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1
p. 80-124
A Quebec le 12e. Novembre 1709.
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Il y a déja plusieurs années que je vous envoye une Relation / MONSIEUR, La Description étonnante que vous me faites de l'Hyver [...]
Mots clefs :
Québec, Relation, Hiver, Froid, Nouvelle France, Colonie, Capitaine, Pierriers, New Yorck, Manhate, Espions, Canada, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : A Quebec le 12e. Novembre 1709.
Il y a déja plufieurs années
que je vous envoye une Relation de ce qui s'eft paffé en
Canada pendant le cours de
chaque année ; mais quelques
incidens font caufe que je vous
envoye celle que vous allez lire , quelques mois plus tard
quevous n'avez accoûtumé de
la recevoir tous les ans. Elled
vient d'un Officier François quis
eft dans l'Armée Canadienne.
"
GALANTNY 81
$ srpos ench notede af M
A Quebec le 12°. Novembre
299NING 27731709. riba vit
MONSIEUR,
La Defcription étonnante que
vous mefaites de l'Hyver qui a
ravagé l'Europe cette année , m’a
fait faire les reflexions ordinaires
fur le froid que l'on fent en ce
pays - cy. Et effectivement j'ay
admiré plus d'une fois.comment
les racines des Plantes , les Bois,
లో les Animaux, fans parler des
Habitans , refiftoient non-feulement a de tels froids , mais encore
82 MERCURE
à celuy que nous avons éprouvé
icy , vers la fin de l'année 1708 .
peu prés vers le temps que je
finiffois les dernieres Lettres queje
vous ay adreffées ; car il a eftéfi
pénetrant & fi vif, que s'il avoit
continué de la mêmeforce , je crois
quenous aurions tous peri & que
nous ferions tous morts dans les
commencemens d'un Hyverfi affreux. Mais le Seigneur n'a point
permis que nous avons fouffert au
deffus de nos forces.
Ainfi quelque rude qu'ait éfté
Hyver dans vos climats temperez d'ailleurs , il l'a efté incompa
rablement davantage en Canada,
GALANT 83
où la gelée commença vers la fin
de Novembre & perfevera fi
fortement, que dans les derniers
jours de Decembre ( 1708. ) le
Fleuve de S. Laurent , fe trouvaglacéjusqu'à laprofondeur de
dix pieds , & qu'il y avoit déja
quatre pieds de nége fur terre. Je
le repete encore , Monfieur , jepenfe que la Colonie auroit peryſi la
gelée avoit continué de cette violence. Et certes les Anglois fiirritez contre nous auroient eu alors
bon marché du Canada.
Ce froid exceffif nous quitta
fans doute pour vous aller rendre
vifte, puifque vous me marquez
84. MERCURE
que le premierjour de la grande
gelée commença le 6. ou 7. deFanvier de l'année fuivante ( 1709)
ce que je puis vous dire , c'est que
toutes ces horreurs de la nature ,
n'ontpoint efté un obftacle à la terre dela Nouvelle France , de nous
donnerd'affez bonsfruits, &aux
hommes de vivre ; au contraire
nous remarquons que ce froid
tribue à la fanté, & que la nége
qui regnefi longtemps dans l'AmeriqueSeptentrionale , l'engraifmerveilleufement , la moiffon
ayant efté abondante cette année-ci
en bled & enfruits; quoy qu'on
ne féme qu'à lafin d'Avril , le
fe
con-
GALANT 85
blé eft preft à couper au mois
( Je ne commenceray points
Monfieur, les Nouvelles que j'ay
à vous mander de ce pays-cy, par
ce qui s'eft paffé en l'Ile de Terre
Neuve au Fort S. Jean que nous
avons pris aux Anglois , parce
queje connois par vos Lettres que
vous en avez eftéinftruit en France , même d'aſſez bonne heure ;
à quoy je vous prie de faire
attention icy , eft que cette entreprife qui a estéexecutée avecbeaucoupde vigueur où entr'autres,
le fieur de la Ronde , d'une ancien="
ciennefamille de Canada s'eft dif-
86 MERCURE
tingué parfa bravoure intrigue
fort, non - feulement les Anglois
nos voiſins , mais encore ceux que
nous appellons icy les Anglois de
la Vieille- Angleterre, qui au
retour de ce qu'ils poffedent aux
Ifles - Antilles & ailleurs dans
l'Amerique, venoientfe relâcher,
ou radouber en ce Port , qui par
confequent leur eftoit fort commode.
Plufieurs des noftres difent icy
que la prife de ce Pofle & le ravage qu'on afait aux environs ,
va àfix millions. On dit que
Pefche que l'on faifoit proche la
Rade de S.Jean & aux Bancs
la
GALANT 87
voifins , valloit quatre millions de
rente à la Reine Anne. Nous
avons icy le Commandant ( le
Colonel Lloyd ) de ce Fort , prifonnieravecplufieurs Officiers, &
Soldats on Habitans de fon Gouvernement. Ila , àce qu'onpublie
dans Quebec , cent mille livres de
bien, & il veut fe marier icy &
époufer la veuve de Mr de Maricourt mort en 1704. Il eftoit
Capitaine dans cette Colonie &
freredu fameux Mr d'Yberville
qui s'eft fi fort diftingué fur mer
par fa valeur. Un Ecclefiaftique
tres-zelé, du Seminaire de Saint
Sulpice de Ville - Marie en l'Ifle
88 MERCURE
de Montreal, qui fait parfaite
ment l'Anglois , eft defcendu icy
pour travailler à la converfion de
ce Gouverneur Anglois , car
prétend, & il a témoigné librementfon deffein là-deffus , renoncer à la Religion Proteftante &
fe faire Catholique.
L'affaire de l'habitation de S.
Jean en Terre-Neuve futfuivie
d'une autre entrepriſe dans laBaye
d'Hudson , au lieu appellé le petit
Nord.
Mr Capitai- de Mantet
ne dans la Colonie enfut le Chef;
ce fut au mois d'Avril de cette
année 1709. Le Partife trouva
compofé de centhommes tous Ha.
GALANT 89
bitans & mariez pour la pluspart , mais alertes & entrepre P
nans ; Mr de la Nouě Lieutenant commandoit en ſecond ; à ces
deux Officiers s'en joignirent quel.
ques autres Subalternes ; la marche dura un peu plus de deux
mois , au bout duquel temps , nos
gens arrivez au but , déterminerent lejour de l'attaque au fixiémejour de Juillet. On choifit la
nuitpourcela: les Enfans perdus ,
je veux dire ceux qui marcherent
les premiers , donnerent brufquement & tefte baiffée fur un des
Fortsflanqué de quatre Baſtions ,
Février 1710. H
90 MERCURE
munisfelon le rapport de quelquesuns de ceux qui enfont revenus
de foixantepieces de Canon & de
plufieurs Pierriers. Des Boucaniers a qui le gardoient firent une
decharge terrible & du canon &
de leurs longs fufils qui cependant n'empêcha point ces premiers
des noftres , de pouffer leur pointe
avec une ardeur étonnante , de
rompre la paliẞade faite de gros ·
a Gens déterminez, Chaffeurs , propres
à la découverte , foit dans les terres
foit en mer; on pourroit les appeller
Flibuftiers de terre , auffi bien quede
mer. Les Boucaniers vivent fans façon de chair rôtic plus à la fumé
qu'au feu..
GALANT 91
un
pieux de traverſer un foffe
plein d'eau , large de quinzepieds,
qui estoit au de- là ; comme le feu
de l'Ennemy eftoit violent & continuel , & que le canonfaifoit
fracas horrible , & qu'avec cela
le nombre des Soldats oppofez aux
moftres eftoit tout-à-faitfuperieur,
il fallut fe retirer.
Mrde Mantet qui s'eft particulierement fignalé dans cette action , une des plus vives qui fe
foit faite en Amerique , y a efté
tues MrdeMartigny & douze
on quinze Canadiens ont eu le
mêmefort.
Hij
92 MERCURE
Les Anglois de la Vieille er de
la Nouvelle Angleterre ont efté
cette année dans de grands mouvemens pour s'emparer , fuivant
leur deffein , des trois Gouvernemens de la Colonie ; il neferoit
pas facile de vous expliquer combien ilsfe font remuez pour celae
voicy à peu prés la manœuvre
qu'ils ontfaite pourl'execution
ce projet.
uer.comDés que les Anglois de la Nouvelle Angleterre , & furtout ceux
de Bafton qui en eft la Capitale ,
eurentfçu certainement laprife de
leur Habitation du Port S.Jean ,
une des plus confiderables , ſans
GALANT 93
contredit , qu'ils euffent en TerreNeavepour la Pefche & lafureté de leurs Vaiffeaux qui paſſent
ouquireviennent d'Amerique , its
en donnerent avis à la Reine Anne par de petits Baftimens qu'ils
firent partir en diligence ; de forte
que vers la fin de May, un de
nos PartisSauvages ayantpris un
Officier Anglois du cofté de Bafton,
nous apprimes de luy qu'il leur
eftoit arriué des ordres de leur
Reine , par le Capitaine V'éché ,
dont voicy le contenu , autant que
jay pû m'en reſſouvenir: Que
tous les paysde fa domination
voifins de la Nouvelle - Angle-
$
94 MERCURE
terre ; fçavoir b la NouvelleYorck , le New-Jersey , bla
Penſylvanie , Mariland ( qui
veut dire terre de Marie ) la Vir
ginie & la Caroline ( quifemble
eftre une partie de la Floride ) feroient inceffamment proviſion
de vivres & de munitions de
guerre ; Qu'il feroit levé mille
hommes bien équipez & armez , qui fe joindroient à huit
mille Ecoffois prefts à s'embarquer au premier vent favora
ble & former une Efcadre de
dix Vaiffeaux de ligne , fans
Tous ces Pays font entre les 45. & 30.
degrez de Latitude Nord.
GALANT 95
compter les Baftimens de char
ge pour les munitions & les
vivres dont on pouvoit avoir
befoin , & cela pour venir
moüiller devant Bafton à la fin
du mois de Juin. Ces Ecoffois
aidez des Anglois de la Nouvelle
Angleterre devoient , felon leur
intention , affieger Quebec &fe
rendre maiftres detoutes les Coftes
d'en bas , jufqu'à la mer;
pays devoit , dans la pensée de la
Reine, leur demeurer , pour récom
penfe de la dépense & des avan
ces faites par ces Ecoffois les
mêmes ordres de la Reine Anne
marquoient : Que les Habitans
o
7
ce
96 MERCURE
du Gouvernement d'Orange
dans New-Yorck avecceux de
Manhate & les Sauvages leurs
Alliez ou Amis , s'uniroient
enfemble pour faire un Corps
d'Armée de trois mille hommes , qui iroit tomber fur le
Montreal , & feroit ainfi diverfion des forces des François.
d'arMrle Marquis de Vaudreüil,
Gouverneur general de la Nonvelle-France ne faifoit que
river à Ville-Marie , la feule
Ville quifoitdans l'Ile de Montreal éloignée foixante lieues de
Quebec ,lors qu'il apprit les deffeins
GALANT 97
feins des Anglois nos voisins, il
affembla le Confeil de Guerre
pour déliberer fur les mesures
qu'onavoit à prendre , &on fut
d'avis d'aller au devant des Ennemis & de les prévenir. Mr de
Ramezay Gouverneur de Mont
real fut destiné pour né pour commander
les Troupes ou Milices defon Gouvernement , &l'on convint d'y
joindre les Sauvages Iroquois
Algonkins , Abnakis , les autres qui font dans le voisinage.
Tout eftant preft ne vous attendez point icy , Monfieur , à des
Arméesdecent mille hommes comme en Europe , mais à des Partis
Février 1710. I
98 MERCURE.
pluteft qu'à des Armées , proportionnez aux Habitans de ces Regions froides ) la petite Armée , ou
le Partifi vous l'aimez mieux ,
commença à fe mettre en marche
vers le 15. deFuillet, & elle fe
* trouva cftre de treize àquatorze
cens hommes ; compofée des Habitans du Gouvernement de lIfle
de Montreal & de Sauvages de
plufieurs Nations. Onfut juf
qu'au c Lac Champlain , ainfi
eCe Lac s'etend depuis le 44. environ,
jufqu'au 45. degré de latitude Septentrionale. On en diftingue deux à
fes extremitez ; c'eft-à dire au Nord
& au Sud, le Lac de S. François au
Nord, & le Lac, dit du S. Sacrement,
au Sud.
QUA
LYON
GALANT 99
DE
appellé d'un ancien Gour
de Canada de ce nom ; Mrle
Marquis de Vaudreuil qui eft
fage & tres vigilantfaifoit pendantce temps- la fortifier de nouveau Quebec & Ville Marie ,
vulgairement dite Montreal ,
l'Habitation la plus importante
de l'Ifle de ce nom. Les Forts des
environs de l'Ile de Montrealfurent vifitez &reparez où ilfalloit on s'attacha beaucoup à d
celuy de Mrle Baron de Longüeil
Major de Montreal qui eft de
d Le Fort de Longueil eft à peu prés au
Sud de l'Ile de Montreal, fur le bord
du Fleuve S. Laurent.
I ij
100 MERCURE
pierre & un desplus confiderables
dela Colonie; celuy de la Prairie,
dité de la Madeleine , au Sudde
de l'Ifle de Montrealfut auffifortifié de nouveau en même temps
que celuy de e Chambly qui eftoit
Le plus expofe aux infultes de
l'Ennemi ; on en conftruifit un de
pierres à Lorette , Miffionfauvage au Nord de Ville -Marie ,
gouvernée par Mrsde S. Sulpice.
Les Découvreurs marchant devant noftre Arméejufques à trois
ou quatre licuës , rencontrerent un
eCe Fott cft au Nord du Lac Champlain , & à environ dix lieues de la
Rivierb de S. Laurent.
GALANT 101
Parti ennemi au lieu dit la Poinre , fà la chevelure de cent vingt
hommes ou environ ; Mr de Ra
mezay le Commandantfut auſſitoft averti , ilfit rangerfes gens en
ordrede Bataille le fignal donné,
on marcha droit aux Anglois , les
noftres donnerent avec vigueurfur
l'Ennemi en tuerent on firent
Prifonniers une bonne partie
mirent le refte en fuite ; quatre
de nos Sauvages qui s'eftoient un
f Ce lieu est éloigné de Quebec d'environ 6o. lieuës , & il n'eft aing nommé qu'à l'occafion de quelques chevelares levées par des Sauvages; mes
Lettres vous ont déja dit comment
cela fe faifoit.
I iij
102 MERCURE
25.
peu trop avancez ,yfurent tuez.
Les Prifonniers nous apprirent que
les Anglois s'eftoient retranchez à
lieues en deça d'Orange , le
long d'une petite riviere , appellée
la Riviere au Chicot , g qu'ils
faifoient conftruire en cet endroit
de grands Batteaux & des Pirogues &un bon nombre de Canots pour venir ravager le Canada, à lafaveur de la Riviere de
Saint Laurent , dans laquelle ils
feroient entrez par le moyen du
Lac Champlain les Anglois
g
s
Du cofté du Lac du S. Sacrement &
vers l'entrie du Lac Champlain, dans
le voisinage de la Nouvelle- Angleterre & de New-Yorck.
GALANT 103.
avoient en effet élevé trois Forts
avec de gros & grands pieux de
bois de cedre blanc qui eft commun
dans l'Amerique Septentrionale,
dans l'un defquels on diſoit qu'ily
avoit fix ou buitpieces de canon ,
des bombes , quantitédegrenades ,
environ quinze ou dix - huit
cens hommespour les garder.
Sur le rapport de ces Prifonniers Anglois , Mr de Ramezay
affembla tous les Officiers de fa
petite Armée, le Confeil trouvantque ceferoit , cefemble , une
temerité quede s'expofer en avançant contre des Ennemis & plus
nombreux, avec cela tres - bien
I iiij)
104 MERCURE
retranchez , on prit le parti de les
attendre de pied ferme , s'ils en
vouloient venir aux mains ; cer
pendant les Efpions des Anglois
ayant rapporté àleur Camp que
noftre Armée eftoitformidable
que le Lac Champlain eftoit tout
couvert de canots , l'allarme fe mit
parmi eux , & aucun des- leurs
neparoiffant , aprésplufieursjours
d'attente , le Chefdu Parti Canadien confiderant que la recolte
dans l'Ile de Montreal & aux
contrées adjacentespreffait, &mêmé qu'elle eftoit déja commencées
renvoya la Milice & les Habitans de Montreal & des Coftes
+
GALANT 105
cela n'empêchapoint qu'on ne laiffaft des Découvreurs aux environs du Pofte que l'on quittoit ,
c'eft à dire vers les Lacs S. François , de Champlain & du S. Sacrement , celuy - cy cftant le plus.
proche des Ennemis , pour avertir
de tout en cas de befoin. La moiffonfefit pendant ce temps- là &a
efté abondante , non-feulement en
blé , mais encore en legumes & en
fruits tels qu'on les peut conferver
en Canada.
On ramaffoittranquilement les
biens que le Ciel nous avoit don
nez de fa main toute liberale , lors
que vers le 15.du mois de Septem-
106 MERCURE
bre tout à coup un Sauvage qui
avoitdefertédu Camp des ennemis».
vintdire au Montreal queles En
nemis eftoient enmarche du cofté du
LacChamplain. MrdeRamezay
envoya en diligence ce Sauvage à
Mr le Marquis de Vaudreuil
qui eftoit defcendu à Quebecpour .
j bien recevoir les Ennemis , qui
felon le bruit qui couroit, prétendoient l'affieger avec des forces
nombreuſes &par mer &parterre. Les Officiers s'eftant affemblez
chez Mrle Gouverneur general ,
onconclutque le Montrealfe trouvant endanger, ilfalloit lefecou
courir, les Découvreurs que Mr
GALANY 107.
deVaudreuilavoit envoyez àplus
de foixante lieuës au - deffous de
Quebec , ne voyant rien fur le
Fleuve nyfur les Coftes ; l'ordre
ayant donc efté donnépour monter
le Fleuve de S. Laurent , il fe
trouva mille hommes du Gouver
ment de Quebec , preſts à marchers
Mr le Marquis deVaudreuil General de toute la Colonie , fe mit
à la tefte & fut droit au Fort
Chambly, vers l'entrée du Lac
Champlain tous les Sauvages
d'enbas premierement ceux des
environs de Quebec & des trois
Rivieres , fejoignirent à la Milice de la Cpitaledu Canada. Ace
108 MERCURE
Corps de Troupes fe joignit celuy
du Gouverneur de Montreal Mr
de Ramezay , ce qui forma une
Armée d'environ trois mille hom
mes. Le lieu du Campfut affigné
auLac & Fort de Chambly affez
prés du LacS. François quife communique à celuy de Champlain
mais comme aprés trois semaines
ou environ , l'Ennemi ne faifoir
aucun mouvement , on commença
à fe défier du Sauvage deferteur
de fon rapport: ce futen cette
fituation que Mr le Gouverneur
general reçut avis de Quebec , au
commencement d'Octobre , que la
Bellone Fregatte Françoise venois
GALANT 109
"de mouiller devant cette Ville , &
que l'Efcadre Ecoffoife deftinée
pourfaire le Siege de la Capitale
du Canada & favorifer l'attaque
des Anglois par en haut , c'est- àdire du cofté de Montreal , avoit
eu ordre de la Reine Anne de faire
voile vers le Portugal , à caufe
que MrleMarquis de Bay Commandant en Eftramadoure pour
PhilippeV. Roy d'Espagne, avoit
battue défait les Portugais &
les Anglois leurs Alliez. Mr le
General les Officiers de l'Armée Canadiennejugeantdoncqu'il
n'y avoit plus rien à craindre , la
faifon d'ailleurs eftant fort avan
براج
110 MERCURE
cée , on congedia la plupart des
Troupes. Neanmoins MrdeVaudreüil permit à Mr de Montigny
Capitaine tres-brave defaperfonne , que vous avez pu voir à la
Courily a quelques années , accompagné d'un ChefdesSauvages de la nation des Abnakis , de
fe mettre à la tefte d'un petit Parti, compofé de Canadiens experimentez &de Sauvages aguèrris,
pour tacher defaire quelques Prifonniers. Quelques- uns de ce petit
Parti , s'avancerent fi prés des
Forts des Anglois , qu'ils en fçûrent aisément & le nombre
forme. Fuſques à prefent , nous
la
*
GALANT III
n'avons perdu aucun des noftres ,
fice n'eft quatre Sauvages qui s'étoient engagez trop avant , dans
-le combat fous Mrde Ramezay.
Les Ennemis, fi on en croit un
Anglois amené depuis peu par un
Sauvage Abnaki , appellé Carnaret , efperent executer l'année
prochaine ce qu'ils n'ont pas fait
・
celle-cy.
La conclufion de toute la manœuvre des Anglois nos voisins &
de tout ce qu'avoit projetté leur
Reine , eft qu'il leur en coûte environfix millionspour le tout. On
compte cinq millions cinq ou fix
recent mille livres pour la Flotte
112 MERCURE
d'Ecoffe , fur lefquels cinq mil
lions , la Reine avoit fourni la
fomme de cinq ou fix cens mille
Livres , pour encourager les Ecoffois à fe rendre maiftres de toute
la Nouvelle- France , &environ
un million , tant au Baftonnois
qu'à ceuxde la Ménade on Manhate e d'Orange à qui la Reine
Anne donnoit en recompenfe tout
le Pays de Canada qui eft depuis
l'Ile de Montreal jufqu'à Quebec.
Lefuccés n'ayant point répondu à l'atente des Peuples de la
Nouvelle- Angleterre , de NewYork , & autres Pays fujets àla
CALANT 113
Reine Anne en Amerique , fur
lefquels on avoit levé de rudes
impôts & tiré d'exceffives contributions , ils commencent déja à
temoigner hautement leur mécontentementfur tout contre Pitref
culle , Major d'Orange , le principalboute-feu de la Guerre alumée contre nous qui jufqu'à .
prefent les à leurré de vaines
promeffes , leur faifant entendre
qu'il attireroit dans le parti de
l'Angleterre toutes les Nations
Iroquoifes par de magnifiques &
de riches prefens ; fur de fi belles
paroles les Habitans d'Orange,
d'Efope , & de Corlard , abanFévrier 1710.
K
114 MERCURE
#
donent leurs habitations &leurs
biens , courent aux armes.
Ceux de Manhate qui eft da
principale Place de la NouvelleYork , avec leur Gouverneur fe
·laiffent auffi éblouir par les difcours qu'on a foinde femer parmy.
eux , les Habitans de Bafton les
entrainent comme , malgré eux
dans cet expedition ; ils fe mettent
en marche , charient quantité
de provifions de bouche , bâtiffent
des Forts , pour leur fervir de
refuge en cas de défavantage , ils
fontde grandes dépenfes pour des
Convoys & des Munitons prodigieufes en Bombes , Canons ,
GALANT
Grenades , Pierriers . Toutes
ces démarches fembloient devoir
porter la terrear non feulement à
ta nouvelle France ; mais encore à
toute l'Amerique Septentrionalle ,
attirer tous les Sauvages dans
leur parti , neanmoins les Iroquois les plus aguerris d'entr'eux
nebranlentpoint , & les Sonontboüans demeurent neutres. Les
François loin de craindre les Anglois , vont au - devant d'eux ,
battent un de leur parti , font des
Prifonniers & les provoquent
de nouveau au Combat fans que
ces mêmes François ayant perdu
ancun des leurs. Tout nouvelleKij
116 MERCURE
ment nous venons de leur prendre
un Lieutenant qu'on a amené icy
Prifonnier. Une Flutte GardeCôtede Baftonavoit eſtépriſe par
nos gens avec buit Barques chargées de munitions qui alloient audevant de la Flote d'Ecoffe , qui
avoit ordre de la Reine Anne de
Se rendre maistre du Canada.
Ajoutez à cela tous nos petits
partis , difperfez çà , & là, qui
nous ont aporté plufieurs cheve
lures d'Anglois , ce qui a furieufement inquieté nos Ennemis
comptant laplupartdes Sauvages
dans leur parti,
pran
Nous avons vu icy au mois
GALANT 117
de Juillet un Phénomene qui a
fait parler diferemment bien des
fortes de ge
moyenne région de l'Air & avoit
à peu prés le difque apparent de
la Lune. Il yen eut à qui ilne
Sembla eftre qu'à la hauteur des
Arbres àdeuxcents pas d'eux,
tout Montreal l'a vu auffi- bien
que Quebec. Comme tout eft extrême en ce Pays- cy, & quepar
opofition au grandfroid , ilyfait
une chaleur exceffive en Esté
cette exhalaifon s'eft aparamment
formée d'une matiere déja toute
prefte:mais laiffons à Meffieurs
les Philofophes deviner ces effets
gens. Il parut dans la
118 MERCURE
de la nature , racontons quel
que chose qui vous touchera
peut- êtredavantage.
Les Iroquois quoyque battus
deux ou troisfois parles Outaouacs
depuis la Paix , n'ont pas encore remué , quoyque dans l'ame ,
ils ayent , à ce que quelques gens
croyent , bien envie defe vanger.
Les Aniés une des cinq Nations ,
la bonne amie des Anglois la
plus voifine de New York
incitez par nos Ennemis ,fe font
hazardez de venir , par une
lâchefurprife , lever la chevelure
à trois on quatre de nos Iroquois,
du Sant Saint Louis , à une lieuë
GALANT 119
&demie du Montreal,
Nous ménageons les Sauvages & ce n'eft pas peu de les
conferver dans la neutralité
contre lesfollicitations importunes
tres artificieufes de PeterSchuyler , vulgairement appellé
Pitre-Schulle , Major d'Elbanie où Orange en New York, fin
Renard , quipar des prefens réïterez e des difcours adroits
tâche de les metre ( au moins quelques Nations ) dans le parti des
Anglois. Mr de Jonquiere
réuffi merveilleufement auprés des
Sononthouans des Goyogouens
durant plufieurs années qu'il
120 MERCURE
efté auprés d'eux , pour les tenir
affectionnez à la Colonie , ce qui
luy a fait effuyer bien des fatigues. Mr le Baron de Longüeil
Major de Montreal , cheri de
pere en fils de ces Nations , eft allé
chez eux en Ambaffade pour Ne
gotier au moins une neutralité qui
foit ferme & pour les tenir en
refpect. La Nation des Sononthoüans femble être toute entiere.
pournous , & celle des Goyogoüins
enpartie ; ceux - cy quoyque gouvernezpar les premiers , je veux
dire par les Sononthoüans , une
des cinq Nations laplus nombreuSe,font partagez ce qu'ily a
de
GALANT 121
les
de remarquable c'est que les Iro
quois appellent les François ( en
la perfonne de leur Gouverneur
General ) leur Pere , & que
Anglois ne font confiderez chez
eux (fi peut-être on n'en excepte
les Aniez qui depuis du temps
paroiffent leurs grands amis ) que
comme leur Frere.
