératrice a souligné qu'elle n'avait pas anticipé une telle demande et qu'elle ne changerait pas d'avis. Elle a également mentionné que les menaces de la Prusse, notamment celle d'attaquer ses troupes, ne faisaient que renforcer sa décision. Malgré la guerre, l'impératrice a autorisé l'envoi de soixante mille muids de blé et dix mille tonneaux de farine en Suède, où une disette régnait. Le même jour, depuis Varsovie, une lettre du roi à l'empereur a été diffusée. Le roi exprime sa gratitude pour les décrets envoyés à la Diète générale de l'Empire concernant l'invasion de la Prusse dans ses États héréditaires. Il décrit les hostilités croissantes et les difficultés de son armée, bloquée à Pirna, qui a dû se rendre en raison de la disette. Le roi demande à l'empereur d'intervenir pour stopper les violences et restaurer les constitutions et lois sacrées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 179-184
DU NORD
Début :
Le 15 de ce mois, le Chevalier Douglas, Ministre du Roi de France, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Prières pour le Roi de France, Copenhague, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Varsovie, Réponse au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin, Roi de Prusse, Cour de Berlin, Mémoire, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
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Résumé : DU NORD
Le 15 février, le Chevalier Douglas, ministre du Roi de France, a organisé un Te Deum dans l'église des Missionnaires Catholiques Romains à Saint-Pétersbourg pour célébrer la récupération de la santé du Roi de France. La musique de l'Impératrice a interprété un motet, et presque tous les ministres étrangers et les seigneurs y ont assisté. Le même jour, Douglas a donné une fête somptueuse dans l'hôtel loué pour le Marquis de l'Hôpital, nouvel ambassadeur de France. La cour russe a partagé la joie des Français établis en ville, et plusieurs seigneurs russes ont exprimé leurs sentiments par des repas somptueux et des bals magnifiques. À Copenhague, le gouvernement a établi des lits pour les enfants pauvres dans la maison de Bonftræd afin qu'ils puissent être inoculés contre la petite vérole. Une tempête a jeté sur la côte de Westerhever un poisson inconnu de six pieds de longueur. À Varsovie, un écrit intitulé 'Les preuves évidentes' compare la conduite du Roi de Pologne à celle du Roi de Prusse concernant l'enlèvement de documents du Cabinet de Dresde. Le texte critique la Prusse pour avoir justifié son invasion en Saxe par des soupçons non fondés et des copies de documents. Il souligne l'injustice de déclarer la guerre sans preuve solide et sans tentative de réconciliation. Le Roi de Prusse a reconnu la nécessité de clarifier ses soupçons avant d'agir. Le mémoire est suivi de quarante-quatre pièces justificatives, dont une lettre du Roi de Pologne au Roi de Prusse datée du 12 septembre. Cette lettre propose des garanties pour assurer la libre navigation de l'Elbe et la sécurité des troupes pendant la guerre. Le Roi de Pologne offre également de retirer ses troupes des territoires prussiens en échange de la restitution de ses États et de la sécurité de ses armées.
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30
p. 201-203
DU NORD
Début :
Par ordre du Roi, le Comte de Brulh a fait dresser, pour être insérée dans [...]
Mots clefs :
Varsovie, Comte de Brulh, Note, Gazette de Berlin, Monnaies, Frappe, Différentes sortes, Valeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE WARSOVIE , le 22 Mars.
PAR ordre du Roi , le Comte de Brulh a fait
dreffer , pour être inférée dans les papiers publics
, une note dont voici l'extrait. « Cette
» Cour a vu avec étonnement l'article inféré dans
» la Gazette de Berlin , N° 31 , en date du 12,
» Mars , où l'on prétend démentir , comme
❤faux très-calomnieux , les avis donnés d'ici ,
au fujet des monnoies que les Juifs Ephraim
» font frapper actuellement à Leipfick.... La fa-
» çon , dont l'Auteur de cet article s'y prend
» pour éblouir le public , eft des plus fingulieres.
» Il met en queftion ce qui n'y eft pas. Au
» contraire , il paffe fous filence ce dont il s'agit.
Il protefte qu'on ne frappe point à Drefde d'au-
» tres efpeces que fous la date de 1757 , & fur
» le pied ordinaire , & qu'à Leipfick on n'a
point fabriqué de pieces de deux gros , de
» quatre gros , & d'un tiers d'écu. Les avis de
» Saxe n'ont rien dit d'oppofé à ces deux affer-
>> tions. S'ils ont nommé les différentes efpeces,
» ci-deffus mentionnées , ce n'a été qu'en com-
» paraifon avec les feules dont il s'agit , fçavoir
les pieces de huit gros , qu'il ne faut pas con-
Iv
202 MERCURE DE FRANCE:
fondre avec les tiers d'écu & avec les fimples
gros.... On a affirmé feulement , que celles qui
» fe frappoient actuellement à Leipfick , fous les
» dates de 1753 , & des trois années fuivantes ,
» avec les anciens coins extorqués , étoient debeaucoup
inférieures aux mêmes pieces que l'Entre-
» preneur Frege avoit fait battre de fon temps.