Voicy les morts les plus confiderables dans la Colonie , de cette
année. Mrle Marquis de Chryfaphi Gouverneur de la Ville des
Trois Rivieres , je ne vous apren
dray point icy , comme une chofe
nouvelle que cette Place eft égale
ment éloignée de Quebec , & de
Février 1710. L
122 MERCURE
Montreal , c'est ce que vous avez
pú connoître par mes precedentes
auffi-bien que beaucoup d'autres
éclairciffemens ou explications
que je ne repeteray pas dans cette
Lettre- ci, depeurde vous ennuyer.
Nous avons auffiperdu Mr de
Linetot MajordesTrois Rivieres.
Mrde Lorimier Capitaine. Mr
de Lor Biniere Doyen des Confeillers du Confeil Souverain de
Quebec un Chanoine de la
Cathedrale , ( Mr Petit ) jou
bliois le Pere ChauffetierJefuite ,
ce bon Pere-ci prétendoit il y a
quelques années avoir trouvé
le fecret de faire du pain avec
د
*
GALANT 123
certaine racine , qui auroit pû
fupléer au pain ordinaire dans un
befoin.
Je finis ma Lettre , que vous
recevez par la Bellone , petite
Fregate defeize Canons , en vous
marquant les perfonnes les plus
confiderables quipaffent en France dans ce Vaiffeau. Me la
Marquife de Vaudreuil femme
de Mrle Gouverneur General ,
s'y embarqua avec Me du Mefnil femme du Major des Troupes
de la Colonie. Mrle Vallet Chanoine de cette Ville & Secretaire
de Monfeigneurde Saint Vallier
noftre Evêque , Mr le Vaſſeur
Lij
124 MERCURE
Ingenieur envoyépar le Roy , c.
C'est avec les mêmes fentimens d'eftime & de wespect que
j'auray toujours pour vous , que
je fuis tres-parfaitement.
·
MONSIEUR,
Voftre tres- humble tresobéiffant ferviteur,
N.D.D
que je vous envoye une Relation de ce qui s'eft paffé en
Canada pendant le cours de
chaque année ; mais quelques
incidens font caufe que je vous
envoye celle que vous allez lire , quelques mois plus tard
quevous n'avez accoûtumé de
la recevoir tous les ans. Elled
vient d'un Officier François quis
eft dans l'Armée Canadienne.
"
GALANTNY 81
$ srpos ench notede af M
A Quebec le 12°. Novembre
299NING 27731709. riba vit
MONSIEUR,
La Defcription étonnante que
vous mefaites de l'Hyver qui a
ravagé l'Europe cette année , m’a
fait faire les reflexions ordinaires
fur le froid que l'on fent en ce
pays - cy. Et effectivement j'ay
admiré plus d'une fois.comment
les racines des Plantes , les Bois,
లో les Animaux, fans parler des
Habitans , refiftoient non-feulement a de tels froids , mais encore
82 MERCURE
à celuy que nous avons éprouvé
icy , vers la fin de l'année 1708 .
peu prés vers le temps que je
finiffois les dernieres Lettres queje
vous ay adreffées ; car il a eftéfi
pénetrant & fi vif, que s'il avoit
continué de la mêmeforce , je crois
quenous aurions tous peri & que
nous ferions tous morts dans les
commencemens d'un Hyverfi affreux. Mais le Seigneur n'a point
permis que nous avons fouffert au
deffus de nos forces.
Ainfi quelque rude qu'ait éfté
Hyver dans vos climats temperez d'ailleurs , il l'a efté incompa
rablement davantage en Canada,
GALANT 83
où la gelée commença vers la fin
de Novembre & perfevera fi
fortement, que dans les derniers
jours de Decembre ( 1708. ) le
Fleuve de S. Laurent , fe trouvaglacéjusqu'à laprofondeur de
dix pieds , & qu'il y avoit déja
quatre pieds de nége fur terre. Je
le repete encore , Monfieur , jepenfe que la Colonie auroit peryſi la
gelée avoit continué de cette violence. Et certes les Anglois fiirritez contre nous auroient eu alors
bon marché du Canada.
Ce froid exceffif nous quitta
fans doute pour vous aller rendre
vifte, puifque vous me marquez
84. MERCURE
que le premierjour de la grande
gelée commença le 6. ou 7. deFanvier de l'année fuivante ( 1709)
ce que je puis vous dire , c'est que
toutes ces horreurs de la nature ,
n'ontpoint efté un obftacle à la terre dela Nouvelle France , de nous
donnerd'affez bonsfruits, &aux
hommes de vivre ; au contraire
nous remarquons que ce froid
tribue à la fanté, & que la nége
qui regnefi longtemps dans l'AmeriqueSeptentrionale , l'engraifmerveilleufement , la moiffon
ayant efté abondante cette année-ci
en bled & enfruits; quoy qu'on
ne féme qu'à lafin d'Avril , le
fe
con-
GALANT 85
blé eft preft à couper au mois
( Je ne commenceray points
Monfieur, les Nouvelles que j'ay
à vous mander de ce pays-cy, par
ce qui s'eft paffé en l'Ile de Terre
Neuve au Fort S. Jean que nous
avons pris aux Anglois , parce
queje connois par vos Lettres que
vous en avez eftéinftruit en France , même d'aſſez bonne heure ;
à quoy je vous prie de faire
attention icy , eft que cette entreprife qui a estéexecutée avecbeaucoupde vigueur où entr'autres,
le fieur de la Ronde , d'une ancien="
ciennefamille de Canada s'eft dif-
86 MERCURE
tingué parfa bravoure intrigue
fort, non - feulement les Anglois
nos voiſins , mais encore ceux que
nous appellons icy les Anglois de
la Vieille- Angleterre, qui au
retour de ce qu'ils poffedent aux
Ifles - Antilles & ailleurs dans
l'Amerique, venoientfe relâcher,
ou radouber en ce Port , qui par
confequent leur eftoit fort commode.
Plufieurs des noftres difent icy
que la prife de ce Pofle & le ravage qu'on afait aux environs ,
va àfix millions. On dit que
Pefche que l'on faifoit proche la
Rade de S.Jean & aux Bancs
la
GALANT 87
voifins , valloit quatre millions de
rente à la Reine Anne. Nous
avons icy le Commandant ( le
Colonel Lloyd ) de ce Fort , prifonnieravecplufieurs Officiers, &
Soldats on Habitans de fon Gouvernement. Ila , àce qu'onpublie
dans Quebec , cent mille livres de
bien, & il veut fe marier icy &
époufer la veuve de Mr de Maricourt mort en 1704. Il eftoit
Capitaine dans cette Colonie &
freredu fameux Mr d'Yberville
qui s'eft fi fort diftingué fur mer
par fa valeur. Un Ecclefiaftique
tres-zelé, du Seminaire de Saint
Sulpice de Ville - Marie en l'Ifle
88 MERCURE
de Montreal, qui fait parfaite
ment l'Anglois , eft defcendu icy
pour travailler à la converfion de
ce Gouverneur Anglois , car
prétend, & il a témoigné librementfon deffein là-deffus , renoncer à la Religion Proteftante &
fe faire Catholique.
L'affaire de l'habitation de S.
Jean en Terre-Neuve futfuivie
d'une autre entrepriſe dans laBaye
d'Hudson , au lieu appellé le petit
Nord.
Mr Capitai- de Mantet
ne dans la Colonie enfut le Chef;
ce fut au mois d'Avril de cette
année 1709. Le Partife trouva
compofé de centhommes tous Ha.
GALANT 89
bitans & mariez pour la pluspart , mais alertes & entrepre P
nans ; Mr de la Nouě Lieutenant commandoit en ſecond ; à ces
deux Officiers s'en joignirent quel.
ques autres Subalternes ; la marche dura un peu plus de deux
mois , au bout duquel temps , nos
gens arrivez au but , déterminerent lejour de l'attaque au fixiémejour de Juillet. On choifit la
nuitpourcela: les Enfans perdus ,
je veux dire ceux qui marcherent
les premiers , donnerent brufquement & tefte baiffée fur un des
Fortsflanqué de quatre Baſtions ,
Février 1710. H
90 MERCURE
munisfelon le rapport de quelquesuns de ceux qui enfont revenus
de foixantepieces de Canon & de
plufieurs Pierriers. Des Boucaniers a qui le gardoient firent une
decharge terrible & du canon &
de leurs longs fufils qui cependant n'empêcha point ces premiers
des noftres , de pouffer leur pointe
avec une ardeur étonnante , de
rompre la paliẞade faite de gros ·
a Gens déterminez, Chaffeurs , propres
à la découverte , foit dans les terres
foit en mer; on pourroit les appeller
Flibuftiers de terre , auffi bien quede
mer. Les Boucaniers vivent fans façon de chair rôtic plus à la fumé
qu'au feu..
GALANT 91
un
pieux de traverſer un foffe
plein d'eau , large de quinzepieds,
qui estoit au de- là ; comme le feu
de l'Ennemy eftoit violent & continuel , & que le canonfaifoit
fracas horrible , & qu'avec cela
le nombre des Soldats oppofez aux
moftres eftoit tout-à-faitfuperieur,
il fallut fe retirer.
Mrde Mantet qui s'eft particulierement fignalé dans cette action , une des plus vives qui fe
foit faite en Amerique , y a efté
tues MrdeMartigny & douze
on quinze Canadiens ont eu le
mêmefort.
Hij
92 MERCURE
Les Anglois de la Vieille er de
la Nouvelle Angleterre ont efté
cette année dans de grands mouvemens pour s'emparer , fuivant
leur deffein , des trois Gouvernemens de la Colonie ; il neferoit
pas facile de vous expliquer combien ilsfe font remuez pour celae
voicy à peu prés la manœuvre
qu'ils ontfaite pourl'execution
ce projet.
uer.comDés que les Anglois de la Nouvelle Angleterre , & furtout ceux
de Bafton qui en eft la Capitale ,
eurentfçu certainement laprife de
leur Habitation du Port S.Jean ,
une des plus confiderables , ſans
GALANT 93
contredit , qu'ils euffent en TerreNeavepour la Pefche & lafureté de leurs Vaiffeaux qui paſſent
ouquireviennent d'Amerique , its
en donnerent avis à la Reine Anne par de petits Baftimens qu'ils
firent partir en diligence ; de forte
que vers la fin de May, un de
nos PartisSauvages ayantpris un
Officier Anglois du cofté de Bafton,
nous apprimes de luy qu'il leur
eftoit arriué des ordres de leur
Reine , par le Capitaine V'éché ,
dont voicy le contenu , autant que
jay pû m'en reſſouvenir: Que
tous les paysde fa domination
voifins de la Nouvelle - Angle-
$
94 MERCURE
terre ; fçavoir b la NouvelleYorck , le New-Jersey , bla
Penſylvanie , Mariland ( qui
veut dire terre de Marie ) la Vir
ginie & la Caroline ( quifemble
eftre une partie de la Floride ) feroient inceffamment proviſion
de vivres & de munitions de
guerre ; Qu'il feroit levé mille
hommes bien équipez & armez , qui fe joindroient à huit
mille Ecoffois prefts à s'embarquer au premier vent favora
ble & former une Efcadre de
dix Vaiffeaux de ligne , fans
Tous ces Pays font entre les 45. & 30.
degrez de Latitude Nord.
GALANT 95
compter les Baftimens de char
ge pour les munitions & les
vivres dont on pouvoit avoir
befoin , & cela pour venir
moüiller devant Bafton à la fin
du mois de Juin. Ces Ecoffois
aidez des Anglois de la Nouvelle
Angleterre devoient , felon leur
intention , affieger Quebec &fe
rendre maiftres detoutes les Coftes
d'en bas , jufqu'à la mer;
pays devoit , dans la pensée de la
Reine, leur demeurer , pour récom
penfe de la dépense & des avan
ces faites par ces Ecoffois les
mêmes ordres de la Reine Anne
marquoient : Que les Habitans
o
7
ce
96 MERCURE
du Gouvernement d'Orange
dans New-Yorck avecceux de
Manhate & les Sauvages leurs
Alliez ou Amis , s'uniroient
enfemble pour faire un Corps
d'Armée de trois mille hommes , qui iroit tomber fur le
Montreal , & feroit ainfi diverfion des forces des François.
d'arMrle Marquis de Vaudreüil,
Gouverneur general de la Nonvelle-France ne faifoit que
river à Ville-Marie , la feule
Ville quifoitdans l'Ile de Montreal éloignée foixante lieues de
Quebec ,lors qu'il apprit les deffeins
GALANT 97
feins des Anglois nos voisins, il
affembla le Confeil de Guerre
pour déliberer fur les mesures
qu'onavoit à prendre , &on fut
d'avis d'aller au devant des Ennemis & de les prévenir. Mr de
Ramezay Gouverneur de Mont
real fut destiné pour né pour commander
les Troupes ou Milices defon Gouvernement , &l'on convint d'y
joindre les Sauvages Iroquois
Algonkins , Abnakis , les autres qui font dans le voisinage.
Tout eftant preft ne vous attendez point icy , Monfieur , à des
Arméesdecent mille hommes comme en Europe , mais à des Partis
Février 1710. I
98 MERCURE.
pluteft qu'à des Armées , proportionnez aux Habitans de ces Regions froides ) la petite Armée , ou
le Partifi vous l'aimez mieux ,
commença à fe mettre en marche
vers le 15. deFuillet, & elle fe
* trouva cftre de treize àquatorze
cens hommes ; compofée des Habitans du Gouvernement de lIfle
de Montreal & de Sauvages de
plufieurs Nations. Onfut juf
qu'au c Lac Champlain , ainfi
eCe Lac s'etend depuis le 44. environ,
jufqu'au 45. degré de latitude Septentrionale. On en diftingue deux à
fes extremitez ; c'eft-à dire au Nord
& au Sud, le Lac de S. François au
Nord, & le Lac, dit du S. Sacrement,
au Sud.
QUA
LYON
GALANT 99
DE
appellé d'un ancien Gour
de Canada de ce nom ; Mrle
Marquis de Vaudreuil qui eft
fage & tres vigilantfaifoit pendantce temps- la fortifier de nouveau Quebec & Ville Marie ,
vulgairement dite Montreal ,
l'Habitation la plus importante
de l'Ifle de ce nom. Les Forts des
environs de l'Ile de Montrealfurent vifitez &reparez où ilfalloit on s'attacha beaucoup à d
celuy de Mrle Baron de Longüeil
Major de Montreal qui eft de
d Le Fort de Longueil eft à peu prés au
Sud de l'Ile de Montreal, fur le bord
du Fleuve S. Laurent.
I ij
100 MERCURE
pierre & un desplus confiderables
dela Colonie; celuy de la Prairie,
dité de la Madeleine , au Sudde
de l'Ifle de Montrealfut auffifortifié de nouveau en même temps
que celuy de e Chambly qui eftoit
Le plus expofe aux infultes de
l'Ennemi ; on en conftruifit un de
pierres à Lorette , Miffionfauvage au Nord de Ville -Marie ,
gouvernée par Mrsde S. Sulpice.
Les Découvreurs marchant devant noftre Arméejufques à trois
ou quatre licuës , rencontrerent un
eCe Fott cft au Nord du Lac Champlain , & à environ dix lieues de la
Rivierb de S. Laurent.
GALANT 101
Parti ennemi au lieu dit la Poinre , fà la chevelure de cent vingt
hommes ou environ ; Mr de Ra
mezay le Commandantfut auſſitoft averti , ilfit rangerfes gens en
ordrede Bataille le fignal donné,
on marcha droit aux Anglois , les
noftres donnerent avec vigueurfur
l'Ennemi en tuerent on firent
Prifonniers une bonne partie
mirent le refte en fuite ; quatre
de nos Sauvages qui s'eftoient un
f Ce lieu est éloigné de Quebec d'environ 6o. lieuës , & il n'eft aing nommé qu'à l'occafion de quelques chevelares levées par des Sauvages; mes
Lettres vous ont déja dit comment
cela fe faifoit.
I iij
102 MERCURE
25.
peu trop avancez ,yfurent tuez.
Les Prifonniers nous apprirent que
les Anglois s'eftoient retranchez à
lieues en deça d'Orange , le
long d'une petite riviere , appellée
la Riviere au Chicot , g qu'ils
faifoient conftruire en cet endroit
de grands Batteaux & des Pirogues &un bon nombre de Canots pour venir ravager le Canada, à lafaveur de la Riviere de
Saint Laurent , dans laquelle ils
feroient entrez par le moyen du
Lac Champlain les Anglois
g
s
Du cofté du Lac du S. Sacrement &
vers l'entrie du Lac Champlain, dans
le voisinage de la Nouvelle- Angleterre & de New-Yorck.
GALANT 103.
avoient en effet élevé trois Forts
avec de gros & grands pieux de
bois de cedre blanc qui eft commun
dans l'Amerique Septentrionale,
dans l'un defquels on diſoit qu'ily
avoit fix ou buitpieces de canon ,
des bombes , quantitédegrenades ,
environ quinze ou dix - huit
cens hommespour les garder.
Sur le rapport de ces Prifonniers Anglois , Mr de Ramezay
affembla tous les Officiers de fa
petite Armée, le Confeil trouvantque ceferoit , cefemble , une
temerité quede s'expofer en avançant contre des Ennemis & plus
nombreux, avec cela tres - bien
I iiij)
104 MERCURE
retranchez , on prit le parti de les
attendre de pied ferme , s'ils en
vouloient venir aux mains ; cer
pendant les Efpions des Anglois
ayant rapporté àleur Camp que
noftre Armée eftoitformidable
que le Lac Champlain eftoit tout
couvert de canots , l'allarme fe mit
parmi eux , & aucun des- leurs
neparoiffant , aprésplufieursjours
d'attente , le Chefdu Parti Canadien confiderant que la recolte
dans l'Ile de Montreal & aux
contrées adjacentespreffait, &mêmé qu'elle eftoit déja commencées
renvoya la Milice & les Habitans de Montreal & des Coftes
+
GALANT 105
cela n'empêchapoint qu'on ne laiffaft des Découvreurs aux environs du Pofte que l'on quittoit ,
c'eft à dire vers les Lacs S. François , de Champlain & du S. Sacrement , celuy - cy cftant le plus.
proche des Ennemis , pour avertir
de tout en cas de befoin. La moiffonfefit pendant ce temps- là &a
efté abondante , non-feulement en
blé , mais encore en legumes & en
fruits tels qu'on les peut conferver
en Canada.
On ramaffoittranquilement les
biens que le Ciel nous avoit don
nez de fa main toute liberale , lors
que vers le 15.du mois de Septem-
106 MERCURE
bre tout à coup un Sauvage qui
avoitdefertédu Camp des ennemis».
vintdire au Montreal queles En
nemis eftoient enmarche du cofté du
LacChamplain. MrdeRamezay
envoya en diligence ce Sauvage à
Mr le Marquis de Vaudreuil
qui eftoit defcendu à Quebecpour .
j bien recevoir les Ennemis , qui
felon le bruit qui couroit, prétendoient l'affieger avec des forces
nombreuſes &par mer &parterre. Les Officiers s'eftant affemblez
chez Mrle Gouverneur general ,
onconclutque le Montrealfe trouvant endanger, ilfalloit lefecou
courir, les Découvreurs que Mr
GALANY 107.
deVaudreuilavoit envoyez àplus
de foixante lieuës au - deffous de
Quebec , ne voyant rien fur le
Fleuve nyfur les Coftes ; l'ordre
ayant donc efté donnépour monter
le Fleuve de S. Laurent , il fe
trouva mille hommes du Gouver
ment de Quebec , preſts à marchers
Mr le Marquis deVaudreuil General de toute la Colonie , fe mit
à la tefte & fut droit au Fort
Chambly, vers l'entrée du Lac
Champlain tous les Sauvages
d'enbas premierement ceux des
environs de Quebec & des trois
Rivieres , fejoignirent à la Milice de la Cpitaledu Canada. Ace
108 MERCURE
Corps de Troupes fe joignit celuy
du Gouverneur de Montreal Mr
de Ramezay , ce qui forma une
Armée d'environ trois mille hom
mes. Le lieu du Campfut affigné
auLac & Fort de Chambly affez
prés du LacS. François quife communique à celuy de Champlain
mais comme aprés trois semaines
ou environ , l'Ennemi ne faifoir
aucun mouvement , on commença
à fe défier du Sauvage deferteur
de fon rapport: ce futen cette
fituation que Mr le Gouverneur
general reçut avis de Quebec , au
commencement d'Octobre , que la
Bellone Fregatte Françoise venois
GALANT 109
"de mouiller devant cette Ville , &
que l'Efcadre Ecoffoife deftinée
pourfaire le Siege de la Capitale
du Canada & favorifer l'attaque
des Anglois par en haut , c'est- àdire du cofté de Montreal , avoit
eu ordre de la Reine Anne de faire
voile vers le Portugal , à caufe
que MrleMarquis de Bay Commandant en Eftramadoure pour
PhilippeV. Roy d'Espagne, avoit
battue défait les Portugais &
les Anglois leurs Alliez. Mr le
General les Officiers de l'Armée Canadiennejugeantdoncqu'il
n'y avoit plus rien à craindre , la
faifon d'ailleurs eftant fort avan
براج
110 MERCURE
cée , on congedia la plupart des
Troupes. Neanmoins MrdeVaudreüil permit à Mr de Montigny
Capitaine tres-brave defaperfonne , que vous avez pu voir à la
Courily a quelques années , accompagné d'un ChefdesSauvages de la nation des Abnakis , de
fe mettre à la tefte d'un petit Parti, compofé de Canadiens experimentez &de Sauvages aguèrris,
pour tacher defaire quelques Prifonniers. Quelques- uns de ce petit
Parti , s'avancerent fi prés des
Forts des Anglois , qu'ils en fçûrent aisément & le nombre
forme. Fuſques à prefent , nous
la
*
GALANT III
n'avons perdu aucun des noftres ,
fice n'eft quatre Sauvages qui s'étoient engagez trop avant , dans
-le combat fous Mrde Ramezay.
Les Ennemis, fi on en croit un
Anglois amené depuis peu par un
Sauvage Abnaki , appellé Carnaret , efperent executer l'année
prochaine ce qu'ils n'ont pas fait
・
celle-cy.
La conclufion de toute la manœuvre des Anglois nos voisins &
de tout ce qu'avoit projetté leur
Reine , eft qu'il leur en coûte environfix millionspour le tout. On
compte cinq millions cinq ou fix
recent mille livres pour la Flotte
112 MERCURE
d'Ecoffe , fur lefquels cinq mil
lions , la Reine avoit fourni la
fomme de cinq ou fix cens mille
Livres , pour encourager les Ecoffois à fe rendre maiftres de toute
la Nouvelle- France , &environ
un million , tant au Baftonnois
qu'à ceuxde la Ménade on Manhate e d'Orange à qui la Reine
Anne donnoit en recompenfe tout
le Pays de Canada qui eft depuis
l'Ile de Montreal jufqu'à Quebec.
Lefuccés n'ayant point répondu à l'atente des Peuples de la
Nouvelle- Angleterre , de NewYork , & autres Pays fujets àla
CALANT 113
Reine Anne en Amerique , fur
lefquels on avoit levé de rudes
impôts & tiré d'exceffives contributions , ils commencent déja à
temoigner hautement leur mécontentementfur tout contre Pitref
culle , Major d'Orange , le principalboute-feu de la Guerre alumée contre nous qui jufqu'à .
prefent les à leurré de vaines
promeffes , leur faifant entendre
qu'il attireroit dans le parti de
l'Angleterre toutes les Nations
Iroquoifes par de magnifiques &
de riches prefens ; fur de fi belles
paroles les Habitans d'Orange,
d'Efope , & de Corlard , abanFévrier 1710.
K
114 MERCURE
#
donent leurs habitations &leurs
biens , courent aux armes.
Ceux de Manhate qui eft da
principale Place de la NouvelleYork , avec leur Gouverneur fe
·laiffent auffi éblouir par les difcours qu'on a foinde femer parmy.
eux , les Habitans de Bafton les
entrainent comme , malgré eux
dans cet expedition ; ils fe mettent
en marche , charient quantité
de provifions de bouche , bâtiffent
des Forts , pour leur fervir de
refuge en cas de défavantage , ils
fontde grandes dépenfes pour des
Convoys & des Munitons prodigieufes en Bombes , Canons ,
GALANT
Grenades , Pierriers . Toutes
ces démarches fembloient devoir
porter la terrear non feulement à
ta nouvelle France ; mais encore à
toute l'Amerique Septentrionalle ,
attirer tous les Sauvages dans
leur parti , neanmoins les Iroquois les plus aguerris d'entr'eux
nebranlentpoint , & les Sonontboüans demeurent neutres. Les
François loin de craindre les Anglois , vont au - devant d'eux ,
battent un de leur parti , font des
Prifonniers & les provoquent
de nouveau au Combat fans que
ces mêmes François ayant perdu
ancun des leurs. Tout nouvelleKij
116 MERCURE
ment nous venons de leur prendre
un Lieutenant qu'on a amené icy
Prifonnier. Une Flutte GardeCôtede Baftonavoit eſtépriſe par
nos gens avec buit Barques chargées de munitions qui alloient audevant de la Flote d'Ecoffe , qui
avoit ordre de la Reine Anne de
Se rendre maistre du Canada.
Ajoutez à cela tous nos petits
partis , difperfez çà , & là, qui
nous ont aporté plufieurs cheve
lures d'Anglois , ce qui a furieufement inquieté nos Ennemis
comptant laplupartdes Sauvages
dans leur parti,
pran
Nous avons vu icy au mois
GALANT 117
de Juillet un Phénomene qui a
fait parler diferemment bien des
fortes de ge
moyenne région de l'Air & avoit
à peu prés le difque apparent de
la Lune. Il yen eut à qui ilne
Sembla eftre qu'à la hauteur des
Arbres àdeuxcents pas d'eux,
tout Montreal l'a vu auffi- bien
que Quebec. Comme tout eft extrême en ce Pays- cy, & quepar
opofition au grandfroid , ilyfait
une chaleur exceffive en Esté
cette exhalaifon s'eft aparamment
formée d'une matiere déja toute
prefte:mais laiffons à Meffieurs
les Philofophes deviner ces effets
gens. Il parut dans la
118 MERCURE
de la nature , racontons quel
que chose qui vous touchera
peut- êtredavantage.
Les Iroquois quoyque battus
deux ou troisfois parles Outaouacs
depuis la Paix , n'ont pas encore remué , quoyque dans l'ame ,
ils ayent , à ce que quelques gens
croyent , bien envie defe vanger.
Les Aniés une des cinq Nations ,
la bonne amie des Anglois la
plus voifine de New York
incitez par nos Ennemis ,fe font
hazardez de venir , par une
lâchefurprife , lever la chevelure
à trois on quatre de nos Iroquois,
du Sant Saint Louis , à une lieuë
GALANT 119
&demie du Montreal,
Nous ménageons les Sauvages & ce n'eft pas peu de les
conferver dans la neutralité
contre lesfollicitations importunes
tres artificieufes de PeterSchuyler , vulgairement appellé
Pitre-Schulle , Major d'Elbanie où Orange en New York, fin
Renard , quipar des prefens réïterez e des difcours adroits
tâche de les metre ( au moins quelques Nations ) dans le parti des
Anglois. Mr de Jonquiere
réuffi merveilleufement auprés des
Sononthouans des Goyogouens
durant plufieurs années qu'il
120 MERCURE
efté auprés d'eux , pour les tenir
affectionnez à la Colonie , ce qui
luy a fait effuyer bien des fatigues. Mr le Baron de Longüeil
Major de Montreal , cheri de
pere en fils de ces Nations , eft allé
chez eux en Ambaffade pour Ne
gotier au moins une neutralité qui
foit ferme & pour les tenir en
refpect. La Nation des Sononthoüans femble être toute entiere.
pournous , & celle des Goyogoüins
enpartie ; ceux - cy quoyque gouvernezpar les premiers , je veux
dire par les Sononthoüans , une
des cinq Nations laplus nombreuSe,font partagez ce qu'ily a
de
GALANT 121
les
de remarquable c'est que les Iro
quois appellent les François ( en
la perfonne de leur Gouverneur
General ) leur Pere , & que
Anglois ne font confiderez chez
eux (fi peut-être on n'en excepte
les Aniez qui depuis du temps
paroiffent leurs grands amis ) que
comme leur Frere.
Voicy les morts les plus confiderables dans la Colonie , de cette
année. Mrle Marquis de Chryfaphi Gouverneur de la Ville des
Trois Rivieres , je ne vous apren
dray point icy , comme une chofe
nouvelle que cette Place eft égale
ment éloignée de Quebec , & de
Février 1710. L
122 MERCURE
Montreal , c'est ce que vous avez
pú connoître par mes precedentes
auffi-bien que beaucoup d'autres
éclairciffemens ou explications
que je ne repeteray pas dans cette
Lettre- ci, depeurde vous ennuyer.
Nous avons auffiperdu Mr de
Linetot MajordesTrois Rivieres.
Mrde Lorimier Capitaine. Mr
de Lor Biniere Doyen des Confeillers du Confeil Souverain de
Quebec un Chanoine de la
Cathedrale , ( Mr Petit ) jou
bliois le Pere ChauffetierJefuite ,
ce bon Pere-ci prétendoit il y a
quelques années avoir trouvé
le fecret de faire du pain avec
د
*
GALANT 123
certaine racine , qui auroit pû
fupléer au pain ordinaire dans un
befoin.
Je finis ma Lettre , que vous
recevez par la Bellone , petite
Fregate defeize Canons , en vous
marquant les perfonnes les plus
confiderables quipaffent en France dans ce Vaiffeau. Me la
Marquife de Vaudreuil femme
de Mrle Gouverneur General ,
s'y embarqua avec Me du Mefnil femme du Major des Troupes
de la Colonie. Mrle Vallet Chanoine de cette Ville & Secretaire
de Monfeigneurde Saint Vallier
noftre Evêque , Mr le Vaſſeur
Lij
124 MERCURE
Ingenieur envoyépar le Roy , c.
C'est avec les mêmes fentimens d'eftime & de wespect que
j'auray toujours pour vous , que
je fuis tres-parfaitement.
·
MONSIEUR,
Voftre tres- humble tresobéiffant ferviteur,
N.D.D
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Résumé : A Quebec le 12e. Novembre 1709.
En novembre 1709, une lettre décrit divers événements survenus au Canada. L'hiver 1708-1709 a été particulièrement rigoureux, avec des températures extrêmement basses et une épaisse couche de neige. Malgré ces conditions, la colonie a produit de bons fruits et la neige a fertilisé les terres. La lettre relate également des victoires militaires françaises. Les Français ont pris le Fort Saint-Jean à Terre-Neuve, dirigé par le sieur de la Ronde, causant des pertes financières significatives aux Anglais. Une autre expédition française a attaqué un fort anglais dans la baie d'Hudson. Les Anglais préparaient une grande offensive pour s'emparer des gouvernements de la colonie française, mais les Français ont renforcé leurs positions et organisé des patrouilles. Une confrontation à la Pointe à la Chevelure a vu la victoire des Français, qui ont capturé des prisonniers révélant les plans anglais de construire des bateaux pour envahir le Canada. Sur le plan militaire, les officiers français, sous le commandement de Monsieur de Ramezay, ont décidé de ne pas avancer contre les ennemis plus nombreux et bien retranchés, préférant les attendre. Les espions anglais ont rapporté que l'armée française était formidable, provoquant une alarme parmi les Anglais. Monsieur de Vaudreuil, gouverneur général, a rassemblé une armée de trois mille hommes près du lac Champlain. Après trois semaines sans mouvement ennemi, les Français ont appris que la flotte écossaise destinée à attaquer Québec avait été redirigée vers le Portugal. Les Français ont alors congédié la plupart des troupes. Monsieur de Montigny a mené une petite expédition contre les prisonniers anglais. Malgré leurs efforts et dépenses, les Anglais n'ont pas réussi à attirer les nations iroquoises dans leur camp. Les Français ont capturé des prisonniers et des munitions, et les Iroquois sont restés neutres. Le texte mentionne également des phénomènes naturels et des décès notables dans la colonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1-50
A Québec le 31. Octobre 1710.
Début :
MONSIEUR, Voici une suite non interrompuë des Nouvelles que j'ay [...]
Mots clefs :
Canada, Montréal, Sauvages, Québec, New York, Angleterre, Général, Officiers, Gouverneur
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texteReconnaissance textuelle : A Québec le 31. Octobre 1710.
A Qjtêbec le 31. Octobre
1710.
MONSIEUR,
Voici une suite non interrompue
des Nouvelles
que j'ai coustume de vous
donnerchaqueannée dece
qui s'ell: passé de plus nlé.
morable en Canada.
1
Le desseinque les Anglois
avaient eu l'année
derniere d'envahir la Colonie
ayant avorté, & s'es-
"- tant vûs eux-mêmes les
Artisans de leur propre défaite
& de leur ruine ,en
brûlant les Forts - qu'ils
avoient construits à grands
frais aux environs des lacs
dua Saint Sacrement & de
a Lacs de l'Amérique Septentrionale
entre la Nouvelle Angleterre &'
la Nouvelle France vers les 43. & les
45. Dégrez delatitude du Nord
,
(elon
les plusexafl.:.:s observations.
Champlain; &qui plusest
tous leurs Bateaux, b Pirogués,
Chaloupes, & bon
nombre de Canots de toutes
grandeurs ayant esté
brisés de leurs propres
mains,& toutes leurs munitions
de guerre & de
bouche jettées ça & là
,
difsipées
par leur ordre,ils ont
trouvé dans leur patrie l'imaged'une
mort aussi tristequecellede
l'epée, dont
ils menaçoient les habitans
AbrbPreectirtesuPsiem,feonrtstfeaniutssadge'usunrl~ed
fleuvedeMissisipi
dela Nouvelle France depuis
quatre ou cinq ans.
Les Anglois,dis je, ont
trouvéà leur retour dans
leur pays, la contagion répanduë
dans presque toutes
les famillesde la Nouvelle
Angleterre & de la
Nouvelle Yorck
,
funeste
fuite d'uneexpédition an1-
bitieuse, tentée sur nous &
non executée,restemalheureux
de tant d'inutiles
travaux, fruits des dépenses
immenses que nos Ennemis
ont faites» qui en
achevant de diminuer le
nombre des habitants ,
leur a ôté le moyen de nous
faire la guerre, en lesépuisant
d'argent qui en est le
nerf& prerque tout le soutien.
La crainte de l'Ennemi
étant éloignée vers lafin
de 1709. par le bon ordre
que mit par tout Mr le
Marquis de Vaudreüll
, Gouverneur general de Canada,
on envoya en qualitéd'Ambassadeur
chez les
Iroquois, Mr le Baron de
Longuëil
,
Chevalier de
l'Ordre Militaire de saint
Loüis.Comme cet Officieir
a le coeur des Sauvages ,
l'affection étant passée du
pere au c fils
,
le choix
qu'en a fait Mr le General
a esté tres-judicieux &
vousen jugerez vous-même
,
Mr,lorsqueje vous
assureray que Mr de Longuëil
a la cabane chez ces
Peuples du Nord c'est-àdire
sa Maisonà l'Iroquoise
y
qui luy est conservée
avec autant de respect que
c M. le Moine, pere de M. de
Longuëil, étoit appelle par les Iroç
quois à KrÚÚfliln
,
c'est-à-dire la
Perdrix.
les Palais où logentord inairement
les Ambassadeurs
en Europe.
Mr de la Chauvinerie
accompagnaMr le Moyne
de Longuëil ;
il entend
parfaitement la Langue
Iroquoise. LeCalumet de
Paix, qui est une grande
Pipe garnie de longues plumes
vertes, rouges, bleuës,
grises, &c. Fut arboré à nos
Canots, en arrivant chez
les cinq Nations: les principaux
chefs des Iroquois
enfirent autant; la joye se
répanditaussi-tôt par tout,
& l'AmbassadeurFrançois
futconduit à sa cabane au
bruit des chansons des jeur
nes guerriers; la foule l'empeschoit
de passer. Aprés
les repas ordinaires & les
danses entremeslées selon
l'usage de ces Sauvages
Ameriquains,leCalumet
de paix fut plantéau milieu
d'un grand cercleformé
par les Vieillards ôc les
plus considerez d'entre ces
chefs des Nations Iroquoises.
L'Officier Canadien
leur fit une courte harangue,&
leur exposa les raisons
qu'avoit Onnonito,
c'est-à-dire le Gouverneur
general des, François, de
l'envoyer chez eux. Celuy
des Iroquoisqui porroit la
parole pour les Nations, y
fit la réponsequevoicy à
peu prés. Que veritablement
les Anglois les avoient
engagez par de magnifiques
& de tics-riches
presens à se retirer au près
d'eux : qu'ils leur avoient
donné la Hache, ( stile sauvage
, cela veut dire qu'ils
leur avoient fourni des armes,)
mais qu'ilsn'avoient
jamais eu le dessein de la
décharger sur les François:
qu'ilsn'avoient eu d'autre
vue en toutes ces démarches,
quoyque tres-desavantageuses
en apparence
aux François
, que d'estre
spectateurs des coups qui
se donneroient de part &
d'autre, sans prendre d'autre
parti: que d'ailleurs ils
étoient tres-resolus de ne
rompre jamais le celebre
Traité fait avec feu Onnontio
Mr le Chevalier de
Callieres d leur pere en
duGouverneur General de la Nou1701.
entre treizeNations :
Que l'arbre e de Li Paix
étoit encore tout verd
,
6c
qu'ils n'y donneroient aucun
coup de hache: que
pour montrer la sincerité
de leurs intentions ils étoient
prests de choisirplusieurs
d'entre leurs chefs
pourenassurerOnnontio,
le grand General des François,
&: c'etf ce que ces Nations
sauvagesont executé
quelquetems après. Il faut
velleFrance, & frere du Plenipotentiaire
pour la Paix de R i(V ick.
e Stilefiguré très-usité chez Ici-
Sauvages du Nord.
avoüer, Monsieur, que le
sieur de Junquieres quidepuis
plusieurs annéess'acquitte
avec beaucoup de
soin de sa negociation auprés
des Iroquois, a beaucou
p contribué à nous gagner
ces Peuples sauvages
& guerriers, par son habileté
à manier des esprits
aussi difficiles que le sont
ceux-là.
Le trouble qu'avoient
cause ces grands préparatifs
de nos Ennemis voisins,
pour nous soumettre
à leur domination étant
âppaisé ôc les Iroquois
qu'ils avoient gagné autant
par menaces que par promesles
& encore davantage
par des effets, je veux
dire par de larges presens,
étant venus chanter la palinodie
, & reconnoître en
presenced'Onnontio qu'ils
s'étoient trop avancez en
écoutant les propoeitiens
de l'Anglois nostre Ennemi,
nous avons joui d'une
tranquillité charmante cette
année 1710mais comme
dans lapaix il faut sedéfier
d'un voisin jaloux
,
ambitieux
& inquiet ,Mr le
Marquis de Vaudrciiil,ciî,
homme habile,avoit en- fj voyeaucommencement
de la mesme année, dans
la nouvelle Anglecerre,
deux Officiers,Meilleurs
Dupuy & de la Periere ;
avec quelques Canadiensatercesy
qui en menageant
la liberté de quelques prisonniers
faitsde, part &
d'autre, apprendroient par
eux-mesmsl'étatdes ColoniesAngloises
ôc leurs
divers mouvements. Je
trouve, Monsïeur, quenostre
General a fait comme
dit le Proverbe) d'une pierre
deux coups, car par cet
te espece, d'ambassade il
içu au retour de ces Officiers
aucommencement
d'Avril bien des choies
dont il n'étoit point assùré.
parfaitement; au reste il
faut rendre icy le mente à
quiil appartient, & dire à
la louange des Anglois
qu'ils ont receu avec toute
forte d'honneur nos Envoyezy&
qu'ils n'ont point
seint d'avouer que l'alarme
avoit été chez eux en J702.
jusqu'aun pointqu'il éUJ
difficile d'exprimer [ur
bruit de la marche c
François resolus de les
taquer par tout où ils
rencontreraient
, & c'
dans letems mesme qui
estoient renfermez dz
leurs Forts du collé du D
Champlain. Cette terr*
répanditsi universel
ment danstoute laNo
velle York, que lèsfaà*
tants de la villed'Oran
vuderent avec beauco
f Ville de la Nouvelle Yorkq
appelleaussiAlbany.
- d'empressemt
dempressement leurs magazins
,
& transporterent
leurs effets a Manhate, qui
est le lieu de la residence
des Gouverneursde Ne$r-
.york,& s'appelle vulgairement
la Menade. Le*
fleurs Dupuy ôc Boucher
de la Periere ramenèrent
de ce Pays-là entr'autres
prisonniers échange
,
le
Pere de Mareuil, Jesuite
Missionnaire chez , les Sauvages
de laNation des On-
, montagues. Ce bon Pere
s'écoitréfugié chez les Flamands
deNew-York pour
éviter la fureur des Iroquoisquile
menaçoientdé
luy faire un mauvais quartier,
justement dans letems
que les Anglois employoient
le verd & le sec
pour attirer ces-Sauvages
dans leur parti contre nouy.
La garnison du Détroit
poste dontje vous aytant
parlé dans mespremieres
Lettres, efl défendue-au
mois de May en l'ille de
Montréal
,
fans- doute, par
g Fort environnéde quelques habitations
firué entre le lac Eric&kc
lac dcs Huronsau43e. degic d:luti-»
tude Septentrionale. 4'"'•*
ordre de la Cour. Mr de la
Mothe qui en est Gouverneur
y est resté avec les
Canadiens établis en cet
endroit: mais cet Officier
ayant esténommé par Sa
Majesté, Gouverneur de la
Louiliane autrement dite
leMissisipi il n'y demeurera
pas longtems.Mr de la
Forest:
,
Capitaine, est allé
le relever pour leDétroit
De plus de trente partis
que nous avons formez
,
tant de Canadiens h que de
hLesCanadiens font les Ff.mcoM
Sauvages
, pour tenir en
respect les Colonies Anglosses
)
il n'yena. paseu
un seul qui ne se foie
distingué par quelques ex.
ploits les uns en amenant
bonnombre de prisonniers,
& les autres en apportant
des chevelures:
ceuxcy regardent les Sauvvaaggeess,,
qquuiiaapprreèss aavvooiirr renverse
leurs Ennemis avec
la massue les fléchés où le
fusil, leurincitent la peau
dufront, & tout autourde
rez en Canada, il faut direCanada
&nonpis Canadois.
latête,puis leur levent la
chevelure, & la portent
au bout de leur arc ou de
leur fusil,&lorsqu'ilsfont
arrivez a leur cabane, les
arborent à l'entrée en maniere
de trophée & de dépouille
de l'Ennemy ; les
Anglois se font donc vus
réduits aux abois & exposez
à mourir de faim. Les
Sauvages nos alliez lesempeschent
( a la maniéré des
chiens couchans) de sortir
de leurs habitations, les
gardant à vûë, cela allait
si loin qu'à peine osoientils
sortir de ces cabanes, Se
pour les besoins les plus
pressants. ? 6-
-
Quinze denos Sauvages
s'étant mis en embuscade
dans un liois ont défait dixhuitAngloisarmezjusques?
aux dents & sur leurs gar-:,
des. Ces Anglois étoient
commandez par un Colonel
qui a été tué dans le
combat avec plusieurs des
fiens le reste fut mis en
fuire. :Voicy un fait assezsingulier
au sujet d'un parti
de Sauvages nos alliez.
DeuxAlgonKins de la Mission
de Lorette - establis
dans l'IsledeMontréal
sous, la conduite de i\'lef.
sieurs dé S. Sulpice,attaquent
deux Cavaliers du
côté de la Nouvelle Angleterre
, eux n'étant qu'à
pied à leur ordinaire,&en
prennent un. Voilà, Monssiieeuurr,
conlnle vous vovez,
, comme voyez,
ce qu'on peut appeller la
petite guerre. Les Sauvages
du Nord. del'Amerique,
ainsi que les chasseurs vont
à la poursuite des animaux,
cherchent les hommes
comme du gibier qui leur
convient. L'Anglois pris,
ils le lient & se mettent en
devoir de l'amener, la compassion
des deux Sauvages,
ne l'avoit fait lier quetrèslegerement
;les deux Sauvages
fatiguez s'arrestent
en chemin pour prendre
quelque repos ,
l'Anglais
les croyant fort endormis
& dans le premier sommeil
qui d'ordinaireest le plus
profond,se délie & court
se saisir d'une hache qui
appartenoit à ses vainqueurs,
mais non si adroitement
tement que l'un des Algonkins
ne s'en apperçust: celuy-
cyfrappédu desseindu
Prisonniercommun, éveille
son camarade: alors le
pauvre Anglois se voyant
découvert, met son fàluc
dans la suite; la circonstance
du temps luy estoit
favorable,à cause de la
nuit: cependant les deux
Sauvages le. suivent à la
blancheur de sa chemise
>,
car il estoit nud, ôc ne
pouvantl'ateindre de prés,
ils l'attraperent de loin,en
luy laschant un grand
coup de fusil qui arrefta,
ftouut, cyourtalerptris.onnier Le Printemps & l'Esté
de l'année où nous femmes
, ayant presque esté
sans pluye
,
la secheresse
s'est trouvée si excessive
que lesoiseauxqui dans ces
saisons seretirent pour l'ordinaire
dans les bois, ont
eâc obligez d'en sortir
pour trouverdequoy boire
&c mander sur les bords du '!
fleuve S. Laurent. On estime
icy que ce manque de
pluye & cette chaleur estonnante
nous oru: procure
une multitude infinie de
Tourtes,espèces de Ramiers
ou de Bisets qui ont
desolez une partie des bleds
&mesme les legumes
, comme pois, feves, &c.
en beaucoup d'endroits:
-mais de peur que ces animaux
ne nous mangeassent
davantage, nous les avens
mangé eux-mesmes par la
chasse que nous leur avons
donnée à grands coups de
fusil.,
Les Ours ces animaux si
feroces ont quitté leurs
trous,ôc se sont jettez sur
lesterres ensemencées;ils
ont porté leur audacejusqu'à
s'approcher des habitations
à
& on en voyoit
souvent à la pointe del'Isle
de Montréal qui est du côté
que l'on appelle la Chine.
Au mois d'Aoust quelques
Sauvages des nôtres
venant de la ville d'Orange
en New-YorK nous ont appris
qu'une flotte de la
vieille ! i Angleterre avoit
paru sur les costes de cette >?
i Vieille par rapport à la Nouvelle
tpidl: nostrevoisine.
contrée, ôc y amenoit un
nouveau Gouverneur:c'est
si je ne me trompe ,
le Colonel
Hunter
,
qui a esté
choisi par la Princesse Anne
pour succeder à Mylord
Lorelace mortGouverneur
de la Nouvelle York. Les
mesmes Sauvages ont rapportéque
Peter Schuiler
vulgairement pitre Schul-,
le ,Major d'Orange étoit
arrivéavec ces Sauvages
que les Gazettes de Roterdam
nous marquent avoir
esté traitez de Rois à Londres,
Ôc ce ne sont que trois
miserables Iroquois dela
Nation des Aniez que le
pauvre Pitre Schulleavoir
traisné avec luy, pourjetter
de la poudre aux yeux
& prelenter du brillant à
la Cour d'Angleterre parune
ambassade de trois
gueux venus de loin.
Des Lettres que l'on a
reçues de la même Colonie
, nous ont encore appris
que cinq cents familles
duPalatinat ont passé d'Europe
en Amérique, & sont
venus habiter le Pays des
Aniez
, une des cinq Nations
Iroquoisesfortamie
des Anglois. Ce sont ces
Palatins si souvent répétez
dans les nouvellespubliques
y
passez avec tant de
frais en Hollande, puis en
Angleterre, & delà dans
les Colonies Angloises de
IJAInerique septentrional.
Voilà du gibier pour les
Sauvagesytk il y a beir de
croire,Monsieur, ques'il
y a guerre entre les Iroquois
nos alliez, & ceux
qui peuvent estre gagnez
par les Anglois, ces bonnes
gens, qui ont fait tant
de chemin, courrontgrand
risquedese repentir bien
des fois,&de dire eneuxmesmes.
, que sommesnGous
veanuslfaeire dransecet.te
Le 8. de. Septembre dernier
nous avons eulajoye
de voir moüiller dans la
belle rade de Quebeç
,
le
Vaisseaudu Roy,l'Afriquain,
commandé par Mi
deMarigny.Ce Bastiment
est percé pour cinquante
canons. -.
-
Phenomene pour Messieurs
les Philosophes. Le
16, de Septembre de lapresente
année
,
sur les huit
heures du matin, il y Cà
un.tremblement & une secousse
deterredans l'Isle de
MonrreaI.Comme lemouvve&
mmenetnnienefruuttppoominttlolonngg,,
car il ne dura tout au plus
qu'un demi quart d'heure,
on serassura. Noussommes
icy assez sujets à ces
fortes de tremblements,
Le sieur Guyon Phlibustier
,amena le
10. de ce
moiscy devant Quebec
unepriseAngloise chargée,
deSel, de Moruë 5c d'Huile.
Cet Armateur rapports
qu'il avoir vu dix ou douze
gros vaisseaux Anglois
&trois Galiotes à bombes,
approcher des codes de
l'Acadie. Mr le Marquis
de Vaudreüil,nostre General
,
avoit envoyé des
Officiers & des Troupes des
renfort à Mr de Subercasse
Gouverneur dePort-Royal
& deFAcjdie.
Mr le Duc, cy-devant
Avocat au Parlement des
Paris & envoyéde France
pourremplir dans leConteil.
fouveraiii de Quebec
la Charge de Procureur
General, yest mort huit
rjours après son arrivée.
prépatoitàcequ'onm'a
dit une fort belle haran-
:j,gue,Quoyque la pluyeait
manque cette année crc
partie pour les biens de la
-
terre , nous avonscep ri-
;- dant fait une recolté Cft:
toute sortedegrains, & sur
tout en bled. L'année precedente
nous avons tiré, a
ce que l'on prérend, pour
,,
deux cent mil livres d'ar- t gent, du surplus de nos 1
bleds: mais cette année om
en usera autrement pour de)
bonnes raisons.
On vient d'achever unouvrage
dans le liautcaiiida,,
qui fera beaucoup d'honneurà
Mr le General aussibienqu'à
Mrle Chevalier
deBeaucour qui en a donn
le plan, ôc comme cetOfsicier
entend l'architecture
militaire
,
il l'a parfaitement
bien fait executer
C'est un Fort flanqué de
quatre bons Bastions. Il
environcentpieds en quar
ré & ca revestu de pierre
Te tailles dures comme du
marbre, que l'on a trouve
leplus heureusement du
monde dans une carriere
toifine. Ce quiest de merveilleux
,
c'estqu'onn'à
presque point eu besoinde
marteaux pour les mettre
en oeuvre s'eftariî^rèh'co'ni
tr¿es pour la pluparttoutéfc
taillées naturellement Ce
Fort eil: basti dansunlieu
appelleChambly, ;lesmurailles
sont élevées par dessus
le niveau de la campagne
devingt-cinq pieds au -
moffîs.j leur épaisseur est
de six pieds au bas vers les
talu ; elles sont faites de lac
pierre dontj'ay parlé; chaque
Bastion eL1 garni do
trois rangs de J^teriçs;
composées de bons-Canons
&de gros Pierriers'"?
Tout cet exterieur du Forn
couvreentierement les ma
gazins à poud re qui fonjr
bien voutez; les Caves tres
Je Ce sont de petites pieces d'artil
leues communement desa' ,
qui m
poneurras loin
,
mais qui font 1
-gr,in,d- écarts, on s'en sert à jetter do
pierres & des cailloux, desballes si
de la feraille enveloppées dans d'h
cartouches; cette espécede Canon
jtlurge p,tf la culalle avecune boeCGj
spatieuses & très-belles ;
les Boulangeriesfortadroitemen-
t menagé1es
,
&: par
dessus tout cela une Chapelle
d'unfort bon goust
& bien entenduë
;
les logements
dans ce Fort sont
!
si considerables que Mr le
Général, leGouverneur de
Montreal, ôc le Gouverneur
particulier du Fort
avec quarante ou cinquante
Officiers
, pourronty
estre placez à leur aise, sans
comptertrois ou quatre
centsSoldats &: huit cents
en cas d'attaque
, rangez
dans les bastiments le long
des courtines &en dedans,
la place d' rmes demeurant
libre & dégagée, quoyque
tout y aboutisse; en un
mot on ne peut rien de plus
beau & en mesme temps
de plusaiséà deffendre. Ce
Fortestsituéau46° degré
: de latitude Nord, au de[-,.
fous delacataracte formée ;
par les eaux du lac Cham-
-
plain, dans un terrain a.
vantageux&quifedtffend
presquedetous costez. La
chasse & la pesche contribuent
à l'entretien de laj,
garnison ,
garnison,& la riviere qui
fort LortChamplain,conduitau
fleuve S.Laurent,
vis-à-vis les Isles de Richelieu
, d'où l'on peut envoyer
des Canots à Quebec
& à Montreal :. tel est , Monsieur, le nouveau Fort
de Chambly ,qui met à
couvert tout le Gouvernement
de Montreal ,&qui
avec quatre ou cinq cents
hommes de garnison peut
resister à tous les efforts des
Anglois nos voisins ,les
empeschent de passer , èc
les obligent de retourner
chez eux,fussentils venus
jusques-là au nombre de
dix mille.