» Voilà ce que portent les avis de Saxe ; & l'arti-
» cle de Berlin , fe taifant fur ce point , en fait
» l'aveu tacite ..... Quoique l'Ecrivain Pruffien
» avance en termes généraux , que les efpeces ,
» qui fe frappent actuellement à Leipfick , font
» égales à celles de Frege , fi même elles ne les
» excédent pas en valeur intrinfeque ; il n'en eft
>> pas moins certain ( & c'eft une vérité incon-
» teftable , fondée fur une évaluation faite , dont
>> tous les monnoyeurs impartiaux peuvent at-
»
22
413
tefter l'exactitude ) que les nouveaux gros de la
» fabrique des Juffs Ephraïm à Leipfick , ne va-
» lent que fennins , & leurs nouvelles pieces
» de huit gros , que 6 gros o fennins , c'eft-à-
» dire , que les gros font de 18 écus , is gros ,
69 fennins , & les pieces de huit gros , de 18
» écus , 14 gros , 1 fennins , au marc fin d'ar-
» gent , qui n'étoit auparavant monnoyé en gros
» qu'à 15 écus , & en pieces de huit gros , qu'à
» 14 écus , 2 gros , 25, fennins , ce qui fait
ainfi , pour cent , un déchet de 19 écus , 13
gros , fenpins ', fur les gros , & de 24
écus , gros , 3 fennins , fur les pieces de
» huit gros.... On a cru devoir en avertir le public
, afin que chacun puiffe fe garantir de préjudice
: attendu que les Juifs Ephraïm réfon-
>> dant поп feulement toutes les monnoies de
Saxe , mais encore une partie de celles de
» Pruffe , le dommage , qui en réfulteroit à l'ag
MIA 1.17570 203
» venir , feroit immenfe , fi ces nouvelles efpe-
>> ces continuoient d'avoir un libre cours dans le
» commerce.... »
DE WARSOVIE , le 22 Mars.
PAR ordre du Roi , le Comte de Brulh a fait
dreffer , pour être inférée dans les papiers publics
, une note dont voici l'extrait. « Cette
» Cour a vu avec étonnement l'article inféré dans
» la Gazette de Berlin , N° 31 , en date du 12,
» Mars , où l'on prétend démentir , comme
❤faux très-calomnieux , les avis donnés d'ici ,
au fujet des monnoies que les Juifs Ephraim
» font frapper actuellement à Leipfick.... La fa-
» çon , dont l'Auteur de cet article s'y prend
» pour éblouir le public , eft des plus fingulieres.
» Il met en queftion ce qui n'y eft pas. Au
» contraire , il paffe fous filence ce dont il s'agit.
Il protefte qu'on ne frappe point à Drefde d'au-
» tres efpeces que fous la date de 1757 , & fur
» le pied ordinaire , & qu'à Leipfick on n'a
point fabriqué de pieces de deux gros , de
» quatre gros , & d'un tiers d'écu. Les avis de
» Saxe n'ont rien dit d'oppofé à ces deux affer-
>> tions. S'ils ont nommé les différentes efpeces,
» ci-deffus mentionnées , ce n'a été qu'en com-
» paraifon avec les feules dont il s'agit , fçavoir
les pieces de huit gros , qu'il ne faut pas con-
Iv
202 MERCURE DE FRANCE:
fondre avec les tiers d'écu & avec les fimples
gros.... On a affirmé feulement , que celles qui
» fe frappoient actuellement à Leipfick , fous les
» dates de 1753 , & des trois années fuivantes ,
» avec les anciens coins extorqués , étoient debeaucoup
inférieures aux mêmes pieces que l'Entre-
» preneur Frege avoit fait battre de fon temps.