Mr deBreslay ce zeleM
MissionnairedeSulpice,
dont je vous ay parlé tant
de fois dans mes Lettres,
qui a quité la Cour des
Rois pour gagner des Sau--
vages d'Amerique au fbu--
verain maistre de l'Univers
, a fait construire une;
Fort dans l'isleaux Tourtrès
où est le principallieu
de sa Million, elle est f-1-
tuée entre le lac S. Louis&
le lac des deux montagnes.
Commeil a este autrefois
Ingenieur
, vouspourrez
juger Monsieur,qu'il na.
voit pas besoin de Conseil
pour l'aider; ce Fort est à
un quart de lieuë de celuy
deM. deSenneville quiest
à la pointe de Ile de Montréaldu
costé du lac sains
Louis;c'est: proprement là,
qu'est le bout du Canada.
Lemesme
1
Ecclesiastiquea
commencéune Eglisebastiede
bonnes psierres,dans
la petite Isle dontjeviens
de faire mention Le Roy
abien voulu signaler aspieté
dans ce nouvel establi
sement,& sa bonté envers
Mr de Breslay
, qui a este
un des Gentilliommes de
sa Chambre
, en luy envoyant
des Ornemens pour
son Eglise.
Il ya eu une pronlotion
d'Officiers de Guerre & do
Jullicc: en ce payscy Ministre la faite , cette ani
née par ordre du Roy, en-r
viron deux mois avant l
départ des derniers vaiC)
seaux pour le Canada, Mil
de Galifet cy-devantLieu
tenant de Roy auMontréa
a eilé choisi pour Gouverneur
des trois rivières
Ville également distante,
de Quebec & de Montréal,
à la place de feuMrleMarquis
de Chrysaphi, Mr des
Bergeres en a esté fait Major,
Mr le Baron de Longuëilest
Lieutenant deRoy
de Ville Marie ou Montréal,&:
Mrde la Chasaigne
Major de cette Ville
Mr le Marquis de , Vaudreüil
fils aisné de Mr le
General, a esté fait Capitaine
; Messieurs de la Pipardiere
,deBeaujeu,d'Argenteüil,
le Gardeur
, &c.
ont esté eslevez au mefmr
rang. A l'egard des Officiers
de Justice,Mrde la
Martiniere a esté nomme
Doyen du ConseilSouverain
de Québec,àla place
de feu Mr Chartier deLorbiniere,
dont un des filsa
esté faitConseiller dans 1*
mesmepromotion, &c.
Les plus remarquables
d'entre 1rs passagers qui
fontcetteannée le voyage
de France, sont Mr Raudot
le fils,Intendant confort;
Mr son Pere doit le
sui vre l'année prochaine ,
èc il fera relevé par Mr Bergon,
le filsdufeu Intendant
de R ochofort, homme
tressçavant ôc.des plusintelligens
que nous ayons
eu dans la Marine. Mr le
Fevre Ecclesiastique né en
Canada,qui dans un âge
peu avancé, possede plusieurs
Langues de l'Europe
& a de l'apritude pour toutes
les belles choses
; c'est
le premier Canad ien de
l'Isle de Montréal qui ait
pris le parti de l'Eglise, depuis
que les François en
font les maistres,.. Madame
le Vasseurfemme de
l'Ingénieur de Québec,
mené avec elle ses ensans.
Je ne trouve de considérableentre
les morts , parmi
ceux qui me frapent laS
mémoire, en achevant ma
Lettre, que Mr du Chut,
Capitaine expérimente, de
qui connoissoit à merveille,
leNord du Canada,aussi
bien que les grands lacs,
êc le sieur delaMorandiere
Garde-Magazin du Roy.
Mettons fin à cette Lettre
qui n'est déjà que trop
longue
longue par une petite avanture
que vous trouverez
assez plaisante, quoyque
tirée d'un sujet fort
serieux -, voicy le fait en
deux mots. La femme d'un
Sauvage Chrestien estant
morte, son mary est venu
avertir le Bedeau de l'Eglise
de Montreal de faire
une fosse pour elle; on a
sonné pour 11 personne
morte, ÔC lorsqu'on a esté
prest d'enlever le corps
pour le mettre en terre, le
Sauvage a demande du
temps alléguant pour ses
raisons que sa femme refpiroic
encore; que duresse
il avoit esté bien aise de
faire préparer toutes choses
de son vivant, & sonner
les cloches pour ne la point
faire attendre lorsqu'elle
seroit decedée tout de bon,
voulant luy faire connoistre
en cela la bonne volontéquil
avoit pourelle.
'0 Comme l'Afriquain va
mettre à la voile, & qu'il
n'y a pas de temps à per- ,
dre
, je me trouve obligé
de vous dire que dans cet
endroit je vous fuis
1710.
MONSIEUR,
Voici une suite non interrompue
des Nouvelles
que j'ai coustume de vous
donnerchaqueannée dece
qui s'ell: passé de plus nlé.
morable en Canada.
1
Le desseinque les Anglois
avaient eu l'année
derniere d'envahir la Colonie
ayant avorté, & s'es-
"- tant vûs eux-mêmes les
Artisans de leur propre défaite
& de leur ruine ,en
brûlant les Forts - qu'ils
avoient construits à grands
frais aux environs des lacs
dua Saint Sacrement & de
a Lacs de l'Amérique Septentrionale
entre la Nouvelle Angleterre &'
la Nouvelle France vers les 43. & les
45. Dégrez delatitude du Nord
,
(elon
les plusexafl.:.:s observations.
Champlain; &qui plusest
tous leurs Bateaux, b Pirogués,
Chaloupes, & bon
nombre de Canots de toutes
grandeurs ayant esté
brisés de leurs propres
mains,& toutes leurs munitions
de guerre & de
bouche jettées ça & là
,
difsipées
par leur ordre,ils ont
trouvé dans leur patrie l'imaged'une
mort aussi tristequecellede
l'epée, dont
ils menaçoient les habitans
AbrbPreectirtesuPsiem,feonrtstfeaniutssadge'usunrl~ed
fleuvedeMissisipi
dela Nouvelle France depuis
quatre ou cinq ans.
Les Anglois,dis je, ont
trouvéà leur retour dans
leur pays, la contagion répanduë
dans presque toutes
les famillesde la Nouvelle
Angleterre & de la
Nouvelle Yorck
,
funeste
fuite d'uneexpédition an1-
bitieuse, tentée sur nous &
non executée,restemalheureux
de tant d'inutiles
travaux, fruits des dépenses
immenses que nos Ennemis
ont faites» qui en
achevant de diminuer le
nombre des habitants ,
leur a ôté le moyen de nous
faire la guerre, en lesépuisant
d'argent qui en est le
nerf& prerque tout le soutien.
La crainte de l'Ennemi
étant éloignée vers lafin
de 1709. par le bon ordre
que mit par tout Mr le
Marquis de Vaudreüll
, Gouverneur general de Canada,
on envoya en qualitéd'Ambassadeur
chez les
Iroquois, Mr le Baron de
Longuëil
,
Chevalier de
l'Ordre Militaire de saint
Loüis.Comme cet Officieir
a le coeur des Sauvages ,
l'affection étant passée du
pere au c fils
,
le choix
qu'en a fait Mr le General
a esté tres-judicieux &
vousen jugerez vous-même
,
Mr,lorsqueje vous
assureray que Mr de Longuëil
a la cabane chez ces
Peuples du Nord c'est-àdire
sa Maisonà l'Iroquoise
y
qui luy est conservée
avec autant de respect que
c M. le Moine, pere de M. de
Longuëil, étoit appelle par les Iroç
quois à KrÚÚfliln
,
c'est-à-dire la
Perdrix.
les Palais où logentord inairement
les Ambassadeurs
en Europe.
Mr de la Chauvinerie
accompagnaMr le Moyne
de Longuëil ;
il entend
parfaitement la Langue
Iroquoise. LeCalumet de
Paix, qui est une grande
Pipe garnie de longues plumes
vertes, rouges, bleuës,
grises, &c. Fut arboré à nos
Canots, en arrivant chez
les cinq Nations: les principaux
chefs des Iroquois
enfirent autant; la joye se
répanditaussi-tôt par tout,
& l'AmbassadeurFrançois
futconduit à sa cabane au
bruit des chansons des jeur
nes guerriers; la foule l'empeschoit
de passer. Aprés
les repas ordinaires & les
danses entremeslées selon
l'usage de ces Sauvages
Ameriquains,leCalumet
de paix fut plantéau milieu
d'un grand cercleformé
par les Vieillards ôc les
plus considerez d'entre ces
chefs des Nations Iroquoises.
L'Officier Canadien
leur fit une courte harangue,&
leur exposa les raisons
qu'avoit Onnonito,
c'est-à-dire le Gouverneur
general des, François, de
l'envoyer chez eux. Celuy
des Iroquoisqui porroit la
parole pour les Nations, y
fit la réponsequevoicy à
peu prés. Que veritablement
les Anglois les avoient
engagez par de magnifiques
& de tics-riches
presens à se retirer au près
d'eux : qu'ils leur avoient
donné la Hache, ( stile sauvage
, cela veut dire qu'ils
leur avoient fourni des armes,)
mais qu'ilsn'avoient
jamais eu le dessein de la
décharger sur les François:
qu'ilsn'avoient eu d'autre
vue en toutes ces démarches,
quoyque tres-desavantageuses
en apparence
aux François
, que d'estre
spectateurs des coups qui
se donneroient de part &
d'autre, sans prendre d'autre
parti: que d'ailleurs ils
étoient tres-resolus de ne
rompre jamais le celebre
Traité fait avec feu Onnontio
Mr le Chevalier de
Callieres d leur pere en
duGouverneur General de la Nou1701.
entre treizeNations :
Que l'arbre e de Li Paix
étoit encore tout verd
,
6c
qu'ils n'y donneroient aucun
coup de hache: que
pour montrer la sincerité
de leurs intentions ils étoient
prests de choisirplusieurs
d'entre leurs chefs
pourenassurerOnnontio,
le grand General des François,
&: c'etf ce que ces Nations
sauvagesont executé
quelquetems après. Il faut
velleFrance, & frere du Plenipotentiaire
pour la Paix de R i(V ick.
e Stilefiguré très-usité chez Ici-
Sauvages du Nord.
avoüer, Monsieur, que le
sieur de Junquieres quidepuis
plusieurs annéess'acquitte
avec beaucoup de
soin de sa negociation auprés
des Iroquois, a beaucou
p contribué à nous gagner
ces Peuples sauvages
& guerriers, par son habileté
à manier des esprits
aussi difficiles que le sont
ceux-là.
Le trouble qu'avoient
cause ces grands préparatifs
de nos Ennemis voisins,
pour nous soumettre
à leur domination étant
âppaisé ôc les Iroquois
qu'ils avoient gagné autant
par menaces que par promesles
& encore davantage
par des effets, je veux
dire par de larges presens,
étant venus chanter la palinodie
, & reconnoître en
presenced'Onnontio qu'ils
s'étoient trop avancez en
écoutant les propoeitiens
de l'Anglois nostre Ennemi,
nous avons joui d'une
tranquillité charmante cette
année 1710mais comme
dans lapaix il faut sedéfier
d'un voisin jaloux
,
ambitieux
& inquiet ,Mr le
Marquis de Vaudrciiil,ciî,
homme habile,avoit en- fj voyeaucommencement
de la mesme année, dans
la nouvelle Anglecerre,
deux Officiers,Meilleurs
Dupuy & de la Periere ;
avec quelques Canadiensatercesy
qui en menageant
la liberté de quelques prisonniers
faitsde, part &
d'autre, apprendroient par
eux-mesmsl'étatdes ColoniesAngloises
ôc leurs
divers mouvements. Je
trouve, Monsïeur, quenostre
General a fait comme
dit le Proverbe) d'une pierre
deux coups, car par cet
te espece, d'ambassade il
içu au retour de ces Officiers
aucommencement
d'Avril bien des choies
dont il n'étoit point assùré.
parfaitement; au reste il
faut rendre icy le mente à
quiil appartient, & dire à
la louange des Anglois
qu'ils ont receu avec toute
forte d'honneur nos Envoyezy&
qu'ils n'ont point
seint d'avouer que l'alarme
avoit été chez eux en J702.
jusqu'aun pointqu'il éUJ
difficile d'exprimer [ur
bruit de la marche c
François resolus de les
taquer par tout où ils
rencontreraient
, & c'
dans letems mesme qui
estoient renfermez dz
leurs Forts du collé du D
Champlain. Cette terr*
répanditsi universel
ment danstoute laNo
velle York, que lèsfaà*
tants de la villed'Oran
vuderent avec beauco
f Ville de la Nouvelle Yorkq
appelleaussiAlbany.
- d'empressemt
dempressement leurs magazins
,
& transporterent
leurs effets a Manhate, qui
est le lieu de la residence
des Gouverneursde Ne$r-
.york,& s'appelle vulgairement
la Menade. Le*
fleurs Dupuy ôc Boucher
de la Periere ramenèrent
de ce Pays-là entr'autres
prisonniers échange
,
le
Pere de Mareuil, Jesuite
Missionnaire chez , les Sauvages
de laNation des On-
, montagues. Ce bon Pere
s'écoitréfugié chez les Flamands
deNew-York pour
éviter la fureur des Iroquoisquile
menaçoientdé
luy faire un mauvais quartier,
justement dans letems
que les Anglois employoient
le verd & le sec
pour attirer ces-Sauvages
dans leur parti contre nouy.
La garnison du Détroit
poste dontje vous aytant
parlé dans mespremieres
Lettres, efl défendue-au
mois de May en l'ille de
Montréal
,
fans- doute, par
g Fort environnéde quelques habitations
firué entre le lac Eric&kc
lac dcs Huronsau43e. degic d:luti-»
tude Septentrionale. 4'"'•*
ordre de la Cour. Mr de la
Mothe qui en est Gouverneur
y est resté avec les
Canadiens établis en cet
endroit: mais cet Officier
ayant esténommé par Sa
Majesté, Gouverneur de la
Louiliane autrement dite
leMissisipi il n'y demeurera
pas longtems.Mr de la
Forest:
,
Capitaine, est allé
le relever pour leDétroit
De plus de trente partis
que nous avons formez
,
tant de Canadiens h que de
hLesCanadiens font les Ff.mcoM
Sauvages
, pour tenir en
respect les Colonies Anglosses
)
il n'yena. paseu
un seul qui ne se foie
distingué par quelques ex.
ploits les uns en amenant
bonnombre de prisonniers,
& les autres en apportant
des chevelures:
ceuxcy regardent les Sauvvaaggeess,,
qquuiiaapprreèss aavvooiirr renverse
leurs Ennemis avec
la massue les fléchés où le
fusil, leurincitent la peau
dufront, & tout autourde
rez en Canada, il faut direCanada
&nonpis Canadois.
latête,puis leur levent la
chevelure, & la portent
au bout de leur arc ou de
leur fusil,&lorsqu'ilsfont
arrivez a leur cabane, les
arborent à l'entrée en maniere
de trophée & de dépouille
de l'Ennemy ; les
Anglois se font donc vus
réduits aux abois & exposez
à mourir de faim. Les
Sauvages nos alliez lesempeschent
( a la maniéré des
chiens couchans) de sortir
de leurs habitations, les
gardant à vûë, cela allait
si loin qu'à peine osoientils
sortir de ces cabanes, Se
pour les besoins les plus
pressants. ? 6-
-
Quinze denos Sauvages
s'étant mis en embuscade
dans un liois ont défait dixhuitAngloisarmezjusques?
aux dents & sur leurs gar-:,
des. Ces Anglois étoient
commandez par un Colonel
qui a été tué dans le
combat avec plusieurs des
fiens le reste fut mis en
fuire. :Voicy un fait assezsingulier
au sujet d'un parti
de Sauvages nos alliez.
DeuxAlgonKins de la Mission
de Lorette - establis
dans l'IsledeMontréal
sous, la conduite de i\'lef.
sieurs dé S. Sulpice,attaquent
deux Cavaliers du
côté de la Nouvelle Angleterre
, eux n'étant qu'à
pied à leur ordinaire,&en
prennent un. Voilà, Monssiieeuurr,
conlnle vous vovez,
, comme voyez,
ce qu'on peut appeller la
petite guerre. Les Sauvages
du Nord. del'Amerique,
ainsi que les chasseurs vont
à la poursuite des animaux,
cherchent les hommes
comme du gibier qui leur
convient. L'Anglois pris,
ils le lient & se mettent en
devoir de l'amener, la compassion
des deux Sauvages,
ne l'avoit fait lier quetrèslegerement
;les deux Sauvages
fatiguez s'arrestent
en chemin pour prendre
quelque repos ,
l'Anglais
les croyant fort endormis
& dans le premier sommeil
qui d'ordinaireest le plus
profond,se délie & court
se saisir d'une hache qui
appartenoit à ses vainqueurs,
mais non si adroitement
tement que l'un des Algonkins
ne s'en apperçust: celuy-
cyfrappédu desseindu
Prisonniercommun, éveille
son camarade: alors le
pauvre Anglois se voyant
découvert, met son fàluc
dans la suite; la circonstance
du temps luy estoit
favorable,à cause de la
nuit: cependant les deux
Sauvages le. suivent à la
blancheur de sa chemise
>,
car il estoit nud, ôc ne
pouvantl'ateindre de prés,
ils l'attraperent de loin,en
luy laschant un grand
coup de fusil qui arrefta,
ftouut, cyourtalerptris.onnier Le Printemps & l'Esté
de l'année où nous femmes
, ayant presque esté
sans pluye
,
la secheresse
s'est trouvée si excessive
que lesoiseauxqui dans ces
saisons seretirent pour l'ordinaire
dans les bois, ont
eâc obligez d'en sortir
pour trouverdequoy boire
&c mander sur les bords du '!
fleuve S. Laurent. On estime
icy que ce manque de
pluye & cette chaleur estonnante
nous oru: procure
une multitude infinie de
Tourtes,espèces de Ramiers
ou de Bisets qui ont
desolez une partie des bleds
&mesme les legumes
, comme pois, feves, &c.
en beaucoup d'endroits:
-mais de peur que ces animaux
ne nous mangeassent
davantage, nous les avens
mangé eux-mesmes par la
chasse que nous leur avons
donnée à grands coups de
fusil.,
Les Ours ces animaux si
feroces ont quitté leurs
trous,ôc se sont jettez sur
lesterres ensemencées;ils
ont porté leur audacejusqu'à
s'approcher des habitations
à
& on en voyoit
souvent à la pointe del'Isle
de Montréal qui est du côté
que l'on appelle la Chine.
Au mois d'Aoust quelques
Sauvages des nôtres
venant de la ville d'Orange
en New-YorK nous ont appris
qu'une flotte de la
vieille ! i Angleterre avoit
paru sur les costes de cette >?
i Vieille par rapport à la Nouvelle
tpidl: nostrevoisine.
contrée, ôc y amenoit un
nouveau Gouverneur:c'est
si je ne me trompe ,
le Colonel
Hunter
,
qui a esté
choisi par la Princesse Anne
pour succeder à Mylord
Lorelace mortGouverneur
de la Nouvelle York. Les
mesmes Sauvages ont rapportéque
Peter Schuiler
vulgairement pitre Schul-,
le ,Major d'Orange étoit
arrivéavec ces Sauvages
que les Gazettes de Roterdam
nous marquent avoir
esté traitez de Rois à Londres,
Ôc ce ne sont que trois
miserables Iroquois dela
Nation des Aniez que le
pauvre Pitre Schulleavoir
traisné avec luy, pourjetter
de la poudre aux yeux
& prelenter du brillant à
la Cour d'Angleterre parune
ambassade de trois
gueux venus de loin.
Des Lettres que l'on a
reçues de la même Colonie
, nous ont encore appris
que cinq cents familles
duPalatinat ont passé d'Europe
en Amérique, & sont
venus habiter le Pays des
Aniez
, une des cinq Nations
Iroquoisesfortamie
des Anglois. Ce sont ces
Palatins si souvent répétez
dans les nouvellespubliques
y
passez avec tant de
frais en Hollande, puis en
Angleterre, & delà dans
les Colonies Angloises de
IJAInerique septentrional.
Voilà du gibier pour les
Sauvagesytk il y a beir de
croire,Monsieur, ques'il
y a guerre entre les Iroquois
nos alliez, & ceux
qui peuvent estre gagnez
par les Anglois, ces bonnes
gens, qui ont fait tant
de chemin, courrontgrand
risquedese repentir bien
des fois,&de dire eneuxmesmes.
, que sommesnGous
veanuslfaeire dransecet.te
Le 8. de. Septembre dernier
nous avons eulajoye
de voir moüiller dans la
belle rade de Quebeç
,
le
Vaisseaudu Roy,l'Afriquain,
commandé par Mi
deMarigny.Ce Bastiment
est percé pour cinquante
canons. -.
-
Phenomene pour Messieurs
les Philosophes. Le
16, de Septembre de lapresente
année
,
sur les huit
heures du matin, il y Cà
un.tremblement & une secousse
deterredans l'Isle de
MonrreaI.Comme lemouvve&
mmenetnnienefruuttppoominttlolonngg,,
car il ne dura tout au plus
qu'un demi quart d'heure,
on serassura. Noussommes
icy assez sujets à ces
fortes de tremblements,
Le sieur Guyon Phlibustier
,amena le
10. de ce
moiscy devant Quebec
unepriseAngloise chargée,
deSel, de Moruë 5c d'Huile.
Cet Armateur rapports
qu'il avoir vu dix ou douze
gros vaisseaux Anglois
&trois Galiotes à bombes,
approcher des codes de
l'Acadie. Mr le Marquis
de Vaudreüil,nostre General
,
avoit envoyé des
Officiers & des Troupes des
renfort à Mr de Subercasse
Gouverneur dePort-Royal
& deFAcjdie.
Mr le Duc, cy-devant
Avocat au Parlement des
Paris & envoyéde France
pourremplir dans leConteil.
fouveraiii de Quebec
la Charge de Procureur
General, yest mort huit
rjours après son arrivée.
prépatoitàcequ'onm'a
dit une fort belle haran-
:j,gue,Quoyque la pluyeait
manque cette année crc
partie pour les biens de la
-
terre , nous avonscep ri-
;- dant fait une recolté Cft:
toute sortedegrains, & sur
tout en bled. L'année precedente
nous avons tiré, a
ce que l'on prérend, pour
,,
deux cent mil livres d'ar- t gent, du surplus de nos 1
bleds: mais cette année om
en usera autrement pour de)
bonnes raisons.
On vient d'achever unouvrage
dans le liautcaiiida,,
qui fera beaucoup d'honneurà
Mr le General aussibienqu'à
Mrle Chevalier
deBeaucour qui en a donn
le plan, ôc comme cetOfsicier
entend l'architecture
militaire
,
il l'a parfaitement
bien fait executer
C'est un Fort flanqué de
quatre bons Bastions. Il
environcentpieds en quar
ré & ca revestu de pierre
Te tailles dures comme du
marbre, que l'on a trouve
leplus heureusement du
monde dans une carriere
toifine. Ce quiest de merveilleux
,
c'estqu'onn'à
presque point eu besoinde
marteaux pour les mettre
en oeuvre s'eftariî^rèh'co'ni
tr¿es pour la pluparttoutéfc
taillées naturellement Ce
Fort eil: basti dansunlieu
appelleChambly, ;lesmurailles
sont élevées par dessus
le niveau de la campagne
devingt-cinq pieds au -
moffîs.j leur épaisseur est
de six pieds au bas vers les
talu ; elles sont faites de lac
pierre dontj'ay parlé; chaque
Bastion eL1 garni do
trois rangs de J^teriçs;
composées de bons-Canons
&de gros Pierriers'"?
Tout cet exterieur du Forn
couvreentierement les ma
gazins à poud re qui fonjr
bien voutez; les Caves tres
Je Ce sont de petites pieces d'artil
leues communement desa' ,
qui m
poneurras loin
,
mais qui font 1
-gr,in,d- écarts, on s'en sert à jetter do
pierres & des cailloux, desballes si
de la feraille enveloppées dans d'h
cartouches; cette espécede Canon
jtlurge p,tf la culalle avecune boeCGj
spatieuses & très-belles ;
les Boulangeriesfortadroitemen-
t menagé1es
,
&: par
dessus tout cela une Chapelle
d'unfort bon goust
& bien entenduë
;
les logements
dans ce Fort sont
!
si considerables que Mr le
Général, leGouverneur de
Montreal, ôc le Gouverneur
particulier du Fort
avec quarante ou cinquante
Officiers
, pourronty
estre placez à leur aise, sans
comptertrois ou quatre
centsSoldats &: huit cents
en cas d'attaque
, rangez
dans les bastiments le long
des courtines &en dedans,
la place d' rmes demeurant
libre & dégagée, quoyque
tout y aboutisse; en un
mot on ne peut rien de plus
beau & en mesme temps
de plusaiséà deffendre. Ce
Fortestsituéau46° degré
: de latitude Nord, au de[-,.
fous delacataracte formée ;
par les eaux du lac Cham-
-
plain, dans un terrain a.
vantageux&quifedtffend
presquedetous costez. La
chasse & la pesche contribuent
à l'entretien de laj,
garnison ,
garnison,& la riviere qui
fort LortChamplain,conduitau
fleuve S.Laurent,
vis-à-vis les Isles de Richelieu
, d'où l'on peut envoyer
des Canots à Quebec
& à Montreal :. tel est , Monsieur, le nouveau Fort
de Chambly ,qui met à
couvert tout le Gouvernement
de Montreal ,&qui
avec quatre ou cinq cents
hommes de garnison peut
resister à tous les efforts des
Anglois nos voisins ,les
empeschent de passer , èc
les obligent de retourner
chez eux,fussentils venus
jusques-là au nombre de
dix mille.