» Voilà ce que portent les avis de Saxe ; & l'arti-
» cle de Berlin , fe taifant fur ce point , en fait
» l'aveu tacite ..... Quoique l'Ecrivain Pruffien
» avance en termes généraux , que les efpeces ,
» qui fe frappent actuellement à Leipfick , font
» égales à celles de Frege , fi même elles ne les
» excédent pas en valeur intrinfeque ; il n'en eft
>> pas moins certain ( & c'eft une vérité incon-
» teftable , fondée fur une évaluation faite , dont
>> tous les monnoyeurs impartiaux peuvent at-
»
22
413
tefter l'exactitude ) que les nouveaux gros de la
» fabrique des Juffs Ephraïm à Leipfick , ne va-
» lent que fennins , & leurs nouvelles pieces
» de huit gros , que 6 gros o fennins , c'eft-à-
» dire , que les gros font de 18 écus , is gros ,
69 fennins , & les pieces de huit gros , de 18
» écus , 14 gros , 1 fennins , au marc fin d'ar-
» gent , qui n'étoit auparavant monnoyé en gros
» qu'à 15 écus , & en pieces de huit gros , qu'à
» 14 écus , 2 gros , 25, fennins , ce qui fait
ainfi , pour cent , un déchet de 19 écus , 13
gros , fenpins ', fur les gros , & de 24
écus , gros , 3 fennins , fur les pieces de
» huit gros.... On a cru devoir en avertir le public
, afin que chacun puiffe fe garantir de préjudice
: attendu que les Juifs Ephraïm réfon-
>> dant поп feulement toutes les monnoies de
Saxe , mais encore une partie de celles de
» Pruffe , le dommage , qui en réfulteroit à l'ag
MIA 1.17570 203
» venir , feroit immenfe , fi ces nouvelles efpe-
>> ces continuoient d'avoir un libre cours dans le
» commerce.... »
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Résumé : DU NORD
Le 22 mars, le Comte de Brulh, par ordre du Roi, a publié une note en réponse à un article de la Gazette de Berlin. Cet article démentait les informations sur les monnaies frappées par les Juifs Ephraim à Leipzig. La Cour de Saxe exprime son étonnement face à la méthode utilisée par l'auteur de l'article pour éblouir le public, en passant sous silence les faits importants. L'article de Berlin affirme que seules les monnaies datées de 1757 sont frappées à Dresde et que Leipzig n'a pas fabriqué certaines pièces spécifiques. Les avis de Saxe mentionnent uniquement les pièces de huit gros, distinctes des tiers d'écu et des simples gros. Les avis de Saxe affirment que les pièces frappées à Leipzig entre 1753 et 1756, avec les anciens coins, sont de moindre valeur que celles frappées par l'Entrepreneur Frege. L'article de Berlin, en ne contestant pas ce point, en fait tacitement l'aveu. Bien que l'auteur prussien affirme que les nouvelles pièces de Leipzig sont égales ou supérieures à celles de Frege, il est prouvé que les nouveaux gros valent seulement 18 écus, 1 gros, 69 fennins, et les pièces de huit gros, 18 écus, 14 gros, 1 fennin, au marc fin d'argent. Cela représente un déchet de 19 écus, 13 gros, 69 fennins pour les gros, et de 24 écus, 1 gros, 3 fennins pour les pièces de huit gros. La Cour de Saxe avertit le public pour éviter des préjudices, car les Juifs Ephraim résident non seulement en Saxe mais aussi en Prusse, et le dommage serait immense si ces nouvelles pièces continuaient à circuler librement dans le commerce.
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31
p. 189-190
DU NORD
Début :
On étoit déjà instruit que le Régiment du Prince Frédéric-Auguste s'étant soustrait [...]
Mots clefs :
Varsovie, Régiment, Prince Frédéric-Auguste, Désertion, Roi de Prusse, Lieutenant, Soldats, Sergent Richter, Escarmouche, Prince Xavier
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE WARSOVIE , le 19 Avril.
On étoit déja inftruit que le Régiment du Prin-
N
ce Frédéric- Augufte s'étant fouftrait à l'autorité
des Officiers Prufliens qui lui avoient été donnés
pour le commander , avoit déferté du ſervice du
Roi de Pruffe . On vient de l'être que ce Régiment
étoit arrivé en Pologne. Il eft compofé de
huit cens hommes, Après avoir été mis d'abord
en quartiers par S. M. Pruffienne à Luben & à
Guben , il avoit eu ordre d'aller à Berlin. Pour
être plus fûr de contenir les foldats , le Lieutenant-
Colonel qui les conduifoit les avoit fait défarmer.
En chemin , ils rencontrerent quelques charriots
chargés d'armes & de munitions . Animés
par un Sergent nommé Richter , ils fe faifirent
des charriots , & bientôt ils furent en état de faire
la loi aux Officiers de qui ils la recevoient . Ceuxci
ont en vain appellé des troupes à leur fecours.
Avant qu'elles arrivaffent , les Saxons étoient déja
loin. Ce n'a pas été cependant fans combat qu'ils
font parvenus jufqu'à la frontiere. Ils ont eu à
foutenir plufieurs efcarmouches avec divers détachemens.
Le Roi a gratifié le Sergent Richter
d'un brevet de Capitaine , & d'une penfion. Le
190 MERCURE DE FRANCE.
lendemain du jour qu'on reçut la nouvelle de
l'arrivée du Régiment du Prince Frédéric-Augufte,
on a appris qu'un bataillon du Régiment du Prince
Xavier avoit trouvé auffi moyen d'échapper
aux troupes Pruffiennes qui le pourfuivoient.
Dans le temps qu'il étoit fur le point de gagner la
frontiere , un Corps de Pruffiens , foutenu d'un
grand nombre de Payfans , a entrepris de lui fermer
le paffage. Le Bataillon s'eft fait jour malgré
cet obſtacle , & il eſt entré heureuſement dans ce
Royaume , après avoir tué non feulement une
cinquantaine de payfans , mais encore un Officier
& vingt- fept foldats Pruffiens.
DE WARSOVIE , le 19 Avril.
On étoit déja inftruit que le Régiment du Prin-
N
ce Frédéric- Augufte s'étant fouftrait à l'autorité
des Officiers Prufliens qui lui avoient été donnés
pour le commander , avoit déferté du ſervice du
Roi de Pruffe . On vient de l'être que ce Régiment
étoit arrivé en Pologne. Il eft compofé de
huit cens hommes, Après avoir été mis d'abord
en quartiers par S. M. Pruffienne à Luben & à
Guben , il avoit eu ordre d'aller à Berlin. Pour
être plus fûr de contenir les foldats , le Lieutenant-
Colonel qui les conduifoit les avoit fait défarmer.
En chemin , ils rencontrerent quelques charriots
chargés d'armes & de munitions . Animés
par un Sergent nommé Richter , ils fe faifirent
des charriots , & bientôt ils furent en état de faire
la loi aux Officiers de qui ils la recevoient . Ceuxci
ont en vain appellé des troupes à leur fecours.
Avant qu'elles arrivaffent , les Saxons étoient déja
loin. Ce n'a pas été cependant fans combat qu'ils
font parvenus jufqu'à la frontiere. Ils ont eu à
foutenir plufieurs efcarmouches avec divers détachemens.
Le Roi a gratifié le Sergent Richter
d'un brevet de Capitaine , & d'une penfion. Le
190 MERCURE DE FRANCE.
lendemain du jour qu'on reçut la nouvelle de
l'arrivée du Régiment du Prince Frédéric-Augufte,
on a appris qu'un bataillon du Régiment du Prince
Xavier avoit trouvé auffi moyen d'échapper
aux troupes Pruffiennes qui le pourfuivoient.
Dans le temps qu'il étoit fur le point de gagner la
frontiere , un Corps de Pruffiens , foutenu d'un
grand nombre de Payfans , a entrepris de lui fermer
le paffage. Le Bataillon s'eft fait jour malgré
cet obſtacle , & il eſt entré heureuſement dans ce
Royaume , après avoir tué non feulement une
cinquantaine de payfans , mais encore un Officier
& vingt- fept foldats Pruffiens.
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Résumé : DU NORD
Le 19 avril, le Régiment du Prince Frédéric-Auguste, composé de huit cents hommes, déserta l'autorité prussienne et atteignit la Pologne. Stationné à Luben et Guben, il avait reçu l'ordre de se rendre à Berlin. Désarmés par le lieutenant-colonel, les soldats rencontrèrent des charriots d'armes et de munitions, et sous l'incitation du sergent Richter, ils s'en emparèrent et prirent le contrôle de leurs officiers. Malgré les renforts prussiens, ils atteignirent la frontière après plusieurs escarmouches. Richter fut promu capitaine et reçut une pension. Le lendemain, un bataillon du Régiment du Prince Xavier échappa également aux Prussiens. À la frontière, il affronta un corps prussien soutenu par des paysans, tuant une cinquantaine de civils, un officier et vingt-sept soldats avant d'entrer en Pologne.
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32
p. 193-194
DU NORD.
Début :
M. le Marquis de Monteil, ci-devant Ministre Plénipotentiaire de S. M. T. C. [...]
Mots clefs :
Varsovie, Marquis de Monteil, Envoyé extraordinaire, Comte de Broglie, Major général, Troupes, Attaque, Stockholm, Galères, Provisions, Gottenbourg, Incendie, Fonderie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE VARSOVIE , le 25 Juin.
leMarquisde Monteil , ci -devant Miniſtre
Plénipotentiaire de S. M. T. C. auprès de l'Electeur
de Cologne , a été nommé pour venir remplacer
ici , en qualité d'Envoyé Extraordinaire & de Miniſtre
Plénipotentiaire , M. le Comte de Broglie ,
qui eſt allé ſervir à l'armée de France.