Mr deBreslay ce zeleM
MissionnairedeSulpice,
dont je vous ay parlé tant
de fois dans mes Lettres,
qui a quité la Cour des
Rois pour gagner des Sau--
vages d'Amerique au fbu--
verain maistre de l'Univers
, a fait construire une;
Fort dans l'isleaux Tourtrès
où est le principallieu
de sa Million, elle est f-1-
tuée entre le lac S. Louis&
le lac des deux montagnes.
Commeil a este autrefois
Ingenieur
, vouspourrez
juger Monsieur,qu'il na.
voit pas besoin de Conseil
pour l'aider; ce Fort est à
un quart de lieuë de celuy
deM. deSenneville quiest
à la pointe de Ile de Montréaldu
costé du lac sains
Louis;c'est: proprement là,
qu'est le bout du Canada.
Lemesme
1
Ecclesiastiquea
commencéune Eglisebastiede
bonnes psierres,dans
la petite Isle dontjeviens
de faire mention Le Roy
abien voulu signaler aspieté
dans ce nouvel establi
sement,& sa bonté envers
Mr de Breslay
, qui a este
un des Gentilliommes de
sa Chambre
, en luy envoyant
des Ornemens pour
son Eglise.
Il ya eu une pronlotion
d'Officiers de Guerre & do
Jullicc: en ce payscy Ministre la faite , cette ani
née par ordre du Roy, en-r
viron deux mois avant l
départ des derniers vaiC)
seaux pour le Canada, Mil
de Galifet cy-devantLieu
tenant de Roy auMontréa
a eilé choisi pour Gouverneur
des trois rivières
Ville également distante,
de Quebec & de Montréal,
à la place de feuMrleMarquis
de Chrysaphi, Mr des
Bergeres en a esté fait Major,
Mr le Baron de Longuëilest
Lieutenant deRoy
de Ville Marie ou Montréal,&:
Mrde la Chasaigne
Major de cette Ville
Mr le Marquis de , Vaudreüil
fils aisné de Mr le
General, a esté fait Capitaine
; Messieurs de la Pipardiere
,deBeaujeu,d'Argenteüil,
le Gardeur
, &c.
ont esté eslevez au mefmr
rang. A l'egard des Officiers
de Justice,Mrde la
Martiniere a esté nomme
Doyen du ConseilSouverain
de Québec,àla place
de feu Mr Chartier deLorbiniere,
dont un des filsa
esté faitConseiller dans 1*
mesmepromotion, &c.
Les plus remarquables
d'entre 1rs passagers qui
fontcetteannée le voyage
de France, sont Mr Raudot
le fils,Intendant confort;
Mr son Pere doit le
sui vre l'année prochaine ,
èc il fera relevé par Mr Bergon,
le filsdufeu Intendant
de R ochofort, homme
tressçavant ôc.des plusintelligens
que nous ayons
eu dans la Marine. Mr le
Fevre Ecclesiastique né en
Canada,qui dans un âge
peu avancé, possede plusieurs
Langues de l'Europe
& a de l'apritude pour toutes
les belles choses
; c'est
le premier Canad ien de
l'Isle de Montréal qui ait
pris le parti de l'Eglise, depuis
que les François en
font les maistres,.. Madame
le Vasseurfemme de
l'Ingénieur de Québec,
mené avec elle ses ensans.
Je ne trouve de considérableentre
les morts , parmi
ceux qui me frapent laS
mémoire, en achevant ma
Lettre, que Mr du Chut,
Capitaine expérimente, de
qui connoissoit à merveille,
leNord du Canada,aussi
bien que les grands lacs,
êc le sieur delaMorandiere
Garde-Magazin du Roy.
Mettons fin à cette Lettre
qui n'est déjà que trop
longue
longue par une petite avanture
que vous trouverez
assez plaisante, quoyque
tirée d'un sujet fort
serieux -, voicy le fait en
deux mots. La femme d'un
Sauvage Chrestien estant
morte, son mary est venu
avertir le Bedeau de l'Eglise
de Montreal de faire
une fosse pour elle; on a
sonné pour 11 personne
morte, ÔC lorsqu'on a esté
prest d'enlever le corps
pour le mettre en terre, le
Sauvage a demande du
temps alléguant pour ses
raisons que sa femme refpiroic
encore; que duresse
il avoit esté bien aise de
faire préparer toutes choses
de son vivant, & sonner
les cloches pour ne la point
faire attendre lorsqu'elle
seroit decedée tout de bon,
voulant luy faire connoistre
en cela la bonne volontéquil
avoit pourelle.
'0 Comme l'Afriquain va
mettre à la voile, & qu'il
n'y a pas de temps à per- ,
dre
, je me trouve obligé
de vous dire que dans cet
endroit je vous fuis
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Résumé : A Québec le 31. Octobre 1710.
En 1710, les Anglais ont échoué dans leur tentative d'envahir la colonie canadienne à Québec, subissant une défaite auto-infligée après avoir détruit leurs propres forts et munitions. De retour en Nouvelle-Angleterre et en Nouvelle-York, ils ont été frappés par une contagion, réduisant leur capacité militaire. La situation en Nouvelle-France s'est stabilisée grâce à l'ordre établi par le Marquis de Vaudreuil, gouverneur général du Canada. Le Baron de Longueuil, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis, a renforcé les alliances françaises en étant envoyé en ambassade chez les Iroquois. Ces derniers ont réaffirmé leur fidélité au traité de paix de 1701, malgré les tentatives de séduction des Anglais. Le Sieur de Junquières a joué un rôle crucial dans le maintien de ces alliances. La tranquillité a régné en 1710, mais le Marquis de Vaudreuil a envoyé des officiers en Nouvelle-Angleterre pour surveiller les mouvements ennemis. Les Anglais ont accueilli les envoyés français avec honneur, confirmant leur alarme de l'année précédente. Des expéditions françaises ont capturé des prisonniers et repoussé les Anglais, réduisant leurs colonies à une situation précaire. Les alliés autochtones ont empêché les Anglais de sortir de leurs habitations. Des incidents notables, comme la capture d'un Anglais par deux Algonquins, illustrent la 'petite guerre' menée par les Français et leurs alliés. Parallèlement, environ cinq cents familles du Palatinat ont émigré d'Europe vers l'Amérique et se sont installées dans le pays des Aniez, une des cinq Nations Iroquoises alliées des Anglais. Leur situation est préoccupante car ils risquent de se retrouver pris entre les Iroquois et les Anglais. Le 8 septembre, le vaisseau du roi, l'Afriquain, commandé par M. de Marigny, a accosté à Québec, armé de cinquante canons. Le 16 septembre, un tremblement de terre a été ressenti sur l'île de Montréal. Le sieur Guyon, un flibustier, a intercepté une prise anglaise près de Québec et signalé la présence de vaisseaux anglais près des côtes de l'Acadie. En réponse, M. le Marquis de Vaudreuil a envoyé des renforts à M. de Subercasse, gouverneur de Port-Royal et de l'Acadie. M. le Duc, ancien avocat au Parlement de Paris, est décédé peu après son arrivée en France pour remplir la charge de Procureur Général au Conseil souverain de Québec. Malgré une année sèche, la récolte a été bonne, surtout en blé. Un nouvel ouvrage, un fort flanqué de quatre bastions à Chambly, a été achevé pour protéger le gouvernement de Montréal. M. de Breslay, un missionnaire sulpicien, a construit un fort sur l'île aux Tourtres et commencé la construction d'une église en pierre. Plusieurs promotions d'officiers de guerre et de justice ont été annoncées, notamment M. de Galifet comme gouverneur des Trois-Rivières et M. le Baron de Longueuil comme lieutenant du roi à Montréal. Parmi les passagers arrivés de France, on note M. Raudot le fils, intendant confirmé, et M. le Fèvre, un ecclésiastique canadien polyglotte. Parmi les décès, on mentionne M. du Chast, capitaine expérimenté, et le sieur de la Morandière, garde-magazin du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 202-219
LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
Début :
Monsieur, Vous vous attendez sans doute à un détail exact [...]
Mots clefs :
Québec, Angleterre, Sauvages, Général, Acadie, Canada, Prisonniers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
lage.
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré quece qu avoient projette nos ennemis principalement cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y
avoir dixans ou environ que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre, formoient le dessein de joindre à leurs Colonies celle du Canada
ik
sceance. qui seroit fort à leur bienCe que les François possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens. Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots, qui dans les changemens des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;cequi est souventtrès avan- tageux. -
Cela supposé pour revenir aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler de ce pays-ci,sur le Canada d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre fous les yeux la
conduite habile &: très prudente que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a
gardée jusqu'àpresent pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de BeauBassin,sousles ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens & de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
L"a même l , année 1703. a
la fin du mois de Décembre, M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta d'assaut laville de Diersields dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez, & contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie
,
Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez, dans,l'intention de
les mettre de son parti:
maisilstinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie, dans la nouvelle Angleterre
,
& dans NevvYork en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre. Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale de la nouvelle Anglterre, envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année 1705. que les Canadiens, fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également habile dans l'art de
fortifier les places, & dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs du fort S. Jean, poste des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre fut en 1707. bloquée,s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation au Conseil de Baston, on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau commencement
de Juin.
Une expédition memorable ce fut celle de Haveril fous le commandement de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante pour attaquerMontreal
:
mais la flote fut con-
tremandée par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête dessiens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entre-
prendre sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier de Beaucour, Capitaine Ingenieur,fort estime dans la nouvelle France & fort habile dans
l'architecturemilitaire,
a
élevé le Fort dePontchartrain, vulgairementappellédeChambly. On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre) ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant tourné, & un de leurs domestiques noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à
travers les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'éga-
rerent en cherchant à vivre, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse
LETTRE
De Quebec, le ZO. Nov. 171Z.
-MONSIEUR,
Vous vous attendez sans
doute à un détail exact de
ce qui s'est passé dans les
^eo;ions froides de l'Ameriquequenoushabitons,
& sur tout d'être informé
à fond de lentreprife des
Anglois sur la Colonie en
effet, rien de mieux concerté
,
rien de plus mesuré quece qu avoient projette nos ennemis principalement cette année,
-
pour se rendre maîtres de
coureia nouvelle France,
'0
si le succés avoit répondu
à leurattente.
Il faut remarquer, Mt,
qu'il y
avoir dixans ou environ que les Anglois nos
voisins, aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre, formoient le dessein de joindre à leurs Colonies celle du Canada
ik
sceance. qui seroit fort à leur bienCe que les François possèdent dans la
grande & vaste Isle de
Terreneuve & dans ce que
nous appelions le Canada,
qui est plus important au
Roy que l'on ne pense; Le
Perou est au Roy d'Es.
pagne une mine bien avantageuse: mais la pêche de
la Morüe sur le grand banc
l'est peut-être autant, si
l'on considere que c'est
nonseulement un fonds,
aussi-bienque les mines de
l'Amerique méridionale,
dans lequel on ne mec
rien, & dont on tire beaucoup par cette poudre si
panionnementaimée des
hommes, aumoins des Europeens. Le Roy au milieu
de la paix, par lemoyens
de la pesche des Moruëà
de Terre-neuve, entretient
un nombre considerable
de gens de Mer& de Matelots, qui dans les changemens des affaires, font
tousprests à le servir dans
les armemens de Mer;cequi est souventtrès avan- tageux. -
Cela supposé pour revenir aux grands desseins
des Anglois sur Québec &
sur lillode Montreal, c'est
à dire sélon l'usage de parler de ce pays-ci,sur le Canada d'en bas & sur celuy
d'en haut, il ne sera point
inutile, Mr, de vous remettre fous les yeux la
conduite habile &: très prudente que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a
gardée jusqu'àpresent pour empêcher les
ennemis d'executerun def
rein qu'ils commençoient
à ébaucher.
Ce sut pour cela qu'en
1703-(jeme conrenrerai de
cette époque) M. de BeauBassin,sousles ordres deM.
le General, se mit à la tête.
d'un parti composé de Canadiens & de Sauvages
Iroquois, Abnaxis, & aurres,{e mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année, ôc qu'au bout d'un
mois la petite armée se
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre, ou
elle s'empara de plusieurs
postes.
L"a même l , année 1703. a
la fin du mois de Décembre, M. de Ronville autre
Officier Canadien emporta d'assaut laville de Diersields dans lanouvelle Angleterre.
En 1704. les Anglois
voulurent tenter le
siege
de Port-Royal, capitale
de l'Acadie, qui fait partie
de la nouvelle France. Le
ColonelChevoy,qui commandoit à la floteAngloise,
qui avoit moüillé dans la
BayeFrançoise dans le dessein de faire une descente,
fut
fut repoussé à deux attaques qu'il fit avec vigueur,
ses vaisseaux brisez & fracassez, & contraint de s'en
retourner à Baston.
-' Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
oeuvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie
,
Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York
,
vint presenter six
Colliers aux Sauvages nos
Alliez, dans,l'intention de
les mettre de son parti:
maisilstinrent ferme pour
nous, & demeurerent for
,
leurs nattes.
Le Canada se trouva en
1705. plein d'Anglois que
nous avions pris en Acadie, dans la nouvelle Angleterre
,
& dans NevvYork en differens partis,
que nous avions former
Parmi ces prisonniers etoit
leMinistre de Diersields,.
place de la nouvelleAngleterre. Joseph Dudley,.
Gouverneurde Baston,Capitale de la nouvelle Anglterre, envoya à Quebec
Jean Livingston Major
y
pour négocier l'échange
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreüil
Ce fut cette même année 1705. que les Canadiens, fous la conduite de
Mr Beaucour, Capitaine
d'un merite reconnu, également habile dans l'art de
fortifier les places, & dans
les entreprises de guerre,se
rendirent maîtres des environs du fort S. Jean, poste des plus importans que
les Anglois possedent dans
l'isle de Terre-neuve, vers l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
1
L'échange des Anglois
prisonniers ne put se conclure qu'en1706.
Toute la nouvelle Angleterre fut en 1707. bloquée,s'il m'est permis de
parler ainsi, par nos Sauvages alliez, les habitans
n'en osoient sortir pour
faire leur moisson.
L'entreprise de l'Acadie
ayant été remise en deliberation au Conseil de Baston, on resolut le Siége de
Port Royal. Le commandement en fut donné au
Colonel MarsH. Cette RCh
te parut dans la Baye Françoiseau commencement
de Juin.
Une expédition memorable ce fut celle de Haveril fous le commandement de M. de Rouville
& de Schaillonsaidez
des sieurs de Contrecour,
& de la Gauchetiere, elle
jetta la terreur dans Bass
ton, Haveril & dans son
voisinage;nousenlevâmes
ce porteaux Anglois
maigre leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
en 1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fc fait sentir dans l'A.
merique fcptentrion,,ile.,les
Canadiens allèrent prendre le fort saint Jean.six
portes importans par la
pesche des Moruës Se
d'autres poissons que l'on
fait aux atterages de ce fort & aux bancs voisins :
auïn-côc aprés le General
NicolsonVveteche mit en
mer une flottenombreuse,
& leva une armée suffisante pour attaquerMontreal
:
mais la flote fut con-
tremandée par les Anglois
qui étoient en. Portugal
Nicholsonmarcha à la tête dessiens, prit le chemin
de Lac champlain.
Me voici àl'annee 1110.
quiest le terme de la derniere lettre que j'ay eti
l'honneur de vous addresser,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre General avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre,
ceux de la nouvelle York,
& les Sauvages leurs alliez,
en état de ne rien entre-
prendre sur nos habita
rions. C'est à la fin de 1710.
que Monsieur le Chevalier de Beaucour, Capitaine Ingenieur,fort estime dans la nouvelle France & fort habile dans
l'architecturemilitaire,
a
élevé le Fort dePontchartrain, vulgairementappellédeChambly. On ya mis
cette année, vers la fin de
Septembre, la derniere
main. C'est un puissànt
rempart contre les entreprises du côté du haut Canada..
Les
Les choses étant en cet
état, lorsque les Anglois
nos voisins, secourus de
ceux de la vieille Angleterre) ont fait les derniers
efforts pour se rendre maîtres de la nouvelle France,
en l'attaquant par en-bas,
c'est à dire en assiégeant
Quebec qui en est la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois, accompagnédu
Baron de Cassin François,
partirent de ce pays-là vers
la fin d'Odobre de l'année
1710. pour travailler à un
échange de prisonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez:ils
ie servirent de la voye du
canot pour aller par eau,
leur petit bastiment ayant tourné, & un de leurs domestiques noyé, ils furent
obligez de continuer leur
voyage par terre, dans les
neiges & les marais à
travers les bois, ils furent
cinq jours sans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre.
Deux de leurs gens s'éga-
rerent en cherchant à vivre, & j'ay sçû depuis de
l'un d'eux une remarque
assez curieuse
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Résumé : LETTRE De Quebec, le 10. Nov. 1711.
La lettre datée du 20 novembre 1712 relate les tensions et les conflits entre les Français et les Anglais en Amérique du Nord. Les Anglais, soutenus par la 'vieille Angleterre,' visaient à s'emparer des colonies françaises, notamment le Canada et Terre-Neuve, en raison de l'importance économique de la pêche à la morue. Le gouverneur général de la Nouvelle-France, le Marquis de Vaudreuil, a adopté une conduite prudente pour contrer ces menaces. En 1703, des expéditions françaises ont capturé plusieurs postes en Nouvelle-Angleterre. L'année suivante, les Anglais ont tenté de prendre Port-Royal en Acadie, mais ont été repoussés. En 1705, des prisonniers anglais ont été échangés, et les Canadiens ont pris des postes importants à Terre-Neuve. En 1707, les alliés autochtones des Français ont bloqué la Nouvelle-Angleterre. Des expéditions françaises ont également semé la terreur dans les colonies anglaises. En 1709, malgré les conditions hivernales rigoureuses, les Canadiens ont pris le fort Saint-Jean. En 1710, le Chevalier de Beaucour a construit le fort de Pontchartrain, un rempart contre les attaques venues du haut Canada. La lettre se termine par le récit d'une mission de deux hommes, un Anglais et un Français, qui ont dû traverser des conditions difficiles pour négocier un échange de prisonniers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 225-241
« Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
Début :
Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...]
Mots clefs :
Sauvages, Québec, Anglais, Acadie, Festin, Anakis
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texteReconnaissance textuelle : « Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
iintems de cette année
1711. Vveteh Officier Anglois prit le parti de s'engager dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger Quebec,ayant quelque connoissance de la riviere S. Laurent:il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une fois à nous y
laisser rentrer, si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal. : Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale exhortent & prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots, le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire se mirent en devoir de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverenttous ventre contre terre; la décharge des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
nemanquèrent point; puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré s'il ne * se rendoit auprés de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête aux Officiers & aux (oldats compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
!
qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à
travers d'épaisses forests, des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit souvent visiter le Capitaine R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages, buvoit
& mangeoit si fréquemment avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindre leSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part,
la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu cela que tu me dis sije t'avois arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du PortRoyal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages s'étant saisi des provisions & des vivres de ses
ennemis, il y
découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à
ceux de sa nation qui 1avoient aidé dans le combat; car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise des ennemis. L'Aimable voyant les blessés
en danger envoya dire au fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-neuve à Quebec
,
apporta des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vau-
dreüil. M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant que les Anglois préparant un gros armement
pours'emparer de Plaisance en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes nations Sauvages d'enhaut, je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y
voyoit des Hurons, des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés; des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis ou Renards, des Pontcouatamis, desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres les Iroquois des villages de Sononthouan,d'Onnonthagué, d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré, la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les SauvagesChrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends Pere Jesuites & des
Recolets, y
furent appelles, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient pleines de fort longs
quartiers de Bœufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastesreceptacles de viandes, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes especes, que l'on jettoit avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure
1711. Vveteh Officier Anglois prit le parti de s'engager dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger Quebec,ayant quelque connoissance de la riviere S. Laurent:il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une fois à nous y
laisser rentrer, si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal. : Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale exhortent & prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots, le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire se mirent en devoir de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverenttous ventre contre terre; la décharge des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
nemanquèrent point; puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré s'il ne * se rendoit auprés de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête aux Officiers & aux (oldats compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
!
qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à
travers d'épaisses forests, des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit souvent visiter le Capitaine R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages, buvoit
& mangeoit si fréquemment avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindre leSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part,
la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu cela que tu me dis sije t'avois arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du PortRoyal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages s'étant saisi des provisions & des vivres de ses
ennemis, il y
découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à
ceux de sa nation qui 1avoient aidé dans le combat; car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise des ennemis. L'Aimable voyant les blessés
en danger envoya dire au fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-neuve à Quebec
,
apporta des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vau-
dreüil. M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant que les Anglois préparant un gros armement
pours'emparer de Plaisance en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes nations Sauvages d'enhaut, je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y
voyoit des Hurons, des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés; des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis ou Renards, des Pontcouatamis, desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres les Iroquois des villages de Sononthouan,d'Onnonthagué, d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré, la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les SauvagesChrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends Pere Jesuites & des
Recolets, y
furent appelles, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient pleines de fort longs
quartiers de Bœufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastesreceptacles de viandes, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes especes, que l'on jettoit avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure
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Résumé : « Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
En 1711, un officier anglais s'engagea dans la flotte préparée à Boston pour assiéger Québec, grâce à sa connaissance de la rivière Saint-Laurent. Il quitta Port-Royal, récemment pris par François Nicholson en octobre 1710, mais que le gouverneur français avait rendu trop rapidement. Les Anglais avaient été contraints de laisser les Français reprendre Port-Royal à plusieurs reprises. Le marquis de Vaudreuil rappela ses officiers pour défendre Québec et l'île de Montréal. Vers la fin juin, les Anglais envoyèrent un détachement sous la conduite du capitaine R. qui menaça des habitants acadiens. En réponse, un chef abénakis appelé l'Aimable rassembla des guerriers pour tendre une embuscade aux Anglais. Lors de l'affrontement, les Abénakis, bien instruits par leur chef, se cachèrent et ripostèrent efficacement, tuant plusieurs Anglais et capturant le capitaine R. et d'autres officiers. L'Aimable amena les prisonniers à Québec, où il visita régulièrement le capitaine R. dans une auberge. Plus tard, un nouveau détachement anglais menaça les Abénakis, mais l'Aimable les attaqua et les défit, capturant quelques prisonniers et distribuant de l'eau-de-vie à ses guerriers avec prudence. Au printemps, Frenay arriva de Plaisance en Terre-Neuve à Québec avec des lettres de Costebelle, avertissant de la préparation anglaise pour attaquer Plaisance ou Québec. Les ambassadeurs français réussirent à rallier environ quatre cents autochtones de diverses nations, qui furent reçus à Montréal le 7 août. Un grand festin fut organisé, avec des chaudrons remplis de viandes diverses, et des danses de guerre furent exécutées par les guerriers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 3-48
SUITE DE LA LETTRE de Quebec, où l'on a adjousté quelques singularitez tirées d'autres memoires.
Début :
Le festin qu'on donna aux Sauvages se fit proche [...]
Mots clefs :
Québec, Sauvages, Anglais, Montréal, Canada, Lettre, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE LA LETTRE de Quebec, où l'on a adjousté quelques singularitez tirées d'autres memoires.
SUITEDELA LETTRE
de Quebec, où l'on a
adjoussé quelquessingularitez
tirées d'autres memoires.
Le festin qu'on donna
aux Sauvagesse fit proche
les bords du grand fleuve
Saint Laurent, il y avoir
environ quinze cens conviez
,
assîs par familles sur
des troncs d'arbres couchez en forme de longs canapez champêtres,dontles
dossiers estoient de feüillages enlassez.A chaque troupe de convive est une grande cliaudiere
,
les unes ont
neuf à dix pieds de diametre
,
les autres plus grandes, on les remplit de
quartiers de boeufs, de
moutons, de cochons, ôc
de l'élite des plus gros
chiens avec leurstêtes qu'
on voit surnager dans une
espece de bouillon en purée qu'on épaissit en y
jettant avec des peles à longs
manches plusieurs sortes
de pois & de graines aromatiques. En attendant
que leurs viandes fussent
cuites,ils estoient tous a/Iïs,
selon leurusage,lementon
entre les genoux, qu'ils levoient de temps en temps:
là paroissoient des visages
peints de toute forte de
couleurs, les uns de bleu;
les autres de rouge, quelques-uns de vert; cestoit
vun blazon universel
,
car
-
on en distinguoit qui par- -
-
toientaupremier&au quatre d'azur, au deux Be trois
-de gueules; d'aurtes parry
àè-fable) ôc de sinople. De
cerrains portoient coupé
de pourpre 6c de gueule :
nous en remarquaimes
plusïeurs qui avoient seulement le nez teint avec le plus beau bleu que l'on
puissevoir, c'estoit de l'outremer,& les yeux noircis
Qvec de la mine de plomb,
presque tous avoient les
cheveux frotez & imbibez
de ce qu'ils appellent Matacha, c'est à-dire de rouge, ou de toute autre peinture 6c de graissè de loup
marin, un duvet d'Outarde
DU de canard sftoir femé
ÏUrces ehevttx. Au nezdes
Outaouacs pendoient de
petites médailles de cuivre
ou de porcelaine de la Virginie. Quelques
-uns avoient des cornes de Caribouxespece de Cerf de
l'Amérique septentrionale) au denns de leurs oreilles, le visage de ceux qui
n'estoient pas Matachez,
c'est dire,peints,estoient
marquez de hieroglyphes
dont les uns
representoient
des serpens qui tomboient
du milieu du front sur le
nez, & dont la quetuëfînik
foitau menton D'autres
avoient des figures de Renards, d'Ours, de Castor,
de Rat., de Pigeon,aux
joues.Ces hieroglyphesdurent autant que la vie, cela
se faisant avec la pointe de
l'aiguille sur la chair, les
piqûres faites, on jette deflus du charbon broyé fore
menu, & de certaines pier-
res de couleur calcinées &
pulverisées après quoy la
figure conferve une couleur bleuastre
,
ou rouge
,
ouvertefélon les poudres.
Toutesles Nations différentesse distinguent parmy les Sauvages par quelque coloris ou hyerogliphes communs entr'eux.
Il y a
quelques.unes de
ces Nations où les jeunes
hommes qui deviennent
amoureux, se pergnentune
figure de cœur sur le front,
& paroissent ainsi couronnez de feuilles devant leur
maistresse, & c'est un lignal de declaration d'amour; & siau bout d'un
certain temps ils ne sont
pas aimez,ils sont obligez
de recolorer ce cœur de
noir, sinonlafamille qui
ne veut point d'alliance
avec celle du jeune amoureux, se tiendroit deshonorêe, & s'ils sont agreez par
la maistresse, elle se peint
à l'imitation de lamant, &
l'amant jointunautrecœur
au premier qu'il avoir
peint
:
mais ces fortes de
peintures d'amour ne sont
quappliquées & non avec
des piqûres comme los
hyerogliphes,&ne durent
que peu de temps, apparemment autant que
,,
leur
amour qui n'est pas plus
confiant que celuy des Européens.
Les Sauvages estoient
armez de haches
,
de ce -
qu'ils appellent casse-testes
oumassues, d'un long couteau à Il ceinture
,
avec
leur arc, & leurs ca quois
garnis de fleches mis en
bandouliere.
Toutes ces differentes
Nations sauvages du Nord
de l'Amérique estant ainsi
rangées, Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
général present, & accompagné de Mr le Chevalier
de Ramezé Gouverneur de
Montreal, le sieur Joncaire Officier François Negotiateur & Envoyé ordinaire chez les Iroquois,
parut au milieu de tous ces
Sauvages, dont oncomptoit treize ou quatorze Nations différentes, il estoie
armé d'une assez longue
perche, à lextremité de la-
quelle essais plantée une
teste de Chien à demy grillée, & qu'il montroit de
toutes parts.S'estant, après
plusieurs cours faits de cossé & d'autre, retiré à un
des bouts de l'assemblée
du costé des Iroquois qu'il
avoit ordre de haranguer,
un autre Officier François
bon lnterprete de la langue des Sauvages d'en
haut, marcha aussi le long
des rangs avec une autre
teste de Chien qu'ilmontra à droite & à gauche,
puis se fut ranger du costé-
des, Nations Outaouaises.,
Ces deux Officiers ainsi
portez, firentalternativement, &à l'extremité des
lignes que formoient toutes ces Nationssàuvages,
la harangue dont voicy la
substance à peu prés, èc
cela de la part d'Onnonthio
,
c'estainsi qu'ils appellent le Gouverneur general des François en Canada.
C'est icy un festin 'lie
guerre pour vous engager
à lever la hache contre: les
Anglais, vostre ennemy
& le nostre, ils ont relolu
de vous aller troublersur
vos nattes & dans vos cabanes. Onnonrhio espere
que vous vous comporterez en hommes,cest-à dire
,
en braves & vaillants
Guerriers.
Les harangues finies
, Mrjoncaire tenant au bout
de son grand baston latedte
de Chien élevée, dansa &
chanta en mesme temps
seul,quiest la maniere des
Sauvages, laissant tomber
négligemment le bras gauche le long des hanches,
& tournant comme un furieux la teste tantost à
droite, tantost à gauche, fe-"
Courbant & redressant le
corps parfaçades
,
écar- -
tant & ferrantles genoux,
quoyque les pieds restent
prcfque joints l'un contre
l'autre. La chanson ne consista qu'à prononcer avec
un assez grand effort de
poitrine, l'ïnterjection hê9
hé, hé, qui est à peu près
celle de nos fendeurs de
bois, ils répondirent à
cette espece de cri de guerre
par ho, ho9 bai, ho, ho,
huiy
hai
,
ce qui ressembloit
assezàunemauvaise musique Iralienne.
Plusieurs Officiers François qui sçavent les maniéres Iroquoises, danserent
&chanterent les unsaprés
les autres
,
portant tous à
la main un des bastons ou
estoit une teste de Chien.
Les danses des Officiers finies, & celles de plusieurs
Chefs des Sauvages, toutes
seul à seul;une teste de
Chien fut presentée au Chef des Iroquois de la
Mission de saint Louis proche l'Isle de Montreal; celuy-cy l'ayant prise la mit
sur ses genoux, car il (fioit
assis, puis il jetta un cri fort
aigu, pour signifier aux autres qu'ilalloit danser
; ce
Sauvage ayant joué foi*
rôle, presenta la teste de
Chien à un autre Chef ou
ancien qui dansa & chanta
assez long-temps il en fut
de mesme de plusieursautresf Chefs de cette Nation.
Les deux testes de Chien
ayantestéainsi portéesde
Chefen Chefdes Nations,
tant Iroquoises, qu'Algonkines & Outaoüaises, les
derniers d'entre les Anciens &Chefs à qui elles
écheurent, les croquerenc
en mangerent lacervelle,
& crieront en leur langage,
ainsiserons-nous de mis. nos enneLes dansesfinies entre
les plus considerables des
Sauvages au bout desept
heures d'horloge ou environ,MrleMarquis de Vaudreuil
,
Onnont hio
,
qui
leur faisoit le festin
,
fit distribuer abondamment à
chaque famille, de la viande& de la biere.
Dans le temps que Mr
le Gouverneur general envoyoit de bons Officiers &
-
des soldats agguerris en
Acadie, pour feconder les
intentions du brave saint
Cassin, Gentilhomme Ga£
con, tres -
fidele fervitcur
de sa Majesté
,
& fortaimé des Acadiens,il arriva
icy un petit bastiment que
des Canadiens en canot le
long des costes venoienc
de prendre; ce fut parcette prise que la nouvellecer-
taine vint - en Canada, de
l'armement des Anglois
contre nous, que leur flotte estoit en mer, contenant dix à douze mille
pommes, avec ce qu'ils
avoient pu ramasser à Baston& aux Villesvoisines,
de bastimentsde transport,
de barques, de doubles
chaloupes.
Un bastiment venant de
Plaisance en Terre-neuve,
& un Irlandois, qui avoit
deserté le party des ennemis, nous vinrent donner
avis quela flotte Angloise
avoit mis à la voile le dixiéme d'Aoust, de Baston.
Un de nos partis de SauvagesAlgonKins, amena
un Iroquois de la Nation
des Goïogoüens, qui asseura que lesjeunes gens d'entre ses freres, malgré le
conseil & le sentiment des
Anciens &desChefs,s'estoienc enfin laisse gagner
par les Anglois d'Orange
&de la Menade ( deux Villes de Newyork) un Sauvage Abnaki, appelle Cadenarec , qui apporroit la
cheveleured'un Anglois,-
& qui amenoit un soldat
qu'il avoit fait prisonnier,
vint nous apprendre qu'il
avoit veu faire lepartage
de quantité de canots &
de pirogues pour mettre
sur le lac Champlain
,
ce
qui confirmoit que le corps
de l'armée Angloise estoit
en marche.
Tant de témoinsnecertifioient que trop que nos
ennemis vouloient nous
attaquer par en haut, c'està dire, du costé de Montréal
; quant à celuy qu'ils
avoient formé de le faire
par en bas, & du costé de
Q)I-uCebcc.Lenomm'Guione
un de nos Flibustiers le plus
alerte, vint nous en asseurer: car ayant esté pris le
13. de Septembre dans la
riviere de saint Laurent,
& presqu'aussi
-
tost relasché (àcause que l'année
précédente1710. )
il avoit
pris luy. mesmel'Anglois
qui venoit de se rendre
maistre de son petit bastiment, & qu'il en avoir esté
traité humainement, il
nous rapporta qu'il avoit
veu la flotte des Anglois
vers
vers le Cap Matane ,& à
soixante lieuës de Quebec,
qu'il avoit compté plus de
quatre-vingt dix voiles.
Mr le Gouverneur génera l
,
sur des avis si marquez, ramassa tout le de-.'
tachement des troupes de
la Marine, qui sont les
troupes reglées dessinées à
garder la colonie; Mr de
Ramezay Gouverneur de
Montréalluy amena plus
de neuf cens Canadiens,
tous bons guerriers, enfin
on ramassa beaucoup de
troupes. La capitale de la
nouvelle France Quebec,
estoit fortifiée par Mr le
Chevalier de Beaucour Capitaine
,
& fort habile Ingenieur.
La seconde Ville du Canada qui est Ville
-
Marie, vulgairement appellee
Montréal
,
à cause d'une
montagne, qui traverse
dans sa longueur une petite partie de fIne: de ce
nom, n'est fortifiée que de
pallissades
,
elle est flanquée du costé de la campagne de trois bastions &
les choses estoient dans
cet estat lorsque nous apprismes par deux Canadiens venus de laTerrede
Labrador, à la coste du
nord du fleuve saint Laurent, la manœuvre des
Anglois depuisl'endroit où
est une baye aÍfez profonde à la coste du Sud jusques au Cap Matane du
mesme costé de la riviere,
& cela jour par jour. Ces
genslà ont veu des débris
de sept vaisseaux de hautbord, parmy lesquels estoit
l'amiral de la flotte, si on
en juge par le pavillon &
la flamme qui en ont elri
apportez icy par le fie ur de
la Valiere;ils ont compte
pendant cinq lieuës de
chemin le longdu rivage,
quinze cens corps noyez,
parmi lesquels estoit une
femme très- proprement
habillée qui tenoitsous un
de ses brasun petit enfant
qu'ellen'a voir pointlasché
en se noyant
,
&unjeune
Anglois qui tenoit encore
une planche, n'estoit pas
loin d'elle. Ces habitants
découvrirent aussi plufleurs chevaux morts, tout
cela esoit melle parmy
des hauts bans
,
des masts,
des cables de différentes
grossèurs, des banques, des
coffres de bord de toutes
façons, ils y remarquèrent
aussi quantité d'uftvnciJes
& de pièces de mesnage,
comme des chaudières, des
poëlons, des casseroles, des
matelats, des berceaux, &
mille autres choses qu'il feroit ennuyeux de vous rap.
porter. Un furieux coup
devenr,le troisième Septembre, quelques uns ont
dit que c'estoit du Sud Sud-
oueltJlesavoit portez avec
impecuollcé
,
sur rifle aux
œufa, & ensuite à la colle
du Nord, puisàcelle du
Sud, les bons Pilotes leur
manquaient. Il est certain
que le fleuve saint Laurent
est très-difficile à pratiquer, mesmes aux plus anciensPilotes
; car outre
qu'il est herisse d'isles, donc
les approches font trembler) les bords en cftant
efcarpez, il est plein de
battures
,
de brisants
,
ou
rochers, dont quelques-
-
uns fontà fleur d'eau.ou-
f tre cela le canal que l'on
prend ordinairement
,
a
peud'estenduë, c'est au
Nord, on est cependant
obligé de ranger d'afîcz
près cette coste, sur roue
vers t'iHe aux Coudres
,
le
CapTourmente la Traverse. La coste du Sud cft
beaucoup plus apparente,
quoyqu'elle foit très- certainement moins faine que
celledu Nord
:
je ne iciche que feu Mr le Chevalier d'iberville qui le foin
hafirdé de la ranger ,je
parle de la cofte du Sud du
fleuve saint Laurent.
Nousetions encore dans"
l'attente des ennemis à
Québec ,& nous nous tenions sur nos gardes au milieu de toutes ces nouvelles
de la défaite des Anglois
dans la riviere par la tempeste. Lorsque le Heros,.
vassfeau duRoy,commandé par Mr le Chevalier de'
Beauharnois de Marigny,
est venu mouiller dans la
rade de cette Vjne,çaefiéle sîxiéme d'Oâobre. Ce
gros navire a procuré à la
Colonie un secours consi
durable d'hommes & de
munirions de guerre, il a
faitdeux prises en venant)
& en a
bruslé une, il a amené l'autre jusques icy
,
& a
louvié & couru plusieurs
bordées,tantofl: à bas bord,
tantost à stribord pendant
l'espace de dix-sept jours
dans la fécondé riviere de
(iint Laurent sans avoir
rencontré aucun vaisseau
ennemy. Lacirconstance
d'un auni gros bastiment
que le Heros qui passe à
tr-aversunefloue ennemie
sans en estre arresté,for-
moit deftranges & fâcheux soupçons contre le
Flibufticr Canadien nomme Guyon, & quelques au.'
tres qui avoient compte
les Navires des Anglois
qui paroissoient occuper
tout le travers du grand
fleuve faint^Laurent. Tous
ces faits se font neanmoins
trouvez trèsconformes à
la verité, la flotteavoir repris le chemin d'Europe,
& on avoir renvoye quelques bastiments à Baston,
dans la nouvelle Angleterre.
Mr nostre General afleuré de la dispersion Ôa:' de la
ruine de la flotte Angloise, pensà d'abord à aller fecourir le haut Canada, je
veux dire le Montreal, &
tout le Gouvernement de
rIfle de ce nom, il prit à
cet effet mille ou douze
cens hommes
,
tant de
Quebec que des trois Rivieres, & vint en diligence
joindre Mr le Baron de
Longueil Lieutenant de
Roy de Ville-Marie, ou
Montreal) quiestoit desja
au Fort de Poiitchartrain,
ou de Chamblis) pour s'opposer, ôc aller delà au devant du General Nicholson
a
les Anglois venoient
attaquer la Colonie de ce
cofté- là pour faire diverfion de nos forces. -
Mr le Marquis de Vatidreuil ayantefté informé,
que les ennemis prenoienc
J-d. fuite,decacba apiés eux
Mrs de Rouville, la chau.
vinerie & de Vieuxpont,
pour donner sur l'arrieregar dedes ennemisle long
duLac de Champlain,
;Voila Mr où en clîoienç
les choses sur la fin d'Octobre dernier
y
nos ennemis se font défaitssans que
nous ayons perdu un seul
homme. Le Sauvage On.
iiontagué a
racontéa. nos
Officiers, que le restedes
Anglois reprenoit le chemin d'Orange & de la Mo.
nade.
Parmi les prisonniers que
les Sauvages Abnakis nos
alliez
,
ont faits cette année dans la nouvelle Angleterre) il s'en trouve un
bien remarquable, c'est
un Anglois de la Ville de
Northampton
,
âgé d'environ cent ans, son fils
qui l'accompagnoit dans
un champ où il alloit ra- maÍfer du foin, ayant esté
tue, sonPere courut à un
petit bois voisin, & s'y cacha en se courbant derriere un arbre, mais pas si
bien qu'un Sauvage ne l'y
appcrceuft>celuy -cy fuy
lalchaun coup de fusil donc
la balle passale long de l'épine du dos, & fut s'arrefier entre cuir & chair un
peu au dessous de l'épaule
gauche. Cet Anglois ayant
esté amené par le party des
Sauvages Abnaxis à Montreal
,
il a
esté pensé soigneusement, la balle qu'on
luya tirée s'esttrouvéeapplatie, &le prisonnier n'avoit jamais senti aucune
douleur dansles vertebres,
quoyque la balle eust passé
par tant d'endroits. & d'à* 1, II ne épaule à
l'autre, b
L'année a
estéabondante en ce pays
-
cy en toute
forte de grains, nous avons
eu le bonheur & le temps
d'en faire la recolte, & de
les ferrertous. L'hyver qui
est d'ordinaire iî senfilec
en Canada,a eslédoux.,,ia
quelques huit ou dix jours
près, qui ont cependant
suffi pour glacer le fleuve,
mais si ferme qu'on alloit
d'icy à Montreal en cariole & sur detraifneaux
,
le
froid n'a commencé que
vers les derniers jours de
Janvier ce qui est extraordinaire en Canada où la
grande Riviere de S. Laurent toute large & rapide
qu'elle est, prend ordinairement au moins sur les
bords vers le commencement
ment deNovembre du cossé d'en haut, je veux dire
en remontant le fleuve du
cossé de ritle de Montreal.
Des Sauvages de la Mis
sion de Mr de Breslay, ont
découvert à environ vingt
lieuës de Montreal au mois
de Juin dernier) une carriere qui semble estre toute de marbre
,
& mesme
d'une espece de jaspe, c'est
toute unemontagne a peu
prés longue d'une demi
lieuë, ce sont des Nepissings,ou Algonkins esta-
blis dans l'IsleauxTourtes,
à l'extremité d'en haut de
rIfle de Montreal,qui ont
fait cette découverte, &
en ont apporté de gros
morceaux au retour de
leur chasse qui dure des
quatre & cinq mois chez
les Sauvages. J'en ay veu
un morceau qu'ils ont apporté, dans lequel il m'a
paru quatre couleurs difserentes qui font espacées
regulierement
,
formant
comme des especes de flammes, avec des estoillesaux
extremitez, où l'on voit
comme des pailletes brillantes
,
& entre ces rangées de flammes il y a
des
especes de spirales ou limaçons du plus beau, couleur de feu & noir, & ce
qui rendroit ce marbre exquis, c'est qu'il est aussi dur
& aussi lié que le marbre
blanc.
11 Il y en a
d'autre plus
brun, qui a toutes les varierez de la pierre de jaspe, mais les quatre costez,
par exemple d'un carreau
de deux pieds cubes, sont
tous différentsen couleur
Ge mineral, quoyque pesant & dur,ma semble assez
facileàtailler. Cettemontagne qui n'est qu'une carriere, au rapport des Sauva ges,
ébloüit les yeux des
personnes.qui la regardent
un peu fixement à cause de
diverses couleurs que le
Soleil y
fait briller. Ces
Algonkins disent que cette
merveilleuse carriere n'est
esloignée du fleuve saint
Laurent que d'une demi
lieuë, que l'on y voit de
fort grosses pierres toutes
d'une mesmecouleur, les.
unes rouges,les autres de
couleur d'un beau bleu de
turquoise, quelques
0-
unes
de noires, ôc d'autres jaC*
pées,& tellesque le morceau dont je vous ay parlé.
Voicy une autre découverte .de' mineraux
,
c'est
- une mine de plomb qui a
esté trouvée par des habitansCanadiens à la coste
du Sud, que l'on, appelle
icy Coste de Varenne, du
nom du Seigneur de cette
contrée, c'est vis-à-vis la
partie d'en bas de l'Isle de
Montreal une lieue & de-
mie au dessous de Roucherville. Cette découverte a
esté faite cette année à la
fin du mois d'Aoust. On a
apporté de cette mine un
morceau du poids de soixante livres, qui aprés avoir
estéfondu, ne s'est trouvé
diminué que d'un demi
quart, & dont l'œil est rougeastre,mais pourtant argenté comme l'étain. Plusieurs morceaux de cette
espece de plomb furent
trouvez dans cette mine,
mais on les laissa. Les habitans des environs ageu-
rent n'avoir jamais pufaire
venir de bled dans leftcnduë de quatre ou cinq arpents qui occupe cette mine
,
qu'il y
avoit ordinairement beaucoup moins
de neiges en cet endroit
qu'ailleurs, & qu'elle s'y
fond beaucoup plustost.
Le pourpre a
fait bien
du ravage icy, ie dis dans
Quebec, carle mal ne s'est
point estendu jusqu'au
Montreal. Cette maladie
nous a
enlevé plusieurs Ecclesiastiques du Séminaire
des Missions Eftrangeres,
Jesuites., Recollets, ôc
Religieuses Hofpiralieres.
Nous comptons outre cela
trois cens Laiques morts
en tres peude temps dans
cette Ville ou aux environs.
OnOn donnera dans le
Mercure prochain, ou
dans celuy d'après une
autre Relation ou espece
de voyage meslé d'avajitures tres -
nouvelles c~
tres-veritables
de Quebec, où l'on a
adjoussé quelquessingularitez
tirées d'autres memoires.
Le festin qu'on donna
aux Sauvagesse fit proche
les bords du grand fleuve
Saint Laurent, il y avoir
environ quinze cens conviez
,
assîs par familles sur
des troncs d'arbres couchez en forme de longs canapez champêtres,dontles
dossiers estoient de feüillages enlassez.A chaque troupe de convive est une grande cliaudiere
,
les unes ont
neuf à dix pieds de diametre
,
les autres plus grandes, on les remplit de
quartiers de boeufs, de
moutons, de cochons, ôc
de l'élite des plus gros
chiens avec leurstêtes qu'
on voit surnager dans une
espece de bouillon en purée qu'on épaissit en y
jettant avec des peles à longs
manches plusieurs sortes
de pois & de graines aromatiques. En attendant
que leurs viandes fussent
cuites,ils estoient tous a/Iïs,
selon leurusage,lementon
entre les genoux, qu'ils levoient de temps en temps:
là paroissoient des visages
peints de toute forte de
couleurs, les uns de bleu;
les autres de rouge, quelques-uns de vert; cestoit
vun blazon universel
,
car
-
on en distinguoit qui par- -
-
toientaupremier&au quatre d'azur, au deux Be trois
-de gueules; d'aurtes parry
àè-fable) ôc de sinople. De
cerrains portoient coupé
de pourpre 6c de gueule :
nous en remarquaimes
plusïeurs qui avoient seulement le nez teint avec le plus beau bleu que l'on
puissevoir, c'estoit de l'outremer,& les yeux noircis
Qvec de la mine de plomb,
presque tous avoient les
cheveux frotez & imbibez
de ce qu'ils appellent Matacha, c'est à-dire de rouge, ou de toute autre peinture 6c de graissè de loup
marin, un duvet d'Outarde
DU de canard sftoir femé
ÏUrces ehevttx. Au nezdes
Outaouacs pendoient de
petites médailles de cuivre
ou de porcelaine de la Virginie. Quelques
-uns avoient des cornes de Caribouxespece de Cerf de
l'Amérique septentrionale) au denns de leurs oreilles, le visage de ceux qui
n'estoient pas Matachez,
c'est dire,peints,estoient
marquez de hieroglyphes
dont les uns
representoient
des serpens qui tomboient
du milieu du front sur le
nez, & dont la quetuëfînik
foitau menton D'autres
avoient des figures de Renards, d'Ours, de Castor,
de Rat., de Pigeon,aux
joues.Ces hieroglyphesdurent autant que la vie, cela
se faisant avec la pointe de
l'aiguille sur la chair, les
piqûres faites, on jette deflus du charbon broyé fore
menu, & de certaines pier-
res de couleur calcinées &
pulverisées après quoy la
figure conferve une couleur bleuastre
,
ou rouge
,
ouvertefélon les poudres.
Toutesles Nations différentesse distinguent parmy les Sauvages par quelque coloris ou hyerogliphes communs entr'eux.
Il y a
quelques.unes de
ces Nations où les jeunes
hommes qui deviennent
amoureux, se pergnentune
figure de cœur sur le front,
& paroissent ainsi couronnez de feuilles devant leur
maistresse, & c'est un lignal de declaration d'amour; & siau bout d'un
certain temps ils ne sont
pas aimez,ils sont obligez
de recolorer ce cœur de
noir, sinonlafamille qui
ne veut point d'alliance
avec celle du jeune amoureux, se tiendroit deshonorêe, & s'ils sont agreez par
la maistresse, elle se peint
à l'imitation de lamant, &
l'amant jointunautrecœur
au premier qu'il avoir
peint
:
mais ces fortes de
peintures d'amour ne sont
quappliquées & non avec
des piqûres comme los
hyerogliphes,&ne durent
que peu de temps, apparemment autant que
,,
leur
amour qui n'est pas plus
confiant que celuy des Européens.
Les Sauvages estoient
armez de haches
,
de ce -
qu'ils appellent casse-testes
oumassues, d'un long couteau à Il ceinture
,
avec
leur arc, & leurs ca quois
garnis de fleches mis en
bandouliere.
Toutes ces differentes
Nations sauvages du Nord
de l'Amérique estant ainsi
rangées, Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
général present, & accompagné de Mr le Chevalier
de Ramezé Gouverneur de
Montreal, le sieur Joncaire Officier François Negotiateur & Envoyé ordinaire chez les Iroquois,
parut au milieu de tous ces
Sauvages, dont oncomptoit treize ou quatorze Nations différentes, il estoie
armé d'une assez longue
perche, à lextremité de la-
quelle essais plantée une
teste de Chien à demy grillée, & qu'il montroit de
toutes parts.S'estant, après
plusieurs cours faits de cossé & d'autre, retiré à un
des bouts de l'assemblée
du costé des Iroquois qu'il
avoit ordre de haranguer,
un autre Officier François
bon lnterprete de la langue des Sauvages d'en
haut, marcha aussi le long
des rangs avec une autre
teste de Chien qu'ilmontra à droite & à gauche,
puis se fut ranger du costé-
des, Nations Outaouaises.,
Ces deux Officiers ainsi
portez, firentalternativement, &à l'extremité des
lignes que formoient toutes ces Nationssàuvages,
la harangue dont voicy la
substance à peu prés, èc
cela de la part d'Onnonthio
,
c'estainsi qu'ils appellent le Gouverneur general des François en Canada.
C'est icy un festin 'lie
guerre pour vous engager
à lever la hache contre: les
Anglais, vostre ennemy
& le nostre, ils ont relolu
de vous aller troublersur
vos nattes & dans vos cabanes. Onnonrhio espere
que vous vous comporterez en hommes,cest-à dire
,
en braves & vaillants
Guerriers.
Les harangues finies
, Mrjoncaire tenant au bout
de son grand baston latedte
de Chien élevée, dansa &
chanta en mesme temps
seul,quiest la maniere des
Sauvages, laissant tomber
négligemment le bras gauche le long des hanches,
& tournant comme un furieux la teste tantost à
droite, tantost à gauche, fe-"
Courbant & redressant le
corps parfaçades
,
écar- -
tant & ferrantles genoux,
quoyque les pieds restent
prcfque joints l'un contre
l'autre. La chanson ne consista qu'à prononcer avec
un assez grand effort de
poitrine, l'ïnterjection hê9
hé, hé, qui est à peu près
celle de nos fendeurs de
bois, ils répondirent à
cette espece de cri de guerre
par ho, ho9 bai, ho, ho,
huiy
hai
,
ce qui ressembloit
assezàunemauvaise musique Iralienne.
Plusieurs Officiers François qui sçavent les maniéres Iroquoises, danserent
&chanterent les unsaprés
les autres
,
portant tous à
la main un des bastons ou
estoit une teste de Chien.
Les danses des Officiers finies, & celles de plusieurs
Chefs des Sauvages, toutes
seul à seul;une teste de
Chien fut presentée au Chef des Iroquois de la
Mission de saint Louis proche l'Isle de Montreal; celuy-cy l'ayant prise la mit
sur ses genoux, car il (fioit
assis, puis il jetta un cri fort
aigu, pour signifier aux autres qu'ilalloit danser
; ce
Sauvage ayant joué foi*
rôle, presenta la teste de
Chien à un autre Chef ou
ancien qui dansa & chanta
assez long-temps il en fut
de mesme de plusieursautresf Chefs de cette Nation.
Les deux testes de Chien
ayantestéainsi portéesde
Chefen Chefdes Nations,
tant Iroquoises, qu'Algonkines & Outaoüaises, les
derniers d'entre les Anciens &Chefs à qui elles
écheurent, les croquerenc
en mangerent lacervelle,
& crieront en leur langage,
ainsiserons-nous de mis. nos enneLes dansesfinies entre
les plus considerables des
Sauvages au bout desept
heures d'horloge ou environ,MrleMarquis de Vaudreuil
,
Onnont hio
,
qui
leur faisoit le festin
,
fit distribuer abondamment à
chaque famille, de la viande& de la biere.