On a cu avis que le Major Général Ruſſien
Demicku, ayant été détaché le 19 Juin , de Konitz
par le Comte de Romanzoff avec un corps
de Troupes , étoit arrivé le 20 au ſoir près de
Ratzembourg , & qu'y ayant trouvé un Parti de
Huſſards Pruffiens ,il l'avoit fait attaquer par cinq
cens Coſaques foutenus par quelques Eſcadrons
de Huſſards ; que les Coſaques avoient d'abord
diſperſé l'ennemi qui avoit laiſſé vingt morts ſur
laplace; qu'on avoit fait ſur lui trente deux priſonniers;
qu'enfin le reſte avoit pris la fuite , &
qu'il avoit été pourſuivi juſqu'au nouveau Stettin.
DE STOCKOLM , le 24 Juin.
On équipe actuellement en ce Port pluſieurs.
Galeres deſtinées à tranſporter en Pomeranie les
I
194 MERCURE DE FRANCE.
munitions & les proviſions néceſſaires pour l'armée
Suédoiſe..
Nous apprenons de Gottenbourg , que le 8 de
Juin, entre cinq & fix heures du foir , le feu prit
à la fonderie de canons qui étoit dans la citadelle
de cette ville , & que le bâtiment a ſauté en l'air .
Il y a péri ſept hommes avec un Officier , & deux
foldats d'Artillerie ont été dangereuſement bleſſés
àquelque diſtance. Le fracas des grenades & des
bombes qui étoient chargées , a duré près de deux
heures. Voilà le ſecond accident de cette nature
que nous effuyons , ce qui fait ſoupçonner que ce
n'eſt point l'effet du hazard.
DE VARSOVIE , le 25 Juin.
leMarquisde Monteil , ci -devant Miniſtre
Plénipotentiaire de S. M. T. C. auprès de l'Electeur
de Cologne , a été nommé pour venir remplacer
ici , en qualité d'Envoyé Extraordinaire & de Miniſtre
Plénipotentiaire , M. le Comte de Broglie ,
qui eſt allé ſervir à l'armée de France.
On a cu avis que le Major Général Ruſſien
Demicku, ayant été détaché le 19 Juin , de Konitz
par le Comte de Romanzoff avec un corps
de Troupes , étoit arrivé le 20 au ſoir près de
Ratzembourg , & qu'y ayant trouvé un Parti de
Huſſards Pruffiens ,il l'avoit fait attaquer par cinq
cens Coſaques foutenus par quelques Eſcadrons
de Huſſards ; que les Coſaques avoient d'abord
diſperſé l'ennemi qui avoit laiſſé vingt morts ſur
laplace; qu'on avoit fait ſur lui trente deux priſonniers;
qu'enfin le reſte avoit pris la fuite , &
qu'il avoit été pourſuivi juſqu'au nouveau Stettin.
DE STOCKOLM , le 24 Juin.
On équipe actuellement en ce Port pluſieurs.
Galeres deſtinées à tranſporter en Pomeranie les
I
194 MERCURE DE FRANCE.
munitions & les proviſions néceſſaires pour l'armée
Suédoiſe..
Nous apprenons de Gottenbourg , que le 8 de
Juin, entre cinq & fix heures du foir , le feu prit
à la fonderie de canons qui étoit dans la citadelle
de cette ville , & que le bâtiment a ſauté en l'air .
Il y a péri ſept hommes avec un Officier , & deux
foldats d'Artillerie ont été dangereuſement bleſſés
àquelque diſtance. Le fracas des grenades & des
bombes qui étoient chargées , a duré près de deux
heures. Voilà le ſecond accident de cette nature
que nous effuyons , ce qui fait ſoupçonner que ce
n'eſt point l'effet du hazard.
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Résumé : DU NORD.
Le texte décrit plusieurs événements militaires et diplomatiques en Europe. À Varsovie, le Marquis de Monteil a été nommé Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire, succédant au Comte de Broglie, parti servir dans l'armée française. Parallèlement, le Major Général Russe Demicku, envoyé par le Comte de Romanzoff, a attaqué des Hussards Prussiens près de Ratzembourg avec des Cosaques et des Hussards. Les Cosaques ont dispersé les Prussiens, laissant vingt morts et trente-deux prisonniers, et ont poursuivi les fuyards jusqu'au nouveau Stettin. À Stockholm, des galères sont équipées pour transporter des munitions et des provisions en Pomeranie pour l'armée suédoise. À Gottenbourg, un incendie a détruit une fonderie de canons dans la citadelle le 8 juin, causant la mort de sept hommes, dont un officier, et blessant gravement deux soldats d'artillerie. L'explosion a duré près de deux heures, suggérant un possible sabotage.
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33
p. 192-194
DE VIENNE, le 4 Juin.
Début :
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-Géneraux, par le baron [...]
Mots clefs :
Impératrice Reine, Baron, États généraux , Majestés, Déclaration, Angleterre, Prusse, Nominations, Ministre plénipotentiaire, Duc, Mémoire, Prince Charles de Lorraine, Fêtes, Préparatifs , Baron de Laudon, Marquis de Paulmy, Varsovie, Ambassadeur, Congrès
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texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 4 Juin.
De VIENNE , le 4 Juin.
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-
Géneraux , par le Baron de Reifchach , Ambaffadeur
Plénipotentiaire de Leurs Majeſtés Imriales
, une déclaration en réponſe à celle des Rois
d'Angleterre & de Pruile.
Elle porte que , pour répondre aux deſirs de
Leurs Majeftés Britannique & Pruffienne pour le
rérabliſſement de la paix , Leurs Majeſtés l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le
Roi Très-Chrétien , & l'Impératrice de toutes les
Ruffies , également animées du defir de contri
buer au rétabliffement de la tranquillité publiqua
fur un pied folide & équitable , déclaren:,
Que Sa Majefté Catholique ayant bien voulu
» offrir la médiation pour la guèrre qui fubfifte
» depuis quelques années entre la Erance & l'An-
» gleterre
JUILLET. 1786.
>>
gleterre ; & cette guèrre n'ayant d'ailleurs rien
de commun avec celle que foutiennent égale
ment depuis quelques années les deux Impératrices
avec leurs Alliés contre le Roi de Pruffe
; Sa Majefté Très-Chrétienne eft prête à trai
ter de la paix perſonnelle avec l'Angleterre, par
les bons offices de Sa Majefté Catholique, dont
elle s'eft fait un plaifir d'accepter la médiation.
"Quant à la guerre qui regarde directement
Sa Majefté Pruffienne; leurs Majeftés l'Impérasitrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le Rai
Très- Chrétien , & l'Impératrice de Ruffie, font
>> difpofés à donner les mains à l'établitlement du
Congrès propofé. Mais comme , en vertu de
leurs traités , elles ne peuvent prendre aucun
engagement relatif à la paix , que conjointe-
» ment avec leurs Alliés ; il fera nécellaire pour
qu'elles puiffent s'expliquer définitivement fur
ce fajet , qu'avant tout il plaife à Leurs Majeftés
Britannique & Pruffienne de faire parvenir
lear invitation à un Congrès , à toutes.
celles des Puiffances qui fe trouvent directement
en guèrre contre le Roi de Prulle ; nommément
à Sa Majefté le Roi de Suéde , ainfi
» qu'à Sa Majefté le Roi de Pologne , Electeur
» de Saxe , lefquels fpécialement doivent être
invités au futur Congrès.
L'Impératrice Reine nomma , le 3 du mois
dernier , jour de l'Invention de la Sainte-Croix ,
I'Infante Ifabelle, Dame de l'Ordre de la Croix
Etoilée. L'Archiducheffe Marie-Anne reçut , en
fon nom , la Croix , des mains de Sa Majesté.
Le 13 du même mois , la Cour , raſſemblée à
Schonbrun , fut en Gala , à l'occafion de l'Anniverſaire
de l'Impératrice Reine , qui eſt entrée
de ce jour , dans la quarante-quatrième année.
I, Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE:
Le Baron de Breteuil , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de France auprès de l'Impératrice de
Ruffie , eft parti d'ici pour continuer la route
après avoir pris congé de Leurs Majeſtés .
On apprend de Warfovie , que le Duc
de Courlande eft dangereufement malade. Le
fieur Benoit , Sécrétaire de Légation du Roi de
Pruffe , à la Cour de Pologne , a remis un Mémoire
, en réponse à celui que cette Cour lui avoit
fait remettre parfon Vice- Chancelier . Il nie dans
ce Mémoire la plupart des griefs allégués par
ce Miniftre , & il y forme contre le Roi & la
République de Pologne , un grand nombre dé
plaintes, énoncées d'une maniere fort vive.
Le Prince Charles de Lorraine , & la Prin
ceffe fa foeur , arriveront le mois prochain de
Bruxelles en cette Ville , pour affifter au mariage
de l'Archiduc Jofeph . On travaille aux prépaatifs
des fêtes que l'on donnera à cette occafion.
Toutes les troupes,aux ordres du Baron de Lau
don , campèrent le 31 du mois dernier , dans
les environs de Frankenſtein.
Le Marquis de Paulmy, Miniftre , ci - devant
Secrétaire d'Etat de la Guerre , eft arrivé depuis
peu , dans cette Ville , pour le rendre a Warfovie
en qualité d'Ambafladeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne auprès du Roi & de la République de
Pologne. Il a été préfenté , le z de ce mois , à
Leurs Majeftés Impériales & Royales , & à leur
Famille , par le Comte de Choifeul , Ambaffadeur
de France en cette Cour ; & l'Ambaffadrice
a préfenté le même jour , à Sa Majesté Impériale
& Royale Apoftolique , la Marquise de Paulmy.