Dans le temps que Mr
le Gouverneur general envoyoit de bons Officiers &
-
des soldats agguerris en
Acadie, pour feconder les
intentions du brave saint
Cassin, Gentilhomme Ga£
con, tres -
fidele fervitcur
de sa Majesté
,
& fortaimé des Acadiens,il arriva
icy un petit bastiment que
des Canadiens en canot le
long des costes venoienc
de prendre; ce fut parcette prise que la nouvellecer-
taine vint - en Canada, de
l'armement des Anglois
contre nous, que leur flotte estoit en mer, contenant dix à douze mille
pommes, avec ce qu'ils
avoient pu ramasser à Baston& aux Villesvoisines,
de bastimentsde transport,
de barques, de doubles
chaloupes.
Un bastiment venant de
Plaisance en Terre-neuve,
& un Irlandois, qui avoit
deserté le party des ennemis, nous vinrent donner
avis quela flotte Angloise
avoit mis à la voile le dixiéme d'Aoust, de Baston.
Un de nos partis de SauvagesAlgonKins, amena
un Iroquois de la Nation
des Goïogoüens, qui asseura que lesjeunes gens d'entre ses freres, malgré le
conseil & le sentiment des
Anciens &desChefs,s'estoienc enfin laisse gagner
par les Anglois d'Orange
&de la Menade ( deux Villes de Newyork) un Sauvage Abnaki, appelle Cadenarec , qui apporroit la
cheveleured'un Anglois,-
& qui amenoit un soldat
qu'il avoit fait prisonnier,
vint nous apprendre qu'il
avoit veu faire lepartage
de quantité de canots &
de pirogues pour mettre
sur le lac Champlain
,
ce
qui confirmoit que le corps
de l'armée Angloise estoit
en marche.
Tant de témoinsnecertifioient que trop que nos
ennemis vouloient nous
attaquer par en haut, c'està dire, du costé de Montréal
; quant à celuy qu'ils
avoient formé de le faire
par en bas, & du costé de
Q)I-uCebcc.Lenomm'Guione
un de nos Flibustiers le plus
alerte, vint nous en asseurer: car ayant esté pris le
13. de Septembre dans la
riviere de saint Laurent,
& presqu'aussi
-
tost relasché (àcause que l'année
précédente1710. )
il avoit
pris luy. mesmel'Anglois
qui venoit de se rendre
maistre de son petit bastiment, & qu'il en avoir esté
traité humainement, il
nous rapporta qu'il avoit
veu la flotte des Anglois
vers
vers le Cap Matane ,& à
soixante lieuës de Quebec,
qu'il avoit compté plus de
quatre-vingt dix voiles.
Mr le Gouverneur génera l
,
sur des avis si marquez, ramassa tout le de-.'
tachement des troupes de
la Marine, qui sont les
troupes reglées dessinées à
garder la colonie; Mr de
Ramezay Gouverneur de
Montréalluy amena plus
de neuf cens Canadiens,
tous bons guerriers, enfin
on ramassa beaucoup de
troupes. La capitale de la
nouvelle France Quebec,
estoit fortifiée par Mr le
Chevalier de Beaucour Capitaine
,
& fort habile Ingenieur.
La seconde Ville du Canada qui est Ville
-
Marie, vulgairement appellee
Montréal
,
à cause d'une
montagne, qui traverse
dans sa longueur une petite partie de fIne: de ce
nom, n'est fortifiée que de
pallissades
,
elle est flanquée du costé de la campagne de trois bastions &
les choses estoient dans
cet estat lorsque nous apprismes par deux Canadiens venus de laTerrede
Labrador, à la coste du
nord du fleuve saint Laurent, la manœuvre des
Anglois depuisl'endroit où
est une baye aÍfez profonde à la coste du Sud jusques au Cap Matane du
mesme costé de la riviere,
& cela jour par jour. Ces
genslà ont veu des débris
de sept vaisseaux de hautbord, parmy lesquels estoit
l'amiral de la flotte, si on
en juge par le pavillon &
la flamme qui en ont elri
apportez icy par le fie ur de
la Valiere;ils ont compte
pendant cinq lieuës de
chemin le longdu rivage,
quinze cens corps noyez,
parmi lesquels estoit une
femme très- proprement
habillée qui tenoitsous un
de ses brasun petit enfant
qu'ellen'a voir pointlasché
en se noyant
,
&unjeune
Anglois qui tenoit encore
une planche, n'estoit pas
loin d'elle. Ces habitants
découvrirent aussi plufleurs chevaux morts, tout
cela esoit melle parmy
des hauts bans
,
des masts,
des cables de différentes
grossèurs, des banques, des
coffres de bord de toutes
façons, ils y remarquèrent
aussi quantité d'uftvnciJes
& de pièces de mesnage,
comme des chaudières, des
poëlons, des casseroles, des
matelats, des berceaux, &
mille autres choses qu'il feroit ennuyeux de vous rap.
porter. Un furieux coup
devenr,le troisième Septembre, quelques uns ont
dit que c'estoit du Sud Sud-
oueltJlesavoit portez avec
impecuollcé
,
sur rifle aux
œufa, & ensuite à la colle
du Nord, puisàcelle du
Sud, les bons Pilotes leur
manquaient. Il est certain
que le fleuve saint Laurent
est très-difficile à pratiquer, mesmes aux plus anciensPilotes
; car outre
qu'il est herisse d'isles, donc
les approches font trembler) les bords en cftant
efcarpez, il est plein de
battures
,
de brisants
,
ou
rochers, dont quelques-
-
uns fontà fleur d'eau.ou-
f tre cela le canal que l'on
prend ordinairement
,
a
peud'estenduë, c'est au
Nord, on est cependant
obligé de ranger d'afîcz
près cette coste, sur roue
vers t'iHe aux Coudres
,
le
CapTourmente la Traverse. La coste du Sud cft
beaucoup plus apparente,
quoyqu'elle foit très- certainement moins faine que
celledu Nord
:
je ne iciche que feu Mr le Chevalier d'iberville qui le foin
hafirdé de la ranger ,je
parle de la cofte du Sud du
fleuve saint Laurent.
Nousetions encore dans"
l'attente des ennemis à
Québec ,& nous nous tenions sur nos gardes au milieu de toutes ces nouvelles
de la défaite des Anglois
dans la riviere par la tempeste. Lorsque le Heros,.
vassfeau duRoy,commandé par Mr le Chevalier de'
Beauharnois de Marigny,
est venu mouiller dans la
rade de cette Vjne,çaefiéle sîxiéme d'Oâobre. Ce
gros navire a procuré à la
Colonie un secours consi
durable d'hommes & de
munirions de guerre, il a
faitdeux prises en venant)
& en a
bruslé une, il a amené l'autre jusques icy
,
& a
louvié & couru plusieurs
bordées,tantofl: à bas bord,
tantost à stribord pendant
l'espace de dix-sept jours
dans la fécondé riviere de
(iint Laurent sans avoir
rencontré aucun vaisseau
ennemy. Lacirconstance
d'un auni gros bastiment
que le Heros qui passe à
tr-aversunefloue ennemie
sans en estre arresté,for-
moit deftranges & fâcheux soupçons contre le
Flibufticr Canadien nomme Guyon, & quelques au.'
tres qui avoient compte
les Navires des Anglois
qui paroissoient occuper
tout le travers du grand
fleuve faint^Laurent. Tous
ces faits se font neanmoins
trouvez trèsconformes à
la verité, la flotteavoir repris le chemin d'Europe,
& on avoir renvoye quelques bastiments à Baston,
dans la nouvelle Angleterre.
Mr nostre General afleuré de la dispersion Ôa:' de la
ruine de la flotte Angloise, pensà d'abord à aller fecourir le haut Canada, je
veux dire le Montreal, &
tout le Gouvernement de
rIfle de ce nom, il prit à
cet effet mille ou douze
cens hommes
,
tant de
Quebec que des trois Rivieres, & vint en diligence
joindre Mr le Baron de
Longueil Lieutenant de
Roy de Ville-Marie, ou
Montreal) quiestoit desja
au Fort de Poiitchartrain,
ou de Chamblis) pour s'opposer, ôc aller delà au devant du General Nicholson
a
les Anglois venoient
attaquer la Colonie de ce
cofté- là pour faire diverfion de nos forces. -
Mr le Marquis de Vatidreuil ayantefté informé,
que les ennemis prenoienc
J-d. fuite,decacba apiés eux
Mrs de Rouville, la chau.
vinerie & de Vieuxpont,
pour donner sur l'arrieregar dedes ennemisle long
duLac de Champlain,
;Voila Mr où en clîoienç
les choses sur la fin d'Octobre dernier
y
nos ennemis se font défaitssans que
nous ayons perdu un seul
homme. Le Sauvage On.
iiontagué a
racontéa. nos
Officiers, que le restedes
Anglois reprenoit le chemin d'Orange & de la Mo.
nade.
Parmi les prisonniers que
les Sauvages Abnakis nos
alliez
,
ont faits cette année dans la nouvelle Angleterre) il s'en trouve un
bien remarquable, c'est
un Anglois de la Ville de
Northampton
,
âgé d'environ cent ans, son fils
qui l'accompagnoit dans
un champ où il alloit ra- maÍfer du foin, ayant esté
tue, sonPere courut à un
petit bois voisin, & s'y cacha en se courbant derriere un arbre, mais pas si
bien qu'un Sauvage ne l'y
appcrceuft>celuy -cy fuy
lalchaun coup de fusil donc
la balle passale long de l'épine du dos, & fut s'arrefier entre cuir & chair un
peu au dessous de l'épaule
gauche. Cet Anglois ayant
esté amené par le party des
Sauvages Abnaxis à Montreal
,
il a
esté pensé soigneusement, la balle qu'on
luya tirée s'esttrouvéeapplatie, &le prisonnier n'avoit jamais senti aucune
douleur dansles vertebres,
quoyque la balle eust passé
par tant d'endroits. & d'à* 1, II ne épaule à
l'autre, b
L'année a
estéabondante en ce pays
-
cy en toute
forte de grains, nous avons
eu le bonheur & le temps
d'en faire la recolte, & de
les ferrertous. L'hyver qui
est d'ordinaire iî senfilec
en Canada,a eslédoux.,,ia
quelques huit ou dix jours
près, qui ont cependant
suffi pour glacer le fleuve,
mais si ferme qu'on alloit
d'icy à Montreal en cariole & sur detraifneaux
,
le
froid n'a commencé que
vers les derniers jours de
Janvier ce qui est extraordinaire en Canada où la
grande Riviere de S. Laurent toute large & rapide
qu'elle est, prend ordinairement au moins sur les
bords vers le commencement
ment deNovembre du cossé d'en haut, je veux dire
en remontant le fleuve du
cossé de ritle de Montreal.
Des Sauvages de la Mis
sion de Mr de Breslay, ont
découvert à environ vingt
lieuës de Montreal au mois
de Juin dernier) une carriere qui semble estre toute de marbre
,
& mesme
d'une espece de jaspe, c'est
toute unemontagne a peu
prés longue d'une demi
lieuë, ce sont des Nepissings,ou Algonkins esta-
blis dans l'IsleauxTourtes,
à l'extremité d'en haut de
rIfle de Montreal,qui ont
fait cette découverte, &
en ont apporté de gros
morceaux au retour de
leur chasse qui dure des
quatre & cinq mois chez
les Sauvages. J'en ay veu
un morceau qu'ils ont apporté, dans lequel il m'a
paru quatre couleurs difserentes qui font espacées
regulierement
,
formant
comme des especes de flammes, avec des estoillesaux
extremitez, où l'on voit
comme des pailletes brillantes
,
& entre ces rangées de flammes il y a
des
especes de spirales ou limaçons du plus beau, couleur de feu & noir, & ce
qui rendroit ce marbre exquis, c'est qu'il est aussi dur
& aussi lié que le marbre
blanc.
11 Il y en a
d'autre plus
brun, qui a toutes les varierez de la pierre de jaspe, mais les quatre costez,
par exemple d'un carreau
de deux pieds cubes, sont
tous différentsen couleur
Ge mineral, quoyque pesant & dur,ma semble assez
facileàtailler. Cettemontagne qui n'est qu'une carriere, au rapport des Sauva ges,
ébloüit les yeux des
personnes.qui la regardent
un peu fixement à cause de
diverses couleurs que le
Soleil y
fait briller. Ces
Algonkins disent que cette
merveilleuse carriere n'est
esloignée du fleuve saint
Laurent que d'une demi
lieuë, que l'on y voit de
fort grosses pierres toutes
d'une mesmecouleur, les.
unes rouges,les autres de
couleur d'un beau bleu de
turquoise, quelques
0-
unes
de noires, ôc d'autres jaC*
pées,& tellesque le morceau dont je vous ay parlé.
Voicy une autre découverte .de' mineraux
,
c'est
- une mine de plomb qui a
esté trouvée par des habitansCanadiens à la coste
du Sud, que l'on, appelle
icy Coste de Varenne, du
nom du Seigneur de cette
contrée, c'est vis-à-vis la
partie d'en bas de l'Isle de
Montreal une lieue & de-
mie au dessous de Roucherville. Cette découverte a
esté faite cette année à la
fin du mois d'Aoust. On a
apporté de cette mine un
morceau du poids de soixante livres, qui aprés avoir
estéfondu, ne s'est trouvé
diminué que d'un demi
quart, & dont l'œil est rougeastre,mais pourtant argenté comme l'étain. Plusieurs morceaux de cette
espece de plomb furent
trouvez dans cette mine,
mais on les laissa. Les habitans des environs ageu-
rent n'avoir jamais pufaire
venir de bled dans leftcnduë de quatre ou cinq arpents qui occupe cette mine
,
qu'il y
avoit ordinairement beaucoup moins
de neiges en cet endroit
qu'ailleurs, & qu'elle s'y
fond beaucoup plustost.
Le pourpre a
fait bien
du ravage icy, ie dis dans
Quebec, carle mal ne s'est
point estendu jusqu'au
Montreal. Cette maladie
nous a
enlevé plusieurs Ecclesiastiques du Séminaire
des Missions Eftrangeres,
Jesuites., Recollets, ôc
Religieuses Hofpiralieres.
Nous comptons outre cela
trois cens Laiques morts
en tres peude temps dans
cette Ville ou aux environs.
OnOn donnera dans le
Mercure prochain, ou
dans celuy d'après une
autre Relation ou espece
de voyage meslé d'avajitures tres -
nouvelles c~
tres-veritables
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Résumé : SUITE DE LA LETTRE de Quebec, où l'on a adjousté quelques singularitez tirées d'autres memoires.
Le texte relate un festin organisé pour des nations amérindiennes près du fleuve Saint-Laurent, réunissant environ quinze cents convives. Ces derniers étaient assis par familles sur des troncs d'arbres disposés en forme de canapés champêtres. Les repas étaient servis dans de grandes claudières contenant des quartiers de bœufs, de moutons, de cochons et de chiens, cuits dans un bouillon épais avec des pois et des graines aromatiques. Les convives avaient des visages peints de diverses couleurs et portaient des médailles ou des cornes de caribou. Certains arboraient des hiéroglyphes représentant des animaux ou des symboles d'amour. Le gouverneur général, le Marquis de Vaudreuil, accompagné du Chevalier de Ramezé et de l'officier Joncaire, harangua les nations présentes pour les inciter à lever la hache contre les Anglais. Les officiers français dansèrent et chantèrent, portant des perches avec des têtes de chien grillées. Les chefs amérindiens firent de même, et les têtes de chien furent finalement mangées par les derniers chefs. Parallèlement, des nouvelles alarmantes arrivaient sur l'armement des Anglais et leur flotte en mer. Des témoins rapportèrent des débris de vaisseaux et des corps noyés le long du fleuve Saint-Laurent. La colonie se préparait à une attaque imminente, avec des troupes rassemblées à Québec et Montréal. La tempête avait causé la défaite de la flotte anglaise, et la colonie attendait l'arrivée des ennemis tout en restant sur ses gardes. Le texte mentionne également plusieurs événements et découvertes dans la région du fleuve Saint-Laurent et au Canada. Un navire a navigué pendant dix-sept jours sans rencontrer de vaisseaux ennemis, malgré la présence de navires anglais. Cette expédition a suscité des soupçons contre un flibustier nommé Guyon. La flotte ennemie a repris le chemin de l'Europe, et certains navires ont été envoyés à Boston. Le général canadien a décidé de se diriger vers Montréal pour défendre la colonie contre une attaque anglaise. Les forces ennemies ont été repoussées sans perte humaine du côté canadien. Parmi les prisonniers, un Anglais âgé d'environ cent ans a été capturé et soigné après avoir été blessé par une balle de fusil. L'année a été abondante en grains, et l'hiver a été doux, avec une glace sur le fleuve permettant les déplacements en cariole. Des Sauvages ont découvert une carrière de marbre et de jaspe près de Montréal, ainsi qu'une mine de plomb sur la côte de Varenne. La maladie du pourpre a causé de nombreuses victimes à Québec, notamment parmi les ecclésiastiques et les laïcs. Une relation détaillée de ces événements sera publiée dans le prochain Mercure. L'œuvre 'Les Trois Vérités' est attribuée à l'empereur romain Julien, connu sous le nom de Julien l'Apostat. Julien y expose sa vision de la divinité et de la nature humaine. Il affirme que la divinité est une réalité tangible et non une abstraction. Il distingue trois vérités : la divinité existe et est présente dans toutes les âmes humaines ; elle est une et indivisible ; elle est bonne et bienveillante. Julien explique que la divinité est à la fois immanente et transcendente, présente en chaque être humain mais aussi au-delà de la compréhension humaine. Il souligne que la connaissance de cette divinité est accessible par l'intellect et la contemplation. Julien critique les religions qui adorent des divinités multiples ou considèrent la divinité comme éloignée de l'humanité. Il insiste sur l'importance de la vertu et de la sagesse pour se rapprocher de la divinité. Enfin, il conclut en affirmant que la véritable connaissance de la divinité conduit à une vie vertueuse et harmonieuse.
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6
p. 209-211
De Versailles le 22 Février.
Début :
Le Baron de Beckers, Ministre d'État & de Conférence, Ministre Plénipotentiaire de l'Electeur [...]
Mots clefs :
Baron, Ministre d'État, Roi, Nominations, Marquis, Abbaye, Ordre, Marquis, Régiment, Infanterie, Vicomte, Grade, Québec
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texteReconnaissance textuelle : De Versailles le 22 Février.
DE VERSAILLES le 22 Février.
Le Baron de Beckers , Miniftre d'État & de
Conférence , Miniftre Plénipotentaire de l'Electeur
Palatin , eut le 11 une Audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa Majesté
fes Lettres de Créance.
Le 17 , le Roi a tenu fur les Fonds de Baptême ,
avec la Marquife de Pompadour , Dame du Palais
de la Reine, le Fils du Vicomte de Bouville ,
Commandeur de l'Ordre Royal & Militaire de S.
Louis , Capitaine de Vaiffeau du Roi . Le Baptême
a été fait à la Paroiffe de Notre-Dame. Sa Majesté
a été repréſenté par le Duc de Duras , Pair
de France , & premier Gentilhomme de la
Chambre.
Le 18 , le Roi a nommé Miniftre d'État le
Maréchal Prince de Soubife qui a pris en cette
qualité féance au Confeil de Sa Majesté.
Le Marquis de Chabannes , Sous- Lieutenant de
la feconde Compagnie des Moufquetaire de la
Garde , ayant obtenu du Roi la permiffion defe
démettre de cet emploi , Sa Majeflé a accordé la
Cornette vacante par cette démiffion , au Marquis
de Varennes- Nagu , Capitaine dans le Régiment
du Roi , Infanterie .
Le Roi a donné l'Abbaye de l'Eau , Ordre de
Citeaux , Diocèſe de Chartres , à la Dame de
Vauldrey , Abbeffe de Beauvoir.
L'Abbaye de Beauvoir , Ordre de Citeaux
Diocèle de Bourges , à la Dame Joly de Fleury ,
Religieufe du Monaftere de Foilly , Diocèfe de
Troyes.
Et l'Abbaye d'Effey , Ordre de S. Auguſtin ,
Diocèle de Sées , à la Dame de Beauville ; Religieufe
à l'Abbaye de Bonlieu , Diocèſe du Mans.
Du premier Mars.
Le 24 du mois dernier le Roi tint le Sceau
pour la quarante- cinquième fois.
210 MERCURE DE FRANCE:
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Berry ;
Infanterie , vacant par la démiffion du Marquis
de Contades , en faveur du fieur Hugues , Capitaine
dans le Régiment du Roi , Infanterie ; de
celui de la Ferre , Infanterie , vacant par la promotion
du Marquis de Fenelon au grade de Maréchal
de Camp , en faveur du Marquis de Beaumont
, Ayde-Major- Général de l'Infanterie de
l'Armée ; de celui de Beauvoifis , Ipfanterie , vacant
par la promotion du Marquis de Lugeac
au grade de Maréchal de Camp , en faveur da
Chevalier de Clugny, Capitaine dans ce Régiment.
Le Roi a nommé Guidons de Gendarmerie ,
les fieurs Comte de Mornay de Monchevreuil ,
Colbert de Preffigny, Marquis de la Haye, Comte
de Chabannois , Comte de Flavacourt , Marquis
de Roquefort , Vicomte de la Riviere , & de Manneville.
Le Roi a accordé au Comte de Barbazan , Sénéchal
& Gouverneur de Bigore , le Commandement
de cette Province.
Du 8 .
Le 24. du mois dernier , les fieurs de Saint-
Germain , de Ballette , & de Boignorel , reçus
ci-devant Chevaliers de minorité dans les Ordrés
Royaux Militaires & Hofpitaliers de Notre- Damedu
Mont Carmel & dé Saint Lazare de Jérufalem
, furent admis dans l'appartement de Monfeigneur
le Duc de Berry ; & immédiatement
après la meſſe à faire leur profeffion , & à prononcer
leurs voeux entre les mains du Comte de
Saint- Florentin , Gérent & Adminiftrateur de ces
Ordres. Le Comte de Comminges fut enfuite reçu
Chevalier des mêmes Ordres. Le fieur Dorat de
Chameule prêta le même jour ferment en qualité
de Survivancier du fieur Dorat fon pere , dans
la Charge de Greffier & Secrétaire Général de
ces Ordres.
AVRIL. 1759. 211
Le fieur de Boullongne s'étant démis de la place
de Contrôleur Général des Finances. Sa Majesté
à nommé le fieur de Silhouette pour le remplacer.
Le fieur de Kergarfon , Enfeigne de Vaiffeau ,
Commandant la Corvette du Roi la Sardoine
qui revient de la Martinique & de S. Domingue
d'où il eft parti les Décembre , a rapporté que
ces Colonies étoient alors en bon état.
Le fieur de Bougainville, premier Aide de Camp
du Marquis de Montcalm , Lieutenant- Général ,
Commandant les Troupes Françoiſes en Canada ,
fous les ordres du Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
& Lieutenant- Général de la Colonie , eft
arrivé de Québec pour rendre compte au Roi de
l'état de cette Colonie , & a eu l'honneur de préfenter
à S. M. les plans des forts & la Carte des
lieux qui font le théâtre de la guerre dans ce
pays. Ces plans ont été levés par le fieur de Crevecoeur
, Officier au Régiment de la Sarre , employé
dans le Génie , & qui s'eft fait beaucoup
de réputation par fa bravoure & fes talens . Le
Roi a accordé au fieur de Bougainville une gratification
, le brevet de Colonel , & la Croix de
Saint-Louis. Cet Officier arrivé de Québec au
commencement du mois de Janvier dernier, vient
de repartir pour le Canada.
Le Roi a nominé à l'Evêché d'Agde l'Abbé de
S. Simon de Sandricourt , Vicaire Général de
l'Evêché de Metz .
Sa Majesté a donné P'Abbaye Royale de Conches
, Ordre de S. Benoît , Diocèse d'Evreux ,
fur la démiffion de l'Abbé de S. Simon , à l'ancien
Évêque de Limoges , Précepteur de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne;
Et l'Abbaye de Peffan , Ordre de S. Benoît ,
Diocèle d'Auch , à l'Abbé de Narbonne de Lara ,
Grand- Vicaire d'Agen.
Le Baron de Beckers , Miniftre d'État & de
Conférence , Miniftre Plénipotentaire de l'Electeur
Palatin , eut le 11 une Audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa Majesté
fes Lettres de Créance.
Le 17 , le Roi a tenu fur les Fonds de Baptême ,
avec la Marquife de Pompadour , Dame du Palais
de la Reine, le Fils du Vicomte de Bouville ,
Commandeur de l'Ordre Royal & Militaire de S.
Louis , Capitaine de Vaiffeau du Roi . Le Baptême
a été fait à la Paroiffe de Notre-Dame. Sa Majesté
a été repréſenté par le Duc de Duras , Pair
de France , & premier Gentilhomme de la
Chambre.
Le 18 , le Roi a nommé Miniftre d'État le
Maréchal Prince de Soubife qui a pris en cette
qualité féance au Confeil de Sa Majesté.
Le Marquis de Chabannes , Sous- Lieutenant de
la feconde Compagnie des Moufquetaire de la
Garde , ayant obtenu du Roi la permiffion defe
démettre de cet emploi , Sa Majeflé a accordé la
Cornette vacante par cette démiffion , au Marquis
de Varennes- Nagu , Capitaine dans le Régiment
du Roi , Infanterie .
Le Roi a donné l'Abbaye de l'Eau , Ordre de
Citeaux , Diocèſe de Chartres , à la Dame de
Vauldrey , Abbeffe de Beauvoir.
L'Abbaye de Beauvoir , Ordre de Citeaux
Diocèle de Bourges , à la Dame Joly de Fleury ,
Religieufe du Monaftere de Foilly , Diocèfe de
Troyes.
Et l'Abbaye d'Effey , Ordre de S. Auguſtin ,
Diocèle de Sées , à la Dame de Beauville ; Religieufe
à l'Abbaye de Bonlieu , Diocèſe du Mans.
Du premier Mars.
Le 24 du mois dernier le Roi tint le Sceau
pour la quarante- cinquième fois.
210 MERCURE DE FRANCE:
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Berry ;
Infanterie , vacant par la démiffion du Marquis
de Contades , en faveur du fieur Hugues , Capitaine
dans le Régiment du Roi , Infanterie ; de
celui de la Ferre , Infanterie , vacant par la promotion
du Marquis de Fenelon au grade de Maréchal
de Camp , en faveur du Marquis de Beaumont
, Ayde-Major- Général de l'Infanterie de
l'Armée ; de celui de Beauvoifis , Ipfanterie , vacant
par la promotion du Marquis de Lugeac
au grade de Maréchal de Camp , en faveur da
Chevalier de Clugny, Capitaine dans ce Régiment.