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-
Géneraux , par le Baron de Reifchach , Ambaffadeur
Plénipotentiaire de Leurs Majeſtés Imriales
, une déclaration en réponſe à celle des Rois
d'Angleterre & de Pruile.
Elle porte que , pour répondre aux deſirs de
Leurs Majeftés Britannique & Pruffienne pour le
rérabliſſement de la paix , Leurs Majeſtés l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le
Roi Très-Chrétien , & l'Impératrice de toutes les
Ruffies , également animées du defir de contri
buer au rétabliffement de la tranquillité publiqua
fur un pied folide & équitable , déclaren:,
Que Sa Majefté Catholique ayant bien voulu
» offrir la médiation pour la guèrre qui fubfifte
» depuis quelques années entre la Erance & l'An-
» gleterre
JUILLET. 1786.
>>
gleterre ; & cette guèrre n'ayant d'ailleurs rien
de commun avec celle que foutiennent égale
ment depuis quelques années les deux Impératrices
avec leurs Alliés contre le Roi de Pruffe
; Sa Majefté Très-Chrétienne eft prête à trai
ter de la paix perſonnelle avec l'Angleterre, par
les bons offices de Sa Majefté Catholique, dont
elle s'eft fait un plaifir d'accepter la médiation.
"Quant à la guerre qui regarde directement
Sa Majefté Pruffienne; leurs Majeftés l'Impérasitrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le Rai
Très- Chrétien , & l'Impératrice de Ruffie, font
>> difpofés à donner les mains à l'établitlement du
Congrès propofé. Mais comme , en vertu de
leurs traités , elles ne peuvent prendre aucun
engagement relatif à la paix , que conjointe-
» ment avec leurs Alliés ; il fera nécellaire pour
qu'elles puiffent s'expliquer définitivement fur
ce fajet , qu'avant tout il plaife à Leurs Majeftés
Britannique & Pruffienne de faire parvenir
lear invitation à un Congrès , à toutes.
celles des Puiffances qui fe trouvent directement
en guèrre contre le Roi de Prulle ; nommément
à Sa Majefté le Roi de Suéde , ainfi
» qu'à Sa Majefté le Roi de Pologne , Electeur
» de Saxe , lefquels fpécialement doivent être
invités au futur Congrès.
L'Impératrice Reine nomma , le 3 du mois
dernier , jour de l'Invention de la Sainte-Croix ,
I'Infante Ifabelle, Dame de l'Ordre de la Croix
Etoilée. L'Archiducheffe Marie-Anne reçut , en
fon nom , la Croix , des mains de Sa Majesté.
Le 13 du même mois , la Cour , raſſemblée à
Schonbrun , fut en Gala , à l'occafion de l'Anniverſaire
de l'Impératrice Reine , qui eſt entrée
de ce jour , dans la quarante-quatrième année.
I, Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE:
Le Baron de Breteuil , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de France auprès de l'Impératrice de
Ruffie , eft parti d'ici pour continuer la route
après avoir pris congé de Leurs Majeſtés .
On apprend de Warfovie , que le Duc
de Courlande eft dangereufement malade. Le
fieur Benoit , Sécrétaire de Légation du Roi de
Pruffe , à la Cour de Pologne , a remis un Mémoire
, en réponse à celui que cette Cour lui avoit
fait remettre parfon Vice- Chancelier . Il nie dans
ce Mémoire la plupart des griefs allégués par
ce Miniftre , & il y forme contre le Roi & la
République de Pologne , un grand nombre dé
plaintes, énoncées d'une maniere fort vive.
Le Prince Charles de Lorraine , & la Prin
ceffe fa foeur , arriveront le mois prochain de
Bruxelles en cette Ville , pour affifter au mariage
de l'Archiduc Jofeph . On travaille aux prépaatifs
des fêtes que l'on donnera à cette occafion.
Toutes les troupes,aux ordres du Baron de Lau
don , campèrent le 31 du mois dernier , dans
les environs de Frankenſtein.
Le Marquis de Paulmy, Miniftre , ci - devant
Secrétaire d'Etat de la Guerre , eft arrivé depuis
peu , dans cette Ville , pour le rendre a Warfovie
en qualité d'Ambafladeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne auprès du Roi & de la République de
Pologne. Il a été préfenté , le z de ce mois , à
Leurs Majeftés Impériales & Royales , & à leur
Famille , par le Comte de Choifeul , Ambaffadeur
de France en cette Cour ; & l'Ambaffadrice
a préfenté le même jour , à Sa Majesté Impériale
& Royale Apoftolique , la Marquise de Paulmy.
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Résumé : DE VIENNE, le 4 Juin.
Le 4 juin 1786, l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a transmis une déclaration aux États-Généraux via le Baron de Reifchach, ambassadeur des Majestés Impériales. Cette déclaration répondait à celle des Rois d'Angleterre et de Prusse concernant le rétablissement de la paix. L'Impératrice Reine, le Roi Très-Chrétien et l'Impératrice de toutes les Russies exprimaient leur désir de contribuer à la tranquillité publique sur une base solide et équitable. La France, par l'intermédiaire de Sa Majesté Catholique, proposait sa médiation pour mettre fin à la guerre entre la France et l'Angleterre, indépendamment des conflits impliquant les deux Impératrices et leurs alliés contre le Roi de Prusse. La France était prête à négocier une paix personnelle avec l'Angleterre sous la médiation de la Majesté Catholique. Pour la guerre impliquant la Prusse, les Majestés Impériales étaient disposées à participer à un congrès proposé, mais elles nécessitaient l'invitation de toutes les puissances en guerre contre la Prusse, notamment le Roi de Suède et le Roi de Pologne. Le 3 juillet, l'Impératrice Reine a nommé l'Infante Isabelle, Dame de l'Ordre de la Croix Étoilée, et l'Archiduchesse Marie-Anne a reçu la Croix des mains de Sa Majesté. Le 13 juillet, la Cour s'est rassemblée à Schönbrun pour célébrer l'anniversaire de l'Impératrice Reine, qui entrait dans sa quarante-quatrième année. Le Baron de Breteuil, ministre plénipotentiaire du Roi de France auprès de l'Impératrice de Russie, a quitté Vienne. À Varsovie, le Duc de Courlande était gravement malade, et le Sieur Benoit, secrétaire de légation du Roi de Prusse, a remis un mémoire en réponse à celui du Vice-Chancelier de Pologne, contestant les griefs et formulant de nombreuses plaintes. Le Prince Charles de Lorraine et la Princesse sa sœur devaient arriver de Bruxelles pour assister au mariage de l'Archiduc Joseph. Les troupes du Baron de Laudon ont campé près de Frankenstein. Le Marquis de Paulmy, ancien secrétaire d'État à la Guerre, est arrivé en qualité d'ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne auprès du Roi et de la République de Pologne.
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34
p. 209-210
De DRESDE le 18 Mars 1764.
Début :
On apprend de Warsovie, que la division & le trouble subsistent toujours dans les [...]
Mots clefs :
Varsovie, Troubles, Scission, Comte, Électeur, Lieutenant-général, Armée
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texteReconnaissance textuelle : De DRESDE le 18 Mars 1764.
De DREs DE le 18 Mars 1764.
On apprend de Warſovie, que la diviſion & le
trouble ſubſiſtent toujours dans les diſtricts, où
il y a eu Sciſſion , mais juſqu'à préſent ces querelles
n'ont pas été auſſi meurtrieres qu'on pouvoit le
craindre. On compte qu'il n'y a pas eu dix hom
mes de tués, quoiqu'il y ait eut plus de cent mille
coups de ſabre donnés dans les Diétines.
Le Comte de Marainville, Brigadier des Armées
de Sa Majeſté Très-Chrétienne, qui a été em
ployé pendant toute la guerre dernière aux Ar
mées Impériales, vient d'obtenir du Roi ſon Mat
21o MERCURE DE FRANCE.
tre la permiſſiond'entrer au ſervice de notre Élec
teur avec le grade de Lieutenant-Général & de
Quartier-Maître Général de l'Armée Saxone.
On apprend de Warſovie, que la diviſion & le
trouble ſubſiſtent toujours dans les diſtricts, où
il y a eu Sciſſion , mais juſqu'à préſent ces querelles
n'ont pas été auſſi meurtrieres qu'on pouvoit le
craindre. On compte qu'il n'y a pas eu dix hom
mes de tués, quoiqu'il y ait eut plus de cent mille
coups de ſabre donnés dans les Diétines.
Le Comte de Marainville, Brigadier des Armées
de Sa Majeſté Très-Chrétienne, qui a été em
ployé pendant toute la guerre dernière aux Ar
mées Impériales, vient d'obtenir du Roi ſon Mat
21o MERCURE DE FRANCE.
tre la permiſſiond'entrer au ſervice de notre Élec
teur avec le grade de Lieutenant-Général & de
Quartier-Maître Général de l'Armée Saxone.
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Résumé : De DRESDE le 18 Mars 1764.
Le 18 mars 1764, des troubles persistants sont signalés dans les districts polonais scindés. Les affrontements, bien que violents, ont causé environ dix morts malgré plus de cent mille coups de sabre échangés lors des Diétines. Le Comte de Marainville a obtenu la permission du roi de France pour servir l'Électeur de Saxe comme Lieutenant-Général et Quartier-Maître Général.
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