Le Roi a nommé Guidons de Gendarmerie ,
les fieurs Comte de Mornay de Monchevreuil ,
Colbert de Preffigny, Marquis de la Haye, Comte
de Chabannois , Comte de Flavacourt , Marquis
de Roquefort , Vicomte de la Riviere , & de Manneville.
Le Roi a accordé au Comte de Barbazan , Sénéchal
& Gouverneur de Bigore , le Commandement
de cette Province.
Du 8 .
Le 24. du mois dernier , les fieurs de Saint-
Germain , de Ballette , & de Boignorel , reçus
ci-devant Chevaliers de minorité dans les Ordrés
Royaux Militaires & Hofpitaliers de Notre- Damedu
Mont Carmel & dé Saint Lazare de Jérufalem
, furent admis dans l'appartement de Monfeigneur
le Duc de Berry ; & immédiatement
après la meſſe à faire leur profeffion , & à prononcer
leurs voeux entre les mains du Comte de
Saint- Florentin , Gérent & Adminiftrateur de ces
Ordres. Le Comte de Comminges fut enfuite reçu
Chevalier des mêmes Ordres. Le fieur Dorat de
Chameule prêta le même jour ferment en qualité
de Survivancier du fieur Dorat fon pere , dans
la Charge de Greffier & Secrétaire Général de
ces Ordres.
AVRIL. 1759. 211
Le fieur de Boullongne s'étant démis de la place
de Contrôleur Général des Finances. Sa Majesté
à nommé le fieur de Silhouette pour le remplacer.
Le fieur de Kergarfon , Enfeigne de Vaiffeau ,
Commandant la Corvette du Roi la Sardoine
qui revient de la Martinique & de S. Domingue
d'où il eft parti les Décembre , a rapporté que
ces Colonies étoient alors en bon état.
Le fieur de Bougainville, premier Aide de Camp
du Marquis de Montcalm , Lieutenant- Général ,
Commandant les Troupes Françoiſes en Canada ,
fous les ordres du Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
& Lieutenant- Général de la Colonie , eft
arrivé de Québec pour rendre compte au Roi de
l'état de cette Colonie , & a eu l'honneur de préfenter
à S. M. les plans des forts & la Carte des
lieux qui font le théâtre de la guerre dans ce
pays. Ces plans ont été levés par le fieur de Crevecoeur
, Officier au Régiment de la Sarre , employé
dans le Génie , & qui s'eft fait beaucoup
de réputation par fa bravoure & fes talens . Le
Roi a accordé au fieur de Bougainville une gratification
, le brevet de Colonel , & la Croix de
Saint-Louis. Cet Officier arrivé de Québec au
commencement du mois de Janvier dernier, vient
de repartir pour le Canada.
Le Roi a nominé à l'Evêché d'Agde l'Abbé de
S. Simon de Sandricourt , Vicaire Général de
l'Evêché de Metz .
Sa Majesté a donné P'Abbaye Royale de Conches
, Ordre de S. Benoît , Diocèse d'Evreux ,
fur la démiffion de l'Abbé de S. Simon , à l'ancien
Évêque de Limoges , Précepteur de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne;
Et l'Abbaye de Peffan , Ordre de S. Benoît ,
Diocèle d'Auch , à l'Abbé de Narbonne de Lara ,
Grand- Vicaire d'Agen.
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Résumé : De Versailles le 22 Février.
En février, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour. Le 11 février, le Baron de Beckers, Ministre d'État et Ministre Plénipotentiaire de l'Électeur Palatin, a été reçu en audience particulière par le Roi, qui a accepté ses lettres de créance. Le 17 février, le Roi a assisté au baptême du fils du Vicomte de Bouville à la paroisse de Notre-Dame, représenté par le Duc de Duras. Le 18 février, le Roi a nommé le Maréchal Prince de Soubise Ministre d'État. Le Marquis de Chabannes a démissionné de son poste de Sous-Lieutenant des Mousquetaires de la Garde, et sa cornette a été attribuée au Marquis de Varennes-Nagu. Le Roi a également attribué plusieurs abbayes à des religieuses : l'Abbaye de l'Eau à la Dame de Vauldrey, l'Abbaye de Beauvoir à la Dame Joly de Fleury, et l'Abbaye d'Effey à la Dame de Beauville. Le 24 février, le Roi a scellé pour la quarante-cinquième fois. Il a nommé plusieurs officiers dans divers régiments d'infanterie et de cavalerie, et a accordé des commandements provinciaux. Les sieurs de Saint-Germain, de Ballette, et de Boignorel ont été admis dans les Ordres Royaux Militaires et Hospitaliers de Notre-Dame du Mont Carmel et de Saint Lazare de Jérusalem. Le sieur Dorat de Chameule a prêté serment en tant que survivancier de son père dans la charge de Greffier et Secrétaire Général de ces Ordres. En avril 1759, le sieur de Silhouette a été nommé Contrôleur Général des Finances à la place du sieur de Boullongne. Le sieur de Kergarfon a rapporté que les colonies de la Martinique et de Saint-Domingue étaient en bon état. Le sieur de Bougainville, de retour du Canada, a présenté au Roi des plans de forts et des cartes des lieux de guerre. Il a été récompensé par une gratification, un brevet de Colonel, et la Croix de Saint-Louis. Le Roi a nommé l'Abbé de Saint-Simon de Sandricourt à l'Évêché d'Agde, et a attribué plusieurs abbayes à des ecclésiastiques.
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7
p. 195-197
DE LONDRES, le 11 Novembre.
Début :
L'expédition tentée contre Sutatte a eu le succès qu'on desiroit. [...]
Mots clefs :
Flotte anglaise, Bombay, Débarquement, Troupes, Attaque, Désertion, Parlement, Discours, Succès des armes, Sa Majesté anglaise, Caroline, Sauvages, Colonies, Attaques, Forts, Capitaine, New York, Français, Expéditions, Officiers, Québec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 11 Novembre.
DE LONDRES , le 11 Novembre.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
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Résumé : DE LONDRES, le 11 Novembre.
Le 11 novembre, une expédition contre Suratte a réussi. La flotte, partie de Bombay fin février, comprenait huit cents Européens et trois mille Cipayes. Après un débarquement réussi, les troupes ont rencontré des difficultés avec les gros vaisseaux pour avancer vers la ville. Un bâtiment de vingt pièces de canon et quatre galiotes à bombes ont été utilisés pour rompre la chaîne fermant l'entrée du port. Après un assaut intense de quatre heures, la garnison a capitulé le 2 mars, permettant aux troupes d'entrer dans la place. Le 16 novembre, le Parlement a été assemblé et les féances ont commencé par la lecture d'un discours du roi. Ce discours rappelait les succès militaires et exprimait le désir du roi de rétablir la paix de manière honorable. Le 30 novembre, des nouvelles de Charlestown en Caroline ont rapporté que les Français avaient incité la nation indienne des Cherokées à attaquer les colonies. Trois mille Sauvages ont pénétré dans les colonies, semant la peur parmi les habitants. Le Capitaine Stuart a été envoyé avec des troupes pour contrer cette menace. À New York, les troupes du Général Amherst ont fortifié la pointe de la Couronne et ont tenté de traverser le Lac Champlain. Cependant, des vents contraires ont obligé le Général à revenir. Un corps de dix mille troupes françaises occupe divers postes entre Québec et la pointe de la Couronne, posant une menace significative.
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8
p. 202-203
DE LONDRES, le 10 Décembre.
Début :
Le Général Amherst, qui n'a pu réussir dans l'expédition qu'il avoit projettée contre [...]
Mots clefs :
Général, Expédition, Fort, Amérique septentrionale, Réparations, Forteresse, Troupes, Escadre, Amiral, Québec, Indes orientales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 10 Décembre.
De' LONDRES , le 10 Décembre .
Le Général Amherst , qui n'a pu réuffir dans
l'expédition qu'il avoit projettée contre le fort
Saint Jean , fur le Lac Champlain dans l'Amérique
Septentrionale , n'a pas été plus heureux
dans le deffein d'occuper le pofte avantageux de
la Galette . Le Général Gage qu'il avoit chargé
de cette entrepriſe lui écrivit le 11 Septembre
que la faifon étoit trop avancée.
Les réparations du fort Carillon font entierement
finies. Le Général Amherſt affure que le terrein
fur lequel la Fortereffe de la pointe de la couronne
eft fituée , eft le plus avantageux qu'il ait
vu en Amérique. Rien ne le commande ; & il
préfente toutes les commodités pour une fortification
régulière. Les Grenadiers & les troupes
légères continuent de travailler à la conftruction
de trois forts , qui rendront cette place des
plus formidables. Le Général Amherſt ne ſe flatte
pas qu'il puiffe porter tous ces travaux au point
de leur perfection ; mais il croit pouvoir garantir
qu'ils feront affez avancés pour empêcher le fuccès
de l'ennemi , au cas qu'il tentât de reprendre fur
nous la pointe de la Couronne.
L'on a appris que trois des vaiffeaux de l'Efcadre
de l'Amiral Boys , qui eft depuis fi longtems
à la recherche du fieur Thurot , ont eu le malheur
d'être défemparés de tous leurs mâts par un
gros vent , & ont relâché dans un Port d'Ecoffe.
Sur cette nouvelle on affure que l'Amirauré
envoyé ordre au fieur Brett , qui étoit aux Dunes ,
d'en partir auffitôt avec les vailleaux à ſes ordres ,
pouraller à la pourfuite de la petite Efcadre Françoiſe.
a
JANVIER. 1760. 203
Nous avons ici de nouvelles Lettres de Québec
en date du to Octobre. Elles portent que le fieur
de Bougainville , Colonel dans les troupes Françoiſes
, eft venu dans cette Ville traiter de quelque
arrangement avec le fieur Murray , qui en eft le
Gouverneur ; mais on en ignore encore l'objet.
Les vivres y font extraordinairement chers ; toutes
les maifons abattues laiffoient le Soldat fans abri.
Un autre inconvénient , au moins aufli grand ,
c'eft qu'il n'y avoit point du tout de bois pour le
chauffage.
Di 15.
Un bâtiment venu des Indes Orientales nous
a apporté les nouvelles fuivantes. Le fieur d'Aché
eft parti de l'Ifle de Bourbon pour ſe rendre fur
la côte de Coromandel.
Il fut appercu le 2 du mois d'Août dernier au
Sud de Madagascar , faifant route avec onze
vaiffeaux , trois frégates , & plufieurs bâtimens
de tranfport. Les François fe flattent que ce Général
, avec des forces fi confidérables , réparera
les pertes qu'ils ont faites précédemment.
Le Général Amherst , qui n'a pu réuffir dans
l'expédition qu'il avoit projettée contre le fort
Saint Jean , fur le Lac Champlain dans l'Amérique
Septentrionale , n'a pas été plus heureux
dans le deffein d'occuper le pofte avantageux de
la Galette . Le Général Gage qu'il avoit chargé
de cette entrepriſe lui écrivit le 11 Septembre
que la faifon étoit trop avancée.
Les réparations du fort Carillon font entierement
finies. Le Général Amherſt affure que le terrein
fur lequel la Fortereffe de la pointe de la couronne
eft fituée , eft le plus avantageux qu'il ait
vu en Amérique. Rien ne le commande ; & il
préfente toutes les commodités pour une fortification
régulière. Les Grenadiers & les troupes
légères continuent de travailler à la conftruction
de trois forts , qui rendront cette place des
plus formidables. Le Général Amherſt ne ſe flatte
pas qu'il puiffe porter tous ces travaux au point
de leur perfection ; mais il croit pouvoir garantir
qu'ils feront affez avancés pour empêcher le fuccès
de l'ennemi , au cas qu'il tentât de reprendre fur
nous la pointe de la Couronne.
L'on a appris que trois des vaiffeaux de l'Efcadre
de l'Amiral Boys , qui eft depuis fi longtems
à la recherche du fieur Thurot , ont eu le malheur
d'être défemparés de tous leurs mâts par un
gros vent , & ont relâché dans un Port d'Ecoffe.
Sur cette nouvelle on affure que l'Amirauré
envoyé ordre au fieur Brett , qui étoit aux Dunes ,
d'en partir auffitôt avec les vailleaux à ſes ordres ,
pouraller à la pourfuite de la petite Efcadre Françoiſe.
a
JANVIER. 1760. 203
Nous avons ici de nouvelles Lettres de Québec
en date du to Octobre. Elles portent que le fieur
de Bougainville , Colonel dans les troupes Françoiſes
, eft venu dans cette Ville traiter de quelque
arrangement avec le fieur Murray , qui en eft le
Gouverneur ; mais on en ignore encore l'objet.
Les vivres y font extraordinairement chers ; toutes
les maifons abattues laiffoient le Soldat fans abri.
Un autre inconvénient , au moins aufli grand ,
c'eft qu'il n'y avoit point du tout de bois pour le
chauffage.
Di 15.
Un bâtiment venu des Indes Orientales nous
a apporté les nouvelles fuivantes. Le fieur d'Aché
eft parti de l'Ifle de Bourbon pour ſe rendre fur
la côte de Coromandel.
Il fut appercu le 2 du mois d'Août dernier au
Sud de Madagascar , faifant route avec onze
vaiffeaux , trois frégates , & plufieurs bâtimens
de tranfport. Les François fe flattent que ce Général
, avec des forces fi confidérables , réparera
les pertes qu'ils ont faites précédemment.
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Résumé : DE LONDRES, le 10 Décembre.
Le 10 décembre, le général Amherst a échoué dans son expédition contre le fort Saint Jean et le poste de la Galette. Le général Gage a justifié cet échec par l'avancement de la saison. Les réparations du fort Carillon sont terminées. Amherst juge le terrain de la forteresse de la pointe de la Couronne comme le plus avantageux en Amérique pour une fortification régulière. La construction de trois forts est en cours pour renforcer cette position. Amherst assure que ces travaux empêcheront toute tentative ennemie de reprendre la pointe de la Couronne. Trois vaisseaux de l'escadre de l'amiral Boys, cherchant Thurot, ont été endommagés par un gros vent et ont dû se réfugier dans un port écossais. L'amirauté a ordonné au sieur Brett de poursuivre une petite escadre française. Des lettres de Québec du 10 octobre signalent l'arrivée de Bougainville pour négocier avec Murray. À Québec, les vivres sont très chers, les maisons détruites laissent les soldats sans abri, et il manque de bois pour le chauffage. Un bâtiment venu des Indes Orientales rapporte que d'Aché est parti de l'île de Bourbon pour la côte de Coromandel avec onze vaisseaux, trois frégates et plusieurs bâtiments de transport, dans l'espoir de réparer les pertes françaises précédentes.
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9
p. 197-198
De LONDRES, le 24 Juin.
Début :
Quoique les forces navales de l'Angleterr n'ayant jamais été si formidables [...]
Mots clefs :
Forces navales, Angleterre, Vaisseaux, Pertes, Caroline, Guerre, Amérique, Colons, Négociants, Québec, Défaite, Français, Marche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De LONDRES, le 24 Juin.
De LONDRES , le 24 Juin.
Quoique les forces navales de l'Angleterr
n'ayent jamais été fi formidables qu'à préfent , le
commerce de la nation ne laiffe pas de fouffrir
beaucoup des prifes que les Armateurs François
font continuellement. On compte deux cens de
nos Vailleaux pris depuis le commencement de
Mars ; fçavoir , trente deux au mois de Mars ,
quarante-fept dans le cours d'Avril , quatre- vingt
en Mai & quarante- un depuis le commencement
de ce mois . On obferve, avec chagrin, cet accroiffement
journalier de nos pertes . Toutes ces prifes
font évaluées à quatre cens cinquante mille livres
fterlings.
On s'apprête dans la Caroline à pouffer vigoureulement
la guerre contre les Chiroquois Nous
avons remporté fur cux quelques avantages , mais
peu décififs . Les Colons qui habitent leurs frontierés
font toujours dans la derniere confternation ,
& ils abandonnent le pays de crainte d'être les
victimes de leur cruauté.
Les Négocians qui ont fait des envois pour
Québec , font dans de grandes allarmes depuis
lés fâcheufes nouvelles que l'on a reçues de la
défaite des troupes du Brigadier général Murray .
On dit que les François , profitant de leur avan
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tage , ont continué leur marche vers cette Capitale
du Canada , & que nos troupes l'ont abandonnées
Quoique les forces navales de l'Angleterr
n'ayent jamais été fi formidables qu'à préfent , le
commerce de la nation ne laiffe pas de fouffrir
beaucoup des prifes que les Armateurs François
font continuellement. On compte deux cens de
nos Vailleaux pris depuis le commencement de
Mars ; fçavoir , trente deux au mois de Mars ,
quarante-fept dans le cours d'Avril , quatre- vingt
en Mai & quarante- un depuis le commencement
de ce mois . On obferve, avec chagrin, cet accroiffement
journalier de nos pertes . Toutes ces prifes
font évaluées à quatre cens cinquante mille livres
fterlings.
On s'apprête dans la Caroline à pouffer vigoureulement
la guerre contre les Chiroquois Nous
avons remporté fur cux quelques avantages , mais
peu décififs . Les Colons qui habitent leurs frontierés
font toujours dans la derniere confternation ,
& ils abandonnent le pays de crainte d'être les
victimes de leur cruauté.
Les Négocians qui ont fait des envois pour
Québec , font dans de grandes allarmes depuis
lés fâcheufes nouvelles que l'on a reçues de la
défaite des troupes du Brigadier général Murray .
On dit que les François , profitant de leur avan
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tage , ont continué leur marche vers cette Capitale
du Canada , & que nos troupes l'ont abandonnées
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Résumé : De LONDRES, le 24 Juin.
Le 24 juin à Londres, malgré la supériorité navale britannique, le commerce national subit des pertes significatives dues aux captures de navires par les armateurs français. Depuis mars, 200 vaisseaux ont été capturés : 32 en mars, 47 en avril, 80 en mai et 41 en juin. Ces pertes, évaluées à 450 000 livres sterling, augmentent quotidiennement, provoquant une grande inquiétude. En Caroline, les préparatifs pour la guerre contre les Chiroquois sont en cours. Quelques avantages ont été obtenus, mais ils ne sont pas décisifs. Les colons frontaliers vivent dans la consternation et abandonnent leurs terres par crainte des attaques. Les négociants envoyant des marchandises à Québec sont alarmés par la défaite des troupes du brigadier général Murray. Les Français, profitant de leur avantage, avancent vers Québec, contraignant les troupes britanniques à se retirer.
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10
p. 202-203
Extrait de la Gazette Extraordinaire de la Cour de Londres, du 17 Juin.
Début :
Un Officier arrivé aujourd'hui d'Hallifax, Ville de la nouvelle Ecosse, [...]
Mots clefs :
Écosse, Brigadier, Québec, Français, Attaque, Forces armées, Combat, Vaisseaux, Ministère anglais, Général Laudon, Officiers, Prisonniers, Artillerie, Ennemis, Défense
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Gazette Extraordinaire de la Cour de Londres, du 17 Juin.
Extrait de la Gazette Extraordinaire de la Cour
de Londres , du 17 Juin.
»Un Officier arrivé aujourd'hui d'Hallifax ,
" Ville de la nouvelle Ecofle , en a apporté la
nouvelle que , le 28 du mois d'Avril dernier ,
» le Brigadier Général Murray , avec trois mille
>>hommes de la garnifon de Québec , avoit at-
» taqué près de cette Place l'Armée des Fran-
» çois , que l'on fuppofoit être compoſée de tou-
>> tes les forces qu'ils ont en Canada , & qui étoit
>> en marche pour venir elle - même attaquer
>> cette Ville ; qu'après un combat fort vif &
>> une perte confidérable de ſes troupes , il avoit
» été obligé , par la fupériorité des Ennemis , de
» fe retirer derrière Québec , & d'abandonner
» même aux Troupes Françoifes plufieurs piéces
>> de canon qu'il n'avoit pû emmener. Le Briga-
>> dier Murrai ajoute , qu'il faifoit toutes les dif-
>> pofitions nécellaires pour faire dans cette Place
» la plus vigoureuſe défenſe juſqu'à l'arrivée des
» vailleaux de Sa Majefté Britannique , partisd'Hallifax
fous les ordres du Lord Colville ,
>> pour ſe rendre dans la riviere de S. Laurent.
JUILLET. 1760. 203
Les Lettres particulieres de Londres , d'après
les notions données par le Ministère Britannique
, difent que l'armée du Général Murrai
perdu onze cens hommes tant tués que priſonniers
, tout ſon canon & fon bagage ; & que l'on
croit que la Ville de Québec s'eft rendue au
vainqueur , fon ancien Maître. Depuis cette nouvelle
, les papiers publics ont baiffé confidérablement
en Angleterre.
Nous avons appris le 30 du mois dernier , la
nouvelle que le Général de Laudon avoit attaqué
près de Landshut un Corps de Troupes Pruffiennes
commandé par le Général Fouquet . Ce
Corps qui , de l'aveu de plufieurs Officiers Pruffiens
, étoit de quinze mille hommes , a été totalement
détruit ; & tout ce qui n'a pas été tué ,
a été fait prifonnier. On ne compte pas qu'il fe
foit échappé deux à trois cens hommes. Le Général
Fouquet a été bleffé & fait prifonnier avec
quatre autres Généraux . Toute l'artillerie , dont
on ne fait pas encore la quantité , & tous les bagages
, ont été pris. L'attaque a commencé le 22 ,
à une heure après minuit , & a fini à 8 heures du
matin. L'ennemi s'eft défendu avec beaucoup d'opiniâtreté
, d'une montagne à l'autre , & il a été
fuivi partout avec la plus grande ardeur de la
part des troupes Autrichiennes , qui ont fait des
merveilles. Deux ou trois petits Corps ont pris
l'ennemi par les derrières ; ils ont décidé fa perte,
par la frayeur que ces attaques inattendues lui
ont caufée .
de Londres , du 17 Juin.
»Un Officier arrivé aujourd'hui d'Hallifax ,
" Ville de la nouvelle Ecofle , en a apporté la
nouvelle que , le 28 du mois d'Avril dernier ,
» le Brigadier Général Murray , avec trois mille
>>hommes de la garnifon de Québec , avoit at-
» taqué près de cette Place l'Armée des Fran-
» çois , que l'on fuppofoit être compoſée de tou-
>> tes les forces qu'ils ont en Canada , & qui étoit
>> en marche pour venir elle - même attaquer
>> cette Ville ; qu'après un combat fort vif &
>> une perte confidérable de ſes troupes , il avoit
» été obligé , par la fupériorité des Ennemis , de
» fe retirer derrière Québec , & d'abandonner
» même aux Troupes Françoifes plufieurs piéces
>> de canon qu'il n'avoit pû emmener. Le Briga-
>> dier Murrai ajoute , qu'il faifoit toutes les dif-
>> pofitions nécellaires pour faire dans cette Place
» la plus vigoureuſe défenſe juſqu'à l'arrivée des
» vailleaux de Sa Majefté Britannique , partisd'Hallifax
fous les ordres du Lord Colville ,
>> pour ſe rendre dans la riviere de S. Laurent.
JUILLET. 1760. 203
Les Lettres particulieres de Londres , d'après
les notions données par le Ministère Britannique
, difent que l'armée du Général Murrai
perdu onze cens hommes tant tués que priſonniers
, tout ſon canon & fon bagage ; & que l'on
croit que la Ville de Québec s'eft rendue au
vainqueur , fon ancien Maître. Depuis cette nouvelle
, les papiers publics ont baiffé confidérablement
en Angleterre.
Nous avons appris le 30 du mois dernier , la
nouvelle que le Général de Laudon avoit attaqué
près de Landshut un Corps de Troupes Pruffiennes
commandé par le Général Fouquet . Ce
Corps qui , de l'aveu de plufieurs Officiers Pruffiens
, étoit de quinze mille hommes , a été totalement
détruit ; & tout ce qui n'a pas été tué ,
a été fait prifonnier. On ne compte pas qu'il fe
foit échappé deux à trois cens hommes. Le Général
Fouquet a été bleffé & fait prifonnier avec
quatre autres Généraux . Toute l'artillerie , dont
on ne fait pas encore la quantité , & tous les bagages
, ont été pris. L'attaque a commencé le 22 ,
à une heure après minuit , & a fini à 8 heures du
matin. L'ennemi s'eft défendu avec beaucoup d'opiniâtreté
, d'une montagne à l'autre , & il a été
fuivi partout avec la plus grande ardeur de la
part des troupes Autrichiennes , qui ont fait des
merveilles. Deux ou trois petits Corps ont pris
l'ennemi par les derrières ; ils ont décidé fa perte,
par la frayeur que ces attaques inattendues lui
ont caufée .
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Résumé : Extrait de la Gazette Extraordinaire de la Cour de Londres, du 17 Juin.
La Gazette Extraordinaire de la Cour de Londres du 17 juin 1760 rapporte qu'un officier arrivé d'Hallifax a annoncé qu'au 28 avril précédent, le Brigadier Général Murray, à la tête de trois mille hommes de la garnison de Québec, a affronté l'armée française près de Québec. Cette armée française, supposée rassembler toutes les forces du Canada, se dirigeait vers Québec pour l'attaquer. Après un combat intense et des pertes significatives, Murray a dû se retirer derrière les murs de Québec, abandonnant plusieurs pièces de canon. Murray a déclaré qu'il préparait une défense vigoureuse jusqu'à l'arrivée des vaisseaux britanniques commandés par le Lord Colville. Des lettres de Londres indiquent que l'armée de Murray a perdu onze cents hommes, tués ou prisonniers, ainsi que tout son canon et son bagage. Il est également rapporté que la ville de Québec s'est rendue aux forces victorieuses, entraînant une baisse notable des valeurs des papiers publics en Angleterre. Par ailleurs, le 30 du mois précédent, le Général de Laudon a attaqué près de Landshut un corps de troupes prussiennes commandé par le Général Fouquet. Ce corps, composé de quinze mille hommes, a été totalement détruit, avec seulement deux à trois cents hommes ayant pu s'échapper. Fouquet et quatre autres généraux ont été blessés et faits prisonniers. Toute l'artillerie et les bagages ont été capturés. L'attaque, commencée à une heure après minuit, s'est terminée à huit heures du matin. Les troupes autrichiennes ont montré une grande ardeur et ont pris l'ennemi par surprise, contribuant à sa défaite.
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